La Nature
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- LÀ NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
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- LA NATURE
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRA
- Taris. Un an. — Six mois
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- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRÉ
- RÉDACTEUR EN CHEF
- GASTON TISSANDIER
- VINGTIÈME ANNÉE
- 189%
- DEUXIÈME SEMESTRE
- PARIS
- G. MASSON, ÉDITEUR libraire de l’académie de médecine'
- 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 120
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- 20“ ANNÉE. — N” 092.
- 4 JUIN 1892.
- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- LA. PHOTOGRAPHIE MICROSCOPIQUE
- AU LABORATOIRE MUNICIPAL DE PARIS
- La Nature a déjà consacré un article à la description de l’appareil alors utilisé au Laboratoire municipal de Paris pour fixer par la photographie l’image des préparations microscopiques i. Le système employé consistait en un microscope dont on ne conservait que l’objectif, relié par un long tuyau à une chambre photographique.
- Dans cet appareil, chaque point de la préparation donne naissance à un pinceau lumineux extrêmement allongé, et si la préparation est. formée de plusieurs plans, ceux-ci se rendent sur l’épreuve par des images de netteté à peu près uniforme. On en obtient les meilleurs résultats pour la photographie des cristaux, des coupes de roches, à la condition de se servir d’objectifs achromatisés spécialement dans ce but et exempts de foyer chimique. . ’ ...
- Dans les objectifs microscopiques ordinaires,.l’achromatisme n’existe en effet que pour deux rayons du spectre, et la correction ne porte que poiir; la'région la plus lumineuse, soit le jaune-vert'. :. " J'..
- On observe donc un foyer chimique .d’autant plus
- 1 Voy. n° 452, du 28 janvier 1882, p. 129.
- 2i)u année. — 2= semestre.
- sensible que la lumière employée est plus riche en rayons violets et que le gélatino-bromure, d’un usage général, est sensible aux radiations vertes, bleues et violettes, sur une région du spectre bien plus étendue que les anciennes préparations au collodion ioduré précédemment adoptées.
- En outre, nous reprochons à l’emploi de l’objectif seul de causer une perte de lumière considérable, ce qui rend très difficile la mise au point avec les forts grossissements.
- Depuis 1885, le Laboratoire municipal a modifié complètement son outillage photographique et a fait construire l’appareil suivant, hase sur un principe tout différent.
- On sait que dans le microscope, l’image fournie par l’objectif se forme dans l’oculaire, à peu près à la place du diaphragme, rassemblée et corrigée par le verre de champ, et que, par l’effet du verre de l’œil, elle devient virtuelle, car elle s’est formée entre le foyer principal et la lentille de celui-ci.
- Si, à ce moment, nous éloignons la préparation de l’objectif, son image se rapprochera proportionnellement de l’objectif, s’éloignant par conséquent du verre de l’œil, et, à un moment donné, pourra se trouver, non plus en deçà du foyer,..mais au delà; alors on aura une image réelle que l’on peut recueillir
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- Appareil de photographie microscopique du Laboratoire de chimie municipal de Paris.
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- sur le verre dépoli d’une chambre noire placée dans le prolongement du microscope.
- L’image est d’autant meilleure que l’oculaire la corrige pour sa part en la grossissant, mais il est rare que l’on puisse l’utiliser entière, car il reste toujours un peu d’aberration sphérique, et il faut, par un diaphragme, éliminer les parties marginales, en ne conservant, à 25 centimètres de distance, par exemple, qu’un cercle de 7 centimètres de diamètre, ou à 50 centimètres, de 12 à 15 centimètres de diamètre. 11 est préférable de la former plus loin, avec une chambre à plus long tirage, (pie très près de l’oculaire, pour les raisons suivantes : on se rapproche davantage des conditions de la vision ordinaire, pour lesquelles le microscope a été construit et le système optique est corrigé, l’image se produisant dans l’oculaire aussi près que possible du diaphragme.
- L’amplification étant en partie réalisée par la distance, avec le même objectif on peut se servir d’un oculaire plus faible, ce qui laisse perdre moins de lumière.
- La figure ci-contre (p. 1) représente l’appareil du Laboratoire. Sur un massif en briques, une plaque de fer supportée par quatre pieds reçoit une monture de microscope montée sur vis calantes, et, par l’intermédiaire de barres de fer, maintient deux glissières horizontales sur lesquelles se meut la chambre noire en métal.
- La lumière est fournie par une lampe Soleil, enfermée dans la lanterne de droite : dans cette lampe, les charbons sont maintenus à distance invariable à l’intérieur d’un bloc de marbre évidé, que l’arc rend incandescent : le point lumineux est absolument fixe, condition tout à fait indispensable pour la microphotographie, car ici ce n’est pas un objet plus ou moins lumineux que l’on reproduit sur la plaque sensible, mais la projection sur un faisceau lumineux d’objets plus ou moins opaques, et la première condition est que ce faisceau soit fixe et homogène : c’est pour ce motif que le magnésium n’a pu être utilisé dans ce but. Le faisceau lumineux, condensé par une lentille, est renvoyé par le miroir sur la préparation; il se trouve délimité par un diaphragme: un obturateur permet de l’arrêter au passage et de régler la pose.
- On peut choisir la région à photographier en observant comme avec un microscope ordinaire et mettant au point ; on fait glisser ensuite la chambre au-dessus de l’oculaire, on referme la coulisse qui arrête les rayons latéraux, ceux venant de dessous étant retenus par un diaphragme, et on remet au point sur le verre dépoli; il ne reste plus qu’à substituer à celui-ci la plaque sensible.
- Il est nécessaire de pratiquer une correction pour le foyer chimique, d’autant plus considérable que le grossissement est plus faible ; elle s’effectue au moyen d’une graduation tracée avec précision, sur la vis du mouvement lent.
- La chambre noire porte une pièce dont la théorie
- n’est pas encore bien élucidée, et qui contribue à augmenter la netteté des images : c’est une lentille à long foyer disposée presque contre le verre dépoli ; elle agit sans doute en régularisant les faisceaux divergents provenant des parties de la préparation qui ne sont pas exactement au point, et les rend parallèles.
- Cet instrument est en usage courant au Laboratoire depuis sept années, pour la -photographie des poivres, conserves de tomates, farines, réglisses, chocolats, etc., falsifiés; le grossissement le plus employé est de 210 diamètres, obtenu avec l’objectif 5 et l’oculaire 2.
- Son usage nécessite la mise en marche d’une machine magnéto-électrique et d’un moteur à gaz ; aussi lorsque l’on veut seulement garder le souvenir d’une préparation, a-t-on installé un appareil plus simple, mais moins stable, suffisant dans la plupart des cas où le grossissement ne dépasse pas 200 diamètres, et (pii est à la portée de tous les amateurs. Nous allons le décrire.
- II se compose d’une chambre noire en bois, fixée entre deux montants verticaux, comme par exemple celle de Nachct, pouvant donner un tirage de 50 à 50 centimètres, et disposée à une hauteur telle que l’on puisse installer sous elle le microscope (pii a servi à l’observation.
- Un diaphragme, taillé au besoin dans une broche en liège noirci, arrête les rayons lumineux étrangers ; si Ton n’opère pas dans une chambre noire, il devient nécessaire de raccorder la chambre au microscope à l’aide d’un petit soufflet ou d’un sac en caoutchouc. La préparation est éclairée à l’aide d’une lampe à albocarbone ou à pétrole, ou, pour les grossissements dépassant 100 diamètres, à la lumière oxhydrique. On centre le microscope par rapport à la chambre, et en déplaçant la vis du mouvement lent, on met au point sur le verre dépoli.
- Il est préférable de remplacer l’oculaire ordinaire .par celui à projection de Zeiss, que construit aujourd’hui M. Nachct : les images sont plus nettes.
- Pour des grossissements dépassant 200 diamètres, il serait nécessaire de donner à l’appareil une plus grande stabilité, car les moindres trépidations se traduisent sur l’épreuve par un changement de mise au point et des lignes floues, avec une base pesante, et, si c’était possible, le monter sur un socle de briques trempées dans du bitume chaud, comme on le fait pour les moteurs à gaz ; mais comme ce n’est guère que dans le cas de la photographie des bactéries que l’on dépasse ces amplifications, il serait préférable de recourir aux nouveaux procédés appliqués dans le laboratoire de Koch, qui ont fourni les magnifiques épreuves de l’atlas de Frankel et Pfeiffer, et pour lesquels on emploie un matériel spécial, les objectifs npochromatiques de Zeiss; cette technique tout à fait spéciale mérite un article entier, que nous donnerons dans un prochain numéro.
- A. Pahst, chimiste.
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- LE COMMERCE DES PEAUX DE CHIENS
- EN CHINE. ---- LES CHIENS A FOURRURE
- L’empire chinois est le pays par excellence de commerces bizarres ; soit que ces commerces répondent aux goûts et aux habitudes étranges des Fils du Ciel, soit que les Célestes aient le bon esprit de tirer profit de matières et de produits inutilisés dans les autres pays et par les autres peuples. On sait en effet que les Chinois ont véritablement le génie du commerce, et qu’ils trouvent moyen de tirer parti de tout ce qui s’offre à leur activité.
- C’est dans la Mandchourie, c’est-à-dire dans la partie la '[dus septentrionale de la Chine, que l’élevage des chiens à fourrure s’est développé et que cette industrie a pris naissance; chaque année, dans le port de Nexv-Chevang, il se fait un trafic très important de manteaux et de tapis de peaux de chiens. Nous avons dit industrie, car ce ne sont pas des chiens d’occasion, si l’on peut dire, qui en fournissent la matière : on pourrait croire que les chiens dont on se sert pour la confection de ces manteaux et de ces tapis sont des chiens errants pris n’importe où, et dont la peau serait ensuite vendue aux marchands. Il en est tout autrement, du moins aujourd’hui, et si peut-être dans l’origine c’est l’occasion qui a suscité cette utilisation de la fourrure des chiens, actuellement en Mandchourie on élève des troupeaux de chiens, on a des termes pour l’élevage des chiens comme dans d’autres pays on a des troupeaux de moutons. Nous avons donné déjà quelques renseignements sur cet élevage peu commun1; nous compléterons aujourd’hui ce que nous avons publié jadis.
- Dans toute la Mandchourie, dit le Journal de la chambre de commerce de Constantinople, et spécialement vers les confins orientaux de la Mongolie, on rencontre des milliers de troupeaux composés de petits chiens et de chèvres ; chacun de ces troupeaux compte de vingt à plusieurs centaines de ces chiens, qui constituent une vraie source de richesse. On donne comme dot à une jeune fille un certain nombre de chiens à fourrures, suivant la fortune de son père.
- Les peaux de ces animaux sont vraiment magnifiques, le poil en est épais, long, soyeux, d’une qualité remarquable : et cela s’explique par ce fait que le climat de la Mandchourie est excessivement froid; il fallait bien que les animaux y fussent protégés par uue abondante fourrure. Les connaisseurs estiment qu’on no peut nulle part trouver d’aussi belles peaux dans ce genre. Les bétes sont ordinairement étranglées au milieu de l’hiver, pour que le poil soit aussi long que possible, mais jamais avant qu’ils aient atteint l’âge de huit mois.
- Il est curieux de noter le prix auquel se vendent ces fourrures spéciales. Un manteau de grandes dimensions (et l’on cite sous cette désignation ceux qui ont de 80 à 85 pouces) se vend d’ordinaire 14 shillings G pence (ce qui correspond à peu près à 18fr,15). Or, pour faire un pareil manteau, il faut au moins huit bétes, et l’on estime par suite que la peau n’est pas vendue plus de I shilling 0 pence, étant donné que les frais de choix d’assortiment sont assez grands. 11 faut en effet assortir les peaux en couleur de poil, en qualité, et il faut enfin façonner le manteau. C’est là certainement un commerce curieux en lui-même et intéressant à signaler à nos importateurs. I). B.
- 1 Voy. Le chien à fourrure de la Mandchourie, n° 817, du 20 janvier 1889, p. 142.
- LES JARDINS ALPINS
- LE ROCK GARDEN DE KE\Y
- Parmi ceux de nos lecteurs qui ont eu l’occasion d’escalader les Alpes et les Pyrénées, il n’en est certainement pas un seul qui n’ait rencontré et admiré ces jolies petites plantes qui dressent bravement leurs liges fleuries jusqu’à la limite des neiges éternelles et qu’on nomme communément plantes alpines.
- L’admiration n’est point de trop quand on parle d’elles, car, parmi tous les végétaux que l’homme cultive souvent à grands irais [tour son agrément et le plaisir des yeux, il n’en est guère qui [missent lutter de grâce et de variété dans la forme et le coloris avec ces fleurettes des liants sommets.
- C’est sur la lisière des bois qui garnissent les lianes des montagnes qu’on commence à les rencontrer, et elles apparaissent en foule avec leurs mille couleurs éclatantes dans les prairies délicieusement vallonnées qui couvrent les hautes régions d’un manteau de verdure. Plus haut encore, on les voit là où la chaleur n’est plus assez puissante pour développer la végétation ; elles s’accrochent aux rochers dénudés et se montrent jusqu’au hord des champs de neige, ayant souvent à peine le temps nécessaire pour fleurir et fructifier avant d’être de nouveau ensevelies par l’hiver.
- Sans doute, nous dira-t-on, ces fleurs sont charmantes, mais quel dommage qu’il faille monter à de si hautes altitudes pour en jouir, au lieu de les avoir dans son jardin, à la portée de la main. Et qui vous dit, cher lecteur, que vous ne pouvez les amener à vous ? Les plantes alpines vivent, il est vrai, dans les parties élevées et froides du globe, mais, pour la grande majorité d’entre elles, ce ne sont point là des conditions indispensables de leur existence. La raison pour laquelle elles prédominent dans les hautes régions est qu’aucune végétation arborescente ne peut y subsister. La lutte pour la vie est une loi aussi absolue pour le règne végétal que pour le règne animal. Dans les plaines, les petites espèces sont étouffées par les arbres, les arbustes, les [dantes grimpantes et rampantes, les herbes à croissance vigoureuse; mais, sur les hauteurs, ces dernières sont vaincues et les plantes alpines restent maîtresses du champ de bataille où elles s’installent en souveraines.
- Ici ce sont de charmantes petites Orchidées, moins brillantes, mais aussi dignes d’intérêt que leurs « lashionables » sœurs des Tropiques ; là des Mousses couvrant le sol d’un tapis doux et fin, des Fougères variant à l’infini de forme et de dimension, des [liantes bulbeuses, Safrans, Narcisses, etc..., à odeur suave ou à coloris délicat. Ailleurs, des arbres résineux, toujours verts, aussi parfaits dans leur taille minuscule que leurs grands frères de nos forêts ; plus loin des plantes grasses, telles que les Orpins et les Joubarbes, aussi curieuses que celles qui viennent du Cap et d’Amérique. Au milieu de tous ces êtres, les plantes
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- grimpantes ou rampantes courent et s’entre-eroisent, entourant les rochers d’une draperie gracieuse et colorée.
- Ces richesses valent sans doute bien la peine qu’on s’en occupe, et, toutes simples et faciles à obtenir qu’elles soient, elles peuvent donner aux amateurs autant de jouissance que les plantes exotiques et rares apportées de l’IIimalaya et des Cordillères.
- Pour atteindre ce résultat, les moyens sont faciles : il suffit de placer les plantes alpines dans des
- conditions se rapprochant le plus possible de leur état naturel, c’est-à-dire de leur fournir le sol, l’exposition, le voisinage qu’elles préfèrent, tout en les isolant des autres végétaux qui pourraient entraver leur développement.
- C’est dans ce but que l’on a créé, il n’y a guère plus de vingt-cinq ans, ce que les Anglais, les premiers amateurs de ces jolies plantes, appellent RocIcGarden ou Rockery et que nous nommons jardin de rochers ou jardin alpin. Chez nos voisins, le goût des plantes alpines s’est rapidement développé et l’on peut voir
- Fig. 1, 2 et 5. —Plan et coupes en travers du Rocx Gardon de Kcw. — Fig. 1. Plan. — 1. Massif à feuilles persistantes : Rhododendrons, üuis, etc. — 2. Pins noirs d’Autriche. •— 3. Houx verts et panachés. — 4. Cyprès de Lawson et funèbres. — 5. Tilleuls variés. — 6. Cedrus üeodora et allantica. — 7. Chênes verts. — 8. If commun. — A. Fougeraie. — B, B. Collection de Gentianes. — C, C. Collection do Narcisses. — D. Hellébores et Primevères. — E, E. Anémones, Arums, Lis, Bruyères. — F, F. Tulipes, Campanules. — G. Orchidées terrestres. — IL Plantes aquatiques. — Fig. 2. Première coupe en travers. — 1. Massif de Rhododendrons. — 2. Votentilla cruenla. — 3. Asarum canadense. — 4. üianthus cœsius. — 5. Narcisses, Gentianes, etc. — 6. Ranunculus V raunfelleri. — 7. Veronica divers —8. Géranium allanticum. — 9. Buis et arbustes divers. — 10. Conifères. — Fig. 3. Deuxième coupe en travers. — 1. Massif à feuilles persistantes. — 2. Yuccas variés. — 3. Cotuneaster reflexa. — 4. Ileuchera ürummtmdi. — 3. Rubus arclicus. — 6. Narcisses, Gentianes, Œillets — 7. Hellébores divers. — 8. Géranium sanrjuineum. — 9. Souche avec Lierres panachés. — 10. Mahonia Aquifolium foliis purpureis. — 11. Buis. — 12. Cedrus Üeodora.
- un Rock Gardon dans presque tous les jardins publics et dans un grand nombre de jardins particuliers. En France, il y en a encore peu d'exemples, mais nous sommes convaincus que le nombre s’en accroîtra rapidement quand on saura mieux quel attrait ces jardins de rochers apportent dans un parc au point de vue de l’art paysager.
- La vue que nous publions (lig. 4) donnera une idée des effets qu’on peut ainsi obtenir.
- Les dépenses qu’ils nécessitent ne sont pas grandes et l’exécution n’en est ni longue, ni difficile, mais encore làut-il avoir du goût et de la patience pour la disposition des rochers, le choix des pituites et leur culture.
- Pour guider les hésitants et peut-être épargner des essais infructueux, nous proposons de prendre comme modèle du genre le Rock Garden de Kew, près de Londres. Dans cette partie, comme dans toutes les branches de l’horticulture, ce grand établissement donne le ton, et nous ne saurions mieux faire que de décrire ce que nous y avons vu.
- La collection de plantes alpines que l’on cultive à Kcw a été léguée, en 1882, aux Jardins Royaux par un riche amateur de Wimbledon (Surrey), M. Joad; elle comprenait à cette époque 2500 espèces et s’élève actuellement à plus de 4000.
- Voici comment fut aménagée cette collection. Le sol choisi comme emplacement du « llockery, » étant
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- absolument plat, on commença par le creuser à une profondeur de l'n,50 environ, de façon à former un chemin creux d’une largeur de 2m,70 (9 pieds). Les terres provenant de l’excavation lurent rejetées de chaque côté et formèrent une sorte de plateau élevé au-dessus du niveau de la nouvelle allée, d’une hauteur variant de 2 à 4 mètres.
- L’eifot obtenu par ce relèvement du sol fut encore accentué par la plantation de massifs formés de Rhododendrons, de Ruis, au milieu desquels s’élevèrent, çà et là, quelques arbres de, choix tels que : Cyprès de Lawson, Chênes verts, Houx, Cryptomérias, Pins du Lord et Pins noirs d’Autriche, Marronniers rouges, Erables variés (Acer striatum et A. dasycarpum).
- Pour la plantation des massifs, on eut soin de n’employer que des espèces dont les dimensions n’augmentent pas considérablement avec Page; si l’on n’avait pas pris cette précaution, à l’heure qu’il est le cadre, trop fourni et trop important, aurait fait paraître ce tableau étroit et mesquin.
- En plan (fig. 1), l’allée ainsi creusée, dont la longueur totale est de 520 pieds (environ 150 mètres) fut tracée avec des sinuosités nombreuses permettant d’offrir aux diverses plantes les expositions qu’elles préfèrent. La ligne uniforme et disgracieuse du talus naturel fut rompue par des blocs de pierre à silhouette originale, présentant des poches, des crevasses, des angles vifs et rentrants, disposés de façon à
- Fig. i. — Vue prise dans le Rock Garden de Ivew, en Angleterre. (D’après une photographie.)
- former un ensemble aussi naturel que possible.
- Les matériaux employés étaient, pour la plupart, des roches calcaires venues des carrières célèbres de Rath et de Cheddar (Somerset) ; on y ajouta quelques blocs siliceux et granitiques; dans quelques endroits seulement on se servit de rochers artificiels en ciment.
- Ces matériaux une fois réunis, la partie délicate de l’ouvrage commençait : il s’agissait de grouper avec art ces masses de constitution hétérogène et d’arriver à donner, dans un pays où le sol naturel est le sable pur, l’illusion d’un coin de nature calcaire ou granitique.
- H fallait combiner les dispositions pittoresques pour satisfaire l’œil du promeneur et pour faciliter l’étude botanique des spécimens, but direct et principal de la création des Jardins Royaux de Kew.
- Ici, voulant simuler un groupe de roches stratifiées, on a placé des blocs larges et peu élevés les uns au-dessus des autres, le plus souvent inclinés sur l’horizon, avec des parties rentrantes, rarement surplombantes, afin de laisser aux plantes le bénéfice de la lumière et des pluies. Dans les interstices formés par les roches, on a glissé un peu de terre servant à nourrir des plantes peu exigeantes telles que des Œillets, des Saxifrages, des Orpins, des Joubarbes, des Alvsses et des Arabettes. Entre les pierres mal jointes un mince filet d’eau coule en nappes successives dans un bassin, d’où il s’échappe pour arroser un vrai parterre de plantes aquatiques et semi-aquatiques. Pour achever le tableau, les poches ménagées dans les assises supérieures reçurent des Cytises nains, des Yuccas, qui se détachent en clair sur
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- le fond des Rhododendrons et le sombre feuillage des Pins d’Autriche.
- Plus loin, on a planté dans le sol, et sans ordre apparent, des pierres de toutes formes et de toutes dimensions, disposées en cirque, laissant du coté de l’allée une sorte de corbeille où sont réunis des Œillets, des Primevères, des Gentianes qui forment, dans la belle saison, un parterre odorant et coloré. Les pierres elles-mêmes sont recouvertes, çà et là, de jolies Saxifrages ombragées par de petits Cotoneas-ters ; les espaces vides qui les séparent sont remplis par des bruyères, des Cistes et autres espèces sufl'ru-tescentes.
- Ailleurs, c’est une collection de Fougères, recouvrant un petit mur circulaire et formant un renfoncement de verdure protégé contre les ardeurs du soleil par des Tilleuls et quelques grands Houx dont le plus beau mérite d’être cité à part : il mesure 90 centimètres de tour et 15 mètres de hauteur; c’est un des plus beaux de l’Angleterre.
- Après cette jolie scène nous sommes arrêtés par une profusion de Calcéolaires, de Gentianes jaunes, pourpres et bleues, d’Hellébores à grandes fleurs d’un beau blanc pur ou d’un rouge vineux, avec toutes les nuances intermédiaires.
- Telle est, rapidement indiquée, la manière intelligente et artistique dont le jardin alpin de Kew a été exécuté sous la direction de l’éminent directeur actuel M. Thiselton Ryer. Et qu’on ne croie pas que cette œuvre ait entraîné ses auteurs à de grandes dépenses de temps et d’argent : les travaux d’aménagement et les plantations furent terminés en moins de trois mois avec les ressources ordinaires de l’Établissement. La faveur qui accueillit cette partie pittoresque du jardin dès sa création n’a fait que s’affirmer depuis dix ans, et nous n’en avons pas de meilleure preuve que le nombre de visiteurs que l’on voit en toute saison s’y promener et même s’y arrêter longuement.
- Dans un article prochain, nous donnerons quelques renseignements, d’un ordre plus [trafique, sur le mode de construction des rochers et la culture des plantes alpines.
- — A suivre. — ReNK-Eî). AîN’DHÉ,
- Ingénieur des arts et manufactures.
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- LE GRISOU ET SES RAVAGES
- Les catastrophes malheureusement toujours trop nombreuses qui se produisent dans les mines de houille, les désastres et les victimes qui sont dus au grisou, donnent toujours un caractère d’actualité à cette question; nous allons faire connaître aujourd’hui quelques chiffres sur la mortalité qu’entraîne le terrible grisou.
- Nous devons dire d’abord que les mineurs n’occupent pas précisément la triste situation qu’on a l’habitude de leur attribuer au point du nombre et de la gravité des accidents qui les frappent : autrement dit, et sans insister sur ce point, il est bien des corps de métiers, à commencer parles marins, où la mort frappe plus durement. Mais il est certain qu’elle exerce de grands ravages dans
- mines. C’est ainsi que si l’on examine les statistiques pour la longue période comprise entre 1850 et 1888, on voit que sur 1000 ouvriers employés en France dans les mines de toute nature, on a pu compter parfois jusqu’à 5,7 tués et jusqu’à 18,2 blessés; mais nous trouvons aussi dans ces mêmes statistiques une constatation consolante, c’est que la proportion moyenne, qui atteignait ces chiffres en 1855, est tombée depuis à 1,6 tué et à 5,6 blessés sur 1000 ouvriers employés. C’est un progrès réel accompli, grâce aux mesures de prudence qu’on impose de plus en plus aux travailleurs.
- bans les chiffres exprimant la mortalité pour les mines de la France, on comprend à la fois ceux qui sont relatifs aux carrières à ciel ouvert, aux carrières souterraines, aux mines de combustibles et aux autres mines diverses. Mais il est précisément intéressant de faire une départition entre ces divers chiffres. Si nous consultons les statistiques de l’année 1889, nous voyons que dans les mines de charbon, qui sont les plus importantes, occupant un personnel de 111 000 ouvriers, 676 accidents se sont produits, soit souterrainement, soit à la surface, tuant 554 personnes et en blessant 600; pour les autres ruines diverses, sur un effectif de 11 147 ouvriers, on compte 16 tués et 56 blessés. Dans les carrières souterraines, les .accidents ont frappé sur un personnel de 19 162 ouvriers, déterminant 41 morts et 44 blessures; enfin, dans les carrières à ciel ouvert, sur 91 744 ouvriers, 77 ont été tués et 100 blessés. Pour permettre une comparaison effective,-il faut calculer quelle mortalité cela représente sur 10 000 ouvriers, par exemple, employés dans telie ou telle espèce de mines ou de carrières. En ce qui touche la période décennale 1880-1889, nous constatons qu’il y a eu 17,4 ouvriers tués pour 10 000 employés dans les mines de charbon, 15,1 dans les différentes autres mines, 19,7 dans les carrières souterraines et 9,5 dans les carrières à ciel ouvert; certainement il y a des années où les moyennes sont tout antres, comme, par exemple, 1889, où la proportion des morts dans les mines de combustibles est montée à 50,1 pour 1000 ouvriers employés. Cette augmentation énorme est due entièrement à la terrible explosion de grisou qui s’est produite dans le courant de cette année, et pour une cause restée inconnue, dans le puits Yerpilleux du bassin de la Loire, explosion qui lit 207 victimes. Mais en réalité, et en faisant porter l’examen, comme on le doit en statistique, sur une longue période, on s’aperçoit que les dangers de mort sont autrement nombreux dans les carrières souterraines que dans les mines de combustibles.
- D’ailleurs, même à ne considérer que ces dernières, nous devons faire remarquer que le grisou n’y joue pas un rôle aussi meurtrier qu’on serait tenté de le croire; il ne constitue pas le danger constamment suspendu sur la tête du mineur. En effet, considérons un ensemble de 10 000 ouvriers, nous parlons ici des ouvriers du fond et non point de l’ensemble de tout le personnel; nous prenons l’année 1889, où cependant le grisou s’est fait cruellement sentir. Pour ces 10 000 ouvriers du fond, il s’est produit 75,7 accidents, dont 55,9 par éboulements, 20,9 sur les voies ferrées souterraines, 5,4 par chute dans les puits, 0,8 par explosion de grisou. On voit que ce dernier facteur est bien faible en ce qui touche du moins sa fréquence. Il est vrai qu’en général, lorsqu’il agit, il se fait cruellement sentir et cause une hécatombe ; mais en somme nous avons montré par des moyennes qu’il est relativement rare. Dans toutes les mines, dans les carrières, ce sont les éboulements qui causent la grande mortalité.
- Certes on garde dans les bassins houillers un douloureux
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- souvenir des grandes catastrophes causées par le grisou : on se rappelle l’explosion de 1867 à Blanzy, tuant 89 ouvriers, en blessant 47 ; celle de Terrenoire en 1871, comptant 70 victimes; celle de Blanzy en 1872 en comptant 43; on n’a point oublié les 186 morts de Terrenoire en 1876, les 45 de Graissesac en 1877, et bien d’autres. Pour compléter ces renseignements, nous pouvons dire qu’à 1 million de tonnes de charbon extraites, correspondent 3,3 ouvriers tués et 7 blessés; dans la Grande-Bretagne, la proportion (prise sur une longue période), est de 2,7 tués; en Belgique, elle ne dépasse pas 2,9 tués et 4,9 blessés; enfin en Prusse, elle est seulement de 1,4 tué et 2,4 blessés.
- Quoi qu’il en soit, non seulement les accidents dans les mines ont une tendance marquée à diminuer même avec les anciens procédés d’éclairage, mais encore, grâce à l’introduction évidemment prochaine de l’électricité dans les travaux souterrains, le progrès ne peut manquer de s’accentuer rapidement. Daniel Bellet.
- UNE FABRIQUE DE ROSES
- M. Henry de Vilmorin a eu l’occasion de visiter à plusieurs reprises le célèbre Parc aux Roses de Nice; il a récemment donné dans la Revue horticole une Notice intéressante sur ce lieu de production de fleurs, les plus belles du monde; nous y emprunterons quelques détails.
- Les deux rives du Var sont bordées d’une ligne de hauteurs très prononcées, qui les accompagnent jusqu’à la mer. Les collines de la rive gauche contribuent à garantir des vents de nord-ouest toute la campagne de Nice. C’est vers leur extrémité méridionale, sur des terrains d’alluvion fort riches, que sont situés, au quartier de Carras, les principaux jardins maraîchers de Nice. C’est là aussi, un peu plus haut sur le flanc du coteau, que se trouve la villa Joséphine ou Parc aux Roses.
- La culture des Roses y est faite exclusivement en vue de la vente d’hiver, en fleurs coupées. 4 hectares environ, sur 10 ou 11 que renferme la propriété, sont consacrés aux forceries de Rosiers et garnis de très nombreuses petites serres ou grandes bâches dont les unes ou les autres sont toujours en production. La surface vitrée totale déliasse 6000 mètres carrés.
- Naturellement, c’est pendant les mois de vente active, de novembre à avril, que les principales récoltes se font ; mais au printemps même et en été, les très belles Roses obtenues sous abri sont recherchées par le commerce. Seules, ou presque seules, elles présentent une pureté de teinte parfaite, exempte, sur les pétales extérieurs, de ces décolorations, de ces marbrures et de ces plissements qu’occasionnent les morsures du froid, les coups de soleil trop ardents ou l’action prolongée de l’humidité.
- Pendant l’été, les parois latérales mobiles des serres sont enlevées, et il ne reste que la toiture vitrée pour protéger les fleurs contre les pluies d’orage.
- Le propriétaire et fondateur de l’établissement est M. Antoine Mari. On peut dire que le trait le plus frappant de sa culture, c’est la simplicité des moyens employés et leur parfaite adaptation au but à atteindre, lequel est d’obtenir une floraison abondante et soutenue, sans grande dépense et sans épuiser les plantes.
- Le Rosier, on le sait, ne demande pas pour fleurir une température élevée. Certaines variétés, comme la Rose Safrano, continuent à donner des boutons et des fleurs pendant tout l’hiver en Provence, et on en cueille des fleurs
- bien développées à la fin de novembre sous le climat de Paris. Chez M. Mari, les Rosiers sont plantés soit en bandes de trois rangées parallèles pour les variétés buissonnantes, soit en rangées uniques et conduites un peu comme les Vignes en chaintre pour les races sarmenteuses, comme est le Maréchal Niel. Ils sont abrités par des châssis juste assez élevés au-dessus du sol pour qu’un homme puisse circuler à l’intérieur. Au fort de la saison, du 15 décembre au 15 avril, le Parc aux Roses expédie en moyenne 500 douzaines de Roses par jour.
- « Dans l’intervalle de diverses visites faites à cet établissement, dit M. de Vilmorin, j'ai pu admirer, à la dernière exposition florale de Nice, des produits choisis de l’établissement, présentés hors concours. Il y avait là des Roses PaulNeyron de plus de 12 centimètres de diamètre, des Maréchal Niel tellement développés qu’une douzaine de boutons entr’ouverts pesaient ensemble plus de 800 grammes, des France d’une grosseur et d’une symétrie merveilleuses, et des Paul Nabonnand presque aussi larges que les Paul Neyron et d’une fraîcheur de coloris délicieuse. Toutes les Roses, sans exception, étaient d’une perfection de formes et d’une vivacité de teintes qui ne laissaient rien à désirer ; au surplus, ce n’est pas un mystère qu’une forte proportion des plus belles Roses exposées par les plus élégants magasins de fleurs de Paris proviennent en droite ligne des cultures de M. Mari. »
- Les cultures du Parc aux Roses arrivent à faire rendre au terrain un produit net annuel qui peut être aisément évalué à 10 000 ou 12 000 francs par hectare.
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- L’ÉCOLE DE CAPITAINES AU LONG COURS
- A MARSEILLE
- L’École supérieure de commerce de Marseille s’est émue de la difficulté que présente actuellement le recrutement des officiers de la marine marchande, et elle vient d’ajouter à son enseignement un cours de navigation formant, par le fait, une sorte d’école à part. Son but est de faciliter l’accès de la carrière de capitaine au long cours, aux jeunes gens qui pourront tâter pour ainsi dire le métier avant de s’y consacrer complètement. Elle offrira ainsi à la marine marchande et aux compagnies de navigation une pépinière de jeunes gens de bonne éducation, ayant déjà reçu une certaine dose d’instruction spéciale théorique et pratique, et destinés à lournir un choix d’officiers dignes des fonctions importantes qui leur sont souvent confiées.
- C’est seulement à la fin de l’an dernier que cette École a été ouverte et, malgré le peu de publicité donnée à son avènement, elle comptait à l’ouverture des cours vingt-cinq élèves. Ceux-ci sont admis de seize à vingt ans après examen ; ils suivent pendant deux ans des cours théoriques et pratiques de navigation. Us ont à leur disposition dans leurs salles d’étude des modèles démontables de navires perfectionnés avec lesquels ils apprennent les noms et les destinations de chacun des objets qui composent sa construction, sa coque, sa mâture, etc., et même les diverses manœuvres qu’on peut y faire (fig. 5). En outre, toutes les semaines ils font, soit sur des canots.
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- soit sur la corvette des mousses, des exercices [pratiques dans le port ou en mer (fig. 1 et 2). Après cette période de deux années de cours, il paraît évident que les jeunes gens qui se destinent à exercer les fonctions d’officiers au long cours, seront plus aptes que d’autres à remplir les conditions nécessaires.
- Jusqu’à présent, en effet, la carrière n’est accessible qu’à ceux qui ont accompli soixante mois de navigation avant toute étude théorique. Après avoir acquis, pendant cette longue période de temps passé à la mer, une assez grande instruction pratique, ils se présentent à l’École d’hydrographie où ils acquièrent les connaissances nécessaires pour accomplir les fonctions auxquelles ils peuvent être appelés, tant au point de vue maritime qu’au point de vue commercial ; car les capitaines au long cours ont toujours été à l’étranger de puissants agents commerciaux pour leurs armateurs.
- Avant la navigation à vapeur, le recrutement de ces officiers était relativement facile, notamment au moyen des pilotins, jeunes gens de seize à dix-sept ans, généralement fils ou parents de capitaines, ayant une vocation bien arrêtée, et auxquels les nombreux navires à voiles, alôrs en usage, assuraient un avenir à peu près certain. Ils vivaient à la table du capitaine, profitaient de toutes les conversations techniques qu’ils y entendaient, faisaient le quart à côté des officiers et se familiarisaient rapidement avec le service à la mer. Ils avaient une supériorité marquée sur le simple matelot vivant au poste de l’équipage, qui, après le même temps de navigation, quoique pouvant prétendre aux mêmes droits, était beaucoup moins apte au commandement. Aussi lorsque le pilotin était appelé à faire son service militaire, il pouvait, au bout de peu de temps, être nommé aspirant auxiliaire.
- Mais, depuis la navigation à vapeur, le nombre des navires à voiles ayant beaucoup diminué, le nombre des officiers nécessaires au commandement a diminué également, et il n’y a plus ni pilotins, ni aspirants auxiliaires.
- Le recrutement des officiers de la marine marchande ne pouvait plus guère se faire que parmi les novices et matelots ayant navigué jusqu’à vingt-quatre ans dans des situations inférieures, peu en rap-
- port avec celles qu’ils devaient occuper, et manquant aussi quelquefois de l’instruction première destinée à leur permettre l’entrée à l’École d’hydrographie. Aussi les grandes compagnies de navigation à vapeur acceptèrent-elles les services des officiers de la marine militaire qui quittaient la marine de l’État où l’avancement devenait trop lent, pour leur confier le commandement de leurs grands navires.
- Mais tandis que ceux-ci trouvaient là des situations fort avantageuses, les capitaines au long cours voyaient au contraire leur avenir brisé et ils étaient peu disposés à engager leurs fils ou les jeunes gens qui leur demandaient conseil à s’engager dans une carrière où il n’y avait plus d’issue. Il en résulte que le recrutement des officiers en sous-ordre, lieutenants ou seconds de la marine marchande, devient de plus en plus difficile, et la cause en est aux difficultés d’accès et à l’amoindrissement des situations d’avenir auxquelles peuvent aspirer les capitaines au long cours.
- De tout temps les difficultés d’accès ont été difficiles; on croyait généralement qu’il fallait commencer très tôt à naviguer pour pouvoir apprendre le métier. Mais c’était mettre un peu la charrue avant les bœufs, car il arrivait qu’a près avoir accompli un assez long temps de navigation, les jeunes gens ne réunissaient pas les conditions d’éducation et d’instruc-t i o n théorique su ffi-santes pour se présen-examens de capitaines au long cours. L’École de Marseille est donc destinée à combler cette lacune; toutes les autres conditions restent les mêmes, mais les grandes compagnies de navigation se sont engagées à prendre à leur charge les élèves sortis de là diplômés et à compléter leur instruction pratique dans des conditions parfaitement acceptables et conformes à la situation qui doit être faite à de futurs officiers. Us embarqueront en qualité d’élèves-officicrs et vivront avec les officiers. Leurs soixante mois de navigation s accompliront donc dans d’excellentes conditions et ils seront d’autant plus aptes à profiter de tout ce qu’ils verront autour d’eux, que leur instruction théorique sera déjà fort avancée par leurs deux années préparatoires. Lorsqu’ils se présenteront ensuite à l’École d’hydrographie, ils auront de grandes chances pour y
- Fig. 1. — Les élèves-capitaines au long cours à Marseille, à l’Ecole pratique sur la corvette des mousses. (D’après une photographie.)
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- Fig. 2, — Exercices de l’aviron et de la voile sur canots, des élèves-capitaines au long cours à Marseille.
- (D’après une photographie.)
- Fig. 3. — Vue intérieure d’une salle d’études de l’Ecole des capitaines au long cours à Marseille.
- (D’après une photographie.)
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- être reçus dès la première année, et on pourra môme alors relever le niveau de l’examen de sortie. Comme consécration aux efforts tentés par l’Ecole supérieure de commerce de Marseille, il faut espérer que les nouveaux cours qu’elle vient d’ouvrir, seront bientôt reconnus d’utilité publique. Il serait à désirer aussi que les jeunes gens qui les suivent, fussent compris dans les dispensés et ne lissent qu’un an de service dans la llotte en qualité d’aspirants auxiliaires. On parviendrait ainsi à effacer les préventions réciproques des officiers de la marine de guerre et de la marine marchande, qui tous, au jour du danger, doivent concourir à la défense du pays.
- G. Maueschai..
- UN INSTRUMENT
- POUR TRACER DES PARABOLES
- Il existe des instruments pour tracer îles circonférences et des ellipses, mais nous ne connaissions pas, jusqu’à ce jour, d’instrument pour tracer des paraboles. Cette lacune est maintenant comblée par un appareil présenté à la Physical Society, de Londres, par M. II. Inwards; il a été combiné surtout pour le tracé des courbes à court foyer employées pour les réflecteurs et dans les diagrammes de trajectoires des comètes et des projectiles. On sait que, par définition, la parabole est le lieu des points équidistants d’un point nommé foyer et d’une droite nommée directrice: c’est cette définition même que réalise prati-
- quement l’appareil de M. Inxvards. AB est une rainure ménagée dans une règle constituant la directrice, et fGHÏ un losange articulé dont un des sommets F est fixé au foyer. CD est une seconde règle à glissière passant toujours, par construction, par les sommets II et I du losange l’GHI. Un levier LE a ses deux extrémités, L et E, glissant respectivement dans les rainures AB et CD, tandis que son milieu M est relié au point G par le levier rigide MG, mais est articulé aux points M et G. Par construction LM=ME—MG. Dans ces conditions, le point M étant fixe, il en résulte qu’en faisant glisser les points L et G le long de la rainure AB, le point E décrira une parabole dont le paramètre dépend de la distance du foyer F à la directrice AB.
- ' Dans l’appareil réalisé et présenté à la Physical Society le point F est ajustable à volonté pour modifier ce paramètre. La pointe traçante est fixée au point E.
- ! A propos de cet appareil, M. le professeur J. Perry a fait observer combien il serait utile pour les ingénieurs de disposer d’un instrument permettant de construire les courbes représentées par l’équation générale yz=xn.
- Avis aux inventeurs et aux chercheurs.
- LA TEINTURE DU MARBRE
- Les marbres teintés naturellement de couleurs' vives sont généralement fort chers ; par contre, les marbres de couleurs neutres et uniformes, blanc, gris ou jaunâtre, qui sont d’un prix beaucoup moins élevé, fatiguent souvent par leur monotonie. C’est ce qui a donné l’idée de colorer artificiellement des marbres ordinaires, de façon à les transformer en marbres de prix.
- L’effet obtenu est quelquefois des plus remarquables. Il est évident qu’il ne s’agit point de coloration superficielle, c’est-à-dire de peinture; ce qui fait la grande beauté de la couleur dans le marbre, c’est que cette couleur n’est pas seulement à la surface, mais dans la masse de la pierre elle-même.
- A très peu d’exceptions près, les marbres possèdent une certaine transparence, et la lumière, pénétrant dans une partie colorée, leur donne de l’éclat et rehausse beaucoup l’effet. On se rend très bien compte de cette transparence en examinant une plaque de marbre mince à côté d’un bloc épais, et on comprend aussi pourquoi les imitations de marbre, peintes sur papiers, sur bois ou sur plâtre, ne font, en général, aucun effet; on peut, dans le marbre naturel, voir pour ainsi dire la couleur jusqu’à une certaine profondeur; il est donc nécessaire, quand on veut colorer du marbre, d’appliquer la couleur de telle façon qu’elle pénètre dans la masse.
- Le marbre destiné à être coloré doit être parfaitement propre et ne présenter aucune tache de graisse; il doit être dégrossi et non poli, car la surface polie et compacte offre, en effet, une résistance trop considérable à la pénétration de la couleur.
- Pour donner une teinte uniforme au marbre, il suffit de placer les blocs, les tables ou les morceaux dans un bain colorant approprié, généralement des barques en bois, munies d’un tuyau de vapeur pour porter le liquide de teinture graduellement à l’ébullition et le maintenir en cet état pendant un certain temps. Les plateaux de marbre se placent sur le champ et sont séparés les uns des autres par un moyen quelconque, de façon à ce qu’ils présentent toute leur surface à l’action de la matière colorante.
- Si l’on doit veiner une plaque naturelle ou teinlc, on la place dans la position horizontale, de manière qu’on puisse mettre et laisser pénétrer une certaine quantité de couleur, avec laquelle on dessinera les veines ou des taches, suivant l’espèce de marbre que l’on veut reproduire. Dans ce cas, la solution colorante doit être suffisamment chaude pour moutonner sur le marbre, au moment où on l’applique. Il est inutile d’obtenir, en appliquant la couleur, des contours absolument définis; la couleur coule ou s’étend quelque peu, produisant ainsi une zone de teinte intermédiaire qui ajoute au naturel du dessin. Une certaine pratique est assurément nécessaire pour réussir, aussi bien dans la coloration des marbres que dans toute autre chose. ;
- Voici la composition des couleurs à employer :
- Le bleu s’obtient avec une solution alcoolique de tournesol, de sulfindigotate d’ammoniaque, de bleu de Prusse, dans l’acide oxalique, de bleu de diphénylamine, de bleu alcalin B, de bleu Victoria, etc.
- Le rouge est produit par du carininate d’ammoniaque, l’éosine, le pourpre foncé ou les rouges azoïques ;
- Le jaune est obtenu avec la gomme-gutte, le jaune d’or, le jaune indien, la citronine, etc. ;
- Le violet, avec le violet de Paris, le violet cristallisé;
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- La vert, avec le vert diamant, le vert étincelle, etc.;
- ho, noir, avec le violet noir, le noir diaminé,le noir jais.
- Ces couleurs s’emploient en dissolutions plus ou moins concentrées, suivant la teinte à obtenir, dans l’eau pure, l’eau additionnée d’alcool éthylique ou méthylique, l'alcool méthylique pur, l’acétine ou autres véhicules neutres.
- Pour obtenir des couleurs opaques, on se sert de cire blanche teinte, ou mieux, de savons colorés en dissolution dans l’alcool, et semblable à ceux que l’on emploie pour teindre à sec les soieries.
- Ces derniers temps, on est arrivé à reproduire, par teinture sur marbre, des sujets les plus divers, tels que fleurs, animaux, portraits. Voici comment s’obtient ce résultat. Le sujet a exécuter est photographié : on en obtient un négatif que l’on renforce au bichlorure de mercure et dont on détache la pellicule à l’aide du caoutchouc, par des procédés bien connus.
- La surface du marbre est recouverte d’une couche bien égale et peu épaisse de la mixture suivante :
- Benzine...................... 1000 grammes.
- Bitume de Judée............... 100 —
- Essence de térébenthine . . 1000 —
- Cire vierge.................... 10 —
- Cette opération se fait au cabinet noir, et aussitôt l’enduit sec, on l’insole sous le négatif ou la pellicule, pendant vingt minutes en plein soleil. On développe ensuite à l’essence qui dissout toutes les parties de l’enduit qui n’ont pas été insolées. On doit arrêter le développement dès que le dessin se montre, en dirigeant sur la surface de la plaque un fort jet d’eau. Après les retouches, si elles sont nécessaires, on met en couleur en versant sur la surface le liquide colorant convenable. Si l’on veut obtenir plusieurs couleurs, après l’action du premier bain colorant, on recouvre avec un enduit de cire et de résine dans l’essence, les parties qui doivent conserver la couleur de ce bain, puis ôn procède à une seconde mise au bain et ainsi de suite. On peut obtenir, par un travail bien raisonné, jusqu’à cinq teintes différentes du plus bel effet. On enlève l’enduit à la benzine tiède en s’aidant d’un blaireau, on lave le marbre à plusieurs reprises avec de l’eau et finalement on le laisse sécher lentement et pendant plusieurs jours. Au bout de ce temps, on le polit légèrement et l’effet voulu est obtenu.
- On peut varier, du reste, à l’infini le mode de décoration du marbre; il suffit d’avoir indiqué une méthode pour permettre à l’amateur et au praticien d’en trouver d’autres et de multiplier les applications de la teinture du marbre 1.
- LES ACTIONS MÉCANIQUES DE LA LUMIÈRE
- Chacun sait que tous les corps s’attirent suivant la grande loi découverte par Newton ; mais leur action mutuelle ne se borne pas là ; la radiation, lumineuse ou obscure, qu’ils envoient l’un sur l’autre, exerce une action répulsive qui peut, dans certains cas, prendre une part importante dans l’action résultante. Fresnel avait déjà entrevu l’origine de cette force; Maxwell en donna plus tard l’expression; plusieurs physiciens ont trouvé, depuis lors, divers motifs qui nous forcent à l’admettre; dernièrement, un jeifne physicien russe, M. Lebedef, a calculé quelques-uns de ses effets, assez inattendus. Remarquons d’abord que la force attractive est proportionnelle aux masses, c’est-à-dire au cube des dimensions, tandis que
- * 1 D'après une étude de M. A.-M. Villon, ingénieur-chimiste [Revue de chimie industrielle).
- la force répulsive varie avec les surfaces, c’est-à-dire avec le carré du rayon. Là s’engage cet éternel combat des carrés et des cubes, dans lequel les derniers se trouvent vaincus lorsque les dimensions deviennent très faibles. L’énorme radiation du soleil n’exerce sur la terre aucune action appréciable, à côté de l’attraction de l’astre central, supérieure à l’effort que pourrait supporter une tige d’acier de 10 000 kilomètres de diamètre; mais il n’en est pas de même pour la matière très ténue qui forme la queue des comètes; tandis que l’attraction est prépondérante sur le noyau, la répulsion peut devenir la plus forte sur la queue, lorsqu’elle n’est pas abritée par un corps relativement opaque, car il faut noter encore une différence dans le mode d’action de ces deux forces : l’attraction s’exerce (on le croit du moins) à travers tous les corps; la répulsion est affaiblie dans la mesure où la radiation est absorbée par un écran. C’est ainsi que se trouve confirmée par la physique cette belle théorie de la queue des comètes, que M. Faye professait il y a plus de dix ans.
- La lumière zodiacale, si mystérieuse, se trouve aussi aisément expliquée; la terre, tout comme une comète, possède une queue (analogue, pour sa formation, aux remous que l’on observe en aval d’une pile de pont), toujours opposée au soleil, mais si faible, qu’on l’aperçoit seulement lorsque cet amas de poussière cosmique est vu dans sa plus grande longueur. Les divers méridiens de la terre passent successivement à leur minuit sous l’origine de cette queue, qui devient ainsi visible dans la direction opposée au soleil.
- LES GAZ EN BOUTEILLES
- La rapidité des opérations et la diminution de la main-d’œuvre, qui sont un objet constant de préoccupations pour l’industrie moderne, sont deux qualités de moindre importance dans les laboratoires; les savants ne cherchent ni à économiser leur temps ni à ménager leurs peines du moment qu’ils sont assurés d’obtenir une grande précision. Mais il est des cas où la rapidité n’exclut pas l’exactitude, et les laboratoires modernes organisent leur installation et développent leur outillage dans ce double but ; on y retrouve souvent des réductions de machines industrielles; appareils de distillation et d’évaporation, filtres-presses, essoreuses, petits moteurs de toutes sortes supprimant des manipulations souvent très longues et toujours fastidieuses.
- Parmi les appareils les plus encombrants sont ceux qui sont destinés à la production des gaz. Aussi y a-t-il longtemps que de grands laboratoires ont installé des réservoirs permettant d’emmagasiner l’oxygène, nécessaire, en particulier, pour la production des hautes températures ; ces réservoirs volumineux sont, depuis quelques années, avantageusement remplacés par les tuhes de petit diamètre que le commerce livre tout remplis d’oxygène comprimé à une forte pression (125 atmosphères). Cette compression est considérable, mais cependant insuffisante pour produire la liquéfaction de l’oxygène; on sait, en effet, les pressions extraordinairement élevées et les températures extraordinairement basses qu’ont dù réaliser M. Cailletet, et M. Pictet pour condenser l’oxygène et les autres gaz dits permanents.
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- Il est, au contraire, des gaz dont la condensation est des plus faciles. C’est ce qui a lieu, en particulier, pour l’acide sulfureux qu’il y a un siècle, Monge et Clouet obtinrent liquide par simple refroidissement à — 10°. Le gaz ammoniac exige à la pression atmosphérique une température sensiblement plus basse ; mais il ne résiste pas à une faible compression, et c’est le gaz sur lequel le phénomène de la liquéfaction — prévu par le génie de Lavoisier —fut expérimentalement réalisé. Van Marum observa, en effet, qu’en comprimant de l’air au-dessus d’une cuve à mercure sur laquelle était une éprouvette de gaz ammoniac celui-ci devenait liquide ; Guyton de Mor-veau, « en refroidissant le gaz ammoniac à — 45° par le mélange de nmriate de chaux et de neige, vit des gouttes de liqueur tapisser les parois du ballon1 ».
- Pour l’acide carbonique, la pression doit atteindre 56 atmosphères à la température ordinaire. Faraday était néanmoins parvenu à condenser ce gaz dans le tube scellé, en forme de V, qui a conservé son nom. Tout le monde connaît l’appareil de Thi-lorier qui a permis d’obtenir de grandes quantités d’acide carbonique liquide ; aujourd'hui l’industrie le produit en grand au moyen de pompes de compression.
- L’acide sulfhy-drique est plus facile à liquéfier que l’acide carbonique; si on ne le trouve pas dans le commerce, malgré le fréquent usage que l’on en fait dans les laboratoires, c’est que sa préparation est des plus simples au moyen de l’appareil continu à deux flacons.
- On trouve, au contraire, depuis plusieurs années défii, dans le commerce, le chlorure d’éthyle et le chlorure de méthyle; ce dernier est particulièrement intéressant, il bout à — 25 degrés et sa chaleur de vaporisation est considérable; aussi, après les belles recherches de M. Vincent qui ont permis d’en faire un produit industriel, est-il devenu d’un usage courant dans les laboratoires pour produire de grands abaissements de température.
- Le chlore est également assez facile à liquéfier ; Faraday évaluait la pression à 4 atmosphères pour une température de 15°,5; des savants plus récents considèrent cette valeur comme trop faible;
- 1 Expériences sur les refroidissements artificiels. Annales de chimie (1799).
- en tous cas, le chlore est, à la température ordinaire, liquide au-dessous de 8 atmosphères. Mais jusqu’ici le chlore liquide n’était qu’une curiosité de laboratoire et l’on peut dire que sa fabrication industrielle est un fait qui mérite d’ètre signalé parmi les récents progrès de la chimie appliquée. On sait dans combien de réactions on fait entrer le chlore; toutes les chlorurations sont rendues faciles au moyen du chlore comprimé, puisqu’il suffit de tourner un robinet pour obtenir un dégagement gazeux facile à régler, et sans avoir à craindre de fuites, particulièrement désagréables avec un corps aussi malsain que le chlore.
- Les appareils qui contiennent les différents gaz liquéfiés sont naturellement des cylindres de métal; on emploie d’ordinaire le fer. Une disposition récente est due à MM. Joly et Fribourg. Comme on le voit sur la figure, le siphon est muni de deux tubes : l’un
- A, s’arrêtant à la partie supérieure et destiné au passage du gaz qui exerce sa pression sur le liquide ; l’autre R, plongeant jusqu’au fond de l’appareil et permettant par suite le refoulement du liquide. La fermeture de ces deux tulies est obtenue au moyen de robinets à pointe. Ces robinets sont constitués par des cônes fixés à l’extrémité de tiges horizontales ; le cône et la tige sont percés suivant leur axe d’un canal d’écoulement. Lorsque, au moyen d’un écrou, on déplace la tige, le cône découvre l’orifice vertical : sur la figure, le tube A laisserait passer le gaz, le tube R étant, an contraire, fermé. On comprend que cette disposition permet une ouverture très lente, ce qui est nécessaire pour ne pas avoir, par une manœuvre trop rapide, des différences de pression considérables.
- Des appareils de ce genre nous semblent dans les laboratoires avoir leur place à côté des bocaux et des flacons à réactifs ; les gaz y sont en bouteilles comme est en bouteilles l’électricité dans les accumulateurs. Et ne sont-ce pas de merveilleuses bouteilles que celles-ci, qui, d’une capacité d’un litre, peuvent laisser sortir, par exemple, soit près de 500 litres de chlore, soit plus de 900 litres de gaz ammoniac?
- P. Jannettaz,
- Ingénieur des arts et manufactures.
- Bouteille à chlore liquide, et détail du siphon.
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- IA SOIE DE L’HMABE
- GRANDE ARAIGNÉE I)E MADAGASCAR
- La grande araignée de Madagascar (Epeira nephila Madagascar iensis,N ins.) a été l’objet d’observations et d’études toutes particulières de la part du P. Cam-boué, missionnaire apostolique à Madagascar. A côté des services que rend cette araignée en détruisant quantité d’insectes de toute espece, elle est encore employée comme aliment par les Ho vas, qui la l'ont frire dans la graisse et en sont très friands.
- Mais c’est surtout par la production de la soie qu’elle pourrait être utilisée, et c’est dans ce sens qu’ont porté les recherches du P. Gamboué.
- Les premières tentatives faites pour employer, comme matière textile, la soie des araignées, remontent déjà assez loin, lléaumur, vers le commencement du siècle dernier, fut chargé par l’Académie d’examiner les essais de Bon, président de la Chambre des comptes à Montpellier, qui avait fait fabriquer des bas et des mitaines de couleur grise avec la soie d’une espèce indigène ; 3 onces de soie avaient suffi pour faire une paire de bas de grande dimension,
- tandis qu’il aurait fallu 7 à 8 onces de soie du ver du mûrier.
- lléaumur, dans ses Mémoires, nous raconte les difficultés qu’il éprouva. Les araignées se dévoraient entre elles ; il dut les élever séparément dans des cornets de papier ou dans des pots, et comme elles sont exclusivement carnassières et qu’il en fallait de grandes quantités, il n’aurait jamais pu se procurer assez de mouches pour les nourrir. Il chercha autre chose. Les vers réussirent assez bien, mais il reconnut qu’elles aimaient surtout les jeunes plumes de pigeon nouvellement arrachées et encore sanglantes, débitées en petits fragments.
- A l’automne, chaque araignée file un cocon contenant ses oeufs; c’est la soie de ces cocons qu’em-
- ploya le président Bon. lléaumur émit alors l’idée que l’on obtiendrait de meilleurs résultats, en opérant sur la soie telle qu’elle sort des filières de l’araignée, et depuis c’est dans cette voie que les nouveaux essais furent tentés.
- Vers la fin du siècle dernier, Raymond de Trey-meyer s’adressa à l’épeire diadème, de même que M. Ilolt, qui arriva à mettre en communication un dévidoir léger avec une machine à vapeur, et enroula le fil au fur et à mesure que l’araignée le produisait. Il présenta à la Société des arts de Londres un fil de 6000 mètres obtenu en deux heures, de vingt-deux araignées. Enfin, plus récemment encore, le I)r Wilder tenta le dévidage de la soie d’une araignée de grande taille de la Caroline, la Nephila plumipes.
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- LA N AT URL.
- Comme lui, le 1*. Camboué a pensé avec raison qu’il fallait de préférence s’adresser à une espèce de grande taille. Il choisit l’üalabe, la plus grande araignée de Madagascar (lig. 1 ) et voici comment il procéda.
- Il fixa chaque bète dans une boîte, de manière à laisser émerger l’abdomen et opérant le dévidage, il vit que chaque araignée peut donner un lil continu d'une centaine de mètres. Mais il s’aperçut bientôt qu’après la ponte, cette production augmente, et il put obtenir d’un seul individu jusqu’à 4000 mètres de ce fil en vingt-sept jours. L’auteur constata qu’à une température de 17° et avec 08° d'humidité, ce lil supporte un poids de 5«r,2t) sans se rompre et s’allonge de 12 pour 100; il put alors installer une bassine expérimentale dont il donne la description et les dessins ci-joints1 (fig. 5).
- « Les araignées vivantes furent placées dans de petites boîtes à coulisse de façon à être retenues par les pattes, le corps seul de la bète émergeant. Les deux faisceaux de lil fournis par deux séries d’arai-
- Fig. 3. — Bassine expérimentale profil et plan. — a. Araignées dans leurs casiers. — b. Bassine. — c. Brûleur. — d. Barbin. — e. Guin-dre. — f. Filière. — v. Volant.
- gnées ainsi lixées dans leurs casiers allaient passer dans deux filières mobiles immergées dans l’eau d’une petite bassine chauffée par un brûleur. La croi-sure s’opérait sous un angle fort aigu à peu de distance du guindre. » Le P. Camboué obtint ainsi divers échantillons de lils qui furent soumis à divers examens.
- La soie de l’Halabe présente réellement des qualités remarquables; elle est d’un beau jaune d’or et peut être teinte. Le P. Camboué a constaté que l’un des fils latéraux soutenant la toile supporte sans se rompre un poids de 500 grammes, et un autre missionnaire lui a assuré que dans la province des Betsileos, ce même lil sert à coudre les vêtements des indigènes, et s’use moins vite que l’étoffe.
- D’après M. Natalis Roudot (l'Art de la soie) le lil de l’Halabe mesure 7 à 8/1000 de millimètre de diamètre, celui du ver du mûrier dépasse 11/1000. Le premier supporte un poids de 4 grammes et s’allonge de 22 pour 100. Le second, 5«r,76 au plus et s’allonge de 15 pour 100.
- 1 Nous empruntons la description et ces deux figures au Mémoire du 1*. Comboué publié dans la Revue des sciences naturelles appliquées, n° 6, du 20 mars 1892.
- Le cocon à œufs de l’Halabe, qu’on trouve abondamment dans certaines localités, donne une bourre également bonne à tisser. 11 en faudrait, parait-il, une cinquantaine pour produire 1 gramme de soie.
- D’après le P. Comboué, c’est avec la soie de l’IIa-labe qu’à l’île Maurice, sous l’administration du général Decaen, les créoles élégantes lissèrent de leurs mains une splendide paire de gants qu’elles envoyèrent en hommage à l’impératrice des Français.
- « Chaque jour le colon, pour garnir le calumet de la pipe élancée avec laquelle il aspire l’enivrante fumée, se sert de ces lils dont la force et la richesse font regretter que l’esprit industriel n’ait point tourné ses vues vers ce point. »
- Quelques essais d’acclimatation ont été tentés en France, près Paris. MM. Fallou et Mégnin ont reçu des œufs d’Halabe adressés par le P. Comboué à la Société d’acclimatation, mais jusqu’ici les résultats obtenus ont été nuis. M. Fallou, après avoir conservé ses jeunes élèves dans un bocal jusqu’au mois d’août, les divisa en deux lots. Le premier resta dans le bocal, le deuxième fut placé dans un jardin sur un rocher, où l’on put voir les jeunes araignées tendre des lils en tous sens, mais à la lin du même mois elles disparurent avec leurs lils. Peut-être lurent-elles la proie des oiseaux ou des lézards.
- Quand à celles conservées dans le bocal, elles grossirent un peu, changèrent de peau, mais leur nombre diminua rapidement, et vers la lin de novembre il n’en restait plus, le bocal ne contenait que des débris. Notre collègue qui les observait avec soin les a vues souvent se grouper comme nous le représentons ici (lig. 2).
- Il faut espérer que de nouveaux essais réussiront mieux ; peut-être aurait-on plus chance de succès en les tentant dans le midi de la France1.
- A.-L. Clément,
- Secrétaire de lu 4” section à lu Société d’acclimatation.
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- CHRONIQUE
- L<a décomposition du soufre. — Les relations singulières que l’on a depuis longtemps constatées entre les constantes des corps prétendus simples, relations mises en pleine lumière par M. Mendéléef, font croire que ces corps ne sont pas entièrement indépendants les uns des autres; de là à conclure qu’ils ne sont que des combinaisons d’un petit nombre de véritables éléments, il n’y a qu’un pas. Quoique de nombreux efforts aient été déjà faits en vue de décomposer les éléments actuels, il n’existe pas encore un cas démontré de séparation d’un élément bien connu en d’autres plus simples. Aussi la découverte par un physicien de Berlin, M. Th. Gross, d’un sous-élément du soufre, peut-elle être considérée comme de tout premier ordre, à la seule condition qu’elle se confirme et que son auteur n’ait point fait fausse route. Cette découverte laisse, il est vrai, la porte largement ouverte à d’autres interprétations ; cependant nous en rendrons
- 1 M. E. Blanchard, de l’Institut, ne croit pas à la possibilité d’acclimater en Europe les grandes araignées qui produisent de la soic.Voy. la Note publiée par l’éminent entomologiste, u° 449, du 7 janvier 1882, p. 94.
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- compte dès maintenant, nous réservant d’y revenir. (( Ayant, dit M. Gross, chauffé au rouge, dans un creuset d’argent, un mélange de 1 partie de sulfate de baryte avec G parties de nitrate de potasse, j’y fis passer le courant de 6 éléments Bunsen, en prenant le creuset comme pôle négatif et comme pôle positif un fil de platine de 0mm,5 à Le fil se fondit peu à peu, et, tandis qu’on l’enfonçait pour entretenir le courant, le contenu du creuset durcit, et on lut obligé, pour le maintenir liquide, d’ajouter 16 parties de nitrate de potasse. » On perdit en tout 3 parties de platine, et, après avoir interrompu le courant, on laissa refroidir le creuset qui contenait une masse noire, en partie soluble dans l’acide chlorhydrique. L’analyse de cette substance montra qu’une partie du sulfate de baryte avait disparu; tous les corps prévus ayant été isolés, on trouva une poudre d’un gris noirâtre, insoluble dans les acides nitrique et fluorhydrique, ainsi que dans l’eau régale ; elle représentait environ 50 pour 100 du soufre contenu dans le sulfate. L’auteur pense que le soufre est une combinaison hydrogénée, qui, par l’élcctrolyse décrite ci-dessus, perd de l’hydrogène qui est remplacé par du platine. De nouvelles observations en cours semblent, dit-il, confirmer cette manière de voir.
- Nécropole d’une colonie militaire romaine.
- — M. le Dr Fouquet annonce dans les termes suivants l’importante trouvaille archéologique qui a été faite dans l’oasis de Khargeh en Egypte : « Il s’agit de la nécropole d’une colonie militaire romaine du deuxième ou du troisième siècle. Je ne crois pas que les fouilleurs aient rapporté de momies intactes, et je le regrette, car les fragments que j’ai vus, au nombre de vingt-deux, sont fort intéressants pour l’histoire de l’embaumement, et absolument inédits jusqu’à ce jour. Le buste, en plâtre, du défunt se termine à sa partie inférieure par une sorte de gaine qui recouvre les épaules et la poitrine. Les bras, demi-croisés, sont grossièrement figurés.
- ACADÉM1E DES SCIENCES
- Séance du 50 mai 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- La guérison de maladies incurables. — M. Brown-Séquard ajoute quelques faits nouveaux aux résultats si curieux dont il a entretenu l’Académie dans la dernière séance, résultats qu’il a obtenus à l’aide d’injections hypodermiques d’un liquide dont il a imaginé la composition. On se rappelle qu’il a signalé la guérison d’un malade atteint d’ataxie locomotrice. Ce succès n’est pas isolé; plusieurs cures de cette maladie ont été réalisées, bien que jusqu’à ce jour elle ait résisté à toutes les médications et que l’on n’ait guère pu qu’enraver les progrès du mal. M. Brown-Séquard cite, pour les incrédules, le cas d’un militaire réformé pour cette cause, en août 1890, qui a été guéri en trois mois et qu’il a présenté en parfait état de santé à la Société de biologie le 5 juin de l’année suivante. 11 y a eu également plusieurs insuccès plus ou moins complets, c’est-à-dire que tandis que chez quelques malades l’effet a été nul, chez d’autres, une amélioration très considérable s’est produite. Les expériences ont été poursuivies dans les hôpitaux de Paris par MM. Cornil, Dumontpallier et Lemoine; elles revêtent donc bien un haut caractère scientifique et méritent toute confiance. M. Brown-Séquard signale encore la cure de cinq cas de lèpre; enfin divers succès ont été obtenus dans le traitement du diabète et de la paralysie. L’auteur admet deux explications à ces singuliers phénomènes: une augmenta-
- tion de puissance des centres nerveux ou une modification des microbes de la maladie. 11 conclut par ces faits absolument généraux : 1° que les vieillards, hommes ou femmes, sont susceptibles de recouvrer une partie considérable de leurs forces perdues ; 2° que quelques maladies telles que l'anémie et l’ataxie locomotrice, sont presque toujours combattues avec succès.
- Météorologie algérienne. — M. le prince Roland Bonaparte a installé une station météorologique au Sahara, dans la vallée de l’Oued Rhir. Cette station a été pourvue d’instruments enregistreurs qui permettent de suivre la marche de la température, de la pression, d’évaluer la quantité de pluie tombée. La température maxima observée à l’ombre est de 42°,9, la température minima — 4°,4. On voit que l’on se trouve en présence d’un climat extrême. La quantité d’eau recueillie est de 0ra,15 bien inférieure à celle qui tombe dans l’ouest de la France. Ces observations ont été dirigées en vue de déterminer la quantité de chaleur nécessaire à la prospérité de la culture des dattiers.
- Expériences de greffe. — M. Daniel a recherché si le végétal greffé sur un autre végétal réagit sur lui, c’est-à-dire si le greffon modifie le sujet. Il a pu mettre cette action en- évidence, en greffant une jeune pousse de chou sur une racine alliacée. 11 a vu celle-ci acquérir un développement trois ou quatre fois plus considérable afin de subvenir à la nutrition du greffon. La réaction indiquée S’était, donc bien produite. M. Duchartre signale encore une expérience nouvelle réalisée par M. Daniel : c’est la greffe d’une racine sur une tige.
- Un réactif de la nicotine. — M. Ilollin relate Faction toxique de diverses substances sur le ver à soie. La plus remarquable est celle de la nicotine. Une solution contenant un dixième de gramme par litre suffit pour tuer les larves. M. Rollin pense que cette extrême impressionnabilité peut être utilisée, tout comme une transformation chimique, pour la recherche toxicologique de la nicotine, lorsque les procédés usuels auront échoué.
- L'habitat du singe en France. — M. Gaudrv annonce la découverte d’un squelette de singe, sur le versant nord des Pyrénées dans le terrain quaternaire. Or à cette époque les glaciers pyrénéens avaient atteint une grande étendue; aussi cette découverte est-elle surprenante.!On sait d’ailleurs que le seul point de l’Europe où cette espèce apparaît actuellement est Gibraltar. j
- Varia. — M. liait a imaginé un procédé de compensation des erreurs commises dans la mesure des réseaux géodésiques. — M. Radau a étudié les inégalités à longue période de la lune, dépendant des attractions exercées par Mars et Vénus. — MM. Chcvreux et Lemcrle relèvent des caractères différentiels sur une espèce de crustacé d’eau douce vivant au fond d’une source située à 80 mètres de profondeur au-dessous de la surface des eaux du lac d’Annecy et la même espèce habitant les fonds du lac à une profondeur de 60 mètres. — M. Amsler de Schaffhouse est élu membre correspondant de l’Académie dans la section de mécanique. Ch. de Villedeuil.
- PHOTOGRAPHIES INSTANTANÉES
- La Nature reçoit constamment de ses lecteurs un grand nombre de documents — souvent fort intéressants. — Elle ne manque pas de les accueillir toujours
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- de son mieux, et de les signaler quand ils en paraissent dignes. Parmi les nombreuses photographies que nous avons reçues dans ces derniers temps, nous en reproduisons aujourd’hui quelques-unes ' : ce sont des épreuves instantanées qui montrent à quel point la photographie parvient à fixer des scènes que l’œil a le temps à peine de bien percevoir pendant leur faible durée.
- Le 28 février dernier, alors que Paris était couvert de neige, un de nos lecteurs M. P. d’Abbadie, passait au square des Batignolles avec son appareil photographique, au moment où trois jeunes gens s’amusaient au combat des houles
- Fig. 2. — Cheval se cabrant avec son cavalier.
- ( D'après une photographie instantanée deM.V..., lieutenant de cavalerie.)
- instantanée représentant un monocycliste ; elle a été exécutée par M. Émile Tardieu, de Montélimar, et obtenue au moyen d’un obturateur rapide construit par cet amateur. La-photographie5 représente un jeune monocyelisle, M. Uuris, au moment oit il
- de neige. Vite, l’appareil est actionné; l’épreuve obtenue, très réussie, nous montre un des combattants assailli par ses deux adversaires (fig. 1). Le
- mouvement des personnages est fort amusant à examiner.
- Un lieutenant de cavalerie de Sainte - Me ne-hould, qui désire garder l’anonyme, nous envoie la photographie d’un cabre ([ui, ajoute notre correspondant « me semble assez réussi » (fig. 2). Compliments en effet à l’opérateur, mais compliments surtout au modèle, qui caché derrière son cheval debout nous paraît un solide cavalier. La figure 3 est le fac-similé d’une photographie
- (D’après une photographie instantanée de M. Emile Tardieu.)
- passait sur la promenade des Marronniers à Dieulcfit (Drôme). G. T.
- Le Propriétaire-Gerant : G. Tissaxmeh. Paris. — Imprimerie Laliure, rue de Fieu rus, 9.
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- N° 995
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- .—11 JUIN 1892
- COURSE D’ « ECHASSIERS » A BORDEAUX
- Fig. 1. — La course d’« échassiers » à Bordeaux, le 27 mai 1892. — Le départ de l’a venue Carnot.
- Les épreuves de longue haleine sur route sont à l’ordre du jour. En 1891, la course en vélocipède de Bordeaux, à Paris avait ouvert la série.
- L'épreuve de Paris-Brest donna des idées nouvelles sur l'endurance de notre machine.
- Cette année on veut aller encore au delà et il semble que les organisateurs aient pris à fâche de pousser toujours l’épreuve plus loin alin de connaître la limite extrême de résistance de la force locomotrice des individus de l’es-pccc humaine. Le Petit Journal avait annoncé une marche à pied de 500 kilomètres, de Paris à Belfort, le journal la Gironde, de Bordeaux, qui entre parenthèse, aime à faire des expériences de tout gen-
- re, souvent coûteuses, telles que les pérégrinations du 20° année. — 2e semestre.
- capitaine Trivicr à travers l’Afrique, a voulu à son tour
- voir ce que pouvaient faire des échassiers sur la même distance.
- Les « échassiers » (hommes se servant d’échasscs) n’existent pour ainsi dire plus aujourd’hui; les appendices qui atteignaient parfois dm,50 de longueur étaient indispensables aux habitants de l’ancienne Laîide, presque tous bergers, pour surveiller leurs troupeaux sur la nappe d’eau de quelques centimètres de profondeur qui constituait la majeure étendue du Marcnsin. C’est également montés sur leurs échasses qu’ils se transportaient d’un point à un autre, car il n’existait pas de route proprement dite, mais bien de simples sentiers coupés de nombreuses flaques d’eau. Aujour-
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- Fig. 2. — Trois coureurs « échassiers ».
- (D'après des photographies de M. l'anajou à Bordeaux.)
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- d’hui la lande est à peu près assainie sauf sur quelques points. Aussi la cause cessant, les échassiers ont disparu L
- C’est donc en même temps une résurrection et un essai qu’a tentés la Gironde : un essai, parce que l échasse destinée au marais perd beaucoup de sa valeur sur le pavé ou le macadam. Nous avons été tout de suite frappés de l’allure pénible des concurrents qui semblaient à chaque pas recevoir un choc dans les jambes. Il ne faut pas s’exagérer non plus la longueur de l’enjambée que nous aurions (711 devoir être beaucoup pins grande, les échassiers marcheraient plutôt à pas précipités mais relativement courts. Aussi l’expérience n’aura pas été des pins concluantes comme vitesse de marche. Le premier échassier arrivé à Biarritz, le point de virage (257 kilomètres), a mis 55 heures 50 environ, soit une vitesse kilométrique horaire de 4km,650.
- Nous ne serions pas étonné de voir, dans la course Paris-Belfort, dont nous parlerons également et qui doit vraisemblablement se terminer au moment où la présente livraison est sous presse, de simples marcheurs à pied dépasser cette moyenne.
- On objectera peut-être que les coureurs Paris-Belfort seront mieux entraînés ; il n’empêche que les Landais que nous connaissons de longue date sont de merveilleux marcheurs. La configuration du pays qu’ils habitent les a prédisposés dès le plus jeune âge à de longues marches accomplies dans les conditions les plus désavantageuses sous le rapport de la nutrition qui ne se compose guère que de pain et d’eau. Aussi cette épreuve nous laisse supposer qu’un bon marcheur aurait battu un échassier sur la distance, que Péchasse est un précieux auxiliaire dans les marais, mais n’a aucune qualité accélératrice de la marche sur route. Le moment de son exhumation était mal choisi lorsque tous les yeux se portent sur le vélocipède, la plus merveilleuse machine qui ait été mise entre la main de l’homme pour tripler et quadrupler même la vitesse de sa marche ordinaire. Nous accompagnons notre Notice de la reproduction de deux intéressantes photographies dues à M. Panajou, de Bordeaux. La première (fig. 1) représente le départ des « échassiers », la seconde (fig. 2) donne le type de trois concurrents choisis parmi les coureurs. Gaston Corme.
- IA TOISE ET LE MÈTRE
- O11 se souvient que les petites discordances constatées dans les valeurs des côtés de divers triangles mesurés par les services géodésiqnes des pays voisins avaient fait reconnaître la nécessité d’une entente internationale pour la vérification des étalons, et avaient puissamment contribué à la fondation du Bureau international des poids et mesures. Ce Bureau a consacré ses premiers efï'orts à la création d’un outillage tout nouveau, et à l’étude des méthodes les plus propres à donner des résultats précis; puis, après avôir doté les Etats ayant adhéré à la conven-
- 1 Voy. Les évitasses, n° 954, du 12 septembre 1891, p. 235.
- lion du Mètre d’étalons authentiques du système métrique, il a pu s’occuper de diverses autres questions, parmi lesquelles la comparaison des anciens étalons se présentait comme l’une des plus importantes. Un travail récent a mis au jour des résultats extrêmement importants relatifs aux anciennes toises; nous en consignerons ici les conclusions d’après un rapport présenté à l’Association géodésique internationale, dans son dernier Congrès tenu à Florence en octobre 1891.
- La toise dite du Pérou était, jusqu’à la création du système métrique, le véritable étalon des mesures françaises; c’est, sur elle qu’ont été copiées les toises qui, à l’étranger, ont servi jusqu’à ces derniers temps aux mesures géodésiqnes. Elle consiste en une forte barre de fer portant, à ses extrémités, des entailles À,B perpendiculaires à son axe, et deux petits points, a,b, marqués sur
- la règle, dans le prolongement de ces entailles. C’était, dans l’origine, la distance ab à 15° Réaumur (10°,25 C.) qui définissait la toise; plus tard, on adopta la distance
- AB, à une ligne du fond des encoches. La valeur exacte de ces deux toises, telle qu’elle vient d’être déterminée, est la suivante :
- à 10°,25 C. <ï& = l»,949 00i Ali — I '",949 1)90;
- tandis que la valeur légale de la toise est de lm,949 050 0.
- La plus importante des toises, après celle de Pérou, était celle dite de Bessel, qui avait servi de point de départ à la mesure de la Terre presque partout à l’étranger ; on avait admis, pour valeur de cette toise : lm,949 054 8, tandis qu’elle a été trouvée égale à lm,949 001, soit de 1/74 000 plus longue que la valeur adoptée.
- Or la plupart des triangulations étrangères donnent, pour les côtés communs, des valeurs qui sont en moyenne de 1/00 000 plus fortes que ne l’indique la triangulation française; les divergences se trouvent aujourd’hui expliquées jusqu’à la différence de ces deux fractions, c’est-à-dire à moins de 1/000 000 près. Ceci nous montre à la fois la perfection des mesures géodésiques et la nécessité absolue d’un contrôle commun pour tous les instruments de mesure *.
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- Là SÉRICICULTURE EN ASIE MINEURE
- L’industrie de la soie en Asie Mineure s’est relevée, à partir de l’année 1885, d’un état d’anéantissement presque complet causé par les ravages de diverses maladies de vers à soie qui ont ruiné également les magnaneries de France et d’Italie. Cette renaissance est due en grande partie à un Anglais, M. Griffitt, qui s’établit à Bournabat, village voisin de Smyrne, et là fit les plus grands efforts pour augmenter l’aisance des cultivateurs turcs et les revenus de leur pays par l’élevage des vers à soie. Les travaux de M. Griffitt datent d’environ cinquante ans ; longtemps avant
- M. Pasteur, il étudia les maladies des vers à soie, mais, tandis que le célèbre physiologiste français obtenait des encouragements et l’appui de son gouvernement, M. Grif-
- 1 D’après le rapport de M. Ic i)1' Benoît, directeur du Bureau international des poids et mesures : « Etudes sur la toise de Bessel, la toise du Bureau topographique royal prussien et la toise du Pérou; et une Note de M. le général Derré-cagaix, directeur du service géographique de l’armée française.
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- iitt luttait seul contre l’inertie, l’ignorance et l’hostilité des fonctionnaires turcs et contre l’envie et le manque de scrupule de quelques-uns de ses voisins. Il se déclara l’un des premiers disciples de M. Pasteur, il applaudit à ses découvertes, les mit en pratique et compléta ensuite les méthodes données par le grand chimiste. Actuellement, en France,les magnaneries sont très éprouvées. Dans un rapport présenté à la Chambre des députés vers le commencement de l’année 1891, on peut voir le triste état de cette branche d’industrie : en effet, si les travaux de M. Pasteur ont permis de vaincre la pébrine, un autre mal terrible, la llacherie, fait partout des ravages; pour les combattre et pour venir en aide aux sériciculteurs, le rapport précité concluait à la demande de quelques millions de francs. Pendant ce (emps-là, M. Griffitt avait créé seul une exploitation scientifique de vers à soie ; en tenant compte à la fois des découvertes de M. Pasteur et de la méthode d’un Suisse, M. Roland, il obtint, en 1885, 2kg,74 de cocons par gramme de graine couvée, ce que l’on considérait à cette époque comme un splendide résultat ; en 1890, sa récolte fut de 5k?,20. Ces nombres sont certifiés par M. Charmand, chef, dans le district de Smyrne, de la direction générale de l’administration de la Dette publique ottomane, à Constantinople. M. Charmand les a recueillis dans les magnaneries mêmes de M. Griffitt et les a cités dans un rapport adressé à ses supérieurs. M. Griffitt eut encore, l’année dernière, un nouveau succès : il obtint 5k®,23 de cocons par gramme de graine couvée. Il semble donc qu’en présence de ce fait, l’exploitation de Bournabat soit destinée à être, dans un bref délai, une des premières écoles de sériciculture du monde et le principal entrepôt des graines de vers à soie.
- LE TÂNN4GE 4 L’ÉLECTRICITÉ
- La Nature a signalé, dès leur début1, les expériences laites en vue de réaliser le tannage rapide du cuir, par l’intervention du courant électrique. Nous y reviendrons aujourd'hui, avec quelque détail, ayant pu suivre, à Paris même, d’importants essais poursuivis dans cette voie et constaté que le nouveau procédé est complètement sorti du domaine des recherches pour entrer dans la période pratique.
- C’est le procédé français de MM. Worms et Jlalé qui donne les bons résultats constatés dans l’usine modèle de MM. Brion et Ilupré, à Paris. II consiste, nous le rappelons, dans l’emploi de l’électricité combiné avec celui des tambours rotatifs qui mettent les peaux en contact direct avec les jus tanniques. Par cette action combinée de l’électricité et de la rotation, laquelle produit un renouvellement continuel des surfaces, on réalise un tannage extrêmement rapide. Les tanneurs de l’ancienne méthode résumaient leur formule par un adage typique : pour bien tanner, disaient-ils, il faut du « tan et du temps ». Dans cette sorte d’équation industrielle, le tan a conservé son rôle, mais le temps se trouve abrégé.
- Le point délicat était l’adaptation aux cylindres tournants des organes convenables pour obtenir le passage régulier et continu du courant. C’est par
- 1 Voy. n» 897, du 9 août 1890, p. 158, et n° 927, du 7 mars 1891, p. 218.
- l’insuffisance de ce dispositif que paraissent avoir péché la plupart des systèmes proposés antérieurement pour tanner électriquement le cuir. MM. Worms et Râlé ont résolu la question en fixant sur le pourtour du tambour rotatif deux anneaux métalliques communiquant avec des conducteurs circulaires placés à l’intérieur du cylindre (Voy. la gravure); ces conducteurs reçoivent, le courant par deux frotteurs élastiques appuyant contre les deux anneaux du tambour et reliés aux deux pôles d’une machine dynamo.
- Les inventeurs ne font pas un secret de leur formule. On introduit dans chaque tambour rotatif 500 litres d’eau filtrée par 100 kilogrammes de peaux à tanner, c’est-à-dire en tripe, 1 kilogramme d’extrait tanniquç à 20 degrés Baumé par kilogramme de peau, enfin la quantité de peau à tanner proportionnelle aux chiffres précédents. Les matières tannantes sont très variables, chaque pays utilisant naturellement ses productions. M. A. Balland, correspondant de l’Aca-déplie de médecine, a publié une excellente étude à ce sujet1, à laquelle on se reportera avec utilité. L’Amérique du Nord fait un grand usage du chêne, de riiemlock et du mélèze; l'Amérique du Sud, du chêne et du quehracho; le Nord de l’Europe, du chêne, du bouleau et du saule; le Centre, du chêne, du peuplier, du pinet du sapin. En France, on donne la préférence à l’écorce de chêne seule ou associée au châtaignier.
- Quelle que soit la matière tannante employée, sous forme de jus ou extrait tannant, dès que le tambour a reçu les quantités voulues, on en ferme hermétiquement la porte et l’on met en mouvement en même temps que l’on fait passer le courant électrique. Les durées de rotation sont les suivantes selon la nature des peaux à tanner ;
- Peaux de bœufs, vaches ou taureaux, 96 heures; chevaux, vachettes ou veaux lourds, 72 heures; veaux moyens et légers, 48 heures;
- On comprendra l’importance des résultats obtenus en considérant que l’on tanne ainsi en 96 heures, une grosse peau de bœuf qui, dans F ancienne méthode da tannage à la fosse, demandait seize à dix-huit mois pour se transformer en cuir, et dans le tannage à la (lotte qui fut déjà un grand progrès, demandait encore cinq à six mois ; le reste à l’avenant.
- L’opération électrique se fait sans odeur et presque sans bruit, avec une précision et une régularité qui frappent. Les cuirs obtenus, ainsi qu’il résulte des expériences faites et des affirmations désintéressées des industriels qui mettent en œuvre le nouveau procédé, se montrent d’une qualité au moins égale à celle du cuir obtenu par les méthodes anciennes. Nous n’y voyons rien de surprenant lorsque nous
- 1 Voir Recherches sur les cuirs, par A. Balland, Y,c Rozicr, éditeur, Paris. — Villon, Traité de la fabrication des cuirs, Iîaudry, éditeur, Paris. — Mdntz, Annales de Physique et de Chimie, 4° série, tome XX, 1870, p. 320. — Exposition universelle de 1889. Rapport du jury, classe 47. Imprimerie nationale.
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- considérons que lu rapidité du tannage électrique soustrait la peau à d'innombrables manipulations et à des fermentations chimiques parfaitement susceptibles d'influer d’une façon fâcheuse sur les qualités du cuir final.
- Le résultat pratique étant admis, on peut, à juste titre, se demander quelle est la théorie du procédé. Diverses hypothèses vraisemblables ont été émises à ce sujet et elles dégagent l'emploi de l'électricité de toute obscurité. Dans le tannage ordinaire, la peau, membrane poreuse cellulaire, a besoin d'être gonflée pour absorber la solut ion tannique : c'est un corps colloïde qui laisse diffuser d’autant plus vite les solutions que les pores sont plus distendus. Le gonflement,
- dans le tannage, est obtenu par l'immersion dans un liquide acide ou dans une fosse contenant, du son ou de la farine : la formation des gaz résultant de la fermentation distend les pores des cellules et permet le gonflement.
- Dans le procédé électrique, ainsi que le suppose le professeur Sylvanus Thompson, les peaux se comportent connue des plaques d'accumulateurs : elles constituent, en quoique sorte, de grandes électrodes sur lesquelles se dégagent les gaz, électrodes poreuses et susceptibles d’absorber les gaz provenant de l’éleetrolyse. En meme temps comme cela se produit dans les phénomènes bien connus d'osmose, la capillarité des cellules de la peau se trouve modifiée ou
- Le tannage à l’électricité. — Vue intérieure de l’usine do MM. Brion et Dupré, à Taris.
- interrompue : les cellules sc vident des liquides qu'elles contiennent, et ces liquides sont remplacés par les jus tanniques, lesquels, mis en contact avec l’intérieur meme de la peau en des points innombrables, produisent, avec une accélération remarquable, la transformation en cuir. Dans l’intérêt même de la perfection de la nouvelle méthode, il est à souhaiter que ces hypothèses, fort vraisemblables, d’ailleurs, soient approfondies et appuyées sur des recherches méthodiques de laboratoire.
- Le procédé de tannage électrique est déjà l’objet d’importantes installations non seulement en France, mais encore à l'étranger, en Angleterre, en Portugal, aux Etats-Unis, au lïrésil, dans la République argentine. Partout ou se font les grands abatages de bestiaux en vue de l’exportation de la viande, il
- rendra de grands services en permettant la préparation sur place du cuir dans des conditions pratiques et économiques.
- Dans les camps retranchés il sera d’un très important concours pour répondre aux besoins considérables de cuirs de toute espèce que nécessite une mobilisation en même temps qu’il viendra compléter, par l’utilisation presque immédiate des peaux, le rôle alimentaire des entrepôts frigorifiques. 11 y a là en somme un progrès réel dù à l’électricité, et il est souhaitable, dans l’intérêt de tous, que nos industriels spéciaux le mettent fructueusement en pratique, ce qui peut se faire par une modification simple et peu coûteuse de. leur outillage.
- Max de Nansouty.
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- U PROPRETÉ CORPORELLE DU SOLDAT DANS L’ARMÉE FRANÇAISE
- Fig. 1. — Lu propreté corporelle du soldat. — A. Réservoir. — D. Chaudière. — F. Tuyaux de circulation. — G. Tuyau de fumée. 1t. Robinet chef. — IV, R". Robinets secondaires chefs permettant de donner 1, 4, 5 ou 8 douches.
- Personne n’ignore combien les questions (l’hygiène ont fait de progrès dans l'année française depuis quelques années, sous l’impulsion persévérante des médecins militaires et avec l’aide bienveillante du commandement.
- Les effets s’en font sentir non seulement à bref délai, en diminuant la morbidité et la mortalité militaires, mais aussi à longue échéance dans la nation entière , après lti rentrée du soldat dans ses foyers, où il conserve et applique presque inconsciemment et par habitude, les principes d’ordre, de régularité et d’hygiène qui lui ont été inculqués pondant son passage sous les drapeaux. La pratique déjà bien ancienne des revaccinations, la variété dans
- l’alimentation, l’emploi de l’eau filtrée comme boisson, la propreté corporelle, sont, pour ne citer que les
- principaux, des progrès dont l’initiative est revendiquée à juste titre par notre Service de sanie-militaire.
- Nous voulons exposer succinctement la façon dont la propreté corporelle est assurée actuellement dans quelques corps de troupes, notamment à Angers, au 2e régiment d’arlilleric-pon-tonniers et au lcrcuirassiers, dans l’espoir que cette pratique ne tardera pas à être généralisée non seulement dans l’armée, mais dans toutes les agglomérations d’individus, prisons, écoles, usines, etc.
- Fig. 2. — Plan de l’appareil à douche du soldat. — A. Appareil de production d’eau chaude. — R. Appareil de distribution. — D. Chaudière thermosiphon. — S. Pomme d’aspersion. — E. Vestiaire.— It. Robinet chef.— IV,11”. Robinets secondaires chefs.
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- Depuis vingt ans les casernes ont été pourvues de lavabos, mis à toute heure à la libre disposition du soldat pour la toilette du visage, des mains et des pieds. Mais ces installations ne permettent pas le lavage de tout le corps, et la saison, souvent fort courte, des bains de rivière, ne remplit qu’impar-faitement ce desideratum.
- Pour combler cette lacune, sur l’initiative des généraux Davout et Louis, des médecins-majors Rio-lacci, llaro et Forgues, chaque régiment fut autorisé, en 1879, à faire une dépense de oOO francs pour aménager un service de bains par aspersion. Une simple pompe d’arrosage, munie d’un tuyau flexible terminé par une pomme d’arrosoir, une chaudière et quelques accessoires, constituaient cette organisation, qui existe d’ailleurs actuellement dans la plupart des régiments. Mais cet attirail est trop sommaire, peu commode, son prix d’achat presque aussi élevé que celui que nous allons décrire, son entretien et sa dépense de combustible plus onéreux; enfin le temps nécessaire pour échauffer l’eau et pour laver un grand nombre d’hommes est trop long et diminue d’autant celui qui est nécessaire à l’instruction militaire.
- Le problème à résoudre était donc celui-ci : réduire au minimum les dépenses d’argent, de temps, de combustible et d’eau chaude, tout en permettant un lavage satisfaisant.
- Les appareils employés jusqu’ici dans divers établissements pénitentiaires et autres, en France et à l’étranger, ne remplissant pas ce triple but, M. le médecin-major L. Barois a fait construire par MM. Bouvier et Descotte, ingénieurs-constructeurs à Angers, un appareil simple, pratique et d’un prix fort peu élevé. Il est basé sur le principe du thermosiphon et comprend : une chaudière I) (fig. 1 et 2) à doubles parois et à foyer central ; un tuyau de fumée G, qui traverse le réservoir afin d’utiliser la chaleur perdue; deux tuyaux de circulation F, F' formant, par l’addition d’un pied à fourche, les quatre points d’appui d’une charpente métallique supportant un réservoir A, de 500 litres de capacité. En bas, le tuyau F s’abouche à la partie supérieure de la chaudière, et le tuyau F' à la partie inférieure ; en haut, ils s’abouchent l’un et l’autre au fond du réservoir A. Il en résulte que la chaudière, le réservoir et les tuyaux, ne forment en réalité qu’un seul et même récipient. Dès qu’on allume le foyer, l’eau tiède étant plus légère, monte dans le réservoir par le tuyau F, et est remplacée par de l’eau froide qui, descendant par le tuyau F', s’échauffe dans la chaudière, monte à son tour, et ainsi de suite.
- En un temps qui varie entre une demi-heure et une heure, suivant la température extérieure, l’eau du réservoir A est portée à 56°, ou 57°, avec une consommation de 6 à 10 kilogrammes de charbon, soit une dépense de 0,25 à 0,40 centimes.
- La distribution a lieu par une artère principale formant nourrice de deux rampes portant chacune quatre pommes d’aspersion S, percées, à leur péri-
- phérie seulement, de deux rangées de 40 trous, du diamètre d’une épingle.
- L’artère principale est munie d’un robinet chef R ; deux autres robinets R',R" sont placés sur les deux rampes de distribution. Derrière chaque pomme se trouve, à portée de main, un récipient contenant du savon gras.
- La salle de douches communique, par deux portes, avec un vestiaire pouvant contenir au moins seize, et mieux vingt-quatre hommes. Huit d’entre eux viennent se placer dans un baquet de bois dont le fond est percé de petits trous permettant à l’eau de ne s’écouler que lentement. Le douchcur, muni d’un sablier-chronomètre, ouvre le robinet chef pendant une demi-minute pour humecter le corps ; il le ferme pendant un égal laps de temps, pour permettre à l’homme de se savonner, puis l’ouvre une seconde fois pendant une demi-minute afin d’opérer le rinçage. Huit hommes se trouvent ainsi douchés en une minute et demie; huit autres, qui se tiennent prêts dans le vestiaire, remplacent les précédents, et ainsi de suite. On veille à ce que les hommes s’essuient et s’habillent rapidement afin d’éviter l’encombrement du vestiaire où une série nouvelle ne doit entrer que lorsque la précédente en est sortie, à moins que ce local ne soit très vaste, ce qui serait préférable.
- On lave donc 80 hommes (soit, en moyenne, tous les disponibles d’une compagnie) en 25 minutes, dont 10 sont consacrées aux allées et venues et à l’habillement. Sans doute, une aspersion d’une durée plus longue, voire même un grand bain d’une demi-heure, seraient préférables, mais si l’on tient compte que ce lavage se renouvelle quatre fois par mois, on comprendra que ce temps relativement restreint concilie suffisamment, s’il est bien employé, les exigences de l’hygiène avec les nécessités du service.
- Le robinet chef est ouvert de façon à ne pas donner un débit supérieur à 5 litres un quart par pomme en une minute. Lorsqu’on ne s’en est pas rendu compte personnellement, on a peine à croire que cette quantité d’eau et ce laps de temps soient suffisants pour laver convenablement une personne; il en est cependant ainsi à la condition : que les hommes se savonnent sans retard, que ces o litres soient bien divisés et ne s’écoulent pas tout d’un coup.
- Il va de soi qu’au printemps et en automne l’eau a à peine besoin d’être chauffée, et que, pendant les chaleurs, elle est donnée froide, d’où grande économie de combustible.
- Cette façon de procéder permettant le lavage de deux compagnies par jour sans déranger en rien le temps consacré au travail, il en résulte que dans un régiment de 14 compagnies, chaque soldat passe sous la douche une fois par semaine, et cela moyennant une consommation annuelle d’environ deux tonnes de charbon. Que de personnes, dans la vie civile, ne peuvent profiter d’un pareil avantage!
- Dr Maheschal,
- Médecin-major de 1" classe.
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- EXPOSITION CXNINE DES TUILERIES
- A PARIS. — MAI 1892
- Dans quelques articles publiés l’année dernière dans La Naturel, nous avons décrit très rapidement les diverses races de chiens que l’on rencontre en France, et nous avons montré que ceux qui y abondent surtout, ce sont les chiens de chasse et particulièrement ceux qui constituent les équipages de chasse à courre pour l’exercice de ce noble déduicl de vénerie si essentiellement français, et que ne comprennent pas les chasseurs de races germaniques, dont l’idéal est la chasse à l’aflut ou en battue, et où l’on peut se passer de chiens2.
- Il y a une douzaine d’années, les principaux veneurs et chasseurs de France se sont réunis et ont fondé une Société sous le titre de Société centrale pour l'amélioration des races de chiens en France, titre qui en indique clairement le lmt, et dont le siège est, rue desMathurins, 40. Cette Société est dirigée par un Comité qui est actuellement composé de la manière suivante :
- Président : M. le prince de Wagrain; vice-présidents : MM. le vicomte de Montsaulnin et Léon d’Ilalloy ; membres : MM. vicomte d'Anchald, comte A. de Bagneux, comte René de Beaumont, général de Biré, Paul Gaillard, baron de Carayon-Latour, comte Clary, comte d’Elva, Fessard, Henri Frossard, duc de Lesparre, duc de Lorge, Mac-Swiney, Malfilâtre, vicomte d’Ônsembray, II. Petit, baron Roger, Rousselet, comte de Torcy, Raoul Treuille, Tribert, baron Jacques de Vezins.
- Pour arriver au but qu’elle s’est proposé, la Société a ouvert, en 1885, un Livre des origines des races de chiens, ou Stud-Book destiné à enregistrer d’une manière authentique les généalogies ou pedigrees des chiens inscrits à ce livre et reconnue comme réunissant au plus haut degré les caractères de leur race. Puis, chaque année, au mois de mai, elle appelle tous les possesseurs de chiens à lui présenter leurs plus beaux sujets à une Exposition générale, à la suite de laquelle tous les chiens distingués par un jury spécial, et récompensés, sont inscrits d’office dans son Stud-Book.
- Cette année, du 19 au 27 mai, a eu lieu la onzième Exposition canine organisée par la Société centrale pour l’amélioration des races de chiens sous la direction d’un Comité d’organisation composé de :
- Président : M. le vicomte de Montsaulnin; vice-président : M. Léon d’Ilalloy; membres : MM. le comte de Bagneux, le comte du Bourg, comte Clary, comte d’Elva, Fessard, duc de Lorge, Mac-Swiney, Petit, Rousselet, comte de Torcy, Louis Tribert.
- Et le Jury était composée comme suit :
- Jury du 1er groupe (chiens de garde et d’utilité) ; 1re division (danois, mastiffs, dogues français, bull-dogs
- 1 Yoy. n° 937, du 16 mai 1891, p. 371.
- 2 Yoy, n° 941, du 13 juin 1891, p. 24.
- et colleys): MM. deBoisville, Georges Krehl, JohnProctor. — 2e division (Saint-Bernard, chiens de montagne, terre-neuve, chiens de berger français): MM. le marquis de Cherville, Mégnin, Terry.
- Jury du 2e groupe (chiens courants français à poil ras ou griffons français) : MM. le comte de Chabot, le baron G. de Montesquieu, Etienne de la Besge.
- Jury du 3e groupe (chiens courants bâtards) : MM. G. de la Chapelle, le comte de Charnacé, le vicomte de Graillv.
- Jury du 4e groupe (chiens courants de races étrangères) : MM. le comte de Boisgelin, Paul Gaillard, Servant.
- Jury du 5° groupe (briquets et bassets français) : MM. Amband, Henri Requin, le comte d’Elva.
- Jury du 6e groupe (chiens d’arrêt de races continentales) : MM. 0. de la Bretounière, J. de Couinck, P. Fessard, G. Prouvost.
- Jury du 7e groupe (chiens d’arrêt de races anglaises) : MM. I). Grassal, le baron W. del Marmol, J.-II. Saller.
- Jury du 8“ groupe (chiens de luxe) : MM. Gindre, Malherbe, Leblanc, Tribert.
- Commissaire général : M. A. Margantin, à l’activité et au zèle duquel l’Exposition a dù la plus grande part de son succès.
- La désignation des groupes ci-dessus montre dans quel ordre étaient classés les chiens.
- Cette Exposition, comme les précédentes, avait attiré un grand nombre d’amateurs venus de la province et de l’étranger. Nous ne parlons pas du public parisien dont le goût pour les chiens de race pure s’accentue de jour en jour et qui chaque année vient en foule témoigner par sa présence de l’intérêt que lui inspirent ces exhibitions.
- L’emplacement choisi depuis quelques années est la terrasse de l’Orangerie qui borne, au sud-ouest, le Jardin des Tuileries. Cet emplacement est extrêmement favorable, non seulement au point de vue hygiénique, mais aussi au point de vue de la perspective. De ce point élevé, on a une vue splendide sur le Jardin des Tuileries, sur la place de la Concorde et sur les monuments qui bordent ces places ; nous avons entendu un des juges anglais, appelé à faire partie d’un des jurys, exprimer l’admiration que lui causait la vue d’un pareil panorama.
- Le matériel de l’Exposition était aussi d’un confortable peu ordinaire, comme on est peu habitué à en voir dans de semblables exhibitions : en effet, au lieu d’être enchaînés sur des bancs, les chiens exposés étaient enfermés dans des boxes spacieuses, grillagées, où ils avaient toute liberté pour prendre certains ébats et se coucher sans gêne sur d’épais lits de paille. Aussi la plupart ont-ils supporté gaillardement huit jours d’exposition et beaucoup n’ont nullement éprouvé la nécessité d’user de la latitude qu’ils avaient de se retirer le cinquième jour.
- Le Comité organisateur s’était ingénié à multiplier les motifs d’attraction et de distraction à l’adresse des visiteurs de l’Exposition canine. Ainsi : M. de la Porte faisait entendre chaque jour, sous sa direction, à un public charmé, les fanfares de vénerie française des célèbres équipages de France. Un concours spécial de trompes a eu lieu le dernier jour de l’Exposition. M. de la Porte a formé de nombreux élèves
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- clans notre pays, et grâce à lui les bonnes trompes ne sont pas rares de nos jours.
- Un excellent orchestre de Tsiganes alternait avec les fanfares des trompes et faisait entendre ses valses.
- Enfin dans l’Orangerie proprement dite se trouvait une exposition de peinture où les artistes peintres,
- aquarellistes et sculpteurs qui reproduisent spécialement des sujets de chasse et de sport, avaient exposé leurs travaux. Nous y avons admiré les œuvres de MM. Jadin, Goulue, de Condamy, Busson et Cler-mont-Gallerandp, qui avaient trait spécialement à la chasse à courre; les chiens de M. de Pêne et de
- Fig. 1. — Meute dè'H^jeagles à MM. Maurice et Roger de la Borde. Premier prix de l'Exposition canine de Paris en 1892. ~ f (D’après une photographie.)
- t "N
- M. Malher, les belles gouaches de M. de Bellccroix, les oiseaux de proie de M. Mérite, les sangliers de M. Gridel, enfin les beaux tableaux de MM. Gélihcrt, Ta vernier, Hermann, etc.
- Arrivons à l’objet principal de l’Exposition.
- Les chiens étaient au nombre de 925 sujets, dont 275 en meutes de 8, 9, 12, 24, 50, 55 et 40 individus; les 652 autres étaient exposés isolément. En somme il y avait deux cents chiens de plus qu’à l’Exposition de l’année dernière et, en raison de la qualité supérieure que l’on constatait dans un grand nombre de classes, on peut dire que l’Exposition canine de cette année, est une des meilleures qu’ait organisées la Société centrale. La Société y avait affecté un grand nombre de prix : en général à chaque subdivision de classe (les classes étaient au nombre de 84 et comprenaient chacune de 2 à 8 subdivisions) étaient affectés deux prix et un nombre indéterminé démentions; le premier prix était une médaille de vermeil et le second
- une médaile d’argent. Dans certaines classes, le premier prix était représenté par une somme d’argent : ainsi le premier prix pour chiens courants français ou bâtards était de 100 francs et celui des puppies de 50 francs; celui de chiens courants anglais, de 80 lrances; celui pour meutes des harriers ou de beagles, de 150 francs; celui pour meutes de bassets, de 150 francs; celui pour meutes de briquets de 80 francs. Le premier prix de braques Dupuy, d’épagneuls, de griffons d’arrêt, de pointers , de setters, de 50 francs; de lot d’élevage, 100 francs.
- De plus il y avait quelques prix spéciaux ;
- 1° Un prix d’honneur de 100 francs offert par le Conseil municipal de Paris au plus beau dogue de race française ; 2° une médaille d’or éventuellement offerte par le Ministre de l’agriculture au nom du Gouvernement de la République pour un chien de la race des dogues danois ou allemands ( Pourquoi celle récompense à un chien de race étrangère, ainsi
- Fig. 2. — Bouledogue à M. Ferrand.
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- que les deux suivantes?) ; 5° prix d’honneur de 100 francs offert par le Conseil municipal de Paris, aussi à un chien de la race des dogues danois ou
- allemands ; 4° un prix d’honneur offert par le préfet de la Seine, aussi à un chien dogue allemand ou danois; 5° deux médailles d'argent du Ministère de
- Fig. 5. — Mastiff à M. Ulysse Déon, à Imposition canine de Paris en 1892. (D’après une photographie.)
- l’agriculture pour les deux plus beaux chiens de bergers ou de bouviers sans distinction de races ; 0° un objet d’art offert par le Président de la République à l’exposant de la meute de grands chiens qui renfermera le plus beau lot de six chiens;
- 7U des objets d’art comme prix d e championnat (au nombre de huit);
- 8° un bronze d’art offert par la maison Spratts Patent au plus beau pointer de grande taille ; 9° une médaille de vermeil offerte par le Pointer’s Club au plus beau pointer ayant une origine pure pouvant être prouvée par une inscription à un Stud-Rook établi par une Société canine; 10° un bronze d’art offert par la maison
- G. Clarke au plus beau setter. En outre, dans sa séance du 8 avril, le Comité de la Société a voté
- une somme de 1500 francs devant constituer deux prix de 1000 francs et 500 francs, pour être décernés aux deux plus belles meutes de grands chiens, composées d’au moins 20 chiens d’une taille de 21 pouces minimum. Elles ont été jugées par les jurys des 2e, 5e et 4e groupes sous la présidence de M. le prince d e Wa-gram.
- L’augmentation dans le nombre des chiens exposés cette année sur la terrasse de l’Orangerie des Tuileries a été surtout fournie par les chiens courants, les chiens
- Fig. 4. — Chienne de berger, race Brie, à M. Maillard, berger.
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- d’arrêt de race continentale et les chiens de garde et d’utilité'.
- Les races anglaises de chiens d’arrêt e'taient beaucoup moins bien représentées que les années précédentes, et beaucoup de prix destinés aux pointers, qui n’étaient qu’au nombre d’une quarantaine, n’ont pu être décernés. Les setters anglais un peu plus nombreux n’offraient non plus rien de remarquable et certains critiques y ont même constaté de la dégénérescence sous le rapport de la force et de la taille. Le nombre des gordons était très faible, mais comprenait quelques bons sujets; il y avait aussi deux ou trois bons cockers.
- Les chiens d’arrêt français étaient remarquables, tant au point de vue du nombre qu’à celui de la qualité. On peut constater un réel progrès sous ce rapport, progrès dû certainement à l’influence de la Société des amateurs de chiens d'arrêt français, qui s’est fondée pour tirer de l’oubli nos bonnes races indigènes, bien trop délaissées pour des races étrangères qui ont leur utilité dans les pays où elles ont été crées et où existent les plaines immenses et les grandes propriétés, mais dont les qualités s’appliquent difficilement à un genre de chasse spécial, commandé par la nature du terrain, et la grande division de la propriété en France.
- Bien qu’il y eût près de 280 chiens distribués en meutes, nos belles meutes si françaises de l’Aveyron et du Midi brillaient parleur absence. La race bleue de Gascogne n’était représentée que par deux chiennes exposées par Mme Marthe Guimet, Myrtho et Komor, qui étaient bien dans le type quoiqu’un peu petites ; aussi pensons-nous qu’elles méritaient mieux que la simple mention octroyée à Myrtho.
- Pourquoi persiste-t-on à appeler bâtards, les beaux gascons-saintongeois de MM. Lévesque et Poudras de la Lande, dont la belle meute est constituée par quarante sujets si semblables entre eux? même tête, même encolure, mêmes lignes d’épaules, même dos, mêmes reins, même croupe, mêmes cuisses, mêmes pieds et même fouet, un peu fortement épié. Y-a-t-il rien dans leur physionomie de l’aristocratique fox-hound, dont ils ont reçu dans le temps quelques gouttes de sang qui ont raffermi leur constitution, mais qui ne leur ont rien enlevé de leur caractère français? La constance avec laquelle ils se reproduisent sans déviation aucune, mérite qu’on les délivre de cette épithète déshonorante de bâtards. Us ont enlevé sans conteste le prix de 1000 francs créé pour la plus belle meute de grands chiens, ainsi que le prix offert par le Président de la République.
- Nous dirons la même chose de la belle meute de 24 chiennes de M. Montsaulnin, qui était hors concours en raison de la situation de son propriétaire dans le Comité de la Société. Ici encore le sang du fox-hound qui lui a été infusé à une époque déjà lointaine n’a pas empêché les qualités typiques des poitevins, de reparaître exclusivement : museaux longs à large truffe, encolure fine et longue, couleur tricolore caractéristique, et taille élevée (24 à 25 pouces). Comme
- dans l’équipage de cerf de M. Servant, les caractères primordiaux de la race poitevine ont reparu éteignant complètement ceux du chien courant anglais. — Notons que ce chien courant anglais n’est qu’un normand transplanté de l’autre côté de la Manche, il y a 150 ou 200 ans.
- Parmi les autres meutes, citons encore celle des 50 bâtards de M. de Talhouët, plus petits que les précédents où l’imprégnation du fox-hound est plus manifeste. Celle de 55 anglo-vendéens et anglo-poitevins de M. le duc de Gramont, et celle de 12 chiens anglo-poitevins de M. le comte Roland d’Àrhourse.
- Comme meutes de chiens courants de races étrangères, nous n’avons à signaler que la meute des 40 jolies beagles de MM. Roger et Maurice de la Borde, comprenant une de nos anciennes connaissances, Babiole, à laquelle est décerné le prix de championnat. La meute entière remporte le premier prix. Nous représentons l’aspect de cette belle meute, d’après une photographie (fîg. 1).
- Le second est donné à la meute de 25 beagles à M. Menans de Corre.
- A côté des meutes dont nous venons de parler, deux autres petites meutes de bassets qui se trouvent à côté, attiraient peu l’attention, cependant celle du marquis de Gaillon est digne d’être citée.
- Il y avait dans de petites boxes, exposés seuls, une centaine de chiens courants des mêmes races françaises, bâtardes et anglaises, parmi lesquels se distinguaient quelques sujets hors ligne comme Mondaine, la belle bâtarde de M. de Saint-Jean Lantillae ; Géraudel, le beau gascon-saintongeois à MM. Rogatien Lévêque et Fondras de la Lande, plusieurs beaux et remarquables bassets à poil long à M. le vicomte de Villebois-Mareuil.
- Nous arrivons maintenant aux chiens d’arrêt dont l’exposition était considérable et remarquable surtout en chiens d’arrêt français. Jamais on n’avait vu réunie une si belle collection sur la terrasse des Tuileries. On comptait 150 chiens de race française et autant de race anglaise, et parmi les premiers, plusieurs lots remarquables de 5 à 8 individus ; le beau lot de sept braques Saint-Germain de M. Bathiat-Lacoste au milieu desquels brillait le beau champion Fox IV, un modèle de conformation et d’élégance ; le lot de huit braques Dupuy de M. Ernest Régnault; le lot de sept braques de l’Ariège de M. P. Deville ; le lot de sept chiens épagneuls de Mme Dickson ; le lot d’épagneuls de M. Grare ; le lot de griffons d’arrêt de M. Boulet, celui de M. Gast, celui de M. Guerlain, enfin le lot de braques du Bourbonnais de M. Lafosse. Parmi les nombreux chiens isolés de cette catégorie nous devons signaler comme hors ligne Gerfaut, le beau braque Dupuy à M. Hublot-Durivaux ; Fox, à M. Clément Marot, un beau type de la vieille race des braques français ; Fripouille, griffon blanc et orange à M. Guerlain et surtout un bel épagneul bavarois tout brun à M. Paul Gaillard.
- Les chiens d’arrêt anglais qui, les années précédentes, écrasaient nos chiens indigènes de leur supé-
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- riorité, n’ont pas brillé sous ce rapport cette année ; à part quelques sujets remarquables, tout le reste était médiocre; à signaler Bravo, pointera M. le Baron Quinefault, qui a remporté un prix de championnat, et deux autres prix, Monk of Upton autre pointer, à M. Mulard ; Bell, chienne setter irlandaise à M. Louis Vallet; et Mina, la belle chienne setter gordon à M. Oudin.
- Les chiens de garde et d’utilité formaient la partie la plus importante de l’Exposition, pour le public, qu’intéressait surtout la taille et la force des molosses (pii faisaient partie de ce groupe. On y comptait une douzaine de dogues de Bordeaux, chiens et chiennes; une soixantaine de grands dogues allemands ou danois gris ardoisé, fauve doré, bringés ou zébrés, et tigrés; une quinzaine de mastiffs, ou dogues anglais; une trentaine de bull-dogs parmi lesquels nous représentons celui de M. Ferrand (fig. 2); une trentaine de chiens de montagne, des Pyrénées, Saint-Bernard, Léonbergs, Terreneuve; enfin une vingtaine de chiens de berger ou de bouviers, anglais (colleys) ou français (chiens de Brie ou de Beauce). Parmi les sujets à signaler, nous citerons le beau couple de Saint-Bernard à poil ras de M. le baron Sylvestre; le beau dogue de Bordeaux Raoul, à M. Roger; plusieurs beaux danois à Mme Aaron; nous mentionnerons encore d’une manière toute spéciale le superbe mastiff à M. Ulysse Rcon (fig. 5), les chiens de berger de M. Thierry et ceux de M. Maillard, berger communal à Boves (Aisne) (fig. A).
- 11 nous reste à dire quelques mots des chiens de luxe et d’agrément qui étaient au nombre d’une centaine, de races très variées : il y avait des lévriers de grande taille à poil ras (sloughis et greyhound), des lévriers de grande taille à poil long (lévriers russes et écossais), des caniches noirs et marrons, des lox-terriers, des toy-terriers minuscules, des skyes-terriers, des terriers-griffons yorkshirc, des terriers-griffons belges, des levrettes, des carlins, des petits-danois ou chiens de Dalmatie, des Schip-perkes, des kingscharles et Blenheims, et des loulous. Le clou du groupe était le skye-terrier Muff à Mme la comtesse de Montsaulnin, véritable manchon ambulant couvert de lin argenté. On admirait beaucoup aussi, pour sa petitesse, Mignonnette, une petite toy-terrier à M. de Lancey-Ward, qui pesait à peine 800 grammes.
- Enfin, signalons, pour terminer, une très curieuse distribution de prix, consistant en flots de rubans, dont les chiens de luxe ont été l’objet à la fin de l’Exposition. Non seulement les chiens de luxe qui y figuraient étaient appelés à ce concours, mais encore les chiens de la ville, et — condition indispensable — tous étaient présentés par leurs maîtresses.
- Un jury spécial, composé des membres du Comité organisateur, jugeait ces chiens, et, nous le répétons, cette exhibition spéciale n’a pas été la partie la moins curieuse de l’Exposition canine de cette année. P. Mégnin.
- LES ARMES DE CHASSE
- ARMES MODERNES1
- Nous avons vu qu’en 1808, l’armurier Pauly prit un brevet pour un fusil de chasse à deux coups se chargeant par la culasse, lequel, perfectionné et remanié, donna naissance en 1850 au fusil Robert. Mais ces deux armes étaient bien imparfaites et celle créée par l’armurier français Lefaucheux en 1856 doit seule être considérée comme ayant ouvert une nouvelle voie aux recherches des maîtres arquebusiers. C’est à cet inventeur distingué que revient l’honneur d’avoir rendu pratique le chargement par la culasse, base fondamentale de l’arquebuserie moderne. Notre gravure (fig. 1, A) montre suffisamment la simplicité et l’ingéniosité de cette arme type pour que nous croyions pouvoir nous dispenser d’une description détaillée; nous dirons seulement que, d’une conception presque parfaite, dès son apparition elle ne devint cependant vraiment pratique que lors de la création d’une cartouche spéciale (B) à culot de cuivre, enfermant en son centre une capsule recevant le choc du chien par l’intermédiaire d’une broche métallique.
- Les canons baseulant autour d’un tourillon placé à 15 centimètres environ du tonnerre, permettaient l’introduction de cette cartouche qui s’appuyait fortement sur la culasse après la fermeture et en se dilatant au moment même de l’explosion s’opposait à toute fuite de gaz, ce qui était la grande difficulté à vaincre.
- La fermeture, c’est-à-dire le maintien des canons après leur redressement, était réalisé au moyen d’un boulon mobile traversant le corps de bascule terminé à l’extérieur par un levier ou clef manœuvrant horizontalement, et à l’intérieur par une tête formant crochet qui s’engageait par un mouvement de rotation dans un crochet correspondant soudé solidement sous les canons.
- La percussion était produite au moyen de deux platines ordinaires logées en arrière de la culasse de chaque côté de la poignée de la crosse, et dont les chiens, d’une forme appropriée, venaient frapper sur les cheminées forées dans les canons pour les premières armes, et sur les broches, lorsque la cartouche fut inventée.
- Ce fut sur l’appareil de fermeture que portèrent les premières modifications qu’eut à subir le Lefaucheux. Le principal défaut de ce système était dû à la position du crochet d’attache qui placé à 25 millimètres de la goupille pivot, laissait sans appui la partie ayant à supporter le plus grand efl'ort au départ du coup, d’où ébranlement, dérangement du tir, et sécurité relative; double défaut auquel il fut remédié d’une façon très simple, en donnant à la tête du boulon la forme d’un T dont les branches s’engageaient sous deux griffes fixées aux canons, les
- 1 Voy. Armes anciennes, n° 959, du 17 octobre 1891, p. 315.
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- retenant par deux points différents CD (fig. 1). Ce mode d’attache, qui détermine un serrage inébranlable, doit sa supériorité à la traverse faisant partie intégrante du corps de bascule, sous lequel s’accroche le crochet de fermeture.
- Nous croyons queM. Ncedham, de Londres, cherchant à diminuer la longueur du chargement, fut le premier à remplacer vers 1862 le boulon à T par des verrous, et à employer un ressort pour les chasser automatiquement entre les griffes des canons, aussitôt leur redressement terminé complètement. Le mouvement nécessaire pour ramener le levier de fermeture sous le pontet était ainsi supprimé et les avantages de ce système, snap action, tant au point de vue de la rapidité qu’à ceux de la solidité et de la sécurité étant incontestables, il fut aussitôt adopté pour toutes les armes soignées, non sans avoir subi de grands perfectionnements dont les plus remarquables sont d’abord celui appliqué par l’arquebusier français G alan d, dans lequel la clef prend la forme d’une spatule se collant presque sur le pontet au sommet duquel est pratiquée une ouverture suffisante pour permettre au doigt de pousser en avant la clef et faire basculer les canons, sans que l’on ait jamais à craindre de voir l’arme s’ouvrir ou se trouver incomplètement fermée au moment du tir, la clef s’étant involontairement accrochée à un vêlement ou à une branche; et ensuite l’adaptation des verrous à une invention datant de 1860 dans laquelle le levier, top-lever (lig. 2, G, F), est placé au-dessus de la culasse, entre les deux chiens, à l’abri de tout dérangement, immédiatement sous l’œil du chasseur, qui peut ainsi s’assurer facilement si la fermeture est complète, ouvrir et fermer l’arme sans que sa main quitte la poignée. Le top-lever, introduit dans la fabrication française par le môme armurier, est aujourd’hui adopté par la majorité des chasseurs. Gertains armuriers ont aussi adjoint à ce système un troisième verrou logé dans le haut de la culasse perpendiculairement à une entaille dans laquelle vient se x'anger la bande prolongée. C’est cette bande qui est traversée par le verrou et retient les canons par la partie supérieure, nouveau point d’attache dont l’utilité est contestée, sinon contestable, surtout à cause de l’affaiblissement de la culasse
- entraîné par le logement de ce verrou et du prolongement de la bande, et aussi par suite de la gène que cause ce talon supplémentaire pour l’extraction des cartouches tirées.
- La cartouche à percussion centrale ((îg. 2, E) fut inventée par M. l'oltet de Paris, perfectionnée et brevetée en France par M. Schneider et introduite en Angleterre seulement vers 1861 par M. Paw, qui construisit pour elle le fusil à percussion centrale presque tel qu’il est employé de nos jours (fig. 2, A), ne différant guère du Lefaucheux que par la nouvelle forme donnée aux chiens, l’adjonction de percuteurs logés obliquement dans le corps de culasse et servant à transmettre le choc du chien au centre du culot de la cartouche, enfin par l’appareil tout spécial d’extraction.
- Si la cartouche à broche a les défauts d’être d’un arrimage et d’un transport peu faciles, d’une introduction et d’un maniement plus ou moins commodes, elle a l’avantage d’indiquer à coup sur si l’arme est ou non chargée, et offre un point d ’ a p p u i pour l’extraction de la douille, avantages que ne présente pas la cartouche à percussion centrale. 11 fallut donc remédier à ce double inconvénient; de là l’invention des indicateurs de chargement, des platines rebondissantes, et des extracteurs automatiques.
- Les indicateurs de chargement abondent; ce qui revient presque à dire qu’il n’y en a pas d’absolument satisfaisants. Ils sont généralement fondés sur ce fait que le percuteur, qui sert d’intermédiaire au choc de la batterie pour produire la déllagration, occupe deux positions différentes : 1° quand il se trouve en contact avec l’amorce de
- la cartouche chargée; 2U lorsqu’il a enfoncé cette
- amorce ou que les canons sont vides. La tête du percuteur ne sort de son alvéole que dans le premier cas, à moins toutefois que la crasse ou la rouille ne l’empêchent de manœuvrer; il risque fort alors d’être faussé par le tire-cartouche lorsqu'on relève les canons ou de détériorer ce tire-cartouche lui-même. En fait, ces moyens ont été presque partout abandonnés et l’on paraît s’être arrêté au percuteur (BG) enveloppé d’un ressort à boudin qui le ramène à son point d’armement dès qu’il a transmis la secousse du chien. Pour lui laisser
- Fig. 1. — A. Fusil Lefaucheux, à hroche, ouvert et armé. — B. Cartouche à broche, montrant le système (l’inflammation. — C, D. Fermeture dite à T, ouverte et fermée.
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- toute liberté de retour, MM. Stanton et Walverhamp-ton brevetèrent en 1869 une nouvelle platine, appelée platine rebondissante (D), perfectionnement de ce’le brevetée par Bcrdcll et Powell, le 6 septembre \ 809.
- Cette invention simple et ingénieuse a permis de s'affranchir delà nécessité du cran de repos, si improprement appelé cran de sûreté. Pour cela la branche supérieure du grand ressort est allongée jusqu’à ce qu'elle touche la noix dont le bras coudé est prolongé au delà du pivot du grand ressort et porte sur la branche supérieure. Au cran de repos la pression exercée par la branche du grand ressort sur ce bras le soulève et empêche ainsi le chien fixé à la noix de venir en contact avec le percuteur. I/armement est ainsi rendu à moitié automatique. L’arme étant prête à
- partir, si on presse la gâchette, le mécanisme se détend. Le chien retombe alors avec assez de violence pour obliger la branche supérieure du grand ressort à s'abaisser tout en conservant assez de force pour enflammer sûrement l’amorce. Le coup parti, il se relève aussitê)t et revient de lui-même au cran de sûreté d’une forme spéciale qui l’empêche complètement de venir toucher le percuteur même accidentellement.
- L’amorce se trouve dans cette platine frappée, pour ainsi dire, d’un coup de fouet, au lieu d’être écrasée, ce qui vaut mieux pour l’inflammation.
- L’arrachage de la cartouche par la broche était défectueux, incommode et même dangereux. Les tire-cartouche ou extracteurs automatiques dont sont munies les nouvelles armes fonctionnent au con-
- l'ig. 2. — A. Fusil à percussion centrale. — 11, C. Percuteur monté et séparé par pièces. — D. Platine rebondissante et à quatre piliers, modèle encastré dans le corps de bascule dite en avant. — E. Cartouche à percussion centrale. — F, G. Coupe du système de fermeture à double verrou, clef top-lever.
- traire régulièrement par le basculage du canon, prennent le culot par une portion notable de la circonférence du bourrelet, et agissent dans le sens des canons, ce qui donne toutes les chances de bien tirer la douille hors des chambres sans effort de la part du chasseur.
- L’extracteur (lîg. 2, A) se compose d’une tige mobile, placée entre les deux canons, dans la partie correspondant à la bande. Cette tige s’appuie d’un coté sur le pivot de basculage taillé en excentrique qui la repousse en avant dès que l’on fait basculer l’arme; l’autre extrémité est fixée à une plaquette logée dans un entablement spécial creusé dans la partie inférieure du tonnerre, de telle sorte que le bord des cartouches vient s’y appuyer.
- Cet extracteur si complet dans sa conception, présente dans la manière dont il a été réalisé plusieurs inconvénients, dont le plus grave est que l'on
- a été conduit à pratiquer son logement dans la partie du canon qui a besoin de la plus grande résistance; il peut, de plus, si l’on n’a pas apporté à sa construction tout le soin nécessaire, ou si la douille est de mauvaise qualité, glisser sans mordre sur le bourrelet et causer des accidents, car il est un peu brutal, par suite même du levier qui en fait la force ; et il ne faut pas oublier qu’il agit sur un objet très sensible, la cartouche chargée ; inconvénients auxquels il est, à la vérité, assez facile de remédier, et que nous n’avons signalés que pour faire sentir combien tout, en armurerie, est minutieux et combien il est difficile, en cet art comme en toute chose, d’obtenir la perfection.
- Le devant de bascule, pièce essentielle qui achève l’assemblage du canon et de sa monture, se rattache au canon par différentes sortes d’appareils d’accrochage dont les principaux sont : le tiroir, la
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- clef, la pédale à auget, la pédale pleine, le bouton.
- Le tiroir est l’espèce de verrou qui fixe le canon du fusil à baguette sur sa monture, placé sur le côté, il a l’avantage d’être d’une grande sûreté.
- La clef est placée extérieurement sous la forme d’un bout de fût en corne, elle fonctionne de gauche à droite et détermine un serrage très énergique.
- Le bouton inventé par M. Galand est surtout remarquable par son extrême simplicité. Il ne se compose que de deux pièces extrêmement solides et d’un bon fonctionnement assuré. II est snap action; c’est-à-dire qu’il suffit de le poser en place pour qu’il se fixe, et est à l’abri de toute friction involontaire, par la place même du bouton, logé et dissimulé entre les deux canons.
- La pédale à auget, armature à ressort, encastrée vers le milieu du devant de bascule, n'offre aucune saillie extérieure. La tète de pédale n’occupe que la moitié inférieure d’une cavité, qui permet au doigt de la tirer à soi, et de faire déclencher et séparer en même temps le devant de bois.
- La pédale pleine effleure exactement le bois, et se prête on ne peut mieux à l’ornementation de l’arme, ce qui la fait choisir pour les fusils de grand prix. F. Landrin.
- — A suivre. —
- CHRONIQUE
- Statistique de la marche d’une montre. —
- Autrefois, ou avait les montres en haute estime, et on en prenait le plus grand soin; depuis qu’elles sont à bon marché, on les soumet sans pitié à toutes les causes de destruction (chutes, poussière, variations brusques de la température, magnétisme) et l'on s’étonne parfois qu’elles refusent de marcher; cependant, comparée à n’importe quelle machine, une montre ordinaire est une merveille. Quelques chiffres le feront comprendre : Le ressort moteur entraîne le barillet; son mouvement est transmis par trois roues, à l’échappement dont la roue frappe l’ancre ou le cylindre du balancier, à raison d’une moyenne de 8000 coups par heure (avec des différences de 5000 à 4000 suivant les systèmes); en chemin, un autre engrenage ralentit dans le rapport de 12 à 1 le mouvement qui est transmis à l’aiguille des heures. Tous les mouvements de la montre sont discontinus, et s’exécutent par petits sauts égaux, dont le nombre dépasse 200 millions par an pour certaines montres. Les personnes soucieuses de conserver leur montre, la font nettoyer tous les deux ans, c’est-à-dire après 500 à 400 millions de chocs. Au bout d’une vingtaine d’années, une montre bien faite et qui n’a pas été détriïite prématurément, doit subir le changement de quelques pignons ; mais c’est après plusieurs milliards de ces petits sauts dont nous parlions, et après que la roue d’échappement a exécuté des dixaines de millions de tours. Si l’on ajoute à cela des complications telles que chronographe, quantièmes, répétition à minutes, on reste émerveillé de leur possibilité. Quant au chemin décrit par l’extérieur du balancier, il est si inattendu que tous nos lecteurs, pensons-nous, n’admettront le résultat qu’après avoir refait le calcul. Le balancier d’une montre 11) lignes, mesure, en moyenne, 17 millimètres de diamètre sur les vis de réglage ; il fait par seconde 5 oscil-
- lations de un tour et demi, soit 595 millimètres de chemin parcouru par seconde, 54 kilomètres par jour, 12 500 kilomètres par an en nombres ronds; or, les montres à quantième perpétuel, portent une roue qui exécute un tour en quatre ans; pendant ce temps, le balancier aurait fait le tour du monde. La petitesse de la puissance dont on dispose pour la marche d’une montre n’est pas moins extraordinaire. D’après le Journal suisse d'horlogerie, un ressort de montre pesant 2 grammes, peut fournir quarante heures de marche. A raison de 20 kilo-grammètres d’énergie disponible par kilogramme d’acier, nous aurons 40 grammes-mètre pour quarante heures, ou 1 gramme-mètre par heure. Un cheval-vapeur développe en une heure 75 x 5600 = 270 000 kilogrammètres ;
- une montre exige donc ^1 = 555^5555 ;
- en d’autres termes, un cheval-vapeur suffirait à la marche de 270 millions de montres, ou vraisemblablement à la marche de toutes les montres qui existent sur terre. Et encore, c’est l’échappement qui consomme la plus grande partie de cette puissance ; en effet, la roue d’échappement se met rapidement en marche et subit un arrêt brusque, ce qui, d’après le principe énoncé par Lazare Carnot, occasionne toujours une perte de force vive, ou, comme nous dirions aujourd’hui, une dégradation de l’énergie. La résistance de l’air au mouvement du balancier, la flexion et le développement du spiral, occasionnent aussi des pertes. Que reste-t-il pour l’engrenage et les axes? Peu de chose assurément. Et tout ce mécanisme mis dans des circonstances diverses de position, de température, de pression de l’air, arrive à marcher à moins d’une seconde près par jour.
- La production du mercure en Russie. —
- Depuis une dizaine d’années, l’extraction des minerais de mercure et la métallurgie de ce métal ont pris, en Russie, une très grande extension. La Compagnie qui exploite les gisements de Bakhmoutsky, dans le gouvernement d’Ekaterinoslav, a fait depuis sa fondation de grands progrès dans l’ensemble de ses procédés métallurgiques ; elle est arrivée aujourd’hui à des résultats très remarquables. De plus, de nouveaux gisements ont été découverts et mis en exploitation l’an dernier dans le district de Daghestan (Caucase), et le Gouvernement russe a reçu, depuis cette découverte, de nombreuses propositions en demande de concession et d’exploitation du précieux métal, qui, en dehors des possessions russes, ne se rencontre en quantités importantes que dans un petit nombre de contrées, Jolies que l’Espagne, l’Autriche, l’Italie et les États-Unis. Le Gouvernement d’Ekaterinoslav extrait annuellement plus de 5500000 pounds (56 000 tonnes) de sulfure de mercure, dont on retire environ 20 000 pounds (520 tonnes) de métal. L’exploitation est conduite de telle façon que le métal peut être mis sur le marché à un prix très bas, suffisant non seulement pour supprimer complètement l’importation, et fournir tout le mercure nécessaire à la consommation locale, mais encore pour exporter un excédent de 14000 pounds (224 tonnes). L’industrie de la production du mercure, déjà si florissante, le sera encore davantage du jour où le projet d’imposer le précieux métal à raison d’un demi-rouble par pound, projet actuel du Gouvernement russe, aura été approuvé.
- La distribution du froid dans les pays chauds. — M. Ph. Delahaye donne quelques détails dans la Revue industrielle d’une nouvelle entreprise qui peut être bien utile dans les pays où la chaleur est très
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- élevée. 11 s’agit de la distribution du froid obtenu artificiellement. A Saint-Louis (Missouri) et à Denver (Colorado), on distribue le froid à domicile, au moyen de canalisations établies dans les rues. Pour réaliser et entretenir un abaissement de température, on applique les mêmes procédés que dans les machines à glace. Un courant de gaz ammoniac liquéfié circule dans les conduites, et par son évaporation refroidit tout ce qui l’entoure. Depuis un an et demi, l’usine de froid artificiel de Saint-Louis fonctionne à la satisfaction générale. Chez les particuliers, dans des hôtels, nombre d’appareils où l’on employait de la glace ont été remplacés par des réfrigérants à circulation d’ammoniaque. Un peut ainsi préparer à toute heure des boissons glacées, tenir les comestibles au frais, fabriquer de la glace. Un restaurateur a songé meme à organiser une salle où la température ne varierait pas d’un bout à l’autre de l’année, grâce à un ensemble de tuyaux disposés le long des murs et recevant, suivant la saison, un courant d’ammoniaque ou de vapeur.
- Agrandissement de l’ombre de la terre pendant les éclipses de lune. — Le Dr Hartmann a publié récemment (Abhandlungen de la classe physicomathématique de la Société des sciences de Leipzig) ses observations sur l’agrandissement, par l’atmosphère terrestre, du diamètre de la section d’ombre pendant une éclipse lunaire. Depuis le temps de Tobias Mayer .(1750), ou a considéré le coefficient 1/60 comme représentant cette augmentation, quoiqu’on n’ait aucune idée des raisons qui ont fait adopter cette valeur. M. Hartmann a réduit toutes les observations d’éclipses de lune faites par les astronomes pendant ce siècle-ci, et en a déduit l’augmentation du diamètre de l’ombre. Il résulte de l’examen de "2920 observations du contact de l’ombre avec des formations lunaires nettement définies, que l'agrandissement du demi-diamètre de cette ombre est de 48"62 pour la parallaxe lunaire moyenne, ce qui correspond à un coefficient d’augmentation égal à 1/50,79. Ce résultat pourra peut-èlre varier de 2 ou 5 secondes au cours de nouvelles observations, mais pas davantage ; il serait convenable, en conséquence, d’employer la valeur de 1/50 au lieu de celle de Mayer (1/60).
- Le danger des mélanges d’air et de benzine.
- — Une récente explosion, qui vient de se produire aux ateliers connus aux Etats-Unis sous le nom de Baldwin Locomotive Works, doit attirer tout particulièrement l’attention sur les dangers que présentent les mélanges d’air et de benzine. Dans cet accident, pourtant très localisé, deux hommes ont été tués, et un autre gravement blessé. On avait enlevé le dôme d’une chaudière, et l’on avait appliqué, avant le déjeuner, de la benzine en grande quantité sur la tète des boulons et des rivets, à l’intérieur de la chaudière, pour désagréger les écailles de rouille. A la reprise du travail, un ouvrier descendit dans la chaudière, et on lui fit passer une lumière. Sans doute, d’après ce que dit notre confrère le Scientific American, une masse assez considérable de vapeurs de benzine s’était accumulée dans la chaudière et formait avec l’air un mélange détonant. A ce moment précis, une violente explosion se produisit, lançant le corps de l’ouvrier occupé dans la chaudière, à travers le dôme ouvert, comme un projectile, jusque dans les combles. On eut beaucoup de peine à extraire ce. malheureux corps de l’endroit où il avait été comme encastré. La victime vécut encore quelques heures, mais couverte de blessures. Ouant à l'autre ouvrier qui tendait la lampe au premier, et qui était penché sur l’ou-
- verture du dôme, il fut atteint probablement par le corps du premier comme par un boulet; il fut lancé en l’air, lui aussi, alla frapper le toit et retomba sur une piftî de feuilles de tôle : quelques minutes après, il était mort. Enfin un troisième ouvrier se tenait sur la chaudière, assez près du dôme; il fut jeté à terre et reçut des brûlures et des fractures. C’est un avertissement de se défier de la benzine, dont les vapeurs, comme celles du pétrole, mélangées dans de certaines proportions avec l’air, peuvent former un mélange détonant d’une puissance terrible.
- D. B.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 1 juin 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- Les procédés du calcul mental. — M. Charcot lit le Rapport de la Commission qui a été chargée d’examiner le calculateur Inaudi1. Jacques Inaudi est né en Piémont; il fut berger dès sa plus tendre enfance et c’est vers l’âge de six ans qu’il apprit de son frère les noms des nombres et parut révéler une aptitude. particulière pour le calcul mental. Il ne reçut d’ailleurs aucune instruction, si rudimentaire quelle fût. Quelques années plus tard, on le trouve en Provence, quêtant dans les foires et exerçant en public la singulière faculté de jouer avec les nombres. En 1880, il vient à Paris et le professeur Broca le présente à la Société d’anthropologie ; enfin nous le revoyons cette année âgé de vingt-cinq ans. Inaudi est d’apparence robuste; il est petit, car sa taille est à peine de lm,52. La structure de la tète n’a rien de très particulier; l’angle facial atteint presque 90 degrés. Les oreilles sont détachées en entonnoir; la vision et l’ouïe sont normales. La physionomie est légèrement asymétrique, intelligente, et, en effet, Inaudi a certainement l’esprit très ouvert. La Commission, considérant que la mémoire devait jouer un rôle considérable dans un tel cas psychique, a voulu faire une étude complète du développement de cette faculté chez le sujet. Partant de ce principe que la mémoire n’est que la superposition de différentes espèces de mémoires absolument indépendantes les unes des autres, elle a essayé de mesurer chacune d’elles chez Inaudi. Elle a constaté que la mémoire des couleurs, des lieux, était un peu inférieure à la moyenne, que celle des lettres et des mots était faible et qu’enfin il ne pouvait répéter deux lignes de prose ou de vers après les avoir entendues. Mais, en revanche, il peut répéter 25 à 50 chiffres dans le même ordre ou dans l’ordre inverse. De plus, le souvenir est persistant pendant plusieurs jours. Cauchy mentionne, dans un Rapport, qu’un célèbre calculateur de son temps, employait quatre minutes pour apprendre un nombre de 24 chiffres ; Inaudi n’a demandé que cinquante-neuf secondes. Mais il se distingue surtout de ses prédécesseurs par le procédé qu’il met en jeu. En effet, tandis que les premiers, sont, si /l’on peut dire, des voyants concrétant l’impression d’un nombre écrit, Inaudi conserve le souvenir du nombre entendu et pour fixer mieux l’impression, il articule lui-mème le nombre. Il dit entendre ensuite le nombre prononcé par sa propre voix. Aussi se rappelle-t-il difficilement les nombres écrits lorsqu’il ne fait que les lire. D’ailleurs, il y a tout au plus quatre ans qu’il a appris à lire ! L’articulation est donc une partie de son système; mais l’audition en est, dans son opinion, la principale. Enfin aucun membre de la famille n’a jamais manifesté une aptitude analogue. — M.Darboux
- j 1 Voy. n° 979, du 5 mars 1892, p. 217.
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- signale le côté curieux et original des méthodes employées par Inaudi, méthodes qu’il a bien imaginées seul, puisqu’il n’a reçu dans son jeune âge aucune instruction. Il fait les additions et les soustractions de gauche à droite; pour effectuer les multiplications il décompose l’opération en plusieurs autres; quelquefois il emploie des produits négatifs. Quant aux racines, il les extrait par tâtonnements. En somme, sa puissance calculatrice s’est beaucoup accrue par l’exercice, car il y a quelques années, il ne pouvait multiplier que des nombres de trois chiffres, et maintenant il opère sur des nombres de six chiffres. Quant aux problèmes d’arithmétique et aux équations algébriques du premier degré, c’est toujours aussi par tâtonnements qu’il les résout.
- La vie des cellules. — M. Gautier reprend un mot célèbre : (( La vie est une putréfaction » et montre que le fonctionnement des cellules dans la viande séparée vivante ne correspond pas du tout à la putréfaction.
- La caséine élaborée par les cellules ne constitue pas du tout un produit de putréfaction.
- Varia. — M. Delaunay, chef d’escadron d’artillerie, relève les écarts entre les nombres donnés par la table do mortalité de Duvillard insérée dans l’annuaire du Bureau des longitudes et les nombres qui résultent actuellement de l’observation.
- Il représente ces écarts par une formule. — M. Tacchini communique le résultat de ses observations sur les taches du Soleil pendant le premier trimestre 1892.—
- M. le colonel de la Noé a composé une Notice sur les travaux du colonel Goulier, inventeur de plusieurs instruments de topographie très appréciés. — M. Parmentier adresse un Mémoire intitulé : Contribution à l’étude des eaux minérales et sur leur conservation. — M. Sophus Lie est élu membre correspondant dans la section de géométrie. Cn. de Viliædeuil.
- ' CHIMIE SANS LABORATOIRE
- SEPARATION DU‘SALPÊTRE ENTRANT DANS LA COMPOSITION DE LA POUDRE
- Nous mettons sous les yeux des lecteurs de La Nature la reproduction d’une photographie qui représente le résultat d’une petite expérience réalisée au Laboratoire de -géologie du Muséum.
- L’expérience dont il s’agit est due, on peut le dire, à une circonstance toute fortuite dont il paraît assez intéressant de donner l’explication.
- On se rappelle sans doute le voyage fait, en Islande,
- Analyse immédiate spontanée de la poudre de chasse jelée dans l’eau. Séparation du salpêtre qui grimpe au bord du verre tandis que le charbon et le soufre restent au fond.
- en 1867, par le prince Napoléon, voyage dont un sotivenir nous est conservé par le tableau qui décore l’entrée de la galerie de géologie, où l’on voit le prince, debout avec ses compagnons près d’un campement et assistant à une éruption du Geyser.
- A la suite de ce voyage, le Muséum reçut en don une série d’échantillons parmi lesquels figuraient de petites gourdes de forme sphérique faites d’un verre très épais de couleur sombre et de fabrication assez grossière. On découvrit dernièrement que l’une d’elles renfermait encore une certaine quantité de poudre, témoignant ainsi de l’usage auquel elle avait dù servir. La présence de cet explosif comportant quelque danger, le plus raisonnable était de s’en
- débarrasser en le rendant inoffensif.
- A cet effet on plaça la poudre dans le verre que représente la ligure ci-jointe; elle fut arrosée d’eau et on l’abandonna à elle-même, près d’une fenêtre ouverte où se firent sentir alternativement l’action du froid des nuits, et celle des rayons bridants du soleil du jour.
- Quelque temps après, lorsque l’on pensa à jeter la poudre, ce ne fut pas sans surprise qu’il fut constaté à la partie supérieure du verre la présence d’une couronne formée entièrement d’éléments cristallins dont la blancheur contrastait singulièrement avec le dépôt noirâtre laissé au fond du récipient, l’eau ayant complètement disparu.
- On avait sous les yeux un nouvel exemple de la tendance qu’ont tant de corps à se soustraire aux conditions auxquelles l’homme les a soumis, pour retourner à leur état primitif avec les formes qui leur sont propres. Il est facile de se rendre compte que c’est par suite de sa dissolution et par l’action de la capillarité que l’azotate de potasse s’est isolé à l’état cristallin, se séparant ainsi, grâce à son aptitude à grimper, de ses deux compagnons, le charbon et le soufre, auxquels il était resté si longtemps associé.
- Nous aimons à croire que cette expérience qui donne l’exemple d’une analyse immédiate spontanée, ne sera pas, malgré sa grande simplicité, sans intérêt pour nos lecteurs. Gilland,
- Préparateur de géologie au Muséum.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissaxuier.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N° 09-i. — 18 JUIN 1802.
- LA NATURE.
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- L'OURAGAN DE L’ILE MAURICE
- Le 20 avril dernier, un ouragan d’une violence extraordinaire se déchaînait sur Pile Maurice, détruisant un tiers de la ville de Port-Louis, peuplée de 70 000 habitants. Les jours précédents, les observations météorologiques indiquaient bien qu’une forte, perturbation passait au nord de l’ile, mais comme le vent soufflait du nord-est à Port-Louis, il ne sem-
- blait pas (pie la colonie fût menacée; en effet, tous les grands cyclones, à Maurice, ont commencé par des vents du sud-est. De plus, les ouragans s’y présentent toujours pendant la saison chaude de l'hémisphère sud, de décembre à mars. Depuis 1750, époque à laquelle remonte la statistique des cyclones à Maurice, il n’y a pas d’exemple d’un ouragan survenu entre le 12 avril et le premier décembre.
- Jusqu’au 29 au matin, on ne remarquait aucun indice de danger immédiat, mais à partir de 11 heures,
- L’ouragan de l’îte Maurice, 29 avril 1892. — Aspect d’une partie de la ville de Port-Louis. (D’après une photographie.)
- le baromètre sc mit à baisser avec une rapidité inquiétante; en même temps, le vent commençait à souffler en tempête. La soudaineté, la rapidité, et l’étendue des variations qui se produisirent en quelques heures dans les cléments météorologiques, sont sans précédent dans les annales de notre ancienne colonie.
- Vers midi, la baisse du baromètre s’accélérant, et la direction du vent restant constante au nord-est, il devenait évident que le centre du cyclone s’avançait directement sur l’ile. Malheureusement, une forte rafale avait emporté les (ils télégraphiques, et il ne fut
- 2(1" année. — 2" semestre.
- plus possible de transmettre les avis de T Observatoire. A 1 heure, le vent soufflait avec une vitesse de -45 mètres par seconde; à 2 heures, au moment du passage du centre, le baromètre tombait à 710,I,m,9, en baisse de 27 millimètres depuis midi; c’est la plus basse pression qui ait jamais été observée à Port-Louis.
- Immédiatement après le passage du centre, le vent, (pii avait un peu molli, sauta brusquement à l’ouest-nord-ouesf, et c’est seulement dans cette seconde phase du météore, que l’ouragan atteignit toute sa fureur. Vers 5 heures et demie, on entendit
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- LA NATUUK.
- comme un sifflement étrange dans la direction du sud-ouest, et aussitôt un coup de vent d’une violence inouïe traversa en un instant la partie ouest de la ville, détruisant tout sur son passage; à 47m, le vent atteignait la vitesse effroyable de 54 mètres par seconde. Un grand nombre d'habitants lurent ensevelis sous les décombres des maisons et des édifices qui s’écroulaient de toutes parts.
- Après 5 heures du soir, le vent commença à touiller; on put alors organiser les premiers secours, et juger de l’étendue du désastre. Environ 1500 personnes ont été tuées, et 5000 blessées; 25 000 habitants se trouvaient sans asile ou totalement ruinés. Dans le port, 7 steamers et 22 voiliers avaient subi plus ou moins grièvement les attaques furieuses de la tourmente; quelques bateaux ont coulé. Dans l’intérieur de l’ile, de vastes plantations de cannes à sucre sont complètement anéanties. Les pertes matérielles sont estimées à 50 millions.
- La direction, tout à fait inusitée, d’un ouragan se dirigeant vers le sud-sud-est à travers l’ile M a u ric e peut s’expliquer de deux manières ; ou bien le cyclone qui, du 24 au 27 passait dans le nord-nord-ouest en marchant au sud-ouest, aurait dévié au sud, puis au sud-est; ou bien la tempête serait due à un cyclone secondaire qui aurait pris naissance dans le quadrant sud-est du cyclone principal. Les particularités de l’ouragan, sa violence extraordinaire, sa faible étendue, sa courte durée, etc., présentent plutôt les caractères d’un mouvement local, et le savant directeur de l'Observatoire de Port-Louis, M. Meldrum, qui a étudié tout particulièrement les cyclones de l’océan Indien, pense que la dernière hypothèse est peut-être la plus probable1.
- Th. Mouleaux.
- 1 Nous avons reçu d'un de nos lecteurs, .M- Alfred Wolff, plusieurs journaux de l’ile Maurice qui confirment les renseignements que l’on vient de lire, et quelques photographies ; nous reproduisons l’une d’elles qui donne une juste idée de l’étendue de la catastrophe (11g. 1). — Nous avons reçu d’autre part de M. Auguste Maillard, architecte de la ville de Port-Louis, un plan dressé par lui où sont indiqués Ions les quartiers détruits par l’ouragan; nous reproduisons ci-dessus cel intéressant document (lig. 2), et nous adressons nos renier eiemenls bien sincères à nos aimables correspondants, b. T.
- Fig. 2.
- C0NTRUCT10N RAUIDE D’UNE CANONNIERE
- POUll LE DAHOMEY
- On a fait grand liruil, il y a quelque temps, dans les journaux politiques, à propos d’une commande d’une canonnière coniiée par le Gouvernement français à une maison anglaise.
- Voici quelques renseignements fournis sur ce sujet par notre confrère anglais Iran. Si les faits sont exacts, ils justifient entièrement la conduite du Gouvernement français dans de semblables circonstances. Nous donnons la parole à notre confrère.
- Le Gouvernement français ayant décidé d’équiper une expédition pour châtier les Dahoméens, avait besoin, dans un laps de temps très court, d’une canonnière à faillie tirant d’eau. N’ayant rien de convenable dans son armement, il s’adressa, en premier lieu, aux constructeurs français pour savoir en combien de temps ils pourraient
- construire un bateau tel que celui dont il avait besoin ; ceux-ci demandèrent de quatre à dix mois. La plus courte de ces périodes de temps étant encore beaucoup trop longue pour l’objet en vue, les autorités françaises se mirent alors en relation avec MM. Yarrow, de l'oplar, qui entreprirent de construire le bateau demandé, prêt au lancement, en trente-six jours, et prêt aux essais, quarante-quatre jours après la commande. Iron donne en-
- Plati de ta ville de Port-Louis (île Maurice) montrant les parties détruites par l’ouragan du 29 avril 1892.
- suite la description
- de ce bateau dont tous les details ont été exécutés sur les plans de MM. Yarrow, qui ont une grande expérience de ces questions, sans aucune intervention du Gouvernement autre que la surveillance de la construction. Grâce à ces dispositions, la construction a pu avancer rapidement et présenter de l’unité.
- L'Opale, tel est le nom de la nouvelle canonnière, a 50 mètres de longueur, 2”,55 de largeur et 45 centimètres seulement de tirant d’eau. Ses chaudières, du type locomotive, sont chauffées au bois, le seul combustible qu’il soit possible de se procurer dans les contrées dahoméennes; les moteurs à vapeur du type le plus simple agissent sur une roue à aubes placée à l’arrière et peuvent lui imprimer une vitesse de 10 milles par heure (16 kilomètres par heure). La coque est construite en sept pontons démontables dont chacun pèse moins de deux tonnes et demie, ce qui en facilite le transport. L'Opale peut porter quatre cents hommes de troupe, ci, renferme une série de dispositions propres à en rendre le séjour supportable dans ces pays tropicaux.
- Dans l’entrepont sont deux cabines avec couchettes pour
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- LA NATüUE.
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- trois officiers et tmit hommes; le reste des troupes européennes couche sur des hamacs, l'équipage de natifs couche sur le pont. L’armement se compose de quatre canons revolvers de 57 millimètres sur le pont supérieur et de trois canons à tir rapide sur le pont. Les canons revolvers sont à 4™,2 au-dessus du niveau de l’eau, dominant ainsi suffisamment les berges et la rivière pour les balayer facilement.
- La commande de Y Opale a été faite le 28 avril, et il a été lancé, complètement terminé, le 25 mai au matin, la construction n’ayant exigé que vingt-trois jours, au lieu des quarante-quatre demandés par MM. Yarrovv. Les essais oliiciels ont eu lieu le 20 mai, le Gouvernement français étant représenté par M. le capitaine Le Clerc, attaché naval, et M. Revol, ingénieur de la Marine, qui ont tous exprimé leur satisfaction, tant au point de vue de la rapidité d’exécution de la commande qu’à celui de l'étude du steamer et de ses performances ne laissant rien à désirer.
- On a principalement remarqué scs facilités d’évolution, la canonnière pouvant décrire un cercle dont le rayon ne dépasse guère sa propre longueur, ainsi que l’absence de vibrations, problème difficile à résoudre avec des navires de structure légère tels que Y Opale.
- Nous avons pensé qu’il pouvait être utile de donner les détails que l’on vient de lire; nous ferons observer que nous les avons empruntés à une publication anglaise et que nous n’en prenons pas la responsabilité. Nous publierons volontiers les observations qui pourraient nous être données par un de nos constructeurs.
- NOUVEL OBSERVATOIRE
- AU PEROU
- Le projet de construction d’un observatoire au sommet du pic Wilson, en Californie méridionale, devra être abandonné. Le terrain n’est pas propice pour la construction, et l’avantage de la position, en ce qui concerne le climat, s'est montré moindre que ce qu’on avait espéré d'abord. Extrêmement pur à certains moments, l’air se charge trop souvent de nuages; les observations seraient empêchées pendant une grande partie de l’année, et pendant la journée, de fréquentes incertitudes de ciel clair ne seraient pas favorables aux travaux sur le Soleil.
- En revanche, une expédition dirigée par M. le. professeur NV. II. l'ickering, qui a quitté Cambridge en décembre I8U0, a établi une station à trois milles au nord-ouest d'Aréquipa du Pérou. Elle est située à une hauteur d’un peu plus de 8000 pieds (2-iOO mètres), et elle a l’avantage de posséder un ciel presque sans nuages pendant une grande partie de l’année. L’air y est admirablement pur, les images des étoiles, dans le grand instrument de treize [•onces qui y fonctionne, sont petites et rondes, et les anneaux de diffraction, difficilement vus dans les plus grands instruments des autres observatoires, sont clairement définis. Même avec les plus forts grossissements, les fluctuations des images sont très légères. En fait, à cette station, la limite des observations sera probablement la puissance de l’instrument, au lieu d’être, comme ailleurs, les conditions de pureté et de transparence de l’air.
- Rien que l'instrument, comme nous l’avons dit, n’ait que treize pouces d’ouverture, c’est néanmoins la plus grande lunette ou le [dus grand réfracteur de l'hémisphère sud, tandis que trente lunettes plus puissantes existent dans l’hémisphère nord. Puisque tous ces derniers instru-
- ments sont à moins de 55 degrés du pôle nord, il y a près d’un quart de cercle de différence de zénith pour le nouvel établissement, et cela dans une région du ciel qui contient des astres du plus haut intérêt, n’ayant jamais été étudiés avec une lunette de forte puissance. C’est donc évidemment une position excellente pour l’établissement de la lunette la plus puissante possible. On espère que ceux qui s’intéressent, par des dons, à l’astronomie, comprendront les avantages de cette installation dans un lieu où aucun instant ne serait perdu pour le travail, où le ciel est clair pendant presque toute l’année, où Pair est probablement [dus pur, plus transparent que dans tous les observatoires actuels, et où toutes les étoiles du ciel austral, du moins un grand nombre d’entre elles, seraient étudiées pour la première fois dans des conditions aussi favorables. Joseph Vingt.
- LES OISEAUX CHANTEURS MÉCANIQUES
- Dans nos précédents articles sur les automates1, nous avons simplement cité ceux de ces automates, qui représentent des oiseaux et qui imitent non seulement les mouvements, mais encore le chant particulier à chacun de ces petits animaux, nous réservant de les décrire spécialement. C’est, cette description que nous allons faire aujourd'hui. Disons tout d’ahord que nous devons une grande partie des explications qui vont suivre, à l'obligeance de M. Dontems, fils et continuateur de M. Rlaise Dontems, l’inventeur de presque tous les perfectionnements successivement apportés à ces ingénieuses pièces d’art.
- Les premiers oiseaux automates sont assez anciens, et il eu existe un remarquable spécimen au Conservatoire des arts et métiers. Nous représentons ces oiseaux chanteurs qui datent du siècle dernier (fig. 1). Ils sont enfermés dans une cage et le mécanisme est contenu dans la hase de l’objet.
- Aujourd’hui la construction des oiseaux chanteurs automatiques a atteint une grande perfection.
- Parlons d’ahord de l’apparence extérieure et de la façon dont se présentent ces petits automates. A première vue, l’oiseau que nous allons entendre tout à l’heure moduler des sons, est absolument semblable à l’oiseau véritable dont il emprunte le plumage, qu’il représente un simple rossignol ou qu’il se pare (les brillantes [dûmes d’un oiseau de paradis. Dans la pose ou dans le modelé, l’art du naturaliste préparateur ne peut faire mieux; les attitudes de chaque espèce sont soigneusement étudiées, et rien ne laisse à désirer, même pour l’ornithologiste le plus méticuleux. Certains de ces oiseaux égayent une simple cage ou sont posés sur une branche qui fait perchoir; d’autres, placés sur un arbre, voltigent d’une branche à l’autre, sans qu’il soit possible de voir la petite tringle montée sur pivot et cachée dans les feuilles qui les transporte d’un côté sur l’autre, ou de haut en bas; certains encore peuvent se mettre sur un meuble (lig. 2) ou grâce à la petitesse de leur socle, se placent au milieu d’une corbeille de Heurs. 11 y en a
- 1 Yov. n° 002, du 7 novembre 181) I, p. 557. • •
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- d’autres (ce sont alors des oiseaux-mouches) qui sont cachés dans une tabatière (fig. 3) et qui, lors-
- qu’on ouvre le couvercle raissent brusquement et se mettent à chanter ; lorsque l’air est fini, ils rentrent et le couvercle se ferme de lui-mème. Les tabatières qui les renferment empruntent toutes les décorations possibles, nielles, dessins japonais sur argent, et sur or, vieil argent, ciselure, gravure, repoussé, incrustations, peintures au vernis Martin. Tous les styles sont misa contribution,mais surtout le Louis XV et le Louis XVI en argent
- de cette tabatière, appa-
- l’apparence complète de la vie. On est arrivé à reproduire le chant véritable de tous les oiseaux et nous avons pu entendre tous nos artistes ordinaires
- avec le répertoire par-
- a
- ticulier à chacun d’eux : le rossignol, le merle, le pinson, le canari, fauvette, l’alouette, le chardonneret, le bouvreuil ; et les exotiques : le tangara, le septico-lore, le guit-guit, l’igni-eolore, etc.
- Nous allons expliquer le principe du mécanisme avec lequel ouest parvenu à reproduire les modulations du chant des oiseaux ; nous ferons observer que ce mécanisme est toujours le même pour tous les chants.
- La figure 5 donne l’ensemble de l’appareil dans ses parties principales. Le moteur ou mouvement d'horlogerie consistant spécialement en un ressort enfermé dans son barillet, est
- puis rentre dans l'arme, j placé en M. C'est, le moteur dont nous avons parlé Les premiers oiseaux chanteurs n'avaient que le J à propos des automates en général. Il met en mouve-
- doré.
- Un modèle très ingénieux est celui que nous représentons sous forme d’un pistolet (fig. -4). Lorsqu'on met en joue le pistolet et qu’on presse la détente, l’oiseau qui était primitivement caché dans le canon, en sort, chante son air,
- Fig. 1. —Oiseaux chanteurs mécaniques du dix-liuilièmo siècle. (Conservatoire des arts et métiers.)
- mou venu1 n t, du liée et, c'était, au moyen d'une serinette ou d'une boîte à musique qu'ils semblaient chanter, ou du moins qu’ils faisaient entendre une mu si <[ue quelconque.Comme on n’avait [tas mieux, on se contentait, de ceux-là, mais vérita-olement ils ne produisaient aucune illusion ; il existe de l’époque Louis XV plusieurs types de ce
- genre. Fig. 2. —Oiseau chanteur mécanique. Construction moderne
- L’invention des
- véritables oiseaux chanteurs et les perfectionnements ensuite apportés par M. lion teins ont consisté à remplacer la boite à musique par le véritable gazouillement de l'oiseau et à donner à ces nelits chanteurs
- ment un axe A qui porte comme dans les automates précédemment ci tés r une étoile 11 ou excentrique qui communique par les leviers 1) et les tigesJI,H, le mouvement à l’oiseau. Ces tiges font tourner la tète, ouvrir le bec, remuer la queue, battre des ailes et les différents mouveme nt s n’arrivent pas au hasard dans le chant,; ils sont naturellement combinés avec le ga-
- zouillement produit au même instant. Voici maintenant comment est produitcegazouillemcnt : la même tige ou axe qui entraîne l'étoile, fait en même temps tourner deux roues accouplées C. Ces roues, irrégu-
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- lièrement déniées font, au moyen de leurs dents dont les longueurs sont calculées, agir le piston ou sifflet n° 3 au moyen de la tige G et le régulateur du soufflet F au moyen de la tige E. Plus les dents sont longues à passer, plus longtemps la soupape est ouverte ou plus le soufflet n° 2 est actionné; le mouvement des dents se communique aux tiges G et E derrière le support S.
- On comprend que le chant de l’oiseau peut différer, tant que les deux roues G n’ont pas accompli un tour; mais que le même chant doit alors recommencer au second tour de roue, les mêmes dents recommençant à actionner les tiges G et E.
- Un perfectionnement a été apporté, qui consiste à placer sur la même tige, au lieu d'une paire de roues, trois paires de ces roues, et quand l’air noté sur la première paire est terminé, à amener la paire suivante au moyen d’un limaçon, devant les leviers où elle remplace celle qui vient d’être repoussée.
- Pour être complet dans cette explication, ajoutons que l’intermittence dans le chant se produit par le levier P qui agit sur le soufflet et que ce soufflet lui-même est aclionné par
- le rochet placé derrière la hoîte du mouvement M. L’appareil (pie nous venons de décrire est le même
- pour tous les oiseaux ; il est plus ou moins grand, plus ou moins fort, il est placé dans un sens ou ans un autre suivant l’espace laissé libre dans la pièce mécanique, mais le principe ne change pas. Dans chaque oiseau et surtout lorsqu’il s’agit d’un nouveau chant à créer, le point délicat de l’ajustage, c’est le sifflet aidé du soufflet et du piston qui donnera le véritable caractère du chant et le modulera,rapide, aigu, grave ou lent : on comprend que le sifflet peut être plus ou moins gros, qu’il peut varier de longueur et avoir un échappement d’air plus ou moins rapide, toutes causes qui modifieront ses effets.
- Nous avons dit que dans les tabatières, pistolets ou autres petits objets dans lesquels on est parvenu à loger un petit oiseau chanteur avec son mécanisme, l’ouverture de l’objet faisait sortir l’oiseau et commencer le chant. C’est que là, il s’agit d’une curiosité et qu’on ne cherche pas à produire l’illusion, mais plutôt l’étonnement. Dans les autres oiseaux toujours à découvert et visibles, il suffit de presser
- Fig. 4. — Oiseau chanteur mécanique sortant, d’un pistolet.
- Fig. 5. — Mécanisme d’un oiseau chanteur.
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- une détente placée derrière la Imite M pour mettre la machine en mouvement ou l’arrêter. Il est bien entendu que cette détente ne produit son ell'et. que si le mouvement est remonté, comme celui d'une pendule.
- Le petit chanteur mécanique dont le plumage ne laisse rien à désirer, placé soit dans sa volière, soit dans une gerbe de Heurs ou de feuillage, donne très exactement l'illusion de la vie.
- Le prestidigitateur Alber.
- LE CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES
- DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES CONFÉRENCE DE M . .IA N SS EN
- Le Congrès des Sociétés savantes de Paris et de la province a été ouvert à la Sorbonne le 8 juin. Après des communications qui ont été faites dans les différentes sections, pendant trois journées consécutives, la séance de distribution des récompenses a eu lieu le samedi 11 juin 1892, dans le grand amphiléàtre de la Sorbonne, sous la présidence de M. Bourgeois, Ministre de l’instruction publique.
- Dans un éloquent discours, M. Janssen, de l’Institut, a fait de main de maître un tableau comparatif de la navigation aérienne et de la navigation maritime. La science est déjà avancée pour ce qui concerne la locomotion sur l’élément liquide. Il n’en est pas de même pour la matière gazeuse. Autrefois Horace disait qu’il était impie de chercher à naviguer sur l’eau; c’était aller contrôles volontés des dieux. Que dirait-il aujourd’hui en présence de toutes les merveilles accomplies?
- A l’époque des Montgolfier, la navigation aérienne n’était pas mûre. Le problème de l’aréostation est aujourd'hui plus facile à résoudre. L’orateur a retracé l’histoire sommaire de l’aérostation. La date de 1785, année de la découverte des ballons, est une date célèbre. Pendant quelques années les recherches se poursuivirent. Puis la grande révolution arriva ; l’aérostat devint un instrument de guerre, les ascensions captives permirent de faire des reconnaissances militaires. Après de longues années d’inertie eut lieu la reprise des travaux. L’est alors que parut un des plus grands ingénieurs du siècle, Henry Gifford, qui s’est illustré pendant toute sa vie.
- H. Giffard veut adopter la machine à vapeur pour la direction des ballons. La première expérience eut lieu le 24 septembre 1852, puis elle lut reprise trois ans plus tard en 1855. Entre temps, Giffard construisit son fameux injecteur.
- Quinze ans plus tard, arrivait le siège de Paris. De nouvelles tentatives de navigation aérienne furent exécutées par notre grand ingénieur maritime Dupuy-de-Lûme.
- Les choses en étaient là, quand MM. Tissandier frères, voyant les inconvénients de la vapeur, eurent recours à l’électricité; ils se servirent d’une pile et d’une dynamo. Ils construisirent un ballon avec lequel ils firent des expériences variées, et purent même lutter contre le vent. En un mot, ils démontrèrent la possibilité de la navigabilité aérienne.
- « MM. Renards et Krebs, dit M. Janssen, en s’inspirant des travaux de leurs prédécesseurs et plus spécialement de ceux de Dupuy-de-Lùme, obtinrent un ballon dirigeable qui réalisait un grand progrès. La résistance à la marche
- était très diminuée, la stabilité plus grande, le moment perturbateur de stabilité amoindri, enfin l’appareil pouvait réaliser, et c’est là le résultat le plus remarquable, une vitesse propre qui peut arriver à dépasser (i mètres par seconde ; c’était près du double des vitesses obtenues jusque-là. Souhaitons à l’établissement de Eludais de continuer dans une voie si brillamment ouverte. »
- 11 n’y a eu jusqu’ici cependant que des expériences, des promesses. Mais il y a des étapes fécondes, grâce aux Montgolfier, Meunier, Dupuy-de-Lùme, Tissandier, ltenard et Krebs. Le succès viendra. — On n’a pas cessé non pins de faire des recherches dans la voie plus difficile de l’aviation. On sait aujourd’hui qu’il est possible de construire une machine aéronautique douée d’une vitesse propre, de lui faire exécuter les évolutions voulues, de la conduire à un but déterminé, de la ramener même au point de départ si la vitesse du fluide qui la porte n’est pas supérieure à celle qui lui est propre, et si la réserve de force est suffisante. On a essayé de faire des oiseaux mécaniques; on a beaucoup étudié le vol, et à ce sujet il faut citer les savantes recherches du docteur Marey, de M. Ilureau de Villeneuve, de Penaud, etc. Le problème présente de grandes difficultés, on doit le reconnaître, mais il faut se garder de conclure que l’avenir n’est pas de ce côté. La science ne permet pas ces a priori.
- Ont re ces problèmes de la navigation aérienne, l’aérostat ion a servi à étudier l’atmosphère. (\ Nous rappellerons en passant, dit M. Janssen, les noms de Robertson, Biot, Gay-Lussac, Bixio et Barrai, Welsh, Glaisher et Coxxvell, de Fonvielle, Flammarion, Jobert Albert et Gaston Tissandier, Sivel, Crocé-Spinelli qui ont mis l’aérostation au service de la science et dont plusieurs ont été martyrs. Je dis martyrs, car tous, nous nous rappelons encore le drame du Zénith et l’héroïque dévouement des trois derniers savants que je viens de citer, qui ont voulu parvenir aux régions de notre atmosphère les plus hautes qui aient été explorées et dont M. Gaston Tissandier, par un miracle que nous bénissons, est seul revenu. »
- L’orateur, après avoir rendu hommage à tous ceux qui ont contribué aux progrès de l’aéronautique, a terminé sa conférence en disant qu’il fallait avoir confiance dans l’avenir, et attendre tout de l’activité de la France, notre glorieuse patrie.
- « Mesurez, dit M. Janssen, le temps qu’il a fallu à l’homme pour asseoir la navigation maritime sur ses bases actuelles, depuis le moment de ses premières tentatives jusqu’à notre époque; depuis le radeau et la pirogue jusqu’à ces grands paquebots qui emportent à travers les océans, avec la vitesse d’une locomotive et sans se soucier ni des vents contraires, ni des tempêtes, un chargement et une population qui offre l'image et la réduction d’une de nos grandes cités avec sa vie. ses habitudes et tous les raffinements de son luxe et de ses plaisirs, et demandons-nous si nous sommes en retard pour la solution du problème de la navigation aérienne infiniment plus difficile, et qui est posé seulement depuis un siècle.
- « Non, nous ne sommes pas en retard, et il y a plus. Malgré la difficulté du problème, la conquête de l’atmosphère ne demandera pas un temps comparable à celui que l’homme a employé à réaliser celle de la mer. L’admirable développement des sciences et la puissance des moyens industriels dont nous disposons aujourd’hui, hâteront singulièrement la solution. »
- De nombreux applaudissements ont accueilli la péroraison du discours de M. Janssen dont nous regrettons de n’avoir pu donner qu’un résumé très succinct. M. Bour-
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- geois, Ministre de l’instruction publique, a pris la parole après M. Janssen. En termes très heureux, l’orateur a fait une spirituelle allusion à la fresque qui se trouve dans l’amphithéâtre, et qui a été composée par Puvis de Cha-vanncs. La Sorbonne est au milieu du tableau ; autour se trouvent l’Eloquence, la Poésie, l’Histoire, la Physique, la Philosophie, la Physiologie. C’est l’image du Congrès des Sociétés savantes. Tous les membres de ce Congrès ont travaillé avec la seule idée de contribuer au progrès de la science.
- Sur la fresque, M. Puvis de Chavannes a représenté des génies avec l’inscription: « Hommages aux vivants et aux morts. » Hendons aussi ces hommages. J. Laffarouk.
- --*-V"^-
- COURSE DE MARCHEURS
- I)K PARIS A BELFORT
- La lutte, de marcheurs de Paris à Bellort, (490 kilomètres), qui passionnait depuis plusieurs mois l'opinion publique, a eu son dénouement du 5 an 9 juin. C’est le Petit Journal qui avait organisé l’épreuve et l’on peut dire que, grâce à sou énorme tirage, personne n’ignorait en France qu’elle dût avoir lieu.
- Tous ceux qui s'intéressent aux exercices du corps en général et à la marche en particulier avaient déjà supputé le -temps et les conditions de marche. Disons tout de suite que quoique au-dessous de prévisions trop optimistes, le résultat a été superbe en ce qui concerne les premiers arrivants.
- A vrai dire, on n’avait pas de grandes bases d'appréciations. On connaissait les exploits fameux des coureurs de l’Inde, mais on n’ajoute pas une très grande foi à des faits qui manquent avant tout d’un contrôle sérieux et se dégagent plutôt d’une légende.
- C’était chez l’humble facteur rural (jeparle de celui d’il y a trente ans) que l’on pouvait trouver plus sûrement un point de comparaison.
- Nous en connaissons qui parcouraient chaque jour, dans les Landes, des distances fantastiques et faisaient des tournées qui demandent aujourd’hui le concours de quatre ou cinq individus.
- Pour notre part nous avons assisté à une marche de 100 kilomètres, où prenaient part les meilleurs marcheurs des sociétés de gymnastique du Sud-Ouest ; nous avions été émerveillé de la rapidité de la marche au pas chez des jeunes gens entraînés ad hoc.
- Plus récemment, au mois de septembre dernier, on nous avait demandé notre concours de vélocipédistc pour accompagner un officier d’infanterie qui se proposait de parcourir 100 kilomètres au pas.
- Les 50 premiers kilomètres furent franchis (sans courir) en 5 heures 45 minutes, soit à une moyenne déjiassant très sensiblement 8 kilomètres à l’heure.
- Nous avions noté que ce qui fatiguait le plus le marcheur, c’était la descente de côtes; nous en avions conclu qu’il aurait eu avantage à courir en descendant, car le pas gymnastique s’exécute avec les jambes fléchies à l’encontre de la marche. (Ce sont en effet des concurrents se servant des deux allures qui ont gagné la course Paris-Belfort.)
- Enfin en vue de cet article, nous nous étions rappelé fort à propos une course célèbre accomplie en 1872 par un guide des Pyrénées, de Pau à Paris.
- Ce guide, dunomd’Orteig, qui vit encore et qui habite les Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées) où il exerce la profession de chasseurs d’ours et d’izards, fit ce trajet sollicité et payé par des Anglais qui avaient établi de gros paris sur sa course. Nous lui avons adressé la semaine dernière un questionnaire qu’il a rempli de sa main, et que nous reproduisons :
- QUESTIONS
- 1° Combien de jours avez-vous inis pour faire le parcours ?
- 2° Qu’avez-vous pris comme nourri I ure ?
- 3° Combien de kilomètres faisiez-vous par jour?
- 4° Avez-vous marché la nuit ?
- 3° Quelle est la distance que vous avez parcourue ?
- G° Quelles sont les principales villes <(iie vous avez traversées?
- RÉPONSES
- 8 jours.
- Ce que je trouvais prêt.
- 110 kilomètres par jour.
- Non, 9 heures par jour.
- 883 kilomètres de la place Royale à Pau à la barrière d’Enlèr à Paris.
- Bordeaux. Tours et Orléans.
- Comme on le voit, ce montagnard était un merveilleux coureur; à la suite de cette course, il se fit, connaître dans plusieurs villes de France, provoquant tous les coureurs et marcheurs de profession.
- Le Petit Journal avait apporté un soin tout particulier à l’organisation de la course dont nous allons
- LOCALITÉS DISTANCE de l’origine DATES HEURES di fco O « SC PASSAGE O O
- Paris (rue Lafayette). . . . O 5 juin 6h04m M 6b04“ M
- Paris (porte de Pantin). . . 4 7b20“ M 7i2fr M
- Château-Thierry Epernay 84 152 6 juin 6",31 “ S lbDl” M » 4h M
- Chalons-sur-Marne 163 10"06“ M 9h55m M
- Vitry-le-Frauçois 197 4b50“ S 5"08“ S
- Saint-Dizier (arrivée).... 225 — 10"33“ S 8bo7“ S
- ARRÊT SIMULTANÉ
- Saint-Dizier (départ) 225 7 juin 21,33” M 2h53m M
- Bar-le-l)ue 250 6‘56“ M 7b10'“ M
- Gondrecourt 296 — 3b20“ S 3b50» S
- Domrémy 5(4 — 6b12“ S 7b41“ S
- Chatenois 337 — 11-22“ S lb30™ M
- Mirecourt 362 8 juin 7-401" M le 8 juin 8h5o'" M
- Dompaire Kpinal. 375 593 — !0b05“ M 2M4™ S » 5h51m S
- Plombières 421 — 8b30‘“ S 9h50“ S
- LES COUREURS SE REJOIGNENT LUTTE DE 2 KILOMÈTRES AU PAS GYMNASTIQUE
- Luxeuil.' 440 9 juin IMS” M lh50“ M
- Lure 459 — 4b32” M 59)4™ M
- Belfort 496 — 11"25“ M 12"13“ S
- M matin. — S soir.
- Tableau de marche des deux premiers1; Ramoné et Goimet, dans la course à pied de Paris à Belfort.
- parler à présent. Il n’hésita pas, en vue d’observations médicales, à assumer la lourde tache de toiser et de peser les huit cent cinquante candidats qui se présentèrent au départ. Il résulta de cette première statistique que les coureurs de tout âge étaient en moyenne grands (l m. 70) et légers (moins de60 kilogrammes). Dans le cas présent, le résultat semble donner tort à la moyenne en ce qui concerne la
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- taille, les (leux premiers arrives à Belfort sont plutôt petits et trapus.
- Le 5 juin, à 6 heures 4 minutes, l’infatigable Jean sans Terre (M. Pierre GilTard), le promoteur des courses de longue haleine, donnait le signal du départ à cette petite armée qui dépassait mille personnes en y comprenant les contrôleurs en vélocipède. Nous ne pensons pas que jamais pareil spectacle ait été donné à Paris.
- A la porte de Pantin chacun prit son allure et la dislocation du peloton fut rapide.
- Le premier coureur arrivé aux cent kilomètres, Butelet, avait fait le trajet en douze heures et demie, mais épuisé par cette allure trop rapide, il était re-
- joint et dépassé par M. Bu val de Paris. M. Buval a été le coureur le plus fêté pendant la première moitié du parcours; il jouissait, parmi les concurrents, d’une sympathie particulière (pii s’attachait à son titre de professeur de mathématiques au collège Rollin à Paris. II était premier au bout de 24 heures et avait parcouru cent cinquante-neuf kilomètres, chiffre à retenir.
- A Saint.-I)izier (225 kilomètres), la luth1 se dessinait; il s’engageait pour ainsi dire un corps à corps entre Raniogé, de Chantilly, et Gonnet, qui arrivaient à Belfort dans cet ordre à quelques minutes de différence, après cent heures de marche, soit la prodigieuse moyenne de près àecinqkilomètres à l’heure.
- Fig. 1. — Course de marcheurs de Paris à Belforl. l’ig. 2. — Course de marcheurs de Paris à Belfort.
- Ramogé (premier prix) entre Lure et Belfort. . Gonnet (deuxième prix) entre Lure et Belfort.
- (D’après des photographies instantanées spécialement exécutées pour La Nature, par M. Spalinger, de Belforl.)
- Nous avons relevé dans le tableau ci-devant (p. 59) la marche comparative de ces deux coureurs.
- Ramogé, pesé et toisé à l’arrivée avait perdu trois kilogrammes, et sa taille avait diminué de deux centimètres. Ces deux résultats étaient à prévoir; le dernier nous rappelle même un moyen que les conscrits emploient à la campagne pour ne pas avoir la taille réglementaire : s’ils sont d'un centimètre trop grands, ils marchent pendant 4 ou 5 jours avant l’heure de la révision, et il arrive très souvent qu’au moment où ils passent sous la toise, ils n’ont plus la taille exigée, et sont réformés de ce fait.
- Les marcheurs simples sont allés à une bonne allure. Les remarques générales que l’on peut tirer de cette épreuve, c’est qu’à part 5 ou 4 exceptions, aucun candidat n’était sérieusement préparé pour un si long parcours.
- Il y a eu des insolations et des foulures, beaucoup se sont mis hors de combat le premier jour en absorbant des boissons glacées et tous ont souffert plus ou moins des pieds. C’est donc sur la chaussure que devra se porter l’attention de ceux qui s’occuperont de marche d’une façon quelconque. Nous croyons qu’une chaussure de marche devrait réunir ces deux conditions -.semelle épaisse, empeigne, ou garniture supérieure, très légère.
- Les gravures que nous donnons (fig. 1 et 2) sont faites d’après d’excellentes photographies de M. Spalinger, photographe à Belfort, qui nous les a fournies avec une rapidité dont nous ne saurions trop le louer.
- Nous devons les renseignements que nous avons donnés sur le guide Orteig, à l’amabilité de M. Victor Sarradon, de Pau. Gaston Cornié.
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- LE JARDIN ZOOLOGIQUE DE NICE
- Le Jardin zoologique de Nice a été fondé en 1890 par le comte de Lagrange sur l’ancien emplacement d’une grande villa de la colline de Cimiez ; il jouit
- d’une vue superbe au nord et à l’est sur la vallée du Paillon, amphithéâtre grandiose que ferment les derniers contreforts neigeux des Alpes, et au midi sur la ville de Nice dont les gradins couverts d’orangers et de plantes du tropique, descendent mollement jusqu’à la mer bleue. L’exposition de ce jardin dans un
- Quelques animaux (lu Jardin zoologique de Nice. (D’après des photographies de l’auteur.)
- des endroits les plus chauds de Nice présente des conditions merveilleuses et uniques en France pour l’existence des animaux des pays chauds.
- En entrant, on remarque à gauche la faisanderie où les plus beaux spécimens des oiseaux d’Europe le disputent aux casoars, flamants, cigognes, marabouts, paons, blancs, etc.; à droite, de vastes j pelouses
- dont la moindre est le double de celles du Jardin des Plantes de Paris contiennent des chèvres du Tliibet, des antilopes oryx, des gazelles, des moulions de Corse et des chamois des Alpes-Maritimes (car ces animaux sont encore très nombreux dans nos montagnes). Une grande cage à double vitrage renferme les ouistitis, les calaos, les roussettes, les vampires
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- et les animaux les plus délicats qui vivent cependant très bien.
- Dans une salle intérieure, sont logés les anthropoïdes, un orang-outang et un chimpanzé de grande taille; ([liant aux gorilles que l'administration de Nice avait acquis à grands frais, le climat de Paris en a eu vite raison durant leur exposition au boulevard des Capucines1; il est regret-taille que l’on n’ait [tas essayé d’acclimater sous notre soleil ces deux animaux dont l’existence eût, été sans prix pour la science.
- Quelques mètres plus haut, dans un vaste dôme grillé et vitré, se trouvent de monstrueux boas dont les mouvements souples et rapides montrent ces ophidiens sous un jour tout nouveau.
- Non loin de là, de grandes cages pour les singes de toute esjK’ce au nombre d’une centaine environ ; une volière spéciale [tour les oiseaux de proie dont les rapaces et les nocturnes des Alpes-Maritimes font tous les frais; on y remarque surtout les aigles qui sont bien les égaux des a Lammergeier » de la Suisse.
- Deux parcs de plusieurs centaines de mètres carrés chacun, logent deux jeunes dromadaires et six autruches, quatre femelles et deux mâles remarquables par leur taille et leur beauté. Un éléphant., récemment. arrivé de Siam, se promène dans les allées sons la conduite de son « mahout » ; il répond au nom de « Nissa ».
- Nous arrivons ensuite à la ménagerie qui est de beaucoup la partie la plus remarquable. Les constructeurs se sont inspirés surtout du Jardin zoologique de Marseille. Elle comprend d’abord quatre fosses spacieuses, étagées, à travers lesquelles tombe une cascade d’eau vive; elles ont été cimentées à flanc de coteau dans un terrain en pente, de sorte que les plantigrades sont visibles d’en haut, et de plain-pied par une grille latérale. Un ours blanc, un ours malais et deux ours bruns, l’un d’Europe, l’autre de Syrie, les habitent depuis trois ans déjà.
- Quelques mètres à droite, les fauves dont le logement mérite une description spéciale. C’est un bâtiment à trois façades, construit en pierres de taille, avec une cour intérieure pour les besoins du service, les deux petites façades ont 10 mètres environ, la grande, plus de 15 mètres de longueur, la hauteur est de 4 mètres, le bâtiment est orienté au sud-est et entouré sur les trois côtés visibles d’une grille en l’orme de dôme, liante de 5 mètres et éloignée du bâtiment de 5 mètres environ ; elle est divisée par six cloisons grillées perpendiculaires à la grille en sept cages de 25 mètres carrés environ, traversées par un ruisseau d’eau vive, ce qui nous met loin des loges sombres où s’énervent les puissances musclées des rois de la solitude. Les animaux vivent du lever du soleil à la tombée de la nuit dans les cages grillées, la nuit dans les loges intérieures. Les pensionnaires sont de toute beauté. Des hyènes du Cap et d’Algérie, un léopard et sa femelle, un tigre et une
- 1 Voy. Les gorilles vivants à Paris, n° 965, du 14 novembre 1891, p. 569.
- tigresse du Bengale, Radjah et Lakmé, un lion du Sénégal, Sultan, et une lionne d’Algérie, Ida, ces derniers apportés jeunes encore à Nice, ont acquis sous notre climat un développement remarquable et ont eu une portée de deux lionceaux, mâle et femelle, farouches déjà à six mois malgré la placidité du caniche noir, leur nourrice; on y remarque, de plus, un jaguar et trois [(anthères noires, animaux très rares en Europe, récemment acquis, l’une à Ceylan, les deux autres à Java; leur pelage d’ébène marqué de taches brunes, leurs yeux verts et phosphorescents, et leur cri rauque produisent sur les visiteurs une impression généralement désagréable meme à travers de solides barreaux.
- Nous ne parlerons que pour mémoire du Jardin lui-même planté jadis par un horticulteur distingué, égayé çà et là par le plumage et les cris des nombreux perroquets, cacatoès, aras, etc., et des animaux de moindre importance, chats sauvages, makis, coatis, fourmiliers, tatous, porcs-épics, phacochères africains; des deux profonds bassins qui contiennent aujourd’hui les pingouins, les manchots, les pélicans et les cygnes blancs et noirs, mais qui ont eu pour hôtes deux phoques et deux crocodiles, morts aujourd’hui, sans compter la basse-cour et la vacherie modèles qui ne contiennent que des animaux de race juire et les nombreux petits ânes d’Afrique promenant les babys dans les allées.
- Voilà un aperçu succinct de cette collection d’animaux remarquables à tous les points de vue par leur nombre, leur choix et leur beauté, et surtout par l’animation singulière que leur donne une température presque tropicale : cette animation est telle ([lie, au lever et au coucher du soleil leurs rugissements s’entendent dans un rayon de plusieurs kilomètres, et que, un mandrille d’une force peu commune et un boa (de 4 mètres de longueur) ont [iris la fuite et ont dû être abattus, après plusieurs jours d’absence, par des amateurs de notre ville. Mais on ne s’étonne pas pour si peu dans le Midi et la ville de Nice n’en est pas moins hère de son beau jardin qui, s’il est de beaucoup au-dessous de ceux de Paris, est égal à celui de Marseille et supérieur à ceux de toute autre ville de France. Camille Scoffier.
- Nier, le o juin 1892.
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- UN NOUVEAU PALMER
- L’une des principales causes d’explosion des chaudières à vapeur réside dans l’amincissement progressif des tôles qui les constituent, cet amincissement se produisant principalement aux parties les plus exposées aux températures élevées développées par le foyer. Il y a donc un certain intérêt à s’assurer périodiquement de l’épaisseur de ces plaques, et l’on conviendra que cette mesure ne va pas sans certaines difficultés pratiques.
- Nous allons faire connaître aujourd’hui un ingénieux petit instrument au moyen duquel on a levé ces difficultés; nous allons en donner la description d’après VAmerican Machinist. Cet appareil a été principalement étudié
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- cl construit, par la Riehle Brothers Testing Machine Company pour l’usage des inspecteurs de chaudières à vapeur. Il consiste essentiellement en un palmer de forme spéciale muni d’une vis micrométrique, et dont l’autre extrémité recourbée en forme d’arc de cercle, et montée sur pas de vis, permet un déplacement relatif de cette partie courbe qui peut se placer dans une direction opposée à celle de la vis niierométrique, comme le montre eu pointillé la figure que nous donnons ci-dessous. Il suffit, pour mesurer l’épaisseur de la tôle dans une partie
- peu accessible, d’y percer un trou de 0 millimètres de diamètre, et d’y introduire le pal-mer en le retournant connue l’indique notre dessin (ligne point il-lée). Lorsque la tige recourbée est enfoncée dans le trou, on lui fait de nouveau décrire un demi-tour, pour replacer son extrémité libre en regard de l’extrémité de la vis niierométrique. On manœuvre alors cette vis comme à l’ordinaire, et on la fixe en place à l’aide d’une vis de serrage, lorsque la tôle est convenablement prise entre les deux extrémités. On peut alors retourner la tige courbée, re-la lecture de l’épaisseur à sa convenance. Cette lecture, pour être exacte, doit être faite dans un endroit éclairé, ce qui est le plus souvent impossible, dans les conditions ordinaires d’installation des chaudières, mais le palmer est démontable et on peut, tout en laissant l’index sur l’échelle, retirer l’instrument. Le petit trou de 6 millimètres qu’il a fallu percer pour introduire la tige dans la chaudière est, après l'opération, bouché à l’aide d’un rivet en cuivre.
- Il nous a semblé utile de faire connaître cet ingénieux petit instrument dont l’application ne nous paraît pas devoir être restreinte à la vérification de l’épaisseur des tôles de chaudières.
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- IA FIBRE-GRAPHITE
- Cette substance, d’invention récente, puisqu’elle date de deux ans à peine, semble prendre rapidement une grande importance industrielle comme substance anti-friction dans tous les systèmes de machines à axe tournant, étant donné que, par son emploi, tout graissage devient inutile, ce qui supprime une grande sujétion et une cause non négligeable de dépenses.
- La fibre-graphite, comme son nom l’indique, est essentiellement composée de deux substances : fibre de bois dur et graphite. Voici comment ce produit est fabriqué. On commence par réduire le bois dur à l’état de pulpe, on y ajoute ensuite du graphite porphyrisé, la matière est mise dans un moule constitué par un cylindre de fer portant plusieurs petits trous à la partie inférieure, et rappelant, par plusieurs points, la machine à fabriquer le vermicelle. On ajoute de l’eau au mélange et l’on applique la pression à l’aide d’une presse hydraulique. La compression fait échapper l’eau par les petits trous ménagés à la partie inférieure du moule, et comme la pulpe de bois dur s’oppose à l’échappement de la poudre de graphite, celle-ci est fortement comprimée entre les fibres qui s’en imprègnent ; le résultat est une masse
- très dense de bois graphité. Lorsque la matière est retirée du moule, elle présente un aspect doux et satiné. Elle est séchée à l’air, saturée d’huile de lin purifiée et cuite au four à une température élevée.
- Cette dernière opération fournit la fibre-graphite prête à l’usage. En construisant un palier avec de la fibre-graphite, on réduit considérablement l’usure du tourillon qu’il supporte, la plombagine constituant, comme chacun sait, l’un des meilleurs lubrifiants connus. Les premiers tours de l’arbre dans son palier enduisent ses pores, les remplissent de graphite et le recouvrent d’une couche excessivement mince du nouveau lubrifiant. Cette information, que nous reproduisons d’après Iron, présente, à notre avis, si les résultats annoncés sont exacts, une grande importance pratique; nous regrettons que notre confrère ait négligé de nous donner le nom de l’inventeur de ce nouveau produit, ainsi que l’adresse à laquelle on peut se le procurer, afin que nos lecteurs puissent l’expérimenter et nous faire connaître les résultats de leur expérience.
- LA CONTAMINATION DES SOURCES
- OANS LES TERRAINS CALCAIRES
- Mes campagnes de recherches 1 dans les abîmes des Causses et de la Charente et dans les katavothres du Péloponnèse (1888 à 1892) m’ont amené, entre autres résultats, à une constatation importante au point de vue de l'hygiène publique et sur laquelle on ne saurait, ce me semble, trop attirer l’attention 2.
- Depuis longtemps les hygiénistes se préoccupent des moyens d’éviter la contamination des sources, do pallier aux dangers qui peuvent résulter de la mauvaise qualité des eaux potables et de supprimer les épidémies (typhoïdes notamment) qui ont le plus souvent leur germe dans ces eaux.
- Dans cet ordre d'idées la Chambre des députés est actuellement saisie de deux projets de loi, l’un pour la protection de la santé publique, l’autre réglant les droits des communes sur les sources d’eau potable.
- Or, les terrains calcaires présentent une cause grave et spéciale de pollution des eaux, restée ignorée jusqu’ici, méritant cependant d’être sérieusement prise en considération et fort aisée surtout à supprimer.
- Dans les puits naturels verticaux plus ou moins profonds qui trouent ces terrains (Causses du Languedoc, Cévennes, Ardèche, Charente,Pyrénées, Côte-d’Or, Jura, Alpes, etc.) et que l’on nomme, suivant les localités, avens ou abîmes, gouffres, igues, eydzes, tindouls, bétoires, etc., les habitants des campagnes ont l’habilude de jeter comme dans des égouts ou dépotoirs naturels toutes sortes d’immondices, notamment les bêtes mortes des fermes et villages : ainsi les carcasses de chevaux et bestiaux se décomposent loin des habitations à des profondeurs souterraines qui varient de 25 à 200 mètres.
- Or, nos investigations de 1888 à 1892, effectuées
- 1 Voy. n<"> 821 et 824 (1889) ; n» 874(1890) etn» 938 (1891)
- 2 MM. Th. Roussel, Daubrée et H. Monod ont bien voulu déjà cri faire part à l’Académie de médecine, à l’Académie des sciences et au Comité supérieur d’hygiène publique.
- Nouveau palmer pour mesurer l’épaisseur des chaudières à vapeur.
- tirer le palmer, et faire
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- avec le concours de MM. Gaupillat, E. Rupin, Phil. Lalande, R. Pons et de Barbarin, ont démontré que sur les cinquante gouffres jusqu’ici visités par nous entre Montpellier et Angouléme, le long d’une zone calcaire de 550 kilomètres environ d’étendue, une douzaine présentent des dispositions telles que les bêtes mortes précipitées s’y trouvent en contact
- plus ou moins immédiat ________
- avec les rivières souterraines qui drainent les { eaux de pluie à travers les fissures du sol calcaire.
- Ifune part ces eaux reparaissent dans les vallées sous forme de sources généralement considérées comme très pures. D’autre part quand elles sont en communication plus ou moins directe avec un gouffre de la surface, il peut arriver que le courant intérieur délavant les cadavres jetés en ce gouffre devienne le véhicule de toute leur décomposition et par-v ienne dangereusement souillé à la source oit il voit le jour.
- A nos dépens nous en avons fait la convaincante expérience. Près deCatus (Lot), au sud-ouest du Causse de Gramat et non loin de Caliors, l’abîme de la Berrie (profondeur 54 mètres) nous a conduits, le 14 juillet 1891, à un gros ruisseau souterrain que nous n’avons
- Fig. 1. —Ahîine de la Berrie, département du Lot. (Coupe)
- On le voit, ce n’est, pas impunément que les abîmes sont employés aux usages de la voirie, et il serait bon, soit d’interdire administrativement semblable abus, soit de connaître et de protéger au moins ceux d’entre eux qui peuvent communiquer avec des sources. L’alimentation et l’hygiène sont fort intéressées à l’étude de cette question. Beaucoup d’autres
- gouffres assurément, encore inconnus, se trouvent en France, dans les mêmes conditions, et ce qui précède conduit à formuler les desiderata suivants :
- 1° Il importe de connaître le plus têt possible quels sont, dans les régions calcaires de France, les puits naturels susceptibles de communiquer plus ou moins directement avec les eaux souterraines qui alimentent les sources de ces régions.
- 2° Il faut dès maintenant interdire le jet. des immondices et des bêtes mortes dans ceux des abîmes où l’on a déjà reconnu une communication de ce genre, étendre cette mesure à tous ceux où l’on fera ulté-
- rieurement les mêmes constatations, et prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la protection desdits abîmes, soit en voûtant ceux dont l’orifice est étroit, soit en entourant de clôtures ceux
- dont l’ouverture
- Source de Grandenc iko"
- pu suivre que pendant quelques mètres ; sous une voûte à fleur d’eau, il continue son cours caché jusqu’à la source impénétrable de Graudencqui sort dans une vallée voisine, à 500 mètres de distance environ. Le cadavre d’un veau précédemment jeté au gouffre gisait en plein dans Fonde souterraine. Gaupillat et moi nous étant désaltérés à la source extérieure correspondante, nous tombâmes malades quelques jours après, d’une sorte d’empoisonnement ptomaïque typhoïde provoqué par l’eau contaminée. Averti de cet incident qui n’eut heureusement pas de suites graves, M. Arnaud, le préfet du Lot, a dû faire procéder à l’eulèvement de la carcasse en question.
- P/*teau
- v\ W’W-
- est large.
- Fig. 2. — Coupe verticale du plateau de la Berrie (échelle 1/3800”).
- Déjà dans la Côte-d’Or, le Lot, la Charente, plusieurs maires ou propriétaires vigilants ont pris soin d’en obturer quelques-uns.
- Accessoirement même on évitera encore de cette manière : 1° les accidents fréquents qui résultent des chutes fortuites de bestiaux ou de personnes dans ces trous souvent béants au milieu des champs ; 2° l’essaimage des mouches et insectes venimeux que la présence des carcasses attire au fond et aux abofds des abîmes.
- A plusieurs points de vue donc, cette question des abîmes mérite certainement une sérieuse attention.
- E.-A. Martel.
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- LES FILS MÉTALLIQUES
- Lu fabrication dos fils métalliques, qui sont les éléments de l’établissement dos conducteurs électriques, a pris, dans ces dernières années, une importance qui dépasse tout ce qu’on pouvait prévoir. La télégraphie terrestre et sous-marine possède aujourd'hui 4 millions de kilomètres de fils pour les services publics ; cos lils représentent un capital de 5 milliards. La téléphonie a utilisé une longueur de fils métalliques qui dépasse tout ce que l’on peut
- imaginer; on jugera de l’extension qui a été prise par la téléphonie en disant qu’elle compte aujourd’hui dans le monde plus de 800 000 abonnés.
- Il nous paraît instructif de donner quelques détails sur la fabrication des fils métalliques ; nous les emprunterons à un remarquable ouvrage que MM. Lazare Weiller et Henry Yivarez viennent de publier sur les lignes et transmissions électriques A
- On trouvera dans ce livre, dtî à la plume de deux savants spécialistes, tout ce qui concerne les lignes et les transmissions électriques, étude des conducteurs, isolateurs, poteaux télégraphiques, tracé des
- Vue d’ensemble d’un atelier de trélilerie jjour la fabrication des lils métalliques.
- lignes, tension et flèches des conducteurs, télégraphie et téléphonie militaires, matières isolantes, distribution de l’électricité, télégraphie sous-marine, mesure électrique des lignes, application de l’électricité aux chemins de fer, paratonnerres, sonneries électriques, etc. L’histoire des fils métalliques, qui sont en quelque sorte la hase de toutes ces applications, est donnée dans les premiers chapitres du livre.
- La tréfîlerie qui est le procédé par lequel on élire en fils les divers métaux, est un art industriel très perfectionné de nos jours, mais dont les rudiments remontent aux premiers âges. Les fds métalliques étaient connus des anciens Egyptiens, et des découvertes récentes permettent d’affirmer qu’on en faisait usage 1700 ans avant Jésus-Christ. On peut voir au
- Kensington Muséum à Londres des fds fabriqués à Ninivc, 800 ans avant notre ère. Mais il ne s'agissait jusqu’alors (pic d’une fabrication exceptionnelle se rattachant plutôt à l’art du bijoutier qu’à une industrie plus développée.
- Ce n’est que vers la fin du quatorzième siècle qu'on trouve notamment dans les Annales de Nuremberg et d’Augsbourg, des allusions à la fabrication de fils obtenus en forgeant le métal, dans le district de bonne. La première tréfilerie fut créée au quinzième
- 1 Traité général des lignes cl transmissions électriques, par Lazare Weiu.er, ingénieur-constructeur de lignes électriques, elc., et Henry Vivarez, ancien élè\'c de l’Ecole polytechnique. 1 vol. in-8°, avec 475 figures dans le texte. Paris, G. Masson, 1802. Prix : 18 francs.
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- siècle à Nuremberg par Rudolf. En même temps des ateliers s’installaient en France et en Angleterre. En France, vers 1500, Richard d’Archal lut le fabricant le plus renommé; de nos jours même certains fils métalliques portent encore son nom (fils d’Archal).
- Pour transformer en (il le métal, il faut d’abord le fondre, puis le laminer, et ensuite le tréfiler eu fils (pii peuvent être rendus aussi fins que des fils de soie. La fonderie et l’opération du laminage sont trop connus pour que nous croyions devoir en parler ici; nous décrirons l’opération de la trélilerie qui est la dernière que subit le fil. La ligure ci-devant qui est empruntée au livre de MM. Lazare Weiller et Henri Vivarez, montre la vue d’un banc de tréfilage dans une usine d’Angoulème. Le fil, sorti du laminoir, est passé à la filière. Cet instrument est formé d’une plaque d'acier dur, à grains très lins, dans laquelle on a préalablement percé un ou plusieurs trous d’un diamètre égal à celui des fils que l’on veut obtenir. On engage dans ce trou l’extrémité du fil préalablement apointie, comme on le fait pour un fil de coton qu’on introduit dans le trou d’une aiguille. Cette extrémité est saisie par une mâchoire qui tire le fil et l’oblige à traverser la filière en diminuant le diamètre. Le lil, à la sortie de la filière, est enroulé sur une bobine animée d’un mouvement de rotation, qui en fait une couronne comme celles que l’on voit au premier plan sur la gravure. Cette couronne, portée à son tour sur une autre bobine, traversera une filière d’un diamètre plus petit, et ainsi de suite jusqu’à ce que le fil ait été descendu au diamètre voulu. Chacune de ces opérations s’appelle une passe de trélilerie.
- Au sortir de la filière, le fil de cuivre, graissé par de l’eau de savon, est de couleur dorée d’aspect très brillant. La cuisson lui donne une couleur mate et rouge; il est alors malléable et susceptible d’un allongement assez considérable. Suivant les applications auxquelles les fils sont destinés, on les livre sous l’un ou l’autre état. G. T.
- EXPLOSION D’UN NAVIRE COULÉ
- Notre confrère VEngineering vient de signaler un cas d'explosion fort curieux et qui mérite d’être signalé pour qu’on ne s’v expose point dans des cas analogues. En juillet 18'JO, le steamer Iiegius, ayant son plein chargement de thé, de riz et de graines oléagineuses, était coulé par collision dans le port de Calcutta et le long d’un quai où il était amarré; naturellement on ne pouvait songer à le faire sauter, car on aurait en même temps fait sauterie quai et les constructions bâties sur la rive, et comme on n’avait pu renflouer le bateau, on avait dû le laisser coulé à fond en le signalant comme une épave à l’aide de bouées. 11 y avait du reste encore 12 pieds d’eau au-dessus à marée basse. Depuis on ne savait ce que devenait le corps du navire coulé; mais à maintes reprises on avait vu des bulles de gaz monter à la surface de la mer au point où il était immergé.
- Le 15 janvier 18Ü2, le vapeur Lindula, en sortant du port, venait heurter de l’avant l’épave du Regius. Presque aussitôt une explosion formidable se produisit à l’avant :
- les hommes de l'équipage étaielit à déjeuner dans le poste. Deux d’entre eux furent tués sur le coup ; quant aux autres, cruellement brûlés et projetés, on en compta 7 qui moururent peu de temps après leur transport à l’bôpilal. Une enquête fut immédiatementouvertepour savoir quelle pouvait être la cause de cette catastrophe et pour permettre au jury spécial (suivant la mode anglaise) de décider quelle avait été la cause de la mort des victimes. On sut tout d’abord qu’immédiatement après le choc, il se lit entendre une sorte de bruissement à l'extrême avant : un homme, muni d’une lumière, avait été y voir, et c’est lui qui avait déterminé l’explosion. De là à supposer que cette explosion était due à des gaz dégagés par l’épave du Regins, il n’y avait qu’un pas. La preuve fut bientôt faite. M. Apfohn, ingénieur de la commission du port de Calcutta, recueillit de ces bulles qu’on voyait à chaque instant monter de l’épave, et il put constater que c’était de l’hydrogène protocarboné, autrement dit le gaz si connu sous le nom de gaz des marais, qui brûle avec une flamme bleue; le gaz des marais se forme spécialement par la décomposition des matières organiques du genre de celles qui constituaient le chargement du Regius.
- Le Lindula fut conduit en cale sèche, et on y trouva un trou de 05 décimètres carrés dans le bordé de son avant. On fit, en outre, visiter par des scaphandres l’épave du Regius : il était couché sur F - le pont vertical, si bien que le haut de l’angle fe supérieur
- et le pont s’était rempli de gaz dégagés par le chargement en fermentation. Quand le Lindula était venu heurter cet angle, une double déchirure s’était produite à la fois dans la coque de l’épave et dans celle du Lindula, les deux déchirures étant vis-à-vis l’une de l’autre. Aussitôt le gaz protocarboné mélangé d’air, et formant un mélange détonant, comprimé sous une couche d’eau de 50 pieds, avait fait irruption dans le poste de l’équipage.
- Daniel Bellet.
- CHRONIQUE
- Un tramway électrique à gazolinc. — Si bizarre que puisse paraître cette dénomination, il n’en est cependant pas d’autre pour appeler exactement et en peu de mots le nouveau système de tramway à traction mécanique autonome, actuellement expérimenté à Pullmann (Illinois) et combiné par M. Laiton. Le système moteur de ce tramway est constitué par un moteur à gazoliue commandant une dynamo Bain. Des accumulateurs sont logés sous les banquettes longitudinales de la voiture et emmagasinent à chaque instant l'énergie électrique produite par la dynamo et qui n’est pas utilisée à la propulsion du train. Voici l’économie, peu évidente à priori, de la combinaison : le moteur a une puissance tout juste suffisante pour actionner le véhicule dans les conditions ordinaires de traction, et le léger excès d’énergie est emmagasiné dans les accumulateurs pour être utilisé au moment où le besoin s’en fait sentir. Le moteur étant toujours en action, il s’accumule ainsi une provision d’énergie importante dans la batterie d’accumulateurs lorsque la voiture s’arrête ou lorsqu’elle descend mm pente. Le courant seul de la batterie est suffisant pour actionner le moteur pendant un temps assez considérable. La combinaison est originale, mais il 'serait intéressant d’en connaître la valeur pratique industrielle, et c’est maintenant à l’expérience de prononcer.
- Un ferry-boat à travers le lac Michigan. — On sait que les Américains du Nord affectionnent particu-
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- lièrement les ferry-boals : le fernj-boat, qui n’est en somme pas autre chose qu’un bac aux larges proportions pouvant aller jusqu’à porter un train de chemin de fer tout entier, a le grand avantage de ne point entraver la navigation sur le cours d’eau ou le bras de mer où il est établi; c’est d’ailleurs un pont mobile. Ces bacs spéciaux rendent de grands services à New-York notamment, où ils assurent le transport des trains d’une rive à l’autre de YEast River. Aujourd’hui les Yankees, qui ont toutes les audaces, veulent faire mieux, et ils songent à établir un ferry-bout pour transporter des trains de marchandises d'un J tord à l’autre du lac Michigan. Ce grand lac constitue une gène considérable pour les communications dans cette partie de l'Amérique, en ce sens du moins qu’il nécessite des transbordements successifs de wagon en bateau et de bateau en wagon, pour les grains qui ont à transiter entre l’Etat de Wisconsin et l’Etat de Michigan; ces transbordements sont longs et coûteux, et le transport direct des trains par eau procurerait une économie notable. On construit précisément, à l’heure actuelle, dans les ateliers de Toledo, un vapeur qui pourra porter par lui-même "21 wagons chargés, et qui pourra en outre remorquer une allège, un chaland portant 15 wagons : l’ensemble du ferry-boat transportera donc 06 wagons ou plus qu’un train ordinaire de marchandises. Le service qu’on veut établir, fonctionnera entre Frankfort, sur la rive du Michigan, et Kewaunee, surlani.ve du Wisconsin, et il établira une communication entre ie réseau du Toledo, Aun Arbor et Northern Railway avec le Green Roy, Winona et Saint-Paul Railway. Les Américains semblent assurés du succès de cette entreprise; mais il est bon de songer que le Michigan est traître, (pie les tempêtes y sont fréquentes, terribles cl que l’on courra bien des risques, surtout pendant la saison d’hiver, où les glaces sont abondantes.
- Slésaventurc électrique. — M. C. 0. Grimshaw signale à notre confrère lhe Electrical Review, de Londres, une curieuse mésaventure électrique, dont a été quelque temps victime un coiffeur ami du progrès. Ce coiffeur a fait disposer un moteur électrique actionnant une brosse mécanique et, pendant la nuit, la petite installation modèle est éclairée par une lampe à incandescence. Mais, à sa grande stupéfaction, le coiffeur observa que chaque fois qu’il brossait un client pendant la nuit, l’opération était interrompue par l’extinction systématique de la lampe. Ce fait fut facilement expliqué par M. Grimshaw qui observa que la lampe était placée dans le voisinage des poulies et des courroies en caoutchouc transmettant le mouvement à la brosse mécanique. Dans ces conditions, il se produisait des phénomènes assez intenses d’électrisation de la courroie en caoutchouc : le champ électrostatique créé par cette électrisation, agissait sur le filament incandescent, le faisait fléchir et amenait son contact avec le verre, ce qui produisait infailliblement sa rupture. Une fois la cause du mal connue, le remède était facile à trouver; aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre, à la grande satisfaction des clients, du coiffeur qui a su heureusement utiliser l’énergie électrique pendant le jour, et du directeur de la station centrale, qui augmente ses recettes sans accroître ses dépenses dans la même proportion.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 15 juin 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- Injections hypodermiques de liquides animaux. — M. Bi own-Séquard signale aujourd’hui des phénomènes
- qu’il considère comme le triomphe de la médecine expérimentale. Il s’agit de la recrudescence de vitalité qui se manifeste chez un animal atteint d’une lésion organique lorsque l’on injecte sous la peau un liquide préparé à l’aide d’un organe semblable, suivant une méthode qu’il a indiquée, et pour l’application de laquelle M. d’ArsonvaJ a imaginé un appareil parfait. Ainsi l’ablation de la glande thyroïde détermine rapidement la mort de l’animal. Lorsque celui-ci est sur le point de succomber, l’injection appropriée le remet sur pied en quelques minutes et lui rend la vie pour quelque temps. Un autre exemple se présente avec les capsules surrénales. On sait que cet organe a longtemps passé pour inutile. Toutefois, en 1850, Ad-disou avait déjà observé que la maladie appelée la peau bronzée correspondait à une altération des capsules. M. Brown-Séquard, pour établir la nécessité de cet organe, sacrifia une grande quantité d’animaux ; ils périrent tous par suite de l’ablation, dans un intervalle de neuf à treize heures. On prétendit que si l’opération était pratiquée en deux fois, l’animal pouvait vivre, mais, en réalité, on ne fait que prolonger un peu la vie, par suite de la tendance générale de l’organisme à suppléer au jeu des organes manquants. L’injection in extremis du liquide approprié rend l’animal à la vie pour quelques moments. La même expérience réussit également très bien avec les reins. On sait que l’ablation entraîne, dans ce cas, la mort au bout de deux, trois, quatre ou cinq jours; l’injection retarde encore beaucoup la mort. M. Brown-Séquard conclut que l’on peut d’une manière générale, par ce moyen, parer à l’insuffisance du jeu d’un organe altéré. De plus, il émet cette idée que les reins ne sont pas seulement un agent d’élimination de produits nuisibles, mais aussi qu’ils introduisent dans le sang des principes utiles. Enfin il annonce que l’application de sa méthode va être faite ces jours-ci dans le service de M. Bouchard, pour le traitement d’une sorte de tumeur toujours mortelle de la glande thyroïde. M. Brown-Séquard remarque que l’injection des liquides de provenance animale ne lui a jamais donné lieu de constater des accidents, grâce à la précaution qu’il prend d’employer des liquides exactement stérilisés à l’aide du filtre imaginé par M. d’Arsonval et par l’effet de la pression d’une atmosphère comprimée d’acide carbonique, qui, suivant son expression, « écrase les microbes )).
- Préparation de corps nouveaux. — Tous les fluorures anhydres n’ont pas encore été obtenus cristallisés. M. Poulenc a préparé à l’état de cristaux le fluorure anhydre de nickel et celui de cobalt, en décomposant par la chaleur, dans une atmosphère inerte, les fluorures doubles d’ammonium.
- Recoupement d'un point en topoqraphie. —,M. Bouquet de la Grye rappelle qu’il a déjà donné, en 1889,1111e solution d’un problème qui se présente très souvent dans la pratique de la topographie, et qui est relatif à la détermination la plus probable d’un centre déterminé par plusieurs lignes qui se coupent en didécents points au lieu de converger vers le centre mathématique. Il présente aujourd’hui une nouvelle solution due à M. Maurice d’Ü-cagne.
- Varia. — M. Chatin signale une espèce de truffe non décrite, répandue dans le nord de l’Afrique. — M. Hervé a donné dans la Revue aéronautique lu traduction d’un important Mémoire de M. Leuglé sur le mouvement dans l’air des plans minces animés d’une grande vitesse sous un
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- petit angle.—L’Académie élit M. Ilelmholtz de Berlin, associé libre, en remplacement de dom Pedro d’Alcantara, avec 25 voix contre 19 données à M. Yan Beneden de Louvain. Les autres savants désignés au choix de l’Académie étaient M. Lister d’Edimbourg, M. Newcomb de Washington, M. Nordenskiold de Stockholm, et Weierstrasse de Berlin. — M. le I)r Thonion annonce dans une lettre avoir découvert la visibilité de la circulation capillaire du sang dans les vaisseaux superficiels de la conjonctive humaine, sans traumatisme, au moyen du microscope.
- Ch. de Yii.ledeuil.
- UNE PLANTE PEU CONNUE
- NERTERA DEl’KESSA
- Cette curieuse plante, dont la gravure noire ne fait pas très bien ressortir les petites graines rouges, appartient au genre des Rubiacées-Anthosper-mées (Banks et Sol) dont .les lleurs sont à peu près celles des Coprosma et Nor-niandia, hermaphrodites ou polygames, 4,5-mèrcs, solitaires, axillaires ou terminales. Ce sont des herbes grêles, rampantes, glabres ou pu-bescentes des Andes, des terres arctiques, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, des Philippines et des Sandwich. On en distingue quatre ou cinq espèces, la Heur a un calice court, annulaire entier ou à cinq divisions, avec un fruit charnu, à deux noyaux, comprimé (Bâillon).
- Ces charmantes petites plantes couvertes de leurs fruits jaune-orangé font l’elfet le plus gracieux; aussi nous semhle-t-il qu’on devrait les avoir dans tous les jardins où il est possible de disposer d’une toute petite place, soit dans la serre froide ou bien encore sous châssis. La culture en est fort simple. Pendant la période de repos qui va ordinairement de novembre à mars, on les conserve à froid en les mouillant très peu. Dès qu’elles sont en végétation, il faut les arroser copieusement, car ces plantes aiment l’eau, Pair et la lumière. On les divise quand elles commencent à bien pousser en repiquant environ une douzaine de petites parcelles dans un pot de 10 centimètres, puis on met sur couche tiède. Il faut se servir de terre légère et surtout bien drainer les pots. Une fois poussées on les met à froid, soit en serre, soit sous châssis et elles ne tardent pas à
- se couvrir du 15 au 50 juin de Heurs, puis ensuite de ces ravissantes graines qui en font le grand attrait. On peut encore les avoir plus tôt en fruits, c’est-à-dire vers le 15 avril, si on a le soin de les rabattre dès que les fruits se passent, ce qui a généralement lieu vers la tin de juillet, puis on les divise et on les met à l’ombre en pleine terre; vers la fin de septembre, on en met deux ou trois toutfes par pot et on obtient ainsi en les traitant, du reste, comme il a été dit plus haut, des plantes plus tôt en saison; elles sont, quand môme, bien trapues et garnies de fruits, au point que souvent on ne voit plus les feuilles. Quand une fois le fruit est bien à point, il faut tenir à l’ombre ou du moins ne pas les laisser au soleil, car si ce dernier ne fait aucun mal au fruit, par contre il fait jaunir le feuillage. Il faut éviter aussi qu’elles [toussent trop, car alors les fruits se trouvent cachés par le feuillage et toute la curiosité de la plante disparaît. Elles se conservent au moins trois mois en bon état, on peut môme les mettre dans les appartements où elles durent selon le cas de deux à trois semaines. On peut aussi les multiplier par semis, mais elles ont dans ce cas le défaut de pousser trop vigoureusement et de ne pas fructifier la première année ; ce sont là, on le comprendra sans peine, deux défauts assez grands qui font que les cultivateurs préfèrent de beaucoup le système que nous venons de préconiser à celui du semis. 11 faut cependant y recourir bon gré mal gré, quand on veut arriver à obtenir de grandes quantités de plantes.
- 11 y a plusieurs années, quand le genre d’ornementation des jardins connu sous le nom de mosaïculture était en grande vogue (nous avons eu de nombreux exemples de ce genre à l’Exposition universelle de 1878), le Nertcra a rendu certains services, et aujourd’hui encore on le rencontre chez les quelques personnes qui sont restées amateurs de la mosaïcul-turc. Le Ncrtera, quoique d’introduction déjà ancienne en Europe, n’est pas assez répandu; il mérite de l’être et ne demande pas ces soins de tous les instants qui font souvent rester dans l’oubli quelques plantes méritantes. Ernest Bergman.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue île Fleurus, 9.
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- K° 995. — 25 JUIN 1892.
- LA NATURE.
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- LES COUPS DE FOUDRE
- Fig. 1. — Le coup de foudre du 4 mai 1892 devant le polygone de Bourges. — Mort du soldat Bouveau.
- 1. Le détachement du 37' d’artillerie avant la catastrophe. — 2. Les hommes du même détachement renversés par la foudre.
- Parmi les phénomènes atmosphériques, les orages et les manifestations électriques qui les accompagnent offrent un intérêt tout particulier, et doivent exciter au plus haut point l’attention du météorologiste. Les coups de foudre pendant les temps orageux sont souvent très fréquents et jouent un rôle beaucoup plus important qu’on ne le croit communément, dans la série des désastres et des fléaux dont l’humanité est si souvent victime de la part des forces naturelles.
- La foudre produit des effets extraordinaires qui déroutent les physiciens et qu’on ne saurait expliquer;
- 21)° année. — 2° semestre.
- on la voit fondre des métaux sans que les matières organiques avec lesquels ces métaux étaient en contact aient été brûlées, déplacer des objets pesants,déchirer des tissus, et cela avec un caractère d’instantanéité extraordinaire.
- Un coup de foudre terrible a eu lieu près de Bourges le 4 mai dernier ; il a causé la mort d'un soldat et s’est produit dans des circonstances particulières au sujet desquelles nous avons fait une enquête complète ; nous avons pensé que nos lecteurs n’en liraient pas les résultats sans quelque intérêt. Le 4 mai, un détachement de dix-huit hommes du
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- Fig. 2. — Objets d'habillement de la victime atteints par la foudre : képi, partie inférieure du caleçon, guêtre et soulier. (D'après une photographie.)
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- 57e régiment d’artillerie se rendait an polygone aux environs de Bourges sous la conduite du chef artificier Beauvais. Surpris tout à coup par une forte pluie d’orage, les soldats prirent le pas gymnastique pour gagner un abri. Tout à coup, un coup de tonnerre d’une intensité effroyable éclata, tous les hommes furent jetés à terre, à l’exception d’un artificier qui marchait en arrière, [.es trois premiers rangs se relevèrent d’abord, mais quatre hommes restèrent sans connaissance. On les releva et on les porta à l’hôpital où les soins leur furent prodigués. Trois d’entre eux purent être rappelés à la vie, mais le quatrième, François Bouveau, succomba. 11 portait à la tête une entaille profonde et avait la poitrine toute brûléeL
- Notre gravure (fig. 1) représente la catastrophe reconstituée d’après une photographie spécialement exécutée pour La Nature et que nous reproduisons en cartouche 2 3 (fig. 1, n° 1). Cette photographie représente l’emplacement où s'est produit le coup de foudre du 4 mai. C’est l’entrée du polygone. Le bâtiment à gauche est le manège, plus en arrière et dans le fond, le baraquement du 57e d’artillerie. Ce sont les mômes hommes qui ont posé, quelque temps après l’événement, dans l’ordre dans lequel ils marchaient. Les derniers ont été particulièrement touchés. Tous les hommes, au moment du coup de foudre, sont tombés la face en avant ; le chef artificier Beauvais que l’on voit à droite en dehors du rang et en arrière a été assez sérieusement touché. Il a dit qu’il avait ressenti un coup violent à la nuque et à la jambe, avec sensation de brûlure. Les autres qui ont été à l’hôpital ont donné des renseignements analogues. Aucun des artificiers foudroyés n’a vu l’éclair, mais un officier qui se trouvait en avant, et leur faisait face, a dit que la foudre s’était présentée sous la forme d’un éclair triple.
- Le l)r Bodion, aide-major du 57e, a fait photographier les effets de la victime qui ont été atteints par le fluide : nous reproduisons ci-contre cette intéressante épreuve (fig. 2).
- L’artificier Bouveau a été frappé à la tète, le képi semble avoir éclaté, le fond ne tenant plus au bandeau que par un mince lambeau. Les cheveux ont été complètement brûlés, ainsi d’ailleurs que tous les poils du corps ; la décharge a contourné l’oreille droite, passé sur l’épaule; a labouré le sternum et gagné obliquement la hanche gauche, atteint le scrotum, et suivi la face interne delà jambe gauche, a déchiré le 'caleçon, a fait sauter une partie des œillets postérieurs de la guêtre, en arrachant un lambeau de cuir qu’on n’a pas retrouvé, puis a passé par le soulier qu’elle a traversé au talon. La garniture inférieure
- 1 Nous avons précédemment donné ce récit clans noire Sup-
- plément du 21 mai 1892. (Informations.)
- 3 Nous regrettons de ne pouvoir citer le nom de l'officier distingué auquel nous devons cette épreuve ainsi que tous les documents si bien résumés, que l’on va lire. Notre correspondant désire garder l’anonyme : qu’il reçoive ici l’expression de nos remerciements et de notre gratitude.
- du talon était en for, comme on peut le voir sur la gravure (fig. 2). C’était un contact excellent avec le sol mouillé, mais le fluide rencontrant une résistance dans le cuir du talon, l'a fait sauter au point P. En observant l’épreuve photographique à la loupe, on distingue nettement tous ces détails, ainsi que le déchiquetage des parties déchirées. Ce déchiquetage représente une succession de dents de scie, très irrégulières.
- Quelques orages ont encore éclaté vers le milieu du présent mois de juin : des coups de foudre ont frappé çà et là, exerçant de nombreux ravages; le 14 juin, la foudre est tombée sur deux maisons à Narbonne ; elle a incendié le même jour une habitation située à Betaille dans le département du Lot. A Couzon, dans le même département, la foudre a tué une femme et blessé grièvement une jeune fille. Le même jour, à Balaruc, près de Cette, la foudre est tombée deux fois et a tué une habitante, Mme Errère Claize, qui se trouvait au milieu d’un champ. Deux jours après, le 16 juin, de violents orages avaient lieu dans le Gard et dans l’Aude, la foudre est tombée en divers endroits ; à Cuxac-d’Audc elle a tué un jeune homme de 28 ans. Nous ajouterons enfin qu’une dépêche, reçue de Chicago, nous apprend que le 16 juin, une femme et deux hommes ont été tués par la foudre dans Lincoln park. Elle est tombée sur le monument élevé dans ce parc à la mémoire du général Grant. Une cinquantaine de promeneurs surpris par l’orage s’étaient abrités sous les galeries du monument. Quand la foudre a éclaté, tous les assistants ont été jetés parterre; trois d’entre eux ne se sont pas relevés.
- Ces coups de foudre sont, la plupart du temps, à peine mentionnés dans les journaux de la localité1; ils sont cependant toujours accompagnés de faits dignes d’être enregistrés, et qui, s’ils étaient connus, apporteraient des éléments d’observations d’un haut prix, pour les physiciens et les météorologistes.
- Gaston Tissandieu.
- LA NAVIGATION A GRANDE VITESSE
- Tel est le titre d’un important Mémoire que vient de présenter M. J. Gaudry devant la Société des ingénieurs civils et que nous trouvons publié in extenso dans le bulletin d’avril de cette Société. Dans ce Mémoire, l’auteur étudie les caractères du paquebot à grande vitesse, ce que coûte la grande vitesse dans l’état actuel de l’art naval, et ce que l’on peut espérer, plus ou moins prochainement, des nouveaux engins proposés pour remplacer la puissance propulsive en usage, s’il est vrai qu’on ne puisse lui demander plus qu’elle ne donne aujourd’hui. Le matériel de navigation commerciale est aujourd’hui classé au point de vue de la vitesse. On distingue, avec ses différences caractéristiques, le cargo-boat ou navire à fret, correspondant aux trains de petite vitesse, le paquebot mixte, correspondant aux trains omnibus ou semi-directs, et le paquebot express ou à grande vitesse. Ce sont les paquebots
- 1 Voy. Les coups de foudre, n° 788, du 7 juillet 1888, p. 9-4.
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- mixtes qui constituent le gros effectif (l’une Hotte commerciale, et M. Gaudrv compare une Compagnie qui n’aurait que des paquebots à grande vitesse à une compagnie de chemins de 1er n’avant que des trains de luxe.
- A ce sujet, M. Gaudrv nous révèle un curieux procédé par lequel l’Angleterre s’affirme avec avantage dans la concurrence internationale, au point de vue des grandes vitesses de ses paquebots.
- Sur toutes ses lignes, elle a de nombreuses compagnies de navigation; elles ont deux au plus, et souvent un seul, de ces paquebots grands rapides mis en service coûte que coûte, qu’ils appellent crack ship ou bateau-réclame, lesquels sont encadrés dans toute une flotte à service rémunérateur, comme les chemins de fer ont leurs trains de luxe dans l’ensemble du service courant. Mais les compagnies ont entre elles, sinon un syndicat, du moins une entente plus ou moins conclue pour faire partir leur paquebot principal tour à tour; en sorte que, parfois chaque jour, le pavillon britannique peut offrir un départ rapide à son intarissable clientèle. Les marines rivales des autres nations n’ont ordinairement sur la même ligne qu’une seule compagnie obligée de posséder toute une flotte de ces mêmes paquebots rapides, pour avoir d’assez fréquents départs, prenant ainsi toute la charge que les Anglais répartissent entre leurs diverses compagnies.
- Les paquebots à grande vitesse sont caractérisés par les particularités suivantes : résultats du service, dimensions, cloisonnement, armement, gréement, appropriation militaire, aménagement, -aération, arrimage, machinerie auxiliaire et machinerie propulsive. Sans passer en revue les progrès réalisés à ces différents points de vue, nous signalerons, d’après M. Gaudrv, les plus importants et les plus caractéristiques.
- Comme résultats du service, le fait aujourd’hui acquis est que la vitesse des principaux paquebots a mis l’Amérique du Nord à une semaine de l’Europe, et Alger à vingt-quatre heures de Marseille. Tous ou presque tous les paquebots qualifiés grands rapides, bien mis au point, ont donné au moins leurs 20 nœuds aux essais (57 kilomètres par heure), et se tiennent, en service courant, entre 18 et 10 nœuds. Ceux qui ont pu développer une puissance indiquée de lfi ÜÜO à 20 000 chevaux ont dépassé 21 nœuds aux essais, et fournissent, en service normal, de 10 à 20 nœuds; mais là consommation de charbon a dépassé 500 tonnes par jour, elle a même atteint le chiffre formidable de 400 tonnes par jour ! Les autres résultats du service s*ont une grande régularité et une activité énorme développée, principalement pour .l’équipement, le chargement, etc.
- Comme dimensions, le plus long navire actuel, le Teu-tonic, a 172 mètres entre perpendiculaires et 177 mètres sous le pont. La Touraine a 160 mètres. Le rapport de la longueur à la largeur est d’environ neuf, au lieu de six que l’on considérait jusqu’ici comme le type classique à la mer.
- Le cloisonnement ou division du navire en compartiments étanches en vue de localiser une voie d’eau ou un incendie a fait l’objet de nombreuses études, mais la question présente de grandes difficultés, car le cloisonnement ajoute beaucoup au poids et au tirant d’eau que l’on s’applique, au contraire, à réduire. Cloisonner efficacement, avec solidité et sans faire trop lourd, tel est le problème, à données contraires, qui s’impose à l’art naval. Généralement le navire est divisé en tranches par un certain nombre de cloisons transversales, au nombre de treize dans la Tou-
- raine. Tantôt ces cloisons sont munies de portes qui restent toujours ouvertes, mais que l’on fermera, si on peut, au moment du danger, et que l’on assujettira par des manettes à charnières, suivant un programme réglementaire auquel le personnel du navire est périodiquement exercé, comme on l’exerce aux pompes en prévision du feu et des voies d’eau. D’autres fois, les cloisons sont munies de portes doubles ouvrant en sens contraire et rabattant l’une sur l’autre, comme les tambours d’églises et de salles de réunions. 11 y a ainsi, de part et d’autre, obturation naturelle à l’envahissement et à la poussée de l’eau, mais ces portes sont lourdes, étant nécessairement solides. Les trappes ou portes à guillotine sont abandonnées. Enfin, sur certains paquebots les cloisons n’ont aucune communication sur la fermeture desquelles on ne saurait compter au moment psychologique. On enjambe les cloisons par les escaliers, en attendant des ascenseurs, exercice fatigant dont se plaignent les passagers et l’équi-parge, mais c’est encore le seul moyen radical et sur de laisser aux cloisons leur maximum d’efficacité.
- Au point de vue de Y armement et du gréement, le trait caractéristique le plus saillant des navires à grande vitesse est la disparition de la voilure. Les grands paquebots les plus récents ne portent que deux mâts, dépourvus de vergues, flèches et voilures, et ne servant qu’à monter les signaux et porter des palans. Cette suppression de la voilure tient à trois causes principales: 1” Pour utiliser le vent, il faut obéir à sa direction si variable, et alors on ne peut plus conserver la ligne droite, caractère essentiel de la navigation postale. 2° Pour être efficace, la voilure devrait être immense, au moins trente-cinq fois la maîtresse section immergée, d’après l’amiral Paris. Un navire comme la Touraine devrait porter 5500 mètres carrés de voiles, ce à quoi ne suffiraient pas quatre mâts. On sent combien serait lourd, dispendieux et encombrant un pareil gréement sur un navire dont les hauts sont déjà si chargés par la multiplicité des superstructures. 5°Enfin, et c’est l’argument le plus décisif, le navire va souvent plus vite que le vent; il ne saurait donc profiter de sa voilure dans ces conditions, bien au contraire. Les paquebots à faible vitesse peuvent conserver mâture et voilure, pour ménager le charbon, mais sur les paquebots à grande vitesse, les voiles sont plus qu’inutiles, surtout avec les navires à double hélice, qui ont, dans leur double machine et leur double propulseur, des ressources d’évolution et de continuation de route, en cas d’avarie, qu’on espérait avec des voiles. Le gréement, dans ces conditions, n’est plus qu’un outillage lourd, encombrant, dispendieux et parfois même dangereux. Un commandant raconte qu’en un hiver rigoureux, dans les parages de Terre-Neuve, le verglas doublait tous ses cordages, formant sur les vergues et mâts un décimètre d’épaisseur, avec de monstrueuses stalactites pendant partout, et qui, à peine cassées à la hache, se reformaient. Le paquebot roulait avec une amplitude effrayante, et ne se redressait qu’avec lenteur. J’aurais, disait-il, jeté tout le gréement à l’eau, si les mâts et haubans n’eussent été en fer que je. ne pouvais attaquer qu’au burin.
- L'appropriation militaire des grands paquebots ne présente rien de particulier, et les aménagements intérieurs de ces paquebots à grande vitesse ont été assez souvent décrits ici même pour qu’il nous soit inutile d’insister sur ce point.
- Dans un prochain article, nous étudierons ce qui concerne la machinerie.
- s>-
- — A suivre. —
- X..., ingénieur.
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- LÀ NATURE.
- LES JARDINS ALPINS1
- CONSIDÉRATIONS PRATIQUES SUR LEUR FORMATION
- Les premiers jardins alpins ont été inspirés par la vue des torrents qui, desséchés pendant l’été, roulant de lourds rochers à l’époque de la fonte des neiges, voient à la belle saison leurs rives escarpées se couvrir d’une foule de plantes charmantes. Cette idée ne doit point quitter celui qui entreprend un tel ouvrage, et le résultat sera d’autant meilleur qu’il reproduira plus exactement les scènes naturelles vues. S’il en avait le courage et le loisir, l’artiste devrait aller rechercher sur place les combinaisons qui satisfont l’œil de tous points, noter la forme et la dimension de chaque roche, les positions relatives des plantes qui la couvrent ou l’entourent, et fixer chacun de ces détails par un croquis précis ou par la photographie. L’art consisterait ensuite à, grouper ces
- scènes différentes dont la réunion formerait un tout parfait.
- Les effets pittoresques étant obtenus par une imitation habile de la nature, il faudra les combiner avec les exigences de la culture : l’amateur devra donc avoir du goût et une certaine dose de connaissances horticoles, on bien il aura intérêt à demander les conseils d’un architecte-paysagiste dont l’expérience ait été mise à l’épreuve à ce sujet. La première condition à remplir est de donner une nourriture suffisante aux plantes qui doivent embellir les rochers : la plupart des insuccès, dont on cherche bien loin la cause, n’en ont souvent pas d’autre que la préparation insuffisante du sol. Pour quelques espèces qui, comme les Orpins (Sedum), les Joubarbes (Sempervivum), plusieurs Saxifrages, etc., vivent sur le rocher nu, la grande majorité des plantes alpines recherchent un terrain profond et y développent des racines de plusieurs pieds de longueur, comme les Silene alpestris et acaulis,
- Fig. 1. — N0' 1 à 9. Disposition de rochers dans les jardins alpins *.
- les Œillets divers (Dianlhus alpinus et autres) les Globulaires (Globulariacordifolia), etc., etc. Remarquons en passant que les lissurcs horizontales telles que les indique le n° 1 de la ligure 1, ne sont pas en général très favorables à la culture des plantes alpines. Quand on se servira de roches superposées, il sera bon d’étaler sur chacune d’elles, avant de placer la suivante, nue bonne couche de terre appropriée et de maintenir l’écartement nécessaire par des fragments de pierre dure, basalte ou granité (nü 2). Dans la plupart des cas, il sera préférable de ménager entre les roches des fissures obliques ou verticales, mais encore faudra-t-il avoir soin que les roches supérieures ne surplombent pas. Une plante placée à l’entrée de la fissure H, connue l’indique le n° a, recevra le soleil et la pluie, tandis que placée en K (n° A), elle ne tarderait pas à périr, faute de lumière et d'humidité.
- Une forme satisfaisante pour rétablissement de rochers abrupts est celle que montre le n° 5. La
- 1 Suite et lin. — Yoy. n° 992, du 4 juin 1892, [>. 3.
- pluie tombe successivement sur chaque pierre et s’infiltre dans chaque fissure jusqu'au fond de laquelle elle peut pénétrer. Pour la même raison il est bon de couvrir la partie supérieure de l’ouvrage avec de la terre et des menues pierres (n° 6), à l’exclusion de larges roches, à moins cependant que l’on ne tienne à produire un effet pittoresque déterminé.
- Les fissures verticales qui conviennent le mieux aux plantes alpines devront être, autant que possible, plus étroites en bas qu’en haut. S’il en était autrement, la terre abandonnerait les parois latérales, sous l’effet des pluies, et se tasserait au fond. A la partie supérieure de la fissure on aura soin de placer quelques pierres détachées, pour éviter une évaporation trop rapide.
- Quant à la disposition générale des rochers, une des meilleures est celle qu’offre le n“ 7. beaucoup de plantes alpines affectionnent particulièrement les
- 1 Plusieurs de ccs croquis et les observations pratiques qui les accompagnent ont été publiés en 1870, par M. Robinson, dans un ouvrage intitulé : Alpine flowers for english gardent.
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- LÀ NATURE.
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- lentes étroites, recevant le soleil pendant plusieurs heures, mais protégées par une ligne de rochers plus élevés contre les rayons du soleil, jusque vers le milieu du jour. En effet, l’abri contre la chaleur est plus nécessaire encore le matin que dans l’après-midi. Les plantes exposées à l’est sont dessé-
- chées de bonne heure pendant l'été, tandis (pie la rosée reste jusqu’à midi sur celles qui sont exposées à l’ouest (ou au nord et abritées vers l’est).
- Le n° 8 (fig. 1) montre comment, dans l’exposition à l’ouest, les plantes placées dans les tissures F,F, sont protégées contre les ardeurs matinales
- Fig. 2. — Le Rock Gartlen à Kew. Cascade et plantes aquatiques. (D'après une photographie.)
- du soleil par les rochers R,R, formant écran.
- En résumé, les expositions que l’on doit rechercher pour la culture des plantes alpines sont l’ouest et le nord, pourvu que dans ce dernier cas, elles soient abritées vers l’est.
- Dans certaines occasions, on sera conduit soit à se servir de quelque vieux mur déjà existant, soit à en construire un pour soutenir les terres. Voici une
- manière pratique et pittoresque à la fois d’utiliser ce mur pour la culture des plantes alpines et surtout des arbustes alpins, car beaucoup de petites espèces préfèrent être semées contre les parois étroites des rochers (n° 9).
- On donne à la hase du mur une largeur de 60 centimètres environ, puis, à une hauteur de 50 centimètres au-dessus du sol, on n’élève plus
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- que deux parois en moellons, laissant entre elles un espace vide formant une sorte de caisse que l’on remplit de terre préparée avec soin ; enfin on recouvre le tout de distance en distance de larges dalles qui assurent la stabilité de la construction. Çà et là on supprime les joints en ciment pour les remplacer par de la terre et c’est dans ces interstices que l’on introduit les racines des plantes alpines dont la tige couvrira la façade du mur. Enfin, pour augmenter l'effet pittoresque, on creuse irrégulièrement dans la paroi extérieure un certain nombre de poches où l’on place des Fougères, des Iris, des Œillets, des binaires, des Joubarbes, etc.
- Pour donner de la variété à un jardin de rochers, on peut mélanger aux blocs de pierre des souches d’arbre enfoncées dans le sol la tôteen bas et dressant en l’air leurs racines tordues de mille façons. Dans les poches naturelles formées par ces racines, on plante des espèces à croissance rapide, telles que certaines Campanules et d’autres plantes se plaisant particulièrement dans ce milieu, telles que des Anco-lics (Aquilegia), de grandes Composées (Inula) et des Ombellifères (Athamantha), etc. Le tout sera entrelacé de Clématites, de Ronces et de Lierres à feuillage panaché de rouge, de jaune et de blanc, et formera un ensemble des plus agréables à l’œil.
- On s’est élevé souvent, et non sans raison, contre l’emploi de ces racines à demi pourries : elles se décomposent trop rapidement, perdent leur aspect original et deviennent l’asile des limaces et des cloportes. Cette seconde partie de la critique est fort juste et nous ne saurions trop recommander aux amateurs de faire une guerre acharnée à ces ennemis des jolies plantes alpines ; la première est, selon nous, moins fondée : on peut voir à Kew dans le beau jardin alpin dont nous donnons encore un aspect (fig. 2) des souches plantées en 1882 et restées jusqu’à ce jour intactes,
- Nous avons fait remarquer plusieurs fois qu’il fallait donner aux plantes un terrain approprié à leur nature. Le meilleur procédé qu’on puisse employer consiste à mélanger, avec le sol existant, de la terre franche plutôt argileuse et du terreau. Ce travail ne sera vraiment nécessaire que dans les sols pure-ments calcaires; dans la plupart des cas, on n’aura que peu d’amendements à faire pour la création d’un Rock Garden, surtout dans l’argile, où nombre de plantes alpines croissent admirablement. Nous estimons qu’il vaudra mieux porter ses soins sur un profond défoncement du sol, de façon que les racines puissent y descendre facilement et trouver l’humidité qui leur est nécessaire pendant les chaleurs de l’été. Il sera bon de ménager çà et là quelques poches de terre de bruyère pour les espèces qui affectionnent ce terrain.
- L’installation d’un jardin alpin parfait doit être complétée par un bon système de canalisation et de drainage, qui permette d’arroser en abondance pendant l’étc. Le surplus des eaux devra pouvoir s’écouler par des puisards disposés sur le côté de l’allée ;
- celle-ci ne sera pas absolument plane : on y ménagera, dans le profil en long, de faibles dénivellations, invisibles à l’œil, mais suffisantes pour assurer l’écoulement des eaux1. Resé-Ed. André,
- Ingénieur des arts et manufactures.
- LE POUVOIR CALORIFIQUE DE LA HOUILLE
- Depuis vingt-trois ans M. Meunier-Dollfus et M. Scheu-rer-Kestner ont cherche à déterminer la chaleur de combustion de la houille en se servant d’abord du calorimètre de lavre et Silbermann, et, dans ces derniers temps, de la bombe calorimétrique de M. Berthelot, et ils estimaient avoir donné la preuve qu’il est impossible d’y arriver par le calcul en appliquant la formule de Dulong.
- Cette tendance à recourir à une formule, alors que les expériences, même de ses partisans, fournissent la preuve qu’elle est sans valeur, est d’autant moins explicable que, grâce aux progrès faits dans la construction des appareils calorimétriques, et notamment de la bombe de M. Berthelot, rendue plus accessible par l’émaillage dû à M. Mahler, les déterminations calorimétriques sont moins longues et plus faciles que les analyses.
- Les écarts constatés par certains expérimentateurs entre les résultats du calcul et ceux de l’expérience ont atteint et dépassé quelquefois 6 .pour 100 en plus ou en moins.
- Afin de mettre un terme à la continuation d’erreurs qui risquent de compromettre, pendant longtemps encore, la connaissance de faits définitivement acquis à la science, M. Scheurer-Kestner a fait une expérience décisive, c’est-à-dire contradictoire, sur une houille du Pas-de-Calais qu’il avait étudiée il y a quelques années et dont la chaleur de combustion est très abaissée au-dessous de celle déduite de la formule de Dulong. Les résultats de cette expérience ont été présentés par leur auteur à l’Académie des sciences. Nous les résumons ci-dessous.
- « 11 s’agit de la houille maigre de Bascoup, qui a donné, à l’analyse, de 92 à 92,08 pour 100 de carbone, 5,85 à 6 pour 100 d’hydrogène, 0,84 pour 100 d’azote et 1,04 à 1,51 d’oxygène.
- Chaleur de combustion observée par M. Malder. 8815 calories.
- — — — M. S.-K . . 8828 —
- — — calculée par la formule. 9403 —
- « Différence entre la formule et l’expérience, 590 calories ou 6,5 pour 100 sur la formule, en moins.
- «, Ainsi, il est prouvé, sans contestation possible, qu’il
- 1 Voici une liste des plantes dont on peut recommander la culture dans les jardins alpins : Ilelleboriis niger, H. pur-purascens, 11. orienlalis, H. niger var. angusli folia, H. punctatus, Àntermedius; Dianlhus cœsius, D. alpinus : Primula denticulala; Potentilla nitida, P. cruenta; Rubus arcticus, Veronica Hectorii, V. Traversii, V. pingurfolia; Iledera Hélix hibernica, Meconopsis Wallichii; Ramon-dia pyrenaica; Cornus canadensis; Cistus corbariensis, C. laurifolius ; Saxifraga Rocheliana var. caryophylla, S. cochleariæfolia minor, S. cristata; Géranium sangui-neum, G. allanticum; Cotoneaster reflexa, C. rotundifolia; Adiantum Capillus Veneris, Ncphrodium rigidum; Gen-liana asclepiadea, G. acaulis ; Galceolaria plantaginea, G. villosa; Dryas Drummumdi, Hydrangea scandens, Helianihcmum tomentosum, Scolopendrium officinale; Sedum lalifolium, A. rupestre, S. spectabile; Sempervivum tectorum, S. montanum, S. calcareum.
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- existe une houille qui donne 6,5 pour 100 de calories de moins que la formule. D’un autre côté, il est établi par les expériences nombreuses de divers expérimentateurs, et notamment par celles de M. Bunte lui-même, que l’on connaît des houilles donnant un excédent de 6 pour 100 sur le calcul.
- Il n’est donc pas douteux que, en se servant de la formule de Dulong pour se rendre compte de la valeur comparative de combustibles différents, on s’expose à une erreur possible de 6-f 6 = 12 pour 100. Et il n’est nullement démontré qu’on ne trouvera pas des combustibles donnant soit en plus, soit en moins, des écarts encore plus considérables. La proportion des espèces de houille dont on connaît la chaleur de combustion est certainement trop faible, par rapport aux nombreuses espèces exploitées, pour qu’il soit légitime de déterminer des limites entre lesquelles se tient la chaleur de combustion de la houille.
- « La thermochimie devrait, du reste, avoir mis un terme à l’emploi de moyens aussi empiriques que celui de la formule de Dulong. On a le droit d’être étonné qu’à l’heure actuelle on tente encore d’appliquer, comme le font ses partisans, le même coefficient calorifique, par exemple au carbone (sans parler de l’hydrogène), sans tenir aucun compte de la structure moléculaire du combustible. Or l’étude de l’action de la chaleur sur les différentes espèces de houille nous apprend que leur constitution moléculaire est des plus dissemblables. Telle houille qui a la même composition centésimale que telle autre peut donner à la calcination 10 à 20 pour 100 de plus de carbone fixe. Et cependant on appliquera dans les deux cas le même coefficient, tandis que le calorimètre fera ressortir ces différences d’une manière non douteuse. »
- 11 semble donc résulter des travaux de M. Scheurer-Kestner, que la formule de Dulong devrait être supprimée de l’enseignement scientifique comme ne répondant plus à l’état de nos connaissances en thermochimie.
- Combien d’années encore devrons-nous attendre cette simple révolution?
- LE THÉ4TR0PH0NE
- « Plus (le musiciens, plus d'orchestre dans les salons de notre temps pour les concerts ou pour les bals, économie de place, économie d’argent. Avec un abonnement à l’une des diverses compagnies musicales qui ont actuellement la vogue, on reçoit par les fils sa provision musicale. » C’est ainsi que notre confrère A. Robida initie le lecteur à ce qui se fera au vingtième siècle dans l’amusante utopie que tout le monde connaît. Mais est-il bien nécessaire d’attendre le siècle prochain pour assister à toutes les merveilles rêvées par le romancier dessinateur. Si actuellement on ne peut encore guère prévoir l'époque à laquelle il nous sera donné de voir, par l’intermédiaire d’un fil, ce qui se passe à un endroit éloigné du globe, nous savons tous que le téléphone nous permet, dans ces conditions, d’entendre non seulement des sons, mais la parole articulée. De là à transporter le théâtre à domicile, il n’y avait qu’un pas; il a été franchi maintenant. L’expérience est faite; et, non seulement dans les villes de France, mais à Londres on peut entendre l’Opéra de Paris. — La difficulté n’est peut-être pas
- bien considérable en principe, et, déjà à l’Exposition d’électricité en 1881, au Palais de l’Industrie, on se souvient quel immense succès eurent les auditions téléphoniques des différents théâtres. Etant donnés les appareils si perfectionnés déjà qu’on avait à cette époque, et qui du reste sont à peu près les mêmes aujourd’hui, la chose était relativement facile. On allait directement d’un point à un autre par un fd spécial, il n’y avait pas de complication. Le problème devint plus difficile lorsqu’il s’agit de mettre à la disposition de tout le réseau téléphonique, et même du public non abonné à ce réseau, une série de théâtres. Il fallait d’abord une entente avec les directeurs de ces différents établissements (ce qui n’était peut-être pas la partie la plus facile du problème) , puis la pose des lignes, l’installation d’un bureau central, etc., toutes choses qui demandent une certaine dose de diplomatie et surtout des capitaux assez considérables. —Aussi est-ce seulement depuis peu de temps, qu’une société a été constituée pour l’installation d’un service régulier qui est maintenant en pleine exploitation. D’un point quelconque de la France ou des pays étrangers reliés téléphoniquement à Paris, on peut avoir une audition d’un théâtre parisien. C’est à l’initiative de MM. Marino-vitch et Szarvady qu’on doit ce beau résultat et nous allons montrer au lecteur en quoi consiste l’installation générale imaginée et réalisée par eux. La figure 1 représente les appareils qui permettent les auditions dans les endroits publics. Notre gravure en montre plusieurs réunis à côté les uns des autres, dans le salon d’un grand hôtel parisien. Il suffit de jeter dans l’ouverture placée à l’avant de l’appareil une pièce de 50 centimes pour que l’audition puisse avoir lieu pendant cinq minutes. En laissant tomber 1 franc, l’audition dure 10 minutes. Les abonnés au téléphone n’ont pas besoin d’avoir chez eux des appareils de ce genre. Us écoutent avec leurs récepteurs téléphoniques ordinaires.
- Le bureau central que représente la figure o est situé près des grands boulevards, rue Louis-le-Grand, dans une petite salle en sous-sol. C’est là qu’aboutissent tous les fils au moyen desquels s’établissent toutes les communications. Une seule personne, une jeune fille, passe toutes ses soirées dans ce poste et suffit à ce travail. C’est un exemple peu commun d’une personne entendant toutes les pièces du répertoire moderne sans pouvoir mettre jamais les pieds dans une salle de spectacle; si ce n’est pas encore vingtième siècle, c’est bien fin de siècle.
- Nous publions ci-après une figure schématique (fig. 2) qui, sans être la reproduction exacte de l’installation des lignes, peut donner une idée de la manière dont elle est faite. On voit qu’il y a trois lignes distinctes : 1° lignes reliant au poste central les microphones placés dans les théâtres; 2° lignes reliant ce poste au bureau de l’Etat, avenue de l’Opéra, d’où on peut établir la communication avec tous les abonnés du réseau en France ou à l’étranger ; 5° lignes spéciales desservant des appareils placés
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- dans des endroits publics et qui donnent automa- I moyennant une pièce de 50 centimes ou de 1 franc, tiquement une audition de cinq ou dix minutes | Dans les the'âtres, les microphones sont placés sur
- Fig. 1 — Audition du théâtrophone dans le salon d’un grand hôtel de Paris. — Aspect extérieur de l’appareil.
- la scène près de la rampe ; ils reçoivent le courant de 6 à 8 éléments Leolanché, ou Lalande et Chaperon ; de là, suivant l’importance du tiiéàtre et le nombre probable des demandes d’audition, partent un certain nombre de lignes qui aboutissent à la rosace et ensuite au tableau commutateur (fig. 5) du bureau central.
- Sur ce tableau aboutissent également tous les fils allant à l’avenue de l’Opéra ou desservant les établissements publics munis d’appareils automatiques dits théâtrophones.
- L’employée n’a donc qu’à placer dans les trous du commutateur des fds souples munis de fiches à leurs extrémités pour établir les communications qui lui sont demandées par les abonnés.
- Pour les appareils automatiques dont la gravure ci-dessus donne l’aspect (fig. 1), elle n’a] pas à
- attendre de demande; ils doivent être prêts à fonctionner dès l’ouverture des théâtres. Le client doit savoir : 1° si l’appareil est prêt à fonctionner ; 2° à quel théâtre il est relié. A cet effet un petit cadran muni d’une aiguille, porte l’indication de tous les théâtres susceptibles d’être entendus, puis le mot entracte; un autre cadran portant les mêmes indications, mais d’un modèle plus grand, est généralement placé bien en vue, dans le local desservi : café, cercle, hôtel, restaurant, etc. L’aiguille de ces cadrans obéit aux attractions d’un électro-aimant,
- BUREAU DE L'ÉTAT
- d'ou partent lestignes wÉHl d'abonnés
- Théâtre
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- Fig. 2. — Diagramme de l’installation des lignes du théâtrophone
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- auquel le courant est envoyé au moyen d’un mani- I reau central. Ainsi qu’on le voit dans la figure 5, pulateur placé sous la main de l'employée du bu- j c’est un petit volant muni d’une manivelle et qu’il
- Fig. 3. — Bureau central du théâtrophone, à Paris.
- Fig. 4. — Appareil automatique pour les auditions théâtrales. Fig. 5. — Appareil automatique pour les auditions théâtrales.
- (Vue de face.) (Vue de côté.)
- suffit de tourner pour obtenir des passages ou des table télégraphe à cadran genre Bréguet, comme il interruptions de courant; c’est en résumé un véri- y en a encore dans bien des gares de chemin de fer.
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- Cependant nous devons dire qu’il a été construit d’une façon spéciale qui assure un fonctionnement irréprochable, sans qu’il soit possible à l’aiguille du récepteur de se déranger, quelle que soit la vitesse avec laquelle on la fasse marcher. Une ligne spéciale est affectée au fonctionnement de ce télégraphe, et le courant employé est pris sur la canalisation de l’usine de distribution pour l’éclairage public. En arrivant à son bureau dès huit heures du soir, l’employée se rend compte des théâtres qui sont ouverts, puis elle choisit l’un d’eux et le relie à toutes les lignes de théàtrophones publics ; ensuite elle actionne son télégraphe jusqu’à placer l’aiguille indicatrice sur le nom du théâtre choisi. Dès qu’elle s’aperçoit qu’il y a entr’acte, elle place son fil mobile sur un autre théâtre et d’un mouvement de manivelle, change le nom sur tous les cadrans.
- 11 est clair que tous les théàtrophones embrochés sur la même ligne, reçoivent l’audition d’un meme théâtre, mais chaque ligne peut être rendue indépendante au moyen d’un commutateur spécial ; et, tandis que l’une reçoit l’Opéra, une autre peut recevoir l’Opéra-Comique, le Français, etc. Au-dessus du .commutateur du bureau central (fig. 5) on voit une quinzaine de petits cadrans indicateurs qui correspondent chacun à une de ces lignes, et dont les aiguilles marchent synchroniquement avec celles des récepteurs; l’employée peut donc toujours voir ce qu’elle a télégraphié à une ligne quelconque et changer l’indication au moment opportun.
- Voyons maintenant comment fonctionne le mystérieux petit appareil qui permet l’audition sous l’action d’une pièce de 50 centimes ou de \ franc et dont jusqu’à présent nous ne connaissons que l’aspect extérieur. C’est une véritable merveille de mécanique et nous n’entreprendrons pas de le décrire dans ses détails ; nous voulons seulement en indiquer le principe.
- On trouve à la partie supérieure de l’appareil deux ouvertures rectangulaires A et B (fig. 4 et 5), calculées exactement de façon à ne laisser passer respectivement que des pièces de 50 centimes et de 1 franc. Suivons l’une des pièces dans son trajet ; celle de 50 centimes par exemple, dont l’entrée est en A. Elle arrive sur un plan incliné qui la conduit à une petite pelle P (fig. 4), montée sur un levier et que le poids de la pièce fait basculer. C’est ce mouvement de bascule qui est utilisé pour mettre en mouvement une ancre qui déclenche pour cinq minutes un mouvement d’horlogerie M. Dès que ce déclenchement est opéré, un petit cylindre placé sous les ressorts E et R (fig. 5) établit les communications. Une aiguille qui se meut sur un cadran extérieur H permet à la personne qui écoute, de connaître à chaque instant le nombre de minutes écoulées. La pièce de monnaie tombe ensuite dans la boîte placée au fond de l’appareil et la pelle P se relève prête à en recevoir une autre. Les choses se passent de la même façon pour les pièces de 1 franc qui entrent en R, mais l’ancre est calculée
- de façon à ce que le déclenchement du mouvement d’horlogerie dure pendant dix minutes. 11 fallait prévoir la fraude. Dans les premiers temps on arrivait à produire le mouvement de la pelle P et par suite le déclenchement, en secouant l’appareil ; aujourd’hui cela n’est plus possible ; de petits contrepoids, comme celui qu’on voit vers la partie inférieure du plan incliné R (fig. 4), viennent caler le volant du mouvement d’horlogerie ou couper le circuit, dès que l’appareil cesse d’être horizontal. Si d’autre part on cherche à introduire des jetons ou autres objets imitant les pièces de monnaie, on n’est pas plus heureux. Les pièces trop grosses n’entrent pas, les pièces trop petites tombent au fond de l’appareil avant d’arriver au plan incliné.
- Enfin, si on exige de l’honnêteté chez les autres, il faut commencer par en avoir soi-même; aussi l’appareil rend-il l’argent, s’il ne peut rien faire entendre. Il arrive en effet que des personnes non au courant et sans regarder le cadran indicateur qui marque entracte, mettent leur pièce de monnaie. Dans ce cas elle ressort aussitôt par le tube Si Ce résultat est obtenu au moyen de petites trappes I) et C qui se soulèvent pour laisser tomber les pièces dans le tube S si l’appareil n’est pas en état de fonctionner.
- On voit que tout a été prévu dans cet ingénieux appareil qui est aujourd’hui très répandu dans les cafés, cercles, hôtels, restaurants, etc., et met le théâtre à la portée de tous, sans dérangement.
- Quant aux abonnés du réseau téléphonique, ce sont les mieux partagés puisque chez eux-mêmes, sans sortir de leur appartement et même de leur lit, ils peuvent se croire transportés au théâtre préféré. Lorsqu’il s’agit d’une pièce connue, on revoit véritablement les scènes et le jeu des acteurs, car on reconnaît leur voix et on ne perd pas une note, pas une syllabe.
- Quand le téléphote viendra-t-il compléter la série des merveilles auxquelles nous habitue le téléphone?
- G. Mareschae.
- LES ARMES DE CHASSE
- ARMES MODERNES1
- Avec la percussion centrale, la batterie à chien fondée sur l’emploi du grand ressort, regardé avec raison par certains arquebusiers comme un chef-d’œuvre de l’ingéniosité humaine, n’a plus lieu d’être; aussi quelques novateurs ardents créèrent-ils le fusil sans chien apparent ou Hammerless (fig. 1, B), éliminant un élément qui paraissait si essentiel, en actionnant directement un percuteur au moyen d’un ressort, et rendant l’armement automatique. Mais le mécanisme tout différent de cette arme nouvelle ne pouvait être compris, perfectionné, mis à point en un jour, et il était loin d’être à l’origine
- 1 Suite et fin. — Voy n° 993, du 11 juin 1892, p. 27.
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- ce qu’il est devenu aujourd'hui. La solidité, le fonctionnement, la sûreté, tout laissait à désirer, et ce ne fut que par étape, l’expérience aidant, que l’on obtint un résultat décisif, c’est-à-dire une arme simple, solide, et sûre, une arme parfaite et pratique, dont le succès s’affirme chaque jour davantage, bien que certains chasseurs continuent à préférer pour divers motifs les fusils à chien apparent.
- Glissant rapidement sur l’histoire de cette catégorie d’armes, nous dirons seulement que dans le lusil Robert, cité au début de notre travail comme un des premiers fusils de chasse se chargeant par la culasse, les chiens, placés à l’intérieur, étaient armés par le relèvement de la culasse. Le fusil des cent-gardes était d’un système analogue, et dans toutes les armes de guerre actuelles les chiens ont été supprimés. Les premiers Hammerless proprement dits lurent, eux, créés en Angleterre, mais les types différents sont si nombreux qu’il nous serait impossible d’étudier môme les principales variétés. Nous ne mentionnerons que celui breveté en 1875, par Anson et Deeley (fig. 1, A) qui réunit ces deux gros avantages : la simplicité poussée à ses dernières limites, et une grande solidité, le petit nombre des pièces permettant d’en augmenter considérablement les formes et épaisseurs.
- La batterie rebondissante se compose en effet d’au moins dix-huit pièces différentes dont certaines très fines, et de forme compliquée, tandis que dans les fusils sans chien Anson et Deeley, tout le système est renfermé dans des logements pratiqués sous le corps de bascule et tout le mécanisme de la batterie, y compris l’appareil de sûreté, se trouve réduit à neuf pièces, extrêmement simples de formes. Ce mécanisme se compose, en effet, d’un grand ressort venant s’appuyer directement sur la noix qui se recourbe d’un côté en percuteur et se prolonge de l’autre en une sorte de queue qui vient s’appuyer sur l’extrémité d’un levier mû directement par le basculage ; c’est ce levier qui la soulève entraînant ainsi la noix, dès que l'on ouvre l’arme, jusqu’à ce que la détente vienne s’engager dans le cran de l’arme.
- Les principaux avantages des Hammerless sont les suivants : la simplicité du mécanisme on ne peut plus solide et plus facile à manier; la percussion directe et instantanée ; la sécurité absolue contre les refoulements, les fuites et les crachements des gaz ; la suppression des accidents causés par les chiens qui s’accrochent si souvent aux branches ou aux vêtements, enfin la grande rapidité de chargement grâce à l’armement automatique et, dans le même ordre d’idées, le désarmement immédiat à l’aide de la sûreté.
- Ces petits appareils rendus indispensables, par la disposition même du mécanisme caché de l’Ham-merless, consistent généralement en un système très simple de leviers, manœuvres par un bouton extérieur (placé sur le coté (R) ou dans le prolongement de la clef top-lever (A) et qui s’interposent
- entre le percuteur ou la cartouche, ou encore s’opposent à tout mouvement des détentes.
- Sans parler des indicateurs d’armement spéciaux, qui peuvent être considérés comme complètement inutiles, sinon nuisibles, nous aborderons immédiatement un perfectionnement autrement sérieux apporté dans le système d’extraction, par l’invention de T’éjecteur automatique chassant mécaniquement les douilles tirées hors des canons, dès que l’on ouvre l’arme.
- Au lieu d’un extracteur unique ramenant les deux cartouches à la fois, chacun des canons possède son extracteur indépendant agissant comme à l’ordinaire, si le coup n’est pas tiré, mais avec une grande énergie dans le cas contraire.
- L’avantage du système que nous avons choisi pour notre figure (fig. 1, A) consiste en ce que le mécanisme de l’éjecteur n’a rien de commun avec le système de fermeture, et laisse à la bascule toute sa solidité, l’armement gardant sa libre action.
- Le marteau éjectcur a est mis au cran de bandé par le mouvement de retrait de la tige de l’extracteur, mouvement qui se produit automatiquement à la manière habituelle dès que l’on ferme l’arme, la tranche de culasse le refoulant. Ce marteau est alors maintenu par la gâchette b, sur laquelle vient agir le levier glissière c attaché au grand ressort, et occupant par cela même deux positions différentes suivant que ce ressort est bandé ou non. Lorsqu’il est bandé, il se trouve suffisamment abaissé pour ne pouvoir agir sur la gâchette b lorsque l’on ouvrira l’arme ; mais il n’en est plus de même si le coup a été tiré, il se trouve alors relevé et arrête la gâchette, amenée par le mouvement de bascule. Le marteau a se trouve par suite déclenché, et vient violemment frapper l’extracteur qui expulse à son tour la douille. La beauté du mécanisme consiste en ce que le fusil s’ouvre aisément et sans effort; on ne ressent pas la moindre secousse et seule la cartouche tirée se trouve extraite.
- Un genre particulier d’éjecteur a récemment été inventé par M. Darne, et appliqué à une arme à • canon fixe.
- Plusieurs inventeurs se sont, en effet, demandé pourquoi les principes adoptés pour les armes de guerre ne pourraient pas être utilisés pour les armes de chasse, et ils cherchèrent à créer des armes à canons fixes. Nous sommes malheureusement forcés d’avouer que le succès n’a pas encore couronné leurs efforts, aucune d’elles ne pouvant être considérée comme réellement pratique, mais nous devons néanmoins noter et signaler ces essais, qui peuvent être le point de départ d’une arquebuserie nouvelle.
- Une autre catégorie d’essais intéressants sont ceux ayant pour but la construction d’armes à coups multiples, qui pour être peu utilisables dans nos régions, n’en rendent pas moins de réels services à nos explorateurs. C’est chez M. Gai and que nous avons pu voir une série presque complète de ces fusils.
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- Parmi ces armes nous ne citerons que celles à trois canons, innovation due à M. Lainé (fig. 2, C et D), et les fusils de chasse à répétition fabriqués en Amé-rique, le Winchester et le Spencer.
- Le troisième canon, dans les armes de ce système, est en général rayé et le chasseur a toujours ainsi à sa disposition, en cas de danger, une balle qui peut lui être d’un grand secours. L’avantage principal du modèle que nous avons représenté consiste en ce que l’affaiblissement et la complication causés par le logement d’une troisième platine ont été évités en faisant agir, à volonté, la batterie de droite, soit sur le percuteur du canon droit, soit sur celui du canon inférieur, suivant la position d’un petit levier placé sur le côté du tonnerre et qui relève ou abaisse le premier de ces percuteurs, cou-
- vrant en même temps ou découvrant la tête de l’autre, ingénieux système dû à M. Galand.
- Les deux dernières, construites avec un canon unique, et un tube magasin recevant six cartouches, ne diffèrent que par le mécanisme. Dans le Winchester (fig. 2, B), c’est en abaissant et relevant le levier appliqué sous la crosse, au lieu et place de sous-garde, que s’opèrent l’ouverture, la fermeture de l’arme, l’extraction de la douille tirée, son remplacement par une nouvelle cartouche sortant automatiquement du magasin, et l’armement de l’appareil de percussion. Dans le Spencer (fig. 2, A), ce résultat est obtenu plus commodément, au moyen d’une sorte de poignée glissant sur le magasin. Le grand avantage de cette poignée est quelle est manœuvrée parla main gauche, qui au lieu déjouer un rôle passif en
- Fig. 1. — A. Coupe d’un Hammerless montrant le système de percussion et de l’éjecteur automatique. —B. Ilammerless à triple verrou. C. Devant détaché, fermeture à auget. — E,D. Mécanisme du triple verrou top-lever. — F. Extrémité d’un canon. Forage choke-bored.
- soutenant simplement l’arme se trouve utilement employée.
- Puisque nous parlons des armes à répétition, il est juste de citer ici une invention particulière, qui peut dans bien des cas rendre de réels services, non seulement aux gardes-chasse, mais aussi aux amateurs de gros gibier. Elle consiste en l’adjonction d’une crosse légère et mobile en fil de fer rigide, au revolver Galand à longue portée. Cette crosse se replie facilement sur le côté de l’arme, et une fois déployée permet de tirer, aussi bien a cheval qu’à terre, d’une seule main, avec une grande justesse, six coups de feu d’un effet puissant.
- Enfin, nous devons mentionner un engin, prohibé parce qu’il favorise le braconnage, mais véritablement commode dans certains cas : la canne-fusil. Cette arme secrète, bien perfectionnée, notamment par M. Dumonthier, est complétée par une crosse analogue à la crosse de revolver que nous venons de décrire.
- Jusqu’ici nous n’avons parlé que des perfectionnements et modifications qui furent apportés aux systèmes de chargement, armement, percussion, extraction; les canons et la crosse ont, eux aussi, subi d’importantes transformations. Mais si nous ne pouvons nous étendre sur celles qui amenèrent le manche informe du premier mousquet, à l’élégance et au fini de la crosse anglaise, il est impossible de passer sous silence l’innovation remarquable qui a forcé les canonniers à modifier complètement en ces derniers temps leurs procédés de forage, et amélioré considérablement les armes de chasse.
- Le célèbre canonnier français Léopold Bernard disait : « Si j’avais trouvé moyen de grouper le plomb de manière à empêcher un perdreau de passer dans le coup à quarante pas, je serais riche depuis longtemps, et ne fabriquerais plus de canons ». Il ne fut pas le seul à tâcher de diminuer l’écartement des plombs, tout en augmentant leur portée et leur
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- force de pénétration, et dès les premiers temps ce résultat fut cherché d’abord par des modifications de la composition et de l’inflammation de la poudre, puis du métal dont sont laits les canons, et enfin de la forme de l'âme.
- Ces dernières seules donnèrent des résultats appréciables en bien ou en mal, l’àme jouant en effet un rôle [(répondérant puisque la grenaille reçoit dans ce seul parcours, sa direction, sa portée, son groupement.
- C’est, dit-on, un capitaine américain, M. Boyardus, qui imagina le premier d’étrangler, de rétrécir, la bouche d’un fusil en y vissant une rondelle conique très peu élevée. On peut, sans trop de complaisance voir dans cette invention le point de départ des recherches qui ont commencé à Birmingham en
- 1874, pour aboutir en 1875 à découvrir un reforage qui, d’amélioration en amélioration, est arrivé à donner à nos canons une supériorité écrasante sur ceux reforés d’après l’ancienne méthode.
- Notre première gravure (fig. 1, F ) montre la coupe de la meilleure forme à laquelle on amène l’âme par un lorage spécial, opération on ne peut plus délicate et malheureusement souvent mal conduite. Comme on le voit sur la figure, l’intérieur du canon est cylindrique jusqu’à quelques centimètres de la bouche, puis devient brusquement conique pour redevenir cylindrique vers l’extrémité.
- C’est ce forage qui a reçu le nom de choke-bored, et qui donne des résultats précieux au point de vue de la régularité du groupement, de la portée, et de la pénétration des plombs. Le rétrécissement de
- Fusils de chasse à répétition et à trois canons.
- Fig. 2. -
- la bouche, dont la limite extrême est 0"',001, permet en effet, de mettre dans une cible de 76 centimètres, à une distance de 56m,50, de 200 à 240 grains de plomb n° 6 sur les 505 qui composent la charge. Aussi ne s’étonne-t-on pas qu’une vive polémique se soit élevée au sujet de la paternité de cette invention; ce qui est certain, c’est qu’elle fut réalisée à peu près simultanément à Birmingham et à Paris.
- En même temps que les armes de chasse se modifiaient et se perfectionnaient, leur usage se répandait de plus en plus. Le goût de la chasse, autrefois apanage des classes riches, s’étendait aux classes moyennes et aux habitants des campagnes. De cette situation résultait une extension considérable du commerce des armes, qui emploie actuellement un nombre immense d’ouvriers et constitue une des richesses de l’Angleterre, de la Belgique et de la France.
- L’Angleterre, grâce à ses aciers incomparables, a pu se créer la spécialité des armes de luxe, pour lesquelles elle a eu longtemps la réputation d’être sans rivale. Malheureusement ses armuriers, ne tenant à satisfaire qu’une clientèle seigneuriale, se sont attachés uniquement à la construction d’armes très parfaites, mais d’un prix excessif, dédaignant et négligeant absolument les armes de prix modiques.
- La Belgique, au contraire, mettant à profit le bas prix de sa main-d’œuvre, s’est adonnée à la fabrication des armes d’exportation et a obtenu dans cette voie de légitimes succès.
- La France enfin, renommée dès le quinzième siècle pour la science de ses arquebusiers et le goût de ses artistes, n’a rien perdu de son antique gloire ; ses armes de luxe, un instant éclipsées par celles d’Angleterre, ont reconquis toute leur ancienne
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- faveur et sont recherchées en tous pays, depuis que nos armuriers, s’appliquant à perfectionner leurs produits, tout en leur conservant les séductions d’aspect que sait donner le goût français, et utilisant des matériaux de premier choix, sont arrivés à établir des fusils aussi bons et plus gracieux que les fusils anglais, à des prix moitié moindres, ce dont tout le monde comprendra l'importance.
- Au point de vue de l’invention, notre arquebu-serie peut du reste être hère d’elle, car elle a su rivaliser heureusement avec nos voisins, et elle a le droit de revendiquer sa large part dans les belles découvertes qui ont transformé l'armement moderne. Si les Anglais ont imaginé ITlammerless et le Ghoke-Bored, les Français avaient ouvert la voie en inventant le chargement par la culasse, la bascule et la cartouche à percussion centrale l.
- A.-F. Landhix.
- LES HALOS
- On ne doit entendre sous le nom de halos lunaires (pie les cercles concentriques à la Lune qui se voient ordinairement blancs et pâles, rarement colorés, autour de cet astre, et les cercles tangents à ceux-là. Lorsque la Lune en croissant semble présenter des cornes doubles ou triples, ce n’est plus un halo, c’est un phénomène qui doit tenir à des réfractions inégales des rayons lunaires dans des couches d’air agitées et de densités différentes. Si nous ne donnons cette explication qu’avec un peu d’hésitation, c’est que nous avons été frappé de la persistance du phénomène pendant un intervalle de temps assez long pour qu’il soit difficile d’admettre que les diverses couches d’air n’aient pas varié de densité et de position dans cet intervalle. Mais pour nous, ce phénomène est de même ordre que les déformations du disque solaire, et quelquefois son apparence double ou triple quelque temps avant son coucher ou après son lever.
- Il y a quelquefois des halos planétaires, autour des planètes brillantes comme Jupiter et Vénus. Avec beaucoup d’attention, nous sommes persuadé qu’on doit en saisir aussi, quoique bien plus rarement, autour des étoiles de première grandeur. M. U. Joly en a vu plusieurs en mars dernier autour de Vénus, et cite même celui du 28 mars comme tout à fait remarquable. On sait combien ce phénomène est fréquent autour du Soleil.
- Tous ces halos doivent être étudiés soigneusement au point de vue météorologique. Ils sont produits par des réfractions des rayons de l’astre dans les aiguilles de glace qui remplissent les régions supérieures de notre atmosphère et constituent, lorsqu’elles sont rassemblées, les nuages filamenteux que l’on nomme cirrus. 11 est bien clair que, si ces aiguilles de glace étaient toutes parallèles dans l’espace, les réfractions se produiraient dans le même sens et ne pourraient pas donner lieu au halo. Le phénomène est donc toujours le signe d’un état agité de l’air dos hautes régions, agitations dont nous devons ressentir le contre-coup à bref délai. Joseph Vi.not.
- 1 Un chiffre tiré d’un compte général des finances suffira pour donner une idée du développement qu’a pris en France ce genre de sport : le nombre des permis de chasse qui furent accordés en 1887 a été de 578 131.
- CHRONIQUE
- La liquéfaction <lc l’air atmosphérique. — La
- séance du 10 juin de VInstitution royale de Londres comptera certainement parmi les plus importants événements scientifiques de l’année, et les auditeurs de la mémorable conférence de M. le professeur Ilewar, le digne successeur des Faraday et des Tyndall, en conserveront toujours le souvenir, car ils auront vu, pour la première fois en même temps qu’une pint d’oxygène liquide, la liquéfaction de l’air atmosphérique à la pression ordinaire de 70 centimètres de mercure. Nous sommes heureux de signaler cette mémorable expérience qui peut être citée comme le complément des beaux travaux de M. Cailletet, notre savant compatriote. Voici comment M. le professeur Devvar est parvenu à liquéfier l’air : un tube renfermant de l’oxygène liquide est relié à une pompe aspirante, et l’oxygène est ainsi vaporisé à une température de plus en plus basse. Dans ces conditions, un tube en verre plongeant dans cet oxygène et laissé ouvert dans l’air s’est, en peu de temps, rempli d’air liquide présentant tous les caractères de l’air atmosphérique et aucune des propriétés de l’oxygène liquide. 11 semble curieux à première vue, a fait remarquer l’heureux et habile expérimentateur, de voir les deux corps constituant l’air, se liquéfier ensemble, et non pas l’azote d’abord et l’oxygène ensuite. Gela est dûaux pressions très différentes auxquelles se trouvent les deux gaz, l’azote occupant les quatre cinquièmes et l’oxygène le cinquième seulement du volume de l’air. Mais, une fois liquéfié, l’air atmosphérique se comporte différemment : l’azote entre en ébullition le premier, parce que son point d’ébullition est de 10° G. au-dessous de celui de l’oxygène. Aussitôt après sa formation, l’air liquide n’offre aucune des propriétés de l’oxygène ; mais, au fur et à mesure de l’évaporation de l’azote, le liquide restant se trouve de plus en plus riche en oxygène, dont il présente alors les propriétés, enflammant et rendant brillantes les allumettes incandescentes, etc. Placé entre les pôles d’un puissant électro-aimant, l’air atmosphérique nouvellement liquéfié agit comme l’oxygène liquide, toute la masse venant se coller contre l’un des pôles dès que l’électro-aimant est excité. L’expérience a prouvé que l’air liquéfié, bien que renfermant les quatre cinquièmes de son volume d’azote, n’a pas modifié dans la plus petite mesure la grande résistance électrique spécifique de l’oxygène liquide. Nous ne pouvons que signaler aujourd’hui les remarquables expériences de M. le professeur Ilewar, d’après les quelques notes que publient cette semaine les journaux anglais, mais il nous a semblé intéressant de dire dès maintenant un mot de la séance mémorable dans laquelle le savant professeur a pu montrer pour la première fois à ses auditeurs une pint anglaise (567 centimètres cubes) d’oxygène liquide, et un verre à vin (sic) d’air liquéfié à la pression atmosphérique.
- Voiture électrique routière. — L’atelier mécanique de la maison Carli et Cle, à Castel Nuovo di Garfa-gnana (Toscane), a construit une voiture électrique routière, qui paraît pouvoir rouler à une vitesse considérable pendant plusieurs heures, suivant 1 état dos chemins. Cette voiture à deux places est très légère et solidement construite au moyen de tubes d’acier vernis, montés sur l’axe de deux roues fort élégantes. La force motrice est fournie par une batterie de dix accumulateurs d’une capacité de 20 ampères-heure par kilogramme de plaque, hermétiquement renfermes dans des cassettes d ebonite,
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- leur poids est de 70 kilogrammes. L’énergie est distribuée à un petit moteur par un commutateur-régulateur de 8, 12, 10 et 20 volts; en marchant en moyenne à 12 watts, la charge peut durer environ dix heures. Aux descentes et aux arrêts, on ne dépense aucune énergie. Le moteur est de la puissance d’un cheval-vapeur, il absorbe 042 watts et en restitue 750. 11 fait 5000 tours par minute et, en raison de la grande légèreté de l’induit, il peut, sans danger, aller jusqu’à 15000 tours, avec un rendement de 80 pour 100; son poids est de 20 kilogrammes. La voiture est en outre munie de lampes électriques, d’une sonnerie d’alarme, d’un frein, de soupapes de sûreté fusibles, d’un renverseur de rotation, d’un guide à manche, etc. Elle a lm,8ü de longueur, 1 mètre de largeur et lm,20 de hauteur, et pèse en tout 1 40 kilogrammes. On se trouve ici en présence d’un dispositif ingénieux et bien disposé, si l’on en croit le journal italien Industriel auquel ces renseignements sont empruntés.
- Fabrication du sulfate ferrique et son application à l’épuration des eaux industrielles. —
- M. Cuisine vient de signaler à la Société industrielle du Nord de In France les derniers perfectionnements qui ont été proposés dans les procédés d’épuration des eaux industrielles et des eaux d’égouts. Il a cité notamment les dernières expériences qui ont été faites en Angleterre à Sallbrd. 11 résulte de ces essais que les sels ferriques sont, à tous les points de vue, ceux qui donnent les meilleurs résultats, mais jusqu’ici leur prix de revient trop élevé ne permettait pas leur emploi. Grâce à l’utilisation de la cendre de pyrite pour la fabrication de ces sels, les conditions sont changées. M. Buisine a obtenu avec la cendre de pyrite, sous diverses formes, des résultats très remarquables, et une épuration très complète des eaux ainsi traitées. La cendre de pyrite peut être employée suivant le cas, à l'état brut, ou préalablement transformée en sulfate ferrique ou chlorure ferrique. Après avoir décrit les procédés de fabrication de ces produits, il parle de leurs applications industrielles. Des essais très intéressants de ces produits viennent d’être faits à Roubaix à l’usine de Grimonpont, installée pour l’épuration des eaux de l’Es-pierre qui sont de beaucoup les plus impures qu’on puisse trouver. Les résultats obtenus ont été très satisfaisants tant au point de vue du prix de revient que de la parfaite épuration de l’eau et de la faible quantité de résidus d’ailleurs utilisables.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 20 juin 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- L’action des filtres minéraux. — M. Arloing a étudié l'effet des filtres minéraux sur les liquides contenant des microbes. Celui de MM. Pasteur et Ghamberland retient tous les agents de fermentation et peut-être les matières dissoutes. Pour élucider le problème, M. Arloing a fait usage du liquide de fermentation de la pulpe de betterave et il a déduit du cas spécial examiné quelques conséquences générales. Le liquide considéré contient des matières dissoutes dont quelques-unes sont toxiques et des acides. En le filtrant comparativement sur papier et sur le filtre Ghamberland, il a constaté que ce dernier arrêtait 20 pour 100 des matières solidifiables, 54 pour 100 des acides libres et 20 pour 100 des matières précipitables par l’alcool. Enfin, les quatre cinquièmes des matières toxiques sont retenus. Ces effets s’obtiennent beaucoup mieux avec les filtres neufs qu’avec les filtres vieux, ces
- derniers laissant passer une plus forte proportion des matières solubles. Avec le filtre à pâte d’amiante, les nombres donnés ci-dessus deviennent 6,17, 41 et 2,85. On voit donc que si le liltre Ghamberland est excellent au point de vue hygiénique, il est défectueux pour les usages de la physiologie, puisqu’il retient, indépendamment des microbes et des matières en suspension, une certaine quantité des éléments dissous. Bien que ces résultats n’aient de valeur que pour le liquide expérimenté, on peut sans crainte en étendre le principe.
- Les terrains de culture de la vigne. — M. Münlz a recherché quelles sont les substances que la vigne doit rencontrer dans le sol pour prospérer. A cet effet, il a déterminé exactement la composition des différentes pallies de la vigne, fruit, feuillage, sarments, cep, et a dosé chacun des éléments, acide phosphorique, potasse, soude, etc. Il a établi ainsi que le raisin n’enlevait qu’une faible proportion des matières minérales extraites du sol. Dès lors on s’explique très bien comment des terrains médiocres peuvent pendant longtemps porter des vignes vivaces, la plus grande partie des substances tirées du sol restant sur place ou retournant à la terre par la décomposition des feuilles et tics débris des sarments. Les expériences de M. Müntz ont porté sur des vignobles très étendus situés dans le département de la Gironde.
- La Conférence internationale de Venise. —M. Brouar-del lit un Mémoire sur les travaux et les résolutions de la Conférence internationale réunie à Venise pour fixer les mesures propres à préserver l’Europe de l’invasion du choléra asiatique. Le système en usage depuis le quinzième siècle est celui des quarantaines. Il consiste à maintenir, pendant un temps plus ou moins long, le navire suspect dans des lazarets où les passagers et marins sont tenus en observation, sans pouvoir communiquer avec l’intérieur du pays, pendant que l’on désinfecte leurs vêtements ainsi que le navire. Avec les progrès de la navigation, ce système est devenu d’une application de plus en plus difficile à cause des retards qu’il apporte et de l’impossibilité pratique de retenir dans un lazaret les quatre ou cinq cents passagers d’un navire. La question a déjà été soumise à l’examen de congrès internationaux, à Paris d’abord en 1856, à Constantinople en 1866, à Vienne en 1874 sans résultats utiles, et enfin à Rome en 1885. Les découvertes modernes de l’hygiène ayant modifié les conditions du problème et facilité la solution, la réunion d’une nouvelle Conférence s’imposait, celle de Rome ayant échoué par suite de l’opposition de l’Angleterre aux mesures proposées par l’unanimité des autres Etats représentés. L’accès du canal de Suez est aujourd’hui subordonné aux décisions d’une Commission sanitaire instituée à Alexandrie au temps de Méhcmet-Ali, près d’un demi-siècle avant le percement de l’isthme. L’Angleterre, disposant de la majorité des voix dans la Commission, par l'intermédiaire des délégués égyptiens, il en résultait une inégalité choquante dans le traitement des marines des autres pays, les navires anglais recevant toujours l’autorisation de traverser. La nouvelle Conférence s’ouvrait donc sous des auspices peu favorables, d’autant plus qu’une convention isolée était intervenue entre la Grande-Bretagne et l’Autriche. Néanmoins, l’accord a pu se faire sur les bases préconisées par les délégués français. Ceux-ci ont en effet opposé le résultat si concluant des mesures de protection prises en 1885 sur la frontière espagnole, pour l’arrêt du choléra. On sait aujourd’hui, d’une manière certaine, que les germes de propagation du choléra se trouvent dans les déjections et
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- le linge souillé des malades. 11 suffit donc de mettre en observation les personnes suspectes et de désinfecter le linge et les effets des immigrants. La réorganisation du Conseil sanitaire d’Alexandrie a été décidée; il a été, en outre, convenu que la libre pratique du Canal serait accordée à tout navire pourvu d’un médecin et n’ayant eu aucun décès à bord. Les navires ayant eu un décès depuis moins de sept jours, passeront après désinfection en étuves du linge et vêtements des passagers. Les autres navires seront retenus : les malades seront débarqués et traités dans un lazaret spécialement construit. Le passage ne sera autorisé qu’aprôs une période d’observation et l’exécution des mesures de désinfection. Enfin l’accomplissement des désinfections de linge et vêtements pourra être effectuée sur les navires mêmes possédant une étuve, en présence du médecin, de manière à éviter les pertes de temps non indispensables.
- L’application de ce système que l’on peut considérer comme un minimum, n’aurait arrêté que 28 navires sur 16 000 en cinq ans, et cela pendant quelques heures et 2 navires pendant quel-jours; néanmoins ces mesures paraissent suffire à la préservation de l’Europe.
- La vie des tissus animaux.
- — Comme complément à ses travaux sur la vie propre des cellules, M. Gautier recherche ce que deviennent le glycogène et le glycose dans la viande conservée à l’abri de tout ferment extérieur; il trouve qu’ils se transforment en alcool et en acide acétique. Enfin il a recueilli et analysé les gaz qui se dégagent pendant cette vie anaérobie des muscles et il a constaté qu’il y avait production d’azote. Ce fait doit être rapproché du résultat obtenu par les physiologistes qui ont depuis longtemps prouvé que pendant la vie de l’animal, les muscles dégagent de l’azote. M. Gautier résume ses recherches sur la vie propre des cellules par cette conclusion que les substances élaborées dans la viande séparée vivante et conservée à l’abri des ferments de l’extérieur, sont les mêmes que pendant la vie de l’animal ; la seule différence paraît être dans la quantité qui serait beaucoup plus considérable.
- Varia. — M. Richet décrit l’action des sels métalliques sur la fermentation lactique. — M. Bertrand a découvert un corps nouveau qu’il appelle la lignite. — M. Yaschy a constaté par l’analyse que l’action réciproque d’un corps électrisé et d’un aimant, est nulle. — Le Conseil général de la Charente a émis le vœu qu’il soit fait usage d’une ère et d’un calendrier uniques. — M. le commandant Moëssard donne la théorie de la méthode de Doppler Fizeau appliquée aux ondes sonores, c’est-à-dire qu’il détermine les sons perçus lorsque la source et l’observateur sont en mouvement. Cii. de Vuaedecil.
- UN NOUYEàU M0N0RML
- Chaque jour amène son nouveau système de locomotion, et nous ne saurions décrire tous ceux qui ont été proposés depuis quelques années, et qui se distinguent par leur caractère de bizarrerie ou d’originalité. Nous faisons une exception aujourd’hui en faveur d’un système de transport de voyageurs que nous présente la Street Railway Review, comme devant être prochainement mis en service entre le Mont Holly et Smithville, aux États-Unis, par une compagnie qui l’exploitera sous le nom de llotchkiss Ricycle Railway. Dans ce système de locomotion, que la figure explique presque suffisamment, chaque voyageur constituera lui-même son propre moteur. Le système est une combinaison du monorail Lartigue et du vélocipède, La structure de la voie est laite d’une barrière continue supportant un rail à sa partie supérieure, et s’appuyant sur des traverses distantes d’environ 2 mètres. Le rail, sur lequel vient reposer la bicyclette d’une forme spéciale, estmunid’une gorge dans laquelle viennent se loger les jantes des deux roues, de façon à empêcher tout déraillement. La roue motrice, placée à l’avant, a 50 centimètres de diamètre. La verticalité est assurée par deux petits galets horizontaux qui viennent rouler contre une traverse placée à la partie inférieure, à peu près à hauteur des pieds. Le petit véhicule est muni de deux poignées qui ne servent pas à sa direction, mais qui sont utilisées par le voyageur comme points d’appui de ses mains. La voie sera naturellement double, et l’on a prévu, de distance en distance, des voies de garage où viendront s’arrêter les véhicules et les voyageurs, et se garer les bicyclettes pour être ensuite utilisées par d’autres voyageurs, suivant la demande.
- Nous serions bien embarrassé de dire l’avenir commercial et pratique réservé à un semblable système de locomotion; aussi nous contentons-nous de le signaler, en attendant que le temps fasse naître des conditions dans lesquelles son application pourra présenter quelques avantages.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.
- Mouorail véloeipédique.
- •O-
- Paris. — Imprimerie Lahurc, rue de Fleurus, 9.
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- N° 996.
- 2 JUILLET 1892.
- LA NATURE.
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- L’AMIRAL MOUCHEZ
- L’amiral Mouchez, que la mort a presque subitement enleve' à sa famille et à ses travaux dans sa propriété de Wissous (Seine-et-Oise), était un de nos marins les plus distingués, et un de nos savants les plus éminents. Directeur de l’Observatoire de Paris, membre de l’Académie des sciences et du Bureau des Longitudes, il avait conquis ces dignités par ses œuvres et par son mérite.
- Ernest-Amé-dée-Barthélemy Mouchez naquit à Madrid le 24 août 1821 ; sa mère se trouvait dans cette ville où son mari avait dù momentanément s’établir. Le jeune Mouchez fit ses études à Paris au collège Louis-le-Grand ; il se lit recevoir, à l’àge de!6 ans,à l’Ecole navale où il se distingua déjà par son goût prononcé pour les mathéma tiques et plus spécialement pour les calculs astronomiques et la géodésie. Au sortir de l’Ecole, Mouchez monta rapidement en grade.
- Aspirant de marine en 1859, enseigne en 1845, il fut nommé capitaine de frégate en 1861 et capitaine de vaisseau en 1867.
- Il débuta dans la carrière navale et scientitique par d’importants travaux hydrographiques, sur les côtes de l’Amérique du Sud. Il ne cessa dans ses voyages d’entreprendre et de mener à bien des observations fructueuses pour la navigation ou l’astronomie.
- Lors de la guerre franco-prussienne en 1870, il lut chargé de mettre le Havre en état de défense. Il était à la tête d’un millier de matelots débarqués comme lui de l’escadre du Nord, et il lit exécuter avec autant d’habileté que de promptitude des ouvrages importants qui protégeaient la ville, du côté de la terre. Quand l’armée allemande, après la prise de
- 28” année. — 2" semestre.
- Rouen, voulut investir le Havre, elle reconnut que l’importance des travaux de défense lui rendait impossible une attaque de vive force.
- Après le siège de Paris, Mouchez revint à ses travaux scientifiques. On lui confia la mission de relever les côtes de l’Algérie ; il se signala dans cette nouvelle expédition par toutes les qualités qui l’avaient jusque-là fait considérer comme un de nos ofticiers de marine les plus habiles et les plus érudits.
- Lorsque, en 1872, les nations civilisées s’occupèrent d’organiser des expéditions pour l’observation du passage de Vénus de
- 1874, le Gouvernement français décida d’envoyer des observateurs sur cinq points dilïérents du globe terrestre. Le capitaine de vaisseau Mouchez fut mis à la tête de l’expédition qui devait se rendre à l’île Saint-Paul. Les conditions climatologiques de cette lie de l’océan Indien où les vents sont très violents, où le ciel est presque toujours brumeux, ne semblaient pas devoir favoriser les missionnaires. Le chef de l’expédition eut les plus grandes difficultés à atteindre son poste et ce fut au milieu
- M. le contre-amiral E.-A.-B. Mouchez, né le 21 août 1821, décédé le 25 juin 1892. (D’après une photographie de M. Berthaud.)
- d’une tempête violente qu’il dut aborder le massif volcanique qui allait être sa station d’étude. La veille du passage de Vénus sur le Soleil, il tombait une pluie torrentielle; mais le lendemain, au moment voulu, par une chance toute fortuite, la nuée s’éclaircit par suite d’un changement de vent et le rideau de brume qui voilait le ciel, s’entr’ouvrit tout à coup : l’observation put se faire dans les circonstances les plus favorables. Mouchez arriva à très bien reconnaître l’atmosphère de Vénus, très distincte de celle du Soleil au moment des contacts. L’expédition astronomique qu’il dirigeait comprenait
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- des physiciens et des naturalistes ; elle a fourni à la science, outre ses travaux astronomiques, des notions intéressantes sur l’ile Saint-Paul et sur Pile d’Amsterdam sa voisine, apportant à la géologie, à la zoologie et à la botanique un riche contingent de laits nouveaux1.
- De retour en France, le commandant Mouchez, qui était membre du Bureau des Longitudes depuis 1875, fut promu commandeur de la Légion d’honneur, en même temps qu'il était nommé membre de l’Académie des sciences en remplacement de l’astronome Mathieu. En octobre 1875, le savant marin lisait, à la séance publique annuelle des cinq académies le dramatique récit de sa belle mission à l’ile Saint-Paul, et il obtenait de la part de ses auditeurs d’élite, le légitime succès que méritaient ses efforts, son énergie et son dévouement à la science.
- Le commandant Mouchez n’était pas homme à rester inactif; après avoir obtenu de si hautes récompenses, son activité s’accrut en quelque sorte de scs triomphes, il reprit ses travaux hydrographiques dans la Méditerranée, et il entreprit une remarquable série d’explorations sur toute la côte qui forme le golfe des deux Syrtes. Près de la baie de Bizerte, il signala, à 2 kilomètres de la côte, un lac étendu de plusieurs kilomètres de tour, et de 20 mètres environ de profondeur qui pourrait se transformer à peu de frais en un des plus beaux ports du monde.
- Lorsque Le Verrier mourut, le 25 septembre 1877, il laissait à l’Observatoire de Paris une grande place à remplir. Le commandant Mouchez fut jugé digne de remplacer le célèbre astronome. II fut nommé directeur de l’Observatoire par décret du 20juin 1878. A cette époque, la Météorologie que Le Verrier avait centralisée sous sa direction, constitua un Bureau
- central spécial, à la tète duquel devait être placé M. Mascart.
- Presque en même temps qu’il prenait le titre de directeur de l’Observatoire, le commandant Mouchez recevait le grade de contre-amiral; il lut mis à la retraite en 1880.
- L’amiral Mouchez se montra, à l’Observatoire, un administrateur actif et un chef plein de fermeté. 11 réalisa de notables améliorations dans les dilfé-rents services de l’établissement où brillaient encore les noms des Arago et des Le Verrier.
- 11 eut l’idée de créer une école pratique d’astronomie qui a fonctionné pendant huit années consécutives, et a fourni à tous les observatoires français une remarquable pépinière de jeunes astronomes ; c’est lui qui avait organisé précédemment, à Mont-souris, une école du même genre pour les officiers de marine et les voyageurs. Un certain nombre d’explorateurs ont pu rapporter des documents géographiques du plus haut intérêt, grâce aux éludes spéciales qu’ils avaient faites à cette école. 11 fonda dans les galeries de l’Observatoire un musée astronomique, où il avait réuni et disposé avec beaucoup de goût les por-
- 1 Yoy. Iles Sainl-Paul cl Amsterdam, n° 154, du 25 décembre 1875, p. 55.
- traits des grands astronomes, des instruments anciens, des gravures, des dessins, des photographies, des médailles, des vieilles boussoles, d’anciens astrolabes, et des pendules astronomiques. Un grand nombre de ces pièces historiques, souvent d’un très haut prix, se trouvaient dispersées çà et là; l’amiral Mouchez les réunit méthodiquement, au grand profit de l’histoire de la science. Le savant directeur de l’Observatoire se montrait à juste titre très fier de sou Musée, qui s’accroissait souvent des dons que lui faisaient des amateurs. Il le montrait avec une rare bienveillance à tous ceux qui paraissaient s’y intéresser.
- L’amiral Mouchez encouragea toujours les recherches utiles et les entreprises qui devaient être fécondes : c’est ainsi qu’il comprit la portée des belles expériences entreprises avec tant de succès par les frères Henry sur les photographies des étoiles ; et c’est à lui ({uc l’on doit l’idée de la Carte du ciel, qui restera comme une des œuvres mémorables de la science au dix-neuvième siècle. C’est sur la proposition du directeur de l’Observatoire que l’Académie des sciences convoqua les savants étrangers à prendre part au Congrès astronomique qui, à trois reprises différentes, se réunit avec tant de succès à l’Observatoire de Paris. L’amiral Mouchez en fut le président d’honneur.
- Les travaux de la Carte du ciel s’exécutent aujourd’hui dans tous les pays civilisés du monde.
- L’amiral Mouchez était un grand travailleur qui, pendant sa longue et belle carrière, ne connut jamais le repos. Nature d’élite, son àmp loyale se passionnait pour tout ce qui pouvait profiter au progrès de la science ou au bien de son pays. C’était un ami sur et dévoué; la franchise et la loyauté formaient le fond de son caractère. 11 était simple et modeste dans ses goûts, d’une grande droiture dans tous ses actes. Sa vie tout entière n’aura été qu’une série de services rendus et de beaux travaux réalisés.
- Gaston Tissandiek.
- LÀ COURSE DE MARCHEURS
- DE PARIS A BELFOKT AU POINT DE VIE DES VITESSES
- Nous avons publié1 les premiers renseignements recueillis sur la lutte de marcheurs organisée par le Petit Journal, et notre collaborateur a fait ressortir les conséquences de cette épreuve dont nous allons dire quelques mots à un point de vue spécial, celui des vitesses.
- Quelles vitesses moyennes maxima peut atteindre un coureur ou un marcheur dans certaines conditions, et, en particulier, lorsqu’il a en perspective un parcours total de 500 kilomètres à couvrir tout d’une traite, avec un minimum de temps d’arrêts et de repos tout naturellement imposé par l’émulation et la crainte de se voir dépassé par les marcheurs qui le suivent? La course de Paris-Belfort a fourni, à ce point de vue, de précieux renseignements qu’il nous a paru utile de faire ressortir en traçant le diagramme ci-contre.
- Ce diagramme a été établi en portant en abscisses les
- 1 Yoy. n° 994, du 18 juin 1892, p. o9.
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- distances des dilVérents contrôles entre Paris et Belfort exprimées en kilomètres, et en ordonnées les vitesses moyennes obtenues par le coureur le plus vite, à partir du point de départ exprimées en kilomètres par heure. Cette vitesse moyenne, pour chaque distance, a été simplement obtenue en divisant la distance de Paris à chaque contrôle par l’intervalle de temps compris entre l'heure de départ de Paris et l’heure d’arrivée du marcheur arrivé le premier à chaque contrôle. Le nom de ce marcheur est porté en regard de chaque point correspondant.
- Représentée sous cette forme, la courbe de Paris-Belfort donne lieu à certaines observations intéressantes. En premier lieu, elle met nettement en relief le régime excessif de vitesse adopté par les coureurs professionnels pendant les premières heures. Ainsi, M. Baudet, arrivé le premier à Meaux (58 kilomètres) a parcouru cette distance avec une vitesse moyenne de 12kra,85 par heure.
- Ce chiffre est évidemment beaucoup trop élevé pour
- une lutte portant sur 500 kilomètres; il montre que, pour les 150 premiers kilomètres, les coureurs ont vaincu les marcheurs, mais qu'ils se sont vite épuisés par cet effort, car cette vitesse initiale de 12 kilomètres pendant les trois premières heures n’a pas pu être maintenue, et pour les 100 premiers kilomètres, la vitesse moyenne est descendue à 8 kilomètres par heure, chiffre encore très remarquable puisqu’il porte sur une course de douze heures trente minutes consécutives. On s’en fera une idée en se rappelant qu’un fantassin fait, au pas de route, 120 pas de 75 centimètres par minute, ce qui correspond à 5k“,4 par heure, et, au pas gymnastique, 170 pas de 80 centimètres par minute, ou 8km,16 par heure.
- Les chiffres publiés dans notre précédent numéro établissent, d’autre part, que le vainqueur de la lutte, M. Ra-inogé, a su résister à l’entraînement général et s’est heureusement ménagé pendant les premières heures, afin de pouvoir tenir plus longtemps. En effet, sa vitesse, pen-
- Diagrammc des vitesses de marche des premiers arrivés dans la lutte de marcheurs de Paris à Belfort et tracé de l’itinéraire.
- dant les 150 premiers kilomètres, n’a jamais dépassé 7kn,5 par heure, tandis que celle de M. Butelet a atteint près de 15 kilomètres par heure pendant les trois premières heures.
- La course raisonnée de Ramogé peut encore être mise en relief par ce fait que la première moitié du terrain a été couverte en quarante-sept heures environ, et la seconde moitié *en cinquante-trois, fournissant ainsi une vitesse moyenne presque égale pour les deux moitiés du parcours. Il sera intéressant, lorsque tous les chiffres relevés par les contrôles pour chacun des marcheurs seront publiés, de construire des diagrammes analogues pour ceux qui se sont singularisés dans cette épreuve unique dans les annales du sport.
- Malgré les performances remarquables des coureurs dans cette épreuve, les vitesses obtenues ont été dépassées de beaucoup dans des courses de plus courte durée; nous avons eu la curiosité de rechercher quelles pouvaient être les vitesses maxiina enregistrées et constatées dans les conditions les plus favorables, pour des parcours limités à l’avance, avee de véritables coureurs n’ayant pas à ménager leurs forces pour une lutte d’endurance, mais de-
- vant, au contraire, développer leur maximum de puissance et de vitesse pendant des temps très courts. Voici, à ce sujet, quelques chiffres intéressants empruntés à des records de matchs récents publiés par les journaux spéciaux :
- Parcours eu kilomètres. 0,1 0,4 1,5
- Durée de la course en minutes.
- 0"1 f 0"ol»,i 4-24"
- Vitesse moyenne en kilomètres par heure. 32,72 28,0 16,6
- Ces chiffres établissent que, pour des courses de très courte durée, la vitesse d’un coureur peut dépasser, dans les conditions les plus favorables, 30 kilomètres par heure. Mais ces courses sur piste ne sont pas comparables aux longues courses sur route, avec tous les désagréments et les désavantages des accidents du terrain, des cailloux, des graviers, de la poussière, du vent, des variations de température, de la nuit, de la solitude, etc. Les résultats obtenus dans la course de Paris à Belfort n’en restent pas moins [fort remarquables, étant donné surtout que les vainqueurs n’avaient qu’un entraînement médiocre ou pas d’entraînement du tout.
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- LES PORPHYRES DE L’ESTEREL
- Les environs d’Évenos, avec leurs bizarres rochers de sable, ont donné anx lecteurs de La Nature nn premier échantillon des nombreux attraits à la ibis scientifiques et pittoresques du département du Var'. La région sur laquelle nous allons jeter aujourd’hui un rapide coup d’œil appartient presque entière au même département, mais empiète cependant, vers l’Est, sur celui des Alpes-Maritimes. Elle comprend la majeure partie du beau massif de l’Esterel, avec son prolongement occidental connu sous le nom de montagne du Rouët. Le caractère spécial de cette région, qui lui imprime une bien remarquable originalité, tient à ce que le sous-sol est à peu près partout constitué par du porphyre, roche ignée, venue au jour à l’état de fusion par des cheminées communiquant avec le noyau central du globe, et dont les épanchements un peu considérables ont le plus souvent la forme d’immenses nappes résultant de l’épanouissement de la masse liquide ou pâteuse après son arrivée au-dessus de la croûte terrestre.
- D’une façon analogue à ce qui s’est passé pour le basalte, mais cependant avec moins de régularité qu’à la chaussée des Géants ou à la grotte de Fingal, le refroidissement des nappes de porphyre a amené la production de tissures assez régulières, normales à la surface, et divisant ainsi la roche en prismes accolés les uns aux autres.
- C’est cette contexture des masses porphyriques qui, jointe à leur coloration rouge-brun foncé, donne une physionomie toute particulière aux paysages dans lesquels elles dominent.
- Les points les plus remarquables du massif du Rouët sont les défilés sauvages dans lesquels la rivière d’Endre et son affluent le vallon de Saint-Pons (fig. 1), à l’ouest, ainsi que le ruisseau du Rlavet, au centre, traversent la chaîne. Les lianes escarpés de ces gorges sont constitués par les porphyres et semblent formés d’un amoncellement d’aiguilles prismatiques de toutes dimensions, laissant entre elles des anfractuosités mises à prolit par la végétation pour s’y développer
- 1 Yuy. ii° 971, du 9 janvier 1892, |>. 87.
- avec une fantaisie charmante (fig. 2). Des lentisques et des bruyères en massifs épais, des smilax aux gracieuses tiges grimpantes, des arbousiers, des myrtes, des ajoncs, des cistes constituent une riche llore d’arbustes et de plantes basses, croissant au pied des pins maritimes, seuls arbres de haute futaie, dont les troncs rectilignes, le port régulier, contrastent vivement avec les allures variées des buissons qui couvrent les fientes.
- L’Endre et le Rlavet, qui proviennent tous deux de bassins assez étendus, sont rarement à sec et ont même souvent un cours abondant. Leurs eaux ajoutent un charme de plus aux beautés des sites qu’elles animent par le murmure des rapides et des casca-telles causés par la fiente considérable du thalweg.
- Les plateaux, les crêtes et les pitons qui couronnent la masse porphyri-que ne sont pas moins pittoresques que les ravins qui l’entaillent : c’est toujours en grands prismes verticaux ou à fieu près que la roche est divisée, et cette disposition donne lieu à des à-pic creusés de grottes, à des arêtes dentelées, à des mornes escarpés du plus bel effet. Dans le massif du Rouët, la grotte appelée Raumc-Reinarde est assez spacieuse pour avoir donné autrefois asile aux habitants de la région poursuivis à la suite des événements de 1851. Actuellement, dans le coin sauvage où elle s’ouvre au pied d’une falaise, et dont il est difficile de retrouver le chemin, il est rare qu’un humain s’aventure, et seuls les sangliers et les oiseaux de proie en fréquentent l’abri.
- IJn trait particulier des escarpements porphyriques est le véritable chaos de blocs éboulés qui en encombre le pied. Le Grand-Clapier, au sommet du Rouët, est un des plus curieux entassements de cette nature.
- Dans l’Esterel, ce qu’il faut surtout admirer, ce sont les paysages auxquels la mer vient apporter ses merveilleux effets décoratifs, sa couleur bleue dont la teinte se marie d’une façon si heureuse avec le vert sombre des pins et les tons si riches des rochers de porphyre. Du sommet du mont Vinaigre, point culminant du massif (616 mètres), jusqu’au cap Roux, dont la silhouette accidentée est si caractéristique, on peut parcourir tous les vallons pour en contempler les fientes sauvages, couvertes de bois de
- Fig. 1. — Gorge (lu vallon de Saiut-I’ons (Var). (D’après un croquis de M. d’Agnel.)
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- Fig. 2. — Gorge du Blavet dans le massif du Rouet (Var). (D’après une photographie de M. Janet.
- Fig. 5. — Rochers de la côte près d’Agay au sud du massif de l’Esterel. (D’après une photographie de M. J. Jackson.)
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- pins, et couronne'es de pitons aux parois abruptes; on peut aussi cheminer sur les crêtes pour voir de près ces rochers curieux en même temps qu’on a sous les yeux de grandioses perspectives ; chaque pas offre aux regards un nouveau tableau où tout concourt au charme : la variété des lignes et des couleurs ; les oppositions créées par l’aspect riant des portions boisées, à coté des apparences désolées qu’offrent les amoncellements de blocs porphyriques et les falaises rocheuses qui les surmontent.
- Mais c’est surtout au bord de la mer que le spectacle est vraiment merveilleux. M. James Jackson, auteur d’une des photographies dont la reproduction accompagne ces quelques lignes (lig. 5), a recueilli, en suivant les anfractuosités de la côte, un véritable écrin de vues charmantes, parmi lesquelles ou hésite pour choisir la préférée, tant chacune sait plaire par sa grâce ou par sa sauvagerie.
- Le porphyre de l’Esterel est lentement attaqué par la mer, mais le choc des vagues a cependant peu à peu raison de cette roche si dure, soit en en détachant des fragments quand elle est fissurée, soit en corrodant les divers éléments qui la composent. 11 est résulté, de cette action lente, des érosions très irrégulières qui donnent aux rochers de porphyre les formes les plus bizarres, surtout remarquables par leurs contours accusés. Les Lions, à Saint-Raphaël, sont bien connus de tous les voyageurs qui ont visité cette ravissante station hivernale. C’est par milliers que des rochers analogues jonchent le rivage entre Agay et le Trayas.
- Le porphyre, qui joue un rôle si important dans la constitution du massif de l’Esterel, est, nous l’avons dit, de couleur rouge-brun foncé, quelquefois tirant sur le violet. Il se compose d’une pâte amorphe, donnant la couleur à la roche, et contenant des cristaux de feldspath orthose rose et de quartz. Cette roche éruptive est venue au jour pendant le dépôt des couches permiennes, et les nappes formées par ses coulées sont interstratiliées dans les assises de ce puissant étage géologique, constituées elles-mêmes par des grès et marnes rouges, et aussi par des conglomérats dans lesquels les cailloux porphyriques dominent.
- La dureté de ce porphyre a motivé son emploi par les anciens pour en faire des meules, et c’est ainsi qu’il arrive très fréquemment qu’on rencontre, dans un rayon très étendu, au milieu des débris des calcaires qui constituent l’élément le plus abondant du sous-sol de la région avoisinant l’Esterel, des fragments de cette roche, très facilement reconnaissables, et qui décèlent ainsi, d’une façon certaine, l’existence ancienne de points habités, surtout quand on les rencontre en grand nombre dans un même lieu. Souvent, d’ailleurs, les morceaux de porphyre portent encore des traces de poli qui ne permettent aucun doute sur leur antique destination ; parfois aussi on a trouvé des meules entières.
- En dehors du porphyre rouge, qui a été appelé aussi porphyre de l’Esterel, la même région contient
- un épanchement de moins grande importance formé par un porphyre bleu, qui a été exploité autrefois par les Romains, et dont on tire actuellement de grandes quantités de pavés et de ballast. Les gisements de cette roche, composée d’une pâte bleuâtre avec cristaux de feldspath, de quartz et d’amphibole, et dont l’homogénéité et la dureté sont les qualités principales, se trouvent aux environs d’Agay, du côté du sémaphore de Rramont, bàt.i cependant lui-même sur un cône escarpé de porphyre rouge.
- La mer baigne le pied des carrières, et le porphyre bleu y forme des rochers de couleur claire, aux contours arrondis, bien distincts de ceux que constitue, dans le voisinage, le porphyre de l’Es-terel.
- C’est là que viennent accoster les bateaux qui exportent, concurremment avec le chemin de fer, les matériaux exploités.
- Le prix de la taille et du polissage du porphyre bleu est actuellement considéré comme trop élevé pour motiver son emploi comme pierre de taille. Les Romains, auxquels la main-d’œuvre coûtait peu, employaient au contraire le porphyre bleu de l’Esterel dans leurs monuments, et l’on peut encore voir à Riez (Rasses-Alpes) trois colonnes monolithes de ce porphyre supportant un entablement en marbre.
- PH. Z ÜUCHF.R.
- LES GRANDES PROFONDEURS DES MINES
- EXPLORATIONS SOUTERRAINES A FLÉNU, EN BELGIQUE
- Les mines de houille de Flénu-lès-Mons, en Belgique, atteignent de grandes profondeurs; la société qui les exploite a récemment tenté de les augmenter encore, et a fait exécuter à son puits Sainte-Henriette des explorations souterraines des plus curieuses.
- Les expériences au puits Sainte-Henriette ont prouvé, non seulement qu’on peut exploiter à des profondeurs de 1200 mètres et au delà, mais encore qu’on y trouve de belles veines. Les travaux de reconnaissance sont terminés et, dans quelques années, lorsque les installations nouvelles et perfectionnées que nécessite l’extraction à cette profondeur seront achevées, on tirera du charbon à plus de 1100 mètres.
- Les ingénieurs chargés de l’exploration ont fait creuser une galerie à 1150 mètres de profondeur; arretés d’abord par une masse rocheuse très dure, les ouvriers parvinrent enfin à la percer. Ils ne tardèrent pas à devoir lutter contre de nouvelles difficultés.
- Une venue d’eau (sorte de source), d’un volume assez considérable, se déclara. On essaya de barrer le courant, mais sans succès : des « serrements » en maçonnerie cimentée de 2“,70 d’épaisseur ne résistèrent pas àl’action de l’eau et des gaz qui s’accumulaient derrière les murs. L’aau — de l’eau chaude qui a près de 50° — s’infiltrait dans la maçonnerie et la disloquait au bout de peu de temps. Quand un serrement était fermé, on entendait derrière, comme des roulements de tonnerre : c’était le gaz en travail avec la vapeur d’eau. Il a donc été impossible d’arrêter la venue et il a fallu abandonner provisoirement le terrain devant l’envahissement de l’élément liquide, qui a formé là une sorte de réservoir : celui-ci ne pourra être mis à sec que lorsque les nouvelles ma-
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- chines fonctionneront et permettront de faire l'épuisement avec rapidité. Cette eau présente une particularité remarquable : elle est salée. Des ouvriers ont pris de la matière blanche qu’elle dépose et l’ont goûtée : c’est comme du sel de cuisine. Elle est claire comme le cristal et, même lorsqu’elle est complètement refroidie, elle offre à la congélation une résistance plus grande que l’eau prise à la surface.
- La galerie inclinée a pu toutefois être creusée jusqu’à 1200 mètres au-dessous du niveau de la mer.
- On s’occupe actuellement de monter les installations du puits qui conduira directement de la surface à la profondeur de 1100 mètres. Aujourd’hui, on ne descend dans le puits principal que jusqu’à 004 mètres; de ce niveau, la descente, pour arriver aux travaux de 1100 et 1150 mètres, continue par un autre puits. Il s’agit d’établir la circulation directe entre la surface et ces travaux. Dans ce but, on monte un guidonnage, complètement en fer, dans la partie inférieure (de 904 à 1100 mètres) du puits principal.
- Lorsque la construction sera terminée, on fera correspondre cette partie inférieure avec la supérieure, en remplaçant le guidonnage en bois de celle-ci, qui est comprise entre la surface et le niveau de 904 mètres, par un guidonnage en fer. On estime qu’il faudra deux ans et demi à trois ans, pour achever ce prodigieux travail.
- La machine d’extraction devra être d'une puissance inconnue jusqu’ici dans les charbonnages belges, pour enlever les cages et l’énorme poids des cordes de la profondeur de 1100 mètres. Elle est en construction. Les pistons ne mesureront pas moins de im,25 de diamètre. Les cables devront aussi présenter une grande solidité.
- Pendant les travaux de recherches, il y a eu fréquemment des éruptions de grisou, — ce que l’on appelle « volcans » en langage charbonnier. Ces volcans ont causé parfois des éboulemcnts considérables et envoyé dans les travaux de grandes quantités de grisou.
- BATEAU A. HÉLICE
- S Y S T K MK SÉGUIN ET J A Q U R T
- Les bateaux à hélice, et plus spécialement ceux de plaisance et de sport, et, par conséquent, de petites dimensions, ont un certain nombre d’inconvénients. Ils sont lourds et fortement lestés à l’arrière pour noyer leur hélice; il s’ensuit que l’accès des eaux peu profondes leur est interdit ; en outre, le poids mort à mettre en mouvement est considérable. Ils ne sont pas « à deux lins », c’est-à-dire qu’on ne peut aller à hélice ou à rame à volonté; puis un bateau à voile de plaisance ne peut être muni d'une hélice attendu qu’il faudrait, quand le vent souille, la traîner dans l’eau, avec une résistance énorme, à moins d’avoir recours à la construction très coûteuse d’un puits d’hélice. Ils sont coûteux d’entretien et assez peu commodes à cause de la présence de la chaudière et du mécanisme. Enfin ils sont la plupart du temps très bruyants, ce qui, pour les bateaux de chasse, est un inconvénient majeur entraînant l’emploi d’énormes fusils canardiers dangereux et d’une manœuvre difficile.
- Frappé de ces points faibles, M. Alfred Séguin, ancien capitaine au long cours très au courant des
- questions nautiques et chasseur passionné, avait intéressé son ami M. Jaquetà étudier avec lui la construction d’un bateau plus spécialement destiné à la chasse sur l’eau et qui réalisât les desiderata suivants.
- Le bateau, construit en forme de canoë, c’est-à-dire ponté à l’avant et à l’arrière, devait pouvoir marcher indifféremment à voile, à rame ou à hélice. Malgré un tirant d'eau très faible (10 centimètres), il devait pouvoir être mû par une hélice capable de lui imprimer 5 à 6 kilomètres à l’heure et qui lût relevable hors de l’eau à volonté. 11 devait pouvoir évoluer avec facilité ; enfin il fallait que la machine pût se démonter et se remonter avec rapidité.
- Après de nombreux tâtonnements, MM. Séguin et Jaquet sont arrivés à réaliser leur but dans le bateau que nous représentons ci-après (11g. 1 et 2).
- Ce canoë, construit par Uossunet à Joinville-le-Pont, a une longueur de 5m,65, une largeur de lm,10 et 0m,55 de creux; il est ponté à l'avant et à l’arrière et pèse 120 kilogrammes. Il est muni de deux dérives quand on va à la voile.
- L’arbre de l’hélice est en acier de 14 millimètres de diamètre. Il porte un petit volant en plomb de 18 centimètres de diamètre et se termine au dehors de l’étambot par un joint universel à la Cardan ; il est enveloppé, à sa partie postérieure, par un tube fourreau vissé dans une douille en bronze fixée dans l’étambot, laquelle sert de palier de butée. Ce tube fourreau se termine par le presse-étoupe. A son extrémité antérieure l’arbre passe dans un coussinet et se termine par une poulie à large gorge de 1 5 centimètres de diamètre.
- Un volant en fonte de 45 centimètres de diamètre mû par deux pédales, entraîne une courroie en cuir tordu qui passe sur deux galets conducteurs et s’engage dans la gorge de la poulie de l’arbre. Le rapport de vitesse est 1 : 5,2. On fait en marche normale 40 à 45 tours de pédale par minute, soit 150 à 150 tours d’hélice. Le poids du mécanisme intérieur est, avec le volant, de 20 kilogrammes environ.
- L’arbre de l’hélice qui se trouve prolongé hors de l’étambot par une noix à la Cardan, commande un petit arbre d’environ 80 centimètres de longueur à l’extrémité duquel se trouve fixée une hélice à trois ailes de 55 centimètres de diamètre. Cette dernière se trouve, de la sorte, parfaitement libre de se mouvoir à droite et à gauche, en haut et en bas. Un levier coudé à deux branches, dont Tune porte la barre de gouvernail et les pivots qui servent à fixer le tout sur l’arrière du bateau et dont l’autre porte à son extrémité un collier qui glisse sur l’arbre de l’hélice, permet d’agir sur cette dernière et d’en faire un véritable gouvernail.
- Veut-on se servir des avirons? un petit levier permet de relever instantanément l’hélice qui, sortant complètement de l’eau, vient se fixer solidement dans un arrêt que porte le levier coudé. Veut-on, au contraire, se servir de l’hélice? on laisse redescendre le petit levier et, avec lui, l’hélice, et l’on fait agir le
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- moteur, puis on gouverne en agissant sur la barre qui, étant solidaire du petit arbre de l'hélice, entraîne celle-ci à droite et à gauche de l’axe du bateau et permet d’évoluer avec la plus parfaite aisance.
- Les avantages de ce système sont les suivants : d’abord la marche assez rapide si on la compare à celle des bateaux de chasse munis d’une hélice à main, lesquels ne font que 2 à 5 kilomètres à l’heure au plus ; et encore la position est-elle si défectueuse qu’on ne peut pas hélicer plus de quelques minutes
- de suite. Avec leur bateau, MM. Séguin et Jaquet ont obtenu les vitesses suivantes : pour l’hélice : 221 mètres en une minute quarante secondes, soit 7956 mètres à l’heure. Pour la rame : 221 mètres en une minute trente-quatre secondes, soit 8450 mètres à l’heure environ.
- On peut soutenir 6 kilomètres pendant plusieurs heures en actionnant l’hélice seule. -
- M. Jaquet énumère les autres avantages du nouveau bateau : il est remarquablement silencieux, on
- Fig. 1. — Nouveau bateau de MM. Séguin et Jaquet, pouvant marcher à voile, à rame ou à hélice.
- le voit filer avec une grande rapidité sans entendre le moindre bruit. Le mécanisme, excessivement simple, n’est pas sujet à des ruptures d’organe. La position du rameur est très commode; il peut lire et pêcher tout en pédalant ; en outre, il a le visage tourné
- vers l’avant, ce qui, outre l’agrément, réalise un grand avantage pour se diriger. Le bateau évolue avec la plus parfaite aisance, on peut avancer ou reculer à volonté et le virage peut s’effectuer dans un espace incroyablement restreint . Le chasseur peut
- Fig. 2. — Détail du mécanisme de l’hélice. J.’hélice est figurée hors de l’eau, pour aller à la rame.
- s’effacer complètement et tirer avec la plus grande aisance, ayant les deux mains entièrement libres. Enfin l’hélice pouvant se relever instantanément en l’air, on peut, à son gré, aller à hélice ou à l’aviron ou même à la voile.
- Ce système peut s’adapter, du reste, sans nécessiter de construction spéciale, à tout bateau existant, à quille ou à fond plat, par le premier menuisier venu.
- 11 est susceptible d’application plus générale et pourra être utilisé pour des bateaux d’un tonnage assez fort, naviguant en mer, à la condition de laisser
- l’hélice entièrement mobile en ne la retenant que par une chaîne fixée par ses deux extrémités au tableau de l’embarcation et contenant en son milieu le collier de l’arbre de l’hélice.
- Le système peut également s’appliquer à tout yacht à voile moyennant un petit dispositif à réaliser à la jaumière du gouvernail pour laisser passer l’arbre de l’hélice1.
- 1 D’après une Note présentée par M. Jaquet, ingénieur à la Société des arts de Genève. Bulletin de la classe d'industrie et de commerce.
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- CONSTRUCTIONS AMERICAINES A OSSATURE EN FER
- Les énormes blocs de constructions qu’on élève actuellement aux Etats-Unis, et qui atteignent jusqu’à
- vingt étages, ont conduit les architectes américains à faire supporter tous les planchers et les combles
- Ossature de Palace-Hôtel, à Denver, Colorado. (Etats-Unis d’Amérique.)
- par une ossature générale en fer, et à ne plus employer les murs extérieurs que comme une enveloppe afin d’en réduire l’épaisseur au minimum possible
- Ce parti n’a pas encore été adopté d’une manière générale en Europe, où les immeubles ne présentent pas jusqu’ici dès hauteurs aussi colossales. On peut
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- néanmoins rappeler que l’Hôtel des Postes de Paris a été édifié dans ce système, qui a soulevé à cette époque des critiques assez nombreuses. Il semble avoir néanmoins quelques avantages, notamment la facilité de rendre les immenses blocs incombustibles (fireproofjau moins dans une certaine mesure, parce que tous les planchers, pour lesquels on a moins à se préoccuper du poids, sont posés sur des voùtains en briques, et que les escaliers sont en pierre.
- Les premières constructions de ce genre aux États-Unis paraissent dues à M. Peter Cooper, qui, après avoir établi en 1845 des forges considérables pour la fabrication des rails de chemins de fer, ne tarda pas à fournir des fers prolilés pour plancher, aux grandes villes de l’Est. Le Cooper Imtitute de New-York, érigé en 1857, semble avoir été le premier des grands bâtiments où les Américains aient employé les poutrages en fer avec entre-voùts en briques, mais les murs extérieurs étaient encore intéressés à l’ensemble de la construction et supportaient les planchers principaux. Depuis lors, à mesure qu’on poussait davantage la hauteur des maisons, on a éprouvé des difficultés croissantes à proportionner les murs aux efforts qu’ils avaient à supporter ; l’élévation du prix devenait considérable, en même temps (jue les épaisseurs très fortes aux premiers étages et aux rez-de-chaussées, réduisaient considérablement les surfaces disponibles. On tend donc actuellement à constituer toute l’ossature intérieure en matériaux métalliques, en asseyant les colonnes principales sur de très forts dés en granit posés eux-mêmes sur une fondation en béton. Les murs de façade n’ont plus ainsi à supporter que leur propre poids, et forment une enveloppe qui sert à la décoration extérieure, en même temps qu’elle permet d’augmenter dans de larges proportions les surfaces d’éclairement.
- Le dessin représenté dans notre gravure (p. 75) et reproduit d’après le Scientific American, donne une idée du parti adopté par les constructeurs pour les grands hôtels ou pour les bâtiments spécialement destinés au service des bureaux de grandes sociétés, de cercles, etc. Il se rapporte à l’ossature du Palace-Hotel que M. H. C. Brown fait élever à Denver (Colorado). La surface bâtie couvre un vaste triangle à angles arrondis et dont les côtés mesurent respectivement 69 mètres, 65 mètres et 97 mètres. Le bâtiment a neuf étages; les fondations descendent à 5m,40 au-dessous du sol, et la corniche est à 59m,50 au-dessus. Les architectes, MM. Edbrooke, ont adopté pour l’extérieur le style de la Renaissance italienne.
- Les façades sont constituées jusqu’à la hauteur du second étage par des pierres de granit rouge du Blatte Canon, sur une épaisseur de 2m,40. Au-dessus du bandeau qui limite le second étage règne un revêtement général en pierres brunes de l’Arizona avec remplissages en pierres dures de Fort Collins jusqu’au quatrième, et au delà en briques comprimées. Les murs sont coupés par des piliers en granit reposant sur une fondation en béton. Ces piliers, de
- section carrée, ont lm,20 de côté avec un fruit de 0m,15 sur la façade, du rez-de-chaussée au premier étage. Du second au quatrième, leurs dimensions sont de lm, 10 sur 2m,40 et au-dessus du quatrième de 1 mètre sur 2™,40 (cette augmentation d’épaisseur au-dessus du premier étage tient sans doute à la nécessité de renforcer les murs dans la partie supérieure, où, comme on l’a vu, les remplissages en matériaux de moindre valeur jouent un rôle important). A la hauteur du septième étage, règne sur toutes les façades une série d’arcatures reliant les piliers, et surmontant une corniche sculptée de
- I mètre de hauteur. Au-dessus des entrées principales sont disposées des vérandas.
- L’ossature métallique se compose de colonnes en fonte reliées par des poutrelles en acier qui reçoivent des voùtains en carreaux de briques. L’intervalle entre les colonnes varie de 6 mètres à 6ra,50 : les poutrelles de jonction ont 40 centimètres et les solives principales 50 centimètres de hauteur . La portée ordinaire des voûtes est de lm,80 avec une hauteur sous clef de 25 centimètres. Elles sont recouvertes d’une chappe en béton de ciment de 11 centimètres d’épaisseur. Cette chappe sert de sol dans les chambres : celui des corridors et des salles est en carreaux de terre cuite non vernissée. Toutes les cloisons se font en carreaux de 10 centimètres d’épaisseur, sauf celles des grandes salles où ils ont 15 centimètres. Les cloisons exposées à l’air extérieur portent un revêtement en ciment qui imite la pierre de taille, les cloisons intérieures sont revêtues en ciment. Tous les escaliers sont en marbre : les boiseries des chambres sont en bois dur et elles sont remplacées par un revêtement en onyx dans les grandes salles, les corridors et les escaliers.
- Ce système de planchers et de dallages doit nécessiter une quantité considérable de tapis de pied, mais outre l’avantage de l’incombustibilité, il possède encore celui de se prêter très facilement à la désinfection par pulvérisation de liquides antiseptiques.
- Le faux toit, sous le comble, se compose de fers T suspendus à ce dernier, et dont les intervalles sont remplis à l’aide de matériaux incombustibles.
- II en est de même pour le comble, dont l’ossature est formée de fers T et de pouf res I.
- La cuisine et les grandes salles à manger sont établies au huitième étage. La principale a 55 mètres de longueur sur 11 mètres de largeur. Le nombre des chambres au-dessus du premier étage est de 518 ; elles s’ouvrent toutes sur les façades et comprennent chacune au moins deux fenêtres.
- Les corridors qui les desservent s’éclairent sur une cour intérieure carrée de 17 mètres de côté. Au premier sont situés,' le café, le bar, les bureaux de l’Hôtel et 18 grandes salles. Les installations mécaniques et électriques comprennent six ascenseurs hydrauliques, 4 machinesCorliss et leurs chaudières, 6 dynamos, 4200 lampes à incandescence, 88 lampes à arc, 5 moteurs électriques, 7 ventilateurs, une blanchisserie à vapeur, une fabrique de glace, deux
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- boulangeries, un appareil crématoire pour les déchets et ordures ménagères, et 142 cabinets de toilette ou chambres de bains.
- Cette immense construction est en cours d’achèvement et coûtera (> 250 000 francs, non compris l’achat du terrain. (1. Ricnou,
- Ingénieur dos arts ot manufactures.
- LES ESSENCES DE LIQUEURS
- Il no se passe guère de jour où les sociétés de médecine et d’hygiène ne signalent, à divers points de vue les méfaits croissants de l’alcoolisme; pas de jour non plus où les journaux n’enregistrent les accidents ouïes crimes commis sous l’empire d’un délire aigu, causé par l’alcool. Malgré ces avertissements, la prophylaxie ne fait pas grands progrès, pas plus à l’étranger que dans notre pays. C’est que les sources d’empoisonnement sont multiples. Pendant longtemps on a incriminé les qualités mauvaises des alcools de grains substitués à l'alcool de vin; le fait était exact et il est incontestable que, à l’époque où le vin était abondant et bon marché, on rencontrait des gens ivres, on voyait peu d’alcooliques. Mais la transformation des alcools est aujourd’hui presque générale, au moins pour les liqueurs d’un certain prix. Les distillateurs sont arrivés à détruire les flegmes des alcools impurs, à neutraliser les produits secondaires et à donner <Àec les distillations de betteraves, de grains, des alcools qui contiennent de très faibles proportions d’alcool ainylique, le plus nocif et le plus dangereux.
- Mais ce n’est pas en général sous la forme d’alcool pur ou d’eau-dc-vie que la consommation est la plus considérable. Les liqueurs dites de table ont pris depuis quelques années une grande extension. Or il entre dans la composition de ces liqueurs un grand nombre d’espèces aromatiques dont les essences ont un haut degré de toxicité. Depuis longtemps déjà, le Dr Magnan avait montré que les effets de l’absinthe, si différents de ceux de l’alcool pur, tenaient aux produits qui servent à la fabrication de cette liqueur. Tout récemment, deux savants Lyonnais, MM. Cadéac et Meunier, se sont attachés à l’étude de diverses liqueurs et ont obtenu des résultats qui intéressent fort l’hygiéniste et le médesin. On s’imagine souvent qu’en buvant un verre de chartreuse, d’eau d’arquebuse, d’anisette, on prend, à dose égale, un produit moins nocif que l’alcool : c’est une erreur. A coup sùr, il y a là une question de doses, et je ne vois pas matière à critique contre le consommateur par occasion et qui n’a pas de tendresses trop accusées pour le petit verre. Mais l’habitude conduit parfois et plus vite qu’on ne voudrait à l’abus : d’où les conséquences fâcheuses amenées par l’ingestion d’alcool, et par celle des essences contenues dans la liqueur.
- Je ne prendrai des intéressantes recherches de MM. Cadéac et Meunier que la plus récente, qui a trait à l’eau d’arquebusade, vulgairement appelée arquebuse ; ce n’est autre que l’alcoolat vulnéraire du Codex, fort employé ja-. dis comme pansement pour les plaies, mais aujourd’hui couramment absorbé à titre de réconfortant, de stomachique. Toute une région du Centre, et en particulier la sphère lyonnaise, en fait une consommation considérable. C’est un remède populaire contre les contusions, les coups, les émotions de tout genre ; l’abus en est très commun et il n’est pas rare, à Lyon, de voir des ménages consommant un litre d’arquebuse par semaine; or, elle est loin, comme nous allons le voir, d’être inoffensive.
- D'après la formule du Codex, l’alcool d’arquebuse se fabrique avec 1800 grammes de feuilles fraiches d’absinthe, d’angélique, de basilic, de fenouil, d’hysope, de sauge, de mélisse, de menthe, d’origan, de rue, de thym, etc., pour 4500 d’alcool, pouvant donner, après macération, 3 kilogrammes de liqueur. Prises une à une, ces diverses plantes ne semblent pas constituer des éléments toxiques bien importants; mais leurs essences sont volatiles à des degrés divers et l’ensemble représente pour chaque litre d’alcool un coefficient fort respectable.
- Pour étudier nettement leurs effets, MM. Cadéac et Meunier ont expérimenté sur des chiens, tantôt en faisant ingérer directement le produit, tantôt en l’introduisant à doses graduelles dans le torrent circulatoire par injection intra-veineuse. Les animaux réagissaient de façon variable suivant les essences injectées; il me serait difficile de relater au long les résultats de ces expériences multiples; il me suffira d’en analyser les conclusions.
- Les essences contenues dans la liqueur d’arquebuse se divisent en trois groupes bien nets d’après leurs effets : 1° essences épileptisantes, sauge, hysope, absinthe, romarin, fenouil; 2" essences excito-stupéfiantes, calament, menthe, sarriette, angélique, basilic, marjolaine, origan; 3° essences stupéfiantes et soporifiques, rue. lavande, thym, serpolet, mélisse. Les effets réunis de ces essences s’ajoutent à ceux de l’alcool : aussi les manifestations pathologiques produites par Yarquebusisme, si ce néologisme m’est permis, sont-elles notablement différentes de celles de l’alcoolisme. Le vulnéraire est, comme le montrent ces auteurs par leurs études, un poison bien plus dangereux que l’alcool; l’enfant y trouve l’excitation qui prépare les convulsions ; la femme le meilleur stimulant pour les manifestations névropathiques : peu à peu les intoxiqués arrivent à préparer une souche de déséquilibrés, de dégénérés et de candidats à l'épilepsie.
- Est-ce à dire qu’il faille proscrire à tout jamais toutes les liqueurs préparées avec les plantes aromatiques et revenir aux liqueurs de ménage, cassis, prunelle, etc. ? La chose serait difficile; mais entre l’usage et l’abus, il y a toute la distance de doses légèrement excitantes capables de stimuler, à un empoisonnement qui conduit à l’abrutissement et à la mort. Les résultats si nets obtenus par MM. Cadéac et Meunier méritaient d’appeler l’attention, et il serait à souhaiter que la connaissance en fût répandue, pour réagir; dans la mesure du possible, contre cette funeste passion. Dr A. Cartaz.
- VIEILLES HORLOGES
- Un article récent sur une curieuse horloge1 nous a mis sur la voie de documents divers, qui nous paraissent de nature à intéresser nos lecteurs ; nous les publierons ici sans commentaires comme sans prétentions; peut-être conduiront-ils un horloger amoureux de son art à des restaurations de quelques vieux mécanismes qui méritent d’être tirés de l’oubli.
- Nous décrirons d’abord trois horloges sur lesquelles des détails très complets nous ont été obligeamment communiqués par M. T. Estreicher de Ror-bierski, de Cracovie, à qui nous nous faisons un plaisir d’adresser ici nos meilleurs remerciements.
- La première horloge, qui se trouve à la bibliothèque des Jagellons, à Cracovie, est très ancienne,
- 1 Yoy. n° 973, du 25 janvier 1892.
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- LA NATURE.
- comme le montrent certaines particularités dont nous parlerons tout à l’heure. Nous croirions volontiers que son inventeur s’est inspiré de l’idée de rendre le cadran solaire indépendant des caprices de notre atmosphère, de le faire servir de nuit comme de jour, bref, d’en faire un appareil automatique. Ce n’est autre chose, en effet, (fu’une représenta tion fidèle et quelque peu naïve bien que très exacte de la genèse apparente des heures et des saisons : le Soleil tournant autour de la Terre, en même temps qu’il se déplace sur l’écliptique. La figure 1 représente cette horloge dont on peut retrouver un diagramme rudimentaire dans un cadran solaire précédemm eut
- recourbée. A chaque tour de l’écliptique, l’engrenage bute contre un doigt fixé à l’axe de la Terre ; une dent passe, et le Soleil se déplace d’une division, c’est-à-dire d’un jour, sur l’écliptique, divisé en
- 565 parties clas-
- l’ifî. 1.
- décrit1.
- Le méridien,
- monté sur un pied, se compose de deux cercles dont l’un (extérieur) est fixe ; l’autre, mobile dans son plan, supporte la Terre, à l’axe de laquelle on peut donner ainsi une inclinaison variable. Une carcasse très légère est fixée à ce cercle; elle porte, sur son équateur, les heures en chiffres romains, puis deux cercles parallèles représentant les tropiques, enfin, vingt-quatre méridiens.Un autre équipage, à l’intérieur de ce dernier, forme le support de l’écliptique; celui-ci est mobile, et peut tourner autour de Y axe de la Terre. C’est ce cercle (pie fait tourner en 24 heures le mécanisme qui se trouve à l’intérieur du globe. Dans son mouvement de rotation, il entraîne un engrenage dont une des roues supporte le soleil fixé à l’extrémité d’une aiguille
- 1 Voy. n“ 915, du 13 décembre 1890
- Fig. 2. — Diagramme explicatif de l'horloge ci-rlcssus.
- secs par groupes sous le nom des mois écrit en latin.
- J je mécanisme, que l’on aperçoit difficilement dans la figure 1, sera aisément compris à l’aide du diagramme, (fîg. 2.) M représente le méridien initial, ou celui du lieu pour lequel l'horloge a été régléiy A A' est l’axe Jae la terre. L’équipage de l’écliptique F F'tournant autour de l’axe du globe, le Soleil S décrit en 24 heures un cercle R IF; l’heure se reporte sjur l’équateur E E' en suivant un méridien W. Le Soleil tourne,
- comme en apparence dans la nature en suivant le sens indiqué par la flèche ; c’est, pour cette raison sans doute que les heures (fig. 1) sont inscrites à rebours, afin d’être lues dans le, sens suivant, lequel elles sont décrites par ce mobile. L’heure qu’indique le soleil est celle du lieu placé au-dessous du méridien M. 11 est midi dans le méridien qu’ir.-dique momentanément le Soleil ; les autres heures locales s’en déduisent par la distance mesurée sur l’équateur entre le méridien du lieu et celui qui marque midi. Nous pouvons entrer encore plus avant dans le détail du mécanisme; dans la figure2, nous avons représenté une petite roue qui, à l’aide d’un pignon, commande la roue polaire de l’écliptique; l’équipage tournant dans son entier avec le Soleil dans le sens R,S,B', la petite roue reste chaque jour d’une dent en arrière, et, agissant sur la grande
- Vieille horloge de la biliolhèque des Jagellons, à Cracovie.
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- roue, déplace le Soleil sur l'écliptique dans le sens S F; en d’autres termes, le soleil est retardé; comme, selon tonte apparence, il efVectue une révolution autour du globe en un jour moyen, l’écliptique décrit un tour en un jour sidéral, plus court que l’autre de 1/565 de jour, ou d’un peu moins de quatre minutes.
- On voit que, dans ce bel appareil, la solution du problème de l'heure presque entièrement copiée sur la nature, est très complète ; l’heure universelle moyenne et sidérale, le calendrier, la hauteur du soleil à toute heure et en tous lieux, telles sont les
- Fig. 3. — Horloge à boule du dix-septieme siècle.
- La seconde horloge (fig. 5), moins importante, est cependant un tort joli objet, original et d’une exécution très artistique; elle gisait, démontée et en mauvais état dans un grenier, d’où M. Poller, archéologue à Cracovie, l’a tirée; un habile horloger réussit à tout remettre en place, en sorte qu’aujourd’hui elle peut de nouveau indiquer les heures. C’est une boule en cuivre suspendue à une chaîne d’acier ; l’aiguille, tournant autour d’un axe vertical, marque les heures inscrites sur un équateur horizontal. Le moteur est fort curieux ; c’est la pendule elle-même qui, en descendant le long de la chaîne, fait tourner 1 aiguille. La chaîne est enroulée autour d’un axe horizontal auquel est fixé un ressort comme celui d une montre. À mesure que l’horloge descend, d’un
- données qu’il fournit d’une manière très exacte.
- Quel est son âge?Sur ce point, il est difficile de se prononcer, car les documents font absolument défaut ; il est très ancien, cela va sans dire ; remonte-t-il au seizième siècle, comme le ferait croire la manière fort inexacte dont l'Amérique est représentée? Une grande île, dans le groupe de la Sonde porte l’inscription America noviter veperta, tandis qu’au lieu et place de l’Amérique se trouve un continent assez vaguement indiqué sous le nom de Mondas novas, et Terra sanctæ crucis. Les mers sont très naïvement figurées par de petites ondulations.
- .. G .?
- Fig. -i. — Horloge descendant le long d’une crémaillère.
- mouvement modéré par un échappement, le ressort se tend ; lorsque, prenant l’horloge à deux mains on la soulève, le ressort ramène Taxe en arrière et la chaîne s’enroule de nouveau. En remettant l’horloge au haut de la chaîne, on la remonte pour 24 heures. Un mécanisme particulier, que l’on commande à l’aide d’une clef, fait marcher la sonnerie.
- Cette horloge date de la tin du dix-septième siècle ; en effet, elle porte le nom d’un fort habile horloger polonais : Davidt-Schrôter-ln-Elbing ; or Schroter habitait Elbing de 1680 à 1690, comme l’indique un ouvrage publié à Cracovie en 1888 sous le titre : « Renseignements sur l’industrie et les arts dans l’ancienne Pologne ».
- La troisième horloge est d’un type plus ordinaire,
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- bien qu’encore assez original. La ligure 4 suffit à en faire eomprendre le mécanisme. L’horloge descend le long d’une crémaillère, et se remonte (c’est ici ou jamais le cas de le dire) comme la précédente. Les horloges de cette forme ne sont pas très rares ; la collection de M. Planchon, sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir, en renferme plusieurs.
- Ch.-Eu. Guillaume.
- CHRONIQUE
- Transport de charbon par conduites. —
- M. Wallace Andrews, de la New-York Steam C°, propose sérieusement le transport des charbons par des tuyaux de conduite. Le charbon serait brisé et pulvérisé à la mine, et lavé pour le débarrasser des impuretés. Mélangé ensuite avec de l’eau, il serait introduit dans la conduite, et poussé par pression à destination. Au point d’arrivée, il serait reçu dans de grandes bâches, et, après évaporation de l’eau, comprimé en briquettes et livré à la consommation. L’auteur affirme que ce mélange de charbon fin et d’eau pourrait être économiquement servi à la vitesse uniforme de 8 kilomètres à l’heure à toute distance, et qu’une conduite de tuyaux de 50 centimètres pourrait ainsi fournir 5000 tonnes de charbon par jour. Si cette proposition, que nous reproduisons sous toutes réserves, d’après The Engineer, était réalisable, cette canalisation serait la plus puissante connue, car elle ne représenterait pas moins de 200 tonnes ou 200 OOO.kilograinmes par heure, et correspondant à un travail de 200000 chevaux-heures en comptant 1 kilogramme de charbon par cheval-heure. Si, comme on le prétend, une première installation est en voie de réalisation, il sera intéressant de voir comment fonctionneront les appareils propulseurs du mélange, comment résisteront les tuyaux à l’usure, comment seront évités les engorgements, et mille autres questions techniques que soulève le projet, en tous cas original.
- Combinaison directe de l’oxygène et de l'azote constituant l’air atmosphérique. — A la
- récente conversazione tenue par la Royal Society, de Londres, M. le professeur Crookes a montré un phénomène bien curieux, dont la constatation est récente, mais qui n’avait pas trouvé jusqu’ici d’explication bien satisfaisante. On produit aujourd'hui avec une facilité relative, grâce aux alternateurs et aux transformateurs à huile, des différences de potentiel efficaces élevées, variant entre 50 000 et 100 000 volts, mais différant de celles produites par les machines électrostatiques par l’intensité, qui peut atteindre plusieurs ampères, tandis qu’elle dépasse rarement un millième d’ampère avec les machines à influence. Dans ces conditions, l’étincelle éclatant entre deux pointes de charbon entre lesquelles on établit cette différence de potentiel élevée, prend la forme d’un \ renversé, atteint près d’un mètre de longueur, et présente tout l’aspect d’une véritable flamme, sans qu’il y ait cependant combustion des électrodes. En répétant cette expérience devant les invités de la Société Royale, M. Crookes a annoncé qn’il y avait dans cette flamme combinaison effective de l’oxvgène et de l’azote de l’air, et formation d’acides nitreux et nitrique. L’idée d’une combinaison des éléments de l’air atmosphérique sous la forme d’acide nitrique laisserait entrevoir un avenir des moins enviables, si, une fois, cette combinaison commencée sous une in-flumee extérieure quelconque, elle se continuait naturelle-
- ment. Heureusement que cette combustion ne saurait se continuer d’elle-même, et M. Crookes l’a expliquée par le fait que le point d’inflammation de l’azote est plus élevé que la température résultant de sa combustion, de sorte que la flamme produite sous l’influence de la combustion seule est portée à une température insuffisante pour mettre le feu aux gaz environnants. C’est à cette propriété que la terre doit de n’être pas noyée dans une mer d’acide nitrique. Sans cette heureuse circonstance, la première étincelle produite par un éclair aurait enflammé l’atmosphère, ce qui aurait très sérieusement compromis le développement de notre planète.
- La récolte «les glands près «le Chicago. — Aux
- environs de cette ville, on trouve différents chênes : le chêne blanc, le blanc des marais, le rouge, le noir, le jaune-marron, le bardeau, et un hybride de celui-ci avec le chêne noir, qui ressemble beaucoup au Quercus leæna. A part ces deux dernières espèces et la variété hybride, les autres sont très répandues. Pourtant, le chêne blanc et celui des marais sont plus cantonnés. Le bur a peu produit dans la saison dernière. On a remarqué que sur les chênes qui fructifient tous les deux ans, la récolte a été bonne. Au contraire, sur ceux qui donnent des glands chaque année, elle a varié en quantité, sans qu’elle aif nulle part manqué. Le chêne jaune-marron (Quercus Muehlenbergii) a produit peu de glands. Mais l’écarlate en a donné exceptionnellement une énorme quantité, que l’on a recueillie par grappes serrées. Cette espèce, au sommet arrondi, aux feuilles luisantes, à lobes étroits, est une des plus belles. Aux États-Unis, les glands constituent une source importante de nourriture pour les animaux domestiques. Malheureusement les charançons leur causent d’assez grands dommages. Sur certains chênes, on a noté que 50 pour 100 des glands étaient atteints par ces parasites, qui pénètrent dans l’intérieur du fruit et le vident complètement. L’année dernière, le chêne rouge en a le moins souffert.
- l/industrie des pâtes alimentaires h Marseille.
- — La fabrication des pâtes alimentaires continue à se développer à Marseille et les quantités de ce produit exportées à l’étranger et dans les colonies, deviennent de plus en plus considérables, comme on peut le voir par le relevé des cinq dernières années, qui a été de 5559 200 kilogrammes en 1887, de 4 214 172 en 1888, de 4 448 727 en 1889, do 4 970(340 en 1890, et de 5 100 986 kilogrammes en 1891. C’est donc, en cinq ans, un accroissement d’exportation qui atteint le chiffre de 1 547 786 kilogrammes. Ces pâtes, grâce à leur bonne fabrication, ont des débouchés sur tous les marchés du monde, ce qui permet d’espérer que la consommation extérieure s’accroîtra de plus en plus.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 27 juin 1892. — Présidence de M. d’Abbadie
- Décès. — Après la lecture du procès-verbal de la dernière séance et le dépouillement de la correspondance, le président annonce la mort de M. Ossian Bonnet, de la section de géométrie, et de M. le contre-amiral Mouchez, de la section d’astronomie. L’Académie perd dans la même semaine deux de ses membres; le Bureau des Longitudes est atteint au même titre, mais la perte est encore plus sensible pour ce dernier corps savant, dont il réduit à dix le nombre des représentants. Après quelques paroles de regrets et un court éloge de M. l'amiral Mouchez, la séance
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- est levée en signe de deuil, suivant l’usage traditionnel; mais l’Académie se forme en Comité secret et procède à l’élection d’un membre correspondant dans la section d’astronomie, en remplacement de M. Oppolzer, de Vienne. M. Auwers, de. Berlin, est élu. On trouvera dans le présent numéro de La Nature un article consacré à M. l’amiral Mouchez ; nous prions le lecteur de vouloir bien s’y reporter et nous nous abstiendrons de reproduire l’éloge officiel.
- Signalons parmi les travaux adressés pour la séance de ce jour : une Vole de M. Thoulet sur la composition de l’eau de mer et les sédiments des profondeurs des mers arctiques; — une description de la maladie de la vigne appelée la brunissure, maladie causée par le Plasmodiophora vitis. Ce dernier travail est dù à MM. I’. Yiala et C. Sauvageau.
- Ch. DE VlLDEDEClL.
- ——
- RÉCRÉATIONS SCIENTIFIQUES
- FANTAISIE SLR LES BELLES DE SAVON
- Outre les expériences scientifiques (tension superficielle des liquides, pression capillaire, etc.) auxquelles se prêtent les bulles de savon, elles peuvent être l’objet de diverses récréations dont un certain nombre ont été déjà publiées dans La Nature et dans l’ouvrage les Récréations scientifiques l. J’en indiquerai aujourd’hui trois autres, que nos lecteurs pourront répéter en les modifiant à leur goût.
- Le liquide que j’emploie, avec I/o de glycérine, est une solution d’oléate de soude. 11 permet d’obtenir des bulles monstrueuses, contenant jusqu’à 50 litres d’air, et qui, avec des dimensions plus restreintes, ont une durée pouvant varier d’une demi-heure à une heure et davantage, si elles sont maintenues à l’abri des courants d’air. L’eau de savon ordinaire ne donnait (pie des résultats imparfaits.
- Notre première récréation sur les bulles de savon nécessitant la construction préalable du petit tourniquet en paille représenté sur la figure 1, nous allons indiquer la marche à suivre pour sa fabrication.
- Prenez un brin de paille de seigle de 45 centimètres de longueur, bien droit et exempt de nœuds et pliez-le quatre fois à angle droit de façon à obtenir un rectangle de 5 centimètres de largeur sur 16 centimètres de longueur.
- Le périmètre étant de 2 Xl6 -+- 2 X 5 = 42 centimètres, il reste, à l’extrémité la plus mince de la paille, une longueur de 5 centimètres que vous enfoncerez dans l’extrémité la plus large, de façon à obtenir un rechmgle fermé. Construisez de même un second rectangle ayant encore 16 centimètres de long, mais dont la largeur aura deux fois l’épaisseur de la paille, soit 5 millimètres environ, en plus de la largeur du précédent; elle sera donc de 55 millimètres. Enfin, un troisième rectangle aura 16 centimètres de long sur 45 millimètres de large. Placez le rectangle le plus étroit à l’intérieur du premier, le plus large à l’extérieur, et disposez-les sur la table
- 1 Les récréations scientifiques ou l'enseignement par les ieux, par Gaston Tissandier. — G. Masson, éditeur, Paris.
- de façon qu’ils fassent entre eux 6 angles de 60 degrés chacun, comme les rayons de l'hexagone régulier inscrit dans une circonférence. Ils constituent ce que nous appellerons la roue du tourniquet.
- Un rectangle horizontal en paille de 16 centimètres de long sur 8 centimètres de large nous fournira le socle ; au milieu de ses grands côtés nous collerons, avec de la cire à cacheter, les pieds des deux montants verticaux, de 25 centimètres de hauteur, qui sont reliés à leur partie supérieure par une traverse horizontale de 75 millimètres de longueur. Consolidez cet assemblage des montants et du socle à l’aide de quatre contreliches, deux de chaque côté, ayant 10 centimètres de longueur, et dont les extrémités seront fixées dans des lentes faites dans la paille avec un canif.
- A l’aide d’un fil de fer mince, rougi au feu, percez les montants à 15 centimètres à partir du bas; percez de même les milieux des grands côtés des rectangles de la roue, et traversez les montants et l’axe de la roue par un (il de fer coudé à l’une de ses extrémités en forme de manivelle. Les rayons du tourniquet seront collés entre eux, près de l’axe, avec de la cire à cacheter qui empêchera la déformation de l’ensemble; ils seront également fixés à l’arbre en (il de fer à l’aide de cire à cacheter.
- Pour augmenter sa solidité, on peut fixer le socle sur une feuille de carton, à l’aide de ligatures en fil de fer mince; un crochet adapté à l’une des extrémités du carton permettra de suspendre le socle verticalement à un mur au lieu de le poser sur la table.
- Voici le travail de la paille terminé; il nous reste à nous occuper des rondelles qui doivent servir à suspendre les bulles de savon. Ces rondelles, découpées dans une carte de visite, auront la grandeur d’une pièce de 50 centimes environ ; chacune d’elles sera suspendue par son centre, à une traverse de la roue au moyen d’un fil de fer très mince entourant cette traverse comme le ferait un anneau, puis tortillé de façon à former une tige de suspension qui passe par le trou percé au centre de la rondelle, et y est fixée au moyen d’une goutte de cire à cacheter. Notre dessin montre très clairement que, afin de maintenir l’anneau, et par suite la rondelle, au milieu de la largeur de la roue, la paille est traversée, de chaque côté de l’anneau, par deux petites broches de fil de fer très mince, de 1 centimètre de longueur, qui empêchent tout déplacement latéral de la rondelle. Le diamètre des anneaux étant plus grand que celui de la paille, le poids des rondelles suffit à maintenir les tiges de suspension verticales, pendant la rotation de la roue.
- Le jouet est ainsi construit. Vous n’avez plus qu’à souffler de petites huiles, de 5 à 4 centimètres de diamètre, et à lès suspendre à la face inférieure des rondelles, préalablement humectées du liquide. Ces huiles y resteront suspendues, et, quand vous ferez tourner la roue, les jolies sphères aux couleurs irisées la suivront dans son mouvement de rotation,
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- LA NATURE.
- reproduisant en petit le jeu du tourniquet à ballons que l’onvôit dans les fêtes foraines.
- Rien déplus élégant que cette petite construction, que je recommande aux amateurs de travaux délicats. A ceux qui désirent quelque chose de plus simple, j’indiquerai la manière d’imiter une lampe à incandescence très artistique, dans laquelle l’ampoule de verre n’est autre chose qu’une bulle de savon (fig. 2).
- Prenez une de ces Heurs en porcelaine que l’on trouve partout aujourd’hui (un liseron, par exemple), et collez à l’intérieur de la Heur, à l’aide de cire à cacheter, un mince fil de fer ou de cuivre recourbé de façon à imiter le filament d’une lampe à incandescence . T rem pez dans le liquide ce fil métallique et le bord du liseron ; vous souillerez ensuite une bulle de H centimètres de diamètre, dans laquelle le lîl métallique pénétrera, et qui viendra adhérer aux contours de la Heur. Vous aurez ainsi la reproduction d’une
- lampe à incandescence; suspendue au mur, ce sera la lampe de salon ; posée dans un petit chandelier, ce sera la lampe renversée employée dans les bureaux.
- Enfin, voici pour terminer, un jeu qui plaît beaucoup au jeune public ; on peut l’intituler la
- fumigation ou le bain de vapeur (tig. 5).
- Dans une coupe de verre de 6 centimètres de diamètre environ (on en trouve pour 1 sou dans tous les bazars), placez debout une petite statuette, par exemple un baigneur de porcelaine, après avoir bien mouillé tout son corps avec le liquide savonneux. Mouillez de même les bords de la coupe, et soufflez une grosse bulle qui, descendant le long de la poupée, viendra se fixer sur le pourtour de la coupe en entourant cette poupée comme le ferait un globe de pendule. Vous pourrez, avec cette petite installation, amuser les enfants en leur figurant une scène de bain de vapeur. Mouillez l'extrémité de la paille qui a servi à souiller la bulle, et,
- Fig. 1. — Le tourniquet à ballons. Brins de paille et Bulles de savon.
- Fig. 2. — Imitation de lampes à incandescence.
- appliquez-la contre celle-ci pour y injecter delà fumée de tabac, et la statuette disparaîtra dans le nuage ainsi formé autour d’elle. La poupée se plaignant d’avoir trop chaud à la tête, vous aspirez doucement par la paille une portion de l’air que la bulle contient, jusqu’à ce que, cette bulle ayant suffisamment
- Fig. 3. — La fumigation.
- diminué de volume, la tête de la poupée vienne apparaître au dehors, tout le reste de son corps restant exposé à la bienfaisante fumigation. Arthur Good.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.
- Paris.
- Imprimerie Lahure, nie de Fieurus, 9.
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- N° 997. — 9 JUILLET 1892.
- LÀ NAT U HE.
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- EXPÉIllENCES DE MM. CA1I.LETET ET COLAKDEAU
- Fig. 1. — Laboratoire pour l’élude de la chute des corps, installé à la deuxième plate-forme de la Tour Eiffel, à 120 mètres d’altitude au-dessus du sol.
- 11 rt'y a jamais eu jusqu’ici tju’un très petit nombre d’expériences exécutées sur lit chute libre des corps dans l’air, en tenant compte de la résistance tpxe l'air oppose à leur mouvement. Un de nos savants les plus éminents,
- M. L. Cailletet, dont nous avons eu l’occasion de publier souvent les grandes et belles découvertes, a entrepris, avec la collaboration d’un physicien des plus distingués, M. E.
- Colardeau, une série d’expériences à ce sujet.
- Ce genre d’étude offre une importance de premier ordre à un grand nombre de points de vue.
- La résistance de l’air intéresse les ingénieurs de chemins de fer en ce qui concerne la marche des
- trains, les marins pour la marche des navires; son élude est la base du problème de la direction des ballons et de celui de l’aviation. Est-il nécessaire d’insister sur le besoin qu’il y a pour la science de bien connaître l’action du vent sur les constructions ? C’est encore l’air en mouvement qui anime les moulins. Toutes ce s q u e s t i o n s s e-raient éclairées d’une vive lumière si l’on connaissait les lois de la résistance de l’air. On doit donc féliciter
- fi
- Fig. 2. — Détail des bobines autour desquelles est enroulé le fil relié au corps tombant.
- 29e année. — 2° semestre.
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- LA NATUliE.
- MM. Cailletet etColardeau d’avoir résolu de les étudier.
- Les expériences qui avaient été exécutées jusqu’ici sur la chute des corps ont été faites surtout en imprimant aux corps à l’étude un mouvement de rota-
- tion obtenu à l’aide d’une sorte de manège. Cette méthode offre de graves inconvénients et ne saurait donner que des résultats incomplets en raison notamment de l’entraînement de l’air et de la force
- Fig. 5.— 1. Tracé théorique de la chute d’un corps tombant librement dans le vide. — 2. Tracé expérimental de la chute d’une longue flèche de bois, lestée par une niasse métallique terminée en pointe. — 3. Chute d’un plan carré de 0“'*,022o lesté par un poids de 800 grammes. — 1. Chute d’un plan triangulaire de même surface que le précédent et lesté par le même poids. •—La courbe à la partie inférieure de la ligure est celle tracée par le diapason.
- centrifuge; en outre, on ne peut imprimer au mobile qu’une vitesse très limitée, ce qui maintient les observations dans un champ d’étude borné.
- MM. Cailletet et Colardeau ont pensé que la Tour Eiffel offrait les conditions les plus avantageuses pour entreprendre les expériences les plus complètes sur la chute des corps et la résistance de l’air, en permettant les mouvements rectilignes. Un laboratoire a été installé à la seconde plate-forme de la Tour.
- Il renferme les appareils d’expériences et de mesures, et offre une colonne d’air de 1120 mètres de hauteur, pour la chute des corps.
- L’installation de ce laboratoire est due àM. Eiffel, notre grand ingénieur, que l’on trouve toujours prêt à patronner les entreprises de l’intelligence, et à contribuer aux progrès de la science.
- Nous reproduisons la Note que MM. Cailletet et Colardeau ont présentée à l’Académie des sciences
- Pour déterminer la loi du mouvement d’un corps tombant dans l’air, il faut connaître à chaque instant la position du mobile dans l’espace.
- Pour y arriver, nous l’avons fixé à l’extrémité d’un fil très fin et très léger qui le suit dans son mouvement et ne lui oppose qu’une très faible résistance. Ce fil est divisé en sections de 20 mètres. Chacune d’elles est enroulée sur un cône de bois (fig. 2) fixé verticalement
- et la pointe tournée en bas. On conçoit que le fil entraîné verticalement par la chute du mobile le suit avec la plus grande facilité. A cause de leur forme conique, ces bobines, bien qu’immobiles, permettent à ce fil de se dérouler pour ainsi dire sans frottement. Nous avons d’ailleurs évalué, par une mesure directe, le retard qui
- pourrait provenir d’une résistance au déroulement du fil.
- Lorsque chacune de ces sections de 20 mètres est déroulée, un contact électrique fait agir la plume d’un enregistreur sur lequel un appareil de mesure du temps (diapason électrique) indique cet instant avec une approximation atteignant facilement le centième de seconde. On mesure donc ainsi au bout de quels intervalles de temps le mobile a parcouru des espaces de 20, •40, 60 mètres, etc.
- Ce contact électrique est disposé de la manière suivante: en passant d’un cône C, au suivant C2, le fil est engagé, suivant MNO (fig. 2, n° 1), dans l’intervalle libre que laissent entre elles deux lames métalliques LL' isolées en 1 par un morceau d’ébonite et dont les extrémités se touchent par l’intermédiaire de contacts en platine. Cette sorte de pince est traversée par un courant électrique qui va animer la plume de l’enregistreur et qui est interrompu lorsque les deux branches s’écartent. Quand le cône Cj est déroulé, le fil fixé au mobile écarte un instant les branches de la pince et ouvre le courant qui se rétablit aussitôt. C’est alors que la plume de l’enregistreur laisse une trace sur le cylindre tournant, fuis le cône C2 se déroule à son tour, la seconde pince s’ouvre après un nouveau parcours de 20 mètres et ainsi de suite.
- Les lames LL', qui constituent chaque pince, étant très souples, la résistance qu’elles opposent à l’écartement par le passage du fil est extrêmement faible. Dans des essais faits pour évaluer cette résistance, un poids de 2 grammes tombant de 10 centimètres de hauteur a suffi pour écarter ces lames. Un calcul très simple permet de voir que cet effort ne ralentirait un mobile du poids de 1 kilogramme environ, au bout d’une chute de 20 mètres, que de moins de 0ram,2 par seconde (soit un retard inférieur à 1/100 000°.)
- Pour évaluer la douille résistance pouvant provenir soit
- Fig. -i. — Le laboratoire pour l’étude de la chute des corps à la Tour Eiffel. — S. Station d’expérience installée à la deuxième plate-forme — P. Corps tombant. — A. Lieu d’arrivée à terre.
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- du déroulement du iil, soit de son frottement dans l’air, etc., nous avons employé plusieurs méthodes : 1° Nous avons laissé tomber une sorte de flèche cylindrique de bois, lestée à sa partie inférieure par une masse métallique terminée en pointe très effilée. Cette flèche, à cause de sa faible section et de sa forme très allongée, ne doit éprouver par elle-même qu’une très minime résistance de la part de l’air. Elle doit, par suite, prendre un mouvement de chute très voisin de celui qu’elle aurait dans le vide. Cette dernière conclusion s'applique encore, si les résistances passives dues au fil entraîné sont négligeables. Or, dans plusieurs expériences très concordantes, nous avons trouvé que la durée totale de la chute de cette flèche ne diffère de celle de la chute théorique dans le vide que des ‘20/1000° de sa valeur. 2° Un second moyen de vérification que nous avons employé consiste à laisser tomber le mobile entièrement libre et non attaché au fil. L’instant de son départ est enregistré par la plume électrique dont le circuit est interrompu par la chute même du corps au moment où il se met en mouvement. En arrivant au sol, ce mobile vient frapper un panneau en bois soutenu par des ressorts et que traverse un courant qui anime la plume de l’enregistreur. Au moment du choc, le panneau cède et le courant est interrompu, de sorte que l’instant précis de l’arrivée est enregistré aussi bien que celui du départ. En comparant la durée totale de chute libre ainsi obtenue à celle que donne le même mobile attaché au fil et faisant fonctionner les pinces, la différence de ces durées représente la somme des retards (pie subit ce mobile de la part des résistances passives dues à l’appareil même.
- Dans deux expériences consécutives faites avec un cylindre de cuivre du poids de 2080 grammes, nous avons trouvé que la différence des durées de chute de ce cylindre, lorsqu’il est attaché au fil et lorsqu’il est entièrement libre, est de 0",04 sur une durée totale de chute de 5", soit un retard inférieur à 1 pour 100 dù à l’entraînement du fil.
- Les expériences que nous avons faites jusqu’ici n’ont eu pour but que de vérifier la précision de nos appareils, la sûreté de leur fonctionnement, et la valeur pratique de la méthode. Cette Note n’a d’autre but que de faire connaître dès à présent ces appareils et cette méthode.
- Jusqu’aujourd’hui nous nous sommes borné à vérifier si la résistance opposée pâr l’air à des plans d’égale surface, se mouvant dans une direction normale à ces plans, dépend de leur forme. Nous avons employé des surfaces circulaires, carrées, triangulaires, etc. Nous avons trouvé des durées de chute qui ne diffèrent que de quantités insignifiantes, comme on peut le vérifier sur la fig. 3 (Tracés n°* 3 et 4). Cette figure est la réduction au quart des graphiques obtenus au moyen de nos appareils. Afin de laisser le dessin plus net, malgré la réduction d’échelle, on a tracé la courbe du diapason en supposant qu’il n’exécute que 25 vibrations par seconde. Ces résultats confirment donc nettement les faits déjà connus.
- Nous avons cherché à vérifier également si la résistance éprouvée par un plan en marche dans l’air est proportionnelle à sa surface. Nous avons employé, dans une de nos expériences, deux plans carrés dont les surfaces sont entre elles comme 1 et 2 et nous les avons lestées par dos poids qui étaient dans le même "apport. Les durées de chute corrigées des retards dus à la résistance opposée par l’air au contrepoids servant de lest sont de (i",92 et de fi",9(3. Ces nombres étant à peu près identiques, il y a lieu d’admettre la proportionnalité.
- Dans ces expériences, l’évaluation en kilogrammes par mètre carré, de la résistance opposée par l’air à une surface en mouvement pour nue vitesse donnée, est très simple. En effet, grâce à la vitesse croissante du mobile dans les premiers instants de la chute, la résistance que l’air lui oppose va en augmentant, de sorte qu’elle devient bientôt égale au poids du mobile lui-mème. A partir de ce moment, le mouvement de chute devient uniforme et la simple pesée du corps qui tombe et du lest qui l’entraîne donne immédiatement en kilogrammes la valeur de la résistance de l’air, pour la vitesse correspondante. Dans toutes les expériences qui viennent d’etre citées, nous avons réglé le lest des surfaces employées de façon à obtenir ce mouvement uniforme au bout de 60 à 100 mètres de chute.
- En faisant varier le lest employé pour une même surface, on peut obtenir des mouvements uniformes avec diverses vitesses et, par suite, étudier la variation de la résistance de l’air en fonction de la vitesse du mobile.
- On sait qu’on admet généralement que cette résistance est proportionnelle au carré de la vitesse, du moins pour des vitesses modérées. La formule exprimant ce résultat serait P — RV2, P étant la pression de l’air en kilogrammes par mètre carré, par exemple, sur la surface du plan mobile, V la vitesse en mètres par seconde, et R une constante.
- Si cette formule est exacte, la valeur de R tirée des observations correspondantes de P et de Y doit toujours être la même pour des vitesses différentes.
- Les expériences que nous avons faites jusqu’ici indiquent que le coefficient R doit augmenter avec la vitesse. Par suite, la résistance P de l’air augmenterait plus vite que le carré de la vitesse, et la formule précédente serait incomplète. Dans une prochaine Note, nous donnerons les résultats relatifs à la loi de variation de ce coefficient. Nous nous bornons à donner aujourd’hui la valeur 0,071 obtenue pour ce coefficient avec des plans animés d’une vitesse de 25m environ par seconde.
- Nous nous attendions à voir nos résultats souvent troublés par le vent. Aussi avons-nous cherché à opérer, de préférence, en air calme. Les résultats obtenus dans des conditions atmosphériques un peu différentes, sont restées tout à fait comparables entre eux.
- Nous complétons le résumé que l’on vient de lire en publiant quelques gravures qui en faciliteront l'intelligence. La figure 1 donne la vue intérieure du laboratoire. L’opérateur représenté à droite du dessin, coupe le fil à l’extrémité duquel est attaché le corps qui va tomber jusqu’au sol inferieur, à 120 mètres au-dessous. Le corps mobile reste attaché à un mince fd enroulé autour des bobines coniques, dont on a lu la description et qui sont représentées en détail dans la ligure 2. Nos autres gravures donnent les tracés de la chute de différents mobiles (fig. 3) et la position occupée par le Laboratoire à la seconde plate-forme de la Tour Eiffel (fig. 4).
- Nous avons la conviction que l’outillage que nous venons de faire connaître aujourd’hui, apportera à la science d’importants résultats sur une question que l’on peut considérer comme à l’ordre du jour, puisqu’elle touche à quelques-uns des grands problèmes scientifiques de notre époque.
- Gaston Tissamueu.
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- LA NATURE.
- L’INSTITUT PASTEUR EN AUSTRALIE
- La vie est si active à Paris que les questions, même les plus importantes, ne sauraient y rester bien longtemps à l’ordre du jour. Tout le monde s’en préoccupe, tout le monde en parle ; — puis tout le monde les oublie, et l'intérêt se porte ailleurs. Ainsi des dangers (pie font courir à la population les chiens errants. Que l’un soit atteint de la rage, il a bientôt fait d’en mordre dix, vingt, cent autres. Des personnes sont mordues à leur tour : les statistiques annoncent une recrudescence dans le nombre des malades de l’Institut Pasteur; voilà l’émotion à son comble. Ou bien, comme il arrive actuellement, des mesures de police énergiquement appliquées réduisent de 10 à 1 par jour le nombre des Parisiens qui lont le pèlerinage de la rue Putot : on s’émeut encore; cette fois, au nom de la pitié qu’inspirent de pauvres bêtes inoffensives soumises au supplice de la muselière.
- Et toujours la statistique, l’impitoyable statistique, reparaît dans les journaux, pour rappeler maintenant (pie dans certains États, la Hollande, l’Allemagne, par exemple, la police des rues est assurée de telle sorte que les cas de rage y sont
- Fig. 1. — Chiens sauvages ausl râlions. Dingos.
- absolument accidentels. Ah! l’heureux pays que celui où la terrible maladie n’aurait jamais été constatée, où les Ministres, assez occupés d’autres affaires, n’auraient pas à craindre d'être appelés à la tribune par la question des chiens! Nous ne voulons ici (pie donner, au passage, un renseignement ignoré ; cet heureux pays existe, et c’est l’Australie, ce continent pourtant presque aussi vaste que l’Europe.
- Qu’on ne se hâte pas néanmoins d’envier l’Australie; elle ignore la rage, soit ; mais elle est en proie à un autre iléau qui, à la vérité, ne menace pas la vie humaine, mais constitue néanmoins un obstacle de jour en jour plus inquiétant pour la fortune du pays. Ce danger, c'est le nombre, c’est la voracité des lapins.
- En France, le lapin n’existe guère, à l’étal domesti-uuc ou à l’état sauvage, que pour nous ménager le puiisir de la chasse et pour nous préparer de succulentes gibelottes. En Australie, il dévore l’herbe réservée aux troupeaux ; on n’a pas de moyen de se
- mettre à l'abri de ses ravages*; il est une cause de ruine pour les propriétaires qui, en certaines contrées, renoncent à l’élevage des moutons par l’impossibilité de les nourrir. Non pas qu’il atteigne, comme on l’a dit, la taille d’un chien; le lapin australien n’est pas [dus gros que le nôtre, il est souvent même [dus petit, mais, malgré cela, combien [dus redoutable! U attaque les arbres et les dépouille de leur écorce. Veut-il gagner de nouveaux territoires? Une rivière ne l'arrête point, il la traverse à la nage. Avec cela une pullulation telle qu’aucun carnage, si épouvantable soit-il, ne peut la eontre-balancer. De là est née la question des lapins, dont l’importance ne saurait échapper à personne, si nous disons que le Gouvernement, après diverses tentatives infructueuses de destruction, en est venu il y a quelques années, en 1887, à offrir un prix de 025000 francs à l’inventeur d’un procédé rapideet sur.
- Un se rappelle ([ue M. Pasteur avait, quelques années auparavant, inauguré sur les poules les expériences qui devaient progressivement le conduire à ses autres admirables découvertes. Inoculé à des poules, le choléra tuait infailliblement toutes celles que la vaccination n’avait pas rendues réfractaires à la contagion. M. Pasteur eut l’idée que la
- même maladie, ou une maladie analogue, pourrait être propagée parmi les lapins. Comme il le disait, dans le Temps du 28 novembre 1887, « pour détruire des êtres qui se propagent selon les lois d’une progression de vie effrayante, que peuvent les poisons minéraux employés jusqu’à présent? Ceux-ci tuent surplace là où on les dépose; mais, en vérité, pour atteindre des êtres vivants, ne faut-il pas plutôt, si j’ose le dire, un [toison comme eux doué de vie, et, comme eux, pouvant se multiplier avec une surprenante fécondité? »
- Le choléra des poules, des expériences l’avaient démontré, est également propre aux lapins. Pourquoi n’en serait-il pas des lapins comme des poules?
- ‘Le gouvernement paye jusqu’à 12 sols, et plus, par lapin abattu. Jusqu’en 1888, on a payé pour la destruction des lapins dans les sept colonies qui composent l’Australie: en Nouvelle-Galles du Sud, 18 905 875 fr. ; en Victoria, 5 295100 te; en Australie méridionale, 3214 550 fr. ; en Queensland, 1493400 fr, ; en Nouvelle-Zélande, 401500 fr. ; en Australie de l’Ouest (?), en Tasmanie, 2072050 fr.
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- II suffirait <jue quelques individus mangent une nourriture souillée par le microbe qui est la cause du choléra pour que, par les déjections, la maladie se
- communiquât dans les terriers à d'autres qui pourraient la propager à leur tour.
- Nous ne rappelons que pour mémoire la fortune
- Fig. 2. — La vaccination charbonneuse telle qu’elle se pratique en Australie
- qu’eut cette lettre. Mme Pommery, l’ayant lue, pro- dans ses propriétés de la Marne1, où les lapins imposa à M. Pasteur de faire une expérience en grand liaient, par des galeries souterraines, le sol d un clos
- Fig. 3. — Institut Pasteur en Australie. Ile (le Itodd dans la rade de Sydney.
- de huit hectares, sans que les furets pussent les faire sortir des tas énormes de craie où ils se réfugiaient. Délégué par M. Pasteur, je fis, le 25 décembre 1887, arroser la luzerne servie aux lapins pour le repas du jour d’un bouillon de viande dans lequel avait été
- cultivé le microbe du choléra des poules; 52 lapins, trouvés dès le lendemain morts sur le sol, permirent de croire que beaucoup d’autres avaient, succombé
- 1 Voy. n° 773, du 24 mars 1888, p. 262.
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- dans les terriers. Le fait est que, trois jours après, rien ne remuait plus : des mille ou douze cents bêtes qui, au dire des ouvriers, dévoraient quotidiennement le fourrage distribué, pas un n’avait survécu.
- Ces résultats furent communiqués, avec l’exposé des expériences de laboratoire qu’ils confirmaient d’une manière si éclatante, à l’agent général de la Nouvelle-Galles du Sud auprès du Gouvernement anglais ; M. Pasteur, offrant d’envoyer en Australie deux élèves de son laboratoire, exprimait le désir d’être admis à concourir pour le prix dont il a été parlé plus haut.
- Nous ne reviendrons pas ici, les ayant racontés ailleurs en détail, sur les événements politiques qui, à notre arrivée à Sydney, nous empêchèrent de mener à bien, et même d’entreprendre les expériences de démonstration pour lesquelles nous étions venu. Toutes nos négociations n’aboutirent à rien. 11 fallut bien reconnaître enfin l’inutilité de la temporisation, et, après quinze mois passés dans l’attente d'une solution éternellement ajournée, nous dûmes revenir en France.
- Comme il arrive toujours, retarder l’étude de la question ne diminuait en rien les circonstances d’où elle était issue : la voracité des lapins ne s’est point relâchée, non plus que la reproduction. Nous venons d’apprendre que le Gouvernement se préoccupe à nouveau de leur existence, c’est-à-dire prépare contre eux une nouvelle campagne d’extermination.
- Comme il arrive de bien des entreprises humaines, notre expédition en Australie ne nous avait pas donné les résultats espérés; il était juste qu’à titre de compensation elle nous en procurât d’autres. Que d’occasions n’avions-nous pas d’employer à des recherches des plus intéressantes les loisirs que nous créait la mauvaise volonté générale !
- Seul à Sydney, et pour des raisons particulières, le Ministre de l’agriculture, M. Abigail, avait fait bon accueil à la mission Pasteur. 11 tenta de lui concilier la faveur en obtenant qu’elle appliquât ses méthodes scientifiques à l’étude d’une maladie du bétail qui devenait ruineuse pour l’Australie.
- Remarquons que, dans ce pays neuf, où l’importation des diverses espèces animales ne remonte pas au delà d’un siècle, il est relativement facile de suivre l’évolution des maladies. La longueur même de la traversée empêchait jadis d’aborder en Australie les animaux qui pouvaient être malades avant 1’embarquemcnt. Il a fallu, pour que l’apparition de certaines maladies fût matériellement possible, que l’établissement des stations intermédiaires, en réduisant la durée des voyages, donnât une extension considérable aux échanges.
- Par exemple, c’est en 1847, soixante ans seulement après l’importation des moulons, que se manifesta pour la première fois, à Leppington, une maladie qui, du nom du comté, lût appelée le « Cumberland (lisease ».
- Quelles sont les pertes totales réellement occasionnées par la maladie de Cumberland et mises souvent.
- même à l'heure actuelle, mais bien à tort, au compte des plantes vénéneuses ? Personne ne peut les calculer avec certitude. On les évalue approximativement à 200 000 têtes par année, et comme la maladie ne sévit que sur une portion relativement restreinte de la colonie, cette proportion déjà est alarmante ; en réalité, elle l’est bien davantage. Pour des raisons faciles à comprendre, les propriétaires n’aiment pas à avouer leurs pertes. 11 n’est pas nécessaire pourtant d’avoir été longtemps en contact avec eux pour se convaincre ipic, dans certaines régions, on perd 50 à 55 bêtes pour 100. Proportion énorme quand on se souvient qu’en Europe une mortalité de 10 à 12 pour 100 paraît considérable. En Australie, un pourcentage de 50 pour 100 est fréquent; certains squatters disent quelquefois : « Mes naissances ne compensent pas mes pertes par la maladie de Cumberland ». L’un d’eux auquel je demandais ce qu'il voulait dire en s’exprimant ainsi, m’a répondu : « Pour la mortalité par l’anthrax dans une propriété où j’avais des intérêts, je puis vous dire que les morts s’élevaient, bon an mal an, à 50 et 55 pour 100, et, en fait, les naissances ne compensaient pas les pertes ». Un autre squatter m’informe que, dans les contrées infectées, la mortalité est de 57 à 40 pour 100.
- Rien des raisons seraient à noter pour qui voudrait expliquer ces chiffres. La saison dangereuse pour les moutons est bien plus longue qu’en Europe; elle s’étend d’octobre à juin. D’autre part dans ces immenses enclos, de dix à vingt mille hectares, où le bruit causé par la chute d’une branche d’arbre est suffisant pour effrayer les bêtes et leur faire parcourir l’enclos d’un bout à l’autre, on conçoit que le surmenage soit fréquent : or il a été établi que le surmenage favorise le développement des maladies infectieuses.
- Enfin et surtout, la grande mortalité provient, à n’en pas douter, de la négligence que l’on apporte à se débarrasser des animaux morts. Une bête suc-combe-t-elle en France? l’espoir d’une légère prime engage presque toujours quelqu’un à porter le cadavre au prochain établissement d’équarrissage. Si la distance est trop considérable, il y a pour les moulons de véritables cimetières entourés de barrières qui tiennent à l’écart les autres animaux. En Australie malheureusement, quand un animal meurt, il reste sur place, il est mis en pièces par les oiseaux de proie et les chiens sauvages (dingos) (fig. \ ).
- 11 n’y a pas d’exagération à dire que, en quelques années le sol de certaines régions s’est littéralement saturé de microbes : les causes d’infection en sont beaucoup accrues.
- Et pourtant, le moyen de forcer les propriétaires à incinérer les cadavres ? Ils craignent, et non sans raison, d’allumer ainsi des feux de prairie. Que ne comprennent-ils les dangers auxquels les expose leur incurie à cet égard?
- On voit, d’après ces renseignements, de quelle importance serait pour l’élevage australien la découverte d’une médication prophylactique contre le Curn-
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- LA NATURE.
- berland disease. L’honorable Abigail nous demanda d’étudier cette maladie, de vérifier si, comme on l’affirmait sans preuve, elle présentait, ou non, les mêmes caractères que le charbon, de rechercher par suite s’il n’y aurait pas lien d’appliquer au bétail les découvertes de M. Pasteur dont on s’obstinait à refuser les bienfaits à l’égard des lapins.
- C’est ainsi que nous fûmes amené à faire des expériences d’identification du charbon et du Cumberland disease et à donner ensuite la preuve bactériologique de l’efficacité du vaccin charbonneux. C’est à Juiiee que fut faite cette démonstration (analogue à celle de M. Pasteur en 1881 à Pouilly-le-Fort) qui frappe si facilement les esprits et paraît tenir du merveilleux.
- o9 moutons et fi vaches furent achetés dans un district non infecté par la maladie. 20 de ces moutons et 4 vaches furent vaccinés, le 4 septembre 1888, avec le premier vaccin, et le 18 septembre avec le second.
- Le 50 septembre, on inocule trois moutons avec des quantités différentes de la culture d’un animal mort en mai du Cumberland disease. La période d’incubation variant suivant les doses, on était en droit de prévoir que l’un au moins de ces animaux mourrait le 2 octobre et pourrait ainsi servir tout frais aux inoculations virulentes qui devaient se faire à cette date en présence du Ministre de l’agriculture, des délégués des différentes colonies et de deux cents propriétaires environ. Le 2 octobre, à 5h,30m, l’un des animaux inoculés le 50 septembre meurt comme on s’y attendait. Après l’autopsie et l’examen du sang au microscope, la Commission s’étant assurée que la mort était bien due au Cumberland disease, on commença l’inoculation des trente-neuf moulons (fig. 2) avec le sang de l’animal qui venait de succomber, inoculant un vacciné et un non vacciné alternativement, se servant de la môme seringue et de la môme quantité de sang pour chacun d’eux, environ 2 gouttes; les six vaches furent aussi inoculées, avec 4 gouttes du môme sang. Tous les animaux, vaccinés et non vaccinés, furent placés dans le môme enclos, nourris de la môme façon, pourvus de la meme eau ; de l’herbe fraîche fut de plus répandue à terre, et c’est sur elle que les animaux non vaccinés moururent, contaminant ainsi la nourriture des animaux vaccinés et accroissant pour eux le risque de contracter la maladie. Us restèreut ainsi confinés et nourris dans cet enclos pendant les quatre jours qui suivirent l’inoculation. Les dix-neuf moutons témoins moururent tous, la durée d’incubation chez ces animaux variant entre trente et soixante-trois heures.
- Des deux vaches non vaccinées, l’une mourut à 40h,50m le samedi 6 octobre; l’autre, après avoir été très malade, est revenue à la santé. Tous les moutons et vaches vaccinés étaient encore, il y a six mois, en très bonne santé dans une station où les pertes .avouées sont de 10 à 12 pour 100.
- Comment ne se fût-on pas rendu à l’évidence si
- manifeste? La Commission reconnut l’efficacité du vaccin Pasteur pour prévenir la maladie de Cumberland ou charbon, et, dans son Rapport au Gouvernement, elle ajoutait qu’elle en recommandait l’adoption.
- Ce ne fut pas un vain patronage; car, revenu en France peu de temps après les expériences de Junoe pour les raisons que nous avons indiquées, nous fûmes, quelques mois plus tard et sur les instances des Australiens, renvoyé en Australie par M. Pasteur pour fonder un Institut où se fit la vaccination charbonneuse. Arrivé en juin 1890, nous avons obtenu du Gouvernement un laboratoire confortable situé sur un îlot rocheux dans la splendide rade de Sydney, et c’est là, à Rodd Islarid, à vingt minutes delà ville que, depuis lors, nous préparons le vaccin (fig. 5). Les propriétaires y trouvent de petits tubes contenant la quantité nécessaire pour inoculer cent moutons. La meilleure preuve que nous ayons à faire valoir en faveur du vaccin, c’est le nombre toujours croissant de nos correspondants. Environ 250 000 moutons ont été inoculés jusqu’à présent.
- Nous sommes donc autorisé à dire cpie, sur ce point, la science française représentée parM. Pasteur a remporté un succès incontestable. Le sachant mieux que personne, nous croyons pouvoir le dire, puisque dans ce pays lointain où les Français sont en très petit nombre, ils auraient tort de compter sur les Anglais non plus que sur les Allemands pour répandre leurs services, si tant est qu’ils en rendent.
- — A suivre. — Dr Adrien Loir.
- ADDUCTION DES EAUX DE LAVRE
- A PARIS1
- La canalisation principale des eaux de l’Avre, à sa sortie du réservoir de Montretout, est composée de tuyaux en tôle d’acier rivée, de 1 m. 50 de diamètre et de 12 millimètres d’épaisseur. Chaque tronçon a C mètres de longueur et pèse environ 5000 kilogrammes. La pose de ces tuyaux en raison de leur poids et de leurs dimensions, n’est pas sans offrir quelques difficultés; la galerie voûtée ayant été établie par les entrepreneurs de maçonnerie, il aurait fallu, si l’on avait employé les moyens ordinaires de transport par wagonnets, placer tout d’abord les sommiers destinés à porter les tubes, puis relever chacun d’eux à pied d’œuvre pour les déposer et faire les joints ; on ne pouvait d’ailleurs songer à amener les wagonnets à bras dans une longue galerie, et l’emploi d’une traction mécanique s’imposait.
- M. Gibault, ingénieur, entrepreneur de la pose des conduites de l’Avre, a résolu ces divers problèmes d’une manière très élégante et très pratique, à l’aide de trois appareils comprenant un chariot porteur pour tuyaux, un appareil de centrage permettant
- 1 Voy. n° 959, du 17 octobre 1891, p. 510.
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- LA NATURE.
- de faire aisément les joints, et une petite locomotive électrique.
- Le chariot porteur représenté dans les figures 5 et A se compose d’un bâti circulaire porté par un truc à quatre roues qui circule sur le plafond de la galerie, et est maintenu, s’il y a lieu, à distance des parois par quatre galets horizontaux, dont la jante est revêtue de caoutchouc. Aux extrémités des longerons du truc sont placés quatre vérins hydrauliques dont les tètes portent des étriers terminés par des barres plates munies de tétons. Ces barres s’engagent dans les oreilles des sommiers et permettent de soulever à la fois chaque tronçon et ses deux sommiers.
- Voici comment s’opère le chargement de ces diverses pièces sur le chariot (fig. 2). La voûte de la galerie est percée sur une longueur de 7 mètres environ, et au-dessus de l’excavation ainsi formée est disposé un treuil à deux élingues. Les tronçons et les sommiers placés en ligne le long de la route sous laquelle passe la galerie (fig. 1),' sont apportés au droit de l’excavation par une petite voie latérale.
- On commence par descendre les sommiers sur un gabarit au-dessus duquel on amène ensuite le chariot. On y descend le tronçon de tube, et lorsqu’il repose sur les sommiers, on passe les barres plates des étriers dans les oreilles de ceux-ci, et on soulève
- Fig. 1. — Vue du chantier de pose des gros tuyaux de conduite des eaux de l’Avre. Roule de Bouiogne-sur-Seine, près Paris.
- (D'après une photographie.)
- le tout à l’aide des vérins. Pour que ces derniers ne fatiguent pas pendant le transport de la charge à pied d’œuvre, on les soulage au moyen de cales. La locomotive conduit alors le chariot et le tronçon complet jusqu'au dernier tube posé. On descend à l’aide des vérins le tronçon et les sommiers sur le sol, et la locomotive ramène le chariot jusqu’au point de chargement. Pendant l’intervalle des retours à vide et en charge, les ouvriers font le joint.
- Ce dernier est formé comme l’indique la figure 5, d’une première bague A cylindrique à l’extérieur et conique à l'intérieur. Elle est serrée entre deux autres bagues R et G dont le profil présente une échancrure dans laquelle on loge un cercle en caoutchouc I). Les bagties extérieures C et 1) sont maintenues par 50 boulons de 10 millimètres de diamètre. On voit
- sur la figure que le serrage a pour effet de chasser le caoutchouc dans la partie de l’échancrure non occupée par la bague A, de manière à former un joint autoclave.
- L’appareil de centrage se compose d’un chariot guidé latéralement par deux paires de galets à jante revêtue de caoutchouc, et reposant dans le plan vertical sur deux roues m,m (fig. G). Le moyeu d’une des roues m porte une roue à rochetetun levier qui sert à l’avancement ou au retour. Sur le truc est établie une vis v fixe dont l’écrou est armé de bielles q articulées d’une part sur le corps de l’écrou, et de l’autre sur d’autres bielles r : celles-ci sont également articulées sur une couronne fixe;>. L’ensemble forme une sorte d’armature de parapluie qu’on ouvre ou ferme au moyen des volants g et g'. Le dernier
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- tronçon pose porte, enfilés sur lui, une des bagues extérieures, le cercle de caoutchouc et la bague A; le tronçon suivant arrive avec l’autre bague extérieure
- et son cercle de caoutchouc : on centre en ouvrant le « parapluie » de manière à appuyer les bielles r contre la surface intérieure du cylindre, puis on serre
- Fig. 2 et 3. — Treuil pour la descente des tuyaux (fig.^2). Chariot porteur vu en coupe (lig. 3).
- les boulons sur toute la circonférence. Le chariot suivant. La manœuvre s’opère très facilement, est ensuite ramené en arrière pour faire le joint La locomotive électrique porte comme le chariot
- Fig. <i. — Adduction des eaux de l’Avre à Paris. — Chariot porteur des tuyaux.
- des guidages latéraux ; la force motrice et l’éclairage sont fournis par une batterie de quarante accumulateurs, logée dans une caisse qui se place à l’arrière du truc : Lavant est occupé par une petite dynamo de trois chevaux et par la transmission de mouve-
- ment. Cette dernière s’effectue par poulies folle et fixes, de manière à obtenir aisément et sans choc les changements de marche. Les accumulateurs se chargent pendant la nuit au moyen d’une installation établie à demeure près du trou pratiqué à la voûte, et
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- qui se compose d’une locomobile de six chevaux et d’une dynamo de cinq. Le voltage maximum à la. charge est de deux volts et demi. Dans ces conditions la locomotive dispose toujours de toute sa puissance.
- L’accouplement entre la locomotive et le chariot s’opère à l’aide d’un volant à vis. Un autre volant placé à l’avant du truc et un frein permettent, lorsqu’on arrive à l’extrémité de la conduite déjà jointoyée, de pousser à la main tout le système (locomotive et chariot) de manière à engager l’extrémité du
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- Fig. 5. — Joint des conduites.
- nouveau tronçon sur l’appareil de centrage. Il est alors nécessaire de donner un léger choc que le frein réduit à la limite convenable.
- Ces ingénieuses dispositions permettent de poser dix tronçons, soit 60 mètres de conduite par jour
- Fig. 6. — Appareil de centrage. Elévation et plan.
- avec un parcours moyen de 200 mètres pour la machine.
- La pose de ces tuyaux de grand diamètre s’exécute ainsi d’une manière à la fois précise et économique, qui fait honneur à l’inventeur.
- Les travaux sont exécutés sous la haute direction de MM. Bienvenue, ingénieur en chef, et Renaud, ingénieur ordinaire de l’adduction des eaux de l’Avre, par M. Gibault, ingénieur, entrepreneur de travaux publics. G. Richou,
- Ingénieur des arts et manufactures.
- LA CULTURE DE L’OLMER
- EN FRANCE
- On compte en France 125 500 hectares plantés en oliviers : le département du Var à lui seul en possède 20525; les Bouches-du-Rhône, 27 270; les Alpes-Maritimes, 20 000. Les autres départements les mieux partagés à ce point de vue sont ensuite la Corse, avec 14 075 hectares, le Gard avec 10 050, le Vaucluse, avec 0851. Citons encore 5058 hectares dans les Basses-Alpes, 2800 dans les Pyrénées-Orientales, 2714 dans la Drôme, 2151 dans l’Hérault, enfin les chiffres très modestes de 705 dans l’Aude et de 574 dans l’Ardèche. La récolte totale de ces plantations a été, en 1800, de 175 000 hectolitres d’huile, représentant une valeur de 50 millions de francs, A lui seul, le Var récolte pour 8 004 000 francs; la part des Bouches-du-Rhône est de 5 500 000 francs, celle des Alpes-Maritimes de 4 542 000. La culture dont il s’agit donne à la Corse une somme de 5 600 000 francs, ce qui est beaucoup pour un pays aussi pauvre; puis 2 112 000 au département du Gard, 2 millions à celui du Vaucluse. Enfin la valeur de la récolte est de 871 720 francs dans l’Aude, de 960 000 dans les Pyrénées-Orientales (dont 460 000 en huile et 500 000 en olives vertes), de 890 000 dans la Drôme, de 795 600 dans les Basses-Alpes, de 678 500 dans l’Hérault et de 180 580 dans l’Ardèche. Il sera intéressant d’ajouter à ces données que l’Algérie possède 6 500 000 oliviers (on les compte par tètes) qui ont produit, en cette même année 1890, 15 millions de francs de récolte. D. B.
- L’ARGONAUTE DE LA MÉDITERRANÉE
- Il y a peu d’animaux qui aient soulevé autant de problèmes, qui aient autant excité la curiosité des naturalistes, comme l’Argonaute de la Méditerranée. Tout dans son organisation et dans ses mœurs est extraordinaire ; on n’en est plus à compter les fables auxquelles il a donné lieu. Les divergences dans les récits de ceux qui se sont occupés jusqu’ici des Argonautes, animaux fort rares, proviennent de ce que jamais on n’avait pu étudier ceux-ci à l’état vivant, tels qu’on les rencontre dans la nature. Tout récemment, M. de Lacaze-Duthiers, se trouvant à son beau laboratoire de Banyuls, a eu la bonne fortune de posséder un Argonaute vivant, qu’un pêcheur avait recueilli au large. Ce savant mit l’animal dans un des bacs de l’aquarium et, grâce au renouvellement continuel de l’eau, a pu le conserver vivant pendant une vingtaine de jours. Les observations qu’il a faites sont doublement précieuses, car elles sont prises sur le vif et, elles émanent d’un observateur bien connu pour sa patience et sa sagacité.
- L’Argonaute observé était une femelle ; on sait d’ailleurs que le mâle est extrêmement différent et ressemble à un petit poulpe; mais laissons ce point de côté et parlons seulement de l’individu observé. Ici, il y a deux points en litige : ce sont la coquille et les bras véligères. La coquille, dont la forme rappelle celle d’une corne d’abondance aplatie latéralement, présente ce fait unique parmi les mollus-
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- ques de ne pas être relié au corps par un muscle. On sait aujourd’hui d’une manière certaine que cette prétendue coquille n’en est pas une en réalité ; c’est un simple appareil destiné à protéger la ponte, en même temps, sans doute, qu’elle sert à protéger l’animal. Mais l’animal sorti involontairement de sa coquille peut-il en reprendre possession? On l’ignorait jusqu’à ce jour. M. de Lacaze-Ruthiers va nous éclairer sur ce point. « Lorsque l’Argonaute lut apporté au Laboratoire, il avait été placé, par le pêcheur Trescail qui l’avait capturé, dans un seau du bord, ayant habituellement servi à recueillir les produits de la pêche et qui, par cela même, exhalait une forte odeur de marée. Il avait abandonné sa coquille. Celle-ci, placée avec lui dans l’un des plus grands bacs de l’aquarium, celui qui m’a été si libéralement donné par mon excellent ami le I)r Thomas, de Gaillac, fut bientôt reprise, et, dès ce moment, l’animal remonta à la surface de l’eau, qu’il n’abandonna qu’en mourant. » Il est regrettable que M. de Lacaze-Ruthiers ne nous dise pas comment l’animal s’y est pris pour rentrer dans son domicile, cela eut été fort intéressant. Un autre point très litigieux à résoudre était celui des bras. L’Argonaute, qui appartient au groupe des Céphalopodes octo-podes, est pourvu de huit liras portant des ventouses : deux d’entre eux sont remarquables; ils sont transformés en de vastes lames aplaties, membraneuses et garnies de ventouses sur une partie de leur pourtour. On a fait, sur le rôle k de la coquille et des bras véligères, un grand nombre d’hypothèses fantaisistes. Citons seulement ce prétendu récit publié dans le Grand Dictionnaire d'histoire naturelle de Ruvernoy. « La coquille est transparente et si délicate qu’elle semble devoir se briser au moindre choc; aussi observe-t-on, dans les moeurs de l’Argonaute, qu'il évite avec grand soin les récifs; il préfère les hautes mers à fond sablonneux. 11 se promène sur leur sable mouvant au moyen de ses huit membres; les suçoirs dont ils sont garnis lui servent à s’attacher aux corps solides. C’est de la profondeur des mers qu’il s’élève sur les ondes, lorsque le temps est calme ; on prétend que, pour le faire avec facilité, il renverse sa nacelle et la vide d’eau. Arrivé à la surface des ondes, il la redresse, déploie aussitôt ses huit bras; il en abaisse six sur les flancs de la nacelle; ceux-ci lui servent de rame et de gouvernail, les deux palmes s’élèvent; leur membrane se déroule, se détend, se gonfle comme une voile par le souffle du vent, et l’Argonaute vogue tranquillement sur la plaine azurée. Doit-elle être agitée par la tempête, ou conçoit-il la moindre crainte? Aussi prompt que l’éclair, il replie ses voiles, rentre ses rames, fait chavirer sa nacelle et se précipite dans l’abîme. » C’est avec ses prétendues voiles déployées que le représente la vieille gravure de Pierre Belon, reproduite ci-après (flg. I)1. Voyons
- 1 La gravure que nous reproduisons est un fac-similé de celle qui est publiée dans l’ouvrage suivant de Pierre Reion : De Aqualilîlnis Libri Duo. Parisiis, 1553. L’idée que l’on se
- maintenant les observations précises faites par M. de Lacaze-Ruthiers. Dans les ouvrages, même récents, on représente l’animal reposant dans la coquille, celle-ci ayant son ouverture horizontale, avec sa bouche et son entonnoir hors de l’eau ; la ligure ci-jointe, faite d’après nature (lig. 2) montre la position qu’a gardée l’animal tout le temps de sa captivité : on voit que l’ouverture de la coquille est située verticalement, avec le crochet tourné vers le haut et venant faire légèrement saillie au-dessus de, l’eau. « Ouand, par une brusque pression sur le sommet du crochet saillant hors de l’eau, on poussait l’animal vers le fond du bac, on l’immergeait très facilement, mais il remontait tout de suite au niveau de l’eau et semblait ramené et maintenu dans cette situation non seulement par les contractions de son manteau, mais surtout par la présence d’un ludion, placé dans le sommet du crochet de sa coquille, où sans doute il avait enfermé de Pair, ce dont je n’ai pas voulu m’assurer, redoutant de trop tracasser l’animal, car j’étais, on le comprend, fort désireux de le voir vivre le plus longtemps possible, et, pour cela, je ne le fatiguais pas. »
- L’aspect général de l’Argonaute est fort différent de celui des poulpes nageant (fig. 2). « Il est en général fort tranquille, mais il respire avec beaucoup d’activité, ce qui lui donne l'air essoufflé. Les gros yeux des poulpes sont, on le sait, doués d’un véritable regard qui a même quelque chose de félin ; ici rien de tel, le regard est mort; son œil est rond, bordé de noir, sa pupille, très noire aussi, est absolument circulaire, centrale, régulière et immobile. C’est comme l’œil d’un poisson, mais sans cette mobilité donnant une expression particulière. Ici c’est l’impassibilité absolue, aucun mouvement de menace ou d’excitation n’a pu faire changer cette apparence de tranquillité. » L’œil est dépourvu de cristallin et semble même ne pas du tout servir à la vision, du moins des objets : on peut faire circuler tout près de l’Argonaute des petits poissons, dont il est très friand, sans qu’il songe à s’en emparer. Au contraire si le poisson venait à toucher une ventouse, aussi légèrement que possible, il était immédiatement happé et porté à la bouche. « Lorsqu’une ventouse avait saisi le poisson, toutes celles du voisinage s’inclinaient vers la proie, qui bientôt était attirée dans
- faisait «le l’Argonaute remonte à Pline le Naturaliste. Voici ce que dit Pline dans son Hùtoirc naturelle (liv. IX, cliap. 20): «Une des merveilles de la nature, c’est le polype nautile (Argonaute) .Pour arriver du fond de la mer à la surface, il se renverse et s’élève ainsi peu à peu, en poussant au dehors, par un tuyau, toute l’eau dont il était charge. Après avoir ainsi évacué la sentinc, ce navire vivant se trouve plus leste pour naviguer. Ensuite, repliant les deux premiers bras, l’animal étend entre eux une membrane singulièrement mince dont il se sert comme de voile lorsque le vent souffle, et il rame en dessous avec ses autres bras, au milieu desquels est la queue, dont il se dirige dans sa course, comme au moyen d'un gouvernail. I)e cette manière il vogue en pleine mer, représentant en quelque sorte la figure d’un vaisseau Liburnique; et si quelque chose vient à l’effrayer, il plonge en repompant la quantité d’eau nécessaire. »
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- une sorte de canal que produisaient l’abaissement des ventouses ayant saisi et l’élévation des bords latéraux des bras... Tout cela se passait en un clin d’œil, et l’on avait peine à bien voir les mouvements de la bouche qui avalaient au-dessous des bases des bras, lesquels s’étaient rapprochés en lui apportant l’aliment. » Le toucher joue donc ici un très grand rôle. L’œil ne peut guère apprécier que des changements très forts dans l’intensité de la lumière.
- En avant de l’œil, on voit une sorte de bec de perroquet noirâtre : c’est la bouche garnie de deux mâchoires cornées. Au-dessous, on voit l’entonnoir, c’est-à-dire l’appareil servant à la sortie de l’eau respirée et à la progression. La saillie de l’entonnoir lui donne une singulière physionomie : on croirait une véritable trompe; cette apparence induisait en erreur les personnes étrangères à la zoologie qui venaient visiter l’aquarium; elles disaient : Voyez sa bouche, il cherche à prendre en allongeant sa trompe.
- Quant à la po-sitionderanimal, elle est très exactement comparée par M. deLaeaze-Ituthiers à un poulpe caché sous une pierre et se mettant sur la défensive les bras, sauf les véligères, rentrent leurs extrémités dans la coquille où probablement l’animal est cramponné par le jeu des ventouses. Jamais on ne voit l’argonaute ramper à l’aide des bras, comme plusieurs auteurs l’ont affirmé : il nage comme les autres Céphalopodes, par la contraction et le relâchement successifs de son manteau : l’eau contenue dans la cavité palléale est refoulée, sort par l’entonnoir et produit un mouvement de recul.
- Quant aux bras véligères, jamais on ne les voit non plus s’étendre au dehors comme s’ils voulaient donner prise au vent ou à l’eau. Ils sont le plus généralement appliqués étroitement contre la coquille que la fine membrane soutenant le bras proprement dit recouvre en grande partie.
- Les seuls mou-vements qu’ils présentent ne se manifestent qu’à la suite d’une irritation. « Lorsqu’on irrite la membrane étalée surla face externe de la coquille, on la voit se retirer peu à peu vers le bras, dont les ventouses elles-memes abandonnent successivement les tubercules, et bientôt le bras tout entier revient dans le péristome, là où il commence près du crochet, et la membrane ressemble alors à une parcelle d’étoffe mince, blanc argenté à reflets brillants, chiffonnée, suspendue à la concavité du bras, c’est-à-dire au
- côté opposé aux ventouses ». Des mouvements en sens inverses se produisent quand les bras viennent s’épanouir à la surface de la coquille. Enfin toute la peau, celle du corps comme celle des bras, est assez riche en chroma-tophores qui lui permettent de modifier sa couleur et de l’adapter au milieu, par un phénomène de mimétisme. Une couche d’irido-cystes lui donnent des reflets métalliques.
- Telles sont les observations de M. de Lacaze-Duthiers; elles ont été faites, il est vrai, sur un animal en captivité, mais les bacs de Banyuls imitent si bien les conditions naturelles, qu’on est en droit d’admettre qu'elles sont également exactes pour un animal libre. IIexri Counx.
- Fig. 1. — L’Argonaute représenté avec ses voiles, (d’après Pierre Belon, 1553.)
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- EMPLOI DU CERF-VOLANT COMME ENGIN DE SAUVETAGE
- De très intéressantes expériences ont été exécutées trer que les cerfs-volants peuvent être employés pour
- récemment près de New-York, dans le but de démon- envoyer en mer une ligne de sauvetage vers un point
- Fig. 1. — Cerf-volant destiné à remorquer en mer une ligne de sauvetage.
- déterminé. L’inventeur du procédé est M. Woodbridge Davis qui a étudié les conditions de construction d’un bon cerf-volant. Il a adopté la forme d'une étoile hexagonale comme le montre notre ligure 4. Le cerf-volant est démontable, et peut être plié : il est alors très facile à transporter. Sa charpente est formée de trois baguettes de 2 mètres environ de longueur qui s’assembient à leur centre, dont les extrémités forment les pointes des six brandies de l’étoile, le châssis monté est recouvert d’une toile huilée imperméable.
- IjC cerf-volant, ainsi disposé, est muni de trois systèmes d’attache : celui du centre forme la ligne principale ; les deux autres plus légères constituent les lignes de direction ; toutes trois sont enroulées sur des bobines manoeuvrées par un petit treuil à liras. Une fois le cerf-volant lancé, on peut le faire dévier de 65 degrés à droite ou à gauche de
- la ligne du vent. Grâce à cette facilité d’orientation, il fut possible lors des expériences que nous venons
- de mentionner, de lancer à plusieurs reprises le cerf-volant du rivage, et de le la ire planer au-dessus d’un pctitîlot, qui ne se trouvait pas précisément sous le vent. Lorsque le cerf-volant se trouva dans 1 a direction, les deux lignes servant de guides, furent fixées à la ligne principale, e t celle-ci attachée à une bouée destinée à remorquer la corde de sauvetage qu’il fallait faire parvenir sur l'ilot. La bouée entraînée par le cerf-volant, se dirigea avec une assez grande rapidité dans la direction voulue; elle s’arrêta au milieu de rochers situés vers la partie sud de l'ile tout à proximité de l’endroit désigné.
- L’ilot qu’on réussit à atteindre avec tant de succès, était à U200 mètres de distance du rivage, et la bouée entraînée par le cerf-volant, opéra la traversée
- Fi». 2. — Navire désemparé mis en communication avec la côte par un cerf-volant.
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- malgré un très fort courant qui faisait faire une courbe prononcée à la corde de sauvetage remorquée.
- Le cerf-volant est construit pour résister à tous les vents, et il permet le transport d’un câble beaucoup plus lourd que par les procédés ordinaires. Sa surface totale est de 2 mètres carrés, un vent de 20 mètres par seconde, y exercera une pression de 80 kilogrammes si l’on admet que la surface est verticale. L’effort sur les cordes du cerf-volant quand celui-ci est incliné à 50 degrés, est environ de 59 kilogrammes.
- L’expérience inverse à celle que nous venons de décrire, celle qui consisterait à lancer le cerf-volant d’un navire en péril, [tour faire parvenir un câble sur le rivage, peut réussir dans les memes conditions dans le cas où le vent soufflerait dans la direction du navire à la cote. Il suffirait que le système du cerf-volant soit monté à bord. C’est ce que représente notre ligure. L’expérience a d’ailleurs été faite comme le rapporte le Yacht, dans l’anecdote suivante que nous reproduisons d’après lui :
- L’agent d'une société anglaise de sauvetage avait déjà appelé dernièrement l’attention des marins sur les avantages du cerf-volant à la suite de l’expérience qu’il avait eu l'occasion d’en faire dans les circonstances suivantes : S’étant trouvé un jour surpris par le mauvais temps à bord d’un navire échoué sur des roches, à quelque distance de la côte, et le remorqueur qu’il avait amené avec ses hommes, pour opérer le sauvetage, ne pouvant accoster à cause de l’état de la mer, il fut obligé de rester plusieurs jours à bord en attendant la fin du coup de vent. Pour pouvoir communiquer avec la terre, il se servit d’un cerf-volant confectionné à bord par le charpentier avec un cercle de baril de salaison et des baguettes en bois; la queue était faite avec des fils de caret, et la ligne avec une pièce de merlin lovée sur un morceau de bois de forme cylindrique. Ce cerf-volant fut confectionné en vingt minutes. Une fois qu’il fut à une certaine hauteur, on fixa un morceau de bois sur le balan de la ligne et on fila du bord jusqu’à ce que le morceau de bois arrivât sur la plage et fut pris par l’agent de la société qui s’y trouvait. Celui-ci put alors lialer le cerf-volant jusqu’à lui et prendre les lettres qui avaient été préalablement mises dans un petit sac en toile fixé au dos du cerf-volant. Après avoir pris les lettres, il fit signe avec son mouchoir aux hommes du bord de lialer sur la ligne afin de ramener le cerf-volant à bord. Pendant tout le temps que dura le mauvais temps, la communication se fit de cette manière entre le bord et la terre. Le septième jour, voyant qu’ils allaient manquer de pommes de terre, les hommes du bord confectionnèrent un plus grand cerf-volant auquel ils firent remorquer une petite embarcation. Celle-ci fut recueillie par les hommes qui veillaient sur la plage et y placèrent un sac de pommes de terre. L’embarcation fut ensuite halée à bord en même temps que le cerf-volant. Les services rendus par ce cerf-volant décidèrent l’agent de cette Société de sauvetage à en faire confectionner un qui pouvait sc démonter et se ramasser dans une caisse, de façon à l’avoir toujours sous la main en cas de nécessité.
- On voit que l’emploi d’un cerf-volant peut servir non seulement à envoyer une ligne de sauvetage, mais encore une remorque, des lettres, et môme des
- provisions que l’on pourrait empaqueter dans un baril étanche.
- 11 serait facile de citer de nombreux exemples de catastrophes qui auraient pu être évitées au moyen du procédé de sauvetage que nous mentionnons ici. Un cerf-volant démontable, analogue à celui que nous venons de décrire, est un objet bien facile à construire par des marins dont l’habileté est proverbiale; il devrait faire partie de l'outillage de tous les navires, et il y aurait, ce nous semble, grand intérêt à entreprendre des expériences à ce sujet de ce coté de l’Àtlantique. X..., ingénieur.
- CHRONIQUE
- L'heure universelle. — La question très complexe de l’heure universelle, sur laquelle les Congrès internationaux ne sont pas parvenus à s’entendre, paraît devoir se simplifier peu à peu, par des ententes à l’amiable, et par l’adoption du système des fuseaux horaires élargis aux limites des pays; c’est le système adopté aux Etats-Unis depuis près de dix ans. En Europe, la question est plus délicate, à cause du morcellement du territoire, et des questions d’amour-propre national. Heureuse ou non, l’adoption du méridien de Greenwich comme premier méridien, est un fait accompli pour un grand nombre de pays ; quelques-uns d’entre eux ont adopté une heure nationale qui fut d’accord avec cette première convention; c’est ainsi que la Belgique et la Hollande ont, à partir du 1er mai dernier, le temps de Greenwich, et, dès le l°r avril 1895, l’Allemagne et le Luxembourg prendront le temps de 15 degrés Est de Greenwich; c’est-à-dire seront d’une heure juste en avance sur le temps anglais ; tel est le cas depuis 1879 pour les Etats Scandinaves. Les chemins de fer russes sont réglés sur le temps moyen de Saint-Pétersbourg, qui est d’une à deux minutes en avance sur l’heure du méridien 50 degrés Est; c’est donc par hasard et non par principe, que la Russie a adopté sensiblement le méridien de la deuxième heure. Un certain nombre d’Etats n’ont encore pris aucune décision à ce sujet. Mais par une anomalie singulière et caractéristique, tandis que beaucoup d’Etats font une importante concession à l’Angleterre, ni les colonies anglaises, ni même les îles du Royaume-Uni n’ont fait jusqu’ici un seul pas vers l’unification; c’est ainsi que l’Irlande a l’heure de Dublin, et que le point le plus occidental de l’Angleterre est de vingt-cinq minutes en avance sur Donaghadee, ville irlandaise qui est de près d’un degré plus à l’est. En résumé, nous avons aujourd’hui en Europe les heures nationales suivantes : Heure du méridien de Greenwich, la Grande-Bretagne, la Belgique, la Hollande. Heure du méridien de 15 degrés Est, Scandinavie, Allemagne (la Prusse provisoirement exceptée), Luxembourg, Autriche-Hongrie, Serbie, Bulgarie, Turquie occidentale. Heure de Saint-Pétersbourg (approximativement du méridien de 50 degrés Est), Russie, Turquie orientale. Heures nationales indépendantes, Portugal —57 minutes (par rapport à Greenwich), Irlande —25 minutes, Espagne —14 minutes, Fi ance + 9 minutes, Suisse -f 50 minutes, Italie + 50 minutes, Grèce + P'55 minutes, Roumanie -f U H minutes.
- Les nouveaux bassins de radoub du port de Gènes. — Le port de Gènes reçoit constamment de nouveaux aménagements destines à en faire un des ports les
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- mieux outillés du monde : or on sait que ce qui manque généralement dans les ports, ce sont les formes de radoub, les bassins de réparation. Comme depuis quelques années la grandeur maxima des navires de commerce a beaucoup augmenté, les formes dont la construction n’est pas toute récente, se trouvent trop courtes et trop peu profondes pour donner entrée aux grands vapeurs. C’est pour cela qu’on travaille actuellement à créer à Gènes deux formes qui auront des dimensions vraiment extraordinaires.L’une, désignée sous le n° 2, a été inaugurée le 4 juin : elle est longue de 212 mètres, large à l’entrée de 25 mètres et profonde au seuil de 8m,50. Quant à la forme n° 1, elle est encore en construction ; elle aura même longueur, même largeur; mais la profondeur en atteindra 9ra,50. 11 semble que ce doivent être là les plus grandes formes de radoub que le commerce trouve à sa disposition au monde. On peut comparer ces chiffres avec ceux qui se rapportent aux formes du port de Marseille : la plus grande n'a comme dimensions que 181™,50 de long sur 25m,49 de large et 7 mètres de profondeur ; il semble que ce soit suffisant au moins pour l’instaut. Quant à la grande forme du port de La l’allice, elle a 180 mètres sur 22 mètres.
- Un moteur hydraulique pour chute de tt4<» métrés. — Le moteur hydraulique le plus remarquable actuellement en fonction, sinon au point de vue de sa puissance absolue, du moins au point de vue de sa puissance spécifique et de la hauteur de chute sous laquelle il fonctionne, est une roue Pelton établie dans les magnifiques mines de Comstoek, Virginia City, Nevada. Cette roue fonctionne sous une chute de 040 mètres de hauteur, ce qui correspond à une pression de 64 kilogrammes par centimètre carré. À sa vitesse angulaire normale, celte roue, dont le diamètre ne dépasse pas 00 centimètres, fait 1150 tours par minute, ce qui représente une vitesse périphérique de 54 mètres par seconde ou de 194 kilomètres par heure. La roue ne pèse que 81 kilogrammes et produit une puissance de 90 chevaux, soit plus de 1 cheval par kilogramme. Le jet d’eau agissant sur la roue sort par un orifice dont le diamètre est de un demi-pouce (12mm,5). C’est le moteur actuellement connu dont la puissance spécifique est la plus grande.
- Un trnin de locomotives. — Les Etats-Unis sont, par excellence, la terre des entreprises étonnantes et de toutes les audaces. Le chantier de constructions mécaniques connu sous le nom de Baldwin Locomotive Works avait récemment à expédier, pour le service du Chicago and South Side rapid Transit railway, autrement dit, de ï Aile y Elevated railroad, du chemin de fer aérien qui fonctionne sous ce nom à Chicago, une série de vingt locomotives compound du système Vauclain présentant des dispositions toutes particulières. Elle en composait un train formidable, un train comme on en voit peu : ce train était traîné par la locomotive compound à 10 roues n°82, devenue célèbre de l’autre côté de l’Atlantique pour ses hauts faits et ses grandes vitesses sur les chemins de fer Pensyl vania, Norfolk and Western, East Tennessee, Virginia and Georgia and Chicago. Cette machine, du système Vauclain, à quatre cylindres, munie de roues motrices de 72 pouces de diamètre, pèse en ordre de marche, 155 000 livres, et avec son tender 200 000. Elle avait à assurer la traction des vingt locomotives dont nous avons parlé, qui pesaient dans leur ensemble un million de livres, si bien que le train entier représentait un poids de 1 200 000 livres, ou environ 544 tonnes. La circulation d’un pareil train ainsi composé est assurément assez rare
- pour qu’il ait paru intéressant de la signaler, d’après notre confrère le Scientific American.
- Ligue contre le cancer. — Sous ce nom, il vient de se former une société dont le but est d’étudier toutes les questions relatives à l’histoire, aux causes, à la nature intime de cette terrible affection, afin d’arriver aux moyens de la guérir. Sous la présidence d’honneur de M. Verneuil, et sous la présidence de M. le professeur Duplay, la Ligue contre le cancer se propose d’organiser des Congrès, de publier des bulletins, et fait appel à l’assistance de tous pour mener à bien cette œuvre essentiellement humanitaire.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 4 juillet 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- Histoire des associations morbides. — Sous ce titre M. Verneuil étudie les affections qui se développent concurremment à un état pathologique donné. L’étal de la science est aujourd’hui fort peu avancé sur ce point spécial, de telle sorte qu’il convient de se borner à décrire des cas particuliers, de manière à accumuler des matériaux qui serviront ensuite à poser des lois générales. 11 donne le nom de propathic à l’état pathologique préexistant, et celui d’épipalhie à la maladie qui se greffe sur cet état. Il traite aujourd’hui spécialement de la propathic constituée par les fièvres paludéennes et relate à ce propos deux observations remarquables. Un Roumain fut atteint à vingt-cinq ans de ces fièvres; il vint ensuite s’établir à Manchester et y jouit d’une excellente santé ; mais ayant fait un voyage en Roumanie, il fut, à son retour, atteint d’un anthrax très volumineux et très douloureux qui, après avoir été opéré, resta rebelle aux traitements les’ plus énergiques. Le malade ayant été, dans cet état, soumis à l’action de l’arséniate de soude, guérit très rapidement. Une fillette amenée du Brésil en France fut frappée de plcuro-pneumonie caractérisée par des douleurs intercostales intolérables qui semblent affecter un caractère névralgique. M. Verneuil, ayant été appelé pour pratiquer l’opération dite pleurotomie, eut l’idée de s’informer si cette enfant n’avait pas été auparavant atteinte de fièvres paludéennes. Ayant appris qu’il en avait été réellement ainsi, il prescrivit le sulfate de quinine et la malade guérit sans opération. M. Verneuil conclut que certaines propathies exercent sur les maladies adjonctives une action directe pernicieuse et qu’il convient, dans le traitement de ces dernières, d’attaquer d’abord la maladie préexistante.
- Une maladie des vignes californiennes. — Au cours de leurs recherches sur l’altération de la vigne appelée la brunissure, MM. Viala et Sauvagcau ont eu l’occasion de découvrir la cause d’une maladie qui dévaste les vignes californiennes avec une intensité effroyable, détruisant complètement un vignoble en deux années. Cette cause est la présence d’un champignon qui dévore les cellules des feuilles ; ce champignon est analogue à celui de la brunissure, aussi lui ont-ils donné le nom de Plasmodio-phora vitis californien. Cette maladie se propage avec une facilité remarquable ; ainsi, des boutures prises sur des vignes contaminées périssent invariablement. L’étude a été faite sur des feuilles apportées en France.
- La fixation de l'azote par la paille. — M. de Vogué, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, signale une heureuse application des eaux ammoniacales inutili-
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- sécs dans certaines usines à gaz. Ces eaux, répandues sur la paille, lui abandonnent de l’azote et forment un fumier qui contient 7 millièmes d’azote, c’est-à-dire un produit très riche. L’expérience a été faite à Cosne, au moyen d’eaux ammoniacales que l’on laisse perdre dans la rivière.
- La résistance de l’air à la chiite des corps. — M. Cailletet décrit et résume une série d’expériences entreprises à la Tour Eiffel sur la résistance que l’air oppose à la chute des corps. On trouvera dans le présent numéro un article spécialement consacré à ces expériences.
- Election. — L’Académie élit membre correspondant M. Kayet, directeur de l’Observatoire de bordeaux.
- L’intensité de la pesanteur à Sèvres. — M. le commandant Defforges, du service géographique de l’armée, a déterminé l’intensité de la pesanteur, à l’aide du pendule à réversion, au Bureau international des poids .et mesures (Sèvres), selon le vœu de la Commission du mètre. Le nombre y a été trouvé égal à 9m,8099. Il apporte, en outre, une sérieuse contribution à la théorie du pendule, en montrant que le couteau par lequel la tige repose sur son support, ne roule pas seulement sur son arête, mais encore qu’il est animé d’un mouvement de glissement.
- Varia.— M.Par mentier recherche les altérations des eaux ferrugineuses.
- — M. Delebecque décrit les lacs du plateau central de la France. — M. Le-tellier, professeur au Lycée de Caen, montre, dans une Note intitulée Essai de statique végétale, que la direction des pousses est en harmonie avec la situation du centre de gravité de la j,Jante. — M. Causse étudie l’acétonorésorcine et ses nombreux dérivés hydratés et éthers. — M. Yaissière décrit un parasite de l’écrevisse des eaux vives de Madagascar. __M. Gaudry signale l’identité de l’évolution des
- êtres dans l’Amérique du Nord et dans l’ancien continent.
- Ch. de Yilledeuil.
- L’ÂRROSVGE DES VILLES
- PAR l/ÉLECTRICITÉ
- La traction électrique des tramways a pris depuis quelques années, en Amérique, une importance dont nous ne saurions nous faire une idée en Europe, et l’on prévoit l’époque prochaine où disparaîtra le dernier cheval appliqué à la traction de ces véhicules essentiellement modernes. La traction électrique a rapidement- donné naissance à une foule d’industries absolument spéciales : telle maison ne fabrique que
- les rails courants, telle autre que les croisements, une troisième les trueks, une quatrième les caisses, une autre les lignes, telle autre le trolley, système de prise de courant sur la ligne aérienne dont on ne saurait plus cataloguer aujourd’hui les innombrables dispositions, etc.
- Chaque spécialité est naturellement exploitée par une compagnie spéciale, sinon par plusieurs, et les annonces d’un journal qui s’occupe des chemins de fer des rues, le Street Hailway Journal, publie mensuellement 100 pages de texte et 200 pages d’annonces exclusivement consacrées à l’industrie spéciale des tramways. C’est en feuilletant ces curieuses annonces (pie notre attention a été appelée sur une des [dns singulières spécialités qu’ait fait naître la traction électrique des tramways dans les grandes villes : nous voulons parler de l’arrosage des rues par une
- voiture spéciale, système exploité p a r 1 a U n i -ted Tramway Sprinlder Company, de Louis-ville (Kentucky).
- Ce système que la figure explique suffisammen t, présente tout l'aspect extérieur d’une voiture de tramway ordinaire, afin de ne pas effrayer les chevaux, mais elle est constituée, en réalité, par un vaste réservoir en tôle rempli de l’eau d’arrosage. Cette eau est répandue sur la voie et sur les côtés à l’aide d’un tube horizontal percé de nombreux trous, mais ce tube est articulé à son extrémité voisine de la voiture, et peut, par une simple manœuvre, venir se ranger contre la caisse pour laisser passer les rares véhicules ordinaires qui circulent aux heures généralement peu fréquentées auxquelles se fait l’arrosage public. Deux hommes placés à l’avant manœuvrent le tramway, l’écoulement de l’eau et le garage occasionnel du tube latéral. Cette disposition ingénieuse et économique assure un arrosage rapide et régulier, aussi le tramway électrique arroseur constitue-t-il, dès à présent, le complément naturel et presque obligatoire de toute exploitation de tramways qui se respecte et veut suivre convenablement les plus récents progrès de l'industrie électrique en Amérique.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissaxdiek.
- Tramway d’arrosage américain, employé à Louisville aux États-Unis.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N° 998.
- 16 JUILLET 1892.
- LA NATURE.
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- L’INSCRIPTION DE LA PAROLE
- M. L’abbé Rousselot, professeur à l’Ecole des Carmes, a présenté très récemment à la Faculté des lettres de Paris une thèse de doctorat d’un intérêt en apparence bien spécial, car elle traite des « modifications phonétiques du langage étudiées dans le patois d'une famille de Cellelrouin (Charente) ; mais ce travail, à première vue si limité, a une portée considérable, car l’auteur y pose définitivement les bases d'une science nouvelle : la linguistique expérimentale. Nos lecteurs connaissent déjà les résultats considérables obtenus par MM. les l)rs Rosapelly et Marey
- dans leurs laboratoires. C’est à l’aide de leurs travaux et de ceux de quelques autres encore, Scott, Barlow, etc., que M. l’abbé Rousselot, soit en conservant tels quels les instruments de ses devanciers, soit en les corrigeant, soit en imaginant de nouveaux systèmes, est parvenu à se créer la série des appareils nécessaires pour enregistrer un à un les mouvements dont l’ensemble constitue un mot ou une phrase.
- 11 est à prévoir que l’ingéniosité de ses successeurs, la sienne même, perfectionnera encore ces appareils tout nouveaux; mais, dès aujourd'hui, les expériences faites suffisent à montrer que le problème de l’inscription mécanique de la parole est résolu.
- Appareil de M. l’abbé Uousselot pour l'inscription de la parole.
- C’est sur l’enregistreur de Verdin, dont nos lecteurs voient ci-dessus la figure, que les tracés s’inscrivent. Il se compose essentiellement, comme on sait, d’un cylindre sur lequel on colle une feuille de papier glacé noircie à la fumée d’un rat-de-cave ; un mouvement d’horlogerie, avec régulateur Foucault, permet de le faire tourner avec une vitesse qu’on accélère ou qu’on ralentit à volonté. Devant le cylindre, sur une tige horizontale, est fixé un tambour à levier, dû au Dr Marey, fait d’une capsule de métal et d’une membrane de caoutchouc qui la ferme. Sur la membrane s’appuie une plaquette de métal à laquelle est relié un levier en corne qui suit ainsi tous les mouvements de la plaque et delà membrane. C’est l’extrémité de ce levier qui vient appuyer sur la feuille noircie et enlever le noir de fuît)8 aimée. — 2° semestre.
- ruée de façon à y tracer une ligne blanche. D’autre part, une ouverture est ménagée dans la capsule du tambour, de façon qu’on puisse y adapter un tube en caoutchouc. Evidemment, chaque fois que pour une cause quelconque l’air contenu dans le tube en caoutchouc entrera en vibrations, ces vibrations se communiqueront à l’air du tambour, et dès lors la membrane, puis la plaquette et le levier, entreront en mouvement. Si en même temps le cylindre tourne, la ligne qui y sera inscrite par la pointe du levier, au lieu d’être une droite, deviendra un tracé, le tracé des vibrations.
- Or, si on songe que la parole est un mouvement, qu’un son, une voix, c’est de l’air qui sort de la bouche et du nez en vibrant sous l’action des organes phonateurs, on comprendra de quel emploi
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- peut être l’enregistreur dont nous venons de donner l'économie.
- M. l’abbé Rousselot lui l'ait noter non, bien entendu, la parole elle-même dans sa complexité, mais, un à un ou simultanément, tous les mouvements qui la composent. Commençons par ceux du larynx ; c’est là en effet que se produisent les premiers bruits quand l’air est chassé des poumons. A l’extrémité du tube qui aboutit au tambour enregistreur, on adapte une capsule métallique de 1 centimètre ou 1 centimètre et demi de diamètre et on l’applique sur la gorge, dans la courbe latérale du cartilage thyroïde, puis on parle. Alors les vibrations du larynx, transmises à travers la peau à la colonne d’air de la capsule et du tube, mettent en mouvement la membrane du tambour et par suite le levier, comme nous l’avons expliqué plus haut. D’où un premier tracé. Pour avoir les mouvements de bas en haut de la langue, qui s’élève et s’abaisse quand on parle, on procède d’une manière tout analogue. Seulement, au lieu d’une capsule, c’est ici un tambour semblable au tambour récepteur que l’on place sous le menton à l’aide d'une mentonnière. Le levier suit les mouvements du muscle hypoglosse, le tambour est impressionné et les mouvements se transmettent comme plus haut à l’appareil récepteur. Pour avoir l’ouverture et.la fermeture des lèvres, il faut un double tambour relié à deux inscripteurs. Les leviers sont disposés de façon à former une sorte de pince sur une branche de laquelle chaque lèvre vient s’appuyer.
- L’explorateur du nez est celui de M. le I)r Rosa-pelly. Au lieu de la capsule qu’on appliquait sur le larvnx, le tuhe de caoutchouc se termine ici par une petite poire qui entre à frottement dans le nez. Quand l’air sort par les fosses nasales, comme cela arrive, par exemple, lors de la prononciation d’une vovelle nasale, ces vibrations agissent de la même façon que plus haut sur l'inscripteur et le récepteur.
- Le cylindre enregistreur pouvant recevoir à la fois plusieurs inscriptions et tous les leviers pouvant être placés en même temps devant le tambour, ainsi qu’on les voit dans notre figure, on pourra donc y lire simultanément : les mouvements du larynx, ceux de la langue, des lèvres et du nez. D’autres appareils encore, qu’il serait superllu d’ajouter, permettront d’inscrire tous les mouvements accessoires. Il en résulte qu’on aura à la fois un certain nombre de tracés représentant simultanément la prononciation d’un mot.
- Pour se rendre compte des conséquences que cette inscription de la parole décomposée peut avoir, il faut songer aux résultats qu’en peuvent tirer non seulement les physiciens, mais surtout les linguistes. Il sera possible, désormais, de noter la prononciation d’une langue, d’un patois, d’un idiome quelconque, non plus par à peu près, en s’en fiant au seul témoignage de l’oreille qui ne percevait, entre le parler de plusieurs individus, que les diffé-
- rences un peu considérables. Il va exister désormais une phonétique de précision.
- Comment, en effet, les langues changent-elles d’une époque à l’autre et d’un pays à l’autre? La science con-temporaine a montré <pi’il n’y avait rien là d’arbitraire, (pie ces mutations s’opéraient suivant des lois fixes et constantes, soustraites aux caprices ou aux conventions. Ainsi, pour prendre un exemple, un c latin placé devant un a, au commencement d’un mot, a donné ch; carnem est devenu chair, comme caput, chef, comme canem, chien. Un t suivi d’un i au milieu d’un mot, a donné is dans pofionem, poison, aussi lùen que dans rationem, raison. Mais, ce qu’il était impossible de noter jusqu’ici, c’était chaque étape de ces transformations insensibles et pour ainsi dire microscopiques. Pour en prendre un exemple contemporain, on n’est jamais parvenu à déterminer d'une façon précise, dans des mots comme ennemie, année, l’influence exacte de cet e muet qui s’écrit mais ne se prononce pas, à proprement parler, sans qu’on puisse cependant dire qu’il ne s’entend plus. Or, c’est toujours par des modifications imperceptibles que commence un changement phonétique. Nous ne nous apercevons pas nous-mêmes de ceux qui débutent, mais nos enfants s’en apercevront, car ils ne prononceront plus exactement comme nous, et ce sont ces modifications, insensibles à l’origine, qui font d’une langue une autre langue. Déjà, M. l’abbé Rousselot, à l’aide de ses appareils, a pu ainsi noter, dans une même famille, une foule de variations du langage.
- En voilà assez pour montrer quel intérêt présentent ces nouveaux instruments d’étude. Pour l’avenir, ils fourniront à nos descendants des notions absolument exactes sur notre prononciation actuelle. A nous, ils nous permettent d’entrer beaucoup plus avant dans la connaissance intime desparlers vivants, d’établir de plus près leurs rapports et leurs différences et, par induction, de deviner quelle a été la marche progressive de l’évolution lente d’où sont sorties nos langues modernes. Ferdinand Brunot.
- L’EXPLORATION DE L’AFRIQUE
- LA MISSION M1ZON
- On a beaucoup parlé dans ces derniers temps de la mission commandée par M. Louis Mizon, lieutenant de vaisseau et qui a obtenu, grâce à l’énergie de son chef, un si brillant succès. Cette mission faisait partie d’un ensemble de voyages d’exploration organisés dans le but d’étendre notre influence dans l’Afrique centrale. Le commandant Monteil, notamment, après avoir passé à Sokoto et à Kano, se dirige vers le Tchad. La nouvelle de l’heureuse issue du grand et périlleux voyage de M. Mizon a été annoncée à Paris au commencement du mois dernier par une dépêche de M. Savorgnan de Brazza, ainsi conçue : (( Je vous annonce que le lieutenant Mizon, sortant de l’Adamaoua, a pris contact, le 23 mars, avec le poste français établi auprès du chef de Djambala, à 80 kilomètres au nord-est des chutes de Bania. Le 4 avril, il
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- s’est rencontré avec moi à Comasa on j’étais monté à sa rencontre. Son voyage s’est accompli partout sans coup férir et en toute sécurité, bien qu’il n’eût que huit indigènes pour toute escorte. ))
- M. le lieutenant Mizon a réussi à franchir en quatre mois les 700 kilomètres qui séparent Yola' de l’île de Comasa, et, dans ce parcours à travers une région complètement inconnue, il a non seulement résolu le problème géographique relatif à la séparation du bassin du Niger de celui du Congo, mais encore conclu avec les chefs indigènes des conventions qui complètent l’œuvre commencée dans le bassin de la Sangha par Cholet, Gaillard, Fourneau, et que M. de Hra/za a si hardiment reprise.
- Grâce à nos vaillants explorateurs, nous verrons un jour résolu le vaste projet de réunion des possessions françaises de l’Algérie, du Soudan et du Congo.
- M. le lieutenant Mizon a rencontré à Paris l’accueil qui était dû à son œuvre.Le mardi 5 juillet, un grand banquet oii se trouvait une réunion d’élite, a acclamé l’explorateur. De nombreux discours ont été prononcés; nous nous bornerons à emprunter les paroles suivantes de l’allocution de M. Etienne, président du groupe colonial de la Chambre des députés :
- « Mizon, vous qui venez d’accomplir cette œuvre si considérable, vous qui, depuis quinze ans, menez à travers le monde cette vie d’apôtre, vous qui venez de faire tant pour votre pays, laissez-moi vous dire que celui qui a eu l’ineffable bonheur de vous suivre des yeux et du cœur pendant près de dix-huit mois, vous salue avec respect et reconnaissance... Je sais que déjà vous songez à partir. À peine, je ne dis pas remis de vos fatigues, mais à peine arrivé au port, il vous le faut quitter, entraîné par ce sentiment que vous avez une mission considérable à accomplir. Votre instinct vous conduit et vous guide de nouveau vers ces rives du Niger. Partez avec confiance et avec courage ! Tous ceux qui sont ici, la France tout entière, vous acclame aujourd’hui et vous acclamera demain. »
- Dimanche dernier, 10 juillet, la Société de Géographie a donné une séance extraordinaire dans le grand amphithéâtre de la Nouvelle'. Sorbonne, pour la réception de M. Mizon. On a encore une fois rendu hommage au vaillant explorateur.
- IA CONSTRUCTION D’UN (ADIAN SOLAIRE
- Pendant les vacances qui s’approchent à grands pas, nos jeunes lecteurs auront sans aucun doute des heures de désœuvrement; que faire dans les jours de pluie? car on ne peut pas toujours lire, et l’on en est parfois réduit à chercher une occupation ; la construction d’un cadran solaire fera penser à l’astre absent ; il est vrai qu’il rappellera aussi les leçons, mais de si loin !
- Il s’agit de placer une ligne droite matérielle parallèlement à l’axe de la terre, et de mesurer, par son ombre, le chemin parcouru par le soleil. Le plan contenant l’ombre de ce style décrira des angles égaux en temps égaux, soit, par heure, un angle égal à 1/24 de la circonférence; nous y reviendrons tout à l’heure; mais, d’abord, construisons la carcasse de l’instrument.
- Je prends un morceau de carton blanc, un peu
- plus grand qu’une carte à jouer, et, à l’aide d’un trait de canif à mi-épaisseur, j’en obtiens deux plans, A et R (fig. 2), réunis comme par une charnière. Appliquant la pointe du compas dans leur ligne d’intersection, je trace, dans le plan horizontal, un double arc de cercle que je découpe, en le laissant attaché à la carte au pointa; une fente b, pratiquée dans le plan R à la mémo distance du bord que la ligne a, servira à l’introduire à travers ce plan. Au milieu de celui-ci, je trace une droite perpendiculaire à la charnière, et le long de cette droite, je colle un morceau de carton G ayant un côté perpendiculaire à la ligne qui repose sur le plan B; enfin, un quatrième morceau, I), muni d’une fente et collé en arrière du plan R, servira à maintenir la pièce G perpendiculaire à ce plan. Reportons sur le petit arc de cercle une division on degrés. Si le carton G a été
- Fig. 1. —- Diagramme (l’orientation du cadrau solaire.
- orienté dans le méridien, et le plan R arreté sur la division donnant le complément de la latitude du lieu, ce plan sera parallèle à l’équateur, et l’arète antérieure c du carton.G parallèle à l’axe du monde. Notre cadran solaire sera construit. Avant de coller les trois pièces qui le constituent, nous aurons eu soin de tracer sur le plan R une circonférence autour du point que devra occuper le pied de l’arète c, et de la diviser en secteurs de 15° ; pour cela, nous appliquons d’abord le compas sur la perpendiculaire à l’intersection des plans A et R, et nous reportons
- un rayon de chaque côté, puis nous divisons deux fois en deux parties les arcs ainsi obtenus. Il nous reste à placer notre instrument dans le méridien ; pour cela, nous pourrions nous servir d’une montre et, pour ainsi dire, mettre notre cadran à l’heure. Mais nous préférons sans doute qu’il ne doive rien à personne.
- Sur la planche où nous nous proposons de l’établir, plantons bien verticalement une forte épingle; puis marquons de temps en temps, d’heure en heure, par exemple, l’ombre de sa tète. Réunissons par une courbe les points ainsi obtenus, et, après avoir enlevé l’épingle, traçons une circonférence autour du point qu’elle quitte ; joignons le centre G (fig. 1) aux points d’intersection AB, il nous suffira de bissecter l’angle ACB, pour obtenir Je méridien dans la direction SN. Nous appliquerons le bord du plan A contre la ligne SN, et nous la fixerons par deux épingles placées de telle façon qu’elles maintiennent le plan B à l’inclinaison indiquée par l’arc de cercle. Lorsque nous rentrerons de la campagne, le cadran pourra être replié et mis en sûreté.
- Notre instrument présente un inconvénient ; s’il vient à pleuvoir sans que nous ayons pris la précaution de le couvrir, il sera irrémédiablement perdu;
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- niais nous pouvons on construire sans plus de peine un second qui ne craigne pas les orages. Les angles horaires du premier sont inscrits sur un plan; mais nous pouvons les tracer sur un cylindre sans qu'ils cessent de se traduire par des traits équidistants. Nous
- Fig. 2. — Cadran solaire confectionné avec du papier bristol.
- rons au fond du verre un morceau de carton épais, percé d’un petit trou central ; un morceau de liège nous servira à le boucher; mais, auparavant, nous collerons à l'intérieur du verre une lnmde de papier b sur laquelle les heures auront été marquées; il suffira, pour cela, de découper la bande de telle sorte qu’elle lasse un tour entier à l’intérieur du verre, de la diviser en 2 4 parties égales, que l’on numérotera deux fois de 1 à 12, et de couper les bouts de 0 à 5 et de 7 à 12. Puis nous fixerons une aiguille à tricoter c dans l’axe du verre, en la faisant passer par les petits trous marqués d’avance dans le carton et le liège ; le verre sera assujetti avec du mastic sur une planchette F que traversera l’aiguille ; nous obtiendrons ainsi l’instrument de la figure 5; il suffira dès lors de l’orienter comme le premier.
- Si quelques-uns de nos jeunes lecteurs ont un peu de pratique du tour, ils pourront construire aisément un cadran solaire assez répandu parmi les bergers des Landes et des Pyrénées qui le fabriquent eux-mêmes. Une sorte de quille à tète mobile (fig. 4) |
- prendrons un verre à boire (fig. 5), ou le reste d’un verre de lampe à gaz, si nous avons de quoi affranchir la cassure et la roder sur la meule; dans ce cas, nous boucherons les extrémités avec des morceaux de liège d’un diamètre suffisant; ou bien, nous fixe-
- Fig. 5. — Cadran solaire cylindrique fait avec un verre.
- porte, sur son pourtour, le nom des mois et diverses courbes correspondant aux heures de la journée; une petite feuille de fer-blanc, qui peut être repliée dans
- la quille, est maintenue par un clou traversant la tête; si, la feuille étant placée à la date du jour, l’on suspend l’instrument de telle sorte que l’ombre de ce style se dessine verticalement sur le cylindre, son extrémité y marque l’heure; la forme des courbes horaires pourrait être calculée ; il nous paraît plus probable que l’instrument est gradué empiriquement par copie d’un autre ou par l’observation directe ; il est clair qu’il ne convient qu’à une latitude ; sa rusticité toute particulière, son extrême naïveté en font un curieux objet1. Ch.-Ed. Guillaume.
- 1 Ce dernier cadran solaire nous a été obligeamment communiqué par M. Dallas, à Bordeaux; en construisant les deux précédenls, nous avons seulement cherché à rendre d’une exécution facile des instruments dont le type existe ; des cadrans solaires, analogues en principe à celui de la figure 2, se construisaient couramment au dix-septième siècle. On fait encore, pour les écoles, un cadran consistant en une boule de verre montée sur un arc de cercle gradué, et traversée par un style.
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- LA NATIJHK.
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- LES FAISANS OREILLARDS
- De voyage à travers le Turkeslan et le Tibet, M. I îoiivalot et le prince Henri d'Orléans ont rapporté, comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire1» des collections d'un très liant intérêt qui ont été généreusement remises au Muséum d'histoire naturelle. Dans l'admirable série d'oiseaux que l'on a pu voir exposée l’an dernier dans une salle dépendant des nouvelles galeries de. zoologie, se trouvent de nombreuses dépouilles d’une espèce de. la famille des Phasianidés, appartenant au groupe des Faisans oreillards ou Crossoplilon. Ces Faisans se distin-
- guent immédiatement dos Faisans ordinaires, des Faisans satyres et des Lophophores1 par leur aspect général, par la nature et le mode de coloration de leur plumage. De taille plus lorte qu’un Faisan vulgaire et de formes plus lourdes et plus ramassées, les Crossoplilon paraissent plus gros qu'ils ne le sont en réalité à cause de leur plumage souple et ilocon-neux, principalement sur la croupe où les plumes s’ellilocbeut, pour ainsi dire, et retombent mollement sur la base des pennes caudales. Celles-ci sont disposées en toit, c’est-à-dire suivant deux plans inclinés par rapport à l’axe du corps et forment un panache d’autant plus volumineux qu'elles s’élargissent et se décomposent en se recourbant légèrement
- Faisans oreillards du Tibet (Crossoplilon tibelanum). D’après les individus vivant actuellement au Jardin des Plantes de Paris.
- à l’extrémité. Dans leur portion terminale elles offrent aussi une teinte beaucoup plus foncée qu’à la base et prennent même souvent un certain éclat métallique; mais nulle part ailleurs sur le plumage dos Crossoplilon on ne trouve ces ors, ces cuivres, ces bronzes verts ou florentins qui resplendissent sur le plumage des Lophophores, ces bleus d'outremer, ces rouges de rubis, ces noirs à retlets violets ou dorés qui se juxtaposent si heureusement sur la robe du Faisan de Swinhoe; nulle part on ne voit ces plumes brillantes à bords nettement découpés qui s’imbriquent comme des écailles sur la poitrine du Faisan d’Elliot ou du Faisan à collier; ici les couleurs sont généralement modestes et uniformes :
- 1 Yoy. n°* 948 ri 951, du 1er et du 29 août 1891.
- c’est du blanc pur ou légèrement jaunâtre, du brun fuligineux, du bleu cendré, du gris et du noir que rehausse seulement la couleur rouge vif des pattes et du tour des yeux, dénudés comme chez beaucoup de Faisans. Point de fraises, de houppes ou de colliers, mais seulement, de chaque coté de la tète, en arrière des oreilles, un pinceau de plumes étroites qui a valu à ces Gallinacés le nom vulgaire de Faisans oreillards. Le costume des deux sexes est d’ailleurs presque exactement le môme, contrairement à la règle ordinaire des Gallinacés, et les mâles ne se distinguent guère que par la présence, sur les tarses, d’éperons plus ou moins développés.
- 1 Yoy. pour ces différents types l’ouvrage intitulé Les Oiseaux de la Chine, par JIM. A. David et E. Oustalct, 1 vol. iu-8° avec allas de planches coloriées (G. Masson, éditeur).
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- Jusqu’à ces derniers temps on admettait l’existence, parmi les Crossoptilon, de trois types bien tranchés, savoir : le Crossoptilon de Mantchourie {Crossoptilon mantchuricum Swinhoe) qui porte à Pékin le nom de lloky et qui était, naguère, très répandu dans les montagnes du Pétchély; le Crossoptilon oreillard (C. auritum Pallas), qui est appelé Maki/ par les Chinois et qui se trouve surtout dans le nord-ouest du Sétchuan et dans la région du Kokonoor oriental; enfin le Crossoptilon du Tibet (C. tibetanum Hodgs.) qui habite non seulement le Tibet, mais les montagnes les plus élevées du pays des Mantzes et surtout les environs de Tà-tsién-loù. Rien ne semblait plus facile que de distinguer, d’après les couleurs du plumage, ces trois formes dont le Muséum d’histoire naturelle possède, depuis plus de vingt ans, dans ses galeries, une série de spécimens, tous obtenus par M. l'abbé Armand David, le savant voyageur qui a si puissamment contribué à nous faire connaître la faune de la Chine et du Tibet. Ainsi le Crossoptilon de Mantchourie se reconnaissait facilement à sa livrée brune, passant au noir sur le sommet de la tète et sur le cou, au gris sur le ventre, ou blanc pur sur la gorge, les joues et les côtés de la tète, ainsi que sur les reins et la base de la queue dont l’extrémité était d’un noir à rellets métalliques; le Crossoptilon oreillard paraissait porter constamment un manteau d’un gris bleuâtre et une calotte noire, les joues, les oreilles et la queue offrant les mêmes teintes que dans l’autre espèce ; enfin le Crossoptilon du Tibet semblait avoir adopté exclusivement un costume d’un blanc légèrement teinté de jaunâtre et rehaussé par du noir sur le dessus de la tète et à l’extrémité de la queue.
- Aussi avons-nous été fort surpris en rencontrant, parmi les nombreux Faisans oreillards donnés au Muséum par le prince Henri d’Orléans et provenant, pour la plupart, des environs de Tà-tsién-loù, certains individus portant la livrée blanche ou plutôt légèrement saumonée du Crossoptilon tibetanum ; d’autres individus ayant, au contraire, la plus grande partie du corps teintée de gris bleuâtre et ressemblant presque entièrement aux Crossoptilon auritum rapportés par M. David; d’autres enfin offrant une livrée intermédiaire, blanche et grise ou blanche parsemée de quelques taches foncées. Que faut-il penser de ces derniers oiseaux? Tout d’ahord je n’hésitais pas à les considérer comme des sujets en plumage de transition, c’est-à-dire en train de perdre la robe bleuâtre, soit que celle-ci fut un vêtement de première année destiné, comme chez un certain nombre d’oiseaux, à être remplacée, dans la seconde année, par un vêtement aux teintes plus claires, soit que ce costume gris fût une simple livrée de saison, devant changer à la saison suivante ainsi qu’on l’observe chez les Lagopèdes ou Perdrix des neiges. Si cette hypothèse s’était vérifiée, il aurait fallu réunir le Crossoptilon tibetanum au Crossoptilon auritum et, en laissant de côté certain Crossop-
- tilon bleuâtre, qui a été décrit il y a quelques années et dont l’authenticité ne semble pas absolument démontrée, on n’aurait plus compté que deux espèces de Crossoptilon, une brune et une autre grise ou blanche, suivant l’âge et la saison. Toutefois, cette manière de voir soulève des objections assez sérieuses. Ainsi M. l’abbé David affirme qu’il a toujours rencontré, dans certaines localités du Kokonoor et du Sétchuan, uniquement des Crossoptilon à livrée bleue et, dans d’autres localités de cette dernière province, exclusivement des Crossoptilon à livrée blanche. Il fait observer aussi que les quatre spécimens de Crossoptilon auritum, rapportés par lui, sont identiques, qu’ils correspondent à la description donnée, il y a près d’un siècle, par le naturaliste Pallas, qu’ils offrent tous les caractères d’oiseaux adultes, que les pinceaux de leurs oreilles sont relativement plus développés que chez le Crossoptilon tibetanum et qu’enfin leurs plumes caudales, les médianes surtout, sont plus légères et plus finement découpées, ce qui les fait particulièrement rechercher pour orner les chapeaux des mandarins.
- La question reste donc encore indécise, mais elle pourra bientôt sans doute être complètement résolue, grâce à l’arrivée à la ménagerie du Muséum d’histoire naturelle de plusieurs Crossoptilon blancs, mâles et femelles. Ces oiseaux, capturés aux alentours de la ville de Tà-tsién-loù, ont été rapportés, avec quelques Lophophores, des Faisans d’Amhcrst et des Colombes leuconotes, par Mgr lîiet, évêque de Diana, que l’état de sa santé forçait à rentrer en France. Malheureusement, les Lophophores mâles ont succombé aux fatigues de ce long voyage, avant même d’arriver au port. Au contraire, les Crossoptilon ont bien résisté et on peut les voir depuis deux mois dans la grande volière du Jardin des Plantes, où ils ont, pour compagnons de captivité, des Hérons, des Cigognes, des Mouettes, des Poules d’eau et d’autres oiseaux de différents groupes. Ils n’ont point paru trop souffrir des lourdes chaleurs que nous avons traversées, eux qui étaient accoutumés à l’air vif et pur des hautes montagnes, et si, comme on est en droit de l’espérer, ils vivent plusieurs années au Muséum, s’ils s’y reproduisent comme d’autres Faisans, on pourra voir si l’âge ou les saisons apportent des changements dans leur plumage. Je dois dire cependant qu’un nouveau témoignage, digne de foi, dément l’existence de pareils changements. Mgr Riet, à ce que vient de m’apprendre M. l’abbé David, déclare qu’il n’a jamais observé, autour de Tà-tsién-loù, que des Crossoptilon à plumage blanc et que cette livrée est l’apanage de l’espèce, dès l’âge le plus tendre. Il faudra donc peut-être considérer les individus à plumage tacheté irrégulièrement, dont je parlais il y a un instant, comme des hybrides du Crossoptilon tibetanum et du Crossoptilon auritum. Chacun sait que chez les Faisans et chez d’autres Gallinacés des individus d’espèces différentes et même de genres différents se croisent fréquemment en domesticité
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- et aussi, quoique plus rarement, a l’état sauvage. On comprend donc que de semblables unions puissent s’opérer aisément entre deux sortes de Crossoptilon qui habitent deux régions contiguës, qui doivent môme se trouver réunies dans certaines localités et qui ont la même structure, les mêmes mœurs, le même régime. Etant données les grandes ressemblances qui existent entre tous les Crossoptilon et surtout entre les blancs et les gris, les produits du croisement de ces oiseaux mériteraient d’ailleurs à peine le nom ^hybrides homoïdes qu’lsidore Geoffroy-Saint-llilaire appliquait aux produits de l’union des deux espèces; ils seraient plutôt comparables à ces individus qui, dans nos basses-cours, sont issus de races créées par l’homme et qui offrent, pour employer l’expression de M. Sanson, des variations désordonnées. Si, comme cela est fort possible, il y a chez certains Crossoptilon une sorte de dimorphisme analogue à celui qu’on observe chez quelques Oiseaux de proie, on conçoit que ça et là le type gris et le type blanc puissent se mélanger, quoique, en général, il n’en soit pas ainsi, en raison des habitudes sédentaires des Crossoptilon que M. David nous représente comme des biseaux très attachés aux lieux qui les ont vus naître.
- Dans leur pays natal les Faisans oreillards se nourrissent, comme les Lophophores, de feuilles, de bourgeons, déracinés, de graines et d’insectes. D’humeur très douce et d’un naturel éminemment sociable, ils se plaisent dans la compagnie d’autres individus de leur espèce et forment de petites troupes, même durant la saison de l’éducation des jeunes. Ces mœurs rendent leur chasse singulièrement facile ; aussi ceux d’entre eux qui habitent le nord de la Chine et qui appartiennent à 1’espèce appelée Crossoptilon mantchuricum deviennent-ils de plus en plus rares, d’autant plus que les forêts qui leur servaient de retraites ont été en partie abattues. Heureusement, pendant qu’il était encore temps, on a introduit en Europe d’assez nombreux spécimens du type brun qui se sont reproduits au Jardin zoologique de Londres, au jardin d’acclimatation du Rois de Boulogne à Paris et dans d’autres établissements. En revanche, on n’a pas encore reçu d’individus vivants du type gris-bleuàtre et les Crossoptilon rapportés par Mgl' Biet sont, si je ne me trompe, les premiers représentants du type blanc qu’on ait vus dans un jardin zoologique. Ces magnifiques Gallinacés sont, comme je le disais, en parfait état et leurs allures dénotent une excellente santé. Ils courent allègrement dans leur parc, en tenant le corps presque horizontal et la queue un peu basse, en bombant légèrement le dos et en faisant saillir leur jabot, et, tout en courant, ils font entendre de temps en temps un petit gloussement. Us se perchent comme les Poules, en s’accroupissant sur la branche.
- Quoique sous le rapport des qualités de la chair les Faisans oreillards soient, paraît-il, décidément inférieurs aux Faisans ordinaires, ils n’en constitueraient pas moins une acquisition précieuse pour
- la faune de notre pays, si pauvre en Gallinacés. Leur résistance au froid, leur frugalité, la douceur de leur caractère et leur naturel sociable rendraient les tentatives d’acclimatation extrêmement faciles et je ne doute point, pour ma part, que de petits troupeaux de Crossoptilon blancs, gris ou bruns, placés dans des conditions rappelant celles de leur pays natal, ne prospèrent admirablement. Le climat et le sol des hauts plateaux du Jura, des montagnes de l’Auvergne, des Vosges, des Alpes et des Pyrénées leur conviendraient particulièrement. Ils y trouveraient ces ruisseaux d’eau claire, ces forêts d’arbres verts, ces pentes gazonnées qu’ils affectionnent et les plantes alpestres dont ils font leur nourriture ordinaire. E. Oüstalet.
- SUR L’INNOCUITÉ DE L’ALUMINIUM
- APPLIQUÉ AUX USAGES DOMESTIQUES
- Nous avons publié, il y a quelques mois *, en même temps qu’un certain nombre d’autres journaux techniques, les résultats d’expériences faites par MM. Lubbert et Roscher, expériences à la suite desquelles il résultait ou semblait résulter que l’aluminium était attaqué par le vin, l’eau-de-vie, le café, le thé, et, par suite, impropre à la confection des bidons de campagne ou d’autres récipients de même nature.
- Les faits ainsi annoncés, au moment même où de récents procédés de fabrication reposant sur l’emploi de l’électricité ont abaissé le prix de l’aluminium dans des proportions imprévues, ont fait naître, pour l’avenir de ce métal, des craintes partagées par l’administration centrale de la guerre.
- Dans le but de contrôler les assertions des chimistes allemands, et d’apporter de nouveaux faits à l’étude de l’aluminium, M. Balland a entrepris de nombreuses expériences dont il vient de présenter les résultats à Y Académie des sciences. Notre impartialité nous fait un devoir de reproduire ici les résultats obtenus par M. Balland, résultats qui contredisent ceux de MM. Lubbert et Roscher.
- Le métal employé est de la tôle d’aluminium fabriquée en Franeç, telle qu’on la trouve dans le commerce ; elle a une épaisseur de 1 millimètre et pèse 27er,75 par décimètre- carré.
- Pour les essais, on a pris des lames de 5 grammes mesurant 18 centimètres carrés et présentant, par suite, en tenant compte de leur épaisseur, une surface très rapprochée de 58 centimètres carrés. Ces lames, avant d’ètre mises à l’épreuve, ont été nettoyées avec tous les soins désirables, de même que les récipients dans lesquels on a opéré. Dans les pesées qui ont suivi, elles ont été préalablement frottées avec une brosse à ongles, lavées à grande eau et parfaitement essuyées.
- Il résulte de nos essais, poursuivis pendant plusieurs mois, que l’aluminium peut être employé avec avantage à la confection des ustensiles servant aux usages domestiques. L’air, l’eau, le vin, la bière, le cidre, le café, le lait, l’huile, le beurre, la graisse, etc., l’urine, la salive, la terre, etc., ont moins d’action sur lui que sur les métaux ordinaires (fer, cuivre, plomb, zinc, étain). Le
- 1 Vov. n° 967. du 12 décembre 1891, p. 18. Limitation des applications de l’aluminium.
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- vinaigre et le sel marin l’attaquent, il est vrai, mais dans des proportions qui ne sauraient compromettre son emploi. Il ne perd, en ellet, dans le premier, après quatre mois, que 0*p,549 par décimètre carré et 0*p,045 seulement dans des solutions de sel à 5 pour 100.
- En mettant en regard de ces expériences les propriétés physiques de l’aluminium si bien observées par II. Sainte-Claire Deville, à qui revient, sans contestation possible, la gloire d’avoir inauguré la fabrication industrielle de ce métal, on reste convaincu, avec l’illustre maître, que l’aluminium est appelé, dans notre industrie, à jouer un rôle important.
- C’est un métal, pour ainsi dire national, car la France est très riche en minerai d’aluminium (bauxites) et elle dispose de forces motrices naturelles capables de produire l’électricité dans les meilleures conditions possibles. Si l’on tient compte de sa légèreté extrême autant qué de sa résistance aux agents atmosphériques, on comprend tout le prolit que le Ministère de la guerre, en particulier, peut en tirer pour le service des vivres (conservation des denrées en caisses étanches), des ambulances (ustensiles divers), de la télégraphie (fds conducteurs en aluminium), sans compter les objets multiples (galons, boutons, plaques de ceinturon, plaques d’identité, fourreaux de baïonnette, gamelles individuelles, etc.), qui, en allégeant la charge du soldat, permettraient, à un moment donné, d’augmenter sa réserve en cartouches.
- L’OBSERVATOIRE DE NICE
- Nous avons à plusieurs reprises parlé du magnifique Observatoire de Nice, fondé en France, à la mode américaine, par la seule initiative d’un homme riche, généreux, ami des choses de la science. Nous avons reçu récemment, de M. Bischolîsheim, un exemplaire d’une superbe description graphique de l’Observatoire érigé sur le mont Gros, près de Nice, sous le plus beau ciel de la France ; ce nous est une occasion de compléter des articles antérieurement publiés1. L’ouvrage dont nous signalons lu publication est dû à l’éminent architecte de l’Observatoire de Nice, M. Charles Garnier; nous ne saurions mieux faire que de reproduire la Note présentée à ce sujet à l’Académie des sciences par M. Faye.
- Les planches qui représentent les divers batiments ont été dessinées avec une grande perfection et donnent une idée complète de cet établissement modèle. Je me trompe en disant que l’impression est complète. Malgré le talent du dessinateur, rien ne peut reproduire l’impression de grandeur colossale que font naître, en particulier, l’aspect intérieur du grand équatorial avec son dôme plus large que celui du Panthéon, et l’énorme lunette qui s’y meut à l’aise sur un magnifique pilier double de pierre de la Turbie (Voyez la gravure). C’est un effet de perspective littéralement écrasant dont des dessins géométraux ne sauraient donner l’idée.
- Le sous-sol qu’on ne voit pas est presque aussi essentiel que le reste, car tout dépend de la stabilité des fondations. Il offre, pour les plus délicates observations de la physique astronomique, une immense salle dont on ne trouverait pas l’équivalent ailleurs; elle a été plus d’une fois utilisée.
- 1 Voy. n° 626, du 30 mai 1885, p. 405; et n° 455, du 18 février 1882, p. 192.
- Le dôme lui-même, qui paraît du dedans bien autrement imposant que du dehors, frappe le spectateur par la facilité de ses mouvements de rotation qu’il doit au génie de son constructeur, M. Eiffel.
- Vu de Nice même, du débarcadère du chemin de fer, le couronnement du mont Gros, formé de ce dôme, des bâtiments d’habitation et d’administration, saisit le voyageur par son style sobre, d’un ellet grandiose. Le reste disparaît dans l’éloignement ou par l’effet des mouvements de terrain. Mais, quand on se place au sommet même, de manière à voir groupés les différents édifices élevés pour les observations, d’après ce principe que chaque genre distinct de travaux doit avoir son établissement particulier bien isolé du reste, on juge mieux du talent avec lequel l’auteur de ces vastes constructions a tout agencé de manière à former un ensemble harmonieux où aucun édifice n’est gêné par son voisin, où tous les horizons qui doivent être entièrement découverts s’étagent sans empiètement sensible, où toutes les lignes de visée n’ont d’autres limites que la mer d’un côté et, de l’autre, des montagnes lointaines que l’altitude du mont Gros rend peu gênantes.
- Ce qu’un astronome ne saurait assez admirer après avoir parcouru les édifices consacrés à la science, c’est la libéralité avec laquelle les habitations des observateurs ont été construites et disséminées. 11 fallait en effet loger tout ce personnel qui s’élève à trente-quatre personnes tout compris. Il fallait aussi faciliter à ce personnel l’accès de la ville qui se trouve à quelques kilomètres, par conséquent construire des écuries pour les chevaux, des magasins pour les fourrages, des remises pour les voitures. 11 n’y a pas jusqu’au concierge de l’établissement dont l’habitation n’ait été traitée, sans luxe assurément, mais avec un confortable gracieux qui frappe dès l’abord le visiteur au moment où il quitte la belle route de la Corniche pour prendre celle de l’Observatoire.
- Quant aux bâtiments de l’administration, dont la bibliothèque sert aussi de salle du Conseil, l’architecte s’est un peu plus donné carrière et a pleinement réussi à leur donner un aspect monumental dans sa sobriété.
- Cet Observatoire est fini et complet. Mais M. Bis-choffsheim tient à lui donner tous les perfectionnements que l’insatiable science réclame dans sa marche ascendante. C'est ainsi que, dans ces derniers temps, un nouvel instrument avec son édifice spécial a été érigé : l’équatorial coudé de notre savant confrère, M. Lœwy, auquel M. Bischoffsheiin lui-même a su apporter un utile perfectionnement.
- Il serait trop long de rendre compte ici de tontes ces installations. C’est ainsi que je suis obligé de mentionner seulement le petit équatorial où M. Charlois a fait de si nombreuses et si belles découvertes planétaires, et la grande salle consacrée au magnifique cercle méridien de M. Brunuer, dont les dimensions et la construction sont si frappantes et qui permettra à l’habile directeur, M. Perrotin, de déterminer, avec la dernière précision, les bases mêmes de l'astronomie. Je ne puis que citer l’établissement spectroscopique illustré par les travaux de feu M. Thollon, le laboratoire de physique, celui de photographie et l’établissement magnétique qui, tous, mériteraient une description spéciale. Du moins, j’aurai payé, à notre confrère M. Ch. Garnier, un juste tribut d’éloges, bien qu’il soit, par ses autres travaux, supérieur à ces éloges, en disant que notre confrère, M. Bischoflsheim, a trouvé en lui un collaborateur digne d’être associé à cette œuvre grandiose, qui fait tant d’honneur à la ville de Nice, ou, pour mieux dire, au pays tout entier.
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- Le grand équatorial de l’Observatoire de Nice.
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- On voit que l’Observatoire de Nice, aujourd’hui terminé, peut être cité parmi les plus belles installations astronomiques du monde. Cet établissement modèle a déjà rendu de grands services à la science ; il n’est pas douteux que dans l’avenir il en rendra d’autres encore. Gaston Tissandibr.
- LES TEMPÉRATURES EN EUROPE
- Il sc trouve, dans un journal allemand, Himmel und Erde, de curieux renseignements, Lien qu’un peu sujets à caution, sur la distribution de la chaleur à la surface de notre Europe aux différentes époques de l’année.
- Nous y remarquons surtout l’influence des mers, qui fait que Londres, à 58° 31' du pôle, a la même température moyenne que Paris, à 41° 10' du même pôle, et même que lluda-Pesth à 42° 51', deux degrés plus au sud que Londres. Mais on a, en moyenne de janvier, 5°,5 à Londres et— 1°,4 de température centigrade àBuda-Pesth, etcomme moyenne de juillet, 17°,9 à Londres et 22°,5 à Buda-Pesth, c’est-à-dire que, dans la première localité, les hivers sont moins froids et les étés moins chauds, la mer dont l’Angleterre est entourée réagissant sur les températures excessives pour les rapprocher de la moyenne. Le fait a un caractère de généralité assez marqué, surtout lorsqu’on compare les rivages à l’intérieur des continents.
- Comme moyenne des plus hautes températures annuelles, on voit se produire les curieux faits suivants : côtes sud-ouest d’Espagne, 55° ; centre du pays, 44°. — Rives de la Manche en France, 30°; Orléans, 38°.
- Les moyennes des plus Lasses températures annuelles fournissent des faits encore plus remarquables : côtes sud-ouest d’Espagne, 0°; Madrid,— 12°; côtes ouest de France et d’Irlande, — 5°; Paris, —22°; côtes occidentales de Nonvège, — 10°; centre de la presqu’île Scandinave, — 45°; sud de l’Italie, 0°; nord, — 5°; centre, — 13°.
- Enfin, les différences moyennes entre les températures extrêmes de chaque année sont marquées de môme : côtes ouest d’Angleterre, de la Manche, ouest et sud d’Espagne, nord et ouest d’Italie, 53°; centre de l’Angleterre, 48°; Orléans, 64°; Madrid, 36°; Dresde, 64°; Smolensk, 79°; Perm, 83°. Joseph Yinot.
- LES ÉTABLISSEMENTS ANGLAIS
- DU DÉTROIT DE MALACCA
- Si nous ne connaissons en France que très vaguement la situation et la topographie de nos propres colonies, si nous ignorons absolument —je parle ici de la masse du public — les ressources, les produits, le climat de ces pays d’outre-mer pour lesquels nous avons fait de si grands sacrifices depuis quelques années, il ne faut pas s’étonner que nous ne sachions rien des colonies que possèdent les Anglais dans les cinq parties du monde.
- Cependant, un certain nombre de nos compatriotes ont pris soin de nous informer, tant au point de vue pittoresque et artistique que sous le rapport économique, de la vie, des mœurs et des productions de leurs colonies. Pour les Établissements du Détroit, puisque nous voulons parler aujourd’hui des possessions anglaises à Malacca, MM. Rrau de Saint-Pol-Lias et Errington de La Croix,
- de Beauvoir, Bousquet, Cotteau, nous ont fourni de précieuses informations, tant sur Singapour que sur Perak et le pays de l’étain. Ces renseignements, nous allons les résumer et les compléter, en montrant avec quelle habileté l’Angleterre a su étendre sa domination sur la presque totalité de la péninsule malaise et se rendre ainsi maîtresse de l’une des principales entrées des mers de l’extrême Orient. D’ailleurs, les événements qui sc déroulent en ce moment dans le sultanat de Pahang, sur la cote orientale de la presqu'île, événements qui peuvent ne pas être sans danger pour l’Angleterre, nous semblent de nature à appeler notre attention sur les Établissements du Détroit.
- C’est au commencement de cette année même que le sultan de Pahang volontairement, ou pour être plus exact, forcément, réclama la présence et l’appui d’un résident anglais. D’importantes mines d’étain, d’or et de diamants situés sur son territoire, décidèrent sir Clementi Smith, gouverneur des Straits settlements, à accéder à ce désir. Mais si M. Bodger, qui fut envoyé comme résident, ne tarda pas à se montrer très satisfait des relations qu’il noua avec le sultan, il n’en fut pas de même des indigènes, et l’un de leurs principaux chefs, l’Orang-Kaya, leva l’étendard de la révolte ; puis deux officiers anglais ayant été assassinés, la peur s’empara des habitants de Pahang qui se réfugièrent à Pékan et s’embarquèrent pour Singapour. L’attitude du Sultan ayant senddé fort louche au gouverneur, trois navires de guerre furent envoyés devant Pékan.
- Les Etablissements du Détroit se composent de Pinang ou île du Prince de Galles, qui fut cédée à l’Angleterre par le rajah de Kedah en 1785, moyennant le payement d’une pension annuelle, de Singapour qui fut achetée en 1812 au sultan de Djohore et de trois enclaves : la province de Wellesley, le territoire de Malacca et la province de Dinding avec certains territoires qui, dit adroitement le Colonial Year book, peuvent s’y ajouter avec le temps ou devenir dépendants de la colonie. C’est en 1857 (pic l’Angleterre a pris possession comme station de charbon des Iles des Cocos découvertes par Kecling en 1609, îles qui ont été réunies à la colonie en 1886. Enfin, au mois de janvier 1889, la Grande Bretagne a pris possession de File Christmas dans l’océan Indien et y a fondé un établissement. Dépendant d’abord du gouvernement de l’Inde, les Établissements du Détroit relèvent du Secrétaire d’État des colonies.
- Singapour est trop connue pour que nous ayons longtemps à nous y arrêter. C’est une station maritime de première importance sous les rapports commercial et militaire, un emporium considérable pour les marchandises de l’extrême Orient ; dans son excellent port, parfaitement aménagé, viennent s’arrêter, se ravitailler de charbon et, au besoin, se réparer, les innombrables navires qui mettent l’Europe, l’Inde et la côte orientale d’Afrique, en communication avec l’Indo-Chine, la Chine, le Japon, l’Insulinde, et l’Australie; c’est un point stratégique de premier ordie. li était naturel que l’An-
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- gleterre, fidèle aux traditions qui lui avaient assuré la possession de Gibraltar et de tant d’autres positions importantes, trouvât le moyen de s’y établir et de se rendre ainsi maîtresse de la grande route de l’extrême Orient.
- Longue de 127 milles sur une largeur moitié moindre, Elle de Singapour est située à la pointe extrême de la presqu’île de Malaeca, dont elle n’est séparée que par un étroit canal, route jadis suivie par les navires allant en Chine. La colonie n’a pas dépensé moins de 2500000 francs en travaux de défense et son port est un des plus grands du monde. Là, se rencontrent toutes les races, là se coudoient les mosquées musulmanes, les temples hindous, les pagodes chinoises et les églises chrétiennes.
- Le nom de Stamford Rallies, qui fut assez habile pour faire céder cet admirable port à sa patrie, est célèbre dans le monde entier, mais l’Angleterre ne fera jamais assez pour reconnaître les immenses services qu’il lui a rendus dans l’extrême Orient.
- L’île de Penang est située par 5° nord de latitude sur la cote occidentale de la presqu’île à l’entrée du détroit de Malacca; c’est le plus ancien établissement des Anglais dans la péninsule. Sur la terre ferme dont l’île du Prince de Galles est séparée par un détroit large de 2 à 10 milles, s’étend une bande déterre longue de 45 milles et large de S. C’est la province de Wellesley que l’Angleterre se lit céder par le sultan de Kedah en J 71)8, pour mettre fin à la piraterie (pii désolait ces parages. C’est une contrée merveilleusement cultivée, si on la compare surtout aux provinces voisines, où sc récoltent le sucre, le riz, le bétel, le coco, le poivre et autres produits tropicaux. Quant à l’île de Penang, c’est une plaine riche et fertile, égayée de collines qui ne dépassent pas 000 mètres et sur lesquelles sont bâtis le gouvernement, les sanatoria et quantité de bungalows.
- Les Rinding sont un groupe d’îles dont Pangkor est la plus grande et qui sont situées un peu plus lias, par A0 50' de latitude nord. Là, comme à Penang, l’Angleterre a trouvé moyen de s’annexer une bande de terre qui n’a pas moins de 25 milles du nord au sud et qui appartenait jadis au Perak. C’est sur le continent, à Lumut, qu’est établi le siège du gouvernement avec un port sur et profond. La principale production de cette colonie consiste en bois forestiers qui rapportent 20000 dollars par an.
- L’agriculture n’a pas encore fait de progrès bien marqués dans les Rinding; on espère que cette colonie recevra une puissante impulsion lorsqu'elle sera reliée par un chemin de fer, dont les études sont laites, avec l’Etat natif de Perak. Si le cocotier et le patchouli donnent des produits rémunérateurs, la culture du tapioca et de la canne n’est encore qu’à l’état d’expérience.
- Penang, la province Wellesley et les Rinding comptaient, d’après le recensement de 181)1, une population de 231 480 individus.
- Quant à Malacca, elle est située encore plus bas dans le Détroit et forme dans la péninsule une en-
- clave de 059 milles carrés. C’est le plus ancien établissement européen dans cette contrée. Enlevée en 1511 par Albuquerque au sultan Mahmoud, elle tomba en 1041 entre les mains des Hollandais qui surent, à cette époque, s’emparer de la plus grande partie des colonies portugaises. Jusqu’en 1797, elle resta sous leur domination, tomba alors au pouvoir des Anglais, qui la gardèrent jusqu’en 1818 qu’ils la rendirent aux Hollandais, pour la reprendre défi-nitiveinent en 1824, cédant eu échange aux Hollandais l’établissement de Bencoulen à la côte ouest de Sumatra, les deux parties contractantes s’interdisant réciproquement de se mêler des affaires de Malacca et de Sumatra ou de créer aucun établissement dans ces contrées. Jadis centre du commerce portugais dans l’extrême Orient, Malacca s’est vue successivement détrônée par Penang et par Singapour, cette dernière concentrant tout le commerce extérieur , mais Penang trouvant bientôt une compensation dans l’ouverture des mines d’étain.
- Tels sont les Établissements du Détroit dont la constitution est celle des autres colonies de la couronne; ils sont dirigés par un gouverneur nommé pour six ans, assisté de Conseils exécutif et législatif. Les sources de revenu sont peu nombreuses; elles portent sur la préparation de l’opium, la vente des spiritueux, mais il n’y a pas de droits de douane, tous les ports de la colonie étant francs et ne faisant payer qu’un prix très modique pour l’entretien des phares. Les revenus ont été en 1890 de 855 825 livres sterling. Les principaux articles d’exportation sont les holothuries, nids d’hirondelles, copra, poisson sec et salé, écailles de tortues, rouge de Bornéo, étain, sucre, poivre, maïs, sagou, tapioca, riz, gutta-percha, gomme, café, tabac, etc., tandis que les importations comprennent le charbon, les étoiles de laine, et de coton, [foudre, pain, biscuits, beurre et fromage, chandelles, verres, chapeaux, machines, liqueurs, papier, parfumerie, opium, etc.
- En 1890, sans compter la marine indigène, on a relevé l’entrée dans les ports du Détroit de 10 178 bâtiments ne jaugeant pas moins de 9 078 059 tonnes. La population totale des divers établissements est de 500 984 âmes.
- Nous venons de passer rapidement en revue les établissements du Détroit, ceux qui sont de véritables colonies anglaises ; il n’en est pas moins vrai que le jour est proche où toute l’extrémité méridionale de la péninsule malaise sera dans les mêmes conditions. S’il subsiste encore un certain nombre d’États indépendants, ils sont, en réalité, sous le protectorat britannique. Fragments d’Etats démembrés, ils sont gouvernés par des sultans, maharajahs ou rajahs qui n’ont [dus qu’une puissance nominale, toute l’autorité étant entre les mains des résidents anglais. Mais on ne considère, à proprement parler, comme Etats protégés, que ceux de Perak, Selangor, Sungei Ujong, Pahang et Negri Sembilan ; les autres, à partir de l’isthme de Kra, affaiblis par des luttes intestines, morcelés par des annexions temporaires,
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- sans cohésion, sans patriotisme et sans chefs do valeur, seront fatalement et avant peu entraînés dans l’orhite britannique.
- Perak était resté sans rapports avec l'Angleterre jusqu’en 1874, mais, à cette époque, cette puissance mit à profit les dissensions fratricides qui déchiraient cet Etat et prétexta, pour intervenir, le tort (pie causaient à ses nationaux des pirates plus ou moins authentiques. On sait qu’une intervention de la part de l’Angleterre équivaut à une annexion. Un traité fut conclu le 20 janvier 1874, à la requête du sultan, par lequel un résident et un aide-résident devaient pourvoir au main lien de l’ordre dans cet Etat. À la suite du meurtre du résident, le sullan fut déporté aux Séchelles et, après de sévères exécutions, la paix fut définitivement établie dans le pays qui se développe, il faut le reconnaître, avec une merveilleuse rapidité comme l’indiquent ces deux chiffres : revenu en 1877, 04 728 livres sterling; en 1890,
- 2 500 000 dollars.
- Des constructions de toute sorte, un chemin de fer, des routes, le télégraphe ont été établis. Mais, pour être juste, il faut admettre que l’élément le plus actif de cette prospérité a été la découverte de mines d’étain d’une richesse prodigieuse qui ont tout à fait changé les conditions du marché européen en y lançant d’énormes quantités de métal.
- Selangor a été en proie à la guerre civile de 1807 à 1874, guerre fomentée, à n’en pas douter, par de puissants voisins jaloux de placer ce pays sous leur protectorat. C’est un pays de mines, aussi s’est-on empressé de mettre en communication avec la côte Kwalla-Lumpur par un chemin de fer qui a été ouvert au trafic en 1880.
- Sungei Ujong, le plus petit des Etats protégés, est entré dans l'orbe britannique en 1874, juste dans des circonstances analogues à celles que nous avons relatées plus haut pour Perak et Selangor, ce qui indique incontestablement un plan suivi. L’agriculture était en honneur dans ce minuscule Etat lors-
- qu’on y a découvert des mines dont l’exploitation va sans doute changer la face du pays.
- Est-il bien nécessaire de répéter ce que nous venons de dire, à propos des neuf Etats connus sous le nom de Negri Sembilan dont l’or semble devoir faire la fortune?
- Nous aimons mieux nous arrêter quoique peu sur le plus grand deces htats protégés, sur Pahang, à propos duquel l’Angleterre a quelques difficultés en ce moment. Ses 10000 milles carrés nourrissent une population de 52805 individus adonnés, sous les ordres d’Européens et d’Australiens experts en ces recherches, à l’exploitation des mines d’or et d’étain. Les sables aurifères se rencontrent surtout à l’embouchure de la rivière Pahang; aussi un service régulier de paquebots a-t-il été organisé avec l’aide du gouvernement entre la capitale Pékan et Singapour ; on parle même d’installer un service de bateaux à vapeur de rivière sur le Pahang qui est navigable jusqu’à 2oh milles de son embouchure.
- Le peu que nous avons dit du développement de ces contrées grâce à l’immigration — particulièrement chinoise — due à la découverte des mines d’or et d’étain, suffit pour justifier ces mots, d’un des derniers gouverneurs qu’il serait difficile de trouver dans le monde entier un autre pays dont la prospérité ait suivi une marche aussi sûre et aussi rapide. Il ajoutait que de l’État de Pahang, le dernier qui avait sollicité — oh, euphémisme! —le protectorat de l’Angleterre, il augurait très bien, car il n’y en avait aucun dans la presqu’île malaise qui eût été plus favorisé par la nature, tant sous le rapport des mines que des ressources agricoles.
- Puissions-nous à notre tour profiter des leçons que nous donne l’Angleterre pour mettre en valeur les admirables territoires que nous avons acquis non loin de là dans l’Indo-Chine! Il ne faut pour cela qu’une chose : ne pas entraver l’initiative individuelle! Gabriel Marcel.
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- LA N AT U UE.
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- LE SERPENT PYTHON
- DKS ILES PHILIPPINES
- On redoute en general les serpents pour leur venin; niais il en est plusieurs espèces qui ne sont nullement venimeuses, et qui sont cependant assez redoutables, par suite de leur énormité et de leur force. Tel est le cas des Pythons appartenant au groupe des ophidiens non venimeux cicuriformes, caractérisés par leurs dents disposées aux deux mâchoires et non munies de gouttière; ils font partie de la famille des Pythoniens. Nous n’avons pas l’intention d’entrer ici
- dans des détails anatomiques et de faire une description des caractéristiques de ces animaux ; mais nous ferons remarquer que chez tous le museau est épais, tronqué en avant; la queue jouit généralement de la propriété de s’enrouler aux arbres. Comme le remarque M. le l)r Chenu, ce qui prouve que ces serpents monstres sont connus de toute antiquité, c’est, que leur nom de Pythons leur vient de la mythologie : le python, le python, c’était le gigantesque serpent qu’Apollon avait tué de ses ilèches, et qui avait donné lieu a l’institution des jeux pythiens. Certainement les anciens faisaient allusion à l’énorme serpent dont nous voulons parler, et qui est précisément propre à
- l’ancien inonde. Les Pythons n’existent plus actuellement en Europe, mais il y en avait pendant la période tertiaire. Ces ophidiens étaient assez connus des anciens pour donner lieu à des récits merveilleux : tel est, par exemple, le cas du fameux serpent de llé-gulus; il en est de meme sans doute aussi du célèbre serpent de trente coudées de long, dont Riodore de Sicile a raconté la prise sous le règne d’un Ptolémée. Los Pythons ont le milieu du corps plus gros que les deux extrémités ; ils vivent enroulés sur les arhres dans les endroits chauds et humides; ce sont des carnassiers audacieux, et, grâce à leur grande taille, ils s’attaquent à des proies énormes ; les uns disent des cerfs, des hœufs même; les autres, des gazelles, qu’ils saisissent comme d’un coup de fouet, quand ils se balancent suspendus par la queue à une bran-
- che d’arbre. Ils engloutissent avec toute facilité des masses considérables, grâce à leurs mâchoires dilatables et à l'absence de sternum et de fausses côtes, qui facilite l’extension de leur corps. La coloration (les Pythons est presque toujours la même : une sorte de grande chaîne brune ou noire à larges mailles quadrangulaires se dessine sur le fond jaunâtre de leur peau.
- Nos collections du Muséum et la ménagerie même contiennent plusieurs types de Pythons : c’est le serpent géant d’Adanson, qu’on nomme souvent boa constrictor ; puis le P. royal du Sénégal; celui de Natal, le P. améthystine d’Amboine et bien d’autres dans toutes les îles de l'archipel australasien.
- Précisément, deux savants chargés de missions pour le Gouvernement des États-Unis, MM. Worcester et
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- MU
- LA NATULE
- Mourus, viennent (l’adressera notre confrère, le S rien-tific American, des renseignements et une photographie très curieuse sur un de ces Pythons, le Python des Philippines. Nous pensons que ces détails seront les bienvenus.
- Les Pythons sont très nombreux aux Philippines ; ils sont de meme espèce que ceux de Morne'o. Nos deux savants, pendant leur séjour de dix-lmit mois dans ces îles, ont eu l’heureuse chance de se procurer trois individus de fort belle taille comme on va le voir. Le plus petit des trois mesure 5m,7 Ode long; il est juste de dire qu’il était fort maigre, semblait n’avoir pas mangé depuis longtemps, ce qui ne l’empêchait pas de constituer une lourde charge pour deux hommes. Le deuxième mesure Gm,60 de long : la tête est large de 15 centimètres à l’articulation des mâchoires, et la gueule s’ouvre de 52 centimètres, avant même qu’il se produise aucun plissement de la peau ni déplacement des os. Enfin, le troisième spécimen est long de 7 mètres, avec une circonférence de 55 centimètres. Et il faut songer que pour chacune de ces bêtes, l’estomac était absolument vide ; quand on se rappelle combien leur corps se dilate pendant un bon repas, on peut se figurer quelle aurait été la circonférence de ces serpents si on les avait pris immédiatement après un repas. Une remarque à faire, c’est que, à une faible augmentation de longueur, correspond un grand accroissement de circonférence.
- Les deux savants à qui nous empruntons ces renseignements ont pu constater la force extraordinaire de ces serpents : Lun d’eux, d’un effort brusque, put briser en deux un de ses liens qui était un rotin de 12 à 18 millimètres de diamètre; cette même bête ayant été solidement attachée par le cou, il fut impossible à deux hommes aidés d’un enfant de la maintenir par la queue. Les observations faites ainsi aux Philippines ont pu confirmer ce qu’on admet ordinairement de l’alimentation des Pythons : il paraît qu’un serpent de cette taille peut jeter à bas un buffle moyen et faire disparaître un homme en quelques minutes ; on a vu des Pythons engloutir de gros chevreuils avec leurs andouillers, ce qui est au moins aussi volumineux qu’un homme.
- MM. Mourus etAVorccster ont eu la chance de découvrir 29 œufs de ces serpents ; ils étaient blancs et arrondis, entourés d’une sorte de membrane de cuir, et adhéraient les uns aux autres pour former toute une masse compacte. Chacun de ces œufs contenait un embryon de quatre pouces de long; le Python, quand on le découvrit, était enroulé sur ses œufs, les couvant.
- La photographie que nous reproduisons montre la peau du serpent de 6m,C>0 étendue pour sécher; la queue perd un peu de sa longueur parce qu’elle n’est pas complètement allongée; l’homme, debout tout auprès, tient une baguette de lm,50 qui fournit une échelle de comparaison. Enfin, ajoutons, avant de finir, qu’un métis affirme avoir vu tuer aux Philippines un Python de 15 mètres de longueur.
- Daniel Mkli.et.
- CHRONIQUE
- Les marcheurs. — La course à pied de Paris-Belfort a encouragé les prouesses de marcheurs dans différentes régions de la France. Les journaux du Midi ont publié récemment le récit d’un raid à pied exécuté à la suite d'une sorte de défi porté par des officiers d’infanterie à un lieutenant du 10° dragons, M. Futin, en garnison à Montauban, qui a pu fournir sans le moindre entraînement une traite de 109 kilomètres en 25 heures. Voici le résumé exact de cette marche remarquable : Départ de. Montauban par le chemin de Fronton le mardi 2 juillet, à 8h 1/2 du soir. Arrivée à Toulouse au point convenu le lendemain matin, à (ih10. Reparti aussitôt pour Montauban par le chemin de Grisolles. Après avoir parcouru 58 kilomètres d’une seule traite, le marcheur a fait une lre halte de 20 minutes à Lalande, à 4 kilomètres de Toulouse, à 7 heures; 2e halte de 50 minutes à St-Jorv, à 10h 55; 5e halte de 20 minutes à Grisolles, à 2h 10; au total, lh 1/2 de repos. — De retour à Montauban à 7h l/2 précises. — Distance parcourue, aller et retour : 109 kilomètres eu 25 heures. — Dans celte lre traite de 58 kilomètres, il y a lieu peut-être de noter 1500 mètres parcourus au pas gymnastique en une seule fois (depuis le haut de la côte à l’entrée de Bruguières, jusqu’au ruisseau de l’IIers, au sud du village). — Pendant tout le trajet, l’officier a eu à supporter un temps très orageux et très lourd, notamment depuis 7 heures du matin jusqu’à 5 heures de l’après-midi. Le vent d’autan, qui soufflait depuis la veille, n’avait jamais été plus sec, plus chaud ni plus accablant.
- Épuration des eaux industrielles par le sulfate ferrique. — A propos de l’épuration des eaux industrielles et des eaux d’égouts, M. Buisine a signalé à la Société industrielle du nord de la France les dernières expériences qui ont été faites en Angleterre, à Salford. Il résulte de ces essais que les sels ferriques sont, à tous les points de vue, ceux qui donnent les meilleurs résultats, mais jusqu’ici leur prix de revient trop élevé ne permettait pas leur emploi. Grâce à l’utilisation de la cendre de pyrite pour la fabrication de ces sels, les conditions sont changées. M. Buisine a obtenu avec la cendre de pyrite, sous diverses formes, des résultats très remarquables et une épuration très complète des eaux ainsi traitées. La cendre de pyrite peut être employée suivant le cas à l’état brut ou préalablement transformée en sul-fate ferrique ou chlorure ferrique. Après avoir décrit les procédés de fabrication de ces produits. M. Buisine parle de leurs applications industrielles. Des essais très intéressants de ces produits viennent d’être faits à Roubaix à l’usine de Griinonpont, installée pour l’épuratiop des eaux de l’Espierre qui sont de beaucoup les plus impures qu’on puisse trouver. Les résultats obtenus ont été très satisfaisants, tant au point de vue du prix de revient que de la parfaite épuration de l’eau et de la faible quantité de résidus d’ailleurs utilisables.
- L’ouverture de l’Exposition de Chicago.—Pour conserver à l’Exposition de Chicago son caractère commémoratif de la découverte de l’Amérique, on a songé à faire mettre la machinerie en mouvement le 1er mai 1895, jour de l’inauguration, par le marquis de Yeragua, un des derniers descendants avérés de Christophe Colomb. Mais comme le marquis de Yeragua, très âgé, est incapable de se rendre à Chicago pour procéder sur place à cette opération, et qu’il habite Madrid, on se propose de relier sa résidence à l’Exposition de Chicago, le jour de l’ouver-
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- LA NAT LUE.
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- turc, parties câbles télégraphiques sous-marins, souterrains et aériens. Il suffira au marquis de presser un bouton, à un moment donné, pour que le courant électrique envoyé sur la ligne par cette simple manœuvre mette en action les puissantes machines motrices qui actionneront les innombrables appareils établis dans Jackson-Park.
- Mnémotechnie de la loi d’Ohni. — Malgré sa très grande simplicité, la loi d’Olnn cause encore*quelques hésitations aux esprits non familiarisés avec les opérations algébriques lorsqu’il s’agit, en partant de la forme bien
- connue ordinaire I =
- E
- h
- de déduire la valeur de l’intensité
- d:i courant ou de la force électromotrice. Voici un ingénieux procédé mnémotechnique que vient d’indiquer M. Herbert Pilkington, de Y Edison Electric llluminathuj Company, de Brooklyn, à notre confrère Eleclrical World, et qui nous paraît appelé à faire disparaître toute hésitation. Nous l’indiquons ici en modifiant l’énoncé pour le rendre conforme aux appellations et aux notations usitées en France. Si on désigne pari l’intensité d’un courant, par II la résistance qu’il traverse et par E la force électromotricc qu’il produit, il suffit d’écrire le mot ER1 sous la forme suivante :
- E
- RT
- En cachant alors avec le doigt le symbole représentant la quantité dont on veut connaître la relation avec les deux autres, on n’a qu’à lire ce qui reste visible. Ainsi, par
- E
- exemple, en cachant la lettre R, on a pour valeur j , quotient
- de la force électromotricc par l’intensité. En cachant I, E
- on lit la valeur et en cachant E, on lit sa valeur RI.
- Nous recommandons vivement ce procédé aux débutants dans l’embarras, ainsi qu’aux amateurs trop souvent amenés à confondre les relations fondamentales entre les trois principales quantités physiques.
- Coloration artificielle des oiseaux. — Le l)r Sa-ncrmann publie, dans la Gazette de Francfort, une série d’observations curieuses sur la coloration artificielle des oiseaux. On sait, dit-il, que les serins nourris avec du poivre de Cayenne changent peu à peu de couleur et passent du jaune au rouge. Le poivre de Cayenne contient une matière tinctoriale, un principe irritant et une huile. Quand on extrait les deux dernières substances, par macération dans l’alcool, le poivre perd ses propriétés colorantes; mais une simple addition d’huile d’olive suffit pour les lui rendre. On conclut de ce fait que le principe huileux du poivre est le véhicule nécessaire de la couleur. Des expériences faites sur des poules blanches ont donné des résultats identiques. Ces poules ont de plus la propriété d’indiquer les changements de température par un changement notable de nuance. Le jaune de leurs œufs est rouge vif. On a également fait des expériences avec la racine d’orcanète, et l’on a obtenu un rouge violet.
- I,a variole. — Quelques chiffres éloquents en faveur de la vaccination appliquée d’une façon systématique. De 1886 à 1889, les villes de l’empire d’Allemagne ont présenté annuellement 0,46 décès varioleux par 100 000 habitants; les villes anglaises, 2,72; les villes suisses, 5,56; les belges, 15,24; les françaises, 56,77 ; les antri, chiennes, 41,95; les italiennes, 55,81; les hongroises, 101,58. Il est inutile de rien ajouter comme preuve démonstrative en faveur de la vaccination obligatoire.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 11 juillet 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- La densité des gaz. — La méthode si précise de Régnault pour la détermination de la densité des gaz est trop longue et d’une application trop difficile dans les recherches courantes de la chimie. MM. Moissan et Henri Gautier mettent sous les yeux de l’Académie un appareil essentiellement pratique destiné à obvier à l’inconvénient de la méthode de Régnault. Il serait fort difficile de suivre la description qu’ils en donnent sans une figure. Au moyen de cet appareil, ils mesurent d'abord le corps gazeux très exactement et le pèsent ensuite dans un petit ballon de verre d’une contenance maxiina de 100 centimètres cubes. De cette façon, un très petit volume de gaz suffit pour faire la détermination, et de plus le gaz peut ensuite être expulsé et utilisé pour le dosage de ses éléments. MU. Moissan et Gautier indiquent comme exemple d’applications les densités de différents gaz fort importants : oxygène, azote, hydrogène, acide carbonique. Les nombres trouvés sont fort voisins de ceux obtenus par Régnault. L’erreur à craindre dans le cas des gaz plus lourds que l’air ne dépasse pas 4 à 5 millièmes.
- Le boyhead d'Autun. — On sait que la ville d’Autun se trouve au centre d’un grand bassin de schiste bitumineux aussi intéressant au point de vue industriel qu’au point de vue scientifique, car c’est de ce bassin que nous proviennent une quantité de fossiles précieux. Une couche contient le boghead. Or, cette matière, que l’on considérait comme un minéral, n’est en réalité, d’après les travaux de MM. Bernard, Renault et Bertrand, qu’une accumulation d’algues gélatineuses et de substance ulmique. On y remarque en outre des grains de pollen en nombre énorme, ayant l’apparence de petits points ronds. Ces grains de pollen ont été lancés dans l’air par des forêts de cardutcs, arbre intermédiaire des cycadées et dos conifères, vers la fin des temps primaires, par un phénomène qui se reproduit encore au voisinage de certaines forêts et donne la pluie de soufre. M. Gaudry observe que la paléontologie dépouille la minéralogie d’un de ses corps.
- La surface du soleil. — M. Janssen montre de fort belles photographies du soleil exécutées à l’Observatoire de Mcudon. On y distingue un groupe de taches considérables. Ce qui caractérise ces photographies, c’est qu’on voit apparaître la pénombre non plus sous la forme de stries, mais sous celle de chapelets de grains ovoïdes. De même pour les facules, les noirs no sont pas continus mais laissent apparaître des granulations. La surface du soleil paraît donc uniforme dans toutes ses parties, et cette uniformité est caractérisé par l’aspect granuleux.
- Explorations sous-marines. — S. A. le prince de Monaco présente le 2e fascicule de l’ouvrage dans lequel il résume le résultat de ses explorations à bord de Y Hirondelle. Ce volume contient la description de cinquante-neuf espèces nouvelles de spongiaires dont les Açores ont fourni quarante-deux. Les autres proviennent de Terre-Neuve et du golfe de Gascogne. Par suite de ces découvertes, la classification devra être remaniée ainsi que la distribution géographique admise.
- Election. — L’Académie élit M. Perrotin, membre correspondant de la section d’astronomie. — Deux candidats
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- LA NATURE.
- au poste de directeur de l’Observatoire seront désignés le 15 juillet, dans une réunion des sections des sciences mathématiques.
- Varia. — M. Parmentier présente un Mémoire intitulé Contribution à Vétude des eaux minérales. —M. Chatn-brcland expose le résultat des mesures employées au printemps dernier, dans le Médoc, pour préserver les vignes
- Cil. de Yilledelil.
- de la gelée.
- JOUETS SCIENTIFIQUES
- LE JEU I)E PARACHUTES
- Il y a lieu de supposer que les jouets en forme de parachutes ont suivi de très près la première descente exécutée à l’aide de cet appareil par notre compatriote l'aéronaute Jacques Garnerin, le 22 octobre 1797, en présence d’une foule émerveillée d’un spectacle si nouveau. Les petits parachutes en papier léger dont les bords étaient reliés par des lils à un bouchon simulant la nacelle, avaient l’inconvénient de ne pouvoir fonctionner que si on les lançait d’un point élevé, de la fenêtre d’un étage, par exemple ; la résistance de l’air faisait ouvrir le parachute, et les fils attachés au bouchon maintenaient la partie inférieure concave, en l’empêchant de se retourner.
- On a créé, il y a quelques années, une variante de ce jouet assez
- ingénieuse : le parachute, en étoffe légère, était replié dans une petite boîte en carton laqué, ouverte à sa partie supérieure, et ayant la forme d’une nacelle ; l’appareil était lancé de terre, aussi haut que l’enfant pouvait le jeter, et l’air, traversant un trou pratiqué dans le fond de la nacelle, forçait le parachute à se déployer; l’appareil descendait alors lentement avec la petite poupée, figurant l’aéronaute, qui se cachait avant dans la nacelle sous les plis de l’étoffe. Le prix assez élevé de l’appareil et la difficulté qu’il y avait pour un enfant à le lancer assez haut, font empêché de se propager parmi le petit monde.
- Voici aujourd’hui un parachute d’un nouveau système, auquel on a donné le nom phénix parisien et qui pourrait bien mériter ce titre légèrement pompeux grâce au mode de lancement imaginé par l’inventeur.
- Figurez-vous un parapluie dans lequel les baleines seraient remplacées par des fils; ces fils sont reliés à un anneau mobile glissant le long du manche. Le manche est une mince baguette de bois, à l’extrémité de laquelle est fixé le milieu de la coupole du parachute. L’autre extrémité porte un petit bouton en os traversé par une fente, dont vous allez voir l’usage.
- Le parachute replié est glissé dans un cylindre de carton, portant à l’une de ses extrémités un fort caoutchouc, fixé de part et d’autre de l’ouverture de ce tube. Pour le lancement, on procède comme pour un tir à 1 arc, dans lequel la flèche serait la tige du parachute, et la corde, la bande de caoutchouc. Le tube contenant le parachute étant vertical, on tire sur
- le bouton d’os après avoir placé le caoutchouc dans la fente ; on abandonne ce bouton brusquement et le caoutchouc, en se détendant, projette la tige à 5 ou 4 mètres de hauteur.
- Le poids de la tige assure sa verticalité, et le parachute s’ouvre dès que la descente commence ; la tension des fils est maintenue par le poids de l’anneau glissant le long de la tige. S'il vente, tournez le dos au vent pour lancer l'appareil, en inclinant très légèrement le tube en avant; le vent contribuera à faire ouvrir le parachute et à le maintenir en l’air plus longtemps. J’avouerai même que parmi les parachutes de ce genre que j’ai essayés, l’un d’eux, saisi par un courant d'air ascendant, est allé se poser mollement sur le balcon d'un cinquième étage, à la grande joie des assistants qui voyaient, pour la première fois peut-être, un parachute fonctionner comme un aérostat.
- Dans les fêtes foraines, on pourra organiser un concours d’un nouveau genre, en remettant à chaque concurrent un parachute de couleur différente; au commandement, tous les parachutes seront lancés ensemble, la descente de ces appareils multicolores sera du plus gracieux effet, et le prix sera pour celui qui sera resté en l’air le plus longtemps, conformément à cette devise : les derniers seront les premiers. Arthur Good.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandieü.
- Paris. — Imprimerie Luliure, rue de Fleurus, 9.
- Nouveau système de parachute-jouet.
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- N° 99 9.
- 23 JUILLET 1 892.
- LA NATURE.
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- LES BAINS DE MER
- Voici Tété, voici les vacances ; sur les murs s’étalent les affiches imagées qui vous invitent à venir sur les plages de nos côtes. C’est le moment où tous, grands et petits, aspirent à prendre du repos, à reprendre haleine; l’homme de travail a besoin d’une détente; le collégien compte depuis longtemps les jours qui le séparent de deux mois de liberté. Les uns préparent des excursions alpestres, les autres rêvent aux bords de la mer. Avec les trains rapides organisés par nos compagnies, ces jolies plages du Nord, de la Normandie, de l'Ouest, ne sont qu’à quelques heures
- de Paris et quel séjour peut être plus réconfortant pour l’adulte assiégé par les soucis des affaires, pour l’enfant anémié par le séjour dans la grande ville. C’est pour ce dernier surtout que la mer est le tonique et le régénérateur sans rival.
- « L’enfance de l’homme, a dit Michelet, comme celle des plantes et de toutes choses, a besoin de repos, d’air et de liberté. » Où trouver mieux que sur le bord de la mer ces conditions réunies, brises vivifiantes, promenades, jeux, amusements, bains salins ramenant la santé.
- Le séjour à la mer n’est pour beaucoup qu’un déplacement, un prétexte à quitter Paris, à changer d’air ; on retrouve les trois quarts des plaisirs mon-
- Baius de mer. (D’après une photographie instantanée faite au Tréport.)
- dains et des fatigues de la capitale. Le grand air et le repos sont là heureusement pour compenser les soirées des casinos. Mais le séjour à la mer constitue, pour le médecin, un des plus puissants moyens thérapeutiques que l’on connaisse pour certaines affections déterminées. C’est à ce point de vue que je veux l’envisager. Il n’est pas inutile en effet de savoir pourquoi Ton doit aller au bord de la mer, quelles plages on doit choisir, et, si Ton doit prendre des bains de mer, dans quelles conditions il faut les prendre.
- Il va sans dire que les conseils de votre médecin ne vous manqueront pas : aussi n’entends-je examiner la question qu’à un point de vue très général.
- A entendre certains auteurs, il ne faudrait jamais prendre de bains de mer que dans un climat doux et chaud; d’après d’autres, au contraire, le bain ne
- vaut rien en dehors d’une région plus froide. Entre les nordistes et les sudistes, il y a moyen de prendre position; leurs prétentions sont, de part et d’autre, inadmissibles. C’est affaire, la plupart du temps, de tempérament., et ce qui convient aux uns ne saurait toujours convenir à tous. Il faut, quand il s’agit de malades ou de convalescents, faire un choix judicieux. Pour le simple amateur, jouissant d’une bonne santé, à l’épreuve de toute maladie, qu’il choisisse à son gré, Nord, Ouest, Normandie, Bretagne, ou Gascogne; il n’a qu’à consulter son goût. S’il aime la solitude, s’il aime la mer pour la mer, il ne manquera pas dans le Finistère et sur les cotes de l’Océan, de coins perdus, ignorés, où il pourra, à son gré, chasser, pêcher, naviguer, vivre en vrai sauvage, sans crainte de voisins gênants, faisant provision, pendant ses
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- 29e année. — 2e semestre.
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- LA NATURE.
- trop courtes vacances, des avantages d’une vie sobre, frugale, d’un air salubre et d’exercices les plus hygiéniques.
- Pour le convalescent, pour-l'enfant, c’est surtout à celui-là que je pense; pour l’enfant débile, chétif, ayant donné, pendant l’hiver, mille soucis à ses parents, ou pour celui (jui, sans être malade, ne profite pas, qui reste alangui, sans forces, il faut être plus circonspect et ne pas partir à l'aventure, sur la foi d’une réclame ou sur la séduction d’un paysage enchanteur.
- Au point de vue climatérique spécial dont nous parlons, les cotes françaises peuvent être divisées en trois zones : plages du Nord, de Dunkerque à l'estuaire de la Seine; plages de Normandie et de l’Ouest jusqu’à l’embouchure de la Loire; enfin les plages de l’Ouest, sud de la Loire à la frontière espagnole. Je ne parle pas de la Méditerranée qui n’offre pas grand attrait dans ces mois de juillet et d’aoùt, en raison de la température de ces régions méridionales et sur les bords de laquelle on ne se rend guère qu’à la saison hivernale. Pour ceux qui résident sur ses côtes ou dans le voisinage, il est incontestable que réserve faite de l’ardeur torride du soleil et des précautions à prendre, la Méditerranée offre des avantages ; vous ôtes à proximité, vous ne songerez guère à vous déplacer. Mais d’une façon générale la mer bleue, la côte d’azur ne sont visitées qu'en hiver et c’est alors un complément de la cure maritime des plus utiles.
- Eh bien, entre ces trois zones, il y a des choix à faire suivant l’état général de l’enfant. Un maître en pédiatrie repousse absolument le séjour à la mer pour l’enfant rhumatisant et nerveux; je suis absolument de son avis et les parents qui en ont fait, sans y prendre garde, l’expérience ne contrediront pas à celte assertion. Combien de mères vous disent que leur enfant est trop nerveux et ne supporte'pas l’air de la mer. Assurément il y a des degrés dans cet état de nervosisme, et tel, qui ne supportera pas le séjour sur les plages du Nord, se trouvera bien de quelques semaines passées en Gascogne où l’air maritime se marie aux effluves des forêts de pins. Mais pour le petit lymphatique, pour le convalescent de maladies graves, quelle résurrection, quelle métamorphose opèrent l’air de la mer, et le bain, quand il peut y être adjoint.
- Je n’aurais, si je voulais apporter des preuves documentaires, qu’à prendre les rapports si instructifs du I)r Bergeron sur les résultats obtenus à l’hôpital de Berck et ceux des médecins de stations de Pen Bron, Bagnuls, Arcachon sans parler des hôpitaux maritimes de l’Italie et d’autres pays. L’assistance publique envoie chaque année dans son hôpital maritime des centaines d’enfants qui doivent à ce séjour la guérison de lésions osseuses profondes, d’anémies graves, qui reprennent vie et santé dans ce transfert au bord de la Manche.
- Aussi, n’hésitez pas; si vous avez un enfant, dont la croissance se fait mal ou trop vite, qui est anémié,
- fatigué, sans être à proprement parler malade, allez au nord, ou sur les côtes de Bretagne, choisissez une [liage où vous [missiez faire en même temps quelques bonnes promenades. L’enfant est-il un peu délicat, descendez le long de la Normandie, installez-vous sur une plage abritée des vents froids du nord et nord-est: la saison est-elle un peu avancée, allez [dus au sud, choisissez un coin de la côte de Gascogne où à quelques pas de la plage, vous aurez pour activer la restauration de la santé, les effluves des forêts de sapins.
- Le bain de mer est le complément d’un traitement marin ; l’air peut suffire, mais l’action de ce bain froid salé est des plus utiles en même temps que des plus agréables. C’est un bain salé; l’eau de mer contient en effet de 55 à 58 pour 1000 de principes minéraux, dont le principal est le chlorure de sodium ; on y trouve des sulfates de magnésie, de chaux, de soude, des carbonates alcalins et des traces de brome et d’iode. La composition est,, à quelques variantes près, la même sur toutes ces côtes. Si j’ajoute que la température de l’eau de mer oscille pendant les mois d’été entre 15 et 20 degrés, on voit <[uc le bain doit être des plus hygiéniques.
- Le véritable bain de mer est le bain à la lame ; ce mouvement incessant de la vague provoque par ses alternatives en sens inverse une mise enjeu de l’élasticité des muscles qui constitue une gymnastique des [dus simples et des mieux accusées. Le balancement produit, quand le corps est complètement immergé, un effet de détente sur tout l’organisme et tout bon nageur vous affirmera que le bain de mer n’est absolument pas à comparer avec le bain d’eau douce, de rivière, et que de plus, il est infiniment plus agréable, plus réconfortant quand la lame est un peu forte. Cela à noter pour ceux qui ne savent pas nager et qui sont privés, en dehors de tout autre avantage de la natation, de sensations extrêmement plus agréables qu’avec la trempée vulgaire, bonne pour les bébés.
- Comment doit-on prendre un bain de mer? je n’insisterai guère là-dessus. L’heure doit être écartée de celle des repas, cela va sans dire ; le meilleur moment, quand il peut se concilier avec les variations de la marée, est la matinée de neuf heures à onze heures. C’est un véritable apéritif que l’on prend pour la journée. Quand la chaleur est très forte, le bain l’après-midi est également très bon. Il ne faut pas entrer à tâtons dans l’eau, je parle ici pour les en-fants; sans les surprendre et sans leur faire violence, il faut les porter assez avant dans la mer pour pouvoir les immerger d’un coup et qu’ils [missent ensuite rester plongés dans l’eau jusqu’à la ceinture. Ne les laissez pas tranquilles, faites-les jouer, s’agiter et ne prolongez pas le bain au delà de cinq minutes, les premiers jours, de huit à dix minutes, les jours suivants. Faites, comme on dit, la réaction, en sortant; frictions sèches un peu vives, habillement rapide et marche de quelques minutes. Je [tasse, ce sont choses devenues de pratique courante.
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- Ce qu’il faut retenir, e’est, que les enfants, quand le bain est pris dans de bonnes conditions, le supportent peut-être mieux que les adultes, de même qu’ils tolèrent mieux et mettent plus à profit les climats un peu vifs du nord et du nord-ouest, s’il n’ y a pas chez eux de tendances aux affections de l’appareil respiratoire. Ne mettez pas les trop jeunes enfants à l’apprentissage du bain ; trois à quatre ans me paraît une limite sage. L’air, les jeux sur la plage, les pèches miraculeuses dans les flaques d’eau, la vie libre sur les sables fins et chauds viendront suffisamment réparer leurs forces et vous donner les résultats demandés quand ils sont tout petits. Nos enfants des villes ont grand besoin de ces quelques jours passés^ au plein air ; voyez les enfants des pécheurs de la côte, leur air de santé, leur vigueur; leur nourriture n’est pas tous les jours des plus abondantes, des meilleures, et cependant la comparaison n’est pas à l’avantage des citadins.
- Les bains de mer sont, depuis quelques années, beaucoup plus suivis que jadis. Ce n’est pas affaire de mode, et puis, quand cela serait, soyez sûrs qu’au rebours des autres, elle ne changera pas. Les facilités plus grandes de communications, l’installation toujours croissante de petites, moyennes et grandes stations de bains, sont là pour attirer. Les résultats thérapeutiques obtenus depuis qu’on a considéré la mer comme une médication spéciale, ne peuvent qu’encourager à pousser à ces déplacements annuels. Cela est si vrai que les administrations hospitalières, Paris, Lyon, Bordeaux, pour ne citer que les principales, s'efforcent de faire profiter leurs petits malheureux des avantages de cette cure thermale et atmosphérique. Elles cherchent à avoir sur les côtes, séjour d’été et séjour d’hiver ; elles veulent que. les pauvres malades liaient rien à envier aux privilégiés de la fortune. l)r A. Caiitaz.
- RECHEHC1IES E X I‘ K111M E MA LES
- Les notions théoriques que nous possédons sur la résistance des fluides sont insuffisantes pour calculer l’effort nécessaire au mouvement d’une embarcation dans l’eau.
- En ce qui concerne les navires de mer, l’étude expérimentale de la résistance des carènes a donné lieu, dans les divers pays, à des travaux nombreux et importants; mais, pour ce qui est des bateaux de navigation intérieure, elle n’a pour ainsi dire pas été abordée.
- 11 ne paraît cependant pas possible d’appliquer a priori aux bateaux de navigation intérieure les résultats obtenus sur les navires de mer. Ceux-ci sont tout en formes, tandis que ceux-là présentent généralement une longue partie rectangulaire comprise entre deux extrémités plus ou moins affinées de petite longueur. D’autre part, les expériences sur les navires de mer se font à de très grandes vitesses. 11 est rare qu’on y considère des vitesses inférieures à fi nœuds, tandis que celte vitesse de 6 nœuds (5m,084 par seconde, llk“,102 par heure) peut être, au contraire, considérée comme un maximum pour le matériel de la navigation intérieure.
- Des expériences spéciales paraissaient donc indispensables; elles ont été entreprises avec l’approbation et aux frais du Ministère des travaux publics, par M. F .-IL de Mas, et les premiers résultats obtenus présentés parM. Sarrau à l’Aca-déinie des sciences. Nous les résumerons ici.
- Six bateaux ont été expérimentés en 1890 dans une partie de la Seine où le courant est presque insensible, et dont la section peut être considérée comme indéfinie : deux péniches flamandes, une toue de la Saône et trois flûtes de la haute Seine. Les résultats des expériences sont résumées dans la courbe ci-jointe. Nous nous bornerons à rappeler que le coefficient de déplacement ou coefficient d'affinement d’un bateau est le rapport, toujours inférieur à l’unité, du déplacement réel au volume du parallélépipède rectangle circonscrit à la portion immergée de la coque. 11 donne la mesure des sacrifices faits à la forme dans la construction du bateau.
- La question contient encore pour chaque bateau : 10 la résistance en kilogrammes par mètre cube (ou tonne) de déplacement, à diverses vitesses relatives, renseignement particulièrement intéressant au point de vue industriel ; nous donnons, d’autre part, la résistance à la vitesse de 1 mètre par seconde, par mètre carré de section mouillée au maître couple, c’est-à-dire le coefficient k de l’an-
- cienne formule F = /.SV2, dans laquelle F est la résistance totale en kilogrammes, S Faire de la section mouillée au maître couple en mètres carrés, et V la vitesse relative du bateau et de l’eau en mètres par seconde.
- Pour la péniche Dalila de 542 tonnes de déplacement, le coefficient k a pour valeur 57,7. Pour la toue Julie, 240 tonnes de déplacement, k est égal à 15. Pour les liâtes, il varie entre 24 et 28, pour des déplacements de 22fi à 279 tonnes. Les coefficients de déplacement sont très voisins de 1, car ils sont respectivement de 0,99 pour la péniche Dalila, 0,97 pour la toue Julie et de 0,94 à 0,95 pour les péniches.
- Comme premier résultat, ces expériences permettent de formuler la proposition ci-après, qui présente déjà un certain intérêt par ellc-mèine, à savoir : À des vitesses modérées, pratiquées couramment sur nos rivières, pour des bateaux dont le coefficient de déplacement, très voisin de l’unité, varie dans des limites fort restreintes, l’effort de traction par mètre cube de déplacement, soit par tonne de poids total (poids mort et poids utile ensemble), varie encore dans des proportions très étendues, qui peuvent dépasser celle du simple au double.
- DYNAMOMETRE ENREGISTREUR
- DU CAPITAINE LE NE VE U
- Dans les diverses applications mécaniques, il importe de connaître la puissance transmise par la machine motrice, machine à vapeur ou autre, et la puissance reçue par la machine réceptrice (machine-outil, machine dynamo, etc.). On peut, à l’aide de ces éléments, déterminer les pertes dans les trans-
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- missions par courroies et se rendre compte du rendement industriel ainsi que du fonctionnement pratique des machines. L’appareil qui permet ces essais est connu depuis déjà longtemps; il porte le nom de dynamomètre de transmission. Il en existe déjà dilférents types et différents modèles.
- Nous signalerons à nos lecteurs une disposition particulière adoptée par M. le capitaine Leneveu, dont la compétence est bien connue pour tout ce qui concerne les appareils de précision.
- Le dynamomètre de M. Leneveu se compose essentiellement de deux plateaux A et R montés sur deux arbres indépendants qui sont supportés chacun par deux montants spéciaux. Sur chaque arbre se trouve une poulie de commande G et I). Le tout repose sur un socle qui assure la stabilité de l’appareil. A la partie supérieure est un second arbre E qui porte d autres poulies G,F,II; l’une d’elles reçoit le mouvement de la transmission et le transmet au dynamomètre par la poulie D.
- Cette transmission ne peut se faire que si les deux plateaux A et B sont reliés entre eux et, rendus solidaires dans un sens déterminé. Cette liaison se fait au moyen de ressorts à boudin convenablement fixés sur un plateau et réunis à l’autre plateau au moyen de chaînettes.
- Le dynamomètre est mis en mouvement par une poulie, et transmet ce mouvement à une machine quelconque d’utilisation. Les efforts exercés sur les deux plateaux sont différents; l’ellort sur la poulie de transmission à la machine réceptrice est supérieur à l’autre effort. Il en résulte un déplacement angulaire des deux plateaux l’un par rapport à l’autre, et les ressorts de liaison, dont nous avons parlé, se compriment plus ou moins suivant l’elfort. Il suffit alors d’établir une graduation préalable pour connaître les efforts exercés ; cette graduation se fait facilement en maintenant un plateau immobile et en exerçant des efforts variables sur l’autre plateau, à l’aide de poids suspendus. On note les différentes positions occupées par un repère qui est placé sur le plateau mobile. De la sorte, le déplacement d’un plateau permet de reconnaître l’effort mis en jeu.
- Il s’agit maintenant, à l’aide de cet appareil, de mesurer la puissance transmise à une machine quelconque. La puissance P dépensée a pour expression P—Fndn, dans laquelle F est l’effort en kilogrammes, d le diamètre de la poulie en mètres, n le nom-
- bre de tours du système par seconde et tt le rapport de la circonférence au diamètre. On obtient ainsi la puissance en kilogrammètres par seconde. Il suffit de diviser ce nombre par 100 pour exprimer la puissance en poncelets, ou par 75 pour l’avoir en chevaux. L’unité de poncelet adoptée par le Congrès des mécaniciens en 1889 est de beaucoup préférable.
- A présent que nous connaissons l’expression de la puissance dépensée, il nous faut examiner les moyens pratiques de déterminer chacun des facteurs qui la composent.
- L’effort F est facilement déterminé par la valeur du déplacement angulaire des plateaux ; mais cette lecture est impossible à faire, quand le dynamomètre est en marche. M. Leneveu a eu recours à un*dispositif très ingénieux qui enregistre à chaque instant la valeur de cet effort F. Une transmission spéciale est établie entre les plateaux A et R à travers l’intérieur de l’arbre de transmission et le porte-crayon I. Il en résulte que les déplacements angulaires des plateaux se traduisent par des mouvements rectilignes ascendants ou des-eendants du crayon J. Un effort de 1 kilogramme sur les poulies correspond à un déplacement de 2mm, 85 du crayon sur le papier du cylindre enregistreur K. Ce dernier est animé d’un mouvement continu fourni par un mouvement d’horlogerie, semblable à ceux qui se trouvent dans tous les appareils enregistreurs de MM. Richard frères.
- Le diamètre d de la poulie de transmission est connu une fois pour toutes.
- Il nous reste à déterminer le nombre de tours n par seconde. Cette indication est fournie par l’indicateur de vitesse L, et, en même temps, par le totalisateur de tours M en un temps donné.
- A l'aide de ce dynamomètre, il est très facile, comme on vient de le voir, de déterminer exactement la puissance absorbée par une machine, ainsi que la puissance nécessaire au fonctionnement d’un outil ou d'une dynamo quelconque. Cet appareil est de plus très précieux, parce qu’il fournit à chaque instant l’enregistrement des facteurs principaux de la puissance. Il peut être de la plus haute utilité pour les essais d’huiles et de graisses employées pour le graissage des machines. J. Laffargue.
- Dynamomètre enregistreur ilu capitaine Leneveu.
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- L’OURAGAN DE L IEE MAURICE
- DU 29 AVKIL 18921
- Nous avons donné la description d’ensemble de l’ouragan qui a dévasté l’ile Maurice et qui est assu-
- rément l’un des plus terribles phénomènes de ce genre que le météorologiste ait eu à étudier dans ces
- derniers temps. Nous compléterons aujourd’hui notre précédente Notice en publiant quelques détails du plus haut intérêt sur la pression exercée par le vent pendant l’ouragan; ils nous sont communiqués par nos correspondants de Port-Louis, à l’îlc Maurice.
- — M. A. Maillard architecte à Port-Louis, auquel nous devons le plan de la ville détruite (p. 54 du n° 994), nous adresse l’intéressante communication suivante ;
- La violence du vent pendant l’ouragan du 29 avril était tellement forte, et le bruit qui en résultait tellement grand, que l’on voyait partir pièce par pièce les maisons, et qu’on assistait à leur écroulement sans entendre aucun
- 1 Suite et fin. Yoy. n° 994, du 18 juin 1892, p. 33.
- autre bruit que celui du vent et des chocs qu’il produisait à la rencontre des obstacles, chocs d’autant plus violents
- que ces obstacles présentaient plus de résistance; il semblait que le vent, à ces moments, se transformait en bélier et frappait ces obstacles de coups répétés, à des intervalles tellement courts que bien peu des maisons, des monuments de la ville qui se trouvaient sur le passage du centre du cyclone, devaient rester debout après les ravages de la tourmente. Pendant la première heure qui a suivi l’accalmie résultant du passage du centre du cylone, tout le mal était fait. La ville n’était, pour toute la partie atteinte par l’ouragan, qu’un vaste amas de décombres au milieu desquels gisaient les morts et les blessés ; ces derniers ont, en faible partie, été secourus
- B
- 3
- PortiïfyjîÊlruite par le cyckdë-âîLi9 Avril iô$2.
- Aspect de /'assise A où s'est produite /a rupture.
- bbb. 2/Zoi'tier' itrracAé île l'assise B et resté atterux/d à A •
- C C. Aic/itw en /ùr plombées dans A et restées initiâtes sans h moindre courbure.^ diamètre 3j,5 , stxdlie So .
- cLçl. st/icoùAes cor/vspontitu<i ihuup B eues ^flèches c ci ayant So ”Xn de diamètre, profondeur Û2 ,ne contiennent pas de plomb.
- sîrcte intacte avec quelques /éraflures iiisignifuud.es.
- Fartion légèrement
- énaitlép-
- j Tcrre refoulée t Joint
- JSJtëoiilEV JSc>
- Fi»'. 2. — Relevé des parties détruites du monument ci-dessus.
- (Dessin de M. Regis de Chazal, ingénieur des arts et manufactures à Port-Louis, île Maurice.
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- la nuit même par les personnes qui se sont dévouées; ce sauvetage présentait en elïet de grands dangers, vu l’absence de tout éclairage et les débris de toutes sortes au milieu desquels il fallait se faire un passage.
- On a donné bien des avis au sujet de la vitesse du vent; le directeur (lel'Observatoire, lui-même, a émis l’opinion que celte vitesse avait dû être la vitesse maximn des tempêtes, ce qui équivaudrait à une pression de 55 livres anglaises par pied carré1. Je suis d’avis que celte évaluation est encore bien au-dessous de la pression véritable exercée par le vent à certains moments, et je vous citerai, à l'appui de cette opinion, certaines particularités.
- 1° Beaucoup des propriétés détruites ou endommagées à Port-Louis avaient comme clôture, du côté de la rue, une grille en fer dont les barreaux étaient plombés dans une tablette en pierre de taille, faite de morceaux d'environ 2 pieds anglais de long sur 2 pieds de large et 5 pouces d’épaisseur moyenne2; cette tablette surmontait un mur en soubassement d’environ 2 pieds de hauteur, maçonné à ladite tablette. Les barreaux de la grille, soit en 1er rond do 1 pouce de diamètre ou en fer carré de même dimension, étaient placés à 5 ou b pouces d’intervalle, avaient une hauteur de 5 pieds environ, et étaient reliés, à peu près à G pouces de leur extrémité supérieure, par une barre en fer plat de 2 à 2 pouces et demi de largeur sur un demi-pouce d’épaisseur, et plombée aux extrémités de la grille dans des pilastres en pierre de taille. Chaque grille avait de 10 pieds en 10 pieds des jambes de force, soit droites, soit en forme d’S ; certaines grilles avaient de 20 à 50 pieds de longueur et d’autres, en moins grand nombre, de 100 à 200 pieds anglais. Or, les unes comme les autres ont été renversées d’une seule pièce, grilles et tablettes en fer les supportant, sans que, dans bien des cas, les pilastres aient été renversés. Est-il admissible que le vent, à la vitesse de 110 à 115 milles à l’heure, soit avec une pression d’environ 55 livres au pied carré, ait pu renverser ces grilles dont le poids, par pied linéaire, est de 250 livres, et en même temps vaincre : 1° la résistance résultant de l’adhérence des tablettes au mur en soubassement; et, 2°, la résistance que la traverse en fer plat du haut a dû faire à l’abattage de la grille, tandis que la superficie des faces verticales sur laquelle s’exerçait la pression du vent, dans l’hypothèse de construction enfer carré, n’avait pas plus de 5 pieds carrés par pied linéaire? Certainement non! 11 est utile de mentionner que ces grilles ont été abattues par la force du vent et non par aucun choc d’arbres renversés ou autres objets emportés par le vent.
- 2° Je citerai en second lieu le monument élevé à la mémoire du général de Maladie, l'un des derniers gouverneurs français de l’île Maurice, monument commencé par les Français et terminé grâce à l’initiative de lady Gomm, sous sir William Gomm, nommé gouverneur de Maurice en 1842. Ce monument était surmonté d’un obélisque en forme de pyramide tronquée, à base carrée, surmontée d'une autre petite pyramide de 5 pieds 1 pouce de hauteur ; or, la partie de l’obélisque de ce monument qui a été abattue à 20 pieds du sol par le cyclone, a 4 pieds 10 pouces de côté à la base, et 5 pieds 7 pouces de côté à la partie tronquée, et une hauteur de 27 pieds; c’est, en conséquence, un bloc de 407 pieds cubes anglais qui a été renversé par le cyclone. La chute de cette masse considérable ne peut, en conséquence, être attribuée qu’à une violence extraordinaire du vent.
- 1 Foot ou pied anglais vaut 0m,5048, la livre anglaise 0k*,455.
- 2 Le pouce anglais ou inch vaut 0m,025i.
- Un autre de nos lecteurs de Port-Louis, M. Régis deChazal, ingénieur des arts et manufactures, a fait une étude complète de la destruction de l’obélisque de Malartic. Nous la reproduisons :
- Je vous envoie une photographie du monument Malartic, détruit par le veut (tig. 1); j’y joins un dessin donnant la vue et le détail des pierres enlevées (fig. 2).
- On remarquera dans ce dessin que le bloc n° 1, en touchant le sol, devait être animé d’un mouvement de translation horizontale de gauche à droite, ainsi que le prouve la terre qui s’est amoncelée sur l’extrémité de droite. Je n'ai pu déterminer sur quelle longueur s’est produit le glissement sur le sol. A première vue, il semblerait que la partie détruite de l’obélisque a dù tourner autour de l’arête A pour tomber ; si cela s’était passé ainsi, l’arete A devrait être fortement endommagée, ce qui n’est pas ; je n’y ai constaté que quelques éraflures de peu d’importance. D’autre part, sur l’arete C, il y a des éclats de pierres qui prouvent qu’il y a eu choc produit par quelques-unes des pierres qui formaient les 4 assises n° 0. Chaque assise de la partie détruite se compose de 4 pierres d’angle et de 2 ou 4 pierres (suivant la dimension de l’assise) pour compléter le carré ; ces pierres ont généralement 555 millimètres de largeur. L’intérieur du vide ainsi produit est rempli d'éclats de pierre mélangés de mortier. Toutes les grosses pierres d’une mémo assise sont liées entre elles par des crampes en fer scellées de 20 millimètres X 20 millimètres. Le mortier est composé de chaux et de sable, lequel sable vient des plages de l’ile et est composé de débris de coquillages très ténus ; ce mortier est liant, et, dans le cas qui nous occupe, il est dur et ne se brise que sous un choc assez fort. La pierre employée, qui est du basalte, a une densité de 2,75; pour la densité du remplissage intérieur, j’ai pris la moyenne de celle du mortier, i ,70, et celle de la pierre, soit 2,22; j’ai ainsi trouvé 40000 kilogrammes pour le poids de la partie détruite de l’obélisque. Dans le but de consolider davantage le monument, le constructeur a eu l’idée de sceller à 2 angles opposés de chaque assise un bout de fer rond de 55 à 40 millimètres de diamètre, qui s’engage dans un trou correspondant creusé dans les pierres d'angle de l’assise immédiatement supérieure; je ne pense pas que ces bouts de fer aient, aidé à la consolidation. Quoi qu’il en soit, à ta section de rupture, ces bouts de fer sont intacts; ils ne sont même pas courbés, ce qui ôte toute hypothèse de glissement d’une assise sur l’autre. Cette opinion est renforcée en ce que, sur la face supérieure de l’assise A, se trouve encore adhérent le mortier arraché de la face inférieure de l’assise B; ce mortier dépasse l’arête A de 20 à 40 millimètres.
- D’après ce qui précède, il semblerait que la partie supérieure du monument a été soulevée d’abord, puis projetée sur le sol. Le point D, quand le bloc aurait tourné autour de l’arête A, aurait dù être sur le sol à une distance de 8m, 90 du centre vertical du monument, tandis qu'en réalité, il est sur le sol à une distance de 14m,55 de ce même centre; le bloc, en tombant, a reçu une poussée horizontale qui l’a donc chassé à 5m,65 plus loin qu’il n’aurait dù être. Le centre de poussée du vent est situé sensiblement au centre de gravité de l’appareil, puisque celui-ci est symétrique; je suppose que le vent avait une action horizontale. Prenant les moments du poids et de la poussée du vent par rapport à l’arete A, je trouve, pour rompre l’équilibre,une poussée totale du vent de 9545kg,700 ; la surface exposée perpendiculairement à la direction
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- du vent étant de 15m2,72, nous avons par conséquent une pression R de 695il, 550 par mètre carré.
- Dans la formule : P = K X 2 X S x h, faisant : I* = 095kfr,3()0 S = lms K = lkB, 17, poids de 1 mètre
- cube d’air à 25° C et h
- y 2 hc,’
- Je
- trouve V— 70 “,55
- par seconde, V étant la vitesse du vent (soit 170,82 milles anglais à l’heure).
- D’après M. Meldrum, directeur de notre Observatoire, les vitesses moyennes de vent faites par heure ont atteint un maximum de 112,5 milles à l’heure, soit 50™,26 par seconde; il m’a dit cependant qu’il avait pu noter pendant quelques secondes la vitesse énorme de 125 milles à l’heure, soit 54'", 97 par seconde. Or, il est à remarquer que, là où se trouve l’Observatoire, si l’on petit, en juger par l’itnportance des dégâts produits, le vent n’a pas dù être aussi violent que là où se trouve le tombeau Maladie.
- Dans les calculs que j’ai faits, je n’ai tenu aucun compte de la résistance du mortier au joint de rupture; je pense que c’est un effort négligeable. Je n’ai pas tenu compte non plus du poids de la pluie, qui tombait en grande abondance à ce moment ; il me parait cependant qu’il doive y avoir là un facteur assez important. La pluie était tellement abondante que l’on avait devant soi une sorte de voile épais qui empêchait de distinguer les objets à plus de 50 à 00 mètres. J’ai observé de plus que chaque rafale de vent frappant un mur vertical projetait sur la surface une quantité d’eau telle que celle-ci ruisselait en fortes cascades jusqu’au sol. Cette eau doit agir probablement comme bélier sur les surfaces exposées.
- La photographie que nous reproduisons (fig. i) ne montre pas le hloc tombé, mais elle donne le détail de la grille qui a été renversée. Cette grille est faite de fers ronds, de 20 millimètres de diamètre. On ne saurait cependant en déduire la vitesse du vent, car il pourrait se faire que les planches des maisons voisines soient venues s’appliquer contre les barreaux et aient donné prise au vent.
- Nous ajouterons aux détails que l’on vient de lire que l’ouragan du 29 avril a été accompagné, comme ceux qui ont ravagé l’île Maurice en 1786 et en 1789, d’éclairs et de tonnerre, d’après les observations de personnes dignes de foi.
- LES ACRIDIENS EN ALGÉRIE
- LEUR DESTRUCTION
- M. Kunckel d’IIerculais a publié précédemment, dans La Nature, deux articles sur l'Invasion des sauterelles (Acridiens) en Algérie, et sur la lutte acharnée qui y est livrée1. Notre savant collaborateur vient d’adresser au gouverneur général de l’Algérie un long rapport sur la marche des invasions et les moyens de défense employés. Ce rapport est accompagné de planches en photogravure dont nous reproduisons les plus intéressantes; l’une d’elles (fig. 1) montre l’amas d’Acridiens recueillis en un jour en Algérie ; la seconde (fig. 2) représente des Arabes chassant les Acridiens contre les toiles tendues des appareils cypriotes; la troisième (fig. 5) donne l’aspect d’une fosse dans laquelle les sauterelles ont été écrasées : un travail-
- 1 Voy. n° 802, du 15 octobre 1888, p. 505.
- leur en jette à pelletées les cadavres à la surface du sol.
- La lutte continue toujours depuis plusieurs années : on jugera de son importance par les extraits suivants, que nous empruntons au Rapport de M. Kunckel d’IIerculais :
- Avec la campagne de 1888-1889, s’ouvre une ère nouvelle; le Gouvernement général a pris la direction de la lutte et a fait appel à un spécialiste pour mettre à profit ses connaissances techniques. 11 introduit alors, d’après ses conseils, des méthodes rigoureusement scientifiques. C’est ainsi qu’il prescrit le relèvement de tous les gisements de coques ovigères sur des cartes croquis, le report sur les cartes communales et sur les cartes départementales; en possession de ces éléments, il fait établir la carte de prévision de l’invasion au printemps de 1889. Ainsi éclairé sur l’importance du danger qui menace la colonie, il s’inquiète d’obtenir par voie d’adjudication et de marché 7120 appareils cypriotes et leurs accessoires.
- Ces précautions furent loin d’être vaines, car malgré l’activité du ramassage dans les 59 communes couvertes de pontes, — on avait détruit l’immense quantité de 459 852 doubles décalitres de coques ovigères, plus de 400 000 dans le département de Constantine,— les 148 554 hectares de superficie de gisement donnèrent encore naissance, au printemps de 1889, à d’innombrables masses de Criquets marocains, auxquelles, il fallut, comme en 1888, opposer une véritable armée humaine. Les travailleurs indigènes et militaires, groupés en 1717 chantiers, fournirent plus de 5 millions de journées (5 058560) pour arrêter la marche des dévastateurs et détruisirent l’énorme quantité de 5 591 540 doubles décalitres de jeunes Acridiens.
- En 1890-91, la multiplication des Stauronotes marocains semble, au premier examen, avoir pris une recrudescence considérable puisque la carte de prévision nous oblige à constater que les trois provinces ont 51 communes contaminées et que le relèvement des feuilles de renseignements permet d’établir que les gisements de coques ovigères couvrent, sur les Ilauts-Plateaux, une superficie de 198 014 hectares ; en effet, 11 communes nouvelles sont menacées d’invasion et les pontes couvrent une surface plus que double. Mais l’examen attentif de la situation permet de reconnaître que si les provinces d’Alger et de Constantine auront encore à combattre les envahisseurs, l’effort le plus important devra être soutenu par le département d’Oran qui a 15 communes atteintes, alors qu’il n’en avait que 4 dans la campagne précédente; ce seront donc des populations qui n’auront pas été aux prises avec le fléau qui auront à le subir.
- Le ramassage des coques ovigères, si pénible poulies indigènes, et si peu rémunérateur, se pratique encore sur divers points, mais n’est plus poussé avec activité ; cependant on recueille 95 550 doubles décalitres d’oothèques ; partout on lui substitue avec raison le labourage qui, pratiqué à l’automne et pendant les premiers mois de l’hiver, donne d’excellents résultats pour la destruction des œufs. Aux mois
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- d’avril et de mai, les éclosions des jeunes Acridiens obligent à organiser des chantiers de destruction sur tous les points de ponte; pendant l’hiver on a réuni des masses de combustible et l’on chasse les criquets sur de nombreux bûchers. 11 n’est pas possible de les incinérer tous; ils grandissent et l’on déploie les appareils cypriotes ; il en est dressé 9557 qui forment une barrière mobile de 479 kilomètres (479 kil. 850 m.); 781 chantiers de destruction sont ouverts, les indigènes fournissent 1 781 269 journées de prestation, les militaires 112 171 journées de travail et la population civile, peu nombreuse sur les Hauts-Plateaux, 10311 journées. L’énorme quantité
- de 8 611 356 doubles décalitres de jeunes Acridiens est anéantie. Les dégâts sont partiels et de peu d’importance par rapport l\ la production des céréales dans les trois provinces.
- Instruit par l’expérience, on sait que l’on peut tenir tête aux Stauronotes marocains et protéger la majeure partie des cultures; il est acquis que si on n’extermine pas complètement leurs bandes, on en arrête la multiplication au point de les empêcher de se répandre dans le Tell.
- Malheureusement, le fruit de tant d'efforts semble devoir être perdu. Dès le mois de décembre 1890, l'autorité militaire avertit le Gouvernement général
- Fig. 1. — Destruction des Acridiens on Criquets pèlerins en Algérie. — Amas recueilli en une seule journée.
- (D’après une photographie.)
- de l’apparition, en arrière de Touggourt, de vols de Criquets pèlerins; le mois suivant, elle l’informe de l’arrivée de nouveaux vols à El-Goléa, à Gardhaïa et dans l’extrême Sud oranais ; ils avaient traversé, en les ravageant, le Touat, l’Aouguerout, le Gourara. En février et mars la marche en avant s’accuse, et l’armée envahissante, venant butter sur les montagnes de l’Aurès, du Djebel Amour et de leurs prolongements, se déploie en un immense éventail s’étendant de la mer Rouge à l’océan Atlantique à travers l’Égypte, la Tripolitaine, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.
- Toute la région saharienne, en arrière de ces montagnes, se couvre de pontes et le Gouvernement général informe (4 mars) les autorités civiles et militaires que l’étude de la marche des invasions
- précédentes lui permet de prévoir que bientôt le Tell, des Hauts-Plateaux à la mer, recevrait la visite de Criquets pèlerins; il les invite, en même temps, à prendre les dispositions nécessaires pour combattre le fléau et à prévenir les populations afin de les garder d’une surprise. Au commencement d’avril, les vols, encore confinés dans le Sahara, commencent à s’engager dans les défilés, remontent les oueds, contournant les sommets des montagnes. Sur les points où ces vols ont séjourné, du Sahara à la mer, dans lés endroits à sous-sol humide ou frais, notamment dans le lit des oueds, les Criquets pèlerins ont laissé des pontes sur des centaines de milliers d’hectares ; le relèvement sur cartes des gisements et l’examen des feuilles a permis de constater que dans le territoire militaire des trois provinces, ils couvraient près
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- Fig. 2. — Appareil Cypriote pour la destruction des Criquets pèlerins. — Ilabat des Acridiens sur un barrage.
- (D’après une photographie.)
- Fig. o. —
- Indigène vidant une fosse après l'écrasement des Criquets. (D’après une photographie.)
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- de 500 000 hectares (299 286 hect.) ; qu’ils s’étendaient, dans le territoire civil sur une superficie quatre fois supérieure, soit 1145 050 hectares (départ. d’Alger, 295 560 hect. ; départ. d’Oran, 105 049 hect. ; départ, de Constantine, 455 155 hect.).
- Après 40 ou 45 jours d’incubation, au mois de mars ou d’avril, dans le Sahara et sur les Hauts-Plateaux; après 15 ou 20 jours, au mois de mai et de juin, sur le littoral, les jeunes éclosent et forment de tous côtés d’innombrables taches noires. Sur tous les points du territoire s’allument alors les bûchers qui anéantissent ces taches formées par les Criquets naissants ou les colonnes de Criquets en mouvement. Il n’est pas fait seulement usage du combustible que l’on a autour de soi; dans le voisinage des villes, on a recours au pétrole et l’on en consomme de notables quantités, 70 000 litres en chiffres ronds.
- Chacun s’ingénie à trouver des procédés chimiques de destruction, et, dans la région viticole notamment, l’on expérimente divers insecticides; parmi ceux-ci deux surtout jouent un rôle important : l’huile lourde employée directement, après avoir été mise en suspension dans l’eau par le battage, ou mieux après avoir été émulsionnée, et l’acide phénique utilisé en solution titrée.
- La préfecture d’Alger a constitué un approvisionnement de 175 tonnes d'huile lourde, celle d’Oran, de 100 tonnes environ ; le Comité de défense institué à Alger a mis à la disposition de la préfecture et des communes 65 tonnes; les communes et les particuliers font de leur côté des acquisitions importantes de ce produit et emploient de notables quantités d’acide phénique. La comparaison des chiffres de l’importation en Algérie de ces substances pendant les années 1890 et 1891, chiffres fournis par l’administration des Douanes, fait connaître approximativement les quantités employées; elles atteignent près de 600 000 kilogrammes pour l’huile lourde et dépassent 200 000 kilogrammes pour l’acide phénique.
- Quel que soit le procédé dont il soit fait usage pour détruire les Criquets, il exige un déploiement de main-d’œuvre des plus importants. Si la statistique nous annonce qu’il a été ouvert 5815 grands chantiers dirigés par des moniteurs payés par l’administration, il est impossible d’évaluer le nombre de chantiers que les particuliers ont été dans l’obligation d’installer dans leurs propriétés. Mais nous sommes en possession d’autres éléments qui font ressortir de la façon la plus caractéristique la physionomie de la lutte, nous voulons parler du nombre de journées de travailleurs.
- Les travailleurs civils ont fourni, d’après les feuilles de renseignements, dans les trois provinces, i 59 640 journées ; ils faisaient principalement fonction de moniteurs pour diriger les chantiers de destruction organisés par les autorités; mais le nombre de journées qu’ils ont consacré à la défense de leurs propriétés ou des terres qu’ils exploitent devrait venir s’ajouter au chiffre précédent pour exprimer la
- réalité des efforts réalisés par les Européens. L’armée, elle aussi, a prêté le concours le plus efficace et le plus dévoué; officiers et soldats ont rivalisé de zèle, en territoire militaire comme en territoire civil, pour sauver l’Algérie du désastre qui la menaçait. Dans les communes indigènes, officiers et soldats fournissent plus de 25 000 journées de travail, en territoire civil près de 580 000, soit sur renseml.de du territoire 412 000 journées; on voit, d’après ces chiffres, que l’armée a concouru largement à protéger la colonie et à la préserver de ruines imminentes.
- Il est juste de reconnaître que la lutte dont nous parlons a été poursuivie sur le littoral à l’époque des grandes chaleurs et que la fièvre, décimant les effectifs, a obligé nombre d’hommes à entrer à l’hôpital.
- Le total des dépenses occasionnées par les deux campagnes menées en 1890-1891 contre les sauterelles et payées par l’Etat, les départements, les communes et le syndicat d’Oran est de 5495 279 francs. Pour apprécier l’importance des sacrifices, il faudrait pouvoir ajouter à cette somme les dépenses considérables faites sur le littoral parles particuliers, soit pour l’acquisition d’appareils et d’insecticides, soit pour le payement de la main-d’œuvre, afin de sauvegarder leurs vignobles.
- Les indigènes, du Sahara à la mer Méditerranée, ont combattu l’invasion des Criquets pèlerins avec la plus grande abnégation ; ils ont donné plus de 4 000 000 de journées et leurs bêtes de somme ont fourni plus de 100 000 journées de transport, soit pour répartir sur les chantiers les engins de destruction, soit pour ravitailler les travailleurs en eau et en vivres.
- Ce rapide exposé fait ressortir la somme de travail qu’a exigé la lutte contre l’invasion des Criquets pèlerins. Cette lutte énergique a présenté cela de particulier, c’est qu’elle a été soutenue à la fois par les populations indigènes et par la population civile des confins du Sahara à la Méditerranée.
- J. Kuxckei, d’Herculais.
- LA BOUCLE DE YAPEUR
- Nous avons précédemment décrit1 la boucle de vapeur, disposition américaine d’invention récente qui a pour objet de renvoyer dans une chaudière les eaux provenant de la condensation de la vapeur, même lorsque celle-ci se trouve à un niveau plus élevé que celui des eaux condensées. M. F. Serment vient de présenter sur le même sujet, à la Société scientifique et industrielle de Marseille, une Note très étendue que nous recommandons à l’attention de nos lecteurs.
- Nous empruntons, à l’intéressant travail que nous venons de mentionner, la description et la reproduction d’un appareil d’expérience plus facile à comprendre, et surtout à construire à peu de frais, avec les appareils que l’on a
- 1 Voy. n° 927, du 7 mars 1891, p. 219.
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- sous la main, que celui précédemment décrit dans nos colonnes.
- La figure 1 montre le principe du dispositif. Soit A le récipient où s’assemble l’eau condensée; ce sera, par exemple, un purgeur de vapeur, ou le fond d’un serpentin de chaulîage ou d’un double fond, ou encore une enveloppe de vapeur; en un mot, A est un récipient dans lequel se trouve de la vapeur et l’eau provenant de la condensation de celle-ci.
- B que l’on voit au milieu de la figure est la chaudière.
- V est le tuyau de vapeur dont la disposition peut être quelconque ; nous n’avons pas à nous en préoccuper. La boucle de vapeur se compose des tubes M,C,D. Le tube M est fixé à la partie intérieure de A, nous le désignons sous le nom de tube de montée.
- Le tube I) est fixé en un point quelconque de la chaudière, pourvu que ce point soit au-dessous du niveau de 1 eau, nous le désignons sous le nom de tube de descente. Le tube G réunit les tubes M et I), nous le désignons sous
- Fig 1 et 2. — Boude de vapeur.
- Fig. 1. Principe. — Fig. 2. Appareil de démonstration.
- le nom de condenseur. Le condenseur doit avoir une pente marquée vers le tuyau de descente D.
- L appareil de démonstration est représenté ci-dessus (fig. 2); il est ainsi disposé.
- Le petit ballon A est le récipient où se ramasse l’eau condensée, qu’il s’agit de faire rentrer dans la chaudière, représentée par le grand ballon B situé 45 centimètres plus haut. M tube de montée. C tube un peu plus gros servant de condenseur. I) tube de descente. R robinet pour purger l’air. V tuyau de vapeur. E échappement de la vapeur.
- Gomme il n’était pas possible de piquer le tuyau de montée sur le flanc du petit ballon, on l’a fait plonger jusqu’au fond; pour la même raison, le tuyau 1) plonge au-dessous du niveau de l’eau dans le grand ballon.
- U semble paradoxal de dire que l’eau, condensée en A, va monter par le tube M, suivre le tube G et descendre dans la chaudière par le tube I). C’est pourtant ainsi que les choses se passent, comme on le constate en faisant marcher l’appareil de démonstration. Quant à la théorie, nous nous contenterons de renvoyer le lecteur à la Note très substantielle et très complète de M. Serment. Les applications pratiques de cette ingénieuse disposition ont été indiquées dans notre article du 7 mars 1891 ; nous n avons donc pas a insister. Profitons de l’occasion qui nous a été offerte ici de reparler de cette ingénieuse invention pour signaler le nom de celui à qui elle est due: M. Waller Burnham.
- LA MUSELIÈRE
- L’Administration a rendu obligatoire le [tort de la muselière, et on ne saurait, ne pas approuver une semblable mesure qui a pour but d'empêcher la morsure des chiens enragés. Mais il est intéressant de connaître les différents types de muselières afin de choisir ceux qu’il faut employer dans l’intérêt des chiens qui, nous ne devons pas l’oublier, sont des animaux amis, bien dignes de notre compassion et de notre affection. Nous aurons recours, pour renseigner nos lecteurs à ce sujet, à une Notice de l’excellent journal l'Eleveur, publié sous la direction de notre collaborateur, M. Mégnin.
- La muselière que l’on voit le plus souvent en ce moment appliquée aux chiens à Paris est celle que l’on pourrait appeler muselière-licol (fig. 1). Cette muselière est, ou un instrument de torture, ou une inutilité parfaite : elle est un instrument de torture quand la muselière est serrée de manière à empêcher tout écartement des mâchoires; dans ce cas, si le chien a chaud, il ne peut respirer par la bouche et tirer la langue, comme il le ferait s’il était libre, alors sa vie peut être compromise; il peut mourir par asphyxie. Si la muserolle de cette muselière est assez lâche pour permettre au chien de respirer par la bouche, elle est parfaitement inutile, car le chien peut mordre comme s’il ne l’avait pas.
- La muselière la plus sérieuse est celle que l’on voyait exclusivement autrefois et qui est connue sous le nom de muselière Foin (fig. 2). Elle se Compose de la muselière-licol précédente, à muserolle lâche, et à laquelle muserolle on a adapté une poche ou masque en treillage de fil de fer qui enveloppe le museau tout en lui laissant foute latitude pour ouvrir la gueule et tirer la langue; ne gênant, en un mot, en rien les fonctions respiratoires, tout en étant parfaitement efficace au point de vue de l’empêchement de la faculté de mordre. Elle peut être embarrassante, déplaire au chien qui, dans les premiers moments, cherche à s’en débarrasser comme de tout objet gênant, mais on ne peut pas l’accuser d’être un instrument de supplice, et les chiens s’habituent, du reste, assez facilement à la porter.
- La figure 3 représente une muselière fort usitée en Belgique et qui est très recommandable : elle a été prescrite par un arrêté deM. le Ministre de l’agriculture belge, M. Léon de Bruyn, en date du 22 septembre 1891. Elle est composée de deux longues bandes de cuir se croisant devant le museau et se rattachant à une troisième bande formant collier et munie d’une boucle ; elles sont fixées à deux autres bandes croisant les précédentes et formant masque. Elle se rattache sur le cou par une courroie ou collier d’attache. Cette muselière est parfaitement efficace et nullement gênante.
- Nos trois autres figures font encore partie du règlement belge. La muselière représentée figure 4 est tout en fil de fer galvanisé, très élégante et très
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- légère, laissant autant de liberté au chien pour mouvoir ses mâchoires que la précédente et étant tout aussi efficace. C’est une des plus employées à Bruxelles pour les chiens de trait qui, comme on sait, sont très nombreux chez nos voisins d’outre-Quiévrain.
- La figure 5 représente une muselière qui n’est qu’une variété du type précédent et qui peut être soit en lanière de cuir, soit en fil de fer étamé ou galvanisé. Elle a les mêmes avantages et la même
- efficacité que la précédente. La figure 6 donne l’aspect d’une muselière composée de lanières ou de fort fil de fer se croisant et formant cage ; cette cage enveloppe, comme on voit, les deux mâchoires sans les gêner et laisse le nez complètement libre. Un dessus de chanfrein en cuir et un collier servent à maintenir cette muselière solidement en place. Elle constitue le type n° a du règlement belge.
- La question de la muselière n’est pas nouvelle;
- Fig. 1, 2 et 5. — Quelques systèmes de muselières. — Fig. 1. Musclière-licol. — Fig. 2. Muselière Foin. — Fig. 5. Type de muselière belge.
- elle avait déjà préoccupé l’Administration, et les préfets de police ont souvent ordonné l’emploi de la muselière pour les chiens. Voici ce que disait à ce sujet, il y a déjà de longues années, M. II. Bouley,
- le savant et regretté professeur de l’Ecole d’Alfort :
- « Il est certain qu’en France, et à Paris notamment, la manière dont on pratique le musèlement est une pure fiction, et que, dans l’état actuel des
- Fig. 4, 5 et 6. — Autres systèmes de muselières. — Types adoptés en Belgique.
- choses, on ne peut pas apprécier la valeur prophylactique de cette mesure de police qui ne reçoit pas et n’a jamais reçu une application réelle. Les muselières qu’on emploie consistent dans une simple courroie passée sur le chanfrein, assez lâche pour permettre la respiration buccale et l’aboiement, et, par conséquent, à peu près inutile pour empêcher la morsure. La muselière d’aujourd’hui n’est donc, à vrai dire, qu’un subterfuge, une manière de paraître observer la loi, tout en l’éludant. Et il devait en être ainsi, car la loi a exigé l’impossible en prescrivant l’application, autour de la tête du chien,
- d’un appareil de coercition qui s’opposerait à l’écartement de ses mâchoires. Le chien a les cavités nasales trop étroites pour respirer exclusivement par le nez, comme fait le cheval ; il faut qu’il respire par sa gueule béante, qu’il transpire par sa langue et toute sa muqueuse buccale. Il faut, conséquemment, qu’il puisse ouvrir ses mâchoires. Le problème à résoudre est donc celui-ci : appliquer autour de la tête du chien une sorte de cage semblable, en petit, au panier à salade, assez spacieuse pour que l’écartement des mâchoires y soit bien libre. »
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- LE « PAULOWNIA IMPÉRIAL »
- Depuis la lin, si tardive cette année, des brumes, des giboulées et des gelées nocturnes, la curiosité des Parisiens, avides des premières manifestations du printemps, s’est trouvée agréablement éveillée par le ravissant aspect de certains arbres de nos promenades. Les Paulownia, déjà remarquables par l'élégance de leur port, ont fleuri abondamment avant l’apparition de leurs feuilles et se sont montrés tout couverts de belles tleurs d’un bleu-violet pi'de, en forme de. longues clochettes, et répandant une agréable odeur de violette vanillée.
- Une centaine environ des arbres dont nous parlons bordent les deux côtés de l’avenue Carnot (ancienne avenue d’Essling) sur la plus grande partie de son parcours; d’autres dont nous reproduisons ci-dessous l’aspect, ornent la place du marché aux Heurs sur les quais de la Cité, d’autres occupent les Jardins du Trocadéro, ou se trouvent disséminés le long de l’avenue du Bois de Boulogne. On en rencontre, du reste, aujourd'hui dans beaucoup de jardins de Paris et dans un assez grand nombre de villas de scs environs.
- Ces beaux arbres sont originaires du Japon. Dans leur pays natal, ils portent le nom de Kiris.
- Un célèbre héros japonais, Taïkasama, considéré
- Les Paulownia à Paris. — Marché aux fleurs. (D'après une photographie prise du quai de la Cité.)
- dans son pays comme une sorte de demi-dieu, ornait son écusson de trois panicules ou grappes de Heurs de Kiri, accompagnées d’une feuille du meme arbre. Pour cette raison, le Kiri est encore aujourd’hui fort en honneur au Japon. 11 y est meme l’objet d’une sorte de vénération à cause des traditions historiques et religieuses qui s’y rattachent.
- La première description scientifique du Kiri a été faite par Sieboldt et Zuccarini dans leur Flore du Japon. « Le Kiri, disent les deux auteurs, est un des plus magnifiques arbres du Japon. Son tronc, dont le diamètre est de 2 à 5 pieds, s’élève jusqu’à une hauteur de oO à 40 pieds, pour se diviser ensuite en branches peu nombreuses, mais fortes, en angle droit, formant une vaste couronne.... »
- Ces deux savants reconnurent que cet arbre, con-
- sidéré jusqu’à eux comme appartenant à la famille des Bignoniacées, représentait en réalité un genre non encore défini de celle, d’ailleurs très voisine, des Scrophularinées, dont les genres les plus répandus sous nos climats, dans nos champs ou dans nos jardins, outre le genre-type scrophulaire, sont le molène ou bouillon-blanc, le muflier ou gueule-de-loup, la digitale, la calcéolaire, la chélonée, la li-naire, la gratiole, le mimule, la pédiculaire, le rhi-nantlie, l’euphraise, le mélampyre, la véronique, etc.
- Sieboldt et Zuccarini crurent devoir donner le nom de Paulownia au nouveau genre de Scrophularinées auquel appartient le Kiri, pour rendre hommage à Auna-Paulowna, princesse héréditaire des Pays-Bas, fille du tsar Paul 1er, fils de Catherine 11, assassiné en 1801.
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- Le port du Paulownia ressemble beaucoup à celui du Catalpa, de la Caroline, qui appartient à la famille très voisine des Rignoniacées, plantes des régions intertropicales du continent américain. La feuille même du Catalpa ressemble tellement à celle du Paulownia qu’on serait souvent porté, en l'absence des Heurs, blanches extérieurement chez le Catalpa, à confondre ces deux arbres.
- Au Japon, le Kiri se rencontre le plus communément dans les contrées les plus méridionales, et prospère surtout sur les penchants des collines les plus exposés au soleil..Dans son pays natal il peut atteindre une hauteur totale de 25 mètres et son tronc, 1 mètre de diamètre à la base. L’accroissement est rapide, et le bois très tendre. Il supporte bien le climat de Paris, à la condition toutefois d’une exposition chaude et surtout bien abritée contre les vents.
- Sa première introduction en Europe date de 1825. Ce fut, en effet, en cette année, qu’il parut en Angleterre sous le nom de Bignonia tomentosa. En 1851, des graines en furent offertes au Jardin des Plantes de Paris; elles donnèrent des Heurs pour la première fois au bout de huit ans, en 1812. Depuis, le Paulownia n’a pas tardé à se répandre à Paris grâce à la beauté de son port, de son feuillage et de ses Heurs parfumées. Aujourd’hui, il est chez nous un des arbres d’ornement les plus recherchés.
- Le premier Paulownia développé à Paris est celui qui existe encore au Muséum d’Ilistoire naturelle, près des serres neuves. C’est encore un très bel arbre plein de vigueur. Son tronc a près de 65 centimètres de diamètre à sa base ; sa tète, extrêmement touffue, commençant à plus de 5 mètres au-dessus du sol, forme une immense demi-sphère d’environ 20 mètres de diamètre dans le sens horizontal. Ce pied, bien que déjà très fort, aurait encore acquis un plus grand développement s’il avait été placé dans des conditions plus favorables, et surtout si on lui avait épargné les mutilations sans nombre que pendant très longtemps on a fait subir à ses racines pour opérer la multiplication de son espèce à Paris.
- Le Paulownia est un arbre de pleine terre que l’on multiplie facilement, en effet, par éclats de racines, mais aussi par boutures et par graines, à l’automne et au printemps.
- Tandis qu’en Europe les Heurs du Kiri s’épanouissent avant les feuilles, au Japon elles* ne s’ouvrent qu’a près. C’est encore là une preuve des moditica-tions qui résultent du fait même de l’acclimatation.
- Les feuilles, actuellement en voie d’expansion, sont opposées deux à deux, ovales, échancrées en cœur à leur base, au point oii s’attache leur longue (j[ueue, et veloutées sur leur face inférieure, couverte d’un duvet blanchâtre.
- Dans l’état de nature, ces feuilles ont quelquefois jusqu’à 50 centimètres de diamètre; mais, par l’effet d'un recépage annuel, consistant dans la décapitation des tiges, elles peuvent atteindre l’ampleur étonnante de 50 centimètres et {dus. Aussi peut-on dire
- que comme arbre d'ombrage, le Paulownia est sans rival. Les branches qui portent ces feuilles sont tortueuses et horizontales; il arrive souvent qu'elles rompent sous le poids même de leur feuillage. C’est une des principales raisons pour lesquelles les Paulownia doivent être soigneusement abrités contre les vents.
- Les Heurs, qui, dans nos climats, constituent la première parure du Paulownia, sont groupées en grosses grappes composées pyramidales, formant l’extrémité ascendante des rameaux et dressées verticalement à la manière de celles du Marronnier d inde. Leur corolle ressemble par la forme, la grandeur et même aussi assez par la couleur à celle des Heurs de la digitale. Sa forme, que nous avons comparée à celle d’une longue clochette, peut l’être tout aussi bien, en effet, à celle d’un doigt de gant. Les belles corolles du Paulownia sont malheureusement trop éphémères. Le fruit du Paulownia, de consistance sèche et ligneuse, est une capsule biloculairc à deux valves qui, à la maturation, s'écartent pour mettre les graines au jour. Celles-ci, petites et très nombreuses (700 à 800 dans chaque fruit), sont munies d’ailes membraneuses et transparentes dont le rôle est de faciliter leur dissémination naturelle par l’action du vent.
- Les bois laqués du Japon sont généralement préparés avec celui du Paulownia. Les Japonais l’emploient aussi, débité en feuilles très minces, pour faire des boites. Le bois du Paulownia, dont la couleur brune rappelle assez bien celle du Noyer, jouit d’ailleurs de qualités exceptionnelles. H est léger et malgré cela d’une solidité peu commune. 11 joue et travaille très peu, se contourne et se gondole à peine sous l’inlluence de l'humidité et de la sécheresse; en outre son grain est très régulier. Aussi ce Jiois est-il particulièrement précieux pour le placage et pour toute l’ébénistorie de précision.
- De sorte que le Paulownia, déjà considéré avec raison comme un des plus beaux arbres d’ornement, sera bientôt, quand son' exploitation sera {dus répandue, considéré aussi comme un des {dus avantageux au point de vue industriel. E. Vignes.
- CHRONIQUE
- lia catastrophe de Saint-ttervais. — Tous les journaux quotidiens ont donné de longs détails sur la catastrophe qui a désolé Saint-Gervais-les-Bains près de Ghamonix (Haute-Savoie). Nous nous bornerons aujourd’hui à enregistrer ce triste phénomène géologique en attendant que nous fassions paraître une Notice complète que nous préparons. Dans la nuit du 11 au 12 juillet, une partie du glacier de Bionassay, près du dôme du Goûter, s’est détachée et précipitée dans le torrent deBionnay, qui grossi, s’est rejeté avec une violence inouïe dans la vallée, enlevant tout sur son passage, détruisant une partie du village de Bionnayetse versant dans le Donnant, qui, comme l’on sait, se jette en cascade à l’entrée du vallon de Saint-Gervais-les-Bains. On a déjà émis plusieurs hypothèses pour expliquer la catastrophe ; nous les examinerons postérieurement. Ouoi
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- qu’il en soit, vers 2h 15m du matin, le torrent atteignait les bains. Les hôtes qu’ils contenaient ont été réveillés au milieu de leur sommeil par de violentes secousses accompagnées d’un bruit terrible. Plusieurs bâtiments se sont effondrés, emportés par les torrents boueux qui charriaient des quartiers de rochers. La trombe d’eau causa d’horribles ravages, roulant des cadavres mutilés, non seulement à Saint-Gervais, mais dans les villages avoisinants de Bionnayct du Fayet. Le nombre des morts a dépassé cent cinquante et celui des blessés a été considérable. On a recueilli des cadavres sur tout le cours de l’Arve, dans lequel le torrent s’est déversé; il charriait des meubles et des débris de toutes sortes. L’établissement thermal de Saint-Gervais est presque entièrement détruit.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 17 juillet 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- Création de stations météorologiques océaniennes. — Le prince de Monaco manifeste l’intention de provoquer la réunion d’un Congrès météorologique, composé des délégués des Etats les plus intéressés aux questions maritimes, dans le but d’arrêter la marche d’observations météorologiques à entreprendre dans diverses stations mé-téorogiques à créer aux Açores, aux îles du Cap-Vert, aux Bermudes et même aux Canaries et à Madère. Ces observations permettraient assurément d’étayer la prédiction des tempêtes sur des documents suffisamment étendus et de donner ainsi à cet important service une certitude bien [dus grande. Les Açores n’étaient encore reliées à aucun continent, mais cette lacune aura disparu l’année prochaine; il sera donc possible, par des dépêches expédiées du cap Vert, des Antilles, des Bermudes et des Açores, de connaître à tout instant la marche des perturbations atmosphériques qui se développent sur l’Atlantique. En effet, les îles du Cap-Vert sont placées non loin de la région où prennent naissance la plupart des grands cyclones qui [lassent sur l’Amérique Nord, et qui, obliquant ensuite vers l’est, atteignent les côtes d’Europe. Les îles Bermudes seraient également placées très avantageusement au point de vue de notre continent, car on peut affirmer que la majorité des perturbations dont le centre a passé dans le voisinage de ces îles, affectent l'Europe. Enfin les Açores, ([ne leur situation met presque.au centre des courbes tracées par le déplacement des girations atmosphériques de l’Atlantique, s’imposent comme troisième centre. Le prince de Monaco propose d’utiliser le mont Pico dont l’altitude est de 2222 mètres, pour y installer une station qui fournirait, sur la circulation des couches supérieures de l’atmosphère, des indications précieuses. L’Observatoire de Monaco se chargerait, sous la direction de M. Guci-rard, de centraliser toutes ces observations océaniennes et d’en tirer des prévisions. Mais tout fait entrevoir que là ne se bornera point le concours de la principauté. MM. Mascart et Bouquet de la Grye s’associent tous deux à l’initiative prise par le prince de Monaco et insistent sur l’impulsion que recevrait la météorologie d’une telle organisation.
- La greffe osseuse. — M. Verncuil a appelé l’attention sur la difficulté qu’éprouve le chirurgien à combler les cavités osseuses, sur la lenteur avec laquelle la nature, dans les cas favorables, répare la lésion. Il en résulte qu’à la suite d’opérations, le malade conserve quelquefois des cavernes dont l’inconvénient est très grand. Pour obvier
- à ce double inconvénient, on a essayé de greffer sur l’os malade un fragment d’os vivant convenablement taillé, de manière à remplir exactement la cavité, et ce procédé réussit quelquefois. Malheureusement le greffon disparaît' au bout de quelque temps. MM. liuplay et Bazin ont eu l’idée de remplir les cavernes avec une substance inerte, du coton hydrophile, do l’éponge, de la soie, etc. Après avoir fait par-dessus la place un pansement ordinaire, on constate, au bout de quelque temps, que la cavité se remplit. Les corps étrangers ainsi introduits facilitent énormément le travail de bourgeonnement et la soudure des bourgeons. Ils ont fait cinquante-neuf expériences, toutes favorables, sur des chiens ou des lapins. Il faut toutefois remarquer que ces expériences ont été effectuées sur des os parfaitement sains, tandis que les os humains sur lesquels le chirurgien doit opérer, présentent rarement des conditions semblables. C’est donc seulement lorsqu’il aura été possible de nettoyer d’abord la cavité, de manière à faire disparaître mécaniquement toute trace d’infection, qu’il conviendra d’appliquer cette méthode.
- Varia. — M. Forel adresse une Notice géologique sur la catastrophe de Saint-Gervais. — M. Pomtnel décrit un macaque fossile des phosphorites quaternaires d’Algérie. — M. l’hilippon a repris les expériences de M. Paul Bert sur l’influence de la décompression brusque du milieu gazeux, par rapport à la vie des animaux plongés dans ce milieu ; il a rendu la détente instantanée, ce qui n’avait pas lieu dans les expériences de M. Paul Bert. — M. GeofIrov, pharmacien de la marine, signale l’usage que font les indigènes de la Guyane d’une espèce de liane, le Robina Nicou, qui par immersion dans le lit des rivières produit l’étourdissement des poissons, lesquels remontent alors à la surface ; il a étudié également la substance qui produit celte intoxication.
- Élection. — M. Van Beneden, de Louvain, est élu associé étranger. Cii. de Villedeuil.
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- LE THEATRE OPTIQUE
- DE SI. REYNAUD
- Nous avons à plusieurs reprises parlé des appareils construits par M. Reynaud dans le Lut de perfectionner les méthodes de projections qui permettent d’obtenir par des procédés optiques l’illusion du mouvement et de la vie.
- Les appareils qui produisent la synthèse des phases successives d’une action étaient tous jusqu’à présent (depuis le phénakisticope de Plateau jusqu’au praxi-noscope de M. Reynaud) limités par leur nature même à la reproduction d’un mouvement ou, tout au plus, d’une action très simple, chaque rotation de l'appareil ne pouvant évidemment que répéter l'effet produit par la rotation précédente.
- Le « Théâtre optique » a pour but d’étendre l’illusion à la reproduction d’une suite considérable d’actions et de réaliser ainsi la reconstitution par synthèse optique d’une scène tout entière.
- Pour cela, une bande de grande longueur portant un grand nombre de poses remplace la couronne de l’ancien appareil. Il fallait de plus présenter l’illusion scénique animée à toute une nombreuse assistance. Pour cela, il était nécessaire de lui donner
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- de grandes dimensions, ce qui ne peut être obtenu que par projection sur un écran.
- Mais, pour obtenir cette illusion dans de bonnes conditions pour les opérateurs, il faut que les poses se succèdent sur l’écran sans solution de continuité; en d’autres ternies, qu’il n’y ait sur l’écran aucune extinction ou éclipse entre deux poses successives.
- Cette continuité de l’image, obtenue déjà par le praxinoscope à vision directe, inventé en 1877 par M. Reynaud, n’était réalisée jusqu’à présent par aucun appareil projetant.
- Le « Théâtre optique », par sa construction même,' la réalise de façon que la succession des poses peut être à tout instant interrompue sans que l image
- cesse d’être éclairée et visible sur l’écran. Cette propriété permet, dans la représentation de la scène animée, des repos et des répétitions qui augmentent en même temps et la vérité de l’elfet et la durée de la scène représentée.
- C’est ainsi que le « Théâtre optique » fait assister les spectateurs à des scènes complètes (pantomimes, intermèdes, etc.), dont la durée peut atteindre 15 à 20 minutes, avec un nombre de poses et une longueur de bande qui restent dans des limites pratiques. Il réalise ainsi un spectacle à la fois intéressant, amusant et inédit.
- De plus, le « Théâtre optique » semble constituer dès à présent l’appareil type [tour la synthèse des
- Vue d'ensemble du Théâtre optique. — Une scène de la pantomime Pauvre Pierrot!
- séries photographiques de poses successives, et c’est sans doute dans ce sens qu’il trouvera dans l’avenir son usage principal, lorsque les perfectionnements des appareils instantanés spéciaux et l’abaissement du prix de revient des pellicules photogéniques permettront d’obtenir facilement et assez économiquement des séries très nombreuses de ces poses.
- Notre figure représente le dispositif du nouveau « Théâtre optique » de M. Reynaud ; la bande cristalloïde où sont peintes les images est représentée en A ; l’opérateur peut la faire tourner dans un sens ou dans l’autre, au moyen de deux manettes. Les images, reproduites par un procédé spécial d’impressions en couleurs, passent devant la lanterne R; elles sont projetées, par l’intermédiaire d’une lentille C, sur un miroir incliné M, qui les projette sur l’écran
- transparent E. line dernière lanterne de projection 1) fait apparaître sur l’écran le décor invariable au milieu duquel paraissent les personnages à poses changeantes peints sur la bande A.
- M. Reynaud a composé des scènes très amusantes, notamment celle de la pantomime à trois personnages intitulée : Pauvre Pierrot! On voit Arlequin, Colombine et Pierrot, qui se livrent à des scènes très animées et exécutent des mouvements rapides d’un effet charmant. Les personnages des projections ainsi obtenues sont tout à fait vivants. 11 nous semble y avoir des ressources nouvelles dans cet ingénieux dispositif du « Théâtre optique ». G. T.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissani>ii:r.
- l’aris. — Imprimerie Lalmre, rue de Fleuras, 0.
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- N° 1000. — 50 JUILLET 1892.
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- LE PANORAMA « LE VENGEUR »
- ET SES INSTALLATIONS MÉCANIQUES
- Le Panorama des Champs-Elysées, le Vengeur, du au maître peintre-panoramiste, M. Poilpot, l’auteur
- du célèbre panorama des Transatlantiques, offre, outre l’intérêt d’une représentation vraiment vivante d’un magnifique fait d’armes, et la reconstitution très curieuse des bâtiments des anciennes marines, quelques particularités d’installation mécanique qui nous paraissent mériter une description détaillée.
- Fig. 1. — Panorama le Vengeur aux Champs-Elysées, à Paris. Vue en-dessous du navire.
- On sait que le sacrifice volontaire de l’héroïque équipage du Vengeur n’est qu’un épisode des combats de prairial an 11 (29, 50 mai et 1er juin 1794) dans lesquels la Hotte française, sous les ordres de l’amiral Villa-ret-Joyeuse et du conventionné 1 Jean-Bon Saint-André, lutta, près d’Ouessant, contre la flotte anglaise commandée par l’amiral Howe. Le but principal du combat était de faire lever le blocus de Brest, pour en permettre l’accès à un grand convoi de blé amené d’Amérique par le contre-amiral Yanstubel. Les deux premières journées (29 et 50 mai) ne donnèrent lieu qu’à une canonnade sans grands résultats, où toutefois le Vengeur se signala par son audace en s’opposant à la
- tentative laite par l’ennemi pour couper en deux la flotte française. Les adversaires passèrent la journée
- du lendemain à réparer leursavaries, et la lutte ne reprit que le 1er juin, mais avec un acharnement héroïque des deux parts. Jean-Bon Saint-André craignant, malgré l’avis de Yillaret-Joyeuse, de s’exposer à un désastre, donna l’ordre de la retraite, ordre que le tumulte du combat empêcha d’être compris par quelques-uns des bâtiments français et notamment par le Vengeur. Son capitaine, Renaudin, aux prises avec deux vaisseaux anglais, se vit menacé d’être coupé par un troisième, le Brunswick, sur lequel il se jeta pour l’enlever à l’abordage. Malheureusement
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- Î0e année.
- T semestre.
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- son bord lut accroché par l’ancre du navire ennemi, de telle manière qu’il se trouva exposé au feu do presque toutes les pièces de ce dernier, sans pouvoir lui répondre que de quelques-unes des siennes. L’ancre ne tarda pas, du reste, a se briser et les deux adversaires recouvrèrent la liberté de leurs mouvements. Mais avant (pie Lenaudin eut pu en profiter, son bâtiment lut écrasé par les bordées d’un vaisseau à trois ponts. L’eau pénétra alors de toutes parts dans le malheureux navire : un grand nombre de scs défenseurs furent ensevelis dans les Ilots aux cris répétés de « Vive la République! », en même temps que quelques-uns d’entre eux clouaient leur pavillon aux débris du grand nuit. Les autres lurent recueillis par les Anglais; 475 hommes sur les 758 qui formaient l’équipage avaient péri. Cette héroïque résistance produisit sur l’adversaire un effet moral considérable; il n’osa pas tenter la poursuite et le convoi de Vanstabel aborda librement en France.
- C’est le moment où le Vengeur s’abîme dans la mer que l’artiste a choisi pour principal sujet de son œuvre. Pour donner au spectateur l’illusion complète, il est placé en face du Vengeur sur le pont du brick le Courrier, qui sert de plate-forme, et celle-ci est animée d’un mouvement de tangage qu’on croit voir se reproduire sur la toile de fond.
- Tout le monde connaît aujourd’hui les procédés d’exécution des panoramas, et nous.n’avons pas à y revenir; mais nous avons cru intéressant de faire pénétrer nos lecteurs dans les coulisses ou plutôt dans les dessous du panorama de M. Poilpot.
- Notre figure 1 représente, à cet effet, l’aspect du navire et des vagues qui l’entourent, pris du dessous. Les vagues sont formées par de fortes toiles tendues sur des planches et soutenues par des étais. Elles se croisent les unes par rapport aux autres; quant au navire, il se compose d’un plancher supporté par quatre fermes longitudinales en charpente réunies par des traverses. Le mouvement de tangage dont nous avons parlé était tout d’abord donné par deux treuils à bras placés sur le sol au centre du pont dont ils permettaient de soulever alternativement les deux extrémités à l’aide de câbles métalliques. Ce système occasionnait une grande fatigue à la charpente ; emprunté à la machinerie théâtrale ordinaire où les manœuvres n’ont qu’une durée très limitée, il ne pouvait convenir à une manœuvre qui se répète pendant neuf à dix heures. I)e plus, les deux ouvriers attelés à chaque treuil travaillaient dans des conditions défectueuses et devaient être fréquemment remplacés. Pour remédier à ces inconvénients, M. Poilpot a demandé à M. Berthot, ingénieur des arts et manufactures, de substituer une transmission de mouvement mécanique à celle des treuils mus à bras. La disposition imaginée par M. Berthot et réalisée par lui avec le concours de MM. Rouart frères, ingénieurs-constructeurs, est représentée dans notre figure 2. Une machine à gaz de deux chevaux actionne une pompe à douille effet qui refoule l’eau ù une pression de 20 atmosphères sous un déten-
- deur. Ce dernier est chargé de manière à produire une pression de 8, 12, 11) ou 20 atmosphères sous les deux pistons de presses hydrauliques C etE, dont les tiges 1) et F actionnent les extrémités de la charpente du bateau. Les pistons ayant 250 centimètres carrés de surface, ces pressions correspondent à des efforts de levage de 2000, 5000, 4000 et 5000 kilogrammes, et se règlent suivant le nombre de visiteurs, de manière à ne pas fatiguer inutilement la charpente. L’eau d’évacuation des presses retourne à la hache d’alimentation. Cette bâche contient également le tuyau d’alimentation d’une petite machine à colonne d’eau B qui sert de tiroir distributeur entre les presses. La course des pistons et, par suite, l’amplitude des oscillations du navire est de 0m,50. Chaque oscillation complète dure de 55 à 40 secondes.
- L’effet obtenu est largement suffisant pour donner l'illusion du mouvement des bâtiments représentés sur la toile panoramique. Les vagues qui entourent le brick semblent également se soulever, et le spectateur croit voir s’abîmer sous ses yeux les glorieux débris du Vengeur.
- MM. Berthot et Rouart frères n’ont mis que dix jours pour procéder a l’importante modification que nous avons signalée et dont le succès leur fait véritablement honneur. C. Richou,
- Ingénieur des arts et manufactures.
- Là NàYIGàTION à GRANDE VITESSE1
- La machinerie auxiliaire des grands paquebots devient de plus en plus importante. On pourra en juger par un seul chiffre : le cuirassé Humberlo, d’une puissance propulsive pouvant atteindre 20 000 chevaux, emploie OU appareils de machinerie auxiliaire dont la puissance totale atteint 2480 chevaux.
- En ce qui concerne la machinerie propulsive, le propulseur classique est aujourd’hui l’hélice. On emploie généralement deux hélices avec machines indépendantes, sans cage, disposées de part et d’autre du gouvernail. On projette déjà l’adoption de trois hélices, et même d’hélices placées, non seulement à l’arrière, mais à l’avant. La multiplicité des hélices avec machines indépendantes a fourni aux nouveaux paquebots de grandes facilités d’évolution, des garanties de sécurité, le moyen de continuer la roule en cas de destruction d’une hélice, et la possibilité de ramener les organes mécaniques à de moins énormes proportions.
- Les hélices jumelles ne sont pas cependant indispensables à la vitesse, puisque les grands rapides de Cunard et ceux de la Compagnie brémoise n’ont qu’une seule hélice. Les chaudières tubulaires marines constituent un type classique bien connu : le nombre de corps de chaudières varie avec la puissance. Dans le City of Paris, il y en a 54. L’épaisseur des tôles d’acier atteint 58 millimètres, tandis que le diamètre intérieur des tubes est descendu jusqu'à 6 centimètres. Le personnel employé dans la chaufferie d’un grand paquebot est en nombre extravagant. Dans le City of Paris, par exemple, il y a soixante chauffeurs ringardeurs et cinquante-quatre sou-
- 1 Suite. — Yuy. n° 1)05, du 25 juin 181)2, p. 50.
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- tiers et traîneurs de wagonnets, soit cent quatre hommes coûtant 10 700 francs de salaires par mois, pins nourriture et autres dépenses, et travaillant dans une fournaise où le quart de service ne peut dépasser quatre heures (les vingt-six mécaniciens non compris).
- Passons sur les détails de construction des machines pour examiner, avec M. Gaudry, ce que coûte la grande vitesse dans la navigation. Les vitesses de 19 à 20 nœuds sont aujourd’hui acquises, bien qu’elles n’appartiennent qu’à-un petit nombre de navires en service pratique courant. On atteint même exceptionnellement 22 nœuds, mais la marine a déjà bien d’autres prétentions. En Italie, en Allemagne et en Russie, on vise et on a commencé l’étude de navires devant filer de 25 à 26 nœuds (près de 50 kilomètres par heure) !
- Ges grandes vitesses ne pourront être obtenues qu’avec une grande finesse de forme, des hélices tournant à grande vitesse, et des moteurs d’une puissance exceptionnelle. Les nouveaux paquebots rapides n’ont pas une finesse de forme excessive, et cependant il y a tendance à augmenter les largeurs et la capacité intérieure, ce qui augmente la section maîtresse qui entre comme élément dans le calcul de la puissance motrice.
- Ces grandes vitesses de l’hélice actionnée par des moteurs à mouvements alternatifs dont les organes, pas ou peu équilibrés, pèsent plusieurs tonnes, impriment à la machinerie et au navire des secousses dont se plaignent les voyageurs, et qui amènent le dcclinquaye rapide du navire si celui-ci n'est pas très solide. Il faut aussi, pour éviter réchauffement et le grippage, arroser d’eau froide tous les frottements, et pour cela, enfermer tout le mouvement dans un coffre ou entre des écrans, sinon il se produit une pluie continue de graisse et d’eau chaude plus que désagréable, et qui rend impossible la bonne tenue de la salle des machines. Enfin, l’emportement des mouvements rend leur inspection presque impossible. Un déréglagc insignifiant au début et facile à réparer ou à vitesse modérée n’est pas vu à grande vitesse, et ce sera toujours là l’achoppement des machines à grande vitesse.
- La puissance mécanique nécessaire pour imprimer une vitesse donnée à un solide immergé dans l’eau est proportionnelle à sa maîtresse section et au cube de sa vitesse. Il faut aussi tenir compte du frottement latéral, et, aux grandes vitesses, de la résistance de l’air.
- Une formule très simple, appelée quelquefois formule française, permet de déterminer cette puissance. Soient : U la puissance indiquée en chevaux de 75 kilogrammètres par seconde; v, la vitesse en nœuds (1852 mètres) par heure; S la section immergée du navire en mètres carrés; k, un coefficient d’utilisation qui, d’après les expériences faites sur les types actuels à grande vitesse varie entre 3,75 et 4,90, et que l’on prend ordinairement égal à 4.
- Un a alors pour expressions respectives de la vitesse v et de la puissance P :
- En appliquant cette formule pour des vitesses comprises entre 10 et 25 nœuds, et en ramenant à l’unité de section immergée (mètre carré), on trouve qu’il suffit d’une puissance de 15,6 chevaux indiqués par mètre carré pour donner à un navire une vitesse de 10 nœuds par heure.
- A 15 nœuds, cette puissance est de 52 chevaux, à 20 nœuds, de 125 chevaux, et elle atteint 241 chevaux à 25 nœuds. Un paquebot tel que le City of Paris, dont la section immergée est de 140 mètres carrés, développant
- une puissance indiquée de 17 500 chevaux à 20 nœuds, devrait pouvoir en produire 55 750 pour atteindre une vitesse de 25 nœuds. Sa puissance devrait donc être doublée pour augmenter la vitesse de 20 pour 100 seulement. L’emploi d’hélices à grande vitesse et de moteurs à grande puissance entraînerait les conséquences suivantes : augmentation des dimensions du navire, consolidation de la construction, énormité des chaudières et machines, provision considérable de combustible, élévation des températures, augmentation du personnel de service, enlin, nécessité de perfectionner les signaux et les facilités d’évolution.
- 11 résulte de ce qui précède deux conclusions : 1° sans prétendre que la navigation à grande vitesse a dit son dernier mot, ce qui serait nier le progrès et oublier l’histoire, on peut affirmer qu’en l’état actuel de la science, la grande vitesse exige des instruments dont l’exploitation n’est presque plus commerciale, dont on ne sait encore ni la durée ni la sécurité. Avant d’entrer dans la voie des vitesses plus grandes encore projetées, il faut laisser les constructeurs, les équipages et même le public s’habituer aux nouveaux paquebots encore trop récents pour être jugés et parfaitement maniables. C’est prudent pour la marine commerciale qui n’a pas à promener son pavillon pour la gloire: c’est une question d’intérêt national pour la marine militaire, où l’on ne s’interroge qu’avec émotion sur la valeur pratique de ces cuirassés, croiseurs et torpilleurs de systèmes si variés, ayant coûté tant de millions, et dont pas un seul n’a été jugé dans une campagne décisive.
- X..., ingénieur,
- UN NERGER DE POMMIERS DANS LE-KANSAS
- Le plus grand verger du monde, dont nous empruntons la description à la publication américaine Gard en and Forest, est situé dans le comté de Leavenworth, Etat du Kansas, États-Unis. Il appartient à la Société Wellhouse et Wheat. Ce verger, exclusivement consacré à la culture du pommier, possède actuellement 40 000 arbres en plein rapport sur une superficie de 176 hectares ou 457 acres. Ces arbres, mis en place en 1876, 1878 et 1879 et primitivement au nombre de 52 000, se répartissent entre les variétés suivantes : pommiers Ben Davis, 91 hectares; pommiers Missouri pippin, 28 hectares; pommiers Wine-sap, 28 hectares; pommiers Jonathan, 16 hectares et demi; pommiers Cooper’s carly white, 6 hectares et demi ; pommiers Maiden blush, 6 hectares et demi. 354 hectares de plantations nouvelles ont été créés en 1889 et 1890, et se répartissent entre les variétés suivantes : 105 hectares de pommiers Ben Davis, 105 hectares de pommiers Missouri pippin, 48 hectares et demi de pommiers Jonathan, 20 hectares de pommiers York impérial, 8 hectares de pommiers Ganot. Cette exploitation n’a subi de pertes sensibles que pendant l’hiver de 1884-1885 où des froids de 20 degrés au-dessous de zéro fendaient les arbres du haut en bas ; les pommiers Ben Davis surtout furent cruellement atteints et 15 pour 100 d’entre eux périrent. Les arbres de la première plantation étaient au nombre de 294 à l’hectare, mais les propriétaires ont reconnu cette disposition beaucoup trop dense, et on a eu soin de donner un plus fort écartement aux arbres plantés en 1889 et 1890. Ces vergers ont été établis sur une prairie naturelle à sous-sol argilo-siliceux.On cultive du blé sur le terrain jusqu’à ce que le's arbres commencent à rapporter.
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- LA NATURE.
- LES VIBRATIONS DES COQUES DE NAVIRES
- ET LE NOUVEAU SYSTÈME DE M. YARROW
- 11 y a quelques mois à peine, M. Normand, le célèbre constructeur du Havre, étudiait une disposition nouvelle, susceptible d’atténuer les vibrations des bâtiments légers à grande vitesse. Partant de ce principe que ces vibrations se font sentir principalement lorsque le nombre de révolutions de la machine, dans un temps donné, est un multiple ou un I sous-multiple de celui des vibrations transversales de la coque, il était arrivé aux conclusions suivantes: 1° le poids des pièces mobiles des trois cylindres de chaque machine doit être identique ; 2° des diagonales doivent rendre impossi-hles toutes vibrations des machines dans un plan longitudinal, en meme temps que l’immobilité complète doit être obtenue à l’aide d’attaches reliant la plaque de fondation non seulement au fond du navire, mais encore au pont supérieur.
- Tous ceux qui se sont trouvés à bord d’un torpilleur en marche ou qui ont voyagé sur des steamers à grande vitesse, savent quelle fatigue causent les
- vibrations continuelles de ces navires. Ces vibrations sont constantes depuis l’emploi de l’acier dans les constructions et des cylindres à liante pression. Nous n’avons pas besoin, du reste, de faire remarquer de quelle importance est ce défaut, notamment en matière militaire, pour le réglage du tir et des torpilles et pour la fatigue du personnel. M. A.-F. Yarrow
- (de la grande maison britannique qui a récemment construit en vingt-cinq jours une canonnière pour le Gouvernement français) vient de lire, devant Y Institution of Naval Architecte, une communication des plus importantes sur ce même sujet, et nous croyons intéressant de la résumer pour indiquer le système qu’a inventé ce constructeur afin de supprimer les vibrations des coques.
- Voilà plusieurs années qu’il poursuit des expériences dans ce but, et son premier soin a été d’imaginer, de concert avec M. Nasbitt, un instrument enregistrant l’étendue et le caractère de ces vibrations. Comme l’indique une de nos gravures (lig. 1), cet appareil consiste essentiellement en un tambour lourdement chargé, suspendu sur des ressorts, tambour qui, grâce à un mouvement d’horlogerie, peut exécuter une révolution par minute. On fixe sur la
- Fig. 2. Spécimens de quelques courbes obtenues avee le vibroniètre. — 1. Vibrations avec les machines ordinaires non équilibrées. 2. Bateau immobile sans propulseur. — 3. Bateau en marche avec son hélice.
- plate-forme de l’appareil un crayon qui vient frotter horizontalement sur une bande de papier enroulée autour du tambour : si l’on place cet appareil, nommé vibroniètre, sur le pont d’un navire, le crayon, solidaire de la plate-forme, monte ou baisse suivant les périodes vibratoires, tandis que le tambour, immobile par son inertie, reçoit les tracés du crayon, qui forment un diagramme d’enregistrement (fig. 2). M. Yarrow était convaincu que les vibrations d’un navire à hélice, marchant en eau calme, avec
- son propulseur complètement immergé, étaient en temps ordinaire uniquement dues aux forces produites par le mouvement des parties non équilibrées de la machine, pistons, bielles, etc. Or, ces expériences ont précisément prouvé que les vibrations d’un torpilleur sont absolument identiques, que le propulseur agisse ou que le bateau soit immobile, la machine marchant à vide, l’hélice enlevée. Des diagrammes multiples ont prouvé cette identité pour un nombre toujours le même de révolutions, lt'ail-
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- leurs, c’est un fait connu qu'une même machine cause des vibrations toutes différentes suivant la vitesse qu’elle prend : à pleine vitesse, elle n’en cause
- parfois aucune, tandis qu’à vitesse réduite, ces vibrations sont excessives. Cela tient, comme l’a dit M. Normand, à un synchronisme entre les mouve-
- Fig. 5. — Mode d’expérimentation de M. Yarrow, pour l’étude des vibrations de la coque d’un torpilleur.
- Fig. 4. — Machine fonctionnant sans appareil. (D’après une photographie.)
- ments des parties de la machine et les vibrations de la coque; d’autres diagrammes de M. Yarrow ont pu mettre ce fait en lumière. Dans les steamers transatlantiques, on doit tout faire pour éviter ce synchronisme; mais, dans les navires de guerre,
- Fig. 5. — Machine marchant avec contrepoids et hoh-weights. (D’après une photographie.)
- cela est difficile, les vitesses devant être essentiellement variables. Il ne faut donc pas croire que ces vibrations proviennent d’une faiblesse de la coque, mais bien d’un rapport spécial qu’on peut toujours éviter ou prévoir par le calcul. C’est la machine
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- qui a toute la faute, et M. Yarrow a pu s’en assurer dans un voyage sur un transatlantique ; il avait installé une sorte de vibromètre dans sa cabine, située au centre du navire : les vibrations variaient périodiquement, du maximum quand les deux pistons à basse pression descendaient en même temps, au zéro quand ils affectaient un mouvement inverse l’un de l’autre. Il pouvait compter les révolutions des machines de bâbord et de tribord.
- Il en est arrivé à donner des vibrations une théorie complète que nous ne pourrons qu’esquisser : en somme, par l’action alternative de la vapeur dans chaque piston pendant une demi-révolution, la machine tend à soulever les fondations de l’appareil et le navire, tandis que, pendant le reste de la révolution, il y a pression sur les fonds du navire. A tout mouvement des pistons correspond un autre mouvement en sens opposé dans le reste du navire. Si l’on suppose donc simplement un seul cylindre, et que toutes les parties affectées de rotation, manivelle,
- bielle motrice, etc., soient balancées à l’aide de contrepoids rotatifs comme d’ordinaire, il n’en reste pas moins des pièces verticales, piston, tige du piston, qui ne sont point balancées, et avec lesquelles il faut compter. Or, maintenant, disposons deux excentriques sur l’arbre et dans une position opposée à celle de la manivelle, comme l’indique sommairement la figure 6 à égale distance de cette manivelle et en leur donnant la même course : c’est là l’invention de M. Yarrow, ce qu’il nomme des bob-weights ou contrepoids circulaires. Chacun d’eux a un poids correspondant à la moitié des parties à équilibrer, et, grâce à leur mouvement en haut et en bas, tout le mouvement se fera sans vibration aucune. On comprend du reste que l’on pourrait placer ces deux bob-weights à des distances inégales à droite et à gauche de la manivelle, à condition de faire varier leur poids en raison inverse de cette distance; de même il faut augmenter leur poids en raison inverse de leur course. Si donc on applique ce système à toute une série de cylindres et de pistons, on oppose à la force produite par les éléments de la machine une force égale, mais inverse en direction. Bien entendu, il y a là un calcul délicat qui assure l’équilibre, et, par conséquent, la suppression des vibrations. D’ailleurs, le système a été mis en pratique sur un torpilleur de 150 pieds marchant à 22 nœuds; nos dessins montrent la différence des vibrations quand on se sert d’une machine ordinaire ou quand on a recours aux bob-weights, avec une vitesse constante de 248 révo-
- lutions à la minute. Enfin, l’enregistrement par le vihromètre a montré que l’amplitude des vibrations, qui est de 27/04 de pouce dans le premier cas, tombe à 7/04 dans le second.
- Il est certain que cette invention est appelée à un grand avenir, dans l’intérêt du bien-être des passagers comme de la conservation des navires.
- Daniel Bellet.
- L’INSTITUT PASTEUR EN AUSTRALIE1
- Au mois de juin 1891, la ville de Sydney fut en grand émoi : Sarah Bernhardt tenait sa promesse de venir jouer le drame en Australie. Elle allait arriver.
- On fit tous les préparatifs d’une réception royale ; des discours et des adresses furent imprimés sur vélin : le maire fit brosser sa robe la plus fraîche et bouclera neuf sa perruque la plus jeune; des lettres par centaines invitèrent toute la bonne société de Sydney à venir à l’Hôtel de Ville présenter ses hommages à la reine du théâtre; le Ministre des postes, à la tête d’un comité nombreux, alla au-devant d’elle sur un bateau pavoisé des couleurs françaises, etc., etc.
- Et pourtant peu s’en fallut que la fête ne fût manquée : Sarah Bernhardt avait avec elle deux chiens magnifiques dont elle ne se sépare jamais. On lui apprit que la loi oblige à une quarantaine de six mois les chiens qui viennent en Australie; elle refusa de se soumettre, et ne parla de rien moins que de virer de bord et de diriger ses pas vers des pays plus hospitaliers. Le Ministre assura galamment qu’une exception serait faite et que, pour éviter un malheur public, la loi serait trop heureuse de s’incliner devant Chouette et Star. C’était compter sans le rigorisme des législateurs jaloux de protéger la salubrité du pays. L’engagement du Post-master ne fut pas plus tôt connu qu’un membre de l’opposition interpella le Gouvernement, et le Ministre de l’agriculture fut amené à répondre que, d’accord avec Sarah Bernhardt, Chouette et Star me seraient confiés, Rodd Island étant déclarée quarantaine-annexe. Je <n’ai pas à dire (fuel honneur ce fut pour moi d’héberger les toutous de la divine Sarah ; je ne veux que montrer par cette anecdote piquante, rapprochée d’un enthousiasme «fui paraissait devoir tout autoriser, la sévérité des mesures prises contre l’importation des maladies encore inconnues à l’Australie.
- Le règlement des quarantaines ne laisse pas d'être instructif :
- Aucun animal ne peut être débarqué sans l’autorisation écrite de l’inspecteur en chef du bétail, prévenu au moins vingt-huit jours à l’avance. Les bovidés, les ovidés, les suidés ne peuvent venir que d’Angleterre ou d’Islande. Un certificat de vétérinaire doit attester leur bon état de santé au moment de l’embarquement; un autre, signé par le capitaine du bateau, leur bon état de santé pendant le voyage;
- 1 Suite et fin. — Vov. n° 907, du 2 juillet 1892, p. 81.
- Cou rse
- 2 pds
- 3 pieds
- Bob-weights-
- lnstallation des fiofi-weights.
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- un autre, délivré par un inspecteur spécial, leur bon état de santé à l’arrivée. Le bétail cst-il contaminé? on le détruit. Est-il reconnu sain? on l’envoie par mer à la quarantaine pour une période d’observation qui varie de soixante à quatre-vingt-dix jours, et, pour les chiens en particulier, on prolonge, comme nous l’avons dit, jusqu’à six mois.
- Trouvez s’il vous plaît, exagérées toutes ces mesures; du moins, grâce à leur application, la porte a-t-elle été fermée jusqu’ici à deux maladies fort répandues partout ailleurs, la morve et la rage. M. Pasteur a bien voulu m’approuver d’avoir dit que, dans les conditions présentes du voyage en Australie et avec les quarantaines en vigueur, il était pratiquement et scientifiquement probable que le pays continuerait à jouir de son immunité. « La rage, nous écrivait-il, n’est jamais spontanée chez les animaux. Les chiens peuvent être placés dans les conditions les plus contraires à leur genre de vie, froid, chaleur, nourriture ; aucun ne devient hydrophobe. La période d’incubation peut être plus ou moins longue : elle a été, dans certains cas spéciaux, de six à sept jours seulement; elle est ordinairement de deux mois; elle a pu être de six; on a signalé, mais sans preuve bien certaine, des périodes d’une année, même de deux années. Quoi qu’il en soit, la rage en dernière analyse est toujours le résultat de la morsure d’un chien enragé. Il serait oiseux de discuter la question de savoir d’où vient le premier animal aifecté : la science est incapable de résoudre la question de l’origine et de la tin des choses. »
- D’autres maladies malheureusement ont été importées avant l’établissement de ces quarantaines dont l’efficacité vient d’être démontrée : par exemple, le Cumberland disease, le charbon symptomatique et la péripneumonie des bêtes à cornes.
- Nous avons dit dans un précédent article comment le Cumberland disease avait été identifié avec le charbon, et comment on avait reconnu la vertu prophylactique du vaccin de M. Pasteur.
- Le succès même de nos expériences nous a naturellement engagé à rechercher si cette maladie, dont M. Pasteur et M. Koch ont étudié les effets sur les animaux d’Europe, pouvait atteindre également les animaux indigènes, l’ours australien (Koala cendré) (fig. 1) qui se nourrit exclusivement des feuilles de l’eucalyptus, dans les branches duquel il vit ; le grand kanguroo, herbivore de la taille d’un veau de cinq à six mois (fig. 2) ; le kanguroo-rat, petit herbivore de la grosseur d’un lapin ; le chat australien (.Dasyu-rus Maugei) (fig. 3) animal sauvage, carnivore, de la même taille que nos chats domestiques.
- Il n’y a pas à douter de l’action du virus sur ces animaux, qu’il soit introduit dans leur organisme par la voie sous-cutanée ou par l’ingestion stomacale. Nos inoculations successives ont démontré qu’ils sont affectés par le charbon bactéridien, et que, par suite, capables de contracter la maladie, ils sont capables de la répandre : nul doute, par conséquent, que leur existence doive retarder le jour où, grâce à la vacci-
- nation charbonneuse universellement adoptée, l’Australie pourra se considérer comme assurée contre l’un de ses fléaux les plus redoutables.
- Du charbon symptomatique nous ne dirons rien, parce que les efforts faits par nous, après que nous eûmes reconnu l’existence et les caractères de la maladie, n’ont pas donné de résultat et que nous sommes à la veille d'introduire la vaccination découverte par MM. Arloing, Cornevin et Thomas, de l’Ecole vétérinaire de Lyon.
- La péripneumonie a fait son apparition en Australie, en 1858. Elle a été introduite dans la station de M. Boadlc, du district Plentey (colonie de Victoria) par une vache que cet éleveur avait fait venir d’Angleterre.
- Cette vache avait eu, dit-on, une attaque de péripneumonie quelque temps avant son achat ; elle avait été traitée, puis guérie, mais il paraît certain à présent que la guérison n’avait été qu’incomplète, car peu de temps après son débarquement à Melbourne, elle eut une rechute et mourut. Elle contamina les bestiaux de ce propriétaire qui, à leur tour, transmirent la maladie aux troupeaux des environs.
- Les conditions de l’élevage du gros bétail sont telles en Australie que la maladie se répandit avec une rapidité effrayante. Les mesures de police sanitaire qui, dans les pays où la production est restreinte, où les animaux sont surveillés de près, parviennent à arrêter la maladie, sont absolument impuissantes dans ces déserts où des milliers de bêtes à cornes sont laissées seules presque sans surveillance dans d’innnenses parcs, où l’on ne les voit que de loin en loin (fig. 4).
- Puis, le transport des marchandises ne se faisait autrefois qu’au moyen d’attelage de bœufs (fig. 5) : ces bœufs étaient eux-mêmes les véhicules de l’épidémie et de la contagion. Dès lors le mal gagna très vite les colonies voisines ; le continent australien tout entier en est maintenant infecté.
- Dès 1851, un vétérinaire hollandais, Willems, avait proposé en Europe d’inoculer le virus de la péripneumonie aux animaux en bonne santé pour leur conférer l’immunité. En 1862, parut dans les journaux de Sydney et de Melbourne une lettre de M. Cloete, de la colonie du Cap, décrivant l’inoculation préventive : on en fit l’épreuve d’abord dans les provinces de Victoria et de la Nouvelle-Galles du Sud; aujourd’hui deux cents propriétés en ont éprouvé les bienfaits, et sa valeur pratique est aussi bien reconnue en Australie qu’en Europe. Le Gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud a posé l’an dernier aux propriétaires de bestiaux une série de questions : 8293 se sont déclarés favorables à l’inoculation, contre 729; sur la question de l’inoculation obligatoire, 7050 voix ont répondu oui et 1757 non. Pourquoi ces chiffres ne représentent-ils à peu près que l’opinion de la moitié des intéressés ?
- Les éleveurs du Queensland, pour vendre leurs bestiaux sur les marchés de la Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria, sont obligés de leur faire suivre
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- les routes tracées spécialement à cet effet. La distance à parcourir varie de G00 à 2000 kilomètres environ. Les troupeaux fournissent une course
- Fig. 1. — Ours ausiralieu (Koala cendré).
- lait le plus de ravages. En admettant que les animaux lussent indemnes au départ, ils gagnent la maladie et la communiquent aux jeunes animaux qu’ils rencontrent sur leur route. Il n’est pas rare que sur ! une expédition de 1500 à 2000 | bœufs on ait à ! constater, à leur arrivée sur le ; marché, une mor- 1 talité de -25 à 55 pour 100. Des que j îa première bète | meurt, on pratique l’inoculation de Willems, niais déjà la majeure partie du troupeau est en puissance du mal et l'on n’évite pas les pertes que nous venons de signaler. Ce qu’il faudrait, ce serait avoir un procédé pour conserver le virus de la péripneumonie et pouvoir fournir ce virus au propriétaire, s’il ne peut pas
- moyenne de 10 à 12 kilomètres par jour. Or pendant ces voyages qui durent de 2 à G mois, le bétail traverse les contrées dans lesquelles la péripneumonie
- Fig. 2. — Kaiiguroo australien.
- s’en procurer dans sa station, au moment où il va faire partir ses animaux pour de longs voyages sur
- des routes infectées. Comme la perte annuelle causée par celte maladie est d’environ seize millions de francs pour la seule colonie de Queensland , celle <pii possède le plus de bêtes à cornes, la chose méritait d’être étudiée.
- M. Pasteur, au cours d’expérience s poursuivies en 1882, avait indiqué un procédé pour la con-servution du virus. Il suffit d’après lui d’inoculer un veau, non plus à la queue, connue le recommandait Willems, mais ailleurs, derrière l’épaule, par exemple : les tissus dans le voisinage de la piqûre sont inliltrés de sérosité, laquelle
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- Fig. 4. — Un pâturage en Australie. Troupeaux de Queensland en route pour les marchés du Sud.
- (D’après une photographie de l’auteur.)
- Fig, 5, — Transport de marchandises en Australie au moyen d’un attelage de hœuts. (D’après une photographie de l’auteur.)
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- est virulente à son tour, et qu’il est facile de recueillir et de conserver à l’état de pureté. Ce virus est tout aussi bon que celui du poumon ; rien n’empêche donc d’employer comme source de vaccin la tumeur provoquée.
- Ce procédé n’avait jamais été mis en pratique. Nos efforts ont tendu à en démontrer la valeur scientifique et pratique; le succès des premières expériences a été des plus significatifs : un exemple entre cent. 2000 vaches sont inoculées. Au dernier moment arrivent 19 vaches nouvelles non vaccinées : ces deux groupes partent ensemble et font ensemble un voyage de 2000 kilomètres. A l’arrivée, on a constaté que les 2000 bêtes vaccinées étaient en bonne condition ; des 19 sujets non inoculés, 8 étaient morts de la péripneumonie.
- Pour répondre à un besoin si manifeste, nous avons créé une station analogue à celles où l’on entretient en France le vaccin de la variole. Un veau est continuellement entretenu sous l’action de l’inoculation laite ailleurs qu’à la queue, c’est-à-dire dans les régions que Boulcy appelait « les régions défen-fendues sous peine de mort » ; le virus de l’œdème est conservé dans des tubes stérilisés et mis à la disposition des propriétaires pour servir à de nouvelles inoculations. En 1891, le laboratoire de Rodd lsland a fourni 500 tubes dont le vaccin, inoculé dès la réception, de la manière que nous avons dite, a permis à chaque éleveur d’avoir, pour le voyage de ses troupeaux à travers des contrées infectées, une provision pouvant suffire à trois ou quatre mille bêtes.
- Le nombre de nos correspondants s’accroît sans cesse et, d’après ce qu’ils disent des résultats obtenus dans leurs propriétés, soit par le vaccin charbonneux, soit par celui de la péripneumonie, on ne peut douter que la conquête de l’Australie par la microbiologie soit dès maintenant un fait bien acquis.
- l)r Adrien Loir.
- LA MISSION JEAN DYB0WSKI
- M. J. Dybowski est revenu le 10 juillet de son expédition dans le Congo français, où le Comité de l’Afrique française et les Ministères de l’instruction publique et de l’agriculture l’avaient chargé d’une mission tout à la fois politique, commerciale et scientifique. En débarquant à Bordeaux, la Société de géographie de cette ville lui a offert un punch d’honneur. A Paris, il a été reçu à la gare par une délégation du Comité de l’Afrique française, de la Société de géographie, de la Société de géographie commerciale, de la Société d’horticulture, de la Société d’acclimatation, par le Directeur et les professeurs de l’École de Grignon, par M. Milne-Edwards et les professeurs du Muséum, par M. Deloncle, représentant le Sous-Secrétaire d’Etat des colonies, par M. Étienne, député, M. Goujon, sénateur, M. Stupuy, conseiller municipal et un grand nombre de journalistes. Tous ces messieurs ont souhaité la bienvenue à notre jeune collaborateur, à ce vaillant qui a su si bien mettre à profit son courage et son savoir au service de la France.
- Parti le 10 mars 1891 de Bordeaux, Jean Dybowski est arrivé le 15 avril à Loango, et, dans les premiers jours de juin, à Brazzaville, après avoir éprouvé des difficultés de toute nature. —Au poste de Loudima, il apprit le massacre de la mission Fourneau sur la Sanglia ; à Brazzaville, la nouvelle du désaslre de la mission Crampel fut le signal de la défection de tous les porteurs ; on savait que les bandes musulmanes s’étaient emparées des fusils à répétition, de 50 000 cartouches, de 500 kilogrammes de poudre. Dvbowski, dès lors, n’eut qu’une pensée : venger la mort de notre regretté compatriote et de ses compagnons. Malgré le peu de forces dont il disposait : 42 tirailleurs sénégalais, il réengage des porteurs ; M. Nebout, le seul survivant de la mission Crampel, se joint à lui; et, secondé par ses vaillants lieutenants, MM. Brunachc, Briquez, Bobichon, Chalot, la colonne se rend à Bangui, notre dernier poste au nord, sur les canonnières de la colonie.
- Après une marche des plus pénibles à travers les brousses et les marais, après avoir parcouru à l’aller plus de 450 kilomètres, au milieu de peuplades d’autant plus hostiles qu’elles savaient qu’on pouvait avoir raison des blancs puisque ceux qui les avaient précédés avaient été massacrés, la colonne rattrape la bande pillarde, lui fait subir des pertes sérieuses, la met en déroute et s’empare du butin, consistant principalement en objets ayant appartenu à Crampel.. — Dybowski continue sa marche en avant pour rattraper les fuyards. 11 en atteint quelques-uns qui sont exécutés. Malheureusement le pays est dévasté et la colonne, pendant dix-sept jours, manque de vivres ; la misère et les privations l’obligent à revenir sur ses pas. Le retour a été triomphal, et les peuplades hostiles à l’aller font fête à ces blancs plus forts que les musulmans. Une demi-douzaine de traités sont signés, nous ouvrant le pays jusqu'à El-Kouti et le plaçant sous le protectorat de la France.
- Avant son départ de Bangui, Dybowski avait envoyé en France les levés de trois rivières, affluents de l’Ouban-ghi : M’Poko, Oinbella et la Kemo.
- Revenu à Bangui, il fonde, à 250 kilomètres de là, sur l’Oubanghi, le poste des Oùaddas. Puis il remonte la Kemo en pays vierge de toute explorai ion et, à 100 kilomètres de son embouchure, il fonde un poste important où il arrive, malgré le petit nombre de ses porteurs, à transporter toutes ses marchandises destinées à la marche en avant qu’il devait continuer, avec les forces nouvelles envoyées par le Comité sous la direction de M. Maistre.
- Malheureusement, la maladie est arrivée ; le surmenage intellectuel et physique, le climat, les privations, le manque absolu et forcé d’hygiène, les préoccupations ont terrassé cet homme doué cependant de la plus grande énergie. Dybowski s’est vu contraint de passer son commandement à M. Maistre, et, sur les instances du médecin de Brazzaville, il est revenu parmi nous, malade, mais heureux d’avoir été utile à son pays.
- M. Dybowski rapporte des collections superbes et très nombreuses, parmi lesquelles se trouvent beaucoup d’espèces et de spécimens nouveaux. Toutes ces richesses seront exposées au public, sans doute dans une des galeries du Muséum d’histoire naturelle. Il ramène avec lui un laptot, nègre d’un fort beau type qui n’a pas voulu le quitter. M. Dybowski est le seul explorateur qui nous fasse réellement connaître le Congo au point de vue scientifique et partant agricole et commercial. G. T.
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- UN NOUVEAU MÉTAL
- LF, MASRIUM
- Lu Revue générale des sciences pures et appliquées vient de publier un article de M. Ileld, professeur à l’École supérieure de pharmacie de Nancy, annonçant la découverte d’un nouvel élément, découverte due à MM. If. Droop Richmond et Dr Hussein OIT, chimistes du laboratoire khédivial du Caire. Ce nouveau corps proviendrait d’un alun fibreux recueilli pendant ces dernières années par S. E. Johnson Pacha dans le lit d’un cours d’eau de la Haute-Egypte. En faisant l’analyse de ce minerai, les auteurs y constatèrent la présence du cobalt, du fer, de l'aluminium, du manganèse et celle d’un autre oxyde dont les propriétés seraient notablement différentes de celles des autres oxydes métalliques connus.
- Cet oxyde serait celui d’un nouveau métal qu’on a appelé Masrium, du nom arabe de l’Égypte (Masr) ; le minerai d’où on l’a extrait a été dénommé masrite; enfin le symbole chimique adopté pour représenter cet élément est Ms.
- Sans vouloir entrer dans le détail des opérations effectuées pour obtenir les composés de ce corps, nous dirons seulement que la détermination approximative du poids atomique du Masrium et l’ensemble des réactions de ses sels permettent de le ranger dans le tableau de Men-delcjeffl, dans la famille du glucinium, calcium, strontium, baryum, à la place d’un élément hypothétique dont le poids atomique serait 225.
- On n a pas encore pu isoler ce nouveau métal, en employant les procédés de réduction ordinairement suivis pour obtenir les corps de cette famille.
- Cet élément, se rattachant d’une part, aux métaux alcalino-terreux, d’autre part, au groupe du zinc, pouvant d’ailleurs donner une sorte d'alun avec le sulfate d’alumine, révèle ainsi des propriétés tout individuelles. Sa découverte, si elle se confirme, constituera donc un fait important dans l’histoire de la chimie moderne.
- Nous reviendrons s’il y a lieu sur les travaux que nous venons d’analyser. A. Hébert.
- LES COSAQUES
- ET LEUR MANIÈRE DE COMBATTRE
- Quand on observe attentivement la vie de la population cosaque dans une stanitsa, il est facile de remarquer tout de suite et de distinguer les futurs Djighites au milieu de leurs compatriotes.
- D’abord, vous les verrez allez à cheval à l’abreuvoir, toujours sans selle, sans bride ni couverture et constamment au trot ou meme au galop de charge. Leurs yeux brillent, et l’observateur peut apercevoir clairement qu’une fois sur le dos de leur coursier, ils se sentent au comble du bonheur.
- Si vous rencontrez un « taboun »2 revenant
- 1 La plupart de nos lecteurs connaissent déjà le tableau de Mendelejeff dont nous venons de parler. En classant les corps simples en groupes naturels et en séries périodiques, l’éminent chimiste russe a pu prévoir l’existence de plusieurs corps inconnus. La découverte de plusieurs de ces cléments (Scandium, Gallium, Germanium, etc.) est venue confirmer ses vues si ingénieuses.
- 2 Troupeau de chevaux.
- à la stanitsa, vous remarquerez immédiatemant quelques jeunes gens se donnant la chasse l’un à l’autre. Presque tous ont, attachée à leurs chevaux, une sorte de boucle formée d’une corde quelconque, à laquelle ils se suspendent pour chercher à ramasser à terre tel ou tel objet.
- Demandez à l’un de ces jeunes gens quel est le meilleur cheval du « taboun » ou le plus vite, et très probablement, il vous le montrera sans hésiter. De meme il vous indiquera tous les chevaux vicieux, ainsi que ceux avec lesquels il est impossible de ramasser quelque chose à terre, parce qu’ils ne sont pas assez solides et tomberaient.
- Plus tard, vous rencontrerez ces mêmes jeunes gens appartenant déjà à la classe préparatoire1, assistant aux premières réunions d’exercices dans le voïsko*, montés sur de jeunes chevaux qui sont à eux, qu’ils connaissent admirablement et sur lesquels ils n’hésitent pas à se pencher jusqu’à terre, à galoper la tète en bas ou quelquefois debout, franchissant les obstacles et exécutant ainsi devant vous les divers exercices qui constituent la Djighitovka.
- Et du camp d’instruction, ils rentrent chez eux avec le titre de Djighite », quelquefois même avec un prix obtenu pour l’agilité spéciale dont ils ont fait preuve.
- Quant aux jeunes gens moins hardis et moins énergiques, l’amour-propre les oblige à ne pas rester en arrière des autres. Et c’est ainsi que, pendant toutes leurs années d’enfance et de jeunesse, la Djighitovka est pratiquée par tous les Cosaques, qui tous s’y livrent avec assez d’ardeur ou d’amour-propre pour eu retirer d’excellents fruits.
- Quand le Cosaque a fait ainsi la Djighitovka dans la stanitsa, jusqu’à sa vingt-unième année, il ne saurait y avoir de danger ou de difficulté à ce qu’il continue à en faire pendant les quatre années de service actif qu’il passe au régiment.
- Parmi les exercices les plus utiles et les plus habituellement obligatoires de la Djighitovka, on peut citer les sauts d’obslacles au galop avec maniement du sabre ou du fusil; le tir de celui-ci dans toutes les positions: soit à cheval à toutes les allures, et même en retraite, l’homme s’étant complètement retourné sur sa selle (fig. 1); soit en se servant du cheval couché comme d’un abri (fig. 2).
- Dans cet exercice, les tirailleurs cosaques arrivent au galop de charge, s’arrêtent brusquement, sautent à terre; les chevaux, dressés à la manœuvre, se couchent d’eux-mêmes pour faire à leur cavalier un rempart de leur corps 3.
- Quant aux exercices de la Djighitovka dite « à volonté », les suivants peuvent en donner une idée :
- 1 Celle qui s’instruit en vue de son entrée au service militaire.
- 2 Ce terme voïsko, dont la signification générale est : armée, s’emploie pour désigner les diverses régions des territoires cosaques. Ainsi on dit le voïsko du Don, les voïskos du Caucase, le voïsko d’Astrakhan, etc.
- 3 Ces deux figures, comme les suivantes, sont empruntées au journal russe le îtazviêdtckik.
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- sauter à terre et remonter à cheval au galop, se baisser pour ramasser un objet quelconque, le cheval étant au galop (fîg. 5) ; sauter d’un cheval au galop sur un autre; galoper en se tenant debout (lig. 4). On voit comment, en cette circonstance, le cavalier fait usage des étriers pour se maintenir. La figure montre qu’ils ont été préalablement recroisés sur le siège, de manière à se trouver à peu près à la hauteur de celui-ci. En réalité, l’homme n’est pas
- Fig. 1. — Cosaque à cheval tirant en arrière.
- senté par la figure 6. Deux Cosaques à cheval en soutiennent entre eux un troisième qui peut être un homme démonté ou blessé que, dans une retraite, on ne veut pas laisser tomber aux mains de l’ennemi.
- Enfin les Cosaques exécutent encore à cheval des groupements plus ou moins compliqués dont la figure 7 peut donner une idée.
- Tout en consacrant aux exercices les plus réellement utiles la plus grande partie du temps qu’on emploie à faire de la Dji-ghitovka, on ne néglige point les autres, le but final de tous ces exercices devant être en définitive de développer au plus haut degré possible, chez les Cosaques, la science de manier leur cheval et leurs armes et de tirer des unes et de l’autre le meilleur parti contre l’ennemi.
- Savoir exécuter à cheval un tir sûr, calme et soutenu dans toutes les directions et sur tous les objectifs qu’on aperçoit; savoir sabrer ou pointer avec promptitude, vigueur et précision sur des mannequins, des baguettes, etc.; et enfin savoir faire coucher promptement son cheval, ouvrir, en s’abritant derrière lui, le feu contre l’adversaire; puis, sautant brusquement en selle, se jeter à l’irnproviste sur lui le sabre au poing, tels sont en somme les résultats auxquels on s’efforce
- debout sur la selle, mais sur ces étriers mêmes.
- Un autre exercice encore consiste à galoper la tête en bas (fig. 5) ; mais encore on doit remarquer que le cavalier ne se tient pas absolument sur la tête. Il s’appuie sur la selle par une épaule et se maintient solidement au moyen des étriers, dont il tient un de chaque main.
- Un autre exercice encore qui peut avoir ici, dans certains cas, une application directe, est celui repré-
- Fig. 2. — Cosaque tirant, protégé par son cheval.
- d’atteindre par la pratique de la Djighilovka.
- Il est vrai que si, dans les exercices de la Djighi-tovka régulière, on peut assez facilement éviter les accidents, ceux de la Djighitovka dite « à volonté » entraînent toujours des risques et des dangers.
- Aussi leur exécution exige-t-elle de la part du cavalier autant d’énergie et d’audace que de souplesse.
- Il est donc bien clair qu’on ne peut pas l’exiger de tous les Cosaques indistinctement. D’abord parce que les hommes diffèrent beaucoup les uns des autres par leurs aptitudes physiques, et que ce qui est possible à l’un serait irréalisable pour l’autre; ensuite parce que les chevaux sur lesquels les Cosaques arrivent au service sont aussi des animaux de nature très différente, et que l’exécution des exercices les plus difficiles de la Djighitovka dépend autant, si ce n’est plus, des qualités du cheval que de celles du cavalier.
- On n’exige donc pas de tous les Cosaques l’exécution de tous ces exercices, mais on encourage les plus hardis et les plus vigoureux cavaliers. C’est le meilleur moyen de développer entre eux l’émulation désirable, de les amener à rivaliser d’énergie et d’adresse, et d’entretenir ainsi parmi eux la pratique de la Djighitovka, très utile pour développer
- Fig. o. — Cavalier cosaque ramassant au galon un objet à terre.
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- leur valeur individuellement comme e'cuyers et comme soldats.
- Quelques accidents isolés ne sauraient constituer un motif suffisant de renoncer à ces exercices.
- « Qui travaille le bois fait voler des copeaux »,
- Fig. 4. — Cavalier cosaque debout sur sa selle.
- ordonner et cela n’arrivera plus jamais. Mais je ne serais pas responsable si ensuite le régiment ne fait . pas bien son devoir devant l’ennemi. »
- Fig. 6. — Cavaliers cosaques portant un blessé entre deux chevaux.
- dangereux qu’il exigeait de ses officiers : « Votre Excellence peut être tranquille; les cornettes sont comme les chats, on pourrait les jeter du haut d’une tour, qu’ils retomberaient toujours sur leurs pattes. »
- En terminant cette petite Note sur la Djighitovka, nous croyons devoir mentionner une nouvelle variété de cet exercice, qui, dans ces derniers temps, a fait
- dit un proverbe russe1, et l’on n’a pas oublié la réponse du fameux général de cavalerie Zeydlitz, au roi qui lui demandait comment il se faisait que dans son régiment les cavaliers se rompissent aussi souvent le cou : « Votre Majesté n’a qu’à
- Fig. 5. — Cavalier cosaque la tète eu bas sur sa selle.
- C’est Zeydlitz encore, qui répondait à la femme du ministre Von Scblabendorf, manifestant la crainte de voir arriver malheur à son fils, dans les exercices
- Fig. 7. — Cavalier cosaque portant un tireur sur ses épaules.
- son apparition dans quelques régiments des Cosaques du Caucase : on l’appelle la « Rjérite. »
- Cet exercice consiste essentiellement dans le lancement du javelot à cheval. Le cavalier, allant au galop, suit parallèlement à 15 ou 20 pas de distance, une piste sur laquelle sont disposés des boules ou
- 1 L’analogue du nôtre : « On ne peut faire d’omelette sans casser des œufs. »
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- des cerceaux d’environ une archine (71 centimètres) de diamètre, recouverts de papier. [I lance un ou deux dards qui doivent crever le cerceau ou se fixer dans la boule; sur quoi le cavalier doit immédiatement faire demi-tour, et s’éloigner à toute vitesse du but qu’il vient de frapper.
- Ce n’est pas là, à proprement parler, un exercice nouveau. Chez certains peuples cavaliers de l'Orient, il existe depuis les temps les plus reculés, et son usage n’a fait que tomber en désuétude.
- L’art delà Djérite a d’ailleurs tellement progressé chez les Cosaques du Caucase, que, l’an dernier, plusieurs ont pris part avec succès aux courses de ce genre organisées à Titlis. Même à cette occasion, ces Cosaques ont remporté 16 prix, n’en laissant que deux seulement aux Tartares du pays qui luttaient avec eux.
- Quoiqu’elle ne présente aucun danger pour le cavalier, la Djérite exige de lui beaucoup d’adresse, de force et d’habileté dans la conduite de son cheval C
- NÉCROLOGIE
- Cyriis W. Ficld. — La grande industrie électrique vient de perdre un de ses pionniers. Cyrus Ficld, le véritable fondateur de l’industrie des câbles sous-marins, s’est éteint le 10 juillet dernier à New-York, à l’àge de 75 ans, après des revers de fortune qui avaient notablement altéré sa santé et qui ont certainement contribué à hâter sa mort. Par une cruelle ironie de la destinée, c’est par le câble transatlantique dont il a été l’instigateur et l’apôtre le plus convaincu, que la triste nouvelle nous est parvenue une heure à peine après son irrémédiable achèvement. Retracer la vie de Cyrus Ficld serait refaire l’historique de la télégraphie sous-marine à laquelle toute sa vie a été consacrée, depuis l’époque déjà lointaine, à laquelle il participa, en 1854, à la pose du câble de Terre-Neuve. Il s’était tellement dévoué à ce grand travail, il avait fait, pour vaincre l’opposition à son œuvre, lutter contre le ridicule et venir à bout de l’indifférence, tant de voyages par le monde, qu’il avait reçu le sobriquet pittoresque et expressif de locomotive en pantalons (locomotive in trou-sers). 11 fallait, en effet, une volonté, une activité et une foi indomptables pour entreprendre un projet si audacieux et le mener à bonne fin. Ils furent innombrables, les incidents et accidents qui troublèrent la pose du premier câble, depuis le moment où, pendant l’été de 1857, YAga-memnon quittait les rives européennes, et le Niagara les rives américaines pour se rejoindre au milieu de l’Océan. C’est seulement le 29 juillet 1858 que cette jonction put se faire. Le 20 août de la même année passait le premier télégramme de service et deux jours après, le président Buchanan et la reine Victoria échangeaient les compliments internationaux d’usage. Le message de la reine qui ne comportait que quatre-vingt-dix mots, demanda cependant soixante-sept minutes pour sa transmission. Peu de temps après, le câble devint de plus en plus mauvais et toute transmission fut bientôt impossible. Ce n’est qu’après la guerre civile, en 1865, que la question put être reprise et que le premier câble put être repêché, remis en état — grâce au Grcat-Eastern
- 1 D'après la lievue du Cercle militaire.
- qui a précédé de bien peu dans le néant Cyrus Ficld — et doublé d’un second câble dont la pose ne présenta pas de difficultés bien sérieuses. A partir de ce moment, la télégraphie transatlantique était créée, et la communication télégraphique entre l’Europe et l’Amérique ne s’est jamais trouvée complètement interrompue depuis cette époque. Le réseau télégraphique sous-marin forme aujourd’hui un cercle de cuivre complet qui entoure le globe. C’est grâce à l'initiative, à l’énergie et à la persévérance de Cyrus Ficld qu’un tel résultat a été obtenu. Son nom restera toujours associé à celui de sir William Thomson, aujourd’hui Lord Kelvin, et de sir James Anderson, dans les annales de la science, comme l’un des fondateurs d’une des plus puissantes et des plus merveilleuses industries du dix-neuvième siècle.
- CHRONIQUE
- l«e géant de Castelnau. — La Nature a publié, le 7 juin 1890, une Note relative à la découverte, dans les terres rapportées du tumulus de Castelnau (Hérault), de divers ossements humains en très mauvais état, paraissant provenir d’un individu de taille double de la normale. Etudiées avec soin par le professeur Kiener, bien connu par ses recherches sur l’histologie de l’os, ces pièces ont été définitivement reconnues pathologiques. L’individu ou les individus qui ont fourni ces singuliers débris osseux ont dû appartenir à une race de très haute taille, et le rythme de croissance de leurs os ayant été altéré par la maladie, le volume et peut-être aussi la longueur, ont pris des proportions déplus en plus anormales* H est donc probable que ces pièces énigmatiques établissent seulement l’existence d’un cas de gigantisme pathologique, plutôt que celle d’une population de taille double de la moyenne. Le ou les sujets de qui proviennent ces gros ossements, appartenaient sans doute à la même race que le porteur du crâne trouvé dans les mêmes fouilles et qui, parfaitement sain au point de vue ostéologique, présente un volume supérieur à celui même des plus grands crânes polynésiens. Pour conclure, la trouvaille de Castelnau a rouvert la question des géants de l’antiquité, mais n’a pas apporté d’éléments suffisants pour la résoudre.
- i/apyrite, poudre sans fumée suédoise. —
- Les savants suédois viennent de constater par des expériences, qu’ils sont parvenus à composer une poudre sans fumée possédant les qualités les plus précieuses pour les petites armes de précision. Cette poudre, qui n’est formée que de deux ingrédients principaux (c’est un nitrate de cellulose), brûle sans flamme, n’échauffe point la chambre, peut être maniée et transportée sans danger, et ne craint ni l’humidité ni la chaleur. Les expériences récemment faites à Stockholm, avec Yapyrite, ont donné les résultats extraordinaires suivants : Une carabine à magasin, de petit calibre, a tiré d’abord dix coups avec la poudre de nitro-glycérine, puis quinze coups avec la poudre ordinaire suédoise, enfin, vingt coups avec Yapy-rite; à la fin de cette épreuve le canon a été trouvé moins échauffé par la nouvelle poudre que par les autres, line carabine, avec laquelle on avait tiré 800 coups (Yapyrite, a été mise de côté sans être nettoyée : huit jours après, quand on l’a examinée, elle a été trouvée aussi propre qu’une arme préparée pour le tir. Avec la nouvelle I carabine en usage en Suède, 5gr 1/2 d’apyrite donneront une vitesse initiale de 640 mètres par seconde, avec une pression de 2k6,200 par centimètre carré. Un autre avan-
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- tagü, d’ordre économique, est que la fabrication de la nouvelle poudre n’exige pas un outillage nouveau, ni des édifices spéciaux.
- I,e pétrole en Pcnsylvanic. — Depuis quelques semaines, les journaux américains enregistrent les productions extraordinaires d’un nouveau champ de pétrole récemment mis en exploitation à Mac Donald, non loin de Pittsburg. Pendant le mois d’octobre, la production moyenne de ce gîte a été de 47 000 barils par jour. Le 2 novembre, l’un des puits que fore dans cette région la People’s Cas C“, atteignait l’huile et fournissait 400 barils par heure; un autre puits, appartenant à MM. Pater-son et Jones, était également achevé et donnait aisément 200 barils par heure. La production journalière de la Société Gufl'ey, Jennings et Ge est particulièrement remarquable. A Noblcstown, ses puits lui donnent 1155 barils par heure et, dans une autre partie du gîte, 087 barils par heure. Cela représente donc un total de 1822 barils par heure ou 45 718 barils par jour. En comptant le baril à 00 cents, on voit que les puits de MM. Gufl'ey, Jennings et Ce rapportent 20 250 liv. st. par jour, soit 780 104 liv. st. par mois! Un revenu mensuel aussi considérable n’avait pas encore été atteint par une seule et même Société dans l’industrie du pétrole ; mais si ces col-lossales productions se maintiennent encore quelque temps, il est probable que les prix baisseront.
- Altération des eaux ferrugineuses conservées. — Des expériences récentes, faites par M. Riban, qui en a fait l’objet d’une Note adressée à l’Académie des sciences, ont démontré que les eaux ferrugineuses, telles qu’elles sont conservées pour la consommation, perdent la majeure partie ou même la totalité de leur fer, 11 en résulte que, dans un grand nombre de cas, elles peuvent devenir un agent thérapeutique infidèle. A ce point de vue, une réforme s’impose dans la manière de les conserver. Cette conservation préoccupe d’ailleurs depuis longtemps les spécialistes, comme le montrent les nombreux articles consacrés à ce sujet dans les ouvrages d’hydrologie. On a proposé le remplissage des vases à l’aide d’un tube plongeur, et l’expulsion de l’air par des gaz inertes, notamment par l’acide carbonique (M. Porret), on surcharge même de ce gaz certaines eaux minérales; mais cette dernière pratique est peu recommandable, car elle change la nature de l’eau prise à la source.
- Puissantes locomotives électriques. — La North American Railway C° vient de commander à M. Sprague, d’une part, et à la Thomson-Houston C°, d’autre part, une locomotive électrique d’une puissance de 700 chevaux. La Baltimore and Ohio Railway C° ont aussi décidé d’effectuer la traction des trains dans le tunnel du Baltimore Belt Baihvay avec trois locomotives de 80 tonnes capables d’exercer une traction de 51 000 livres (14 000 kilogrammes) à une vitesse de 15 milles (25 kilomètres) par heure, ce qui correspond à une puissance effective, disponible sur la barre d’attelage, de 1500 chevaux! Nous voici bien loin de la petite locomotive de 4 chevaux qui traîna le premier train électrique établi par Siemens en 1870.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 25 juillet 1892. — Présidence de M. d’âbbadie.
- Analyse micrographique des alliages. — M. Georges Guillemin s’est applicpié à fournir une contribution à la connaissance si peu avancée des combinaisons que forment
- entre eux les métaux. Il polit un fragment de l’alliage soumis à l’expérimentation et lui fait subir l’action de l’acide azotique dilué ou de l’acide sulfurique, sous l’influence d’un courant électrique faible. Puis, à la lumière réfléchie, il examine le nouvel aspect de la surface polie. On obtient ainsi des ligures caractéristiques pour chaque métal, ligures que l’on étudie sur des images agrandies données par la photographie. De plus, ces images permettent de reconnaître si l’alliage a été fondu, forgé ou laminé. Dans les bronzes et laitons d’aluminium, les sillons trouvés affectent la forme de filaments; dans les bronzes phosphorés, on voit apparaître des dessins qui représentent assez bien des feuilles de fougère ou des branches de sapin. Ce procédé est fort simple et très pratique.
- Les lacs pyrénéens. — M. Emile Belloc présente des profils montrant le relief du fond de deux lacs pyrénéens, par rapport à deux plans verticaux convenablement choisis. Les lacs explorés sont ceux d'Estom et de Lourdes, dans le département de la Haute-Garonne. Le premier a une superficie de 5G 778 mètres carrés et une profondeur moyenne de 18 mètres, sa plus grande longueur est 450 mètres et sa plus grande largeur 222 mètres. Le lac de Lourdes est plus étendu mais moins profond : sa superficie est de 482 082 mètres carrés et sa profondeur moyenne de 12 mètres. En examinant les profils on est de suite frappé de l’asymétrie des pentes. De plus, on constate, à quelque distance de l’un des bords, des relèvements du fond en forme de cône, constitués par des amas de fragments rocheux. M. Belloc explique ainsi ces singulières formations. Pendant l’hiver ces lacs sont complètement gelés; sous l’influence du vent, la glace se recouvre, sur certains points, de cônes neigeux qui se durcissent sous l’effet de leur propre poids. Ces cônes arrêtent et retiennent les éclats qui se détachent de roches situées plus haut. Puis au moment de la fonte des neiges et des glaces, ces débris tombent à pic au fond du lac et élèvent peu à peu des cônes de pierres dont la structure est identique à celle de nos murs en pierres sèches.
- Découverte d’un nouveau corps. — M. Moissan a préparé un nouveau composé iodé du carbone. Il avait déjà réussi à préparer le tétraiodure de carbone. En soumettant à Faction de la lumière solaire, pendant deux jours, le tétraiodure, on voit l’iode cristalliser et la substance se réduit en protoiodurc. On peut encore traiter la solution sulfocarbonique de tétraiodure par la poudre d’argent. Le protoiodurc de carbone est beaucoup plus stable que le tétraiodure; il fond à 185 degrés et sa densité est de 4,58. H est inattaquable par l’acide azotique bouillant ainsi que par les solutions chaudes d’acide chromique et de permanganate de potasse.
- Le trisulfure de bore. — M. Moissan a imaginé plusieurs procédés pour la préparation du trisulfure de hore. Ce corps a d’ailleurs été déjà obtenu par M. Frémv. H résulte directement de l’action de la vapeur de soufre sur le bore pur, à la température de 1200 degrés; de même l’hydrogène sulfuré, mis en présence du bore à une température élevée, lui donne naissance. M. Moissan décrit en outre très complètement les propriétés de ce corps. Projeté dans le chlore, le trisulfure de bore brûle avec une flamme verte, en donnant du perchlorure de soufre et du trichloruro de bore. Le soufre en fusion dissout le Bisulfure de bore; l’azote est sans effet sur lui, aussi peut-on le distiller dans une atmosphère d’azote. Au contraire il réagit énergiquement sur la plupart des métaux ; il en est
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- de même pour un grand nombre de composés organiques avec lesquels il donne des dérivés cristallisés.
- La catastrophe de Saint-Gervais. — MM. Delebecque et Vallot ont opéré un levé topographique très détaillé et fort exact du glacier de Tet, origine de la catastrophe de Saint-Gervais. L’échelle employée est de 1 mètre pour 1000 mètres et les courbes de niveau ont été espacées de h en 5 mètres. En raison de l’échelle adoptée et de l’équidistance choisie pour les courbes, la forme du massif apparaît très nettement dans tous ses détails. Au cours de l’exploration nécessitée par ce travail, ils ont été amenés à constater qu’une partie du glacier avait été arrachée sur un des flancs, tandis que le sommet avait subi un effondrement sur une certaine étendue. Une des parois présente aujourd’hui un escarpement vertical de 40 mètres de hauteur, dans lequel s’ouvre une caverne. Ils ont pénétré dans celte caverne, en ont relevé la forme et l’ont cubée. L’aspect poli des surfaces montre que cette caverne était occupée par un lac sous-glaciaire. La paroi du glacier aura cédé sous l’effet de la pression des eaux et le vide s’étant produit subitement dans la caverne, le sommet du glacier s’est effondré. Peut-être, au contraire, est-ce le sommet du glacier qui se sera affaissé par suite de l'amincissement de la voûte intérieure de glace, et qui, ainsi, aura refoulé les eaux contre la paroi arrachée. 11 est difficile de discerner lequel des deux phénomènes a été la cause première ; mais, ce qu’on peut affirmer, c’est que, quelques moments avant la catastrophe, un observateur placé sur le glacier n’eût pu la prévoir. Le volume d’eau ainsi projeté est de 100 000 mètres cubes entraînant 00 000 mètres cubes de glace; enfin, l’altitude du glacier est de 5200 mètres au-dessus du niveau de la mer, la hauteur de chute de 2000.
- Les protubérances solaires. — M. Ifeslandres montre que le rayonnement des protubérances solaires est identique à celui de l’étoile nouvelle du Cocher qui a brillé pendant deux mois de cette année. L’éclat passager de cet astre serait dû à des perturbations plus intenses et de durée plus longue que celles observées journellement sur le soleil, mais de même ordre.
- La prédiction des phénomènes volcaniques. — A propos de la nouvelle éruption de l’Etna et de la récente catastrophe australienne, M. Zenger rappelle qu’il avait prédit pour cette époque une recrudescence d’intensité des phénomènes volcaniques. Il rattache l’explosion du Krakatau du 27 août 1883 aux dernières manifestations observées au moyen d’une période de 12 jours, 593 qui représente la demi-durée de la rotation du soleil sur son axe.
- Election. — L’Académie désigne en première ligne M. Tisserand, et en seconde ligne M.Lœwy, pour la direction de l’Observatoire de Paris.
- Varia. — M. Schhnnberger étudie la constitution des peptones. — M. Marchand donne le résumé de ses observations faites à Lyon sur les taches du soleil, pendant le 1er semestre 1892. — M. Carnot a recherché la teneur en fluor des ossements fossiles. — M. Charcot présente un traité de la phtisie pulmonaire dû à M. Pareinberg, dans lequel cet auteur émet l’avis que la phtisie n’est pas incurable. Ch. du Yilledecil.
- NOUVEL ÉCRAN POUR PROJECTIONS
- Hans une des dernières séances de la Société de physique de Londres, M. Stuart Bruce a présenté un petit appareil construit dans le but de montrer, par une jolie expérience, la persistance des impressions visuelles.
- Une bande de bois de peu de largeur (n° 1 ) est portée
- sur un axe auquel on peut donner un rapide mouve-nient de rotation ; cette bande est peinte en gris allant en s’éclaircissant vers les extrémités, ou bien aussi, elle a a forme d’un double secteur peint en blanc; l’une ou l’autre disposition a pour but de donner à toute distance du centre la même proportion de blanc. Lorsque l’appareil est en marche, la baguette fait l’effet d’un écran continu mais translucide; il peut recevoir une projection, qui semble alors suspendue en l’air. Cet appareil peut être modifié de diverses façons; si, par exemple,-au lieu d’une seule baguette, on en monte deux à angle droit, et à une petite distance l’un de l’autre (n° 2), la même projection se répétera sur les deux surfaces fictives. Enfin, les deux baguettes peuvent être peintes avec des couleurs différentes, du rouge et du vert, par exemple, et recevoir deux projections diversement colorées; chaque baguette ne rendra que l’une d’elles (n° o).
- Il y a là matière à des effets nouveaux, que ne manqueront pas de réaliser les amateurs de projections; on y trouvera aussi des expériences fort attrayantes au point de vue purement pédagogique.
- IL Z...
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandieh. Pari*. — Imprimerie Lahurc, rue de Fleuras, 9.
- Écran pour projections.
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- N° 1001. — G AOUT 1 892.
- LA NATURE.
- BIBLIOTHEQUE]
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- PRODUCTION INDUSTRIELLE
- DES TRÈS BASSES TEMPÉRATURES
- APPAREILS DE M. RAOUL PICTET
- Depuis une quinzaine d’années, les mémorables travaux de M. Caiiletet et de M. Pictet sur la liquéfaction des gaz réputés permanents ont fait faire d’immenses progrès à la physique; mais, pour pouvoir pousser assez loin les investigations, il fallait disposer d’un laboratoire puissant pour la production de basses températures et de hautes pressions, dans lequel les corps pourraient être soumis à des causes
- excitatrices spéciales, telles que l’étincelle électrique, l’eflluve, l’électrolyse, etc. C’est par centaines de mille francs que se chiffrent les dépenses auxquelles entraîne un semblable laboratoire, ressources dont ne disposent généralement pas les cabinets de physique des écoles, des universités et même les laboratoires des particuliers. Après quinze années de travaux, M. Pictet a pu enfin se donner la satisfaction et l’infinie jouissance, pour un savant, de pouvoir réaliser son rêve, et il dispose depuis deux ans d’un laboratoire unique au monde dont il a bien voulu nous envoyer une description et une photographie. Cette photographie reproduite ci-dessous permettra
- de se faire une idée de l’importance du laboratoire frigorifique de M. Pictet.
- I. — APPAREILS.
- Le problème à résoudre pour la production et le maintien de très basses températures est le suivant :
- Trouver un système d’appareils permettant de soutirer aux corps en observation la chaleur qu’ils possèdent et les maintenir à une température quelconque comprise entre -+- 20° et — 200° pendant un laps de temps aussi long qu’on le désire.
- En discutant un à un tous les moyens connus aujourd’hui d’enlever la chaleur aux corps : dilatation adiabatique de l’air et des gaz, évaporation des liquides volatils, mélanges réfrigérants basés sur les dissolutions des sels, M. Pictet est arrivé à cette conclusion qu’il faut partager l'échelle des températures 20e année. — 2° semestre.
- en trois étapes au moins, et se servir exclusivement des liquides volatils comme agents frigorifiques.
- Principe. — Pour la première étape, M. Pictet a choisi comme liquide volatil un mélange d’acide carbonique et d’acide sulfureux appelé liquide Pictet. Avec ce liquide on peut obtenir dans de petits réservoirs une température de —110°, et dans de grands réfrigérants ayant plusieurs mètres carrés de surface une température de — 105° à — 100°. Avec l’acide sulfureux pur, on ne dépasse pas —60° à —70° dans les mêmes conditions.
- Pour la seconde étape, M. Pictet prend comme origine la température du réfrigérant du premier cycle, c’est-à-dire — 100°. En noyant dans ce réfrigérant un condenseur, on peut y condenser les vapeurs d’un liquide beaucoup plus volatil et se servir ensuite de ce liquide pour obtenir la seconde chute
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- de température, à —• 150°. Ici le choix des liquides est encore plus difficile que pour le premier cycle : l'acide carbonique, le protoxyde d’azote, l’éthylène se présentent avec des avantages et des défauts presque égaux. L’acide carbonique se solidifie trop vite et doit être écarté nécessairement, bien que son prix et son innocuité relative le mettent très au-dessus de ses concurrents.
- Lestent les deux autres qui s’excluent l’un l’autre, vu les dangers d’explosion, si on les mélange.
- M. Pictct a adopté pour le moment le protoxyde d’azote, produit par la décomposition de l’azotate d'ammoniaque lavé, purifié et desséché.
- 11 est comprimé dans un tube résistant, noyé dans le réfrigérant du premier cycle, et le liquide obtenu s'engage dans un deuxième réfrigérant semblable au premier, qu’il remplit complètement. En faisant le vide dans ce réfrigérant plein de protoxyde d’azote liquide, on le refroidit, le liquide se congèle et, si le vide est entretenu par des pompes suffisantes, la température atteint —150° à —-155° à la limite.
- Voilà la deuxième étape gagnée, car les vapeurs aspirées hors du deuxième réfrigérant sont sans cesse refoulées dans le condenseur à — 100° et y sont liqué-liées à nouveau, de telle sorte que ce deuxième cycle est fermé comme le premier.
- Le réfrigérant n° 2 étant maintenu d’une façon constante à — 150°, nous pouvons envisager la troisième chute de température. Le liquide volatil employé pour cette chute peut être l’oxygcne pur, l’azote, l’oxyde de carbone, le gaz des marais, mais le meilleur de tous est incontestablement l’air atmosphérique, choisi par M. Pictct, et qui se liquéfie sensiblement dans les mêmes conditions que l’azote pur. On le comprime dans un tube très résistant noyé dans le protoxyde d’azote solide ou dans l’éthylène, et, nue fois liquéfié sous une pression qui reste comprise entre 40 et 90 atmosphères, on le laisse s’écouler dans le troisième réfrigérant dont .la température par le fait de l'évaporation de l’air liquide atteindra — 210n comme température limite.
- L’air liquide, en s’échappant du récipient où il est comprimé, prend une superbe couleur bleu de ciel que ni l’éthylène, ni le protoxyde d’azote ne présentent dans des conditions analogues.
- La description des appareils eux-mêmes nous entraînerait trop loin et présenterait peut-être un peu trop d’aridité pour nos lecteurs. On pourra juger de l’importance de ces appareils, de leur nombre et de leur complexité en jetant un coup d’œil sur la gravure qui accompagne cet article. Nous nous contenterons de résumer la série des opérations qui s’y produisent, en supposant que les trois cycles soient en fonction au même moment.
- La chaleur soutirée aux corps mis en présence de l’air liquide est cédée à une température comprise entre—150° et — 210°, elle est transportée sous forme de chaleur latente de vaporisation, dans le réfrigérant n° 2. Là cel air se liquéfie et cède cette chaleur au protoxyde d’azote solide qui se vaporise.
- La chaleur absorbée par le protoxyde d’azote doit être égale à la chaleur apportée par les vapeurs d’air atmosphérique, augmentée de l’effet du rayonnement dans le troisième et le deuxième réfrigérant, effet très considérable, comme nous le verrons [dus loin. La chaleur spécifique des gaz comprimés par les pompes, pénétrant dans les réfrigérants, intervient aussi comme apport de chaleur à soutirer. Les vapeurs de protoxyde d’azote sont comprimées à leur tour dans le premier réfrigérant, apportant avec elles la totalité de la chaleur dont nous venons d'indiquer la provenance et la somme.
- Les vapeurs du liquide l'ictet qui se forment dans le premier réfrigérant vont porter cette chaleur dans l’eau de puits qui entre à -h 10° dans le condenseur et sort à -f-15° ou 18° dans l’égout. Ainsi, de — 200° à —f— 18°, par trois étapes successives, la 'chaleur des corps refroidis, s’augmentant de tous les affluents inévitables, s’élève progressivement à des températures toujours plus hautes et absorbe le travail mécanique des divers compresseurs qui accompagnent ces trois cycles. En somme, la dépense de charbon ou de travail mécanique a pour effet d’élever de la chaleur d’une température inférieure très basse à la température ambiante et cela avec trois réservoirs intermédiaires, comme le ferait une pompe à trois étages qui pomperait de l’eau du fond d’une mine profonde au moyen de trois canalisations placées à trois niveaux différents.
- Mesure des températures. — La mesure des températures est faite en prenant pour étalon le thermomètre à hydrogène sec sous une pression faible de 400 millimètres de mercure, et en admettant la loi de Mariolle et de Gay-Lussae rigoureuse pour l’hydrogène à de faibles pressions. Des thermomètres à alcool et à éther sulfurique comparés au préalable avec les thermomètres à hydrogène servent à la mesure pratique des températures.
- If. — RÉSULTATS.
- Division du travail. — M. l'ictet a de nombreux assistants dans son laboratoire où il a organisé quatre sections de travail. Dans la première, les basses températures sont spécialement utilisées par la purification des corps liquides et gazeux servant en chimie et en pharmacie; c’est la section industrielle. Dans la deuxième section, les grands froids sont utilisés comme un facteur nouveau servant à la synthèse des corps chimiques. Il est constaté aujourd’hui que toutes les affinités se déplacent aux basses températures; c’est une chimie nouvelle actuellement à l’étude. Dans la troisième section, on examine expérimentalement les modifications physiques des .corps sous l’effet des très basses températures. C’esLainsi que M. le professeur Paalzow, du Polytechnicum, de Berlin, a réussi, en collaboration avec M. Pictct, à étudier les lois de la cohésion du mercure gelé en faisant vibrer à —100° et—150° des diapasons en mercure. Le mercure se congèle en superbes cristaux ressemblant à des fougères lorsqu’on le refroidit
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- lentement, par rayonnement, dans une enceinte froide. Quelques-uns de ces cristaux ont jusqu'à 3 centimètres de longueur. Les résistances électriques des métaux refroidis, les cristallisations diverses des liquides, etc., etc., forment autant de chapitres soumis à l’examen de cette section. Enfin, dans la dernière section, M. Pietét étudie tous les effets physiologiques des grands froids, tant sur les animaux supérieurs que sur les plantes et sur les microbes en général. Cette branche des sciences naturelles est presque entièrement vierge, car il s’agit ici de poursuivre les investigations non pas seulement sur les individus isolés refroidis une fois, mais sur des générations successives de microbes ou d’êtres organisés subissant tous et constamment l’effet des basses températures; ce sont les Lapons artificiels dans les espèces des infiniment petits qui passent actuellement au creuset refroidi du laboratoire.
- Voici quelques-uns des principaux résultats obtenus par M. Raoul Pictet.
- Rayonnement à basse température. — Le premier résultat intéressant obtenu par l’étude du rayonnement à basse température a consisté dans la démonstration d’un rapport nouveau entre la chaleur et la lumière. On sait que la lumière rouge traverse les couches atmosphériques plus facilement que les autres couleurs correspondant aux ondes de l'éther plus courtes : c’est l’explication des splendides couchers du soleil sur les Alpes; de même, M. Pictet a pu constater que les vibrations calorifiques de l'éther correspondant aux basses températures, homologues du rouge dans le spectre, traversent tous les corps presque sans résistance. Un réfrigérant à—110°, par exemple, se réchauffe dans le laboratoire presque aussi vite s’il est entouré de 2 centimètres, de 10 centimètres ou de 50 centimètres de coton, de laine ou de bois.Il résulte de ce fait que toutes les expériences à très basses températures nécessitent de grands compresseurs, et que, pour opérer normalement et travailler expérimentalement avec de l’air atmosphérique liquide, il faut disposer d’une puissance d’au moins 30 à 40 chevaux-vapeur, actionnant G à 7 compresseurs à tiroir.
- Purification absolue du chloroforme. — A l’instigation très instante de M. le professeur Gehcim-rath 0. Liebreich, M. Pictet a entrepris la purification du chloroforme. Comme on sait, ce corps est très facilement décomposable, il est fabriqué par la réaction du chlorure de chaux sur des alcools de provenances diverses et de pureté douteuse.
- La purification absolue et totale du chloroforme est obtenue par voie de cristallisations successives à — 80° et —100°. Les cristaux limpides, parfaitement transparents, sont constitués par du chloroforme chimiquement pur.
- Il faut espérer que les chirurgiens, qui redoutent toujours les narcoses par Remploi du chloroforme ordinaire, auront maintenant dans les mains un produit qui écartera les dangers de l’anesthésie.
- C’est en cristallisant le chloroforme que M. Pictet
- a constaté une anomalie absolument extraordinaire et nouvelle en physique; voici comment il décrit le phénomène dans un Mémoire lu à l’Académie des sciences le 23 mai dernier :
- « Un réfrigérant plein de protoxyde d’azote solide est maintenu à —-120°. Au centre de cet appareil, je place une éprouvette de 500 centimètres cubes pleine de chloroforme, et, dans l’éprouvette, un thermomètre. La température s’abaisse graduellement à
- — 68°,5 et la cristallisation commence.
- « A côté de ce réfrigérant appartenant au second cycle, j’ai celui du premier cycle qui est maintenu régulièrement, pour cette expérience, à— 80°. Quand le chloroforme est à moitié cristallisé, je place l’éprouvette avec le chloroforme et le même thermomètre dans ce réfrigérant.à —80°. On devrait s’attendre à voir la cristallisation continuer, plus faiblement il est vrai; au contraire, on constate les deux faits que voici ; 1° la température du thermomètre s’abaisse rapidement de —G8°,5 à —80°; 2° les cristaux de chloroforme formés contre les parois de l’éprouvette fondent et disparaissent peu à peu.
- « Vient-on à replacer l’éprouvette et son contenu dans l’autre réfrigérant à —120°, aussitôt la température remonte à — 68°,5 et les cristaux se reforment contre la face intérieure de l’éprouvette. Donc, dans l’enceinte la plus froide, le thermomètre indique
- — 68°,5 ;dans l’enceinte la moinsfroide, le thermomètre s’abaisse à — 80° et les cristaux disparaissent.
- « Ce fait est tellement anormal, et en opposition si capitale avec tout ce qu’on connaît en physique, (pie j’ai dù refaire et varier sous toutes les formes possibles ce phénomène pour y croire. »
- M. Pictet complète l’indication de ce fait par un commencement d’explication dont l’exposé serait hors de propos dans cette étude.
- Au moyen de grands appareils de construction spéciale, servant à rectifier à basse température tous les liquides quelconques, M. Pictet obtient aujourd’hui de l’alcool chimiquement pur, à 100° centésimaux, de l’éther totalement débarrassé de toute trace d’aldéhyde ou d’eau, du bromure d’éthyle aussi pur que le chloroforme, etc., etc.
- M. Pictet se propose de publier prochainement les quelques résultats obtenus par l’étude des phénomènes d’électrolyse à basse température, ainsi que les modifications caractéristiques des affinités chimiques et des réactions des corps entre eux, au-dessous de — 100°.
- Il faudra des années pour jeter les premiers jalons dans ces différents domaines et des existences entières pour en assurer la marche en avant; mais nous devons dès maintenant féliciter M. Pictet d’avoir si largement contribué aux progrès de la science en mettant à sa disposition les puissants moyens d’investigation sans lesquels de pareilles études seraient impossibles, et souhaiter tout succès aux industries nouvelles que ses recherches ont fait ou feront nécessairement éclore. X..., ingénieur.
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- LA NATURE.
- L’EXPOSITION DE CHICAGO EN 1893
- Si nous n’avons pas encore parlé jusqu’ici de la World's Columbian Exposition qui doit se tenir à Chicago du 1er mai au 50 octobre 1895, c’est qu’il nous a paru inutile de fournir à nos lecteurs des renseignements inexacts, souvent incomplets, ou des informations qu’ils connaissaient déjfi par les journaux politiques, et qui n’auraient alors présenté pour eux qu’un médiocre intérêt.
- 11 n’en est plus de même aujourd’hui : le plan général est définitivement arreté, l’organisation est terminée, les batiments s’élèvent avec une prodigieuse rapidité, et tout fait espérer qu’ils seront prêts le jour fixé pour leur commémoration, le 12 octobre 1892. Le moment est donc venu de faire l’historique de cette immense entreprise, d’en indiquer les lignes générales et d’esquisser la participation de la France à cette grande manifestation pa-citique. Nous consacrerons ul-térieurement une série d’articles à la description détaillée de chacun des principaux éléments qui concourront au succès de cette foire du monde ( World’s fair), ainsi que l’ont déjà baptisée les Américains.
- Historique. — Il y a deux ans et demi, les Etats-Unis représentant le Nouveau Monde décidèrent de célébrer le quatrième centenaire de la découverte de l’Amérique en invitant les nations de l’Ancien Monde à visiter ses rives. Les dernières années du siècle le plus remarquable de l’ère chrétienne, coïncidant avec l’anniversaire d’un événement sans égal dans l’histoire du monde, suggéra l’idée de réunir tous les peuples afin d'y célébrer la paix. Le pays où la nécessité et le courage avaient engendré l’industrie et la fortune présentait une scène appropriée à une telle réunion. Columbia, le plus jeune des continents du monde civilisé, devait remplir le rôle d’hôte à la célébration de son quatrième centenaire, en invitant l’Univers entier à fêter cet événement, en exposant les preuves matérielles des progrès de l’humanité, et en donnant à cette commémoration le nom de World s Columbian Exposition (Exposition Colombienne universelle).
- Le résultat de la demande populaire de cette célébration fut un décret du Congrès en date du
- 25 avril 1890 approuvé par le Président des Etats-Unis qui déclare « qu’il convient de célébrer le quatrième centenaire de la découverte de l’Amérique par une Exposition des ressources des Etats-Unis de l’Amérique, leur développement, ainsi que le progrès de la civilisation du Nouveau Monde ».
- 11 déclare, en outre, que cette Exposition doit être aussi bien nationale qu'internationale, afin que non seulement les peuples de l’Union et de l'Amérique, mais aussi ceux de toutes les nations puissent y participer et que, par conséquent, le décret doit avoir la sanction du Congrès des Etats-Unis.
- Afin de mettre ce projet à exécution, il ajoute qu’une Exposition des arts et manufactures, industries, produits de la terre, des mines et de la mer, aura lieu en 1892 à Chicago, État de l’Illinois.
- Un Comité fut formé, composé de deux commissaires et de deux adjoints pour chaque Etat ou territoire, ainsi que le district de Colombie, plus huit commissaires et huit adjoints, tous nommés par le Président des Etats-Unis.
- Ces décisions furent l’objet d’une proclamation du Président d e s E l a t s - U n i s d’Amérique, Benjamin Ilarrison, datée de Washington, le 24 décembre 1890, et de la U 5e année de l’Indépendance des Etats-Unis. Le décret décide que la commémoration de l’édifice de l’Exposition aura lieu le 12 octobre 1892, l’ouverture le 1er mai 1895 et la fermeture le 50 octobre suivant.
- Le Congrès des Etats-Unis a rencontré des difficultés, (juant au choix d’une ville propre à l’Exposition colombienne, telles que jamais Corps législatif n’en avait rencontré. Dans l’Ancien Continent, le nom de « Capitale » donné à la ville principale du pays suffit pour désigner d’office la ville où se tiendront les Expositions universelles : ainsi Londres, Paris, Berlin, Vienne et beaucoup d’autres capitales européennes ont toujours été choisies. Aux États-Unis la rivalité démocratique est extrême dans les grandes villes, aussi arriva-t-il que cinq grandes villes se trouvèrent en présence, et offrirent toutes les moyens pour représenter dignement l’Exposition colombienne, ce furent : New-York, Philadelphie, Chicago, Boston et Saint-Louis. Trois d’entre elles joutèrent amicalement afin de savoir à qui reviendrait l’honneur de recevoir les visiteurs de l’Exposition; le résultat de
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- LA NATURE.
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- cette joute fort animée a été le choix de la ville de Chicago, choix qui fut rapidement accepté par tout le pays.
- Chicago. — La ville de Chicago, dont la fondation remonte à 1855 seulement, compte, d’après le dernier recensement, fait en 1890, une population de 1 208 000 âmes, dépassant aujourd’hui 1 250 000 âmes : c’est la seconde ville des Etats-Unis et la septième du monde entier au point de vue du nombre d’habitants.
- Condamnée il y a un demi-siècle comme marais malsain, Chicago, aujourd’hui, se flatte d’avoir une situation sanitaire exceptionnelle, la moyenne de la mortalité étant de 17,49 par mille, chiffre inférieur â celui de n’importe quel centre de population de dimensions égales. 11 y a un peu plus de cinquante
- ans, Chicago était â peine d’une dimension suffisante pour être admise â la dignité de ville. Aujourd’hui elle comprend dans scs limites plus de 170 milles carrés (440 kilomètres carrés). 11 y a vingt ans, la ville a été dévastée par un désastre sans égal dans l’histoire moderne, un incendie a détruit près de vingt mille maisons, constituant une perte de 200000000 de dollars, il n’en reste aucune trace aujourd’hui.
- Certains édifices sont d’immenses constructions de 10, 12, 16 et même 20 étages; l’un d’eux renferme plus de 20 000 personnes, soit dix fois la population de l’Illinois au commencement de ce siècle. Le commerce maritime est représenté par un mouvement annuel de 25 000 navires. C’est le plus grand marché de céréales du monde entier : 78 000 000 d’hectolitres en 1890; c’est aussi le plus grand abattoir.
- Fig. 2. — Vue à vol d’oiseau de l’Exposition internationale de Chicago en 1893.
- Il est entré, en 1890, plus de 13 000 000 de têtes de bétail. Le commerce du beurre s’élève à 70 000 000 de kilogrammes, celui du fromage â 54 000 000 de kilogrammes. La production de l’alcool atteint 450 000 hectolitres, etc.
- Pour l’expédition des marchandises qui donnent lieu â cet immense trafic, ajoutés aux facilités qu’offrent les voies d’eau, il y a vingt-sept chemins de fer dont Chicago est le terminus ; ils aboutissent â l’Atlantique, au Pacifique, au lac Supérieur et au golfe du Mexique, et enfin â toutes les grandes villes des Etats-Unis, du Canada, ainsi qu’aux frontières du Manitoba et du Mexique. Ces lignes varient en longueur entre 50 et 7000 milles (80 et 11 200 kilom.).
- 11 y a six gares de l’Union dans la ville, plus deux autres gares â l’usage exclusif des lignes auxquelles elles appartiennent. Un voyageur peut entrer â Chicago dans un sleeping car garni avec luxe et, sans le |
- quitter, atteindre une des villes principales des bords de la mer des Etats-Unis, aussi bien que les lignes menant au Canada au nord, et au Mexique au sud. Neuf cents deux trains de voyageurs arrivent et partent chaque jour ; deux cent quarante-huit sont des trains express, le reste est composé de trains de ceinture. On estime que 175 000 personnes arrivent â Chicago et, en partent chaque jour. Quant aux marchandises, les facilités qu’offrent les chemins de fer, sont si grandes, que l’énorme activité produite par l’Exposition future sera â peine considérée comme un encombrement.
- La ville de Chicago compte plus de 1400 hôtels dont plusieurs peuvent recevoir plus de 1000 voyageurs, plus 5000 pensions privées, ce qui permettra de recevoir convenablement plus de 500 000 étrangers à la fois.
- Le service de police et celui des pompiers, l’appro-
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- LA N ATI! LE.
- visionnement de l’eau, les postes qui distribuent annuellement plus de 500 000 000 de lettres, journaux ou paquets, la presse qui compte plus de 500 journaux et produit annuellement 10 000 tonnes de périodiques, les 500 églises, les 25 théâtres, les 120 écoles publiques, etc., l'ont de Chicago une cité incomparable à bien des égards, et justifient le choix de cette ville comme siège delà World"a fair, la foire du monde.
- Emplacement. — L’emplacement de l’Exposition est situé sur les bords du lac Michigan au nord-ouest de la ville, dans le Jackson Parle et Midway Plaisance; c’est une ancienne lagune, en partie boisée, entrecoupée de canaux et de lacs. La superficie totale est de 425 hectares, soit sept lois l’étendue de l’Exposition de 1880 de Paris; des routes pavées de carreaux céramiques, des arcades couvertes réuniront les différents bâtiments. L’Exposition borde sur une longueur de 5 kilomètres la Stony Island Avenue, depuis la cinquante-huitième jusqu’à la soixante-quatrième rue; plusieurs lignes de chemins de 1er terrestres et aériens (elevated), de tramways électriques, ainsi que des bateaux à vapeur, mettront les différents quartiers de la ville en communication avec l’Exposition.
- Le premier coup de pioche a été donné le 27 janvier 1891. Tous les bâtiments sont aujourd’hui en pleine construction, et dans un état d’avancement tel qu’ils seront certainement prêts le jour de la commémoration, le 12 octobre 1892.
- Capital. — Une société financière constituée sous le nom de World's Golumbian Exposition a souscrit un capital de garantie de 25 millions de francs ; la ville de Chicago, le Gouvernement de l’Illinois, plusieurs États, entre autres la Californie, ont voté des subventions importantes, le Gouvernement central 7 500 000 francs; au total, à l’heure actuelle, les souscriptions s’élèvent à plus de 100 000 000 de francs.
- Classification. — Les produits exposés sont divisés en 12 sections et 907 classes. Voici l’énumération des 12 sections. Pour la subdivision en classes, nous renvoyons le lecleur aux documents officiels publiés par le Ministère du commerce.
- Section A. Agriculture, produits alimentaires, produits forestiers, aménagement des forêts. Machines et outillage. (De la classe 1 «à la classe 118.) — Section B. Viticulture, horticulture, pomologie, culture des fleurs, etc. (De la classe 119 à la classe 192.) — Section G. Détail. Animaux sauvages et domestiques. (De.la classe 195 à la classe 258.) — Section I). Poisson, pêcheries, produits des pêcheries, engins et instruments de pêche. (De la classe 259 à la classe 289.) — Section E. Mines, exploitation des mines et métallurgie. (De la classe 290 à la classe 412.) — Section F. Machines. (De la classe 415 à la classe 498.) — Section G. Moyens de transport : chemins de fer, navires, véhicules divers. (De la classe 499 à la classe 542.) — Section II. Imbrications. (De la classe 545 à la classe 75G.) —Sec-
- tion J. Electricité. (De la classe 757 à la classe 819.)
- — Section K. Beaux-arts. Peinture, sculpture, architecture et arts décoratifs. (De la classe 820 à la classe 825.) — Section L. Arts libéraux, éducation, littérature, génie civil, travaux publics, musique et art dramatique. (De la classe 824 à la classe 958.)
- — Section M. Ethnologie, archéologie, développement du travail et des inventions. (De la classe 959 à la classe 967.)
- Il serait prématuré de vouloir donner dès à présent une idée des innombrables attractions réunies à l’Exposition de Chicago, ou de décrire les aménagements extérieurs et intérieurs des batiments, sujets à modifications nombreuses tant qu’ils ne seront pas terminés et installés. Nous réserverons donc leur description ainsi que leur énumération qui seraient sans intérêt actuel pour nos lecteurs, et nous terminerons en disant quelques mots de la participation de la France à celte Exposition.
- Participation de la France. — Voici quelle est actuellement la situation au point de vue officiel :
- Le 5 mai 189J, M. le Ministre du commerce et de l’industrie a nommé une Commission provisoire chargée de travaux et études préparatoires relatifs à la participation officielle de la France. Les travaux de cette Commission ont amené le Gouvernement à demander un crédit de 5 250 000 francs ouvert par une loi du 12 avril 1892, loi partageant ces crédits par ministères et par chapitres conformément, au tableau suivant :
- Commerce et industrie................... 2 265 500
- Agriculture................................. 580 000
- Instruction publique................... . 70 000
- Beaux-arts.................................. 570 000
- Colonies..................................... 50 000
- Travaux publics.............................. 50 000
- Intérieur ................................... 54 700
- Justice et cultes. Imprimerie nationale. 10 000
- Total.................. 5 250 000
- Un décret du 19 avril 1892 a institué, sous la présidence du Ministre du commerce et de l’industrie, une Commission supérieure chargée d’organiser cette participation. Cette Commission se compose de sénateurs, députés, présidents de chambres de commerce et de chambres syndicales, de directeurs de grandes administrations de l’Etat.
- Le 15 mai 1892, un arrêté du Ministère du commerce et de l'industrie a institué 59 comités chargés de statuer sur l’admission des exposants français et sur l’installation de leurs produits dans les locaux de l’Exposition universelle internationale de Chicago.
- Il serait prématuré de prévoir l’influence que ces comités, de création récente, pourront exercer sur la participation de la France à l’Exposition colombienne.
- Nous devrons donc attendre de nouvelles informations à ce sujet, et nous contenter de reproduire la liste des surfaces dès maintenant retenues par la
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- li A NATURE.
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- section française dans les principales parties de l’Exposition .
- Mètres carrés.
- Palais des manufactures...................... 10 000
- Machines industrielles........................ 3 000
- Machines agricoles............................ 1 300
- Agriculture...................................... 700
- Forêts........................................... 500
- Laiteries, fromages, heurre. ...... 100
- Horticulture et arboriculture.................... 400
- Viticulture...................................... 400
- Pêcheries.................................. 50
- Mines....................................... 1 000
- Électricité................................... 2 000
- Enseignement agricole, station, etc. . . 300
- Total................ 19 950
- Souhaitons que tout cet espace, dès maintenant retenu, soit rempli, et bien rempli, de nos produits.
- L’INDUSTRIE DE IA CÉRAMIQUE
- AU JAPON
- Les Japonais qui, comme on le sait, ont un exquis sentiment de l’art, en font une preuve constante dans les produits de leur céramique, faïence, grès grossier ou porcelaine exquise ; plusieurs de mes lecteurs sans doute ont sur leurs étagères quelques produits de cette industrie délicate, où l’on sent toujours un artiste sous l’ouvrier. Quiconque en douterait n’aurait qu’à passer quelques heures au merveilleux Musée Ouimet : il y trouverait les types les plus variés de cette industrie, depuis les faïences antiques, les Kaizuka-doki ou « faïences trouvées dans les dépôts de coquillages », assez peu gracieuses, il est vrai, jusqu’aux porcelaines transparentes, délicates et fines qui font la joie des collectionneurs, en passant par ces grès étonnants qui jouent le bronze à s’y méprendre. Un grand progrès sur les anciennes poteries grossières peut se remarquer au vu des porcelaines dites « Iwaibe-doki » ou « gyoki-doki », qu’on trouve assez souvent dans les tombeaux datant des premiers empereurs. L’influence des potiers coréens fut très grande au Japon : on garde notamment le souvenir d’un certain Koki venu dans les premiers temps de l’ère chrétienne ; après des troubles civils, en 1598, Iledeyo-Shi, au retour d’expéditions, ramène d’autres potiers de ce pays. La poterie a pris depuis longtemps une telle importance qu’au septième siècle l’empereur Kotoku permettait de payer les impôts en poterie. Cependant le Japon a été, pendant des siècles, réfractaire à la civilisation; l’on sait notamment que les Hollandais, bien qu’autorisés par les empereurs à faire le commerce avec Nippon, étaient durement relégués à Désima. Malgré tout, en 1640, un potier audacieux nommé Sakaizu-Kakiyemon, vint d’Arita, où il habitait, dans la province de Tzcn, à Nagasaki pour vendre ses produits à des commerçants chinois ou hollandais. A ce mo-
- ment, et durant une longue période encore, les voyages à l’étranger étaient interdits sous peine de châtiments sévères; toutefois, deux potiers, Tomi-muraKanémon et Uvershima Jirozaémon ne craignirent point, vers 17*20, d’aller vendre aux Indes une énorme cargaison de porcelaines; il est,vrai qu’à leur retour ils furent jetés en prison, et durent se suicider pour échapper aux supplices. Mais, depuis 1842, cette exportation a été reprise sur une grande échelle, et, aujourd’hui, les porcelaines, et, en général, les produits céramiques japonais, arrivent en masse sur les marchés de l’Europe et de l’Amérique. Précisément, un de nos représentants à Tokio, M. le chargé d’affaires vicomte de Boudy-Riario, vient d’adresser à ce sujet un rapport des plus substantiels, où nous puisons les renseignements que nos lecteurs ont sous les yeux.
- L’industrie céramique, môme dans le court espace de cinq années, a étrangement progressé au Japon : En 1884, par exemple, on ne comptait (pie 5581 fabricants de ces produits, employant 19 020 ouvriers, et produisant 75 442 408 articles représentant une valeur de 1 205 759 piastres; dès 1886, le nombre des fabricants passait à 4547, et la valeur des objets fabriqués à 1606 554 piastres; enfin, en 1888, les 4788 fabricants et les 26 762 ouvriers fabriquaient 126 064401 articles, ce qui représentait plus de 2 596 000 piastres. Nous n’avons point les chiffres analogues pour les années suivantes jusqu’en 1891, mais nous avons du moins toutes indications (et elles sont des plus curieuses) sur le chiffre de l’exportation : en 1884, elle est seulement de 525 955 piastres ; elle monte successivement à 695 269 en 1885, 1002 584 dès 1886,1 511 901 en 1887 et 1 449 888 en 1889. Il est vrai qu’elle est retombée à 1 245 946 en 1890 et à 1 287 026 piastres en 1891.
- Dans ce to'tal la grosse part, 205 946 piastres, allait en Grande-Bretagne en 1885; la France en importait pour 124555, les États-Unis pour 127471, la Chine et Hong-Kong pour 170427, l’Allemagne pour 27 724, etc. Depuis, la répartition entre les différents pays a bien changé. En effet, la Grande-Bretagne, après en avoir acheté pour 548 17 8 piastres en 1889, n’en achète plus que pour 509 785 en 1890 ; de môme la part de la France, après avoir monté à 212079 en 1889, est descendue à 118 450 piastres; l’Allemagne en importait pour 102 075 en 1889, et le chiffre n’en est plus (pie de 74 410. L’importation en Belgique a passé de 859 piastres en 1885 à 16 520 en 1890; quant aux États-Unis, les habitants de ce pays sont aujourd’hui les grands acheteurs, important 400114 piastres de céramique japonaise. Cela s'explique par ce fait que le sol de la Confédération est très pauvre en kaolin et terres à poterie, et M. Hosoki, savant professeur de l’École technologique d’Asakusa, considère les États-Unis comme le marché de l’avenir pour ces produits de l’industrie japonaise.
- Malheureusement les fabricants indigènes, comme le dit le Nichi-Nichi-Shimbim, ont été un peu gâtés
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- LA NATURE.
- par l'engouement qui s’est manifesté on faveur do leurs et l’or japonais dans la décoration des porcelaines de produits : on n’emploie plus, par exemple, les couleurs Koufani; de même la finesse de la décoration au pin-
- Fig. 1. — 1 et 2. Vases modernes Taïzau de Kioto. — 3. Vase de Koutam. — 4. Plat en grès à couverte colorée Takatori.
- 5. Théière commune de Koutani. (Musée Guimet.)
- ceau est souvent remplacée par des patrons découpés grossiers. On doit songer que le succès de la céramique dvi Japon tient précisément à sa valeur artistique.
- I)u reste, il faudra bien que, au point de vue de la technique, les potiers suivent les conseils de M. IJosoki et perfectionnent leur fabrication. Ils en sont encore à employer, pour le vernissage, la cendre de bois de l’arbre isu, qui coûte d’ailleurs fort cher: il leur faudra la remplacer par de la pierre calcaire, car l’élément utile de cette cendre est le carbonate de calcium, qui abonde à l’état naturel et coûterait trois fois moins. Ils devront encore employer le charbon de terre au lieu du bois de pin pour la cuisson. En lin la force productive de l’ouvrier japonais n’est actuellement que de 89,55 piastres par an (et même elle n’était que de 05,29 en 1884); elle augmentera forcément beaucoup par-l’emploi des machines.
- En somme, même en l’état, la fabrication céramique fournit le septième des objets d’exportation, et constitue une des princi-
- pales branches de l’industrie indigène ; elle sera bientôt une des sources les plus importantes de la fortune du pays.
- Mais, avant de finir, nous ne croyons pouvoir faire mieux que de mettre sous les yeux de nos lecteurs les reproductions de quelques-unes des pièces céramiques que possèdent les collections du Musée dont nous parlions en commençant. Pour se nommer « Musée des Religions », le Musée dont M. Guimet a si généreusement fait don à l’État, n’en possède pas moins toute une galerie admirable de pièces céramiques japonaises, une galerie unique où M. Guimet a bien voulu nous laisser prendre un grand nombre de photographies.
- Voici quelques pièces tort anciennes, de fabrication primitive et dont l’origine est considérée comme coréenne; l’une est un homme à cheval (tîg. 5, n° 11), l’autre est une femme portant une grande coiffure et un voile et accroupie à terre (fig. 5, n° 9). Les colorations sont très sobres, se réduisant à peu près au brun et au noir sur fond
- F ig. 2. — Grès à couvertes colorées. Procédé de Toshiro. (Musée Guimet.)
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- Fig. 5. — Céramique japonaise ancienne et moderne. — 1. Ronde de rats de Tanzan. — 2. Coupe Doliûchi. — 3. Vase en grès dit de Sonia « au cheval entravé ». — 4. Coupe Ken-Zan. — 5. Plat Ken-Zan d’Imado. — G. Coupe Dohâelii ancienne. — 7. Vase au cachet Rakou. — 8. Plat delvoutani. — <J et 11. Faïences supposées coréennes. — 10. Grès. Shoki repassant son sabre. — 12. Plat marque Foukou de Kontani. — 13. Pial Shiozo. — (D’après les spécimens exposés au Musée Guimet.)
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- blanchâtre. — Voici deux grès des plus remarquables. L’un est un grès à couvertes colorées, représentant cet homme debout aux yeux très allongés, appuyant sa main gauche sur sa hanche et tenant un sabre de la main droite; il semble absolument vivant (11g. 2). Ce grès est fait d’après le mode employé au Japon pour la première fois au treizième siècle et à Séto (province d’Üwari) par Toshiro, le père de la poterie, à son retour de Chine. I/autre grès, représentant cet homme accroupi au regard terrible et à la barbe hérissée, est à patine de bronze, cela joue le bronze à s’y méprendre. Le sujet en est Shoki repassant son sabre pour chasser les démons (d’après une légende chinoise) ; la pièce est signée Ghissabero Teïkan (fig. 5, n° 10).
- Voyez toute cette série de coupes. En voici une toute à jour (fig. 5, n° 4), formée de feuilles et de Heurs enchevêtrées, c’est un bol à fruits en faïence, très remarquable, assez ancien, signé Ken-Zan et fabriqué à Imado (Tokk>). Cet autre si simple est un petit vase en grès dit de Sonia, du dix-septième siècle, simulant une feuille de métal relevée et maintenue par des clous, et marqué de la marque célèbre du « cheval entravé » (fig. 5, n° o). Cet autre, avec des feuilles de bambou faisant bordure et se profilant sur le fond sombre, est marqué du cachet en forme de conque marine dont se servait Dohàcbi, à la fin du dix-huitième siècle à Kioto, après avoir reçu en présent une vraie conque marine d’un prince de Sat-zouma qui lui avait rendu visite (fig. 5, n° 0). En voici encore un décoré de lleurs de pommier, encore un Dohàchi, mais moderne, dont la décoration est d'une exquise légèreté (fig. o, n° 2) !
- Le vase à anse et à fond d’or portant des chrysanthèmes blancs est particulièrement remarquable; c’est la marque liakou (fig. o, n° 7). Ces céramiques datent de 1525, à Kioto; elles sont connues depuis la fin du seizième siècle. Le fils de l’inventeur, Chojiro, reçut pour son mérite le droit d’employer un cachet portant « Rakou », c’est-à-dire prospérité. — Voici toute une série curieuse de produits de Koutani (province de Kaga). L’un est un plat rond où s’ébattent deux faisans aux couleurs magnifiques, près de chrysanthèmes gracieux, et sur un fond picoté (fig. 5, n° lo); la bordure est d’une délicatesse incomparable, le fabricant en est Shiozo. Un deuxième est simplement une Heur de chrysanthème d’une forme des plus originales (fig. 5, n° 8); enfin un troisième, un plat dont la forme semble étrange, est une toile d’araignée devant laquelle se profilent des feuilles (fig. 5, n° 12) : la marque en est « Foukou » ou prospérité. Voyez encore une théière de Koutani (fig. 1, n° 5), d’une fabrication commune et moderne, mais d’une forme originale ; puis un vase cylindrique de même provenance (fig. 1, n° 5) et où se dessinent en or des feuilles élégantes. Remarquons encore deux vases modernes signés Taïzan, faits sous l’inspiration de M. Guimet, ayant un fond merveilleux, brun-rouge pour l’un (fig. 1, n° 1), bleu-verdàtre pour l’autre
- (fig. 1, n° 2), et provenant de Kioto. C’est encore un plat carré de Ken-Zan (fig. o, n° 5), puis un autre, en grès à couverte colorée (fig. 1, n° 4), signé Taka-tori (province de Chikouzen). Enfin nous insisterons spécialement sur une petite merveille que le dessin ne peut pas rendre, un petit vase de 15 centimètres environ, signé Tanzan (toujours de Kioto) : ce sont des rats faisant une ronde de nuit comme il s’en fait au Japon; on voit les arbres se profiler sur la lune et les nuages sombres courir dans le ciel (fig. a, n° 1).
- Nous espérons que notre article aura cet avantage de faire soupçonner à nos lecteurs les merveilles qu’ils trouveront dans le Musée de M. Guimet1. Daniki. Rki.lf.t.
- NOMENCLATURE DES NAVIRES DE GUERRE
- DE IA MARINE FRANÇAISE
- Un de nos lecteurs, capitaine de cavalerie, actuellement au camp de Chàlons, et qui s’intéresse aux choses de la marine, nous écrit la lettre suivante :
- (( A propos des intéressants articles publiés par La Nature sur nos vaisseaux do guerre, j’ai constaté que bien des gens ne s’y reconnaissent plus dans les nouvelles dénominations des navires; on savait quelle différence il y avait entre une frégate et une corvette, entre un brick et un sloop; on ne sait plus ce qui distingue le croiseur de premier rang du cuirassé de deuxième, le cuirassé d’escadre du cuirassé de croisière, l’aviso-torpilleur du contre-torpilleur. »
- Nous avons transmis cette lettre à l’un de nos collaborateurs qui est lieutenant de vaisseau et qui a une compétence toute spéciale sur la construction des navires. Il a bien voulu nous adresser la nomenclature suivante, telle qu’elle est adoptée aujourd’hui. Nos lecteurs en prendront connaissance avec intérêt.
- Cuirassés d'escadre. Doivent être navires de ligne en escadre seulement. Trois d’entre eux forment une division; ont de 12 000 à 8 000 tonnes; ne peuvent franchir le canal de Suez.
- Cuirassés de croisière. Destinés aux stations lointaines, où ils portent les pavillons amiraux ; de 0000 à 4000 tonnes; peuvent franchir le canal. En temps de paix forment des divisions d’escadre plus économiques.
- Croiseurs cuirassés. Destinés aux escadres ; de 5000 à 0000 tonnes ; portent un plaquage couvrant toutes les œuvres mortes contre les explosifs puissants ; très grande vitesse; canons de calibre moyen.
- Garde-côtes cuirassés. Forment des divisions de réserve de l’escadre ; deux très gros canons et quelques petites pièces à tir rapide ; de 0000 tonnes environ ; cuirasse de ceinture fort épaisse.
- Canonnières cuirassées. 1500 tonnes; mauvaises qualités nautiques ; une très grosse pièce devant ; destinées à défendre les entrées de ports et estuaires de fleuves ou soutenir les torpilleurs.
- Croiseurs pour stations lointaines. Généralement sans aucune protection et en bois; seront remplacés par les croiseurs d’escadre au fur et à mesure.
- 1 Nous tenons à remercier M. Guimet tout particulièrement et à remercier aussi M. Dumont, attaché au Musée, qui s'est mis tout à notre disposition.
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- LA NATURE.
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- Croiseurs à batterie. Artillerie couverte par le pont supérieur.
- Croiseurs à barbette ou ciel ouvert, suivant leur taille; divisés en trois classes.
- Croiseurs - torpilleurs. Autrefois contre-torpilleurs. 1300 tonnes; artillerie à tir rapide; grande vitesse; éclairent les escadres et protègent leurs mouillages ; cavalerie légère de la marine.
- Avisos à hélice ou roues, de lre et 2° classe, pour les stations lointaines. Sans vitesse ni valeur militaires.
- Avisos-torpilleurs. 400 tonnes ; pour les escadres seulement, ou chefs de station de torpilleurs en escouade; quelques-uns à tir rapide; grande vitesse.
- Avisos-transports. Transports ayant une batterie de canons analogue à celle des avisos ; seulement pour les stations lointaines.
- Canonnières à hélice ou roue. Sont des avisos-tOrpil-leurs de 400 tonnes et au-dessous.
- Chaloupes canonnières à hélice ou roue. De 200 tonnes au plus; réservées aux fleuves coloniaux.
- Transports de l'°, 2e ou 5e classe suivant le tonnage. Tendent à disparaître et à laisser place nette aux avisos de commerce qui prendront leur service.
- Torpilleurs de haute mer. . Au-dessus de 100 tonnes.
- — de lre classe........... 00 à 100 —
- — de 2° — ............... 40 à 60 —
- — de 5e — ............... 20 à 40 —
- — vedette...........Au-dessous de 20 —
- Telle est la nomenclature actuelle : inutile d’ajouter
- qu’elle est destinée à changer avec les nouveaux progrès qui se feront dans la suite des années.
- LE VÉLOCIPÈDE
- APERÇU HISTORIQUE
- Nous avons donné précédemment1 la description d’une voiture tricycle à pédale, premier essai de vélocipède en 1695 ; puis sa transformation en bicycle à équilibre instable. Nous publions ci-aprcs la reproduction d’une curieuse gravure du siècle dernier qui donne l’aspect d’un véhicule analogue (fig. !)• . .
- Nous indiquerons ici les perfectionnements qui depuis lors ont fait de ce mode de locomotion, une création utile.
- Vers 1845 on construisait pour les enfants, on construit encore, des tricycles formés d’un cheval de bois monté sur trois roues. Cette machine est mise en mouvement à l’aide d’une manivelle placée à la tète du cheval et qui transmet l’effort des mains à l’essieu des deux roues de derrière par l’intermédiaire d’une chaîne de Vaucanson. La fourchette pivotante de la roue de devant porte deux pédales fixes sur lesquelles agissent les pieds pour assurer la direction (fig. 2).
- On fit, vers 1855, de plus grands tricycles à deux places dont l’essieu des deux roues de derrière était coudé et actionné par des bielles horizontales au moyen de pédales et de leviers sur lesquels les vélo-
- 1 Voy. n° 575, du 7 août 1880; n°608, du 21 janvier 1885; et n° 707. du 18 octobre 1880.
- cipédistes agissaient en même temps avec les pieds et avec les mains.
- A peu près dans le même temps, Ernest Michaux, un tout jeune homme, presque un enfant, dont le jeu préféré était de descendre la pente des Champs-Elysées sur un bicycle, eut l’idée de faire couder l’essieu de sa roue de devant et d’y ajuster directement les pédales; il utilisait ainsi l’appui de scs pieds pendant la descente pour activer le mouvement. Son père aimait à raconter cette ingénieuse inspiration; il était constructeur de mécaniques pour voitures (Cité Godot de Mauroy, aux Champs-Elysées), il fut le premier constructeur du bicycle à pédale. Il remplaça tout aussitôt les pièces de bois du bicycle par des pièces moins volumineuses en fonte malléable, métal suffisamment résistant et facile à modeler qu'il employait pour ses mécaniques de voitures. Ce modèle en fonte (fig. a), était déjà très supérieur, surtout par la disposition de ses pédales, aux bicycles et tricycles en usage et il était relativement bon marché.
- Vers 1865, René Olivier, ingénieur (de l’Ecole Centrale), sportsman à la recherche de tous les exercices nouveaux, mit quelque argent à la disposition du constructeur et l’encouragea de ses conseils. Mais Michaux ne voulut pas modifier son modèle ni renoncer à la fonte; il recevait ses pièces toutes faites de la fonderie, une seule forge suffisait à sa fabrication de mécaniques et de vélocipèdes. René Olivier et ses frères, ingénieurs aussi (de l’École Centrale), organisèrent alors deux ateliers rue Jean-Goujon et avenue Bugeaud L
- Là, MM. Olivier créèrent le modèle moderne à corps droit, plus stable et mieux suspendu; ils remplacèrent la fonte par le fer forgé embouti au marteau-pilon, par le bronze d’aluminium, par le fer creux (mais l’industrie des fers creux n’offrait encore que des échantillons très lourds) ; ils imaginèrent tout d’abord, pour pouvoir voyager par tous chemins, le frein manœuvré à la main (fig. A).
- Mille autres perfectionnements : manivelles de longueur variable, à excentrique (fig. 6, C), suspensions diverses (fig. 0, A B D), selles en caoutchouc gonflées d’air, lanternes, graisseurs spéciaux, essais de frottements différentiels, bicycles actionnés par la roue de derrière (fig. 7), etc., firent du bicycle une machine très recherchée. Le succès fut tel dès ce moment que les commis de la Compagnie qui sortaient en vélocipède pour faire leurs courses, rentraient presque toujours à pied, rapportant le prix de leur machine vendue en route.
- MM. Olivier ne prirent pas de brevets, les modèles de leurs pièces créés à grands frais d’études et d’essais s’offraient tout achevés aux petits constructeurs : l’industrie du vélocipède se développa rapidement.
- 1 D’abord sous le nom de Michaux et Cia, — quoique Michaux qui tenait à continuer sa fabrication de mécaniques pour voitures (cité Godot de Mauroy), tut étranger à la nouvelle fabrication, —puis sous le nom de Compagnie parisienne lorsque Michaux escompta scs bénéfices à venir, dans celte industrie dont il ne s’occupait pas.
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- Mais ce bicycle à roues cerclées de 1er était fatigant et meme à la longue nuisible pour la santé par ses dures trépidations ; il ne pouvait être, disait-on, qu’un jouet intéressant dont un engouement passager exagérait la valeur. MM. Obvier imaginèrent alors les bandages de caoutchouc qu’ils essayèrent aussi avec succès aux roues de leurs voitures dès 1865; puis, après de longs et nombreux essais pour passer de la théorie à la pratique, ils rem-placèrent les roues de bois par les roues de fil de fer, c’est-à-dire à moyeu suspendu, dont ils avaient proposé et discuté le principe dès 1864, étant encore à l’École (fig. 5).
- Avec ces innovations, le vélocipède devint une machine légère et souple, d’une utilité démontrée. Les ateliers de la rue Jean-Goujon comportaient un manège parqueté à double pente (lîg. 8)pour faciliter l’apprentissage, et ceux de l’avenue Rugeaud un manège dont la piste également à double pente
- Fig. 2. — Cheval mécanique.
- vélocipède arriva promptement à une grande perfection. MM. René et Aimé Olivier, promoteurs et seuls propriétaires de cette création, avaient mis au service de leur idée chacun 500000 francs auxquels ils ajoutèrent environ 200 000 francs, de bénéfices réalisés. Leurs ateliers livraient, en 1869-1870,500 vélocipèdes par mois et étaient prêts à doubler leur production, sans pouvoir satisfaire aux demandes pressantes qui leur arrivaient de France et des pays voisins où cette industrie n’existait pas encore.
- était asphaltée sur un parcours de 200 mètres. Ces manèges étaient le rendez-vous des premiers disciples du vélocipède parmi lesquels le jeune Alphonse de Bourbon, plus tard Alphonse XII, était des plus assidus.
- Pour cette industrie toute nouvelle, il fallut créer des machines spéciales, un outillage nouveau. M. de la Bouglise, ingénieur (de l’Ecole des mines), en fut
- le principal organisateur, sans autre intérêt que le plaisir de participer au surpre-nant essor de l’invention de ses amis. La direction des ateliers était entre les mains de M. Go-bert, ingénieur (de l’Ecole Centrale), qui fut plus tard un des ingénieurs de la Tour Eiffel. D’autres ingénieurs s’occupaient, en province, des forges et marteaux-pilons. (Forges de Creil, d’Audincourt, Forges et Chantiers de la Méditerranée, etc.)
- Grâce à ce concours d’activités intelligentes, le
- Fig. 3. — Vélocipède modèle Michaux.
- Ils organisèrent les premières courses au Rois de Boulogne et en province, et plus tard (1869), la première course de fond de Paris à Rouen, avec le concours du Vélocipède illustré, l’un des premiers journaux de ce sport. 200 vélocipèdes de la Compagnie parisienne se trouvèrent ce jour-là parmi les concurrents réunis sur la place de l’Etoile. Chaque coureur reçut de MM. Olivier une carte détaillée de la route à suivre, gravée tout exprès. Parmi lés vainqueurs, Castera, Bobilier, Pacaud (Riot, parent de l’illustre sa-
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- vaut, arriva cinquième), Tribout, Truffault, etc.
- MM. Olivier avec M. de la Rouglise avaient fait sur leurs premières machines, en 1865, le voyage de Paris à la Méditerranée et aux Pyrénées, terminant leur course par une étape de 200 kilomètres, ce qui était un long trajet pour des machines en hois et 1er sans caoutchouc ni frottements à bille. Ils avaient, à la grande satis-
- faction des habitants et des facteurs, monté tous les facteurs d un arrondissement de la Charente-Inférieure sur des vélocipèdes qu’ils
- Fig. 4 et o. — Vélocipèdes modèles Olivier.
- entretenaient à leurs frais. Ils offrirent ensuite en don gratuit, à l’Administration des postes 200 vélocipèdes qu’ils s’engageaient à entretenir pendant un an ; l’Administra-tion n’accepta pas.
- Au moment de la guerre, leurs ateliers de Paris furent transformés en greniers à farines et fourrages; après le siège et le bombardement, ils ne furent pas réorganisés.
- A la déclaration de guerre,
- MM. René et Aimé Olivier, engagés volontaires, proposèrent au Ministre de la guerre, qui les autorisa,
- Fig. G. — Détails de quelques organes.
- d’organiser un corps d’éclaireurs. Avant la bataille de Sedan, ils visitèrent les lignes occupées par les armées françaises et allemandes ; leur mission n’était pas sans périls, trois fois dans la môme semaine ils furent condamnés à mort; ils écrivirent, sur les lieux memes, le premier rapport, non pas défavorable, mais plein de justes restrictions sur la vélo-cipédic militaire.
- M. de Si vrac, en 4 7 90 (nous ditM.Raudry de Saunier), avait eu le premier l’idée de placer deux roues, l’une
- Fig. 7. — Vélocipède actionné par la roue de derrière.
- derrière l’autre, retenues avec rigidité dans un môme plan; Nic-éphore Niepce imagina de faire pivoter la
- roue de devant; Michaux y ajusta la pédale ; Olivier inventa le frein, la roue en fil de fer à moyeu suspendu et la jante en caoutchouc. Citerons-nous ensuite MM. Lau-maillé et de Lou-vrier parmi les inventeurs amateurs; MM. Meyer, Jacquier, Sargent parmi les fabricants ; M. Truffault, l’ingénieux créateur' de divers perfectionnements, qui fit plus tard le premier vélocipède ne pe-
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- sunt([ue 10 kilogrammes. Nous nous arrêtons «{liant à présent à 1870, le vélocipède était créé. Après la guerre, cette industrie toute parisienne se développa un peu partout. Elle se fait reinanpier par la perfection do sa mécani(|uc, condition essentielle de son succès.
- Aujourd'hui on est revenu à la chaîne de Vau-canson actionnant la roue de derrière avec multiplication de vitesse; on essaye de supprimer la pédale ; une fabrication toute spéciale de fers creux {tour vélocipèdes s’est créée, les frottements à bille très perfectionnés facilitent le roulement, le mouvement différentiel a transformé le tricycle, le caoutchouc pneumatiipie amortit les résistances; on fait des étapes de 1200 kilomètres.
- S’il faut en croire les inventeurs, l’avenir nous réserve de plus grandes surprises, avant dix ans, personne n’ira plus à pied. De Sandekval.
- ——
- TRANSMETTEUR AGOUSTICO-TÉLÉPHONIQUE
- DU NIVEAU DE l’eau A DISTANCE
- 11 y a environ deux ans, M. Frederick J. Smith de Tri-nitv College, Oxford, ayant eu besoin de déterminer périodiquement le taux d’accroissement du niveau d’une rivière causé par une pluie, a imaginé et appliqué une disposition ingénieuse et originale qu’il présente en ces termes à notre confrère Nature, de Londres. L’appareil employé se compose essentiellement de deux tuyaux d’orgue identiques et d’un circuit téléphonique. A la station dont on veut connaître les variations de niveau on dispose un tuyau d’orgue vertical, mais renversé, de sorte que l’eau pénétrant dans ce tuyau agisse comme un bouchon de hauteur variable avec le niveau de l’eau à chaque instant. Le niveau de l’eau détermine donc la hauteur du son rendu par le tuyau d’orgue lorsque celui-ci reçoit le vent d’une petite soufflerie actionnée par un minuscule moteur hydraulique qui emprunte son mouvement au courant de la rivière. Un microphone est fixé à l’extrémité supérieure du tuyau d’orgue, et communique, par un fil simple ou double, avec un téléphone installé à la station réceptrice placée à une distance quelconque du point d’observation. À cette station se trouve un tuyau d’orgue exactement semblable qui peut être plongé plus ou moins profondément dans un réservoir rempli d’eau, pendant qu’il reçoit lèvent d’une soufflerie actionnée à la main ou à la pédale. Grâce au téléphone, la note rendue par le tuyau installé sur la rivière peut être nettement entendue à la station réceptrice ; on peut donc changer le degré d’immersion du tuyau d’orgue de la station réceptrice jusqu’à ce que les deux tuyaux vibrent à l’unisson. A ce moment, les deux longueurs immergées étant égales, il est facile d’en déduire le niveau de l’eau à la station éloignée.
- La détermination peut être faite en moins d’une minute par toute personne habituée à mettre deux sons à l’unisson. Les expériences ont été faites tout d’abord en plaçant les deux tuyaux à une faible distance afin de pouvoir faire facilement des comparaisons et de juger du degré de précision que comporte la méthode. M. Smith a ainsi reconnu qu’une oreille d’une éducation musicale moyenne arrivait à ajuster les deux tuyaux à 5 millimètres près, tandis qu’un bon musicien obtenait une précision presque parfaite. La hauteur ainsi mesurée a atteint 45 centimètres.
- 1 ne différence de température de l’air aux deux stations introduit naturellement une petite différence entre les hauteurs observées. Ainsi, pour une note de 250 vibrations par seconde, une différence de 10 degrés G. entre les températures des deux stations, ce qui est déjà considérable, no produit qu’une différence de 0 millimètres sur la hauteur observée, quantité tout à fait négligeable, étant donnée la nature des mesures à indications à fournir à distance. Les tubes employés présentaient une section carrée, et étaient établis en métal, afin de résister à l’action de l’eau.
- NÉCROLOGIE
- A. Lavalley. — Nous, avons le regret d’avoir à enregistrer ici la mort de l’un de nos plus éminents ingénieurs, M. Alexandre Lavalley, sénateur du Calvados, décédé, le 20 juillet dernier, en son château du Bois-Tillard, près Pont-Lévèque. Né en 1821, M. Lavalley fut élève de l’Ecole polytechnique. Sorti dans le Génie militaire, il donna sa démission, travailla en Angleterre comme simple ouvrier et se fit chauffeur-mécanicien afin d’étudier les locomotives et d’acquérir toutes les connaissances spéciales sur la matière. Revenu en France, il entra d’abord dans les ateliers de M. Ernest Gouin, {mis il s’associa avec M. Borrel, ingénieur des ponts et chaussées, et prit l’entreprise du dragage du canal de Suez. Après l’achèvement de ce canal, il s’occupa d’autres travaux importants, notamment à file de la Réunion. Elu sénateur dans le Calvados aux élections de 1885, il siégea au centre gauche, qui le nomma vice-président du groupe, et donna particulièrement son attention aux questions agricoles et industrielles. M. Lavalley avait été président de la Société des ingénieurs civils en 1875; il était officier de la Légion d’honneur. Ses obsèques ont eu lieu à Rœux (Calvados), le 25 juillet.
- P. Teisserenc de Rort. — Encore un de nos contemporains les {dus éminents dont nous avons à enregistrer la mort. Edmond Pierre Teisserenc de Rort, sénateur de la Haute-Vienne, membre de la Société nationale d’agriculture, ancien député, ancien Ministre, ancien ambassadeur, avait été dans sa jeunesse un brillant élève de l’Ecole polytechnique. Né à Châteauroux (Indre), le 4 septembre 1814, il est décédé subitement à Paris, le 29 juillet 1892, dans sa soixante-dix-huitième année. A sa sortie de l’Ecole polytechnique, Teisserenc de Rort entra dans l’administration des tabacs. 11 s’occupa bientôt d’études techniques relatives aux chemins de fer, fit paraître diverses brochures sur ces questions et fut chargé par le gouvernement de diverses missions en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, afférentes au même objet. Ministre de l’agriculture et du commerce, Teisserenc de Bort s’est toujours préoccupé des intérêts agricoles et commerciaux de la France; il contribua par ses efforts aux succès de nos Expositions universelles, et s’efforça sans cesse, pendant sa longue et belle carrière, d’èlre utile à son pays. Teisserenc de Bort laisse après lui deux fils, dont le plus jeune est un de nos météorologistes les plus distingués, que La Nature compte parmi ses collaborateurs.
- CHRONIQUE
- La finesse de l’écriture. — Le Petit Journal a récemment signalé l’envoi qui lui avait été fait par un de ses lecteurs d’une carte postale contenant plus de 50(10 mots
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- d’écriture il lu main. Le journal l’Eclair a promis un prix à celui qui aura écrit, sans loupe, le plus grand nombre de mots sur le plus petit espace. Cet exercice de la finesse de l’écriture est ainsi redevenu de mode. 11 \ a bien longtemps que des calligraphes habiles ont attiré l’attention par la délicatesse de leur main. Mine signale un exemple do Y Iliade d’Homère, soit 15210 vers, qui avait été transcrite par un écrivain de son temps sur un morceau de parchemin pouvant entrer dans une coquille de noix. Un l'ait d’une époque moins ancienne : un papier d’un centimètre carré de surface et sur lequel on pouvait lire les dix commandements, l’oraison dominicale, le symbole des apôtres le nom de la reine et la date, fut présenté à Elisabeth, femme de Charles IX. 11 y a quelques mois, on annonçait que M. J. Sofer, un Viennois, était parvenu à graver sur un grain de blé un psaume de David composé de 591 lettres. ü Les lettres, disait-on, étaient visibles à la loupe et on pouvait lire très nettement les caractères minuscules de ce travail gigantesque. >) La typographie a produit aussi des merveilles d’impression minuscule. Le plus petit travail typographique connu figurait à l’Exposition universelle de 1889 ; c’était un ouvrage imprimé en italien, le Dante, si nous avons bonne mémoire. Chaque page d’ impression ne mesurait que quelques centimètres et le compositeur était, paraît-il, devenu à peu près aveugle après avoir lini cette entreprise. Albeü.
- Action de la lumière sur le chlorure d’argent. — A la dernière séance de la Société chimique de Londres, M. Baker a lu une Note intéressante sur l’action de la lumière sur le chlorure d’argent. 11 a trouvé que (comme feu le savant Robert llunt l’avait déjà dit, il y a longtemps) de l'oxygène est absorbé pendant que le chlore se dégage. La quantité de substance noircie est fort petite : environ 1 partie sur 500 parties de chlorure blanc. L’analyse a donné pour le produit noirci : argent, 78,94; chlore, 14,25; oxygène, 0,81. Pour répondre à la formule Ag2C10, la théorie demande les chiffres : Ag 80,75; Cl 15 27 ; U 5,98. C’est donc un oxychlorure d'arqent qui se forme sous l’influence de la lumière. Pour chaque atome de chlore dégagé dans ces circonstances il y a un atome d’oxygène absorbé. Aussi M. Baker assure qu’aucun noircissement n’a lieu sans la présence de l’oxygène; il n’a pas lieu dans le vide, ni dans une atmosphère d’acide carbonique. Gardée pendant quelque temps dans l’obscurité, la substance noire redevient blanche ; ce qui démontre que sa constitution n’est pas très stable.
- La Tour Eiffel et le Palais des Machines. —
- Le résultat d’un calcul élémentaire, que chacun pourra répéter, montre, d’une manière très frappante, en même temps la légèreté relative de la Tour Eiffel, et les proportions colossales du Palais des Machines. La voici sans commentaires : l’air enfermé dans le Palais des Machines de l’Exposition de 4889 possède un poids égal au quart environ du poids total de la Tour Eifiel.
- Le port d’Anvers. — Le mouvement du port d’Anvers s’est élevé en 1890, d’après les statistiques officielles, à 9052 navires, portant 9 058 280 tonneaux, contre 8701 navires, portant 8 084 081 tonneaux en 1892. Tout naturellement, les pavillons du Nord sont les plus actifs dans cet énorme transit, et l’Angleterre y entre, à elle seule, pour près d’un tiers, avec un total de 2 592 864 tonnes. Ensuite viennent l’Allemagne (505 511 tonnes), la Scandinavie (191 195), le Danemark (145 854), puis la France, au cinquième rang, avec 145 252 tonnes.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du ltr août 1892. -- Présidence de M. dk Lacaze-Ruthieks
- Préparation du phosphure de mercure. — M. Oranger obtient le phosphure de mercure cristallisé en chauffant en tubes scellés de I’iodure de phosphore et du mercure à la température de 275°. C’est un corps doué de l’éclat métallique, très brillant. Ses cristaux appartiennent au système rhomboédrique.
- Les cultures d'automne employées comme engrais vert. — On sait que sous l’influence des ferments nitriques, la matière azotée du sol se transforme en nitrates. Cette transformation, très avantageuse quand elle se produit au printemps, alors que la terre est couverte de végétaux, est ruineuse à l’automne quand la terre est nue. M. Dchérain a trouvé qu’en moyenne, pendant l’automne des trois années 1889, 1890, 1891, les eaux de drainage ont entraîné, sur un hectare des terres de Grignon, 41,0 d’azote correspondant à 200 de nitrate de soude, valant 70 francs, soit le prix moyen de location à l’hectare de beaucoup de terres. Pour éviter ces pertes si importantes, il faut semer, immédiatement après la moisson, une plante à végétation rapide, la vesce, par exemple. L’an dernier, l’automne a été pluvieux, la vesce s’est très bien développée. Quand on l’a enfouie, lors des grands labours d’automne, elle pesait environ 10 000 kilogrammes à l’hectare et renfermait 107 d’azote dont une partie avait été prélevée sur l’atmosphère. La décomposition de celte plante est assez lente. Pendant l’hiver, les eaux de drainage découlant de la terre qui a bénéficié de l’enfouissement ne sont pas plus chargées que celles qui ont traversé une terre non fumée. C’est seulement au printemps que la matière organique se décompose et que les nitrates apparaissent. Mais à ce moment leur production est avantageuse, car le sol est couvert de végétaux qui s’en emparent avidement. M. Dehérain conseille donc aux praticiens de semer dès maintenant, sur l’emplacement des champs d’avoine ou de blé, 2 à 5 hectolitres de vesccs par hectare. Si l’automne est pluvieux, ils tireront grand parti de celte précaution.
- La longévité de divers animaux. — M. Vaillant a relevé la durée de la vie de certains animaux du Muséum. Parmi les Chéloniens, une Testudo elonyala a vécu 11 ans, Cicstudo ubicularis 27 ans, Emtys Ilæversii 25 ans, Staurotypus odoralus 22 ans. Parmi les Lacertiliens, un Egernia Cunninghami a résisté 19 ans, parmi les Ophidiens, un Python malurus 15 ans, un Python reticulatus 21, un Elaphis quadrivitlalus 14, un Trigo-nocephalus piscivorus 21 ; enfin, parmi les Batraciens, un Hyla cærulea 16 ans, un Fleurodelis Waltlii 19 ans. Il a étudié également avec beaucoup de soin l’alimentation du Python. Il a pu observer que cet animal était susceptible de rester plusieurs mois sans prendre aucune nourriture ; il est très capricieux quant au choix de ses aliments. Le nombre de ses repas n’est guère que de cinq par année, et encore sont-ils fort irrégulièrement espacés, à des intervalles qui varient de 25 à 204 jours. L’assimilation de la proie est presque complète, le Python ne rejetant guère que les poils, les dents et les parties cornées.
- Varia. — M. Moissan a préparé un pentasulfure de bore et décrit ses propriétés. — M. Souilié, directeur du 64” observatoire d’astronomie populaire de M. Vinot, a imaginé un dispositif très simple montrant toutes les particularités de l’éclipse de lune du 11 mai dernier.
- Cil. DE VlLLEDEUlL.
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- LA NATURE.
- L’ART ET LA PHOTOGRAPHIE
- Ou a parfois reproché à la photographie de n’être point artistique, de se présenter au peintre comme un procédé purement chimique, et de ne donner de la nature que des reproductions mécaniques. Ce
- reproche peut être juste dans une certaine mesure quand il s’agit d’épreuves obtenues par des opérateurs inhabiles et dénués de goût; mais, quand le praticien a lui-même le sentiment artistique, il sait obtenir de véritables œuvres d’art qui feraient honneur au peintre le plus délicat. Nous en prendrons comme exemple aujourd’hui les délicieuses
- Confection d'une bulle de savon. (D’après des photographies instantanées do M. F. Boissonnas de Genève, reproduites en gravures sur bois.)
- photographies que nous reproduisons ci-dessus; elles ont été faites par M. F. Boissonnas, de Genève, et publiées en phototypie dans le Bulletin du Photo-Club de Paris. Nous en donnons à notre tour un fac-similé obtenu par la gravure sur bois ; nous respectons les fonds en croissant, en losange ou en cercle que l’opérateur a ajoutés, et qui produisent un excellent clfet. Cette petite fille, représentée dans les différentes attitudes de la confection d’une bulle de savon, est un petit chef-d’œuvre de grâce,
- et, si cela n'était pas une photographie, on féliciterait le dessinateur qui a produit un tableau si charmant.
- La photographie, qui offre de si grandes ressources à la science, rend aussi d’importants services à l’art quand elle est cultivée par des artistes.
- G. T.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandim.
- Taris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleuras, 9.
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- LA NATURE
- 13 AOUT 1892
- N“ 1002
- LE COLOSSE DE RAMSES II
- Fig. 1. — Le colosse de Ramsès II renversé, à Bédréshéïn, Egypte. (D’après une photographie.)
- Ramscs II Sésostris, ayant reconstruit les parties du grand Temple de Phlah à Memphis qui bordaient le lac sacré vers l’Ouest et vers le Sud, lit ériger, devant les portes, des colosses destinés à perpétuer sa mémoire et les traits de son visage dans le souvenir de tous ceux « qui viendraient « apres lui sur « terre, prêtres,
- « magiciens,
- « scribes, » et qui voudraient réciter une oraison aux dieux à son intention. Les sacristains chargés de conduire les profanes, et les drogmans qui montraient les merveilles de l’Égypte aux étrangers, ne manquaient pas en effet d’attirer sur ces statues l’attention de leurs clients ; ce leur était une occasion de raconter quelque lahle
- amusante, du genre de celles qu’IIérodote a recueillies, et qu’il nous a transmises comme étant de l’histoire.
- Darius Ier voulut | un jour faire 1 dresser sa statue 1 dans le voisinage, mais le grand-prêtre s'y opposa:
- « Sésostris a « vaincu, lui dit-« il, toutes les « nations qui « vousobéissent,
- « et en plus les « Scythes, aux-« quels vous n’a-« vez su porter « grand dom-« mage. Il n’y a « donc aucune « raison pour « que votre mo-« nument soit « placé à côté « de celui d’un Pharaon, que vous n’avez ni surit passé, ni même égalé! » Quand Memphis déchut et devint chrétienne, la renommée des colosses s’effaça ; quand elle périt et que son temple de Phtah
- 11
- Fig. 2. — Le colosse sortant de terre.
- Î3° année. — 2e semestre.
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- LA N ATI] HE.
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- fut dépecé pierre à pierre, pour servir à la construction du Caire, la plupart des colosses furent abattus et furent débités en meules ou passèrent au four à cbaux. I/un d’eux pourtant, renversé de son piédestal et couché la face contre terre, se recouvrit de décombres ; cet heureux hasard le déroba à la destruction commune. Mis à jour par Cavi-giia, au commencement de nôtre siècle, il eut la bonne fortune de plaire, aux voyageurs, et leur dut d’échapper à la manie de destruction qui possède les fellahs.
- Tous les Européens qui ont visité l’Égypte l’ont admiré tour à tour. 11 était étendu au bord du sentier, sous les palmiers de Bédréshéïn, au fond d’un fossé fa-mcux(fig.l ). A l'inondation, l’eau le gagnait et le recouvrait pendant quelques semaines, puis il se dégageait peu à peu, l’épaule et la jambe d’abord, le buste, la ligure, jusqu’à ce qu’il se retrouvât à sec dans son trou. Son Pharaon était représenté debout, marchant, les bras collés aux flancs ; le cartouche gravé sur la boucle delà ceinture qui attachait son jupon renferme le nom de Ramsès II. Le nitre a rongé tout un côté de la face et du corps, mais ce qui reste suffit à montrer l’excellence de l’œuvre. Le profil est celui de Ramsès jeune, front bas, grand nez aquilin, bouche un peu large, d’expression hautaine. La base est à quelque distance, et plus loin vers le Sud, en plein bois, un colosse plus petit, des débris de murs, des fragments de statue, signalent l’emplacement de chambres antiques. La forêt de palmiers qui recouvre les ruines gêne les fouilles et empêche qu’on puisse relever le plan. L’édifice ou le groupe d’édifices que notre colosse décorait longeait la rive méridionale du lac, sur lequel on célébrait aux jours canoniques les mystères solennels de Phtah et des dieux Mem-phites. Les alluvions n’ont pas réussi, malgré les siècles écoulés, à combler entièrement le lac; une dépression assez forte en marque le site, et les terres qui le remplissent, au lieu d’être plantées en arbres, sont cultivées en blé. C’est comme une cuvette carrée dont les bords sont en contre-bas des terrains environnants : la crue la remplit et rend en partie aux lieux leur aspect original. Le lac se dessine sur le sol comme autrefois, mais le cadre de portiques et de pylônes qui l’enserrait a disparu ; il est remplacé par les massifs de grands arbres sous lesquels s’élève le village de Tell-el-Khanzîr.
- Depuis cinq ans l’aspect des lieux s’est modifié sensiblement. 11 paraît que Mohammed-Ali avait donné jadis Ramsès H à l’Angleterre ; le fait n’est pas bien certain, et il faudrait pour l’admettre définitivement une autorité plus sérieuse que celle d’un ou de plusieurs Guides du voyageur en Égypte. Les Anglais ne se sont pas du reste prévalu de cette tradition douteuse pour enlever le colosse : ils se sont bornés à le relever. Us n’y réussirent pas du premier coup, et deux essais tentés par MM. Garwood et Anderson échouèrent assez piteusement. Le général Stcphenson, qui commanda longtemps l’armée d’occupation, fut plus heureux. 11 avait eu d’abord l’ambition de
- remettre la statue sur pied, mais une souscription ouverte à cet effet, n’avant pas produit une somme suffisante, il se contenta de l’exhausser au-dessus du niveau de l’inondation. Les opérations, conduites par le major du génie Arthur Ragnold, commencèrent le .20 janvier 1887 *. Après avoir épuisé l’eau qui remplissait encore la cavité, il fit appliquer au colosse huit crics de force diverse et procéda au relèvement . L’effort portait alternativement sur les pieds et sur la tête : dès que la masse totale avait été haussée d’environ 0m,60, on glissait sous elle d’énormes poutres (fig. 2), et l’on comblait le creux avec de vieux tessons de poterie, recueillis dans les ruines de la ville antique, réduits en petits fragments et battus de façon à former un lit compact. Vers le 16 avril, le travail était terminé. Aujourd’hui le colosse est provisoirement à l’abri de l’atteinte des eaux. 11 repose sur le dos, la face tournée vers le ciel, lin auvent lui ombrage la tête ; un mur épais en briques crues l’entoure et le protège contre le regard des curieux. Son gardien habite à côté de lui, dans une petite maison de deux chambres où le major Ragnold l’installa, et ne le montre aux voyageurs que contre payement de deux piastres égyptiennes : il en coûte environ 50 centimes pour l’apercevoir au fond du nouvel entonnoir où il est plongé. Le gardien emploie partie de cette taxe à l’entretenir en bon état. Un autre colosse en granit de Ramsès II et une stèle d’Apriès, qui se trouvaient dans le voisinage, furent transportés ensuite à côté du colosse en calcaire et complètent ce petit musée en plein champ.
- Les Arabes l’appellent Aboiïl llol, le père de l’Effroi, comme le grand Sphinx. Je ne sais ce qu’ils pensent, aujourd’hui qu’il est sous clef dans sa fourrière, mais ils avaient vraiment peur de lui, du temps qu’il gisait en plein air. Les anciens Egyptiens croyaient que les statues, humaines ou divines, étaient animées par un esprit, par un double, détaché de l’àme du personnage qu’elles représentaient. Ce double mangeait, buvait, au besoin parlait et rendait des oracles ; il a survécu à la religion et à la civilisation du peuple antique, mais les changements qui se sont produits autour de lui paraissent lui avoir aigri le caractère. Il aime à jouer de mauvais tours à ceux qui s’approchent de sa cachette, les affole, les tue au besoin: les écrivains arabes savent mille histoires de gens à qui mal en prit de s’être attaqués imprudemment à un monument et à l’esprit qui le garde. Le moyen de rendre impuissant cet afrite est de briser la statue, sinonla statue entière, du moins son visage : c’est pour cela que tant de pharaons ont le nez cassé ou la figure endommagée à ne plus avoir rien d’humain. L’esprit de Ramsès II se promenait dans le bois de palmiers pendant la nuit, et il n’était pas prudent de s’aventurer sur son domaine au crépus-
- 1 Le récit en a été publié par le major Arthur Bagnold. avec trois dessins de M. Wallis et quelques croquis, Account of the manner in whichtwo colossal statues of Rameses II at Memphis were raiscd, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archæology, t. X, p. 452 sqq.
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- LA NATURE.
- IGo
- cule. Toutes les lois que j’étais forcé dépasser par là vers le coucher du soleil, mon ânier marmottait des prières et poussait son àne. Un soir que je lui demandais s’il avait peur de quelque afrite, il me pria de me taire, m’assurant qu’il était mauvais de parler de ces choses-là et qu’il m’arriverait malheur si je continuais. De fait, mon àne huta au milieu du hois, et me lança contre un tronc de palmier : si l’ànicr ne m’avait retenu et amorti le coup, je risquais de me hriser la tète. Depuis ce temps-là, on citait toujours ce qui m’était arrivé, quand on parlait du danger qu’il y avait à parler peu respectueusement de l’esprit qui vivait dans la statue. L’Egypte entière est pleine de superstitions analogues, la plupart dérivées des croyances antiques et transmises de générations en générations, depuis le temps des Pharaons constructeurs de pyramides. G. Maspero,
- de l'Institut.
- RÉSULTATS DES EXPÉRIENCES
- DE TRANSPORT D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE
- ENTRE LAUFFEN ET FRANCFORT
- En décrivant les expériences de transport d’énergie électrique entre Lauffen et Francfort par courants alternatifs triphasés1, nous avons dit qu’il fallait attendre les résultats des expériences de la Commission des essais institués par le Comité de l’Exposition avant de se prononcer sur la valeur industrielle de ces expériences.
- Les résultats obtenus par cette Commission sont aujourd’hui connus, et nous croyons utile de les résumer pour nos lecteurs, en renvoyant ceux que la question intéresse plus particulièrement à l'Industrie électrique du 25 juin dernier qui les a publiés in extenso.
- Rappelons seulement ici qu’il s’agissait de transmettre à 175 kilomètres de distance la puissance mécanique fournie par une turbine. L’installation était prévue pour une puissance maxima de 500 chevaux, mais, dans les expériences, cette puissance est toujours restée inférieure à 200 chevaux. p
- La puissance produite par la turbine a varié entre 78 et 195 chevaux. La puissance électrique fournie parla dynamo à courants alternatifs triphasés a varié entre 06 et 185 chevaux, la différence de potentiel entre chacun des trois fils et la terre variant entre 50 et 56 volts. Les rendements correspondants, y compris la dépense d’excitation ont varié entre 84,5 et 93,5 pour 100, ce rendement augmentant d’ailleurs, ce qui est naturel et logique, avec la puissance produite. Le transformateur au départ multipliait par 160 la tension du courant : son rendement, toujours très élevé, a oscillé entre 92,5 pour 100 et 96,1 pour 100.
- La perte en ligne est un facteur extrêmement variable avec la puissance transmise, car il augmente comme le carré de l’intensité, tandis que la puissance transmise, pour un potentiel donné, ne s’accroît que proportionnellement à l’intensité du courant. La puissance électrique utile, disponible à Lauffen, a varié entre 55,5 et 145,8 chevaux. La perte en ligne a été, dans le premier cas, de 5,1 chevaux, et de 25,2 chevaux dans le dernier.
- Le rendement propre du transformateur d’arrivée a été également très élevé, et a oscillé entre un minimum
- de 92,2 pour 100 et un maximum de 95,6 pour 100.
- Si, pour résumer les chiffres ci-dessus, on considère l’ensemble de la transmission, on trouve que l’on a recueilli à Francfort, sous forme d’énergie électrique, disponible pour l’éclairage ou la force motrice, entre 77,8 et 85 pour 100 de l’énergie électrique fournie aux bornes de la dynamo génératrice, et de 68,5 à 75,2 pour 100 de l’énergie mécanique disponible sur l’arbre de la turbine.
- Ce sont là des résultats très intéressants, si l’on tient compte de la distance de 175 kilomètres qui sépare Lauffen de Francfort et de la double transformation subie par l’énergie électrique entre les bornes de la dynamo et celles du circuit d’utilisation.
- La différence de potentiel sur la ligne de transport entre la terre et chacun des trois fils a varié entre 8000 et 9000 volts. La différence de potentiel entre deux fds quelconques était plus élevée et a dépassé 15 000 volts-
- Les chiffres ci-dessus se rapportent au transport de l’énergie électrique. Pour avoir le rendement du transport en énergie mécanique, il faudrait tenir compte du rendement propre du moteur, mais les chiffres relatifs à ce rendement n’ont pas encore été publiés, et nous devrons attendre leur publication. Le résultat, dès maintenant acquis, est qu’on peut transmettre une puissance de près de 200 chevaux avec un rendement de 75 pour 100 à une distance de 175 kilomètres. Dans l’état actuel de nos connaissances, aucun autre mode de transmission ne fournirait de résultats aussi favorables, et c’est une victoire de plus à enregistrer à l’actif des applications industrielles de l’électricité. E. IL
- RESSOURCES MINÉRALES DU BRÉSIL
- Le Bureau des Républiques américaines vient de publier un important bulletin de statistique du Brésil dont nous tirons les renseignements suivants : Les ressources minérales du Brésil sont d’une grande richesse. Des explorateurs scientifiques ont découvert d’abondants dépôts de charbon et de fer, ainsi que des mines de cuivre, de manganèse et de plomb argentifère. Il y a également des mines d’or et de diamant. Les pierres précieuses se trouvent avec les filons d’or; elles abondent aux mines de Geraes où l’on en a découvert dès 1789.
- Le point reconnu le plus riche en pierres précieuses est le district de Diamantina, dans l’Etat de Minas Geraes. On en trouve dans le I'arana, dans les graviers de la rivière Tibagy dont les ramifications sont à sec en été.
- Depuis la découverte des diamants au cap de Bonne-Espérance, la production du Brésil a bien diminué. Le fer abonde dans l’Etat de Geraes ; on ne le trouve pas par veines ou couches profondément enfouies dans la terre, mais en masses énormes affleurant parfois la surface. Ces vastes dépôts sont travaillés seulement par quelques fourneaux épars qui font la réduction du minerai au charbon de bois. Dans l’État de Saint-Paul on trouve des minerais équivalents aux meilleurs de Norvège; l’une des mines est exploitée par un établissement de l’État près le village de Sorocaba. Cet établissement a deux fourneaux et produit par an 790 tonnes de saumons. Le minerai a une teneur de 67 pour 100. A Sainte-Catherine, non loin d’un port accessible aux plus grands navires, il y a de grands gisements d’hématite d’une teneur moyenne de 50 pour 100 de manganèse et 20 à 50 pour 100 de fer. Dans l’État de Goyaz comme dans celui de Minas Geraes, on trouve d’énormes masses de minerais de Taberite.
- 1 Yoy. n° 957, du 50 octobre 1891, p. 274.
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- LA NATURE.
- CONTROLEUR DE PRÉSENCE
- INCORRUPTIBLE
- C’est toujours une grande difficulté dans ies usines, dans les manufactures, et plus généralement dans tous les établissements où l’on compte un grand nombre d’ouvriers, de contrôler les heures de présence du personnel, c’est-à-dire de savoir exactement à quelle heure part et à quelle heure arrive chaque employé ; on a bien recours dans ce but à la feuille de présence, mais elle est rendue souvent illusoire par une série de fraudes assez faciles. C’est pourquoi nous nous empressons de signaler un contrôleur automatique, qui, d'après notre excellent confrère le identifie American, semble appelé à rendre de très grands services aux fabricants et aux industriels.
- Le système se compose essentiellement, comme 1’indiquc notre figure, d’une horloge dans une boîte haute, fermée par une glace sans tain ; au-dessous du cadran est le contrôleur proprement dit, et dans la glace est percée une ouverture pour laisser pénétrer une clef dans le trou dont est muni le contrôleur. A droite de l’horloge se trouve un casier spécial, analogue à ceux où, dans les hôtels, on met les clefs des chambres. Chaque clef est numérotée, et à la fois sur son anneau plat et sur le pêne, comme cela est indiqué sur la clef isolée qui est représentée dans notre dessin ; pour le bon ordre, toute clef doit être pendue au clou du tableau portant le même numéro qu’elle. Nous n’avons pas besoin d’expliquer que chaque clef appartient à un employé, et que le numéro va servir comme de signature représentative de cet employé. On peut remarquer à la vue de la gravure la forme spéciale des clefs, qui ont comme 2 pênes ; enfin, on voit dans la boîte de la pendule, à droite et en bas, un rouleau de papier exactement semblable à ceux que portent les télégraphes imprimants, le Morse par exemple, et d’où se déroule une bande de papier qui va servir d’enregistreur, toujours comme dans ces télégraphes.
- Voici maintenant comment l’on se sert de l’instrument. Chaque employé, en arrivant à fusiiie, prend sa clef au tableau, l’insère dans ce trou de serrure
- du contrôle et lui imprime un quart de tour; puis il la fait tourner en sens inverse, la retire et la repend au tableau. Le mouvement de quart de tour de cette clef produit exactement le même effet qu’un poids mis dans une balance automatique : il force le ruban à s’appliquer sur des chiffres encrés qui, par un système bien simple et que nous n’avons pas besoin d’expliquer, impriment exactement l’heure et la minute où l’opération s’exécute, comme les balances marquent les kilogrammes et les grammes ; mais en même temps, et pour individualiser cette inscription, le pêne de la clef portant un numéro en relief presse le ruban, l’applique sur un tampon encré, et y inscrit le chiffre de l’ouvrier. On peut ainsi constater en toute sécurité que l’ouvrier n° 21, par exemple, est arrivé entre 6h 48 et 6'1 47. Le ruban se déroulant grâce à un mouvement d’horlogerie, on
- trouve succès-siveulent les contrôles d’entrée de tous les ouvriers, soit le matin, soit dans la journée, s’ils vont déjeuner entre temps (fig. nu 5 ci-con-trej.Mais il fallait trouver moyen d’enregistrer aussi les heures de sortie en les affectant d’un signe spécial. C’est dans ce but qu’est disposé un levier qu’on voit à gauche de la boîte du contrôleur. Quand un ouvrier sort, il insère sa clef comme de coutume, mais en même temps il abaisse ce levier, ce qui marque une étoile sur le ruban de papier; par conséquent, tout enregistrement de sortie porte une étoile avant l’heure. — Ajoutons quelques détails. Chaque inscription est accompagnée d’un coup de cloche; quand la clef est une fois mise dans le trou, elle ne peut être retirée tant que l’inscription n’est pas faite, et un second enregistrement ne peut se faire tant quelle n’a pas été d’abord retirée.
- On comprend que l’appareil peut être d’une grande utilité, d’autant plus que la bande de papier, qui après les inscriptions doit être retirée de l’appareil, est comme un registre supprimant toute rédaction. Nous citerons une grande usine aux Etats-Unis où l’on emploie 5 appareils de cette sorte pour 4400 ouvriers. Un système de ce genre pourrait assurément rendre des services à nos industriels.
- Daniel Rellet.
- Contrôleur de présence. — 1. Vue d’ensemble de l’appareil. — 2. Tableau des clés. 3. Détail d’une clé et de sa marque.
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- LA NATURE.
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- LE CREUX-DE-SOUCI (PUY-DE-DOME)
- Au sud-est de la vallée du Mont-Dore, à 5 kilo- 1 (Puy-de-Dôme) et à 1200 mètres au sud du lac Pavin, mètres sud-ouest de la ville de Besse-en-Chandcsse | le Creux-de-Souci (ou Soucy) est un abîme naturel
- Fig. 1. — Exploration du Creux-de-Souci, auprès du lac Pavin. (Puy-de-Dôme). Entrée de l’abîme. (D'après une photographie.)
- à bouche étroite, connu depuis longtemps et ouvert dans la coulée de basalte moderne (basalte des fonds de vallées), issue de la base méridionale du Puy ou Cratère-de -Montchal (ou Montchat, ou Montchalm, 1411 mètres).
- Le 27 septembre 1770, M. Chevalier, inspecteur des ponts et chaussées à Clermont, s’y livra à des expériences de sondages et de températures qui lui donnèrent les résultats suivants : profondeur du gouffre, 9 toises ( 17 m, 54) ; profondeur de l’eau qui se trouvait au fond, 1 toise (lm,949); température extérieure, 20° R. (25° C.); tempéra-
- ture de l’eau du gouffre, 5° R. (6°, 25 C.); altitude de cette eau au-dessus du lac Pavin,
- 186 pieds 5 pouces (00 m, 55).
- À la base nord du Puy-de-Mont-chal, plusieurs sources sortent de la roche volcanique qui enclôt le lac Pavin, à 40-44 mètres au-dessus de ce lac, où elles vont se jeter.
- Vers 1860, la municipalité de Besse, pour éviter les accidents, fît couvrir d’une grille l’orifice du Creux de-Souci. A cette époque et pendant ce travail, plusieurs habitants de Besse (entre autres M. Berthoule père) essayèrent de se faire descendre dans l’abîme : aucun
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- LA N AT U HE.
- ne put arriver jusqu’à l’eau, à cause du manque d’air respirable, et tous rapportèrent l’impression d’une caverne immense et d’un ruisseau coulant vers le nord-est.
- Sur ces données s’établit l’hypothèse de l’existence d’un courant souterrain allant, par-dessous la cheire et le Puy-de-Montchal, alimenter les sources du lac Pavin. Et la légende ajouta que le cadavre d’un chien tombé à Souci aurait été retrouvé dans le lac Pavin. Ou encore on supposait qu’il y avait au contraire par là communication du Pavin avec le lac de la Monteineyre (1174 mètres).
- Depuis, M.Yimont {Annuaire du Club alpin, 1874) attribua aux sources la hauteur de 28 mètres seulement au-dessus du lac, et au Creux-de-Souci la profondeur de 44 mètres, reproduite par Elisée Reclus (la France, p. 451) et le Guide-Joanne (Auvergne, édit. 1892), et portée meme à 50 mètres parM.Amé-dée Berthoule (les Lacs d'Auvergne, 1890, p. 27).
- Les 18 et 19 juin 1892, nous avons, mes amis A. Delebecque, G. Gaupillat et moi, avec le concours de MM. Étienne liitter (étudiant à Genève), Louis Armand et Nougin père (de Eesse), effectué l’exploration méthodique du Creux-de-Souci.
- La grille de 1860, où l’on avait ménagé une porte fermant à clef pour permettre les tentatives de descente, s’est trouvée brisée et engagée sous de gros blocs de basalte éboulés, formant une voûte branlante et peu solide qu’il fallut déblayer et précipiter dans le gouffre à coups de levier.
- Quatre séries d’observations avec un excellent baromètre holostérique compensé ont donné pour l’altitude du rebord supérieur du Creux 75 à 80 mètres au-dessus du lac Pavin (1197 mètres), soit environ 1275 mètres; cela concorde parfaitement avec les minutes au 40000e de l’état-major (feuille de Rrioude N.-O.), où le gouffre se place entre les courbes de niveau de 1270 et 1280 mètres.
- Ce rebord supérieur est celui d’un entonnoir cratériforme de 25 mètres à peu près de diamètre et de 11m, 50 de profondeur, dans le fond duquel s'ouvre la bouche triangulaire (5 à 4 mètres de diamètre) de l’abîme proprement dit, qui mesure exactement 21m, 50 de profondeur depuis cette bouche jusqu’à l’eau ; de plus, la sonde a accusé 5 mètres d’eau.
- Successivement et chacun à diverses reprises, nous descendîmes tous à l’échelle de corde dans l’intérieur sans pouvoir approcher à plus de 4 mètres de la surface de l’eau, oîi notre bateau, préalablement descendu, put seul parvenir : suffocation pénible et progressive, céphalalgie, étourdissements; extinction des allumettes et des bougies attestaient la présence d’une forte proportion d’acide carbonique rendant Pair du fond irrespirable sur une épaisseur de 4 à 5 mètres.
- Peut-être la chute des rochers que nous avions précipites avait-elle dérangé l’équilibre de la couche de gaz délétère; peut-être, une fois cet équilibre retrouvé et un jour oîi la pression atmosphérique
- sera moins basse que le 19 juin 1892, sera-t-il possible de descendre plus [très de l’eau; en tout cas, il serait prudent de se munir d’un récipient d’oxygène à respirer. Quoi qu’il en soit, nous avons réussi à faire les constatations suivantes :
- L’intérieur du Creux-de-Souci forme une vaste caverne circulaire, d’environ 50 mètres de diamètre, dont le centre est occupé par un lac rond de 25 à 50 mètres de largeur ; aucune galerie ne se montre au pourtour de la caverne, qui est très probablement fermée, à moins que, contre toute vraisemblance, quelque étroite fissure ne soit dissimulée par les éboulis de roches basaltiques, qui couvrent toutes les rives du lac. — Ni ruisseau, ni courant, ni stalactites. — Toute la grotte est pratiquée dans le basalte, sans doute par l’explosion de quelque bulle de gaz volcanique qui se sera fait jour jusqu’au dehors. Le Creux-de-Souci serait donc le siège d’une mofette, comme les grottes du Chien de Pouzzoles, Royat, etc., si répandues en Auvergne et dans tous les terrains volcaniques. Au sommet, sous l’orifice, la voûte n’a que 2m,50 à 5 mètres d’épaisseur, c’est-à-dire qu’à cette profondeur au-dessous du sol, elle s’arrondit en coupole, aux parois très inégales et hérissées d’aspérités. Ainsi, le Creux-de-Souci se compose de deux entonnoirs opposés et superposés l’un à l’autre, l’intérieur étant plus grand que l’extérieur.
- L’alimentation du lac paraît se faire uniquement par suintement à travers la cheire basaltique. Le 49 juin, après une journée pluvieuse, ce suintement était assez fort pour produire sur le lac des ondulations entre-croisées qui pouvaient en effet, du dehors, faire croire à l’écoulement d’un ruisseau. — Il fait clair dans l’intérieur, dont une partie s’aperçoit aisément quand on se penche sur l'orifice. La profondeur totale des deux entonnoirs pouvant être lixée à 55 mètres, l’altitude du lac interne serait de 1242 mètres, soit de 45 mètres au-dessus du lac Pavin, égale à peu de chose près à celles des sources ci-dessus mentionnées.
- La température présente des particularités tout à fait remarquables : plusieurs séries de soigneuses observations doubles, avec un thermomètre ordinaire à mercure de Secrétan et un thermomètre à renversement de Negretti et Zambra, nous ont donné les résultats suivants (19 juin 1892) :
- Eau du lac intérieur, H- 1° 2 C. (au lieu des 6°, 25 de Chevalier).
- Air de la caverne en -+- degrés centigrades.
- Profondeur Hauteur
- sous l’orilicc. au-dessus du lac.
- 1 degré. 2°, 25 2°, 25 2°, 25 2°, 25 6 degrés
- 20 mètres 14 —
- 9 —
- 6 —
- 4 —
- 2™, 50
- 1™, 50 7m, 50 12™,50 15™,50 17™,50 19 mètres.
- Air extérieur, 10°, 5.
- Sources du lac Pavin, 5°, 4. Le 10 juillet 1851,
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- M. Lecoq avait trouvé pour ces sources H- 5°C*.
- Une autre petite source isolée sortant de la terre végétale à la base est du Puy-de-Montchal par 4200 mètres d’altitude, entre le Creux-de-Souci et le lac Estivadoux (1244 mètres), a donné 0°, 5.
- La moyenne température annuelle de Besse (1050 mètres) est de 5° à 0° G.; celle du sommet du Puy-de-Dôme (1407 mètres), -h 5°, 55 C 2.
- Le Creux-de-Souci est donc une grotte à température anormale, exceptionnellement basse, qui peut s'expliquer ainsi : pendant plusieurs mois de l’année, la neige couvre les hauteurs et la cheire environnantes ; quand elle disparaît au printemps, son eau de fonte arrive par suintement dans le Creux-dc-Souci bien près de la température de 0°; ainsi se refroidit l’air de la caverne, qui, plus dense que l’air chaud extérieur, s’accumule au fond et ne peut se renouveler par en haut. C’est une raison de plus pour croire que la coupole interne est close de toutes parts et que son lac est bien stagnant. Nous n’y avons remarqué aucun courant d’air.
- De plus, l’absence de ruisseau dans le Creux-dc-Souci nous paraît démontrer suffisamment qu’il ne communique pas avec le lac Pavin, contrairement à l’opinion reçue jusqu’ici et que nous tenons pour une fausse hypothèse.
- Il serait intéressant et facile d’eifectuer au Creux-de-Souci des observations méthodiques et réitérées en diverses saisons, tant sur l’origine et le régime de l’acide carbonique que sur la température.
- Et il faut souhaiter pour leur Bonne exécution que la ville de Besse fasse simplement clore avec un grillage, et non pas boucher complètement, l’orifice de ce curieux goulfre. E.-A. Martel.
- LES ORANGS DU JARDIN DES PLANTES
- La Singerie du Jardin des Plantes n’est pas restée longtemps privée de Singes anthropomorphes. A peine le pauvre Edgar, le Chimpanzé dont tout Paris s’est occupé5, avait-il disparu, emporté par une affection pulmonaire, que sa place a été prise par deux Orangs de Bornéo, qu’on a immédiatement nommés Paul et Virginie. Ce n’est pas d’ailleurs la première fois, tant s’en faut, que la Ménagerie du Muséum possède des représentants du genre Orang ou Simia qui joue, dans la faune des îles de la Sonde, le même rôle que les Gorilles et les Chimpanzés dans la faune de l’Afrique équatoriale. Ainsi nos lecteurs se rappellent sans doute que, il y a une quinzaine d’années, cet établissement a déjà conservé, pendant un certain temps, quatre Orangs, un mâle et trois femelles, qui lui avaient été envoyés par M. Riedel ; et les personnes qui sont assez âgées pour avoir suivi au Muséum les cours d’Isidore Geoffroy-
- 1 L’eau sur le plateau central de la France, par Lecoq.
- 2 Treize années d’observations, par MM. Alluard, Hurion et Plumandon.
- 5 Voy. n° 980, du 12 mars 1892, p. 231.
- Saint-Hilaire ont peut-être conservé le souvenir de l’Orang de Sumatra qui, en 1836, attira au Jardin des Plantes un si grand concours de visiteurs. En 4808, un autre individu de la même espèce, mais originaire de Bornéo, avait vécu au château de la Malmaison et y avait été l’objet, de la part de E. Cuvier, de très intéressantes observations zoologiques et psychologiques. Nous pourrions citer encore beaucoup d’autres sujets, moins célèbres, que l’on a pu voir à Paris, à diverses époques, au Jardin des Plantes, au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne ou dans quelques ménageries ambulantes, et notamment dans la ménagerie Bidel; nous pourrions mentionner, d’autre part, une foule d’Orangs qui ont été gardés en captivité, durant des périodes plus ou moins longues, à l’Aquarium de Berlin, au Jardin zoologique d’Anvers, au Jardin zoologique de Londres, etc.; mais cette énumération serait fastidieuse. Qu’il nous suffise de dire que, grâce aux nombreux individus importés vivants en Europe, grâce aux exemplaires, plus nombreux encore, d’âges et de sexes différents, dont les dépouilles et les squelettes sont venus successivement enrichir les galeries de nos Musées, grâce aux renseignements recueillis par les voyageurs dans les pays où vivent les Orangs, les caractères zoologiques et anatomiques et les mœurs de ces grands Singes sont actuellement mieux connus que ceux des Gorilles et des Chimpanzés. En outre, comme dans un article précédent, où nous traitions des Singes anthropomorphes en générall, nous avons indiqué les différences que l’on constate entre le Gorille, le Chimpanzé et l’Orang, nous n’avons pas besoin de donner ici une description trop détaillée de cette dernière espèce.
- Quoi qu’on ait dit à cet égard, l’Orang, même parvenu à son développement complet, n’atteint probablement jamais la stature d’un homme de taille moyenne. Un mâle bien adulte, mesuré par Wallace, n’avait, en effet, que lm,55 de hauteur verticale, et les femelles, pour la plupart, n’atteignent pas cette dimension. L’Orang mérite donc, jusqu’à un certain point, le nom de Pandakh (homme nain) que les indigènes de Bornéo lui donnent concurremment avec ceux de Keou, de Mias et d’Orang-Outan 2 (homme des bois) ; mais, quoiqu’il n’y ait que douze paires de côtes comme chez l’Homme au lieu des treize paires que l’on compte chez le Gorille et chez le Chimpanzé, c’est à peine si cette diminution détermine un léger rétrécissement au-dessus du bassin : la corpulence est toujours forte, le ventre gros, et le tour de taille mesure, chez les vieux mâles, 1111,10 à lin,15. Les bras sont robustes, mais relativement encore plus allongés que chez les autres Singes anthropomorphes 5 ; lorsqu’ils sont étendus,
- 1 Voy. n° 225, du 22 septembre 1887, p. 263 (Les Singes anthropomorphes).
- 2 Et non Orang-Outang, comme on l’écrit souvent à tort.
- 3 Ils mesuraient 81 centimètres chez l’Orang presque adulte que posséda, pendant très peu de temps, au commencement de cette année, le Jardin zoologique d’Anvers.
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- la distance qui sépare leurs extrémités, ou l’envergure, est de 2m,40 environ, et lorsqu’ils retombent de chaque côté du corps, le bout des doigts descend jusqu’à la cheville. Au contraire, les membres postérieurs sont courts avec les cuisses fortes, les jambes maigres et, même chez l’adulte, dépourvues de mollet. La tête, qui semble trop pesante et qui s’incline en avant, est portée sur un cou très court et déformé par une sorte de goitre, correspondant en partie à une poche située au-dessus du sternum. Cette poche, en communication avec le larynx, peut être fortement distendue par l’air chassé dans son intérieur et constitue probablement un organe de résonance, destiné à renforcer la voix, comme les poches membraneuses des Gibbons, comme le sac trachéen de l’Émeu d’Australie. La face, presque entièrement glabre, est d’un gris bleuâtre passant au rose sur les lèvres et autour des yeux ; elle offre chez les vieux mâles une physionomie peut-être un peu moins féroce, mais encore plus hideuse que chez les Gorilles, grâce à l’énorme saillie des orbites et au développement, sur les tempes, de protubérances analogues à celles qui existent chez certains Sangliers africains qu’on nomme Phacochères. Le nez, fortement écrasé à la base, n’apparaît au milieu de la face que comme un simple tubercule à la partie inférieure duquel s’ouvrent les narines séparées par une cloison très allongée. La lèvre supérieure, limitée de chaque côté par un rictus bien marqué et ombragée par un soupçon de moustache, est très haute et fortement proéminente, de même que la lèvre inférieure, non seulement par suite de la saillie des mâchoires, mais encore et surtout grâce au développement des muscles orbiculaires qui donnent aux lèvres une mobilité extraordinaire et les transforment en organes de préhension très perfectionnés.
- Le menton, fortement fuyant, ne porte qu’un rudiment de barbiche et on n’aperçoit aucune trace de sourcils, ce qui augmente encore la hauteur du front Les yeux, assez petits, paraissent clignoter, étant abrités sous des paupières plissées, et les oreilles, relativement beaucoup moins grandes et moins saillantes que chez le Chimpanzé, sont bordées d’un ourlet, mais ne présentent pas un lobule détaché comme dans l’espèce humaine.
- L’animal semble porter un toupet dont les cheveux, si l’on peut s’exprimer ainsi, sont tantôt divisés par une raie, tantôt ramenés en majeure partie sur le front ; son dos, sa poitrine et son ventre ne sont parsemés que de poils rares laissant voir la couleur brune légèrement rosée de la peau, tandis que ses lianes et ses membres, à l’exception de la paume des mains et de la plante des pieds, sont, au contraire, fortement velus. Sur les membres antérieurs les poils sont d’ailleurs disposés comme chez le Chimpanzé, ceux de l’avant-bras remontant vers le coude à la rencontre de ceux du bras qui se dirigent de haut en bas.
- Les criminalistes ne trouveraient certainement pas dans la main de l’Orang les caractères qu’ils relèvent
- chez certains assassins, le pouce étant fort court par rapport aux autres doigts qui sont, il est vrai, singulièrement allongés. L’extrémité du membre postérieur est un peu moins étroite et constitue plutôt une main inférieure qu’un pied, car le gros orteil est nettement opposable aux autres et peut former, avec le deuxième doigt, une véritable pince. Ce pouce est toujours muni d’un ongle rudimentaire; parfois même complètement privé d’ongle, mais cette particularité est un accident qui se produit chez de vieux individus vivant à l’état sauvage et ne constitue point, comme quelques auteurs l’ont prétendu, un caractère de race ou d’espèce. On peut en dire autant des variations de coloration que l'on observe chez les Orangs et dont quelques-unes paraissent indépendantes de l’âge et du sexe. Les jeunes sont toujours couverts de poils plus abondants et plus foncés en couleur que les adultes, et les femelles ont en général des teintes plus ternes que les mâles ; mais, même parmi ceux-ci, on rencontre des individus dont le pelage est d’un brun rouge, couleur de terre de Sienne brûlée; d’autres individus qui portent une livrée roussâtre; d’autres, au contraire, qui sont d’un brun chocolat ou tirant au noir. C’est en s’appuyant sur ces différences de couleur, sur le développement plus ou moins grand des protubérances faciales, et la présence ou l’absence d’un ongle que possèdent des membres postérieurs, que les naturalistes avaient admis l’existence d’abord de deux, puis de trois et enfin de six espèces dans le genre Orang ou Simia, savoir l’Orang roux (Simia satyrus L.), l’Orang brun ou Orang de Wurmb (Simia Wurrnbi Resrn.), l’Orang d’Abel (S. Abeli Less.), l’Orang de Wallich (S. Wallichi Blainv.), l’Orang morio (S. mono Ovv.) et l’Orang bicolore (S. bicolor Is. Geoffr.); mais il est bien démontré maintenant que toutes ces espèces n’en font qu’une, Simia satyrus et que les Orangs de Sumatra appartiennent au même type que ceux de Bornéo.
- On n’est pas étonné, d’ailleurs, que des zoologistes éminents, n’ayant à leur disposition que de rares spécimens, aient pu se laisser induire en erreur, quand on constate l’étendue des variations que les progrès du développement apportent non seulement dans l’aspect extérieur, mais dans la charpente osseuse et dans la conformation du cerveau de l’Orang. Aussi, tandis que chez les jeunes individus, tels que ceux qui ont été acquis par la Ménagerie du Jardin des Plantes, le^sommet de la tête s’élève en un dôme arrondi dont la surface est double de celle de la région faciale, chez les adultes et surtout chez les vieux mâles le ventre est bossué, le front fuyant et la portion cérébrale du crâne, ne s’étant pas développée proportionnellement à la région faciale, équivaut en superficie, non plus au double, mais à la moitié de cette dernière. Par suite, l’angle compris entre deux lignes partant du bord des alvéoles des incisives supérieures et allant, l’une au trou auditif, l’autre au point le plus saillant de la face, c’est-à-dire ce qu’on appelle, en anthropologie, l’angle facial de
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- Attitudes île Virginie, l’un des Orangs du Muséum d’histoire naturelle de Paris. (Dessins d’après nature de M. Juillerat.)
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- Cloquet, descend chez l’Orang adulte à 28° environ, après avoir été chez le jeune de 50°, c’est-à-dire de 6° seulement moins ouvert que chez les Namaquois. Enfin la capacité crânienne n’augmentant pas sensiblement avec l’âge, l’espace réserve au cerveau reste, comme chez les autres Singes anthropoïdes, de deux tiers plus faible que dans l’espèce humaine. Cependant les hémisphères cérébraux offrent une assez grande complication, et par leurs nombreuses circonvolutions dénotent des facultés intellectuelles supérieures à celles du Gorille et du Chimpanzé.
- Les Orangs sont, en effet, des animaux fort intelligents, et s’ils paraissent, au premier abord, moins bien doués que les autres Singes, cela tient à leur apathie naturelle qui, avec l’âge, se transforme en un caractère morose ou même farouche. Mais, dans les premières années de leur vie, ils se montrent doux, confiants et affectueux ; ils s’attachent aux personnes qui les soignent et font bon ménage avec les Singes et les animaux domestiques qu’on leur donne pour compagnons. Ainsi l’Orang que M. Decaen ramena en France en 1808 et qui devint plus tard la propriété de l’impératrice Joséphine, s’était pris d’une telle amitié pour son premier maître qu’il ne pouvait en être séparé durant un certain temps sans tomber dans de violents accès de désespoir. Ce même Singe témoignait également, pendant la traversée, beaucoup d’affection à de petits Chats qu’il serrait tendrement dans ses bras quoique ceux-ci payassent parfois ses caresses par des coups de griffes.
- Les deux Orangs, âgés de deux ans environ, que la Ménagerie du Muséum a reçus tout récemment, n’ont pas manifesté des dispositions moins bienveillantes à l’égard des Macaques qu’on leur a donnés pour compagnons, et si l’un de ces Orangs, Paul, était arrivé trop souffrant pour se montrer d’abord pien démonstratif, l’autre, Virginie, montrait tant de gentillesse qu’en dépit de sa laideur on ne pouvait s’empêcher de la prendre en affection. Aussi tous ceux de nos lecteurs qui ont eu l’occasion de la voir apprendront avec regret que cette pauvre bête, qui avait posé avec tant de complaisance devant M. Juillerat et qui était encore bien portante au moment où nous commencions cet article, vient d'être emportée brusquement par un mal inconnu. Heureusement son compagnon de voyage, dont la santé avait d’abord inspiré de vives inquiétudes, est en ce moment à peu près rétabli et pourra à son tour être le sujet d’intéressantes observations.
- Virginie aimait beaucoup son gardien et se laissait volontiers porter par lui, à la façon d’un petit enfant, en passant tendrement ses bras autour de son cou. Elle avait d’ailleurs tout à fait les gestes et les manières d’un enfant, et d’un enfant gâté. Souvent on la voyait jouer avec des brins de paille ou se balancer, suspendue tantôt par une main, tantôt par un pied à une corde flottante ou à une barre transversale de sa cage. Lorsqu’elle était contente, sa physionomie un peu triste s’éclairait d’un demi-sourire, mais lorsqu’on lui refusait ee quelle dési-
- rait ou qu’on ne lui apportait pas sa jatte de lait à l’heure accoutumée, elle manifestait sa colère en se roulant par terre et en poussant des cris. Pour boire, elle s’accrochait d’ordinaire par une main et se baissait jusqu’à ce que ses lèvres, fortement projetées en avant, vinssent en contact avec le liquide qu’elle absorbait en aspirant. Lorsqu’on lui donnait un fruit, Virginie le saisissait délicatement avec une main et l’épluchait au besoin avec l’autre main en se servant fort adroitement de ses doigts grêles munis d’ongles aplatis comme les nôtres. C’était également avec des gestes véritablement humains qu’elle s’enveloppait de sa couverture pour dormir ou pour se garantir contre le froid; mais, quand elle marchait, elle paraissait moins adroite et c’était avec une certaine gaucherie qu’elle s’avançait, le corps oblique et un peu voûté, en s’appuyant plutôt sur le bord externe que sur la plante des pieds ou plutôt des mains postérieures et sur la face dorsale des phalanges repliées des mains antérieures.
- Les Orangs, d’ailleurs, ne sont nullement faits pour cheminer sur le sol et, dans les grandes forêts marécageuses de Bornéo et de Sumatra, c’est sur les arbres qu’ils passent presque toute leur existence. Il faut une véritable disette pour les forcer à descendre de leurs domaines aériens où ils trouvent ordinairement en abondance les feuilles, les bourgeons et les fruits qui constituent leur nourriture, où ils peuvent s’abreuver de l’eau qui séjourne dans les anfractuosités de l’écorce ou même à la surface des feuilles, après les pluies d’orage. C’est seulement lorsque le soleil est déjà haut sur l’horizon qu’ils se décident à se mettre en mouvement. On les voit alors circuler le long des branches avec une extrême circonspection et grimper jusqu’au sommet des arbres en se hissant par un bras et en ne posant le pied qu’après s’être prudemment assurés de la solidité du point d’appui. Le soir venu, ils regagnent leur gîte, véritable nid fait tantôt de rameaux grossièrement entrelacés, tantôt d’une simple couche de feuilles et situé à 20 ou 25 pieds au plus au-dessus du sol. Ils y dorment couchés sur le dos, les jambes repliées et la tète reposant sur les mains, après avoir pris soin de jeter sur eux une couverture de feuilles quand la nuit s’annonce comme devant être froide ou que le temps se met à la pluie.
- Les Orangs adultes sont des animaux d’une force si redoutable qu’aucune bête féroce ne se risque à les attaquer, et, à Bornéo comme à Sumatra, ils n’ont d’autre ennemi sérieux que l’homme, qui leur fait une chasse active, principalement dans le but de s’emparer des jeunes. Ceux-ci croissent très lentement et ont pendant longtemps besoin de la protection de leur mère qui les transporte cramponnés à sa fourrure, tandis que les mâles s’en vont de leur côté, sans s’inquiéter de leur progéniture. En tuant les mères à coups de flèche, les Ifayaks de Bornéo capturent facilement les petits qu’ils nourrissent tant bien que mal avec du riz et des fruits, jusqu’à ce qu’ils puissent les vendre à des marchands qui les expé-
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- client en Europe. Malheureusement, les jeunes Orangs sont presque toujours embarqués dans de mauvaises conditions, ils arrivent souvent dans une saison trop rigoureuse et ne peuvent être logés dans des bâtiments convenablement chauffés et suffisamment aérés; c’est ce qui explique pourquoi ceux-là memes qui offrent l’apparence la plus robuste ne peuvent être conservés que quelques mois dans nos ménageries. E. Oustalet.
- LE MICA.
- SES VARIÉTÉS, SON ORIGINE ET SES APPLICATIONS
- Il y a plusieurs variétés distinctes de mica, toutes caractérisées par un clivage parfait en feuilles très minces, mais différant par la couleur, l’élasticité et la composition. Les qualités les plus importantes sont : la variété blanche, ou moscovite; la variété jaune-brun ou brun-rouge, connue sous le nom de phlogophite ; la variété noire ou opaque, biotite ou lépidoinélane, et la variété rose-lilas ou lépido-lite rose.
- Au point de vue des applications, c’est la variété blanche, la seule qui présente de l’importance, et la seule que nous décrirons d’après une Note publiée récemment dans Iron, par M. Merrill.
- Le mica est un minéral très commun, réparti un peu partout, que l’on trouve en blocs irréguliers, en tablettes à six faces, parmi les rochers de toute nature et de tout âge. Les micas sont caractéristiques des roches cristallines acides, éruptives ou métamorphiques ; la variété blanche est cependant moins générale dans sa distribution, et l’on croit que sa présence est restreinte aux anciennes roches du granit ou du gneiss.
- La propriété distinctive de la variété moscovite, celle qui lui donne toute sa valeur, n’est autre que son clivage facile en lames minces, élastiques et transparentes. La chaleur n’exerce qu’une faible intluence sur le mica, qui devient cependant friable après une longue exposition à une température élevée.
- L’emploi principal du mica est pour les poêles et les foyers : il doit être très clair, très lisse, sans fracture, cassure ou tout autre accident; la meilleure qualité est celle pour laquelle le mica, pris en grande épaisseur, présente une couleur rouge de vin.
- Depuis quelques années, l’industrie électrique a beaucoup développé la demande de feuilles de mica ou de bandes de 12 centimètres de longueur sur 25 millimètres de largeur : ces bandes sont employées pour les isolements dans différents appareils électriques. Les déchets de mica sont également très recherchés. On les tamise en huit grosseurs différentes, les plus grosses sont employées dans la fabrication du papier de tenture, elle lui donnent un éclat changeant; les plus fines servent à obtenir sur le même papier une surface blanche bien uniforme et présentant un aspect métallique; les grosseurs intermédiaires sont utilisées dans la fabrication des lubrifiants pour la grosse mécanique1.
- Le mica se trouve sous forme de blocs plats qui ont jusqu’à 60 centimètres et plus de diamètre et une épaisseur qui varie depuis quelques millimètres jusqu’à plus
- 1 Nous serons reconnaissants à nos lecteurs de nous fournir quelques renseignements sur cette application qui nous est inconnue, et dont nous trouvons la première mention dans la Note de M. Merrill.
- d’un décimètre. Les plus beaux morceaux sont exclusivement utilisés pour la fabrication des feuilles. A cet effet, les blocs de mica, débarrassés de leur gangue, sont refendus à une épaisseur telle que le travail en soit facile, coupés à certaines dimensions à l’aide de gabarits, la valeur des feuilles ainsi obtenues augmentant très vite avec leurs dimensions. Ce procédé gaspille nécessairement une grande partie du produit, et l’on n’obtient guère, sous forme de feuilles finies, prêtes pour le commerce, plus de 8 à 10 pour 100 de la matière première. Les déchets bien nettoyés sont pulvérisés et servent à faire les poudres dont nous venons d’indiquer les applications. La pulvérisation du mica présente de sérieuses difficultés pratiques, et il n’y a encore qu’un petit nombre de maisons qui puissent se livrer avantageusement à celte industrie.
- On a trouvé du mica en quantités variables dans la plupart des Etats qui bordent les Apalaches, mais l’exploitation en est des plus intermittentes. Le mica forme un sous-produit des mines de quartz et de feldspath, mais la quantité de mica mise dans le commerce par cette exploitation est peu importante. C’est le New Hampshire et la Caroline du Nord qui alimentent actuellement les Etats-Unis de mica. On en produit annuellement une cinquantaine de tonnes, dont la valeur varie entre 1 franc et 50 francs le kilogramme, suivant la qualité et la grandeur des plaques. L’Inde et le Canada fournissent aussi du mica, mais en quantités encore mal connues.
- LES CHEMINS DE FER DU GLOBE
- La longueur des chemins de fer du globe a augmenté, durant ces dernières années, dans des proportions considérables. De 468 800 kilomètres que l’on comptait en 1884, on est- arrivé, en 1888, à 641 781 kilomètres. Sur ce chiffre, l’Europe vient avec 214 252 kilomètres, l’Amérique avec 574 015 kilomètres, les trois autres parties du monde n’atteignent ensemble que le nombre de 55 514 kilomètres. Le nombre total des locomotives existant en Europe est estimé à près de 61 000 et dans les autres pays du globe à 45 000 environ. L’Angleterre possède 50 locomotives par 100 kilomètres de chemins de fer, la Belgique à peu près autant, l’Allemagne 55, la France 29, la Russie, 25, l’Autriche 20, l’Italie 18, l’Inde 14 et les États-Unis 12. Le chiffre total des capitaux engagés dans la construction des chemins de fer est évalué à 151 800 000 000 de francs. L’Europe entre dans ce nombre pour 75 milliards de francs. Le capital employé par kilomètre est de 560 000 francs environ dans cette partie du monde. Dans les autres pays, la moyenne des capitaux dépensés est de 186 750 francs par kilomètre.
- DÉTERMINATION DE LA DENSITÉ DES GAZ
- MÉTHODE ET APPAREIL
- DE MM. HENRI MOISSAN ET HENRI GAUTIER
- Le point de liquéfaction et la densité d’un mélange gazeux peuvent être utilisés dans le laboratoire pour faire l’analyse de ce mélange. Le point de liquéfaction se détermine aujourd’hui facilement, grâce à l’appareil de M. Cailletet. La densité du gaz fournirait également des résultats importants si elle pouvait se faire avec rapidité, mais les méthodes employées dans ce but sont généralement trop longues
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- LÀ N ATI! HE.
- et trop délicates pour la pratique du laboratoire et exigent des volumes de gaz assez importants.
- MM. Henri Moissan et Henri Gautier viennent de présenter à l’Académie des sciences une méthode simple et rapide, qui présente sur ses devancières l’avantage de ne pas exiger un volume de gaz supérieur à 100 centimètres cubes.
- Le principe de la méthode de MM. Moissan et Gautier, principe analogue à celui de la méthode de Dumas, consiste à déterminer, à l’aide d’une balance donnant le demi-milligramme, la différence entre le poids d’un volume connu du gaz à examiner, mesuré dans des conditions de température et de pression bien déterminées, et le poids d’un égal volume d’air dans les mêmes conditions de température et de pression.
- L’appareil représenté ci-contre se compose de deux parties : un mesureur de volume B et un ballon mobile A, dans lequel s’effectue la pesée du gaz.
- Le mesureur B est formé d’un cylindre de verre d’une capacité de 95 centimètres cubes environ, fermé à sa partie supérieure par un robinet à trois voies R, et terminé à sa partie inférieure par un tube plus étroit. Ce dernier tube porte des divisions indiquant le volume compris entre le robinet R et chacune d’elles ; il est fixé en c à un tube de caoutchouc assez long qui relie le mesureur à une ampoule surmontée d’un tube et munie d’un robinet IL.
- Cette ampoule est remplie de mercure, elle permet d’amener le gaz du mesureur à la pression atmosphérique. À la partie supérieure du tube ab se trouve un robinet à trois voies R qui le relie à un tube presque capillaire K, au moyen duquel on puise le gaz sur la cuve à mercure dans l’éprouvette qui le contient. Enfin un rodage permet de fixer le ballon A à la partie supérieure du mesureur pour y faire passer le gaz contenu dans ce dernier.
- Voici comment l’expérience doit être conduite : on fait le vide dans le ballon A, puis on y laisse lentement rentrer de l’air absolument sec ; on répète cette opération une dizaine de fois, puis l’on ferme le robinet II". D’autre part, on remplit de mercure sec et propre le mesureur et le tube K en soulevant l’ampoule C. L’extrémité ouverte du tube K est placée dans l’éprouvette renfermant le gaz à étudier ; on se sert de cet appareil comme d’une pipette à gaz pour faire passer environ 100 centimètres cubes de gaz dans le tube ac. On tourne le robinet R de façon à isoler le mesureur du reste de l’appareil; on remonte l’ampoule C pour ramener le niveau du mercure à la même hauteur dans le tube 1) et dans le tube bc. Tout l’appareil (le mesureur et le ballon) est placé datis une pièce au nord, à température aussi constante que possible. L’équilibre de température est atteint après six ou
- Fi». 1. Appareil (le MM. Moissan et Gautier pour la détermination de la densité des gaz. — Fig. 2. Détail de la disposition du rodage vi empêchant la graisse de pénétrer dans le ballon A.
- sept heures, mais on peut éviter celle perte de temps en entourant le mesureur d’un cylindre rempli d’eau. On ouvre un instant le robinet R" du ballon pour amener l’air qu’il contient à la pression atmosphérique, et l’on fait ensuite la lare de ce dernier en employant un petit ballon compensateur de même volume. Le vide est fait alors dans le ballon A, et en graissant avec soin le rodage on l’applique sur le mesureur. Les robinets R et R" sont ouverts lentement et, en soulevant au besoin l’ampoule C, on fait passer tout le gaz dans le ballon.
- Il est facile, au moyen de l’ampoule C, de chasser le gaz du mesureur, et de faire monter le mercure jusque dans l’a jutage du ballon, mais sans toucher à la clé du robinet R". Une fois R" fermé, il suffit de baisser G pour faire redescendre le mercure. Quand ce dernier est très propre, il ne reste pas un globule de mercure dans le tube.
- On ferme le robinet R", on détache le ballon, et l’on essuie le rodage avec soin. Le ballon est alors mis en communication avec un barboteur à acide sulfurique, de façon à y introduire de l’air sec, jusqu’à ce que la pression totale soit un peu inférieure à la pression atmosphérique. Enfin on reporte ce ballon sur la balance.
- En raison de la disposition donnée au rodage m (/ig. 2) poui empêcher la graisse de pénétrci dans le ballon A, il reste un petit espace nuisible rempli du gaz du mesureur qui ne peut pas pénétrer dans le ballon. On détermine une fois pour toutes le volume de cet espace nuisible, que l’on retranche de la valeur du volume v. Dans l’appareil de MM. Moissan et Gautier il était de 1 centimètre cube.
- En appelant p le poids (en grammes) qu’il faut ajouter ou retrancher pour obtenir l’équilibre, v le volume commun de gaz et de l’air à la température t et à la pression H, la densité x sera donnée par la relation :
- p = v.0,00129o [x- 1)- fqô’ i_|-0,00567^
- MM. Moissan et Gautier complètent leur communication en citant quelques chiffres obtenus par l’application de leur méthode sur des gaz préparés avec soin, et permettent de comparer ce chiffre aux densités obtenues par le calcul ou dans les expériences de Régnault. L’erreur est restée inférieure à un centième, approximation largement suffisante pour vérifier et suivre une réaction de laboratoire. Le volume gazeux contenu dans le ballon peut être recueilli après la prise de densité au moyen d’une trompe à mercure, et peut servir à déterminer la composition du gaz étudié. X..., ingénieur.
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- LA. FAMINE DANS L’INDE
- De tous les maux qui frappent l’humanité, il n’en est peut-être pas de plus terrible que la famine, car elle s’abat tout à coup sur une population qu’elle décime rapidement après lui avoir fait subir les plus cruelles souffrances. Il est bien rare, quoi qu’en ait dit Ducros, que « la nature donne des vivres ; les hommes font la famine ». Plus souvent c’est une cause inattendue qui s’abat sur un pays, détruit les moissons et réduit les hommes à la famine et à la mort. Certes, on a pu dire avec assez de raison que le risque de famine était en raison inverse du degré
- de civilisation d’un peuple; mais, en somme, la prévoyance a des bornes ; témoin la récente famine qui a sévi en Russie et sur laquelle le monde entier a eu les yeux fixés. Témoin aussi celle qui règne dans les Indes, et que beaucoup de personnes ignorent, bien que cependant ce soit une des plus terribles que l’on ait jamais vue. Ce qu’il y a de curieux dans les Indes, c’est que la famine semble revenir à période fixe, tous les quinze ans; il serait intéressant de voir si cette date n’est pas en rapport avec un phénomène météorologique ou astronomique, ce qui est fort possible. La dernière grande famine eut lieu en 1870 ; on évalua à 5 millions le nombre des personnes qui moururent à cette époque, soit de la
- La famine dans l'Imle. — Rélugiés dans un camp établi par le Gouvernement. (D'après une photographie.)
- faim, soit de ses complications. Déjà l’année dernière, la pluie était tombée en petite quantité, et c’est avec une anxiété bien légitime que les populations craignaient la famine. Heureusement les récoltes, bien que peu abondantes, furent suffisantes pour entretenir le pays ; mais elles ne permirent pas de faire des provisions. Cette année, les pluies ont fait presque complètement défaut ; aussi la famine règne-t-ellc dans toute son horreur. M. Franck van Allen, chargé d’une mission médicale aux Indes du Sud, nous a donné sur elle des renseignements terrifiants. On ne peut se faire une idée dans quelle désolation une famine de cette intensité peut plonger un pays. Pas de pluies; les récoltes brûlées par la sécheresse ; les étangs et les rivières mis à sec sous un soleil brûlant; ce n’est partout que
- la misère. Le gouvernement britannique a fait établir un certain nombre de camps, malheureusement peu riches en provisions, où viennent se réfugier des milliers d’habitants, mourant de faim, les yeux caves, les traits défaits, les côtes saillantes et d’une maigreur à faire frémir. Cette famine menace même de se répercuter encore pendant de longues années, car les graines et les bestiaux ne tarderont pas à manquer. Dans beaucoup de points, en effet, les habitants n’ayant pas de nourriture pour les bestiaux, les ont tués en grande quantité. Dans d’autres régions, le fourrage faisant défaut, les habitants se sont vus contraints d’enlever le chaume qui servait de toiture à leur maison pour nourrir leurs animaux affamés. On fait, en somme, de très grands efforts pour en conserver un certain nombre de vivants
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- LA NATURE.
- pour le labourage au moment des prochaines semailles qui n’auront lieu que dans un an environ !
- Le Gouvernement vient bien au secours d’un certain nombre d’habitants, mais son pouvoir est, on le comprend, très limite'. Aussi est-ce par millions que l’on compte le nombre des morts. Et ce n’est pas tant l’absence de nourriture qui les fait périr que le manque d’eau : c’est la question la plus difficile à résoudre matériellement, d’autant plus qu’on se heurte ici à des préjugés religieux enracinés dans la population. C’est ainsi qu’un homme appartenant à une caste élevée ne voudra jamais boire de l’eau d’un puits dans lequel un homme d’une caste inférieure aura plongé son sceau pour y puiser ; l’eau dans ce cas est considérée comme souillée. Et ce préjugé est surtout terrible pour les gens de la basse classe que l’on ne laisse pas, par suite, approcher des puits sous aucun prétexte. Leurs propres puits étant moins profonds ont été rapidement desséchés. Pour obvier à cet inconvénient, le gouvernement anglais a institué des prêts, faits pour 50 années avec intérêt à 5 pour 100, grâce auxquels le peuple pourra creuser des puits. En ce moment-ci, 10 000 puits sont en cours d’exécution.
- Mais toutes ces difficultés matérielles ne sont rien à côté des souffrances que le peuple se crée à lui-même avec ses préjugés religieux. C’est ainsi qu’un habitant d’une caste élevée aimera mieux mourir de faim plutôt que de se servir d’un aliment qui aura été touché au préalable par un autre homme n’appartenant pas à sa caste; il est même certain que des milliers de personnes mourront parce qu’elles ne voudront pas accepter de vivres dans-les camps de secours du Gouvernement. Et ce n’est pas seulement de faim ou de soif que meurent ces faméliques : lorsque après un jeûne assez long ils veulent reprendre un peu de nourriture, ils sont atteints d’une dysenterie qui les fait périr rapidement. Mais le mal le plus grave est certainement une fièvre spéciale qui accompagne la famine. Elle fait son apparition en dernier lieu, lorsque la faiblesse est devenue extrême. Dès ce moment, les remèdes sont devenus impuissants, les malades sont voués à une mort certaine. Les malheureux qui, quoique mal nourris, avaient pu résister aux autres influences, succombent généralement aux atteintes de cette fièvre, sans avoir pu subsister jusqu’aux pluies prochaines qui les eussent sauvés. C’est, par suite, à la fin de la famine que les décès sont le plus nombreux. Les morts gisent en grand nombre au milieu des rues, sur les bords des chemins. Quelques-uns se traînent péniblement jusque dans les jungles, cherchant un peu d’eau pour apaiser la soif qui les dévore, mais ils ne tardent pas à être dévorés par un autre lléau : les bêtes féroces.
- Le Gouvernement anglais fait, paraît-il, tout ce (jui est humainement possible pour alléger les souffrances de ce malheureux pays. Tous les employés du Gouvernement sont à leur poste. On procure du travail aux habitants, on perce des canaux,
- on établit des cuisines volantes, des camps de refuge, etc., mais tout cela n’empêche guère les décès de se compter par milliers et les souffrances d’être terribles pour les habitants.
- 11. Courus et En. Bokdxoe.
- NÉCROLOGIE
- L.-M. Rutlierfurd. — L.-M. Rutherford, qui le premier a rendu pratique l’application de la photographie à l’astronomie, est mort le 50 mai dernier, à Tranquiüity (New-Jersey); il était né à Morrisania (N.-J.), le 25 novembre 181(5. Son grand-père, John Rutherfurd, était un neveu du major-général William Alexander, connu dans l’histoire d’Amérique sous le nom de comte de Stirling; il prit part aux batailles de Rrandywine et de Gcrmantown, et commandait l’aile gauche de l’armée américaine à Mon-moulh. 11 se fit également remarquer comme mathématicien et astronome. Rutherfurd se voua d’abord au barreau, mais ses goûts le portaient irrésistiblement vers les recherches scientifiques, et sa grande habileté dans l’art de constructeur-mécanicien lui fit abandonner sa première carrière. Les amples ressources dont il pouvait disposer lui rendirent la chose facile, et en 1848 il édifia un observatoire astronomique dans sa résidence, en plein centre de New-York. Cet observatoire était pourvu d’un instrument de passages et d’un réfracteur de 11 pouces 1/4, construit, sous sa propre direction, par Fitz et corrigé par de nouvelles méthodes imaginées par cet opticien. Rutherfurd, fuyant toute ostentation, poursuivait tranquillement ses études sur la photographie «astronomique et sur la lumière des étoiles, attendant pour publier le résultat de ses recherches qu’elles fussent suffisamment mûries. En janvier 1865, il fit paraître son premier travail sur le spectre des corps célestes et présenta la première classification des spectres stellaires. En 1865, il décrit son appareil photographique imaginé en vue des rayons chimiques. Il indique son mode de construction et donne comme exemple des résultats obtenus sa magnifique photographie de la lune, remarquable par la finesse de ses détails. Les clichés obtenus de nos jours, avec tous les perfectionnements de l’art photographique et des lentilles d’une surface dix fois plus considérable, montrent l’importance des résultats auxquels il est arrivé.
- Rutherfurd a démontré, contrairement aux idées reçues, la stabilité sur le verre de la pellicule de collodion convenablement albuminé. 11 a imaginé et construit un micromètre très précis pour la mesure des photographies d’amas stellaires, les premières qui aient été obtenues ; un grand nombre de mesures furent exécutées sous sa direction. 11 a construit, pour l’étude des spectres stellaires, des réseaux qui surpassent les fameux chefs-d'œuvre de Nobcrt, et qui n’ont été dépassés depuis que par ceux de llowland. Enfin, vers 1868, il imagina le correcteur photographique, lentille que l’on adapte à l’objectif d’une lunette ordinaire, transformée ainsi en instrument photographique. Pendant toute cette période, il lutta contre une maladie qui lui rendait à la fois pénibles les recherches sédentaires et les travaux qui l’exposaient «aux intempéries de l’air; cependant, avec une vigueur peu commune, il persista héroïquement dans ses efforts scientifiques et surveilla encore les mesures d’un grand nombre de photographies d’amas d’étoiles qu’il avait obtenues, ne pouvant plus se livrer lui-même à un travail aussi considérable. En 1884,
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- il fil don de tous ses instruments, de ses appareils, ainsi (pie de ses photographies, au Columbia College (New-York). L’étude des nombreux matériaux qu’il a recueillis est poursuivie actuellement par M. Jacoby, sous la direction du professeur Rees. Toutes les mesures relatives aux Pléiades ont été publiées récemment, et quant à ce qui concerne les autres amas, le travail est déjà fort avancé1.
- CHRONIQUE
- I/adduction des eaux de l'Aire à Paris. —
- Nous avons donné récemment la description complète du mode de pose de la conduite de lm,50 de diamètre en tôle d’acier, qui doit mettre en communication le nouveau réservoir de Montretout avec la canalisation existante de la ville. Les travaux de pose sont actuellement terminés entre la Seine et la porte d’Auteuil où se fait la jonction, et la passerelle sur laquelle cette conduite traversera la Seine à 500 mètres environ en amont du pont de Saint-Cloud va être incessamment prête à la recevoir. Le réservoir de Montretout comprendra trois compartiments juxtaposés d’une capacité de 100 000 mètres cubes chacun. Le premier qui sera seul exécuté pour le moment est creusé au sommet de la colline de Montretout. Il a 168 mètres de longueur sur 145 de largeur, et sera recouvert, comme d’ordinaire, par de petites voûtes carrées de 4 mètres de côté, reposant sur des piliers et portant elles-mêmes une épaisseur de 0m,40 de terre gazonnéc. L’ouvrage a 6 mètres de hauteur et l’épaisseur des murs varie de 2m,Ü5 au pied à lm,50 au sommet. La construction de ce grand réservoir est en cours d’exécution, et assez avancée pour (pie les voûtes de couverture soient posées à la fin de novembre prochain. L’aqueduc de 100 kilomètres qui amène les sources au réservoir est actuellement terminé sur 21 kilomètres. On pense que les 70 kilomètres restants n’occasionneront aucune difficulté sérieuse, et que la distribution des nouvelles eaux pourra commencer en avril prochain. Grâce à la précision avec laquelle les projets ont été dressés par M. Humblot, inspecteur général des ponts et chaussées, directeur du service de la Ville de Paris, et exécutés sous sa haute direction, le devis de 55 millions de francs ne sera pas dépassé. G. R.
- I.a suppression «le la fumée produite par les usines. — Cette question si intéressante pour l’hygiène et la salubrité, principalement dans les villes, serait sur le point de recevoir une solution éminemment pratique. M. Richardson, président de l’Institution des ingénieurs et constructeurs de navires de Newcastle, vient de faire, à ce sujet, une communication de laquelle nous extrayons le passage suivant : « C’est par les procédés chimiques qu’on espère arriver à faire disparaître la fumée. Nous savons que les oxydes chauds qui sortent de nos cheminées d’usines sont maintenant utilisés pour la production de vapeur dans les chaudières qui alimentent les souffleries. Mais M. Mond, de la maison Brunner, Mond et Cie, est allé plus loin : il brûle son charbon au moyen d’un courant d’air créé artificiellement et, après avoir conduit les gaz de la combustion dans une chambre, il les lave, en les aspergeant d’eau, ce qui abat toutes les particules noires du charbon voltigeant dans la fumée, et en même temps, il condense et recueille l’ammoniaque et les vapeurs sulfureuses. Pour produire la même quantité de
- 1 Astronomical Journal et Ciel et Terre.
- vapeur, il a dû brûler 125 tonnes de charbon au lieu de 100; mais, d’un autre côté, il recueille 4 tonnes de sulfate d’ammoniaque, lequel, à raison de 500 francs la tonne, vaut 1200 francs. Avec un tel résultat économique, on peut dire que la fumée des usines ne tardera pas à disparaître complètement dans l’atmosphère. »
- Bateaux à « dos de baleine ». — Les chantiers de construction du lac Supérieur ont, depuis quelque temps, mis à l’eau un certain nombre de bâtiments dits « à dos de baleine » ; ces bateaux naviguent en perçant les vagues au lieu de les franchir; ils obtiennent des vitesses considérables avec un développement de puissance minime; d’après l’opinion de juges compétents, ce système doit amener une révolution dans les conditions économiques de la navigation à vapeur. On annonce que plusieurs vapeurs de ce nouveau type, portant 2500 et 5000 tonnes, vont être mis en construction dans les changera du lac Supérieur. La compagnie du Norddeutscher Lloyd, de Brême, a même mis récemment à l’élude la construction de grands vapeurs de ce type destinés à la navigation de l’Atlantique et portant chacun environ 7000 tonnes. La nouvelle construction semble donc devoir jouer bientôt un rôle sur les Océans comme sur les grands lacs d’Amérique.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séancedu 8 août 1892.— Présidence de M. de Lacazk-IIctiiieus.
- Les dépôts incrustants des chaudières. — Les dépôts calcaires des chaudières à vapeur sont presque partout désignés sous le nom de savons calcaires. M. A. Yivien, de Saint-Quentin signale l’impropriété de cette désignation, attendu que ces prétendus savons calcaires ne renferment pas trace de graisse; ils sont exclusivement constitués par du carbonate de chaux à l'état de poussière impalpable. Cette composition peut se vérifier aisément, par voie synthétique, en évaporant un mélange d’eau calcaire et d’eau distillée. Les dépôts de ce genre apparaissent lorsque l’on alimente les chaudières avec de l’eau calcaire et de l’eau de condensation provenant des vapeurs qui s’échappent des cylindres des machines. Ils offrent au toucher la sensation d’un corps gras et cette circonstance avait fait croire que la graisse employée pour lubrifier les cylindres se combinait effectivement au calcaire pour donner naissance à un savon de chaux.
- Découverte de fossiles gigantesques. — M. Gaudry signale la découverte dans la craie de Cardesse, près Pau, d’un animal qui a reçu le nom de Leiodon mosasau-roïdes, à cause de ses points de ressemblance avec le célèbre Mosasaurus Campe ri, rapporté de Maëstricht dans les dernières années du siècle dernier et conservé dans les galeries du Muséum d’histoire naturelle de Paris. Cette découverte est fort intéressante, car on n’avait recueilli jusqu’à ce jour sur le sol français qu’une mâchoire provenant d’un animal de ce genre, le Leiodon anceps, trouvée dans la craie de Michery, près de Sens. Le nouveau venu dans le monde paléontologique est un Pythono-morphe, c’est-à-dire une sorte de serpent, ne mesurant pas moins de 10 mètres de longueur. Les dents sont pointues, coupantes, entre-croisées, et aussi bien disposées pour retenir la proie que pour la broyer; la tète est fort petite pour un si grand corps. M. Gaudry remarque que les faits acquis par la paléontologie vont à l’encontre du fameux struggle for life, d’après lequel les espèces
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- LA NATURE.
- les plus fortes ont détruit les plus faibles. Ce sont précisément les espèces les mieux armées qui presque toujours ont disparu. Enfin M. Gaudry signale la découverte, dans la craie de Sens, d'un animal du même genre, mais bien plus petit, appelé le Leiodon cornpressidens.
- Le diabète du pancréas. — M. Lancereaux a constaté que l’ablation du pancréas avait pour conséquence immédiate l’apparition de la glycosurie. Afin d’élucider le mode de fonctionnement de cet organe, il a entrepris de le greffer sur une autre partie du corps, en dehors de l’appareil digestif. À cet effet, il a expérimenté sur des chiens, en raison de la forme qu’affecte chez eux le pancréas, lequel s’étend en longue bande sur l’intestin et présente, vers son milieu, le canal qui déverse le suc pancréatique. Afin d’éviter la mort de l’animal, conséquence inévitable et assez rapide de l’ablation, il a divisé l’opération en deux temps. Une moitié du pancréas a été extirpée et greffée au-dessous de la peau du ventre, et, après la reprise de cette portion, la deuxième moitié a été enlevée et greffée à son tour.
- Dans ces conditions il n’y a pas glycosurie, bien que le suc pancréatique ne s'écoule plus dans l’intestin, mais exerce directement son action sur le sang, et l’animal peut vivre au moins pendant quelque temps.
- Varia.'— M. Barrois a découvert des organismes fossiles dans la couche azoïque subsiluricnne. —
- M. Mondésir met en évidence l’existence, dans les terres végétales, d’une matière minérale acide indéterminée. — M. Perret a relevé, dans la vallée de la Saône, un gisement de silex taillés. — M. Deinont-zcy, inspecteur général des eaux et forêts, a fait une exploration du théâtre de la catastrophe de Saint-Gervais et relate les diverses phases de la progression de l’avalanche. Ch. de Villedecil.
- PHYSIQUE AMUSANTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE1
- LE CORNET DE FLEURS
- En prestidigitation, les fleurs ont, de tout temps, joué un grand rôle, et les physiciens les emploient volontiers de préférence à d’autres objets, car elles donnent à leurs expériences un aspect fort gracieux.
- Mais le plus souvent les fleurs naturelles, surtout quand il faut dissimuler leur présence, sont remplacées par des fleurs en papier ou en plume, dont il est plus facile de réduire le volume. Tel est le cas
- 1 Suite- Voy. n° 989, du 14 mai 1892, p. 583.
- pour l’expérience que nous présentons aujourd'hui, et qui, il faut le dire, demande à être vue d’un peu loin, pour que les spectateurs puissent, sans un trop grand effort d’imagination, se faire l’illusion qu’ils se trouvent en présence de fleurs véritables.
- Cependant, même vu de près, notre tour surprend au même titre que tous ceux qui consistent à faire apparaître des objets plus ou moins volumineux, là où peu d’instants auparavant on n’apercevait rien.
- Le prestidigitateur prend un journal, et, sous vos yeux, il en fait un cornet. Impossible de supposer ici l’existence d’un double fond quelconque, et cependant le cornet, doucement agité, se remplit de fleurs, venues on ne sait d’où; leur nombre même devient tel, que bientôt elles débordent et couvrent le parquet. (Voy. la gravure.)
- Les Heurs employées sont représentées, vues de deux côtés, aux lettres A et F» de notre figure 2. Chaque fleur se compose de quatre feuilles de diverses couleurs, découpées à F emporte-pièce dans du papier à fleurs très mince.
- Si nous considérons la figure A, nous voyons en face de nous les feuilles 1 et 2, 5 et 4 collées ensemble par les extrémités de leurs côtés antérieurs, tandis que la figure 15 nous montre les feuilles 2 et 3, réunies de la même manière du côté opposé. Un petit ressort en acier 11, très léger et très mince, formé de deux petites laines soudées ensemble par le bas, et s’inclinant en sens contraire, est fixé aux deux feuilles extérieures 1 et 4 de la fleur et caché par une bande de papier de la même couleur collée par-dessus; c’est ce ressort qui, lorsqu’il peut s’étendre librement, développe la fleur en éventail et lui donne son aspect volumineux.
- Un nombre assez considérable de ces fleurs, cent ou même davantage, réunies ensemble et serrées les unes sur les autres au moyen d’un fil ou d’un caoutchouc (C, fig. 2), fait un paquet assez petit pour que l’opérateur puisse le dissimuler dans la paume de sa main, dont il a soin, d’ailleurs, de ne laisser apercevoir que le dos à ses spectateurs, tandis qu’il forme le cornet de papier.
- _ A suivre. - MagüS.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissa.mhkh.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
- Le cornet de fleurs.
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- N° 1003
- A NATURE.
- 20 AOUT 1892
- PLAN INCLINE POUR TRANSBORDEMENT DES BATEAUX
- A RFAlVAL PRÈS MEAUX
- L’écluse ordinaire, introduite en France par Eco- teaux d’un niveau à l’autre, présente, comme on
- nard de Vinci, pour permettre le passage des ba- sait, l’inconvénient d’exiger une consommation
- Fig. 1. — Transbordement des bateaux par plan incliné.
- d'eau considérable. Tous les ingénieurs se sont efforcés d’y remédier; nous avons signalé déjà les dispositions ducs à M. de Chaligny pour ramener une partie de l'eau dépensée dans le bief d’amont, et plus récemment les types d'ascenseurs qui ont donné lieu à des applications grandioses comme celui de la bouvière par exemple1.
- Nous avons cru intéressant de mentionner aujourd’hui une installation beaucoup plus modeste dans laquelle l’entraînement du
- 1 Yoy. u° 795, du 25 août 1888.
- 20e année. — 2e semeslre.
- Fig.
- bateau s’opère sur un plan incliné avec traction funiculaire à crémaillère ; celte installation, due
- entièrement à l’initiative privée, se recommande par une série de dispositions de detail particulièrement ingénieuses; elle a fait l’objet, devant la Société des ingénieurs civils, d’une description des plus intéressantes due à M. Mallet, et à laquelle nous empruntons les renseignements qui vont suivre. Elle a été réalisée aux abords de la ville de Meaux, pour mettre en communication deux voies navigables importantes ; le canal de l’Ourcq et la rivière de la Marne, qui passent tous
- 12
- 2. — Dispositif des rails pour le transbordement des bateaux. 1. Plan des rails. — 2 et 3. Itoucs des deux trueks.
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- LA NATLUK.
- doux auprès de cotte ville à faible distance sur une grande longueur, mais sans aucune communication entre elles; on est donc obligé de faire un détour de près de 100 kilomètres pour passer du canal à la rivière, lorsque la distance des deux cours d’eau à peine un demi-kilomètre.
- Frappé de cette difficulté, un entrepreneur de transports par eau, homme d’initiative, M. Fournier, se décida à faire la dépense d’une jonction directe pour éviter un pareil détour, et il choisit à cet elfet l’endroit dit Beau val, en amont de Meaux, immédiatement au-dessous du barrage des Basses-Fermes (lig. o). La distance des deux cours d’eau ne dépasse pas 550 mètres, et la différence de niveau à franchir est de 121,1,17, la cote de niveau du canal étant de 57m,50 et celle de la retenue du barrage 45m,T>5.
- ,rrc appartenant.
- Monsieur Fournier Jules,
- Turbine,
- MARNE
- l'ig. 5. — Plan d'ensemble de l'installation de la voie du plan incliné pour transbordeur de bateaux.
- Pour franchir cette dénivellation, il eût fallu quatre ou cinq écluses de type ordinaire, ce qui eût été une dépense excessive et qui eût exigé d’ailleurs sur le canal une prise d’eau qu’on n’eùt pas pu obtenir. Il convenait d’adopter un dispositif différent, et on s’arrêta au projet suivant, dont la partie mécanique fut exécutée par MM. Sautter et Lemonnier.
- On établit à chaque extrémité un bassin en communication directe avec le cours d’eau correspondant, et on relia ces deux bassins par une voie à double pente sur laquelle circule un chariot porteur du bateau à transporter. Le chariot est amené dans le bassin de départ, on y échoue le bateau, et il est conduit jusqu’au bassin d’arrivée par l’action d’un cable télodynamique agissant sur une roue dentée engrenant avec une crémaillère posée sur la voie.
- Le câble télodynamique qui entraîne le chariot est mis en mouvement par une turbine actionnée par
- une chute d’eau empruntée au barrage posé sur la rivière en ce point. Le bâtiment construit à cet elfet pourrait recevoir six turbines, mais une seule suffit jusqu’à présent pour mettre en mouvement le transbordeur.
- Ce chariot, est représenté au départ à la page précédente (fig. 1). Il se compose de deux poutres en tôles et cornières réunies par des enlretoises formant un châssis de 24 mètres de longueur. Ce châssis repose sur deux trueks ayant chacun deux essieux espacés de 2 mètres d’axe en axe.
- Le chariot reçoit directement le bateau sur ce châssis; connue la longueur de ces bateaux peut atteindre 28 mètres, ils débordent de 2 mètres de
- chaque côté, mais ce porte-à-faux est sans aucun inconvénient.
- Au milieu du chariot, s’élèvent de chaque côté des montants verticaux réunis par des traverses et appuyés par des contrefiches ; cette charpente ieçoit sur l’un des côtés, comme l’indique la figure, une poulie à gorge de lm,80 de diamètre, sur laquelle passe le câble télodynamique qui est forcé, par le rapprochement des deux poulies d’entrée et de sortie, à embrasser un arc supérieur à la demi-circonlê-rence de la poulie.
- Le câble a 12mm,5 de diamètre; il est mis en mouvement à la vitesse de 15 mètres par seconde par une poulie fixe située à F extrémité du chenal et entraîné par la turbine motrice; en passant sur la poulie du transbordeur, il oblige celle-ci à tourner, et le mouvement se transmet par une série d’engrenages à une roue dentée engrenant elle-même avec une crémaillère Biggenbach posée sur la voie. C’est en un mot le dispositif Agudio, que nous avons déjji décrit antérieurement, combiné avec la crémaillère pour assurer le tunage du remorqueur.
- Dans l’installation primitive, le louage s’opérait sur une chaîne fixe, comme c’est le cas pour certains loueurs de la Seine, mais cette disposition n’a pas donné des résultats satisfaisants, car la chaîne éprouvait des vibrations violentes, et souvent même des ruptures; l’avancement n’avait lieu que par secousses, et souvent la chaîne échappait des empreintes. Elle a donc été remplacée avantageusement par la crémaillère.
- La roue motrice engrenant avec celle-ci a 20 dents ayant 818 millimètres de diamètre, 100 millimètres de pas et 100 millimètres de largeur de denture.
- La crémaillère elle-même est fixée sur les traverses des rails pour la voie courante, et sur des murettes en maçonnerie dans les biefs. Depuis l’installation de cette crémaillère, le fonctionnement est devenu absolument satisfaisant.
- Les rails sur lesquels roule le chariot sont du type Vignole pesant 42 kilogrammes le mètre, les traverses sont très fortes et très rapprochées à cause de la charge considérable que supporte la voie; celle-ci atteint en effet 14 tonnes par roue pour le chariot portant un bateau plein. L’écartement normal de la voie est de lm,94.
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- La voie sort de chacun des bassins avec une pente assez forte qui est celle de la paroi du fond assurant la retenue (le l’eau. Cette pente est de 4 pour 100 dans le bief du bas, et de 6 pour 100 dans celui du haut. On s’est attaché néanmoins à ce que le bateau en marche restât, toujours horizontal dans le bassin, malgré cette pente de la voie. C’était indispensable d’ailleurs pour que le chariot put recevoir le bateau bottant; on a adopté à cet effet dans l’installation de la voie et des roues des trucks l’ingénieuse disposition suivante.
- Les roues des deux trucks ne portent pas sur les memes rails dans le parcours de chacun des bassins, mais le truck qui occuperait la position la plus basse d’après la pente naturelle du fond porte au contraire sur une voie relevée spéciale disposée de manière à ce qu’il se trouve toujours au meme niveau horizontal (jue l’autre truck roulant sur la voie normale. La voie auxiliaire relevée ainsi ajoutée, est située à l’intérieur de la voie normale dans le bief du bas ; l’écartement est ramené pour elle à lm,50 au lieu de lm,940, et elle est reportée à l’extérieur dans le bief du haut avec l’écartement de 2™,40 au lieu de lm,(J4. Pour (jue les trucks puissent porter suivant les cas sur les voies qui leur sont affectées, leurs roues sont munies d'un double cercle de roulement leur permettant de porter, soit sur la voie normale, soit sur l’une des voies auxiliaires.
- Le truck arrière porte au départ sur la voie étroite par ses bandages intérieurs; lorsqu’il est sorti du bassin du bas, il porte sur la voie normale par ses bandages extérieurs, et la conserve ensuite sur tout le parcours. Le truck avant, au contraire, porte au départ du bassin du bas par son bandage intérieur sur la voie normale à niveau rabaissé, ce qui assure l’horizontalité du chariot, et il continue à rouler sur la voie normale jusqu’à l’arrivée dans le bassin du liant. Il trouve alors la voie large sur laquelle il jtortc par ses bandages extérieurs, et comme celle-ci est relevée par rapport à la voie normale, l’horizontalité se trouve encore rétablie, le truck arrière restant alors sur celle-ci. C’est la disposition qui est représentée figure 2, et qui se comprend en quelque sorte à l’examen du dessin.
- 11 y a là, comme on voit, une série de dispositions des plus ingénieuses qui, jointes à l’application toute nouvelle de la crémaillère au remorquage des bateaux, donnent un intérêt tout particulier à cette installation réalisée uniquement, ainsi que nous l’avons dit, par l’initiative privée. L. B.
- TRANSPORT DU VACCIN
- PAR PIGEONS VOYAGEURS
- M. Strœbel, médecin-major au 157° régiment d’infanterie, à Fontenay-lc-Comte, a récemment présenté à l’Académie de médecine un curieux Mémoire sur une expérience de transport de vaccin de Fontenay-lc-Comte à la Rochelle par pigeons voyageurs. Dans le tuyau de plume
- fixé à la plume médiane de la queue, de la manière ordinaire, on avait placé, au lieu de dépêche sur papier pelure comme on le fait d’habitude, des tubes à vaccin bien calés par de petits morceaux d’allumettes. Les tubes sont arrivés intacts à destination en cinquante-cinq minutes. 11 est facile de comprendre les services que peuvent rendre, en ce genre, les pigeons voyageurs en temps de guerre. Supposez une épidémie de variole dans une ville investie et privée de toute communication avec le reste du pays, cet admirable mode de transport remédierait rapidement à la pénurie du vaccin si elle existait. La multiplication des colombiers civils et militaires, établis sur tous les points du territoire français, faciliterait singulièrement, s’il devenait nécessaire, l’envoi du vaccin dans toute la France.
- LA TÊTE DE JADE DE GIGNAC
- (hérault)
- On n’a signalé jusqu’ici, dans les stations et les sépultures anciennes de l’Europe, que très peu d’objets provenant de l’Asie jaune ou révélant une influence chinoise.
- On a bien affirmé que le bronze des {dus anciens temps devait venir de l’Indo-Chine, mais cette hypothèse n’est pas admise par tout le monde. De même on a fait venir de l'Asie centrale et orientale la matière des haches en jade assez répandues à l’époque néolithique et à celle du bronze, mais on tend aujourd’hui à admettre l’existence en Europe de gisements de jade inconnus ou épuisés. Les relations anciennes de l’Occident avec le monde jaune ne sont donc pas archéologiquement établies pour l'époque préhistorique. On a trouvé, en revanche, dans des tombes barbares ou de basse époque romaine deux ou trois objets paraissant bien provenir de l’extrême Orient. Ces découvertes ont été faites dans l’Europe centrale et on n’en avait pas encore, que je sache, signalé en France. Or c’est justement en France, et sur les bords de la Méditerranée que vient d’être faite la plus curieuse de ces trouvailles.
- 11 s’agit d’une petite tête en jade, trouvée à Gignac (Hérault) dans une de ces nécropoles anonymes ({ne je fouille depuis plusieurs années et qui ont fourni si souvent déjà des lumières inattendues sur nos premiers temps historiques.
- Les tombes de Gignac, comme celles de la plupart des nécropoles du même genre, sont de simples cercueils formés de dalles brutes assemblées avec plus ou moins d’habileté. Elles ne sont pas orientées et renferment rarement deux sujets, à l’inverse de celles de Castelnau, de Trévicrs, de Restinclières. Ces données sont tout à fait insuffisantes pour établir une date, car ce mode d’inhumation paraît avoir été pratiqué dans la région depuis l’époque néolithique jusqu’au moyen âge pour les gens aisés qui ne pouvaient cependant se payer le luxe d’un dolmen ou d’un tombeau. Les objets placés dans les tombes à titre d’amulettes ou de mobilier funéraire sont fort peu nombreux ; quatre ou cinq vases plus ou moins brisés, en terre noire, un moyen bronze d’un
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- LA NATURE.
- type très connu, au droit la tète lancée de Jupiter tyrien, au revers le cheval au galop avec deux caractères phe’niciens qui paraissent un Kapli et un Noun, et enfin la tète de jade.
- Celle-ci était placée sur la poitrine d'un sujet masculin, près du cou. Elle devait être suspendue, car derrière la nuque il y a une encoche de suspension très visible.
- La substance est du jade un peu tendre, ou plutôt, un peu altéré à la surface, peu translucide, blanchâtre avec une teinte de vert. Le travail est d'une rare finesse et d'un cachet artistique tout particulier.
- Ce qui reste du cou indique que la statuette devait avoir la tète légèrement renversée en arrière, dans l'attitude de la prière ou de la contemplation. Lacas-sure est très polie, très adoucie, ce (pii supjmsc que l'objet a été longtemps porté.
- La tète, au point de vue anthropologique, est celle d'une femme dolichocéphale leptoprosope, de race jaune. Le visage est ovale, allongé, d'un type plus japonais (pie chinois.
- Le nez, assez haut, a vers le bout cet aspect arrondi et aplati à la fois, qui est chez les Samouraï japonais le témoignage d’un mélange de sang mélanésien. La courbe des sourcils est franchement celle des races jaunes, et l'artiste a rendu avec une rare fidélité les caractères de la paupière mongolique.
- Les yeux sont clos, l’expression du visage est celle de l’extase. Les oreilles sont grandes et paraissent porter d’énormes pendeloques descendant au-dessous du niveau de la bouche. A un examen plus attentif on constate que les pendeloques sont le lobule même de l'oreille, prodigieusement long et dilaté au bout. Les cheveux, bien peignés, vont en arrière.
- La tète est couverte d’une coiffure singulière et complexe. La masse des cheveux est tenue relevée entre l’obélion et le bregma par une étoffe fine qui l’enveloppe. Une bande d’étoffe maintient le tout, en l’entourant comme un turban très étroit. De chaque côté une bandelette passée sous le turban pend derrière l’oreille jusqu’au cou. Le turban est relevé en avant par un objet très difficile à interpréter et à décrire, qui donne à toute cette coiffure un peu de l’aspect d’une capote. Cet objet triédrique, le sommet en avant et en haut, paraît d’une substance solide. L’habile artiste a su rendre, en effet, avec un grand bonheur, les chairs, la chevelure, les diverses matières de la coiffure.
- L’interprétation de ce remarquable objet d’art est très difficile. La grande publicité de La Nature contribuera probablement à faciliter la détermination du
- personnage; celui-ci paraît féminin, il a un caractère religieux évident, le type est celui de la race jaune dolichocéphale, la matière vient de la Cl line ou du Japon. C'est à peu près tout ce que l'on peut dire, car les opinions ont été à peu près aussi nombreuses que les savants appelés à se prononcer.
- M. Sindhô pense que la statuette a du être sculptée au Japon un peu avant l’ère chrétienne, d’après un modèle hindou ou plutôt cingalaisdu bouddha flottant sur le chaos. C'est l’opinion qui concilie le mieux les données un peu contradictoires du problème. M. de Milloué penche pour Rouan Yin, une divinité chinoise. M. de Rosny et M. Moloyosi attribuent la statuette à Mayadèvi, la mère de Çakya-Mouni, ou à quelque autre sainte femme du bouddhisme.
- Il y a de fortes présomptions que l’objet est venu de l’extrême Orient à l'état d’amulette, pendu au cou d’un chef Hun ou Gotb, s’il faut voir dans les Gotbs les descendants des barbares à figure de cheval (pii inquiétaient les frontières septentrionales de la Chine
- un peu avant notre ère. Malgré le caractère plus ancien des objets trouvés à Gignac, je tendrais, précisément à cause de la tète de jade, à regarder l’ensemble de celte nécropole comme le cimetière d'une colonie wisigothe. Toute la région moyenne du cours del’Héraultoffre des anomalies anthropologiques qui concorderaient assez avec cette hypothèse : dolichoeéphalie relative, fréquence des hautes tailles, coloration plus claire. Cependant comme les Volces, maîtres du pays avant la complète romaine et partie très importante delà population depuis lors, présentent les mêmes caractères que les Goths, leurs très proches parents, la question reste bien douteuse. Je dois signaler, comme document, la présence parmi les crânes récemment recueillis, d’une tête dolichocéphale dont les os du nez affectent la forme tout à fait caractéristique des races jaunes. Cette tète est très semblable à celles des tribus dolichocéphales jaunes de la Sibérie orientale.
- J’ai déposé au musée Guimet un moulage de la curieuse tête de Gignac. J'aurais désiré pouvoir disposer de l’original même, mais le propriétaire du terrain s’est réservé tout le produit des fouilles et m’a demandé de cette précieuse amulette un prix relativement élevé. Il a bien voulu m’autoriser gracieusement à prendre un moule et cà disposer à mon gré des épreuves. Je me ferai plaisir d’en offrir aux spécialistes qui croiraient pouvoir m’aider à résoudre les problèmes très complexes d’archéologie, d’histoire des religions et d’ethnographie soulevés par la découverte de Gignac. G. de Lm'ouge.
- La tête (le jade de Gignac. Vue de nrolil et de face.
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- LA N ATI’H R.
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- LE FER NATIF DE CANON-DIABLO
- Nos lecteurs ont sous les yeux deux dessins qui peuvent leur donner une idée de masses de fer métalliques trouvées en mars 1891, près de Canon-Iliablo, dansl’Ari-zona, aux Etats-Unis, et qui fixent en ce moment l’attention des minéralogistes à cause de la présence dans ces masses de petits grains d'un minéral si dur qu’on ne peut guère le comparer qu’à du diamant.
- Tout d’abord la nature métallique des blocs do lèr dont il s’agit doit porter à leur supposer une origine météoriti-que ; pourtant un sa va nt Américain, M. Foote à qui on doit leur
- connaissance, signale des particularités de leur gisement qui peut laire suspendre tout jugemcntdélinilif.
- En elfet, à b kilomètres environ au nord-ouest du point où les gros fragments de fer étaient épars sur le sol, il existe une singulière col line de 152 mètres de haut, appelée Crater Mountain et dont la partie centrale est occupée par une cavité de près de 1200 mètres de diamètre.
- Les parois en sont formées par des couches de grès
- Fig. 1. — Aspect général du fer natil de Caùou-Diablo (États-Unis). Réduit de moitié.
- Fig. 2. — Aspect de la surlace polie d’uu échantillon prélevé.
- et de calcaires
- inclinées de 55 à 40 degrés sur l’horizon; et l’on ne trouve ni au fond ni au voisinage aucun vestige de roche volcanique. Ne serait-ce pas là, se demandent quelques personnes, un cratère d’explosion dont l’ouverture à une époque indéterminée aurait été
- accompagnée de la projection des masses métalliques, originaires des entrailles de la terre et retombées sur le sol?
- Cependant, malgré la notion, bien établie depuis les découvertes de Nor-denskjold et de Steenstrup, du fer natif tellurique apporté au jour par les éruptions basaltiques du Groenland, on doitregardercette supposition comme la plus compliquée. Il est bien plus conforme aux faits généralemen t constatés de croire que les fers de Canon-Diablo son ^tombés du ciel à la suite de l’explosion d’un bolide. Les analogies
- sont intimes, en ellet, entre ces masses et les fers météoriques ordinaires. Le Muséum d histoire
- naturelle en possède un échantillon sur lequel j’ai pu faire des remarques qui me semblent tout à fait concluantes à cet égard.
- Un petit fragment de I0sr,2 a été consacré à l’étude très sommaire que je vais résumer.
- La densité, mesurée à 14 degrés, a été trouvée égale à 7,42. La solution dans l’acide chlorhydrique a donné
- un résidu pulvérulent sur lequel je reviendrai dans un instant, et qui représentait 1,5 pour 100 du poids du métal.
- Des expériences chimiques ont montré dans la solution la présence très nette du nickel, en quantité
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- LA NATURE.
- d’ailleurs assez faillie : -4,501 pour 100 dans l'échantillon que j’ai traité, et celle du cobalt, en quantité beaucoup plus petite et que je n’ai pas déterminée. De l’hydrogène sulfuré se dégage pendant l’action dissolvante de l’acide chlorhydrique et dénjontre la présence de la pyrrholine, d’ailleurs directement visible en certains points.
- Une surface polie a été soumise à la chaleur au contact de l’air, et j’y ai vu apparaître une tigure du genre de celles qui caractérisent les fers météoriques. Elle est relativement peu régulière il est vrai et ne saurait être comparée aux beaux dessins qu’on obtient de la même façon avec les masses célèbres de Caille, de Charcas, etc. Mais on y distingue nettement l’association de deux métaux différents, dont l’un fait le fond général et l’autre des filaments très fins qui se détachent sur le premier grâce à leur oxydabilité beaucoup moindre. Il est probable que le nickel est surtout concentré dans ce deuxième métal et que le premier a sensiblement la composition du fer pur. D’anciennes études dont je n’ai pas à rappeler le détail ici m’autorisent à prévoir ce résultat.
- Çà et là sur la surface polie- se détachent, même avant l’action de l’air chaud, des grains d’un blanc d’étain constitué par de la sebreibersite ou pliospbure de fer et d’autres d’un brun de tombac dont la substance est la pyrrholine. Dans les fissures et vers la surface, des zones noirâtres consistent en fer oxydé très chargé d’une matière charbonneuse que les résidus de dissolution permettent d’étudier plus commodément.
- Pour bien apprécier la constitution des résidus dont il s’agit, le mieux est de les coller, dans du baume de Canada, entre deux verres, et de les porter sous le microscope. On reconnaît alors qu’ils sont très complexes. Ce qui y domine, ce sont des fragments plus ou moins anguleux d’une matière tout à fait noire et parfaitement opaque. On y voit aussi des éclats d’un rouge de rubis qui peuvent être de l’oligiste ou, plus probablement, du fer chromé et des grains hyalins de nature quartzeuse et d’origine vraisemblablement terrestre. Une matière translucide blanchâtre ou un peu rosée est en particules peu résistantes, inertes sur la lumière polarisée.
- Les grains noirs se comportent vis-à-vis des réactifs-comme un carbure de fer; ils sont, en effet, solubles dans les lessives de soude et de potasse d’où les acides ne précipitent rien.
- Je disais, en commençant, qu’on a annoncé la présence, dans le fer deCanon-Diablo, de petits grains comparables à des diamants. Le résidu insoluble du fragment étudié au Muséum ne renferme rien de semblable ; mais cela peut provenir de ce que le carbone cristallisé est inégalement disséminé dans le métal. MM. F oote, Coxe et Kœnig, qui ont été plus heureux, ont trouvé dans des cavités du fer, des grains noirâtres, d’un diamètre de 0mm,5 à 4 millimètre, arrondis et dont la dureté est extraordinaire. Us rayent le corindon avec une très grande facilité et
- M. Mallard s’est assuré qu’ils rayent même des clivages de diamant blanc. « Ces grains, ajoute-t-il, paraissent donc être [incontestablement du diamant noir ou carbonado. »
- Jusqu’ici la détermination de ce diamant repose sur le seul caractère de la dureté et ce n’est peut-être pas suffisant. En attendant que des études plus complètes, qui sont annoncées, fassent la lumière sur ce point intéressant, il est utile de rappeler que déjà deux fois au moins on a cru trouver des diamants dans des météorites : dans celle d’Arva et dans celle de Nowo Urej.
- La météorite d’Arva est un fer massif dans le résidu de dissolution duquel M. E. Wcinschenk a cru trouver du diamant. Il a rattaché cette découverte à la présence, dans certains fers, de graphite ayant une apparence cubique que Gustave Rose a considérée comme dérivant de la pseudomorphose du diamant. Toutefois, MM. Rerthclot et Friedel, reprenant la même question, ont conclu d’analyses très soignées que le fer d’Arva ne laisse, comme résidu, qu’un mélange de graphite amorphe et de spinelles parfois très durs.
- Quant à la météorite de Nowo Urej, c’est une pierre très noire, examinée par deux chimistes russes, MM. Jerofejeff et Latschinoff, qui assurent en avoir extrait du diamant en grains très purs. Us ont bien voulu donner au Muséum de Paris un échantillon de cette substance, mais je dois avouer que l’examen microscopique ne m’en a pas paru tout à fait convaincant.
- 11 résulte de là que si le fer de Canon-Diablo renferme réellement du diamant, ce sera jusqu’ici la seule masse d’origine extraterrestre où ce minéral aura été constaté avec certitude. On désirera certainement de prompts éclaircissements à cet égard.
- Stanislas Meunier.
- IA CATASTROPHE DE SAINT-GERYATS1
- L’épouvantable cataclysme qui s’est abattu récemment sur les bains de Saint-Gcrvais, en Savoie, non loin de Chamonix, a produit une émotion universelle. Avant d’étudier les causes de la catastrophe, nous résumerons ici en quelques mots l’histoire de ce dramatique événement qui a l'ait de si nombreuses victimes.
- Dans la nuit du 12 juillet, vers deux heures du matin, le torrent du Ron-Nant a débordé, détruisant le hameau de Rionnay, les bains de Saint-Gervais et une partie du hameau du Fayot,. Le Ron-Nant descend du col du Ronhomme et parcourt la vallée de Montjoie, pour se jeter dans l’Arve à 2 kilomètres au-dessous de Saint-Gervais. A 6 kilomètres de son embouchure, à Rionnay, il reçoit un affluent qui lui apporte les eaux du glacier de Rionnassay et du petit glacier de Tête-Rousse,
- 1 Voy. n° 999, du 23 juillet 14S92, p. 120
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- LA NATURE.
- situé à lu base des escarpements de l’aiguille du Goûter.
- Au milieu de la nuit, les habitants de l’établissement de bains ont été, soudainement éveillés par un bruit formidable, semblable au grondement d’une avalanche, et se sont vus cernés par le torrent démesurément grossi. Une partie des batiments se sont écroulés, les autres ont été envahis par l’eau jusqu’au premier étage. Le nombre des victimes dépasse deux cents, quelques personnes seulement ayant pu être sauvées. Le hameau de Bionnay a été rasé, et une partie de celui du Fayct, près de l’embouchure, a été détruit.
- Nous ne nous appesantirons pas ici sur les détails de ce désastre. Us ont été donnés par tous les journaux quotidiens. Le rôle de La Nature est d’ailleurs plutôt d’enregistrer les effets physiques de l’inondation, d’en rechercher les causes et d’étudier les moyens de prévenir de semblables sinistres.
- Les témoins de l’inondation décrivent tous le torrent comme formé d’eau, de boue, de blocs de glace et de blocs de rochers, roulant ensemble avec un bruit formidable. La crue, suivant divers témoignages, n’aurait pas duré plus de cinq à huit minutes. L’Arvc a été forte ment grossie, et un Ilot semblable à un mascaret est arrivé soudainement à Bonneville, vers quatre heures du matin.
- Les causes de cet accident sont restées obscures pendant quelque temps. Au premier moment, on avait pensé à une chute de l’extrémité du glacier de Bionnassay, explication rendue inadmissible par la faiblesse de la pente de la vallée. Les habitants du pays, remarquant de loin une ouverture béante dans le glacier de Tête-Rousse, concluaient à un lac intra-glaciaire qui se serait écoulé tout d’un coup. Pour moi, n’ayant jamais eu connaissance d’une semblable formation, il me paraissait que la cause devait être cherchée ailleurs, et je pensais que le glacier de Bionnassay, barrant la vallée, avait pu former un lac temporaire qui aurait rompu tout à coup ses digues.
- L’établissement de bains était construit au fond d’une gorge profonde, si étroite que, à l’endroit où les constructions étaient établies, les batiments et le torrent tenaient, toute la largeur. Actuellement, le fond du vallon est recouvert par une véritable moraine de pierres, parmi lesquelles certains blocs atteignent la hauteur d’une petite maison (fig. 1). Un assez grand nombre de blocs de glace gisaient sur le sol apres le passage du torrent, et une boue noirâtre remplissait tous les creux. Au sortir de la gorge, au Fayet, le torrent, se déployant en éventail dans la grande vallée de l’Arve, avait couvert de boue une grande étendue de terrain.
- En remontant le Bon-Nant et son affluent, on voit partout la terre des berges enlevée dans les parties basses, et une couche de houe déposée dans les parties hautes, où le courant devait être moins impétueux. Au-dessüs de Bionnassay, la vallée s’élargit, présentant une surface presque de niveau d'un kilo-
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- mètre de long sur quelques centaines de mètres de large, située entre la hase du mont Lâchât et la moraine du glacier de Bionnassay. Cette partie plate, couverte par le glacier il y a un demi-siècle, s’était convertie en pâturages herbeux. L’herbe et la terre ont été enlevés, laissant à leur place le sous-sol mo-rainique. Enfin au delà se trouve la grande paroi rocheuse, de dix-huit cents mètres de hauteur sur 40 degrés environ de pente, qui descend du glacier de Tête-Rousse. Ces rochers, en partie couverts de pâturages, sont aujourd’hui absolument à nu, décelant ainsi nettement le passage de l’avalanche.
- Cette circonstance, ajoutée à l’absence de traces de barrage et à la séparation, par la moraine latérale, du torrent dévastateur et du glacier de Bionnassay, mettent à néant toute supposition de lac morainique temporaire.
- M. le professeur Forel, s’étant transporté jusqu’au pied des rochers, a cru voir la confirmation d’une théorie qui lui avait été inspirée par divers écoulements de boue survenus dans les Alpes. 11 a supposé que le glacier de Tête-Rousse devait être en surplomb et qu’une partie s’était détachée, réduite en partie en eau en roulant sur la pente, et mêlée à la terre des rives pour former la boue répandue jusqu’au Fayet. L’origine de l’accident serait donc, d’après le sympathique savant de Morges, une avalanche sèche de glace pure.
- La théorie mécanique de la chaleur ne permet pas, à priori, de supposer la liquéfaction, par la chute sur les rochers, d’une assez grande quantité d’eau pour entraîner la glace au delà de la plaine d’un kilomètre qui se trouve au bas de l’enrochement. Il était donc nécessaire, en tout état de cause, de monter à Tête-Rousse et de voir ce qu’il pouvait y avoir de vrai dans la supposition d’un lac intra-glaciaire, émise par les gens du pays.
- M. l’ingénieur Delebecque, chargé par M. l’ingénieur en chef de rechercher les causes de la catastrophe, étant venu me proposer amicalement de raccompagner, nous sommes montés ensemble à Tête-Rousse le 19 juillet. M. Etienne Ritter et les guides Gaspard Simond et Alpli. Payot nous accompagnaient.
- Voici le résultat de notre examen.
- Le petit glacier de Tête-Rousse, situé au-dessus du point coté 5159 sur la carte de l’Etat-Major, s’écoule par trois déversoirs, dont deux vont de part et d’autre de ce point, et le troisième arrive en pente raide sur le glacier de la Grya. Le glacier carré indiqué par la carte au sud des Rognes n’existe plus aujourd’hui, par suite du recul général des glaciers dans les Alpes jusqu’à ces dernières années. C’est donc à un couloir rocheux étroit qu’ahoutit la partie médiane du glacier de Tête-Rousse, qui se terminait par une pente de 45 degrés aux environs du point 5159.
- Arrivés à une altitude d’environ 5200 mètres, nous nous sommes trouvés en face d’une grande muraille de glace demi-circulaire, presque verticale, de 40 mètres de haut sur 100 mètres de diamètre.
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- LA NA TU HE.
- Fig. 1. — Bains de Saiiit-Gcrvais après la catastrophe avec les immenses hlocs transportés par le torrent. (D'après une photographie de M. Tairraz de Chainonix.)
- Dans cette muraille s’ouvrait une énorme cavité, mesurant 40 mètres de ,_________________________________
- large sur 20 mètres de
- haut (fî<
- 3)
- Au pied,
- sur un sol de glace en cuvette, se trouvaient quelques blocs de glace, recouverts de neige récente, avec de petits lacs, alimentés par un ruisseau sortant de la caverne et s’écoulant sur la pente des rochers.
- Un examen meme su-perticiel suffisait pour montrer que la partie du glacier qui avait rempli le demi-cercle formé par la muraille de glace avait été enlevé récemment; les lambeaux de névé qui subsistaient sur les côtés laissaient voir que l’extrémité du glacier avait formé une pente de 45 degrés, par conséquent sans aucun surplomb ; ce glacier n’avait donc pas pu
- Fig. 2. — Etude de l'avalanche tombée du glacier de Tète-Ilousse, le 12 juillet 1892. — l’Iau et coupe, dressés par M. J. Vallot.
- fallait qu’il eût été projeté par une force inconnue
- pour sortir de la cuvette étroite qui le contenait. Cette cuvette était formée par les deux arêtes rocheuses, convergentes vers le bas, où je pus distinguer et suivre un seuil rocheux barrant cette sorte de petite vallée.
- Nous pénétrâmes dans la caverne, qui se ramifiait en divers couloirs dont les parois, ainsi que celles de la voûte principale, offraient partout des surfaces polies et arrondies analogues à celles des Marmites de géants, mais formées de glace transparente. Tous ces caractères démontraient d’une manière certaine le contact prolongé de l’eau avec la glace. La présence d’une énorme caverne creusée dans la glace et
- s’écrouler de lui-même, par l’effet de son poids, et | remplie d’eau était donc démontrée, observation
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- LA NATIJ l!E
- m
- Fig. 3. — Catastrophe de Saint-Gervais du 12 juillet 1892.
- Glacier de Tète-Rousse. — Caverne inférieure et muraille d’arrachement du glacier. (D’après une photographie de M. Tairraz de Chamonix.)
- Fig. 4. -— Cirque d’effondrement (Supérieur (A droite on voit les strates dont la disposition montre la possibilité des seuils successifs qui ont dû former les lacs étagés. (D’après une photographie de M. Tairraz de Chamonix.)
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- LA NATURE.
- peut-être unique dans les annales géologiques.
- Continuant notre exploration, nous rencontrâmes un grand amas de blocs de glace, montant en pente raide vers une ouverture à travers laquelle on voyait le jour. Au-dessus de nous, la voûte n’était plus polie cofnme dans la caverne d’entrée. C’étaient d’énormes lames de glace, à demi détachées, et qui, ne se soutenant que parleur entre-croisement, menaçaient à chaque instant de nous écraser. Cette formation de la glace en lames concentriques à la surface intérieure de la grotte, me paraît due à la congélation de l’eau en hiver, au contact des parois refroidies par la température extérieure.
- Des craquements sinistres et des bruits sourds nous invitaient à ne pas nous attarder sous ce plafond dont la chute était toujours à craindre, et nous faisaient deviner que les blocs glissants sur lesquels nous marchions, provenaient de l’effondrement d'une partie de cette voûte menaçante.
- Nous avions ainsi parcouru, le cœur serré, une cinquantaine de mètres, non sans de grandes difficultés, lorsque pénétrant par une étroite ouverture de quelques mètres, nous arrivâmes, par une brusque transition, en pleine lumière du jour.
- Quelques pas, taillés au piolet dans la glace vive, nous amenèrent en un instant au bord du petit entonnoir au fond duquel nous avions émergé, et nous nous trouvâmes en face du spectacle le plus inattendu et le plus merveilleux qui se puisse imaginer. Nous étions au fond d’une sorte de cratère, à parois absolument verticales de glace blanche, reluisant au soleil. Des profondeurs où nous nous trouvions, les montagnes étaient devenues invisibles, cachées par les bords du cirque gigantesque. Plus de Mont-Blanc, plus de rochers, rien que des parois immenses et le ciel bleu sur nos têtes. Le spectacle était fantastique et rappelait celui que doivent présenter les volcans lunaires.
- Ce cirque d’effondrement, que personne n’avait soupçonné avant nous, mesurait 80 mètres de long, sur 40 mètres de largeur et 40 mètres de profondeur verticale. Ses parois étaient en neige et en glace blanche. Sur notre droite, il se prolongeait en une cavité de 15 à 20 mètres de haut, dont les parois en glace transparente et polie montraient que le lac avait également rempli cette caverne.
- Sortis de la grotte par le même chemin, nous montâmes sur le glacier pour étudier à loisir la cavité que nous venions de découvrir (fig. 4). Placé sur le bord, attaché à une corde, en cas d’effondrement sous mes pieds, je pus dresser mes appareils de topographie et lever un plan soigné du cirque supérieur (fig. 2). Les brouillards qui s’élevaient m’empêchèrent de prendre des vues photographiques, et ce fut sous un violent orage de grêle que je parvins, à grand’peine, à lever la partie inférieure du glacier et l’entrée de la caverne.
- L’examen des grottes de glace prouvent d’une manière certaine qu’elles ont contenu toutes deux une grande quantité d’eau. 'L’hypothèse d’une ava-
- lanche de glace sèche tombe d’elle-même devant cette constatation. 11 reste à rechercher le mécanisme de l'effondrement et du départ de l’avalanche.
- Mon opinion, que j’ai fait partager à mes compagnons d’exploration, est qu’un lac intérieur s’est produit dans la cuvette formée par les deux arêtes rocheuses et le seuil rocheux visible au-dessous du rocher. La formation de ce lac ou de deux lacs successifs étagés est rendue possible par le plongc-ment des schistes sous le Mont-Blanc. La gravure (fig. 4) montre clairement, par la constitution d’un rocher voisin, comment des creux successifs peuvent exister dans ces roches, et j’ai pu observer au Plan de l’Aiguille, au-dessus de Chamonix, un petit lac dans la même situation, mais à ciel ouvert.
- L’eau, augmentant sans cesse par suite de l'obstruction temporaire de l’orifice d'écoulement, a dû miner peu à peu la croûte de glace qui recouvrait la cavité supérieure; la voûte, devenant trop faible, s’est alors effondrée, exerçant sur l’eau une énorme pression qui, se propageant dans la grotte inférieure, a rompu et projeté violemment dans le couloir rocheux la partie antérieure du glacier la seule partie non encaissée par le rocher et plus faible par sa position même.
- Ainsi s’explique l’énorme quantité d’eau qui s’est, précipitée dans la vallée, emportant sur son passage la terre des rives, et formant ainsi la houe liquide qui s’est répandue dans les parties basses, accompagnée de blocs de glace et de rochers.
- La partie antérieure arrachée au glacier a roulé sur la pente avec l’eau de la caverne, tandis (pie le plafond du cirque d’effondrement, n’ayant plus aucun véhicule liquide, est resté au fond de la cavité, remplaçant l’eau du lac sous-glaciaire.
- D’après mon lever topographique (fig. 2), la quantité d’eau fournie par i’elfondrement supérieur est de 80 000 mètres cubes. Il faut y ajouter 20 000 mètres cubes pour la grotte d’entrée, et 90 000 mètres cubes de glace arrachée à la partie frontale du glacier, ce qui forme un total de 100 000 mètres cubes d’eau et 90 000 mètres cubes de glace.
- On n’a aucun élément précis pour mesurer la quantité de terre enlevée sur les rives. Si on la supposait égale à la moitié de l’avalanche, ce serait un torrent de 500 000 mètres cubes qui serait arrivé d’un seul coup à Saint- Gervais, pesant plus de 500 000 000 de kilogrammes et suffisant pour remplir, sur une longueur d’un kilomètre et une hauteur de 6 mètres, un vallon de 50 mètres de large.
- Il est malheureusement probable que ce lac sous-glaciaire, qui résulte de la configuration des lieux, se reformera dans un temps plus ou moins éloigné. Le remède consisterait à faire sauter a la mine le seuil rocheux, de manière à ménager un écoulement à l’eau de fusion du glacier. Mais il faudrait se hâter, car les travaux deviendront de plus en plus dangereux, si on laisse au lac le temps de se reformer, même en partie. J. Vali.ot,
- Directeur de l’Observatoire du Mont-Blauc
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- 1 j A N A TÏJ HE.
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- L’ÉTOILE DU COCHER
- Ce curieux astre continue à être suivi avec le plus grand intérêt. Depuis les derniers jours d’avril, il est retombé à l’état d’astre télescopique fort difficile à saisir qu’il avait avant d’être découvert. La lumière de cette étoile, décomposée par le prisme, a été photographiée à llérény, à Londres, et à Potsdam. Dans ce dernier observatoire, l’étude de cette lumière a été poussée très loin et on a reconnu sur les photographies qu’elle semblait ne pas provenir d’une source unique, mais bien de trois, comme si l’astre nouveau qui avait frappé les regards était une étoile triple dont les trois composantes avaient des vitesses différentes ; ces vitesses ont même été évaluées approximativement. Elles sont proportionnelles, autant qu’on a pu s’en assurer, aux nombres suivants : 070 kilomètres d’éloignement de nous pour l’une, 57 kilomètres d’éloignement aussi pour la deuxième et 480 kilomètres de rapprochement pour la troisième. D’unautrc côté, il est à noter qu’à l’observatoire de Harvard-College, où l’on s’occupe activement de photographie céleste, on a retrouvé dix-huit clichés de la région qui contient l’étoile nouvelle, clichés obtenus de 1885 à 1891 ; sur aucun de ces clichés l’étoile n’est visible, tandis qu’un cliché du 10 décembre 1891 porte son image qui n’avait pas été remarquée à cette époque. Elle a dù dépasser un peu la quatrième et demi grandeur le 20 décembre, avant d’être signalée. Joseph Ylnot.
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- EXPOSITION CARTOGRAPHIQUE AMÉRICAINE
- A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE PARIS1
- Lorsque s’est ouverte, à Gènes, le 9 juillet 1892, l'Exposition colombienne, depuis une quinzaine de jours déjà, la Bibliothèque nationale avait cntr’ou-vert scs portes à la foule des historiens et des géographes qui venaient visiter l’Exposition américaine organisée par notre collai (orateur de la première heure, M. Gabriel Marcel, dans les locaux de la Section de géographie aux destinées de laquelle il préside depuis la mort du regretté E. Cortambcrt.
- Pour être la dernière organisée, l’Exposition parisienne destinée à célébrer la mémoire de Christophe Colomb, le grand Génois et non pas, comme le disent quelques Français poussés par un étroit et ridicule amour-propre de clocher, le Corse et le Calvais, ne sera pas indigne des manifestations auxquelles se livrent, à grand renfort d’argent, les pays les plus directement intéressés dans ia question : l’Italie, qui n’a fait que donner le jour au découvreur, l’Espagne qui a fait plus que lui donner naissance, puisqu’elle lui a procuré les moyens de mettre à exécution des projets qui avaient été repoussés par d’autres puissances comme émanés d’un cerveau détraqué.
- Malgré les leçons de l’histoire qui lui recommandent de se consacrer à ses propres affaires et loin de renoncer à cette largeur d’idées qui l’a fait taxer de Don Quichottismc, la France a considéré qu’un événement tel que la découverte de l’Amérique, évé-
- 1 Celte exposition est ouverte dans la section de géographie à la Bibliothèque nationale de Paris.
- nement qui touchait l'humanité tout entière, ne pouvait lui être étranger. Et d’ailleurs, il faut le reconnaître en toute justice, si l’Espagne a joué dans l’histoire de la découverte un rôle prépondérant, il n’est pas de nation européenne qui ait autant fait que la France pour la reconnaissance postérieure et pour mieux dire progressive, pour le peuplement et la colonisation des deux Amériques. Au seizième siècle, dès 1502, nous voyons ses pécheurs, bravant, les icebergs en dérive, fréquenter le grand banc de Terre-Neuve; Verrazzano en 1525 reconnaît la plus grande partie des côtes des Etats-Unis ; Cartier, l’intrépide Malouin, lui succède ; Roberval,dc Monts, Champlain tentent l’établissement de colonies en Acadie ou sur les rives du Saint-Laurent.
- Laudonnière et de Gourgues ont pris pied en Floride ou pour être plus précis en Caroline ; ils ont donné les noms de rivières françaises aux cours d’eau qu’ils ont découverts.
- Guidés, encouragés par l’amiral de Coligny auquel fut dédié, en 1555, un des plus merveilleux Atlas que l’on puisse rêver, les protestants se sont établis au Brésil avec Durand de Yillegagnon.
- Cent ans plus tard, nos compatriotes ont pris pied à Cayenne et fondé cette colonie de la Guyane qui devait devenir le tombeau d’un si grand nombre de Français attirés par des prospectus mensongers et coupables.
- N’est-ce pas dans l’Amérique équinoxiale que Fre-zier, Bouguer et La Gondamine devaient faire au siècle dernier tant de fructueuses explorations scientifiques? Et, fidèles à la tradition, de Moussy, Castelnau, Crevaux, André, Wiener, P. Marcoy, Monnier, Chatîanjon, Coudreau et tant d’autres explorateurs dont les noms se pressent sous notre plume, ne devaient-ils pas, au dix-neuvième siècle, reprendre l’étude de problèmes géographiques et scientifiques qui n’ont pas cessé de nous intéresser ?
- C’est donc à une préoccupation bien française qu’a obéi M. Gabriel Marcel en réunissant tant de pièces diverses destinées à montrer la part, la très grande part de la France dans la découverte des deux Amériques. C’est ce qu’expliquent à la fois et l’aide toute puissante qu’il a reçue du Ministère de l’instruction publique, se faisant son intermédiaire auprès des différentes administrations qui gardaient, d’un œil jaloux, les trésors inestimables qu’on peut librement admirer aujourd’hui à la Bibliothèque, et le succès qui a couronné de si louables et de si longs efforts. Les visiteurs ont su apprécier cette exposition à sa valeur.
- Il faut bien le reconnaître, il n’est pas de pays dans le monde entier, pas même l’Angleterre dont le British Muséum est pourtant si riche, pas même l’Espagne, qui possède tant de documents contemporains de la conquête, sans compter ceux, et ils sont légion, qui dorment ou qui pourrissent dans les liasses intactes de ses Archives en grande partie inexplorées, qui aurait pu réunir un ensemble aussi imposant, aussi intéressant de pièces relatives à l’exploration du Nouveau Continent.
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- LA NAT Eli F.
- Quand vous aurez cité, de Juan de la dosa, la carte qui est aujourd'hui au depot de la marine de Madrid et appartint jadis au baron Walckenaer, aussi connu des géographes que des admirateurs de M,lie de Sévigné, carte datée de quand
- rez parlé de cette précieuse pièce des archives delà maison d’Fste ([u’a reproduite M. II. liarrisse dans son Cortc-real et qui est aujourd’hui connue sous le nom de-carte de Cantine ; quand vous aurez rappelé l’existence à Munich d’une mappemonde de 150.) ou 1504, vous auriez épuisé la liste des documents de la première heure si vous n’aviez encore à enregistrer deux maîtresses pièces qu’on peut voir à la bibliothèque nationale: la carte portugaise, propriété de M. le l)r Ilamy, de l’Institut, et la mappemonde hispano-portugaise de Nicolas de Cane-rio, cartographe génois établi soit à Lisbonne, soit à Séville, mais qui ne dressait sûrement pas ses cartes dans sa patrie.
- Sur la mappemonde exposée par le professeur E. Ilamy, on voit très distinctement les Antilles et les côtes reconnues par Colomb et par liojeda ; un peu plus bas et séparées, celles qu'a vues Yespuce.
- Sur la carte deCantino figurent les memes régions, mais elles sont ici animées d’une nombreuse nomenclature et les reconnaissances de Yespuce sont réunies à celles de Colomb par une ligne droite de côtes, ingénieuse trouvaille d’un cartographe réfléchi. Ici,
- et c’est ce qui nous fait placer un peu après celle de Cantino, la carte de Canerio (tig. 1), nous voyons représentées, sous pavillon espagnol, une faible partie du golfe du Mexique, la Floride et une série de côtes
- se dirigeant du sud au nord.
- 11 n’existe pas, à notre connaissance, d’expédition officielle qui ait, à cette date ancienne, parcouru les régions que nous venons d’indiquer; il faut donc que notre cartographe ait eu entre les mains les levers de quelque expédition clandestine, envoyée dans ces régions au mépris des droits et des privilèges de Christophe Colomb.
- Autre remarque à faire au sujet des cartes portugaises, remarque qu’on ne trouvera dans aucune des histoires de la
- géographie et qui est devenue banale pour ceux qui font des documents de cette nature une étude constante : la terre de Corte-real,le Labrador, le Groenland sont toujours, sur les cartes portugaises, beaucoup trop voisins de l’Europe; ce n’est pas là une erreur involo n taire, c’est une supercherie pour faire entrer dans la zone réservée aux Portugais, par la ligne de démarcation tracée par Alexandre YI, les régions qu’ils ont explorées. Nous reconnaissons môme comme inspirée d’un document portugais toute carte (et les cartes françaises n’y manquent pas) qui fait faire aux côtes de l’Amérique septentrionale un arc de cercle trompeur, pour les rejeter vers l’Orient.
- 1500, et vous au-
- Fig. 1. — Le Nouveau Momie d’après un fragment de la mappemonde de Canerio (lîiüi) appartenant au Dépôt de la Marine.
- I/lovzvJc
- Fig. 2. — Carte du Nouveau Monde tirée du Ptolcmée de 1508.
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- LA NATURE
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- Telles sont les premières mappemondes et toutes sont manuscrites, relatives à la découverte du Nouveau Monde. La première fois qu’une carte gravée représente
- l’Amérique, c’est en 1508, et c’est l’édition de Pto-lémée publiée par Ruyscli qui la contient (fig. 2). Elle ne présente pas d’ailleurs de différences bien sensibles
- Fig. 5. — Anciens gloires géographiques (le la Bibliothèque nationale à Paris.
- 1. Globe vert (1513). — 2. Globe de bois (1552]. — 3. Globe doré (1527). — 4. Globe de cuivre (fin du seizième siècle).
- avec les pièces que nous venons de décrire, puis vient la carte du Ptoléméc de 1515 et à la même
- Fig. 4 — Partie du Globe doré représenté ci-dessus (u* 5).
- on pourrait presque dire avec amour, car c'est une des pièces les [tins précieuses et les plus intéressantes de la Section des cartes, dans le Bulletin de
- date un globe en bois connu sous le nom de globe vert (fig. 5, n° 1), qimM. Marcel a décrit en détail,
- Fig. 5, — Partie du Globe vert, représenté ci-dcssus (n° 1).
- géographie historique et descriptive (lig. 5).
- Le canal de Panama semble exister sur cette curieuse spbère; du moins un détroit, celui que tous
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- LA N A T U U K
- les découvreurs cherchaient avec acharnement pour gagner les îles des Epices, coupe en cet endroit l’Amérique. Seules, les côtes orientales sont tracées depuis la Caroline jusqu’à l’embouchure de la Plata qui ne semble pas encore reconnue; mais le figuré des côtes, notamment pour le golfe du Mexique, est tout à fait rudimentaire. Ce qui fait l'intérêt de ce globe, c’est qu’il porte quatre lois le mot America; c’est donc un des plus anciens documents connus sur lesquels on trouve ainsi nommé le Nouveau Continent.
- En peu postérieur est le globe doré (voy. fig. 3, n° 3). Les explorations successives ont permis de connaître en gros la forme du continent américain. Si la Californie n’a pas encore été reconnue, si l’Asie et l’Amérique n’y forment, suivant les idées de Colomb, qu’un seul et meme continent, ce qui permet au cartographe de placer dans l’Asie orientale la Nouvelle-Espagne et le Mexique, du moins l’itinéraire de Magellan tracé avec soin a permis d’allonger en pointe l’Amérique méridionale, Ver-razzano a reconnu la terre Erançoise ou Francis-cane, comme disent certaines cartes, et l’Amérique du Nord est, quant aux côtes seulement, connue jusqu’au Labrador.
- Vient ensuite un globe qu’on appelle le globe de bois (fig. 3, n° 2). Fruste et d’un travail grossier, il est néanmoins aussi précieux que ses devanciers. M. Marcel le place entre 1532 ou 1535, parce qu’il enregistre la localité de Saint-Michael, ville fondée en 1531 par Bizarre en souvenir de la première victoire qu’il remporta sur les Péruviens le jour delà Saint-Michel.
- Enfin un globe de cuivre (fig. 3, n° 4) habilement gravé à Rouen vient préciser et compléter la figure du Nouveau Monde en meme temps qu’il enregistre l’expédition de Frobisher dans les mers polaires. Mais ici le géographe mieux informé sépare entièrement l’Amérique de l’Asie et place sur le détroit qui devait porter le nom de Behring une inscription dans laquelle il déclare qu’il s’est appuyé, pour ce faire, sur des renseignements nouveaux et qu’il considère comme plus dignes de foi.
- Telles sont avec une belle carte espagnole du cos-mographe Guttierez, et une assez grande quantité de portulans portugais, espagnols, hollandais ou français, les pièces qui permettent de suivre dans ses premiers temps l’histoire de la découverte.
- Nous examinerons dans un second article toute une série de cartes qui intéressent la France d’une façon particulière et qui montreront sa part dans 'exploration du Nouveau Continent.
- — A suivre. — PlERRE BüFFIÈRE.
- CHRONIQUE
- Katcan électrique F l’Éclair )) à Asnières. —
- Bans un article précédent sur les bateaux électriques de plaisance à Londres et à Edimbourg (n° 900, du 50 août 1890, p. 195), nous émettions le vœu que la Seine et la Marne,
- à Dans ou dans les environs, soient sillonnées par une llot-tille de bateaux électriques; — nous parlions notamment d’Asnières, où se trouve déjà une station centrale d’énergie électrique. La compagnie Woodhouse et llawson vient d’installer un bateau de ce genre à Asnières, et l’inauguration a eu lieu le 9 août 1892. La Nature avait été invitée ainsi que la presse électrique parisienne à une promenade en Seine. Le bateau aune longueur de 11 mètres, une largeur de l’",8, et un tirant d'eau de 0m,4. 11 comporte 40 accumulateurs d’une capacité de 160 ampères-heure, répartis en deux batteries de 20 chacune et placés sous les banquettes. Pour la grande vitesse de 12 kilomètres à l’heure avec la charge totale, les 40 accumulateurs sont tous en tension ; les deux batteries sont couplées en quantité pour les faibles vitesses. 11 est très facile de passer d’un régime à un autre à l’aide d’un commutateur placé sous la main, qui permet d’effectuer aisément ces couplages. A grande vitesse, la dépense est de 80 volts et 25-50 ampères ; le bateau peut ainsi fonctionner pendant six heures environ à ce régime. Le moteur est de trois chevaux, et a des balais en charbon. La charge maxima du bateau est de 20 personnes. La charge des accumulateurs se fait à l’usine de la Transmission de force, à Saint-Ouen, sur les bords de la Seine. Le prix de vente du kilowatt-heure est de 80 centimes ; chaque charge revient à 15 francs. Espérons que nous aurons bientôt sur la Seine une série de bateaux électriques permettant défaire d’agréables promenades.
- IAeinpoisonncmcnt (lu Volga par le naplite.
- — Un fait intéressant a été signalé par le I)r Grimm dans le Messager des Pêcheries. Il s’agit de l’empoisonnement du Volga par le naphte. Le savant naturaliste prouve qu’il y a réellement empoisonnement des eaux du fleuve, dont le produit annuel de la pèche monte à 20 millions de roubles. Il se trouve que l’on a transporté environ 52 millions de kilogrammes de naphte par le Volga en 1887, plus de 40 millions en 1888 et près de 50 millions en 1889. La majeure partie est transportée dans des berges en bois mal tenues et mal remontées, de façon que l’écoulement du naphte dans le lleuve se fait dans une très grande proportion. D'après les calculs très exacts de M. Grimm, on peut donc admettre une moyenne de 5 pour 100 pour la quantité de naphte qui s’écoule. Il s'ensuit qu’en trois ans, de 1887 à 1890, le Volga en a absorbé plus de 5 millions de kilogrammes sans compter 400 000 de pétrole, dont l’écoulement ne serait que de 1 1/4 pour 100. On remarque partout une diminution de poisson et la disparition meme de celui-ci aux endroits où les transports de naphte font halte. M. Grimm cite les localités où ces faits ont été constatés. D’autre part, les espèces de poisson — le sterlet d’Astrakhan est du nombre — qui se tiennent dans les eaux infectées prennent le goût de pétrole et ne sont plus mangeables. Le naphte détruit aussi les infusoires et les insectes, les moucherons et les moustiques qui existaient en si grande quantité dans le bassin (lu Volga et qui servent de nourriture au poisson. En débordant au printemps, le fleuve répand le naphte sur les prairies et détruit ainsi les larves de ces organismes. Chacun sait dans le pays que ces dernières années il y a moins d’insectes, de moustiques surtout, et c’est là l’une des causes de la diminution du poisson. La mince couche de naphte qui recouvre toute la superficie de l’eau empêche les larves de respirer. Le naphte détruit aussi les herbages sur les prairies arrosées par le fleuve. Il reste une si grande quantité de ce produit sur terre ferme que les Kalmouks de Gorschkow et do Logan en recueillent
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- LA A A T i l; i*;.
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- siuTisiiimiiimt puni' les besoins de leur ménage. M. Giimm considère ces laits comme avérés et en conclut à la nécessité il aviser avant que les pêcheries ne soient détruites et leur population ruinée.
- l.iigoiirrfiK.sciucnt des poissons. — Le Zoolo-yisclte Garten rapporte des observations récentes que l’on a laites sur la résistance des poissons enfermés sous la glace. Lon savait déjà que la carpe (Cyprinus carpio) perd le mouvement quand la température de l’eau s'abaisse au-dessous de 4° R. Pour établir de nouvelles expériences, on prit, dans le mois de janvier, vingt à trente exemplaires des espèces suivantes : Véron commun (Phozinns lævis), Goujon (Gobio fluviatilis), Aide du Slympbale (Leucaspius delinealus) et la Loche franche (Cobitis barbatula). On mit ces poissons en plein air dans des vases à large embouchure, dont le fond était recouvert d une couche de limon. Après un gel continu, ces récipients se couvrirent de glace atteignant plusieurs centimètres d épaisseur (la température de l’eau était de 1/2 à 5/4° G.). On vit bientôt les poissons se renverser les uns sur le dos, les autres sur le flanc, et rester immobiles. On remarqua que les chromatophores, surtout chez Phoxinus lævis et Cobitis barbatula, étaient devenus plus intenses qu a 1 époque du frai. Tous ces animaux paraissaient morts. Mais quand on eut fait un trou dans la glace, bientôt ils remuèrent leurs ouïes, d’abord lentement, puis plus vite. Ce ne fut qu’après plusieurs heures, lorsque l.eau lut réchauffée, qu’ils reprirent leur vivacité ordinaire.
- IdifKensité de la pesanteur. — R résulte de récentes déterminations laites au pavillon de Breteuil à Sevrés, par M. G. Defforges, avec la collaboration de M. René Benoit et le concours deM. le capitaine Lubanski, que la longueur du pendule battant la seconde est exactement de 99,3952 centimètres, et que l’accélération due à la pesanteur a pour valeur y = 980,991 centimètres par seconde par seconde. L’altitude du pavillon est de /O ,4. Ces chillres montrent que l’on commet une erreur insignifiante en admet tant en pratique, pour valeur de y dans nos régions, 981 centimètres par seconde par seconde.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Seance du 10 août 1892. — Présidence de M. Düciiautrk.
- Un arbre fossile inconnu. — M. Renaud décrit un arbic nouveau venu dans la flore fossile, le Retinoden-droit Riyolloti. Ce qui caractérise cet arbre et en fait 1 interet, c est la structure particulière de son écorce. Celle-ci est sillonnée de tubes remplis de gomme ou de résine. La partie corticale a une épaisseur de 9 millimètres, la partie ligneuse 3 millimètres. Les canaux sont contenus dans trois zones concentriques séparées par un tissu résistant. La première zone en contient 15, la deuxième 25, la troisième 50.
- Uûye des ossements fossiles. — M. Adolphe Carnot a émis 1 avis, dans une Note du 25 juillet dernier, que l'examen chimique des ossements d’animaux quaternaires et d os humains trouvés dans les mêmes gîtes pourraient servir, comme M. Emile Rivière l’a déjà indiqué en 1882, au Congrès de La Rochelle, à fixer l’âge véritable de ces derniers, en montrant s’ils sont réellement contemporains. Dans ces derniers temps, M. Rivière remit à M. Carnot quelques ossements d’animaux quaternaires trouvés dans
- ies sablières de Billancourt (Seine), ainsi qu’un tibia ren' contré dans les mêmes sablières. Plusieurs savants avaient considéré ces différents os comme étant du moyen âge, landis que M. Rivière avait soutenu que le tibia était moins ancien. Il se fondait d’ailleurs sur la différence des caractères physiques, les os des animaux étant blancs et friables, tandis que les débris humains étaient brunâtres, légers et mous. La calcination a donné, à poids égal, des quantités dillérentes de cendres. L’analyse chimique a montré que l’os humain ne renfermait pas la proportion de fluor normalement contenue dans les os des animaux quaternaires. Il résulte, en effet, des travaux de M. Carnot, que cette proportion va en diminuant à mesure que l’on considère des terrains moins anciens. Ainsi, tandis que pour le tertiaire la teneur est de 0,04, pour le quaternaire elle est de 0,35, et enfin elle s’abaisse à 0,05 dans les terrains modernes. L’analyse ayant révélé une proportion de fluor environ sept fois plus faible dans les os humains étudiés que dans ceux des animaux quaternaires, la conclusion s’imposait. Ces débris humains sont de beaucoup postérieurs et ont été introduits à une époque beaucoup plus récente dans les anciens graviers de la Seine. En comparant attentivement les résultats des analyses, on a observé encore que ces os humains renfermaient plus de matière organique, plus d’oxvde de fer et relativement plus de carbonate de chaux que les os des animaux plus anciens; mais ce ne sont pas là des caractères distinctifs.
- Vaiia. M. Bernard étudie la teneur en calcaire des terres criblées. Ch. de Villedeuil.
- PHYSIQUE AMUSANTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE*
- ESCAMOTAGE I)’uNE CAGE
- Une cage renfermant un oiseau est placée sur une table. Au cou de 1 oiseau on attache, avec un léger ruban, une bague prêtée par un spectateur, et dans la cage on introduit, en outre, une petite boîte dans laquelle ont été déposés secrètement différents objets, tels que : pièces de monnaie, épingles, timbres-poste, boutons, etc.
- La cage, rccouverlc d’un foulard, grand deux fois autant qu’il est néeessaire pour la cacher entièrement, est portée «à une personne de l’assistance, avec prière de la tenir à travers le tissu, comme on le voit à gauche, dans la partie supérieure de notre dessin.
- Alors, aux yeux de tous, le prestidigitateur saisit par leur extrémité deux des coins du foulard, qu’il tire brusquement à lui et qu’il jette en l’air ; la cage a disparu. Où a-t-elle passé?
- « J’entends chanter mon petit oiseau », dit le physicien, « derrière la porte du fond de cette salle; voyez si je ne me trompe pas ».
- En effet, la cage est là ; c’est bien la même : la bague confiée est suspendue au cou de l’oiseau, et dans la petite boîte se retrouvent tous les objets qu’on y avait déposés.
- Voici l’explication du tour.
- 1 Suite. — Yoy. ii° 1002, du 13 uoùl 1892, p. 170.
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- LA NATURE.
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- Il ne s’agit pas, comme on pourrait le croire, d’une de ces cages mécanisées dont les barreaux se réunissent en faisceau par le déclenchement d’un ressort, et qui, en cet état, est entraînée en même temps dans la manche de l'opérateur par un lil de caoutchouc auquel elle est attachée; les appareils de ce genre coûtent fort cher, se dérangent facilement, et ne peuvent, sans inconvénient, être vus de très près par les spectateurs.
- Au contraire, la cage employée ici est de forme ordinaire, et semblable à celles que l’on vend partout; elle peut, par conséquent, passer de main en main pour y être soumise à un examen minutieux, ce qui, disons-le en [tassant, est un point assez important,. Les appareils en cuivre poli et les boites à double fond ont Uni leur temps; une séance de physique amusante ne plaît aujourd’hui que lorsqu’elle est exécutée avec des objets ordinaires, simples en apparence,ou tels que le spectateur ne soupçonnc même pas qu’ils ont du subir quelque préparation, persuadé qu’il est, d'ailleurs, qu’on lui a tout montré quand on lui a permis d’examiner ce que Ton n’avait aucun intérêt à cacher.
- Pour en revenir à notre cage, il suffit qu’elle soit rectangulaire comme celle que montre notre dessin ; de petites dimensions: 20 centimètres sur 12 et 15, par exemple ; que les quatre montants des angles ne fassent point saillie sur le côté supérieur; celui-ci, en outre, doit être plan, et, de préférence limité par un cadre en fil de fer un peu fort1.
- Mais si la cage n’est pas truquée, on ne saurait en dire autant du foulard employé pour la recouvrir et qui est double, formé de deux foulards cousus Tun à l’autre par leurs hords. Entre les deux étoffes, au milieu et cousu à Tune d’elles, se trouve un cadre en fil de fer (voy. le plan de ce cadre en À de la figure) de dimensions exactement semblables à celles du côté supérieur de la cage.
- On conçoit que l’opérateur doit présenter le foulard de telle sorte que le cadre en fil de fer ne se dessine pas à travers le tissu; pour cela il le tient étendu, tournant vers lui le côté auquel est cousu le cadre.
- 1 Ce dernier point n’est pas essentiel si l’on doit l'aire tenir la cage par un compère.
- La cage recouverte lestement d’avant en arrière, de manière à ce que sursoit côté supérieur vienne s’appliquer très exactement le cadre en lil de fer, le prestidigitateur, debout derrière sa table, saisit le tout comme le montre notre dessin ; mais à ce moment il laisse tomber la cage dans une servante ou sur un oreiller placé sur une chaise, et la personne trop confiante qui croit prendre la cage, ne tient, en réalité, entre ses deux mains que le double foulard avec son cadre en métal.
- Méfiez-vous, si vous répétez cette expérience, que Ton ne veuille saisir la cage par les côtés, car on constaterait aussitôt le vide; veillez aussi à ce que le cadre en fil de fer soit tenu horizontalement ; si on l’inclinait en arrière, le foulard, continuant à prendre , par son poids, la direction verticale, laisserait trop bien voir qu'il ne recouvre aucun objet de forme cubique. Ces précautions sont faciles à réaliser.
- Inutile de dire que le physicien a soin de prolonger son boniment pendant un temps suffisant pour que le servant puisse, tout à son aise, enlever la cage de la place où elle était tombée, et la porter, en faisant extérieurement le tour de la salle, derrière la porte du lond. Bien entendu, la servante ou l’oreiller ont été disposés à proximité delà coulisse, ou d’une porte ouverte, si Ton opère dans un salon, et de manière à ce qu’on ne puisse apercevoir la main qui enlève la cage.
- On ne saurait du reste imaginer avec quelle facilité il est possible d’accomplir sous le nez des spectateurs les opérations les plus voyantes, sans qu’ils s’en doutent, pourvu que leur attention soit attirée vers une autre direction.
- Un jour, à la suite d’un pari, nous avons fait prendre ostensiblement la cage derrière la table où elle était tombée, et cela en présence d’une trentaine de personnes ; pas une seule d’entre elles ne s’aperçut du manège opéré et ne songea même à regarder de ce côté, car on était tourné vers le foulard, trop attentif au boniment débité, et en même temps trop désireux de voir comment la cage serait escamotée !
- — A suivre — MâGUS.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tîssanwlh.
- Escamotage d'uue cage contenant un oiseau.
- I’aris.
- Imprimerie Laliure, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1004. — 27 AOUT 1892. LA NATURE.
- LA THERAPIE VIBRATOIRE
- Parmi toutes les méthodes, plus ou moins bizarres en apparence, appliquées au traitement des maladies nerveuses, il en est peu de plus originale (pie celle <pii est employée depuis quelque temps à la Salpétrière par le professeur Charcot. C’est le traitement par les vibrations mécaniques.
- Il est une maladie grave du système nerveux, caractérisée par un tremblement incessant des mains, une attitude penchée du corps, une démarche bizarre qui semble faire croire que le malade va se précipiter tète première ; c’est la paralysie agitante, dite aussi maladie de Parkinson, sorte de névrose pénible, douloureuse, enlevant au malheureux qui en est atteint tout repos, tout sommeil. Depuis longtemps M. Charcot avait appris, de quelques malades frappés de cette infirmité, qu’ils retiraient un soulagement marqué des longs voyages en chemin de fer ou en
- Fig. 2. — Vue intérieure (lu casque vibrant montrant les lamelles métalliques.
- Marseille ou à leur faire passer leurs journées dans les omnibus; M. Charcot lit construire un fauteuil animé
- voiture. Plus le train, lancé à toute vitesse, occasionnait de trépidations dans les compartiments, plus la voiture était cahotée sur un pavé inégal, plus ils éprouvaient de soulagement. Au sortir d'un voyage d’une journée, ils se sentaient mieux et éprouvaient un bien-être inexprimable. Un d’eux avait imaginé de se faire véhiculer des heures entières dans un de ces lourds tombereaux à charrier les pavés. Au contraire de, tous les voyageurs, les paralysés de Parkinson se trouvaient plus Irais et plus dispos au sortir des wagons; plus le voyage avait été prolongé, plus mauvaise était la ligne, plus durable était leur amélioration.
- Ce témoignage, venu de diverses sources,/ne fut pas perdu; ce fut pour M. Charcot le point de départ d’une application thérapeutique des plus curieuses. On ne pouvait songer à faire promener les malades en chemin de fer de Dunkerque à
- Fig. 3. — Détail du moteur électrique du casque vibrant.
- d’un mouvement de va-et-vient, au moyen d’un treuil électrique. Ces mouvements provoquent une série
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- Fig. 1. — Mode d’euqtloi du casque vibrant.
- Ce casque surmonté d’un moteur électrique (fig.3)cst emboité sur la tète par des lames métalliques flexibles (fig. 2).
- 23e année. — 2" semestre.
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- J 94
- LÀ NATUUE
- de trépidations très vives. C'est le mouvement de trémie pour le tamisage des matières industrielles. Rien de plus insupportable pour une personne bien portante que ces secousses qui vous démolissent, vous détraquent et vous ballottent les entrailles. On n’est pas en marche depuis une demi-minute qu’il faut demander grâce. Le malade, au contraire, se prélasse dedans, comme vous le feriez sur un doux canapé; plus il est secoué, mieux il se sent. Après une séance d’un quart d’heure, c’est un autre homme; les membres sont détendus, la fatigue est dissipée et, la nuit suivante, le sommeil est parfait.
- Le traitement par les vibrations mécaniques n’est pas limité à cette seule maladie; il semble devoir s’appliquer à un assez grand nombre de ces troubles nerveux, plus ou moins bien définis et dont la neurasthénie oifre l'ensemble le plus complet. Bien avant l’invention du fauteuil trépidant, le I)r Vigoureux avait imaginé de soumettre les hystériques aux vibrations d’un énorme diapason : il guérissait ainsi des anesthésies, des contractures. D’autres médecins, Boudet de Paris, Mortimer-Granville, appliquèrent des tiges vibrantes au traitement des névralgies, de la névralgie faciale en particulier et des migraines. Ce dernier avait imaginé un petit percuteur électrique, analogue au petit marteau des sonneries électriques, que l’on appliquait sur le point douloureux. Sous l’influence de ce choc répété des centaines de fois en un court espace de temps, le mal cédait.
- La méthode a été, depuis quelque temps, singulièrement perfectionnée par un élève de M. Charcot, le I)r Gilles de la Tourctte. Avec la collaboration de deux confrères très versés dans les études d’électrothérapie, MM. Gautier et Larat, il a fait construire un appareil pour le traitement des migraines et des céphalées nerveuses; c’est le casque vibrant (fig. 1). Imaginez un casque du modèle du heaume des vieux temps et fort analogue, pour sa structure, au con-lbrmateur des chapeliers. 11 est en eflèt formé de lames d’acier qui permettent d’emboîter la tête d’une façon parfaite (lig. 2). Sur ce casque, en guise de cimier, est un petit moteur à courants alternatifs de construction particulière, faisant environ 600 tours à la minute (fig. o). A chaque tour une vibration uniforme se propage aux lamelles métalliques et se transmet au crâne qu’elles enserrent. Les parois crâniennes vibrent ainsi dans leur ensemble, et ces vibrations, naturellement, se transmettent à tout l’appareil cérébral. La sensation n’est pas désagréable; on peut du reste varier, suivant la tolérance du sujet, le nombre et l’intensité des vibrations. La machine produit un ronron qui contribue certainement à l’engourdissement. Au bout de quelques minutes, on éprouve une sorte de lassitude générale, de tendance au sommeil, qui amène chez les détraqués nerveux , chez les malades affligés d’insomnie, une détente des plus salutaires.
- Le casque vibrant a été appliqué déjà chez un assez grand nombre de malades neurasthéniques ; la
- plupart en ont éprouvé de très bons résultats. Le procédé réussit aussi contre la migraine, et comme c’est un mal assez répandu, pour lequel on ne connaît pas de remède sûrement, efficace, vous verrez dans quelque temps le casque devenir à la mode.
- l)rA. Caiîtaz.
- DEPOT RAPIDE DE CU1YRE ÉLECTROLYTIQUE
- La production du cuivre par voie électroly trique a pris depuis quelques années une énorme extension, et l’on estime à près de 100 tonnes par jour la quantité de cuivre soumise au raffinage électrolytique dans le monde entier. Ce traitement se fait dans le. double but d’améliorer la qualité du cuivre, et de retirer, par ce traitement, des boues riches en métaux précieux dans lesquelles on retrouve une quantité de ces métaux telle que la valeur compense, et an delà, les frais du traitement, surtout si la force motrice exigée est empruntée à une chute d’eau, le moteur économique par excellence.
- Mais la densité de courant que l’on peut employer pour effectuer le traitement électrolytique, est limitée, d’une part, par la qualité du dépôt obtenu, et, d’autre part, par la dépense d’énergie correspondante, dépense d’énergie qui augmente très vite avec la rapidité du dépôt. Les faibles densités de courant entraînent à l’immobilisation d’un capital considérable, de sorte que l’on est limité, industriellement, par ces deux facteurs, et que l’on choisit une densité intermédiaire, telle que la dépense totale, pour une production donnée, passe par un minimum. Cette densité varie actuellement, suivant les procédés, entre 10 et 60 ampères par mètre carré. Dans l’électrotypie, on adopte des densités un peu plus élevées, telles qu’un dépôt de cuivre de 0n;ra,b d’épaisseur soit produit en vingt-quatre heures, ce qui correspond à une couche de 25 grammes par décimètre carré, à raison de 1 gramme par heure et par décimètre carré, et une densité de courant de 1 ampère par décimètre carré, ou 100 ampères par mètre carré.
- Ne pourrait-on pas aller beaucoup plus loin dans la rapidité des dépôts électrolytiques, tout en obtenant un cuivre électrolytique homogène, non cristallin, et présentant toutes les qualités du cuivre obtenu en électrotypie, dans le raffinage électrolytique?
- Telle est la question à laquelle M. J. Wilson Swan, l’un des inventeurs de la lampe à incandescence, a répondu par l'affirmative, à la suite d’expériences dont il a fait connaître les résultats à la Royal Institution de Londres, dans une conférence récente sur les progrès de l’?leetro-métallurgie.
- M. Swan a obtenu dans ses expériences, expériences qu’il a répétées devant la Royal Institution, un dépôt électrolytique parfaitement cohérent et résistant en employant l’énorme densité de 1000 ampères par pied carré de cathode, ce qui correspond à plus de 10 000 ampères par mètre carré de cathode. M. Swan a placé dans une cuve électrolytique renfermant une solution d’azotate de cuivre, avec une petite proportion de chlorure d’ammonium, deux plaques de cuivre de 140 centimètres carrés de surface à une distance de 25 millimètres. M. Swan a ensuite fait passer dans cette cuve, entre les deux plaques, pendant une minute seulement, un courant de 140 ampères, et il en a retiré, après lavage, une reproduction électrotypique de la cathode, solide et résistante, reproduction qui aurait demandé plus d’une heure avec les
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- densités de connaît ordinairement employées. M. Swan ne prétend pas qu’il soit nécessaire ni avantageux d’enqiloyeî ces énormes densités de courant dans la pratique, mais il ne ressort pas moins de scs expériences ce résultat intéressant que les propriétés caractéristiques du cuivre sont aussi bien développées lorsque les molécules du métal précipitent rapidement les unes sur les autres, que lorsque le dépôt se fait lentement.
- Il est probable que l’on sera conduit à adopter, dans la pratique, des densités intermédiaires, de 10 ampères par décimètre carré, par exemple. On obtiendra alors un dépôt convenable en dix fois moins de temps qu’aujourd’hui, et il sera possible d’utiliser des clichés galvanoplastiques dans des circonstances où il aurait été impossible de les ein ployer, faute de temps suffisant pour effectuer le dépôt par les méthodes ordinaires. M. Swan a montré des plaques épaisses de cuivre déposé avec des densités de courant de 100 ampères par décimètre carré, aussi solides et exemptes de gerçures que des plaques obtenues avec un courant dix fois moins intense, pour la même surface. E. II.
- Les Allemands boivent de la bière; les Français boivent * du vin; les Anglais boivent du gin; les Irlandais, eux, boivent de l’éther.
- Un médecin anglais vient de faire une intéressante enquête sur cette manie propre à l’ile sœur. 11 a publié un très curieux travail à ce sujet; nous allons y faire quelques emprunts.
- Les débuts de l’éthérisme paraissent remonter à 1840, Ce qui est certain, c’est que c’est surtout dans les populations catholiques que ce vice est répandu. On reconnaît la religion d’un paysan irlandais à l’odeur de son haleine; s’il sent l’alcool, c’est un protestant; s’il sent l'éther, c’est un catholique. Ceux qui n’ont pas d’opinion religieuse bien arrêtée boivent sans doute le whisky et l’éther mélangés.
- Il y a dans le Nord de l’Irlande des cabarets d’éther comme il y a ailleurs des cafés et des brasseries. Là, pour deux sous, on a sa dose d’éther, 10 à 15 grammes. Dans un village, deux de ces cabarets en ont débité, dans une année, près de 1200 gallons. Tout le monde boit d’ailleurs, hommes, femmes, enfants. Les jours de marché, le long des routes, l’air est empesté de vapeurs éthérées. Les wagons des chemins de fer, dans tout le pays, sont imprégnés d’éther.
- Un boit l’éther pur, par petits verres de 10 à 14 grammes; avant et après, ceux qui n’ont pas encore l’habitude de ce breuvage, qui offre une grande âcreté, avalent une gorgée d’eau pour atténuer la sensation de brûlure. Mais les vieux buveurs se passent fort bien de cette précaution et arrivent à prendre 150 grammes d’éther d’un seul coup ; ils absorbent ainsi jusqu’à un demi-litre en trois ou quatre fois.
- A petite dose, l’éther produit une ivresse assez agréable, une sensation de bien-être et de gaieté. A forte dose, il amène une excitation violente, une salivation profuse et des éructations, la face se congestionne, puis devient d’une pâleur livide; les buveurs ont une douleur vive, brûlante, au creux de l’estomac; ensuite à l’excitation maniaque succède un état de stupeur qui se dissipe du reste assez rapidement.
- Ce qui distingue l’ivresse éthérée de l’ivresse alcoolique, c’est la rapidité avec laquelle elle se produit et se dissipe. Cela permet au buveur de renouveler plusieurs
- fois par jour la sensation qu’il recherche. Un buveur d’éther peut être ivre une douzaine de fois pÿr jour.
- A la longue l’éthérisme détermine un état assez analogue à l’alcoolisme, de la gastrite chronique, du tremblement, des troubles cardiaques, de la prostration nerveuse. La tendance aux querelles, aux violences, aux crimes, est la même que chez les alcooliques.
- Il est triste de penser aux ravages que ces funestes passions produisent chez les malheureux qui n’ont pas la force de se guérir. Espérons que l’éthérisme restera cantonné dans le nord de l’Irlande.
- LE PARACHUTE
- DE M. CAPAZZA
- Un aéronaute connu par plusieurs expéditions intéressantes, M. Capazza, a expérimenté le mois dernier à l’usine de la Villette, à Paris, un système de parachute qui forme en môme temps le filet du ballon ; cet appareil nous paraît devoir être signalé à nos lecteurs comme absolument nouveau. Jusqu’ici, les parachutes que les aéronautes ont employés étaient indépendants du ballon; ils étaient attachés sur les flancs de l’aérostat, ou suspendus à la partie inférieure de la nacelle. L’expérimentateur, qui était placé dans la nacelle du parachute, abandonnait son ballon en s’en détachant. M. Capazza a eu l’idée d’envelopper l'hémisphère supérieur du ballon du parachute lui-même qui, avec les cordelettes d’attache de la nacelle, remplit les fonctions du filet. Notre figure 1 montre le mode de gonflement du ballon de M. Capazza, tel qu’il a eu lieu le 13 juillet à l’usine à gaz de la Villette.
- Le parachute construit pour cette expérience est tout en soie ; il mesure 22 mètres de diamètre. A la partie supérieure, l’étoffe est percée d’un orifice qui doit laisser un passage à l’air, afin d’assurer la stabilité verticale du système. La nacelle est directement reliée au parachute par des cordelettes suffisamment résistantes, et qui la maintiennent à une distance de 50 à 55 mètres de la partie supérieure de l’aérostat (fig. 2, n° 1).
- Quand le ballon est en l’air, l’aéronaute peut crever son aérostat au moyen d’une corde de déchirure; celui-ci se dégonfle, tombe au-dessus du cercle de la nacelle en se ramassant en un amas d’étoflè, et le parachute s’ouvre et fonctionne (fig. 2, n° 2).
- L’expérience du 13 juillet a réussi dans les conditions les plus favorables; M. Capazza s’est élevé en présence d’un assez grand nombre de spectateurs qu’il avait réunis à l’usine à gaz de la Villette, et quand il eut atteint l’altitude de 1200 mètres, on vit, non sans émotion, l’aérostat se crever et se dégonfler dans l’espace; le parachute s’ouvrit et ramena lentement l’expérimentateur à terre.
- L’aérostat s’éleva à cinq heures du soir, et on le vit prendre la direction du nord-est,. C’est environ dix minutes après le départ que le ballon fut éventré et que l’expérience de la descente en parachute eut lieu. M. Capazza toucha terre entre le Bourget et Bobigny, à Draney, et l’atterrissage s’elfectua très
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- facilement et dans de très bonnes conditions.
- M. Capazza détermine l’ouverture de son ballon au moyen d’un couteau placé à la partie supérieure de l’aérostat et retenu par un œillet. Ce couteau est relié à l’aéro-naute par l’intermédiaire d’une cordelette. Quand on tire cette cordelette de la nacelle, le couteau ouvre une section dans l'étoffe, et la poussée du gaz qui s’échappe, détermine une déchirure longitudinale de haut en bas. Ainsi ouvert dans toute sa longueur, le ballon se vide
- une grande
- Fig. 1. — Gonflement de l'aérostat de M. Capazza, au moyeu du parachute-filet. Usine de la Yillutte à Paris, le 12 juillet 1892. (D'après une photographie.)
- avec
- rapidité. Au re tour, la réparation est facile et peu coûteuse, il suffit d une simple couture, pour remettre l’aérostat en bon état. Ce n’est pas d’ail- ^
- leurs la première fois que l’on emploie les cordes de déchirure de ce genre. Les aéronautes ont souvent muni un ballon d’un système de corde qui leur permet de déterminer dans l’étoffe de l’aérostat une déchirure longitudina-aftn de le ubite-ment en cas de traînage à terre par un vent violent. Dans ce cas, la corde de déchirure ne doit jamais fonctionner que lorsque le ballon touche lesol.M. Capazza, avec son parachute peut au contraire ouvrir sans inconvénient son ballon dans les hautes régions.
- En construisant l’appareil ingénieux que nous venons de faire connaître, M. Capazza a créé un
- plus
- le,
- dégonfler
- parachute auquel on n’avait pas encore songé avant lui, mais il ne faudrait pas attacher trop d’importance à l’emploi de cet organe ; les aéronautes ne
- s’en servent guère . Quand un ballon est bien construit et formé d’un bon tissu, il n’a aucune chance de se crever au sein de l’atmosphère, le parachute n’est donc pas nécessaire. M. Capazza répond à ce sujet, qu’on ne saurait prendre trop de précautions, qu’un surcroît de prudence n’est jamais à dédaigner en ' aéronautiq ue, que son paracliu-te-tilet n’est pas lourd qu’un filet ordinaire, et que si un accident imprévu arrive, l’aéronautc sera préservé d'une
- ép o uvantable chute. Resterait alors l’inconvénient de la suspension de la nacelle à une distance anormale de l’aérostat. Cette suspension est peu gracieuse, et peut offrir des inconvénients pour les manœuvres de la soupape placée à la partie supérieure du ballon, ainsi <pie pour celles de l’atterrissage.
- Quoi qu’il en soit, M. Capazza a construit un appareil ingénieux ; il a réalisé une belle expérience qu'il importait d’enregistrer.
- 2. — L'aéroslal de M. Capazza avee son parachute-filet.— 1. L’aérostat dans l’espace. 2. — I/aéroslat dégonflé, le parachute fonctionne.
- Nous en
- profiterons pour publier prochainement une Notice complémentaire sur le parachute, et sur son histoire fort peu connue. Caston Tissandiek.
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- RUINES DE IA VILLE ROMÂ.ÏNE DE GVNNES
- Le sol de la France est couvert, on peut le dire, des ruines et substructions des édifices, villas, villes,
- bourgades qu’y avaient créés les Romains et que sont venues ravager les invasions barbares; les tra-
- Fig. 1. •— liuines de la piscine romaine de Garnies (Loiret).
- vaux publics qu'on a entrepris pendant ce siècle, le creusement des canaux, l’établissement des voies ferrées sont venus remuer en tout sens des terrains vierges depuis des siècles, et mettre au jour ces souvenirs du passé. Mais, comme on est loin d’avoir retourné complètement tout le sol de notre pays, on fait encore des découvertes de ce genre. C’est ce qui vient de se présenter pour la ville de Gannes, dans le Loiret. Nous nous empressons de mettre sous les yeux de nos lecteurs quelques renseignements, graphiques ou autres, à ce sujet, renseignements intéressants à plus d’un titre, que nous devons à l’extrême obligeance de M. Mazoyer, ingénieur en chef des ponts et chaussées à Nevers.
- En creusant tout récemment le nouveau canal depuis le canal latéral à la Loire à Maimbray jus-
- qu’au canal de Briare, on est tombé, aux environs de Châtillon-sur-Loire, plus exactement à côté de
- Beaulieu, au milieu d’une ville romaine entièrement disparue, la ville de Gannes, et l’on a découvert un aqueduc romain et une piscine de o mètres de diamètre pavée en marbre, celle-là même que représente la gravure ci-dcs-sus(fig.l). On a du reste mis au jour un stylet, une épingle, des monnaies et médailles, des poteries et des marbres. Mais auparavant, on avait déjà fait des découvertes curieuses sur ce terrain, et nous suivrons l’étude qu’en a publiée M. de Boisvilette, pour passer rapidement en revue les antiquités de la ville morte de Gannes, et noter des détails particulièrement curieux.
- Vers les confins du Berry et de l’Orléanais, sur le bord de la vallée de la Loire, dans une situation
- Moulin.
- Fig. 2. — Plan de l'ancienne ville de Garnies et de ses environs.
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- LA 'NATOHE.
- qu’affectionnaient les Romains, au confluent du ruisseau de. Châtillon, se trouve une agglomération de constructions détruites, que l’on connaît par tradition dans le pays sous le nom de ville de Garnies (fig. 2) : ces substructions, réparties sur une assez grande étendue, sont les restes d’habitations disposées du haut en bas du coteau. M. de Boisvilette a pu reconstituer
- 9 le
- Villa
- inférieure
- Aqueduc
- Moufin
- Détail de l'Aqueduc
- Villa
- Supérieure
- Fig. 3. — Plans des villas inférieure et supérieure de Garnies.
- quelques villas d’après leurs substructions. Comme nous n’avons pas l’intention de faire ici une étude d’archéologie, nous passerons brièvement sur la disposition de ces maisons, analogue à celle des villas romaines ordinaires. Notons que dans celle de ces
- Fi". 4. — Lampe et. rlef antiques découvertes à Cannes.
- 1. Ensemble de la lampe. — 2. Sa coupe. — 3 et 4. Clef antique.
- villas qu’on nomme villa inférieure, on a trouvé une étuve ou sudatorium, contenant une baignoire doublée intérieurement en briques minces mises à plat, et munie d’un petit canal d’écoulement en briques, lui aussi, pour porter les eaux à l’extérieur. Un aqueduc d’assez grandes dimensions devait amener à cette habitation l’eau en grande abondance (fig. 3) ; nous allons voir d’où provenait cette eau.
- Parcourons tout le territoire de cette ancienne ville, et plus spécialement toute la partie que l’on
- vient récemment de mettre à découvert : ce ne sont partout qu’aqueducs plus ou moins bien conservés. On s’était déjà demandé si l’on ne pouvait pas reconnaître dans certaines substructions des bains à usagé public; et la piscine, dont nous donnons la représentation très complète et suffisamment explicite, vient encore prouver quel usage on faisait des bains dans cette ville romaine.
- C’est précisément de cet aqueduc que nous voudrions parler plus en détail, parce qu’il offre des particularités vraiment curieuses. Cet aqueduc prend naissance au village de l’Étang, sur le bord d’une belle source qui alimente maintenant un petit moulin; le seuil de la prise d’eau ancienne, c’est-à-dire le seuil de cette conduite est à lm,25 au-dessus du niveau actuel de l’eau, l’eau s’étant abaissée d’autant parce que jadis, à l’époque romaine, l’eau de la source était relevée par une retenue (origine du nom d’Étang). Le développement de l’aqueduc (en tant qu’on a pu le retrouver) est de 1300 à 1400 mètres, avec une pente du radier de 0m,008 à 0m,011. D’après M. de Boisvilette, le profil transversal de la conduite était rectangulaire, large de 0,n,32 et haut de 0m,40, en maçonnerie de béton fort résistante, revêtue d’une chape mince en mortier de ciment se prolongeant sur le haut des culées. Une forte brique cintrée formait recouvrement supérieur. De nombreuses branches se ramifient dans les divers massifs de constructions qui constituaient Cannes. Une de ces branches venait aboutir à un puisard au-dessus duquel devait être jadis installé un moulin qu’indique notre carte (fig. 2) : en effet, on a trouvé la trace d’une roue hydraulique dans ce puisard, mais sous une apparence des plus originales, sous la forme d une immense pétrification. En effet, au tond du puisard, on a trouve une sorte de stalagmite, une agrégation ayant épousé la forme d’une portion de roue hydraulique: au centre est un trou calcaire correspondant à ce qui a été l’arbre de cette roue; on trouve du reste la trace d’une série de rayons et d’une joue extérieure. On sait qu’au sixième siècle a coup sur il existait des moulins à eau ; il y avait donc dans ce puisard une sorte de turbine en bois ; peu a peu l’eau n’a plus fait que couler goutte à goulte dans l’aqucduc, se chargeant de sédiments calcaires qu’elle a déposés sur la roue tandis que celle-ci se décomposait peu à peu.
- Ajoutons qu’on avait, antérieurement aux dernières fouilles, trouvé quelques objets curieux a Gannes, une lampe de bronze remarquablement conservée, une clef composée seulement d un panneton denté et d’un anneau sans tige (fig. 4).
- On peut voir qu’en somme il était intéressant de parler, dans son ensemble, de cette ville disparue, de scs aqueducs et des détails curieux qu’ils présentent, au moment où de récentes découvertes viennent de compléter ce qu’on y avait trouvé déjà; cela nous a semblé d’autant plus opportun que l’on va être dans la nécessité de démolir la piscine et certaines autres substructions pour l’établissement du canal. Disons
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- du reste ([uc, grâce au zèle éclairé de M. Mazoyer, les musées locaux do la Nièvre et du Loiret bénéficieront de tout ce qu’on pourra sauver de cette démolition. Daniel Bellet.
- LES POPULATIONS DE L’ALGÉRIE
- Le premier temps après la conquête de l’Algérie, on désignait sous le nom d’Arabes toute la population indigène, sans distinction; c’est à peine si on en excluait les Maures du littoral en les confondant souvent avec les Juifs. Depuis ce temps, on a fait quelques progrès ; quiconque a un peu lu ou étudié les ouvrages géographiques, sait aujourd’hui que la hase de la population algérienne indigène est composée de Ilerbers et que les vrais Arabes ne forment en définitive qu’une minorité de cette population. Quelques personnes poussant plus loin la curiosité, ont pu apprendre qu’une bonne partie de ceux qui s’appellent eux-mêmes Arabes, ne sont que des Ber-bers, ayant oublié leur langue primitive, en adoptant, en même temps que la religion, le parler de leurs conquérants.
- Mais ce que l’on ignore souvent, c’est que les Ber-bers ne forment pas un tout homogène, que l’on englobe sous ce nom des populations très diverses de type et de mœurs, en s’appuyant seulement sur la parenté des idiomes qu’elles parlent...
- On dira, il est vrai, qu’en Algérie on reconnaît et l’on distingue aisément l’Arabe du Berber par leur genre de vie, leurs caractères sociologiques. Cela est parfaitement exact. Le Berber d’Algérie est un sédentaire, cultivateur par excellence, il aime sa terre et la soigne, tandis que l’Arabe est nomade par tout son être, et considère les travaux de la terre comme un état d’avilissement, de déchéance morale. Le Berber possède une constitution sociale démocratique, basée sur le système électif et la participation de tous aux affaires communes, tandis que l’Arabe obéit aveuglément au chef de tribu et sa constitution sociale est purement féodale. Le régime de la propriété individuelle est poussé jusqu’à ses extrêmes conséquences chez le premier, la propriété est collective dans la majorité des cas chez le second.
- Jusqu’aux idées religieuses, il y a une distinction entre les deux peuples: l’Arabe est un musulman fanatique, prêt à mourir pour sa foi, obéissant à la lettre aux lois dictées par le Koran ; tandis que le Berber est un musulman à l’eau de rose; il a adapté les prescriptions du Livre sacré aux besoins de son existence et conserve encore maintes pratiques de son ancien culte païen.
- II est bon de retenir ces distinctions, mais il faut rappeler tout de suite qu’elles ne sont pas absolues. Dès • la plus haute antiquité il existait des tribus berbères nomades et aujourd’hui encore les Touarègues que l’on compte à bon droit comme des Berbers parlant l’idiome le plus pur, sont des nomades typiques. IVautre part, s’il y a peu d’Arabes berbérisant,
- il existe un grand nombre de Berbers ayant adopté non seulement la langue mais encore les mœurs des Arabes. D’ailleurs parmi les Berbers eux-mêmes, on peut distinguer plusieurs types anthropologiques, et souvent, pour ne citer que les fractions de ce peuple ayant encore conservé l’usage de l’ancienne langue, les tribus diffèrent beaucoup entre elles au triple point de vue physique, moral et social ; les Kabyles de Djurdjura ne ressemblent guère aux Chaouïa de l’Aurès; ces derniers diffèrent des Mza-bites, etc. Quant aux Berbers de la Tunisie, ils se distinguent encore de ceux de l’Algérie, et M. Colli-gnon trouve parmi eux jusqu’à cinq ou sept types différents au point de vue physique. Quant aux Arabes, il y a peu de tribus ayant gardé la pureté du type ; les Arabes n’éprouvent aucun dégoût à contracter des unions avec les femmes berbères, et, d’autre part, il y a des tribus arabes entières, comme celle des Ouled-Naïls (fig. 1), dont les jeunes filles sont livrées à la prostitution parmi les étrangers d’après un usage séculaire.
- Malgré les recherches faites par Hanoteau et Letourneux, par le général Faidherbe, Topinard, Sabatier, Canet, Mac Carthy, Pomel, Masqueray, Sériziat et autres savants distingués, il reste encore beaucoup à faire pour étudier, tant au point de vue physique que social, les diverses populations dites Berbères de l’Algérie, ainsi que les autres groupes ethniques qui vinrent se greffer sur celui-là dans le courant de l’histoire : Arabes, Juifs, Nègres, Turcs, Européens.
- D’une façon générale, le Berber d’Algérie est plus petit que l’Arabe; sa taille est au-dessus de la moyenne (lra, 67), tandis que l’Arabe peut être classé parmi les races de haute taille. La tête des Berbers est aussi d’une façon générale moins allongée que celle des Arabes, quoique les deux peuples se rangent dans la catégorie des dolichocéphales. La face est d’un ovale régulier chez les Arabes (fig. 2), elle est presque quadrangulaire chez les Berbers; le nez est aquilin chez les Arabes, plus ou moins concave chez les Berbers. En outre, les Berbers présentent une espèce d’enfoncement transversal sur le front au-dessus de la globelle, tandis qu’ils n’ont pas l’occiput aussi proéminent en arrière que les Arabes. Tels sont les principaux traits des deux types pris dans leurs extrêmes ; mais entre ces extrêmes que de variétés, que de formes de passage et surtout que de types qui présentent l’intrication, l’entre-croisement des caractères ! Aussi les anthropologistes distinguent-ils trois ou quatre types différents parmi les Berbers de l’Algérie, ainsi que deux ou trois types arabes. Cette diversité d’aspect s’explique aisément si l’om jette un coup d’œil sur la formation, l’ethnogénic des populations actuelles de l’Algérie.
- Cette terre méditerranéenne rattachée à tant de points de vue à l’Europe, a été comme celle-ci peuplée dès l’époque géologique quaternaire. Les outils grossiers, ressemblant en tout à nos haches de Saint-i Acheul, ont été trouvés par M. Pomel dans les sablières
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- de Palikao (Ternifme), et un jeune savant, M. Fia- récemment, dans le Sud oranais, à Djebel-Mahisserat. mand, vient de découvrir des haches analogues, tout D’autres outils en silex, plus fins, mieux travaillés,
- Femmes des Ouled-Naïls à Biskra. (D’après une photographie de MM. Neurdein frères.)
- ont été recueillis un peu partout, mais principalement sur les versants de la partie occidentale de l’Atlas, oii les sla lions sontasso-ciées aux gravures grossières tracées sur les rochers ; ces gravures représentent des animaux, dont quelques-uns (éléphants, hippopota mes, certains bu files de grande taille) n’existent plus dans la contrée.
- Mais si l’àge de la pierre taillée est bien représenté dans l’ouest de l’Algérie, l’époque de la pierre polie e t des monuments mégalithiques offre un développement considérable dans l’est du pays, surtout dans le département de Constantine. Là, on voit par milliers des menhirs, des dolmens, des cromlech’s ou cercles en pierre, des tumuli ayant à leur cime
- un petit dolmen, des chambres souterraines, des rangées de cryptes, des tombeaux en forme de fours
- cylindriques recou vcrl s d'une dalle, des bulles formées d’assises co neentriques s’élevant en forme de pyramide, etc. La similitude de ces monuments avec ceux que l’on a si bien étudiés e n France, a fait accepter aux savants l’hypothèse qu’ils sont dus à une seule etmème population. Cette hypothèse trouve en partie sa confirmation dans les ressemblances de traits qu’offriraient certaines tribus berbères avec les types d’hommes préhistoriques, comme celui de Cro-Magnon et d’autres localités.
- Ces constructeurs de dolmens étaient probablement les ancêtres des peuples que nous mentionnent
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- les auteurs de la plus haute antiquité (Scylax, Hérodote), dans la région algérienne sous différents noms (Maxyes, Atlantes, etc.) qui paraissent être des noms de tribus. Hérodote divise déjà toutes ces populations en sédentaires et nomades. Étaient-elles Rerbcres? C’est ce qu’on ne saurait encore affirmer. Plus tard Salluste, qui écrivait d’après les documents puniques recueillis par le roi Iliempsal, remontant
- probablement au dixième siècle avant notre ère, reconnaissait dans le pays qui constitue aujourd’hui P Algérie et la Tunisie trois groupes ethniques qui se rangeaient en trois zones successives parallèles au littoral : les Libyens les plus proches de la mer, les Gélules et les Ethiopiens. Les Libyens, mélangés aux colons tyriens et aux guerriers européens venus d’Espagne formèrent deux vastes Etats : la Numidie
- Fig. 5. — Nègres algériens dans un café maure. (D’après une photographie de MM. Neurdein frères.)
- et la Maurétanie. Cerlains auteurs, comme M. Sabatier, veulent voir dans les tribus berbères actuelles de Mazigues et de Guechtoula habitant la grande Kabylic, les descendants des deux grands peuples de la Maurétanie, désignés par les auteurs grecs et latins sous les noms de Maxyes et de Gétules.
- Il y a tout lieu de croire que les Libyens, ancêtres probables des Berbers, ne sont pas autochtones; mais d’où sont-ils venus? Les annales égyptiennes mentionnent, encore 4000 ans avant J.-C., les tribus libyennes à l’ouest de la vallée du Nil.
- Une de ces tribus s’appelait Tamahou ou Tama-chou ; or Tamachoug ou Tamachek est le nom de la langue parlée par les Touarègues actuels, comme le tarnasig est celui d’un idiome des Berbers du Maroc. D’autres renseignements font croire aussi que les Libyens sont venus de l’Orient, de l’Égypte ou de l’Abyssinie, d’abord dans la Tripolitaine et la Tunisie, puis en Algérie.
- La domination romaine, puis l’invasion vandale, si elles ont eu quelque influence au point de vue politique, ont laissé peu de traces dans la constitution
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- physique des habitants berbers do l’Algérie; d’ailleurs eette domination ne s’étendait pas loin au delà de là côte, sauf dans la partie orientale du département de Gonstantine, voisine de la Tunisie.
- On a voulu voir dans les individus blonds qui se rencontrent, dit-on, assez fréquemment parmi les Kabyles du Djurdjura et les Chaouïa du massif de l’Aurès, les restes des Vandales et des légionnaires germains des Romains ; mais on pourrait dire avec autant d’apparence de raison que ce sont peut-être des descendants des populations celto-kymriques, constructeurs des dolmens, qui sont venus en Algérie de la Gaule par l’Espagne dans les temps préhistoriques. D’ailleurs, là proportion d’individus blonds parmi les Berbers n’a pas encore été établie exactement. Seul le Dr R. Collignon, qui a fait sur la population de la Tunisie une étude anthropologique digne de servir de modèle pour un travail semblable à faire en Algérie, a établi qu’en général on ne rencontre que o pour 100 de blonds parmi les Berbers de la Tunisie, sauf chez les Koumirs ou Kroumirs où cette proportion monte à 10 pour 100. En tout cas cette proportion est trop faible pour ne pas être ' expliquée par des mélanges accidentels de toute sorte.
- Les Arabes commencèrent leurs incursions en Algérie depuis le neuvième ou le dixième siècle de l’ère chrétienne, mais ce n’est qu’au onzième siècle que la vraie invasion et la conquête du pays eurent lieu. En apportant l’islamisme aux Berbers, les Arabes devinrent leurs supérieurs; les marabouts, les confréries religieuses ont enlacé la population qui, tout en restant fidèle à ses anciennes croyances, à ses anciennes coutumes, finit cependant par accepter les cultes extérieurs de la nouvelle religion, surtout pour se donner les mêmes origines que la race dominante. Aujourd’hui encore, maint Berber se forge de toutes pièces une généalogie qui le fait descendre en droite ligne du Grand Prophète.
- Au seizième siècle, la domination politique des États barbaresques ayant passé à la Turquie, un certain nombre de Turcs se sont établis sur la côte et ont contribué à former cette population des Kourou-gli, métis issus de leurs unions avec les femmes berbères, qui est en train de disparaître aujourd’hui.
- Deux autres éléments ont encore agi sur la population algérienne depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours; c’est l’élément juif et l’élément nègre.
- Les Juifs de l’Algérie forment une bonne partie de la population urbaine du littoral où ils se tiennent à l’écart des Maures, citadins musulmans, d’origine très mélangée. Ils ont une situation prépondérante dans les affaires et prennent part au pouvoir politique grâce à leur titre de citoyens français.
- Les Nègres purs sont assez rares en Algérie ; nous en reproduisons une photographie bien caractérisée (fig. 5) ; on ne cite que deux ou trois oasis dans l’extrême Sud du Sahara algérien peuplées exclusivement par
- les Nègres; mais ils sont nombreux comme métis, et beaucoup d’Arabes présentent ce mélange caractéristique de couleur noire et de traits sémitiques.
- Avant 1848, quand la traite llorissait en Algérie, le nombre des Noirs était beaucoup plus considérable qu’aujourd’hui. Toutefois dans ces derniers temps, on remarque de nouveau l’augmentation du nombre de Nègres soudaniens qui arrivent, grâce aux moyens perfectionnés de communications, dans les villes pour être employés aux différents travaux, comme terrassiers, manœuvres, domestiques, etc.
- Enfin les Européens, les Français, les Italiens, les Maltais, les Espagnols sont venus après la conquête française pour augmenter encore la complexité des éléments ethniques de l’ancienne côte barbarcsque. Les Français, qui tout récemment ont dépassé comme nombre tous les autres Européens réunis, sont les vrais maîtres du pays, et l’œuvre d’assimilation, facile surtout en ce qui concerne les Berbers, se fait peu à peu.
- Grâce à la propagation de notre langue, l’éducation et les mœurs européennes finiront par pénétrer chez les tribus indigènes, et l’on verra un jour les Algériens aussi avancés en civilisation que leurs voisins de l’autre côté de la Méditerranée. J. Denikek.
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- Là CONSERVATION DE L’EAU DE SOURCE
- Tous les ans, au moment de la grande chaleur, le Parisien, privé pendant plusieurs semaines d’eau de source, est exposé, en buvant de l’eau de Seine, aux microbes pathogènes que nous devons au tout-à-l’égout.
- On objectera qu’on peut boire des eaux minérales, mais la plupart de ces eaux ne sont pas naturelles et, de plus, leur alcalinité et leur atmosphère ne conviennent pas à tous les estomacs.
- De l’avis des hygiénistes, rien ne vaut l’eau de source bien captée; les eaux de la Vanne et de la Dhuis sont dans ce cas. Depuis plusieurs années, je prends la précaution de faire une provision d’eau de source à la cave et j’aime à penser que j’ai beaucoup d’imitateurs.
- Les analyses effectuées sur l’eau de Vanne conservée démontrent qu’elle ne subit aucune désorganisation en vieillissant. Cette eau est mise dans des bouteilles neuves à vin, réservées pour cette opération et bouchées au liège fin.
- On a soumis a l’analyse, en juin 1890, l’eau de la Vanne puisée à son arrivée, et en juin 1892 on a examiné la même eau conservée. L’eau de 1892 présente à la dégustation tous les caractères organoleptiques de l’eau de source récente; elle est sans odeur, sans saveur appréciable et d’une grande limpidité. (L’eau de Seine est souvent trouble et exhale toujours une odeur de vase plus ou moins prononcée.)
- L’analyse a donné par litre :
- Juin 1890. Juin 1892.
- Résidu sec à 180°...............0‘r,2554 0^,2552
- Matière organique (procédé Kubel). 5mil,2 5mil,0
- La recherche des nitrates dans les deux eaux présentait de l’intérêt. Cette constatation est facile en essayant le résidu laissé par 1 centimètre cube d’eau, avec le sulfate de diphénylamine, réactif d’une grande sensibilité.
- Ce réactif se prépare en dissolvant 1 gramme de diphé
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- nvl.'imine lavée à l’eau distillée dans 50 centimètres cubes d’acide sulfurique ccncentré exempt do produits nitreux.
- On évapore 1 centimètre cube d’eau dans un verre de montre et on touche le résidu avec une goutte de réactif. La présence des nitrates est révélée par une belle coloration bleue. Cette évaporation doit se faire dans le vide sec (obtenu avec la trompe) et non sur un bain-marie.
- En effet on a observé, il y a longtemps, que l’atmosphère d’un laboratoire dans lequel on brûle du gaz est toujours chargée de produits nitreux (Schônbein-Robert Warington). Si on soumet à l’évaporation, sur le bain-marie, 1 centimètre cube d’eau rendue alcaline par une trace de potasse pure (de la crème de tartre) ou de chaux pure, on trouve des nitrates dans le résidu. Cette même opération effectuée dans le vide donne un résultat négatif.
- En suivant ces précautions nous avons constaté que les deux eaux de la Vanne renferment une proportion notable de nitrate.
- Au résumé, on voit par les analyses qui précèdent que l’eau de source mise eu bouteille conserve, avec le temps, tous ses caractères d’eau potable d’excellente qualité.
- L. L’Hôte.
- LA VULCANISATION DU BOIS
- La nécessité de protéger le bois contre les influences climatériques est depuis longtemps reconnue, et l’on n’est plus à compter les moyens proposés ou mis en pratique pour obtenir ce résultat. Parmi ces procédés, la carbonisation est le plus ancien, mais il présente de nombreux inconvénients, dont le principal est la nécessité de consommer inutilement une certaine partie du bois traité pour obtenir que la chaleur pénètre sous une épaisseur suffisante, ce qui fait perdre une quantité importante do matière et réduit inutilement la section et la résistance des matériaux ainsi traités. Malgré tout, la couche protégée ne dépasse pas une épaisseur de 3 centimètres, et le cœur du bois reste intact, si ses dimensions sont un peu grandes. D’autres procédés de créosotage, de séchage à l’air, d’imprégnation de sels métalliques, etc., ont aussi été employés avec plus ou moins de succès.
- M. le colonel Haskin qui a acquis une grande pratique dans le créosotage du bois en étudiant la question, est arrivé à cette conclusion qu’il serait plus'.logique et plus économique de retenir dans le bois les antiseptiques qu’il renferme naturellement, au lieu de les retirer d’abord et de les y réintroduire ensuite sous différentes formes par des procédés plus ou moins complexes.
- L’expérience a confirmé la justesse de cette théorie, et le procédé qui en est résulté est exploité depuis une dizaine d’années en Amérique sous le nom de procédé Haskin.
- Le principe de la méthode est des plus simples : il consiste à placer le bois à traiter dans une cornue hermétiquement fermée, et à le soumettre à la haute pression d’air surchauffé dont la température varie, suivant les essences à traiter, entre 500 et 700° G. Dans ces conditions, la chaleur pénètre toute la masse du bois et produit les mêmes résultats que la carbonisation, sans rien faire perdre au bois de scs propriétés chimiques.
- Cette élévation de température a pour effet de coaguler l’albumine, au lieu de faire s’en aller dans l’air ses constituants, laissant ainsi les cellules du bois vides, ouvertes et sensibles à toutes les influences climatériques. De plus, la température élevée détruit tous les germes dont la présence vivante est une menace perpétuelle pour les fibres
- ligneuses. Le bois se trouve ainsi non seulement préservé et protégé, mais sa résistance mécanique s’en est accrue, ainsi que la beauté de son aspect au point de vue décoratif. M. Trauwtein, professeur de technologie à l’Institut de Hoboken, a conduit une série d’expériences sur plusieurs essences de bois traités par le procédé Haskin. 11 résulte de ces expériences que le module de rupture transversal a été augmenté de 21 pour 100, et la résistance de rupture à la traction de 25 pour 100. Le temps exigé pour produire la vulcanisation complète varie entre huit heures pour les bois tendres et dix à vingt pour les bois durs servant à la décoration. Des traverses traitées par ce procédé sont établies sur le chemin de fer des rues de New-York depuis six ans, sans indiquer aucune détérioration. Les spécimens de bois traités au point de vue décoratif ont un grain magnifique et une couleur très vive. Au point de vue de la résistance électrique spécifique, il résulte des expériences faites par M. Thurston, que la plupart des bois traités par ce procédé augmentent de résistance dans de grandes proportions, sauf le pin jaune dont la résistance se trouve diminuée.
- Si ces renseignements, que nous empruntons à notre confrère Iron, sont exacts, il y a lieu d’étudier le procédé et d’en suivre le développement en Europe; il vient de se fonder en Angleterre un syndicat qui va monter une usine de traitement pour l’application du procédé.
- LA S0YA1
- On ne saurait trop encourager les tentatives d’acclimatation des plantes exotiques en France. Et cet intérêt ne fait pas de doute quand une plante, comme la Soya, a, dans son pays d’origine, des applications nombreuses : la plante dont nous allons parler en effet est utilisée en Chine et au Japon, pour la nourriture de l’homme, pour celle des animaux, pour faire du pain, du fromage, pour en extraire de l’huile, etc. Pourquoi ne chercherions-nous pas à élever chez nous une plante aussi précieuse? Plusieurs essais ont été déjà tentés et ont assez bien réussi; nous y reviendrons plus loin; mais.tout d’abord voyons comment la Soya se comporte au Japon et en Chine.
- La Soya (Glycine Soya) appartient à la famille des Légumineuses ; son aspect rappelle beaucoup celui des haricots, avec une tige plus rameuse. Les feuilles sont couvertes de poils rudes sur la face inférieure ; les Heurs sont blanc jaunâtre. Les gousses, allongées, velues, contiennent deux ou trois graines, arrondies comme celles des pois, avec un ombilic brun. La couleur des semences est extrêmement variable, depuis le blanc jusqu’au noir, et depuis le vert jusqu’au rouge : ces différences correspondent sans doute à autant de variétés, peut-être même d’espèces ; c’est un point qui n’est pas résolu.
- Au Japon, la Soya est une des plantes les plus usitées ; on la désigne sous le nom de Manie ou de Daizn : on en fait surtout une sorte de pâte alimentaire, le Miso. A cet effet on met des graines dans l’eau et on les fait bouillir; quand le ramollissement
- 1 Yoy. n" 425, du 25
- 1881, p. 115.
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- LA NATURE.
- est suffisamment accentué, on les écrase pour en faire une pulpe molle; on y ajoute une certaine quantité de sel. Cela fait, on y mélange ordinairement une quantité égale de riz décortiqué cuit à la vapeur. La pâte obtenue est alors versée dans des vases de bois ayant contenu de la bière : elle fermente et au bout de un ou deux mois, elle peut servir à l'alimentation : c’est le déjeuner de beaucoup de Japonais. — Le deuxième produit que l'on retire de la Soya est un condiment, une liqueur appelée Shoyu : c’est une sorte de sirop brun foncé qui sert de sauce pour assaisonner les mets et en particulier le poisson. La fabrication du Shoyu est au Japon une industrie très importante : dans la seule ville de Nangasaki, on compte jusqu’à 10 usines, dont chacune fabrique par an plus de 1 200 000 kilogrammes. Yoici comment se fait cette fabrication. On tait cuire des grains de Soya dans de l’eau; d’autre part on fait griller une môme quantité d’orge; on mélange et on coule le tout dans des moules en bois.
- Transportés dans une chambre hermétiquement close, la fermentation ne tarde pas à s’opérer. Au bout d’une semaine, on retire les pains et on les jette dans des cuves saturées de sel. Un ou deux ans après, on met la pâte dans des sacs de chan-. vre ou de filasse de palmier et on la soumet à la presse : le jus qui s’écoule est le Shoyu ;
- 1 litre 80 se vend de 40 centimes à 50 centimes. — Le troisième produit est du fromage, dit le To-fu (fromage de Daizu) ; les graines de Soya ramollies dans de l’eau sont écrasées dans un petit moulin; la pâte est délayée dans de l’eau, puis filtrée à travers un linge. La portion qui reste dans le linge est employée pour la nourriture des animaux. Le liquide louche qui traverse le linge contient une matière grasse émulsionnée : on la chauffe légèrement en y ajoutant un peu de sel marin : le caillé se sépare et constitue un fromage que l’on peut manger frais, mais qui malheureusement conserve un goût de haricot cru, peu agréable.
- En Chine, la Soya s’appelle Yeou-teou; mais ici, il n’y a ordinairement pas de grandes cultures comme au Japon. « Chacun fait son fromage. Très souvent aussi, chacun fait son h-uile, sinon chez soi, du moins
- Pied de Soya figuré avec une gousse isolée.
- triche-Ilongrie
- chez l'un de ses parents, tous voisins et plus ou moins régulièrement groupés et distribués autour du domaine du chef de la famille. » (Eugène Simon.) II y a une variété, la Soya noire, qui constitue la nourriture principale des animaux; les chevaux et les mulets mangent la graine en nature. L’homme utilise surtout la Soya blanche : on en retire en particulier une huile qui est l’objet d’un trafic énorme et qui occupe le premier rang parmi les huiles que possèdent les Chinois. Comme au Japon, on fait du fromage de Soya. « Les Tartares seuls, disent MM. Pailleux et Bois, épars dans tout l’empire, ont conservé l’usage du lait. Les Chinois n’en consomment pas. La Soya leur en tient lieu. Sa graine est du lait solide. Aucune légumineuse ne contient autant de légumine (substance chimiquement analogue à la caséine); aucune, à beaucoup près, n’est aussi riche en matière grasse. Il suffit d’écraser la graine de Soya, de l’étendre d’eau et de passer le liquide au tamis pour avoir un produit ayant les qualités du lait, utilisable comme le lait de vache, de chèvre, de brebis. » Un morceau de fromage de Soya gros comme le poing se vend un centime.
- Les tentatives d’acclimatation de la Soya en Europe sont assez nombreuses. F. llaberland, en 1875, en a montré l’importance et de Blas-kovics l’a préconisée comme fourrage en Au-En France, Buffon avait reçu des graines de Soya; on en cultiva avec des succès divers au Muséum. Depuis cette époque de nombreux essais ont été renouvelés. Une des difficultés de cette culture consiste en ce que la Soya ne mûrit que trop tardivement ses graines, juste au moment où chez nous arrive l’hiver. Cependant il y a une variété, la Soya jaune hâtive qui peut mûrir ses graines partout où le raisin mûrit ses grappes. Sa culture est analogue à celle du haricot nain ; on en fait un pain pour les diabétiques. Des études agronomiques et culinaires sont encore nécessaires pour que nous puissions bien nous rendre compte des usages que l’on peut tirer de la Soya ; le succès paraît légitime à espérer. Henri Coupin.
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- MOTEUR A GAZ DE
- Les moteurs de faible puissance ont toujours été recherchés. Ils se prêtent à de très nombreuses applications. Le tourneur peut s’en servir pour actionner son tour, la couturière pour faire marcher sa machine à coudre. On trouverait certainement dans tous les métiers un exemple auquel conviendrait un moteur de ce genre. 11 n’est pas jusqu’au médecin qui n’ait à en souhaiter l’emploi pour mettre en mouvement une machine électrique statique, pour faire fonctionner des soufflets quand il s’agit de produire la respiration artificielle, pour actionner une petite dynamo pouvant fournir un courant régulier. Les applications sont innombrables. Mais jusqu’ici il a été très difficile de construire ce genre de moteurs dans des condi-
- FÀIBLE PUISSANCE
- tions tout à fait pratiques. Nous avons décrit autrefois un petit moteur domestique à pétrole d’une puissance de 15 kilogrammètres par seconde1. Nous pouvons présenter maintenant à nos lecteurs un moteur d’une puissance de 5 kilogrammètres par seconde, que vient de construire M. Guenet. Ce moteur est à gaz; mais à l’aide de quelques modifications, il serait très aisé d’en faire un petit appareil à pétrole.
- Dans ce petit moteur, nous trouvons un cylindre avec ailettes extérieures A, dont le refroidissement a lieu à l’air libre. Remarquons d’abord qu’il n’est pas besoin d’un écoulement d’eau tout autour du cylindre pour l’empêcher de chauffer; les ailettes sont disposées sur le cylindre de telle sorte que la
- Petit moteur à gaz d'une puissance de o kilogrammètres par seconde, attelé à une machine dynamo.
- température ne peut s’élever au delà d’une certaine normale. M. le I)1' Daussy a pu faire fonctionner le moteur, à l’hôpital Cochin, dans le service de M. I)u-jardin-Beaumetz, pendant trois heures et demie sans aucun arrêt. A l’intérieur se meut un piston avec une tige B portée sur l’excentrique. Sur l’arhrc est lixé un volant G, destiné à transmettre le mouvement. Les phases de" fonctionnement sont les quatre phases ordinaires bien connues ; première phase, le gaz est aspiré et remplit le cylindre; deuxième phase, le gaz est légèrement comprimé; troisième phase, le mélange est enflammé à l’aide d’une disposition spéciale et la détente se produit ; quatrième phase, les gaz sont rejetés au dehors et les mêmes phases recommencent. Pour l’inflammation du mélange gazeux, deux piles sont en circuit sur une hobine d’induction, et le circuit n’est fermé ([uc tous les deux tours, à l’aide d’un contact glissant qui se trouve sur une roue dentée E, engrenant
- avec la roue dentée montée sur le volant. Le tuyau T sert à l’introduction du gaz, le tuyau D sert pour l’aspiration de l’air; les gaz sont expurgés par le tuyau II.
- Le moteur repose sur un petit socle; ses plus grandes dimensions sont ; 20 centimètres de largeur, 27 centimètres de hauteur, et 40 centimètres de longueur totale d’une extrémité du volant à l’extrémité du piston. Le poids total est de 18 kilogrammes.
- Nous avons effectué chez le constructeur quelques expériences fort bien réussies sur la mise en marche, sur l’arrêt et sur la commande d’une petite machine dynamo actionnant deux petites lampes à incandescence d’environ 2 à o volts et 0,5 ampère. La vitesse angulaire du volant est de 000 tours par minute ; la puissance développée est en moyenne de
- 1 Yoy. n° 911, du 15 novembre 1890, p. 571
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- LA NATURE.
- 5 kilogranmictres par seconde. La dépense de gaz peut être évaluée à 100 litres par heure.
- Ce nouveau petit moteur, par sa simplicité et ses organes peu susceptibles, peut être appelé à rendre des services quand il s’agira d’avoir une faible source de puissance motrice. J. Lakfaugue.
- EXPÉRIENCES
- SUR LES TEMPÉRATURES ÉLEVÉES
- M. le professeur Roberts Àusten, le savant anglais bien connu, vient de présenter à Y Institution of civil engineers, de Londres, de très intéressantes expériences dans lesquelles, à propos de la mesure des températures élevées, il obtient, en appliquant le pyromètre thermo-électrique de notre compatriote, M. Le Chatelier, la détermination simple et rapide des points de fusion des métaux. La méthode consiste à placer dans un petit creuset, le métal dont on veut déterminer la température de fusion, en même temps que l’une dessoudures d’un couple thermo-électrique platine-platine rhodié à 10 pour 100. Ce couple est relié à un galvanomètre apériodique Ileprez-d’Arsonval à miroir. On envoie sur ce miroir un rayon lumineux dont l’image réfléchie vient se projeter sur une échelle, préalablement graduée dans des expériences préliminaires. En chauffant le petit creuset, on voit l’image se déplacer régulièrement sur l’échelle, s’arrêter un instant à 1045° G., au moment où la fusion se produit, et continuer ensuite sa course dans la même direction. On peut montrer de la même façon la fusion du palladium à 1500° C. et le phénomène spécial que présente le fer lorsqu’on le chauffe, phénomène connu sous le nom de recalescence.
- Pour cela, le couple thermo-électrique est placé sur un petit morceau de fonte de millimètres de côté environ. On chauffe ce morceau de fonte jusqu’à ce que la température atteigne environ 1000° C., et on laisse s’opérer le refroidissement. Le déplacement de l’index se fait régulièrement dans la direction du zéro, mais avec un arrêt très marqué vers 680° C. pour un échantillon renfermant 0,6 pour 100 de carbone. Ce point d’arrêt varie d’ailleurs avec la composition du fer, et d’un échantillon à l’autre. Il est bien évident que, dans les expériences de fusion des métaux, l’arrêt dans la variation de la température est produit par la chaleur latente de fusion pendant la période d’échauffement, et par la chaleur latente de solidification pendant la période de refroidissement.
- Dans la même communication, M. Roberts Austen a signalé également un thermomètre des plus intéressants pour la détermination des températures élevées, thermomètre actuellement à l’étude par MM. Baly et Chorley, dans le laboratoire de M. Ramsay, à University College. Le mercure dont se composent les thermomètres ordinaires bout à 560° centigrades, température bien inférieure à celle pour laquelle le verre qui le renferme se ramollit. 11 en résulte que le thermomètre à ampoule et tube de verre pourrait servir à la détermination de températures plus élevées que 300° C. si l’on disposait d’un liquide thermométrique convenable. Ce liquide existe, et n’est autre chose qu’un alliage de potassium et de sodium, qui permet de mesurer jusqu’à 600° C. en faisant emploi d’un thermomètre en verre dur et d’un tube capillaire gradué. Il y a là un appareil nouveau et original; il pourra rendre des services dans un grand nombre d’industries qui utilisent couramment des températures conqu ises entre 300 et
- 600°, et ne possèdent pas encore un thermomètre simple, économique et à lecture directe permettant d’effectuer ces déterminations, si utiles cependant pour la conduite méthodique et rationnelle des opérations.
- CHRONIQUE
- La finesse de l’écriture. — La notice que nous avons publiée sous ce litre (n0 1001, du 6 août 1892, p. 138) nous a valu plusieurs communications intéressantes. Un de nos lecteurs, M. Gardien, nous adresse plusieurs spécimens de son talent. C’est d’abord sa carte de visite derrière laquelle une page de La Nature est tout entière copiée à la main sur une surface carrée de 4 centimètres de côté. 11 y a 800 mots. Le même correspondant nous envoie en outre la copie du Pater, de Y Ave et du C redo dans la surface couverte par une pièce de 50 centimes. 11 y a en outre une dédicace, ce qui fait au juste 242 mots. C’est merveilleux de finesse et de délicatesse. Le journal la Chronique, de Bruxelles, qui semble l’un des premiers avoir remis à la mode les exercices de calligraphie microscopique, nous adresse la Note suivante : « 11 y a quelques mois, nous avons pu, grâce à la gracieuse obligeance de M. Bertrain, exposer dans notre salle de dépêches une carte postale sur laquelle un forgeron allemand a tracé fort lisiblement et très régulièrement plus de deux mille mots. Bientôt après, nous avons exposé un grain de froment portant, écrite par un Viennois, toute une strophe d’une ode autrichienne. Et nos compatriotes se sont, à leur tour, pris d’émulation. Naguère, nous avons pu montrer à nos visiteurs une carte postale, — oeuvre de M. G. Davignon, sergent-fourrier au 13e de ligne, — contenant plus de trois mille mots, écrits sans loupe ni lunettes. M. Davignon a été, à son tour, distancé par M. Arthur Vincent, sergent détaché à l’Institut cartographique militaire, qui a réussi à écrire, à l’encre de Chine, toujours sur une carte postale, cinq mille quarante-six mots ! Nous pouvions nous croire au bout de nos surprises. Bas du tout. — Un habitant de Saint-Gilles (Bruxelles), âgé de cinquante-huit ans, a fait le pari d’écrire sur une carte postale belge (d’un seul côté, s’entend) plus de six mille mots. Il a gagné son pari. Il a copié et recopié —jusqu’à concurrence de six mille deux cents mots, — le texte d’un article de neuf cent neuf mots, La Fée verte, paru dans la feuille parisienne le Jour, du 28 juillet dernier. Joli tour de force, à cinquante-huit ans, sans loupe ni lunettes ! Eh bien ! cela n’est rien encore. M. Arthur Vincent, dont nous parlons plus haut, — le sergent à la carte de cinq mille quarante mots — a voulu se surpasser : et il y a triomphalement réussi. Il a écrit sur une carte postale, avec une plume à dessin ordinaire, onze mille vingt-trois mots — copiant des articles parus dans la Chronique du 2 août dernier. Onze mille vingt-trois mots. Nous doutons qu’il soit possible d’aller plus loin. Et notez que ces onze mille vingt-trois mots sont écrits très nettement, d’une jolie écriture, ferme et serrée, et qu’il n’y a ni abréviations ni tricheries. »
- Une mine de soufre nu Japon. — Un correspondant de la Mail de Yokohama lui a écrit pour lui faire connaître le résultat d’une visite à une mine de soufre située au norddel’île principale. Les ateliers sont construits sur une plate-forme formée dans une gorge en partie par un glissement de terrain, en partie de main d’homme ; une route part derrière les mines et monte jusqu’aux sol-
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- làtares. De chaque côté sont de hautes collines bien boisées, sauf au point où se sont produits les glissements. Le soufre est fondu à l’aide de la vapeur surchauffée. A un kilomètre et demi, en remontant la vallée, se trouvent des sources qui alimentent les bains des usines ainsi qu’un établissement de bains situé dans une autre vallée. L’eau, délicieusement chaude, contient en suspension de la fleur de soufre que l’on recueille pour les besoins de la localité, et en solution de l’alun et du sulfate de fer. Ces sources, ainsi qu’une source d’eau potable, s’échappent du sol à la température de l’ébullition : elles se refroidissent rapidement, à moins d’être canalisées dans des conduites couvertes. En quittant les sources, on arrive dans la région du soufre proprement dite qui occupe le sommet de la gorge. Avant d’appartenir au propriétaire actuel, les mines étaient exploitées pour le compte du Gouvernement; l’une des dernières exploitations qui existe encore est fort curieuse, elle consiste en une petite galerie dont le plafond, très chaud, laisse couler des stalactites formées de soufre pur cristallisé en très belles aiguilles ; elles sont transparentes quand on les recueille, mais deviennent bientôt opaques et subissent une transformation moléculaire qui donne naissance à de petits cristaux octaédriques très friables, montrant que le soufre s’est déposé à l'étal de fusion. Arrivé au sommet de la vallée, on commence l’ascension du cratère ;*une distance de 240 mètres sépare les ateliers les plus avancés de la crête du cône. 11 n’est ni prudent ni facile de gravir la pente, un mineur armé d’un pic précède l’explorateur en taillant des marches. A mi-chemin du sommet, on entre dans les fumées qui se dégagent du sol. Au fond du cratère, on aperçoit des monticules de soufre pur en quantités pour ainsi dire inépuisables. Les tranchées taillées dans les parois dégagent des fumées et des gaz dont les ouvriers doivent se préserver avec grand soin. La dernière éruption du volcan, qui remonte à trois cent quinze ans, causa de grands dommages. La ville de Nuinajiri, qui en est la plus rapprochée, possède encore des usines du temps passé; le soufre y était fondu dans des chaudières ouvertes, puis raffiné dans des fours à cylindre. Ces usines ne sont plus en activité, mais on peut juger que la méthode employée était très dispendieuse et devait dégager des torrents de vapeurs délétères 1.
- Iæ mica employé comme lubrifiant.— Dans notre livraison du 15 août 1892 (p. 171), nous faisions appel à nos lecteurs pour nous fournir quelques renseignements à ce sujet. M. L. Cavaniet a l’obligeance de noüs les donner. Les graisses animales ou végétales qui sont employées dans la lubrification des organes de machines de poids ordinaire sont trop fluides et coulent très rapidement sans produire un grand effet utile, lorsqu’on les applique au graissage des machines de grosse fatigue, telles que les laminoirs, les broyeurs, les concasseurs, etc., machines dont les organes subissent des pressions très fortes. On obtient de meilleurs résultats en formant avec un corps gras végétal, minéral ou animal, du savon et une terre alcaline, une masse solide dont on augmente encore la résistance à la fusion en y incorporant des corps inorganiques lubrifiants tels que le talc, la plombagine, le soufre en poudre très fine ou le mica pulvérisé. Le 5 mars 1891, un brevet anglais a été pris par MM. E.-II. Ridsdule, à Guisborough et A. Jones à Middlesborough pour l’exploitation de celte invention. Voici, comme exern-
- 1 D’après le Pharmaceudcal Journal et le Moniteur scientifique.
- pie, la composition de deux de leurs graisses pour machines lourdes : 1° graisse dure : chaux ou magnésie,
- 5 parties; savon ordinaire, 6; graisse appropriée, 75; plombagine ou mica, 16; 2° graisse molle: chaux ou magnésie, 2 parties; graisse appropriée, 45; soufre en poudre, 4; mica en poudre, 19; huile lourde de pétrole, 30. Ces graisses sont formées en blocs, cylindres, baguettes, etc., de dimensions convenables suivant le mode d’emploi. (D’après le Moniteur scientifique.)
- Le pape Léon XIII et la photographie. — Le
- pape Léon XIII vient d’envoyer à la princesse Isabelle de Bavière cet éloge, en vers latins, de la photographie :
- A rs Photographica Expressa solis speculo Nitens imago quam bene Frontis decus, vim luminum Refers, et oris gratiam.
- O mira virtus ingeni,
- N’ovumque monslrum ! Imaginem Naturæ Apellis æmulus Non pulchriorem pingcrct.
- Léo. P. P. Xlll.
- O image engendrée par le soleil, comme tu rends bien le front majestueux, le regard brillant et la grâce de la physionomie! Merveille du genre humain; nouveau prodige! Un émule d’Apclle ne saurait peindre un plus beau tableau de la nature.
- Cet autographe, que nous empruntons à VIntermédiaire des chercheurs et des curieux, est destiné à une vente de charité organisée par la princesse, et doit figurer à côté d’autres autographes et de photographies de personnages connus.
- Nouvel essai des charbons du Tonkin. —
- Il a été souvent parlé des mines de charbon du Tonkin, et il est bien démontré que notre nouvelle colonie possède un bassin carbonifère très puissant ; de même qu’en An-nam, près de Tourane, il existe les centres houillers de Nong-Son, de même au Tonkin on peut citer au moins les exploitations de IIong-Hay et Kelao. Mais il importe surtout de savoir ce que valent ces charbons, et comme les renseignements concluants manquent encore un peu à ce sujet, nous sommes heureux de trouver des indications précises sur la matière dans une correspondance écrite par le prince Henri d’Orléans, pendant le voyage si intéressant qu’il vient de faire. C’est à Hong-Kong, en terre an glaise, qu’il a pu voir les charbons tonkinois de Ilong-llay, non point essayés, mais employés avec un succès complet. Il arrive en rade de Hong-Kong sur un steamer brûlant de ce charbon et ne produisant aucune fumée, et il vient visiter la grande raffinerie de sucre Jardine et Matheson. Cette usine est én pleine activité. Douze grands fourneaux assurent le service des chaudières, trois grandes cheminées procurent le tirage nécessaire : de celle qui ne correspond qu’à des fourneaux brûlant du charbon du Japon, la fumée est noire ; pour un mélange en parties égales, de Japon et de Ilong-IIay, elle est grise ; enfin il n’y a pas de fumée du tout pour le Ilong-llav. Dans trois fourneaux, on se trouve très bien d’un mélange des deux produits en poussières, qui s’agglomèrent sous l’influence de la chaleur ; peu d’escarbilles, qu’on rebrûle, et flamme blanche et longue. Cela permet une économie de 15 à 20 pour 100 sur l’emploi exclusif du Japon pur. Certains fourneaux emploient le Hong-IIay seul, venant d’une profondeur maxima de 20 mètres, en beaux morceaux parfois brillants et où l’analyse a trouvé 8 à 9
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- pour 100 de matières volatiles et 90 pour 100 de carbone (au lieu de 00 pour 100 dans le Japon). Un poids déterminé de charbon de Uong-IIay donne la même chaleur tpie trois fois plus de Japon ; on obtient une flamme blanche et haute, et cela sans l’emploi de grilles spéciales, mais seulement grâce à un bon entretien du feu.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du ‘22 août 1892. — Présidence de M. Duchartre.
- Le choléra. — M. Daremberg a résumé dans un livre intitulé : Le choléra, ses causes, moyens de s’en préserver, tous les faits acquis par la science, tant au point de vue de l’hygiène propre à prévenir l’atteinte de la maladie qu’à celui du traitement à appliquer lorsque le mal s’est déclaré. Il signale les dangers qu’offre, pour la santé publique, la pratique du tout-à-l’égout, et présage des calamités pour l’avenir si l’on n’abandonne ce système.
- En faisant l'éloge du livre de M. Daremberg, M. Pas-leur appelle l’attention sur les dernières tentatives de vaccination cholérique qui ont été exécutées à l’Institut Pasteur. M. Ilafl-kine s’est inoculé sous la peau le produit de certaines cultures du microbe cholérique.
- Le résultat immédiat de cet audacieux essai a été un malaise qui n’a persisté que trois à quatre jours. L’expérimentateur s’est ensuite inoculé le liquide de cultures très virulentes et n’a éprouvé aucun accident. Enfin la même expérience a été répétée avec succès, ou tout au moins sans inconvénient subséquent, sur trois autres personnes. Cette vaccination a-t-elle réellement conféré aux opérateurs l’immunité cholérique? M. Pasteur déclare que telle est l’opinion de ces messieurs, mais qu’il est encore impossible de se prononcer positivement, dans l’état de la question.
- Varia. — M. Ferran adresse une Note sur l’action chimique du bacille du choléra asiatique; il montre qu’il détermine la fermentation lactique.
- Ch. de Viljledeuil.
- RÉCRÉATIONS SCIENTIFIQUES
- UNE TOUPIE FACILE A CONSTRUIRE
- Rien que la toupie figure parmi les jouets qui ont reçu le plus grand nombre de modifications, nous avons cru intéressant de décrire encore une disposition nouvelle que nous fait connaître le Scientific
- American. La toupie que nous allons présenter'à nos lecteurs peut être construite par les enfants rapidement et à peu de frais; elle offre, de plus, quelque originalité dans son mode de lancement.
- La toupie proprement dite est constituée par un disque de carton de 8 à 10 centimètres de diamètre, de l’épaisseur d’une carte de visite, portant une série d’ailettes disposées obliquement. Ces ailettes sont obtenues en fendant le carton sur trois des côtés d’un rectangle et en repliant le carton sur le quatrième côte (n° 5). L’axe delà toupie est formé par une aiguille ordinaire ou une tige de bois fixée au centre du carton à l’aide d’une goutte de cire à cacheter (n° 2). L’axe ainsi formé dépasse de 5 à 4* centimètres à la partie supérieure, et de 5 à 6 millimètres à la partie inférieure, pour constituer le pivot., Pour lancer la toupie, on prend une de ces bobines en bois sur lesquelles est roulé le fil et que l'on trouve chez, tous les merciers : on introduit l’aiguille dans le trou de la bobine et l’on souffle, tout en maintenant la toupie, en exerçant une légère pression sur la pointe inférieure de sa tige. Dès que l’on commence à souffler, ou lient retirer le doigt : la toupie se met à tourner rapidement sous l’action du courant d’air qui vient frapper les ailettes, tandis qu’elle est maintenue en l’air, suspendue dans l’espace. Cette suspension dans l’espace résulte du vide partiel exercé par le mouvement centripète de l’air entre la surface inférieure de la bobine et la surface supérieure du disque, et de l’action de la pression atmosphérique extérieure. La toupie se maintient ainsi suspendue tant que l’on souffle; dès que l’on cesse, la toupie retombe et continue pendant quelque temps son mouvement de rotation, si l’on a eu soin de disposer au-dessous une surface dure et lisse telle qu’une plaque de verre, une assiette, etc., sur laquelle elle puisse facilement tourner. Les figures qui accompagnent cette Note sont suffisamment claires pour que nous n’ayons pas besoin d’insister davantage sur la construction et le mode d’emploi de ce jouet simple et ingénieux.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissaxdier.
- Paris. — Imprimerie Luliure, rue de Fleurus, 9.
- Hue toupie facile à construire. — 1. Vue d’ensemble de la toupie. 2, 3 et 4. Détails de la construction.
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- IA STATION ZOOLOGIQUE D’ARCACHON1
- Fig. 1. — Station zoologique d’Arcaclion. — Un laboratoire.
- Dans un récent travail dont l’auteur, M. le I)r II. Viallanes, directeur de la Station zoologique d’Arc a chou, a communiqué les principaux résultats à l’Académie des sciences, il vient d’ôtre déterminé nettement, la cause du dépérissement de la culture buî-trière dont se plaignaient, depuis plusieurs années, les par-queurs arcachon-nais.
- «L’eau de mer, qui tient toujours en suspension des particules solides, se clarifie avec une rapidité surprenante quand, dans le vase qui la contient, on place une Huître ou une Moule. Ces animaux, on elfet, dès qu’ils sont plongés dans leur milieu natu-
- 1 Yoy. n° 715, du 12 lévrier 1887, p. lt>2.
- rel, établissent un rapide courant d’eau entre leurs valves écartées; parmi les particules que ce courant entraîne, les unes sont agglutinées en volumineux ^grumeaux, par une sécrétion muqueuse du manteau, puis aussitôt rejetées ; les autres traversent le tube digestif pour être ensuite expulsées sous forme d’excréments solides1. »
- Il résulte des expériences comparatives précises de M. le I)r 11. Viallanes, dans le détail desquelles je ne saurais entrer ici, (pie la Moule, dont la valeur commerciale
- 1 II. Viallanes. Recherches sur la filtration de l’eau par les mollusques et application à l’ostréiculture et à l’océanographie. (Comptes rendus, Académie des sciences, 7 juin 1892.)
- 20° aimée. — 2e semestre.
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- est, nulle à Arcachon, absorbe trois fois autant de nourriture que l'Huître française, et que l'Huître portugaise consomme cinq fois et demie autant que cette même Huître française.
- Or, à la suite de l’établissement, en clayonnages de bruyères, des digues de soutènement des parcs, les Moules ont envahi le bassin arcachonnais au point d’atteindre, à l'heure actuelle, le chiffre de trois milliards d'individus — consommant par conséquent, en pure perte, la nourriture- de neuf milliards d’Huîtres. — La destruction des Moules et des Huîtres portugaises, qui sera la conséquence des recherches si intéressantes de M. H. Viallanes, sera aussi le remède efficace apporté à une crise de l’industrie ostréicole, dont les causes nous avaient jusqu’ici échappé.
- L’expérimentation précise d’un biologiste éminent a donc, une fois de plus, permis de résoudre un problème confus dont la portée économique est cependant considérable; mais ces travaux appellent plus spécialement l’attention sur la station marine où ils ont été exécutés et dont l’histoire comporte d’assez beaux résultats scientifiques pour mériter de nous arrêter un peu longuement.
- Voici environ trente années qu’il se forma, à Arcachon, une société d’hommes éclairés, amis des sciences sinon hommes de sciences eux-mêmes (aimant aussi beaucoup leur pays), qui conçurent le projet de créer, avec leurs propres ressources, des laboratoires et des collections pouvant servir à l’étude scientifique des industries locales.
- Au nombre de celle-ci se trouvaient la Pêche et l'Ostréiculture pour lesquelles la Société arcachon-naise organisa une Exposition qui réunit près de 700 adhérents. Ce fut là une hardie et coûteuse tentative, dont le plus franc succès couronna du reste la conception, et qui dota la Société d’un musée et d’un aquarium.
- Construit d’abord dans le seul but d’attirer le public à l’Exposition, celui-ci fut maintenu dans la suite, en raison de son utilité pour l’étude physiologique des animaux marins, et la Société décida bientôt de lui adjoindre un laboratoire « où il fût, « possible d’instituer des expériences de piscicul-« turc et de faire des préparations anatomiques ».
- 11 ne fut naturellement pas édifié d’un coup un établissement luxueux, où la seule construction pût engloutir le capital, assez faible d’ailleurs, dont disposait la Société scientifique (VArcachon. L’installation fut modeste, sage, peu bruyante. Néanmoins, on y put faire d’excellents travaux et Paul Bert puis Armand Moreau y exécutèrent des recherches sur la biologie des animaux marins.
- La Station zoologique ainsi créée et consacrée par l’importance des travaux qui y étaient exécutés, traversa cependant une période de crise, ne pouvant maintenir qu’assez difficilement l’équilibre entre les exigences pécuniaires d’un pareil établissement et les ressources modiques d’un budget que soutenaient heureusement des subventions du Conseil général de la Gironde et de la municipalité ar-cachonnaise.
- Elle se releva vaillamment, toutefois, grâce à
- l’énergie et au dévouement des hommes qui en avaient pris la charge. •— Ce n’étaient cependant pas des spécialistes, au sens strict du terme, des zoologistes professionnels. — Peu à peu, du reste, bien que la Société entendit conserver toute son indépendance, et malgré la création des si nombreux laboratoires de nos côtes, il lui vint (de tous les points de France) des professeurs, des savants, qui usèrent d’une hospitalité quelle donnait très large et très discrète.
- Aujourd’hui, la Station zoologique d’Arcachon, encore qu’elle ait conservé une grande modestie d’allures, est l’une des mieux comprises et aussi des plus florissantes stations de biologie marine française.
- Elle comprend plusieurs laboratoires pourvus d’une double canalisation d’eau douce et d’eau marine, un aquarium très vaste et parfaitement installé, une bibliothèque fort riche qui se développe tous les jours, enfin, un Musée de l’histoire naturelle locale, où la faune conchyliologique du sud-ouest est complètement représentée et que M. Giard, l’éminent professeur de la Sorbonne, a voulu doter de types comparatifs des mers du nord.
- Très profitable aux savants qui veulent se livrer à des recherches dans ses laboratoires, la Station zoo-logiqne d’Arcachon a voulu être utile encore à ceux
- Fig. 3. — Han de la slalion zoologiinic tl’Areaehon.
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- que leurs occupations retiennent éloignés du bord de la mer. Elle est parvenue à étendre ainsi sa mission d’utilité scientifique et publique, en organisant un service d’envois d’animaux marins pour nos établissements universitaires ou pour les particuliers, service que facilitent la richesse faunique du bassin d’Arcachon et les pêches pratiquées au large de nos cotes gasconnes par les vapeurs de la « Société des Pêcheries de l'Océan ».
- Enfin, ne reculant devant aucun sacrifice, elle a voulu organiser un service d’observations océanographiques.
- Depuis quelques années, grâce surtout aux efforts de M. le professeur J. Thoulet, l’océanographie , science relativement nouvelle, préoccupe un certain nombre d’esprits scientifiques, non seulement dans le monde des hydrographes et des physiciens, mais aussi dans celui des naturalistes.
- Tous ceux qu’intéresse la biologie des êtres marins — et qui, ne se bornant pas à la connaissance des dissemblances et des parentés morphologiques de ces êtres, veulent essayer de comprendre les conditions obscures de leur existence, — saisissent facilement quelle importance présente la connaissance physique, chimique et dynamique du milieu océanique.
- Si précises que soient aussi les expériences de physiologie expérimentale, elles ne peuvent servir que de preuves a posteriori dans l’étude des relations des animaux marins et du milieu où ils vivent. La hase nécessaire de cette étude doit êire l’observation minutieuse de la distribution de ces êtres suivant les variations de l’élément où ils sont plongés. Encore faut-il connaître exactement cet élément dans sa composition, sa densité, sa température, sa photométrie, ses mouvements, etc.; et ce n’est, en somme, qu’assez récemment, à la suite des grandes explorations sous-marines, (jue l’on a abordé ces problèmes divers, avec une méthode scientifique et une instrumentation spéciale.
- Il appartient bien à la Station zoologique d’Arcachon, qui fut fondée autrefois (1867) par l’initiative privée, avant qu’aucun laboratoire maritime existât en France ou à l’étranger, d’être aussi le premier établissement de ce genre à entreprendre l’élude méthodique et suivie du milieu océanique qui l’avoisine.
- Comme consécration de cette heureuse innovation, M. le professeur J. Thoulet a bien voulu instituer le programme des observations qui seront faites et lever lui-même la carte géologique du bassin d’Arcachon.
- Dans la voie nouvelle où vont s’engager ses recherches, la Station zoologique rendra de signalés services aux sciences philosophiques à coup sur, mais aussi elle sera grandement utile à l’étude des pêcheries scientifiques , établissant une méthode rigoureuse pour l’examen des relations des poissons et autres animaux comestibles avec le milieu oîi ils vivent.
- Aussi bien, après les remarquables èt pratiques recherches de M. le Dr II. Viallanes, que ne devons-nous pas espérer pour l’avenir? Georges Hoché.
- TRANSPORT D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE
- X GRANDE DISTANCE
- TIVOLI-ROME
- Une lutte des plus curieuses et des plus intéressantes est actuellement engagée entre les courants continus, les courants alternatifs simples et les courants alternatifs polyphasés, en vue du transport et de la distribution de grandes quantités d’énergie à de grandes distances. Il y a une dizaine d’années à peine, tous les électriciens auraient unanimement donné la préférence aux courants continus, comme se prêtant le mieux aux multiples applications que peut recevoir une distribution d’électricité bien entendue, mais depuis quelque temps, les idées se sont bien modifiées par suite des progrès réalisés dans l’emploi des courants alternatifs, grâce aux transformateurs qui permettent l’utilisation de hautes tensions pour le transport de l’énergie, et de basses tensions pour la distribution.
- Il existe dès maintenant de bons moteurs à courants alternatifs, ce qui a fait également disparaître l’objection relative à l’emploi de ces courants pour la mise en action des petits moteurs. Reste enfin la question d’emmagasinement, non résolue industriellement jusqu’ici, mais quine présente pas encore un bien grand intérêt pratique, lorsqu’il s’agit d’utiliser des forces motrices naturelles à distance. Le problème est néanmoins à l’étude et tout fait espérer une solution prochaine : il n’y aura plus alors aucune objection contre l’emploi de ces courants qui ont en leur faveur une grande facilité de production et de transformation. 11 ne faut pas perdre de vue, en effet, qu'une machine dynamo est, par sa nature môme, un générateur électrique à courants alternatifs, qu’un ingénieux artifice, le commutateur ou collecteur, rend continus. 11 peut donc y avoir intérêt, et l’expérience prouve nettement qu’il y a souvent intérêt, à transmettre les courants engendrés sous leur forme naturelle, quitte à en effectuer la transformation en courants continus à l’arrivée en tout, en partie, ou pas du tout, suivant les besoins de chaque application.
- Un des avantages de l’emploi de ces courants alternatifs a été la possibilité d’obtenir des tensions élevées, beaucoup plus élevées que celles dont on peut faire usage avec les courants continus.
- Il n’existe pas, en effet, d’installation électrique à courant continu dans laquelle la tension dépasse 5000 volts, tandis qu’on utilise normalement aujourd’hui 4000 et 5000 volts avec les courants alternatifs. C’est précisément une installation remarquable, fonctionnant à 5000 volts, dont nous voulons présenter les dispositions essentielles à nos lecteurs.
- La ville de Rome possédait, depuis plusieurs an-
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- nées, une installation importante d’éclairage électrique par courants alternatifs et transformateurs fonctionnant à 2000 volts, avec machines à vapeur.
- Cette installation, souvent agrandie, devint bientôt manifestement insuffisante pour satisfaire aux demandes sans cesse croissantes de courant, et c’est
- Fig. 1. — Machines dynamos et turbines de l'usine électrique de Tivoli-Ilome.
- dans le but d’accroître l’importance de l’installation (pie 1 on songea à utiliser la puissance hydraulique des chutes de Tivoli, situées à 28 kilomètres de Rome. Mais comme, eu égard à la distance, Je potentiel de 2000 volts aurait été manile stem en t insuffisant pour le transport de la puissance électrique prévue, puissance qui dépasse T 000 kilowatts, on a dù recourir à un potentiel plus élevé. L’énergie électrique produite à Tivoli est transportée à 5000 volts aux portes de Rome dans une sous-station où elle subit une première transformation à 2000 volts ; de là elle est canalisée dans la ville et ramenée à 100 volts sur les circuits d’utilisation par une seconde transformation. Le
- I rendement élevé des transformateurs, rendement I qui dépasse aujourd'hui 96 pour 100 à pleine
- charge, permet cette double transformation qui aurait paru impossible il y a quelques années.
- Dans ces conditions, la distribution se trouve unifiée dans toute la ville,ce qui permettra d’arrêter complètement l’usine à vapeur pendant la journée et pendant les heures de faible consommation, tout le service étant fait, pendant ce temps, par l’usine hydraulique de Tivoli.
- Nous allons résumer les principales dispositions de cette installation, en utilisant les renseignements que nous devons à l’obligeance de M. Zipernowsky. Installation hydraulique. — La station généra-
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- triée est établie à Tivoli, dans la Villa Mecenate, ancienne résidence de Mécène, premier Ministre de l'empereur Auguste. Elle est alimentée par une chute d’eau de 110 mètres, dont 10 mètres sont pris pour d’autres applications industrielles locales. Le débit
- de cette clmte est de 3500 litres par seconde ; cette véritable rivière est amenée sur un ancien viaduc romain, dans un canal de 150 mètres de long et 2m,7 de large, à un point appelé Station IV, où est établie l’usine hydraulique. Ce canal débouche au
- Vue des chutes de Tivoli, et de la nouvelle usine électrique génératrice.
- Fig. 3. -
- sommet d’une tour dans laquelle on a établi un tube vertical en tôle de lm,6 de diamètre et de 40 mètres de hauteur; des déversoirs sont aménagés autour de ce tube et le long du canal, en vue de maintenir le niveau constant. A la partie intérieure de la tour, un tube horizontal de lm,6 de diamètre et de 50 mètres de longueur amène le volume d’eau nécessaire
- à l’usine au niveau du sol. Le bâtiment des machines, solidement construit sur le flanc de la montagne, dans une situation fort pittoresque (fig. 3), comprend, sans parler des pièces annexes, une salle de machines de 25 mètres de longueur et de 15 mètres de largeur. Le tube horizontal qui pénètre dans cette salle se subdivise en trois branches horizontales,
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- chacune d’elles portant trois dérivations qui desservent les neuf turbines dont se compose l’installation, eonnnp le montre le plan.
- Un .système très complet de vannes, manœuvrées hydrauliquement de la salle des machines, permet d isoler à volonté de la canalisation l’une quelconque des dérivations en quelques secondes, de sorte que, même dans le cas bien improbable de rupture d’un tuyau, la sécurité de fonctionnement de l’usine resterait entière.
- Les neuf turbines forment trois groupes correspondant aux trois dérivations horizontales des tubes. Chacun d’eux se compose de deux turbines de 550 chevaux et d’une turbine plus petite de 50 chevaux. Toutes ces turbines sont des turbines Girard à axe horizontal et admission partielle, et munies de régulateurs automatiques du système Ganz. Ces turbines sont soigneusement enfermées et laissent échapper l’eau par-dessous; toutes les mesures ont été prises pour maintenir la salle des machines dans un état aussi sec que possible. La figure 1 montre l’ensemble de ces dispositions, la figure 2 est un plan montrant la répartition des turbines et des dynamos dans la salle des machines.
- Alternateurs. — Les deux turbines de chaque groupe actionnent chacune, par commande directe, un alternateur produisant 42 ampères et 5100 volts à la vitesse angulaire normale de 170 tours par minute. Le système inducteur a 2m,2 de diamètre et porte 50 pôles, ce qui correspond à une fréquence de 42,5 périodes par seconde. La petite turbine complétant chaque groupe actionne une excitatrice à 4 pôles et produit, à la vitesse angulaire normale de 575 tours par minute, 180 volts et 150 ampères (27 kilowatts), puissance largement suffisante pour l’excitation de trois alternateurs. Trois treuils roulants, disposes dans la salle des machines, rendent le démontage, les visites et l’entretien très faciles.
- Réglage. — Tous les alternateurs sont couplés en dérivation, toutes les excitatrices le sont aussi d’autre part, ce qui simplifie considérablement le service et le réglage. Des rhéostats à main ont été introduits dans le circuit d’excitation de chaque alternateur. Le réglage proprement dit s’effectue à l’aide de deux rhéostats automatiques système Blathy, agissant sur les courants d’excitation des excitatrices, et réglant leur production de telle sorte que la tension du courant alternatif soit maintenue constante à Rome, les pertes en ligne étant compensées par un égalisateur de tension.
- Sur le tableau de distribution sont disposés des ampèremètres et des voltmètres correspondant à chaque machine ; on peut ainsi, d’un seul coup d’œil, embrasser les conditions de fonctionnement de chacune d’elles à chaque instant. Les interrupteurs sont formés par des vases cylindriques en ébonite renfermant du mercure dans lesquels plongent les tiges de contact. En manœuvrant ces vases avec des leviers convenables, on réalise aisément toutes les connexions nécessaires.
- Ligne. — La ligne Tivoli-Rome traverse presque en ligne droite l’inculte et désolée Campagne romaine et se compose de 4 câbles en fil de cuivre. Chacun de ces câbles est formé d’un toron de 19 fils de 2mm,6 de diamètre, ce qui correspond à une section totale de 100 millimètres carrés. L’ensemble des 4 câbles pèse environ 100 tonnes. Ces câbles peuvent être groupés entre eux à volonté au départ et à l’arrivée, ce qui est très important en cas de réparation nécessaire à l’un d’eux. Lorsque cinq machines fonctionnent en même temps à pleine charge, la sixième formant réserve, la perte en ligne est de 1020 volts, soit environ 20 pour 100.
- La Campagne romaine étant déserte, on a pris des précautions spéciales pour la construction de la ligne, qui est posée sur de solides isolateurs à huile, distants de 55 à 40 mètres. Les poteaux qui supportent ces isolateurs sont constitués par deux fers à T de 21 centimètres de largeur, juxtaposés et rivés. Les poteaux supportent aussi deux fils de bronze silicieux de 2 millimètres de diamètre servant aux communications télégraphiques et téléphoniques.
- Sous-station. —La ligne à haute tension arrivant de Tivoli s’arrête, avant d’entrer dans Rome, dans une sous-station placée près de la Porta Pia, où sont installés les transformateurs et autres appareils. Comme l’installation électrique de Rome, que Tivoli doit supplémenter, fonctionne à 2000 volts, et que Tivoli fournit l’énergie électrique à 4000 volts à la sous-station, il faut ramener tout d’abord le potentiel à 2000 volts. A cet effet, 52 transformateurs de 25 kilowatts chacun ont été disposés dans cette sous-station en vue de la transformation de 4000 à 2000 volts. Un premier groupe de 16 transformateurs transmet les 2000 volts alternatifs sur un réseau souterrain de câbles concentriques qui sert à la distribution générale du courant dans Rome.
- Un second groupe de 16 transformateurs de 25 kilowatts est employé pour le service des lampes à arc. Chacun d’eux dessert 45 lampes de 14 ampères, et il y en aura 14 en service, ce qui correspond à plus de 600 lampes; les deux autres transformateurs constituent la réserve. Un rhéostat automatique, introduit dans le circuit de chaque série de lampes, maintient l’intensité constante à 14 ampères par l’introduction ou l’enlèvement de résistances ; mais, pour réduire les pertes auxquelles on serait ainsi entraîné, les secondaires des transformateurs permettent de produire, par un couplage convenable, 500, 1000, 1500 ou 2000 volts; on passe très facilement d’un potentiel à l’autre pendant la marche.
- Si l’on veut juger des progrès accomplis dans le transport de l’énergie à distance par l’emploi de l’électricité, il suffit de rappeler qu’en 1875, à l’Exposition de Vienne, M. Fontaine avait transmis une puissance insignifiante à quelques centaines de mètres, tandis qu’on transporte aujourd’hui plus de 1200 chevaux à 28 kilomètres. Et nous ne sommes pas au bout. E. Hospitalier
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- LA N A TIIH E.
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- CHALETS-REFUGES DE MONTAGNE
- Nous trouvons, dans le journal le Dauphiné, les détails suivants sur le chalet-refuge qui vient d’être inauguré à l’Alpe du Villard-d’Arènc, près la Grave (Hautes-Alpes) : « Par ses dimensions et la nouveauté de son agencement intérieur, ce chalet mérite une courte description. Il est entièrement en bois et se compose d’une salle de 5 mètres sur 5, d’une cuisine, d’un lavabo, de water-closet, d’une chambre de guides et de six chambres d’ascensionnistes contenant trente-deux lits disposés comme dans les paquebots. Les cloisons extérieures, formées de petites lamelles de bois comme les parquets de luxe, sont doubles, et chaque paroi est séparée de l'autre par un espace de 7 centimètres. Bien que les lamelles soient hermétiquement jointes, chaque jointure est encore protégée par un contre-joint. Tout l’extérieur est recouvert d’épaisses couches de goudron, et le toit de l’abri est en zinc ondulé. L’ensemble de ce chalet, mobilier compris, pèse 15 000 kilogrammes, et les diverses pièces qui le composent ont été transportées à dos d’homme jusqu’au point où il est actuellement monté, soit à une altitude de 1950 mètres. On est redevable à M. Joseph Lemercier, fds du fondateur du Club alpin français, de l’établissement de ce chalet, destiné à faciliter les ascensions des massifs de Séguret-Foran, des Agneaux, des Ecrins, des Grandes-Ruines, de la Meige et du glacier d’Arsines. »
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- L’ÉLÉPHANT
- Le dieu Siva — l’une des trois personnes de la Trinité hindoue — ayant certain jour quitté sa demeure, fut extraordinairement et péniblement surpris à son retour de voir entre les bras de son épouse Parvati ou Bhavani, un jeune enfant, un nouveau-né. En sa qualité de Dieu de la destruction et de la mort, et agité sans doute de sentiments violents , ce vindicatif personnage s’empara sur-le-champ d’un coutelas et coupa le cou de l’intrus. Cela fait, il demanda des explications. Elles furent d’une simplicité.... préhistorique. Parvati, en prenant un bain, s’était grattée fortement, l’épiderme s’était détaché en fragments que Parvati s’était amusée à rouler en une houle qu’elle façonna en l’orme d’enfant, puis elle avait soufflé dessus, et cela avait pris vie. Siva s’écria : « Cela est regrettable ! que ne parliez-vous plus tôt. » Et le dieu radouci et repentant, avisant un éléphant voisin, lui trancha la tète qu’il colla sur le tronc de l’enfant, devançant ainsi les plus modernes tentatives de greffe animale, et réussissant l’expérience du premier coup, car la tète ne périt point, et le corps de l’enfant reprit la vie. a Voilà qui est bien, fit le dieu, j’ai toujours été vif, mais voici du moins une vivacité réparée. » La figure 1 représente d’après une peinture indienne le jeune enfant au naturel avec sa tête d’éléphant dans les bras de sa mère. L’enfant à tête d’éléphant se développa et grandit; son nom fut Ganesa, et il devint une divinité domestique bienveillante dont l’effigie surmonte la porte de la plupart des demeures hindoues.
- C’en est assez pour expliquer le respect et la vénération des Hindous pour h; monstrueux quadrupède ; ef, si nous en croyons M. Lockvvood Kipling (pii, dans son excellent ouvrage Beast and Man in India (Macmillan) consacre un long chapitre au plus volumineux des mammifères terricoles, la civilisation n’a nullement diminué cette vénération. Les poètes de l’Inde ne vont-ils pas jusqu’à dire de leurs héroïnes qu’elles ont « la démarche aussi voluptueuse que celle de l’éléphant ? »
- Quoi qu’il en soit, l’éléphant est un animal sacré, et le plus petit rajah, quand il devrait s’y ruiner, doit entretenir au moins un de ces animaux : M. Kipling en a vu un — un éléphant — qui coûte à son maître les quatre cinquièmes de son très maigre revenu. D’ailleurs l'animal est exigeant : sa nourriture coûte toujours de 100 à 200 francs par mois, et pour peu qu’on veuille l’orner, le harnacher, la dépense devient vite considérable. 11 est employé le plus souvent à transporter son maître; mais il est propre à tous les métiers. Il n'y a pas bien longtemps encore, il a servi de bourreau... Dans certains cas le criminel était attaché par une corde à la patte de derrière de l’animal que l’on faisait courir à toute vitesse à travers les rues ; le plus souvent la victime était saisie par la trompe de l’éléphant qui la frappait violemment contre ses propres pattes de devant; puis elle était jetée d’avant en arrière et d’arrière en avant par les formidables coups de pied de la hôte; enfin celle-ci s’agenouillait sur le corps généralement inanimé qu’elle écrasait en une pulpe sanglante.
- L’éléphant n’est pourtant pas un méchant animal. Il est considéré comme assez intelligent — assez, non pas excessivement — et très docile. C’est cette docilité qui permet de l’employer à des besognes très variées, et pour juger de celle-ci, il faut voir comment il se comporte quand, à l’occasion de quoique cérémonie, on l’orne et le harnache. On commence par l’amener au bord de quelque ruisseau ou rivière où il est lavé et frotté d’abord avec un soin minutieux : il se couche à terre, il se tourne et retourne à la voix de son conducteur, et s’il se permet quelque inadvertance, un coup de trique le ramène à la notion de la réalité. Le lavage achevé, il aide avec sa trompe son conducteur à lui monter sur le dos, et on revient au logis. Là, nouvelle opération. Toute une série de pots de peinture est extraite des profondeurs d’une armoire, et un peintre se met à orner la tète de l’animal de dessins bizarres, multicolores, qui courent jusque sur la trompe et le cou (fig. 2) ; l’éléphant, qui trouve cela peu récréatif, manque rarement de jouer à tort et à travers avec les pots de peinture, et cela lui attire généralement quelques désagréments. Enfin on lui hisse sur le dos et on fixe la large selle, surmontée d’une petite tente où vient se placer le maître de l’animal, selle richement ornée d'étoffes, de franges et de pierreries, et qui est en réalité une sorte de palanquin où plusieurs personnes peuvent prendre place. Voilà l’animal prêt pour la parade et la pro-
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- menade, et en attendant le départ il est bon de le surveiller à cause de sa manie de se jeter sur le dos des feuilles et tous les débris que peut ramasser sa trompe.
- Mais tous les éléphants ne sont pas utilisés à d’aussi faciles occupations : à côté de l’aristocratie relativement oisive, il y a la plèbe (pii gagne sa vie à la sueur de son front.
- Cette plèbe travaille dur. Elle travaille surtout à porter des fardeaux. L’éléphant peut bien traîner des véhicules ou des charges, mais ce travail est celui auquel il est le moins apte ; i 1 est mieux conformé pour porter que pour tirer. Un éléphant moyen porte normalement une charge de 400 kilogrammes
- environ, d’une façon continue, sans se fatiguer et sans avoir besoin d’une route battue; un bel animal doit porter de 500 à 000 kilogrammes.
- Ce sont les femelles que l'on-emploie surtout à ce genre de travaux, elles ont au moins 20 ans quand elles entrent en activité, et on les préfère aux mâles à cause de leur caractère plus doux et moins ca pricieux.
- Elles atteignent la plénitude de leur vigueur vers l’àge de 55 ans, et vivent jusqu’à 100 ou 120 ans. L’armée anglaise aux Indes les emploie beaucoup dans les expéditions militaires et aussi en temps de paix pour les transports à travers les régions dépourvues de routes.
- La déesse I’arvali, femme de Siva, avec son enfant Ganesa. (lfaprès une peinture indienne.)
- Fig. 2 — Éléphant peint et harnaché, (D’après une peinture (indienne.)
- bois d’un endroit à un autre. Avec sa trompe il saisit les madriers, les emporte et les dispose en piles
- parfaitement régulières et solides. Enfin on l’emploie à défricher les forets, et souvent aussi à labourer la terre. En somme il rend des services nombreux et variés, et dans beaucoup de travaux aucun autre animal ne saurait le remplacer. Aussi le gouvernement des Indes a-t-il eu la précaution de protéger l’éléphant sauvage, et de ne prélever sur les troupeaux que le nombre d’individus strictement nécessaire. De cette façon l’espèce ne court point risque de s’éteindre comme il arrive pour tant d’autres que l’imprévoyance humaine a vouées à une disparition totale; elle est môme en voie d’accroissement très sensible.
- L’éléphant n’est pas excessivement intelligent, avons-nous dit : pourtant il possède une certaine finesse, et, dans quelques occasions, il fait preuve d’une malice incontestable. Il y a plusieurs années, on voulut transporter par mer un certain nombre d’éléphants, unequa-rantainc. Après mainte difficulté on réussit, au moyen de grues, à caser ces volumineux passagers à fond de cale, où on les attacha solidement, et le départ s’effectua. La nuit venue, on jeta l’ancre dans une baie admirablement calme. Néanmoins le
- (X
- L’éléphant est encore employé d’une façon courante à empiler les madriers ou à transporter du
- bateau roulait singulièrement. Le capitaine crut d’abord à des vagues; mais la mer était calme
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- Fig. 5. — Une troupe d’éléphants à Ceylau. (D’après une photographie.)
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- comme de l’huile, et le roulis devenait inquiétant, (tu eut l’idée d’aller visiter les éléphants et-ou découvrit, que ces animaux étaient la cause du roulis. Ils s’étaient aperçus qu’en jetant leur poids sur leurs pattes de devant et de derrière alternativement, ils pouvaient produire un balancement auquel ils semblaient prendre grand plaisir, et les quarante agissaient de concert. Le navire étant en grand danger, il fallut absolument-arrêter ce jeu et ce ne fut pas sans peine. — Ils avaient inventé un autre petit divertissement. Pour leur porter leur ration, il fallait passer devant eux, dans un passage étroit, et les premiers imaginèrent bientôt de saisir au talon les coolies porteurs des rations, pendant que leurs voisins dévalisaient les malheureux serviteurs immobilisés. Il fallut, en fin de compte, établir un passage sur le dos meme des éléphants! M. Romanes, dans son Intelligence des Animaux, a recueilli nombre de traits analogues qui font qu’on ne saurait refuser à l’éléphant une intelligence développée.
- Nous complétons la Notice que nous venons de présenter au lecteur, en publiant un dessin reproduit d’après une peinture indienne (fig. 2). Il représente un éléphant en plein apparat. Son guide juché sur la tète de la bête, le dirige du geste et de la voix, et sous le palanquin un personnage de rang élevé trône de façon bienveillante ayant derrière lui un de ses suivants. Le corps et les membres de l’animal, ainsi que le sommet du crâne, sont couverts de dessins en couleurs ; leur variété et leur richesse dépendent de la fantaisie de l’artiste.
- La figure 5 est la reproduction d’une photographie d’une troupe d’éléphants à Ceylan ; on voit que ce sont de belles bêtes dans toute leur force. Ces animaux, fort bien dressés, obéissent à la voix et aux signes, s’agenouillant et se relevant sur l’ordre de leurs conducteurs1. Henry de Varigny.
- USINES MÉTALLURGIQUES
- AU JAPON
- Le Japon veut de plus en plus voler de ses propres ailes, et il cherche tous les moyens possibles de se dispenser de recourir à l’étranger pour la satisfaction dé ses besoins. C’est précisément ce but que poursuit le Gouvernement en créant une nouvelle organisation que signale notre confrère Iron, de Londres. Voilà longtemps que le Japon désirait fonder des usines métallurgiques nationales pour fournir à l’administration de la Guerre et à celle de la Marine tous les fers et aciers dont elles ont besoin et qu’actuellement elles demandent à l’étranger. En 1890, ces deux départements ont consommé 3000 tonnes de fer, et l’on compte que le chiffre de la consommation atteindra 0000 tonnes quand les arsenaux de Kouré et de Sasého seront construits et que l’on aura doublé les chantiers de construction navale installés à l’arsenal de Yokoska; il faudra bien annuellement de 700 à 800 tonnes pour là fabrication de certaines armes et appareils de guerre. On sera donc obligé de suffire à une consommation de
- 1 Vny. Éléphants. Table des matières des dix premières années.
- 7000 à 8000 tonnes d ans un avenir prochain, sans parler. des besoins de l’industrie privée. On doit reconnaître du reste que, au moins pour l’instant, et pour les fers de qualité inférieure, les Japonais ont tout intérçt à se fournir à l’étranger : en effet, les fers laminés de qualité inférieure achetés sur le marché de Londres reviennent actuellement, livrés au Japon, à 64 yens (256 francs) la tonne ; les fers laminés, de fabrication japonaise, reviennent au moins à 90 yens (560 francs) la tonne, étant donné que le prix du fer brut est de 50 yens (120 francs). Mais il en est tout autrement poulies fers laminés de qualité supérieure, dont les arsenaux sont appelés à faire une grande consommation. Une Commission a été nommée qui a présenté un Rapport sur la création des usines métallurgiques en question, et un crédit de 2 250 000 yens a été demandé dans ce but à la Chambre des députés du Japon. Ce n’est, du reste, que dans trois années que l’on compte commencer la fabrication : pendant la première année on achètera le terrain et on engagera les ingénieurs étrangers chargés de surveiller et de diriger les travaux ; la deuxième année on construira les bâtiments, on installera les machines ; et l’on pourra entamer la fabrication dans le courant de la troisième année.
- LE COMMERCE DES BOIS EN NORWÈGE
- On peut dire que la Norwège a trois sources de richesse : sa marine marchande, qui est très puissante, ses pêcheries, et le commerce de ses bois que ses forêts produisent en abondance. Une visite sur les quais d’un port de commerce montre bien au moins d’une façon générale quelle est cette importance, puisque partout l’on retrouve des navires norwégiens débarquant, par une coupée spéciale faite à l’avant de leur coque, les immenses planches, poutres et longrines qu’envoient les exploitations forestières norwégiennes. Mais, pour préciser cette idée, il nous semble que quelques chiffres pourront être les bienvenus. Durant l’année 1891, la Norwège a exporté 1 931 500 mètres cubes de bois divers, autrement dit bien près de 2 millions de mètres cubes; ce chiffre avait été dépassé en 1889. Disons rapidement que, dans ce total, on compte 579 000 mètres cubes de bois raboté, 502 000 de bois scié, 88 000 d’équarris, 88 000 de bois à brûler, 583 000 de bois rond. Le Royaume-Uni en a reçu 1111000 ; la France, 240 000 ; les Pays-Ras, 150 000 ; la part de la Relgique a été de 114 000, et celle de l’Australie, qui est pourtant bien loin, de 116 000. Pendant le seul mois de janvier (pour des raisons douanières, du reste) les ports français ont reçu 50 000 mètres cubes de bois de Norwège. Il faut bien dire, d’ailleurs, que les produits forestiers de la Suède sont, eux aussi, fort importants. Malheureusement, on exporte sans aucune prévoyance ces merveilleuses richesses forestières : sur les 78 000 hectares de forêts existant en Norwège, 87 pour 100 (autrement dit la plus grosse part) appartiennent à des particuliers ou à des communautés : les futaies s'éclaircissent, on coupe sans compter, on n’entretient pas les forêts, on les dévaste plutôt, et déjà les arbres de grandes dimensions sont devenus rares.
- Si l’on réunissait en un seul tas tout le bois exporté de Norwège pendant l’année 1891, cela ferait un cube de 125 mètres d’arête, par conséquent un peu plus haut que la deuxième plate-forme de la Tour Eiffel, et s’appuyant sur uno surface bien autrement large que l’intervalle des quatre pieds de la Tour. D. R.
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- PHOTOGRAPHIES DE COMÈTES
- M. M. Wolf, qui a si bien réussi dans la photographie des petites planètes, ne borne pas là scs exploits. Sur trois clichés des 19 et 20 mars dernier, il a constaté la présence d’une nébulosité allongée qui se déplaçait lentement du premier au troisième cliché et qui ne se voyait plus sur un cliché pris le 22. Il y a lieu de penser que c’était une faible comète, d’autant plus qu’il est bien certain d’avoir les images de quelques autres dont on pourra mesurer les positions sur ces clichés, avec une grande précision en les rapportant à celles des étoiles voisines.
- Il y a plus; sur un des clichés que nous avons vus dans la région du Cygne, se trouve l’image d’une nébuleuse non encore cataloguée, et sur plusieurs autres, des trajectoires de bolides ou d’étoiles filantes, très nettement dessinées. Le relief manquant dans les photographies, ces trajectoires sont rectilignes au lieu d’étre en arc sur la voùle céleste comme elles le paraissent à nos yeux, mais une particularité nouvelle est révélée par leurs images. Les traînées, au lieu d’étre uniformes, sont renflées de place en place, montrant que la combustion de ces corps, brûlant dans notre atmosphère, est soumise à des variations d’intensité très fréquentes que les yeux n’avaient pas remarquées jusqu’ici. Josiph VlNOT.
- EXPOSITION CARTOGRAPHIQUE
- AMÉRICAINE
- A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE PARIS1
- Elle est, en vérité, fort suggestive cette exposition inaugurée le 43 juillet dernier. Des nombreuses mappemondes, atlas et portulans dus à des auteurs français, il ressort qu’aucune des cartes marines dont se servaient les marins basques, saintongeais ou bretons n’est parvenue jusqu’à nous. Cependant ce sont eux, parmi nos compatriotes, qui se sont les premiers élancés à la poursuite des baleines et à la pèclic des morues. Si nous possédons le manuscrit de la Cosmographie d’Alphonse Saintongeais, le pilote de Roberval au Canada, il semble qu’il n’ait pas fait d’élèves ; on n’a, du moins jusqu’ici, retrouvé aucune de leurs épures. On sait que Cartier avait levé des cartes de l’Amérique ; elles ont disparu.
- Toutes nos cartes françaises ont pour auteurs des marins normands. Les plus anciennes, qui ont été gravées, sont celles de Champlain. L’exposition organisée à la Bibliothèque nous révèle une carte autographe inédite de Champlain, datée de 1608, carte trouvée par M. Marcel et qui appartient aujourd’hui à M. H. Barrisse. C’est un des joyaux de cette exposition. Les noms de Cossin, de Desliens, de Dupont de Dieppe, de Desceliers d’Arques, de Le Testu, de Levasseur, de Pierre Devaulx du Havre, sont tous représentés, sauf Desceliers, par des cartes originales qui joignent, presque toujours, le souci artistique aux préoccupations scientifiques. Cossin nous donne une mappemonde sinusoïdale, et Le Testu, dans le magni-
- 1 Suite et fin. — Voy. n° 1005, du 20 août 1892, p. 187.
- fiquc atlas prêté par le Ministère de la guerre, nous représente le monde au moyen de sept ou huit modes de projection différents. Jamais ces vénérables documents qui sont tous, il faut bien le reconnaître, inspirés des cartes portugaises, n’avaient été rapprochés et exposés en public. C’est une véritable révélation.
- Non moins intéressantes sont ces nombreuses cartes du Canada et de la Nouvelle-France qui nous permettent de suivre, pour ainsi dire année par année, les progrès des explorations et de la colonisation. Il y a là, pour l’histoire de nos tentatives coloniales, des pièces d’un prix inestimable et qui montrent combien le Français est apte à coloniser; nous disons le Français et non pas le Gouvernement français.
- Quelques-unes de ces cartes, celles notamment que Franquelin et de La Croix ont signées, sont d’une exécution remarquable ; mais il n’en est aucune qui égale cette carte de l’Amérique du Nord qu’on peut voir dans la chambre de Mazarin et qui est illustrée d’une gouache due à un artiste d’un véritable talent. Mais la plupart des pièces qui appartiennent au Dépôt de la marine ont été jadis réunies en recueils factices et reliées. Pour les faire entrer dans ces grands atlas, on a dù les plier ou les couper; quelques-unes meme ont été collées en plein sur le recto et le verso d’une même feuille de papier ! Il en résulte que la conservation de documents si précieux se trouve malheureusement compromise par la mesure même qui visait à leur protection !
- Sur cette immense région de la Nouvelle-France qui embrassait non seulement le Canada, mais l’Amérique anglaise et les Etats-Unis jusqu’au golfe du Mexique, en n’exceptant que trois ou quatre États riverains de l’Atlantique, 4a Bibliothèque expose des cartes qui lui appartiennent, comme les cours de l’Ohio et du Mississipi qui sont illustrés de plans de villes comme Saint-Louis des Illinois, Natchez, Pits-burg, Marietta et tant d’autres localités. À côté du plan de New-York ou Manathe alors qu’elle vient d’être fondée par les Hollandais, qu’on place le plan daté de 1690 dù à Franquelin ainsi qu’un autre de la fin du dix-huitième siècle, on saisira le développement graduel de la cité, mais on aura peine à comprendre l’immense extension qu’elle a prise depuis le commencement du siècle.
- Tout aussi curieuse est la vue de Québec à la lin du dix-septième siècle (fig. 1) ; citons aussi à une époque plus ou moins ancienne celles de Puerto-Rico, de Louisbourg, du Cap Français; mentionnons les plans de Montréal, de Boston, de Philadelphie, d’Àlhany, de la Nouvelle-Orléans, de Mexico, de Queretaro, de Rio et des villes situées sur la côte occidentale de l’Amérique.
- Que si vous faites l’histoire de la colonisation du Nouveau Continent, vous ne pourrez laisser passer, sans vous y arrêter, cette carte du cours du Saint-Laurent sur laquelle sont tracées, en 4641, les limites des concessions et les noms des premiers colons. Des
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- cartes semblables, vous en verrez pour Saint-Domingue et vous pourrez être fixe' sur les habitants du Cul-de-sac ou de la plaine de Léogane. Mais il n’en est pas de plus intéressantes que celles de la Guyane qui nous renseignent, vers 1750, sur la nature des plantations, les noms des propriétaires, le nombre de leurs nègres esclaves, l’emplacement et le dénombrement, hommes, femmes, enfants, de tribus indigènes aujourd’hui complètement disparues. Ce sont là des documents statistiques et économiques qu’apprécierait hautement un Levasseur ou un Leroy-Beaulieu.
- Puisque nous parlons de nos colonies, n’oublions pas deux cartes de 1579 qui nous donnent l’étendue des terres que nous occupions au Brésil au seizième
- siècle, et le portrait de Genèvre, la Rio-de-Janeiro actuelle.
- Avec les relations d’Yves d’Evreux et de Martin de Nantes, avec ce qu’en a dit Thévet, non sans raison taxé d’exagération, sinon de mensonge, ces cartes sont tout ce qui nous reste d’une tentative originairement encouragée par l’amiral de Coligny et qui semblait appelée à un grand avenir.
- L’exposition organisée par M. G. Marcel nous a révélé quelques géographes dont nous n’avions jamais entendu parler et dont on ne connaissait, par conséquent, aucune œuvre. Tel est ce Neroni ou Ne-rone, natif de Peccioli, près de Florence, dont nous admirons une énorme carte manuscrite du Nouveau Monde datée de 1604. Si l’auteur a singulièrement
- Fig. 1. — Vue de Québec à la fui du dix-septième siècle, (l)’après une carte manuscrite du dépôt de la marine.) — A. Jardin du fort. — B. Le fort. — C. Magasin des poudres. — D. Les Ilécollcts. — E. Les Ursulines. — F. Les jésuites. — G. La cathédrale. — 11. Le séminaire. — 1. I/lIôtel-Dicu. — L. L’ilôpital général. — M. L’Evêché. — N. Notre-Dame des Victoires.
- élargi l’Amérique du Nord, par une étrange application du système des compensations que devait rendre fameux Azaïs, il a allongé, affiné, rétréci l’Amérique du Sud au point de lui donner la forme d’un concombre.
- Sur le lever de l’Ohio, nous avons rencontré le nom de Bois Saint-Lys, ce dessinateur dont nous avons vu récemment vendre, à des prix fabuleux, tant de cartes que le libraire Dufossé avait achetées pour quelques francs à la vente de l’armateur Bala-resque. Nous reproduisons ci-contre une très curieuse vue de Marietta sur le bord de l’Ohio (fig. 2), elle date de 1796 ; c’est à la même époque que remontent les types sauvages représentés ci-contre (fig. 5 et 4) d’après des dessins exécutés d’une manière assurément un peu fantaisiste au pays des Illinois. Précédemment, nous avons cité ce Nicolas de Canerio,
- l’auteur de la belle mappemonde de 1502. On sait qu’il était de Gênes, voilà tout. Les archives de cette ville, consultées par M. Desimoni, ne nous ont rien appris de son existence. Nous en pourrions citer bien d’autres de ces cartographes ignorés, oubliés ou méconnus. Ce n’est que de nos jours qu’on s’est occupé de recueillir les matériaux de leur biographie ; encore la plupart du temps les recherches les plus minutieuses ne vous apportent-elles aucune lumière.
- Dans un meuble à volets tournants, M. Marcel a réuni plus de cent cartes ou plans relatifs à l’Amérique ; on y remarque une précieuse carte de l’ile Saint-Martin qui a servi, il n’y a pas longtemps encore, dans nos démêlés avec les Hollandais pour le tracé de nos frontières réciproques; plus loin, c’est un itinéraire manuscrit de La Condaminc dans
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- le Pérou, quelques cartes des Antilles gravées en Italie au seizième siècle et qui sont devenues d’une insigne rareté; c’est cette belle mappemonde en fuseaux, de 1516, que Nordenskiold croyait être seul
- à posséder et qu’il a reproduite dans son Fac-similé-Atlas; c’est encore...., mais il faut se borner, et d’ailleurs ne devons-nous pas réserver quelque surprise aux amateurs qui visiteront cette exposition?
- Fig. 2. — Vue (le Mariella sur les bords de l'Ohio, d'après le général Collot (1796).
- Mais, nous ne finirons pas, sans saluer avec faire pour son usage personnel en 1502. Là sont
- émotion ce beau cartulaire que Ch. Colomb fit reproduits les cédules, les nominations, privilèges et
- Fig. 3. — Sauvage de la nation des Kaskaskias, pays des Illinois. (D’après Collo, 1796.)
- autres actes émanés des Rois catholiques, qui le concernent. Combien de fois n’a-t-il pas feuilleté ces parchemins? C’est une relique authentique du grand découvreur, c’est la perle de cette exposition.
- Saisis d’un respect religieux, nous n’admirerons
- Fig. 4. — Sauvage de la nation des Shavranoes, Illinois. (D’après Collo, 179?.)
- i{ue d’un œil distrait cette lettre manuscrite inédite de Pierre Martyr, l’évêque d’Anghera et les autres manuscrits précieux accumulés dans cette vitrine.
- Une mention spéciale doit être faite cependant et de la Cosmographie de Jean Alphonse et du Grand Insu-
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- LA NATUHE
- lairc, autographe, de Thévet. Enfin nous nous arrêterons devant les Premières Œuvres de Jacques de Vaux. Cet auteur nous donne, dans cet ouvrage, les renseignements les plus précieux sur les instruments d’observation en usage au seizième siècle et dans une série de figures naïves, il nous indique leur mode d’emploi et les résultats qu’on en obtenait. Ce sont des renseignements précieux pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’astronomie et de la navigation.
- Tels sont, en résumé, les documents qu’a réunis, avec l’aide du Ministère de l’Instruction publique, M. Gabriel Marcel; on voit qu'on peut en tirer des profits de plus d’un genre. La géographie et l’histoire se mêlent ici et se prêtent un mutuel appui. Des anecdotes instructives ou amusantes sur les supercheries cartographiques des Portugais, sur les réclames éhontées de la Compagnie d’Amérique en faveur de Cayenne, M. Marcel nous en a raconté plus d’une. On doit donc lui savoir un gré infini d’avoir su révéler aux spécialistes tant de pièces ignorées et de les avoir disposées, avec goût de manière à intéresser le savant tout autant que le gros public1.
- Pierre Buffière.
- CHRONIQUE
- Tremblement de terre en France. — Le 26 août vers 4 heures et demie du matin, des secousses de tremblement de terre se sont fait sentir dans un grand nombre de localités du centre de la France. A Lyon, à Mende, à Biom, à Aurillac, à Limoges, à Clermond-Ferrand, à Vichy, etc., deux ou trois oscillations ont été observées. Voici les renseignements que nous avons reçus de nos correspondants. M. IL Lecoq, membre de la Société météorologique, nous écrit de Clermont-Ferrand : « Le 26 août deux secousses de tremblement de terre se sont produites à Clermont-Ferrand, la première à 4h45m du matin, la deuxième à 10h15m; chacune d’elles a duré de 10 à 12 secondes et était accompagnée d’un grondement souterrain. Les trépidations ont été assez fortes pour faire remuer les meubles ; cependant les pendules ne se sont pas arrêtées. La direction de l’ondulation du sol m’a paru se propager du sud au nord. Ce tremblement de terre ést-il en connexité avec l’éruption actuelle de l’Etna ? je le croirais d’autant plus volontiers qu’il y a quelques années, lors de la dernière éruption sérieuse de ce volcan nous avons ressenti en Auvergne deux secousses à quinze jours d’intervalle dont la première assez forte pour lésar-der et même écrouler certaines constructions. » M. Jules Tardieu, trésorier de la Commission météorologique de la Haute-Vienne, nous écrit de Limoges à la date du 26 août : « Ce matin, à 4h50m, et à 4ho5m une forte secousse de tremblement de terre s’est fait sentir à Limoges. La direction des oscillations paraissait venir de sud-est à nord-ouest et leur durée était d’environ une seconde et demie en deux secousses bien distinctes. (Ciel nuageux, brumeux, à 8 heures du matin.) » M. G. de Rocquigny-Adanson nous adresse, d’autre part, la note suivante : « Une légère secousse de tremblement de terre a été ressentie au Parc
- 1 L’Exposition cartographique américaine peut être visitée tous les jours à la Bibliothèque nationale jusqu’en novembre.
- de Baleine (Allier) le vendredi 26 août, entre 10hü6'“ et 10h10m du matin (heure de Paris). Dans le pavillon de droite du château, au premier étage, portes et fenêtres étant fermées, une personne a constaté les phénomènes suivants : craquements dans les meubles, choc trois fois répété du lit contre le fauteuil où elle était assise, oscillations des rideaux de fenêtre parallèlement à la vitre, mouvement du plancher avec la sensation de l’instabilité d’un pont de navire. Les directions des divers mouvements observés sont concordantes. C’est à peu près celle du nord-ouest 1/4 nord au sud-est 1/4 sud. » Les effets ont été à peu près les mêmes dans la plupart des autres localités où le phénomène a été observé.
- Les chutes déan et l’électricité. — Dans un Mémoire fort important pour la physique comme pour la météorologie, M. Ph. Lenard vient de décrire une série d’expériences montrant que, chaque fois qu’une goutte d’eau tombe et s’étale sur une surface humide, il y a eu séparation des électricités à l’endroit du contact; Pair s’écha])pe avec une charge négative tandis que la goutte apporte une charge positive au récepteur. Cette propriété est partagée par divers autres liquides ; le mercure la possède à un haut degré ; l’essence de thérébentine agit fortement en sens inverse; l’eau pure est plus active que l’eau de fontaine ; des teneurs de plus en plus grandes en sel de cuisine diminuent l’action et en renversent le sens. On arrive à charger à un potentiel de 4000 volts un vase dans lequel on fait tomber de haut un filet d’eau distillée; pendant ce temps, l’air du laboratoire se charge à plusieurs centaines de volts en sens inverse. Cette production d’électricité est très frappante au voisinage d’une chute d’eau, où un élcctroscope quelconque permet de la constater. Le retournement du potentiel de l’air dû aux chutes de pluie s’explique de la même façon. Par exemple, une chute moyenne de pluie produirait, au bout d’une heure, une variation du potentiel de 11 000 volts par mètre de hauteur. MM. Elster et Geitel ont constaté que la variation du potentiel de l’air se trouvait modifiée lorsqu’il y avait une abondante chute de pluie à 800 kilomètres du lieu de l’observation. Ce phénomène se trouve expliqué par les expériences de M. Lenard.
- Phénomènes de phosphorescence. — Le journal la Liberté a publié l’observation suivante d’un de ses lecteurs : « 11 y a quinze jours (vers le 15 août), un orage éclatait sur le pays que j’habite aux environs de Paris, et deux arbres, situés dans une petite île de ma propriété, étaient touchés par la foudre et légèrement endommagés. Or, un peu plus tard, on a constaté que ces deux arbres projetaient autour d’eux une lueur phosphorescente très vive f la petite île en était entièrement éclairée. Si quelqu’un de vos lecteurs pouvait signaler un phénomène semblable, jl y aurait peut-être là matière à d’intéressantes observations. » M. Eugène Jobard, de Dijon, nous adresse à ce sujet la communication suivante : « Cette Note, dit notre correspondant, me rappelle un phénomène de même nature que j’ai constaté il y a quarante-cinq ans. C’était pendant l’été de 1847. Avec plusieurs de mes amis, nous étions partis un dimanche matin, pour faire une longue excursion dans la montagne. Nous devions aborder le mont Afrique au-dessus de Flavignerot par le Camp de César, le parcourir entièrement et revenir par Corcclles, la Motte-Giron et la montagne de Larrey. Vers 7 heures du soir, un violent orage nous surprit quand nous descendions le sentier des Marcs-d’Or, et nous fûmes obligés de demander l’hospitalité dans une maison de campagne.
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- L À N AT U H E.
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- L’orage fut épouvantable, les coups de foudre se succédaient avec une rapidité inouïe, et ce fut seulement à 0 heures, alors qu’il faisait nuit noire, qu’il nous fut possible de regagner Dijon. Mais en arrivant à la Fontaine de Larrey, un spectacle étonnant s’offrit à nos yeux. Presque tous les vieux saules qui bordaient le ruisseau jusqu’à Larrey étaient devenus phosphorescents et éclairaient d’une lueur étrange le sentier que nous parcourions. »
- Aventures d'un photographe. — Un savant géologue anglais, le I)r Johnston-Lavis, nous a raconté comme suit une aventure qui lui est arrivée au cours d’une mission d’études sur le tremblement de terre d’ischia. (( A mon arrivée, un des riches habitants de l’île mit à ma disposition le peu qui restait de sa maison; je m’y accommodai tant bien que mal, mais, un jour où je voulus changer des plaques photographiques, il me fut impossible de trouver une seule pièce dans laquelle la lumière n’entràt pas par de larges ouvertures. J’avisai alors une baignoire que je retournai et sous laquelle je m’enfermai avec une lanterne rouge. Après avoir bouché tous les joints avec des chiffons, je venais de sortir les plaques, lorsque j’entendis la bonne de mon hôte tourner et retourner autour de ma baignoire. Craignant que sa curiosité ne compromit mon opération, je criai : « Toccate niente » ; elle s’éloigna aussitôt, et je pus terminer ma besogne. Mon hôte, qui était en voyage, rentra quelques jours après : « Tous mes compliments, me dit-il, vous pouvez maintenant compter sur le dévouement des gens de l’île; on raconte partout que vous vous êtes enfermé sous une baignoire avec une lanterne rouge et divers instruments, et qu’on vous a entendu prononcer des paroles singulières ; tout le monde est convaincu que vous avez été envoyé par le gouvernement pour exorciser le tremblement de terre. » Je lui racontai la genèse de cette histoire, et nous rîmes beaucoup. Mais si la photographie m’a été utile en cette occasion, une autre fois elle eût pu me coûter cher. Etant allé, pendant le choléra, prendre des vues dans une campagne retirée, le population ne tarda pas à se montrer hostile ; les choses allèrent si loin qu’un jour je n’eus que le temps de me mettre en sûreté ; pour ces malheureux, mon apppareil était une mystérieuse escopette lançant de la poudre invisible de choléra. »
- Éclairage électrique de la gare de Nancy. —
- La gare de Nancy est en partie éclairée à la lumière électrique, et l’inauguration de ce nouvel éclairage a eu lieu lors des dernières fêtes de Nancy, pour le voyage de M. le Président de la République. L’installation actuelle comprend 2 générateurs de 65 chevaux, seini-tubulaires, timbrés à la pression de 6ks,5 par centimètre carré. Dans une salle voisine sont placées deux machines à vapeur Farcot horizontales, donnant une puissance de 60 chevaux à une vitesse angulaire de 70 tqurs par minute. Chacune des machines à vapeur commande par courroie une dynamo Henrion hypercompound de 420 ampères et 104-110 volts pour tenir compte du ralentissement du moteur suivant la charge, et éviter la nécessité d’un réglage mécanique ou à la main. Les machines à vapeur et les dynamos sont disposées de telle sorte qu’une machine à vapeur quelconque puisse actionner une dynamo quelconque. Signalons aussi une disposition qui ferme le régulateur de registre des générateurs, quand on ouvre le foyer pour charger. Cette simple disposition procure une grande économie de charbon. De l’usine partent les circuits des lampes à arc système Pilsen, construites par M. Fabius Henrion, à Nancy. Cette installation n’est qu’en partie
- terminée, puisque les bâtiments ne sont pas encore construits ; mais depuis l’établissement, la gare de Nancy n’a cessé d’être éclairée et bien éclairée.
- La fabrication «les machines ù. coudre. — 11
- ne faut pas remonter bien haut dans l’histoire de l’industrie moderne pour y voir apparaître les premières machines à coudre; et cependant cette fabrication a pris, aujourd’hui, un développement vraiment extraordinaire. Pour en donner une idée, nous voulons citer un chiffre relatif à la fabrication quotidienne d’une usine spéciale de ce genre. Il s’agit d'une usine installée à Elisabeth, aux Etats-Unis, dans l’Etat de New-Jersev : ces ateliers livrent chaque jour à la vente 1500 machines complètement terminées, c’est donc dire qu’ils fabriquent deux machines et demie par minute, la journée de travail étant de dix heures. En supposant un travail de trois cents jours par an, cette usine produit donc par an 450 000 machines à coudre, et la compagnie à laquelle elle appartient possède un grand nombre d’autres établissements.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 29 août 1892. — Présidence de M. Ddchautke.
- L'éruption de l'Etna. — M. Wallerand s’est rendu en Sicile pour étudier sur place l’éruption de l’Etna. 11 résulte des renseignements qu’il communique que cette éruption est plus violente que celle de 1886, la dernière observée. Elle a eu pour signes précurseurs un dégagement abondant de fumée ainsi qu’un tremblement de terre ressenti jusque dans Cat.ane. Deux fentes se sont ensuite ouvertes dans les lianes de la montagne. Les pentes de l’Etna se divisent en trois zones : la zone inférieure, peu inclinée, est couverte de riches cultures; la zone moyenne, plus inclinée, est plantée de forêts ; enfin la zone supérieure offre une pente abrupte et dénudée. C’est au pied de la troisième zone que les fentes se sont ouvertes. Des cônes d’éruption se sont développés sur les bords de l’une d’elles et ont été en croissant à mesure que la lave s’écoulait. Les bords des fentes sont formés de blocs arrondis de scories brûlantes. Si l’on joint par un trait les sommets des cônes, on constate que cette ligne passe précisément par le sommet de l’Etna : il y a donc une orientation manifeste; enfin on remarque que les cônes les plus considérables sont ceux qui sont situés dans la région la plus élevée.
- L'influence de la lumière sur les feuilles. — L’influence de la lumière ou de l’obscurité sur la structure des feuilles est très sensible. Ainsi, sur un même arbre, on relève des différences très appréciables entre les feuilles de la périphérie, exposées à la lumière, et celles de l’intérieur de la masse foliacée, soumise au contraire à une obscurité relative. Pareillement, les feuilles de la même espèce de plante cultivée à l’ombre ou au soleil présentent des différences très inarquées. La fonction physiologique des feuilles diversement exposées est également modifiée. Le chlorophylle ne décompose pas l’acide carbonique avec la même activité dans les unes et dans les autres. Les feuilles qui ont subi Faction directe de la lumière exercent une action plus intense.
- L'Agenda de Malus. — M. Bertrand a eu l’occasion de faire l’acquisition chez un libraire d’un petit agenda, sur lequel Malus, physicien du commencement du siècle, officier du génie à l’armée d’Égypte, notait au jour le jour toutes les circonstances qui lui paraissaient intéresser la
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- LA NATURE.
- physique générale ou la topographie. Cet agenda qui contient des notes très intéressantes, paraît-il, fut dérobé à M. Laugier pendant sa dernière maladie, et, chose assez piquante, le voleur, un familier de la maison, a pris soin d’inscrire son nom sur la première page. L’agenda de Malus sera désormais à l’abri de toute atteinte dans la bibliothèque de l’Institut. M. le baron Larrey annonce qu’il possède sur cette campagne d’Egypte un document de même nature. C’est un album renfermant une série de dessins fort bien exécutés, dus à un soldat obscur de l’expédition, dont il ne peut se rappeler le nom. Ces dessins sont extrêmement variés; on y trouve des paysages, des portraits, des croquis militaires, etc. L’ensemble est très intéressant et le modeste album paraît digne de figurer dans les archives de l’Institut à côté de l’agenda de Malus.
- Varia. — M. Flammarion a trouvé que la valeur du diamètre de Mars employée dans la Connaissance des temps et dans le Nautical Almanach était un peu trop forte.— M. Tacchini envoie le résultat de ses observations des taches du soleil pendant le deuxième trimestre 1892.—
- M. Tisserand annonce la découverte à Heidelberg d’une planète extrêmement faible, par l’inspection de plaques photographiques très sensibles exposées à la lumière stellaire. Il présente, en outre, le tome XIX des Annales de l’Observatoire de Paris,
- Mémoires qui contiennent divers travaux dus à Lœwy,
- Puiseux, Leveau et Callandreau. —
- M. liossert publie sous le titre de Supplément à « l'histoire céleste de Lalande » la réduction d’une certaine quantité d’observations inédites de Lalande,qui figuraient dans les Archives de l’Observatoire de Paris. Ch. de Villedelil.
- PHYSIQUE AMUSANTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE1 LE VENTRE PERCÉ
- Souffrez-vous de maux d’estomac? Voici le procédé que nous vous proposons pour traiter à l’avenir vos douleurs. Rien de plus simple et de plus inoffensif sous une apparence cruelle.
- Faites-vous enfoncer dans le creux de l’estomac la lame d’un sabre à laquelle sera attaché, enfilé comme dans une aiguille, un long ruban rouge. Des que vous serez ainsi embroché, on fera sortir complètement 1 epée par derrière, en la saisissant par la
- pointe, puis le ruban sera tiré en avant, en arrière, de manière à opérer un lavage de l’estomac d’un nouveau genre. « Ce n’est point douloureux», pourriez-vous dire en parodiant un mot célèbre.
- Mais trêve de plaisanterie.
- L’épée employée dans cette récréation est une simple lame d’acier, nullement tranchante, mince et flexible, dont on voit le plan dans notre figure, en A ; la pointe en est suffisamment émoussée pour éviter fout danger de blessure.
- Quant au prestidigitateur, dont la poitrine sera simplement contournée, mais non percée par le glaive, il porte autour de sa taille, et dissimulée sous son gilet, une sorte de ceinture qui consiste en un tube de section rectangulaire, recourbé en forme de demi-cercle, et dont les bouts sont repliés en sens contraire, de manière à ce qu’ils se trouvent placés sur une môme ligne droite, les deux orifices s’ouvrant en avant comme en arrière, perpendiculairement à la poitrine et au dos de l’opérateur (voy. la ligure, R). Cet appareil est maintenu en place par des cordons attachés à deux petites boucles placées aux deux extrémités du tube.
- C’est le presti-digitatcur lui-même qui, paraissant saisir instinctivement, comme pour se défendre, la pointe de l’épée, la dirige dans le tube métallique; elle ressort entre les pans de l’habit; elle pourrait encore ressortir au milieu du dos, comme dans notre figure, mais alors il faudrait qu’une boutonnière fût pratiquée dans la couture de l’habit.
- L’illusion produite est complète, attendu que la lame flexible se redresse à sa sortie du tube à cause dç la forme même de celui-ci; seulement il faut opérer rapidement pour que les spectateurs n’aient pas le temps de s’apercevoir que la longueur de l’épée a diminué en ce moment, la ligne courbe quelle suit dans son trajet n’étant pas le plus court chemin d’un point à un autre.
- Il vous restera peut-être quelque doute sur l’efficacité de notre remède, mais, franchement, n’en vaut-il pas bien d’autres?
- — A suivre. — Macus.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.
- 1 Suite. — Voy. n° 1003, du ‘20 août 1892. p. 191.
- Paris. — Imprimerie Laliure, rue de Fleuras, 9.
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- No 10O6. — 10 SEPTEMBRE 1892.
- LÀ NATURE.
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- LES POLDERS DU MONT SAINT-MICHEL
- La mer, par le jeu du ilux et du reflux, dépose dans la baie du mont Saint-Michel un sédiment grisâtre, très ténu, connu sous le nom de tangue et qui, refoulant peu à peu les eaux, tend à combler cet estuaire principalement dans les parties sud et sud-est. La tangue est, avant tout, un produit marin résultant de l’amplitude exceptionnelle des marées sur ce point du littoral (15m,50) èt du calme des eaux dans cette sorte de cuvette, ouverte seulement au nord. Cependant le limonage se produit quelquefois lorsque, sous l’influence de pluies exceptionnelles, les petits cours d’eau (Sée, Sélune, Couesnon)
- qui se jettent dans la baie, augmentent de volume et de vitesse et charrient un limon plus ou
- moins fin, provenant des terres arables qu’ont traversées leurs eaux avant de se réunir dans un cours régulier. L’élément principal de la tangue consiste en menus débris de quartz, de mica et de feldspath, riches en potasse, provenant de la destruction des terrains schisteux et granitiques des côtes de la Manche. Le carbonate de chaux qui y existe dans la proportion de 50 à 40 pour 100 résulte vraisemblablement de la trituration des coquilles apportées par les eaux et provenant de l'immense
- 15
- Fig. 2. — Han des polders de la baie du mont Saint-Michel.
- Fig, 3 — Coupe schématique d une digue des polders de la haie du mont Saint-Michel,
- î!)" année.
- 2 semestre.
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- LA NATURE.
- banc d’huîtres, de coques et autres coquilles qui circonscrit la baie du mont Saint-Michel et s’étend de Cancale à Granville, protégé au nord par la ligne des rochers de Chausey. « En outre, la tangue contient du chlorure de sodium ainsi que les différents sels entrant en dissolution dans l’eau de mer, notamment des sulfates alcalins ou alcalino-terrcux, réduits à l’état de sulfures, quand la tangue est fraîche, mais s’oxydant rapidement à l’air et contribuant à augmenter la fertilité de ces alluvions. » (A. de Lapparent.) La présence de l’acide phospho-rique semble due à la décomposition des petits poissons plats qui abondent dans cet estuaire. Quant à la faible quantité d’azote que contient la tangue, elle provient des tissus des jeunes mollusques qui sont tués lorsqu’ils rencontrent l’eau douce fournie par les rivières.
- La tangue de Moidrey, analysée par Isidore Pierre, contient pour 100 : azote, 0,11 ; acide phosphorique, 1,58 ; potasse, 1 ; matières organiques, 2,9 à 4.
- D’après le même chimiste une terre à blé renferme pour 100 : azote, 0,1 à 0,15; acide phosphorique, 0,04; potasse et soude, 0,10 ; matières organiques, 4 à 8.
- En comparant ces chiffres, on voit que si les grèves du mont Saint-Michel ne contiennent pas toute la quantité de matière organique désirable, en revanche, par leur richesse en acide phosphorique et en sels alcalins, elles possèdent un fonds de fertilité extraordinaire et on comprend que mises à l’abri de la mer et dessalées, elles doivent constituer et constituent, en effet, des terres de première classe dont le prix de location peut être suffisamment élevé pour rémunérer des frais de conquête sur la mer. Presque chaque année de nouvelles en clôtures sont réalisées, enrichissant d’autant notre patrimoine national.
- Pour être mûre pour la conquête, la grève doit passer par divers états successifs. Lorsque la grève blanche, c’est-à-dire non recouverte de végétation, a acquis, par le dépôt des substances terreuses, un niveau suffisamment élevé, une première plante apparaît à sa surface, c’est la criste marine (Salicor-nia herbacea). La criste est annuelle ; elle se dessèche et meurt sur place, mais après avoir produit des graines qui, si elles ne sont pas contrariées par les courants, donneront, au printemps, naissance à une multitude de jeunes plantes envahissant une nouvelle étendue de terrain. Quand la criste, parfaitement adaptée pour résister aux affouillements des marées, a fixé le terrain, il survient une seconde plante, une graminée organisée, non seulement pour s’opposer aux ensablements, mais encore pour en profiter à l’aide de ses racines rampantes qui s’allongent sans cesse en se bouturant : c’est le Poa aquatica qui constitue le premier rapport des grèves, en fournissant pendant huit mois de l’année une nourriture économique et succulente à'des moutons de petite taille (prés-salés) qui y acquièrent un goût excellent. A ces deux plantes se mêle souvent le Tri-licum glaucum, dont les feuilles coupantes sont
- refusées par le bétail et qui ne rend de services qu’en enrichissant la grève en humus par la décomposition de ses tissus.
- Seules les grèves herbue s, c’est-à-dire ayant passé par ces diverses phases de végétation spontanée, sont aptes à la culture; les grèves blanches sont stériles par excès de sels alcalins et par manque d’azote et de matières organiques, ainsi que le montrent les analyses suivantes exécutées par M. Roussille :
- Grève Manche. Grève herbue.
- Pour 100. Pour 100.
- Partie inattaquable aux acides. 55,675 49,550
- Potasse et soude......... 1,076 0,278
- Azote.................... 0,045 0,115
- Matières organiques et perte. . 0,998 4,000
- Lorsque le limon déposé par la mer a atteint la cote voulue, llm,50 au-dessus des basses mers, c’est-à-dire lm,50 en contrebas des grandes marées d’équinoxe, et que l’herbu, par les couches superposées de ses débris, forme une épaisseur d’au moins 20 à 50 centimètres, la main de l’homme intervient pour enclore une certaine étendue de la grève placée dans ces conditions, étendue qui varie depuis 10 jusqu’à 250 hectares (fig. 1).
- Les digues servant à mettre le terrain à l’abri de la mer sont établies en tangue. Voici leurs dimensions : hauteur au-dessus des plus hautes marées, 1™,50; largeur en crête, 2 mètres; inclinaison à la mer, 1/5, inclinaison du côté de la terre, 1/1,50 à 2, largeur de la base, 17 mètres.
- Le terrain est d’abord soigneusement nivelé, puis l’emplacement de la future digue ayant été jalonné, les travaux de terrassement commencent par l’apport de terres prises à l’extérieur de l’cnclôturc, en laissant intacte devant la digue une risberme de 8 à
- 10 mètres. Lorsque la digue est élevée à une hauteur de 50 centimètres au-dessus des plus fortes marées, il importe de lui donner du corps en formant au centre une sorte de ciment imperméable empêchant les filtrations. Pour obtenir ce résultat, on creuse dans l’axe du remblai, et longitudinalement à la digue, une rigole dans laquelle, après y avoir introduit de l’eau, on rejette les terres en les pétrissant soigneusement ; ce lisage augmente considérablement la résistance à la mer de ces travaux. Les terrassements sont ensuite terminés jusqu’à la cote voulue et il ne reste plus qu’à prévenir les affouillements des eaux en gazonnant la digue sur la paroi qui regarde la mer. On emploie dans ce but des plaques de gazon, provenant des herbus voisins et que l’on plaque et imbrique avec soin sur le corps de la digue en leur donnant une épaisseur de 0m,10 à 0m,l2. Nous avons dit que la mer était remarquablement calme dans la baie du mont Saint-Michel;
- 11 y a cependant des cas (situation avancée de l’en-clôture, passage des courants) où le gazonnement n’offrant qu’une défense insuffisante, on est contraint d’empierrer la digue. On emploie à ce coûteux travail des blocs de schiste provenant des carrières voisines (Roz-sur-Couesnon, etc.) et dont le cube
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- LA NATURE.
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- varie de 15 à 50 centimètres. Entre ces gros blocs et la paroi de la digne est interposée une couche de menues pierrailles, destinées à empêcher la digue de fondre lorsqu’elle est baignée par les grandes marées d’équinoxe. L’empierrement monte jusqu’à la crête de la digue sur une épaisseur de 50 centimètres.
- Le terrain, mis à l’abri de la mer par les digues, est nivelé, puis creusé d’une série de rigoles destinées à procurer un écoulement aux eaux pluviales; ce travail est imposé par la très faible pente du terrain et sa nature imperméable. L’égouttement général des terres endiguées jusqu’à ce moment est assuré par un grand canal de 8 à 10 mètres de largeur sur 2“',50 de profondeur qui déverse sur la grève les eaux des divers collecteurs secondaires au moyen de plusieurs nocs de lm,50 d’ouverture munis d’un clapet s’ouvrant sous la poussée des eaux pluviales, mais retombant et se refermant par son poids pour s’opposer au passage de la mer montante. A partir de ce moment, le nouveau polder est bon à la culture, l’excès de sel ayant d’ordinaire disparu pendant le temps qu’ont duré les travaux de conquête.
- Ainsi sont transformées en une petite Hollande aux fertiles herbages, ces grèves poussiéreuses qui, à l’état sauvage, imposent presque à l’esprit, par leur aspect désolé, l’idée de désert et de stérilité, et de la mélancolique uniformité de leurs plaines grisâtres, constituent un cadre parfait à cet admirable mont Saint-Michel, autrefois Mons Michaelis in pe-riculo maris, peut-être dans quelque cinquante ans (hélas ! au point de vue artistique) le mont Saint-Mi-chel-des-Polders. C. Ciiépeaux.
- ON CAS DE RAGE
- M. le l)r À. Ollivier a donné lecture, à l’une des dernières séances du Conseil d'hygiène de la Seine, d’un Rapport qu’il a été chargé de faire sur un cas de rage humaine survenu à Paris, le 11 mars dernier. Voici les faits tels que M. A. Ollivier les raconte :
- Une enfant, la jeune Georgette I)..., âgée de six ans, a été mordue, le 7 février dernier, par un chien qu’elle taquinait et qui ne fut pas reconnu d’abord comme atteint de la rage. On abattit cependant l'animal, et l’enfant fut transportée à l’hôpital des Enfants-Malades, dans le service de M. de Saint-Germain, où l’on constata des traces non équivoques de morsures à l’arcade sourcilière droite et à la région frontale moyenne. Au bout de dix jours, les plaies étant cicatrisées, l’enfant put sortir.
- Tout d’abord elle n’offrit rien de particulier et joua comme d’habitude avec les enfants de son âge; mais, le 22 février, on s’aperçut qu’elle était triste et tenait sa tête constamment fléchie ; en outre, elle refusait de manger. Interrogée à ce sujet, elle répondit qu’elle avait mal à la gorge, et cependant on n’y constatait rien d’anormal.
- L’idée d’une rage qui commençait se présenta à l’esprit de l’entourage, et l’on déterra le chien pour en faire l’autopsie. 11 fut aisé de reconnaître à l’ouverture de l’estomac que cet animal avait été réellement enragé.
- • L’enfant est envoyée à l’Institut Pasteur, où dix-sepl piqûres lui furent faites. Hélas! il était trop tard, et l’on
- dut la conduire, dans la soirée du 9 mars, à l’hôpital des Enfants, dans le service du docteur Ollivier. Celui-ci étant alors malade, ce fut le docteur Josias, médecin au Bureau central, qui donna ses soins à la pauvre petite.
- Le 10 au matin, le doute n’est plus possible. Il s’agit bien d’un cas de rage. Au moindre courant d’air, la petite malade est prise de spasmes laryngo-pharyngés ; elle redoute le moindre bruit et supplie qu’on ne marche pas autour d’elle. Aussitôt qu’elle ferme les paupières, elle croit voir le chien qui l’a mordue. Elle refuse tout aliment. Vers 5 heures de l’après-midi, surviennent des accès convulsifs. A son réveil, elle se plaint d’une douleur vive dans le ventre. L’agitation recommence et ne cède pas au traitement énergique qui lui est appliqué. Les crises deviennent si violentes qu’on est obligé de lui mettre la camisole. Ces crises sont accompagnées de vomissements jaunâtres, verdâtres et même sanguinolents. En dépit de ses souffrances atroces, elle s’entretient avec ses parents; mais elle repousse les autres personnes qui l’entourent, parce qu’elle a, dit-elle, envie de mordre. Elle croit toujours voir, dans un coin de la salle, le chien qui l’a mordue et supplie qu’on la protège contre cet animal.
- Le 11, au matin, les crises sont à leur maximum de violence : cris de douleur, convulsions des membres, strabisme, respiration extrêmement pénible, anesthésie complète : on croit que la mort va survenir. Mais peu à peu l’enfant redevient calme, puis, au bout de quelques moments, elle agite de nouveau ses membres avec frénésie et crie qu’elle veut mordre quelqu’un. Elle appelle ses parents, disant qu’elle va mourir, et demande même un prêtre pour la confesser. A partir de ce moment, ses idées s’obscurcissent; elle prononce des paroles incohérentes. Elle dit qu’elle a trop chaud et demande de l’eau; mais, aussitôt que le liquide a humecté ses lèvres, elle le repousse avec force et est reprise d’un nouvel accès. A 10 heures et demie, elle ne reconnaît plus personne, mais elle paraît obsédée par des hallucinations de la vue. Sa figure, qui jusqu’alors n’avait pas été altérée, commence à changer. Les yeux restent grands ouverts; ils s’excavent, les traits se tirent, et le strabisme augmente. Les accès ne discontinuent pour ainsi dire plus, et la mort a lieu vers 5 heures.
- Là CATASTROPHE DE SA1NT-GERVÀIS1
- Nous avons précédemment publié une Notice très complète, due à la plume autorisée de M. J. Vallot, sur cette catastrophe qui restera comme un des phé-’ nomènes géologiques les plus importants de notre époque. Nous allons donner aujourd’hui un complément de cet article, en résumant les différentes opinions qui ont été émises par les géologues sur les causes du cataclysme.
- M. F.-A. Forel, un des naturalistes suisses les plus distingués, a visité l’un des premiers le théâtre de la catastrophe, et il a attribué le désastre à un torrent de boue.
- Voici quelques extraits de la note qui a été adressée par M. Forel à l’Académie des sciences :
- Si l’on remonte, comme je l'ai fait le 15 juillet, le ravin du torrent dévastateur, on le suit dans la vallée de
- L Suite. — Yoy. n° 1003, du 20 août 1892, p. 182.
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- LA NATURE
- Bionnassay, jusque près du glacier de Bionnassay là, le ravin d’inondation se sépare du torrent du glacier, monte à gauche en dehors de la moraine latérale droite du glacier, remonte une paroi rocheuse fort inclinée (70 pour 100 environ de pente) qui amène dans un cirque entre les Rognes-de-l’Arve et les Têtes-Rousses, au pied des Aiguilles-du-Goûter ; enfin, l'on arrive à un petit glacier situé entre les deux masses rocheuses des Tètes-Rousses, à environ 3150 mètres d’altitude. Ce glacier présente une paroi de rupture récente. Il a été la cause de la catastrophe.
- En résumé, des faits que j’ai constatés trois jours après le désastre, je conclus que celle-ci est due à une avalanche du glacier suspendu des Tètes-Rousses. L’avalanche
- de glace, après avoir fait, dans la première partie de sa course, une chute de 1500 mètres de hauteur sur un parcours de 2 kilomètres, sous forme de masse glacée à peu près pure, s’est transformée en une masse boueuse, semi-liquide, qui a parcouru comme une coulée vaseuse un trajet de 11 kilomètres avec une pente de 10 pour 100, pour se déverser dans l’Arve qui Ta diluée et emportée au Rhône. Avec une chute totale de 2500 mètres et un parcours de 13 kilomètres, c’est l’exemple le plus grandiose que je connaisse d’un phénomène de cette nature. L’avalanche du torrent de Saint-Barthélemy, près de Saint-Maurice, quia fait les coulées de 1560, 1655,1656, 1855 et 1887, ne parcourait qu’une distance horizontale de 7 kilomètres, avec une chute verticale, du glacier du
- Fig. 1. — Le mont Blanc vu de Sallanehes. (D’après une photographie de M. Ch. Pinard à Sallauehes.) A. Sommet du mont Blanc. — B. Dôme du Goûter. — G. Aiguille du Goûter. — D. Aiguille de Bionnassay ou Bionnasset. — E. Les Rognes-de-l’Arve.
- Plan-Névé au Rhône, de 2200 mètres environ. Toutes les autres avalanches historiques ont des dimensions bien moins considérables.
- M. P. Demontzey, inspecteur des eaux et forêts, a de son côté adressé à l’Académie des sciences une Note sur la catastrophe. Nous en empruntons les passages suivants :
- Le 27 juillet dernier seulement, j’ai pu visiter ces lieux dévastés. Frappé, dès l’abord, de l’entière identité des phénomènes torrentiels que j’avais sous les yeux avec ceux que, depuis plus d’un quart de siècle, il m’a été donné de constater dans les grands torrents des Alpes et des Pyrénées, j’ai trouvé dans l’examen de cette crue gigantesque la justification la plus complète des lois de la
- 1 La carte de l’état-major français porte ce nom écrit Bion-nasset.
- torrentialité qui nous servent de guide dans nos luttes contre les torrents. Pour plus de clarté et de célérité, voici, à mon avis, comment les choses ont dù se passer : le glacier de Tête-Rousse repose sur une pente très douce, qui aboutit à un escarpement rocheux à parois très roides. La masse d’eau mêlée de blocs de glace, estimée à 200 000 mètres cubes, projetée subitement hors de l’excavation signalée (altitude 5100 mètres), se précipite du haut de cet escarpement, rencontre à sa base un vaste amas de débris rocheux dont elle entraîne la majeure partie, se dirige droit, par le contrefort des Rognes, vers un coude prononcé que fait le glacier de Bionnassay, dont la moraine droite très élevée est séparée de la montagne par un creux dit le Plan de VAire. Le parcours est de 2 kilomètres; le point d’arrivée est à 1700 mètres d’altitude, d’où une pente moyenne de 70 pour 100, avec des variations de 90 à 50 pour 100. C’est pendant ce trajet que se forme la lave torrentielle et que se manifestent les pre-
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- miers effets du transport en masse. Le courant, en passant sur les Rognes, a mis la roche à nu, entraînant pierres, gazons, terres, voire même 50 moutons. L’abondance des matières devient extrême, toutes les pierres finissent par atteindre une vitesse commune et la lave se précipite comme une avalanche; mais, arrivée au Plan de l’Aire, elle trouve un épanouissement large de plus de 120 mètres, à pente très faible; elle s’étale instantanément, par suite du ralentissement dû à ce double motif. Le courant d’eau, barré momentanément par un amas de matériaux, s’arrête ; une sorte de lac se forme en amont ; bientôt, les eaux surmontant l’obstacle, une partie de la masse accumulée se précipite de nouveau, resserrée entre le terminus rocheux du glacier de Bion-nassay et la montagne; elle accumule sur son passage tout ce qu’elle rencontre et laisse comme témoin, sur une pente de 6 pour 100, un dépôt chaotique (de 600 mètres de longueur et d’un volume dépassant 100 000 mètres cubes) recouvert d’une couche argileuse qui dessine nettement la surface convexe, double caractéristique des dépôts torrentiels. De ce premier dépôt (ait.
- 1660 mètres) à Bionnassay (1400 mètres), sur une pente de 8,5 pour 100, la lave, grossie des eaux du glacier de Bionnassay et de tous les matériaux qu’elle arrache aux berges et au fond du lit, s’arrête de nouveau au chalet de la Pierre et produit sur sa rive gauche un dénivellement des plus remarquables, effet très fréquent du transport en masse. De Bionnassay à Bionnay la pente atteint 16 pour 100 en moyenne; la gorge du torrent est très resserrée. La lave
- s’élève à 45 mètres au-dessus du lit ; elle devient de plus en plus visqueuse et forme une masse d’extrême densité, dans laquelle les blocs sont transportés sans rouler et conservent toutes leurs aspérités intactes. A Bionnay, la
- lave, débouchant dans la vallée du Pon-Nant, se précipite droit devant elle, franchit cette petite rivière et dépose sur sa rive gauche, à une hauteur considérable, des matériaux de toutes sortes; mais, n’étant plus contenue par des berges relevées et trouvant des pentes plus douces, elle s’épanouit sur une partie du village, à la suite d’un brusque arrêt provoqué par son choc sur la rive gauche du Bon-Nant et du remous qui en est la conséquence, détruit un grand nombre de maisons et ensevelit leurs habitants. La maison d’école, solidement construite, résiste seule ; la lave dépose de gros amas de bois au pied de son
- pignon, qu’elle revêt jusqu’au toit d’une couche bien égale de boue identique à un gros crépissage au balai (ces éclaboussures des eaux boueuses sont visibles sur bien des points, mais là seulement où il y a eu des arrêts manifestes ; on les retrouvera plus loin dans le parc de Saint-Ger-vais). Après avoir formé un lac momentané en aval du confluent du Bionnassay avec le Bon-Nant dont elle barre le cours, et atteint, dans une sorte d’échappée, le hameau delaPraz, la lave rentre dans le lit normal, se précipite dans la gorge du Bon-Nant, passe sous le pont du Diable, à une hauteur de 30 mètres, sur une pente moyenne de 20 pour 100, et s’engouffre dans la gorge des bains où elle produit le désastre qu’on connaît....; son courant principal suit le lit du torrent, le reste se dirige vers l’établissement, et,
- Fig 2. — Carte de la région où s'est produite la catastrophe de Saint-Gervais le 12 juillet 1892. Tracé du chemin parcouru par l’avalanche.
- Fig. 3. —«La catastrophe de Saint-Gervais. Dessin explicatif de M. Forel, d’après une photographie de M. Tairraz de Chamonix. — C. Glacier de la Tête-Rousse qui a produit l’avalanche. —B. Moraine latérale droite du glacier de Bionnassay (ou Bion-nasset) sur laquelle l’avalanche a frappé pour se transformer en coulée boueuse.
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- après avoir déposé trois immenses blocs, dont l'un culte plus de 200 mètres cubes, elle laisse, dans la cour, des amas d’une hauteur moyenne de 5 mètres. A l’aval des bains, le long du parc, nouvel arrêt, parfaitement indiqué à la fois par la trace horizontale de la lave sur le versant de la rive gauche, par le dépôt, sur la rive droite, d’une sorte de moraine latérale en gros blocs dont l’un cube plus de 70 mètres cubes, et par les éclaboussures de boue liquide dont sont revêtues, à une hauteur uniforme de 5 mètres, les branches des arbres bordant le parc. Enfin, après avoir couru, sur une pente de 3,5 pour 100, la lave trouve le pont de la route nationale dont le débouché est insuffisant, et qui, pour le malheur du hameau du Fayet, résiste à ses efforts ; elle se détourne vers la gauche, envahit le hameau et s’épanouit, sur une étendue de 75 hectares, en forme de cône de déjection très aplati, dont le profil en travers présente une courbe convexe vers le ciel et sur l’arête culminante duquel marche le plus fort courant, jalonnant sa direction vers l’Arve par une série de gros blocs déposés comme une série de menhirs.
- Les illustrations qui accompagnent cet article et que nous devons à l’obligeance de M. Forel compléteront les descriptions précédentes. La figure 1 donne l’ensemble du groupe de montagne qui a été le théâtre de la catastrophe. Elle a été faite d’après une photographie, et montre nettement à côté de la cime du mont Blanc (A) l’aiguille du Bionnassay (T)) et les Rognes de l’Arve (E), au-dessous de l’aiguille du Goûter (C). La figure 2 est une carte dressée pour indiquer la route suivie par le torrent d’eau et de houe ; on peut voir indiqués les trois points particulièrement endommagés : Bionnay, Saint-Gervais et le Fayet. La figure 3 indique la marche du torrent et donne une très exacte idée de l’ensemble d’un des plus lamentables phénomènes géologiques de notre époque.
- L’INDUSTRIE COTONNIÈRE
- AU JAPON
- Le filage du coton au Japon date seulement de 1848, et à cette époque il ne se pratiquait que dans quelques provinces; mais en 1879 le Gouvernement commanda en Europe des machines nouveau modèle et les fit distribuer dans certains districts de l’Empire. C’est surtout à partir de 1881-82 que des sociétés entreprirent la création de nouveaux ateliers ; si bien que le nombre des bobines, qui n’était que de 35 000 en 1884, se monte aujourd’hui à 380 000, et que le capital consacré au filage s’élève à 10 millions de piastres. Enfin 20 000 ouvriers sont employés dans des usines de cette espèce. Aussi ne doit-on pas s’étonner de voir le chiffre des importations des fils de coton provenant de l’étranger diminuer chaque année ; cette importation était de 474396 piculs en 1888, d’une valeur de 13 611 000 yen d’argent; en 1890, elle a été seulement de 319 083 piculs et 9 928 000 yen; enfin, pour 1891, le chiffre serait seulement de 5 589 000 yen. Avant peu les Japonais suffiront complètement aux besoins de leur pays, et même chercheront des débouchés vers la Chine et la Corée. 11 faut bien se figurer que les Japonais sont un peuple essentiellement perfectible et civilisable, et qu’avant longtemps leur industrie fera une réelle concurrence à l’industrie européenne. 1). B.
- TREMRLEMENT DE TERRE k MANILLE
- LE 16 MARS 1892
- Les tremblements de terre qui ont alarmé vivement les populations de Manille et des provinces, dans la soirée du 16 mars 1892 et dans la nuit suivante, constituent, d’après les observations de l’Observatoire de cette ville, le maximum d’une période sismique, dont le principe remontait à deux jours, à juger par l’intensité des mouvements microsismiques, surtout verticaux, observée durant de longs et fréquents intervalles.
- Avec cette agitation microsismique a coïncidé une rapide augmentation de la force des courants telluriques nord-sud, qui a d’autant plus attiré l’attention qu’elle faisait suite à une longue période de variations extraordinaires et brusques de ladite force. La persistance du phénomène a été, à Manille, d’une durée seulement comparable avec celle des tremblements de terre de 1880.
- Les mouvements notés par les appareils de l'Observatoire depuis 9h lm 523 du soir, le 16, se sont ainsi succédé : 9hlm52\ Fort tremblement de terre, d’oscillation et de trépidation. Il commença par des mouvements de trépidation et de légères oscillations qui allèrent en augmentant jusqu’à faire parcourir aux pendules un arc du nord au sud, que l’on pensa tout d’abord, sans aucun calcul, devoir être de 7° 30'. En faisant ensuite le calcul, Il a été reconnu qu’il fut de 8e 37'. D’autres mouvements se manifestèrent avec une direction de l’est-nord-est à l’ouest-sud-ouest de 3 degrés d’amplitude. L’aiguille du sismomètre ordinaire vertical s’écarta de 1 millimètre. — llh 50m. On perçut un second tremblement de terre avec mouvements d’oscillation et de trépidation combinés. Le maximum de l’amplitude totale des oscillations du nord au sud fut de 1° 4'. Il y eut aussi des oscillations du nord-est au sud-ouest de faible amplitude. Quant aux mouvements verticaux, leur intensité fut très légère, et ils furent seulement notés par les appareils microsismiques.
- Minuit 21m38s le 17. On sentit un autre mouvement d’oscillation et de trépidation de très peu d’intensité. — Minuit 38m 5S. Nouveau tremblement de terre fort, dont l’oscillation principale fut du nord-nord-est au sud-sud-ouest et de 2° 10' d’amplitude totale. Le mouvement de trépidation fut très perceptible dans ce tremblement de terre et produisit un écart de 1 millimètre sur le sismomètre vertical. —lh47m 55sdu matin. Autre tremblement de terre de peu d’intensité avec oscillations du nord au sud et du nord-ouest au sud-est, de 0° 16' d’amplitude, et trépidations enregistrées seulement par les microsismo-mètres. — 4h 51“ du matin. Tremblement de terre à peine perceptible sans appareil. — 6h 15™ du matin. Tremblement de terre d’oscillation du nord au sud, de 0° 20' d’amplitude et de trépidation, qui a produit un écart d’un demi-millimètre de l’aiguille du sismomètre vertical. — 6h 4001 du matin. On ressent un mouvement très faible.— 7h 15m 518 du matin. Dernier tremblement de terre perceptible de très peu d’intensité.
- Depuis ce moment jusqu’à 9 heures du matin, les appareils microsismiques ont continué à osciller par intervalles, avec une telle intensité qu’elle faisait craindre le retour des mouvements.
- A midi 39“ 7% le 17, un très léger mouvement d’oscillation s’est fait sentir avec oscillation du nord-nord-ouest au sud-sud-est et d’une amplitude inappréciable. Enfin, à ,Hh25"129s du soir, le même jour, on a ressenti une légère secousse d’oscillation du nord-nord-est au sud-sud-
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- ouest et de 0n 8' d’amplitude pour la plus grande oscillation.
- Les appareils microsismométriques ont continué à subir un mouvement intense avec intervalles, bien qu’ils aient été moindres que la veille et que les jours qui ont précédé les tremblements de terre.
- Voilà les observations qui ont été faites à l’Observatoire de Manille dirigé par les Pères Jésuites, et d’après lesquelles la principale secousse, celle de 9hlm52s du soir, aurait eu une durée de cinquante-quatre secondes.
- La figure ci-dessous donne la courbe tracée par le sismographe Secchi pendant ce tremblement de terre.
- 11 n’y a eu aucun dégât à Manille même; mais dans d’autres parties de l’île de Luçon il n’en a pas été ainsi. À Dagupan, point terminus de la ligne du chemin de fer du même nom, le tremblement de terre a eu pour conséquence la destruction des bâtiments du tribunal, des écoles et de beaucoup de maisons, sans parler de l’église et du couvent de San Jacento. Il n’y a pas eu d’accidents de personne. À la Union, l’église, la tour, le couvent, le tribunal et l’école ont été renversés. Le curé de l’église Santo Tomas a été écrasé par les décombres et est mort quelques heures plus tard.
- L’ébranlement que le sol de Manille a éprouvé le 16 est le plus violent qui se soit fait sentir depuis 1880 et rien de particulier ne semblait le pronostiquer. Les trem-
- Nond
- Courbe tracée par le sismographe pendant le tremblement de terre de Manille, du 16 mars 1892. (Réduit de moitié.)
- blements de terre sont fréquents dans les îles de cet archipel, et l’on peut presque les considérer comme étant perpétuellement en mouvement plus ou moins appréciable.
- Est-ce au voisinage des volcans assez nombreux qui surgissent des entrailles de la terre dans cette région que Manille doit les fréquentes secousses que l’on y ressent?
- Ces volcans, le Mayon, le Raal et d’autres ont eu des éruptions terribles, surtout pendant le cours du siècle dernier. Actuellement, leur activité semble s’ètre calmée, les ravages d’une période déjà ancienne ne se sont pas renouvelés dans ces derniers temps.
- Quant aux tremblements de terre, les plus tristement célèbres qui ont bouleversé Manille avec plus ou moins de violence sont ceux de 1601, de 1610 (30 novembre), de 1645 (30 novembre), de 1658 (20 août), de 1675, de 1699, de 1796, de 1824, de 1852, de 1865 et de 1880.
- L’avant-dernière de ces manifestations terrestres se fit sentir le 5 juin, à 7h 31m du soir pendant environ une minute, et renversa tous les monuments et toutes les maisons les plus solidement construites. Le palais du Gouvernement, la cathédrale, les casernes, etc., soit 46 édifices et 528 maisons, tout fut détruit. On évalue à 400 le nombre des victimes et celui des blessés atteignit un chiffre considérable. >
- L’effet produit fut tel que, depuis cette époqûe, l’on n'a pas reconstruit le palais du gouverneur général, qui occupe une grande maison louée dans un des quartiers éloignés de l’ancienne ville murée ’. G. de Bérard,
- Consul de France.
- 1 Note communiquée au Bulletin astronomique.
- LES ORNEMENTS DANS LES JARDINS
- ET LA MOSAÏCULTLRE AMÉRICAINE
- On ne peut que louer le désir qu’ont beaucoup d’amateurs et de jardiniers d’orner les alentours de l’habitation d’une profusion de fleurs qui sont à tout instant un charme pour les yeux. La décoration florale est une science faite toute de fantaisie, où l’habileté individuelle doit suppléer aux lois qui régissent les autres parties de l’Art des Jardins. Mais encore faut-il que l’imagination modère son essor et s’en tienne à des effets harmonieux sans se lancer dans le bizarre, à la recherche de l’inédit. C’est ainsi que l’on pourra composer des corbeilles avec cinq ou six espèces de plantes dont le feuillage et les fleurs produisent d’agréables effets, en les mélangeant de façon à former des dessins et des courbes symétriques.
- Les Romriums sont aussi de charmants motifs de décoration : disposés en demi-cercle, sur un talus légèrement incliné, les rosiers s’étageront depuis les formes naines jusqu’à celles à haute tige, produisant, pendant la belle saison, l’effet d’un immense bouquet odorant et fleuri.
- Les arbres et les arbustes taillés ne seront à leur place que dans les jardins réguliers, dits à la française, et encore faudra-t-il bannir toutes les formes excentriques que prisaient si fort nos ancêtres et que le bon goût, joint à un sentiment plus juste de la nature, répudie à présent.
- Chez nous, le goût des ornementations bizarres ne s’est pas beaucoup répandu : les parterres aux mille arabesques entre-croisées, les arbustes affectant la forme d’hommes, d’animaux ou d’instruments ne se rencontrent guère que dans quelques jardinets de banlieue d’un goût plus que douteux. Il n’en est pas de même, paraît-il, aux Etats-Unis où les ornements compliqués et bizarres sévissent comme un fléau dans un certain nombre de jardins publics ou privés. Le mot n’est pas trop fort pour parler de décorations florales telles que des portraits d’hommes célèbres quarante fois plus grands que nature, des paires de souliers et de gants, des arrosoirs, une vraie ménagerie de chiens, de chats et d’oiseaux, etc.
- Ceux des lecteurs de La Nature qui se rendront à Chicago l’année prochaine pour l’Exposition Universelle Colombienne, ne manqueront pas d’aller visiter l’une des promenades de cette ville, le Washington Park, où s’étalent des spécimens de cette ornementation extraordinaire. Le Superinten-dent de ce parc est un Allemand; il y a, depuis plusieurs années, prodigué les ressources de son génie inventif, et s’il a réalisé un effet comique au lieu de celui qu’il recherchait, du moins n a-t-il pas ménagé ses peines, comme nos lecteurs pourront s’en rendre compte par ce qui suit.
- On entre dans le parterre, où sont réunies les nouveautés de l’année (car depuis six ans l’auteur change . à chaque printemps ses motifs de décoration), par une porte dont notre figure 2 indique suffisamment
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- l’aspect. Les deux battants sont formés de planches entre-croisées constituant une sorte de caisse à claire-voie que l’on remplit de terreau jusqu’à la partie supérieure. Les pilastres sont bâtis de la même ma-
- nière, et à leur sommet on n’a pas oublié de placer deux grosses boules également remplies de terreau. Sur tous les bords de cette carcasse, l'artiste a planté une double ou triple rangée d'Echeveria glauca,
- tandis que le milieu est composé de Sempervivum étroitement serrés les uns contre les autres. Deux écharpes transversales, deux étoiles et deux croissants également en Echeveria agrémentent ce tableau charmant. Mais ceci n’est qu’une entrée en matière et nous aurons bien d’autres surprises.
- Nos regards sont d’abord arrêtés par un ca-dran solaire (fig. 1) dessiné sur le gazon d’une pelouse inclinée à 45 degrés. Le cadran demi-circulaire mesure 10 mètres de diamètre ; il est formé d’une plate-bande entourée d’une double bordure d'Echeveria, large de 1 mètre; la circonférence du cadran porte les chiffres des heures de 1 à 12 en Alternanthera. Sur le diamètre on a inscrit en capitales : Sol's Clock (horloge solaire) sur un tapis de Sedum dasyphyllum. Au centre du cadran se
- trouve la colonne qui marque les heures : elle est formée d’une tige en fer de 2 mètres de hauteur, qui, pendant la belle saison, est recouverte d’une
- sorte de manchon de 40 centimètres de diamètre. Cet appareil est conservé en serre pendant l’hiver; on y installe et on y cultive les plantes qui doivent le garnir, et en été on le place tout d’une pièce sur son support.
- En continuant notre promenade, nous arrivons devant une sorte d’avenue formée de petits piliers en Echeveria et surmontés d’une boule en Sedum;h l’extrémité de cette avenue s'élève majestueusement une mappemonde où les continents, les eaux, les îles, voire même les parallèles et les méridiens sont représentés par des plantes (fig. 5). La sphère est formée d’une solide charpente en bois, disposée comme les carpelles d’une
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- orange et entourée d’un treillis dans lequel on glisse le terreau. Les terres en Echeveria glauca se détachent en blanc sur la sombre couleur des Oxalis qui représentent l’Océan. Plusieurs autres
- décorations du même genre sont dispersées dans le Washington Park, et il faut croire que ces facéties sont très appréciées d’un certain public, car le jardinier en chef varie chaque année ses effets; il
- Fig. 3. — Sphère terrestre dans le Washington Park de Chicago.
- travaille tout un hiver à la composition de son tableau et ne ménage ni argent ni peine pour arriver à la parfaite réussite de sa « première ».
- Les années précédentes, il y avait un parterre égyptien qui fit fureur : deux sphinx en Echeveria, hauts de 0 pieds, majestueusement couchés sur un socle de Sedum et à'Othonna, gardaient un obélisque haut de 15 pieds, construit en bois et fer et entièrement tapissé d'Echeveria. Une notice explicative annonçait au public ébahi que 15000 plantes avaient été employées à la confection de cette merveille!
- Ailleurs il y avait le parterre hindou représenté par des éléphants couchés, hauts de 6 pieds, longs de 10, et composés chacun de 5000 Echeveria.
- Enfin, l’on voyait un calendrier perpétuel, de
- 28 pieds de longueur sur 23 de largeur : le jour et la date en Echeveria secunda glauca, sur un fond de Sedum acre, entourés d’une bordure d'Oxalis tropæoloides, étaient changés toutes les nuits par une équipe d’ouvriers spéciaux qui avaient chaque fois plus de 3000 plantes à enlever et à replacer.
- Mais le comble en cette matière nous est fourni, sous une forme amusante, par une gravure publiée dans le journal The American Florist et reproduit par la Revue horticole. C’est une petite scène à trois personnages : M. Childers, honorable commerçant, a dù quitter, pour un voyage d’affaires, sa chère épouse et le jardin qu’il soigne lui-même chaque jour avec amour. Pendant son absence, Mrs. Childers, désireuse de ménager une agréable surprise à son mari, fait venir un jardinier-paysagiste
- Fig. 4. — Mrs Childers montre à son mari le travail de Y Artiste qu’elle a fait appeler.
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- qui lui a été recommandé comme un parfait artiste. Celui-ci reçoit carte blanche et bouleverse tout dans le jardin ; il taille, plante, déplante à sa guise, donne aux arbres la forme de gants, d’arrosoirs et dessine sur le gazon un gendarme, un chien et un chat, une paire de bottes (fig. 4). Il est en train de mettre la dernière main à son œuvre quand revient M. Childers ; le pauvre homme est anéanti à l’aspect de son jardin transformé par l'artiste et laisse tomber sa valise au lieu de tendre les bras à son épouse.
- En écartant la part d’imagination qui se trouve dans cette petite bouffonnerie, il reste ce fait qu’il y a des hommes ayant assez peu le sens de la vraie décoration artistique pour se permettre de pareilles infractions au bon goût.
- ; Quant à vous, chers lecteurs, qui aimez les plantes i et les fleurs, ne vous semble-t-il pas que ce soit un ‘ sacrilège de les faire servir à de si misérables exhibitions, en les détournant de leur but naturel qui est de nous charmer par la grâce de leur port, la 'beauté de leur feuillage, le coloris et l’odeur de 'leurs fleurs? Nous devons les admirer et les aimer une à une et non point les entasser par grandes masses pour représenter des animaux et des outils.
- 1 Dieu merci, le goût de la mosaïculture à outrance dont nous venons de parler, n’est pas général aux Etats-Unis ; le véritable Art des Jardins y est dignement représenté par une Ecole très distinguée et très active. Son chef incontesté, M. Frédéric LawOlmsted, a, depuis trente années, semé le territoire de l’Union de créations superbes telles que le Central Park de New-York, le Prospect Park de Brooklyn, les promenades publiques de Buffalo, de Boston, et actuellement il dirige les travaux de l’Exposition Universelle de 1893 à Chicago, comme l’a fait le regretté Alphand pour notre admirable Exposition de 1889.
- René-Ed. André,
- Ingénieur des Arts et Manufactures.
- --0~Ç><—
- L’UTILISATION DE L’ÉNERGIE
- DANS IA PRODUCTION DE IA LUMIÈRE
- Depuis que nous avons conscience de l’équivalence de l’énergie sous toutes ses formes, on a répété à satiété que toute notre industrie est un gaspillage effréné. Mais en aucun cas, à moins de le faire à dessein, on ne montre une prodigalité aussi grande que dans la production de la lumière ; ici, tous les genres de pertes vont se multipliant, de telle sorte que le profit n’est presque rien à côté de la dépense. Qu’est-ce, en effet, que la flamme d’une bougie? La stéarine fondue monte dans la mèche, et, à la base, se consume presque en entier, donnant une flamme bleue ; puis, l’afflux d’air étant insuffisant, une partie du carbone se sépare, et ses particules, portées à une température élevée, traversent rapidement la flamme, et, se refroidissant aussitôt que la chaleur rayonnée ne leur est plus rendue, cessent de nous éclairer avant que leur température soit descendue à 500 degrés; le reste de la chaleur est perdu ; en même temps, nous jetons dans l’atmosphère une grande quantité de vapeur d’eau et d’acide carbonique, et nous chauffons en pure perte au moins cinq ou
- six fois plus d’azote que nous n’avons employé d’oxygène. Tout cela nous montre que la perte doit être énorme.
- On enseignait autrefois qu’en décomposant la lumière, on obtenait trois spectres distincts : calorifique, lumineux, chimique; ce classement était très artificiel; une comparaison le fera comprendre.
- Un Anglais, un Allemand et un Français, voyageant ensemble, arrivent devant un objet qui excite leur admiration, et ils expriment leur sentiment de la manière suivante : le premier dit : beautiful tree; le second dit : schôner Baum; enfin le troisième dit : le bel arbre! Pour tous trois, l’objet est exactement le même, mais l’effet produit est tellement différent que la sensation exprimée par .chacun des trois compagnons est incompréhensible aux deux autres. II se produit quelque chose d’analogue pour le spectre; le même mouvement de l’éther, c’est-à-dire la même radiation, engendre des effets différents suivant qu’elle est absorbée par une substance inerte, où son énergie est transformée en chaleur, ou par notre œil, auquel cas nous percevons de la lumière, ou par une plaque photographique, qu’elle impressionne. En réalité, il n’y a qu’un spectre : vibration de l’éther, dont
- l’énergie est variable suivant la vitesse de la vibration; pour une certaine longueur d’onde moyenne, notre œil est impressionné; les sels d’argent sont décomposés par une vibration recouvrant en partie celle qui produit la vision, et la débordant du côté des oscillations rapides.
- Nous pouvons porter, sur des axes rectangulaires, d’une part, la longueur d’onde des diverses radiations, c’est-à-dire la distance qui sépare, sur le rayon, deux points dont le mouvement est le même au même instant; d’autre part, nous porterons l’énergie qui, dans le rayon, correspond à cette oscillation. Nous obtiendrons des courbes qui différeront suivant le genre de lumière analysée, et dont quelques-unes ont déjà été données ici. Puis nous pouvons tracer, sur un second diagramme, les courbes représentant la sensibilité de notre œil ou des plaques photographiques en fonction de la longueur d’onde. Leur forme diffère notablement suivant les yeux, même lorsqu’ils sont normaux; lorsqu’ils sont atteints de daltonisme, la courbe s’abaisse dans la partie correspondante du spectre. Pour les plaques photographiques, la courbe dépend de la substance employée ; une plaque est isochromatique lorsque sa courbe de sensibilité est analogue à celle de l’œil. Commençons par ces dernières courbes. Dans la figure 1, la courbe A représente la sensibilité d’un œil normal; la courbe B, celle d’une plaque au bromo-iodure d’argent. Nous voyons que celle-ci ne sera pas impressionnée par les lumières dont la longueur d’onde est supérieure à 0,53 microns environ, tandis que l’œil est encore sensible jusque vers 0,68 microns. Mais au delà, quelle que soit l’intensité de la radiation, il y a pour nous la plus complète obscurité ; notre œil est incapable de résonner à l’unisson des oscillations plus lentes. Ce diagramme va nous servir à analyser le suivant (fig. 2), dans lequel on a représenté l'énergie de diverses radiations, telle quelle a été trouvée par plusieurs observateurs, au premier rang desquels il convient de nommer le pro-
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- fesseur Langley. Les courbes, telles que Inexpérience les a données, se prolongent fort loin ; on a encore mesuré des longueurs d’onde de 30 microns, cinquante fois plus longues que celles qui nous impressionnent. L’énergie totale est représentée par l’aire des diverses courbes que, pour la commodité de la comparaison, nous avons ramenées ici à la même superficie. Pour savoir dans quelle proportion nous utilisons l’énergie de la radiation, il suffit de réduire chacune de ces courbes à l’aide de la courbe
- de sensibilité reproduite, en tète du second diagramme, à la même échelle des abscisses que les courbes de radiation. Pour toutes les lumières artificielles, l’utilisation est presque nulle.
- On a souvent défini le rendement photogénique d’une radiation par le rapport de l'aire contenue dans le spectre visible à l’aire totale de la courbe ; en faisant cette opération pour les courbes ci-dessus, on trouve :
- Foyer. Rendement photogénique.
- Soleil................................ 0,140
- Arc électrique..........................0,025
- Gaz. . ............................... 0,012
- Nous avons énuméré au début des pertes que l’on rencontre en transformant une partie de l’énergie de la combustion en énergie rayonnante; or, dans l’emploi des foyers à combustion, ce n’est guère que 1 pour 100 de la radiation que notre œil utilise; ce rendement doit encore être multiplié par celui de la première transformation. Dans les foyers électriques, le rendement photogénique doit être mesuré par le rapport de la transformation de l’énergie disponible en énergie électrique rendue aux bornes de la lampe, transformation pour laquelle on peut admettre un rendement maximum de 10 pour 100. Malgré cette réduction au dixième, la lampe à incandescence a un rendement total égal à celui des meilleurs becs de gaz, et la lampe à arc, un rendement très supérieur. Mais, tandis que dans les lampes à incandescence, les neuf dixièmes de l’énergie perdus pour l’éclairage se dépensent hors du lieu éclairé, dans les foyers à combustion, la chaleur perdue reste dans le local, d’une façon souvent nuisible.
- Dans un précédent travail sur la questionl, nous étions arrivé, au point de vue du rendement de divers foyers,
- au résultat suivant :
- Foyer. Rendement total.
- Bougie....................... 0,000 1
- Bec de gaz ordinaire.......... 0,000 2
- Bec de gaz à récupération. . . 0,000 5
- Lampe à incandescence. . . . 0,000 5
- Lampe à arc................... 0,002 5
- Ces chiffres parlent d’eux-mèmes, et montrent combien sont motivées les tentatives telles que celles de M. Tesla,
- 1 Voy. la Revue générale des sciences, du 15 janvier 1892.
- d’avoir recours à de tout nouveaux procédés pour la production de la lumière.
- Nous ne quitterons pas ce sujet sans mentionner quelques particularités de notre œil, auxquelles les physiologistes n’ont sans doute prêté jusqu’ici que peu d’attention.
- La première concerne la position du maximum de sensibilité de l’œil, qui coïncide exactement avec le maximum d’énergie de la radiation solaire ; il en résulte que notre œil est construit pour utiliser aussi bien que possible la lumière du soleil. •
- Poussant plus loin l’analyse, on a pu constater que la lumière du ver luisant se compose d’une bande étroite précisément dans la région de ce double maximum. Or, comme la radiation de ce coléoptère lui est avant tout destinée, il faut en conclure que son maximum de sensibilité concorde avec le nôtre.
- Enfin, des considérations de grandeur des ondes lumineuses et de résonance des particules matérielles conduisent à penser que l’action de la lumière dans l’œil est moléculaire, c’est-à-dire chimique et non mécanique1. Faut-il en conclure que la substance sensible est la même chez le ver-luisant que chez l’homme? Ce serait aller vite en besogne, mais cette conclusion n’est pas absurde a priori.
- Quant à la sensibilité absolue de notre œil, elle dépasse tout ce que l’on pourrait imaginer; en transformant entièrement en lumière de la teinte la plus favorable la quantité d’énergie représentée par une petite calorie, et en envoyant la totalité de cette lumière dans un œil normal, on pourrait l’impressionner pendant plus de cent millions d'années! Ch.-Ed. Guillaume.
- ASCENSEUR DE NOTRE-DAME-DE-LA-GARDE
- A MARSEILLE
- On se préoccupait depuis longtemps à Marseille de faciliter aux visiteurs qui se rendent au sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Garde l’ascension de la colline que surmonte la célèbre chapelle. Parmi les projets mis en avant, celui d’un tramway funiculaire fut accueilli avec faveur par le public, mais ce système n’ayant pas été mis à exécution, un ingénieur de la Société des Forges et Chantiers, M. Maslin, forma le projet de construire un ascenseur gigantesque, permettant de communiquer entre la ville et le haut de la colline.
- Les travaux, commencés le 20 janvier 1890, viennent d’être terminés. Depuis le 30 juillet dernier, l’ascenseur est livré au public, au prix de 40 centimes aller et retour, et l’affluence y est très nombreuse.
- C’est à l’extrémité du boulevard Notre-Dame que se trouvent installés les ascenseurs qui permettent désormais de communiquer avec rapidité et sans fatigue entre le pied et le haut de la colline. Les cabines servant au transport des voyageurs glissent à ciel ouvert sur un plan incliné de 60° dont la longueur totale est de 84 mètres, sur lesquels 50 mètres se font contre le flanc de la colline, le reste
- 1 En réalité, notre rétine est sensible à la lumière ultraviolette, mais cette lumière est absorbée par le cristallin.
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- du trajet étant parcouru dans un grand pylône en maçonnerie, dont la plate-forme est à 72 mètres de hauteur verticale au-dessus du sol de la gare de départ.
- Les deux cabines, qui sont identiques et dont les poids s’équilibrent, fonctionnent par le système dit à « balance d’eau », qui consiste dans l’introduction et l’évacuation successives d’une certaine quantité d’eau dans un récipient placé à leur partie inférieure. Sur la plate-forme du pylône se trouvent deux caisses à eau en contenant chacune douze tonnes. Pour faire descendre la cabine'supérieure, on verse quatre tonnes d’eau dans son récipient : elle opère alors sa descente sur les rails de ia voie qu’elle occupe, tandis que la cabine inférieure monte sur la voie latérale, avec sa caisse à eau vide, et vice versây les deux cabines effectuant alternativement et parallèlement la descenteetlamontée.
- Un grand bassin situé au pied de la colline fournit l’eau motrice, qui est transportée au sommet à l’aide de fortes pompes, actionnées par une machine à vapeur de 25 chevaux.
- Cette machine est disposée, avec deux autres du même type et deux chaudières primitivement destinée à des torpilleurs, dans un hangar qui se trouve près du bassin et de la gare de départ.
- Les ascenseurs de No-tre-I)ame-de-la-Garde se distinguent des appareils similaires existant en Suisse par l’emploi de quatre câbles de suspension au lieu d’un seul. En effet, chaque cabine possède quatre câbles métalliques plats, couplés latéralement, et composés chacun de 576 fils d’acier divisés en 18 aussières. La charge de rupture de chaque câble n’étant pas inférieure à 60 tonnes, un seul suffirait à supporter le poids total. Ces câbles sortent de la maison Duboul, de Marseille.
- En outre, pour le cas où les câbles de suspension des ascenseurs viendraient à se rompre, accident qui est impossible, mais que les constructeurs ont voulu prévoir, un frein automatique régulateur empêcherait toute accélération de vitesse des cabines, qui continueraient normalement leur marche, à raison de un mètre par seconde. Ce frein prend son point d’appui sur une solide crémaillère en acier, fixée au centre de la voie de chaque cabine, et au-dessous de laquelle un grip rend en outre celle-ci adhérente.
- C’est là une innovation qui constitue un sensible progrès sur les autres installations de ce genre, car son bon fonctionnement rend tout accident impossible et donne une sécurité absolue, que confirme d’ailleurs l’extrême solidité avec laquelle tous les appareils et la maçonnerie ont été construits. Ajoutons que l’égalité de tension des câbles est assurée par un dispositif spécial de presses hydrauliques, qui forme un utile complément aux autres mesures de précaution. La sécurité est donc complète, et, à ce point de vue, l’ascenseur de Notre-I)ame-de-la-Garde doit être placé au premier rang parmi tous les appareils similaires.
- Toutefois, un inconvénient inhérent aux'appareils à crémaillère prend une certaine importance dans cet ascenseur : il consiste en de légères trépidations, qui sont d’autant plus sensibles que les freins et appareils de sûreté qui les font naître sont plus lourds et plus puissants; mais ces trépidations disparaîtront peu à peu avec le temps.
- Quant aux cabines elles-mêmes, elles sont très confortables et chacune peut contenir 50 personnes. En faisant un voyage toutes les 5 minutes, elles peuvent donc transporter 1200 personnes par heure. La durée du trajet est d’environ 2 minutes.
- La passerelle horizontale qui unit le haut du pylône, on aboutissent les cabines, à la plateforme de la Croix, située au pied des escaliers conduisant à la chapelle, mesure 100 mètres de long sur 5 mètres de large. Le tablier métallique qui la supporte, et sous lequel se dressent deux piliers de soutènement, sort des ateliers Eiffel. De cette passerelle, on jouit à l’aise du magnifique panorama de Marseille et de sa rade.
- Signalons enfin que la gare construite au pied de l’ascenseur, et dont le plan a été dressé par M. Pélissier, architecte, est un gracieux édifice à colonnade, de style oriental, surmonté d’un dôme élégant et entouré d’un joli square verdoyant.
- En somme, l’ascenseur de Notre-Dame-de-la-Garde, à Marseille, est un des plus hauts et des plus remarquables de France. Il est d’un bel aspect, d’une utilité incontestable, et présente toutes les garanties possibles de sécurité et de confort.
- Jacques Léotard
- Vue d’ensemble de l’ascenseur de^Notre-Dame-de-la-Garde, à Marseille.
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- LE MIRAGE EN ALGÉRIE
- Lors d’un séjour qu’il a fait à Biskra, aux confins du désert du Sahara, M. Janssen, de l’Académie des
- sciences, a eu l’occasion d’étudier le phénomène si fréquent du mirage a la surface des sables brûlants.
- Fig. 1. — Effet de mirage observé aux environs de Biskra, en Algérie, en juillet 1890. — Aspect d’une nappe d’eau (D’après une photographie de M. Janssen.)
- On sait que les voyageurs ont souvent décrit les I de masses d’eau immobiles, et qui font croire a effets de ces singulières illusions, qui offrent l’aspect | l’existence d’oasis là où il n’y a que des plages sa-
- Fig. 2. — Antre effet de mirage observé aux environs de Biskra, en Algérie, en juillet 1890. — Aspect d’une couche de neige.
- (D’après une photographie de M. Janssen.)
- blonneuses. M. Janssen est parvenu à reproduire par la photographie les phénomènes de ce genre qu’il lui a été donné d’observer, et il a bien voulu nous communiquer pour La Nature les remarquables
- épreuves que nous reproduisons ci-dessus en les réduisant. La figure 1 représente un mirage donnant l’illusion d’une mer lointaine qui semble baigner de ses eaux le pied de falaises. La figure 2 donne l’as-
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- pect d’un autre effet plus curieux encore : la nappe unie à l’horizon est si blanche qu’on croirait voir une couche de neige. Notre graveur a reproduit aussi fidèlement que possible les photographies de M. Janssen, mais les modèles sont encore plus saisissants d’aspect, les dimensions en étant beaucoup plus grandes. Il est inutile d’insister sur l’intérêt de ces documents qui seront appréciés au même titre par tous ceux qui s'intéressent à la Météorologie et à la Photographie. G. T.
- LE SYSTÈME DE SIRIUS
- Cet astre splendide, le plus bel ornement de notre ciel d’hiver, a présenté aux astronomes, au commencement de ce siècle, un curieux problème à résoudre. A partir de l’époque où les instruments ont pu mesurer la seconde d’arc, on a remarqué d’étranges déplacements de cette magnifique étoile; après 20 ans d’observation, Bessel en 1844 conclut à une périodicité dans ces déplacements, sans pourtant avoir été témoin d’une période entière. Sur ses indications, on calculait, en 1851, qu’elle devait décrire, autour d’un centre, une ellipse d’environ 2",4 de grand diamètre, dans une durée de 50 ans environ. C’était dire que l’énorme Sirius est une étoile double, accompagnée d’un satellite d’importance considérable et qu’au début l’on croyait obscur.
- En 1862, grâce à une nouvelle et puissante lunette de 47 centimètres de diamètre, on voyait ce satellite sombre, mais non obscur, pour la première fois. Depuis, en prenant la précaution de masquer, au foyer de la lunette, l’étoile principale, on a retrouvé le satellite sombre quand on a voulu. Ce fait a une grande importance, parce qu’il nous fait voir que les grandes lois de la gravitation, bases du calcul effectué, sont applicable® en dehors de notre système solaire avec la même exactitude que tout près de nous.
- M. Auwers, discutant de nouveau toutes les observations des irrégularités du mouvement de cette étoile, fixe à 49aos,399 la durée de la révolution, avec un moyen mouvement annuel de 7°, 2877, dans une ellipse dont le demi grand axe est 2",42. Il en résulte, à la distance où il se trouve de nous, que l’écartement de Sirius à son compagnon est à peu près 20 fois la distance de la Terre au Soleil, ou sensiblement le rayon de l’orbite d’Uranus. On est conduit en outre, pour la masse du système des deux étoiles, à 5,24 fois celle de notre Soleil, dont 2,20 pour Sirius et 1,04 pour le compagnon.
- Naturellement l’orbite du compagnon est plus grande que celle de Sirius, et l’écart des deux astres, aujourd’hui moindre que 4" et qui a encore deux ans à diminuer, arrivera dans 26 ou 27 ans, à dépasser 11". Alors des lunettes de moyenne puissance, bien manœuvrées, seront suffisantes pour permettre d’apercevoir le satellite. Joseph Yi.not.
- CHRONIQUE
- Un canon de 122 tonnes à Chicago. — Si l’on en croit notre confrère Iron, M. Krupp a été invité, par l’empereur d’Allemagne, à envoyer à Chicago un canon monstre de 122 tonnes. C’est là une dépense excessive imposée au constructeur allemand, dépense qui, dans
- l’espèce, résulte de difficultés techniques considérables au point de vue du transport, difficultés telles que l’on se demande avec anxiété si le formidable engin retournera jamais sur les terres qui l’ont vu et fait naître. Deux ingénieurs ont été envoyés en Amérique pour prendre les mesures nécessaires en vue de ce transport tant au point de vue de la solidité de la voie qu’à celui du transbordement; il n’existe pas, en effet, en Amérique, de grue assez puissante pour effectuer ce transbordement.
- Singulier coucher de soleil. — Dans une lettre adressée dernièrement à notre confrère anglais Nature, M. II. Crew, de l’Observatoire Lick (Californie), décrit comme suit un coucher de soleil extraordinaire dont il a été témoin. Les montagnes qui se trouvent entre le mont Ilamilton et le Pacifique étaient à peine visibles, formant
- une simple crête émergeant d’une mer de brouillard très unie; au-dessus des montagnes se traînait un nuage ténu, couvrant la moitié inférieure du soleil; subitement il se forma, dans le brouillard, une image du soleil, semblable au demi-disque visible et semblablement placée. Cette image ôtait sans doute produite par la réflexion de la moitié inférieure du disque sur le brouillard, pour lequel elle était visible au-dessous du nuage supérieur ; cependant, si telle est la vraie explication du phénomène, l’éclat de cette seconde image force à admettre, pour le brouillard en question, un pouvoir réflecteur très élevé; l'image était, du reste, parfaitement nette.
- Le pouls chez le chien. — Chez tous les animaux, l’étude du pouls doit nous guider pour reconnaître l’état de leur santé. Pour une raison inexpliquée, la plupart des ouvrages cynologiques n’en parlent pas. M. Wesley Mills a fait quelques remarques à ce sujet dans la revue Forest and Stream. D’après cet observateur, la pulsation du Chien diffère de celle d’autres animaux domestiques. Bien que son mouvement varie sùivantTàge et suivant la race de l’individu, on peut la rapprocher à certains égards de celle de l'homme. Ainsi, le rapport qui existe entre la respiration et la pulsation est à peu près semblable. On a noté une respiration pour quatre battements. Mais chez un chien adulte on découvre des faits différents. Si on l’ausculte lorsqu’il est couché à l’état de repos complet, on est frappé de l’irrégularité des pulsations ; quelques personnes ont pu croire à une maladie de cœur. Cette particularité ne se voit pas chez l’animal jeune ; d’ailleurs, il serait difficile de l’observer, vu la rapidité des battements du pouls dans le jeune âge. Elle s’étend autant à la vitesse qu’à la force des pulsations. Au moyen d’un appareil spécial, l’élude en serait plus aisée. M. Wesley Mills a reconnu que les pulsations deviennent irrégulières et se ralentissent au moment de l’expiration et qu’au contraire le cœur bat beaucoup plus fort et irrégulièrement
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- pendant l’inspiration. Celte irrégularité du pouls s’observe donc normalement chez les Chiens en parfaite santé.
- Les docks de carénage de Vladivostock. —
- Les Russes construisent actuellement un port de premier ordre à Vladivostock, port surtout militaire, qui sera doté de tous les appareils les plus perfectionnés; leur but avoué est d’opposer ou du moins de pouvoir opposer des établissements solides à ceux que les Anglais ont installés à Vancouver, de l’autre côté du Pacifique, et c’est d’ailleurs à peu près dans la même pensée que l’on construit le chemin de fer transsibérien. C’est pourquoi ils ont voulu doter cette station de Vladivostock d’un bassin de radoub et de carénage pouvant suffire aux plus grands navires, militaires ou autres. Les travaux de ce bassin sont en cours ; il aura une longueur de 165 mètres, une largeur de 36 mètres et 9 mètres de profondeur. Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que ce sont là des dimensions tout à fait exceptionnelles.
- L’atmosphère de Manchester. — Il résulte d’expériences effectuées à Manchester, un jour de brouillard ordinaire, que la proportion d’acide sulfurique contenue dans 30 mètres cubes d’air était de 13,15 à 32,34 milligrammes, suivant les districts ; le même jour, cette proportion atteignait 20,5 milligrammes à l’Université de Londres. Dans d’autres cas, le poids d’acide sulfurique contenu dans l’atmosphère a atteint jusqu’à 58 milligrammes dans la même quantité d’air. En recueillant et en analysant la neige à une distance de 1600 mètres de la ville, plusieurs essais donnèrent une proportion de 386 millionièmes d’acide sulfurique déposés en sept jours, et environ 2 tonnes de poussière noire pour une superficie de 2,5 kilomètres carrés. En outre, en supposant que la quantité de lumière émise en une heure soit représentée par 20 dans le Grindelwald (Suisse), la quantité moyenne émise pendant une période de plusieurs jours n’était que de 1,2 à une distance de 2 kilomètres de la cité de Manchester, et 0,8 dans la cité même.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du'iisept. 1892.—Présidence deM. de LACAZE-DimiiEns.
- Apparition de protubérances sur la planète Mars. — M. Perrotin a observé à plusieurs reprises, pendant les mois de juin et juillet derniers, l’apparition d’appendices lumineux très brillants s’échappant du disque de Mars, d’un aspect semblable à celui qui résulterait de la projection dans l’espace d’un flux de matière issu jlc la planète. Go singulier phénomène s’est produit dans la l'égion moyenne de l’hémisphère austral, vers 50 degrés de latitude et il a offert une durée d’une heure environ. L’arc sous-tendu dans l’espace par la projection lumineuse de matière hors du disque, paraît être de 0",1 à 0",2, ce qui, à la distance de Mars, correspond à une hauteur de 30 à 60 kilomètres. M. Perrotin ni M. Paye ne pensent point toutefois qu’il s’agisse d’une protubérance véritable, c’est-à-dire d’une projection réelle de matière; il n’y aurait aucune explication à entrevoir d’un tel phénomène. M. Perrotin a, d’ailleurs, éprouvé une si grande surprise de sa découverte qu’il a hésité quelque temps à la publier, afin de la contrôler, de telle façon qu’il vient d’être devancé devant le public par un observateur américain. Il n’y a donc pas de doute possible ; il ne s’agit point d’une illusion d'optique, quelles que puissent être la cause et la nature
- de la protubérance. 11 croit qu’il y a une connexion entre ces protubérances et les points lumineux que l’on peut distinguer sur le disque même de la planète. M. Perrotin ajoute quelques détails sur l’apparence de Mars pendant l’opposition de cet été (8 août) qui favorisait beaucoup les observations par le rapprochement de l’astre. La calotte neigeuse du pôle a diminué depuis deux mois et semble se disloquer. On constate qu’elle se coupe de deux raies noires et qu’une profonde échancrure la mord de plus en plus. Plusieurs canaux et plusieurs points brillants sont visibles sur le disque; enfin il a pu constater l’exactitude des dessins qui ont été donnés par M. Schiaparelli, sauf en ce qui concerne quelques petits détails fort peu importants.
- Les injections hypodermiques de M. Brown-Séquard. — L’illustre physiologiste prend aujourd’hui la parole non point pour signaler des faits nouveaux, mais pour donner l’éclat de la publicité aux résultats obtenus au moyen des injections hypodermiques du liquide qu’il prépare, dans le traitement du cancer et même du choléra. Les faits acquis sont aujourd’hui tellement nombreux qu’il considère comme un devoir impérieux d’appeler sur eux l’attention du corps médical tout entier. Il relate un cas de guérison de cancer obtenue, selon sa méthode, par un médecin réputé d’Alger, Enfin, dans d’autres cas, si la guérison n’a pas été atteinte, une amélioration très marquée a été réalisée. A propos du choléra, il rapporte que le Gouvernement russe a envoyé à Tiflis un médecin qui a expérimenté les injections sur les cholériques. D’après les journaux de Saint-Pétersbourg, tous les malades ainsi traités auraient été sauvés. Il attend d’ailleurs de l’expérimentateur des renseignements précis. C’est à l’action excitante du liquide injecté sur les centres nerveux qu’il attribue ce résultat, car le choléra détermine une affection nerveuse due à un poison, par suite de laquelle la circulation étant altérée, la surface du corps est glacée, tandis que l’inté-. rieur est dans un état fébrile. Enfin l’auteur signale en passant l’heureuse application faite de sa méthode au traitement de la morve. M. Brown-Séquard donne ensuite l’explication d’un privilège dont semblent jouir les lapins et les rats albinos, celui de vivre lorsque l’on pratique sur eux l’ablation de la glande thyroïde. On sait que cette opération est mortelle sur tous les animaux. L’immunité des lapins et des rats blancs tient à ce que la glande thyroïde est accompagnée chez eux de glandules qui en sont séparées et peuvent la suppléer après l’extraction. En effet, si on les supprime après l’extraction de la glande, l’animal meurt. Inversement si l'on enlève d’abord les glandules, l’animal résiste; mais si l’on enlève ensuite la glande, il meurt. Enfin si l’on greffe sous la peau, en un autre point du corps, la glande extraite, l’animal peut vivre. On prolonge également la vie en pratiquant des injections hypodermiques avec le liquide obtenu par l’écrasement de la glande, en vertu de ce principe général posé par M. Brown-Séquard, que lorsqu’un organe manque, on peut le suppléer, dans une certaine mesure au moins, en introduisant dans la circulation le liquide qui dérive de cet organe. En terminant, M. Brown-Séquard rappelle qu’il a toujours fourni gratuitement le liquide à tous les médecins qui lui en ont adressé la demande, et que depuis le 25 juin il n’a pas reçu moins de deux mille huit cents lettres à ce sujet.
- Varia. — M. Gonessiat donne les positions moyennes et les mouvements propres des étoiles circumpolaires. — M. d’Abbadie offre à l’Académie de la représenter au Congrès des américanistes, le 7 octobre prochain. — M. Dar-
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- boux communique le discours qu’il a prononcé le 28 août dernier, à l’occasion de l’inauguration de la statue du général Perrier, membre de la section de géographie et de navigation. — M. Ravet envoie des observations d’une comète nouvellement découverte. Ch. de Yilledeuil.
- PHYSIQUE AMUSANTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE1 LA CARTE CHANGÉE EN ROSE
- Ce petit tour s’exécute ordinairement au commencement d’une séance.
- Le physicien, ayant averti scrupuleusement ses spectateurs qu’il fera tout son possible pour les tromper et qu’ils seront victimes d’une quantité d’illusions d’optique, leur en donne tout d’abord cette première preuve :
- « Tenez, dit-il, voici une carte que je prends au hasard. Vous êtes bien persuadés, n’est-ce pas, que c’est une carte ; vous croyez même que c’est un roi de cœur?...
- Illusion d’optique dont vous êtes les jouets!
- C’est une fleur. » Et, en effet, le prestidigitateur ayant passé sa main droite devant la carte qu’il tenait élevée de la main gauche, on ne voit plus qu’une charmante rose.
- Voici la manière de préparer facilement soi-même la carte à la rose.
- Prenons, par exemple, un roi de cœur; posons-le exactement sur une autre carte quelconque, un sept de carreau si vous voulez, et, à l’aide d’un canif, partageons en une seule opération ces deux cartes en trois parties, dont celle du milieu (B, fîg. I) sera plus large de 2 millimètres environ que les deux autres.
- Au dos de notre roi de cœur, fixons avec de la colle forte, pour en réunir les trois morceaux, deux bandes de caoutchouc larges de 1 centimètre environ et peu épaisses, que nous taillerons dans un de ces bracelets qui font partie des fournitures de bureau. Collons ensuite, par-dessus ces bandes, et bien exactement sur les morceaux A, B, C, du roi de cœur, les morceaux correspondants A', B', C', de la seconde carte, la face de celle-ci contre le dos de la première; enfin,
- 1 Suite. — Voy. n® lOOü, du 20 août 1892, [*. 191.
- fixons sur B' une rose artificielle en mousseline : notre carte est terminée, passons à l’exécution du tour.
- Pour éviter que l’on ne suppose que c’est la main droite qui vient apporter la rose, ou bien encore que la manche du bras gauche joue quelque rôle en cette affaire, il faut avoir bien soin de montrer dans tous les sens, mais sans affectation, la main droite grande ouverte, et tenir d’abord la carte au point A (fig. 2) entre le pouce et l’index de la main gauche, afin de laisser voir que la paume de cette main est vide. On tient ensuite la carte comme l’indique la figure 5, et, au moment où la main droite étendue passe lentement devant le roi de cœur « pour enlever le charme », dit le prestidigitateur, mais en réalité pour masquer
- l’opération, on replie la partie supérieure et la partie inférieure de la carte; on la retourne vivement et l’on présente la rose aux spectateurs (fig. 4), le pouce et l’index de la main gauche serrant la carte, pour l’empêcher de se déplier, sous l’un des pétales de la rose, par lequel on semble tenir la fleur.
- L’illusion d'optique a disparu, carie charme est rompu, et, dans tous les cas, le physicien peut affirmer en toute vérité qu’il a toujours tenu la rose dans sa main.
- Des expériences analogues, mais tout à fait élémentaires, consistant simplement à changer une carte contre une autre, peuvent être faites soit avec deux cartes différentes collées dos à dos, et qu’il suffit de retourner pour opérer une transformation, soit avec un trois de couleur quelconque dont l’un des points a été gratté ; cette carte peut à volonté passer pour un trois ou pour un as, suivant que l’on couvre avec le pouce, en la présentant, le second point restant, ou la place de celui qui a été enlevé; enfin, dans certains cas, un point supplémentaire est découpé, et,au moyen d’un peu de cire ramollie à la chaleur des doigts, appliqué momentanément sur une carte de manière à en changer la valeur ; ainsi, un sept, par exemple, deviendra un huit; un coup d’ongle donné au moment opportun fait sauter le point qui est de trop.
- — A suivre. — MaGUS.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9. 1 \>
- Fig. 1, 2, 3 et 4. — La carte changée en rose.
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- LA NATURE
- 17 SEPTEMBRE 1892
- LE SAUVETAGE DES NAUFRAGES
- Chaque année, malgré l’habileté et le courage des marins, malgré les précautions prises, le nombre des naufrages est considérable.
- Lorsqu’un navire est jeté à la cèle par l’effort de la tempête, et que, battu par la vague furieuse, il menace à chaque instant de s’entr’ouvrir et de se briser en mille morceaux, le capitaine et l’équipage, voyant leurs efforts impuissants pour sauvegarder la propriété qui a été confiée à leurs soins, pensent à assurer leur propre salut. Ils cherchent alors un moyen de franchir la courte distance qui les sépare du rivage, et leur angoisse devient extrême quand ils s’aperçoivent qu’il leur est impossible de se sauver avec les seules ressour-
- Fig. 2. — Détail (l’un canot de sauvetage de la Société centrale. Vue par en dessus et de côté.
- ces que leur offre le bord. Les embarcations ont été brisées ou sont incapables de lutter contre une mer
- démontée, les cordages ont été entraînés au loin par la vague qui ne cesse de balayer le pont. La situation est horrible. Encore quelques heures, quelques minutes, et les débris informes du navire deviendront le jouet des Ilots, pêle-mêle avec les membres pantelants des malheureux naufragés. Une chance unique leur reste : c’est que les riverains viennent à leur secours en les aidant à établir un va-et-vient ou en conduisant un canot le long de leur navire1.
- 1 Rapport de M. llagiot. Congrès international de sauvetage en 1889.
- 20* année. — 2* semestre.
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- Mais, pour accomplir ce sauvetage, il faut affronter les plus grands périls et risquer sa vie. C’est ce que n’hésitent jamais à faire ces braves marins que l’on rencontre partout dans nos ports et sur toutes nos côtes, et qui se consacrent au salut des naufragés.
- Ces sauveteurs héroïques, que ne cessent d’inspirer l’abnégation et le dévouement, sont les membres actifs de la Société centrale (le sauvetage des naufragés, sur laquelle nous avons déjà appelé l’attention de nos lecteurs1; mais nous voulons encore une fois signaler l’intérêt qui doit s’attacher à cette œuvre admirable.
- Nous avons eu l’occasion d’assister à la dernière assemblée générale annuelle de la Société de sauvetage des naufragés, à cette cérémonie touchante que l'amiral Jurien de la Gravicre appelait la fête des braves gens; après avoir entendu le récit des traits héroïques, après avoir vu donner des récompenses aux sauveteurs, déjà couverts de médailles, il nous a semblé qu’il était du devoir de la Presse de faire connaître une œuvre aussi belle et aussi utile. C’est M. Jules Simon qui a été chargé de rendre compte de l’état actuel de la Société, et de résumer l’histoire des sauvetages qui ont valu à leurs auteurs des récompenses bien méritées.
- « La Société centrale de sauvetage, a dit l’éloquent orateur, a été fondée en 1865. Elle a secouru 829 navires, et sauvé la vie à 7105 personnes. La Société n’a d’autres agents que des hommes de bonne volonté, ni d’autres ressources que celles qu’on lui donne. Les amis des gens de mer donnent leur argent; les gens de mer donnent leur courage et risquent leur vie. Nous avons 400 postes de porte-amarres et 80 stations de canots. Les porte-amarres sont confiés aux douaniers; les canots aux riverains. Quel que soit le danger, le patron n’a qu’à dire : Qui est-ce qui part? Il en vient plus qu’il n’en faut. Il choisit les plus forts, et va, dans la tempête, où Dieu et son cœur le conduisent. »
- Il a été distribué cette année aux sauveteurs neuf prix et deux médailles. Voulez-vous savoir comment sont gagnés ces prix? Nous en prendrons deux exemples. Citons d’abord le prix de l’amiral Mequet, gagné par l’équipage du canot la Maréchale de Mac-Mahon, de Douarnenez, patron Le Du.
- Les vaillants de Douarnenez ont, cet hiver, donné de nombreuses preuves de leur intrépidité, mais ils se sont, si c’est possible, surpassés dans la journée du 13 octobre.
- Ce jour-là, ils ont sans relâche battu la mer du matin au soir pour secourir les nombreux bateaux qui, trompés par les apparences du temps, avaient cru pouvoir prendre le large et que menaçait une tempête violente.
- Le premier bateau rencontré par le canot de sauvetage porte une famille, le père et ses fds, tous à demi morts; à peine les avait-il recueillis qu’il vole au-devant de la chaloupe les Droits de l'Homme, dont l’équipage s’est abandonné, renonçant à la lutte et se laisse entraîner en pleine dérive, courant à une perte certaine. Ces malheureux ont à peine la vigueur nécessaire pour quitter leur
- 1 Voy. n° 484, du 9 septembre 1882, p. 250.
- embarcation; il faut presque les embarquer de force, et cependant le temps presse : l’ouragan se déchaîne de plus en plus furieux, et l’on aperçoit là-bas une autre chaloupe qui, d’un moment à l’autre, va être engloutie.
- Nos sauveteurs rassemblent leurs forces; courbés sur leurs bancs, en dépit des lames qui leur arrachent parfois les avirons des mains, ils arrivent à temps, et heureux, fiers de leur réussite, ils se disposent à regagner Douarnenez, bien chargés, bien encombrés, mais qu’importe? on tâchera de ne pas se laisser manger par la mer. Tout à coup, le patron Le Du découvre une quatrième barque faisant des signaux de détresse; où logera-t-on ceux-là, si toutefois ils ne sont pas encore conlés quand on arrivera? Et n’est-ce pas courir à un engloutissement certain que de les prendre en surplus? En route.
- Une demi-heure après, la Maréchale de Mac-Mahon prenait à son bord ceux qui n’espéraient plus rien.... toute une famille encore, père et fils.
- Le Du a toutes les médailles. Il ne lui manque plus que la croix d’honneur.
- Le second exemple nous sera donné par le prix de M. Auguste Lupin, gagné par l’équipage de la station de Calais, patron Delannoy.
- Dix hommes du navire russe Jomalina, onze hommes des navires anglais Spruce-Bud et Nelly ont été sauvés l’hiver dernier par le canot de sauvetage, sous l’habile direction du patron Delannoy, un des plus anciens et des plus solides sauveteurs de la Société centrale.
- Le Jomalina s’est perdu alors qu’il touchait au port. Quelques minutes encore et il y entrait, mais, arrivé aux jetées, il rencontre un courant d’une telle violence qu’il est lancé au loin; devenu le jouet du vent et de la mer, il est bientôt échoué.
- Le canot est prêt, il part malgré les lames énormes qui s’abattent sur lui. line d’elles le remplit presque complètement. Nul ne s’en émeut. On arrive enfin. Delannoy comprend vite la manœuvre à faire, elle est certes des plus difficiles, cependant il se décide à l’exécuter. Avec une rare justesse de coup d’œil, il se met du côté de la terre; suivant la violence des brisants, tantôt il se rapproche, tantôt il s’éloigne de ceux qu’il vient essayer de sauver et qui ont retrouvé tout leur calme, car ils ont bien compris que celui qui est là est un marin dans toute l’acception du mot. L’un après l’autre, ils quittent la mâture où ils s’étaient réfugiés, se laissent glisser et c’est au vol, pour ainsi dire, que nos hommes les saisissent, risquant eux-mêmes leur vie à chaque fois. L’embarquement dans le canot est terminé, mais le sauvetage ne l’est pas, il faut regagner la terre ; or, le port n’est pas accessible, et il ne reste qu’une ressource, venir tout droit à la plage au risque d’èlre roulé, chaviré. Le péril, certes, est extrême, il n’est cependant pas possible de s’y soustraire ; d’ailleurs, quand ils sont partis, ils le savaient bien, les canotiers de sauvetage.
- Debout au gouvernail, l’œil fixe, Delannoy fait filer le câble, le canot est enlevé, part comme une flèche, et, en quelques bonds, arrive sur le sable. Chacun saute à l’eau, gagne la terre, et le premier souci des sauveteurs est de faire donner tous les soins nécessaires aux malheureux dont le navire est déjà à peu près englouti.
- Nous représentons l’un des canots de sauvetage de la Société centrale au moment oîi l’équipage se prépare à aller affronter les périls pour porter secours à un navire naufragé (lig. J). Nous compléterons
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- cette figure par quelques détails sur le matériel,
- L’insubmersibilité, dans les canots de la Société centrale, est obtenue au moyen de caisses à air. Outre les deux coffres extrêmes représentés sur la ligure, il y a quatorze caisses à air sous le pont et dix sur le pont en abord. Ces caisses sent en cuivre ou en bois de sapin recouvert de toile enduite de glu marine. Si dans une opération de sauvetage un bor-dage vient à être crevé, l’eau qui embarque ne peut remplir que les interstices entre les caisses à air placées sous le pont, et le canot ne perd que très peu de ses qualités nautiques. Les caisses placées sur le pont ont pour but, avec celles de l’extrémité, de circonscrire l’espace occupé par un paquet de mer venant à embarquer et d’empêcher l’eau de se porter sur les côtés.
- Au début de la Société, les canots étaient de dimensions uniformes, ayant 9m,75 de longueur, 2ra,24 de largeur au milieu, et, à ce même point, lm,10 de hauteur. Depuis ces dernières années, ces dimensions ont été un peu modifiées. Les canots nouvellement construits ont des proportions moins massives (fig. 2). Puis le poids de la quille a été augmenté de 500 kilogrammes, afin d’assurer d’une manière encore plus certaine le redressement après chavirement même dans les cas les plus défavorables.
- L’équipage habituel est de douze hommes : dix qui arment les avirons, le patron à la barre et le sous-patron à l’avant.
- Lors de la dernière assemblée générale dont nous avons donné un résumé succinct, M. le baron Hély d'Oissel a présenté l’état financier, fort prospère d’ailleurs, de la Société de sauvetage. Les souscriptions à bord des paquebots ont atteint, en une seule année, 56 000 francs. Un infatigable bienfaiteur de la Société, M. Robin, a fait un nouveau don de COOOOfr.
- Comme le disait éloquemment, il y a deux ans, M. le vice-amiral de Jonquières, les dividendes de la Société « sont les sauvetages effectués, les vies humaines préservées, les actes de dévouement et d’héroïsme accomplis par les sauveteurs ». Pour de pareils dividendes il n’y a pas de limites. La Société n’a personne à enrichir, toutes ses ressources sont consacrées à l’extension des moyens de sauvetage : plus vous donnerez, plus il y aura de chances de salut pour les naufragés, plus vous arracherez de victimes à la mer C
- Tous ceux qui ont assisté à ces réunions annuelles de la Société de sauvetage en gardent un souvenir émouvant et durable. Si l’humanité offre de tristes spectacles, elle présente aussi des scènes grandioses, et les actes des braves sauveteurs y occupent le premier rang. Voyez sur le rivage, au milieu de la tempête, la foule haletante et passionnée qui de loin assiste au naufrage; elle attend avec anxiété les sauveteurs et les naufragés.
- « Les voilà! femme, voilà ton mari; enfant, voilà ton père; France, voilà tes fils. »
- Gaston Tissanoiek.
- 1 La Société centrale de sauvetage des naufrages qui a pour Président M. le vice-amiral Lafonl, a son siège, 1, rue de Bourgogne, à Paris.
- L’UTILISATION DES CHUTES DU NIAGARA
- On a souvent parlé de ce projet gigantesque, l’utilisation des chutes du Niagara, et nul n’ignore les tempêtes épouvantables qu’il souleva parmi les artistes des deux mondes ; que ceux-ci se rassurent ; pour cette fois tout au moins on ne va pas mettre les chutes à sec, mais qui sait si cela n’arrivera pas un jour ; en Amérique le mot impossible n’existe pas.
- Sans remonter jusqu’aux anciens moulins à scie que les premiers explorateurs français établirent sur les rapides du Niagara pour débiter le bois nécessaire aux fortifications, il me faut dire quelques mots du Milling district qui fonctionne depuis quelques années (fig. 1, A).
- En 1874, Ch. B. Gaskill établit un canal hydraulique qui traverse le village de Niagara Falls (Etats-Unis) et amène l’eau à quelques usines situées au bord des gorges qui suivent la chute. Ce canal a 1 kilomètre de longueur et dessert trois moulins à farine, quatre papeteries et cinq manufactures diverses, soit en tout une puissance de 1500 chevaux seulement. Cette puissance est mal utilisée ; les petites chutes qui forment les déversoirs particuliers des usines sont forts jolies au point de vue pittoresque, mais indiquent un rendement déplorable, au point de vue industriel.
- On a donc cherché les moyens d’utiliser d’une façon plus parfaite les 160 pieds (55m,25) de chute qui donnent naissance aux admirables cataractes. C’est en 1890 que s’est fondé la Niagara Falls Power C° dont un des directeurs, M. Porter, l’aimable propriétaire du Cataract Ilouse, a bien voulu donner au correspondant de La Nature, les renseignements qu’on va lire.
- La compagnie a obtenu du Gouvernement de Washington la permission d’utiliser 250 000 chevaux sur la rive américaine. Or on a calculé que le débit des chutes était de 28,7 millions de mètres cubes par heure, soit par seconde 7980 mètres cubes ; en admettant un rendement de 75 pour 100 et une chute utile de 140 pieds (46m,50), on arrive à la puissance totale de 5200 000 chevaux-vapeur. Gomme on n’en utilisera que 100 000 pour le moment, on n’emploiera donc que l/52e de la chute, ce qui est inappréciable pour le touriste.
- A l’emplacement projeté des usines, on a d’abord rectifié la rive par des remblais ; ceux-ci s’étendent sur plus de 3 kilomètres de long et représentent une superficie de 16 hectares (40 acres) qui seront aménagés en docks pour les navires. Puis on construit une ligne de chemin de fer, belt line, le Niagara Falls Junction Railroad, qui desservira toutes les usines du côté de la terre et pourra même se prolonger jusque dans les lots à bâtir dont la Compagnie ne possède pas moins de 1400 acres.
- Le canal d’amenée de l’eau comme on le voit sur le plan (fig. 1) est très court et les usines se trouvent
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- situées en amont des chutes; l’eau qui a passé dans lès turbines est alors évacuée par un long tunnel passant sous la ville; c’est exactement le contraire de ce qui a été fait pendant l’année 1874 pour l’an
- cien Milling district dont nous avons parlé plus haut.
- Le nouveau canal doit avoir deux entrées, celle d’amont pouvant servir de port; on creuse actuellement la branche aval (fig. 5) ; cette par-
- Nlvèaû au-dessus de la rivière. 56i pieds ou 187 met*
- Canal d'amenée <
- au-dessus du 1__niveau de la mer
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- ] pieds
- Puits N 1 Ancien canal
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- A .Ancic/r " niilUruj dirteict " B A'ouoellc' j-laiiorv centrale' C Station/ centrale projetée.
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- Fig. 1. — Carte des environs des chutes du Niagara montrant le tracé du tunnel et des travaux à exécuter pour l’utilisation
- des chutes du Niagara.
- tic a 600 mètres de longueur sur 50 mètres de largeur avec 4 mètres de profondeur d’eau. On a admis que la vitesse maxima de l’eau dans ce canal serait de 66 centimètres par seconde ; on pourra ainsi utiliser 50 000 chevaux avant achèvement complet des travaux.
- Pour le moment, il y a deux usines en con -slruction ; une usine centrale de la Compagnie, et une papeterie Noo
- Paper C° (lig.%); on a réservé l’emplacement d’une deuxième usine centrale et des pourparlers sont engagés avec un ingénieur français, pour créer en cet endroit une importante usine métallurgique. La Compagnie fermière fournira aux industriels, soit l’eau nécessaire à la puissance hydraulique, soit cette puissance
- elle-même transformée en électricité; c’est ce qui lui a fait tout d’abord construire une usine centrale.
- Celle-ci est faite pour utiliser 20 000 chevaux et on installe tout d’abord 2 turbines de 5000 cire vaux chacune, construites par MM. Faeseh et Picard de Genève. Ce sont des turbines Fournayron doubles; grâce à cette disposition, la pression de l’eau sur la couronne supérieure équilibre le poids de la turbine et de l’arbre. La cra-paudine inférieure se trouve ainsi supprimée. Les couronnes mobiles ont un diamètre de 5m,50 (10 pieds), elles tournent à 500 tours par minute; leur vitesse étant de 27 mètres par seconde, elles consomment 12mc,6 d’eau par seconde.
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- 100 zoo 3oo 4-°pRje<^
- S00 PAPER C°
- en construction)
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- Fig. 2. — Plan de la station centrale et des usines avoisinantes.
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- L’arbre qui a 45 mètres de long environ est formé de deux tronçons ; ee sont deux tubes en tôle d’acier rivée de 5 millimètres d’épaisseur, qui ont 250 millimètres de diamètre; les deux tronçons
- sont réunis entre eux et aux extrémités par des arbres en acier forgé de 75 millimètres de diamètre; la puissance est transmise directement à des dynamos verticales montées sur le meme axe. Cette im-
- Fig. 3. — Utilisation des chutes du Niagara. Travaux du canal d’amenée. Dans le fond, le batardeau, le fleuve et à l’horizon la rive canadienne de la rivière Niagara, Point D du plan général, (D’après une photographie.)
- portante installation a été étudiée à Genève, mais tout ce qui la compose a été construit aux Etats-Unis pour éviter les Irais de transport et de douane. Dans le meme bâtiment seront installés les Waler Works destinés à fournir l’eau dans la ville.
- A côté de busiiie centrale, on voit s’élever les batiments de la papeterie qui utilisera 6000 chevaux. La Compagnie lui loue, pour cinquante ans, une superficie de 4ha, 8 (12 acres) et le droit de prendre dans
- le canal l’eau dont elle a besoin pour les turbines ; le prix de cette location est fixé à 40 francs (8 dollars) par cheval et par an.
- Un des points les plus intéressants du travail de lu Cataract Construction C°estle percement du tunnel
- Fig. i. — Vue intérieure du tunnel de décharge, auprès d’un puits et à quelques mètres de la galerie d’avancement.
- de décharge. Celui-ci (fig.4) a 2250 mètres de longueur et la section de l’excavation est de 50 mètres carrés :
- on a attaqué ce travail sur trois sections : section du puits n° 1, section du puits n° 2, section de la bouche du tunnel.
- Les puits qui ont respectivement 86m,50 et 05 mètres de profondeur ont été commencés en octobre 1890 ; on a rencontré à 55 mètres au-dessous du sol une abondante nappe d'eau, et ce n’est qu’en avril 1891 que les 5 chantiers ont pu régulièrement fonctionner. Voici du reste un tableau donnant l’avancement pour chacun d’eux (Voy. p. 246).
- Au point de vue des terrains traversés, on a rencontré une couche supérieure qui est de l’argile très compacte ou shale qui semble très solide au premier
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- abord, mais qui sc délite au contact de l'air en vingt-quatre heures ; c’est cette couche qui a forcé à maçonner le tunnel contrairement à ce qui avait été prévu d’abord; la seconde couche est du lime stone
- DATES Chantier de la Bouche. PUITS U <x> "3 "g JS < U N# 1. U , G G O 2 S a< PUITS S-, <U . g g U N* 2. U .2 g ’S o « £ G"* TOTAUX
- ni. m. in. m. m. 111.
- 1891. Février.. . . » » » » » »
- Avril 25 » » » » 25
- Juillet. . . . 70 19,6 17 51,5 ii 179,1
- Octobre. . . 270 65 76 151 130 695,0
- 1892. Janvier.. . . 515.2 218 503 588 398 1882,2
- Mai 589 366,5 129,3 103 465 2252,8
- ou calcaire résistant. Le percement a été fait par le système American center eut; le chantier de la bouche a utilisé quatre perforatrices et le chantier n° 1 aval en a utilisé deux. —On a employé la forcite comme explosif.
- En regardant la coupe transversale du tunnel
- Argile
- il compacte
- Briques —
- Fig. 5. — Coupe transversale (lu tunnel.
- (fig. 5) on aperçoit les cintres en bois qui ont servi de soutènements provisoires et au-dessous la maçonnerie de briques; celle-ci se compose de quatre rouleaux, soit une épaisseur totale de 620 millimètres y compris lesjoints. La section utile du tunnel est de 51 mètres carrés, elle a la forme d’un ovale de 7 mètres de hauteur et de 6ra,25 de largeur maxima. Cette section débitera les 250 mètres cubes qui représentent 100000 chevaux avec une vitesse de 8m,90 par seconde. *
- L’installation au jour, pour les travaux du tunnel, comprend ; 235 chevaux-vapeur, 5 compresseurs d’air, une installation de lumière électrique, système Thomson Houston, une scierie débitant 5000 mètres cubes de boispar jour et enfin 10 pompes d’épuisement.
- Pour terminer, j’ajouterai que la Niagara F ails Power C° a obtenu sur la rive canadienne la concession d’utiliser 25 000 chevaux ; elle se propose d’y installer une usine qui transmettra la puissance électrique à Buffalo (122 kilomètres) et probablement à Chicago pour l’Exposition. — On a choisi la rive canadienne parce que la distance de Niagara à Buffalo e t plus courte par cette rive; on pense ainsi amener l’énergie électrique dans cette ville pour 5 francs (4 dollar) par cheval et par an. Il faut avouer que
- si les Américains ont dans les chutes du Niagara une force naturelle immense, ils savent en tirer grand profit grâce à leur activité et à leur audace.
- Au village de Niagara, 1" août 1892.
- Lucien Périsse,
- Ingénieur des arts et manufactures.
- LES GUÊPES ET LES RAISINS
- Presque tous les amateurs qui ont des treilles de raisin ont la persuasion que les guêpes sont nuisibles aux raisins et en rongent les grains. Il paraîtrait qu’il n’en est rien. Voici à ce sujet une étude très bien faite par un observateur consciencieux, M. Chevalier. Nous la reproduisons, d’après la Revue horticole :
- Les entomologistes et les arboriculteurs sont complètement divisés sur la question de savoir si les guêpes entament ou non la peau des fruits et spécialement des raisins.
- M. le docteur Boisduval dit à ce sujet dans son ouvrage VEntomologie horticole : « Les guêpes sont considérées par les arboriculteurs comme un véritable fléau ; elles entament les fruits en ayant soin de s’adresser aux plus mûrs et aux plus sucrés, Quelques personnes doutent cependant qu’elles perforent la peau ; elles pensent, au contraire, qu’elles ne font que profiter de ceux qui sont préalablement entamés par les limaçons, les oiseaux et les souris, ou fendus naturellement à la suite de la pluie et de la chaleur. »
- Nous sommes absolument de ce dernier avis; nous croyons pouvoir affirmer que la peau des cerises, des prunes, des abricots et des pèches, n’est pas entamée par les guêpes ; mais comme ces fruits sont fréquemment attaqués par les oiseaux et les limaçons, les guêpes se précipitent dessus aussitôt que la peau du fruit est fendue sur un point quelconque. Les prunes,, qui se crevassent et se fendillent si facilement sous l’action de la chaleur et de la pluie, sont littéralement dévorées par les guêpes et les mouches.
- Préservez vos fruits et spécialement vos raisins contre les attaques des oiseaux et vous les récolterez parfaitement intacts.
- Les animaux qui attaquent les raisins sont fort nombreux; tous les oiseaux d’abord, et notamment les merles, qui dévorent une grappe de raisin en moins d’une minute; les limaçons qui, cachés sous les feuilles et derrière les treillages, entament tous les grains les uns après les autres.
- Pour soustraire le raisin aux attaques de ces nombreux ennemis, on n’a pas trouvé d’autre moyen que d’envelopper complètement chaque grappe dans des sacs de crin, de canevas ou de papier; ce moyen est non seulement lent et coûteux, mais il a le grand inconvénient d’entraver la maturité et d’occasionner la pourriture. En effet, d’une part, la grappe, ainsi soustraite en tout ou en partie aux rayons du soleil, ne se dore pas suffisamment et n’accomplit qu’imparfaitement sa maturation; d’autre part, le sac concentre sur la grappe l’humidité des pluies et des brouillards de l’automne, la pourriture accomplit son œuvre et détruit presque totalement une grappe avant qu’on ait eu le temps de s’en apercevoir. Les sacs, du reste, ne sont pas un obstacle pour les limaçons, qui font des trous à ceux qui sont en papier, et même à ceux qui sont en canevas.
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- On emploie aussi des toiles claires ; c’est encore le meilleur préservatif contre les oiseaux ; mais ces toiles, indépendamment de leur installation qui ne laisse pas que d’être embarrassante et aussi assez coûteuse, ont également l’inconvénient d’arrêter l’action des rayons solaires et de concentrer l’humidité sur les raisins ; enfin elles ne peuvent garantir les grappes contre les attaques des limaçons, qui, derrière cette clôture, se trouvent au contraire parfaitement à l’abri.
- Les cultivateurs de chasselas n’emploient ni l’un ni l’autre de ces moyens ; ils ne couvrent pas leurs treilles ; ils croient avec raison qu’il faut laisser les raisins entièrement exposés à l’action de l’air et du soleil, mais ils les abritent contre l’humidité; ils détruisent les oiseaux ou les éloignent; ils font la chasse aux limaçons et suppriment les guêpiers qu’ils peuvent découvrir.
- Nous avons nombre de fois observé avec attention les manœuvres des mouches et des guêpes sur les raisins ; nous persistons donc à affirmer que ni les mouches, ni les abeilles, ni même les guêpes n’entament la peau du fruit ; elles s’abattent sur une grappe, parcourent la plupart des grains ; s’ils sont tous sains, elles volent à une autre grappe et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elles aient trouvé un grain entamé, soit par les oiseaux ou les limaçons, soit par les pluies, qui, dans certaines années, occasionnent la fente et la pourriture d’une grande quantité de grains.
- Lorsque le raisin est bien mûr, la partie du grain exposé à la pluie se fend ou subit un commencement de décomposition qui amène la pourriture ; à çe moment, la guêpe l’attaque avec facilité; souvent la fente est très petite, c’est ce qui a fait croire à tort que la guêpe perçait la peau.
- Quand on voit une grappe attaquée par les mouches noires, grises, bleues ou jaunes, car toutes s’y. mettent, on peut être certain que cette grappe contient des grains crevés ou avariés ; c’est un indice qu’il ne faut pas négliger de rechercher ces grains avariés et les enlever.
- Nous dirons donc, pour nous résumer : éloignez les oiseaux de vos treilles par des effarouchoirs. Pour cela, 'emploi de ficelles garnies de lanières de papier ou de calicot est très efficace; protégez vos raisins d’espalier contre les pluies et les brouillards, au moyen d’auvents assez larges; faites la chasse aux limaçons, ce qui est facile, et ne craignez pas les guêpes. Vos chasselas se doreront, seront bien sucrés et se conserveront parfaitement jusqu’à la fin d’octobre sur la treille et une partie de l’hiver selon les soins que vous leur aurez donnés.
- Il y a là des conseils pratiques qui pourront assurément être utiles à un grand nombre de lecteurs. Si quelques-uns d’entre eux ont pu faire des observations sur les guêpes et le raisin, nous les accueillerons volontiers à titre de complément de la Notice que l’on vient de lire.
- HYDROLOGIE SOUTERRAINE
- DU CAUSSE DE GRAMAT (i.Ot) 1
- Nous avons déjà expliqué comment plusieurs ruisseaux perdus dans les fissures du calcaire jurassique à l’est du Causse de Gramat (Lot), et ressortant, disait-on, à 25 kilomètres environ des pertes, par
- 1 Voy. n° 9ô8, du 27> mai 1891.
- les sources riveraines de la Dordogne (Saint-Georges’ Limon, l’Ouysse, etc.), ne nous avaient pas permis (en 1890) de pénétrer à plus de 400 mètres de distance, au maximum, de leur disparition dans des cavernes ; comment sept abîmes explorés sur le Causse entre les pertes et les sources ne nous avaient conduits à aucun ruisseau souterrain; et comment nous pensions que personne ne connaîtrait jamais l’itinéraire ni l’allure des eaux disparues sous terre.
- Sur quinze nouveaux abîmes explorés en 1891 et 1892, quatre nous ont enfin menés à l’eau courante cherchée et trois à des lits intérieurs à sec.
- Rappelons d’abord le nom des huit ruisseaux perdus : 1° Cazelle (gouffre de Roque de Corn) reparaissant sans doute aux sources de Saint-Georges;
- 2° Réveillon (gouffre du même nom et sources du Limon) ; 5° Rignac (gouffre du Saut de la Pucellc) reparaissant au moulin de Tournefeuille (et non pas au moulin du Saut) (ces trois gouffres décrits au n° 958 de La Nature) ; 4° l’Hôpital, perte à 550 mètres d’altitude; 5° Issendolus, à 510 mètres; 6°Thémines, à 500 mètres; 7° Théminettes, à 520 mètres; 8° Assier, à 540.
- Après avoir exploré figue de Simon (fig. 1), nous avons visité figue de Marty. Cet abîme s’ouvre,large de 1 à 2 mètres, à 5 kilomètres nord-nord-est de Reilhac et à 6-8 kilomètres ouest-sud-ouest de l’Hôpi-tal-Issendolus-Thémines par 555 mètres d’altitude (fig.2). Il n’aurait rien d’intéressant si, à 65 mètres de profondeur (270 mètres d’altitude), il n’aboutissait à une sorte de tuyau horizontal, véritable conduite ouverte qui permet de voir et d’entendre, comme par un robinet enlevé, mais non pas de suivre l’eau courante ; ce ruisselet ainsi surpris coulait beaucoup plus fort le 6 mars 1892 (exploration Pons, Marcenac, Senac et Despeyroux) que le 6 juin 1892 (exploration Martel, Pons, Rupin et Lalande).
- A 500 mètres à l’ouest de Marty, figue de la Crouzate (altitude 545 mètres) est profond de 90 mètres. En mars 1891, MM. Rupin et Pons y constatèrent l’existence d’une nappe d’eau au fond d’un puits énorme, où ils ne purent descendre, faute de matériel ; le 12 juillet suivant, nous avons ensemble atteint le bas de ce puits, creux de 42 mètres; il était alors à sec, mais terminé par un conduit vertical naturel et rocheux de quelques centimètres de diamètre ; ce trou étroit communique avec un ruisseau souterrain distinctement aperçu et entendu comme à Marty, impossible à suivre toutefois dans son étroit canal : le conduit est donc l’orifice d’ame-née, le tuyau d’adduction de l’eau interne qui, selon l’abondance des pluies et l’état hydrométrique du plateau, s’enfuit ou s’élève par là. Ici, par conséquent et à Marty, on se trouve en présence de véritables sources intérieures intermittentes; on constate que les abîmes servent de réservoirs, de trop-pleins aux eaux souterraines et on surprend le secret du mécanisme hydraulique naturel à l’aide duquel s’effectue le remplissage ou le vidage de ses réservoirs. L’ensemble de l’abîme se compose de trois étages
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- réunis par plusieurs puits à pic (de 8 mètres à 42 mètres de profondeur), le tout disposé dans une seule et même diaclase verticale, longue d’environ 100 mètres et large de 2 à 10 mètres. Chose absolument bizarre, un pont de bois de chêne assez bien
- Fig. 1. — Igue de Simon. Conversation pendant la descente, 4 juin 1892. (D’après une photographie de M. Ilupin.)
- Divers autres indices permettent d’affirmer qu’il serait curieux, au point de vue préhistorique, de continuer, dans toute l’étendue de la Crouzate, les fouilles commencées à l’entrée, en 1888, par M M. Cartailhac et Roule.
- L’eau du fond de la Crouzate est probablement la même que celle de Marty abaissée de 15 mètres d’un gouffre à l’autre.
- Non loin de là, l’a b î m e de la grotte Peureuse forme un diminutif de Padirac avec u n orifice complètement circulaire d’environ 10 mètres de diamètre (lig. 4); très pittoresque extérieurement, il est dù à un effondrement et conduit à une grotte a deux étages curieusement ramifiée sur 200 mètres d’étendue totale.
- beaucoup plus à l’ouest, près de Carlucet, a 17 ki-
- conservé est jeté en haut et en travers du grand puits de 42 mètres, pour accéder de l’autre côté à deux petites salles sans issue : on ne peut se prononcer sur fàge ni sur l'usage de cette inexplicable construction qui a peut-être servi à puiser de l’eau.
- Fig. 2. — Igue de Marty près la Crouzate. Pendant la descente, 6 jùin 1892. (D’après une photographie de M. Rupin.)
- lomètres ouest de Thémines, etc., et à 9 kilomètres sud-sud-est des sources de l’Ouysse (Saint-Sauveur, 115 mètres, etCabouy, 120 mètres d’altitude), figue
- des Combettes qui avait été bouché au moyen de pierres s’est rouvert après un vio-lent orage en 1891 (540 mètres d’altitude) : il mesure 60 mètres àpic(fig. 5), et la petite salle basse qui le termine à 280 mètres d’altitude débouche sur une véritable rivière débitant (en pleine sécheresse, lors de notre visite) environ 2 mètres cubes par minute. Avec MM. Drisse (ingénieur des mines à Rodez), Rupin, Pons et L. Armand, j’ai pu, dans la nuit du 4 au 5 juin 1892, remonter ce courant en amont pendant 20 mètres vers l’est et le descendre pendant 200 mètres vers le sud et l’ouest (5 heures
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- Fig. 3. — Igue et rivière souterraine des Combettes, près Carlucet (Lot).
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- du soir à 5 heures du matin, nombreux bains involontaires); l’eau (12° G.) suit une galerie unique haute et large de 50 centimètres à -4 mètres, magnifique aqueduc aux parois usées par le courant qui
- doit souvent remplir toute la section ; les stalactites sont remplacées par un revêtement de carbonate de chaux poli par l’érosion active et continue; le ruisseau fort rapide s’abaisse, de 50 à 55 mètres sur
- Fig. 4. — Abîme de la grotte Peureuse, 6 juin 1892. (D'après une photographie.)
- cette longueur de 220 mètres (dix cascades, hautes de 1 à 4 mètres, franchies avec une échelle de fer pliante). Au bout, à 90 mètres sous terre et à 250 mètres d’altitude, une voûte basse, tête d’un siphon sans doute, ferme la route et ne tolère plus que le passage de l’eau; un siphon semblable existe à l’extrémité d’amont. Cette rivière de 220 mètres est donc une impasse, mais sa rencontre en pleines entrailles du Causse de Gramat montre, ce que nous cherchions, comment circule et s’abaisse l’eau souterraine dans les fissures du sol. Etroites galeries allongées, on le voit, et non point ces voûtes à immense portée supposées jadis et dont nos recherches démontrent de plus en plus l’inexistence. A
- son début, par 285 mètres d’altitude, le ruisseau intérieur des Combettes est situé plus haut que les
- fonds de Marty et de la Crouzate, et inférieur seulement de 15-45 mètres à Thé-mines, Issendo-lus, l’Hôpital; toutefois, son extrémité (250 mètres) est de 150 à 155 mètres encore au-dessus des sources d e l’Ouysse. Et, sans vouloir préciser son origine ni son issue probables, nous remarquerons seulement qu’il est fort intéressant de l’avoir rencontré à un niveau intermédiaire entre celui des ruisseaux perdus et celui des sources renaissantes. Une partie du courant des Combettes pourrait être, au moyen d’une machine d’épuisement, ramenée facilement ,à la surface du plateau. La surface du
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- Profondeur 6o T1 _ Longueur totale 220'î’ échelle
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- Fig. 5. — Igue de Calmou près la Bastide-Murat (Lot).
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- sol manque d’eau à plusieurs kilomètres à la ronde.
- A 8 kilomètres nord des Combettes et 5-6 kilomètres est des sources de l’Ouysse, le gouffre de Ylyue de Biau (ou Baou), voisin de la vallée de l’Alzou, s’ouvre à 500 mètres d’altitude et en mesure 80 de profondeur dont 50 pour un vaste entonnoir à ciel ouvert et 50 à pic pour le gouffre proprement dit. Il aboutit à une belle salle ronde (80 mètres de circonférence) sans autre issue que des fentes impénétrables ; cette salle était traversée par un faible ruis-selet de suintement dont le gonflement après les pluies forme, sans aucun doute, de temps à autre un lac de trop-plein au fond du gouffre (altitude 220 mètres). J’ai observé là une température plus basse que dans aucune autre cavité des Causses, soit
- O ( .wcs — L Puj'tr nfe mèlrej'. Échelje
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- COUPE VERTICALE
- Grande Galerie large de 5 à 10T longue de ioo™ haute de 5 à 5oT
- Coupe II
- COUPES TRANSVERSALES
- Coupel
- Coupe II
- PLAN
- Fig. 6. — Igue Jourde ou de Viazac, près Fontanes (Lot)
- H-5 degrés centigrades. Cette anomalie doit s’expliquer par l’évaporation rapide que provoque le courant d’air établi entre les deux orifices distincts du gouffre (15 juillet 1891, exploration Martel, Gau-pillat, Pons, Rupin et Lalande).
- Dans la partie la plus élevée du Causse de Gramat à 5km,500 au nord-est de la Bastide-Murat (447 mètres), figue de Calmon ou de Lica-leve (happelièvre) est à 570 mètres et profond de 60 mètres (fig. 5). Il nous a conduits le 5 juin 1892 (Martel, Pons, Brisse et Rupin) à une splendide grotte, longue de 220 mètres seulement, large et haute de 10 à 50 mètres, ornée de très belles stalactites, analogue comme forme et comparable en beauté aux plus grandioses galeries de Padirac. En août 1891, lors d’une tentative de descente arrêtée par le manque de cordes, M. Pons est certain d’avoir entendu l’eau couler au
- fond; le 5 juin 1892, le lit du ruisseau qui occupe effectivement la caverne (avec gours, cascatelles et petits lacs) était à sec, sauf dans ses bas-fonds. Un bouchon de stalagmite en amont et un éboulis de rochers en aval ferment les deux extrémités dont le déblaiement conduirait peut-être à d’autres merveilles. La situation du gouffre et la direction de la galerie semblent indiquer, conformément aux légendes locales, que le ruisseau (intermittent) de figue de Calmon tend plutôt vers le Lot (par le ruisseau de Vers) au sud du Causse que vers la Dordogne.
- Il en est de même de figue et du torrent souterrain de la Berrie que j’ai déjà décrits1. Enfin, près de Fontanes, l’abîme ou igue Jourde est le plus profond de tous ceux explorés, après Rabanel (212 mètres); il mesure 160 mètres en plusieurs étages (fig. 6) et possède une galerie-rivière longue de 100 mètres, avec gours, sans eau lors de notre visite (6 et 7 août 1892). Ouvert à 590 mètres, il descend jusqu’à 250 mètres.
- Quant à la réapparition des eaux souterraines, MM. Gaupillat, E. Rupin, Phil. Lalande et R. Pons se sont chargés, en 1891, du soin laborieux d’explorer les sources-grottes riveraines de la Dordogne dans des conditions particulièrement favorables à cause de la sécheresse : aucune n’a permis de pénétrer loin sous le Causse; celles de Briance,deMey-raguet et du Boulet2, où l’on n’a pu accéder qu’en bateau, étaient fermées par des voûtes au niveau de l’eau, à des distances respectives de 60, 150 et 550 mètres de l’entrée. A celle de Saint-Georges, une galerie latérale ne m’a laissé pénétrer que de 9 mètres jusqu’au roc fermé (8 août 1892). Il semble ainsi que l’existence de siphons aux sources par où débouchent toutes les rivières souterraines soit une loi absolument générale.
- En résumé, les eaux souterraines actuelles du Causse de Gramat paraissent circuler dans des galeries basses et étroites ; les grottes et abîmes de plus grandes dimensions et plus longs que larges qu’elles ont excavés jadis, quand elles coulaient plus abondantes, aux anciennes époques géologiques, leur servant maintenant de réservoirs et de trop-pleins après les pluies et la fonte des neiges. E.-A. Martel.
- L’ÉRUPTION DE L’ETNA.
- Un de nos géologues les plus distingués, M. Yal-lerant, a récemment étudié de près, en compagnie de M. Chudeau, les phénomènes volcaniques dont l’Etna est actuellement le théâtre. M. Yallerant a envoyé les résultats de ses observations à M. Fouqué, de l’Académie des sciences, et nous en publions ci-dessous les principaux extraits :
- ... L’éruption de 1892, sans avoir l’importance de celle de 1865, est, à plusieurs points de vue, supérieure à celle
- 1 Voy. n° 994, du 18 juin 1892, p. 43.
- * Iiriance et le Boulet appartiennent à un autre causse, celui de Martel (chef-lieu de canton du Lot), au nord de la Dordogne.
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- de 1880; les coulées de lave sont plus étendues et les cratères plus nombreux.
- Le 8 juillet dernier, se produisirent les signes précurseurs habituels : épaisse colonne de fumée noire, sortant du cratère principal, et tremblement de terre qui se fit sentir jusqu’à Catane. Le lendemain l’éruption proprement dite commença : deux fentes se formèrent à une petite distance l’une de l’autre, dans des directions sensiblement orientées suivant le 20° et le 15e degré nord. L'une d’elles ne laissa échapper que de la fumée, tandis que l’autre, la plus orientale, donna naissance à une coulée de lave passant à l’ouest du Monte Nero et que nous désignerons sous le nom de coulée occidentale. 11 ne s’est pas formé de cône volcanique le long de cette fente ; c’est seulement lorsque l’écoulement eut cessé que, successivement, du nord au sud, s’élevèrent quatre cônes volcaniques, alignés suivant la direction 555°, à une distance de 00 mètres environ à l’est de la fente précédente.
- Une nouvelle émission de lave se produisit, passant à l’est du Monte Nero et constituant la coulée orientale. Pendant un mois, c’est-à-dire jusqu’au 8 août inclusivement, l’éruption suivit son cours normal; la lave continue à couler et les cônes à augmenter de hauteur. Mais le 9, des modifications assez importantes se produisirent : il y a lieu de décrire, avec quelques détails, l’état des lieux avant ce changement.
- Les flancs de l’Etna, tant au point de vue de la rapidité de la pente qu’au point de vue de la végétation, se divisent en trois régions : l’une, inférieure, en pente douce, est cultivée ; la seconde, à pente plus rapide, est plantée de vastes forêts coupées par les coulées de lave ; enfin la troisième est abrupte et stérile. Le siège de l’éruption actuelle se trouve à la limite supérieure de la seconde zone, sur le versant sud, à une altitude de 1900 mètres, au pied de l’abrupt formé par les laves de la Mon-tagnola. C’est au pied même de cet abrupt que convergent les deux fentes et l’alignement de cônes dont nous avons indiqué l’existence.
- La fente occidentale, restée stérile, assez fréquemment interrompue par des amas de blocs, présente une largeur maxima de 40 mètres avec une profondeur de 50 mètres ; elle s’est produite, en particulier, avec une coulée de lave ancienne affleurant au milieu de ses versants. La seconde fente, en partie obstruée par les matériaux rejetés, est aujourd’hui beaucoup moins large; ses bords, sur une hauteur de 15 mètres, se montrent formés de blocs arrondis de scories encore brûlantes le 8 août. La lave sortie de cette fente est descendue à l’ouest du Monte Nero del Bosco ; coulant vers le sud-ouest, elle est venue recouvrir la lave de 1883 sur le flanc oriental du Monte Rinazzi et s’est arrêtée plus au sud, à l’est du Monte Sécréta.
- Les cônes volcaniques offrent bien des particularités intéressantes. La direction de leur alignement passe, à peu de chose près, par le sommet de l’Etna et de l’autre côté par le Monte Gemmellaro, cratère de l’éruption de 1886. Au nombre de quatre, ils sont d’autant plus élevés au-dessus de la surface du sol, qu’ils sont plus au nord. Le premier, en commençant par l’extrémité septentrionale, a environ 150 mètres de haut; il entoure deux cratères séparés par une cloison dirigée est-ouest, et il est égueulé au nord presque jusqu’au ras du sol. Aussi, en nous penchant, avons-nous pu constater, M. Chudeau et moi, que les cratères étaient obstrués et ne laissaient échapper que d’abondantes fumées blanches, en grande partie d’acide sulfureux. Le second cône, nettement séparé du
- précédent, est légèrement égueulé vers le nord-ouest; il est le siège d’explosions violentes, qui s’entendent jusqu’à Nicolosi. Ces explosions, au nombre de deux en moyenne par minute, étaient accompagnées de projection de scories et d’émission de fumée noire. Tandis qu’aucune coulée ne paraît en relation immédiate avec les deux premiers cratères, on voit à l’est, au pied de ce second cône, le point de sortie d’une coulée qui fut le point de départ du courant oriental.
- Le troisième cône est accolé au second ; il est complètement égueulé au sud; les projections y sont peu nombreuses; la fumée blanche en sort d’une façon continue. Un courant de lave s’en échappe; il passe entre le Monte Nero et le Monte Gemmellaro, pour venir recouvrir, à l’ouest du Monte Grosso, le courant occidental.
- Le quatrième cône, beaucoup moins élevé que les précédents, est légèrement rejeté vers l’est et s’adosse au confort oriental du troisième. Complètement égueulé vers le sud, il laisse échapper une coulée qui recouvre en partie le Monte Pinisello, le Monte Elici, et, arrivée au Monte Albano, le contourne vers l’ouest et s’avance au sud jusqu’à la Camercia. Il est à remarquer que la lave sortant du troisième et du quatrième cratère n’alimente pas les premières coulées, mais forme à leur surfaee un grand nombre de ruisseaux.
- Tel était l’état de choses le 8 août. Mais, dès le soir, on constata que les explosions avaient cessé et que les projections avaient beaucoup diminué. Cet état de repos relatif se continua pendant les journées des 9 et 10 ; on pouvait croire que l’éruption allait entrer dans la période de décroissance, lorsque, le 11, se produisit une émission de fumée telle, que l’Etna disparaissait complètement dans un nuage absolument opaque; en même temps on apprenait que la lave, quittant les premières coulées, s’ouvrait, à l’est du Monte Albano, un nouveau chemin à travers les vignobles.
- Enfin, le 12 au matin, nous constations l’ouverture d’un nouveau cratère, dans l'alignement des précédents, à 100 mètres environ au nord du plus septentrional. Ce cratère venait de s’ouvrir, car, malgré l’abondance des matériaux rejetés, il n’existait pas encore de cône volcanique. D’ailleurs, l’avant-veille, nous étions passés en ce même point et nous avions bien constaté l’existence de petites fentes laissant échapper de la fumée, mais rien ne faisait prévoir la formation d’un cratère à si bref délai. Détail intéressant à noter : la formation de ce cratère fut accompagnée d’un arrêt complet des projections dans le second cône volcanique, projections si violentes jusqu’alors. L’éruption paraît donc entrer dans une seconde phase, exigeant de nouvelles observations.
- Nous attendons d’un de nos correspondants, M. Jean Platania, d’autres documents sur les récentes éruptions de l’Etna, et nous espérons être à même de les publier prochainement.
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- MÉCANIQUE PRATIQUE
- NOUVEAU GRAISSEUR
- Le graissage est un point essentiel dans la bonne conduite d’une machine dynamo. 11 faut savoir répandre une quantité d’huile suffisante au moment voulu pour éviter un échauffement du palier, et savoir également ménager l’huile pour ne pas la
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- LA NATURE.
- dépenser en pure perte, et surtout hors de propos.
- Il existe une série d’appareils qui permettent d’effectuer régulièrement cette distribution. Citons, en premier lieu, les graisseurs à bagues, qui consistent en une bague de métal montée sur l’arbre, et trempant dans l’huile à sa partie inférieure. L’arbre, en tournant, entraîne la bague et cette dernière emmène une certaine quantité d'huile qu’elle répand sur l’arbre. Tous ces graisseurs ont le grave inconvénient de rejeter l'huile en tous sens par la force centrifuge, et par suite d’en répandre bien souvent ailleurs que sur l’arbre à graisser. 11 en résulte des pertes d’abord, et ensuite des caisses à paliers toujours en mauvais état. Plusieurs autres systèmes ont été également imaginés.
- . Nous mentionnerons entre autres les systèmes
- de graisseurs compte-gouttes, et les distributions d’huile pour usines centrales d’électricité établies à Paris dans l’usine du Palais-Royal, l’usine de l’avenue Trudaine, l’usine de la rue de Bondy, etc. Un réservoir d’une assez grande capacité est placé à une certaine hauteur et envoie de l’huile dans des tuyaux de cuivre qui aboutissent aux paliers des dynamos. A sa sortie, l’huile est recueillie dans un récipient, fdtrée et remontée dans le réservoir.
- Cette disposition, très avantageuse et très économique, ne pouvait convenir que pour des installations d’une certaine importance. Aussi M. F. Ilenrion, de Nancy, le constructeur bien connu de machines électriques, a-t-il eu l’idée d’approprier une installation de ce genre dans le palier même d’une dynamo.
- Ce nouveau graisseur consiste essentiellement en
- Graisseur à bague de M. Fabius Ilenrion.
- Vue du graisseur sur une machine dynamo. — Coupe latérale et longitudinale montrant la bague et la disposition du filtre.
- une bague R en cuivre de section rectangulaire et montée sur l’arbre A (fig. ci-dessus). Cette bague tourne dans une petite quantité d’huile II qui surnage une couche d’eau I).
- Comme le représente la figure, la bague R tourne dans la partie centrale, au milieu de l’huile filtrée. En effet, sur les côtés, se trouvent des petits filtres inclinés 1,1; l’huile ne peut pénétrer au centre sans passer par ces filtres, et les impuretés qui n’adhèrent pas aux filtres, tombent dans le fond.
- La bague en tournant entraîne l’huile, surtout grâce aux petites ouvertures qui se trouvent sur son pourtour. L’huile arrive à la partie supérieure en G, comme le montre la figure, et se répand ensuite à l’aide de petites rigoles disposées à cet effet. Le point important est qu’il y ait toujours de l’huile en quantité suffisante pour assurer le graissage. Nous avons eu l’occasion d’examiner dernièrement des
- machines en fonction munies de ce graisseur. On ne pouvait constater trace d’échauffemenl. On remarquait en G une certaine quantité d’huile qui en s’amassant ralentissait le mouvement de la bague, et se répandait peu à peu sur l’arbre ; le mouvement reprenait ensuite.
- Le palier qui renferme le graisseur est recouvert a sa partie supérieure par une enveloppe maintenue à l’aide de boulons E ; au centre est une petite ouverture munie d’une glace F pour examiner le fonctionnement de l’appareil. Sur le côté est le tube de trop-plein, et en bas, l’ouverture de vidange.
- En résumé, le modèle de graisseur Fabius Hen-rion présente des dispositions nouvelles et pratiques, qui peuvent apporter de sérieuses économies dans les dépenses d’huile souvent considérables.
- J. Laffargue.
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- LA NATURE.
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- Los reoherehes do MM. Osmond et Werth, entreprises dès 1885 pour déterminer la stucture de l’acier fondu, ont conduit M. Georges Guillemin à soumettre les alliages industriels autres que le fer,
- aux mêmes investigations. Les résultats obtenus ont été présentés à l’Académie des sciences, par M. 11. Moissan, dans sa séance du 25 juillet dernier.
- Le fait principal mis en évidence est, qu’en attaquant la surface polie d’un de ces alliages par l’acide azotique dilué et froid, ou par l’acide sulfurique au dixième, sous l’inlluence d’un faible courant élec-
- Fig. 1. — Bronze moulé. (D’après une photomicrographie.) Fig. 2. — Bronze laminé. (D’après une photomicrographie.)
- Fig. 5. — Méta. antifriction. Fig. 4.— Autre échantillon de métal autifriction.
- (D’après une photomicrographie.) (D'après une photomicrographie.)
- trique — dont le sens n est pas indique dans la note — l’examen microscopique de la surlace ainsi dérochée montre des images variant suivant la nature de l'alliage, mais invariablement les mêmes pour un alliage déterminé. Elles se composent de sillons de forme plus ou moins tourmentée, séparés par des parties saillantes épargnées par l’acide : ces images se fixent d’ailleurs très facilement par la
- photographie, et semblent établir sans conteste qu’au moment de la solidification, le métal subit une liquation, fait signalé par M. Riche dès 1875, et se sépare en plusieurs alliages simples, de composition définie, inégalement attaquables par l'acide.
- L’examen micrographique se prête à une classification des alliages, tant au point de vue de leur nature qu’au point de vue du travail subi, et il permet de dire
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- LA NATURE.
- si un alliage donné a été moulé, estampé, laminé au étiré. Les ligures 1 et 2 qui se rapportent respectivement aux images photomicrographiques du bronze moulé (fig. 1) et d’un bronze laminé (fig. 2) montrent nettement les différences de structure des deux produits, dont l’aspect extérieur est cependant identique.
- Ainsi, pour les bronzes et les laitons, on distingue facilement les bronzes à base d’étain, les bronzes phosphoreux, les laitons contenant moins de 37 pour 100 de zinc, le bronze et les laitons d’aluminium, le métal Delta, etc.
- Pour les alliages blancs à base d’étain, d’antimoine et de cuivre, appelés antifriction (fig. 5 et 4), l’examen micrographique permet de reconnaître la présence du plomb. Des lingots de cuivre rouge, provenant d’une même fusion de minerai, mais de coulées différentes, peuvent être classées suivant leur degré plus ou moins avancé d’affinage.
- Il en est de même des modifications apportées dans les qualités mécaniques des laitons et des bronzes par l’addition de faibles quantités d’aluminium ou de phosphore. Ainsi, les sillons affectent constamment la forme de veines de marbre ou de conglomérats, lorsque le laiton contient de l’aluminium, même en proportion tellement minime, que sa présence serait difficilement décelée par les procédés de la chimie analytique. U en est de même du phosphore qui produit, dans les bronzes d’étain, une image absolument caractéristique rappelant une feuille de fougère. Cette image s’observe plus nettement à la périphérie qu’au centre des pièces coulées. Effectivement, la solidification commence par la périphérie, et la zone centrale, restée plus longtemps liquide, lui sert de masselotte. Depuis les recherches de M. Riche sur les alliages, on sait que la composition du noyau central est absolument différente de celle des autres parties d’une pièce coulée. Il convient aussi de signaler que la présence, dans un bronze d’étain, d’une notable proportion de zinc (4 pour 100 et au-dessus) paraît masquer la réaction micrographique du phosphore.
- Pour un alliage déterminé, l’examen des microphotographies indique encore les circonstances qui ont accompagné la coulée, et la nature du travail mécanique auquel a été soumis l’alliage.
- M. G. Guillemin examine actuellement si cette méthode peut s’appliquer utilement aux alliages monétaires et aux métaux précieux. Nous estimons qu’avant de s’engager dans ces nouvelles recherches, l’auteur rendrait un important service à l’industrie en précisant les conditions dans lesquelles l’examen micrographique doit être fait, et en publiant un Atlas des résultats déjà obtenus avec certains alliages bien connus et nettement définis. Les industriels — et ils sont nombreux —- qui utilisent les alliages usuels de l’industrie, accueilleraient avec reconnaissance un procédé qui leur permette de reconnaître rapidement et sommairement la composition d’un alliage sans avoir recours aux procédés complexes de l’analyse chimique. X..., ingénieur.
- COMPAGNIE TÉLÉGRAPHIQUE AMÉRICAINE
- En France, où les télégraphes sont exclusivement entre les mains de l’Etat, nous n’imaginons point ces compagnies puissantes comme en comptent les États-Unis, qui sont maîtresses d’un réseau très étendu, et qui exploitent, comme des branches de l’industrie privée, ces services télégraphiques. L’Angleterre elle-même possède de nombreuses compagnies établissant et exploitant à leurs risques et périls un réseau ou un câble télégraphique sous-marin ; il en est de même aux États-Unis pour les réseaux terrestres, et nous pouvons citer comme exemple la com-pagnie« Western Union Telegraph ».
- Aux États-Unis, au milieu de ce peuple toujours en mouvement, les villes poussent et se développent comme par enchantement, et il en est un peu de même des sociétés et des compagnies. Depuis vingt années la compagnie dont nous parlons, a suivi, elle aussi, cette progression qui semble fantastique. En 186-8, elle possédait 52 099 milles de ligne, 104 584 milles de fil et 5607 bureaux ; pendant cette année, le nombre des télégrammes envoyés fut de 7 934955, et les recettes furent de 56 millions environ. En 1878, dix années plus tard, la longueur totale des lignes atteignait 82 987 milles et la longueur des lils était de 211 566 milles, c'est donc dire que les fds étaient presque partout triples, tandis que dix ans aupai'avant ils n’étaient que doubles; la longueur des lignes avait d’ailleurs presque doublé. Le nombre des bureaux était de 8554; ils avaient expédié 25 070 106 télégrammes percevant une somme totale de 60 millions de francs environ ; le nombre des télégrammes avait ainsi plus que triplé.
- Aujourd’hui tous ces chiffres se sont multipliés dans des proportions énormes ; pendant le dernier exercice 1888-1889, la compagnie possédait une longueur de lignes de 178 754 milles, c’est la longueur sur laquelle sont posés ses poteaux; la longueur des fils atteint 647 697 milles; et enfin le nombre des bureaux dépasse le chiffre de 18 000. Quant aux télégrammes transmis, le nombre ne s’en est pas accru autant qu’on aurait pu l’attendre ; néanmoins en 1888-1889, il était de 54108 326, ce qui représente le double de ce qu’on avait transmis en 1878; les recettes ont été d’environ 100 millions de francs.
- Du reste, il faut noter que, pour ces services comme pour les chemins de fer en Angleterre, la libre concurrence, qui est le principe admis et même mis en pratique, par la force même des choses, tend à disparaître; les compagnies se fondent, fusionnent, et c’est un bien, car cette concurrence, qui paraît profiter au public, a au moins le grand tort d’entraîner une perte sèche, par suite même des doubles emplois, du matériel considérable qui est ainsi immobilisé, quand un outillage bien moindre et par conséquent un fonds d’exploitation tout à fait inférieur, pourraient suffire aux besoins publics. D. B.
- CHRONIQUE
- l’ne maladie de la vanille. — Des échantillons de vanille des Seychelles, affectée par une maladie, ont été l’objet d’un examen attentif au laboratoire des jardins royaux de Kew. L’espèce cultivée dans ces îles est la Vanilla planifolia, et il a été possible d’établir que la maladie dont elle se trouvait atteinte était causée par un champignon microscopique appelé Calospora mnilhr. Les effets de l’invasion de ce parasite sont d’amener la flétris-
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- sure des enveloppes des plus beaux fruits, qui deviennent noires aux extrémités ou vers le centre, en sorte que ceux-ci tombent des branches dans l’espace d’un jour ou deux. Des recherches ultérieures ont montré qu’une première forme de champignon s’attaquait aux feuilles dont elle détruisait les tissus par l’extension de son mycélium, amenant ainsi la perte définitive du végétal. D’autres formes (Cytispora et Calospora) ne font leur apparition qu’après la mort des feuilles. 11 se passe quelques semaines avant que le mycélium du champignon parvienne à percer la cuticule. Les gonidies sont alors mises en liberté. Pendant ce temps, les tissus sont désorganisés par le mycélium. 11 se produit à ce moment des troubles dans la nutrition de la plante ainsi que dans la régularité de l’apport de l’eau de végétation.
- Chauffage électrique des serres. — MM. Gustave Olivet, de Genève, viennent de mettre au jour un nouveau système de chauffage électrique appliqué aux serres. Le procédé peut rendre de grands services toutes les fois que l’on a à sa disposition une force motrice quelconque. Voici comment la chaleur est produite : une machine dynamo, qui peut être actionnée par un moteur quelconque, envoie le courant dans des sortes de récepteurs d’une composition métallique spéciale s’échauffant rapidement sans cependant dépasser une certaine température; il s’établit bientôt un courant d’air qui vient se réchauffer au contact de l’appareil, comme dans le système du chauffage à la vapeur. Les avantages du système sont : 1° absence de tout dégagement de gaz antihygiénique ou de toute vapeur pouvant avoir une mauvaise influence sur les plantes ; 2" facilité d’installation des conduites, qui sont de simples fils transmettant l’énergie électrique ; 5° sécurité complète à tout point de vue, chaleur toujours égale, pouvant être réglée à volonté; 4° commodité et rapidité d’allumage, celui-ci s’effectuant à la simple manœuvre d’un commutateur, ainsi que l’extinction ; 5° propreté absolue, car l’appareil est transportable et peut se disposer d’une façon quelconque dans toutes les positions sans aucun risque, môme au milieu des meubles et des tentures.
- Activité volcanique de la lune. — Le professeur Pickering remet en question l’activité volcanique de la lune, d’après des observations récentes qu’il a faites avec une lunette de 15 pouces et des grossissements variant de 800 à 1200. Examinant d’abord Marc Serenitatis, sur 07 cratères, 52 se retrouvèrent sur la carte de Neison et sur la sienne, 24 sur celle de Neison et non sur celle de M. Pickering, tandis que 11 étaient observés par ce dernier et n’étaient pas dessinés par Neison. Avec un plus fort grossissement, tous les cratères, excepté deux, dessinés par Neison, furent identifiés; d’autres plus petits furent découverts. Au-dessus de la région de Bessel, un changement paraît s’être produit depuis l’époque où Neison a construit sa carte, car dans un ou deux cas les cratères pris comme points de référence ne sont plus maintenant très apparents, d’autres qui leur sont voisins sont beaucoup plus visibles. Le fond du grand cirque Plato a été aussi examiné très attentivement et présente certaines différences avec les observations précédentes. On ne peut décider si ces changements sont réels ou si les observations antérieures ont été insuffisantes ; mais, comme le dit M. Pickering, « maintenant que nous pouvons étudier avec avantage les plus petits cratères et que l’on signale tant de changements, il ne paraît pas que la même cause (principalement l’action de la lumière solaire) puisse
- affecter tant de cratères de la même façon, et que tous ces changements doivent être attribués à des dessins inexacts ».
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 12 septembre 1892. — Présidence de M. Düchartre.
- Le Congrès de biologie de Moscou. — M. Milne-Edwards annonce que le Congrès de biologie de Moscou vient de clore sa deuxième session. La première réunion avait eu lieu en 1889, car le Congrès ne s’assemble que tous les trois ans. Il a été décidé dans celle-ci que la langue française serait celle des comptes rendus, que le Comité d’organisation siégerait à Paris et enfin que le système métrique serait employé pour les mesures de tous genres ayant à figurer dans les Rapports. Les travaux communiqués forment l’objet d’un volume en cours de publication.
- La Connaissance des temps de 1894. — On sait que le Bureau des longitudes publie sous ce titre, longtemps à l’avance, le recueil des positions journalières du soleil, de la lune, des étoiles et, en général, tous les nombres qui peuvent intéresser les astronomes. Cet important ouvrage est arrivé aujourd’hui au plus haut degré de perfection grâce aux soins assidus de M. Roques-Desvallées. En présentant le volume relatif à l’année 1894, M. Faye remarque qu’il contient un nouvel article, les éléments servant à calculer toutes les circonstances de la libration lunaire.
- L'dge des ossements fossiles. — M. Rivière demande l’ouverture d’un pli cacheté qu’il a confié à l’Académie le 12 octobre 1885. A propos de l’ancienneté d’ossements humains trouvés dans les gisements quaternaires de Billancourt et d’ossements d’animaux de même provenance, il avait indiqué, dès cette époque, que les uns et les autres n’étaient pas contemporains, en raison des différences constitutives qu’ils présentaient. Ces vues viennent de rer cevoir confirmation par l’application de l’analyse chimique à cet objet, faite dernièrement par M. Ad. Carnot.
- La production de l'épilepsie. — M. Brown-Séquard parle des travaux qu’il a poursuivis depuis plus de vingt ans sur l'épilepsie. On a pensé longtemps que cette maladie dépendait d’une affection de la zone motrice cérébrale, mais cette opinion paraît devoir être écartée, car l’on peut provoquer l’attaque en irritant une certaine partie de la moelle épinière sur un animal privé de la zone motrice. Un savant Anglais avait également enseigné que l’attaque d’épilepsie serait le résultat de la décharge brusque d’une accumulation de force nerveuse. Cette opinion doit être également abandonnée, car l’on peut répéter les attaques aussi souvent que l’on veut, ce qui exclut toute idée d’accumulation. D’ailleurs, M. Brown-Séquard cite à l’appui de son opinion personnelle des expériences qu’il a réalisées sur des cobayes. Si l’on écrase brusquement sur un billot la tète d’un cobaye, on voit une attaque d’épilepsie se manifester, et, dans ce cas, la moelle épinière subsiste seule. Enfin, l’asphyxie peut également déterminer une attaque si le sujet est affecté de la maladie.
- Les fontaines lumineuses. — M. Trouvé a perfectionné l’invention des fontaines lumineuses en imaginant un moyen propre à éclairer les gerbes liquides à une grande hauteur. De plus les travaux d’installation sont beaucoup simplifiés et le personnel de conduite supprimé ou réduit. Il présente encore un instrument très simple et très commode pour le tracé des paraboles.
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- LA NATURE.
- Varia. — Un léger tremblement de terre a été observé dans l’Ailier, le 26 août dernier, à 10h(Jm du matin. — M. Trégorant de Cromelin étudie la quantité de chaleur solaire reçue parla terre. —M. Chatin indique les espères de fourrages qui ont le mieux résisté à la sécheresse de cet été. — M. Barthélemy a construit un appareil permettant de pratiquer sûrement des injections hypodermiques, absolument aseptiques. Ch. de Villedeuil.
- TONDEUR DE.CHIENS
- On a beaucoup parlé de chiens cette année à cause de la muselière et de la rage; nous représentons ci-dessous, d'après un dessin très exact, une singulière industrie parisienne : c’est celle du tondeur de chiens.
- Le tondeur de chiens que nous signalons se trouve au bord de la Seine, près du pont deSolférino, d’où les jtassants peuvent le voir travailler. U est établi dans un bateau surmonté d’une cabine qui lui sert d’abri ; il opère sur le rivage, avec un aide qui, assis sur un banc, tient le chien couche sur ses genoux, comme le montre notre gravure. Ce sont surtout les caniches qui forment le fond de la clientèle du tondeur. On les fait généralement tondre en lion. Cette coupe, qui laisse les reins de l’animal dépourvus de sa toison, s’agrémente le plus souvent d’une touffe de poils à chacune des pattes qu’on désigne sous le nom de bracelets. Une coupe recherchée est encore celle qui consiste à faire une culotte à
- Tondeur de chiens près du l’oiil de
- l’animal. La culotte, c’est une touffe de poils sur l’arrière-train du chien. Elle comporte généralement des bretelles que le tondeur dessine sur la parlic inférieure du cou, à la hauteur des épaules. Par un surcroît de raffinement, quelques personnes demandent encore d’ajouter des macarons qu’on dispose par deux ou par quatre au-dessus de chacune des pattes du toutou.
- Le prix du travail varie d’abord suivant la nature de la coupe; ensuite, suivant la tctc dn client. Les tondeurs font des concessions aux besogneux. Mais pour une personne dont le costume dénote l’aisance, et aussi, suivant l’affection que le propriétaire témoigne à son chien, le prix varie entre 5 et 12 francs.
- Pour les griffons, les épagneuls, les boules, les barbets, c’est un peu moins cher; on se contente
- Soli'érino, à Paris. (D'après nature.)
- généralement de les raser complètement. Le prix de la toilette est de 5 à 5 francs, y compris Je lavage, le lessivage et le passage du peigne fin sur la robe.
- Pendant ces opérations, la plupart des chiens se montrent généralement très dociles. Néanmoins, par mesure de précautions, avant de commencer, l’opérateur entoure le museau de l’animal d’un lacet; c’est afin de l’empêcher de mordre. Pour paralyser ses mouvements et prévenir toute tentative de fuite, on lui lie quelquefois les pattes deux par deux.
- Quand le tondeur de chien est à la besogne, on voit se former une haie de spectateurs le long du parapet du pont de Solférino.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue (le Fleurus, 9.
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- N. 1008. — 24 SEPTEMBRE 1892. IA NATURE
- PHÉNOMÈNE ATMOSPHÉRIQUE
- OBSERVÉ A MADAGASCAR
- Il y a quelques années, nous avons relevéles observations qui ont été faites de colonnes de lumière au-dessus du soleil1. A plusieurs reprises des phénomènes du même genre ont attiré l’attention du public et des météorologistes. Depuis lors, on a cessé d’avoir l’occasion d’observer des effets analogues. Parmi les phénomènes d’optique atmosphérique, il en est qui sont fréquents, arcs-en-ciel, halos, etc.; il en est d’autres qui sont rares, colonnes de lumière,
- rayon vert, etc. On a observé récemment à Madagascar un phénomène des plus curieux et que l’on peut considérer comme exceptionnel dans l’histoire de la météorologie; nous allons en donner une description, d’aprcs une Note très précise que nous recevons de M. Fabien Giraud, sous-officier d'infanterie de marine à Diégo-Suarez (Madagascar).
- Voici le récit de notre correspondant; nous l’accompagnons de la reproduction du croquis qu’il nous a adressé :
- Le 51 juillet 1892. à 5 h. 15 du matin, étanlde quart,
- j’ai été le témoin d’un remarquable phénomène atmosphérique. Mon attention a été vivement frappée par une
- Phénomène atmosphérique observé à Diégo-Suarez (île de Madagascar) le 51 juillet 1892. 1. Première phase du phénomène. —- 2. Deuxième phase.
- lueur subite et très vive (il était encore complètement nuit) venant par-dessus des nuages très épais figurés dans le croquis ci-dessus. Cette lueur était d’un rouge cuivreux, et au lieu de sillonner l’espace, elle était en forme de gerbe, c’est-à-dire que les étincelles partaient dans toutes les directions; sa durée a été celle de l’éclair. Cette lueur a été suivie d’un bruit lointain semblable au tonnerre et aussitôt j’ai vu à l’endroit où avait apparu l’éclair, une tache lumineuse terne comme la lune affectant la forme et occupant la position, par rapport aux nuages et à l’horizon, représentées dans le n° 1 du dessin. Cette tache lumineuse n’a subsisté que deux à trois minutes, elle a pris la forme indiquée par le croquis d’ensemble n° 2, c'est-à-dire qu’elle s’est allongée en forme de serpent en paraissant se mouvoir vers l’est dans une direction faisant un angle d’environ 45 degrés avec l’horizon. Cette
- 1 Yoy. ii° 107, du 12 août 1870, p. 107.
- 20e année. — 2e semestre.
- dernière forme n’a duré que quatorze à quinze minutes ; aux premières lueurs du jour elle a disparu et le soleil s’est levé exactement à l’endroit où ce phénomène s’est déclaré. Le nuage représenté sur le croquis, qui partait de l’horizon, empêchait de voir l’extrémité inférieure qui devait se prolonger encore derrière le nuage qui malheureusement a caché une partie de ce très curieux spectacle.
- J’ai néanmoins eu le temps de faire le dessin ci-joint qui, de l’avis de toutes les personnes présentes, a été reconnu très exact en ce qui concerne la forme, la proportion des dimensions et la position par rapport à la terre de cette ligne lumineuse vue du cap Diégo, où je me trouvais.
- Le curieux phénomène que nous venons de décrire a été, on vient de le voir, très sérieusement observé et constaté par un grand nombre de spectateurs. Aux météorologistes à en donner l’explication.
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- LA NATURE.
- Le dessin (p. 257) représente, outre le météore, l’île Nossi Volana au milieu du paysage; à gauche du dessin, on voit un passage accessible aux navires, et à droite, l’entrée de la baie de Diégo-Suarez, en face le cap Miné.
- Les livres anciens nous donnent souvent le récit de prodiges et de figures mystérieuses qui ont apparu dans le ciel. Tout en faisant la part du côté légendaire de ces récits, il en est vraisemblablement dont l’origine est réelle. Le domaine de l’observation n’a pas de limites, et la nature offre un champ d’étude infini. Gaston Tissantmkk.
- LA YËLOCIPÉDIE AU POINT DE TUE MÉDICAL
- M. le Dr Ph. Tissié (de Bordeaux) a récemment présenté à la Société de biologie une Note relative à l’action du vélocipède sur les principales fonctions. Yélocipédiste lui-mèine depuis longtemps, il a aussi ouvert des enquêtes auprès de ses confrères et a pu recueillir un grand nombre d’observations.
- Au point de vue de la respiration, le vélocipède est un excellent exercice, à la condition d’être modéré ; en pays de plaine, la vitesse ne doit pas dépasser 18 à 20 kilomètres par heure, pour les gens entraînés, et 12 à 15 dans le cas contraire. Les enfants ne doivent commencer à faire du vélocipède que vers douze à treize ans ; de douze à seize ans, le maximum de vitesse doit être de 15 kilomètres par heure. Autant que possible, on respirera par le nez ; l’inspiration buccale devient cependant inévitable au moment de l’essoufflement.
- M. Tissié a recueilli des observations qui montrent que l’exercice du vélocipède, en activant l'hématose, développe la capacité vitale. Il se fait une sorte de gavage aérien, et c’est cela même qui doit empêcher l’exercice avant douze ou treize ans. Le vélocipède active la circulation. Il devra être interdit aux cardiaques ayant dépassé la période de compensation. Avant, ils peuvent s’en servir, à condition de ne jamais aller jusqu’à l’essoufflement. Les bruits de souffle anémique disparaissent par l’exercice du vélocipède, qui est un excellent adjuvant de celte maladie, aussi bien que de la chlorose, de la scrofulose, etc.
- La fabrication des nouvelles machines permet à la femme de faire du vélocipède sans avoir à redouter aucun accident, si la selle est bonne. Elle doit être légèrement élastique. La position: celle d’une personne assise sur une chaise, les bras légèrement allongés, le buste droit, la jambe déployée complètement quand la pédale arrive au point mort et à angle droit quand elle arrive au point opposé. Le bec de la selle doit être supprimé, la station doit être large. La femme ne doit pas faire de course en vitesse, elle ne doit marcher qu’à une allure de 12 à 15 kilomètres par heure. Un costume spécial, sans corset, autant que possible, avec pantalon à la zouave et jupe courte, faite de laine ou de jersey, est ce qu'il y a de mieux.
- La digestion est activée par l’usage du vélocipède, qui combat avec succès la goutte, l’arthritisme, le rhumatisme, l’obésité, etc. En général, c’est un adjuvant sérieux dans les maladies par ralentissement de la nutrition.
- L’exercice modéré du vélocipède est un excellent sédatif du système nerveux, surtout pour les personnes qui se livrent à un travail cérébral exagéré. Le tricycle peut être utilisé chez les hémiplégiques.
- LES CHEMINS DE FER DE GRANDE ALTITUDE
- DANS I.ES ANDES
- On sait que la grande chaîne de la Cordillère des Andes forme, le long delà côte occidentale de F Amérique, une muraille continue sillonnée de nombreux volcans, et dont les cols se trouvent à des altitudes atteignant en général 4000 à 5000 mètres.
- Si on suit sur la carte cette chaîne dans toute sa longueur, d’une extrémité à l’autre du continent sud américain, on reconnaît qu’elle présente en certains points de véritables bifurcations dans lesquelles une chaîne orientale se détache de la ligne principale, et vient la rejoindre plus loin dans une sorte de nœud à une certaine distance représentée en général par plusieurs degrés de latitude. On observe ainsi quatre grandes séparations et jonctions successives qui isolent, entre les flancs des deux grandes chaînes, autant de hauts plateaux ou régions élevées dont l’étendue est fort considérable.
- Trois de ces plateaux sont relativement moins importants, et nous n’y insisterons pas ; ils se rencontrent dans le nord, enclavés respectivement dans les territoires du Pérou, de l’Equateur et de la Colombie ; leur longueur totale atteint 2000 kilomètres et leur largeur varie de 60 à 100 kilomètres. L’altitude de la ligne médiane est comprise entre 2000 et 4500 mètres pour le premier, 2900 et 5500 pour le second, 2000 et 5000 mètres pour le troisième.
- Le plus important de tous est le haut plateau bolivien qui s’étend au sud des premiers depuis le nœud de Cerro de Pasco au nord, sur le territoire du Pérou, jusqu’au volcan de San Pedro au sud, en Bolivie; sa longueur moyenne atteint 1800 kilomètres et sa largeur 250 kilomètres. Il est également le plus élevé de tous, car l’altitude de sa ligne médiane varie de 5500 à 4500 mètres.
- Nous reproduisons (11g. 1) le tracé général de cette région, d’après la carte publiée par un ingénieur des plus distingués, M. Legrand, secrétaire de la Société des ingénieurs de Belgique. M. Legrand a parcouru récemment ces régions; il est, croyons-nous, le premier voyageur européen qui en ait suivi et décrit les chemins de fer. Nous nous sommes aidé d’ailleurs, dans cet article, d’une conférence des plus intéressantes faites par M. Legrand, ainsi que de divers renseignements qu’il a bien voulu nous communiquer directement, avec une obligeance dont nous sommes heureux de le remercier.
- Ce haut plateau bolivien, entouré d’une enceinte continue formée par les hautes murailles des Cordillères, constitue une forteresse presque inaccessible, puisque les cols de passage ont une altitude variant toujours de 4000 à 5000 mètres. Outre ces difficultés d’accès, les conditions mêmes d’existence qui sont particulièrement rigoureuses dans ces hautes régions, viennent apporter un nouvel obstacle, et de plus graves, devant la marche de l’étranger qui veut y pénétrer.
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- LA NATURE.
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- Cependant ce pays inaccessible possède des richesses mine'rales dont l’attrait a suffi, à toutes les époques de l’histoire, pour y maintenir une population de mineurs qui réussissaient à exécuter leurs travaux malgré les conditions atmosphériques si défavorables.
- L’industrie et le commerce y ont reçu un grand développement, des villes importantes se sont bâties dans ces régions situées en quelque sorte aux points limites de notre atmosphère habitable.
- C’est de là que sont partis les Incas qui avaient fondé de grandes cités comme Cuzco, leur capitale antique, avant de descendre dans les plaines de l’Amérique dont ils firent la conquête.
- Après l’invasion espagnole, les blancs s’établirent à leur tour dans le plateau bolivien, dans ce pays de Pactole qui approvisionnait d’or et d’argent le monde entier : la production totale en est évaluée en effet par certains économistes à plus de 16 milliards, et la renommée des mines de Pasco, de Potosi, etc..., s’était répandue dans tout l’univers.
- C’est ainsi que se peuplèrent des villes importantes, comme La Paz, Oruro, Potosi, Sucre, Cuzco, etc..., et qu’il s’y fonda un Etat d’hommes de race blanche, devenu aujourd’hui la Bolivie, dont La Paz est la capitale.
- Les chemins de fer qui sont à notre époque l’organe nécessaire de la civilisation et de l’industrie, ne pouvaient manquer de venir à la remorque des grands courants humains qui se dirigent vers ces hauts plateaux.
- Si on examine, sur la carte, le tracé des Cordillères, on ne trouve pas actuellement sur la côte occidentale, suivant la remarque de M. Legrand, moins de 25 lignes formant autant d’échelles gigantesques appuyées sur la muraille énorme qu’elles essayent d’escalader.
- Parmi ces lignes, l’une des plus intéressantes est celle de Callao à Oroya, qui part de Callao, le port de Lima, sur le bord de la mer, pour atteindre le haut plateau à son extrémité nord à Oroya. Cette ligne franchit les Cordillères à l’altitude de 4800 mètres. Nous en avons donné la description dans La Nature, au moment de sa mise en service, nous avons représenté la vue des travaux d’art si audacieux qu’elle a exigés, et des abîmes qu’elle traverse1.
- Plus récemment ont été mises en service deux autres lignes également importantes ; celle qui va de Mollcndo, port péruvien du Pacifique, par Aréquipa jusqu’à Punho, port du lac Titicaca, avec embranchement vers Cuzco, et celle qui va du port chilien d’Antofogasta à travers le désert d’Atacama jusqu’à Uyuni, avec prolongement exécuté sur Oruro et projeté jusqu a La Paz. Un autre prolongement est également projeté jusqu’à Potosi et Sucre.
- Ces deux lignes franchissent les Cordillères à une altitude supérieure à 4000 mètres ; le point culminant de la ligne de Mollendo atteint 4670 mètrçs, et celui de la ligne d’Antofogasta 4050 mètres, les lon-
- 1 Voy. n° 308, dit 20 avril 1870, |>. 327.
- gueurs respectives atteignent 650 et 615 kilomètres.
- D’autre part, elles conservent la plus grande partie de leur parcours sur le haut plateau bolivien; elles sont jusqu’à présent les seules dans le monde qui se maintiennent aussi longtemps à des altitudes voisines de 4000 mètres, elles ont donc eu à lutter contre toutes les difficultés résultant de la raréfaction de l’air et des conditions climatériques particulières aux grandes hauteurs, et cela, non seulement pour la construction proprement dite, mais même pour l’exploitation journalière : elles présentent à ce point de vue un intérêt tout spécial.
- Nous avons donc cru devoir donner quelques détails à ce sujet en nous aidant de l’intéressante conférence deM. Legrand. Nous dirons ensuite quelques mots de la curieuse ligne transandine allant de Valparaiso à Mendoza, qui, lorsqu’elle sera terminée, mettra en communication directe les deux océans à travers l’Amérique du Sud, en franchissant aussi la chaîne de la Cordillère.
- On peut observer d’abord, en ce qui concerne l’influence des grandes hauteurs sur la température, que la limite du climat glacé est beaucoup, plus élevée sur le plateau bolivien qu’en Europe, ce qui doit être attribué d’ailleurs à l’influence de la latitude.
- En Europe, les neiges éternelles se rencontrent dans les Alpes à la hauteur de 2800 mètres par une latitude de 44°. En Amérique, la limite des neiges peut être fixée à 6 000 mètres dans le plateau bolivien, dans les limites de latitude correspondantes de 12° à 22°,8 Sud; mais à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur, cette limite s’abaisse rapidement et elle descend au-dessous de 2000 mètres, à 45°. Nous reproduisons du reste un tracé publié par M. Legrand d’après une carte de M. Pissiz, et donnant une coupe longitudinale des Cordillères indiquant la limite des neiges d’après la latitude (tîg. 2).
- La difliculté principale pour la construction et l’exploitation des chemins de fer en Bolivie n’est donc pas tant l’influence des faibles températures que celle de la liasse pression, de la raréfaction de l’air et des maladies spéciales qui en résultent.
- A 4000 mètres de hauteur, la pression atmosphérique s’abaisse à 461ram,8 et la proportion d’oxygène s’abaisse à 60 pour 100 de la teneur ordinaire sous la pression normale. Le point d’ébullition de l’eau s’abaisse à 86°,5.
- Cette pression si réduite exerce une influence physiologique incontestable sur l’état de santé; les Indiens de ces hauts plateaux qui en ont acquis l’accoutumance par l’action continue d’une longue suite de générations, peuvent seuls la supporter sans malaise, et se livrent sans fatigue apparente aux travaux manuels comme les gens de la plaine ; les hommes de race blanche parviennent bien aussi au bout d’un certain temps à s’y acclimater, mais sans jamais retrouver entièrement toutefois la force et l’énergie qu’ils avaient dans les .basses régions. Les personnes non acclimatées ressentent le mal des montagnes d’une manière plus ou moins accentuée dès qu’elles atteignent l’altitude de
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- 3000 mètres à 3500 mètres ; c’est une influence analogue à celle du mal de mer, mais elle est beaucoup plus grave, et elle présente en outre l’inconvénient de persister après que tout mouvement a cessé; d’autre part, l’installation des trains ne permet pas de donner facilement aux voyageurs les soins que peut réclamer leur état.
- Le mal des montagnes est connu au Pérou sous le nom de soroche, et au Chili sous le nom de puna. M. Legrand décrit, de la manière suivante, les symptômes que présente cette maladie :
- « Ce sont, dit-il, le malaise, l’oppression,
- l’extrême fatigue, les douleurs des membres, les hémorragies par le nez et par la bouche, l’évanouissement, parfois la cécité momentanée, et quelquefois la mort, lorsque l’homme se livre à des fatigues démesurées. A ces symptômes s’ajoutent dans certains cas, le vertige, l’hallucination et plus fréquemment l’action du vent et de la sécheresse de l'air sur
- a peau. »
- Un dehors de l’action
- propre de la raréfaction de l'oxygène et de la diminution de la pression atmosphérique, la puna est déterminée dans les Cordillères par une cause spéciale
- tenant à la grande sécheresse de l’air et à l’action d’un vent d’une âpreté excessive qui souffle continuellement au sommet des montagnes.
- La peau s’irrite, se couvre de plaies, les lèvres enflent et se fendillent. On est obligé de se protéger
- la figure par un masque, ou, comme l’a fait M. Legrand, par un enduit formé d’une épaisse couche de graisse. L’inconvénient tenant à l’action du vent est évidemment fort atténué pour les voyageurs en chemin de fer, puisqu’ils sont protégés par les parois de la voiture, et d’autre part, ils jouissent d’un repos à peu près complet qui atténue également les effets physiologiques de la basse pression; en outre, il faut observer que le voyage s’effectue fort lentement à la montée en raison de l’extrême raideur des pentes ; les difficultés d’une exploitation nocturne ont fait en effet que, jusqu’à présent, le train s’arrête la nuit à certaines stations déterminées.
- Les voyageurs n’ellèc-tuent donc pas la montée d’une seule traite ; ils s'arrêter) t dans les hôtels aménagés à cet effet et peuvent ainsi se faire soigner, et en tous cas s’habituer graduellement aux basses pressions qu’ils doivent aborder. Dans ces conditions, on a pu se dispenser jusqu’à présent de recourir à
- 1. — Carie des clieinius de fer do grande allitude sur la côte australe de l'océan Pacifique.
- Acûncagua,
- Tupungato
- ..6000
- Sierra Velluda.
- Volcan de Yalmas
- Tronado*
- Fig. 2. — Météorologie de la Cordillère des Andes. Limite inférieure des neiges perpétuelles
- d’autres précautions pour combattre l’action de la puna dans l’exploitation des chemins de fer ; mais il n’est pas douteux qu’on en viendra plus tard à augmenter la vitesse de marche, et à effectuer en un jour et demi au plus, au lieu de trois, le voyage d’Antofogasla à Uyuni; on sera amené alors nécessairement à reprendre l'étude de cette question.
- Il faut ajouter du reste que la simple descente produit également, lorsqu’elle est trop rapide, des effets de malaise grave, par le brusque passage de la pression raréfiée à la pression normale, etM. Legrand en cite à cette occasion deux exemples qu’il a observés sur lui-même.
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- LA NATURE.
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- LE SENS ARTISTIQUE CHEZ LES INDIENS DE L’AMÉRIQUE DU NORD
- La race indienne de l’Amérique du Nord, surtout aux États-Unis, est sur le point de disparaître, soit parce que ses représentants meurent dans la lutte pour l’existence, soit parce que quelques-uns sont entraînés dans la civilisation moderne et deviennent de simples citoyens de la Confédération. Pour s’en convaincre, on n’a qu’à lire les volumineux rapports annuels des « Commis-sionners » aux « Indians affairs » et aussi quelques numéros fort curieux du « Census Bulletin », du Bulletin du recensement que publie actuellement le Gouvernement des États-Unis1.
- Mais c’est précisément parce que cette race disparaît qu’il est intéressant et instructif de
- Fig. 1. — Sculpture indienne à figure humaine.
- relever avec soin les monuments de son histoire.
- Lorsqu’on veut étudier ces Indiens, il est un document des plus précieux qu’il n’est pas permis d’oublier, c’est ce qu’on nomme la Galerie Indienne de Catlin; elle se trouve au Musée national des États-Unis, dans le « Smitli-sonian Institution », à Washington . Catlin était un de nos compatriotes, un peintre français, * qui passa la plus grande partie de -son existence à : courir les tribus indiennes en formant une collection magnifique de dessins, de
- peintures, de croquis, de scènes de la vie indienne, de costumes, etc. Cette collection, à la suite de fortunes diverses, est arrivée à la « Smithsonian Institution ». Cette puissante Société a précisément consacré un volume énorme de près de neuf cents pages à la descrip-
- 1 Nous nous permettrons de renvoyer à un article que nous
- vons publié dans les Matinées espagnoles.
- tion de cette collection si rare1. Or si l’on jette un coup d’œil sur certaines des reproductions que contient ce volume, on est tout étonné de voir des robes ou des tentes de « Corbeaux », de « Paw-nics », de « Chippe-ways », ornées de dessins, de croquis représentant des scènes de chasse ou de guerre qui dénotent une observation très curieuse et un véritable sens artistique; les mouvements des hommes, des chevaux sont absolument vrais.
- Il y a, en somme, partout de la vie. On y voit parfois des animaux dont la ressemblance est tout à fait frappante; bisons, castors, ours, et bien d’autres ont leur allure caractéristique. On peut trouver dans la collection Catlin un dessin des plus curieux fait par un Indien « Chippewav » après une conversation avec un « clergyman », dessin où il représente d’un
- côté l’enfer avec
- | ’ des diables, de
- ç ' „ , l’autre une
- échelle à pic mon-1 tant au Paradis,
- : où l’on chasse le , bison. La fantai- ^ sie indienne n’est 4 pas moins curieuse, quand le dessinateur se livre à la caricature, et qu’il i représente, par exemple, « un homme de sa tri-4 bu jouant un bon tour à un ours », ou « la première rencontre d'un homme blanc avec un Chippeway ». Un savant Américain, le Dr Charles C. Abbott, vient tout récemment, dans la Revue « Popular Science Monthly », d’apporter de nouveaux documents à ce sujet en ce qui touche particulièrement les Indiens « Delawares ». Ces Indiens, nommés
- 1 Yoy. The Annual report of the Board of Begents of lhe Smithsonian Institution, juillet 1885, 2° partie. Washingtno, 1886.
- Fig. 2 et 3. — Petits masques à figure humaine.
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- aussi Renappi, habitaient jadis les bords de la rivière Delaware. En 1616, ils vendirent une partie de leurs terres aux Hollandais ; ils furent repoussés successivement jusque dans l’Ohio, puis dans le Missouri, plus tard le long des rivières Rouge et Kansas; aujourd’hui ils ne sont peut-être plus qu’un millier, dans le territoire Indien, et ils sont civilisés et sédentaires. M. Abbott a étudié et réuni toutes les sculptures de ces Delawares qu’il a pu trouver dans toutes les sépultures de leur ancien habitat, et il insiste sur ce fait, que les plus beaux types de ces sculptures proviennent d’une époque antérieure à l’envahissement des Européens : il considère les Indiens du dix-septicme siècle comme une race dégénérée. Pour cette affirmation, il se base sur ce qu’on trouve aujourd’hui des objets sculptés remarquables dont pas un des colons européens ne parle une seule fois ; tout au plus ces objets, s’ils existaient encore, étaient tenus cachés comme de précieuses reliques.
- Toujours est-il que M. Abbott, dans ses nombreuses fouilles, a souvent trouvé, dans des lieux isolés, sous quelques tertres au milieu des forêts, des tombeaux contenant des objets indiquant une habileté manuelle et un sens artistique remarquables ; c’est de ceux-là que nous voulons parler. Sans compter un certain nombre d’instruments en jaspe d’un fini extraordinaire, M. Abbott s’est attaché à recueillir des sculptures de figures humaines de fabrication Delaware. Nos lecteurs trouveront dans la figure 1 qui accompagne cette Notice un premier procédé assez facile, tout simplement une plaque de pierre grossièrement taillée sur les contours, où les yeux, le nez et la bouche sont représentés par des trous, et où cependant quelques lignes obliques viennent véritablement donner de la physionomie à l’ensemble. Mais les efforts artistiques des Indiens, bien entendu, ne s’en sont pas tenus là, et ils ont réussi à sculpter du bois, de la corne. Notre figure 2 représente un petit masque en bois de l’aspect le plus curieux ; c’est une caricature à bouche et à nez humains, mais dotée d’yeux de chouette d’un elfet comique.Nous citerons un andouiller sculpté qui porte un ensemble curieux de sculptures, notamment une face humaine habilement taillée ; l’extrémité de l’an-douiller est une queue de serpent munie des anneaux caractéristiques du crotale. Enfin nous attirerons l’attention spécialement sur une toute petite tête (fig. 5) qui est un véritable chef-d’œuvre ; c’est une tête d’Indien qui a bien le type de cette race ; les yeux en sont faits de deux petites perles blanches. La figure à yeux de chouette a aussi une feuille d’argent jouant la prunelle ; mais il est probable, suivant M. Abbott, que ces ornements ont été rapportés après l’envahissement des Européens.
- Quoi qu’il en soit des discussions auxquelles les découvertes de M. Abbott peuvent donner lieu, on ne saurait nier que ses recherches contribuent à mettre en pleine lumière le sentiment artistique de la race rouge. Daniel Bellet.
- LA CULTURE DU HOUBLON EN BOHÊME
- La fabrication de la bière a pris, depuis quelques années, une extension considérable, et l’on conçoit l’importance que peut offrir la culture du houblon. Nous allons donner à ce sujet quelques documents qui nous ont été communiqués, en ce qui concerne l’un des pays les plus riches en houblon.
- Il faut croire que les houblons de Bohême ont une qualité toute spéciale, puisqu’ils se payent excessivement cher, et que cependant les grandes brasseries du monde en font toujours des achats plus ou moins importants. Cette supériorité de ce cru de houblon tient non seulement au sol et au climat du pays, mais encore aux soins dont il est l’objet. Depuis le seizième siècle cette culture a pris naissance dans ce pays ; elle est bientôt devenue la branche principale de l’agriculture et les produits ont acquis une réputation qui ne fait que croître. Cependant la superficie qui est consacrée aux plantations de houblon n’est pas considérable : elle atteint tout au plus 13 000 à 14 000 hectares, répartis entre un grand nombre de districts ; il y a ainsi une série de crus particuliers connus sous le nom de la ville auprès de laquelle sont les plantations. Au premier rang se place le district de Saatz, le plus célèbre, qui possède 4000 à 5000 hectares consacrés à la culture du houblon ; puis vient celui de Rakonitz, qui produit sur 500 hectares environ une qualité à peu près équivalente ; citons enfin les 2000 hectares du district d’Auscha, les 1200 de Dauba, qui ne fournissent du reste qu’une qualité relativement inférieure. Il faudrait dire encore que les houblons de Saatz, qui sont regardés comme les meilleurs houblons du monde, se subdivisent en un certain nombre de qualités, Stadt, Bezirks, Kreis.
- Dans les territoires de bons crus, Saatz, Rakonitz, le houblon pousse dans une argile ferrugineuse rouge, le long de la rivière Eger; toute la région est protégée des vents du nord par un chaînon de l’Erz Gcbirge, et les seuls vents qui souillent sont ceux de l’ouest et du sud-ouest ; ce territoire n’est qu’à 55Ü mètres environ au-dessus du niveau de la mer, et la température moyenne pendant l’hiver ne descend pas au-dessous de 7° Iléaumur. C’est la réunion de propriétés particulières du sol et de conditions climatériques spéciales qui fait l’excellence du houblon de Bohême. Les houblons de Saatz, de Rakonitz et d’Auscha sont connus sous le nom de houblons rouges, tandis que ceux de Dauba sont nommés houblons verts : le fait est que la fleur de la variété Saatz, avec sa masse considérable de folioles douces comme de la peluche, son odeur épicée, a une légère teinte rouge sur un fond jaune verdâtre ; tandis que la variété Dauba, avec son odeur d’ail, a une coloration franchement vert jaunâtre.
- Une particularité bien curieuse de cette culture du houblon en Bohème, c’est que, depuis deux années, dans la région où elle est la plus importante, à Rak6nitz et à Laun, on a créé des écoles spéciales professionnelles, consacrées aux seules méthodes de culture du houblon ; ces écoles reçoivent des subventions' du gouvernement et en même temps des villes et districts où elles sont situées. Il est évident qu’on ne pouvait trouver meilleur milieu pour enseigner la culture particulière dont il s’agit. A l’école de Rakonitz est annexé un jardin d’essai où l’on tente des innovations, où l’on se livre à des expériences variées. Ces écoles donnent leur enseignement à des jeunes gens qui viennent spécialement pour apprendre le métier, et aussi à ce qu’on pourrait appeler des auditeurs libres, des
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- fermiers qui veulent s’éclairer sur les perfectionnements à apporter aux méthodes traditionnelles qu’ils emploient ; ils sont tous sûrs d’y trouver un cours régulier d’enseignement comprenant tout ce qu’il, est intéressant d’apprendre pour la culture du houblon, au point de vue théorique ou pratique, depuis le choix des jeunes plants, les labours, le choix même des échalas, jusqu’à l’anatomie végétale de la plante. Aussi vient-il maintenant à ces écoles de Bohème des jeunes gens de l’étranger.
- En réalité, le pays ne produit pas une triasse considérable de houblon : la récolte s’élève peut-être à 4 ou 4 millions et demi de kilogrammes; mais tout ce que nous avons dit explique de quelle importance est néanmoins cette culture.
- D’après ce qui pre'cède, la culture du houblon n’en est pas moins une véritable source de richesse pour la Bohême, où l’on ne néglige rien pour lui donner un grand développement.
- LES
- APPLICATIONS DU CHAUFFAGE ÉLECTRIQUE
- Dans la plupart des installations de distribution d’énergie électrique actuellement en fonction, la principale application, pour ne pas dire la seule application envisagée, a été l’éclairage. Ses développements ont été si rapides qu’ils ont fait perdre les autres de vue, et les ont relégués au second plan. Il n’en est pas moins certain que la force motrice et le chauffage électriques présentent un avenir sérieux comme débouchés spéciaux et utilisation importante des usines centrales de distribution établies à grands frais, et dont le matériel n’est utilisé à pleine charge que quelques heures par jour, très inégalement suivant les saisons. La chaleur dégagée par le passage d’un courant électrique dans un conducteur, est cependant susceptible d’applications nombreuses en dehors de l’éclairage par incandescence ; nous avons réuni dans la figure-qui accompagne cet article quelques-uns des appareils qui ont déjà été combinés dans le but de développer cet emploi.
- Hâtons-nous de dire, avant de commencer l’examen rapide de ces appareils, qu’il ne faut pas voir dans l’énergie électrique un agent général de chauffage, sauf dans des cas exceptionnels. Son prix de revient actuel est quasi prohibitif dès qu’il s’agit de réaliser un chauffage de quelque importance et de quelque durée. En effet, un kilogramme de charbon dont le prix varie entre 0fr, 01 à 0fr,05 produit, par sa combustion, 8000 calories environ. Un mètre cube de gaz coûtait, suivant les pays, de0fr,06 à 0fr,50, produit 5000 à 5500 calories, tandis qu’un kilowattheure d’énergie électrique, coûtant de0fr,40 à lfr,50 ne représente que 847 calories. On voit quels écarts il y a entre les prix de ces agents, à quantité de chaleur égale, et l’infériorité incontestable de l’énergie électrique, au point de vue exclusivement économique ; mais les qualités toutes spéciales de ce mode de chauffage, compensent, et au delà, l’écart que les chiffres ci-dessus font si brutalement ressortir.
- Parmi les applications éminemment rationnelles et
- absolument économiques—en France tout au moins— du chauffage électrique, nous citerons en première ligne les allume-cigares électriques, dont deux types très pratiques sont représentés (p. 264) en A et en 1). L’allume-cigares représenté en À offre la forme d’un manche isolant en porcelaine sur lequel est monté, comme dans les lampes Edison, un bouchon vissé sur lequel est fixé un fil fin de platine appliqué sur une pile d’amiante qui sert à le protéger des contacts du cigare à enflammer. Cet allumoir est, dans la position de repos, suspendu à un crochet monté sur une applique plus ou moins décorée et renfermant un commutateur automatique qui ferme le circuit de la distribution sur le fil de platine dès que l’on décroche l’allumoir pour en faire usage. L’applique dissimule également une résistance additionnelle intercalée dans le circuit du fil de platine et réglée une fois pour toutes, d’après le potentiel normal de distribution, pour n’amener le fil de platine qu’au degré d’incandescence suffisant pour produire l’inflammation du tabac. On constitue ainsi un appareil ne dépensant rigoureusement rien pendant tout le temps de sa suspension, entrant en fonction instantanément dès qu’on le décroche, et réduisant strictement la dépense d'énergie au temps pendant lequel il est décroché. Un calcul très simple, dont nous laissons le soin à nos lecteurs, démontre qu’un tel allume-cigares réalise des économies considérables sur les allumettes de la Régie dont nous avons le privilège, même en faisant une part très large au remplacement du fil de platine mis accidentellement et périodiquement hors de service. On voit en I) un appareil analogue, mais disposé sur un socle, et destiné à remplacer le classique flambeau.
- La température élevée à laquelle on peut porter des résistances enveloppées d’amiante par le passage d’un courant électrique est utilisée dans un fer à souder représenté en E, un chauffe-fers à friser figuré en F, et un fer à repasser dessiné en H. L’avantage du fer à souder électrique que l’on construit d’ailleurs dans toutes les dimensions, réside principalement dans sa propreté, sa rapidité d’action et la constance de la température obtenue, température que l’on peut régler à volonté à l’aide d’un rhéostat intercalé dans le circuit. Le chauffe-fers à friser est un accessoire très apprécié dans les théâtres qui disposent du courant électrique, et dont l’usage ne tardera pas à paraître dans les cabinets de toilette, chaque fois que la lumière électrique y fera son entrée.
- Le fer à repasser électrique est appelé, dans un avenir plus ou moins éloigné, à sauver notre linge des maladresses et des imprudences de nos blanchisseuses en donnant au fer une température réglée une fois pour toutes et qu’il ne pourra jamais dépasser. Dans une ville d’Amérique, dont le nom nous échappe, il a été installé tout un atelier de repassage électrique qui donne lieu, paraît-il, à une exploitation rémunératrice, parce que, d’une part, le travail est plus continu, plus rapide et plus régulier, et que,
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- d’autre part, l’atelier de repassage ne fonctionnant que pendant la journée, utilise pendant ce temps le matériel et la canalisation d’une usine centrale de distribution installée pour le service de l’éclairage pendant la nuit. C’est là une heureuse alliance d’applications complémentaires que nous voudrions voir s’accomplir plus souvent, pour le plus grand profit des stations centrales de distribution.
- On voit en B une forme portative de calorifère électrique constitué, en principe, par un fil de cuivre en zigzag noyé dans un émail appliqué contre une plaque de tôle garnie de petites saillies en forme de tête de clous arrondies. Le fil noyé dans l’émail se
- trouve ainsi efficacement protégé de tout choc mécanique et de tout contact; il peut être porté sans détérioration à une température assez élevée. Le but de ces bosses réparties sur la plaque de tôle est d’augmenter la surface de la plaque et de faciliter la circulation de l’air, mais surtout, croyons-nous, d’éviter qu’on ne puisse toucher à la plaque chauffée à une température assez élevée que par des points en saillie, mieux soumis au refroidissement, et d’épargner ainsi des brûlures aux imprudents ou aux maladroits qui viendraient saisir la plaque avec les doigts.
- C’est sur le même principe de fils conducteurs noyés dans un émail que sont établis le bain-marie
- Appareils de chauffage électrique. — A. Allume-cigares forme applique. — B. Calorifère électrique petit modèle. — C. Baiu-marie. I). Allume-cigares forme flambeau. — E. Fer à souder. — F. Chauffe-fers à friser. — if. Fer à repasser. — G. Plateau à frire et à cuire
- électrique représenté en C et le plateau à frire G. Le bain-marie permet d’obtenir en quelques minutes de l’eau chaude pour la barbe, la cuisson d’œufs à la coque, un bouillon chaud, du café, du thé, etc. Quant au plateau à frire, il marque le commencement d’une évolution, — nous n’osons pas dire d’une révolution — dans les procédés de la cuisine domestique. A l'Exposition d’électricité tenue au Cristal Palace pendant les premiers mois de cette année, M. Crompton avait installé toute une série d’appareils de cuisine électrique analogues, et chaque jour, un démonstrateur spécialiste, M. Dowsing, faisait, avec le concours matériel d’un cordon bleu de l’école moderne, une série de conférences théoriques et expérimentales sur l’art de cuisiner à l’électricité, conférences qui obtinrent le plus grand succès, car
- elles se terminaient invariablement par la consommation des'plats préparés et cuits électriquement en présence des auditeurs. Nous n’en sommes pas encore au jour où le fourneau à charbon de terre et le fourneau à gaz seront remplacés par une cuisine électrique munie de fourneaux avec commutateurs, ampèremètres et rhéostats de réglage surveillés et commandés par la cuisinière-électricienne ; mais au train d’où vont les choses, ce progrès ne saurait tarder bien longtemps. Aussi bien devons-nous n’ôtre pas trop ambitieux et laisser quelque chose à faire à nos petits-enfants du siècle prochain ; les applications du chauffage électrique tiendront certainement une bonne place parmi ce que nous leur laisserons à perfectionner et à développer. E. Hospitalier. --------------------------------
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- IA DISPARITION DE LA NOIE DE 7 PIEDS SUR LES CHEMINS DE FER ANGLAIS
- On vient de faire disparaître récemment en Angleterre un souvenir du commencement de l’histoire
- des chemins de fer. Le célèbre ingénieur français Brunei, ayant pour objectif une voie rigide, sans
- Fig. 1. — Voie à double rail en Angleterre. La dernière locomotive à large voie. (D’après une photographie.)
- élasticité, où circulaient de lourdes voitures, avait, tern Railway, sur le principe de la voie large à en 1845, établi les 600 kilomètres du Great Wes- l’écartement de 7 pieds (anglais). Ce système, établi
- Fig. 2. — Travaux à Devonport Station. (D’après une photographie.)
- sur longrines, avait une solidité à toute épreuve. Mais bientôt d’autres voies ferrées s’étaient construites autour du Great Western, avaient pris contact avec lui, et ces nouvelles voies étaient à la lar-
- geur qui forme l’écartement normal actuel. Cette différence de voies constituait une gêne considérable, nécessitait des transbordements coûteux pour le transit passant d’un de ces réseaux sur le Great Western
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- LÀ NATURE.
- et réciproquement; on avait voulu respecter les théories de Brunei jusqu’à sa mort, et l’on s’était contenté de poser un troisième rail, pour obtenir concurremment la circulation des deux matériels (à voie large et à voie normale), cette pose s’étant opérée sur des parties à double voie et par substitution de traverses aux longrines. Cependant, au commencement de 1892, la compagnie du Great Western possédait encore 520 kilomètres à écartement de 7 pieds, et ce qui compliquait la question, en voie unique sur bien des points. Il fallait arriver à supprimer cet écartement, et cela en interrompant la circulation aussi peu que possible. C’est ce qui vient de se faire en 51 heures de travail.
- Mais, pour comprendre comment on y est arrivé, il faut se rappeler que les rails étaient placés et boulonnés sur des longrines reliées transversalement par de fortes traverses, placées de 5 en 5 mètres pour maintenir l’écartement; ajoutons que des entretoises en fer serraient le tout. II fallait couper et rogner entretoises et traverses en bois à la longueur voulue, et rapprocher une des files de longrines à l’écartement normal. Ce n’était point une petite entreprise, et, pour la mener rapidement, il fallait tout préparer à l’avance, et disposer d’un vrai régiment d’ouvriers bien disciplinés : ces ouvriers, qui étaient au nombre de 5000, venaient de loin, et, partis de chez eux le 19 mai au soir, ils avaient dû apporter des vivres pour jusqu’au 24, afin de coucher sur place dans des tentes. Le dernier train à voie large quitta Londres le vendredi soir à 5 heures, et passa pour la dernière fois sur l’ancienne voie : déjà, pendant la circulation, on avait pu enlever une partie du ballast et couper les traverses à longueur. Le samedi matin, à 5 heures, les travailleurs se mettent à l’ouvrage, par compagnies de 50 à 60 hommes, pour une section de 5 à 5 kilom. 1/2 ; on coupe toutes les entretoises après enlèvement complet du ballast, on ripe rails et longrines à toucher ces entretoises, puis on boulonne, on remet la voie en état.
- L’opération se comprend aisément, et d’ailleurs les illustrations qui accompagnent cette Note et que nous empruntons en partie à notre excellent confrère Y Engineering, complètent les courtes indications que nous avons données. La figure 1 représente la dernière locomotive à voie large, le « Flying Dutch-mann », quittant la gare de Paddington, le 20 mai ; on y voit très bien les deux voies coexistant déjà, voie large et voie normale. La figure 2 a été prise dans la gare de Devonport ; l’opération y était fort difficile, car on avait à remplacer quatre croisements et trois aiguillages. Les croisements avaient été tout construits à l’avance, et on les posa tout d’une pièce, pour plus de rapidité, à l’aide de la petite grue qu’on voit disposée sur ce qui reste de la voie large.
- Le travail avait duré le samedi jusqu’à 9 heures du soir ; le dimanche, il reprit à 5 heures du matin. Dès midi les voies étaient, en somme, ramenées à l’écartement normal, et une locomotive
- put y circuler entraînant un fourgon. A 8 heures du soir, après seulement 51 heures de travail, tout était fini, le ballast replacé, la voie refaite complètement, et, le lundi à la première heure, passait un train de wagons à voie normale venant de Penzanc-e en Cornouailles. Les ouvriers ne partirent que le mardi matin, mais seulement afin de nettoyer et de parfaire l’ouvrage.
- Cette transformation va permettre un accroissement sérieux du trafic du Great Western; elle était du reste d’autant plus intéressante à signaler que c’est une occasion de rappeler le nom de Brunei.
- X..., ingénieur.
- LE BOIS DE CHÂTAIGNIER MORT
- Dans la dernière session générale de la Société des agriculteurs de France, M. le baron Bertrand-Geslin a présenté une communication sur une nouvelle utilisation du bois de châtaignier dans l’industrie. Il rappelle qu’il y a environ dix à douze ans, l’un des membres de la section du centre de la France signalait les désastres produits par la maladie et la mortalité des châtaigniers, si précieux dans cette région, par leurs fruits, pour l’alimentation et la vente. M. Bertrand-Geslin se joignait alors à son collègue pour ajouter que ce triste fait ne se produisait pas seulement dans le centre, mais aussi dans le nord-ouest au nord de la Loire, dans le département de la Loire-Inférieure, d’où il gagnait le Morbihan. Il ajoutait que des arbres deux et trois fois séculaires dépérissaient sans cause apparente et mouraient par milliers sans même que leur bois, impropre au chauffage, soit utilisable. Revenant sur ces faits déjà anciens, M. Bertrand-Geslin fait connaître qu’en 1881, au milieu de cette désolation, se présenta un industriel qui, achetant des quantités considérables de ces bois morts, les fit débiter et expédier par le canal vers Nantes, où il créait une usine dans le but de les utiliser au tannage des cuirs. Le bois de châtaignier contient, en effet, 5 à 6 pour 100 de principes tanniques, tandis que le chêne n’en contient que 3 à 4 pour 100, et, par les moyens nouvellement employés dans cette usine, ces principes sont concentrés dans un liquide, sorte de sirop d’une extrême puissance. Cet établissement a rapidement pris une énorme importance ; il absorbe annuellement de trente à trente-cinq millions de kilogrammes de bois de ces châtaigniers morts, provenant des trois départements traversés par le canal de Nantes à Brest; il y verse ainsi par an 120000 francs, puissante atténuation des pertes subies dans cette région par les propriétaires.
- M. Mer signale dans les Vosges une industrie analogue, ayant pour but d’extraire du tanin du cœur du chêne et produisant énormément d’extrait. On sait que dans le liber des arbres, le tanin existe à l’état liquide ; au contraire dans le cœur il y a peu de tanin, les fibres du bois en sont simplement imprégnées, mais, à l’inverse de ce qui a lieu pour l’aubier, le cœur du chêne peut rester longtemps à l’air sans que le tanin soit perdu.
- M. Paul Becquerel, répondant à une observation qui ferait penser que les différents extraits font une grande concurrence aux écorces et les déprécient, indique que les extraits, qui sont des produits voisins du tan, ne donnent pas les mêmes résultats ni des cuirs d’une aussi bonne qualité. Beaucoup de tanneurs qui ont employé des extraits sont revenus aux anciens procédés de tannage et
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- achètent de nouveau des écorces. Un des plus grands tanneurs du Loiret, qui employait uniquement des extraits de bois de châtaignier, a cessé cette industrie qui ne prospérait pas; et tous les autres tanneurs de la région, autant qu’on peut le savoir, emploient exclusivement du tan provenant d’écorces de chêne.
- RÉCRÉATIONS POLYTECHNIQUES
- La création de l’École polytechnique remonte aujourd’hui à près d’un siècle ; on en célébrera le centenaire en 1894.
- S’étant franchement ralliée à l’idée émise par les Encyclopédistes et nettement formulée en 1795,1a Convention résolut de doter la France d’ « une École où les éléments des services qui exigent la connaissance approfondie des sciences mathématiques et physiques vinssent se retremper dans une instruction centrale et vigoureuse et telle que, en appelant tous les citoyens au concours, Tlltat put s’emparer des tètes les mieux organisées pour le servir avec distinction. » Telles sont les considérations générales qui inspirèrent le décret du 21 ventôse an II (11 mars 1794), portant institution d’une École centrale des travaux publics, école à laquelle l’article 1er delà loi du 15fructidor an III (1er septembre 1795) conféra le nom d'École polytechnique, qu’elle a gardé.
- On sait quelle est la puissance de rayonnement de ce foyer d’instruction supérieure. Nous n’en parlerons pas, car nous ne nous sommes proposé ici que de mettre en relief un des traits caractéristiques de l’esprit des élèves. Ce trait, c’est la gaîté, une gaîté de franc aloi, juste privilège d’une belle jeunesse adonnée à des études sérieuses. Nos jeunes gens sont donc franchement gais, et l’on peut être certain qu’il serait singulièrement volumineux, s’il fallait l’établir, le recueil de toutes les bonnes plaisanteries polytechniques. Nous ne saurions donc faire à ce propos qu’un peu d’anthologie.
- Le général Bonaparte part pour l’Egypte, accompagné d’une pléiade de savants : Fourier, Méchain, Monge, Conté, Dolomieu, Berthollet, etc. ; il s’y fait suivre aussi de trente-huit polytechniciens de la première promotion et de quatre élèves présents à l’école : Viard, Alibert, Caristie et Duchanoy. « Si Bonaparte l’eût voulu, dit à ce propos M. de Barante, il eût emmené tout l’Institut et toute l’École polytechnique. Il semblait que ce fût une croisade de la civilisation. »
- Débarqués sur la terre des Pharaons, nos jeunes gens y rivalisent de zèle et de dévouement au bien du service. « Tous, dit Monge, se sont distingués par leur conduite et par leurs talents; ils se sont montrés hommes faits avant l’âge ; aux combats, ils égalaient les vieux grenadiers; au travail périlleux des sièges, ils rivalisaient de sagesse et de sang-froid avec les ingénieurs consommés. »
- Et Charles Dupin d’ajouter, dans le style ampoulé du temps : « Les bienfaits d’une école de quatre années d’existence ont aidé les débris d’une civilisation de quatre mille ans à sortir de leurs décombres séculaires dans leur splendeur antique et majestueuse. »
- Très bien, mais cette majestueuse splendeur n’empêchait pas les jeunes savants de rire. Voici que l’un d’entre eux rapporte en France cet hiéroglyphe qu’il dit avoir découvert dans le grand labyrinthe d’Égypte, et il est entendu que ledit hiéroglyphe n’est autre chose que la représentation géométrique d’un élève de l’École polytechnique contemporain du grand Sésostris, lequel vivait
- au dix-septième siècle avant notre ère. (Voy. la gravure ci-dessous.)
- Le polytechnicien géométrique était l’œuvre d’un élève de la promotion de 1794, M. Héron de Villefosse, qui fut plus tard inspecteur général des mines.
- C’est à l’année 1804 que remonte l’adoption de la dénomination de conscrit appliquée au nouveau par l’ancien. Cet ancien, aimé des dieux, démontre algébriquement à son conscrit que lui, ancien, n’a jamais été conscrit.
- Voici la démonstration bien connue de ce théorème
- Représentation géométrique d’un élève de l’Ecole polytechnique.
- monumental, démonstration qui remonte à l’époque où il y avait, en .France, des compagnies d’assurances contre les chances du tirage au sort.
- ’ « Je dis qu’un ancien n’a jamais été conscrit. En effet ;
- s’il avait jamais pu l’ètre, on pourrait poser :
- Ancien = ex-conscrit.
- Or un ancien est une tête à x. On aurait donc, en substituant :
- Oæ = ex-conscrit;
- 0
- d’où : - = conscrit,
- e
- ce qui est absurde , attendu que la tête d’un conscrit n’était pas assurée.
- Donc un ancien n’a jamais été conscrit. »
- L’auteur de cette belle démonstration est devenu membre de l’Institut. Il l’avait mérité.
- Répétons que la collection de toutes les récréations polytechniques pourrait facilement faire un gros livre.
- Une encore seulement :
- La question qui se pose est celle-ci : Dans une île déserte où il ne se trouve que des canards, comment faire pour manger des pigeons?
- L’élève qui a trouvé la solution géométrique de ce problème est aujourd’hui général de division.
- On ne pouvait faire un meilleur choix. E. IL..,
- Ancien élève de l’École polytechnique.
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- LA NATURE.
- MOTEURS HYDRAULIQUES
- A la suite de notre récent article sur un moteur à gaz de faible puissance1, plusieurs des lecteurs de La Nature nous ont demandé s’il n’existait pas des moteurs hydrauliques du même genre, pouvant être utilisés directement avec les distributions d’eau établies dans les villes.
- Nous avons déjà décrit une turbine d’une puissance de 2 kilogrammètres par seconde, la Chicago Top'1. Mais'il existe d’autres moteurs qui peuvent fournir environ un centième de cheval, soit près d’un kilo-grammètre par seconde et fonctionnant sous de faibles pressions, 5,5 à 4 kilogrammes par centimètre carré, s’il faut nous en rapporter aux renseignements que nous avons reçus.—Il s’agit des moteurs hydrauliques de la maison J.
- Dulait, deCharleroi (Belgique). — Ces moteurs, dont on peut voir la forme générale dans la figure ci-jointe, sont des turbines à augets à réaction. L’eau arrive sous pression en un point que nous appellerons injecteur. et se transmet à une roue mobile autour d’un axe, et portant les augets ; cette dernière partie s’appelle le récepteur.
- Ces moteurs se font remarquer par leurs petites dimensions, leur faible poids, leur facilité de conduite, leur rendement qui peut atteindre 70 pour 100 pour les moteurs de puissances plus élevées, et même dans quelques cas dépasser cette valeur. Chaque moteur comporte un régulateur de consommation d’eau, qui permet de réduire la dépense proportionnellement à la puissance produite. Les applications sont déjà très nombreuses et très variées : applications aux pompes centrifuges, aux scies circulaires, aux tours, aux machines à coudre, aux machines à percer. Entre toutes, nous pouvons en mentionner deux en particulier. La maison Dulait a monté directement, sur l’arbre des petits moteurs de ce genre, des machines dynamos, qui donnent une source d’énergie électrique de faibles dimensions. Notre figure représente un appareil de ce système appelé dynamo hydromotrice. Ces machines doivent être placées à la base
- 1 Voy. n° 1004, du 27 août 1892, p. 205.
- * Voy. n° 950, du 15 août 1891, p. 173.
- de grands pylônes portant des lampes à arc et peuvent fournir l’énergie électrique à ces dernières.
- Les pylônes adoptés se composent d’un socle présentant un espace suffisant pour loger l’appareil, d’un mât élevé et d’une flèche en fer supportant un ou plusieurs foyers électriques. Chaque pylône peut alimenter des lampes à arc ou à incandescence en nombre variable. Si le fonctionnement de la machine vient à être interrompu pour diverses raisons, un déclencheur automatique ferme aussitôt l’admission d’eau. Dans le cals de l’éclairage électrique, les moteurs sont munis de régulateurs destinés à leur conserver une vitesse angulaire constante, quelles que que soient les variations de la charge électrique et de la pression d’eau.
- De telles installations fonctionnent déjà depuis plusieurs années en Belgique, notamment à Liège et à Charleroi, sous des pressions d’eau de 4 kilogrammes par centimètre carré. Signalons également les hydroventilateurs, basés sur le même principe, avec cette différence que les moteurs sont de dimensions plus réduites, et que les dynamos sont remplacées par de petits ventilateurs. Le fonctionnement de tous ces appareils serait certainement très utile et très avantageux ; malheureusement il n’est pas toujours possible, dans les grandes villes surtout. A Paris, par exemple, la pression des eaux de distribution ne dépasse pas 2,5 à 5 kilogrammes par centimètre carré. Il pourrait également être difficile dans certaines installations d’établir des moteurs hydrauliques. Aussi, sans vouloir méconnaître les qualités de ces derniers, nous croyons qu’il est de beaucoup préférable à tous égards d’avoir recours aux moteurs électriques. Ils sc prêtent aujourd’hui aux grandeurs les plus faibles et les plus variées, en même temps qu’aux puissances les plus petites. La dépense qu’ils occasionneront sera souvent plus réduite, et entraînera la plupart du temps beaucoup moins de complications et même de désagréments dans l’exploitation. De plus cette utilisation sera toujours facile,- puisque les distributions d’énergie électrique s’établissent peu à peu dans toutes les villes, et surtout à Paris. J. Laffargue.
- Machine dynamo reliée à un moteur hydraulique Dulait.
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- LA NATURE.
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- U PHOTO-JUMELLE
- Les appareils photographiques sont aujourd’hui légion et ils subissent encore tous les jours de nouvelles modifications; il est bien difficile de fixer le choix d’un amateur, car chaque constructeur a cherché à répondre à un but spécial, et il n’y a pas, croyons-nous, d’appareil universel. On aura toujours trois groupes principaux : le modèle ancien de chambre à soufflet réunissant les conditions de long-tirage pour l’emploi d’objectifs de foyers différents, mise au point, décentrage, etc...; l’appareil magasin réunissant, sous forme de boîte rectangulaire, tout le matériel; et enfin la chambre de poche qui sera l’une ou l’autre des deux précédentes à dimen-
- sions réduites. Toutes ces dispositions ont leur raison d’être et trouvent leur utilité suivant les temps et les lieux où elles doivent être employées. Une autre préoccupation des constructeurs a été aussi quelquefois de dissimuler l’appareil de façon à pouvoir faire un cliché à l’improviste. Cela a son intérêt surtout pour les artistes qui cherchent la vérité dans l’attitude des personnages. Mais, à part quelques appareils donnant des images presque microscopiques, il n’y a rien de bien complet sous ce rapport.
- M. J. Carpentier, l’habile ingénieur-électricien, qui, à ses heures, est un amateur photographe distingué, a cherché à résoudre ce problème et il nous semble y être parvenu en prenant un moyen terme qui consiste à obtenir un cliché d’une grandeur déjà suffi-
- l'Iioto-Jumellc de M. J. Carpentier (u°8 1, 3, 3 et i), et appareil pour l’agramlissemcut des épreuves (u“ a).
- saute (4,5 X 6) et à l’agrandir facilement en 15x18 au moyen d’un instrument spécial d’un emploi très simple. Son appareil photographique se présente sous la forme d’une jumelle de théâtre (fig. ci-dessus, n° 1 ) ; il peut se porter en sautoir dans un étui muni d’une courroie ou même être mis dans la poche. Il contient douze glaces se changeant automatiquement. Pour opérer, on porte la jumelle devant les yeux (n° 2) et pour un public non prévenu on semble regarder le paysage plutôt que faire un cliché.
- L’appareil est muni de deux objectifs : l’un destiné à impressionner la glace, possède toutes les qualités d’un bon objectif photographique; l’autre, de même foyer, sert de viseur. L’image qu’il donne est reçue par un verre dépoli, et un trou C (n° 4) pratiqué à l’arrière de la jumelle permet de la voir. Ce trou est garni d’un verre rouge, ce qui donne une image monochrome, disposition très heureuse, car elle permet de se rendre bien mieux compte du cliché définitif. Lorsqu’on regarde dans une chambre
- noire ordinaire l’image avec toutes ses couleurs, on risque d’être trompé sur la valeur relative des différents tons qui seront traduits sur le cliché photographique par une seule couleur ; on comprend qu’on évitera de tomber dans cet écueil si on regarde l’image avec un verre qui ne permet de la voir que d’une seule couleur. Nous recommandons l’emploi de ce procédé qui est bien facile à mettre en pratique, et qui est, du reste, déjà appliqué à quelques viseurs pouvant s’adapter à des chambres quelconques.
- Mais revenons-en à la jumelle. Derrière les deux objectifs glisse une plaque de métal percée d’une ouverture, c’est l’obturateur à simple guillotine. Il est disposé de façon à ce qu’on puisse l’armer sans découvrir la plaque sensible, donc inutile d’avoir un bouchon sur l’objectif; en outre, il ne permet de voir l’image dans le viseur que s’il est armé, deuxième précaution utile puisque de cette façon on ne peut oublier de l’armer au moment d'opérer.
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- LA NATURE.
- Les glaces sensibles sont contenues dans de petits châssis indépendants en métal qu’on empile les uns sur les autres à l’arrière de la jumelle dans un tiroir A (n° 5). La première plaque reçoit l’impression dès qu’on déclenche l’obturateur en appuyant sur un bouton placé entre les deux objectifs. Pour remplacer la plaque qui vient d’être impressionnée par une autre, on tire un bouton placé sur le côté de la jumelle et on déplace ainsi le tiroir A (nos 1 et 5). Dans ce mouvement, la première glace 13 reste d’abord maintenue en place, puis, lorsque le tiroir est tiré complètement, elle tombe au fond et se trouve la dernière du paquet quand on a repoussé le tiroir à sa place normale. La glace qui se trouve en dessus est alors prête à recevoir l’impression.
- On remarquera que dans le mouvement qu’on vient de faire on a amené les glaces en face de l’objectif du viseur; mais cela n’a pas d’inconvénient puisqu’à ce moment, l'obturateur n’étant pas armé, le viseur se trouve fermé comme nous l’avons indiqué plus haut. De plus, dans ce mouvement, chaque châssis portant sur le dos un numéro d’ordre, ce numéro vient se présenter en face du verre rouge G (n° 4) de sorte qu’on peut toujours voir combien de châssis restent à utiliser.
- Rien de plus simple, comme on voit, que d’obtenir une série de clichés avec la jumelle et cela sans être remarqué. Tirés à leur dimension, ils constitueront déjà un document précieux; mais avec le châssis agrandisseur de M. Carpentier, il est bien facile d’avoir immédiatement un 13x18. L’appareil d’agrandissement (n° 5) se compose d’une boîte carrée dont le fond s’ouvre à charnière et porte un cadre permettant de placer une feuille de papier sensible au gélatino-bromure.
- Cette opération se fait, bien entendu, dans le laboratoire. La partie supérieure de cette boîte est munie d’un cylindre dont l’cxtrémitc présente un emplacement destiné à recevoir le petit cliché. Un objectif D, fixé d’une façon immuable, reproduit l’image agrandie et positive sur le papier sensible ; il suffit, pour cela, de sortir du laboratoire et d’exposer un instant l’appareil, soit à la lumière diffuse, soit à la lumière artificielle. On n’a à s’occuper ni de mise en plaque, ni de mise au point, tout est réglé d’avance. On peut donc tirer très rapidement une série de clichés ou plusieurs épreuves d’un même cliché. Il n’y a plus ensuite qu’à développer et fixer par les procédés ordinaires.
- Nous n’avons parlé précédemment, au sujet de la jumelle, que des clichés instantanés; mais il peut être utile de faire la pose. Dans ce cas, on emploie un dispositif spécial tenant fort peu de place, qui permet de fixer la jumelle sur un pied. On opère alors soit au bouchon, soit avec un petit obturateur à volet, qu’on fixe à l’extrémité de l’objectif. L’opérateur peut obtenir de bons résultats.
- On voit que le matériel imaginé par M. J. Carpentier est complet et qu’il répond bien au but qu’il s’était proposé : avoir des appareils peu encombrants per-
- mettant d’obtenir un cliché photographique sans attirer l’attention et posséder une éjtrouve positive assez grande pour constituer un document utile.
- G. Mareschal.
- CHRONIQUE
- Lancement «lit paquebot (( Campania », le plus grand navire du inonde. — La mise à l’eau du paquebot Campania, de la Compagnie Cunard, s’est effectuée avec succès le 8 septembre à 2 heures de l’après-midi. C’est le plus grand navire lancé depuis le Great-Eas-tern, c’est-à-dire depuis trente-cinq ans ; mais, au lieu d’avoir été lancé en travers comme le gigantesque navire de Brunei, le Campania l’a été comme à l’ordinaire par l’arrière, malgré le peu de largeur de la Clyde à Govan, largeur qui n’était que de 275 mètres. Le lancement de cette immense construction en acier et pesant 9000 tonnes présentait de grandes difficultés, mais les excellentes dispositions prises par M. R. Saxon Whitc, directeur des chantiers de Fairfield, ont permis de mener à bien cette difficile opération. D’après le Yacht auquel nous empruntons ces renseignements, le paquebot Campania mesure 189 mètres de longueur totale, 19m,88 de largeur extrême et 15ra,10 de creux sous le pont supérieur; sa jauge brute est d'environ 12 500 tonneaux, et son déplacement, de 19 000 tonneaux, est supérieur de 5000 à celui des plus grands navires actuels.
- La récolte du blé en France en 1892. — Le
- Ministère de l’agriculture a fait connaître, d’après les rapports qui lui ont été transmis par les préfets, les résultats qu’on doit considérer comme donnant très exactement le rendement obtenu cette année. La récolte en blé est évaluée à 109 264421 hectolitres, cori’espondant à un poids de 84 837 520 quintaux métriques et à une surface ensemencée de 6 979 911 hectares. Les cbilfrcs des quatre années précédentes pour les surfaces ensemencées, le volume et le poids de la récolte avaient été les suivants :
- Années. Hectares. Hectolitres. Quintaux.
- 1891.......... 5.759.599 77.265.828 58.508.807
- 1890...... 7.061.759 116.915.880 89.755.991
- 1889...... 7.058.968 108.509.771 82.250.671
- 1888.......... 6.978.154 98.740.728 74.96b.695
- Statistique de la pèehe maritime. — Le
- Ministre de la marine vient de publier la statistique des pèches maritimes et de l’ostréiculture pour l’année 1890. La pèehe en bateau, pendant cette année, a été pratiquée par 88 890 inscrits maritimes, montant 25 043 bâtiments ou embarcations. Le montant brut delà vente des produits péchés s’est élevé à 85 745065francs, dont 83516 757 francs pour la pêche du poisson et des crustacés et 428 528 francs pour la pèche des huîtres provenant des gisements naturels. La pêche à pied, pratiquée par 57 741 hommes, femmes ou enfants, a donné les résultats suivants : pèche du poisson et des crustacés, 7 106 852 francs ; pèche des huîtres, 179 539 francs. Pour l’ostréiculture, les transactions de toute nature auxquelles a donné lieu la vente des huîtres provenant de l’élevage se sont élevées à 15250206 francs. Les mouvements de vente des poissons, crustacés et huîtres, pendant l’année 1890, ont donc atteint un total de 106 281 472 francs. L’année précédente, la valeur des produits pêchés n’avait été que de 96 755 162 francs, d’où une plus-value de 9 548 500 francs pour 1890. Celte
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- augmentation de 10 pour 100 environ est d’autant plus remarquable qu’elle porte uniquement sur la pèche de nos nationaux, les pécheurs étrangers n’étant plus admis, aux termes de la loi du lor mars 1888, à exercer leur industrie dans la limite de nos eaux territoriales. En résumé, le bilan de 1890 peut être considéré comme plus favorable que ceux des dernières années écoulées. 11 n’est pas indifférent de faire ressortir ce résultat, ne fùt-ce que pour réfuter une opinion courante qui représente le pécheur comme désertant son métier.
- Acclimatation des dindons sauvages. —
- M. de Cherville, dans une de ses dernières chroniques du Temps, a publié les renseignements suivants sur l’acclimatation des dindons sauvages dans la forêt de Marlv : « Nous pouvons donner des nouvelles des essais d’acclimatation en liberté du dindon sauvage, qui ont été tentés dans la forêt de Marlv par M. l’inspecteur Recopé ; sans être encore concluants, ils fortifient déjà les espérances qui ont été fondées sur l’expérience. Celte année, les couvées de dindonneaux ont été élevées en complète liberté dans les parties les moins fréquentées du massif et n’ont pas reçu le moindre agrainage ; aussi les jeunes se montrent-ils excessivement farouches ; il suffit de l’apparition d’une forme humaine dans leurs demeures pour qu’ils disparaissent et s’enfoncent dans les ronciers les plus épais. Les. mères, que l’on taxait l’année dernière d’une civilisation exagérée, ont été elles-memes gagnées par la sauvagerie de leurs nourrissons ; elles ne s’enfuient pas si elles croient leur progéniture menacée, mais reviennent intrépidement sur le garde qui se montre, non plus pour se laisser admirer, mais pour essayer de lui sauter au visage. Ces dispositions ne pouvant que s’accentuer chez les dindonneaux, il devient probable que, comme en Allemagne, ils se décideront à prendre leur essor devant le chien ou les rabatteurs.
- Traction mécanique et électrique des tramways à Paris. — La traction mécanique des tramways qui avait, pour ainsi dire, été proscrite jusqu’ici à l’intérieur de Paris, semble tendre à y prendre un rang convenable. Pendant que la Compagnie des tramways de Paris et du département de la Seine expérimentera sur les nouvelles lignes qui lui sont concédées, Madeleine-Saint-Denis, Neuilly-Saint-Denis, Saint-Denis-Châtelet, son nouveau mode de traction électrique, la Compagnie générale des omnibus emploiera, sur les lignes Cours-de-Vinccnnès-Saint-Àugustin, Louvre-Versailles et Louvre-Saint-Cloud, les machines Mé-karski à air comprimé, qui font déjà le service des tramways nogentais. Quant à la traction électrique de la Compagnie des tramways de Paris et du département de la Seine, les essais qui viennent d’ètre faits paraissent concluants. La Compagnie a adopté les accumulateurs du système Laurent-Cély-Sarcia. Ses nouvelles voitures, de cinquante-six places, ont une impériale couverte et sont loin d’ètre disgracieuses. Elles sont à trucs indépendants, ramenés sans cesse à la position normale par des ressorts à boudin. Chaque essieu est muni d’une dynamo Gramme ou Siemens de 15 chevaux. Ces voitures, qui pourront être attelées en convoi, marcheront à des vitesses de 12 kilomètres à l’heure dans Paris et 16 kilomètres hors des fortifications. Elles sont munies d’un appareil spécial pour faire dérailler le tramway, ce qui permet de ne pas interrompre le service lorsque la voie est obstruée par suite d’un accident quelconque. Enfin, un frein électrique puissant permet, en renversant le courant, d’arrêter au besoin le véhicule avant qu’il n’ait parcouru 5 mètres de longueur.
- La longévité selon nos ancêtres. — On imagina, parfois, au moyen âge, de faire des calculs passablement hypothétiques sur la longévité de certains êtres de la création. En voici un exemple original que nous fournit un manuscrit du quatorzième siècle, conservé à la Bibliothèque de la ville d’Épinal :
- Un chien dure neuf ans.
- Un cheval dure trois chiens : vingt-sept ans.
- Un homme dure trois chevaux, soit quatre-vingt et un ans.
- Un corbeau dure trois hommes ; deux cent quarante-trois ans.
- Un cerf dure trois corbeaux : quatre cent vingt-neuf ans.
- Un chêne dure trois cerfs : douze cent quatre-vingt-sept ans.
- Lne note manuscrite, dont l’écriture est du commencement du dix-septième siècle, renvoie, pour des calculs analogues, à Hésiode (cité par Pline, livre VU, ch. xlyui, et par Plutarque : Des Oracles, ch. xlviu), ainsi qu’à Àldovrandi : Ornithologia, lib. XII, c. î : De corvo.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 11) septembre 1892. — Présidence de M. Duchautre.
- La localisation de la puissance respiratoire. — MM. Gad et Marinescu ont démontré expérimentalement que la destruction des derniers organes bulbaires, considérés jusqu’ici par les auteurs et notamment par Flourens, Jierk, Mislawsky et Holm comme des centres respiratoires, ne détermine pas, lorsqu’elle est faite dans certaines conditions, l’arrêt définitif de la respiration. Ils ajoutent qu’il existe dans la moitié inférieure du bulbe, dans une région profondément située, une masse cellulaire dont la destruction provoque l’arrêt immédiat de la respiration et dont l’excitation entraîne des modifications caractéristiques des phénomènes respiratoires. Cette région qu’ils se déclarent portés à considérer comme jouant le rôle de centre respiratoire, ne représente pas une zone nettement circonscrite, elle est constituée par une association de cellules nerveuses disséminées de chaque côté des racines de l’hypoglosse. M. Brown-Séquard, qui présente le trav^de MM. Gad et Marinescu, dit que ses recherches Payaient amené à constater depuis longtemps que des pertes ipon-sidérables de la substance du bulbe rachidien'rt’avaient point pour conséquence l’arrêt de la respiration. Il n’y a point pour lui de localisation exclusive de cette fonction, ou plutôt, elle appartient aussi bieh à la moelle épinière qu’à l’encéphale. licite l’exemple de l’oiseau auquel on tranche la tète et qui continue â respirer, sous la seule impulsion de la moelle épinière.
- L'action de la lumière électrique sur les végétaux. — M. Bonnier a entrepris une série d’expériences sur l’effet de la lumière électrique sur le développement des végé taux. On sait que cette influence est très discutée. H a expérimenté aux Halles centrales, mettant à profit la lumière électrique produite dans l’usine de distribution installée sur ce point de Paris. H a composé trois lots de végétaux comprenant les mêmes espèces. Le premier lot a été soumis à l’action de la lumière électrique continue ; le deuxième, à l’action de la lumière électrique interrompue, c’est-à-dire à douze heures de lumière pour douze heures d’obscurité; enfin le troisième a été laissé en plein air pour servir de terme de comparaison. L’influence de la lumière électrique continue a paru nuisible; les plantes sont comme étiolées. Toutefois, elles avaient une verdure très prononcée et étaient très riches en chloro-
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- phylle ; elles ne s’allongeaient pas comme les plantes étiolées et leurs feuilles n’étaient point rapetissées. La différence caractéristique avec les plantes normales résidait surtout dans les tissus qui ne s’étaient point consolidés et accusait nettement un manque de solidité. Les espèces du deuxième lot ont présenté les plus grandes analogies avec les espèces normales. M. Berthelot rappelle que M. Dehé-rain fit, il y a treize ans, des expériences sur le même sujet dans une serre éclairée à la lumière électrique et qu’il étudia les volumes et la nature des gaz dégagés. Enfin, M. Milne-Edwards oppose aux conclusions de M. Bonnier sur l’effet de la lumière continue, les conditions de croissance des végétaux dans les pays situés à des latitudes élevées où le soleil ne se couche point pendant une partie de l’année d’autant plus grande que l’on s’approche davantage du pôle. Dans ces contrées, les végétaux sont très vivaces, leurs feuilles plus grandes et leurs fleurs plus colorées que dans les régions plus rapprochées de l’équateur. M. Berthelot observe que la lumière solaire, qui a traversé l’atmosphère sous une épaisseur plus ou moins grande, ne saurait exercer les mêmes actions chimiques que la lumière élec-Irique. Enfin les lampes à arc en globe et les lampes à foyer libre ne sauraient donner non plus les mêmes résultats, à cause des vapeurs nitreuses qui se forment et qui, dans les secondes, peuvent agir sur le sd dans un sens favorable ou défavorable. Enfin l’hérédité n’est sans doute pas sans influence sur le développement des végétaux des zones septentrionales.
- Varia. — M. Mascart donne la théorie de l’arc-en-ciel blanc. — M. deFonvielle communique ses recherches historiques sur l’état des connaissances magnétiques à l’époque de Christophe Colomb. — M. Tisserand annonce la découverte, à Heidelberg, par la photographie, de deux nouvelles petites planètes. La première a l’éclat d’une étoile de 12e,5 grandeur ; la seconde celui d’une étoile de 15e,5 grandeur; enfin la seconde a été découverte le même jour, à l’Observatoire de Marseille, par M. Borelly.
- Ch. de Yilledeuil.
- PHYSIQUE YMUSA.NTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE1 LE VIN ET l’eau
- Après avoir beaucoup parlé, ainsi que l’exige sa profession, un physicien est excusable de demander
- à ses spectateurs la permission de se rafraîchir en leur présence, surtout s’il invite en môme temps l’un d’entre eux à venir lui tenir compagnie.
- Je sais bien qu’en pareil cas on est assez porté à se rappeler certaine aventure fâcheuse arrivée à la Cigogne le jour où elle pensa dîner chez maître Renard ; néanmoins il se trouve toujours un amateur bien disposé à ne pas refuser pareille offre, ne fût-ce que dans le secret espoir de voir les choses de plus près et de pénétrer quelque mystère.
- On apporte donc sur un plateau deux verres à vin de Rordeaux, deux petits carafons absolument transparents, dont l’un contient du vin rouge, l’autre, de l’eau, —del’eau de Seine, — dit le malin prestidigitateur avec un petit sourire qui vous donne le frisson par ce temps d’épidémies cholériformes ; mais comme son invité semble indiquer par une moue significative qu’il se passerait bien du mélange, le physicien
- s’empresse de le rassurer en le priant de prendre à son choix l’un des deux carafons et de lui laisser l’autre. Pas d’hésitation possible, l’invité se hâte de saisir le vin, et chacun remplit aussitôt s o n verre.
- 0 prodige étonnant! Au seul contact du verre, le vin se change en eau, et l’eau devient du vin; jugez de l’hilarité des spectateurs et delà stupéfaction delà victime! Le prétendu vin n'était autre chose que la composition suivante : un gramme de permanganate de potasse et deux grammes d’acide sulfurique pour un litre d’eau; ce liquide est instantanément décoloré en arrivant dans le verre au fond duquel on a laissé quelques gouttes d’eau saturée d’hyposulfite de soude.
- Quant à l’eau du deuxième carafon, elle était fortement additionnée d’alcool et, au fond du verre qui devait la recevoir, on avait mis une très petite pincée d’un rouge d’aniline dont le pouvoir colorant est, comme on sait, considérable.
- Les verres doivent être emportés immédiatement, car, au bout de quelques instants, le vin changé en eau perd sa limpidité et prend une apparence laiteuse.
- — A suivre. — MaGUS.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissandier.
- L’eau changée en vin et le vin changé eu eau.
- 1 Suite. — Voy. ii° 1000, du 10 septembre 1892, p. 240.
- Paris. — Imprimerie Laliure, rue de Fleurus, 9.
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- Fig. 1. — Le couvent de la ltabida, près Palos, en Andalousie A droite, travaux de la statue élevée à Christophe Colomb. (Dessin de M. Albert Tissandier, d’après nature.)
- Il y a quatre siècles que Christophe Colomb découvrit un continent nouveau; toutes les nations civilisées ont voulu célébrer avec éclat le quatrième centenaire d’un événement qui compte parmi les plus importants de l’histoire de l’humanité. Nous croyons devoir rendre hommage à la mémoire du grand navigateur en parlant de la statue monumentale que le Gouvernement espagnol lui élève en Andalousie, a u bord de la mer, à côté du couvent de la Rabida. Ce couvent, que représentent les gravures ci-contre (fig.l et 2),exécutées sur les croquis que M. Albert Tissandier a été dessiner d’après nature en Espagne, est tout rempli des souvenirs de Christophe Colomb ; c’est dans la chambre capitulaire {fîg. 2) qu’il vécut longtemps, c’est là qu’il
- 20* année. — 2e semestre.
- se livra à ses méditations et qu’il acquit la certitude que ses grands projets allaient se réaliser.
- Christophe Colomb, au début de sa vie, n’avait aucunes ressources ; il était pauvre et son œuvre devait être immense. On le voit s’adresser d’abord à son pays natal, demander en vain à la ville de Gênes les moyens de réaliser son entreprise, envoyer enfin son projet au roi de Portugal, Jean II, qui le fit examiner par un conseil composé de deux célèbres cosmographes. Ceux-ci taxèrent de chimérique et d’extravagante l’idée du navigateur. Cependant, le roi, ne voulant pas adopter cette Sentence, céda un instant à l’influence d’un homme de progrès et d’intelligence, Pierre de Noronha, qui avait compris « qu’il fallait, pour accroître les ri-
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- Fig. 2. — Chambre capitulaire du couvent de la .Rabida où habita Christophe Colomb. (Dessin de M. Albert Tissandier, d’après nature.)
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- LÀ NÀTUIIB.
- chesses du Portugal, traverser les mers immenses et s’e'lancer à la découverte de la route inconnue qui permettrait de conquérir tant de peuples différents ».
- Mais Jean II, aine flottante et sans volonté, revenant bientôt à l’avis des ennemis de Colomb, fit plus que de repousser les offres du grand géographe, il ne craignit pas d’user envers lui de la plus infâme trahison. Ce monarque sans foi entama des négociations avec Colomb, lui demanda ses cartes, ses plans, lui fit exposer ses théories en présence de son conseil, et quand il eut en sa possession tous ces secrets, il osa expédier une caravelle à travers l’Atlantique pour suivre la route indiquée par Colomb, et lui ravir le fruit de son génie.
- Cette caravelle n’avait pas navigué vers l’ouest depuis plus de quatre jours, que les pilotes, assaillis par la tempête, furent saisis d’épouvante et revinrent piteusement au port.
- Christophe Colomb résolut de quitter un pays où il ne laissait que des souvenirs pleins d’amertume. Il se rendit une seconde fois à Gênes, y renouvela ses propositions, mais sans plus de succès. Cepen-r dant rien ne pouvait le décourager : après tant de déboires, il revint en Espagne et se remit à frapper aux portes, la main basse, mais le front haut.
- Il en était réduit au dernier terme de la misère ; le grand solliciteur n’avait plus que des haillons pour se vêtir; par surcroît de malheur, il venait de perdre sa femme, et avait à nourrir son fils âgé de onze ans. Un jour, il errait misérablement aux environs de la ville de Palos de Mogues, dans l’Andalousie ; il arriva par hasard devant la porte du couvent de la Rabida. Il y frappe et demande du pain et de l’eau. Le prieur Juan-Perez de Marcbena, homme d’un rare mérite et fort influent à la cour d’Espagne, accueille l’étranger, l’interroge, est bientôt frappé de la dignité de son maintien et se trouve saisi d’étonnement, quand Colomb lui raconte son histoire, lui expose ses projets, ouvre à ses yeux ses espérances. L’hospitalité du prieur se changea en une amitié sincère; Colomb, grâce à ce protecteur, allait avoir son entrée à la Cour d’Espagne, auprès du roi Ferdinand et de la reine Isabelle.
- Ce n’est qu’après vingt années d’efforts que Colomb allait enfin s'élancer à travers les mers, avec le titre d’amiral, avec la promesse d’être nommé vice-roi et gouverneur de toutes les terres et continents qu’il pouvait découvrir. Un ordre fut expédié aux autorités du port de Palos, voisin du couvent de la Rabida où Christophe Colomb venait sans cesse s’entretenir avec son ami le Prieur ; on allait équiper trois caravelles et les pourvoir de marins énergiques qui devaient obéir en toutes choses à leur chef. Ces navires, tels que nous les connaissons par les gravures du temps, étaient surélevés à la poupe et à la proue1 ; ils n’étaient pas pontés, à l’exception de celui de l’amiral. On est saisi de crainte à l’idée de cette exploration lointaine, entreprise avec de si faibles
- ressources, à travers des océans inconnus. Un se sent ému en songeant que c’est à l’âge de cinquante-six ans, au moment où tant d’hommes ont fini leur carrière, que Colomb va commencer la sienne, et que, par la découverte de l’hémisphère des antipodes, il va ouvrir une ère nouvelle dans l’histoire.
- C’est au couvent de la Rabida que Colomb apprit la nouvelle de ses succès auprès de la Cour d’Espagne et de son départ; il partit vers les découvertes* vers la gloire, et aussi, hélas! vers l’ingratitude et les persécutions.
- Nous n’avons pas le projet de résumer ici l’histoire de Christophe Colomb; nous n’avons voulu que signaler un monument où lé grand navigateur.; a! vécu, et où son cœur a palpité d’émotion et d’espérance. Nôtre figure 1 donne l’aspect général du couvent de la Rabida; la construction dont on Voit à droite des échafaudages est celle de la statue <iui sera prochainement terminée et inaugurée. Une nouvelle route bordée de dattiers conduit à cette construction; le dattier le plus élevé que l'on voit à peu près au milieu du dessin, remonte au temps du grand découvreur. La figure 2 représente, dans son état actuel, la chambre eapitulaire dans la -quelle habitait Colomb ; la charpente n’a jamais été refaite, elle est du quinzième siècle. Des fenêtres de cette chambre, on aperçoit l’Atlantique.
- C’est de là que Christophe Colomb contemplait l’immensité de l’Océan, et c’est de la que son génie lui montrait au loin le Nouveau Monde.
- Gaston Tissandier. >
- UNE SCIE ÉLECTRIQUE
- Lorsqu’un circuit électrique est fermé par un fil de platine et qu’on y fait passer un courant d’intensité suffisante, l’effet calorifique bien connusse manifeste aussitôt; le fil rougit et devient incandescent. Néanmoins, il ne paraît pas que l’on ait eu l’idée d’employer cé fil chauffé au rouge pour désintégrer les macérés organiques.
- D’après le Chemical iVeirs,*1 M., Warren a imaginé un appareil des plus commodes ainsi idisposé : deux fortes tringles en cuivre ou en laiton sont montées verticalement sur un support en matière , isolante, Entre leurs extrémités supérieures est tendu up fil de platine qui ne doit pas être d’un diamètre trop 4faible. L’appareil étant relié aux deux pôles d’une batterie de quatre éléments de Bunsen, et le circuit fermé, le fil porté au rouge cerise fend très facilement les bois lés plus durs.
- Le fil de platine a le défaut de se rompre fréquemment en raison de la haute température à laquelle il se trouve porté, et de la faible résistance mécanique qu’il oppose dans ces conditions. Pour remédier à cet inconvénient, M. Warren remplace le fil j de platine par un fil d’acier revêtu à la surface d’une couche de platine métallique. Ce fil’est. préparé en soumettant le fil d’acier à l’action d’un faible courant électrique, tandis qu’il est plongé dans une solution de chlorure de platine dans l’éther. Il se produit alors un dépôt faible et très adhérent de platine. Cette disposition dépense une plus grande quantité d’énergie électrique, mais oppose également une résistance qui lui permet de vaincre de plus grands efforts.
- 1 Voy. n° 974, du 30 janvier 1892, p. 141.
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- LA NATURE.
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- LES CHEMINS DE FER DE L’ASIE
- I. LE TRANSCASPIEN. ---- LE TRANSSIBÉRIEN.
- LES CHEMINS 1)E FER EN CHINE.
- Qu’on parle de l’Amérique et qu’on parle de chemins de fer, les deux idées, loin d’amener un mouvement de surprise, semblent s’appeler l’une l’autre; l’on pense tout de suite au prodigieux réseau des Etats-Unis, aux lignes qui se multiplient dans une proportion géométrique, à cet outillage créé d’hier et qui est déjà formidable; mais parler de chemins de fer et de l’Asie, les deux mots semblent presque s’exclure.
- Nous avons de la peine à nous imaginer la locomotive parcourant la contrée des légendes : l’idée de Bagdad station de chemin de fer, la pensée qu'on puisse entendre crier la phrase : « Les voyageurs changent de voiture », après le nom de Jérusalem ou de Saint-Jcan-d’Àcre, a quelque chose qui surprend. L’Asie est demeurée, pour la plupart, la contrée immobile où les transformations sont les plus lentes, où les coutumes, les usages, la vie sont restés ce qu’ils étaient il y a deux cents ans.
- On ne se doute guère, en général, de l’étendue des transformations accomplies depuis six ans en Asie Mineure, en Palestine, au Japon, en Chine, en Sibérie, jusque dans les déserts du Turkestan. C’est à peine si la construction du Transcaspien a amené un moment l’attention vers la grande évolution qui est en train de s’accomplir. Encore n’a-t-on apprécié qu’imparfaitement la puissance et l’étendue de l’effort qu’a nécessité l’achèvement de cette entreprise.
- Le Transcaspien restera en effet le prototype des lignes à construction difficile1. Tous les matériaux manquaient dans les contrées que traversait la ligne. 11 fallait amener le bois, le fer et jusqu’à l’eau. Ce fut alors qu’on imagina un train caserne appelé Oukladka, composé d’énormes wagons à deux étages qui contenaient le logement des hommes, des boucheries, des cantines, des forges, etc.
- L’effort du général Ànnenkof et de ses collaborateurs a été considérable. Sur plusieurs points ils avaient à vaincre des difficultés qui paraissaient presque insurmontables. Entre Merv et Tchardjoui, notamment, il a fallu établir la ligne sur des dunes mouvantes mesurant jusqu’à 60 mètres de hauteur. Le problème à résoudre était des plus ardus et pendant longtemps on ne put se rendre maître des sables. On obtint cependant la solidité nécessaire au moyen d’un mélange d’argile et d’eau de mer.
- La traversée de l’Amou-Daria, qui se fait sur un pont construit à l’aide de milliers de madriers, n’a pas demandé un moindre effort. Il n’y a pas, en effet, un seul arbre à plus de 1000 kilomètres à la ronde. Et cependant la ligne n’a pas coûté plus de 120 000 francs par kilomètre. Le bas prix de la main-d’œuvre a beaucoup contribué à l’économie de
- 1 Voy. n° 785. du 10 juin 1888, p. 55.
- la construction, les Russes ont eu le grand mérite d’avoir su transformer très rapidement en terrassiers, en maçons, en charpentiers, ces Turkmènes qui, pour la plupart, n’avaient pas touché à un outil avant l’arrivée des Russes dans leur région.
- L’exploitation du Transcaspien est unique au monde dans son genre. Elle est à peu près exclusivement militaire et elle offre des particularités qui surprennent ceux qui sont habitués aux exploitations européennes. Sur la ligne aucune maison de garde, mais tous les 13 kilomètres une tour qui sert de poste d’observation. Des surveillants à cheval parcourent l’espace compris entre ces tours et assurent la surveillance de la ligne. La rareté des stations met les voyageurs dans l’obligation de se pourvoir de tout ce qui est nécessaire à leur approvisionnement. Nous représentons ci-après l’aspect de deux des plus importantes d’entre elles (fig. 1 et 2) *.
- Il faut sept jours pour aller de Saint-Pétersbourg à Samarcande et quatre jours pour aller de Tiflis à Merv. Ces délais pourront être abrégés dans la suite, car la marche des trains est loin detre rapide : leur vitesse est de 16 à 20 kilomètres par heure. Au début, la circulation des trains sur la ligne transcas-pienne était extrêmement réduite : elle se limitait à trois trains par semaine, et le matériel roulant ne comprenait que 84 locomotives et 1400 wagons de toute sorte. A l’heure actuelle, le chiffre du matériel roulant a doublé.
- Le Transcaspien est destiné plus tard à avoir un très gros trafic. Une très grande partie des exportations de la Perse prendront cette voie, et, ainsi que le général Annenkof le démontrait dans un de ses Rapports, la ligne nouvelle stimulera et augmentera grandement le commerce du Khorassan. Le général fonde également de très grandes espérances sur la culture du coton à laquelle le sol de l’Asie centrale se prête admirablement. Il estime que l’on peut récolter de telles quantités de coton dans ces régions et à un prix tel que la Russie ne sera plus tributaire des pays étrangers pour ce produit. Jusqu’ici, en effet, il n’a existé qu’une route vers la Russie pour les marchandises venant de Khiva, Boukhara et Samarcande : c’est celle qui passe par Kaza-linsk et Orenbourg. Par cette voie le transit demande soixante à cent vingt jours. Grâce au nouveau chemin de fer les marchandises seront transportées en un mois et les voyageurs en dix jours8.
- Cette grande entreprise était à peine terminée
- 1 Les gravures qui accompagnent notre texte ont été faites d’après des photographies dont nous devons la communication à l’obligeance de la Direction de Y Illustration.
- 2 Au sujet de cette importante question des nouveaux marchés que le Transcaspien allait créer en Asie centrale, le général Annenkof faisait remarquer, relativement au développement que prendrait l’industrie cotonnière entre autres, qu’en 1884 il existait en Russie 901 fabriques de coton qui employaient 222000 ouvriers. Il n’y a pas de raison, disait-il, pour que ces établissements ne tirent pas leurs matières premières des champs de coton de l’Asie centrale. Le coton ne vaut pas celui qu’on importe d’Amérique, mais le général Annenkof est d’avis qu’on peut introduire le plant américain.
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- LA NATURE.
- que la Russie formait un projet plus vaste encore, et entreprenait de construire une ligne à travers l’Asie aboutissant à l’océan Pacifique et destinée à mettre en communication les lignes européennes avec le réseau chinois.
- Le Transsibérien, dont le premier tronçon — celui de Samara à Ufa, — a été livré à l’exploitation en 1888, aura une longueur de plus de 6400 kilomètres ; la ligne sera plus longue qu’aucune des grandes lignes transaméricaines. I)’Ufa la ligne passe l’Oural par Slatoust et se dirige sur Tjoumen et Tomsk. Ce tronçon, Tjoumen à Tomsk, comptera 1500 kilomètres; celui de Tomsk à Irkoutsk, 1700; d’Ir-kourtsk à Oustj-Strjelka, 1500; d’Oustj-Strjelka à Oussouri, 1000; d’Oussouri à Vladivostok, 500.
- Le Transsibérien traversera le Tobol à Tobolsk,
- rirtisch à Omsk, l’Yenisseï à Krasnojarsk. Que coûtera cette ligne gigantesque? il est bien difficile de l’évaluer.. ;... ,
- Le premier chaînon, celui de Samara-Ufa, de 458 kilomètres, a coûté 4180 000 roubles, M. A. Schweiger-Lerchenfeld, de Vienne, estime que le coût des travaux ne sera pas inférieur à 80 000 roubles la verste (1067 mètres). La moitié de la ligne coûterait donc environ un milliard de francs; D’après l’estimation officielle les frais de construction seraient de 80 000 francs par kilomètre.
- Quant aux recettes probables du Transsibérien, les avis sont très partagés. Le major général Andrevitch, ex-gouverneur d’Otchakof qui a résidé pendant longtemps en Sibérie, prétend, dans son Rapport au Ministre des travaux publics, que le Transsibérien se-
- rait presque inutile pour les habitants et qu’il constituerait pour le Gouvernement russe une grande perte. Il fait remarquer que la population est tellement éparpillée sur le territoire de la Sibérie qu’une ligne de plus de 5000 kilomètres ne couvrirait pas ses dépenses. Les seules personnes qui profiteraient de la ligne seraient les commerçants qui trafiquent avec la Sibérie. Quelque fondées que puissent être ces critiques, il est certain qu’elles n’ont aucune chance d’être écoutées. Le Transsibérien a des partisans déterminés au premier rang desquels on place le tsar lui-même.
- Le Railwaij News de Londres lui attribuait l’intention de couvrir, sur sa fortune personnelle qui est considérable, une grande partie des frais que la construction du Transsibérien nécessitera : le trésor de l’Empire ne pourrait, en effet, être mis a contribution pour une somme aussi considérable, sans que l’équilibre financier ne fût profondément atteint,
- étant donné surtout le vœu du tsar qui désire, toujours suivant le Railway News, que le Transsibérien soit terminé dans l’espace de trois ans.
- Au rebours de son voisin, la Chine a fait preuve, pour la construction des chemins de fer que l’on entreprenait chez elle, de la mauvaise volonté la plus opiniâtre. Et ce n’est pas un des chapitres les moins curieux de l’histoire des chemins de fer en Asie que la lutte soutenue par l’élément vieux-chinois contre une innovation qui lui semblait être la plus grande menace qui ait été faite jusqu’alors contre l’ordre de choses établi. N’a-t-on pas vu le Gouvernement acheter, pour la détruire, une ligne de chemin de fer? Rien n’était plus propre que ce fait à décourager les plus persévérants ; néanmoins la Société minière de Kai-ping entreprit de construire une voie ferrée de 40 milles de longueur pour relier ses houillères à un fleuve navigable.
- A deux reprises, les démarches que cette Compa-
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- LA NATURE
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- gnie, composée de capitalistes chinois, fit auprès du Gouvernement pour obtenir l’autorisation nécessaire, turent repoussées. A la fin, dit le Journal des trans-
- ports, en 1881, les hommes d’Etat les plus libéraux et les plus éclairés du Céleste-Empire réussirent à convaincre les autorités que le vrai moyen de trans-
- Fig. 2. — Le chemin de fer trauscaspieu. La station de Géok-Tépé.
- port du charbon vers la mer était nécessaire à la i accorda avec répugnance l’autorisation de construire puissance et à l’efficacité de la flotte du Nord. On j 7 milles de chemin de fer pour mettre en com-
- munication les houillères et le canal, mais sous la condition que de serait un tramway à traction animale. L’introduction d’un monstre émettant du feu et de la fumée, la locomotive, était ce que redoutaient les hommes d’État chinois. Il s’y joignait la
- crainte qu’une fois le chemin de fer autorisé dans le pays il n’y aurait plus de résistance aux empiètements du génie occidental. Pendant un certain temps, la ligne fut exploitée conformément à ces stipulations. La houille fut transportée, en grande quantité, des
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- mines au canal, sur des trucs traînés par des mulets.
- Mais bientôt la Compagnie rassembla clandestinement les diverses parties qui composent une locomotive. Un mécanicien anglais fut appelé et la machine fut montée avec le plus grand secret et essayée dans les mines. La locomotive fut accrochée à un train de trucs à charbon et elle partit sur la ligne avec une bonne vitesse. Elle fut baptisée la Fusée du royaume des fleurs.
- À la longue, bien que le Gouvernement continuât à refuser sa sanction officielle à l’emploi de la locomotive, il la regarda avec tolérance ou indifférence.
- La Compagnie commanda alors en Angleterre deux locomotives, un certain nombre de trucs et trois ou quatre voitures à voyageurs. Le Gouvernement, continuant à ne pas s’émouvoir, la Compagnie lui demanda l’autorisation de prolonger la ligne jusqu’à la rivière Peh-Tang, le canal étant gelé pendant plusieurs mois de l’année, ce qui rendait impossible le transport du charbon à Tien-tsin.
- Par un contraste étrange et significatif, le Gouvernement accorda sur-le-champ la demande de 1885, ayant pour objet d’ajouter plus de 20 milles de chemins de fer aux 7 premiers milles déjà construits. Ce fut ainsi que s’établit en Chine la première voie ferrée.
- Cette Compagnie est d’ailleurs en pleine prospérité : elle distribue à ses actionnaires des dividendes de 6 pour 100 et son capital est de 1 560 000 francs. Depuis, de nouveaux efforts ont été faits en Chine. On se prépare à construire une voie ferrée entre Canton et Kao-lang qui aura 127 milles et qui peut être considérée comme la première section de la grande voie qui, avec le temps, traversera toute la Chine du sud au nord et unira Canton à Pékin en passant par Han-kéou. Mais les progrès et l’extension des lignes de chemins de fer seront toujours plus lents en Chine que dans le reste de l’Asie, à cause des formalités compliquées dont le Gouvernement entoure la création des réseaux et des conditions qu’il impose à la formation des Compagnies; les Chinois, en effet, peuvent seuls posséder des actions des Compagnies, dans lesquelles les étrangers ne peuvent efftrer.
- A l’opposé de la Chine, le Japon a encouragé la construction de lignes de chemins de fer de tout son pouvoir. En 1872, ces lignes se réduisaient à un petit réseau de 18 milles. Aujourd’hui elles atteignent un parcours de 1445 milles. Nous les étudierons dans un prochain article.
- — A suivre. — EMMANUEL RaTOIN.
- L’ÉRUPTION DE L’ETNà1
- Depuis plusieurs mois, l’Etna, le grand volcan de la Sicile, attire l’attention des savants et du public, à cause de l’éruption qui s’y est manifestée en juillet et qui dure encore.
- On sait que les éruptions de lave ont lieu bien 1 Voy. il" 1007, du 17 septembre 1802, p. 250.
- rarement du cratère terminal de l’Etna, qui a 3515 mètres d’altitude : la niasse lavique, soulevée par la force d’expansion des vapeurs, exerce une pression croissante sur les parois internes, de façon que presque toujours prennent naissance des fissures, par où s’échappent les vapeurs, la lave en coulée et les morceaux et fragments de lave, qui forment les cônes secondaires. En considérant une carte topographique de ce volcan1, on voit un nombre considérable de ces cônes secondaires disséminés çà et là sur ses flancs ; ils ont été formés par les éruptions excentriques ou latérales. C’est un caractère particulier de l’Etna.
- Ces cratères adventifs sont plus nombreux sur le versant méridional de la montagne que partout ailleurs, et c’est précisément là qu’ont eu lieu les trois dernières éruptions : celle de 18852, dans laquelle l’écoulement de la lave dura seulement trois jours, l’autre plus considérable de 18863 et l’éruption actuelle, dont nous allons nous occuper.
- Le 8 juillet, à 10h 30m du soir, une colonne de fumée épaisse s’éleva du cratère terminal de l’Etna et forma le pin caractéristique. Ce panache était sillonné par des éclairs ; il persista sur la cime de la montagne environ trente minutes. 11 fut ensuite dispersé par le vent et le cratère parut rentrer dans le calme. Il s’agit ici de l’éruption centrale, qui, en général, précède les éruptions excentriques de l’Etna. Comme j’ai pu le constater dans une récente visite au cratère central, de gros blocs de laves anciennes ont été lancés sur les flancs du cône terminal par cette éruption violente, qui eut une courte durée.
- La nuit suivante, à 2h35m du matin (9 juillet), une forte secousse de tremblement de terre fut ressentie dans toute la région etnée et causa çà et là quelques petits dégâts. Ce tremblement de terre fut précédé et suivi par d’autres secousses légères, qui furent plus sensibles dans les régions élevées du côté sud de l’Etna. Le même jour, à lu 15m après midi, et du même côté de l’Etna, précisément à la base sud de la Montagnola, l’éruption de lave se manifesta, avec émission de grandes colonnes de fumée, lapilli et scories incandescentes ; des mugissements répétés se faisaient entendre. Il est à noter que la première coulée de lave n’a pas été accompagnée de secousses sensibles dans les centres habités et que cette éruption n’a été précédée par une longue série de phénomènes précurseurs.
- Le centre éruptif actuel s’est formé dans une localité située à environ 10 kilomètres du cratère central, à 18 kilomètres de Catane, à 2 kilomètres du mont Gemmellaroi, et à une altitude de 1700 à 1900 mètres (fig. 1). Le mont Carcarazzi est au nord-est du lieu de l’éruption, le mont Nero au sud et le
- 1 Voy. n° 425, du 23 juillet 1881, p. 117.
- 2 Voy. n° 515, du 14 avril 1883, p. 305.
- 3 Voy. n° 085, du 17 juillet 1886, p. 97.
- 4 En hommage à la mémoire de Carlo Gemmellaro, qui a laissé des ouvrages remarquables sur l’Etna, on a appelé ainsi le cratère formé par l’éruption de 1886.
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- la nature.
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- mont Serra Pizzuta à l’est. La lave vomie eut d’abord une vitesse relativement grande à cause de la pente qu’elle parcourait, La coulée rencontra bientôt le grïmd mont Nero et se divisa en deux bras principaux : l’un, à l’ouest 'du mont Nero, par la disposition du terrain, franchit un long chemin, à côté du courant de 1886, et le 18 juillet, la tête de la coulée se trouvait déjà à environ 7 kilomètres du centre éruptif. Le bras oriental atteignit bientôt le mont Gemmellaro et le 18 juillet il avait parcouru 6 kilomètres environ. La hauteur moyenne des courants était de 10 mètres, et leur tête de 50 à 70 mètres .de largeur. Les deux bras principaux se rejoignaient par des bras secondaires.
- Les courants de lave glissèrent d’abord sur des terrains arides, sur d’anciennes couches de lave; mais bientôt, dans des régions moins élevées, ils rencontrèrent et détruisirent de grandes surfaces de terrains" cultivés, pommeraies et vignobles. Les habitants de Nicolosi, qui, comme lies lecteurs de La Nature se le rappellent, avaient été , sérieusement menacés en 1886 de voir leurs maisons détruites, commençaient à craindre que la lave n’envahît cette fois leur petite ville. Borello et Belpasso (voir la carte, fig. 2) pouvaient aussi se considérer en danger. Heureusement la marche des coulées diminua de vitesse, en se refroidissant ; les courants nouveaux, en se superposant, ne faisaient qu’augmenter en épaisseur et se répandaient beaucoup moins.
- En compagnie de mon frère Gaetano, nous avons visité plusieurs fois les courants et le centre éruptif. Lé 17 juillet, nous nous approchâmes des cratères à la plus courte distance que nous permettait la chute des masses incandescentes. Toute la plaine à l’ouest des cratères, jusqu’à 500 mètres environ de distance était couverte des lapilli projetés dans la première période d’aetivité. Les buissons à'Astra-galus dculus, qui croissent ici en grand nombre, en étaient couverts et quelques-unes de ces plantes avaient été bridées par les scories. En nous approchant encore des bouches éruptives, nous avons observé que le sol, dans quelques endroits, était bouleversé et sillonné par de larges fissures, plus ou moins profondes, qui avaient la direction nord-sud.
- Sur une de ces crevasses était alignée une série dé'petits cratères, formés dans la première période d’activité. Ces cratères, qui se présentaient, les uns soüs la forme de reliefs du sol peu élevés, les autres sous la forme de cavités, étaient déjà inactifs et exhalaient seulement des émanations solfatariques, qui n’empêchaient pas de les examiner à toute aise.
- Le cône le plus au nord de l’éruption actuelle est constitué par une série de bouches éruptives.
- Les éruptions ont lieu presque sans trêve et ne sont pas accompagnées par des détonations fortes et distinctes, mais on entend un bruit continu, caractéristique, plus ou moins fort, semblable à celui des ondes furieuses qui se brisent contre la côte de la mer. La hauteur du premier cratère est d’environ 150 mètres; il est ébréché vers le nord (fig. 5).
- A la distance d’une centaine de mètres au sud, s’élève le cratère n° 2 (fig. 4) qui a une hauteur un peu moindre que le précédent et qui présente une forme conique régulière. Il vomit, à de petits intervalles, des masses de vapeurs mêlées à une petite quantité de sable et à des blocs et des scories beaucoup plus nombreux que dans les éruptions du cratère n° 1. Il compte aussi plusieurs bouches éruptives, mais les jets de vapeurs et de scories en ignition ont lieu principalement par la bouche centrale. 11 est intéressant d’examiner attentivement le mode de projections des gros fragments de lave pâteuse, qui s’élèvent à des hauteurs prodigieuses, laissant derrière eux un sillage de poussière ; les plus gros se séparent en l’air en deux ou trois morceaux qui retombent ensuite, la plus grande partie, sur les lianes du cône; là, ils roulent, et quelquefois se divi-1 sent encore en fragments, soulevant des traînées det poussière. Les détonations qui accompagnent les* explosions de ce cratère ont une intensité extraordinaire ; nous entendons des bruits secs et très vio-j lents, qui se propagent à de grandes distances.
- Le cratère n° 5, qui est béant vers le sud, c’est-à-dire du côté par lequel il déverse la lave en coulée1, lance presque sans interruption de grandes*, quantités de morceaux de lave incandescente qui, même en plein jour, présentent une couleur rouge sombre. Ce cratère déverse de la lave et dégage sans cesse un jet de vapeur blanche.
- Deux cratères plus petits, dans le voisinage de ceux que nous venons de décrire, lancent aussi des scories et déversent de la lave. Au sud-est, on observe de nombreuses bouches d’émission de lave, par lesquelles s’écoule la lave pâteuse ; elles jettent très rarement quelques scories à peu de hauteur.
- On sait que les cônes qui se forment par l’accumulation des matériaux éjectés, subissent, dans le cours des phases éruptives, des modifications qui en altèrent la forme. Ainsi dans une autre visite faite aux cratères le 50 juillet, nous avons observé que le cratère n° 2, qui antérieurement avait la forme d’un cône tronqué régulier, se voyait ébréché. Son bord supérieur était plus élevé du côté est, comme dans les deux autres cratères. Cela est dù au vent dominant d’ouest, qui a favorisé l’accumulation des matériaux au côté opposé..
- Des pierres en ignition étaient lancées du cratère n° 1 en plus grande quantité que lors de notre visite antérieure ; elles atteignaient une grande hauteur. Au moment où les jets de vapeurs et de poussière les plus abondants jaillissaient, j’ai observé la lueur de décharges électriques, accompagnée d’un bruit de tonnerre sec et violent.
- Le 11 août, un cratère se forma à environ
- 1 Les cratères plus hauts n° 1 et n° 2 ne lancent que des matériaux fragmentaires. Ce cratère n° 3 (ainsi que le n° 4) vomit en même temps des lambeaux de lave et de la lave en coulée. Il a, pour ainsi dire, les fonctions des cratères de déjection et des bouches d'émission de la lave, lesquelles émettent seulement de la lave en coulée.
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- Fig. 1. — L’éruption de l’Etna eu 1892. Les nouveaux cratères 1. 2, 3 et 4 vus de l’ouest-sud-ouest. a, petits cratères de la première période d’açtivité. (D’après une photographie de M. Modo.)
- 150 mètres au nord du cône n° 1, dans le point où se rencontrent les deux grandes fissures que nous avons décrites. Ge cratère commença à vomir avec violence des pierres incandescentes et une épaisse fumée. En meme temps, l’activité des cratères nos 1 et 2, cessa tout à coup; il en fut bientôt de meme du cratère n° 5.
- Dans une récente visite au théâtre de l’éruption, il nous a été possible, pendant une période de calme, d’approcher du premier cratère.
- Le 31 août, nous avons constaté qu’il était en pleine activité ; il lançait à distance des morceaux de lave et de gros blocs, pendant que d’énormes globes de fumée noire, mêlée à du sable, s’élevaient en colonnes à une grande hauteur. Le bruit qui accompagnait les explosions, était prolongé, mais peu intense.
- Onvoitqueles modifications dans l’état actuel des
- cratères de l’Etna ont été remarquables. Le groupe des cratères qui viennent de se former, par un vœu unanime de ceux qui les ont étudiés, a été désigné sous le nom de Monti Silveslri, en hommage à l'éminent volcanologue 1 qui a passé la meilleure partie de sa vie à étudier avec passion notre célèbre volcan.
- Actuellement la lave qui se déverse par les bouches d’émission ne cause pas de grands dégâts, parce que les nouvelles coulées se superposent, en grande partie, sur les premiers courants, en augmentant leur épaisseur. Un bras plus à l’est a néanmoins produit récemment des ravages, en détruisant la Casa dei cervi et les nombreux châtaigniers dans la région appelée Dagala dei cervi.
- 1 Voy. n° 900, du 30 août 1890, p. 200.
- 1ère y jk
- titelîo ° \
- C Nouveaux cratères. Lavés de 1886. CJUMU Laves de 1892.
- Fig. 2. —Carte de l’éruption de l’Etna en 1892.(Dressée par l’auteur.)
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- • Dans le cours de l’éruption actuelle, on n’a éprouvé de terre. Une secousse assez forte a été ressentie à que de rares et faibles secousses de tremblements Aciréale, le 6 septembre, à 9 heures du soir, et a
- Fig. 3. — L’éruption de l'Etna en 1892. — Le cratère n° 1 vu du nord-uord-est. — A la partie inférieure, nouveau cratère du 11 août.
- (D’après une photographie de M. Mauro Ledru, de Messine.)
- Fig. 4. — Les nouveaux cratères n** 1 et 2 vus de l’ouest le 18 juillet 1892. — A. Petit cratère de la première période d’activité.
- (D’après une photographie de M. Modo.)
- été suivie, environ deux heures après, par un autre ébranlement du sol. Ces mouvements sismiques, qui ont produit des dégâts dans plusieurs maisons de
- campagne à quelques kilomètres do la ville, embrassaient une zone très limitée.
- Une autre circonstance est à noter dans cette
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- LA IN À T U HE:
- éruption. Elle a commencé, comme celles de 188a et de 1880, à l’époque delà pleine lune. L’éruption centrale eut lieu quand la lune était près du méridien, et l’éruption excentrique lors du passage de la lune à l’antiméridien. La lave qui s’est écoulée, comme en général toutes les laves de l’Etna, est une lave basique, une dolérite. Parmi les produits fragmentaires les plus remarquables, nous mentionnerons les blocs de quartzite, qui ont été lancés par les cratères comme matériel accessoire. Ces blocs se présentent sous la forme de bombes volcaniques, ayant une couche extérieure de lave et un gros noyau de quartz. Des produits de la même nature ont été observés dans les deux précédentes éruptions (1883 et 1886), ce qui démontre que la fracture du sol traverse, dans la profondeur, des couches sous-jacentes semblables. Jean Platania,
- Aeirëate, lo septembre 1892.
- TRAMWAY ÉLECTRIQUE DE MARSEILLE
- Un tramway électrique fonctionne depuis les premiers jours de juin, à Marseille, pour desservir la rue d’Àix; le service se fait avec un grand succès.
- La ligne part de la Cannebière, gravit la rue d’Aix qui a une pente de 6 à 7 pour 100 et continue jusqu’à Saint-Louis, où se trouvent des usines et de nombreux établissements industriels.
- Elle a un développement total de 6 kilomètres, et la " différence de niveau entre les points extrêmes, est de 60 mètres environ. La voie, dans la plus grande partie du trajet, est double, ce qui facilite le trafic.
- L’usine qui produit l’énergie électrique contient trois dynamos de 100 chevaux, actionnées directement, produisant le courant qui est distribué au moyen d’un câble de fer galvanisé et de deux fils de cuivre de 4 millimètres de diamètre, suspendus au-dessus des voies.
- Les voitures reçoivent le courant par le moyen d’une poulie de contact placée à l’extrémité d’une sorte de perche qui est maintenue presque verticale par un ressort disposé sur la voiture.
- Chaque essieu est actionné par une dynamo, au moyen d’une vis sans fin et d’une roue hélicoïdale.
- La vitesse peut atteindre 15 kilomètres par heure.
- La voiture, à vide, pèse 10 tonnes et, chargée, environ 15 tonnes; elle prend une puissance moyenne de 25 chevaux électriques, pendant quelques instants, pour la montée de la rue d’Aix.
- LES ANCÊTRES DE LA YIGNE
- L'histoire de l’évolution de la vigne à travers les âges géologiques est des plus curieuses. Aujourd’hui surtout que les viticulteurs les moins expérimentés s’occupent et parlent de vignes américaines et françaises, de vignes résistant au Phylloxéra ou succombant à ses attaques, cette question ne peut manquer d’intéresser les lecteurs de La Nature. Des travaux très sérieux, émanant des maîtres les plus incontestés, ont été publiés déjà dans des mémoires originaux que nous allons analyser.
- Il est absolument certain que le genre Vitis a eu ses premiers représentants vivants en Europe a l’époque Eocène, alors que, par l’apparition de très nombreuses formes de plantes dicotylédones angiospermes, de nombreux mammifères placentaires, de véritables oiseaux et de poissons osseux, la llore et la faune se rapprochaient de plus en plus de la llore et de la faune actuelles et que les terres et les mers prenaient un aspect de plus en plus semblable à celui qu’elles présentent aujourd’hui. j
- C’est dans les formations calcaires de Sézanne, en Champagne, rapportées par les géologues au Paléocène, que M. Munier-Chalmas a découvert des empreintes bien conservées et bien reconnaissables d’ampélidées authentiques, de Cissus et de Vitis proprement dits. A côté du Cissuspriniivera, Sap., à feuilles simples, presque entières, subcordiforrntfe' deltoïdes, à dents marginales anguleuses et faible-* ment prononcées, rappelant les Cissus de l’Afrique australe et de l’île Maurice, M. Chaînais a découvert' la tige sarmenteuse, les vrilles et les feuilles d’une' vigne à laquelle M. le marquis de Saporfa a donné; le nom de Vitis Sezannensis. Cette vigne, à feuilles de différentes formes, présente deux variétés : V. Du-*, taillyï, Mun.-Chalm. et V. B'atbiani, Lém. (îig.*l, 2, 5 et 4). - ...... ' *
- Par la forme générale des feuilles et celle de leur hase, par les nervures secondaires et. les dents marginales/ V. Sezannensis et ses variétés se rapprochent beaucoup plus du type des espèces de vignes' américaines fossiles ou actuelles (principalement du V. riparia, Michx et de ses variétés V. cordifolia et V. odoratissima) que de celui dont les formes, très variées, sont ou non cultivées en Europe (F. vi-nifera). Mais, en dehors de la forme des feuilles, qui, par elle-même, enlève toute hésitation dans la-| détermination du genre, l’aspect et les stries de la* tige, les cicatrices laissées par les feuilles et les rameaux désarticulés, et enfin les vrilles, montrent bien que l’Ampélidée des calcaires de Sézanne est une véritable vigne. D’ailleurs, mis en regard du. V. vinifera spontané, le V. Sezannensis n’est pas; sans analogie avec les formes peu incisées, celles de la Chiffa, par exemple. Il est tellement caractéristique; que nous devons le considérer .comme un ancêtre de notre V. vinifera. Dans l’état actuel de la science, nous sommes même induit à le regarder comme son plus ancien progéniteur.
- De ce que nous savons de notre V. vinifera d’Europe et d’Asie, il nous sera bien permis de dire que le V. Sezannensis aimait aussi les collines.
- ................ . . denique apertos j
- Bacchus amat colles ...... ..
- et qu’il ne s’éloignait pas trop des coteaux ensoleillés,: si recherchés par ses nombreux descendants actuels. Le V. Sezannensis ne se rencontre pourtant pas dans les flores suivantes; c’est que, ami des fraîches vallées montagneuses, il a dù y demeurer longtemps confiné : on sait que la période la plus chaude qu’ait traversée l’Europe correspond à l’Eocène supérieur.
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- Pour trouver d’autres débris fossiles de la vigne et avoir un témoignage certain de son existence après F. Sezannensis, il faut remonter aux dépôts formés pendant la période miocène. Ainsi, dans les tufs de Vesoul, dépôt travertineux de la même nature que celui de Sézanne, M. Bertrand a rencontré les feuilles d’une vigne (F. sequanensis, Sap., fig. 5) fort différente du F. Sezannensis ; le F. sequanensis ressemble plutôt au F. rotundifolia, Mich. et au F. californien, Benth. Les vraies vignes ou Euvitis ne seraient donc apparues que tardivement sur le sol européen, soit à la faveur d’un abaissement de la température, soit à la faveur d’une émigration des régions montagneuses vers la plaine : « les vraies vignes doivent être considérées comme des plantes originaires des vallées escarpées et des régions acci-dftntées qu’elles auraient quittées ensuite pour redescendre dans la plaine, sans cesser pourtant de fréquenter de préférence le voisinage des grandes chaînes 1 ».
- Pendant la période miocène, grâce à un climat uniformément et modérément chaud, comparé, par 0. Heer, à celui de Madère, la végétation a atteint une splendeur que notre globe, ou du moins notre continent, n’avait pas eu auparavant et n’aura peut-être plus jamais 2. Des conditions de climat aussi favorables et aussi particulières ont permis au type générique Vitis, non plus limité à une seule espèce, comme dans l’Eocène, de multiplier ses formes spécifiques et d’étendre son aire de diffusion jusqu’aux côtes, aujourd’hui inhospitalières et glacées, de l’Islande, du Groenland et de la péninsule d’Alaska. L’Islande possédait V. islandica, Heer, recueilli à Brjamslack; le Groenland, le V. Olriki, Heer et le V. arctica, Heer, trouvés à Atanekerdluk; la péninsule d’Alaska, le V. crenata, Heer. L’Allemagne, la France et la Suisse possédaient V. britannica, Heer, V. Hookeri, Heer, V. Sequanensis, Sap., V. Viva-riensis, Boul. et V. teutonica, Braun, toutes formes qui se rattachaient également au type des vignes américaines actuelles.
- La première forme de transition entre le type américain et le type européo-asiatique du F. vinifera se décèle avec l’apparition de F. Ludwigii, Braun, des lignites de Üorheim, en Wettéravie, et de F. Braunii, Ludw., de Salzhausen. Mais cette transition s’accentue davantage avec le F. prævinifera, Sap. (fig. 6), trouvé dans les couches miocènes plus récentes du mont ChàYray (Ardèche). V.prævinifera, en effet, est la plus ancienne vigne connue à feuilles incisées, tri-quinquélobées. Aussi M. Gadeau de Ker-ville déclare-t-il que « le F. prævinifera est, sinon un ancêtre direct de notre vigne, du moins un prédécesseur et un collatéral de celle-ci. Ce F. prævinifera faisait visiblement partie d’un groupe de formes dont le F. vinifera est lui-même le descendant. » Le progrès de l’évolution des formes du genre Vitis
- 1 G. de Saporta et Marion. — L’évolution du règne végétal (Phanérogames), t. II, p. 173.
- 2 0. Heer. — Die Urwelt der Schweiz.
- vers le type spécifique vinifera se confirme encore plus clairement avec le F. Tokayensis, trouvé à Erdobenye, en Hongrie. Ce dernier avait des feuilles à lobes inférieurs plus allongés que chez le précédent ; toutefois ces lobes ne recouvraient pas le pétiole.
- Si l’évolution de la forme typique américaine vers, la forme européenne s’est manifestée d’une manière bien évidente, il ne s’en est pas moins toujours produit des formes du type primitivement apparu, auquel se rattachent les espèces européennes et américaines des périodes éocène et miocène. Ainsi le F. subintegra, Sap. (fig. 7), récolté dans lescinérites du pliocène inférieur du Cantal, montre des rapports étroits de parenté avec les formes américaines, alors que le F. Salyorum, Sap. et Mar. (fig. 8) des tufs pliocènes de la Yalentine, près de Marseille, associé aux derniers palmiers indigènes du midi de la France, se rattache très visiblement au F. vinifera dont il ne diffère que par ses feuilles lobées-angu-leuses, mais non découpées, et par le faible développement de la base, échancrée plutôt que cordiforme.
- A la base des formations sédimentaires quaternaires, dans les travertins de Meyrargues, en Provence, et dans ceux de Castelnau et Gasconnet, près de Montpellier, se trouvent des feuilles fossiles d’une vigne (F. vinifera diluviana) (fig. 9) qui peut être considérée comme intermédiaire entre le F. s«r lyorum pliocène et le F. vinifera actuel.
- Ainsi donc, petit à petit, grâce à une évolution incessante et à de légères mais continuelles transformations, dues aux changements du rtiilieu extérieur, les formes du genre Vitis, issues de celle qui a été désignée sous le nom spécifique de Sezannensis et qui est douée de caractères propres bien définis, se sont transformées en cette autre qui, à part de petites différences qui n’en font que de simples variétés, constitue l’espèce dite F. vinifera, de l’accord unanime de tous les botanistes. Alors même que la vigne pliocène aurait persisté jusque dans l’âge quaternaire, il est impossible de révoquer en doute, à cette même époque quaternaire, et peut-être même auparavant, la présence en Europe du véritable F. vinifera. Notre vigne, bien caractérisée, se montre en effet dans les travertins toscans de San Vivaldo, de Pioggio à Montone, de Galleraje et de Val d’Era. Ici l’identité est complète; il en est de même des empreintes extraites des tufs de Montpellier, par G. Planchon, et des travertins quaternaires de San Mario et de Fiano Romano, par H. Clerici. On conçoit d’ailleurs facilement que le F. vinifera favorisé par la culture ait finalement remplacé ou absorbé, à l’aide du métissage, toutes les races locales qui auraient eu la chance de survivre aux événements.
- Si donc le F. vinifera existait dès les premiers commencements de l’époque quaternaire, dans le midi de la France, en Suisse, en Italie et très probablement dans d’autres pays limitrophes de l’Europe, il ne serait pas trop téméraire d’affirmer que son apparition sur la terre a précédé celle de l’homme. Et l’orgueil humain, qui se plaît à proclamer que
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- tout ce qui existe a été créé pour son service et pour son plaisir, pourra encore soutenir que le V. vinifera était déjà une espèce végétale bien définie, répandue pour fêter son arrivée et pour lui rendre la vie plus joyeuse avec la liqueur qu’elle fournit. Le savant Viennois Endlicher n’a-t-il pas dit, en parlant de la vigne, qu’elle a été ab antiquissimis temporibus in singulare mortalium gentis sola-tium electa, c’est-à-dire choisie et cultivée par l’Homme, dès les temps les plus reculés, comme lui apportant le principal soulagement de ses misères, ou, si l’on veut, le plus agréable de tous les délassements?
- Certaines empreintes de feuilles de V. vinifera, trouvées dans les environs de Paris, dans les formations que les géologues ont qualifiées de postglaciaires, feraient croire, avec leur faciès de feuilles de Figuier et de Laurier des Canaries, que notre vigne a pu supporter sans danger la période glaciaire et qu’elle aurait conservé l’aire de diffusion qu’elle présentait pendant la période préglaciaire, à l’âge de pierre.
- Ce qu’on peut affirmer franchement, c’est qu’à l’âge suivant, à l’âge de bronze, l’homme cultivait la vigne ou, tout au moins, se nourrissait des fruits de vignes sauvages. Ce fait est démontré par les pépins découverts dans les restes des habitations lacustres de la Suisse et dans ceux des palafittes des lacs de Lombardie et des marais de l’Emilie.
- Dans un travail sur les plantes des palafittes, travail aussi magistral que ceux qu’il a publiés sur une foule d’autres sujets et que nous devons à la fécondité intarissable de son puissant génie, 0. Heer a cru pouvoir distinguer, parmi ces pépins carbonisés, ceux de F. vinifera cultivé et ceux de la même espèce à l’état sauvage1.
- On se demandera peut-être quels furent les progéniteurs du genre Vitis; de quelles autres formes végétales il descend ; quels sont les anciens parents du F. Sezannensis.
- Si, à l’aide du raisonnement et des échantillons
- *. 0. Heer. — Die Pflanzeu der Pfahlbautcn.
- recueillis, nous recherchons quelles étaient, dans la période crétacée précédant l’éocène, les plantes qui. se rapprochaient le plus du genre Vitis, nous pourrons admettre, sans être taxé d’exagération, que ce dernier dérive, par modifications lentes et succès-, sives, du genre Cissus dont il diffère peu. Quelques auteurs ont d’ailleurs réuni les deux genres en un seul, qui fait partie de la tribu des Sarmentace'es ou Vinifères, et qui a ses représentants dans les formations crétacées du Groenland, comme il les avait dans les couches paléocènes de Sézanne et dans les couches plus récentes d’autres régions européennes. Mais, pendant la période quaternaire, ce genre émigra définitivement en Amérique, où il a donné naissance aux vignes que nous appelons américaines, si distinctes des vignes européennes et asiatiques.
- Un mot encore sur une particu-? larité curieuse qui résulte de l’étude des restes de vignes fossiles.
- Il y a quelques années, sur une feuille de Vitis du calcaire paléocènè de Sézanne qu’il examina consciencieusement, V. Lemoine1 put observer, à proxi-, mité d’une nervure secondaire, une dépression correspondant à une saillie de la page inférieure. Le moule de cette dépression —. masse arondie et mamelonnée —, offrait la plus grande analogie, comme forme extérieure du moins, avec les galles phylloxériques qui s’observent si fréquemment sur les vignes américaines actuelles., Ce rapprochement, fait sous toute réserve, n’autorise-t-il pas à supposer que, depuis les temps les plus reculés, les vignes du type américain, les seules alors, vivantes sur le continent européen, étaient déjà attaquées par le Phylloxéra ou par un autre insecte producteur de galles sur leurs feuilles? Quoi qu’il en soit,: qu’il s’agisse ou non de Phylloxéra, il est évident que la vigne, dès sa première apparition parmi les espèces végétales, était destinée à être victime des attaques de nombreux et implacables ennemis, prêts à en diminuer et à en menacer l’existence.
- A. PlCAUD, .5 Maître-Répétiteur au lycée de Grenoble.
- 1 V. Lemoine. — La vigne en Champagne pendant les temps géologiques, 1884.
- Fig. 1 à 9. — Feuilles de vignes fossiles. — 1 à 4. Vitis Sezannensis, Sap., des tufs de Sézauue : 1. Feuille normale répondant au V. Dutaillyi, Mun.-Chalm. —2. Autre feuille plus courte correspondant au V. Balbiani, Leni. — 3. Fragment de cep avec cicatrice d’un rameau tombé. — 4. Fragments de vrilles. — 5. Vitis prævinifera, Sap., du gisement de Cliarray (Ardèche). — 6. Vitis Sequanensis, Sap., des tufs miocènes de Vesoul. — 7. Vitis subintegra, Sap., du pliocène inférieur du Cantal. — 8. Vitis Salyorum, Sap. et Mar., des tufs pliocènes des environs de Marseille. — 9. Vitis vinifera dituviana, des tufs quaternaires de Meyrargucs.
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- UN PHOSPHOROSCOPE À ÉTINCELLES
- Tout le monde connaît le phosphoroscope de Becquerel, l'ingénieux instrument qui permet d’éclairer vivement une parcelle d’un corps phosphorescent et de l’observer après un temps très court, une fraction de millième de seconde, par exemple; dans la plupart des cas, tandis que toute trace de la lumière excitatrice a disparu, le corps observé jette encore une vive clarté. L’appareil de Becquerel est destiné à utiliser la lumière du soleil; mais il est intéressant d’étudier la phosphorescence excitée par la lumière de l’étincelle électrique, très riche en rayons ultraviolets. M. Lenard a imaginé, dans ce but, un phosphoroscope que chacun pourra construire en utilisant les ressources ordinaires d’un laboratoire.
- Fixons, à l’armature d’un interrupteur de Foucault, actionnant une bobine de Ruhmkorff, une baguette de bois de 50 centimètres, portant à son extrémité un morceau de carton mince noirci (fig. ci-contre).Dans l’oscillation de l’interrupteur, le papier couvrira et découvrira alternativement les bornes entre les-quelles éclate l’étincelle; l’appareil est réglé de telle façon que celle-ci se produit au moment où l’intervalle va être découvert.
- L’étincelle est rendue courte et brillante à l’aide d’un condensateur intercalé dans le secondaire de la bobine. Le corps à examiner est placé très près derrière l’étincelle, de telle sorte qu’il est découvert très peu de temps après l’éclatement.
- Dans ces conditions, on peut observer divers phénomènes curieux. La courte durée de l’étincelle fait paraître l’écran au repos ; et, quelques millièmes de seconde plus tard, on aperçoit un corps lumineux derrière l’endroit qu’il occupait, de telle sorte qu’à première vue on pourrait croire l’écran opaque pour l’étincelle, transparent pour la lumière phosphorescente: il est évident qu’il n’en est rien et que l’observateur est l’objet d’une des nombreuses illusions d’optique dues à la persistance des impressions lumineuses. Ouvrons ici une courte parenthèse : on voyait souvent il y a quelques années, plus rarement aujourd’hui, des machines dynamos dont les balais donnaient des étincelles suffisantes pour permettre de distinguer nettement les objets voisins. Ces étin-
- celles se produisent à l’instant où le balai passe d’une lame à l’autre du collecteur ; entre une étincelle et la suivante, l’induit a tourné d’un de ses secteurs et présente le suivant, qui est identique à celui qu’on vient de voir; on revoit donc toujours l’induit dans la même position, en sorte qu’il semble immobile; mais si nous déplaçons le balai, les étincelles le suivent, et l’induit paraît marcher lentement en avant ou en arrière, avec la vitesse angulaire avec laquelle l’extrémité du balai décrit le pourtour du collecteur.
- Revenons au phosphoroscope.
- Certains corps, les divers carbonates de chaux, par exemple, se comportent d’une façon à peu près semblable dans l’appareil de Becquerel et dans celui de M. Lenard ; quelques-uns sont favorisés dans le premier; en revanche, des cristaux d’arragonite, invisibles apres l’éclairage solaire, donnent une faible lumière rougeâtre après l’étincelle. La durée de la
- phosphorescence est si courte dans le verre d’urane que les premières parties découvertes sont très lumineuses, les autres beaucoup moins. Le verre donne une lumière violette ; il est facile de montrer aussi qu’il arrête une partie des rayons actifs. Plaçons dans deux verres de montre des pastilles égales de sulfure de calcium cuprique, recouvertes respectivement d’une plaque de quartz et d’une plaque de verre de 3 millimètres; la première, étant treize fois plus loin de la source que la seconde, donnera la même phos phorescence. L'effet de l’étincelle, après la plaque de verre, n’est donc que 1/170 (c’est-à-dire 1/132) en-environ de l’effet total, en admettant que la quantité absorbée par le quartz soit insignifiante, ce que l’on a démontré depuis longtemps. Quant au verre, sa transparence, qui nous est si précieuse et constitue pour nous sa principale qualité, ne provient pas de ce que la petite région du spectre dans laquelle notre œil est sensible à la lumière est aussi celle qu’il n’absorbe pas ; il arrête presque toutes les ondes courtes et une bonne partie des plus longues. Le phosphoroscope nous offre, comme nous venons de le dire, un moyen très simple de le démontrer.
- Les résultats les plus singuliers sont fournis par une substance remarquable, l’asaron. Dans un tube de Crookes, ce corps donne une vive lumière; il donne aussi une lueur bien nette dans le spectre
- Phosphoroscope à étincelles de M. Lenard.
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- LÀ NATURE.
- ultraviolet de l’étincelle ; mais, vu au phosphoro-scope, il reste absolument obscur; le mouvement vibratoire s’arrête donc aussitôt que cesse l’excitation. C.-E.-G.
- FOUDRE GLOBULAIRE
- Le 21 septembre, à Salies-de-Béarn, on a pu constater un cas de foudre en boule. Une température humide et chaude régnait depuis deux jours et le ciel envahi par le brouillard s’était assombri lentement. Vers 8 heures du soir, les éclairs se manifestent à l’horizon et arrivent très vite sur notre tête. Après un intervalle notable, une étonnante illumination, vraiment exceptionnelle, se produit et le fracas brusque et sec d’un formidable coup de tonnerre retentit. La foudre tombe sur une cheminée du centre de la vieille ville et y met le feu.
- Or, voici ce qui s’élait passé en même temps à 150 mètres de ce point, sur la hauteur, à l’hôtel du Château. Dans une chambre exposée au nord, c’est-à-dire tournant le dos à Salies, la fenêtre ouverte, la porte fermée, un globe de feu jaunâtre, pétillant, rase le balcon, descend sur le parquet, au milieu de la pièce, s’y agite en ronds capricieux, puis s’élance avec plus de rectitude qu’en arrivant et repasse par la fenêtre, mais vers le haut. Cette apparition avait coïncidé avec une vive lueur et cependant, à l’instant même où le feu disparaissait, l’éclair éblouissant se produisait; tout cela s’était passé pendant un laps de temps excessivement court.
- Une femme de chambre et un jeune homme, le petit-fils des Àrago par sa mère, le fils du grand peintre Benjamin Constant, se trouvaient dans la pièce. La bonne a seule vu distinctement les phases du phénomène. Je me ** hâte de dire qu’elle n’avait jamais entendu parler des éclairs en boule. Ces personnes n’ont éprouvé aucune secousse, n’ont senti aucune odeur particulière.
- À ce même moment, je me trouvais en voiture sur la pente qui conduit au château (côté sud), lorsque jaillit l’éclair. Un des chevaux s’abattit de telle manière que le conducteur trompé s’écria : Il est mort ! Au bas de la colline, M. M.... était jeté par terre sans qu’il pût s’expliquer comment. Ne sont-ce pas là des effets du choc en retour?
- La pluie tombait sans abondance exceptionnelle. L'orage s’est rapidement éloigné, mais il a recommencé la nuit et le matin. ' E. C.
- ——
- CHRONIQUE
- Le pomivalorimètre. — La culture du pommier a pris une extension considérable depuis une dizaine d’années et tout indique que cet élan ne se ralentira pas de sitôt. Il est bien de planter, mais à la condition de planter de bonnes espèces possédant une valeur réelle, capables de donner, pour la même somme dépensée, un produit d’une qualité supérieure et plus rémunératrice. Le choix, la sélection des espèces à cidre s’imposant donc et devant se faire sur leur valeur, comment apprécier celle-ci ? La valeur d’un fruit, en thèse générale, résulte de la réunion maximum de trois principes : sucre, tanin et parfum, et de la présence minimum de deux autres : matières pec-tiques et acidité. Parmi tous ceux-ci, les sucres occupent à bon droit le premier rang, puisque c’est d’eux que provient le facteur le plus important du cidre : Yalcool. En dehors de l’analyse directe établissant la quantité exacte de tous les principes contenus dans le jus, sauf le parfum,
- c’est donc le poids du. sucre qu’il importe de déterminer. L’aréomètre Baume, le densimètre de Gay-Lussac, en indiquant la densité du jus de pommes, donnent la valeur abstraite d’une variété et permettent d’inférer que la richesse saccharine et la qualité du jus augmentent avec le poids spécifique; mais c’est tout. Pour en savoir davantage, il faut recourir à des tables, et encore celles-ci ne donnent-elles que le poids du sucre et non la valeur de l’espèce. Ces instruments gradués pour des besoins généraux s’appliquent tout aussi bien au moût du raisin, à la bière, au lait qu’au jus de pommes. Il restait par conséquent une lacune à combler, un instrument à construire qui fût réellement pratique, indiquant, à la fois, la densité du jus, le poids du sucre total par litre et la qualité de l’espèce : le Pomivalorimètre, nouvellement construit par M. Dujardin, est cet instrument et son point d’affleurement répond à ces exigences. Le Pomivalorimètre, en tant que graduation, correspond à l’échelle densimétrique de Gay-Lussac ; scs deux points extrêmes sont 1047 et 1095. Si le constructeur a choisi ces deux densités, c’est que la première répond à la moyenne saccharine : 100 grammes, au-dessous de laquelle on ne devrait cultiver aucune variété, et que la seconde est un maximum qui n’est pas souvent atteint et rarement dépassé. L’un des côtés de la tige est consacré exclusivement à la graduation densimétrique ; l’autre, à la quantité pondérable de sucre renfermée dans un litre de jus correspondant à chaque degré de la densité, et au classement de la valeur des espèces. Des nuances différentes facilitent la distinction de chacune de ces catégories ; ajoutons que cet instrument peut flotter dans 100 centimètres cubes de moût, ce qui représente le jus de quelques pommes et permet d’opérer sur de petits échantillons.
- Le coton dans le monde. — 11 n’est pas d’industrie qui ait pris semblable développement à celle du coton : on estime qu’en 1889 il a été produit et manufacturé dans le monde entier 11 400 000 balles de cette matière (balles uniformes du poids de 400 livres anglaises), ce qui fait 2 milliards de kilogrammes; tandis qu’en 1870, le total n’en avait été que de 6 200 000 balles, ce qui représente une augmentation de 85 pour 100 en moins de vingt années. Le grand producteur, c’est l’Amérique du Nord, qui fournit actuellement 7 millions de balles; les Indes orientales en donnent 2 millions et demi; l’Egypte, l’Amérique du Sud et l’Asie Mineure, ont produit le reste. Quelques chiffres vont rapidement nous montrer quel est le progrès industriel de chaque pays du globe au point de vue des manufactures de coton. En 1870, l’Angleterre transformait 5013000 balles; aujourd’hui, elle en transforme 3770000 (augmentation de 25 pour 100); le reste de l’Europe continentale a vu monter sa production de 1962000 à 4069000 balles, en accroissement de 110 pour 100, L’accroissement de cette même production a été de 140 pour 100 aux Etats-Unis; en 1870, 1116000 balles mises en œuvre, en 1889, 2 692000. Enfin l’exemple le plus remarquable du développement de l’industrie cotonnière, nous le trouvons aux Indes orientales, qui deviendront rapidement de redoutables concurrentes pour les anciens pays manufacturiers : en 1870, les Indes ne manufacturaient que 87 000 balles de coton, chiffre dérisoire; en 1889, elles en ont transformé 891000, ce qui correspond à une augmentation de 1015 pour 100.
- Effet du gaz d’éclairage sur le papier. — Le
- gaz d’éclairage a-t-il, comme on le croit généralement, un effet néfaste sur la couleur du papier? Un savant Aile-
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- maml, M. Wiesner, a fait, à ce sujet, des expériences intéressantes à relater, car la question a une grande importance en ce qui concerne les trésors précieux de nos bibliothèques. II avait précédemment observé que du papier à pâte de bois, exposé pendant quatre mois, à 75 centimètres d'un bec de gaz de huit bougies, n’avait pas plus été décoloré qu’après deux heures d’exposition directe au soleil. Il a exposé ce même papier, le plus répandu pour les publications actuelles, dans une chambre éclairée au gaz et mal ventilée : après 5400 heures d'exposition* la température n’ayant pas dépassé 21 degrés centigrades, il reconnut que les gaz non brûlés, seuls ou mélangés à de l’oxygène, n’avaient eu aucune action sur le papier. Des bandes de papiers ont été ensuite exposées dans une chambre si mal aérée que le pouvoir éclairant du gaz était visiblement diminué, et ces bandes étaient soustraites à la lumière par un écran, pendant que d’autres, identiques, placées dans des tubes de verre, recevaient directement l’éclat de la flamme du gaz. Au bout de cinq mois, les bandes exposées à l’air libre étaient recouvertes d’une couche brune de suie ; celles placées dans lps tubes de verre étaient restées blanches pour le papier de fil et jaunies à peine pour le papier à pâte de bois. M. Wiesner conclut que l’éclairage au gaz peut être maintenu/sans danger de détérioration pour les livres, dans ïéfe bibliothèques. Il ( va sans dire que cette conclusion û’ëxclut pas l’emploi dé la lumière électrique qui, sans influer plus que le gaz sur l’état physique et la coloration du papier, a sur lui l’avantage de réduire dans une très forte proportion les risques d’incendie.
- L’action des huiles de graissage sur les divers métaux. — D’après le journal anglais ihe Iron industries, on n’attache pas assez d’importance au choix des huiles de graissage, en ce sens que l’on doit varier les lubrifiants suivant les surfaces métalliques avec lesquelles jls,sont appelés à être en contact; et notre confrère cite des expériences intéressantes à ce sujet. En premier lieu, le fer ne semble que peu attaqué par l’huile de phoque et beaucoup par l’huile de suif. Pour le plomb, l’huile d’olive est sans inconvénient, mais c’est tout le contraire pour l’huile de baleine, ainsi que pour les lubrifiants extraits du lard et du spermacéti; l’action des huiles minérales est très forte, très faible au contraire celle des graines de coton. Pour le laiton les huiles les moins préjudiciables sont les huiles minérales et en deuxième lieu l’huile de colza, puis viennent l’huile de phoque, l’huile de coton, l’huile de spermacéti, l’huile de baleine ; mais il en est tout autrement de l’huile d’olive. Pour l’étain on peut employer sans aucun inconvénient l’huile de colza ou de baleine, et à un moindre degré l’huile d’olive, de suif, tandis que l’huile de coton est très mauvaise. Les huiles minérales de graissage n’ont aucune action sur le zinc, les lubrifiants tirés du lard en ont peu, tandis que ceux du suif et du spermacéti sont très mauvais. Quant au cuivre, l’action des huiles minérales est absolument nulle; on peut recourir, mais aussi peu que possible, à l’huile de lard; il faut se garder de lubrifier avec des huiles d’olive, de colza et de suif. Le spécialiste auquel nous empruntons ces expériences conclut en conseillant les huiles minérales, et en recommandant d’éviter l’usage du suif. Nous ne prenons pas la responsabilité de ces affirmations, mais il est certain que dans l’industrie mécanique il est de toute importance de pousser à fond cette étude.
- Les crabes migrateurs. — Dans les Indes occidentales, on trouve des crabes qui sont à la fois marins
- et terrestres. Ces crustacés, d'après la Revue des tciences naturelles appliquées, se reproduisent toujours dans la mer. Mais, à l’état adulte, ils fréquentent les rivages, et, semblables aux poissons du déluge de Deucalion dont nous parle Horace, ils gagnent les sommets des hautes montagnes. Une fois par an, un instinct curieux les guide, car on les voit émigrer par milliers vers la mer où ils vont pondre. Ils arrivent jusque dans la rade de Port-Royal (Jamaïque). On profite de ces passages des crabes poulies capturer. Beaucoup contiennent de magnifiques coraux. Leur chair est en outre très estimée aux Antilles, On les prépare chauds avec de la panure, en les laissant enveloppés dans leur carapace rouge ; ils fournissent ua mets excellent. Ceux qui ont échappé vont se reproduire en mer. Leurs jeunes y traverseront une période larvaire où ils nageront librement, pour passer ensuite à un stage d’eau douce et terrestre.
- La liquation et l’analyse des métaux précieux. — M. Ed. Matthev a récemment communiqué à la Société royale de Londres les résultats d’expériences sur la liquation des métaux qui, en dehors de leur importance théorique, présentent un réel intérêt au point de vue du contrôle des métaux précieux. Pour la plupart des mélanges de deux métaux, il existe une proportion déterminée qui correspond à une véritable combinaison et qui reste homogène en se refroidissant ; dans les autres cas, il se forme des alliages divers, dont les plus fusibles se portent à l’extérieur, tandis que le centre de la masse contient une plus forte proportion moins fusible des deux métaux. L’alliage argent-cuivre à 718 pour 1000 d’argent est homogène, tandis que dans l’alliage monétaire l’argent se porte de préférence à l’intérieur; l’essai sur des échantillons pris à la surface donnera donc un résultat défavorable au lingot. Les alliages 5 platine, 1 or. vu l’alliage correspondant à la formule Au Al2, ont le caractère de combinaisons, car ils sont parfaitement homogènes. L’alliage 9 platine, 1 rhodium, est aussi d’une grande régularité. L’étude des alliages de l’or avec les métaux de la mine de platine présente un grand intérêt, par le fait que ces métaux sont souvent associés à l’état natif; l’analyse des lingots, qui. fixe leur valeur, ne donne des résultats exacts que dans certaines conditions,
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 26 septembre 1892. — Présidence de M. Ddchartre.
- Un nouveau système de coordonnées géographiques, — On sait que la position d’un point à la surface du globe terrestre est définie par deux arcs de cercle abaissés perpendiculairement de ce point, l’un sur l’équateur, l’autre sur un certain méridien pris comme origine. Le premier de ces arcs est une fraction de grand cercle, le second une portion de petit cercle dont le pôle coïncide avec le pôle terrestre. M. Hatt propose de remplacer ce système de coordonnées, dont l’origine paraît remonter à Hipp-ar que, par un système assez analogue à celui qu’en géométrie analytique à deux dimensions, on appelle coordonnées polaires. Étant donnés, un point fondamental A dont la position absolue est supposée connue très exactement par des observations astronomiques, et un point B, il considère le grand cercle de la sphère passant par A et B, puis sur cet arc de cercle, il porte à partir de A une longueur égale à la distance AB. Il est à remarquer que l’angle du plan de ce grand cercle avec le plan méridien origine, est ce que l’on appelle en géodésie l’azimut du point B sur
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- l’horizon de A. L’innovation introduite revient donc à choisir pour coordonnées l’azimut et la distance des deux points. En appliquant les formules de la trigonométrie sphérique aux triangles sphériques que l’on peut former en joignant le point origine aux points B, C, I), etc., on calcule successivement les différents azimuts des points B, C, D, ainsi que leurs distances au point origine. Cette manière de procéder offre l’avantage, selon M. Bouquet de la Grye, lorsque le dernier sommet de la triangulation peut être atteint par deux enchaînements différents, d’indiquer immédiatement l’écart entre les deux positions obtenues pour ce point extrême et de fournir ainsi un critérium certain de l’exactitude des opérations, tandis que le simple calcul des deux séries de triangles tracés sur le sol, conduit à calculer deux valeurs pour un même côté. C’est de la concordance plus ou moins satisfaisante de ces deux valeurs, que l’on tire un témoignage de la perfection des opérations. M. Hatt a appliqué sa méthode à la triangulation de la Corse, que vient d’achever le service hydrographique. — M. Hatt présente encore une Note sur la compensation du tour cl'horizon. Cette question a déjà été traitée par les géodésiens qui ont appliqué le calcul des probabilités à la géodésie. D’après M. Bouquet de la Grye, l’auteur aurait étudié cette question d’une manière beaucoup plus complète.
- Le choléra en Perse. — Une lettre de M. le DrTho-lozan, datée du 18 août à Téhéran, annonce que depuis quinze jours, le choléra sévit avec intensité en Perse. M. Tho-lozan a dressé un diagramme montrant la marche du fléau dans ce pays.
- Varia. — M. Peroche a recherché l’effet de la précession des équinoxes sur la quantité de chaleur reçue par chacune des deux régions polaires. Ch. de Villedeuil.
- RÉCRÉATIONS SCIENTIFIQUES
- GONFLEMENT d’üN BALLON
- Les balles, petites ou grosses, qui consistent en un ballon de caoutchouc protégé par une enveloppe de cuir se dégonflent peu à peu, et perdent ainsi toute leur élasticité ; à partir de ce moment, elles sont hors d'usage si l’on ne possède les moyens de les regonfler. Il faut alors dénouer avec précaution le caoutchouc qui serre leur tubulure, y réintroduire de l’air sous pression et les refermer : la pression que l’on peut exercer avec les poumons est loin de suffire, et, à défaut de pompe refoulante, on en est réduit à chercher un dispositif qui
- puisse remplacer cet instrument. Nous décrirons ici la petite installation qui nous sert dans ce but ; elle est, pensons-nous, à la portée de chacun, et pourra rendre service à quelques-uns de nos jeunes lecteurs.
- Une bouteille de bonne qualité est munie d’un bouchon ficelé, dans lequel nous avons percé trois trous, destinés à recevoir trois tubes de verre: l’un atteint le fond de la bouteille ; le second est provisoirement bouché ; le troisième a été étiré et bordé à la lampe afin de n’avoir aucun angle vif ; le premier est mis en communication avec la conduite d’eau ; c’est au troisième que l’on attache solidement le ballon à regonfler. Cela fait, on laisse arriver, dans la bouteille, l’eau de la conduite, qui refoule, dans le ballon, l’air sous pression ; on ferme alors le robinet, quand on juge le ballon assez tendu ; mais, si le contenu entier de la bouteille est insuffisant, on ferme le robinet un peu avant qu’elle soit pleine d’eau; on fait au ballon une ligature provisoire, puis on détache le caoutchouc de la conduite, et on laisse écouler le contenu de la bouteille, après avoir ouvert le tube n° 2. On recommence la première opération, en ayant soin de ne rouvrir le ballon qu’après avoir laissé pénétrer un peu d’eau dans la bouteille. Si l’on possède un robinet, on le placera entre le tube 3 et le ballon, et l’on évitera ainsi de rattacher celui-ci avant la fin de l’opération.
- Pour introduire du gaz d’éclairage dans les ballons de caoutchouc, il suffira de l’amener au tube n° 2 ; la bouteille étant d’abord pleine d’eau, et le ballon vide d’air, on siphonera, en laissant entrer le gaz, puis on fermera le robinet de celui-ci, et on refoulera le gaz en laissant rentrer l’eau. Cette opération paraît compliquée ; en réalité, il faut moins de temps pour l’exécuter que pour la décrire. Notre figure I m antre la disposition de l’appareil pour la compression de l’air; dans la figure 2 on vidp la bouteille afin de donner ce qu’on pourrait appeler un second coup de piston ; la figure 3 représente l’ensemble de l’installation pour gonfler un ballon avec du gaz d’éclairage. I)r Z...
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissanimkh.
- Fig. 1. 2 et 5. — Manière de gonfler un ballon de caoutchouc
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N* 1010. — 8 OCTOBRE 1892.
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- BÂTEAU EN ALUMINIUM
- La maison Escher et Wyss, de Zurich, vient de construire pour M. A. Nobel, de Paris, un grand ba-
- teau en aluminium qui circulera bientôt sur la Seine. Ce yacht présente plusieurs dispositions nou-
- velles très ingénieuses ; nous en emprunterons la description à notre confrère de Londres, Engineering.
- Le bateau est mis en mouvement par un moteur à naphtc à trois cylindres simples. Toute la machinerie est en aluminium, y compris le moteur, à l’exception des manivelles et de leurs leviers de commande. La chaudière est formée de tuyaux de cuivre en spirale. Le naphtc est fourni par un grand réservoir placé à l’avant du navire; ce réservoir communique à la machine à l’aide de tuyaux répartis sur le côté de la quille. Les principales dimensions sont : longueur lom,10, largeur lm,82, hauteur 0m,889, tirant d’eau 0n*,66. Grâce à des compartiments complètement fermés et remplis d’air, le bateau a une grande stabilité et est in-
- submersible. Sen poids total est de 1525 kilogrammes; la quille, la proue et le gouvernail sont en aluminium forgé, les épaisseurs des charpentes varient de 2cm,54 à 0cm,158,
- excepté dans la chambre des machines, où elles atteignent 5cm,8 et 0CU,,65. Un espace de 40cm,6 est laissé libre dans toute la longueur autour des charpentes ; les plaques qui recouvrent ont des épaisseurs de 0cm,258 à 0tm, 517. Environ 15 000 rivets en aluminium entrent dans cette construction. Afin de rendre le bateau plus léger, tout l’appareillage est en aluminium, autant que cela a été possible. Le bois employé est le cèdre du Liban. A l’avant est située une cabine de2m,45 de longueur, et s’étendant dans toute la largeur ; le poids en est seulement de 39 kilogrammes. Le toit est garni de soie bleue ornée d’or. Un réceptacle en nickel argenté est situé à l’avant et renferme une boussole. Aucune peinture n’est passée sur la coque du bateau, ce qui lui permet de conserver sa couleur d’argent. La figure 1 donne une vue d’ensemble du Mignon.
- Le lancement de ce curieux navire a eu lieu le
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- Fig. 2. — Coupes de la chaudière et de la machine du bateau en aluminium.
- 20" année. — 2e semestre.
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- lor juin 1892 dans le lac de Zurich; la vitesse atteinte a été de in kilomètres par heure, avec une consommation horaire de7k*,957 de naphte.
- Examinons maintenant la partie mécanique de la nouvelle construction.
- Comme nous l’avons déjà dit, le moteur est à trois cylindres à simple action, et se trouve complètement enfermé. Les trois valves d’admission sont commandées par un arbre moteur conduit par un appareil qui est monté lui-même sur l’arbre de l’hélice. Un volant à main k (fig. 2) est disposé à l’extérieur, de telle manière qu’en le tournant d’un côté ou d’un autre, la position relative des valves est changée, et on obtient ainsi le renversement de la marche.
- La chaudière est placée au-dessus de la machine; elle consiste en une spirale de cuivre fort, soumise à une pression de 17 kilogrammes par centimètre carré. Cette spirale est renfermée dans une chambre de cuivre dans le fond de laquelle se trouvent deux brûleurs : un grand brûleur en cou-
- l'’ig. 5. — Details du bateau eu aluminium. — 1. Coupe transversale de la chaudière. — 2. Coupe longitudinale du bateau.
- ronne I), et un autre C, pour l’allumage (fig. 3). Le naphte est d’abord amené du fond du réservoir placé à l’avant du bateau à l’aide d’une pompe G (fig. 2). Afin de maintenir toujours froid ce réservoir, deux ouvertures ont été ménagées pour laisser écouler l’eau, quand le bateau est en mouvement. I)e la pompe, le naphte arrive à l’extrémité inférieure de la spirale de cuivre, et se réduit en vapeur. En sortant en b, la plus grande partie de cette dernière descend par le tube central, qui conduit à la valve de la machine ; mais en même temps une fraction passe par le tube c (fig. 2), traverse un injecteur à air d, où elle aspire de l’air, et se rend dans le brûleur D. A la sortie des cylindres, la vapeur est condensée dans des réservoirs spéciaux. Les opérations de mise en marche sont les suivantes : on établit d’abord une pression dans le réservoir de naphte en comprimant de l’air à l’aide d’une pompe à main. On ouvre ensuite la vanne du tuyau communiquant au petit brûleur c, et on allume ce dernier. On envoie alors le naphte dans la spirale de cuivre, où il est chauffé et vaporisé. La pression s’élève bientôt ; on actionne le robinet conduisant à l’injecteur, et la vapeur ne tarde pas à sortir par le grand brûleur I), comme nous l’avons expliqué plus haut. On l'enflamme et le bateau est prêt à partir. On peut voir
- dans la figure 5 (n° 2) la disposition de la chaudière et du moteur au milieu du yacht.
- Cette application de l’aluminium aux bateaux de plaisance, surtout avec les derniers perfectionnements apportés aux appareils moteurs par MM. Escber et "Wyss, est fort intéressante; on peut dès aujourd’hui lui prédire de grands développements.
- J. Laffahgüe.
- UN ASILE POUR LES CHIENS
- Notre Société protectrice des animaux, malgré sa sollicitude et ses efforts, n’est pas encore parvenue à imiter nos voisins d’Outre-Manche en ce qui concerne certaines fondations spéciales destinées à assurer le bien-être des animaux. Nous n’avons jamais entendu parler, dans aucun pays, d'une création semblable à celle dont il va être question.
- Les Anglais ont créé à Londres un établissement qui ferait le bonheur de Toussenel, le grand ami des chiens. 11 s’agit d’un asile fondé pour recueillir les chiens abandonnés. Cet asile connu sous le nom de Dog’s Home, est assurément l’un des établissements charitables les plus prospères de Londres ; le journal l’Éleveur nous apprend qu’il vient encore de s’enrichir d’un legs de 25 000 francs fait par un ami des chiens. Ses ressources, qui s'accroissent ainsi chaque année, lui ont permis de recueillir, en 1891, 25 121 chiens abandonnés; sur ce nombre, 5225 ont été réclamés ou vendus; 670 chats seulement ont trouvé asile dans la maison : 185 y ont été placés, comme pensionnaires payants, par leur propriétaire. Aucun cas de rage n’a été signalé pendant l’année.
- L’établissement vient d’entrer dans sa trente et unième année d’existence ; on estime à plusieurs millions le nombre des chiens qu’il a sauvés de la misère et d’une mort cruelle pendant ce laps de temps. C’est à rendre jaloux les toutous parisiens, qui n’ont pour dernier refuge que les caisses asphyxiantes de la Préfecture de police ou le lit de la Seine avec une pierre au cou en guise d’oreiller.
- LE SERPENT COBRA1
- De tous les serpents venimeux, le plus redoutable est celui qu’on rencontre dans toutes les parties méridionales du continent asiatique et dans les divers points de l’archipel malaisien ; il existe aussi en Afrique depuis l’Égypte jusqu’au Cap, et Livingstone l’a vu près du lac Tchad.
- Les voyageurs le désignent généralement sous le nom de Cobra capel, c’est-à-dire couleuvre à chaperon, serpent à coiffe ; mais c’est là une expression qui ne répond à aucune réalité anatomique, car le crâne ne supporte aucun organe. Quand l’animal est excité, les côtes supérieures s’élèvent et le cou se gonflant, forme un énorme bourrelet d’où la tète semble émerger comme d’un capuchon ; cette dernière expression conviendrait mieux que celle qui a été faussement imaginée.
- Partout, le Cobra est l’objet d’un grand respect, et cependant son venin est presque foudroyant. Peut-on faire remonter cette antithèse aux premiers âges du
- 1 Voy. Serpent à lunettes (Naja tripudians), n° 780, du ‘27> juin 1888, p. 54.
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- monde alors que, en présence des phénomènes dont la raison impuissante de l’homme lui refusait le secret, il s’inclinait et se prosternait devant les manifestations surnaturelles? A cette période succède celle des mythes et des légendes d’où sortira un culte, et celui du serpent occupe une place tellement considérable, qu’il constitue la seule religion d’une grande fraction de la population de l’Inde.
- Quels sont ces mythes et ces légendes ? Tout Indien est persuadé que l’apparition soudaine d’un Cobra est le présage d’un événement heureux ou funeste et qu’il est la divinité elle-même cachée sous une forme animale et apportant aux hommes la récompense ou le châtiment de ses actions ; aussi le caresse-t-on et l’entoure-t-on de mille soins : on lui donne du lait, on lui prépare des refuges afin qu’il ne soit point exposé aux intempéries.
- Crawford 1 rapporte le fait suivant dont il a été le témoin: une femme des environs d’Alaï, blessa mortellement un Cobra : craignant d’être châtiée par les prêtres du Temple, elle l’emporta et l’entoura de soins les plus délicats; mais tout fut inutile et l’animal finit par mourir. Les prêtres voulurent lui rendre les honneurs du culte, mais parmi eux, il s’en trouva qui s’y opposèrent, prétextant qu’on devait attendre qu’il revînt à la vie. Or, pendant qu’ils discutaient, ils virent un Cobra suivi de plusieurs autres sortir d’un trou : ne doutant pas que lame du premier renfermât celle du défunt, ils firent aussitôt une quête dont le produit servit à lui construire une petite cabane dans laquelle les passants purent déposer les offrandes accoutumées, du riz, du lait, des parfums et des fleurs.
- Le nombre des temples consacrés au bon serpent ou Nalla Pàmbou est considérable et chaque année, au 28 juillet, ou célèbre sa fête ; c’est l’idole principale de ces sanctuaires. Césa, Ananta, Yasuki sont les noms de ce roi des serpents, qui sert de dais à Visnu, à Çiva et aux autres dieux et déesses de l’Hindouisme. Quant aux légendes, elles pullulent, et dans chacune le Nalla Pàmbou revêt des appellations différentes ; l’une des principales est la légende bouddhique où les deux rois des serpents sont Nanda et ÏJpananda. Dans cette légende, il est dit que lorsque Bouddha descendit du ciel sur la terre, un Naja (Cobra capel) se plaça près de lui afin de lui faire une ombre et de le protéger contre l’ardeur des rayons du soleil. On comprend qu’une action aussi bienfaisante fasse du Naja l’objet d’une grande vénération. Tout Indien apercevant un Naja élire domicile chez lui, se considère comme favorisé du ciel et s’il est mordu et en meurt, il est persuadé qu’il a été châtié pour une faute qu’il a commise.
- Sans doute cet accident n’est pas rare, mais il est le plus souvent le résultat d’une méprise ou d’une imprudence; car si le Naja est armé d’un venin subtil et terrible, il est en revanche d’un caractère pacifique et nullement agressif, sauf pendant le rut.
- 1 Ind. antiq., 1875. — Pour ce qui a trait au culte du serpent, consulter Fergusson : Trcc and serpent worship.
- Le terme zoologique du Cobra est Naja tripudiam (agité) 1 : il appartient à la classe des Reptiles, à l’ordre des Ophidiens et à la famille des Elapides.
- L’espèce voisine est le Naja hazé ou liajé ; c’est l’aspic de Cléopâtre, celui dont cette reine se servit pour ne pas survivre au triomphe d’Auguste ; en Égypte il est adoré sous le nom d’Araüs ; c’est le roi des serpents, son image orne les temples sacrés ; on la voit sur les autels de Denderah et d’Abydos si bien étudiés par Mariette.
- Il y a deux variétés de Naja : l’une à monocle, c’est celle qui existe en Égypte et dans toute la presqu’île indo-chinoise; l’autre, à lunette, est propre à l’Inde et à Ceylan.
- Cette double disposition est très apparente sur les figures ci-après prises sur nature et d’après les échantillons qui appartiennent à la collection du Muséum. Elle est due à une absence congénitale de pigment du derme et des écailles; d’ailleurs elle n’est pas limitée à la région correspondante à la lunette ou au monocle, on la retrouve encore sur certains points voisins : c’est un albinisme partiel.
- Pour les Indiens, c’est encore à la légende qu’ils ont recours pour l’interpréter. Bouddha, disent-ils, afin de récompenser le Naja de l’ombre protectrice qu’il lui fit de son corps, comme nous l’avons vu, dessina sur son dos une figure capable d’effrayer les oiseaux de proie ; une pareille arme est donc un titre de plus à l’adoration des hommes.
- Le Naja surpasse en virulence tous les autres serpents venimeux : d’après les rapports officiels du Gouvernement indien, le nombre de scs victimes dépasse annuellement vingt mille; en Indo-Chine, le chiffre est inférieur et dans chaque contrée, il appartient presque exclusivement à la population rurale.
- Cependant, si résignés que soient les Indiens, ils ont depuis longtemps cherché un remède à la terrible morsure du Naja. Le plus répandu est le Vicha-marandou. C’est un onguent composé d’espèces appartenant à la famille des Euphorbiacées qui distillent un suc irritant, caustique pour les plaies et drastique lorsqu’il est ingéré. On fait avaler au malade une dose de cette drogue équivalente à un grain de poivre et en même temps on frotte la plaie avec une quantité qui varie suivant l’étendue et la profondeur du mal. Si le malade ne sort pas de l’état de stupeur dont il est frappé quelques instants après la morsure, on insinue quelques fragments du remède dans des incisions pratiques sur le haut du front et sur le cou ; ce n’est donc pas à proprement dire un remède empirique : il est même très rationnel mais le plus souvent inefficace, lorsque le venin, ne fùt-ce qu’une goutte, a pénétré dans la circulation.
- Ce remède est généralement désigné sous le nom
- 1 Tripudiare signifie danser : lorsque le charmeur exhibe en public un Naja privé de ses crochets et rendu ainsi inoffensif, il joue de la flûte et exécute des mouvements que le Naja imite en balançant à droite et à gauche la partie supérieure du corps tenue sur la queue enroulée et qui lui sert de base.
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- de pierre noire1, il est très répandu dans tous les pays à Naja et on l’exporte jusqu’au cap de Bonne-Espérance.
- Quand les naturels de l’Amérique veulent capturer un trigonocéphale, ils lui jettent une pièce d’étoffe, le serpent mord et épuise son venin ; dans cet état il reste quelque temps inoflensif et on peut l’approcher et le tuer. Là est le secret des charmeurs de serpents auxquels ils lancent soit une poule, soit un oiseau. Ils leur extraient leur appareil venimeux et peuvent impunément se livrer devant la foule à des exercices où ils donnent le facile témoignage d’un pouvoir surnaturel.
- Cet appareil est constitué par deux glandes situées de chaque côté de la mâchoire supérieure et communiquant avec deux crochets percés à leur extrémité d’un orifice par lequel le venin s’épanche dans la piqûre. Si le crochet se brise ou s’use, il en existe deux autres qui le suppléent de sorte que l’animal n’est jamais dépourvu de son arme.
- De nombreux travaux ont été entrepris pour arriver à découvrir un agent capable de neutraliser le venin des serpents venimeux. Les médecins de l’armée anglaise, et notamment le I)r Fayrer, se sont livrés à de savantes recherches ; jusqu’ici on n’est jamais arrivé à isoler le principe actif de ce venin ; on a pu cependant démontrer que le permanganate de potasse forme avec le sang un coa-guluni albumineux insoluble dans l’eau, capable d’arrêter sa marche vers la région bulbaire de l’encéphale s’il entre en contact avec ce sang ; mais il faut, pour que ce remède agisse, que le venin n’ait pas encore pénétré profondément dans les tissus ; or cette condition se produit rarement et la valeur de cet agent reste aléatoire.
- Le Dr Calmette, directeur de l’Institut bactériologique de Saigon, ayant pu se procurer une quantité considérable de Naja, s’est livré à des expériences qui l’ont amené à la découverte d’une substance avec laquelle il est arrivé à des résultats d’un haut intérêt.
- Il s’est servi d’une solution de chlorure d’or à un centième : cinq à dix centimètres cubes injectés sous
- 1 Ou pierre à serpent ; à Ceylan, il s’appelle I’ambou Kelou.
- la peau autour de la plaie, suffisent pour désenvenimer une morsure capable de tuer un singe ou un chien ; il y a donc tout lieu d’admettre qu’un semblable résultat sera obtenu chez l’homme.
- L’injection peut être faite sur tous les points du corps, dans le tissu cellulaire ou dans l’épaisseur des muscles. La main la moins exercée suffit donc; la seule condition à remplir est d’avoir une solution stérilisée, conservée dans un flacon noir qui la préserve de F influence des rayons solaires. Quand la morsure siège sur un membre qui rend praticable une ligature au-dessus de la plaie, on ne doit pas négliger cette précaution.
- 11 va sans dire que pour la morsure des vipères, beaucoup moins redoutables que le Daboia, le Trigonocéphale, le Bo-ihrops, etc., et surtout le Naja, le chlorure d’or est un remède sur lequel on peut presque infailliblement com p-ter ; son importance est donc telle qu’il convient de lui donner la plus complète publicité. Dans la plupart des contrées méridionales de l’Amérique et spécialement dans nos possessions coloniales telles que la Martinique, les plantations sucrières sont habitées par de nombreuses espèces venimeuses, telles que le Trigonocéphale, et non moins redoutables que le Naja de l’Inde ou de l’Égypte. Bien souvent il lait des victimes auxquelles on pourra désormais apporter un remède efficace sans cependant aller jusqu’à souhaiter l’anéantissement complet de ces animaux qui rendent de véritables services ; car ils purgent les champs de canne à sucre des milliers de rats qui les infestent et ils les protègent aussi contre les déprédations des maraudeurs qui n’osent guère s’exposer à leurs atteintes.
- Là le serpent se montre tel qu’il est dans l’ancienne Egypte : il surveille et garde les moissons ; il justifie le culte et l’adoration qui lui ont été voués dans cette contrée depuis la plus haute antiquité.
- Si donc les serpents venimeux sont redoutables, il ne faut pas méconnaître qu’ils ne se servent de leur arme que contre ceux qui les troublent ou les attaquent. Us ne sont jamais agresseurs mais savent se défendrei ils rendent des services à l’homme ; leur présence est tutélaire et leur rôle moralisateur.
- Dr Ekn. Maitm.
- Tète du Cobra capel. •— 1. Cobra capel présentant la disposition en monocle. — 2. En lunette. — 3. Détails de la glande et des crochets. — a. Glande à venin allant se déverser au moyen d’un conduit à la base du crochet b. — c. Série de trois crochets supplémentaires destinés à remplacer le crochet b au cas de sa disparition.
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- Fig. 1. — Goutle d’une liqueur alcoolique versée sur une mince couche de calé.
- EXPÉRIENCES DE CAPILLARITÉ
- L’un des caractères distinctifs des phénomènes capillaires est leur excessive variabilité; variabilité telle qu’ils paraissent se soustraire à toute loi.
- C’est là un indice de la délicatesse des actions mises en jeu, des multiples causes perturbatrices auxquelles ils sont soumis, c’est-à-dire de l’universalité de ces actions . Certaines expériences de capillarité sont difficiles à réussir, car ce n’est qu’en s’entourant des plus grandes précautions que l’on parvient à saisir au vol un phénomène d’une relative pureté. Quelques chiffres feront comprendre combien les moindres actions étrangères peuvent fausser entièrement les phénomènes. Les tourbillons du camphre, on le sait, ne se produisent que sur une surface d’eau relativement propre.
- Lord Rayleigh a montré qu’une couche d’huile de deux millionièmes de millimètre, uniformément étendue sur l’eau, suffit à les arrêter complètement; une pellicule de cette épaisseur pèserait moins de
- 2 milligrammes par mètre carré de superficie ; et cependant elle est cohérente, c’est-à-dire qu’elle contient encore plusieurs couches moléculaires superposées. Cette simple expérience nous montre donc qu’un millimètre cube contient certainement 'plus de cent quatrillions de molécules. Il en contient en réalité une quantité bien plus considérable.
- Pour une cause très analogue à celle qui empêche les tourbillons du camphre, l’eau refuse en général de s’étaler sur le mercure, comme, d’après les lois générales, elle doit le faire lorsque les deux surfaces sont parfaitement propres ; et, de fait, il est peu de
- physiciens,même parmi les plus soigneux, qui aient réussi à se procurer le plaisir d'observer ce phénomène. On y arrive cependant grâce à quelques artifices, mais, lorsqu’on a obtenu une bonne surface de mercure, il faut s’en servir au plus vite, car elle est presque instantanément contaminée; elle devient impropre à toute expérience lorsqu’on l’a touchée avec
- un fil de platine que l’on a simplement fait passer entre ses doigts. Nous ne pourrions citer aucun
- chiffre indiquant l’épaisseur approximative de la couche de graisse qui se trouve alors sur le mercure, mais il est certain qu’elle est prodigieusement faible.
- Un des caractères des surfaces liquides propres, est d’être extrêmement mobiles; on sait combien il est difficile, dans les circonstances ordinaires, d’obtenir une surface de mer-
- Fig. 2. — Lycopode sur une mince couche d’eau.
- cure sans aucune ride ; les astronomes, qui ont fréquemment besoin d’un miroir parfaitement horizontal, emploient souvent dans ce but un amalgame riche en mercure, plus visqueux que le métal pur ; cependant la mobilité d’une surface de mercure ordinaire n’est rien, comparée à celle d’une surface fraîchement formée. Les contaminations infinitésimales dont nous avons parlé suf-
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- fisent à amortir beaucoup les rides de la surface, et nous donnent ainsi une image en petit de l’effet qu’une mince couche d’imile peut produire à la surface de la mer.
- Une surface contaminée possède comme une sorte de rigidité qu’il est facile d’observer; lorsqu’une cuvette remplie d’eau est restée exposée à la poussière, on peut nettoyer la surface en la balayant à l’aide d’un papier buvard; mais, lorsqu’on veut entreprendre cette opération, voici ce que l’on observe : la surface de l’eau fuit devant le papier comme ferait une lamelle mince d’une substance solide; elle se replie contre le bord de la cuvette, et, si l’on retire le papier buvard en arrière, les poussières le suivent de près; si l’on ne balaye pas toute la superficie, elle est toujours aussi malpropre. Une surface d’eau, qui est demeurée quelque temps à l’air sans se renouveler, prend cet aspect rigide et immobile qui a donné lieu au mot pittoresque et très exact d’eau dormante.
- Le petit ruisseau qui court le long des trottoirs entraîne le plus souvent des poussières ou des matières grasses, mais s’il se trouve un obstacle sur son passage, la pellicule superficielle s'arrête et l’eau continue à courir au-dessous ; en observant les corps entraînés, on peut se convaincre que le mouvement est souvent rapide à moins d’un millimètre de la surface, tandis que celle-ci paraît absolument rigide.
- Certaines expériences de capillarité réussissent avec la plus grande facilité, et sans autre appareil que les ustensiles les plus usuels. Nous en décrirons quelques-unes.
- La tension superficielle diffère d’un liquide à l’autre ; elle est plus forte pour l’eau que pour l’alcool, ce que l’on démontre aisément. Versons un peu de café dans une soucoupe à fond plat, retournée au besoin, de telle sorte que le liquide soit bien étalé ; puis laissons tomber au milieu une seule goutte d’une liqueur alcoolique ; immédiatement la mince couche de café se percera (fig. i) et, tirant de tous côtés, laissera la porcelaine à sec, tandis que sur les bords du cercle blanc ainsi formé, nous verrons, en y regardant de près, un mouvement énergique et comme une sorte de combat qui se livre entre l’eau et l’alcool; c’est que l’eau, plus forte, déchire la surface de l’alcool et l’entraîne dans toutes les directions. Peu à peu, l’alcool se mélange à l’eau et le trou se referme. Si l’on répète la meme expérience à l’aide d’une tasse préalablement humectée dans tout son intérieur, nous voyons le liquide remonter jusqu’au bord, puis redescendre en petites cascades; le spectacle est fort curieux et peut durer longtemps.
- Non seulement la tension superficielle varie d’un liquide à l’autre; pour un même liquide pur, elle
- diminue lorsqu’on élève la température. Voici une élégante démonstration de ce fait duc à lord Rayleigh. Après avoir bien nettoyé le couvercle d’une boîte à biscuits, on le place horizontalement, et on le remplit en partie d’eau, sur laquelle on répand une petite quantité de fleur de soufre, ou de lycopode ; appliquant alors son doigt à la face inférieure du couvercle, on voit, au bout d’un instant, la poussière s’écarter, et laisser un petit cercle vide au-dessus de l’endroit chauffé (fig. 2). L’effet obtenu avec une allumette est presque instantané.
- Une modification de cette expérience permet de déterminer la tension superficielle de l’eau légèrement contaminée. On construit une cuvette plate en fer-blanc composé de deux bassins réunis par un canal étroit (fig. o); on y verse un peu d’eau, et on trace avec du lycopode une ligne perpendiculaire au canal. Si l’on dépose une petite goutte d’huile dans le bassin de gauche, le lycopode s’en va à droite, mais on peut le ramener en chauffant à droite, c’est-à-dire en diminuant la tension superficielle de l’eau pure; connaissant la valeur de celle-ci à toute température, on en déduit la valeur de la première.
- Les forces capillaires, tout en élevant ou en abaissant le niveau des liquides dans les espaces étroits, exercent aussi des efforts latéraux attractifs ou répulsifs. Il est aisé de démontrer que deux corps flottants, mouillés par le liquide, doivent s’attirer ; il en est de même de deux corps mouillés ; en revanche, deux flotteurs, dont l’un est mouillé, l’autre non mouillé, se repoussent. Deux bouchons de liège mis dans une même cuvette ne tardent pas à se coller l’un à l’autre, tandis que si l’un d’eux a été préalablement trempé dans de la paraffine, il sera impossible de les faire adhérer.
- Les aiguilles d’acier, posées avec précaution sur l’eau, y flottent et s’y maintiennent tant qu'aucune de leurs parties n’est mouillée. Deux aiguilles, placées dans le voisinage l’une de l’autre, ne tardent pas à se coller, à moins que, dans certaines conditions, des actions magnétiques ne s’y opposent; en revanche, si l'on poursuit une aiguille avec un doigt trempé dans l’eau, elle s’enfuit et on ne peut pas la rejoindre.
- On sait qu’une pellicule d’eau de savon après avoir montré de magnifiques couleurs, devient noire peu avant de se rompre. Ce phénomène, dont Newton s’était déjà occupé avec passion, a tenté de nouveau quelques physiciens modernes. Par d’ingénieux procédés, MM. Reynold et Rücker ont mesuré l’épaisseur de cette pellicule dans son dernier état ; ils l’ont trouvée un peu supérieure à un cent-millième de millimètre. Or on sait qu’une bulle de savon exerce une certaine pression sur l’air qu’elle renferme, pression inversement proportionnelle à son diamètre. Supposons, ce qui est aisé à réaliser, que nous mettions plusieurs bulles l’une dans l’autre; ces bulles se fretteront mutuellement et l’air enfermé dans la plus petite supportera la somme des pressions exercées par toutes les bulles. On arrive avec
- Fig. 3.— Plan de la double cuvette.
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- un peu d'habitude à’former trois bulles concentriques ; mais supposons le cas théorique et pratiquement irréalisable où nous ayons soufflé les unes dans les autres un très grand nombre de bulles assez minces pour être noires et de grandeurs tellement voisines qu’elles soient séparées seulement par une distance égale à leur épaisseur ; si la plus petite des bulles a un diamètre de 1 centimètre, la plus grande un diamètre de 1 décimètre, la pression à l’intérieur de la plus petite sera d’environ 200 atmosphères. Ce résultat est si fabuleux qu’il trouvera bien des incrédules; nous le répétons, l’expérience est irréalisable, mais n’est pas absurde. C’est l’exemple le plus frappant que nous ayons trouvé de l’utilité du frettage des cylindres soumis à de fortes pressions intérieures. C.-Ed. Guillaume.
- L’ANALYSE DES MÉTAUX
- PAR LEURS VARIATIONS DE RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE
- aux basses températures
- On sait avec quelle facilité l’oxygène liquide permet d’obtenir, par son évaporation à la pression atmosphérique, de basses températures qui atteignent — 200 degrés C.
- M. le professeur Dewar a montré, à Y Institution royale, des appareils grâce auxquels il obtient aujourd’hui l’oxygène liquide par pintes, alors qu’il était si difficile d’en produire seulement quelques gouttes il y a quelques années. La production des basses températures n’est donc plus aujourd’hui qu’un jeu, sinon pour tous, du moins pour certains savants qui disposent de puissants moyens d’action. Comme, de plus, l’oxygène liquide est un corps électriquement isolant, il est facile de l’utiliser pour déterminée la résistance électrique des métaux et la variation de cette résistance aux très basses températures en faisant usage de fils tins du métal a etudier, plongés dans l’oxygène soumis à une évaporation rapide par un courant d’air. Des expériences fort intéressantes viennent d efre faites dans cette direction par MM. Dewar et Fleming, et les premiers résultats obtenus viennent d’être présentés par Sir Frédéric Abel devant The Iron and Steel Institute, dans son adresse présidentielle du meeting d’automne tenu à Liver-pool le mois dernier. Ces résultats sont des plus importants au point de vue métallurgique, car ils laissent entrevoir la possibilité d’utiliser les basses températures et les variations de la résistance électrique des métaux à ces basses températures aux analyses les plus délicates. Voici comment Sir Frédéric Abel rend compte des premiers résultats obtenus.
- MM. Dewar et Fleming ont trouvé que les métaux peuvent se grouper en deux classes au point de vue de la variation de résistance électrique en fonction de la température à laquelle on les soumet. Dans le premier groupe figurent certains métaux tels que le fer, le nickel, le cuivre et l’aluminium, qui changent rapidement de résistance dans un rapport tel que la vitesse de la variation s’accroît lorsque la température diminue. Il y a donc simultanément diminution de résistance et accroissement de la variation de la résistance électrique en fonction de la température. D’autres métaux, formant le second groupe, tels que l’or, le platine et le palladium, se comportent tout différemment. Leur résistance diminue ainsi que la variation de la résistance. Les moindres impuretés modifient dans une large mesure les propriétés électriques du
- métal impur. Ainsi, le fer pur est environ vingt-trois fois moins résistant à — 200° qu’il ne l’est à la température ordinaire. Pour le nickel dit pur, la diminution de résistance n’est que de moitié environ entre les mêmes températures extrêmes, tandis que pour du nickel absolument pur, la résistance électrique spécifique est descendue de 12 000 unités C. G. S., à 1900 unités C. G. S.
- MM. Dewar et Fleming ont aussi trouvé que le fer forgé ordinaire devient aussi conducteur que le cuivre pur aux basses températures. Ces résultats encore incomplets sont néanmoins des plus intéressants, car ils tracent une voie absolument nouvelle dans l’étude du fer et de l’acier. Il est vrai que la machinerie nécessaire à la pro--duction de l’oxygène liquide en quantité notable est fort coûteuse, mais il ne faut pas perdre de vue que les mêmes difficultés existaient il y a quelques années pour produire seulement quelques gouttes d’oxygène liquide, tandis qu’on en fait usage aujourd’hui à peu près comme de l’eau, ou tout autre réactif courant de laboratoire. C’est là une preuve de plus de l’utilité des recherches purement scientifiques, recherches qui, tôt ou tard, trouvent leur application et permettent de résoudre les problèmes de plus en plus compliqués de la technologie.
- LES TONNEAUX DE PAPIER
- Une maison anglaise a commencé la fabrication d’un tonneau qui peut être appelé tonneau en papier, en ce sens qu’il est formé de toutes sortes de résidus de matières fibreuses tels que cotons, déchets de cuir, papier, etc. On commence par assortir les matières premières et par les réduire en une pulpe fine, en les faisant passer dans une cuve ad hoc dans laquelle circule de l’eau et où elles sont soumises à l’action d’un pilon. La pulpe, aussitôt quelle a pris la consistance convenable, passe à l’étage d’en dessous; elle y est reçue dans une cuve accumula-trice dans laquelle est placé l’appareil qui sert à former les corps des tonneaux. La pulpe est transformée là de masse semi-fluide en masse solide, en venant heurter une nappe sans fin qui, dans sa course, ramasse la pulpe et permet à l’eau de s’écouler à travers ses pores. Sur le côté supérieur de cette couverture, et en contact avec elle, sont placés à intervalles les cylindres qui constituent les moules des tonneaux.
- Ces cylindres sont pourvus de noyaux en feuilles de métal qui sont disposés pour pouvoir subir les dilatations et les contractions, et c’est sur la surface de ces noyaux que la pulpe se dépose en quittant la nappe. La pulpe, au fur et à mesure qu’elle s’accumule sur le cylindre supérieur, est comprimée par un cylindre à pression sous la nappe et en ligne droite avec chaque cylindre. Au bout de quatre minutes en moyenne, il s’est accumulé assez de pulpe sur le cylindre, et l’on retire celui-ci, y compris le noyau métallique ; il n’y a plus qu’à sécher ce qui sera le tonneau. Cette dessiccation s’opère dans une chambre à air chaud amené par une soufflerie, dans laquelle il reste un jour ; le tonneau est ensuite humecté et soumis à l’action d’une presse hydraulique jusqu’à ce qu’il ait pris la forme voulue ; on dessèche à nouveau et on finit. La fabrication de tonneaux de ce genre a été essayée sans succès, ce qui tient en partie à la difficulté qu’on a éprouvée à séparer du noyau le cylindre nouvellement formé. L’invention ingénieuse du noyau contractile permettra de vaincre cette difficulté.
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- LE MIRAGE PHOTOGRAPHIQUE
- Nous allons présenter à nos lecteurs un singulier phénomène photographique qui, à notre connaissance, n’a jamais été signalé jusqu’ici, et que nous avons eu l’occasion d’étudier depuis plusieurs années.
- Voici le premier exemple d’un fait de ce genre qui nous a été présenté comme un phénomène de mirage photographique ; nous en devons la communication à un habile praticien, M. Paul Roy, profes-^ seur au lycée d’Alger. M. Paul Roy nous écrivait la lettre suivante à la date du 16 mai 1889 :
- J’ai l’honneur de vous, adresser communication d’un cas de mirage bien singulier, et que vous trouverez peut-être assez intéressant pour le faire connaître à vos Lecteurs. Dans une campagne située à El Biar, près d’Alger, à 250 mètres d’altitude , par un temps de brouillard peu intense près du sol, le matin à 8 heures, j’avais fait poser mon jeune fils ( 1 seconde) avec un objectif à pleine ouverture. Ce temps d’exposition eût été bien exagéré avec un temps clair, car ordinairement 1/20 de seconde suffisait. Mon fils était assis en pleine lumière, et le fond était formé par un rideau très épais d’arbres et de buissons. Un courant d’air sensible faisait passer le brouillard le long des arbres comme un fleuve. Après avoir développé le cliché je fus extrêmement surpris de voir mon propre portrait, dans l’attitude que j’avais en ouvrant l’objectif, se dessiner derrière celui de mon fils. Je vous en envoie deux épreuves dont une un peu faible pour rendre la silhouette plus sensible. Mon image est nécessairement vague parce que je n’avais aucune raison pour garder l’immobilité. J’ai essayé, à diverses reprises, d’obtenir d’autres clichés reproduisant le même phénomène, mais toujours sans succès.
- La figure 1 reproduit en fac-similé l’une des épreuves photographiques qui nous ont été envoyées par notre correspondant. L’image de l’opérateur est très nettement visible et ressemble à ces spectres photographiques qu’obtenait jadis un mauvais plaisant au moyen de deux impressions successives. Ici, il n’y en a qu’une ; il n’y a nulle supercherie et il semble bien qu’il s’agit de l’image de l’opérateur réfléchie sur le brouillard. On sait que les ombres se forment parfois sur la brume ; il nous a été donné d’observer des phénomènes de ce genre. Il se
- peut ici que l’ombre de l'opérateur projetée, sur le brouillard n’était pas visible à l’œil nu, et qu’elle existait cependant suffisamment pour impressionner la plaque sensible.
- Nous avions laissé de côté le curieux document que nous venons de faire connaître, nous étant contenté de le montrer à plusieurs praticiens distingués, auxquels il avait paru offrir le plus grand intérêt. Tout récemment, nous avons reçu, d’un autre de nos lecteurs, un nouveau document qui nous a semblé présenter beaucoup d’analogie avec celui dont nous venons de parler. 11 s’agit d’une photographie exécutée par M. Ch. Le Corbeiller, membre du Photo-Club de Paris. Elle représente la statue de David sur la place de Michel-Ange à Florence. L’ombre de la
- statue et de son piédesr tal est projetée sur les nuages. à la façon du spectre d’Ulloa (fig. 2).
- Voici la Note que nous a communiquée à ce sujet M. Le Corbeiller :
- Cette photographie a été faite, dans les derniers jours d’avril 1887, une après-midi, après une pluie orageuse très violente. Le ciel était nuageux. L’appareil dont je me servais était construit par la maison Gilles frères, objectif de Derogy, glaces Van Monckhoven. Le développement a été opéré à l’oxalate ferreux. Le reflet de la statue sur les nuages était invisible à l’opérateur. La pose a été de trois secondes.
- On remarquera qu’il y a une grande analogie dans l’état du temps lors de l’obtention de cette photographie, et de celle 'que nous avons signalée en premier lieu. 11 se peut encore qu’il s’agisse d’une ombre projetée, invisible à l’œil, et assez sensible cependant pour impressionner la plaque au gélatino-bromure d’argent.
- Il y aurait là une voie nouvelle ouverte à l’observation des photographes; nous ne la présentons encore toutefois qu’avec de prudentes réserves, attendant de nouvelles expériences pour nous prononcer en toute certitude. Nous n’ignorons pas qu’il faut se méfier des illusions de l’expérience et des défectuosités d’un appareil.
- Voici une Note très instructive que nous trouvons dans le Moniteur de la photographie de M. Vidal. Elle est faite pour justifier nos restrictions.
- Le journal de la Société photographique de l’Inde a
- Fig. 1.— Mirage photographique. Ombre tic l’opérateur projetée sur la brume. (Fac-similé d’une photographie de M. Paul Iloy.)
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- donné, cette année, la reproduction de quelques épreuves j obtenues dans les montagnes de rilimalaya.
- Dans l’une de ces photographies l’image d’un homme, placé sur l’avant-plan, est tout à fait transparente, laissant voir à travers du corps et des jamhcsles {lierres et autres objets placés sur la neige.
- 11 est bien positif qu’il n’y a pas eu de pose do u h 1 e accidentelle ; cependant ce sujet ayant été discuté à la Société photographique de Londres, on a conclu qu’il devait y avoir eu pose double à l’insu de l’opérateur, et M. Debenham a cité un phénomène semblable qui a été observé en Angleterre ; dans ce cas, il fut prouvé que la seconde image avait été produite . par les rayons qui avaient traversé un tout petit trou qui existait dans la chambre à l’insu du photographe. C’était simplement un trou causé par une vis qui manquait.
- nous avons reçue de M. le l)r P. Bernard, à Lille, paraît offrir un phénomène analogue. Cette photographie, que nous reproduisons ici (fig. 5 ) représente l’hôtel de ville de Hondschoote, en Belgique. Les fenêtres de l’hôtel de ville semblent réfléchies sur le sol du premier plan. Mais on voit qu’elles ne sont pas retournées comme cela aurait lieu s’il y avait une réflexion directe. N’y aurait-il pas une légère image obtenue avant l’opération définitive ?
- M. Ilamel, conseiller municipal de Biarritz, nous a envoyé une photographie du même genre, et dans laquelle un clocher se trouve réfléchi dans l’espace. Y a-t-il encore ici double impression; y
- Une photographie que
- Fig. 3. — Hôtel de Ville de Hondschoote, dont les fenêtres apparaissent comme réfléchies sur le premier plan. (Fac-similé d’une photographie de M. le D' P. Bernard.)
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- a-t-il mirage? Il faudrait que les opérateurs aux yeux desquels de semblables images se sont présentées pendant le développement, eussent bien soin de s’assurer qu’il n’y a pas le moindre trou dans leur chambre noire1.
- Quoi qu’il en soit, il ne mous paraît pas douteux que le mirage existe tout au moins pour la première photographie que nous avons signalée. Il y a là des faits intéressants à étudier et à élucider. Nous avons d’ailleurs la persuasion que la publicité donnée par La Nature à ces curiosités photographiques, aura pour conséquence d’attirer à leur sujet l’attention des physiciens et d’amener, avec des observations nouvelles, des explications plus complètes.
- Gaston Tissandier.
- STATION PRÉHISTORIQUE DE RRASSEMPOUY
- (landes) 2
- Dans les congrès de l'Association, française pour Vavancement des sciences, la 11e section (anthropologie) a l’habitude de faire une excursion particulière d’une journée. Aux environs immédiats de Pau, où l’on était réuni cette année, les grottes ou les tumulus ne font pas défaut, mais les grottes ont été fouillées et les tumulus ne contiennent souvent qu’un peu de cendres charbonneuses. Il fallait aller plus loin et l’on s’est décidé pour un gisement des Landes à 25 kilomètres au nord d’Or-thez. A l’ouest du village de Brassempouy une métairie appelée Pape fait partie des beaux domaines de M. le comte de Pondenx. Là, au pied d’une petite colline, coule un modeste ruisseau qui va se jeter dans l’Œil de France (en béarnais et sur les cartes, le Luy de France). Il longe sous bois un escarpement de roches nummulitiques où s’ouvrent quelques anfractuosités.
- La plus profonde avait été, il y a quelques années, explorée par M. Dubalen, pharmacien à Saint-Sever, qui avait publié ses belles trouvailles dans les Matériaux pour l’histoire primitive de l’homme (1881). Ses fouilles, en entamant le talus qui descend du rocher au bord de l’eau, avaient montré toute l’importance de ce gisement. Elles viennent d’être reprises grâce à la bienveillante autorisation de M. de Pondenx, au zèle de son représentant, M. de Poyusan, et par les soins de MM. de Laporterie et Dubalen. Nous arrivions nombreux sur le chantier le 18 septembre, anthropologistes et géologues réunis sous la direction de M. Schlumberger, de la Société géologique de France, auquel M. le Dr Magitot, de l’Académie de médecine, président de la 11* section, avait tenu à céder la présidence, parce que la géologie est la base solide des études préhistoriques. Parmi nous étaient MM. Malaise, de l’Académie de Bruxelles, O’Reillv, de l’Université de Dublin, Cotteau, correspondant de l’Institut, Ed. Piette, le grand
- 1 On peut rechercher les trous dans une chambre noire en s’enveloppant la tête du drap noir, et en regardant attentivement dans la chambre noire fermée. L’observation doit être prolongée, car on pourrait ne pas apercevoir de suite le mince rayon de lumière entrant par une très petite ouverture.
- i L’article que l’on va lire donne le récit d’une excursion particulière faite pendant le Congrès scientifique de VAssociation française à Pau. Nous publierons prochainement une Notice offrant le résumé des autres excursions qui ont eu lieu pendant la session.
- fouilleur des grottes pyrénéennes, Elie Massenat, son rival en Dordogne et Corrèze, Sirodot, doyen de la Faculté de Rennes.
- Une petite séance fut d’abord tenue. MM. de Laporterie et Dubalen exposèrent l’historique des recherches effectuées dans la grotte, M. Reyt, de la Faculté des sciences de Bordeaux, donna un aperçu de la géologie locale.
- C’était vraiment une curieuse scène : à l’ombre du bois dont le feuillage laissait filtrer quelques rayons d’un beau soleil, quarante personnes, soit assises sur le gazon, soit appuyées contre les arbres, et parmi elles quelques dames, écoutaient les explications que donnait l’orateur, la craie à la main, entre le classique tableau noir et des tables chargées de collections, tandis que les ouvriers, leur pioche et leur pelle au repos, regardaient surpris.
- Bientôt après, nous envahissons les tranchées. Le produit des fouilles récentes, sauf quelques pièces réservées à juste titre, est livré aux amateurs. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, de grands tas d’os et de silex taillés disparaissent, chacun se hâte d’entamer le talus et de travailler pour son compte. On parle peu; on jette des regards furtifs et jaloux sur le voisin qui paraît être sur un meilleur coin; les poches continuent à se gonfler.
- Mais le soleil descend, l’heure du retour va sonner, l’on fait honneur au lunch qui a utilement remplacé les fossiles sur les tables, et les discussions savantes reprennent avec entrain. Le soir, on dînait à Orthez à l’auberge de la Belle Hôtesse, et, favorisés par un panier de vieux jurançon gracieusement offert par notre collègue, M. Planté, maire de cette ville charmante et renommée, nous portions la santé de l’Irlande, de la Belgique, de la Patrie française, du Béarn et du préhistorique.
- La station de Pape est l’une des plus intéressantes du Midi pyrénéen. On ne peut que souhaiter la continuation des fouilles. La grotte paraît vide, mais le talus antérieur s’étend sur une grande longueur ; il est entièrement pétri de vestiges de l’occupation humaine, et il sera possible de reconnaître divers niveaux. Actuellement, nous sommes embarrassés par un mélange d’objets qui n’a d’autre cause que la rapidité excessive des ouvriers travaillant sur des points différents. On sait que longtemps après le dépôt des nappes de graviers qui renferment les ossements des animaux quaternaires les plus anciens associés aux silex taillés suivant les types de Saint-Acheul, au bord de la Somme, ou de Chelles, vallée de la Marne, les habitants de notre pays avaient transformé leur industrie. Le fameux gisement de Solutré (Saône-et-Loire), celui de Laugerie-Ilaute, aux Eysies, en Périgord, sont considérés comme donnant une idée parfaite de la civilisation nouvelle. Les ossements ne sont pas ouvragés avec cette incomparable variété qu’on admirera plus tard chez les chasseurs de renne proprement dits ; en revanche, le silex est travaillé avec une grande habileté, les longues pointes de lance, de flèche retaillées sur les deux faces, abondent. Les objets d’art commencent à se montrer.
- C’est à ce niveau, comme je l’avais déjà reconnu en 1881, que se rapporte, en partie, le gisement de Pape. Ainsi ce faciès de Solutré, peu commun d’ailleurs en France, inconnu encore dans les Pyrénées, se rencontre dans un département du Sud-Ouest. Les Landes ne possèdent pas ce seul gisement ; les silex de type solutréen ont été recueillis en trois ou quatre localités, et les plus beaux ont une physionomie particulière qui les distingue de ceux du reste de la France, surtout quand on observe une série, par exemple, celle de Montaut, près Saint-Sever.
- Mais à Brassempouy on ne trouve pas seulement ces
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- formes; il y a aussi la plupart des outils de l’âge du renne, lames diverses, grattoirs et racloirs, pointes minuscules. On remarque surtout les os travaillés et pardessus tout les œuvres d’art, os gravés ou sculptés. Déjà M. Dubalen avait recueilli une amulette fabriquée avec un os de poisson et figurant une tète de cheval, identique à celles que M. Piette a trouvées au Mas d’Azil et ailleurs. C’est un des très rares objets d’art de cette civilisation primitive qui se rencontre plusieurs fois. On avait aussi un fragment d’une autre pendeloque figurant un phoque, un croquis de cheval, etc. Les fouilles nouvelles ont donné une très curieuse pièce d’ivoire et le bas d’une statuette humaine également d’ivoire.
- On sait que la série des représentations humaines de cette époque est encore bien restreinte. Elle se compose principalement d’une statuette de femme (marquis de Yibraye) et des gravures suivantes : l'Homme au bâton sut' l'épaule (Christy et Lartet), l'Homme et l'aurochs (Elie Massenat), la Femme au renne (Ed. Piette, ante abbé Landesque). La nouvelle pièce n’apporte aucun renseignement nouveau. Toute la partie supérieure du corps manque et la partie inférieure n’est qu’ébauchée avec soin. Est-ce un homme ou une femme? Une écaillure récente empêche de répondre. Entière elle devait avoir 0ra,12 de haut.
- D’autres objets d’ivoire, n’ayant pas le même intérêt, ont été ramassés dans les terres. Je ne connais qu’une autre station qui, à cet égard, puisse être comparée, c’est celle de la Crouzade, au sud de Narbonne, explorée par M. Rousseau. Mais, dans l’Aude, les os bruts de Mammouth manquaient ; ils abondent ici. Nous avons trouvé plusieurs molaires, des fragments du squelette de Elephas primi-(jenius et aussi du Rhinocéros (R. Tichorhinus) de la Hyène, du Loup, de l’Ours, du Cerf, du Renne, du Cheval, du Iîœuf, etc.
- Ainsi la grotte de Brassempouy confirmerait l’hypothèse émise à propos de Solutré, par de Ferry et Arcelin, et surtout du Mas d’Azil, dans l’Ariège, par Ed. Piette. Cet art étonnant des troglodytes de l’âge de la pierre a commencé par la sculpture et n’a connu que plus tard les ressources de la gravure, et surtout il a commencé de très bonne heure, alors que les troupeaux des grands pachydermes parcouraient nos vallées aux eaux ruisselantes et à la végétation plantureuse. Émile Cartailhac.
- —»<>«—
- LES ORIGINES DE LA
- SCIENCE DE L’ÉLECTRICITÉ
- L’étude des origines d’une science n’est jamais dépourvue d’intérêt. Nous venons de trouver quelques détails curieux sur celles de l’électricité dans le Nouveau Magasin françois ou Bibliothèque instructive et amusante, par Mme L.-P. de Beaumont pour l’an 1751. Cette Revue, qui se publiait en français à Londres, était au milieu du dix-huitième siècle ce qu’est La Nature à la fin du dix-neuvième.
- On sait que ce n’est pas moins de six cents ans avant l’ère chrétienne que Thalès de Milet constata que, soumis à l’action d’un frottement rapide, l’ambre jaune attire les corps légers. On n’en sut pas davantage pendant plus de deux mille ans, jusqu’au jour où Gilbert, médecin de la reine Elisabeth d’Angleterre, découvrit que le verre, la résine, la soie, etc.,
- jouissaient aussi des mêmes propriétés que l’ambre.
- Ce n’est qu’au dix-huitième siècle, vers 1722, que les physiciens commencent à s’occuper sérieusement d’électricité. Auparavant, dit le sieur Le Cat, l’auteur du Mémoire que nous analysons, « il n’étoit encore guères question de ces matières ».
- En 1727, l’Anglais Gray reconnaît qu’une substance quelconque attire les corps légers quand on la fixe au bout d’une baguette de verre ou de résine frottée contre un morceau de drap. Il en conclut que tous les corps peuvent devenir électriques par le frottement, et il les classe en bons et mauvais conducteurs du fluide inconnu.
- C’est vers 1750 que le docteur Wall observe, le premier, l’étincelle électrique obtenue par le doigt porté à petite distance d’un morceau d’ambre jaune vivement frotté. L’observation de ce fait est le point de départ d’une série de travaux entrepris par Gray, l’abbé Noilet, Dufay, Reichmann, etc. Dufay invente, en 1755, le pendule électrique qui lui permet de distinguer l’électricité vitreuse ou positive, de l’électricité résineuse ou négative.
- En 1746, Cunéus — inventeur de la bouteille de Lcyde — fait avec Muschenbroek des expériences qui ont grand retentissement en Europe.
- Nous arrivons enfin à l’année 1751, époque h laquelle le Nouveau Magasin françois publie le résultat des travaux de Le Cat.
- On sait ce qu’étaient les premières machines électriques. Celle d’Otto de Guericke consistait en un gros globe de soufre traversé par un axe métallique auquel était adaptée une manivelle. En posant la main sur ce globe et tournant ladite manivelle, on obtenait de l’électricité. La machine de Le Cat est du même genre. « Au lieu, dit-il, de frotter un tube, ce qui est fort pénible, on a imaginé de faire tourner rapidement une sphère de verre creuse par la même méchanique que les couteliers employent pour faire tourner la meule sur laquelle ils repassent les instruments. » C’est cet appareil très simple que représente notre gravure extraite du Nouveau Magasin françois pour le mois de novembre 1751. L’élec-triseur A et l’électrisé B sont montés sur des gâteaux de résine, d’une résine dans le volume de laquelle on a fait entrer deux huitièmes de cire jaune afm de la rendre moins cassante. « Avec cette machine, dit l’auteur, on fait des choses qu’on auroit prises pour des prodiges dans des siècles moins éclairés » (fig. 1).
- Il déduit de ses expériences diverses observations ou propositions qui se passent de commentaires. Nous nous bornerons à en reproduire ici quelques-unes.
- « Les physiciens se sont appliquez à examiner les phosphores, c’est-à-dire les corps qui rendent de la lumière dans les ténèbres. L’émanation des étincelles n’est qu’une nouvelle espèce de phosphore à ajouter à celles qu’on connaissoit déjà. — Celui qui tire des étincelles d’un corps électrique ou électrisé n’est pas électrique lui-même ou, du moins, il n’a pas la même espèce d'électricité que le corps dont il lire
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- des étincelles. — Réciproquement, quand on ne tire point des étincelles d’un corps, c’est que ou ce corps n’est pas électrique ou qu’on est imbù de la même émanation électrique que lui. — La matière électrique tend à s’éloigner de sa source par une espèce de force centrifuge. —
- Les matières électriques des differents ont entre elles une sorte d’incompatibilité qui les empêche, jusqu’à un certain point, de se mêler. o
- L’auteur donne à cette propriété le nom d'{invincibilité, incompatibilité, dit-il, « pareille à peu près à celle qui se trouve entre l’eau et l'huile ».
- « Si, après avoir frotté de la cire d’Espagne un cône de souphre, de résine ou autre corps électrique , on l’enve -loppe dans du papier ou de la flanelle ou autres matières semblables, l’électricité de ces corps se conserve plusieurs mois et même plus d’un an. »
- Sur les résultats de ses expériences, l’auteur bâtissait des hypothèses. Il avait nombre de dé -tracteurs et se voyait, en conséquence, tenu de répondre à leurs objections. « On m’objecte, écrit-il, que je fais des applications des phénomènes de l’électricité au système du monde et aux autres elïets physiques. Je dois présumer que ces applications ne sont pas déplacées; j’ai pour garants MM. Gray, Dufay, Desa-guliers qui m’ont montré l’exemple. Eh ! à quoi con-
- duisit l’électricité et vingt ans de travaux persévérants en ce genre s’ils n’ahoutissoient qu’à savoir qu’un tube attire et repousse les corps légers? »
- La partie la plus curieuse du Mémoire en est assurément la conclusion. L’auteur entrevoit déjà — en 1751 ! — l’avenir à perte de vue qui s’ouvre devant la science, alors si nouvelle, de l’électricité. « Il est heureux, professe-t-il , il est fort heureux pour la sublime science de la nature, que toutes les nations de l’Europe concourent à approfondir une matière qui ouvre aux nouvelles découvertes une voie dont on n’aperçoit pas encore le terme. »
- Et, plus loin : « Doit-on s’attendre, ajoute-t-il, à voir jamais à découvert ce qu’il y a de plus profond dans une carrière dont l’entrée même admet des lueurs plutôt que des lumières? » Assurément , nous savons sur l’électricité plus de choses que n’en savaient, il a cent cinquante ans, nos devanciers, mais verrons-nous jamais ce « fond de carrière » dont parle l’auteur du Mémoire inséré, en 1751, dans le Nouveau Magasin françois*? L*-colonel Hennebert.
- 1 Nous complétons cet article en reproduisant une curieuse figure delà Physique de l’abbé Nollet (fig. 2). Elle représente l’expérience des lueurs électriques jaillissant entre deux œufs; celle de l’étincelle. Au-dessous, est une dame qui, frottant la peau d’un chat, l’électrise et en tire une étincelle.
- sujets
- Fig. 1. — Physiciens du dix-huitième siècle se livrant à des expériences d’électricité. (D’après une gravure du temps.)
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- FONTAINES LUMINEUSES MONUMENTALES
- Nous avons décrit, lors de leur présentation à l’Academie des sciences, les fontaines lumineuses d’appartement de M. Gustave Trouvé.
- La simplicité du mécanisme et l’éclairage direct et puissant des gerbes liquides avaient permis de les condenser sous des dimensions si réduites, que l’inven-teur avait combiné, outre son modèle de salon, des fontaines lumineuses de démonstration pour les cabinets de physique, et même des fontaines en surtout de table. Ces mêmes avantages devaient faciliter également la construction des fontaines lumineuses monumentales. Comme les gerbes d’eau sont entièrement englobées dans le faisceau lumineux dirigé par un projecteur parabolique d’une courbure .très nette, on conçoit que, avec un foyer électrique suffisant, les dimensions de la fontaine peuvent être choisies aussi grandes qu’on le désire; et puisqu’on peut toujours donner à ce foyer l’intensité voulue, on ne se trouvera pratiquement arrêté que par la difficulté, rapidement croissante, de soumettre de grandes masses d’eau à des pressions un peu considérables. Notre figure 1 représente la nouvelle fontaine lumineuse construite par M. Trouvé ; elle décore la serre d’hiver de la magnifique résidence de
- Fig. 1. — Fontaine, lumineuse monumentale de M. Trouvé.
- cesse varié, comme les figures
- Fig. 2. — Mécanisme de la fontaine lumineuse. — A, B, G, D. Chambres munies de glaces par où jaillit l’eau sous pression, amenée par les tuyaux t, t. — E, F, G. Réflecteurs paraboliques contenant les lampes à incandescence. —II, L. Ecrans à verres multicolores. — I. Canalisation électrique. — K. Roue motrice donnant le mouvement par vis sans fin.
- Craig-y-Nos Castle, dans le (Pays de Galles, royal home de Mme Adelina Patti-Nicolini, la grande cantatrice.
- Cette fontaine, du poids de dix mille kilogrammes, placée dans un bassin de 6 mètres de diamètre, est
- automatique. L’eau retombant dans la vasque est conduite par un tuyau de décharge sur une petite roue à aubes qui commande, par l’intermédiaire d’une vis sans fin et d’un train de rouages, deux écrans circulaires à secteurs de glaces diversement colorées. Ces deux écrans, l’un monté centralement sur galets, l’autre excentriquement, tournent en sens inverses, de vitesses égales ou inégales à volonté : à 60 tours de la roue d’aubes correspond environ un tour des disques. La combinaison de la double rotation et des écrans aux multiples couleurs est heureuse en ce que les eiï'ets de lumière obtenus sont très imprévus : l’aspect tour à tour unicolore et polychrome des gerhes, sans
- d’un kaléidoscope, semble toujours nouveau.
- L’automaticité et la grande condensation de la lumière au foyer du réllecteur s’accommodaient mieux de l’éclairage a incandescence que de l’éclairage à arc, mais cela exigeait des lampes très peu volumineuses bien que très puissantes . M. G. Trouvé, à cette fin, a recourbé le filament de charbon en ressort à boudin, de 5 à 6 spires. Le pouvoir lumineux, concentré en un très petit espace, est ainsi très suffisant et facile à placer au centre du réllec-
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- tour. Dans le cas présent, la force électromotrice étant de 110 volts et de 0 ampères, la consomn a-tion d’une lampe est, à raison de une bougie par 5 watts, de 220 bougies par lampe, soit 880 bougies pour les 4 lampes.
- Des précautions ont été prises pour éviter les elïets du coup de bélier sur les glaces à l’arrivée de l’eau. Une cloche à air placée à l’intérieur du rocher est branchée sur la conduite, et le matelas d’air ménagé amortit suffisamment le coup pour qu’on n’ait à craindre aucun bris. L’épaisseur des glaces est de 25 millimètres, leur diamètre de 500 millimètres.
- Notre figure 2 indique la disposition des glaces, des écrans et des réflecteurs ; la légende qui l’accompagne en donne l’explication. Les nouvelles fontaines lumineuses de M. Trouvé ne demandent pas d’entretien ; on tourne un robinet, l’eau arrive et le circuit électrique se ferme simultanément. Les frais d’aménagement sont également réduits au minimum : il n’y a pas de travail en sous-œuvre de fondations, et tout bassin peut être utilisé tel quel. La totalité de la dépense est donc réservée exclusivemennt à la décoration1. X..., ingénieur.
- LES GUÊPES ET LES RAISINS2
- Nous avons publié précédemment une Notice dans laquelle l’auteur tendait à affirmer que les Guêpes ne percent pas les grains de raisin et qu’elles profitent des perforations faites par les oiseaux. M. L. Ilenry adresse à la Revue horticole la Notice suivante qui tend à prouver le contraire de ce qui avait été dit :
- L’abondance de Guêpes et leurs déprédations m’ayant frappé, j'ai cherché à savoir si réellement ces dangereux Hyménoptères percent la pellicule du Raisin. L’observation m’a amené à conclure par l’affirmative.
- Que les Guêpes, comme les abeilles et les mouches de toute nature et de toute taille, recherchent de préférence les raisins crevassés ou déjà attaqués par les oiseaux, les limaçons, les loirs, etc., la chose est hors de doute. Mais, faute de baies entamées, elles savent fort bien s’y prendre pour arriver à sucer, jusqu’au dernier vestige, la pulpe des fruits parfaitement intacts. C’est précisément ce qui arrive cette année, où les raisins, particulièrement sains par suite d’une longue période de sécheresse, ne sont point fendillés comme cela a lieu par les temps pluvieux.
- Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’aiguillon de l’insecte ne joue là aucun rôle; seules les mandibules sont mises en jeu, mandibules puissantes du reste, et pouvant, ainsi que je l’ai tout récemment constaté, couper et déchiqueter de la ficelle. Quand la Guêpe a jeté son dévolu sur une haie bien à point, elle se pose dessus, et, par le mouvement des mâchoires, cherche à percer la pellicule. Elle n’v parvient pas toujours facilement, et bien des baies, ternies d’un côté par ce frottement, témoignent d’efforts inutiles. Mais elle revient à la charge, elle use la pellicule à petits coups et finit par la perforer. C’est là un
- 1 Yoy. n° 959, du 17 octobre 1891, p. 508.
- 2 Suite. —Yov. n°1007, du 17 septembre 1892, p. 240.
- fait dont chacun peut se rendre compte en examinant les fruits d’une treille visitée par les Guêpes; on remarquera, sur certaines baies à peine entamées ou non percées encore, mais déjà ternies et comme brunies par le frottement, des traces non équivoques de mandibules, sous l’aspect de deux petits sillons parallèles.
- Un mot, pour terminer, sur un mode efficace de destruction de cet ennemi. A l’École nationale d’horticulture de Versailles, on emploie avec succès, depuis longtemps, des flacons hauts d’une quinzaine de centimètres et à large goulot. Ces flacons sont suspendus par le col et répartis de distance en distance le long des treilles, après avoir été, au tiers ou à moitié, remplis d’eau miellée (une cuillerée à café de miel par flacon). Les Guêpes attirées par l’odeur du miel, pénètrent dans l’intérieur du récipient et se noient. Autant de gourmandes, autant de victimes. De temps à autre, on vide les flacons remplis de cadavres d’insectes et l’on renouvelle l’appàt. Par ce procédé commode et pratique, on détruit non seulement une grande quantité de Guêpes, mais encore beaucoup de mouches qui, de concert avec elles, se gorgent de la pulpe du Raisin.
- Nous avons consulté plusieurs cultivateurs, depuis la publication de notre précédente Nolice, et la plupart d’entre eux ont la même opinion que M. L. Henry : d’après eux les Guêpes peuvent entamer elles-mêmes les Raisins.
- CHRONIQUE
- Un phaéton électrique. — La dernière main vient d’être mise à Indianopolis à la construction d’un véhicule unique dans son genre comme application et comme équipement. C’est un phaéton construit pour l’Exposition de Chicago et destiné à faire circuler deux visiteurs dans les bâtiments et les jardins de la foire du monde. Il sera conduit par un guide placé derrière les deux voyageurs : ce guide agira d’une main sur le système de direction du véhicule et de l’autre fermera ou ouvrira le circuit d’une pile placée sous le siège et actionnant un moteur d’un demi-cheval. Le guide fournira en mémo temps toutes les explications nécessaires aux visiteurs occupant son phaéton. La vitesse maxiina ne dépassera pas 5 kilomètres par heure. Des essais de ce phaéton vont être faits devant une commission compétente de la Commission d’organisation de l’Exposition, et si le projet est agréé, il ne serait pas construit moins de 5000 appareils identiques pour le service des visiteurs. Le poids du véhicule avec ses deux voyageurs et le guide, serait d’environ 450 kilogrammes, sa largeur de 90 centimètres et sa longueur extrême, entre perpendiculaires, de lm,8. Cette intéressante expérience serait un acheminement vers la réalisation pratique des petits véhicules sur routes, si ardemment désirée des amateurs. Le prix de la location du véhicule, guide compris, serait de 1 dollar (5 francs) par heure, ce qui n’est pas excessif, eu égard aux commodités et aux avantages de ce genre de locomotion.
- Monuments de la Perse. — Le British Muséum vient d’ètre enrichi d’une précieuse collection de moulages rapportés de Persépolis par les soins d’un savant éminent, M. Cecil Smith, qui avait été placé à la tète d’une expédition envoyée en Perse, grâce surtout à la munificence de lord Savilc et avec la protection particulière du Foreign Office. M. Cecil Smith avait eu la bonne fortune de s’assurer la coopération de deux fondeurs italiens
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- qui ont, paraît-il, obtenu des résultats excellents en prenant les moulages au moyen d’un papier fibreux spécial. L’expédition, qui était partie au mois de novembre dernier, a rapporté entre autres reproductions celle d’une longue frise décorant le perron de la grande salle de réception construite par ordre du roi Xerxès en son palais de Persépolis ; cette frise représente toute une procession de personnages de différentes nationalités venant présenter au souverain les rapports de ses fonctionnaires et les offrandes de scs sujets.
- Un train précipité dans une mine. — Un accident bien curieux et heureusement fort rare vient de se produire tout récemment en Angleterre. On sait que les anciennes exploitations minières abandonnées constituent un grand danger quand les galeries n’en sont pas remblayées : au bout d’un certain temps, en effet, les boisages pourrissent, et il arrive un moment où ils ne sont plus assez résistants pour soutenir le poids des terres. Alors le plafond de la galerie s'effondre et, bien souvent, l’éboule-ment se propage jusqu’à la surface du sol, où il creuse des abîmes ou au moins d’immenses fondrières. C’est précisément ce qui vient de se produire dans le nord de l’Angleterre, aux environs de Barrow. On sait que le sous-sol de toute cette région est comme une immense taupinière, transpercée d’immenses galeries de mines sans nombre; sous la ligne ferrée même de Furness les mines sont très nombreuses, et parmi elles quelques-unes sont abandonnées. Or, il y a quelque temps, à l’instant du passage d’un train de marchandises lourdement chargé, une galerie s’est écroulée et la locomotive s’est enfoncée dans le sol comme dans une trappe où elle a disparu, pour ainsi dire. Heureusement, mécanicien et chauffeurs avaient eu le temps de sauter sur le côté de la voie et ils ont été sauvés. Mais l’ouverture, l’entonnoir d’effondrement, s’est agrandi depuis par des éboulements successifs. Déjà on y a jeté peut-être 500 wagons de sable pour le combler et pour tâcher de rasseoir la voie ; le sable glisse et s’engouffre profondément.
- Déplacement d'une maison. — La station de Frodsham, entre Warrington et Chester, construite à une époque où l’on ne prévoyait pas l’extension qu’a prise sur cette ligne le trafic-voyageurs, avait été placée à très faible distance de la voie. La plate-forme n était pas assez spacieuse pour recevoir, surtout en été, tous les voyageurs, et de sérieux accidents avaient eu lieu; il fut décidé de reculer le bâtiment à une distance de 2 mètres environ. Au lieu de le démolir pour le reconstruire ensuite au nouvel emplacement, on pensa qu’il serait plus économique et plus expéditif de le déplacer d’une seule pièce. A cet effet, les fondations furent mises à nu et l’on construisit à une faible hauteur un châssis qu’il suffit ensuite de déplacer au moyen de vérins hydrauliques. Le travail a été exécuté sans qu’aucune partie du bâtiment fût endommagée. Les nouvelles fondations sont à peu près terminées.
- 145 kilomètres par heure. — Telle est la plus grande vitesse réalisée jusqu’ici et constatée officiellement le 1er septembre, pour le premier train de la Philadelphia and Reading Road, lancé le jour de l’inauguration de la ligne. Il convient d’ajouter que cette vitesse de 90 milles à l’heure, exactement 144km,81 par heure, n’a été tenue que pendant six minutes, avec un train composé seulement de la locomotive et de grandes voitures à voyageurs. Cette vitesse énorme a été naturellement réalisée dans les meilleures conditions, sur une voie en ligne
- droite en palier et sur des rails pesant 96 livres par yard courant, les plus lourds qui aient jamais été employés. Le contrôle de cette vitesse, nous apprend le Scientific American, a été fait par un grand nombre de personnes spécialistes et compétentes, invitées à l’inauguration, et son authenticité ne saurait être mise en doute. Nous persistons dans notre conviction qu’une vitesse de 200 kilomètres par heure pourra être atteinte avant la fin du siècle, dès que l’on aura substitué au mouvement alternatif des pistons de la locomotive un mouvement de rotation continu, et c’est l’électricité qui fournira la solution du problème.
- Une collection de rails. — Parmi les curiosités de l’Exposition de Chicago, figurera une collection de rails unique au monde, collection envoyée par M. Clément E. Strelton de Leicester, à la requête de la direction de l’Exposition. On y verra les rails en fonte employés en 1707 dans le pays de Galles et ceux sur lesquels roulèrent les premières locomotives, en 1804, des rails en fonte ayant fait cent ans de service continu, des rails en fer forgé datant de 1820, les rails sur lesquels la fameuse Fusée de Stephenson fit ses premiers tours de roue, etc. Cette collection de rails sera accompagnée de cent soixante grandes photographies montrant Dévolution des locomotives anglaises depuis 1805 jusqu’à 1892.
- I.'acliïit d’un volcan. —Un syndicat de capitalistes anglais et américains s’est constitué dans le but d’acquérir le volcan de Popocatepetl, volcan en activité, et distant de 56 kilomètres environ de I'uebla (Mexique) à l’altitude de 5550 mètres. Le cratère de ce volcan, renferme, paraît-il, de grandes quantités de soufre, et c’est ce soufre que le syndicat veut exploiter, en le faisant descendre dans la vallée à l’aide d’un chemin de fer électrique qui servira aussi à transporter des glaces qui avoisinent le volcan à cette altitude. Le soufre a d’ailleurs été exploité sur une petite échelle par le propriétaire actuel du Popocatepetl, M. le général Sanchez Ochoa, et utilisé à la fabrication de la poudre à canon de l’armée mexicaine.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 3 oct. 1892. — Présidence de M. de Lacaze-Ddthiers.
- Les mouvements du cœur. — M. Marey rappelle qu’il a présenté, en collaboration avec M. Chauveau, il y a fort longtemps déjà, un mémoire sur les mouvements du cœur, fondé sur des mesures de la pression du sang dans les cavités de cet organe. Ces mesures étaient opérées avec un manomètre approprié aux conditions expérimentales. Aujourd’hui il entreprend l’étude de ces mêmes mouvements, d’après les impressions visuelles, en s’aidant de photographies instantanées prises à des intervalles très rapprochés, au moyen de son appareil chrono-photographique. Il emploie, dans ce but, un cœur de tortue réduit à une oreillette et au ventricule. 11 adapte sur l’oreillette un tube présentant à sa partie supérieure un élargissement cylindrique formant entonnoir. Dans cette portion dilatée, plonge l’extrémité d’un tube de petit diamètre, qui se recourbe, et vient aboutir au ventricule. Grâce à cette disposition, on peut restituer, pour une durée de quatre à cinq heures, le mouvement vital à un organe fraîchement extrait, en versant du sang dans l’entonnoir. L’expérience réussit très bien si l’on prend la précaution de renouveler le sang et si la température n’est point trop élevée. L’appareil a une hauteur d’une dizaine de centimètres ; M. Marey en aligne sept ainsi
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- constitués. Il tire ensuite ses épreuves instantanées et les transporte dans le zootrope. L’œil peut alors suivre toutes les phases du mouvement des cœurs, mouvement qu’il ne pouvait saisir et analyser en raison de leur brièveté. Enfin il rend visible ce qu’il appelle le choc du cœur. Dans une des fossettes qui se creusent dans le ventricule, il place un petit cube de liège. Celui-ci est taillé de manière à disparaître complètement pendant la contraction ; dans le mouvement de dilatation on le voit saillir brusquement au dehors.
- L’influence de la lumière électrique sur les plantes. — Dans une Note précédente, M. Bonnier a étudié l'effet de la lumière électrique continue et de la lumière électrique discontinue sur la croissance de diverses espèces d’arbres; il décrit cette fois la partie de ses recherches relatives aux plantes herbacées. Rappelons que ses expériences ont duré sept mois, qu’elles ont eu lieu dans un local dépendant de l’usine électrique des Halles de Paris. L’effet général observé a été le même «pie celui noté sur les ar-bi •es. La chlorophylle s’est encore montrée très abondante ; toutefois une certaine quantité d’espèces n’ont pas résisté. D’autres, au contraire, ont paru fort bien s’accommoder de la lumière électrique continue. Les feuilles ont été plus épaisses, mais de forme assez différente, souvent méconnaissable pour un œil bien exercé. II en est résulté des modifications de structure,analogues à celles déjà relevées sur les feuilles des arbres. Le volume d’acide carbonique décomposé est I /4 de celui dissocié par le végétal sous l’influence de la lumière solaire et 1 /2 de celui donné par la lumière diffuse.M.De-hérain rappelle qu’en 1881, profitant de l’Exposition d’électricité, il a voulu rechercher si, suivant les idées de quelques savants, M. Siemens entre autres, la lumière électrique continue était susceptible de provoquer une croissance beaucoup plus rapide et plus intense que la lumière solaire. Les résultats qu’il a obtenus dans une serre éclairée ainsi, ont été loin de confirmer ces vues, et il a pu constater que la faculté de décomposer l’acide carbonique, pour fixer le carbone, devenait très faible. Les travaux de M. Bonnier confirment et précisent ce résultat. M. Berthelet pense que, pour comparer utilement l’effet de la lumière solaire et celui de la lumière électrique, il faudrait employer des intensités lumineuses égales ou tout au moins introduire dans les recherches des considérations photométriques. Enfin M.de Lacaze-Duthiers remarque que les effets très différents produits sur certains mollusques par des rayons lumineux accompagnés ou dépourvus de radiations calorifiques, permettent de penser qu’il est fort difficile de faire des comparaisons avec la lumière solaire, sans associer la chaleur aux expériences.
- Varia. — M. Verneuil analyse sommairement, avec les plus grands éloges, un traité pratique et théorique de la scrofulo-tuberculose de la peaudù à M. Leloir. —M. Griffiths signale la présence,dans le sang de certains animaux, de la globuline respiratoire. — MM. Rainbaud et Sy envoient des observations de comète faites à l’Observatoire de la Boudzaréah près Alger. — Un nouveau procédé est indiqué pour la recherche de l’azote dans les composés organiques et inorganiques. Cu. de Villeiieuh..
- U SCIENCE PRATIQUE
- TIRELIRE ÉCOSSAISE
- Nous avons trouvé à Edimbourg une petite tirelire qui mériterait d’être acclimatée chez nous. C’est
- une boîte en bois (fig. 1) munie à sa partie supérieure d’un tiroir ; dans la position normale de la boite, on peut ouvrir ce dernier, mais non le retirer; si l’on y place une pièce de monnaie, qu’on le pousse à fond et qu’on le rouvre, la pièce a disparu, bien qu’en apparence le tiroir soit dépourvu de toute ouverture.
- Voici l’ingénieux mécanisme de la boîte : le corps du tiroir consiste en une planchette massive dans laquelle a été percée une cavité circulaire. Le fond est à charnière ; mais, lorsqu’on tire le tiroir, il s’applique contre le corps de celui-ci, pour retomber lorsqu’on le referme. Eu effet, il bute contre l’arête inférieure de l’ouverture, et se relève doucement sans que l’on sente la moindre résistance. La course du tiroir est limitée par un clou mobile dans une cavité bouchée par une cheville ; mais, si l’on veut vider la tirelire, il suffit de la retourner sens dessus dessous ; le clou rentre et le tiroir peut èlre enlevé.
- La figure i montre la boîte ouverte; le seul indice du fond mobile est l’extrémité de son axe marquée, dans notre figure, par un petit pointa la partie inférieure du tiroir; les côtés de celui-ci le guident parfaitement, comme le montre le dessin d’ensemble.
- Dans la figure 2, la boîte est retournée, et l’on voit qu’aucune saillie n’empêche le tiroir de sortir; la figure 3 fait comprendre la manière don t le t iroir se vide.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissasdier.
- Paris. — Imprimerie Luhure, rue de Fleurus, 9.
- Fig. 1,2 et 3. — Tirelire écossaise.
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- N* 1 OH. — 15 OCTOBRE 1892.
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- QUATRE BUSTES EN PLATRE PEINT PROVENANT DE LA GRANDE-OASIS
- Les Oasis situées à l’ouest de l’Egypte sont peu 1 les voyageurs qui les ont visitées depuis le commen-fréquentées des Européens : on compterait aisément | cernent de notre siècle. Elles renferment pourtant
- Bustes provenant d(! [a Gramle-Oasis, en Égypte. (D’après des photographies exécutées au Musée du Louvre, à Paris.)
- des ruines importantes, des temples dont quelques-uns paraissent remonter au dix-septième siècle avant notre ère, des forteresses d’époque romaine,
- des basiliques et des églises byzantines : qui les voudrait explorer méthodiquement y trouverait fort à faire, et serait récompensé richement de ses peines.
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- 211° année. — 2' semestre.
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- LA NATURE.
- Les habitants n’ont pas songé à exploiter leurs richesses ; ces dernières années pourtant, le bruit des découvertes d’antiquités, et du profit qu’en tirent les riverains du Nil, est arrivé au fond de leurs solitudes et les a décidés à fouiller leurs nécropoles. On a vu paraître sur les marchés des objets d’un style particulier, des verreries apportées de l’Oasis deFarafrah, une ou deux stèles, des cercueils, l’un tout doré qui figurait à l’Exposition de 1889, chez Tano Panaghioti, dans la Maison Egyptienne de Garnier. C’est de l’Oasis Thébaine que nous sont venus les quatre bustes en plâtre peint qui sont déposés aujourd’hui au musée du Louvre, et qu’on voit reproduits ci-contre, au sixième environ de la grandeur naturelle.
- L’Oasis Thébaine, la Grande-Oasis des géographes gréco-romains, s’étend du nord-ouest au sud-est, de la hauteur de Kéneh environ à celle d’Assouân. Elle comprend divers groupes de villages et de terres cultivées, dont les principaux sont El Ivhargéh, appelé Knomou parles anciens Egyptiens, et El Dakhléh, la Dosdes des temps pharaoniques. Elle était occupée au début par desBerbères, des Tamahou, indépendants del’Égypte. Un personnage qui vivait et fut enterré à Eléphantine, sous les derniers rois de la Yle dynastie, vers 5600 avant notre ère, et qui exécuta pour leur compte trois voyages de découvertes assez périlleux, trouva l’Oasis (Ouhait) indépendante, et se vante d’avoir décidé les habitants à reconnaître la suzeraineté du souverain Memphite. Pendant les siècles qui suivirent, la domination égyptienne s’y affermit, le culte d’Amon thébain y fut transporté : au commencement de la XIIe dynastie, El Ivhargéh dépendait de la seigneurie d’Abydos. Abydos était en effet le point de départ de la route la plus courte et la plus aisée : cinq jours suffisaient à franchir la distance qui sépare en cet endroit la vallée du Nil et Ilibit (El Uibèh), le chef-lieu de la localité. Le lien de dépendance une fois noué ne se rompit plus : les Pharaons indigènes, puis les conquérants étrangers, Persans, Macédoniens, Romains, s’appliquèrent à orner de monuments ces postes perdus au milieu des sables. La civilisation occidentale y pénétra de bonne heure, et Hérodote y signale déjà, verslemilieudu cinquième siècle avant. J.-G., la présence de Samiensde la tribu Æskhrionie. C'étaient sans doute des commerçants, des bakals, analogues aux bakals qu’on rencontre de nos jours dispersés par centaines dans les cantons les plus reculés de \ l’Egypte. Ils étaient là sur le chemin des caravanes qui faisaient le commerce de l’Afrique centrale : les Soudanais leur apportaient comme aujourd’hui l’or, la gomme, les plumes d’autruche, l’ivoire, et remportaient en échange des verroteries, des étoffes, ’ des armes. Ce trafic, qu’on soupçonne plus qu’on ne le connaît, devait être considérable au temps des Césars, et l’Oasis jouissait d’un bien-être, et même d’une richesse, que les seules ressources de son sol n’auraient pu lui procurer.
- Les quatre bustes de plâtre peint ont été fabriqués pendant- ces brèves années de prospérité, vers la fin
- du deuxième ou plutôt vers le commencement du troisième siècle après notre ère. Ce ne sont pas, comme on pourrait le croire, des morceaux détachés de statues en pied : ils sont complets à quelques écailles près, qui se sont enlevées sur les bords pendant le transport. Ce sont des masques de momie d’une espèce particulière, et, comme la plupart des objets qu’on admire dans nos musées égyptiens, ilsi sortent des tombeaux. Les morts de bonne maison possédaient, depuis le neuvième ou le huitième siècle avant notre ère, outre leurs cercueils complets, des cartonnages qu’on mettait dans le dernier cercueil et qu’on attachait à la momie même. Ces cartonnages formaient au mort comme une armure en plusieurs pièces : une sorte de chancelière où les pieds s’emboîtaient, des plastrons peints et découpés pour la poitrine, un casque représentant un visage humain peint et doré, la perruque bleue ou noire des grandes cérémonies, le collier large à huit ou dix rangs qui couvrait la gorge. Le visage reproduisait souvent les traits du défunt : il prétendait montrer, telle qu’elle était pendant la vie, la face maigrie et contractée qui se dissimulait sous les bandelettes. Les cartonnages étaient fabriqués avec plusieurs épaisseurs de toile fine, agglutinées, pressées dans un moule, et revêtues d’une couche de stuc ou de plâtre sur laquelle l’artiste accusait de son mieux les traits caractéristiques de la personne ensevelie. Vers le temps d’Auguste, on leur substitua, en plusieurs endroits, des masques de nature différente : à Thèbes et dans le Fayoum, des portraits peints à l’encaustique et encastrés dans le maillot ou dans le couvercle du cercueil, à la place de la tête, dans l’Oasis des demi-bustes en plâtre peint, qu’on attachait au linceul par des cordelettes passant dans des trous pratiqués à cet effet, sur les rebords. Les corps ainsi affublés étaient déposés dans des cercueils en bois ou en pierre, ou simplement entassés en chantier dans des tombes communes.
- Ce sont donc de véritables portraits que nous avons devant nous : les artistes étaient obligés de tailler les masques à l’image du mort, et l’aspect nettement caractérisé de chacun d’eux nous montre qu’ici, du moins, ils se sont fort habilement conformés à la loi religieuse. Leur œuvre n’a presque plus rien d’égyptien : c’est le style gréco-romain, pratiqué par un ouvrier très expérimenté. Chaque huste a été fabriqué en plusieurs pièces. La face est d’un seul morceau et l’expression en est telle qu’on dirait un moulage pris aussitôt après décès : les yeux ont été remaniés et incrustés, selon un procédé en usage dès le temps des premières dynasties pharaoniques, d’une plaquette de talc qui leur prête l’éclat et le luisant de la vie. La barbe, la moustache, les cheveux frisés court, ont été appliqués après coup, ainsi que les oreilles et le cou à moitié caché par la partie supérieure du vêtement. Le tout a été peint, les chairs d’un ton qui varie du jaune terne à l’ocre rouge, comme celui des anciennes statues égyptiennes, les cheveux et la barbe en noir tirant sur le roux. Le vêtement blanc est décoré d’une large bande pourpre,
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- ou de méandres cernés entre deux lignes épaisses.
- Il remonte fort haut par derrière le long du cou ; il était ordinairement brodé, à la partie supérieure, de scènes dont l’intention funéraire est facile à reconnaître. Ce sont deux figurines de femme, agenouillées et habillées à l’égyptienne, la gorge au vent, les cheveux épars, un bras pendant, l’autre levé vers le front, dans l’attitude des pleureuses au lit funéraire d’une momie; elles diffèrent par quelques détails que le peintre antique a mal interprétés ou rendus de façon insuffisante, faute de savoir exactement ce qu’il retraçait. Ce sont, en effet, les deux pleureuses divines, la Grande et la Petite, Isis et Nephthys, qui avaient mené le deuil sur Osiris aux temps fabuleux et qui, depuis lors, passaient pour accompagner de leurs lamentations le convoi de chaque Egyptien mort dans la foi d’Osiris. Le souvenir du mythe commençait à se brouiller dans l’esprit du peuple, vers le siècle des Antonins, et les fabricants de cercueils ou d’objets pour tombeaux ne rendaient plus que d’une façon sommaire et par routine les scènes et les personnes divines, sous la protection desquelles la tradition religieuse les obligeait à placer encore les momies. Les représentations magiques d’autrefois n’avaient guère pour eux qu’une valeur décorative, et ils se piquaient plus de fidélité artistique que d’exactitude mythologique. Ils ont réussi à donner à chacune des physionomies une expression très personnelle. Toutes sont plus ou moins égyptiennes et rappellent aussitôt des figures entrevues dans les villages du Saïd, mais toutes se ressentent du mélange de sang étranger. L’un de nos gens est presque un Syrien, aux grosses lèvres, aux joues bouffies, aux chairs lourdes et luisantes; M. de Yillefosse a fait remarquer la ressemblance extraordinaire qu’il présente avec le portrait de Pes-ccnnius Niger. Un autre paraît avoir eu quelque ancêtre sémite, peut-être juif. Le troisième tient du Romain, le dernier du Libyen. L’Oasis était un poste de quelque importance, où l’on internait souvent des criminels d’Etat ou des personnes dont l’Empereur se défiait à tort ou à raison : elle possédait une garnison composée d’éléments divers, et l’on sait de reste avec quelle énergie les soldats en garnison travaillent à la fusion des races. Les quelques Français cantonnés à Edfou en 1800 sont représentés aujourd’hui, dans le voisinage, par de nombreuses familles, dont plusieurs ont conservé le souvenir de leur origine et se surnomment elles-mêmes el Fransaouï. Erment, où des ingénieurs anglais et français se sont succédé depuis Mohammed-Ali, offre à l’observateur une assez jolie collection de types indigènes mâtinés de Français ou d’Anglais. Les garnisaires des Césars devaient avoir singulièrement modifié la population égyptienne ou berbère des Oasis, depuis l’époque d’Auguste.
- Une quarantaine environ de monuments de ce genre ont été apportés au Caire vers la fin de l’an passé. L’un d’eux a été acheté pour le musée de Copenhague, mais le Louvre possède ce qu’il y avait de mieux conservé
- dans le lot. Nos quatre bustes lui ont été envoyés gracieusement par M. Bouriant, directeur de notre Mission du Caire ; ils ont été présentés à l’Académie des inscriptions et belles-lettres par M. de Yillefosse, qui en a fait ressortir la rareté et l’intérêt. Ce n’est pas le seul service de ce genre que nos musées et nos bibliothèques doivent à cette Mission archéologique, si peu connue en F rance, si grandement estimée à l’étranger : elle leur en rendra bien d’autres si elle y est encouragée par qui de droit. G. Maspero,
- de l’Institut.
- LES CHEMINS DE FER DE L’ASIE1
- L’Etat japonais possède des voies ferrées qui atteignent une longueur de 540 milles. Les Compagnies en possèdent 905. Une grande ligne passant par Tokio, Ivioto, Osaka et Kobé traverse le Japon dans toute sa longueur. Awomori, la ville la plus septentrionale de l’île principale, est mise en communication avec Tokio par une ligne de 445 milles. On a également construit des chemins de fer dans les îles Shikokou et Kioushou.
- L’Etat japonais exerce sur la construction des lignes ferrées une surveillance minutieuse. Les chemins de fer appartenant à des Compagnies privées sont l’objet d’une réglementation semblable sur quelques points aux mesures édictées chez nous. Actuellement, la Chambre des députés du Japon est saisie d’un projet de rachat des chemins de fer. On voit que l’Étatisme sévit également en extrême Orient.
- Il était naturel que les Indes fussent au premier rang dans cette lutte que des humoristes anglais ont appelée « le combat pour le rail ». Tout les favorisait : les capitaux abondaient, les richesses naturelles des régions que les lignes devaient traverser étaient considérables, les entreprises étaient secondées par une administration intelligente qui, au besoin, les aidait de son crédit et de ses ressources. Aussi le réseau hindou est-il le plus complet et le mieux outillé des réseaux asiatiques.
- Ru cap Comorin aux monts Vindhya, de Bombay à Madras, de Surate à Calcutta, l’Inde est sillonnée de chemins de fer. Déjà, en 1877, elle possédait 6948 milles de voie ferrée; en 1888, ce chiffre s’élevait à 14 068. Aujourd’hui, le réseau hindou compte 14 890 milles sans compter 2400 milles en cours de construction.
- Les 6948 milles ont été construits en vingt-sept ans et ont coûté 109 564 800 livres sterling (2 milliards 754120 000 francs). Le montant estimatif des dépenses effectuées sur les lignes ouvertes à la fin de 1888 était de 187 226 000 livres sterling donnant un coût moyen par mille à voie large et étroite de 12 000 livres sterling, soit un peu plus de 185 000 fr. par kilomètre.
- Les Compagnies hindoues sont très nombreuses, les principales ont beaucoup ajouté à leur réseau pri-
- 1 Suite cl (în. — Voy. n° 1009, du lor octobre 1892, p. 275.
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- mitif depuis quinze ans. La Southern Mahratta parcourt l’est et le sud du Deccan, elle a construit une voie qui va de Guntakal à la frontière portugaise, l’indian Midland relie Cawnpoore à Bhopal, la Luk-now-Sitapur-Sihraman a mis en communication Si-tapur et Schraman.
- L’État a construit plus de trente lignes, dont une en Birmanie, la ligne de llhangoon à Thoungoo.
- Nos possessions françaises de Pondichéry, KarikaI, Yanaon, Chandernagor, sont desservies par des voies ferrées. L’îlc de Ceylan a un réseau ferré de plus de 508 kilomètres et dont la situation est très prospère, car son rendement se traduisait en 1891 par 12,18 pour 100. Maintenant, c’est dans le royaume de Siam, dans la presqu’île deMalacea, que les Anglais tentent de construire des chemins de fer. Malacca a déjà diffé-
- rents petits réseaux qui viennent de s’accroître dernièrement d’une ligne appelée à un certain avenir : la ligne de Port Dickson à Seramhan. L’attention des Anglais a été appelée dans la presqu’île de Malacca par la grande superficie des terrains vierges propres à la culture du café et qui, actuellement, sont inexploités par suite du manque de voies de communication.
- Au Siam, une Compagnie anglaise construit une voie ferrée allant de Bangkok au Mékong et dont le but est de pénétrer dans le Yunnan et d’ouvrir à l’industrie et au commerce anglais un nouveau débouché en Chine. Mais, quoique notre intérêt, bien entendu, nous commande de ne pas laisser prendre à l’industrie anglaise une place prépondérante dans le royaume de Siam, l’activité et l'influence de nos voisins ne se
- Fij. 1. — Chemin de fer de Beyrouth à Damas. Estaeade-abri du port d'embarquement à Beyrouth.
- tout sentir nulle part aussi vivement qu’en Syrie et en Asie Mineure. Là la lutte entre les trois éléments français, anglais et allemands est. à l’état aigu. La question des chemins de fer, question d’une importance considérable pour notre avenir commercial et industriel, a mis en lumière les efforts faits de part et d’autre. Pendant ces dernières années, les Allemands ont été les plus favorisés. C’est à une Compagnie allemande que le sultan a concédé la construction de la ligne d’ismidt à Angora et, qu’à conditions égales, il a donné le droit de préférence pour la construction du chemin de fer de Diarbekir à Bagdad.
- Les Anglais n’ont pas non plus perdu leur temps. Ils ont obtenu la construction d’une des voies les plus importantes de la Syrie, la ligne de Saint-Jcan-d'Àcre à Damas. Ils ont également construit le chemin de fer de Mersine à Adana, et ils se sont fait concéder tout le réseau de l’Ionie, c’est-à-dire trois voies principales partant de Smyrne, faisant l’éven-
- | tail et rayonnant ainsi dans toute l’Asie Mineure.
- Quelle est la part qui revient à la France dans la construction des réseaux de la Turquie d’Asie? Elle n’est pas sans avoir une certaine importance, mais elle est loin d’avoir celle qui cadrerait avec la position que nous occupons dans ces régions.
- C’est une Compagnie française qui construit la ligne de Panderma à Koniah et qui est chargée des travaux de réfection de la ligne de Mondania à Brousse, C’est également une Compagnie française, la Société anonyme ottomane des chemins de4br de Palestine, qui a construit le chemin de fer de Jaffa à Jérusalem ; ligne qui permettra aux pèlerins de se rendre directement du port de Jaffa à Jérusalem au lieu d’effectuer en voiture et en payant des prix exorbitants ce parcours de 80 kilomètres.
- Entin ce sont également nos compatriotes qui ont entrepris la construction de la ligne de Beyrouth à Damas et au llauran. On allait de Beyrouth à Damas
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- par une route dont les concessionnaires du chemin de fer actuel avaient la charge. C'étaient leurs diligences et leurs chariots qui transportaient les voyageurs et les marchandises, et la station que l’une de nos gravures reproduit (fig. 2) est un des relais de poste de l’ancienne Compagnie de la Route de Beyrouth à Damas, que la compagnie actuelle est en train de transformer. L’antre gravure donne l’estacade-abri du port d’embarquement à Beyrouth (fig. 1). Cette entreprise qui met en communication directe deux grandes villes et qui amènera à Beyrouth les produits de la fertile plaine du llauran pourra être, dans l’avenir, une des plus prospères de la Turquie d’Asie; mais déjà, comme
- s’ils craignaient que les succès des dernières entreprises françaises, succès dont il convient de ne pas s’exagérer l’importance, pussent avoir pour notre influence des effets assez considérables, les Anglais projettent la construction d’une ligne allant de Saïda à Damas à travers le Liban. Tous leurs efforts tendent également à se faire attribuer la construction de la grande ligne qui reliera Constantinople à Bagdad.
- La Porte attache une importance extrême à cette ligne, le Sultan avait même décidé, il y a un an, qu’il ne serait plus accordé de concessions de chemins de fer dans la Turquie d’Asie tant que la ligne de Constantinople à Bagdad ne serait pas construite.
- Un syndicat anglais se forma aussitôt : il intrigua
- Fig. 2. — l’iaine de la Bekaa. Hôtel et relais des diligences à Clilaura.
- auprès du Sultan pour avoir la concession d’une ligne qui irait de Suedie ou d’Alexandrette à Bagdad et à Bassorah. Les démarches anglaises échouèrent. Des Français se seraient découragés, le Syndicat anglais recommença ses intrigues; mais, pour avoir l’air de formuler une demande nouvelle, il modifia le tracé de la ligne en changeant son point de départ : la voie partirai de Scutari d’Asie et passerait par Angora, Sivas et Diarbekir. Or, un de nos compatriotes avait, six mois auparavant, déposé une demande semblable, au Ministère des travaux publics, circonstance que n’ignorait certainement pas le représentant du Syndicat anglais.
- Les Allemands déploient autant d’activité, autant de ténacité que les Anglais, et ils apportent peut-être plus de méthode dans leurs conquêtes industrielles.
- On n’imagine pas ce qu’est un chemin de fer oriental entre des mains allemandes. Un écrivain qui a longtemps habité l’Orient et qui connaît à merveille ces questions nous en a laissé un tableau aussi exact que caractéristique : « De la hase au sommet tout y est allemand, écrit-il, le capitaliste qui fournit les capitaux, l’administrateur qui siège au conseil de la Compagnie, l’ingénieur (pii établit les plans, l’entrepreneur qui construit la ligne, les chefs de gare, les employés, les comptables, les mécaniciens, les télégraphistes, les employés des postes, les aubergistes des buffets et hôtels des gares, les médecins et nhar-maciens, les fournisseurs du matériel, tout, en un mot, à l’exception des simples manœuvres, est allemand. On parle allemand dans les bureaux comme dans les ateliers de réparation. La dynamite, qui fait
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- sauter les rochers est allemande ; les rails, les locomotives, les wagons sont allemands ; le tapis de la gare est allemand, la lampe à pétrole est allemande, elle vient de la lubrique Kosmos ; le papier, l’encre, les plumes, etc., sont allemands. Le chemin de 1er constitue ainsi, dans son ensemble et ses moindres détails et sur toute la longueur de la ligne, une organisation allemande avec laquelle le gouvernement et les particuliers doivent à chaque instant compter. Vous savez qu’on se plaint en France, à tort ou à raison, de la puissance des Compagnies; jugez de la puissance d’une Compagnie allemande de chemin de 1er en pays oriental, alors que l’armée de ce meme pays est déjà dirigée par les Allemands et que les fonctionnaires chargés de contrôler la Compagnie sont eux-mêmes Allemands ! »
- Quoi qu’il en soit, les demandes de concessions abondent et la plupart sont faites par des Syndicats anglais, allemands ou même orientaux. C’est ainsi qu’un notable du Caire, Louft-Bey, a sollicité la concession de la ligne d’El Arish à Tripoli de Syrie, par Gaza, Jaffa, Cailla, Acre, Tyr, Saïda et Beyrouth, et qu’un groupe de capitalistes a demandé la concession d’une ligne allant d’Alexandrette à Birédjik par Homs et Àlep, ligne qui aurait 700 kilomètres, et que, plus tard, on prolongerait jusqu’en Égypte.
- Nous n’avons pas trop de toute notre activité, de toute notre énergie pour garder la part qui nous revient légitimement dans un pays où, depuis des siècles, notre influence était prépondérante.
- Quant à ce que sont ces chemins de fer, il est à peine besoin de le dire. Il y a loin de leur organisation à celle des chemins de fer français, anglais et allemands.
- La régularité du service, le matériel, l’organisation des stations, tout cela va « à l’orientale ». Ici encore on trouve un singulier exemple de l’influence que les moeurs, le climat, les usages peuvent avoir sur la plus précise et la plus régulière des administrations ; celle des chemins de fer.
- Un commandant de vaisseau rappelait à ce propos un « avis au public » qu’il lut un jour au Pérou, dans la gare de Lima :
- El tren saldra a las cuatro de la tarde poco mas o menos. Le train partira à 4 heures du soir, à peu près (mot à mol : un peu plus ou un peu moins).
- Beaucoup de gares orientales rappellent sur ce point la gare de Lima. Il arrive même que lorsque les lignes sont construites les trains s’avisent de ne pas partir. C’est le cas de la ligne de Mondania à Brousse qui existe depuis seize ans et qui n’a jamais fonctionné, le Trésor n’ayant pas trouvé d’argent pour acheter une locomotive et des wagons. L’herbe a envahi la voie, les ponts se sont écroulés, la superstructure est dans un état lamentable, toute la ligne est une Thébaide.
- Il y a un an, un ingénieur belge, M. Nagelmackers, a obtenu la concession de cette voie ferrée qui est tout entière à refaire et qui présentera ce phénomène : c’est d’avoir été inaugurée dix-sept ans après
- son achèvement, et d’avoir été achevée deux fois.
- Les amateurs du pittoresque, ceux qui accusent le chemin de for de tout uniformiser, depuis les costumes jusqu’aux usages des pays qu’il traverse, peuvent se dire qu’en Orient il y aura encore de beaux jours pour eux en dépit de tous les réseaux qu’on pourra construire. Emmanuel Ratoin.
- LES RÉSERVOIRS DE NEIGE
- POUR LES IRRIGATIONS EN SIBÉRIE
- On sait que la famine qui vient de frapper si cruellement la Russie a eu pour cause principale la sécheresse : les irrigations sont très difficiles, surtout dans le sud de l’Empire, et cela tient à ce que la chute de pluie est très peu abondante : en été, les fleuves et rivières sont presque à sec, au moment où la pluie fait complètement défaut, et l’on ne peut suppléer à l’an osement naturel par des irrigations. C’est pourquoi l’on doit signaler, comme présentant un intérêt tout particulier, une communication faite récemment par M. A. Podolskv, devant une société scientifique de Saint-Pétersbourg, sur un procédé original d’irrigation employé en Sibérie.
- Le climat de la Sibérie, et, plus spécialement, du district de Semiretchensky, a la plus grande analogie avec celui de la Russie du Sud : l’été y est chaud et sec ; l’hiver y est rude, et, pendant cette dernière saison, la neige tombe en abondance. L’agriculture y rencontre donc les mêmes difficultés, et les habitants se sont ingéniés à trouver un remède à cette situation : voici comment ils y sont arrivés . La neige, en somme, représente une quantité d’eau considérable ; mais elle a le tort de fondre rapidement quand arrivent les premières chaleurs, et l’eau qu’elle fournit s’écoule en pure perte au moment où l’on ne peut encore songer à irriguer : il fallait trouver le moyen de mettre cette neige en réserve, et l’empêcher de fondre trop tôt. On y est arrivé. Dans tout le district de Semiretchensky, dès qu’en hiver il vient de se produire une abondante chute de neige et que le temps s’éclaircit, les habitants de chaque village se réunissent pour un travail d’utilité publique ; tous y sont, hommes, femmes et enfants ; ils se dirigent vers un endroit propice à l’opération et choisi à l’avarice sur le liane d’une montagne, au fond d’une petite vallée, autant que possible. Les hommes les plus vigoureux vont ramasser la neige tout autour de ce point, et l’y portent ou l’v font glisser, tandis que les autres travailleurs l’épandent par couches égales et la pressent, pour la durcir autant que possible, la mettre sous un plus faible volume et en faire une énorme masse compacte. On recommence cette opération chaque fois que la neige est tombée en abondance, et quand le printemps arrive, on a constitué une large banquise de neige comprimée, d’une douzaine de pieds au moins d’épaisseur, et pesant plusieurs milliers de tonnes. On a pris, du reste, toutes les précautions pour en empêcher la fonte, et, dès qu’on ne s’est plus attendu à voir tomber d’autre neige, on l’a couverte de matériaux isolants, branches de pins, paille, fumier ; quand on n’a pas ces matériaux à sa disposition, on forme une couche de tetre et de sable de 60 centimètres d’épaisseur. Grâce à ces préparatifs, la neige ne fondra sensiblement qu’au moment des grandes chaleurs, c’est-à-dire au moment où il faut de l’eau en abondance.
- Mais il faut pouvoir diriger le cours d’eau qui va s’écouler
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- au moment delà fonte de la neige ainsi amassée, et c’est pour cela qu’on dispose au-dessous et en avant du massif de. neige un fossé profond où l’eau de fonte va s’écouler et s’amasser, du moins un certain temps. Ce fossé est muni de deux ouvertures d’écoulement : l’une servira à évacuer l’eau en décharge, si le besoin d’irrigation no se fait pas sentir ; l’autre distribuera, au contraire, l’eau dans les fossés et canalisations d’arrosement.
- Il y a là un système vraiment curieux à signaler et d’une utilisation facile, notamment sur les hauts plateaux de la Russie, et, en général, partout où la neige tombe abondamment pendant l’hiver. D. B.
- LE CINQUIÈME SATELLITE DE JUPITER
- L’existence de ce petit astre devient problématique. Aucune confirmation des apparences constatées une première fois ne vient les corroborer, ni l’équatorial de Nice, ni les recherches faites dans les autres observatoires, ni surtout le travail photographique de MM. Henry. A sept ou huit reprises différentes, ces habiles astronomes ont pris des photographies de Jupiter, chaque fois doubles, à quatre heures environ l’une de l’autre. Puisque la durée de révolution du satellite présumé serait de 47h46m, il est clair qu’en s’y prenant ainsi, si une fois ce petit astre se trouvait devant ou derrière Jupiter, la seconde fois il se trouverait sur le côté et par conséquent visible. Or, dans les conditions où ils opèrent, nos astronomes ont l’habitude de voir venir sur leurs plaques des étoiles de grandeur inférieure à la treizième, par conséquent une erreur est à craindre et voici comment on peut l’expliquer.
- On aura aperçu un faible point lumineux à gauche de Jupiter, dont cette planète se sera un peu approchée en quelques minutes, on aura pris ce rapprochement pour celui du point lumineux. Il aura semblé marcher assez rapidement pour se trouver de l’autre coté de la planète environ neuf heures après. En y regardant au bout de ce temps, on a vu à gauche de Jupiter un petit point lumineux et on a conclu. Or, il y a des étoiles faibles sur le fond du ciel qui ont parfaitement pu jouer les rôles de ces petits points. Attendons encore, mais sans grand espoir maintenant. C’eût été bien joli, une lune courant douze fois plus vite que la nôtre autour de sa planète.
- LES CANALISATIONS ÉLECTRIQUES
- A PARIS
- Dans quelques articles précédents1, nous avons donné la description des différents systèmes de canalisations électriques adoptés à Paris, au moment où la pose de ces canalisations s’effectuait. Il nous faut maintenant indiquer d’une manière sommaire quels ont été les principaux résultats obtenus par une expérience de trois années.
- Tout d’abord, les difficultés rencontrées par les diverses compagnies dans l’établissement de leurs canalisations ont été très grandes. Plusieurs sociétés se sont trouvées, sur un même trottoir, obligées de poser leurs conduites côte à côte, non loin de conduites de gaz déjà existantes. Il a fallu de plus établir des dérivations partant des conduites
- 1 Voy. n° 843, du 27 juillet 1889, p. 139
- principales pour aboutir aux diverses maisons d’abonnés. La canalisation la plus éloignée de la maison a dû passer au-dessus des autres déjà en place. Afin de fixer les idées, nous donnons une coupe du boulevard Bonne-Nouvelle (fig. 2), une des voies les plus spacieuses de Paris, où la largeur du trottoir atteint jusqu’à 9m,50. Le long du mur, se trouve un emplacement de 1 mètre réservé pour le réseau municipal; vient ensuite la canalisation de la Compagnie Popp, au-dessus de laquelle se trouvent les branchements de gaz, puis une conduite de gaz, les canalisations de la Société Édison et de la Société pour l'éclairage et la force par l'électricité.
- Ajoutons à cela que dans bien des cas la présence des égouts à une faible profondeur a dû gêner, comme le représente un côté de notre figure. Par ces quelques renseignements, on peut juger des difficultés éprouvées pour canaliser les petites rues,.où la largeur des trottoirs ne dépasse pas lm,25 à lm,50.'Malgré tous ces obstacles, les canalisations ont été établies sous un grand nombre de voies de Paris ; elles ont sans doute présenté des défauts dans l’exploitation, mais il sera facile d’y remédier.
- Les principaux inconvénients observés ont d’abord été des vices d’isolement dans la canalisation elle-même, et ensuite des défauts d’étanchéité. L’eau et le gaz provenant des fuites pénétraient dans les caniveaux. Enfin de nombreux contacts ont eu lieu entre les conducteurs électriques et les tuyaux de gaz.
- Il était facile de remédier aux défauts d’isolement; il suffisait de rechercher les endroits où ils se trouvaient et de les réparer. En procédant ainsi successivement, avec méthode et persévérance, on devait réussir. Signalons en passant que ces causes ont amené des effets très curieux d’électrolyse. En quelques points de canalisations, on a trouvé des dépôts de sels de soude, de potasse et même de potassium à l’état libre.
- La question de l’étanchéité était plus difficile à résoudre. Pour ce qui concerne les eaux, les pentes naturelles données aux caniveaux peuvent suffire dans bien des cas; dans d’autres, il est au contraire nécessaire de rejeter l’eau au dehors des caniveaux au moyen de pompes que l’on fait fonctionner en divers points. Quant aux fuites de gaz, théoriquement elles ne devraient pas exister. Mais enfin il ne faut pas exiger ce que les électriciens ne peuvent eux-mêmes obtenir. Plusieurs remèdes ont été proposés pour éviter la présence de gaz dans les caniveaux ; ce qui pourrait, en effet, amener des accidents autrement graves que ceux déjà constatés. Le principal moyen actuellement employé par le service municipal est la ventilation artificielle.
- Cette ventilation est effectuée au moyen d’un ventilateur mobile aspirant à force centrifuge (fig. 1), constitué par une turbine D de 370 millimètres de diamètre. L’appareil est monté sur un chariot à deux roues que l’on peut déplacer très facilement. A la vitesse angulaire de 4000 tours par minute, il fournit 400 mètres cubes d’air par heure. Il est com-
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- mandé à l’aide d’un engrenage B et d’une transmission A par une manivelle C qui fonctionne à la vitesse angulaire de 40 tours par minute. Cet appareil, d’un poids total de 180 kilogrammes, est amené devant un regard et installé (fîg. 1, n° 2) à la place du tampon de fermeture. Un homme fait alors
- tourner le ventilateur pendant dix minutes environ, et on laisse écouler l’air. Cet appareil, très heureusement combiné par le service de l’usine municipale des Halles, ne peut que donner d’excellents résultats. Mais il aurait été hon d’ajouter un petit moteur électrique d’un poids très faible et il en existe beaucoup
- Fig. t. — Ventilateur pour canalisations électriques.—1. Aspect de l'appareil. A, Poulie de transmission. B. Roue d’engrenage. 1). Tuyaux de sortie de l'air. C. Manivelle. — 2. Mode d'emploi de l’appareil.
- aujourd’hui. En arrivant à un regard, un branchement aurait suffi pour actionner le moteur pendant le temps nécessaire. Car il est bizarre de voir un ouvrier tourner une manivelle quelquefois assez dure, quand à deux pas de lui il dispose d’une source d’énergie électrique. Nous parlons bien entendu de la distribution à courants continus.
- Comme troisième défaut, nous avons signalé les contacts survenus entre les canalisations électriques et les canalisations de gaz. C’est là le point le plus important. Dans bien des cas, des tuyaux de branchement en plomb ont été attaqués et percés, et souvent même en des points assez éloignés des canalisations électriques. Il ne faut donc pas conclure qu’il y a eu toujours des communications directes. Nous sommes convaincus que ces contacts proviennent la plupart du temps des installations intérieures des abonnés,
- et que les dérivations de courant s'établissent dans les différentes conduites, suivant les résistances du sol très peu homogène de laville.il est certain que s
- ces dernières installations étaient toujours effectuées avec soin, les accidents pourraient être évités. Peut-être aussi devra-t-on isoler au point de vue électrique les branchements de gaz du reste des conduites générales.
- La question est encore à l’étude.
- Dans ces quelques lignes, nous avons voulu simplement montrer que les difficultés ont été nombreuses pour les compagnies électriques à Paris ; mais ces difficultés ont été vaincues et chaque jour on voit se réaliser de nouveaux progrès. Nul doute que dans quelques années nous ayons à Paris des distributions d’énergie électrique à l’abri de tout accident. J. Laffargue.
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- Fig. 2. — Coupe du boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
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- LE LANCEMENT DU « YALMY ».
- COMMENT ON LANCE UN CUIRASSÉ
- Le 6 octobre a été un joxr de fête à Saint-Nazaire. A trois heures quarante de l'après-midi, le magni-
- fique cuirassé d’escadre le Valmy est allé, sans encombre , rejoindre à la mer son frère, le Jem -mapes, qui lui avait montré le chemin, le 27 avril dernier. Quand nous disons son frère, en parlant du Jemmapes, c’est une façon de parler : car ces beaux navires, comme les légendaires fils Aymon,
- Fig. 1. —Le cuirassé d’escadre le Valmy, lancé à Saint-Nazaire, le 6 octobre 1892.
- seront au nombre de quatre, portant les noms de Valmy, de Jemmapes, de Bouvines, et de Trèhovart, belle petite famille, comme on voit,
- dont le père est M. de Bussy, le savant Inspecteur général du génie maritime.
- Chacune de ces citadelles Bottantes a 86m,50 de
- ELEVATION
- Vérin
- PLAN
- Fig. 2. — Installation du système de lancement d’un navire cuirassé. Vue en élévation et en plan. — X, Y. Arcs-boutants de retenue supplémentaires destinés à soulager la savate. — T, T. Tins à sable destinés à augmenter la résistance au départ. —• S. Pièce de retenue,
- longueur, 17m,50 de largeur, 6m,96 de creux et un déplacement de 6591 tonneaux. Dans la machinerie on verra agir une force motrice de 9000 chevaux-vapeur équivalant à environ 20 000 chevaux en chair et en os qui se., nourriraient de foin et d’avoine. Deux hélices, placées de chaque côté du bâtiment, lui imprimeront une vitesse horaire de
- 17 nœuds, c’est-à-dire de 31 kilomètres à l’heure, une bonne vitesse de train omnibus marchant bien.
- La construction de ces navires se fait en acier d’une résistance exceptionnelle ; ils portent de plus une cuirasse de 46 centimètres d’épaisseur, en même temps que leur pont est recouvert d’une carapace de plaques, en acier aussi, de 12 centimètres d’épais-
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- seur. Ces petites précautions leur permettront de s’élancer sur leurs adversaires avec une certaine tranquillité, malgré les obus chargés de toutes sortes d’explosifs de plus en plus formidables, aux menaces desquels ils sont d’ailleurs toujours prêts à répondre : car ils auront deux gros canons de 34 centimètres, 8 canons à tir rapide et 10 canons-revolvers, sans parler de quatre tubes lance-torpille au moyen desquels il leur sera facile de diriger sur l’ennemi, dans tous les sens, la torpille qui l’enverrait évoluer dans l’espace.
- Le lancement d’un navire est toujours une opération difficile et émouvante : elle l’est au suprême degré lorsqu’il s’agit d’un de ces colosses de la guerre maritime, pesant i 800 000 kilogrammes et dont une fausse manœuvre, un détail oublié, un rien, peut briser, avant son début, la brillante carrière. Quand on assiste à ce spectacle, on a beau ne pas être l’ingénieur chargé de cette grosse besogne et sur lequel pèse une si grande responsabilité, on se sent
- graisse
- fol de
- Fig. 3.— La quille du navire, prêt à être lancé, repose sur la savate, grosse pièce en bois séparée de la coulisse de lancement par une couche de suif et de graisse.
- haletant : le cœur vous bat dans la poitrine. Si le colosse allait s’arrêter dans sa course et faire un faux départ. S’il allait, dès sa mise à l’eau, démentant de savants calcuts, se coucher paresseusement sur le flanc, ou faire une épouvantable culbute? On a beau se dire et se répéter que tout cela n’arrivera pas : il y a une angoisse qui donne à ces cérémonies patriotiques un charme poignant.
- La difficulté en pareille matière a toujours existé depuis que l’on construit des navires de guerre en augmentant sans cesse la longueur, la largeur, la profondeur et le poids. Notre Musée de la marine, au Louvre, dans lequel on ne va pas assez souvent, — comme dans tous nos Musées — est rempli, sur ce point, de documents et de modèles des plus curieux. On y voit défiler l’histoire de la mise à l’eau de tous ces beaux navires, aux noms héroïques, qui dans la suite des événements ont promené sur toutes les mers le drapeau de la France et fait parler la poudre dans toutes les régions, portant toujours dans les plis
- des trois couleurs ou la paix ou la guerre. On les voit grandir à vue d’œil. L’opération du lancement est devenue, nous l’avons dit, de plus en plus difficile avec les grandes proportions adoptées. Cependant, par une singularité des lois mécaniques que les ingénieurs expliquent en étudiant le frottement, les* petits navires, relativement légers, des temps passés, avaient plus de peine à démarrer de leurs chantiers que nos gros et lourds navires cuirassés actuels, C’était toute une affaire que de les mettre en route et pour y parvenir, on était obligé de les lester, ce qui nécessite une opération spéciale.
- Quoi qu’il en soit, la méthode générale de cette délicate opération est restée à peu près la même. Chacun a bien, à part soi, ses petits secrets et ses tours de main de la dernière minute qui assurent le succès, mais la règle est sensiblement identique. Nous allons dire comment on opère pour des vaisseaux tels que le Jemmapes, le Valmy et leurs gros frères.
- Une considération intéressante, c’est qu’il faut se
- de l ’axe de la quille
- Carène
- fausse quille latérale de gaucho 1
- .3 -- Ventrière CjeudeQbmHh mètres
- — Couette fixe
- Sol de la cale de construction
- Fig. 4. — Détail de la ventrière et de la coüette contre laquelle elle viendrait buter si le navire venait à se pencher pendant le lancement. — S, S. Fausse quille latérale.
- préoccuper du lancement d’un navire, dès le jour même où on le met en construction. Il convient, en effet, de donner, dès lors, à la quille qui lui sert d’épine dorsale à l’envers, une inclinaison favorable sur le sol, en vue du jour mémorable où, brisant le dernier arc-boutant, on laissera glisser à l’eau la citadelle flottante. Il faut choisir aussi, devant les chantiers de construction, un emplacement où l’eau soit profonde, les marées régulières et où le fond ne change pas trop souvent. Les grands fleuves, à leur embouchure, présentent généralement, sur ceS divers points, des conditions favorables. On est arrivé, à Brest, par exemple, à lancer un navire dans un espace libre ne présentant que deux fois ‘sa longueur. Dans ce cas, à la vérité, le navire est retenu par une toile d’araignées de câbles, appelés bosses cassantes, qui se rompent successivement en amortissant sa vitesse et en le faisant tourner graduellement de façon à le placer, lorsqu’il arrive au repos, parallèlement au rivage. On le munit parfois aussi d’un grand bouclier carré en planches qui oppose à la pression de l’eau une résistance considérable et retardatrice. Parfois, enfin, on le fait buter contre
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- une dromc, gros faisceau de mâts artistement lie's entre eux et dans lequel le colosse reste embarrassé comme un cheval que l’on entraverait.
- Le lancement se l'ait toujours par l’arrière du navire et voici pourquoi. Lorsque la masse, délivrée de ^es entraves, abandonne la coulisse sur laquelle elle glisse et commence à entrer dans l’eau, elle ne s’appuie plus sur la terre ferme que par un point extrême de la quille que les marins appellent le brion. C’est donc ce point, tout petit en somme, qui, à un moment donné, au moment psychologique du décollement, supporte toute la réaction du poids énorme du navire; pour le Valmy ou le Jemmapes cette réaction n’est pas inférieure à 198 000 kilogrammes. Aussi préfcre-t-on que le brion se trouve placé à l’avant du navire, plus solide que l’arrière et mieux disposé pour supporter ce rude effort passager sans danger pour la solidité de la coque. Autre raison : c’est que les formes du navire et les poids répartis sont tels que le tirant d’eau à l’arrière est plus grand que celui à l’avant. Il en résulte qu’en lançant le navire par l’arrière, il n’a, pour flotter, en passant de l’inclinaison de la cale à celle de la flottaison,
- S Pièce de retenus
- Fig. 5. — La pièce de retenue, dernier lien du navire avec la terre au moment du lancement.
- qu’à tourner d’un très petit angle. Lancé par l’avant, il donnerait du nez et se relèverait ensuite avec une, grande secousse en soulevant toutes sortes de vagues, de tourbillons et de remous gênants.
- Un grand navire, comme le Valmy, a 82 mètres environ à parcourir, depuis le moment où l’on brise ses entraves, jusqu a celui où il flotte complètement. On le prépare savamment à cette opération. On commence tout d’abord par passer sous la quille une série de pièces de bois posées bout à bout de façon à former, par portions successives, une longue pièce continue ayant à peu près la longueur du navire et que l’on appelle la savate. Cette pièce est reliée au navire et fait corps avec lui ; il l’entraîne dans l’eau lors de son évasion du chantier. D’autre part, sous la savate, est disposée une coulisse en bois sur laquelle elle glisse ; entre les deux on étend une épaisse couche de suif mêlé de graisse (fîg.3). Il faut voir, la veille du lancement, nos bons marins graisser la coulisse avec des soins méticuleux, par larges couches, puis par petites retouches savantes ; il n’est pas un endroit où leur main ne passe et repasse attentivement. Enfin, pour le cas où le navire, dans un fâcheux caprice, viendrait à s’incliner à droite ou à gauche pendant le lancement, on le munit, latéralement, d’une pièce massive en bois, attachée à la fausse quille et qui épouse la forme extérieure du vaisseau : cette pièce se nomme la ventrière. Dans les anciens
- vaisseaux en bois, aux formes très arrondies, la ventrière formait une véritable charpente ; avec nos navires actuels, très aplatis au fond, ses proportions et sa longueur sont très réduites (fîg.-4). La ventrière doit, pratiquement, rester inutile, lorsque, comme c’est le cas général, le navire file bien droit jusqu’au bas de sa coulisse. Mais, s’il se penchait, la ventrière viendrait appuyer contre une charpente en hois nommée couette, solidement arc-boutée à terre et qui lui rendrait, au premier contact, la verticalité.
- Dans les arsenaux anglais, la pente sur laquelle s’effectue le lancement des gros navires de guerre est de 6 à 7 centimètres par mètre. En France, on lui donne généralement de 9 à 10 centimètres, ce qui, sans augmenter les risques, rend l’opération plus rapide et plus brillante. Quand vient le grand jour du lancement, une heure avant le moment fixé, on commence à enlever les accores, ou étais inclinés, qui ont maintenu latéralement le navire pendant toute sa construction. L’opération se fait en silence, dans un ordre parfait; au commandement du tambour, des ouvriers parfaitement exercés, enlèvent les étais, par paire, à droite et à gauche. Les deux derniers étais abattus, le navire reste en équilibre sur sa quille : le colosse est isolé. Il n’est plus retenu que par deux arcs-boutants que l’on fera sauter à coups de masse et par une pièce nommée pièce de retenue qui attache la savate à la terre ferme (fig.5) .On scie cette pièce au dernier moment et, le plus généralement, le navire glisse à l’eau de lui-même; il n’attend même pas que la pièce soit tout à fait sciée pour la rompre et se précipiter dans l’espace comme un cheval fougueux. Si, cependant, il manifestait quelque paresse, trois gros vérins de chasse, appuyés contre ses flancs, lui donneraient en deux tours de vis la première impulsion.
- La pièce de retenue a sa poétique légende. On l’appelait clef, jadis, et elle était coupée, à coups de hache, par un condamné à mort qu’elle tuait généralement en se brisant ; s’il en échappait, le malandrin obtenait sa grâce et ce poste désagréable ne laissait pas d’être recherché. Aujourd’hui, nos ingénieurs ont disposé la pièce de retenue de façon quelle puisse être sciée, sans danger, comme nous-l’avons dit, et la légende du condamné à mort s’en est allée où vont les légendes (fig. 5).
- Le navire, en glissant, échauffe énormément la savate et la coulisse en bois, au point de pouvoir les enflammer; aussi des pompes à incendie préparées à l’avance ne cessent, pendant la courte opération, d’inonder les parties frottantes pour les empêcher de brûler. Mais le bois roussi, la graisse brûlante, la vapeur d’eau qui se produit, forment autour de la carène un véritable nuage au sein duquel le navire se précipite, en même temps que, dès son entrée dans l’eau, il soulève une tempête de vagues et secoue ^les flots d’écume. C’est ce qui fait du lancement d’un navire de guerre un inoubliable tableau-
- Max de Nansouty.
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- HISTOIRE DE IA BROUETTE
- Il y a plusieurs années, nous avons publié quelques documents historiques relatifs à l’origine de la brouette, dont on a souvent à tort attribué l’invention à Pascal. Nous avons montré que la brouette était connue bien avant le dix-septième siècle, et nous avons reproduit des miniatures et des manuscrits du quinzième, du quatorzième et même du treizième siècle, qui donnent des figures de ce véhicule1.
- Un de nos lecteurs de Saint-Omer, M. Boitcl, nous
- envoie la photographie d’une si charmante page d’un rare manuscrit du treizième siècle, que nous n’hésitons pas à la publier encore. Elle complète très heureusement nos précédents documents. Le dessin que nous reproduisons ci-dessous représente le jugement dernier et quelques damnés transportés en brouette par un diable à jambe de bois. Une sangle passée autour du cou l’aide à supporter le fardeau. Un autre diable est attelé devant, au moyen d’une bricole; il joue de la cornemuse, sans doute pour distraire les voyageurs. La brouette contient un roi, un évêque et un homme du peuple; l’artiste, en re'u-
- j| pontq utcuiûMü rwtts q .puentuta mît il 1 oactttais-ijcnttbj q&lcftumc copljcufus 1 atfufuuuôtcui pj uiGrl'Cllnfcflcuuta “Ji I tt tcrtlu ïcftuimtiouè tüc teprn tbucuàà-ifeàl ftmulechomS Ccnûcmuit •&U£plc\ Vopj)(mias(pcaii£itoi‘iavcl)^ % tiop toi co$nito:auî)uiitda|
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- \ Ju^ta cft tocs bûj magiUuuia i uclpr ut/ “UnisSoi* toettoq atuatatrvlmlabt: foi ftv "ns^testre tocs üla-tocstnbu latins i an/ guthc-èiiS aüarottàtts i nufcriCtitcstc^
- ttcbia^ îcaliguus.tocsitcbulc iturlmus. tocs tube \ damyous fr cuntatcsmum / tas*ï Cfaugulos.crtclCos ^ttnbuiabo |)o/ mutes 'fambulmmut utaxt fpdnoçccca/ uevîoBt cfiuntof cû£Û?l)umfet’cot/
- pnacoL* fuut ftettean & 4argmtiï co^z aurü cop n ptAtrItbemtt ços m ôte ne but* guigne zelteitmtouombVcts-éai%con/
- Fac-similé d’uti manuscrit du treizième siècle, contenant en marge le dessin d’une brouette.
- nissant ces personnages, a voulu, sans doute, faire une allusion à l’impartialité de la justice éternelle.
- Dans notre précédent article sur la brouette, nous avons montré que l’appareil avait souvent servi au transport des blessés ou des malades : ici encore ce véhicule sert en quelque sorte de voiture de voyage.
- Cette miniature est finement dessinée ; elle est enluminée avec beaucoup de goût, nous la reproduisons légèrement réduite. Le manuscrit, d’auteur inconnu, porte le n° 5 du Catalogue de la Bibliothèque de Saint-Omer. C’est le tome IIe d’une Bible (Biblia Sacra) provenant de l’abbaye Saint-Bertin.
- Ce précieux volume renferme d’autres pages d’un intérêt de premier ordre, représentant des joueurs de violon, des arbalétriers, des maçons, des éléphants avec tours de guerre, des pièges à oies. Nous espérons que grâce à l’obligeance du Conservateur de la Bibliothèque de Saint-Omer et de notre aimable correspondant, il nous sera donné de reproduire quelques-unes de ces curiosités.
- Le bel ouvrage que nous signalons ici, à l’occasion de l’histoire de la brouette, comprenait jadis deux volumes ; l’un d’eux a disparu pendant la Révolution. Il se trouve peut-être actuellement dans une bibliothèque étrangère. Gaston Tissandjeu.
- 1 Voy. re 880, du 14 juin 1890, p. 23.
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- APPAREIL DE PROJECTION
- FABRIQUÉ AVEC UN APPAREIL PHOTOGRAPHIQUE ET UNE LANTERNE DE LABORATOIRE
- Le système que nous allons de'crire et qui permettra à tous les amateurs de photographie de se con-lectionner un appareil de projection et d’agrandissement, se compose des cléments suivants :
- 1° Une chambre noire 15x18 de bonne construction, permettant une certaine décentration en hauteur. On façonne pour cette chambre une planche ayant la dimension et l’épaisseur de l’un de ses châssis négatifs; cette planche se met à la place d’un de ces derniers châssis et doit être assez bien ajustée (fig. 1, A).
- On perce ensuite la planche d’une ouverture circulaire correspondant au diamètre du condensateur que l’on désire employer; le centre de cette ouverture devra être à la même hauteur que celui de l’ouverture du devant de la chambre, lorsque l’avant est décentré vers le haut.
- Sur la face extérieure de la planche, c’est-à-dire celle qui se trouvera en dehors lorsqu’on la placera sur la chambre noire, on fixe deux petites tringles en bois, de peu d’épaisseur, destinées à servir de guides au châssis porte-positifs. Ce châssis demandant une construction assez soignée qui n’est pas à la portée de tous les amateurs, nous recommandons l’achat du châssis porte-positifs que l’on trouve dans le commerce à un prix très réduit.
- 2° Une lanterne de laboratoire à verres inclinés de dimension moyenne (de bonne construction afin
- que la lumière ne passe pas par tous les côtés). Cette lanterne présente sur l’un des côtés latéraux
- une ouverture rectangulaire fermée par une pièce en fer-blanc glissant dans une coulisse. On enlève cette fermeture, on prend une autre planche ayant à peu près la même dimension que celle qui remplace le châssis négatif, et l’on fixe dessus, sur les trois côtés du rectangle, une bande de zinc ou de fer-blanc recourbée pour pouvoir mettre la planchette à la place du couvercle primitif (fig. 1, R). Ensuite on met la lanterne sur l’arrière de la chambre, le côté où se trouve l’ouverture bouchée par la planchette contre le faux châssis négatif, et l’on marque la place où il faut pratiquer l’ouverture circulaire correspondante, ainsi que l’endroit où il faut fixer les deux autres petites tringles en bois, vis-à-vis de celles du châssis.Ce travail effectué, on prend une planche à laquelle on donne la dimension de ce côté intérieur de la lanterne ; on la fixe à l’aide d’un clou que l’on peut enlever à volonté; on indique l’emplacement de l’ouverture circulaire comme celle des autres planches, et l’on introduit dans cette ouverture la bague qui accompagne le condensateur. La bague est ensuite fixée sur la planche à l’aide de quelques vis ou de quelques clous (fig. 1, G).
- Le bec de la lampe à pétrole est remplacé par un plus grand, ou, si la construction de la lampe ne le
- Fig. 1, 2 et 3. — Transformation d’une laulerue de laboratoire et d’un appareil photographique en un appareil de projection et d’agrandissement. — Fig. 1. A. Faux châssis négatif. — B. Fermeture de la lanterne. — G. Porte-condensateur. — Fig. 2. Appareil vu de côté. — A. Faux châssis négatif. — B. Fermeture de la lanterne. — G. Condensateur. — D. Châssis à coulisse pour deux clichés à projeter.— E. Tiges en fer maintenant À et B en face l’un de l’autre, de façon que les centres des ouvertures circulaires coïncident entre eux. — G. Planchette sur laquelle la bague du condensateur C est fixée. — J. Jonction élastique de A et B par caoutchouc ou ressorts. — L. Lampe au pétrole, modifiée. — R. Réflecteur mobile pour la lampe. — Fig. 3. Vue de l’appareil fonctionnant.
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- permet pas, l’on fait souder un bec rond (de 14 lignes) sur une grosse boîte à sardines, ce qui donne alors un éclairage suffisant. Derrière la flamme, on place un petit miroir concave (les réflecteurs de petites lanternes de voitures conviennent parfaitement ; ils sont en cuivre plaqué argent, et ne coûtent que quelques sous). Il faut avoir soin que le centre du réflecteur coïncide avec le centre de la flamme, du condensateur et de l’objectif.
- Si 1 on désire supprimer la lumière rouge donnée par la lanterne, il suffit d’ajouter un morceau de carton, de fer-blanc, de zinc, etc., delà dimension nécessaire, comme un troisième verre.
- La lanterne pourrait recevoir tout autre mode d’éclairage ; lumière oxyhydrique, gaz, électricité.
- Ces divers préparatifs effectués, il faut réunir les deux planchettes placées à l’extérieur des appareils par quelques bracelets en caoutchouc, attachés aux deux planchettes par des clous à crochets, pour les rapprocher tout en laissant l’élasticité nécessaire pour opérer le changement du châssis.
- De cette façon l'appareil d’agrandissement se trouve constitué. La lanterne se posant sur l’arrière de la chambre noire participera aux mouvements de translation de cette partie de la chambre noire, et l’on pourra mettre au point l’image avec l’un des objectifs que l’on possède puisque l’on aura à sa disposition le tirage entier de la chambre noire.
- Tel qu’il est décrit, l’appareil jouit d’un avantage que n’ont pas les appareils de projection ordinaires : il ne laisse pas filtrer la lumière au dehors.
- En résumé, un amateur possédant quelque habileté de main exécutera cet appareil à peu de frais s il se contente de l’achat d’un condensateur, à moins que, poussant l’économie à l’extrême, il n’emploie une lentille biconvexe quelconque de dimension suffisante. M. IIorn.
- CHRONIQUE
- Un cheval sans poils ni crins. — Le Scientific Arnericnn a donné la description d’un cheval qui est entièrement dépourvu de système pileux. Non seulement l’encolure et la queue de cet animal sont privés de crins, mais le corps lui-même n’en porte aucune trace. La peau, presque entièrement noire, est brillante et lisse, sans aucun poil. On constate, chez ce cheval, un phénomène assez curieux : quelle que soit la fatigue à laquelle il est soumis, il ne transpire jamais. A la modification anatomique de sa peau, s’est ajouté un changement dans les fonctions physiologiques de cet organe. La perle de vapeur d’eau, et, par suite, de chaleur, produite habituellement par la transpiration et qui est la condition de la continuité d’une dépense de force active, doit avoir lieu chez ce cheval comme chez le chien, par la surface pulmonaire. Un lecteur de Y Eleveur, après avoir lu le fait que nous venons de mentionner, a écrit à ce journal : « J’ai constamment sous les yeux un cheval absolument dépourvu de système pileux ; non seulement à l’encolure et à la queue où on ne voit pas un seul crin, mais sur le corps lui-même, qui ne porte aucune trace de poils ; la peau, presque entièrement
- noire, est brillante et lisse. Quelle que soit la fatigue à laquelle il est soumis, ce cheval ne transpire jamais; il est très vigoureux, peu sensible à la chaleur, au froid et aux mouches; il fait un très bon service et est âgé de dix à douze ans. »
- Le beurre et les souris. — Voici un moyen assez original pour savoir si le beurre contient de la margarine : M. Mecoy, de Puirceton (États-Unis), reçut plusieurs échantillons de beurre qu’on le pria d’analyser. Les capsules dans lesquelles on fondit le beurre, après avoir décanté la graisse, furent laissées la nuit sur une table du laboratoire. Le lendemain, le chimiste fut très surpris de voir que, des douze capsules remplies, dix avaient été complètement nettoyées par les souris, tandis que deux étaient intactes. Les analyses faites, M. Mecoy constata que tous les échantillons étaient du beurre naturel, à l’exception, de deux auxquels les souris n’avaient pas touché. Ne sachant s’il fallait attribuer au hasard ce résultat, le chimiste américain étendit dans une cloche une certaine quantité de beurre naturel et dans une autre de la margarine. 11 plaça les verres sur la table pour les y laisser pendant la nuit. Le lendemain, le beurre naturel avait disparu, tandis que les souris avaient à peine grignoté la margarine, comme pour reconnaître le produit. De nombreuses expériences ont été faites, à la suite de celle constatation : elles ont démontré qu’une souris mangera très volontiers de la margarine lorsqu’elle n’a pas d’autre chose à se mettre sous la dent, mais qu’elle ne le fera pas si elle a du beurre naturel à sa disposition.
- Le niveau moyen des mers d'Europe. — Des
- mesures prises à l’aide des instruments de Lallemand, jointes à des nivellements exécutés avec le plus grand soin en différents pays, ont prouvé qu’il n’existe pas de grandes différences de niveau entre les mers d’Europe, contrairement à l’opinion reçue. Les Mittheilungen de Petermann (vol. XXXVIII, n° 5) donnent un tableau des niveaux moyens, dressé d’après les renseignements recueillis en trente-huit stations par la Commission météorologique des Bou-ch«s-du-Rhône, prenant pour zéro le niveau moyen à Marseille. 11 suit de ces données que les différences entre les niveaux moyens des mers en question ne dépassent pas quelques centimètres, sauf dans certains cas exceptionnels.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 10 octobre 1892. —Présidence de M. Duchartiuî.
- Fer météorique tombé du ciel auprès d’El Goléa, en Algérie. —- M. Stanislas Meunier adresse à l’Académie l’analyse, qu’il vient de terminer, d’un fer météorique récemment acquis par le Muséum. C’est en plein Sahara par 28° 57' de latitude nord et 0°49 de longitude ouest, auprès du puits d’IIassa Jekna, sur la route d’El Goléa à Gourara, que ce messager céleste est venu atterrir. Un mouadhi de la tribu des Chambas y avait établi son campement. Pendant que les hommes étaient à la chasse dans les environs, les femmes, assises devant la tente, entendirent un grand bruit et virent tomber, à 400 mètres environ, un objet qui souleva le sable comme un boulet qui aurait porté dans la dune. Les chasseurs, qui avaient également entendu le bruit, rentrèrent peu après et se portèrent aussitôt à l’endroit indiqué. Ils y trouvèrent un entonnoir au milieu du sable et des pierres, et l’avant dé-
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- blayé, ils rencontrèrent, à 80 centimètres environ de profondeur, un objet noir qui leur brûla fortement les doigts. Us s’écartèrent effrayés et ne revinrent que le lendemain pour sortir du sable le petit aérolitlie complètement refroidi. C’est une petite masse de fer piriforme, moins grosse que le poing et pesant 1250 grammes. A première vue, elle est très remarquable par ses contours très arrondis qui contrastent avec le caractère fragmentaire ût anguleux de la plupart des échantillons de même origine. Une section pratiquée à la scie et polie a donné par les acides une ligure très nette de Widmanstœtlen. La densité mesurée à 14° est 7,67; l’analyse a donné : fer, 91,52 ; nickel, 5,88; cobalt, 0,81 ; cuivre, traces; soufre, traces; résidu insoluble, 1,04. Cette composition concorde avec les caractères physiques et la structure, pour faire admettre le fer de Ilassi Jekna dans le type lithologiqüe, jusqu’ici très rare, que M. Stanislas Meunier a distingué, dès 1870, sous le nom de sclrwetzite.
- Le disque lunaire. — M. Bischoffsheim communique une très belle photographie du disque lunaire prise le 51 août, à quatre heures et demie de l’après-midi, à l’observatoire de Lick (États-Unis). Cette photographie présente cette particularité très singulière quelle montre sur les flancs des cratères des traits fort nets, tels que des ruisseaux ou des coulées de laves pourraient en donner l’apparence. M. Faye déclare qu’il appartient aux géologues de chercher une explication de ces phénomènes nouveaux ou qui du moins avaient jusqu’ici échappé aux investigations des sélénographes.
- La phosphorescence du sulfure de zinc. — M. Charles Henry est parvenu à préparer industriellement le sulfure de zinc qui n’avait encore été obtenu que par fragments de quelques grammes. Ce corps jouit de cette intéressante propriété d’ètre phosphorescent, et cela à un degré d’autant plus intense qu’il est plus pur. Son inaltérabilité chimique est parfaite. M. Henry a exécuté de nombreuses expériences photométriques sur la lumière émise pendant la phosphorescence par le sulfure de zinc, lia déterminé le maximum d’intensité de cette lumière et a réussi à représenter par une fonction exponentielle la loi de déperdition de la lumière ainsi émise, lorsque les expériences se prolongent pendant quelque temps.
- L’effet physiologique des émotions ou des. chocs subits. — M. Roger donne le nom de chocs nerveux aux actions physiologiques, qui résultent d’uhe émotion violente instantanée ou d’un coup inopinément reçu. Par l’effet du choc nerveux, l’échange entre le sang et les tissus est arrêté, aussi le sang reste-t-il rouge dans les veines. Les animaux soumis à l’action d’un choc nerveux offrent une grande résistance à l’empoisonnement par la strychnine, à cause précisément de cet arrêt dans la fonction d’échange des matériaux du sang. Cependant la moelle n’est pas épuisée ; l’auteur pense au contraire qu’elle jouit d’une vitalité plus puissante que dans l’état normal.
- Varia. — L’Uni versité de Padoue se propose de célébrer, le 7 décembre 1892, le trois centième anniversaire de l’entrée de Galilée dans l’Université de cette ville. — M. Joly, inspecteur des finances à Constantine, restitue une lettre autographe de Descartes, tombée en sa possession, mais portant le timbre de l’Institut de France. Cette lettre qui traite du problème du centre d’oscillation, fait partie d’une collection qui a été dérobée il y a une trentaine d’années, et dont les éléments sont aujourd’hui fort dispersés. — M. Hugo Gylden a effectué des recherches nou-
- velles sur les séries employées dans la théorie des planètes. — M. Thoulet adresse des observations océanographiques relatives au bassin d’Àrcachon.
- Ch. de Villededil.
- PHYSIQUE AMUSANTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE1
- LA NAISSANCE DES FLEURS
- Ce tour, fort ancien déjà,' est des plus gracieux.Le prestidigitateur se présente, tenant à la main une petite boîte en carton dans laquelle, dit-il, se trouvent des graines de fleurs d’espèces variées.
- « Point n’est ici besoin de terre, d’humidité, de temps, pour faire germer la graine, grandir la plante et voir la fleur s’épanouir ; le tout se fait instantanément. Une rose à ma boutonnière produirait, n’est-il pas vrai, un charmant effet? Un coup de baguette sur la graine déposée à l’endroit voulu, et voyez, la rose paraît. Quelques semences dans cette petite boîte (A, fig. 1) que nous couvrons un instant pour qu’on ne puisse voir comment naissent les fleurs... C’est fait; ôtons le couvercle : violettes, myosotis et pâquerettes Sont là, fraîches écloses.
- « On se méfie peut-être, et avec raison, de la petite boîte en fer-blanc, et plus encore de son couvercle ? Eh bien ! voici un verre à pied en cristal ; sa transparence est parfaite et ce chapeau, dont je le couvre et que l’on vient de me prêter, ne peut avoir subi aucune préparation. Enlevons-le bien vite, car les fleurs... Comment, point de fleurs ? Ah ! c’est que j’avais oublié de semer les graines. Recommençons l’opération : quelles fleurs désirez-vous ? Un réséda, une rose, une violette, un souci? Voici une graine de chaque sorte, je les mets dans le verre; que chacun me désigne la fleur qu’il préfère. Maintenant, je couvre le verre, nous comptons trois secondes... Voyez le magnifique bouquet! (fig. 3) »
- Enfin, on termine le tour en retirant du chapeau quantité de petits bouquets qui sont offerts aux dames.
- ' Voici l’explication :
- Y* La rose à la boutonnière. C’est une rose artificielle en mousseline, sans queue, et qui est traversée par un fil de forte soie noire arreté par un nœud; à ce fil, long de 12 à 15 centimètres, est attaché un autre fil en caoutchouc assez fort et que l’on pourrait doubler au besoin. L’extrémité libre du caoutchouc traverse d’ahord la boutonnière gauche du revers de l’habit, puis un petit œillet pratique en dessous j dans l’habit'même; faisant ensuite le toür de la poitrine en passant derrière le dos, le bout vient se fixer à l’un des boutons de droite de la’ceinturé du pantalon. * '
- Quand le prestidigitateur entre en scène, la rose est amenée jusque Sous son épaule gauche où il la maintient en spjrant un peu le bras ; au moment voulu, il lève* sa baguette vers la droite, portant ses regards dans la même direction, afin d’attirer de
- 1 Suite. — Y’oy. n° 1006, du 10 septembre 1892, p.240. .
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- ce côté les yeux des spectateurs ; mais en même temps il écarte légèrement le bras, et la rose, tirée par le caoutchouc tendu, vient brusquement se mettre en place. On ne saurait imaginer, quand on ne l’a pas vu, l’effet magique produit par l’apparition instantanée de cette fleur, venue on ne sait d’où.
- 2° Les fleurs dans la petite boite. Cette deuxième apparition de fleurs, produite au moyen du petit appareil que l’on voit dans la ligure 2 n’a vraiment rien de bien mystérieux ; elle a surtout pour but de mettre en relief l’expérience qui va suivre, et dans laquelle, évidemment, il ne peut être question de double fond; de plus, la diversité des moyens employés contribue puissamment à dérouter les spectateurs.
- Notre ligure 2 montre en coupe les trois pièces du petit appareil, qui sont posées séparément sur la table dans la ligure 1 : A est la boîte cylindrique en fer-blanc dans laquelle on sème les graines ; B, une autre boîte de diamètre un peu .plus grand, mais renversée, en tout semblable d’ailleurs à la première qu’elie recouvre complètement ; sur le fond de B est lixé un petit bouquet de fleurs artificielles. En serrant légèrement vers le bas le couvercle C, qui est en laiton mince, on enlève la boîte B avec le bouquet; si, au contraire, on la laisse sur la table, les spectateurs ne s’aperçoivent pas de la substitution opérée et pensent voir toujours la première boîte d’où ils croient les fleurs sorties.
- 3° Le bouquet dans le verre. C’est la partie la plus intéressante de l’expérience.
- Passons sur le boniment, d’un goût tout au moins douteux, que nombre de physiciens reproduisent invariablement ; on y vante les qualités toutes particulières des chapeaux dont les propriétaires ont la tête chaude, et qui, de ce fait, sont les plus propres à servir de cloches à melons, etc.
- Comme nous l’avons dit, le verre est recouvert du chapeau une première fois, et le prestidigitateur feint l’étonnement en voyant que les fleurs n’ont pas apparu ; mais à l’instant même où le chapeau est enlevé, quand tous les yeux sont fixés sur le verre, cherchant le bouquet annoncé, le physicien, qui tient de la main droite le chapeau négligemment appuyé sur le bord de la table, enfonce prestement
- son médius dans le tube en carton adapté à la tige du bouquet disposé d’avance sur une servante, comme on le voit dans notre figure 1, et, relevant aussitôt le doigt, il introduit les fleurs dans le chapeau, prenant bien garde, — ceci est un point important, — de ne pas détourner ses regards du verre pour les jeter furtivement vers le bouquet ou le chapeau, comme on se sentirait porté à le faire en pareil cas. Cette introduction du bouquet doit se faire en moins d’une seconde, après quoi le chapeau est tenu en l’air pendant que, de la main gauche, des graines imaginaires, dont on désigne l’espèce à mesure qu’on les prend, sont choisies dans la boîte en carton et déposées successivement dans le verre. Aussi, cette fois, soyez-en certain, les fleurs apparaîtront.
- 4° Les petits bouquets dans le chapeau. Pas une seconde à perdre; on admire le bouquet, on est stupéfait de son apparition. Bien vite, le prestidigitateur profite de ce moment de surprise pour introduire, par le même procédé que tout à l’heure, un paquet de petits bouquets attachés ensemble par un fil peu résistant qui sera ensuite rompu dans le chapeau; une partie quelconque du paquet est saisie entre l’annulaire etle médius.Nous n’avons pas fait dessiner ces bouquets sur la servante pour ne pas compliquer la figure. Bien entendu, un physicien habile ne se pressera pas de produire les petits bouquets ; il s’avancera vers les spectateurs comme si l’expérience était terminée et s’il voulait rendre le chapeau qu’on lui avait prêté ; feignant ensuite de répondre à une demande : « Vous désirez des fleurs, Madame?... Et vous aussi? Et là encore on en veut? Je vais donc vider dans ce chapeau le reste de mes graines merveilleuses et nous verrons le résultat. »
- C’est à ce moment-là que l’assistance est attentive et que l’on ouvre les yeux pour voir arriver les fleurs !
- N’oubliez donc jamais qu’avec les prestidigitateurs il est presque toujours trop tard quand on songe à les surveiller.
- — A suivre. — MagUS.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissa\ijnat.
- Paris. — Imprimerie Lalmre, rue de Fleurus, 9. ,
- La naissance des fleurs.
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- .V 10-12.
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- L’OBSERVATION DES ÉTOILES
- Il n’y a certainement pas au monde de spectacle plus magnifique et plus imposant que celui d’un beau ciel étoilé; c’est une admirable chose, par une soirée de septembre, quand le temps est très clair, très découvert, que de contempler ces petits points lumineux scintillant sur le bleu sombre du ciel. Il n’est pour ainsi dire personne qui soit insensible à cette vue. Mais, dès qu’on regarde ces constellations sans nombre, on se prend à désirer de pénétrer un peu dans cet inconnu; montrez, à un enfant, ou même à une grande personne n’ayant pas de connaissances
- astronomiques, ces planètes, ces étoiles, ces constellations, et vous serez étonné de voir avec quelle ardeur elle cherche à savoir les noms de ces mondes lointains.
- On ne saurait évidemment trop encourager ces dispositions et tâcher de satisfaire cette curiosité scientifique; la meilleure manière, c’est, comme en toutes choses, de donner au curieux le moyen de s’instruire par son travail personnel, en cherchant à reconnaître sur une carte du ciel, ces points brillants dont il veut savoir le nom. Mais il n’est pas très pratique d’emporter avec soi une carte astronomique et d’essayer de la lire dehors, dans l’obscurité, et d’y retrouver ces groupes d’étoiles qu’on aperçoit dans le ciel.
- Tableau lumineux à peinture phosphorescente pour l’étude des étoiles. — En cartouche : détail des étoiles factices.
- C’est pour remédier à cette difficulté que M. Beach vient d’indiquer dans le Scientific American un procédé vraiment curieux, qui permet d’étudier l’emplacement des étoiles, à l’aide d’une sorte de carte céleste qu’on a pu dresser très facilement le soir.
- On commence par se procurer une feuille de carton bien solide, de 0m,60 de longueur environ; on couvre une des faces d’une peinture lumineuse, une de ces peintures phosphorescentes dont la recette est bien connue aujourd’hui ; on fixe ce carton sur une planchette de sapin, une planche à dessin, par exemple. Il faut maintenant nous munir d’approvisionnement d'étoiles, et, pour cela, nous découperons de petits morceaux de carton de 4 grandeurs différentes, pour représenter les étoiles de lre,
- de 2°, de oe, et de 4e grandeur. Pour leur donner plus d’élégance, on les taille suivant la forme qu’on est convenu de donner aux étoiles ; on les transperce d’un petit clou qui permettra de les piquer dans le carton ; ou bien même on peut découper du papier qu’on colle sur la tête d’une punaise à dessin. Il y a encore un autre moyen ; pour permettre au doigt de saisir plus facilement les étoiles, on traverse les morceaux de carton d’un petit fil de fer apointé, on tord ce fil de fer deux ou trois fois sur lui-même pour former la tête, et on le contourne enfin en un petit anneau.
- Sortons maintenant, par une belle soirée étoilée, munis de nos instruments, et asseyons-nous dehors. Pour dresser une petite, toute petite partie de la carte du ciel, nous n’avons qu’à regarder la voûte
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- 21)° année. — 2e semestre.
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- étoilée, et à piquer nos étoiles de carton de façon à reproduire la disposition des constellations qui brillent au ciel. Notre tableau phosphorescent nous permet de le faire avec la plus grande facilité, puisque les étoiles se détachent en noir sur un fond lumineux. Cela fait, nous pouvons rentrer à la maison et comparer ce petit coin du ciel avec une carte céleste où nous retrouverons les constellations dont nous aurons pris la reproduction. Nous pourrons ainsi étudier un «à un les groupes d’étoiles, et chacun trouvera le moyen de satisfaire sa curiosité.
- Il y aurait du reste un autre moyen de procéder, qui serait un moyen inverse, mais donnant le même résultat. On prendrait un petit tableau noir sur lequel on piquerait des étoiles faites avec du carton recouvert d’une peinture phosphorescente ; dehors et dans la nuit, ces étoiles se détacheraient parfaitement du fond où on les fixerait.
- M. Beach donne une recette facile pour se confectionner dans ce but un petit tableau noir très léger : il suffit de coller les uns sur les autres trois feuillets de placage, en contrariant les fils du bois.
- Nous avons cru intéressant de signaler ce système ingénieux, qui a le grand avantage de rendre fort attrayantes les premières études de cosmographie et d’astronomie. Daniel Bellet.
- LES PROGRÈS PH0T0GR4PHIQUES
- NOUVEAUX RÉVÉLATEURS LE PARAM1DOPHÉNOL. LAMIDOL
- On parle beaucoup, depuis quelque temps, de l’emploi du paramidophénol pour le développement des clichés photographiques. L’emploi de ce nouveau produit est dû à MM. Lumière fils, et son usage peut être considéré comme marquant un grand progrès. C’est après de longs travaux exécutés sur la série aromatique que les habiles praticiens sont arrivés à choisir cette substance qui parait être plus énergique que toutes les autres ; elle révèle l’image latente des plaques au gélatino-bromure de la façon la plus parfaite.
- Ce révélateur avait été déjà proposé par le DrÀndrcsen, qui se servait du chlorhydrate, tandis que MM. Lumière emploient le paramidophénol base libre. Nous avons obtenu avec ce révélateur de très beaux clichés, et cela d’une façon absolument simple. Vu sa grande énergie, nous conseillerons son emploi tout spécialement pour l’instantané et pour les clichés très rapidement posés. L’image vient très vite et il faut, pour cette raison, bien couvrir la plaque d’un seul coup, car, sans cela, on obtient des taches; on fera bien, également, de ne pas s’émouvoir par trop de la teinte uniforme grise que prend le cliché au début du développement, car l’image monte en intensité graduellement, et on a parfaitement le temps d’arrêter la venue du cliché à l’intensité voulue.
- M. Maurice a bien voulu nous donner la formule qu’il emploie pour obtenir les beaux clichés que beaucoup d’amateurs connaissent et comme nous avons obtenu également d’excellents résultats en opérant de la même manière, nous allons indiquer la façon de préparer le bain révélateur au paramidophénol suivant la méthode de cet habile opérateur.
- Avec cette formule, l’intensité du cliché ne dépend presque que de la quantité de sidistance alcaline (lithine caustique) que Ton met dans le bain de développement ; ainsi, par exemple, en mettant lgr,5 à 2 grammes de lithine par litre, on obtiendra un bain très bon pour les portraits à l’atelier, et qui donnera des clichés très transparents et très doux; pour des instantanés peu rapides, cette quantité d’alcalin conviendra très bien également ; mais pour les clichés faits plus rapidement, ou si Ton désire plus d’intensité, on pourra employer jusqu’à 5, 5 ou même 8 à 10 grammes de lithine par litre.
- Voici la manière de préparer le bain.
- Dans un flacon parfaitement propre de 1 litre, on verse 700 centimètres cubes d’eau distillée; on y fait dissoudre 120 grammes de sulfite de soude, 5 grammes de lithine caustique et 5 grammes de prussiate jaune de potasse. Pour que le tout se dissolve plus rapidement, on aura préalablement fait chauffer l’eau distillée. Cela fait, on remplit le flacon complètement avec de l’eau et Ton y jette 7 grammes de paramidophénol (base libre) ; ce produit est long à fondre et il faudra secouer le flacon de temps en temps pour obtenir la dissolution complète. Un point essentiel est de boucher la bouteille aussitôt que Ton ajoute le paramidophénol, car, sans cela, le bain s’oxyde et noircit aussitôt ; il en sera de même si Ton emploie la solution d’un flacon non rempli. Il faut donc, pour bien conserver ce révélateur, avoir une série de petites bouteilles qui seront toujours remplies et que Ton n’ouvrira qu’au moment de les employer.
- Le bain peut servir à révéler plusieurs clichés, quatre ou cinq et même plus; mais, comme les produits employés dans sa composition ne coûtent pas bien cher, on fera bien de le renouveler plus souvent. 11 est à remarquer pourtant que le paramidophénol se charge moins que les autres révélateurs de bromure, lorsqu’il est employé plusieurs fois, et que, pour cette raison, il a moins de tendance à donner des clichés durs.
- Comme nous le disions précédemment, le paramidophénol sera surtout employé avantageusement pour les clichés instantanés ou posés très rapidement. Pour les clichés posés longuement, il est préférable d’employer un révélateur plus souple.
- Dans la même série de produits où se place le paramidophénol, on en trouve un autre qui se prête très bien au développement des clichés posés. Cette substance est Tamidol, ou chlorhydrate de diamidophénol, dont MM. Lumière avaient préconisé l’emploi en 1891.
- Le produit que Ton trouve dans le commerce en ce moment sous le nom d’amidol se présente sous la forme d’une poudre cristalline d’un gris d’argent rappelant l’apparence du magnésium en limaille.il est très soluble dans l’eau : on peut facilement en faire une solution à 10 pour 100 incolore et qui reste très longtemps claire; en vieillissant, elle prend une coloration rouge et n’est plus bonne.
- L’avantage de ce révélateur est de produire des images vigoureuses et brillantes sans l’addition d’une grande quantité de substance alcaline.
- Voici une bonne formule pour les clichés instantanés :
- Eau. ...... 1000 centimètres cubes.
- Sulfite de soude. . 100 grammes.
- Amidol.................. 10 grammes.
- C’est le bain normal pour les instantanés rapides ; on peut diminuer la quantité de sulfite et d’amidol de moitié pour les clichés faits peu rapidement. Le bain préparé de cette dernière manière et additionné de dix gouttes d’une solution de bromure à 10 pour 100 par 100 centi-
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- métrés cubes île liquide, est très bon pour les clichés posés; comme accélérateur, on emploie une solution concentrée à 55 pour 100 de sulfite de soude, c’est là une des originalités de ce nouveau réducteur.
- Si le cliché est trop posé, on ajoute du bromure ; s’il manque de pose, le sulfite de soude accélère la venue de l’image, et si l’opacité fait un peu défaut, on renforce le bain d'une solution ainsi composée :
- Eau................100 centimètres cubes.
- Sulfite de soude . 10 grammes.
- Amidol.............. 5 grammes.
- Il sera bon de ne pas trop préparer de solutions d’avance, car elles ne se conservent pas très longtemps. Ou fera bien également d’employer toujours du sulfite alcalin, car ce n’est que grâce à la petite quantité de soude caustique contenue dans presque tous les sulfites du commerce que les formules que nous venons d’indiquer peuvent donner de bons résultats. Jacques Ducom.
- LES EMPOISONNEMENTS DANS LES INDES
- Pendant de longues années les Anglais eurent à lutter contre des sectes de fanatiques Hindous. Une des plus redoutables fut celle des Thugs dont Méry, dans son joli roman de la guerre du Nizam, nous a laissé une curieuse et fidèle description. Les Thugs ou Phansigars avaient des adeptes dans toutes les provinces : ils voyageaient isolés ou par bandes, attiraient leurs victimes par mille moyens, les étranglaient et faisaient disparaître le cadavre. C’était la confrérie du coup du père François sur une vaste échelle. Traqués de toutes parts, livrés par leurs coreligionnaires, les Thugs ont disparu grâce aux efforts du capitaine Sleeman, et depuis bientôt vingt-cinq ans, il n’est guère question de crime de ce genre.
- En revanche, les empoisonnements se sont multipliés beaucoup et les Thugs ont réapparu sous une autre incarnation, celle des Daturiahs et des Meetawalla : les premiers, ainsi nommés du nom d’un de leurs poisons favoris, le datura ; les autres, parce qu’ils se servent pour l’administrer des préparations sucrées dont les indigènes sont très friands. Le poison n’est pas toujours le même : parmi les substances végétales l’opium et surtout les variétés de datura, sont les plus employés. Le datura a trois espèces très toxiques : le datura fastuosa, le datura alba, et le plus connu en pharmacologie, le datura stramonium.
- Les empoisonneurs se servent de la poudre de graine et de l’essence distillée, qu’on mélange aux aliments, qu’on jette dans le thé. Comme on l’a fait observer dans les enquêtes, le poison n’est pas toujours administré avec l’intention formelle de donner la mort. Beaucoup de ces bandits ne s’en servent que pour faciliter le vol en narco-tisant les victimes et annihilant toute défense.
- Cependant leurs intentions ne me semblent pas si pacifiques et il y a, chez plusieurs membres de cette terrible secte, des crimes de vengeance, de fanatisme irréconciliable, puisqu’on les voit, dans certains cas, empoisonner le bétail. En dix années, dans la présidence de Bombay, on n’a pas compté moins de 750 animaux détruits de cette façon. Dans le même espace de temps, et dans cette même région de Bombay, on a relevé 1095 cas d’empoisonnement chez des personnes dont 500 ont été suivis de mort. Sur ce chiffre, donné par le laboratoire chimique médical de Bombay, le datura ne vient qu’en troisième ligne comme agent de destruction ; l’arsenic et l’opium ont été employés beaucoup plus souvent. l)r A. Cartaz.
- ÉCLIPSE TOTALE DE LUNE
- EN PARTIE VISIBLE A PARIS LE i NOVEMBRE 1892
- À l''21m du soir de Paris, la Lune atteint la pénombre de la Terre, la Lune, au milieu du ciel pour les îles Salomon, se lève au bord oriental de la mer Caspienne, se couche au sud de la Californie.
- A 2h19m, la Lune atteint l’ombre de la Terre par son bord 9 (bord 12 au nord), et l’éclipse proprement dite commence. La Lune est au milieu du ciel pour le centre de la Nouvelle-Guinée et le Japon, se lève au milieu de la mer Noire, se couche au nord du golfe de Californie.
- A 5h52m, la Lune est tout entière entrée dans l’ombre, au milieu du ciel pour les îles Philippines, se lève en Grèce, se couche à l’île Vancouver.
- A 3h54m, milieu de l’éclipse.
- A 4h16, la Lune sort de l’ombre, se trouvant au milieu du ciel pour le centre de Bornéo, se levant en Savoie, se couchant à l’archipel du roi Georges.
- A 4h29m, la Lune se lève à Paris.
- A 5h50m, fin de l’éclipse, la Lune quitte l’ombre par son bord 4,7, elle se trouve alors au milieu du ciel pour la pointe ouest de Sumatra, se lève en Portugal, se couche aux îles Viti.
- A 6h28m, la Lune quitte la pénombre, se trouvant au milieu du ciel pour Pondichéry, se levant en Sénégambie, se couchant à Nouméa.
- Cette éclipse présentera une curieuse particularité. La Lune se lève à Paris à 4h29m et le Soleil se couche à 4h53m; en conséquence, d’un lieu un peu élevé, on pourra voir à la fois, pendant 4 minutes, la Lune et une partie du disque solaire et d’abord le Soleil entier sur l’horizon. Or, la Lune aura encore en ce moment une large tache d’ombre sur elle, ce qui semble impossible, puisque la Terre paraît n’etre plus entre les deux astres. Il suffit de réfléchir qu’elle y est réellement, et que la réfraction atmosphérique relève la Lune et le Soleil de un demi-degré chacun, de façon à les faire apparaître au-dessus de l’horizon alors qu’ils sont tous deux juste au-dessous.
- Joseph Vinot.
- LA SCIENCE PRATIQUE
- APPAREIL A PERCER PORTATIF
- Un grand nombre de machines à percer portatives, à mouvements de rotation discontinu, ont été proposées et sont entrées dans la pratique industrielle. Ces appareils de petite dimension sont ordinairement mis en mouvement par un archet ou par une vis à pas allongé qui tourne dans un écrou que l’on déplace à la main, de manière à produire le mouvement de rotation dans le sens voulu pour obtenir la coupe du métal, et un mouvement de rotation en sens inverse, entièrement perdu au point de vue de l’effet utile de l’appareil, pour ramener les différents organes de manœuvre dans leur position primitive.
- Il se produit, pendant cette seconde rotation, un frottement du taillant de l’outil sur la matière à percer ; ce frottement a pour effet d’user ce taillant, et d’obliger, par conséquent, de recourir
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- plus fréquemment à un nouvel affûtage de la mèche.
- Quelquefois à l’aide de roues à rochets et de cliquets, on a cherché à éviter cet inconvénient, et la disposition imaginée par M. Rotth, ingénieur mécanicien, à Magdebourg, rentre dans cette catégorie, avec cette différence, par rapport aux appareils existants, qu’un volant relativement puissant, étant données les petites dimensions de l’appareil, emmagasine un travail mécanique suffisant pour faire tourner la mèche, d’une manière continue, en se servant d’un mouvement intermittent donné, à certaines parties de l’instrument, par l’homme chargé de la manœuvre.
- L'encliquetage employé par M. Rotth dérive de la disposition originale de Robs, connue sous le nom d’encliquetage sans bruit, et qui repose, en principe, sur l’emploi d’une came qui vient coincer avec une surface cylindrique, dans le sens de la marche utile, pour donner à la poulie ou volant l’impulsion nécessaire, et qui se dégage instan tanément lorsque le mouvement des organes moteurs change de sens.
- La machine à percer de M. Rotth secompose(fig. 1 ) d’un axe R portant, à l’une de ses extrémités, la mèche A, et se terminant, à l’autre bout, par une pointe P s’enga-gean t dans la ri,r , <;l 2 _ Al,l)ai.üU ,, pürter 1)01.tuür. conscience, portée par l’ouvrier, et qui permet de diriger la mèche et, en même temps, de donner la pression à l’outil. Vers l’extrémité P est fixé, sur cet axe, un volant V, portant un évidement circulaire.
- Un tube en cuivre H, de grande longueur, entoure cet axe, et peut tourner indépendamment de B, dans un sens ou dans l’autre. Le mouvement de rotation lui est communiqué au moyen d’un double levier S actionné par l’ouvrier qui, avec ses deux mains, cherche à l’éloigner de la pointe de l’outil, en l’amenant dans une position S', parallèle à la première. Un ressort, comprimé lors de ce déplacement de S vers S', agit, à son tour, en se détendant, pour ramener le double levier S dans sa position primitive.
- Enfin, deux cordes C, fY sont attachées en deux points diamétralement opposés d’une rondelle fixée à II, entourent le tube H, en s’y enroulant, puis viennent se fixer aux extrémités du levier S.
- Le mouvement du levier S, vers la position li-
- mite S', aura donc pour effet de faire tourner le tube H sur lui-même, par suite du déroulement des cordes C, C'; le retour du même levier, sous l’action du ressort, produira l’effet inverse, et les cordes C, C' s’enrouleront, à nouveau, sur le tube H qui tournera en sens inverse du précédent mouvement.
- Pour donner un mouvement de rotation continu à l’outil, au moyen d’un mouvement de rotation de II, dans un sens ou dans l’autre, ce tube porte, à l’autre extrémité, une douille, sur laquelle se trouve disposé le point d’articulation d’une came K, dont l’extrémité vient s’appuyer sur la partie cylindrique creuse du volant Y, par l’intermédiaire d’une garniture de cuir.
- Si le tube H tourne dans le sens de la flèche, la came sera entraînée dans la même direction, et il y aura coincement de la came et du volant, qui sera
- entraîné, ainsi que l’arbre B, et l’outil A, dans le même mouvement de rotation. Si le tube II vient à tourner en sens inverse, la came K abandonne immédiatement le volant Y, qui est libre de continuer son mouvement, en raison de sa vitesse acquise, jusqu’à ce qu’une nouvelle rotation de 11, en sens inverse, vienne amener, à nouveau, le coincement de la came K avec la partie cylindrique du volant \ , donnant ainsi une nouvelle impulsion au volant V et, par suite, à l’axe B et à l’outil A. Il est peut-être utile d’ajouter que l’appareil peut être disposé de manière que l’homme puisse agir en exerçant son effort vers l’outil, c’est-à-dire tirer en poussant, au lieu de tirer comme dans la disposition qui vient d’être décrite, et qu’un appareil, de plus petites dimensions, peut être construit de manière à produire le déplacement du levier, à l’aide d’une main seulement, comme le représente la figure 2, lorsque l’on veut constituer un appareil très portatif.
- Le principe sur lequel reposent ces différentes dispositions est toujours le même et la gravure ci-dessus rend suffisamment compte de leur mode de fonctionnement1.
- A. Tresca.
- 1 Rapport présenté à la Société d’encouragement. Section des Arts mécaniques.
- 1. Détail de l’appareil. 2. Mode d’emploi.
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- ORGANES DES SENS DES ARACHNIDES
- De tous les appareils et les systèmes que présentent les animaux, il n’en est certainement pas qui présentent une aussi grande variété que les organes des sens. Il faudrait des volumes entiers pour donner une simple idée de leur constitution.
- Mais bien petit serait le livre qui résumerait nos connaissances sur leurs fonctions. Tl y a là un vaste champ à explorer pour les naturalistes de profession et même pour les gens du monde.
- Nous insistons sur ce dernier point, car l’on a pris l’habitude de croire que la physiologie est un sanctuaire seulement ouvert aux naturalistes, aux chimistes et aux e x p érimenta-teurs, doués d’une science profonde et d’une habileté à toute épreuve. Certes, cela est vrai pour beaucoup de points de la physiologie qui demandent, pour être étudiés, des connaissances spéciales et un matériel souvent considérable. Mais pour les organes des sens, il n’en va pas de même : un esprit sagace, des observations consciencieuses , quelques petites expériences toujours très simples, cela suffit. De la patience, encore de la patience, toujours de la patience! voilà ce qu’il faut pour être un bon naturaliste. Qu’on se rappelle les belles recherches de Plateau sur la vision des insectes, de sir John Lubbock sur la perception des couleurs par les abeilles, de Fabre sur le sens de la direction des Hyménoptères, etc., et l’on verra que ces savants n’ont jamais employé pour leurs travaux immortels que des
- moyens très simples, toujours à la portée de tout le monde; parfois même, l’observation seule leur a
- suffi. Tout ce que nous venons de dire est destiné à engager les personnes qui ont des loisirs, à étudier d’une manière approfondie les fonctions des organes des sens énigmatiques que présentent les animaux : dire que l’on ne sait pas encore à quoi servent les antennes des insectes et des crus-lacés! Elles trouveront dans ces études une récréation des plus agréables et des plus utiles pour la science.
- Nous ne voulons aujourd’hui parler que de trois organes des sens, jusqu’ici peu connus, que î’on rencontre chez les arachnides et dont on commence à deviner les fonctions : ce sont les Organes lyriformes des Araignées, les Peignes des Scorpions, les Raquettes coxales des Galéodes et les Organes innommés de ces mêmes animaux.
- Les organes lyriformes ont été découverts par Bertkau, mais ils n’ont été étudiés en détail que récemment par M. Gaubert. On les rencontre chez les Aranéides, les Phrynes, les Télyphones, les Phalangides et les Chélifères, mais c’est surtout chez les Araignées proprement dites qu’ils sont très communs. Ce sont des organes fort petits et dont on ne peut guère voir l’emplacement qu’avec une loupe. Ils apparaissent alors comme de petites taches obscures placées soit sur les pattes, soit sur les autres parties de l’animal.
- Donnons leur description chez une espèce com-
- Fig. 1 à 6. — Organes des sens des arachnides vus au microscope. — Fig. 1. Faite (grossie) de Cyrtanchenhia Walkenaeri. Face postérieure montrant les organes lyriformes a. — Fig. 2. Organe lyriforme (très grossi) double placé à la face antérieure du quatrième article chez la Tégénaire domestique ; c, bande de cuticule articulaire ; A, organe placé vers la face supérieure de la patte ; B, organe placé vers la face inférieure. — Fig. 5. Organe lyriforme placé sur le quatrième article et à la face antérieure, chez l’Epeire diadème (très grossi). — Fig. T. Coupe transversale d’un organe lyriforme chez la Tégénaire domestique ; n, narf ; f, fente ; In, terminaisons nerveuses; <jn, cellule nerveuse ; h, noyaux de l’hypoderme ; m, muscles; te, tissu conjonctif.— Fig. 5. Extrémité de la première paire de pattes d’une Galéode montrant l’organe innominé (grossie). — Fig. 6. Tube en battant de cloche de l’organe innominé des Galéodes ; sp, sphère ; cg, cylindre ; e, entonnoir.
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- mune, l’Epoire diadème, , cette grosse araignée si commune dans les jardins. A chacun des appendices (sauf les palpes qui n’en ont pas à l’extrémilé distale du cinquième article), on trouve : un organe à la face inférieure et à l’extrémité distale du premier article ; trois, à l’extrémité distale du deuxième article; un à la face antérieure et un à la face postérieure de l’extrémité distale du troisième article; trois au milieu du quatrième article ; trois à l’extrémité distale du cinquième et un sur le sixième article. 11 y en a, en outre, un sur les mâchoires, deux sur les chélicères et enfin trois groupes pairs sur la face inférieure du céphalothorax.
- Examinés à un grossissement assez fort, ces organes lyriformes se montrent toujours formés de bandes parallèles, en nombre variable suivant le point que l’on considère ; il y en a tantôt 2, tantôt 5, tantôt 10 ou 13. La direction des bandes est également variable avec les organes, les unes sont longitudinales, les autres transversales ou même obliques.
- Quand on examine avec soin la structure intime de ces bandes, on voit que le rameau nerveux qui y aboutit se résout en une série de fibrilles nerveuses qui toutes viennent se terminer dans des cellules allongées, rentlées en leur milieu et se terminant au niveau de la cuticule par une extrémité libre, seulement recouverte par une mince couche de chitine. Vu cette constitution, il n’y a pas de doute que les organes lyriformes ne soient des organes sensoriels ; mais à quoi peuvent-ils bien servir?
- Nous écarterons tout d’abord l’opinion ancienne de MM. Cari Vogt et Yung qui en font un organe facilitant l’échange des gaz du corps avec le milieu extérieur ; cette hypothèse tombe d’elle-même si l'on considère la structure des organes en question. Nous écarterons aussi l’opinion de Dabi, qui pensait que les bandes servaient à restaurer la soie ; pourquoi en effet y en aurait-il chez les Rhrynes et les Phalan-gides, qui ne fabriquent jamais de toiles?
- Bertkau, suivi en cela par Schimkévvitsch, considéra les organes lyriformes comme des organes de l’audition, mais c’est là une hypothèse absolument gratuite et qui ne s’appuie sur aucune expérience ; elle est cependant bien séduisante et mériterait d’être étudiée plus à fond.
- M. Gaubert a montré d’une façon élégante que les organes lyriformes permettent aux araignées de percevoir les sensations de chaleur. Voici comment il procède. « On recouvre les organes de plusieurs Lycoses ou Tégénaires d’une légère couche de vernis. Les organes, étant très petits, sont invisibles, même avec un grossissement de 40 diamètres, mais leur position est bien déterminée et on vernit la partie qui renferme l’organe. L’opération doit être faite avec beaucoup de soin ; on doit chercher à recouvrir le moins de surface possible et à ne pas gêner le mouvement des articles. On place ces Lycoses ainsi préparés et les Lycoses n’ayant subi aucune préparation dans un grand bocal de verre placé horizontalement. A une de ses extrémités, on met des objets qui peu-
- vent servir d’abri aux araignées et on a soin de faire aller ces dernières dans cette partie. Lorsqu’elles sont toutes à l’état de repos, on chauile légèrement en mettant la partie du bocal les renfermant dans de l’eau chaude. Quand la température commence à s’élever, les Araignées n’ayant subi aucune préparation abandonnent leur retraite et se dirigent vers l’autre partie du bocal ; celles qui ont les organes lyriformes vernis ne cherchent à fuir qu’un moment après, lorsque la température est plus élevée. » La preuve semble péremptoire, mais il est très probable que les organes en question ne sont pas seulement destinés à ne percevoir que des sensations calorifiques, mais qu’ils ont en outre d’autres fonctions que nous ignorons encore.
- Quand on examine un Scorpion par la face ventrale, on aperçoit en arrière du thorax, sur le premier anneau de l’abdomen, deux organes bien singuliers, formés chacun d’une lame rigide portant sur le bord postérieur une série de denticules qui lui ont fait donner le nom bien significatif et bien exact de Peigne. Ces peignes sont insérés par leur extrémité interne sur l’abdomen. Ils peuvent pivoter facilement autour de cette articulation. Ils sont d’ailleurs munis de muscles puissants, et quand l’animal est vivant, ils sont très mobiles et peuvent se placer dans tous les sens. Leur structure intime montre à n’en pas douter que ce sont des organes sensoriels : ce ne sont donc pas des organes respiratoires comme le pensait Duméril. Nous ne nous arrêterons pas non plus à l’hypothèse au moins bizarre de Tulk qui croyait que les peignes servaient à décrasser les palpes, les tarses et le bout de la queue des scorpions. Si l’on examine un animal en train de se promener, on voit qu’il agite constamment ses peignes et qu’il a l’air de tâter, de sonder le terrain sur lequel il marctie ; il ne semble donc pas y avoir de doute que ce sont des organes tactiles.
- Les Raquettes coxales se rencontrent chez les Ga-léodes. Elles sont au nombre de cinq de chaque côté: deux sur le premier article, deux sur le second et un sur le troisième (quatrième paire de pattes). On y distingue une partie cylindrique, le pétiole, et une partie élargie supportée par la première en forme de secteur, la palette. Leur structure est celle des organes sensoriels, mais ce qu’il y a de singulier, c’est que les terminaisons nerveuses se trouvent toutes au fond d’une gouttière. Comment se fait-il que les agents extérieurs puissent agir sur ces éminences coniques placées au fond d’une rainure aussi profonde? M. Gaubert pense que quand l’animal veut percevoir des impressions du dehors au moyen de ces organes, il a le pouvoir de faire dévaginer, de faire sortir la gouttière et de mettre ainsi les éminences coniques quelle renferme, en contact avec le milieu extérieur. Mais 'a quoi peuvent bien servir des organes des sens que l’animal ne met en fonction que de temps à autre?
- Enfin les Organes que nous appellerons innommes, découverts par M. Gaubert, se rencontrent à l’exlré-
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- mité des palpes et de la première paire de pattes des Galéodes. Chaque organe est formé par des tubes ehitineux insérés sur le squelette externe, ouverts aux deux extrémités, placés à l’intérieur de celui-ci, et alfectant la forme de battants de cloches. Les points d’insertion de ces tubes forment, sur la patte ou sur le palpe, un losange dont la grande diagonale est placée dans l’axe de l’article; dans son ensemble, la surface d’insertion a la forme d’un cerf-volant. Les Galéodes habitent les contrées chaudes et sablonneuses. Aux habitants de ces régions à faire des expériences pour permettre d’établir les fonctions de ce curieux appareil. Henri Coupin.
- EXPÉRIENCES SUR LE TÉLÉPHONE
- La théorie démontre que l’intensité du son émise par un récepteur téléphonique dépend du degré de saturation de l’aimant qui actionne la membrane; le maximum a lieu lorsque le produit de l’intensité d’aimantation par sa variation est lui-même maximum. M. Fr. Trouton vient de décrire quelques expériences faciles à répéter, qui démontrent ce fait d’une manière frappante.
- Un tambourin (fig. ci-dessous) est armé, au centre de la membrane, d’une plaque de fer vis-à-vis de laquelle on place une bobine, traversée par un morceau de fer doux. La bobine est actionnée par un courant alternatif de peu
- d’intensité ; si l’on approche du fer doux un aimant permanent NS, on observe que le son est très fortement amplifié, quel que soit le pôle de l’aimant en regard de la bobine. On démontre du reste que l’accroissement de l’intensité du son ne peut pas être dû à un rapprochement de la membrane et de la bobine, car on produit exactement le même effet en amenant l'aimant en N'S' de l’autre côté de la membrane, auquel cas elle est attirée vers l’extérieur.
- Enfin, si l’on emploie un courant intermittent au lieu d’un courant alternatif, des pôles de l’aimant ont des effets différents : dans l’une des positions de ce dernier, le son commence par s’affaiblir, passe par un minimum ; puis, lorsque l’aimantation permanente surpasse l’aimantation intermittente produite par le courant, le son augmente de nouveau.
- LA FORCE DES VAGUES
- On sait que le mouvement des vagues constitue une puissance formidable toujours renaissante, qui vient about des matières les plus résistantes, des obstacles les plus énormes ; il n'est guère possible d’user d’un dynamomètre quelconque pour mesurer cette force, mais du moins peut-on recueillir des observations qui permettent de l’appré-
- cier avec assez d’exactitude. Nous voudrions précisément signaler quelques remarques curieuses qu’on a pu faire aux Shetland; on sait que la mer est particulièrement dure autour de ces îles. Or on a pu voir bien souvent la mer, pendant quelque nuit de gros temps, emporter, à peut-être 100 mètres de l’endroit où ils étaient le matin, des blocs de gneiss pesant plus de trois tonnes. En un certain point de la côte nommé Bishop's Rock (le rocher de l’évêque), on avait laissé un soir une colonne de fer longue de 7 mètres 50 centimètres et pesant 5000 kilogr., qui devait faire partie d’un phare qu’on édifiait, mais on avait pris soin de l’attacher au moyen de chaînes à deux énormes rochers. Le lendemain, on fut bien étonné de ne la retrouver qu’à 6 mètres de là, et, qui plus est, transportée en haut d’une falaise surplombant de 5 mètres l’endroit où elle avait été enchaînée. Pendant celle même nuit, une enclume pesant plus de 100 kilogrammes, qu’on avait enterrée à moitié dans un trou de 1 mètre creusé dans le roc, avait été arrachée et enlevée par la vague. On sait que c’est la violence terrible des vagues qui rend si difficile la construction des phares en mer.
- LES CONCOURS DE CHIENS RXTIERS
- Les Concours de chiens ratiers sont actuellement très à la mode dans toute la région du nord de la France et notamment dans l’arrondissement de Lille. Les Belges en sont encore plus enthousiastes que nous; mais ils sont parfois exposés à des désagréments à ce sujet. Tout récemment une cinquantaine d’habitants de Leuze ont été traduits devant le tribunal de simple police de Tournai pour avoir organisé un tournoi de ce genre. La Société protectrice des animaux avait insisté auprès des autorités pour que ces Concours fussent supprimés, alléguant qu’il était inhumain de mettre à mort d’infortunés rats pour perfectionner la race canine.
- Le journal l'Éleveur, auquel nous empruntons ces renseignements, fait observer que ce genre d’extermination n’est pas d’une cruauté bien raffinée. Les chiens tordent le cou aux rats avec une prestesse que l’on devine, et sans que la plus petite gouttelette de sang vienne tacher le sol du champ clos. 11 n’y a rien ici de plus cruel que dans le Tir aux pigeons, qui a lieu de toutes parts sans qu’on y fasse aucune opposition. Quoi qu’il en soit, il est intéressant de donner quelques détails sur le Concours des chiens ratiers, tel qu’il a lieu.
- Le sol du champ clos consiste en un plancher circulaire, entouré d’un treillage en fer, à hauteur d’homme, formant une sorte de cage où l’on fait pénétrer les victimes et leurs bourreaux.
- Afin d’empêcher les rats de s’échapper par le haut qui reste libre, le treillage est prolongé par un cône fait de plaques de zinc formant clocheton. Les griffes n’ont pas de prise sur le métal poli et, dans tous les cas, l’obliquité des plaques empêcherait les quadrupèdes de se maintenir longtemps sur ce terrain glissant. Une porte à coulisses, avec contrepoids, est ménagée dans le treillage. Voilà
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- pour l’installation de ce Colisée en miniature.
- Les rats destinés au sacrifice sont amenés dans des boîtes, longues et plates, dont le dessus est garni de fils de fer présentant une forte résistance. Chaque boîte est munie d’une porte à coulisses.
- Où se recrutent les rats? un peu partout, dans les navires, les égouts, les magasins aux blés, les moulins et les casernes, où, comme on le sait, ils pullulent; ils se vendent jusqu’à 75 centimes pièce.
- Pour introduire les rats dans l’arène, le « bel-luaire » se sert de boîtes spéciales munies de portes à coulisses, tout comme celles dont on usait jadis dans les cirques romains. La boîte commune, où les rats sont entassés en masse, possède une porte pareille;
- on les applique l’une contre l’autre et l’on soulève simultanément les deux trappes.
- Les rongeurs, croyant au salut, vont se blottir dans la nouvelle prison. S’ils se méfient, on les force à y entrer tout de même, au moyen d’une baguette en fer, comme cela se pratique pour les lions chez les dompteurs. Lorsqu’on juge la provision suffisante, on laisse retomber les deux trappes en même temps sur leurs glissières et l’on remporte la caisse ainsi remplie.
- Lorsque les rats sont dans l’arène, les juges du camp règlent leur chronomètre, puis on introduit le chien ratier. Ordinairement, on accorde quatre rats à chaque chien. L’intérêt du sport est dans la rapi-
- Concours de chiens ratiers dans le nord de la France.
- dite que mettra le chien à étrangler ces quatre rats. Dans un Concours qui a eu lieu récemment à Roubaix, le chien qui a obtenu le premier prix a étranglé ses quatre rats en vingt et une secondes; un autre est venu à bout des siens en trente secondes; un troisième en trente-trois secondes.
- Parfois on varie le spectacle. On dissimule, par exemple, deux rats sous des pots à fleurs que l’on place parmi d’autres pots vides. Il faut alors que le chien ne renverse que les pots où se trouvent les rats et étrangle ces derniers sans rien casser.
- Au Concours dont nous parlions tout à l’heure, un terrier anglais de deux ans n’a pas' mis plus de treize secondes à dénicher et à étrangler deux rats.
- Rien de plus curieux que la manière de procéder de certains terriers ; tandis que les uns font sauter
- le pot d’un coup de nez, d’autres le culbutent d’un coup de patte. Pas un chien ne se trompe de ’pot; leur flair est prodigieux.
- II y a aussi des courses avec obstacles. On dispose, pour former des cloisons, quelques planches percées de trous par où les rats peuvent gagner les divers compartiments, et les chiens sont obligés, pour les atteindre, de franchir ces espèces de barrières.
- En moyenne, deux rats sont ainsi détruits en vingt secondes. Une trappe, ménagée au centre de la piste, permet, après chaque joute, à chaque homme qui se tient en dessous, de ramasser, à l’aide d’un râteau, les morts tombés au champ t d’honneur. De cette sorte, les cadavres ne gisent qu’un court instant sur la piste.
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- LE CHEMIN DE FER DE JAFFA A JÉRUSALEM
- Le 26 septembre dernier Jérusalem, était en fête; d’être exécutée par la Société des travaux publics on inaugurait la ligne de chemin de fer qui vient français. Les villes de Jaffa et de Jérusalem sont
- Fig. 1. — Le mur <le Salomon, lieu de prière des Juifs à Jérusalem. (D’après une photographie.) .
- désormais reliées entre elles par une voie ferrée. L’entreprise a pleinement réussi avec la protection du Gouvernement ottoman.
- Les ingénieurs français ont rencontré de nombreuses difficultés dans leur travail , et l’étude première du tracé de la voie nouvelle a demandé un soin particulier. Le parcours total est de 87 kilomètres. La ville de Jérusalem est à 752m,50 au-dessus du niveau de la mer.
- L’exécution de la nouvelle ligne a nécessité des sacrifices d’argent assez considérables, chaque kilomètre de ce chemin de fer à voie étroite (1 mètre de largeur) a coûté, en moyenne, une somme de 100 000 francs, l’entreprise entière
- ayant coûté près de 9 millions. La première partie du chemin de fer de Jaffa jusqu’à la
- station de Deir Ahan(217 mètres d’altitude) (fig-2), est construite sur une pente peu sensible. On traverse des plaines fertiles, mais, dit-on, malsaines, surtout dans les régions de la station de Sejed où la fièvre règne très fréquemment. On n’en voit pas moins de tous côtés de luxuriantes plantations de maïs que les indigènes ne craignent point d’exploiter. La seconde partie du voyage a lieu dans des gorges étroites au milieu de rochers sauvages dont l’aspect est désolé. Nous montons par de nombreux lacets solidement soutenus par des talus maçonnés, tout en Ion-
- /nui Jliwhijna o
- Tracé primitif, Nouveau tracé Échelle
- Ibn-lbroh.
- utlifeh
- Fig. 2. — Carte du chemin de fer de Jaffa à Jérusalem.
- Tracé indiquant les stations de Lydda, de Ramleh, de Sejed, de Deir-Aban et de Bittir. Cette dernière station est à 583 mètres au-dessus du niveau de la mer.
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- géant le lit pierreux du torrent, qui ne roule ses eaux que {tendant trois mois à peine dans toute l’année.
- La station de Bittir (585 mètres d’altitude) est une oasis au milieu de ces montagnes calcinées par le soleil impitoyable. On remarque quelques jardins agréables, des vignes et des fleurs, mais un paysage aride ne tarde pas à vous entourer de nouveau; on arrive enfin à Jérusalem après un voyage de près de quatre heures.
- Le jour de l’inauguration, la foule indigène semblait être émue à la vue des locomotives pavoisées de drapeaux turcs et français et ornées de belles branches de palmier. Elle avait hâte de monter dans les wagons pour jouir du résultat des travaux.
- I)e Jaffa à Jérusalem, par la route qui traverse des déserts poussiéreux et brûlants, les pèlerins mettaient près de deux journées pour gagner Jérusalem. Ils faisaient une première étape dans la petite ville de Ramleh, aujourd'hui desservie par une station, et montaient péniblement à l’aide de voitures primitives et mal commodes les montagnes desséchées qui conduisent à Jérusalem. On peut évaluer le nombre des voyageurs allant aujourd’hui dans la Ville Sainte à soixante environ par jour en moyenne, sans compter la quantité considérable de dromadaires porteurs des marchandises et des nombreuses provisions nécessaires à ses 70000 habitants.
- Avec le nouveau chemin de fer, ce nombre, déjà important, ne laissera pas que d’augmenter. Les voyageurs n’auront plus à supporter les fatigues d’un trajet long et pénible, et bénéficiant encore d’une dépense moindre, ils auront l’avantage d’un voyage rapide.
- La fête donnée par la Société du chemin de fer a été des plus animées et des plus pittoresques, grâce à la foule aux costumes bariolés qui encombraient les abords de la station. Les admirables couleurs d’un ciel resplendissant lui donnaient un éclat incomparable. L’uléma de Jérusalem, accompagné de quelques autres membres du clergé musulman, vient auprès de la voie du nouveau chemin de fer pour faire les prières prescrites et assister au sacrifice de trois moutons qu’on a égorgés sur les rails avant le passage des locomotives.
- La foule est recueillie pendant ce temps ainsi que tous les délégués de la Société ottomane. Aussitôt le sacrifice accompli, les hourrahs des soldats turcs formant la haie devant les personnages officiels se font entendre et la musique militaire retentit. Les victimes égorgées sont enlevées rapidement pour être dépecées et distribuées par morceaux aux pauvres de la ville; les locomotives passent lentement sur le sang répandu.
- A ce moment, la foule ne peut être contenue par les soldats, elle s’élance dans les wagons qui semblent être pris d’assaut. Ils sont bientôt bondés par les curieux affolés par la curiosité et le désir de faire quelques kilomètres sur le nouveau chemin de fer. L’administration commande le départ au milieu des cris de joie de tous les heureux qui ont pu
- trouver place dans le train. Nous voulons regagner l’hôtel, la cérémonie d’inauguration étant terminée, mais on s’aperçoit qu’un certain nombre de cochers de nos voitures ont disparu. Dans leur enthousiasme, ils ont tout abandonné pour faire partie du premier voyage en chemin de fer, et il faut attendre leur retour qui heureusement avait lieu au bout de quelques minutes. Le soir, un banquet de deux cents personnes servi tout auprès de la gare, réunissait, sous une grande tente décorée avec goût, l’envoyé du sultan et les personnages de l’administration ottomane, le gouverneur de la ville et le Consul de France, les ingénieurs français et les invités.
- Après la fête nous eûmes quelques jours de loisir pour voir en détail la ville de Jérusalem et parcourir les nombreux dédales de ses rues curieuses, généralement étroites et en partie voûtées. Elles sont étonnantes d’aspect, et le mouvement des habitants, considérable à certaines heures du jour, les rend fort attrayantes pour les étrangers.
- Parmi les quartiers divers qui forment la ville, celui qui est habité par les juifs est un des plus pittoresques. La saleté y est grande, certainement, mais on a tant de choses curieuses à remarquer partout, qu’on oublie souvent ce désagréable détail. On descend de nombreux degrés en faisant des détours fréquents dans des ruelles étroites et puantes ; nous arrivons au pied des antiques murailles construites par Salomon. C’est le lieu que les Israélites considèrent comme le plus sacré d’entre tous, et ils s’y réunissent constamment auprès des pierres’co-lossales qui forment la base des ruines. Hommes et femmes ne manquent pas de venir se lamenter sur les malheurs des temps, ayant le plus souvent la face tournée vers la paroi de la muraille; ils font des supplications au nouveau Messie qui doit les sauver de la persécution (fig. 1). Les temples, surtout celui du Saint-Sépulcre, sont intéressants. La religion grecque domine presque entièrement dans ce lieu sacré, ne laissant à la religion latine que quelques chapelles latérales de peu d’importance.
- Ces religions sont suivies par de nombreux fidèles de races très diverses qui, malheureusement, sont loin d’être d’accord entre eux. Les lieux sacrés sont quelquefois témoins de discussions ou de rivalités. Elles donnent un exemple déplorable aux Musulmans et aux Israélites nombreux de la ville, et c’est alors le Gouvernement turc qui, par sa patience et son esprit libéral, vient calmer les esprits de quelque fanatique. Les monuments chrétiens de Jérusalem sont insignifiants au point de vue de l’art ; la véritable merveille de la ville est la grande mosquée d’Omar, située au centre d’une immense cour dallée de marbre. Ce temple, tout revêtu de faïences émaillées, avec sa décoration intérieure qui consiste surtout en mosaïques de verre sur fond d’or et en verrières resplendissantes, est vraiment magnifique. Jérusalem et ses campagnes vous laissent une impression profonde, qui grandit de plus en plus à mesure qu’on les connaît davantage.
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- r.r>i
- L’accumulation des souvenirs historiques, mêlés à ceux de l’étonnante époque des croisades, remplit vos pensées. L’aridité du paysage, les roches calcinées qui entourent la ville, se voient alors sous un jour différent : tout prend un aspect grandiose dont on a peine à se détacher. Quelques jours à Jérusalem passent rapidement, il faut, dire adieu aux aimables compagnons de voyage invités comme moi-même à assister aux l'êtes d’inauguration et rentrer dans sa patrie. Alrert Tissandier.
- LES MÉLASSES COMME COMBUSTIBLE
- On cite souvent comme une bizarrerie célèbre ce capitaine de vapeur américain qui, pour chauffer des chaudières de son navire, employait les jambons de son chargement; à première vue, il semble presque aussi étrange d’employer des mélasses comme combustible. C’est pourtant un essai qu’on tente actuellement, et qui a parfaitement sa raison d’être. En effet, les mélasses communes sont tombées depuis quelque temps à un prix excessivement bas ; voici quelques annnées qu’on les distille pour en tirer l’alcool; mais on a pensé aussi à en utiliser la puissance calorifique, et on a même inventé, il y a plusieurs années, des dispositifs pour les brûler. Or le prix des mélasses continue à baisser plus que jamais, c’est à peine si l’on peut trouver à s’en débarrasser pour deux cents ou 10 centimes les 4, 5 litres ou le gallon. Or on compte qu’une tonne de 2000 livres anglaises de mélasse lourde représente environ 106 à 167 gallons. Par conséquent, le coût de la tonne de mélasse sur les plantations ne ressortirait qu’à 3,53 dollars, à peu près à 17 francs; c’est un peu inférieur au prix de revient d’une tonne de houille amenée sur la plantation, et ce nouveau combustible serait immédiatement arrivé à pied-d’œuvre. Quant à la valeur calorifique elle-même, elle n’a pas encore été complètement comparée à celle du charbon bitumineux, mais il est certain que les mélasses contiennent une grande proportion de carbone. La mélasse commune lourde de la Louisiane, par exemple, contient 20 pour 100 d’eau, 8 de cendres, 12 de gommes et enfin 60 pour 100 de glucose et de matières analogues; il y a, en somme, 72 pour 100 de matières utilisables comme combustible. Le tout est de trouver des appareils permettant une combustion complète et une alimentation facile des foyers. Toujours est-il que, tout récemment, on vient de faire à Cuba des essais qui paraissent avoir réussi ; du reste il faut dire qu’on avait employé la mélasse d’une façon particulière, ün l’a répandue sur la bagasse au moment où l’on jetait celle-ci dans les foyers ; nous rappellerons que la bagasse est ce qui reste de la canne à sucre écrasée quand on l’a fait passer entre les cylindres; on emploie ce résidu fibreux pour chauffer les bassines où cuisent les sirops. Ainsi répandue sur la bagasse, la mélasse a augmenté dans une très forte proportion la chaleur qu’elle fournit. Si l’on réussissait dans ces tentatives, cela serait fort important, la mélasse étant actuellement, pour ainsi dire, un résidu inutilisable. Nous dirons pour finir que, dans le seul Etat de la Louisiane, l’industrie sucrière produit 120 000 tonnes de mélasse ; si ce combustible valait autant que le charbon, ce serait l’équivalent du chargement de 120 bateaux que les industriels auraient à leur porte pour chauffer les foyers de leurs usines.
- ASSOCIATION FRANÇAISE
- pour l’avancement des sciences
- Congrès de Pan. 15-21 septembre 1892.
- L'Association française pour /’avancement des sciences vient de tenir à Pau sa 21e session annuelle, qui a eu un éclat digne des précédents Congrès.
- A la séance solennelle d’ouverture, qui a eu lieu au théâtre en présence des principales autorités de la ville, M. Faisans, maire de Pau, a souhaité en excellents termes la bienvenue aux membres du Congrès, exprimant la satisfaction de la population paloise de voir les savants de France tenir leurs assises dans l’ancienne capitale du Béarn.
- M. Collignon, inspecteur général des ponts et chaussées, président du Congrès, a vivement remercié la ville de Pau de son bienveillant accueil, et a rappelé que Y Association française est ouverte à tous, ayant pour but de mettre en rapports les hommes de science de toutes les localités du territoire national, qu’elle concourt à faire connaître par ses Congrès annuels. Dans la suite de son remarquable discours, M. Collignon a exposé les progrès modernes du génie civil, surtout en ce qui concerne les ponts et les chemins de fer, et a constaté le grand rôle joué par les ingénieurs français dans le développement des travaux publics à l’étranger.
- M. Crova, secrétaire général annuel, a fait un intéressant rapport sur les travaux de 1891 et le Congrès de Marseille, dont il a rappelé l’éclatant succès. Ensuite M. Galante, trésorier de l’Association, a rendu compte de la situation financière, qui est excellente, le capital s’élevant à 862 410 francs. Le soir a eu lieu une belle réception offerte parla municipalité dans le parc Beaumont.
- Voici un aperçu sommaire des principales questions qui ont été traitées dans les 17 sections où les congressistes se trouvaient répartis au Congrès de Pau, dont les séances ont eu lieu au Lycée :
- Dans la section de mathématiques, on a entendu notamment des communications de MM. Collignon, d’Ocagne et Laisant. Dans celle de génie civil et militaire, qui a été très active, on a remarqué surtout les communications de MM. Biraben, sur un appareil de bloc-système mù automatiquement par les trains de chemins de fer; Marcel Deprez, sur l’augmentation facile de la puissance des locomotives; P. Regnard, contre le métropolitain de Paris; Yau-thier, sur l’assainissement de Paris, et Livon sur celui de Marseille. En physique, M. Crova a parlé de l’application de la photographie à la photométrie ; M. Deprez, du transport électrique de l’énergie; M. F. Schrader, d’un projet d’étude de la réfraction de l’air entre deux sommets des versants français et espagnol des Pyrénées (vœu favorable de la section). En chimie, MM. Friedel, Bourquelot, Sabatier et Domergue ont été particulièrement écoutés. Dans la section de météorologie, il y a eu d’intéressantes
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- communications de MM. Henri Léon, sur l’établisse-ment d’un observatoire à Orthez, sur la tour de Moncade (vœu favorable); Dougerie, évêque de Pamiers, sur la théorie des courants marins; J. Richard, sur un thermomètre enregistreur donnant le 100e de degré; Piche, sur le déperditomètre.
- En géologie, citons les mémoires de MM. O’Reilly, sur les tremblements de terre ; E. Rivière, sur les nouveaux squelettes des grottes de Menton ; Belloc, sur les lacs des Pyrénées ; Trutat, sur l’origine des cavités dans la masse des glaciers; A.Carnot, sur la composition chimique comparée des os modernes et des os fossiles. Pans la sectioa de botanique, M. G.
- Bonnier, sur la tlore des Pyrénées comparée à celle des Alpes; le D' A. Magnin,surla végétation des lacs du Jura ; MM. Gain et Oger, sur l’influence de l’humidité du sol sur les végétaux, ont fait des communications remarquées. La section de zoologie a notamment entendu MM. A. Certes, sur la vitalité des germes microscopiques; Roché, sur le rendement de la pèche au grand chalut sur les côtes sud-ouest de la France; Belloc, sur l’utilisation des lacs pyrénéens pour la pisciculture; Gaube, sur le sol animal ; de Nabias, sur l’étude chimique et expérimentale de la coloration. En anthropologie, on a longuement discuté sur la question basque; M. Cartailhac a parlé
- Fig. 1. — Excursion de l’Association française pour l'avancement des sciences, session de Pau 1892. Le gave à Orthez.
- (D’après une photographie.)
- de Page de pierre en Égypte; le Dr Bouchard, des Cagots; M. Dumont, de la répartition en familles de la population dans les communes rurales. Dans la section des sciences médicales, il y a eu un grand nombre de communications ; les principaux orateurs ont été MM. les I)rs Ch. Bouchard, Démons, Delthil, Chalot, Lauga, Ferray, Régnault, Mme Gaches-Sar-raute, etc.; un vœu a été émis en faveur de la vaccination obligatoire, et on a beaucoup discuté au sujet des eaux minérales de la région pyrénéenne. Signalons, en agronomie, les mémoires de MM. E. Petit, sur l’exploitation du caoutchouc dans le bassin du fleuve de l’Amazone et son implantation dans nos colonies tropicales; le I)r Michou et Labanère, sur la reconstitution des vignobles. La section de géographie, qui a été des plus actives sous l’impulsion de
- M. Anthoine, a entendu MM. Fabert, sur son exploration du Sahara occidental ; Léotard, sur l’utilisation de l’étang de Berre comme rade de refuge (vœu favorable) ; le prince Roland Bonaparte, sur les mouvements périodiques des glaciers français ; le Dr Ha-gen, sur sa campagne aux îles Salomon ; Schrader, sur ses levés des Pyrénées ; le prince de Cassano, sur l’adoption d’une heure unique dans l’intérêt du commerce et des relations internationales; Y. Turquan, sur la statistique des Français à l’étranger et des étrangers en France. Dans la section à’économie politique, où l’activité a été également très grande, par les soins de M. G. Renaud, les principales communications ont été celles de MM. Ë. Rostand, sur la réforme de la législation des caisses d’épargne ; Cornet et Balandreau, contre la taxe du pain; Léon Donnât,
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- sur la journée de 8 heures; Cusalonga, sur les lois relatives aux brevets d’invention; Yves Guyot, sur l’application de l’acte Torrens en France et dans nos colonies ; Frédéric Passy, sur les Congrès et conférences récemment tenus à Ilerne ; Léon Say, sur les travaux de la Commission extra-parlementaire de la réforme du cadastre. En pédagogie, M. Taverni a parlé de l’enseignement de l’histoire à rebours et des expositions scolaires; M. Fiche, du cerle des connaissances humaines; M. Boudin, de l’enseignement classique comparé au moderne; le f)r Delvaille, des colonies scolaires de vacance, et M. Trabaud a critiqué l’enseignement français. Enfin, la section A'hygiène,
- une des plus actives, a notamment été entretenue de l’adduction des eaux potables à Paris par le l)r Del-thil ; de la dépopulation des départements montagneux par le Dr Jeannel ; de l’organisation des services d’hygiène en Russie par le Dr de Dekterew; de la surveillance des viandes livrées à la consommation par le l)r Ilenrot ; de la myopie de plus en plus fréquente par le l)r Ritter; des propriétés du Lysol parles I)rs Tison et Domergue ; des avantages du « tout à l’égout » combiné avec le « tout à la mer » pour les villes maritimes par le IP Livon. Les travaux du Congrès ont donc été importants et on y a remarqué les communications des savants béarnais et basques.
- Fig. 2. — Excursion île Y Association française pour l’avancement des sciences, session de l’au 1892. Le vieux pont à Sauveterre de Béarn. (D'après une photographie.)
- Deux grandes conférences ont été faites au théâtre : Tune par M. Trutat, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse, sur les Pyrénées, étude géologique et description pittoresque (avec projections de Molteni) ; l’autre par M. Léon Say, l'éminent député, sur l’Economie politique considérée dans ses rapports avec les autres sciences. En outre, le colonel Laussedat, directeur du Conservatoire national des arts et métiers, a fait aux membres de cinq sections du Congrès une conférence sur l’historique de l’application de la photographie à la topographie.
- La session a été close le 21 par une Assemblée générale, dans laquelle M. le professeur Bouchard, de l’Institut, a été proclamé président annuel, en remplacement de M. Collignon ; M. Mascart, de l’Institut, vice-président; M. J. Martin, secrétaire général ;
- et M. Anthoine, vice-secrétaire. D’après les indications fournies par M. le professeur Gariel, le dévoué secrétaire du Conseil, il est probable que le Congrès de 1894 se tiendra à Caen; celui de l’an prochain doit avoir lieu à Besançon. Des vœux en faveur de la publication des œuvres du mathématicien Viette, de l’exactitude des observations météorologiques faites par les sémaphores, de la conservation des petits oiseaux et en particulier des hirondelles, de la conservation des listes nominatives de recensement et des tableaux du mouvement de la population, ont été émis par l’Assemblée générale.
- Les excursions faites par les membres du Congrès, sous l’habile direction de MM. Gariel et Cartaz, ont été des plus intéressantes et partout un accueil chaleureux leur a été réservé. Le dimanche 18 sep-
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- tembre, par train spécial, a eu lieu une excursion, à Orthez; après un charmant discours du maire, M. Planté, on a lunchéau pied de la tour de Moneade; on a été à Saint-Palais, à Mauléon, à Sanveterre, villes anciennes et pittoresques, et à Salies, où un banquet a été offert par la Société des eaux et la municipalité aux congressites, qui ont été l’objet des attentions les plus aimables et ont quitté la ville musique en tète au milieu des illuminations. Dans l’excursion générale, du 22 au 25 inclus, les voyageurs, encore an nombre de cent cinquante, parmi lesquels plusieurs dames, ont parcouru, par chemins de fer et voitures, un vaste itinéraire. Ils ont visité Oloron-Sainte-Marie, ville très bien située sur les gaves d’Os-sau et d’Aspc, où ils ont reçu le meilleur accueil du maire et de la population; Saint-Christau, au bel établissement balnéaire Arudv, Laruns, où ils ont assisté aux si curieuses danses locales, organisées en leur honneur par le Syndicat de la charmante vallée d’Ossau; Eaux-Chaudes et Eaux-Bonnes, aux importantes sources d’eaux minérales, stations entourées de magnifiques sites montagneux. Par les cols d’Aubisque et de Soulor et par Arrens, la caravane scientifique a gagné la coquette ville d’Argelès, où des fêtes ont été données.
- De là, les excursionnistes sont allés admirer le cirque de Gavarnie, en remontant la belle vallée du gave de Pau, par les pittoresques villages de Pierre-tite, Luz-Saint-Sauveur et Gèdre. Enfin, les congressistes se sont rendus à Cauterets, cette charmante station pyrénéenne, dont ils ont visité les célèbres établissements, puis ils ont descendu la vallée jusqu’à Lourdes, où a eu lieu la dislocation de la caravane. Généralement favorisés par le temps, le Congrès et les magnifiques excursions faites dans les Pyrénées, dont on a pu contempler les sites merveilleux, laisseront certainement un durable souvenir dans l’esprit de tous les heureux congressistes.
- Jacques Léotard.
- J.-A. Villemin. — Nous avons le regret d’enregistrer la nouvelle de la mort de M. le I)r Villemin, médecin inspecteur de l’armée, en retraite, ancien professeur au Val-de-Gràce, et vice-président en exercice de l’Académie de médecine. M. Jean-Antoine Villemin était né à Prev (Vosges), en 1827. 11 était entré dans le corps de santé de l’armée en 1848. Après avoir rempli, pendant plusieurs années, les fonctions de répétiteur à l’école de santé militaire de Strasbourg, il avait été nommé professeur au Val-de-Gràce, et, en 1874, membre titulaire de l’Académie de médecine pour la section de pathologie médicale. Ses travaux sur la tuberculose furent le point de départ d’une évolution complète des idées professées alors sur la spécificité de cette affection. C’est lui, en effet, qui, le premier, démontra l’inoculabilité et la contagiosité de la tuberculose par une série d’expériences. La vie professionnelle de Villemin fut à la hauteur de sa vie scientifique ; s’il rendit des services à la science, il sut en toutes circonstances mériter l’estime de ses concitoyens.
- CHRONIQUE
- Les victimes de la guerre. — Un habile statisticien anglais vient de calculer, d’après les rapports et les documents officiels, le nombre de victimes qu’axaient faites les guerres modernes. Celle de 1870 avec l’Allemagne a coûté 250 000 morts aux deux pays; celle de 1866 entre la Prusse et l’Autriche, 46 000 morts; celle du Nord contre le Sud, en 1864, aux États-Unis, 450 000 morts; celle d’Italie en 1859, 63 000 morts; enfin celle de Crimée, la plus terrible de toutes, en 1854, 785 000 morts en chiffres ronds. Les guerres du Premier Empire ont coûté la vie à 5 000 000 d’Européens. En ajoutant à ces chiffres ceux des victimes de la guerre au siècle dernier, on trouve un tolal de 19 840 900 morts pour les nations civilisées d’Europe et pour les États-Unis. Si l’on remonte à la guerre de Troie, la proportion est toujours la même. Certaines mêlées où les soldats se battaient corps à corps étaient même relativement plus meurtrières; on en cite où le nombre des morts s’est élevé à 200 000, ce qui est considérable pour l’époque. Ainsi, la défaite par Marius des Cimbres et des Teutons, les dernières expéditions conduites par Attila ont eu des résultats épouvantables. De 18 à 20 000 000 d’hommes sont tués par siècle en Europe. En Asie et notamment en Chine, le nombre des victimes de la guerre par siècle est à peu près le même. Gengis Khan et Tamerlan entre autres ont sacrifié bien des milliers de vies à leur gloire conquérante. Enfin, il faut compter aussi avec les nations non civilisées qui payent leur tribut à U hécatombe séculaire par 5 000 000 des leurs environ. On peut estimer à 40 000 000 de morts le nombre des victimes que font, chaque cent ans, les guerres politiques, religieuses ou internationales. Les statistiques les plus minutieuses prouvent que, depuis la guerre de Troie, toutes les années ont donné leur prorata de victimes. Et depuis les trente siècles qui se sont écoulés, des premiers âges de l’histoire d’Asie à notre époque moderne, les guerres ont détruit I 200 000 000 d’hommes, c’est-à-dire un chiffre représentant environ la population totale actuelle du globe.
- La consommation du charbon du monde entier. — Un statisticien a cherché à déterminer approximativement la consommation annuelle de charbon du monde entier. Il la divise, pour cela, en cinq groupes, de la façon suivante. — Vapeur pour moteur. En estimant que la puissance totale des moteurs à vapeur du monde entier est de 10 000 000 de chevaux, et que la quantité de charbon brûlé, eu égard à l’emploi d’autres combustibles, est, en moyenne, de 2 kilogrammes par cheval et par heure, la consommation totale est, par heure,
- ' de 12 000 tonnes, mais ce chiffre semble plutôt trop faible, car certains auteurs estiment que la puissance totale des moteurs du globe atteint 20 000 000 de chevaux. — Gaz d'éclairage. La consommation horaire du gaz d’éclairage est estimée à 5 000 000 de mètres cubes par heure, ce qui exigerait la distillation d’au moins 10 000 tonnes de charbon. — Gaz de chauffage et de force motrice. Les bases d’estimation sont moins solides en ce qui concerne les applications industrielles dans lesquelles on utilise le charbon pour la production du gaz de chauffage et de force motrice, mais on peut admettre que la consommation atteint 4500 tonnes par heure. — Métallurgie et usines. Comme agent de traitement des minerais, la consommation du charbon atteint 9000 tonnes par heure, celle des ateliers et des usines serait de 5000 tonnes. —
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- Usages domestiques. C’est pour les usages domestiques que l’estimation est la plus difficile et la consommation de beaucoup la plus élevée. On l’estime à 55 000 tonnes par heure ou 1 520 000 tonnes par jour de vingt-quatre heures. Ce chiffre, si élevé qu’il paraisse, est'probablement encore trop faible, car la production journalière seule de l’Angleterre et de l’Allemagne, pendant ces dernières années, a atteint 600 000 tonnes, et l’extraction, dans l’ensemble des autres contrées, est de 900 000 tonnes. En acceptant le chiffre de 1 500 000 tonnes comme production journalière actuelle, cette masse énorme de com-buslible occupe plus de 1 000 000 de mètres cubes, et formerait un bloc de 100 mètres de côté et de 100 mètres de hauteur. En supposant que la production de charbon soit agglomérée sous forme d’un prisme horizontal de longueur indéfinie ayant pour largeur celle des grandes rues de Paris (20 mètres), et pour hauteur celle des plus hautes maisons, 20 mètres également, ce prisme s’allongerait de 2500 mètres par jour à l’une de ses extrémités et se raccourcirait d’une longueur égale par son autre extrémité.
- L’éclairage électrique à Paris. — Ee budget annuel de la ville de Paris porte à son actif les sommes suivantes à percevoir des Compagnies d’éclairage qui exploi-
- tent les secteurs déjà concédés :
- Taxe kilométrique.
- Compagnie Edison. . . 5,200
- Société parisienne. . . 5,200
- l'opp............... 8,200
- Société du secteur Ciiciiy. 5,500
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- 5 pour 100 des recettes brutes. 100,000 100,000 50.000 50,000 500,000
- On se rappelle, en effet, que le cahier des charges impose une taxe de 100 francs par kilomètre de conducteur posé dans les rues et 5 pour 100 des recettes brutes résultant des contrats ou des relevés aux compteurs. Il résulte des chiffres ci-dessus que l’on compte sur 181 kilomètres environ de câbles posés cette année, et que la recette totale est estimée à 6000000 de francs. En comptant l’hec-towatt-heure à 12 centimes, cela reviendrait à une production de 50 000 000 d’hectowatt-heures. Si l’on suppose que cette quantité totale d’énergie électrique sert à alimenter des lampes de 8 bougies (à 5 watts par bougie), brûlant mille heures par an, elle suffirait pour 200 000 lampes environ.
- Enregist renient continu des températures élevées. — On connaît, sans qu’il soit besoin d’insister, le rôle important que joue la température dans la plupart des opérations métallurgiques ; aussi la réalisation d’un appareil enregistrant automatiquement el d’une façon continue la température d’une enceinte portée à une température élevée, constituait-il un problème dont la solution était vivement désirée de tous les industriels. C’est cet appareil, d’une extrême simplicité, aujourd’hui sanctionné par l’expérience, que M. Roherts Austen vient de présenter à YIrort and Steel Insiitute : il s’agit de l’application de l’enregistrement photographique au pyromètre électrique si connu et si apprécié de notre compatriote, M. Le Chàtelier. Rappelons que ce pyromètre est constitué par un couple thermo-électrique platine-platine rhodié relié à un galvanomètre à cadre mobile à miroir Deprez d’Arsonval. Un étalonnage préalable du couple, permet de déterminer les températures à chacune des portions de la trace laissée par le rayon lumineux réfléchi par le miroir sur le papier photographique.
- Un seul et même appareil peut servir à plusieurs fourneaux à la fois : on dispose dans ce but un commutateur automatique qui relie successivement le galvanomètre à chacun des couples thermo-électriques installés dans les différents foyers métallurgiques. Cet enregistreur permet de diriger et de surveiller le travail de fusion, cuisson, réduction, etc.; il rendra donc les plus grands services dans toutes les industries qui dépendent des températures élevées et de leurs variations.
- Ene prévision météorologique. — L’un des collaborateurs du Cosmos rapporte à ce journal une découverte qu’il relate comme suit : « Celte semaine, dans le cours de nos recherches, nous avons rencontré un mémoire de Cotte qui nous avait échappé jusqu’à ce jour. Cet écrit, publié en 1805, dans les travaux de la Société d’agriculture du département de la Seine, donne pour chaque mois la température probable jusqu’à la fin du xixe siècle, puis un résumé de la température annuelle. Dans ce dernier tableau, nous trouvons, désignées avec un astérisque qui appelle l’attention, les années 1871 et 1890 comme devant avoir un abaissement de température extraordinaire. De plus, dans ce tableau, l’année 1879 vient immédiatement après celle-ci, dans l’ordre d’intensité de froid prévu. Enfin, la température minimum indiquée pour 1890 est — 15% 9 Réaurnur (— 17°,4 C.) ; à quelques dixièmes de degré près, c’est ce qui a été réellement observé. Ceux qui ne croient pas à la possibilité de la prévision du temps, même dans l’avenir, après le progrès des sciences, pourront ne voir là que de simples coïncidences ; ils devront avouer qu’elles sont au moins fort curieuses. » Le fait, à notre avis, malgré la coïncidence, ne saurait avoir aucune portée scientifique, tant que la méthode de Cotte ne sera pas connue et vérifiée. Il faudrait d’ailleurs mentionner toutes les années pendant lesquelles les prévisions ne se sont pas réalisées.
- Distribution d’énergie électrique à Saint-Etienne pour la mise en mouvement des métiers à tisser. — L’industrie du tissage des rubans de soie, à Saint-Etienne, correspond à une production annuelle d’environ 100 000 000 de francs obtenue par 5000 métiers installés dans de grandes fabriques, et par 18 000 métiers chez des ouvriers tisseurs travaillant chez eux et à leur compte. La ville de Saint-Etienne, disposant d’une force motrice hydraulique importante, vient de mettre à l’étude un projet d’utilisation de cette force motrice pour la distribution de l’énergie électrique destinée à actionner les métiers installés chez les ouvriers. Les calculs oiN» établi que le prix de la force motrice ainsi distribuée serait très minime pour chaque métier ; on peut donc prédire un grand succès à l’installation projetée.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 17 oct. 1892. — Présidence de M. Duchartre.
- Géologie du Tonkin. — Le prince Henri d’Orléans a dernièrement fait don au Muséum de divers échantillons de roches recueillies sur la basse Rivière Noire au Tonkin. Il résulte de leur examen que le sol sur lequel coule la basse Rivière Noire est avant tout constitué par des calcaires charbonneux et çà et là fossilifères. A ces masses stratifiées sont mêlées de nombreuses roches éruptives. M. Stanislas Meunier qui vient de les étudier y distingue surtout du porphyre, des épidotites, des spilites, des ser-
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- LA NATURE.
- pentines et des ophites dont il expose dans une courte note les caractères microscopiques.
- Le cinquième satellite de Jupiter. — On se rappelle que le 6 septembre dernier M. Barnard, de l’observatoire Lick (Californie), avait annoncé avoir découvert un cinquième satellite circulant autour de la planète Jupiter. Cette nouvelle, qui a excité beaucoup d’étonnement en Europe, à cause des nombreuses observations faites depuis si longtemps sur le système de Jupiter, n’a pu être encore contrôlée dans aucun des observatoires de l’ancien continent. A Paris, on a vainement essayé d’appliquer la photographie à cette recherche, et l’on commençait à croire à la possibilité d’une erreur de même nature que celle commise par Herschell, dans sa découverte de six satellites d’Uranus, parmi lesquels deux seulement étaient de vrais satellites. Les autres points lumineux étaient de faibles étoiles ayant à peu près même ascension droite et même déclinaison que la planète, mais situées bien loin d’elle. M. Tisserand fait savoir que, grâce aux détails aujourd’hui publiés sur la découverte de M. Barnard, il faut changer d’opinion. En effet, l’observation a pu être répétée cinq jours de suite. Pendant ce temps, Jupiter a parcouru dans le ciel un arc bien suffisant pour le séparer de tous les corps dont il n’était voisin qu’en perspective; il semble difficile de conserver aucun doute.
- Enfin, le nouveau satellite est plus faible que les satellites de Mars et se trouve à une distance de la planète plus petite que celle qui avait été annoncée. Par uite de cette sdernière circonstance, il a pu échapper plus facilement aux investigations faites en Europe, d’autant plus qu’il est perdu dans l’éclat de la planète. La durée de la révolution serait de onze heures et non point de dix-sept ainsi qu’il avait été dit. Il est à remarquer que les durées des révolutions des trois premiers des.satellites étudiés, sont respectivement quarante-deux heures, quatre-vingt-quatre heures, cent soixante-huit heures; le nouvel astéroïde aurait donc sensiblement une durée de révolution quatre fois moins forte que le premier, et cette particularité met en défaut l’apparence de loi empirique cpii semble relier ces nombres, à moins qu’il ne manque un terme de la série, entre le satellite nouvellement découvert et celui qui fut longtemps appelé le premier. M. Barnard estime qu’il faut une lunette de 30 pouces d’ouverture, soit 1 mètre environ, pour pouvoir apercevoir le corpuscule. L’observatoire Lick présente, pour ce genre d’observation, des conditions fort avantageuses, tant par la puissance des instruments que par l’heureuse situation de l’établissement bâti à une altitude de 1300 mètres. Enfin M. Barnard a découvert, par l’examen d’épreuves photographiques célestes, une nouvelle comète; c’est la première que révèle la photographie.
- Varia. — M. Charlois annonce la découverte, à l’Obser vatoire de Nice, de trois nouvelles petites planètes décelées par des clichés photographiques. — M. Delebecque présente plusieurs cartes donnant la topographie du fond des lacs français alpins et du lac Léman. L’échelle est de 1/50 000 pour le Léman, 1/20 000 pour les lacs d’Annecv et du Bourget, 1/10 000 pour les autres petits lacs; enfin les courbes de niveau sont espacées de 5 en 5 mètres ou de 10 en 10 mètres, selon que le relèvement des fonds est plus ou moins accentué. —L’Académie désigne MM. Sarrau et Cornu pour la représenter dans le Conseil de perfectionnement de l’Ecole polytechnique.
- Ch. de Villedeuil.
- RÉCRÉATIONS SCIENTIFIQUES
- CARTE I)E VISITE PHOTOGRAPHIQUE
- Un de nos lecteurs, M. Ch. Commessy, à Allonne, nous a envoyé sa carte de visite sous une forme très originale qui pourra être imitée par tous les
- amateurs de photographie. M. Commessy prend une feuille de papier à dessin de grand format, il y écrit au milieu son nom et son adresse en grosses lettres, et y colle tout autour, en manière de cadre, les épreuves des photographies qu’il a exécutées dans le cours de l’année. Cette composition lui sert de type qu’il réduit à la grandeur d’une carte de visite. Pour hien réussir cette réduction, il faut avoir soin d’opérer au moyen d’un diaphragme de petit diamètre, et de poser très longtemps. La longue pose n’offre aucun inconvénient, quand on a pour modèle un objet inanimé ; elle permet d’ohtenir beaucoup de finesse et donne tous les détails du dessin, de la gravure ou de la photographie à reproduire. Le cliché obtenu peut être transformé en une planche de photolithographie qui sert au tirage des cartes de visite. Il y a aujourd’hui un grand nombre de praticiens qui exécutent les tirages de ce genre; et c’est à l’un de ces praticiens que l’amateur pourra s’adresser, s’il n’a pas lui-même l’outillage de l’impression photographique.
- La gravure ci-dessus donne un spécimen, en grandeur d’exécution, de ce que l’on peut obtenir au moyen de cet ingénieux procédé. G. T.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissaxdiek.
- Spécimen d’une carte de visite photographique.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N* 1015. — 29 OCTOBRE 1892.
- LA NATURE.
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- HISTOIRE DU PARACHUTE
- En décrivant, il y a quelques semaines, l’expérience du nouveau parachute de M. Capazza1, nous
- avons promis de publier quelques détails peu connus sur l’histoire d’un appareil qui présente une réelle
- Fig. 1. — Expérience de descente en parachute exécutée par Garuerin le 22 octobre 1797. (D’après une gravure du temps.)
- importance au point de vue de la navigation aérienne.
- On attribue généralement l'invention du parachute à Garnerin : c’est une erreur. Sébastien Lenormand,
- Yoy. u° 1004, du 27 août 1892, p. 195.
- en 1783, se jeta de la tour de l’Observatoire de Montpellier au moyen d’un parachute de son invention. Blanchard, l’aéronaute bien connu, se servit de parachutes pour faire descendre de son ballon des moutons, des chiens, des lapins ou des chats,
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- 20“ année.
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- LA NATURE.
- qu’il abandonnait dans l’espace à la grande joie des spectateurs, et bien avant lui l’idée du parachute fut proposée par des inventeurs. Mais Garnerin fut le premier à construire un parachute de grande dimen-
- sion, capable de tomber d’une grande hauteur et de soutenir dans l’air le poids d’un homme. 11 eut le courage de se confier lui-même à son appareil; il entreprit une série d’expériences qui, pendant de longues
- Fig. 2. — Expérience du parachute faite en Angleterre par Garnerin eu 1802. (D’après une gravure du temps.)
- Fig. 3. —Principe du parachute. (Fac-similé d’un dessin de Léonard de Vinci.)
- années, attirèrent au plus haut point l’étonnement et l’admiration du public. Elève du physicien Charles, Jacques Garnerin avait embrassé dès sa jeunesse les idées révolutionnaires. Envoyé comme commissaire à l’armée du Nord, il fut fait prisonnier dans un combat d’avant-poste livré à Marchiennes. Pendant plusieurs années, les Autrichiens le tramèrent de prison en prison; il eut l’idée de s’évader au moyen d’un parachute.
- L’amour de la liberté, dit Garnerin lui-mème dans le programme de sa première descente en parachute, si naturel à un prisonnier, m’inspira plus d’une fois le désir de m’affranchir de ma rigoureuse détention. Surprendre la vigilance de mes sentinelles, briser d’énormes grilles en fer, percer des murs de 10 pieds d’épaisseur, se précipiter du haut d’un rempart sans se fracasser, sont des projets qui me servirent quelquefois de récréation. L’idée de Blanchard de présenter de grandes surfaces à l’air pour neutraliser, par sa résistance, l’accélération du mouvement dans la chute des corps, me parut n’avoir besoin que d’une bonne théorie pour être employée avec succès. Je me suis appliqué à en poser les hases. Après avoir déterminé les dimensions d’un parachute pour se précipiter du haut d’un rempart ou d’une montagne très escarpée, je m’élevai par une progression naturelle jusqu’aux proportions que de-
- vrait avoir un parachute destiné à un voyageur aérien dont le ballon ferait explosion à trois ou quatre mille toises.
- Dès qu’il fut rendu à la liberté, Garnerin réalisa l’entreprise qu’il avait si longtemps méditée en prison. L’astronome Lalande a donné la description de cette mémorable expérience que représente notre grande gravure (fig. 1). Nous lui empruntons d’autre part le récit suivant ;
- Le premier brumaire an VI (22 octobre 1797), à cinq heures vingt-cinq minutes du soir, le citoyen Garnerin s’éleva à ballon perdu au parc de Monceau; un morne silence régnait dans l’Assemblée, l’intérêt et l’inquiétude étaient peints sur tous les visages. Lorsqu’il eut dépassé la hauteur de trois cent cinquante toises (700 mètres), il coupa la corde qui joignait son parachute et son char avec l’aérostat, ce dernier fit explosion et le parachute sous lequel le citoyen Garnerin était placé descendit très rapidement. Il prit un mouvement d’oscillation si effrayant, qu’un cri d’épouvante échappa aux spectateurs, et des femmes sensibles se trouvèrent mal. Cependant le citoyen Garnerin descendit dans la plaine Monceau, au milieu d’une foule immense qui marquait son admiration pour le talent et le courage de ce jeune aéronaute. En effet, le citoyen Garnerin est le premier qui ait osé entreprendre cette expérience hasar-
- Fig. 4. — Le parachute de Venise (1617). (D’après une gravure du temps.)
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- LA NATUHE
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- dense. J’allai annoncer ce succès à l’Institut national qui était assemblé, et l’on m’entendit avec un extrême intérêt.
- L’expérience fut souvent renouvelée par Garnerin, et, dans la suite, par son frcre, et surtout par sa nicce Elisa Garnerin.
- La ligure 2, qui représente une expérience exécutée en 1802 en Angleterre, donne la disposition adoptée par Garnerin. Le parachute était attaché à la partie inférieure de l’aérostat, dont Garnerin pouvait le détacher au moyen d'une cordelette. Au moment de la séparation, le hallon délesté d’un poids considérable s’élevait très rapidement et parfois se crevait en l’air. Le parachute, livré à lui-mème, s’ouvrait, et descendait lentement jusqu’à terre, offrant le majestueux spectacle du planement d’un vaste appareil au milieu de l’atmosphère.
- C’est au moment où les ballons lirent leur apparition en 1783, que Sébastien Lenormand, dont nous avons parlé précédemment, imagina un parachute conique au moyen duquel il put se jeter du haut de la tour de l’Observatoire de Montpellier. Cette expérience eut lieu le 26 décembre 1785, mais elle ne fut pas continuée.
- L’idée du parachute se retrouve d’ailleurs bien plus loin dans le passé. Elle remonte à Léonard de Vinci, le savant ingénieur et le célèbre artiste de la Renaissance qui s’occupa beaucoup de locomotion aérienne et qui a laissé dans ses écrits un projet d'hélicoptère.
- En consultant le Saggio delle Opéré di Leonardi da Vinci, au chapitre intitulé : Leonardo letteralo c scienziato et les planches photolithographiques qui l’accompagnent, on peut constater que le grand artiste avait étudié le moyen de mesurer l’effort que l’on peut exercer en frappant l’air avec des palettes de dimensions déterminées, et qu’il avait inventé le parachute, dont il donne le dessin reproduit ci-contre (fig.5); il décrit l’appareil en quelques lignes dont nous donnons la traduction littérale:
- Si un homme a un pavillon (tente) de toile empesée dont chaque face ait 12 brasses de large et qui soit haut de 12 brasses, il pourra se jeter de quelque grande hauteur que ce soit, sans crainte de danger.
- La description de Léonard de Vinci a été reproduite postérieurement, non sans une amélioration notable dans le mode de représentation de l’appareil, dans un recueil de machines, dù à Fauste Veranzio, et publié à Venise en 1617. La gravure ci-jointe (fig. 4) est la reproduction exacte du parachute que l’auteur définit d’autre part dans les termes suivants, assurément inspirés de ceux de Léonard de Vinci :
- Avecq un voile quarré estendu avec quattre perches égalles et ayant attaché quatre cordes aux quattre coings, un homme sans danger se pourra jeter du haut d’une tour ou de quelque autre lieu éminent; car encore que, à l’heure, il n’aye pas de vent, l’effort de celui qui tombera apportera du vent qui retiendra la voile de peur qu’il ne tombe violemment, mais petit à petit descende.
- L’homme doncq se doit mesurer avec la grandeur de la voile.
- 11 est impossible de donner plus nettement le principe du parachute, et l’appareil se trouve si clairement expliqué, qu’il nous semble difficile que l’expérience indiquée successivement par Léonard de Vinci et par Fauste Veranzio, n’ait pas été essayée.
- On voit qu’elle a pu être faite deux cents ans avant celle de Garnerin.
- — A suivre. — GASTON TlSSANDlER.
- UN ASCENSEUR CONTINU A PLAN INCLINÉ
- Nous avons décrit, il y a une dizaine années, un ascenseur continu vertical installé dans une grande maison de Londres *, véritable fourmilière occupée par trois ou quatre cents établissements différents et qui donnent lieu, pendant les heures des affaires, à un mouvement d’employés et de clients si considérable, qu’une douzaine d’ascenseurs ordinaires ne suffiraient pas à assurer le service. On peut définir cet ascenseur, un chemin vertical qui marche, et l’on projette, paraît-il, pour l’Exposition de Chicago, un chemin horizontal qui marchera aussi, et servira à transporter simplement et rapidement d’un point à l’autre de la véritable ville qui constitue l’Exposition.
- Le système que nous voulons présenter aujourd’hui à nos lecteurs d’après Y Engineering News, de New-York, est dù à M. J. W. Heno ; il est intermédiaire entre l’ascenseur vertical et le chemin horizontal qui marche de Chicago : c’est un plan incliné qui marche.
- Il a pour but de constituer un ascenseur continu entre deux points dont la différence de niveau n’est que de quelques mètres, et qui sont l’objet d’une circulation active : ce plan incliné mobile est formé par une plate-forme sans fin se déplaçant à la façon d’une courroie sur deux poulies avec une vitesse uniforme, sur laquelle les voyageurs viennent prendre place pour se faire transporter automatiquement du point le plus bas au point le plus élevé.
- Une double main-courante placée de chaque coté du plan incliné et se déplaçant avec la même vitesse que ce plan permet aux voyageurs de se tenir facilement en équilibre malgré l’inclinaison du plan et son mouvement continu de translation.
- Le type spécial décrit par notre confrère a une longueur de 15 mètres et relie deux étages dont la différence de niveau est de 6 mètres. La vitesse du plan incliné est de 21 mètres par minute, soit 55 centimètres par seconde, ce qui permet aux enfants en bas âge, aux femmes et aux vieillards d’utiliser l’appareil sans aucun danger et sans aucune appréhension. Le moteur qui actionne l’ensemble peut être quelconque, mais comme ce plan élévateur ne présente d’intérêt que dans les points les plus actifs des grandes villes, et que toutes les grandes villes ont aujourd’hui un système de distribution d’énergie électrique, c’est évidemment au moteur électrique que l’on doit donner la préférence, car il permet la mise en marche et l’arrêt rapide du système qui peut ainsi ne fonctionner qu’aux heures d’active circulation. Un de ces plans inclinés est en installation à New-York dans la gare de Gortland Street, qui appartient à la Pensijlvania liail-road Company. Son application en France à la gare Saint-Lazare nous paraît tout indiquée. X..., ingénieur.
- 1 Voy. n° 476, du 15 juillet 1882, p. 103.
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- LA NATURE
- LE GLACIER DE MUIR MJX ÉTATS-UNIS (ALASKA)
- Situé sur un point très peu visité de la côte de l’Alaska, le glacier de Muir n’était encore, en 1870, connu que des seuls Indiens. Môme à cette époque, le professeur Jolm Muir et le Rev. M. Young qui en tentèrent l’exploration, durent à cause du mauvais temps se contenter d’un aperçu fort incomplet. Aussi, est-ce seulement depuis 1886 où le professeur C. F.
- Wright passa un mois entier sur le glacier, qu’on est renseigné sur les points les plus importants. Ce voyageur cependant avait encore laissé beaucoup à faire et c’est ce que nous apprend le beau travail que vient de publier M. Harry Fielding Reid dans le Magazine de la Société nationale de géographie de Washington.
- C’est le 1er juillet 1800 que l’expédition comprenant, outre son chef, MM. Cushing, Mac Bride,
- Casement, Morse et Adams, mit pied à terre sur la rive sud de la passe de Muir, où se trouvaient déjà le professeur Muir lui-même et M. Loornis. Un camp fut dressé et constitua le centre des opérations jusqu’au milieu de septembre.
- Parmi les résultats de l’entreprise, l’un des plus immédiatement sensibles est l’établissement de la carte géographique de la région, et notre figure 1 en
- donne ici une réduction. Ce ne fut d’ailleurs pas sans des peines extrêmes que le travail fut mené à bien : il fallut naviguer au canot sur des eaux couvertes d’icebergs; il fallut gravir et traverser
- fbints tricjo*\umcOique.\ ffauteiuxe tipprojxmatioes
- (Slaritviy...............
- Moraines
- Fig. 1. — Carte du glacier de Muir (Alaska).
- Fig 2. — Le front du glacier de Muir et le mont Case. (D'après une photographie.)
- d’énormes masses de glace pleines de crevasses périlleuses, mais tout le monde y mettant du sien et les
- circonstances aidant, on s’en tira sans encombre.
- La « Glacier Ray » renferme un très grand nombre d’îles; les détroits qui régnent entre celles de l’est sont étroits et donnent souvent l’idée de canaux artificiellement creusés dans le sol. Vers le nord de la baie, les îles sont d’un tout autre caractère, faites de roches dures, polies, arrondies et striées par Faction glaciaire. Les glaciers actuels viennent se décharger dans l’eau des blocs rocheux qui les recouvrent et alimentent une active production de glaces flottantes. La figure 2 fait bien voir comment se termine le glacier de Muir au fond d’une passe qui, comme le montre la carte,
- est une sorte d’annexe septentrionale delà « Glacier Bay ». Ce front de glace de plus de 5 kilomètres de longueur est merveilleusement coloré. Dans les points où la glace a été récemment brisée, la teinte est d’un bleu profond, parfois presque noire ; par l’exposition à l’air et au soleil, la masse s’éclaircit et devient en peu de jours tout à fait blanche. Suivant les places, toutes les étapes de cette décoloration sont représentées et l’on peut jouir
- de toute une gamme dans les tons bleus.
- La carte montre aussi comment le glacier de Muir dont la surface est de 550 milles carrés, reçoit la collaboration de plusieurs glaciers tributaires.
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- LA NATURE.
- beaucoup de ceux-ci sont d’énormes courants de glace, formés eux-mêmes par la réunion d’innombrables petits glaciers. Les montagnes qui en émer-
- gent sont recouvertes d’un épais manteau de neige. Elles sont d’ailleurs d’une altitude médiocre, ne dépassant guère 2000 mètres, comme le mont
- Fig. 5. — Pyramides de glace à l’extrémité du glacier de Muir. (D’après une photographie.)
- Case qu’on voit représenté dans la figure 2. par le nombre, la largeur et la profondeur des cre-
- La surface du glacier de Muir est remarquable vasses qui le traversent en diverses directions. En
- s’cntre-croisant, elles séparent les uns des autres de gigantesques séracs qui, surtout vers l’extrémité du courant prennent l’apparence de grandes pyramides (fig. 5). L’accroissement de dimension des crevasses, durantl’été, est très sensible; au commencement de
- septembre, elles offrent des obstacles infranchissables dans des endroits qui peuvent être aisément traversés lors d’une saison moins avancée.
- Les moraines sont très nombreuses et très caractérisées à la surface du glacier de Muir : beaucoup
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- LÀ. NATURE.
- d’entre elles sont situées à 10 ou 15 mètres au-dessus du niveau general de la glace. Près du front terminal, elles s’éparpillent à tel point et ont perdu dans les crevasses une si grande partie de leurs matériaux, qu’elles sont très difficiles à retrouver, et c’est seulement d’un observatoire élevé qu’on arrive alors à les reconnaître.
- Il est à mentionner que différents faits relevés d’abord parle professeur Wright conduisent à penser, les uns que le glacier de Muir a été plus grand dans le passé qu’il n’est à présent, les autres qu’il a été plus petit. 11 n’y a d’ailleurs contradiction qu’en apparence, ces dimensions diverses ayant succédé les unes aux autres.
- Au premier ordre de faits appartiennent des blocs erratiques et des surfaces rocheuses polies et striées situées fort au-dessus du niveau actuel de la glace; au second, les vestiges de toute une foret qui, apres avoir prospéré longtemps, a été détruite par l’invasion glaciaire (fig. 4).
- Du reste le glacier est actuellement en voie de diminution et son retrait est même fort rapide. D’après les observations de M. Reid, il existe sur les lianes des montagnes riveraines, à 50 mètres et plus au-dessus du niveau actuel du glacier, des masses considérables de glace qui ont été protégées contre la fusion par le manteau de débris qui le recouvre. Il pense <[ue le maximum de développement du glacier en longueur doit correspondre sensiblement à l’époque de la visite de Vancouver, dater par conséquent de cent années environ, et il donne à l’appui de cette opinion plusieurs arguments assez vraisemblables. Cette grande dimension relative n’aurait d’ailleurs été que de courte durée et c’est ce dont témoigne fortement la forêt ravagée que nous venons de mentionner.
- Les arbres de cette forêt ont dû croître en effet quand le glacier était moins grand qu’il n’est aujourd’hui et les botanistes sont d’avis qu’ils sont exactement de la même espèce que les bois de la forêt de Juneau, d’ailleurs peu distante. Evidemment et malgré la très grande différence des latitudes, il y a eu là, comme dans les Alpes, des vicissitudes dans les dimensions du glacier qui dépendent exclusivement ou presque exclusivement de causes locales. Parmi ces causes, les modifications dans le niveau relatif de la terre et de la mer doivent occuper une place très importante : on a des témoignages d’un affaissement récent et très considérable des rivages. On peut supposer avec vraisemblance que d’ici à peu de temps le glacier de Muir aura subi de nouvelles et très considérables diminutions.
- Le travail de M. Reid contient une ioule de détails sur lesquels nous ne pouvons pas insister : il était important de le signaler à nos lecteurs comme une monographie dont la lecture contribue pour sa part à donner une idée tout à fait juste des phénomènes glaciaires, si souvent interprétés d’une manière inexacte, et qui, en ce moment, font le sujet de discussions animées entre les géologues. Stanislas Meunier. ------------------------------
- APPLICATION DE
- DYNAMOS A COURANTS ALTERNATIFS
- AUX TRANSMISSIONS TÉLÉPHONIQUES
- Tous les téléphones dans lesquels on emploie un microphone comme transmetteur étaient, jusqu’à ce jour, alimentés par des piles ou des accumulateurs, voire même, à titre expérimental, par des piles thermo-électriques, tous générateurs qui jouissent de la propriété de donner une force électromotrice constante, condition considérée généralement comme indispensable pour les transmissions téléphoniques. Personne n’aurait songé à employer, dans le but d’une application téléphonique, une dynamo à courants continus, et, a fortiori, une dynamo à courants alternatifs. Il est cependant possible de téléphoner en employant un générateur de cette nature, et tout un système téléphonique basé sur cet emploi vient de faire l’objet d’un brevet pris récemment par M. le professeur Elihu Thomson, le savant américain bien connu, en collaboration avec M. Gibboney.
- La possibilité de téléphoner en faisant usage d’un semblable générateur est fondée sur le principe de la superposition des ondes sonores ou électriques, et sur le fait que l’ouïe est insensible aux ondes dont la fréquence est en deçà ou au delà de certaines limites relativement peu variables d’un individu à l’autre. Bien des dispositions peuvent être imaginées dans le but d’utiliser ce principe ; nous nous contenterons d’indiquer ici la plus simple et la plus facile à concevoir. Considérons une dynamo à courants alternatifs dont la fréquence soit inférieure à quinze ou seize périodes par seconde, reliée au circuit primaire d’une bobine d’induction dont le circuit secondaire est relié à la ligne téléphonique, ligne terminée au poste récepteur par un téléphone magnétique ordinaire. Les courants alternatifs de faible fréquence traversant la bobine d’induction induiront dans son circuit secondaire des courants de même fréquence, qui agiront sur la plaque du téléphone magnétique récepteur et le feront vibrer synchroniquement, mais en donnant une note trop basse pour rendre ses vibrations perceptibles par l’oreille.
- Intercalons maintenant dans le circuit primaire de la bobine un microphone à charbon ordinaire devant lequel nous parlerons. Les vibrations de grande fréquence du microphone feront varier synchroniquement l’intensité du courant, et l’onde simple émise sous la présence du microphone sera transformée en une onde striée qui portera la trace de toutes les vibrations transmises au récepteur, mais avec ce caractère spécial que chacune des vibrations simples est transmise avec une intensité périodiquement variable. La transmission est faite comme si l’on parlait directement en interposant périodiquement, de vingt à trente fois par seconde, entre l’interlocuteur et l’auditeur, un écran qui fasse varier l’intensité des vibrations qui parviennent à ce dernier. 11 y a donc anamorphose des sons émis, mais anamorphose dans l’intensité et non dans le temps et la fréquence. Cette anamorphose qui a pour résultat une déformation de l’émission, ne produit cependant pas une modification des vibrations assez grande pour que les sons émis cessent d’étre perceptibles et intelligibles. Il en résulte donc la possibilité de téléphoner en substituant à la pile ou à l’accumulateur ordinairement employé le courant régulièrement périodique produit par un alternateur à faible fréquence : c’est là l’idée essentiellement originale et nouvelle de MM. Elihu Thomson et Gibboney.
- Ce procédé original resterait une expérience curieuse et rien de plus, s’il ne laissait pas entrevoir, et c’est là ce
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- LA N A Tlj UE.
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- que les brevets garantissent, la possibilité de constituer un service téléphonique complet dans un réseau d’abonnés en supprimant systématiquement toutes les piles d’appel et de transmission chez les abonnés, un seul alternateur placé au poste central suffisant pour assurer tout le service des communications : appel des abonnés, appel du bureau, communication téléphonique et fin de communication. Nous ne saurions décrire toutes les combinaisons indiquées dans le but de satisfaire aux conditions de ce problème.
- Qu’il nous suffise de dire que le système proposé consiste en principe à laisser toujours un courant périodique sur toutes les lignes d’abonnés dans la position d’attente. L’appel se fait en établissant une interruption sur la ligne, interruption qui a pour effet de laisser tomber les armatures des annonciateurs placés à chaque extrémité de la ligne interrompue. Le circuit étant fermé sur le système téléphonique, par la simple manœuvre du récepteur suspendu à un crochet de commutation, établit automatiquement toutes les communications nécessaires.
- 11 serait difficile d'émettre une opinion sur ce curieux système téléphonique auquel on ne saurait, en tout cas, refuser de reconnaître l’originalité et la nouveauté. Il nous reste, en terminant cette description succincte, à formuler le vœu de voir le système expérimenté sur une échelle pratique, suffisante pour en établir définitivement la valeur, car la possibilité de remplacer toutes les piles d’abonnés et du poste central par un générateur unique, constitue une simplification d’installation et de . service ainsi qu’une économie d’entretien qui méritent d’ètre prises en sérieuse considération. E. II.
- UN NOUVEAU FOURRAGE
- Nourrir des bestiaux avec des branches d’arbres, c’est au moins une idée originale et qui paraît au premier abord peu pratique. Cependant, d’après les recherches de M. Rarnann, sur lesquelles l’attention vient d’ètre attirée par M. L. Grandeau, il semble démontré qu’une pareille nourriture donne des résultats excellents et économiques.
- A vrai dire, l’idée de nourrir les animaux avec du bois n’est pas très nouvelle ; il y a déjà nombre d’années, divers agronomes avaient imaginé de remplacer les fourrages habituels par de la sciure de bois : les résultats furent absolument négatifs. 11 est facile de se rendre compte du pourquoi. Dans un arbre, le tronc et les grosses branches sont formés de cellules mortes, dont le contenu protoplasmique a presque complètement disparu et dont les membranes se sont fortement épaissies en s’imprégnant de lignine et de substances diverses, fine faut pas être un grand savant pour deviner qu’avec une pareille structure le bois doit être dépourvu de propriétés nutritives ; l’expérience n’a pas tardé à confirmer cette manière de voir.
- Mais si, au lieu de nous adresser aux tissus morts d’un arbre, nous étudions sous le même rapport les jeunes branches, il ne va pas en être de même. Les cellules qui les forment sont encore bien vivantes, remplies de protoplasma, c’est-à-dire de matière azotée, et de diverses matières de réserve, telles que l’amidon.
- Et encore, ici, il faut distinguer. Si on considère ce qui se passe dans une branchette au printemps, on verra quelle doit nourrir les bourgeons qui se développent sur elle et un peu plus tard les feuilles encore jeunes. En récoltant une branche après la foliaison, nous ferons donc une mauvaise affaire, puisque sa nourriture s’est en grande partie écoulée dans les organes foliaires. Au contraire, prenons une branche à la fin de l’automne; les
- feuilles, pendant l’été, ont assimilé le carbone atmosphérique et ont créé des matières de réserve qui se sont accumulées dans l’écorce ou le cylindre central de la branche. .4 priori donc, nous devons conclure que si nous voulons des branches riches en produits nutritifs, il faut faire la récolte à la fin de l’été ; l’analyse le prouve surabondamment. C’est ainsi que M. Ramann, d’Eberswald, a montré que les branches de hêtre, cueillies en hiver, contenaient pour 100 de matière brute : eau, 4,04; cendres et sable, 6,47 ; matière azotée, 6,42; amidon et autres hydrates de carbone, 54,45 ; graisse et résine, 1,43. Les mêmes branches récoltées à la fin du printemps, ne renfermaient plus que les quantités suivantes de principes nutritifs : eau, 4,80 ; cendres et sable, 2,97 ; matière azotée, 2,98; amidon et autres hydrates de carbone, 48,56; graisse et résine, 1,02. De cette simple analyse, prise entre beaucoup d’autres, il résulte : 1° que les branches jeunes, c’est-à-dire celles qui ne dépassent pas un centimètre de diamètre, peuvent contenir presque autant de matières nutritives que le foin ; 2° qu’il faut récolter les branches en hiver, car c’est à ce moment qu’elles contiennent le plus de matières azotées et d’hydrates de carbone.
- Mais ce n’est pas tout de savoir que la teneur des branches en principes alimentaires, est très élevée, il faut savoir si les bestiaux les trouvent de leur goût et si leur digestion est facile. Les expériences sont loin d’être favorables lorsqu’on se contente de donner les branches telles quelles aux chevaux ou aux moutons, qui les mangent sans grand enthousiasme, et auxquels elles sont d’une faible utilité, car elles sortent presque indemnes de leur tube digestif. C’est pour obvier à cet inconvénient que M. Ramann a imaginé de faire subir aux branchettes un traitement préalable, des plus simples d’ailleurs, et des moins coûteux. Ce traitement consiste essentiellement, d’abord, à diviser mécaniquement les branches en petits fragments et ensuite à faire fermenter l’ensemble. Cette dernière opération s’effectue de la manière suivante : on mélange les branchettes concassées avec de l’eau chaude, et l’on additionne le tout de 1 pour cent de malt. La température ne larde pas à s’élever, mais, comme l’a démontré M. Jena, il ne faut pas qu’elle dépasse 60 degrés, ce qu’on obtient en aérant et agitant la cuve. Que se passe-t-il pendant cette fermentation? Il est bien difficile de dire les réactions chimiques qui s’opèrent dans un mélange aussi complexe ; on présume cependant que les matières azotées ne sont pas altérées, que l’amidon est transformé en glucose et que la cellulose est plus ou moins modifiée. Quoi qu’il en soit, il est un fait certain, c’est que les animaux mangent le produit avec plaisir, qu’ils le digèrent fort bien et que leur santé est excellente. Que désirer de plus?
- On peut utiliser n’iinporte quels arbres, aussi bien le hêtre, le bouleau, le sapin et le pin que les arbres fruitiers et les broussailles ; il doit y en avoir cependant qui sont plus nutritifs que les autres, mais on n’est pas encore fixé sur ce point. II est à remarquer, en terminant, que la cueillette des branches ne nuit pas à une exploitation forestière et qu’elle constitue pour l’éleveur une économie sensible : M. Jena a calculé que pour 20 chevaux, 80 bœufs et 1000 moutons, on réalise une économie de 2500 francs sur l’emploi du foin ordinaire.
- L’emploi des branches d’arbres pour l’élevage des bestiaux, est donc de tout point à recommander, surtout lorsque, comme cette année, la pénurie de la récolte fourragère est très grande. Henri Cour in.
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- LA NATURE.
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- U MÉNAGERIE BIDEL
- Pourquoi ne parlerions-nous pas dans La Nature d’un établissement forain quand il offre au public des sujets d’étude et d’observation dont personne ne pourrait nier l’intérêt? Un de nos lecteurs, M. Alexandre, habile praticien de Bruxelles, a exécuté une série de photographies représentant les animaux dont est composée la célèbre ménagerie du dompteur Bidel. Celui-ci a obtenu récemment les plus grands succès lors des représentations qu’il a données dans la capitale belge. M. Alexandre nous a envoyé les photographies qu’il a faites ; les épreuves que nous donnons ici, montreront à nos lecteurs qu’elles sont dignes d’être reproduites.
- Voici Bengali (fig. J), tigre royal, le plus beau tigre de la ménagerie Bidel ; il a été capturé en 1880 en Cochinchine où l’espèce est assez répandue sans être toutefois aussi commune qu’au Bengale.
- Voici Sultan (fig. 2) lion à crinière noire de l’Atlas (Afrique septentrionale). Né en 1872, il a été capturé au piège en 1870. Quand il arriva à Lyon, il fut cause d’un terrible accident, dont nous reproduisons le récit d’après le journal le Salut public :
- Un douloureux accident, causé par l’inconcevable imprudence de celui qui en a été la victime, a eu lieu à la gare de Yaise, à Lyon. Le 1er septembre 1876, M. Bidel, propriétaire de la grande Ménagerie installée sur le cours Perrache, faisait venir d’Afrique un magniiique lion, qui avait été tout récemment capturé dans les déserts de l’Afrique centrale. Cet animal, enfermé dans une solide cage
- Fig. 1. — Bengali, tigre royal (le la ménagerie liitlel. (D'après une photographie instantanée de M. Alexandre, de Bruxelles.)
- grillée, avait été placé dans un wagon spécial, avec l’inscription suivante : Bête féroce, lion, défense d'ouvrir.
- Un toucheur de bœufs, nommé Vicard, en l’absence du conducteur, ouvrit le wagon, garé dans une des annexes de la gare de Yaise, et tendit un morceau de pain au lion. Naturellement, l’animal carnassier n’en eut cure et ne fit pas seulement mine de se déranger. Enhardi par cette apparente somnolence, notre homme passa le bras à travers les barreaux de la cage pour caresser la lèle du lion; l’animal poussa un rugissement et saisit avec sa gueule et ses pattes le bras du malheureux imprudent. En une minute le bras de Vicard fut broyé par la puissante mâchoire du fauve, depuis le poignet jusqu’au coude. Les hommes d’équipe, accourus, armés de barres de fer et de pieux en bois, n’avaient pu faire lâcher prise à l’animal furieux, qui garda la moitié du bras de l’infortuné dans sa gueule formidable. Vicard mourut des suites de ses blessures.
- Le lendemain même de l’accident, M. Bidel donna une représentation au bénéfice de la veuve et de son enfant, et fit travailler le terrible fauve qui continue à avoir un succès toujours croissant.
- Notre figure 5 représente, d’après une belle photographie instantanée, le dompteur Bidel, entrant dans la cage d’un autre lion, Hacha, magnifique spécimen de la race léonine de l’Atlas, capturé en 1 887.
- La ménagerie Bidel exhibée à Bruxelles, et quelques semaines après à Lille, comprend encore les animaux suivants :
- Un superbe lion, Néron, du cap de Bonne-Espérance, capturé en 1871 ; trois panthères des Indes, un guépard, originaire d’Asie, capturé en 1889; nn léopard de la Perse ; un superbe groupe de trois lions capturés récemment au cap de Bonne-Espérance, trois tigres royaux du Bengale, deux ours blancs des régions polaires, un ours noir de Russie, des hyènes, des loups, des singes, etc.
- Cette exhibition est tout à fait remarquable et elle n’est pas sans développer le goût des sciences naturelles et de la zoologie parmi le nombreux public qui la visite.
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- LA NATURE.
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- Fig. 2. — Sultan, lion à crinière noire de l’Atlas, de la ménagerie lïidel. (D’après une photographie instantanée de M. Alexandre, de Bruxelles.)
- Fig. 3. — Le dompteur Bidel dans la cage d’un de ses lions. (D’après une photographie instantanée de M. Alexandre, de Bruxelles.)
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- LA NATURE.
- L'existence de M. Bidel s’est tout entière consacrée à recueillir des animaux rares, et à les montrer au milieu des fêtes foraines, dans la plupart des villes de France, d’Italie et d’Espagne. Le célèbre dompteur affirme qu’il n’y a pas de procédé spécial pour dresser les animaux féroces : « Il faut simplement, dit-il, une grande énergie, beaucoup de volonté et de courage ». Bidel est entré à plusieurs reprises, sans aucune préparation préliminaire, dans des cages contenant des tigres, les plus redoutables des animaux féroces. Il se présente à eux sans hésiter, un fouet à la main, les regarde fixement, et ne craint pas de les frapper, s’ils font quelque mouvement menaçant. Malgré ce courage et cette hardiesse, Bidel n’en a pas moins été blessé par ses animaux, quelquefois assez gravement.
- Tout le monde se souvient qu’au mois de juillet 1886, à la foire de Neuilly,un lion lui a déchiré tout un côté de la gorge. Le célèbre peintre Edouard Retaille assistait parmi les spectateurs à cette scène dramatique, et en a fait un croquis. Il y a quelques années un émule bien connu de Bidel, le dompteur Pezon, faillit être dévoré par un de scs ours à la fête de Châlons-sur-Marne.
- On a parfois raconté l’histoire du dompteur qui, ayant congédié son valet, avait pris un homme de bonne volonté qu’il chargea de nettoyer les cages. Le lendemain, notre dompteur fut bien surpris de voir son nouveau domestique entré dans la cage au lion, et qui, tranquillement, nettoyait le plancher à grands coups de balai entre les pattes de l’animal. L’anecdote est plus amusante que véridique. Les gardiens des bêtes féroces dans les ménageries de nos muséums ne pénètrent jamais dans les cages aux lions, même quand ces animaux sont depuis longtemps accoutumés à leur existence de prisonnier.
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- GROTTES DE SAINT-MARCEL-D’ARDÈCHE
- Parmi les curiosités naturelles, si nombreuses dans cette région du Bas-Languedoc qui comprend une partie des départements de l’Ardèche et du Gard, les gorges de la rivière d’Ardèche occupent la première place. Je les préfère, pour ma part, aux gorges du Tarn ; leur ensemble est, du moins, plus constamment grandiose et sauvage. Cette région si pittoresque de l’Ardèche est pourtant à peu près inconnue et je voudrais la signaler aux lecteurs de La Nature, en les accompagnant aujourd’hui dans une" excursion souterraine, aux grottes de Saint-Marcel-d’Ardèche. Ces grottes se trouvent le long de la rivière, dans la dernière partie des gorges. Nous partons de Pont-Saint-Esprit, sur le Rhône, et nous nous dirigeons vers Saint-Martin, petit village de pêcheurs, d’où la barque, qui nous attend, nous conduira en une heure et demie à l’entrée des grottes. Entre les causses ou plateaux calcaires qui la dominent de plus de 100 mètres, l’Ardèche a creusé son lit, et, à peine avons-nous pénétré dans les gorges, nous
- sommes frappés de la quantité considérable de grottes que nous découvrons étagées sur les parois des rochers. Les unes sont de simples excavations; les autres atteignent plusieurs centaines de mètres et elles nous laissent deviner ce que vont être ces longues grottes auxquelles nous allons arriver. Longues, ai-je dit, car l’imagination du pays aidant, on vous parlera de 5, de 7 kilomètres, de plus encore : défions-nous, avant d’entrer, du prisme de ce chaud soleil du Midi. Un homme du Nord aurait commencé par mesurer ces grottes et c’est ainsi que j’ai procédé en compagnie de mon ami, M. Chiron. Peut-être avons-nous eu tort, et voilà maintenant que les Saint-Martinois vont être obligés d’en rabattre ; ils ne pourront plus affirmer au touriste enchanté qu’il vient de parcourir 6 kilomètres sous la montagne, car la chaîne d’arpenteur de Chiron n’accuse décidément que 2km,100. Mais je parle de la longueur des grottes et nous venons seulement de débarquer. Laissons nos bateliers engager leur bateau sous le rocher qui surmonte la fontaine de l’Écluse et gravissons la pente qui, au milieu des genévriers, des buis et de la lavande en fleur, nous mène en quelques minutes à l’entrée des grottes. Un rocher en surplomb indique cette entrée. Il serait plus exact de parler de succession de galeries que de salles séparées et de grottes : les guides ont pourtant divisé cette longue galerie en six salles et je les suivrai dans leur description. Arrêtons-nous avant d’entrer et laissez-moi vous présenter les grottes.
- Cet historique est-il bien nécessaire et n’est-ce pas l’éternelle histoire du chasseur qui poursuit un lapin et qui voit son gibier ou son chien s’engager dans une excavation où il pénètre à son tour, découvrant ainsi une grotte? C’est bien là aussi l’histoire des grottes de Saint-Marcel découvertes en 1838..., mais connues, en réalité, il y a plusieurs milliers d’années. Les jolis silex taillés, les anneaux de bronze qui se trouvent aujourd’hui dans la collection de M. Chiron en pourraient témoigner. Notre thermomètre marque en ce moment 20 degrés. Couvrons-nous, car la température de la grotte va nous surprendre et nous passons brusquement à 15°,5, température égale jusqu’au fond. Un étroit couloir, agrandi par la main de l’homme, nous conduit dans une vaste salle dont le sol sablonneux et uni facilite notre marche. Nos yeux doivent peu à peu s’habituer à l’obscurité : nous verrons mieux cette salle en revenant et peut-être n’y gagnerons-nous pas, car, si elle est haute et longue, ses parois ne présentent pas encore ces belles stalactites que nous admirerons plus loin.
- Nous nous dirigeons vers le nord et telle est l’orientation générale des grottes. La première salle une fois franchie, nous arrivons à une échelle en fer appliquée contre la paroi à pic au-dessus de laquelle une sombre excavation nous laisse entrevoir l’entrée delà deuxième salle. Celle-ci se trouve donc située à 8 mètres environ au-dessus de la première : c’est, en effet, le propre de ces galeries de présenter, sur
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- leur parcours (le 2 kilomètres, deux inclinaisons. Dans les deux premiers tiers du trajet, nous nous élèverons de 60 mètres environ : tantôt la pente est rapide et il a fallu placer des échelles, tailler des marches dans la stalactite; tantôt elle est plus douce et les galeries sont séparées par des passages horizontaux.
- Dans le dernier tiers de la grotte, nous aurons à descendre, mais de quelques mètres seulement. Nous pénétrons dans la deuxième salle, longue voûte de plus de 8 mètres de haut sur 12 de large. C’est avec elle que va commencer le déluge de dénominations, les unes exactes, les autres assez impropres, dont les guides, sans parler des visiteurs, jugent à propos de baptiser chaque passage, chaque colonne, chaque stalactite. Je vous ferai grâce des appellations qui ne disent pas grand’chose et je ne vous en proposerai aucune de mon cru. A peine sommes-nous entrés dans cette seconde salle que nous rencontrons le Cimetière. Rassurez-vous, nul visiteur n’y est resté et notre excursion ne présente aucun danger. Cette partie de la grotte ne doit son nom qu'aux ossements de l’âge du bronze qu’on y a trouvés. Nous commençons à apercevoir quelques stalactites : elles sont bien rares, bien timides et comme tout étonnées d’avoir pu résister au vandalisme de tous ceux qui ne peuvent pénétrer dans une grotte sans briser les plus belles des cristallisations qu’ils y rencontrent. Voici la Glace, le Lustre, les Orgues dont les tuyaux sont en bien mauvais état, le Pénitent, les Choux-fleurs. La voûte s’élève; les salles commencent. Plus nous avançons, plus elles sont belles et moins elles ont été détériorées. Jusqu’à ces dernières années, beaucoup de touristes se contentaient de parcourir ces 000 premiers mètres ; les résolus atteignaient le Four, les passionnés seuls allaient jusqu’au fond, si bien que ce sont les stalactites de la deuxième partie des grottes qui ont eu le moins à souffrir de l’inconscience destructive des uns, de la stupidité vaniteuse des autres dont les torches fumeuses nous ont laissé les noms sur les parois de la galerie. C’est à la fin de la seconde salle, lorsqu’on pénètre dans la Forêt-Noire, que l’on commence à jouir du spectacle féerique de ces grottes. Je n’ai pas la prétention de décrire chaque stalactite : je les trouve toutes également belles; je les recommande toutes à l’attention de ceux qui les viendront voir.
- — A suivre. — Rr PAUL RaY.MO.M).
- FOUILLES RÉCENTES AUX ÉTATS-UNIS
- Peu de peuples s’occupent avec plus de zèle que les Américains à recueillir les reliques et les souvenirs de ceux qui les ont précédés sur le Nouveau Continent. Ils s’efforcent de rétablir la vieille histoire de leur pays, et l’Exposition de Chicago rendra, l’an prochain, un magnifique témoignage de leurs succès. L’Ohio paraît avoir été, dans ces temps jusqu’ici si peu connus, un centre considérable d’habi-
- tations, à en juger par le nombre et l’importance des tumuli qui le couvrent. Les fouilles récemment entreprises par deux savants distingués, MM. Moore-head et Cresson, feront connaître mieux que de longues descriptions, les mœurs, les habitudes, les sépultures de ces hommes que faute d’un nom meilleur, nous appelons les Mound Builders. Plusieurs mounds s’élevaient sur la ferme de M. Tighlman Porter, située non loin delà ville deFrankfort (Ohio). On les fouilla successivement et ce fut un des plus petits, où les recherches se montrèrent les plus fructueuses. Ce mound de forme ovale mesurait 110 pieds de longueur, sur 60 de largeur. Sa hauteur qui, primitivement avait dû approcher de 10 pieds était réduite à 5. La stratification soigneusement relevée donnait une série de couches, terre noire, sable de diverses natures, argile jaune, successivement amoncelées par l’homme.
- De nombreux squelettes gisaient sous le tumu-lus ; presque tous étaient absolument décomposés et tombaient en poussière au premier contact de l’air. On ne put en conserver qu’un seul, celui que nous reproduisons (figure ci-après). La taille de cet homme dépassait 6 pieds. Les os sont robustes et dénotent une certaine force musculaire ; les dents sont bien conservées. Vers le sommet de la tête, étaient placées cinq canines d’ours et deux de panthère. Toutes étaient perforées et devaient être suspendues, comme ornement ou comme amulette. Un trou plus grand était percé pour recevoir soit une perle, soit une autre dent; c’est ainsi que l’une d’elles est traversée par la dent d’un sanglier; à droite du squelette, on recueillait une plaque de cuivre mesurant six pouces sur sept; à gauche, de petits disques aussi en cuivre réunis deux à deux par un cylindre du même métal. Ces disques sont toujours nombreux sous les mounds. Le professeur Putnam, autorité incontestable pour tout ce qui concerne l’Amérique préhistorique, les dit des ornements destinés à être suspendus aux oreilles, par des cordelettes ou des petites lanières de cuir dont les fouilles ont fréquemment permis de reconnaître les traces. Autour du squelette enfin, étaient répandues de nombreuses coquilles. Etait-ce là un rite funéraire? ou bien les ornements que le mort affectionnait? C’est ce qu’il est aujourd’hui bien difficile de décider.
- D’autres cadavres, je l’ai dit, avaient été déposés sous le même mound; presque tous avaient été inhumés dans une attitude allongée, quelques-uns en petit nombre, étaient repliés sur eux-mêmes. Deux d’entre eux au moins avaient été soumis à la crémation ; les fragments d’ossements carbonisés ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. Ces hommes appartenaient-ils tous à la même race? Les rites funéraires remontent-ils à la même époque? Devons-nous voir là un supplice imposé à quelques malheureuses victimes, ou bien une offrande à des dieux sanguinaires? De nombreuses hypothèses se présentent ; nous nous contenterons de dire que ce mélange
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- de corps inhume's et incinérés n’est pas un fait particulier à l’Amérique et qu’il se rencontre fréquemment dans l’exploration des mégalithes de notre Bretagne.
- Les explorateurs ont également mis au jour un de ces autels en argile durcie à un feu d’une extrême violence1. Sa forme est rectangulaire avec des coins symétriquement arrondis. Il mesurait 50 pouces sur 24 et il portait au centre un creux ovale de 4 pouces de profondeur sur 18 de longueur et 12 de largeur *. Cette dépression était remplie de cendres et de fragments d’ossements humains.
- Les autels ou bassins se rencontrent fréquemment sous les mounds; on les a constatés en grand nombre à Cliilli-cothe, centre religieux important alors que le pays était occupé par les Mounds Builders. Sur chacun de ces autels avaient été déposés des objets différents, tous brisés, tordus, calcinés par les llammes. Sur l’un se voyaient des pipes, sur un autre des poteries, sur un troisième, des pointes de cuivre, sur d’autres de nombreux ossements d’animaux. Jamais ces objets n’étaient confondus.
- Nous sommes évidemment en présence d’un rite religieux ou funéraire. Outre les objets dont nous avons parlé, on en a retiré nombre d’autres de Porter Mound, soit auprès des squelettes, soit épars dans la terre.
- Nous citerons l’omoplate d’un grand mammifère de plus de 0 pouces de longueur, percé de deux trous de suspension comme les gorgerets que les Indiens portaient lors de l’invasion espagnole et qu’ils portent encore aujourd’hui, un nombre considérable de petites perles r\
- 1 Malgré les difficultés, M. Putnara a pu, en 1888, retirer d’un Mound à Madisonville (Ohio) un des plus grands autels connus dans un parlait état de conservation. Durant ces deux dernières années, il en a été recueilli plusieurs autres; fun d’eux est destiné à l’Exposition de Chicago, les autres au Smilh-sonian Institution et au Peabody Muséum.
- s Le pouce anglais on américain équivaut à 2cm,53.
- 5 On en a compté jusqu’à 990.
- une plaque de cuivre soigneusement enveloppée d’une étoffe, dont il a été impossible de reconnaître la nature, nue hache et des couteaux en silex, des pointes de llèclie aussi en silex, à pédonele, ou triangulaires semblables les unes et les autres à celles de nos régions, quatorze vases enfin, présentant les formes qui nous sont familières, mais dont aucun malheureusement ne put être retiré entier.
- Les découvertes de ces dernières années permettent, comme je le disais en commençant, d’apprécier la civilisation des Mound Builders. Ils savaient élever des fortifications en terre souvent considérables et toujours remarquablement appropriées à la situation des lieux. Ils enterraient pieusement leurs morts sous des tumuli, dont les dimensions étonnent. Le cuivre était le seul métal qu’ils connaissaient et ils entreprenaient de longs voyages pour se le procurer. Leurs armes et leurs outils étaient en pierre ; ils fabriquaient des vases de toute espèce en poterie et ils savaient retracer des figures humaines ou des représentations d’animaux, soit en les sculptant sur la [lierre, soit en les modelant avec de l’argile. Sur quelques points tout au moins, ils étaient sé-d e n t a i r e s e t comme toute population sédentaire, ils devaient demander à la culture une partie de leur subsistance. Leur vie s’écoulait en luttes et en combats, et les nombreuses sépultures, où les morts sont entassés pêle-mêle attestent l’ardeur de ces luttes. D’où venaient ces hommes qui apparaissent devant nous après tant de siècles écoulés? Que sont devenus leurs descendants? Nul ne peut le dire, et tant qu’il ne sera pas possible de retrouver quelques traces de la langue qu’ils parlaient, de les rattacher ainsi aux autres races humaines, nous serons condamnés à d’éternelles et vaines hypothèses. Mi3 de Nadaii.lac.
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- L’EXPÉDITION DU LIEUTENANT PEARY DANS LES RÉGIONS BORÉALES
- Une des plus hardies et des plus intéressantes expéditions qui aient été tentées dans ce siècle est
- sans contredit celle du lieutenant Peary, dont le but était de déterminer les limites septentrionales du
- Fig. 1. — Campement d’hiver de l’expédition du lieutenant l'eary.
- continent groënlandais. Après les explorations de Nordenskiold en 1870 et 1885, et de Grecly en 1884, après un premier voyage de reconnaissance effectué en 1886 par le jeune olücier lui-mème, après la dernière tentative de Nansen en 1889, Peary résolut d’atteindre, par voie de terre, l’extrémité du Groenland, et, si les circonstances le permettaient, de pousser jusqu’au pôle nord.
- L’Académie des sciences de Philadelphie seconda son projet et lui p cr m i t d équiper un steamer, le liite, de Terre-Neuve, - lequel, sous la conduite du capitaine Pike, débarqua l’expédition à Mac Cor-mick Bay. Le départ avait eu lieu le 6 juin 1891, et le lieutenant Peary était accompagné de sa jeune femme qui devait le suivre dans la plus grande partie de son voyage et partager avec lui l’honneur et les dangers de l’expédition.
- Mac Cormick Bay se trouve à 77° 45' de latitude
- nord et à environ 160 kilomètres sud du grand glacier de Humboldt découvert par Kane. Au moment d’atterrir, un énorme bloc de glace tomba sur le milieu du navire, et Peary, qui se tenait à ce moment en observation près de la cabine de timonerie, reçut un éclat qui lui cassa net la jambe au-dessus de la cheville. Cet accident ne diminua en rien l’ardeur du jeune officier qui se fit quand môme débarquer et dirigea de son lit le travail. La conduite des opérations n’était pas chose aisée, tout d’abord.
- Le premier soin des explorateurs fut de construire une maison pour le campement d’hiver qui fut, malgré les difficultés du climat, vite terminée (fig. 1). On l’entoura d’un mur fait de pierres et de gazon, afin de la protéger contre le vent et le froid, et on lui donna le nom de Red Cliff. Des que Peary put marcher à l’aide de béquilles, les voyageurs partirent en bateau pour les îles Northumber-
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- Fig. 2. — Carte du voyage du lieutenant Peary.
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- land. Huit jours apres, ils revenaient, ramenant un chasseur esquimau, sa famille, sa tente, un grand traîneau attelé de chiens et quelques oiseaux. Ce ne fut que plus tard que les indigènes se hasardèrent près de Red Cliff et y établirent une sorte de village. Ils devaient pourtant être bien reçus par les explorateurs. Voici ce que dit à leur sujet Mme Peary :
- « C’étaient de gais compagnons, alertes, pleins de bonne volonté et désireux de nous rendre service. Ils partageaient avec plaisir notre café, notre biscuit, mais les friandises ne leur disaient rien. Les femmes surtout m’intéressaient et je suis restée souvent bien des heures à les regarder travailler. »
- Plus loin, Mme Peary parle de la période d’attente qui a précédé la marche vers le nord, laquelle ne devait avoir lieu qu’au mois de mai 1892.
- « L’hiver se passa gaiement, bien que nous soyons restés cent jours sous la nuit et que nous ayons eu des températures moyennes de 40 à 50 degrés au-dessous de zéro. Tous les jours, nous faisions de longues promenades sur la neige, ayant aux pieds nos raquettes pour nous soutenir ; ou bien j’allais seule à l’aventure, dans mon traîneau attelé d’un chien terre-neuve et d’un chien esquimau. Et jamais je n’ai souffert du froid. Puis, nous commençâmes ipie série d’excursions en bateau. Le 4 septembre, nous aperçûmes pour la première fois un troupeau de rennes et nous pûmes en prendre trois à l’extrémité de Mac Cormick Bay. C’est pendant une de ces chasses que nous manquâmes nous noyer, notre bateau ayant été assailli par une quantité de morses furieux que nous avions blessés. Nous finîmes cependant par en tuer sept. »
- Au mois d’avril, le jour étant continu, Peary partit avec sa femme pour une exploration de la Baie des Baleines et du golfe Inglefield. Ils voyagèrent dans un traîneau attelé de treize chiens esquimaux et conduit par un indigène. Quand ils étaient fatigués, ils dormaient sur la neige, sans aucun abri, en ayant soin seulement de s’introduire jusqu’au cou dans de grands sacs fermés faits en peau de renne. Ils parcoururent ainsi 400 kilomètres en sept jours et ne couchèrent qu’une fois sous la hutte de neige d’un des naturels. Durant cette expédition, Peary découvrit et baptisa douze énormes glaciers.
- Enfin, le 5 mai, le jeune officier accompagné de M. Àstrup fit ses adieux à sa femme et partit pour son grand voyage de découverte vers le pôle. Quelques amis les suivirent jusqu’au glacier de Ilum-boldt, mais, à partir de ce point, Peary et Àstrup continuèrent seuls le voyage, en compagnie de quatorze chiens tirant à leur suite un traîneau sur lequel étaient leurs provisions. Leur direction générale était le pic Petermann et les glaciers de Sherard Osborne et d’Edouard. Pendant deux semaines ils furent assaillis par des tempêtes de neige et de brouillard, marchant presque à tâtons, de peur des glaçons et des crevasses; le reste du voyage fut moins accidenté et les trois mois se passèrent sans qu’ils aient rencontré quoi que ce soit de vivant dans ces régions
- inhospitalières. Leurs provisions, comme leurs aliments quotidiens, consistaient en pcmmican, en pois, en haricots et en biscuits ; et bien qu’ils n’aient emporté aucune espèce de tente pour s’abriter, ils n’eurent pas une seconde de maladie ou d'abattement. Le sol qu’ils foulaient s’élevait graduellement en pente douce jusqu’à 2000 ou 2800 mètres.
- Enfin, ce ne fut que le 26 juin qu’ils aperçurent, sous le 82e parallèle, la limite du continent. En effet, la côte groënlandaise qu’ils suivaient de loin à l’ouest se terminait soudain au nord pour s’infléchir ensuite vers le sud-est. Le problème était donc bien résolu et l’extrémité septentrionale des terres définitivement délimitée. Pendant quatre jours, les voyageurs contournèrent la côte au sud-est, en traversant les montagnes de cette région au delà desquelles s’était arrêtée jusqu’alors la science des géographes, et, après trois autres jours de marche, ils arrivèrent au terme de leur découverte : la mer. Là s’étendait une large baie que Peary nomma, en l’honneur du jour,
- 4 juillet, la Baie de l’Indépendance.
- Cependant, le Iiite, qui avait amené l’expédition,
- appareillait de nouveau. Parti de Terre-Neuve sous la direction du professeur* Ileilprin, il se dirigeait vers Mac Cormick Bay afin d’en ramener les voyageurs et Peary lui-même, s’il revenait jamais à son point de départ. Laissons la parole à Mmc Peary :
- « Les chefs de la tribu établie à Red Cliff venaient de me prévenir que, d’après leurs renseignements, mon mari ne reviendrait jamais de son exploration, lorsque, à 5 heures du matin, le 24 juillet, j’entendis hors de ma tente un bruit singulier. Aussitôt, je criai en esquimau : « qui est là? » On me répondit qu'un bateau était arrivé et un indigène me remit en même temps mon courrier que le Rite venait d’apporter. Le lendemain, je reçus la visite du professeur lleil-prin, et le 4 août je me rendis à l’extrémité de Mac Cormick Bay sur le bateau. Deux jours plus tard, à
- 5 heures du matin, tandis que je dormais dans ma cabine, j’entendis des cris de joie et un bruit de pas sur le pont; c’était le pas de mon mari. Une seconde après il se trouvait dans mes bras. »
- Le lieutenant Peary revenait en excellente santé après une absence de quatre-vingt-treize jours et un voyage de 2000 kilomètres à travers l’inconnu. Le II septembre dernier, le Rite ramenait l’expédition saine et sauve à Saint-John’s, Terre-Neuve.
- X. West.
- LE CINQUIÈME SATELLITE DE JUPITER1
- Après être restés sept semaines sans aucune confirmation de cette découverte, nous avons appris la réalité du fait. Le satellite dont les astronomes avaient mis en doute l’existence est fort petit, plus petit que ceux de Mars, et sa révolution n’a pas lieu en dix-sept heures, mais en onze heures et quelques minutes. Du reste, s’il y avait eu erreur, l’observateur se serait trompé en bonne compagnie. On sait en effet que le grand Ilerschel a donné, au
- 1 Suite et lin. — Yoy. n° 1011, du 15 octobre 1802, p. 521
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- LA NATURE.
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- débat, six satellites à Uranus, et qu’il a été établi depuis qu’il n’y en a que quatre, deux seulement des six prétendus satellites d’Uranus faisant partie de ces quatre. Herschel avait donc pris quatre petites étoiles pour des satellites de la planète. M. Tisserand, le sympathique directeur de l’Observatoire, a été avisé de ce fait par un journal scientifique venu d’Amérique, et la communication qu’il a présentée à ce sujet à l’Académie des sciences a été analysée dans la précédente livraison de La Nature *.
- Joseph Vinot.
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- Houille et pétrole. — Si les réserves de houille du monde s’épuisent, il est, par contre, rassurant d’entendre le grand chimiste russe Mendeleief nous affirmer que le pétrole est sans doute inépuisable. Cet hydrocarbure, quoiqu’il n’appartienne spécialement à aucune couche géologique, se rencontre généralement dans les régions qui longent les chaînes de montagnes, et en Europe, on le trouve dans les rochers tertiaires, tandis qu’aux Etats-Unis, il sort du dévonien et même du silurien. Le Dr Mendeleief attribue la formation du précieux combustible, à l’action de l’eau sur les gisements métalliques de la partie centrale et chaude du globe, action incessamment renouvelée. La remarque faite par le président de l’Institut des ingénieurs mécaniciens, qu’en général le pétrole ne baisse guère dans les puits, viendrait corroborer la théorie qui lui assigne une rapidité de formation égale aux causes d’épuisement. Le président a étudié divers perfectionnements dans les travaux de forage qui permettront d’atteindre des profondeurs inespérées jusqu’ici.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séxnce duV± ocl. 1892.—Présidence de M. de LACAZE-DimnEits.
- Le schiséophone.—M. le capitaine de Place décrit sous ce nom un appareil propre à révéler par la percussion les défauts qui peuvent exister à l’intérieur des pièces métalliques ou les fissures qui peuvent s’y produire à un moment donné. L’inventeur supplée à l’insuffisance de sensibilité de l’oreille humaine, à l’aide du microphone. Un tige métallique reçoit par un mécanisme accessoire un mouvement alternatif : c’est le frappeur. On lui présente successivement les différentes parties de la pièce à explorer. Cette tige traverse un microphone annulaire relié à une pile dans le circuit de laquelle on interpose une bobine inductrice montée sur une règle graduée horizontale. Une autre bobine destinée à être induite est mobile le long de la même règle ; un double téléphone est intercalé dans le circuit de cette seconde bobine. Pour régler l’appareil on éloigne la bobine induite de la bobine inductrice, jusqu’à ce que le son rendu par les téléphones soit devenu à peu près imperceptible. Si le frappeur vient heurter une partie défectueusé, le vide intérieur formant caisse raisonnante, le bruit augmente et le microphone fait varier la résistance du circuit intérieur de la pile : le bruit reparaît dans les téléphones. L’appareil qui a été déjà décrit dans La Nature2 a été expérimenté heureusement pour l’essai des obus destinés au percement des plaques de blindage ; enfin d’autres expériences ont été faites à Ermont, au dépôt de matériel du chemin de fer du Nord.
- 1 Voy. n° 1012, du 22 octobre 1892, p. 536.
- 2 Voy. n° 885, du 17 mai 1890, p. 377.
- Découverte d’un squelette d'éléphant fossile en France. — A l 0 kilomètres de Brioude, sur le Plateau central de la France, se trouve un volcan depuis longtemps éteint, c’est le Senèze. On vient de mettre au jour, sur les pentes de ce volcan, une grande quantité d’ossements fossiles qui ont été étudiés par MM. Leblanc, Vernière et Masnier. Enfin M. Marcellin Boule a fait dégager un squelette gigantesque presque complet à'Elephas meridionalis. Quelques os manquent, d’autres occupent une position autre que leur place naturelle. Le cadavre de l’animal paraît avoir subi sur le lieu même l’effet de la putréfaction, ce qui expliquerait la disparition de quelques os disloqués et entraînés. Peut-être a-t-il péri victime des émanations du volcan? Il a été ensuite enfoui sous la cendre issue du cratère, et c’est grâce à cette circonstance que nous retrouvons aujourd’hui son squelette. M. A. Gaudry fait remarquer que les volcans qui sont pour la vie des agents éminemment destructeurs, sont au contraire les agents de conservation les plus précieux pour les débris animaux, car la cendre qui tombe en pluie si fine aux alentours du cratère, les recouvre bientôt d’une couche compacte qui les met à l’abri de toute action désagrégatrice.
- Les perturbations magnétiques. — M. Ricco a recherché quelle pouvait avoir été la relation des taches observées à la surface du soleil et des perturbations magnétiques relevées en 1892. Il résulte de la comparaison des nombres donnés ci-dessous que les perturbations magnétiques ont éprouvé un retard bien caractérisé s’élevant en moyenne à 45 heures, par rapport au passage de la tache correspondante au méridien solaire central. En effet, la tache du 4 janvier coïncide avec un mouvement du barreau aimanté de 58 heures, la tache du 22 janvier indique un retard de 21 heures; celle du 12 février, un retard de 45 heures; celle du 10 mars donne 45 heures; celle du 23 avril, 51 heures ; celle du 24 avril, 45 heures ; et enfin, celle du 16 mai, 49 heures. M. Faye considère que la liaison des deux ordres de phénomènes, ressort nettement de cette comparaison.
- La photographie du spectre solaire. — M. Lippmann présente de belles épreuves de photographie du spectre solaire, obtenue sans le secours des sels d’argent, par l’exposition dans la chambre noire de plaques recouvertes de gélatine bichromatée ou d’albumine bichromatée. La gélatine bichromatée perd ses propriétés hygrométriques sous l’action de la lumière. L’épreuve est invisible au sortir de la chambre noire, mais il suffit de la mouiller pour voir apparaître les couleurs. Si, de plus, on la regarde par transparence sur une feuille de papier blanc, on obtient les couleurs complémentaires.
- Explorations souterraines. — M. llaubrée annonce qu’un sondage opéré à Douvres a atteint le terrain houil-ler à 350 mètres de profondeur et la houille à 590 mètres, après avoir traversé une couche de schiste houiller. On a ramené des plantes fossiles, notamment deux feuilles de fougères caractéristiques de la partie supérieure du houiller moyen. La nature de la couche se trouve donc établie par cette découverte ; c’est une houille grasse comparable à celle du Pas-de-Calais, et l’on se trouve au centre d’un vaste bassin houiller qui relie la France à l’Angleterre. M. Daubrée relate, à ce propos, l'histoire de sondages opérés dans le Gard, à la Grand-Combe. A 600 mètres de profondeur on voulait arrêter le travail, mais on se décida à continuer et, à 800 mètres, on atteignit plusieurs couches de houille. Des failles firent croire que les couches pouvaient avoir été relevées de 400 mètres sur
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- d’autres points, et, en effet, on les a trouvées ces jours derniers à 312 mètres, dans un puits percé sur les indications de l’ingénieur.
- Photomêtrie. — M. Charles Henry présente un appareil qu’il appelle pholo-photoptomètre, destiné à la mesure des intensités lumineuses très faibles. Cet appareil est fondé sur la loi de déperdition de la lumière fournie par le sulfure de zinc phosphorescent. Il impressionne à saturation une plaque de sulfure de zinc, puis il la compare à la lumière étudiée en notant le temps écoulé depuis l’instant de la déperdition lumineuse de la plaque phosphorescente jusqu’à celui où les deux intensités paraissent égales. En introduisant ce temps dans la formule qu’il a donnée dans une précédente communication, ou plus simplement en s’aidant de la courbe qui représente celte loi, il détermine l’intensité de la lumière étudiée. M. Charles Henry est ainsi parvenu à mesurer avec son appareil la lumière diffuse des étoiles, par une belle soirée d’août.
- Il trouve que cette lumière produit sur l’écran de son photomètre le même éclat qu’une bougie placée à 41 mètres.
- Les canaux (Virrigation du Rhône. — M. Cham-brelent montre l’urgence manifeste de mettre à exécution le projet d’irrigation des départements de la Drôme, de Vaucluse, des Douches-du-Rhôue, du Gard, de l’Ardèche et de l’Hérault. Ce projet emprunte un caractère d’actualité tout particulier aux désastres subis cette année par les agriculteurs de ce départements, comme conséquence de la sécheresse de l’été dernier. On se rappelle que M. Chatin a déjà signalé la misère des paysans de ces régions, réduits à vendre leurs bestiaux faute de pouvoir les nourrir.
- M. Chainbrelent rappelle qu'un projet élaboré en 1881 établissait une prise d’eau de 35 mètres cubes en amont de l’embouchure de l’Isère, et faisait ensuite passer plus bas 18 mètres cubes sur la rive droite du Rhône au moyen d’un siphon. Ce projet qui provoqua aussitôt des réclamations diverses très motivées, fut considéré comme un avant projet et donna lieu à une déclaration d'utilité publique. A la suite de cette déclaration, une Commission nommée ad hoc produisit un projet entièrement nouveau, réalisant une économie de 18 millions, approuvé à l’unanimité par le Conseil supérieur des ponts et chaussées, qui donnait satisfaction aux populations intéressées et pour lequel elle réclamait l’exécution directe par l’État. Un projet de loi fut présenté à cet effet. Le revenu du capital engagé dans l’opération, était évalué à 4 pour 100 sans tenir compte de l’accroissement de richesse que devaient éprouver les départements irrigués et d’où devaient dériver indirectement des profits considérables pour le Trésor. Les Conseils généraux envoyèrent également leur adhésion unanime,
- et, parmi ceux-ci, M. Chainbrelent cite avec satisfaction celui du Gard, présidé alors par le général Perrier, membre de l’Institut, défenseur acharné de l’œuvre nouvelle.
- Varia. — M. Leveau présente un long et intéressant Mémoire sur les perturbations de la planète Vesta. — M. Edmond Perrier fait hommage du 2e fascicule de son traité de zoologie. — M. Chambreland a imaginé un nouveau cadran solaire portatif. Cu. de Vii.ledeuil.
- RÉCRÉATIONS SCIENTIFIQUES
- FEU 1) ART]FICE EN MINIATURE
- Pour tirer ce feu d’artifice, il n’est pas besoin d’être artificier. Munissez-vous simplement d’un chalumeau ou même d’une pipe en terre ; prenez quelques feuilles minces d’étain qui servent à envelopper le chocolat, dé-coupez-les en bandes de deux à trois centimètres de largeur, puis présentez chaque bande à la flamme du chalumeau : le métal s’enilamme et tombe en globules incandescents qui rebondissent en courant sur la table où l’on opère, et parcourent une distance assez considérable; quelquefois ils se divisent et donnent naissance à d’autres globules courant et sautant dans tous les sens.
- Quand la llamme est forte et que l’on bride vivement le papier d’étain, les globules sont très abondants et offrent alors l’aspect d’un véritable bouquet de feu d’artifice en miniature.
- Celte petite expérience est absolument sans danger; les globules, entourés d’oxyde formé pendant la combustion, ne laissent qu’une petite trace blanchâtre bien vite enlevée même sur une toile cirée.
- Cette combustion, qui produit un effet curieux, est en même temps une démonstration de la combinaison d’un métal avec l’oxygène de l’air.. L’étain se transforme, par cette combinaison, en un oxyde de couleur blanche. C’est en étudiant l’augmentation du poids que présente l’étain chauffé au contact de l’air, que Jean Rey, chimiste du dix-septième siècle, était arrivé à comprendre la fixation de l’air sur les métaux.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissanmek. Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
- Combustion de feuilles d’étain dans la llamme d’un chalumeau.
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- N° 1014. — 5 NOVEMBRE 1 892.
- LA NATURE.
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- YÉLOCIPEDIE
- DE l’ai>LOMB DANS LES BICYCLES
- Quoi de plus à propos que de parler de bicycles? Aujourd’hui tout le monde va en bicycle. Les dames mêmes, secouant le joug du préjugé, s’y mettent petit à petit, trop rarement encore malheureusement, car il y a toujours de bonnes excuses pour faire comme tout le monde. Mais enfin, ce qu’il est facile de constater, c’est que la bicyclette fait toujours du bien quand on n’en abuse pas, qu’elle s’apprend en quelques heures, même en quelques minutes pour ceux qui n’ont pas peur ; car il est manifeste que les appareils actuellement dans la commerce vont tout seuls, et qu’il suffit positivement de croiser les bras et même les jambes en inclinant légèrement le corps du côté où l’on vput aller, pour que l’instrument docile suive le désir du cavalier. Bien entendu, il faut pour cela un cavalier bien habitué, car plus un cheval est docile et sensible, plus il obéit vite aux impulsions mêmes désordonnées que lui imprime le cavalier. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi cette machine est si sensible? Peut-être? Mais peut-être aussi n’avez-vous pas trouvé à votre question de solution satisfaisante.
- On sait que la seule condition d’équilibre d’un corps gêné par des points fixes est la suivante : la résultante des forces qui agissent à un moment donné sur lui, doit passer dans l’intérieur du poly-
- gone des points fixes. Dans la bicyclette, ce polygone est réduit à la ligne droite qui joint les deux points de contact; si donc par un faux mouvement, par le heurt d’un caillou, la résultante des forces (pesanteur, effort moteur et forces d’inertie) cesse de couper cette ligne, le cavalier n’a qu’à l’y faire rentrer à
- temps, en ayant soin de dépasser légèrement cette position avant de s’y fixer, cela afin d’annuler par un effort en sens contraire la petite tendance à tomber qui s’était produite. De là ces festons innombrables décrits parles débutants qui n’arrivent jamais à fixer la verticale du centre de gravité sur la ligne des deux points de contact; heureux encore s’ils parviennent à ne pas dépasser la limite d’adhérence aux deux points de contact. Trop souvent cette limite
- dépassée, ils sont par terre plus vite qu’ils ne l’auraient voulu. Mais alors comment aller sans les bras?
- Chacun, en touchant une bonne bicyclette bien réglée, a pu constater que si l’on incline même très légèrement la selle avec le doigt, la direction s’incline immédiatement du côté où la machine penche. Si donc la machine est bien équilibrée, elle se relève d’elle-même lorsqu’elle penche : le cavalier n’a qu’à ne pas bouger. S’il reste invariablement fixé sur sa selle, il n’a qu’à ployer légèrement les reins du côté où il veut aller pour faire pencher la machine de ce côté : la ligne des points de contact se déplacera dans ce sens d’autant plus vite que la vitesse de la machine sera plus grande. Si elle se déplace assez vite pour rattraper
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- Fig. 1. — Position d’une bicyclette en virage. (D’après une photographie instantanée.)
- Fig. 2. — Autre phase du mouvement de virage. (D’après une photographie instantanée.)
- 211° année. — 2' semestre.
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- LA NATURE.
- la verticale du centre de gravité, l’équilibre pourra être retrouvé, et si la position d’équilibre est dépassée par suite de la vitesse acquise, la roue tournant immédiatement d’elle-même en sens opposé rétablira l’équilibre par une série d’oscillations de moins en moins grandes. Gela se fait tout seul. Il n’est pas besoin pour cela d’être équilibriste. Il suffit que les vitesses remplissent certaines conditions. La vitesse minima à atteindre peut s’exprimer ainsi : la translation de côté1 du centre de gravité doit se faire moins vite que la translation dans le même sens de la ligne des points de contact. Si ces deux translations sont égales, l’équilibre n’est pas rompu.
- La première étant indépendante de la machine et l’autre ne dépendant, pour une inclinaison donnée de la machine, que de la facilité avec laquelle la direction change, cela explique pourquoi il est incomparablement plus facile d’aller sans les mains avec une machine à douille à billes qu’avec une machine à pivots. Il résulte également de cette petite démonstration que lorsqu’on va vite, la composante de la vitesse de translation suivant l’axe considéré, étant très grande, les conditions sont sûrement remplies. De là la facilité avec laquelle on fait toutes sortes de tours d’adresse sur une bonne bicyclette à grande vitesse.
- Et les bicycles ! Votre démonstration, me direz-vous, va bien pour les bicyclettes puisque le fabricant a équilibré la fourche de façon à ce qu’elle tourne du côté où elle penche. Mais les bicycles n’ont pas cela ! — La question est prévue.
- Avez-vous remarqué que dans toute la dernière partie de la démonstration j’ai omis de parler d’une force, la force centrifuge, et en général que j’ai omis de parler des forces d’inertie du système ?
- Le plus curieux est que ces forces agissent dans le même sens avec une intensité considérable, et d’autant plus fort que la vitesse est plus grande.
- Avant les bicyclettes, avez-vous entendu quelquefois faire cette question : « Pourquoi se tient-on plus facilement sur un bicycle en marche que sur un bicycle au repos? » La meilleure réponse que j’aie entendue à cette question est la suivante : « C’est parce que ça tourne ». On sent la chose, mais on ne
- 1 Par translation de côté, j’entends la composante de la vitesse suivant un axe perpendiculaire à la ligne des contacts des roues avec le sol.
- l’explique pas. Nous allons essayer de la faire comprendre.
- Tout le monde a joué à la toupie. Prenez une toupie un peu lourde, une toupie métallique, par exemple. Cette toupie une fois lancée se tient debout. Laissant de côté ce phénomène que tout le monde voit chaque jour sans le trouver extraordinaire, essayez de toucher la tige supérieure de la toupie avec une baguette. Immédiatement la toupie quittera le bout de la baguette, cherchant à remonter en la suivant vers votre main. Plus vous appuierez vite, plus vous verrez subitement s’incliner l’axe de la toupie comme si elle voulait venir sur vous.
- Prenez au lieu d’une baguette un objet de profil déterminé, vous verrez la tige de la toupie suivre avec soin tous les contours du profil présenté. Si vous observez de quel côté elle marche, vous verrez
- qu’elle se penche invariablement dans une direction perpendiculaire à la direction de la poussée exercée et dans le sens que suivrait la tige si elle pouvait rouler sur le bout de votre baguette.
- Prenez une toupie qui ait la tige plus mince, de manière à ce qu’on ne puisse pas dire que cette tige produit P entraînement par le frottement sur votre baguette, vous verrez qu’elle se déplace invariablement du même côté, déterminant, naturellement sur votre baguette une réaction inverse.
- Vous pouvez du reste constater ce phénomène beaucoup plus facilement si vous avez à votre disposition une des boîtes giroscopiques actuellement dans le commerce, ou même simplement un de ces giroscopes qui étaient dans les mains de tous les enfants il y a quelques années. Ils se composent d’une toupie qui roule entre ses deux pointes dans l’intérieur d’un cercle. On tient ce cercle à la main après avoir lancé la toupie avec une ficelle. On constate, chaque fois qu’on veut donner une direction à ce jouet, qu’il y oppose une résistance d’autant plus vive que la toupie est plus lourde et va plus vite. En même temps on sent dans les mains une tendance à la torsion dans le sens perpendiculaire à l'effort qu’on imprime.
- Ces diverses remarques constituent une démonstration expérimentale du principe suivant que l’on démontre en mécanique supérieure :
- « La réaction, due à la rotation permanente autour d’un axe de révolution, est proportionuelle au mo-
- Fig. 3. — Schéma d’une bicyclette en virage, Première phase des ligures 1 et 2.
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- ment d’inertie par rapport à Taxe, proportionnelle à cette rotation et à la vitesse angulaire imprimée en un point de Taxe. Elle est perpendiculaire à la direction de la vitesse imprimée au point de Taxe sur lequel on agit. »
- Revenons à nos bicycles. Les deux roues, tournant dans leurs fourches, ne forment-elles pas chacune une toupie giroscopique? Si quelque chose tend à faire pencher la machine, tout se passe comme si l’on exerçait un effort vertical de haut en bas sur un point de Taxe de rotation du côté où Ton penche. Si j’applique à ces deux roues le théorème précédent, je vois que la roue en mouvement oppose une résistance dont la direction est perpendiculaire à la direction de la vitesse imprimée, c’est-à-dire qu’elle est horizontale. De plus elle est dirigée dans un sens tel que si je mettais un obstacle fixe de haut en bas sur Taxe réalisé pratiquement, cet axe tende à rouler sur l’obstacle, c’est-à-dire, du côté où on penche, d’avant en arrière. L’opposé a lieu de l’autre côté, si bien que l’application du théorème fondamental des giroscopes aux deux roues d’un bicycle donne cette conclusion : la roue tend à tourner du côté où Ton penche. Elle incline de ce côté d’autant plus vite que la tendance à la destruction de l’équilibre est plus grande et que la roue va plus vite. Cela s’applique tout naturellement à la roue de devant du bicycle et à celle du monocycle qui se redressent donc d’autant plus facilement que la rotation est plus rapide.
- Quant à la roue de derrière des bicycles, son mouvement n’étant pas possible dans le sens indiqué par la théorie, elle ne peut qu’opposer à l’effort exercé la résistance compatible avec la solidité de la machine et la fixité des points d’appui.
- Un voit donc que les fabricants de vélocipèdes, en déplaçant le centre de gravité de la fourche d’avant des bicyclettes de façon à ce qu’elle tourne du côté où la machine penche, n’ont fait que produire artificiellement au repos ce qui se passe naturellement dans les bicycles en marche. Gela facilite beaucoup la marche lente.
- Pour terminer ces petites remarques sur les cycles en général, n’oublions pas le cerceau des enfants. Tout le monde n’a-t-il pas remarqué que dès que le cerceau penche d’un côté, il tourne de ce côté. Ce phénomène est dù à la même cause. L’action de la pesanteur agissant de haut en bas tend à faire tourner le cerceau du côté où il penche.
- Lorsque l’enfant tape pour le redresser avec sa baguette, il tape en arrière du cerceau précisément du côté où il penche. S’il donnait ce même coup sur un cerceau arrêté, l’effet obtenu serait évidemment de faire tourner le cerceau du côté où Ton a tapé, c’est-à-dire de le faire tomber. En marche, c’est tout différent. L’enfant tape le cerceau presque à mi-hauteur. C’est donc un effort d’avant en arrière exercé sur Taxe du cerceau du côté où il penche. Appliquons le théorème : La résistance est perpendiculaire à cette direction, c’est-à-dire verti-
- cale. Il y a donc tendance au redressement du cerceau. Au contraire pour le faire tourner à droite, il se contente d’appuyer légèrement sur la portion la plus haute du cerceau, à gauche. L’action exercée tendant à incliner le cerceau à droite, c’est un effort vertical de haut en bas que Ton exerce sur Taxe à droite, donc le cerceau doit tourner de ce côté. Avis aux amateurs de cerceau.
- Nous représentons plus haut les photographies successives d’une bicyclette en virage (fig. 1 et 2). Dans la position primitive que nous figurons en schéma (fig. 5), la roue d’avant est bien dans la direction du rayon visuel, de façon à montrer clairement l’angle EAN entre les traces des deux roues. Si la bicyclette était immobile, le centre de gravité de tout le système (bicyclette et cavalier) se projetterait en D, sur la ligne des points de contact AB. La ligne verticale du bâtiment montre que le centre de gravité se projette verticalement en C. 11 s’est donc déplacé de DC. Comme je le disais tout à l’heure, ce déplacement est dù à la chute du système du côté où il penche. U faut donc, pour que l’équilibre soit maintenu, que le point de contact A se déplace à chaque instant dans le sens AP, suffisamment vite pour que le point I) sc rapproche de C et vienne l’atteindre. Si le point A se déplaçait de telle façon que la distance DC augmentât au lieu de diminuer, le vélocipédiste tomberait infailliblement. Lorsque la bicyclette vire d’une façon continue, la force centrifuge GS, tendant à pousser le système de façon à éloigner le centre de gravité G du centre du virage, se compose avec le poids GC dont la force est dirigée de haut en bas et doit donner la résultante GD. Si cette résultante GD ne rencontrait pas en D la ligne des points d’appui AB, le vélocipédiste, au bout d’un instant, tomberait. Les plus inexpérimentés cherchent donc par des festons, une position par laquelle ces deux lignes se rencontrent. Les cavaliers plus habitués usent d’un autre moyen. La force centrifuge est en effet proportionnelle au carré de la vitesse. On peut donc, en réglant la vitesse, faire varier à son gré la force GS et par suite la direction de la résultante GD. Il suffit, lorsqu’on se sent tomber à l’intérieur du cercle de virage, d’aller un peu plus vite pour rétablir l’équilibre. Inversement, si Ton se sent emporté au dehors, on n’a qu’à ralentir. Cyp. Chateau,
- Ancien élève de l’Ecole polytechnique.
- UTILISATION DES HAUTES CHUTES D’EAU
- LA ROUE HYDRAULIQUE PELTON
- La puissance brute d’une chute d’eau est, comme on le sait, égale au produit de la hauteur de chute par le débit. Si cette hauteur est exprimée en mètres et le débit en litres par seconde, le produit donne la puissance en kilogrammètres par seconde. Ce produit divisé par 75, exprime la puissance en chevaux, et par 100, en poncelets. Unfr puissance hydraulique
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- LA NATURE.
- donnée peut donc être obtenue par une infinité de valeurs différentes de la hauteur de chute et du débit. Les premières applications de force motrice hydraulique ont utilisé surtout de faibles chutes et de grands débits fournis par les cours d’eau ; l’utilisation des hautes chutes et des faibles débits est relativement récente, mais les progrès réalisés dans cette utilisation, sont des plus remarquables, et la roue Pelton que nous allons présenter à nos lecteurs est un des types les plus perfectionnés que nous puissions choisir à l’appui de cette affirmation.
- En effet, malgré son apparence rustique, la roue Pelton présente un grand rendement, au moins égal à celui des turbines, une grande simplicité et une puissance spécifique des plus remarquables, puisque, pour des chutes atteignant 600 mètres, la partie
- mobile, ou roue proprement dite, pèse moins de 1 kilogramme par cheval utile. Nous ne croyons pas qu’il existe d’autre moteur dont la puissance spécifique dépasse ou même atteigne ce chiffre de 1 cheval par kilogramme ; c’est ce qui nous engage à donner une description de cet appareil.
- La roue Pelton peut être définie comme une roue tangentielle à pression et à réaction, différant en principe et en construction de tous les autres moteurs hydrauliques proposés ou expérimentés jusqu’ici pour utiliser les hautes chutes. Elle se compose, en principe (fig. 1) d’une roue à bras en fonte et jante d’acier sur laquelle sont fixés une série d’augets doubles de forme spéciale qui constitue le caractère original de l’invention. Cet auget est représenté sur la gauche de la figure 1, à une plus grande échelle.
- Fig. 1. — Houe Pelton avec détail do l’auget.
- L’eau sortant de l’ajutage avec une très grande vitesse vient agir sur les augets et en retombe après avoir épuisé sa force vive en travail utile sur la roue.
- On voit que cet appareil d’une très grande simplicité ne demande pratiquement aucun entretien, car cet entretien se borne, dans le cas oit l’on fait usage d’eaux un peu sablonneuses, à un remplacement des augets tous les deux ou trois ans, ce qui se fait très facilement et sans amener aucun chômage. Les augets étant ouverts ne sont jamais obstrués par des racines ou d’autres matières étrangères, ou par des glaces dans les pays froids.
- En changeant l’ajutage, il est facile de modifier la puissance de la turbine dans de grandes proportions sans réduire sensiblement son rendement, propriété précieuse qui permet d’établir une roue plus puissante que celle nécessaire pour satisfaire aux besoins actuels d’une installation donnée, et d’augmenter ensuite la puissance à volonté lorsque
- cet accroissement devient absolument nécessaire.
- On obtient le même résultat en munissant le tuyau amenant l’eau à la roue de deux, trois ou quatre ajutages que l’on ouvre en nombre variable, suivant la puissance à produire et le débit dont on dispose.
- L’installation delà roue est des plus rudimentaires et peut se faire n’importe où, sur un simple châssis, sans excavation ni travaux de déblais d’aucune sorte ; quant à la conduite, elle se borne à ouvrir ou fermer la vanne d’admission, et à mettre périodiquement de l’huile dans les godets graisseurs.
- La puissance des roues hydrauliques Pelton varie avec leur diamètre, leur vitesse angulaire et la hauteur de chute. Le plus petit type courant a 15 centimètres de diamètre, le plus grand 1“,8. La plus faible hauteur de chute pour laquelle ces roues sont établies est de 20 pieds (6 mètres). La limite supérieure est indéfiniment reculée, au fur et à mesure
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- été utilisée jusqu’ici à la production d’un travail mécanique, avec des organes d’une aussi extrême légèreté.
- Mais cette grande puissance spécifique n’est pas due seulement à la haute chute dont on disposait : elle est caractéristique de la roue Pelton, et la figure 2 permet de se rendre compte des progrès réalisés en hydraulique, à ce point de vue, depuis une cinquantaine d’années. Cette figure représente, à la même échelle, une ancienne roue hydraulique et une roue
- I'elton fonctionnant dans les mêmes conditions de hauteur de chute et de déhit. L’ancienne roue hydraulique est installée à Laxey, dans l’île de Man, petite île de l’Irlande, et constitue un objet de curiosité pour les touristes qui visitent cette région. Elle a été montée, il y a une quarantaine d’années, en vue de produire des épuisements dans une mine de plomb. Elle n’a pas moins de 21 mètres de diamètre et produit une puissance d’environ 150 chevaux, avec un rendement de 65 pour 100, tandis que la roue Pelton, représentée dans le coin supérieur de droite de la figure 2, et
- Fig. 2. — Grandeurs comparatives d’une ancienne roue hydraulique et d'une roue Pelton . . .
- de même puissance, figurées à la même échelle. 9U1 Semble 1111
- jouet comparé à
- la roue de Laxey, produit une plus grande puissance avec la même chute, avec un rendement de 85 pour 100.
- Lorsque l’on compare les moteurs hydrauliques actuels aux appareils construits il y a moins d’un demi-siècle, on reconnaît bien vite qu’il s’est aussi accompli quelques progrès dans cette branche relativement peu cultivée de la mécanique, et que ces progrès auront pour conséquence le développement de l’utilisation des chutes d’eau1, chaque fois que se rencon-
- du développement des applications, et dépasse actuellement 600 mètres. Quant à la puissance spécifique, elle est des plus remarquables. Ainsi, le type de 15 centimètres de diamètre agissant sous une chute de 150 mètres produrt plus de 6 chevaux, à la vitesse angulaire énorme de 5425 tours par minute. Le type de 5 pieds (90 centimètres do diamètre) avec une chute de 500 mètres produit, plus de 500 chevaux à 800 tours par minute. Avec la même chute, le type de 6 pieds (lra,8 de diamètre) développe plus de 2000 chevaux à 400 tours par minute.
- La vitesse angulaire dépend de la hauteur de chute et du diamètre moyen de la roue : elle doit être telle, pour chaque application, que la vitesse correspondante du milieu des augets soit égale à la moitié de la vitesse de l’eau sortant de l’ajutage. Cette vitesse est calculée en tenant compte de la hauteur de chute et du frottement dans les conduites. On dispose généralement un manomètre près de l’ajutage de sortie afin de connaître la pression en ce point, ainsi que la perte de charge dans la canalisation, et de pouvoir amener la vitesse angulaire à la valeur qui correspond au meilleur rendement de l’appareil.
- L’installation la plus remarquable qui ait été faite est celle des mines de Cornstock, à Yirginie-City (Nevada). La roue, de 56 pouces (90 centimètres) de diamètre, ne pèse en tout que 180 livres (80 kilogrammes) et produit 100 chevaux, sous une chute de 650 mètres, il est vrai. Sa vitesse angulaire est de 1150 tours par minute, et sa vitesse périphérique de 54 mètres par seconde, près de 200 kilomètres par heure.
- C’est, croyons-nous, la plus haute chute qui ait
- 1 Nous avons, en particulier, dans l’Isère et dans les departements voisins, nombre de hautes chutes d’eau auxquelles la roue Pelton semble admirablement appropriée.
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- LA NATURE.
- treront dos circonstances favorables à leur emploi. Le renchérissement continu des charbons , d’une part, les facilités qu’otfre, d’autre part, l’électricité pour le transport à distance des forces naturelles, contribueront, sans aucun doute, à ce développement. X..., ingénieur.
- LE PÉTROLE DE SUMATRA
- On a découvert, il y a quelques années, de nouveaux gisements de pétrole dans l’ile de Sumatra; ils commencent à être exploités, et la production, pendant les douze derniers mois, a été de 15 000 à 20 000 caisses par mois. Ces gisements sont situés dans la province de Langkat, dans la partie nord de l’île de Sumatra et le long des côtes du détroit de Malacca.
- Des concessions ont été octroyées par le Gouvernement des Indes néerlandaises à des capitalistes hollandais et anglais ; mais, jusqu’à présent, les Hollandais seuls ont commencé à en tirer parti et la production va en augmentant. L’étendue des terrains concédés n’est pas moindre de 828 kilomètres carrés, et les experts ont déclaré que toute cette partie de l’île était très riche en pétrole. Les puits se trouvant à peu de distance de la côte, les frais de transport et d’embarquement seront faibles, et, comme la qualité de ce pétrole est tout à fait supérieure, il en résultera d’ici peu une concurrence sérieuse pour les pétroles russes et américains. Si l’on considère encore que cette partie de la côte de Sumatra possède un port profond et bien abrité, on se rendra compte de l’importance exceptionnelle qu’est appelée à prendre l’exploitation des gisements à pétrole de l’île de Sumatra.
- GRANDES ET PETITES CONSTRUCTIONS
- Rien peut-être ne donne une idée de la perfection avec laquelle la Tour Eiffel est construite comme le résultat d’un calcul élémentaire publié dernièrement dans La Nature1. La Tour, réduite au millième dans tous les sens, aurait 50 centimètres de hauteur, et pèserait 7 grammes, la moitié du poids d’une lettre payant un port simple; tout le fer employé à la construction de ce petit chef-d'œuvre tiendrait dans un centimètre cube. Ce résultat surprend tellement que l’on est immédiatement conduit à se demander si le calcul est légitime; or, en appliquant correctement les principes de la mécanique, on trouve que la Tour véritable est encore incomparablement plus légère que son fac-similé miniature. Nous le démontrerons tout à l’heure ; mais reprenons la question de plus haut.
- Supposons que la pesanteur soit la seule force agissant sur un édifice; les pièces qui le constituent travaillent de diverses manières : à la traction, à la compression, à la flexion, au cisaillement. L’un ou l’autre de ces efforts peut devenir dangereux, soit par la rupture, soit seulement par des déformations exagérées.
- Considérons d’abord la traction : un fil de diamètre uniforme, suspendu verticalement, et soumis à son propre poids, se rompra lorsque son développement aura atteint une certaine longueur, qui, pour l’acier de première qualité, peut dépasser25 kilomètres; or, chaque point d’une section droite étant soumis à la même traction, un gros fil pourra être assimilé à un faisceau de fils fins suspendus paral-
- 1 Voy. n° 977, du 20 février 1892, p. 190.
- lèlement, et indépendants les uns des autres; en grossissant le fil, on ne fait que lui apporter de nouveaux filets, qui se rompront individuellement lorsqu’ils auront atteint une certaine longueur. Nous arrivons donc à cette conclusion évidente, qu’un câble dont la longueur devient dangereuse peut être grossi à volonté, mais ne saurait être allongé sans que la rupture se produise. Réduit au millième dans tous les sens, il est donc mille fois plus loin de la rupture. Mais ce cas, le plus simple que l’on puisse imaginer, n’a aucune application dans un édifice ; considérons les câbles des ascenseurs. Ceux-ci étant réduits dans le rapport de n à 1, leur masse est n3 fois plus petite ; la section du câble qui les supporte pourra donc être divisée par nz, c’est-à-dire leur diamètre par n~ ; dans une réduction de tout l’édifice au millième, les câbles deviendront 52 000 fois plus petits, ou dans la réduction proportionnelle, ils sont 52 fois trop solides; il en sera de même de toutes les pièces travaillant directement à l’écrasement.
- Le cas de la flexion est un peu plus compliqué. Une poutre posée sur deux supports, et abandonnée à elle-même
- lA
- prend une flèche proportionnelle à — > l étant sa longueur, e son épaisseur; la largeur est ici indifférente. Dans la réduction au nmo, la flèche devient n2 fois plus faible ; pour laisser la poutre semblable à elle-même, c’est-à-dire pour réduire la flèche au nme seulement, on pourra diminuer l’épaisseur dans le rapport de n à 1 ; la poutre sera donc n fois plus légère que ne le voudrait la réduction proportionnelle, c’est-à-dire n4 fois plus légère que dans le grand édifice; ce n’est donc plus au milliardième de leur poids, mais bien au trillionièine qu’elles seraient ramenées dans la miniature au millième. La plupart des déformations qui se produisent dans les édifices peuvent se ramener aux deux cas qui précèdent ; on voit qu’une réduction proportionnelle est trop lourde, suivant les pièces, comme le rapport de réduction, ou comme sa racine carrée; ce n’est donc pas 7 grammes qu’une réduction au millième de la Tour Eiffel devrait peser; mais en supposant toujours que la pesanteur agisse seule, une tour de 50 centimètres construite dans les mêmes conditions de solidité relative ne pèserait qu’une fraction de gramme.
- Le résultat ne présente qu’un intérêt de curiosité ; mais le raisonnement inverse conduit à cette conclusion importante, découverte déjà par Galilée, mais trop souvent méconnue, qu’en agrandissant un édifice, il est nécessaire d’augmenter la résistance de toutes les pièces dans une proportion plus forte que le rapport d’agrandissement. Or, comme, à un certain moment, les poutres atteindraient une grosseur telle qu’elles viendraient au contact, on voit qu’il existe une limite de grandeur qu’un bâtiment ne peut pas dépasser.
- Les mêmes principes s’appliquent à la constitution des êtres vivants; mais ici, d’autres facteurs encore interviennent: avant tout le travail musculaire, puis la circulation. Nous pouvons d’abord n'en pas tenir compte, et ne considérer que la flexion des membres qui supportent l’animal.
- Qui n’a été maintes fois étonné de voir des fourmis traîner sans peine des fardeaux beaucoup plus lourds qu’elles, des puces faire des sauts qui, pour nous, atteindraient plusieurs centaines de mètres ; ou encore des araignées dont les pattes sont si longues et si grêles. Le cas de l’araignée est simple entre tous ; en grossière approximation, nous pouvons considérer cet animal comme une poutre supportée à ses extrémités, et chargée en son milieu ;
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- LA N AT II LE.
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- tonies choses étant augmentées dans le rapport de 1 à n, la flèche devient encore n2 fois plus forte.
- Si, par exemple, nous représentons (fig. 1), la figure d’équilibre des pattes non chargées par la ligne pointillée ABC, la flèche sera, dans un cas B b; en doublant toutes les dimensions, elle deviendra quatre fois plus forte, et prendra la grandeur B 'b' (fig. 2), en sorte qu’une araignée doublée dans tous les sens ne pourrait plus que se tramer;
- 1 ____£
- Fig. 1 et 2. — Schémas explicatifs.
- mais elle marchera de nouveau si ses pattes sont augmentées dans une proportion suffisante. La flèche relative restera la même si les pattes sont n fois plus fortes ; il est aisé de démontrer que cette condition sera remplie si la section des pattes, tout en conservant la même forme devient n ~ fois plus forte, et leur diamètre n f fois plus gros1 ; l’augmentation proportionnelle sera donc dans le rapport de \!n à 1. Une araignée étant grossie dans le rapport de 1 à 100j scs pattes devront être proportionnellement 5 fois plus grosses. On conçoit que, d’après ce principe, le simple dessin d’un animal sans aucune indication de la cote nous donne à peu près sa grandeur. Nous en avons si bien la notion, sans aucun calcul, qu’une représentation exacte d’un mastodonte dépourvue d’aucune légende ne pourra jamais être prise pour l’image grossie d'un insecte,
- Les divers exemples discutés ci-dessus montrent qu’on s’exposerait aux plus gros déboires en appliquant la simple proportionnalité à la construction des machines. Chaque fois que l’on soumet au calcul la moindre des actions qui se produisent sur un gros bâtiment, on est surpris du résultat. Par exemple, la superficie des murs et du toit du Palais des Machines dépasse 100 000 mètres carrés; une variation de la pression atmosphérique de ^ d’atmosphère, fait varier de 50 000 tonnes la pression supportée par cette énorme superficie; si donc la pression baissait, à l’extérieur, de 38 millimètres de mercure sans que l’air intérieur pût s’échapper, les murs et le toit du Palais seraient soumis à une poussée de 50 000 tonnes ; par la première brèche produite, s’échapperaient comme un ouragan 100 000 mètres cubes d’air; on voit qu’à l’aide d’un grand espace hermétiquement clos, les simples variations de la pression atmosphérique actionneraient une puissante machine. Ch. Ed. Guillaume.
- PP
- 1 En effet, la flèche est proportionnelle à > P désignant
- la longueur des pattes, r leur rayon, P le poids de l’animal ;
- nGPP
- si celui-ci devient n fois plus gros, la flèche sera---—
- u4?4
- n*PP . • .
- -----; elle est n fois trop forte ; mais si nous remplaçons r4
- j.i
- par nr4, elle est ramenée à la meme proportion; on devra donc faire r' — ynhA = rn f.
- UN INDICATEUR DE PENTES
- A LECTURE DIRECTE
- Voici un petit appareil combiné par MM. Brown, de Bristol, qui rendra service aux architectes, aux ingénieurs des ponts et chaussées, des chemins de fer, aux agents voyers et à toutes les personnes qui, travaillant sur le terrain, ont besoin de connaître rapidement, par une simple lecture, la pente des terrains ou l’inclinaison des murs, talus, etc., sur lesquels elles opèrent. L’appareil se compose, en principe, d’un bloc de bois ou de métal bien
- dressé sur l’une de ses faces, et qui vient s’appliquer sur le terrain ou l’objet dont on veut déterminer la pente ou l’inclinaison. Ce bloc porte deux tubes de niveau, l’un long et peu courbé pour les faibles pentes horizontales, l’autre court et beaucoup plus courbé, qui donne les inclinaisons par rapport à la verticale, et remplace, par conséquent, le fil à plomb. La courbure des tubes est calculée pour que l’arrêt de la bulle, dans une position quelconque, donne aussitôt, par une lecture directe, l’inclinaison correspondante. En plus de sa très grande simplicité, cet indicateur de pente et d’inclinaison présente l’avantage d’être d’une forme invariable, et de ne comporter aucune pièce ajustable susceptible d’être faussée ou dérangée.
- LES MACHINES DYNAMOS
- Les machines dynamos sont si nombreuses aujourd’hui, les formes si multiples, et les inventions si rapides, que l’on hésite toujours à présenter une dynamo avant qu’elle ait fait ses preuves dans l’industrie. C’est ce qui nous est arrivé pour les machines Rechniewski; depuis 1889, plusieurs de nos lecteurs nous ont demandé souvent de décrire ces nouveaux modèles de dimensions si restreintes. Nous avons attendu que la construction en fût bien établie.
- Les machines Rechniewski, dont la figure ci-jointe représente la forme générale, sont caractérisées par l’emploi d’un induit denté en fer dans des conditions réellement pratiques. Ces induits dentés datent de 1861, époque où Pacinotti construisit une machine du même genre ; ils furent ensuite abandonnés. Ils sont formés par une série de disques de tôle de fer de Suède de 4 à 6 dixièmes de millimètre d’épaisseur superposés et isolés magnétiquement les uns des autres. Tous ces disques portent des dents saillantes dans lesquelles sont enroulées les bobines induites. Ces dispositions sont appliquées également aux induits à tambour et aux induits à anneau. Elles offrent le grand avantage de protéger les fils de l’induit contre les frottements anormaux sur les inducteurs, et de diminuer ensuite dans de grandes proportions la résistance magnétique du circuit. Il ne faut, en effet, laisser entre les pôles inducteurs et l’induit que l’es-
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- LA NATURE.
- pace nécessaire pour le jeu de la bobine, soit quelques millimètres seulement. Tous ces avantages se traduisent par une grande économie dans la puissance nécessaire pour l’excitation.
- Les inducteurs sont également formés d’une série de feuilles de tôle superposées; on peut apercevoir dans la figure la découpure générale de ces tôles.
- Examinons maintenant la partie mécanique et le montage pratique de ces machines; ce qui est un point essentiel dans l’industrie.
- Les tôles sont assemblées sans difficulté pour constituer l’armature et sont fixées sur un arbre en acier. Ce dernier est placé sur un support approprié et dans des coussinets en bronze phosphoreux munis de portées très longues. Dans les paliers sont ménagées des cavités qui logent des graisseurs à bague. Les pièces des inducteurs sont superposées et réunies entre elles sur une plate-forme. Les fils des bobines inductrices sont roulés sur des manchons en bois ou en métal garnis d’isolants.
- En un mot, toutes les parties de la machine sont aisément démontables et accessibles; de plus, elles sont toutes remplaçables. Le collecteur est en cuivre rouge, et se trouve monté sur une douille en bronze, de sorte qu’on peut le changer sans grande difficulté.
- Les balais sont
- Machine dynamo-électrique Rechniewski.
- au nombre de plusieurs paires; par un réglage convenable, on peut arriver à éviter toutes étincelles.
- Les machines Rechniewski sont construites par plusieurs séries. La première comprend les machines d’une puissance de 0,2 à 50 kilowatts; elles sont bipolaires et à tambour et donnent des différences de potentiel de 70 et 110 volts. Pour les applications où la légèreté est en jeu, les machines peuvent être établies pour des poids de 20 à 27 kilogrammes par kilowatt. Le rendement industriel atteint 90 pour 100. La deuxième série s’étend aux dynamos de 30 à 200 kilowatts ; elles sont à anneau, et multipolaires à 4 ou à 8 pôles. Le rendement industriel est de 94 pour 100. La société construit enfin des dynamos pour être attelées directement sur les arbres des moteurs à grande vitesse. Nous n’avons pas parlé des vitesses angulaires ; les divers modèles des machines existantes peuvent répondre aux vitesses imposées dans la pratique. J. Laffargue.
- LES RHODODENDRONS
- DE LAUNAY (EURE-ET-LOIR)
- La résistance des végétaux est une préoccupation dominante pour les applicateurs, aussi bien en agriculture qu’en horticulture, et surtout dans les régions à climats extrêmes.
- On sait que quantité de plantes, utiles par leurs produits, ou décoratives par l’attrait du feuillage ou leurs Heurs brillantes, sont recherchées; mais bientôt, dans la pratique, une sélection s’impose forcément dans l’ensemble : les unes ne pouvant supporter sans péril nos hivers rigoureux, et les autres ayant une floraison trop éphémère qui les fait délaisser pour des espèces à fleurs plus durables.
- Une considération que les personnes étrangères aux exigences des végétaux ignorent le plus souvent,
- c’est que la nature du sol, celle du climat, indépendamment des soins spéciaux propres à chaque culture, sont des notions à acquérir de première importance. Cela explique pourquoi là où un végétal réussit parfaitement, à peu de distance ne croîtra pas ou périclitera à bref délai dans des conditions semblables en apparence.
- La nature chimique du terrain peut avoir une influence marquée. Beaucoup d’arbres, et même d’humbles herbes, exigent un sol où la silice domine; d’autres préfèrent le calcaire; enfin la somme d’humidité nécessaire est variable pour le maintien de telle ou telle espèce. Aussi, de nos jours, est-on bien convaincu, après longue et souvent coûteuse expérience, que la connaissance des terrains est indispensable pour entreprendre une culture quelconque avec chance de succès.
- Si le sol influe sur les êtres qu’il supporte, la température a au moins autant d’action; nous en faisons chaque jour l’expérience en mettant à une exposition spéciale les végétaux qui exigent plus de chaleur que d’autres. Il faudrait enfin signaler l’influence de l’altitude, dans laquelle les deux facteurs précédents entrent bien un peu pour quelque chose, mais il suffit de la mentionner sans étendre davantage ces considérations générales.
- Ces conditions favorables de sol et de température
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- Jhissil' de lihododendrons cl de Kuhnin du domaine de Luimtiy, à .Nognit-le-llolrou iKure-el-Loir). (D’après une photographie de SI. tdi. Drongniarl.)
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- LA NATURE.
- peuvent parfois se rencontrer réunies naturellement et dans une étendue restreinte d’une commune, voire même d’une propriété, et c’est le cas qui se présente dans une portion du domaine de Launay, à Nogent-le-Rotrou, et dont la gravure ci-contre fournit un exemple frappant.
- Cette propriété de Launay appartient à M. A. Milne-Edwards, membre de l’Institut et directeur du Muséum. Elle fut créée par son beau-père, le savant sympathique et regretté Desnoyers. Pour faire diversion à ses études élevées de géologie et d’archéologie, ce naturaliste faisait de l’horticulture savante, surtout pour l’époque. Il se plaisait à introduire dans son domaine des végétaux exotiques qu’il se procurait par ses relations personnelles ou chez les rares horticulteurs distingués de l’époque, et bien que le département d’Eure-et-Loir ne passât jamais pour jouir d’un climat propice à ses audacieuses tentatives, il n’en persistait pas moins à continuer ses intéressants essais.
- Quoique l’exposition en pente douce du terrain choisi, faisant face au sud-est, promettait une réussite moins hasardeuse qu’ailleurs, les déceptions de l’amateur furent nombreuses; néanmoins, il est resté debout un certain nombre d’espèces qui prouvent que le sol et l’orientation d’une partie de ce domaine présentaient les conditions les plus heureuses pour leur acclimatation.
- Quelques sources naturelles avaient été habilement conduites et distribuées en ruisselets sur un terrain déjà riche en humus et augmenté en épaisseur par des apports de terre de bruyère et de terreau de feuilles du bois voisin. C’est là, sur la lisière du bois même, que Desnoyers commença, vers 1824, à planter des arbres et des arbrisseaux de l’Amérique du Nord, fort en faveur alors, ainsi que des Rhododendrons qui croissent à merveille dans un sol de cette nature.
- Aux abords du massif de Rhododendrons qui forme depuis longtemps une petite futaie, on peut remarquer un superbe Magnolia glauca, plusieurs Cornus florida et Sassafras, un Magnolia Soulan-geana splendide, un Abies canadensis de 18 mètres de hauteur, enfin de nombreux Cyprès-chauves (Taxodium distichuni) et, dans le voisinage, de fort beaux Tulipiers (Liriodendron tulipifera).
- M. Milne-Edwards, partageant complètement les goûts horticoles de son beau-père, n’a fait qu’améliorer la propriété de Launay, non seulement en y maintenant soigneusement les végétaux qui s’y étaient fixés, mais en en ajoutant d’autres qui se plaisent dans ce coin de terre privilégié. Les Kalmia, à fleurs si gracieuses, et que l’on associe fréquemment aux Rhododendrons dans les massifs, sont un peu moins rustiques que ces derniers, mais là ils se comportent supérieurement. De nombreuses Fougères, appartenant aux genres Struthiopteris, Os-munda, Lastrea, Polystichum, viennent à profusion et se reproduisent d’elles-mêmes comme en pleine forêt.
- La main de l’homme n’a que faire dans ce fourré presque inextricable de verdure, et il est interdit au jardinier d’en faire la toilette. Cependant, quand la ramure des Rhododendrons s’affole trop, c’est armé du croissant qu’on tempère leur exubérance. En pleine lloraison, rien n’est plus saisissant que cette petite forêt éblouissante dans laquelle on ne se fait pas faute de faire de nombreux bouquets, mais sans qu’il y paraisse aucunement, car avec une végétation aussi luxuriante les vides sont bientôt comblés.
- Le Rhododendron Ponticum1, qui domine par la taille et le nombre, est associé au Rh. Calawbiense de l’Amérique du Nord, espèce de moins haute taille, mais très résistante, et à fleurs plus agréablement nuancées peut-être que le voisin. Cette association a donné naissance à de nombreux hybrides, et les horticulteurs ont multiplié à ce point les variétés par les croisements, qu’il est à peu près impossible dans les cultures de rencontrer actuellement le tvpe sauvage de ces deux espèces d’Ericacées.
- Plusieurs des Rhododendrons de Launay atteignent 4 et 5 mètres de hauteur et leur diamètre de tronc, à la base, dépasse 20 centimètres. Ce qu’il y a de particulièrement intéressant, c’est que là ces belles plantes se reproduisent spontanément comme dans leur patrie, et le sous-bois est garni de jeunes pieds issus de graines tombées des fruits dont ces arbrisseaux se couvrent chaq.ue année.
- Nous savons que lorsqu’on approche de l’Océan, la tiédeur et l’humidité de l’atmosphère permet aux plantes, susnommées, et à bien d’autres encore, de se cultiver facilement. Sur la côte normande, on voit dans quelques propriétés de très beaux exemplaires ou massifs de Rhododendrons. A Angers déjà, et surtout en Rretagne, là où le Gulf-stream se fait sentir, il en est de même. Dans toute la portion sud de l’Angleterre, les conditions sont plus favorables encore, et ces arbrisseaux sont cultivés à dessein, en maints endroits, pour servir de remise au gibier. Mais dans le pays Chartrain c’est tout différent, car à un kilomètre de Launay il serait impossible de tenter pareille entreprise sans désastre. On s’étonne même que les hivers rigoureux de 1870-1871 et de 1878-1879, qui ont porté un si rude coup aux végétaux d’introduction, n’aient pas anéanti ceux qui nous occupent. Aussi est-ce à cause de cette particularité singulière que nous signalons le fait. Dans une contrée à climat rude, un petit coin de terre privilégié fait exception à la règle, nous enseignant de la façon la plus péremptoire que la géographie botanique peut subir parfois des écarts qui ne sont pas les côtés les moins intéressants de son étude, bien qu’il s’agisse déplantés introduites. J. Poisson.
- 1 Le Rh. Ponticum de Géorgie et du Caucase se retrouve aussi à Gibraltar et dans plusieurs régions du Portugal; cependant les botanistes modernes font une espèce distincte de celui qui croît dans la péninsule ibérique, sous le nom de Rh. Ræticum.
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- UNE VISITE À LA BANQUE D’ANGLETERRE
- De tous temps et notamment depuis les derniers attentats à la dynamite, l’accès de la Banque d’Angleterre, située à Londres, Threadncedle Street, a été rigoureusement interdit à toute personne étrangère au service. Néanmoins, par faveur exceptionnelle et sous l’égide d’un des princes de la finance un visiteur profane, mais privilégié entre tous, a pu dernièrement y pénétrer; c’est de son récit que nous extrayons les curieux détails qui suivent.
- « Après avoir franchi une vaste cour au fond de laquelle se dressait un haut portail sculpté, on nous introduisit dans le ffullion office ou Bureau du numéraire. C’est là que tout le métal précieux qui entre à la Banque ou qui en sort, doit passer pour être soumis au contrôle : à droite se trouve l’or, et à gauche l’argent. L’opération du contrôle se fait au moyen d’une grande balance construite par M.M. Napier. Cet instrument, qui n’a pas moins de 2“,20 de haut et qui pèse 2 tonnes, est entièrement contenu dans une vitrine en verre. Il se manœuvre hydrauliquement et repose sur des fondations de béton d’une épaisseur de 4m,90, de telle sorte qu’il n’est influencé par aucune vibration extérieure. La balance est mise en action à l’aide d’une petite roue qui la déclenche; il ne reste plus qu’à presser un bouton d’ivoire placé sur le côté pour qu’elle soit prête à fonctionner. Le directeur commença par peser sous nos yeux un timbre-poste, et l’aiguille indicatrice pour un si faible poids marqua un écart de 15 centimètres. La balance est sensible jusqu’à un millième d’once, soit 28 milligrammes. Le plus merveilleux est que si un lingot d'or soumis à l’examen pèse plus qu’il ne doit, l’aiguille, après un arrêt de quelques secondes, met d’elle-même en mouvement une sonnette électrique qui signale à l’opérateur la surcharge, si minime soit-elle. .Cette grande balance est unique au monde. Elle a coûté cinquante mille francs.
- « Nous passâmes ensuite sous une haute voûte éclairée à l’électricité qui contient des milliers de lingots d’or posés sur des camions ou rangés le long des étagères du mur. Chaque camion en porte pour une somme d’environ 4 millions de francs. Sur les rayons on a empilé des sacs d’or de 500 onces; ce sont des monnaies françaises, hollandaises, allemandes, américaines et indiennes.
- « De là, ayant traversé la salle du Conseil, luxueusement décorée, nous arrivâmes à une grande pièce meublée d’une trentaine d’appareils servant à vérifier les souverains et demi-souverains (pièces correspondant à nos pièces de 20 et de 10 francs) qui rentrent à la Banque. Ces machines — vrais contrôleurs automatiques — sont mues hydrauliquement, comme la grande balance, et enfermées comme elle dans une cage de verre. Voici du reste, en résumé, leur mode de fonctionnement.
- « Une sorte de long tube d’approvisionnement en cuivre, coupé en deux jusqu’au bas, est incliné à un angle de 45 degrés et rempli de pièces d’or. Au fur et à mesure de leur écoulement, elles glissent sur un plateau circulaire mobile dont le diamètre n’excède que très légèrement celui d’une pièce de 20 francs. Pendant un instant, on voit distinctement le plateau osciller deçà de là, comme pour soupeser le métal qui est soumis à son appréciation ; puis, il fait trébucher du côté droit la pièce examinée, laquelle tombe, par l’intermédiaire d’un tube métallique, dans une petite caisse placée au-dessous de l’appareil. Au contraire, si le poids est insuffisant, le plateau bascule à gauche, et le souverain est condamné à la guillotine, sans métaphore aucune. En effet, les pièces
- trop légères sont reçues dans un autre conduit plus long que les précédents, où elles sont coupées jusqu’à la moitié seulement, et finalement rejetées dans un panier. Ces appareils contrôlent 26 pièces par minute, et chaque jour 100 000 environ sont livrées à leur examen.
- « Au sortir de la Trésorerie, on nous fit gagner, par un escalier souterrain, les voûtes où sont rangés tous les anciens billets de banque hors de cours. C’est un véritable labyrinthe de couloirs tapissés de casiers dans lesquels se trouvent les billets réunis en liasses. Pour donner une idée de leur nombre, — 77 745 000 billets placés dans 15 400 boîtes, — nous dirons que tous ces bank-notes, mis en pile les uns sur les autres, atteindraient une hauteur de 9 kilomètres ; mis bout à bout, ils formeraient un ruban de près de 20 000 kilomètres. Leur valeur, à l’origine, dépassait 45 milliards 500 millions de francs, et leur poids 90 tonnes.
- « Après avoir jeté, en passant, un rapide coup d’œil aux registres de la Banque, dont le premier remonte à 1620, nous pénétrâmes dans le service de l’imprimerie, Printing Department. Six presses colossales sont en action; elles concourent toutes à la fabrication des billets qui sont imprimés deux par deux, puis coupés à la mécanique. Les inégalités des trois autres bords, qui n’ont, du reste, rien d’artificiel, comme on le croit communément, proviennent de ce que les billets sont faits à la main. Les employés doivent justifier de chaque feuille du papier filigrané qui leur passe par les mains ; ce papier est d’ailleurs fabriqué par la Banque elle-même. Un cadran indique non seulement le nombre de bank-notes confectionnés, mais encore le nombre de tours des six appareils en service combiné.
- « Il n’est pas sans intérêt de savoir que l’encre dont on se sert pour l’impression des billets anglais est faite avec les tiges carbonisées provenant des sarments de vignes du Rhin qui produisent les plus beaux noirs connus.
- « Enfin, sortant de l’imprimerie, nous nous rendîmes dans une vaste pièce ou plutôt un caveau voûté. Partout ici s’alignent de grands coffres-forts blindés en fer qui. touchent au plafond. Les uns contiennent des rangées de pièces d’or dans des sacs de 50 000 francs chacun. Les autres sont chargés de bank-notes par liasses de 25 millions. Un troisième coffre plus petit renferme 8000000 de livres sterling, autrement dit 200 millions. Ce ne fut pas sans une certaine émotion que nous apprîmes que nous nous trouvions dans la voûte où sont entassées les plus grandes richesses de la Banque, et même, on peut le dire, du monde entier. D’après ce que nous affirma le directeur, elle contient exactement 2 milliards de francs.
- « Après cette promenade, qui ressemblait plutôt à un rêve qu’à une réalité, nous fûmes reconduit par le directeur jusqu’à la cour où, jour et nuit, trente-quatre hommes de garde montent la faction. A chaque porte veille une sentinelle double; les fusils sont chargés à balle. L’officier de service est logé et nourri aux frais de l’administration. Outre la force armée militaire, la police prête son concours au maintien de la sécurité. Si, par exemple, un billet faux est présenté aux guichets, le caissier presse aussitôt un bouton électrique qui communique avec un poste d’agents placé dans la cour d’entrée. Ceux-ci ont alors pour mission de filer et d’arrêter toute personne suspecte. Enfin, il faut bien se dire que dès l’instant où l’on a mis le pied dans la Banque jusqu’au moment où l’on en sort, le visiteur, quel qu’il soit, est continuellement soumis à un espionnage en règle. » X. West.
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- OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
- GRANDE HAUTEUR DES CUMULUS--ÉCLAIRS REMARQUABLES
- Le 51 juillet 1892, nous avons eu l’occasion d’observer un orage isolé, et de faire quelques constatations intéressantes que nous allons exposer.
- La carte barométrique publiée par le Bulletin international du Bureau central météorologique montre que, le matin de ce jour-là, la pression atmosphérique était très uniforme dans notre pays ainsi que dans toute l’Europe centrale. Aussi les orages ont-ils été fréquents et très localisés, comme cela arrive toujours dans ces conditions : en France ils se produisent surtout dans le centre, l’est et le sud.
- — Pour le département du Puy-de-Dôme, on peut distinguer quatre séries d’orages, séparées les unes des autres par des intervalles de temps de une heure au moins, et de deux heures au plus. La première série, comme l’indique le diagramme (fig. 1), dure de minuit à 4h40m du matin; la seconde de 6'120m à 9h40m; la troisième de llh50m du matin à 6 heures du soir; la quatrième de 711 4511
- C’est la dernière série qui a donné lieu à notre .observation. Après six heures du soir, les nuages s’étaient dissous avec rapidité : le ciel s’était à peu près complètement éclairci, et, à sept heures et demie, on n’apercevait, de Clermont, qu’un cumulus de dimensions ordinaires qui venait de se former entre l’E. et l’E.
- 1/4 N.-E. Ce cumulus grandissait alors assez
- Fig. 1. — Durée des orages pour les diverses stations météorologiques atteintes le 51 juillet 1892, dans le département, du Puy-de-Dôme. — On distingue nettement quatre séries d’orages.
- à 10 heures du soir.
- fJ\ ion ni teinte par
- loraxfe d ci il ,roir.
- O Tlti Le siuur dtîputd'.
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- ® Orciv'-saiio' itiujuLi'• Croie nore î/epatj.
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- direction .suioie/ktrlLvxujc-.
- vite, surtout en hauteur, et avait une belle couleur jaune, un peu rosée. Vers 7h45m, il commence à donner des éclairs qui deviennent presque aussitôt très fréquents, très vifs, et qui illuminent brillamment le nuage, tantôt dans une de ses parties, tantôt dans une autre. Malgré le grand silence qui régnait autour de nous, et bien que nous prêtions l’oreille très attentivement au moindre bruit de tonnerre, nous n’en avons perçu aucun pendant toute la durée de l’orage : les éclats de la foudre, très forts cependant d’après les renseignements qui nous ont été transmis, étaient arrêtés et entraînés vers le sud par un grand vent du nord
- Fig. 2.— Carte de la région atteinte par l’orage à 8 heures du soir.
- qui régnait jusqu’à une certaine distance du cumulus orageux, dans les basses régions de l’air. Ce vent était accusé, pour nous, par les petits nuages dont nous allons parler plus loin, et il nous a été signalé par plusieurs observateurs.
- Après les premiers éclairs, le nuage s’était développé avec une rapidité encore plus grande que précédemment. A huit heures il avait atteint une hauteur que nous dirions exceptionnelle si nous n'en avions pas déjà observé d’autres aussi grandes dans
- des cas analogues.
- D’après les observations qui nous sont parvenues par l’intermédiaire de la Commission météorologique , l’orage s’étendait alors au-dessus des communes de Thiers, Ravel, Glaine-Montaigut et Ser-mentizon. Il couvrait ainsi une région de forme elliptique ayant environ 20 kilomètres suivant son grand axe, et une dizaine de kilomètres dans le sens de son petit axe (fig. 2). Or, la masse nuageuse, vue de Clermont, avait une hauteur un peu plus grande que sa largeur. On est donc amené à conclure de là que le sommet du cumulus atteignait, dans l’atmosphère, une hauteur d'au moins 10 000 mètres.
- Celte hauteur pourra paraître exagérée parce qu’elle dépasse beaucoup celle qu’on admet généralement pour les cumulus les plus élevés. Elle doit cependant être exacte, car nous avons eu le moyen de la vérifier, approximativement, par une autre méthode.
- Le sommet du nuage atteignait, dans sa projection sur le ciel, la même élévation qu’un peuplier de 18 mètres de hauteur qui se trouvait presque dans sa direction, à 50 mètres de nous. Le cumulus étant éloigné de 28 kilomètres de Clermont (fig. 2), la proportion .z _ 18 28 000 — 50
- donne pour x une hauteur de 10180 mètres.
- Jusqu’à 8h10m, l’ensemble du cumulus resta à peu près immobile par rapport aux repères que nous fournissaient quelques arbres situés dans notre voisinage. Par contre, l’intérieur du nuage paraissai soumis à de violentes perturbations, trahies non seulement par les éclairs, mais aussi par le développement rapide des mamelons nébuleux extérieurs, par
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- LA NATURE
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- leurs déformations incessantes, et par l’extension rapide de la masse nuageuse totale.
- Vers 8ll5m, apparurent quelques petits nuages très noirs qui passèrent successivement entre nous et le cumulus orageux en se projetant sur celui-ci vers les trois quarts de sa hauteur à partir de la base. — Leur couleur d’encre comparée à l’éclat relatif du cumulus, doré encore par une forte lueur crépusculaire ; — leur marche rapide du nord au sud, sous l'influence du vent dont nous avons parlé plus haut, alors que le cumulus était encore immobile; — les détails que nous distinguions en eux bien plus clairement que dans le cumulus; — tout enfin, indiquait que ces petits nuages noirs étaient beaucoup moins éloignés que la nuée orageuse et qu’ils se trouvaient bien [dus bas que le sommet de celle-ci.
- Ils avaient fort probablement pris nais-ance au-dessus du lit de l’Ailier, à peu près vers le milieu de l’intervalle qui nous séparait de l’orage : dans ce cas, ils auraient flotté à 5500 mètres de hauteur, et se seraient trouvés séparés de nous, ainsi que du cumulus, par une distance horizontale de 14 kilomètres.
- A part la masse orageuse, et ces deux ou trois petits nuages qui se succédèrent à la même hauteur, presque au même endroit, en suivant tous la direction nord-sud, l’atmosphère était restée jusque-là absolument pure dans toute la partie visible de Clermont. Du reste, au sommet du Puy-de-Dôme, d’où l’on embrasse un horizon incomparablement plus vaste, la nébulosité était, à 9 heures du soir, évaluée par la cote 1, signifiant que l’ensemble des nuages n’occupait qu’un dixième de la surface du ciel. — En outre, notre station de Gelles, commune située à 55 kilomètres de l’orage, signalait encore des éclairs dans la direction de l’est.
- Tous les contours du cumulus étaient d’une netteté parfaite. Le nuage se profdait sur le bleu de l’air comme s’il eût été découpé dans du carton. — Tout à coup, à 8h15m, un brillant éclair linéaire, presque rectiligne, part du sommet du cumulus, en A (lig. 3), en paraissant progresser de bas en haut.
- Nous crûmes d’abord à une illusion, et nous continuâmes de regarder sans interruption la partie su-
- Fig. 5. — Cumulus orageux à contours très nets, isolé dans un ciel jiur. — A, B, C, 1), éclairs sensiblement rectilignes sortant du nuage et paraissant progresser de bas eu haut.
- périeure du nuage, dans l’espoir que le phénomène, s’il avait eu lieu réellement, pourrait se reproduire. Nous attendîmes ainsi pendant sept minutes, et nous commencions à désespérer de voir le fait se renouveler, lorsqu’il se manifesta de nouveau en B. — Deux minutes après, nous le voyions encore en C, puis presque aussitôt en I).
- Pendant ce temps, les éclairs ordinaires avaient continué à briller au sein de la masse nuageuse, au nombre de cinq ou six par minute. Un peu plus tard, des nuages se formaient très vite, surtout au midi du cumulus, mais d’abord sans en cacher le sommet qui ne disparut que vers neuf heures, après s’ètre déplacé notablement vers le sud. Acette heure-
- là, l'orage avait dépassé Sauviat et gagnait, dans la région d’Olliergues, les stations de la Cha-pelle-Agnon et de Saint-Pierre - la - Bourlhonne qui n’en virent la fin qu’à dix heures du soir.
- D’après nos correspondants de Ravel et de La C h a p e 11 e-A gnon, l’orage a éclaté avec une très grande rapidité ; une demi-heure auparavant, rien, dans l’aspect du ciel, ne le faisait prévoir. A Ravel, il a été accompagné d’une pluie torrentielle qui a causé de grands dégâts. A Saint-Pierre-la-Bour-llionne, il tomba quelques grêlons pendant quatre minutes. A Sauviat, la grêle, grosse comme des œufs de pigeon, dura huit à dix minutes. A La Chapelle-Agnon, elle eut la même grosseur, mais elle fut, en outre, si abondante, qu’en certains endroits les grêlons formaient une couche de 50 centimètres d’épaisseur : les tiges des pommes de terre et des avoines, après avoir été hachées, furent enterrées dans le sol que la pluie avait détrempé.
- Les méthodes qui nous ont servi à déterminer la hauteur de la tête du cumulus orageux n’ont pas une rigueur absolue. Elles ont l’avantage de n’exiger aucun appareil, aucun préparatif, et elles sont largement suffisantes pour montrer que, dans certain cas, le sommet des cumulus peut atteindre une hauteur bien plus grande qu’on ne le croit communément.
- Ce n’est pas d’ailleurs la première fois que nous constatons le fait. Déjà, depuis plusieurs années, nous avons trouvé, par des procédés analogues, des
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- hauteurs de 7 à 8000 mètres pour le point culminant de quelques cumulus, avant que ceux-ci soient devenus orageux. Il ne serait donc pas étonnant que le sommet des cumulus s’élevât jusqu’à 10 000 mètres, au moment des manifestations électriques auxquelles les nuages donnent naissance.
- L’orage que nous venons de décrire dans quelques-unes de ses parties n’est pas seulement remarquable par la hauteur du nuage orageux et par les éclairs peu ordinaires que nous avons signalés.
- La grande pureté de l’air atmosphérique autour du cumulus, même au moment du fort de l’orage ; l’immobilité relative de l’ensemble de ce cumulus; l’extrême netteté de tous ses contours et particulièrement celle du sommet; tout cela donne à croire que la cause immédiate de l’orage et de tous les phénomènes qui l’accompagnent (éclairs, tonnerre, vent, pluie, grêle, etc.), réside au sein de la masse nuageuse elle-même, et qu’il ne faut pas la chercher dans l’atmosphère ambiante. Celle-ci doit bien se trouver dans un état spécial pour que les orages puissent se produire, mais il est infiniment probable que chaque nuage orageux trouve en lui-même toutes les forces qu’il met en jeu.
- J.-R. Plumandon,
- Météorologiste à l’Observatoire du Puy-de-Dôme.
- CHRONIQUE
- Voyages aériens de longue durée. — Deux ascensions aérostatiques fort intéressantes ont eu lieu à la fin du mois d’octobre dernier. M. Mallet est parti dimanche 25 octobre, de l’usine à gaz de la Villelte, à G heures du soir, dans un ballon de 812 mètres. L’aéro-naute s’est dirigé vers l’est, passant à Chàlons, Metz, Co-blentz et Francfort. La descente s’est effectuée à Wallen, dans la Hesse, en Allemagne, de l’autre côté du Rhin. L’aérostat a touché terre au milieu d’une tempête de neige, le mardi 25 octobre, à 6h50m du matin. Le voyage a duré 56h50°'. Aucun ballon jusqu’ici n’était resté si longtemps en l’air. Le mercredi 19 octobre, M. Georges Bans était parti, de son côté, pour une expédition de longue durée, dans un aérostat de 5438 mètres cubes, en compagnie de MM. William Sossa, Georges Besançon et Louis Baissas. Le gonflement se fit encore à l’usine de la Yillette. En raison de la pluie, le départ ne put avoir lieu que le soir, à 10h7m. Trois batteries d’accumulateurs fournissaient, autour de la nacelle, un brillant éclairage de vingt-cinq lampes à incandescence. La nacelle emportait encore une lampe électrique, des baromètres enregistreurs, etc. Le ballon se dirigea vers Pithiviers, Orléans, Châteauroux, Confolens, pour atterrir, dans d’excellentes conditions, à Marsac, près d’Angoulême, le jeudi 20 octobre, à 5 heures du. soir. Le trajet, d’environ 450 kilomètres, a été effectué en 19h15m.
- Tremblement «le terre en Roumanie. — Le
- 15 octobre, un violent tremblement de terre s’est fait sentir en Roumanie. A 6 heures 55 minutes du matin, les habitants de Bucharest ont été réveillés par un choc violent qui les a jetés hors de leur lit. Les vibrations étaient ondulatoires : elles étaient accompagnées d’un grondement sourd et prolongé, qui n’était pas fait pour
- rassurer les bucharestois. Le phénomène a duré environ 22 secondes. On a signalé, dans diverses cours intérieures des maisons, des chutes de débris de cheminées, briques, tuiles, etc. Un grand nombre de personnes ont été prises de panique ; les chiens hurlaient de peur et tout le monde est d’accord pour reconnaître qu’il n’y a jamais eu de secousse aussi violente en Roumanie. Quelques graves accidents ont eu lieu dans la province ; voici les principaux faits qui ont été enregistrés dans quelques villes de la Roumanie. — Cernavoda. La corniche principale du dôme central de l’église en construction s’est fendue sur tout son pourtour. — Oltenitza. Deux murs se sont fendus dans le local de l’office télégraplio-poslal. En ville, beaucoup de maisons ont été endommagées. Deux ouvriers, qui travaillaient à la construction du bureau d’octroi du port, ont été grièvement blessés. — Giurgevo. Les poêles et le plafond du gymnase ont croulé. Un grand nombre de maisons se sont écroulées. Les télégrammes disent que si la secousse avait duré quelques secondes de plus, toute la ville se serait effondrée. — Magurele. Les pendules de la gare et des autres édifices se sont arrêtées. — Constantza. Le local de l’office télégrapho-postal, bien que neuf, a été très éprouvé. Des fissures se sont produites dans un grand nombre de maisons. — Medjidié. Le tremblement a été très violent ; il s’est produit à G heures 55 minutes et a duré 9 secondes. Trois maisons ont été gravement ébranlées. — Calarashi. Quelques plafonds sont tombés, sans causer d’accident de personne. — Ostrov. Les locaux de l’école et de la mairie ont été endommagés. — Man-galia. Les plafonds de la caserne d’infanterie et de deux autres maisons de particuliers ont crevé.
- Production de l’industrie charbonnière «lu inonde. — La production totale annuelle dans tout l’univers s’élève à environ 485 000000 de tonnes. En 1890, la Grande-Bretagne et l’Irlande en ont extrait 182 000 000 de tonnes; la production des États-Unis en 1891 est estimée à 141 000 000 de tonnes, celle de l’Allemagne à 90 000 000 de tonnes, celle de la France à 28 000 000 de tonnes, de la Belgique à 20 000 000 de tonnes, de l’Autriche à 9 000 000 de tonnes, de la Russie (1889) à G 000 000 de tonnes, et celles des autres pays à 9 000 000 détonnes. La consommation du charbon a augmenté d’une façon remarquable, pendant les vingt dernières années écoulées, corrélativement avec le développement industriel. C’est là un fait normal. Mais l’imagination n’en reste pas moins interdite devant le chiffre énorme d’énergie transformée. Rien que pour l’Europe, la production moyenne annuelle pendant la période de 1881 à 1890 a dépassé de 62 000 000 de tonnes celle de la décade précédente. Si l’augmentation persiste dans cette proportion, la production annuelle atteindra bientôt, si ce n’est déjà fait, la colossale quantité de 500 000 000 de tonnes.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 31 oct. 1892. —Présidence de M. de Lacaze-Dütiiiers
- La gémination des canaux de Mars. — M. Stanislas Meunier décrit une expérience qu’il vient de faire et qui procure une si parfaite imitation de la gémination des canaux de Mars, qu’il est légitime de croire qu’elle révèle la cause de ce phénomène resté inexpliqué, malgré dix années de tentatives. Il dessine, à l’aide d’un vernis noir, sur une surface métallique polie, une série de traits et de taches reproduisant plus ou moins exactement la carte
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- géographique de Mars; puis il fait tomber sur elle un rayon de soleil ou de toute autre lumière. 11 place alors à quelques millimètres, devant la surface métallique et parallèlement à elle, une fine mousseline bien transparente tendue sur un cadre : on voit immédiatement toutes les ligues et toutes les taches se dédoubler, se gèminer, par suite de l’apparition, à côté de chacune d’elles, de son ombre dessinée sur la mousseline par la lumière que le métal a réfléchie. La ressemblance est parfaite avec la carte où M. Schiaparelli a synthétisé toutes les géminations observées. On peut reconnaître aisément que toutes les conditions essentielles de cette expérience sont réalisées à la surface de Mars et dans son atmosphère. La lumière solaire frappant le disque planétaire est réfléchie très inégalement suivant les points, beaucoup par les continents, bien moins par les surfaces liquides. Quand l’atmosphère de Mars est bien limpide, l’inégalité dont il s’agit ne nous est pas sensible; mais si l’océan aérien renferme quelque brume transparente à une hauteur et avec une opalescence convenables, le contraste apparaît comme sur la mousseline par la production d’ombres qui, sur le prolongement des rayons réfléchis, reproduiront, à côté de chacune des surfaces peu réfléchissantes et spécialement des canaux, une image pareille à elle.
- La récente éruption de l'Etna. — M. Ricco de Catane adresse une série de photographies relatives à la dernière éruption de l’Etna. 11 résulte de l’exploration de l’auteur que les cônes adventifs se sont formés en grande majorité le long d’une ligne orientée sud-sud-est. On en compte, en effet, trente-quatre ainsi placés, contre quelques-uns situés en dehors. M. Ricco conclut que cette disposition révèle une ligne de moindre résistance de l’écorce terrestre qui, prolongée, passe précisément par le Vésuve et le Stromboli.
- La fixation de l'azote par les terres. — Une intéressante discussion s’engage entre MM. Schlœsing et Berthelot au sujet d’une récente communication de ce dernier, relative à la fixation de l’azote par le sol, sous l’action des microbes contenus dans les terres végétales. M. Berthelot ayant déclaré dans sa Note que cette fixation était aujourd’hui un fait universellement reconnu, M. Schlœsing proteste et expose qu’il résulte de ses expériences que la terre nue ne fixe pas l’azote, mais que la terre pourvue de certains végétaux inférieurs peut le fixer ainsi que cela est prouvé par les travaux de M. Schlœsing fils et Laurent. M. Berthelot réclame le bénéfice de cette découverte et dit qu’elle est comprise dans les résultats qu’il a publiés attendu qu’il faut entendre par microbes les végétaux inférieurs.
- Le dédoublement d'une comète. — M. Tisserand annonce que le calcul d’orbite, effectué par M. Léopold Schulof, montre que la comète découverte en Amérique, il y a une quinzaine de jours, par M. Barnard, suit exactement la même trajectoire qu’une autre comète déjà connue sous le nom de comète de Wolff. On est donc en présence d’un dédoublement cométaire analogue à celui qu’offrit, en 1844, la comète de Biela. Il est vrai qu’à cette époque, on surprit la nature sur le fait, c’est-à-dire, que l’on assista à la segmentation du noyau, et à l’écartement progressif des deux fragments, tandis que pour la comète de Wolff et de Barnard, nous en sommes réduits à une constatation d’un phénomène accompli loin de nos regards. M. Tisserand rappelle à ce propos que c’est la troisième observation de ce genre que l’on enregistre. Il pense que la désagrégation des deux comètes se poursui-
- vra et qu’elles donneront, à leur tour, naissance à un essaim d’étoiles filantes, et serviront à confirmer ainsi la belle théorie de M. Schiaparelli sur ces météores.
- Effets chimiques des basses températures. —M. Raoul Pictet expose comment de véritables spéculations métaphysiques l’ont conduit à supposer qne toute affinité chimique devait disparaître à la température du 0 absolu, c’est-à-dire à 275 degrés centigrades au-dessous de la température de fusion de la glace. L’expérience a vérifié cette conception essentiellement théorique : il a pu constater que, vers — 150°, les corps n’exercent plus les uns sur les autres aucune action chimique. Ainsi l’acide sulfurique, l’acide azotique sont sans eflêt sur la potasse ; de même le potassium sur l’oxygène. De plus, il a pu réaliser plusieurs synthèses entièrement nouvelles en faisant agir l’étincelle électrique sur des corps maintenus à cette température.
- Varia. — M. Bienaimé, commandant stationnaire d'Islande, chargé d’une mission scientifique aux îles Jean Mayen et du Spitzberg, avec le concours de MM. Pouchet et Rabot, rend compte des résultats de cette mission. — M. de Lapparent fait hommage d’une troisième édition entièrement refondue, de son traité de géologie. — M. Bui-sine adresse un mémoire sur la purification des eaux d’égouts de Lille. Gu. de Villedecil.
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- PHYSIQUE ÀMUSiNTE
- UNE CRÉMATION FANTAISISTE
- Nous avons souvent décrit des procédés d’escamotage de femmes vivantes, et indiqué les procédés ingénieux auxquels les illusionnistes ont recours pour donner le change aux spectateurs et leur rendre difficile l’intelligence des moyens employés. Nous allons indiquer aujourd’hui un truc nouveau que nous décrit le Scientific American, et qui a obtenu récemment un grand succès à l’Eden Musée de New-York, truc présenté par Powell, un illusionniste américain en renom.
- Voici d’abord comment se présente le spectacle pour le public : au lever du rideau, une jeune et belle femme, tout de blanc vêtue, annoncée au public comme devant être la future victime d’une incinération instantanée, monte sur une table disposée au fond d’une sorte d’alcôve limitée par trois panneaux de paravent. Au-dessus de cette table est suspendu un grand sac replié, comme le montre la figure 1.
- La table sur laquelle monte la victime semble présenter quatre pieds, et sous cette table brûlent, ou paraissent brûler quatre bougies, dans le but d’indiquer au public que l’espace au-dessous de la table est ouvert, parfaitement libre, et inapte à un escamotage quelconque. L’écran cylindrique en forme de sac qui doit recouvrir l’incinérée, est présenté au public qui peut s’assurer qu’il est entier, sans aucune fente, coulisse, ou autre artifice permettant une fugue latérale, toujours possible sans cette disposition. Toutes ces vérifications étant faites, on descend le sac sur la victime que l’on fait brûler en tirant un coup de pistolet. Des flammes et des
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- LA NATURE.
- fumées (fig. 2) indiquent bientôt au spectateur terrifié, ou tout au moins intrigué, que le feu poursuit son œuvre destructrice.
- Lorsque les flammes ont cessé, l’écran, constitué par une toile incombustible, qui a été épargnée, est alors soulevé et l'on n’aperçoit plus sur la table, au milieu de débris encore fumants, qu’un monceau d’ossements surmontés d’une tète de mort (fig. o).
- Un examen des conditions dans lesquelles s’est opérée la disparition, ne révèle nullement les procédés qui ont permis de la réaliser aussi rapidement ; mais, comme il est évidemment inadmissible que l’on puisse sacrifier ainsi chaque soir une jeune et belle personne pour la pure et simple satisfaction du public, on est conduit à admettre qu’il y a là un truc, truc ingénieux dont nous allons donner l’explication, en nous aidant de la figure 4. Dans le cas particulier, la combinaison illusionniste réalisée par M. Powell est une heureuse combinaison d'un escamotage par-dessous la scène et des propriétés bien connues des miroirs plans inclinés. La table sur laquelle monte notre victime de l’incinération n’a que deux pieds, au lieu de quatre, et les deux autres ne sont vus par les spectateurs que par réflexion des deux premiers dans deux glaces inclinées à 90 degrés entre elles, et à 45 degrés sur les deux panneaux latéraux du paravent qui sert de cadre à la scène de disparition. Il en est de même pour les deux bougies, qui, par suite de leur réflexion dans les
- miroirs, semblent être aussi au nombre de quatre. Grâce à la combinaison des glaces et des panneaux et à l’adoption d’un dessus uniforme pour ces panneaux, la réflexion dans les deux glaces inférieures des deux côtés paraît n’être que la continuation du panneau du fond. La boîte triangulaire dont les deux glaces constituent deux côtés, et le plancher de la scène le fond, a son dessus formé de deux parties : l’une constituée par le dessus de la table elle-même, et l’autre de fractions de miroir qui réfléchissent le panneau inférieur, et de morceaux d’étolfe de même couleur ({lie le panneau inférieur.
- Il est facile maintenant de comprendre, en quelques mots, l’ensemble des opérations plus ou moins fantastiques auxquelles le spectateur assiste avec intérêt. Dès que la victime est dissimulée par le sac qui la recouvre, elle s’échappe aussitôt par une trappe dissimulée sur la table, comme le montre la figure 4, elle dispose alors rapidement les ossements et la tête de mort à sa place, ainsi que quelques pièces d’artifice qu’elle vient enflammer lorsqu’elle entend le coup de pistolet. Elle se retire alors tranquillement en fermant la trappe, et reste cachée dans l’espace triangulaire ménagé entre le fond du panneau et les deux
- glaces jusqu’au baisser du rideau. Dr Z...
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- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1015. — 12 NOVEMBRE 1892.
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- LES TRAMWAYS ÉLECTRIQUES A PARIS
- La Nature a annoncé dernièrement1 que des tramways électriques avaient commencé à fonctionner à Paris. Nous venons de faire une étude complète des dispositions adoptées par la Compagnie des tramways de Paris et du département de la Seine; nous pouvons donner une série de renseignements puisés à la source même de l’application.
- Les tramways électriques choisis et qui font le service depuis plusieurs mois déjà sur la ligne de la Madeleine à Saint-Denis, sont des tramways à accumulateurs. Les voitures sont à 56 places, ont une
- impériale couverte, et possèdent tout le confortable des tramways ordinaires. La figure 1 donne une vue de l’avant du tramway, prise au moment où il arrive sur la place Clichy.
- Les tramways électriques qui fonctionnent au moyen de canalisations souterraines ou aériennes auxquelles sont réunies, tout le long de la route, les voitures en marche, auraient présenté dans Paris de graves inconvénients. On n’a pas hésité à adopter le système des accumulateurs qui rend indépendant le véhicule pendant sa marche.
- L’installation actuelle peut se diviser, au point de vue électrique, en trois parties : la station centrale pour la charge des accumulateurs, les moteurs qui
- Fig. 1. :— Tramway électrique de Paris. — Vue prise à la place Clichy. (D'après une photographie instantanée de il. J. Ducom.)
- actionnent les voitures et les appareils qui permettent de faire fonctionner le système.
- La station centrale pour la charge des accumulateurs est établie à Saint-Denis, au dépôt des tramways, route de Gonesse. Trois chaudières, fonctionnant à la pression de 6 kilogrammes par centimètre carré, fournissent la vapeur à deux machines horizontales Lecouteux et Garnier, type Corliss, à condenseurs en tandem, donnant 125 chevaux à 75 tours par minute. Ces machines actionnent une transmission intermédiaire qui met en mouvement 2 dynamos Desroziers de 60 kilowatts (260 volts et 230 ampères) , à la vitesse angulaire de 600 tours par minute. Un accouplement spécial à l’aide de plateaux
- 1 Voy. n" 1008, du 24 septembre 1892, p. 271.
- 20e année. — 2e semestre.
- permet de faire actionner une dynamo quelconque par une des deux machines motrices, l’autre restant au repos. A côté des deux machines horizontales s’en trouve une troisième du même type, mais marchant à 180 tours par minute, et commandant une autre dynamo ; cette machine sert de réserve en cas d’accident. Les câbles venant de chaque dynamo sont réunis à un même tableau de distribution; chaque circuit comporte un disjoncteur, un interrupteur, des coupe-circuits fusibles et un ampèremètre spécial. De là partent des circuits séparés avec ampèremètres particuliers pour la charge des accumulateurs. Grâce à ces dispositions, il est permis de constater à tout instant la puissance des dynamos, et la puissance dépensée pour la charge de chaque batterie.
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- LA NATURE.
- Les accumulateurs employés sont du type Laurent-Cély, construits par la Société anonyme pour le travail électrique des métaux, à l’usine de Saint-Ouen-les-Rocks. Ils comprennent onze plaques de plomb de 200 millimètres sur 200 millimètres, soit une surface active totale de plaques positives de 40 décimètres carrés. Les dimensions extérieures de chaque accumulateur sont de 57 centimètres de hauteur, 57 de longueur et 25 de largeur.
- Au régime normal, la charge doit être de 17,6 ampères, et, au régime maximum, de 55,2 ampères; dans les mêmes conditions le régime de décharge est de 26,4 et 52,8 ampères. La capacité utile est de 264 ampères-heure au régime normal et de 158 au régime maximum. Les accumulateurs sont placés dans des caisses en bois portatives pour faciliter le chargement et le déchargement. Ils sont au nombre de 9 dans une boîte, et 5 boîtes forment une batterie.
- Des contacts extérieurs permettent d’établir la communication pjir simple pression. Sur chaque voiture, se trouvent 4 batteries de 5 boîtes, soit 4x5x9 = 108 éléments; ces batteries placées sous les banquettes sont introduites par l’extérieur en soulevant les revêtements de la voiture.
- Sous chaque tramway sont adaptées deux dynamos Manchester, soit à induit Siemens, soit à induit Gramme, excitées en série et commandant par engrenages les roues du véhicule. Les moteurs électriques prennent 200 volts et 50 am-nères à la vitesse angulaire de 1500 tours par minute. L’engrenage ramène le nombre de tours au douzième, soit à 108 tours par minute.
- 11 est intéressant de connaître maintenant comment sont effectuées les diverses marches lente, rapide, moyenne. En effet, dans Paris, les tramways doivent avoir des vitesses variables suivant les encombrements; de plus on leur a imposé des maxima Jde
- 12 kilomètres par heure dans Paris et de 16 kilomètres hors des fortifications. Toutes ces variations de vitesse sont obtenues à l’aide de couplages des accumulateurs et des moteurs entre eux. Ilàtons-nous de dire que ces couplages s’effectuent le plus aisément possible à l’aide de commutateurs disposés à ect
- effet ; le conducteur n’a qu’à les tourner dans un sens ou dans l’autre. Des étiquettes indiquent les manœuvres à faire suivant les cas. Trois couplages d’accumulateurs correspondent au démarrage, à la vitesse maxima, et à la petite vitesse. Pour le démarrage, les quatre batteries de 27 accumulateurs sont couplées en quantité comme le représente le schéma de la figure 2 ; la différence de potentiel utile est alors de 25 volts. Pour la vitesse maxima, deux batteries sont montées en tension et deux en quantité; enfin pour la petite vitesse, ou régime démarché ordinaire,les quatre batteries sont couplées en tension. Pour ce dernier régime, les inducteurs et les induits des moteurs sont en tension ; les induits sont couplés en quantité, et les inducteurs en tension pour les démarrages et la vitesse maxima. 11 a fallu également prévoir le cas où pour une raison ou pour une autre,
- un des moteurs serait hors de service ; des appareils permettent d’établir des courts-circuits sur l’inducteur et l’induit. Afin de fixer complètement les idées, nous donnons dans la figure 5 le diagramme de l’appareil de couplage des accumulateurs. 11 se compose d’un tambour A mù par une manivelle extérieure M. Il porte des contacts en cuivre C et C' couplés soit en quantité, soit par 2 en tension, 2 en quantité, soit 4 en tension comme 1(3 représentent les schémas. Ces contacts en cuivre se meuvent en face de plots U et 1)' auxquels aboutissent les extrémités des conducteurs des diverses batteries d’accumulateurs. Par une simple manœuvre de la mani-
- l° - 4 batteries en quantité.
- 29.2 en tension, 2enquantité.
- Inducteurs
- Inducteurs
- Induit
- inmnn
- Induit
- 3? _ 4- en tension.
- Inducteurs
- Inducteurs
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- Induit
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- Induit
- 1?_lnducteurs et induits en tension.
- 'nduit Induit
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- 2?_lnducteurs en tension. Induits en quantité.
- "|ww]---mnmr
- 3?_l nducteurs et induits d'un moteur en court-circuit
- Fig. 2. — Tramway électrique de Paris. — Différents modes de couplage des accumulateurs et des moteurs suivant les régimes de marche.
- Fig. 3. — Appareil de couplage des accumulateurs.
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- velle, on obtient les differents couplages nécessaires.
- Telles sont les principales dispositions adoptées dans les tramways électriques de Paris. Ajoutons encore que les véhicules sont munis de freins Lemoine, que des commutateurs permettent d’obtenir la marche en arrière et que des artifices sont employés pour éviter de trop fortes étincelles aux ruptures de courant.
- Nous avons effectué en tramway électrique le parcours de La Madeleine à Saint-Denis, et. nous avons pu remarquer que l'exploitation actuelle ne laisse rien à désirer. J. Laffaiigue.
- LÀ NOUVELLE GARE DE CHICAGO
- Une des plus vastes et des plus coûteuses stations qui aient été construites dans le monde entier est la nouvelle gare du Grand-Central, à Chicago.
- Sur la rue Harrison, la gare occupe une façade de 07 mètres, et sur la 5e avenue une façade de 204 mètres. Les fondations forment une succession de piliers en maçonnerie dont la profondeur moyenne est de 15 mètres. Au centre de la construction, s’élève une tour colossale de 70 mètres d’élévation; elle a des côtés de 8 mètres, elle est carrée et pèse 0000 tonnes. On compte quinze étages dans la tour, neuf d’entre eux sont réservés aux bureaux; on accède aux derniers étages seulement, par un ascenseur électrique. Au haut de l’édifice, on a placé une horloge dont le cadran a plus de 4 mètres de diamètre, et dont le pendule pèse 700 livres anglaises. Sur une cloche pesant 5 tonnes, un marteau vient frapper les heures.
- La salle d’attente forme un vaste appartement dont les dimensions sont : 80 mètres de long, 2lm,30 de large et 7°",50 de haut. Elle est éclairée par 240 lampes à incandescence et communique avec le salon réservé aux dames d’un côté, avec le buffet de l’autre, par un escalier de marbre à double révolution. A proximité de la tour, se trouvent deux machines d’une puissance de 550 chevaux, trois appareils hydrauliques pour les ascenseurs, et trois locomobiles mettant en action les dynamos qui fournissent un éclairage de 127 000 bougies. Il y a encore des machines à air comprimé qui servent à la manœuvre des signaux, des aiguilles, des enclenchements, des ponts et des barrières jusqu’à une distance de 5 kilomètres de la gare.
- Les voies aboutissant à la station sont couvertes d’une grande marquise vitrée qui mesure 168 mètres de long. Les quais, au nombre de quatre, ont une largeur de 5m,70 chacun; entre les quais sont établies trois voies doubles, au milieu desquelles on a creusé des égouts, des fosses et des prises d’eau. Cette immense halle vitrée est éclairée par 60 groupes de lampes à incandescence auxquelles s’ajoute l’éclat de 7 arcs électriques très puissants. A chacun des quais sont placés des appareils pour annoncer le départ des trains et un système de tuyaux pour amener, au moyen de raccords, l’air chaud dans les wagons. X. West.
- HISTOIRE DU PARACHUTE1
- Nous avons donné dans notre précédent article la description du parachute de Venise du dix-septième
- 1 Suite et lin. — Yoy. u° 1015, du 20 octobre 1802. p. 557.
- siècle, après avoir parlé des travaux de Léonard de Vinci ; il faut arriver à la tin du dix-huitième siècle, au moment de la découverte des ballons, pour retrouver les traces de l’histoire que nous résumons ici.
- Quelques mois après la mémorable expérience de l’ascension d’un aérostat à air chaud, exécutée à Annonay par les frères Montgolfier, un habitant de Montpellier, Sébastien Lenormand, fit dans l’enclos des Cordeliers, le 25 décembre 1783, la curieuse expérience suivante. Il s’élança du haut d’un ormeau ébranché tenant en ses mains deux parasols de 30 pouces de rayon ; cet ormeau présentait une saillie à la hauteur d’un premier étage. C’est de cette saillie que l’inventeur se laissa tomber.
- Peu de temps après, Sébastien Lenormand avait conslruit un véritable parachute conique dont il donne la description dans les termes suivants :
- Je fais un cercle de 14 pieds de diamètre avec une grosse corde ; j’attache fortement tout autour un cône de toile dont la hauteur est de 6 pieds; je double le cône de papier en le collant sur la toile pour le rendre imperméable à l’air; ou mieux, au lieu de toile, du taffetas recouvert de gomme élastique. Je mets tout autour du cône des petites cordes, qui sont attachées par le bas à une petite charpente d’osier, et forment, avec cette charpente, un cône tronqué renversé. C’est sur cette charpente que je me place. Par ce moyen j’évite les haleines du parasol et le manche, qui feraient un poids considérable. Je suis sur de risquer si peu, que j’offre d’en faire moi-méme l’expérience, après avoir cependant éprouvé le parachute sur divers poids pour être assuré de sa solidité.
- C’est avec un appareil de ce genre que Sébastien Lenormand, comme nous l’avons dit précédemment, réussit au commencement de 1784, à se jeter avec parachute du haut de la tour de Montpellier.
- Après les voyages aériens exécutés à la fin de 1785 par Pilatre de ltozier et d’Arlandes dans un ballon à air chaud, par Charles et Robert dans le premier aérostat à gaz, Blanchard qui avait déjà lait des projets d’aviation avant la découverte des ballons, se lança à son tour dans la carrière de l’aéronautique, et eut l’idée de munir le ballon, à sa partie inférieure, d’un véritable parachute destiné à modérer la descente. La nacelle du ballon était en outre pourvue de deux ailes doubles destinées à la direction. Blanchard fit connaître cet appareil sous le nom de vaisseau volant; notre gravure (fig. 1) en donne l’aspect d’après une estampe de l’époque. L’ascension du vaisseau volant eut lieu au Champ de Mars, à Paris, le 2 mars 1784, au milieu d’une énorme affluence de spectateurs. Les ailes de direction ne donnèrent aucun résultat, mais il est intéressant de constater que Blanchard construisit un véritable parachute fixé à la partie inférieure de l’aérostat.
- Un peu plus tard, dans le cours de ses nombreuses ascensions, Blanchard enlevait avec son ballon des parachutes plus complets avec lesquels il faisait descendre à terre, des animaux, chiens ou chats, quelquefois même des moutons. Notre figure 2 représente le dix-huitième voyage aérien de Blanchard.
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- LA NATURE.
- Voici la reproduction de la légende dont la curieuse gravure est munie :
- M. Blanchard, citoyen de Calais par adoption, pensionnaire de Sa Majesté Très Chrétienne, correspondant de plusieurs Académies, ayant été appelé dans la ville de Bruxelles, il s’est rendu aux instances des habitants, y a fait une ascension glorieuse en présence de Leurs Altesses Royales et de la plus nombreuse assemblée; il s’est élevé aux acclamations générales, le samedi 10 juin 1786, à 10 heures 10 minutes, a plané majestueusement pendant une demi-heure sur la ville; arrivé à la hauteur des
- nuages, il abandonna un mouton qui, au moyen de son parachute, fut se reposer doucement sur la terre, et l’aérostat fut tranquillement descendre dans un champ nommé le Ballon.
- On voit que Blanchard se servait d’un petit ballon spécial pour enlever le parachute; quand il s’agissait de faire descendre celui-ci, il n’avait qu’à le séparer du petit ballon qu’il abandonnait dans l’espace.
- Le nom de Blanchard doit être inscrit à côté de celui de Garnerin dans l’histoire des inventeurs du
- Fig. 1. — Le vaisseau volant de Blanchard. Expérience du 2 mars 178i au Champ de Mars. (D’après une gravure du temps.)
- Fig. 2. — Le parachute de Blanchard avec son ballon annexe, le parachute soutenant un mouton. (D’après une gravure du temps.)
- parachute, mais, comme nous l’avons vu précédemment, c’est Garnerin qui, le premier, osa se confier lui-même au parachute, et nous avons raconté la mémorable expérience du 22 octobre 1797.
- , Les modifications que l’on fit subir au parachute depuis Garnerin, sauf celles toutes récentes de M. Capazza, n’ont pas été heureuses. Le 27 septembre 1856, Coking se tua en faisant l’expérience d’un parachute à cône retourné; en 1855, François Letur trouva également la mort en se servant d’un parachute muni de deux ailes de direction. DeGroof, en 1874, perdit la vie en expérimentant un parachute volant de son invention. Nous ne reviendrons pas ici
- sur ces dramatiques expériences dont nous avons jadis donné les récits dans La Nature1.
- Nous terminerons cette étude en faisant observer que le parachute n’a jamais servi jusqu’ici qu’à titre d’expérience curieuse ; cet organe n’offre pas d’utilité pratique au voyageur aérien. Il n’en constitue pas moins un appareil du plus haut intérêt au point de vue scientifique ; on doit le considérer comme le premier aéroplane, et l’on sait que c’est surtout des aéroplanes que l’aviation attend l’avenir.
- Gaston Tissandier.
- 1 Voy. n° 62,011 8 août 1874, p. 145.
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- GROTTES DE SAINT-MA RCEL-D’ARDÈCHE
- Fig. 1. —Salle du Panthéon, dans les grottes de Saint-Murcel-d’Ardèche. (D’après une photographie de l’auteur.)
- Après avoir traverse ia quelques degrés taillés dans le roc, nous arrivons à la statue d'Abd-el-Kader, l’une des plus curieuses stalagmites des grottes. L’émir, drapé dans son burnous, se présente de profil : tous les détails de la figure se détachent admi-rablement et je ne crois pas qu’aucune des roches animées dont cette Revue a donné la reproduction, rende plus fidèlement les traits de la figure humaine. Derrière l’Arabe, la Mosquée. Tournons à gauche et passons devant la Tortue, aussi nettement accusée que l’émir. Nous pénétrons alors dans les galeries les plus belles. Voici le Cabinet de toilette taillé dans l’une des plus imposantes masses stalagmitiques des grottes,
- Forêt-Noire et franchi
- pénétrons dans une vaste salle où nous trouvons le premier chaos de blocs éboulés et accumulés les uns sur les autres : tous ces débris ont fait donner à cette salle le nom de Salle des décombres ou du chaos. Ces blocs ont été les témoins d’un mystérieux cataclysme qui a violemment modifié la configuration de cette partie des galeries. Une nouvelle échelle se présente : nous descendons sur un sol glissant, argileux, qui va nous donner l’explication de ce premier chaos. L’argile a cédé sous le poids des stalactites ; elle a glissé et ces masses cristallines se sont effondrées. La montée devient en effet plus rapide et bientôt
- une troisième échelle Fi5. 2. _ La Colon,* i„ An,loi,. (D’oprè.tme photographie.) ^ foil pMreI ^
- la Cathédrale, puis nous | la salle des Bassins. Nous passons d’abord sous le
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- LA NATURE.
- magnifique portique du Panthéon, une des plus belles masses architecturales de ces grottes (fig. 1). Sous ce portique, a germé le Champignon et près de lui, au tond d’une dépression, la Table est dressée. D’aucuns y ont dîné ; d’autres y ont débouché quelques bouteilles de Saint-Péray ou de vieux grenache. Elle se transformera pour nous dans un instant en un excellent laboratoire de photographie où nous n’aurons pas à redouter les indiscrétions du jour. C’est autour de cette table que l’on peut récolter de petits insectes, les seuls habitants de ces ténèbres. M. Chiron, qui a pensé à tout, s’est muni d’un morceau de fromage qu’il émiette autour de la Table et lorsque nous repasserons, les insectes, attirés par l’odeur, viendront prendre leur part du festin pour tomber dans nos tubes tout prêts à les recevoir. Pendant que i\l. Chiron continue ses mensurations, je prélude à nos essais photographiques. La lampe au magnésium de Nadar fonctionne à merveille : une minute de pose et développons. Le cliché n’est pas trop mauvais et La Nature aura la primeur de ces belles colonnes auxquelles la photographie ne s’est pas encore attaquée. Continuons notre course : voici la Boucherie où des têtes de veau et des quartiers de bœuf pendent à l’étal : bientôt nous dépassons la Fontaine de la Vierge où tombent avec un bruit argentin les gouttelettes d’une source invisible. Nous faisons res-plendir les Diamants de la Vierge; nous saluons au passage les Fanons de la baleine et nous entrons dans la quatrième salle, celle des Maçons, dont les blocs éboulés simulent, disent nos guides, des tas de mortier. Nous voici aux Colonnes : c’est trop beau pour laisser passer et nous dressons notre appareil. Quel dommage qu’il ne puisse reproduire à la fois toutes ces colonnes et le Palmier qui s’élance si léger vers la voûte. Nous laissons derrière nous le Chandelier, la Forge et nous arrivons aux petits réservoirs des Eaux perçantes. Ici, la goutte d’eau qui tombe dans la journée, au lieu de donner naissance à une stalagmite, a fini par creuser le sol; un véritable entonnoir s’est formé. Arrêtons-nous au Bourdon, large stalagmite voûtée à bords amincis. Donne-t-il le la? Je ne sais, mais je le frappe et voilà qu’il résonne sous ces voûtés, comme le bourdon de Notre-Dame. Nous rencontrerons plus loin d’autres stalactites mélodieuses. On raconte que des visiteurs facétieux ont essayé de leur faire jouer la Marseillaise.
- Un coup d’œil aux Sentinelles, aux Colon-nettes, à la Couronne, à la Colonne d'albâtre, au Cyprès, au Théâtre, à la Colonne de l'Anglais, à la Scène, à la Colonne dorée qui brille de mille feux. Que dire de toutes ces merveilles qui défilent devant nos yeux éblouis? Un seul mot de la Colonne de l'Anglais (fig. 2). Un amateur d’Albion qui visitait les grottes offrit, dit la légende, 5000 francs à qui la lui transporterait au dehors. J’avoue que je comprends son désir et, bien que ces magnifiques colonnes perdent, lorsqu’on les sort du décor d’obscurité qui leur convient, le charme puissant qu’on leur
- trouve, je m’accommoderais fort, à l'entrée de mon vestibule, d’une cariatide de ce genre. Un couloir sinueux nous mène aux Bassins qui s’étagent les uns sur les autres de la façon la plus charmante. Voici la Niche du chien, la Balustrade; sous nos pas résonnent les dalles du couloir ; nous arrivons au Four. Jusque dans ces dernières années le Four était considéré comme les Thermopyles des grottes de Saint-Marcel. De grands blocs de stalagmite obstruaient la galerie et un étroit passage qu’il fallait franchir en rampant faisait seul communiquer la quatrième salle avec la cinquième. Les dames hésitaient à s’y engager : les obèses qui avaient passé la tête se demandaient s’ils pourraient passer les pieds.
- Aujourd’hui toutes ces craintes ont disparu : le passage a été agrandi et le couloir donne libre accès dans les deux dernières salles. L’aspect des galeries est toul autre : c’est bien plus le chaos que dans les salles précédentes; l’argile domine et ce n’est pas l’une des moindres surprises que de rencontrer au milieu de ces blocs une belle argile rouge qui ferait envie à bien des potiers. Là encore la masse d’argile a glissé sous le poids des colonnes qui se sont brisées les unes sur les autres. Admirons, appendues à la voûte, ces mille aiguilles cristallines, mais n’oublions pas surtout ces fins tuyaux d’une transparence parfaite qui gisent sur le sol et qui sont, une des formes les plus intéressantes de la cristallisation du carbonate de chaux. Voici le Paradis : reconnaissons qu’il n’est pas fort engageant. Peut-être est-ce à cause de l'Enfer qui se trouve à deux pas ; dans l’Enfer il y a un Gouffre, très curieux à examiner; il est formé d’un vaste bassin rempli de blocs qui sont venus s’y briser.
- Remis de la chaude alerte que nous devait causer cet abîme au moins sans fond, nous interrogeons notre boussole. Un mauvais plaisant avait prétendu qu’en cet endroit elle s’arrêtait : la nôtre gagne le Nord fort allègrement. Nous laissons derrière nous la Colonne Vendôme, la Tour de Babel, la Tente d'Abraham, la Conque marine, et nous pénétrons dans un dernier couloir aux parois tapissées de petites masses cristallines dont l’ensemble donne l’impression d’une foule de petits champignons calcaires ou de laine frisée du plus curieux effet. Nous voici dans la sixième salle; nous descendons encore et après avoir salué le Clocher, nous ne trouvons plus d’issue; c’est le fond de la grotte : un large massif de stalagmite semble nous barrer le passage. Un regard à la dernière colonne, la Bûche, et, vite, faisons sonner la retraite, car il nous faudra plus d’une heure pour regagner l’entrée et nous avons encore plusieurs mètres de magnésium à utiliser, bien des feux de Bengale que nous réservons aux plus belles des stalactites. N’oublions pas nos insectes en passant à la Table : les voici, précisément, sur le fromage trompeur. Nous faisons une ample moisson de ces coléoptères anopbtalmes à la couleur brunâtre. — Mais quelle est donc cette lueur que l’on aperçoit au loin ? Une douce chaleur succède à l’humi-
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- dite de la grotte. Voici l’entrée et voici le jour. Salut au gai soleil qui n’a cessé de briller sur le ruban d’émeraude de l’Ardèche, dans cette solitude que troublent seuls le bruit des clochettes d'un troupeau, le vol de l’aiglon, sous le ciel le plus hleu, au milieu des Heurs les plus parfumées1. Dr Paul Raymond.
- --o&Q--
- L’ELLIPSOGMPHE
- DE M. F. SCHROMM
- Les nombreux compas à ellipse ou ellipsographes construits jusqu’ici sont basés sur cette propriété bien connue que : « si un segment de longueur invariable se meut de telle manière que ses deux extrémités soient assujetties à se déplacer sur deux droites données, un point quelconque de ce segment décrit une ellipse ».
- Pour obtenir ce résultat, les deux extrémités du segment sont représentées par des boutons fixés sur des glissières mobiles dans des rainures ménagées sur deux règles montées à angle droit, mais ce montage donne lieu à des frottements et à des à-coup qui nuisent à la précision et à la régularité du trait et rendent difficile le tracé d’ellipses de grandes dimensions.
- Ne serait-il pas possible de réaliser les mêmes mouvements du segment en substituant aux mouvements de glissement, toujours incertains, des mouvements de rotation toujours plus faciles à obtenir et plus précis? C’est ce qu’a réalisé M. F. Schrormn dans l’ellipsographe que nous allons décrire, en faisant une judicieuse application du parallélogramme articulé ou réciprocateur de Peau-celier, combinaison cinématique grâce à laquelle on peut
- Nouvel ellipsographe
- transformer un mouvement circulaire en un mouvement rigoureusement rectiligne. L’ellipsographe de M. Schromm, dans lequel ce principe est appliqué, se compose de deux règles rectangulaires sur lesquelles on peut fixer, en deux points convenablement choisis d’après la grandeur et l’excentricité de l’ellipse à tracer, deux coulisses qui serviront de points d’articulations à deux réciprocateurs. Ce sont donc les extrémités A et B de ces deux réciprocateurs qui décrivent deux droites rectangulaires. C’est entre le point A et le point B ainsi guidés rectilignement par de simples articulations que l’on vient fixer le segment AB sur le prolongement duquel est placé, à une distance convenable, le traceur C qui décrit l’ellipse que l’on veut dessiner. Le mouvement de l’appareil est très doux et l’ellipse se trace en une seule fois, tandis qu’avec la plupart
- 1 Suite et fin. —Yoy. n° 1015, du 29 octobre 1892, p. 540.
- des compas à ellipse, il faut souvent faire le tracé en quatre fois, les glissières obstruant le passage du crayon aux points d’intersection des axes avec la courbe. Des essais faits il y a quelques mois devant la Société des ingénieurs et architectes autrichiens ont donné des résultats très satisfaisants, les erreurs ne dépassant pas une très petite fraction de millimètre pour une ellipse ayant respectivement, pour grand axe et petit axe, 60 centimètres et 40 centimètres de longueur.
- Les dimensions des ellipses que cet ellipsographe permet de tracer sont très variables, car il suffit de choisir convenablement la longueur du segment et de placer le traceur à l’intérieur ou à l’extérieur de ce segment pour modifier à volonté les axes de la courbe.
- DENSIMÉTRB POUR LIQUIDES
- DE M. ZAMBELLI
- Voici un appareil des plus simples, peu connu en France et combiné par M. Luigi Zambelli, de Terni, pour déterminer industriellement et avec rapidité la densité des liquides usuels.
- Le principe de cet appareil repose sur ce fait que la pression exercée par une colonne d’un liquide de hauteur et de densité données, est proportionnelle à la densité de ce liquide. L’appareil se compose d’un baromètre à deux branches ayant un sommet commun muni d’une tubulure par laquelle on peut faire un vide partiel dans les chambres supérieures. On place dans l’une des branches le liquide dont on recherche la densité, et dans l’autre branche de l’eau distillée ; on abaisse ensuite la pression dans les deux tubes de la même quantité. Les dénivellations, produites par ce vide partiel exercé au-dessus des tubes, sont inversement proportionnelles aux densités. Gomme tous les laboratoires sont aujourd’hui munis d’une pompe de Bunsen ou d’une trompe à vide, la manipulation de l’appareil ne présente aucune difficulté. Il n’y a aucune correction à faire pour la température, puisque les deux liquides dont on compare les densités sont naturellement à la même température.
- M. Zambelli, qui est un chimiste de la marine italienne, emploie cet appareil avec succès depuis 1885 pour déterminer la densité de liquides tels que l’alcool, l’acide sulfurique, les huiles, la glycérine, etc. La sensibilité de l’appareil est d’autant plus grande que les tubes sont plus longs. Avec un tube barométrique ordinaire de 80 centimètres de longueur, on obtient 40 centimètres de dénivellation en réduisant la pression de moitié environ, ce qui ne permettrait que de déterminer les densités au 1/400 environ, en supposant que les dénivellations puissent être lues à 1 millimètre près. Pour comparer des liquides dont les densités sont très peu différentes, il faudrait donc recourir à des tubes de très grande longueur; aussi le procédé n’est-il pas applicable dans ce cas particulier, mais il pourra rendre des services dans bon nombre de recherches industrielles qui exigent une méthode rapide plutôt qu’une grande précision.
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- Densimètre pour liquides.
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- PHOTOGRAPHIE INSTANTANÉE
- PAR L’ORTURATEUR DE PLAQUE
- Nous avons déjà montré à nos lecteurs des photographies représentant des chevaux aux grandes allures; mais nous n’hésitons pas à leur mettre sous les yeux au-jourd’hui une nouvelle collection qui vient de nous être envoyée parM. le vicomte de Ponton d’Amé-court. Cet habile amateur photographe a la bonne fortune d’avoir sous la main un cavalier hors ligne, M. le capitaine J.-B. Dumas, auteur de Y Equitation diagonale, et si les instantanées qu’il exécute sont intéressantes pour le photographe, elles le sont peut-être encore davantage pour les sportsmen, car leur perfection est telle, au point de vue des détails, qu’on perçoit le travail des muscles dans chaque exercice que fait le cheval. Le graveur n’a rien retouché aux épreuves qui nous ont été envoyées, elles sont reproduites à leur vraie grandeur. On voit que la netteté est à peu près absolue (fig. 1 et 2), malgré la vitesse de l’animal faisant un saut de lm,50 de hauteur et la grandeur de l’image exécutée au 1/35 de la grandeur réelle de l’objet. Les autres épreuves dont nous allons nous occuper s’appliquent à des exercices de haute école. La place nous manque pour parler de celles qui, représentant le galop de course, ont été exécutées d’après un pur sang de grands moyens donnant une véritable vitesse de
- course et non un galop plus ou moins allongé. Nous ajoutons aux reproductions des deux belles photographies du saut deux autres épreuves qui donnent ce (pie l’on appelle, en termes d’équitation, des airs de haute école. La figure 3 montre un sauteur hors piliers, faisant la pesade, premier temps de la capricole ;
- la figure 4 donne le dernier temps. Pour obtenir de tels résultats, M. de Ponton d’Àmé-court, après avoir essayé différents obturateurs, s’est arrêté à l’obturateur de plaque représenté ci-contre (fig. 5). Cet appareil ne se monte pas sur l’objectif, mais se place sur l’arrière de la chambre, immédiatement devant la surface sensible. Il est appliqué depuis quelques années sur une chambre à main de construction allemande, et en France un modèle a été présenté l'an dernier à la
- Société de photographie sous le nom de cMssis-obturateur. Celui dont s’est servi l’auteur des épreuves que nous reproduisons, s’adapte sur la partie postérieure de sa chambre et a été construit spécialement pour lui par M. Belliéni de Nancy. Avant de discuter la valeur de cet appareil, nous croyons devoir expliquer d’abord sa construction. Il a quelque analogie avec un store de voiture (fig. 5).
- Il se compose d’un rideau, en toile souple et imperméable à la lumière, dont les extrémités sont fixées sur deux cylindres A et B. Dans le milieu du rideau, on a ménagé une fente F qui a la longueur de la plaque photographique et une largeur variable avec le temps de pose qu’on désire. Le cylindre B
- Fig. 1. — Saut d’un cheval et son cavalier, à lm,45 de hauteur. (D’après une photographie instantanée.)
- Fig. 2. — Autre saut à 1”,50 de hauteur. (D’après une photographie instantanée.)
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- est actionné par un ressort qu’on remonte au moyen d’une clef, et dont le déclenchement s’opère au moyen du levier I) qu’on actionne par un système pneumatique ; une cordelette E, qu’on peut manœu-
- vrer de l’extérieur, sert à enrouler le rideau sur le cylindre A et a pour but, en outre, de l’arrêter au bout de sa course, lorsque la fente a parcouru toute la longueur de la plaque ; la puissance du ressort
- Fig. 5. — Sauteur hors piliers. La pesade, premier temps Fig. 4. — Sauteur hors piliers. Dernier temps de la Capncole.
- de la Capricole. (D’après une photographie instantanée,) (D’après une photographie instantanée.)
- est telle que, sans cette précaution, le rideau ne résisterait que peu de temps et serait arraché du cylindre auquel il est fixé. On comprend facilement le fonctionnement de l’appareil; nous n’insisterons pas là-dessus.
- Pour obtenir les résultats auxquels il est arrivé, M. de Ponton d’Amécourt s’est servi d’un objectif de 25 centimètres de foyer, diaphragmé au 1 /6 ou au 1/8; c’est-à-dire que l’ouverture employée était d’environ A à 3 centimètres.
- Avec de telles dimensions, des obturateurs montés sur l’objectif deviennent fort encombrants, et leur rendement serait du reste, dans tous les cas, inférieur à celui que donne l’obturateur à rideau dont nous venons de parler. Avec lui, en effet, pour chaque point de la plaque, au moment où passe la fente, l’objectif travaille toujours avec toute son ouverture; le rendement est presque égal à l’unité, la durée de l’action totale ou le temps de pose dépen-
- dant seulement de la longueur de la fente et de la vitesse du rideau. Si, par exemple, la fente a
- 1 millimètre de large et se déplace avec une vitesse de 1 mètre par seconde, la pose sera de 1 /1000 de seconde. Mais il faut bien faire attention à une chose, c’est que cette pose de 1/1000e de seconde s’appliquera à chaque bande de la plaque ayant 1 millimètre, et que, si la plaque a 10 centimètres de haut, l’ensemble de la pose pour toute la plaque aura été de 1/10° de seconde seulement. On peut donc, par ce procédé, avoir chaque point de l’image très net, mais tous les points de la même image n’auront pas été impressionnés au même moment, c’est-à-dire que l’image sera déformée. Cela n’a aucun inconvénient dans le cas, par exemple, qui nous occupe, et où le déplacement de la fente de l’obturateur se fait avecune grande vitesse relativement à la grandeur de l’image, cette vitesse pouvant du reste être encore augmentée
- Fig. 5. — Obturateur de plaque
- ayant servi à l’obtention des photographies reproduites ci-contre.
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- et ne dépendant que de la force du ressort employé. Mais, dans la pratique, pour des travaux ordinaires d’amateurs demandant souvent des poses moins rapides, nous ne pensons pas qu’il serait bon d’employer un tel instrument, car on aurait alors, avec des épreuves très nettes, des déformations tout à fait inacceptables. On pourra s’en rendre compte par l’exemple suivant. Supposons qu’avec l’obturateur ayant la vitesse que nous venons d’indiquer nous voulions photographier un bateau muni de son grand mat, passant par le travers devant l’appareil, et à une distance telle que le mat occupe toute la hauteur de la ulaque 9 X 12. Si le déplacement de l’image sur la plaque photographique se fait avec une vitesse égale à celle que met la fente à aller du bas au haut de la plaque sensible, c’est-à-dire, dans le cas que nous avons choisi, avec 1/10 de seconde, le bas du màt sera photographié dans un coin de la plaque et le haut dans le coin diagonalement opposé ; cela ne nuira pas à la netteté de l’image, mais peut-être bien un peu à sa vérité. Nous supposons ici un cas extrême ; il est clair que dans la pratique la déformation sera beaucoup moindre, presque invisible même dans certains cas, comme ceux que nous reproduisons ci-contre, où l’opérateur a habilement calculé la grandeur à donnera l’image, relativement à la vitesse du rideau. Il n’en est pas moins vrai, à notre avis, qu’il faudra se borner à appliquer cet appareil pour des cas tout à fait spéciaux, et nous souhaitons à nos lecteurs d’obtenir d’aussi bons résultats que ceux dont nous leur donnons un exemple aujourd’hui. G. Maresc-hal.
- LE
- PAIN DE POMMES DE TERRE TORRÉFIÉES
- M. L. Eug. Mouline, à Vals-les-Bains (Ardèche), a imaginé la torréfaction de la pomme de terre. Le but de l’inventeur a été surtout de diminuer les frais de transport d’un produit qui, comme la pomme de terre, contient jusqu’à 75 pour 100 d’eau.
- Voici en quoi consiste le procédé de M. Mouline. On lave soigneusement les pommes de terre et on les râpe, ou bien on les écrase au moyen des appareils employés pour faire le cidre. La pâtée, ainsi produite, est ensuite comprimée dans une presse, et on reçoit dans un récipient toute l’eau qu’il est possible d’en extraire, afin de pouvoir recueillir, après décantation, la fécule qui a été entraînée. Enfin, on désagrège la pulpe comprimée, ou bien on la divise avec un coupe-racines, et on la porte dans un four, modérément chauffé; là,on la retourne à de courts intervalles, jusqu’à ce qu’elle soit entièrement desséchée, en lui faisant prendre même une teinte blonde. On doit opérer à une température assez élevée, pour lui donner une saveur agréable, sans que la transformation de la fécule en dextrine soit complète. C’est ce produit, d'un transport très facile, d’une conservation assurée, et qui n’existait pas encore dans le commerce, que l’inventeur désigne sous le nom de pulpe torréfiée.
- Si cette pulpe torréfiée ne convient guère, à l’état brut, que pour l’engraissement des animaux domestiques, il est cependant possible de la faire servir à l’alimentation des
- hommes, en la convertissant,- avec de l’eau bouillante, en une purée dont on élimine les pellicules au moyen d’une passoire. On peut aussi la moudre et en tirer une farine blonde, qu’on blute comme d’usage.
- Mélangée avec de la farine de froment ou de seigle, dans une proportion qui peut aller jusqu’à 50 pour 100, cette farine de pulpe torréfiée produit un pain mixte de pommes de terre, analogue au pain de ménage, et très digestible à cause de la transformation partielle de la fécule en dextrine.
- Parmentier, avec le chevalier Mustel, avaient bien indiqué, il y a plus d’un siècle, un moyen d’introduire les pommes de terre dans la préparation du pain, mais ce procédé a été partout abandonné quoiqu’il eût donné lieu à une sorte d’engouement. Pourquoi ce procédé était-il défectueux ?
- C’est parce que la fécule de pommes de terre ne peut être introduite qu’en très faible proportion dans la pâte du pain, autrement elle le rend fade, sans lui apporter des éléments azotés en quantité suffisante, et c’est parce qu’il faut trop de temps pour éplucher les tubercules de petite dimension.
- En outre, la fécule contenue dans la mie du pain, n’ayant pas été convertie en dextrine, comme dans la croûte, n’est pas assimilée complètement, attendu qu’elle n’est transformée en glucose que sous l’action de la salive, et que la mastication est toujours insuffisante. De même, on a essayé, depuis bien longtemps, de produire de la farine de pommes de terre en desséchant celles-ci, coupées en tranches, dans un four un peu refroidi, après la cuisson du pain ; seulement on évitait de les faire roussir et il y avait une trop grande quantité d’eau à faire évaporer.
- La farine de pulpe torréfiée est naturellement moins pure que la fécule du commerce, puisqu’elle contient un peu de parenchyme, mais cette matière, quoique inerte, a été reconnue favorable pendant l’acte de la digestion, à cause de son action mécanique d’entraînement dans les intestins, par la même raison qui procure au pain de son sa vertu rafraîchissante.
- D’après ces indications, on voit que ce qui distingue » la farine de pulpe torréfiée de l’amidon grillé, ou dextrine du commerce, c’est, en premier lieu, le procédé de fabrication, et secondement, le degré différent de chaleur auquel la torréfaction est effectuée.
- N’étant pas destinée à remplacer la gomme dans les emplois industriels, la farine de pulpe torréfiée est donc moins soluble que la dextrine, mais elle l’est plus que les fécules ordinaires de pommes de terre, et c’est ce qui en constitue la valeur, en lui procurant une saveur plus appétissante.
- Par conséquent, l’auteur espère que l’emploi de sa pulpe torréfiée, avec celui de la farine blonde qu’elle produit, seront reconnus très avantageux au point de vue économique, et qu’il en résultera une extension de la culture des pommes de terre assez grande pour combler, pendant les années de disette, le déficit de la récolte des céréales.
- Les résultats obtenus par M. Mouline paraissent d’autant plus importants qu’avec les nouveaux progrès introduits dans la culture, M. Aimé Girard, le célèbre professeur de chimie, est parvenu à faire produire de 600 à 800 quintaux de pommes de terre par hectare, et que les propriétaires ne savent plus'quel parti tirer de cette masse de tubercules lorsqu’il n’existe ni féculerie, ni distillerie dans le voisinage.
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- UN ENNEMI DES PÂTURAGES
- LES PSYCHES
- La partie montagneuse de notre région lozé-rienne est essentiellement constituée par de vastes pâturages, où viennent s’échouer chaque année, soit d’immenses troupeaux de transhumance provenant des départements limitrophes, soit de véritables bandes de vaches exploitées à la fois au point de vue du lait et au point de vue de la reproduction. Grâce à l’élevage et à la fabrication de la fourme1, on a pu réaliser une certaine source de profits, dans une contrée déshéritée à tous égards, et qui n’aurait offert sans cela que l’aspect de la plus triste stérilité.
- Des le mois de mai, les deux replis montagneux de l’Aubrac et de la Margeride sont garnis d’un nombre considérable de bêtes à cornes, dont les joyeux beuglements donnent un air de gaîté et d’animation, dans ces régions si tristes pendant la saison hivernale. Malheureusement, un fléau d’une extrême gravité, et menaçant de s’étendre outre mesure, est venu jeter l’épouvante parmi tous nos montagnards et réduire, dans une forte proportion, la seule source de prospérité qu’ils possédaient jusqu’alors. Au premier abord, on croyait se trouver en présence d’un acridien semblable au criquet voyageur qui pullule à foison et produit chaque année de si grands désastres dans toute notre colonie algérienne. Les journaux politiques du printemps dernier signalaient déjà l’apparition du fléau sur les confins du Cantal et de la Lozère, et faisaient courir sur lui les bruits les plus alarmants.
- Spécialement chargé d’élucider la question, je me suis transporté dans les communes les plus éprouvées, afin d’être plus particulièrement fixé sur la nature de l’insecte, ses mœurs et sa manière de vivre.
- Un examen attentif me démontra qu’il ne s’agissait nullement d’une sauterelle, comme on l'avait présumé tout d’abord, mais d’un lépidoptère nocturne de la famille des Psychés, dont les transformations ne sont qu’imparfaitement connues.
- Nous croyons intéresser les lecteurs de La Nature en leur donnant quelques considérations générales sur la structure et l’évolution biologique de ces insectes.
- Les Psychés ont le port des Bombycites, elles n’en diffèrent que par une taille sensiblement moins amplifiée. Les femelles sont toujours aptères, excepté dans le genre Typhonia, état transitoire ; établissant d’une façon régulière le passage entre les deux tribus précitées. Elles forment un groupe de lépidoptères européens, assez remarquable à cause des habitudes singulières que possèdent les chenilles. Ces dernières sont glabres ou à peine pubes-centes, elles ont les trois premiers anneaux anté-
- 1 Immense fromage, plus particulièrement connu dans le commerce sous le nom de fromage du Cantal.
- rieurs recouverts d’une peau presque aussi dure que celle de la tête, tandis que les neuf autres sont protégés par une membrane de faible épaisseur, offrant une sécurité relative contre les agents extérieurs ; il n’y a donc rien d’étonnant que les Psychés se trouvent dans la nécessité de se construire une carapace pour protéger l’extrémité postérieure de leurs corps, et résister plus facilement aux intempéries. Les pattes, suivant la position qu’elles occupent, se divisent en pattes écailleuses et pattes membraneuses. Dans leur marche, les chenilles ne font usage que des pattes écailleuses, les autres, régulièrement réparties suivant une couronne de crochets, leur permettent de se tenir solidement accrochées aux parois internes des fourreaux qu’elles se sont fabriqués. Tapissés intérieurement par une membrane soyeuse, ces fourreaux sont principalement composés de débris végétaux (fragments de feuilles, brins d’herbes, fétus de paille, bûchettes de bois), solidement agglomérés au moyen d’une pâte sécrétée par l’insecte.
- Les tubes végétaux renfermant les curieux lépidoptères dont nous nous occupons, sont de dimensions différentes; les plus petits renferment des mâles, tandis que les plus gros servent d’abri aux femelles. Tout en se dissimulant à nos yeux sous la forme d’un bout d’épi, la Psycbé possède un système de défense d’une intensité suffisante, pour résister à bon nombre d’attaques que nous pourrions diriger contre elle. Examinons un peu la manière dont se comporte la chenille suivant les différents besoins de son existence. Veut-elle se déplacer? Immédiatement, elle laisse sortir de son fourreau sa tête et ses pattes écailleuses devant lui servir à s’accrocher sur l’extrémité des herbes qu’elle va dévorer. Veut-elle se reposer, au contraire? Elle fixe alors sa demeure au moyen de quelques fils habilement tendus sur les tiges des graminées et rentre dans l’intérieur de sa prison.
- La Psyché peut donc être comparée à une véritable tortue qui se réfugie au plus profond de sa carapace lorsqu’un danger extérieur devient imminent. Au moment de sa transformation, la chenille attache son fourreau contre un arbre ou une muraille, en bouche soigneusement la partie antérieure, puis se retourne en sens contraire afin que l’insecte parfait puisse sortir ou tout au moins se montrer par l’extrémité postérieure. Les chrysalides se comportent différemment suivant les sexes : celles des mâles se fendent sur le dos et sur la poitrine; celles des femelles restent intactes, c’est-à-dire dépourvues d’enveloppes pour la tête et pour la partie où devraient se trouver les organes du vol. Le produit de la métamorphose ou papillon a une certaine analogie avec une grosse mouche, il possède un corps grêle très velu, sur lequel viennent s’attacher des ailes à peu près dépourvues d’écailles et même quelquefois presque diaphanes. Quant aux femelles, elles restent dans l’intérieur de leurs fourreaux où elles sont fécondées par les mâles qui viennent les y trouver. Lorsqu’elle est sur le point d’effectuer l’acte
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- LA NATURE.
- physiologique qui doit assurer la perpétuation de son espèce, la femelle laisse passer l’extrémité postérieure de son corps, afin de déposer ses œufs dans un milieu éminemment favorable, présentant tous les caractères de sécurité désirables au point de vue de l’éclosion. Après la ponte, elle reste sur ses œufs à la manière de la poule sur ses poussins, garantissant par elle-même toute sa jeune progéniture, et trouvant la mort dans cette position, victime de son dévouement maternel. La période d’incubation terminée, les œufs éclosent et donnent naissance à de jeunes chenilles qui, peu reconnaissantes des sacrifices que les leurs se sont imposés, commencent à dévorer les cadavres de leurs mères, puis se dispersent sur les plantes voisines en se construisant un fourreau semblable a celui de leurs parents, et continuent l’œuvre de dévastation que leurs ancêtres avaient entrepris dans de si vastes proportions.
- Les espèces de Psychés étudiées jusqu’ici sont fort nombreuses ; elles sont particulières à l’Europe et vivent sur les lichens et les plantes basses, principalement les graminées. Cependant, quelques-unes se trouvent localisées sur certains arbres tels que : les chênes, les saules, les cormiers ; mais elles forment une exception.
- La multitude des espèces entraînant souvent des confusions, on est arrivé à distinguer toute une catégorie de Psychés sous le nom de Fumea. D’après Stéphens, la Fumea forme un groupe un peu plus élevé dans lequel les femelles, quoique aptères, sont encore pourvues de tarses et d’antennes complètes, tandis que les Psychés, proprement dites, ne possèdent que des femelles vermiformes. La fameuse chenille, qui s’est propagée avec une aussi grande intensité et qui a exercé cette année de si terribles ravages dans les pâturages du Cantal et de la Lozère, appartient au premier groupe; c’est la Fumea pectinella.
- La Fumea n’occasionne aucun dégât dans les prés irrigués ; elle semble fuir constamment devant l’eau qui amoindrit sensiblement son système de défense et paralyse tous ses mouvements. Malheureusement, il n’en est pas de même pour la région montagneuse, où elle occasionne des déprédations épouvantables. L’aspect que présentaient cette année certaines parties des montagnes d’Aubrac était absolument terri-
- fiant. J’ai pu voir, dans l’arrondissement de Marve-jols, des prés où la récolte était en partie compromise à la suite des attaques réitérées de ce maudit lépidoptère. Aussi, rien ne saurait dépeindre le désespoir de nos montagnards, voyant soudainement se dresser devant eux un fléau aussi funeste qui menace de prendre une si grande extension dans l’avenir.
- L’eau, avons-nous dit, entrave tous les mouvements de la Psyché, et la force d’abandonner son infernale besogne; c’est pourquoi les années sèches sont toujours beaucoup plus désastreuses que les autres.
- Si, pendant le courant de l’été, il survient de fortes pluies, on voit la chenille quitter l’extrémité des herbes sur lesquelles elle était accrochée, tomber dans un engourdissement complet, et abandonner tout travail ; on peut alors en remarquer sur le sol une couche plus ou moins régulière, dont l’épaisseur est quelquefois considérable. Pendant les périodes pluvieuses, il n’est pas rare non plus de voir les rochers disséminés çà et là dans la montagne, garnis d’un très grand nombre de chenilles qui viennent s’y réfugier et chercher un abri contre l’humidité qui possède sur elles des effets si funestes.
- Les moyens de destruction, jusqu’alors fort restreints, s’appliquent soit sur la chenille, soit sur le papillon.
- On se débarrasse des chenilles ou des chrysalides, en les brûlant sur place avec de la paille préalablement imbibée de pétrole ; on peut aussi détruire les papillons en les attirant dans de grands feux allumés au crépuscule. Les insecticides employés pour combattre le Négril de la Luzerne semblent posséder une énergie suffisante pour déterminer promptement la mort de la Psyché. Enfin, le chaulage des prairies granitiques et siliceuses, notamment avec la chaux d’épuration du gaz, paraît également donner d’assez bons résultats. Ces quelques remèdes, malheureusement trop incomplets par eux-mêmes, guideront cependant les propriétaires, qui devront apporter tous leurs soins pour tâcher d’obtenir la destruction d’un insecte s’annonçant sous d’aussi tristes auspices, et menaçant, par sa rapide propagation, d’entraîner la ruine de toute la région montagneuse.
- Albert Vilcoq,
- Professeur d’agriculture de l’arrondissement de Marvejols.
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- Psychés. — Chenilles à la surface du sol; sur les tiges, luhes végétaux renfermant les lépidoptères; çà et là, Papillons.
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- IA PIERRE DE TONNERRE D’HASSHEKNÂ
- Un Mouadhi de la tribu des Chaanbas-Mouadhi, errant dans les solitudes sahariennes qui environnent El Gole'a, et trouvant dans la vallée de l’Oued Megui-den les conditions nécessaires à un séjour, planta sa tente à quelques kilomètres à l’est du puits d’IIassi-Iekna. Les hommes étaient à la chasse dans les environs du campement quand un grand bruit éclata tout à coup dans l’atmosphère, et les femmes restées assises devant les tentes virent, à 500 mètres environ, un corps noir frapper le sol et faire voler le sable comme un boulet qui eût porté dans la dune.
- Les chasseurs effrayés avaient regagné leur demeure en hâte ; mis au courant de ce que leurs compagnes avaient vu, ils se précipitèrent vers l’endroit désigné et trouvèrent dans le sol une cavité en forme d’entonnoir qu’ils fouillèrent avidement. A 80 centimètres environ, les mains rencontrèrent, dans les graviers, une masse si chaude que les doigts en furent cruellement brûlés. Nos Arabes sont bien braves, mais la superstition est si solidement implantée dans leur esprit que sans chercher à éclaircir davantage le mystère, persuadés qu’un esprit infernal était dans l’affaire, ils abandonnèrent l’entreprise et rentrèrent chez eux au plus vite.
- Pourtant une curiosité invincible les ramena le lendemain à l’excavation abandonnée. La petite masse noire était toujours là, mais tout à fait refroidie, facile à extraire et à manier. Les Chaanbas l’emportèrent et le Mouadhi la garda comme une chose précieuse.
- Combien de temps la conserva-t-il? C’est ce que nous ne saurons jamais à cause du mépris que les chasseurs errants du Sahara professent pour les dates. Sans doute plusieurs années. M. Hélo, capitaine au 3e régiment de tirailleurs, vit alors l’échantillon et parvint à l’obtenir du chef qui le livra sous le nom bien expressif de pierre de tonnerre. Il ajouta que ces pierres ne tombent que très rarement, à de très longs intervalles, mais que, dans les temps passés, elles tombaient beaucoup plus fréquemment dans le désert. Ce sont d’ailleurs des matériaux utilisables, et des manuscrits enseignent qu’on en peut faire des
- poignards et des sabres auxquels l’imagination arabe prête des qualités de tranchant tout à fait fantastiques.
- Quoi qu’il en soit, la pierre de tonnerre de Hassi-Iekna est bien réellement une météorite, et c’est ce dont j’ai pu m’assurer, grâce à la bonne pensée de M. le capitaine Hélo d’envoyer en France son échantillon que j’ai été assez heureux pour obtenir, et qui figure maintenant dans la collection du Muséum d’histoire naturelle.
- Il est digne de remarque que, depuis quelques mois seulement, nous possédions déjà une autre masse de même origine trouvée à Haniet-el-Beguel, près de Ghardia, dans leM’zab, par des puisatiers qui avaient foncé à 10 mètres de profondeur dans le diluvium.
- Aussi, on comprend avec quel empressement j’ai soumis la météorite d’IIassi-Iekna à un examen attentif. Nos lecteurs voient, par la figure ci-jointe, et que M. Bi-deault a dessinée sous mes yeux avec son talent habituel, qu’elle a une forme bien spéciale : c’est comme une espèce de goutte ou de larme contrastant profondément par la forme très arrondie de son contour avec le profil ordinairement si anguleux et si irrégulier des météorites. Çà et là la superficie a conservé des portions de la croûte noire dont la masse s’était entièrement couverte durant son trajet au travers de l’atmosphère, et les endroits dépouillés de cette vraie livrée météorique révèlent, par leur couleur blanc d’acier, la nature métallique de la masse.
- Celle-ci, en effet, est formée de fer massif et c’cst ce que son poids de 1250 grammes suffisait déjà à indiquer. Toutefois sa substance n’est pas du fer pur et l’analyse m’y a montré près de 6 pour 100 de nickel, ainsi que de petites quantités de cobalt, de cuivre, de soufre, de charbon et d’un phosphure métallique insoluble dans les acides, caractéristique des météorites et connu sous le nom de schreibersite.
- On peut faire voir, en outre, que la météorite n’est pas faite d’une combinaison homogène de ces substances, mais consiste en un mélange de plusieurs éléments complexes parmi lesquels se signalent surtout deux alliages de fer et de nickel très différents l’un de l’autre. 11 se trouve, en effet, que ces
- -H- 't^c
- Météorite tombée eu Algérie. (Grandeur naturelle.)
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- LA NATURE.
- deux alliages sont très inégalement solubles dans l’acide chlorhydrique ; de sorte que si, après avoir poli une surface du fer on la soumet à l’action de ce réactif, l’un des alliages, à peine attaqué, conservera son brillant pendant que l’autre sera bien plus profondément corrodé. Le premier, qui est en lamelles relativement minces orientées les unes sur les autres suivant des angles déterminés, apparaîtra sur le fond attaqué avec la forme d’un réseau régulier. Il en résulte une de ces figures d’attaque désignées sous le nom de Widmannstœtten, le minéralogiste allemand qui le premier les a signalées.
- Les figures données par le fer d’Uassi-Iekna sont très caractérisées. Elles se trouvent être sensiblement identiques à celles que donnent deux fers déjà conservés dans la collection sous les noms de Victoria West et de Bâtes County. Cette identité entre des masses provenant de chutes distinctes rapprochée de la différence profonde par rapport à d’autres masses et, par exemple, dans le cas particulier, par rapport au fer d’IIaniet-el-Beguel qui est d’un tout autre type, est extrêmement instructive et contribuera certainement à nous éclairer définitivement sur l’origine des météorites. Stanislas Meunier.
- CHRONIQUE
- Le téléphone de New -York à Chicago. — Le
- 18 octobre 1892, a été inaugurée la plus longue ligne téléphonique actuellement établie, ligne reliant New-York à Chicago sur une distance de 950 milles (1520 kilomètres). Elle est constituée par deux fils de cuivre n° 8 de la jauge américaine (4 millimètres de diamètre) pesant 455 livres par mille (plus de 110 kilogrammes par kilomètre), ce qui donne un poids total de 826 590 livres (575 000 kilogrammes) pour les 5040 kilomètres de fil. Les câbles sont posés en faisant des croisements fréquents, afin d’équilibrer les effets d’induction qui pourraient se produire. Les câbles ont été évités autant que possible et n’ont été employés que pour la traversée des rivières dans le voisinage de New-York. Les poteaux sont en cèdre et en châtaignier, de 12 mètres de hauteur, et au nombre de 45 par mille environ (28 par kilomètre), ce qui porte le total à 42 750. L’appareil de transmission employé est le téléphone à longue distance du modèle américain. Eu égard à la distance et au coût élevé d’installation de la ligne, le prix delà conversation a été fixé à 9 dollars (45 francs) par 5 minutes. Bien que ce prix soit élevé, The Electrical World, à qui nous empruntons ces détails, estime que les hommes d’affaires trouveront autant d’avantages à communiquer téléphoniquement entre eux et le préféreront, dans certains cas, au télégraphe. Une des conversations les plus remarquables qui ont eu lieu le jour de l’inauguration, est celle du professeur Graham Bell avec M. William II. Hubbard, qui fut son assistant dans l’installation de la première ligne téléphonique établie pour l’Exposition du Centenaire, en 1876. La même ligne, prolongée jusqu’à Boston, a permis de téléphoner sur une distance de près de 1200 milles (1920 kilomètres).
- Voyages aériens de longue durée. — Dans notre dernière livraison nous avons publié, sous ce titre, une Notice dans laquelle nous disions, d’après les renseignements qui nous avaient été communiqués, que
- M. Mallet avait exécuté un voyage aérien ayant duré 56 heures et demie, et que ce voyage était le plus long qui ait été exécuté jusqu’ici. Les renseignements qui nous avaient été donnés n’étaient pas complets. Le ballon de M. Mallet, a touché terre pendant le trajet; par conséquent l’expédition dont nous avons parlé peut être considérée comme une succession de deux voyages aériens, ce qui retire tout le caractère de durée exceptionnelle de l’ascension. Le départ de l’usine de la Yillette a eu lieu, comme nous l’avons dit, le dimanche 23 octobre, à 6 heures du soir. Le lendemain, lundi 24, à 7h30 du matin, le ballon, recouvert de neige et dépourvu de lest, a pris terre à Ottonville, en Alsace. Une pluie abondante balaya la neige du ballon, l’aéronaute recueillit des boules de terre en guise de lest et repartit, après être resté 25 minutes environ à la surface du sol. Le ballon frôla encore la terre à 5 heures du soir, dans les environs de Coblentz, puis, à 41>30, dans une vallée de la chaîne du Taunas. Le mardi 25 octobre, à 6h30 du matin, l’arrêt définitif eut lieu à Walhen (liesse allemande). Malgré les atterrissages, nous n’en considérons pas moins ce voyage comme remarquable, mais il cesse de pouvoir être considéré comme le plus long.
- Une maison en aluminium. —- On commence actuellement à Chicago — nous apprend le journal Iron — la construction d’une colossale maison à seize étages, au coin des rues State et Madison. Dans cette maison, les architectes ont eu l’idée de substituer aux façades ordinaires faites en brique ou en terre cuite, un revêtement d’aluminium fondu en plaques d’un demi-centimètre d’épaisseur. L’immeuble qui est naturellement incombustible, comme la plupart des constructions américaines récentes, est soutenu par une charpente de colonnes de fer. C’est entre les colonnes que seront posées les plaques d’une dimension de 80 centimètres sur 50. Elles seront maintenues par des sortes de croisillons également en aluminium, d’une largeur de 15 centimètres, et l’espace vide laissé derrière elles sera rempli de matériaux incombustibles. On bouchera les petits jours entre les croisillons avec du ciment Portland. La composition des plaques et des bandes employées pour ce travail est de 90 pour 100 d’aluminium contre 10 pour 100 de cuivre. Une autre curiosité de ce nouvel immeuble est la dimension des fenêtres dont quelques-unes dépassent 6m,60 de large. — Une ordonnance de la municipalité de Chicago défend, il est vrai, d’élever dans la ville des maisons de plus de douze étages. Mais, comme d’une part, elle ne limite pas en mètres la hauteur à atteindre, et que, d’autre part, la permission de bâtir a été accordée aux hardis innovateurs antérieurement à l’ordonnance dont il s’agit, on peut prédire aux visiteurs de la prochaine Exposition colombienne une merveille de plus : la maison de seize étages en aluminium.
- Un buste en charbon. — Ou vient de tirer de la veine Bennett, à Plymouth (Pensylvanie), un bloc d’anthracite remarquable par ses dimensions, car il n’a pas moins de 5 pieds de côté (lra,5) et pèse près de 5 tonnes. Ce bloc sans précédent a été envoyé à Nebraska pour être ciselé en un buste énorme représentant le futur président de la République des États-Unis. Cette pièce de sculpture, unique en son genre, est destinée au département de l’anthracite, à l’Exposition de Chicago. Si le scrutin pouvait faire élire un nègre, jamais matière sculpturale n’aurait été mieux choisie, mais les lois américaines rendent ce secret espoir absolument illusoire.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance dul nov. 1892.— Présidence de M. de Lacaze-Duthiers.
- La nouvelle méridienne de France. — M. le colonel Bassot, chef de la section de géodésie du service géographique de l’année, lit un important Mémoire sur les résultats fournis par la nouvelle mesure de la méridienne de France. Les opérations, commencées sur le terrain en 1870, n’ont pris fin que cette année. Le programme des travaux avait été ainsi réglé dès l’origine : 1° mesure de tous les angles aux différentes stations de l’arc, à l’aide du cercle azimutal réitérateur; 2° nouvelle détermination des coordonnées du Panthéon institué point fondamental de la triangulation française ; o° mesure de trois bases, l’une à Dunkerque, l’autre à Juvisy, la dernière à Perpignan, en fonction de l’étalon métrique international rapporté au mètre des archives; 4° le calcul du nouvel arc méridien, puis celui des six parallèles greffés sur celui-ci, la vérification des hases des ingénieurs géographes, enfin la compensation générale du réseau français. Les mesures d’angles ont été achevées en 1888, l’étalonnage des appareils de mesure des bases a été effectué de 1888 à 1890, et enfin les bases ont été mesurées de 1890 à 1892. Les coordonnées géographiques .du Panthéon ont été déterminées en 1884. La continuité de la chaîne avec les réseaux espagnols et anglais a été obtenue au moyen de visées sur les derniers signaux étrangers. De plus, en huit sommets de la méridienne, on a déterminé astronomiquement la longitude, la latitude, l’azimut d’un des sommets voisins; le nombre total de points de ce genre sera porté à 10 ultérieurement. Après avoir ainsi nettement exposé le plan général de l’œuvre, M. le colonel Bassot indique la part considérable qu’il a prise à son exécution, car si Perrier fut le promoteur, il a été le collaborateur de la première heure et depuis dix ans a assumé effectivement la conduite du travail. Il entre ensuite dans le détail des opérations complexes comprises dans chacune des divisions indiquées ci-dessus. Notons brièvement que l’erreur commise sur la somme des trois angles qui constituent chaque triangle n’atteint, en moyenne, que 0'',5 positivement ou négativement, sans caractère systématique, que la base de Juvisy a été mesurée deux fois accusant ainsi un écart kilométrique de 0m,001, c’est-à-dire 0m,0089 pour la ligne entière. 11 est donc permis de croire que la précision des bases arrive au 1/1 000 000 et cela également sans erreur systématique, grâce aux soins tout particuliers apportés à l’étalonnage des règles. On a pu également déterminer du même coup l’erreur commise par Delambre sur les deux bases de Perpignan et de Cassel qui sont communes. La longueur de la base de Perpignan a été trouvée trop courte de 0m,29 ; le calcul n’est point complètement achevé pour celle de Dunkerque. Celle de Melun s’accorde à 0,01 près sur 11 kilomètres. Les coordonnées du Panthéon ont été déduites d’un ensemble d’observations astronomiques effectuées en quatre points symétriques placés, à Morlu, Bry-sur-Marne, Mont-Valérien et Chàtillon, afin de s’affranchir de l’effet des trépidations du sol à Paris et des impuretés de l’atmosphère de la grande ville. Les huit stations astronomiques adjointes à la méridienne ont été placées à Rivesaltes, Carcassonne, Rodez, Puy-de-Dôme, Saligny-le-Vif, Lihons (Somme) et Rosendael (Dunkerque). En appliquant aux coordonnées astronomiques et aux coordonnées géodésiques calculées en partant du Panthéon un théorème dû à La-plade, on a pu s’assurer que les deux systèmes s’accor-
- daient presque toujours à moins de 1". D’où un nouveau critérium de l’excellence de l’œuvre. Aux côtés de jonction avec les triangulations étrangères, les valeurs
- 1
- françaises diffèrent svstématiquement de , écart
- " bu U00
- justifié en ce qui concerne les triangulations belge, anglaise et italienne, par ce fait qu’elles sont rapportées à la toise de Bessel et qu’un récent étalonnage de cette toise a 1
- révélé une erreur de r - . Mais l’écart est inexpliqué du
- côté des Espagnols. Le calcul de l’arc méridien entre les stations extrêmes, pour une amplitude de 8°. 17'.27",2 accuse seulement un écart de 5 mètres avec la longueur théorique dérivée des éléments terrestres de Clarke (1881).
- \
- Donc, dans son ensemble, l’aplatissement - s’adapte
- 290,4b
- très bien à l’arc français; mais si l’on divise cet arc en segments, l’accord est moins heureux. Les degrés moyens sont trop longs dans le nord et trop courts dans le sud ; le changement de signe se produit au nord du plateau central. Cette irrégularité avait été déjà révélée d’ailleurs par l’ancienne triangulation. L’étude détaillée de ces anomalies ne pourra être entreprise que lorsque l’on aura terminé les stations astronomiques qui restent à exécuter. Enfin entre les deux points les plus éloignés qu’il a été possible d’identifier sur la nouvelle et l’ancienne méridienne, l’arc nouveau surpasse l’arc ancien de 44m,7.
- L’influence de la dispersion des engrais.— M. Schlœ-sing s’est préoccupé de l'influence que pouvait exercer la dispersion des engrais dans le sol au point de vue de leur utilisation. On sait en effet que les sels de potasse et les superphosphates sont insolubilisés en partie dans le sol, dans un rapport très variable pour les premiers, et complètement au bout de quelque temps pour les seconds. Les traités spéciaux recommandent la division aussi parfaite que possible de ces substances et leur mélange intime avec la terre. Il a expérimenté sur un sol pauvre afin de faire ressortir d’une façon évidente le rôle de l’engrais employé. 2000 kilogrammes de terre ont été divisés en deux parts, et il a donné à chacune la quantité d’engrais représentant une bonne fumure, mais en la répartissant de façons différentes. D’un côté, les substances fertilisantes ont été mélangées d’une façon parfaite avec la terre, tandis que, de l’autre, on les a simplement déposés dans des sillons parallèles creusés régulièrement de 15 en 15 centimètres, et qui ont été ensuite recouverts de terre. On a cultivé les mêmes espèces : blé, haricots, pommes de terre, etc., et, chose presque inattendue, étant données les idées régnantes, ce sont les deuxièmes cultures qui se sont montrées supérieures, quoique la maturation ait été constamment plus tardive. Mais pour éviter l’inégalité qui aurait résulté du temps, on a coupé toutes les cultures à l’instant de la maturation des premières. Les végétaux ont été ensuite pesés et il a été procédé aux dosages. On a relevé des proportions d’acide phosphorique fixé beaucoup plus considérables, dans le cas de l’épandage en sillon, ainsi qu’un poids bien plus fort pour les végétaux.
- Le pouvoir rotatoire des sels de diamines. — M.Moissan présente une Note de M. Colson dans laquelle ce savan tinon-tre que le pouvoir rotatoire spécifique des sels de diamines ne dépend pas de la dilution, d’où il résulte que la dissociation par l’eau de ces sels est très faible. Par l’étude des tartrates et des diacétyltartrates de diamines, M. Colson montre que les exceptions qu’il a déjà signalées à la théorie de M. Gage sur le carbone asymétrique sont de plus
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- en plus nombreuses. En ce qui concerne les corps cycliques, les sels qui possèdent cette constitution ont généralement un pouvoir rotatoire de même sens que celui de l’acide générateur et non un pouvoir contraire, comme le feraient supposer les réponses des stéréochirnistes. Le sens du pouvoir rotatoire s’expliquerait plus simplement par la notion de la conservation du type moléculaire que M. Col-son développe, quoique cette théorie soit contraire à la théorie du carbone asymétrique. En négligeant ce principe, on serait conduit à attribuer l’activité optique à certains sels métalliques d’acides inactifs.
- Varia. — M. de Tillo a comparé des observations magnétiques effectuées dans lLYsie centrale aux indications données par les cartes magnétiques anglaises. — Le saturnisme a été radicalement combattu à Baccarat par la substitution, aux meules d’étain pour la taille des cristaux, de meules recouvertes d’acide métastannique. Le nombre annuel de journées d’hôpital qui était de 1500 est tombé à 0. — M.Duclaux donne son opinion sur la question de la fixation de l’azote par les végétaux du sol, telle qu’elle résulte des travaux de MM. Scldœsing fils et Laurent, ses élèves, et de ceux de M. Berthelot. Ce dernier n’accepte pas complètement les appréciations de M. Schlœsing et la question reste, en somme, soumise au jugement des savants.
- Election. — M.
- Appcll, professeur de mécanique à la Faculté des sciences, est élu membre de la section de géométrie par 53 voix sur 54 en remplacement de M. Ossian Bonnet. Ch. de Yilledeuil.
- PHYSIQUE AMUSANTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE1
- BOUTEILLE ET VERRE VOYAGEURS
- Sur une table, sont présentés, au lever du rideau, une bouteille et un verre, celui-ci plein de vin jusqu’au bord. Le physicien verse dans la bouteille la moitié du liquide « qui sans cela pourrait se répandre pendant le voyage » ; puis, deux cylindres en papier, de même diamètre que la bouteille, sont confectionnés sous les yeux des spectateurs avec deux feuilles de papier et quatre épingles ; ils sont destinés à recouvrir la bouteille et le verre que l’on a écartés à une petite distance l’un de l’autre (fig. 1).
- Instantanément, et d’une manière invisible, les
- deux objets changent de place une première, une seconde fois, et cependantil n’y a toujours rien dans les cylindres en papier qui, ostensiblement, sont déchirés en cent morceaux.
- Notre figure 3 dévoile le mystère. La bouteille est en fer-blanc verni, sans fond ; elle recouvre une seconde bouteille semblable, légèrement plus petite, et, au milieu, se trouve caché un verrre pareil à celui que l’on a présenté, mais vide; il reçoit la moitié du vin que l’on a retiré du premier verre ; cette opération doit contribuer à convaincre les spectateurs qu’ils sont en présence d’une bouteille ordinaire, munie d’un fond et apte à contenir un liquide.
- Le physicien recouvre d’abord la bouteille de l’un des cylindres en papier, comme pour essayer s’il a bien le diamètre convenable, mais il le retire aussitôt et le place debout sur la table ; seulement, ce que
- personne ne peut soupçonner, il a enlevé en même temps, en serrant un peu le papier, le première bouteille ; c’est la seconde que l’on voit alors, en tout semblable à l’autre, et dont l’étiquette, tournée du même côté, porte une petite déchirure ou des taches identiques qui ont pour but de faciliter la méprise.
- Son bavardage terminé,le prestidigitateur placele cylindre qui est vide sur la seconde bouteille et recouvre le verre, de celui dans lequel est dissimulée la première (fig. 2) ; la baguette magique est mise en action, après quoi, seul le cylindre en papier est enlevé du côté où d’abord on voyait le verre, tandis que, du côté opposé, la bouteille retirée découvre le verre qu’elle cachait. L’opération est recommencée en sens inverse, et enfin, sous prétexte de faire constater une fois de plus que l’un ou l’autre tube de papier peuvent être indifféremment employés de part et d’autre, celui qui renferme encore, à l’insu des spectateurs,‘la première bouteille, est replacé sur la seconde; cela se fait si rapidement que ce n’est, en apparence, qu’un geste, mais il n’en a pas fallu davantage pour débarrasser le cylindre de son contenu et rétablir les choses en leur état primitif.
- — A suivre — MaGUS.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissanuiisr.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
- Fig. 1, 2 et 3. — Expérience de prestidigitation, faite avec une bouteille mécanisée.
- 1 Suite. — Voy. n° 1011, du 15 octobre 1892, p. 319.
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- N» 1016. — 19 NOVEMBRE 1892.
- LA NATURE.
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- DESTRUCTION
- DES MULOTS OU SOURIS DES CHAMPS
- PAH UNE ÉPIDÉMIE DE TYPHUS
- Il y a un an, nous faisions connaître dans La Nature la décou verte d’un champignon parasite du hanneton et du ver blanc, et l’application pratique de cette découverte à la destruction de ces terribles ennemis des champs, des prairies et des bois. Aujourd’hui nous avons à signaler une nouvelle découverte du même genre due à M. Lœfller, le savant professeur de bactériologie, déjà universellement connu par scs travaux sur le bacille de la diphtérie.
- Ayant observé que la souris était sujette à une sorte de fièvre typhoïde, M. Lœfller a réussi à isoler et à cultiver le microbe de cette maladie. Ayant acquis, d’autre part, la certitude que, très funeste pour les souris, le meme microbe était complètement inofiensif pour l’homme et les animaux domestiques qui pouvaient en absorber de grandes quantités sans éprouver le moindre mal, M. Lœfller n’a pas hésité à mettre en pratique cette idée, émise il y a quelques années déjà par M. Pasteur, de détruire les êtres nuisibles par des épidémies provoquées artificiellement au moyen de cultures des microbes pathogènes. 11 n’a pas manqué de nombreuses occasions pour expérimenter l’eflicacité de ses cul-
- Destructiou des mulots ou souris des champs.
- tures de « Myoktanine » sur une très vaste échelle.
- Au mois de mars dernier, une des provinces de la Grèce, la Thessalie, fut le théâtre d’une invasion formidable de mulots. Le gouvernement hellénique, après avoir essayé de tous les moyens connus, se décida à profiter de ladite découverte et s’adressa à M. Lœffler en le priant de venir en Grèce diriger personnellement les travaux de défense contre ce terrible lléau. Le 9 avril, M. Lœfller arriva à Athènes, fut reçu par M. Constantopulos et se rendit aussitôt à Larissa (capitale de la Thessalie), accompagné du Dr Pampouki, directeur du laboratoire de bactériologie d’Athènes. Sans plus tarder, les deux savants se mirent à l’œuvre.
- Us imprégnèrent de leurs cultures microbiennes des morceaux de pain de la grosseur du doigt et les distribuèrent aux cultivateurs de la région en leur
- recommandant de mettre le pain ainsi préparé dans les trous et couloirs creusés par les souris. Pour démontrer la parfaite innocuité de cette préparation pour l’homme et tous animaux autres que les souris, ils n’ont pas hésité à manger eux-mêmes du pain imprégné et d’en donner à tous les animaux domestiques. Tous ces animaux se sont montrés réfractaires à l’action de ce microbe spécial.
- En ce qui concerne les souris, les résultats ne sc firent pas attendre et furent tels qu’on l’avait espéré.
- Quelques semaines après, M. Lœffler recevait de nombreux télégrammes de félicitation et les remerciements d’une nombreuse population dont il s’était acquis la reconnaissance. 11 avait réussi à préserver d’une destruction certaine une récolte estimée à plus de 50 millions. Il n’était donc plus possible d’avoir le moindre doute sur l’efficacité de la méthode appli-
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- LA N AT U UE.
- quée ainsi en grand dans tonte une vaste province, et il nous a semblé intéressant de connaître la manière de procéder et de préparer les cultures typhiques de M. Lœfller pour en répandre l’emploi en France, où les invasions des mulots ne sont malheureusement que trop fréquentes.
- Nous nous sommes mis en rapport avec le savant professeur qui a bien voulu nous faire parvenir un certain nombre de ses tubes des cultures ; nous en avons expérimenté aussitôt l’effet et nous pouvons mettre à la disposition de nos agriculteurs le remède qui a si bien réussi en Thessalie.
- Le mode d’emploi de la Myoktanine est des pins simples. On prépare une solution d’une cuillerée de sel de cuisine dans un litre d’eau; on fait cuire dans une casserole et on laisse refroidir. Avec ce liquide refroidi, on remplit jusqu’au deux tiers environ (après avoir enlevé le bouchon d’ouate) le tube contenant le bacille, on secoue fortement et on verse le contenu dans la casserole. On écrase avec la main les morceaux qui sont restés compacts et on remue le tout soigneusement de façon à obtenir un liquide parfaitement uniforme. On coupe, ensuite, du pain rassis, de préférence du pain blanc, en cubes de 1 à 2 centimètres, que l’on jette dans la casserole. Lorsque ces morceaux de pain sont imprégnés du liquide, on les retire pour les placer dans une corbeille ou un vase quelconque.
- On n’a alors, pour atteindre les mulots, que de parcourir les champs contaminés et de jeter un morceau de pain imprégné dans chaque trou de souris. Au bout de huit jours, on trouve un peu partout des souris mortes ou malades; quinze jours après l’opération, on ferme les trous. Dans le cas où des trous nouveaux viendraient à s’ouvrir, on n’a qu’à préparer une solution nouvelle et à jeter du, pain imprégné dans les trous qui se sont rouverts. Le résultat est alors assuré. Selon le nombre de souris ou trous de souris qu’on voit dans ces champs, il faut compter un ou deux tubes par hectare.
- L’emploi de ce spécifique est tout aussi indiqué pour combattre les invasions des souris dans les maisons d’habitation et dans les magasins. On opère de la même façon que dans les champs en jetant des morceaux de pain imprégné dans les endroits visités par les souris. Comme nous l’avons déjà indiqué plus haut, les souris seules sont détruites par ce procédé ; tous les autres animaux n’ont rien à redouter en mangeant du pain préparé, ou même des souris mortes de l’épidémie. J. Danysz,
- Directeur du Laboratoire de parasitologie de la Bourse du commerce.
- DORÉE DES LAMPES À INCANDESCENCE
- Tous les fabricants de lampes à incandescence cher-client, dans la concurrence acharnée à laquelle ils se livrent, à séduire les clients par l’annonce de lampes d’un prix très bas, d’une faible dépense spécifique et d’une durée élevée. Si la lampe à incandescence était un appareil parfait, dépensant toujours la même puissance électrique,
- produisant la même intensité lumineuse et durant strictement le nombre d’heures indiqué par le prospectus, il n’v aurait pas de problème : la meilleure lampe serait celle qui, pour une durée donnée, produirait la plus grande quantité de lumière, en dépensant le moins d’énergie électrique.
- Malheureusement, il n’en est pas ainsi en pratique; bien que la consommation d’une lampe électrique reste sensiblement constante, sa puissance lumineuse s’affaiblit avec le temps, et d’autant plus rapidement que la lampe est plus poussée. Il en résulte que, à lumière égale, les lampes à incandescence dépensent de plus en plus, et qu’à un moment donné cette dépense est tellement élevée qu’il y aurait tout avantage à briser la lampe et à lui en substituer une neuve.
- C’est ce qu’il est facile d’établir par une ingénieuse méthode graphique employée par M. E. O’Keenan, attaché au laboratoire d’électricité de la Compagnie parisienne de l’air comprimé, pour l’étude comparative des différentes lampes en service sur le secteur qui lui est attribué.
- Voici la méthode employée par M. O’Keenan pour déterminer ce qu’il appelle pittoresquement le point de cassage d’une lampe à incandescence donnée.
- Supposons qu’il s'agisse d’une distribution d’énergie électrique vendant l’énergie à un prix donné et que nous y installions des lampes de différents fabricants. Nous nous proposons de déterminer la valeur de chaque type de lampe et l’instant précis pour lequel il y a intérêt à casser ou revendre la lampe au lieu de continuer à nous en servir. Pour fixer les idées et simplifier les calculs, nous supposerons le prix de l’énergie électrique à 1 franc le kilowatt-heure et celui de la lampe à 2 francs.
- Pour déterminer la valeur des lampes que nous comparons, nous prendrons au hasard, dans un lot, un certain nombre d’entre elles, dix, par exemple, et nous supposerons que ces dix lampes représentent la valeur moyenne de la fabrication étudiée.
- Cela fait, nous disposons ces dix lampes sur une différence de potentiel constante, correspondant aussi bien que possible au potentiel normal pour lequel ces lampes sont établies, et nous étudions comment varient, en fonction du temps, l’intensité du courant dépensé par la lampe, d’une part, et, d’autre part, l’intensité lumineuse dans une direction donnée.
- On trace alors deux courbes représentatives, en portant le temps en abscisses, et en ordonnées les valeurs de l’intensité du courant et de la puissance lumineuse.
- L’intensité du courant fourni, multipliée par la différence de potentiel aux bornes de la lampe, nous donne la puissance en watts absorbée par la lampe. Nous pouvons alors déterminer, d’une part, la quantité d’énergie électrique dépensée par la lampe depuis sa mise en service et, d’autre part, la quantité de lumière fournie par cette lampe à partir de la même origine. De la quantité d’énergie dépensée, il est facile de déduire le prix total en ajoutant au prix correspondant à l’énergie celui de la lampe elle-même. Nous savons donc ainsi, après tant d’heures d’allumage, le prix total payé et la quantité de lumière produite. Le rapport de ces deux quantités nous donne la dépense spécifique de notre lampe en francs par bougie-heure, ou, par un changement convenable d’échelle, en centimes par lampe-heure de 10 bougies.
- Toutes ces courbes, ainsi tracées pour chaque lampe, mettent en évidence ce fait que la dépense spécifique passe par un minimum après un certain nombre d’heures d’éclairage, et que ce nombre d’heures, variable d’une
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- LA NA TL HL.
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- Jaui[)c à l’autre, d’un régime à un autre, est toujours très iuférieur au chiffre de 800 à 1000 heures, généralement accepté comme durée moyenne normale des lampes à incandescence.
- Nous avons reproduit ci-dessous (Voy. lig.) les résultats fournis par une lampe Edison-Swan de fabrication française, en supprimant les courbes intermédiaires, utilisées seulement pour la construction de la courbe finale. Les abscisses représentent la durée d’allumage de la lampe, en heures, depuis la mise en service, les ordonnées, la dépense spécifique de la lampe, depuis son allumage, en centimes par lampe-heure de 10 bougies.
- Cette courbe montre qu’au bout de 50 heures le prix de la lampe est prépondérant, et que la lumière revient à ce moment à 0 centimes par lampe-heure de 10 bougies. En continuant le service, le prix baisse et tombe à 0fr,044 par lampe-heure de 10 bougies, pour se relever ensuite à 0fr,046 après 1000 heures d’éclairage. 11 y a donc intérêt à casser cette lampe après environ 500 heures de ser-
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- Durée du service en heures.
- Courbes moulraut les variations de l'intensité lumineuse d’une lampe à incandescence et le prix spécifique de la lumière qu’elle produit en fonction de la durée du service. Les courbes sont tracées pour deux allures différentes: 102 volts et 110 volts. Les courbes L donnent les intensités lumineuses en bougies, les courbes D la dépense spécifique en centimes par lampe-heure de 10 bougies.
- vice, puisque, au delà, il y a accroissement du prix unitaire de la quantité de lumière. Pour une autre lampe que nous désignerons par la lettre X, le point de cassage a lieu vers 500 heures et, en prolongeant la durée de la lampe jusqu’à 1000 heures, on double presque le prix unitaire de la quantité de lumière.
- En poussant la lampe davantage, la physionomie de la courbe se modifie : le minimum descend et se rapproche de l’origine. C’est ce que l’on constate, par exemple, avec une lampe Edison marchant normalement à 102 volts et poussée jusqu’à 110. Le point de cassage est atteint après 550 heures de service, et la dépense spécifique correspondante ne dépasse pas sensiblement 4 centimes par lampe-heure de 10 bougies.
- La conclusion logique à tirer de ces chiffres purement expérimentaux, chiffres déduits d’une intéressante étude sur les lampes à incandescence récemment publiée par M. Ilaubtmann, c’est que, dans l’état actuel des choses, on vit sur un compromis entre une économie bien entendue qui consisterait à employer des lampes poussées, cassant toutes seules après quelques centaines d’heures de service, et l’appréhension du consommateur qui verrait
- avec regret remplacer plus souvent ses lampes, ne se rendant pas compte qu’après un service prolongé, les vieilles lampes éclairant beaucoup moins, coûtent beaucoup plus à lumière égale, parce qu’il faut en allumer davantage.
- Il va sans dire que si les lampes étaient beaucoup plus chères et l’énergie électrique à bien meilleur marché, le point de cassage d’une lampe donnée se trouverait reculé et tendrait vers le chiffre de 800 à 1000 heures, fatidiquement indiqué pour la plupart des lampes actuelles. A Paris, au contraire, où l’énergie électrique coûte plus de 1 franc le kilowatt-heure, le point de cassage se trouve reporté vers l’origine, et l’on a tout intérêt à pousser un peu les lampes, quitte à les renouveler plus souvent.
- Est-ce à dire pour cela que les fabricants de lampes et les consommateurs vont modifier leurs habitudes et les conformer aux indications de la logique et de l’économie Nous connaissons trop la puissance de la routine pour oser l’espérer avant bien longtemps. E. II.
- LA. PÊCHE AU HARENG
- La pèche du hareng est en ce moment en pleine activité dans la mer du Nord; elle commence vers la fin d'octobre pour durer jusqu’à la fin de novembre.
- Pendant quarante jours c’est, en mer, un défilé continu de l’est vers l’ouest d’immenses multitudes de harengs, naviguant en largeur variable et d’une profondeur de plusieurs mètres. Ils nagent si serrés les uns contre les autres que là où ils passent, le mot prêté à un enfant de Marseille est vrai : il y a plus de poissons que d'eau.
- La grande habileté des pécheurs est de découvrir les passages et de se trouver à temps pour établir leurs filets quand la grande masse défile. Les oiseaux chasseurs de mer, les mouettes, les cormorans, les courlis sont de précieux indicateurs pour les pécheurs, parce qu’ils accompagnent les bancs et trouvent une nourriture abondante en plongeant sur les harengs qui s’aventurent trop à la surface.
- C’est avec le filet dérivant que les pêcheurs de la mer du Nord capturent les harengs. Ce genre de filet forme une véritable barrière suspendue perpendiculairement dans la mer, s’étendant sur une longueur de deux à trois kilomètres. Les harengs, dont la tète est effilée, s’engagent dans les mailles du filet dont l’ouverture est calculée d’après leurs dimensions et y restent pris.
- Ce barrage artificiel est composé de plusieurs filets distincts, ayant chacun une trentaine de mètres de long sur dix mètres de profondeur, noués les uns aux autres et attachés parle haut à une forte corde maintenue à la surface de l’eau par des barillets flottants.
- Suivre en amateur la pèche au hareng est une partie de plaisir fort curieuse. Arrivés à proximité d'un banc, des pêcheurs amènent leurs voiles et procèdent à la mise à l’eau de leurs immenses filets. Ceux-ci disposés, la pêche commence. Bientôt quelques éclairs fugitifs scintillent sur les vagues vert d’émeraude ; puis c’est un fourmillement de poissons dont aucune description ne peut donner une idée. Quand les pécheurs jugent leur prise assez abondante, ils. procèdent à la très difficile et très longue opération du levage des lourds filets et du démaillage des poissons, qui sont de suite jetés à fond de cale.
- Il n’est pas rare de voir à Boulogne, Dunkerque, Gravelines, rentrer en cette saison des bateaux ayant à bord vingt mille harengs frais.
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- LÀ NATURE.
- PATINAGE PAR TOUS LES TEMPS
- LE (( PÔLE NORD » A PARIS
- Il y aura bientôt trois ans que nous avons décrit, sous le nom de « Palais de glace », une installation destinée à permettre le patinage sur de la véritable glace en toute saison. La société qui avait entrepris de réaliser cette idée avait loué la salle immense de la Plaza de Toros, rue Pergolèse, et nous avons pu y voir, pour un instant, l’immense piste de 2000 mètres transformée en pièce d’eau. Mais quand il fallut la faire congeler, quand les machines commencèrent à fonctionner, on s’aperçut, un peu
- tard, qu’il y avait bien des défectuosités dans l’installation, et on ne put arriver à faire de la glace que sur les bords et même pas d’une façon uniforme. C’est alors que les directeurs, prenant une grande résolution, firent amener par tombereaux de la glace pilée qu’on tassa dans l’arène. Quelques patineurs purent s’essayer là-dessus ; mais en l’espace d’une nuit tout fut fondu et l’entreprise, c’est le cas de le dire, tomba dans l'eau. C’était folie, aussi, de vouloir faire en quelques semaines ce qui demandait plusieurs mois d’études et de travaux. Mais l’idée était bonne ; elle a été reprise. Aujourd’hui, depuis le 1er octobre, on patine jour et nuit au « Pôle Nord», rue de Clichy. Cette fois, l’installation a été bien
- Fig. 1. — Salle (les machines frigorifiques du Pu le Nord.
- conduite; on a pris son temps, et tout a été étudié et mis en place avec soin. Le principe est le môme que celui qui avait été employé précédemment, et notre première grav ure (fig. 1) représente la salle des machines, fort bien aménagée par l’ingénieur, M. Stoppani.
- Elle comprend (sur la gauche) deux moteurs à vapeur de 50 chevaux chacun, système Corliss, à distributeur Stoppani, actionnant deux machines frigorifiques Fixary a double effet. Ces machines sont des pompes destinées à transformer le gaz ammoniac en ammoniaque liquide; à cet effet, elles refoulent d’abord le gaz dans les grands réservoirs, ou condenseurs, représentés à droite; là, il est refroidi par une circulation d’eau prise sur la distribution de la ville, et il vient se liquéfier dans les petits cylindres placés au premier plan. De là, l’ammoniaque
- est conduite dans les grands réservoirs, ou réfriye-rents, qu’on aperçoit sur une galerie, à la partie supérieure, et elle s’y détend en produisantdu froid.Revenue à l’état gazeux, elle est reprise par les machines qui la refoulent de nouveau dans les condenseurs et ainsi de suite, indéfiniment; c’est toujours la même provision d’ammoniaque qui sert. L’abaissement de température que produit la détente, est utilisé pour refroidir un liquide incongelalde (dissolution de chlorure de calcium) qui circule dans des serpentins au milieu des réfrigérents. Au moyen d’une pompe, cette saumure est envoyée dans les tubes placés sur la piste.
- Il y a là une différence notable avec l’installation essayée précédemment et où l’on faisait détendre directement l'ammoniaque dans les tubes de la piste;
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- LA NATURE
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- disposition évidemment défectueuse , à cause des (uites inévitables dans une canalisation de plusieurs kilomètres de long.
- La piste (fig. 2) a 40 mètres de long sur 18 de
- large. Elle est constituée par une sole de ciment et liège reposant sur un fond métallique complètement étanche, et sur laquelle sont disposés des serpentins en tubes de fer formant une longueur totale de
- 5000 mètres. Chaque section est montée en dérivation sur deux conduites dans lesquelles coule cons ta m-ment la saumure refroidie à une température qui varie suivant la vitesse de circulation qu’on peut régler à volonté selon les besoins.
- Lorsque la température extérieure est peu élevée et qu’il s’agit d’entretenir seulement la glace, on peut se contenter de quelques degrés au-dessous de zéro; tandis qu’au contraire, lorsqu’on renouvelle la couche supérieure ou môme toute la piste, il faut descendre à 15 ou 20 degrés. Toutes les nuits, on renouvelle la surface. Après avoir enlevé la neige produite par la morsure des patins, on envoie au moyen d’une pompe, sur la
- glace qui reste, une nappe d’eau qui circule pendant toute la durée de sa congélation, afin de donner une
- couche parfaitement unie.
- Afin d’éviter que les serpentins, en se contractant par les différences de température auxquelles ils sont soumis, ne produisent des dénivellations, on les a formés de tubes rentran tics uns dans les autres à frottement sur une certaine longueur. Ils forment ainsi des coulisses qui permettent un certain jeu ; de plus, pour que leur température soit aussi uniforme que possible, on a soin de changer fréquemment le sens du courant ; de cette façon on assure une température moyenne uniforme dans toute la circulation.
- principales A et B (fig. 5), J
- Salle des Machine
- . — Schéma des tuyaux de congélation disposés sur la piste de la salle de patinage du Pôle Nord.
- A. Tuyau d’arrivée du liquide frigorifique. — B. Tuyau de sortie.
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- LA NA TL 11 L.
- On voit que dans cette installation lout a été étudie et prévu dans les plus petits détails; aussi, depuis plus d’un mois qu’elle fonctionne, ne s’est-il produit aucun accroc, et les nombreux amateurs de patinage ont toujours pu se livrer à leur exercice favori, comme sur les lacs du bois de Boulogne en plein hiver.
- Une partie de la force des moteurs est employée à l’éclairage de la salle, qui est parfaitement décorée de panoramas polaires tout à fait couleur locale. Mais on n’a pas cherché à pousser plus loin le réalisme, et un calorifère y entretient une tempé-
- rature de 15 à 18 degrés.
- Un vaste promenoir, faisant le tour de la piste, et des loges à la hauteur du premier étage, permettent aux personnes qui ne patinent pas d’admirer les prouesses de ceux pour lesquels les lois de l’équilibre n'ont [dus de secret. G. Mareschal.
- LE GAZ
- COMME Af.ENT GÉNÉRAL DE DISTRIRUTION d’ÉNERCTE
- Les produits pour l’entretien d’une grande ville sont de deux sortes : les produits en nature ou matériels, et les produits immatériels, représentés par des mouvements, tels que la chaleur, la lumière et la force motrice. Les produits matériels doivent être absolument transportés, véhiculés, et ils le sont tous, à l’exception de l’eau et du gaz qui sont canalisés. Quant aux produits immatériels, leur distribution par une ou plusieurs canalisations, est l’idéal dont on se rapproche de plus en plus, au fur et à mesure des progrès de la civilisation.
- Mais il n’est pas douteux que, même pour les produits matériels, la canalisation de ces produits présente des avantages marqués sur leur transport, et que nous aimerions mieux, à prix égal bien entendu, faire notre cuisine et chauffer notre appartement au gaz canalisé que de recevoir périodiquement la visite du charbonnier et passer par tous les petits ennuis que l’entretien des feux nous occasionne.
- Ces réflexions nous sont inspirées par une Note que M. B. II. Thwaite, le chimiste anglais bien connu, vient de publier à propos de la distribution du gaz comme combustible et comme force motrice, et, par suite, comme agent général de distribution d’énergie sous forme de combustible gazeux.
- M. Thwaite s’est attaché a démontrer que, sauf dans des cas particuliers, comme en Suisse, par exemple, où les chutes d’eau sont en abondance, et chaque fois que l’on doit avoir recours au charbon, il y a tout intérêt à canaliser et à distribuer l’énergie qu’il représente sous la forme de gaz, au lieu de transporter ce charbon et de le consommer sur des milliers de points divers, dans des conditions économiques déplorables.
- M. Thwaite a souvent démontré, dans diverses circonstances, que la cause principale des brouillards épais et dangereux, dont l’importance va sans cesse en croissant dans la ville de Londres, est la combustion imparfaite des hydrocarbures et des charbons bitumineux. Le remède absolu à un pareil état de choses dans les villes est l’emploi du combustible gazeux, car il supprime radicalement toutes les causes qui en réduisent la vitalité ; en effet, ces brouillards éteignent les rayons actiniques, abaissent la
- température des animaux et réduisent la vitalité de tous les êtres vivants.
- C’est, d’autre part, un fait bien connu que nous rançonnons les pays étrangers pour nous procurer des engrais, tandis que nous avons sous la main, dans les produits azotés de nos combustibles, une provision suffisante de principes fertilisants; mais, avec les procédés actuels de combustion, tous ces principes fertilisants sont délibérément et gratuitement dissipés dans l’atmosphère. La conversion du combustible solide en combustible gazeux permettrait d’obtenir facilement les produits azotés demandés par l’agriculture. En effet, on admet généralement que chaque tonne de charbon bitumineux peut produire 25 livres (11 kilogrammes) de sulfate d’ammoniaque ; en employant des procédés de fabrication, spéciaux, cette production pourrait être portée à 70 et même à 80 livres (56 kilogrammes).
- Au point de vue de l’énergie thermique en travail mécanique, aucun appareil inventé jusqu’à ce jour ne peut rivaliser avec le moteur à gaz, aucune invention n’a à son actif un succès continu aussi grand. Une seule maison anglaise (et il y en a aujourd’hui une légion qui fabriquent des moteurs à gaz) en a produit plus de 250 000 en douze ans. Quelques chiffres permettront d’ailleurs de se rendre compte des progrès réalisés depuis 1860 dans la construction de ce moteur. A celte époque, le moteur Lenoir consommait 2500 litres par cheval-heure indiqué, et demandait 150 litres d’eau de refroidissement pour la même quantité de travail. Aujourd’hui, les derniers essais, faits sur le type le plus récent de moteur Otto, ont indiqué une consommation de 508 litres de gaz par cheval-heure effectif.
- En supposant que la puissance calorifique du gaz d’éclairage ordinaire soit de 5500 calories par mètre cube, un calcul très simple démontre que le rendement du moteur à gaz s’est élevé de 4,6 pour 100 en 1860 à 22,8 pour 100 en 1802. En tenant compte du rendement organique, on trouve que le moteur à gaz transforme finalement aujourd’hui, en travail mécanique disponible sur son arbre, 15 pour 100 de la chaleur totale produite par la combustion du gaz d’éclairage, tandis que le moteur à vapeur le plus perfectionné et le mieux construit ne dépasse pas 11 pour 100.
- La quantité de gaz que peut distribuer un tuyau donné varie, toutes choses égales d’ailleurs, comme le carré du diamètre, et en raison inverse de la racine carrée de la longueur. Ainsi, un tuyau de 0 pouces (25 centimètres) de diamètre, avec une pression initiale de 10 centimètres d’eau, permet de distribuer, sur une canalisation de 1600 mètres de longueur, une quantité de gaz correspondant à une puissance de 1260 chevaux. La perte dans la transmission est seulement celle due à la perte de charge en route, et représente à peine la trois-millièine partie de l’énergie du combustible gazeux. En portant la pression à 45 livres par pied carré, le débit serait triple et correspondrait à une puissance de 5780 chevaux. Sauf une perte insignifiante par condensation sur les parois du tuyau d’hydrocarbures mal fixés, il n’y a aucune perte de valeur thermique du gaz canalisé.
- En tenant compte des faits ci-dessous : fabrication économique du gaz, utilisation de sous-produits, bon rendement de moteurs à gaz, et grande puissance de canalisation de gaz, M. Thwaite a été conduit à considérer que le gaz pourrait être distribué dans une grande ville à une ou plusieurs stations centrales génératrices, et distribué dans des stations secondaires où son énergie thermique
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- LA NATURE.
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- serait convertie en énergie mécanique par des moteurs à gaz, puis en énergie électrique par des dynamos, et distribuée enfin sous cette dernière forme.
- Ce procédé économique éviterait, dans une large mesure, l’emploi des accumulateurs qui augmente dans une si grande proportion le prix de l’énergie électrique.
- Le gaz à produire serait non pas le gaz d’éclairage qui a un grand pouvoir lumineux, mais un gaz non éclairant ou peu éclairant qui serait fabriqué beaucoup plus économiquement que le gaz d’éclairage normal. Ce gaz peu éclairant, que l’on pourrait d’ailleurs enrichir en vue de l’appliquer à l’éclairage direct dans certains cas où les avantages de la lumière électrique ne seraient pas appréciés, serait très facile à brûler et constituerait un agent essentiellement économique de chauffage et de force motrice.
- Cette distribution de gaz peu éclairant devra se faire à une pression supérieure à celle à laquelle nous sommes habitués, afin que le diamètre des conduites de distribution ne soit pas trop grand. Il faudra aussi développer le système de location des appareils de chauffage et des moteurs, afin d’en multiplier le développement dans un public nombreux mais peu fortuné, et qui recule devant une dépense un peu importante à faire en une seule fois.
- Telles sont, rapidement résumées, les grandes lignes du projet de distribution générale d’énergie dans une grande ville, que M. Thwaite préconise. On a déjà employé, dans le but de distribuer celte énergie, l’eau sous pression, l’air comprimé, l’air raréfié, la vapeur, le gaz d’éclairage et l’électricité sous forme de courants continus, alternatifs et polyphasés. Pour différentes raisons, le champ réservé à la plupart de ces systèmes est fort limité, et il ne reste guère en présence que le gaz et l’électricité.
- Ces deux procédés rivaux sont-ils appelés à contracter une alliance sur le terrain de conciliation indiqué par M. Thwaite : gaz pauvre pour le chauffage et la grande force motrice, énergie électrique pour l’éclairage, la petite force motrice et les mille autres applications auxquelles elle se prête?
- C’est à l’avenir de répondre.
- LE
- MARTEAU-PILON A VAPEUR DE 100 TONNES
- ET LE GRAND LAMINOIR DE 1,’uSïNE DES ETAINGS
- Nous avons eu déjà l’occasion de signalera diverses reprises à nos lecteurs, le développement continu, les transformations incessantes que subit l’outillage des grandes forges en vue de la préparation des produits militaires. L’artillerie cherche à augmenter tous les jours, comme on sait, la puissance offensive de ses engins, la vitesse de tir de ses canons, la pénétration de ses projectiles; et de son côté, le génie de terre et de mer améliore l’efficacité de la défense en augmentant la masse et la résistance des organes de protection qu’il peut opposer à une attaque devenue tous les jours plus dangereuse. Pour satisfaire aux exigences de cette lutte sans fin, l’industrie a dii modifier continuellement son outillage de manière à se mettre en mesure d’aborder les lingots de plus en plus lourds, les produits de dimensions croissantes qui lui sont demandés maintenant.
- Nous avons décrit à diverses reprises les pins im-
- portants de ces grands outils au moment de leur apparition; nous croyons intéressant d’y revenir aujourd’hui en signalant la mise en marche récente des deux engins réunis dans une môme usine appartenant à des maîtres de forges dont le nom est justement honoré dans l’industrie, MM. Marrel frères, aux Etaings près Rive-de-Gier. On y retrouvera une preuve nouvelle des efforts incessants de nos grandes forges et des sacrifices continus qu’elles n’hésilent pas à s’imposer pour rester toujours en mesure de répondre aux besoins de la défense nationale dans la préparation du matériel militaire qui est appelé à jouer un rôle si important dans les luttes que l’avenir nous réserve.
- Le laminoir et le marteau-pilon de l'usine des Etaings peuvent être cités tous deux parmi les plus puissants qui existent actuellement. Cette usine possède d’ailleurs, ainsi que nous l’avons indiqué antérieurement, une cheminée de 108 mètres de hauteur, l’une des plus élevées qui existent en France.
- Le train de laminoir à blindages de l’usine des Etaings, installé en 1868, a été transformé et augmenté depuis le mois de février dernier; il est représenté sur la figure 1 au moment du passage d’une grosse plaque de- blindage qu’il vient de terminer.
- Les cylindres de ce train qui présentent un poids de 30 000 kilogrammes chacun, ont 1 mètre de diamètre avec une table de 5m,50 de longueur ; ils peuvent laminer des lingots et paquets de toutes épaisseurs allant au besoin jusqu’à lm,25. Cet engin permet d’obtenir ainsi ces grandes plaques de 50 centimètres d’épaisseur et d’un poids fini atteignant souvent 30 000 kilogrammes qui sont demandées actuellement pour le cuirassement des navires. Latéralement, le laminoir comporte deux cylindres verticaux de lm,30 de hauteur qui peuvent être rapprochés à volonté pour donner un certain serrage sur les cans du paquet pendant le laminage.
- Les tourillons mobiles des cylindres sont logés, comme l’indique la figure, dans des glissières verticales qui reçoivent en outre les transmissions de mouvement ; les galets verticaux viennent de plus se ranger dans ces cages, lorsqu’on veut laminer sur toute la portée des cylindres horizontaux; le poids de chacune des cages nues est de 45 000 kilogrammes.
- On voit sur la figure les diverses transmissions de mouvement permettant de régler à volonté l’écartement des cylindres horizontaux et verticaux ; nous n’y insisterons pas d’ailleurs en raison des détails que nous avons déjà donnés précédemment dans l’étude d’un engin analogue1.
- Le grand marteau-pilon, de MM. Marrel frères, présente un poids total de 100 tonnes avec une hauteur de chute de 5m,60. Cet appareil possède une énergie de choc supérieure à celle des engins analogues existant en France et probablement en Europe; il ne doit être dépassé, croyons-nous, que par le pilon de
- 1 Voy. n° du 15 décembre 1888, p. 59.
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- 1’usine américaine de l’ethlehom, dont le poids doit atteindre 1120 tonnes; nous n’en connaissons pas du reste la hauteur de chute. Le grand laminoir, en raison de la longueur excessive de ses cylindres, peut aborder de son côté des dimensions de
- pièces qui ne peuvent pas être obtenues ailleurs.
- La ligure 21 donne la vue d’ensemble du marteau-pilon de l’usine des Etaings, elle montre également les chaudières verticales des fours «à réchauffer qui alimentent cet engin. On voit en outre la grande
- Fig. 1. — L’un des plus puissants trains de laminoir du monde, à l’usine des Etaings, près de Rive-dc-Gier.
- grue en col de cygne qui le dessert et dont la puissance atteint 180 tonnes, dépassant aussi probablement celle de tous les appareils de levage construits jusqu’à présent.
- On peut apprécier en même temps les proportions grandioses de cet engin énorme dont le sommet, relevé de 10 mètres au-dessus du sol, semble en
- quelque sorte percer la toiture de la grande halle qui l’abrite, pendant qu’il domine de sa masse imposante tous les appareils accessoires voisins qui ont dù cependant, eux aussi, grandir leur taille pour la proportionner à la sienne. C’est dans le spectacle des manœuvres de ces engins colossaux qu’on peut admirer surtout l’action de l’inlelligence dominant
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- L’un dos plus puissants marteaux-pilons du inonde, à l’usine des Efain^s, près de Kive-de-Gier,
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- la force brutale : cette lourde masse obe'it en effet à une impulsion insensible en apparence, et vous la voyez qui vient s’abattre avec violence sur le lingot ardent qu’elle pétrit en projetant des étincelles qui lui forment une véritable auréole, pendant que le sol s’ébranle et que tout s’agite autour d’elle, suspendu aux vibrations qu’elle transmet.
- Ou bien le géant docile, guidé toujours par une intelligence cachée, veut seulement donner la forme dernière à la pièce qu’il vient de façonner, et vous le voyez qui descend doucement, sans violence, en retenant en quelque sorte son effort pour ne pas blesser le métal, et apportant seulement les petites corrections qui vont dégager le contour définitif dans toute sa netteté.
- Cette opposition dans les effets, cette facilité de réglage, prennent d’autant plus d’intérêt, lorsqu’il s’agit de masses plus puissantes, dont le moindre mouvement paraît appelé à déterminer des chocs irrésistibles.
- Le pilon de 100 tonnes de l’usine des Etaings repose sur une chabotte indépendante qui constitue, elle aussi, une masse colossale, car le poids total de cette pièce n’atteint pas moins de 760 000 kilogrammes. Cette chabotte est disposée dans une fosse ménagée à cet effet entre les assises des jambages, elle est placée sur un massif en bois de chêne reposant sur des assises de pierres portées par Je rocher solide, de sorte qu’elle peut supporter sans danger les chocs violents du marteau de 100 tonnes qui vient s’abattre sur elle. Elle est formée de blocs réunis entre eux par des frettes et composant quatre assises dont les trois inférieures comportent des morceaux de 90 tonnes chacun ; quant à l’assise supérieure, qui reçoit directement le tas ou l’étampe, elle est d’un seul morceau dont le poids atteint 125 tonnes.
- Les deux jambages sont en deux pièces, ils sont portés par des sabots en fonte solidement ancrés sur les massifs en maçonnerie et entretoisés par de fortes pièces en fonte, de telle sorte que l’assise est d’une rigidité absolue. Les jambages ont une hauteur de 10m,80, ils sont entretoisés à mi-hauteur, comme l’indique notre gravure, par de fortes plaques cOuvre-joints, et reliés au sommet par un entablement en fer sur lequel est placée la boîte à vapeur surmontée par le grand cylindre qui couronne tout cet ensemble. Le piston du cylindre est relié au marteau par une tige qui n’a pas moins de 37 centimètres de diamètre, il a lui-même un diamètre de 2 mètres avec une course de 5m,60.
- La masse du colosse métallique ainsi constitué représente un poids qui n’est pas moindre de 1 356 000 kilogrammes. Ou voit, sur la figure, la disposition de la halle avec le lanterneau central, et les deux fermes renforcées qui consolident le pilon. La portée de cette halle est de 26 mètres.
- Le grand marteau-pilon est desservi d’un côté, comme nous le disions plus haut, par deux grues en col de cygne dont l’une peut soulever jusqu’à
- 180 000 kilogrammes. Du côté opposé, le service du pilon est assuré par un pont roulant à vapeur de 120 tonnes, de 15m,40 de portée desservant toute la longueur de la balle. X..., ingénieur.
- LES BALLONS DIRIGEABLES
- A CHALAIS-MEUnON
- On sait que, depuis cinq ans, M. le commandant Renard, directeur de l’établissement central d’aérostation militaire de Chalais-Meudon, poursuit des essais de moteurs à grande puissance et à poids restreint pour de nouvelles expériences de navigation aérienne à l’aide d’un ballon de plus grandes dimensions que l’aérostat électrique la France en 1884-1885. Plusieurs moteurs électriques et à vapeur ont été successivement construits et essayés sans succès, la condensation de la vapeur d’échappement à bord des navires aériens étant presque impossible à obtenir, et la durée de fonctionnement des appareils électriques étant trop restreinte pour être pratique. Mais il paraît que le problème vient d’être résolu par l’invention d’un nouveau dispositif de moteur, dont la construction est déjà très avancée, et on espère que les expériences qui auront lieu aux premiers beaux jours, démontreront qu’un ballon peut être doué d’une vitesse propre suffisante pour lutter contre les courants atmosphériques moyens et même les remonter quand leur vitesse n’excède pas 12 mètres par seconde, soit 45 kilomètres à l’heure.
- Le ballon, qui sera baptisé le Général Meusnier, présentera une forme analogue, quoique plus allongée, à l’aérostat dirigeable la France. Il mesure 70 mètres de pointe en pointe, sur un diamètre maximum de 13 mètres au maître-couple. Son cubage est de 3400 mètres. L’enveloppe en ponghée double est pourvue d’un ballonnet à air compensateur, puis recouverte d’une housse de suspension, taillée par fuseaux latéraux, et supportant les suspentes et les balancines de reliage de la nacelle. Celle-ci, d’abord constituée par une carcasse enfers cornières qui cassa au premier essai, est maintenant semblable à la nacelle du premier ballon dirigeable : ses bordages sont en bambous et en longerons de bois de sapin évidés, assemblés par des entretoises en acier creux. Le milieu de cette espèce de périssoire, qui mesure plus de 40 mètres de longueur, est occupé par une sorte de cabine renfermant la machinerie, auprès de laquelle se tiennent les aéronautes. On comprendra que nous devons être très sobre de renseignements sur le moteur que nous avons pu apercevoir dernièrement, et qui constitue la partie essentielle de l’appareil aérien.
- Nous nous bornerons à dire que ce moteur fonctionnant à la fois par la gazoline et le gaz du ballon, il pourra développer normalement, et pendant huit à dix heures, une puissance effective de 45 chevaux-vapeur sur l’arbre, puissance capable d’imprimer au ballon une vitesse propre de 11 mètres par seconde, 40 kilomètres à l’heure. Le poids total de la machinerie, avec le carburateur, la provision de gazoline et les accessoires, ne dépassera pas 1200 à 1400 kilogrammes, soit 30 kilogrammes par cheval. On n’a pu jusqu’à présent construire de moteur à pétrole pesant moins de 150 à 200 kilogrammes pour un semblable débit; cet allégement extraordinaire a été obtenu par le commandant Renard, à l’aide d’une combinaison toute nouvelle, d’un cycle moteur différent et que nous regrettons de ne pouvoir exposer ici pour les raisons indiquées plus haut.
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- L’hélice est toujours placée à l’avant de la nacelle, dont l’arrière porto un large gouvernail. La longueur des palettes de l’hélice, atteint 4m,5(), soit un diamètre de 9 mètres. Sa vitesse de rotation sera de 200 tours environ à la minute.
- Tout le matériel de ce nouveau dirigeable est, comme les parcs d’aérostation militaire, construit tout entier aux ateliers de Chalais par des soldats du génie, détachés par leurs régiments pour terminer leur instruction spéciale d’aérostiers sous la direction du commandant Renard. Les plus grandes précautions sont prises contre toutes les indiscrétions du dehors, surtout en ce qui concerne le moteur et ses annexes, et les premières expériences seront exécutées sans bruit, aux premiers beaux jours du printemps 1895.
- Espérons qu’enfm le directeur de l’établissement de Meudon parviendra à son but et que l’expérience confirmera ses calculs. Le succès de l’application du moteur a pétrole à l’aéronautique, rendra la navigation aérienne pratique et permettra de doter enfin notre pays d’une flotte aerienne unique, qui pourra être aussi terrible en temps de guerre, qu’utile aux progrès de la science en temps de P»ix. H. Gy.
- LE TRAFIC PAR LE CANAL DE SUEZ
- Le trafic du canal de Suez semble être soumis cette année à un arrêt momentané; il est intéressant de faire voir que son accroissement a été antérieurement très accentué. En onze ans, le nombre des navires passant par le Canal de Suez a doublé ; la statistique de l’année dernière qui vient de paraître, montre un accroissement anormal sur l’année précédente, de 24 pour 100 environ. Dans ce même intervalle de onze ans, le tonnage brut a presque triplé; celui de 1891 a dépassé d’environ 20 pour 100 celui de 1890. Ce fait indique clairement la tendance vers l’emploi de plus grands navires.
- Le tonnage moyen des navires, il y a dix ans, était 2000 tonnes; il est actuellement de 5000 tonnes. Tandis qu’il y a cinq ans, le tirant d’eau du plus fort navire était de 7m,50, il atteint maintenant 7ra,80. Il est passé l’année dernière dans le canal 155 navires dont le tirant d’eau était compris entre ces deux chiffres.
- Les recettes du transit se sont donc élevées dans un rapport plus grand que le nombre des navires, mais pas tout à fait en proportion du tonnage brut, puisqu’elles n’ont augmenté que d’environ 110 pour 100.
- Le nombre des navires ayant passé par le Canal en 1891, est de 4207 jaugeant ensemble plus de 12 millions de tonnes; et ils ont payé environ 85 millions et demi de francs. L’augmentation a porté sur l’année entière; mais comme dans les années précédentes, le plus grand nombre de navires a passé pendant les mois d’été. En mai, il en a passé 454, et en juin 424 avec un tonnage total égal à celui de mai. La longueur des jours à cette époque n’a d’ailleurs qu’une minime influence, car de plus en plus, les navires naviguent de nuit dans le canal. En 1890, la proportion a été 83,6 pour 100, et en 1891, elle s’est élevées à 88,2 pour 100 avec un total de 5711. En même temps, la durée moyenne de la traversée a diminué ; elle n’est plus maintenant que de 25h31m. Cette durée est plus grande en avril et mai, et plus courte en décembre. La durée moyenne de la traversée pour les bâtiments naviguant de nuit et de jour est de 21h58m; et pour ceux ne naviguant que de jour, 34h54m.
- Quoique l’augmentation totale ait été de 24 pour 100
- sur l’ensemble, le pavillon anglais en particulier a augmenté de 27,5 pour 100, le nombre des navires sous ce pavillon ayant été 5217 en 1891. Le nombre des navires allemands continue à s’accroître aussi, tandis que ceux sous pavillon autrichien, français et italien restent stationnaires. L’ensemble des autres pavillons n’arrive qu’avec 5,6 pour 100 du total.
- L’Angleterre y figure pour 76,65 pour 100; l’Allemagne 7,12; la France 6,05, la Hollande 3 et l’Italie 2*26.
- Sur le nombre des navires, 5060 sont des bâtiments de commerce en charge, avec 6 millions net de jauge, dans lesquels l’Angleterre entre pour 89 pour 100, et l'Allemagne 6,25 pour 100. La Grande-Bretagne tient donc bien son premier rang maritime1.
- TORTUE DE TERRE GIGANTESQUE
- A j/lI.E MAURICE
- Lors de la capitulation del’ile de France (île Maurice), qui eut lieu le 5 décembre 1810, il existait dans la cour des casernes de l’artillerie, à Port-Louis, capitale de Pile, une gigantesque tortue de terre. Cette bête, abandonnée il y a quatre-vingt-deux ans, aujourd’hui presque aveugle, se trouve dans cette même cour, dont les batiments ont été convertis en mess pour les officiers de la garnison. Nous l’avions vue dans noire enfance ; et, il y a un an, après de longues années, il nous a été donné de la revoir et de la retrouver dans le même état où nous l’avions laissée. Personne ne sait ni son lieu d’origine ni son âge. Son poids serait d’environ 150 kilogrammes. Sa carapace, devenue de couleur grise, mesure, dans sa grande circonférence, 2m,59 (soit 8 pieds et 6 pouces anglais), et 2m,13 de circonférence en largeur. Un des pieds de devant mesure 45 centimètres de long, un de ceux de derrière 30 centimètres; le cou et la tête comprise 39cm,5; la queue a 30c“,5. La bête en marche mesure, du sol au sommet de la carapace (à l’avant-train), 63cra,5, laissant entre le sol et le plastron un espace de 15cm,5.
- Il est facile, à première vue, de constater le grand âge de l’animal, rien que par son aspect général, et de se rendre compte de ses formes et de sa taille par les reproductions que nous donnons de trois intéressantes épreuves photographiques prises sur nature dans des positions différentes.
- La figure 3 reproduit une photographie qui a été faite il y a cinq ou six ans ; elle représente la bête en marche ; c’est la seule figure que nous ayons pu obtenir lors de notre dernier séjour à Maurice. Depuis, et sur notre demande, notre ami, M. Camille Su-meire, de l’île de la Réunion, — dont le nom se lie étroitement aux derniers événements survenus à Maurice, lors du cyclone du 29 avril 1892, parle zèle intelligent et l’inépuisable charité qu’il déploya pour secourir et pour donner asile aux malheureux, victimes du ce cyclone, — vient de faire et de nous
- 1 D’aprcs l’Engineering.
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- adresser les deux autres photographies (vue de lace, fîg. 1, et vue de derrière, fîg. 2) que nous reproduisons également.
- Gomme dès 1810, d’après les plus anciens habitants de l’île, cette tortue avait atteint à peu près sa taille gigantesque actuelle, elle serait âgée de deux siècles au moins, ce qui ne l’empêche pas de porter avec aisance sur son dos deux hommes de taille ordinaire. Ceux qui connaissent l’extraordinaire longévité, la force et la vitalité, jointe à l’excessive sobriété des animaux de cette race, ne seront pas surpris de notre appréciation sur l’âge de cette tortue; c’est assurément le plus vieil habitant existant à l’île Maurice.
- Quel est le lieu d’origine de cette tortue?
- Nous ne sommes pas éloignés de croire qu’elle est peut-être l’un des derniers survivants, si ce n’est le dernier, d’une des espèces de sa race, trouvées en incroyable abondance à Maurice par les premiers voyageurs qui ont visité cette île, à la fin du seizième siècle et au commencccment du dix-septième siècle. On constatait l’existence de ces tortues à l'état libre, pendant la seconde période du dernier siècle et même pendant les premières années du siècle actuel.
- Il en a été de même aux îles de la Réunion ou Rourbon et Rodrigues qui forment, avec Maurice, le groupe des Mascareignes. Recherchées pour l’alimentation, offrant un mets délicat,— surtout le foie, — et incapables de se défendre, elles ont été promptement exterminées. Cependant quelques-unes, retirées dans des endroits d’un accès difficile, ont pu, pendant longtemps, échapper aux recherches dont elles étaient l’objet, dans ces îles alors fort peu habitées. Mais aujourd’hui on ne voit plus de ces tortues gigantesques, aux îles Mascareignes et Séclielles, qu’à l'état de domesticité.
- Les petites îles encore inhabitées à'Aldabra, situées au nord-ouest de Madagascar, sont les seules îles de la mer des Indes (sans parler des espèces plus petites qui habitent Madagascar) où il existe encore de ces énormes tortues vivant en liberté.
- Leur nombre diminue chaque jour. Aussi, les races qui y habitent, sont-elles fatalement appelées à disparaître de ces îles et à s’éteindre ensuite, dans un temps relativement rapproché, malgré les efforts pour les protéger tentés par les naturalistes les plus distingués de l'Angleterre, efforts malheureusement restés impuissants.
- En 1835, Julien Desjardins, le fondateur du musée qui porte son nom à Maurice, avait adressé à Cuvier, sur trois gisements fossiles de tortues terrestres à Maurice, un Mémoire que le célèbre naturaliste a reproduit dans ses Recherches sur les ossements fossiles. Beaucoup plus tard, dans certains marécages de Maurice, à la Mare aux Songes notamment, et dans des cavernes à Rodrigues, on a trouvé, il y a quelques années, les restes de certaines espèces éteintes de tortues de terre plus ou moins gigantesques. Ces espèces disparues, ainsi que celles existantes aux Aldabra et aux îles Galapagos (îles des tortues), situées sous 1’équaleur, dans le grand océan Pacifique, ont été décrites et figurées par le
- ÏP Günther, en 1877, dans son remarquable ouvrage : The Giganlic landtortoises ( living and extincl) in (lie collection of the Rritish Muséum.
- Tout récemment, pendant notre dernier séjour à Maurice, nous avons, à notre tour, exploré avec le plus grand soin la célèbre Mare aux Songes, si riche en ossements d’animaux divers. Nous avons pu en retirer une quantité considérable de ces os, et parmi ceux de tortues et quelques carapaces, nous avons trouvé des os du Dodo et d’autres espèces d’oiseaux disparus ; quelques-uns de ces os ont permis la reconstitution complète du squelette du Dodo; d’autres ont fait découvrir des oiseaux appartenant à des espèces inconnues mais éteintes.
- A Pile de la Réunion, des recherches de cette nature n’ont malheureusement jamais été entreprises, de sorte qu’on ignore entièrement les races éteintes de tortues de celte île.
- On a dit quelque part que les Mascareignes et les
- Fig. 1. — Tortue de terre gigantesqne de File Maurice. Détail de la tête. (D’après une photographie.)
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- Aldabra sont, dans la mer des Indes, Madagascar excepté, les seuls endroits ou l’on ait trouvé des tortues de terre indigènes; et que les rares tortues de terre vivantes que l’on rencontre actuellement à Maurice, à la Réunion et aux Séchelles, proviennent toutes des Aldabra, par suite de l’extinction des races des Mascareignes : a Maurice depuis plus d’un siècle, à la Réunion à une époque encore plus reculée, et, à Rodrigues depuis les premières années de ce siècle.
- 11 est certain que ce n’est seulement que depuis le commencement de ce siècle qu’on ne rencontre plus aux Mascareignes, à l'état libre, de ces énormes
- tortues de terre, et aux Séchelles depuis cinquante ans au plus. Un grand nombre d’îles de cet archipel si étendu ont été également habitées par de grosses tortues de terre ; mais il est hors de doute qu’aux îles Maurice et Bourbon et à quelques-unes des Séchelles, il en existe encore à l'état de domesticité. Toutes ces tortues ne proviennent pas des Aldabra ; elles ne semblent pas en effet présenter les caractères extérieurs des provenances de ces îles, ainsi que nous avons pu l’observer par un examen récent des tortues des Aldabra qui se trouvent à Maurice, au Jardin botanique, et sur la propriété « Mon Trésor », au Grand-Port; et enfin par l’exa-
- Fig. ô. — Tortue de terre gigantesque vivant actuellement à l’île Maurice.
- Hauteur de la bête en marche, du sol au sommet de la carapace : O'",63o. (D’après une photographie.)
- men de certains spécimens conservés dans des musées, tst par certaines planches de différents ouvrages, entre autres par celle donnée par La Nature1.
- Tous ceux qui ont séjourné quelque temps à Maurice et à Bourbon, et nous sommes de ce nombre, savent que beaucoup d’habitants tenaient en domesticité, et même de nos jours, quelques tortues de terre, ce qui leur était d’autant plus facile que cet animal inoffensif, le plus sobre des êtres de la création, s’accommode de tout, vit des mois sans boire ni manger et a une longévité extraordinaire. Elles étaient tenues dans des parcs ou dans des vergers clos de murs. Elles y pondaient souvent des œufs ronds et blancs qui arrivaient quelquefois à éclosion.
- 1 Yoy. n° 129, du 29 septembre 1875, p. 385.
- Nous avons vu, il y a plus d’un demi-siècle, et depuis, dans différentes localités des îles Maurice et Bourbon, nombre de ces grosses tortues domestiquées. Elles ne provenaient pas, au moins pour la plupart, des Aldabra, avec lesquelles les communications étaient très rares, surtout en ce qui concerne Bourbon. Elles étaient depuis de longues années, plus d’un derni-siècle, dans les mêmes lieux où elles se trouvaient. Celles de Maurice, chez M. Daruty, aux Pamplemousses et au Grand-Fort; et sur la propriété de M. Desjardins, à Flacq ; les autres à la Réunion, sur une propriété à Saint-Philippe, le district le plus éloigné de la capitale et le dernier concédé et cultivé vers 1850; et sur les propriétés de MM. Boiscourt et Yergoz à Sainte-Marie, pour ne pas en citer d’autres. Autant que nous servent
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- nos souvenirs d’enfance, qui sont précis, toutes ces tortues avaient l’apparence de la Te&ludo Sumeirei, c’est-à-dire que leurs carapaces avaient une forme plus unie et plus arrondie que celles des races des Àldabra, et même que les carapaces retirées de la Mare aux Songes.
- D’où provenaient donc ces tortues? N’est-il pas plus que probable que les unes étaient originaires de Maurice, et les autres de la Réunion? Quelques-unes étaient originaires des Séchelles; car il y a encore une trentaine d’années, nous en avons vu qui provenaient de cet archipel, introduites par MM. Langlois, Maurel et autres, lorsqu’ils ont abandonné ces îles pour s'établir à Maurice, vers l’époque de l’émancipa lion des esclaves. Tu. Saiziek.
- Images exhalées. — A la dernière réunion de la Société physique de Londres, M. W. B. Croft, de Winchester-College, a fait une communication sur les Breatli figures ou images exhalées. Nous en empruntons le résumé au Progrès thérapeutique. Yoici comment on peut produire ces images : on place sur une table une plaque de verre carré de 15 centimètres de côté environ; sur le milieu de la plaque, une médaille en contact avec une petite bande d’étain laminé allant de la médaille au bord de la plaque. Sur la médaille on place le verre carré que l’on veut impressionner, après l’avoir soigneusement nettoyé et poli avec une peau de chamois, et, sur cette plaque, qui doit avoir 10 à 1 2 centimètres de côté, on place une deuxième médaille. La feuille d’étain et cette deuxième médaille sont mises en communication avec les pèles d’une machine électrique pouvant donner des étincelles de 8 à 10 centimètres de longueur; on fait marcher la machine pendant deux minutes, puis on retire le verre placé entre les deux médailles. Rien n’apparaît à l’œil, pas plus qu’au microscope le plus puissant ; mais si l’on vient à respirer doucement au-dessus de la glace (de l’un ou de l’autre côté), on voit apparaître une image givrée reproduisant tous les détails de la médaille avec une parfaite exactitude. Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que la décharge électrique n’est pas indispensable pour l’obtention de ces curieuses images. Si on passe légèrement une médaille sur une lame de mica récemment fendue, pendant trente secondes, on obtiendra une image en retirant la médaille et projetant l’haleine sur le mica. Sur une glace bien nettoyée, une pièce de monnaie placée pendant quelques minutes peut donner une faible image. Le temps humide n’est pas favorable à la réussite de l’expérience ; il est bon de chauffer légèrement le verre avant d’v placer la médaille.
- Cause de la combustion spontanée du foin.
- — De même que la houille, les matières organiques, en général, et le foin, en particulier, possèdent la fâcheuse propriété d’être fréquemment détruites par la combustion spontanée. Pour la houille, on sait bien que cela provient de réchauffement des pyrites qu’elle contient et de leur dégagement gazeux. Pour le foin, on ignorait, jusqu’à ces derniers temps, la cause précise du phénomène. Le professeur Cahn, de Breslau, a montré que réchauffement du foin humide, à une température suffisante pour que la combustion spontanée se déclare, est dù à l’action ther-
- mogène d’un champignon appelé Âspergillus fumigatus ; ce même champignon parasitaire est connu pour sa propriété d’échauffer l’orge en voie de germination et de la rendre stérile. Par l’effet de la respiration du petit germe de l’orge, c’est-à-dire par la combustion de l’amidon et des autres hydrocarbures qu’il contient et que le ferment diastasique transforme en maltose et en dcxtrine, la température se trouve élevée à 40 degrés centigrades; I’Aa-pergillus fumigatus intervient alors et, agissant comme ferment, il porte cette température à 00 degrés; l’incendie est dès lors presque inévitable. Lorsqu’il s’agit de tas de foin un peu considérables, on fera donc bien de ne pas négliger une aération rationnelle, pour éviter les conséquences redoutables de la présence du petit champignon incendiaire.
- I.:t vitesse d’un cétacé. — Un professeur d’anatomie d’Edimbourg a calculé la puissance que développent les baleines dans leurs mouvements de nage. La baleine du Groenland atteint une longueur de 15 à 18 mètres, tandis que certaines baleines franches, vues dans les eaux anglaises, dépassent quelquefois 25 mètres. 11 est constaté que la baleine du Groenland se meut parfois avec une vitesse de 8 à 9 nœuds à l’heure et que, dans le même espace de temps, la baleine franche peut arriver à 15 nœuds. Appliquant ces données à une baleine franche, échouée à Longniddry il y a quelque temps, le professeur d’Edimbourg s’est adressé à un constructeur de navires et lui a demandé de calculer la puissance nécessaire pour déplacer un corps de cette taille à raison de douze nœuds à l’heure. La baleine de Longniddry avait 25 mètres de longueur et pesait 75 tonnes. Sa queue mesurait 6 mètres de largeur. L’ingénieur estime que dans ces conditions, le gigantesque cétacé devait développer la puissance prodigieuse de 145 chevaux.
- I.n puissance des locomotives. — Les grandes vitesses et les lourdes charges imposées aux locomotives ont conduit tout naturellement à augmenter dans de grandes proportions la puissance de ces moteurs (pii dépasse aujourd’hui 1000 chevaux. La plus puissante locomotive que l’on puisse mentionner, d’après le Railroad Gazette, est une machine traînant un train de 570 tonnes à la vitesse d’environ 60 milles par heure (96 kilomètres). La puissance produite a varié entre 1570 et 1800 chevaux indiqués. Cette locomotive avait des cylindres de 50 centimètres de diamètre et 60 centimètres de course, des pistons commandant des roues de lm,55 de diamètre. La locomotive pesait 158000 livres (62 tonnes), dont 40 tonnes chargeant les roues motrices. On se demande où et quand s’arrêtera cet accroissement de la puissance des locomoteurs, sous l’impulsion incessante des exigences du public.
- Fabrication du vin de Champagne. — D’après une communication récente de M. Mollet-Fontaine devant la Société industrielle du Nord de la France, une transformation importante serait à la veille de se produire dans la fabrication du vin de Champagne. Bien que jusqu’ici la fermentation en bouteille ait été exclusivement employée, il est probable que dans un avenir rapproché la fermentation en grande masse dans de vastes récipients la remplacera. M. Mollet-Fontaine se propose de poursuivre des essais commencés dans ce but et cite le fait remarquable suivant qu’il a constaté au cours de ses expériences : quand un liquide en fermentation est soumis à une pression suffisante, la fermentation s’arrête, mais reprend dès que la pression cesse si le laps de temps écoulé entre les deux opérations est peu considérable. La qualité du champagne
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- ainsi fabriqué sera-t-elle équivalente à celle du champagne fermenté en bouteille ? c’est l’expérience seule qui décidera.
- Les moteurs électriques en Amérique.—D’après M. le professeur Crockcr, de New-York, un bon juge en la matière, il y a actuellement en Amérique de 50 000 à 100 000 moteurs alimentés par des distributions d’énergie électrique, tandis que, pour toute l’Europe, le nombre des moteurs employés est inférieur à 1000, comme il a pu s’en convaincre dans un récent voyage qu’il vient de faire sur le vieux continent.
- Singulier traitement anticliolérique. — Si l’on en croit Iron, une usine métallurgique du Mecklenbourg-Schwerin a reçu du comte de Scbliefîèn, de Schlieffen-bourg, une commande de plusieurs centaines de plaques de cuivre en forme de cœur qui doivent être portées sur la poitrine des nobles Allemands et de leurs tenanciers, à la façon d’un scapulaire, à titre d’agent prophylactique contre le choléra. Voilà un traitement mélallolbérapique qui mériterait confirmation avant d’être adopté.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 14 novembre 1892. —Présidence de M. d’Abuadie.
- Le pouvoir pathogène des pulpes de betterave. — Les pulpes de betteraves, résidus des industries sucrière et distillatoire, sont conservées et utilisées avantageusement pour la nourriture du bétail. C’est un excellent aliment ; toutefois, dans certaines circonstances, il paraît manifestement exercer des effets funestes. Les animaux sont atteints d'inflammations stomacales ou intestinales, de troubles nerveux, de convulsions, voire même de paralysies. M. Arloing, sollicité de porter ses recherches de ce côté, a fait une étude complète du liquide des pulpes. 11 y a reconnu la présence de trois espèces de microbes différents, dont une paraît spéciale à la pulpe des distilleries. En outre, il a constaté que ce liquide était acide, qu’il contenait les acides butyrique, lactique, acétique, et en [dus des substances ptomaïques et diastaséiformes. 11 s’est (ie suite efforcé de séparer l’action des microbes de celle des matières organiques; puis, parmi celles-ci, il a étudié le rôle de chacune d’elles. Le résultat de ses investigations a été quelque peu inattendu : ce ne sont point en effet les microbes qui sont nuisibles, mais bien les matières ptomaïques et diastaséiformes, et, l’on se trouve en présence d’un véritable empoisonnement. Les pto-inaïnes ont une action spéciale sur le système nerveux, tandis que les matières diastaséiformes agissent sur l’esto-inac et l’intestin, où elles provoquent des hypersécrétions. Quant aux microbes, quoique n’étant pas l’agent de la maladie, ils se développent très abondamment dans le sang des animaux très malades.
- Fermentation vitale et chimique. — On peut distinguer deux espèces de fermentations, celles qui se produisent par l’effet des ferments figurés (action de la levure de bière sur le sucre), et celles qui proviennent des ferments chimiques (matières diastaséiformes). Ces deux ordres de fermentations ne se comportent pas de la même manière en présence des agents physiques et chimiques. Ainsi, le fluorure de calcium se montre très actif sur les ferments figurés, mais laisse indemnes les ferments chimiques. Une proportion de 0,5 pour 100 de cette substance, ajoutée à une infusion putrescible, lait, bouillon,
- bière, etc., permet de la conserver indéfiniment intacte. Les ferments vivants sont donc détruits; mais, au contraire, les ferments chimiques restent intacts. M. Gautier remarque que la conservation de la bière par les fluorures est une découverte qui a été déjà signalée depuis longtemps.
- Une comète visible à l'œil nu. — M. Tisserand expose que l’on peut apercevoir en ce moment, à l’œil nu, à Paris, une comète nouvellement découverte à Londres. Elle se présente sous l’aspect d’une masse ronde assez semblable à une nébuleuse, de 5' de diamètre. Elle n’a pas de queue actuellement, mais il est possible qu’il s’en développe une en approchant du soleil. On avait d’abord pensé que cette comète pouvait être un des fragments de la comète de Biéla, mais le calcul ne semble pas confirmer cette hypothèse. Tout ce que l’on peut dire, c’est que le nouvel astre arrive à un instant qui correspond à peu près à l’accomplissement d’un nombre entier de révolutions de la comète de Biéla. C’est pour le 27 que le retour de celle-ci est effectivement prédit et l’on peut s’attendre pour cette époque à en revoir des fragments ou de nombreuses étoiles filantes si le travail de désagrégation intérieur s’est poursuivi. — M. Tisserand expose ensuite que le grand télescope de l’Observatoire, dont le miroir ne mesure pas moins de lm,20 d’ouverture et qui était resté à peu près inutilisé depuis sa construction, vient de subir une transformation qui permet de l’employer commodément. Il montre des photographies représentant l’instrument transformé. M. Deslandres l’a utilisé pour des recherches relatives au mouvement des étoiles, d’après la méthode deM. Fizeau, et a obtenu de très bons résultats. Au lieu de faire usage seulement du spectre de l’hydrogène, il a pu se servir des spectres d’un grand nombre de substances. Afin d’apprécier le degré d’exactitude auquel on peut atteindre par cette méthode, M. Deslandres a déterminé la vitesse de Ténus, dans le sens du rayon terrestre; il a trouvé 15 kilomètres par seconde alors que la vitesse réelle déduite du calcul est de 14 kilomètres. On voit donc que l’approximation est très grande et très susceptible de fournir une contribution précieuse à la constitution de l’univers. On pense, à l’aide de cet instrument, pouvoir obtenir les spectres de toutes les étoiles visibles à Paris jusqu’à la quatrième grandeur.
- Phosphorescence du sulfure de zinc. — M. Mascart présente, au nom de M. Henry, une sorte de spectre phosphorescent produit à l’aide du sulfure de zinc. On sait que cette substance est visible dans l’obscurité lorsqu’elle a été quelque temps exposée à la lumière. M. Ilenry a fait imprimer avec une encre grasse, composée d’huile de lin et de sulfure de zinc, une sorte de lavis en teinte dégradée. Après avoir déterminé la loi d’extinction et l’intensité lumineuse des différentes teintes, l’auteur a pu aborder le problème important de la relation mathématique qui relie les numéros d’ordre des différentes teintes à l’intensité lumineuse. Ces numéros d’ordre ne sont pas autre chose, en effet, que les degrés successifs de la sensation, M. Charles Henry parvient à représenter les observations par une formule exponentielle très différente de la loi psychologique de Fechner.
- L'inoculation de la tuberculose. — MM. Richet et Ilé-ricourt sont partis de ce fait que le chien est rebelle à la tuberculose des oiseaux, mais très sensible à la tuberculose humaine, pour essayer de vacciner des chiens à l’aide du sang d’autres chiens préalablement soumis à l’action de la tuberculose aviaire. Ils ont réalisé un grand nombre
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- d’expériences qui atteignent plus ou moins complètement le but poursuivi et permettent d’espérer une réussite complète. M. Yerneuil cite le cas d’un jeune homme dont un poumon était attaqué par les tubercules et sur lequel une injection de sérum de chien rendu tuberculeux a été pratiquée : ce jeune homme est aujourd’hui en parfaite santé et le stéthoscope n’accuse pas de cavernes.
- Exploration souterraine. — MM. A. Martel et Gaupillat ont exploré cet été un gouffre situé dans le département de l’Aveyron, à 10 kilomètres au nord de Rodez, et dénommé Tindoul de la Yayssière sur la carte d’État-inajor. M. Quentin, ingénieur des ponts et chaussées, et M. Coste, ingénieur des mines, avaient déjà pratiqué une descente dans le gouffre en 1890; ils avaient reconnu une galerie de 500 mètres de longueur dirigée est-sud-est, haute de o à 20 mètres, large de 5 à 15 et à peu près horizontale, mais ils avaient été arrêtés au bout par un lac. Peu après, ils étaient redescendus avec un radeau et avaient reconnu que ce lac était alimenté par une forte rivière sortant d’une galerie latérale orientée suivant le prolongement de la première ; mais une cascade de 5 mètres avait été pour eux un obstacle infranchissable. Vers le milieu de juillet dernier, MM. Martel et Gaupillat ont repris l’exploration de leurs prédécesseurs. Le niveau de l’eau du lac était plus élevé de 2m,25 que lors de l’exploration de MM. Quentin et Coste, ce qui permit de franchir sans grande difficulté la cascade.
- La galerie se prolongeait derrière la cascade en véritable torrent et l’on dut porter les bateaux en cheminant péniblement sur les grèves argileuses et glissantes ou sur les blocs de rochers semés dans le courant. On rencontra plusieurs nappes très profondes. Les explorateurs parvinrent ainsi à un lac d’une quinzaine de mètres de largeur, suivi d’un tunnel qui s’abaissait à une hauteur de 1“,50 pour se relever enfin à 6 ou 8 mètres dans une sorte de salle formant cul-de-sac, à 1100 mètres de l’ouverture du gouffre. Le courant fort et abondant a le débit d’une grosse rivière et paraît drainer toutes les eaux d’in-liltration du causse du Comtal entre le Lot et l’Aveyron ; il alimente très probablement les sources volumineuses de Salles-la-Source à 5 kilomètres à l’ouest du Tindoul, par 450 mètres d’altitude. MM. Martel et Gaupillat pensent que les botanistes, les géologues, les zoologistes et les paléontologistes trouveront beaucoup de sujets d’étude au Tindoul; aussi ces messieurs ont-ils cru faire une œuvre utile à la science en se rendant locataires du Tindoul, par bail sous seing privé, souscrit à Rodez. Ils offrent dès maintenant l’accès libre du gouffre à tout savant qui leur en fera la demande et mettent à sa disposition les ressources de matériel dont ils disposent. *
- Varia. — M. Lechatelier a effectué des expériences sur la cristallisation du carbonate de chaux. — M. le baron Larrey fait hommage do son livre intitulé Madame mère, et M. Guillemin, de son excellent ouvrage d’astronomie vnlgarisée intitulé Les autres mondes. — M. Schlum-berger communique ses recherches sur la constitution des peptones. — M. Maurice d’Ocagne donne une Note sur la sommation d’une classe déterminée des séries.
- Ch. de Villedei.il.
- LA CHIMIE SANS LABORATOIRE
- EXPÉRIENCE DE FLUORESCENCE
- Les couleurs extraites du goudron de houille n’ont pas seulement des applications innombrables, principalement en teinture, elles nous fournissent encore la matière d’expériences aussi brillantes que
- faciles à réaliser.
- 11 suffit de prendre un grand verre à boire, sans pied, de le remplir d’eau, d’attendre qu’elle soit devenue immobile et de projeter cà la surface quelques menues parcelles de 11 uo-rescéinc. Les petits grains de couleur se mettront à descendre lentement vers le fond du vase, tout en se dissolvant, et laisseront derrière eux des sillons jaunes à fluorescence verte de l’apparence la plus brillante.
- La quantité de matières colorantes à employer pour produire le phénomène est très minime ; les quelques grains qui restent adhérents au papier sur lequel on l’a d’abord versée pour la remettre ensuite dans son récipient, sont largement suffisants.
- Cette expérience réussit avec toutes les matières colorantes artificielles qui sont, en outre, plus lourdes que l’eau, que celle-ci mouille aisément, mais sans les dissoudre trop vite. Elle est particulièrement remarquable avec les matières colorantes à fluorescencetelles l’éosine, l’érythrosine, etc. Les matières colorantes non fluorescentes donnent des sillons d’une seule couleur : tels le vert malachite, la cocéine, le rouge français. Enfin, en les mélangeant, on obtiendra un véritable bouquet de sillons aux couleurs variées. J. G.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissam>ii:r.
- Expérience de fluorescence.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1017. — 20 NOVEMBRE 1 892.
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- LE TÉLÉPHONE DE NEW-YORK A CHICAGO
- Il y a quinze ans environ, nous donnions dans La Nature la description des expe'riences qu’un jeune physicien américain, M. Graliam Bell,
- venait d’exécuter au moyen d’un appareil que les journaux, de l’autre côté de l’Atlantique, désignaient sous le nom àe télégraphe variant. C’était peut-être
- M. Grahain Bell inaugurant la ligne téléphonique de New-York à Chicago (1520 kilomètres de longueur), le 18 octobre 1892. (D’après une photographie instantanée à la poudre-éclair.)
- le premier article complet qui paraissait en France au sujet de l’étonnante découverte; nous avions représenté par des gravures, et d’apres des documents authentiques, M. Graham Bell, faisant d’une part une conférence à Salem1, près de Boston, parlant devant le premier téléphone, et d’autre part desaudi-
- Yoy. n° 203, du 21 avril 1877, p. 328.
- 20e année. — 2e semestre.
- teurs écoutant les paroles de l’orateur, dans le récepteur placé à 22 kilomètres de distance. Quelques-uns de nos physiciens les plus éminents, et notamment un électricien, membre de l’Académie des sciences, aujourd’hui décédé, protestèrent contre cette nouvelle, et ne voulurent pas croire à la réalité du télégraphe parlant qu’ils traitaient de canard américain.
- Nous avions pour notre part la persuasion que la
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- nouvelle était exacte, parce que nous savions que sir William Thomson, l’illustre physicien anglais, l’avait, vérifiée lui-même aux Etats-Unis.
- « J’ai entendu, disait avec admiration M. William Thomson, lord Kelvin, aujourd’hui, les paroles To be or not to be, articulées par une membrane métallique placée à l’extrémité d'un fil télégraphique. »
- Depuis cette époque, l’appareil de M. Graliam Bell a fait son chemin; en moins de quinze ans toutes les villes du monde ont été pourvues d’un réseau téléphonique qui met en communication des milliers d’abonnés. Les villes elles-mêmes peuvent communiquer entre elles : Paris est relié à des capitales lointaines, à Bruxelles et à Londres, comme à des grandes cités de France, telles que Lille, llouen, le Havre, Bordeaux, Marseille, etc.
- Nous avons toujours tenu nos lecteurs au courant des progrès réalisés. L’an dernier, au moment où la voix humaine a pu franchir pour la première fois la Manche entre Londres et Paris, notre savant collaborateur, M. E. Hospitalier, a parlé des obstacles qui s’opposaient à la transmission téléphonique à grande distance, et des moyens que les physiciens avaient employés pour y remédier ; nous ne reviendrons pas ici sur le côté technique du problème, il nous suffira de renvoyer nos lecteurs à cet article1 et aux Notices précédentes publiées sur le téléphone.
- Il n’y a guère plus d’un an qu’a fonctionné le téléphone entre Paris et Londres, et voici que de nouvelles conquêtes ont été faites aux Etats-Unis en faveur de la téléphonie à grande distance. La ligne téléphonique reliant New-York à Chicago, sur une distance de 1520 kilomètres, a été inaugurée le 18 octobre 1892 ; nous avons donné précédemment quelques détails au sujet de cette installation jusqu’ici unique dans l’histoire de la téléphonie2; nous croyons devoir enregistrer aujourd'hui, d’une façon plus complète,cet événement capital. La ligne nouvelle a été inaugurée par M. Graham Bell, qui, de New-York, a pu converser à Chicago, avec M. William II. Hubbard. Une photographie instantanée à la poudre-éclair a été faite de cette expérience mémorable ; nous la reproduisons, comme le témoignage des progrès accomplis par deux branches de la science également fécondes, la téléphonie et la photographie; les personnages représentés sont de véritables portraits, et nous sommes heureux de pouvoir donner l’image de M. Graham Bell, le grand physicien, l’homme modeste et sympathique par excellence, auquel on doit Tune des plus étonnantes découvertes de la physique moderne. Directement derrière M. Graham Bell, on voit dans la gravure M. John E. Hudson, président de la Compagnie téléphonique américaine, et à la droite de ce dernier, M. E. J. Hall, le vice-président.
- Un groupe d’invités d’élite assistent avec recueillement à cette conversation de deux hommes qui
- 1 Yoy. ii° 050, du 28 mars 1801, p. 258.
- 2 Voy. n° 1015, du 12 novembre 1802, p. 382.
- parlent et s’entendent entre eux, par l'intermédiaire d’un simple fil métallique, à plus de 1500 kilomètres de distance.
- La longueur totale de la ligne de New-York à Chicago dépasse de plus du double le développement de la plus grande ligne construite antérieurement. Non seulement New-York peut correspondre avec Chicago, mais Boston, Philadelphie, Baltimore et Washington partagent le même privilège. L’œuvre géniale de M. Graham Bell porte ses fruits.
- Gaston Tissaniher.
- L’EXPÉDITION NANSEN
- AU PÔLE NORD
- Nous apprenons le lancement du Fram (En Avant), le bateau à l’aide duquel le Dr Nansen, le grand explorateur du Groenland, compte atteindre le pôle Nord. En vue de cette expédition, qui présente un intérêt international et sans précédent, le Parlement norvégien avait dernièrement voté une subvention de 200 000 kroner, soit 262500 francs, à laquelle sont venues se joindre des souscriptions privées. Le roi Oscar, lui-même, a donné 20 000 kroner.
- Nansen a déjà fixé son itinéraire. Filant par l’est jusqu’à la côte septentrionale sibérienne, il suivra ensuite, à partir des îles de la Nouvelle-Sibérie, un courant qui se dirige vers le pôle. Son plan est de se faire prendre dans les glaces et de se laisser aller à la dérive par le courant jusqu’aux confins du Groenland, en passant par les régions boréales. 11 considère comme absolument certaine l’existence de ce courant, sur la violence duquel est basée toute l’expédition, et il estime qu’avec d’importantes provisions et un bateau très solidement et spécialement construit, la découverte du pôle est une simple question de temps. Aussi s’est-il équipé pour un voyage de cinq ans, bien qu’il espère revenir beaucoup plus tôt.
- Dernièrement, le Fram a donc été lancé, à Launvick, un port situé près du fiord Christiania, au sud de la Norvège. Le lancement a eu lieu au milieu d’une foule enthousiaste, accourue dé tous les points de la Scandinavie et même de l’étranger. Construit sur les plans de Nansen, par un écossais, M. Colin Archer, ce nouveau bateau a 59 mètres de longueur seulement, I l mètres de largeur et 5m,2o de profondeur. Il jauge 550 tonneaux et son déplacement est de 800 tonneaux. La principale condition pour la construction du Fram étant d’obtenir, avec un maximum de résistance, une égale répartition de la force de résistance sur toutes les parois de la coque, on l’a revêtu d’une sorte de cuirasse qui mesure 8 à 15 centimètres et qui est elle-même posée sur trois épaisseurs de chêne de 80 centimètres. L’avant et l’arrière, cuirassés de lames en fer, sont en forme de pointe. Les hélices, comme le gouvernail, sont disposées de telle sorte qu’on pourra les faire rentrer à l’intérieur de la coque quand celle-ci sera prise dans les glaces.
- C’est au capitaine Sverdrup, le hardi marin qui accom-pagnaNansen dans son premier voyage au travers du continent groënlandais, qu’a été confiée la direction du Fram. L’équipage ne dépasse pas douze hommes. Enfin, dernier détail, le bateau est éclairé à l’électricité.
- Le Dr Nansen compte entreprendre son voyage aux premiers jours du printemps, afin de pouvoir gagner pendant Tété le courant dont il a été question et qui doit le conduire aux limites polaires. X. West
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- LA NAT U HE.
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- LE « PAULOWNIA »
- OU KlIII DU JAPON
- La Nature a publié récemment un intéressant article sur le Paulownia impérial, arbre originaire du Japon, où il porte le nom de Kiri1. Puisque les Parisiens semblent goûter les belles fleurs et les larges feuilles de cet arbre, il n’est pas inutile de compléter cet article par un détail de culture qui leur permettra d’obtenir en trois ans des Kiri vigoureux et parfaitement droits.
- Voici la méthode japonaise dont j’ai moi-méme fait l’expérience avec succès. Le Kiri ne se multiplie jamais au Japon par graines, mais par éclats de racine, que l’on enfouit au printemps à 3 ou 4 centimètres sous terre. La première année on coupe toutes les pousses, n’en laissant qu’une seule; la seconde année, à la fin de l’hiver, on scie à ras du sol cette poussse de la première année et, quand la végétation commence, on coupe de nouveau toutes les pousses, n’en laissant qu’une. Enfin la troisième année, toujours avant le printemps, on recommence l’opération en sciant ce rejeton de l’année précédente. La racine s’est développée et va lancer des rejetons forts et vigoureux; on les laisse tous pousser pendant quelque temps, afin de pouvoir choisir le plus beau, et on coupe tous les autres. On obtient ainsi, à la fin de la troisième année, un arbre parfaitement droit et déjà haut de plus de 3 mètres.
- C’est la méthode la plus rapide pour obtenir de grands et beaux arbres quand on désire les cultiver comme ornement de jardins. Mais cette culture a un inconvénient : le tissu du bois est moins serré et par conséquent moins solide. Comme bois d’ébénisterie, il se vend moins cher que le Kiri qui n’a pas été coupé.
- Mais beaucoup de propriétaires japonais, attirés par un gain facile, emploient cette méthode : ils coupent le Kiri à ras du sol au bout de huit ou dix ans; puis recommencent l’opération indiquée plus haut et, au bout de trois ans, ont de nouveau un arbre haut de plusieurs mètres.
- Le bois de Kiri, d’une grande légèreté, sert surtout à fabriquer les « géla », cette curieuse chaussure japonaise. Les femmes de bonne maison sont souvent perchées sur des géta énormes, qui étonnent l’Européen nouvellement débarqué, car ces chaussures lui semblent devoir être très lourdes ; erreur, elles sont presque aussi légères que les fins souliers des élégantes Parisiennes.
- De plus, comme le fait très bien remarquer l’auteur de l’article de La Nature, le Kiri est un bois très sec, insensible aux influences hygrométriques ; à ce point de vue il est très précieux et n’a pas son pareil en Europe. Aussi, au Japon, toutes les armoires et boîtes de bonne qualité sont fabriquées en Kiri, car elles préservent de l’humidité les objets qu’on y renferme. Les instruments de précision, les appareils photographiques gagneraient beaucoup à être fabriqués en Kiri.
- En finissant, je ne puis m’empêcher de trouver étrange cette manie des savants européens de donner de nouveaux noms aux produits étrangers qu’ils découvrent. C’est une vanité qu’ils partagent avec les géographes et qui est cause d’une confusion au moins inutile. Le Kiri est originaire du Japon, et, depuis que l’empire du Soleil levant existe, cet arbre s’appelle Kiri. Ce nom n’a aucun sens, assurément, mais il a au moins l’avantage d’exister depuis des siècles.
- Quel rapport au contraire peut-on trouver entre cet arbre, découvert dans l’extrême Orient, et une certaine princesse des Pays-Bas qui a nom Paulownia? N’v a-t-il pas ici un abus contre lequel il serait temps de réagir?
- L. Droüart de Lkzey,
- Missionnaire apostolique.
- Tokio (Japon), octobre 1892.
- LA POTÉE D’ÉTAIN
- La potée d’étain est un stannate de plomb, obtenu en oxydant dans des fours spéciaux environ trois parties de plomb et une d’étain. Jusqu’à ces dernières années, elle a été employée exclusivement au polissage du cristal, opération qui termine la taille et lui donne un brillant et un éclat parfaits.
- Pour arriver à ces fins, le tailleur imprègne de cette substance humectée d’eau une roue de liège animée d’un mouvement de rotation rapide, et présente successivement à la roue chacune des faces à polir : ses mains sont donc constamment en contact avec la potée, toute sa personne en reçoit aussi par projeçtion ; enfin, la chaleur développée par le frottement contre la roue est assez grande pour en dessécher une partie, qui se répand dans l’air et pénètre dans la bouche et les voies respiratoires.
- Pour éviter les accidents causés par le plomb chez les ouvriers de la grande cristallerie de Baccarat, M. Guéroult a cherché à remplacer la potée par une substance inoffensive : de toutes celles essayées, c’est l’acide métastan-nique qui remplit le mieux les conditions voulues; ce corps est obtenu par l’action au bain-marie de l'acide nitrique concentré sur la grenaille d’étain. Toutefois on ne peut l’employer seul, car il adhère trop fortement au cristal après polissage; on lui adjoint de la potée d’étain. Le mélange employé est le suivant : potée d’étain, 1 kilogramme; acide métastannique, 2 kilogrammes.
- L’ancienne potée contenait 01,5 pour 100 de plomb, la nouvelle en contient seulement 20 pour 100.
- Depuis dix-huit mois que ce mélange est employé, on n’a plus constaté aucun cas d’empoisonnement par le plomb, et chez ceux mêmes qui avaient eu autrefois des accidents, il ne s’est pas produit une seule rechute, ainsi qu’il résulte du rapport de M. le Dr Schmitt.
- Le seul inconvénient de ce nouveau mélange est d’être sensiblement plus cher que l’ancienne potée; toutefois, l’Administration de la cristallerie n’a pas hésité à en prescrire immédiatement l’emploi général. A cette heure, elle bénéficie de la santé de ses ouvriers. Les déclarations suivantes, extraites d’un rapport de M. le Dr Schmitt, médecin de la cristallerie, en fournit la preuve :
- « Depuis le 1er juillet 1891, je n’ai pas constaté un seul cas d’intoxication saturnine chez les tailleurs sur cristaux. Je dirai même plus, c’est que chez presque tous les tailleurs atteints précédemment, la santé générale s’est améliorée; l’anémie d’origine saturnine a disparu chez la plupart ; chez un seul, notoirement alcoolique, et chez quelques autres vivant dans des conditions peu hygiéniques, l’état général laisse à désirer. Chez les anciens saturnins qui, avant l’emploi de la nouvelle potée, présentaient des lésions irrémédiables d’intoxication saturnine (néphrite interstitielle), je n’ai constaté aucune aggravation. Quelques-uns d’entre eux accusent des troubles dyspeptiques, mais qui, à mon avis, doivent être rapportés beaucoup plus à leurs habitudes peu hygiéniques (alcoolisme) qu’au réveil de leurs anciennes intoxications. »
- 1 Voy. n° 999, du 25 juillet 1892, p. 125.
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- LA NATUIIE.
- L’HOTEL DE VILLE DE PHILADELPHIE
- ET SON DÔME RECOUVE UT d’aLUMINIUM
- L’IIôtel de Ville de Philadelphie, dont la construction est en voie d’achèvement, comptera parmi les monuments actuels les plus importants du glohe, sinon par ses proportions artistiques, tout au moins par la grandeur de la construction, par l’originalité' de certaines de ses parties et, en particulier, par le campanile qui doit surmonter le vaste e'difice. 11 nous semble intéressant de signaler à nos lecteurs les particularités de cette construction, d’après des renseignements publiés par le Scig^tific Amevicanik
- L’Hôtel cre Ville de Philadelphie forme une massive construction de forme presque carrée, car deux des côtés ont 142 mètres de longueur et les deux autres 146 mètres. Sur la face nord s’élève une tour monumentale construite sur une base carrée de 50 mètres de côté et de 5 mètres de hauteur.
- La tour elle-même a 27 mètres de hase,avec des murs de 8 mètres d’épaisseur, construits en pierres, dont chacune pèse de 2 à 5 tonnes. La tour s’élève en s’amincissant d’étage en étage et arrive à former à son sommet un octogone de 15 mètres de diamètre; elle se termine par un dôme sous lequel sera installée une horloge monumentale dont le cadran a 0 mètres de diamètre et dont Lune des aiguilles est à 110 mètres au-dessus du sol.
- L’étage de la tour réservé à cette horloge est couvert par un dôme en fer-acier recouvert d’aluminium (lig. 1) qui, prenant la patine bleuâtre caractéristique de ce métal, produira un effet tout à fait nouveau et inattendu.
- Ce dôme, sur la construction duquel nous allons revenir tout à l’heure, sera couronné par une statue
- colossale en bronze représentant William Penn, le célèbre fondateur de la Pensylvanie. L’artiste, M. A.-M. Calder, a représenté William Penn d’après une peinture originale appartenant à la Société historique de l’Etal, peinture offerte par son propre petit-fils, M. Camille Penn. Cette statue, que l’on voit figure 1, à côté du dôme et à la même échelle (pie lui, représente William Penn à l’âge de 58 ans, dans le costume des dernières années du règne de Charles II, à l’époque de son premier voyage aux colonies, la main posée sur une copie de la charte de la cité.
- La page ouverte montre le sceau de Charles II ; le diamètre de ce sceau est de 60 centimètres. Le texte meme est en caractères anglais employés à cette époque ^ et ont 15 centimètres de hauteur. Cette statue est fondue en cinquante pièces environ, reliées entre elles par des boulons et des rivets fixés sur des nervures intérieures, de façon à rendreles joints imperceptibles ; sa hauteur totale est de 1 lm,5 et son poids de 24 tonnes. La tète de la statue sera, après le sommet de la tour Eiflcl, le point le plus élevé du monde sur un monument.
- On pourra se faire une idée des dimensions colossales de la statue par ce fait que son chapeau a 1)0 centimètres de diamètre et le rebord extérieur 7 mètres de circonférence. Le nez à 55 centimètres de longueur; les yeux 50 centimètres de longueur et 10 centimètres d’ouverture; la bouche 50 centimètres de longueur; la tête, du menton au chapeau, 1 mètre de hauteur; les doigts 75centimètres de longueur, etc.
- Décrivons maintenant le dôme, d’une construction beaucoup plus originale et intéressante que la statue.
- Le premier architecte de l’édifice, M. Mac Arthur, appréciait les difficultés que présentait l’entretien d une semblable ossature construite en fer, pour la préserver de l’oxydation, et estimait à 10 000 dol-
- Fig. 1. — Le dôme de Fllôlel de Ville de Philadelphie et la statue de William Penn.
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- lars (50 000 francs) par an, les seuls frais d’enlre-lien et de réfection de peinture. Il proposa d’alumi-ner le dôme, mais le prix élevé de l'aluminium rendait alors cette opération irréalisable. A la mort de
- M. Mac Arthur, son successeur, M. JolmOrd, reprit ce projet et résolut de recouvrir toute la carcasse métallique d’une couche d’aluminium, sur du cuivre préalablement déposé électrolytiquement sur le fer;
- Fig. 2. — Usine électro-métallurgique de dépôts d’aluminium à Tacony (Pensylvauie). — Vue d’ensemble de l’usine. Coupe de la cuve pour recouvrir d’aluminium les colonnes destinées à l’Hôtel de Ville de Philadelphie.
- l’aluminium devait donner au cuivre une patine agréable; on sait que le cuivre, exposé aux influences climatériques, prend bientôt une teinte générale verdâtre d’un elï’et décoratif déplorable.
- Les travaux nécessaires pour mener à bien cette immense entreprise électro-métallurgique ont été entrepris par la Tacony Iran and Métal C°, de Ta-
- cony (Pensylvanie), à la fin de 1891. Il a fallu, pour mener à bien ce travail, construire un bâtiment spécial de 40 mètres de longueur et 20 mètres de largeur dans lequel a été installé le matériel nécessaire aux dépôts d’aluminium, par un nouveau procédé dii à M. J.-P. Darling, de New-York ; les premiers dépôts ont été effectués en avril dernier.
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- Les dimensions des cuves d’eTectrolyse étaient naturellement fixées par celles des plus grandes pièces à recouvrir : ces pièces sont les colonnes et les pilastres qui entourent l’étage de l’horloge ; ces colonnes ont 8 mètres de longueur et 90 centimètres de diamètre à leur partie inférieure. Les cuves ont donc été construites pour pouvoir recevoir ces colonnes ; elles ont 8m,5 de longueur, lm,2 de largeur et lm,5 de profondeur et reçoivent environ 17 mètres cubes de solution.
- La cuve dans laquelle s’effectue le dépôt d’aluminium a môme 2m,4 de profondeur, en vue de l’exécution des travaux spéciaux et renferme plus de 50 mètres cubes de solution.
- La figure 2 montre ces cuves disposées en deux rangées dans des fosses cimentées. Le vide entre la cuve proprement dite et la fosse est rempli d’eau afin de s’opposer à des fuites importantes et d’équilibrer la pression exercée sur les parois dé la cuve par le liquide actif qu’elle contient. Deux longues poutres en fer à double T, sur lesquelles roulent des chariots, permettent de déplacer les pièces en traitement et de les amener successivement au-dessus des différentes cuves dans lesquelles elles doivent être plongées pour assurer un bon revêtement électrolytique.
- S’il s’agit d’une colonne, par exemple, on dispose à ses extrémités des croisillons qui permettent delà saisir et de la manœuvrer facilement, puis elle est plongée dans la première cuve en fer, qui renferme une solution concentrée de soude caustique chauffée à la vapeur; elle y reste plusieurs heures pour dissoudre complètement les huiles et les corps gras dont elle a été couverte pendant le travail d’ajustage. En sortant du bain de soude caustique, elle est lavée à grande eau, à la lance, et amenée dans une seconde cuve renfermant de l’eau acidulée sulfurique où se dissout la rouille.
- Elle est ensuite énergiquement gralte-bossée et fortement rincée, puis immergée dans la troisième cuve qui renferme un bain de cyanure pour y recevoir un premier dépôt de cuivre. On peut alors terminer la pièce, corriger ses petites imperfections et souder certaines parties s’il y a lieu. Après cette opération, la pièce est amenée au-dessus de la deuxième rangée de cuves où, après avoir été recouverte à l’intérieur d'une couche isolante de paraffine, elle est plongée dans la quatrième cuve renfermant une solution acide de sulfate de cuivre. Elle est alors recouverte d’une couche épaisse de métal, environ \ 6 onces par pied carré, ce qui correspond à 5 kilogrammes par mètre carré. Après avoir fait fondre la paraffine, la pièce est portée dans le bain d’aluminium où elle est recouverte à raison de 2 à 5 onces par pied carré (G 12 à 918 grammes par mètre carré), lavée à l’eau pure dans la sixième et dernière cuve, puis enfin placée sur un truck qui sert à l’emporter hors de l’atelier. La figure 2 qui représente l’ensemble des cuves montre aussi, en même temps que les dynamos, deux autres cuves plus petites,
- destinées à recouvrir les pièces plus petites. La surface à recouvrir dépasse 100(100 pieds carrés ([très de 10 000 mètres carrés).
- Les dynamos qui sont du type le plus puissant construit jusqu’à ce jour en Amérique pour les opérations électrolytiques envoient les courants qu’elles produisent par des conducteurs en cuivre de J 5 centimètres de largeur sur 16 millimètres d’épaisseur. Le bain de dépôt de cuivre alcalin est alimenté par une dynamo donnant 1000 ampères et 6 volts, celui du cuivre acide par deux machines en dérivation fournissant ensemble 4000 ampères et 2,5 volts; le bain d’aluminium est [électrolysé par le courant de la machine la plus puissante produisant 2000 ampères et 8 volts.Le courant est amené aux colonnes par des fils de cuivre qui les entourent comme des sangles et sont reliées au pôle négatif par des barres en laiton sur lesquelles elles s’attachent. Les densités de courant employées sont respectivement de 50 ampères par mètre carré pour le bain de cuivre alcalin, 100 ampères par mètre carré pour le bain de cuivre acide et 80 ampères par mètre carré pour le bain d’aluminium. L’aluminium ainsi déposé est moins cohérent et plus poreux que l’aluminium fondu ou laminé, mais cette porosité le fait ternir rapidement, l’oxyde insoluble formé protège les parties sous-jacentes et donne aux pièces une couleur gris bleuté qui s’harmonise parfaitement avec les autres parties de la construction en pierre. Pour les décorations intérieures, il sera possible de vernir ou de laquer le métal, de lui donner un aspect brillant ou mat, soit pendant le dépôt, soit après, et d’obtenir ainsi différents effets décoratifs nouveaux et curieux. 11 y a là une tentative hardie et intéressante ; le temps seul pourra nous en faire connaître la valeur au point de vue de la protection des constructions en fer dans les pays où les cieùx incléments rendent son emploi difficile ou impossible à l’extérieur des habitations.
- X..., ingénieur.
- L’ORIGINE DU PÉTROLE
- Les diverses théories de la formation du pétrole peuvent être rapportées à deux types : le premier lui donnant pour origine l’action de réactions chimiques dues à des minéraux ou à des matières inorganiques ; le second lui donnant une origine organique par la décomposition de végétaux ou de matières animales.
- Les théories de M. Berthelot et de M. Mendeljeff sont des exemples du premier type. D’après M. Berthelot, le pétrole est formé par l’action de l’eau chargée d’acide carbonique sur les alcalis métalliques libres à la température élevée qui règne à l’intérieur de la terre ; des réactions mises ainsi en jeu résulte la formation de composés hydrocarbonés. La théorie de M. Mendeljeff admet au centre de la terre la présence de fer métallique ou de carbures métalliques à haute température; par leur réaction sur l’eau, les oxydes métalliques et les composés hvdro-carbonés prennent naissance.
- Ces deux théories supposent la formation continue du pétrole; les vapeurs engendrées par les réactions vont se condenser dans les terrains poreux des champs d’huile
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- formant line source inépuisable tant que les minéraux nécessaires et la vapeur d’eau réagiront.
- Parfaites au point de vue chimique, ces théories ne sont pas admises par les géologues, qui les considèrent comme en désaccord avec les notions de la géologie, à savoir que le pétrole a pour origine la décomposition des matières végétales ou animales renfermées dans les terrains pétrolifères. La décomposition des végétaux, quand elle se fait à la température ordinaire, donne du gaz des marais. Les tourbières dégagent des gaz inflammables ainsi que des produits bitumineux étroitement liés au pétrole et à l’asphalte, ce qui montre que la décomposition des matières organiques peut donner naissance au pétrole.
- Deux explications sont données de cette décomposition : 1° la matière organique s’est décomposée sur place dans les assises prétrolifères; 2° la décomposition adonné lieu à des composés hydrocarbonés qui ont réagi pour donner l’huile de pétrole et des gaz qui, par leur pression, ont transporté l’huile dans les assises pétrolifères qui ont servi de réservoirs.
- La première explication est due au professeur T. S. llunt; la seconde a été exposée en 1880 par M. S. F. Peckam.
- Le professeur Edward Orton, d’autre part, examine la question de l’origine du pétrole d’une manière remarquable et expose ses idées à ce sujet, idées dues à une étude approfondie des champs pétrolifères de l’Ohio et à une étude générale de la question. Il incline à penser que la décomposition des végétaux ou des animaux, suivant les localités, a dù se passer in situ pour la production du pétrole.
- La teneur en azote et en soufre des huiles de Lima et de Californie, leur présence dans du calcaire contenant des restes de matière animale, sont de grandes preuves de l’origine animale. Ces huiles du calcaire sont brunes, lourdes, d’odeur rance, et se distinguent facilement des huiles d’origine végétale, telles que celles de Pensylvanie, qui accompagnent des schistes bitumineux et qui se trouvent dans les grès. Comme argument contre la théorie de la distillation, le professeur Orton cite ce fait que les sondages effectués à une profondeur de 601) mètres dans les roches sous-jacentes des champs d’huile de l’Ohio, n’ont montré aucune trace de métamorphisme. En faveur de la théorie de la décomposition sur place, il cite ce fait qu’à l’île de la Trinité, les couches schisteuses de formation relativement récente et contenant d’abondants détritus végétaux, se sont relevés actuellement au-dessus du niveau de la mer ; elles produisent de grandes quantités de pétrole qui, par l’action de l’atmosphère, se résinifie et se transforme en bitume. Si, lors de la formation, le pétrole est soustrait au contact de l’air, il reste à l’état liquide. Un climat tropical paraît être nécessaire à ces modifications.
- L’explication de la formation des gisements d’huile de l’Ohio et de la Pensylvanie serait la suivante : à la place des masses d’huile se trouvait jadis une mer, à fond schisteux, dans laquelle le développement de la végétation était abondant. L’argile, le sable furent apportés par le limon des rivières tributaires. Par décomposition analogue à celle du charbon en présence des schistes, il se passa le même phénomène que nous avons relaté pour l’île de la Trinité. Le pétrole formé fut absorbé par l’argile et resta au fond à l’état de sédiment. La formation continua jusqu’à épuisement des matériaux produisant e champ le plus riche en pétrole connu jusqu’ici.
- En résumé, la théorie du professeur Orton peut se résumer comme suit :
- 1° Le pétrole est dérivé d’une matière organique.
- 2° Cette matière organique est composée en majeure partie de végétaux.
- 5° Les pétroles du type du Canada ou Lima proviennent de la décomposition des matières organiques dans le calcaire. Elles ont probablement une origine animale.
- 4° Les pétroles du type de Pensylvanie proviennent des matières organiques des schistes bitumineux.
- 5° Le pétrole est produit à la température normale des roches, car les champs de l’Ohio ne présentent aucune trace d’une distillation de schistes bitumineux.
- 6° La quantité de pétrole existante peut être considérée pratiquement comme définitive, car, quoique la formation du pétrole continue encore, elle est trop lente pour augmenter d’une manière notable le stock actuel '.
- VOYAGE AU TONKIN
- PAR LE PR1XCE II K \ Ii I d’oRLEA.NS
- Le prince H. d’Orle'ans a présenté au dernier Congrès, tenu à Pau par l’Association pour l’avancement des sciences, un Mémoire intitulé : Une excursion en Indo-Chine, 11 a réuni en outre, dans une des salles du Cercle de la librairie, «Y Paris, une foule de documents recueillis par lui. On y trouve, entre autres, une collection fort intéressante d’histoire naturelle : animaux, bois, minerais; de nombreuses photographies de paysages, monuments et surtout de types des populations traversées ; de curieux bouddhas achetés dans les pagodes ou ramassés dans les ruines; des spécimens de costumes, d’étoffes et de produits indigènes, et des échantillons des articles européens qu’on trouve sur les marchés du pays, avec le prix de vente de chacun. Nous y voyons peu d’articles français. Ils sont trop bien faits et, par suite, trop chers pour être exportés.
- Indépendamment du sentiment de curiosité que peuvent éveiller la relation du voyage et l’exposition des objets rapportés, l’intérêt qui doit s’attacher au résultat de cette expédition est, pour un Français, d’une portée beaucoup plus élevée.
- Dans un style sobre, clair et précis, le jeune voyageur indique sans détours, avec franchise et impartialité, ce qu’est le Tonkin et surtout ce qu’il devrait être. Créer à côté de l’influence anglaise une influence française solide, riche, durable, tel est le résultat que nous devons atteindre, et l’édifice sera impérissable. Mais qui veut la fin veut les moyens. Si nous nous en rapportons aux soldats que nous avons sacrifiés, à l’argent que nous avons dépensé pendant de longues années en Algérie pour nous y asseoir solidement, nous reconnaîtrons que ce n’est pas au bout de six années que nous pouvons avoir la même situation au Tonkin.
- La piraterie existe dans ce pays depuis des siècles et elle serait, en somme, de médiocre importance, si elle se réduisait à ce qu’elle était autrefois. Mais une main jalouse est constamment dans la coulisse qui excite le Siam contre nous. Par la carte que nous publions à la page suivante, et qui donne
- 1 D’après une Notice de M. Forstall, Pharmaceutical Journal.
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- LA NATURE.
- l'itinéraire du voyage, on peut voir quelles étaient les frontières relatives du Siam et de l’Annam en 1858; ce qu'elles devraient être d’après les traités passés avec nous ; ce qu’elles sont (fig. 1).
- C’est là, sur la limite de cette étroite bande de terrain, que se trouvent actuellement que 1 q u e s-uns de nos soldats dans des postes comme celui que représente notre gravure (fig. 2).
- La Chine, de son côté, ne respecte aucun de ses traités ; elle favorise et encourage l’entrée au Tonkin de ses soldats réguliers, de sorte qu’au lieu d’avoir affaire à quelques bandes mal organisées et mal armées, nous trouvons en face de nous de véritables troupes soutenues et encouragées par nos dangereux voisins qui les recueillent sur leur territoire à la moindre alerte, en dépit de tous les traités.
- Le seul remède consiste à nous faire respecter par la force, c’est le seul argument auquel se rendent les Orientaux, ils n’en connaissent pas d’autres. Ayons une bonne armée coloniale et montrons-nous intransigeants vis-à-vis de gens qui ne connaissent que la ruse et la duplicité. Ce que nous devrions surtout éviter, ce sont les discussions au grand jour à propos de notre colonie. Les Chinois sont mis au courant de toutes nos hésitations, par des nations jalouses qui les amplifient et les répandent de vive voix et par écrit dans les journaux indigènes, plus nombreux qu’on ne le croit en France.
- Le Tonkin, par lui-même, est riche, on y trouve du cuivre et même de l’or, mais surtout du charbon; on y cultive le thé, le coton, le café, l’indigo,
- la ramie, etc., le riz surtout, qui s’exporte en Chine en grande quantité. La population est frugale, docile, et la main-d’œuvre y est très bon marché.
- Mais, indépendamment de sa grande richesse, nous devons considérer
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- —_Itinéraire duPnnceHEWRIDOSUANS
- de HANOÏ à BANGKOK j1; , 0/
- + Frontière actuelle daflndoChinefrançaisej
- —.-.Fro.itiéredûe dellndoChine française- j p -...^Frcnîièredel'Afmani en 1833. 1
- J. MtnrFJj..Ÿc>
- Fig. 1. — Carte du voyage du prince Henri d’Orléans au Tonkin.
- Fig. 2. — Poste militaire fiançais de Dien Bien-fou au Tonkin.
- La vue représente le dernier poste français sur la frontière nord-occidentale du Tonkin. (D’après une photographie.)
- principalement que les transactions commerciales avec la Chine seront rendues extrêmement économiques si nous savons utiliser le Fleuve Rouge et la Rivière Noire au Tonkin, le Mé-Kong, en Co-chinchine. En effet, tous les produits venant de Chine et ceux qui y vont suivront ces voies si courtes et si économiques, comparativement à celles qu’ils sont obligés de suivre aujourd’hui.
- C’est bien là ce que comprennent nos rivaux, les Anglais, et c’est ce qui les inquiète. Aussi ne reculent-ils devant aucun sacrifice pour nous devancer. En un an, ils ont fait en Birmanie deux cent vingt kilomètres de chemin de fer, alors qu’en deux ans nous avons réussi, nous, à en faire... vingt-deux seu 1 em e n t ! Faire respecter par le Siam notre traité de 1807 assurant la liberté de la navigation du Mé-Kong et
- construire quelques kilomètres de chemin de fer, de llouten àVinh, voilà pour l’An-nam ; accomplir les travaux nécessaires à la navigation du Fleuve Rouge au niveau des rapides, voilà pour le Tonkin. Les frais seraient vite couverts par le produit de la douane, car tous les produits venant de Chine ou y allant passeront inévitablement par ces voies. Mais il faut d’abord donner la sécurité à l’intérieur afin d’inspirer confiance aux capitalistes qui seraient assez avisés pour placer leur argent dans ces entreprises.
- La richesse du Tonkin suffirait du reste par elle-
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- même à attirer les capitaux, et parmi les produits ex- téressant au plus haut point : c’est le charbon de terre, ploitables dont nous parlions plus haut, il en est un in- Nous avons tenu à montrer à nos lecteurs que ce
- Fig. 3. — Une mine de houille exploitée à Hatou, au Tonkin, à ciel ouvert.
- Fig. 4. — Statuettes de bouddhas dans les campagnes du Tonkiu. (D’après des photographies de M. le prince Henri d’Orléans.)
- n’est pas un mythe et qu’il est déjà en exploitation (tig. 5) dans certaines parties, même avec la plus grande facilité, puisque la mine est à ciel ouvert. C’est là, pensons-nous, une ressource stratégique
- de la plus haute importance ; aucune nation ne possède dans les mers de Chine un approvisionnement naturel aussi considérable, et les Anglais , par exemple,sont obligés d’entretenir à IIong-Kong d’énor.
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- LA NATURE.
- mes de'pôts de charbon qu’ils font venir à grands frais. Sous tous les rapports, nous tenons donc la clef d’une situation exceptionnellement avantageuse, et nous avons le plus grand interet à nous établir solidement au Tonkin, qui pourrait devenir le plus beau fleuron de notre domaine colonial. Puisse le caveant comules du prince Henri d’Orléans être entendu de ceux qui ont la garde de l’honneur et des intérêts français. La collection du prince d’Orléans qui nous a donné l’occasion d’écrire le présent article a offert, outre son intérêt géographique et colonial, quelques spécimens ethnographiques des plus intéressants, notamment des sculptures indo-chinoises très remarquables. Nous reproduisons ci-contre (fig. 4) un groupe de bouddhas qui ont été photographiés au Tonkin près de Ilien Bien-fou. Des statuettes semblables se rencontrent en grand nombre dans les campagnes. G. Mareschal.
- LE PIN BLANC
- On s’efforce avec raison d’introdmre des végétaux utiles dans notre région occidentale de l’Europe, et depuis un siècle environ on a obtenu quelques succès. Mais la source n’est pas inépuisable et les recrues nouvelles seront rares désormais. Il faudra s’appliquer surtout à perfectionner les méthodes de culture et à tirer un parti plus fructueux des conquêtes acquises.
- Cet exorde m’amène à entretenir le lecteur d’un arbre très décoratif que nous rencontrons fréquemment dans les parcs et les jardins de quelque étendue, c’est le Pin du Lord Weymouth des Anglais, Whitepine des Américains1, Pinus strobus des botanistes. Ce conifère est une vieille connaissance, puisque Plukenett, à la tin du dix-septième siècle, puis Tournefort, vingt ans plus tard, le mentionnaient dans leurs écrits sous des noms divers, mais dont le nom définitif fut fixé par Linné en 1765.
- Cet arbre mérite qu’on s’en occupe, d’abord parce que c’est une acquisition du nouveau monde presque au môme titre que le Robinier faux-Acacia introduit des mêmes régions, et qui s’est parfaitement adapté à notre climat. Il a supporté nos grands hivers sans broncher, même en Belgique, d’après la statistique dressée par Ed. Morren. Sa croissance est plus rapide que celle d’aucun autre pin et, avantage incontestable, il s’accommode très bien des sols frais et humides, conditions rares pour des conifères.
- Le White pine est estimé en Amérique du Nord où son bois est d’un emploi très fréquent; mais comme il croît rapidement, sa densité est un peu moindre que celle du bois de Sapin et même de l’Epicéa. Il se rapproche beaucoup de celui du Peuplier et il est très homogène. C’est sans doute à cause de cela que les fabricants de papiers de bois lui reconnaissent des qualités spéciales, et je tiens de l’un d’eux que l’on chercherait vainement une matière première meilleure comme pâte de bois propre à cet usage.
- Les forestiers chez nous ne l’estiment guère, et ils se sont demandé si en Amérique le bois n’acquerrait pas plus de résistance que celui des spécimens cultivés en Europe — la chose n’est pas impossible — ou si les essais
- 1 Les premiers spécimens qui donnèrent graines en Europe et d’où l’espèce se répandit chez nous fructifièrent dans le parc de lord Weymouth en Angleterre. Le nom de Pin blanc, donné en Amérique, vient de la blancheur du bois de cet arbre.
- n’avaient pas été faits avec des arbres insuffisamment âgés. On ne peut d’ailleurs réclamer d’un végétal toutes les qualités réunies. Ce qu’il importe de faire connaître, c’est que beaucoup d’essences d’arbres ont besoin, pour conserver toute leur valeur, d’ètre écorcées aussitôt l’abattage, tandis que pour d’autres cette précaution n’est pas nécessaire. Or, je trouve dans une Note que « le bois du Pin du Lord est durable quand on a soin d’enlever l’écorce après l’abattage de l’arbre ».
- Ce qu’on ne peut contester, c’est que la rapidité de croissance de cet arbre est bien reconnue, même en France1, et que, par cela même, on peut en garnir promptement un sol inoccupé. Il atteint rapidement des dimensions notables et, dans son pays, il s’élève fréquemment à 50 et 60 mètres, avec un diamètre du tronc en proportion, dans un terrain qui lui plaît. Son robuste pivot2 le met à l’abri des coups de vent qui déracinent trop souvent les arbres.
- La zone du Pinus strobus correspond assez exactement en Amérique à notre bassin parisien, entre 48° et 49° N. ; puis elle s’étend jusqu’au versant californien dans la Sierra Nevada. « 11 est très abondant dans les sols gras, le long des ruisseaux fangeux », et c’est par cette dernière remarque que cet article prendra fin.
- L’avantage de pouvoir cultiver dans un terrain humide un arbre vert, alors que le Saule, l’Aulne et le Peuplier seuls peuvent y bien venir, n’est pas à dédaigner.
- Je me souviens avoir vu sur le sol schisteux de l’Anjou et de la Bretagne de nombreuses espèces de conifères dans les jardins se comportant merveilleusement dans le schiste ardoisier. D’anciennes ardoisières abandonnées couvrent parfois de grandes surfaces incultes dans cette région, et quantité de cuvettes formées par le sol bouleversé reçoivent les eaux qui s’y maintiennent longtemps. Je me suis demandé si l’on ne pourrait pas là essayer le Pin du Lord en y répandant quelques litres de graines. On n’arriverait sûrement pas à transformer en forêt une surface désolante de stérilité, mais l’essai serait peu coûteux, et quelque mince que soit le résultat, ce serait un succès même avec de chétifs arbustes. Ceux qui traversèrent la Sologne dénudée, il y a vingt-cinq ans, et qui la revoient aujourd’hui couverte de bois, se souviennent peut-être de l’incrédulité qui avait accueilli les premières tentatives de plantations de cette contrée. J. Poisson.
- L’ACCROISSEMENT DE
- LA NITESSE DES CHEVAUX DE COURSE
- On sait que les Anglais et les Américains attachent la plus grande importance à tous las sports, et qu’en particulier ils suivent très attentivement les records; on fait trop de sport aujourd’hui pour ignorer ce qu’est un record: c’est en somme le haut fait le plus remarquable exécuté en dernier lieu dans un sport quelconque. Il y a le record de marche pour celui qui a parcouru une distance donnée dans le plus court espace de temps, il y a record de bicycle, de tricycle, record de la traversée transatlantique pour les grands paquebots qui font le service de l’Amérique, record pour les chevaux de course, etc.
- Précisément le record des courses de chevaux vient d’ètre battu, suivant l’expression consacrée, c’est-à-dire qu’on a pu enregistrer une vitesse plus considérable que celle qu’on regardait jusqu’ici comme un maximum : en
- 1 Voy. Bull. Soc. d’Acclimatation ; ann. 1875, p. 59.
- i Voy. Mathieu. Flore forestière, p. 547.
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- LÀ NATURE.
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- 1885, le cheval Maud- S. avait pu fournir la vitesse de 1 mille ( 1 (109 mètres) en 2m8",75; en 1892, un autre, Nancy Hanks a brillamment battu ce record en ne mettant que 2m5“,25 pour franchir la même distance. Notre confrère, le Scienlific American a saisi cette occasion pour dresser un tableau curieux des différents records de courses afin de montrer que la vitesse des chevaux s’accroît régulièrement depuis nombre d’années; nous lui en laissons, du reste, toute responsabilité. Après avoir fait remarquer que l’on comptait 2m50s environ en 1818 pour couvrir un mille, il ne commence réellement sa statistique qu’en 1850, époque où les courses de chevaux devinrent un sport suivi assidûment. Il note à ce moment le cheval Burster, mettant 2m329 à franchir 1 mille; en 1844, la vitesse atteint 2m26%5 avec Lady Suffolk. Il faut attendre jusqu’en 1859 pour voir battre ce record par Flora Temple en 2m19\75; huit ans plus tard, en 1867, Tester fournit la vitesse de 2m17%25 et en 1874, Goldsmith Maid celle de 2m14‘. On voit que c’est déjà un beau résultat et un notable progrès sur le célèbre Burster de 1830; mais on ne devait pas s’arrêter là. En effet, en 1880, Maud S. peut fournir la vitesse bien supérieure de 2m'10s,75; puis nous arrivons aux chiffres déjà cités plus haut de 2m8%75 pour ce même Maud S. et de 2m5\25 pour Nancy Hanks.
- Mais dans ce progrès, il y a une bizarrerie vraiment extraordinaire qui consiste dans une régularité curieuse de progression décroissante. On pourrait déjà la mettre en lumière en présentant les divers chiffres que nous avons fournis sous la forme d’un graphique : on trouverait une courbe descendante d’une régularité remarquable. Mais on peut se livrer à une petite opération d’arithmétique bien simple, et l’on verra que la diminution totale de temps obtenue depuis 1850 pour le parcours d’un mille, correspond à peu près exactement à une diminution moyenne de 11 secondes tous les 26 ans : c’est en somme la loi de la progression, et si on l’avait employée en 1850 pour savoir quels auraient été les records des années 1859, 1885, 1892, par exemple, on aurait trouvé les vitesses telles qu’elles ont été effectivement.
- En appliquant cette loi, notre confrère conclut qu’à la fin du siècle on aura obtenu encore une nouvelle diminution de 4 secondes à peu près sur le record de 1892. Il ne voit même pas pourquoi l’on n’arriverait pas à posséder des chevaux capables de couvrir un mille en une minute en l’an 2047, et ce ne serait pas encore la limite du progrès.
- D. B.
- MESURE DE LA PUISSANCE ÉLECTRIQUE
- DES COURANTS ALTERNATIFS
- Lorsqu’un appareil électrique d’utilisation quelconque est établi sur un générateur d’énergie électrique à courant continu, rien n’est plus simple que de déterminer la puissance qu’il absorbe.
- On mesure l’intensité du courant qui le traverse avec un ampèremètre, la différence de potentiel aux bornes avec un voltmètre ; le produit des indications des deux appareils de mesure donne la valeur de la puissance électrique en watts.
- Il n’en est pas toujours de même avec les courants alternatifs. Lorsque l’appareil d’utilisation est une simple résistance, une lampe à incandescence, par exemple, la méthode est applicable. Le produit
- des indications d’un voltmètre et d’un ampèremètre appropriés à ces courants, donne bien la valeur de la puissance électrique fournie ; mais si l’on intercale une bobine, un électro-aimant, un transformateur, un moteur, etc., il n’en est plus ainsi. La puissance effectivement fournie à l’appareil est toujours inferieure à celle qui serait déduite du produit des indications des deux appareils de mesure. Elle peut même être nulle, dans le cas d’un condensateur parfait, et l’on constate alors ce résultat, paradoxal en apparence, qu’un appareil auquel on fournit un courant intense, aux bornes duquel on constate une différence de potentiel élevée, absorbe une puissance électrique nulle. Il nous avait semblé que la question, fort intéressante en elle-même, de la mesure de la puissance électrique dans ces conditions particulières, présentait un caractère un peu trop abstrait pour les lecteurs de La Nature, et nous avions hésité jusqu’ici à en parler; mais en présence, d’une part, du développement croissant des applications des courants alternatifs et de l’emploi, à bref délai, des moteurs à courants alternatifs, et, d’autre part, des questions qui nous sont souvent posées par nos lecteurs à ce sujet, nous croyons devoir donner satisfaction à ceux que la question intéresse, en essayant d’établir, aussi rapidement que possible, le principe sur lequel est basé l’appareil qui permet d’effectuer cette mesure avec précision, quelle que soit la nature de l’appareil d’utilisation.
- Concevons un générateur électrique fournissant à ses bornes une différence de potentiel périodique de forme sinusoïdale et établissons entre ces bornes une simple résistance. Cette résistance sera traversée par un courant qui, à chaque instant, aura une intensité définie par la loi d’Ohm. Cette intensité passera par zéro ou par un maximum aux mêmes instants que la différence de potentiel; il n’y aura aucun décalage entre le courant et la différence de potentiel. La dépense se réduira à réchauffement du conducteur, en conformité avec la loi de Joule.
- Si nous remplaçons cette résistance par une bobine d’électro-aimant, un enroulement de transformateur ou un moteur à courants alternatifs, les conditions vont changer : le noyau de fer va s’aimanter et se désaimanter périodiquement; le moteur va produire de la puissance utile. Il en résultera, dans tous les cas, une force contre-électromotrice qui aura pour effet de réduire l’intensité à une valeur moindre que celle qu’elle aurait si l’on avait affaire à une simple résistance, et de retarder, de décaler le courant par rapport à la différence de potentiel d’une fraction de période variable avec la nature du circuit. Il résulte de ce décalage que le courant et la force électromotrice ne passent plus par zéro aux mêmes instants. Les changements de signe de la puissance la rendent donc alternativement positive et négative, c’est-à-dire que l’énergie électrique mise enjeu dans la période est successivement emmagasinée, pendant une certaine fraction de la période, pour créer l’aimantation du noyau, et restituée
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- ensuite pendant une autre fraction de pe'riode correspondant à la désaimantation. La dépense réelle ne représente que la différence entre l’énergie fournie et l’énergie restituée pendant la période, et cette différence n’est souvent qu’une fraction très petite de l’énergie totale mise en jeu pendant la période.
- Pour mesurer cette différence, il fallait donc créer un appareil spécial qui tînt compte du décalage que nous venons d’indiquer, et cet appareil n’est autre que le wattmètre, dont il nous reste à donner la description, en prenant pour type l’un des plus employés dans l’industrie des courants alternatifs, celui de M. Zipernowsky.
- En principe, le wattmètre est un électrodynamo-mètre de torsion dont l’une des bobines, la bobine fixe, est traversée par le courant total, et la bobine mobile, à fil tin, montée en tension avec une grande résistance, est établie en dérivation entre les deux bornes de l’appareil d’utilisation dont on veut mesurer la puissance moyenne absorbée. Cette bobine mobile tourne autour d’un axe vertical et est fixée à un ressort de torsion en spirale qui permet de la ramener dans la même position à chaque mesure, en tordant le ressort en un sens inverse d’un angle que l’on peut mesurer sur un limbe gradué fixé à la partie supérieure de l’appareil. La bobine fixe exerce sur la bobine suspendue mobile un couple proportionnel à chaque instant au produit des deux intensités qui traversent les bobines. Mais la bobine fixe est traversée par le courant, et la bobine mobile, dont la résistance est constante, est traversée, en vertu delà loi d’Ohm, par un courant proportionnel à chaque instant à la différence de potentiel existant entre les bornes de l’appareil d’utilisation. Le couple est donc à chaque instant proportionnel au produit de l’intensité par la différence de potentiel; il devient nul lorsque l’un des facteurs, intensité ou différence de potentiel, devient nul, et a pour valeur moyenne la moyenne des valeurs que prend le produit pendant une période complète. En tordant le ressort d’un certain angle, et pourvu que cette torsion reste dans les limites d’élasticité du ressort, condition toujours remplie dans un appareil bien proportionné, angle tel que la bobine mobile soit ra-
- menée à sa position initiale d’équilibre avant le passage du courant, on lit sur le limbe gradué des angles proportionnels à la puissance moyenne absorbée par l’appareil d’utilisation entre les bornes duquel il est branché.
- On peut faire varier l’échelle des lectures d’un wattmètre donné dans de grandes proportions en disposant deux bobines fixes, l’une pour les faibles intensités, l’autre pour les grandes intensités, et en intercalant une boîte de résistances variables dans le circuit de la bobine mobile, afin de faire varier cette résistance suivant la différence de potentiel dont on dispose.
- C’est ainsi, par exemple, qu’avec un wattmètre tel que celui représenté ci-contre, il est facile de mesurer la puissance moyenne fournie au circuit primaire d’un transformateur, en plaçant la bobine pour faible intensité dans le circuit primaire, et en intercalant toutes les rcsistancesde la boîte en dérivation entre les bornes du primaire. Pour mesurer la puissance utile dans le secondaire, on fait passer le courant dans la bobine à gros fil, et la bobine à fil fin est établie en dérivation sur les bornes du secondaire, en y in-tercalan t une faible résistance. On peut ainsi, avec le meme appareil, mesurer 20 000 watts sous la forme 2000 volts et 10 ampères, ou 100 volts et 200 ampères.
- Le wattmètre rend des services précieux, non seulement pour les mesures industrielles, mais aussi dans les recherches scientifiques. M. Steinmetz vient récemment de l’utiliser pour la détermination des pertes d’énergie produites par l’aimantation périodique du fer dans un transformateur, et pour la détermination des constantes magnétiques.
- L’étude de ses applications et des corrections que son emploi comporte, dans certains cas particuliers où son introduction dans le circuit modifie le régime de la circulation électrique, sortirait de notre cadre et demanderait un volume. Qu’il nous suffise d’avoir indiqué futilité et la simplicité de cet appareil de mesure, accessoire aujourd’hui indispensable à toutes les stations de distribution d’énergie électrique par courants alternatifs. E. IL
- Wattmètre de M. Zipernowsky.
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- LA NATURE.
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- TRACES FOSSILES DE PA.S D’ANIMAUX
- La Nature a déjà appelé l’attention de ses lecteurs sur des roches de différents âges portant des empreintes où l’on doit voir des pistes animales fossilisées» Nous avons signalé spécialement, à cet égard, les grès triasiques de Lodève comme offrant des vestiges attribuables certainement à la pression des pattes du Labyrintliodonte ou Cheirollierium, et on a eu ici même, d’après des photographies, le portrait du magnifique échantillon conservé au Muséum. C’est d’un spécimen analogue, quoique d’une autre provenance et d’un bien moindre volume, qu’il s’agira aujourd’hui.
- M. Alphonse Milne-Edwards vient de donner au laboratoire de géologie du Muséum de très nombreux échantillons provenant des collections de M. J. Des-
- noyers, et dont beaucoup ajoutent à leur grande valeur historique un très sérieux intérêt scientifique. Dans cette série, figurent des blocs de gypse des carrières de Montmorency, présentant à leur surface des traces de pas d’animaux. Nos lecteurs ont sous les yeux le portrait d’un de ces spécimens maintenant exposés dans la galerie publique du Jardin des Plantes. On y voit des files linéaires d’accidents équidistants, les uns simplement arrondis, les autres rayonnants et tout à fait analogues aux traces que laissent des animaux, reptiles ou oiseaux, marchant sur un sol vaseux, et que nous venons de rappeler.
- L’échantillon représenté est un des plus nets, peut-être parce que c’est un des plus petits; d’autressont tout aussi instructifs, quoique demandant un examen un peu plus difficile. Leur grand nombre ajoute à la sûreté des conclusions auxquelles ils conduisent.
- Gypse saecharoïde présentant la trace de pistes laissées par des animaux. (D’après un échantillon du Muséum d'histoire naturelle de Paris.)
- C’est en 1859 queM. Desnoyers informa la Société géologique de la trouvaille de ces pistes.
- « Voici, dit-il, comment j’ai été mis sur la voie de cette découverte : depuis longtemps, le désir de vérifier sur place le mode d’enfouissement des ossements fossiles qu’on trouve en assez grande abondance dans les plàtrières de la vallée de Montmorency, m’a fait visiter fréquemment ces carrières, et m’a mis à même de préserver de la destruction un grand nombre de débris intéressants de ces animaux. Je ne tardai pas à m’apercevoir que les points les plus riches en ossements, que les surfaces mêmes sur lesquelles des portions de squelettes ou même des squelettes entiers de mammifères et d’oiseaux avaient été déposés, contenaient aussi des cavités en forme d’amandes, disposées par groupes et se reproduisant à de certaines distances parfois régulières. Ces sortes d’amandes étaient toujours imprimées en creux à la surface supérieure du banc et en relief a la surface inférieure des bancs supérieurs. Leur
- forme et leur grosseur étaient très variables ; elles atteignaient quelquefois plusieurs centimètres de profondeur et de diamètre. Elles n’étaient jamais complètement détachées des bancs de plâtre : elles faisaient corps intime avec eux et ne pouvaient être, par conséquent, un objet étranger, un fossile quelconque enveloppé dans la pâte du gypse. Elles ne pouvaient être non plus une concrétion gypseuse, ou une agrégation minérale comparable aux silex méni-lites ou aux nodules de strontiane des marnes du même terrain, puisque la partie concave était toujours sur la face supérieure des couches, et la partie convexe toujours en saillie sous la face inférieure du banc superposé. On en devait conclure au contraire qu’elles représentaient une impression passagèrement laissée et ainsi reproduite en relief, au contact de certains bancs. »
- Après avoir hésité longtemps sur la signification de ces traces, M. Desnoyers remarqua entre les groupes d’amandes des traînées sinueuses qui res-
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- semblaient à la trace qu’aurait laisse'e la queue d’uu animal rampant, tel que les reptiles ou les batraciens.
- A force de rechercher, l’auteur rencontra, outre les traces simplement amygdaloïdes, des empreintes d’une forme définie pouvant être reconnue. Par exemple, il en était de bisulque'es de façon à rappeler l’impression qu’eut laissée sur un sol mou le pied des Anoplolherium. De plus grands, soit en creux, soit en relief, partagés en plusieurs lobes et terminés par des phalanges unguéales, représentaient complètement les grands doigts des Ornithichnites si bien étudiés dans le trias du Connecticut par MM. Hitchcock et Dcane. D’autres, analogues à celle qui est ici même représentée, formée de trois doigts fort allongés, articulés et garnis d’ongles très pointus, rappelaient la conformation des grands ou des petits échassiers.
- Plusieurs empreintes offraient d’une manière évidente la forme de pieds de carnassiers plantigrades de différentes tailles. « L'une d’elles, dit l’auteur, de la taille d’un grand chien, avec un large talon, quatre doigts bien séparés et la trace d’un pouce arrondi, détaché latéralement du reste du pied, me représentait le carnassier qu’on a rapporté au genre Pterodon et dont une mâchoire a été découverte dans les plàtrières de Sannois. »
- Comme les traces de reptiles paraissaient être les plus nombreuses, M. J. Desnoyers s’adjoignit la collaboration du professeur Auguste Duménil pour en tenter la reproduction artificielle. Grâce aux ressources offertes par la ménagerie du Muséum, on fit marcher ou ramper divers animaux, tortues, lézards, crocodiles, sur des vases amenées à un état convenable de consistance, et on obtint des reproductions tout à fait satisfaisantes des pistes de Montmorency. C’était, comme on le voit, inaugurer une méthode de recherches qui a été reprise avec éclat dans ces derniers temps par plusieurs savants et spécialement par M. Nathorst; il est juste d’en rapporter l’honneur à nos compatriotes.
- Depuis l’époque où M. Desnoyers a fait son importante publication, on n’a guère continué l’examen des pistes que peuvent offrir les roches des environs de Paris. C’est certainement un grand tort, et il nous a paru utile d’appeler sur ce sujet l’attention des observateurs.
- A première vue, la conservation des pistes fossiles dans le sein des roches semble facile à comprendre et, chose curieuse, c’est seulement quand on réfléchit aux exigences du problème, qu’on arrive à s’étonner que la nature ait pu si fréquemment le résoudre. Je ne reviendrai pas sur le mécanisme qui me paraît le seul capable d’amener la production de ces accidents, et je rappellerai seulement qu’il est du chapitre, chaque jour plus riche, de la géologie éolienne. Les géologues ont, à diverses reprises, acquiescé à cette manière de voir. Stanislas Meunier.
- CHRONIQUE
- Emploi de l’oxygène dans la fabrication du verre. — La fabrication du verre n’a guère reçu de perfectionnements depuis vingt ans. L’adoption des fours à gazogène économisant de 50 à 55 pour 100 du combustible a été le dernier progrès apporté à cette intéressante industrie. Des essais récents faits en Angleterre permettent d’espérer mieux. En dirigeant un courant d’oxygène pur dans la masse du verre en fusion, on hâte la combinaison des substances en fusion, et par suite, la liquéfaction du verre. La promptitude de la fusion permet aux creusets de supporter un plus grand nombre d’opérations avant d’ètre mis hors d’usage. L’économie résultant de ces améliorations est évaluée à 50 pour 100. Plusieurs verreries anglaises ont déjà adopté ce nouveau mode de fabrication. Voici, d’après la Revue de chimie industrielle, les conditions à observer pour appliquer rationnellement l’oxvgène à la fabrication du verre. Le gaz, renfermé dans les tubes en acier, à la pression de 120 atmosphères, est détendu à l’aide d’un régulateur qui permet de le détendre à la pression de 2,5 atmosphères. Il est conduit dans le creuset contenant le verre par un tube en platine, terminé en spirale à la partie inférieure et percé de quatre trous en dessous. L’oxygène doit être envoyé dans le verre, d’abord lentement, puis plus fortement et enfin plus rapidement. Du reste, on doit régler le dégagement du gaz d’après la marche et les progrès de la fusion. D’après les renseignements que nous possédons, la fabrication de 100 kilogrammes de verre à vitre exige environ 000 litres d’oxygène. Le verre fondu à l’oxvgène est, au dire des ouvriers, plus facile à travailler. Mais, où la différence se fait le plus sentir, c’est dans la coulée des glaces. Le verre coule avec bien plus de rapidité et les soufflures sont beaucoup moins nombreuses.
- Locomotive électrique. — M. A. Siemens a présenté cette année à Y Association britannique une Note relative au contrat passé par la City and soulh London Electric Railway C°, avec MM. Siemens frères et Cie, pour la livraison de deux locomotives électriques actuellement en fonction. Chaque machine porte deux dynamos dont l’induit est monté sur l’axe même des roues. Des expériences faites avec ces locomotives, il résulte que pour des vitesses variant de 20 à 50 kilomètres par heure, la puissance électrique totale fournie à chaque moteur a varié de 59,76 à 26,44 chevaux, correspondant à 119,52 et 52,88 chevaux pour la locomotive entière. Le rendement industriel de ces locomotives a été trouvé égal à 92 pour 100 environ ; il a même, dans une circonstance spéciale, atteint 94 pour 100. Après 15 kilomètres de parcours ces locomotives ont présenté pour les balais une usure de 5 millimètres seulement. Le poids de chaque locomotive en ordre de marche est de 15,5 tonnes, et le train qu’elle remorque est de 28 tonnes, voyageurs compris. Le courant qui, normalement, ne dépasse pas 50 ampères, atteint au démarrage 140 ampères, ce qui place les machines de l’espèce, dans des conditions de fonctionnement qui exigent une construction spéciale.
- Les chutes d’eau et l’électricité. — A l’appui des expériences de M. Lenard, dont nous avons rendu compte dernièrementl, MM. Elster et Geitel publient, dans le dernier numéro des Annales de Wiedemann, une Note de
- 1 Voy. n° 1005, du 3 septembre 1892, p. 222.
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- LA NATEIML
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- laquelle nous extrayons ce qui suit : « Les observations à l’éleclroscope que nous avons faites au mois de juillet 1891 dans le ravin du Kitzloch près de Lî au ris nous avaient révélé un développement énergique d’électricité dans un espace soustrait à l’action du champ électrique terrestre, et nous avaient fait douter de la théorie généralement admise, d’après laquelle l’électricité des chutes d’eau serait précisément une conséquence du potentiel normal de l’air. Cependant, nous n’avions pas envisagé nos observations comme absolument décisives, car la chute en question n’est pas entièrement fermée à sa partie supérieure, et l’hypothèse de l’entraînement de l’électricité n’était pas tout à fait, exclue. C’est pourquoi nous avons répété cette année, nos observations sur une chute entièrement souterraine, formée par la Reka dans la grotte de Saint-Can-zian près de Trieste. Avant notre départ, M. Lenard avait bien voulu nous communiquer ses observations, de telle sorte que nous nous attendions à trouver, dans la grotte, un potentiel négatif. Avant l’entrée de la rivière dans la grotte, près de la chute d’Oblass (Oblasserfall), au fond d’un ravin de 160 mètres, nous pûmes constater une charge négative bien accusée; en revanche, dans les premières parties de la grotte, où la rivière coule tranquillement, l’électroscope d’Exner ne donna aucune indication. Nous pouvons en conclure qu’il n’y a aucun entraînement de l’électricité par aspiration de l’air ou par toute autre cause. Au voisinage de la sixième chute, à 200 mètres environ de l’entrée, nous pûmes observer une électrisation si forte qu'elle dépassait les limites mesurables à l’électroscope. La huitième chute, beaucoup moins forte, donnait une électrisation moindre. Il est donc absolument démontré que, en dehors du champ électrique terrestre, les chutes d’eau répandent de l’électricité négative dans l’air. »
- Vulnérabilité aux armes à feu des diverses parties du corps. — Dans un récent ouvrage relatif aux blessures causées par les armes à feu, le l)r Ludwig Brandt fournit d’intéressantes statistiques sur la guerre de 1870. Le nombre des officiers et soldats de tous grades appartenant aux armées allemandes et blessés pendant la campagne a été de MO 821. Sur ce chiffre, 99 566 hommes ont survécu, Tl 052 sont morts aux hôpitaux et 6225 sont restés sur le champ de bataille. Les blessures de ceux qui étaient en traitement à T hôpital se répartissaient ainsi : blessures à la tète Tl 041, au cou 1922, à la poitrine et au dos 11 495, à l’abdomen 4555, aux membres supérieurs 55 914, aux membres inférieurs 45 952, cas divers ou non spécifiés 5721. Il faut remarquer que proportionnellement à leur vulnérabilité, ce sont la tète et les membres inférieurs qui sont le plus exposés, pendant une bataille, aux coups des armes à feu.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 21 novembre 1892. — Présidence de M. d’Abbadie.
- Reproduction artificielle du phénomène de la gémination des canaux de Mars. — Comme complément à son très récent travail sur cette question, M. Stanislas Meunier a varié les conditions dans lesquelles peut être obtenue la gémination d’une ligne noire tracée sur un miroir métallique, par sa juxtaposition avec son ombre réfléchie, et il a donné à l’expérience la forme suivante : le miroir plan des premiers essais a été remplacé par une sphère métallique polie sur laquelle ont été tracées des lignes noires représentant les canaux. La sphère a.été
- recouverte d’une calotte de verre sur laquelle une fine mousseline a été disposée. La gémination s’est produite à l’aide de cet appareil, comme avec le premier dispositif, mais de façon à ressembler bien davantage encore aux dessins du phénomène naturel qui ont été donnés par MM. Schiaparelli, Perrotin et par d’autres observateurs. L’intérêt principal de cette expérience, dit M. Stanislas Meunier, paraît être de permettre un contrôle sans réplique de l’hypothèse. Si la gémination résulte, comme je le pense, du phénomène de réflexion qui nous occupe, on peut prévoir, dans chaque cas, de quel côté d’un canal doit se produire son ombre et il va sans dire que si l’épreuve est défavorable, je serai le premier à abandonner une manière de voir qui m’a semblé vraisemblable, mais qui ne peut être définitivement admise qu’après démonstration.
- La publication des œuvres de Lagrange. — M. I)ar-boux présente le tome XIV et dernier des œuvres de Lagrange publiées par les soins du Ministère de l’instruction publique. Ce dernier volume contient la correspondance du grand mathématicien avec Condorcet, Laplace, Euler, Gauss. M. Bertrand rappelle, à propos d’une lettre adressée à Gauss pour l’informer de démarches faites dans le but de le faire exonérer d’une contribution de guerre de 2000 francs frappée à Gottingue, et dont Gauss ne pouvait effectuer le payement, qu’au reçu de la nouvelle, Laplace versa la somme au trésor. Gauss refusa et accepta ce service d’Olbers, mais il en garda pour Laplace une obligation qui se traduit par la déférence excessive avec laquelle il parle de l’illustre savant français, déférence qui n’était guère dans les habitudes de langage du maître allemand, d’ordinaire plein de morgue et de hauteur pour les autres mathématiciens.
- La nouvelle comète. —M. Tisserand montre des photographies de la nouvelle comète sur laquelle on ne voit toujours point trace de queue. Il annonce d’ailleurs qu’il résulte des calculs effectués en France, qu’elle ne suit pas du tout l’orbite de la comète de Biéla, comme on l’avait pensé, et qu’elle s’éloigne maintenant de nous. Il faut donc perdre l’espoir de la voir plus belle à l’œil nu, et en effet son éclat a déjà diminué ; actuellement elle est à peine visible. M. Schulof a essayé vainement de représenter les observations par un arc de parabole; il résulte de cette circonstance que l’on serait bien en présence d’une nouvelle comète périodique. Sur la photographie, obtenue après une pose de deux heures, on peut apercevoir au travers du noyau diverses étoiles qu’il couvre en perspective, ce qui montre bien combien est faible la densité de la matière cométaire.
- L'exploration de l'atmosphère.—M. Gustave Herinite annonce qu’il a depuis quelque temps déjà mis en pratique une idée communiquée par M. Capazza, aéronaute, dans une lettre adressée, le 20 de ce mois, à l’Académie. Il a construit une série de petits ballons de 4 mètres de diamètre munis d’une nacelle rudimentaire dq^s laquelle il loge un baromètre enregistreur. Ces ballons sont ensuite abandonnés aux caprices de l’atmosphère. M. Hermite en a déjà lancé dix qui sont tombés dans un rayon de 100 kilomètres. En général, conformément à une instruction placée dans la nacelle, les instruments ont été renvoyés après la chute de l’aérostat. Il a pu constater que l’un d’eux s’était élevé à une hauteur de 8700 mètres; il pense d’ailleurs pouvoir simplifier la construction des aérostats de manière à pouvoir atteindre l’altitude de 20 000 et 50 000 mètres.
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- LÀ NATURE.
- Varia. — M. André adresse un Mémoire contenant des théorèmes nouveaux sur les permutations de n objets. — M. Ménard s’est appliqué à déterminer le siège des parfums dans les fleurs.— M. Schlœsing fils a étudié le rapport des volumes d’acide carbonique et d’oxygène dans la vie des plantes. — La découverte de bélemnitelles est signalée à Saint-Louis, dans le département de l’Aude. — M. R. I'ictet a réussi, dans de nouvelles synthèses, à régler la formation d’un certain nombre de corps nitrés.
- Cil. DE VlLLEDEUIL.
- PHYSIQUE AMUSANTE
- LA PRESTIDIGITATION DÉVOILÉE1 UNE BRIOCHE CUITE DANS UN CHAPEAU
- Ce vieux tour amuse toujours les spectateurs.
- Des œufs sont cassés dans un vase en porcelaine ; on y ajoute de la farine, on incorpore meme à la pâte les coquilles d’oeufs, et quelques gouttes de cire ou de stéarine que l’on fait tomber delà bougie voisine, — cela diffère si peu de la margarine qu’on nous vend pour du beurre!
- — le tout étant mis dans le chapeau (fig. 1), on passe celui-ci trois fois au-dessus d’une flamme quelconque et l’on retire de cette casserole d’un nouveau genre une excellente brioche cuite à point. Quant au possesseur du chapeau, qui a passé par toutes sortes de transes, il constate avec une satisfaction visible — du moins le plus souvent — que la coiffe de son gibus n’a conservé nulle trace de la sauce qu’on y avait versée.
- Notre ligure 2 montre l’appareil employé par les prestidigitateurs pour faire cuire une brioche dans un chapeau. A est un vase en faïence ou en porcelaine, on le fait aussi en métal, dans lequel entre un cylindre en métal B dont les bords, à l’un des bouts, sont repliés extérieurement tout autour, et qui est divisé, par une cloison horizontale, en deux compartiments inégaux, c et d; l’intérieur de la partie d est peint en blanc brillant, de manière à simuler le ton de la porcelaine ; enfin quand le cylindre B est enfoncé complètement dans le vase A où il est maintenu par quatre ressorts r, r placés tout autour, rien
- ne dénote, à quelque distance, que le vase A n’est plus seul, tel qu’il a été présenté au début de l’expérience.
- Secrètement, le prestidigitateur a introduit dans le chapeau la petite brioche et l’appareil B, les y faisant tomber prestement, au passage, d’une servante accrochée au dossier d’une chaise ; c’est là du moins le moyen d’opérer le plus pratique.
- Le vase A, qui ne présente rien de particulier, est, bien entendu, soumis à l’examen des spectateurs; l’adjonction de la farine a pour but de rendre la pâte moins fluide et d’éviter ainsi, plus sûrement, de produire des taches.
- La brioche étant disposée sous l’appareil B dans le vide d, le contenu du vase À, versé d’une certaine hauteur, tombe dans la partie c de l’appareil, puis le vase, rapproché peu à peu, est enfoncé rapidement dans le chapeau pour y saisir et en retirer en
- même temps le récipient B avec son contenu et n’y laisser que la brioche. Notre figure 5 montre cette dernière opération ; c’est avec intention que nous avons montré la partie B sortant à moitié du vase ; mais on comprend qu’en réalité elle doit être enfoncée jusqu’au fond au moment où le vase, introduit dans le chapeau, est caché aux yeux des spectateurs. Le physicien n’en continue pas moins à promener son doigt tout autour de l’intérieur du double vase comme s’il ramassait le reste de la pâte, qu’il feint de jeter encore dans le chapeau, sur les bords duquel il affecte meme d’essuyer ses doigts, au grand mécontentement du monsieur qui en est le propriétaire.
- On peut compliquer l’expérience en enflammant d’abord de l’alcool ou des fragments de papier qui brident dans le compartiment c de l’appareil. Des prestidigitateurs y ajoutent même un minuscule feu de Bengale rouge. Mais qu’on n’imite pas ce physicien amateur qui, voulant rendre l’expérience plus brillante, avait mis dans le récipient une telle quantité de poudre qu’un désastre s’ensuivit, et qu’il fallut jeter de l’eau dans le chapeau roussi et rac-corni, pour éteindre l’incendie naissant.
- — A suivre. — MagUS.
- Le Propriétaire-Gérant : G. Tissasdier.
- Fig. 1, 2 et 3. — Une brioche cuite dans un chapeau.
- 1 Suite. — Voy. n° 1015, du 12 novembre 1892, p. 384.
- l’aris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- LA NATURE
- VINGTIÈME ANNÉE — 18 92
- DEUXIÈME SEMESTRE
- INDEX ALPHABÉTIQUE
- A
- Académie des sciences (Séances hebdomadaires de 1’), 15, 51, 47, 63, 78,
- 95, 111, 127, 143, 159, 175, 191, 208, 223, 239, 255, 271, 287, 303, 318, ,335, 351, 366, 385, 399, 415.
- Acridiens en Algérie (Les), 119.
- Afrique (L’exploration de 1’), 98.
- Age des ossements fossiles, 191.
- Agenda de Malus, 223, 599.
- Air (La chute des corps et la résistance de 1’), 81.
- Air atmosphérique (Liquéfaction de 1’), 62.
- Air et de benzine (Danger des mélanges d’),51.
- Algérie (Les populations de 1’), 199. Alliages (Analyse micrographique des) 143, 253.
- Aluminium appliqué aux usages domestiques (Sur l’innocuité de 1’), 105. Aluminium (Dôme recouvert d’), 404. Amidol (L’), 322.
- Aplomb dans les bicycles (De 1’), 353. Apyrite, poudre sans fumée suédoise,
- 142.
- Arachnides (Organes des sens des), 325. Arbre fossile inconnu (Un), 191. Argonaute de la Méditerranée (L’), 90. Armes de chasse (Les), 27, 58.
- Arrosage des villes par l’électricité (L’),
- 96.
- Art et la photographie (L’), 160. Ascenseur continu à plan incliné (Un), 539.
- Ascenseur de N.-D.-de-la-Garde, à Marseille, 235.
- Association française pour l’avancement des sciences. Congrès de Pau 1892,331. Associations morbides (Histoire des), 95. Atmosphère (L’exploration de),415. Atmosphère de Manchester (L’), 239. Azote constituant l’air atmosphérique (Combinaison de l’oxygène et de P), 78.
- Azote par la paille (Fixation de 1’), 95. Azote par les terres (Fixationde 1’),367.
- B
- Bains de mer (Les), 115.
- Ballon (Gonflement d’un), 288.
- Ballons dirigeables à Chalais-Mcudon (Les), 394.
- Banque d’Angleterre (Une visite à la), 365.
- Bassins de radoub du port de Gênes (Les nouveaux), 94.
- Bateau à hélice système Séguin et Ja-quet, 71.
- Bateau électrique l'Éclair, à Asnières, 190.
- Bateau en aluminium, 289.
- Bateaux à Beauval, près Meaux (Plan incliné pour transbordement des), 177.
- Bateaux à dos de baleine, 175.
- Batellerie (Le matériel de la), 115.
- Beurre et les souris (Le), 318.
- Blé en France (La récolte du), 270.
- Boghead d’Autun (Le), 111.
- Bois (La vulcanisation du), 203.
- Bois en Norwège (Le commerce des), 218.
- Bore (Le trisulfure de), 145.
- Boucle de vapeur (La), 122.
- Brouette (Histoire de la), 316.
- Bulles de savon (Fantaisie sur les), 79.
- Buste en charbon (Un), 382.
- Bustes en plâtre peint provenant de la Grande-Oasis (Quatre), 305.
- c
- Cadran solaire (La construction d’un), 99. Cage (Escamotage d’une), 191.
- Calcul mental (Les procédés du), 31. Calorifique de la houille (Pouvoir), 54. Canal de Suez (Le trafic par le), 395.
- Canalisations électriques à Paris (Les) ,311.
- Canauxde Mars (Lagémination des), 566, 415.
- Cancer (Ligue contre le), 95.
- Canaux d’irrigation du Rhône, 352.
- Canon de 122 tonnes à Chicago, 258.
- Canonnière pour le Dahomey (Construction rapide d’une), 34.
- Capillarité (Expériences de), 293.
- Carte de visite photographique, 336.
- Cartographique américaine (Exposition) à ta Bibliothèque nationale de Paris, 187, 219.
- Cellules (La vie des), 52.
- Céramique au Japon (L’industrie de la), 151.
- Cerf-volant comme engin de sauvetage (Emploi du), 93.
- Cétacé (Vitesse d’un), 398.
- Chalets-refuges de montagne, 214.
- Champagne (La fabrication du vin de) 398.
- Charbon du monde entier (la consommation du), 354.
- Charbon par conduites (Transport de), 78.
- Charbons du Tonkin (Nouvel essai des) 207.
- Chasse (Les armes de), 27, 58.
- Châtaignier mort (Le bois de), 266.
- Chauffage électrique (Les applications du), 263.
- Chauffage électrique des serres, 254.
- Chemin de fer de Jaffa à Jérusalem (Le) 329.
- Chemins de fer de grande altitude dans les Andes, 258.
- Chemins de fer de l’Asie (Lesj, 275, 507.
- Chemins de fer du globe (Les), 171.
- Cheval sans poils ni crins (Un), 318.
- Chevaux de course (Accroissement de la vitesse des), 410.
- Chien (Le pouls chez le), 238.
- Chiens (Asile pour les), 290.
- Chiens (Tondeur de), 256.
- Chiens à fourrure (Les), 3.
- Chiens ratiers (Les concours de), 327.
- Chimie sans laboratoire, 32, 400.
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- 418
- INDEX ALPHABÉTIQUE.
- Chlorure d’argent (Action de la lumière sur le), 159.
- Choléra (Le),280, 288.
- Chute des corps et la résistance de l’air (La), 81-
- Chutes d’eau et l’électricité (Les), 222,
- 414.
- Chutes d’eau (Utilisationdes hautes), 555.
- Chutes du Niagara (L’utilisation des), 245.
- Cobra (Le serpent), 290.
- Cocher (L’étoile du), 187.
- Cœur (Les mouvements du), 505.
- Colomb au couvent de la Rtbida (Christophe), 275.
- Coloration artificielle des oiseaux, 111.
- Colosse de Ramsès II à Bédréshéïn (Le), 1GL.
- Combustible (Les mélasses comme), 551.
- Combustion spontanée du foin (Cause de la), 598.
- Comète (Le dédoublement d’une), 567.
- Comète visible à l’œil nu, 599, 415.
- Comètes (Photographies de), 219.
- Conférence internationale de Venise, 65.
- Congrès de biologie à Moscou, 255.
- Connaissance des temps de 1894, 255.
- Constructions (Grandes et petites), 558.
- Constructions américaines à ossature en fer, 73.
- Contrôleur de présence incorruptible, 164.
- Coordonnées géographiques (Un nouveau sytème de), 287.
- Corps nouveaux (Préparation de), 47, 145.
- Cosaques et leur manière de combattre (Les), 159.
- Coton dans le monde (Le), 286.
- Cotonnière au Japon (L’industrie), 250.
- Coucher du soleil (Singulier), 258.
- Courants alternatifs (Mesure de la puissance électrique des), 411.
- Crabes migrateurs (Les), 287.
- Crémation fantaisiste (Une), 567.
- Creux-de-Souci (Puy-de-Dôme) (Le), 165.
- Cuivre électrolvlique (Dépôt rapide de), 194.
- Cumulus (Grande hauteur des), 564.
- D
- Décès, 78.
- Densimètrc pour liquides de M. Zam-belli, 575.
- Densitédes gaz. Méthode de MM. 11. Mois-san et II. Gautier, 171.
- Déplacement d’une maison, 505.
- Dépôt rapide de cuivre électrolytique, 194.
- Dépôts incrustants des chaudières (Les), 175.
- Détroit de Malacca (Les établissements anglais du), 106.
- Diabète du pancréas (Le), 176.
- Diamines (Le pouvoir rotatoire des sels de), 585.
- Dindons sauvages (Acclimatation de), 271.
- Disque lunaire (Le), 519.
- Distribution d'énergie électrique à Saint-Étienne, 555.
- Docks de carénage de Vladivostock (Les), 259.
- Dynamomètre enregistreur du capitaine Lcncveu, 115.
- E
- Eau de source (La- conservation de 1’),
- 202.
- Eaux de l’Avre à Paris (Adduction des), 86, 175.
- Eaux ferrugineuses conservées (Altération des), 145.
- Échassiers à Bordeaux (Course d’), 17.
- Eclairage électrique à Paris (L’), 535.
- Eclairage électrique de la gare de Nancy, 225.
- Eclairs remarquables, 564.
- Eclipse totale de lune en partie visible à Paris, 525.
- Ecole de capitaines au long cours à Marseille (L’), 7.
- Ecran pour projections (Nouvel), 144.
- Ecriture (La finesse de 1’), 158, 206.
- Électricité (Les chutes d’eau et U), 222, 414.
- Electricité (Les origines de la science de 1’), 299.
- Eléphant (L’), 215.
- Eléphant fossile en France (Squelette d’), 551.
- FJlipsographe de M. F. Schromm (L’), 575.
- Emotions ou des chocs subits (L’effet physiologique des), 319.
- Empoisonnement du Volga par le naphte
- (L1), 190.
- Empoisonnements dans les Indes (Les), 325.
- Energie dans la production de la lumière (Utilisation de 1’), 234.
- Energie électrique à grande distance. Tivoli-Rome (Transport d’), 211.
- Energie électrique entre Lauffen et Francfort (Résultats des expériences de transport d’), 163.
- Engrais (L’influence de la dispersion des), 383.
- Engrais vert (Les cultures d’automne employées comme), 159.
- Epilepsie (La production de F), 253.
- Epuration des eaux industrielles par le sulfate ferrique, 63, 110.
- Eruption de l’Etna, 223, 250, 278, 567.
- Ethers (Buveurs d’), 195.
- Etna (Eruption de 1’), 225, 250, 278, 567.
- Etoile du Cocher (L’), 187.
- Etoiles (L’observation des), 521.
- Expédition du lieutenant Peary dans les régions boréales (L'), 349.
- Expédition Nansen au pôle Nord (L’), 402.
- Expériences de MM. Cailletet et Colar-deau, 81.
- Exploration de l’Afrique (L’), 98.
- Explorations sous-marines, 111.
- Explorations souterraines, à Flénu, en Belgique, 70.
- Explorations souterraines, 351, 400.
- Explosion d’un navire coulé, 46.
- Exposition canine des Tuileries, 23.
- Exposition cartographique américaine à la Bibliothèque nationale de Paris, 187, 219.
- Exposition de Chicago en 1893,110,148.
- F
- Faisans oreillards (Les), 101. Famine dans l’Inde (La), 175.
- Fermentation vitale et chimique, 399. Fer météorique tombé du ciel auprès d’El Goléa, en Algérie, 518.
- Fer natif de Caùon-Biablo (Le), 181. Ferry-boat à travers le lac Michigan (Un), 46.
- Feu d’artifice en miniature, 352. Fibre-graphite (La), 43.
- Ficld (Cyrus AV.), 142.
- Fils métalliques (Les), 45.
- Filtres minéraux (L’action des), 63. Fleurs (La naissance des), 319.
- Fleurs (Le cornet de), 176.
- Fluorescence (Expérience de), 400.
- Foin (Combustion spontanée du), 598. Fontaines lumineuses (Les), 255, 301. Fossiles de pas d’animaux (Traces), 415. Fossiles gigantesques (Découverte de), 175.
- Foudre (Les coups de). Catastrophe de Bourges, 49.
- Foudre globulaire, 286.
- Fouilles récentes aux Etats-Unis, 347. Fourrage (Un nouveau), 343.
- Froid dans les pays chauds (La distribution du), 30.
- Fumée des usine* (La suppression de la), 175.
- G
- Gare de Chicago (La nouvelle), 571.
- Gaz (La densité des), 111.
- Gaz comme agent général da distribution d’énergie, 390.
- Gaz d’éclairage sur le papier (Effet du), 286.
- Gaz en bouteilles (Les), il.
- Géant de Castelnau (Le), 142.
- Géologie du Tonkin, 335.
- Gervais (La catastrophe de Saint-), 126, 144, 182, 227.
- Glacier de Muir aux Etats-Unis (Alaska) (Le), 340.
- Glands près de Chicago (La récolte des), 78.
- Graisseur (Nouveau), 251.
- Greffe (Expériences de), 15.
- Grisou et ses ravages (Le), 6.
- (irottes de Saint-Marcel-d’Ardèche, 346, 373.
- Guêpes et les raisins (Les), 246, 302.
- Guerre (Les victimes de la), 534.
- H
- Habitat du singe en France (L’), 15. Halabo (La soie de F), 13.
- Halos (Les), 62.
- Hareng (La pêche au), 387.
- Heure universelle (L’), 94.
- Horloges (Les vieilles), 75.
- Hôtel de Ville de Philadelphie et son dôme recouvert d’aluminium, 404. Houblon en Bohême (La culture du), 262. Houille (Pouvoir calorifique de la), 54. Houille et pétrole, 351.
- Huiles de graissage sur les divers métaux (L’action des), 287.
- Hydrologie souterraine du Causse de Gramat (Lot), 247.
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- INDEX ALPHABÉTIQUE.
- I
- Images exhalées, 598.
- Industrie charbonnière du monde (Production de 1’), 360.
- Injections hypodermiques de liquides animaux, 47, 239.
- Inscription de la parole (I/), 97.
- Institut Pasteur en Australie (h’', 84. 154.
- J
- Jardin zoologique de Nice (Le), 41. Jardins (Les ornements dans les), 251. Jardins alpins (Les), 5, 52.
- Jouets scientifiques. Le jeu de para-chulos, 112.
- L
- Laboratoire municipal do Paris (Photographie microscopique au), 1.
- Lacs pyrénéens (Les), 143.
- Laminoir de l’usine des Etaings (Le grand), 391.
- Lampes à incandescence (Durée des), 386.
- Lance un cuirassé (Comment on), 313.
- Lancement du paquebot Campania, 270.
- Lancement du Valmy (Le), 313.
- Lavalley (A.), 158.
- Liqueurs (Les essences de), 75.
- Locomotives (Puissance des), 398.
- Locomotives (Un train de), 95.
- Locomotives électriques (Puissantes), 143, 414.
- Loi de Ohm (Mnémotechnie de la), 111.
- Longévité de divers animaux (La), 159.
- Longévité selon nos ancêtres (La), 271.
- Lumière (Les actions mécaniques de la),
- 11.
- Lumière (Utilisation de l’énergie dans la production de la), 234.
- Lumière électrique sur les plantes (L’in-llucnce de la), 304.
- Lumière sur les feuilles (L’influence de la), 223.
- Lune (Activité volcanique de la), 254.
- Lune à Paris (Eclipse totale de), 323.
- M
- Machines à coudre (La fabrication des), 223.
- Machines dynamos (Les), 359. Magnétiques (Les perturbations), 351. Maison en aluminium (Une), 382. Maladies incurables (La guérison de), 15. Marbre (La teinture du), 10.
- Marcheurs (Les), 110.
- Marcheurs de Paris à Belfort (Course de), 39, 66.
- Marteau-pilon à vapeur de 100 tonnes (Le), 391.
- Masrium (Le), 139.
- Mélasses comme combustible (Les), 331. Ménagerie Bidel (La), 344.
- Mercure en Russie (La production du), 30.
- Méridienne de France (La nouvelle), 385. Mers d’Europe (Le niveau moven des), 518.
- Mésaventure électrique, 46.
- Métal (Un nouveau), 139.
- Métaux (Analyse des), 295.
- Métaux précieux (La liquation et l’analyse des), 287.
- Météorologie algérienne, 15. Météorologique (Une prévision), 355. Météorologiques (Observations), 564. Mètre et la toise (Le), 18.
- Mica (Le), 171.
- Mica employé comme lubrifiant (Le), 207. Minérales du Brésil (Ressources), 163. Mines (Les grandes profondeurs des), 70. Mirage en Algérie (Le), 237.
- Mirage photographique (Le), 296.
- Mission Jean Dybowski (La), 138.
- Mizon (Lamission), 98.
- Monorail (Un nouveau), 64.
- Montre (Statistique de la marche d’une), 30.
- Monuments de la Perse, 302. Mosaïculturc américaine (La), 231. Moteur à gaz de faible puissance, 205. Moteur hydraulique pour chute de 640 mètres, 95.
- Moteurs électriques en Amérique (Les), 399.
- Moteurs hydrauliques, 268.
- Mouchez (L’amiral), 65.
- Mulots (Destruction des), 585.
- Muselière (La), 123.
- N
- Naufragés (Le sauvetage des), 241. Navigation à grande vitesse, 50, 130. Navires de guerre de la marine française (Nomenclature des), 154.
- Nécrologie, 142, 158, 334.
- Nécropole d’une colonie militaire romaine, 15.
- Neige pour les irrigations en Sibérie (Réservoirs de), 310.
- No tera depressa, 48.
- Nicotine (Un réactif de la), 15.
- O
- Observatoire au Pérou (Nouvel), 35. Observatoire de Nice (L’), 104.
- Œuvres de Lagrange (Publication des). 415.
- Oiseaux chanteurs mécaniques (Les),55. Olivier en France (La culture de P), 90. Ombre de la terre pendant les éclipses de lune, 51.
- Orangs ckt Jardin des Plantes (Les), 167. Ossements fossiles (L’àge des), 191,255. Ouragan de l’île Maurice (L’), 33, 117. Oxygène et de l’azote constituant l’air atmosphérique (Combinaison directe de F), 78.
- P
- Pain de pommes de terre torréfiées (Le), 378.
- Palmer (Un nouveau), 42.
- Panorama le Vengeur et. ses installations mécaniques (Le), 129.
- 410
- Pape Léon XIII et la photographie (Le) 207.
- Papier (Effet du gaz d’éclairage sur le), 286.
- Paraboles (Instrument pour tracer les)
- 10.
- Parachute (Histoire du), 357, 571.
- Parachute de M. Capazza (Le), 195.
- Paramidophcnol (Le), 522.
- Parole (L’inscription de la), 97.
- Pâtes alimentaires à Marseille (L’industrie des), 78.
- Patinage par tous les temps, 388.
- Pâturages (Un ennemi des), 579.
- Paulownia impérial (Le), 125, 405.
- Peaux de chiens en Chine (Le commerce des)l 3.
- Pêche au hareng (La), 587.
- Pêche maritime (Statistique de la), 271.
- Pentes (Un indicateur de), 359.
- Pesanteur à Sèvres (L’intensité de la) 96, 191.
- Pétrole de Sumatra (Le), 558.
- Pétrole en Pensylvanie, 143.
- Pétrole (Origine du), 406.
- Phaéton électrique (Un), 302.
- Phénomène atmosphérique observé à Madagascar, 257.
- Phénomènes volcaniques (La prédiction des), 144.
- Phosphorescence (Phénomènes de), 222.
- Phosphorescence du sulfure de zinc 319 399.
- Phosphoroscope à étincelles (Un), 285.
- Phosphure de mercure (Préparationdu) 159.
- Photographe (Aventures d’un), 223.
- Photographie (L’art et la), 160.
- Photographie (Le pape Léon XIII et la), 207. '
- Photographie du spectre solaire (La), 551.
- Photographie instantanée par l’obturateur de plaque, 576.
- Photographie microscopique au laboratoire municipal de Paris (La), 1.
- Photographies instantanées, 15.
- Photographiques (Les progrès), 522.
- Photo-jumelle (La), 269.
- Photométrie, 552.
- Physique amusante. La prestidigitation dévoilée. Le cornet de fleurs. Escamotage d’une cage. Le ventre percé. La carte changée en rose. Le vin et l’eau. La naissance des fleurs. Une crémation fantaisiste. Bouteille et verre voyageurs. Une brioche cuite dans un chapeau, 176, 191, 221, 240, 272, 519 367, 381, 416.
- Pierre de tonnerre d’IIassi-Iekna (La) 381.
- Pigeons voyageurs (Transport du vaccin par), 179.
- Pin blanc (Le), 410.
- Plan incliné pour transbordement des bateaux, 177.
- Plante peu connue (Une). Nertera depressa, 14^.
- Poissons (Engourdissement des), 191.
- Polders du mont Saint-Michel (Les), 225.
- Pôle Nord à Paris (Le), 588.
- Pôle Nord (Expédition Nanscn au), 402.
- Pomivalorimètre (Le), 286.
- Pommes de-terre torréfiées (Le pain de), 578.
- Populations de l’Algérie (Les), 100.
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- 420
- INDEX ALPHABÉTIQUE.
- Porphyres de l’Esterel (Les), 68.
- Port d’Anvers (Le), 159.
- Potée d’étain (La), 403.
- Pouls chez le chien (Le), 238.
- Pouvoir pathogène des pulpes de betterave, 399.
- Pouvoir rotatoire des sels de diamines (Le), 583.
- Projection (Appareil de), 317.
- Projections (Nouvel écran pour), 144. Propreté corporelle du soldat dans l’armée française, 21.
- Protubérances solaires (Les), 144. Protubérances sur la planète Mars, 239. Psychés (Les), 379.
- Puissance respiratoire, 271.
- R
- Rage (Un cas de , 227.
- Rails (Collection de), 503.
- Récréations polytechniques, 267. Récréations scientifiques, 79, 208,288, 336, 552.
- Réservoirs de neige pour les irrigations en Sibérie (Les), 310.
- Révélateurs (Nouveaux), 322. Rhododendrons de Launay (Les), 360. Roc/c Garden de Kew (Le), 5.
- Roses (Une fabrique de), 7.
- Roue hydraulique Pelton (La), 555. Ruines de la ville romaine de Cannes, 197.
- Rutherfurd (L. M.), 174.
- S
- Satellite de Jupiter (Le cinquième), 511, 336, 350.
- Sauvetage des naufragés (Le), 241. Schiséophone (Le), 351.
- Scie électrique (Une), 274.
- Science pratique (La). Tirelire écossaise.
- Appareil à percer portatif, 504, 323. Sens artistique chez les Indiens de l’Amérique du Nord (Le), 261.
- Sens des arachnides, 325.
- Sériciculture en Asie Mineure (La), 18. Serpent Cobra (Le), 290.
- Serpent Python des îles Philippines (Le), 109.
- Sirius (Le système de), 238.
- Sociétés savantes (Le Congrès des), 58.
- Soie de l’halabe, grande araignée de Madagascar (La), 15.
- Soleil (La surface du), 111.
- Soufre (La décomposition du), 14.
- Soufre au Japon (Une mine de), 206.
- Sources dans les terrains calcaires (La contamination des), 43.
- Souris des champs ou midots (Destruction des), 385.
- Soya (La), 203.
- Spectre solai re ( La photographie du) ,351.
- Squelette d’éléphant fossile en France, 351.
- Station préhistorique de Brassempouy (Landes), 298.
- Station zoologiquc d’Arcachon (La), 209.
- Sulfate ferrique (Fabrication du), 63.
- Sulfure de zinc (Phosphorescence du), 319, 599.
- T
- Tannage à l’électricité (Le), 19.
- Teisserenc de Bort (P.), 158.
- Téléphone (Expériences sur le), 527.
- Téléphone de New-York à Chicago (Le), 382, 401.
- Téléphoniques (Courants alternatifs pour les transmissions), 342.
- Températures (Production industrielle des très basses). Appareils de M. Raoul I’ictet, 145, 567.
- Températures élevées (Expériences sur les), 206, 555.
- Températures en Europe (Les), 106.
- Tète de jade de Gignac (Hérault) (La), 179.
- Théâtre optique de M. Revnaud (Le), 127.
- Théâtrophone (Le), 55.
- Thérapie vibratoire (La), 195.
- Tirelire écossaise, 304.
- Toise et le mètre (La), 18.
- Tondeur de chiens, 250.
- Tonkin par le prince Henri d’Orléans (Voyage au), 407.
- Tonneaux de papier (Les), 295.
- Topographie (Point en), 47.
- Tortue de terre gigantesque à l’île Maurice, 395.
- Toupie facile à construire (Une), 208.
- Tour Eiffel et le Palais des machines (La) 159.
- Train marchant à 145 kilomètres par heure, 303.
- Train précipité dans une mine, 303. Traitement anticholérique, 399. Tramway électrique à gazoline (Un), 46. Tramway électrique de Marseille, 282. Tramways à Paris (Traction mécanique et électrique des), 271, 569. Transmetteur acoustico-téléphonique du niveau de l’eau à distance, 158. Tremblement de terre à Manille, 230. Tremblement de terre en France, 222. Tremblement de terre en Roumanie, 366. Tuberculose (L’inoculation de la), 399.
- U
- Usines métallurgiques de l’Etat au Japon (Création d’), 218.
- Y
- Vaccin par pigeons voyageurs (Transport du), 179.
- Vagues (La force des), 527.
- Vanille (Une maladie de la), 254.
- Variole (La), 111.
- Végétaux (Action de la lumière électrique sur les), 271.
- Vélocipède (Le), 155, 258, 353.
- Ventre percé (Le), 224.
- Verger de pommiers dans le Kansas (Un),
- 131.
- Verre (L’oxygène dans la fabrication du), 414.
- Vibrations des coques de navires et le nouveau système de M. Yarrow (Les),
- 132.
- Victimes de la guerre (Les), 334.
- Vie des tissus animaux, 64.
- Vigne (Les ancêtres de la), 282.
- Vigne (Les terrains de culture delà), 63. Vignes californiennes (Unemaladie des), 95.
- Villemin (J.-A.), 334.
- Voie de 7 pieds sur les chemins de fer anglais (La disparition de la), 265. Voilure électrique routière, 62.
- Volcan (L’achat d’un), 305.
- Volga par le naplite (L’empoisonnement du), 190.
- Voyages aériens de longue durée, 366, 582.
- Vulnérabilité aux armes à feu des diverses parties du corps, 415.
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- LISTE DES AUTEURS
- 1»AR ORDRE ALPHABÉTIQUE
- Alber (Le prestidigitateur). — Les oiseaux chanteurs mécaniques, 55. •
- André (R.-E.). — Les Jardins alpins. Le Rock Gavden de Kew, 3, 52. — Les ornements dans les jardins, et la mo-Süïculture américaine, 231.
- Bâclé (L.). — Plan incliné pour transbordement des bateaux à Beauval, près Meaux, 117. — Les chemins de fer de grande altitude dans les Andes, 258.
- Bellet (D.) — Le commerce des peaux de chiens en Chine. Les chiens à fourrure, 3. — Le grisou et ses ravages, 6. — Explosion d’un navire coulé, 46. — Le serpent Python des îles Philippines, 109. — Les vibrations des coques de navires, et le nouveau système de M. Yarrow, 132. — L’industrie de la céramique au Japon, 151. — Contrôleur de présence incorruptible, 164. — Ruines de la ville romaine de Gannes, 197. — Le commerce des bois en Norwège, 218. — L’industrie cotonnière au Japon, 230. — Le sens artistique chez les Indiens de l’Amérique du Nord, 261. — Les réservoirs de neige pour les irrigations en Sibérie, 510. — L’observation des étoiles, 321.
- Bérard (G. de). — Tremblement de terre à Manille le 16 mars 1892, 230.
- Bergmann (Ernest). — Une plante peu connue. Nertera dc-pressa, 48.
- Bordage (Ed.). — La famine dans l’Inde, 173.
- Brunot (Ferdinand). — L’inscription de la parole, 97.
- Buffière (Pierre). — Exposition cartographique américaine à la Bibliothèque nationale de Paris, 187, 219.
- Cartailhac (Emile). — Station préhistorique de Brassempouy, 298.
- Cartaz (Dr A.). — Les essences de liqueurs, 75. — Les bains de mer, 113. — La thérapie vibratoire, 193. — Les empoisonnements dans les Indes, 323.
- Crateaü (Cyp.). — Vélocipédie. De l’aplomb dans les bicycles, 553.
- Clément (A.-L.). — La soie de l’halabe, grande araignée de Madagascar, 13.
- Cornier (Gaston). — Course d’échassiers à Bordeaux, 17. — Course de marcheurs de Paris à Belfort, 39.
- Coupin (Henri). — L’argonaute de la Méditerranée, 90. — La famine dans l’Inde, 175. — La soya, 203. — Organes des sens des arachnides, 325. — Un nouveau fourrage, 343.
- Crépeaux (C.). — Les polders du mont Saint-Michel, 225.
- Danysz (J.). — Destruction des mulots ou souris des champs par une épidémie de typhus, 385.
- Deniker (J.). — Les populations de l’Algérie, 199.
- Droüart de Lézey (L.). Le Paulownia ou Kiri du Japon, 403.
- De coh (Jacques). — Les progrès photographiques, 322.
- Gilland. — Chimie sans laboratoire. Séparation du salpêtre entrant dans la composition de la poudre, 32.
- Good (Arthur). — Récréations scientifiques. Fantaisie sur les bulles de savon, 79. — Jouets scientifiques. Le jeu de parachutes, 112.
- Guillaume (Ch.-Ed.). — Y'ieilles horloges, 75. — La construction d’un cadran solaire, 99. — L’utilisation de l’énergie dans la production de la lumière, 234. — Un phosphoroscope à étincelles, 285. — Expériences de capillarité, 293.
- Gy (IL). Les ballons dirigeables à Chalais-Meudon, 594.
- IL... (E.). — Récréations polytechniques, 267.
- Hébert (A.). — Un nouveau métal. Le masrium, 139.
- Uennebert (Lieutenant-colonel). — Les origines de la science de l’électricité, 299.
- IIorn (M.). — Appareil de projection, 517.
- Hospitalier (E.). — L’Exposition de Chicago en 1893, 148. — Résultats des expériences de transport d’énergie électrique entre Lauffen et Francfort, 165. — Dépôt rapide de cuivre électrolytique, 194. — Transport d’énergie électrique à grande distance. Tivoli-Rome, 211. — Les applications du chauffage électrique, 263. — Applications de dynamos à courants alternatifs aux transmissions téléphoniques, 342.— Durée des lampes à incandescence," 586. — Mesure de la puissance électrique des courants alternatifs, 411.
- Jannettaz (P.). — Les gaz en bouteilles, 11.
- Künckel d’Herculais (J.). — Les acridiens en Algérie, 119.
- Laffàrgue (J.). — Le Congrès des sociétés savantes, 38. — Dynamomètre enregistreur du capitaine Leneveu, 115. — Moteur à gaz de faible puissance, 205. — Nouveau graisseur, 251. — Moteurs hydrauliques, 268. — Bateau en aluminium, 289. — Les canalisations électriques à Paris, 311. — Les machines dynamos, 359. — Les tramways électriques à Paris, 369.
- Landrin (F.). — Les armes de chasse, 27, 58.
- Lapouge (G. de). — La tète de jade de Gignac (Hérault), 179.
- Léotard (J.). — Ascenseur de Notre-Dame-de-Ia-Garde, à Marseille, 235. — Association française pour l’avancement des sciences. Congrès de Pau 1892, 531.
- L’Hôte (L.). — La conservation de l’eau de source, 202.
- Loir (Dr Adrien). — L’Institut Pasteur en Australie, 84, 134.
- Magus. — Physique amusante. La prestidigitation dévoilée. — Le cornet de fleurs. — Escamotage d’une cage. — Le ventre percé. — La carte changée en rose. — Le vin et
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- LISTE DES AUTEURS PAU ORDRE ALPHABÉTIQUE.
- 4 99
- l'eau. — La naissance des fleurs. — Bouteille et verre voyageurs. — Une Urioclie cuite dans un chapeau, 176, 191, ‘224, 240, 272, 319, 384, 416.
- Marcel (Gabriel). — Les établissements anglais du détroit de Malacca, 106.
- Mareschal (Dr). — La propreté corporelle du soldat dans l’armée française, 21.
- Mareschal (G.). — L’école de capitaines au long cours à Marseille, 7. — Le théâtrophone, 55. — La photo-jumelle, 269. — Photographie instantanée par l’obturateur de plaque, 376. — Patinage par tous les temps. Le Pôle Nord à Paris, 388. — Yovagc au Tonkin par le prince Henri d’Orléans, 407.
- Martel (E.-A). — La contamination des sources dans les terrains calcaires, 43. — Le Crcux-de-Souci (Puy-de-Dôme), 165. — Hydrologie souterraine du Causse de Gramat (Lot), 247.
- Martin. (Dr Ern.) — Le serpent Cobra, 290.
- Maspero (G.), de l’Institut. — Le colosse de Ramsès 11 à Bé-dréshéïn, 161. — Quatre bustes en plâtre peint provenant de la Grande-Oasis, 305.
- Mégnin (P.). — Exposition canine des Tuileries, 23.
- Meunier (Stanislas). — Le fer natif de Canon-Diablo, 181. — Le glacier de Muir aux États-Unis (Alaska), 340. — La pierre de tonnerre d’Hassi-Iekna, 381. — Traces fossiles de pas d’animaux, 413.
- Moüreaux (Th.). — L’ouragan de l’ile Maurice, 33.
- Nadaillac (Mis de)’. — Fouilles récentes aux États-Unis, 547.
- Nan;outy (Max de). — Le tannage à l’électricité, 19. —. Le lancement du Valmy. Comment on lance un cuirassé, 315.
- Odstalet (E.). — Les faisans oreillards, 101. — Les orangs du Jardin des Plantes, 167.
- Pabst (A.). — La photographie microscopique au laboratoire municipal de Paris, 1.
- Péiussé (LucieQ. — L’utilisation des chutes du Niagara, 243.
- Picaud (A.). — Les ancêtres de la vigne, 282.
- I’latania (Jean). — L’éruption de l’Etna, 278.
- Plcmandon (J.-R.). — Observations météorologiques. Grande hauteur des cumulus. Eclairs remarquables, 364.
- Poisson (J.). — Les rhododendrons de Launay (Eure-et-Loir), 360. — Le Pin blanc, 410.
- Ratoin (Emmanuel). — Les chemins de fer de l’Asie, 275, 507.
- Raymond (Dr Paul). — Grottes de Saint-Marcel-d’Ardèche, 346, 575. 1
- Richou (G.). — Constructions américaines à ossature en fer, 73. Adduction des eaux de l’Avre à Paris, 87, 175. — Le panorama le Vengeur, et ses installations mécaniques, 129.
- Roché (Georges). — La station zoologique d’Arcaehon, 209.
- Sanueiival (de). — Le vélocipède, 155.
- îSauzier (Th.). Tortue de terre gigantesque à l’ile Maurice,595.
- Scoefier (Camille). — Le Jardin zoologique de Nice, 41.
- Tissandier (Gaston). — Photographies instantanées, 15. — Les fils métalliques, 45. — Les coups de foudre. La catastrophe de Bourges, 49. — L’amiral Mouchez, 65. — La chute des corps et la résistance de l’air, 81. — L’observatoire de Nice, 104. — Le théâtre optique de M. Reynaud, 127. — La mission Jean Dybowski, 158. — L’art et la photographie, 160. Le parachute de M. Capazza, 195. — Le mirage en Algérie, 237. — Lo sauvetage des naufragés, 241. — Phénomène atmosphérique observe à Madagascar, 257. — Christophe Colomb au couvent de la Rabida, 273. — Le mirage photographique, 296. — Histoire de la brouette, 316. — Récréations scientifiques. Carte de visite photographique, 336. — Histoire du parachute, 337, 571. — Le téléphone de New-York à Chicago, 401.
- Tissandier (Albert). — Le chemin de fer de Jaffa à Jérusalem, 329.
- Thesca (à.). — La science pratique. Appareil à percer portatif, 323.
- Yallot (J.). — La catastrophe de Saint-Gervais, 182.
- Yarigny (Henri de). — L’éléphant, 215.
- Vignes (E.). — Le Paulownia impérial, 125.
- Vilcoq (Aliert). — Un ennemi des pâturages. Les Psychés, 379.
- Yilledeuil (Ch. de). — Séances hebdomadaires de l’Académie des sciences, 15, 31, 47, 63, 78, 95, 111, 127, 143, 159, 175, 191, 208, 223, 239, 255, 271, 287, 303, 318,535, 351, 567, 383, 599, 415.
- Yinot (Joseph). — Nouvel observatoire au Pérou, 35. — Les halos, 62. — Les températures en Europe, 106. — L’étoile du Cocher, 187. — Photographies de comètes, 219. — Le système de Sirius, 238. — Le cinquième satellite de Jupiter, 311, 550. — Eclipse totale de lune en partie visible à Paris, 523.
- West (X.). — L’expédition du lieutenant Peary dans les régions boréales, 319. — Une visite à la banque d’Angleterre, 365. — L’expédition Nansen au pôle Nord, 402.
- X..., ingénieur. — La navigation à grande vitesse, 50, 150. — Emploi du cerf-volant comme engin de sauvetage, 95. — Production industrielle des très basses températures. Appareils de M. Raoul Pictet, 145. — Détermination de la densité des gaz. Méthode et appareil de MM. Moissan et Henri Gautier, 171. — L’analyse micrographique des alliages, 255. — La disparition de la voie de 7 pieds sur les chemins de fer anglais, 265. — Fontaines lumineuses monumentales, 301. — Un ascenseur continu à plan incliné, 539. — Utilisation des hautes chutes d’eau. La roue hydraulique I’clton, 355. — Le marteau-pilon à vapeur de 100 tonnes et le grand laminoir de l’usine des Elaings, 391. — L’Hôtel de Ville de Philadelphie et sou dôme recouvert d’aluminium, 49 i.
- Z... (Dr). — Nouvel écran pour projections, 144. — Récréations scientifiques. Gonflement d'un ballon, 288. — Physique amusante. Uiie crémation fantaisiste, 567.
- /.CRciiER (P.). Les porphyres de l’Esterel, 68. ,
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- TABLE DES MATIÈRES
- N. B. Les articles de la Chronique, imprimés dans ce volume en petits caractères, sont indiqués
- dans cette table en lettres italiques.
- Astronomie.
- Nouvel Observatoire au Pérou........................... 34
- Les halos (Joseph Vinot)................................ 62
- La construction d’un cadran solaire (Ch.-Ed. Guillaume). 99
- L’Observatoire de Nice (Gaston Tissandier).............104
- L’étoile du Cocher (Joseui Vinot)......................187
- Photographies de comètes (Joseph Vinot)................219
- Le système de Sirius (Joseph Vinot)....................238
- Le cinquième satellite de Jupiter (Joseph Vinot). 311,336, 350
- L’observation des étoiles (Daniel Bellet)..............321
- Éclipse totale de lune en partie visible à Paris le 4 novembre 1892 (Joseph Vinot)..........................323
- Agrandissement de l’ombre de la terre pendant les
- éclipses de lune..................................... 31
- L’heure universelle..................................... 94
- La surface du soleil...................... . . 111
- Les protubérances solaires.............................144
- Apparition de protubérances sur la planète Mars. . 2Ô9
- Activité volcanique de la lune.........................255
- Le disque lunaire......................................319
- La photographie du spectre solaire................ . 551
- La gémination des canaux de Mars.......................366
- Le dédoublement d’une comète...........................367
- Une comète visible à l’œil nu.................. 599, 415
- Reproduction artificielle du phénomène de la gémination des canaux de Mars...........................415
- Physique générale.
- Les actions mécaniques de la lumière.................... 11
- Les gaz en bouteilles (P. Jannettaz).................... 11
- Le pouvoir calorifique de la houille............ 54
- L’inscription de la parole (Ferdinand Biiunot).......... 97
- Production industrielle des très basses températures.
- Appareils de M. Raoul Pictet (X..., ingénieur). ... 145
- Détermination de la densité des gaz. Méthode et appareil de MM. Henri Moissan et Henri Gautier (X..., ingénieur). 171
- Expériences sur les températures élevées...................206
- L’utilisation de l’énergie dans la production de la lumière
- (Cii.-Ed. Güillaume)....................................234
- L’analyse micrographique des alliages (X .., ingénieur). 253
- Un phosphoroscope à étincelles (C. E. G.)...............285
- Expériences de capillarité (Ch.-Ed. Guillaume).............293
- Appareil de projection fabriqué avec un appareil photographique et une lanterne de laboratoire (M. Horn). . 317
- Densimètre pour liquides de M. Zambelli...............375
- L’Hôtel de Ville de Philadelphie et son dôme recouvert
- d’aluminium (X..., ingénieur)......................404
- La liquéfaction de l’air atmosphérique................ 62
- L'intensité de la pesanteur à Sèvres..........96, 191
- La densité des gaz....................................111
- La Tour Eiffel et le Palais des Machines...........159
- Phénomènes de phosphorescence.........................222
- La liquation et l’analyse des métaux précieux . . . 287
- La phosphorescence du sulfure de zinc.........319, 399
- Enregistrement continu des températures élevées . . 535
- Photomélrie...........................................352
- Effets chimiques des basses températures..............367
- Le pouvoir rotatoire des sels de diamines.............383
- Électricité théorique et appliquée.
- Le tannage à l'électricité (Max de Nansoutv).............. 19
- Les fils métalliques (G. T.).............................. 45
- Le théâtrophone (G. Mareschal)............................ 55
- L’arrosage des villes par l’électricité................... 96
- Transmetteur acoustico-téléphonique du niveau de l’eau
- à distance................................................158
- Résultats des expériences de transport d’énergie électrique
- entre Lauffen et Francfort (E. II.).......................163
- Dépôt rapide de cuivre électrolytique (E. H.).............194
- Transport d’énergie électrique à grande distance. Tivoli-
- Rome (E. Hospitalier).....................................211
- Compagnie télégraphique américaine (D. B.)...................254
- Les applications du chauffage électrique (E. Hospitalier). 263
- Une sci» électrique..........................................274
- Tramway électrique de Marseille..............................282
- L’analyse des métaux par leurs variations de résistance
- électrique aux basses températures........................295
- Les origines de la science de l’électricité (L‘-colonel 11en-
- nebert)...................................................299
- Fontaines lumineuses monumentales (X..j, ingénieur). . 301
- Les canalisations électriques à Paris (J. Laffargue) . . . 311
- Expériences sur le téléphone.................................527
- Application de dynamos à courants alternatifs aux transmissions téléphoniques (E. H.)............................342
- Les machines dynamos (J. Laffargue)..........................359
- Les tramways électriques à Paris (J. Laffargue) .... 369
- Durée des lampes à incandescence (E. H.).....................580
- Le téléphone de New-York à Chicago (G. Tissandier) 582, 401
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-
- 424
- TABLE DES MATIÈRES.
- Mesure de la puissance électrique îles courants alternatifs (E. II.............................................4H
- Un tramway électrique à yazolinc........................ 46
- Mésaventure électrique.................................. 47
- Voiture électrique routière............................. 62
- Mnémotechnie de la loi d’ültm.......................... 111
- Puissantes locomotives électriques..............143. 414
- Bateau électrique « l'Eclair » à Asnières...............190
- Les chutes d'eau et l’électricité............... 222, 414
- Eclairage électrique de la gare de Nancy................223
- Chauffage électrique des serres.........................255
- Les fontaines lumineuses................................255
- Traction mécanique et électrique des tramways à
- Paris................................................271
- L’action de la lumière électrique sur les végétaux. . 271
- Un phaéton électrique...................................302
- L’éclairage électrique à Paris..........................335
- Distribution d’énergie électrique à Saint-Etienne pour la mise en mouvement des métiers à tisser. . . . 355
- Le schiséophone....................................... 351
- Images exhalées.........................................398
- Les moteurs électriques eu Amérique.....................399
- Photographie.
- La photographie microscopique au laboratoire municipal
- de Paris (A. Pabst).................................. 1
- Photographies instantanées............................. 15
- L’art et la photographie...............................160
- Photographies de comètes (Joseph Yinot)................219
- La photo-jumelle (G. Maresciial).......................269
- Le mirage photographique (Gaston Tissandier). .... 296
- Appareil de projection fabriqué avec un appareil photographique et une lanterne de laboratoire (M. Hors). 317 Les progrès photographiques. Nouveaux révélateurs. Le
- paramidophénol. I/amidol (Jacques Ducom)............322
- Récréations scientifiques. Carte de visite photographique
- (G. T.).............................................536
- Photographie instantanée par l’obturateur de plaque
- (G. Mareschal)......................................376
- Action de la lumière sur le chlorure d'argent . . . 159
- Le pape Léon XIII et la photographie...................207
- > ventures d’un photographe............................223
- iM photographie du spectre solaire.....................351
- Chimie générale.
- La teinture du marbre.................................. 10
- Chimie sans laboratoire. Séparation du salpêtre entrant dans la composition de la poudre. Expérience de fluorescence......................................... 32, 400
- Explosion d’un navire coulé (Daniel Bellet)............ 46
- Les essences de liqueurs (Dr A. Cartaz)................ 75
- Sur l’innocuité de l’aluminium appliqué aux usages domestiques ...............................................103
- Un nouveau métal. Le masrium (A. Hébert)...............139
- Ressources minérales du Brésil......................... 163
- Le mica. Ses variétés, son origine et ses applications. . 171
- La conservation de l’eau de source (L. L’Hôte).........202
- La vulcanisation du bois............................... 203
- Le pain de pommes de terre torréfiées..................378
- La potée d’étain.........................................403
- La décomposition du soufre............................... 14
- Un réactif de la nicotine................................ 15
- La production du mercure en Russie....................... 30
- Le danger des mélanges d’air et de benzine............. 31
- Préparation de corps nouveaux....................47, 143
- Fabrication du sulfate ferrique et son application à l’épuration des eaux industrielles. ........ 63
- L’action des filtres minéraux............................ 63
- Combinaison directe de l’oxygène et de l’azote constituant l'air atmosphérique................................ 78
- Fixation de l azote par la paille.................. 95
- L’apyrite, poudre sans fumée suédoise..............142
- Altération des eaux ferrugineuses conservées. . . . 145
- Analyse micrographique des alliages...................143
- Le trisulfure de bore............................... 145
- Action de la lumière sur le chlorure d'argent. . . . 159
- Préparation du phosphore de mercure...................159
- Les dépôts incrustants des chaudières.................175
- Une mine de soufre au Japon.......................... 206
- Effet du gaz d’éclairage sur le papier.............286
- Le beurre et les souris...............................518
- Houille et pétrole....................................351
- Cause de la combustion spontanée du foin...........398
- La fabrication du vin de Champagne.................398
- Fermentation vitale et chimique.. .................599
- Emploi de l'oxygène dans la fabrication du verre . 414
- Météorologie. — Physique du globe. Géologie. — Minéralogie.
- L’ouragan de l’îlc Maurice (Th. Moureaux). . . . 33,
- La contamination des sources dans les terrains calcaires
- (E.-A. Martel)......................................
- Les coups de foudre. Catastrophe de Bourges du 4 mai 1892
- (G. Tissaxdier).....................................
- Les halos (Joseph Yinot) . ............................
- Les porphyres de l'Esterel (Ph. Zurciier)..............
- Les grandes profondeurs des mines. Explorations souterraines, à Flénu, en Belgique...........................
- Les températures en Europe (Joseph Vinot)..............
- Le fer natif de Canon-Diablo (Stanislas Meunier). . . . La catastrophe de Saint-Gervais (J. Yallot). . . . 182, Tremblement de terre à Manille le 16 mars 1892 (G. de
- Bérard) ............................................
- Le mirage en Algérie (G. T.)...........................
- Hydrologie souterraine du Causse de Gramat (Lot) (E.-A.
- Martel).............................................
- L’éruption de l’Etna............................. 250,
- Phénomène atmosphérique observé à Madagascar (Gaston
- Tissandier).........................................
- Foudre globulaire (E. C.)............................ . .
- Le glacier de Muir aux États-Unis (Alaska) (Stanislas
- Meunier)............................................
- Grottes de Saint-Marcel-d’Ardèche (Dr Paul Raymond). 546, Observations météorologiques. Grande hauteur des cumulus. Éclairs remarquables (J. I’lumandon)............
- La pierre de tonnerre d’Hassi-Iekna (Stanislas Meunier).
- L’origine du pétrole...................................
- Météorologie algérienne................................
- Le boghead d’Autun..................................... .
- Création de stations météorologiques océaniennes. . La prédiction des phénomènes volcaniques...............
- La catastrophe de Saint-Gervais ....... 126,
- Tremblement de terre en France....................
- L’éruption de l’Etna......................... 223,
- Singulier coucher de soleil.......................
- La connaissance des temps de 1894 ................
- Fer météorique tombé du ciel auprès d’El Goléa, en
- Algérie........................................
- Une prévision météorologique......................
- Géologie du Tonkin . .............................
- Les perturbations magnétiques.....................
- Tremblement de terre en Roumanie..................
- L’exploration de l’atmosphère.....................
- 117
- 49
- 62
- 68
- 70
- 106
- 181
- 227
- 230
- 257
- 247
- 278
- 257
- 286
- 340
- 373
- 364
- 381
- 406
- 15
- 111
- 127
- 144
- 144
- 222
- 367
- 238
- 255
- 518
- 535
- 335
- 351
- 566
- 415
- Sciences naturelles. — Zoologie. — Botanique. Paléontologie.
- Le commerce des peaux de chiens en Chine. Les chiens
- à fourrure (D. B.).......................... 5
- Les Jardins alpins. Le Rock Garden de Kew (R.-E. André)......................................3, 52
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-
-
-
- TABLE DES MATIÈRES.
- 425
- Une imbrique de roses................................... 7
- La soie de l’halabe, grande araignée de Madagascar
- (A.-L. Clément)...................................... 15
- Exposition canine des Tuileries à Paris en mai 1892
- (P. Mégnin).......................................... 23
- Le Jardin zoologique de Nice (Camille Scoffieii) .... 41
- Une plante peu connue. Nertera depressa (Ernest Berg-
- mann) •.............................................. 48
- L’argonaute de la Méditerranée (Henri Coupin)........... 90
- Les faisans oreillards (E. Ocstalet)....................101
- Le serpent Python des îles Philippines (Daniel Bellet). 109 Les acridiens en Algérie. Leur destruction (J. Kfnckei.
- d’IIehculais)..........................................119
- La muselière..............................................123
- Le Paulownia impérial (E. Vignes).........................125
- Un verger de pommiers dans le Kansas......................131
- Les oranges du Jardin des Plantes (E. Oustalet) . . . 167
- La soya (II. Coüpin)......................................205
- La station zoologique d’Arcachon (Georges Roché) . . . 209
- L’éléphant (Henri de Varigny).............................215
- Les ornements dans les jardins et la mosaïculture américaine (E.-R. André)...............• ....................231
- Les guêpes et les raisins........................ 240, 502
- Les ancêtres de la vigne (A. Picaud)......................282
- Le serpent Cobra (Dr Ern. Martin).........................290
- Organes des sens des arachnides (Henri Coupin)............325
- Les concours de chiens ratiers......................... . 327
- La ménagerie Bidel........................................344
- Les rhododendrons de Launay (Eure-et-Loir) (J. Poisson). 360 Un ennemi des pâturages. Les Psychés (A. Yilcoq) . . . 379
- Destruction des mulots ou souris des champs par une
- épidémie de typhus (J. Danysz)...................585
- Tortue de terre gigantesque à i’ile Maurice (Th. Sauzier) . 595
- Lé Paulownia ou Kiri du Japon (L. Droüart de Lezey) .. 403
- Le pin blanc (J. Poisson)............................410
- Traces fossiles de pas d’animaux (Stanislas Meunier). . . 413
- Expériences de greffe. ................................. 15
- Vhabitai du singe en France.......................... 15
- La récolte des glands près de Chicago ............... 78
- Coloration artificielle des oiseaux.....................111
- La longévité des divers animaux........................159
- Découverte des fossiles gigantesques....................175
- Engourdissement des poissons............................191
- En arbre fossile inconnu................................191
- L’iige des ossements fossiles.................. 191, 255
- L’influence de la lumière sur les feuilles..............223
- Le pouls chez le chien..................................238
- Une maladie de la vanille...............................255
- Chauffage électrique des serres........................255
- Acclimatation des dindons sauvages......................271
- L’action de la lumière électrique sur les végétaux. . 271
- Les crabes migrateurs...................................287
- L'influence de la lumière électrique sur les plantes. 304
- Un cheval sans poils ni crins..........................318
- Découverte d’un squelette d’éléphant fossile en France. 351 La vitesse d’un cétacé.................................398
- Géographie. — Voyages d’exploration.
- Les grandes profondeurs des mines. Explorations souterraines à Flénu, en Belgique............................... 70
- L’exploration de l’Afrique. La mission Mizon.............. 98
- Les établissements anglais du détroit de Malacca (Gabriel
- Marcel)............................................... 106
- La mission Jean Dybowski (G. T.)...........................138
- Le Creux-de-Souci (Puy-de-Dôme) (E.-A. Martel). . . 165
- Exposition cartographique américaine à la Bibliothèque
- nationale de Paris (Pierre Buffière).........187, 219
- Chalets-refuges de montagne................................215
- Christophe Colomb au couvent de la Rabida (Gaston Tis-
- sandier)...............................................275
- Grottes de Saint-Marcel-d’Ardèche (Dr P. Raymond). 546, 373
- L’expédition du lieutenant Pcary dans les régions boréales (X. West).......................................349
- L’expédition Nanscn au pôle Nord (X. West)............... 402
- Voyage au Tonkin par le prince Henri d’Orléans (G. Ma-
- reschal)...............................................407
- Explorations sous-marines.................. ... 111
- Les lacs pyrénéens........................................143
- Un nouveau système de coordonnées géographiques. . 287
- Le niveau moyen des mers d’Europe.........................518
- Explorations souterraines.................. . 351, 400
- La nouvelle méridienne de France..........................585
- Anthropologie. — Ethnographie. -— Sciences
- préhistoriques.
- Les Cosaques et leur manière de combattre.................139
- Le colosse de Ramsès II à Bédréshéïn (G. Maspero, de
- l’Institut)............................................161
- La famine dans l’Inde (H. Coupin et Ed. Bordage).. . . 175 La tête de jade de Gignac (Hérault) (G. de Lapouge). . 179 Ruines de la ville romaine de Gannes (Daniet Bellet) . 197
- Les populations de l’Algérie (J. Deniker).................199
- Le sens artistique chez les Indiens de l’Amérique du
- Nord (Daniel Bellet) ..................................261
- Christophe Colomb au couvent de la Rabida (Gaston Tissan-
- dier).................................................27.3
- Station préhistorique de Brassempouv (Landes) (Emile
- Cartailhac)............................................298
- Quatre bustes en plâtre peint provenant de la Grande-
- Oasis (G. Maspero).....................................305
- Fouilles récentes aux États-Unis (Mis de Nadaillac) . . . 347
- Nécropole d’une colonie militaire romaine....... 15
- Le géant de Castelnau.....................................142
- L’âge des ossements fossiles..................191, 255
- Monuments de la Perse.....................................502
- Mécanique. — Art de l’ingénieur. — Travaux publics. — Arts industriels.
- Le grisou et ses ravages (Daniel Bellet)................
- La toise et le mètre....................................
- Les armes de chasse. Armes modernes (F. Landrin). . 27, Construction rapide d’une canonnière pour le Dahomey. Les oiseaux chanteurs mécaniques (Le prestidigitnleur
- Alber)...............................................
- Un nouveau palmer. . ...................................
- La fibre-graphite................................. -
- Un nouveau monorail.....................................
- Les grandes profondeurs des mines. Explorations souterraines à Flénu, en Belgique.............................
- Constructions américaines à ossature en fer (G. Richou).
- Vieilles horloges (Ch.-Ed. Guillaume)...................
- La chute des corps et la résistance de l’air. Expériences de MM. Cailletet et Colardeau (G. Tissandier). . . . Adduction des eaux de l’Avre à Paris (G. Richou). . 87, Dynamomètre enregistreur du capitaine Leneveu (J. Laf-
- fargue)..............................................
- La boucle de vapeur.....................................
- Le panorama le Vengeur et ses installations mécaniques
- (G. Richou)..........................................
- Les vibrations des coques de navires et le nouveau système de M. Yarrow (Daniel Bellet).......................
- L’industrie de la céramique au Japon (Daniel Bellet). . Le vélocipède. Aperçu historique (de Sanderval). . . . Contrôleur de présence incorruptible (Daniel Bellet). .
- Les chemins de fer du globe.............................
- Plan incliné pour transbordement des bateaux à Beauval
- près Meaux (L. B.). .................................
- Moteur à gaz de faible puissance (J. Laffargue).........
- Usines métallurgiques au Japon..........................
- Ascenseur de N.-D.-de-la-Garde à Marseille (J. Léotard). L’utilisation des chutes du Niagara (L. Périssé)........
- 6
- 18
- 58
- 34
- 42
- 43 64
- 70
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-
- 426
- TABLE DES MATIÈRES.
- Nouveau graisseur F. Henrion (J. Laffargue). .... L’analyse micrographique des alliages (X..., ingénieur) . Les chemins de 1er de grande altitude dans les Andes
- (L-. B )• ......... ...........................
- La disparition de la voie de 7 pieds sur les chemins de
- fer anglais (X..., ingénieur).....................
- Le bois de châtaignier mort..........................
- Moteurs hydrauliques (J. Laffargde)..................
- Les chemins de fer de l’Asie. Le transcaspien. Le transsibérien. Les chemins de fer en Chine (E. Ratouin). 275,
- Les tonneaux de papier...............................
- La force des vagues..................................
- Le chemin de fer de Jaffa à Jérusalem (Albert Tissandiër). Un ascenseur continu à plan incliné (X..., ingénieur). . Yélocipédie. De l’aplomb dans les bicycles (Cïp. Ciiateau). Utilisation des hautes chutes d'eau. La roue hydraulique
- Pelton (X..., ingénieur)..........................
- Grandes et petites constructions.....................
- Un indicateur de pentes à lecture directe............
- La nouvelle gare de Chicago..........................
- L’ellipsographe de M. F. Schroinm....................
- Le gaz comme agent général de distribution d’énergie.. Le marteau-pilon à vapeur de 100 tonnes et le grand laminoir de l’usine des Etaings (X..., ingénieur).. . . L’Hôtel de Ville de Philadelphie et son dôme recouvert
- d’aluminium (X..., ingénieur).....................
- Statistique de la marche d’une montre................
- La distribution du froid dans les pays chauds. . .
- Les procédés du calcul mental........................
- Un ferry-boat à travers le lac Michigan.. ....
- Recoupement d'un point en topographie................
- Transport de charbon par conduites...................
- Les nouveaux bassins de radoub du port de Gênes. . Un moteur hydraulique pour chute de 640 mètres. .
- Un train de locomotives..............................
- La suppression de la fuméeproduite par les usines.
- Les dépôts incrustants des chaudières................
- L’intensité de la pesanteur..........................
- Le mica employé comme lubrifiant.....................
- Nouvel essai des charbons du Tonkin..................
- Un canon de 122 tonnes à Chicago.....................
- Traction mécanique et électrique des tramioays à
- Paris............................................
- L’action des huiles de graissage sur les divers métaux.
- Déplacement d’une maison.............................
- 145 kilomètres par heure.............................
- Une collection de rails..............................
- Les mélasses comme combustible.......................
- La consommation du charbon du monde entier.. . .
- Les canaux d’irrigation du Rhône.....................
- Une maison en aluminium..............................
- La puissance des locomotives.........................
- Emploi de Voxygène dans la fabrication du verre .
- Physiologie. — Médecine. — Hygiène.
- Course d’échassiers à Bordeaux (Gaston Counié). t . . La propreté corporelle du soldat dans l’armée française
- (Dr Mareschal),..................................
- Course de marcheurs de Paris à Belfort (Gaston Cornié). La course de marcheurs de Pans à Belfort au point de
- vue des vitesses.................................
- L’Institut Pasteur en Australie (Dr Adrien Loir).. . 84, L’inscription de la parole (Ferdinand Brunot). ....
- Les bains de mer (Dr A. Cartaz)....................
- Transport du vaccin par pigeons voyageurs..........
- La thérapie vibratoire (Dr A. Cartaz)..............
- Un cas de rage.....................................
- La vélocipédie au point de vue médical.............
- Les chemins de fer de grande altitude dans les Andes
- (L. B.)..........................................
- Les empoisonnements dans les Indes (Dr A. Cartaz) . .
- La guérison de maladies incurables................
- Les procédés du calcul mental.....................
- La vie des cellules................................ 32
- Injections hypodermiques de liquides animaux.. 47, 239
- La conférence internationale de Venise................ 03
- La vie des tissus animaux.......................... 64
- Ligue contre le cancer............................. 95
- Histoire des associations morbides.................... 95
- Les marcheurs.........................................110
- La variole............................................111
- La greffe osseuse.....................................127
- Le diabète du pancréas................................176
- Le choléra............................................208
- Le Congrès de biologie de Moscou......................255
- La production de l’épilepsie..........................255
- La localisation de la puissance respiratoire. . . . 271
- Le choléra en Perse...................................288
- Les mouvements du cœur................................303
- L’effet physiologique des chocs subits................519
- Singulier traitement anticholérique...................599
- Le pouvoir pathogène des pulpes de betterave.. . . 599
- L’inoculation de la tuberculose.......................599
- Vulnérabilité aux armes à feu des diverses parties du corps................................................415
- Agriculture. — Acclimatation. Pisciculture.
- La culture de l’olivier en France.................... 90
- La soya (II. Codpin),.....................................203
- Les polders du mont Saint-Michel (C. Créprarx). . . . 225
- Les guêpes et les raisins...................... 246, 302
- La culture du houblon en Bohême......................262
- Les réservoirs de neige pour les irrigations en Sibérie
- (D.B.)................................................310
- Un nouveau fourrage (Henri Coupin)........................543
- La pêche au hareng........................................387
- Les terrains de culture de la vigne.................. 65
- La récolte des glands près de Chicago................ 78
- Une maladie des vignes californiennes................... 95
- La fixation de l’azote par la paille................. 95
- Les cultures d’automne employées comme engrais vert. 159
- Empoisonnement du Volga par le naphle................190
- La récolte du blé en France en 1892.................. 270
- Le pomivalorimèlre........................................286
- La fixation de l’azote par les terres.................... 567
- Uinfluence de la dispersion des engrais...................383
- Art militaire. — Marine.
- L’Ecole de capitaines au long cours à Marseille (G. Ma-
- resciiai.)..................................... 7
- La navigation à grande vitesse (X..., ingénieur).. . 50, 130
- Bateau à hélice système Séguin et Jaquet................ 71
- Emploi du cerf-volant comme engin de sauvetage (X...,
- ingénieur)............................................ 93
- Le matériel de la batellerie. Recherches expérimentales. 115 Les vibrations des coques de navires et le nouveau système de M. Yarrow (Daniel Bellet).....................132
- Les Cosaques et leur manière de combattre...............139
- Nomenclature des navires de guerre de la marine française.................................................154
- Plan incliné pour transbordement des bateaux à Bcauval,
- près Meaux (L. B.)....................................177
- Le sauvetage des naufragés (G. Tissandier)..............241
- Bateau en aluminium (J. Laffarc.de).....................289
- Le lancement du Valmy. Comment on lance un cuirassé
- (Max de Nansouty).....................................313
- Les nouveaux bassins de radoub du port de Gênes. 94
- Explorations sous-marines...............................111
- L’apyrite, poudre sans fumée suédoise...................142
- Le port d’Anvers......................................159
- Bateaux à dos de baleine................................175
- Les docks de carénage de Vladivostock...................239
- 251
- 253
- 258
- 265
- 266
- 268
- 307
- 295
- 327
- 329
- 339
- 353
- 335
- 358
- 358
- 371
- 375
- 390
- 391
- 404
- 30
- 30
- 31
- 46
- 47
- 78
- 94
- 95
- 95
- 175
- 175
- 191
- 207
- 207
- 238
- 271
- 287
- 503
- 303
- 303
- 331
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- 398
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- 17
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- 39
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-
-
- TABLE DES MATIÈRES.
- 427
- Lancement du paquebot Campania, le plus grand
- navire du monde...................................270
- Les victimes de la guerre............................334
- Vulnérabilité aux armes à feu des diverses parties du corps...............................................415
- Aéronautique.
- Le parachute de M. Capazza (G. Tissandier)........195
- Histoire du parachute (G. Tissandier)........ 337, 371
- Les ballons dirigeables à Chalais-Meudon (H. Gv).. . . 394 Voyages aeriens de longue durée.............. 366, 382
- Le théâtre optique de M. Reynaud (G. T.)..................127
- Nouvel écran pour projections (Dr Z.).....................144
- Physique amusante. La prestidigitation dévoilée. Le cornet de Heurs. Escamotage d’une cage. Le ventre percé. La carte changée en rose. Le vin et l’eau. La naissance des fleurs. Une crémation fantaisiste. Bouteille et verre voyageurs. Une brioche cuite dans un chapeau (Magus). 176, 191,224, 240, 272, 319, 367,
- 384,............................................... 416
- Récréations polytechniques (E. H....).................267
- La science pratique. Tirolire écossaise. Appareil à percer portatif....................................... 304, 323
- 'Variétés. — Généralités. — Statistique.
- Notices nécrologiques. — Histoire de la science.
- I/amiral Mouchez (Gaston Tissandier)................. 65
- Cyrus AV. Fiel 1......................................142
- A. Lavalley...........................................158
- I\ Teisserenc de Bort.................................158
- L. M. Rutherfurd......................................174
- Histoire de la brouette (Gaston Tissandibr)...........316
- J.-A. Villomin....................... ...............334
- Décès................................................. 78
- Sociétés savantes. — Congrès et associations scientifiques. — Expositions.
- Académie des sciences (Séances hebdomadaires de 1’), par
- M. Ch. de Yii.ledeuil, 15, 31, 47, 63,78, 95, 127, 143,
- 159, 175, 191, 208, 223, 239, 255, 271, 287, 303,
- 318, 335, 351, 366, 383, 399,........................ 415
- Le Congrès des sociétés savantes. Distribution des récompenses. Conférence de M. Janssen (J. Laffargue). . . 38
- L’Exposition de Chicago en 1893 (E. H.).................148
- Exposition cartographique américaine à la Bibliothèque
- nationale de Paris (Pierre Bdffière)...........187, 219
- Association française pour l’avancement des sciences. Congrès de Pau, 15-21 septembre 1892 (Jacques Léotard).....................................................331
- Le Conférence internationale de Venise.................. 63
- L’ouverture de VExposition de Chicago.....................110
- Le Congrès de biologie de Moscou..........................255
- Science pratique et récréative.
- Récréations scientifiques. Fantaisie sur les bulles de savon. Une toupie facile à construire. Gouflcment d’un ballon. Carte de visite photographique. Feu d’artifice
- en miniature, 79, 208,288, 336,.................... 352
- Jouets scientifiques. Le jeu de parachutes (A. Gojd).. . 112
- Course d’échassiers à Bordeaux (Gaston Corme). ... 17
- La sériciculture en Asie Mineure......................... 18
- La culture de l’olivier en France........................ 90
- Les chemins de 1er du globe..............................171
- La famine dans l’Inde (H. Coupin et En. Bordage) ... 173
- Transport du vaccin par pigeons voyageurs.................179
- Buveurs d ether............................................195
- Le commerce des bois en Norwège (D. B.)..................218
- L’industrie cotonnière au Japon (D. B.).............. 230
- Le sauvetage des naufragés (G. Tissandier).................241
- Tondeur de chiens..........................................256
- Un asile pour les chiens...................................290
- Le pétrole de Sumatra......................................358
- Une visite à la banque d’Angleterre (X. West)............363
- Patinage par tous les temps. Le Pôle Nord à Paris (G.
- Mareschal)............................................388
- Le trafic par le canal de Suez...........................395
- L’accroissement de la vitesse des chevaux de course (D. B.). 410
- Statistique de la marche d’une montre................. 30
- La production du mercure en Russie..................... 30
- L’industrie des pâtes alimentaires à Marseille ... 78
- La variole.............................................1H
- Le pétrole en Pensylvanie..............................143
- Nouvel écran pour projections..........................144
- La finesse de l’écriture...................... 138, 206
- Le port d'Anvers.......................................139
- Fabrication des machines à coudre......................223
- L’agenda de Malus....................................223
- L’atmosphère de Manchester...........................239
- La récolte de blé en France en 1892................ 270
- Statistique de la pêche maritime.....................270
- La longévité selon nos ancêtres......................271
- Le coton dans le monde...............................286
- Un train précipité dans une mine.....................^03
- Achat d’un volcan (L’)...............................303
- Les mélasses comme combustible.......................331
- Les victimes de la guerre.................• • • • 354
- La consommation du charbon du monde entier. . . 334
- Production de l’industrie charbonnière du monde. . 566
- Un buste en charbon..................................382
- La publication des œuvres de Lagrange . ..... 415
- FIN DES TABLES.
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-
-
-
- ERRATA
- Page 67, col. 2, ligne 27. Au lieu de : 16k,n,0 par lieure,
- Il faut: 20km,454 par heure
- Page 120, à la légende de la
- figure 1. Au lieu de : Destruction des acri-
- diens ou criquets pèlerins en Algérie. Amas recueilli en une seule journée,
- Il faut : Destruction des acridiens en Algérie. Amas de coques ovi-gères de stauronote marocain. Apport d’une seule journée.
- Page 121, à la légende de la
- figure 2. Au lieu de : Appareil cypriote
- pour la destruction des criquets pèlerins. Rabat des acridiens sur un barrage,
- Page 135, col. 2, ligne 40.
- Page 155, col. 1, ligne 13.
- Page 155, col. 1, ligne 22.
- Page 271, col. 2, lignes 11 et 12.
- Il faut : Appareil cypriote pour la destruction des jeunes acridiens. Rabat sur un barrage.
- Au lieu de : un vétérinaire hollandais,
- Il faut : un vétérinaire belge.
- Au lieu de : quelques-uns,
- Il faut : quelques pièces.
- Au lieu de : avisos de commerce.
- II faut : paquebots de commerce.
- Au lieu de : quatre cent vingt-neuf ans et douze cent quatre-vingt-sept ans,
- Il faut : sept cent vingt-neuf ans et deux mille cent quatre-vingt-sept ans.
- l'aris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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-
-
-
- les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVICE DO JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA. SEMAINE
- Les eaux d’égout & Londres. — M. Stokoe a présenté au dernier meeting de la London Association of Foremen Engineers and Dranqhtsmen, un rapport des plus intéressants sur les égouts de Londres, le traitement des eaux d’égout et leur emploi dans l’agriculture. Il résulte de cette étude, que la ville de Londres contient une longueur de 128 kilomètres d’égouts de diamètre variant de lm,20 à 5m,60 et environ 6400 kilomètres de canalisations privées. Par ces égouts s’écoulent plus de 900 000 mètres cubes d’eau en vingt-quatre heures, sauf pendant la période des pluies, où cette moyenne s’élève considérablement. Les machines nécessaires pour traiter cet immense volume de liquide ont une puissance totale de 3000 chevaux. Lorsque les eaux ont été purifiées, elles sont rejetées dans la Tamise; quant aux dépôts quelles ont abandonnés, ils sont pompés dans des bateaux spéciaux et jetés à la mer. Les steamers employés à cet effet sont pourvus de machines à triple expansion et mues par hélices jumelles; ils marchent à une vitesse de 10 noeuds à l’heure. Chacun d’eux peut recevoir un chargement de 1000 tonnes de matières en une heure. Ce chargement est déversé à une distance de 80 kilomètres de Harrow Deep, à une profondeur de 2”,50 au-dessous du niveau de l’eau; cette dernière opération s’effectue pendant la marche du steamer sur un parcours de 32 kilomètres aller et retour. Le poids total de matière jetée à la mer par ce procédé s’est élevé, pendant l’année dernière, à 585 000 tonnes ; les dépenses entraînées par ce procédé peuvent être établies à raison de 70 centimes par tonne. Le Mémoire de M. Stokoe contient en outre une énumération de toutes les applications des eaux d’égout à l’agriculture ; jusqu’à présent, aucune d’elles n’a reçu de sanction pratique : les fermiers refusent même de se servir, pour fertiliser leurs terres, des pains obtenus en pressant les dépôts et que l’on met gratuitement à leur disposition.
- INFORMATIONS
- —— L'Association des industriels de France contre les accidents du travail ouvre un concours public pour la création d’un bon type de lunettes d'atelier. Ces lunettes devront remplir les conditions suivantes : 1° être à la fois légères et solides, d’un port facile et commode ; 2° être d’un prix peu élevé ; 3° garantir efficacement les yeux contre les projections directes ou latérales de particules métalliques ou pierreuses ou de gouttelettes en fusion ; 4° ne pas produire réchauffement des yeux ; 5“ ne pas gêner la vision de l’ouvrier. Les concurrents devront adresser, en double exemplaire, au président de l’Association, 6, rue de la Chaussée-d’Antin, à Paris, le type de lunettes qu’ils auront créé. Cet envoi devra être fait avant le 31 octobre 1892. Une Commission spéciale sera chargée de l’examen des.types proposés et de leur classement; elle fera son rapport au Conseil de direction de l’Association, qui pourra décerner un prix de 600 francs au candidat classé au premier rang ou le partager.cn deux prix, l’un de 400 francs et l’autre de_200 francs,
- pour les deux premiers candidats. 11 pourra être, en outre, décerné des mentions honorables.
- —Un archéologue de Péronne, M. Lelorrain, a trouvé à Fla-vigny-le-Grand, près de la voie ferrée de Guise à Laon, un sarcophage mérovingien contenant un squelette au crâne intact et divers débris de vases et de ferrailles.
- —Au nombre des maisons qui sont expropriées à Paris pour l’agrandissement de l’Ecole de droit, se trouve la maison capitulaire des chanoines de Saint-Etienne-des-Gris, dont l’église s’élevait au coin de la rue Saint-Jacques. Une porte monumentale d’un fort joli style Louis XV existe encore. On y voit gravées, au milieu de décorations anciennes, les lettres S. E. D. G. (Saint-Etienne-des-Gris.) Le musée Carnavalet va acquérir cette porte, seul reste de la vieille église Saint-Etienne — une des plus anciennes de Paris — démolie pendant la Révolution.
- —On annonce qu’un inventeur américain se livre en ce moment à des études ayant pour objet de remplacer l’impression typographique par l’impression photographique. Il n’y aurait plus de presse encombrante et compliquée, mais. simplement un appareil photographique devant lequel se déroulerait lë papier sensibilisé qui deviendrait la feuille du journal. Etant donné qu’il suffit d’un centième de seconde pour obtenir une épreuve, on arriverait à des tirages dépassant plusieurs milliers d’exemplaires à la minute. Nous publions celte nouvelle d’après les journaux américains — et sous toutes réserves.
- —sfc— Un professeur de l’Université de Louvain, M. Bruylants, a trouvé un procédé pour déceler non seulement les falsifications d’écriture, mais encore la trace jusqu’alors invisible que laissent les doigts en manipulant une feuille de papier. Le procédé consiste, paraît-il, à exposer pendant un certain temps, à l’action de la vapeur d’iode, le papier qu’on suppose avoir été touché par une personne. On comprend les résultats que peut donner aux experts un procédé d’une telle sensibilité.
- —La chasse aux hannetons, dont nous avons parlé dans une de nos précédentes livraisons, s’est faite dans un grand nombre de départements avec beaucoup d’activité. D’après une Note communiquée à la Société d’agriculture de Meaux (Seine-et-Marne), par M. Bergman, on avait recueilli, au 15 mai, 3256 kilogrammes de hannetons sur le domaine de Ferrières ; en 1889, la quantité prise à la même date s’élevait à 8376 kilogrammes. Quoiqu’on doive tenir compte de ce fait que le refroidissement de la température, cette année, a ralenti la sortie des hannetons, la comparaison de ces nombres donne une démonstration des résultats obtenus par la chasse faite en 1889; il est évident que, sans cette chasse, les quantités écloses en 1892 auraient été plus considérables, et qu’elles auraient dépassé celles écloses en 1889.
- —L’Electrical Engineer de New-York nous apprend qu’on vient de découvrir, dans l’Amérique du Sud, dans la vallée du Haut-Orénoque, d’immenses forêts vierges d’arbres à caoutchouc qui fournissent un produit supérieur à celui du Para. Parmi les diverses variétés d’arbres à caoutchouc trouvées par les explorateurs dans le cours supérieur du fleuve, il y en aurait quelques-unes qui paraissent identiques à celles de l’archipel Malais.
- —Lorsqu’il s’agit de repeupler les étangs, certaines plantes sont parfois très dangereuses. On a reconnu que l’herbe Anacharis, originaire de l’Amérique, appelée aussi Thym d'eau, se développe rapidement par masses compactes et nuit aux poissons. Le Bladder-wort (Utricularia), plante carnivore, détruit aussi les alevins en très grand nombre.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Les bouteilles métalliques à gaz comprimés se trouvent chez MM. Fribourg et Hesse, 26, rue des Ecoles, à Paris.
- Communications. — Un vieux rameur, à Paris, nous a envoyé la semaine dernière une lettre que nous avons publiée et dans laquelle ce praticien critiquait la manière exagérée d’allonger le coup de rame des rameurs modernes. Notre correspondant nous adresse à ce sujet une Notice complémentaire qui est de- nature à intéresser les mécaniciens tout aussi bien que les amateurs de canotage : « Avec le coup d’aviron anglais exagéré, dit notre vieux rameur, vous arrivez à ramer 28 coups d’aviron à la minute, tandis que les équipes des Marseillanais et des Canadiens, dont j’ai cité les prouesses, ramaient à 36 ou à 38 coups d’aviron dans le même temps. Voici encore quelques exemples à l’appui de mes affirmations. En 1888, une excellente équipe à quatre rameurs de VAviron de Paris, considérée à juste titre comme la meilleure de la capitale, a couru à Tours où elle se mesure avec la Louisa du Rowing Club de l’Erdre qui la bat haut la main en ramant à 38 et 40 coups. L’équipe du cercle ne perd pas de temps ; elle prend cette nage précipitée et huit jours après, elle remporte des succès pareils en Belgique. Il y a dix ans, les rameurs étaient espacés de 1 mètre d’axe en axe; actuellement, ils le sont de lm,20 par rapport au nouveau coup d’aviron. Quelques jeunes, qui n’ont pas suivi les régates depuis quarante ans, qui n’ont pas vu les façons de ramer de toute cette longue période de .sport nautique, peuvent critiquer notre manière de voir; nous allons leur faire une démonstration pratique. Vous n’avez qu’à placer, sur le parquet d’une salle quelconque, deux bancs à roulettes de 0m,18 plus haut que le parquet, fixer une planche avec fortes courroies, pour appuyer et retenir les pieds ; vous mettez deux hommes d’égale force, sans avirons, il y en a un qui développe le mouvement enseigné par l’école moderne et l’autre qui fait le mouvement de la nage courte, c’est-à-dire l’aviron engagé dans l’eau 18° en avant et 18° en amère de la perpendiculaire, vous verrez que le premier homme sera épuisé de fatigue bien avant le second. Le coup d’aviron doit obéir au principe d’Archimède, la puissance du levier ; le levier produit toute sa puissance quand il est perpendiculaire au système qui maintient l’aviron. A quoi sert cette véritable gymnastique dans le bateau? La tète du rameur aujourd’hui parcourt lm,30 à chaque coup d’aviron; ce mouvement exagéré est tellement fatigant qu’au bout de 2000 mètres vous voyez la désunion dans l’ensemble au lieu qu’avec la nage plus courte les hommes fatiguent moins et conservent bien plus longtemps l’ensemble et surtout la vitesse. »
- M. H. Foucard, à Nice, à propos de nos articles précédents sur le moyen de trouver à quel jour correspondait ou correspondra une date antérieure ou postérieure, nous indique une série de procédés fort simples, que nous regrettons de ne pouvoir exposer ici faute de place.
- M. le Dr C. D., à Caen, à propos de la bouée sonore automatique de Courtenay, mentionnée dans notre numéro 991, du 28 mai 1892, nous écrit qu’il existe également un de ces appareils à l’entrée des bancs de la Somme, à Cayeux-sur-Mer à 4 milles de la côte (environ 7tm,5). Les bouees à'cloche sont d’autre part communes sur nos côtes; il y en a une à l’entrée de chacun des deux grands chenaux de la Somme, à 3 kilomètres environ de la côte.
- M. F. Grey, à Paris, nous écrit que le Board of trade anglais a décidé de donner à l’unité d’énergie électrique le kilowattheure le nom de kelvin en souvenir de lord Kelvin (S. W. Thomson), un des électriciens les plus distingués d’Angleterre.
- La proposition a été faite en effet; mais pour ne pas ajouter des .mots inutiles à une nomenclature déjà assez complète, elle a été retirée. Notre confrère l'Industrie électrique consacre un article à cette question dans son numéro du 25 mai IS92.
- Renseignements. — M. P. Maurin, au Salto-Oriental. — L’expérience du serpent de Pharaon a été décrite dans le n°382, du 25 septembre 1880, p. 264.
- M. Ch. Hazelaire, à Salonique. — L’adresse des constructeurs est indiquée dans l’article.
- M. G. A. R., à Basse-Pointe (Martinique). — 1° Essayez d’immerger le cliché dans l’alcool tiède. — 2° Remerciements.
- M. Bresson, à Montreuil. — Nous allons prendre des informations pour vous renseigner.
- M. E. Renaud, à Matton. — Il est facile de construire actuellement des voitures électriques à accumulateurs, comme vous l’indiquez ; il y a déjà eu, du reste, des applications de ce genre. Adressez-vous à la Société anonyme pour le travail électrique des métaux, 13, rue Lafayette, à Paris, pour ce qui concerne les accumulateurs, et à la Société d'éclairage électrique, rue Lecourbe, pour les machines dynamos. i
- M. H. G., à Neuilly. — Une table des matières de ce genre exigerait une place beaucoup plus considérable,que vous ne le croyez. Le lecteur peut la faire lui-même au moyen de fiches.
- M. C. Lasne, à la Roche-sur-Yon. — 1° Essayez la poudre de pyrèthre de bonne qualité. — 2° Adressez-vous’directement à M. Poiret, professeur à Arras.
- MUe G. Brown, à Bordeaux. — Nous croyons que les vieux timbres ne servent que pour les collections, et n’ont pas d’autres usages.
- M. E. IF., à Mulhouse. — Nous avons publié plusieurs articles sur la traversée de la Manche en ballon ; veuillez vous y reporter. Cette traversée a été faite plusieurs fois et a parfois coûté la vie aux aéronaules.
- Un lecteur, au Havre. — Nous croyons que vous pourrez vous procurer cet appareil chez M. Lustrât, 55, rue de Richelieu, à Paris.
- M. S. E., à X. — Il est difficile d’apprécier ainsi sur le papier un mécanisme de ce genre; c’est surtout l’expérience qu’il faut consulter.
- M. A. Badier, à Simane. —Pour tout ce qui est relatif aux Annonces, il faut vous adresser à l'Office de publicité, 9, rue de Fleurus, à Paris.
- M. C. Q., à X. — 1° La pression développée intérieurement par les gaz de la combustion fait éclater les parois du canon. — 2° Il s’agit de l’arbre appelé cèdre.
- M. Cauche, à Valence. — Pour faire disparaître des taches d’eau sur la toile à calquer, vous pourriez passer au pinceau une légère couche d’essence de térébenthine, de pétrole ou de benzine.
- Un Africain, à Porto-Novo. — Tout dépend de la quantité d’antimoine que renferme le minerai ; il faudrait en faire faire l’analyse.
- M. Félix Martin, à Marseille. —Il s’agit de la planète Vénus ; voyez les articles que nous avons donnés sous le titre : Variétés astronomiques.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. N. Manuiloff, à Malaga. Voyez le livre Dorure sur bois, par M. Saulo, de la collection des manuels Roret. (Librairie encyclopédique, 12, rue Ilautefeuille, à Paris.) — M. P. de Marlenne, à Laizv. Il n’existe que des traités spéciaux; nous en avons indiqué un relatif au microscope dans la Boîte aux lettres du n° 990, du 21 mai 1892. — M. F. Carnoye, à Paris. Pour conserver le lait, il faut ajouter environ 1 gramme d’acide borique par litre. — M. L. Gouriet, à Paris. Consultez les traités de mécanique. — Un abonné, à Lyon. Un vernis à la gomme laque convient parfaitement.— M. Ch. L., à Vitry. Vous trouverez une série de traités de chimie à la librairie Masson. — M. W. Achard, à Genève; M. H. Darnet, à Troyes. Les filtres en porcelaine d’amiante se trouvent à la Société Maignen, 4, place de l’Opéra, à Paris. — M. J. Bardin, à Bruxelles; M. V. Thomasset, à Saint-Denis ; M. R. Louvet, à Courtmoulins ; M. F. Teisserenc, à Ceilhes. Consultez les Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) —
- M. Ch. Sonnier, à Rive-de-Gier. Voyez le même petit livre, ainsi que les Nouvelles recettes utiles, à la même librairie. — M. A. Fayette, à Paris. Remerciements pour vos communications. —
- M. J. H. A., h Puteaux. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- COURS ET CONFÉRENCES
- Cours du Muséum d’histoire naturelle de Paris.
- — M. Ilamy, membre de l’Institut, professeur d’anthropologie au Muséum d’histoire naturelle, a commencé ce cours le mardi 51 mai 1892, à 5 heures, dans l’amphithéâtre d’anatomie comparée; il le continuera les samedis et mardis suivants, à la même heure.
- Dans la a Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n'est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison..
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- BIBLIOGRAPHIE
- La Vieille France. Texte, dessins et lithographies, par A. Ro-bida. La Touraine. 1 vol. in-4°. — Paris, à la Librairie illustrée, 1892.
- Dans notre supplément du n° 954 (12 septembre 1891), nous avons annoncé la publication du deuxième volume {la Bretagne) de l’ouvrage considérable que poursuit avec une rare persévérance, M. A. Robida. Le troisième volume, la Touraine, vient d’être mis en vente. Il est non moins intéressant et non moins attrayant au point de vue artistique que ses devanciers. Nous donnons ici un spécimen d'une des petites gravures de l’ouvrage : c’est le château de Sablé près de Laval. Ce château, étant jadis domaine du duc de Guise, fut attaqué plusieurs fois par les huguenots et subit des vicissitudes nombreuses. Outre d’innombrables gravures dans le texte, l’ouvrage est accompagné de belles lithographies de grand format qui en font un délicieux album. Nous félicitons M. Robida du beau et consciencieux travail qu’il entreprend avec tant d’ardeur.
- Paysages parisiens. Heures et saisons, par Emile Goudeau. Illustrations composées et gravées sur bois et à l’eau-forte,
- Ëar Auguste Lepère. 1 vol. in-8°. — Paris. Imprimé pour enri Beraldi, 1892.
- Voici un livre rarissime ; il n’a été tiré qu’à 138 exemplaires numérotés, sur papier vélin, et remarquablement imprimés par Lahure; il est dédié à la Société des amis des livres. L’auteur, M. E. Goudeau, est un charmant écrivain, un Parisien, un rêveur qui note ses impressions; le dessinateur, un artiste de grand talent, aussi un Parisien, capable, par une habileté rare, de graver sur bois et à l’eau-forte. « Ils vont, lit-on dans la Préface, chacun de son côté sans songer à mettre en communion ces notes écrites ou dessinées...; mais voici qu’un troisième Parisien survient... » C’est notre maître bibliophile, Henri Beraldi, qui va servir de trait d’union entre l’écrivain et le peintre : il offre de créer le livre, en mettant les dessins de celui-ci dans le texte de celui-là. Et voilà le livre publié : c’est un régal pour le bibliophile et pour l’artiste, une perle rare dans une bibliothèque. On en trouve peut-être encore quelques exemplaires chez 1 éditeur Conquet, rue Drouot, à Paris, car l’édition à peine née, est déjà paraît-il, à peu près épuisée.
- A travers le royaume de Tamerlan (Asie centrale). Voyage dans la Sibérie occidentale, le Turkestan, la Boukharie, aux bords de T Amou-Daria, à Khiva et dans VOust-Ourt, par Guillaume Capus, docteur ès sciences. 1 vol. in-8“ illustré
- La ville et le château de Sablé (Gravure extraite de la Vieille France, par A. Robida).
- de 66 gravures, par Paul Merwart, avec 2 cartes dont une coloriée. — Paris, A. Hennuyer, 1892.
- M. Guillaume Capus, dont on connaît aujourd’hui les belles explorations entreprises avec M. Bonvalot, donne dans l’ouvrage que nous annonçons ici, le récit de son premier voyage dans l’Asie centrale, pays jadis inaccessible, ouvert aujourd’hui aux courageux et intrépides voyageurs comme l’est M. Capus. L’auteur s’est intéressé à tout ce qu’il a vu, et il fait partager au lecteur toutes ses sensations et ses impressions. Il faut savoir gré à ces explorateurs qui nous rapportent l’image de ce qu’ils ont vu dans les pays lointains; sans avoir à affronter les fatigues et les déboires, ils nous permettent de connaître ainsi la surface du globe qu’ils parcourent au prix de si louables efforts.
- L'atmosphère. Recueil mensuel des documents météorologiques, publié par les soins de l’Observatoire de la Tour Saint-Jacques à Paris. In-8°. — Paris, Librairie Paul Klinck-sieck, 52, rue des Ecoles.
- Nous avons reçu les quatre premiers fascicules de cette nouvelle publication météorologique qui est rédigée avec beaucoup de netteté et de concision. Nous y avons lu d’excellentes Notices de MM. Renou, Angot, Tardy, Faye, Moureaux, Camille Flammarion, et plusieurs articles de notes et documents, qui en font un recueil très utile au météorologiste.
- L'éclairage électrique. Manuel pratique des ouvriers électriciens et des amateurs pour le choix des appareils, le montage,, la conduite çt l’entretien des installations par Enge-
- lard, ingénieur électricien. — Paris, S. Marie, éditeur, 1892. Prix : 2 francs.
- Cours de chimie organique, par M. Œschner de Coninck, docteur ès sciences, etc. Premier fascicule. In-8°. — Paris, G. Masson, éditeur, 1892.
- Dictionnaire de chimie industrielle, contenant les applications de la chimie, à l’industrie, à la métallurgie, à l’agriculture, à la pharmacie, etc., par A.-M. Villon, ingénieur chimiste. Tome Ier, fascicule Ier. In-4°. — Paris, Bernard Tignol, 1892.
- Les travaux du soir de l'amateur photographe, par T.-C. Hepworth. Traduit de l’édition anglaise par G. Klary, avec de nombreuses illustrations. 1 vol. in-18 de la Bibliothèque générale de photographie. — Paris. Société d’éditions scientifiques, 1892. Prix, 4 francs.
- Agenda du chimiste, par MM. G. Salet, Ch. Girard et A. Pabst. 1 vol. in-16. Librairie Hachette et Ci0. — Paris, 1892.
- Die Elektricitat. Exposé sommaire des lois fondamentales et des applications de l’électricité, 48 édition, revue par A. Rit-ter von Urbanitzky. 1 petit vol. in-8°. A. Hartleben, éditeur. — Vienne, 1892. ;
- Annales de l’Institut météorologique de Roumanie, par M. Stefan C. IIepites. 1 vol. grand in-4\ — Bucharest, 1892.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- La conservation temporaire du poisson frais. — De curieuses expériences ont été faites en Belgique pour arriver à la conservation temporaire du poisson frais. Le plus important des avantages qui résulteront de l’appltcation des procédés de conservation reconnus bons, est que les pêcheurs resteront plus longtemps en mer et pourront se rendre dans les endroits plus poissonneux et poursuivre le poisson qui tend à diminuer le long des côtes. Les expériences ont eu lieu sous les auspices des associations commerciales d’Ostende, d’Anvers, avec un caractère en quelque sorte officiel. Les procédés employés consistent, pàraît-il, à soumettre le poisson et même tous les produits d’origine organique à l’action de l’acide carbonique obtenu
- à l’aide d’acide chlorhydrique agissant sur un carbonate alcalin. Les détails précis ne sont pas publiés. Nous rappellerons que le papier de tourbe est parfait pour assurer l’expédition du poisson. Vous qui expédiez un beau brochet à un ami, enve-loppez-le dans du papier tourbeux, puis faites du tout une bourriche épaisse de paille. Il sera frais et bon deux jours plus tard.
- La soudure électrique. — La soudure électrique a été une des attractions de l’Exposition universelle de 1889. La Société anglaise qui exploite le procédé vient d’en faire une application intéressante; il s’agit tout simplement de remplacer aux lames des scies les dents cassées par de nouvelles dents soudées. La durée des lames ne serait donc plus limitée que par l’usure, car les dents rapportées sont aussi solides que celles découpées primitivement dans la lame.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49*,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES Dü MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 23 mai 12% 7 E. N. E. 1 Très nuageux. 0,0 Nuag. jusq. 16 b.; beau ensuite ; halo.
- Mardi 24 17*,0 S. S. W. 2 Beau. 0,0 Nuag. de 13 à 19 h.; beau avant et après ; halo.
- Mercredi 25 19*,1 S. E. 3 Très nuageux. 0,0 Nuag.; un peu plus fortement le matin que le soir; halo.
- Jeudi 26 21 %7 S. S. W. 3 Très nuageux 0,0 Nuageux ; halo.
- Vendredi 27 21»,4 S. S. E. 5 Couvert. 0,0 Tr. nuag. jusq. 17 h.; peu nuag. ensuite; halo; quelques gouttes à 16 li.
- Samedi 28 23*,1 S. E. 3 Quelques nuages. 0,0 Quelq. nuages le matin ; presque couvert le soir; halo; gouttes à 19 h.
- Dimanche 29 16»,0 S. W. 2 Beau. 0,0 Peu nuageux.
- MAI 1892. -- SEMAINE DD LUNDI 23 AU DIMANCHE 29 MAI 1892
- Lundi | Mardi I Mercredi I Jeudi I Vendredi | Samedi I Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de Où 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- l/électricité et les nuages. — Il résulte d'observations correspondantes faites à l’Observatoire du Vésuve et à l’Université de Naples (différence d’altitude, 580 mètres) que pendant les six mois d’hiver l’électricité à l’intérieur des nuages à l’Observatoire était, à peu d’exceptions près, plus faible que celle qui était observée à l’Université par ciel clair, nuageux ou couvert. Si les nuages se déversent en pluie sur l’Observatoire, aussitôt on observe en ce lieu une forte électricité positive et une non moins forte mais négative à l’Université. Conformément à la loi énoncée par Palmieri en 1884, de mai à la mi-octobre au contraire, époque où généralement l’électricité est bien plus forte à l’Observatoire qu’à l’Université, on trouve que quand l’Observatoire est entouré de nuages, l’électricité à l’Université est toujours plus forte qu’au Vésuve. M. Palmieri n’a jamais constaté d’électricité négative dans les nuages quand il ne tombait pas de pluie à quelque distance ; il n’a constaté une électricité plus forte
- que la normale que lorsque les nuages s’épaississaient et un accroissement très considérable que quand ils se résolvaient définitivement en pluie-Aussi l’électricité est plus faible par ciel nuageux que par ciel clair, quand il ne pleut ni au lieu de l’observation, ni à une certaine distance. C’est donc une erreur de considérer les nuages’ comme des conducteurs chargés d’électricité positive et négative qui, par leur rencontre, donnent naissance aux décharges. Les nuages n’ont par eux-mêmes aucun potentiel à moins qu’ils ne se transformeut en pluie, neige ou grêle. L’électricité négative ne se montre que sous l’influence d’une pluie éloignée ou d’une chute de sable. Donc aucun nuage ne peut transporter en lui l’orage, mais tous peuvent le produire s’ils ont une tendance à se réduire rapidement en pluie ou grêle. Tout nuage qui se résout en pluie devient une source abondante d’électricité qui se fera sentir à une distance plus ou moins grande, selon l’abondance et la rapidité de ses averses. (Annuaire de la Société météorologique).
- PHASES DE LA LUNE : N.- L. le 26, à b h. 58 m. du matin.
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- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE BERVIOB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIB O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- La rage. — Les températures élevées et la sécheresse qui ont caractérisé le mois de mai dernier, ont été accompagnées d’une augmentation dans les cas d’hydrophobie. Le préfet de police, M. Lozé, a pris l’ordonnance suivante que nous croyons utile de reproduire :
- Ordonnance prescrivant les mesures préventives contre la rage. — Nous, préfet de police, vu la loi des 16-24 août 1790; vu l’arrêté des consuls du 12 messidor an VIII ; vu la loi du 21 juillet 1881 et le décret du 22 juin 1882 (article 55) ; vu les avis du conseil d’hygiène de la Seine en date des 18 mars, 7 avril et 27 mai 1892; attendu qu’il s’est produit dans Paris un certain nombre de cas de rage et qu’il importe de sauvegarder la sécurité publique en faisant disparaître les chiens errants, véritables propagateurs de la rage, Ordonnons : Art. 1er. A dater de la publication de la présente ordonnance, tous les chiens circulant à Paris sur la voie publique devront être muselés ou tenus en laisse. Dans le cas contraire, ils seront envoyés à la fourrière, où il sera fait application des dispositions de l’article 52 du décret précité. —Art. 2. Des procès-verbaux seront dressés contre les contrevenants. Les commissaires de police, le chef de la police municipale, le contrôleur de la fourrière et les agents placés sous leurs ordres sont chargés de l’exécution de la présente ordonnance.
- Il est bien facile de munir les chiens d’une muselière. Nous savons que nos amis à quatre pattes n’y sont pas disposés dans les premiers temps, mais on arrive très vite à les accoutumer à cet objet, qu’ils s’habituent fort bien à porter avec l’usage et qui peut éviter de grands malheurs.
- INFORMATIONS
- —— M. Le Blant a communiqué à l’Académie des inscriptions, au nom de M. Maxwell Sommerville, un large bracelet de bronze trouvé près de Jérusalem et portant une inscription grecque. En tête de celte légende est un lion courant à gauche ; à la fin, un serpent rampant vers la droite. A l’extrémité gauche du bracelet est soudée une petite plaque ronde sur laquelle est gravé un personnage nimbé qui perce de sa lance une femme étendue à terre et qui est, selon toute apparence, la figuration du démon. Ce bracelet est un beau spécimen des objets de parure de l’antiquité.
- —— Le Journal des inventeurs publie la Note suivante dont nous lui laissons la responsabilité : on connaît la colophane, cette résine dont les violonistes frottent les crins de l'archet pour les rendre plus vibrants et plus sonores. Sait-on que l’on peut aussi colophaner les cordes vocales? Un éminent docteur a fait diverses expériences qui prouvent que le eolophanage des cordes vocales augmente singulièrement la sonorité de la voix. On pratique le eolophanage des cordes vocales en mettant dans un inhalateur des fragments de colophane avec une petite quantité d’alcool, puis en faisant quelques aspirations prolongées. Le même effet ne peut être
- produit par d’autres appareils, ni au moyen d’une injection stomacale, ni encore d’injections sous-cutanées. Le courant d’air, en passant à travers le liquide, entraîne des vapeurs chargées d’alcool et de colophane qui traversent tout l’appareil respiratoire, bouche, larynx, trachée, bronches, cellules pulmonaifes ; pendant leur passage, ces vapeurs sèchent les cordes vocales par l’alcool et déposent sur elles une longue couche de colophane qui y adhère. Le même médecin a fait diverses expériences fort extraordinaires, qui tendent à montrer que « la teinture de benjoin augmente la voix d’une octave, tandis que la teinture de tolu la réduit de moitié et que l’alcool camphré l’anéantit totalement. »
- —%— On remarque, depuis quelque temps, que les timbres-poste à 15 centimes ont subi une heureuse modification, en ce sens qu’au lieu d’un fond uniforme que l’on avait adopté dès l’origine, en vue d’éviter la contrefaçon par report lithographique, on fa remplacé aujourd’hui par un système de quadrillage, visible seulement au côté gommé. Ce quadrillage présente non seulement une économie considérable en fait de couleur, mais il a surtout le grand avantage de permettre une oblitération à l’abri de toute tentative de nettoyage; à côté de cela, la couleur spéciale qui a servi à imprimer ce quadrillé possède la très curieuse propriété d’apparaître en noir lorsque l’on frotte le timbre avec une pièce de monnaie; il permet ainsi de reconnaître sur-le-champ un timbre vrai d’un timbre faux.
- —D’après les évaluations du commerce anglais, la production de la laine, en 1891, comprend : 148 millions de livres pour l’Angleterre, 450 millions pour le Continent, 316 millions pour l’Amérique du Nord, soit un total de 914 millions de livres (la livre anglaise est de 454 grammes) pour l’Europe et l’Amérique du Nord. Si l’on ajoute à ces quantités les importations d’Australie, 592 millions de livres; du Cap, 102 millions; de la Plata, 350 millions, et des autres contrées, 179 millions; on obtient le chiffre de 2117 millions de livres de laine brute entrant dans la consommation C’est le chiffre le plus fort qu’on ait constaté depuis dix ans; l’année qui son rapproche le plus est 1889 avec 2022 millions; au commencement de la période décennale, en 1882, on n’était qu’à 1711 millions. Voilà la mesure du développement pris par le commerce des laines dans ces dernières aimées. Le chiffre de 2117 millions de livres anglaises se réfère aux laines en suint où lavées : si on le transforme en lavé à fond on obtient 1136 millions de livres livrées à l’usage général en 1891. C’est une proportion moyenne de 2liT,74 par tête d nabi tant.
- —L’assislant de la ménagerie du Muséum, M. Sauvinet, a été à la fin du mois dernier victime d’un accident devant la loge de l’éléphant. Il donnait des pommes de terre au pachyderme à travers les barreaux de la grille, afin d’apaiser les cris de l’animal, que la présence d’un public nombreux, à une heure matinale où il est d’ordinaire seul, semblait exciter. Tout à coup, l’éléphant lui saisit le bout des doigts avec l’extrémité de sa trompe et l’enleva de terre en lui tordant violemment le poignet, puis il le laissa retomber après lui avoir fortement luxé l’articulation. A propos de cet accident, le journal le Temps raconte que l’éminent directeur du Muséum, M. Milne-Edwards, a déclaré que cet éléphant, d’ordinaire fort doux, n’a pas oublié la méchanceté d’un visiteur qui, tout récemment, au lieu de lui donner un morceau de pain, a introduit un cigare allumé dans sa trompe et l’a cruellement brûlé. M. Milne-Edwards présume que l’animal a attribué les mêmes intentions à l’assistant de la ménagerie et a cherché à se venger ainsi des mauvais traitements dont il avait été l’objet de la part de ce visiteur.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Nous avons parlé récemment des filtres en porcelaine d’amiante; ces filtres se trouvent à la maison Mallié, 155, Faubourg-Poissonnière. Nous avons donné précédemment, et par erreur tout involontaire, une adresse erronée.
- Communications. — Bolide du 30 mai 1893. —
- M. G. Judic, à Paris, nous écrit que le 30 mai, à Levallois-Perret (Seine), vers 9h,30m du soir, il a pu distinguer dans le ciel un remarquable bolide se dirigeant de l’ouest vers l’est. Ses dimensions apparentes étaient celles d’une grosse orange. Au moment où l’observateur l’a aperçu, le météore laissait derrière lui une longue traînée lumineuse.
- M. le Dr Cartaz, à Paris, a-observé ce même bolide. Voici ce que nous écrit notre excellent collaborateur : « Un magnifique bolide a traversé Paris le lundi 30 mai, vers 10 heures du soir, de l’ouest à l’est. Ce bolide a bien été visible pendant douze à quinze secondes, passant avec la lenteur d’une fusée arrivée au terme de sa course et laissant un sillon lumineux comme le panache d’une comète. Je n’en ai jamais vu d’aussi beau ni progressant avec cette lenteur. Le spectacle était réellement superbe. » .
- Accidents produits par les courants électriques dans l’industrie. — Le professeur Lacassngne et un de ses élèves, M. Biraud, poursuivent en ce moment des recherches d’ordre médical sur ce sujet, au Laboratoire de médecine légale de Lyon. Ces accidents, dans la plupart des cas sans conséquences graves, sont plus fréquents qu’on ne pourrait le croire dans les usines productrices d’électricité pour l’éclairage ou le transport à distance de l’énergie. Il serait intéressant de connaître dans chaque cas les conditions techniques réalisées au moment de l’accident (courant continu ou alternatif, nombre de volts et d’ampères à la dynamo), les circonstances dans lesquelles il s’est produit (contact établi par une seule ou par les deux mains, etc.), les impressions de la victime au moment de la décharge, et, dans la suite, les conséquences de l’accident (brûlures, troubles nerveux, etc.). Les lecteurs de La Nature sont priés de faire connaître, au Laboratoire de médecine légale de Lyon, les observations dont ils peuvent avoir connaissance sur ce sujet : le secret médical sera gardé dans la publication qui en sera faite.
- M. Lacombe, à Alfortville (Seine) nous fait part d’un erratum, dû à une faute typographique, dans l’article sur les Roches à figures animées (n° 990, du 21 mai 1892). Le profil de Louis-Philippe se trouve sur la route de Cluses à Chamonix, en Savoie, et non en Suisse.
- M. E. Lehman, à Paris, au sujet de la Note publiée sur la propulsion hydraulique des navires dans les Nouvelles scientifiques, du n° 991, du 28 mai 1892, nous fait connaître un nouveau système de propulseur à refouloir de son invention. Le mécanisme n’a point d’articulations, le mouvement est direct.
- M. A. Raïevsky, à Tsarskoë Sélo (Russie), nous communique la nouvelle suivante publiée par le journal Novoë Wre-mia : un grand aérolithe est tombé dernièrement dans la mer Caspienne, non loin d’Apshéron. 11 forme comme une grosse roche noire au milieu de la mer. Il s’élève à la hauteur de 2 sagènes (4m,266) au-dessus du niveau de la mer qui a, en cet endroit, une profondeur de 4 sagènes (8m,532). Nous enregistrons cette nouvelle sous toutes réserves.
- M. H. Lefèvre, à Marseille, à propos de l’indicateur de vitesse de MM. Manlove, Alliott etCie, dont il est question dans le n° 991, du 28 mai 1892, nous écrit qu’un appareil du même système est construit depuis plusieurs années déjà par MM. Piguet et Cio, à Lyon.
- Renseignements. — M. A. Rieffel, à X. — Il est impossible de donner exactement le nombre d’exemplaires de journaux quotidiens tirés en France. La déclaration du tirage n’est donnée nulle part.
- M. F. Lèris, à Bône. — Pour recueillir les parfums dés fleurs, il faut couper ces dernières en petits morceaux, les laisser macérer quelques jours dans un peu d’eau ou d’alcool suivant les cas, et distiller ensuite à un feu modéré.
- M. Wullschleger, à Avignon. — Nous ne saurions, à notre grand regret, nous charger de cette affaire; adressez-vous à un horloger de précision, M. Garnier, par exemple, 6, rue Tait-bout, à Paris.
- M. F. Jouannin, à Paris. — Nous avons publié un article qui a rapport à l’action de la lumière sur la conductibilité électrique du sélénium, suivant les températures, dans le n° 177, du 21 octobre 1876, p. 331.
- M. E. D. Brunei, à Rouen. — 1° Il faut faire préparer cette poudre par un pharmacien. — 2° Adressez une demande au secrétariat de l’Académie de médecine.
- M. B. Pedemonte, à Barcelone. — L’Histoire de la civilisation, par Seignobos (G. Masson, éditeur.) Pour ce qui concerne les autres ouvrages, consultez les catalogues des librairies scientifiques de Paris.
- M. T. J., à Bourg. — Il faut s’adresser à l’ingénieur des mines de la contrée pour faire vérifier la chaudière, et ensuite envoyer une demande au Préfet du département.
- M. A. Bertrand, à Pont-Sainte-Maxence. — R serait nécessaire d’aérer l’eau, autant que possible, et de désinfecter, s’il y a lieu, à l’aide de sulfate de zinc ou de fer, suivant les applications en vue.
- M. H. Daren, à Paris. — La Notice a été empruntée à des journaux américains; nous regrettons de ne pouvoir vous fournir d’autres renseignements.
- M. C. G., à Troyes. — Vous trouverez le rapport des unités électrostatiques et électromagnétiques dans le Formulaire pratique de l’électricien de M. Hospitalier.
- M. M. Berthon, à Versailles. — Les ascensions droites, les déclinaisons ainsi que les grandeurs des étoiles sont indiquées pour le l9r janvier 1892 dans l'Annuaire du bureau des longitudes, à la librairie Gauthier-Villars.
- M. C. Demay, à Auxerre. — L”adresse demandée est donnée en tète de la Boîte aux lettres.
- MM. L. Barboza, à Caxias; Un abonné, à Limbach. — Vous pourrez vous procurer des ouvrages sur la filature et le tissage en vous adressant à la librairie E. Bernard et Cio, 53 ter, quai des Grands-Augustins, et à la librairie Dunod, 49, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. E. Galloo, à Bergues. — Ces taches proviennent de défauts dans le tain de la glace ; il faut étamer à nouveau.
- Mme Piver, à Paris. — Cet appareil a été apporté de Londres; nous n’avons pas d’adresse spéciale.
- Questions. — N° 1321. — Mae P. nous écrit par l’intermédiaire d’un de nos confrères : « Avez-vous jamais demandé à vos abonnés pourquoi les oiseaux ne chantent ou ne paraissent jamais chanter faux? J’ai souvent posé cette question chez moi à des pianistes, violonistes ou violoncellistes de talent après leur avoir fait remarquer que le chant du rossignol (en cette saison) dans le jardin, ou le chant de mon petit canari dans sa cage, ne détonnait jamais alors qu’excités par la musique des trios, solos, duos qu’ils entendaient, ils s’en donnaient à gorge déployée, et cela quelle que soit la tonalité des thèmes joués ou même chantés. Si vous êtes musicien et que ce (( pourquoi » puisse vous intriguer autant que moi, je serais heureuse de connaître les solutions que l’on obtiendrait. »
- Réponses. —N° 1320. — M. Charles Genand fils, à Vevey (Suisse), nous informe qu’il reçoit directement d’Allemagne de la farine de viande. Il peut envoyer un colis postal de 3 kilogrammes contre 3 francs en timbres français ou suisses.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. Michaîloff, à Sofia. Remerciements pour votre intéressante communication que nous utiliserons prochainement. — M. H. de Lanier, à Gand. Les engrais chimiques, par G. Ville. (G. Masson, éditeur). — M. Ch. Dclcspaul, à Tourcoing. Nous ne connaissons pas l’adresse du fabricant. — M. le lieutenant de Freitas Branco, à Mozambique. S’adresser à M. Luzzatto, à Dunkerque. — Un abonné, à Paris.
- M. Roger, 24, rue du Bac, à Paris. — M. C. Guérin, à Evreux. Nous avons décrit l’expérience qui consiste à faire une loupe à l’aide d’un petit trou dans une feuille de carton ; cette expérience est analogue à celle que vous mentionnez. — M. A. Chauchat, à Troyes. Voyez les Recettes et procédés utiles, à la librairie G. Masson. — Un habitant, à Nice. — Nous avons publié, dans le même petit livre, une recette concernant le liège artificiel, qui pourra vous être utile. — M. M. Couturier, à Lagny. Remerciements pour vos communications.
- Dans la « lloite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INVENTIONS1
- Liseur A miroir. — M. Ch. Collin, ingénieur civil à Bar-le-Duc, nous a récemment soumis le petit appareil représenté ci-dessous ; c’est un miroir grossissant qui convient pour faciliter la lecture aux personnes dont la vue est faible ou fatiguée. Cet appareil ingénieux permet de lire les textes les plus fins aussi facilement qu’on lit un journal, et jouit des propriétés suivantes : il ne cache pas le texte à lire, ce qui permet d'examiner le texte à l’œil nu, et de ne se servir du Liseur
- Liseur à miroir.
- qu’en cas de besoin, par un simple mouvement de l'œil. — L’œil reste à la même distance du texte que dans la lecture à l’œil nu. — Les myopes et les presbytes s’en servent avec la plus grande facilité en conservant leurs lunettes habituelles. Pour se servir de l’appareil, il suffit de poser la loupe sur le livre parallèlement aux lignes, de telle sorte que la première ligne à lire soit un peu au-dessous du miroir inférieur dans lequel se fait la lecture. — L’appareil de M. Ch. Collin se trouve à la librairie Larousse, 15, rue Montparnasse, Paris.
- La fourchette universelle. — Voici un nouveau système de fourchette qui est formée de trois branches pointues à la façon ordinaire ; la troisième branche est munie d’un appendice semblable à une pelle ou à une lame de couteau. Cet appendice forme cuillère, et grâce à lui, on peut manger légumes, sauces, ragoût, en ayant comme les deux objets fourchette et cuillère dans la main. La lame n’empêche nullement de piquer la viande,
- F ourchette-cuillère.
- elle ne gêne pas non plus pour porter à la bouche et elle ne peut devenir dangereuse pour les lèvres ou la langue ; car elle n’est pas tranchante. En essayant la fourchette en question, on peut se convaincre de son utilité pratique. L’objet offre un inconvénient: il n’est pas très gracieux d’aspect et nous ne croyons pas qu’il soit adopté par tous, mais il peut être recommandé pour la campagne et pour le voyage. — Se trouve chez M. H. Mahr, 6, rue de Yerneuil, Paris ; et chez M. Mennecke, 22, rue Baudin, Paris.
- Canif A ressort. — Quand on fait sortir la lame d’un canif ordinaire, l’ongle agit directement dans une cannelure, et il arrive souvent qu’il se casse ou se plie quand il y a à faire un effort un peu considérable. Rien de semblable ne peut se produire avec le nouveau canif que nous représentons ci-contre.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Il est formé de deux lames qui s’ouvrent d’elles-mêmes, sous l’action d’un ressort que l’on fait agir en appuyant horizontalement le doigt à l’extrémité du canif. La figure ci-dessous montre
- Canif à ressort.
- la position des doigts. Le canif étant tenu devant soi, on presse avec le doigt de la main droite l’extrémité du canif en poussant horizontalement vers soi. La lame s’ouvre instantanément. On retourne le canif pour ouvrir l’autre lame. — Se trouve chez M. Mathieu Martain, 19, rue d’Enghien, Paris.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Nouveau révélateur photographique. Le mixtol. — Nous allons faire connaître une formule de révélateur mixte très énergique que nous avons trouvée et avec laquelle nous obtenons toujours d’excellents clichés. Nous lui donnons le nom de mixtol. Voici dans quel ordre on doit dissoudre les substances qui composent le mixtol :
- Eau bouillante............... 1000 cent, cubes.
- Sulfite de soude............. 120 grammes.
- Ilydroquinone..................... 15 —
- Iconogène......................... 10 —
- Prussiate jaune................... 20 —
- Carbonate de potasse.............. 75 —
- Potasse caustique........... . 15 —
- Bromure de potassium.............. 1 —
- Glycérine......................... 10 gouttes.
- Préparer le bain dans une capsule en porcelaine ou émaillée, sur un feu doux, en laissant bien dissoudre chaque sel avant d’en mettre un autre, puis filtrer. On obtient ainsi une solution d’un beau jaune et d’une transparence parfaite, qui se conserve très longtemps. Pour développer des clichés instantanés, ajouter moitié eau. Pour des clichés posés, ajouter deux tiers d’eau, ou mieux employer la même formule en supprimant la potasse et en mettant alors 95 grammes de carbonate de potasse. Quelques gouttes d’une solution concentrée de bromure retarderont, s’il est besoin, la venue de l’image. Le mixtol se conserve très bien : nous en avons un bain préparé depuis deux mois dont les qualités n’ont pas changé. Il ne jaunit pas les plaques et ne tache pas les doigts. B ne décolle jamais la gélatine (comme le fait le « cristallos » qui contient 100 grammes de soude par litre). Il développe très rapidement tout en faisant bien venir les détails, donne des clichés vigoureux sans être durs, et fouillés dans les demi-teintes. Quant à son énergie, voici ce que nous obtenons avec lui : 70 centimètres cubes de mixtol étendus de 70 centimètres cubes d’eau nous permettent de développer 12 clichés 9x 12 instantanés. Le premier est développé en trois minutes et demie à quatre minutes, et le dernier en huit à dix minutes, sans qu’aucun ait une teinte jaune ; les clichés sont très bons du premier au dernier, et le vieux bain est à peine plus foncé que le bain neuf. Nous pensons que cette formule de mixtol rendra des services aux amateurs, surtout pour les instantanés, car elle est très rapide et très énergique. Enfin elle n’est pas chère, puisqu’un litre de bain revient à 3 francs environ en le préparant soi-même, et qu’il permet de développer au moins l i douzaines de plaques 9x12 (ou 7 douzaines de 13x18). Nous recommandons même de ne pas en préparer 1 litre à la fois, mais une quantité bien moindre (30*0 à 500 centimètres cubes) en rapport avec le nombre de clichés que l’on fait habituellement, enfin, de ne pas employer les bains trop vieux. Dr Ch. Decaux, à Caen.
- Conservation des pommes de terre. — M. Prillieux a présenté, il y a quelque temps déjà, à la Société nationale d'agriculture, de la part de M. Schribaux, des pommes de terre qui ont été plongées, pendant dix heures, dans l’acide sulfurique du commerce dilué à 1 pour 100. Elles sont abandonnées dans
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- une salle chaude du laboratoire de la station d’essais de semences, c’est-à-dire dans les conditions les plus défavorables à leur conservation et se sont conservées fort longtemps. La durée de l’immersion dans l’acide doit dépendre de l’épaisseur du péri-derme des tubercules, épaisseur qui différé d’une variété à l’autre. L’immersion dans la liqueur acide a pour effet de tuer les bourgeons, ce qu’on reconnaît très facilement à la couleur d’un blanc laiteux que prend le tissu.
- Manière de conserver la colle. — Une des dernières livraisons de La Nature (n° 991) a donné la formule d’une colle d’amidon pour photographies. On recommande, pour conserver la colle, d’y ajouter quelques cristaux d’acide phénique. Voulez-vous me permettre de vous indiquer un produit qui remplace avantageusement l’acide phénique et auquel je me suis arrêté pour la conservation de ma colle. J’emploie, pour l’usage de la pharmacie, de la colle de farine que je fais moi-même, mais
- - cette colle, surtout l’été, se corrompait vite. Pour assurer sa conservation, j’ai essayé successivement : l’acide phénique, l’acide thymique. J’ai renoncé à ces deux produits à cause de l’odeur. J’ai eu recours ensuite à l’acide salicylique qui m’a donné de bons résultats, mais qui offre un grand inconvénient. Si on se sert, pour coller, de pinceaux garnis de fer-blanc, on ne tarde pas à colorer la colle en rouge par suite de la réaction qui se produit entre le fer et l’acide salicylique. Je me suis arrêté à l’acide borique et j’emploie maintenant pour faire ma colle, au lieu d’eau ordinaire, une solution saturée d’acide borique (environ 4 pour 100). Ma colle se conserve assez longtemps, ne sent absolument rien et on peut impunément employer des pinceaux garnis de fer-blanc. Je suppose que ce qui réussit avec de la farine réussirait bien avec de l’amidon.
- R. Homo,
- Pharmacien de 1” classe à Damville.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEUHKS DU MATIN THERMOMÈTRE VENT IMUECTION ET FORCE DK 0 * 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 30 mai 18',2 S. E. 0 Beau. 0,0 P. nuageux de 8 h. à 15 h., beau avant et après.
- Mardi 31 20*,8 S. E. 2 Beau. 0,0 Quelques nuages le matin ; puis nuageux ; averses avec grêle dans la soirée, avec tonnerre del9h.25à 50 m.
- Mercredi 1" juin.. . 15",9 W. S. W. 3 Couvert. 2,1 Tr. nuageux de 7 h. à 20h. quelq. nuages avant et après ; un peu de pluie à 16 h.
- Jeudi 2 17*,8 S. 3. P. nuageux 0,2 Nuag. jusq. 10 h.; couv. ensuite; éclairs à partir de 23 h.; tonnerre à 23 h. 30.
- Vendredi 3 16*,7 W. S. W. 2. Couvert. 0,6 Très nuageux ; éclairs continus à 1 h. ; gouttes à 4 h. et 13 h.
- Samedi 4 14',3 N. 3. P. nuageux. 0,0 P. nuageux jusq. 10 h.; très nuageux ensuite. Couv. jusqu’à 11 h. et de 16 h. à 18 h.; nuag. de 12 h. à 16 h.,
- Dimanche 5 14',1 S. S. W. 3 Couvert. 0,0 et de 19 à 20 h.; b. ens., avers, à div. rep. dans la journ.
- MAI-JUIN 1892. -- SEMAINE DU LUNDI 30 MAI AU DIMANCHE 5 JUIN 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, tes pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer), courbe plus mince, thermomètre à l'abri a boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorologiques faites au pare de Saint-Maur en mai fl SOS
- par M. E. Renoo.
- Moyenne barométrique à midi, 758“”,05. Minimum le 3, à 4 heures du soir, 746”“,28. Maximum, le 7, à 8 heures du malin, 764"",63.
- Moyennes thermométriques : des rniuima, 8°, 15; des maxima, 21°,8; du mois, 15°,01; moyenne vraie des 24 heures, 15°,03. Minimum le 7, au matin, —1°,3. Maximum le 25, vers 1 heure du soir, 32°,0. Il y a eu 2 jours de gelée et 3 jours de gelée blanche.
- Tension moyenne de la vapeur, 7"",03. La moindre, le 7, à 3 heures du soir, 2““,6. La plus forte, le 31, à 10 heures du soir, 13““,1. Humidité relative, 57. La moindre, le 15, à 2 heures du soir, 17. La plus grande, 100, les 3 et 4.
- Pluie, 10““,0 en 25\45“ réparties en 8 jours, plus, 4 jours de gouttes qui n’ont pas marqué au pluviomètre.
- Le 11, quelques coups de tonnerre lointain de 7 à 8 heures du soir. Le 31, tonnerre assez fort de 6 à 8 heures du soir avec une averse mêlée d’un peu de grêle. Il est encore tombé un peu de grêle le 17. Nébulosité moyenne, 45.
- Température moyenne de la Marne, 15°,98 ; elle a varié de 10°,71 le 3,
- à 23°,02 le 31, elle a été au-dessus de 21°,0 les six derniers jours du mois. La transparence et la hauteur de la rivière ont été iaibles et peu variables.
- Les vents, modérés, ont soufflé de la région nord-est, la première moitié du mois, puis ceux de la région du sud.
- Relativement aux moyennes normales, le mois de mai 1892 a présenté les résultats suivants : baromètre plus haut de 1““,51. Thermomètre plus haut de 1°,70. Tension de la vapeur moindre de 0““,43. Humidité relative moindre de 12. Pluie moindre de 41““,0. Nébulosité moindre de 12.
- Floraisons : le 3, Bugle, Belle d’onze heures; 6, Renoncule-âcre; 16, Eglantier-capucine, Pivoine rouge, Rhubarbe, Chèvrefeuille; 20, Trades-cantia virginica; 22, Hémérocalle jaune; 2r, Dactyle pelotonné, Geum-urbanum, Sureau commun, Seringat inodore, Œillet de poète; 26, Cornouiller sanguin ; 28, Thlaspi blanc, Œillet mignardise, Pivoine blanche herbacée, Rhododendron, Mauve officinale, Acacia commun ; 29, Violette marin; Rose des quatre saisons, Jasmin blanc, Thlaspi violet.
- Oiseaux : 9, Tourterelle; 10, on commence à voir des hirondelles sédentaires des quatre espèces.
- PHASES DE LA LUNE : P. Q. le 2, à 10 h. 1 m. du matin.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- .Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, i Paris.
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- LA SEMAINE
- Les inscriptions parisiennes. — On sait qu’il existe un Comité des inscriptions qui a pour but de rappeler à Paris les souvenirs historiques, par des inscriptions placées sur les constructions où ont eu lieu les événements mémorables, maisons natales ou mortuaires des hommes illustres. Cette pratique nous paraît excellente et digne d’ètre encouragée. La ville de Paris vient de publier en un volume la liste des inscriptions votées de 1881 à 1891 par le Conseil municipal. Nous donnons la liste des inscriptions relatives à la naissance ou à la mort d’hommes illustres. — Maisons natales. Dix-septième siècle. Madame de Sévigné, 11 bis, rue de Birague. — Dix-neuvième siècle. Le peintre David, quai de la Mégisserie. Hégésippe Moreau, 9, rue Saint-Placide. Michelet, 14, rue de Tracy. — Maisons mortuaires. Seizième siècle. Amiral Coligny, 144, rue de Rivoli. Rabelais, 28, quai desCélestins. — Dix-septième siècle, Corneille, 6, rue d’Argenteuil. La Fontaine, à l’Hôtel des postes, rue Jean-Jacques-Rousseau, où s’élevait autrefois l’hôtel d’Ervart. Mignard, 23 bis, rue de Richelieu. Molière, 40, rue de Richelieu. Pascal, 2, rue Rollin. — Dix-huitième siècle. Beaumarchais, 2, boulevard Beaumarchais. Diderot, 39, rue de Richelieu. L’Abbé de l’Epée, 23, rue Thérèse. Mirabeau, 42, rue de la Chaussée-d’Antin. Vaucanson, 51, rue de Charonne. Voltaire, à l’angle du quai Voltaire et de la rue de Reaune. — Dix-neuvième siècle. Auber, 22, rue Saint-Georges. Barye, 4, quai des Célestins. Baudin, loi, Faubourg-Saint-Antoine. Béranger, 5, rue Béranger. Berlioz, 4, rue de Calais. Berryer, 64, rue des Petits-Champs. Bougainville, 5, rue de la Banque. Chateaubriand, 120, rue du Bac. Benjamin Constant, 29, rue d’Anjou. Général Foy, 62, rue delà Chaussée-d’Antin. Victor Hugo, 124, avenue Victor-Hugo. Ingres, 11, quai Voltaire. La Fayette, 6, rue d’Anjou. Lakanal, 10, rue de Birague. L’astronome Laplace, 108, rue du Bac. Littré, 44, rued’Assas. Henri Martin, 58, rue Vital. Victor Massé, 1, cité Frochot. Méhul, 28, rue de Montho-lon. Alfred de Musset, 6, rue du Mont-Thabor. Mignet, 14, rue d’Aumale. Parmentier, 68, rue du Chemin-Vert. Edgar Quinet, 32, rue du Montparnasse. Sainte-Beuve, 11, rue du Montparnasse. Scribe, 12, rue Pigalle. Talma, 9, rue de la Tour-des-Dames. Alfred de Vigny, 6, rue des Ecuries-d’Artois. Viennent ensuite les inscriptions relatives aux habitations célèbres, puis aux anciens monuments. C’est ainsi que l’ancienne enceinte de Philippe Auguste est actuellement indiquée par sept inscriptions.
- INFORMATIONS
- —¥£— Au moment où la course à pied de Paris à Belfort, dont nous parlons dans la présente livraison (p. 39), a obtenu un si grand succès, il est intéressant de signaler les prouesses des marcheurs. Un jeune lieutenant du .29e dragons vient de réaliser, comme marcheur, un véritable tour de force. Il avait parié, avec un de ses camarades, de laire 100 kilomètres à pied en vingt-quatre heures, et il vient de gagner^son pari avec la plus grande facilité. Parti samedi 4 juin,
- à 10 heures du matin, de la borne kilométrique qui est au haut de la rue de Bretagne, à Alençon, M. Caterneau a été sans arrêt jusqu’à 1800 mètres au delà de Juvigny-sous-Andaines, où se trouve le cinquantième kilomètre, puis il est retourné sur ses pas et est allé jusqu’à Couptrain, ayant fait ainsi, d’un seul trait, 75 kilomètres. Apres trois heures de repos, il s’est remis en marche et est arrivé à Alençon le dimanche matin, à 9h,30m, en avance d’une demi-heure sur le temps fixé.
- —^— Un concours sera ouvert à Paris, le 10 octobre prochain, pour la nomination à un emploi d’ingénieur chargé des travaux dans une Ecole nationale des arts et métiers. Le traitement minimum de ce fonctionnaire est fixé à 5000 francs, et le maximum à 7000 francs. En outre, il est logé à l’Ecole, éclairé et chauffé aux frais de l’Etat. Les candidats à cet emploi doivent être âgés de vingt-cinq ans au moins ou quarante ans au plus, à la date du concours, à moins qu’ils ne soient déjà attachés à l’enseignement dans les Ecoles nationales d’arts et métiers, auquel cas la limite d’âge pourra être reculée. (Pour tous renseignements relatifs aux conditions du concours, s’adresser à M. le Directeur de l'Enseignement industriel et commercial, au Ministère du commerce à Paris.)
- —La Société de secours des amis des sciences a tenu sa séance annuelle le 9 juin, à 8 heures du soir, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, sous la présidence de M. Aucoc, de l’Institut. Après une allocution du Président et le compte rendu de la gestion du Conseil d’administration par le secrétaire, M. Lippmann, de l’Institut, a fait une intéressante conférence sur la photographie des couleurs.
- —Sjf— On a signalé l’abondante pluie de poussière tombée à Stockholm, le 3 mai. Une communication de JI. de Tillo, à l’Académie, fait savoir que cette pluie s’est produite sur une grande étendue de la Russie d’Europe; elle a été signalée à Elisavetgrod, Pinsk, Kovno, Saint-Pétersbourg. A la Société de géologie de Stockholm, MM. Nordenskiold, llolst, Svcdmark et Tornebohm ont communiqué les résultats de l’examen qu’ils ont fait de ces poussières; elles contenaient de nombreux cristaux avec des parcelles de hornblende, de magnélite, de fragments de mica, de fer à l’état métallique et quelques diatomées.
- —Un horloger de Genève, M. Sivan, a fait savoir à la Société des arts de cette ville, qu’il vient d’envoyer à Berne, en vue d’obtenir un brevet d’invention, un spécimen d’une montre à répétition parlant les heures et les quarts au lieu de sonner. Le mécanisme de cette montre est une application ingénieuse du phonographe.
- —— Un correspondant du journal anglais The Ficld avait prétendu qu’un cheval pouvait battre à la course, pendant un mille (1009 mètres), le chien le plus alerte. Or, la rapidité la plus grande chez un cheval n’a pas dépassé un mille, en une minute quarante-deux secondes, et encore aucun cheval ne pourrait conserver une pareille allure pendant plus de deux milles. U y a quelques années, la chienne foxhound Merkin parcourut quatre milles anglais en six minutes et ime demi-seconde, ce qui fait un mille en une minute trente secondes 1/8. On parle, d’autre part, d’un match couru à Windsor entre un chien et un cheval, et dans lequel l’avantage est resté au cheval.
- —Nous avons ici même parlé, dans notre livraison du 4 juin, d’un procédé pour dévoiler les traces d’écriture, de doigts, etc., sur les feuilles de papier. M. 0. Picquet, chimiste, nous écrit que ce procédé a été décrit en 1878 dans le Précis de médecine judiciaire de M. Lacassagnc et qu’il est attribué à M. Coulier.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — La Ner-
- tera depressa se trouve chez M. Godefroy (salle du jardin) 5, rue d’Edimbourg, à Paris. — Pour tout ce qui concerne les oiseaux mécaniques, chantant leur chant naturel, s’adresser à M. G. Bontems, fabricant, 72, rue de Cléry, à Paris.
- Communications. —- M. F. Levieux, à Bruxelles, à propos de nos précédentes communications, nous adresse une méthode destinée à calculer à quel jour de la semaine correspond une date donnée. Cette méthode nous paraît ingénieuse et très simple. Elle consiste à ajouter, au numéro d’ordre du jour qui sert de point de départ un nombre d’unités égal, au chiffre des jours complémentaires. Les mois sont supposés avoir une durée uniforme de vingt-huit jours. La différence entre ce nombre et le nombre réel de jours de chaque mois constitue les jours complémentaires.
- lin lecteur, à Libourne, nous signale un arc-en-ciel lunaire observé dans la nuit du 2 au 3 juin 1892 vers 11 heures du soir. « Après un orage, nous dit notre correspondant, la Lune s’éclaircit et je vis très distinctement (à l’est) un grand arc de cercle, de même dimension que l’arc solaire et dont le sommet s’élevait à environ 45° au-dessus de l’horizon. Cet arc était blanchâtre et se détachait très nettement sur les nuages noirs de l’orage. »
- M. A. Meunier fils nous adresse la description d’un Nouveau procédé de positifs sur verre permettant d’obtenir une gamme de teintes nouvelles et variées. (1 brochure de 8 pages au Comptoir de photographie, 57, rue Saint-Roch, à Paris.)
- M. Adolfo O'Ryan, à Mazatlan (Mexique), nous envoie un très curieux sifflet mexicain pour faire suite aux articles que nous avons publiés sur le Sifflet chez les peuples primitifs (n° 981, du 19 mars 1892, p. 241). « Ce sifflet, formé de trous convenablement percés dans une pierre taillée, a été trouvé dans une de mes propriétés, Isla de la Piedra, tout près de Mazatlan, dans un endroit où j’ai trouvé d’autres vestiges an-ciens. » Nous remercions notre correspondant de l’intéressant objet qu’il nous a communiqué.
- Renseignements. — M. A. Okell, à Port-Natal. — L’adresse demandée est : M. G. Balbi, 21, rue Eugène-Sue, à Paris.
- M. J. G., à Bourbach-le-Bas. — Scies circulaires pour granits : M. J. Cartereau-Laporte, 6 et 8, impasse Touzet ; M. Ch. Deny, 48, rue des Acacias; et M. Martinet, 155, rue de Cour-celles, à Paris.
- M. F. Huchot, à Saint-Ouen. — 1° Il est nécessaire d’avoir des appareils spéciaux. — 2° Les rondelles de fibre peuvent se trouver dans le commerce; voyez chez M. Kapferer, 19, rue Jean-Jacques-Rousseau, à Paris.
- M. F. L., à Gand. — Le fait que vous mentionnez demanderait à être confirmé par une série d’expériences. Nous avons eu l’occasion d’observer très souvent des voltmètres et ampèremètres Hüinmel; nous n’avons jamais remarqué cet effet.
- M. J. S., à Mons. — 1° Turbines Meunier, 16, rue de Birague, à Paris. — 2° Il convient de faire un choix entre les différents modèles de dynamos. — 3° Ces dimensions varient suivant les systèmes de chaudières.
- M. E. J., à Paris. — Consultez Teinturier, Apprêteur et Dégraisseur (1 volume de la collection des manuels Roret, à la librairie encyclopédique).
- M. P., à Maubeuge. — L'industrie dentellière belge, par M. Van der Dussen, à la même librairie.
- M. G. Nessi, à Minusio. — Le petit ouvrage Conserves alimentaires (même éditeur que ci-dessus) a publié quelques procédés de conservation des fruits et légumes.
- M. P. Vignote, à Avila. — Pour ce qui concerne la chambre noire du commandant Blain, décrite en 1890 dans La Nature, il faut s’adresser à M. E. Picart, 14, rue du Bac, à Paris.
- Un abonné, à Sarrance.»— Appareils de sauvetage : MM. Ca-
- sassa et C‘% 10, rue Jacquart, à Pantin, près Paris; M. Massîot,. 98, rue Montmartre ; et MM. Sohy etC. Durey, 17, rue Lebrun,, à Paris.
- M. H. Foucard, à Nice. — L’étau parallèle de Stephen se trouve chez MM. Buck et Hickman, 280, Whitechapel Road, London.
- M. L. de Manville, à Paris. — Nous ne saurions ici recommander tel ou tel appareil photographique ; voyez ceux que nous avons décrits précédemment.
- M. F. M., à Lyon. — Ces opérations sont assez difficiles; elles exigent certains tours de main qui ne sont connus que des fabricants.
- M. J. R., à Lyon. — Il est facile de coller deux feuilles de caoutchouc en les humectant de benzine, de sulfure de carbone et en les appliquant l’une sur l’autre.
- M“e Mouly, à Libourne. —Pas de procédé pratique à vous indiquer. Il faut faire faire l’opération par un étameur.
- M. Zumoffen, à Bevrouth. — Vous pourrez vous procurer cet ouvrage à là librairie Savy, boulevard Saint-Germain, à Paris.
- M. P. de Leiris, à Lyon. —J0 Le mode de confection des positifs sur verre est indiqué dans les. traités de photographie. — 2° Journal de l'agriculture. — 3° Oui.
- M. C. R., à Paris. — Il faut un appareil spécial pour faire l’eau de Seltz : sans appareil, les sels, acide tartrique et bicarbonate de soude, restent dissous dans l’eau.
- M. J. P., à Paris. — Dissoudre simplement du camphre dans de l’alcool.
- M. X. F., à Tunis. — Le livre des parfums, publié par la librairie J.-B. Baillière, vous renseignera.
- M. J. de Largillier. — L’auteur ne décrit pas sa méthode. On pourrait essayer d’injecter au pulvérisateur de la teinture de benjoin. Nous n’avons pas essayé.
- M. Franchet, à Toulon. — La décomposition de l’eau par l’électrolyse se fait aujourd’hui industriellement. Nous avons décrit les appareils employés.
- Réponses. — Le chant des oiseaux. — « La réponse à la Question n° 1321 me paraît être la suivante; elle est, comme vous allez le voir, assez simple. Les oiseaux ne paraissent jamais chanter faux parce que leur chant reste en général complètement étranger à ce que nous appelons la tonalité; les notes de leur chant ne sont coordonnées suivant aucune gamme définie. (Je ne connais à cette règle qu’une exception; le nom de l’espèce m’échappe, mais son chant, que j’ai entendu autrefois au Jardin d’Acclimatation, peut se noter exactement : sol, mi, sol, do.) Or, c’est uniquement par rapport à la tonalité qu’il peut y avoir du juste et du faux. Il n’est donc pas étonnant que ce chant ne puisse paraître détonner, quelle que soit la tonalité des morceaux joués uu chantés auprès d’eux. Pour détonner, il faut commencer par être dans un ton. Le chant des oiseaux me paraît, sous ce rapport, dans la même situation que la voix parlée; celle-ci n’est ni juste, ni fausse, parce qu’elle ne comporte aucune tonalité. En causeur, qui parle pendant qu’on joue un morceau, ne paraîtra, lui non plus, jamais détonner. Et l’on introduit, sans choquer l’oreille, des mots parlés dans la chansonnette et même quelquefois dans l’opéra. En somme, les oiseaux ne paraissent jamais chanter faux parce qu’ils ne chantent jamais juste, si vous me permettez de résumer ma pensée dans un paradoxe. Je ne veux pas contester le charme du chant des oiseaux ; cela irait contre ma pensée, et je suis sûr que M"16 P.... m’en voudrait. Mais il faut, je crois, se défaire de l’idée qu’ils fassent de la musique. )) G. Belot, à Tours.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. J. F. P., à X.
- Pas d’adresse particulière à vous indiquer. — M. E. Carret, à Orléansville. 1° Nous ne connaissons pas de représentant à Paris;
- 2° essayez de répandre de l’essence de pétrole sur la fourmilière.
- — M. L. Guéneau, à Brinon. Il faut arroser les plantes avec du jus de tabac très étendu d’eau. — M. F. Lacaze, à Bordeaux. Il s’agit d'un papier spécial sur lequel nous n’avons pas d’autres renseignements. — M. Zurfluch, a Bellegarde. Adressez-vous à l’in-venteur-eonstructeur, dont nous avons précédemment donné l’adresse.
- — M. Emile Etienne, rue de Bréa. Nous avons reçu votre lettre; vôtre appareil sera décrit prochainement.— M. R. H., à Paris. Vous pourriez essayer le procédé que nous avons indiqué pour le platinage de la porcelaine dans les Nouvelles Recettes utiles, à la librairie G. Masson. — Un lecteur, à Barcelone; Un abonné, à Louvain. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. — M. L. Brunet, à Nîmes; M. G. Kolb, à Moscou. Remerciements pour vos communications.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’esl répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INTENTIONS1
- Lit flottant de natation. — La figure ci-dessous représente un petit jouet qui consiste en une poupée posée sur un lit flottant à la surface de l’eau. Le lit est formé d’une toile tendue sur un châssis métallique très léger. A l’avant et à l’arrière, deux cylindres métalliques creux, remplis d’air, jouent le
- Lit flottant avec ses cylindres d’air.
- rôle de flotteurs. Cet objet, d’abord confectionné comme jouet, est aussi fabriqué en grand, afin de donner à un nageur la possibilité de se reposer en flottant à la surface de l’eau. Un
- fietit toit formé d’étoffe protège du soleil la tète du baigneur. 1 y a là, ce nous semble, un appareil amusant pour les amateurs de natation, et digne d’être signalé au moment de l’époque des bains froids. — Le lit flottant de natation se trouve au Comptoir des spécialités brevetées, 86, rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris.
- Nouvel obturateur photographique. — MM. Mare et Barriquant, les constructeurs-mécaniciens bien connus, viennent de mettre en fabrication un obturateur photographique d’une remarquable simplicité de construction. Il peut faire à volonté la pose ou l’instantané ; il n’a pas besoin d’étre armé et est toujours prêt à fonctionner. Tout le mécanisme est renfermé dans une boîte en cuivre qui peut se monter indifféremment derrière l’objectif ou entre ses deux lentilles. Il se compose d’une petite pièce en tôle légère échancrée AB qui, pivotant en C, vient dans une course complète, fermer, ouvrir et refermer tour à tour, l’ouverture 0 sur laquelle est monté l’objectif.
- « L’Isochrone », nouvel obturateur photographique.
- Le mouvement de cette pièce A B est obtenu de la façon suivante : elle est solidaire d’un pignon C actionné par un secteur D. Celui-ci est poussé à droite ou à gauche par une tige T fixée sur un piston pneumatique et qui vient se loger alternativement dans une des encoches d ou 2. Le mouvement à droite ou à gauche de la tige T est déterminé par le plan incliné, limitant la partie inférieure du secteur, qui se présente devant elle. Ainsi que le représente le dessin à plus grande échelle, on voit que cette tige est montée sur le piston P de manière à pouvoir se déplacer à droite ou à gauche, mais à être ramenée au repos dans la position verticale au moyen d’un ressort spiral placé vers sa partie supérieure. On voit que par ces dispositions l’obturateur sera toujours prêt à fonctionner dès qu’on appuiera sur la poire en caoutchouc ; que le mouvement du secteur se
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- fasse soit à droite, soit à gauche, la course de la pièce A B sera toujours complète. Cependant si on veut faire la pose et arrêter cette pièce au moment où l’ouverture est démasquée, comme dans la position représentée ci-contre, il suffit de pousser, de l’extérieur, une petite tige H qui vient buter contre une queue située du côté de l’encoche n° 1 et arrête le mouvement avant que le second volet n’arrive devant 0. Sur un second coup de poire, le mouvement reprenant en sens inverse, le premier volet reviendra prendre sa position primitive. Quand on fait l’instantané, le temps dé posé est en fonction de la force déployée pour appuyer sur la poire. Il peut être très court parce que les pièces qui composent le mécanisme sont légères et obéissent rapidement à la poussée du piston. Ce qui nous frappe surtout dans cet appareil, c’est la simplicité de son mécanisme. — Il se trouve chez les fournisseurs d’appareils photographiques. G. M.'
- Coupe-ongle de poche. — La difficulté de se servir de ciseaux pour se couper les ongles, surtout de la main gauche, a fait naître à un fabricant l’idée de construire un petit appareil
- Coupe-ongle de poche.
- très bien imaginé et très pratique que nous représentons; les figures ci-dessus donnent la manière simple de se servir de ce petit appareil. — Le coupe-ongle de poche se trouve chez M. Mathieu Martain, 19, rue d’Enghien, Paris.
- BIBLIOGRAPHIE
- Equitation diagonale dans le mouvement en avant. 1 vol. in-18. — Paris, Berger-Levrault, 1892.
- Ce livre, qui intéressera tous les cavaliers et tous les dresseurs, est écrit par un de nos officiers d’Etat-Major les plus compétents. Nous reproduisons la lettre écrite à l’auteur et publiée, en guise de Préface, par le savant naturaliste M. Milne-Edwards, de l’Institut, directeur du Muséum; nous ne saurions mieux faire valoir cet ouvrage qu'en donnant l’appréciation de leminent maître :
- « Tous ceux qui aiment les chevaux et qui s’en occupent liront votre livre avec intérêt et pourront y apprendre beaucoup de choses, car il est le résultat d’observations précises et d’une connaissance parfaite de l’organisation et du caractère du cheval. La méthode que vous avez suivie est une méthode scientifique et c’est après avoir analysé les mouvements à letat de liberté, les conditions dans lesquelles se fait la locomotion sous les diverses allures, que vous tracez les règles d’un dressage raisonné, où l’éducation vient en aide à la nature. Le cheval a des qualités précieuses que son maître méconnaît trop souvent; il a l’instinct du « devoir » et lorsque la nécessité d’exécuter certains actes s’est gravée dans son cerveau, il s’y applique avec une ténacité qui a souvent excité mon étonnement. Pour obtenir de lui ce qu’il est apte à donner, il faut, dé la part de l’hommê, une patience à toute épreuve, une volonté douce, mais inébranlable, une logique absolue dans les demandes tendant à la mise en œuvre de toutes les facultés et de toutes les énergies de l’animal. Bien dirigé, il ne se dérobera pas à sa tâche; mal conduit, il s’affolera ou se révoltera. C’est ce que vous avez démontré avec toutes les preuves à l’appui. Le cheval est une bête admirable et l’équitation,est à la fois un art et une science; aussi éprouve-t-on un plaisir extrême à voir manœuvrer un bon cavalier en pleine possession de sa monture. Il n’est pas nécessaire d’être soi-même un dompteur de chevaux pour y trouver un grand attrait, et je suis heureux de penser que votre livre atteindra le but que vous vous êtes proposé en récrivant : de généraliser des principes excellents, sérieusement étudiés et bien définis, et, par là, d’augmenter le nombre des hommes sachant ce qu’ils peuvent exiger du cheval et comme*! ils doivent l’exiger. « A. Milne-Edwards. »
- Darwin et ses précurseurs français, par A. de Quatrefages, membre de l’Institut. 1 vol. in-8° de la Bibliothèque scien-‘ tifique internationale. Félix-Alcan, éditeur. — Paris, 1892,
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Travail des bois, outils et machines-outils employés dans ce travail, par M. Alheilig. — Distribution de l’électricité (Usines centrales), par R.-V. Picou. 2 vol. petit in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, publiée sous la direction de M. H. Léauté. Gauthier-Villars et G. Masson, éditeurs. — Paris, 1892.
- Annuaire des mines, de la métallurgie, de la construction mécanique et de l’électricité (fondé en 1876, par Ch. Jean-son). Administrateur-directeur, Jules Goügé. 1 vol. in-8°, édition 1892. — Paris, E. Bernard et Cie.
- Les Mollusques. Introduction à l’étude de leur organisation,
- développement, classification, affinités et principaux types, par H. Coupin, préparateur d’histologie à la Sorbonne, 2e et 3e fascicule. in-8°. G. Carré, éditeur. — Paris, 1892.
- Annual report of the board of regents of the Smithsonian Institution showing the operations, expenditures and condition of the institution for the year ending June 30lh 1889. Report of the national Muséum. 1 vol. in-8°. Government Printing Office. — Washington, 1891.
- Bulletin of the United States national Muséum. NM 41 et 42. 2 brochures in-8“. Government Printing Office. — Washington, 1891.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou {Parc Saint-Maur, altitude, 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLOIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- «Lundi 6 juin. .... 14*,0 N. W. 3 Presque couvert. 1,9 Nuag.’jusqu’à 18 h.; beau après; horiz. brumeux.
- Mardi 7. . , . . . . . 13*,1 N. E. 2 Beau. 0,0 Nuageux le matin, beau le soir.
- Mercredi 8. .... . 15*,4 N. E. 3 Beau. 0,0 Beau ; atmosphère claire.
- Jeudi 9. 17*,8 N. E. 4 P. nuageux 0,0 Nuageux jusqu’à 16 h.; beau ensuite.
- Vendredi 10. . - . . 20",3 N. E. 2 Beau. 0,0 Beau ; atmosphère claire.
- Samedi 11 20*,0 N. N. W. 2. Beau. 0,0 Beau ; horizon très brumeux le matin, clair le soir.
- Dimanche 12 16*,1 W. N. W. 2. P. nuageux. 0,0 Très nuag. jusq. 6 h.; puis peu nuag.; beau l’après-midi.
- JUIN 1892. — SEMAINE DU LUNDI 6 AU DIMANCHE 12 JUIN 1892
- Lundi
- Mardi
- Mercredi
- Jeudi
- Vendredi
- Samedi
- Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer)', courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boute sèche: courbe en pointillé, thennomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE METEOROLOGIQUE
- foudre globulaire. — Un cas singulier de foudre globulaire a été observé en Amérique. Notre confrère Science, du mois d’avril dernier, en donne la description ; quoique le fait soit ancien, nous croyons intéressant de l’enregistrer : « Une ligne téléphonique est supportée par des poteaux de sapin de 6 mètres de hauteur, placés à 100 mètres l’un de l’autre. Dans le mois d’août 1889, nous eûmes un orage pendant lequel se produisit un coup de tonnerre violent, à la suite duquel on trouva de nombreux poteaux brisés; quelques-uns avaient perdu des éclats ayant toute leur longueur; une de ces parties, de la grosseur d’un rail moyen de chemin de fer, fut projetée à bonne distance dans un champ voisin. Près du dernier poteau, une famille, dans son habitation, portes et fenêtres ouvertes, vit une boule lumineuse s’élancer du fil,* passer qiar la porte, traverser la maison et s’échapper par une fenêtre pour courir assez loin, dans le terrain situé en arrière. Au moment de son passage dans la
- pièce, un enfant qui s’y trouvait saisit son pouce en s’écriant qu’il était blessé, et le propriétaire eut le bras gauche engourdi, ce qui persista quelque temps. Une fille courut hors de la maison pour chasser cette balle de feu; elle la poursuivit assez longtemps mais ne put l’atteindre; la boule sautait légèremeut devant elle, jusqu’au moment où elle parut se dissiper dans l’air, sans explosion. Ce météore avait la grosseur de deux poings réunis; il se déplaçait avec la vitesse d’une balle lancée à la main. »
- .es orages. — Une série d’orages ont éclaté dans' les différentes régions de la France au commencement du mois de juin, apportant avec eux la pluie si ardemment désirée depuis quelques semaines. L’eau est tombée en grande quantité à Monlauban, à Carcassonne, à Saint-Marcellin, à Narbonne, à Nîmes, à Béziers, à Auch, à Privas, à Grenoble et à Avignon. La foudre est tombée en plusieurs endroits, notamment au Puy, où un cultivateur a été tué, à Juillan, près de Tarbes. Dans cette dernière ville, elle a également fait deux victimes.
- ’ PHASES DE LA LUNE P. L. le 10, à 1 h. 42 m. du soir.
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- Supplément à « LA NATURE » du 25 juin 1892 (n° 995)
- * Publié sous la direction de Mi GASTON TISSANDIER
- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVICE DC JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSEES A LA UBRAIRIB O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- IA SEMAINE
- Première Exposition internationale électrique de Moscou. — L’Exposition internationale organisée à Moscou par la Société Impériale technique russe, en vertu d’un ukase de S. M. l’Empereur de Russie, est en voie active d’organisation. Gette Exposition sera ouverte officiellement le 27 août 1892 (15 aoûtrusse) et sauf prorogation sera fermée le 12 févrierl893 (51 janvier russe). Un comité français de patronage a été formé sous la présidence de M. Berthon, directeur de la Société générale des téléphones, avec l’appui de l’ambassade de Russie et du Gouvernement français. — Voici quel est le programme de l’Exposition :
- Groupe I. Éclairage électrique. — Transmission de force à distance. - Groupe II. Télégraphie. —Téléphonie. —Groupe III. Electro-technologie (électro-métallurgie, électrolyse, galvanoplastie, etc.). — Application de l'électricité aux chemins de fer, à la marine, à l’art militaire, à la médecine, à l’économie domestique. — Groupe IV. Piles électriques. — Accumulateurs. — Machines statiques. — Batteries thermo-électriques. — Machines magnéto et dynamo-électriques. — Transformateurs. — Moteurs électriques.— Groupe V. Force motrice. — Chaudières diverses. — Moteurs appliqués à l’électricité. — Accessoires. — Groupe VI. Appareils de précision et scientifiques. — Groupe VII. Nouveautés dans n’importe quelle branche de l’industrie. (Dans ce groupe pourront être admis tous les exposants dont la participation est de nature à augmenter l’attrait ou rehausser l’éclat de l’Exposition). — Groupe VIII. Littérature, projets, dessins, diagrammes, etc., ayant rapport à l’électricité. — Pour tous i renseignements, s’adresser au secrétariat du Comité français de :i patronage, 11, rue de Rome, Paris.
- INFORMATIONS
- , —Autrefois les Parisiens allaient en carriole ou en patache
- ij se reposer le dimanche aux environs de la métropole; ils étaient à | peine quelques milliers, transportés dans des voitures qui ne pou-î; vaient contenir que fort peu de voyageurs. On va voir comme les ^ chemins de fer ont changé les habitudes. Le jour du Grand Prix,
- ; le dimanche 12 juin dernier, la Compagnie du chemin de 1er de j l’Ouest a transporté, uniquement sur la banlieue de Paris, rive ( droite, 244000 voyageurs contre 206 000 en 1891. Les deux gares de Suresnes ont reçu ou expédié 60000 voyageurs répartis à peu près également entre les deux gares. Le dimanche précédent, le mouvement, à l’occasion du grand steeple-chasse d’Auteuil avait été de 205 000 voyageurs. Quant à la banlieue, rive gauche, le mouvement a été de 52 900 voyageurs, contre 18 500 en 1891 ; ce qui donne un total énorme de 277 000 voyageurs. D’autre part, une grande calvacade avait lieu, le même jour à Rouen, qui n’a pas i provoqué un mouvement moindre de 60000 voyageurs.
- i —5^— Nous avons parlé, à plusieurs reprises, de chiens géants
- j et nous avons cité le fameux Plinlimmon qui ne pesait pas moins : de 216 livres. Plinlimmon est aujourd’hui considérablement distancé; il vient d’être rejoint en Amérique par un autre Saint-Ber-i nard, Watch, vendu comme lui 25 000 francs; il pesait, au moment
- de s’embarquer, 226 livres et mesurait 85 centimètres à l’épaule. Et nous ne sommes qu’au début de cette très curieuse transformation ; il n’y a pas quinze ans que lé premier Saint-Bernard a fait son apparition en Angleterre. Est-il téméraire de prévoir dès maintenant la prochaine apparition du chien de trait et du Saint-Bernard de selle qui portera sur sa robuste échine, comme le plus solide des poneys, les petits amateurs des chevauchées originales? Le plus gros chien du monde est actuellement un Saint-Bernard qui mesure lm,10 de haut aux épaules et pèse 247 livres. U a remporté 26 prix dans les dilférents concours où il a été présenté, sans compter les coupes et les médailles. Lord Bute, c’est son nom, a été acheté 19 000 dollars par un Américain, soit 98467,r,50.
- —$1$— Un vétérinaire de Lancaster, près de Baltimore, vient de découvrir que la tuberculose existait chez les rats. Sur vingt cadavres de ces rongeurs qu’il disséqua, quatorze portaient, dans leur organisme, les traces des désordres mortels causés par la tuberculose. Ils l’ont contractée, d’après ce praticien, en mangeant de la viande provenant d’animaux malades eux-mêmes. On avait cru, jusqu’à ce jour, le rat réfractaire, ainsi que la chèvre, à la tuberculose.
- —%— On a récemment exécuté en Angleterre, près de Neasden, sur la ligné du Métropolitain de Londres, des essais de ventilation d’un tunnel d’après une méthode imaginée par M. Christopher Anderson. L’appareil Anderson consiste en un tuyau de section rectangulaire placé entre les rails, et muni de valves à sa partie supérieure. Le tube est relié à un aspirateur qui fonctionne d’une manière continue. Les valves sont ouvertes par un taquet placé sous la locomotive; les fumées de la cheminée sont dirigées dans l’ouverture momentanément pratiquée et s’échappent ainsi à l’extérieur; les soupapes se referment automatiquement. En dehors du tunnel les gaz de la combustion se répandent dans l’atmosphère à la façon ordinaire.
- —— Le 12 mai dernier on a inauguré, à Memphis, un grand pont en acier sur le Mississipi. Ce pont, commencé en 1888, a été construit par la Compagnie du chemin de fer de Kansas City, Memphis et Birmingham. Sa longueur totale est de 779 mètres, et est divisée en cinq travées. Le pont se prolonge à l’ouest par un viaduc de 750 mètres, suivi d’une cstacade en charpente de 950 mètres et d’un remblai d’un mille. Les fondations des piles sont établies à des profondeurs de 22m,50 et 39”,30 au-dessous des hautes eaux. Elles ont été faites au moyen de caissons pneumatiques.
- —— Les Romains ont une manière originale d’élever les écrevisses. Us installent de véritables boutiques garnies de haut en bas d’une multitude de tablettes sur lesquelles se trouvent des milliers •le petits pots de terre remplis d’eau; chaque pot contient une seule écrevisse, car, étant à deux, ces crustacés se battraient jusqu’à ce que mort s’ensuive, ou, tout au moins, ne profiteraient pas de la nourriture distribuée. C’est en mai que commence le parcage, ou plutôt l’empotage; tous les jours on nourrit les écrevisses de pain et de maïs; de cette façon, elles s’engraissent rapidement et d’une manière remarquable.
- —jfc— Pendant l’année 1891, on n’a pas débarqué à Liverpool moins de 38 millions d’œufs canadiens ün annonce que les oeufs d’Allemagne, de Russie et d’Italie cesseront bientôt d’approvisionner le marché anglais. En tout cas, ils ont presque complètement disparu du nord de l’Angleterre.
- —Sfc— Le recensement des pigeons voyageurs a montré une augmentation sensible dans le nombre des propriétaires et celui des pigeons. L’année dernière, on avait enregistré 1608 propriétaires possédant 6619 pigeons entraînés et 5000 non entraînés. Cette année, l’augmentation est de 89 propriétaires et de 1702 pigeons.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Communications. — M. Vargounine, à Paris, nous écrit : « Dans le numéro de La Nature, du 11 juin 1892 (Boîte aux lettres), M. A. Ràievsky (Russie), publie la nouvelle concernant un aérolithe tombé dans la mer Caspienne. La source de cette nouvelle étant le journal Novoë Wremia, ce journal donne la rectification de cette nouvelle d’après les recherches faites par un journal de la localité : « La petite île, qu’on croyait tout « d’abord être formée par un aérolithe n’est, en réalité, qu’un « phénomène volcanique. La surface de l’îlot se compose prin-« cipalement de terre glaise dure d’une couleur jaunâtre et « gris-noir. A une distance d’environ 6 kilomètres, à l’ouest de « l’îlot, s’est formé en même temps un gouffre en forme d’en-« tonnoir d’un diamètre de lm,60 sur une profondeur de 35 mè-« très, d’après les calculs qu’on avait faits. Le gouffre vomit un « liquide grisâtre. La profondeur de la mer à cet endroit n’est « que de 1 mètre. »
- M. Lemaire, inspecteur du dépôt légal au Ministère de l’intérieur à Paris, nous adresse la communication suivante : « On a essayé jadis, au Panthéon, de prouver le mouvement de rotation de la Terre par un pendule. Il m’a semblé qu’il y avait un moyen plus simple et peut-être plus sûr d’établir la certitude de la marche de notre planète dans l’espace. Quand un ballon de baudruche, gonflé de gaz hydrogène, se promène au bout d’un fil que l’on tient, ce ballon suit le moindre courant d’air qui se produit autour de lui. Supposons qu’il vogue dans un intérieur absolument clos, bien éclairé, assez haut et pas trop large, comment se comportera-t-il? Le fil qui le retient au sol (un sol solide) gardera-t-il la ligne absolument verticale? Ne prendra-t-il pas, au contraire, une tournure plus ou moins oblique, selon sa longueur? Pendant que la Terre tournera vers l’est, le ballon plus léger que l’air, tout en suivant cette direction, contraint par le fil d’attache, ne subira-t-il pas un retard vers l’ouest très visible et facilement constatable à l’aide d’une échelle métrique, et le mouvement de rotation de la Terre ne sera-t-il pas ainsi établi d’une manière certaine? Cette question m’est venue à l’esprit en examinant un ballon qui servait de jouet à ma petite-fille, et je crois pouvoir vous l’adresser en vous demandant si vous ne la jugez pas digne d’être portée à la connaissance des lecteurs compétents de La Nature. »
- M. V. Thomasset, à Saint-Denis, nous écrit au sujet de la production des essences des plantes (voy. n° du 11 juin 1892).
- (( Permettez-moi de vous indiquer un procédé qui est employé par tous les parfumeurs pour extraire le parfum des fleurs. Les fleprs, fraîchement cueillies, sont mises dans une certaine quantité d’axonge. Le mélange se fait d’une façon très simple : soit à froid, soit en chauffant légèrement selon les sortes de fleurs. L’axonge s’empare du parfum et l’abandonne ensuite, lorsqu’on le soumet à une nouvelle manipulation avec de l’alcool à 93°. L’alcool s’empare à son tour du parfum. En répétant plusieurs fois cette opération avec l'alcool déjà saturé, on obtient un certain degré de concentration et le parfum n’est nullement dénaturé comme lorsqu’on procède par distillation. »
- M. Rivasseau, à Poitiers, nous écrit : « Dans le n° 995, du 11 juin courant, sous la rubrique Chimie sans laboratoire, La Nature relate un fait de cristallisation du nitrate de potasse ontrant, dans la composition de la poudre. Cet article me rappelle un fait identique que j’ai constaté en 1879, alors que j’étais au régiment. Le sergent-major de ma compagnie se servait quelquefois de ce qu’il appelait de l'encre de poudre, qui, ne contenant aucun acide, ne laissait sur le papier qu’un dépôt de charbon qui s’enlevait facilement; pour la préparer, il prenait une cartouche, enlevait la balle et les bourres, et dissolvait, ou plutôt délayait la poudre dans un peu d’eau; les bords de la cartouche s’étaient, comme les bords du verre du Muséum, recouverts d’une couronne de cristaux d’azotate de potasse ».
- M. Magus, à B..., notre collaborateur, nous écrit, à propos de la récréation scientifique sur le centre de gravité (n° 991,
- du 28 mai 1892) et nous dit qu’il a signalé un appareil analogue dans lé journal les Veillées des chaumières m. mois de février 1890.
- Renseignements. — M. Leverd, à Paris. — Nous avons, à plusieurs reprises, parlé du monocycle. Voyez notamment notre article du n° 790, du 21 juillet 1888, p. 121.
- M. Gaidoz, à Paris. — Le sol est peut-être trop mobile pour se servir des échasses dans ces régions.
- M. Lacour, à Paris. — Nous avons rapporté les expériences de M. Gross, de Berlin, sur la décomposition du soufre, mais cela sous la responsabilité de l'auteur. Nous indiquons à la fin de la Notice que l’on attend des confirmations du fait qui en effet offrirait une très grande importance.
- M. Raudry, à Paris. — Nous avons transmis votre lettre à M. Léon Vidal qui vous répondra.
- M. D. F. P., à Tarascon. — S’adresser à MIU Jacquot, à Remiremont (Vosges).
- M. Gaston Chenet, aux Lilas (Seine). — La recette nous a réussi quand nous avons employé de bons produits. Regrets de ne pouvoir vous indiquer la cause de votre insuccès.
- M. A. L., à Paris. — Appareils Carré pour fabriquer la glace, 19, rue de l’Estrapade, à Paris.
- Un lecteur, à Gand. — La peinture au blanc de zinc pourrait, croyons-nous, vous convenir.
- M. Alfonso Sabadell, à Barcelone. — L’appareil dont vous parlez a été spécialement construit par l’expérimentateur. 11 ne se trouve pas dans le commerce.
- M. G. E. R., a Alger. — 1° L’inventeur de ces vêtements de natation n’a pas réussi : la fabrication n’existe plus. —
- 2° Oui; la ceinture en caoutchouc, gonflée d’air, est bonne.
- M. C. Lesguillons, à Mareuil-sur-Ay. — 1° Inconnu par nous. — 2° II n’existe pas de journaux de ce genre.
- M. J. Colas, à Charenton. — C’est à vous de choisir l’appareil qui vous convient. Ces différents systèmes donnent de bons résultats.
- M. A. Vallet, à Saint-Pol-sur-Mer. — L’adresse du fabricant du siphon élévateur est donnée dans la Boîte aux lettres du n° 989, du 14 mai 1892.
- M. A. Maure, à Grasse. — Il n’y a pas d’autre moyen que d’employer un hygromètre et de voir, par une série d’observations, quelle est la valeur moyenne de l’état hygrométrique.
- M. F. R., à Auch. —1° L’élément peut fonctionner pendant cent quarante heures au débit de 0,5 ampère. — 2° II faut 8 éléments en tension.
- M. P. A., à Saint-M. — Laissez immerger pendant quelques heures les épreuves dans l’eau tiède.
- M. E. Rogez, à Sedan. — Articles d’amiante : M. Ilamelle, 21, quai Valmy, à Paris.
- M. Gottendorf, à Maisons-Laffitte. — On ne saurait reproduire, par synthèse, une eau minérale. Il faut employer l’eau naturelle.
- M. Auguste Allard, au Puy. — Le manuel du Distillateur liquoriste de l’Encyclopédie Roret vous renseignera.
- M. Auguste Lecomte, à Para (Brésil). — Tous nos remerciements pour l’envoi de vos journaux qui nous ont, en effet, vivement intéressé.
- M. Hélie, à Frontenay. — Les obturateurs Thury et Amey, j ou Londe-Dessoudeix, pourront vous convenir. I
- Accusés de réception. — Avis divers : M. C. Grin, à B.àle. j Regrets de ne pas connaître l’adresse que vous demandez. — M. A. j Cordebart, à Angoulême. Votre projet nous paraît offrir de l’intérêt, j mais nous évitons de décrire des projets ; il faudrait construire votre j système et l’expérimenter. — Un électricien, à Paris. Nous n’avons pas entendu parler de cette voiture ; nous ne saurions vous rensei- < gner, mais nous allons prendre des informations. — M. le prince André Gargarine, à Châtellerault. Nous avons reçu votre communication que nous publierons prochainement : il faut que nous fassions graver les petits dessins de votre texte. — M. A. A. Nous ne connaissons pas cet appareil. Où est-il décrit? — M. E. Blecker, à Bordeaux. Nous avons fait connaître une adresse spéciale de fabricant de filtre en tête de la Boite aux lettres du n° 995, du 11 juin 1892. — M. C. S. Arozena, à Canarias. Vous trouverez une série de traités d’histoire naturelle à la librairie G. Masson. — Un abonné, à Liège. Tout dépend du débit qui sera demandé à la pile.
- — M. le vicomte de Charpin, au château de Pierreux (Rhône). Adressez-vous au journal Le Cycle, 9, rue de Fleurus, à Paris. —
- M. E. Marsily, à Anvers. Demandez ces renseignements au constructeur désigné. — M. R. Courcol, à Amiens. Pas d’adress'e particulière à vous indiquer. — M. Marcel, à Orléans. Il faut attendre pour se prononcer. — M. H. de L., h Gand; Af. F. Badé, à Saint-Mandé. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. — M. R. Lucion, à Bruxelles. Remerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le "lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- Dressé à l’Observatoire de Paris, d’après les publications du Bureau des longitudes
- JUILLET-AOUT-SEPTEMBRE 1892. — POSITION DES PRINCIPALES PLANÈTES
- iOct. 21 'aa«£à minuit
- • Cocher
- Persée
- Moue he
- SOLEI
- Bélier
- NE.PTUI?
- Lion
- JUPITI
- VENUS
- Po issons
- iSept.
- Ftetit Chien
- Onon
- Lièvre
- Granjd /Chien
- :pt. 21 11 lAoù
- Pasaacj: au mérr dieri
- CpuroTfne
- Hercu
- Pégas|e
- Dauphin
- ihiucuis
- Poissons
- Sjerpent
- Verseau
- 1 Oct. SOLEIL
- Capricorne
- MARS
- orpio
- PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES ASTRONOMIQUES
- Occultations des Planètes et des Etoiles par la Lune visibles à Paris.
- 1892. Nom de l’astre. Grandeur. Immersions Emersions.
- Juillet. 3 Uranus. » 9 h. 24 m, 6 10 h. 26 m, 7
- 9 6666 B. A. C. 6 15 h. 11 m, 7 *15 h. 51 m,
- 19 v1 Taureau. 4,5 *12 h. 17 m, 7 13 h. 04 m, 5
- 19 vt Taureau. 6 12 h. 45 m, 7 13 h. 25 m, 4
- Août. 4 6063 B. A. C. 6 7 h. 46 m, 5 8 h. 51 m, 2
- — 6 w Sagittaire. 5 9 h. 22 m, 5 Appulse 2 Ci du bord.
- 6 A Sagittaire. 5,6 10 h. 55 m, 8 11 h. 30 m,
- 9 t* Verseau. 4 11 h. 03 m, 4 11 h. 49 m, 4
- IL 14 Baleine. 6 12 h. 05 m, 8 12 h. 43 m, 2
- 15 1289 B. A. C. 6 12 h. 24 m, 8 13 h. 15 m, 6
- 19 >. Ecrevisse. 6 15 h. 07 m, 4 16 h. 01 m, 7
- Sept. 4 37 Capricorne. 6 13 h. 57 m, 4 Appulse a 0’î du bord.
- 6 <ls Verseau. 5 10 h. 11 m, 9 10 h. 48 m, 3
- 11 A' Taureau. 4,5 16 h. 01 m, 1 Appulse à 1 ’7 du bord.
- 12 k Taureau. 6 12 h. 07 m, 5 13 h. 05 m, 3
- 14 47 Gémeaux. 6 16 h. 43 m, 6 17 h. 55 m, 9
- — 28 6127 B. A. C. 5 5 h. 54 m, 2 7 h. 18 m, 3
- 'L’étoile est sous l'horizon.
- Occultations et Eclipses des Satellites de Jupiter.
- OCCULTATIONS. ÉCLIPSES.
- 1892. Satellites Juillet 2 1
- — 9 I
- — 15 II
- — 16 I
- — 18 I
- —' 22 II
- Immersion. Emersions. Commencement. Fin.
- 15 h. 10 m.
- 13 h. 29 m. 40
- 14 h. 10 m.’
- 15 h. 23 m. 41 ;
- 13 h. 28 m.
- 14h.lom. 13 h. 58 m. 10
- «V1.CM.~~ 4 4 U U* - 4W
- Occultations et Éclipses des Satellites de Jupiter.
- OCCULTATIONS. ÉCLirSES.
- 1892. Satellites. Immersions. Emersions. Commencement. Fin.
- Juillet 25 III 13h.22m. 15h.24m.
- — 29 Il 14 h. 03 m. 2
- Août 1 III 11 h. 58 m. 2 13 h. 58 m. 54
- — 1 I 13 h. 40 m. 24
- — 3 I 11 h. 40 m.
- — 8 I 15 li. 34 m. 35
- — 8 III 15 h. 39 m. 41
- — 9 11 10 h. 57 m. «
- — 10 I 13h. 31 m.
- — 16 II 13h.23m.
- — 17 I 15h.20in. 11 h. 57 m. 21
- — 23 II 15 h. 46m. 11 h. 06 m. 20
- 24 I 13 h. 51 m. 41
- — 26 I 11 h.35m.
- — 30 III 9 h. 49 m.
- — 30 II 13 h. 41 m. 26
- — 31 I * 15 h. 46 m. 08
- Sept. 2 I I3h.23m. 10 h. 14 m. 49
- — 6 III 11 h 32 m. 13 h. 17 m. 9 h. 59 m. 19
- — 6 II 16 h. 16 m. 31
- — 9 I 15 h. 09 m. 12 h. 09 m. 23 4 ’
- — 10 II 9h.34m.
- — 11 I 9 h. 35 m.
- — 13 III 14h.56m. 16 h. 41 m. 11 h. 47 m. 24 13 h. 59 m. 18
- — 16 I 16 h. 54m. 14 h. 04 m. 04
- — 17 II 11 h. 50 m. 8 h. 09 m. 09
- — 18 I 11 h. 20 m. 8 h. 32 m, 43
- — 20 III 15 h. 49 m. 03
- — 23 I 15 h. 58 m. 53
- — 24 H 14 h. 05 m. 10 h. 44 m. 17
- — 25 I 13h.05m. 10 h. 27 m. 34
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- BIBLIOGRAPHIE
- Le Paris du dix-septième siècle. Plan monumental de la Ville de Paris, dédié et présenté au Roy Louis XIV (1653). Reproduction de la carte de Gomboust. Carte de lm,80 de largeur sur lm,75 de hauteur. — Paris, librairie A. Taride, boulevard Saint-Denis. Prix, 18 francs.
- L’histoire de Paris et de son accroissement à travers les siècles offre toujours un grand intérêt; rien ne saurait mieux servir à son étude que la vue des anciens plans. Celui de Jacques Gomboust, présenté en 1653 à Louis XIV est célèbre. La réédition que nous en annonçons aujourd’hui est fort bien exécutée, et rien n’est plus curieux que de se reporter à ce qu’était il y a deux siècles, notre grande métropole. La carte est accompagnée d’une Notice explicative formant une élégante brochure in-8°.
- Notions élémentaires de photographie à Vusage des amateurs, par G.-H. Niewenglowski. 1 brochure in-18. Quatrième mille. — Paris, J. Michelet, 1892. Prix : 1 franc.
- Kerbiniou le très madré. Voyage au pays des saucisses. Jadis chez aujourd'hui, par A. Robida. Texte et dessins. 1 vol. in-18 de h Bibliothèque du petit Français. — Paris, Armand Colin et Çi0, 1892.
- Petits contes fort amusants pour la jeunesse. Le texte et les dessins sont de Robida dont on retrouve tout le talent et l’esprit de fantaisie dans ce charmant volume.
- Laboratoire d'étude de la soie fondé par la Chambre de commerce de Lyon. Rapport présenté à la Chambre de commerce de Lyon par la Commission administrative, 1891. 1 vol. in-8°. — Lyon, imprimerie Alexandre Rey, 1892.
- Conseils aux amateurs pour faire une collection de papillons, par Marguerite Relèze. — La science pratique appliquée aux arts industriels, par Ch. Tranchot. — Traité élémentaire de chimie photographique, par Paul Ganichot. Petits volumes in-18 de la Bibliothèque de la science en famille. — Paris, Ch. Mendel. Prix du volume : 1 franc.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49*,30). — Bureau oentral météorologique de France.
- OBSERVATIONS à 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 13 juin 12',6 N. N. W. 4. Couvert. 0,0 Très nuageux jusqu a 9 11.; peu nuageux ensuite ; atmosphère claire.
- Mardi 14 8*,9 N. E. 4 Couvert. 0,0 Couvert ; pluie à plusieurs reprises de 9 h. 1/2 à 21 h.
- Mercredi 15 9",9 N. N. E. 3 Couvert. 3,8 Couvert jusqu’à 19 h.; quelq. éclaircies ensuite ; nuag. après 21 h.; atrnosp. très claire.
- Jeudi 16 10',7 N. 2. Beau. 0,0 Peu nuag. le matin ; presque couvert l’après-midi.
- Vendredi 17 11',8 S. W. 2 Couvert. 2,3 Eclaircies à 19 h. et 20 h.; couv. avant et après ; pluie à plusieurs reprises jusqu’à 16 h.
- Samedi 18 12",2 W. N. W. 2. Couvert. 2,4 Nuageux de 8 h. à 21 h.; couv. avant et après ; atmosphère claire.
- Dimanche 19 12%6 N. 1 Couvert. 0,1 Couvert ; un peu de pluie vers 3 h.
- JUIN 1892. — SEMAINE DU LUNDI 13 AU DIMANCHE 19 JUIN 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent-courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la merj; courbe plus mince, thermomètre à l'ubri à boule sèche: courbe en pointillé, thennomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE METEOROLOGIQUE
- Vn cyclone aux Etats*Unis. — Une dépêche envoyée de New-York, à la fin de la semaine dernière, a annoncé qu’un cyclone avait ravagé, le 15 juin, le sud de Minnesota; l’ouragan a renversé des maisons et tué une trentaine de personnes. Un train du Saint-Paul-Pacific railway a été pris par le vent et a déraillé. Les wagons ont été renversés et brisés. Il paraît qu’il y a eu de nombreux blesses et plusieurs morts.
- lit» orages. — Après une longue sécheresse, plusieurs orages ont eu lieu, dans diverses régions, du 13 au 15 juin. Le 13 juin un violent orage accompagné de grêle a éclaté à Limoges et dans les environs, occasionnant des dégâts considérables. Quantité de vitres ont été brisées, les jardins dévastés ; plusieurs personnes ont été blessées par des cheminées qu’avait renversées la violence du vent. Sur les bords de la Vienne, les canaux obstrués se sont rompus et un grand nombre de maisons ont été inondées. On a dû opérer le sauretage des habitants. L’eau est montée à 1“,50 de hauteur. Les champs environnants ont eu beaucoup à souffrir
- de cet orage. Le lendemain et le surlendemain d’autres orages ont été signalés dans la région bordelaise, à Angoulème, à Montauban, à Châtel-lerault, à Marmande, à Tours, à Epinal, à Nîmes, etc. On écrit, d’autre part de Grenoble, à la date du 17 juin : un orage épouvantable, accompagné de grêle, s’est abattu sur le canton de Roybon, détruisant et hachant les récoltes. Le sol a été couvert toute la journée d’une couche blanche de grêlons, épaisse de plusieurs centimètres ; dans un rayon de 16 Kilomètres les dégâts sont considérables.
- Tremblements de terre. — Le 7 juin, on a signalé en Italie une secousse de tremblement de terre qui s’est produite à. San-Severo, dans la province de Foggia et dans un hameau voisin ; les oscillations, de caractère ondulatoire, ont causé quelque frayeur dans le pays. D’autre part, on signalait d® Naples, â la même date, que l’éruption du Vésuve, déjà assez active depuis quelque temps, avait considérablement augmenté et que de grandes quantités de laves s’écoulaient dans le ravin connu sous le nom a’Atrio di Gavallo.
- PHASES DE LA LUNE : D. Q., le 17, à 9 h. 10 m. du soir.
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- les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVICE DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- Monument à la mémoire de M. de Quatrefages.
- — Le nom du grand naturaliste restera une des plus brillantes gloires de la science française; on ne sera donc pas étonné qu’un Comité ait été organisé sous la présidence de M. Milne-Edwards, de l’Institut, Directeur du Muséum d’histoire naturelle, pour l’érection d’un monument à sa mémoire. Voici la lettre qui a été rédigée comme appel aux souscripteurs et que nous nous empressons de publier :
- (< Les habitants de la ville de Valleraugues, où est né M. Armand de Quatrefages de Brèau, ont eu l’heureuse pensée d’élever un Monument à la mémoire de leur illustre compatriote.
- (( Us se sont adressés aux amis et aux collègues du grand Savant que la France a perdu, en les priant de constituer un Comité pour aider à la réalisation de ce vœu, témoignage de respect et d’admiration bien dù à un Maître qui a consacré sa vie entière à la Science et dont les travaux ont une si haute valeur.
- K Ce Comité fait donc appel à tous ceux qui sont jaloux d’ho-norer nos gloires nationales, et il espère que vous voudrez bien vous associer à son œuvre. »
- Les Secrétaires, Le Président,
- Dr Verseau, Chaules Buosgsiakt A. Milne-edwards
- Assistants au Muséum .d’histoire naturelle Membre de l’Institut
- Les souscriptions doivent être envoyées à M. le Secrétaire du Comité de Quatrefages, 57, rue Cuvier, à Paris.
- INFORMATIONS
- —&— Un canot électrique de cinq tonneaux, mesurant 12 mètres de longueur sur 2m,10 de largeur, vient d’être construit par M. William Denny pour le service du port de Sydney. La dynamo sort des ateliers de Ring, Brown et Cie ; elle est à enroulement en série. La batterie comprend 76 accumulateurs E. P. S. qui fournissent un courant de décharge de 40 ampères sous une différence de potentiel de 150 volts. Elle permet une marche de trois heures, à pleine, charge, à raison de 13 kilomètres à l’heure.
- —M. le professeur Rcnevicr a signalé à la Société vaudoise des sciences naturelles, à Lausanne, un bloc erratique, visible depuis un certain temps déjà au bas des escaliers de la Caroline, à Lausanne, par suite de la démolition d’un vieux bâtiment. C’est un bloc d’environ 8 mètres cubes dans sa partie visible, mais peut-être plus volumineux encore, puisqu’il est en partie enterré. 11 n’est que vaguement polyédrique, à arêtes fortement émoussées et arrondies. Il est pourtant composé d’une roche très dure : le poudingue métamorphique d’outre-Rhône, d’âge carbonique, et ne peut provenir que des versants d’outre-Rhône, au pied sud-ouest de la dent de Mordes. A ces divers titres, il mérite d’être enregistré, pour le cas où il serait exploité ou de nouveau recouvert, soit par des remblais, soit, par des constructions.
- —$%— Le Département d’agriculture des Etats-Unis a fait récemment inspecter les herbages de la Californie qui sont complètement
- dévastés par les Moutons. Dans les montagnes, on traverse plus de 150 milles de terres à peu près dénudées et les voyageurs trouvent à peine l’herbe nécessaire pour leurs chevaux. La contrée entière est envahie par les Moutons. Dans les sierras, à l’altitude de 40 000 à 12 000 pieds, tout près des neiges étemelles, ils y broutent par milliers. On a peine à découvrir un endroit, quelque peu accessible aux montagnards, qui ne soit pas ravagé. Partout les plantes et les fleurs ont été tondues. II ne reste que quelques broussailles. Les Daims ont déserté la contrée, qui n’abrite plus dans ses montagnes ue des Ours, des Lions et autres fauves. Il est à craindre que ce épouillement de la végétation diminue les chutes de pluie dans les vallées adjacentes, particulièrement dans celle de San Joaquin.
- —ÿfc— L'Iran annonce que la maison allemande Abler, Haas et Angerstein produit un nouvel alliage de cuivre, nickel et manganèse désigné sous le nom de mangamne et doué d’une grande résistance électrique. La résistance spécifique de la manganine serait, en effet, de 42 microinns-centimètre, c’est-à-dire supérieure même à celle de la nickeline. Cette résistance ne serait d’ailleurs que fort peu affectée par les hautes températures. La manganine semblerait donc tout indiquée pour la construction des instruments de mesure et des appareils électriques en général dont la résistance doit varier aussi peu que possible avec la température.
- —On constate avec étonnement que le commerce des dépouilles d’oiseaux exotiques qui servent à l’ornement et surtout à la parure des chapeaux de dames prend continuellement une extension plus grande. Un plumassier de Londres vient de recevoir, en un seul envoi, 6000 oiseaux du paradis, 500 000 oiseaux de diverses espèces provenant des Indes orientales et 400000 colibris. Un autre commerçant reçut, eh l’espace de trois mois, 356 389 oiseaux des Indes orientales et 404 464 du Brésil et des Indes occidentales. Chez un autre, on a vendu, en 1889, plus de 2 000 000 de peaux d'oiseaux assorties! Pour Paris, on évalue à 40 000 oiseaux d’Amérique et 100 000 d’Afrique, les envois qui sont faits annuellement à un seul plumassier de la capitale. Enfin,'dans le petit district de Long-Isiand, près de New-York, une association commerciale livre en quaire mois 70000 oiseaux, et un empailleur prépare en une année environ 50 000 peaux.
- — Le Bulletin de l’Académie de médecine cle Belgique renferme, sous ce titre : Un coup de foudre, une intéressante Note de M. Boëns. Le 27 juillet 1891, dit l’auteur, deux jeunes villageoises étaient foudroyées dans la campagne, à Nalinnes (province de Namur), pendant un violent orage. Transportées chez la mère de l’une des victimes, elles y furent de sa part, ainsi que de celle du médecin de la commune, l’objet de soins persévérants. Au bout de deux heures de ces soins, elles commencèrent à donner signe de vie, et le 28 juillet, de minuit à 5 heures du matin, elles reprirent connaissance. L’une de ces jeunes personnes se rétablit rapidement ; l’autre a conservé, depuis lors, une double sciatique excessivement douloureuse, qui s’est montrée rebelle à tous les traitements employés. Sa jaquette, son corset et une partie de la peau du dos, des reins et des membres inférieurs avaient été brûlés par la foudre. La langue est restée cyanosée durant deux mois. La conclusion de M. Boëns est qu’après les coups de foudre, même lorsque les victimes semblent absolument privées de vie, il ne faut pas^désespérer trop tôt de les ramener à l’existence et même à la santé. Ajoutons que, selon les observations les plus récentes, il conviendrait de traiter les foudroyés comme les noyés, c’est-à-dire de pratiquer la respiration artificielle. Il est bon d’en prendre note pour les cas d’accidents dans les applications électriques.
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- Ig....,_........___________:____- NOUVELLES SCIENTIFIQUES. -*
- Communications. — M. Olivier Burgères, au château d’Au-riole, près Villeneuve-sur-Lot, nous écrit : « La course à pied ! de Paris à Belfort et le très intéressant article que vous avez publié à ce sujet dans La Nature me rappellent un souvenir r d’enfance que je vous demande la permission de vous raconter : Vers la fin du Directoire, époque où le service des postes était à l’état rudimentaire et les communications rares et difficiles * en raison du mauvais état des routes, surtout dans le Midi de la France, il y avait à Gahors, ville qu’habitait alors ma famille, un. commissionnaire qui se chargeait d’apporter de Cahors a Toulouse une lettre ou un léger petit paquet, et de rapporter la réponse à Cahors vers le milieu du troisième jour. La distance par route est de 120 kilomètres environ, soit 240 kilomètres, aller et retour. Ainsi, étant donné que le commissionnaire partait de Cahors le lundi à la première heure, il était de retour le mercredi vers midi, porteur de la réponse. La course coûtait 1 louis (24 francs), tout compris. Le pourboire dont on a tant abusé était alors inconnu. Mon père m’a souvent raconté ce fait, lorsque, par hasard, nous rencontrions ce vaillant marcheur dans les rues de la ville. »
- M. R. L., à Chàlons, au sujet de la marche Paris-Belfort mentionnée précédemment, nous rappelle que Plutarque cite une marche exceptionnelle dans sa Vie d'Aristide. Après la bataille de Platée (479 avant J.-C.), un des Platéens, Euchydas, est allé chercher le feu sacré à Delphes. Il est revenu avant le coucher du soleil, ayant fait en un même jour 1000 stades, soit environ 200 kilomètres. Il a expiré au retour, exténué de fatigue.
- M. le prince André Gagarine, à Châtellerault, nous écrit : « Dans le n° 992 de La Nature, il est dit qu’il n’existe pas d’instrument pour tracer ou construire les paraboles. Cependant, ainsi que pour l’hyperbole, il existe plusieurs instruments bien anciens.. En voici deux pour la parabole : 1° instrument
- ' Directrice
- Fig. 1 et 2. — Appareils pour tracer les paraboles.
- primitif, dont la description se trouve dans tous les cours de géométrie analytique (fig. 1); 2° appareil employé en Russie depuis au moins vingt ans pour le rayage progressif des canons, il consiste en une règle, articulée en b (fig. 2) et mise en mouvement par une vis c, ayant une rotation continue. Le point d se meut d’un mouvement continu le long de la règle et trace une parabole y = ax2.
- M. Hernest Chavoix, aux Charraux (Dordogne), noms communique une Notice qu’il vient de publier sur les vignes américaines pour la reconstitution d’un vignoble.
- Le même correspondant nous écrit que pendant un orage, le 12 juin, en fermant les volets de sa maison, il a ressenti de violentes secousses dans les jambes. A 1 1 mètres de la porte où il se trouvait, passe le conducteur du paratonnerre, et la foudre tombait sur ce dernier au même instant.
- M. C. A. Philippin, à Neuchâtel, nous écrit : « Dans la chronique du n° 991 de La Nature, relatant les usages de la cire du palmier carnaùba, je lis le passage suivant : « l’origine du « mot carnanba ne paraît pas bien définie; on prétend qu’il « dérive du portugais ; nous n’avons pu le contrôler. » Le nom indigène du Copernicia cerifera ou Corypha cerifera est : carnaùba, et non carnanba comme le dit par erreur votre Notice, en changeant m pour n (prononcez carnaouba). Ce nom
- est d’origine tupi. La terminaison ûba d’un grand nombre de mots servant à désigner des plantes indigènes du Brésil se rencontre fréquemment, par exemple : Baxiüb» (Iriartea exot-rhiza M); Mungùha (Bombax Munguba); Massa ra n d ü tm (Mimusops data), etc. Cette terminaison ûba est une des caractéristiques des mots d’origine dés dialectes tupis ou guà-ranys, Les premiers colons portugais ont noté, à leur arrivée au Brésil, les noms donnés par les indigènes, aux arbres qu’ils rencontraient pour là première fois et leur ont conservé leurs noms indiens. Dans cette notation, la terminaison ûba se trouve souvent rendue, suivant les dialectes des tribus autochtones, guaranys et botocudos, par dba, iba et ôba. Par exemple, nous avons Plaçaba ou Piassaba (Attalea funifera M.); Tatajïba (Broussonetia linctoria Kth.) »
- Renseignements. <—M. E. Duftos, à Vitry-en-Arlois. — Il faut confectionner spécialement cet appareil; il ne se trouve pas dans le commerce. \
- M. Hucharne, à Paris. — La Revue horticole publie une série de planches représentant en couleur les plantes d’agrément et autres ; adressez-vous à la Librairie agricole de la maison rustique, 26, rue Jacob. J
- M. J. T., à Paris. — Voici la- recette que vous demandez pour une limonade purgative : acide citrique, 32 grammes; carbonate de magnésie, 24 grammes; eau de citron, 50 grammes; sirop simple, 50 grammes; eau, 400 grammes. On ajoute à la fin 5 grammes d’acide citrique pour rendre la préparation gazeuse.
- M. Gauche, à Valence. — Un lavage à l’eau légèrement acidulée chlorhydrique doit suffire.
- Un abonné, à Bruxelles. — Nous avons publié un article sur la poudre explosible dans le n° 611 du 14 février 1885, p. 171, et un autre article sur les nouvelles matières explosibles dans le n° 747 du 24 septembre 1887, p. 263.
- M. H. Bardot, à Paris. — Nous avons fait un erratum; il s’agit de l’administration des Postes en Angleterre.
- M. Nivoux, à Bernay. — Un article de ce genre n’a jamais été publié dans La Nature; vous faites erreur.
- N. A. Chenellement, à Metz. — Vous trouverez quelques renseignements sur la galvanisation du fer dans l’important ouvrage, Lignes et transmissions électriques, que MM. Lazare Weiller et Henry Vivarez viennent de publier à la librairie G. Masson.
- M. A. Audibert, à Lyon. — Les divers fournisseurs de lampes à incandescence peuvent vous procurer ces lampes.
- M. P. Peron, à Paris. — Voyez les descriptions que nous avons publiées de la Tour Eiffel et du phare (2e semestre 1889).
- M.' A. Gérard, à Paris. — Nous avons reçu votre communication que nous publierons prochainement.
- M. A. Vallet, à Saint-Pol-sur-Mer. — Il est nécessaire de soumettre votre cas à des ingénieurs spécialistes.
- M. E. Le Maout, à Cherbourg. — L’action du son des cloches sur la foudre n’a jamais été démontrée d’une manière bien évidente ; mais les clochers étant, en général, plus élevés que les autres édifices, sont plus exposés à être foudroyés.
- Accusés de réception. — Avis divers : MM. E. Fabre et J. Borrey, à Genève. Pas d’autre adresse que celle indiquée à la fin de l’article. — M. H. Folliot, à Chablis. Voyez les appareils de M. Walter-Lécuyer, 138, rue Montmartre, à Paris. — Un abonné, à Nantes. Adressez-vous à MM. Gauthier-Villars, à Paris. — M. E. Ju-tean, à Mulhouse. Remerciements pour votre envoi; nous ferons connaître prochainement l’ingénieux siphon. — il/. A. Robin, à Paris. Pas de machine de ce genre; adressez-vous à M. 11. Gauchot, 14 bis, rue du Bois, à Vincennes. — Un abonné, à Vincennes. M. E. Langlois, 23, rue Etienne-Marcel, à Paris. — M. J. Satzami, à Andrinople. Renseignez-vous à la librairie E. Bernard, 53, quai des Grands-Augustins, à Paris. — il/. F. de G., h X. Les principes que. vous énoncez, sont bien connus. — M. A. Rochette, à Bourg-Saint-Andéol. Chez tous les fournisseurs d’appareils pour laboratoires. — M. A. Rarrey, au Havre. Pas d’ouvrage spécial à vous indiquer. — M. E. Maire, à Reims. L’appareil est fabriqué en Angleterre ; mais nous ne connaissons pas l’adresse du constructeur.
- — M. E M. C., à Bordeaux. Cet enregistreur a peut-être été décrit dans la Revue générale des chemins de fer. — M. Z. Vas-selin, à Paris. Les ouvrages de chimie récemment publiés à la librairie Masson vous donneront satisfaction. — M. A. Choisy, à Paris; il/. Ch. Bono, à Paris; M. F. Magne, à Rouen; Un abonné, à Paris. Voyez les Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.)
- — il/. M. Moineville, à Versailles; il/. Ch. Parigat, à Paris. Consultez la Science pratique (même éditeur). — M. Renito Garcia, à Taragoza; M. J. Alvarado, à Villablino; il/. E. Tardieu, à Mon-télimar. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. — M. S. il/, y Gomer, à Santiago de Cuba; M. J. Rôles, à Londres; il/. Decha-vannes, à Fort-de-France. Remerciements pour vos communications.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison. -
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- PETITES MENTIONS*
- Le Scaphandrier. — Voici un nouveau petit jouet scientifique très amusant. C’est un Scaphandrier très élégamment façonné. 11 peut au gré des enfants monter ou descendre dans l’eau par la pression d’une poire en caoutchouc. Le Scaphandrier étant descendu au fond, il suffit de presser la boule pour qu’il
- Le fer à repasser que nous allons faire connaître et que représente le n° 2 de la figure ci-contre est semblable, comme forme, à ceux déjà en usage; il offre une légère saillie aux deux extrémités, percée d’une ouverture facilitant, d’un côté, l’entrée < de la partie inférieure de la poignée formant tenon, et de l’autre un petit levier qui se rejette en arrière par une pression sur le bouton du haut ; tel est dans son ensemble ce fer qui a sur les autres systèmes des avantages incontestables. Le plus grand inconvénient des fers ordinaires est la sujétion d’avoir à se préoccuper constamment de serrer la poignée en étoffe sur celle du fer pour que celui-ci ne vous échappe pas, mais cette poignée brûle ou roussit le plus souvent. Avec le fer à poignée mobile, aucun de ces ennuis. — Se trouve chez M. Renaut, rue du Faubourg-Saint-Denis, 8fi, à Paris.
- Le crayon-colleur et le presto-colleur. — On a
- souvent besoin décollé pour les usages du bureau; voici deux appareils qui pourront rendre des services. Le premier de ces appareils est nouveau, c’est le crayon-colleur (n° J de la figure ci-jointe). Il est formé d’un tube métallique, fermé par un couvercle que l’on enlève pour l’usage. On s’en sert comme d’un crayon, et le prenant doucement avec la main, on passe légèrement l’appareil sur le papier à coller. Il en suinte une colle adhérente, que l’on remplace dans le tube quand elle est épuisée. Le deuxième appareil est moins nouveau, mais il est;
- Le petit scaphandrier. Nouveau jouet.
- 1. Mode d’emploi. —- 2. Détail du jouet à une plus grande échelle.
- remonte à la surface. Le mode d’action est simple à expliquer : une boule de caoutchouc est contenue dans le corps de la poupée convenablement lestée. Quand on presse la poire de Caoutchouc extérieure, on insuffle de l’air dans la boule enfermée dans le corps du pantin; celle-ci étant gonflée, le scaphandrier s’élève dans l’eau. — Le petit scaphandrier se trouve chez M. C. Prieur, 16, rue Michel-le-Comte, à Paris.
- Baratte ménagère en cristal. — Fer A repasser à poignée mobile. — La baratte ménagère que nous allons faire connaître et que représente le n° 1 de la figure ci-dessous est très recommandable pour les petits et les grands ménages. Le récipient a la forme d’une immense poire aplatie, le fond étant circulaire. Il est posé sur un pied en bois blanc dur creusé de manière à lui donner la forme du récipient. Le couvercle en forme de cuvette est traversé par un arbre en bois tourné portant à sa base une sorte de rame percée de trous ronds. Cette
- Baratte ménagère (n* t) et fer à repasser à poignée mobile (n° 2).
- rame partage, fouette et mélange le liquide. Au milieu du fond se trouve un robinet pour l’écoulement du liquide. Le battage de la crème et sa transformation en beurre se font très rapidement et sans la moindre fatigue. Lorsque vous avez versé la crème dans le vase et après vous être assuré qu’elle a bien la température normale, soit 16 à 18 degrés, vous accrochez le couvercle avec les 2 crochets, puis, vous n’avez qu’à faire fonctionner le balancier qui n’a que 20 centimètres de course et qui agite le liquide d’une façon absolument favorable à la séparation de la partie grasse du petit-lait. Ce mouvement de va-et-vient donne la ventilation nécessaire à la fabrication du beurre fin et de 1" qualité. La fatigue de l’opération est insignifiante, il faut de 15 à 25 minutes pour obtenir le meilleur résultat, et une enfant de huit ans fabriquera de 7 à 8 hectogrammes de beurre sans aucune fatigue. —La baratte ménagère se trouve chezM. Géné-rard, à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelle» scientifiques est étrangère aux annonces.
- Appareils pour coller.
- d’un emploi très commode. C’est le presto-colleur (n° 2 de la figure). Dans ce colleur le pinceau, le bouchon et le porte-
- Sinceau ordinaires sont remplacés par une capsule en caoutchouc exible qui à elle seule remplit le rôle de tous les trois. Deux petites fentes pratiquées dans le bout de la capsule permettent l’écoulement de la colle quand on tient le flacon renversé en s’en servant comme si on tenait un pinceau ordinaire. Au repos, les fentes se ferment automatiquement et hermétiquement, de façon à prévenir tout dessèchement et à empêcher le liquide de se répandre en cas de renversement accidentel du flacon, ce qui permet d’utiliser la colle jusqu’à la dernière goutte. Le bout flexible de la capsule fonctionne comme pinceau. — Le crayon-colleur et le presto-colleur se trouvent chez la plupart des papetiers et chez M. Mathieu Martain, 19, rue d’Enghien, Paris.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Toxicologie photographique. — Nous empruntons à notre confrère M. Mareschal, directeur de la Photo-Gazette, la courte liste suivante qui mentionne les principaux poisons journellement employés en photographie, leurs effets et leurs antidotes : Acide oxalique et oxalate de potasse : poison mortel à la dosé de 4 grammes. Symptômes : sensation de brûlure dans la gorge et l’estomac, vomissements, crampes, engourdissement. Antidotes : craie, magnésie dans un peu d’eau; du plâtre même à défaut d’autre chose. Ammoniaque, potasse, soude : la vapeur d’ammoniaque peut provoquer une inflammation des poumons. Symptômes : gonflement de la langue, de la bouche, du gosier, suivi fréquemment du rétrécissement de l’œsophage. Antidotes : donner à boire du vinaigre avec un peu d’eau. Biciilo-buke de mercure : 20 centigrammes suffisent à donner la mort. Symptômes : goût métallique et âcre, resserrement de la gorge, -sensation de brûlure dans l’estomac, suivie de nausées, dç vomissements.. Antidotes : blancs d’œufs crus battus dans du,, lait ou de l’eau; à défaut d’œufs, de la colle de farine. Acétate de plomb : le sous-acétate est encore plus dangereux. Sijmptô-mes : resserrement de la gorge et du creux de l’estomac, crampes et raideur dans le veatre, ligne bleue autour des gen- '
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- cives. Ànlidotes : sulfate de soude ou de magnésie. Cyanure de potassium : 20 centigrammes constituent une dose mortelle sur une écorchure. Symptômes : insensibilité, respiration lente et haletante, pupilles dilatées, mâchoires serrées. Sensation de vive démangeaison. Antidotes : pas de remède sûr; eau froide sur la tête et le cou quelquefois efficace. Sulfate de fer appliqué de suite. Bichromate de potasse : à l’intérieur. Sur des écorchures. Symptômes : douleurs d’estomac, vomissements. Produit des plaies, des ulcères. Antidotes : vomitifs, magnésie, craie. Difficiles et longs à guérir. Nitrate d'argent : Symptômes : produit une vive irritation. Antidotes : avaler du sel de cuisine, puis un vomitif. Acide nitrique : 8 grammes sont mortels et même les émanations de cet acide. Symptômes : brûlure de l’appareil respiratoire et inflammation violente. Antidotes : bicarbonate de soude, carbonate de magnésie, craie. Acide
- chlorhydrique : 15 grammes suffisent à donner la mort. Symptômes : brûlure ae l’appareil respiratoire et inflammation violente. Antidotes : bicarbonate de soude, carbonate de magnésie, craie. Acide sulfurique : 4 grammes seulement. Symptômes : brûlure de l’appareil respiratoire et inflammation violente. Antidotes : bicarbonate de soude, carbonate de magnésie, craie. Iode : résultats variables, mais 20 centigrammes ont donné la mort. Symptômes : goût âcre, gorge serrée, vomissements. Antidotes : vomitifs, gruau, amidon délayés dans de l’eau. Ether : si on le respire. Symptômes : effets semblables à ceux du chloroforme. Antidotes : eau froide et respiration artificielle. Acide pyrogallique : 15 centigrammes suffisent pour tuer un chien. Symptômes : ressemble à l’empoisonnement par le phosphore. Antidotes : vomitif énergique donné immédiatement. Acides végétaux (citrique, tartrique, etc., vinaigre).
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49-,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES OU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION BT FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIK EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 20 juin 12° ,9 0. Couvert. 0,0 Couvert, sauf quelq. éclaircies çà et là ; un peu de pluie à 1 h. et gouttes à 6 h.; atmosph. claire.
- Mardi 21 14°,5 S. S. W. 2 Couvert. 0,0 Quelques éclaircies ; pluie à plusieurs reprises.
- Mercredi 22 16°,4 S. S. W. 2 Couvert. 5,7 Très nuag. jusqu’à 14 h.: couvert ensuite ; pluie dans la soirée; éclairs au S. à partir de 21 h. 1/2. Couv. le m. ; puis très nuag.; nuag. de 18 à 20 h.; éclairs, puis tonn. de 1 h. à 21i. avec grosse pl. torr. à 11 h. 55.
- Jeudi 23 16°,2 S. 3 Couvert. 10,9
- Vendredi 21 13°,2 S. S. W. 2 Beau. 5,0 Beau jusq.6 h.; puis nuag.; couv. ap. 20 h.; atm. bien claire.
- Samedi 23 16°,2 S. S. W. 2 Couvert. 0,0 Tr. nuag. de 9 h. à 13 h.; couv. avant et ap. ; gouttes de 7 1/2 a 8 h. ; atmosph. tr. claire.
- Dimanche 26 15°,4 W. N. W. 3. Couvert. 0,0 Couv. jusq. 10 h.; nuag. ensuite; beau après 13 h.
- JUIN 1892. — SEMAINE DU LUNDI 20 AU DIMANCHE 26 JUIN 1892
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- i
- I
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- l,a foudre dans le nord de la France. — (Ju violent orage s’est déchaîné le 22 juin dans la soirée sur l'arrondissement de Saint-Pol. Plusieurs communes ont été littéralement inondées. A Roellecourt, un cultivateur, M. Lebout, âgé de cinquante-huit ans, a été atteint à la tète par la foudre ; la mort a été instantanée. Plusieurs personnes qui le suivaient ont été étourdies par la violence du coup. Dans le même arrondissement, à Wancourt, un ouvrier agricole a été également foudroyé.
- Chute de poussières. — Notre confrère Cosmos cite les deux exemples suivants de chutes de poussières qui ont été observées au mois d’avril dernier. Le Yokohama-Maru, allant de Shangaï à Nagasaki, a été assailli par une tempête de poussière, lorsqu’il se trouvait par 126° de longitude est et 32° 20 de latitude nord. Le 2 avril, vers 6 heures du soir, le -soleil parut tout à fait jaune, l’atmosphère était humide et mouillait tout ce qui se trouvait sur le pont. L’humidité précipitée était jaunâtre, et,
- en séchant, elle laissait une poudre extrêmement fine. Pendant les deux jours précédents, le vent avait soufflé ouest-sud-ouest, c’est-à-dire de la Chine. Si le navire n’avait pas été couvert de cette poudre jaune, le phénomène eût été regardé comme un brouillard ordinaire, avec une coloration particulière. On nota la couleur jaune de l’atmosphère, durant l’après-midi du 2. A minuit, le vent sauta au nord-ouest, venant de la Corée. Il est très probable que cette poussière a été enlevée au loess des plaines de la Chine. A Nagasaki, qui est à 590 milles des côtes de la Chine, on remarqua la couleur jaune du soleil pendant toute la matinée du 2. Le 1" avril, il y eut une chute de poussière dans le voisinage de Nawa en Okinawa-Ken. Le 2, la poussière tomba à Gifu. Le Yerona, qui quittait Hong-Kong le 1" avril, éprouva le même phénomène que le Yokohama-Maru; le bateau se couvrit d’une fine poussière qui, suspendue dans l’air, produisait une brume telle qu’on ne vit la terre qu’en arrivant à Nagasaki. Le D' B. Koto a analysé ces poussières, et les a trouvées composées surtout de petits fragments de feldspath, accompagnés de petits morceaux de quartz et de débris végétaux.
- PHASES DE LA LUNE : N. L. le 21, à 2 h. 16 m. du soir.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boite aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- T’OPTES LES COMMUNICATIONS QOI CONCERNENT LE SERVICE DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- IA SEMAINE
- Vérification des objectifs photographiques.— Voici *en quels termes notre savant collaborateur, M. Léon Vidal, décrit, dans le Moniteur de ta photographie, le service de vérification des objectifs photographiques qui a été installé à l’Observatoire de Kew. « II existe dans cet Observatoire un service relatif à l’examen des objectifs photographiques dont on vérifie les éléments essentiels, lin appareil très complet, de l’invention <le M. Whipple, sert à cette détermination, qui est faite avec une très grande précision. C’est un instrument offrant quelque analogie avec celui du commandant Moëssard. Grâce à ce service, tout acheteur d’un objectif peut être renseigné absolument sur les qualités ou les défauts de l’instrument qui lui a été livré. Nous ne pensons pas qu’il existe rien de semblable en France ; il serait à souhaiter qu’une administration indépendante, faisant autorité, comme celle de Kew, pût se charger de constatations de cette nature et remettre à l’appui des certificats sérieux précisant l’état civil, pour ainsi dire, de l’instrument examiné. Peut-être une semblable organisation contribuerait-elle, dans une certaine mesure, aux progrès de la fabrication des bons objectifs. Les certificats délivrés par M. le superintendant de l’Observatoire de Kew ne contiennent pas moins de dix-sept chefs d’indications subdivisées en plusieurs séries d’observations diverses. L’examen est naturellement des plus rigoureux, puisque ce certificat constitue une sorte de pièce officielle -aussi bien au profit du constructeur qu’en faveur de l’acheteur. Nous sommes d’avis qu’il convient de chercher le bien partout où il se trouve et qu’il est patriotique d’imiter les autres pays dans tout ce qu’ils font de plus et de mieux que nous. »,
- Nous partageons tout à fait l’avis de M. Vidal; la photographie a pris aujourd’hui une telle importance, qu’un service de vérification des objectifs, analogue à celui de Kew, serait une œuvre bien utile à créer à Paris. Un tel service aurait sa place au Conservatoire national des arts et métiers, où l’administration devrait bien songer aussi à la nécessité qu’il y a de créer un cours de photographie. Il est lamentable de constater qu’on me trouve nulle part un enseignement spécial de photographie.
- G. T.
- INFORMATIONS
- —^— Nous avons parlé précédemment de l’Exposition internationale électrique de Moscou (n° 995, du 25 juin 1892) dont l’ouverture est fixée au 27 août prochain. Le Comité de patronage de la section française comprend un grand nombre d’ingénieurs et d’in-• dustriels éminents. Il a tenu sa première réunion le 23 juin et a nommé son Bureau dont la composition est la suivante : président : M. A. Berthon, directeur de la Société des téléphones; vice-présidents : MJ1. Armengaud (Jules), Dumont (Georges), Jousselin et D. Monnier, professeurs à l’Ecole centrale; secrétaire général : M. Gassaud; secrétaires: MM. Monvoisin, Ch. Richard, Soubeyran; secrétaires adjoints : MM. Baignères, Fourment, P. Perrin; tréso-
- rier, M. Emile Bert. Il est à désirer que nos industriels participent largement à cette exposition, de manière à développer les relations déjà créées l’année dernière et à conquérir une place importante sur le marché russe. Les sympathies que nous témoigné une nation amie et la perfection de nos produits sont de sûrs garants du succès.
- — — On sait que des épreuves assez sérieuses sont imposées à ceux qui veulent faire partie du corps des vélocipédistes militaires. En dehors d’examens de géographie, de topographie, etc., etc., ils doivent fournir une course de 100 kilomètres dans un délai maximum de six heures. Chaque année, la Société du Vélo-Sport français organise une course à la suite de laquelle elle délivre un diplôme à tous ceux des coureurs engagés qui ont parcouru en moins de six heures un trajet de 100 kilomètres. Ce diplôme est accepté par l’autorité militaire et dispense le candidat de subir de nouveau cette partie de l’épreuve lorsqu’il est sous les drapeaux. Le concours a eu lieu le mois dernier. Le départ et l'arrivée étaient au pont Colbert, à Paris. Il fallait aller à Melun et en revenir en six heures au plus. Le vainqueur de la course a été un jeune coureur du nom de Mazy. Parti à lh,17ffl, il avait accompli son trajet à 6h,40m. Malheureusement, comme il descendait à fond de train la côte de l’arrivée, deux chiens lui barrèrent le passage. Il évita le premier, mais sa bicyclette heurta le second et il tomba. Outre des lésions internes dans la poitrine, dont le blessé se plaignait dès qu’il a eu repris connaissance, l’une de ses tempes avait porté sur un pavé; le sang coulait par cette blessure et par l’oreille.
- — Les travaux maritimes sont toujours l’objet des préoccupations du Gouvernement allemand. On va construire à Brême un sas de 200 mètres de longueur sur 25 mètres de largeur et 10m,30 de profondeur. II coûtera 18 millions de marks, dont 16 seront fournis par la ville de Brême et les deux autres par le budget de l’empire.- Il est destiné à faciliter l’entrée du « Kaiser dock ». La grande difficulté de cette construction provient de la profondeur de 7 à 8 mètres à laquelle il faut creuser le fond pour faire reposer les fondations des murs du sas. A Hambourg, on étudie le projet de créer un port ouvert, à Cuxhaven. A Dantzig, on se propose d’établir un port franc à Neufahrwasscr. A Stettin, on doit construire un port en réunissant les deux bras de l’Oder : il aura 5 kilomètres de longueur de quai et son prix de revient est estimé à II millions de marks. Le Gouvernement devra se charger de l’approfondissement du chenal qui fait communiquer ce port avec celui de I'illau.
- —ifc— Le Consul général de Belgique, à Moscou, signale au Département des affaires étrangères la mise au concours, par l’administration communale de Saint-Pétersbourg, d’un projet de pont fixe à établir sur la Néva. Un crédit de 6 millions de roubles sera affecté à celte entreprise et des primes de 0090, 3000 et 1500 roubles seront accordées aux auteurs des trois ^meilleurs projets. Le programme détaillé, le plan général et toutes les données necessaires concernant le concours en question, seront mis prochainement à la disposition des intéressés à l’administration communale à Saint-Pétersbourg. Les mêmes documents peuvent être obtenus par les intéressés, en s’adressant à la Commission exécutrice pour la construction du pont, à l’hôtel de ville de Saint-Pétersbourg. Les projets sont reçus par l’administration communale de Saint-Pétersbourg jusqu’au 2/14 octobre prochain. Us ne seront pas signés, mais ils porteront une inscription ou une devise; cette inscription sera reproduite sur un pli cacheté qui contiendra les nom, prénoms et domicile de l’auteur. L‘es projets primés demeureront la propriété de la ville, les autres seront restitués à leurs auteurs. Les noms des auteurs des projets primés seront publiés dans les journaux.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES;
- Communications. — M. A. Gérard, ingénieur-électricien, à Paris, nous adresse la Note suivante à propos de notre dernier article sur les fusils de chasse : « Parmi tous les fusils, nous écrit notre correspondant, le Choke-Bore est vraiment bon et utile, car il permet de grouper à longue distance. La théorie de ce fusil, due à Galand, est basée sur les quantités de mouvement que les gaz de la poudre communiquent à la Charge de plomb et à la bourre. Pendant que celle-ci est
- retardée dans l’étranglement, les plombs, en vertu de leur force vive, continuent leur mouvement, et sont bien loin lorsque les gaz sortent du canon et ne peuvent par conséquent les souffler, suivant l’expression consacrée. Puisqu’il est impossible de rétrécir un ancien canon pour retarder le mouvement de la bourre et obtenir les mêmes effets que ci-dessus, il suffit de provoquer, vers la bouche du canon, une dépression subite des gaz donnant une perte de charge qui diminue la force vive de la bourre, sans modifier celle du plomb. Pour cela, on pratique deux ou trois trous de 5 millimètres de diamètre environ sous le canon à une longueur et demie ou deux des charges de plomb et bourre à partir de la bouche, comme le représente la figure ci-dessus. Le plomb franchit les trous sans arrêt, mais la bourre d’une faible densité subissant une pression moindre perd de sa force vive, et subit un arrêt analogue à celui que lui impose l’étranglement. Cette disposition a déjà donné d’excellents résultats. »
- M. L. Sully, à Saint-Pierre (Martinique), nous annonce, à la date du 10 juin 1892, qu’un banc de 57 jeunes cachalots est venu échouer à 500 mètres du rivage à Robert (Martinique).
- « De toutes les communes voisines, les populations sont accourues pour assister à ce spectacle. Ces cachalots étaient arrivés la nuit et faisaient un tel bruit, soit en battant l’eau de leurs queues et de leurs ailerons ou en la lançant de leurs évents que la plupart des habitants du bourg se sont réveillés inquiets et cherchant à comprendre d’où provenait ce bruit inaccoutumé. Le matin ils ont enfin vu ce banc de cachalots, et cette vue a pu calmer leur émoi. Malheureusement les bêtes étaient mortes et apparaissaient au-dessus de l’eau tranquille du golfe, comme de noirs îlots poussés en une nuit. Si nous disons malheureusement, c’est que la putréfaction de tous ces corps répand une odeur qui infecte le bourg et les campagnes environnantes. Grand nombre d’habitants du bourg ont dù fuir leur demeure, et il est à craindre, si de promptes précautions ne sont prises pour détruire cet énorme foyer d’infection, que cela n’entraîne à de graves accidents. »
- M. Marchoux, à Saigon, nous envoie la description d’un arc-en-ciel formant un cercle complet inscrit dans un plan incliné de 50° sur l’horizon, qu’il a pu observer le 9 mai, à 4 heures du soir, au milieu d’un grand orage.
- M. E. Noriega Ruiz, à Mexico, nous adresse une série de brochures qu’il vient de publier sur plusieurs systèmes de téléphones, de microphones et sur un générateur de vapeur multi-tubulaire inexplosible.
- M. A. Mangeot, à Bordeaux, nous signale une erreur qui s’est glissée dans notre article sur la course de marcheurs de Paris à Belfort au point de vue des vitesses (n° 996, du 2 juillet 1892). Dans le tableau relatif aux vitesses moyennes en kilomètres par heure, p. 67, colonne 2, il faut lire 20km,454 au lieu de 16km,6 pour le parcours de lkm,5 effectué en quatre minutes vingt-quatre secondes.
- Renseignements. — M. Marissiaux, à Avesnes, —Le-mégascope électrique de M. G. Trouvé, 14, rue Viviénne, à Pans, pourra vous convenir; voyez la description que nous avons publiée dans le n° 739, du 17 décembre 1887.
- M. T, Mathieu, à Paris. — Le liquide employé est du chlorure de cobalt; vous trouverez quelques explications dans l’article sur le caméléon, de M. Lenoir (n° 194, du 17 féyrier 1877, p. 189).
- M. G. N. Amalfitani, à Cassano. — Ces objets ont été construits il y a quelques années; mais leur fabrication n’a pas été continuée.
- M. A. Koch, à Chàteau-du-Loir. — 1° M, Meunier, ingénieur civil, 16, rue de Birague, à Paris. — 2° MM. Rouart frères, 157, boulevard Voltaire, à Paris.
- M. J, de L. Butencourt, à Lisbonne. — La mode illustréeT 56, rue Jacob, à Paris; La mode pour tous, 54, rue du Cha-teau-d’Eau, à Paris.
- M. A. H., à Saint-Servan. — Les traités de photographie sont aujourd’hui si nombreux que nous ne saurions en indiquer un en particulier. C’est à vous de faire votre choix.
- M. E. G, Rafer, à Saint-Chamond. — Nous n’avons pas d’autre adresse que la suivante : Société de soudure dynamo-thermique, procédé J .-H. Bevington, à Chicago.
- M. L. Vialet-Chabraud, à La Ciotat. — U nous est impossible de vous fournir toutes ces adresses ; consultez les annuaires d’électricité.
- M. A. Rivoire, à Pont-de-Beauvoisin. — Le débit d’eau est un peu faible pour avoir une turbine à bon rendement ; renseG gnez-vous auprès de MM. Blanchard et Cie, 32, place Saint-Georges, ou de M. Leprince, 41, boulevard Barbés, à Paris.
- M. E. Sabatier, à Nîmes. — 1° Ces moteurs donnent satisfaction. — 2° Un grand nombre de modèles sont déjà en service.
- M. A. Dreuilhe, à Sallèles d’Aude. — La description de la trompe aspirante et soufflante a été donnée dans le n° 711, du 15 janvier 1887 ; l’appareil est fabriqué par MM. Alvergniat frères, 10, rue de la Sorbonne, à Paris.
- M. A. t. C., à X. — S’adresser à MM. Séguin et Jaquet, ingénieurs, à la Société des arts, à Genève (Suisse).
- M. A. B., à Paris, nous demande de lui expliquer comment il faut se servir de notre Bulletin astronomique, publié tous les trois mois. Voici l’explication : dans notre Bulletin astronomique, les heures inscrites en haut et en bas de la carte représentent les ascensions droites des étoiles; l’heure qui correspond, pour chaque date, à minuit, est clairement indiquée l passage au méridien à minuit. Exemple : les étoiles situées à XXh d’ascension droite sont le 21 juillet au méridien (c’est-à-dire au sud) à minuit. Les lignes horizontales de la carte représentent les déclinaisons ou distances à l’équateur céleste ; on obtient la hauteur au-dessus de l’horizon d’une étoile quelconque, au moment de son passage au méridien, en ajoutant à sa déclinaison la colatitude du lieu où l’on se trouve (41° pour Paris). Les étoiles sont représentées sur la carte telles qu’on les voit dans le ciel; leur mouvement diurne s’effectue, par conséquent, de gauche à droite.
- M. Pennamen, à Douarnenez. — Nous avons parlé de la pêche de la sardine et donné quelques renseignements sur ce poisson dans les numéros suivants : n° 470, du 5 juin 1882, p. 15; n° 715, du 12 février 1887, p. 175; n° 727, du 7 mai 1887, p. 362; n° 769,, du 25 février 1888, p. 207; n° 782, du 26 mai 1888, p. 415.
- M. C. B., à Paris. — 1° Le régime de 12 watts est le régime moyen. — 2° Ce chiffre désigne la puissance maxima que peut développer le moteur.
- M. le capitaine N..., à Versailles. — Nous croyons que ce bateau a été démonté et n’existe plus.
- M. H. M., à Meudon. — Il y a eu en effet une Société de fondée, mais elle n’est arrivée à aucun résultat.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. Vandevyver, à Gand. Il n’a jamais été fait d’expérience à ce sujet. — M. Prévost, à Saint-Omer. Pas d’adresse à vous indiquer. — M. F. de Arroyave, à Bilbao. Quelques formules de dorure et d'argenture sont données dans le Formulaire de Vélectricien de 1891, à la librairie G. Masson. — M. P. G. C-, à N. Pas d’ouvrage sur ce sujet; adressez-vous à une agence de brevets. — M. J. Ferra, à Charly. Nous n’avons pas eu connaissance de ce procédé. — M. P. Vincent, à Lyon. Aucune prime de ce genre n’a jamais été proposée. — M. H. de Ber-nis, à X.; M. E. Rammacrt, à Roubaix. Voyez les Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — M. F. de R., à La Rochelle. Vous trouverez plusieurs moyens pour imperméabiliser les tissus dans le même ouvrage. — M. le Dr M. H., à Sousse. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. — M. P. Guillemet, à Labruguière. Remerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INTENTIONS1
- Plateau de bouteille adhérent. — Les bouteilles de vin placées sur les plateaux ordinaires laissent parfois tomber sur les nappes une goutte du vin qui ruisselle à sa surface, et s’échappe à la partie inférieure. Rien de semblable ne peut se produire avec le plateau adhérent que nous représentons
- Plateau de bouteille adhérent.
- ci-contre. Quand on veut se verser du vin, le’plateau au lieu de rester sur la nappe adhère à la bouteille, et garde emprisonnées les gouttelettes qu’il peut contenir. L’adhérence est obtenue, comme on le voit à gauche de la figure, au moyen d’un anneau de caoutchouc contre lequel sont placées des lamelles circulaires de métal. — Cet ingénieux objet se trouve chez M. Mathieu-Mifrtain, 19, rue d’Enghien, à I’aris.
- La montre universelle. — On voyage à présent aveç une si grande rapidité qu’en très peu de temps il se produit une différence sensible de l’heure entre le point d’arrivée et celui du départ. Quoique l’heure soit unifiée en France sur les chemins de fer, l’heure vraie de chaque localité n’a pas changé, et à Brest, on a toujours 28 minutes de retard sur le méridien de Paris, quand Nice a 20 minutes d’avance ; soit une différence de 48 minutes de l’est à l’ouest de la France dont on est bien obligé de tenir compte dans certains cas. Quand on a passé la frontière, l’heure n’est plus la même qu’en France; chaque Etat ayant son méridien propre, les différences de l’heure de pays à pays sont très sensibles, ce qui est souvent embarrassant pour les voyageurs. Pour obvier à cet inconvénient, on a parlé de l’établissement de l’heure universelle, mais cette question est loin d’être résolue, et, si on parvenait à la résoudre, il serait quand même nécessaire de conserver l’heure nationale à chaque pays, car il ne peut pas être en même temps la même heure partout. Toutes ces raisons ont donné l’idée à M. F. Rolet de chercher un moyen pratique pouvant concilier tous les intérêts dans cette question ; à cet effet il a fait d’une montre simple une montre double, universelle, par l’application d’aiguilles Jumelles se développant à volonté pour marquer les différences de l’heure entre deux pays, ou pour marquer l’heure légale ou conventionnelle, et en même temps l’heure locale ou l’heure vraie du point où on se trouve. Ce système, très simple, s’ap-
- Moutre universelle donnant à la fois deux heures différentes.
- montre ordinaire ; elles sont de forme et de couleur différentes pour pouvoir les distinguer facilement l’une de l’autre et ont, à l’arrière, un petit talon servant à les mettre à l’heure au doigt quand on veut les développer ou les refermer. Les aiguilles ajustées ensemble, étant fermées et en place sur le cadran, représentent une montre simple, car il n’y en a qu’une seule paire apparente. Lorsque l’on veut établir une différence de minutes, on fait développer l’aiguille supplémentaire des minutes et on la conduit sur l’avance ou sur le retard que l’on veut lui faire indiquer ; une fois en place elle s’y maintient et suit le mouvement en conservant la différence établie. On opère de même pour établir la différence des heures. Ce système s'applique également sur un cadran avec double tour d’heure. Le n° 1 de la figure montre les aiguilles fermées, une seule paire est apparente. Le n° 2 montre l’aiguille supplémentaire des minutes développée, marquant 20 minutes d’avance, l’aiguille des heures reste cachée au-dessous de la principale. Le n° 3 montre les deux aiguilles développées marquant 2 heures 10 minutes d’avance. — La montre universelle se trouve chez M. F. Rolet, 34, rue Croix-des-Petits-Champs. Paris.
- Ciseaux pliants. — On a souvent besoin d’une paire de ciseaux, mais les ciseaux ne sont pas un objet commode à porter avec soi dans une poche. Les ciseaux pliants que nous représentons ci-dessous se montent et se replient pour ne plus former]
- Ciseaux pliant, représentés fermés et ouverts.
- qu’un double manche aussi facilement transportable qu’un couteau. Notre figure représente les nouveaux ciseaux, fermés, et. ouverts, dans les deux positions de la manœuvre à faire. — Les ciseaux pliants se trouvent au Comptoir des spécialités brevetées, 86, rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris,
- BIBLIOGRAPHIE ;
- Thermodynamique à l'usage des ingénieurs, par A. Wm, docteur ès sciences. 1 vol. petit in-8° de VEncyclopédie scientifique des aide-mémoire publiée sous la direction de M. Léauté, membre de l'Institut. Gauthier-Yillars et fils et G. Masson, éditeurs. — Paris, 1892.
- Essai sur l'histoire de l'administration de la marine de France, 1689-1792, par M. Lambert de Sainte-Croix. 1 vol. in-8\ Calmann-Lévy, éditeur. — Paris, 1892.
- Protection internationale des inventions brevetées. Législations intérieures et Convention du 20 mars 1883. Conférence de Rome et de Madrid, par M. L. Devaux, docteur en droit, avocat à la Cour d’appel de Paris. 1 vol. in-8°. A. Giard et E. Brière, éditeurs-libraires. — Paris, 1892.
- Traité pratique et élémentaire d'électricité. Tableaux indicateurs et signaux divers. Pose et entretien, par Georges Lanquest. 1 brochure petit in-8°. Chez l’auteur, 1, rue Gay-Lussac. — Paris, 1892.
- Bibliography of the algonquian Languages, by James Con-stantine Puxing. Smithsonian Institution. 1 vol. in-8°. Government Printing Office. — Washington, 1891.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- plique non seulement aux montres neuves, mais aussi aux montres en usage et aussi aux horloges et pendules. Il se compose d’une paire d’aiguilles supplémentaires ajustée au-dessous des aiguilles principales des heures et des minutes d’une
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Pour avoir de belles reines-marguerites. — Nous empruntons ce qui va suivre au Journal des fleurs : « Il existe un etit secret pour avoir des reines-marguerites superbes, nous it le Chasseur français. Ce secret ne consiste pas uniquement à récolter d’excellentes graines et à faire de bons plants. 11 consiste surtout dans une série de repiquages. On les fait lever sur couche et on les repique toutes jeunes en pépinière. Quinze
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- jours plus tard on les repique une seconde fois en pépinière, l>ès que la reprise est assurée, on repique une troisième fois en pépinière toujours, et ainsi de suite jusqu’à ce que les reines-marguerites montrent boutons; alors on repique définitivement, en place et en corbeilles. Par ce procédé, on obtient des plantes trapues, très florifères et des fleurs très doubles., Voilà, dit le Journal des fleurs, ce que l’un de nos confrères va chercher dans un journal de chasse, comme une grande nouvelle. Ce procédé est connu depuis des années, mais, hélas! on ne l’applique pas. Les jardiniers ne se donnent généralement pas la peine de pratiquer ces séries interminables de repiquages. Les pauvres jardiniers sont trop surchargés de besogne. Les propriétaires ne leur pardonneraient pas d’avoir négligé les choux pour avoir fait fleurir les reines-marguerites. Mais les amateurs, qui ont généralement du temps devant eux, peuvent
- ' faire leur profit de la. recette. Nous ajouterons que ce procédé i n’est pas seulement applicable aux' reines-marguerites, mais, d’une façon générale, à toutes les plantes à repiquer, soit qu’il s’agisse de fleurs, soit qu’on ait en vue des légumes de toutes^ sortes. Plus on tracasse la plante dans sa croissance, plus on j multiplie ses racines; plus on change de sol, plus la récolte ; est abondante. »
- i ' - '
- Pour enlever le goût de vase au poisson. — Lorsque le poisson'est encore vivant, on lui introduit dans la bouche une cuillerée à café dé vinaigre, en ayant soin de lui tenir les ouïes-fermées, pour qué le vinaigre pénètre dans l’intérieur du corps du poisson. On augmentera la dose de vinaigre si le poisson est de grosseur exceptionnelle. On peut aussi appliquer le même moyen au poisson tué, avant de l’écailler et de le vider.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49*,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE / VENT DIRECTION ET FORCE DE P A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 27 juin..:. . . 18*,1 S-. 1 Couvert. 0,0 CouV. le m., beau les.
- Mardi 28 . . . . . . . 22",4 E. 1 Beau. 0,0 Beau jusq. 20 h., puiscouv. Eclairs dans la région W. à partir de 8 h. 3/4.
- Mercredi 29 21",2 S. W. 2 Couvert. 4,5 Presq. couvert; tonnerre de minuit et demi à 3 h., pluie de 1 h. 1/2 à 3 h. Nuageux.
- Jeudi 30.. ...... 14",4 N. N. E. 1 Nuageux. 0,0 P.eu nuageux.
- Vendredi 1" juillet.. 14",9 N. 1. Beau. 0,0 Quelques nuages çà et là.
- Samedi 2 15",0 N. N. E. 2 Beau. 0,0 Quelq. nuages le m., puis couv. Nuag. après 17 h.
- Dimanche 3 20",1 S. E. 3 Beau. 0,0 Un peu de pluie de 14 h. 45 à 15 h.
- JUIN-JUILLET 1892. —SEMAINE DD LUNDI 27 JUIN AU DIMANCHE 3 JUILLET 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10, les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromèlrt ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l abri à boule mouillée.
- 1
- Résumé des observations météorologiques faites au parc de Saint-Maur en juin 189t
- par M. E. Renou.
- Moyenne barométrique à midi, 738”",08. Minimum le 23, à 11 heures du matin, 746””,58. Maximum, le 30, à 8 heures et 11 heures du matin, 767””,00.
- Moyennes thermométriques: des minima, 11°,90; des maxima, 22°,66; du mois, 17°,28; moyenne vraie des 21 heures, 16°,89. Minimum le 16, au matin, 4°,5. Maximum le 28, dans l’après-midi, 31°,7.
- Tension moyenne de la vapeur, 9*",36. La moindre, le 13, à 7 heures du soir, 4”“,7. La plus forte, le 29, à 7 heures du matin, 16*“,5. Humidité relative, 66. La moindre, le 8, à 3 heures du soir, 25. La plus grande, le 24, à 3 heures du matin, 100.
- Pluie, 37”",6 en 32 heures et demie réparties en 10 jours; une seule pluie importante, le 23, donne 12"“,3. De plus, 6 jours de gouttes qui n’ont pas marqué au pluviomètre.
- 3 jours de tonnerre. Le 2, un coup de tonnerre loin au sud, à 11 heures
- et demie du soir. Le 23, tonnerre vers le sud-sud-ouest, de 1 heure à 2 heures du matin avec pluie. Le 29, tonnerre vers le sud ouest de minuit et demi jusqu’à 3 heures du matin avec pluie.
- Nébulosité moyenne, 58.
- Température moyenne de la Marne, 20’,06; elle a varié de 17°,20 le 24, à 23°,20 le 10; elle a été au-dessus de 20° pendant 17 jours. La transparence et la hauteur faibles et peu variables.
- Vents dominants du sud à l’ouest, puis du nord-ouest au nord-est.
- Relativement aux moyennes normales, le mois de juin 1892 a présenté les résultats suivants : baromètre plus haut de 0”“,85. Thermomètre plus haut de 0°,55. Tension de la vapeur moindre de 1“”,66. Humidité relative plus faible de 9. Pluie plus faible de 15”“,9. Nébulosité égale.
- Nous avons noté les dates suivantes de floraison : 3, Gaura ; 4, Bague-naudier. Hémérocalle fauve ; 5, Seringat odorant, Tilleul à larges feuilles ; 7, Pois vivace; 9, Véronique à épis; 19, Sumac de Virginie; 2o, Lis blanc, Œnothère odorante ; 25, Monarde ; 29, Yucca filamenteux.
- PHASES DE LA LUNE : P. Q., le 2 juillet, à 2 h. 22 m. du matin.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boite aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVICE DO JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- La conquête du pôle Nord. — Au moment où l’on se
- Care à célébrer le quatrième centenaire de la découverte du reau Monde, au moment où l’on célèbre le succès des Missions Monteil et Mizon dans l’Afrique centrale, il est, ce nous semble, quelque peu humiliant pour l'humanité de songer qu’après des siècles d'efforts, les régions polaires sont encore absolument fermées à l’exploration. Nous ne sommes pas encore parvenus à connaître entièrement la surface du globe que nous habitons : autour des deux pôles de la sphère, il y a des surfaces immenses à traverser et de grands problèmes à résoudre. En attendant que de nouvelles expéditions se préparent, signalons le départ de New-York, d’une mission qui a été organisée par l’Académie des sciences naturelles des Etats-Unis dans le but de retrouver M. R. E. Peary et ses compagnons, qui avaient entrepris un voyage d’exploration scientifique dans les régions nord polaires. Elle a dù partir de Saint-Jean-de-Terre-Neuve le 12 juillet pour le nord du Groenland. C’est un professeur de Philadelphie, M. Angelo Ileilprin, directeur de l’Académie des sciences naturelles de cette ville, qui est chargé de la diriger. M. Peary, qui est un ingénieur civil de la marine, était parti dans l’intention d’atteindre la baie de Mac-Cormick, qui se trouve située à 400 milles au nord de l’établissement d’Esquimaux le plus septentrional, et où il arriva, non sans avoir couru de grands dangers, le 27 juillet de l’année dernière. — Le pôle nord res-tera-t-il toujours à l’état d’énigme ?
- INFORMATIONS
- — Le Conseil municipal de Paris a adopté le projet de chemin de fer tubulaire de Montmartre de M. l’ingénieur Bernicr. Le chemin de fer sera funiculaire à traction électrique. La locomotive se remorquera sur un câble toueur fixé en terre aux deux extrémités, d’après le système présenté par l’ingénieur italien Agudio à l’Exposition de 1863. Le point de départ sera Pilot dessiné par l'intersection du faubourg Montmartre et des rues de Maubeuge et Lamartine. 11 passera sur le haut de la butte et aura son terminus à l’iuterscction des rues Championnet, Duhem et du boulevard Ornano. Six stations seront établies sur le parcours, au carrefour Châteaudun, au boulevard Rochechouart, à la place Saint-Pierre, à la butte Montmartre, à la place Marcadet et au carrefour Championnet. La station de la place Saint-Pierre sera à 20 mètres au-dessous du niveau du sol et desservie par des ascenseurs. Cette voie sera la première exploitée par l’électricité à Paris.
- —%— Le grand-duc de Bade a récemment acheté à la vente de la collection Gimpel, une grande porte du quatorzième siècle dont il a fait don au Musée germanique de Nuremberg. Cette porte, souvenir local curieux, doit provenir du vieux Burg de Nuremberg; elle est ornée de plaques de fer empreintes de figures d’aigles héraldiques et porte encore de belles ferrures.
- —®— Un grain de blé égaré au milieu d’une jeune luzernière avait, au printemps, produit une si belle touffe de chaume qu’un
- naturaliste, curieux de voir ce qui en sortirait, le fit entourer d’un filet pour le protéger contre les déprédations des moineaux. Juillet vint, on l’arracha. Il comprenait cinquante-six tiges dont quatre stériles et produisit 1551 grains.
- —Les commissaires australiens continuent méthodiquement les améliorations du port de Melbourne et de la rivière Yarra qui traverse la ville. Le cours de cette rivière a été rectifié, approfondi et élargi au point que les navires calant 7m,30 peuvent la remonter et accoster le long des quais des deux rives qui ont 1 mille et demi de longueur. En outre, on a construit un nouveau bassin donnant accès au Yarra et qui est le plus grand du monde après le Caven-dish Bock de Barrow-in-Furness. Le plus grand bassin de Londres a 31h,58 de superficie, tandis que celui de Melbourne a 40h,65 et une longueur de quais de 2740 mètres. Ce dernier bassin aura o480 mètres de longueur de quai, lorsque le second quai qui doit le longer sera terminé. 11 pourra recevoir alors 55 navires de 91™,50 de longueur. Les travaux d’excavation exécutés pour lui donner sa profondeur actuelle de 7m,52, ont coûté, à eux seuls, la somme de 4 500 000 francs, d’après un Rapport du consul général de Belgique à Melbourne, en date du 28 mars 1892.
- —Un peu de statistique postale. De 1877 à 1889, la circulation des lettres affranchies a passé, en cbittres ronds, de ol2 à 570 millions ; celle des lettres insuffisamment affranchies a diminué de plus de moitié, 2867 273 en 1889 contre 5824727 en 1877. Les cartes postales ont augmenté de 50 à 41 millions, les journaux de 192 à 590, les imprimés ordinaires de 132 à 343, les échantillons de 11 à 25 millions, etc. Cette circulation énorme ne nous place cependant pas au premier rang, puisqu’on compte en France 19 lettres par habitant, alors que la Granae-Bretagne en a 43, la Suisse et les Etats-Unis 50, l’Allemagne 22. C’est que la taxe d’affranchissement d'une lettre simple est de 10 centimes en Angleterre, en Suisse, aux Etats-Unis, en Belgique, etc., (10 centimes et demi en Allemagne), tandis qu’en France elle est encore de lo centimes. Or, l’expérience a toujours montré que toute diminution de la taxe des lettres entraîne bientôt un développement du trafic postal, et la diminution momentanée des recettes pourrait être supportée sans peine, puisque, Fan dernier, le bénéfice net sur les recettes postales et télégraphiques a été de 54 millions, et qu un tel gain offre une belle marge aux réformes.
- —^— D’après Industries, une importante installation est sur le point d’être érigée pour la transmission de la lorce à Albino, en Lombardie. Un barrage d’une longueur de 102 mètres sur 2”,50 de hauteur retiendra les eaux du Sério qui, par un canal de 690 mètres de longueur, pénétreront dans une conduite ayant un développement de 310 mètres, et un diamètre de 2 mètres, les amenant aux turbines situées à Cesse. La hauteur totale de chute est d envnon 15 mètres. Il y aura trois turbines, chacune d’une puissance de 525 chevaux, construites par la maison Escher, Wyss et C‘e. Les armatures des dynamos de 1500 volts à courant continu seront placées sur l’arbre vertical des turbines. L énergie s t& transmise â une distance approximative de 5200 mètres, et fournie aux établissements de filature et tissage de M. llonegges, Spoerry et C'e. Le matériel électrique sera livré par les ateliers d (Erlikon.
- Le 1er juillet, trois escadrons du 7e hussards allemands en garnison à Bonn, sous le commandement de leur colonel, ont exécute des exercices de natation dans le Rhin. Le Rhin a été traverse dans toute sa largeur à Mondorf sans que les chevaux aient eu à vaincre une très grande résistance. C’est, croyons-nous, la première fois qu’un passage du Rhin par de la cavalerie a eu lieu depuis 1813.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES;
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le parachute-jouet se trouve chez M. Renaut, 86, rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris.
- Communications. — M. A. Decohorne, à Avignon, nous envoie une brochure sur le régleur solaire qu’il a inventé. Cet appareil est destiné à régler les horloges publiques et privées se trouvant sur ,1e territoire français, en donnant l’heure légale depuis 10 heures du matin jusqu’à 2 heures du soir, à la condition qu’il fasse du soleil pendant ce temps.
- M. C. Ginoulhac, à Yernet, nous adresse une photographie exécutée l’hiver dernier ; elle représente un alcarazas qui, rempli d’eau, a été laissé dehors pendant les gelées. L’eau a suinté et s’est congelée en formant de petits blocs de glace qui semblent posés sur la surface extérieure.
- M. J. de Freitas Branco, à Mozambique (Afrique orientale), nous écrit au sujet de notre article sur le fusil à répétition en 1892 (n° 985, du 16 avril 1892), et nous dit que l’armée et la marine portugaises sont toujours armées depuis 1887 du fusil à répétition Kropatschek de 8 millimètres, modèle 1886. L’auteur a simplement voulu indiquer que cette nation étudiait un nouveau modèle.
- M. E. Roger, à Châteaudun, nous envoie le résumé des observations météorologiques faites dans celte ville pendant le mois de juin 1892.
- M. Miguel Saderramata, à Manda, nous adresse le Bulletin des observations météorologiques effectuées pendant l’année 1891, dans l’Observatoire de Manda dont il a la direction.
- M. E. Cartailhac, à Toulouse, nous écrit, au sujet de notre précédente Notice sur les objectifs photographiques (et dans laquelle nous regrettions qu’il n’y ait pas d’enseignement pho-thographique), que la photographie est depuis un an, à la Faculté des sciences de Toulouse, l’objet d’un cours officiel et régulier. Ce’ cours est fait par M. Favre, professeur de chimie industrielle. Nous ferons observer que le professeur de chimie a choisi la photographie comme sujet du cours; mais ce n’est pas là une chaire spéciale de photographie.
- Renseignements. — M. M. N., à Versailles —Nous avons précédemment décrit les premiers modèles de transformateurs à huile; voyez le 11“ 957, du 5 octobre 1891, p. 274, et le n° 960, du 24 octobre 1891, p. 525.
- M. L. D., à Rochessadoule. — Votre temps de pose à l’ombre pour portrait est beaucoup trop court; vous pouvez, dans ces conditions, poser deux ou trois secondes et même plus.
- M. J. Sonnet, au Fournay (Cher). — La vitesse d’écoulement de la vapeur est la même que celle des gaz; elle est égale
- à V = 594 (I + <*T). P' est la tension de la vapeur,
- P est la tension du milieu dans lequel s’écoule la vapeur, D est la densité de la vapeur par rapport à l’air, T la température de la vapeur, a le coefficient de dilatation des gaz, V la vitesse d’écoulement en mètres par seconde.
- M. A. Larrieu, à Bordeaux. — 1° La composition de cette cire n’est pas connue. — 2e Vous pourriez essayer de mélanger un peu de paraffine.
- M. J. Atristain, à Oaxaca (Mexique). — L’adresse du constructeur est donnée en tête de la Boîte aux lettres du numéro qui contient la description de l’appareil : M. T. Munier, 5, rue Guilhem, à Paris.
- M. J. B. de M., à Lyon. — Le papillon dont vous nous envoyez la photographie est un Lépidoptère : le Petit Sylvain (Limenitis Sibylla).
- M. 0. Cardias, à Paris. — On a déjà fait des appareils analogues; nous ne saurions décrire votre système. Tous nos regrets.
- Un abonné, à Paris. — Vous trouverez quelques renseignements sur des expériences analogues dans les articles qui ont été consacrés à la description des expériences de M. Tesla sur
- les courants alternatifs de grande fréquence (n° 950, du 15 août 1891, p. 162, et n° 979, du 5 mars 1892, p. 209),
- M. Ch. Virton, à Paris. — Nous avons décrit précédemment un piège de ce genre. Remerciements. j
- M. J. G. Billitzer, à Vienne, — Un appareil photographique aussi bon marché ne peut être de très bonne qualité. Nous nç pouvons vous conseiller; consultez les annonces.
- M. G. C. B., à Châlons-sur-Marne. —La nouvelle adresse de M. Mathieu Martain est la suivante : 42 bis, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
- M. E. de B., à Paris. — 1° Le Moniteur scientifique du Dr Quesneville, 12, rue de Buci, à Paris. — 2° Remerciements.
- M. M. Hentgen, à Metz. — Une immersion de quelque durée dans le sulfate de cuivre étendu est certainement préférable.
- M. E. Boigeol, à Giromagny, — Il faut traiter l’ossement par l’eau additionnée de carbonate de soude.
- Un abonné des Landes. — 1° Il faudrait laisser tremper la partie supérieure de la pile dans l’eau chaude. — 2° La température d’inflammation peut servir à déterminer la qualité d’une essence; mais il est nécessaire de faire quelques essais de laboratoire. — 5° Il importe de surveiller cet appareil.
- M. Laporte, au Mans. — Voiture à vapeur Serpollet, 27, rue des Cloys, à Paris.
- M. R. S., à Paris. — Il existe un grand nombre de calorifuges pour conduites à vapeur, chaudières, cylindres de machines à vapeur ; mais nous estimons que pour chaque cas particulier il convient d’étudier et de composer le calorifuge qui peut convenir. Vous trouverez des renseignements à cet égard dans une brochure que M. A. Hermel, 27, rue de Berlin, vient de publier.
- M. A. J., à Lyon. — On fabrique actuellement une grande quantité de lampes à incandescence; on compte, en movenne, sur une dépense de 5,5 à 4 watts par bougie.
- M. X., à Arras. — Nous avons décrit, dans les Petites inventions (Boîte aux lettres, du n” 958, du 10 octobre 1891) un siphon vide-bouteilles qui pourrait vous convenir.
- M. Léon Masse, à Vendôme. -— Nous ne çrovons pas que des expériences aient jamais été faites à ce sujet. Mais, pour éviter tout accident, il suffirait de garantir les balais, soit par une cage de verre, soit par tout autre protecteur approprié.
- M. Robert, à Saint-Sébastien. — Lampes à pétrole : M. Bes-nard, 28, rue Geoffroy-Lasnier ; et MM. Conquérant et Pottier, 86, boulevard Magenta, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. A. Meyer, à Lille. Cet ouvrage est édité par la librairie Gauthier-Viilars et fils, à Paris. — M. Cachoud, à Chambéry. Nous ne connaissons pas cette nouvelle substance. — M. P. Dupuis, à Lyon. Il faudrait vous adresser aux marchands de produits chimiques. — M. E. Graeub, à Mulhouse. Voyez la Science pratique. (G. Masson, éditeur.) — M.A. B. H., à llaubourdin. Vous pourriez essayer les émulsions de pétrole, comme cela est indiqué dans les Nouvelles Recettes utiles, à la même librairie. — Un abonné, à Paris; M. J. B. Balland, à Vézelise. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Un nouvel alliage couleur d'or. — On annonce qu’on a trouvé le moyen de fabriquer un alliage qui a la même couleur que l’or et qui se compose de 100 parties de cuivre et de 6 parties d’antimoine. On commence par faire fondre le cuivre et on ajoute ensuite l’antimoine. Une fois les deux métaux en fusion et suffisamment mélangés, on ajoute à la masse, dans le creuset, des cendres de bois, du magnésium et du carbonate de chaux, ce qui a pour effet d’augmenter la densité du métal. Cet alliage peut être laminé, forgé et soudé de la même manière que l’or, auquel il ressemble beaucoup après qu’il a été poli. Il conserve sa couleur, même quand on l’expose à l’action de l’ammoniaque et des vapeurs nitreuses. Cet alliage, en lingot, revient à 2fr,75 le kilogramme (Journal de l’horlogerie.).
- Succédané de la gomme arabique. —Le Journal de pharmacie d’Anvers publie une curieuse recette à ce sujet. Nous la reproduisons. On fait bouillir 1 partie de semence de lin avec 8 parties d’acide sulfurique dilué et 8 parties d’eau. Le mélange épaissit considérablement au début, puis se fluidifie peu à peu après quelque temps d’ébullition. Lorsque le liquide est de nouveau bien fluide, on le filtre et on ajoute à la solution quatre fois son volume d’alcool concentré. Le précipité obtenu est recueilli, lavé à l’alcool, puis séché. On obtient ainsi une substance amorphe, incolore, insipide, ayant toutes les allures de la gomme arabique, soluble comme elle dans l'eau et donnant un mucilage épais.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- “seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu'aux lettres, reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- PÊCHES DIVERSES. — Dessins inédits de À. Robiiu
- 1- Le Carré dans les eaux tranquilles des retenues ou des bassins. Charmant avec le soleil chauffant le dos du pêcheur et la bonne brise de mer arrivant par-dessus les herbages salés. — 2. Barque sardinière de Concarneau. — 3. La relève des casiers à homards. Une série d’émotions ! Rien dans certains casiers ou seulement quelque congre indiscret, et dans les outres tout un grouillement de carapaces, de pattes et de pinces ! — I. La pêche eu travers de l’Hérault, presque sous l’église, devant la vieille ville d'Agde. — 5. La pêche aux équilles. Côtes d’Arromanches. A certains jours, à certaines heures, quelquefois la nuit à la lanterne. Pêcheurs et pêcheuses traînant la charrue, ouvrant le sable; — dure besogne! — béquille argentée saute dans le sillon, mais elle est vite saisie et jetée dans le panier
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- BIBLIOGRAPHIE
- L'art de passer son temps au bord de la mer, par Mme Louise Rousseau. 1 vol. in-18, avec 80 gravures et 4 planches en couleurs. H. Laurens, éditeur, 6, rue de Tournon. — Paris, 1892. Prix : 2 francs.
- L'art de faire un vitrail, par M. L. Otti.v, professeur dans les écoles professionnelles de la Ville de Paris. 1 vol. in-8°, avec 66 dessins ou modèles. U. Laurens, éditeur. — Paris, 1892. Prix : 2 francs.
- L’art de peindre les fleurs, par M. G. Fraipont, professeur à la Légion d’honneur. 1 vol. in-8^, avec 50 dessins inédits. II. Laurens, éditeur. —Paris, 1892. Prix : 2 francs
- L’art de peindre les paysages, par M. G. Fraipont. 1 vol. in-8°,
- avec 50 dessins. H. Laurens, éditeur. — Paris, 1892. Prix : 2 francs.
- L’art de peindre les marines, par M. G. Fraifont. 1 vol. in-8°, avec 50 dessins. II. Laurens, éditeur. — Paris, 1892. Prix : 2 francs.
- L’électricité à la portée des gens du monde, par Paul Vibert. 1 vol. in-18. J. Michelet, éditeur. — Paris, 1892. Prix : 5 fr. 50.
- Excursion dans l’Amérique du Nord, par M. Albert Gaudrï. Extraits du Bulletin de la Société géologique de France. 1 brochure in-8’. — Paris, 1891.
- L’Extrême Sud algérien. Contributions a l'histoire naturelle de cette région, par Jean Dybowski. 1 brochure in-8“. -Paris, Ernest Leroux, 1892.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49*,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 4 juillet . . . 18*,3 S. W. 2 Couvert. 0,0 Couvert de 7 h. à 14 h.; tr. nuag. avant et ap.; gouttes à 18 b. et 21 h.; alm. tr. claire.
- Hardi 5 17*,3 W. 2. Très nuageux. 0,0 Peu nuag. jusij. 18 h.;couv. ensuite; halo et grand halo; atmosph. très claire.
- Mercredi 6 15*,7 S. W. 3 Couvert. 2,1 Couv. jusque 7 h., puis nuageux; beau après 20 h.; pluie de 1 h. à 3 h.; quelques gouttes à 4 h.
- Jeudi 7 17*,2 S. W. 3 Presque couvert. 0,0 Très nuageux surtout le matin; atm. très claire.
- Vendredi 8 16',1 W. 3. Peu nuageux. 0,0 Couvert jusque 5 h.; puis nuageux, beau apr. 18 h.
- Samedi 9 16',2 E. N. E. 1 Beau. 0,0 Peu nuageux jusque 15 h.; beau ensuite; atm. tr. claire.
- Dimanche 10 18',2 N. W. 2 Beau. 0,0 Beau jusque 10 b., peu nuag. jusq. 15 h., beau du reste.
- JUILLET 1892. -SEMAINE DU LUNDI 4 JUILLET AU DIMANCHE 10 JUILLET 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tremblement de terre au Mexique. — Des secousses de tremblement de terre ont été ressenties à Guadalajara (Mexique), les 24 et 25 juin. La première, qui s’est produite le 24, a duré dix-huit secondes, brisant les croisées et lézardant les plâtres. Des centaines d’habitants ont passé la nuit dans les rues. Le 25, une seconde secousse a démoli plusieurs édifices. Il y a eu de nombreux blessés.
- Le volcan Colima a vomi des masses de soufre, de lave et de fumée.
- Tes orages. •— De nombreux orages ont éclaté récemment en divers points de la France. A Paris, le 29 juin, la foudre est tombée plusieurs fois sur la Tour Eiffel. A Tours également, le même jour, plusieurs orages
- successifs ont eu lieu, et le tonnerre s’est abattu sur les communes de Joué, Ballan et de Saint-Pierre-des-Corps.
- A la date du 3 juillet, des orages accompagnés de foudre ont éclaté dans les régions de Castelnaudary et de Carcassonne. Ils ont été de courte durée. Dans cette dernière ville, la journée du 4 juillet a été marquée par d’autres orages à la suite desquels l’Aude a crû dans de grandes proportions. A Limoux, la rivière devenue torrentueuse charriait des pièces de bois et des branches d’arbre ; les eaux des ruisseaux de la ville, subitement gonflées, atteignaient jusqu’à 10 centimètres dans les habitations. Vers 10 heures du soir, la crue de l’Aude était de 1",20.
- Parmi tous ces orages, nous devons mentionner aussi celui qui s’est abattu le même jour sur Cerbère. Plusieurs maisons ont été inondées. Des arbres ont été déracinés. La grêle, tombée en abondance, a ravagé les récoltes. Les grêlons étaient de la grosseur d’une noix.
- PHASES DE LA LUNE : P. L., le 10, à 1 h. 53 m. du matin.
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- HYGIÈNE ET SANTÉ
- L’INSOLATION
- Les effets de la chaleur solaire sur l’organisme se manifestent sous deux formes bien différentes comme symptômes et surtout comme gravité : dans l’une, il s’agit d’une simple irritation du tégument, le coup de soleil vulgaire ; dans l’autre, l’action des rayons calorifiques amène des troubles de la circulation, de véritables congestions. La première est le coup de soleil que l’on attrape en circulant longtemps exposé au soleil, sans être abrité suffisamment par un chapeau ou un vêtement. La réverbération des rayons à la surface de l’eau, sur la neige des glaciers, provoque cette irritation d’une façon plus intense, et l’on sait qu’il est recommandé aux alpinistes de porter lunettes et voile bleus. Ce coup de soleil n’est qu’une irritation du tégument, inflammation légère, un érythème ; la peau devient rouge, luisante; on éprouve une sensation de démangeaison plus ou moins vive, que calme à peine l’eau froide. Cet érythème peut devenir parfois assez intense pour amener un gonflement assez prononcé, provoquer un léger mouvement fébrile et simuler un érysipèle. En général cependant, tout se borne à cette coloration rouge sur le point frappé, visage, cou, bras ou jambes. Le deuxième ou troisième jour, la peau desquame légèrement et tout rentre dans l’ordre.
- Pour calmer cette irritation, le moyen le plus à la portée, quand on est en marche, est l’eau fraîche ; une compresse faite avec un mouchoir modère l’irritation. Une fois rentré à la maison, lotionnez la partie enflammée avec un peu d’eau amidonnée, puis étendez dessus une couche de cold-cream ou de vaseline ou saupoudrez simplement avec de la poudre de riz. Si la démangeaison est vive, mettez un peu de vaseline à l’oxyde de zinc, au dixième. Comme prophylaxie, larges chapeaux de paille ou ombrelle et le corps couvert d’un vêtement, si léger qu’on le veuille.
- L’autre forme d’insolation est infiniment plus sérieuse. C’est le coup de chaleur qui frappe l’individu qui traversé une place ensoleillée, un jour d’été et à température élevée ; c’est le coup de chaleur qui fait tomber dans les rangs pendant une marche, une revue, le soldat fatigué, sanglé dans son uniforme. Il s’agit là d’un état syncopal et asphyxique, d’une sorte de congestion soudaine à laquelle il faut porter prompt remède. Dans les pays tropicaux ces accidents sont des plus graves. Un Européen qui s’expose sans chapeau aux ardeurs du soleil risque fort d’ètre sidéré ou de contracter une méningite mortelle. Dans nos pays, sans être aussi dangereux, les rayons d’un soleil brûlant, comme dans certains étés, peuvent provoquer des accidents analogues.
- Avant tout, il faut étendre le malade dans un endroit frais, à l’ombre d’un arbre, sur le bord d’un fossé, le long d’un buisson; ouvrir largement les vêtements, dénouer la cravate, le col de chemise, desserrer la poitrine pour faciliter l’accès de l’air frais. Puis on s’empressera de bassiner le front, les tempes, avec de l’eau fraîche ; on tâchera de faire ingurgiter quelques gor-
- gées d’eau additionnée, s’il se peut, d’une légère quantité d’eau-de-vie ou d’une liqueur aromatique. Dans les cas légers, ces soins suffisent; avec du repos à l’air frais ou dans une pièce bien ventilée, la température s’abaisse progressivement, une légère sueur survient en même temps que le malade s’endort. Il sera bon de donner le lendemain un léger purgatif pour achever de rétablir toutes les fonctions.
- Si l’insolation amène une sidération complète, avec perte de connaissance, résolution des membres, il faut des affusions froides plus énergiques, faites sur toute la surface du corps ; il sera utile d’employer la glace sur la tète et de pratiquer la respiration artificielle. La révulsion sur les membres inférieurs devra également être plus forte; il faudra recourir aux sinapismes, voire aux vésicants. La saignée est indiquée pour remédier à cet état comateux, mais nous empiétons là sur les fonctions purement médicales, et, quand l’accident a ce degré de gravité, il ne faut se contenter de ces premiers soins qu’en attendant l’arrivée du praticien, seul bon juge de l’opportunité d’employer tel ou tel moyen. DrX...
- INFORMATIONS
- —5^— M. Charles Rabot a quitté Paris pour entreprendre un nouveau voyage dans les régions polaires. Notre collaborateur s’est embarqué le 20 à Edimbourg à bord du transport aviso la Manche, commandé par le capitaine de vaisseau Bienaimé. Ce bâtiment doit, dans le courant de 1 été, visiter l'ile de Jan Mayen et faire une croisière dans l’océan Glacial. Le Ministère de l’instruction publique a chargé M. Rabot d’explorer cette terre polaire de concert avec le commandant Bienaimé et d’en rapporter des collections scientifiques destinées à nos musées nationaux. Trois expéditions seulement ont pu jusqu’ici arriver à Jan Mayen.
- —— On projette actuellement en Bohême d’établir une nouvelle jonction entre les voies ferrées autrichiennes et allemandes dans la région du Riesen Gebirge (montagne des Géants) et des sources de l’Elbe. Le nouveau tronçon, s’embranchant sur la ligne Gorlitz-Rei-chenberg-Turnau, passera par Gablonlz, Tannwald, et ira de là jusqu’à Polaun et N'euwelt à la frontière allemande. La nature du terrain très accidenté dans ces hautes régions obligera peut-être à construire un chemin de fer mixte partie à voie ordinaire, partie à crémaillère. En Silésie, dans le pays dit das tiesenke, on a ouvert le 29 juin dernier le tronçon de voie ferrée Troppau-Bennisch de la compagnie Kaiser Ferdinands-Nordbahn. Le pays d’occupation (Occm-pahonsgebiel), c’est-à-dire la Bosnie et lTlerzégovine, vient d’être visité récemment par des ingénieurs des chemins de fer et des agents techniques français, en vue d’étudier le système de chemin de fer à voie étroite de ce pays.
- —^— Une dépêche de New-York a annoncé qu’un accident terrible est arrivé dans une aciérie à Braddock, en Pensylvanie. Quelques ouvriers manœuvraient un pont roulant, quand celui-ci vint en contact avec dles fils d’éclairage électrique à haute tension ; la masse du pont se trouva reliée au circuit et tous les ouvriers furent foudroyés ; deux sont morts sur le coup et les autres ont été plus ou moins blessés.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour tout ce qui concerne le «Théâtre optique», s’adresser àM. Reynaud, 58, rue Rodier, à Paris. .
- Communications. — Plusieurs lecteurs nous ont adressé des réclamations au sujet d’irrégularités dans le service de La Nature, à laquelle ils s’étaient abonnés en dehors de notre administration. Nous nous empressons de faire savoir à ce sujet que La Nature n’emploie .aucun intermédiaire pour recueillir des abonnements à domicile. Elle n’autorise personne à faire en son nom des offres ou des promesses d’avantages spéciaux ou de réduction de prix. Tous ceux qui traitent dans ces conditions doivent savoir qu’ils ne sont pas en relations directes avec l’administration du journal, qui n’a même jamais connaissance de leur nom et qui ne peut être responsable d’un service qui n’est pas fait par elle.
- T/, W. Blais, à Pont-Rousseau (Loire-Inférieure), au sujet de la course de la Société du Vélo-Sport français, dont il a été question dans les Informations du n°997, du9 juillet 1892, nous écrit qu’une course de ce genre a eu lieu le 27 juin dernier entre Pont-Rousseau et Pornic, aller et retour en passant par Vue. La distance totale était de 100 kilomètres et le nombre des coureurs de 51; elle a été parcourue en 5“42m4' par le 1er, et en 5h2m45s par le 23e.
- Le même correspondant nous communique des renseignements sur la marche de Nantes à Machecoul (40 kilomètres), qui a été effectuée le 10 juillet dernier par 129 coureurs. Un caporal du 64e de ligne est arrivé premier après un trajet de 5h 42m; il a donc fait 0km,180 par minute, soit 10km,810 par heure.
- M. J. Pauthe, à Salon, nous informe également que, le dimanche 10 juillet une course de marcheurs avait été organisée entre Salon et Marseille. La distance totale aller et retour était de 100 kilomètres. Huit marcheurs sur trente-quatre inscrits ont effectué le parcours en entier. Le premier a mis 11h45™ 15a, le second, 1 lh45m 16B, et le troisième, 12h44m.
- M. P. Lauriol, ingénieur des ponts et chaussées à Paris, nous écrit à propos des récentes expériences de M. Cailletet et nous rappelle qu’un savant américain, M. Langley, avait effectué en 1891 des recherches analogues. Le dispositif adopté par M. Langley entraînait des erreurs que M. Cailletet a évitées dans ses derniers travaux. Nous ajouterons que MM. Cailletet et Colardeau ont rappelé, dans leur Note à l’Académie des sciences, les expériences de M. Langley.
- M. J. L. H., a Schiltigheim, nous écrit que le port d’une lettre en Allemagne est de 12,5 centimes, et non 10,5 centimes, comme nous l’avons indiqué dans les Informations des Nouvelles scientifiques du n° 998, du 16 juillet 1892.
- M. S.-C. Hepites, directeur de l'Institut Météorologie de Roumanie, à Bucharest, nous adresse le relevé des observations météorologiques effectuées pendant le mois de juin 1892 dans les observatoires de Bucharest, de Sulina et de Sinaïa.
- M. le secrétaire général de la Société industrielle de Mulhouse nous envoie le programme des prix proposés en assemblée générale le 25 mai 1892, à décerner en 1895. Les personnes qui voudraient avoir des renseignements à ce sujet peuvent s’adresser directement à la Société industrielle de Mulhouse.
- MM. Matray, ingénieurs à Paris, nous écrivent que l’outil multiple décrit dans La Nature en 1891 a été inventé par M. Henry Port. Nous enregistrons celte réclamation, faisant observer qu’il n’v avait pas de nom publié dans la notice.
- M. Jean Platania, notre collaborateur à Aciréale (Sicile) nous envoie la note suivante : « Le 8 juillet, à 10h 30“ du soir, du cratère central de l’Etna s’éleva un panache de vapeurs et de cendres qui formèrent le pin caractéristique. Le lendemain 9, à lh 15m de l’après-midi, la lave se fit jour dans le côté sud de l’Etna. L’éruption, assez violente, a duré plusieurs jours. »
- Renseignements. —- M. L. Boillot, à la Chaux-de-Fonds. — Accumulateurs : Société anonyme pour le travail électrique des métaux, 13, rue Lafayette, à Paris.* 1
- M. Paul Bérenguier, à Nîmes. — Vous trouverez quelques livres sur l’hydraulique et ses applications à la librairie Ë. Bernard, 53 ter, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. L. P., & Toulouse. — 1° L’étoffe des ballons est faite en soie de Chine (ponghée), qui se trouve aux magasins du Bon Marché ou du Louvre recouverte d’un vernis imperméable, — 2° Un ballon tel que celui que vous désirez, coûterait environ 3000 francs.
- M. A. Guigou-Costa, à Marseille. — Nous ne saurions vôus renseigner sans de plus amples explications. Cette machine ëst-elle destinée à l’électrolyse d’un liquide? a-t-elle pour but d’actionner un trieur de minerais?
- M. Hutchinson, à Paris. — La poudre de pvrèthre détruit parfaitement les cafards ; mais il faut que cette poudre soit de bonne qualité. Vous en trouverez à la maison Darrasse ët Lan-drin, 13, rue Pavée-au-Marais.
- M. E. Basset, à Provins. — Nous avons publié un plan d’ensemble à l’échelle de la piste de l’Hippodrome de'.Paris dans le n° 939, du 30 mai 1891, p. 411.
- M. d'Adhémart, à Toulouse. — L’inventeur a dû vous écrire directement : le siphon élévateur ne saurait fonctionner sans chute d’eau. Ce serait alors un mouvement perpétuel.
- M. L. Cyme, à Marseille. — Ces appareils peuvent être employés utilement, mais ils ne valent pas les autres.
- Un abonné, à Sarrance. — Nous croyons que dans l'êtût actuel de la science, le problème n’est pas soluble.
- L'abonné 678, à Dijon. — Nous avons publié une série d’articles sur les projections; consultez le n° 900, du 30 août 1890, p. 195; le n° 911, du 15 novembre 1890, p. 373; le n° 922, du 31 janvier 1891, p. 134; et le n° 950, du 28 mars 1891, p. 269.
- M. C. M., à Nancy. — Il faut mettre des morceaux d’amiante sur les côtés des plaques des accumulateurs ; mais il faut laisser libres les deux surfaces en regard.
- M. C. Auriol, à Paris. — Les adresses des principales maisons d’électricité sont données dans le dictionnaire de Bottin; consultez aussi le supplément du mois de décembre 1891, du bulletin de la Société internationale des électriciens, 44, rue de Rennes.
- M. J. P., à Paris. — Voyez le Traité des feux d'artifice, par M. Amédée Denisse, chez l’auteur, à Bry-sur-Marne (Seine).
- M. C. Leroux, à Saint-Aignan. — Il faut, en effet, 50 accumulateurs pour assurer la différence de potentiel nécessaire. La capacité doit être de 150 à 160 ampères-heure.
- M. H. Couturier, à Vizille. — La densité de courant à admettre dans un conducteur dépend de plusieurs conditions; nous vous conseillons de consulter le Formulaire pratique de ! électricien, parM. E. Hospitalier, à la librairie G. Masson.
- M. E. Thurneyssen, à Andrésy. — Le liquide employé est du chlorure de cobalt; voyez à ce sujet l’article publié dans le n° 194, du 17 février 1877, p. 189.
- M. A. Beaurin, à Sedan. — Les petits moteurs à vapeur et au pétrole seuls jusqu’ici ont donné des résultats pratiques, adressez-vous à MM. Serpollet, 27, rue des Cloys, à Paris, et à MM. Peugeot, à Valentignev (Doubs).
- M. B. de M., à Arras. — Nous avons déjà signalé cette application ; nous n’avons pas de plus amples renseignements.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. E. Dory, à Paris Pas d’ouvrage sur ce sujet. — M. H. Godin, à La Grée. Votre lettre a été envoyée à destination. — M. E. Séguela, à Saint-Gaudens. II ne faut pas se hâter d’ajouter foi aux annonces de ce genre. — M- R. J. Emilier, à Melle-Iez-Gand. Il nous est impossible d’entrer dans une série de détails un peu trop techniques. Tous nos regrets.
- — M. Bonneau, à Vandenesse. Remerciements pour votre communication. — M. E. Albin, à Paris. Nous regrettons de ne pas connaître cette adresse. — M. M. L. T., à Mâcon. Consultez les traités de photographie. — M. A. H. J., à Lyon. Adressez-vous à M. La-chambre, aéronaute, 24, passage des Favorites, à Paris-Vaugirard.
- — M. E. G., à Yascœuil. Consultez la Science pratique. (G. Masson,
- éditeur.) — M. L. Rousselet, à Malaunay. Vous trouverez des formules de vernis dans les Recettes et procédés utiles, à la même librairie. — M. J. Plassard, à Villers-sur-Mer. Aucun article de ce i genre, croyons-nous, n’a été publié. — 31 "e B. J., à X. Nous regrettons de ne pas avoir d’autres renseignements que ceux publiés dans le journal. — M. R. Unal, à Angers. Nous ne pensons pas que vous trouverez ces appareils d’occasion. — M. A. Gama, à Porto. Nous n’avons pu trouver la formule exacte de ce siccatif. i
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren- j seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes j les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n'est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison, j
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- PETITES INVENTIONS1
- Cafetière A pression. — Notre croquis représente la nouvelle cafetière à pression et à ascension réglée. On la voit en A toute montée. Sa manœuvre est très facile. En dévissant les écrous du tube d’ascension externe D elle se sépare! en trois parties : 1° le bouilleur, muni d’une anse pour le transporter, d’une soupape de sûreté et d’un sifflet avertisseur; 2° le chapiteau à filtre qui contient le café moulu ou pilé, il est muni d’une cloche en verre trempé qui permet la vue de l’opération ; enfin, 3° un réservoir de cristal, muni d’un robinet, qui se place entre le bouilleur et le chapiteau. Sur son réchaud à alcool ou
- Cafetière à pression et à ascension réglée.
- sur n’importe quel fourneau, cette cafetière donne, en dix minutes avec 21 grammes de café, trois tasses d’un breuvage ayant les qualités qu’exigent les gourmets. Elle fait également bien le thé, le maté et les infusions. Le réchaud mérite une mention spéciale. Son trépied B est muni de trois arcs de cercle mobiles, qui permettent d’y adapter toutes grandeurs de récipients. Le brûleur, à flamme forcée de la lampe à alcool C, est en cuivre fondu d’une seule pièce, il se règle au moyen des ailettes du régulateur de flannne représenté levé en C et baissé en A. Avec cette lampe et ce trépied, le réchaud peut servir à tous les usages de la cuisine. — On peut se procurer cette cafetière chez MM. Ed. Kirmairet Cio, 49 bis, rue Lehot, à Asnières (Seine).
- Tréteau pliant. — Les tréteaux qui sont si utiles pour dresser des tables, ont un grand inconvénient : quand on ne s’en sert plus, ils tiennent beaucoup de place et sont des objets embarrassants. .Rien de semblable avec le tréteau pliant, que l’on voit fermé, à gauche de la figure, et ouvert à droite. La partie supérieure du tréteau est en bois de chêne, les quatre
- Tréteau pliant.
- pieds qui s’ouvrent, se replient (on voit en A le détail d’une charnière), sont en fer. Ce tréteau, quoique très léger, est fort solide. Quand on en a fait usage et qu’il est replié, il ne tient pas plus de place qu’une planche. De nombreux tréteaux de ce genre superposés, sont serrés facilement n’occupant qu’un petit volume. — Les tréteaux pliants se trouvent au Comptoir des spécialités brevetées, 86, rue du Faubourg-Sainf-Denis, à Paris.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Pied-canne en aluminium pour chambre photographique. — Les appareils de ce genre rendent des services aux amateurs de petites chambres à main, avec lesquelles on est quelquefois bien aise de pouvoir faire de la pose; mais, jusqu’à présent, ce qu’on a construit sous le nom de pied-canne est fort lourd et ne ressemble que de loin à une canne. L’aluminium était tout indiqué pour présenter la légèreté et la solidité nécessaires, et M. Cadot vient de l’utiliser pour construire un appareil qui, replié, a tout à fait le poids et l’aspect d’une canne ordinaire. En outre, toutes les pièces nécessaires au montage sont rassemblées en un seul tout, de manière à ce qu’on ne puisse rien oublier. Les figures ci-dessous feront comprendre les dispositions adoptées. La figure (n° 4) représente l’aspect extérieur de l’appareil replié. Il est formé d’une série de trois tubes entrant librement les uns dans les autres sans aucun frottement. Le tube extérieur est peint et imite parfaitement le jonc. La poignée, représentée en détail (n° 1), renferme la pièce destinée à raccorder les trois tubes. C’est une petite plate-forme E sur laquelle sont montés à charnière trois bouts de tubes, dont deux sont visibles sur la figure. Une calotte, C, qui recouvre le tout, est assujettie par la vis A qui, filetée aux deux extrémités, seVvira aussi à fixer la chambre sur le pied une fois monté. Pour se servir de l’appareil, on commence par enlever la poi-
- Pied-canne en Aluminium.
- gnée qui est montée à baïonnette sur l’extrémité du tube extérieur, puis on détourne la vis A et on prend la pièce ED. On sort alors les tubes et on les emboîte sur les bouts articulés de cette pièce. On obtient ainsi le montage représenté n° 2. Afin, de pouvoir allonger les branches à volonté, chaque tube principal renferme un autre tube également en aluminium qui y coulisse à frottement doux. Ces tubes portent, de distance en distance (n° 3), des cannelures annulaires dans lesquelles vient tomber une cannelure identique pratiquée à l’extrémité du tube extérieur. Cette extrémité est fendue dans le sens longitudinal sur une hauteur de 4 centimètres, ce qui lui permet de s’écarter légèrement lorsqu’on tire sur le tube intérieur. Quand on a obtenu la hauteur voulue, on fait coulisser un petit manchon (représenté relevé sur la figure) qui vient empêcher tout écartement ultérieur et fixe très solidement les deux tubes l’un sur l’autre. Ce pied est assez solide pour supporter une chambre 15 x 18, mais il est plutôt destiné à ceux qui, ne voulant pas de bagage encombrant, se servent d’appareils 9x12 ou plus petits. Si l’appareil peut se mettre dans la poche, on est muni de tout le matériel nécessaire à la photographie instantanée ou posée, tout en ayant l’air de ne porter sur soi aucun appareil. — Le constructeur du pied-canne est M. Cadot, 350, rue Saint-Jacques, à Paris.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Incombustibilité des tissus et matières organiques. — Nous avons déjà publié un grand nombre de recettes à ce sujet. Le Scientific American donne la composition de quelques mixtures qui, paraît-il, donnent de bons résultats. Pour tissus légers, on prend : 16 parties de sulfate d’ammoniaque; 5 de carbonate d’ammoniaque ; 4 de borax ; 5 d’acide borique ; 4 d’amidon ; 250 d’eau. On chauffe le mélange à 50 degrés, on en imprègne les tissus, qu’on soumet ensuite au calandrage, comme à l’ordinaire. On peut remplacer les 4 parties d’amidon par une i partie de dextrine ou une de gélatine. Pour les rideaux de ' théâtres, décors, bois, meubles, on prend 50 parties de chlor- « hydrate d’ammoniaque, que l’on mêle avec autant de craie qu’il en faut pour donner de la consistance à la masse. On chauffe à 50 ou 60 degrés et l’on donne une ou deux couches à l’objet que l’on veut préserver, en se servant d’une brosse.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- BIBLIOGRAPHIE .............
- Europe, par M. Marcf.l Dubois, avec la collaboration de MM. P. Du-randin et A. Malet. 4 vol.in-8°, avec croquis dans le texte. Cartonné. G. Masson, éditeur. Paris, 1892.
- Les maîtres de la science. — Haller. La sensibilité et l'irritabilité, 1708-1787. — Harvey. Traité sur les mouvements du cœur et du sang chez les animaux, 1578-1657. 2 vol. iu-16 de la Bibliothèque rétrospective publiée sous la direction de M. Charles Richet. G. Masson, éditeur. — Paris, 1892.
- La vie et les œuvres de Théophraste Renaudol, fondateur du journalisme et des consultations charitables, par Gilles de la Tourette. 1 brochure in-8°, avec 5 figures dans le texte. — \aris, édition du Comité de la statue, 1892.
- La turbine Hercule. 1 vol. in-8°. — MM. Singrünn frères, à Epinal, 1892.
- Les matinées espagnoles. Nouvelle revue internationale. Paris, Madrid, Rome, Saint-Pétersbourg, Lisbonne. 1 brochure in-4°. Bureaux de la Revue, 25, boulevard Poissonnière. — Paris, 1892.
- Annual report of the board of regents of the Smithsonian Institution, showing the operations, expenditures, and condition of the institution, to July 1890. 1 vol. in-8°. — Washington. Government Printing Office, 1891.
- Revista del museo de la Plata, dirigida por Francisco P. Mo-reno, fundador y director del Museo. Tome II. 1 vol. in~4\ Talleres de pubhcaciones del Museo. — La Plata, 1891.
- Problems in physics and their application to dynamic meteo-rology, b y Ganïmède. 1 brochure in-8°, with illustrations. — London, 1892.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- / OBSERVATIONS A-7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 11 juillet. . . 15*, 5 E. N. £. 2 Beau. 0,0 Beau.
- Mardi 12 13%2 N. 2. Couvert. 3,4 Très nuag.; tonnerre et pluie à diverses reprises.
- Mercredi 13 14”,6 S. S. W. 2 Couvert. 11,6 Très nuag. ; tonnerre de 14 à 17 h. ; plusieurs averses.
- Jeudi 14 14”,0 W. N. W. 2. Couvert. 7,5 Presq. eouv.; pluie à 10 h. 33-45 ; gouttes dans la soirée.
- Vendredi 15 13”,7 N. 1. Couvert. 1,1 Couv. jusq. 15 h.; peu nuageux ensuite.
- Samedi 16 16”,0 E. S. E. 2. Beau. 0,0 Beau jusq. 8 h. ; puis nuageux ; couv. ap. 14 h.; Eclairs à 22 h. 1/2 ; tonnerre à 23 h. 1/2.
- Dimanche 17 15”,9 S. W. 2 Couvert. 6,3 Très nuag. ; tonnerre à diverses reprises ; quel q. averses.
- JUILLET 1892. -SEMAINE DD LUNDI 11 JUILLET AU DIMANCHE 17 JUILLET 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de O à 10; les (lèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Les orages. —• Un orage assez violent, accompagné d’éclairs et de coups de tonnerre, a éclaté le 12.juillet matin au point du jour à Paris. Au plus fort de l’orage, la foudre est tombée sur un poteau télégraphique de la rue de Paris, à Gentilly. Les fils conducteurs ont été coupés en plusieurs endroits. En suivant le fil, la décharge a pénétré dans le bureau de poste situé place de la Mairie, à plus d’un kilomètre de l’endroit ou la foudre avait pris contact. L’intérieur du bureau a été entièrement bouleversé. Les fils et les appareils ont été détruits. Le service a pu etre rétabli dans la soirée. On a observé, d’autre part, un curieux etlet de la foudre à la gare de Ghandieux-Toussieux près Lyon le 11 juillet. Pendant un orage, une vingtaine de voyageurs attendant l’arrivée d’un train ont été aveuglés pendant un instant, par un éclair étincelant. La toudre est descendue sur un poteau et, suivant les fils, a produit une explosion dans un placard contenant les piles des appareils télégraphi-
- ques; les portes du placard furent ouvertes, les vases de la pile, dont aucun du reste ne fut brisé, furent complètement vidés. Il se répandit ensuite une odeur très prononcée de soufre.
- On a également signalé de violents orages à Prades et à Perpignan. La grêle est tombée en abondance dans le haut canton de Montlouis. Des troupeaux entiers de bœufs ou de moutons ont été décimés par la foudre, notamment sur le massif du Canigou ainsi que sur les montagnes de Sauto, d’Ur et d’Enveigt en Cerdagne.
- A Saint-Etienne, des grêlons, gros comme des noix et pesant jusqu’à 110 grammes, sont tombés pendant une heure dans les campagnes.
- Le 12 juillet, à 7 heures du soir, à Toulouse, pendant une demi-heure, le vent, la pluie, la grêle ont fait rage, causant de nombreux dégâts aux maisons et aux jardins.
- Dans le département de l’Isère, le 13 juillet, la grêle a ravagé les communes de Meylan, Biviers, Bernin, Goncelin, Corenc, Lumbin, la Terrasse, le Touvet, Saint-Egrève, Voreppe. Les vignes, les noyers, les tabacs ont été en partie hachés. ______________
- PHASES_DE LA LUNE : D. Q., le 17, à 1 h. 57 m. du matin.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées ; à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE BERVIOB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIB O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- LA CHOLÉRINE
- Les diarrhées estivales, revêtant l’apparence du choléra, se présentent chaque année; les enfants, par suite de l’alimentation vicieuse, lait aigri dans les biberons, et plus tard, abus de fruits, de boissons mauvaises, y sont particulièrement sujets. Cet été, ces diarrhées ont pris, dans la banlieue de Paris, les allures d’une véritable épidémie ; les accidents mortels ont été beaucoup plus nombreux qu’on né les observe habituellement. Le développement anormal de cette épidémie cholériforme tient à la sécheresse excessive de l’été, à l’abaissement du niveau des nappes d’eau et des rivières et partant, à la consommation d'une eau plus polluée encore que d’habitude et consommation plus abondante en raison de la chaleur. *
- Quels sont les moyens à prendre individuellement, en dehors des conditions d’hygiène générale, d’assainissement prescrites par l’administration pour prévenir ces diarrhées graves?
- -Il faut d’abord éviter toute cause de débilitation, surmenage, veilles, excès de tout genre, de boissons en particulier et de boissons glacées ; ' il faut éviter les refroidissements, ne pas coucher la nuit la fenêtre ouverte. Si l’on a, comme on dit, les entrailles sensibles, il sera bon de porter la ceinture de flanelle prescrite dans l’armée.
- Les légumes devront être mangés bien cuits ; la salade, les fruits seront momentanément proscrits au moins dans les •endroits où règne la maladie.
- Au moindre dérangement de l’intestin, se traiter sérieusement, c’est-à-dire, tenir le ventre chaud, prendre dans la journée quelques tasses d’infusion de thé au rhum, en y ajoutant, trois fois par jour, vingt à trente gouttes d’élixir parégorique. Avant chaque repas, qui sera léger, composé de potage au riz, neufs, viandes rôties, prendre une petite dose, 5 à 4 grammes de sous-nitrate de bismuth.
- Pour l’entourage, il sera bon de traiter cette petite diarrhée, si elle survient chez un sujet habitant une localité plus ou moins infectée, comme s’il s’agissait de quelque chose de plus sérieux. Ne pas aller au cabinet, mais sur un vase de façon à permettre la désinfection des matières. Cette désinfection se fera à l’aide du sublimé (solution au centième, 100 grammes pour un vase) ou du sulfate de cuivre qui est moins dangereux, 50 grammes pour un demi-litre d’eau.
- * La diarrhée prend-elle une allure plus grave, des symptômes .généraux se montrent-ils, prévenez sans tarder le médecin ; mais en attendant, voyons ce que l’on peut faire.
- Si les selles sont fréquentes, liquides, mettez le malade dans un lit chaud, couvrez le ventre d’ouate ou de cataplasmes chauds, faites absorber quelques tasses d’infusion de thé chaud pour provoquer la réaction et la sueur. Donnez par cuillerées à café de quart d’heure en quart d’heure la potion suivante (dose pour un adulte) : Liqueur d’Hoffmann 2 grammes, Laudanum de Sydenham 10 gouttes, Essence d’anis 5 gouttes, Sirop de coings 20 grammes, Hydrolat de tilleul 50 grammes.
- La Commission d’hvgiène conseille aussi contre ces diarrhées l’emploi de l’acide lactique à la dose de 5 à 8 grammes par vingt-quatre heures, dans un peu d’eau sucrée.
- Les signes cholériformes sont-ils plus marqués; survient-il des vomissements, des crampes. Agissez alors par des frictions énergiques sur les membres, sur l’abdomen avec une flanelle imbibée d’alcool ou d’essence de térébenthine. Au lieu de boissons chaudes qui provoquent, chez quelques personnes, le vomissement, donnez du champagne ou de l’eau de Seltz glacées, par petites quantités, une gorgée à la fois ; le menthol, à la dose de 5 à 20 centigrammes, arrête très bien les vomissements ; si les boissons chaudes sont tolérées, donnez du grog, du punch chaud. Ajoutez dans les infusions quelques gouttes d’éther, d’acétate d’ammoniaque. Provoquez par une action incessante la réaction calorifique. Ces moyens seront des plus utiles en attendant l’arrivée du médecin et peut-être des plus efficaces s’ils sont mis en action sans retard. Dr X.
- INFORMATIONS
- —-%— Le Messager officiel de l’Empire russe annonce l’inauguration, dans le courant de cette année, des travaux à exécuter par l’Etat de la section de Tcbéliabinsk-Omsk de la grande ligne transsibérienne. Cette section aura une longueur de 477 verstes : les irais de construction, y compris le matériel roulant et la construction de deux ponts, sont évalués à un peu moins de 50 000 roubles par verste. On prétend que le Gouvernement construira toute la ligne transsibérienne dans l’espace de six années.
- —— La Lilhanode and general Electric Light Company et MM. Willing viennent d’installer l’éclairage électrique dans toutes les voitures d’une Compagnie d’omnibus à Londres, au moyen d’une batterie d’accumulateurs de 5 éléments dont le poids total est de 7 kilogrammes. Cette batterie peut se décharger au régime normal de 1 ampère, avec une différence de potentiel de 10 volts pendant quinze à vingt heures. La charge peut s’effectuer en six heures. Les pôles de la batterie sont reliés à deux contacts à ressort fixés sur les côtés de la boîte en bois renfermant les éléments. De cette façon le changement de la batterie peut se faire très rapidement et les contacts sont excellents. Après trois mois d’essais, le système d’éclairage vient d’être définitivement adopté.
- —^— Un décret présidentiel a autorisé la construction, au port du Havre, d’un bassin spécialement destiné aux navires chargés de pétrole. La Chambre de commerce du Havre contribuera à la dépense, pour une somme de 600 000 francs qu’elle versera par acomptes successifs, au fur et à mesure des besoins des travaux. Le surplus de la dépense totale, soit 600 000 francs également, sera fOürni par le budget du Ministère des travaux publics, au titre de travaux d’anré-lioration des ports maritimes. Le même décret autorise la Chambre de commerce du Havre à emprunter, à un taux d’intérêt ne dépassant pas 4 et demi pour 100, la somme de 600 000 francs qu'elle devra fournir pour les travaux.
- —Le choléra sévit sur les perdrix. Cette maladie a éclaté en Herzégovine et, de là, se répana en Dalmatie et en Croatie, où les malheureux oiseaux meurent par centaines. Un savant autrichien, M. Carlinsky, étudie cette épidémie à laquelle il n’a pas encore trouvé de remède. Un vautour et un aigle, à qui il a fait manger des perdrix atteintes, sont morts presque immédiatement.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Communications. — Le n° flOOO de La XtUur-e. —
- MM. Estreicher de Rozbierski, à Cracovie ; M. Desjalets, à Wassy-sur-Marne ; M. B. Dentan, à Paris et plusieurs lecteurs de La Nature qui désirent ne pas être nommés, nous écrivent de très aimables lettres à l’occasion de la publication du n° 1000 de La Nature. Notre premier correspondant nous souhaite de progresser encore pour le bien de la science : « Je termine, dit-il, comme il est d’usage chez nous autres Polonais : Ad multos annosf n M. Desjalets, un de nos plus fidèles lecteurs, nous écrit : (( Je nous souhaite d’aller jusqu’au n° 2000. » M. B. Dentan nous adresse les lignes suivantes : « Le chiffre 1000 de votre livraison n’est pas le premier venu, il mérite une mention spéciale; il représente vingt années d’études et de labeur... » Nous remercions de tout cœur nos correspondants de leurs vœux sympathiques et de leurs compliments ; nous continuerons dans l’avenir à faire de notre mieux pour mériter leurs éloges. G. T.
- M.J. W. Giltay, à Delft, nous adresse une brochure sur un nouveau modèle d’électrodynamomètre destiné à la mesure des courants téléphoniques.
- M. E. Huchet, au Havre. — Nous avons lu avec intérêt la lettre que vous nous écrivez au sujet du problème de la navigation aérienne. Vos considérations sont parfaitement justes; mais nous croyons à la possibilité de créer les moteurs légers qui seraient nécessaires. Nous vous conseillons de lire le livre suivant : La navigation aérienne, par Gaston Tissandier.
- 1 vol. in-18 de la Bibliothèque des merveilles (Hachette et Cio, éditeurs.)
- M. Gaston Cornié, à Senlis, nous écrit au sujet des exemples que nous avons publiés de marches remarquables. Voici ce que nous dit notre collaborateur : « Je trouve dans un des derniers numéros de La Nature les relations d’une marche de 109 kilomètres exécutée en vingt-trois heures par un officier de Montauban. Je pourrais vous citer un grand nombre de faits du même genre. Dans mon article sur la course Paris-Belfort, j’avais cité le cas d’un officier franchissant 50 kilomètres en cinq heures quarante-cinq minutes sans courir. Le reste du raid ne s’acheva pas sans encombre ; l’officier fut d’abord indisposé par la boisson qu’il prit en trop grande abondance, à cause d’une journée caniculaire. Peu après, vers 5 heures du soir, à 17 kilomètres du but, il fut frappé d’insolation et ne reprit connaissance que grâce à des soins intelligents et énergiques qui lui furent prodigués sur l’heure. Après un repos assez long, il manifesta le désir de se remettre en route et franchit les derniers 17 kilomètres en moins de deux heures et demie au grand étonnement de ceux qui l’accompagnaient. Malgré tous ces accidents qui ne se seraient pas produits, si cet officier avait mieux choisi son heure, les 100 kilomètres furent faits en seize heures uarante-cinq minutes. Dans les championnats de la fédération u sud-ouest qui sont courus tous les ans à Bordeaux, les marcheurs font les 100 kilomètres toujours en moins de quatorze heures. Un contrôle des plus sérieux est établi pour les empêcher de courir. »
- Renseignements. — M. Grenier, à Paris. — Il s’agit du collier de sauvetage qui a été décrit dans le n° 775, du 7 avril 1888, p. 292. Pour l’achat, il faut s’adresser àM. Thuillier, 28, rue du Parlement-Saint-Pierre, à Bordeaux.
- M. E. Mengin, à Sommedieue. — Renseignez-vous, pour ce qui concerne ces photographies, auprès deM. Mégnin, directeur du journal l'Eleveur, 2 ter, avenue Aubert, à Vincennes.
- M. Tic, à Montpellier. — Pour dénaturer l’alcool, on emploie le plus souvent de l’esprit de bois ou d’autres alcools mauvais goût.
- M. A. Bolet, à Sugnens. — La librairie Hachette publie en fascicules un dictionnaire de botanique, par M. H. Bâillon. Cet ouvrage pourrait vous convenir.
- M. A. Guillot, à Montpellier. — Adressez-vous directement
- Ià M. Malher, ingénieur, 52, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.
- M. A. Giraud, à Lyon. — Vous trouverez .une description des chaufferettes à l’acétate de soude dans le n,® 503, du 13 janvier 1883, p. 101. Pour les renseignements relatifs aux chaufferettes à hydratation de chaux, il faut écrire directement au fabricant, M. Loisons de Viviers, 19, boulevard Pereire, à Paris.
- M. J. Clairac, à Habana (Cuba). —La pile de Lalande est fabriquée par le successeur de M. de Branville, 25, rue* de la Montagne-Sainte-Geneviève, à Paris.
- M. M. S. Iglesias, à Veracruz. — Pour tout ce qui concerne les expériences de M. Brown-Séquard,. veuillez vous renseigner auprès de M. le Dr d’Arsonval, au Collège de France.
- Un cycliste, à Liège.— Vous pourrez vous procurer des lanternes électriques de petit volume pour vélocipèdes au bazar de l’Hôtel-de-Ville, rue de Rivoli, à Paris.
- Un abonné, à Montauban. — Il serait possible d’adapter un appareil de ce genre à une bicyclette; mais nous ne pouvons vous dire si son fonctionnement serait satisfaisant.
- M. A. B. H., à Sandwich. — Nous croyons qu’il n’y aurait pas d’avantage à employer la disposition que vous indiquez.
- M. E. F., à Milan. — Le numéro du journal contenant tous les six mois la Table des matières est en vente chez tous les libraires à la fin du semestre. H vous est facile de vous en procurer deux exemplaires à ce moment.
- Un abonné, à Sarrance. — Quelques-uns des systèmes actuels de téléphones pourraient être employés; il conviendrait d’en faire l’essai.
- M. Blanchet, h Villa Concepcion (Paraguay). — Le magnifique insecte que vous nous avez adressé nous est arrivé en bon état. C’est un Coléoptère voisin du Scarabée hercule que nous avons décrit en 1882 (n° 450, du 14 janvier 1882, p. 104).
- M. Carie, à Bourges. — Nous n’avons pas d’autre adresse; il faudrait écrire directement à Fives-Lille.
- M. F. Verdier, à Pantin. — Vous pourriez nous envoyer un résumé des principaux résultats de vos expériences ; nous examinerons, s’il y a lieu, d’en faire un extrait pour le journal.
- M. G. Néret, à Charenton. — Avec l’habitude, on peut arriver très aisément à apprécier les secondes sans aucun instrument. Remerciements pour votre communication.
- M. E. G., à Vendôme. — Nous vous conseillons d’examiner si le siphon élévateur, décrit dans le n° 989, du 14 mai 1892, ne pourrait résoudre le problème que vous nous posez.
- M. L. B., à Chartres. — Il n’existe pas, en Allemagne, de journal Analogue.
- M. J. L. B., à Paris. — 1® Laboratoire de chimie analytique : M. L. Mollet, 44, rue des Victoires. — 2° Un grand nombre de traités ont été publiés à ce sujet; adressez-vous aux grands libraires de Paris.
- M. A. Saglio, à Arnonval. — Une agence de brevets peut vous fournir ces renseignements; vous trouverez plusieurs adresses dans les Annonces.
- M. A. Convert, à Bourg. — Nous ne croyons pas que le creuset soit attaqué ; mais il faut essayer.
- M. M. Fdik, à Andrinople. — L’injection du jus de tabac est un moyen excellent pour garantir les plantes de ce genre d’insecte.
- M. Frunza, à Gara Putna-Seaca (Roumanie). — L’adresse que vous demandez est donnée en tête de la Boîte aux lettres du n° 994, du 18 juin 1892, du numéro même qui contient la description des appareils.
- M. H. von Kempen, à Amsterdam. — Plusieurs de nos lecteurs nous ont déjà demandé de leur indiquer un appareil photographique. Tous les appareils existants ont leurs avantages et leurs inconvénients. Il faut aussi considérer le prix que l’on désire mettre dans l’acquisition. Pour toutes ces raisons, il nous est impossible de répondre à cette question.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. L. B., à Tourcoing. Nous n’avons pas encore entendu parler de cette nouvelle invention. — M. J. Kauffmann, à Fleurier; M. O. Quantin, à Véronnes. Cette recette a été empruntée à un journal qui ne donne pas d’autres indications. Tous nos regrets. — M. F. P. S., à X. Pas d’autre adresse que celle indiquée dans l’article. — M. L. François, à Paris. Nous avons publié un moyen très pratique pour détruire les herbes dans les allées dans la Science pratique. (G. Masson, éditeur.) — M. P. Belin, à Paris. Voyez le même ouvrage. — M. X., à Toulouse; M. L. C., à Rambervillers. Consultez les Recettes et procédés utiles, à la même librairie. — M. G. Coste, à Montpellier. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. — M. A. Thiéry, à Etréaupont. Conserves alimentaires, par M. W. Maigne, 1 volume de la collection des Manuels Roret, à Paris.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’esl répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS1
- Marquises aérlféres. — Jusqu’à présent, pour abriter les appartements de la chaleur produite par le soleil, on s’est servi de jalousies, persiennes, stores, etc., etc., c’est-à-dire d’appareils dont l’organe principal est la lame horizontale et parallèle à la façade; ces lames fermées empêchent les rayons solaires de pénétrer, mais, bois ou fer, elles s^échauffent et, dès lors, on a obscurité, chaleur, privation d’air. La marquise aéri-fère, imaginée par M. R. E. Etienne, est construite à l’encontre des précédentes, les lames sont verticales, suivant la largeur, et placées perpendiculairement à la façade. Ces lames sont maintenues à leurs extrémités et, suivant l’axe longitudinal, par des pivots oscillants dans le cadre qui renferme ces lames en plus ou moins grand nombre, plus ou moins longues, suivant la largeur et la hauteur de la baie que l’on veut préserver. Ce cadre est maintenu au-dessus de la baie par des organes en fer. Au moyen de deux tiges en fer et à douilles, placées sur les côtés latéraux du cadre, et qui servent de points d’appui à
- Marquise aérifère.
- la marquise, on lui donne l’inclinaison que l’on veut suivant les phases du soleil. Les lames se manœuvrent par une tringle placée au-dessous du cadre et par des poulies de renvoi. Au soleil levant on oblique les lames contre les rayons, c’est-à-dire de droite à gauche. A midi, on abaisse les lames les unes sur les autres, au soleil couchant, on les incline légèrement de gauche à droite, les rayons sont rompus et l’air passe toujours entre les lames, sauf, bien entendu, à midi, quand les lames sont entièrement fermées. Ces lames sont munies, sur leurs bords longitudinaux, de petites tringles, lesquelles, en cas de pluie et les lames complètement fermées, forment autant de petites gouttières; la marquise devient alors un abri. La marquise étant inclinée à 45° environ, laisse toujours la vue de l’horizon, donne de l’air, du jour et jamais d’obscurité. Les différences de température entre le dehors, la façade de la baie et l’intérieur de l’appartement sont considérables ; il a été obsçrvé aux moments les plus chauds une différence de 15° entre le dehors de la marquise et l’intérieur de l’appartement. La marquise aérifère s’applique à toutes les baies, portes, fenêtres, serres. — Elle se trouve chez M. R. E. Etienne, à Nantes.
- Grand classeur-déplieur. — Çet appareil est destiné au classement de grandes pièces se présentant sous forme de feuilles, telles queestampes, cartes géographiques, dessins,
- Sla ns, papiers peints, tissus, rideaux, guipures, tapis, etc., etc.
- permet d’obtenir à volonté et instantanément, s’offrant toute dépliée aux regards, celle des pièces classées que l’on désire examiner. R s’adresse directement à toutes les industries du papier et du tissu, aux administrations, aux bibliothèques, aux écoles, etc. Toutes les personnes : industriels, commerçants, professeurs, collectionneurs, artistes, dessinateurs, ingénieurs, architectes, qui ont à classer et à consulter des pièces ou documents de grandes dimensions, connaissent les inconvénients multiples et le peu de commodité des méthodes actuelles de classement. Les pièces, dessins ou estampes de grand format, mises en portefeuille ou roulées, sont exposées à de graves et rapides détériorations. Il est, de plus, impossible de les consulter aisément. Dans Ifes magasins, l’examen des pièces de grandes dimensions, papiers et tissus de toute nature, — papiers peints, rideaux, tentures, etc., — est malaisé, tant à raison de l’impossibilité qu’il y a à montrer dans toute leur étendue et rapidement, un grand nombre de pièces aux clients, qu’à raison de l’encombrement aussitôt produit par l’étalage
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- des pièces dépliées, à raison aussi des difficultés et des lenteurs du rangement. Le classeur-déplieur présente deux larges châssis identiques qui s’appliquent l’un contre l’autre. L’un est fixe, — cadre fixe, — l’autre est mobile, — cadre ouvrant. — Ce dernier tourne à volonté autour d’un axe latéral, sorte de grande charnière, qui occupe toute la hauteur de l’appareil. Entre les deux cadres, reçues dans une succession de petits compartiments, sont étroitement superposées de nombreuses baguettes
- Grand classeur-déplieur.
- de suspension, indépendantes les unes des autres. Ces baguettes portent chacune, à l’une de leurs extrémités, un demi-collier engagé sur l’axe dont il vient d’être parlé, de façon à pouvoir, eUe aussi, tourner autour de cet axe. Un organe mobile de préhension, qui dépend du cadre ouvrant, permet d’entraîner à volonté, en les faisant tourner en même temps que ce cadre, tel nombre voulu des baguettes de suspension. Au moyen d’une tige de manœuvre terminée par une poignée qui se présente à' portée de la main, on actionne aisément le cadre ouvrant et> son organe de préhension. — Le classeur-déplieur se trouve' chez M. Georges Borgeaud, 41 bis, rue des Saints-Pères, à Paris.
- Le rùteau extensible et flexible. — Ce râteau est composé d’une série de lames d’acier formant douze losanges sur chacun desquels est adaptée une dent également en acier fortement trempé et munie d’une mortaise ou glissière. Commet chaque losange est extensible et réductible à volonté dans lé sens de la largeur, il en résulte que, d’un seul coup et instantanément, les dents peuvent s’écarter ou se rapprocher, de manière à embrasser l’espace voulu par l’opérateur et exécuter un travail aussi menu qu’on le désire. A chaque extrémité du système est placée une petite bielle qui vient se fixer sur le manche par une douille coulissant librement sur ce dernier et s’y fixant atrmoyen d’une vis clef de violon; cette vis étant
- Râteau extensible et flexible dit râteau caoutchouc.
- desserrée, si on prend les deux extrémités de la tête du râteau et qu’on écarte en ligne droite, on obtiendra une rangée de dents dont la longueur totale pourra varier entre 25 centimètres au minimum, 60 au maximum. Le n° 1 de la figure montre le râteau déployé dans sa plus grande largeur, le n° 2 le représente réduit à sa plus simple expression, c’est-à-dire avec les dents aussi rapprochées que possible. Grâce à la flexibilité du métal, on peut, en outre, faire prendre à la ligne des dents soit la forme convexe extérieurement, soit la forme concave. On voit donc que l’outil est extensible et flexible tout à la fois et, quoique entièrement en acier, il justifie pleinement son nom de Râteau caoutchouc. — Cet appareil se trouve chez M. A. Bajac, ingénieur, à Liancourt (Oise).
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- - Mastic à la glycérine. — Aujourd’hui, la glycérine est mise à contribution pour la préparation d’un mastic au plomb, plus dur et plus résistant, pour scellements, que le ciment de Port-land; sa préparation est simple. On pulvérise de la litharge très finement, de façon à obtenir une poudre impalpable ; puis on la dessèche complètement dans une étuve à haute température, on mélange alors cette poudre avec de la glycérine en quantité suffisante pour faire un mortier épais. Le mastic ainsi obtenu présente une série de propriétés précieuses. Il se solidifie rapidement, soit à l’air, soit par immersion dans les liquides ; son volume reste sensiblement invariable pendant la solidification; il résiste sans modification à des températures approchant de 300°. Enfin, il adhère fortement aux corps avec lesquels on le met en contact. Ce mastic est donc l’idéal des mastics et une application nouvelle de la glycérine, qui se prête déjà à des usages industriels variés.
- Destruction des taupes. — Malgré toutes les effusions sentimentales qu’on a publiées sur le prétendu rôle utilitaire de la taupe, qui détruisait de nombreux insectes, vers blancs et autres, les ravages que ce petit mammifère exerce dans les jardins sont considérables. Dans les plates-bandes, les corbeilles de fleurs, ses galeries et ses taupinières sont intolérables. Si l’on place des pièges, au bout de quelque temps la taupe les évente et ne se prend jamais, ouvrant d’autres galeries à la barbe du jardinier consterné. On a parlé souvent de divers
- [irocédés pour détruire ce rongeur si gênant. Un rédacteur de a Revue horticole en a essayé un avec le plus grand succès. Il s’agit du taupicide de M. Félix Martin. Son procédé consiste à prendre des vers (lombrics), à les rouler dans une poudre de sa composition, et à les placer dans les galeries fraîches des taupes. L'animal qui a mangé un de ces vers meurt empoisonné. Essayé dans une partie de notre jardin envahi par les taupes, ce moyen nous a parfaitement réussi : nous n’en avons plus revu aucune.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49a,30). — Bureau central météorologique de France.
- observations A 7 HEURES DU MATIN thermomètre VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DD CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 18 juillet. . . 13*,1 N. 2. Couvert. 2,3 Couv.; quelquefois de la pluie.
- Mardi 19 11*,2 N. N. W. 2. Peu nuageux. 2,0 Tr. nuag. de 7 à 16 h.; couv. avant et après; pluie avant le jour, averse à 14 h. 14; pluie de 18 à 24 h.
- Mercredi 20 11°,3 W. S. W. 3. Couvert. 8,2 Tr. nuag. de 13 à 20 h.; couv. av. et ap.; pluie de 5 à !0 h. 1/2, et quelq. averses l’après-midi.
- Jeudi 21 12°,2 N. N. W. 3 Couvert. 6,8 Quelq. nuages jusq. 6 li.; couv. ens.; nuageux après 22 n.; atm. très claire.
- Vendredi 22 11°,3 N. E. 2 Couvert. 0,0 Couv. de 4 à 13 h.; puis nuageux, beau ap. 18 h.; atm. bien claire.
- Samedi 23 12°,6 N. N. E. 2 Beau. 0,0 Beau ; quelques nuages çà et là.
- Dimanche 24 13°,3 N. E. 2. Beau. 0,0 Beau; quelques nuages çà et là.
- JUILLET 1892. -SEMAINE Dü LUNDI 18 JUILLET AU DIMANCHE 24 JUILLET 1892
- i
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- lin cyclone iV Palesella (Italie). — Un cyclone s’est abattu le 19 juillet dernier sur le village de Palesella, eu Italie. Il a détruit quarante maisons et a ravagé la campagne sur une étendue de 1 kilomètre. On compte deux morts et six blessés.
- lies inondations dans la Drôme. — Des inondations et des éboulements dans la Drôme et dans l’Ardèche se sont produits à la suite des pluies de la nuit du 18 au 19 juillet. On n’avait pas vu depuis 1840 une crue aussi forte. Les pertes ont été immenses dans Montélimar, les routes ont été coupées et les communications interrompues.
- A Montélimar, les quartiers Alexis, Espoulette, de Benicroix, Combes, Grèzes, Villeneuve de Dracontal, de la Grange-Neuve et de Mourgatte étaient couverts de 3 mètres d’eau le dimanche 17 juillet, à 6 heures du
- malin, par suite du débordement du Jahen et du Roubion. Des familles, surprises parles eaux, ont dû se réfugier sur les toits en attendant du secours. Au moment du passage du train rapide sur le pont du chemin de fer, à 8 heures, l’eau fouettait les wagons, les voyageurs terrifiés durent fermer les glaces des portières. L’eau atteignait alors 6 mètres au-dessus du niveau normal. A 9 heures, les eaux qui avaient formé un vaste lac commençaient à décroître, laissant derrière elles un spectacle désolé, et roulant dans leurs flots des débris de maisons, des meubles brisés, des bestiaux et des récoltes. Les pertes sont évaluées à 1 200 000 francs. Des inondations importantes ont été signalées également à Livron et à Château-Neuf du Rhône.
- Dans cette dernière localité, la route a été coupée en deux endroits. Les cultivateurs de la contrée ont perdu de grandes quantités de gerbes et leur bétail a péri dans les eaux.
- PHASES DE LA LUNE : N. L., le 23, à 11 h. 40 m. du soir.
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- 1 MSupptément à « LA NATURE » du 6 août 1892 (tv 1001)
- - r * Publié sous la direction de M. GASTON TISSAND1ER
- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE 8ERVIQB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- DE L’ASPHYXIE PAR SUBMERSION
- Par ce temps de canicule et de bains de mer ou de rivière, il n’est pas inutile d’indiquer les moyens propres à rappeler à la vie les noyés en état d’asphyxie, de mort apparente. Ces moyens ne diffèrent pas beaucoup de ceux que j’ai donnés pour . l’asphvxie par les gaz toxiques.
- Aussitôt le baigneur, plus ou moins noyé, sorti de l’eau, il faut immédiatement déchirer le vêtement de bain, s’il en porte un, pour mettre à nu la poitrine, coucher le malade sur le côté, la tète inclinée en avant, ouvrir la bouche en desserrant les dents au moyen d’une lame de bois, d’un manche de couteau. On peut ainsi faire rejeter une certaine quantité d’eau avalée. Puis aussitôt, pendant qu’un aide exerce sur les membres inférieurs des frictions énergiques avec une serviette, un linge imbibé d’alcool ou simplement les mains, en attendant mieux, une autre personne pratiquera la respiration artificielle. €ette manœuvre est facile, et même faite avec moins de méthode et d’habileté que par un médecin, elle peut être très utile. J’ai dit, à propos de l’asphyxie par le charbon, comment on doit la pratiquer. 11 faut poursuivre ces manœuvres fort longtemps ; on a vu des noyés revenir à la vie après une immersion de plusieurs minutes et après une demi-heure, une heure d’efforts pour les ranimer.
- Si letat syncopal persiste en dépit de ces premières tentatives, n’hésitez pas à appliquer sur la région péricordiale un linge trempé dans de l’eau presque bouillante et fortement tordu. Vous aurez chance de brûler assez fortement la poitrine, mais la réaction sera quelquefois très rapide. Et puis le mal n’est pas grand de brûler un peu la peau, quand il s’agit de lutter contre une asphyxie peut-être mortelle.
- Le J)r Laborde a indiqué récemment à l’Académie de médecine un moyen qui lui a permis de rappeler à la vie deux noyés .absolument à l’état de cadavres ; l’un d’eux avait été abandonné comme mort par des médecins après une heure de lutte acharnée. Ce moyen consiste à s’armer d’une cuillère ou de tout autre instrument analogue, de bois, qu’on enfonce dans la gorge, pendant qu’on saisit la langue et qu’on l’attire vigoureusement en avant. Cette opération, bien connue des médecins qui pratiquent l’anesthésie, dégage l’orifice laryngé sur lequel vient appuyer la langue et permet à l’air de rentrer dans le poumon, quand celui-ci n’aura pas été rempli par l’eau. Au moment où la langue est ramenée en avant, on produit un violent hoquet inspiratoire et en même temps on provoque en général un vomissement. L’eau contenue dans l’estomac est en partie rejetée. En répétant la manœuvre, en faisant sur la langue des tractions réitérées et rythmées, on détermine une sérié de hoquets bruyants, d’abord passifs, puis peu à peu spontanés.
- Pour saisir fortement la langue et l’empêcher de glisser, il suffit d’un mouchoir. Si l’on déprime bien la base de la langue avec la cuillère, on aura chance de réussir, même quand
- d’autres moyens auront échoué. Il faut, pour avoir probabilité de succès, que l’eau n’ait pas pénétré dans les bronches; comme on ne peut s’amuser à élucider ce degré de la noyade, le mieux sera d appliquer ce procédé de traction de la langue sans négliger la respiration artificielle, les frictions chaudes sur tout le corps et même les révulsifs à l’eau chaude, au risque de produire une brûlure.
- Une fois la respiration rétablie d’une façon régulière, le noyé sera réchauffé en le roulant dans des couvertures de laine ou dans un lit chauffé. Les frictions seront continuées à de fréquents intervalles, et on administrera une petite quantité de boisson chaude légèrement alcoolique, thé au rhum, infusion aromatique alcoolisée, etc. Le reste ne sera plus qu’affaire du médecin ou du temps pour remettre complètement le malade sur pied. Ur X___
- INFORMATIONS
- —— Les fumeurs ont payé au Trésor, pour l’année 1890, la jolie somme de 372 millions de francs, représentant les 36 millions de kilogrammes de tabac qu’ils ont consommés. On calcule que cela fait 738 grammes par tête et une dépense moyenne de 60 à 70 francs par consommateur.
- —%— Le préfet du Rhône a récemment rendu visite au père Vivien, le doyen de l’armée, actuellement pensionnaire de l’Hospice des vieillards. Le père Vivien est né à Lyon, en 1786, il a donc cent six ans. Il est médaillé de Sainte-Hélène. Il a suivi Napoléon en-Egypte; il a traversé le Saint-Bernard avec lui et est entré à ses côtés à Milan. Il a fait 22 campagnes. Il a combatlu sous le maréchal Soult, en Espagne. Enfin, à Waterloo, il Taisait partie de la garde impériale, sous les ordres de Cambronne. Questionné par le préfet sur son état de santé, le père Vivien a répondu : « Je n’ai jamais été malade, je n’ai aucune infirmité, j’espère vivre cinquante ans encore ».
- —— Il résulte des dernières statistiques que l’Angleterre produit, avec les Etats-Unis, une moyenne de 1200 kilogrammes d’aluminium par jour, dont 300 kilogrammes d’alliages. La conductibilité de l’aluminium étant considérable, on commence, dans plusieurs usines anglaises, la fabrication en grand des fils d'aluminium pour l'électricité; on espère, grâce aux perfectionnements apportés dans la réduction des sels d’alumine, arriver sous peu à livrer ce métal presque au même prix que le cuivre.
- —Le Ministère des colonies néerlandais a reçu la nouvelle de l’éruption du volcan d’Abou, dans lîle de Sangi. Plus de 2000 personnes ont péri pendant l’éruption ; la partie nord-ouest de Lite a disparu. La récolte est partout détruite et l’on demande des secours pour prévenir la famine. Rappelons que l’île de Sangi fait en quelque sorte frontière entre l’archipel des Philippines et celui des ilols groupés au nord de Célèbes.
- —v— Dans New-York, au-dessus du carrefour formé par le Cortland Street et Washington Street, on voit souvent s’envoler de nombreux pigeons voyageurs. A l’étage le plus élevé d’une des maisons, habite une dame qui les élève et les prend même en pension. Elle possède actuellement 300 oiseaux aes meilleures races. Dans la ville, les gens d’affaires s’en servent beaucoup pour porter les dépêches.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Communications. — M. L. Miry, ingénieur agronome, à Château de Tomblaine, près Nancy, à propos du grain de blé ayant produit 1551 grains que nous avons cité dans les Informations du n° 998, du 16 juillet 1892, nous fait part d’un autre exemple de fécondité observé sur la même céréale : « Sur un terrain silicéo-argileux assez maigre, nous écrit notre correspondant, attenant au Jardin botanique de l’Ecole d’agriculture Mathieu de Dombasle, on avait répandu 5 pour 100 de calcaire (craie de Champagne) et 5 pour 100 de tourbe. Comme fumure, ce terrain avait reçu 1000 kilogrammes de nitrate de soude à l’hectare (renfermant 10 pour 100 d’azote) et 1000 kilogrammes de scorie de déphosphoration contenant 180 kilogrammes d’acide phosphorique. Ces fumures avaient été exagérées à dessein pour produire une grande vigueur en rapport avec des expériences poursuivies dans un autre but que celui que je traite ici. Au commencement d’août 1889 il fut planté séparément, et grain à grain, du blé Swaloff; après un an de végétation, c’est-à-dire à la fin de juillet 1890, le pied produit par un de ces grains fut arraché avec toutes sortes ae précautions, malgré lesquelles on perdit encore une grande partie des racines. Un pied porte 82 talles fertiles, ce qui donne 5280 grains (l’épi ayant 40 grains au minimum) pesant 164 grammes. Etant admis qu’en moyenne 20 000 grains de blé pèsent 1 kilogramme (Risler), si on plantait du blé à raison de deux pieds par mètre carré, ce qui ferait 20 000 pieds à l’hectare, on aurait une récolte de 5280 kilogrammes, ce qui constitue une excellente récolte dans une année moyenne. » — Notre collaborateur nous envoie à l’appui une photographie représentant le pied phénoménal étalé sur une planche.
- Un amateur photographe, au Havre, à propos de notre dernier article sur les bains de mer, nous envoie une photographie instantanée prise aux bains de la Falaise, à Sainte-Adresse, près le Havre.
- M. G. Colette, à Sedan, au sujet de l’article sur la boucle de vapeur paru dans le n° 999, du 23 juillet 1892, nous écrit qu’il a fait breveter la même disposition le 14 janvier 1881. Il lui a donné le nom d'appareil pour faire rentrer automatiquement dans un générateur la vapeur condensée dans un récipient de vapeur placé en contrebas de ce générateur. Plusieurs installations ont déjà été établies d’après ce principe, et notre correspondant nous cite, entre autres, une usine où il rentre environ 1000 kilogrammes d’eau condensée par heure dans le générateur.
- Renseignements. — M. E. Blondel, à Saint-Léger-du-Bourg. — Les appareils à souder que nous avons signalés autrefois sont construits par M. Max Sievert, à Stockholm.
- M. A. Guilhermin, à Paris. — 1° Vous pouvez connaître
- a/
- la longueur du fil en appliquant la formule R = —> dans
- laquelle R est la résistance électrique en ohms, a la résistance spécifique exprimée en centièmes de microhm-centimètre, / la longueur en mètres, s la section en millimètres carrés. La valeur de a est de 0,018 microhm-centimètre. Pour plus amples renseignements, voyez le Formulaire pratique de l’électricien. (G. Masson, éditeur.) — 2° H y a certainement une erreur dans le montage des vases poreux.
- M. H. de la Fresnaye, à Falaise. — Le sujet que vous nous signalez est intéressant, mais un peu trop spécial pour nos lecteurs. Remerciements,
- M. Hamel, à Biarritz. — Nous avons reçu votre photographie. Nous ne voyons pas ce qu’elle présente de particulier.
- M. F. Caudron, à Péronne. — 1° L’expérience peut être tentée ; elle offre beaucoup d’intérêt. — 2° 11 faut enfoncer les transmetteurs téléphoniques dans le sol à une certaine profondeur, et écouter soigneusement les récepteurs. — 2° Aucun essai de ce genre, à notre connaissance, n’a encore été fait.
- M. N. Aliaz, à Figueira. — 1° Le sel, dont il est question,
- doit être obtenu par une série de cristallisations successives. — 2° Librairie E. Bernard, 53 ter, quai des Augustins, à Paris.
- M. Fauvel, à Saint-Lô. — Vous pourriez vous procurer le renseignement cartographique que vous demandez en vous adressant au Bureau des cartes et plans, à Paris,
- M. L. de Magny, à San-Remo. — Les photographies astronomiques se font dans les Observatoires et ne se trouvent pas-dans le commerce. Vous pourrez en avoir cependant quelques spécimens chez M. Molteni, 44, rue du Château-d’Eau, à Paris.
- M. L. Mougin, à Vitry-le-François. — Il existe, dans l’Encyclopédie Roret, un manuel intitulé Charron-carrossier qui pourra vous convenir. Vous trouverez également l’indication, d’un grand nombre de traités relatifs aux voitures dans le nouveau Manuel de bibliographie universelle, à la même librairie.
- M. G. A. R., h Basse-Pointe (Martinique). — Il s’agit d’une peinture à l’huile que l’on peut préparer soi-même très facilement, en délayant du minium dans de l’huile,
- M. L. Gernay, à Bruxelles. — Des expériences comparatives sur les deux systèmes peuvent seules vous fournir ces renseignements.
- M. H. Gautié, à Montauban. — Les mastics ne tiennent pas bien. Il faut entrer la monture métallique d’une certaine longueur dans un tuyau de caoutchouc, et maintenir serré ce dernier à l’aide de fil de fer de bonne qualité.
- M. M. S., à Paris. — Voyez la réponse que nous avons donnée à ce sujet dans la Boîte aux lettres du n° 1000 du 30 juillet 1892.
- M. F. Teisserenc, à Ceilhes. — Cet objet se trouve chez les marchands du pays; nous regrettons de ne pas connaître de fabricant spécial.
- M. C. E. Fritzes, à Stockholm. — Nous avons envoyé votre lettre à l’auteur, qui vous répondra directement.
- M. A. M., h Pans, et plusieurs lecteurs ont écrit à M. Etienne,, à Nantes, au sujet de la marquise aérifère décrite dans les Petites Inventions du n° 1000, du 30 juillet 1892. Les lettres sont revenues avec la mention : adresse inconnue. Nous avons cependant reçu des dessins et des plans portant cette adresse. Nous serions obligés au constructeur de nous faire connaître sa véritable adresse.
- M. J. Sieheniewicz, à Porrecze. — Il faut vous renseigner auprès de M. le Dr d’Arsonval, professeur au Collège de France, à Paris.
- M. M. Serret, à Amiens. — Nous croyons qu’il s’agit de l’expérience connue sous le nom d’amphitrite; elle a été décrite dans le n° 814, du 5 janvier 1889, p. 95.
- M. A. Farcy, à Armentières. — 1° Nous avons reçu votre envoi; la description sera donnée prochainement. — 2° La rédaction de La Nature est étrangère aux annonces; il faut vous adresser à l’Office de publicité, 9, rue de Fleurus, à Paris.
- M. R. V., à Marseille. — Nous avons publié dernièrement un article sur le tannage à l’électricité (n° 993, du 11 juin 1892,
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- M. Hulot, à Paris. — L’appareil, que l’on peut entendre actuellement à Paris, dans les rues, n’est autre que le gramo-phone, dont nous avons donné autrefois la description (n° 786, du 23 juin 1888, p, 49).
- M. P. M., à Asnières. — Pour les fontaines lumineuses de salon, il faut vous adresser à M. G. Trouvé, 14, rue Vivienne, à Paris.
- M. L. T., à Bordeaux. — 1° Pour une installation de 25 lampes à incandescence de 16 bougies, il faut compter une puissance utile de 1600 watts. — 2° Il serait préférable de prendre une petite turbine à eau ou un petit moteur à pétrole.
- Accusés de réception. —Avis divers : M. L. Rolla, à Lyon. Plusieurs dispositions analogues ont déjà été imaginées. — M. E. Milhay, à Montevideo. L’adresse du constructeur est mentionnée en tête de la Boite aux lettres du même n° 989, qui contient la description de l’appareil.— M. J. Sonnet, au Fournay. Nous n’avons-pas de renseignements sur ce moteur. — M. S C. Arozena, à Santa-Cruz. Adressez-vous à la librairie G. Masson, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris.. — M. G. J., à Paris. Il n'y a rien de défini à ce sujet. — M. F. Pécorel, à Marseille. Nous regrettons de ne pas connaître cette adresse. — M. A. Gevers, à Vieux-Dieu. Il faut vous renseigner au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. — M. J. Ca-cho, à Barcelone. M. Molteni (adresse indiquée plus haut). — M. C. de T., à X. Agréez tous nos remerciements pour vos félicitations. — M. H. Boulte, à Paris. Voyez les Nouvelles Recettes utiles. (G. Masson, éditeur.) — M. J. Viallis, à Châteauroux. Consultez les Recettes et procédés utiles. (Même librairie.) — M. J. Boudou, à Caumont; M. F. Vialle, à Beuzeville. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- PETITES INTENTIONS1
- )ot d’arrosage;qui se trouve chez M. A. Dubourguet, 35 bisr loulevard Magenta (4, cité Magenta), à Paris.
- Laboratoire photographique portatif. — M. V. E.
- Poitrineau, l’inventeur des maisons mobiles que nous avons fait connaître autrefois, a construit des laboratoires photographiques portatifs et pliants qui peuvent rendre des services aux touristes et aux voyageurs. Le n° 1 de la figure montre le laboratoire fermé : il a la forme d’une grande boîte de peinture. Le n° 2 fait voir le laboratoire ouvert, et le n° 5 en représente le mode d’emploi. Une caisse contient le matériel tel que : flacons, ustensiles, réservoirs, etc., etc., renfermés dans des casiers et boîtes fermées et mobiles. Les casiers se superposent instantanément à l’intérieur des laboratoires lorsqu’ils sont
- Laboratoire de photographie portatif et pliant.
- ouverts, se désinstallent et se resserrent de même. Les laboratoires peuvent donc être montés et meublés en trois minutes ou démontés dans le même laps de temps et le tout est immédiatement prêt à être emporté. Ils se font de plusieurs modèles. On a sous la main, dans les boîtes et casiers mobiles, les cuvettes et flacons, ces derniers de 1 litre et au nombre de neuf. Un réservoir contenant environ 7 litres fonctionne par un robinet et une cuvette de zinc reçoit les eaux de lavage et les rejette dans un seau placé sous la table. Les grands laboratoires ne pèsent pas plus de 14 kilogrammes. Notre gravure représente le petit laboratoire portatif à main. L’obscurité est obtenue avec un voile noir que le dessinateur a montré relevé. — Ces appareils se trouvent chez M. Poitrineau, 58, rue de Clichy, à Paris.
- Arrosage par capillarité. — Dans ce système très simple, l’arrosage se fait automatiquement et de bas en haut, comme à l’état naturel, avec plus ou moins de lenteur et d’abondance, suivant les besoins de la plante; il n’est plus besoin d’apporter des soins particuliers aux plantes, si ce n’est
- Cache-pot d’arrosage par capillarité. Vue extérieure et coupe.
- Encrier inversablc. — Cet encrier, en métal noir ou nickelé, a une très grande base, et une petite hauleur; il est presque impossible de le renverser. 11 est percé de trois cavités, protégées par un couvercle, représenté en dessus et en dessous dans les n°8 1 et 2 de la figure. Ce couvercle, posé sur l’encrier, pivote autour d’un axe central : il est percé d’une seule ouver--
- Encrier inversable à trois orifices.
- ture qui, par sa rotation, peut se placer au-dessus de l’une des trois cavités contenant chacune un godet. Dans le premier godet on a de l’encre ordinaire, dans le second de l’encre à copier, dans le troisième de l’encre rouge. On peut varier à volonté les encres. En tournant le couvercle de telle façon que l’ouverture ne coïncide avec aucun godet, l’encier est fermé. — Cet objet se trouve au Comptoir des spécialités brevetées, Faubourg-Saint-Denis, 86, à Paris.
- Les boules tournantes. — Voici deux boules de bois reliées par une lanière de caoutchouc. Vous tournez les deux boules en sens inverse de manière à tordre le caoutchouc (il faut tourner longtemps pour que la torsion soit complète). Cela fait, vous posez les deux boules par terre. Elles se mettent à
- Les bou’es tournan'es.
- tourner, comme le montrent les dessins de la partie supérieure de la figure. En tournant, la force centrifuge éloigne les boules l’une de l’autre, et allongent le caoutchouc. La rotation est très rapide, et les effets obtenus très curieux à analyser au point de vue mécanique. — Ce petit objet se trouve au Comptoir des spécialités brevetées (adresse indiquée ci-dessus).
- BIBLIOGRAPHIE
- En Egypte. Notes et croquis d'un artiste, par G. Montbard. 1 voi. in-4°, à la librairie illustrée. — Paris, 1892. Prix • 20 francs.
- à de longs intervalles. L’appareil consiste en une mèche poreuse B, qui pénètre dans la terre d’un pot de fleur A par le trou inférieur et qui plonge dans une coupelle C remplie d’eau. La mèche fait monter l’eau par capillarité, au centre de la terre du pot de fleur; cette terre est humectée d’une façon continue. Notre figure de gauche représente l’aspect extérieur de ce cache-
- La description des appareils est gratuite. La rédaction des Noi telles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Chimie agricole, par M. Schlœsing. 1 vol. petit in-8° de YEncyclopédie scientifique des aide-mémoire, dirigée par M. Léauté, membre de l’Institut. Gauthier-Villars et fils et G. Masson, éditeurs. — Paris, 1892. Prix : 2 fr. 50.
- Moteurs à vapeur, par M. E. Sauvage. 1 vol. petit in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, dirigée par M. Léauté. Gauthier-Villars et fils et G. Masson, éditeurs. — — Paris, 1892. Prix • 2 fr. 50.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- La Bière, par M. Lindet. 1 vol. polit in-8° de VEncyclopédie scientifique des aide-mémoire, dirigée par M. Léauté. Gau-thier-Yillars et fds et G. Masson, éditeurs. — Paris, 1892. Prix : 2 fr. 50.
- Formules photographiques, par Abel Büguet, agrégé des sciences physiques et naturelles. 1 vol. in-18 de la Bibliothèque générale de photographie. Société d’éditions scientifiques. — Paris, 1892. Prix : 2 fr. 50.
- Guide pratique pour le traitement des maladies de l'oreille, par le Dr J. Baratoux. 1 vol. in-18 de la Petite encyclopédie médicale. Société d’éditions scientifiques. — Paris, 1892. Prix : 5 francs.
- Les oiseaux hybrides rencontrés h l'état sauvage, par A. So-chetet. 5e partie. Les Passereaux. 1 vol. in-8°. Imprimerie
- typographique et lithographique Le Bigot frères. — Lille, 1892.
- L'Electricité au Conservatoire des arts et métiers, par M. le colonel Laüssedat, directeur de l’établissement. 1 brochure in-8°. Imprimerie nationale. — Paris, 1892.
- Histoire de la cartographie. Conférence faite à l'Ecole des hautes études commerciales, par M. A. Laüssedat, 1 brochure in-8°. Administration des deux revues. —Paris, 1892.
- Die elektrischen Accumulatoren und ihre Verwendung, in der Praxis, par J. Sack. 1 brochure in-16. — A. Hartleben, éditeur. — Vienne, 1892. Prix : 4 francs.
- Trente mille ans. La civilisation brahmanique comparée à la civilisation moderne, par de Campet de Sauion. 1 brochure in-8°. —Royan, 1892.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- observations k 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL
- Lundi 25 juillet. . . 14*,6 N. N. E. 3. Beau.
- Mardi 26 16%0 N. E. 2. Beau.
- Mercredi 27 16',0 N. E. 2 Beau.
- Jeudi 28 17*,4 N. N. E. 2. Peu nuageux.
- Vendredi 29 17',4 N. 2. Très nuageux.
- Samedi 30 18%8 N. N. W. 2. Beau.
- Dimanche 31 16*,0 N. 2. Couvert.
- PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- 0,0 Beau.
- 0,0 Beau.
- 0,0 Beau le m.; peu nuag. le s.; couv. ap.22h. av. écl. au sud.
- 0,0 Peu nuageux jusq. 17 h. couv. ens.; fort orage ap. 7 h. avec quelques gouttes.
- 0,0 Beau de 13 à 16 h., tr nuageux du reste ; plus, orages forts surtout dans la soiree.
- 2,1 Peu nuag. jusq. 15h.; presque couv. après; fort orage avec pluie et grêle dans la soirée.
- 4,0 Couv. le matin, peu nuageux le soir.
- JUILLET 1892. -SEMAINE DU LUNDI 25 JUILLET AU DIMANCHE 31 JUILLET 1892
- ï
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0. au niveau de la mer)’, courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- E.es orages en France. — Un fort orage s’est abattu sur Poitiers à 7 heures du soir le 28 juillet. Des grêlons gros comme des œufs de pigeon sont tombés, hachant tout, brisant les toitures et les vitres. Le vent, très violent, a duré une demi-heure. De grands dégâts ont été causés dans la campagne.
- A la même date, de nouveaux orages ont dévasté la région du sud-ouest. A la Rochelle, un terrassier travaillant au port de la Pallice a été tué par la foudre. A Périgueux, après plusieurs journées d’une chaleur accablante un orage a éclaté sur la région et a duré une grande partie de la nuit. La pluie a profondément raviné le sol et causé des dégâts importants.
- A Limoges également, l’orage a été très violent. La foudre est tombée sur la propriété de Juillac, tuant un moissonneur et en blessant six autres, dont trois grièvement. Le clocher de Nexou, dont on faisait sonner les cloches à toute volée, selon une déplorable habitude, a été, en outre, en partie démoli par la foudre.
- Le 29 juillet, un orage d’une grande violence a sévi dans la soirée
- tout autour de Paris. Vers 9 heures du soir, des éclairs, accompagnés de lointains coups de tonnerre, sillonnaient le ciel dans toutes les directions, au nord comme au sud, à l’est comme à l’ouest. En même temps, il est tombé une pluie abondante.
- Le même jour, au Havre, un violent orage a sévi sur la ville, presque sans discontinuer, de 3 heures de l’après-midi à 9 heures et demie. Les dégâts, dans toute la régiqn, sont importants. Toute communication téléphonique a été interrompue jusqu’à 10 heures entre les différents postes de la ville et entre Fécamp, Rouen et Paris. Un enfant de six ans, le jeune Allais, demeurant à Sanvic, a été tué par la foudre dans un jardin. Le fluide l’avait frappé à la tête ; la mort a été instantanée.
- La faudra aux Etats-Unis. — On écrit de Pittsburg que la foudre est tombée, le 27 juillet, à 7 heures du soir, sur un réservoir de la Compagnie de canalisation des pétroles du sud-ouest de la Pensyl-vanie, contenant 27 000 barils de pétrole, et y a mis le feu. Les barils ont éclaté et le liquide en ignition s’est répandu, gagnant vingt-cinq autres réservoirs et produisant un immense incendie que l’on s’est efforcé de circonscrire.
- PHASES DE LA LUNE : P. Q. le 31, à 7 h. 54 m. du soir.
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- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE BERVIGB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS d’aDRBSSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIR1B G. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- Une Exposition de timbres-poste. — Les collectionneurs de timbres-poste ne vont plus rien avoir à désirer : on prépare à leur intention une Exposition internationale de timbres-poste. Elle aura lieu à Paris en septembre prochain au Champ de Mars (Palais des Arts libéraux), sous la direction de M. Georges Lesourd, ingénieur des arts et manufactures. « Ayant été chargé par le Comité de toute l’installation, nous écrit M. G. Lesourd, j’ai pensé devoir réserver, à côté des collections, une large place aux procédés de fabrication et à ceux destinés à prévenir les contrefaçons. C’est dans ce but que je fais appel aux constructeurs de machines spéciales à imprimer, pointiller, gommer, oblitérer, etc., etc., et aux auteurs de procédés chimiques en outre destinés à prévenir les falsifications ou le lavage des timbres. J’espère ainsi, à côté de la partie purement spéciale, réunir un ensemble d’appareils qui pourra être de nature à intéresser vivement le public. » L’Exposition comprendra : les timbres-poste de toute espèce, mobiles, chiffres-taxe, enveloppes, cartes, bandes, mandats timbrés ; les timbres-télégraphe ; les timbres fiscaux de toutes sortes; les timbres municipaux; les timbres d’offices privés et postes locales; les ouvrages les plus importants et les plus utiles sur la Timbrologie; les albums pour timbres; les articles ou livres faisant connaître la Biblio-raphie timbrologique d’un ou de plusieurs pays, accompagnés e la collection des ouvrages énumérés auxdits livres ; les appareils servant à la fabrication des timbres (gravure, impression, gommage, piquage, oblitération, etc., etc.); les procédés employés pour prévenir les contrefaçons; les tapisseries composées avec des timbres; les ouvrages, gravures, lithographies, traitant des moyens anciens de transport ou reproduisant les équipages servant à cet objet; les costumes des facteurs et courriers des époques anciennes, et généralement tout ce qui se rapporte à la fabrication, à l’usage et à la collection des timbres. Des prix, consistant en deux médailles d’or, dites Grands Prix de l’Exposition, 10 médailles de vermeil, 17 médailles d’argent, et 40 médailles de bronze et des mentions honorables, seront mis à la disposition du Jury pour récompenser les exposants.—Pour tout ce qui concerne l’Exposition des timbres-poste, on doit s’adresser le plus tôt possible àM. Lesourd, commissaire général, 36, rue du Cherche-Midi, Paris.
- INFORMATIONS
- —M. Ch. Paris a fait récemment à la Société vaudoise une intéressante communication sur la chute spontanée d'une branche de marronnier. Ce cas, quelque spécial qu’il paraisse, n’est pourtant pas isolé. Est-il spécial au marronnier? Il le paraît. Sa coïncidence avec la montée ae la sève indique-t-elle un rapport de cause à effet? C’est une question. Si la montée de la sève aucete un végétal, c’est habituellement le cas d’une plante exotique ou simplement expatriée ; ainsi l’érable-plane ou faux sycomore, etc. Mais, en ce
- cas, la branche sèche, elle ne rompt pas. Chez le marronnier, elle se rompt. Il y a donc danger.
- —La petite ville de Dourgne, dans le Tarn, vient d’installer la lumière électrique. L’éclairage comporte 140 lampes à incandescence alimentées par une dynamo à courants continus, La force motrice est fournie par le ruisseau du Tauron. Bien que ce petit cours d’eau n’ait qu'un débit de 15 à 18 litres par seconde, on a pu, en établissant un barrage de 6 mètres de hauteur, former un réservoir de 1500 mètres cubes de capacité d’où part un tube en fonte aboutissant à l’usine et donnant 65 mètres de chute. L’eau ainsi amenée actionne une turbine centrifuge à axe horizontal.
- —— M. Félix Tisserand, membre de l'Académie des sciences, professeur d’astronomie mathématique à la Faculté des sciences de Paris, a été nommé, pour cinq ans, directeur de l’Observatoire de Paris, en remplacement de M. le contre-amiral Mouchez, décédé. M. Tisserand, nos lecteurs s'en souviennent, était présenté en première ligne pour ce poste par l’Académie des sciences.
- —— Dans la colonie du Cap, le commerce des plumes d’autruches est un des plus importants du monde entier. Sur environ 200 000 autruches que l’on y élève, chacune fournit une assez grande quantité de plumes par an. On les arrache tous les huit mois. L’oiseau en produit chaque fois une livre. En outre, il pond de dix-huit à vingt-quatre œufs. Depuis trente ans on évalue l’exportation des plumes de la colonie à 50 000 000 de livres sterling (1 250 000 000 de francs) représentant un poids total de 1 200 000 kilogrammes.
- —Les appareils automatiques se répandent de plus en plus. On a l’appareil qui donne des tablettes de chocolat, qui pèse, qui fait de la photographie, etc. Or, on vient de faire l’essai à Berlin d’un de ces appareils qui délivre les billets de chemins de fer. C’est à la gare de la Friedrichstrasse, pour le service de ceinture, que les essais ont eu lieu avec un plein succès. L’appareil automatique est muni d’un millier de billets, il en délivre quarante-trois par minute; il s'arrête de lui-même dès que la provision est écoulee; il rend généreusement toutes les pièces et monnaies qui ne sont pas exactement celle qui met en mouvement l’appareil intérieur. On a pu constater que le public se familiarise rapidement avec ce s machines, car, au fond, peu lui importe que ce soit un employé ou un automate qui lui donne ses billets, pourvu qu’il n’ait pas à faire queue à un guichet.
- —^— Aux États-Unis, un décret a récemment défendu la chasse du Renard bleu ou Isatis ( Vulpes lagopus) sur les îles FribylolF, situées dans la mer de Behring. On espère ainsi protéger l’Isatis, car le commerce de sa fourrure prenait une extension trop considérable. Mais cette loi va priver, paraît-il, la Compagnie commerciale de l’Amérique du Nord d’un revenu annuel qui s’élevait à 100 000 francs.
- —^— Pendant que nous essayons d’acclimater daDS nos taillis le dindon sauvage d’Amérique, un oiseau qui peut retrouver sur notre sol des conditions météorologiques à peu près semblables à celles de son pays d’origine, un sportsman autrichien, le baron Ester-hazy, entreprend un essai d’introduction de gibier exotique d’une réalisation assurément plus difficile ; il a mis en liberté dans ses bois quelques paires de paons ; ces magnifiques oiseaux, originaires cependant d’un climat brûlant, ont bien résisté aux intempéries de l’hiver; ils se sont mis à nicher dès les premiers beaux jours du printemps; les couvées ont admirablemeut réussi, les jeunes s’élèvent sans la moindre difficulté et tout fait prévoir la réussite de cette tentative d’acclimatation.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Communications. — M. E. Roy, à Rochecaban (Indre-et-Loire) nous écrit, au sujet de notre article sur les vibrations des coques de navires (n° 1000, du 30 juillet 1892, p. 132) qu’il y a longtemps qu’en France des moyens analogues ont été appliqués à des machines de bateaux à vapeur pour éviter les vibrations. « En 1884, nous écrit notre correspondant, je fis construire un bateau de 250 tonneaux, dont voici la disposition : la machine compound à pilon a un arbre moteur, dont les bras de manivelles, prolongés à l’opposé du coude sur lequel agit la bielle motrice, comportent chacun à leur extrémité un secteur de la même pièce. Le centre de gravité de cette dernière est à la même distance de l’axe de l’arbre moteur que le centre de la manivelle ; et les poids font ensemble équilibre au poids [de la bielle motrice, du piston et de sa tige. » A cette même époque, M. E. Roy vit, dans les ateliers de M. Claparède à Saint-Denis, une petite machine-pilon destinée à une chaloupe à vapeur, comportant la même disposition. Les mêmes principes ont été appliqués en 1886 dans la construction des locomotives du chemin de fer de Saint-Georges-de-Commines à La Mure (Isère).
- M. L. Roulât, à la Tronche, près Grenoble, nous adresse des renseignements sur un violent orage qui a éclaté le 31 juillet de 4 heures à 5 heures du matin. Cet orage a commencé dans le S.-S.-E. et s’est avancé vers le N.-N.-E accompagné de pluie torrentielle (20mm,2 de 4 heures à 5 heures matin) et d’énormes grêlons. Les éclairs et le tonnerre étaient à peu près continus. A 4h'27 du matin la vitesse du vent était de 25 mètres par seconde, soit de 90km,3 à l’heure. En 5 minutes, de 4h 15 à 4h 20 le baromètre est monté de 738mm,7 à 744mm,60.
- M. F. Roger, à Châteaudun nous envoie le résumé des observations météorologiques qu’il a faites dans cette ville pendant le mois de juillet 1892.
- M. Th. Florange, à Paris, nous fait parvenir la photographie d’une monstruosité : il s’agit d’un petit bouc qui n’a que trois pattes. Nous avons déjà signalé à plusieurs reprises des faits de ce genre.
- M. Ch. G., à Lignv. — La loupe à miroir que nous avons décrite dans les Petites Inventions du n° 993, du 11 juin 1892, a été inventée par M. Th. Simon. Nous avions indiqué par erreur le nom de M. Ch. Collin qui nous l’avait présentée.
- M. C. C., à Troyes, nous signale, à propos de ce que nous avons dit sur les noms géographiques (n° 922, du 31 janvier 1891, p. 142), une erreur reproduite dans un grand nombre d’ouvrages de géographie. Il s’agit de la montagne appelée Gerbier des joncs. En voyant cette orthographe, on croirait volontiers que la montagne est entourée ou surmontée de larges marais où les joncs fleurissent en abondance. Or, la montagne ne renferme nullement de joncs. Ce mot gerbier des joncs vient d’un mot patois que l’on écrit en français d’une manière défectueuse. Autrefois on écrivait gerbier de jou ou joux, ce dernier mot ayant la signification du mot joint. Il signifie alors que le mont est placé sur la ligne de séparation du bassin du Rhône et du bassin de la Loire.
- M. Henry Courtois, à Muges, nous écrit : « La planète Mars est magnifique; les lecteurs de La Nature habitant mon département sont invités à venir l’observer chez moi entre Aiguillon et Damazan, au château de Muges; les circonstances sont exceptionnellement favorables ».
- M. T. Jourdan de la Passordière, à Brest, nous fait savoir qu’il possède un cadran solaire portatif exactement semblable à celui qui a été décrit dans le n° 915, du 15 décembre 1890, p. 25. Cet instrument, sur lequel la déclinaison est bien 21° W, porte sur la face nord le nom de D. Béringer.
- Mae M. L. Rigault, à Pornic, nous annonce que le 4 août, vers minuit, elle a aperçu, au-dessus de l’horizon, un magnifique bolide. En moins d’un quart d’heure, le météore disparut dans la mer vers l’ouest en conservant son éclat intense. La même observation a été faite par plusieurs personnes.
- M. P. Duvillard, à Paris, nous adresse une brochure sur
- T assainissement de Paris, le tout à l'égout rendu pratique, la gratuité des eaux nécessaires à la vie, Mémoire lu par l’auteur à la Société des ingénieurs civils de France.
- M. de Launay, ingénieur des mines, à Paris, nous comipu-nique la brochure quil vient de publier sur Vhistoire de l'industrie minière en Sardaigne. (Extrait des Annales des minés, mai 1892.)
- Renseignements. — Un lecteur, à Dijon. — 1° Les deux accumulateurs peuvent servir à alimenter la lampe, si elle est de 4 volts. — 2° Les éléments CaUaud seront trop faibles pour la charge.
- M. F. Ramlot, à Bruxelles. — U faut écrire directement à la Société dont nous avons donné l’adresse. ' ’ j
- M. L. Delacre, à Vilvorde. — Il s’agit d’une réduction (en photogravure. ?"
- M. E. Breuiller, à Noisy-le-Sec. — Ce système nous parait ingénieux; nous l’avons décrit dans les petites inventions du n° 1001, du 6 août 1892. Remerciements. r- ~ I
- M. H. E. C., à Paris. — fl existe bien des lanternes électriques pour bicyclettes au bazar de l’Hôtel-de-Yille ; l’employé nous en a montré une. Vous pouvez aussi vous adresser à M. E. Michel, 16, rue Montgolfier, à Paris.
- M. Vernière, à Dax. — Nous vous recommandons le Cours de physique de MM. Jamin et Boutv, la Physique de M. Pellat, ainsi que le Traité de chimie de M. Troost.
- M. E. Benoot, à Halluin. — Les ouvrages de chimie modernes parlent de ces nouveaux principes; nous ne pouvons insister sur ce sujet.
- M. Martin, à Paris. — La barque aurait l’inconvénient d’être d’un poids beaucoup trop considérable.
- M. K. L., à Lille. — Les pompes à feu électriques, dont vous parlez, étaient à l’Exposition du Crystal Palace, à Londres ; il n’en existe pas encore de modèle à Paris.
- M. R. N., h N. — Pour obtenir un dépôt de nickel sur un métal, il est absolument nécessaire d’avoir recours à la pile. Toutes les opérations du nickelage sont résumées dans un article paru dans le n° 439, du 29 octobre 1881, p. 342.
- M. T. Landrau, à Pons. — Nous allons prendre des informations, et nous vous renseignerons, s’il y a lieu.
- M. C. B., a Paris. —Nous supposons que vous voulez parler d’un bain pour malade; dans ce cas, il s’agit d’une intensité de courant qui n’atteint que quelques milliampères.
- M. Radiguet, à Trouville. — Tuyaux flexibles pour vapeur : MM. Légat et Herbet, 42, rue de Chalon, à Paris.
- M. C. Leonte de Ibraïl, à Gand. — Vous trouverez des seaux et tuyaux en tôle galvanisée chez M. Carpentier, 75, boulevard Soult, à Paris.
- M. H. Wintsch, à Kennelbach. — 1° Librairie Hachette, 79, boulevard Saint-Germain, à Paris. — 2° Traité des machines dynamos, par R. Y. Picou, à la librairie Baudry, 15, rue des Saints-Pères, à Paris.
- M. V. Riston, à Malzéville. — Consultez les guides Joanne sur ces pays, à la librairie Hachette.
- Un lecteur, à F. — S’adresser à M. Vinot, directeur du Journal du ciel, cour de Rohan, boulevard Saint-Germain, à Paris. H pourra vous fournir des accessoires de lunettes astronomiques à très bon marché.
- M. J. P., h Paris. — II faut prendre du bois de chêne; mais il est préférable de choisir des panneaux d’ardoise non pyri-teuse ou de marbre.
- M. A. Grouard, au Havre. — Des dispositions analogues ont déjà été employées pour résoudre le même problème. ,
- M. G. G., a Paris. — fl serait nécessaire que tous ces chiffres fussent confirmés par des expériences sérieuses et précises.
- M. A. Vivien, a Saint-Quentin. — Nous transmettons votre communication à l’auteur de l’article. Remerciements.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. H. Guillemin, à Chalon-sur-Saône. Adressez-vous à la Librairie agricole de la maison rustique, 26, rue Jacob, à Paris. — M. le Dr Sauret, à l’Islc. Nous avons mentionné précédemment le même orage. Remerciements. — M. H. Brossette, à Dreux. Vous trouverez un bec de gaz de ce genre chez tous les marchands d’appareils photographiques, j notamment chez M. Paul Rousseau, 19, rue Souffiot, à Paris. —
- M. J. Viallis, à Chàteauroux. Le petit livre des Recettes et procédés utiles donne des méthodes pour le bronzage des statuettes, p. 568 et 369, et pour le bronzage du fer et de la fonte, p. 191 et 193; nous regrettons de ne pas connaître d’autres procédés. — M. M-Iglesias, à Veracruz; M. L. Espinach, à Vevey; M. E. Suares, à Alexandrie. Remerciements pour vos communications. — M. L. B-, à C.; M. Laporte, au Mans; M. X-, à Escarbotin. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison
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- PETITES MENTIONS1
- Four portatif. — Ce four est construit en tôle, il est garni à l’intérieur de briques réfractaires. Des pieds en fer boulonnés aux quatre angles servent à l’élever à une hauteur convenable pour le chauffage et le service. Une porte à glissière ferme l’ouverture du devant. Le tirage s’établit par derrière et au-dessus, au moyen d’un tuyau que l’on peut mettre en communication avec une cheminée quelconque. Ce tuyau est muni d’une clef servant à activer ou à modérer le tirage. On peut chauffer ce four avec toutes sortes de déchets, qui, la plupart du temps, ne sont pas utilisés. Les ébranchures de haies, les menus bois, conviennent bien pour le chauffage. Il faut environ 7 à 8 kilogrammes de bois pour chauffer la première fois un
- Four portatil.
- four de 70 centimètres sur 80, alors qu’il est complètement froid. Cela représente une dépense insignifiante, surtout si l’on tient compte du charbon de bois que l’on en retire. En vingt à vingt-cinq minutes le four est assez chaud pour cuire toute sortes de pâtisseries, la viande et même le pain; mais c’est surtout dans la cuisson de la pâtisserie que la ménagère y trouve un grand intérêt. Avec cet appareil, la ménagère a l’avantage de pétrir son pain elle-même ou de le faire faire sous sa surveillance. Elle sait qu’ainsi ce travail est fait avec propreté : car tous les soins désirables ne sont pas toujours apportés par ceux qui ont pour mission de nous confectionner cet aliment indispensable. Ce four est portatif : on peut l’emporter comme un meuble. Il est susceptible de rendre de grands services dans les châteaux et dans les fermes. — Cet appareil se trouve chez M. H. Faye, 28, boulevard de l’Hôpital, à Paris.
- Le théâtre magique. — Voici un charmant petit jouet qui ne manque pas de surprendre et d’amuser les enfants. C’est un petit théâtre fermé de toutes parts : vous regardez par
- Le théâtre magique.
- devant, devant une toile transparente, en ayant soin de placer le théâtre devant une fenêtre bien éclairée ou devant une lumière. Avec un bâton, vous frappez le fond du théâtre comme sur un tambour. Vous voyez alors intérieurement deux petits lutteurs auxquels chacun de vos coups donne les attitudes les plus diverses de la lutte ; mais, en outre, ces lutteurs, en se déplaçant, changent de couleurs. Ils sont tantôt bleus, tantôt
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- rouges et tantôt blancs. Les lutteurs que nous figurons en haut du dessin et à droite, sont formés d’un carton mince et perforés, ils glissent dans deux rainures; le fond de la boîte est formé d’une membrane translucide et tricolore, quand un panti» passe devant la partie bleue du fond, il paraît bleu parce que la lumière bleue passe à travers les trous dont il est perforé ; il paraît rouge devant le rouge. — Ce petit amusement d’optique se trouve au Comptoir des spécialités brevetées, 86, Faubourg-Saint-Denis, à Paris.
- Compte-goutte» « Normal )). — Le flacon compte-gouttes tend, depuis plusieurs années, à remplacer les tubes et les appareils spéciaux imaginés pour mesurer les gouttes. Le compte-gouttes « Normal » est un flacon moulé dont le col porte deux petites rigoles parallèles, creuses, montant de l’épaulement du flacon à la moitié de la haute|£Hu goulot. Le bouchon en verre rodé porte deux rainures, é^jjlrnent parallèles, l’une conduisant à un bec venu au moule avec le bouchon, l’autre laissant un passage à l’air extérieur. Le bouchon se termine soit par une clé, soit par une tète plate. En le manœuvrant de façon à amener les ramures du bouchon en face des rigoles du goulot, on permet la rentrée de l’air dans le flacon ; d'autre part, le liquide peut, en suivant la rigole, arriver au bec du bouchon. La goutte peut donc s’échapper, dès que l’on incline le flacon. Pour obtenir une régularité complète des gouttes, il fallait trouver une surface constante pour le détachement de la goutte ;
- Compte-gouttes normal.
- ce résultat a été obtenu avec le compte-gouttes « Normal ». La grosseur de la goutte est toujours la même pour un même liquide. Cet appareil peut, dans bien des cas, remplacer les burettes. Par une expérience préliminaire, on détermine le nombre de gouttes contenues dans 1 gramme d’un réactif ; il est alors facile de faire des mesures sans faire d’autres pesées. Ce compte-gouttes rendra de grands services aux chimistes, surtout dans l’emploi des réactifs coûteux, des sels d’or, d’argent, de palladium, dans les recherches qualitatives ou quantitatives, dans les analyses spéciales, les analyses d’urines, les essais hydrotimétriques. Ce compte-gouttes sera aussi très utile aux usages médicaux (solutions de fer, d’arsenic, etc.) Il permettra aussi de conserver et d’utiliser pour la toilette lès essences et les antiseptiques qui s’emploient fréquemment. On voit que ses emplois sont nombreux et qu’il est appelé à rendre de grands services. — On peut se procurer le compte-gouttes chez MM. Fribourg et liesse, boulevard Saint-Germain, à Paris.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Moyen pratique de reconnaître à quelle heure de la journée un sujet à photographier sera convenablement éclairé. — Dans les excursions photographiques, il arrive fréquemment, au praticien aussi bien qu’à l’amateur, de se trouver en présence d’une vue quelconque qui l’intéresse, mais qu’il ne peut photographier par suite d’un éclairage défectueux. Il se propose bien de revenir à un moment plus favorable où l’éclairage sera réellement propice; mais le point difficile est de savoir exactement déterminer quel sera ce moment. Avec une montre, il est un moyen très facile et très approximativement exact de se renseigner si l’on connaît l’orientation du point où l’on se trouve. U suffit de tenir la montre horizontalement, en dirigeant l’anneau du côté « nord » ; puis en abaissant (par la pensée, naturellement) une ligne droite partant du point à photographier pour tomber au centre du cadran, cette ligne droite coupe précisément l’heure à laquelle le sujet sera convenablement éclairé. Evidemment, le point faible de ce système, c’est que, pour l’appliquer, il faut connaître le « nord » ; mais nous savons avec quelle facilité il est possible de s’orienter, soit avec une petite boussole (quoique la polarité de l’aiguille soit soumise à de nombreuses variations), soit avec une montre, ou bien en se basant sur les indications placées au-dessus de
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- beaucoup de maisons et de la plupart des édifices, soit encore d’après les mousses qui poussent sur les troncs d’arbres, les rocners, etc. Quoi qu’il en soit, je crois que le moyen est pratique, économique, et peut rendre service dans bien des cas. . H. Lambinet,
- •: Officier d'administration de l’intendance militaire.
- Appareil pour la destruction des insectes par l'électricité.
- Cet appareil qui vient d’être breveté en Allemagne, se compose d’une lampe à arc entourée d’un réseau: de fils fins de platine. Le courant traverse ces fils de platine qui servent ainsi de rhéostat, et les porte à Une haute température sans cependant les rendre incandescents. Les insectes, attirés par la lumière et ne voyant pas les fils, viennent s’y brûler infailliblement. Le tout est entouré d’un filet à grandes mailles pour éviter l’approche des oiseaux^kns des expériences exécutées
- on a pu détruire, en peu de temps, un grand nombre de papillons de nuit, hannetons, etc. Nul doute que cet appareil ne puisse rendre des services dans certains cas.
- Nettoyage de la peau de chamois. — La peau de chamois, qui sert à nettoyer les objets métalliques et le verre, est d’un prix assez élevé et il est utile de savoir la nettoyer lorsqu’elle est salie. Ainsi, au lieu de la jeter, à l’avenir, placez la peau à laver dans une solution faible de soude dans de l’eau où vous aurez jeté du savon râpé. Laissez-la pendant deux heures, puis frottez jusqu’à nettoyage complet. Rincez ensuite dans de 1 eau tiède savonneuse, — pas dans de l’eau pure, — car la peau se durcirait en séchant. Le lavage terminé, tordez dans un linge et faites sécher rapidement. Vous pouvez encore la frotter à sec et la brosser jusqu’à ce qu’elle ait repris sa douceur.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49",30). — Bureau oentral météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 1" août. . . . 15',5 W. S. W. 2. Couvert. 0,0 Couv. éclaircies de 19 à 22 h.; pluie de 11 h. 50 à 14 h. 40 et de 15 h. 40 à 16 h. 35.
- Mardi 2 14“,5 N. W. 3. Couvert. 5,1 Couv. le matin, puis tr. nuageux; peu nuageux après 19 h., un peu de pl. fine à 6 h. 25. et peu après 7 h.
- Mercredi 3 11°,5 W. S. W. 2. Couvert. 0,0 Quelq. éclaircies; couv. du reste; atm. brum. à 7 h.; ass. claire à 13 h.
- Jeudi 4 13%3 S. W. 1. Couvert. 0,0 Presq. couv. de 6 h. à 21 h. nuag. av., peu nuag. ap.; brouil. de 200 mètres à 5 h.; quelq. gouttes à 14 h. Beau ou peu nuag. jusq. 14 h.; beau ensuite.
- Vendredi 5 13%0 N. N. E. 2. Beau. 0,0
- Samedi 6 13-,3 W. 1. Très nuageux. 0,0 Nuag. jusq. 16 h., beau ensuite.
- Dimanche 7 14*,5 VV. S. W. 2. Couvert. 0,0 Couv. de 5 à 9 h.; nuageux jusq. 18 h.; beau av. et ap.
- AOUT 1892. — SEMAINE Dü LUNDI 1er AOUT AU DIMANCHE 7 AOUT 1892
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi [ Samedi | Dimanche |
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorologiques faites au parc de Saint-JIfaur en juillet 1891
- par M. E. Renoo.
- Moyenne barométrique à midi, 758”",15. Minimum le 13, à 4 heures du soir, 748““,16. Maximum, le 1", à 7 heures du soir, 765““,67.
- Moyennes thermométriques: des minima, 11°,87; des maxima, 24°,16; du mois, 18°,02; moyenne vraie des 24 heures, 17°,82. Minimum le 25, vers 4 heures du matin, 7°,5. Maximum le 3, avant 11 heures du matin, 30°,6.
- Tension moyenne de la vapeur, 9““,96. La moindre, le 10, à 6 heures du soir, 5““,65. La plus grande, le 30, à 10 heures du soir, 16““,3. Humidité relative moyenne, 68. La moindre, le 10, à 6 heures du soir, 27. La plus grande, 100, en 4 jours.
- Pluie, 55““,7 en 28 heures trois quarts réparties en 11 jours. Un peu de grêle les 12 et 30 pendant les orages. Nébulosité moyenne, 46.
- Vents à peu près également répartis, sauf ceux de la région du sud qui manquent complètement.
- 7 jours de tonnerre et 2 jours d’éclairs : le 3, éclairs dès avant 10 heures du soir. Le 12, deux orages de 5 à 7 heures du matin et de 2 à 5 heures et
- demie du soir; ils donnent 15““ d’eau en 2 heures. Le 13, de 3 à 5 heures du soir, 7““,5 d’eau en une demi-heure. Le 16, tonnerre à 11 heures et demie du soir. Le 17, plusieurs orages toute la journée avec 6“”,5 d’eau en
- 2 heures. Eclairs le 27 au soir. Orage le 28, depuis 1 heure du soir et le 29 une partie de la journée avec peu de pluie. Le 30, orage le soir, 4““ d’eau en 1 heure.
- Température moyenne de la Marne, 21°, 16 ; elle a varié de 17°,20 le 2 à
- 3 heures trois quarts du soir à 23°,70 le 29 à la même heure. Relativement aux moyennes normales, le mois de juillet 1892 a présenté
- les résultats suivants : baromètre plus haut de 0”“,09. Thermomètre moindre de 0°,28. Tension de la vapeur moindre de 1““,03. Humidité relative moindre de 6. Nébulosité moindre de 30. Pluie plus forte de 2““,2 avec un nombre d’heures de chute très faible, ce qui est toujours favorable à la végétation.
- Floraison : 5, Coréopsis; 6, exfoliation de Platanes; 7, floraison du Fenouil; 14, Verge d’Or; 19, Echinops sphærocephalus ; 24, Belle de nuit, 31, Grande Renouée.
- PHASES DE LA LUNE : Néant,
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- Supplément à « LA NATURE » du 20 août 1892 (rf 1003)
- Publié sous la direction de M. GASTON TISSANDIER
- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVICE DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- IA SEMAINE
- Les colonies françaises. — Avec le temps, la patience et le travail, les territoires lointains qui sont en notre possession deviennent fructueux et productifs. Les vins d’Algérie sont aujourd’hui une source de richesses ; nos colonies nouvellement acquises donneront aussi de nombreux profits à ceux qui y entreprennent des cultures ou des exploitations. Voici, en ce qui concerne à ce point de vue le Congo français, un extrait intéressant d’un rapport adressé au Gouvernement par M. Renaud, chef de poste à Loudima : « A mon arrivée, le 1er juin 1889, les plantations comprenaient environ six hectares de manioc et de bananiers. Maintenant, tant en manioc qu’en bananiers, arachides, patates, embravades et ignames, Loudima possède environ douze hectares cultivés; j’ai, de plus, créé un jardin potager à l’embouchure de la Loudima, et, outre les légumes d’Europe, j’ai réussi des orangers, des mandariniers, des avocatiers, des goyaviers, des cafiers, des bambous de Chine, des sapotilliers, des cacaoyers, etc., etc. Aujourd’hui il y a à Lou-dima une jument née en 1889, à la station, huit ânes et six ànesses. De plus, l’administration a acheté un taureau et une vache qui sont arrivés à Loudima au mois de septembre 1891. Un mois après son arrivée, la vache a mis bas une génisse, actuellement en très bon état. Il y a là le noyau d’un troupeau appelé à rendre d’inappréciables services, tant au point de vue du portage, qu’à celui du labourage. Un essai de ce genre m’a arfaitement réussi et j’ai pu, cette année, labourer quelques ectares de terrain. Ce troupeau représente pour l’administration une somme considérable, et, avec des soins, peut et doit prospérer et devenir, après l’amélioration de la route de Loango à Brazzaville, une source de bénéfices en supprimant en partie le portage à dos d’homme, si onéreux pour l’administration ; de plus, les vaches permettront, dans un avenir peu éloigné, de fournir de la viande de boucherie, si utile sous ces climats. ))
- INFORMATIONS
- —fé— Le laboratoire du Collège de France, qui préparait le pro-•duit employé pour la méthode Brown-Séquard, a fait savoir que la préparation des extraits organiques est suspendue pendant les vacances. La provision de 700 llacons laissée par MM. Brown-Séquard et d’Arsonval avant leur départ de Paris suflisant à peine à entretenir les malades en traitement, c’est à eux seuls qu’elle est réservée. Jusqu’à nouvel ordre, il rie sera pas répondu aux demandes nouvelles, sauf en ce qui concerne les médecins ayant besoin d’extrait organique pour leur usage personnel.
- —v— Une nouvelle tache phylloxérique a été découverte à Mes-nil-sur-Oger (Champagne). Elle a été constatée par le professeur d’agriculture et par les membres du syndicat qui ont pris immédiatement toutes les mesures pour appliquer la méthode d’extraction. Le syndicat antiphylloxérique, qui a été constitué l’année dernière, fonctionne de la façon la plus régulière et la plus active. Les quelques ares de vignes où on a signalé la présence du phylloxéra ont été détruits. Il semble, d’ailleurs, que le phylloxéra, qui n’a pas
- encore été aperçu sous la forme ailée, la plus redoutable, ne puisse faire que des ravages peu importants dans les terres calcaires de la Champagne.
- — La Société de physique de Genève a publié dans ses Mémoires les observations météorologiques faites d’une façon simultanée, sous la direction de J.-B. de Saussure, au col du Géant, à Genève et à Chamonix, du 5 au 18 juillet 1788. Ces observations se rapportent à la pression barométrique, à la température, au degré hygrométrique, relevés plusieurs fois par jour, au vent, aux nuages, à l’état électrique de l'air et du sol, au magnétisme terrestre, etc. Ces précieux documents, dont une partie seulement avait paru au siècle dernier dans les Voyages dans les Alpes (Neuchâtel, 1786), ont été retrouvés en totalité par le petit-fils de l’illustre alpiniste, M. Henri de Saussure, qui s’est empressé de les mettre au jour.
- —^— La Banque de France va mettre en circulation des billets imprimés sur du papier de ramie. Ces billets seront du même modèle que le type actuel ; mais le nouveau papier, plus léger et cependant plus résistant que l’ancien, permettra une impression plus nette et rendra, en conséquence, l’imitation beaucoup plus difficile que par le passé. Le nombre des faux billets de banque est, d'ailleurs, très minime depuis la mise en circulation du modèle de billets bleus à fond rosé. Les rares billets faux qui parviennent k la Banque de France sont des billets de 100 francs et de 50 francs, ancien type. Les faussaires n’ont pu parvenir à imiter convenablement le nouveau type. Aussi, celui-ci sera-t-il conservé.
- —Le génie militaire espagnol a entrepris, il y a une quinzaine de jours, des expériences très intéressantes dans le but d’assurer, au moyen de pigeons voyageurs, en cas de rupture du câble sous-marin, les communications qui existent actuellement entre Ceuta (Maroc) et la Péninsule. Sur 21 pigeons lancés de Ceuta, 23 sont arrivés à Malaga après avoir traversé, dans d’excellentes conditions, le bras de mer (120 kilomètres environ) qui sépare ces deux localités.
- —La petite localité de Marguerittes, située à 7 kilomètres de Nîmes, va être éclairée à l’électricité. La municipalité vient de traiter à cet elîet pour l’éclairage public et privé avec la Compagnie nationale d’électricité. Le courant sera fourni directement par l’usine que cette Compagnie exploite déjà à Nimes et dont la puissance atteint six mille lampes.
- — Des terrains ont été récemment achetés à Cleveland (Ohio) pour l’érection d’une fabrique géante de crayons pour lampes à arc. Les bâtiments couvriront une surface énorme. On estime porter la production journalière à un demi-million de crayons et employer 500 ouvriers. L’approvisionnement que nécessite une telle mise en traitement de matériaux bruts a déjà fait hausser le prix du coke de 50 à 75 francs la tonne. L’électricité agit en bonne mère, envers le gaz; elle lui rend en source de profits tous les mauvais traitements qu’il lui fait subir. O vertu primitive et évangélique!
- —La République de Victoria, dans le sud de l’Australie, est devenue un centre d’élevage de chevaux des plus importants ; c’est là que les colonies anglaises et la colonie hollandaise de Java vont remonter la cavalerie de leurs troupes d’occupation. En 1890, rien que pour les colonies anglaises, cette contrée a exporté 2600 chevaux dans le Bengale, 300 dans l’ile Maurice, 270 dans le district de Madras, 220 dans celui de Bombay, et 260 dans les districts du Détroit. En 1891, les exportations," dans les mêmes pays, se sont élevées à 3993 chevaux.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour ce •qui concerne les marquises aérifères, dont il a été question dans le nu 1000, du 30 juillet 1892, il faut s’adresser à M. Le-jus, 5, place Royale, à Nantes. — Le contrôleur de présence, décrit dans notre précédente livraison du 13 août 1892, est fabriqué par la Bundy manufacturing Company de Bingham-ton, Etat de New-York (Etats-Unis). — L’appareil pour la détermination de la densité des gaz de MM. Moissan et H. Gautier dont la description a été donnée dans le n° 1002, du 15 août, se trouve chez M. Victor Chabaud, 10, rue de la Sorbonne, Paris.
- Communications. — M. A. Vierendeel, à Bruges, nous écrit, à propos de l’article sur l'Institut Pasteur en Australie, paru dans le n° 1000, du 30 juillet 1892 : Page 155, colonne 2, ligne 40, il est dit : un vétérinaire hollandais, Willems. — Willems est Belge et habite la Belgique, à Hasselt. — Nous réparons volontiers cette erreur de nationalité.
- Mm‘ J. M., à Nantes, nous annonce que, malgré une forte chaleur, les hirondelles ont complètement disparu de Nantes et des environs. G’est la première fois que pareil fait se présente depuis cinquante ans.
- M. Ch. V. Zenger, professeur de physique à l’Ecole polytechnique de Prague, nous adresse la brochure qu’il vient de publier sur le Système du monde électrodynamique. (Imprimerie F. Simacek. Prague, 1892.)
- M. A. Planté, à Concremiers (Indre), nous fait parvenir quelques renseignements sur l’orage de grêle qui s’est abattu, le 29 juillet dernier, sur toute la région. Les champs ont été couverts de gréions, gros comme des œufs de pigeons. On en a même trouvé quelques-uns du poids de 620 grammes.
- Renseignements. — M. H. Bollinckx, à Bruxelles. — Veuillez vous adresser directement à l’auteur de l’article, 22, rue Bizet, à Paris.
- Mme H. Orléans, à Tocsani. — Vous trouverez tout ce qui concerne le matériel des ballons chez M. II. Lachambre, 24, passage des Favorites, à Paris.
- M. L. Bassonville, à Bruxelles. — Nous ne croyons pas que des expériences aient été faites à ce sujet.
- M. Ascoli, à Paris. — Le siphon élévateur a été décrit dans le n° 989, du 14 mai 1892, p. 369. Vous trouverez dans notre article tous les renseignements à ce sujet.
- M. F. Harsant, à Paris. — Envoyer les communications au secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences.
- M. I{. S. Bercud, à Paris. — L’adresse que vous demandez est la suivante : Etablissement central d’éclairage électrique, à Sedan.
- M. V. F. B., à Vilvordc. — Nous n’avons pas d’autres renseignements que ceux qui ont été publiés.
- M. A. Petre, à V. — 11 faudrait garnir le bois d’une feuille de plomb inattaquable à l’eau acidulée sulfurique.
- M. L. Magnin, à Toul. — Pour enlever cette tache, il faut laver le livre légèrement avec de l’éther.
- M. E. Biardol, à Paris. — Nous avons menlionné de nombreux traités relatifs à la photographie ; il faut choisir parmi ces ouvrages.
- M. E. Landrau, à Pons. — Le procédé Soxhlet, dont vous parlez, pour stériliser le lait, est en effet très simple à appliquer. Le lait est versé dans de petites bouteilles de 150 centimètres cubes, à col étroit, et que l’on remplit presque entièrement. On ferme avec un bouchon de caoutchouc percé d’un trou et portant un tube de verre. Ces petits flacons sont disposés dans une marmite remplie d’eau à un niveau tel que les flacons soient immergés ; on fait bouillir l’eau pendant cinq minutes et, pendant la chauffe, on enfonce le tube de verre dans le bouchon de caoutchouc. Ces vases étant ainsi hermétiquement fermés, on chauffe encore pendant 55 à 40 minutes et on laisse refroidir. Les laits ainsi pasteurisés se conservent
- lusieurs semaines; pour l’emploi, on réchauffe avant de dé-oucher. Ce procédé Soxhlet est surtout employé pour stériliser le lait destiné à l'alimentation des enfants. Les autres méthodes de stérilisation se pratiquent dans l’industrie du lait pour aider à sa conservation ; on emploie alors les appareils de chauffage appelés pasteurisateurs. On peut encore conserver le lait par le froid. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de ces procédés. Consultez à ce sujet les divers livres récents traitant du lait, notamment les Industries du lait, par M. R. Lézé.
- M. F. Borelli, à Marseille. — Les marchands de papiers pour tapisseries pourront vous fournir ces renseignements ; adressez-vous à M. Le Mardelé, H 5, rue du Faubourg-Saint-Antoine, à Paris ; à M. Balin, 236, même rue ; ou à M. Josse, 163, rue de Charonne, à Paris.
- M. B. Henry, à Paris. — Nous avons décrit la voiture à pétrole de MM. Peugeot dans le n° 960, du 24 octobre 1891, p. 321.
- M. L.-J. Frémaux, à la Nouvelle-Orléans. — Nous croyons qu’en effet il serait très avantageux de fabriquer des mètres portatifs avec ce métal, à la condition qu’il soit suffisamment malléable et résistant.
- M. E. S., à Pau. — Nous pensons qu’il faudrait faire faire un viseur spécial pour opérer à si courte distance.
- Un abonné, à Bâle. — 1® Quelques procédés ont été indiqués dans le petit livre de la Science pratique, à la librairie Masson, pour transformer en épreuves brunes les épreuves bleues au ferro-cyanure. — 2° Nous avons donné ces proportions précédemment. Il faut un bain très étendu, 4 à 5 pour 100, de bichromate.
- M. M. S. B., à Musseau. — Adressez-vous à M. Mors, constructeur-électricien, 8, avenue de l’Opéra, à Paris.
- M. Legrand, à C. — Vous nous demandez si les crapauds sont utiles à l’agriculture. Voici les renseignements que nous avons pu nous procurer à ce sujet. On a calculé qu’un crapaud adulte dévore, en vingt-quatre-heures, un poids égal au sien d’insectes nuisibles: aussi les cultivateurs anglais, sachant reconnaître les services que les crapauds leur rendent, non seulement ne détruisent pas ceux qu ils rencontrent sur leurs terres ou leurs jardins, mais en font venir des quantités considérables du Nord de la France, qu’ils payent à des prix relativement fort élevés.
- M. B. Picot, à Paris. — Vous pourrez faire faire l’étude de la machine électrique dont vous parlez et de l’installation d’éclairage en vous adressant à M. Paul Barv, ingénieur-électricien, 5, rue Gay-Lussac, à Paris.
- M. E. Puvrez, à Fresne. — Il n’y a pas d’autre moyen que de détacher les incrustations à coups de ringards; nous ne vous conseillons pas d’employer les agents chimiques qui attaquent la tôle.
- M. B. P. B., à X. — La force électro-motrice serait diminuée; il est nécessaire de prendre un charbon pour le pôle positif.
- M. Buffenoir, à Neuilly. — Cette adresse nous est inconnue ; mais on pourrait vous la fournir aux bureaux du journal le Cosmos, rue François 1er, n° 8, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. Kerchalon, à Pont-Rousseau. Nous regrettons de ne pouvoir vous fournir ces renseignements. — M. J. K-, à Toulouse. Il nous est impossible de développer dans le journal une question technique aussi spéciale; voyez les ouvrages et brochures relatifs à ce sujet. — M. Dupuis, à Marseille. Vous trouverez cette substance chez les marchands de produits chimiques. — M. Guillet, à Gand. Aucune expérience n’a été faite à cet égard. — M. Barrot, à Versailles. Pas d’autre adresse que celle indiquée précédemment. — M. Gomet, à Paris; M. B. S., à Calais; M. li. E. G., à Courbevoie. Remerciements pour vos communications.
- HYGIENE ET SANTÉ
- Pommade pour les chasseurs et les alpinistes. — Les marches forcées, surtout quand la chaussure est un peu défectueuse, n’a pas été brisée et est restée humide, amènent facilement des ampoules. Pour prévenir leur irritation, le répertoire de pharmacie donne la formule suivante : savon, 50 grammes; suif, 50 grammes; alcool camphré, 25 grammes; vinaigre, 25 grammes. On préviendra l’ulcération de l’ampoule par un autre moyen. Pour la cloque, avec une aiguille passée à la flamme d’alcool, laisser doucement écouler le liquide et, après avoir retiré l’aiguille, enduire de vaseline boriquée au dixième. Dr X...
- Dans la « Botte aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
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- PETITES MENTIONS1
- Sac de touriste. — Quiconque a porté de lourds fardeaux en montagne a souffert du sac, auquel on ne s’habitue jamais complètement, et dont les principaux inconvénients sont : 1° la gène des épaules et de la poitrine par les courroies qui compriment les vaisseaux et les nerfs à la racine des bras ; 3° réchauffement du dos produisant rapidement une sueur abondante qui, ne pouvant s’évaporer librement, entretient sur le corps une forte humidité ; inconvénient grave auquel on a incomplètement paré au moyen de claies en osier ou de chevalets, qui augmentent le poids du sac sans atteindre le but cherché ; 3° la limite du poids, susceptible d’être porté sans fatigue notable, rapidement atteinte et ne pouvant être dépassée sans produire une très grande surcharge ; 4° le manque de protection de la nuque et de la tête; un soleil intense peut provoquer des insolations; une pluie abondante mouille les vêtements et ruisselle
- de tenir leur appareil dissimulé. C’est un appareil photographique qui a exactement l’apparence d’un étui de jumelle à courroie, comme le montre le n° 1 de la figure. L’appareil ouvert offre l’aspect du n° 2. A droite, le dessin n° 5 indique le mode d’emploi. L’étui-jumelle photographique est construit en métal; il s’ouvre automatiquement de lui-même; il est muni d’un obturateur rapide à guillotine et d’un viseur qui permet d’opérer en hauteur ou en largeur. Cet appareil est très intéressant pour les sportsmen et les touristes. — Se trouve chez M. Frank Valéry, 25, boulevard des Capucines, à Paris.
- Veilleuse-horloge. — La figure ci-dessous représente un intéressant petit appareil, consistant en une bougie spéciale éclairant un cadran translucide. C’est une excellente veilleuse. Mais la bougie, en brûlant, détermine la rotation d’une aiguillé autour d’un cadran et donne l’heure pendant la nuit. Voilà une horloge. La figure de gauche représente la coupe de l’appareil et
- DltTRltr-
- Sac d'alpiniste du Dr Monard.
- Veilleuse-horloge.
- dans le cou; 5° l’impossibilité pour la femme de s’en servir, parce qu’il exerce une compression et une traction des muscles de la poitrine. M. le Dr J. Monard, d’Aix-les-Bains, a imaginé un nouveau système de sac dont les trois figures ci-dessus donnent une idée complète et qui évite tous les inconvénients précités. Notre gravure est assez explicite pour qu’il ne soit pas nécessaire de décrire les détails de construction. Le point d’appui du fardeau est sur les épaules. On obtient ainsi la répartition du poids total sur deux points voisins de l’axe vertébral qui peuvent plus facilement supporter de fortes pressions sans fatigue. La capacité du nouveau sac est deux fois plus grande que celle des sacs ordinaires. Il est vrai que dans ce système la tète est enfermée dans un espace exigu, ce qui offre évidemment un inconvénient que les avantages toutefois peuvent compenser. — Pour tout ce qui concerne le sac de touriste, s’adresser à M. le Dr J. Monard, établissement thermal d’Aix-les-Bains (Savoie).
- Étui-jumelle photographique.—Nous avons décrit jadis une jumelle photographique (n° 460, du 25 mars 1882, p. 260).
- Jumelle photographique.
- en explique le mécanisme. La bougie, placée dans le cylindre de l’appareil, maintient à la partie inférieure de ce cylindre un disque sollicité par un ressort qui tend à le pousser de bas en haut. La bougie, en brûlant, diminue de hauteur; le disque, poussé par le ressort, monte ainsi graduellement. Il entraîne avec lui une petite chaînette qui s’y trouve fixée. Cette chaînette est reliée à son autre extrémité à l’aiguille du cadran et la fait tourner. Elle passe dans la gorge d’une poulie à la partie inférieure de l’appareil. Le cadran peut se mouvoir à la main, et en se couchant on le tourne de façon à ce que'l’heure du moment soit placée en face l’aiguille. — La veilleuse-horloge se trouve chez M. Mathieu-Martain, 42 bis, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
- Le tir congolais. — Voici un ingénieux perfectionnement de la classique sarbacane. C’est un mince tube de métal nickelé. On y introduit, par une ouverture susceptible d’être ouverte et fermée, une petite flèche formée d’une pointe métal-
- Voici un nouvel appareil photographique d’un genre différent qui est très portatif, et qui permet aux amateurs d’instantanés
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction de3 Nouvelle» scientifiques est étrangère aux annonces.
- lique terminée par une petite houppe. Cette flèche est représentée en A à une échelle plus grande que la sarbacane figurée en B. En soufflant on lance la flèche contre une cible de bois, où la pointe reste incrustée. — Même adresse que la veilleuse-horloge décrite ci-dessus.
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- INOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- De l'avantage de tuer le poisson au sortir de l'eau. —Les Hollandais tuent le poisson au sortir de l’eau en lui faisant une incision longitudinale sous la queue avec un instrument bien effilé. Chez nous, au contraire, nous le laissons mourir lentement, et cette mort lente amollit les chairs et les prédispose à l’altération. « Personne, écrivait un jour M. Baude, ne mangerait d’un mouton ou d’un poulet mort de sa mort naturelle ou noyé. Pourquoi serions-nous moins délicats sur ce qui nage que sur ce qui marche et sur ce qui vole? Je pense, ajoute-t-il, qu’il serait bon de faire chez nous, sur des poissons de même espèce et placés dans les mêmes conditions, des expériences comparatives entre les deux procédés de France et de Hollande. »
- Préparation d'un ciment blanc. — M. 0. Fahnejelm indique le procédé suivant pour préparer un ciment blanc, trouvant son emploi dans l’ornementation architecturale, et plus résistant que le plâtre : on calcine au rouge vif 75 parties de craie pure bien débourbée avec 25 parties de kaolin et on passe au moulin. On obtient une poudre d’un blanc de neige qui, si la calcination a été trop forte, présente souvent une pointe de bleu. Ce ciment, seul ou additionné de quelques centièmes de plâtre, constitue un excellent mortier hydraulique faisant prise sous l’eau et présentant déjà une résistance de 10 kilogrammes par centimètre carré, sept jours après sa préparation. En trois mois, elle s’élève à 25kr,5 par centimètre carré. Ce ciment ne se coule pas comme le plâtre, mais se travaille comme le ciment de Portland.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Saint-Maur, altitude, 49“,30). — Bureau oentral météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION BT FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 8 août .... 16*,1 N. 1. Peu nuageux. 0,0 Irrégulièrement nuageux ; éclairs dans la soirée.
- Mardi 9 16*,0 W. S. W. 2. Très peu nuageux. 9,0 Quelques nuages de 7 à 9 h. ; presque couvert du reste.
- Mercredi 10 13*,1 N. N. E. 3. Couvert. 0,3 Couvert; un peu de pluie de 1 h. à 4 h.
- Jeudi 11 13*,8 N. N. E. 2. Couvert. 0,0 Couvert jusqu’à 8 h., puis nuageux ; beau l’après-midi.
- Vendredi 12 12*,0 N. N. E. 2. Beau. 0,0 Beau.
- Samedi 13 15*,9 S. S. W. 1. Beau. 0,0 Nuageux de 13 à 19 h. ; beau avant et après ; tonnerre au S. de 23 h. 40 à 30 m.
- Dimanche 14 16*,0 S. 1. Couvert. 0,0 Couvert ou très nuageux jusqu’à 19 h. ; beau ensuite ; pluie fine de 5 h. à 9 h. 1/4.
- AOUT 1892.-- SEMAINE DU LUNDI 8 AOUT AU DIMANCHE 14 AOUT 1892
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi
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- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- les orages en France. — Un grand nombre d’orages ont été signalés sur divers points de la France pendant la semaine du 8 au 14. Le 8 août, de 10 heures du matin à 1 heure, trois orages effroyables, venant du sud-ouest, ont éclaté sur la ville de Tours. Les coups de tonnerre ne discontinuaient pas, et la foudre tombait en vingt endroits avec seulement quelques secondes d’intervalle. La plupart des appareils téléphoniques de la ville ont été détériorés. La foudre est tombée sur la basilique de Saint-Martin, sur la maison de Notre-Dame-du-Refuge et sur un hôtel de la rue de la Bourse, mais sans faire de dégâts. Rue du Commerce, une voiture a été mise en éclats et plusieurs chambres lézardées. Ces trois orages ont été accompagnés de pluie et de grêle, et on craint que dans la campagne les récoltes n’aient souffert.
- Le même jour, à Loches, vers 3 heures de l’après-midi, pendant un orage, la foudre est tombée sur le toit d’un lavoir public et a tué un enfant de neuf ans qui s’y était réfugié. La foudre a encore causé d’autres malheurs à Rodez le 10 août, où une femme a été tuée sur le coup. Elle est également tombée le même jour dans le canton de Chalabre, près de Limoux. Un violent orage a éclaté aussi le 9 août, à 2 heures après-
- midi, au sud de Lyon et sur la région. Le tonnerre est tombé sur plusieurs points. Rue Croix-Jordan, il a enlevé une partie de la toiture ae l’usine Alloiug; place Abondance, il a renversé un mur; enfin, à l’église Saint-Pierre, le paratonnerre a été entièrement tordu. La pluie est tombée à torrents pendant quelques minutes.
- la couleur bleue du ciel. — De l’ensemble des dernières recherches de M. A. Crova sur la diffusion de la lumière par le ciel, il résulte que : 1" La coloration bleue du ciel est la plus intense pendant les mois de décembre, janvier, mars et septembre, tandis que ses minima se produisent en février, juillet, août et novembre. Le minimum de-février paraît dû à la pluviosité de ce mois. — 2* Le maximum de la coloration Dleue a lieu le matin et le minimum à l’heure la plus chaude de la journée. — 3" D’une manière générale, l'intensité de la coloration bleue est maxima en hiver et minima en été, époque à laquelle l’atmosphère contient des particules de plus grandes dimensions quen hiver. — 4“ Les phénomènes d’optique atmosphérique doivent être considérés comme des manifestations variées d’une seule et même cause, qui serait la présence, dans l’atmosphère, de quantités variables de poussières, globules infinitésimaux d’eau à l’état liquide et de vapeur d’eau.
- PHASES DE LA LUNE : P. L. le 8, à 0 h. 7 m. du soir.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres a doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE BERVIGB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIB O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- Le système métrique en Angleterre et aux États-Unis. — M. J. Emerson Dawson, abordant cette question dans le « Electrician », dresse la liste des nations faisant actuellement usage du système métrique — au total 30 — ce qui fait une population totale de 323489 773 individus. La Russie, l'Angleterre et les Etats-Unis d’Amérique sont les seules grandes nations qui sont restées en arrière; au surplus on étudie la question très sérieusement en Russie. Voici ce qu’écrit à ce sujet un physicien américain : « R est singulier de voir les populations de langue anglaise persister dans l’emploi de leur système barbare de poids et mesures. Nous avons déjà démontré plusieurs fois l’utilité qu’il y aurait à adopter le système métrique pour le commerce d’exportation, dans nos relations avec l’Amérique du Sud et les autres nations. De toutes parts arrivent les doléances des consuls anglais, et nous Américains, nous nous trouvons dans la même position. Voici d’ailleurs un fait topique. Le lieutenant-colonel Osa, directeur de l’artillerie impériale au Japon, a écrit à la Société des aciéries de Sheffièld (Angleterre) en assurant que le métal livré par elle possédait une supériorité incontestable, comme prix de revient et qualité. Nonobstant, le gouvernement japonais préfère s’adresser au Creusot ou à l’usine Krupp, toutes les fois qu’il faut une grande précision dans les mesures, pour éviter d’avoir à donner les dimensions en pieds et en pouces. Notre système antique et suranné de livres troy et livres avoir-dupois, de tonnes et de gallons de toutes capacités, de pieds et de pouces, est déjà assez ennuyeux pour nos nationaux; on comprend ce que cela doit être pour un étranger non familiarisé avec ces mesures. » — Nous ajouterons d’ailleurs que si les Anglais sont parfois routiniers, il ne manque pas parmi eux d’esprits éminents et distingués qui sont favorables à l’adoption du système métrique. Un grand nombre de publications anglaises partagent notre avis ; nous citerons notamment Y Engineering and mining Journal, auquel sont empruntés les renseignements qui précèdent.
- INFORMATIONS
- —— Voici une prouesse vélocipédique qui nous paraît digne d’être placée à côté de celles des Terront et des Stéphane. Elle est citée par le journal le Centre du 10 août 1892 Dimanche 7 août, M. Psycho, chef de route du Véloce-Club auvergnat, a gravi le l'uy de Dôme en bicyclette. Parti de Clermont à 0 heures du malin, M. Psycho atteignait la base du Puy de Dôme au col «le Ceyssat une heure quarante minutes après, avec rampe moyenne de 50 millimètres par mètre, pendant 12 kilomètres. C’était là que se présentait l’obstacle que l’on croyait insurmontable. Entre sa base et son sommet, la montée du Puy de Dôme est très pénible pour les piétons, la différence de niveau est de 584 mètres pour moins de 5 kilomètres de parcours, ce qui donne une rampe moyenne de 130 millimètres par mètre, rampe qui atteint 150, 200 dans de nombreux endroits et même, paraît-il, 500 millimètres dans de certains virages. Eh bien ! le tour de force a été accompli et le Puy-de-Dôme a été
- ravi en une heure dix-sept minutes. L’arrivée au sommet a eu lieu ans de bonnes conditions, M. Psycho n’était pas trop fatigué et la bicyclette avait parfaitement résisté. Alors que de nombreux velo-cemen recherchent les lauriers des records de vitesse et des records de fond, il n’était pas banal de tenter et d’obtenir le record de montagne.
- —— On écrit de Saint-Gervais : La rivière l'Arvea subi récemment une forte crue qui a duré toute une journée. Cette crue a été causée par une poche d’eau échappée du glacier de Taconnaz, et qui a raviné le terrain de la commune des Mouches. Les dégâts sont insignifiants. Le Comité de secours aux victimes de Saint-Gervais a vote hier la répartition d’une somme de 30 000 francs pour les personnes comprises dans la troisième catégorie, c’est-à-dire celles qui n’ont encore rien reçu jusqu’à ce jour.
- —Nous avons mentionné récemment ici-même 'n° 1002, du 13 août 1892) la communication faite à la Société vaudoise sur la chute spontanée des branches d’arbre. M. Emile Sorel, du Havre, nous confirme les faits mentionnés et nous écrit que ces chutes surviennent, en général, en l’absence de vent et par très beau temps. « Je les ai observées, dit notre correspondant, non seulement sur les marronniers, mais sur les ormes, les tilleuls et les peupliers trembles. Le phénomène est assez fréquent, et quelquefois, non seulement une, mais toutes les branches de l’arbre tombent successivement; il ne reste que le tronc. Les branches tombent habituellement d’arbres d’un certain âge, en pleine végétation, et paraissant parfaitement sains. Ces chutes, qui peuvent survenir en toute saison, sont très dangereuses. Ma famille a déjà été, ainsi, deux fois mise en péril, et ces jours derniers, au Havre, dans le square Saint-l\och. une brave femme était tuée par la chute spontanée d’une branche de peuplier tremble. Je fus témoin de l’accident. »
- —— M. Ferdinand Tillon, secrétaire-trésorier du Syndicat de hannetonnage de l’arrondissement de Bernay (Eure), vient de publier son rapport sur les opérations de l’exercice 1892. D’après ce document, cette campagne a été beaucoup moins fructueuse que celle de 1889. Ainsi, tandis qu’en 1889 la quantité de hannetons détruits dans les diverses communes de l’arromlissement s’est élevée à plus de 148 000 kilogrammes, en 1892, on n’en a détruit que 40 589 kilogrammes. Ainsi que le fait observer M. Tillon, il est permis d’attribuer cette diminution des hannetons à la vigoureuse campagne de 1889. Un remarque, en effet, que les communes qui avaient fourni les plus gros chiffres il y a trois ans ont été le plus épargnées cette annee : ainsi à Harcourt, il a été ramassé 945 kilogrammes de hannetons au lieu de 13 858 kilogrammes; à Courbcpine, 580 kilogrammes au lieu de 9780 kilogrammes; à Thibouvillc. 3081 kilogrammes au lieu de 17 000 kilogrammes; à Plasties, 192 kilogrammes au lieu de 4075 kilogrammes, etc. Le Syndicat de hannetonnage se propose de continuer l’œuvre commencée en poursuivant les vers blancs non moins que les hannetons jusqu’à ce que l’arrondissement de Bernay soit débarrassé de ces hôtes nuisibles. L’arrondissement de Bernay donne là un exemple qu’il serait bon de suivre partout.
- —Encore une curieuse invention américaine. Il s’agit de la pêche à la vapeur. On commence à établir ces pêcheries à la vapeur dans les îles de l’Amérique et surtout près des embouchures des tleuves. Un petit navire à vapeur mène les filets à un mille de distance, et les deux bouts en sont ramenés le lendemain, grâce à des machines autour desquelles s’enroulent des câbles tenant les filets. Un fait ainsi, paraît-il, des pêches miraculeuses. On cite une récolte de 500 000 poissons en un seul jour. La plus importante dé ces pêcheries est située à l’embouchure de la Susquehannah.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Communications. — M. G. Bans, à Paris, vient de publier une petite brochure sur le double voyage aérien du ballon Jupiter, au Havre, dans laquelle il relate les différentes circonstances des tragiques ascensions exécutées les 10 et 11 juillet 1892 par M. Porlié et ses compagnons. Ce petit opuscule se trouve à la librairie du Collège de France, 8, rue des Ecoles, à Paris.
- M. Lebègue, à Epernay, nous adresse la Note suivante à propos de l’article sur la suppression de la fumée que nous avons publié dans le n° 1002, du 15 août 1892, p. 175 : « Le même résultat vient d’ètre obtenu par un appareil dont les dispositions d’ensemble ont été conçues en septembre 1891, et mises à exécution en janvier 1892, par M. Henri Lebègue, ingénieur de la maison Moët et Chandon, à Epernay, où il fonctionne actuellement. L’installation comprend trois chaudières pouvant produire 5500 kilogrammes de vapeur par heure. Les gaz sont aspirés par un ventilateur de M. E. Farcot; ils se refroidissent avant leur arrivée dans ce ventilateur par leur passage dans un appareil Economiseur Green de Manchester, qui assure une économie de 20 à 25 pour 100 sur la consommation du combustible. Les gaz sont ensuite refoulés dans une chambre, et ils traversent une couche de coke fortement mouillée par une pluie constante, tombant de la partie supérieure de la chambre. Les particules solides entraînées par les fumées sont arrêtées et expulsées automatiquement dans un égout, et les gaz qui s’échappent dans l’atmosphère sont totalement incolores et ne contiennent aucune matière solide, alors que précédemment de fines particules se répandaient en quantité considérable, incommodant tout le voisinage dans un rayon de plus de 200 mètres. »
- M. G. de Keukelaere, à Gand, nous envoie une communication au sujet d’une Notice précédente où il était question d’un chien auquel on faisait dire papa. « Le 14 août dernier, j’ai observé à Audenarde (Flandre orientale), nous dit notre correspondant, un chien répétant les mots de (( papa, maman, tata » très distinctement et très clairement quand on le lui commandait ».
- M. Bergonié, à Bordeaux, à propos de notre petit article du compte-gouttes « normal » (Petites Inventions du n° 1002, du 15 août 1892). nous écrit : « On appelle compte-gouttes normal celui qui donne des gouttes du poids de 08r,05 avec de l’eau distillée et h la température de 15° C., 20 gouttes pour 1 centimètre cube. C’est la définition que l’on trouve dans le Codex français et dans tous les livres de physique appliquée à la médecine et à la pharmacie. Lorsque le compte-gouttes normal se termine par un tube cylindrique en verre, le diamètre extérieur de ce tube est exactement de 5 millimètres. Les poids des gouttes des divers liquides sont déterminés pour ce compte-gouttes et inscrits dans des tables à la température de 15°C. Aucun compte-gouttes ne peut être dit normal, s’il ne satisfait à la définition donnée plus haut. »
- M. Le Goarant de Tromelin, à Toulon, nous envoie une brochure qu’il vient de faire paraître sur les Lois mécaniques de la circulation de Vatmosphère, à l’administration des Deux Revues, à Paris.
- M. le lieutenant de vaisseau C. M. Le Blanc nous adresse une brochure intitulée : Application de la méthode Marcq-Saint-Hilaire à la conduite du navire à grande vitesse. (Librairie Duchet, à Rochefort.) L’interprétation originale qu’il donne de la méthode des points rapprochés successifs produit ce résultat intéressant et curieux : en définitive, l’opération du point telle qu’elle est entendue et pratiquée actuellement est supprimée. On ne fait plus le point et on l'a toujours. On n’a plus affaire à une série d’opérations indépendantes et fondées sur deux ou plusieurs observations concertées. Chaque observation isolée vaut par elle-même; elle vient s’ajouter à la précédente, la rectifie, en précise les résultats, et l’ensemble des opérations forme une opération unique qui, mieux que jamais, mérite ce nom : le Point.
- Renseignements. — M. Mallard, à Sabres. — Le liquide employé est constitué par une solution de potasse. >
- M. T. Londrau, à Pons. — L’ouvrage Les industries du lait, par M. R. Lézé, que nous vous avons indiqué dans notre dernière Boîte aux lettres, est édité par MM. Firmin-Didot et Cie, 56, rue Jacob, à Paris.
- Un abonné, à Creutzxvald. — Le frottement de la feuille huilée avec du kaolin donne de bons résultats; nous ne connaissons pas d’autres procédés.
- M. J. Deridder, à Bruxelles. — Il faut obtenir une solution qui soit le plus concentrée possible, c’est-à-dire qu’il faut dissoudre la plus grande quantité de caoutchouc para dans la plus petite quantité de benzine ou de sulfure de carbone.
- M. Beottartmann, à Artemare. — L’hygromètre à cheveu ne peut que vous donner des résultats imparfaits; adressez-vous à la maison Alvergniat, Y. Chabaud, successeur, 22, rue de la Sorbonne, à Paris.
- M. J. Bérard, à Constantine. — L’Académie des sciences n’est pour rien dans les expériences en effet fort bizarres dont vous parlez ; nous ne les considérons pas comme sérieuses.
- M. Ch. Jacques, à Boulogne-sur-Mer. — Cet appareil pourrait être réparé chez M. Deschîerïs, 125, boulevard Saint-Michel, à Paris.
- M. J. Goffart, à Tanger (Maroc). — Vous nous envoyez un fragment de plante sèche, et vous nous demandez de la déterminer. Mais vous oubliez de nous dire que la plante n’est pas du pays d’où vous nous écrivez. On a dû la recueillir dans les Alpes ou les Pyrénées. C’est le Melampyrum nemorosum. Comme toutes les plantes parasites, ce melampyrum n’est pas cultivable à volonté.
- M. H. Petit, à Crépy-en-Valois. — Nous ne pouvons prendre l’engagement de faire paraître votre article sans en connaître la teneur.
- M. Gondard, à Dommartin. — On annonce souvent une série d’applications de ce genre; mais les résultats ne répondent pas toujours à l’attente. Dans le cas actuel, nous n’avons pas de renseignements.
- M. E. Maxilien, à Bergerac. — Machines à glace : MM. Rouart frères, 157, boulevard Voltaire; Glacière des familles : aux magasins de la Ménagère, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
- Un lecteur, à Constantinople. — Nous avons publié précédemment dans le journal quelques Notes qui vous renseigneront.
- M. L. Desobry, à Avon. — Il faudrait pouvoir examiner votre appareil pour vous répondre. Consultez votre constructeur.
- M. F. Degan, à Bagnols. — Votre lettre a été envoyée à destination.
- M. Delord, à Alais. — Il n’existe pas de procédé spécial, à notre connaissance; mais on peut atteindre ce résultat en mouillant le cuir et en l’exposant à l’air.
- M. E. Baron Latouche, à Fontenay-le-Cointe. — Nous ne pensons pas qu’il ait paru un ouvrage sur cette question, ni qu’il y ait de laboratoire de ce genre.
- M. J. Plassard, à Villers-sur-Mer. — Le nouveau développement au paramidophénol est, en effet, très intéressant ; nous publierons prochainement un article à ce sujet.
- M. J. P., à Paris. — Dans le dictionnaire de Larousse, on donne pour le mark la valeur de lfr,10; mais nous croyons que c’est par erreur, dans le commerce on compte lfr,25.
- M. l'abonné 1219, à Angers, et M. P. Olivier, à Paris. — Le fait que vous signalez : production d’un cliché positif pendant le développement, provient d’un excès de pose. Ce très curieux phénomène a été signalé par M. Janssen et étudié par MM. Lumière. Nous avons consacré précédemment un article à ce sujet. (Voy. n° 812, du 22 décembre 1888, p. 58.)
- M. F. IF., à Bischwiller. — 1° Il a été très souvent question de dépôts à base de savon calcaire dans les générateurs à vapeur. (Voy. le Bulletin de la Société des ingénieurs civils.) — 2° Nous croyons qu’il y a un effet de perspective dans le phénomène de nuages dont vous parlez.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. E. de Lague-renne, à Montluçon. Remerciements. Votre communication sera insérée. — M. V. C. U-, à Paris. Quelques traités ont dû être publiés à ce sujet; il faudrait vous renseigner auprès des grands libraires de Paris. — M. C. Magnus, à Chicago. Votre lettre a été envoyée à destination. — M. R. Cacerès, à Quito. Remerciements pour vos photographies d’indiens du Mapo; nous les utiliserons à l’occasion. — M- À. F., à X. Ne pourriez-vous employer une peinture au zinc, telle que nous l’indiquons dans le petit livre des Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — M. Z. Z., à X.; M. le Ür G. Laporte, à Saint-Estèphe. Le même petit livre pourrait vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n'est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- DANS LES MARAIS SALANTS DU BOURG DE-BATZ —Dessins inédits de A. Robida
- 1. Le marais, immense damier de longs rectangles subdivisés en œillets carrés, où peu à peu le sel se dépose. Le paludier, armé du lasse, grand râteau de bois, s’en va par les petits chemins, amener le sel sur la ladure, le petit terre-plein rond ménagé sur un côté de l'œillet. — % Costume de semaine du Bourg-de-Batz. Bien rare maintenant. — 3. Chargement du sel au mulon. — 4. Les moulins de la côte de Guérande.
- — 5. Costume de deuil. Plus la parenté avec le défunt est rapprochée, plus on s’enfonce dans la pèlerine de fourrure. — 6. Le mobilier de Saille. Lits Louis XIII, courtines vertes à rubans rouges, bois peint au vermillon comme tous les meubles, table, banc, armoire, vaissellier, etc.
- — 7. Costume de cérémonie de Saillé. Veste rouge, gilets vert et jaune, culottes et bas blancs, souliers jaunes. Costume en train de disparaître.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
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- BIBLIOGRAPHIE
- Les tourbières et la tourbe, par M. J.-B.-M. Biélawski. 1 vol. in-8°. Imprimerie et lithographie G. Mont-Louis. — Clermont-Ferrand, 1892. Prix : 3 fr. 50.
- Le volume que nous présente l’auteur renferme d’intéressantes considérations sur la tourbe et les tourbières. L’introduction nous donne quelques renseignements sur l’apparition des plantes tourbeuses, sur les relations entre les tourbières et les périodes glaciaires. Dans la première partie, nous trouvons la description des conditions et facteurs des tourbières, de leur formation, de leur flore, et l’énumération des tourbières de l’Auvergne et du Plateau Central. La deuxième partie est consacrée à l’étude détaillée de la tourbe; l’ouvrage en donne la composition, en décrit l’exploitation, et indique ses principaux usages dans l’agriculture et l’industrie.
- La pratique des projections, par M. II. Fourtier. Etude mé-
- thodique des appareils. Les accessoires. Usages et applications diverses des projections. Conduite des séances. Tome Ier : Les appareils. 1 vol. in-18 de la Bibliothèque photographique. Gauthier-Villars et fils, imprimeurs-libraires. — Paris, 1892.
- Itinéraires illustrés de Miriam. Les causses et les canons du Tarn. 1 vol. in-18. Edité à Mende, en 1892, par la section de la Lozère et des causses. — Prix : 5 francs.
- Le monde physique. Essai de conception expérimentale, par le Dr Julien Piooer. 1 vol. in-18 de la Bibliothèque de philosophie contemporaine. Félix Alcan, éditeur. — Paris, 1892. Prix : 2 fr. 50.
- The migration of birds an attempt to reduce Abian Season-Flight to Law, by Charles Dixon. 1 vol. in-8°. Chapman and Hall. — London, 1892. Prix : 7 fr. 50.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Rare Saint-Maur, altitude, 49a,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLOIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 15 août. , . . 19*,0 S. S. W. 2. Beau. 1,3 Nuag. de 8 à 19 h.; beau av. et ap.; atmospli. tr. claire
- Mardi 16 18*,3 N. E. 2. Beau. 0,0 Très nuag. de 13 à 16 h. quelq. nuages le reste du temps; atmosph. très claire.
- Mercredi 17 22”,8 S, 1. Beau. 0,0 Très nuag. de 13 à 20h.;queiq. nuages le reste du temps, gouttes à 14 h. et à23 h. Nuages à l’horiz.; uuag. jusq. 8 h.; beau du reste, éclairs vers le N. vers 3 h. et au N.N.W. à 21 h.
- Jeudi 18 22”,9 S. E, 2. Beau. 0,0
- Vendredi 19 18”,8 W. 3. Couvert. 0,0 Tr. nuag. surtout l’apr.-midi ; gouttes vers 13 h 1/2; un peudepl. de 16h. à 19 h.; Ecl. tr. fréq. à l’horiz. E.à 1 h.
- Samedi 20 15*,1 S. W. 2. Peu nuageux. 0,1 Peu nuag’.; atmosph. brumeuse.
- Dimanche 21 14*, 6 N. 2. Beau. 0,0 Couvert de 21 h. à 22 h.; beau avant et après.
- AOUT 1892. — SEMAINE DD LUNDI 15 AOUT AU DIMANCHE 21 AOUT 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent:
- courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la me?'); courbe plus mince, 'thermomètre à l’atrri à boule seche: courbe en pointillé, theimomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tremblements de terre. — Deux secousses de tremblement de terre ont été ressenties dans la nuit du 17 au 18 août à Milford-Haven (pays de Galles). Elles ont été accompagnées de détonations ressemblant à de fortes explosions. Les maisons ont chancelé. De nombreuses personnes, très effrayées, se sont précipitées daus les rues. Le même phénomène a eu lieu dans le pays de Cornouailles, dans le nord de Devonshire.
- A Madrid, un léger tremblement de terre a été ressenti le 16 août dans la matinée.
- La chaleur et le«t orages. — Une chaleur accablante a régné la semaine dernière à Paris et en France. A Paris, la température a atteint 31°,5 à la Tour Saint-Jacques, et 32°,6 à la Tour Eiffel. A Montlouis, dans les Pyrénées-Orientales, situé à 1700 mètres d’altitude et qui passe pour
- être le village le plus froid des Pyrénées, la chaleur a été intolérable ; la température s’est élevée jusqu’à 40 degrés.
- A la suite de ces grandes chaleurs quelques orages ont éclaté en divers points. A Paris, le 19 août, la pluie est tombée en abondance de 5 heures à 7 heures du soir. A Bordeaux, le même jour, un violent orage a eu lieu dès l’aube. Dès éclairs ont sillonné le ciel à partir de 1 heure et étaient accompagnés de coups de tonnerre. L'orage a duré jusque vers 5 heures du matin.
- A la même date, une série d’orages s’est abattue sur la région de Saint-Lô. A Gavray, la foudre a tué une femme et mis le feu à une maison qui a été entièrement brûlée avec ses dépendances. A Montbray et à Saint-Gilles, trois maisons ont également été détruites par des incendies qu’avait provoqués la foudre; une femme a été trouvée carbonisée sous les décombres.
- On a signalé également des bourrasques à Belfort, à Caen et dans les environs, ainsi qu’à Limoges.
- PHASES DE LA LUNE : D. Q. le 15, à 6 h. 47 m. du matin.~~
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
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- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boite aux lettres a doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE BBRVIGB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA T.IRRAIRIB Q. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA. SEMAINE
- Le nouveau port de Dunkerque apprécié par les Belges. — Nous avons la malheureuse habitude, nous autres Français, de nous dénigrer nous-mêmes, de critiquer parfois avec injustice, tout ce qui se fait chez nous, nos entreprises comme nos travaux publics. Il nous a paru curieux de faire passer sous les yeux de nos lecteurs l’appréciation d’un journal belge, Y Écho et Ostende, sur les travaux du port de Dunkerque, qui ont souvent été blâmés parmi nous. Voici ce que dit le rédacteur belge, au sujet du nouveau port de Dunkerque : « Il n’a fallu que douze ans au Gouvernement français, au département du Nord et à la ville de Dunkerque pour se mettre d’accord sur les plans des travaux à exécuter, sur les voies et moyens et sur la réalisation même de l’œuvre, car le projet Freycinet est, aujourd’hui, en grande partie terminé. Douze ans, seulement, pour doter la France d’un grand port nouveau, dont les quais s’étendent sur plus d’une lieue — une lieue belge, une lieue de 5 kilomètres — et dont les hangars recouvrent, dès à présent, une superficie de plus de $0 000 mètres carrés ! Avouons qu’il y a vraiment là de quoi nous donner à réfléchir, à nous ui discutons et disputons depuis plus de vingt-cinq ans autour u projet, toujours chimérique, de Bruxelles port de mer! » Tout en déclarant que le port de Dunkerque restera inférieur à Anvers, parce que les steamers et les voiliers du plus fort tonnage n’y entrent pas à marée basse, l’écrivain belge admire sans réserves la disposition de notre port : « En somme, dit-il, la transformation du port de Dunkerque est un coup de maître : depuis vingt-cinq ans, le mouvement du commerce de cette vieille cité trafiquante de la frontière — où à tout instant on entend parler le flamand autour de soi — a presque triplé, et, en 1891, le trafic général (entrée et sortie) s’est éleve, nous dit-on, à plus de deux milliards de kilogrammes. On voit par là que si la nouvelle concurrente d’Anvers n’est pas victorieuse, elle n’en est pas moins redoutable. »
- INFORMATIONS
- —#— M. Schirrer, un riche propriétaire de Nice, fait en ce moment avec sa famille, un voyage à travers la Suisse et l’Italie on.... roulotte. La roulotte de M. Schirrer n’est pas ordinaire, hâtons-nous de le dire, et ne rappelle en rien celle des bohémiens. Luxueusement aménagée, elle renferme salon, salle à manger, chambre à coucher, cuisine, cabinet de toilette et le reste. Une bicyclette, un bateau démontable de H mètres de long et tous les engins de pêche et de chasse désirables font partie du matériel de la roulotte que traînent facilement trois superbes percherons. M. Schirrer, sa famille et ses domestiques, au nombre de huit, peuvent tous coucher dans cette voiture, dont les dimensions dépassent naturellement celles des plus vastes diligences. La roulotte de M. Schirrer était, il y a peu de temps, à Bonneville, retour de Chamonix.
- —Le nombre des chamois a légèrement augmenté en Suisse dans la partie française. Dans les districts de Rœstocke et de Kur-
- fisten, on a constaté des émigrations de chamois. Quelques cantons ont été autorisés à faire détruire les vieux chamois mâles. Ainsi; il en a été tué douze à Gruyère. Le nombre des marmottes s’est également fort accru dans ces districts l’année dernière..
- —®— Pour soutenir les développements que prend la navigation commerciale, tous les ports de l’empire d’Allemagne s’imposent des sacrifices en vue de l’amélioration de leurs installations et de leur outillage. La ville de Brême est décidée à dépenser 16 millions de marks paur rendre plus facile l’accès de son nouveau bassin, appelé le « Kaiser Dock ». La contribution de l’empire à ces travaux ne sera que de 2 millions. Hambourg étudie un projet ayant pour objet la création d’un port ouvert à Cuxhaven. Les négociants de Dantzig ont nommé une commission pour étudier la question de l’établissement d’un port franc à Neufahrwasser. La ville de Stettin a décidé la construction d’un port qui sera formé par la réunion des deux bras de l’Oder. Ce port aura 5 kilomètres de longueur de quais. La dépense est évaluée à 11 millions de marks, et la ville prend cette dépense à sa charge sous la seule condition que le Gouvernement prussien approfondira la route maritime entre Stettin et Owinne-miinde. Kônigsberg s’occupe également d’un projet ayant pour objet l’approfondissement du chenal entre cette ville et PiIIau. De toutes parts les travaux de la marine ont une grande activité de l’autre côté du Rhin.
- —— Un savant Italien, l’ingénieur Amerigo Raddi, a fait paraître récemment, sous le titre les Conditions hygiéniques de l'Italie, un Mémoire important où il démontre que son pays est l’un des plus mal partagés sous ce rapport. L’auteur donne d abord le taux de la mortalité dans les différents pays d’Europe : la Suède, 15,97; l’Angleterre, 17,85; l’Irlande, 17,98; l’Ecosse, 18,68; la Suisse, 19,85; la Belgique, 20,08; la Hollande, 20,25; la Prusse, 22,88; l’empire allemand, 23,18; la France, 24,43; l’Italie, 27,55; l’Autriche, 28,61, ce qui montre que l’Italie vient en avant-dernière ligne. La France n’occupe pas un rang brillant sur cette liste. Examinant ensuite la part qui revient, dans ce taux élevé, aux maladies contagieuses que le professeur Brouardel a appelées évitables, savoir : rougeole, scarlatine, diphtérie, fièvre typhoïde, malaria, etc., il trouve que, tandis qu’en Angleterre il est mort par millier d’habitants 17,7 en 1888, en Italie on trouve 27,6. De pareils chiffres ne peuvent être que le résultat des conditions déplorables où se trouvent encore beaucoup de communes d’Italie, surtout en ce qui regarde la salubrité des habitations et les services de distribution d’eau potable.
- —%— Le "professeur G. Forbes a présenté à la British Association un projet d’éclairage électrique de la ville d’Edimbourg, permettant d’utiliser la chaleur produite par les appareils destructeurs de détritus de la ville. L’auteur de ce projet propose d’employer la chaleur des fours de traitement pour produire de la vapeur qui serait utilisée pour pomper de l’eau dans un réservoir de 56 630 mètres cubes, placé sur le plateau Arthur, à 200 mètres au-dessus de l’usine d’électricité. Il résulte des calculs du professeur Forbes que l’énergie disponible aux arbres des turbines commandées par cette chute artificielle serait d’environ 28 000 chevaux-heure pendant la période d’éclairage.
- —— La première pierre du nouveau pont de Cambuslang, sur la Clyde, en Angleterre, vient d’être posée. La construction de cet ouvrage a été confiée, par le Conseil municipal de Lanark, à MM. Pa-ton et Thomson; le pont comprend trois travées de 28 mètres; sa longueur totale est de 90 mètres et sa largeur, entre parapets, de 7“,30. La superstructure est complètement en acier.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le moteur à gaz de faible puissance, décrit dans le numéro précédent, est construit par M. Guenet, 5, rue de Montmorency, à Paris. — Les appareils que nécessitent les expériences de physique amusante de Magus, escamotage d'une cage, sabre pour le ventre percé, etc., se trouvent chez M. Voisin, 83, rue Vieille-du-Temple, à Paris.
- Communications. — M. E. Piérard, à Bruxelles, nous adresse une brochure sur la téléphonie des chemins de fer belges à petite section, dans laquelle l’auteur examine l’état actuel des installations, et en explique les détails.
- M. E. Sorel fils, au Havre, nous donne la description suivante du fameux rayon vert qu’il a observé au bord de la mer : « Le soleil se couchait très rouge, et, à l’instant précis de sa disparition, un magnifique rayon vert a jailli des flots. Ce rayon, d’un vert émeraude clair, était d’une intensité extraordinaire; il affectait une forme triangulaire, d’un diamètre apparent plus grand que le soleil ; il n’a duré que quelques dixièmes de seconde. Il était alors 7b4m, heure de Paris, indiquée par l’Annuaire pour le coucher du soleil au Havre. » Le phénomène de rayon vert dont Jules Verne a fait un roman célèbre, n’est pas aussi rare qu’on le croit communément. Nous avons publié jadis plusieurs articles à ce sujet. (Voir n° 649, du 7 novembre 1885, p. 366. Voir aussi n° 707, du 18 décembre 1886, p. 46.)
- Un de nos lecteurs, à Elbeuf, nous apprend la mort de Marco, le célèbre griffon d’arrêt de M. E. Boulet, dont la réputation a franchi les confins de l’Europe, et dont nous avons jadis donné le portrait. (Voir n° 686, du 24 juillet 1886,
- . 113.) Maintes fois couronné aux expositions canines de Paris, e Spa, de Londres et autres lieux, Marco mérita et obtint partout les plus hautes récompenses. Sa vie fut une suite ininterrompue de triomphes. Ses poils servirent à faire un gilet de chasse qui fut offert à M. le président Carnot. A sa mort, il laisse à sa nombreuse descendance, qui compte plus d’un sujet illustre, un précieux héritage : l’exemple d’une vie de bon et honnête chien, consacré tout entier au service d’un excellent maître. Nous nous empressons de rendre hommage à la mémoire de Marco.
- M. E. Colvis, à Frouard, nous adresse un nouveau jouet fondé sur la recomposition des couleurs. H se compose de trois cercles de métal, dans lesquels sont découpés des secteurs de différentes couleurs. Ces cercles, mobiles autour d’un même axe, sont mis en mouvement à l’aide d’une corde que l’on enroule et qu’on laisse détendre. On aperçoit alors différentes couleurs résultantes, suivant les couleurs élémentaires peintes sur les secteurs.
- M. L. Dupuy, à Toulouse, nous communique le moyen de construire un petit bateau à vapeur avec des coquilles d’œuf et du carton. Nous avons souvent donné des récréations analogues.
- M. Lasso», à Paris, nous informe que le 15 août, à 5 heures du soir, il a lancé de Boulogne-sur-Mer un ballon de caoutchouc gonflé de gaz d’éclairage de 0m,35 de diamètre. Ce ballon est tombé le 16 août, à 10 heures du matin, à 2 milles à l’ouest de Magdebourg. 11 a ainsi parcouru 725 kilomètres en dix-sept heures; sa vitesse moyenne a donc été de 42km,647 par heure.
- Renseignements. — M. E. C., à Bordeaux. — Il faudrait mettre une double paroi dans votre caisse, et laisser une couche d’air entre votre boîte actuelle et la troisième boîte que vous ajouterez. L’épaisseur d’air fera un très bon isolant.
- M. Landrès, à Dakar. — Les articles que nous avons publiés donnent des renseignements sur les principaux fusils de chasse actuellement connus ; mais nous n’avons pas les catalogues de tous les fabricants.
- M. P. F., à Marnas. — 1° Il faut vous adresser aux librairies spéciales d’électricité : Baudry, rue des Saints-Pères; Michelet, quai .des Grands-Augustins. — 2° S’il n’y a pas de traité parti-
- culier, vous trouverez toujours des chapitres sur cette question dans les principaux ouvrages d’électricité. — 3° Le poêle thermoélectrique du Dr Giraud a été décrit dans le n° 936, du 9 mai 1891, p. 353; il faut s’adresser à l’inventeur, à Chantilly (Seine).
- M. P. Paumas, à Toulon. — L’ouvrage dont il est question était dû probablement à l’auteur de l’article dont nous avons reproduit les principales parties.
- I M. S. Delecheneau, à Nancy; M. Coupin, à Péri gueux, :— Vous trouverez des filtres en porcelaine d’amiante à la maison Mallié, 155, Faubourg-Poissonnière, à Paris.
- M. A. P. Gomer, à La Havane. — Le journal Ciel et Terre est édité par M. P. Weissenbruch, imprimeur, 45, rue du Poinçon, à Bruxelles.
- M. P. B., à Paris. — Nous ne connaissons pas d’autre moyen que celui que nbus avons indiqué précédemment. Mais il faut que l’action soit prolongée pour devenir efficace.
- M. de Lanier Van Monckhoven, à Ostende, — Ces appareils n’ont pas été décrits; nous avons parlé de l’enregistreur d.e la vitesse des trains de la Compagnie d’Orléans, à Paris, dansr le n° 991, du 28 mai 1892.
- M. A. de Mendonça:, à Angra do Ileroismo. — On ne possède encore que bien peu de renseignements sur cette industrie ; aucun livre n’a été publié à ce sujet.
- M. H. Bollinckx, à Bruxelles. — Pour avoir des données plus complètes et des dessins, il faut vous adresser à la Société des ingénieurs civils, 10, cité Rougemont, à Paris.
- M. J. Perez, à Oviedo. — Le liquide est formé par une dissolution de sulfate de zinc et un alun de chrome. On retire et on sépare ces deux sels par une série de cristallisations successives. Mais on ne peut ensuite régénérer le bichromate de potasse.
- M. F. R., à Sedan. — Ces exercices des plongeurs sont réels; vous en trouverez une description dans La Nature (n° 486, du 23 septembre 1882, p. 269).
- Un abonné, à Lisbonne. — Aucun ouvrage n’a paru sur cette question; quelques articles de journaux ont seuls été publiés.
- M. P. B., h Cordoba. — Vous pourrez vous procurer plusieurs traités sur la fabricatioirdes eaux-de-vie, distillation des grains et mélasses à la librairie encyclopédique Roret, 12, rue Hautefeuille, à Paris (collection des manuels Roret).
- M. A. F., à Paris. — Vous pourrez vous procurer cet ouvrage à la librairie G. Masson.
- M. G. R., à Paris. — Nous avons bien reçu votre communication; mais elle renferme des erreurs de calcul. Remerciements.
- M. Sarrail, à La Rochefoucauld. — L’infusion de tabac que vous indiquez pour préserver les plantes est, en effet, un remède excellent ; nous l’avons mentionné déjà à de nombreuses reprises.
- M. J. F., à C. — Ces questions sont bien spéciales; il faudrait les soumettre à M. P. Mégnin, directeur au journal l'Eleveur, 2 ter, avenue Aubert, à Vincennes (Seine). H a une grande compétence sur le sujet.
- M. T. Huber, à Clermont. — Veuillez vous adresser à M. H. Serrin, 13, boulevard du Temple, à Paris.
- M. J. /., à Cires-les-Mello. — Vous trouverez un ouvrage sur la Chimie du teinturier, par M. E. Martin, à la librairie E. Roret, dont l’adresse est donnée plus haut.
- M. L. Hervé, à Paris. — 1° Les constructeurs se chargent, en général, d’exécuter des appareils d’après dessins ; vous trouverez plusieurs adresses dans le dictionnaire de Bottin. —
- 2° Cette adresse nous est inconnue.
- M. A. E., à Neuilly. — Nous ne connaissons pas de fournisseur particulier pour ce produit ; mais nous croyons qu’on peut se le procurer chez les marchands de produits chimiques.
- M. E. Lusson, à Turin. — fl est nécessaire de connaître les résultats d’expériences sérieuses et précises avant de se prononcer.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. R. S., à Sevran. Pour ce qui concerne les Annonces, il faut vous adresser à l’Office de publicité, 9, rue de Fleurus, à Paris. — M. A. M., à Roubaix. Nous vous avons répondu dans notre avant-dernière Boite aux lettres. — M. L. R., à Epinal. Nous avons indiqué précédemment une maison où l’on peut se procurer de la farine de viande; voyez la réponse n® 1320, dans la Botte aux lettres, du n° 993, du
- II juin 1892. — M. C. L., à Rodez. Un vernis couleur acajou conviendra parfaitement. — M. J. C., à Toulouse. Le nombre des moteurs à gaz en fonction est considérable; nous ne saurions signaler toutes les installations. — M. J. P , à Paris; M. R T., à Lyon; Un abonné, à Marseille. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. —
- M. H. Béliard, à Anvers; M. Rether, à Bruxelles. Remerciements pour vos communications.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toute! les auestions. ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison-
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INTENTIONS1
- Chambre noire démontable. — H y a presque un an, nous décrivions ici même une petite chambre noire pour dessinateurs (Nouvelles scientifiques, du 19 septembre 1891, n° 955). Cette chambre noire eut un grand succès, mais plusieurs lecteurs de La Nature demandèrent au fabricant s’il n’y aurait pas moyen d’en avoir une plus grande, et se démontant,
- Chambre noire démontable.
- afin de la transporter facilement. Ce qui fut proposé fut fait. Et voici la chambre noire démontable, désirée par plusieurs lecteurs de La Nature; ils en ont eu toute satisfaction. Notre figure montre à gauche l’appareil en fonction, et à droite l’instrument replié. Il ne tient guère plus de place qu’un carton à dessin. — Se trouve au Comptoir des spécialités brevetées, 86, rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris.
- Fausset hygiénique. — Notre croquis représente le nouveau fausset hygiénique dû aux travaux de M. A. Marc, un de nos plus sympathiques négociants de Bercy. Des expériences suivies ont prouvé que c’était un instrument précieux pour les débitants, de même que pour les particuliers, qui, par faute de temps, d’emplacement ou du matériel coûteux de la mise en bouteilles, tirent le vin à même au tonneau et finissent par perdre un quart environ de leur fut (le vin au contact de 1 air non purifié tournant à l’aigre quelquefois en peu de jours). Voici les avantages que réalise le nouveau fausset hygiénique. Il supprime le soufrage des fûts en vidange par la mèphe soufrée, opération délicate et incommode par la chute, dans le liquide, des parcelles de soufre en ignition; tout en cuivre
- forme le meilleur vin en vinaigre. — On se procure ce fausset chez MM. Kirmair etCia, 49 bis, rue Lehot, à Asnières (Seine).
- Le jeu du chat et de la souris. — Ce petit jouet se signale à l’attention des mécaniciens par un mode de transmission flexible, très intéressant. L’appareil se compose d’un plateau inférieur monté sur trois pieds. Sur la piste, une petite souris est fixée à une tige de fer horizontale, soudée à un pivot disposé au centre du plateau. Un petit tuyau de caoutchouc est
- Jeu du chat et de la souris.
- fixé au pivot par en dessous ; en imprimant un mouvement de torsion au caoutchouc au moyen des doigts, on fait tourner la souris avec une grande vitesse. Un deuxième joueur, figuré à droite du dessin, presse un ressort et fait sauter un chat placé sur un plateau supérieur et qui, lancé à propos, doit arrêter la souris au passage. — Se trouve à la même adresse que la chambre noire représentée ci-contre.
- LTn non veau sécateur. — Pour couper au couteau une branche un peu forte, la pression de la lame tranchante ne suffit pas, il faut en outre lui donner un mouvement de glissement plus ou moins prononcé. Chacun connaît l’expérience qui consiste à écraser une noix avec le dos d’un rasoir, en donnant un coup de poing, bien d’aplomb, sur le tranchant. Il en est de même pour les sécateurs ; si l’on peut donner un mouvement de glissement à la lame coupante pendant qu’elle se rapproche de la contre-lame, la section de la branche se fera plus nettement avec un effort bien moindre et par suite sans meurtrissure de l’écorce. C’est ce résultat que l’on obtient dans le nouveau sécateur, en substituant au pivot fixe des sécateurs ordinaires un
- Nouveau fausset hygiénique.— 1. Mode d’emploi. 2 Détail de l’appareil.
- nickelé, il est inusable, sa simplicité permet sa mise en place en une minute par n’importe qui. Toujours prêt h fonctionner, sitôt que l’on ouvre le robinet de vidange du fût, l’air appelé est forcé de traverser l’appareil, il vient faire bouillonner un liquide formé d’une solution de bisulfite de chaux, et se débarrasse de ses germes ; il pénètre ensuite dans le fût sans pouvoir, grâce aux courbes calculées du tuyau d’aspiration, entraîner une seule goutte de liquide avec lui ; le vin blanc conserve sa couleur et la bière ne s’altère pas. Son liquide très bon marché (charge 5 centimes) est le seul qui puisse détruire le myco-derme aceti, ce terrible ferment qui, en quelques jours, trans-
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nou-vellts scientifiques est étrangère aux annonces.
- Nouveau sécateur.
- pivot roulant dont l’axe se déplace en tournant sur lui-même. Ce pivot affecte la forme d’une came dans laquelle la courbe AB roule sur la droite AC. Il en résulte qu’au lieu d’un arc de cercle sensiblement perpendiculaire à la contre-lame, chaque point de la lame coûpante décrit une ligne cycloïdale très oblique par rapport à cette même contre-lame. Comme conséquence pratique, la section de la branche ne s’effectue plus par simple écrasement, mais en sciant, comme lorsqu’on fait usage de la serpette. Grâce à une ingénieuse disposition du système, on a obtenu ce sérieux perfectionnement sans nuire en aucune façon aux autres conditions que doit réunir un outil de cette nature. Le système nous paraît très bien conçu. — Le nouveau sécateur se trouve chez le fabricant, Olivier et Cie, à Or-nans (Doubs)
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- - NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Engrais pour plantes d’appartement. — La Revue horticole a publié à ce sujet des renseignements qui intéresseront ceux de nos lecteurs qui cultivent les plantes d’appartement. Une formule uniforme ne peut être donnée, cela dépend de l’âge et de la vigueur de la plante, de la capacité du vhse, de la composition du sol, surtout de l’espèce végétale dont il s’agit. En général, on ne doit employer les engrais pour les plantes d’appartement que lorsqu’elles sont dans la période active de la végétatioj. ün se trouvera bien alors de la. formule que M. Gran-deau a recommandée : nitrate de chaux, 100 grammes; nitrate de potasse, 25 ; phosphate de potasse, 25 ; sulfate de magnésie, 25. Dissoudre de 5 à 10 grammes de ce mélange dans 1 litre d’eau, et arroser une fois par mois, ou un peu plus en été, en ayant soin de ne pas mouiller les feuilles.
- Fumure des pelouses. — M. le Dr Wagner a recommandé le procédé suivant pour conserver les pelouses vertes et sans mauvaises herbes. Pour cela, on répand sur le gazon, vers la mi-février, un engrais composé de sulfate d’ammoniaque et de nitrate de potasse. On augmente sa richesse en azote en y ajoutant un mélange de nitrate de soude et de sulfate d’ammonia-ue. La composition doit être à peu près celle-ci : 14 pour 100 'acide phosphorique; 20 pour 100 de potasse; 12 pour 100 d’azote. On met d’abord 500 kilogrammes de ce mélange par hectare, soit 50 grammes par mètre carré. Tous les mois on renouvelle la fumure à raison de 15 grammes par mètre carré. Il faut opérer vers midi, quand l’herbe est sèche, pour qu’aucune partie de l’engrais n’adhère aux plantes, à moins que l’on n’arrose tout de suite après, ce qui est très recommandable. On obtiendra ainsi des gazons parfaits, même pendant les grandes sécheresses.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Salnt-Maur, altitude, 49",30). — Bureau oentral météorologique de Franoe.
- OBSERVATIONS A 7 HBÜRKS DD MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 22 août. . . . 17-,2 N. 2. Beau. 0,0 Beau.
- Mardi 23 17*,9 S. S. W. 0. Très nuageux. 0,0 Quelques nuag. de la à 19 h.; tr. nuag. avant et après ; éclairs au S. S. W. à 21 h.
- Mercredi 24 18*,0 S. S. W. 2 Couvert. 8,2 Presq. couv •quelq. coups de tonn. versl4 h.1/2; éclairs à É. E. N. E. à 21-22 h.; pluie à diverses reprises.
- Jeudi 23 15*, 8 W. S. W. 2 Peu nuageux. 17,9 Presque couv.; un coup de tonn. à 13 h. 7 m.; pluie à diverses reprises.
- Vendredi 26 13*,2 S. S. W. 2 Couvert. 4,7 Peu nuag. jusqu’à 6 h.; très nuag. ensuite ; quelques coups de tonnerre vers 14-15 h.
- Samedi 27 14*,8 S. 2 Couvert. 0,0 Presque couv. jusq. 20 h.; peu nuag. ensuite; un peu de pluie à 6 h. 1/2.
- Dimanche 28 15*.4 S. 3 Peu nuageux. 0,0 Très nuageux.
- AOUT >892. — SEMAINE DU LUNDI 22 AOUT AU DIMANCHE 28 AOUT 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la merj; courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée. .
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Les effets de la foudre. — Le 23 août, à 6 heures du soir, un orage, accompagné de foudre, a éclaté à Àrdres (Pas-de-Calais). Une jeune fille, qui était dans les champs, a été frappée par la foudre; elle est demeurée paralysée d’un côté, et muette. Un peintre, qui travaillait dans la salle du télégraphe de la gare, a reçu une décharge en touchant un fil et a été projeté de son écnelle. Une* employée des postes, en mettant son bureau à l’abri, au moyen d’un fil de terre, a reçu une forte secousse, qui l’a rendu aveugle pendant quelques instants. Deux personnes ont été tuées par la foudre dans l’après-midi du 23 août, dans la commune de Préaux, à 7 kilomètres de Rouen. Ce sont un cultivateur, Albert Dumontier, âgé de quarante-un ans, et son domestique, Louis, âgé de vingt-un ans. Une personne qui se trouvait à côté d’eux, n’a éprouvé qu’une simple commotion. Le corps de Dumontier était complètement noirci ; celui de Louis ne paraissait avoir aucune blessure.
- Lea orages. — Les orages ont encore continué pendant la semaine ui vient de s’écouler. De nombreuses pluies ont partout été signalées en rance. Les hauteurs d’eau tombée ont été importantes et ont varié de 20 à 53 millimètres. Il en est résulté un abaissement général de la température. Le 22 août, à Avignon, il est tombé de violentes averses, précédées d’éclairs et de coups de tonnerre. L’orage a principalement éclaté sur les bords du Rhône. Le même jour, des orages ont eu lieu sur tous les points du département de l’Aude. Vers Castelnaudary et vers Narbonne, ils ont été particulièrement violents. Dans le Narbonnais et dans la plaine de Lézignan, il est tombé des grêlons gros comme des œufs. Une grande partie des vignobles ont été ravagés. On a encore signalé plusieurs orages ,au Havre, à Nancy, à Nîmes, à Périgueux et à Perpignan. A Paris, une pluie très abondante est tombée le 24 août de 2 heures à 6 heures de l’après-midi; elle a donné une hauteur d’eau de 44 millimètres. La température est tombée de 24® à 17°.
- PHASES DE LA LUNE : N. L., le 22, à 11 h. 8 m. dujmatiu.
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- Supplément à « LA NATURE » du /O septembre 1892 (n° 1006)
- Publié sous la direction de M. GASTON TISSANDIER
- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boite aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOOTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVIOB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LÀ SEMAINE
- Vingt et unième session de l’Association française pour l'avancement des sciences. — Le vingt et unième Congrès de l'Association française s’ouvrira à Pau le 15 septembre, sous la présidence de M. Gollignon, inspecteur général des ponts et chaussées. Il devra clôturer le 22 septembre. Les séances de sections se tiendront au Lycée. Le programme comprendra, comme d’habitude, en dehors des séances de section et des visites industrielles, deux journées d’excursion générale, les dimanche et jeudi 18 et 22 septembre, et une excursion finale de trois jours à l’issue de la session. L’excursion du dimanche aura lieu dans les localités suivantes : Orthez, Sauve-terre, Mauléon, Salies-de-Béarn. L’excursion générale sera commencée le jeudi 22. Cette excursion générale aura pour but la visite (le jeudi) d’Oloron, Saint-Christau, les Eaux-Chaudes (visite des établissements). L’excursion finale succédera directement à cette première journée et comprendra les Eaux-Bonnes (visite de l’établissement), Argelès-Gazost, en passant par le col de Toir, Cauterets, Luz-Saînt-Sauveur, Gavarnie, Pierrefitte, Lourdes. Des programmes spéciaux indiqueront les détails de ces excursions et les conditions à remplir pour suivre les unes ou les autres. — Pour tout ce qui concerne le Congrès de Pau, s’adresser au secrétariat de VAssociation française, 28, rue Serpente, à Paris, ou à M. le maire de Pau, président du Comité local. '
- INFORMATIONS
- —Au moment où se produit, dans certains États de l’Europe, un courant d’émigration de la population israélite, il n’est pas sans intérêt de connaître le chiffre total des israélites dans le monde entier et de quelle façon cette population se répartit : l’Europe en comprendrait 8 174 000; l’Asie, 50U 000 ; l’Afrique, 225000; l’Amérique, 250 000; l’Océanie, 12 000. Le total général des israélites dans le monde entier est donc d’environ 9 milliens, groupés de la façon suivante : en Allemagne, 3 400000; en Russie, 2 552 000; Autriche-Hongrie, 1644000; France, 180000; Turquie, 104 000; Roumanie, 265 000; Bulgarie, 10 000; Suisse, 7000; Danemark, 4000; Serbie, 3500; Belgique, Grèce et Suède, 3000; Espagne, 1000; Gibraltar, 1000 ; Turquie d’Asie, 195 000 ; Russie d’Asie, 47 000 ; Perse, 18 000 ; Asie centrale, 14000; Inde, 19000; Chine, 1000; Abyssinie, 200000; Maroc, 6000; Egypte, 8000; Tripolitaine, 6000; Tunisie, 5000. Enfin, sur les 250000 Israélites que compte l’Amérique, 230 000 résident aux Etats-Unis.
- —îfc— A Saint-Etienne, les métiers à tisser les rubans de soie sont au nombre de 5000 dans les grandes fabriques de Saint-Etienne et de 18 000 chez les ouvriers tisseurs travaillant chez eux et à leur compte. La ville vient de mettre à l’étude un projet ayant pour but de permettre la fourniture à domicile à ces derniers du courant électrique nécessaire comme force motrice. La ville de Saint-Etienne étant propriétaire d’une puissante canalisation d’eau, avec dilférence de niveau de 80 mètres, le prix de revient du cheval-heure électrique sera fort bas, et les calculs ont indiqué qu’un métier ne
- dépenserait par jour que 14 centimes de courant. Si l’on considère ue Saint-Etienne produit annuellement pour plus de 100 millions e francs de rubans de soie, on voit que l’installation à l’étude est d’une très grande importance.
- —— Un curieux Rapport est parvenu à la direction des affaires consulaires et commerciales sur la récolte du blé au Kansas aux Etats-Unis. Cette récolte, qui était précédemment de 54 millions de bushels, atteint, cette année, le chiffre colossal de 100 millions. Comme les bras manquent absolument pour l’énorme travail nécessaire, on relève en ce moment ce fait qu’à toutes les stations du chemin de fer de Santa-Fé, des fermiers, guettant le passage des trains, enrôlent presque de force des journaliers émigrants, auxquels ils offrent, avec la nourriture, 5 à 4 dollars par jour (15 à 20 francs). Il en faudrait 20 000 au Kansas dans un bref délai.
- —La construction du Royal Sovereign, nouveau navire cuirassé anglais, a été récemment terminée. Le montant des devis pour la construction, l'installation, l’armement complet de ce bâtiment s’élevait à 25 253 700 francs ; mais, grâce à l’habileté et à la vigilance des officiers qui ont dirigé les travaux, le conducteur surtout, une économie de 750 000 francs au moins a été réalisée au profit du pays.
- —¥&— Le navire le Clan Macgregor se trouvait le 9'août entre Port-Saïd et Malte par 55° 26' N. et 14° E., par beau temps et mer calme, lorsque, tout à coup, le navire se mit à rouler très sensiblement. Après une accalmie, les mouvements reprirent, extrêmement violents; la mer avait en même temps une apparence d’eau bouillante. Au bout de quelques minutes, le calme se rétablit, cette fois définitif. Le capitaine du Clan Macgregor croit que ce phénomène était causé par une éruption sous-marine
- —¥£— Le Ministère des travaux publics publie les résultats de la production en France des combustibles minéraux pendant le premier semestre de 1892. Il a été extrait 13 108 212 tonnes, se décomposant ainsi : 12 864 754 tonnes de houille et d’anthracite, en diminution de 17 Û57 tonnes sur la production du premier semestre de 1891, et 243 458 tonnes de lignite, en diminution de 15 657 tonnes sur la production du semestre correspondant de 1891. Voici comment les 12 864 754 tonnes de houille extraite pendant cette période se répartissent entre les différents bassins houillers : Nord et Pas-de-Calais, 7155094; Loire, 1 762 963; Gard, 1 046 058; Bourgogne et Nivernais, 957 839 ; Tarn et Aveyron, 70.1606 ; Bourbonnais, 580207 ; Auvergne, 160169; Creuze et Corrèze, 110 426; Hérault, 109 427; Vosges méridionales, 105 270; Alpes occidentales, 99 764; Ouest, 77 931. Les 243 458 tonnes de lignite se répartissent ainsi : Provence, 219 463; Comtat, 14 491; Vosges méridionales, 5420; Sud-Ouest, 5429; Haut-Rhône, 655.
- —— Une Exposition de raisins a été organisée à Toulouse par la Société d’agriculture de la Haute-Garonne ; elle ouvrira le 11 septembre. Les envois pour cette exposition ont dû parvenir à la Société le 10 au matin. Les raisins sont munis d’une partie de ceps et de feuilles, pour que l’on puisse établir un travail de synonymie.
- —¥&— On aurait constaté, dans nombre de villes des Etats-Unis, où la traction électrique est très répandue, que la durée des conduites d’eau en plomb était considérablement abrégée. Il faut voir là un effet des actions électrolytiques déterminées par le passage du courant dans le sol ; les experts devront porter leur attention sur ce point.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- Communications. — M. L. Thomas, à Bray-sur-Somme. — Liquide pour faire les bulles de savon. — Vous nous demandez la formule exacte de l’eau de savon permettant d’obtenir des bulles persistant assez longtemps et d’une grosseur inusitée, pour réaliser les expériences décrites dans le n° 996, du 2 juillet 1892, p. 80. Voici la formule employée par notre collaborateur M. Arthur Good, et qu’il a bien voulu nous communiquer : oléate de soude pur et frais, 20 grammes. Faire dissoudre dans un demi-litre d’eau à la température de 50 degrés environ. Ajouter 500 grammes de glycérine pure. Verser le tout dans une bouteille d’un litre et achever de remplir avec de l’eau. (Eau distillée ou, à son défaut, eau de pluie). Bien boucher et garder dans un endroit frais. Au bout de huit jours on peut employer le liquide; ne verser dans un hol que la quantité nécessaire aux expériences, et ne jamais le reverser dans la bouteille, le contact de l’air l’altérant assez promptement. A défaut d’oléate de soude, on peut employer un poids égal de savon blanc de Marseille, mais aucun savon de toilette ne saurait convenir.
- M. A. Peschard, à Paris, nous adresse une brochure qu’il vient de publier, et qui a pour but de prouver que l’orgue électrique n’est pas d’origine américaine. Dès 1865, la construction de l’orgue de Saint-Augustin, à Paris, était résolue, et cet orgue fonctionnait en 1868.
- M. L. de Soye, à Paris, à propos du fausset hygiénique que nous avons décrit dans les Petites inventions du n° 1005, du 5 septembre, nous écrit que depuis plus de dix ans il se sert d’un fausset du même genre construit très simplement. Cet appareil se compose d’un flacon à deux tubulures, dont l’une porte un tube droit plongeant jusqu’à la partie inférieure du flacon, et dont l’autre porte un tube recourbé. L’extrémité de ce dernier vient rejoindre la bonde du tonneau. Le flacon est rempli à moitié d’une solution concentrée de bisulfite de soude. De la sorte l’air, avant de pénétrer dans le tonneau, traverse cette solution et se purifie.
- M. E. Roger, à Chàteaudun, nous adresse le résumé des observations météorologiques qu’il a relevées dans cette ville pendant le mois d’aoùt 1892. La température minima a eu lieu le 12 et a été de 9°,5; la température maxima a été de 54°,5 les 16 et 17. Il est tombé 68mm,2 d’eau en sept jours. La moyenne barométrique, au niveau de la mer et à 0°, s’est élevée à 762mm,14.
- Renseignements. — M. C. M., à Nancy. — Vous pourriez essayer les humidificateurs d’air à jet d’eau de MM. Kœrting frères, 20, rue de la Chapelle, à Paris, ou les appareils de M. P. Meyer, à Lille.
- M. P. Lamas, àBuenos-Ayres. — Nous avons souvent entendu dire que de bons résultats avaient été obtenus par ce procédé ; mais nous ne l’avons pas expérimenté nous-mêmes.
- M. G. B., à Rouen. — 1° S’adresser à M'le Jacquot, à Remi-remont (Vosges). — 2° Votre lettre a été envoyée à destination.
- M. le Dt A. R., à Châtillon. — D’après ce que vous dites, il semble que le filtre agit ; l’analyse chimique pourrait, du reste, vous indiquer la nature du précipité obtenu.
- M. P. L., à Carqueleu. — Voyez l’article que nous avons publié sur le merle blanc (n° 915, du 29 novembre 1890, p. 407).
- il/. L., à Verdun. — L’appareil dont vous parlez a-t-il été essayé? Quels sont les résultats de ces expériences?
- M. R. Weiss, à Mulhouse. — 11 nous est difficile de vous donner un renseignement sans connaître exactement l’application que vous avez en vue. Nous croyons toutefois que le tissu de verre filé remplirait les conditions, mais n’offrirait pas une résistance suffisante.
- M. F. Monier, à Malakoff. — Vous trouverez un article sur la manière de déterminer le degré alcoolique des vins dans le n° 910, du 8 novembre 1890, p. 562.
- M. E. G., à Paris ; M. C. Ruchat, à Naples; M. V. Tertrais, à Nantes. — L’adresse que vous réclamez a été donnée en tête de notre dernière Boîte aux lettres.
- M. A. Gallay, à Paris. — Veuillez consulter les cartes astronomiques que vous trouverez à la librairie Gauthier-Villars et fils.
- M. V. D., à Paris. — Les renseignements que vous demandez sont ordinairement tenus secrets par les fabricants. La pratique seule pourra vous renseigner; aucun livre ne donne des détails de ce genre.
- M. E. F., à Paris. — Différents ouvrages de chimie ont été publiés avec cette nouvelle notation; vous en trouverez à la librairie G. Masson.
- M. E. Lefebvre, à Onnaing. — fl faudrait vous adresser directement au siège de la Société désignée dans notre article ; on pourrait peut-être vous communiquer la Note que vous désirez.
- M. J. D., & Paris. — Pour isoler, au point de vue électrique, la jonction de deux câbles effectuée à l’aide d’une épissure, nous vous conseillons de mettre d’abord deux couches de caoutchouc pur para, et de le coller à l’aide d’un peu de benzine. On les recouvre ensuite de deux couches de caoutchouc ordinaire, puis d’un ruban et d’une tresse. On obtient encore de meilleurs résultats en vulcanisant sur place le caoutchouc pur; mais l’opération comporte plusieurs détails que nous ne pouvons expliquer ici.
- Mme H.-D., à Lens. — Pour les appareils de thérapie vibratoire décrits dans le n° 1004, du 27 août, s’adresser à M. le Dr Gauthier, 5, place du Théâtre-Français, à Paris.
- M. Planchard, à Villanueva-Minas. — Vous pourrez vous procurer cette graine chez M. Vilmorin-Andrieux, 4, quai de la Mégisserie, à Paris.
- M. P. Dubreuil, à Lille. — Vos photographies des feux d’artifice sont très intéressantes; mais nous en avons déjà publié un certain nombre dans les volumes.des années précédentes; recevez nos remerciements.
- M. A. R., à S... (Lot). — 1° Une turbine aura un rendement plus élevé. — 2° La turbine Hercule vous conviendra; le constructeur en est M. Singrtinn, à Epinal.
- M. M. S. R., à Musseau. — 1° II s’agit de renouveler seulement les liquides. — 2° Le dépolarisant, dont il est question, est composé d’un litre d’eau saturée à froid de bichromate de potasse, et d’un litre d’acide chlorhydrique ordinaire. Pour obtenir le premier liquide, on met une grande quantité de bichromate de potasse dans un volume d’eau déterminée, 500 grammes environ pour 1 litre d’eau; on ajoute soit de l’eau, soit du bichromate suivant la couleur du liquide, et on laisse en contact très longtemps.
- M. de C., à Lisbonne. — Ce sujet est bien spécial; nous ne pouvons vous fournir ces renseignements.
- M. J. Sébert, à Saint-Brieuc. — Nous n’avons jamais vu se produire des taches dans ces conditions.
- M. M. V., à Passy. — Ces ouvrages doivent se trouver à la bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle.
- M. A. de Ville-d’Avray, à Ronfleur. — Nous publierons prochainement un article qui vous renseignera.
- M. Frank La Manna, à Paris. — Le compas, dont vous parlez, a été mentionné dans les Communications de la Boîte aux lettres, du n° 991, du 28 mai 1892; le dessin et la description nous avaient été envoyés par M. le duc d’Urach, à Stuttgart.
- M. M. G., à Lyon. Pour l’extermination des cafards, il faut employer la poudre de pyrèthre de bonne qualité.
- M. Ch. Goux, à Lyon. — Nous savons que le procédé de blanchiment électrolytique a donné jusqu’ici de bons résultats ; mais nous ne pouvons vous indiquer s’il s’applique avec le même succès aux tissus de laine ou de soie.
- M. Ch. Saladin, à Avignon. — Cet appareil doit se trouver à Paris chez les principaux papetiers ; nous n’avons pas d’autre adresse plus exacte.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. L. A., à Char-leville. 1° 11 existe un grand nombre de traités de ce genre; 2° Ces formules sont données dans les manuels de photographie. — M. L. Espinach, à Yevey. Nous avons déjà indiqué une série de récréations basées sur le même principe. Remerciements. — M. Henry, à Nantes. Voyez le Traité élémentaire de l'énergie électrique et le Formulaire pratique de l’électricien, de M. E. Hospitalier, à la librairie G. Masson. — M. M. Chaumelle, à Paris ; M. E. Colas, à Nancy. Voyez les Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — AL L. N., à Dijon. Nous avons décrit le procédé de fabrication des timbres en caoutchouc dans le même petit ouvrage. — M. H. de Lanier, à Gand. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n'est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- PETITES MENTIONS1
- Tire-bottes & charnières. — Un tire-bottes ordinaire n’est pas un objet facile à emporter en voyage ; il tient beaucoup de place dans une malle. Le tire-bottes à charnières, que
- Tire-bottes à charnières.
- 1. Mode d’emploi. 2. Tire-bottes fermé. 3. Le même ouvert.
- nous représentons ci-dessus, se plie de façon à ne pas tenir plus de place qu’un livre. Quand il est ouvert il est très solide, il est muni de deux pattes mobiles qui le rendent d’un usage aussi commode que le tire-bottes ordinaire. — Se trouve chez M. Mathieu-Martain, 42 bis, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
- Chaise longue de jardin. — Voici une très jolie et très ingénieuse chaise longue de jardin, avec parasol mobile. Par la manière dont elle est construite, elle prend plusieurs inclinai-
- Chaise-longue pliante.
- 1. Vue de la chaise-longue en fonction. 2. La même repliée.
- sons et, repliée, elle n’occupe guère plus de place qu’un pliant. Voilà une petite invention qui nous a paru digne d’être mentionnée dans La Nature à cette époque de villégiature. — Se trouve à la même adresse que le tire-bottes décrit ci-dessus.
- Pince & escargots. — Les amateurs d’escargots se servent de petites fourchettes spéciales pour manger ces coquillages; mais il faut tenir la coquille avec les doigts, elle est ronde, et glisse souvent en s’échappant de la main du gourmet.
- Pince à escargots.
- La manœuvre n’est pas commode. On aura toute facilité en se servant de la pince à escargots que nous représentons ci-dessus. En pressant les deux tiges du système, on écarte les pinces qui tiennent l’escargot serré solidement quand on cesse de les presser, les tiges faisant ressort. — La pince à escargots se trouve chez M. L. Magny, 15, boulevard Pereire, à Paris.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Nouvelle muselière. — La muselière représentée ci-dessous remplit les deux conditions suivantes : 1° elle empêche le chien de mordre ; 2° elle ne le gène en aucune façon. Ainsi qu’il est facile de s’en rendre compte par nos gravures, la muselière dont il est question permet au chien de sortir la
- Nouvelle muselière. — 1. Position lorsque le chien a la gueule fermée.
- 2. Position lorsque le chien a la gueule ouverte.
- langue, de bâiller, de boire, de saisir un morceau de sucre ou de pain, voire même un os, qu’il pourra ronger sans danger. Si le chien muni de cet appareil se jette sur un passant, avec l’intention de le mordre, il sera réduit à fermer sa bouche d’autant plus vite qu’il aura mis plus de vivacité dans l’agression. — La nouvelle muselière se trouve chez M. F. Canary, fabricant, f, boulevard des Marronniers, à Draguignan.
- Une tirelire de poche. — Nous signalons un nouveau modèle de tirelire qui peut être très utile dans bien des cas. Cette tirelire consiste en un petit étui de 5 centimètres de hauteur et de 2 centimètres de diamètre. A sa .partie inférieure est un couvercle mol-leté, avec un ressort intérieur qui vient enclencher dans les parois du cylindre.
- Tout en haut se trouve une petite ouverture, par laquelle on ne peut introduire que des pièces de 50 centimes ou des pièces d’un même diamètre. Quand le nombre des pièces est suffisant pour garnir l’étui, un ressort, placé à la partie supérieure, appuie et force le ressort du bas à déclencher. Il faut alors donner un léger tour à gauche au couvercle molleté du fond, et la tirelire s’ouvre d’elle-mème.
- On retire l’argent contenu, on replace le couvercle dans sa position primitive en lui faisant faire un demi-tour à droite. La tirelire est prête à fonctionner de nouveau. Cet ingénieux petit instrument peut renfermer cinquante pièces de 50 centimes, soit 25 francs. Il est très simple et peu encombrant. — On peut se procurer la tire-lire de poche, à l’agence de brevets américains, 1, rue Marivaux, à Paris.
- "recettes et procédés utiles
- Isolant. — M. Jackson, de Londres, prépare une substance destinée à remplacer la gutta-percha employée comme isolant. Cette matière, composée de paraffine, de caoutchouc et de goudron mélangés à une température convenable, est très tenace, et jouit des mêmes propriétés que la gutta-percha aux points de vue de l'étanchéité et de l’isolement. On la prépare en mélangeant : 10 parties de paraffine et 1 partie de goudron qu’on maintient à une température de 200 à 250 degrés jusqu’à ce que les deux corps soient bien intimement mélangés ; puis on laisse la température s’abaisser jusqu’à 100 degrés et l’on introduit deux parties de caoutchouc; cette température est maintenue jusqu’à ce que le mélange forme une masse bien homogène. Les proportions dans lesquelles entrent les constituants du produit varient beaucoup suivant les conditions auxquelles il doit satisfaire.
- Tire-lire de poche.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- ' BIBLIOGRAPHIE ' :
- Le Grisou, par M. Le Chatelier, ingénieur en chef des mines. 1 vol. petit in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, publiée sous la direction de M. beauté, membre de l’Institut. Gauthier-Villars et fils et G. Masson, éditeurs. — Paris, 1892. Prix : 2 fr. 50.
- Détente variable de la vapeur, par M. Madamet, directeur des Forges et Chantiers de la Méditerranée. 1 vol. petit in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, publiée sous
- ' la direction de M. Léauté, membre de l’Institut. Gauthier-Villars et fils et'G.' Masson, éditeurs. — Paris, 1892. Prix : 2fr. 50.
- Le choléra. Ses causes. Moyens de s’en préserver, par le Dr G. Daremberg, 1 vol. petit in-8°. Rueff et Cia, éditeurs. — Paris, 1892. Prix : 5 fr. 50.
- , Virages et fixages. Traité historique, théorique et pratique, par P. Mercier. Première partie : Notice historique. Virages aux sels d’or. 1 vol. in-18 de la Bibliothèque photographique. Gauthier-Villars et fils, imprimeurs-libraires. — Paris, 1892. Prix 2 fr. 75.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Saint-Maur, altitude, 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS •A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 29 août. . . . 17%0 S. 2 Presq. couvert. 0,0 Quelq. nüag. de 11 à 18 h.; nuag. av. et après jusqu’à 20 h.; puis couv.; atmosph. très claire.
- Mardi 30 17*,8 S. 2 Couvert. 0,0 Très nuag. jusq. 20 h.; beau ensuite quelquefois des gouttes ; atmosph. très claire.
- Mercredi 51.. . . . . 14%7 S. S. W. 2 Nuageux. 0,0 Très nuag. le matin, puis peu nuageux ; beau ap. 19 h. ; un peu de pluie ; éclairs à l’E. à 1 h. 15 m.
- "Jeudi 1er septembre. * 11%7 S. S. W. 2 Beau. 0,1 Nuag. de 10 à 20 h.; beau avant et après ; atmosph. très claire.
- Vendredi 2 13%4 S. S. W. 5. Peu nuageux. 0,0 Très peu nuag. jusqu’à 8 h.; puis peu nuag. jusq. 14 h.: couv. ensuite ; gouttes de 18 à 20 h.
- Samedi 3 13°,0 S. S. W. 1 Couvert. 2,3 Couv. jusq. 14 li.; pluie de 14 h. à 14 h. 25 et à 15h.50; avec un coup de tonnerre au N.
- Dimanche 4 10”, 5 W. N. W. 2 Couvert. 3,9 Couv. de 15 à 18 11.; tr. nuag.; av. et ap. tonn. auN.N.VV. à 24 h. et au S. E. à 50 et 53 m.: la pl. cesse à 18h.10.
- AOUT-SEPTEMBRE 1892. — SEMAINE DD LUNDI 29 AOUT AU DIMANCHE 4 SEPTEMBRE 1892
- I Lundi | Mardi I Mercredi I Jeudi I Vendredi I Samedi I Dimanche ,|
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorologiques faites au pare de Saint-Maur en août 1891
- par M. E. Renoü.
- Moyenne barométrique à midi, 757“”, 14. Minimum le 25, à 1 heure trois quarts du matin, 749”“,09. Maximum, le 21, à 9 heures du matin, 763"“,95.
- Moyennes thermométriques: des minima, 13°,10; des maxima, 25°,34; du mois, 19°,22; moyenne vraie des 24 heures, 18°,86. Minimum les 5 et 12 au matin, 7°,5. Maximum le 18, vers 3 heures du soir, 35°,2.
- Tension moyenne de la vapeur, 11"",01 ; la moindre, le 18, à 2 heures du soir, 5”“,1 ; la plus grande, le 16, à minuit, 16“",4. Humidité relative moyenne, 71 ; la moindre, le 18, à 2 heures du soir, 12; la plus grande, 100, le 4, de 1 heure à 6 heures du matin. Nébulosité moyenne, 48.
- Pluie, 38“”,5 en 26 heures trois quarts réparties en 7 jours; presque toute cette pluie est tombée en deux journées : celle du 24 qui a fourni 23““,2 d’eau et celle du 25 qui eu a donné 7”“,6 en 7 heures environ pour chaque journée. 11 y a eu quatre journées de gouttes qui n’ont pas marqué au pluviomètre.
- Un peu de brouillard le 4, à 4 heures du matin.
- 4 jours de tonnerre : le 13, de 11 heures à minuit, quelques coups de tonnerre loin au sud, avec des nuages seulement à l’horizon. Le 24, quelques coups entre 2 heures et 3 heures du soir, avec grande pluie. Le 25, un coup peu après 3 heures du soir. Le 26, plusieurs coups à 2 heures un quart du soir. 6 jours d’éclairs : le 8 au soir, au sud-est; le 14 au soir, à l’horizon sud; le 18, vers 3 heures du matin et vers 9 heures du soir;
- le 19 à 1 heure du matin; le 23 au soir, au sud-sud-ouest; et le 29 au soir, au nord-nord-ouest.
- Vent de sud-ouest très dominant; assez fort quelquefois du 25 au 28.
- Température moyenne de la Marne, le matin, 21°,24; vers 3 heures et demie du soir, 22°,12; du mois, 21°,68. La moindre température, 19°,83 le 5, à 6 heures et demie du matin est, en outre, la seule au-dessous de 20°. La plus haute, 24°,23 le 18, jour où la température de l’air a atteint 35°,2. La rivière est restée constamment claire et basse.
- Relativement aux moyennes normales, le mois d’août a présenté les résultats suivants : baromètre plus bas de 0““,19. Thermomètre plus haut de 1°,01. Tension de la vapeur moindre de 0““,31. Humidité moindre de 5. Nébulosité moindre de 9. Pluie moindre de 11““,0.
- Les Martinets ont disparu les premiers jours du mois.
- L’été de 1892 présente les résultats suivants :
- Moyennes.
- Excès de la normale.
- Baromètre 758”“,22 0“”,23
- Thermomètre. . . . 17,86 0°,44
- Tension de la vapeur. 10“",11 — 0““,73
- Humidité relative . . 68 — 7
- Pluie totale .... 131“",6 — 22,6
- Nébulosité. . \ . . 51 — 5
- 11 y a eu 14 jours de tonnerre et 8 jours d’éclairs.
- La pluie est tombée en 88 heures ou un vingt-cinquième du temps, ce qui est une fraction moindre que d’ordinaire.
- PHASES DE LA LUNE : P. Q. le 30 août, à 1 h. 38 m. du soir.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVIOB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- Tramway système « Braln ». — D’intéressantes expériences ont eu lieu la semaine dernière à Liverpool sur une portion de ligne de tramway à conducteur souterrain. Le correspondant des Annales industrielles envoie de Londres quelques détails à ce sujet; nous les reproduisons ici. D’après l’invention de ce nouveau système, les objections à l’emploi des conducteurs souterrains résident, moins dans la difficulté qu’il y a à isoler le conducteur, que dans les inconvénients provenant de la petite dimension de l’ouverture de prise de courant et de la faiblesse des organes de contact avec les conducteurs. Pour remédier à ces inconvénients, M. Brain place son conducteur dans un caniveau communiquant avec l’extérieur par une large ouverture recouverte sur toute la longueur de la voie par des rails très épais. Au moment où-le car passe au-dessus d’une section, le rail médian est soulevé par un système de galets fixés au châssis, ce soulèvement permettant aux griffes de contact de passer. La ligne d’essai comporte des courbes de très faible rayon, des croisements, des aiguilles, des rampes. La manœuvre s’effectue sur cette ligne de la manière la plus satisfaisante. Le conduit est recouvert d’un rail ayant 50 millimètres de largeur et 12 millimètres d’épaisseur, pesant environ 4 kilogrammes le mètre courant. Il est élevé à une hauteur de 57 millimètres lorsque le car passe, et retombe à quelques pieds du galet, par sa propre flexibilité; la puissance absorbée par cette manœuvre ne dépasse pas, dans les conditions les moins favorables, un dixième de cheval avec une vitesse de 200 mètres à la minute. En ce qui concerne l’accessibilité pour effectuer les réparations et les nettoyages, le système Brain présente les plus sérieux avantages. Le conduit est formé de sections en fonte solidement fixées dans un lit de béton; l’ouverture de prise de courant a une largeur de 43 millimètres et permet ainsi l’emploi d’un collecteur de fortes dimensions.
- INFORMATIONS
- —Sfc— Les maladies parasitaires qui, depuis quelques années, s’abattent avec une intensité croissante sur les vignes, sur les arbres et arbustes à fruits, ont provoqué la naissance d’industries, non moins parasitaires, contre lesquelles les cultivateurs ne sauraient trop se tenir en garde. Nous voulons parler des compositions prétendues insecticides et antiparasitaires, que leurs inventeurs offrent au crédule public à des prix fantastiques. M. Colomb, directeur de la station agronomique de Nancy, signale ainsi la composition de plusieurs de ces spécifiques avec leurs prix : 1° un mélange de chaux et de fleur de soufre, coté 40 francs les 100 kilogrammes, valeur : quatre francs au plus ; 2° mélange de sel et de plâtre, coté 2fr,50 le kilogramme, valeur : 10 centimes; 3° mélange de sable et de goudron avec un peu d’ammoniaque, 2 francs le kilogramme, valeur :
- 10 centimes; 4° mélange de chaux, de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc, 4 francs le kilogramme, valeur : 15 centimes. M. Colomb î
- fait remarquer que ces produits sont offerts comme insecticides, et échappent ainsi aux pénalités édictées contre les matières qualifiées engrais. C’est aux cultivateurs à se prémunir eux-mêmes contre ce genre de charlatanisme.
- — D’après Engineering Journal, de New-York, le plus grand navire à voiles du monde serait la Maria Rickmers, sorti le 26 février dernier des chantiers de MM. Russel et C'e, à Port-Glascow (Ecosse), et destiné à la maison Rickmers. de Brême. Ce navire, en acier, a 114 mètres de longueur, 14m,63 de largeur et 8m,60 de tirant d’eau ; il pourra porter un poids de marchandises de 6000 tonnes, et est pourvu de tous les engins perfectionnés. Il porte 5 mâts à voiles, mais il possède également une machine à vapeur à triple expansion qui, aux essais sur ballast, a donné 650 chevaux, et assurait au navire une vitesse de 7,5 nœuds par heure. Avant le lancement de ce navire, le plus grand navire à voiles était la France, en acier et à 5 mâts, également construit à Glascow pour une maison de Bordeaux. La France, dont nous avons donné la description, a 110 mètres de longueur, 14ra,80 de largeur. Le plus grand navire à voiles en bois est le Shenandoa, qui mesure 90 mètres de longueur et qui, dernièrement, quittait le port de San-Francisco avec un chargement net de 5600 tonnes.
- —Les traits relatifs à l’intelligence des chiens sont innombrables. En voici un qui se rapporte à un chien du Saint-Bernard et qui mérite d’être signalé : dans le district de Samland, près de Kœmgsberg, deux enfants, un petit garçon de dix ans, et une petite fille de sept ans, étaient à jouer sur le bord d’un bassin assez profond. S’étant penchés pour atteindre un morceau de bois flottant à la surface, ils perdirent l’équilibre et tombèrent à l’eau. Le chien qui les accompagnait, un Saint-Bernard, témoin de l’accident, aboya d’abord, mais, personne ne répondant à son appel, il s élança à l’eau et ramena successivement les deux noyés sur la terre ferme. 11 courut alors chercher du secours dans la maison.
- —Un amateur de vieux parchemins vient de découvrir, dans la bibliothèque du Vatican, un document qui prouve que, bien longtemps avant Succi, un homme avait exercé l’art de jeûner avec un succès qu’aucun des jeûneurs n’a pu atteindre jusqu’ici. Sous le règne du pape Clément V, en 1306, un Français, qui était au service pontifical, fit un pèlerinage à Jérusalem. A son retour de la Terre sainte, il cessa de manger. Du moins personne ne le vit prendre de la nourriture.
- —La neige est tombée très abondamment à Berne le 6 septembre. Le service postal a été suspendu sur certains cols des Alpes. Cependant, le service postal et le roulage ordinaire ont pu continuer sur le Gothard et le Furka, bien qu’il y ait eu 15 centimètres d’épaisseur de neige sur le sol.
- —La Société nationale d’acclimatation organise chaque année, en avril et en octobre, des expositions internationales d’animaux de basse-cour. Le prochain concours est fixé au 5 octobre et durera jusqu’au 9 inclusivement; il aura lieu au Jardin zoologique d Acclimatation du bois de Boulogne, dans les spacieux bâtiments récemment achevés.
- —^— Les journaux Daily Gazette et] U eekly Mercury, de Birmingham, autrefois imprimés, coupés et pliés par des moteurs à vapeur, subissent maintenant ces différentes opérations en passant dans des appareils mus par l’électricite. L’installation complète, montée par MM. Fowler, Lamaster et Cie, de Birmingham, fonctionne au moyen du courant pris sur le secteur de ville; elle comprend deux grandes machines à imprimer capables de tirer 20 000 journaux à l’heure.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le nouveau graisseur à bague se trouve chez M. Fabius Henrion, 78, quai Claude-Ie-Lorrain, à Nancy.
- Communications. — M. E. Thurnauer, directeur général pour l’Europe de la Compagnie Thomson-Houston, à Paris, nous informe que le professeur Elihu Thomson a décidé d’offrir comme prime, à un nouveau concours, la somme de 5000 francs qu’il a obtenue en prix au dernier concours des compteurs d’énergie électrique de la Ville de Paris. Un Comité spécial a été formé; il comprend MM. J. Carpentier, H. Fontaine, E. Hospitalier, E. Mascart, A. Potier, rapporteur, R. Abdank-Abaka-nowicz, secrétaire. Le Comité a décidé que le concours porterait sur une série de questions théoriques, qui sont les suivantes : 4° Etudier la chaleur dégagée par les charges et décharges successives des condensateurs, en faisant varier la grandeur des charges, la fréquence et la nature du diélectrique. 2° La théorie indique que lorsqu’on a réuni par un conducteur les armatures d’un condensateur, ce conducteur devient le siège de courants alternatifs dès que sa résistance s’abaisse au-dessous d’une certaine limite. La formule qui permet de calculer la période de ces oscillations n’a pas été vérifiée complètement jusqu’ici. On demande de rechercher expérimentalement cette période dans des conditions où la mesure exacte des résistances, capacités et coefficients de self-induction soit possible, afin d’arriver à une vérification précise et complète de cette formule. 3° Lorsqu’un condensateur formé par un isolant imparfait a été chargé, puis abandonné à lui-même, la charge des armatures se dissipe progressivement ; le temps nécessaire pour que cette charge soit réduite à une fraction déterminée de sa valeur initiale ne dépend que de la nature de l’isolant. On demande si, comme l’admettent certaines théories récentes, des phénomènes analogues ont lieu dans des conducteurs métalliques, si l’on a des raisons expérimentales de le penser et de quel ordre de grandeur peut être ce temps pour cette nature de conducteurs. 4° On demande d’établir, en coordonnant les connaissances actuelles et en les généralisant, des méthodes graphiques pour les solutions de problèmes électriques, en procédant dans le même ordre d’idées qu’en statique graphique. Les Mémoires présentés peuvent être écrits dans une des langues suivantes : allemand, anglais, espagnol, français, italien ou latin. Ils peuvent être manuscrits ou imprimés. Chacun des Mémoires présentés au concours devra être muni d’une devise et accompagné d’une enveloppe cachetée portant à l’extérieur la devise inscrite sur le Mémoire, et à l’intérieur le nom et l’adresse du candidat. Les Mémoires doivent être adressés, avant le 45 septembre 4895, à M. B. Abdank-Abakanowicz, secrétaire du concours, 7, rue du Louvre, à Paris, qui pourra fournir tous renseignements supplémentaires.
- M. E. Edersheim, à La Haye, nous écrit que le 4 septembre dernier, à 4 4 heures du soir, il a aperçu un arc-en-ciel lunaire à Scheveninguen (Hollande). Le même phénomène a été vu, à 8 heures du soir, le même jour, par un habitant de Harlem.
- Renseignements. — M. P. Royé, à Saint-Etienne. — 1° Vous trouverez des broyeurs d’os à la maison Weidknecht, 47, rue de Paradis; ou à la maison de l’appareil le Cyclone, 46, boulevard Ilaussmann, à Paris. — 2° Adressez-vous à la librairie E. Bernard, 53 ter, quai des Grands-Augustins, à Paris. — 3° Non; il faut une pompe spéciale.
- M. G. Le Camus, à Cabezac. — Caisses à fleurs : M. Borel, 10, quai du Louvre ; ou MM. Milinaire frères, 15, rue de Richelieu, à Paris.
- M. E. Brûlé, à Cernavoda (Roumanie). — Veuillez nous envoyer une description de votre machine, ainsi que les résultats de vos expériences ; nous verrons s’il y a lieu de la décrire dans le journal.
- M. R. Sonzogno, à Cannobio. — Il faudrait vous adresser à
- un botaniste pour cette question spéciale, sur laquelle [nou& n’avons aucun renseignement.
- M. P. Fayard, à Mannas. — H y a là une propriété qu’il serait difficile d’expliquer, et que l’on se contente d’observer.
- M. H. Foucard, à Nice. — 1° Portraits-timbres caoutchouc : M. A. Taluffe, à Mantes (Seine-et-Oise). — 2° H existe un grand nombre de systèmes pratiques. — 3° Les rampes que peut gravir un tram sont très variables.
- M. E. Duval, à Saint-Jouin. — On a construit des cornets acoustiques de grandes dimensions pour entendre à distance. Nous avons décrit jadis un appareil de ce genre construit par Edison.
- M. H. B. C., à La Haye. — 1° S’adresser directement aux inventeurs. — 2° L’adresse est donnée en bas de la page 72 du numéro qui contient la description de l’appareil.
- M. G. B., à Rouen. — 1° Nous vous avons répondu dans notre précédente Boîte aux lettres. — 2° Nous avons décrit un modèle de moteur à pétrole de 45 kilogrammètres par seconde dans le n° 911, du 45 novembre 1890, p. 371 ; le constructeur en est M. G. Balbi, 21, rue Eugène-Sue, à Paris.
- M. G. Coingt, à Villerupt. — 1° Le fabricant de la bougie sulfureuse est indiqué en tète de la Boîte aux lettres du n° 982, du 26 mars 4892. — 2° Filtre Chamberland, 58, rue Notre-Dame-de-Lorette, à Paris. — 3° MM. Rouart, 137, boulevard Voltaire; MM. Geneste et Herscher, 42, rue du Chemin-Vert, à Paris.
- Un abonné, à Sarrance. — 1° Vous trouverez une série d’ouvrages sur l’air comprimé chez les grands libraires de Paris. — 2° Cette étude serait trop spéciale pour nos lecteurs; des travaux analogues ont, du reste, déjà été publiés par plusieurs journaux.
- Un abonné, à Saint-Raphaël. — Le Mémoire de M. Lenard, professeur à l’Université de Bonn, a paru dans le numéro du mois d’août des Annales de Wiedemann (Barth, Leipzig) sous le titre Ueber die Electricitat der Wasserfalle.
- M. Ch. Mook, à Montbéliard. — 1° Il faut faire soi-même ces encadrements. — 2° On prend des machines analogues aux perforeuses pour timbres-poste, chez M. E. Ravasse, 205, rue Lafayette; ou chez M. A. Lhermite, 422, rue du Faubourg-Saint-Martin, à Paris.
- M. F. Witz, à Bischwiller. — Ces questions sont sujettes à longues discussions; les opinions peuvent être très divisées. Remerciements pour votre communication.
- M. G. Brethenou, à Rabastens. — 1° Le numéro qui contient la description de l’appareil vous sera envoyé. — 2° L’adresse du fabricant est donnée en tète de la Boîte aux lettres.
- M. Bidard, à Rouen. — 4° Votre assertion ne nous semble pas exacte en tous points. — 2° Nous accueillerons volontiers la communication de vos résultats d’expériences sur cette importante question, et nous examinerons s’il y a lieu d’en publier un extrait.
- M. H. B., au Palais-Royal. — 11 existe l’Institut Montefiore à Liège, où M. Eric Gérard est professeur.
- M. Level, à Paris. — 1° Ces poudres sont en général très efficaces, mais il faut qu’elles soient de bonne qualité.—2° Celte question n’est pas de notre compétence.
- M. X., à Lyon. — 4° Le mouvement de rotation est d’autant plus rapide que la charge est plus forte ; mais il dépend également beaucoup du système de propulseur employé. — 2° La décroissance se produit en même temps que diminue la vitesse ; mais il n’y a pas de proportionnalité.
- M. E. L., à Torino. — Il faudrait connaître tous les résultats de vos diverses expériences pour pouvoiî les apprécier.
- M. Kostovitz, à Nemepdyper. — On doit composer ce ciment soi-mèine d’après la recette indiquée; il n’existe pas de fabricant spécial.
- M. Raynaud-Sauvé, à Fontainebleau. — S’adresser directe ment à M. de Sanderval, 22, rue Bizet, à Paris.
- M. Martin, à Oran. — Nous ne pouvons vous donner satisfaction; vous devriez vous mettre en rapport avec une des filatures de la contrée.
- M. L. Bonnefils, à Valence d’Agen. — Nous avons reçu votre excellente recette; nous la publierons.
- Accusés da réception. — Avis divers : M. H. Maneval, à Saint-Etienne. Il n’existe pas de traité de ce genre. — M. II. Winlsch, à Kennelbach. Il serait difficile de vous indiquer la meilleure fabrication. — M. II. Gohierre, à Moscou. Nous n’avons pas encore eu l’occasion d’étudier une application de cette nature. Tous nos regrets. — M. L. Porte, à Tunis. Nous avons indiqué les moyens à employer pour peindre sur soie dans les Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.)
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- SUR LA COTE.
- Dessins inédits de A. Robida.
- 1. . La Demoiselle de Fontenailles, roche aux environs d’Arromanches, terrain restant de l’ancienne ligne des falaises, maintenant reculées de plusieurs centaines de mètres. — 2. Ilocliers dans les criques de la Grande-Cote, près du Pouliguen (Loire-Inférieure). — 3. Les caloges d’Étretat, vieilles barques de pèche transformées en magasins par les pêcheurs. — 4. La caloge élégante, servant de salon et de cabine de plage pour les baigneurs. — S. Les chicots de la Grande-Côte, près du Pouliguen. — 6. Grottes-Magasins creusées dans les falaises d’Yport.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- BIBLIOGRAPHIE
- Le Cyclisme théorique et pratique, par L. Baudry de Saunier. Ouvrage orné d’environ 400 illustrations, dont plusieurs en couleur et en phototypographie et précédé d’une préface par Pierre Giffard. 1 vol. in-8°. — Paris. A la Librairie Illustrée, 8, rue Saint-Joseph.
- M. Baudry de Saunier, rédacteur en chef du journal le Cycle, vient de faire paraître sous ce titre, un ouvrage des plus complets sur la véloeipedie. On peut se faire une idee de l’ouvrage par les titres des chapitres qui le composent : Le cyclisme. — L’histoire du cyclisme. — Les machines employées. — L’anatomie cycliste. — La construction d’un cycle. — La trépidation. — Le
- cyclisme au point de vue médical. — La course. — Le tourisme. — Les femmes en cycle. — Les curiosités cyclistes. — Le cyclisme militaire. — La législation cycliste. — Les Sociétés cyclistes. — La bibliothèque cycliste. — L’avenir du cyclisme. On voit que toutes les branches de la vélocipédie ont été touchées par l’auteur qui a orné son livre d’illustrations très attrayantes. Le livre est précédé d’une Préface de Pierre Giffard, l’un des vulgarisateurs de la vélocipédie.
- Conférences publiques sur la photographie théorique et technique. Conservatoire national des arts et métiers. Conférence du 28 février 1892, par M. le colonel Laussedat. Uiconomé-irie et la métrophotographie. 1 brochure in-8°. — Paris, Gauthier-Villars et fils, 1892.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49”,30). — Bureau central météorologique de France.
- observations A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 5 septembre.. 10*,8 N. 2 Couvert. 8,7 Presq. couv., un peu de pl. à 10 h. 10 m.
- Mardi 6 8*,5 N. N. VV. 1 Beau. 0,0 Tr. nuag. de 10 h. à 16 h.; quelq. nuages av. et ap.
- Mercredi 7 7*,0 N. 1 Couvert. 0,0 Tr. nuag., irrégulièrem. pl. comm. peu av 24 b.
- Jeudi 8 10*,7 W. N. W. 3 Beau. 2,3 Quelq. nuages de 4 h. à 8 h. et à 24 h., tr. nuag. du reste, pli jusq. 2 h.;averse et grêle à 10 b. 17 m.-20 m.
- Vendredi 9 7*,3 S. W. 1 Peu nuageux. 0,1 Nuageux de 5 h. à 19 h., beau av. et ap.
- Samedi 10 8*,2 S. 0 Couvert. 0,0 Quelq. éclaire, le m., couv. le s., bruine de 16 h. à 20 h.
- Dimanche 11 15",4 W. S. W. 2 Couvert. 0,0 Tr. nuag. de 17 h. à 22 h., couv. du reste.
- SEPTEMBRE 1892. - SEMAINE DD LUNDI 5 SEPTEMBRE AD DIMANCHE 11 SEPTEMBRE 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la merj; courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche : courbe en pointillé, thennomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE METEOROLOGIQUE
- Un ouragan à Moscou. — Un violent ouragan s’est déchaîné sur Moscou à la date du 8 septembre. La force du vent était telle que les toitures de plus de deux cents maisons ont été arrachées ou détériorées. L’énorme cheminée d’une fabrique a été jetée par terre et, en tombant, a endommagé plusieurs maisons et tué six personnes. Le nombre des individus tués ou blessés par l’ouragan, dépasse cent cinquante. Après la tempête, une pluie torrentielle s’est abattue sur Moscou; cette pluie a fait également beaucoup de ravages et a causé plusieurs accidents.
- La température aux grandes profondeurs souterraines.
- — Il est intéressant de connaître la température qui règne dans les profondeurs souterraines. Il n’est cependant pas toujours facile d’effectuer des mesures exactes, surtout quand les cavités renferment de l’eau. Il se
- forme, en effet, un mélange des couches liquides, toujours en mouvement par suite même de leur inégal échaulfement. M. W. Hallock a fait quelques observations au puits de Wheeling (Virginie occidentale), qui ne con-tientpas d’eau, et il en a récemment communiqué les résultats à la Section géologique de l’Association américaine pour l’avancement des sciences. Ce puits a 1500 mètres de profondeur et présente, au point de vue de la rigueur des mesures, de grands avantages sur ceux de Sperenberg (1390 mètres) et de Schladebach (1910 mètres). 11 n’est revêtu que jusqu’à 520 mètres. La température à 430 mètres est de 20°,4 C. et monte jusqu’à 43°,4 à la profondeur de 1487 mètres ; dans la partie supérieure de la portion non recouverte du puits, l’accroissement de température avec la profondeur est très lent, d’environ un demi-degré centigrade pour 27 à 30 mètres; plus bas, l’augmentation est plus rapide, d’un demi-degré par 20 mètres.
- PHASES DE LA LUNE : P. L. le 6, à 9 h. 17 m. du soir.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVICE DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- L’Exposition internationale de timbres-poste. —
- Nous avons annoncé ici même dans notre livraison du 15 août 1892, l’exposition de timbres-poste à Paris. Elle a été ouverte la semaine dernière au palais des Arts libéraux du Champ de Mars. Des expositions analogues avaient été organisées déjà dans plusieurs villes, à Vienne, à Munich, à Dresde, à Anvers, à Amsterdam, à New-York et à Londres, celle-ci sous le patronage du prince de Galles et du duc d’Edimbourg; mais Paris n’en avait pas encore eu. La Société française de timbrologie, la Société philatélique française et la Société timbrophile d'échange ont organisé celle qui a été inaugurée le 15 septembre. Les exposants sont au nombre de 112; un tiers est français, un autre tiers anglais, le reste appartient à toutes les nationalités. Les collections sont renfermées dans des tableaux accrochés aux parois d’une quarantaine de loges, que l’on a disposées dans la nef du palais des Arts libéraux. Outre les timbres, qui atteignent une valeur considérable (on l’a estimée à plusieurs millions), l’exposition comprend des albums, avec l’outillage du collectionneur, des ouvrages sur la timbrologie, les appareils servant à la fabrication des timbres. Des prix seront distribués à la clôture de l’exposition, qui aura lieu le 15 octobre. Cette exposition est d’un haut intérêt pour les collectionneurs, elle n’est pas non plus sans offrir un sujet d’étude pour la masse du public. Personne d’ailleurs n’est aujourd’hui complètement étranger aux collections de timbres-poste, car il n’est pas de famille où l’on ne trouve quelque collectionneur grand ou petit.
- INFORMATIONS
- —%— Le Chasseur illustré rapporte un bien curieux fait relatif à des animaux tués par des abeilles. Dans l’après-midi du 22 août, un jeune homme de dix-sept ans, Lucien Petit, se rendait dans son champ, près de Mantes, avec une voilure attelée d’un cheval et d’un âne. Dans un jardin attenant à ce champ, se trouvaient une quarantaine de ruches d’abeilles. A peine l’attelage fut-il arrivé, que les insectes surexcités par la chaleur sortirent de leurs ruches en bourdonnant. Lucien Petit les vit s’approcher et, très effrayé, prit la fuite, se jetant, pour être mieux à l’abri des piqûres, dans un fossé plein d’eau. Pendant ce temps, les abeilles formaient autour de l’âne et du cheval un véritable nuage doré, et les pauvres animaux, bondissant sous la douleur, cherchaient vainement à se débarrasser de leurs ennemis. Ils les suivaient par milliers dans leur course folle à travers la campagne. Mais un moment arriva où l'âne s’arrêta, épuisé, puis tomba pour ne plus se relever. Ce fut ensuite le tour du cheval. Quand les deux pauvres bêtes furent bien mortes, les abeilles s’envolèrent dans la direction de leurs ruches, laissant la placé aux grosses mouches. Alors seulement Lucien Petit, qui avait assisté tremblant à l’horrible scène, sortit du fossé où il s’etait réfugié et retourna seul à Mantes.
- —Plusieurs de nos lecteurs de Paris ont été fort intrigués en voyant une voiture avec réservoir se promener dans les rues et
- | s’arrêter çà et là sur la chaussée, où, à l’aide d’une pompe portative communiquant à des orifices spéciaux, on extrayait du sous-sol un liquide. Ce liquide était soigneusement transvasé dans le réservoir de la voiture. Nous avons pris quelques informations pour répondre aux questions qui nous ont été posées. En certains points bas de la canalisation cle gaz à Paris, la Compagnie parisienne a établi des siphons qui viennent se déverser dans des tuyaux mis en communication par une bouche avec le trottoir. Toutes les eaux entraînées par le gaz se déposent dans les canalisations et viennent se rassembler dans les tuyaux dont nous parlons. Ces eaux renferment du goudron et constituent des eaux mères très riches en produits de foutes sortes ; ce sont elles qui sont reprises par la voiture dont il a été question pour être traitées à l’usine de la Compagnie parisienne du gaz. La Nature a donné autrefois un article important sur les différents produits qui pouvaient être extraits du goudron.
- —— Les vélocipédistes français et anglais se disputent avec acharnement le record de vingt-quatre heures. Il s’agit de parcourir dans cet espace de temps la plus grande dislance. Il y a peu dé temps, le record appartenait à un vélocipédiste anglais, F. NV. Shor-land, champion du monde, qui, en vingt-quatre heures, avait parcouru un espace de 666 kilomètres et 252 mètres. Notre célèbre vélocipédiste Stéphane est monté en bicyclette mardi soir, 15 septembre à 6 heures, dans l’intention de battre le record. L’excellent coureur a réussi. Le 14, à 6 heures, vingt-quatre heures après son départ, il avait parcouru 675 kilomètres et 810 mètres.
- Le Dr Weinek, de l’Observatoire de Prague, éerit à un de ses amis, de Londres, qu’il vient d’agrandir une épreuve photographique de la lune. L’image obtenue a 5 mètres de diamètre; et, dans cette épreuve agrandie, on a découvert certains tracés qui paraissent être des rivières. Ce sera une chose bien singulière si la photographie parvient à prouver qu’il existe de l’eau à la surface de notre satellite, ce que presque tous les astronomes ont nié jusqu’à présent !
- —%— On a récemment, en Allemagne, fa’t des essais de bateaux démontables servant à faire traverser des llcuves à des régiments de cavalerie; les cavaliers, les selles et harnais des chevaux traversent le fleuve sur des bateaux démontables; les chevaux, délestés de leur harnachement, passent facilement les cours d’eau à la nage. Les expériences exécutées dans plusieurs régiments ont donné des résultats satisfaisants.
- —A Aréquipa, dans le Pérou, le professeur Pickering a réussi à obtenir une reproduction photographique de la tache verte située sur la portion boréale de la planète Mars. Il assure que le 5 août dernier il est tombé de la neige sur les montagnes vers l’équateur de la planète; deux sommets de ces montagnes en ont été recouverts, et cette neige a été fondue le 7 août par les rayons solaires.
- —On sait qu’il s’importe chaque jour des départements voisins, et même de la Normandie, une grande quantité de lait consommé par les Parisiens, mais ce qu’on ignore généralement, c’est que le nombre des vacheries actuellement établies dans Paris s’élève a 2200 et que ces établissements renferment 54 528 vaches donnant chacune une moyenne de 12 à 15 litres de lait par jour, soit environ 450 000 à500 OOü litres de lait produit intra muros quotidiennement.
- —L’argent est bien meilleur conducteur de l’électricité que le cuivre, le plomb, l’étain, etc. M. Elihu Thomson propose d’utiliser cette propriété dans l’examen des pièces de monnaie, les fausses devant avoir une bien moins bonne conductibilité que les vraies.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Les moteurs hydrauliques, dont nous donnons la description, se trouvent à la maison J. Dulait, à Charleroi (Belgique). — Les appareils de chauffage électrique se trouvent chez divers fournisseurs d’objets électriques, notamment chez M. L. Pitot, 39, rue de Chàteaudun, et chez M. J. Ullmann, 16, boulevard Saint-Denis, à Paris. — La photo-jumelle est en vente au Comptoir général de photographie, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- Communications. — AI. S. C. Hepites, à Bucharest, nous adresse le relevé des observations météorologiques effectuées pendant le mois d’août à Bucharest, à Sinaia et à Sulina. Les températures maxima, dans ces diverses villes, ont respectivement été de 55°, 28° et 52°, et les pressions atmosphériques maxima de 758mm,6, 692mm,7 et 76Gmm,2.
- AI. Victor Berthelot, à Troyes, nous écrit : « Je viens vous donner la description d’un coup de foudre dont j’ai été témoin le 19 août dernier. Etant à Foncine-le-Haut (Jura), altitude 850 mètres, après une série de belles journées, le ciel fut envahi en une demi-heure par des nuages menaçants poussés par un vent d’une rare violence. Cependant, malgré ces menaces, nous ne reçûmes que quelques gouttes de pluie, et l’orage, qui menaçait notre vallée, passa dans une vallée latérale distante d’environ 5 kilomètres. Ma famille se reposait sur un banc à côté de la maison basse sans étage comme celles de presque tous les hameaux; je m’avançais seul lorsqu’un coup de tonnerre ayant l’acuité d’un coup de fusil éclata au-dessus de nous; je fus aussitôt parcouru de la tète aux pieds par le fluide, me produisant le même effet que la décharge d'une bouteille de Leyde; la foudre avait frappé l’un des trois peupliers en face de la maison, à 5 mètres de moi, l’écorce en était arrachée à 5 mètres du sol, puis à 7 mètres et à 15 mètres environ, sa hauteur étant de 20 à 22 mètres; le peuplier à côté de celui-ci avait eu quelques branches roussies. Ce que je puis vous affirmer, c’est que j’ai ressenti la commotion après le coup de tonnerre, sans avoir vu l’éclair. Je regardais en l’air à ce moment. Ma famille a vu une masse de feu sur le sol, tout près de moi, après le coup de tonnerre. Le sous-sol est rocheux et marneux, il n’v avait au-dessus de nous qu’une queue de nuage insignifiante, ni pluie ni vent, et rien à ce moment ne pouvait faire craindre un coup de foudre ; il n’y en eut pas d’autre. »
- AI. D., à Tunis, nous écrit au sujet de le statistique de la population juive que nous avons publiée dans les Informations du n° 1006, du 10 septembre 1892. D’après notre correspondant, les chiffres donnés pour la Tunisie seraient inférieurs aux chiffres réels. Le nombre de Juifs à Tunis serait de 50 000 environ; pour toute la Tunisie, il faudrait compter environ 100 000 Israélites.
- AI. de S. P., à Perpignan, nous adresse une pomme de terre de très grand volume, qui paraît être formée par l’agglomération de plusieurs tubercules. Ce genre de monstruosité n’est pas très rare.
- AI. E. D., à Marseille, nous envoie une photographie représentant une série d’éclairs. Les épreuves sont très bien réussies, et nous faisons tous nos compliments à l’opérateur; mais nous avons déjà publié plusieurs exemples de photographies de ce genre.
- Renseignements. — AI. E. Etienne, à Commequiers. — L’effet provient de la combinaison du bleu avec la teinte jaunâtre du papier transparent.
- M. P. O., à A. — Vous trouverez les renseignements qui vous intéressent dans le Bulletin hebdomadaire de statistique municipale publié par la librairie G. Masson : il contient, entre autres documents, un tableau de la mortalité à Paris par maladie et par arrondissement.
- M. F. J., à (Iran. — Vous trouverez sans doute des recettes pour faire disparaître ou atténuer les tatouages dans le Diction-
- naire encyclopédique des sciences médicales, où MM. Lacas-sagne et Magitot ont publié une étude intéressante sur cette question.
- M. A. M. L., à Lille. — Nous avons indiqué un procédé pour blanchir un chapeau de paille dans les Nouvelles Becettes utiles (G. Masson, éditeur); il faut exposer le chapeau à la vapeur de soufre pendant vingt-quatre heures, et le laisser ensuite pendant trois ou quatre heures dans de grosses toiles mouillées.
- AI. P. Moureau, à Brest. — La quantité d’argent est si minime qu’il n’v a aucun intérêt à faire cette manipulation.
- AI. B. L., à 'Fontenay-le-Comte. — Vous pourrez vous procurer ce champignon parasite chez MM. Fribourg et Hesse, 26, rue des Ecoles, à Paris.
- Un abonné, à Rennes. — Il est très facile de monter, comme vous le demandez, un bouton de sonnerie électrique sur deux sonneries différentes actionnées par la même pile. Il faut, pour cela, un bouton avec un petit commutateur à deux directions. A l’axe qui porte la manette du commutateur est relié un fil en communication avec la pile et une borne des deux sonneries. Les autres bornes de ces dernières sont réunies chacune par un fil distinct aux deux contacts du commutateur. De la sorte, on peut actionner une des deux sonneries en mettant la manette du commutateur sur le circuit correspondant. 11 existe également bien d’autres dispositions permettant d’atteindre le même but.
- AI. F. J. C., à Douai. — Vous nous demandez des renseignements sur une biographie du célèbre chimiste Humphry Davy. La Nouvelle biographie générale, publiée par MM. Fir-inin-Didot, donne une Notice assez complète; vous pourrez avoir aussi des documents importants dans VEloge de sir H. Davy, par G. Cuvier (Mémoires de l'Institut, 1850, t. XII, p. 1 et suivantes), dans Memoirs of the life of sir Humphry Davy (London, 1830), et dans la Bevue encyclopédique, année 1829, vol. XLII, p. 819.
- il/"0 S., à Saint-Calais. — La recette pour le virage au platine des épreuves aux sels d’argent communiquée par M. Brunei Paul a été insérée dans la 630e Boîte aux lettres, du n° 938, du 25 mai 1891.
- M. A. C. B., à Lyon. — La carte a été présentée dans le sens du courant ; c’est la carte de la catastrophe. Remerciements pour l'erratum que vous signalez.
- il/. L. Delbove, à Bruxelles. — M. Jousset de Bellesme professe tous les ans un cours de pisciculture très intéressant à l’aquarium du Trocadéro; ce cours est toujours annoncé dans la Boîte aux lettres.
- M. S., à Sainte-M. — 1° Cette pile n’a pas été décrite. — 2e Pour amalgamer un zinc, on verse dans une assiette du mercure, puis de l’eau acidulée, et on frotte le zinc avec une brosse trempée dans le liquide.
- M. E. Reeb, à Strasbourg. — Nous n’avons plus entendu parler de ce lit militaire; la fabrication a dû être abandonnée.
- AI. L. Menand, au Pont-de-Beauvoisin. — Le nom du fabricant anglais n’a pas été conservé dans nos archives; il n’y a pas de constructeur en France.
- AI. le Dr Krychetofswitche, à Salta (Russie). — Pour les casques vibrants décrits dans le n° 1004, du 27 août 1892, il faut vous adresser à M. le Dr Gautier, 3, place du Théâtre-Français, à Paris; nous croyons que le constructeur est M. Gaiffe, 42, rue Saint-André-des-Arts, à Paris.
- AI. L. M., à Lyon. — Pour connaître la composition exacte de cette substance, il faut en faire l’analyse quantitative ; renseignez-vous auprès d’un chimiste.
- AI. F. A., à Paris. — Le nombre des machines à écrire est aujourd’hui considérable; nous avons déjà indiqué plusieurs fabricants à différentes reprises.
- AI. B. Aleyer, à Nancy. — La composition de la solution désinfectante employée par les services de la Ville de Paris a été donnée dans la Boîte aux lettres du n° 975, du 25 janvier 1892.
- Accusés de réception. — Avis divers : AL L. Bonne fils, à Valcnce-d’Agen. Remerciements pour votre excellente recette que nous publions dans ce numéro. — M. C. Claudio-da-Silva, à Rio-de-Janeiro. Cette adresse nous est inconnue. — AI. P. Boreux, à Caen. La question que vous nous soumettez est trop spéciale pour être traitée dans le journal. — AI- Lecomte, à Paris; AI. Petit, à Lyon. Adressez-vous aux grands libraires de Paris. — AI. II. Lam-binel, à La Goulette. Cette recette a déjà été publiée; agréez nos remerciements. — AI. V. B., à Lille; Al. Renaud, à Paris. Voyez le petit livre la Science pratique. (G. Masson, éditeur.) — AI. Ber-teaux, à Paris; Al. P. D., à Nantes. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INVENTIONS1
- Ballon en caoutchouc se gonflant et se dégonflant à volonté. — On sait l’inconvénient des ballons destinés à amuser les enfants, ils sont volumineux et gênants à porter, il. faut les mettre dans un filet ou les tenir constamment à la main. M. Steinberg a inventé un ballon â soupape se gonflant et se dégonflant à volonté. 11 suffit, pour le gonfler, d’introduire un petit tube spécial en bois dans la
- Ballon de caoutchouc se gonflant et se dégonflant à volonté. —
- 1. Détail du ballon et de son tube. — 2. Mode de gonflement.
- soupape qui est taillée en sifflet intérieurement et de souffler jusqu’à complet gonflement. L’air venant du dehors fait ouvrir ïe sifflet qui se referme dès qu’on retire le tube. Quand le ballon est gonflé, la pression intérieure est plus forte que la pression extérieure, la fente se referme d’elle-mème. Pour dégonfler le ballon, il suffit d’introduire le tube dans la soupape qui s’écarte pour laisser sortir l’air comprimé, on aide à son évacuation complète en pressant le ballon avec les mains. Le ballon, une fois dégonflé, ne tient plus de place, on peut le mettre dans la poche. Avis aux enfants qui sont en ce moment à la campagne ou aux bords de la mer. — S’adresser à M. Steinberg, fabricant de jouets en caoutchouc, 39, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, à Paris.
- Le jouet du pêcheur ù. la ligne. — Vêtu de toile blanche et coiffé, comme il convient, du classique chapeau de paille à larges bords, le voici debout à l’avant de son bateau, le petit pécheur à la ligne ; il tient d’une main son filet qui commence à être bien garni; de l’autre, il manoeuvre sa ligne, au bout de laquelle, lorsqu’il la retire, nous voyons frétiller un poisson aux vives couleurs. La pèche est bonne, ça mord à tous
- Le pêcheur à la ligne. — Diverses phases du mouvement et ensemble du mécanisme.
- coups ! Ce jouet est dù à M. F. Martin, le constructeur parisien bien connu dont nous avons déjà présenté plusieurs créations aux lecteurs de La Nature. On y retrouve le cachet d’originalité qui distinguait déjà les autres jouets de cet inventeur. Ici encore, c’est le caoutchouc tordu qui donne le mouvement aux deux roues motrices placées à l’avant du bateau. L’une d’elles actionne, au moyen d’une bielle, une traverse horizontale à laquelle elle donne un mouvement d’oscillation qui se transmet au pêcheur, l’autre porte sur sa face extérieure une lame de métal contournée en spirale et jouant le rôle de came. Cet ensemble très simple suffit pour donner au personnage le mouvement de véritable pêcheur dans l’exer-
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces,
- cice de ses fonctions. Une des jambes est soudée à une douille verticale qui oscille et permet au pêcheur de se tourner d’avant en arrière pour suivre de l’œil sa ligne qui descend le fil de l’eau, puis, une fois redressé, de ramener vivement la ligne à l’avant. La douille est traversée par une tige verticale qui s’ap-uie en bas sur la came et s’accroche en haut à l’arrière du uste du personnage articulé au haut des jambes, et qui se redresse par l’effet du contrepoids en forme de filet à poisson qu’il tient à la main lorsque la came cesse d’agir sur la tige verticale. Une explication plus longue du mécanisme serait fastidieuse. C’est à l’aide de cet agencement si simple que nous voyons notre pêcheur, d’abord campé bien droit, se tourner vers l’avant du bateau pour y jeter sa ligne, se pencher en se tournant d’avant en arrière pour ne pas la perdre de vue pendant qu’elle descend le fil de l’eau, puis se relever brusquement pour retirer de l’eau la ligne et le poisson qui vient de s’y prendre ; chacun de ces mouvements est exécuté avec un naturel si parfait qu’il rappelle une scène véritable de pêche à la ligne, vue par le gros bout de la lunette. — Le jouet du pêcheur se trouve chez M. Martin, 90, boulevard Ménilmontant, à Paris.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Graissage des vélocipèdes. — J’ai l’honneur de vous signaler un nouveau mode de graissage des axes de roulement des vélocipèdes que j’ai expérimenté en même temps que plusieurs de mes amis, et qui nous a donné, depuis le mois de février dernier, des résultats vraiment remarquables. Ce procédé est tout simple ; il suffit de démonter et de nettoyer complètement l’intérieur des coussinets d’un vélocipède et ensuite de les remonter après les avoir remplis à saturation de graisse consistante à l’aide d’une petite spatule en bois mince. Les billes roulent, ainsi immergées, dans une masse compacte de graisse remplissant exactement tous les vides des coussinets jusqu’à leur bord extérieur et formant dans leur bord intérieur un joint étanche' et onctueux absolument impénétrable à la poussière. Le graissage est ainsi assuré pour très longtemps, les frottements sont bien réduits, le roulement est très doux et sans choc, la graisse ne s’échappe point comme l’huile à l’extérieur des coussinets. On a donc sa machine constamment propre, roulante, et prête à partir sans qu’il soit nécessaire de la graisser à nouveau, et sans avoir jamais à craindre le grippement et l’usure des coussinets.
- Bonnefils, à Yalence-d’Agen.
- Un procédé d'évaluation des récoltes. — M. Heuzé a présenté à la Société d'agriculture un procédé fort simple dû à M. Pommier pour l’évaluation des récoltes de blé. Ce procédé vérifié par MM. Bailly et Pluchet, a été reconnu exact par eux. Il consiste à choisir dans le champ dont on veut apprécier la récolte : 3 beaux épis, 3 épis moyens, 5 petits épis, et à compter le nombre de grains que chacun d’eux renferme ; en divisant le résultat par 9, on obtient ainsi le nombre moyen de grains par épi, ou le nombre d’hectolitres que peut produire un hectare. Une belle récolte renfermant 200 épis au mètre carré, une récolte un peu claire 150 et une récolte faible 120 seulement, il est facile par une simple multiplication d’obtenir le nombre de grains par mètre carré et par suite à l’hectare. L’hectolitre de blé renfermant 2 millions environ de grains de grosseur moyenne, 2 500 000, lorsque le froment est petit, et 1 500 000 à 1 600 000 quand il est question de blépoulard, on a, par division, le rendement en hectolitres par hectare. Quoi qu’il en soit, il est indispensable, lorsque le champ n’est pas régulier et qu’il présente çà et là des lacunes ou des parties claires, de soustraire du résultat 1/10, 1/20, 1/25, etc.
- Taches de graisse. — Pour enlever une tache de graisse, on verse généralement de la benzine sur la tache, puis on en ajoute peu à peu, de manière à bien humecter le drap ; la tache disparaît, mais, au bout de quelques jours, on voit apparaître autour de l’endroit qu’elle occupait, un cercle grisâtre montrant qu’elle n’a fait que se déplacer. En voici la raison : la benzine chargée de graisse possède une tension superficielle plus forte que la benzine pure. La première portion dissout la graisse, et celle qu’on ajoute lui permet de s’étaler. Il est donc préférable de procéder en un sens inverse : formons d'abord, autour de la tache un cercle de benzine; puis ajoutons-en quelques gouttes au centre ; toute la benzine grasse se rassemblera au milieu, et si l’on applique un morceau de flanelle contre le drap elle s’échappera, entraînant la graisse1.
- 1 La recette que nous donnons ici est empruntée au petit livre « Balles de savon » (Librairie Gauthier-Villars) dont nous avons déjà eu l’occasion de parler ; son principe repose sur la tension des surfaces liquides, c’est-à-dire sur les forces capillaires.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Vernis résistant aux acides. — MM. Helbigy et Bertling, de Baltimore, ont fait breveter un vernis résistant aux acides aussi bien que le meilleur bitume. Ce produit s’obtient en versant, dans un récipient en fer contenant un gallon (4]it,5) d’huile de lin, 20 livres (9 kilogrammes) de plomb fondu liquide, en agitant le mélange ; après le refroidissement, on ne retrouve au fond du vase que 17 livres (7ks,500) de plomb solide ; le reste (lkï,500) est incorporé à l’huile. On recommence l’opération et, à la cinquième reprise, on obtient un liquide ayant la consistance d’un vernis et que l’on emploie comme tel.
- Aux fumeurs photographes. — 11 n’y a rien de plus désagréable pour un fumeur que d’avoir oublié ses allumettes ; c’est surtout ce jour-là que l'envie de fumer est irrésistible. Un amateur photographe se trouvant dans cette situation dévissera une
- des lentilles de son objectif ou prendra sa loupe de mise au oint et concentrera les rayons du soleil, s’il y en a, sur son ta-ac. C’est simple, mais tout le monde n’y penserait peut-être pas.
- Dorure du cuivre par frottement. — Mélangez intimement les substances suivantes, que vous avez au préalable réduites en poudre très fine : chlorure d’or sec, 20 grammes ; cyanure de potassium, 60; blanc d’espagne, 100; crème de tartre, 5. Faites du tout une pâte en ajoutant 100 grammes d’eau environ. Enduisez un petit chiffon de flanelle de cette pâte et frottez les objets à dorer. Il est nécessaire que ces objets aient été tout d’abord nettoyés avec le plus grand soin. Ce mélange est un poison violent. On fera dune bien, après s’en être servi, de se laver les mains à la brosse, afin qu’il n’en reste aucune parcelle sous les ongles.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS k 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 12 septembre. U',8 S. 1 Couvert. 0,0 Couv. de 4 h. à 8 h. puis tr. nuag. ; très peu nuag. après 11 h.
- Mardi 13 15°,8 S. S. E. 3 Peu nuageux. 0,0 Très peu nuag. jusqu’à 16 h.; puis nuag. ; couv. de 19 à 25 h.; puis beau.
- Mercredi 14 11”,8 S. W. 1 Presque couvert. 0,0 Peu nuag. jusqu’à 6 h.; puis couv.; éclairs au S. S. E. à 20 h.
- Jeudi 15 9°,2 N. N. W. 2 Nuageux. 0,0 Peu nuag. jusqu’à 13 h. et de 19 à 21 h.; couv. ensuite; quelq. coups de tonn. à partir de 23 h. avec averses.
- Vendredi 16 16%0 S. 2 Beau. 1,9 Couv. à 1 h. etap. 21 h. ; beau ou peu nuag. du reste ; tonn. cesse vers 1 h. 1/2 ; écl. à partir dt 21 h. 45 m.
- Samedi 17 14”,1 N. N. E. 2 Couvert. 0,1 Couv. jnsq. 17 h.; puis peu nuag.; beau ap. 19 b.; pi. à plusieurs reprises.
- Dimanche 18 7”,5 N. 1 Beau. 0,1 Beau.
- SEPTEMBRE 1892.-- SEMAINE Dü LUNDI 12 SEPTEMBRE AU DIMANCHE 18 SEPTEMBRE 1892
- Mardi
- Mercredi
- Vendredi
- Samedi
- Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 A 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Plaie électrisée. — Un habitant de Rio-Cuarto, province de Cor-dol>a, dans la République argentine, M. M. Desprès, ingénieur-électricien, a été témoin, au mois de janvier dernier, du curieux phénomène météorologique suivant. La journée avait été très chaude; vers 5 heures du soir, le ciel s’était couvert de gros nuages lourds, bas, s’avançant lentement à la surface du sol. I^as le moindre vent. Entre 8 heures et 8b 50“, la nuit étant déjà intense, il y eut un premier éclair, silencieux. Deux minutes après, les premières gouttes commencèrent à tomber, crépitant d’une façon fort sensible en arrivant près du sol. De chacune d’elles, l’on voyait des étincelles s’élancer vers les murs, les arbres el la terre qu’elles allaient atteindre. La pluie tombait électrisée. ,
- Pointes de paratonnerres en charbon de cornue. —
- Pour fonctionner dans de bonnes conditions, un paratonnerre doit se trouver en parfait état. La pointe des tiges conductrices surtout doit être
- composée d’un métal qui garde la propriété de bien conduire l’électricité, en dépit de toutes les influences atmosphériques. Pour cette raison, l’or, l’argent et le platine furent employés. Au passage de l’électricité, la pointe est soumise à une élévation considérable de température qui, dans le cas du cuivre, par exemple, en a fréquemment déterminé la fusion. Le platine même a subi parfois un sort identique.
- M. Leder, de Berlin, a eu l’idée de substituer le charbon de cornue à tous ces métaux. Cette substance olfre, en effet, des avantages divers; elle est inoxydable, infusible, résiste à toutes les influences atmosphériques, inattaquable par les acides, et, par conséquent, n’exige point de réparation ni d’entretien.
- Le professeur Weber croit qu’une pointe de charbon a autant de valeur qu’une pointe de fer; le professeur Waltenhofen trouve, au contraire, de sérieuses objections à l’emploi du charbon. 11 sera nécessaire d’effectuer sur cette intéressante question des observations nombreuses et précises.
- PHASES DE LA LUNE : D. Q., le 15, à 0 h. 50 m. du soir.
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- Supplément à a LA NATURE » du Ier octobre 1892 (n° 1009)
- Publié sous la direction de M. GASTON TISSANDIER
- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Ch&teaudun, à Paris.
- TOUTES IBS COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SBRVU3B D0 JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIR1B O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- Le (( Fleuriste )) delà ville de Paris. — Les serres de la ville de Paris connues sous le nom générique de Fleuriste de la Muette, vont être déplacées. Le nouveau « Fleuriste » sera installé dans le bois de Boulogne même, entre la porte de la Muette et la porte Dauphine, à distance d’environ 60 métrés des fortifications. L’emplacement choisi a une étendue de 70 000 mètres carrés. Il faudra le déboiser complètement. Le nouvel établissement se composera d’un jardin d’hiver, en contre-bas, dessiné à la française avec une pièce d’eau au milieu, et qui aura 100 mètres de longueur sur 45 mètres de largeur. De chaque côté, seront placées, dans le sens de la longueur, les grandes serres au nombre d’une quarantaine, séparées par de larges passages. En travers s’élèvera un pavillon central qui aura 1 1 mètres de hauteur et auquel viendra s’adosser une autre construction à usage d’orangerie. Plus loin, dans le sens de la largeur, se trouvera un second groupe de cinquante serres, et puis, au nombre d’une centaine, des abris, des châssis et autres installations propres à la culture des fleurs. Le Fleuriste à construire au bois de Boulogne, coûtera 1 800 000 francs. D’autre part, on compte retirer de la vente des terrains de l’établissement actuel de la Muette, près de 5000 000 de francs. H y a là, on le sait, 25 000 mètres carrés de terrain et il paraîtrait qu’il y a déjà « preneurs », au prix de 200 francs le mètre carré. La ville de Paris réaliserait donc, sur l’opération projetée, un bénéfice de plus de 3 millions, plus la somme à provenir de la vente des serres et du matériel actuels. L’avis favorable du conseil municipal ne pouvant pas être mis en doute, on compte pouvoir commencer les travaux vers la fin de cette année.
- INFORMATIONS
- —Les visiteurs du Jardin zoologique d’Acclimatation du Bois de Boulogne peuvent remarquer, en ce moment, près de la grande entrée de l’établissement, deux très forts exemplaires de Xanthor-rhæa hastilis, plantes appartenant à la famille des Juncacées, et Originaires des régions froides de l’Australie. Ces curieux végétaux sont munis de tiges à fleurs mesurant près de 4 mètres de hauteur, et qui n’ont pas encore atteint leur entier développement. Ces tiges, semblables à d’énormes asperges, croissent environ de 10 à 12 centimètres par jour. Cette croissance se ralentit vers le vingtième jour, et le développement des tiges n’est plus alors que de 6 à 8 centimètres. Sur l’un des rochers de la grande serre tempérée, le public peut voir, également, un magnifique exemplaire d’Æchmca Mariæ-Reginæ en fleurs, possédant des bractées d’un beau rose foncé, qui mesurent 20 centimètres de longueur sur 10 centimètres de largeur. Les feuilles, canaliculées, glauques, ont 1 mètre de longueur. Cette Broméliacée, rare, a été importée de Costa-Rica vers l’année 1873.
- —Un architecte bien connu à Paris, M. Jean Bertot, a accompli en bicyclette avec un de ses amis, docteur-médecin, un voyage remarquable, non par la rapidité avec laquelle il a été effec-
- tué, mais par l’ingéniosité du tracé de l’itinéraire, car il peut être offert comme un, modèle d’une excursion de voyageur intelligent. Partis de Paris le jeudi 4 août, les touristes ont traversé successivement Sens, Auxerre, Avallon, Autun, Le Creusot, Cluny, Mâcon, Bourg, Nantua, Aix-les-Bains, Chambéry, Grenoble, Sisteron, Digne, Hyères et Toulon, points extrêmes de leur voyage, et sont revenus par Marseille, Avignon, Valence. Lyon. Nevers et Montargis. Ces intrépides voyageurs sont rentrés à Paris le 8 septembre, ayant effectué un parcours total de 2112 kilomètres en cinq semâmes, bien qu’ayant consacré douze à quinze journées de leur voyage à visiter les contrées les plus pittoresques et les villes les plus intéressantes de ce long parcours.
- —— M. Puille, professeur d’agriculture dans la Drôme, annonce nue depuis trois ans il combat avec succès le ver blanc, en cultivant îles crucifères : moutarde blanche, colza, etc.; puis en les enfouissant en vert avec 1000 kilogrammes de plâtre (sulfate de chaux). Cet engrais, en se décomposant dans le sol, dégage une certaine quantité d acide suif hydrique qui asphyxie la majeure partie des vers blancs, au moins ceux de deuxième et troisième année qui sont à 2 on 3 centimètres de profondeur seulement. Quant à ceux d’un an, qui sont à une plus grande profondeur, ils peuvent encore échapper au gaz acide; mais le renouvellement de l’opération, l’année suivante, achève leur destruction.
- —^— Le gouvernement des Etats-Unis a décidé que, pour^ honorer la mémoire de Christophe Colomb, il y aurait émission d une nouvelle série de timbres-poste de l’Union. Sur un de ces timbres sera gravé le portrait du « découvreur » de l’Amérioue; un autre donnera l’image du couvent de la Rabida qu’il habitait, et le troisième représentera sa fameuse caravelle, la Santa-Maria. Mais ces nouveaux modèles ne seront mis en vente que pendant une année, du lor janvier au 51 décembre 1803. La direction générale des postes des Etats-Unis reprendra ensuite l’emploi des timbres actuels.
- —Vé— Les Allemands ne négligent rien pour faire d’Héligoland l’une des places maritimes les plus redoutables au point de vue militaire. Les travaux des fortifications sont poussés activement. 400 ouvriers travaillent nuit et jour à la construction des casemates et à la mise en position des pièces de gros calibre. L’île est traversée en tous sens par des souterrains. Les matériaux sont transportés à grands frais. Lorsque les travaux seront finis, les casemates pourront abriter 5000 hommes.
- —Un des meilleurs miels est celui de Lithuanie. Les abeilles s’établissent dans les creux des arbres et butinent sur les tilleuls si nombreux dans la région et dont la fleur parfumée donne au miel une saveur délicieuse qui le fait rechercher des amateurs. Les habitants du pays se livrent à la récolte de ce miel qui est une source de richesse pour la province.
- —M. Raphaël Biscboffsheim, accompagné de M. Perrotin, a récemment visité le mont Monnier, dans les Alpes-Maritimes. Le bienfaiteur des sciences astronomiques se propose d élever au sommet de cette montagne, à 2800 mètres d’altitude, un Observatoire plus élevé que celui de Nice, et dont les travaux commenceront au mois d’avril prochain.
- —En effectuant des travaux dans la cour de l’école de Die (Drôme), des ouvriers ont mis à découvert deux cercueils en pierre surmontés d’urnes funéraires. Ces cercueils renfermaient des squelettes parfaitement intacts : on a trouvé dans l’un d’eux une pièce de monnaie frappée à l’effigie de Domitien.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour tout ce qui concerne le Pomivalorimètre, s’adresser à M. J. Dujardin, 24, rue Pavée-au-Marais, à Paris.
- Communications. — M. G. Ritter, à Neuchâtel, nous communique un extrait des projets qu’il a étudiés pour l’alimentation en eau potable d’une grande partie de la France au moyen de l’eau des lacs de Neuchâtel et du Léman, en Suisse.
- Mi E. Anadyr, à X., nous envoie une recette pour dérouiller les gonds, les verrous, les serrures : il faut employer un mélange de 2 parties d’huile d’olive et 1 partie de pétrole ; les résultats obtenus sont très satisfaisants. Nous avons déjà indiqué autrefois des procédés analogues.
- M. L. Leroy, à Paris, nous écrit au sujet de l’article Les Guêpes et les Raisins, paru dans le n° 1007, du 17 septembre 1892, p. 246. Notre correspondant croit avoir observé que les guêpes percent et mangent bien les grains de raisins, contrairement à l’opinion émise.
- M. L. Brunehant, à Pommiers. — L’explication que vous donnez du phénomène est intéressante; nous la publierons prochainement dans une Notice complémentaire.
- M. Alcée Cousin, à Domfront (Orne). — Remerciements pour votre lettre; mais nous ne voulons pas donner trop d’extension à ce genre de récréation.
- M. E. Faitot, à Paris. — Nous ferons connaître votre dispositif dans une de nos prochaines livraisons.
- M. Juan FAordi, ingénieur, à La Plata. — Nous vous remercions bien sincèrement des aimables félicitations que vous nous envoyez de si loin à l’occasion de la publication du 1000e numéro de La Nature. Rien ne nous est plus précieux que l’estime de nos lecteurs.
- Renseignements. — M. H. Fisch, à Léon (Mexique). — Vous aurez les renseignements que vous désirez en vous adressant à la Revue industrielle, 58 bis, rue de la Chaussée-d’An-tin, à Paris. Ce journal a publié plusieurs articles sur cette question.
- M. Clevenot, à Saint-Dié. — Nous ne pouvons guère vous conseiller; il faudrait connaître la composition de la terre du pays et faire des essais.
- M. J. St., à Paris. — Vous trouverez un appareil de ce genre chez M. P. Rousseau, marchand de produits chimiques, 17, rue Soufflot, à Paris.
- M. K. J. Küss, à Cestas. — Nous avons donné un article sur le chauffage électrique dans le n° 1008, du 24 septembre ; deux adresses de fabricants sont indiquées en tète de la Boîte aux lettres.
- M. G. Clouzot, à Paris. — Un polygraphe de dimensions réduites a été décrit dans les Petites Inventions du n° 960 (24 novembre 1891 ).
- M. T., à Montélimar. — Votre question ne se rapporte à rien qui soit de notre compétence. Vous pourriez toutefois vous adresser à M. Tuai, commissaire-priseur, 56, rue de la Victoire, à Paris.
- M. le Dr G. Laporle, à Saint-Estèphe. — Les expériences effectuées n’ont pas donné jusqu’ici des résultats bien concluants; aucun renseignement n’a, du reste, été publié.
- L'abonné 2058, à Versailles. — La description de ces appareils, se trouve dans les ouvrages d’hydraulique; il faut consulter les catalogues des divers libraires de Paris.
- M. D. G., à Douai. — 1“ Combien d’heures durera cet éclairage? — 2° Le transport si souvent répété des accumulateurs offrira de grands inconvénients.
- M. le Dr Trintignan, à Paris. — 1° Nous ne vous conseillons pas l’emploi de piles pour votre éclairage. — 2° Votre rue-doit etre située dans le secteur Popp ; adressez-vous à cette Compagnie, 54, rue Etienne-Marcel.
- M. F. Robinet, à Avignon. — Vous aurez un grand nombre
- d’indications de fabriques dans le dictionnaire de Bottin ; nous ne pouvons vous donner ici ces adresses.
- ~ . M. Pellegrin, à Gafsa. — Consultez le Fabricant d'huiles végétales et’ minéfales, par MM. J. de Fontenelle et F. de Malepeyre, 4 volume de la collection des manuels Roret, à Paris,
- M. M. Aguilar, à Lerida. — Pour pouvoir vous répondre, il nous faudrait connaître : 4° la hauteur du tuyau par où l’eau s’écoule ; 2° le volume d’eau débité par seconde.
- M. T. P., a B. — 1° L’essence de pétrole est préférable. — 2° Il y a un mélange d’air et de pétrole. — 3° La pression est variable suivant les systèmes. — 4° Nous ne connaissons pas de traité spécial, ;
- M. Voisin, à Boulogne-sur-Mer. — Pour l’obus calorimétrique décrit il y a quelque temps, s’adresser à M. Malher, 52, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.
- M. G. Bordaz, à Sainte-Marie (Martinique). — Nous n’avons pas entendu parler de ces expériences ; nous allons nous renseigner, et nous les décrirons, s’il y a lieu. -A
- M. H. L., a Bordeaux.—Nous vous conseillons de faire usage d’eau additionnée de quelques gouttes d’eau oxygénée. ’
- M. Bon fils, à Paris. —- Vous nous demandez de vous citer le meilleur appareil téléphonique. 11 est très difficile de vous renseigner. Les divers systèmes ont des propriétés différentes; mais il y a également une question d’appréciation personnelle, dont il faut tenir compte.
- M. L. Favre, à Argenteuil. — Le procédé le plus rapide pour aimanter des barreaux de fer est de les mettre dans un champ magnétique formé par un solénoïde dont les spires sont parcourues par un courant intense.
- M. J. Gaudet, à Montrond. — Comptoir général de pholc-graphie, rue Saint-Roch, à Paris ; cette adresse a été donnée en tète de la Boîte aux lettres du numéro contenant la description de l’appareil. .
- M. Ad. Chevillot, à Meaux. — Consultez les Adresses rela-tives aux appareils décrits, du n° 4005, du 5 septembre 4892.
- M. P. Pouchain, à Armentières. — Votre lettre a été envoyée à destination.
- M. Rousseau, à Paris. — 4° Les marchands de lampes peuvent se charger, croyons-nous, de ces réparations. — 2° Pas d’adresse spéciale.
- M. E. G., à Salon. — 4° Nous n’avons pu retrouver la description de l'appareil dont vous parlez. — 2° Il faut laver à grande eau et à plusieurs reprises la citerne avant d’v laisser séjourner l’eau de pluie.
- M. J. Claude, à Nancy. — Plusieurs ouvrages ont déjà été publiés sur ces questions ; nous ne pouvons vous en indiquer un en particulier.
- il/. J. L. L., 'à Rouen. — Nous ne connaissons pas d’autres nouvelles modifications; vous pourriez vous renseigner auprès des constructeurs.
- M. E. Jouffroy, à Lyon. —- 1° Il existe à Paris une Ecole municipale de physique et de chimie industrielles, 42, rue Lhomond; écrivez à l’économat, on vous enverra les programmes d’admission. — 2° Cet ouvrage se trouve à la librairie Hachette.
- Un lecteur, à Montpellier. — Il faut vous adresser directement aux libraires indiqués ; pas d’autres renseignements.
- M. Bloume, à Paris. — Pas de nouveau procédé à vous faire connaître.
- M. G. Braun, à Gand. — La librairie Baudry, à Paris, a fait paraître plusieurs traités de galvanoplastie.
- M. Jaillant, à Méry. — Des articles spéciaux sur la distribution de l’énergie par l’air comprimé ont été donnés autrefois par le journal l'Electricien. (Librairie G. Masson.)
- M. C. R., à Auteuil. — Il suffit de remettre la colle sur le feu et de la chauffer légèrement en ajoutant un peu d’eau. Pour la conserver liquide, il faut bien boucher le flacon.
- M. Martin S..., à Lyon. — La soie de Chine ou Ponghée est ce qui convient le mieux pour la confection des aérostats.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. E. Ardu-in, à Bordeaux. 1° Nous n’avons pas d’autres indications; 2° s’adresser directement à Genève. — M. X., à Périgueux. Votre observation est juste; nous ferons un erratum. — M. A. L., à Cahors. Remerciements pour votre communication ; le fait ne présente rien d’extraordinaire. — M. L. Gau, à Mazamet. Consultez les Recettes et procèdes utiles. (G. Masson, éditeur.) — Grand Cercle, à Lodève. Deux procédés ont été indiqués dans la Science pratique (même éditeur). — M. H. Guintrand, au Thor. Vous trouverez dans le même petit livre une recette pour fabriquer une pierre à émeri, en agglomérant la poudre d’émeri avec d’autres substances. — M. N. Dan, à Bucharest; M. M. de S-, à Versailles; M. A. L. D-, à Cout-mer. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la .Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’esl répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES. *
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- Dressé à l’Observatoire de Paris, d’après les publications du Bureau des longitudes
- OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1892. — POSITION DES PRINCIPALES PLANÈTES
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- Bélier
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- Petit Chien
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- MARS
- Baleine
- Eridan
- Lièvre
- Grand./Chien
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- Hercule
- Dauphin
- Poissons
- ihiucus
- Verseau
- Serpent
- Badan
- "Corbeau]
- Capricorne
- 1/3 ée.
- Poisson Austral
- xni
- PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES ASTRONOMIQUES
- Occultations des Etoiles par la Lune, visibles à Paris.
- 1892. Nom de l’astre. Grandeur. Immersions Emersions.
- Octobre 3 t* Verseau. 4 6 h. 59 m, 9 7 h. 40 m, 0
- —. 5 14 Baleine. 6 6 h. 31 m, 5 6 h. 52 m, 3
- — 6 o Poissons. 4-5 15 h. 19 m, 7 16 h. 13 m, 5
- — " ’ 8 1143 B. A. C. 6 16 h. 58 m, 8 17 h. 3 m, 0
- — 15 i Lion. 6 15 h. 56 m, 1 16 h. 53 m. 1
- — 51 y3 Verseau. 5 7 h. 34 m, 0 7 h. 54 mj 8
- Novembre 5 A' Taureau. 4-5 9 h. 21 m, 0 9 h. 53 m, 4
- — 6 k Taureau. 6 '5 h. 19 m, 0 6 h. 0 m, 3
- — 9 >. Ecrevisse. 6 9 h. 58 m, 3 Appui se à Î’O du b#rd.
- — 9 Ecrevisse. 6 12 h. 52 m, 4 14 h. 1 m, 2
- — 9 vs Ecrevisse. 6 14 h. 21 m, 6 15 h. 31 m, 7
- — 9 32 Ecrevisse. 6 15 h. 15 m* 8 16 h. 10 m, 7
- — 23 6628 B. A. C. 6 3 h. 56 m, 0 5 h. 16 m, 2
- — 30 o Poissons. 4-5 13 h. 46 m, 6 14 h. 20 m, 2
- Décembre 2 1143 B. A. C. 6 15 h. 5 m, 9 15 h. 33 m, 2.
- — 3 k Taureau. 6 18 h.. 33 m, 8 19 b. 15 m, 5
- — 5 47 Gémeaux. 6 18 h. 44 m, 2 19 h. 10 m, 6
- — 6 ui’ Ecrevisse. 6 11 h. 25 m, 5 12 h. 54 m, 9
- "L’étoile est sous l’horizon.
- Eclipse partielle de Soleil, le 20 Octobre 1892, invisible à Paris.
- Commencement de l’éclipse générale, le 20 octobre, à 4 h. 24 m. 5, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude = 157° 27' 0. de Paris, latitude = 65° 45'B-.
- Plus grande phase de l’éclipse, le 20 octobre, à 6 h. 45 m. 5, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude = 54°57' 0. de Paris, latitude = 61° 33'B.
- Grandeur de l’éclipse = 0,906, le diamètre du Soleil étant un.
- Fin de l’éclipse générale, le 20 octobre, à 9 h. 6 m. 9, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude = 52° 26' 0. de Paris, latitude = 14° 8' B.
- Éclipse totale de Lune, le 4 novembre 1892, en partie visible à Paris.
- Temps moyen de Paris.
- Entrée de la Lune dans la pénombre, 4 novembre à. . 1 h. 20 m, 9
- Entrée dans l’ombre, 4 novembre à......................2 h. 18 m,
- Commencement de l’éclipse totale, 4 novembre à. . . 3 h. 32 m,
- Milieu de l’éclipse, 4 novembre à......................3 h. 54 m,
- Fin de l’éclipse totale, 4 novembre à..................4 h. 16 m,
- Sortie de l’ombre, 4 novembre à.........-...........5 h. 50 m,
- Sortie de la pénombre, 4 novembre à............... 6 h. 27 m,
- Grandeur de l’éclipse =1,092, le diamètre de la Lune étant un. Lever de la Lune à Paris, le 4 novembre, à 4 h. 29 m.
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- Satellites de Jupiter.
- ÉCLIPSE». OCCULTATIONS.
- 1892. Satellites. Commencement. Fin. Immersion. Emersions
- Octobre 1 II 13 h. 19 m. 28 s. I6h.19m.
- 2 I 12 h. 22 m. 32 14 h. 49 m.
- 4 I 6 h. 51 m. 21 9 h. 15m.
- 8 II 15 h. 54 m. 46 16 h. 33 m.
- 9 I 14 h. 17m. 37
- 11 I 8 b. 46 m. 28 10 b. 59 m.
- 12 11 7 h. 58 m.
- V i A T •4 A Vi T m
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Satellites de Jupiter.
- Satellites de Jupiter.
- ECLIPSES.
- OCCULTATIONS.
- ECLIPSES. OCCULTATIONS. 1892. Satellites. Commencement. "" Fin. Immersions. Emersions.
- 189!. Satellites. Commencement. Fin. Immersions. Emersions. Novemb. 24 III 6h. 9m.28s
- Octobre 18 I 12 h. 51m. 2 s. 10h. 30m. — 24 I 13 h. 46 m.
- 19 111 lOh. 5m. 18 7h.l8m. — 26 I 11 h. 26 m. 29 8h.l3m.
- 19 II 10h.l2m. 31 7 h. 24 m. — 27 II 12h.27m.59 7 h. 56 m.
- 20 I 7h.19m.47 — 28 I 5h.55m.24
- 25 I 14h. 46m. 21 12h.l4m. Décemb. 1 III 8h.15m. 4 s. 10h.llm.31 5h.54m
- __ 26 II 12h.47m.42 9h. 37 m. — 3 I 13h.22m.17 10h. 3m.
- 26 III 14 h. 4 m. 7 10 h. 32 m. — 4 II 10 h. 20 m.
- 27 I 9 h. 15 m. 7 6h.4lm. - 5 I 7 h. 51 m.12 4h.30m.
- Novemb. 1 I 13h. 59m. — 8 III 12h.17m.53 7 h. 14 m. 9h.56m
- 2 II 15h. 25m. 2 11 h. 52 m. — 10 I 11 h. 54m.
- 2 III 13h 49 m. 15 h. 51m. — 11 II 12h. 47 m.
- 3 I 11 h. 10m. 34 8 h. 26 m. — 12 I 9h.47m. 3 6h.22m.
- 5 I 5 h. 39 m. 51 — 15 II 4 h. 36 m. 40 6h.58m.29 4h.34m
- 9 II 14h. 8m. — 15 III lOh. 58 m.
- 10 I 13 h. 6 m. 8 10h.ll m. — 19 I 11 h. 42 m. 55 8h.l4m.
- 12 I 7h.35m. 6 — 21 I 6h.llm.56
- 13 II 7 h. 16 m. 20 — 22 II 7h.13m.28 9h.54m.58 4h.31 m. 7 h. om
- 17 I 11 h. 58 m. — 26 I lOh. 8m.
- 19 I 9 h. 30 m. 45 6h. 25m. — 28 I 8h.7m.48 4 h. 56m.
- ' 20 II 9h.52m. 4 5 h. 35 m. — 29 II 9 h. 50 m. 26 7 h. 4m.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Saint-Maur, altitude, 49*,30). — Bureau oentral météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL’ PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 19 septembre. 8”,8 S. 0 Très peu nuageux. 0,0 Tr. p. nuag. de 7 à 11 h.; tr. nuag. à 23-24 h.; beau le reste du temps.
- Mardi 20 15* ,0 S. E. 2 Très nuageux. 0,0 Tr. nuag. jusq. 9 h. et ap. 19 h. couv. le reste du temps; éclairs dans la soirée ; un peu de pluie à 6 h. 50.
- Mercredi 21 14°,8 S. S. E. 2 Beau. 0,0 Nuag. de 8 à 16 h.; beau av. et ap.; écl. dans la soirée.
- Jeudi 22 9”,0 N. E. 0 Presque couvert. 0,0 Peu nuag. de 8 à 16 h.; Beau av. et apr.; brouillard de 5 à 7 h. (100").
- Vendredi 23 10”,2 N. E. 1 Beau. 0,0 Beau.
- Samedi 24 12”,8 S. 0 Presque couvert. 0.0 Nuag. le m., puis couv.; beau ap. 19 h.; un p. de pl.
- Dimanche 25 13”,1 E. S. E. 0 Couvert. 0,2 Couv. jusq. 9 h.; beau ensuite' brumeux.
- SEPTEMBRE 1892
- SEMAINE DU LUNDI 19 SEPTEMBRE AU DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 1892
- Lundi
- Mardi
- Mercredi
- Vendredi
- Jeudi
- Samedi
- Dimanche
- «SSSSSB!
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche: courbe en pointillé, thennomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- I.B foudre. — Le 21 septembre, vers 8 heures du matin, pendant un orage qui a éclaté à Vanosc, près de Privas, la foudre est tombée sur l’église, tuant sur le coup deux femmes, M”' veuve Dufaud, et une religieuse. Quelques autres personnes qui étaient dans l’éçlise à ce moment n’ont eu aucun mal. Les dégâts matériels causés par la décharge électrique ont été assez importants.
- lies tempête» électrique» en 1802. — L’électricité semble jouer un rôle plus sérieux qu’on ne l’a cru jusqu’ici dans les phénomènes météorologiques. M. Preece, l’ingénieur eu chef du Post-Office de Londres, a fait le 9 août dernier, à l’Association britannique pour l'avancement des sciences, une communication sur les courants terrestres. Il en résulte que l’année 1892 a été très remarquable jusqu’ici par le nombre et la fréquence des tempêtes électriques agissant sur les communications télégraphiques. Malheureusement il est difficile de faire des observations de
- quelque valeur sur les lignes; la production des courants est subite comme leur disparition : ils se présentent alors qu’on ne les attend pas du tout, ou que le personnel est très occupé à la transmission de nombreuses dépêches. Leur apparition, leur durée et leur intensité, relative est en relation constante et intime avec les mêmes éléments qui caractérisent les perturbations magnétiques; malheureusement, celles-ci ne peuvent donner ni la direction, ni l’intensité de ces courants. La première tempête électrique est du 4 janvier. Les plus importantes sont ensuite celles des 15 février, 12 mars, 24 au 27 avril, 18 mai et 16 juillet. L’intensité maxitna observée a dépassé 45 milliampères, ce qui explique que les courants télégraphiques soient Souvent annihilés, et qu’en même temps les sonnettes et les signaux agissent seuls. Dans le cas de pareille intensité, les plans équipotentiels différents de 1 volt seraient à 3600 mètres environ l’un de l’autre. Pour élucider cette question, il sera nécessaire, eomme le disait M. Preece, que les observateurs mesurent les courants, et donnent la direction des lignes étudiées.
- PHASES DE LA LUNE : N. L. le 21, à 1 h. 26 m. du matin. Équinoxe le 22, à_2_h. 9 m. du Soir.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte anx lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandieb, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SBRVIGB DD JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA. SEMAINE
- L’expédition Peary au pôle IVord. — Dans le sup-
- 1 dément du n° 998, du 16 juillet 1892, nous avons annoncé e départ d’une expédition américaine organisée pour aller à la recherche de M. R.-E. Peary. La mission dirigée par M. Heil-prin était installée à bord du steamer Kite. Une dépêche de Washington nous a appris la semaine dernière que le Ministère de la marine des Etats-Unis avait reçu de Saint-Jean-de-Terre-Neuve la nouvelle que le steamer Kite avait pu accomplir sa mission. Le lieutenant Peary, sa jeune femme et les cinq hommes qu’il avait emmenés avec lui, après avoir établi leurs quartiers d’hiver à Mac-Cormick bay, ont exploré la région glacée située au nord de ce point, jusqu’à une distance de 1500 milles. Puis ils ont regagné leurs quartiers pour y attendre l’expédition de secours qui les a retrouvés sains et saufs, excepté le géologue Yerhoeff, qui s’est perdu dans un glacier. Le but de l’expédition était, outre l’exploration du Groenland, la découverte, si possible, d’une voie qui puissse conduire à travers cette région glacée jusqu’au pôle Nord. Le lieutenant Peary, dans son voyage de douze mois, a visité des parties du Groenland qui n’avaient jamais encore été atteintes avant lui sur le littoral oriental. Il réclame pour la marine des États-Unis l’honneur de la découverte d’une baie qu’il a dénommée Indépendance bay, située, 82" de latitude nord et 55° de longitude ouest. Il a, de plus, constaté ‘que l’extrémité de la croûte de glace qui recouvre le Groenland se termine au sud de la baie Yictoria. Le point extrême auquel on avait pu arriver, avant le lieutenant Peary sur le littoral de l’est, était le 75° ou 77° de latitude nord, atteint par l’explorateur allemand Holsen.
- INFORMATIONS
- —Une application à citer, en fait de curiosités électriques, •est F attrape-filou, qui a fait le succès d’un débitant de cigares de l’Ohio, aux États-Unis. Ce débitant avait remarqué que depuis quel-ue temps on dévalisait ses vitrines et, après de vains efforts pour écouvrir les voleurs, il se décida à mettre à l’ouverture de l’une de ses vitrines un appareil photographique instantané, relié à un circuit électrique au moyen de fils conducteurs et d’ajustages appropriés. Une fois ce piège dressé, le marchand de cigares attendit les événements. Un malin, deux gamins entrent à la dérobée, ouvrent la vitrine, ferment le circuit électrique et se font photographier. Une fois l’identité ainsi établie, l’arrestation était devenue facile et ne tarda pas à être opérée. L’attrape-filou est un appareil ingénieux, mais déjà ancien ; nous en avons vu fonctionner un, il y a plus d’un an, chez Nadar, à Paris.
- —vJJ— Le procédé suivi à Bornéo pour extraire la gutla de l’arbre qui la produit, consiste à abattre l’arbre et à pratiquer dans l’écorce, à certains intervalles et d’un bout à l’autre, du tronc et des branches, des entailles circulaires d’un pouce environ de largeur. Ces entailles se remplissent rapidement d’un suc blanc, de consistance crémeuse. Au bout d’une demi-heure, la gutta se sépare de la partie aqueuse du suc; on la recueille en faisant rouler dans les entailles une petite boule de gutta, qui prend peu à peu la forme
- d’un disque. La gutta, d’abord blanche, devient bientôt rose et finalement rouge brun. Un arbre de 50 mètres de hauteur, âgé de cent ans, ne donne guère plus de 1 kilogramme de gutta.
- —— Il est question d’établir à Tornavento, en Italie, une usine électrique qui utiliserait la puissance hydraulique du canal Yilloresi, à sa chute dans le Tessin, pour la production de force motrice et de lumière destinées à l’éclairage et à l’industrie de Milan. La puissance théorique à capter serait d’environ 30 000 chevaux ; mais, au début, on n’en utiliserait qu’une partie, quitte à développer les installations au fur et à mesure de l’extension des besoins. La Société concessionnaire des travaux pense avoir terminé, pour 1894, une installation de 4000 chevaux.
- —L’Observatoire astronomique d’Abbas-Touman (41°46'lat. N., 40° 32' long. E. Paris), dans la Transcaucasie, fondé par le grand-duc Georges Mikhaïlowitch, a été ouvert dans le courant du mois de septembre. M. Glasenap, professeur d’astronomie à l’Université de Saint-Pétersbourg, chargé par le grand-duc de l’installation des instruments, y a déjà mis à sa place un réfracteur de 29 pouces ou 228 millimètres de diamètre. L’Observatoire est bâti sur une hauteur considérable. Ce précieux avantage permettra aux observateurs de se livrer de préférence à des études d’astronomie stellaire qui sont si difficiles à Poulkovva, à Moscou et à Kazan.
- —%— L’empoisonnement par les champignons est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit. Onze cas mortels se sont produits en quelques jours dans les communes de Saint-Michel et de Sireuil, près d’Angoulême ; à ces accidents multiples, il faut en ajouter un nouveau qui s’est présenté dans la commune de Chazelles. La servante des époux Laurent, âgée de seize ans,' est morte après d’horribles souffrances. Ses maîtres, qui, en même temps qu’elle, avaient mangé des champignons imprudemment recueillis par eux, semblent hors de danger.
- —— A Nîmes, au cours des travaux de percement de la rue des Greffes, on a mis à jour une partie du rempart romain qui formait l’enéeinte de la ville, avec une porte qui servait à la sortie des eaux de la fontaine de Nîmes. La muraille romaine apparaît avec la largeur de 2m,25 et un beau parement de moellons. La porte est formée de deux ouvertures de près de 5 mètres chacune, séparées par une pile avant-bec de 75 centimètres d’épaisseur. Les assises, en pierre de taille de Barutel, ont 40 centimètres d'épaisseur.
- —— Sur les 85 000 maisons de Paris, 20 000 seulement sont éclairées au gaz dont la consommation, en 1891, s’élève à 283 millions de mètres cubes. La capacité actuelle des stations centrales électriques est évaluée à 17 500 chevaux : la capacité totale sera de 32 000 chevaux lorsque les usines auront acquis leur entier développement. Le nombre des lampes est d’environ 175 000.
- —^— Le Gouvernement tunisien offre à nos colons, dans le domaine de Sfax, des terres à vignes au prix de 10 francs l’hectare, et avec la condition de les planter en vignes. Près de 14 000 hectares sont aujourd’hui possédés par des Français. Une réduction de moitié sur le prix de leur voyage est accordée aux Français qui ont l’intention d’acheter des terrains dans la Régence.
- —Sjé— En France, la première vendange a été faite vers le milieu d’août, dans le domaine de l’Epina (Indre-et-Loire). Il s’agissait, en l’espèce, d’une vigne originaire d’Amérique, connue sous le nom de « cépage blanc de Malingre », plantée dans le domaine il y a environ quinze ans.
- —-— Un tremblement de terre a été ressenti, le 30 septembre, à Iluelva, en Espagne : il a duré quatre secondes, sans causer aucun accident.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour tout ce qui concerne les fontaines lumineuses monumentales, s’adresser à M. G. Trouvé, 14, rue Yivienne, à Paris.
- Communications. — M. T. Poulat, à Bourg, au sujet de la machine à percer unique, mentionnée dans le n° 981, du 19 mars 1892, p. 235, nous informe que pareille machine a été inventée, il y a quarante ans, par M. Poulat père, alors qu’il s’occupait de la fabrication des filières en diamant, rubis et saphir pour la tréfilerie des métaux. Nous ferons observer à notre correspondant que nous nous sommes bornés à enregistrer l’invention signalée par un de nos confrères anglais sans chercher à en faire l’historique.
- M. le Dr G. Biot, à Mâcon, à propos de notre article sur le tondeur de chiens (n° 1007, du 17 septembre 1892, p. 256), nous envoie la plaisante communication suivante : a Votre article me remet en mémoire un écriteau assez curieux que j’ai vu pendant près de vingt ans à Lyon, sur la place Morand. A côté du marché aux fleurs s’alignaient plusieurs chaises élevées sur de hauts pieds et bariolées de couleurs vives ; c’étaient les chaises de commissionnaires. L’une d’elles, peinte en vert, ortait un fronton sur lequel se dressait fièrement la silhouette lanche d’un chien mouton aux manchettes élégantes, et au-dessous on lisait avec étonnement cet écriteau :
- SAVY
- Rue de Vendôme, 87,
- Tond les chiens ;
- Sa femme aussi.
- Cette inscription a provoqué l’hilarité de plusieurs générations d’étudiants. »
- Le même correspondant nous écrit, relativement au compte-gouttes dont il a été question précédemment, qu’un de ses amis a inventé, il y a dix ans environ, un compte-gouttes dont le diamètre extérieur de l’ajutage est calculé suivant la densité du liquide, de telle sorte que le nombre de gouttes reste toujours 20 pour 1 gramme. Mais il faut autant d’appareils que de substances.
- M. E. Mulher, à Mulhouse, nous communique une intéressante récréation au sujet de notre récente expérience Vin changé en eau : « Nous faisions autrefois, nous dit-il, une expérience pour prouver que les nobles ont le sang bleu, et les simples mortels le sang rouge. Nous prenions deux personnes : on badigeonnait les bras de l’une et de l’autre avec une solution de perchlorure de fer. En faisant ensuite un simulacre de piqûre avec un tube effilé rempli de sulfocyanure d’ammonium, la première saignait rouge. En piquant le deuxième sujet avec un tube rempli de prussiate jaune, celui-ci saignait bleu. Cette expérience avait toujours un grand succès. »
- M. Grosrenaud, à Paris, nous écrit : « En lisant votre article sur un phénomène atmosphérique observé à Madagascar (n° 1008, du 24 septembre 1892, p. 257), je me suis rappelé en avoir vu un analogue au mois de janvier 1888, à Richard Toll (Sénégal). C’était le matin, une demi-heure environ avant le lever du soleil. »
- M. L. Brunehant, à Pommiers, a également observé un phénomène du même genre. Il suppose qu’un aérolithe, en éclatant, peut former une lueur brillante et laisser après lui une traînée de poussières incandescentes.
- Renseignements. — M. A. Lasson, à Groslay. — 1° Dans la Boîte aux lettres du n° 956, du 9 mai 1891, nous avons donné la composition d’une encre pour mettre en blanc des inscriptions sur les photographies. Vous pouvez obtenir un résultat analogue en signant sur le cliché positif à l’aide d’une pointe fine; l’écriture se reproduira sur le négatif. — 2° Il existe un grand nombre de fabricants de timbres pour cachets.
- M. L. Philippe, à Paris. — L’application d’un silicate nous semble ce qu’il y a de plus pratique; peut-être la première opération a-t-elle été mal exécutée.
- M, A. Deschamps, à Beaune. — Les brevets ont dû être pris en France pour la fabrication des appareils ; mais on peut toujours faire usage de ces derniers dans une installation nouvelle.
- M. A. Vidal, à Mende. — Dans l’expérience que vous nous signalez, une partie de lumière sera absorbée dans les réflexions successives et diffusée en divers points. Il y aura, de plus, transformation en chaleur d’une certaine quantité de lumière ; mais nous doutons fort que le miroir soit mis en mouvement.
- M. E. Lullin, à Grenoble. — Adressez-vous au Bureau international des poids et mesures, à Sèvres (Seine-et-Oise).
- M. A. Van der Hickelen, à Gand. — Il faut demander ce renseignement au constructeur, 27, rue des Cloys, à Paris.
- M, Hardy, à Moulin-le-Blanc. — Ces indications ont été fournies en tête de h Boîte aux lettres dun° 1008, du 24 septembre 1892.
- M. G. Cash, à Bordeaux. —Le monte-escalier deM. J. Amiot a été décrit dans le n° 858, du 9 novembre 1889, p. 373; l’adresse du constructeur est, 20, rue Choron, à Paris.
- M. Herbal, à Montluçon. — Il y a des systèmes plus avantageux que celui que vous proposez ; voyez les journaux véloci-pédiques spéciaux.
- M. E. Rousseau, à Poitiers. — Pour résoudre cette question, il est nécessaire d’avoir recours à l’expérience; on ne peut la soumettre au calcul.
- M. J. Paloux, à Briançon. — Veuillez nous envoyer une description de l’appareil ; nous verrons s’il y a lieu de le signaler.
- L'abonné X. Y. Z., à Culoz. — Cette substance n’existe pas dans le commerce telle que vous la désirez ; il faut la faire préparer spécialement. Le magasin de vente est, 11, rue Bailly, à Paris.
- M. H. B., à Paris. — Le journal dont vous parlez ne se trouve pas à Paris; il faut le faire venir directement d’Amérique. L’éditeur est M. W. J. Johnson, 168-177, Potter-building, New-York.
- M. Ch. de T., à Versailles. — Votre système nous paraît ingénieux ; mais il est un peu spécial pour être décrit. Tous nos remerciements.
- M. H. Folliot, à Chablis. — Pour toute installation de paratonnerres, adressez-vous à M. Collin, 118, rue Montmartre, à Paris.
- M. J. S., & Lure. — Oui; ce véhicule est soumis à l’impôt sur les voitures.
- M. J. Didot, à Saint-Didier. — 1° Il est indispensable d’isolé^ le conducteur et la tige du bâtiment à protéger. — 2° Il n’a paru jusqu’ici que des articles de journaux sur cette nouvelle question électrique.
- M. F. Borelli, à Marseille. — Pour tout ce qui concerne les poissons d’eau douce, renseignez-vous auprès de M. Jeunet, pisciculteur, 30, quai du Louvre, à Paris.
- Un abonné, à Moscou. — Nous donnons les titres des livres qui nous sont envoyés; mais cèla ne veut pas dire que nous les recommandions. Cependant, à l’avenir, nous tiendrons compte de votre observation, dans la mesure du possible.
- M. F. Witz, à Bischwiller. — Nous avons lu votre nouvelle communication avec beaucoup d’attention et d’intérêt ; mais elle est trop étendue pour que nous puissions la publier. Elle touche, en outre, à des considérations purement théoriques, qui ne sont pas de notre domaine habituel.
- M. P. B., à Nîmes. — La Nature a publié des articles sur les compteurs horo-kilométriques pour voitures de place ; vovez les n0’ 982, du 26 mars 1892, p. 257 ; et 988, du 7 mai 18Ô2, p. 355.
- M. J. L. B., à Bordeaux. — 1° Tout dépend des applications que vous avez en vue. — 2° Vous trouverez quelques renseignements pratiques sur le fonctionnement de ces piles dans le Formulaire de félectricien. (G. Masson, éditeur.)
- M. G. Guéroult, à Rennes. — 1° La vitesse de descente d’un parachute est en relation avec son diamètre. — 2° Non; ce genre d’expérience n’a pas été exécuté.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. A. L., à Abbeville. Nous n’avons pu retrouver la recette dont vous parlez. Etes-vous certain quelle ait été publiée dans le journal? — M. Ch. Hirsch, à Francfort. Remerciements pour votre envoi que nous utiliserons à l’occasion. — M. Collin, à Paris. Le procédé a déjà été mentionné dans La Nature. — M. B. G. B., h Bordeaux. 1° Voyez le petit livre des Recettes et procédés utiles (G. Masson, éditeur) ; 2° nous ne pouvons vous renseigner. —M. Pointe, à Nully; M. R. T., à Limoges; M. B. M., à Lyon. Remerciements pour vos communications. — M. L. Seandroglio, à Legnano. Regrets ue ne pouvoir vous répondre ; ce sujet n’est pas de notre compétence.
- Dans la a Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
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- PETITES MENTIONS1
- Singe mécanique. — Voici un charmant petit jouet de physique. Un cylindre métallique, dont la surface supérieure est bien lisse, sert de support à un pantin en forme de singe, monté sur une'lame de fer doux. On pose le singe sur le cylindre et il se met à tourner et à se promener de lui-même (n° 1 de la figure). Quel est le secret de ce système? Ouvrons
- Le singe mécanique.
- la boîte; nous y trouverons un aimant que fait mouvoir un mouvement d’horlogerie (n° 2 de la figure). Il suffit de remonter de temps en temps, par en dessous, le mouvement d’horlogerie. En posant le petit singe sur le plateau supérieur, on le voit tourner, au grand étonnement des spectateurs. — Ce petit jouet se trouve chez M. Ullmann, 16, boulevard Saint-Denis, Paris.
- Cravate-plastron Instantanée. — La petite invention que nous allons faire connaître, donne à chacun le moyen de faire une cravate-plastron avec un bout d’étoffe quelconque J que l’on peut renouveler à volonté. Le système, contenu dans une petite boîte, consiste en un losange de carton formant la
- 1 2
- Cravate plastron que l’on peut confectionner soi-même.
- base de la cravate. Après avoir coupé l’étoffe dans les dimensions voulues, on introduit sa partie supérieure dans son applique fixateur (n° 1), on en fait de même pour la partie inférieure (n° 2). Après avoir retourné le système, on rabat les deux côtés de l’étoffe sur le moule (n° 3), et on termine la cravate comme le font comprendre successivement les trois figures inférieures n°* 4, 5 et 6. — Ce système, imaginé par M. A. Bertin, se trouve chez M. Renaut, 86, Faubourg-Saint-Denis, à Paris.
- Lampe & éclair magnésique. — Cette petite lampe, imaginée par M. Àllain, est très pratique et d’un emploi fort avantageux. Elle se compose d’une lampe à alcool dont la mèche d’amiante forme manchon autour d’un tube métallique à travers lequel on insuffle la poudre de magnésium. Pour se servir de cet appareil, il faut d’abord verser dans la lampe, de l’alcool à brûler, jusqu’à ce que le coton intérieur
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- refuse d’en absorber davantage ; s’assurer ensuite, en la renversant sens dessus dessous, qu’il n’en ressort pas, et s’il en ressort, bien l’égoutter complètement. La lampe ainsi préparée peut fonctionner pendant la production d’un grand nombre d’éclairs sans avoir besoin d etre rechargée de nouveau. Le double courant d’air de cette lampe, donne à la flamme la forme de deux cônes s’emboîtant consécutivement à une distance de quelques centimètres, constituant entre eux deux, une zone enflammée assez étendue, pour que la poudre de magnésium projetée au travers, soit obligée d’en subir entièrement l’action dans toutes ses particules : pas une parcelle de cette poudre n’echappe donc à l’effet d’inflammation sur un parcours de 6 à 8 centimètres. Il résulte de cette disposition de la flamme, un éclair remarquablement intense et une notable économie de la poudre de magnésium mieux brûlée. La hauteur de cette flamme se règle
- Lampe de M. Allain, à éclair magnésique.
- avec précision. Pour charger le réservoir à poudre de magnésium, on retire la lampe à alcool de son tube régulateur. Ce réservoir affecte la forme d’un entonnoir à axe dévié R, dont l’extrémité inférieure porte une tubulure reliée elle-même par un tuyau de caoutchouc à un tube de verre en U, tube doseur de la charge de poudre destinée à faire naître l’éclair photogénique. Une pince comprime le tube de caoutchouc au-dessous du réservoir R de façon à permettre, en la pressant entre le pouce et l’index, de décomprimer ce tube qui reprend, durant cette action, son diamètre intérieur normal et laisse ainsi s’écouler de la poudre de magnésium dans le tube de verre doseur T. Quand l’opérateur juge la quantité introduite suffisante pour obtenir l’intensité d’éclair désirée, il cesse de presser sur la pince qui interrompt aussitôt la chute de la poudre. L’éclair a lieu, alors, dès que l’on comprime la poire de caoutchouc dont le tube vient se brancher au-dessous de la pince. — Cet appareil se trouve chez M. E. Allain, 14, rue de la Paix prolongée, au Perreux (Seine).
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Placage des charpentes en fer à Valuminium. — Le placage électrique à l’aluminium de colonnes de fonte pesant 6 tonnes et mesurant 6 mètres de hauteur, a pleinement réussi aux usines métallurgiques de Tacony, à Philadelphie. Ces colonnes forment partie de la charpente métallique de la tour surmontant l’Hôtel de Yille; le restant de la tour est de marbre blanc. Cette charpente, qui représente environ 9300 mètres carrés de fer, sera entièrement plaquée en aluminium.
- Pour faire une teinte plate. — On rencontre souvent une grande difficulté à faire une teinte plate sur du papier ou du carton lisse ; l’eau chargée de couleur se rassemble en larges gouttes et refuse de s’étaler. Pour l’y obliger, il suffit souvent de diminuer sa tension superficielle, ce que 1 on obtient aisément en prenant une petite quantité de fiel de bœuf à la pointe de son pinceau.
- Manière d'éviter Tasphyxie dans les cuves. — Tous les ans, à l’époque des vendanges, les journaux ont à enregistrer la mort de pauvres gens asphyxiés dans des cuves. Le raisin, par sa fermentation, produit, comme on le sait, de l’acide carbonique, gaz mortel à respirer dans lequel toute lumière plongée est éteinte. L’acide carbonique, étant plus lourd que l’air, reste
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- dans la cuve en plus ou moins grande quantité, suivant qu’elle est plus ou moins pleine de raisin. C’est donc quand elle n'est
- Eleine qu’à moitié ou au quart qu’il s’en rencontrera le plus.
- 'excès du gaz s’échappe en coulant en nappe par-dessus le bord, à la manière d’un liquide, avec une odeur piquante qui vous prend au nez si vous vous en approchez ; puis il se répand dans la cave, et si cette cave est située en contre-bas du sol extérieur, il s’y accumule jusqu’à ce niveau. Avant de descendre dans une cuve, assurez-vous donc qu’elle ne contient pas d’acide carbonique. Pour cela, abaissez jusque sur le raisin une lumière suspendue par une corde ou mieux par un fil de fer. Si la lumière ne s’éteint pas, nul danger. Si elle s’éteint, il y a péril à descendre. C’est le cas d’employer le moyen suivant : faites le tour de la cuve, en vous servant d’une échelle, et battez éner-
- giquement pendant deux ou trois minutes l’air intérieur de cette cuve, avec une poche, un tablier ou une pièce de gros linge. Le gaz se trouvant de la sorte chassé, la lumière, descendue de nouveau jusque sur le raisin, ne s’éteint plus, preuve que tout danger a disparu. Si vous avez à porter secours dans une cave à un asphyxié, commencez d’abord par l’opération sus-indiquée. Sinon, vous compterez successivement autant de victimes que de sauveteurs. Si une cave, située en contre-bas du sol extérieur, s’est remplie de gaz, balayez-le vigoureusement par le même procédé, en ayant soin de descendre progressivement et en évitant de vous baisser. Puissions-nous, par ce moyen simple et pratique, contribuer à sauver l’existence des tireurs de cuve. (Communiqué par M. le Dr Georges Bourgougnon, à Montrichard.)
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DD MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLÜIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 26 septembre. 10%1 N. 1 Beau. 0,0 Quelq. nuages jusq. 10 li.; peu nuageux ensuite; atm. brum. le matin.
- Mardi 27 15",9 S. 1 Nuageux. 0,1 Presq. couv. de 15 à 19h.; nuag. av. et ap.; tonnerre de 18 à 20 h.; éclairs jusq. 22 h. avec pluie.
- Mercredi 28 16",5 S W. 3 Nuageux. 1,7 Couv. de 11 à 20 h.; nuag. av., beau ap.; pluie de 14 à 18 h.
- Jeudi 29 7",5 S. 2 Beau. 7,4 Beau jusq. 9 h.; nuag. ensuite.
- Vendredi 50 11",8 S. S. W. 4 Peu nuageux. 0,0 Nuag. le m.; couv. le s.; pluie de 12 à 20 h.
- Samedi 1" octobre.. 13",7 S. S. VV. 5 (Couvert. 7,7 Couv. sauf quelq. éclaircies çà et là; pluie de 1 h. 1/2 à 4 h. et de 7 à 10 h. 1/2.
- Dimanche 2 9",8 S. S. W. 3 Couvert. 1,6 Couv. de 6 à 19 li.; p. nuag. av. et ap.; pl. de 12 à 15 h.
- SEPTEMBRE-OCTOBRE (892. - SEMAINE DU LUNDI 26 SEPTEMBRE AU DIMANCHE 2 OCTOBRE 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 fi 10 ; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0. au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Résumé des observations météorologiques faites au pare de Saint-Maur en septembre 1892
- par M. E. Renou.
- Moyenne barométrique à midi, 759“",49. Minimum, le 30, à minuit, 749"“,27. Maximum, le 5, à 9 heures et 10 heures du soir, 767"",04.
- Moyennes thermométriques : des minima, 10°,03; des maxima, 21°,01 ; du mois, 15°,52; moyenne vraie des 24 heures, 14°,92. Minimum, le 7, à 5 heures du matin, 4°,1. Maximum, le 15, vers 2 heures du soir, 28°,3.
- Tension moyenne de la vapeur, 9“",85. La moindre, le 8, à 3 heures du soir, 5"",3. La plus forte, le 27, à 7 heures et 8 heures du soir, 14"“,6. Humidité relative moyenne, 79. La moindre, le 1", à 2 heures du soir, 34. La plus forte, 100, en 13 jours. Nébulosité moyenne, 45.
- Pluie, 53"",9 en 24 heures réparties en il jours. Il y a éu 4 jours de gouttes qui n’ont pas marqué au pluviomètre.
- 2 jours de brouillard. Le 9, brouillard très léger après 10 heures du soir. Le 22, brouillard de 5 heures à 7 heures du malin, de 100 mètres à 7 heures.
- 5 jours de tonnerre. Le 3, un coup au nord à 3 h. 50 m. du soir. Le 4, plusieurs coups de 2 à 3 heures du soir. Le 15, de 11 heures du soir jusqu’à 1 heure et demie du 16. Le 17, au nord-ouest, puis nord à 6 heures, 6 h. 15 m. Le 27, de 6 heures à 8 heures du soir avec éclairs incessants jusqu’après 10 heures du soir. 5 jours d’éclairs. Le 14, au sud, sud-sud-est, à 8 heures du soir. Le 16, à partir de 9 heures trois quarts du soir. Le 20, au nord, de 7 heures et demie jusqu’après 10 heures du soir. Le 21, au nord-est, de 6 h. 45 m. à 8 heures du soir. Le 23, de divers côtés, de 6 h. 45 m. à 10 h. du soir.
- Vent du sud à l’ouest dominant, puis du nord.
- Température moyenne de la Marne, le matin, 17°,65; vers 3 heures et demie du soir, 18°,32; en moyenne, 17°,99. La moindre température, 16°,20 le 10; la plus forte, 20°,80 le 1"; elle n’a été au-dessus de 20° que le 1" et le 2. La rivière a été basse et claire tout le mois.
- Relativement aux moyennes normales, le mois de septembre a présenté les résultats suivants : baromètre plus haut de 1"",71. Thermomètre égal à la normale. Tension de la vapeur plus faible de 0“",33. Humidité relative plus faible de 5. Nébulosité plus faible de 8. Pluie plus faible de
- "“,7.
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- PHASES DE LA LUNE : P. Q., le 29 septembre, à 6 h. 29 m. du matin.
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- Supplément à « LA MATURE » du 15 octobre 1892 (n° /Ol O
- Publié sous la direction de M. GASTON TISSANDIER
- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la'rédaction et à la « Boîte aux lettres b doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVICUB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIB O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- Yélocipédistes et pigeons voyageurs. — La section vélocipédique de la société de gymnastique Roma se livre actuellement à des expériences intéressantes. Elle vient de confier à ses sociétaires un certain nombre de pigeons voyageurs qui sont lâchés par les cyclistes en des points donnés et apportent rapidement au siège de la société des renseignements ayant . un caractère urgent. Pour la première expérience, les pigeons ont été placés dans des corbeilles ouatées qui ont été fixées sur le guidon des bicyclettes, et transportés à Castel Giubileo, à dix kilomètres de la capitale italienne; ils n’eurent pas à souffrir de ce nouveau mode de transport. Lâchés dans cette localité, ils étaient de retour au colombier quelques minutes après. Des essais des plus importants vont être tentés ; dans ce but, on prépare de petites cages en toile et fil de fer pouvant contenir un ou deux volatiles. Ces cages se replieront quand elles seront vides et n’occuperont par conséquent que fort peu de place. La Revue du Cercle militaire, à laquelle nous empruntons ces renseignements, ajoute que cette union du vélocipédiste et du pigeon voyageur lui paraît destinée à rendre à l’armée de grands services, surtout dans les places fortes; il est donc à souhaiter que l’exemple donné en Italie par la Roma soit imité en France.
- INFORMATIONS
- —Nous avons récemment publié la description du pomiva-lorimètre (n° 1009, du 1er octobre 1892, p. 286) construit par M. Dujardin. Nous avons omis d’ajouter que cet instrument a été inventé
- §ar M. A. Truelle, l’éminent chimiste pomologique de Trouville, éjà si connu par ses intéressantes études sur les pommes et les cidres du Calvados.
- —— On signale, dans les journaux de Droit, un singulier procès qui va se plaider en Angleterre. Le mois dernier, une dame qui se promenait au Jardin zoologique, à Londres, s’assit sur un banc pour se reposer. En même temps que son mouchoir, elle tira de sa poche son porte-monnaie qui contenait six guinées en or et qu’elle laissa sur ses genoux. Quelques instants après, vint à passer l’éléphant en liberté sur lequel on bisse des enfants pour la promenade. L’éléphant a saisi le porte-monnaie avec sa trompe, l’a avalé. On a cherché, au moyen de l’émétique, à le lui faire, rendre. Il l’a rendu déchiqueté, et seulement avec deux ou trois pièces de monnaie. D’où procès de la dame pour se faire rendre son bien.
- —Ce n’est pas d’hier que l’on se plaint de la mauvaise qualité de l’eau de Seine. En 1504, il y a près de quatre cents ans, les fils de Jean Amerbaeh, l’imprimeur bâlois, étudiaient à Paris. Comme ils se plaignaient de manquer de confort, leur père leur écrit de prendre du pain et de boire de l’eau. Leur surveillant répond à Jean Amerbaeh : « Ah ! s’ils avaient à leur disposition la fontaine du marché aux grains de Bâle, elle leur serait plus profitable que du vin. Mais l’eau de Paris est mauvaise et nuisible à la santé. » (Histo-risches Festbuch zur Bascler Vereinigungs-Feier, p. 101.)
- —$1$— Il y a quelque temps, M. Schur, observant la planète Jupiter en quadrature, a confirmé un fait déjà signalé par Flangergues: c’est que le bord illuminé en plein se montre parfaitement terminé, tandis que le bord opposé paraît estompé. Il y a là un effet de phase' qu’il était intéressant de soumettre au calcul, en y appliquant les lois de la pliotométrie ; c’est ce que M. Anding a essayé de faire dans le travail que nous avons sous les yeux. Il a déterminé la distribution des intensités lumineuses dans quatre hypothèses différentes, concernant la loi photométrique fondamentale, et il applique ensuite une correction qui tient compte des effets de diffraction. La différence d’aspect des deux bords du disque s’explique ainsi par la dégradation de la lumière vers le bord négatif, et l’on peut ajouter qu’elle ne suppose pas nécessairement l’existence d’une atmosphère.
- —— Un navire des plus remarquables, le Maria-Rickmers, effectue en ce moment son premier voyage pour aller chercher aux Indes un chargement de riz, C’est le plus grand voilier du monde : construit sur les chantiers Russell, de Glasgow, il est entièrement en acier et mesure 114m,40 de longueur, 14m,65 de largeur et 8m,65 de creux; il jauge 3800 tonneaux. Le Maria-Rickmers porte cinq mâts et doit, en marche normale, n’utiliser que la voilure. Cependant on l’a pourvu d’une machine à triple expansion de 650 chevaux indiqués, donnant avec une pression de vapeur de Hk?,5 par centimètre carré, une vitesse de 7,5 nœuds par heure. Ce moteur commande une hélice système Bevis à ailes mobiles, ne donnant aucune résistance lorsqu’on marche à la voile.
- —Les poissons qui ont causé la mort de neuf hommes à bord du steamer Yorksfrire, à Périm, appartiennent aux espèces ostra-cions, batistes et coffres. Leur chair contient une substance vénéneuse et de désassimilation, comme la melette du Pacifique,' et le Tétragonurus Cuvieri, de la Méditerranée. Ce dernier poisson est fort rare; cependant on en a pêché un dernièrement à la Ciotat,, ainsi que l’a constaté M. Marion, le savant professeur d’histoire naturelle de la Faculté des sciences.
- —Les amateurs de canotage apprendront avec fierté que le cercle de l’Aviron de Paris a vaincu, dans les dernières régates, à An-dresy, le London Rouiinq-Club. Le Daily Telegraph, parlant de cette victoire qui a profondément surpris les Anglais, dit que ce résultat doit encourager les Français à développer les exercices sur la Seine, et la récréation de l'aviron doit être recommandée davantage à la jeunesse française, bien que la Seine ne puisse être comparée, au point de vue des avantages naturels, à la Tamise.
- —Une grande course sur route à cheval a été organisée de Tienne à Berlin, et réciproquement, entre des officiers de cavalerie allemands et autrichiens. Cette course a donné un résultat superbe. Le vainqueur est un Autrichien, le lieutenant de Stahremberg, qui a effectué les 700 kilomètres qu’il s’agissait de parcourir, en soixante-onze heures 25 minutes, c’est-à-dire le même temps que M. Terront a mis pour couvrir 1200 kilomètres en bicyclette. La comparaison est intéressante. Le vainqueur a gagné 25 000 francs et un objet d’art offert par l’empereur Guillaume.
- —La quantité d’or extraite de toutes les mines du monde en 1891 a atteint 188 531 kilogrammes, celle de l’argent a été de 4 millions et demi de kilogrammes. Cette quantité va en augmentant d’année en année.
- M. Grant, maire de New-York, a posé la première pierre du nouvel institut Pasteur, dans la 99e rue, Central park. Dans son discours, il a exprimé l’espoir que le principe de l’inoculation, exercerait aussi son action bienfaisante contre les épidémies cholériques.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Communications. — M. S. Pêrissé, à Paris, nous envoie une intéressante Notice sur la production de vapeur à la raffinerie Say, à Paris. Cette Note (extraite des Mémoires de la Société des ingénieurs civils) renferme des renseignements très complets sur la description générale de l’installation, sur les chaudières nouvelles en acier, sur les appareils de sûreté, ainsi que sur les fourneaux, les carneaux et les résultats éco nomiques de l’exploitation.
- M. E. Roger, à Châteaudun, nous communique le résumé des observations météorologiques faites dans cette ville pendant le mois de septembre 1892.
- M. P. Chapy, à Nérac, nous écrit que le 2 octobre dernier, à 10 heures et demie du soir, il a observé un arc-en-ciel lunaire, après un orage; la lune éclairait faiblement et le ciel était encore chargé de nuages. Ce phénomène n’est pas très rare; nous l'avons signalé assez fréquemment.
- M. J. Jorrest, secrétaire de l'Institution of civil Engineers de Londres, nous adresse une communication relative à notre article sur la disparition de la voie de 7 pieds sur les chemins de fer anglais (n° 1008, du 24 septembre 1892, p. 265). On a cité dans l’article l’ingénieur français Brunei ; il s’agit du fils de l’illustre ingénieur, Isambard Kingdom Brunei, né en Angleterre et élevé en partie en France. La date de 1845 n’est pas exacte et doit être remplacée par celle de 1835. Notre correspondant nous fait parvenir en même temps deux Notices biographiques très intéressantes sur l’ingénieur français Marc Isambart Brunei et sur son fils Isambard Kingdom.
- M. F. Gouttes, à Castelnaudary, nous a envoyé une brochure intitulée Aérostats métalliques. L’auteur ne nous paraît pas se rendre compte des difficultés pratiques, pour ne pas dire des impossibilités, que présenteraient la construction et le fonctionnement de semblables aérostats. 11 y a loin d’une description sur le papier à une exécution matérielle.
- M. Fréd. Boissonnas, à Genève, nous adresse une admirable épreuve photographique du Mont-Blanc, exécutée près de Genève. Cette épreuve, de très grand format, mesure 0m,54 X 0m,42. Elle a été obtenue directement sans aucune retouche, au moyen du nouveau téléobjectif de M. Dallmeyer, de Londres, et sur plaque orthochromatique de feu Ed. Y. Boissonnas. La distance, en ligne droite, de Genève au Mont-Blanc, est de 70 kilomètres environ. Une vue analogue prise avec un objectif ordinaire ne mesure que 0m,07 x 0“,04. Nous publierons prochainement une Notice sur les nouveaux téléobjectifs.
- M. G. U., à Bordeaux, nous écrit : « Un lecteur de La Nature indiquait récemment un moyen pour graisser les roues des vélocipèdes. La méthode qu’il prône est très connue, seulement ce n’est pas la graisse que l'on emploie, c’est la vaseline solide, qui produit bien meilleur effet.
- Renseignements. — M. D. Courtois, au château d’Àrdon (Aisne). — 1° Nous avons publié un grand nombre d’articles sur les cerfs-volants; voyez le n° 737, du 16 juillet 1887, p. 97 ; le n“ 759, du 17 décembre 1887, p. 44; le n° 849, du 7 septembre 1889, p. 234 ; et le n° 851, du 21 septembre 1889, p. 262. — 2° Une corde en chanvre mouillée peut convenir. — 3° Cette publication serait de trop longue durée.
- M. V. Deooulet, à Château-Thierry. — Essayez le nettoyage à l’alcool ; le polissage ne saurait être fait par soi-même.
- M. F. M., à Béziers. — Adressez-vous à M. E. Deyrolle, naturaliste, 46, rue du Bac, à Paris.
- M. L. de Brossard, à Versailles. — Filtres en porcelaine d’amiante : M. Mallié, 155, Faubourg-Poissonnière, à Paris.
- M. E. F. de B., à Paris. — Vous trouverez des palmers de divers modèles chez tous les quincailliers de Paris.
- M. E. Goudard, à Dommartin. — Il faut encore attendre avant de se prononcer sur la valeur de cette invention.
- M. P. B., à. Nice. — Prenez des renseignements auprès de M. le Consul du Brésil, à Paris.
- M. C. Galmard, à Dijon. — Nous croyons qu’il s’agit là des
- anciennes lampes à arc Pieper; nous ne pouvons toutefois vou& l’affirmer.
- M. X. Greuell, à Nancy. — 1° Remerciements pour votre communication. — 2° Pour ce qui concerne les annonces, il ’ faut vous adresser à l'Office général de publicité, 9, rue de Fleurus, à Paris.
- M. T. Guéritte, à Blois. — En grattant la pellicule du cliché, vous aurez un noir complet sur le positif.
- M. L. Martin, à Paris. — Votre observation est juste; nous publierons prochainement une Notice à ce sujet.
- M. C. K., à Strasbourg. — Nous vous conseillons de consulter un médecin.
- M. E. Gillet, à Montargis. — Il faudrait vous adresser au journal Iron, auquel nous avons emprunté les renseignements dont vous parlez; le bureau du journal est, 161, Fleet Street, London, E. C. , j
- L'abonné F. n° 2352, à Paris. — Consultez le Manuel de bibliographie universelle de ftoret ; vous y trouverez une série d’indications d’ouvrages sur les forêts. La liste en est si longue qu’elle remplirait presque notre Boîte aux lettres. )
- M. A. Snejkoff, à Socci (Russie). — L’adresse demandée est, 56, rue de Lourmel, à Paris. ' ,
- M. E. Sahler, à Montbéliard. — Là Notice ne saurait être plus explicite ; on peut obtenir l’effet avec des draps noirs, pour avoir un fond tout à fait convenable.
- M. L. Barré, à Dijon. — 1° Pour alimenter votre lampe de trois bougies, il vous faut une puissance de 12 watts. —2° Vous trouverez un article plus récent sur les piles de Lalande dans le n° 945, du 11 juillet 1891, p. 83. — 3° Ancienne maison de Branville, 25, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, à Paris. _
- M. Ch. Ordonneau, à Cognac. — Les appareils à souder ont été décrits dans les Petites Inventions du n° 947, du 25 juillet 1891 ; nous n’avons pas d’autre adresse que celle qui a été indiquée.
- M. H. Debailleul, à Marcq-en-Barœul. — L’expérience de la double-vue dont vous parlez a été décrite et expliquée d’une façon complète dans La Nature (n° 575, du 7 juin 1884, p. 1), M. R. F. F., à Besançon. — Question de droit qui ne touche point à la science ; nous n’y avons aucune compétence.
- M. R. P. A., à C. — Outils de précision : M. Huard, 12, passage des Thermopyles ; MM. Hurtu et Hautin, 54, rue Saint-Maur, à Paris.
- M. F. Melon, à Lyon. — Voyez notre second article publié sur les guêpes et le raisin (n° 1010, du 8 octobre 1892).
- Un groupe d'étudiants, à Bordeaux. — Nous nous faisons un plaisir de répondre à vos questions : 1° C’est le même virage que pour le papier aristotype. Il y a beaucoup de formules de virage-fixage. — 2° Pour les épreuves d’héliogravure, vous pouvez vous adresser à la maison Lemercier, imprimeur, rue de Seine, à Paris. — 5° Non; pas jusqu’à présent.
- M. E. B., à Bordeaux. — 1° Pour les sonneries, il faut employer de préférence les piles Leclanché. — 2° Si l’installation est faite dans de bonnes conditions, elle doit fonctionner très régulièrement, et sans grand entretien au moins pendant une année.
- M. A. L. D., à Tours. — 1° Des essais ont déjà été faits et n’ont pas donné de bons résultats. — 2° Adressez-vous à des marchands de produits chimiques.
- M. F. Lame, à La Roche-sur-Yon. — 1° Vous pouvez essayer la benzine. — 2° Nous croyons que vous trouverez ces instruments chez les grands marchands d’outils.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. Chevalier, à Amiens. Ce procédé nous est inconnu. — M. H. G. D., h Courbevoie. Nous ne comprenons pas le sens de votre question; de quelle machine s’agit-il? —M. Cottin, à X. Nous ne saurions effectuer les recherches qui seraient nécessaires ; regrets de ne pouvoir vous renseigner. — M. ti. M., à Paris. Nous ne connaissons pas d’ouvrage de ce genre. — M. C. K-, à F.; M. J. Drion, à X. Voyez le petit livre des Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — M. A. da Paz dos Reis, à Porto. Les Nouvelles Recettes utiles (même éditeur)' donnent la composition d’une encre spéciale pour écrire sur plaques de zinc. — M. M. Durand, à Paris. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Avis de l’Administration. — A la suite de récents incidents, relatifs à des souscriptions à La Nature, recueillies en son nom personnel par un courtier en librairie étranger à notre administration, nous croyons utile de prévenir qu’à l’avenir nous déclinons toute responsabilité pour les abonnements qui seraient souscrits dans ces conditions, et de rappeler que La Nature n’a aucuns représentants, ni intermédiaires autres que les libraires établis ou la Poste, et n’offre ni ne donne ni primes, ni abonnements mixtes.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-eignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent A des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni A insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison-
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- UNE EXCURSION AU CAP FRÉHEL. — Dessins inédits de A. Robida
- I. La descente vers les grottes à l’ouest du Cap, un peu difficile. — 2. Le fort la Latte, isolé sur une pointe au nord du Cap, un énorme château moyen âge, autrefois château de la lioche-Goyon, transformé en forteresse sous Louis XIV et aujourd’hui déclassé. — 3. Les roches du Cap avec le phare nouveau et la vieille tour. — 4. L’entrée des grottes, accessibles pendant une heure ou deux à marée basse, encombrées de roches glissantes enchâssant quelques marettes d’eau bleue — 5. Le roc de la Fauconnière
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- NOU /ELLES SCIENTIFIQUES
- BIBLIOGRAPHIE
- Manuel technique et pratique du vélocipède, par A. Gaston Cornié. 1 vol. in-18. — Paris, Marpon et Flammarion. Prix : 75 centimes.
- L’auteur de ce petit ouvrage est une des notoriétés du monde vélocipédique ; sa compétence dans la partie technique, dans les détails de fabrication et la valeur des nombreux systèmes d’en-ins lancés dans la circulation est indiscutable; son Manuel ren-ra de' réels services et va devenir rapidement populaire. I/ouvrage ést illustré de nombreuses figures explicatives, il est dédié à Pierre Giffard, le grand maître du cycle, qui a écrit : « la Yélo-cipédie n’est pas seulement un sport, c’est un bienfait social ».
- Traité sur les mouvements du cœur et du sang chez les animaux, par Harvey. 1578-1657. Les maîtres de la science. 1 vol. in-16 de la Bibliothèque rétrospective, publiée sous la direction de M. Charles Richet. G. Masson, éditeur.—Paris, 1892. Prix : 1 franc.
- La sensibilité et f irritabilité, par Haller. 1708-1777. Les maîtres de la science. 1 vol. in-16 de la Bibliothèque rétrospective, publiée sous la direction de M. Charles Richet. G. Masson, éditeur. — Paris, 1892. Prix : 1 franc.
- La photographie en 1892, par MM. G.-H. Niewenglowski et A. Reyner. 1 vol. in-16 de la Bibliothèque de la science en famille. Ch. Mendel, éditeur.—Paris, 1892. Prix : 1 franc.
- Bulletin of the philosophical Society of Washington. Vol. XI. With the constitution, rules and lists of officers and mem-bers. 1 vol. in-8\ Judd et Detweiler, éditeurs. — Washington, 1892.
- Annual report of the board of regents of the Smithsonian Institution, showing the operations, expenditures and condition ofthe institution to july 1890. 1 vol. in-8°. Government Printing Office. — Washington, 1891. *
- Missouri Botanical Garden third annual report. 1 vol. in-8°. Published by the board of trustées. — Saint-Louis, 1892.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Saint-Maur, altitude, 49”,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS k 7 HKORES Dü MATIN thermomètre VENT DIRECTION ET FORCE de 0 a 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMETRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 3 octobre. . . 7%3 S. W. 5 Tr. peu nuageux. 7,5 Couv. de 10 à 15 b.; peu nuageux av. et ap.; éclairs au N. à 1 h., pluie de 13 h. 1/2 à 14 h. 1/2.
- Mardi 4 8°,7 S. S. E. 2 Couvert. 1,9 Couv.; éclaircies dans la soirée; plusieurs averses.
- Mercredi 5 13”,2 S. E. 2 Couvert. 4,6 Quelq. éclaircies av. 6 b., puis couvert; quelq. averses.
- Jeudi 6 11% 1 N. N. E. 2 Couvert. 3,3 Couv. jusq. 16 h., puis nuageux; pluie à peu près continue jusq. 16 h., brouill. le m.
- Vendredi 7 9”,7 S. S. W. 3 Couvert. 12,3 Tr. nuag., pluie à plusieurs reprises.
- Samedi 8, ..... . 6“,1 S. S. \V. 3 Tr. peu nuageux. 5,1 Nuageux, un peu de pluie à 20 h.
- Dimanche 9 5”,9 S. S. \V. 3 Presq. couvert. 0,0 1 Presq. couv.; pluie de 13 à 14 h. et de 18 h. 50 à 19 h. 5. Gouttes de temps en temps.
- OCTOBRE 1892. -- SEMAINE Dü LUNDI 3 OCTOBRE AU DIMANCHE 9 OCTOBRE 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer)', courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE METEOROLOGIQUE
- Inondations en Italie. —A la suite de violents orages, des inondations se sont produites daus la région de Gènes à la date du 6 octobre.
- Le torrent de Bisagno a débordé. Les eaux ont envahi deux salles de l’esposition colombienne. Divers objets ont été gravement endommagés. Une partie de la ville basse a été inondée.
- Une quarantaine de radeaux ont été coulés dans le port. A Sampierda-rena, on a retrouvé trois cadavres à l’embouchure du l’alcevera.
- I.ef» orales en France. — Une trombe d’eau, qui s’est abattue dans la nuit, du 5 au 6 octobre, sur les environs de Nîmes, a transformé certaines routes en torrents. Le chemin d’Uzès, principalement, a eu 1“,50 d’eau. La voie ferrée a été ravinée, des trottoirs emportés. Les bas quartiers de la ville ont eu leurs caves et les boutiques inondées. Le Gardon a débordé à Alais. Du côté du Yigan, la rivière l’Arre a aussi débordé en plusieurs endroits.
- De tous les points du département du Gard on signale des dégâts très importants causés par cet orage. Dans la plaine de Grézan, les pertes se
- chiffrent à environ un demi-million. Dans les environs d’Uzès. les cours d’eau l’Alzoïi et le Seynes, transformés en torrents, ont dévasté la plaine qui ressemblait à un immense lac. Les moulins à fariue et les usines ont été en partie détruits.
- A Iioquemaure, le Rhône est monté à 5 mètres au-dessus de l’étiage.
- A la même date, un violent orage a éclaté entre Valence et Montélimar ; une crue soudaine du Roubion et du Jabron a causé de grands dégâts. Le uartier de Fraemtal a été enseveli par les eaux; douze personnes, en anger dans leurs habitations, ont été sauvées. La ligne de Dié à Livron a été coupée en trois endroits et la circulation du chemin de fer a dû être interrompue.
- A Tarascon, le Rhône a atteint la cote de 4”,50; pendant quelques heures, sa crue a été de 18 centimètres par heure.
- Un violent ouragan a eu lieu à Châlons-sur-Marne dans la nuit du 6 au 7 octobre. Les arbres des promenades ont été déracinés, les toitures enlevées, et beaucoup de cheminées se sont écroulées.
- PHASES DE LA LUNE : P. L. le 6, à 6 b. 21 m, du matin. Lune périgée le 27 septembre.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte aux lettres » doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Ghâteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVIdB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIB O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- L,a stérilisation de l’eau contre le choléra. — Les
- recherches modernes ont démontré qu’un grand nombre de maladies infectieuses se transmettent par l’eau potable, infectée par les pollutions des rivières, les évacuations directes des vidanges ou les infiltrations des fosses d’aisances. Aussi recommande-t-on avec soin, quand on ne peut être sûr de l’origine, de la pureté des eaux réservées aux usages domestiques, de les stériliser par l’ébullition, de faire bouillir l’eau de boisson. La recommandation n’a jamais trouvé de meilleure occasion pour être appliquée que cette année, avec l’épidémie de choléra. Cette stérilisation par l’ébullition demande un certain temps et bien des ménagères n’ont pas la patience ou la précaution de faire bouillir tous les soirs, pour lui donner le temps de refroidir, l’eau nécessaire aux repas du lendemain. Pour remédier à ces-négligences qui sont plus la règle que l’exception, le Dr de Christmas recommande un moyen dont il a vérifié la valeur par de nombreuses expériences à l'Institut Pasteur. C’est l’emploi de l’âçide citrique. Mélangé à des cultures de choléra, cet acide paralyse, à la dose de 4 pour 10 000,1e développement du microbe; à 8 pour 10000 il l’arrête tout à fait. Pour le bacille de la fièvre typhoïde, il suffirait de doses encore plus faibles. Sans nous appesantir sur ces données expérimentales, on voit que l’acide citrique peut rendre de grands services en temps d’épidémie. Le prix n’en est pas très élevé, 5 à 6 francs le kilogramme ; son emploi est sans danger ; toutes conditions qui en rendent l’usage très pratique. En faisant dissoudre dix grammes d’acide citrique dans dix litres d’eau, mise à part, dans un réservoir propre et à l’abri de l’air, on est sur d’avoir une eau à peu près complètement stérilisée. La solution est agréable, d’un goût légèrement acidulé ; c’est en somme, moins l’arome, la limonade fraîche servie dans les cafés. Au prix du commerce, dix grammes d’acide par jour constituent une dépense d’environ un sou, autant dire rien. Cette eau acidulée n’offre aucun danger, même chez de jeunes enfants; elle ne modifie pas le goût du vin. J’ajouterai que cette absorption d’eau acidulée paraît convenir aux tempéraments goutteux et je connais un médecin qui ne se couche jamais sans avoir avalé un rand verre d’eau, additionnée du jus d’un citron, soit un ou
- grammes d’acide citrique. Dr X...
- INFORMATIONS
- —Sfc— La hauteur des maisons, dans les grandes villes des États-Unis, paraissait ne devoir pas connaître de limites, et les maisons de 40 mètres, avec quinze étages et plus, s’y faisaient de plus en plus fréquentes. Ce sont les Compagnies d’assurances qui vont se charger de mettre un terme à cet excès ; car, instruites, paraît-il, par l’expérience acquise dans un grand nombre d’incendies, elles viennent de décider de ne plus accepter d’assurance des maisons, en bons matériaux, qui dépasseraient 36 mètres ou encore deux fois la largeur des rues. Quant aux maisons construites en matériaux de qualité inférieure, leur hauteur ne devra pas dépasser
- 25 mètres pour être admises à l’assurance. D’autre part, lesdites Compagnies ont aussi décidé d’augmenter de 3 pour 100 le prix d’assurance des bâtiments de ce genre déjà construits, ce^ qui paraît devoir être une charge presque ruineuse pour les propriétaires.
- —La ville de Los Angeles (Californie du Sud) possède depuis quatre années un chemin de fer funiculaire qui développe une longueur totale de 33 kilomètres. Trois usines placées à distance à peu près égale fournissent la puissance nécessaire; la vitesse réglementaire est de 14k“,8 par heure. Un réseau électrique de 60 kilomètres fonctionne depuis deux ans, concurremment avec le funiculaire. Le système est le même que celui du tramway électrique de Marseille, ce qui dépare, paraît-il, la ravissante ville de Los Angeles, transformée ainsi en une forêt de potences qui supportent le câble. Une seule usine, placée environ au centre du réseau, produit l’énergie électrique par le moyen de 3 dynamos de 500 chevaux chacune. La vitesse réglementaire est de 14km,8 par heure au centre de la ville et de 22k“,2 au dehors. On peut produire une vitesse de 27k“,7.
- —$1$— Nous avons souvent parlé des prix qu’atteignaient quelques chiens. Ces prix exorbitants demandés, et souvent obtenus par les propriétaires des champions à la mode, sont loin d'avoir dit leur dernier mot, et l'on aurait eu tort de tirer l’échelle après les Saint-Bernards de 25 000 francs. Yoiei les gros chiens de montagne battus sur ce terrain par de simples fox-terriers. L’un d’eux, Dorsay de son nom, vient de partir pour l’Amérique en échange d’un chèque de 5000 dollars; ce n’est d’ailleurs qu’un animal de second mérite, puisqu’il avait pour compagne de chenil une certaine Vésuvicnne dont on demande très sérieusement 75 000 francs.
- —^— Des essais de foyers lumineux et de projecteurs s’exécutent sans interruption depuis plusieurs semaines aux lorts de Liège et de Namur. Chaque fort contient sa machine à vapeur et sa dynamo placées dans les souterrains éclairés par lampes à incandescence; les phares électriques cuirassés ont été construits par la Société de la Meuse à Liège; ils permettent d’éclairer le terrain à 5 ou 4 kilomètres des forts, d’observer pendant la nuit les mouvements de l’assiégeant, de contrarier ses travaux, de reconnaître les emplacements de son artillerie, etc.
- —On a exécuté dernièrement une expérience sur la rapidité avec laquelle peut se faire l’échange des télégrammes entre New-York et Londres. Un message fut envoyé de New-York à Londres et la réponse fut reçue après quatre minutes. C’est là, il faut le dire, un cas exceptionnel, les échanges prenant généralement un temps beaucoup plus considérable. L’Elccirical Review de New-York dit à ce propos que tous les jours, entre 10 heures et midi, le nombre des télégrammes échangés sur cette ligne transatlantique est de 900.
- —— On va construire à Madrid un chemin de fer souterrain électrique. Les trains de voyageurs seront composés d’une ou plu- t sieurs voitures automotrices, recevant le courant électrique d'un rail central; elles seront pourvues d’un frein électrique.
- —Un ours gris, appartenant au Jardin zoologique de Lisbonne, s’est échappé de sa fosse le 10 octobre dernier. Cet animal a tué un des gardiens et en a blessé deux autres, dont un grièvement. Le poste de la garde municipale est accouru; l’ours a été abattu à coups de fusil.
- —Un bolide d'une couleur rouge très vive a été observé le 27 septembre à Hechtel (Lirnbourg), à 7h 18“ du soir, par M. Sak, instituteur. Il donnait des étincelles comme une fusée et projetait une lumière semblable à celle d’un éclair lointain. 11 laissa une traînée longue et droite, peu persistante. Il prit naissance près de v de la Petite Ourse et s’éteigmt près de e d’Hercule.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour ce qui concerne l’appareil à percer, s’adresser à M. Rotth, ingénieur à Magdebourg. — La peinture phosphorescente se trouve chez les marchands de produits chimiques pour laboratoires.
- Communications. — M. le comte d'A., à Marsillargues, nous écrit à propos de la manière d’éviter l’asphyxie dans les cuves que nous avons signalée dans les Nouvelles scientifiques (n° 1010, du 8 octobre 1892). Notre correspondant nous dit qu’un procédé fort connu et très pratiqué dans le midi de la France consiste à se recouvrir le nez et la bouche d’un bandeau mouillé et attaché fortement derrière la tête avant de descendre dans une cuve. Ce moyen ne nous'paraît pas être à l’abri du danger de l’asphyxie.
- M. A. Hornung, à Chartres, nous adresse la lettre suivante sur le même sujet : « En lisant La Nature, l’article Manière d'éviter l'asphyxie dans les cuves m’a fait venir à l’esprit un moyen bien simple, il me semble, d’éviter cet accident et que vous pourriez communiquer à vos lecteurs. Il n’y aurait qu’à percer, tout le long d’une douve à partir de la hauteur minima que doit avoir le raisin dans la cuve, une série de trous distants de, quelques centimètres et d’un diamètre de 50 à 40 millimètres. Tous les trous au-dessus de la couche de raisin restant ouverts, jamais il ne pourra y avoir d’acide carbonique, car il s’écoulera au fur et à mesure de sa production. S’il est nécessaire, pour la fermentation, que le raisin soit couvert par une couche d’acide carbonique, ce résultat sera facilement obtenu en bondant un ou plusieurs trous au-dessus du raisin. A-t-on besoin de la cuve entière, on bonde tous les trous. ))
- M. Paul Fontaine, à Boyer (S.-et-L.), nous adresse une intéressante communication relative au Mirage photographique dont nous avons parlé dans une de nos précédentes livraisons (vov. n° 1010, du 8 octobre 1892, p. 296.) Le cliché représente deux jeunes gens en manipulation chimique : celui de droite a sa tète refléchie, et cette seconde image empiète sur celle de son voisin ; une image renversée de sa main droite se voit également sur l’épreuve. Les images en question n’ont pas été accidentellement obtenues par un trou de la chambre noire; s’il en avait été ainsi, elles ne serait pas retournées; il y a donc eu réflexion proprement dite.
- M. le Dr P. Bernard, à Lille, nous écrit, à propos de la photographie de l’Hôtel-de-ville de Hondschoote donnée dans le même article, que la cause de l’anomalie consiste dans un ancien trou de vis qui se trouvait dans la planchette d’objectif. Ce trou laissait filtrer un filet de lumière qui produisait sur la plaque une image supplémentaire.
- M. Gustave Clément, à Apt (Vaucluse), nous envoie d’autre part une photographie de la jetée de Marseille. On voit dans le ciel le dôme de la cathédrale réfléchi deux fois.
- M. G. Clouzot, à Niort. — Votre remarque est parfaitement juste; il s’agit bien dans le cas de la statue, d’une ombre projetée sur le nuage. L’observation que vous nous transmettez confirme cette appréciation. Nous reviendrons s’il y a lieu sur ce sujet.
- MM. Braun et C'% à Gand, nous communiquent les dessins d’un nouveau modèle de moulure en bois à deux rainures pour câbles électriques. Les rainures, ainsi que le couvercle, sont revêtues à l’intérieur d’une couche de kaolin solide, ce qui les rend absolument incombustibles si un échauflement venait à se produire par suite d’un court-circuit provenant de l’humidité.
- M. Béliard, ingénieur à Anvers, nous informe que l’Exposition universelle internationale d’Anvers pour 1894 est décidée, et nous donne la composition du Comité exécutif.
- Renseignements. — M. X., à Rome. — 1° Ce travail a pu être effectué dans des laboratoires ; mais nous croyons qu’il n’a pas été publié. — 2° Il doit y avoir certainement des variations dans les raies du spectre à mesure que la température s’élève.
- M. H. M., à Versailles. — Vous trouverez les renseignements
- que vous cherchez dans les articles que nous avons publiés sur la campagne de dragages dans l’Atlantique du Travailleur (n° 447, du 24 décembre 1881, p. 50, et n° 449, du 7 janvier 1882, p. 86). Le Talisman, dans son voyage au cap Vert et aux îles Canaries, a exploré les côtes du Portugal et du Maroc; voyez le n° 572, du 17 mai 1884, p. 391, et les numéros précédents.
- M. S. Pernin, à Anvers. — Nous croyons que l’ouvrage de M. J. Moyen, sur les Champignons, vous donnera satisfaction; l’éditeur est M. J. Rothschild, 15, rue des Saints-Pères, à Paris.
- M. C. B., à Luçon. — 1° Il faudrait vous adresser aux constructeurs : MM. Aron frères, 132, rue de Turenne, à Paris. — 2° Vous ne trouverez pas d’occasion, des machines en bon état et telles qu’il vous les faut.
- M. H. Genty, à Charenton. — Nous ne savons si vous pourrez avoir des appareils répondant à ces conditions; renseignez-vous auprès de M. P. Lebœuf, 7, rue Vésale; ou de MM. Leclerq et Cie, 137, rue du Faubourg-Saint-Denis, à Paris.
- M. F. Bercioux, à Croisettes (Vaud-Suisse). — Ecrire directement à M. le Gouverneur de la Tunisie.
- M. J. Dubois, à Locle. — Ces appareils sont en vente chez M. E. Voisin, fabricant d’instruments de physique amusante, 83, rue Vieille-du-Temple, à Paris.
- M. L. F., à Epernay. — Les piles Leclanché vous conviendront; le nombre d’éléments dépend de la nature de votre allumoir.
- M. F. D., au Mans. — Voyez aux Annonces les machines à écrire Remington; nous nous en servons avec succès.
- M. G. de L., h Amiens. — Veuillez vous adresser au directeur de l’Ecole, 27, rue Saint-Guillaume, à Paris; vous serez renseigné.
- M. A. Vermeire, à Hamme. — 1° Employez la benzine ou le sulfure de carbone. — 2° L’emploi de l’eau sous pression comme force motrice n’est guère avantageux que dans le cas d’une chute d’eau; le système dont vous parlez a été vivement critiqué par la presse technique. — 3° La pression dont vous disposez serait trop faible; la vapeur est préférable.
- M. G. Van der Haeghen, à Benonchamps. — R y a certainement quelques modifications à apporter à la machine pour la faire actionner par la vapeur.
- M. E. Rochu, à Nevers. — Consultez la description du procédé donnée dans le n° 1004, du 27 août 1892, p. 205.
- M. E. P., à Abbeville. —Vous trouverez des brochures de ce genre à la librairie Michelet, 25, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. T. Huber, à Paris. — Adressez une demande au bureau de votre quartier, ou au directeur général des postes et télégraphes.
- M. Aucharne,- à Paris. — 11 faut essayer de tremper vos brosses dans la benzine qui dissout les corps gras.
- Un lecteur, à Mulhouse. — Il n’existe pas de lampe à gaz produisant le même effet ; voyez la lampe à incandescence par le gaz Auer, 67, rue de Richelieu, à Paris.
- M. Poirson, à Puget-Théniers. — Des projets de ce genre ont déjà été publiés; vous pourrez vous en procurer à la librairie E. Bernard, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. le Dr H. M., à Porto. — Vous aurez ces appareils chez les fabricants d’instruments de chirurgie , notamment chez M. Galante, 2, rue de l’Ecole-de-Médecine, à Paris.
- M. C. G., à Clermont-Ferrand. — Pour ce qui concerne les ouvrages de photographie, demandez le catalogue de la librairie Gauthier-Villars, à Paris.
- M. J. Périlhon, Montrouge. — Lentilles pour objectifs : maison Baille-Lemaire, 26, rue Oberkampf, à Paris.
- M. G. Scheidecker, à San Giorgio Canavese. — Vous trouverez un article complet sur le fœhn, le siroco, etc., dans l'Annuaire scientifique de M. Dehérain, 8° année, 1869, p. 151. — Paris, Victor Masson et fils, éditeurs.
- M. F. G. B., à Arras. — 1° Prenez des informations auprès des marchands de produits chimiques. — 2° Cette composition n’est pas connue.
- Accusés de réception. —Avis divers : M. E. H., à Bruxelles. Nous n’avons pas d’autres renseignements que ceux contenus dans la Notice. — M. P. P., à Reims. Adressez-vous à une agence de brevets; vous en trouverez l’indication d’un grand nombre dans le dictionnaire de Bottin. —M. O. V. H., à Bruxelles. Ce procédé n’a Das encore été décrit dans les journaux. — JM. M. Souza, à Ponta delgada. Pas d’ouvrage sur cette question. — M. V. C., à Paris;
- M. H. Gautié, à Montauban. Voyez le petit livre des Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — M. J. de Norrolins, à KielF; Un lecteur, à X. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes tes questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS1
- Le bouchon pneumatique. — Le nouveau bouchon pneumatique, tout en liège et en bois, basé sur le même principe que les robinets pneumatiques qui ont été décrits dans La Nature, a l’avantage de ne donner le passage de l’air qu’à mesure que le liquide s’écoule. 11 supprime l’emploi du caoutchouc qu’on a adapté jusqu’à ce jour à divers systèmes de bou-
- Bouchon pneumatique. — 1. Coupe du bouchon. 2. Mode d’emploi.
- chons et qui offre le désagrément de donner mauvais goût au liquide et de s’abîmer très vite. Pour les eaux minérales et gazeuses, ce système de bouchons à fermeture hermétique em-, pêche l’évaporation des gaz ; il nous a paru digne d’être recommandé. Les figures ci-dessus en indiquent le mode de fonctionnement. La coupe, n° 1, montre l’orifice LL' par lequel s’écoule le liquide ; la rentrée de l’air s’effectue en A'A. Un robinet permet d’ouvrir ou de fermer à volonté la canalisation de l’air. — Se trouve chez M. Mathieu Martain, 42 bis, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
- Filet pour porter les enfants. — Le Lancet de Londres recommande une disposition ingénieuse et facile qui met les poupons à l’a*bri des chutes trop fréquentes auxquelles ils sont exposés en échappant aux bras qui les portent. Inutile de dire combien ces chutes sont dangereuses ; elles peuvent déterminer des infirmités que la victime traînera toute sa vie. Il
- Filet pour porter les enfants.
- s’agit d’un simple filet, de longueur convenable, qui passe sous le corps de l’enfant, et dont une extrémité est attachée sur l’épaule gauche de la nourrice, tandis que l’autre, muni d’un , anneau, s’agrafe dans un crochet sous le bras droit. Cela assure la sécurité de l’enfant et donne, en outre, la liberté des mains à la personne qui le porte, soit pour ouvrir une porte, soit pour prendre un .objet, soit encore pour le défendre contre les familiarités dangereuses des animaux, voire même contre leurs attaques.
- La pince universelle ménagère. — La nouvelle pince que nous représentons ci-contre peut être classée dans les articles de cuisine. Elle sert à prendre les objets aussi commodé-
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- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientihaues est étrangère aux annonces.
- ment qu’avec la main, et elle évite de se brûler quand il s’agit d’objets chauds, ou de se salir quand on doit saisir des corps gras. Les applications ce cette pince sont très nombreuses. Elle peut servir à retirer de l’eau bouillante des œufs à la coque, à sortir du four des pommes de terre en robe de chambre, à retourner
- Pince universelle.
- la viande ou le poisson que l’on fait cuire. La manière d’employer la pince ménagère est suffisamment indiquée par notre gravure. — Même adresse que le bouchon pneumatique.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Destruction des cloportes. — Voici un nouveau moyen de détruire ces désagréables bestioles. Ce procédé, employé avec succès, consiste dans l’emploi d’écorces de vieux bois qui se sont détachées de l’aubier, et que l’on place sur le sol par la face concave. En mouillant cette partie interne, les insectes s’y réfugient avec une prédilection toute spéciale, au point que cette partie de l’écorce est parfois littéralement couverte d’insectes qu’alors on écrase ou que l’on secoue dans une terrine d’eau où ils ne tardent pas à périr.
- Humidité des murs. — Pour arrêter l’humidité des murs crépis au plâtre, on les enduit de la composition suivante : cire jaune, 100 grammes; essence de térébenthine, 4 kilogrammes. On tient la composition sur des cendres chaudes ; on chauffe d’abord avec une coquille pleine de charbons ardents une certaine surface du mur ; quand on juge que ce pan de mur est assez sec, on y étend la composition avec un gros pinceau; elle pénétrera jusqu’à 1 centimètre dans le mur; on recommence ainsi à la place suivante, en ayant soin d’observer que la cire ne s’arrête pas à la surface. Quand tout est fini, on peut peindre ou tapisser le mur sans craindre l’humidité ; ce moyen est infaillible.
- Le voile jaune en photographie. — Longtemps on a méconnu la cause du voile jaune qui fait le désespoir de bien des amateurs, surtout lorsqu’il atteint une intensité qui nuit au tirage ; car en somme quand il est faible, il est souvent plutôt utile que nuisible. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, on est à peu près fixé à son égard ; il est dû certainement à l’altération de la gélatine pendant la fabrication de l’émulsion. Sous l’influence des alcalins employés avec l’acide pyrogallique, l’iconogène et l’hydroquinone, celle-ci prend cette coloration à des degrés plus ou moins intenses. En effet, ce désagrément ne se produit jamais avec les révélateurs acides tels que l’oxalate ferreux ; il ne se produit jamais avec le collodion, quel que soit le révélateur employé. Il est à remarquer que le voile jaune se produit surtout survies clichés qui manquent de pose, ce qui s’explique,
- Puisqu’on est obligé de faire agir le révélateur plus longtemps.
- n a proposé de nombreux moyens de le détruire; nous les diviserons en deux classes : 1° ceux qui consistent à ajouter au, bain de fixage un décolorant ; 2° ceux qui consistent à décolorer le cliché après le fixage. Pour les premiers on a conseillé soit d’acidifier le bain d’hyposulfite avec un acide organique : citrique, tartrique, etc.," ou avec du bisulfite de soude; soit de l’additionner d’alun, ou encore de plonger le cliché, avant le fixage, soit dans un bain acide, soit dans un bain d’alun ; ces deux moyens présentent un grave inconvénient. Le bain acide provoque le décollement de la gélatine ; le bain d’alun amène souvent dans celle-ci un dépôt de soufre dont il est difficile de la débarrasser. La formule suivante, qui n’est qu’une combinaison de ces deux moyens sans en avoir les inconvénients, nous a toujours fourni d’excellents résultats. Nous faisons le mélange suivant : 125 cc. de solution de sulfite de soude à saturation (33 pour 100); 10 cc. acide chlorhydrique; 125 cc. solution d’alun à saturation (40 pour 100). Après le développement et lavage du cliché, nous le laissons deux à trois minutes dans ce bain et, sans lavage, nous le mettons ensuite dans la solution d’hyposulfite à 30 pour 100. Par ce moyen, non seulement nous évitons le voile jaune, mais la couche est durcie et les
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- clichés sont d’une pureté irréprochable. Du reste, quel que soit celui des moyens employés, c’est certainement à l’acide sulfureux à l'étal naissant, qui se produit dans le bain d’hyposul-fite, qu’est due la décoloration delà gélatine jaunie. Pour la deuxième méthode, celle qui consiste à décolorer le cliché après fixage, on a proposé de nombreuses formules : les unes consistent dans l’emploi du perchlorure de fer acidulé, exposition à la lumière, développement ultérieur avec développateur dilué; les autres, dans l’emploi du brome, du sulfate de fer combiné avec d’autres substances. Mais tous ces moyens, bien qu’efficaces, nécessitent de longues manipulations. Nous allons indiquer un tour de main d’un emploi aussi sûr que simple. Nous préparons le mélange suivant : Glycérine et eau, parties égales, dans lesquelles on fait dissoudre à froid de l’hyposulfite de soude à saturation (40 à 50 pour 100). Ce mélange est étendu au pinceau sur le cliché jauni, puis la plaque est abandonnée à elle-même sur une surface plane à l’abri de la chaleur et de la poussière. Suivant l’intensité delà coloration du cliché, la teinte
- jaune disparaît infailliblement dans un temps plus ou moins long, qui peut varier de une heure à vingt-quatre heures. Le cliché est ensuite lavé à la manière ordinaire. Ici encore, c’est l’acide sulfureux naissant qui agit par suite de l’ôxydà-tion de l’hyposulfite au contact de l’air. Ceci est d’autant plus évident que le même cliché jauni, abandonné dans un bain d’hyposulfite, ne se décolore pas, parce que l’action de l’air n’existe pas à la surface du cliché. Le moyen dont nous venons de parler a déjà été indiqué, mais avec une solution d’hyposulfite dans l’eau simple, et il arrivait que l’évaporation trop rapide de l’eau donnait à la surface de la gélatine des incrustations d’hyposulfite ; la glycérine a précisément pour but d’augmenter la proportion d’hyposulfite dissous et d’empêcher la cristallisation, même après un temps fort prolongé. Nous avons décoloré par ce procédé des clichés qui étaient tellement jaunes qu’on voyait à peine l’image et qui étaient secs depuis plus de deux ans. E. Garbe.
- (Photo-Gazette.)
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49-,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A> 7 HEURES DO MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLOIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- 'Lundi 10 octobre.. . 10%3 S. \V. 3 Couvert. 2,1 Nuageuxà 6 h. et à 17-18 li.,couv. le reste du temps, pluie à diverses reprises.
- Mardi 11 6‘,1 S. W. 2 Tr. nuageux. 1,4 Peu nuag. le m. et de 22 à 23 h., couv. le reste du temps, un peu de gel.bl.,brd. s. Marne à 6 h. 1/2, at.tr. brum.
- Mercredi 12 4”,1 N. 2 Couvert. 0,0 Nuag. de 5 à 6 h., couv. du reste, pi. de 11 h. à 17 h. et ap. 23 h., un p. gel. bl., atm. tr. brum. le m., b. cl. à 16 h.
- Jeudi 13 6%5 N. 3 Couvert. 8,7 Couv., pluie presque toute la journée.
- Vendredi 14 6»,9 S. E. 5 Nuageux. 4,1 Presq. couv. jusq. 16 h., beau ens., atm. tr. cl.
- Samedi 15,. 2%5 E. N. 1 Beau. 0,0 Beau jusq. 6 h., puis p. nuageux, tr. nuag. de 14 à 16 h., couv.ens., petite gel.bl., un p.de pl.vers 14 h. 10 et50.
- Dimanche 16 8°,8 S. E. 1 Couvert. 3,9 Couv., pl. de 4 à 8 h., atm. trouble" le m., cl. l’ap.-midi, gouttes à 22 h.
- OCTOBRE 1892. -- SEMAINE DU LUNDI 10 OCTOBRE AU DIMANCHE 16 OCTOBRE 1892
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimahche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0. au niveau de la merj; courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Orage*. — De nombreux orages se sont abattus sur la ville de Gènes, dans la deuxième semaine du mois d’octobre. A la suite d’une pluie diluvienne qui est tombée pendant la nuit du 13 au 14 octobre, les torrents de la région ont tranebi leurs rives et causé de graves dommages, principalement dans les communes de Busalla, Poute-Deciino et Miguanego. A Busalla, l’orage s’est déchaîné avec la violence d’un cyclone. Le village a été complètement inondé ; des ponts ont été emportés. La nouvelle ligne de Giovi a dû être interrompue; les trains ont suivi l’ancienne ligne. Le torrent Seccn a occasionné également de grands ravages à Pedemonte.
- A la date du 11 octobre, un cyclone.a eu lieu à l’archipel du Cap-Vert, renversant de nombreuses maisons, ravageant les plantations, tuant beaucoup de bétail et coulant bas plusieurs navires.
- L’évaporation d’une surface d’eau et d’une surface de terre humide. — M. A. Batelli a fait en plein champ à Chicri (Italie),
- des déterminations comparatives sur l’évaporation d’un plan d’eau libre et d’uue surface de terre imprégnée d'eau, sous l’action de la radiation solaire et aussi dans l’obscurité. Voici ses conclusions rapportées dans le Biedermann Centre : Quand la température de l’air s’élève, la quantité d’eau évaporée par une terre humide est, eu général, plus importante que celle d’une surface d’eau stagnante; elle diminue, au contraire, quand la température s’abaisse: l’évaporation d’une surface d’eau libre augmente plus vite, avec la vitesse du veut, que celle du sol humide. Plus i’air est humide, plus la proportion d’eau évaporée du sol humide, est considérable par rapporté l’eau stagnante, toutes autres conditions étant les.mêmes. L’évaporation de l’eau exposée à la radiation solaire, est plus considérable qu’a l’ombre, non seulement pendant le jour, mais encore la nuit suivante. Quand la température s’élève, le rapport entre les quantités d’eau évaporées par les deux surfaces augmente un peu plus rapidement ; quand la vitesse du vent augmente, ce rapport diminue au contraire.
- PHASES DE LA LUNE : D. Q. le 12, à 9 h. 47 m. du soir.
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- Supplément à « LA NATURE » du 29 octobre 1892 (n° 1013)
- Publié sous la direction de M. GASTON TISSANDIER
- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres s doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SERVIGB DO JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- La viticulture en Crimée. — La surface occupée par les vignobles dans les districts nord du gouvernement de la Tauride en Crimée s’étend de plus en plus. Et cependant, le temps n’est pas loin où les villages Kamenka et Znaménka connus par leurs crus, étaient les seuls à se livrer à la culture de la vigne. On raconte qu’il y a une dizaine d’années, un berger planta en vigne un lopin de terre argileuse qu’il reçut en cadeau. Le succès dépassa toutes ses espérances, et depuis, la population des environs se mit à cultiver la vigne sur des terrains sablonneux et argileux. D’autre part, depuis un certain temps, on vit dans le district de Dniéper d’immenses espaces de belle terre labourable s’ensabler et devenir stériles. Les Conseils généraux et les grands propriétaires, s’émurent de cette situation, et on décida d’opposer à ces dunes, des plantations de vignes. L’expérience eut un succès inespéré, et la population riveraine se livra à la culture de la vigne. De petites maisonnettes de vignerons construites à l’allemande, au milieu des steppes, poussent avec une rapidité vraiment étonnante pour le naturel lent et nonchalant de la population de la Russie méridionale. En dehors des bénéfices directs que rapporte cette culture, elle contribue à protéger les champs voisins de l'ensablement. La valeur des terres que l’on considérait comme absolument stériles, monte rapidement. La population du district de Mélitopol a imité l’exemple de ses voisins. Ce succès a une importance vitale pour le pays, car les paysans qui auparavant s’adonnaient à la culture du blé exclusivement, négligeant les autres branches de l’économie rurale, ont été amenés dans ces derniers temps, à la suite de plusieurs années consécutives de disette, à chercher d’autres moyens d’existence. Ils les ont trouvés dans la viticulture. On cultive surtout les variétés criméennes *.
- INFORMATIONS
- —On a procédé en Russie, le mois dernier, à des expériences d’éclairage de terrain à l’aide d’aérostats munis de projecteurs électriques de la puissance lumineuse de 5000 bougies. A une hauteur de 600 mètres, et malgré un épais brouillard, la gerbe électrique couvrait une surface d’environ 50iJ mètres de diamètre. A 150 mètres de hauteur, on peut projeter un faisceau lumineux éclairant pleinement un kilomètre de route. Il est assez facile de régler la gerbe électrique. L’appareil sera plus largement expérimenté aux prochaines manœuvres de siège qui auront lieu prochainement devant la forteresse d’Ivangorod.
- —— À la suite des dernières tempêtes, une baleine morte a été jetée sur la côte, près d’Ocean City (Etats-Unis). On lui enleva, après six jours de travail, 40 tonnes de chair, et on estime son poids total à 50 tonnes. Les os de la mâchoire inférieure mesuraient 70 pieds de longueur. La peau avait près d’un pied d’épaisseur. Ce mammifère marin a probablement été tué à la suite d’une rencontre avec la quille d’un navire, car il portait au crâne une large fracture
- 1 D’après la Bevue des sciences naturelles appliquées.
- capable, à elle seule, de déterminer la mort. On va conserver précieusement l’ossature de cette baleine, les habitants d’Ocean City étant persuadés qu’on viendra la voir de loin.
- —Tout le monde connaît, de nom tout au moins, le fameux pyrèthre du Caucase, dont la poudre est une infaillible panacée contre les insectes parasites de l’espèce humaine. Une espèce intéressante, le Pyrelhrum cenerarifolium, congénère de la plante caucasienne et jouissant des mêmes propriétés qu’elle, est en ce moment l’objet d’importantes cultures aux Etats-Unis. En Californie seulement, 121 hectares çont actuellement consacrés à l’anéantissement futur des puces, punaises et autres bestioles analogues. La culture demande beaucoup de soins et d’abondantes irrigations. Les touffes, qui atteignent 70 centimètres de hauteur, sont plantées à 60 centimètres les unes des autres en lignes espacées de lm,25. On peut faire la première récolte au bout de trois ans, La dessiccation est très délicate, et c’est d’elle que dépend la teneur en essence et par suite la valeur insecticide du produit.
- —Un chasseur suisse s’est récemment emparé, dans les Alpes, du nid d’un aigle, après avoir tué les parents qui le défendaient. Le nid était construit avec des branches épaisses, reliées par de la paille et du gravois. Le chasseur y trouva, outre un jeune aiglon, de la viande fraîche, 1 lièvre récemment tué, 27 pieds de chamois, 4 pattes de pigeons, 50 pattes de faisans, 3 pattes de poulets, 11 têtes de poulets, 18 têtes de grouses, sans compter des restes de serpents, d’écureuils, de lapins, de marmottes et d’autres menus animaux.
- —Le Dr A. Monfusco a examiné un certain nombre d’eaux gazeuses, pour reconnaître la façon dont sont atfectés les divers organismes pathogéniques par le gaz carbonique. 11 y a trouvé quelques rares micrococcus candicans (Flügge). Dans un seul échantillon il a trouvé dix bactéries par centimètre cube; ce nombre a été réduit à quatre au bout de trente jours dans un échantillon et à zéro dans un autre. Le savant expérimentateur attribue a l’action destructive des microbes par l’acide carbonique des propriétés hygiéniques des eaux gazeuses.
- —Le Conseil général des Ardennes a délégué à la Commission départementale les pouvoirs nécessaires pour poursuivre la réalisation de trois lignes de chemin de fer d’intérêt local, savoir : 1° ligne de Nouzon à Gespunsart. Longueur : 8 kilomètres; 2° ligne de Trembloi à Rocroi. Longueur : 11 kilomètres; 3° ligne de Rau-court à Vouziers avec embranchement de Châtillon à Buzanev. Longueur : 59 kilomètres. Ces lignes doivent avoir une largeur de voie de 80 centimètres et le poids des rails doit être de 18 kilogrammes au minimum par mètre courant.
- —D’après le rapport sur le budget des travaux publics, qui vient d’être distribué, on se propose, dans le cours de 1 année 1893, de compléter la réfection des digues de la Seine, en aval de Cau-debec, et de supprimer le haut fond des Flaques, situé près d Aizier. On espère que l’enlèvement de ce haut fond, tout en augmentant le volume de la marée, atténuera l’effet du mascaret.
- —Une exposition internationale de la presse ancienne et moderne, organisée par l’Union de la presse périodique belge et le Cercle belge des collectionneurs de journaux, s’ouvrira, en avril-mai 1893, au Musée des beaux-arts, à Bruxelles.
- —— Un éleveur des environs de Philadelphie se propose d envoyer à l’Exposition de Chicago un bœuf qui est probablement le plus gros du monde. C’est le résultat du croisement d’un holstein avec un durham pur sang; il est âgé de six ans et pèse 1900 kilogrammes.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- Communications. — M. G. Fouquet, à Paris, nous adresse une épreuve photographique qui représente une section d'artillerie tirant le 22 septembre à l’occasion de la Fête nationale sur les bords de la Loire à Tours. Cette épreuve, faite avec un petit appareil à main, est d’une remarquable netteté. Nous avons antérieurement publié la reproduction de photographies de ce genre.
- M. St. C. Hepites, à Bucharest, nous communique les observations météorologiques effectuées en septembre 1892 aux observatoires de Sinaia, de Sulina et de Bucharest.
- M. L. G. C., à Saintines, nous signale une observation qu’il a faite de bois phosphorescent. Nous avons donné déjà quelques Notices à ce sujet.
- M. C. Gibault, à Poitiers, au sujet de la Note que nous avons donnée sur la brouette dans le n° 1011, du 15 octobre 1892, p. 516, nous écrit qu’il a eu entre les mains une petite brochure concernant un perfectionnement de l’appareil. Le titre de l’ouvrage était, croit-il, la Brouette néogyre. Tout le système reposait sur une combinaison de galets installés dans la , roue dont la forme intérieure était tout autre que celle d’une roue vulgaire. Peut-être quelqu’un de nos lecteurs pourra-t-il nous fournir quelques renseignements à cet égard.
- M. J. Comère, à Toulouse, nous envoie une brochure sur les diatomées du bassin sous-pyrénéen et de la partie des Pyrénées, correspondant aux départements de la Haute-Garonne, de l’Ariège et des Hautes-Pyrénées.
- M. le P. Havret, à Shang-Haï (Chins), nous adresse la première livraison d’une intéressante publication qui parait à Shang-Haï, sous le titre : Variétés sinologiques. Cette livraison traite de l’ile de Tsong-Ming, à l’embouchure du Yang-Tse-Kiang. Les éléments de cette étude sont empruntés aux Chroniques officielles chinoises, qui forment une immense collection où l'historien trouve la plus précieuse source de documents. La brochure que nous recevons, donne des détails les plus intéressants sur l’histoire de l’île de Tsong-Ming, à quelques kilomètres au nord de Chang-Hai ; on y trouve la reproduction très curieuse de dessins chinois du dix-huitieme siècle sur la fabrication du sel, sur le tissage, sur la récolte du coton, sur la pèche. C’est tout un côté fort instructif de l’histoire de la Chine.
- M. Ernest Chardon de Thermeau, à Versailles, nous communique la description d’un pied photographique qu’il a imaginé. Le système consiste en un support vissé à la chambre noire ; ce support est maintenu par trois montants articulés formant un excellent point d’appui, qui permet à l’appareil de résister au vent.
- M. Pierre Dubreuil, à Saint-Omer. — Nous avons reçu les photographies instantanées de chevaux en mouvement que vous nous adressez; nous en avons déjà publié, et nous avons en préparation une Notice sur ce sujet. Tous nos remerciements.
- M. C. G., à Lyon, nous écrit au sujet des moyens d’éviter l’asphyxie dans les cuves, dont il a été question précédemment ; il suffit, d’après notre correspondant, d’employer un siphon constitué par un tuyau de caoutchouc. La petite branche plonge dans la cuve, la grande est en dehors. Le gaz acide carbonique,
- • tombant au fond de la cuve, s’échappe par le siphon, si ce dernier a été amorcé, ce qu’il est toujours facile de faire en plongeant le siphon tout entier dans la cuve, l’extrémité de la grande branche étant fermée.
- Renseignements. — M. B. C., à Paris. — 1° L’un et l’autre moteur peuvent vous convenir; nous avons donné la description de plusieurs modèles. — 2° Il ne nous est pas pas sible d’établir les devis que vous demandez; leur nature est trop variable.
- M. P. D., à Arcachon. — 1° Il faudrait disposer un appareil pour augmenter la résistance sur la ligne, quand on diminue le nombre de lampes en service. — 2° Ce moyen a déjà été
- employé; il peut donner quelques résultats. — 5° Laisser tremper ces vases poreux quelques heures dans l’eau chaude.
- M. C. Bûchât, à Naples ; M. Veille, à Léon. — Vous pouvez demander le Mémoire à la Société des ingénieurs civils, 10, cité Rougemont, à Paris.
- Un lecteur, à Constantinople. — Les détails des calculs à effectuer pour ramener les lectures barométriques à 0° et au niveau de la mer sont indiqués dans VAnnuaire du bureau des Longitudes ; ce livre donne même un exemple numérique.
- Un abonné, à Châtillon. — Nous rappelons à l’auteur la promesse qu’il nous a faite de nous donner une suite.
- M. L. Delevaux, à Charroux (Allier). — 1° Pas d’adresse de ce genre. — 2° Boîtes d’outils de menuiserie pour amateurs : MM. Gautier frères, 20, rue du Temple; M. Gélu, 32, rue Notre-Dame-de-Nazareth, à Paris. .
- M. P. D., à Paris. — Une couche de vernis noir ou de bitume de Judée suffirait; l’emploi en est très commode.
- M. F. Roura, à Barcelone. — S’adresser directement aux auteurs, à la Salpétrière, à Paris.
- M. R. L., à Charleroi. — 1° Cornets acoustiques : M. H. Pélissier, successeur de M. Gateau, 66, rue Hauteville, à Paris.
- — 2° Petites machines à vapeur et dynamos de démonstration : M. Radiguet, 15, boulevard des Filles-du-Calvaire, à Paris.
- M. J. Goffart, à Tanger (Maroc). — 1° Nous ne saurions vous dire si des tentatives de ce genre- ont déjà été faites en Algérie.
- — 2“ Remerciements; nous avons publié un erratum.
- M. A. Cherbonnier, à Vincennes. — L’adresse du constructeur est indiquée en tête de la Boîte aux lettres du numéro qui contient la descriptiou de la machine.
- Un abonné, à Auxerre. — Nous avons publié plusieurs articles sur les voitures à vapeur et au pétrole; voyez le n° 918, du 3 janvier 1891, p. 65; et le n° 960, du 24 octobre 1891, p. 521.
- M. J. Radiguet, à Paris. — Vous trouverez différentes publications sur les moteurs à pétrole, à la librairie Ch. Dunod, 49, quai des Augustins.
- M. V. Drouhet, à Nice. — Nous ne nous souvenons pas avoir publié des résultats d’expériences semblables.
- M. E. Tinturier, à Charenton. — Un article sur le sturm-glass ou pronostic a paru dans le n° 182, du 25 novembre 1876, p. 409.
- M. B. Siedmiogrodzky, à Varsovie. — 1° On dit souvent que la Méditerranée n’a pas de marées, cela est trop absolu. Le flux et le reflux sont très sensibles sur plusieurs points du bassin. — 2° Un vernis couleur tôle de fer conviendra parfaitement.
- M. H. Dutheil, à Billom. — 1° Tubes de cuivre : M. Hubin, 14, rue de Turenne ; et MM. Durand, Bossin et Brard, 21. rue de Saintonge, à Paris. — 2° Tubes en aluminium pour l’optique : M. Uzès, 21, boulevard Poissonnière, à Paris.
- M. H. G. D., à Courbevoie. — La disposition que vous nous soumettez nous semble ingénieuse, mais un peu compliquée;
- 11 faudrait chercher à la simplifier, car elle présenterait, en pratique, de nombreux inconvénients.
- M. Boule G., à Lyon. — Le procédé est connu de quelques opérateurs, mais n’a pas été publié.
- M. J. F., à Rouen. — Nous ne nous souvenons pas avoir indiqué un tel moyen ; mais nous avons donné la composition d’un liquide pour la conservation des fleurs dans le n° 967, du
- 12 décembre 1891, p. 26.
- M. Verax, à Paris. — H y a assurément deux impressions successives dans votre cliché. Cela arrive souvent avec les appareils à main.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. Eug. Mouline, à Vals-les-Bains. Remerciements pour votre communication que nous utiliserons dans un de nos prochains numéros. — M. H. Vélin, à Rambervillers. Nous ne connaissons pas de journaux de ce genre.
- — M. À'., à F. Nons n’avons aucun renseignement sur celte nouvelle application. — M. F. à Farges. Plusieurs traités ont été publiés sur cette question ; il serait préférable que vous choisissiez vous-même en vous adressant aux grands libraires de Paris. —
- M. A. Duret, à Pforzheim. 1° Ces caractères nous sont inconnus;
- 2° Remerciements pour votre communication. — M. J. Ph. de Bucharest. à Paris. Nous avons reçu votre lettre : le procédé décrit sera publié dans nos Recettes. — M. M. P., à Porto. Voyez les Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — M. C. F. F., à Privas. Nous avons indiqué l’emploi de la gomme de l’euphorbe pour protéger les surfaces métalliques dans le même petit livre que ci-dessus. — M J. C., à Genève. La Science pratique, à la même librairie, mentionne quelques procédés pour obtenir l’odeur du cuir de Russie. — M. E. M., aux Sables-d’Olonne; M. M. F., à Nancy. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la o Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni A insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison
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- PETITES INVENTIONS1
- oblique dans le bois. Cet instrument peut être recommandé pour cueillir les fleurs ; il agit très régulièrement sur le bois quand
- Le jouet « l’Abeille. » — Ce jouet consiste en une simple feuille de carton sur le bord de laquelle est tendu un anneau de caoutchouc séparé du carton par des morceaux de bois qui l’en éloignent d’un centimètre environ. On fait tourner le carton à l’extrémité d’une ficelle, à la façon d’une fronde, les vibrations du caoutchouc et du carton produisent un son
- assez harmonieux. On lance le carton en tournant lentement ; puis en augmentant graduellement la vitesse, on arrive à imiter les différents bourdonnements d’insectes tels que l’abeille et le bourdon. En changeant le caoutchouc de place ou en le tendant plus d’un côté que de l’autre, on obtient des bourdonnements très différents. Le carton est peint de bandes multicolores, comme on le voit sur nos ligures. — Ce petit jouet se trouve chez M. Mathieu-Martin, 42 bis, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
- Appareil pour repasser les ciseaux. —Il arrive souvent, après un usage prolongé, que des ciseaux cessent de bien couper, et l’action de le9 repasser n’est pas très facile. Il faut les démonter, ce qui parfois les détériore. Le petit appareil représenté ci-dessous permet à tout le monde de repasser ses ci-
- Appareil pour repasser les ciseaux. — 1. Détail de l’appareil.
- 2. Mode d’emploi.
- seaux sans les démonter. Il suffît de tenir l’appareil de la main gauche entre les doigts, et, de l’autre main, d’y frotter les lames des ciseaux comme si l’on voulait couper le cylindre. On répète cette opération à plusieurs reprises et les ciseaux sont repassés. L’appareil représenté en 1, dans notre'gravure, est en métal ; il a la forme d’une bobine. Le n° 2 indique le mode d’emploi. — Cet appareil se trouve chez le même dépositaire que le jouet VAbeille, décrit ci-dessus.
- Un nouveau sécateur. — Nous avons décrit, il y a quelques semaines, un sécateur qui nous a valu l’envoi d’un autre appareil fort ingénieux et très pratique. Le sécateur qui nous a été adressé est muni d’un ressort qui en écarte facilement les lames, et celles-ci déterminent très nettement une coupure
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nou velles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Sécateur pour couper les fleurs.
- on a soin de couper en biseau dans un angle de 45° environ.— Le nouveau sécateur se trouve chez M. Baudot fils, 25, rue des Deux-Ecus, à Paris.
- HYGIÈNE ET SÀNTË
- Pose des ventouses. — Parmi les moyens de révulsion rapide et efficaces, la ventouse est un des plus simples et des plus couramment appliqués. Les professionnels, en ville ou dans les hôpitaux, emploient parfois des ventouses à poire de caoutchouc ; d’autres, et c’est la généralité, se servent du procédé classique. Faire flamber dans le verre ou le petit globe ad hoc un fragment de coton, d’étoupe, de papier, raréfier ainsi l’air contenu dans ce récipient et appliquer la ventouse juste au moment où la flamme est près de s’éteindre. Malheureusement, si habile que soit l’opérateur, il est rare que de temps à autre il ne procure au malade une désagréable sensation de chaleur vive, parfois même de brûlure. Si superficielle, si légère que soit cette brûlure, elle devient un petit supplice quand on est obligé, comme c’est souvent le cas, d’appliquer vingt ou trente ventouses et de recommencer plusieurs jours de suite sur la même région. On peut éviter ce désagrément d’une façon très simple, comme l’indique le Dr Aubert, de Lyon. Il suffit de placer sur la peau un corps étranger mouillé, choisi de telle façon qu’il n’empèche pas les ventouses de prendre et de tenir solidement et qu’il favorise même cette prise. On n’a gue l’embarras du choix entre une série de substances qu’on a toujours sous la main. Le miel, la confiture, les sirops, la colle de farine, le savon mouillé, donnent le résultat demandé. Mais on obtient mieux encore en se servant d’une feuille de papier mouillé : papier mou, papier mousseline, papier des journaux à cinq centimes, à la condition pour ce dernier de le faire tremper dans l’eau chaude. La rondelle de papier étant ainsi appliquée sur la partie malade, l’opérateur pose ses ventouses comme à l’ordinaire. La partie incluse du papier éclate et la saillie des tissus se fait comme de coutume. Le moyen est simple et à la portée de tous. — Voici un autre procédé du à un homonyme du médecin de Lyon, le Dr Aubert, de Mâcon. En combinàntles deux, on sera sûr de ne plus rôtir l’épiderme de son malade et l’on pourra confier à l’apprenti infirmier le plus novice le soin de cette petite opération. Au lieu de jeter dans un verre, après les avoir allumés, du papier froissé, de la charpie, du coton, secs ou imbibés d’alcool, on fait un petit cornet de papier de 10 à 12 centimètres, on allume la partie évasée, et quand elle flambe bien, on la renverse au fond du verre que l’on applique sur la peau. La queue du cornet, pouvant seule toucher l’épiderme, la flamme en reste éloignée et continue à brûler à distance tant que l’air emprisonné lui fournit un aliment. La ventouse s’applique bien et l’aspiration est aussi forte qu’avec tout autre procédé moins simple et plus désagréable. Dr X...
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Le vin d’hydromel. — Un habile apiculteur suisse, M. Bertrand, qui convertit des miels en hydromel, a fait une expérience intéressante sur l’application des levures de vin à ce breuvage. Son hvdromel est obtenu au moyen d’une solution de 15 à 20 pour 100 de miel dans l’eau tiède; la fermentation, généralement lente et incomplète, donne une liqueur agréable et alcoolique. M. Bertrand a appliqué à ce mélange en fermentation des
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- levures de raisins de Champagne et de Sauterne. Il a obtenu un excellent vin d’hydromel, ayant un peu le bouquet des vins de Sauterne et de Champagne, et sans goût de miel. On peut donc faire du vin avec de l’eau de miel et de la levure de raisin. Nous ne prétendons pas que cet exemple doive décider les apiculteurs à convertir en vin toutes leurs récoltes de miel ; mais les chances de succès sont assez sérieuses pour les engager à des essais partiels. C’est le conseil que donne aux apiculteurs suisses M. Chuard, directeur du laboratoire de Lausanne, à la suite du succès qu’a obtenu M. Bertrand.
- L'eau de chaux contre les piqûres de guêpes. — Jusqu’à ce jour, on s’est servi d’alcali volatil ou ammoniaque pour combattre les effets de piqûres de guêpes, de frelons ou d’abeilles,
- mais il n’est pas toujours facile de se procurer ce remède à la campagne, et, lorsqu’on peut le trouver, il n’a aucun effet, parce que l’ammoniaque, conservé dans les flacons mal bouchés, a perdu ses propriétés. Le Bulletin de la Société horticole de l’Aube recommande l’emploi de l'eau de chaux. Les douleurs les plus vives cessent presque instantanément. Rien n’est plus facile que de se procurer de l’eau de chaux. Il suffit de mettre une poignée de chaux éteinte dans une bouteille, remplir la bouteille avec de l’eau, agiter et laisser reposer ; l’eau devient très claire. Lorsqu’on veut l’employer, on la verse avec récaution pour ne pas la troubler, et on remplit de nouveau la oüteille. Cette dernière précaution est indispensable pour avoir une bonne eau de chaux qui n’ait point absorbé- l’acide carbonique de l’air.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Saint-Maur, altitude, 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 17 octobre . . 8%0 N. 3 Couvert. 0,8 Pluie av. 4 h. et de 6 h. 1/4 à 10 h. et à 14 h. 20 ; couv. jusq. 18 h.; beau ensuite.
- Mardi 18 1*,2 N. N. W. 2 Beau. 1,5 Nuageux de 8 à 19 h.; beau av. et ap.; gelée blanche; pluie de 13 h. 20 à 45.
- Mercredi 19 — 0°,6 N. W. 2 Beau. 0,2 Beau le m., puis nuag,; couv. ap. 17 h.; tr. brum. le m.
- Jeudi 20 3*,3 S. 1 Couvert. 0,0 Couv. le m.; nuag. le s.; pet. brouil. à 7 h.
- Vendredi 21 2%0 S. 2 Couvert. 0,0 Très nuag.; gelée blanche; gouttes à 11 h.
- Samedi 22, 3°, 8 W. S. W. 2 Beau. 0,8 Tr. nuag.; pluie av. le jour et av. 23 h.; éclairs au N. au delà de l’horizon à 18 h. 35 et 5U minutes.
- Dimanche 23 2-,9 S. W. 3 Peu nuageux. 0,2 Peu nuag. jusq. 8 h., couv. ensuite; faible gel. bl.; pet. pluie à peu près cont. de 10 h. 1/2 à 21 h. 1/2.
- OCTOBRE 1892. — SEMAINE DD LUNDI 17 OCTOBRE AD DIMANCHE 23 OCTOBRE 1892
- i | Mardi j Mercredi [ Jeudi I Vendredi I Samedi | Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveuu de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tempêtea ik l'étranger. — Un terrible orage s’est déchaîné sur Cagliari, dans l’île de Sardaigne à la date du 19 octobre. Les eaux ont coupé en plusieurs points le chemin de fer et le télégraphe. A Decimo, huit maisons se sont écroulées.
- A Asseinini, le pays a été complètement ravagé. Un tiers environ des maisonnettes, qui sont construites en briques non cuites, se sont écroulées. Par suite de violentes tempêtes de neige qui se sont produites en Russie le 21 octobre, plusieurs trains sont restés en détresse sur le chemin de fer de Sysran à Viazma. Le train spécial du grand-duc Nicolas-Nicolaïevitch s’est trouvé dans le nombre. On a aussitôt envoyé des trains de secours et de nombreux ouvriers; mais il a fallu plusieurs jours pour enlever les masses de neige agglomérées.
- Influence des tremblements de terre sur la végétation.
- — Les tremblements de terre qui ont ébranlé le nord de l’Italie au mois
- de juin dernier ont été l’occasion, pour M. Goiran, d'une étude sur l’influence des phénomènes sismiques sur la végétation. Il en a publié les résultats et voici les principaux. Il croit avoir reconnu, d'une façon générale, que ces phénomènes ont pour effet de déterminer une germination plus prompte des semences, et une croissance plus rapide des jeunes plantes. Ils donnent une végétation plus luxuriante dans les pâtures, dans les terres arables, dans les vignobles et dans les taillis, végétation accompagnée d’une couleur verte exceptionnellement foncée des feuillages. Ce s résultats, d’après M. Goiran, doivent être attribués, non à l’influence directe des tremblements de terre, mais à trois causes secondaires : l’augmentation dans la production de l’acide carbonique; la diffusion plus complète des principes fertilisants dans le sol, qui subit de leur fait une sorte de trituration; et l’augmentation dans la production de l’électricité. Les tremblements de terre n’ont pas produit des effets semblables dans tous les cas; dans quelques autres circonstances, ils semblent avoir eu une influence défavorable sur la végétation. M. Goiran croit qu’il faut en reporter la cause à une longue période de sécheresse qui a eu lieu en même temps.
- PHASES DE LA LUNE : N. L. le 20, à 6 h. 33 m. du soir.
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- Réserré aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives i la rédaction et à la a Boite aux lettres a doivent âtre adressées,
- 1 à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SBRVICB DU JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRA1RIB O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA SEMAINE
- l/Exposftion internationale de photographie. —
- La distribution des récompenses, qui a clôturé l’Exposition de photographie, a eu lieu le jeudi 27, au Champ de Mars, sous la présidence de M. le Ministre du commerce et de l’industrie. M. le Ministre après avoir félicité les organisateurs de l'Exposition et en particulier M. Attout Tailfer, le président, du succès de leur œuvre, a remis les palmes académiques à MM. Berget, le savant collaborateur de M. Lippman, à M. Gabriel Rolland,' le zélé secrétaire du groupe III (amateurs) et de la Société d’excursions des amateurs de photographie, puis à MM. Pannelier et Hanau, les industriels bien connus. Le même soir, les exposants se réunissaient en un grand banquet sous la présidence de M. Armand Silvestre, délégué de M. le Ministre de l’instruction publique et des beaux-arts. Nous avons remarqué à la table d’honneur, M. Ronsin, chef du secrétariat du Ministre du commerce; M. Lippman, membre de l’Institut ; M. Gomot, sénateur, ancien Ministre; M. Prat, président de l’Alliance syndicale; MM. Muzet et Binder, conseillers municipaux ; M. Attout Tailfer, président de l’Exposition; M. le général Sebert, vice-président de la Société française de photographie; M. Gaston Tissandier, président de la Société d’excursions des amateurs de photographie; M. Albert Londe, rapporteur général ; M. Bucquet, président du Photo-club de Paris ; MM. Molteni, de S. Senoch, Pector, G. Rolland, etc., etc. Plusieurs toasts ont été portés après le repas. M. Armand Silvestre, dans un discours fréquemment applaudi, a dit que la photographie était « un art, et un art nouveau » : « L’œuvre d’art commence là où se reconnaît la main de l’artiste, et nul ne saurait nier aujourd’hui que la photographie ait ses maîtres marquant d’un sceau personnel tout ce qui sort de leurs mains. Elle a ce grand bonheur de réaliser cette idée très juste de l’art appliqué à l’industrie à côté de cette idée toujours fausse de l’industrie appliquée à l’art... Des esprits superficiels et d’une esthétique incertaine, nourrissent seuls la chimère d’en faire une rivale à la peinture, ce qui ne saurait arriver même le jour où elle aura fixé, dans l’intensité de la lumière, la magie des couleurs. Mais la photographie n’a pas besoin de cela. Il lui suffit de vivre artistement, glorieusement, de ses propres ressources, et non de la ruine de nos souvenirs... Elle a sa propre raison d’être; elle cherche tout autre chose... Elle se fait admirable par le détail là où la peinture se fait puérile. Elle synthétise des effets que n’a jamais réalisés le pinceau. Dans ce siècle où tout, jusqu’à l’art de l’écrivain et du poète, est documentaire, elle est le document par excellence; elle est la vérité lumineuse; elle est la vie. »
- Tous les assistants ont été unanimes à constater le succès de celte belle Exposition qui fera époque dans l’histoire de la photographie, et dans laquelle les amateurs ont pour la première fois affirmé d’une façon éclatante leur habileté et leurs goûts artistiques.
- INFORMATIONS
- —%— L’Association française pour l’avancement des sciences a reçu d’un donateur anonyme une somme de 600 francs, destinée à récompenser, sous la forme de deux prix, l’un de 400 lrancs, l’autre de 200 francs, les auteurs du meilleur travail sur la question suivante : étudier, d’après des documents locaux, la fréquence de la rage et les mesures prophylactiques en vigueur dans un département, la Seine exceptee, ou une région (deux ou trois départements) de la France et de l’Algérie. Les chiffres statistiques devront porter au moins sur dix années et comprendre les résultats de 1892. Les manuscrits devront être envoyés, avant le 31 mars 1893, à M. le secrétaire du Conseil de l’Association, 28, rue Serpente, à Paris.
- —^— La ligne téléphonique la plus grande du monde est celle qui a été établie récemment entre New-York et Chicago et qui a une longueur totale de 1528 kilomètres; elle a été inaugurée le 17 octobre 1892. Les premiers essais de transmission de la parole sur ce long parcours, ont été pleinement satisfaisants.
- —Dans le but de favoriser le trafic de l’Atlantique, la ville de Liverpool propose d’exécuter une série de travaux qui auraient pour effet de raccourcir le trajet entre New-York et Londres qui s’effectue actuellement via Ilolyhead et Queenstown. Ces travaux comprennent : 1° la construction d’une digue gigantesque s’appuyant sur le rocher de Mersey Yacht Club et s’étendant jusqu’à Eastham ; 2° le remblayage de tout l’espace compris entre la digue et la rive ; 3° l’établissement de quatre lignes de chemin de fer mettant en communication le Midland Manchester, Sheffield and Lincolnshire Rail-way avec le cross-railway d’une part, le London and North-Wcstesn Ry, le Great-Western and North Wales et le Mersey and Wirral Ry. Il résulterait de la mise à exécution de tous ces projets, que les voyageurs et la malle pourraient être embarqués quatre heures après leur départ de Londres, ce qui raccourcirait d’une manière appréciable le trajet actuel; c’est du moins ce qu'a établi M. Cochran, ingénieur à Birkenhead, l’auteur du projet.
- —— Lorsque la terre est couverte de neige, les paysans de la Lithuanie chassent le lièvre au bâton. Ils se réunissent en bandes, et munis de cette arme primitive, ils commencent par battre les bois pour envoyer les lièvres en plaine. Ensuite ils parcourent la plaine et les abattent à quinze pas, au déboulé, en leur lançant le bâton. Us en prennent ainsi une très grande quantité, tandis qu’au fusil la chasse au lièvre serait d’autant moins fructueuse, qu’en hiver, l’animal revêt dans ces régions un pelage tout blanc qui se confond avec la neige.
- —Les petits appareils dont on se sert ordinairement pour compter le nombre de tours d’une machine, ont été perfectionnés par MM. Weiss frères, mécaniciens à Brooklyn (Etat de New-York). Les appareils de MM. Weiss sont caractérisés par l’adjonction d’un timbre qui sonne quand on a fait 100 tours. On met le compteur en place, sans le mettre au zéro et sans avoir à se préoccuper du sens de la rotation. Il suffit ensuite de compter le nombre de coups de timbre, en notant en même temps le nombre de minutes.
- —M. le Dr J. Mackensie a reconnu que l’application d’un courant électrique est capable d'annihiler les effets toxiques de la strychnine. Le savant anglais a fait ses expériences sur des chiens. Ces animaux étant particulièrement sensibles à l’action déjà strychnine, on peut en conclure que le traitement s’appliquerait avantageusement à l’espèce humaine.
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- Adresses’ relatives aux appareils décrits. — La roue Pelton se trouve chez MM. Fraser et Chalmers, 43, Thread-needle Street, London, E. C. — Les machines dynamos Rechniewski sont construites par la Société l'Eclairage électrique, 250, rue Lecourbe, à Paris.
- Communications. — M. G. E. Haie, à Chicago, nous envoie deux brochures résumant les travaux exécutés à l’Observatoire astro-physique de Kenwood sur le spectre ultra-violet des proéminences solaires et sur des photographies de phénomènes solaires. — Ces Mémoires sont extraits de YAstronomy and Astro-physics.
- Un de nos lecteurs, M. D., à Amiens, nous adresse la Note,suivante : « Je puis vous donner une indication pour la roue néogyre dont il est question dans votre Boîte aux lettres du n° 1015. (Réponse à M. Gibault, à Poitiers.) Elle est décrite avec figure à l’appui (pl. X), 178, dans La locomotion. Histoire des chars, carrosses, omnibus et voitures de tous genres, par A. Ramée. Amyot, éditeur, 1856, ouvrage presque introuvable aujourd’hui.
- Renseignements. — M. E. Rudan, à Fiume. — Vous trouverez des pluviomètres enregistreurs chez MM. Richard frères, 9, impasse Fessart, à Paris.
- M. E. Maurin, à X... — Non, la solution de sulfite de soude ne se conserve pas bien. Il faut tenir les cristaux dans un flacon bien bouché.
- M. E. Imbault, à Marseille. — Il est probable qu’il y a de l’air dans la chambre barométrique.
- M. C. T. à Nancy. — Votre procédé pour trouver l’âge de la Lune est exact à un et quelquefois à deux jours près ; il est bien connu. — Celui qui donne le jour de Pâques ne nous &ait pas encore passé sous les yeux; il doit être quelquefois en défaut. Mais ces deux données, surtout la dernière, ne sont pas liées assez intimement aux phénomènes astronomiques pour qu’il y ait lieu de chercher des règles à leur égard.
- M. H. Brugère, à Orléans. — Il faudrait nous donner des indications plus précises; nous n’avons pu retrouver la Note dont vous parlez.
- M. L. Binder, à Paris. — Vous pourrez vous procurer des dynamos de ce genre en vous adressant à la Société de l’éclairage électrique, 250, rue Lecourbe, ou à M. E. Cadiot, 44, rue Taitbout.
- if. G. Stchelin, à Bitschwiller. — 1° Voyez les articles que nous avons publiés au moment de la course de Paris à Belfort. — 2° Rien n’est fixé à ce sujet.
- if. E. L., à Paris. — L’eau se congèle dans le vide. L’expérience est classique et se fait dans les cours de physique au moyen de la machine pneumatique. La diminution de la pression détermine l’évaporation de l’eau, et l’eau en s’évaporant brusquement, produit un abaissement de température.
- if. E. Muller, à Mulhouse. — Nous ne comprenons pas bien le dispositif que vous signalez; pour se servir du liquide, il faudra retirer le tuyau de gaz et l’air rentrera.
- if. A. Moyse-Cardon, à Cambrai. — Le même phénomène a été constaté dans plusieurs endroits, notamment à Paris.
- if. L. Guillaume, à Couëron. — Les appareils à bandes pel-liculaires que vous désignez, sont les meilleurs de ce genre; vous pouvez prendre l’un ou l’autre.
- if. A. de Lonchamp, à Paris. — M. A. Bergeret, 3, rue de la Salpêtrière, à Nancy.
- if. Suchard, à Neuchâtel. — S’adresser directement à M. le capitaine Leneveu, à Puteaux (Seine).
- if. A. Degoix, à Nancy. — La soudure au chalumeau convient parfaitement.
- if. Lehman, à Paris. — 1° Nous avons publié ce procédé dans les Recettes du n° 1012, du 22 octobre 1892. — 3° Difficilement. — 5° Il est préférable de ne pas employer ce moyen.
- M. Roulleau, au Mans. — R n’y a pas de système de ce genre tout fabriqué; mais il serait iacile d’en faire un.
- if. E. Bruder, à Gray. — Le produit n’a été préconisé qu’à dose minime, et dans le cas de maladie spéciale, fl ne faudrait pas en ingérer habituellement.
- if. Camu, à Paris. — Chaufferettes à l’acétate de soude { MM. Ancelin et Gillet, 32, boulevard Henri IV, à Paris.
- if. J. P., à Paris. — La distribution à deux fils est aussi employée suivant la puissance de l’installation.
- if. A. Meurice, à Charleroi. — Nous ne croyons pas que la végétation soit possible dans ces conditions.
- if. E. Zanger, au Havre. — Adressez-vous à la maison Mé-nier, 7, rue du Théâtre, ou aux usines Rattier, 8, rue d’Aboukir, à Paris.
- Un abonné, à Buenos-Ayres. — Pour tout ce qui concerne le tannage par l’électricité par le procédé Worms et Balé, dont il a été question dans le n° 993, du 11 juin 1892, il faut demander'des renseignements à M. A. Zwierzchowski, 23, rue de Choiseul, à Paris.
- if. le comte de la Fertè, à Rouen. — 1° Nous croyons que le procédé dont vous parlez n’a pas la valeur qui lui est donnée par l’inventeur. — 2° Voici l’adresse que vous demandez : M. S., 21, rue du Cherche-Midi, à Paris.
- if. H. B., à Paris. — Vous trouverez une Notice complète sur Léonard de Vinci, aviateur, dans le journal /’Aéronaute. 1874.
- M. A. Silla, à Paris. — L’appareil de chauffage que vous mentionnez, passe pour excellent.
- if. E. Rammaert, à Roubaix. — 1° La dynamo devra fournir 900 watts, soit environ 110 volts et 85 ampères. — 2° Une dynamo à courants continus est préférable dans votre cas. — 3“ Le moteur aura une puissance de 2 à 2,5 chevaux.
- if. Le Dieu, à Coulmer. — Adressez-vous à la Compagnie française de l’autocopiste, 9, boulevard Poissonnière, à Paris.
- Un lecteur, à X...— Il serait nécessaire d’effectuer des essais de laboratoire pour pouvoir vous répondre.
- MM. Peugeot, à Valentigney. — Il n’existe pas d’appareil de ce système ; le meilleur mode de chauffage pour cette opération est le feu de forge, ou le feu de charbon de bois suivant les cas.
- if. Benaouda, à Toulon. — Vous trouverez quelques traités sur les accumulateurs électriques à la librairie Baudry, 15, rue des Saints-Pères, à Paris.
- if. Albert, à Dijon. — 1° On fabrique une série de moteurs hydrauliques ; mais, pour les utiliser, il faut disposer d’eau sous pression. — 2° Votre machine présente de graves inconvénients.
- if. J. Vallée, à Argenteuil. — Nous pensons que vous aurez quelques renseignements sur ces machines, chez MM. Hurtu et Hautin, 33, boulevard Sébastopol, à Paris.
- if. A. B., à Paris. — Consultez l’article sur le fusil à répétition (n° 985, du 16 avril 1892).
- if. le Dr Ludger, à Constantinople. — M. le colonel Laus-sedat a fait à ce sujet une conférence qui a été publiée à la librairie Gauthier-ViUars.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. A. B., à X. Nous ne croyons pas que des essais de ce genre aient déjà été entrepris.
- — M. J. Gaudet, à Montrond. Il nous est impossible de vous fournir de renseignements à cet égard. — M. C. Delescluze, à Maromme. Nous n’avons pas d’autre adresse que celle précédemment indiquée.
- — M. Charpentier, à Angers. Chaque appareil a ses avantages et ses inconvénients; la pratique seule permet de fixer un choix. —
- M- M. D., à Lille. Le problème n’a pas encore reçu de solution pratique; nous savons cependant que des expériences sont tentées dans différentes voies. — M. L. Duval, à Lyon. Il faut vous adresser à un spécialiste pour établir ce projet; nous ne pouvons nous occuper de devis. — M. F. Pitîal, à Sevilla. Voyez le livre des Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — M. F. H., à Lyon;
- M. Verrier, à Marseille; M. Chevalier, à Bordeaux. Remerciements jour vos communications. —M. A. M., à Roubaix; M. T. F., à Paris; M. Genin, à Tours. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Taches d’huile Ou de graisse sur les parquets. — On badigeonne abondamment la tache à la chaux; de douze à dix-huit heures après, on lave à l’eau et au savon avec une brosse en chiendent. Le plus ordinairement, la tache a disparu. S’il en restait encore quelques traces, une deuxième tentative la ferait sûrement disparaître absolument. Ce procédé est employé par les marins sur les parquets des navires.
- Bans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- BIBLIOGRAPHIE
- La planète Mars et ses conditions, d'habitabilité. Synthèse générale de toutes les observations. Illustré de 580 dessins télescopiques et 23 cartes, par Camille Flammarion. 1 vol. grand m-8°. — Paris, Gauthier-Yillars, 1892.
- Mars est de toutes les planètes celle qui est la mieux connue, qui a été la plus étudiée, et le nombre des observations auxquelles elle a donne lieu est considérable. M. Camille Flammarion, qui a pour sa part apporté son contingent de recherches, vient de publier sur cette planète un ouvrage des plus importants, qui résume toutes les observations faites depuis l’invention de la lunette d’approche jusqu’à nos jours. L’auteur consacre de longs chapitres aux changements observés sur la planète, aux fameux canaux de Mars, et à ce phénomène étonnant de la formation, constatée par les astronomes, d’un second canal parallèle au premier. Il donne aussi des détails complets sur l’atmosphère de Mars, sur la météorologie, la climatologie de cette planète et sur les conditions de la vie à sa surface. Il y a des analogies frappantes entre Mars et la Terre, on peut donc supposer que la vie se manifeste aussi sur la planète Mars, comme sur la Terre. Nous empruntons à ce beau livre deux gravures qui donnent une juste idée des phénomènes de gémination qui ont été dévoilés par M. Schiaparelli. — Ces phéno-
- mènes ont été d’ailleurs tout récemment contestés (Voy. Comptes rendus de l’Académie des sciences, dans la présente livraison, p. 567).
- Esquisses astronomiques. Autres mondes, par Amédée Guille-min. 1 vol. in-18. Paris, Georges Carré, 1892.
- Le savant auteur du Ciel, M. Amédée Guillemin, résume avec son rare talent d’exposition, dans le volume que nous annonçons, les grandeurs de la science astronomique et les merveilles que nous révèle l’étude de l’immensité des deux. A côté des notions scientifiques, le lecteur trouvera dans cet ouvrage des considérations philosophiques de l’ordre le plus élevé.
- Les Régions invisibles du globe et des espaces célestes. Eaux souterraines, tremblements de terre, météorites, par A. Dau-brée, membre de l’Institut. 1 vol. in-8° de la Bibliothèque scientifique internationale, 2e édition revue et augmentée, avec 89 figures dans le texte. — Paris, Félix Alcan, 1892. Prix : 6 francs.
- M. Daubrée, dont on connaît les beaux travaux géologiques, étudie dans ce livre l’histoire de toutes les questions qui se rattachent aux eaux souterraines, aux tremblements de terre, et indique le rôle géologique que les gaz souterrains jouent dans la nature. La dernière partie de l’ouvrage donne le résumé de ce
- Fig. 1. — Mjjgs en 1890. Lac fendu en deux. Dessin de M. Schiaparelli. Fig. 2. — Mars en 1890. Détroit fendu en deux. Dessin deM. Schiapareili.
- . (Gravures extraites de la Planète Mars, par Camille Flammarion, Gauthier-Villars, éditeur.)
- qlne Jton sait aujourd’hui sur les météorites. La 2e édition de l’œuvre 'de M. Daubrée aura certainement le succès de sa devancière.
- Guide pratique du doreur, de Vargenteur et du galvano-plaste avec plus de 200 figures dans le texte, par Alfred Roseleur, chimiste. Sixième édition, revue et augmentée par E. Delval, ingénieur des arts et manufactures. 1 vol. m-8°. — Paris, chez MM. Delval et Pascalis, 5, rue Chapon, 1892. Prix : 15 francs.
- Il y a plus de vingt-cinq ans que ce traité de galvanoplastie est célèbre et recherché par les praticiens, par les chimistes, par les amateurs. Mais le progrès aidant, le livre n’était plus au courant des procédés nouveaux; M. Delval l’a remanié de toutes pièces et y a résumé tous les perfectionnements les plus récents de la galvanoplastie. La nouvelle édition tient le lecteur au courant de l’état actuel des manipulations galvanoplastiques.
- Téléphonie pratique, par M. L. Montillot, inspecteur des postes et télégraphes. 1 vol. in-8° de Y Encyclopédie électrique avec 414 figures et 4 planches hors texte. A. Grelot, éditeur. — Paris, 1893.
- Cet ouvrage, dû à un auteur bien connu, est essentiellement pratique et renferme les détails les plus complets sur les appareils transmetteurs, récepteurs, lignes téléphoniques et appareils centraux. Il rendra les plus utiles services à tous ceux que cette question intéresse, à une époque où la téléphonie prend chaque jour une extension croissante.
- Curiosités de l’histoire naturelle. Les plantes, les animaux, l’homme, la terre et le monde, par M. H. de Yarignï, doc-
- teur ès sciences. 1 vol. in-18. — Paris, Armand Colin et Cie. Prix : 3 fr. 50.
- Canons, torpilles et cuirasses. Leur installation à bord des bâtiments de combat,'par A. Croneau, ingénieur des constructions navales, etc. 1 vol. in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, publiée sous la direction de M. Léauté, de l’Institut. — Paris, Gauthier-Yillars et G. Masson. Prix broché : 2 fr. 50.
- Appareils d’essai à froid et à chaud des moteurs à vapeur. Appareils d’asservissement, par M. Dudebout, ingénieur de la marine, etc. 1 vol. in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, publiée sous la direction de M. Léauté, de l’Institut. Paris, Gauthier-Yillars et G. Masson. Prix : 2 fr. 50.
- Guide pratique d’analyse qualitative par voie humide, par M. R. Defert. 1 vol. in-18. G. Masson, éditeur. — Paris, 1892.
- Le soleil et l’agriculteur, avec un appendice sur la lune et les influences lunaires, par M. F. Houdaille, professeur de physique à l’Ecole nationale d’agriculture de Montpellier. 1 vol. petit in-8° avec 82 figures dans le texte. C. Coulet, libraire-éditeur à Montpellier. — G. Masson, éditeur, à Paris. 1893. Prix : 4 fr. 50.
- La figure humaine scientifiquement étudiée, ou les vingt-quatre lois de beauté de la tête découvertes et décrites par
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Charles Rochet, statuaire et peintre. 1 vol. petit in-8°. E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs. — Paris, 1892. Prix : 2 fr. 50.
- Manuel pratique des cultures tropicales et des plantations des pays chauds, par P. Sagot, docteur en médecine, ancien chirurgien de la marine, ancien professeur d’histoire naturelle à l’Ecole normale spéciale de Cluny. Ouvrage publié après sa mort, complété et mis à jour par E. Raoul, pharmacien en chef du corps de santé des colonies, etc. Préface par M. Maxime Cornu, professeur au Muséum d’histoire naturelle. 1 vol. grand in-8°. A. Challamel, éditeur. — Paris, 1893.
- La Terre. La mer et les continents, par Fernand Priem. Suite des Merveilles de La Nature de A.-E. Brehm. Grand in-8° illustré. Publication périodique paraissant tous les jeudis par livraisons de 50 centimes. — Paris, librairie J.-B. Baillière et fils.
- Conférences publiques'sur la photographie théorique et technique au Conservatoire national des arts et métiers 1891-1892. Conférence du 27 décembre 1891, par M; Colson. 1 brochure in-8°. Gauthier-Villars et fils, imprimeurs-libraires. — Paris, 1892.
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- Mœurs et coutumes des oiseaux en Auvergne, par M. l’abbé G. Chardon, vicaire général. 1 brochure m-8\ Louk Bellet, imprimeur-éditeur. — Clermont-Ferrand, 1892.
- Dictionnaire de chimie industrielle, contenant les applications de la chimie à l’industrie, à la métallurgie, à l’agriculture, à la pharmacie, à la pyrotechnie et aux arts et métiers, par M. A. M. Villon. 1 brochure in-4% tome I*r, fascicule 3. Bernard Tignol, éditeur. — Paris, 1892.
- Smithsonian contributions to knowledge, vol. XXVIII. 1 vol. in-4°, published by the Smithsonian Institution. — Washington, 1892.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49",30). — Bureau central météorologique de Franoe.
- OBSERVATIONS À. 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 24 octobre.. . 4*,2 S. 1 Couvert. 5,7 Couv. jusq. 10 li.; puis nuaç.; beau ap. 14 h.; se recouv. à 24 h.; gel. bl., pet. br. a 7 h.; atm. troub. l’ap.-raidi.
- Mardi 25 *,? E. 3 Couvert. 10,6 Couv.; pluie commence à 2 h. 1/2 ; très brumeux.
- Mercredi 26 0”,0 N. 2 Beau. 41,9 Couv. jusq. vers 2 h., puis beau jusq. 7 h.; ensuite couv. jusq. 13 h.; beau ens.; la pluie cesse vers 2 h.
- Jeudi 27 2’,0 E. S. E. 2 Couvert. 0,0 Couv. de 6 à 14 h., peu nuag. av. et ap. jusq. 19 h., beau ens.; gelée bl., atm. tr. claire l’apres-midi.
- Vendredi 28 12*, 8 S. 3 Beau. 0,0 Tr. nuag.; un peu de pl. l’ap.-midi et la soir.; atm. tr. cl.
- Samedi 29 13",0 S. 2 Couvert. 1,3 Couv.; un p. de pl. à 7 h., pl. com. à 17 h. 50; atm. tr. cl
- Dimanche 50 12*,1 S. E. 2 Couvert. 13,6 Couv.; la pluie cesse à 4 11.; gouttes souv. dans la journ.; éclairs fréquents au SW. a 22 h. 30. ’
- OCTOBRE 1892. — SEMAINE Dü LUNDI 24 OCTOBRE AU DIMANCHE 30 OCTOBRE 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche : courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Orages du £4 au MB octobre. — Pendant toute la journée du 26 octobre, la pluie est tombée sans interruption à Paris et, par instants, avec une grande violence; la ville était couverte d’une brume épaisse. Cette pluie a déterminé un abaissement sensible de la température. Le mauvais temps a d’ailleurs été général en France à la même date. Il a même neigé sur plusieurs points, notamment à Rouen, Laon, Reims, Charleville, Bar-le-Duc, Nancy. A Chartres, la neige était abondante.
- Dans le département de Meurthe-et-Moselle, des pluies torrentielles out causé de grands dégâts. Les eaux de la Meurthe et du canal de la Marne au Rhin sont montées très haut ; en plusieurs endroits la rivière a débordé, notamment à Jarville, près Nancy où des cités ouvrières ont été envahies
- par les eaux. Sur les rives de la Meurthe jusqu’à Lunéville, les prairies ont été submergées.
- Les dégâts ont été importants en Alsace et en Lorraine. Le talus de la ligne du val de Villé a été tellement miné à Thanvillé, près de Schles-tadt, qu’orl a dü étayer la voie avant de laisser passer le» trains. L’111 a subi une crue de 1 mètre, et, pendant plusieurs heures, les chemins de halage à Strasbourg ont été couverts par les flots. A Dieuze, la ville a été inondée comme elle ne l’a jamais été par les eaux du Spin qui montaient dans les rues jusqu’à 1 mètre de hauteur et pénétraient dans les caves et logements. Les dégâts ont été considérables.
- Sur la côte de la Manche, le mauvais temps s’est également fait sentir on a signalé plusieurs tempêtes, notamment au Havre. La température s’est considérablement abaissée pendant quelques jours à partir du 24 octobre ; le thermomètre du sémaphore est resté longtemps à 0°.
- PHASES DE LA LUNE : P. Q., le 28, à 9 h. 56 m. du soir.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la a Boîte aux lettres a doivent être adressées
- à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- TOUTES LES COMMUNICATIONS QUI CONCERNENT LE SBRVIOB DO JOURNAL (ABONNEMENTS, RÉCLAMATIONS, CHANGEMENTS D’ADRESSE, ETC.) DOIVENT ÊTRE ADRESSÉES A LA LIBRAIRIE O. MASSON, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
- LA. SEMAINE
- L’alimentation exotique. — Nous avons eu souvent l’occasion de signaler à nos lecteurs' les résultats obtenus pour la conservation des viandes par le froid et du transport que ces procédés permettaient d’opérer par les navires frigorifiques, de la viande des pays d’outre-mer. Cette curieuse application du froid tend à prendre de jour en jour une importance de plus en plus considérable. Elle s’est adressée aux fruits et nous avons parlé récemment des abricots et des pêches d’Australie que l’on mangeait à Londres. La liste est loin d’ètre close, et elle s’applique à présent au gibier. L’Afrique envoie sa viande d’antilope sur le marché d’Angleterre, et voici l’Australie qui vient d’expédier à Londres, congelée, toute prête à être mise à la broche, toute une galerie zoologique. 11 y a un peu de tout dans ce premier envoi adressé aux cuisines métropolitaines : canards, sarcelles, dindons, cygnes noirs; kanguroos, lièvres, pigeons. Ces animaux, tués par les chasseurs australiens, ont été pendus dans les chambres frigorifiques d’un navire spécial, et le transport a eu lieu jusqu’en Angleterre dans les conditions les plus favorables. II y a là un fait important que nous avons cru devoir ne pas passer sous silence.
- INFORMATIONS
- —Où s’arrêtera l’imagination des Américains dans l’élaboration de projets pour l’Exposition de Chicago? Un mécanicien se propose de donner à l’Exposition universelle des représentations de « véritables » collisions et autres accidents de chemins de fer. L’auteur de ce projet demande un emplacement près de l’Exposition pour y construire deux grandes voies de chemins de fer circulaires et parallèles avec des tribunes pouvant contenir 30 000 spectateurs. Les deux voies seront naturellement reliées par des aiguilles que l’on ouvrira ou fermera pour causer les collisions. Deux locomotives, après avoir fait plusieurs fois le tour de ce cirque d’un nouveau genre, seront lancées à toute vapeur l’une sur l’autre et l'on verra les mécaniciens et les chauffeurs sauter de chaque côté de la voie pour n’être pas tués.... quand ils en auront le temps.
- —Un marchand de chaussures, M. Drain, demeurant à Paris, rue Rieher, s’apercevait, depuis quelque temps, que des malfaiteurs volaient, chaque jour, à son étalage, plusieurs paires cle bottines. Il eut l’ingénieuse idée d’attacher les chaussures qu’il mettait en montre à un fil, qu’il dissimula de son mieux, et qui, lorsqu’on le tirait, faisait agir une sonnerie électrique. La semaine dernière, pendant qu’il déjeunait, M. Brain entendit la sonnerie. Il sortit aussitôt et aperçut un individu qui se sauvait à toutes jambes; il le poursuivit et parvint à l’atteindre dans le faubourg Montmartre.
- —^— La Société de médecine de Christiania, voulant rendre un hommage à M. Pasteur, a décidé de lui offrir une grande médaille en bronze de 30 centimètres de diamètre. Cette médaille, confiée au maître danois Stéphan Sindicy, représente, sur une face, une femme personnifiant le Nord, et qui inscrit, sur un bloc de granit, les titres scientifiques de M. Pasteur. Sur l’autre face sont inscrits les noms des membres du Comité.
- Le cuirassé italien Re-Umberto, de 13 300 tonneaux et dont la machine a une puissance de “20000 chevaux, a fait nour
- essais la traversée de la Spezzia à Tarente, soutenant à l’aller et au retour 17 nœuds de vitesse par heure au tirage naturel et sans forcer la chauffe. Sur la base, entre Naples et Capri, ce même bâtiment a filé 17 nœuds et demi au tirage naturel.
- —Il se produit actuellement un mouvement très marqué en faveur de la rénovation de l’apiculture en France. Dans un certain nombre de départements, des sociétés agricoles se sont constituées pour propager les ruches à cadres mobiles et les méthodes modernes de culture des abeilles. Parmi les plus récentes, nous citerons la Société d’apiculture de l’Aisne dont la création a été provoquée par M. Feicher. Cette Société compte déjà 185 membres; c’est un noyau déjà solide pour assurer son avenir.
- — ^— La consommation de platine a tellement augmenté dans ces dernières années que son prix s’est indéfiniment élevé, et que l’on peut se demander si les exploitations des mines actuellement connues pourront longtemps suffire aux demandes toujours croissantes. Nous apprenons que de riches et nombreux gisements de platine ont été trouvés sur la côte du Pacifique; mais il n’est pas précisé sur la localité exacte de cette découverte.
- —. Un horloger de Munich expose actuellement à sa devanture une horloge qui est probablement unique en son genre. Le piédestal, le pendule, le mécanisme, très ingénieux et très simple (ancre Grahamj tout est en papier. Néanmoins l’horloge fonctionne avec précision et il ne saurait guère être question de 1 usure des parties qui la composent, car elle marche depuis dix ans déjà. Cette œuvre singulière ne pèse pas plus de 150 à 200 grammes.
- —La question du dessèchement du Zuyderzée qui a été agitée, il y a longtemps a été reprise par une Commission qui vient de formuler ses conclusions. Elle propose de séparer le Zuyderzée de la mer du Nord en y enfermant l’îlc de Wicringen. L’évaluation des travaux est de 575 millions de francs et leur exécution durerait vingt-deux ans.
- —Une épidémie de choléra a éclaté parmi les bancs de requins qui infestent l’océan Indien. Un officier d’un vaisseau récemment arrivé à Bombay écrit que son bâtiment a rencontré depuis Aden une multitude de cadavres de squales. Dix-sept marins anglais, morts de choléra en rade de Bombay, avaient été jetés à l’eau. Les requins s’étant rués sur ce butin auraient ainsi été envahis par la maladie.
- —Le consul d’Angleterre à Tamsui vient d’adresser à son Gouvernement un Rapport sur la découverte de gisements d’or â Formose. La quantité enregistrée à la douane (15 833 £.) représente, paraît-il, à peine le dixième de for qui a été réellement exporté, chaque passager indigène en emportant en fraude.
- —Une pétition va être adressée à la Chambre de commerce de Grenoble en vue d’obtenir la démonétisation du cuivre et sa substitution par l’aluminium. L’aluminium se fabrique à l’usine de Froges et l’extension des produits de cette fabrique a pris depuis quelque temps une importance considérable.
- —%— La Revista financiera mexicana annonce qu’un gisement d’onyx d’une importance considérable a été découvert au Mexique, à 50 kilomètres environ au sud d’El Paso. Les produits en sont, dit -on, d’une qualité admirable par la finesse du grain et la richesse des couleurs. On y trouve des blocs de grandes dimensions.
- —Une partie des chênes du parc de Burgley (Angleterre) ont été vendus à Stamford. Us ont atteint des prix élevés allant {Je 50 à 81 guinées chacun (1250 à 2025 francs). L’un de ées arbres
- Ain .rnnrlr, l’ànnnn msto/i inqrm’s 11(1 mii npns (97511 francal.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- Communications. — M. E. Roger, à Châteaudun, nous fait parvenir le résumé de ses observations météorologiques effectuées en octobre 1892.
- M. L. Bonnefûs, à Valence-d’Agen, répond à la note de M. G.C.,a Bordeaux (Boîte aux lettres du n°1011 de La Nature) que la vaseline préconisée pour le graissage des vélocipèdes, fond au soleil. Notre correspondant nous affirme que la graisse consistante est bien préférable et il nous adresse un petit appareil qui permet d’opérer le graissage et le nettoyage du coussinet sans le démonter.
- M. J. Luce fils, à Grasse, nous envoie une belle photographie de rochers qui dominent la vallée de Valderouge. L’un des rocs offre l’apparence d’un profil de sphinx.
- Renseignements. — M. L. Martin, à Nogent-le-Rotrou. — Société française du nickel et de l’aluminium, 36, rue Lafayette, à Paris.
- M. F. Harsanl, à Paris. — On ne peut dépasser la hauteur de 10m,33%
- M. V. Franck, à Saint-Dië. — Pour ce qui concerne les annonces, il faut vous adresser à l'Office de publicité, 9, rue de Fleurus, à Paris.
- M. A. Meùrice, à Charleroi. — Il est préférable que vous demandiez ces renseignements à l’auteur de la communication, à l’Institut. Nous publierons prochainement une Notice sur le sujet.
- M. F. M., à Liège. — 1° Il ne nous paraît pas possible d’employer cet injecteur; il faudrait un aspirateur-compresseur. — 2° Ecrivez aux ateliers Ducommun, dont le dépôt est 18, boulevard Magenta, à Paris.
- L'ab'ônné 2421, à Sedan. —M. II. Serrin, 13, boulevard du Temple, à Paris, fabrique des appareils du même genre, mais d’un prix peu élevé.
- M. J. Lonneux, à Paris. — Il faut attendre avant d’apprécier ce procédé; nous en parlerons s’il y a lieu.
- M. J. D., à Nancy. — En suivant les indications données par un traité pratique, vous pouvez opérer vous-même.
- M. G. Petit, à Paris. — 1° Carburateurs d’air : MM. G. Delaporte et Cie, 33, rue des Bourdonnais; et MM. Beau et Bertrand-Taillet, 226, rue Saint-Denis. — 2° Il s’agissait d’un ballon-réclame.
- M. P. B., aux Mées. — 1° Au débit de 50 litres par seconde, la chute d’eau peut produire 2 chevaux ; vous pourriez charger des accumulateurs pendant la journée et la nuit et utiliser leur énergie pour votre éclairage dans la soirée. — 2° Remerciements.
- M. Thaon, à Mont-Louis. — Adressez-vous à la librairie Th. Belin, livres anciens, 29, quai Voltaire, à Paris.
- M. C. B., à Paris. — 1° Un calcul simple peut montrer dans quel rapport est dépassée l’intensité, en prenant une résistance fixe, et en faisant varier la différence de potentiel aux bornes. — 2° La consommation est augmentée ; on dit que la lampe est poussée.
- M. E. Hermerie, à Compiègne. — 1° Demandez ces renseignements à l’inventeur, au siège delà Société d’encouragement, 44, rue de Rennes, à Paris. — 2° Ces études sur les rendements n’ont pas été faites.
- M. E. Chassy, à Givors. — Votre système d’aubes articulées nous paraît intéressant ; mais il serait nécessaire de suivre des expériences pour l’apprécier complètement.
- M. J. P., à Paris. — 1° 11 vous faut un câble de 8 à 10 millimètres carrés de section. — 2° Les lampes doivent être de 10 à 12 volts et 2 ampères; prenez des lampes Gérard à la Compagnie d’électricité, avenue Marceau, à Courbevoie.
- M. L. H., à Paris; M. G. Jobard, à Dijon. — Le phénomène de l’arc-en-ciel lunaire est assez fréquent; on nous en a signalé souvent; voyez nos précédentes Boîtes aux lettres.
- M. Tollet, à X. — Ce serait une bonne précaution que d’imbiber le bois d’huile siccative, afin de boucher les pores.
- M. Barruet, à Lailly. — 1° Cette pile a déjà reçu plusieurs dispositions du même genre. — Remerciements.
- M. F. Bernard, à Perrégaux. — fl faut s’adresser à l’usine Edison des poupées phonographiques, à New-York.
- M. A. P. Gômez, à La Havane. — Préparations microscopiques : Ivan Werlein, 71, rue du Cardinal-Lemoine, à Paris.
- M. H. G., à Paris. — Les branches doivent être coupées en petits fragments ; la durée de fermentation est variable. Il faut que la température ne dépasse pas 60°. Toutes ces explications sont contenues dans l’article.
- M. E. Millier, à Mulhouse. — Votre procédé est excellent, mais il est connu et souvent employé.
- M. L. Fléchard, à Montigné. — Lampe Molteni pour projections : M. Molteni, 44, rue du Château-d’Eau, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. E. de Blic, à Grasse. Nous ne connaissons pas l’adresse du fabricant. — M. E. Bastide, au parc Saint-Maur. Essayez l'immersion dans l’eau chaude.
- — M. T. Millon, à Semur. Ouvrages sur la fabrication de la glace, à la librairie E. Bernard, 53 ter, quai des Grands-Augustins, à Paris. — M. L. Gautier, à Paris. Non; pas de livre spécial à ce sujet. — M. A. L. B., h Moulins. Demandez des renseignements au directeur de cet établissement. — M. P. Limoines, à Paris. Adressez-vous à la librairie Gauthier-Villars, 55 bis, quai des Àugustins.
- — M. K. Z., à Paris; M. le Dr Yaysse, à Quillan; M. A. Douet, à Poitiers. Voyez le petit livre des Recettes et procédés utiles. (G. Masson, éditeur.) — Un lecteur, à Genève; M. F. V., à Fribourg. Remerciements pour vos communications. — M. Y aider, à Béziers ; M. C. F., au Petit-Quévilly. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- COURS ET CONFÉRENCES
- Conservatoire national des arts et métiers ù, Pàris
- COORS PUBLICS ET GRATUITS DE SCIENCES APPLIQUÉES AUX ARTS
- Année 1892-1893. (Les cours sont ouverts depuis le 3 novembre).
- Géométrie appliquée aux arts. — Les lundis et jeudis, à 9 heures du soir. — M. A. Laussedat, professeur. M. Ch. Brisse, professeur suppléant.
- Géométrie descriptive. — Les lundis et jeudis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. E. Rouché, professeur.
- Mécanique appliquée aux arts. — Les lundis et jeudis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. J. Hirsch, professeur.
- Constructions civiles. —Les mercredis et samedis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. Emile Trélat, professeur. En cas d’empêchement, M. Trélat sera remplacé par M. J. Pillet.
- Physique appliquée aux arts. — Les mardis et vendredis, à 9 heures du soir. — M. J. Violle, professeur.
- Electricité industrielle: — Les lundis et jeudis, à 9 heures du soir. — M. Marcel Deprez, professeur.
- Chimie générale dans ses rapports avec U industrie. — Les mercredis et samedis, à 9 heures du soir. — M. E. Ju.ng-fleisch, professeur.
- Chimie industrielle. — Les lundis et jeudis, à 9 heures du soir. — M. Aimé Girard, professeur.
- Métallurgie et travail des métaux. — Les mardis et vendredis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. U. Le Verrier, professeur.
- Chimie appliquée aux industries de la teinture, de la céramique et de la verrerie. — Les lundis et jeudis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. V. de Luynes, professeur.
- Chimie agricole et analyse chimique. — Les mercredis et samedis, à 9 heures du soir. — M. Th. Schmesing, professeur.
- Agriculture. — Les mardis et vendredis, à 9 heures du soir. — M. E. Lecouteux, professeur; M. L. Gràndeau, professeur suppléant.
- Travaux agricoles et génie rural. — Les mercredis et samedis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. Ch. de Combe-rousse, professeur. i
- Filature et tissage. — Les mardis et vendredis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. J. Imbs, professeur.
- Economie politique et législation industrielle. — Les mardis et vendredis, à 7 heures trois quarts du soir. — M. E. Levasseur, professeur.
- Economie industrielle et statistique. — Les mardis et vendredis, à 9 heures du soir. — M. A. de Foville, professeur.
- Cours de photographie. — L'Union française de la Jeunesse a organisé une série de cours pratiques et professionnels à la mairie du XVIe arrondissement, section de Passy, 71, avenue Henri Martin. Tous les jeudis à 8h50m du soir, M. Albert Londe fera un cours de photographie.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- '•seignernents qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de là livraison.
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- PETITES INVENTIONS1
- Bicyclette-jouet. — La fécondité des fabricants de jouets parisiens est inépuisable, et le petit vélocipédiste que nous présentons à nos lecteurs, dernier avatar des applications du giros-cope, met une fois de plus en évidence leur étonnante ingéniosité. Dans ce petit appareil, le constructeur a mis à profit à la fois la propriété bien connue du giroscope de tourner toujours dans le même plan, et l’emmagasinement d’énergie que représente un volant lancé à grande vitesse angulaire. Le jouet offre tout l’aspect extérieur d’une bicyclette à caoutchouc de dimensions peut-être exagérées, montée par un coureur exercé, agissant directement sur la roue d’arrière. Tout cet ensemble est en fer-blanc très léger, et les deux roues sont creuses. La roue d’arrière est vide, tandis que la roue d’avant renferme un volant auquel on imprime un rapide mouvement de rotation à l’aide d’une ficelle enroulée deux fois sur une petite poulie montée sur Taxe du volant, comme pour la plupart des jouets de ce genre. Ce volant est donc absolument indépendant de la roue d’avant, à l’intérieur de laquelle il tourne librement. Si, le volant une fois lancé, on pose le jouet à terre sur une surface unie, telle qu’un parquet, en lui communiquant une légère impulsion
- Bicyclette-jouet.
- pour le mettre en mouvement, il continuera ce mouvement et se maintiendra en équilibre et avancera uniformément tant que le volant aura une vitesse suffisante. Cet équilibre est dû à l’action du volant qui tend à tourner toujours dans le même plan et maintient le mobile vertical, tandis que le mouvement de progression se continue en vertu du frottement de Taxe du volant sur Taxe creux de la roue d’avant, frottement qui a pour effet de faire tourner cette roue creuse dans le même sens que lui, mais avec une vitesse beaucoup moins grande. C’est là l’idée véritablement ingénieuse, et, à notre connaissance, nouvelle, du jouet que nous décrivons. L’inventeur de ce jouet, a réussi à réduire, dans de grandes proportions, la vitesse de la roue motrice sans intercaler aucune transmission entre les deux roues, et a pu faire marcher un jouet en équilibre stable à une vitesse très faible, et pour laquelle il n’y aurait aucun équilibre stable, sans l’action du volant, comme il est facile de s’en convaincre en essayant de faire rouler le petit bicycliste sans avoir au préalable lancé le volant à une vitesse suffisante. Nous signalons cet élégant jouet aux professeurs de mécanique qui y trouveront un amusant prétexte à l’explication d’un grand nombre de principes de la mécanique générale et appliquée, ou un sujet d’interrogation auprès des élèves pour l’explication du fonctionnement de l’appareil. — Se trouve chez M. Mathieu-Martin, 42 bis, boulevard Bonne-Nouvelle, à Paris.
- - Fer 4 cheval pour la glace. — Il nous a paru intéressant aux approches de l’hiver de faire connaître un petit appareil simple, et destiné à préserver les pauvres chevaux des terribles accidents auxquels les expose la neige quand elle a glacé le sol. Le système est dû à un de nos officiers de cavalerie. Dans ce fer on voit percés des trous ronds. Ces étampures sont obtenues exactement par le même procédé que les étampures carrées qui servent à loger les clous. On les perce pendant que le fer est rouge avec un poinçon rond de la dimension voulue. Une fois le fer refroidi, on repasse à froid le poinçon pour donner au trou une dimension bien calibrée. Cela fait on est armé pour l’hiver. Plus de stations chez le maréchal, débordé les jours de verglas ; plus de chevaux tombant et se blessant
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- cruellement par suite de l’usure des petits clous à glace qu’on leur a octroyés pour peu de temps et beaucoup d’argent. Avec le système que nous signalons, il suffit, lorsqu’on est surpris par le verglas, de mettre pied à terre, de débarrasser les trous de la terre qu’ils contiennent, avec un clou, la pointe d’un couteau, un morceau de bois, quoi que ce soit, et d’y enfoncer le nombre de chevilles que Ton veut. Ces chevilles en acier fondu, tiennent dans Tétampure, dans laquelle on les enfonce à force, en les frappant avec une pierre ou un marteau; ils tiennent par la pression exercée sur les parois par une bagne d’acier enroulée dans une gorge de la cheville. Pour arracher les chevilles, en entrant à l’écurie, on commence par les faire
- Fer à cheval pour la glace.
- tourner pour rompre leur adhérence avec le fer, puis, lorsqu’elles ne tiennent plus que par la pression de la bague, on les arrache, soit avec dejs tenailles, soit en les secouant de droite à gauche, comme s’il s’agissait d’arracher avec les doigts une pointe d’une solive. La forme cruciale de ces chevilles leur conserve jusqu’à complète usure leur mordant sur la croûte glacée. Leur durée va jusqu’à 60 et 100 kilomètres comme il résulte des nombreuses expériences faites. Leur prix est très modique, et on les trouve chez MM. Hardy-Capitaine et Ci0, fondeurs à Nouzon (Ardennes).
- Muselière articulée. — Le genre de' muselière que nous représentons ci-dessous et qui a été construit par M. La-loux, garde d’artillerie à Briançon (Hautes-Alpes), consiste en un système articulé que notre figure explique suffisamment.
- Muselière articulée.
- L’appareil empêche l’animal de mordre, mais il lui laisse toute liberté pour ouvrir la bouche, tirer la langue, et même pour avaler des aliments liquides comme la soupe. Le chien peut en outre aboyer ou bâiller sans quitter sa muselière. Ce système vient heureusement compléter ceux que nous avons précédemment décrits.
- BIBLIOGRAPHIE
- Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, contenant : 1° l’histoire proprement dite; 2° la biographie universelle; 5° la mythologie; 4° la géographie ancienne et moderne, par M. N. Boüillet. 1 vol. in-8°. Nouvelle édition entièrement refondue sous la direction de L.-G. Gourraigne. Librairie Hachette et Cu. — Paris, 1892.
- Un demi-siècle s’est écoulé depuis que M. Bouillct a publié la première édition de ce dictionnaire qui a rendu de si grands services à des milliers de travailleurs- Les éditeurs, en publient au-
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- jourd’hui la trentième édition, entièrement refondue sous la direction de M. Gourraigne, ancien élève de l’Ecole normale, professeur agrégé d’histoire au lycée Janson de Sailly. La nouvelle édition est considérablement augmentée, et continuera à être un des livres fondamentaux de toute bibliothèque.
- Les manuscrits et l’art de les orner, par A. Labitte. Ouvrage historique et pratique illustré de 500 reproductions de miniatures, bordures et lettres ornées. 1 vol. in-8°. Ch. Mendel, éditeur. — Paris, 1892.
- Instructions pratiques sur l’emploi des appareils de projection, lanternes magiques, fontasmagories, polyoramas, appareils pour Venseignement et pour les agrandissements, par A. Moltesi. 1 vol. petit in-8°, 4a édition. Chez l’auteur. — Paris, 1892.
- Almanach du poiré et du cidre pour 1895. 1 volume de 568 pages, illustré de 100 gravures, indispensable à tous les
- cultivateurs, fondé par M. Eugène Vimont. — Paris, aux bureaux du journal le Cidre, 55, rue J.-J.-Rousseau. Prix : 1 franc.
- La Khroumirie et sa colonisation, par le Dr H. Guérard, médecin-major de 2e classe à l’hôpital militaire d’Aïn-Draham, et E. Boutineau, pharmacien aide-major de lre classe à l’hôpital militaire d’Aïn-Draham. 1 vol. in-8°. A. Challamel, et Lecène, Oudin et Cie, éditeurs. — Paris, 1892.
- Le climat de Rio-de-Janeiro, par L. Cruls, directeur de l’Observatoire de cette ville. D’après les observations météorologiques faites pendant la période de 1851 à 1890. 1 brochure in-4°. H. Lombaerts et Cie, imprimeurs de l’Observatoire. — Rio-de-Janeiro, 1892.
- A Journal of american ethnology and archæology, vol. II. 1 brochure in-8°. J. Walter Fewkes, editor. — Boston, 1892.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude, 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS À 7 HEURES QU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 31 octobre.. . 13-,8 S. S. E. 1 Couvert. 1,6 Presq. couv. plusieurs averses, pluie après 16 heures et demie, halo.
- Mardi 1" novembre. 11",8 N. W. 2 Couvert. 25,1 Couvert, pluie toute la journée sauf de 10 à 13 h. très brumeux à 10 heures.
- Mercredi 2 9",3 W. N. W. 2 Couvert. 9,0 Nuageux de 11 à 18 h., couvert avant et après. Un peu de pluie.
- Jeudi 3 10",8 S. 2 « Nuageux. 4,9 Couv. ou nuag., beau ap. 19 h., pluie de min. 20 m. à 5 h. environ ; petites averses dans la journée.
- Vendredi 4 7",6 S. 2 Couvert. 0,5 Couvert, beau à 1 h., nuageux de 16 à 18 h.
- Samedi 5, 11",1 S. 2 Couvert. 0,0 Couvert, quelquefois des gouttes ; pluie dans la soirée.
- Dimanche 6 9",6 S. W 2 Presque couvert. 1,6 Presque couv. jusq. 12 h., très nuag. jusq. 17 h. beau ensuite, léger brouillard à partir de 21 h.
- OCTOBRE-NOVEMBRE 1892. - SEMAINE DU LUNDI 31 OCTOBRE AU DIMANCHE 6 NOVEMBRE 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorologiques faites au parc de Saint-Maur en octobre 1892
- par M. E. Renou.
- Moyenne barométrique à midi, 732""",08. Minimum, le 6, à 1 heure du soir, 738””,98. Maximum, le 19, à 10 heures du matin, 764"m,40.
- Moyennes thermométriques : des minima, 6°,03; des maxima, 12°,96; du mois, 9°,51 ; moyenne vraie des 24 heures, 8°,89. Minimum, le 19, vers 6 heures du matin, — 1°,0; maximum, le 28, entre 1 heure et 2 heures du soir, 21°,6. Deux jours de gelée, le 19 et le 26, plus 10 jours de gelée blanche. D
- Tension moyenne de la vapeur, 7“m,54; la moindre, le 19, à 2 bîures du soir, 4"",1 ; la plus grande, le 31, à 6 heures et 9 heures du soir, 12"",4. Humidité relative, 87 ; la moindre, Iq 19, à 1 heure du soir, 46 • . la plus grande, 100, en 17 jours. ’
- Pluie, 149"“,8 en 133 heures et Un quart réparties en 23 jours.
- Brouillard 3 jours et un brouillard partiel. Nébulosité, 72; aucun jour clair; un jour peu nuageux le 18.
- 3 jours d’éclairs : le 3 à 1 heure du matin ; le 22, de 6 heures et demie à 7 heures du soir, et le 30 de 10 heures à 11 heures du soir.
- Température moyenne de la Marne, .11°,47. Minimum, 7°,61, le 27. Maximum, 16°,30 le 1". La rivière basse la première quinzaine et claire jusqu’au 24.
- Relativement aux moyennes normales, le mois d’octobre 1892 a présenté les résultats suivants : baromètre plus bas de 4"",92. Thermomètre plus bas de 1°,59. Tension de la vapeur moindre de 0"",46. Humidité .relative égale. Pluie plus forte de 97"",8. Nébulosité plus forte de 11.
- Nous avons noté la floraison du Topinambour le 4. Les dernières Hirondelles le 17.
- La quantité de pluie de ce mois, presque triple de la quantité normale, est la plus grande qui ait été notée à Paris depuis 1769; les journées du 25 au 26 ont donné 52““,5 d’eau eu 24 heures, de 2 heures et demie du matin à ia même heure du jour suivant; il n’était pas tombé une si grande quantité d’eau en 24 heures depuis le 19 août 1875. La plus grande connue eu octobre jusqu’ici était 134'°" observée par Cotte à Montmorency en 1805.
- PHASES» DE LA LUNE : P. L.,le 4 novembre, à 3 h. 59 m. du soir.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- AVIS DE I/ADItHWISTRATIOIÏ. —L’échéance du 30 novembre étant une des plus chargées de l’année, nous prions instamment MM. les abonnés dont l’abonnement se termine avec le numéro du 26 novembre (n“ 1017) de nous faire parvenir soit par leur libraire, soit directement, le montant de leur renouvellement avant cette époque. Une quittance, pour une même durée que l'abonnement précédent sera, à Paris et dans les départements, présentée dès les premiers jours de décembre aux abonnés qui, préférant ce mode de recouvrement, n’auront pas avant le 3 décembre renouvelé ou donné ordre contraire.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- LÀ SEMAINE
- Un hommage & M. Pasteur. — Lors d’une des dernières séances de l’Académie des sciences, l’un des secrétaires perpétuels, M. J. Bertrand, a donné lecture de la lettre suivante que la section de médecine et de chirurgie avait adressée à M. de Lacaze-Duthiers, président :
- Monsieur le Président,
- M. Pasteur aura soixante-dix ans le 27 décembre prochain.
- La section de médecine et de chirurgie a pensé qu’elle devait prendre l’initiative de célébrer ce glorieux anniversaire. Si la médecine et la chirurgie doivent à M. Pasteur une admiration et une reconnaissance sans bornes, nous savons que l’Institut tout entier est uni dans le même sentiment.
- Nous venons donc provoquer parmi nos Confrères de l’Institut et parmi ceux qui, dans le domaine de la recherche scientifique ou de la pratique de leur art, ont bénéficié des travaux et des découvertes de M. Pasteur, une souscription pour offrir à notre illustre compatriote un souvenir et un hommage.
- La section de médecine et de chirurgie se constitue' à cet effet en comité de souscription. M. Duclaux a bien voulu s’adjoindre à nous et M. le professeur Grancher a accepté les fonctions de secrétaire du comité. Nous venons prier nos confrères d’adresser leur obole aux bureaux du secrétariat de l’Institut.
- Veuillez, monsieur le président, agréer nos sentiments de haute considération. Les membres du comité,
- Marey, Charcot, Brdwn-Séquard, Bouchard, Yer.neuil, Guyon, Duclaux, Grancher, secrétaire.
- M. de Lacaze-Duthiers s’est fait l’interprète de l’Académie en assurant la section de médecine et de chirurgie que la Compagnie partageait ses vues. Les industriels que les doctrines de M. Pasteur ont enrichis, les blessés et les malades que ses découvertes ont guéris, le monde scientifique qui sait apprécier ses travaux, le public tout entier qui rend hommage à son dévouement et à son désintéressement hors ligne, seront heureux de donner un nouveau témoignage d’admiration et de reconnaissance à l’égard de l’illustre savant qui honore à la fois la France sa patrie, et l’humanité tout entière.
- INFORMATIONS
- —— L’Exposition des collections d’ethnographie, de zoologie, botanique, minéralogie et des cartes, dessins et photographies, rapportées de son voyage d’exploration en Afrique centrale, par M. Jean Dybowski, est ouverte depuis le 17 novembre, au Jardin des Plantes de Paris, dans les salles spéciales de la galerie de zoologie. Cette exposition, qui offre un intérêt scientifique de premier ordre, pourra être visitée jusqu’au 15 décembre. Nous en donnerons prochainement la description.
- —Un certain nombre de médecins des Vosges ont pensé que le Dr Villemin, originaire de ce département, méritait, par les
- immortels services qu’il a rendus à la science et à l’humanité, qu’un hommage public fût rendu à sa mémoire, et dans la localité même qui a donné naissance à ce savant. Us ont constitué un Comité qui a pour présidents d’honneur : M. IL Boucher, député des Vosges, conseiller général du canton de Bruyères (où est né Villemin) ; M. le Dr Léon Colin, membre de l’Académie de médecine, médecin-inspecteur, directeur du service de santé militaire du gouvernement de Paris; M. le Dr Kelsch, médecin principal de lre classe, professeur au Val-de-Grâce, tous trois compatriotes du Dr Villemin. Le but que se propose d’atteindre ce Comité est d’élever à la mémoire du lîr Villemin, dans son village natal, un monument perpétuant les services rendus au pays et à la science par notre illustre compatriote. Les demandes de renseignements et les souscriptions devront être adressées à M. le Dr Fournier, secrétaire-trésorier du Comité, à Rambervillers (Vosges).
- —Au cours de la réunion mensuelle tenue le 9 novembre 1892 par la Société internationale des électriciens, M. E. Mascart a rendu compte du résultat de la mission qu’il avait acceptée du Comité d’administration et qui consistait à recueillir des souscriptions en vue des constructions à édifier pour le Laboratoire central d’électricité Ces résultats sont des plus satisfaisants et prouvent nettement l’utilité de l’œuvre entreprise par la Société internationale des électriciens. Voici, en effet, la liste des souscripteurs par ordre alphabétique et le montant des souscriptions qui, en espèces, atteint dès à présent 100 000 francs. MM. anonyme, 500; Carpentier (J.), 3000 ; Christofle et Cie, 5000; Compagnie Fives-Lille, 2500; Delau-nay-Belleville, 1000; Eiffel, 5000; Fontaine (Hippolyte), 10 000; Harlé (Emile), 1500; Lemonnier (Paul), 20 000; Ménier, 10000; de Romilly, 5000; Rouart frères et Cie, 2000; Sautter (Gaston), 1500; Sautler (Louis), 1000; Schneider et Cie, 5000; Société alsacienne de constructions mécaniques, 2500 ; Société anonyme du secteur de la place Clichy, 2500; Syndicat professionnel des industries électriques, 18 875; baron Thénard, 3000; total de la souscription à ce jour, 99,875 francs. De plus, MM. Weyher et Richemont font don à la Société d’une machine de 25 chevaux pour le nouvel établissement, et M. ïlillairet s’est engagé à procéder à ses frais à l’installation de toute la partie mécanique du matériel.
- —èîS— On joue en ce moment au théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris, une pièce à grand spectacle, le Maître d'armes. Parmi, tous les tableaux remarquables, il s’en trouve un qui représente une tempête au bord de la mer et un sauvetage que l’on accomplit. M. G. Trouvé nous a donné dans cette partie quelques exemples intéressants de la science appliquée à la scène. Pour figurer les éclairs, il emploie une petite lampe à incandescence de grande puissance lumineuse concentrée sous un petit volume, placée à l’extrémité d’une tige flexible. En agitant cette dernière, la lampe fait avec grande vitesse des zigzags qui imitent fort bien les éclairs. La sirène du même inventeur produit également des mugissements qui rappellent exactement le bruit du vent au bord de la mer et donnent à la scène une couleur locale très appropriée.
- —Dans le courant de l’année 1891, le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, à Paris, a acquis 313 monuments nu-mismatiques qui se répartissent ainsi : monnaies grecques, 169 ; monnaies romaines et byzantines, 7 ; monnaies du moyen âge et des temps modernes antérieurement à 1789, 67 ; monnaies du dix-neuvième siècle, 3; monnaies arabes, 30; médailles de la Renaissance et modernes, 12; jetons, 19 ; poids monétaires grecs et byzantins, 6. Le British Muséum, durant la même année, s’est enrichi de 369 monnaies grecques, parmi lesquelles 16 sont en or et en élec-trum, 280 en argent et 73 en bronze.
- Ci ^
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Communications. — M. Paul Martial, viticulteur à Saint-HippoIvte-du-Fort (Gard), nous écrit : « Lecteur assidu de votre excellente revue, j’ai trouvé, dans votre numéro du H juin dernier, un article sur la sériciculture en Asie Mineure qui m’a intéressé si vivement que j’ai décidé d’écrire à M. John Griffitt, de Bournabat, près Smyrne, pour le prier de me donner quelques renseignements sur sa méthode d’élever les vers à soie avec laquelle il obtient de si beaux résultats. Je vous mets incluse une copié à peu près textuelle de sa réponse avec prière de l’insérer comme suite à l’article déjà paru à ce sujet. » Éducation des vers à soie. — (( J’obtiens ma graine de papillons issus de vers à soie ayant donné des éducations irréprochables, que je -visite tous les jours depuis l’éclosion jusqu’à la montée en bruyère, et qui n’ont eu aucune mortalité dans toute l’éducation. Je surveille le grainage et la ponte et visite au microscope tous mes vers et papillons afin de m’assurer qu’ils n’ont point de corpuscule. J’ai alors de la graine pur sang, c’est-à-dire exempte de toute maladie, saine et robuste, que je garde dans un endroit sec et aéré jusqu’au temps de la mise en incubation, vers le 15 mars (ici à Bournabat), c’est-à-dire une quinzaine de jours avant que les arbres commencent à bourgeonner. La graine est alors retirée de la chambre froide où elle était pendant l’hiver et mise dans un appartement exposé au midi. Dès que les feuilles commencent à se développer (vers le 25 mars), la graine est étendue sur une étagère en couches très minces et la chambre est chauffée par un poêle en faïence à la température de 17° centigrades et graduellement augmentée jusqu’à 22°. L’éclosion commence le quatrième ou le cinquième jour et se termine en quatre fois vingt-quatre heures. L’éclosion terminée, le grand objet de l’éleveur doit être l’égalité des vers dès les pi'einiers âges ; pour arriver à ce but, je place les vers du premier jour sur les châssis d’en bas, du second sur ceux plus haut et ainsi de suite, en donnant un repas de plus à chacun d’eux, c’est-à-dire deux repas aux premiers éclos, trois aux seconds, quatre aux troisièmes et cinq aux quatrièmes. Par ce moyen les vers s’endorment ensemble et terminent leurs mues en même temps. Les premiers soins aux levées des vers à l’éclosion sont de ne pas laisser beaucoup de vers se ramasser sur les feuilles et il faut les avoir aussi clair-semés que possible jusqu’à la troisième mue. Par ce moyen ils acquièrent plus de vigueur et sont plus aptes à résister aux intempéries, et leurs cocons sont plus riches en soie et ne contiennent pas des satinés. Après la troisième mue, les feuilles sont données aux vers sur de petites branches. En les servant ainsi, les vers ont plus de place pour dévorer leur feuille et la salissent beaucoup moins. Je les nourris avec la feuille des sauvageons jusqu’au quatrième âge, la trouvant plus nourrissante que la feuille du mûrier greffé. Je termine toujours mon éducation une dizaine de jours avant Celles de mes paysans, ce qui fait que mes papillons n’ont jamais de corpuscule. Les chambres où j’élève mes vers sont grandes, exposées au midi, avec des ventilateurs; il y a aussi un grand balcon pavé en marbre, et la réflexion du soleil donne la chaleur que demande l’éduhation. Je mets un peu de chlorure de chaux à chaque coin des magnaneries. Jamais la feuille mouillée par la pluie ou par la rosée n’est donnée aux vers. Les repas leur sont servis à des heures régulières autant que possible ; cependant, du quatrième au cinquième âge, les brindilles sont renouvelées lorsque les vers ont mangé les feuilles. La propreté la plus grande est entretenue pendant toute la durée de l’éducation et les soins les plus minutieux sont donnés à l’insecte. r>
- John Griffitt.
- Voilà, brièvement décrit, le système de M. John Griffitt, de Bournabat, près Smyrne (Turquie), pour élever les vers à soie et en obtenir les résultats dont nous avons entretenu nos lecteurs. (Voy. n° 995, du 11 juin 1892, p. 18.)
- Renseignements. —M. W. E. Près ton, à Bilbao. — 11 serait nécessaire de construire un moteur basé sur ce principe ; il n’en existe pas encore, du moins à notre connaissance.
- M. Dulac, à Aurillac. — Voyez nos articles sur le pavage en bois; ils vous renseigneront. (N° 502, du 15 janvier 1883, p. 98 ; n° 842, du 20 juillet 1889, p. 127; n9 975, du 6 février 1892, p. 150.)
- M. H. de Livry, à Paris. — Il suffit de délayer dans l’eau chaude, jusqu’à consistance sirupeuse, quelques feuilles de gélatine.
- M. P. Caron, à Saint-Nazaire. — \a- Vous pourrez peut-être vous procurer les couvertures dont vous parlez, vous adressant à la librairie G. Masson. — 2° Il y a certainement des pertes par isolement ou par court-circuit. Cette décharge est anormale.
- M. A. M., à Bilbao; M. H. Cuppens, à Gand. — Adressez-vous au constructeur désigné en tête de la Boîte aux lettrés du numéro contenant la description de l’appareil. ; ;
- M. W. C,, au Cateau (Nord). — Vous ne pourrez produire ainsi qu’une quantité d’énergie électrique bien faible. Nous rie pensons pas qu’il y ait lieu de tenter l’expérience. i
- M. F. Cools, à Sierre. — Il faudrait pouvoir analyser lés produits dont vous nous parlez pour pouvoir vous répondre, j M. Rod, à Paris. — Adressez-vous à M. Vilmorin-Andrieux, 4, quai de la Mégisserie, ou aux autres horticulteurs établis sur le même quai.
- M. E. Taillandier, à Pont-du-Chàteau. —- Demandez ce renseignement au journal Industries, 358, Strand, London. C’est à ce dernier que nous avons emprunté notre description.
- M. R. Besse, au Bugue. — Nous avons reçu l’échantillon ; nous vous répondrons prochainement.
- M. Normand, à Boulogne (Seine). — Votre renseignement confirme l’indication déjà donnée dans notre Boîte aux lettres du 5 novembre dernier. Remerciements.
- M. J. J. Graf, à Guebwiller. — Un appareil photographique ordinaire peut vous convenir. Voyez aux Annonces pour les fabricants.
- ,M. A. P., à Montmeyran. — 1° Librairie E. Bernard, 55 ter, quai des Grands-Augustins, à Paris. —-2° Turbines Hercule, maison Singrünn, à Epinal (Vosges). — 3° Les installations électriques peuvent être établies par la plupart des maisons d’électricité.
- M. L. P., à Port-Blanc. — Plusieurs appareils de ce genre sont indiqués dans les Annonces de La Nature.
- M. Ed. de Montburon, à Bourg. — 1° L’installation d’une petite, machine à vapeur exigerait certains frais, notamment l’emploi d’un mécanicien-électricien. — 2° Le transport des accumulateurs à l’usine ne serait pas pratique. — 5“ Il existe plusieurs systèmes de compteurs horaires fonctionnant bien. — 4° La conclusion est qu’il est préférable d’avoir recours à la distribution d’énergie électrique existante.
- M. J. B. Avel, à Clermont-Ferrand. — Nous avons décrit une série de nouveaux filtres; c’est à vous de choisir parmi les modèles mentionnés.
- M. E. C., au Havre. — Consultez nos bibliographies; nous indiquons les ouvrages nouveaux qui nous sont envoyés.
- M. F. M., à Paris. — Voyez les traités d’agriculture au chapitre Terres arables.
- M. A. Sevin, à Paris, et M. E. Mengin, à Sommedieue. — L’adresse du constructeur est donnée en tète de la Boite aux lettres du numéro qui contient la description de l'appareil.
- M. A. Z., à Nantes. — 1° Des articles de journaux seuls ont été publiés. — 2° Nous n’âvons pas d’autre adresse.
- M. le baron de Fonscolombe, à Cogolin. — Vous pourriez vous adresser à l’un des directeurs de la Revue d'anthropologie, à la librairie G. Masson, à Paris.
- M. H. G., au Cannet. — Aucun diplôme n’est exigé, croyons-nous, pour effectuer des analyses chimiques. Mais il est préférable de pouvoir produire de bonnes attestations.
- M. C. Vermeire, à Hamme. — 1° La composition du chatterton est donnée dans les Recettes du Formulaire pratique de T électricien, de M. E. Hospitalier, 9S année, 1891 ; elle comprend 1 partie de goudron de Stockholm, 1 partie de résine,
- 3 parties de gutta-percha. — 2° L’acide borique.
- M. Gouttes, à Limoges. — L’opinion que nous avons formulée sur les ballons métalliques est toute personnelle; nous ne demandons pas mieux que de rendre hommage à votre compétence dans la construction des bateaux en fer et des gazo- • mètres ; mais nous continuons à croire que vouloir entreprendre la construction d’aérostats métalliques, c’est s’engager inutilement dans une voie sans issue. (À suivre.)
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INTENTIONS1
- Une régie de précision pour le dessin perspectif.
- — M. A. Roucole, professeur à l’Ecole des beaux-arts et des sciences industrielles de Toulouse, vient d’imaginer une règle de précision pour le dessin perspectif appelée à rendre de notables services à l’enseignement du dessin. Cette règle, en bois plat, présente sur son bord supérieur une graduation rectiligne en centimètres et millimètres au milieu de laquelle est encastré un petit miroir métallique; l’origine de cette graduation coïncide avec une des extrémités de la règle. Au milieu de la graduation se trouve un petit trou dans lequel passe le cordon d’un fil à plomb; ce trou est le centre d’une demi-circonférence, graduée de 5 en 5 degrés, appuyée par un diamètre sur la division linéaire : le zéro de cette demi-circonférence se trouve, la graduation linéaire étant horizontale, -sur la verticale déterminée par le fil à plomb. Enfin, chaque extrémité de l’appareil possède un demi-rapporteur gradué de 5 degrés en 5 degrés, de 0 à 90, le 0 étant sur la règle proprement dite. La simpli-
- Hègle de précision pour le: dessin perspectif.
- cité de cet instrument est telle qu’un simple examen suffit pour en comprendre l’application à la détermination d’une horizontale, de la ligne d’horizon en1 particulier, et à l’évaluation de l’inclinaison des lignes obliques, basée sur l’égalité d’angles ayant leurs côtés perpendiculaires. Enfin, la division en millimètres du bord rectiligne remplace avantageusement l’emploi du crayon pour les mesures à distance. M. Roucole, dans un petit ouvrage intitulé Le dessin simplifié, a d’ailleurs décrit lui-mème, avec de nombreux exemples à l’appui, les diverses applications de la règle qu’il vient d’imaginer. Ajoutons que la réglé Roucole a eu la bonne fortune de mériter la haute approbation de MM. Falguière, A. Mercié, membres de l’Institut, Benjamin Constant, anciens élèves de l’Ecole des beaux-arts de Toulouse. Elle a obtenu également, à la suite d’essais, les éloges autorisés de MM. Chipiez, Louvrier de Lajolais, Paul Nanteuil, Ludovic Drapeyron, etc. — La règle de précision se trouve à la librairie Ch. Delagrave, 15, rue Soufflot, Paris. Ulvsse Lala,
- Docteur ès sciences, professeur de mécanique à l'Ecole des beaux-arts et des sciences industrielles de Toulouse.
- Erratum. — Dans notre précédente Notice, rectifier ainsi l’adresse de la bicyclette-jouet : M. Fernand Martin, 90, boulevard Ménilmontant, à Paris, au lieu de : M. Mathieu-Martin, boulevard Bonne-Nouvelle.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Tracer un dessin continu en un certain nombre de coups de crayon sans repasser deux fois sur la même ligne. — Définition. J’appelle sommet pair un point tel que A (fig. 1) d’où partent un nombre pair de lignes non encore utilisées. J’appelle sommet impair un point tel que B (fig. 2) d’où partent un nombre impair de lignes non encore utilisées : un point tel que B' (fig. 3) où n’aboutit qu’une seule ligne est également un sommet impair.
- Cela'posé, il y a deux cas à examiner : Ier cas. Le dessin ne renferme pas de sommets impairs : alors on peut toujours tracer le dessin d’un seul coup de crayon en partant d'un point quelconque. — 2e cas. Le dessin renferme n sommets impairs :
- H
- alors il faudra - coups de crayon partant chacun d’un sommet
- 2i
- impair quelconque.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Voici la démonstration : 1er cas. Partons d’un point P quelconque (fig. 4) : le crayon ne pourra s’arrêter qu’en y revenant, car lorsqu’il arrivera à un sommet pair il trouvera toujours une ligne pour s'en éloigner; en effet, tout passage par un sommet utilisant deux des lignes qui s’y croisent, il restera toujours à un sommet pair un nombre pair de lignes disponibles, c'est-à-dire finalement deux au zéro. On forme donc ainsi, en partant du point P, un contour partiel fermé en P (fig. 5) : on en formera d’autres jusqu’à description totale du dessin proposé, qui pourra se ramener, par conséquent, à la figure 5 : on peut la décrire d’un seul coup en partant d’un point quelconque X. Les divers contours se coupent toujours, sans cela le dessin proposé ne serait pas continu. — 2e cas. Après plusieurs passages par un sommet impair, il reste à ce sommet 5, 3, et enfin 1 ligne disponible : cette dernière ligne ne peut évidemment être uti-: lisée que pour partir du sommet ou bien pour y arriver en. s'arrêtant. Par conséquent, chaque sommet impair peut servir
- d’origine à un contour non fermé DA aboutissant à un autre1 sommet impair (fig. 6). Si donc il y a n sommets impairs (ni est toujours pair en vertu de ce qui précède) on pourra former
- - contours non fermés distincts, nécessitant chacun un coup’;
- de crayon (fig. 7). Si, après formation de ces contours non! fermés il restait des sommets pairs non utilisés, ils serviraient f à former des contours fermés (1er cas) G (fig. 8), lesquels cou-j pant au moins un des contours non fermés se décriront enj même temps. Il faudra un seul coup en partant du point a et; aboutissant au point b; ces deux sommets sont impairs, tous las J autres sont pairs. * > j
- Exemple : Le dessin de la figurejl renferme 8 sommets1
- impairs : il faudra donc ^ = 4 coups de crayon pour le décrire,
- en partant d’un des sommets marqués.
- Autre exemple (fig. I l) : les sommets impairs sont entourés d’un petit cercle : il y en a 16, il faudra donc 8 coups de crayon.
- II. R.,
- Ancien élève de l’Ecole polytechnique.
- Graisse pour la conservation du cuir. — On fond ensemble 50 parties de graisse de mouton, 50 parties d’huile de lin et I partie de térébenthine. Ce mélange est excellent pour préserver le cuir de l’action de l’eau et de la neige. Il doit être appliqué sur le cuir quand celui-ci est sec et chaud.
- Peinture à la pomme de terre. — La peinture à la détrempe dite peinture à la colle ou badigeon n’est pas très solide et,
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- pour les amateurs, sa préparation n’est pas toujours facile. Voici un moyen de fabriquer une peinture dite à la pomme de terre qui est dû à MM. Cadet et Vaux. La pomme de terre cuite a la propriété de donner à la peinture le liant de la colle de poisson. Pour la préparer, on fait cuire dans l’eau 1 kilogramme de pommes de terre, puis on pile, on écrase et on délaye la pâte dans 4 litres d’eau, en mélangeant et battant bien et on passe au tamis de crin pour se débarrasser des grumeaux, des germes, de toutes les parties non réduites en bouillie claire. Puis, quand l’eau ne forme plus qu'une bouillie très claire, on y ajoute une autre bouillie faite de la dilution de 2 kilogrammes de blanc d’Espagne ou craie de Meudon dans 4 litres d’eau. Le mélange forme une peinture claire qui s’étend avec beaucoup de facilité à la brosse ou au pinceau comme le badigeon ordinaire. Elle est blanche si le blanc d’Espagne est employé seul, mais on peut la rougir avec de l’ôcre rouge, la jaunir avec de l’ocre
- jaune, la noircir ou la rendre grise au moyen de poudre de charbon très fine. Elle sèche très rapidement. La peinture à la pomme de terre s’applique sur les murs aussi bien que sur le bois, à l’intérieur, comme à l’extérieur.
- Le rhum de laurier. — C’est dans ces dernières années seulement que l’on a su quelle est la plante employée pour la fabrication du rhum de laurier. D’après le Bulletin of the Jamaica Department, c’est le Pimenta acris, dont les feuilles sont surtout préparées à la Dominique. L’extrait s’obtient par une distillation simple. Les feuilles, séchées préalablement, sont placées dans un récipient rempli d’eau. La vapeur étant condensée par la méthode ordinaire, on obtient le bay oil ou huile de laurier. Une très petite quantité de ce produit suffit pour un puncheon (mesure locale) de rhum. Cette industrie se pratique surtout dans le nord de la Dominique.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Salnt-Maur, altitude, 49“,30), — Bureau oentral météorologique de Franoe.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 7 novembre.. 5',1 S. 1 Couvert. 0,1 Presq. couv., pluie de 7 h. à 9 h. 5/A, lég. brouil. jusq. 7 h.; transp. atm. 3 k. à 13 h.
- Mardi 8 6%3 N. 2 Couvert. 5,1 Tr. nuag. de 11 à 14 h., couv. av. etap., atm. trouble à 13 h.
- Mercredi 9 6', 4 E. N. E. 1 Couvert. 0,0 Nuag. jusq. 5 h., et à 20-21 h., couv. le reste du t., goût, de 16 h. 1/2 à 17 h.; pi. à part, de 21 h. 1/2.
- Jeudi 10 8*,2 N. E. 1 Couvert. 2,9 Couv. le m., tr nuag. le s., brouill. à partir de 18 h.
- Vendredi 11 9*,1 N. W. 1 Couvert. 0,0 Couv., transp. atm., 2 kil. de 10 à 13 h., pet. brouill. le reste du temps.
- Samedi 12 8*, 8 W. 1 Couvert. 0,2 Peu nuag. de 13 à 16 h., couv. avant et ap.; brouil. jusq. 10 h. de 100 m. à 7 h., un p, de pl. à 22 h. Couv. jusq. 21 h., peu nuag. ens., brouil. jusq. 10 h. de 500 m. à 8 h.
- Dimanche 13 7*,2 S. 2 Couvert. 0,0
- NOVEMBRE 1892. - SEMAINE DD LUNDI 7 AU DIMANCHE 13 NOVEMBRE 1892
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0. au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé. thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- I.eB inondations dans le Midi de la France. — A la suite des pluies torrentielles tombées dans la nuit du 8 au 9 novembre sur tout le département des Pyrénées-Orientales, plusieurs cours d’eau ont débordé. A Prades, la Tet a emporté le canal de l’usine électrique et diverses passerelles. De Prades à la mer, la Tet a raviné ou emporté des champs, des bois, des vignes, des jardins A Neffiach, une maison s’est écroulée. Les dégâts ont été considérables, particulièrement à Perpignan, où des maisons habitées par des ouvriers se sont écroulées, au Pont-Bouge. L’Agly surtout s’est signalée par ses ravages. Celte rivière et son affluent, la Boul-zane, ont emporté ou ensablé les propriétés riveraines. Sur le'territoire de Saint-Paul-de-Fenouillet, une partie du pont de la Fou et de la route départementale ont été dévastés. Près de Saint-Paul, tout le vallon de Pessigo a été ravagé. A Estagel, l’Agly a envahi les bas quartiers ; il y
- avait 2 mètres d’eau dans la gendarmerie. On a eu beaucoup de peine à sauver les habitants et les gendarmes bloqués par les eaux dans les quartiers de la Poste. La rampe du pont de Rivesaltes a été emportée ; tous les bas quartiers de la ville ont été inondés. A Torreilles, deux hommes qui travaillaient à dégager le pont sont tombés dans l’Agly et ont été entraînés à la mer sur un tronc d’arbre. On n’a pas pu les sauver. Au Château-Roussillon, près Perpignan, un jardinier I été noyé. Les dégâts, pour le département, s’élèvent à plusieurs millions. A Céret, le Tech a tout raviné. L^eau montait à 2",50 dans les maisons riveraines. Lorsque l’eau s’est retirée, il y a eu 1 mètre de vase dans les appartements. Dans une ferme, les habitants ont été sauvés avec peine. A Amélie-les-Bains, le Mondony et le Tech ont enlevé les travaux de l’usine électrique. La tempête a été effroyable sur les côtes. La neige a recouvert le sol dans le haut arrondissement de Prades. La pluie est tombée pendant plusieurs jours en grande abondance dans toute la contrée.
- PHASES DE LA LDNE : D. Q. le 11, à 10 h. 11 m. du matin.
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- Réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- AVIS DE I/ADMIMISTRATIOW. — L’échéance du 30 novembre étant une des plus chargées de l’année, nous prions instamment MM. les abonnés dont l’abonnement se termine avec le numéro du 26 novembre (n° 1017) de nous faire parvenir soit par leur libraire, soit directement, le montant de leur renouvellement avant cette époque. Une quittance, pour une même durée que l’abonnement précédent sera, à Paris et dans les départements, présentée dès les premiers jours de décembre aux abonnés qui, préférant ce mode de recouvrement, n’auront pas avant le 3 décembre renouvelé jou donné ordre contraire.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées à M. Gaston Tissandier, 50, rue de Châteaudun, à Paris.
- ; VARIÉTÉS
- | Utilité des feuilles mortes. — Les feuilles ne se détachent de l’arbre que lorsque leur sève est épuisée. Elles n’ont alors presque aucune valeur nutritive et, même comme litière,
- | ne peuvent rendre que de maigres services. Au contraire,
- I laissées sur le sol, au pied des arnres qui les ont fournies, les feuilles mortes, en se tassant, deviennent d’abord, contre le froid, un abri naturel des mieux appropriés aux racines et au gazon qu’elles recouvrent de leur tissu poreux ethygroscopique. Retenant d’énormes quantités d’eau (82 à 94 pour 100), elles constituent comme un réservoir où s’emmagasinent les pluies et les neiges fondues, ainsi que les matières nutritives qu’elles tiennent en dissolution, humidité fécondante qu’elles rendent [ peu à peu à la terre au fur et à mesure que celle-ci, en dessé-J chant, l’absorbe par capillarité. Leur couleur même augmente le pouvoir absorbant du sol pour la chaleur et la lumière, ces I deux agents principaux de la végétation. Ce n’est pas tout. Les | racines, en empruntant continuellement au sol les substances , nécessaires à la nutrition des végétaux, l’appauvrissent gra-! duellement et l’épuiseraient tout à fait, si l’humus résultant de | la décomposition des feuilles ne lui restituait une partie de ces i éléments. Les forets, où la végétation reste toujours vigoureuse j tout en enrichissant constamment le sol en terreau, sont un des ( plus frappants exemples du rôle immense que jouent les feuilles < mortes dans l’économie de la vie* végétale. Le maigre parti { qu’on cherche à en tirer pour la litière ou l’alimentation de I bétail ne compensera jamais les avantages qu’auraient procurés j leur séjour sur le sol et leur incorporation à la terre.
- | INFORMATIONS
- | —fé— M. Paul Dive, pharmacien à Tunis, nous adresse la Note
- ! suivante au sujet de l’article que nous avons publié ici même sous ( le titre Alimentation exotique (n° 1015, du 12 novembre 1892) : î « Un industriel ou une Compagnie qui voudraient imiter ce que font ( les Anglais avec l’Australie, dans la Régence de Tunis, où les Fran-J çais, je pense, pourraient être autantcliez eux que les Anglais le * sont en Australie; ces industriels, dis-je. feraient de beaux béné-( fices. Les perdreaux qui se vendent 3fr,50 ou 4 francs en France • valent 50 centimes à Tunis où on en a autant qu’on en veut. Toutes | les variétés de gibier de France sont abondantes et à vil prix tant i dans le Nord que dans le Sud de la Tunisie. »
- —Nous avons signalé précédemment (n° 1015, du 12 no-| vembre 1892), une horloge entièrement confectionnée en papier.
- ) Un habile mécanicien, M. Henry, à Longuvon, a confectionné il , y a quelques années un objet analogue. M. Ilenry nous a transmis ( le mouvement de son horloge. Toutes les roues sont en papier ; les
- plus fortes sont découpées dans des calendriers de la poste et les plus petites dans du bristol. L’horloge a marché parfaitement pendant plus de deux ans, les variations ne dépassaient pas une minute par mois.
- —Lors d’une des dernières séances de la Société zoolopique de Londres, il a été donné lecture d’un Mémoire descriptif présenté par sir Edward Newton, K. G. M. G., C. M. Z. S., et M. le Dr Ga-dow, F. R. S-, F. Z. S., d’une collection d’os du Dodo et d’autres oiseaux éteints de Maurice, qui, après avoir été trouvés dans la Mare aux songes, en cette île par les soins de M. Th. Sauzier, ont été par lui confiés à sir Edward Newton et au Dr Gadow pour être déterminés. La collection contient des spécimens de l’atlas, de l’os métacarpien, de la vertèbre prépelvienne et de l’os pubis complet du Dodo, que l’on ne connaissait pas jusqu’ici ; ainsi que des restes additionnels du Lophopsittacus, de 1 ’Aphanapteryx et d’autres oiseaux que l’on savait avoir habité Maurice. Outre ces os, il faut ajouter ceux d’autres oiseaux, dont on ne soupçonnait pas l’existence, et parmi, les suivants, décrits aujourd’hui comme étant nouveaux : Slrix (?) Sauzieri, Aslur Alphonsi, Butorides Mauri-tianus, Plotus nanus, Sarcidiornii Maurinanus, et Anas Tkeo-dori; le tout formant une addition matérielle à la connaissance de la faune originaire de Maurice.
- —Le professeur Damseaux a présenté à l’Institut agricole de Belgique un Rapport sur les ressources imménses que la mer olfre à l’agriculture, en engrais concentrés tirés de la chair des poissons, cétacés, mollusques, etc. Pour utiliser cet engrais, il s’agirait de convertir tous les débris des poissons en une masse poudreuse, sèche, inodore. Cette industrie est en bonne voie en Belgique, d’après M. Damseaux, au moyen de 50 millions de morues pêchées annuellement sur les côtes norivégiennes. On en extrait alors l’huile, puis la chair qu’on sale pour la consommation ; on réserve pour l’engrais, les têtes, les queues, les épines dorsales, la charpente osseuse. Le tout est séché et réduit en poudre, constituant ainsi un guano inodore, ayant une teneur de 9 à 10 pour 100 d’azote ; 12,65 pour 100 d’acide phosphorique, 10,48 pour 100 de potasse. C’est donc un bon type dVngrais complet, contenant, en plus, de la potasse, qui peut être utilisée pour les légumineuses, les vignes, les lins, les houblons, etc. Il se vend 22 francs les 100 kilogrammes.
- —Sjè— M. L. Kerval nous donne dans le Tourangeau d’intéressants renseignements sur la culture des Carottes fourragères de Touraine. Les trois variétés : longue de Flandre, blanche à collet vert et blanche des Vosges, sont les plus cultivées. On cite un rendement extraordinaire de la variété blanche à collet vert. En 1891, M. Moi-sant récolta 288 900 kilogrammes de carottes, sur 4 hectares et demi dé terrain, ce qui veut dire une production de 61200 kilogrammes par hectare. Les racines varient en grandeur et en poids ; pour cette dernière, entre 350 grammes et lk*,500.
- —Sjè— Tous les journaux de Londres ont reproduit, dans ces derniers temps, les détails de l’apparition d’un serpent de mer mesurant plus de 60 mètres de longueur, qui aurait été aperçu sur la côte occidentale d’Afrique en plein jour, très distinctement, par les passagers et l'équipage du paquebot Angola, qui faisait le service de la-malle. La longueur de l’animal est probablement exagérée, mais les serpents de mer ne sont pas une fiction. Nous renverrons nos lecteurs à l’article que nous avons publié sur les serpents de mer dans notre n° 175, du 7 octobre 1876, p. 289.
- —Le Gouvernement japonais vient de commander aux Forges et Chantiers de la Méditerranée douze canons de 27 centimètres, en acier, système Canet, qui sont destinés à l’armement des côtes.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- Communications. — M. Gulaz, à Comba (Congo français), nous écrit que dans la contrée on a recueilli une racine d’igname pesant 25 kilogrammes c'est un poids extraordinaire, et le fait mérite d’étre mentionné.
- M. G. Laloyer, au Mans, nous adresse un spécimen de carte de visite photographique. Dans un coin se trouve le portrait .entouré de fleurs qui l’encadrent, et au milieu une suscription. Sur les côtés, dans le bas, la date et le nom de la ville. On a reproduit un portrait autour duquel on a placé une branche de fleurs naturelles. À signaler à l’approche du jour de l’an.
- M. Cattori, à Paris, nous communique les résultats de ses recherches sur l’énergie électrique appliquée à la traction des véhicules sur voies ferrées et spécialement aux tramways urbains. (Zech, imprimeur, à Braine-le-Comte (Belgique).)
- M. D. Moreau fils, à Lyon, nous envoie la photographie d’un paysage, faite au clair de lune ; l’épreuve est un peu foncée, mais les nuages sont très nets. C’est à tort qu’un journal spécial a déclaré qu’il était impossible d’obtenir l’impression d’une plaque au clair de lune.
- Renseignements. — M. C. R., à Arpajon. — Vous trouverez les renseignements que vous désirez avoir dans le beau livre de Paul Bert La pression de l’air. (G. Masson, éditeur.)
- M. Foulard, à Parcé-sur-Sarthe. — S’adresser à l’inventeur désigné dans l’article.
- M. R. Besse, au Bugue (Dordogne). — Le fruit que vous nous avez envoyé pour le déterminer, est désigné vulgairement sous le nom de Orange des osages. C’est le Maclura auran-tiaca, de la famille des morées. Introduit de l’Amérique du Nord, cet arbre vient parfaitement chez nous et encore mieux dans le midi de la France. C’est un arbre vigoureux à bel ombrage et excellent pour faire des haies. Le fruit mûr sent bon, mais n’est guère mangeable.
- Un abonné, à Nancy. — 1° Revue générale des chemins de fer, 49, quai des Grands-Augustins. — 2° L’aéronaute, 91, rue d’Amsterdam, à Paris ; et la Revue de l'aéronautique, à la librairie G. Masson.
- M. le prince A. Lieven, à Saint-Pétersbourg. —Nous n’avons pas de renseignements à ce sujet; mais nous allons en chercher.
- M. G. Conty, à Paris. —- Un manuel complet, tel que vous le désirez, paraîtra prochainement à la librairie Bernard Tignol.
- L’abonné 554, à X. — Plusieurs dispositions de ce genre ont déjà été imaginées. Remerciements.
- Un lecteur, à Grignon. — 1° Nous ne connaissons pas d’appareil de ce genre; il n’en a pas été décrit dans La Nature. — 2° Pas de recette à ce sujet.
- M. G. P., à Paris. — Vous trouverez plusieurs modèles de lampes chez M. Lippert, 1 bis, rue des Coutures-Saint-Gervais.
- M. M. Ambrogioni, à Merate (Italie). — Adressez-vous à M. Th. Belin, libraire, 29, quai Voltaire, à Paris.
- Un abonné, à Rennes. — La puissance de la turbine sera un peu faible; la dynamo ne pourra produire que 50 volts et 1 ampère.
- M. F. A., à Paris. — Il faut exposer le vêtement à des vapeurs ammoniacales, dans une écurie, par exemple.
- M. L. Marissiaux, à Avesnes. — Pour avoir ce renseignement, consultez le constructeur, M. Desmarais, 29, rue de Londres, à Paris.
- M. A. Larrieu, à Bordeaux. — Nous ne croyons pas que cette question ait été spécialement traitée dans un ouvrage particulier.
- M. A. Carmouze, à Argelès. — Pour ce qui concerne les annonces, il faut vous adresser à l’Office de publicité, 9, rue de Fleurus, à Paris.
- M. Monier, à Paris. — Voyez l’article que nous avons publié sur la jeune fille électrique (n° 976, du 15 février 1892, p. 171). M. F. A. -S., à Nice. —• Consultez les articles que nous
- avons donnés sur la quadrature du cercle (n° 870, du 1er février 1890, p. 154; etn° 872, du 15 février 1890, p. 165).
- M. G. Le Cadet, à Saint-Genis-Laval. — Il faudrait vous adresser à M. le Président de la Société des architectes de Vienne (Autriche), en le priant de faire parvenir votre demande à M. Schromm.
- M. A. Gautier, à Marseille. — Renseignez-vous directement auprès de l’auteur de l’article, 21, avenue Reille, à Paris.
- M. G. Chenet, à Paris. — Votre système est ingénieux, mais il n’est pas nouveau. Il existe une quantité de fermetures basées sur le même principe.
- M. Godefroy, à Paris. — Ecrivez vous-mème à M. le professeur Richet, à la Faculté de médecine.
- M. C. Collé, à Marseille. — Les explications données sont très simples; il est difficile d’exposer autrement le sujet. Veuillez nous adresser quelques questions sur les parties que vous n’avez pas comprises ; nous essayerons de vous donner satisfaction.
- M. J. Lunel, à Carpentras. — Des faits semblables ont souvent été observés. Remerciements.
- M. A. Couvert, à Paris. — Votre appareil peut, en effet, être très utile ; nous en avons déjà décrit un grand nombre du même genre.
- M. A. Michéa, à Paris. — M. Radiguet, 15, boulevard des Filles-du-Calvaire.
- M. P. Negrin, à La Bocca (Cannes). — Voyez la description du moteur à pétrole publiée dans le n° 911, du 15 novembre 1890, p. 571.
- M. A. Privât, à Valparaiso. — Les renseignements donnés dans la description du procédé suffisent, il s’agit de précautions à prendre; nous n’avons pas d’autres détails.
- M. L. de Roussel, à Versailles. — Les constructeurs ont certainement dû trouver quelque inconvénient à la disposition que vous mentionnez puisqu’ils ne l’ont pas adoptée.
- M. E. C., à Nancy. — 1° M"e Jacquot, à Remiremonf. — 2° Nous ne croyons pas que cette pile soit encore dans le commerce.
- M. P. S. D., à Reims. — Nous allons prendre des informations.
- M. J. V. Branco, à Mafra (Portugal). — Il est nécessaire de faire des mesures expérimentales pour avoir cette donnée.
- M. H. Lulfi, à Janina. — Adressez-vous à la librairie Hachette, 79, boulevard Saint-Germain, à Paris.
- M. Boscher, à Paris. — Consultez les adresses relatives aux appareils décrits en tète de la Boîte aux lettres du même numéro.
- M. A. Lemaire, à Bordeaux. — 1° Ce générateur nous est inconnu. — 2° Tous nos regrets de ne pouvoir vous donner satisfaction, le journal non plié arrive tout fripé.
- M. P. L., à Orléans. — 1° Nous avons indiqué le calcul à effectuer dans la Boîte aux lettres du n° 986, du 25 avril 1892. — 2° On trouve quatre chevaux pour votre cas. — 5° Cette pile ne conviendrait pas.
- M. C. Krebs, à Berne. — Nous n’avons pas entendu parler d’autre nouvelle application.
- M. E. B. M., à Dijon. — Vous pourrez vous procurer plusieurs ouvrages de ce genre à la librairie G. Masson.
- M. L. Renard, à X. — II existe un grand nombre de calorifuges : liège, mastics spéciaux. Ils offrent tous à peu près les mêmes avantages.
- M. F., à Lisbonne. — Nous ne connaissons pas de livre spécial sur le sujet.
- Accusés de réception. — Avis divers : M. E. Mellet, à Saint-Bouize. Nous n’avons pas d’autre adresse que celle précédemment indiquée. — M. A. P., à Liège. S’il s’agit d’un ouvrage élémentaire, le livre de M. Fernet vous conviendra. — M. F. V. M., à P. Vous trouverez les traités que vous demandez dans la collection, des manuels Roret. — M. B. ti-, à Plainfang; JH. B., à Pqi’is. Nous ne connaissons pas de fabricant à vous indiquer. — M. B. S., à Travers. Adressez-vous aux horticulteurs, quai de la Mégisserie, à Paris. — M. Fernique, à Noisy-le-Sec. La description d’une lunette astronomique est donnée dans les Recettes du n° 829, du 20 avril 1889; elle se trouve aussi dans les Nouvelles Recettes utiles. (G. Masson, éditeur.) —M. F. E., à S.; M. J. A. T., à Aix-les-Bains; M. A. Frcs-naye, à Marenla; M. H. Baudry, à Paris. Voyez les Recettes et procédés utiles, à la même librairie. — JH. H. Folliol, à Chablis. La Science pratique (même éditeur) indique plusieurs procédés pour peindre sur ciment. — M. R. T-, à Barcelone; JH. A. Gama, à Porto; M. E. Lamaury, à Gisors; JH. G. D., à B.; M. J. Oswald, à Wüstegiersdorf ; JH. Simon, à Châtonnay ; JH. J. L. Rurgos, à Castello Branco. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. — JH. A. Vernet, à Verdun; JH. F. Hersant, à Paris. Remerciements pour vos communications.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications.— Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INTENTIONS1
- Coupeur de verre à l'usage des photographes. —
- Les photographes, tant amateurs que professionnels, ont souvent à couper à dimensions exactes des feuilles de verre couvertes d’émulsion ou non. Or, cette opération, si simple en apparence, n’est pas sans présenter certaines difficultés, parmi lesquelles celle de couper d’équerre n’est certes pas la moindre. Nous présentons aujourd’hui un appareil fort simple, combiné par M. l’abbé Coupé et donnant à coup sûr les meilleurs résultats. Dans un cadre rigide À glisse, commandée par une crémaillère CC, une planche K couverte de feutre et portant de part et d’autre la graduation centimétrique et les pouces anglais. Une règle P, enlevable, mais qui, mise en place, est maintenue en position fixe par les buttoirs B, B, guidera le dia-
- Appareil pour couper les clichés photographiques.
- niant. En M sont des aiguilles fixées au cadre A, et placées de telle sorte qu’elles marquent exactement la place du trait du diamant en tenant compte de l’épaisseur de sa monture. Il est aisé de se représenter de quelle façon il faut faire usage de l’appareil. En tournant sur les boutons C, on amène devant les aiguilles M le point désiré de l’échelle graduée. On relève ensuite la règle P pour appuyer sur le rebord K la glace à couper. Puis on remet en place la règle P. Il suffit alors de donner le trait de diamant et le verre est coupé à dimension absolument exacte et suivant des lignes parfaitement parallèles. Le coupeur de M. l’abbé Coupé, que les amateurs de jeux de mots ne manqueront pas d’appeler le Coupeur Coupé, se trouve chez M. Louis Van Neck, constructeur, 10, Klapdorp, à Anvers.
- Gond d’arrêt pour persiennes.— Rien de désagréable comme les persiennes qui s’ouvrent, se ferment et frappent les murs sous l’action du vent. Le gond d'arrêt permet d’utiliser les persiennes pour s’abriter du soleil et de les empêcher de
- Le Stop ou gond d’arrêt pour les persiennes.
- battre; avec ce gond d’arrêt, nommé Stop, chaque côté peut être arrêté en six positions différentes. Le gond d’arrêt se compose de trois pièces principales : 1° une pièce C scellée dans le mur, percée d’un trou rond et munie d’une denture à sa partie supérieure ; 2° une pièce D, dépendant de la penture D' fixée au volet, ayant un évidement carré en son centre ; 3° enfin une pièce mobile E, dite noix, dont la partie inférieure est dentée de façon à pouvoir engrener facilement et sans jeu avec
- les dents de la pièce C ; cette noix porte sur le côté une queue E'qui entre librement dans une chappe ménagée à la penture D'. Lors du montage du gond, il est laissé entre les pièces C et D un jeu suffisant pour que la noix E puisse engrener et désen-grener complètement; la noix E est guidée dans son mouvement vertical, en bas par une tige ronde glissant dans le trou de la pièce C, en haut par une tige carrée glissant dans l’évidement de la pièce D; un vide suffisant, ménagé à la partie supérieure de cette pièce, permet de loger un fort ressort F qui tend continuellement à faire engrener ensemble les pièces E et C ; dès lors, ces deux pièces réunies n’en faisant plus qu’une, il est évident que le volet ne peut plus tourner ; pour le rendre libre d’évoluer, on soulève la pièce E en agissant sur la queue E', à l’aide d’un levier-came H tournant dans la chappe de la penture D' ; un plat ménagé à la came du levier lui permet de se maintenir dans la position horizontale du dessin, malgré la pression du ressort F et grâce à elle. Pour immobiliser le volet en une position quelconque, il suffit de relever le levier H qui prend alors la positionH'. — Le Stop se trouve chez M. F. Marchand, 31 bis, rue du FaubQurg-Montmartre, à Paris.
- Ouvreur automatique pour papier ù. cigarettes.
- — Le cahier de papier à cigarettes que nous représentons ci-dessous mérite d’être signalé au lecteur. 11 se nomme l'automatique, et porte l’inscription suivante : « Appuyez, ouvrez, une feuille s’élancera au dehors. » En effet, les feuilles de
- Cahier de papier à cigarettes VAutomatique.
- papier ne sont pas collées, mais posées les unes sur les autres, traversées par une petite lanière de caoutchouc; en fermant le cahier et en appuyant le doigt à l’endroit correspondant au point R de la figure, on fait adhérer une feuille sur une petite rondelle de cire sur laquelle reste attachée une feuille de papier; en ouvrant le cahier, la feuille est séparée comme le montre notre gravure. — S’adresser à M. L.-H. Paris, rue Gounod, 7, à Paris.
- BIBLIOGRAPHIE
- Le vingtième siècle. La vie électrique. Texte et dessins, par A. Robida. 1 vol. grand in-8°. — Paris, à la Librairie illustrée.
- On connaît l’œuvre humoristique de Robida, le Vingtième siècle, qui obtint un si légitime succès. Le spirituel auteur et incomparable dessinateur nous donne aujourd’hui une suite de cette œuvre attrayante, en publiant un second et magnifique volume portant comme sous-titre La vie électrique. La vie électrique au vingtième siècle, par Robida ! Le lecteur doit se rendre compte à l’avance de tout ce que le livre lui réserve de surprises inattendues, de fantaisies amusantes et de compositions où brille l’imagination la plus vive. Parmi les rêves de Robida, il en est plus d’un qui se réalisera dans l’avenir, à la façon de quelques-uns de ceux de Cyrano de Bergerac.
- Le problème de la vie, par M. le marquis de Nadaillac, correspondant de l’Institut. 1 vol. in-18. G. Masson, éditeur. — Paris, 1893. Prix : 3 fr. 50.
- A la façon de Montaigne, en tête de ses Essais, M. de Nadaillac écrit dans la Préface de son livre : Ceci est ung livre de bonne foy. L’auteur, dont nos lecteurs connaissent l’érudition et le talent d’exposition, cherche avant tout la Vérité, il s’efforce d’établir la nature tout à fait hypothétique de certains systèmes contemporains relatifs à l’origine et aux développements de la vie sur notre globe. Il fallait posséder, comme M. de Nadaillac, l’immense répertoire des sciences naturelles et les posséder à fond pour être à même d’offrir au lecteur, dans le cadre d’un réquisitoire critique, un résumé philosophique aussi complet, un exposé aussi intéressant que celui dont cetlivre est le modèle.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiaues est étrangère anv annnnras
- La responsabilité criminelle, par le Dr E, Cabaok. 1 vol. in-18. G. Masson, éditeur. — Paris. 1893. Prix • 3 fr. 50.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- Cours de chimie organique, par M. (Echsner de Coninck,
- Ïirofesseur de chimie organique à la Faculté des sciences de lontpellier. 1 vol. in-8°. G. Masson, éditeur. — Paris, 1895. Prix : 5 fr. 50.
- Revue technique de l'Exposition universelle de 1889, par M. Ch. Vigreux. Fascicules n°* 36, 37, 58, 39, 40, 41 et 2 atlas. 6 vol. in-8°. E. Bernard et Cie, imprimeurs-éditeurs. — Paris, 1892.
- Annuaire de l'électricité et des industries électriques. 1892. 1 vol. in-8°. — Administration, 16, rue Saint-Marc, à Paris. Prix : 10 francs.
- Lumière, couleur et photographie, par L. Calmette, agrégé des sciences physiques et naturelles. 1 vol. in-16 delà Biblio-
- thèque générale de photographie. Société d’éditions scientifiques. — Paris, 1893.
- Les vacances d'un médecin, par M. le Dr E. Guiboüt, ex-médecin de l’hôpital Saint-Louis. Il8 série, 1892. Algérie. Tunisie. Sicile. Italie. 1 vol. in-16. G. Masson, éditeur. — Paris, 1892.
- Manuel technique de massage, par M. le Dr J. Brousses, médecin-major de 2e classe. 1 vol. in-18, G. Masson, éditeur. — Paris, 1892.
- Guide pratique de l'amateur électricien pour la construction de tous les appareils électriques, par E. Keignart. 1 vol. in-16, 2e édition. J. Michelet, éditeur. — Paris, 1892. Prix : 3 francs.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Saint-Maur, altitude, 49a,30). — Bureau oentral météorologique de Franoe.
- OBSERVATIONS A 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DD CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 14 novembre.. 7*,7 S. E. 2 Couvert. 0,0 Très nuageux.
- Mardi 15 l(P,l S. 2 Peu nuageux. 0,0 Couv. de 13 h. à 19 li.; nuag. av., beau ap., gouttes de 15 h. à 17 h. 1/2.
- Mercredi 16 U*,0 S. S. E. 3 Presq. couvert. 0,0 Presq. couv. le m., couv. le s., gouttes de 15 h. 1/2 à 18 h.
- Jeudi 17 9*,6 S. 0 Nuageux. 0,1 Presq. couv., le m., gouttes un peu avant 24 h.
- Vendredi 18 9*,1 W. N. W. 2 Couvert. 0,0 Couv. jusq. 13 h., puis tr. nuag., beau ap. 21 h.
- Samedi 19, 5 E. N. E. 2 Couvert. 0,0 Couv., brouill. jusq. 8 h., de 600 mètres à 7 h.
- Dimanche 20 7*,0 W. S. W. 1 Couvert. 0,0 Couv. de 4 h. à 10 h., nuag. av. et ap. jusq. 21 h., beau ensuite.
- NOVEMBRE 1892. - SEMAINE DD LDNDI li AD DIMANCHE 20 NOVEMBRE 1892
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- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent: courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0. au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
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- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tremblement de terre en Italie. — Des secousses de tremblement de terre ont été ressenties dans l’île Ponza, en Italie, dans la nuit du 15 au 16 novembre. Elles ont été accompagnées de sourds grondements, qui se sont prolongés pendant quelques minutes, et notamment encore dans la journée du lendemain. La population effrayée s’est enfuie dans les champs.
- Inondations en France. — Les inondations, qui ont déjà fait au commencement du mois de nombreux ravages dans le midi de la France, ont encore continué. Par suite de la pluie torrentielle tombée dans la nuit du 16 au 17 novembre, le Gardon a débordé et s’est répandu dans les plaines aux environs d’Alais (Gard).
- L>a pluie en octobre 18AX. — Le service hydrométrique central du bassin de la Seine a publié un tableau des hauteurs de pluie tombées pendant le mois d’octobre dernier. Elles ont partout dépassé la moyenne mensuelle correspondante des années antérieures (1859, 1865 ou 1876 à 1890). Les villes où il est tombé le plus d’eau sont Chàteau-Chinon (238 millimètres, alors que la moyenne des trente années précédentes est de 121 millimètres), Sens (184 millimètres ; moyenne, 60 millimètres), Langres (182 millimètres; moyenne, 102), Troyes (168 millimètres; moyenne, 56), Coulommiers (159 millimètres; moyenne, 70), Dreux (158 millimètres ; moyenne, 53), Clamecy (156 millimètres ; moyenne, 71), Paris (156 millimètres; moyenne, 57), Reims, Beauvais et Rouen (129 millimètres, alors que leur moyenne respective est de 52, 59 et 74millimètres). La ville ou il est tombé le moins d’eau est Hirson (Aisne), où l’on n’a compté que 90 millimètres, alors que la moyenne des années précédentes s’élève pourtant à 81 millimètres.
- PHASES DE LA LUNE : N. L., le 19, à 1 h. 28 m. du soir. Apogée, le 18.
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