La Nature
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- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
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- ET DE LEURS
- LA NATURE
- APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRÉ
- Paris. Un an. . — Six mois,
- ABONNEMENTS
- 20 fr. » Départements. Un an.
- 10 fr. » — Six mois
- Union postale. Un an. — Six mois
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- Prix du numéro : 50 centimes
- LES CINQUANTE ET UN VOLUMES PRÉCÉDENTS SONT EN VENTE
- AVEC LES TABLES DES DIX PREMIÈRES ANNÉES ET DE LA 2e SÉRIE DES ANNÉES SUIVANTES
- Paris. — Imprimerie Laiidre, rue de Fleuras, 9.
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- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRÉ
- DIRECTEUR
- HENRI DE PARVILLE
- VINGT-SEPTIÈME ANNÉE
- 1899
- PREMIER SEMESTRE
- PARIS
- MASSON ET C“, ÉDITEURS
- LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE
- 120, boulevard saint-germain, 120
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- ï>7e ANNÉE. — N* 1552.
- 5 DECEMBRE 18118.
- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- CHEMINS 1)E FEU DE MONTAGNE
- DE ZERMATT AU GORNERGRAT
- La Suisse est, bien entendu, le pays par excellence des funiculaires et des crémaillères. Chaque année
- apporte son contingent nouveau et il faut bien (pie le public approuve, puisque l’on construit toujours. H est bien clair que ce serait fini de ces entreprises si les touristes ne se servaient pas en foule des chemins de fer de montagne. Les vieux alpinistes sont,
- Fig. 1. — Chemin de 1er de Zcrinatt au Gornergrat. Station de Gorncrgral.
- il est vrai, dans la désolation. On perd les hautes Alpes ; toutes les cimes sont truquées ; encore un peu et nous serons devant des décors d’opéra-comique ! Et ils se plaignent et ils gémissent. En attendant, presque toutes les crémaillères font fortune et le grand public, qui hésitait jadis devant les difficultés des ascensions, va maintenant de plus en plus à la montagne. On escalade les hauts sommets tranquillement assis en wagon, ce qui permet d’admirer le
- 27e auuee. — 1e* semestre.
- paysage et d’éviter les grandes fatigues et les fluxions de poitrine. Ce que l’on transpirait à la montagne jadis, ce que l’on a mouillé de chemises de flanelle! On parvenait en sueur à 5000 mètres de haut ; on était à peine arrivé après des dix et quinze heures d’ascension et il fallait se hâter de redescendre. Maintenant on utilise bien mieux le temps gagné en montant vite et sans peine. On trouve d’ailleurs au sommet un hôtel confortable où l’on peut séjour-
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- ner. Laissons aux intrépides le mont Blanc. Et encore! Déjà à côté on construit un chemin de fer électrique qui portera les curieux de Chamonix au Montanvert, à la mer de Glace! On commence aussi à jouer de la crémaillère en France.
- En Suisse la crémaillère de 1898, la plus récemment établie par conséquent, c’est celle de Zermatt au Gornergrat. La vallée de Zermatt est incomparable de beauté. De tout temps, elle a eu ses fanatiques. Il n’y a pas encore très longtemps, on quittait le chemin de fer de la vallée du Rhône, un peu avant Brigue, à la station de Viège et avec le bâton ferré, on faisait en une étape Viège Saint-Nicolas et, dans son après-midi, seconde étape, jusqu’à Zermatt. Et il fallait bien marcher. Depuis 1891, on a eu pitié des petits pieds féminins et l’on a construit une voie à système mixte, voie ordinaire et voie à crémaillère qui de Viège à Zermatt, sur un parcours de
- 55 kilomètres, monte de l’altitude de 650 mètres à l’altitude de 1607 mètres, soit en rampe de 45 millimètres, soit en rampe de 125 millimètres. Ce chemin de fer aboutit à Zermatt même. Mais à Zermatt, c’est une autre affaire. Les touristes voient se profiler à leur droite le fameux mont Cervin (célèbre aussi par les accidents auxquels il a donné lieu), montagne en pyramide déchiquetée, d'une grande vétusté et d’une altitude de 4482 mètres. Et à gauche, tout le groupe du mont Rose, le rival du mont Blanc. Zermatt n’est qu’un point de départ comme Chamonix. On n’y va pas sans courir admirer un des panoramas les plus grandioses que Ton puisse imaginer. C’est classique. La principale excursion est certes celle du Riifel et du Gornergrat, d’où la vue s’étend admirable sur le mont Rose et sur les plus hautes cimes de la Suisse1.
- Avant 1898, il fallait une journée entière pour
- Station du Gornergrat
- (Altitude 3ot8mètres
- NORD
- .Pont métallique de 'P d'ouverture
- .station!
- Zermatt
- Transformateur
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- STATION
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- Tunnel
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- Ligne, à, haute tension; : 3 fis _ ôooo volts.
- Ligne, chutroUey : 2fz2s — Soo volts.
- Ligne, d'alLmentcUxoTv ; 2fils Soo volts.
- —= = Ligne téLéphonigue : 2fils (Aller et retour-J.
- Fig. 2. — Plan général du chemin de fer et des canalisations électriques.
- grimper sans discontinuité jusqu'au Gornergrat et en revenir; le Gornergrat est encore à plus de 1600 mètres de haut au-dessus de Zermatt. En été la route est envahie. Où va la foule va la Crémaillère ; ijiême quand la saison ne dure que trois mois pleins, l’entreprise peut être rémunératrice. C’est ce qu’ont pensé MM. Hang et Greulich qui obtinrent en 1895 la concession d’une ligne entre Zermatt (1609 m.) et le Gornergrat (3156 m.). On se mit à la besogne en 1896, et, cette année même, le nouveau chemin de fer était livré aux touristes dès le mois de juillet. En une heure et demie, on fait le trajet qui nous demandait encore l’année dernière, en souillant raisonnablement, plus de 4 heures pour atteindre l’arête rocheuse du Gornergrat, en face des splendides glaciers du mont Rose.
- Le tracé complet de la nouvelle ligne comporte 9 kilomètres et rachète une différence de niveau de 1600 mètres, généralement avec des pentes de 20 pour 100. 11 y a trois stations intermédiaires :
- Findelen, Riffelbach, et Riffelberg. Quelques travaux d’art ont été exécutés, plusieurs tunnels, des ponts, et notamment le viaduc que nous représentons, construit sur le Findelenbach et mesurant 120 mètres de longueur; le viaduc est à trois arches métalliques et surplombe de plus de 53 mètres le torrent de Findelenbach.
- La construction de la voie est due aux promoteurs de l’entreprise. Elle a 1 mètre de largeur avec crémaillère Àbt. Les travaux accessoires ont été confiés à des spécialistes et toute l’installation électrique a été faite par MM. Brown, Boveri et Cie de Zurich.
- Le nouveau chemin de fer est en effet à traction électrique et c’est précisément l’emploi de l’élec-
- 1 Le massif du mont Rose possède les cimes les plus élevées après le mont Blanc (4810 m.) En effet, Dufourspitze a 4658 mètres, le Dôme 4554 mètres, le Silbebast 4558 mètres, le mont Cervin 4482 mètres, et au mont Rose même, on note : le Nordlend 4612 mètres, le Zumsleinspitze 4575 mètres, le Signalkuppe 4559 mètres, etc. La Yunfrau que l’on considère à tort comme la plus élevée n’a que 4167 mètres.
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- Fig, 3. — Le viaduc de Findelenbach.
- tricité qui en a rendu ^'exploitation possible, c’est-à-dire rémunératrice.
- Au pied du grand viaduc représenté, à quelques cents mètres on a établi une usine hydraulique alimentée par les eaux du Findelenbach. La chute utilisée est de 100 mètres; une canalisation amène l’eau jusqu’au bâtiment des turbines. En vue de l’avenir, on a prévu une puissance motrice disponible de plus de 1000 chevaux. Chaque train exige au moins 180 chevaux; comme on peut avoir à en faire monter trois successivement, il faut compter le triple, soit 540 chevaux. Et pour les diverses pertes de transformation il faut encore de la marge. Le reste disponible sera sans doute utilisé pour l’éclairage de Zermatt. Les trois turbines actuelles sont à haute pression, à axe horizontal et font 400 tours à la minute; elles portent un régulateur spécial d’une grande sensibilité. A ces turbines sont reliés directement, par accouplement élastique, trois alternateurs électriques. L’excitation de ces alternateurs est obtenue par des machines spéciales à courant continu commandées aussi par des petites turbines indépendantes.
- Les alternateurs sont du type Brown. Le courant est triphasé et à la tension de 5400 volts. Cette tension est réduite à 540 volts pour les fils du trolley dans trois stations transformatrices, l’une dans l’usine même, l’autre au kilomètre 5, la dernière au kilomètre 8.
- Les courants produits s’en vont au plus court dans une canalisation qui ne suit pas le tracé de la voie ; mais de chaque station transformatrice part un feeder secondaire aboutissant aux extrémités des fils de trolley. Les courants reviennent par les rails.
- L’emploi des courants triphasés exige trois fds ; ici, on fait avec les rails une économie d’un fil. Les câbles aériens sont supportés au-dessus de la voie par des poteaux distants de 25 mètres. Yoilà
- l’électricité le long de la ligne et apportée par les trolleys à la locomotive.
- La locomotive électrique employée est d’un type nouveau et très remarquable. Son poids est de 1 0 tonnes ; elle se compose de deux moteurs indépendants développant chacun une puissance de 90 chevaux à 800 tours par minute. Les moteurs sont à champ tournant à six pôles. Chaque moteur actionne deux roues dentées qui engrènent dans les dents de la crémaillère Abt placée entre les deux rails. La réduction de vitesse a lieu dans le rapport de 12 à 1 au moyen d’engrenages. La vitesse du train est de 7 kilomètres à l’heure.
- Chaque train comporte : la locomotive, une voiture fermée de lre classe pouvant contenir 60 personnes et une voiture ouverte à rideaux de 2e classe emportant 50 personnes. Le train entier pèse environ 28 tonnes en pleine charge.
- Le chemin de fer de Zermatt au Gornergrat est intéressant au point de vue technique parce qu’il offre la première application des courants triphasés à la traction électrique avec crémaillère dans la haute montagne. L’exploitation très économique a répondu aux espérances des concessionnaires. Enfin cette ligne est à l’heure actuelle celle qui, en Europe, parvient à la plus grande altitude. On s’en rendra compte par les chiffres suivants que nous rappelons : Rigi 1750 m., Pilate 2155 m., Monte-Oeneroso 1659 m., Schynige Flatte 2070 mètres, Wengernalp 2064 m., Rothorn deBrienz 2552 m., Glion-Moye 1972 m., Stansherhorn 1900 m., Gornergrat 5156 m.
- Autre temps autres mœurs. On peut maintenant dîner à Paris et dès le lendemain coucher devant les glaciers éternellement blancs du mont Rose et du mont Cervin. La crémaillère a tout de même du bon.
- Henri de Parville.
- Fig. 4. — Châssis de la locomotive.
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- LES PHOQUES A FOURRURE DE LA RUSSIE
- Depuis quelques années, il s’est mené grand bruit autour des phoques à fourrure de la mer de Rering : les massacres qu’on en fait ont failli amener une brouille sérieuse entre les Américains et les Anglais. Les animaux qui, bien innocemment, sont ainsi une cause de discorde, sont ceux-là mêmes qui viennent se reproduire sur les rivages du groupe des îles Pribylof, groupe qui a été vendu, en 1867, par la Russie aux États-Unis. Jusqu’à cette époque, c’est bien à l’empire des Tzars qu’appartenaient toutes les côtes fréquentées par les phoques à fourrure au nord de la Californie, et l’industrie des peaux de ces animaux était entièrement monopolisée par la Compagnie Russo-Américaine. Les chasseurs de fourrures russes avaient découvert ces îles au milieu du siècle dernier, à une époque où elles étaient inconnues , môme des indigènes des côtes continentales : il s’agissait du groupe Commander, de certaines petites îles de la mer d’Okhotsk, de quelques îles de la chaîne des Kouriles et enfin du groupe Pribylof.
- Comme en 1870 la Russie a cédé les Kouriles au Japon, les territoires à phoques qui lui restent ne sont plus que les îles Commander (en russe : Koman-dorsky-Ostrova) et celles de la mer d’Okhotsk.
- Les premières, qui ont été désignées ainsi en mémoire de Bering, comprennent deux îles principales, Bering et Copper, situées au large de la côte Est du Kamtchatka, entre 5-4° 55' et 55° 22' de latitude nord
- et 165° 40' et 168° 9' de longitude est. Si nous voulions en donner une description détaillée, nous ne saurions mieux faire que citer le Bulletin of the United States Fis h Commission, qui, dans son volume XVI, a publié une monographie complète de M. Léonhard Stejneger, sur les îles russes où vivent les phoques à fourrure ; nous ferons de nombreux emprunts à cette remarquable monographie.
- Le climat de ces îles n’est pas particulièrement pénible, mais la température s'y élève peu, même en été, et il y règne constamment une grande humidité. Le naturaliste de l'expédition de Bering y avait découvert quatre mammifères particulièrement intéressants. D’abord, le phoque à fourrure dont nous reparlerons, puis le veau marin ou morse, F Hydrodamalis giyas, qui, dès 1768, au bout de vingt-sept ans par conséquent, se trouva complètement exterminé. C’était ensuite le lion de mer (Eu?nelopins stelleri), autrefois extrêmement abondant, mais qui a pour ainsi dire complètement disparu de ces parages, bien qu’il s’en rencontre encore un grand nombre sur les côtes du Kamtchatka. Quand Bering et ses compagnons abordèrent les îles Commander, la loutre de mer (Latax lu tris) y était tellement répandue que durant tout l’hiver elle assura la nourriture des équipages. Lorsque les survivants de l’expédition quittèrent le lieu de leur hivernage, ils emportaient avec eux plus de 700 peaux de loutres. Bientôt on vint massacrer ces animaux : on en tuait jusqu’à 1600 par an, si bien qu’en 1750 il n’en survivait plus que quelques-uns. Heureusement, aujour-
- Fig. 1. — Une rookerig le long des falaises de l'ile Copper.
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- LA NATURE.
- Fig. 2. — Une colonie de femelles et de jeunes dans l'ile de Bering.
- qu’un plateau rocheux sans ancrage, puis les îles Shantar, à 150 milles au nord-ouest du cap Élisabeth.
- De temps im-
- d’hui, on a établi des sortes de reserves à leur profit, des « colonies » où il est interdit de tirer des coups de fusil, de faire du feu, de fumer même, et le troupeau est tellement florissant qu’on peut sans inconvénient en laisser tuer 200 chaque année.
- Ajoutons un mot sur la population de ces îles : elle comprend 640 personnes environ, provenant des îles Aléoutiennes et de la côte voisine.
- Parmi les îles de la mer d’Okhotsk, celles où se rencontrent les phoques à fourrure sont : l’île appelée en russe Tiuleni Ostrof, à 11 milles au sud-ouest du cap Patience, qui n’est guère
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- mémorial, on peut dire, le phoque à fourrure (callotaria ur-sina) a été chassé par les indigènes du Kamtchatka ; mais il est certain que cette industrie toute spéciale a pris un essor extraordinaire quand s’est fondée la Compagnie Russo-Àmé-ricaine. Plus tard, en 1871, l’entreprise a été adjugée à une Société qui s’intitule : « Russkove Tovarishtchestvo Kotikovikh Prôna islof», ce qui signifie « Compagnie Russe des peaux de Jphoques ». Le contrat d’adjudication soumet de très près les agis-
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- La région et les itinéraires de pèche des phoques.
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- LA NATURE.
- sementsde la Compagnie à l’autorité dés fonctionnaires russes, et en particulier de l’Administrateur des îles.
- La Compagnie paye au gouvernement 10,58 roubles métalliques par peau (dont moitié par avance sur l’estimation de la récolte annuelle) ; de son côté, le gouvernement paye aux indigènes 1,50 rouble par peau. La direction, la surveillance des chasses est entre les mains du gouvernement, la Compagnie n’ayant pas autre chose à faire que de recevoir les peaux à bord de ses navires, en rejetant immédiatement celles qu’elle ne trouve point en bon état ; de plus, elle surveille la salaison des dépouilles, pour laquelle elle fournit le sel. Quand elle aura amené les fourrures à Petropaulski, d’où se font les expéditions définitives, elle ne pourra procédera celles-ci que sur présentation des certificats de l’administrateur de l’île attestant qu’elle a bien rempli toutes les obligations qui lui sont imposées par son contrat. Cet administrateur fixe le nombre de phoques qu’on pourra tuer, l’endroit, le moment où se fera la chasse, les gens qui y prendront part, le mode de salaison, de paquetage, etc. Ajoutons que la Compagnie a droit exclusif d’exploiter dans chaque île un magasin où elle vendra aux indigènes certains articles désignés par l’administration, et à un prix fixé par celle-ci, qui peut seule autoriser des ventes à crédit.
- L’administrateur dont nous venons de parler est secondé dans ses fonctions par un assistant, et il a à sa disposition comme force armée deux cosaques. Toutes les questions relatives aux captures de phoques sont tranchées par un règlement fort explicite : on y trouve, par exemple, les modèles des formules qui doivent être remplies par les chefs indigènes après chaque chasse, pour indiquer les moindres détails des captures; on y voit l’interdiction de laisser approcher les chiens des colonies de phoques (rookeries), de porter des souliers avec des clous sur le territoire de ces colonies ; on y spécifie une amende de 100 roubles-or pour la mise à mort d’une femelle, et de 10 roubles pour celle d’un petit.
- 11 est intéressant de donner quelques chiffres sur le nombre de fourrures exportées annuellement des îles russes depuis un certain nombre d’années ; nous pouvons dresser le tableau suivant, qui est fort éloquent dans sa brièveté.
- Aimées. Nombre de peaux. Années. Nombre de peaux.
- 1871 5 658 1801 36 815
- 1875 36 270 1802 31 244
- 1880 48 504 1803 32 786
- 1885 43 575 1804 27 287
- 1800 53 780 1805 17 710
- De 1871 à 1895 inclusivement, ces îles ont en somme fourni 918 690 peaux; et encore ne tient-on pas compte des navires étrangers qui viennent subrepticement marauder sur les côtes, massacrant indistinctement mâles, femelles, petits, et qu’il est firesque.impossible de saisir. Il faudrait aussi ajouter à ces chiffres ceux de la pèche pélagique, sorte de braconnage qui se fait non plus sur le rivage et dans les rookeries, mais dans les eaux territoriales
- des îles. C’est ce braconnage surtout qui décime les troupeaux de phoques des îles Commander, comme des îles Pribylof ; mais on est presque désarmé contre lui. M. Stejneger a pu, dans son étude, dresser une carte où sont localisées une partie des prises effectuées par des navires se livrant à la pèche pélagique.
- 11 serait curieux de suivre avec notre auteur les différentes phases de la vie des phoques à fourrure ; mais, comme nous devons nous borner, nous signalerons seulement avec lui la décroissance marquée de ces animaux dans les rookeries des îles russes. On tue trop de vieux mâles, et surtout la pèche pélagique cause des ravages formidables. Comme malheureusement dans bien d’autres circonstances, l’homme aura mal entendu son propre intérêt et tuera la poule aux œufs d’or. Daniel Rellet.
- LE GRAND PALAIS
- CHANTIERS DE CONSTRUCTION
- Dix-huit mois nous séparent encore du grand événement qui doit marquer d’une façon si brillante le commencement du nouveau siècle, et tous les esprits sont déjà tendus à la curiosité de connaître les merveilles qu’on nous prépare pour ce moment. Bien qu’en général, tout le monde se trouve d’accord pour reconnaître qu’une Exposition Universelle est une bonne et grande chose, il se trouve pourtant des personnes sur lesquelles les idées de progrès et de lumière n’ont pas encore complètement agi et qui se plaignent : Paris livré aux terrassiers, des arbres enlevés, la Seine recouverte (!) et bien d’autres doléances sont pour eux des sujets de lamentation. Un mot suffit pour avoir raison de ces dernières hésitations. Les expositions à Paris ont chaque fois doté notre capitale d’édifices importants, qui, sans elles, n’auraient jamais vu le jour. Le Palais de l’Industrie, aujourd’hui disparu, fut construit pour l’Exposition de 1855, le Trocadéro fut élevé en 1878, c’est pour 1889 que furent érigés ces deux monuments incomparables : la Galerie des Machines et la Tour de 500 mètres. Nous devrons enfin à la prochaine manifestation de l’Industrie et du Travail la création du Pont Alexandre III et de ces deux merveilleux Palais des Champs-Elysées.
- On se souvient qu’un premier concours pour l’Exposition de 1900 eut pour résultat immédiat la décision de la démolition du Palais de l’Industrie et la création d’une large avenue qui se prolongerait par un pont monumental situé suivant l’axe de l’Esplanade des Invalides ; ce projet de transformation des Champs-Elysées constitue le fond du plan d’ensemble de l’Exposition et son importance est telle qu’il absorbe, pour sa part, un grand tiers des dépenses totales. L’admirable débouché des Champs-Elysées sur la Seine, les deux chefs-d’œuvre d architecture du premier plan, et la perspective des palais de l’Esplanade aboutissant au dômedeMatisard formeront un décor du plus merveilleux ensemble
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- qui sera, à lui seul, le clou de l’Exposition de 1900.
- La démolition du Palais de l’Industrie une fois décidée, on ouvrit un deuxième concours pour la construction des palais qui devaient le remplacer. Les lauréats furent MM. Girault, Deglane, Louvet et Thomas qui, d’ailleurs, ont été immédiatement chargés de mener à bien, comme architectes, la construction de leurs œuvres.
- La grosse difficulté qui se présenta dès le premier moment et avec laquelle il va falloir compter jusqu’au bout, c’est le manque de temps. Pour bien construire des édifices aussi importants que ceux qui nous occupent, dix années ne seraient pas de trop ; il ne suffit pas, en effet, de concevoir une œuvre pour en faire un monument vraiment digne de ce nom, il faut l’étudier à fond, recommencer vingt fois les plans et les façades sur le papier avant de livrer un
- seul dessin aux entrepreneurs, revenir souvent sur les détails d’architecture et d’ornementation, et n’arrèter les grandes lignes que lorsque les plus petits détails sont fixés. Quand on commença l’ouvrage, trois années à peine nous séparaient du 15 avril 1900 et il fallait atout prix être prêts pour cette date ; heureusement que la compétence des artistes qui ont assumé la responsabilité d’un tel travail est à la hauteur des difficultés. Aujourd’hui il n’y a plus de crainte à avoir, les travaux de maçonnerie sont presque terminés sur tous les chantiers du Palais, la sculpture est livrée aux spécialistes, et l’on n’attend plus que les constructeurs commencent la partie métallique de la couverture.
- Trois architectes se sont répartis le travail de construction du grand Palais. M. Deglane a eu le gros morceau, la partie antérieure donnant sur la nouvelle
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- Dépôt de moellons provenant de la destruction du Palais de 1 Industrie.^
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- Gerbage des pierres
- Abris pour les
- Pont Alexandre III
- \ sculpteurs______ ____
- de, la, I^oicoeJle, Auerute
- Fig. 1. — Plan du chantier de la partie antérieure du grand Palais.
- avenue ; M. Thomas la portion située sur l’avenue d’Antin ; quant à M. Louvet son rôle a consisté à réunir les deux palais par une construction intermédiaire. Les chantiers ont été également divisés en trois lots, et chacun d’eux s’est trouvé adjugé à un entrepreneur différent. La portion postérieure, quia été commencée la première, a été confiée à M. Pra-deau, la partie de M. Louvet à M. Chapelle, et la façade antérieure à MM. Manquette et Marlaud, les constructeurs hardis qui ont déjà réalisé quelques tours de force : c’est à eux, en effet, que l’on doit la construction complète d’un immeuble important de la ruedeRéaumur en 100 jours !
- L’organisation du chantier de cette partie du grand Palais mérite que nous nous y arrêtions quelques instants ; il est assurément le plus important qui ait été ouvert ces derniers temps, tant au point de vue du cube de maçonnerie à traiter que de l’ensemble de l’outillage employé.
- La quantité de pierres qu’il fallait débiter et mettre en place rien que pour la partie antérieure du grand Palais est évaluée à 17 000 mètres cubes, sans compter 10000 mètres cubes de maçonnerie en moellons, et 2 millions de briques. Les pierres sont de différentes provenances; les carrières d’Euville, de Lérouville, de Souppes et de Yillebois, ont été les plus mises à contribution. Mais toutes n’ont pas les mêmes qualités et ne peuvent dès lors être employées dans les mêmes conditions. La pierre de Souppes, par son grain très serré et résistant, est un calcaire d’une dureté à toute épreuve et dont l’emploi s’impose pour l’installation d’une première assise toujours plus soumise aux chocs et aux coups et qui, de plus, est directement exposée aux infiltrations de l’humidité du sol. La pierre de Lérouville a été employée pour les moulures: son grain, bien que plus tendre que le précédent, est très fin et résistant, il se prête merveilleusement au travail des
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- LA NAÎTRE.
- Fig. 2. — Le pont roulant.
- ravalleurs et fait ressortir toute la beauté d’un profil bien fini ; enfin, l’Euville, qui est une très bonne pierre, est très recherchée pour les parements ordinaires dans lesquels on n’a pas à exécuter des ornements importants de décoration ; elle est friable sous de petites épaisseurs et n'offre de résistance sérieuse qu’employée en masse comme pour la construction d’un mur.
- Les chantiers du grand Palais constituent dans leur ensemble une étude très intéressante au point de vue de l’installation générale et du maniement des pierres. Le plan ci-contre (voir fig. 1) montre la disposition des voies de services et remplacement
- Fig. 3. — La scie oscillante.
- des différents engins de manutention. La série des appareils du chantier permet de prendre la pierre qui arrive sur les chalands par la Seine, de la gerber, de la débiter et de la mettre en place sans avoir besoin de la poser une seule fois à terre : les grues, voies ferrées, appareils de sciage, etc., se suivent si bien que l’opération entière se fait pour ainsi dire automatiquement. Les chalands amenant la pierre viennent accoster, comme on le sait, contre l’esta-cade en bois construite spécialement pour cet usage, à proximité du Pont des Invalides. Une grue puissante de 10 tonnes vient prendre les blocs et les dépose sur les wagons d’un petit chemin de fer qui se ramifie sur tous les points importants des chantiers. Os trains roulent sur des voies de 1 mètre d’écar-
- tement et sont tirés par de véritables locomotives. Une fois chargés de pierres, ils quittent l’estacade, passent sous le tunnel du quai de la Conférence, et viennent, munis de leur chargement, s’arrêter à proximité des appareils de sciage, un pont roulant de 12 mètres d’écartement recueille ces pierres et se charge de les gerber entre les deux voies sur lesquelles il roule. Elles attendent ainsi que l’on ait besoin de les employer ; à ce moment le même pont roulant les reprend et les présente sur le plateau de la scie diamantée à vapeur. Le travail de cette machine est considérable : elle est capable de fournir une surface coupée de 7mî,20 en quinze minutes, tandis que pour arriver au même résultat avec une scie à main, il faudrait trois journées de
- Fig. 4. — La grue de 40 mètres.
- tailleurs de pierres. Une scie oscillante, également mue par la vapeur, est plus spécialement réserve'e au coupage des pierres tendres.
- La pierre, une fois débitée, est reprise une troisième fois par le pont roulant qui la charge sur les wagonnets; ceux-ci doivent alors la porter à pied d’œuvre où se trouvent des appareils de levage en nombre suffisant.
- Ces derniers sont de deux espèces : les grues et les sapines. Les premières sont mues à la vapeur à l’aide de générateurs placés sur l’appareil lui-même. Un des élévateurs est plus important que les autres ; il se compose d’une sorte de tour en fer dont la partie
- Fig. 5. — Halle d'accès de la partie postérieure du Palais.
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- LA NAÎTRE.
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- supérieure seule est mobile, elle atteint 40 mèlres de hauteur etTpeut élever des poids de 5 tonnes ; l'avantage de ees engins est de prendre la pierre à terre et de l’enchâsser exactement à l’endroit quelle doit occuper dans la construction.
- Une petite installation mécanique est installée aux abords du chantier.
- Elle est commandée par une locomohile de 80 chevaux qui sert à faire marcher les scies diamantées et oscillantes ainsi que deux dynamos de 130 et 230 volts.
- Ceux-ci donnent le courant, au pont roulant sur lequel se trouvent les appareils de mouvements, à des malaxeurs installés aux deux extrémités de la piste et aux appareils moteurs des sapines, qui doivent élever les pierres à la dernière assise construite. Une installation d'éclairage électrique sert au travail des journées trop courtes.
- Les lampes à arc ont peu fonctionné, car l’ouvrage s’est fait vite et régulièrement, il est même peu probable qu’elles soient utilisées d’ici la fin des travaux.
- Les craintes de relard qu’on avait émises au sujet de la dernière grève, ne tiennent pas debout. Ses effets ne se sont pas fait sentir au grand Palais, l’entrepreneur ayant dès le début payé aux ouvriers le salaire qu’ilsont demandé.
- Nous donnons une photographie (fig. 6) montrant l’ensemhle de la façade ; comme on le voit la maçonnerie est presque terminée, seul l’entablement supérieur manque, c’est l’affaire de six semaines. On enlèvera alors tout le matériel de manutention et on livrera le palais aux monteurs des fermes. Pendant ce temps le travail de ravallement se poursuivra sur les parements apparents, cette der-
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- LA NATURE.
- nière partie de l’ouvrage ne sera pas terminée avant le mois de juillet prochain, époque à laquelle on commencera la décoration intérieure. L’addition? — 20 millions... au moins!
- A. da. Citnh a.
- Ingénieur des Ai ls el Manufactures.
- LA TRANSMISSION DES MALADIES
- r.AR LES INSECTES
- Les maladies infectieuses et contagieuses sont causées par des micro-organismes, dont la connaissance s’agrandit chaque jour, depuis les premières études de Pasteur et de ses élèves. Mais si l’agent pathogène a pu être reconnu, cultivé par les bactériologistes, on n’a pas résolu pour cela son mode de pénétration dans l’économie.
- Les voies digestives, les voies aériennes sont de larges portes d’entrée, suivant que les micro-organismes sont apportés par les aliments, par l’eau ou par l’air, suivant qu’ils sont transmis par un contact direct. Le rôle pathogène de l’eau potable, par exemple, pour la fièvre typhoïde, est mis presque chaque année en évidence à Paris dans la saison estivale. Quand le service des eaux lance dans la circulation l’eau de Seine, on voit immédiatement la morbidité par accidents gastro-intestinaux, fièvre typhoïde, s’élever rapidement, les entrées de malades augmentent dans les hôpitaux; bien entendu, la mortalité voit sa courbe hebdomadaire se relever d’une façon parallèle. Des preuves similaires ont été données pour d’autres affections.
- Le rôle que jouent certains insectes dans la transmission des maladies est resté longtemps inconnu et a paru suspect, jusqu’au jour où les démonstrations apportèrent des preuves expérimentales décisives. On connaît de longue date la gravité des piqûres de mouches vertes, dites mouches à viande. Les recherches de Davaine avaient montré qu’elles pouvaient servir d’agents de propagation des affections charbonneuses ; d’après lui, une seule espèce, la musca vomitaria, serait responsable des cas de pustule maligne, de charbon observés dans ces conditions. C’était une erreur relative, car cette variété ne hante que les corps morts et ne vient jamais piquer les animaux vivants.
- Par contre, d’autres espèces, à trompe rigide et pénétrante, les stomoxes, simulies, glossines, hantent également, comme l’a prouvé M. Mégnin, les animaux sains et les cadavres et peuvent être des agents de transmission du charbon.
- Ces faits restèrent isolés et ce n’est que depuis les recherches de Manson sur la filaire du sang que l’on s’est occupé d’étudier le rôle joué par les mouches, les moustiques et d’autres insectes dans la propagation de certaines maladies.
- La filariose est une maladie caractérisée parla présence dans le sang d’un petit embryon nématode et qui se traduit par de la chylurie, de l’hématurie, de l’éléphantiasis des membres. Cet embryon provient d’une filaire mûre qui vit dans les vaisseaux lymphatiques : les germes pénètrent avec la lymphe dans le torrent circulatoire. Dans l’organisme humain, le développement du parasite ne dépasse pas la forme embryonnaire; il a besoin, comme plusieurs autres parasites, d’emprunter les services d’un hôte intermédiaire pour évoluer, se transformer. Or, cet hôte intermédiaire n’est autre qu’une espèce de moustique
- comme l’a démontré Manson, moustique grisâtre de 5 millimètres de long. L’embryon de la filaire, par un de ces phénomènes bizarres encore assez mal expliqués, ne se montre dans le sang que pendant la nuit; or le moustique ne commence à circuler qu’au crépuscule et est bien un animal nocturne.
- En piquant la peau, le moustique pompe du sang contenant l’embryon ; cet embryon se développe dans le moustique, se gorge de ses tissus, et se trouve, à la mort de l’insecte, qu’il provoque par son évolution et sa croissance, rejeté à l’état d’animal adulte, à la surface de l’eau, d’où il revient par la boisson dans le corps de l’homme.
- 11 n’y a qu’une variété de moustiques aptes à cette évolution ; des expériences de Meyer à l’hôpital de For-mose l’ont démontré d’une façon péremptoire.
- Voici donc une maladie grave, fréquente dans les pays chauds, dont la transmission est due au moustique.
- La fièvre jaune, d’après Finlay, serait non pas le résultat d’une infection aérienne, mais produite par les piqûres de moustiques, s’imprégnant du bacille en suçant le sang du malade, le bacille ictéroïde, étudié par Sanarelli et pouvant le transporter à des sujets sains ou le déposer sur des produits dont le contact ou l’absorption, s’il s’agit d’aliments, entraînent l’éclosion de la fièvre ama-rille.
- Le paludisme serait également une des maladies propagées par ces affreux moustiques. Le Dr Patrick Manson, le même qui a fait connaître les curieuses métamorphoses de la filaire, par l’intermédiaire des moustiques, a montré récemment que la malaria trouve dans ces insectes un agent de dissémination. Le parasite du paludisme, découvert par notre compatriote le Dr Laveran, est un hématozoaire qui se présente sous diverses formes, d’abord simple vacuole transparente qui devient un corps sphérique et enlève aux globules du sang le pigment dont il s’imprègne ; ces corps sphériques émettent des flagella, puis se modifient en forme de croissant, de rosace.
- Ces derniers corps constitueraient la forme habituelle ; les corps flagellés et en croissant seraient les formes morphologiques du parasite destinées à sa dissémination. Les uns et les autres en réalité ne forment qu’un seul et même parasite : les sphériques et les flagella se présentant dans le paludisme aigu, les corps en croissant dans les fièvres chroniques.
- Manson avait pensé que le parasite se développait dans le corps des moustiques qui vont alors l’inoculer à des sujets sains; il trouvait en effet le parasite dans les tissus de ces insectes. Des expériences très ingénieuses de Ronald Ross ont confirmé les vues du médecin anglais. En analysant le sang de moustiques ayant piqué des sujets atteints de malaria, dont le sang fournissait des corps en croissant, il constatait que ces corps, loin d’être digérés et détruits par les moustiques, se transformaient rapidement en corps sphériques avec flagella. Le moustique est donc un milieu de culture favorable au développement du parasite. Si l’on fait boire à un sujet de bonne volonté de l’eau dans laquelle on a fait macérer des corps de ces moustiques, le sujet présente au bout de 10 à 11 jours, le temps de l’incubation du paludisme, des accès typiques.
- Ross a confirmé ces premières données en poursuivant sur les oiseaux des expériences très ingénieuses. Les oiseaux, surtout dans les pays chauds, sont sujets à une infection plasmodique qui se caractérise par la présence dans le sang dç parasites tout à fait analogues à ceux de
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- LA NATURE.
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- la malaria, Yhaïteridium de Labbé et le proteosoma. lîoss recueille des moineaux ainsi infectés, il nourrit avec leur sang des moustiques et trouve dans le corps des moustiques, après un certain temps, les cellules pigmentées qui existaient chez l’oiseau; s’il prend des moineaux non infectés, l’estomac du moustique ne contient plus le parasite.
- 11 renverse alors l’expérience, prend des moustiques infectés par le proteosoma, les met en cellule avec des moineaux sains, dont le sang 11e contenait aucun parasite et quelques jours plus tard, comme conséquence des piqûres des insectes, les moineaux sont infectés, leur sang contient le proteosoma.
- Le Dr Joly cite du reste un fait qui a la valeur d'une expérience : un étudiant parisien vient, durant les vacances de 1895, à Cap-Breton (Landes), plage très saine. Avant de rentrer à Paris, il va chasser toute une journée près d'un étang fiévreux. 11 ne boit pas une goutte de l’eau du pays, mais il est criblé de piqûres de moustiques.
- 11 rentre à Paris le lendemain, et, huit jours après, il a un accès de fièvre paludique.
- Robert Koch, qui vient d’étudier dans l’Afrique du Sud la peste du bétail, admet sans restriction cette transmission du paludisme par la piqûre des moustiques. A vrai dire, ce n’est pas le seul mode d’infection et de propagation de cette maladie si répandue, mais c’en est un des plus importants. Le paludisme peut être comparé à la fièvre du Texas, spéciale au bétail, produite par la piqûre de la tique, et Koch a pu infecter des animaux sains avec des tiques prises sur des animaux frappés de cette maladie.
- D’après des recherches toutes récentes de Grass et Bignami, trois variétés de moustiques seraient dangereuses à ce point de vue : YAnopheles clovu/er, le Cule.r penicillaris et le Culex hortensis. Des expériences sur des sujets de bonne volonté avec des moustiques recueillis dans une région de paludisme grave, à Macca-rese, ont déterminé des accès de fièvre intermittente.
- Le moustique n’est pas le seul insecte remplissant un rôle pathogène et contaminateur. La mouche'vulgaire est, à cet égard, aussi dangereuse et aussi malfaisante; se promenant partout, sur les déjections, les matières en putréfaction, les déchets de tous genres, elle a les pattes, les ailes garnies des micro-organismes qui pullulent dans ces matières et va les transporter, les déposer, de droite, de gauche, au gré de son vol capricieux.
- La mouche peut transporter le virus de la peste, de la tuberculose, du choléra. En voulez-vous la preuve? Pendant la peste de Hong-Kong, Yersin prenait dans son laboratoire des mouches mortes, il arrachait les pattes, les ailes, les broyait dans de l’eau stérilisée : ce liquide inoculé à des cobayes les tuait de la peste et contenait en effet le coccobacille.
- Nuttal a nourri des mouches avec des aliments infectés par le bacille de la peste : ces mouches mouraient plus vite que les témoins. Par contre les punaises ne contractaient pas le virus et pouvaient, après infection, piquer des souris sans les contaminer. La piqûre des punaises ne transmettrait donc pas la peste; mais celle des puces serait dangereuse. Le D1' Simond pense que les puces viendraient servir d’agent de transmission entre l’homme et le rat. Le rat devient, comme on le sait, très facilement pestiféré et c’est par lui que se diffuse certainement ce tléau. Mais il ne semble contaminer l’homme que d’une façon indirecte et ce seraient les puces qui vivent sur lui et l’abandonnent à la mort qui se chargeraient
- du transport du bacille et de l’inoculation par leurs morsures.
- Des observations analogues ont été faites par Haushalter pour la tuberculose, par llankin pour le choléra. Les médecins américains attribuent à la même cause l’épidémie de fièvre typhoïde qui a sévi sur les troupes campées à Tampa, avant l’expédition de Cuba; mais on n’a pas vérifié l'exactitude du fait par des expériences et on a oublié peut-être de tenir compte de l'insalubrité de certains camps et de l’état d’impureté de l'eau potable.
- Joly rend les mouches responsables de la diffusion du bouton de Dehli, de l’ophtalmie d’Egypte, dont l’agent
- 1. Moustique (Cécidomyio du blé). — 2. Simulie cendrée.
- microbien serait répandu par les pattes, la trompe. Ce qu’il y a de sûr c’est qu’en examinant les différentes parties du corps d’une mouche, dans la région la plus saine, dans les campagnes les mieux aérées, les plus salubres, on les trouve toujours couvertes d'une infinité de germes, parmi lesquels des bactéries pathogènes, entre autres le staphylocoque. A plus forte raison quand on les recueille dans des salles d’hôpitaux, de laboratoires. N’hésitez donc pas à détruire cette vilaine engeance, capable d’engendrer de tels maux. D‘ A. Caktaz.
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- I/ËLECTROTACTISME
- L’action de l’électricité sur les animaux est encore mal connue. Cette étude, surtout en ce qui concerne les êtres inférieurs, conduirait sans doute à des résultats intéressants. Dans le but de favoriser de telles recherches — qui ne présentent pas de difficultés très grandes — nous allons résumer brièvement l’état de nos connaissances sur ce point.
- Plaçons, entre lame et lamelle, sous le microscope, une de ces Amibes (A) qui sont si fréquentes dans les mares et laissons-la au repos. Nous la voyons s’épanouir en une masse gélatineuse dont tout le pourtour se garnit de pseudopodes irréguliers avec lesquels l’amibe rampe à la surface du support. Faisons maintenant passer un courant électrique dans l’eau où elle se déplace. Si le courant
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- est trop fort, tous les pseudopodes se contractent. Mais, si le courant est faible, les pseudopodes du côté du pôle positif seuls rentrent dans la masse, tandis que ceux tournés du côté du pôle négatif continuent à ramper. De ce fait, l’amibe se déplace du pôle positif au pôle négatif (R) : on peut donc dire quelle est négativement électrotactique.
- E x a m i n o n s de môme uneTrachélo-monade (C) ; elle se présente sous la forme d'une masse ovoïde, un peu hérissée à la surface et munie d’un long fla-gellum effilé et tou-jours en mouvement : grâce à celui-ci, l’infusoire se déplace dans tous les sens.
- Si, maintenant, nous venons à faire passer un courant, nous verrons la Trachélomo-nade tourner lentement sur elle-même de manière à placer son flagellum dans la direction du courant, la tête tournée du côté de l’anode et se déplacer de l’anode vers la cathode : elle aussi, elle est douée d’un électrotactisme
- négatif. Des faits analogues ont été constatés avec
- B
- +
- H
- Expériences sur l’électrotactisme. — .4, amibe au repos; B, amibe se déplaçant sous l'action d'un courant; C, tracbélouionade ; D, dispositions qu’affectent les laramécies sous l’action d'un courant; E, disposition qu’affectent les paramécies à la tin de l’expérience ; F, G, H. trajectoires décrites par une paramécie sous Faction d’un courant de plus en plus intense ; I, paramécie.
- par venir s’accumuler tout près du pôle négatif. La rapidité avec laquelle se fait cette agglomération dépend de la force du courant : il y a d’ailleurs un
- minimum, un optimum et un maximum. Si le courant est trop faible, les infusoires ne réagissent pas ; s’il est trop fort, les infusoires sont en quelque sorte paralysés et ne peuvent se déplacer.
- Les expériences réussissent très bien avec les infusoires du genre Paramecium (I) : si l’on en met plusieurs sous la lamelle, aussitôt que le courant passe, on les voit se disposer en lignes plus ou moins arrondies qui réunissent les deux pôles : sous cette forme, la position des bactéries est tout à fait semblable à celle des grains de limaille dans l’expérience classique du spectre magnétique (D). Puis, peu à peu, cet ordre disparaît et les paramécies (E) vont s’accumuler au pôle négatif. Un remarque aussi un autre fait. Quand la paramécie n’est sou-
- mise à aucun courant, elle se déplace non en ligne
- nombre d’autres infusoires. Ceux- ci finissent toujours droite, mais en décrivant de lar ges sinuosités (F).
- NOM DE L’ANIMAL ÉLECTROTACTISME NOM DE L’ANIMAL ÉLECTROTACTISME
- Mollusques : Crustacés :
- Lymnæa stagnalis - Gi/clops H-
- Gastéropnde indéterminé. . . — Aseltus aquaticus A ut ficus fluviatilis ...... -H -+-
- Vers : Insectes :
- Lumbricus -f-
- Tubifex rividontm — Cori.rn striata -F*
- Ilirudo medicinalis — Ih/tiscus marqinalis -t-
- Branchiobdella parasitica . . Fl i/d rophit us pi ce us '
- Résultats d'expériences.
- Si l’on fait passer un courant faible, ces sinuosités deviennent plus manifestes (G). Enfin si le courant est très fort, la paramécie décrit des sinuosités encore plus marquées (H).
- Tous ces mouvements peuvent s’expliquer par le mouvement des cils vibratiles qui garnissent le corps de la paramécie.
- Les organismes dont nous venons de parler sont
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- tous négativement électrotactiques. 11 en est aussi qui le sont positivement, c’est-à-dire qui vont du pôle négatif au pôle positif. Cet électrotactisme positif se rencontre par exemple chez Polytoma uvella, Cryptomonas ovata, Chilomonas para-mec ium.
- Enfin, certains organismes se placent dans une position transversale par rapport à la direction du courant : cela peut s’appeler un électrotactisme transversal; il se manifeste chez un infusoire cilié, le Spirostromum ambiyuum.
- La plupart des organismes inférieurs sont donc sensibles au courant électrique et modifient leur locomotion en conséquence. En est-il de même des organismes plus élevés en organisation? Un grand nombre d’expériences ont été laites dans ce but et ont donné quelques résultats. Le tableau (page 12) en indique les principaux, les signes -+- ou -— indiquent le pôle vers lequel l’animal se dirige.
- Ces résultats auraient besoin d’être étendus à d’autres espèces.
- Néanmoins, ils montrent ce fait curieux qu’en général, les Mollusques et les vers sont négativement électrotactiques, tandis que les Crustacés et les Insectes le sont positivement, du moins autant qu’il est permis de généraliser après un si petit nombre d’exemples.
- Quelques expériences ont aussi été effectuées avec des vertébrés, des poissons ou des larves de grenouilles. On les plaçait dans une cuve, remplie d’eau, et dont deux des faces en regard étaient en zinc. C'est à ces faces qu’aboutissaient les fils de la pile. Lorsque l’eau était parcourue par un courant, on notait que les poissons ou les têtards avaient une tendance à diriger leur tète vers l’anode. Mais les résultats des divers auteurs ne s’accordent pas toujours, ce qui fait penser que le sens de l’électrotactisme chez ces animaux dépend beaucoup de l’intensité du courant.
- Il reste beaucoup à faire dans cette voie.
- Henri Cou pin.
- FILTRE PORTATIF SOUS PRESSION
- Nous avons déjà1 donné la description de l’Eden Filtre construit par la maison Prevet et Cie sous la direction de l’ingénieur chimiste Grandjean. Nous désirons faire connaître aujourd’hui à nos lecteurs un nouveau modèle de filtre portatif sous pression étudié par la même maison, ainsi que quelques modifications apportées aux dispositions primitives. La question de la filtration des eaux est si importante qu’on ne saurait négliger de faire connaître les divers progrès réalisés dans cette partie dès qu’ils se présentent.
- 11 est d’abord bien admis aujourd’hui, par tous les
- hygiénistes, qu’il ne faut pas constituer de grandes réserves d’eau, où celle-ci peut s e contaminer. Toutes les eaux, même les eaux de source, séjournant dans des réservoirs où ont séjourné d’autres eaux, peuvent également être contaminées. Pour fixer les idées, il nous suffira de rappeler que pendant l’été que nous venons de traverser, le service des eaux à Paris, pour satisfaire la consommation, a dû mélanger dans les réservoirs de l’eau de la Vanne, de l'Avre, de la Dhuys, de la Marne et de la Seine. On sait de plus que l’eau de Vanne qui contient à peine 700 microbes par centimètre cube à son arrivée à Paris en contient 212000 lorsqu’elle se déverse aux fontaines Wallace après avoir traversé tous les réservoirs et toutes les canalisations.
- La filtration des eaux s’impose donc dans tout intérieur domestique avant leur emploi. MM. Prevet et Grandjean ont pensé qu’il pouvait être utile dans certains cas de pouvoir disposer de suite d’une certaine quantité d’eau, et ils ont imaginé la petite fontaine portative que représente la figure ci-jointe. Ces appareils contiennent 5, 15 ou 25 litres d’eau sous pression et peuvent fournir par minute de 1 à 5 litres d’eau complètement stérile, se filtrant au sortir de
- 1 Yov. n° 1280, du 11 décembre 1897, p. 31.
- Filtre porlalit' sous pression. — 1. Coupe intérieure. — "2. Vue d'ensemble.
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- l’appareil. On voit toute l'utilité de ces fontaines dans les régions où ne se trouvent pas de distributions d’eau.
- Le n° 4 du dessin donne la coupe intérieure. En B est un bouchon à vis qui ferme l’orifice d’introduction de l’eau. Un tube intérieur descend de cet orifice à l’intérieur de la fontaine jusqu’au tiers de la hauteur; il limite le niveau N de la quantité d’eau à introduire. Autour de ce tube, il reste un espace qui forme la chambre d’air. La pression est faite dans cette chambre à l’aide d’une petite pompe à air de bicyclette ou autre que l’on ajuste sur la valve V. Lorsqu’on ouvre le robinet à la partie inférieure, l’eau est alors chassée par le tuyau à travers le filtre E et sort après avoir passé par l’élément filtrant.
- On connaît la disposition intérieure du filtre. L’eau traverse une série de coquilles de papier filtre et, en dernier lieu, une lentille de charbon végétal. Cette lentille est comprimée et ne renferme plus, comme dans les premiers modèles, une petite chambre intérieure. Les feuilles de papier sont retirées et remplacées au fur et à mesure quelles se recouvrent des matières que l’eau tient en suspension.
- Cette nouvelle disposition de fontaine-filtre portative sera très appréciée et est appelée dans des circonstances déterminées à rendre des services. L. Leroy.
- NÉCROLOGIE
- Latimer Clark. — Latimer Clark était un des plus illustres électriciens d’Angleterre. Né à Créât Marlow, le 10 mars 18*2*2, il est mort dans sa résidence de Westminster, à l’Age de 70 ans. Il commença sa carrière dans l’industrie chimique, puis il entra dans les chemins de fer en 1847, et en 1850 il était sous-ingénieur de la Electric Telegraph C°, où il s’adonnait à la télégraphie. Ses travaux furent nombreux et appréciés; on a de lui une étude remarquable sur le retard des signaux par suite des effets d’induction dans les câbles sous-marins, une étude sur l’influence de la température sur l’isolement des câbles en gutta-percha. On lui doit également l’isolateur à double cloche et la pile étalon. Il avait imaginé un système spécial d'unités électriques et il présenta à ce sujet une Note en 1861. Latimer Clark a été membre de la Société Royale et ancien président de la Society of Electrical Enyineers and Electricians de Londres. J. L.
- Trois nouvelles petites planètes. — Dans la nuit du 18au 10 novembre, MM. Wolf et Yilliger, d’Heidelberg, ont découvert un nouvel astéroïde qui portera probablement le numéro 445. Pendant la nuit suivante, ces deux astronomes ont aperçu le 444e, puis M. Wolf, assisté de M. Schwassmann, a trouvé le 445e. Ces trois astres se trouvent dans la région delà constellation du Bélier qui est située près de celle du Taureau et de la Baleine. Le premier est de treizième grandeur, le second de douzième et le troisième a un éclat intermédiaire. Ils ne peuvent être vus qu’avec de puissantes lunettes.
- Nouvelle comète. — La dixième comète de l’année a été découverte Je 13 novembre par un astronome de
- New Haven, M. Chase. C’est un astre de faible éclat, visible avec de grands instruments. 11 est situé dans la constellation du Lion, au nord de Béguins, et se meut vers l'est.
- Ta carte du ciel. — Une loi de 1891 a autorisé le travail de la carte photographique du ciel. Depuis cette époque, chaque année, les crédits indispensables pour cette opération importante ont été inscrits au budget de l’instruction publique. La période des travaux entrepris pour les recherches, les études et la préparation des clichés touche à sa fin. Il est maintenant nécessaire d’entreprendre la publication définitive. H résulte des calculs et d'un rapport présenté à cet effet par le comité des observatoires que la publication des clichés à longues poses, celle des coordonnées rectangulaires, celle des coordonnées équatoriales, et enfin de l’atlas photographique de lalune, entraînera une dépense de 2324000 francs, se décomposant ainsi :
- Llichés à longues poses. . Coordonnées rectangulaires. Coordonnées équatoriales. Atlas de la lune...........
- I 150000 francs 442000 —
- 582 000 —
- 150 000 —
- Des essais effectués en vue de la publication de la carte du ciel permettent d'affirmer que la publication des photographies célestes est possible. En fixant à vingt-cinq ans la durée de ladite publication, la dépense annuelle serait de 92960 francs.
- Une intéressante captnre ornithologique. —
- H s’agit là d’un événement véritable dans le monde des naturalistes, notamment en Nouvelle-Zélande : c’est la capture du quatrième spécimen entier et vivant qui ait jamais été faite de l’oiseau néo-zélandais appelé par les savants Notornis mantelli. Le nom fut primitivement créé par Owen, pour quelques ossements fossiles découverts dans ï’He Nord de la Nouvelle-Zélande ; plusieurs années après, en 1849, comme le raconte M. W. B. Benham dans Nature, M. W. Mantell put se procurer un spécimen tout récemment tué, capturé dans le sud-ouest de l’île du Milieu; la dépouille en est au British Muséum. En 1851, des Maories en tuèrent un second qui reste dans la collection nationale de la colonie; enfin le troisième fut pris en 1879 et acheté pour le musée de Dresde : le Dr À. B. Meyer a du reste déclaré que c’est une forme distincte du fossile primitif et l’a nommé notornis hochstetteri. Ces spécimens provenaient de trois points distants les uns des autres de quelque 150 kilomètres, mais appartenant à une même région dénudée. Ultérieurement un squeiette incomplet fut découvert, qui est au musée d’Otago, mais les indigènes de même que les blancs considéraient l’animal comme éteint. Quel n’a donc pas été l’étonnement quand, en août dernier, un chien a tué un quatrième spécimen dans un buisson avoisinant le lac Te Anan, toujours dans la même région que celle où les autres découvertes avaient été faites. Ce nouveau spécimen est une jeune femelle en excellente santé, au magnifique plumage, qui a été confiée aux soins de M. Benham. Nous n’avons pas besoin de dire que dans la préparation toutes les parties de l’oiseau sont scrupuleusement conservées.
- Le téléphone, de Manchester à Bruxelles, —
- H ne s’agit pas là d’une ligne nouvelle, mais d’une utilisation jusqu’ici non tentée des lignes existantes. Des opé-. rateurs se sont mis en communication directe entre ces deux villes, en empruntant les fils terrestres de Bruxelles
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- à Court rai, à Lille et à Calais, puis le conducteur téléphonique sous-marin, et enfin les fils terrestres anglais de Douvres à Manchester. Les expériences ont parfaitement réussi.
- Le poisson dans l'alimentation en France. —
- On néglige beaucoup trop en France la pisciculture et la consommation du poisson, dit le Chasseur Français. Dans une récente séance de l’Académie des sciences, M. berthelot appelle vivement l’attention de ses confrères sur un travail que présente M. llalland, pour signaler aux populations rurales la valeur alimentaire des poissons, que l’on néglige trop dans les fermes. Les citadins tendent de plus en plus à revenir à son usage. En 1800, Paris consommait 4000 tonnes de poissons et 10 000 tonnes d’huîtres, et ce chiffre déjà colossal augmente d’année en année. Les poissons gras, tels que l’anguille de rivière, contiennent jusqu’à 12 pour 100 à l’état frais de graisse ; les poissons maigres, tels que le brochet et la carpe, sont extraordinairement riches en matières azotées ; à l’état normal, le goujon en possède 15 pour 100, la carpe 10,40, le brochet 18 pour 100; à l’état sec le poids des matières azotées varie de 80 à 80 pour 100. Certains poissons de mer vont jusqu’à 95 pour 100. La viande de boucherie n’atteint pas le même chiffre. Si l’on compare les poissons à la pomme de terre, on voit que, de part et d’autre, la proportion à l’état frais est la même. A l’état frais, les substances amylacées du précieux tubercule sont remplacées poids pour poids par des substances azotées. Il est difficile de faire une critique plus mordante des dilapidateurs qui laissent dépérir la population animale de nos cours d’eaux et de nos étangs. Les aliments qu’on dédaigne sont sains, appétissants, et possèdent en outre une dose notable de phosphore.
- Les bicyclettes militaires allemandes. — Les
- cycles employés par l’armée allemande sont émaillés en noir mat, ou tout au moins brunis dans les parties qui ne peuvent être émaillées : cela réduit au minimum leur visibilité. Ils sont construits de manière à pouvoir porter 85 kilogrammes et à ne peser que 16 kilogrammes. Une curiosité à signaler, c’est que le constructeur qui les fournit les garantit un an, et, pendant cette année, exécute gratuitement toutes les réparations nécessitées par une malfaçon.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 28 novembre 1898. — Présidence de M. Wolf.
- Action des anesthésiques sur les plantes. — M. Gaston Donnier présente un travail de MM. Teodoresco et Coupin, auteurs de la découverte de l’action des anesthésiques non pas sur le fonctionnement, mais sur la formation de la chlorophylle. En cultivant des' plantes en pleine lumière, dans de l’air contenant une certaine proportion d’éther ou de chloroforme, MM. Teodoresco et Coupin ont obtenu des plantes étiolées et décolorées comme celles qui croissent dans l’obscurité, par exemple dans une cave. Ils ont, en outre, déterminé la proportion d’anesthésique qui pq«t être supportée dans l’air par les plantes.
- La marche des navires dans la brume. — On a récemment proposé ^utiliser la propagation des ondes électriques pour la transmission de signaux en mer, soit entre navires, soit entre un navire et la côte. Les transmissions de signaux entre la côte et les navires seraient assurément fort utiles en temps de brume. M. Mascart
- fait connaître un procédé imaginé dans ce but par un ingénieur électricien français au service de la Turquie. Si deux stations A et B, appelées phonophoriques par l’auteur, sont situées sur deux rochers assez éloignés, mais réunis par un fil électrique, ce fil électrique permettra de régler la production de signaux acoustiques, en A et B, de manière qu’ils soient simultanés. L’un de ces postes émet par exemple Yut et l’autre le mi. Un observateur placé sur un navire situé à une certaine distance entendra l'un après l’autre les deux signaux et les distinguera en raison des hauteurs différentes du son. L’intervalle de temps multiplié par la vitesse du son exprimera la différence des distances du navire aux points A et B. Si l’on se reporte à la définition géométrique de l’hyperbole, on voit que le navire occupe un point d’une hyperbole dont les foyers sont A et B et dont la différence des rayons vecteurs est connue. On peut donc graphiquement construire très vite cette hyperbole dont la connaissance suffira le plus souvent pour guider le navigateur. Si, de plus, en l’un des postes A, on émet les signaux acoustiques, simultanément dans l’eau et dans l’air, la différence des temps auxquels les deux catégories de signaux seront perçues, multipliée par la différence de vitesse du son dans l’eau et dans l’air, exprime la distance absolue du navire au point A sur le graphique. Un arc de cercle décrit de A comme centre, avec un rayon égal à cette distance, coupera l’hyperbole en deux points dont l’un sera la position exacte du navire. Cette méthode ingénieuse, dit M. Mascart, peut trouver son application en temps de brume, parce qu’alors l’air est très calme et permet la transmission des signaux .aériens à une assez grande distance.
- Varia. — M. Lœwy présente une Note de M. Bigourdan sur un procédé pour déterminer avec certitude la variation de latitude en un même lieu. — M. Lœwy présente également une Note de M. Hamv sur un procédé de mesurer des diamètres des petits corps célestes. — M. Matruchot indique une méthode expérimentale permettant d’obtenir la coloration du protoplasme.
- Ch. de Villedeuil.
- LE SECRET DU HAREM
- Voici un truc absolument inédit que nous avons inventé et présenté l’hiver dernier dans les salons et que nous dévoilons maintenant pour nos lecteurs.
- On apportait une grande caisse d’emballage qui était posée sur une petite table. Nous racontions alors l’bistoire extraordinaire d’une décapitation opérée en Turquie par ordre d’un vizir quelconque, de la tète recueillie et placée dans un coffre, et de la présence de ce coffre avec ladite tète toujours bien conservée et vivante dans la caisse d’emballage qui venait d’être apportée.
- Pour confirmer notre dire, nous allions ouvrir cette caisse qui, par suite d’une erreur des deux porteurs, se trouvait à l’envers, l’arrière en avant vers le public. Les porteurs rappelés revenaient et retournaient la caisse, ce qui donnait aux spectateurs l’occasion d’en voir tous les côtés et de vérifier sa parfaite continuité.
- La caisse était alors ouverte. Elle en contenait une seconde, puis une troisième, etc., qui ouvertes
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- successivement, secouées et glissées Tune dans l'autre pour prouver leur mobilité, laissaient voir un dernier coffre peint et orné de ferrures, que nous sortions des caisses et que nous apportions près du public.
- Ce colfre renfermait une tète de femme à coiffure orientale rouge et or avec sequins, etc., placée sur un coussin de peluche verte. Quand tout le public avait bien vu cette tête, le coffret était refermé, puis replacé dans les caisses. Celles-ci qui avaient été plus ou moins sorties l’une de l’autre, au moment de l’ouverture, étaient renfoncées. Le coffre était rouvert immédiatement et les spectateurs pouvaient constater que la tète était bien vivante, qu’elle ouvrait les yeux, chantait, répondait aux questions, devinait les cartes, les nombres, faisait en inf[mot
- tout ce qu’on était en droit d'attendre d'une tète aussi mystérieuse.
- Voici l’explication du truc. La grande caisse extérieure seule et la dernière sont des caisses complètes. Les autres, entrant l’une dans l’autre, n’ont pas de fond. Ce ne sont, en somme que des tubes carrés possédant un couvercle du eêté des spectateurs. Pour que la personne dont la tête vivante doit apparaître à un moment donné dans le coffre puisse se dissimuler, toutes les fausses caisses sont échan-crées à leur base et sur les côtés ainsi qu’on le voit sur le schéma que nous donnons. En outre, afin d'avoir la hauteur nécessaire pour tenir une personne, les caisses ont été séparées les unes des autres par des cales de loin. Il est impossible au public de se figurer qu’une personne puisse être cachée dans les
- Le secret du harem.
- caisses qu’il se ligure naturellement complètes, et ce qui ajoute encore à l’illusion, c’est "que de temps en temps, comme nous l’avons dit, on fait glisser les caisses les unes dans les autres, sans trop les tirer toutefois
- Lorsqu’on saura qu’au début de la présentation du truc, il y a dans le coffre une tète de cire moulée sur la tête de la personne vivante, et lui ressemblant exactement comme coiffure, on aura l’explica-, tion complète de l’illusion. Quand le coffre est retiré, les spectateurs voient la dernière caisse ouverte, complète et entourée de toutes les autres. Lorsque le eofire refermé est replacé dans cette caisse, la personne cachée fait tourner le fond de cette même caisse (fond fixé à pivot) et peut ainsi atteindre le coffre ; en appuyant sur un ressort, le fond du coffre se bascule comme une trappe, laissant glisser la tête de cire et la moitié d’arriérer du coussin de peluche. La personne cachée saisit cette tête, la
- glisse dans un sac fixé à côté d’elle, puis place sa propre tête qui a déjà en guise de demi-collerette, l’arrière manquant au coussin. Elle referme la trappe, et lorsque le coffre est ouvert de nouveau, rien ne paraît changé, il semble que c’est bien la même tête qu’on voit.
- La personne vivante est assez commodément placée dans l’espace vide formé par les échancrures des caisses, il n’y a qu’au commencement de l’expérience, alors ({ne le coffre est retiré, qu’elle est obligée de se tenir absolument courbée et ramassée pour placer sa tète dessous ou derrière la dernière caisse.
- Ce qui a fait beaucoup pour le succès de ce truc, c’est que les spectateurs cherchent toujours son explication dans l’emploi des glaces et qu’aucune glace n'y est employée. Le prestidigitateur Alber.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahüre, rue de Fleuras, 9.
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- V 1555. — 10 DÉCEMBRE 1808.
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- TORPILLEURS DE PREMIÈRE CLASSE
- La marine a prévu au budget de 1898, une série de 55 torpilleurs de 1, e classe type 216, destinés principalement à remplacer les torpilleurs de 55 mètres qui ont donné tant de mécomptes sous le rapport de la stabilité. Ces petits bâtiments, destinés à la défense des rades et des ports, ont les caractéristiques suivantes :
- Longueur entre perpendiculaire à la flottaison
- en charge.................................. 57m,50
- Largeur hors bordée............................ 4m,06
- Creux sur quille, au-dessous du pont, au milieu. 2m,65
- Profondeur de carène au milieu................. lm,20
- Tirant d’eau arrière sous la erosse........ 2'“,00
- Surface immergée du maître couple............. 5m2,58
- Déplacement en charge................... 86 tonnes.
- Le déplacement, chez quelques-uns d’entre eux, atteint jusqu’à 90 tonnes.
- L’appareil moteur, d’une puissance de 1500 chevaux, est à pilon, à triple expansion et à condensation par surface ; il actionne une seule hélice.
- L’appareil évaporatoire se compose de deux chaudières à tubes d’eau qui doivent fournir la toute-puissance au tirage forcé, en vase clos. La vitesse prévue est de 24 nœuds, mais des bateaux similaires ont donné facilement 25 nœuds; on peut néanmoins regretter qu’à notre époque on construise encore des torpilleurs de 24 nœuds seulement, surtout si l’on fait attention que la vitesse est, avec l’invisibilité, la seule arme défensive de ces petits navires ; quelle figure feront ces derniers en présence des destroyers que les Anglais possèdent en si
- Le torpilleur de 1" classe 216 revenant des essais.
- grand nombre et qui ont des vitesses variant de 28 à 55 nœuds !
- La capacité des soutes des torpilleurs type 216 sera d’environ 11 tonnes, ce qui représentera, à la vitesse de 10 nœuds, un rayon d’action théorique de 1800 milles; dans la pratique, il ne faut compter que sur les 2/5, soit 1200 milles ;à toute-puissance, ils pourront franchir 150 à 180 milles.
- L’armement militaire comprendra :
- 1° Deux tubes lance-torpilles dont l’un fixe est placé dans l’axe à l’avant et dont l’autre, mobile, se trouve à l’arrière, sur une plate-forme tournante; ce dernier a un champ de tir, de chaque bord, d’environ 120°, à partir 50° en chasse ;
- 2° Deux canons à tir rapide de 57 millimètres, un de chaque bord.
- L’équipage comptera deux officiers et 21 marins.
- Au moment où on se préoccupe vivement au ministère de la marine, de la défense de nos côtes, 27° année. — 1er semestre.
- l’accroissement de notre flottille de torpilleurs présente une importance considérable; ces petits navires seraient, en cas de guerre, des auxiliaires précieux qui empêcheraient une flotte ennemie de tenir le blocus complet de nos rades et ports; on ne se figure pas en effet une escadre de gros bâtiments restant exposés, par nuit sombre, aux attaques combinées d’une escadrille de torpilleurs accourant à toute vitesse des divers points de la côte et chargeant à fond, plusieurs d’entre eux seraient certainement détruits avant d’arriver à portée pour lancer leurs mortels engins, mais il suffirait que quelques-uns réussissent leur attaque ; or, un cuirassé coûte aujourd’hui 55 millions et porte 200 hommes d’équipage, tandis qu’un torpilleur ne vaut que 400 000 francs et n’est monté que par 20 hommes.
- L’exemple de Santiago que les détracteurs des torpilleurs se plaisent à citer, ne signifie rien. Les Espagnols ne possédaient en effet que deux contre-
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- torpilleurs avec des équipages absolument inexpérimentés et un matériel hors d’état de servir; ils n’ont rien osé tenter. J. G.
- LE CINÉMATOGRAPHE POUR TOUS
- ET LES PUBLICATIONS CINÉMATOGRAPHIQUES
- Grâce aux progrès véritablement dévorants de la science et de l’industrie, le cinématographe, dont la première apparition publique date de trois ans à peine, est à la veille de prendre sa place au foyer domestique, au même titre que la jumelle de théâtre et le stéréoscope. Avant peu, le monde sera inondé de bandes cinématographiques à bon marché, comme il l’est déjà de périodiques illustrés et de magazines ; mais au lieu de simples illustrations, ce seront de véritables photographies en mouvement qui nous montreront le fait de la veille, la plus récente manifestation, le duel à sensation, le mariage smart de la saison, etc., etc., en attendant le quotidien cinématographique qui nous fera assister de visu, sans quitter notre chambre, à toutes les manifestations actives de nos contemporains.
- Comment une pareille révolution est-elle réalisable et à la veille de se réaliser? On conçoit que le cinématographe ordinaire avec son attirail de projections et ses bandes impressionnées à 2 ou 5 francs le mètre n’y est pour rien, pas plus que le cinématographe de poche dont nos camelots ont célébré les merveilles sur nos boulevards nsque ad nauseam.
- Pour populariser le cinématographe, il fallait inventer un appareil simple, d’un prix peu élevé, d’un maniement facile et pouvant utiliser des bandes imprimées sur papier, sans aucune perforation qui en augmenterait le prix et en réduirait la solidité.
- Ce cinématographe, ou, plus exactement, ce cinéma-toscope existe : nous en avons un spécimen entre les mains dont le prix de vente au détail ne dépassera pas certainement dix francs, et qui, fabriqué par grandes quantités, reviendrait à peine à trois francs. Ce type de cinématoscope n’est pas le seul que l’on puisse construire à bas prix, et il est bien certain qu’une fois l’attention des inventeurs éveillée sur la question, les solutions naîtront en foule. Nous n’attachons donc pas une supériorité quelconque à un appareil plutôt qu’à un autre, et nous ne citons ici le modèle que nous avons entre les mains que pour pouvoir affirmer, avec preuves entre les mains, que le problème est d’ores et déjà résolu.
- Le but de cette Note est d’appeler l’attention des futurs producteurs des bandes cinématographiques sur un point spécial qui, s’il était négligé à l’origine, pourrait rendre illusoire '1e développement d’une importante industrie future basée sur une entente préalable entre les constructeurs de cinématoscopes et les éditeurs de bandes cinématographiques imprimées. 11 s’agit de la largeur à donner aux bandes et de la hauteur des images. Déjà, en cinématographie sur pellicules en celluloïd, il y en a au moins quatre types distincts: le type Edison, le type Lumière, le type Clément Maurice et le type Deméuy. Nous en oublions très certainement d’autres, car les images imprimées de cinématoscope que nous avons entre les mains sont d’un cinquième type : les images ont deux pouces (50mœ) de largeur et un pouce et demi (57mm,5) de hauteur. Il faut, pour vulgariser le cinématoscope, comme l’est aujourd’hui le stéréoscope, que, quel que soit le
- système, toutes les bandes imprimées dans un pays quelconque puissent se placer sur un appareil quelconque. Ce résultat ne peut être obtenu qu’en adoptant une largeur de bande et une hauteur d’images ou pas uniforme. Comme il n’y a encore rien de fait en grand et systématiquement, nous croyons que les constructeurs français — ils entraîneraient à leur suite tous les constructeurs européens, sauf peut-être les Anglais — devraient adopter pour leurs bandes des dimensions basées sur le système décimal. Il nous semble que 45 millimètres de largeur et 55 millimètres de pas constituent des proportions convenables et d’une réalisation facile.
- Quant aux applications, elles sont innombrables, en dehors du journal vécu et en mouvement. De quel secours seraient les dessins cinématographiés pour l’étude de la mécanique et de la géométrie, par exemple 1 Quoi de plus instructif pour un élève que de dessiner les phases successives d’un mouvement et de vérifier au cinématoscope l’exactitude de ses dessins ou de ses épures? Quelles belles collections à créer pour un éditeur entreprenant ! Il serait également facile de jumeler deux appareils cinématographiques et de réaliser ainsi, sous une forme économique et pratique, un stéréoscope cinématographique.
- Nous pourrions multiplier indéfiniment les exemples sans donner un appui plus solide au projet de vulgarisation du cinématographe dont nous entrevoyons l’avenir prochain. L’unification qui a rendu tant de services pour la diffusion de la photographie et du stéréoscope, est encore plus indispensable en matière de cinématographie. Mais il faut se hâter, car si nous attendons l’Exposition, les étrangers nous envahiront de leurs appareils et il sera trop tard : nous devrons nous soumettre au pas anglais. Espérons qu’il n’en sera pas ainsi dans le pays qui fut le berceau de la cinématographie. E. Hospitalier.
- L’OR SÜLURLE DANS L’EAU
- On ne se doutait guère que l’or fût soluble dans l’eau. A vrai dire, il ne l’est pas en général, et, pour l’amener à se dissoudre, il faut avoir recours à un de ces procédés par lesquels on surprend la nature, et que, dans le cas actuel, M. R. Zsigmondy a été assez heureux pour imaginer.
- L’or peut exister en solutions aqueuses rouges, bleues, violettes ou noires. Pour obtenir la solution rouge, on part d’une solution diluée de chlorure, dans laquelle on verse une solution de carbonate ou de bicarbonate de potasse. On ajoute du formaldéhyde, et on fait bouillir en agitant. 11 est très essentiel de n’employer que de l’eau parfaitement pure.
- La solution que l’on obtient ainsi est très diluée ; on la concentre par dialyse, et l’on arrive à maintenir jusqu’à plus d’un gramme d’or en solution colloïdale dans un litre d’eau. La filtration à travers les papiers les plus épais ne modifie pas la liqueur qui demeure aussi sans changement après un repos de trois mois.
- Il y a plus de quarante ans que Faraday signala, pour la première fois, la possibilité d’obtenir des liqueurs rouges avec de l'eau et de l’or; mais il pensait que le métal était seulement en suspension dans l’eau. Les expériences de M. Zsigmondy semblent ne laisser subsister aucun doute sur l’état de solution dans lequel l’or se trouve après la préparation qu’il a indiquée. G.
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- LE NOUVEL OPÉRA-COMIQUE
- Un se souvient des circonstances terribles qui anéantirent, le 25 mai 1887, l’ancien Opéra-Comique de la place Favart ; en quelques heures un incendie d’une violence inouïe réduisit en cendres cette construction et près d’une centaine de personnes périrent dans les flammes!
- Les premiers moments de consternation passés, on chercha à réparer ce qui était réparable dans ce malheur, c’est-à-dire que l’on s’inquiéta des moyens de reconstruire l’immeuble. Plusieurs solutions se
- présentaient; on pouvait soit utiliser le terrain tel qu’il était auparavant, soit en étendre les dimensions par l’acquisition du lot des maisons qui sont en bordure du boulevard. Après bien des hésitations — que d’hésitations ! — on décida de s’en tenir aux dispositions anciennes avec une emprise de 5 mètres sur la place ; on ne voulut pas faire les frais considérables de l’achat du terrain contigu et l’on dut se borner à chercher un projet sur celui qu’on possédait. Disons tout de suite que, du moment qu’on voulait quand même rester sur la place Favart cette solution, malgré son côté mesquin, était assu-
- ^Locatjor^
- [f/ Entrée des Décors JJ fcaiàlierl}!
- Place Boïeldien Fig. 1. — Plan ilu rez-de-chaussée.
- Avant - Fcjyi
- Solon
- Salon
- Place Boïeldieu
- Fig. 2. — Plan du premier étage.
- rément la meilleure des deux. L’immeuble sur le boulevard n’aurait pas augmenté suffisamment la surface pour être une compensation équivalente à la somme dépensée. Cette solution eût bien permis de donner à l’édifice une apparence imposante, et une belle façade sur le boulevard eût tenté le crayon de bien des architectes de talent, mais le plan du théâtre n’aurait pas gagné grand’chose ; les dimensions transversales restant les mêmes, il eût été impossible de construire une salle plus grande que celle qu’on vient d’achever. Pour bien faire il eût fallu vendre le terrain et reconstruire l’édifice plus loin : les emplacements ne manquaient pas, même à proximité de la place Favart ; les expropriations que doivent provoquer le prolongement du boulevard Hauss-
- mann, auraient donné un terrain suffisamment étendu pour faire un théâtre très beau et très confortable.
- Celui qu’on vient de nous donner ne répond pas aux nombreuses nécessités de l’art actuel, de l’élégance et de luxe que l'on doit chercher à propager par tous les moyens possibles. La scène est étroite; il a été impossible d’y aménager les derniers perfectionnements de la machinerie moderne : alors que les théâtres étrangers se voient aujourd’hui munis de planchers tournants et de bien d’autres dispositions propres à faciliter la mise en scène, l’Opéra-Comique reste en arrière sur ses aînés et c'est à regretter, car de sitôt on ne construira chez nous une salle aussi dispendieuse. La décoration de la | salle est très belle ainsi que nous le redirons tout à
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- l’heure, mais les loges sont petites, elles n’ont pas de dégagement, enfin le nombre de places est relativement restreint. On a bien dit, pour compenser tous ces défauts, que l’Opéra-Comique est un genre théâtral intime et qu'il ne doit pas être encadré avec le même luxe pompeux que son grand frère l’Opéra ; le genre national y gagnera, a-t-on répété, et nous reverrons ainsi refleurir la verve des musiciens de l’école d’Adam et de Rizet, tandis que celle plus moderne du drame lyrique restera davantage dans la coulisse ; ce serait évidemment une grande chose que d’arriver à ce résultat ; mais n us pensons,et probablement bien des gens seront denotreavis, que l’on peut très bien conserver le fameux genre éminemment français dans un très beau théâtre tandis que rien n’empêchera le drame lyrique de reprendre un nouvel essort dans une salle moins réussie, car il vivra toujours tant qu’il y aura chez nous des musiciens, des directeurs et des artistes, prosélytes de la grande musique !..
- L’aspect extérieur du monument ne donne aucun renseignement sur sa division intérieure. La place manquait, il fallait profiter de tous les coins et recoins, l’architecte M. 0. Rer-nier a dû se contenter de dessiner une façade sur la place Favart; la caractéristique de cette élévation réside dans l’existence de trois grandes baies cintrées au premier étage avec un balcon général, débouchant sur le grand foyer du public. L’architecture est sobre et l’on a évidemment cherché à sauvegarder l’unité de la composition par les grandes lignes de la construction ; du moment qu’il n’y avait pas moyen de donner comme à l’Opéra du mouvement aux accès et à la décoration, il fallait se rattraper par la monotonie du dessin (fig. 4).
- Un grand vestibule accessible au public est entouré au rez-de-chaussée par les bureaux de vente des billets et par les guichets de contrôle ; c’est
- un peu le même principe que celui de notre première scène ; un escalier d’honneur précède l’étage des fauteuils d’orchestre, tandis que deux escaliers à révolution servent à conduire les spectateurs aux loges et fauteuils de balcon. On voit sur le plan du rez-de-chaussée (fig. 1) que derrière les marches d’accès se trouve un grand vestibule en communication avec deux galeries latérales donnant sur les rues Favart et de Marivaux; ce local qui se trouve décoré assez brillamment servira de place d’attente
- pour les personnes qui désireront sortir par les rues latérales où l’on a prévu des marquises donnant un abris momentané avant de monter en voiture.
- Les dispositions sont prises de façon à faciliter les grandes sorties en masse : il faut que le théâtre puisse être évacué en très peu de temps. Les grands escaliers sont soulagés par deux autres escaliers donnant sur les galeries latérales de façon que les courants de foule débouchant par ce côté n’aient aucun contact avec celles qui arriveront vers le vestibule principal ; on évitera ainsi bien des encombrements.
- Les dégagements de circulation du premier étage (fig. 2) sont assez étendus puisqu’ils se répartissent sur un grand foyer, deux salons, un avant-foyer et les couloirs. Les loges donnent directement sur les couloirs sansintermédiaired’arrière-loges : c’est un défaut que le manque d’espace rendait inévitable. On arrivera aux fauteuils de balcon par trois points, un en face la scène et les deux autres sur les côtés ; on pourra en certaines circonstances boucher l’accès central de façon à les réunir aux deux loges voisines afin de n’en former qu’une seule très vaste pour les représentations de gala. La salle contient 1500 places ; c’est le même nombre que pour l’ancienne.
- Les musiciens de l’orchestre se trouveront répartis moitié sous la scène, moitié à l’air libre, les pupitres étant tous placés fortement en contre-bas du sol des
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- fauteuils. Cette disposition a été adoptée afin de pouvoir placer l’orchestre qui est très important, comme on le sait, sans être obligé de réduire le nombre des rangs de places au rez-de-chaussée.
- La scène est sensiblement carrée, et mesure 17m,50 dans chaque sens. Cela forme assurément une surface très restreinte qui diminuera les facilités de pouvoir planter des décors importants. Les portants et le matériel de la scène seront logés au fond contre le mur mitoyen de l’immeuble voisin. C'est une innovation, car en général le dépôt se fait sur les côtés ; cet arrangement est un avantage, car on peut ainsi donner une circulation plus libre sur les côtés et en cas d’alerte c’est très important. Les loges des artistes seront disséminées un peu partout, sur les côtés de la scène et au-dessus du dépôt des décors. Ainsi qu’on le voit par cette description rapide, le nouvel Opéra- Comique ne sera pas autre chose qu’un très honorable théâtre ; tous les services sont très soignés mais il ne s’y présentera aucune nouveauté pouvant nous révéler quelque tentative heureuse.
- La grande faute, c’est l’emplacement choisi, beaucoup trop restreint. Malgré cela nous croyons qu’avec un peu d’imagination, on aurait pu nous donner quelque chose de plus neuf. A la veille de notre grande manifestation de 1900, il eût été bon de montrer, aux nombreux étrangers qui viendront dans la capitale, un théâtre vraiment digne de l’Art et de Paris!
- Heureusement que la décoration, peintures et sculptures, rachète, par la perfection du détail, l’insuffisance du fonds.
- La partie sculpturale est représentée sur la façade du monument par les représentations de la Musique de M. Puech et de la Poésie de M. Guilbert sous les
- formes de muses drapées. Une grande figure, « La Pensée » de M. Michel orne le vestibule central; deux personnages en pied représentent l’un le Drame lyrique, par M. Falguière, et l’autre YOpéra-comique par M. Mercié; nous verrons enfin, au milieu de l’escalier d’honneur, le monument de Rizet : un génie (lig. o) termine sur un socle de pierre le buste du maître pendant qu’à ses pieds repose la Carmen qui parle vivante de son chef-d’œuvre. Cette allégorie est le plus beau monument
- de P Opéra-Comique ; c’est plus qu’un monument, c’est une réparation pour ce grand homme <pii ne connut point la gloire de son vivant et qui fit la fortune de son théâtre après sa mort : elle est l’œuvre de M. Falguière.
- La peinture joue un rôle considérable dans la décoration de l'Opéra-Comique. Citons d’abord la grande toile circulaire qui forme le plafond de la salle des spectateurs, et qui est due au pinceau de Benjamin - Constant. C’est une œuvre d’une conception très personnelle et qui, en dehors de bien d’autres qualités, a celle qu’il faut louer tout d’abord de la nouveauté : finies ces balustrades en trompe-l’œil qui ne trompe rien du tout et ces personnages appuyés dont on ne voyait que les têtes pour donner l’illusion d’un second plan situé en dehors du cadre. Ici, c’est le ciel sombre, celui de la nuit, dans lequel une Gloire montre le chemin de l’éternité aux différents chefs-d’œuvre qui ont illustré l’Opéra-Comique : on voit Manon, dans sa chaise à porteur, entourée de Carmen, Lothario sur qui s’appuie Mignon, Don Basile et la Dame Blanche. L’effet, de cette toile sera très grand les soirs de représentation ; les sujets très éclairés sur le fond bleu noir donneront l’impression de la pensée sur-
- Fig. 4.
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- gissant. toute brillante dans l’oubli de la forme.
- Le reste de la peinture a été confié à différents artistes : M. François Flameng a dessiné une scène allégorique1 représentant la Tragédie qui a sa place en haut de; l’escalier d’honneur, du côté de la rue Favart ; symétriquement à celle-ci et sur la rue de Marivaux;: nous avons une composition de M. I aie Olivier Merson représentant la Musique.
- M.j François Flameng est également l’auteur du plafond de l’escalier d’honneur : Castigat ridendo mores. Mi Lomburda peint celui du grand foyer. Nous devons .enfin à M. Maignan, le panneau central du grand foyer, sorte de grande composition en deux motifs'séparés par les portes du vestibule : la Musique qui chante' les tristesses et les joies de la vie. N’oublionsapas1 M. R. Collin qui nous donne une délicieuse composition toute de poésie : VInspiration, et M. Toudouze qui a traité un grand panneau décoratif vie Jeu de Robin et de Marion. Ces deux dernières toiles orneront les salons situés aux deux extrémités du grand foyer.
- La décoration de la salle proprement dite sera très claire, les ors un peu trop nombreux devront se marier avec dos tons jaunes très pâles qui consti-ttient la teinte de fond ; les loges sont séparées par des sujets drapés, dus au ciseau de M. Cou tan, l’auteur de la merveilleuse Symbolie de l’Exposition de 1889. Deux grands génies ailés se détacheront en blanc cru sur le haut du cadre de la scène remplaçant le manteau d’Arlequin.
- Quant aux rideaux de scène, ils seront au nombre de deux : un fixe, peint par Rubé, l’autre s’ouvrant par le milieu et drapé suivant la méthode préconisée par Wagner. Espérons que ce nom jeté comme par hasard sur l’opéra-comique n’est pas une menace, et que si l’ombre du grand musicien bavarois se réveille encore parmi nous, ce ne sera pas dans ce temple où doivent seuls vivre les souvenirs des maîtres du genre, répétons-le, éminemment français. À. da Cunha.
- LES YASES D’ARGENT DE BOSCOREÀLE
- Les visiteurs qui traversent la salle des bijoux antiques du Louvre s’arrêtent avec un vif intérêt devant la grande vitrine renfermant les vases d’argent de Roscoreale si généreusement offerts à notre grand musée national par le baron Edmond de Rothschild. Un ensemble aussi considérable d’argenterie antique se rencontre rarement ; celui de Boscoreale se présente à nos yeux charmés avec un grand avantage, c’est qu’il n’a pas été, pour ainsi dire, défloré. La plupart des découvertes de cette nature, quand elles ont passé par les mains des marchands, n’arrivent pas dans les collections publiques dans toute leur intégrité. Les doubles sont facilement détournés ; les pendants eux-mêmes qui, dans l’orfèvrerie antique, ne sont jamais semblables, sont séparés les uns des
- autres. Quelquefois les inventeurs se partagent la trouvaille par méfiance, ou bien ils la divisent dans l’espoir d’arriver ainsi à la vendre plus vite et plus facilement. L’histoire du trésor de Lampsaque dont les pièces ont été dispersées entre Londres, Smyrne, Constantinople et Paris, celle plus étonnante encore d’une trouvaille d’argenterie faite en Arménie, dont un seul vase a été dépecé entre plusieurs grands musées, sont trop connues pour qu’il y ait lieu d’en rappeler les détails. Toute l’argenterie recueillie dans la villa de Roscoreale est aujourd’hui parvenue au Louvre, grâce à plusieurs dons particuliers : il est donc juste d’inscrire les noms du comte Michel Tyskiewicz, de M. E.-P. Warren, de MM. Cesare et Ercole Ca-nessa, à côté de celui du baron Edmond de Rothschild. La seule pièce absente est un buste de femme, dont il sera question plus loin, et qui, conservé aujourd’hui à Londres, est toutefois représenté au Louvre par un fac-similé. On peut ainsi contempler l’ensemble du trésor de Boscoreale et se rendre compte de son importance.
- Ce trésor a une telle valeur artistique, il fournit des notions archéologiques si précises, si nettes et si curieuses, il éclaire d’une lumière si vive certaines questions relatives à la fabrication de l’argenterie antique qu’on doit, sans hésitation, le classer au premier rang. An point de vue numérique, c’est le plus considérable de tous les trésors du même genre; de plus, il a le grand avantage de se présenter à nous avec une date certaine. Tous les objets dont il se compose ont été fabriqués avant la fin d’août de l’année 79, date de la célèbre éruption du Vésuve qui a enseveli Pompéi et toutes les villas voisines ; ces objets remontent donc aux derniers temps de la République ou aux premières années de l’empire.
- L’ensemble du trésor, qui ne renferme pas moins de cent deux pièces, peut se diviser en deux groupes très distincts : celui des ustensiles d’un usage courant et celui des pièces d’art.
- Les ustensiles sont fort nombreux. On y trouve d’élégantes patères décorées d’ornements légers : feuillages gracieux ou rosaces, thyrse entouré de bandelettes, poissons se jouant au milieu des flots, coquillages, Amours montés sur un dauphin ou brandissant un trident. Partout la fantaisie la plus libre s’est donné carrière, mais elle ne s’est jamais écartée des limites du bon goût. La panse de deux patères est ornée de petites cannelures symétriquement disposées les unes à côté des autres et dont un point en relief relève seul la monotonie : l’effet de cette décoration si simple est charmant. Voici de petits plateaux ressemblant aux soucoupes de nos tasses à thé ; un plat d’argent muni d’oreillettes où les corps souples de deux dauphins se confondent avec les cous de deux cygnes ; une suite de petits vases ovales pour contenir les condiments dont on faisait usage à table, un grand gobelet couvert d’un semis de plumes d’oiseaux finement gravées. Voici des cuillers de toutes formes et de toutes dimensions ; des moules à pâtisserie, des aiguières, de petites
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- coupes pour déguster le Falerne ou pour boire le vin du Vésuve ; des récipients ronds à bec, munis de longs manches et ressemblant à nos cuillers à punch; une série de délicieux supports, soutenus par des griffes de lion que des têtes d’enfants ailés rattachent au bord de la tablette; enfin une variété d’ustensiles qui piquent la curiosité des archéologues et attirent l’attention de la foule. Nos orfèvres parisiens ont trouvé là d’excellents modèles à imiter ; ils n’ont pas manqué de reproduire une cuiller à puiser, avec manche coudé en faucille, d’une forme originale et particulièrement pratique.
- Tous ces ustensiles peuvent être examinés assez rapidement. L’ensemble des pièces d’art doit arrêter plus longtemps le visiteur ; il est tout à fait merveilleux. linons offre une série de compositions d’une grâce sincère et d’une fraîcheur incomparable où le goût s’allie à un juste sentiment de la mesure et de la vérité, où l’importance des sujets est bien proportionnée à la place qu’ils occupent, où l’ordonnance générale demeure constamment harmonieuse. Rien n’y sent la recherche ; l’élégance y est simple et de bon ton. On reconnaît de suite que ce sont des œuvres exécutées sous l’influence des traditions grecques.
- C’est un amateur intelligent qui a présidé au choix de ces pièces rares. Est-ce un homme ? Est-ce une femme? Les inscriptions relevées sur le plus grand nombre des vases amènent cà penser que le propriétaire de la villa de Boscoreale était une femme appelée Maxima. Mais la plupart de ces beaux vases ont passé par plusieurs mains avant de lui appartenir : on y lit les noms de possesseurs différents ; il est évident qu'ils ont été acquis à diverses reprises et dans des circonstances indépendantes les unes des autres. Ce n’est pas une argenterie achetée d’un seul coup, en bloc, pour monter une maison ou pour garnir des dressoirs, c’est une collection faite sans bâte et en connaissance de cause. Les pièces sont usées inégalement, preuve d’une origine différente. Quatre délicieuses salières proviennent de l’affranchi impérial Pamphile dont elles portent le nom gravé sous le pied. 11 est difficile de dire de quelle manière ces salières sont arrivées entre les mains de Maxima. Les a-t-elles achetées ? ou le galant Pamphile les lui a-t-il offertes ? Toutes les suppositions sont possibles. Nous savons jusqu’à quel point l’amour de l’argenterie était poussé chez les dames romaines. Il n’y a donc là rien qui puisse nous étonner.
- Une des pièces les plus extraordinaires est une admirable phiale ornée en son centre d’un buste de femme en relief de forte saillie. On ne peut imaginer une figure plus imposante. Cette femme superbe, coiffée de la dépouille d’un éléphant, tient, enroulé autour de son poignet, le serpent sacré qui se dresse dans une posture menaçante, comme pour la défendre contre ses ennemis. Elle est environnée de nombreux attributs qui conviennent à la ville d'Alexandrie d'Egypte, dont la situation maritime est ingénieusement représentée par un dauphin nageant au milieu des flots. Dans un des plis de sa tu-
- nique elle porte les fruits les plus variés avec un épi de ce fameux blé d’Egypte, nourriture de Rome, que des bateaux aux voiles légères venaient débarquer à époques fixes sur les quais de Pouzzoles et d’Ostie.
- Le relief, finement repris au ciselet, est entièrement doré, à l’exception des parties nues, épargnées, selon l’usage, en appliquant la dorure. Un détail donnera une idée de la délicatesse de main de l’artiste : les oreilles sont percées de petits trous auxquels étaient suspendues des boucles en or. On regrette de ne pas retrouver la signature du créateur d’un si beau modèle. C’est l’image de la déesse protectrice de la ville, la Tyche, comme disaient les Grecs. Il est évident que cette phiale n’était pas destinée à paraître sur la table et à passer entre les mains des buveurs ; on l’accrochait au mur ou on la plaçait sur un dressoir. C’est ainsi quelle devait produire tout son effet (fig. 1).
- Il en était de même d’une autre phiale du milieu de laquelle émerge un buste d’homme, déjà avancé en âge, aux traits vulgaires et rusés, à la physionomie pleine de malice. On songe, en le regardant, à un habitant de Pompéi, le vieil usurier Jucundus, à la mine sceptique, qui semble narguer encore les visiteurs dans la salle des bronzes antiques au musée de Naples. C’est le portrait d’un ancêtre, une de ces images de famille qui, placées dans la maison, y perpétuaient le souvenir des aïeux. La femme de ce vieux Romain était représentée en pendant ; son image nous reste encore, mais elle a été arrachée violemment delà phiale qui en formait l'encadrement. Par suite de diverses circonstances ce buste, trouvé à Boscoreale, avant les autres vases d’argent et dans une autre partie de la villa, a été acheté par un amateur et revendu ensuite au Musée britannique, où il est conservé aujourd'hui. Grâce à la libéralité de MM. Haek et Hourdequin, orfèvres à Paris, le Louvre en possède un fac-similé1. C’est une femme aux traits énergiques et presque durs. Sa coiffure ondulée, séparée en deux et arrangée derrière le cou en une tresse enrubannée, nous offre un renseignement chronologique tout à fait certain, car c’est la coiffure adoptée par les femmes sous les empereurs Claudiens, un peu avant la destruction de Pompéi (fig. 2). Ces deux portraits nous font donc probablement connaître les parents de celui ou de celle qui possédait la villa au moment de l’éruption du Vésuve.
- Autant sont communs les miroirs de bronze trouvés en Etrurie ou en Grèce, autant sont rares les miroirs d’argent. Les fouilles de Pompéi en ont fourni quelques-uns d’un type uniforme : le disque est uni, le manche est formé par la massue d’Iier-cule, autour de laquelle s’enroule la peau du lion de Némée, hommage de la force à la beauté, symbole de la faiblesse de l’homme devant la puissance de la femme. Un de ces miroirs a été trouvé à Boscoreale et offert au Louvre par le comte Michel Tyskiewiez ; mais le trésor en renferme deux autres d’un modèle
- 1 MM. Haek et Hourdequin, orfèvres à Paris, 42, rue Tur-bigo ont fait exécuter les reproductions des principales pièces du trésor de Boscoreale.
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- plus riche et plus élégant. Le côté du discpie qui ne servait pas à se mirer y est occupé par un médaillon d’un relief discret. Sur Lun est représentée l'aventure de Léda et du cygne ; sur l’autre est appliqué un buste d’Ariane, iigurée précisément dans la position (pie devrait avoir une femme se regardant dans le miroir. Le manche de ce dernier objet est peu ordinaire : il est formé par l’enlacement de deux branches de saules disposées de telle façon que leurs extrémités supérieures s’éloignent l’une de l’autre pour rendre l’appui plus solide. L’est un modèle unique qui porte la signature de son auteur, M. Do-
- mitins Polygnos. Une pièce aussi rare faisait la gloire de la femme qui la possédait; plus d’une amie a dû envier son bonheur !
- Si on jette les yeux sur les vases proprement dits on remarque qu’ils se présentent deux à deux, ornés de scènes analogues et non semblables où les mômes motifs se retrouvent, mais interprétés d’une façon différente. On peut les diviser en deux classes : les vases à boire et les vases à verser.
- La première paire de vases à boire emprunte sa décoration au cycle bachique, auquel se mêlent des Amours ailés, les gracieux préférés de la poésie grecque des bas temps. Ce sont deux grandes écuelles, à large base, munies d’anses en forme d’anneaux et reposant sur un pied très bas. Un lion, une panthère et un éléphant, domptés par une troupe de joyeux Amours , se soumettent tranquillement à leur tyran-
- Fig. 1. — La ville d’Alexandrie d’Égypte.
- Fig. 2. — Ruste de femme, conservé au musée britannique.
- nie et à leurs caprices. Les uns tirent la queue de ces hôtes puissantes, ou s’installent sur leur dos ; d’autres dansent plaisamment devant elles en jouant
- de la flûte et en les enguirlandant de feuillages. Elles supportent tout avec une résignation admirable. Seul, un àne récalcitrant, solidement planté sur ses quatre pieds, refuse d’avancer et résiste à ses persécuteurs qui ne peuvent parvenir à l’entraîner. Le contraste est plein de malice. Que de philosophie dans ces petits bas-reliefs ! Que de spirituelle ironie !
- Une seconde paire est ornée de sujets empruntés à la nature vivante. On y voit
- des grues cherchant à terre leur nourriture ou se battant à coups de bec. On les croirait descendues
- d’un paravent japonais ! Les allures hautaines de ces grands oiseaux, les frémissements de leurs ailes sont exprimés avec un accent et un brio qui n’ont été dépassés par aucun de nos animaliers modernes.
- La troisième paire est encore plus extraordinaire : elle nous offre une série de scènes empruntées à la vie des cigognes et qui semblent former les épisodes d’une même histoire intitulée : le Repas chez les cigognes, drame de famille en quatre tableaux. Le nid est installé sur un rocher entre des branches mortes ; les oiseaux vont, viennent, voltigent, occupés de leurs petits ; leur apportant des insectes ou des vermisseaux, se querellant, goûtant, en un mot, tous les charmes de la vie de famille. A la vue de la mère qui s’avance chargée de butin, les cigo-
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- Fig. 5. — Vase aux cigognes.
- Fig. 4.
- Gobelet aux squelettes.
- gneaux se remuent et se bousculent sur le bord du nid, ouvrant le bec pour saisir la proie attendue.
- Ces épisodes divers sont traités avec une verve charmante ; on y retrouve la sincérité, l’observation précise et réaliste du ciseleur alexandrin (fig. 5).
- C’est encore la nature qui a fourni les ornements de deux coupes enveloppées de branchettes de platane.
- L’artiste a choisi de jeunes pousses, sans graines, de façon à laisser au relief un aspect doux et uniforme. C'est le printemps dans toute sa fraîcheur.
- L’automne nous apparaît avec une décoration plus vigoureuse sur deux canthares, entourés de branches d’olivier chargées de fruits et nouées par leurs extrémités. Sous les doigts d’un ciseleur habile, ce feuillage ordinairement triste et malingre a pris une vie intense ; les baies qui se détachent au premier plan réchauffent les feuilles auxquelles la richesse de la matière donne un éclat inaccoutumé.
- Fig. 5. — Aiguière il verser le vin
- Au même ordre d’idées se rattache la décoration de deux grandes coupes, entourées de feuillages légers parmi lesquels courent des animaux : un cerf aux abois forcé par une meute, un sanglier acculé, un lion dévorant un taureau, un ours poursuivi par un chien, des bouquetins, un renard, des oiseaux, un cygne battant des ailes, etc. ; tout ce monde se poursuit, s’attaque, se dévore ; le plus faible succombant naturellement sous les coups du plus fort. La décoration de ces deux coupes rappelle beaucoup celle du grand cratère de Hil-desheim. Le fond de rinceaux et de plantes légères aux tiges flexibles est le même ; les figures qui l’animent sont différentes.
- 11 faut encore signaler deux écuelles entièrement dorées à l’intérieur et rehaussées extérieurement, près des lèvres, d’une large hande d’or. Elles sont décorées d’une façon originale qui fait penser aux petites pochades de salle à manger, si fréquentes à
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- Pompéi. Le rhéteur Philostrate décrit des tableaux de fleurs, de fruits et d’animaux, très appréciés des amateurs contemporains, qui sont tout à fait analogues. Les artistes de l’époque hellénistique étaient passés maîtres dans l’exécution de ces peintures de babioles. Aussi le romain Sabinus, auteur de ces deux vases, a-t-il pris la précaution d’écrire son nom en grec dans un coin de la panse, afin de leur donner plus de valeur. Il est devenu Sabeinos. Tout autour de la panse il a jeté dans un désordre pittoresque des aliments et des ustensiles. Le pêle-mêle d’animaux, de légumes et d’instruments de tout genre forme deux charmants reliefs de nature morte, composés avec un art exquis et ciselés avec une habileté exceptionnelle.
- Mais les vases les plus extraordinaires de tout le trésor sont deux grands gobelets ornés de guirlandes de roses au-dessous desquelles apparaissent des squelettes dans les postures les plus diverses. Ils n'ont pas leurs pareils au point de vue de l’originalité. On connaissait cependant déjà des gobelets du même genre en terre cuite trouvés en France et en Italie, dont les figures étaient restées incomprises faute de légendes explicatives. Ici les squelettes apparaissent avec un mouvement plus vif que sur les vases de terre cuite et la plupart sont en relation les uns avec les autres. D’ailleurs une série d’inscriptions grecques fournit les indications nécessaires pour saisir le sens de ces intéressantes représentations. Il ne peut y avoir aucune erreur sur le sujet : ces squelettes sont ceux des grands hommes de la Grèce ; auprès de chacun d’eux, un nom est inscrit en toutes lettres. Ces inscriptions ajoutent à la composition un intérêt très particulier (fig. 4).
- • L’artiste a donné à ces squelettes l’apparence de la vie ; chacun d’eux se présente avec une physionomie propre et expressive. Sur les deux gobelets la scène commence par un groupe de trois squelettes anonymes. Ce groupe est suivi, sur le premier vase, de Sophocle, de Moschion, de Zénon et d’Epicure ; sur le second il est accompagné de Ménandre, d’Ar-chiloque, d’Euripide, du cynique Monimos et d’un autre philosophe. Cela ne peut avoir qu’un sens, c’est que devant la mort tous les hommes sont égaux. Les grands poètes, les sages et les philosophes partagent le sort commun de tous les hommes ordinaires représentés ici par les squelettes anonymes. Des squelettes plus petits jouent de la flûte ou de la lyre, applaudissant, portant des fleurs, maniant des crânes, remplissent les vides entre les principaux personnages. C’est, pour les grands hommes, la foule des disciples et des admirateurs. Un papillon, pareil h l’àrne fugitive, se débat et expire entre les mains de l’un d’eux. Partout domine l’idée de l’anéantissement complet après la mort. — Il faut profiter joyeusement du temps présent, disent les inscriptions ; les plaisirs sensuels sont les seuls vrais et les seuls appréciables ; il n’y a rien que le néant au delà de cette vie. De tous ces grands hommes qui ont fait la gloire de la Grèce il ne reste plus maintenant que des os déchar-
- nés. En quoi se distinguent-ils des autres mortels ? Sois pieux pour ce fumier, dit ironiquement la légende placée au-dessous d’un squelette qui apporte des offrandes funèbres et verse des parfums sur un cadavre à demi enfoui. Voilà ce qu'est l'homme, murmure un autre en examinant un crâne placé dans sa main (c’est déjà la scène du cimetière dans Hamletl) La volupté est le but suprême de la vie, s’écrie Epieure. La vie estime comédie; jouis delà vie, car le lendemain est incertain, disent d’autres personnages.— Ce sont là des phrases et des pensées bien connues, empruntées au code de la sagesse épicurienne, et que l’on retrouve à chaque instant sur les monuments, et dans les auteurs contemporains.
- L’usage de ces représentations macabres était très répandu chez les Romains. Il était de bon ton de se servir de gobelets de ce genre ou de faire circuler de petits squelettes d’argent, de bronze ou d’ivoire, au milieu d’un festin au moment où les vins généreux commençaient à faire sentir leur pouvoir. L’épisode bien connu du squelette d’argent dans le banquet de Trimalcion en est la preuve et le petit discours que Pétrone place dans la bouche de son héros semble emprunté aux légendes de nos gobelets : ce sont les mêmes pensées, les mêmes expressions. Aussi ces gobelets se recommandent-ils à l’attention du prochain éditeur d’un Satyricon illustré. Ce sont des pièces absolument uniques. Le Louvre peut les compter parmi les plus précieux de ses monuments.
- Les vases à verser sont moins nombreux que les vases à boire, mais ils sont représentés par une paire d’aiguières fort élégantes, munies d’un goulot en forme de trèfle. Sur le col des enfants ailés, dont le corps se termine en feuillage, donnent à boire à des griffons, et une belle fleur de lotus s’épanouit derrière eux, rappelant ainsi l’usage égyptien de placer des fleurs autour du col des cruches à vin. Une statue de Minerve brandissant sa lance occupe le milieu de la panse; elle est placée sur un autel enguirlandé, à droite et à gauche duquel deux Victoires ailées immolent des taureaux et des béliers. Ces Victoires sont agenouillées dans la pose du Mithras sacrifiant et rappellent toute une série de grands bas-reliefs en terre cuite dont les musées de Londres et de Paris possèdent de beaux exemplaires. L’ensemble de ces groupes est très décoratif et convient à merveille à des vases de cette forme qui pouvaient servir aussi bien à table que dans les sanctuaires (fig. 5).
- Cet ensemble charmant de la trouvaille de Rosco-reale a mis sous nos yeux des modèles helléniques dans lesquels la liberté du style égale celle de l’invention, où la décoration dégagée de tout lien avec la vie civile ou religieuse, emprunte à la nature ses effets les meilleurs et les plus gracieux. L’étude de ces vases a une importance décisive pour tout l’art de la basse époque grecque et aussi au point de vue de la recherche du patrimoine artistique des Romains. L’art alexandrin y règne en maître. L’opinion qui désigne Alexandrie comme le centre de la fabrication des objets d’argent au commencement de l'empire ro-
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- main se trouve confirmée d’une manière très frappante par l’apparition de la phiale d’argent, ornée de l'image de cette ville. Les gobelets aux squelettes eux-mèmes avec leurs représentations bizarres, avec cette réunion de poètes et de philosophes les plus célèbres de la Grèce, avec ces légendes en langue grecque, nous ramènent également vers cette cité littéraire et sceptique devenue, depuis les Ptolémées, le foyer le plus actif de la vie hellénique. Aucun de ceux qui visitent le Louvre n’oubliera que la France doit ce précieux trésor à un noble et généreux élan de M. le baron Edmond de Rothschild. A. Héros de Viliæeosse.
- Monibn' de l'Institut.
- L’illusion dont nous voulons parler est très simple, et facile à reproduire tandis que l’on se chauffe devant une cheminée pourvue d’un garde-feu à mailles bien régulières. Si, dans la faible lumière du foyer, on fixe pendant un instant à travers la toile métallique un point brillant peu mobile, une petite flammèche brûlant à l’extrémité d’une bûche, ou un charbon incandescent, on verra, à volonté, ce point à diverses distances du treillis, et on pourra même avoir l’impression bien nette qu’il est situé devant le garde-feu.
- Pour comprendre cette illusion, il est nécessaire de se rappeler que la distance des objets nous est révélée sur-A tout par deux indi-
- A cations, l’accommo-
- dation de l’œil et 'angle de conver-
- c)f
- A
- V /3\ /*
- K *C-
- gence de l’axe des
- d
- deux yeux. Mais, tandis que cette dernière indication est très précise, la première l’est beaucoup moins, surtout lorsque la lumière est peu intense. Elle est, en particulier, impuissante à nous donner le moindre renseignement sur les distances respectives du garde-feu et d’un charbon incandescent situé à une faible distance en arrière, et doit être éliminée comme point de repère dans l’expérience en question. Le seul moyen que nous ayons d’estimer les positions relatives des deux objets réside donc dans la sensation de relief due à l’angle formé par les axes des deux yeux.
- Or voici ce qui peut souvent se produire lorsqu’on regarde un objet à travers un grillage bien régulier : le point viséétantenA, et les nœuds desmailles étant en 1, 2, 5, 4, on verra, en général, le point lumineux se projeter à l’intérieur de deux mailles différentes, par exemple entre les points 1 et 2, 5 et 4. Mais, si elles sont parfaitement semblables, on pourra superposer leurs images, et avoir la sensation inconsciente que ces deux images correspondent à une seule et même maille. Si le point situé en arrière occupe une position analogue dans les deux images, il apparaîtra dans le plan de la toile métallique.
- Un déplacement à droite ou à gauche de l’une des deux images pourra reporter le point lumineux en B ou en C ou en B' ou G', en arrière ou en avant de la toile, au point de croisement des droites qui, partant de l’œil, traverserait une maille au point homologue de celui sur lequel il se projette en réalité.
- L’illusion est souvent complète, et l’on ne s’en débarrasse qu’en faisant un petit mouvement de la tète. Au premier instant, le charbon incandescent semble encore se mouvoir librement dans l’air, mais l’illusion disparaît bientôt. C.-E. G.
- LES SELS MINÉRAUX ET LA VÉGÉTATION
- LA VERSE I)ES CÉRÉALES
- Wiegmann et Polstorff ont démontré que lorsqu’on cultive des plantes dans un sol qui, en apparence, est insoluble — tel, par exemple, un sable quartzeux traité par l’eau régale, puis lavé à l’eau distillée — ces plantes puisent, dans ce sol, une quantité très appréciable des éléments qui le constituent.
- C’est dire qu’il n’y a pas de sol réellement insoluble; quand on veut étudier l’action de divers sels sur le développement d’une plante, il est indispensable de cultiver celle-ci dans une solution aqueuse.
- Voici comment il convient d’opérer : on cultive des plantes, d’une part, dans l’eau distillée; d’autre part, dans une solution titrée des sels dont on recherche l’action. Si l’on a pris soin d’exposer ces plantes aux mêmes conditions de lumière et de chaleur, les différences que l’on observe entre les récoltes représentent les effets dus aux sels.
- Le milieu de culture (eau distillée ou solution saline) est introduit dans une éprouvette que ferme un bouchon percé de trous. Dans chaque trou, on implante, en croix, deux épingles qui supportent une graine que l’on met germer et qui reste ainsi soutenue à la surface du liquide de l’éprouvette. Enfin, on entoure cette dernière avec du papier noir, afin d’éviter que, grâce à la lumière, des Algues ne se développent dans le milieu de culture.
- Les plantes nées dans ces conditions ont des caractères différents suivant la nature du milieu. On peut s’en faire une idée en comparant les dessins de la figure 1. Le premier représente le Lupin, dans l’eau distillée ; le deuxième, la même plante dans la solution de Knop. (Cette solution renferme, par litre d’eau : 1 gramme de nitrate de chaux; 0e',250 de chacun des sels suivants : nitrate de potasse, phosphate de potasse, sulfate de magnésie; enfin, des traces de phosphate de peroxyde de fer.)
- Dans l’eau distillée, les racines sont courtes, grosses, comme tuherculisées. Les feuilles ont une couleur vert foncé qui persiste très longtemps. Les plantes restent petites, mais avec un aspect bien vivant; elles ne fleurissent ordinairement pas.
- Dans la solution de K’nop, les racines sont très longues, grêles, abondamment ramifiées. Les feuilles ont une couleur vert pâle; elles jaunissent d’assez bonne heure. Les plantes acquièrent un très grand développement. Elles fleurissent et fructifient.
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- Quand on connaît bien l’action d’une solution complexe, on peut aller plus loin et rechercher la part qui revient à chacun des sels dans la somme dos effets que produit cette solution. Pour cela, on compare des plantes vivant dans cette solution à d’autres plantes cultivées dans cette solution moins le sel en étude.
- En opérant ainsi avec le Lupin, nous avons récolté, au bout de trente jours, les plantes qui sont représentées ligure 2 (a, b, c, à). La première a vécu dans une solution de Knop ne renfermant pas de nitrate de potasse ; la deuxième dans une solution sans sulfate de magnésie ; la troisième dans une solution privée de phosphate de potasse. La figure d est un Lupin dans l’eau distillée.
- Un simple coup d’œil jeté sur ces figures suffit à donner une idée de l’influence de chaque sel sur la plante, et particulièrement sur la forme de la racine. A ce dernier point de vue, les figures e à h qui représentent respectivement des racines de Seigle ayant 15 jours de végétation dans la solution de Knop sans nitrate de potasse (e), sans nitrate de chaux (/), sans sulfate de magnésie (g), dans la solution complète (h) paraîtront peut-être encore plus significatives. Elles feront ressortir que la constitution chimique du milieu a une grande influence sur la forme extérieure des végétaux.
- Poussons plus loin encore nos investigations et cherchons maintenant à voir de quelle façon et à quel degré la structure anatomique, c’est-à-dire l’organisation interne de la plante, peut varier suivant que cette dernière a vécu dans une solution renfermant ou non un sel donné.
- L’étude de la structure se fait de la façon suivante : A l’aide d’un instrument spécial que l’on appelle un microtome, on découpe le végétal, soit dans le sens de sa longueur, soit perpendiculairement à son axe, en tranches extrêmement minces ayant, par exemple, un millième de millimètre d’épaisseur. On obtient ainsi des coupes qui sont transparentes et peuvent être examinées au microscope.
- Nous représentons (fig. 3, nos 1 et 2) deux coupes ainsi obtenues, faites perpendiculairement à l’axe, chez deux racines d’Avoine ayant' vécu, la première dans l’eau distillée, la deuxième dans la solution de Knop. Ces coupes sont vues au même grossissement
- (300 diamètres). Sans entrer dans le détail que comporterait leur examen, le lecteur s’aperçoit aisément que la structure de ces deux racines est très différente; et cet exemple, pris entre mille, suffit à montrer que la composition chimique du milieu a sur la structure anatomique une influence au moins aussi grande que sur la forme extérieure.
- L élude des modifications anatomiques que l’on observe chez un végétal suivant qu’il vit dans des milieux plus ou moins différents, est du plus haut intérêt; car, dans bien des cas, elle permet de saisir le mécanisme de l’action de ces milieux soit sur la forme extérieure, soit sur la marche du développement du végétal.
- Nous allons d’ailleurs chercher à montrer par un exemple le parti que l’on peut tirer de l’étude de ces modifications anatomiques :
- Quand on cultive de l’Avoine ou du Blé dans la solution de Knop, on observe que, dès le début, ces plantes se développent vigoureusement. Puis, au bout d’un certain temps, les tiges fléchissent à leur base, comme sous l’influence d’un poids trop considérable des parties supérieures. En un mot, elles versent.
- Par des tâtonnements successifs, nous avons cherché à voir si, en modifiant le milieu de culture, nous pourrions arriver à permettre aux plantes de rester droites et d’achever leur évolution. Or, il a suffi de remplacer, dans la liqueur de Knop, le nitrate de potasse et le phosphate de potasse par des doses équivalentes de nitrate de soude et de phosphate de soude pour voir les plantes rester droites et arriver à graine. Cela démontre que la potasse provoque la verse, et que la soude, au contraire, la prévient.
- Eh bien ! faisons une coupe au niveau de la base de la tige du Blé et examinons la structure anatomique : nous voyons (fig. 3, n° 3), qu’en présence de la potasse, les tissus sont formés de cellules à parois extrêmement minces. Si alors on traite cette coupe par le vert d'iode, — réactif qui a la propriété de colorer les éléments imprégnés de lignine, cette substance qui incruste les fibres du bois et leur donne leur grande résistance — on voit que les parois des cellules ne retiennent pas trace du réactif, ce qui indique que ces parois ne sont pas du
- Fig. \. — Croissance du Lupin dans l’eau distillée à gauche et dans la solution de Knop à droite.
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- tout imprégnées de lignine et sont peu résistantes. Au contraire, en présence de la soude (fig. 5,
- n° 4), les parois des cellules sont très épaisses. Elles se colorent très fortement par le vert d’iode;
- Fig. 2. — Croissance du Lupin. 30* jour, fl, solution de Knop sans nitrate de potasse; b, sans sulfate de magnésie;
- c, sans phosphate ; d, eau distillée.
- Croissance du Seigle. 13* jour, e, sans nitrate de potasse; f, sans nitrate de chaux; g, sans sulfate de magnésie; h, solution de Knop.
- elles sont donc abondamment imprégnées de li- I Ainsi l’examen histologique nous montre : 1° que gnine et donnent à l’organe une grande résistance. I la potasse provoque la verse parce qu’elle entrave
- B K MohiE'j. _______________—------_______— __________________________,----
- Fig. 3. — 1 et 2. Coupes de deux racines d’Avoine ayant vécu la première dans l’eau distillée, la seconde dans la solution de Knop.
- 3. Plante ayant vécu dans la potasse. — 4. Plante ayant vécu dans la soude.
- la formation de la lignine dans les tissus; 2° que la soude prévient la verse parce quelle provoque une formation abondante de cette substance. Cet examen histologique nous fait connaître le mécanisme de l’action de ces deux corps sur la verse.
- En poursuivant nos recherches, nous avons eu, en outre, l’occasion d’observer que la soude n’est pas le seul corps qui soit capable de contre-balancer les effets de la potasse ; ainsi, nous avons pu constater qu’un excès d’acide phosphorique agit de la
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- LA NATURE.
- même façon que la soude et par le même mécanisme.
- Quant à l’action préventive qu’Elie de Beaumont, Régimbaud, Gueymart reconnaissaient à la silice contre la verse, nous ne l’avons jamais observée. Au contraire, nous avons constaté que la structure des tiges, à la base, est la même, quelle que soit la proportion de silice contenue dans le milieu. Par contre, nous avons vu qu’en présence de cet acide, les cellules des feuilles et celles du sommet de la tige sont toujours fortement lignifiées, ce qui, assurément, augmente le poids des régions supérieures de la plante et tend à provoquer la verse.
- De ces faits, nous tirerons les conclusions suivantes : on doit éviter de cultiver les céréales dans un terrain qui dose une trop forte proportion de potasse.
- Si l'on veut tenter ces cultures dans un tel terrain, il faut, au préalable, l’épuiser par des plantes avides en potasse, comme la betterave, par exemple, ou encore, le modifier en répandant à sa surface soit des sels de soude, soit des phosphates.
- En résumé, les sels minéraux ont une influence très marquée sur la forme et sur la structure des végétaux. L’étude des modifications de structure est de beaucoup la plus importante parce qu’elle permet de saisir d’une façon plus intime le mécanisme de l’action de ces sels. Cu. Basson ville,
- Docteur ès sciences.
- Un intéressant concours a été récemment ouvert par la revue Art et décoration pour des projets de suspension électrique de salle à manger. Le but de ce concours était d’obtenir des artistes des dispositions ingénieuses et pratiques à la fois pour des suspensions qui n’ont été jusqu’ici que l’adaptation des anciens appareils à gaz aux lampes à incandescence. Le concours a réuni 49 concurrents, et, comme le disait M. L. Magne, membre du Jury, il a réuni beaucoup d’idées originales. Les membres du Jury étaient MM. Jean-Paul Laurens, Grasset, Roty, Frémiet, 0. Cazin, L. Magne, Yaudremer. La plupart des projets ont présenté un tel intérêt de recherches et d’idées nouvelles que la direction du journal Art et décoration a décidé d’exposer les résultats dans les galeries de la maison Mildé, 60, rue Desrenaudes ; cette maison avait d’ailleurs mis à la disposition de la revue Art et décoration les trois premiers prix d’une valeur de 475 francs. L’exposition a eu lieu les lor, 2, 5 et 4 décembre.
- Le premier prix a été accordé au projet de M. Boilot, qui comprend, sur une armature en bronze agrémentée de feuilles largement dessinées, une vasque en cristal taillée à facettes, ménageant à l’intérieur la place de 4 lampes dont la lumière serait reflétée par des miroirs concaves garnis de flammes en cuivre repoussé. Pour compléter l’éclairage, 4 lampes secondaires, ayant chacune une lumière enfermée dans un gobelet de cristal et reflétée par un abat-jour, sont suspendues aux branches de l’armature. Les autres prix ont été : 2“ prix, M. Péjac; 5° prix, M. Legastelois. Mentions : MM. E. Guvot, Godai t, Broux, Dhardivillé et Barberis.
- Ce concours a montré que l’on a compris la nécessité d’utiliser la lumière des lampes à incandescence en la
- tamisant au travers d’une enveloppe de verre teinté ou de cristal taillé, ou de tissus transparents. Bans un article sur le concours, dans Art et décoration, M. L. Magne faisait remarquer avec fort juste raison que l’enseignement théorique du dessin donné dans toutes nos écoles ne pouvait être fécond qu’à la condition d’être complété par des études techniques.
- « N’est-il pas évident, ajoutait-il, que la composition d’un appareil d’éclairage électrique nécessite des connaissances au moins sommaires sur le principe des lampes à incandescence, sur la transmission des courants, sur les dangers des courts circuits, sur le pouvoir éclairant des lampes, sur le moyen de les grouper et d’en distribuer la lumière, en raison des dimensions des pièces à éclairer? Ne faut-il pas encore, pour l’attache de l’appareil, pour l’équilibrage de son poids, posséder quelques notions indispensables de mécanique pratique, se rendre compte de la répartition des charges sur un système de poulies, afin d’arrêter d’une maniéré certaine les dimensions et les emplacements du contrepoids dont peut dépendre le bon fonctionnement de l’appareil? Autant de questions dont la solution peut modifier heureusement la composition et la forme en adaptant parfaitement l’œuvre projetée à sa destination. L’initiative artistique n’est nullement gênée d’ailleurs par ces connaissances techniques qui tempèrent les écarts d’imagination incompatibles avec la réalisation d’une œuvre. » J. L.
- CHRONIQUE
- lie caoutchouc dans le bassin de l’Amazone.
- — On annonce toujours l’épuisement des arbres à caoutchouc, mais, si nous en croyons une information publiée par le Bulletin de Kew, il faudrait en revenir de ces inquiétudes. En effet, M. le consul anglais Churchill s’exprime à peu près en ces termes : certaines personnes supposent que les ressources en caoutchouc du bassin de l’Amazone peuvent se trouver épuisées dans un avenir prochain; mais les autorités les plus compétentes ne sont point de cette opinion, et soutiennent que les sources productrices en sont inépuisables, parce que la nature reproduit YHevea au fur et à mesure qu’on le coupe. Certainement, il y a des régions qui se trouvent épuisées quand on les exploite de façon trop intense ; mais, laissées à elles-mêmes, elles reprennent bientôt leur richesse première. La surface, connue pour fournir le Para, est évaluée au moins à 2 500000 kilomètres carrés; mais les explorations à venir montreront qu’on est au-dessous delà réalité.
- Homards monstres américains. — On se souvient peut-être que, il y a quelque temps, on avait annoncé la capture, sur les côtes américaines, d’un homard monstrueux, de près de 1 mètre de long. Mais beaucoup avaient craint que ce homard ne fût qu’un vulgaire « canard ». Or, il vient d’avoir, avec un de ses pareils encore plus gigantesque que lui, les honneurs d’une communication devant la section de zoologie de l’Association Américaine pour l’avancement des sciences. Le Dr E. 0. Ilovey a officiellement présenté ces deux géants en donnant une notice détaillée sur leurs dimensions. Ils ont été capturés en 1897 au large et sur les bas-fonds de la côte de New-Jersev ; ils pesaient vivants l’un 51 livres, l’autre 54 (14,061 et 15,422 kg). Une fois montés ils étaient longs de 92 et 100,5 centimètres. Aujourd’hui leur squelette figure dans les collections du Muséum américain d’histoire naturelle.
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- Une collection de daims vivants. — Les
- membres du dernier Congrès Zoologique ont pu l’admirer à Woburn, dans la magnifique propriété du duc de Bedfort appelée Abbey Park. Comme le dit une monographie, « The Deer of ail lands », due à la plume de M. Lvdekker, on y rencontre les daims ou les cerfs de tous les pays. Ces animaux vivent du reste dans des conditions exceptionnelles. Un grand nombre d’espèces, comme l’élan ou le daim du père David, V Elaphurus Davulianus du nord de la Chine, sont absolument en liberté dans le parc ; d’autres, comme le joli petit cerf Muntjac, de l’Inde, se tiennent dans des fourrés. Certains doivent être mis dans des enclos, mais quelques-uns de ces enclos sont de grandes dimensions; ainsi celui qui contient des wapitis, n’a pas moins de (50 hectares. In autre est peuplé de wapitis de l’Altaï ; un autre de daims tachetés, de daims de Virginie, de daims rouges de la Caspienne.
- liî» direction verticale du vent. — Le major général Scliaw vient d’étudier le régime des vents en Australie et en Nouvelle-Zélande, et il a recherché notamment la direction des courants atmosphériques dans un plan vertical. Il a constaté que parfois pendant des heures ces courants conservent une inclinaison de haut en bas ou de bas en haut, et que parfois au contraire ils demeurent absolument horizontaux.
- I/or et l’arjçent dans l’eau de la mer. — Les
- eaux de l’Océan et de toutes les mers du globe renferment de notables quantités d’or et d’argent. D’après Munster, il y aurait environ 5 milligrammes d’or par tonne d’eau de mer. A ce taux, il faudrait opérer sur cent mille tonnes d’eau de mer pour obtenir 5 kilogrammes d’or pur, soit une valeur de 18 220 francs. Il faut convenir que la réalisation technique de l’opération n’est pas engageante.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 4 décembre 1898. — Présidence de M. ÏVolf.
- Nouveau téléphone. — M. Dussaud a imaginé un téléphone qui permet la transmission dos paroles sans que les opérateurs aient à se déranger pour se placer à portée de l’appareil. L’inventeur a obtenu ce résultat en équilibrant convenablement un nouveau transmetteur extra-sensible à charbon avec un récepteur comprenant 4 pôles et par suite 4 membranes vibrantes au lieu d’une seule comme dans les téléphones ordinaires. De plus l’air ébranlé par ces membranes est recueilli des deux côtés de la membrane et non plus d’un seul côté ainsi que dans les appareils actuellement en usage. On a donc huit tubes très courts concentrant la vibration des membranes dans un résonnateur de la grandeur et de la forme de de la cavité buccale. Cet appareil a été expérimenté pour la première fois le 10 novembre à l’Université de Genève devant un certain nombre de professeurs et d’étudiants. Des airs étaient chantés ou joués sur un instrument de musique, devant le transmetteur placé dans le laboratoire de physique. Le récepteur était installé à une certaine distance dans la grande salle de l’Université qui contient plus de mille sièges. De tous les coins de la salle on percevait clairement les paroles chantées et l’on suivait les airs joués. Cet appareil a fonctionné très bien avec les fils du réseau téléphonique de l’État, en Suisse.
- Action de l'acétylène. — M. Moissan a étudié l’action de l’acétylène sur les métaux ammoniums. 11 a préparé une solution ammonicale du métal à — 60° et a reconnu que l’acétylène donnait avec cette solution de nouveaux composés formés par l’union du carbure métallique avec le gaz acétylène. Ces composés sont très bien cristallisés; ceux du lithium et du calcium, en particulier, peuvent fixer plusieurs molécules de gaz ammoniac. Tous ces composés se dissocient dans l’air ou dans l’hydrogène et donnent les carbures métalliques. M. Moissan explique que le carbure de calcium ainsi préparé e.'t tout à fait transparent et dans un état de division tel qu’il prend feu au contact de l’eau.
- L'inaltérabilité de l'aluminium. — M. Dittc expose que l’aluminium qu’on regarde comme un métal inaltérable est au contraire attaqué par tous les réactifs, ce qui d’ailleurs est une conséquence de la chaleur de formation de son oxyde et de ses sels. Mais il offre cette particularité précieuse de se recouvrir très facilement d’une couche d’hydrogène ou d’alumine adhérente, continue et imperméable qui l’isole du liquide employé, si bien qu’on se trouve en présence d’un métal dont les propriétés n’ont rien de commun avec celles qui paraissent lui être propres. Si d’ailleurs on empêche la formation de ces enduits protecteurs, on s’aperçoit que l’aluminium est attaqué et dissous par les acides étendus, les mélanges de sels et d’acides, l’ammoniaque, etc. Heureusement l’alumine donne des sels tout à fait inoffen-sifs pour l’organisme humain. Mais au point de vue de l’utilisation de l’aluminium pour la fabrication des ustensiles de cuisine à l’usage des militaires, il faut tenir compte de ces propriétés, dont il résulte que l’aluminium est attaqué par les aliments salés et vinaigrés et surtout par le carbonate de sodium, par les cristaux de soude habituellement employés pour le nettoyage des ustensiles de cuisine et de la vaisselle.
- L'intensité de la pesanteur au Mont-Blanc. — M. Janssen dépose une Note de M. llansky sur la détermination de l’intensité de la pesanteur au Mont-Blanc. L’auteur a employé l’appareil de Sterneck depuis longtemps en usage en Autriche, qui convient pour les mesures rapides de l’intensité relative de la pesanteur. Il a successivement mesuré l’intensité de la pesanteur à Meudon, à Chamounix, aux Grands Mulets, au Brevant et enfin au sommet du Mont-Blanc. M. llansky a constaté au sommet de cette montagne, ainsi qu’il fallait s’y attendre, une diminution considérable de l’intensité de la pesanteur. Celle-ci tombe de 9,80890 à Meudon, au nombre 9,79472, soit une chute de 0,01418.
- La cire humaine. — M. Ranvier expose qu’ayant pensé que l’épiderme contenait une substance grasse il a entrepris d’extraire cette substance. A cet effet, il plonge le membre dans l’eau bouillante pendant quelques secondes, opération qui permet de retirer l’épiderme comme une feuille de papier. Il a ensuite fait digérer cette membrane sur de l’alcool, puis par évaporation a obtenu une .matière solide plastique ressemblant beaucoup à la cire d’abeilles, dont le point de fusion est le même. D’après les nouvelles recherches de M. Ranvier la couche cornée de l’épiderme est formée d’utricules à parois solides contenant cette cire ; d’où il résulte que le corps est recouvert par un vernis protecteur s’opposant à l’action des agents corrosifs.
- Varia. — M. Bonnier présente une Note de M. Griffon dans laquelle l’auteur montre que certaines orchidées,
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- bien qu’ayant de la chlorophylle dans leurs tissus, vivent presque entièrement aux dépens des matières organiques du sol, comme les orchidées sans chlorophylle et comme les champignons qui poussent sur la terre. — M. Bonnier présente encore une Note de M. Demoussy sur la faculté élective que possèdent les racines des plantes vis-à-vis des diverses substances minérales qu’on leur présente simultanément, une Note de M. Leclerc des Sablons sur la digestion de l’amidon par les plantes et enfin une Note de M. Coupin sur les propriétés nocives pour les végétaux des divers sels de chrome. Ch. de Nilledeuil.
- SIR JOHN FOWLER
- Le grand ingénieur qui vient de disparaître mérite plus qu’un simple entrefilet nécrologique : c’est une des plus hautes personnalités du monde des ingénieurs, qui s’éteint après une des carrières les mieux remplies qu’il soit donné de suivre.
- Né en 1817 à Wads-ley Hall, dans le comté de Sheflield, il fit ses débuts dans la vie au moment de ce qu’on a appelé en Angleterre la « Manie des chemins de fer », à une époque où l’on avait besoin d’hommes intelligents, laborieux et d’une énergie à l’épreuve dans une branche de l’art de l’ingénieur où tout était réellement à créer. Aussi, après être resté quelques années chez un-ingénieur hydraulicien,
- John Fowler n’hésita pas à se consacrer à des travaux de chemins de fer. Il fut d’abord attaché à la ligne Londres-Brighton ; puis passa par plusieurs entreprises du même genre, pour se lancer sous sa propre responsabilité et prendre en main les études, la concession et la construction de diverses voies ferrées partant de Sheffield. Ce fut dès lors une véritable vie de surmenage que celle de Fowler, jouant le rôle d’ingénieur conseil ou même de directeur des travaux pour une foule de lignes que rappelait l’autre jour notre savant confrère Engineering. On recourait constamment à lui, parce qu’on savait à la fois son audace, son habileté, la conscience avec laquelle il étudiait et menait à bien tout ce qu’il avait une fois entrepris. Les difficultés ne l’effrayaient jamais, mais parce qu’il savait tout faire pour en triompher.
- C’est grâce à lui que fut construit le réseau ferré qu’on appelle le Metropolitan de Londres. Au mi-
- lieu des critiques, des craintes de toutes sortes, alors que les ingénieurs les plus autorisés affirmaient que l’oeuvre était impossible, il soutint les membres de la Compagnie qui avait été fondée, et il atteignit au succès par sa science approfondie des problèmes les plus difficiles. Il avait foi dans son œuvre, comme on a dit, sans doute parce qu’il sentait toutes les ressources de son talent.
- C’est du reste la construction du Metropolitan qui a le plus puissamment contribué à la réputation de sir J. Fowler; il fut même l’entrepreneur de 18 kilomètres de ces voies souterraines.
- En 1866, John Fowler avait été élu Président de Y Institution of civil Engineers, et cela lui avait été une occasion d’exposer magistralement comment
- doit être comprise l’éducation de l'ingénieur. Pendant un certain nombre d’années, il demeura en Egypte, dressant, sur les désirs du khédive, des plans gigantesques qu’on ne put mettre à exécution faute d’argent. Mais une des plus grandes œuvres de la carrière du célèbre ingénieur, ce fut le pont du Forth, qui a été décrit ici même1 ; il en étudia les projets de concert avec trois autres ingénieurs, et notamment avec sir Benjamin Baker, qui demeura son associé dans la construction de cet admirable ouvrage.
- On doit certainement se rappeler avec quelle audace fut abordée la solution de ce difficile problème de la traversée du Firth of Forth : on décida d’employer le système en cantilever, les travées en porte-à-faux équilibrées dans des dimensions qui étaient jusqu’alors inconnues. D’ailleurs tous les détails de la construction furent admirablement et minutieusement étudiés, et ils peuvent encore servir de modèles pour tous les travaux analogues.
- Après ce chef-d’œuvre, et bien qu’ayant 73 ans, sir John Fowler n’est pas demeuré inactif, et il a continué tout au moins d’être consulté sur des projets sans nombre, conservant jusqu’au dernier jour sa belle intelligence et son activité.
- Pierre de Mériel.
- 1 Voy. n° 769, du 25 février 1888, p. 197.
- Le Gérant : P. Masson.
- Sir John Fowler.
- Paris. — Imprimerie Lauure, rue de Fleurus, 9.
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- N“ 153 4. — 17 DÉCEMBRE 1898.
- LA NATURE.
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- v/ \v
- 7/ . \u
- BiBUOTWÈQUEj'
- EFFONDREMENT
- DE LA GALERIE DE 30 MÈTRES
- Il y a trois semaines nous donnions ici un résumé des opérations auxquelles on s'était livré pour transporter la galerie de Trente mètres dans la position qu’elle devait définitivement occuper pour devenir le Palais de l’Electricité de la prochaine Exposition. Nous ne nous doutions assurément pas à ce moment que nous aurions, quelques jours après, à raconter l’échec de ce travail.
- Le 9 décembre à 9h50 du matin, sous un vent assez violent, les étais en bois qui soutenaient
- provisoirement les chenaux cédèrent, et un coin de la galerie s’abattit sur le sol entraînant avec lui tout le reste de l’édifice.
- Les deux premières travées avaient été transportées à leur nouvelle place et on les avait même réunies par une série d’arbalétriers neufs ; l’ensemble de la partie abattue se composait donc de deux travées de 25 mètres séparées par un écartement de 20 mètres, soit en tout 70 mètres de galerie. La troisième et dernière portion était toute prête à effectuer son voyage et, sans l'accident de vendredi, l’ouvrage serait actuellement terminé dans son ensemble.
- Il est difficile de faire peser sur les entrepreneurs
- Effondrement de la galerie de 50 mètres.
- la responsabilité de cet accident ; il est évident que si les étais en fer avaient été mis en place immédiatement, ils eussent mieux résisté que les pièces de bois; mais, d’autre part, ne peut-on pas dire que les fers de la galerie de Trente mètres, exposés depuis onze ans à toutes les intempéries de l’air et de l’humidité, sans entretien d’aucune sorte, devaient assurément avoir subi une détérioration intime qui diminuait leur résistance ; le voyage qu’on a fait effectuer aux fermes ont dù provoquer des oscillations dans les joints, travail insensible sur le moment, mais qui, répété sur chaque boulon, devait assurément compromettre la rigidité du système.
- Cet incident peut avoir son bon côté : en effet, si les fers se trouvaient en mauvais état, il est probable que la galerie se serait effondrée un jour ou 27e anuée. — 1er semestre.
- l’autre, et peut-être alors aurait-on eu un malheur plus sérieux à déplorer ; d’un autre côté, on va être obligé de commander une nouvelle galerie, probablement pareille comme dessin à celle qui lui sera symétrique : on aura ainsi quelque chose de plus nouveau et assurément de plus léger,... tout en étant plus solide.
- Les travaux du Palais de l’Électricité subiront, du fait de l’accident, un retard qu’il est impossible d’éviter, mais qui ne touchera en rien letat général d’avancement des travaux de l’Exposition. On sait en effet que toutes les forges de France sont syndiquées et que le point de départ de cette association est d’empêcher la surproduction et par suite de maintenir les prix ; aussi chacun s’est-il engagé à ne pas fabriquer par mois plus qu’un certain tonnage fixé d’avance comme maximum. En temps ordinaire, ce
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- système n’a aucun inconvénient, car la production a été calculée sur la consommation moyenne ; mais si l’on tombe sur un moment où les demandes affluent, comme maintenant, les constructeurs reçoivent des numéros d'ordre suivant leur inscription et cela peut occasionner des retards. C’est ainsi que le Grand Palais des Champs-Elysées, qui, suivant la prévision des architectes, devait être couvert avant l’hiver, n’a pas encore reçu un kilogramme de fer pour ses fermes.
- L’accident du Champ-de-Mars n’aura aucune conséquence grave, l’ensemble de l’ouvrage à recommencer n’ayant somme toute que peu d’importance.
- A. da CeNHA.
- Ll MTESSE DES H WONS GVTIIODIQUES
- Depuis les premières expériences par lesquelles M. J.-J. Thomson était arrivé à fixer la vitesse des rayons cathodiques à 200 kilomètres par seconde, plusieurs travaux ont paru sur la question, qui tous ont conduit à des vitesses plus considérables. M. Thomson lui-même avait renoncé à son premier résultat qu'il jugeait entaché d’erreur. Plus tard, M. Des Coudres indiqua, comme limite inférieure de cette vitesse, un nombre dix fois supérieur au premier nombre qui avait été donné par M. Thomson.
- La question vient d’être reprise par M. "Wicchert, qui a publié, sur ses mesures, un important travail inséré dans les mémoires de la Société des sciences de Gottingue. La méthode employée par l'auteur est délicate, et nous ne la décrirons pas; nous nous bornerons à dire qu’elle repose sur la détermination de la rigidité magnétique du faisceau cathodique, c’est-à-dire de sa résistance à la flexion dans le champ magnétique. Le résultat principal auquel arrive M. Wicchert est que la vitesse des rayons cathodiques peut atteindre des valeurs comprises entre le dixième et le cinquième de la vitesse de la lumière. Accessoirement, il trouve que les particules supportant les charges électriques échappées de la cathode sont environ mille fois plus petites que des molécules d’hv-drogène.
- Ces deux résultats, qui dépendent d’ailleurs l’un de l’autre, sont fort extraordinaires, et on est en droit de se demander si les expériences n’admettent pas une interprétation différente de celle que l’auteur leur a donnée.
- Jl ne pense pas que ses expériences permettent de conclure à une vitesse du même ordre que celle de la lumière, et trouve, dans ses résultats, une preuve de plus de la théorie matérialiste des rayons cathodiques.
- Nous essaierons de nous faire une idée de la prodigieuse vitesse trouvée par M. Wiechert, en calculant l’énergie emmagasinée dans un gramme de matière animé d’une vitesse égale au dixième de celle de la lumière.
- Dans le système C. G. S., cette énergie est exprimée par { (5.i09)â = 4,5.1018 ergs ou 4,5.1011 joules, soit, en nombres ronds, 160000 chevaux-heure. Ce serait l’énergie fournie en huit heures par la plus puissante machine marine travaillant en pleine charge. Ce serait aussi l’énergie de dix mille trains de 100 tonnes, marchant à une vitesse d’environ près de 100 kilomètres à l’heure. C. G.
- . ALLIAGE ANTIQUE
- J’ai eu l’honneur de mettre sous les yeux de l’Académie un objet métallique, réputé antique, trouvé dans des fouilles relatives à l’époque gallo-romaine par M. Habert, conservateur du musée archéologique de Reims, et qui présente certaines particularités intéressantes.
- Cet objet est une sorte de macaron, composé de deux larges anneaux concentriques et cintrés, soudés par l’une des circonférences qui les limitent, avec ouverture centrale. 11 est formé par un métal d’aspect rougeâtre recouvert de patines sur ses deux surfaces.
- Si l’on enlève les patines à l’aide d’un outil, le métal rouge apparaît avec des parties jaunes et éclatantes, ce qui a fait penser à plusieurs personnes que cet objet avait pu être réellement doré à l’origine. En réalité, il n’en est rien. L’objet est constitué par du cuivre, allié de plomb, avec petite quantité d’étain et de zinc, et c'est le corps de l’alliage qui possède la couleur jaune doré. Mais il a subi, sous l’influence de l’air humide, dans la terre, une oxydation lente ; le protoxyde de cuivre résultant a recouvert toute la surface originelle. Au-dessus de cet oxyde se sont formées des patines de carbonate de cuivre, de plomb, de chaux, etc., mélangées d’oxv-chlorurc (atakamite). Quand on enlève avec précaution ces patines, le protoxyde de cuivre apparaît ; c’est seulement en le grattant avec un outil de fer que l’alliage primitif devient manifeste. De là, l’apparence dichroïque du métal et deux illusions possibles, qu’il n’est peut-être pas inutile de signaler aux archéologues : l’une qui consiste à regarder l’objet comme formé par du cuivre pur ou presque pur, d’après son aspect actuel ; l’autre, à envisager les traces du frottement comme le reste d’une dorure antique. M. Beuthelot,
- Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences.
- UNE EXCURSION GÉOLOGIQUE PUBLIQUE
- Dlî MUSÉUM
- Le cours public de géologie du Muséum d’histoire naturelle a porté cette année sur un sujet qui certainement n’avait pas encore été traité avec autant d’ampleur. Il s’agissait des méthodes et des résultats de la Géologie expérimentale, c'est-à-dire, de cette branche relativement peu ancienne de la science qui a pour objectif de reproduire artificiellement les phénomènes géologiques et aussi d’en préciser les détails dans les cas où leur observation pure et simple n’est pas suffisamment instructive. À la tin des leçons, qui ont été suivies par un public nombreux et fidèle, et dont le résumé paraîtra prochainement1 j’étais bien désireux de conduire mes auditeurs dans des localités dont l’étude avait provoqué l'institution de plusieurs des expériences géologiques les plus décisives, et c’est ainsi que je les ai invités à m’accompagner dans plusieurs régions du canton de Yaud et de l’Oberland bernois. Les démonstrations ont été fort complètes, et j’ai pensé qu’un rapide récit de notre promenade pourrait intéresser nos lecteurs.
- Notre premier rendez-vous fut à la porte de
- 1 Librairie Félix Alcan.
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- Yevey, sur la route qui, passant aux pieds des Pléiades, mène aux bains sulfureux de PAlliaz. Au-dessus de Saint-Légier, d’épais placages de terrains caillouteux arrêtent le regard à cause des larges entailles que la route nouvelle y a ouvertes et on constate que tous les galets qui y sont renfermés présentent des paquets de stries fines, toutes pareilles à celles dont en général on attribue exclusivement la production au jeu des phénomènes glaciaires. Aussi la carte géologique, faite par les savants suisses les plus compétents, indique-t-elle tous ces placages comme des moraines, témoignant des incursions à ces grandes hauteurs du prétendu gigantesque glacier quaternaire de la vallée du Rhône.
- Or, plusieurs années d’étude dans ces belles localités m’ont conduit à la conclusion, pour moi certaine, que les géologues suisses se sont trompés et que le terrain caillouteux des Préalpes n’est à aucun titre d’origine glaciaire. Des expériences de laboratoire sont venues ensuite corroborer ces vues et démontrer la possibilité de semblables productions sans le concours des glaciers.
- Les placages représentent des épanchements boueux comme on en voit se produire dans tant de points des Alpes — comme il s’en est déclaré un naguère qui a détruit l’hôtel de Saint-Gervais dans la llaute-Savoie.
- Quant aux stries des galets, elles résultent d’un phénomène de dénudation souterraine qu’il est aussi facile d’imiter artificiellement qu'il est commode de l’observer directement. Les eaux d’infiltration dérivant des pluies enlèvent à l'épaisseur du sol des particules rendues sensibles par l’aspect limoneux des ruissellements, et la place restée libre par cette soustraction de tous les instants est remplie par un lent tassement du terrain délavé. Dans le mouvement vertical qui en résulte, les galets calcaires, aussi tendres qu’admirablement polis, viennent subir la friction des petits grains de quartz qui leur sont associés et il en résulte les stries que les auteurs ont si inexactement interprétées.
- Les excursionnistes du Muséum ont pris sur place des quantités de ces jolis galets striés et ils ont pu les comparer à ceux qu’ils avaient vus à l'amphithéâtre durant le Cours et dont la striation avait été obtenue artificiellement.
- On peut insister sur cet exemple de la lumière jetée par la méthode expérimentale sur des questions de géologie et prévoir en même temps la résistance qu’éprouvera plus d’un glacialiste de profession à substituer cette interprétation si logique des faits aux suppositions compliquées, encore en vogue.
- Quand on a dépassé les placages boueux, la route de l’Alliaz s’élève beaucoup et domine de très haut le beau torrent qui va se jeter à Clarens dans le lac Léman. La vue sur les montagnes de la Haute-Savoie, le Grammont, les Cornette de Bize, le Casque de Borée, la dent d’Oche, ainsi que sur la majestueuse Dent du Midi est de toute beauté et prête à l’exposé de nombreuses considérations géologiques.
- Aussi ne languit-on pas sur la route et remue-t-on des idées tout en faisant du kilomètre.
- Tout près de soi, la montagne des Pléiades, sur le flanc de laquelle on s’élève, invite aussi à évoquer les conditions mécaniques du soulèvement alpin et, bien qu’on doive revenir tout à l’heure en quelques mots sur ce grand sujet, on peut noter ici l’existence d’un magnifique pli couché, à noyau jurassique et néocomien et qui ramène au sommet de la montagne les couches tertiaires mêmes qui forment sa base. Le ravin connu sous le nom de Raie de Che-meny fournit une abondante moisson de fossiles aux paléontologistes.
- Après le déjeuner bien gagné à l’Etablissement des bains, et sur l’aimable invitation de l’exploitant, M. de Prittwilz, nous grimpons jusqu’au lieu dit En Prantin pour examiner une vaste tourbière dont la coupe, en ce moment très fraîche, est pleine d’intérêt. Nous traversons ensuite la rivière pour étudier sur sa rive gauche l’énorme masse de travertin calcaire actuel connu sous le nom de Sex que VU au (la Pierre qui pleut) et dont nos lecteurs ont eu antérieurement une description spéciale. Les formations de ce genre, très fréquentes dans les Préalpes, ont ce grand intérêt de témoigner fort éloquemment de l’activité avec laquelle se poursuit la dénudation chimique souterraine, et c’est encore là un sujet qui a été traité avec beaucoup de détails dans le Cours et à l’appui duquel beaucoup d’expériences ont été réalisées. Ajoutons qu’il vient appuyer pour sa part l’idée formulée tout à l’heure du tassement progressif amenant le striage des galets.
- Le premier train nous emporte, le lendemain, de Yevey pour nous déposer à Aigle, dans la vallée du Rhône où des voitures nous attendent pour nous transporter aux Diablerets. La route est incomparablement belle et nous arrache à chaque tour de roue des cris d’admiration. Après Le Sepey, au Champ-Pèlerin, nous voyons un exemple exceptionnellement frappant de l’activité incessante avec laquelle se réalise la démolition des montagnes. De gigantesques blocs d’une magnilique brèche polygénique jonchent le sol au-dessous de la plaie encore fraîche ouverte dans l’escarpement du rocher d’Ai-gremont. Lors du désastre, la route a été coupée et il a fallu de grands travaux pour la rétablir.
- De toutes parts du reste, on voit autour de soi des témoignages de la fragilité des montagnes aux prises avec les intempéries, et, à cet égard, une excursion au Creux du Champ (fîg. 5), jusqu’au pied même du massif des Diablerets, est extrêmement instructive. Les glaciers des sommets, celui de Sanfleuron comme les autres, alimentent des ruissellements aqueux qui se terminent, dans ce magnifique cirque d’érosion, par des cascades bruissant de tous côtés et charriant des pierrailles qui agissent sur la roche sous-jacente comme le grain d’émeri entraîné par le fil dont se sert le lapidaire pour couper les pierres les plus dures. Combien d’expériences faites à l’amphithéâtre se sont trouvées justifiées ici d’un seul coup d’œil !
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- LA NATLHK.
- Fig-. 1. — Le Grand Eigor (3975 tn.) et la Petite Scheideck (2069 ni.). Vue prise du sentier de Grindelwald à la Grande Scheideck. (D’après une photographie de M. Boursault.)
- La route qui va des Ormonts-Dessus (Diablerets) au lac de Thoune s'engage presque tout de suite dans le très pittoresque et très peu fréquenté col du l’illon. Un y trouve, à côté du plaisir des yeux, de grands motifs d’intérêt géologique et avant tout un exceptionnel développement de gypse ou pierre à plâtre. Ce n'est plus ici la roche grisâtre et terne des environs de Paris, illustre cependant pour avoir fourni à Cuvier les premiers éléments de la paléontologie scientifique. C'est une magnifique substance d’un blanc de lait dont l’éclat neigeux est encore rehaussé par une association intime avec des argiles schisteuses du plus beau noir. L’ensemble, fortement redressé et contourné, profile sur le ciel des silhouettes qui doivent au clair de la lune devenir facilement dramatiques.
- C’est de panoramas en panoramas qu’après avoir déjeuné à Gessenay (ou Saanen) nous arrivons assez tard à Spiez sur le bord du lac de Thoune, au pied du pic du Niessen, si remarquable par son isolement et par la régularité de sa forme.
- On sait le charme de la navigation sur les lacs suisses et on admire les échappées que procure la rive sud du lac de Thoune sur le massif de la Jungfrau. Nous ne faisons que traverser Interlaken pour remonter la vallée de la Lutschine jusqu’à Lauterbrunnen. Des deux c.ôtés de cette étroite déchirure, les roches à pic laissent étudier les efïets des efforts mécaniques intenses auxquels elles ont cédé et c’était un sujet qui devait spécialement nous arrêter comme il nous avait arrêté pendant le Cours ayant été l’objet d’expériences de laboratoire. Des
- appareils spéciaux m’ont permis non seulement d’imiter les contournements et les eoneassements des couches rocheuses, mais de. comprendre comment des matériaux de la nature , des marbres et des quartzites peuvent prendre les apparences de substances véritablement plastiques. On reconnaît que l’effet est du à quelque chose de comparable à la cause même, qui permet à la glace non plastique des glaciers, de se mouler sur le fond des vallées qui la contient. Ici la glace, constamment brisée par la pression, se reforme par le phénomène du regel. Dans le cas des roches pierreuses les masses, constamment brisées aussi, se ressoudent également, mais par des phénomènes de concrétion. Use fait, dans les fissures, de la calcite ou du quartz, et, après la torsion/les roches sont redevenues aussi continues qu’elles l'étaient, auparavant.
- L’ascension de Mürren met sous les yeux le panorama tout proche de la Jungfrau pendant que l’examen du Staubach, du Trummelbach et d’autres chutes, éclaire aussi à la faveur de nos expériences le problème si discuté du creusement des vallées.
- De Lauterbrunnen à Grindelwald, par la Petite Scheideck, le chemin est très varié et fertile en enseignement : on passe vraiment la revue des glaciers alignés en bataille qui descendent des géants de l’Oberland bernois (fig. 4). A chaque instant le bruit grandiose des avalanches vient interrompre le majestueux silence qui règne en ces lieux écartés, et leur chute évoque tout le magistral ensemble de la physiologie terrestre.
- Malgré l’intensité de ces merveilles, une visite au
- Fig. 2. — Le glacier supérieur de Grindelwald, avec les roches polies et striées qui lui font une auréole. (D’après une photographie de M. Boursault.)
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- Fig. 5. — I,e Creux-du-Champ. Cirque d’érosion au nord des Diablerets. Vue prise de l'hôtel des Diablerets, à Ormont-Dessus.
- (D'après une photographie.)
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- Fig. 1. — Vue de la vallée de Crindelwald, prise de la Petite Sclieideck.— Le Schwazhorn (2030 ni.) — La Grande Scheideck'(19t>l in.)
- Le Wctlerhorn (3703 ni.). (D’après une photographie de JL lioursault.)
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- LA NATURE.
- glacier supérieur de Grindelwald est d’un intérêt poignant. La route qui [tasse par la Grande Schei-deck est incomparable (fig. 1) et la vue de l’ensemble montrant, autour du fleuve solide, la large auréole des roches moutonnées par le rabotage qu’elles en ont subi, donne tout de suite une idée précise de la dénudation glaciaire (lig. 2). Les moraines latérales et frontale montrent nettement comment le régime d’un même glacier peut varier sous des influences très multiples et c’est l’occasion de faire allusion à l’application que j’ai été assez heureux de faire à l’histoire des glaciers du phénomène de régression si caractéristique des cours d’eau. J’ai montré comment ce phénomène amène, dans des circonstances convenables, la capture de certains glaciers par d’autres qui en sont momentanément fort accrus et prennent une allure qui a conduit des observateurs superficiels à la grave erreur de plusieurs périodes glaciaires successives. Mes idées, à cet égard, qui ont été fort critiquées, ont cependant trouvé une précieuse confirmation dans un travail récent de sir Martin Conway sur les glaciers du Spitzberg. La visite sous la glace de Grindelwald dans le tunnel creusé artificiellement permet de se faire, de l’anatomie de l’eau solide, une idée précise et en même temps de bien comprendre comment elle réalise son double rôle d’outil de polissage des masses sous-jacentes et. d’agent de transport des particules pierreuses.
- Cette course au glacier, dont nous ne pouvons donner ici qu’un aperçu, a été le dernier chapitre du voyage géologique de onze jours des auditeurs du Muséum. Le retour s’est fait par Rosenlaui et Meirin-gen, puis par Brienz et Interlaken jusqu’à Berne, dont les environs ont aussi tant de titres à l’attention des naturalistes.
- La conclusion procurée par cet enseignement en plein vent, c’est que la Géologie est une science essentiellement vivante, profondément méconnue dans son caractère le plus essentiel par ceux qui, n’y voyant qu’une anatomie et non en même temps une active physiologie, proclament que son seul but est la simple connaissance de la structure de l’écorce terrestre. Stanislas Meunier.
- UNE WEILLE MUSIQUE
- Les cylindres de sonneries, de boîtes à musique et de carillons sont montés sur des axes horizontaux. Cela nous paraît tout simple, parce que les renvois permettent de loger les timbres et les cloches n’importe où. Il n’en a cependant pas toujours été ainsi. Ce qui nous semble élémentaire fut, comme cela arrive toujours, considéré comme une complication difficile à réaliser dans le principe. On fit d’abord des cylindres verticaux, parce que cette position permettait de grouper les timbres à l’entour et de les frapper directement.
- Le temps a épargné un très ancien mécanisme de ce genre (sans doute le plus vieux qui existe), et c’est cet antique instrument de musique qui marche encore, malgré le poids des siècles, que nous voudrions présenter.
- On se rappelle que l’horloge astronomique de Saint-Jean à Lyon, possède un carillon de huit cloches (malheureusement fausses) qui jouent l’air de l’hymne Ut queant Iaxis. L’axe du cylindre de ce carillon est vertical. Il est fort gros et a 5 ou 6 centimètres de diamètre. Il mesure environ 5 mètres de hauteur et sert aussi à produire d’autres effets que ceux de sonnerie. Notre schéma le représente vu de face et en plan.
- L’axe est en A et le cylindre en 11. Ce dernier n’a pas plus de 20 centimètres de hauteur. 11 porte huit rangées circulaires de picots ayant au moins 3 centimètres de long. Chacune de ces rangées correspond à une note. Les huit cloches sont disposées autour du cylindre. À coté de chacune d’elles se trouve un ange dont le corps et le vêtement dissimule le système de leviers destiné à produire la sonnerie. La branche inférieure du levier étant soulevée au passage par un des picots met en mouvement le bras de l’ange armé d’un marteau et qui vient frapper un coup sur sa cloche. Les huit leviers des huit
- cloches ont leur partie inférieure plus ou moins basse, de façon que chaque ange corresponde à une des notes.
- De quelle époque peut dater ce cylindre? Cela est difficile à déterminer, de même que l’âge de l’horloge à laquelle 41 appartient. Ce qui est certain, c’est qu’il est très ancien. Et peut-être se trouve-t-on là en présence du plus vieux système de carillon. M. Chateau, qui a fait la restauration de cet appareil en même temps que celle de toute la machine, remarque qu’il n’y a aucune vis, que toutes les pièces sont forgées grossièrement et rivées. Il serait donc probable que la sonnerie dont nous venons de parler est antérieure à l’invention de la vis industrielle.
- A quelle époque remonte cette i nvention? Nous l’ignorons; mais ce qui est certain, c’est qu’au xive siècle on trouve déjà des textes dans lesquels le mot vis est employé avec le sens dont il s’agit ici. Il y aurait donc lieu de faire remonter le carillon de Lyon à cinq cents ans en arrière. Et alors il serait vraisemblablement le premier appareil de ce genre !
- Aux érudits de nous apprendre si ces déductions sont fondées. L. Reverchon.
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- LA NATURE.
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- LE BAC À TRAVERS LES AGES
- Quand on nous parle maintenant de bac, il nous semble qu'on remonte brusquement à une époque lointaine, contemporaine tout au moins de celle des diligences ; nous revoyons par la pensée quelqu’une de ces vieilles gravures qui décoraient jadis les salons de province, et nous voilà faisant là-dessus des réflexions philosophiques. Les progrès de la civilisation sont venus, et l’on a abandonné complètement le fidèle serviteur qui avait autrefois rendu tant de services; c’est à peine si on le retrouverait encore dans quelques campagnes perdues, où la circulation est si faible qu’elle ne vaudrait point la construction d’un pont.
- Et cependant non, le bac n’a pas disparu, il s’est seulement modifié, transformé, et, profitant du progrès, il rend les plus grands services en se combinant avec ce moyen de transport essentiellement moderne, le chemin de fer. Cela, en dépit de la prédiction fatidique du Magasin Pittoresque, (. pii, en 1863, s’écriait en finissant un article, excellent d’ailleurs, sur les bacs : « Encore quelques années, et l’on ne connaîtra plus que de souvenir ces ingénieux appareils dont se servaient presque exclusivement nos aïeux pour traverser les fleuves ».
- Le bac a une origine qui se perd dans la nuit des temps, et Ovide l’a décrit, tel qu’il était encore il y a moins de deux siècles, dans deux vers bien connus ; il s’était même assez rapidement perfectionné de façon à donner de bons résultats. Sous sa forme la plus simple, c’est essentiellement un bateau plat et rectangulaire qu’on fait glisser en se halant le long d’une corde fixe; on a ensuite imaginé une disposition ingénieuse dans laquelle le bac est mû par la force même du courant qui se décompose grâce à une poulie glissant sur un câble tendu à une certaine hauteur entre les deux rives. On connaît aussi les bacs à traille, qui décrivent un arc de cercle en travers du cours d’eau, autour d’un ancrage installé dans le milieu du lit, et auquel ils sont reliés par un câble formant rayon.
- Il est évident que le système à traille ou à simple câble devient impossible quand la traversée est un peu longue ou qu’il faut laisser le [tassage complètement libre aux autres bateaux. Une solution assez originale et fort peu connue se rencontre aux Etats-
- Unis, et notamment sur le lac Uayuga, dans l’État de New-York : c’est le bac à voile, tel que le montre la figure 2 ci-jointe, faite d’après une photographie de M. Robert F. Lamborn, et appartenant à la Société de Géographie de Paris. La disposition se comprend trop bien pour que nous ayons besoin d’y insister; le bac est construit à peu près comme un sloop, et son arrière est coupé de manière à laisser les véhicules pénétrer sur son pont.
- Il est évident qu’en la matière il faut compter avec l’irrégularité du vent, et la vapeur doit avoir sa supériorité accoutumée : aussi les hacs à voile sont-ils, en réalité, une rareté, tandis que les bacs à vapeur se multiplient de jour en jour. Nous ne parlerons pas des bacs construits à Rouen par M. Thomas Powell pour la traversée de la Basse-Seine à Duclair, à Caudebec, à Quillebœuf; ils sont plus connus et moins intéressants que les types que nous allons citer. Voici, par exemple, ceux de Birkenhead à Liverpool : avant l’ouverture du tunnel sous la
- Mersey, l’administration municipale de Birkenhead avait en service, sur ce point, trois bacs à vapeur assurant un trafic annuel de 8 à 10 millions dejftssagers; l’un des bateaux e n question n’avait pas moins de 40 mètres de long sur 14 de large et 4m,30 de creux; il était mû par 4 hélices à pas inverse de 2m,20 de diamètre. On aurait pu croire que la circulation allait complètement abandonner les bacs [tour le tunnel sous rivière ; il n'en a presque rien été, parce que l’on s’est empressé de mettre en service des bacs confortables et perfectionnés effectuant le passage en quatre minutes. Ces bacs nouveaux ont 46 mètres de longueur totale, 9m,65 de large et 5m,20 de creux ; les hélices jumelles de 2m,50 donnent une vitesse moyenne de 13 nœuds.
- À Glasgow, il existe de même un système analogue de transport, qui rend les plus grands services ; les commissaires, les trustées de la Clyde, ont fait les plus grands efforts pour perfectionner ce service, qui, lui aussi, lutte victorieusement contre le tunnel passant sous le port de Glasgow ; et leurs ferries, leurs bacs, qui transportaient annuellement 3 359000 personnes en 1865, ont eu, en 1896, une clientèle de 8 839 000 voyageurs. Ces ferries sont au nombre de 10 pour les piétons et de 3 pour les véhicules (fig. 1). Les bacs à piétons ont une forme curieuse, avec leur avant et leur arrière également inclinés, et où est ménagée une cage abritant une
- Ferry du port de Glasgow. Plan et coupe
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- LA N ATI II E
- hélico cl un gouvernail; ils ont une longueur totale des gouvernails; la largeur en atteint 4m,40. La de 15m,54 et de i0m, 15 seulement entre les centres coque est presque entièrement en acier, et elle
- Le bac à voile du lac Cavuga,
- Fig. 3. — Le passage du bac en 1854.
- comporte 4 cloisons-étanches. Quant aux hélices elles sont à 5 branches et ont un diamètre de 0m,84
- Ces dimensions rapprochent beaucoup les petits ferries de Glasgow de l’ancien bac, sous ré-
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- LA NATURE
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- serve du mode de propulsion ; mais il est Lien on n’a pas craint de recourir au système de halage curieux de remarquer que, même avec la vapeur, sur un càlde, qui était la caractéristique de cet ancien
- Fig. i. — Le bac à câble de la rivière Itehen.
- mode de transport. Si nous allons à Southampton, nous trouverons en service, sur la rivière Itehen (fig. 4), un bac pour piétons et voitures, sorte de pont flottant, qui est muni de chaque bord de larges
- poulies sur lesquelles vient tourner un câble en acier, tendu et immergé d’une rive à l’autre de la rivière. C’est d’ailleurs sur un bord seulement que les poulies sont motrices, celles du côté opposé ne
- Fig. 5. — Le bac géant Père Marquette.
- servant qu’à maintenir le bateau contre la dérive. tion des poulies et permet de faire 55 traversées^par Une machine à vapeur assez puissante assure la rota- jour avec un chargement de voitures et de voyageurs.
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- LA NATURE.
- Nous pourrions multiplier ces exemples de bacs modernes1, et rappeler ceux qui traversent en phalanges serrées le port de New-York, se frayant toujours rapidement un chemin au milieu de la cohue des navires. D’une façon générale, les ferry-boa ts ou ferries se sont vulgarisés plus que partout aux Etats-Unis, mais surtout maintenant, où ils sont devenus des sortes de ponts mobiles destinés au transport des wagons de chemins de fer et même de trains entiers. La Confédération, en effet, ou plutôt les Compagnies de chemins de fer de la Confédération ont une flotte énorme de vapeurs transbordeurs, comme on les appelle souvent, et de chalands disposés pour recevoir les wagons sur leurs ponts et qui sont remorqués par ces vapeurs. Certaines lignes ferrées comptent' jusqu’à 50 et 40 bacs, et cela non pas seulement pour traverser des cours d’eau plus ou moins larges, mais de vrais bras de mer. Tel est le cas pour le Central Pacific, dont le vapeur porte-train Solano traverse le détroit de Carquinez avec 24 voitures à voyageurs ou 48 wagons à marchandises. Le Toledo Ann Ilarbour and Michigan possède des bateaux analogues franchissant 109 kilomètres, entre Kewannee et Frank-fort, même quand la glace a près de 0m,40 d'épaisseur. Il y a des trajets qui ont 584 kilomètres!
- Ce système commence à être maintenant couramment adopté en Europe. C’est ainsi que le Danemark a pu établir des communications par chemin de fer au travers des bras de mer qui coupent son territoire ou qui le séparent des pays voisins, Allemagne, Suède, Norwège. Une des lignes les plus importantes de ce genre est celle qui réunit le port franc de Copenhague à Malmoe. La Russie de son côté fait actuellement construire un ferry pour permettre aux trains du Transsibérien de traverser le lac Baïkal, en attendant l’achèvement de cette grande ligne.
- Mais le bateau porte-train le plus remarquable se trouve aux Etats-Unis, où il a été mis en service récemment. Il s’agit du steamer Père Marquette (fjg. 5), qu’on peut appeler avec raison un bac de haute mer, puisqu’il navigue sur les Ilots agités du lac Michigan. Il a été construit pour le chemin de fer Flint and Père Marquette, et rien ne trahit le métier qu’il fait, sauf quand on aperçoit son arrière coupé en forme de portique, afin que les trains embarquent « en bout » sur son pont.
- Très haut sur l’eau, à cause des parvis spéciaux qui masquent son bizarre chargement, il a 106m,67 de long, 17m,06 de large, et un creux de 1 lm,04 jusqu’au pont supérieur; le pont principal porte 4 voies où peuvent se ranger 50 wagons à marchandises ou 16 des énormes voitures à voyageurs américaines. Ce bateau, destiné à faire le service de Ludington à Manitowoe, sur une distance de 96 kilomètres, et cela même au cœur de l’hiver, est construit en acier, sur un fort échantillon, avec une forme un peu spéciale de coque, pour qu'il puisse se frayer un chemin à travers les glaces et résister
- 1 Yoy. n° 554, du 12 janvier 1884.
- aux terribles tempêtes du Michigan. Combien, avec le Père Marquette, nous sommes loin du bac primitif et de celui même que nous avons fait reproduire (tlg. 5) d’après un dessin de Casati et qui ne date que de 1854! Daniel Bkllet.
- PRODUCTION DES TINS EN 1898
- La récolte des vins en France, pour 1898, est évaluée à 52 282 000 lil, en diminution de 08 000 hl, par rapport à la récolte de 1897 et de 995 000 hl sur la moyenne des dix années antérieures. En comptant encore 4 500 000 hl pour l’Algérie, et environ 300 000 hl pour la Corse, on arrive à une production totale de 57 100000 hl. Des augmentations apparaissent dans 45 départements, notamment dans la Gironde, le Gers, la Côte-d’Or, la Charente-Inférieure, l'Aube, le Duv-de-Dôme, Saône-et-Loire, l’A’onne et la Vienne ; elles sont attribuées partie à la reconstitution du vignoble et partie à des influences atmosphériques favorables. Sur le reste du territoire, les gelées du printemps et la sécheresse prolongée de l’été ont eu des effets préjudiciables au point de vue de la quantité récoltée; mais, d’une manière générale, la qualité a beaucoup gagné du fait des chaleurs tardives. La richesse alcoolique moyenne des vins ordinaires est supérieure de 2 degrés à celle de 1897. Suivant les estimations faites dans chaque département, en tablant sur les divers prix de vente chez les récoltants, la valeur de la récolte de 1898 s’élèverait à 961 760 000 francs.
- GRANDES CHALEURS ESTIVALES EN 1898
- Les grandes chaleurs que nous avons supportées pendant l’été de 1898 dans la majeure partie de la France ont paru absolument extraordinaires, et même tout à fait exceptionnelles à presque tout le monde. C’est que l’on perd assez vite le souvenir des faits accomplis, et que dans l’esprit de l’homme le présent l’emporte facilement sur le passé. Qu’il survienne un froid rigoureux, un forte chaleur, une pluie torrentielle, un vent violent, et l’on entend répéter partout : jamais il n’a fait aussi froid, jamais l’on a eu aussi chaud, jamais il n’a autant plu, jamais il n’y a eu de pareille tempête.
- En 1898, de la fin de juillet jusqu'au milieu de septembre, la température de l’air a été très élevée, bien plus élevée qu’elle ne l’est dans une année ordinaire, mais cette surélévation n’a pas eu le caractère exceptionnel qu’on s’est plu à lui attribuer. Tout au plus pourrait-on dire, et encore pour certaines régions seulement, que les chaleurs ont présenté une persistance rare.
- Pour bien faire apprécier la valeur relative de l’été dernier au point de vue calorifique, nous avons relevé les journées de grande chaleur qui ont été observées à Perpignan, Toulouse, Marseille, Lyon, Clermont et Nantes, depuis 14 ans, c’est-à-dire depuis 1885. Nous avons dû nous borner à ces six villes parce que ce sont les seules qui ont, dans les Annales du Bureau météorologique de France pour toute la période que nous considérons, des observations thermométriques publiées de façon à ne pas nous imposer un trop long travail préliminaire. Ces villes sont d’ailleurs assez bien réparties, sous le rapport climatérique, à la surface de notre territoire. Elles offrent en outre l’avantage d’être pourvues, chacune, d’un observatoire météorologique : les observa-
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- LA NATURE.
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- lions qui les concernent présentent donc, au moins a priori, de sérieuses garanties d’exactitude.
- Sans trop négliger les effets de l’acclimatation, on peut considérer pour toute h France, comme journées de grande chaleur, celles qui donnent un maximum de température d’au moins 50°, et comme journées d’excessive Chaleur celles dont la témpérature a atteint 55° au moins. De là les deux tableaux ci-dessous qui résument les chaleurs des 14 derniers étés, et qui permettront au lecteur de faire un grand nombre de comparaisons. Nous nous contenterons d’en signaler quelques-unes.
- En moyenne dans une année, les nombres des journées durant lesquelles le thermomètre s’élève au moins à 50° sont 51 pour Toulouse, 20 pour Marseille, 19 pour Clermont, 18 pour Perpignan, 16 pour Lyon et 9 pour Nantes. Par comparaison avec ces moyennes, on trouve que si l’année 1898 a été excessivement chaude pour Clermont, Lyon, et même pour Nantes et Marseille, elle a été tout à fait ordinaire pour Toulouse et Perpignan ; car Toulouse, qui a compté 55 maxima de température supérieurs à 50° en 1887, 45 en 1886, 42 en 1893, 41
- en 1892, n’en a eu que 29 cette année, et Perpignan seulement 16 lorsque les années 1887 et 1894 lui en avaient fourni 50. En somme c’est Clermont-Ferrand qui, avec 52 maxima de température supérieurs à 50°, a subi en 1898 le plus grand nombre de journées de forte chaleur, Lyon et Marseille n’en ayant eu que 29, et Nantes seulement 19.
- Les journées pendant lesquelles la température de l'air s’élève à 55° font ordinairement défaut à Nantes; elles sont rares à Perpignan et à Marseille; un peu plus fréquentes à Lyon ainsi qu’à Clermont, et il y en a plusieurs presque chaque année à Toulouse. Dans les 14 années, on en a compté 5 à Nantes, 7 à Marseille et à Perpignan, 15 à Lyon, 20 à Clermont, et 67 à Toulouse.
- Toutefois cette derrière ville n’a possédé que 9 fois sur 14 l’avantage (ou l’inconvénient) d’avoir le plus grand nombre annuel de journées de forte chaleur. Marseille l’a eu en 1885 avec 38 journées et en 1897 avec 27; Clermont en 1898 avec 52; Perpignan en 1894 avec 50, et même en 1896 avec 18 seulement.
- Cette variabilité dans la répartition des grandes cha-
- • Nombre des journées d’au moins 30° Nombre des journées d’au moins 35°
- ANNÉES c/j W 6- Y y 'y c y. < Y, U £ es w CU H y. © S u W 3 es h C/7 P c c 6- ANNÉES c/j K H y, y. c y < y es 3 3 eu H y o S es U 3 1 MARSEILLE W C/j p o P P o H
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- 1898. . 19 29 10 52 29 29 1898. . 3 3 » 5 î 7
- leurs est due aux mouvements généraux de l’atmosphère qui, après l’action solaire, font intervenir la nébulosité du ciel, le vent, la vapeur d’eau, comme causes secondaires d’échauffement ou de refroidissement de l’air.
- On retrouve naturellement l’influence de ces causes secondaires en comparant les maxima absolus de température observés dans nos six stations : 35°,3 à Marseille, les 25 et 27 juillet 1885; 36°,4 à Lyon, le 17 août 1892 et le 23 août 1895; 37°,2 à Nantes le 22 août 1898; 57°,6 à Perpignan le 20 juillet 1897 ; 38°,2 à Clermont le 16 août 1892; 39°,9 à Toulouse le 11 juillet 1892.
- J.-R. Plümandon
- Météorologiste à l’Observatoire du Puy de Dôme.
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE DE FLORENCE
- Bien que Florence se soit transformée dans ces derniers temps, qu’elle ait consacré des sommes et des efforts énormes à la création d’un réseau d’égouts et d’une magnifique distribution d’eau, qu’elle ait fait disparaître ses anciens quartiers populeux et misérables, qu’elle soit sur le point de posséder des tramways électriques fort nombreux, cependant elle n’a qu’un éclairage électrique tout à [fait élémentaire. C’est que, comme beaucoup
- d’autres villes européennes, elle est liée, et jusqu’en 1946, avec une société gazière; elle ne peut changer le mode d’éclairage de ses rues que par un accord avec cette société, qui veut lui imposer des conditions draconiennes. En désespoir de cause, la Municipalité a résolu en 1890 d’installer et de faire fonctionner elle-même, sous la direction d’un ingénieur du service des travaux municipaux, une petite station temporaire d’éclairage électrique.
- Elle est de proportions modestes, puisqu’elle fournit la lumière à quatre rues seulement et à deux squares. Le courant est produit par deux dynamos Thomson-Houston de 16 000 watts, fonctionnant alternativement, et installées dans les usines hydrauliques, le long de l’Arno, à un kilomètre et demi environ des quartiers éclairés. Le courant est continu; les 50 lampes à arc sont du système Thomson-Rice (450 watts et 10 ampères) et couplées en quantité.
- Les dépenses annuelles de la station sont assez élevées. Pour le personnel, comptant un électricien, un mécanicien, un chauffeur et deux ouvriers électriciens chargés des réparations, elles atteignent 5637 francs; la consommation du combustible, les dépenses d’entretien ressortent à 7351 francs. Cela donne donc à peu près 435 francs par lampe et par an. P. de M.
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- LA NATURE.
- LES SPARKLETS
- Ce néologisme anglais (de to sparkle, mousser, pétiller) caractérise, en un mot bref et très explicite, la nouvelle invention que nous allons présenter aujourd’hui à nos lecteurs, car son principal usage — actuel — est de rendre mousseux et pétillants tous les liquides par dissolution rapide et facile de gaz acide carbonique liquéfié contenu dans de petits réservoirs en acier (fui constituent le sparklel proprement dit.
- Quel chemin parcouru depuis soixante ans lorsque Thilorier, en 1836, obtenait péniblement, et non sans danger, un peu d’acide carbonique liquide à l’aide d’appareils dont la complication nous semblerait aujourd’hui effrayante ! Grâce aux sparklets de la Continental Sparklets C°, — en Suisse les mêmes récipients portent le nom de sodors, qui rappelle celui de soda Q — chacun peut, pour la somme modique de i5 centimes, disposer d’une petite quantité d’acide carbonique liquide qu’il pourra faire dissoudre, en moins d’une minute, dans un liquide quelconque.Nous décrirons successivement le spar-klet et la bouteille spéciale qui en permet l’emploi.
- Le sparklel proprement dit est un ovule creux en acier doux de 16 millimètres de diamètre et de 28 millimètres de longueur totale, pesant environ 8«r,5 et renfermant 2 grammes environ d’acide carbonique liquide. La figure 1 (n° 1) le représente en vraie grandeur. Ce récipient est obtenu par des estampages et des retreints successifs d’un disque de tôle de 48 millimètres de diamètre : il est fermé à son embouchure par une petite rondelle de même métal qui forme joint en venant s’appliquer sur le bord de l’ovule replié en dedans : l’herméticité du joint est assurée par une bague de matière plastique qui fond à une température peu élevée et ménage une fuite à l’acide carbonique dans le cas où la température du sparklet deviendrait anormale et donnerait
- 1 Sparklets en Angleterre et en France. Sodor en Suisse, Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie. N. de la H.
- à l’acide carbonique une tension de vapeur excessive.
- La quantité d’acide carbonique que renferme le sparklet est suffisante pour saturer 60 centilitres d’un liquide : eau, vin, lait, sirops, liqueurs, etc.
- L’utilisation des sparklets exige une bouteille spéciale que représente le n° 2 de la figure 1. Cette bouteille en verre, garnie d’un tressage d’osier on métallique, essayée à la pression de 50 atmosphères, reçoit un bouchon spécial dont les détails sont représentés n° 5, figure 1. Ce bouchon, qui se visse en R sur une garniture S scellée à demeure sur le goulot de la bouteille est entièrement métallique. Elle est constituée par une cavité sensiblement sphérique P au sommet de laquelle est disposé un tube O aboutissant en V dans le liquide à gazéifier. Sur
- le tube est une vis en acier sur laquelle vient appuyer le sparklet. Un chapeau métallique muni d’oreilles L vient se visser sur la fermeture : il exerce une pression sur le sparklet et la pointe de la vis . d’acier perce la rondelle obturatrice. Le gaz se dégage, remplit la cavité P et vient se dégager dans le liquide par le tube O en Y. La manœuvre de l’appareil est des plus simples. Après avoir rempli la bouteille du liquide à gazéifier, on visse le bouchon (fig. 2) dans lequel on a préalablement introduit le sparklet et le chapeau, mais sans visser ce dernier à fond. Lorsque le bouchon est bien vissé sur la bouteille, on visse le chapeau à fond pour percer le sparklet. Dès que le gaz sé dégage, on retourne la bouteille, on la secoue pendant 15 à 20 secondes (fig. 3) pour hâter la dissolution du gaz, on retourne la bouteille et l'opération est terminée. Il ne s’agit plus que de dévisser la fermeture assez lentement pour éviter des projections de liquide au moment où l’on rétablit la pression atmosphérique. Le but de la capacité sphérique ménagée dans le bouchon a pour but de limiter la pression que peut atteindre l’acide carbonique au moment où il se dégage, et avant qu’il ne soit dissous.
- Une rondelle de caoutchouc vient assurer une obturation hermétique du bouchon, et un tube en
- Fig. 1. — Sparklet et bouteille. — 1. Sparklet. grandeurj, naturelle. 2. Ensemble de la bouteille spéciale. — 3. Détails de la bouteille.
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- LA N AT LU K.
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- caoutchouc, — omis sur le dessin, — disposé au sommet du bouchon, maintient le sparklet en place. La vis servant à percer le sparklet est maintenue par un bouchon vissé qui s’enlève en un instant et permet le remplacement de cette vis lorsqu’elle est émoussée par l’usage.
- Ce procédé de gazéification présente de nombreux avantages. 11 a d’abord celui de n'introduire dans les liquides traités que de l’acide . carbonique absolument pur. La gazéification est très rapide et s'applique à des produits dont on peut s’assurer de la pureté au préalable. Pour le lait, le vin, etc., l'addition du gaz s’obtient sans aucune dilution, ce qui n’est pas le cas avec les eaux gazeuses.
- Pour les voyageurs et les touristes ainsi que dans les ambulances et hôpitaux volants, les sparklets sont d’autant plus précieux que 120 sparklets ne pèsent pas plus de 1 kilogramme, ce qui réduit considérablement le poids et l’encombrement des bagages. Les sparklets conviennent également bien à la gazéification des eaux bouillies, et des eaux purgatives qu’elles rendent d’une ingestion plus facile. Tous ces avantages seraient mieux appréciés, cependant, si le mécanisme de la bouteille permettait d’y puiser le liquide gazéifié sous pression, comme pour les siphons ordinaires d’eau de Seltz, au lieu d’obliger à retirer le bouchon, ce qui appauvrit rapidement la richesse de la solution gazeuse dont on n’utilise pas immédiatement les propriétés. L’est là un perfectionnement utile que ne manqueront pas d'apporter les inventeurs à leur ingénieux appareil.
- L’emploi des sparklets ne se limitera pas, d’ailleurs, à la fabrication de boissons gazéifiées à l’acide carbonique. En y comprimant de l’oxygène, on
- Fig. 3. — Vissage du chapeau pour la perforation du Sparklet.
- pourra obtenir, par le même procédé, de l'eau oxygénée dont les emplois thérapeutiques, chirurgicaux et domestiques sont nombreux. On pourra également remplir les sparklets de protoxyde d’azote, d’acide sulfureux, de chlorure de méthyle, etc.
- En augmentant les dimensions de ces réservoirs, il sera également possible de les utiliser au gonflement sans fatigue des bandages pneumatiques de voitures, en combinant un ajutage spécial. On ne pouvait songer à cette application avant que la fabrication des sparklets ne soit devenue courante, et avec de l’acide carbonique pur — le qualificatif a ici son importance — la chambre à air, devenue chambre à acide carbonique, se conservera aussi bien qu'avec l’air lui-même. La variété des applications que peuvent recevoir les sparklets se multipliera rapidement avec la vulgarisation de leur emploi, car bon nombre de ceux qui les utilisent, ou les utiliseront à la préparation des boissons gazeuses ne manqueront pas de suggérer d’autres applications dont il serait encore difficile de se faire, dès à présent, une idée exacte. Nous pouvons donc classer l’invention des sparklets parmi les plus heureuses acquisitions de la physique industrielle de notre fin de siècle. J. Dulosg.
- LA NATURE ET LE LANGAGE TECHNIQUE
- Malgré la réputation — un peu usurpée — de notre langue, d’être très riche, elle emprunte souvent, à tort ou à raison, bon nombre de ses termes techniques à des choses de la nature qui n’ont souvent, avec la nouvelle signification qui leur est attribuée, qu’un rapport des plus éloignés. Nous allons en citer quelques exemples,
- Fig. 2. — Remplissage de la bouteille spéciale.
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- LÀ NATURE.
- que les spécialistes de chaque industrie pourront développer à loisir.
- Commençons par l’homme... et son image. Le paveur utilise une dame ou une demoiselle, tandis que le tourneur travaille avec une poupée. Toutes les parties du corps servent à désigner également des parties de machines plus ou moins correspondantes. Nous avons ainsi le corps de pompe, la carcasse, Y ossature, la membrure, la tête et le nez de tour, la bouche d’un canon, Yœilleton, la languette de bois, l’écrou à oreilles, le bras de levier, l'arbre coudé, la main de papier, la manivelle, la manette, la pédale, le doigt, Yonglet, le cœur du bois, la culasse, la jambe de force, le joint à rotule, le pied à coulisse, Y âme d’un canon, la veine d’un filon, Yarlère d’une canalisation, la dent d’engrenage, la mâchoire d’un étau, h joue, la gorge, la fibre d’un acier, la matrice d’une presse, etc.
- Banni les animaux, nous trouvons : le cheval, unité de puissance mécanique, le petit-cheval d’alimentation, le loup, pièce manquée, le renard des travaux hydrauliques, le mouton qui sert à enfoncer les pieux, la chèvre, le crapaud, le serpentin, le chien de fusil, la vis en queue de cochon, le rat de serrures, le pied-de-/;ir/<e, le lapin des signaux électriques, la trompe à eau et le bélier hydraulique.
- Les oiseaux ont fourni le col de cygne, la grue, le rossignol des cambrioleurs, le mât de perroquet, Yéper-vier du pêcheur, le martinet, et, dans leurs parties, la plume, le bec, le cou, le penne, la crête, la griffe,
- Y ergot, etc.
- On a pris aux insectes le papillon qui règle les machines à vapeur et la punaise à dessin; aux mollusques
- Y hélice, le limaçon des escaliers, la coquille et la valve ; aux poissons la torpille.
- Le règne végétal a été mis à contribution pour Yarbre de couche, le pivot, le tronc, la branche, la feuille, Yépi, le grain, le noyau, la pomme d’arrosoir, le marron de contrôle, la lentille d’optique, Yœillet, la fraise, la poire à poudre et la rose des vents.
- Signalons encore, dans le domaine de l’irréel, le diable des cuisinières et la sirène des navigateurs.
- Des noms analogues, mais non correspondants, ont été donnés à d’autres appareils, machines, outils ou instruments dans toutes les langues étrangères. On s’explique ainsi facilement les difficultés que rencontrent les traducteurs, bien familiarisés avec les grammaires et le langage des deux pays intéressés à la traduction, mais généralement incompétents en matière technique. Nous en pourrions citer de curieux exemples, mais cela nous entraînerait trop loin. E. H.
- CHRONIQUE
- Tout le monde photographe pour un franc !
- — L’abaissement régulier du prix des appareils photographiques a contribué à vulgariser la photographie en la mettant à la portée du plus grand nombre ; mais, en matière de bon marché, le record — puisque record il y a — est certainement détenu, jusqu’à nouvel ordre, par le Franceville avec lequel, moyennant un franc — prix de détail — on peut obtenir deux négatifs de 4 centimètres de côté et une épreuve positive sur papier de chacun de ces négatifs. L’appareil est constitué par une boîte en carton de 6 centimètres de longueur et de 45 millimètres de côté. L’objectif est une lentille plan convexe de 15 millimètres de diamètre. La boite formant chambre
- noire renferme les deux plaques négatives, dans un papier noir, deux feuilles de papier sensible dans une pochette, un flacon de révélateur pour les négatives et un flacon de virage-fixage pour les positifs. L’amateur photographe n’a donc besoin de se procurer qu’un peu d’hyposulfite de soude pour le fixage des négatives. 11 va sans dire que, pour le prix, tous les organes ont été réduits à leur maximum de simplicité. L’obturateur est une lame métallique coulissante que l’on relève après avoir obturé l’objectif avec l’index. On règle le temps de pose en manœuvrant l’index, et on referme la chambre noire en redescendant l’obturateur. Il n’y a pas de châssis. La plaque sensible se place au fond de la boîte et est maintenue en position en fermant la boîte dont on a retiré préalablement les produits. L’appareil est mis au point par construction pour toutes les distances à partir de
- I mètre. Les épreuves obtenues sont très nettes, remarquables même si l’on fait entrer en ligne de compte la rusticité de l’appareil et la modicité de son prix. L’inventeur a ajouté à son appareil un viseur supplémentaire et construit un appareil de plus grandes dimensions, mais ces additions compliquent le système, en augmentant le prix, et lui enlèvent, à notre avis, une grande partie de son originalité. Il n’y a à retenir de l’invention de M. Adeline, le créateur du Franceville, que ce fait intéressant, à savoir qu’il a démocratisé la photographie jusqu’à sa limite extrême en permettant à chacun de devenir un petit Nadar pour la modique somme de vingt sous. Qui battra ce record d’un nouveau genre?
- L’influence du climat sur la vie animale et
- végétale. — C’est la conclusion d’une étude que M. Mac Gee a récemment consacrée à la région si aride de l’Arizona méridional qu’on appelle « Papagneria », autrement dit territoire des Indiens Papagos, et qui se trouve entre le golfe de Californie, la Sierra Madré et la rivière Gila. Flore, faune, habitants, tout s’est adapté à ce climat spécial où l’eau est si rare, où il faut la chercher partout où elle se rencontre, et la conserver précieusement. La végétation, fort clairsemée, est formée de plantes grasses à peau imperméable et épineuse ; les animaux sont armés de pied en cap pour la lutte qu’ils ont à soutenir péniblement : aiguillons, mandibules, rien ne leur manque. Quant à l’homme, s’il est essentiellement nomade, c’est qu’il est toujours à la recherche de « points d’eau » ; il lui faut de l’eau pour lui, pour ses chevaux, ses animaux de toute sorte et pour les récoltes qu’il veut mener à bien.
- II installe sa hutte là où il peut espérer trouver le précieux liquide.
- La fumée de la cigarette. — Beaucoup de fumeurs s’abstiennent de la cigarette dans la pensée que la fumée de celle-ci est nuisible aux organes respiratoires. Cette question a été examinée dans une des récentes séances de la Société laryngologique américaine. M. Mitchell, habitué depuis longtemps à la cigarette, a combattu l’opinion généralement acceptée que la fumée de la cigarette, quand elle est avalée, où plutôt inhalée, [arrive dans les vésicules pulmonaires et que la nicotine qu’elle renferme pénètre dans le sang à travers la muqueuse respiratoire. En réalité, la fumée n’arrive qu’aux grosses bronches et, dans la plupart des cas, ne descend guère au delà du larynx. Bien qu’elle puisse aggraver un état pathologique antérieur, son action irritante est fort limitée. Toutefois, la surface absorbante, qui permet alors à la nicotine de pénétrer dans le sang, est beaucoup plus vaste que celle de la bouche; par suite la plus grande partie du poison est absorbée par le fumeur de
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- LA NATURE.
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- cigarettes qui avale la fumée, tandis qu’avec la pipe ou le cigare l’absorption ne se fait qu’avec la bouche, la fumée étant alors rarement inhalée. Cette inhalation de la fumée de tabac est donc une mauvaise pratique à laquelle la cigarette incite bien plus que la pipe ou le cigare. Autrement la cigarette ne présente aucun danger spécial, à ce que l’on croit généralement, notamment à cause du papier, qui ne fait que fournir une dose inoffensive de cellulose, et l’analyse chimique ne révèle aucune substance nuisible autre (pie la nicotine même de tabac. Jamais on n’v trouve d’opium, comme on l’a prétendu, car pareille sophistication serait beaucoup trop coûteuse. Ainsi que fait remarquer la Revue internationale des falsifications, les méfaits du tabac sont les mêmes chez tous les fumeurs. Ils tiennent à ses effets constitutionnels sur le système nerveux, et, sous ce rapport, on doit déplorer l’usage de la cigarette chez les enfants. Mais, du côté du larynx, on ne constate jamais, comme effets locaux, qu’une hyperhémie et une sécrétion légère.
- Ce que mange la mésange. — Pour essayer de lutter contre la destruction des petits oiseaux, il est bon de faire connaître les services qu’ils rendent et de montrer de quoi se compose leur alimentation. M. Ctarcnce M. Wccd a, dans ce but, étudié un certain nombre de mésanges à tète noire (Parus airacapillus), pendant l'iiiver 1897-1898. Le charmant petit oiseau consomme toute une série d’insectes. On peut dire que son régime est composé, pour 21 pour 100, d’œufs d’aphidiens, de pucerons ; les insectes de toutes sortes, considérés dans leur ensemble, forment 51 pour 100 de sa nourriture, les araignées et leurs œufs 5 pour 100, les matières végétales 28 pour 100; et encore trouve-t-on dans ces dernières les deux tiers constitués de bourgeons ou parties de bourgeons que l’oiseau a avalés accidentellement en même temps que les œufs de pucerons. Le reste contient des graviers et d’autres substances impossibles à déterminer.
- Mesures hygiéniques à prendre dans le commerce «les huîtres. — Cette question vient d’être exposée dans un rapport présenté à la Brilish Association par le professeur AV. A. llerdman, au nom du « Comité spécial des huîtres » (Oijster Committee). Le rapport en question recommande naturellement aux commerçants en huîtres d’écarter tous les soupçons au sujet d’une contamination possible par les eaux d’égouts des bancs et claies où se trouvent les mollusques. Il faudrait une législation restrictive, on n’autoriserait les parcs qu’après soigneux examen des fonctionnaires de l’État; de plus (et l’idée nous semble plus pratique) les parqueurs et marchands formeraient une association pour faire examiner périodiquement, par des inspecteurs indépendants et qualifiés, les parcs et approvisionnements. Les huîtres importées de l’étranger pourraient être consignées chez un membre de l’Association, qui serait soumis à un sévère examen de ses stocks étrangers; les bivalves subiraient toujours chez lui une sorte de quarantaine avant d’être déposés dans des parcs anglais.
- Consommation «les «cuis à Paris. — La
- consommation et par conséquent le commerce des œufs sont tellement considérables à Paris qu’un pavillon entier des Halles centrales, le n° 10, est consacré aux transactions en gros de cet article alimentaire si important. L’octroi de Paris accuse l’entrée de 55 520 042 kilogrammes d'œufs en 1897, et comme on compte généralement 20 œufs au kilogramme cela fait 550 millions et demi
- d’œufs qu’ont absorbés les Parisiens. Comme le dit notre confrère le Bulletin de la Société des aviculteurs français, les plus beaux œufs arrivent de Picardie; les,.nutrcs de la Touraine, de la Bourgogne et de l'Auvergne, et aussi d’un certain nombre de départements du .Midi, Lot, Lot-et-(îaronne, Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne, Aveyron. Quant au prix des œufs, il varie, suivant l.i grosseur et la qualité, de 119 francs à 70 francs le mille, les œufs moyens valant (du moins en 1897) de 79 à 94 francs. En 1804 le prix du mil e d’œufs n’était que de 48 francs et de 81 francs en 1875.
- Un nouvel ennemi «les arhres t'i-nitiers. —
- C’est encore un kermès de la famille des Coccidécs, comme le pou de San José dont nous avons parlé précédemment, le Diaspis amijgdali. D’après le Gardeners' chronide, cet insecte aurait été introduit du Japon en Angleterre dans une importation de Prunus pseudo-cerasus, au mois de janvier 1898. Cet envoi se composait d’une centaine d’arbustes qui se sont trouvés disséminés un peu partout. En avril, M. Newstead, de Gros-venor-Museum Chcster, a examiné l’insecte sur deux de ces sujets. Une émulsion de paraffine n’a pas réussi à tuer les insectes, et l’on prévoit que le seul remède possible consistera à badigeonner les arbres au pétrole pur à moins qu’on ne préfère se résoudre à les brûler. Ajoutons que le changement de climat n’a pas paru affecter cet insecte.
- Les (ils télcgraphltjiics «le la Grantle-Brcta-
- gnc. — Si l’on tient compte de toutes les communications appartenant à la Grande-Bretagne, aussi bien dans l’Inde et dans les colonies que dans le Royaume-Uni, sous mer que sur terre, on arrive à un développement total formidable de 1 111 36(j milles, ce qui fait 17 781 856 kilomètres. Comparez ce chiffre avec la circonférence de notre globe, et vous serez édifié sur la magnifique expansion des communications télégraphiques anglaises.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 12 décembre 1898. — Présidence de M. Wolf.
- Vaccination contre le venin de vipère. — M. Chauveau expose les résultats obtenus par M. Phisalix dans de nouvelles recherches sur le venin de vipère. M. Phisalix a découvert que les sucs de champignons de couche vaccinent contre l’action du venin de vipere. H n’est arrivé à cette constatation qu’après un grand nombre d’expériences parce que les champignons de couche, par suite de la manière dont on les cultive, contiennent presque toujours des microbes, quelquefois même celui du tétanos. Mais en traitant convenablement ces sucs, on ne laisse plus subsister que l’action propre. L’effet immunisant contre le venin de vipère dure de un à deux mois.
- L'élasticité des tissus. — M. Chauveau dépose une Note résumant une quantité d’expériences qu’il vient de réaliser sur l’élasticité des tissus musculaires en état de travail. 11 a représenté par des graphiques les allongements obtenus par une addition du poids, ou les raccourcissements résultant d’un enlèvement de poids.
- Les bétons armés. — M. Considère fait connaître les déductions théoriques qui lui permettent d’affirmer que les bétons armés peuvent être employés dans la construction plus avantageusement que les bétons ordinaires. Les bétons armés sont des blocs au milieu desquels on a noyé des barres de fer qui en occupent la longueur. Ces blocs
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- LA NATURE.
- ainsi préparés résistent à des efforts de flexion ou de traction infiniment supérieurs aux blocs ordinaires.
- L'Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1899. — M. Cornu présente l’Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1899. Cet ouvrage contient une importante et intéressante Note de M. Cornu sur les unités C. G. S.
- Cn. DE VlLLEDEUIL.
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- LE NOUVEAU CHEMIN DE FER
- EMUE liAltMES ET EMOFEI.I)
- EN ALLEMAGNE
- Rarmen et Elberfeld sont deux villes d’Allemagne importantes qui ont entre elles de nombreuses rela-
- tions pour leur commerce et leur industrie. I.e tramway électrique qui les relie est devenu de beaucoup insuffisant et il a fallu songer à établir de nouveaux moyens de communication. On pensa d’abord à l’installation d'un chemin de fer à voie aérienne, analogue à celui que la société Siemens et Halske installe actuellement à Berlin. On fit des projets et l’on était amené à poser des supports dans le lit de la rivière; le projet était inacceptable, la construction n’aurait pu présenter aucune stabilité. M. Eugène Langen a proposé dernièrement une sorte de route suspendue, telle que la représente notre dessin d’après les gravures de Vlllustrite Zeitung et le Scien-tific American. Ses propositions ont été acceptées,
- Le nouveau chemin de fer entre Bannen et Elbcrfcld (Allemagne).
- et les travaux sont actuellement en cours d’exécution.
- La structure de ce chemin de fer comporte une série de charpentes en fer qui seront placées sur les bords de la rivière. Ces deux charpentes seront reliées à leur partie supérieure par des traverses qui les maintiendront. Enfin dans le sens longitudinal une longue poutre réunit entre elles toutes les charpentes dont nous venons de parler. Lorsque le chemin de fer traverse des rues ordinaires, des étais verticaux remplacent les charpentes inclinées. Les stations qui seront placées tous les 5 ou 600 mètres seront réunies aux ponts par des escaliers.
- Le système de traction sera électrique. Les voitures seront suspendues à un rail placé dans la traverse longitudinale dont il a été question. Diverses précautions seront prises pour éviter tout accident.
- Des griffes seront disposées pour retenir la voilure au cas où l’essieu se casserait et l’empêcher de tomber du truck. Chaque voiture pourra contenir environ 50 à 60 voyageurs et progresser à une vitesse de 50 à 55 kilomètres à l’heure. Les voitures resteront constamment horizontales et passeront environ à une hauteur de 5 mètres au-dessus des ponts.
- Un estime que les dépenses d’une telle installation s’élèveront à 10 ou 15 millions de francs. L’entreprise est confiée à une compagnie de Nuremberg. Il sera intéressant de savoir si ce type nouveau sera susceptible de se généraliser dans des circonstances analogues. J. Laffakgue.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lajilue, nie de Fleurus, 9.
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- LA NATURE
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- .V 1555. — 24 DECEMBRE 1898
- DEPLACEMENT D’UNE PORTE MONUMENTALE A ROCHEFORT
- A quelque ehose malheur est bon, dit le proverbe;
- les habitants de ____________________
- Roehefort en ont | fait l’application ainsi qu’on va le voir : le 4 mars 1895, un incendie détruisait l’aile Nord de la Préfecture maritime. Or, ce bâtiment était dans un état de vétusté tel que sa disparition ne laissa pas de grands regrets ; bien plus, on décida que la partie qui avait été respectée par le fléau serait démolie pour laisser la place à des constructions neuves : seule une porte datant de 1720 avait un caractère architectural suffisant pour mériter un
- > \ > » t \ ' ' -N' •
- meilleur sort. On protita même de l’occasion pour
- rectifier l’alignement de la rue de l’Amiral-Courbet, sur laquelle cette porte empiétait. Cette opération nécessitait le déplacement du monument, et comme la présence de crampons dans la maçonnerie rendait le travail de démontage impraticable, il fut décidé qu’on le transporterai t d’un seul bloc.
- Les dimensions considérables de l’ouvrage, 10m,56 de hauteur sur 6 de lar-
- exigeaient
- Fiff- 1-
- Habillage de la porte avec des madriers.
- gros madriers en bois, disposés sur trois rangs.-de
- geur une consolidation importante. De
- Fig. 2. — Vue d’ensemble du chantier.
- 27° auuee
- 1er semestre.
- 4
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- LA NATURE.
- ceinture, formaient une armature que retenaient des étais inclinés; ceux-ci reposaient sur des pièces horizontales qui traversaient la maçonnerie à sa hase.
- 11 s'agissait de déplacer la porte de 2m,78 suivant la direction de la rue de l’Amiral-Courhet, de 2m,A- suivant la rue Toufaire et enfin de la taire tourner d'un angle de 1°,42.
- 'fout mouvement dans un plan pouvant se ramener à une translation et à une rotation, il lut décidé
- W £ îfavry. æs.
- |[Fig. o. — Disposition pour le déplacement rectiligne.
- qu’on exécuterait une translation générale oblique à la direction de la porte, de façon à amener le centre
- du jambage nord à sa nouvelle position, ce qui donnait? un déplacement rectiligne de om,68 ; ensuite
- rr^T. 1 P=Ui -~-l.
- . \ }
- «P Jül
- [Fig. 4. — Vérin pour le déplacement angulaire.
- on devait faire tourner l’ensemble autour de la verticale de ce point comme axe, suivant un déplacement du jambage sud de 0m,15. Les nouvelles fondations avaient été préparées ainsi qu’un chemin de glissement en béton de 0m,50 d’épaisseur.
- L’ensemble des mouvements se fit à l’aide de deux cabestans manœuvrés chacun par une équipe de dix-huit hommes ; les appareils agissaient isolément sur les piédroits, grâce à des palans à quatre brins dont les chapes lixes prenaient leur point d’appui sur deux pieux de retenue, par l’intermédiaire d’un dynamomètre.
- L’opération a été faite le 10 juillet 1897 entre trois heures et quatre heures de l'après-midi, en présence de M. le vice-amiral Prouhet, sous la direction de M. de Mazerolle, ingénieur des ponts et chaussées qui avait préparé l’ouvrage. Le démarrage se fit à l’aide de vérins horizontaux qui soulagèrent le travail des treuils; à un signal donné, les deux équipes mirent les cabestans en mouvement. Au moment du départ, les aiguilles du dynamomètre marquèrent l’une 5 tonnes et l’autre 6 ; le maximum de l’action indiqua 8,7 tonnes; bien que le transport ne se fit point par secousse, il n’était pas absolument continu, car l’ensemble des transmissions se tendait et se détendait successivement.
- Quant à la rotation proprement dite, elle ne se lit que le lendemain matin ; on employa à cet elfet des vérins à l’exclusion des cabestans. Une fois la porte en place, on la débarrassa de sa garniture en bois et l’on reconstitua les sous-œuvres des piédroits. La maçonnerie s’est très bien comportée pendant le transport, aucune pierre n’a bougé et maintenant, que la partie, environnante est reconstruite, rien ne rappelle plus l’opération à laquelle on l’a soumise.
- A. DA Cunha.
- DIX NOUVEAUX ÉLÉMENTS
- En 1895 MM. W. Ramsavetlord Rayleigh découvrirent dans l’air un gaz nouveau «l’Argon ». En 1898, cette année même, MM. Ramsav et Travers ont trouvé dans l’argon liquéfié trois autres gaz, le néon, le krypton, le métargon. Dernièrement on en reconnut un nouveau, le « Xénon » et il n’est pas facile à voir, car il se trouve dans l’air en proportion moindre que le néon, qui n’y figure que pour la quarante-millième partie. Et de cinq !
- Depuis, on s’est aperçu que l’Hélium, le gaz qui fut ainsi appelé parce qu’il avait été trouvé d’abord dans le soleil, au moyen de l’analyse spectrale, faisait aussi partie de l’atmosphère terrestre. Et de six !
- M. William Crookes, de son côté, a reconnu encore, par l’analyse spectrale, l’existence d’un autre élément, qu’il a appelé « Monium » parce qu’il est seul de son espèce et offre un contraste frappant avec les gaz récemment identifiés ; bien que jeune et rétif, il entre dans un certain nombre de combinaisons chimiques.
- Enfin, M. Brush a annoncé à l’Association américaine pour l’avancement des sciences, réunie à Boston, qu’il venait de rencontrer un élément inconnu dans l’atmosphère, lequel est absorbé, puis dégagé, par le verre chauffé dans le vide. Il l’a baptisé du nom suggestif d’« Ethérion ». C’est que, en effet, il doit se rapprocher beaucoup du fluide hypothétique imaginé par les physiciens et connu sous la dénomination d’ « éther ». L’éthérion est beaucoup plus léger que l’hydrogène, le plus léger des gaz ; sa conductibilité par h: cnaleur serait cent fois plus grande que celle de l’hydiogène. La vitesse vibratoire de ses molécules atteindrait 100 kilomètres par seconde. Non seulement il existerait sur la terre, dans le soleil ; mais il serait répandu partout dans l’espace. M. Brush a-t-il bien vu '! On peut se le demander. En tout cas, sauf correction, nous voici avec huit gaz nouveaux dans l’air.
- Ajoutons encore à cette liste deux corps : le « Polonium », trouvé par M. et Mme Curie dans la pitchblende,
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- LA NiATLKE.
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- corps ressemblant assez au bismuth et possédant un pouvoir radiant invisible analogue aux rayons Roentgen ; enfin le « Coronium », révélé d’abord par l’analyse spectrale dans l’atmosphère solaire, à 481) 000 kilomètres de la surface de l’astre, corps plus léger que l’hydrogène, et retrouvé par MM. Nazini, Andulini et Salvatori dans les gaz de la solfatare de Pouzzoles et du Vésuve. Bref, au total, dix corps nouveaux en 1898. Nous verrons, l’année prochaine, s’ils existent encore. Flamel.
- CRISTALLISATION DE L’ALBUMINE
- Grande nouvelle dans le monde chimique aussi bien que dans le monde physiologique !
- L’albumine (blanc d’œnf purifié), dont le rôle est si important pour la vie animale et pour la vie végétale, avait été regardée par tous les savants comme un principe mal défini, mélanges de divers corps incristallisables. Et, de même que la gélatine, l’albumine et corps analogues (légumine, caséine, etc.), elle ne paraissait pas susceptible de cristalliser.
- M. Ilofmeister avait annoncé, il v a quelques années, avoir obtenu de l’albumine cristallisée. Mais il faut bien avouer que ce travail avait passé presque inaperçu : on n’y croyait guère, albumine et cristallisation paraissant deux choses incompatibles de leur nature.
- Le procédé ayant été repris, simplifié et perfectionné par MM. Hopkins et Pinkus, chacun peut maintenant faire de l’albumine cristallisée aussi bien avec l’albumine du sang qu’avec celle de l’œuf.
- Sans entrer dans les détails du procédé, il se résume en ceci : action sur les blancs d’œufs d’une solution saturée de sulfate d’ammoniaque additionnée d’une très petite quantité d’acide acétique. Il se produit un précipité d’albumine formé de très fines aiguilles bien définies, sans matières amorphes. On les redissout dans l’eau et on répète plusieurs fois le même traitement.
- Le produit cristallisé représente 40 pour 100 du poids de l’albumine contenue dans les blancs d’œufs employés. Que représentent les 60 pour 100 qui échappent à la cristallisation? Cette importante question exige de nouvelles recherches, dont s’occupe M. Panormof. Cii.-Er. Guignet.
- FLORAISON HIVERNALE DU MUGUET
- EK APPARTEMENT
- Le muguet, celte jolie Liliacée, que les Anglais nomment Lis des vallées, les Allemands Fleur de mai et les botanistes Convallaria maialis, est aimé de tous. Aussi, lors d’une promenade en foret, en mai, on se plaît à cueillir et à réunir en bouquets ces grappes de fleurs d’un blanc nacré, que la brise agite, comme autant de clochettes au-dessus du gai lapis vert de leur feuillage naissant.
- L’hiver, on aime à acheter ces fleurs si délicieusement parfumées, qu’on admire à la vitrine des fleuristes et que l’on fait épanouir, maintenant en toute saison, mais que l’on paye généralement assez cher.
- Faire fleurir le muguet en appariement, l’hiver, aussi facilement que les Crocus et les Jacinthes est une chose simple. Beaucoup de personnes s’étonneront très justement du titre de cet article, telle-
- ment cette chose est peu connue, ou, pour dire vrai, elle est à peu près inconnue.
- Il ne faut pas croire, cependant, qu’il suffise d’aller arracher quelques touffes de muguet sous bois et de les planter pour obtenir d’excellents résultats. Dans ces conditions la floraison serait nulle, tout comme si l’on voulait faire fleurir sur carafes des oignons de jacinthes prises au hasard, dans le jardin.
- Les muguets destinés à la floraison intensive sont cultivés et préparés spécialement à cet effet. C’est principalement en Allemagne, aux environs de Hambourg et de Berlin, que cette culture pour le forçage se fait sur une grande échelle, puisque des centaines d’hectares y sont spécialement consacrés. On qn cultive bien dans d’autres pays et en France ; mais les muguets n’ont pas la même valeur que ceux préparés en Allemagne et ils donnent généralement de moins bons résultats. Aussi en importe-t-on de ce pays, dans toutes les puissances d’Europe, pour des millions de francs chaque année. Le muguet est une plante rhizomateuse très traçante qui développe un assez grand nombre de bourgeons. Ce sont ces bourgeons, que l’on désigne couramment sous le nom de griffes, qui donnent les grappes de fleurs.
- Tous les bourgeons ou griffes ne fleurissent pas indistinctement d’une façon parfaite. 11 faut en effet trois ans pour qu’un bourgeon atteigne son complet développement et contienne une hampe florale bien fournie. Les griffes de cette catégorie sont grosses, courtes, renflées et munies d’un grand nombre de racines ; ce sont celles-là qu’il faut acheter pour la culture en appartement.
- Les muguets ainsi préparés par une culture de trois années parviennent chez les marchands grai-niers par hottes de vingt-cinq bourgeons chacune, comme le montre la figure 1. C'est ainsi qu’on peut se les procurer chez eux en ce moment et pendant tout l’hiver. Les griffes de muguet que l’on achète doivent être mises dans un endroit frais si l’on ne veut pas les faire fleurir de suite.
- Dans le cas contraire elles sont rempotées dans des pots de dix centimètres de diamètre, à raison de huit à dix par pot, dans de la mousse, dans du sable, ou dans toute autre matière spongieuse gardant parfaitement l’humidité ce qui est l’essentiel. 11 n’est pas nécessaire que les matériaux soient fertiles ; toute addition d’engrais serait donc superflue.
- On peut aussi réunir les griffes par petites bottes de huit à dix, eu les séparant et en les entourant avec de la mousse ; ces petites hottes sont placées au fond de grands pots ou dans de petites caisses par plusieurs ensemble. Pour les faire fleurir le pot est recouvert d’une feuille de verre.
- 11 est aussi très décoratif de les planter dans des vases percés latéralement de trous, comme ceux des pots à crocus; ce sont de petites pyramides, dites à Muguets, dont les trous sont plus petits et plus rapprochés. Pour la plantation des griffes dans ces vases, dont l’ouverture doit être assez grande pour permettre de passer la main, on met au fond un peu de mousse
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- ou de sable jusqu’à la hauteur des trous inférieurs; puis en face de chaque trou on en place une ou deux en faisant sortir chaque bourgeon un peu en dehors. Un met un peu de sable entre elles, puis on en place successivement d’autres en face de chaque trou, en les séparant par un peu de sable que l’on tasse légèrement. Lorsque tous les trous sont occupés on en plante quelques-unes droites, dans l’ouverture du vase comme on le ferait dans un pot ordinaire. 11 reste toujours une partie vide à chaque trou que l’on garnit avec de la mousse. La pyramide a en ce moment l'apparence de la ligure 2.
- Avant la plantation il faut avoir soin de raccourcir les racines; on ne leur laisse généralement qu’une longueur de G à 8 centimètres.
- Pyramides, pots, bo-tillons, sont, aussitôt la plantation terminée, plongés dans un seau d’eau, dans lequel on les laisse, jusqu’à ce qu’ils soient parfaitement arrosés. Cette opération est répétée chaque jour, en se servant toujours d’eau tiède, et parfois deux fois par jour.
- Une fois bien mouillés les pots sont placés dans un endroit obscur ; dans le bas d’un placard, par exemple, à une température de 15 à 18°. Ils doivent y rester jusqu'au moment où les bourgeons se sont allongés de 8 centimètres environ.
- Une condition essentielle, si l’on veut obtenir une floraison parfaite, c’est de placer les potées
- de Muguet dans un milieu où la température se maintienne constamment et suffisamment élevée. Les abaissements trop fréquents et trop prolongés de la température ne sont pas favorables à une belle floraison. Aussi est-ce dans une pièce chauffée par un appareil à feu continu que l’on obtient les meilleurs résultats. En Allemagne, où les maisons sont chauffées par des poêles volumineux, les potées de Muguet sont placées dans certaines excavations ménagées pour différents usages. Pour que les pots ne sèchent pas trop vite on les enterre dans de la mousse toujours saturée d’eau. En France où l’on ne possède pas ces mêmes appareils on peut mettre les pots à forcer sur les bouches de calorifères, ou bien encore près des appareils à feu continu. 11 est toujours bon de les placer dans une soucoupe constamment remplie d’eau. Cette eau fournit de l’humidité aux racines et
- Fie. 1. — Botte de-, griffes de Muguet.
- procure aussi une humidité atmosphérique qui leur est très favorable. Lorsque les bourgeons ont atteint, dans l’obscurité, la longueur indiquée plus haut, on met les muguets dans une pièce parfaitement éclairée et chauffée.
- Pour ceux qui ont été réunis en petites bottes et mis dans le fond d’un grand pot, on recouvre celui-ci d’une feuille de verre. La floraison est plus régulière que celle des muguets plantés dans des pots percés de trous ou dans ceux qui ne sont pas recouverts et elle est aussi un peu plus hâtive. Il faut essuyer les feuilles de verre matin et soir et les enlever avant que les bourgeons ne les touchent.
- Les muguets doivent toujours être dans un milieu humide, c’est une des conditions essentielles pour une
- bonne lloraison ; aussi doit-on les arroser journellement. Dès que les boutons apparaissent, il est bon de placer les pots le plus près possible de la fenêtre, en évitant toutefois que le soleil ne les frappe de trop, principalement pour les cultures faites en mars et avril.
- Bien que l’on puisse obtenir de bons résultats en novembre et décembre si la température de la pièce atteint 18 à 22°, c’est principalement à partir du mois de janvier qu'on aura le plus de succès parce qu’on se rapproche davantage de l’époque normale de floraison.
- Au premier forçage, les muguets ne développent parfois que peu de feuilles; aussi, la maîtresse de maison doit-elle intercaler de la mousse verte entre les fleurs, ce qui en fait ressortir la blancheur. Les muguets mis dans des pots ordinaires peuvent très bien être ôtés et remis dans des potiches sans que cela ne les fatigue aucunement.
- Avec les floraisons de décembre il se développe davantage de feuilles; en février-mars elles sont parfois trop nombreuses et elles poussent trop vite au détriment des fleurs. Il faut alors en enlever quelques-unes dès qu’elles apparaissent pour n’en laisser qu’une par bourgeon.
- Rien n’est plus agréable que cette floraison obtenue en plein hiver; les soins qui sont journellement nécessaires et qui constituent un passe-temps amusant, sont largement compensés.
- En traitant des muguets de la façon que je viens d’indiquer, je les ai amenés à fleurir en 22 jours, ce
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- Fig. 2. — Pyramide de Muguet le jour du rempotage.
- Fig. 3. — Pyramide de Muguet au moment de la sortie de l'obscurité, 6 jours après le rempotage.
- Fig. I. — Pyramide de Muguet 12 jours après le rempotage (6 jours après sa mise à la lumière.)
- La figure 2 a été photographiée le jour du rempotage; la figure 5 montre rallongement des hour-
- Fig. 5. — Pyramide fleurie de Muguet.
- geons six jours après, au moment où il convient de placer les muguets à la lumière; la figure 4 six jours
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- après encore, lorsque les feuilles commençaient à se développer et que les hampes florales étaient complètement sorties; et, enfin, la figure 5 montre le muguet complètement fleuri dix jours après.
- Après avoir donné tous les soins nécessaires pour obtenir une belle floraison, il faut faire en sorte de maintenir les fleurs fraîches le plus longtemps possible. 11 suffit simplement, dès que les fleurs commencent à s’épanouir, de placer les pots dans une pièce [dus froide en évitant de mouiller celles-ci, car l’eau les tache. Gilles conserve ainsi,en parfait état, pendant dix-lmit à vingt jours, Albert Maumkké.
- Professeur «l'horticulture.
- TIROIRS A GALETS
- On n’en est pins à constater l’avantage qu’il y a de remplacer, partout ou on le peut, le frottement de glissement par le frottement de roulement, le second étant de beaucoup plus faible que le premier. C’est pour cela qu’on a adopté les billes pour les bicyclettes et qu’on commence de les appliquer ou d’employer des rouleaux pour les moyeux des véhicules. 11 en résulte une diminution énorme d’effort de traction, qui se traduit par une économie réelle dans la plupart des cas. Aux billes et rouleaux, nous pouvons ajouter les galets, qui rendent de si grands services, par exemple pour les ponts tournants.
- Dans le cas présent il ne s’agit pas précisément de ce qu’on peut appeler une économie de force motrice ; mais l’intérêt est de même ordre et n’est pas moindre.
- Tous ceux qui possèdent un de ces meubles bien connus qu’on appelle des commodes, savent quelle peine on a le plus souvent pour en tirer ou en repousser un tiroir : lors même que le bois n’a point joué, il se produit fatalement des coincements entre les côtés du tiroir, en haut et en bas, et les coulisseaux du meuble. Un inventeur suisse, M. Joseph Probst, a imaginé, pour remédier à cet inconvénient si réel, de munir de coulisseaux à galets tous les meubles à tiroirs, et nous reproduisons, d’après le Moniteur de l'Industrie, une coupe verticale antéropostérieure d’une commode munie du dispositif Probst.
- Le coulisseau, comme il est facile de le voir par notre gravure, se compose d’un cadre métallique A, pourvu de trous pour des vis destinées à le fixer au meuble, et de galets disposés verticalement pour offrir une surface de roulement au tiroir. Chaque coulisseau comporte généralement (mais c’est peut-être un luxe inutile) à la fois des galets B1 destinés à supporter le tiroir placé au-dessus, et
- d’autres galets B* qui guideront le bord supérieur du tiroir d’au-dessous. On peut même aller, et cela en vaut la peine pour les tiroirs lourdement chargés, jusqu’à disposer latéralement, entre l’extérieur de la paroi du tiroir et l’intérieur de la paroi de la commode, des galets D à axe vertical qui guideront encore mieux le tiroir.
- L’invention est orignale et d’un fonctionnement sùr.
- P' DE M'
- LES PONTS SUR LE TIBRE
- DANS l’ANCIENNE ROME
- M. Ronna vient de publier dans le Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale un travail des plus intéressants sur le régime du Tibre, où il étudie les travaux effectués dans l’antiquité pour atténuer les conséquences des crues périodiques que comportaient ce cours d’eau et ses affluents comme l’Àrno, et il décrit en même temps les divers ponts lancés par les Romains pour permettre la traversée du fleuve dans la ville capitale.
- Ces anciens ponts, tous établis en pleins cintres, avec de gros matériaux, fort étroits, et soutenus par des piles démesurément épaisses, présentaient bien le caractère propre de ces constructions antiques dans lesquelles on cherchait avant tout la résistance et la solidité plutôt que l’élégance et le dégagement, et on ne saurait nier du reste qu’ils n’aient servi avantageusement à bien des égards de modèles pour tous les ponts en pierre construits dans l’ancien monde. Si l’on considère toutefois que par leur installation lourde et massive, en même temps que par leur direction souvent mal étudiée et contraire à celle du courant, ils constituaient fréquemment un obstacle sérieux à l’écoulement des eaux et provoquaient des remous et un gonflement, on reconnaîtra qu’ils aggravaient ainsi dans une large mesure des inondations déjà terribles par elles-mêmes, d’où il faut conclure que l’art de construction des ponts n’avait pas fait chez les Romains les mêmes progrès que d’autres parties de l’art de bâtir. Quoi qu’il en soit, ces monuments n’excitent pas moins notre admiration par le bel appareil des matériaux et par une solidité qu’attestent, suivant l’expression de M. de Tournon, rappelée par M. Ronna, vingt siècles de résistance aux efforts du temps, des eaux, et souvent à ceux des hommes. Nous avons donc cru intéressant de donner ici la description et la vue de quelques-uns de ces ponts antiques, ce qui permettra d’apprécier immédiatement les différences si caractéristiques de ces constructions anciennes avec nos types actuels.
- Les ponts de l’ancienne Rome à l’époque impériale étaient au nombre de sept et se classaient dans l’ordre suivant au point de vue de la date de construction : Sublicius, Æmilius, Milvius, Fabricius et Cestius, Triumphalis, Janiculensis et Ælius. Nous nous attacherons ici plus spécialement aux ponts Sublicius, Fabricius et Ælius qui constituent les modèles les plus curieux de ce type de construction. Nous mentionnerons ensuite le pont Salarius, situé
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- en dehors de la ville, mais qui présente aussi un certain intérêt.
- Le pont Sublicius, le premier construit sur le Tibre, réunissait le Forum Boarium, aux quartiers Transtibérins. Il fut construit sous le règne d’Ancus Martius, et était alors en charpente avec fondation sur pilotis. La défense légendaire d’Horatius Codés contre Porsenna lui donna une célébrité qui l’associa ainsi aux origines de l’histoire de Rome ; mais, après la guerre, il fut rétabli en bois assemblé par de simples chevilles de fer, ce qui permettait désormais de le démonter plus rapidement en présence d’une attaque venant à l’improviste.
- Son entretien fut alors confié aux pontifies, sans l’autorisation desquels il était interdit de le réparer. Ce pont fut entraîné plus tard par une crue du Tibre et reconstruit en pierre par Æmi-lius -Lepidus qui fut le dernier censeur sous Auguste.
- Il subit toutefois dans la suite de nouvelles détériorations provenant des crues du Tibre, il fut définitivement entraîné l’an 780 de notre ère et complètement détruit. Le pont Fabricius (fig. 2 et 5) relie File Tibérine à la rive gauche du Tibre, il se prolonge jusqu’au Trans-tévère par le pont Cestius, il fut élevé en l’an 735 de Rome par Reius Fabricius curator viarum ainsi que l’indiquent les anciennes inscriptions conservées sous les arcades du pont ; on y lit en effet sur l’une des clefs de voûte :
- L. Fabricius CF. CVB. Viar.
- Faciundum coeravit
- et sur l’autre :
- Idemque probavit
- Q. Lepidus M. F. Lollius, M. F. Cos, Ex. S. C.probaverunt.
- Ce pont dont la vue est donnée (fig. 2 et 3) est avec le pont Ælius celui qui représente le mieux le type d’architecture romaine, il a 76 mètres de longueur totale, il comprend deux arches, l’une de 24n’,25 et l’autre de 24m,50 d’ouverture. Ces arches sont supportées par deux culées et une pile médiane de 10 mètres d’épaisseur aux naissances.
- Un arceau de 4 mètres d’ouverture élégit cha-
- cune des culées, et un autre de 5 mètres couronne la pile médiane. L’épaisseur des voûtes est de lm,80. Les murs de tète sont surmontés de plinthes et de corniches supportant un bahut à panneaux moulurés. La ligne de ces corniches reste, ainsi qu’on le voit, sensiblement horizontale entre les clefs des deux voûtes, ce qui donne un aspect plus satisfaisant que le dos d’àne qu’on observe généralement sur les ouvrages de construction postérieure.
- La largeur est de 6 mètres entre les tètes.
- Le pont Ælius (fig. 1), qui passe pour un des plus remarquables de l’architecture romaine, a été construit en l’an 156 de notre ère par l’empereur Ælius Trajan Adrien pour donner accès au mausolée qui porte son nom et qui est devenu aujourd’hui le château Saint-Ange. Dans son état original, il était
- formé de huit arches en plein cintre, dont trois au centre de mêmes dimensions, trois de dimensions décroissantes vers la rive gauche, et deux de dimensions décroissantes vers la rive droite. Les arches extrêmes qui servaient seulement à l’écoulement des hautes eaux furent toutefois enterrées plus tard dans les remblais des quais, et le pont Ælius se trouva ainsi ramené à cinq arches seulement, comme l’indique la figure 1. La disposition primitive dont le souvenir était perdu ne fut retrouvée que par suite des fouilles effectuées lors du récent agrandissement de ce pont. Dans le tracé représenté, le pont avait une largeur de 10m,25 et une longueur totale de 105m,50, sa hauteur au-dessus de l’étiage du fleuve devait atteindre 15 mètres. Les arches centrales ont 18 mètres d’ouverture, elles sont soutenues par des piles écartées de 25 mètres d’axe en axe, ayant une largeur de 6m,56 et une longueur de 20 à 25 mètres. Elles sont exécutées en travertin avec des assises de 0m,80 de hauteur crochetées en optis revinctum.
- Au niveau d’étiagc, elles présentent un avant-bec triangulaire du côté amont et un massif carré du côté aval. Au moment de l’agrandissement du pont, on déblaya les terrains pour établir une rampe d’accès et on découvrit ainsi sur la rive gauche les deux arches mentionnées plus
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- haut. Ces deux arches parfaitement conservées pré- [ elles avaient leurs fondations reposant sur un radier sentaient toutes deux une largeur uniforme de 5m,02, I en béton (fig. 4). On effectua en outre trois sondages
- Fig. 2. — Pont Fabricius. Vue extérieure. (Réduction d'une gravure de Pyranési.)
- qui permirent de reconnaître la résistance de la ma- I profondeur et de vérifier s il existait un radier soiis connerie des culées ainsi que la cote exacte de la I les grandes arches. Le premier sondage fut dirigé
- Fig. 4. — Pont Ælius. Rampe gauche et rampe droite.
- sous la culée de gauche, il montra que lajnaçon- I et de tuf avec fragments de basalte cimentés et nerie était formée de couches en bloc de travertin | descendait à la profondeur de 4m,65 au-dessous
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- de l’étiage. Le deuxième sondage effectué sous le que la maçonnerie descendait en ce point jusqu’à la bec d'amont de la première pile de droite montra profondeur de 10m,44 au-dessous de l’étiage (flg. 7).
- Fig. 5. — Pont Salarius. Vue extérieure. (Réduction d’une gravure de Pyranési.)
- Fig. 0. — Pont Salarius sur l’Anio. Élévation.
- Seconda Terebraiione
- Prima
- Terebraiione
- t-2.9Qh 8,65
- Fig. 7. — Pont Ælius. — Culée de gauche et première pile de droite. Sondages.
- Un troisième sondage poussé dans le lit du fleuve la première grande arche de droite ne révéla la pré-jusqu’à 15m,10 au-dessous de l’étiage dans l’axe de sence d’aucun radier, et il y a donc lieu de conclure
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- que le pont n’en comportait pas dans le lit du fleuve.
- Parmi les ponts situés en dehors de Rome et qui par leur position en amont pouvaient influer sur les crues, nous citerons particulièrement le pont Sala-rius sur l’Anio ( Teverone) dont la vue, reproduite sur les figures 6 et 7, fournit un exemple particulièrement frappant de l’encombrement qu’entraînaient ces constructions. Ce pont, réédifié par Narsès au sixième siècle sur Remplacement de l’ancien pont qu’avait illustré Manlius Torquatus, comprenait une arche centrale de 26m,7(> dont les naissances surmontaient deux banquettes saillantes de 2 mètres qui rétrécissaient le lit mineur à 22m,76. Les culées étaient elles-mêmes percées de deux arches latérales ayant chacune 4m,l2 d’ouverture. La largeur entre les tètes était de 8m,50. La chaussée montait par des rampes de 0m,09 pour atteindre au sommet une hauteur de 15m,40 au-dessus des naissances.
- Dans un passage reproduit par M. Ronna, M. l’ingénieur Léger, en donnant la description du pont Ælius, ajoute que ce pont semble marquer un commencement de décadence dans l’art antique. L’appareil des têtes est moins soigné, dit-il, les pieds droits des arceaux sont protégés par un revêtement en plus grand appareil, mais mal raccordés avec les murs des têtes, les chaînes d’angle présentent moins d’épaisseur que la voûte. L. Elbée.
- MICROBES INCENDIAIRES
- Une tendance inhérente à notre esprit nous porte souvent à attribuer nos habitudes, nos haines, nos sentiments, nos actes et nos passions aux êtres qui nous entourent, à nos frères inférieurs : aux animaux de l’étable comme aux fauves des cavernes, aux tyrans de l’air comme aux paisibles habitants des eaux. Mais rares sont les sociétés d’êtres vivants qui, en apparence, puissent revendiquer au même titre que les microbes, cet anthropomorphisme à rebours. Leur monde invisible forme comme un écho de nos luttes et de nos combats, de notre activité, de nos industries, de nos qualités et de nos misères. 11 y en a parmi eux qui, bienfaisants pour l’homme, s’enrôlent de bonne grâce à son service et rivalisent de turbulence pour augmenter ses ressources ; cependant que d’autres, sans relation avec nous, ne paraissent avoir aucune action sur les choses: ils vivent, sans souci des fermentations, en amateurs, en artistes ou, si vous voulez mieux, en coloristes. Tantôt ils se faufilent dans nos cuisines, rougissent notre pain ou bleuissent notre lait, tantôt ils vont d’un bond transformer en tapis de pourpre les blancs névés des régions alpines ou prêter à l’immensité des flots des océans les tons variés de leur plasma resplendissant.
- Mais à côté de ces dilettantes inoffensifs, qui ne semblent exister que pour la joie d’étaler au soleil l’éclat de leurs vives couleurs, le monde microbien renferme aussi, hélas! nombre de groupes très mal famés : des empoisonneurs, des meurtriers et des vandales qui, non contents de livrer à nos animaux domestiques et à nous-mêmes les plus désolantes batailles, poussent la rage de la destruction jusqu’à mettre le feu à nos récoltes. Et s’ils expient cher ces incendies, qui les anéantissent à jamais dans des tourbillons de flammes, ils font tout pour les
- préparer. Les combustions spontanées des foins et des regains sont, incontestablement, leur œuvre.
- Quoique la cause de ces combustions paraît être connue et expérimentalement prouvée du temps déjà lointain de Liebig, ce n’est que tout dernièrement qu’elle a fini par avoir raison de la méfiance des praticiens et de l’hésitation des savants.
- Parmi les conversions opérées par l’évidence des faits, il convient de rappeler celle d’un grand cultivateur autrichien, M. Benesch qui, pendant trente ans, refusa de prêter foi à la spontanéité de cette combustion. Cependant, il y a quelques années, force lui fut de l’admettre à la suite d’un accident dont sa ferme de Meierbof a été le théâtre. Dans une grange inaccessible à tout venant et perché sur une très haute bâtisse il avait entassé, progressivement, 300 voitures de foin de céréales et de légumineuses coupées en vert. Vers le centre du tas, une partie de mélange d’avoine et de vesce ne tarda pas à s’échauffer.
- Le personnel de l’exploitation, pas plus que son chef, ne prit guère garde à cette constatation, et laissa au temps le soin de refroidir cette incompréhensible ardeur. Mal leur en a pris, car quelques jours d’attente ne firent qu’encourager et activer le travail des microscopiques chauffeurs. Au bout d’une semaine, un léger panache de brume coiffant la grange sema l’inquiétude dans la ferme de Meierbof. M. Benesch, après son infructueux appel au temps, songea à s’adresser à l’air, dont le contact, pensait-il, refroidirait le tas et disperserait aux mille vents les produits vaporeux de cette mystérieuse effervescence. Mais à peine ses ouvriers avaient-ils atteint, à l’aide d’un pénible déblai, le centre du tas, que des flammes s’élevèrent de tous côtés, en transformant le fourrage échauffé en un brasier immense. Et ce n’est ni sans diligence ni sans peine que les travailleurs sortirent sains et saufs de cette fournaise. Toute présomption de malveillance ou de contact de corps brûlant ayant été impossible à soutenir, cet incendie eut raison du scepticisme manifesté, jusque-là, par le propriétaire du Meierbof à l’endroit de la combustion spontanée du foin.
- D’autres faits non moins saisissants sont venus confirmer depuis la spontanéité de ces accidents, tant et si bien que les compagnies allemandes d’assurance contre l’incendie se sont préoccupées très sérieusement des moyens de prévenir ces sinistres devenus fréquents. Le relevé des pertes subies par une d’elles, du fait de cette inflammation spontanée, atteint, pour une période relativement courte, la somme de 2500000 francs!
- Mais il ne faudrait pas croire que ces incendies épargnent nos fermes. Par un contraste étrange mais compréhensible, c’est l’excès d’eau qui provoque le feu. L’histoire des années humides pendant lesquelles les fenaisons sont contrariées par la pluie le montre bien, et si, à la fin du mois d’août dernier, une meule de foin de 15000 kilogrammes a pris feu à Aulnay-sous-Bois, dans l’Orne, cependant qu’un incendie spontané réduisait en cendre un grenier de Saint-Amand rempli de foin de l’année, c’est parce que la récolte de 1898 fut opérée dans des conditions défavorables et que l’excès d’humidité en moisissant et altérant les fourrages, les a prédisposés à l’inflammation.
- Cette combustion spontanée, en effet, n’est que le dernier acte d’un de ces drames intimes qui se déroulent sans fracas dans l’amoncellement des herbes de prairies mal desséchées ou dans le cœur des balles de coton, de tabac, etc., légèrement avariés. Les microbes qui adhèrent à toutes ces parties végétales, excités par les premières caresses
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- de la vapeur d’eau, se mettent en devoir de pulluler. Leurs bataillons à peine constitués serrent leur rang pour attaquer ces immenses forteresses qui sont, pour eux, les fibres végétales et qu’ils démantèlent en les digérant.
- Ce travail de dislocation ou fermentation ne va pas sans un certain dégagement de la chaleur, d’abord localisé de parle défaut de conductibilité des substances organiques. Mais par cela même le mal au lieu d'être étoulfé s’aggrave : le théâtre de toutes les opérations microbiennes se surchauffe et, faute de pouvoir répandre leur activit calorique, les microbes se font leurs propres exécuteurs. En effet, on a constaté que dans les points où ils travaillent, la température montait jusqu’à 500°, transformant le foin en une matière charbonneuse, poreuse et très légère. Dans ces hauts fourneaux insoupçonnés, le fourrage passé à l’état de charbon très divisé, faute d’oxvgène, se consume sans flamme ; mais dès qu’on ouvre brusquement le tas, l’accès de l’air fait instantanément flamber cette masse incandescente.
- Pour indiquer les préférences et les penchants de ces microbes incendiaires, les savants les ont affublés de l’étiquette de thermophiles. Toutefois cet amour pour la chaleur n’est que relatif, et au dire de Papeneck, ces micro-organismes séditieux succombent à la température de 80°, absolument comme les bactéries les plus vulgaires. Il est vrai de dire que leurs spores présentent à la chaleur et à la dessiccation une résistance désespérée.
- Mais comment se mettre en garde contre de si insidieux et si subtils maraudeurs? M. Benesch semble avoir résolu d’une manière fort simple cette délicate question à l’aide d’une longue tige de fer munie d’une poignée et se terminant, à l’autre bout, par une sorte de fourchette. Par un mouvement de torsion, celle-ci permet de ramener à la surface un échantillon de foin puisé dans le cœur même du tas ou d’une meule de fourrage. L’aspect et l’odeur de l’échantillon prélevé servent de points de repère pour les observations qu’on répétera de temps en temps. Quant à la température, il est aisé, avec un peu d’habitude de l’apprécier assez exactement en touchant la barre qu’on retire vivement après l’avoir laissé plongée pendant dix minutes.
- Grâce à l’emploi de ce simple outil, on est toujours averti à temps du moment où il convient de démolir le tas pour arrêter une fermentation dont l’activité menacerait de causer un incendie. Jean de Loverdo.
- LE SALON DU CYCLE ET DE L’AUTOMOBILE
- Les expositions temporaires pâtissent momentanément de la démolition du Palais de l’Industrie, et doivent demander asile, jusqu'après l’Exposition de 1900, au Palais des Machines, dont l’éloignement du centre de Paris handicape toujours un peu le succès, tant au point de vue de l’affluence des visiteurs qu’à celui du nombre des exposants. Cela suffirait à justifier le calme relatif de l’Exposition organisée par la Chambre syndicale du Cycle et de l'Automobile, en vue de perpétuer la tradition des expositions annuelles, malgré les conditions actuelles si peu favorables. Nous résumerons ici les impressions générales d’une première visite, nous réservant de décrire les principales nouveautés dans des articles ultérieurs.
- La bicyclette semble avoir atteint aujourd’hui sa
- forme définitive, et les modèles exposés ne difièrent plus entre eux que par des détails, des soins de fabrication, ou des qualités de matières qui permettent de livrer des bicyclettes à tout prix, entre 140 vt500 francs. Les transmissions sont encore généralement à chaîne, mais les pignons d’angle ne sont plus le monopole d’une seule maison ; bon nombre de constructeurs offrent les deux systèmes à leur clientèle.
- Signalons, parmi les modèles spéciaux, une bicyclette pliante destinée à servir de véhicule de secours aux automobiles, en cas de panne ; un modèle robuste et à faible développement pour le jeu du polo à bicyclette qui fera fureur sur nos plages l’été prochain ; un tricycle-bicyclette dans lequel la roue d’arrière est dédoublée en deux roues parallèles très rapprochées, ce qui permet l’arrêt sur place et augmente la stabilité sans employer de différentiel ; car, dans les virages, c’est la roue intérieure qui porte seule sur le sol. Signalons encore la Transformable, que nous décrirons plus complètement, dispositif qui permet, par le remplacement du guidon, des pédales et de la selle d’une bicyclette ordinaire, de la transformer en cinq minutes en une bicyclette sociable, à deux places côte à côte.
- La partie automobile du Salon est certainement plus intéressante et nous offre des nouveautés plus nombreuses que le cycle proprement dit. A défaut d’une classification générale et rationnelle dont le besoin commence à se faire généralement sentir, nous examinerons successivement, par ordre d’importance mécanique, les bicyclettes et tandems à moteur, les tricycles et quadricycles, les voiturettes et les voitures.
- Peu ou pas de nouveautés en matière de bicyclettes à moteur : il ne semble pas que l’appareil, en principe, réponde à un besoin réel; elle ne constitue qu’un compromis entre la bicyclette simple dont elle conserve l’instabilité gênante, et le tricycle à moteur dont elle a le poids sans la stabilité.
- C’est le tricycle de Dion et Bouton, bien connu de nos lecteurs, qui constitue le prototype, copié et recopié à plaisir, la base fondamentale des nombreux tricycles à moteur qui figurent au Salon sous les noms les plus divers; mais, nouveau Protée, il subit des transformations innombrables qui le rendent souvent méconnaissable, sans rien lui retirer, d’ailleurs, de sa race originelle. Les uns ont trouvé la selle inconfortable et substitué à cette selle un siège plus ou moins large et moelleux; d’autres ont pensé qu’il serait préférable, en sacrifiant la vitesse, de supprimer le pédalage en côtes, et ont adjoint des changements de vitesse qui réduisent la multiplication.
- La puissance des moteurs des anciens tricycles n’était que de 1 poncelet (1,25 cheval), celle des moteurs actuels est de 1,5 poncelet (1,75 cheval). Cette puissance est suffisante pour permettre le transport de deux personnes au lieu d’une seule, et depuis un an on n’est plus à compter le nombre de dispositifs ajoutés aux tricycles en vue de doubler
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- leur capacité de véhicula don. Ce sont d’abord les nombreuses remorques dans lesquelles le tricycle joue le rôle de tracteur et le tricycliste celui de cocher. Cette remorque est tantôt à deux roues, tantôt à une seule ; le remorqué fait face à la route ou lui tourne le dos, mais, dans tous ces systèmes, les voyageurs sont l’un devant l'autre, en tandem, et généralement le remorqué n’a comme vue principale que le dos du conducteur, perspective insuffisante dont s'accommode mal la galanterie française.
- Pour donner la place d’avant au voyageur, le tricycle est bientôt transformé en quadricycle, le Salon nous en présente plusieurs modèles intéressants, mais l’inconvénient des deux places en tandem subsiste, et c’est en vue de supprimer cet inconvénient, sans rien perdre delà simplicité et de la légèreté, qu’ont été créées les automobilettes et les voiturettes à trois ou quatre roues dont le Salon nous montre quelques types originaux auxquels nous consacrerons un article spécial illustré.
- Il nous a semblé, d’ailleurs, que la tendance actuelle des constructeurs était d’établir la petite voiture à deux personnes, d’un prix modeste, accessible au plus grand nombre, et non plus seulement aux rares privilégiés de la fortune. Les motocyclistes y arrivent en ajoutant une quatrième roue à leurs tricycles,les grands constructeurs en réduisant les proportions, la vitesse et le prix de leurs voitures ; mais la fusion n’est pas encore complète, puisque lesprixde ces voiturettes à deux places varient aujourd’hui entre 2000 et 6000 francs, suivant qu’elles se rapprochent du type motocycle ou du type voiture.
- Les automobiles électriques ne figurent qu’en petit nombre au Salon : les vainqueurs du Concours de fiacres, au mois de juillet dernier, se reposent sous leurs lauriers ; les autres exposent quelques nouveaux modèles sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir.
- Dans son ensemble, l’exposition est réussie ; elle renferme assez de nouveautés et présente assez d’intérêt pour recevoir au moins une fois la visite de tous ceux que préoccupe l’avenir du cycle et de l’automobile. E. H.
- LE TRAMWAY ÉLECTRIQUE
- DE BASTILLE-CHARENTON A PARIS
- Il y a près d’un mois, on a mis en marche à Paris, sur la ligne de Bastille-Charenton (7 kilomètres), un tramway à traction électrique, à trolley aérien et à caniveau souterrain. Le parcours aérien est de 85 pour 100. Avant de donner une description de cette nouvelle installation, nous avons voulu suivre l’itinéraire dans la nouvelle voiture, visiter la ligne et l’usine.
- La station terminus se trouve dans Paris, sur la place de la Bastille. La ligure 1 nous donne une vue de la voiture au repos, attendant les voyageurs et prête à repartir dans quelques instants. I)u point de départ jusqu’à l’extrémité de la rue de Lyon, la canalisation est en caniveau souterrain. La conduite est faite d’un tube de béton de 0m,70 de profondeur, qui est placé dans l’axe de la voie. Ce tube est renforcé de distance en distance, environ tous les lra,40, par des chaises en fonte dont la
- partie intérieure affecte la forme du tube. Ces chaises servent également à maintenir les rails supérieurs et à éviter tout rétrécissement de la fonte. Dans la figure 2, on voit une section du caniveau. On remarque les rails dont nous venons de parler, ainsi que les isolateurs en porcelaine qui portent deux conducteurs d’alimentation. Ces derniers sont en acier doux et présentent une face verticale de 10 centimètres de hauteur, sur laquelle frottent des balais.
- Des regards ont été prévus de distance en distance pour l’enlèvement des bois; des précautions ont été prises aussi pour l’écoulement des eaux. Ce qui n’a pas empêché à la fin du mois de novembre d’avoir sur cette partie de la ligne une série de courts-circuits et de retenir les tramways immobiles à la suite des pluies d’orages qui se sont abattues sur Paris.
- Les câbles placés dans des caniveaux sont alimentés directement par des câbles spéciaux sous plomb et armés, placés directement en terre en dehors de Paris et placés dans une conduite en fonte qui me-
- Fig. 2. — Coupe du caniveau souterrain,
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- sure environ 30 centimètres de diamètre dans Paris.
- Au boulevard Diderot, la canalisation devient aérienne. Au milieu de la voie sont placés de grands poteaux qui portent à leur partie supérieure les fils aériens qui amènent le courant. Ces poteaux, placés sur des petits refuges, sont d’un modèle très élégant. Les deux fils sont situés à une faible distance les uns des autres. Il n’y a aucun fil transversal. Cette disposition prouve bien ce qui a été dit depuis longtemps, t[ue le trolley aérien peut très bien être adopté dans
- Fig. 3. — Vue d’un poteau supportant les lils.
- à 0 fr. 20 et 18 places de 2e classe à 0 fr. 10. Chaque voiture est actionnée par 2 moteurs de 25 chevaux qui peuvent assurer une vitesse moyenne de 12 kilomètres à l’heure.
- Comme on le voit sur notre figure, chaque voiture est munie d’une perche qui permet de brancher sur le fil la roulette en communication avec les fils électriques. Et pendant les premiers jours de fonctionnement des tramways, ce n’était pas un des moindres amusements des voyageurs de voir les conducteurs des voitures travailler avec la perche pour arriver enfin à l’accrocher sur le fil.
- En sortant de la porte de Picpus, nous arrivons dans le bois de Vincennes. Nous trouvons d’abord un autre modèle de poteau. Ils ont été placés sur le côté et ils sont munis d’une console transversale qui supporte les deux fils (fig. 5). L’usine est située en dehors de Paris à St-Mandé, rue des Epinettes. L’installation renferme 3 chaudières semi-tubulaires Meunier d’une surface de chauffe de 200 mètres carrés. Grâce à un système spécial de ventilation, la fumivorité est assurée avec une cheminée de 17 mètres de hauteur. Trois machines monocylindriques Farcot de 220 chevaux sans condensation commandent par
- les parties excentriques de Paris où il rendra de grands services. Ajoutons qu’un certain nombre de lampes à arc seront disposées sur ces poteaux pour assurer l’éclairage ; elles seront montées au nombre de 5 en tension sur la différence de potentiel de 550 volts. La figure 5 nous donne la vue d’un de ces poteaux prise à la porte de Picpus. La figure 4 nous montre une des voitures qui circule sur la nouvelle ligne. Chacune d’elles est à deux plates-formes et à marchepied latéral; elle offre 18 places d’intérieur
- Fig. 4. — Modèle de voiture.
- courroies trois dynamos à courants continus compound Thomson-Houston de 150 kilowatts à 550 volts. Il y a encore une batterie de 250 accumulateurs de
- 350 ampères-heure de la Société pour le travail électrique des métaux. La charge de ces accumulateurs se fait en mettant en court-circuit sur chaque machine l’enroulement série et en transformant la dynamo en dynamo compound.
- Cette nouvelle installation de traction, d’une longueur de 2650 mètres à trolley aérien, faite par la Compagnie Thomson-Houston, est un premier pas en avant qui montre bien les avantages que peut offrir le trolley dans Paris et qui réduit à néant beaucoup d’objections.
- J. Laffargue.
- CHRONIQUE
- Les animaux et les plantes vénéneuses. —
- M. A. AV. Bennett rapporte que, d’après les employés mêmes du jardin botanique royal de Regent’s Park, à Londres, les merles mangent avidement les baies de VAtropa belladona dont on connaît les propriétés terriblement vénéneuses ; de même les souris se régale-
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- raient des graines du Datura stramonium. 11 paraîtrait d’ailleurs que les lapins de garenne sont très friands des feuilles de belladone.
- Le crapaud avalé et ressuscité. — Le journal Nature, de Londres, a parlé jadis d’un crapaud qu’on avait trouvé dans le ventre d’un serpent, et qu’on avait réussi à rappeler à la vie I n de ses correspondants du district de Purneah, dans l’Inde, l’informe que pareil fait est assez commun dans ce pays : « A presque tous les serpents on peut faire dégorger ce qu’ils viennent d’avaler, il suffit pour cela de les exciter un peu, et, à maintes reprises, j’ai vu alors un crapaud ou une grenouille, qui venait d’être engloutie, se sauver en manifestant sa joie ». Au reste, c’est une particularité très normale chez les serpents que de pouvoir rejeter ainsi leur nourriture.
- Traitement des gadoues. — On entend par gadoues les détritus de toutes sortes que des voitures enlèvent chaque matin à la porte des maisons. Cet enlèvement coûte à la Ville de Paris 2 200000 francs par an. Les gadoues très utiles à l’agriculture restent la propriété de ceux qui les enlèvent et qui en retirent 0 francs la tonne. Paris produit 700 000 tonnes. C’est donc 4 200000 francs que se partagent les enlc-veurs. Depuis longtemps la Ville cherche le moyen de bénéficier elle-même de cette somme élevée en raccourcissant le trajet malsain que les voitures d’enlèvement sont obligées de faire. De nombreux projets d'utilisation lui ont été soumis. Elle en a retenu trois qu’elle va essayer pour huit de nos arrondissements. Pour les douze autres, on continuera à se servir de l’enlèvement ordinaire. Les trois moyens que la Commission propose d’essayer sont : 1° Un traitement chimique qui, présenté par M. Sincholle, ingénieur, transforme les gadoues en mottes d’engrais, et sera employé par trois arrondissements; 2° l’incinération proprement dite, qui sera essayée pour deux arrondissements ; 5° le traitement par la vapeur surchauffée, présenté par M. Le Blant, va être essayé pour trois arrondissements. Le pavé de verre, déjà employé à l’étranger, remplace, paraît-il, avantageusement, tous les pavés connus. Or, la gadoue, soumise à la vapeur surchauffée et mêlée à du sable, se trouve, par le procédé Le Blant, transformée en pavé de verre.
- Te moulage des trous d’insectes. — Le naturaliste peut avoir souvent intérêt à prendre le moulage de trous, de refuges, de galeries d’insectes. M. le professeur J. B. Smith vient de faire, à l’Association américaine pour l’avancement des sciences, une communication où il recommande, dans ce but, l’usage du plâtre de Paris. 11 faut l’employer très clair et de la meilleure qualité possible, cette qualité influant beaucoup sur les résultats de l’opération ; on se trouve fort bien de recourir au plâtre surfin des dentistes, mélangé à une quantité égale d’eau. On peut ainsi mouler des galeries d’abeilles, de guêpes, d’araignées, de larves de divers coléoptères, même quand elles s’enfoncent de près de 2 mètres sous terre et qu’elles se ramifient.
- Ta soudure par compression. — Il a déjà été question de ce procédé; il s’agit ici simplement d’expériences récemment faites à l’Université Mac Gill, aux Etats-Unis, par les professeurs Adams et Nicholson, de la Faculté des Sciences appliquées. Ils prennent de la limaille et de la tournure d’étain, de laiton, de cuivre, ou d’autres métaux, et ils les accumulent sous une
- machine susceptible de leur faire subir une compression de 78 000 livres par pouce carré, autrement dit de 4021 kilogrammes par centimètre carré. Sous cette pression formidable, les copeaux, les parcelles métalliques se soudent réellement les unes aux autres, et se transforment en des barres solides de métal qui diffèrent assez peu comme apparence et comme résistance de blocs obtenus par fusion.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance annuelle publique du 19 déc. 1898.
- CONCOUHS DE L’ANNÉE 1898 . Présidence de M. Woi.f.
- La séance est consacrée à la distribution annuelle des prix décernés par l’Académie.
- M. le Président prend la parole et retrace l’historique des premières assemblées solennelles de la Compagnie. D’après le règlement royal de 1099, il devait y avoir deux séances publiques annuelles, l’une en novembre, l’autre au premier jour après Pâques. Les autres réunions se tenaient deux fois par semaine, mais étaient fermées.
- La publicité des séances parut une innovation fâcheuse si l’on s’en rapporte à l’opinion de l’abbé Bignon, président en 1699; elle ne serait pas un bien en 1898, dans la pensée du président actuel.
- « Heureuses, dit-il, les Académies où, les portes closes, chacun peut, en interrogeant ses confrères, s’instruire des choses qui sont en dehors de ses études habituelles, sans risquer de faire montre d’ignorance ! »
- En 1700, l’Académie des sciences décide que tout membre nouvellement élu devrait prendre la parole à la première assemblée publique qui suivrait sa réception. En 1701, Fontenelle introduit l’usage des lectures consacrées à faire connaître la vie et l’ensemble des travaux des membres de la compagnie décédés dans l’année.
- « Après lui, avec des talents divers, Dortous de Mairan, Granjean de Fouchy, Condorcet, continuèrent cette tradition que l’Académie des sciences a heureusement conservée. Les noms de Cuvier, Fourier, Arago, Flourcns, Dumas, rappellent des morceaux d’éloquence dont l’Académie française a consacré le mérite littéraire en appelant à elle la plupart de nos secrétaires perpétuels. Et aujourd’hui encore, sans aller, comme Voltaire, jusqu’à souhaiter qu’il mourût un académicien par semaine afin d’avoir le plaisir d’entendre son éloge de la bouche de nos secrétaires, nous pouvons leur dire avec l’abbé Bignon s’adressant à Fontenelle qui venait de lire l’éloge du grand Cassini : « Nous ne sentons jamais mieux le bonheur que « nous avons de vous posséder, Messieurs, que quand il « se présente des sujets au-dessus des écrivains même le « plus habiles.... »
- Mais, conclut mélancoliquement M. Wolf, la mort travaille avec tant d’activité que nous ne pouvons imposer à nos secrétaires perpétuels la tâche d’écrire les éloges de tous ceux qui disparaissent. De là cette pieuse coutume d’évoquer dans la séance solennelle le souvenir des morts de l’année.
- Et M. Wolf expose en quelques mots les traits saillants de la carrière de M. Aimé Girard, dont les travaux ont eu une si heureuse influence sur l’agriculture. Il parle ensuite de M. Souillard, correspondant de la section d’astronomie, qui consacra sa vie à des recherches théoriques sur le mouvement des satellites dedupiter; puis de M. Pomel, qui de garde-mine sut s’élever au rang des
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- géologues les plus distingués, et que la reconnaissance des Algériens plaça au Sénat vers la fin de sa carrière.
- C’est enfin le tour de M. Ferdinand Colin, professeur de botanique et directeur de l’institut de physiologie végétale à l’université de Breslau, qui « après Pasteur a été le principal promoteur des applications de la bactériologie à la médecine et à l’hygiène ».
- Lecture est ensuite donnée de la liste des prix décernés par l’Académie en 1898, cette liste est donnée plus loin.
- M. Berthelot prend la parole après la proclamation des prix. Son discours est une œuvre très complexe, par cela même fort difficile à analyser brièvement. Voici d’abord une esquisse du savant dont il va analyser la vie et les travaux.
- Il possédait les qualités d’imagination et d’initiative qui font les grands découvreurs plutôt que ces habitudes de précision, de certitude et de continuité, qui appartiennent aux savants réputés accomplis dans leurs œuvres, savants plus estimés peut-être dans les Académies, parce qu’ils ont moins d’imperfections. ÎN oublions pas cependant que ce sont les esprits inventeurs qui donnent le branle à l’humanité.
- Brown-Séquard était un inventeur, et quelques-unes de ses idées fondamentales, jugées étranges et presque insensées au moment où il les a proclamées, sous la forme parfois confuse qu’il leur a laissée d’abord, ont marqué malgré tout une initiative, aussi accentuée peut-être que celles de Pasteur ou de Cl. Bernard. Si la trace de Brown-Séquard demeure si profondément marquée dans l’ordre biologique, c’est qu’il a conçu un idéal très haut de la science et qu’il le poursuivit au milieu de toutes les traverses, avec un amour passionné, lui sacrifiant les idoles ordinaires des hommes, l’argent, les places et les honneurs. Tourmenté dans sa vie matérielle par une instabilité, un défaut d’équilibre non moins grand que dans sa vie intellectuelle, il vécut errant et agité, à la façon d’un savant du seizième siècle.
- Brown-Séquard naquit en 1817 à Port-Louis (Maurice), d’un père américain Brown et d’une mère française. Il ne connut pas son père qui périt dans un naufrage quelques mois avant sa naissance. Son enfance se passa dans les privations et la misère à Maurice; son adolescence ne fut guère plus heureuse en France. C’est vraiment une chose surprenante que de le voir au milieu de telles circonstances acquérir une instruction qu’il n’avait pas reçue à l’àge des études universitaires et qui devait le conduire au doctorat en médecine en 1840, et à devenir bientôt après un des membres les plus considérables de la Société de biologie récemment fondée; mais ce n’est qu’en 1848 qu’il connut quelques adoucissements à sa situation, grâce à la protection de Rayer qui lui procura quelques malades. En 1849, lors de l’épidémie de choléra, il entre comme médecin auxiliaire à l’hôpital militaire du Gros-Caillou. En 1852, encore une fois à bout de ressources, il passe en Amérique et y devient professeur de physiologie. Il y pratique aussi la médecine, dans les conditions les moins rémunératrices; va chercher fortune à Maurice, revient aux États-Unis et enfin en France en 1855, où il installe un laboratoire de physiologie avec Robin. De cette époque datent ses recherches sur le suc gastrique, sur les capsules surrénales, sur la moelle épinière, puis sur l’épilepsie. Sa réputation est désormais fondée, plus solidement d’ailleurs en Angleterre, où ses derniers travaux lui valent, en 1859, la place de médecin de l’hôpital des épileptiques récemment fondé à Londres.
- En 1865 nous le retrouvons professeur de pathologie
- du système nerveux à l’Université d’Harvard (Boston) ; à la suite de la mort de sa femme en 1867, il revient en France où il professe un cours de pathologie expérimentale à la Faculté de médecine de Paris. En 1872 nouvel exode à New-York. Enfin en 1878, il succède à Claude Bernard au Collège de France et se fixe définitivement à Paris. De cette époque datent ses recherches sur l’inhibition et les sécrétions internes. La seconde partie du discours de M. Berthelot est consacrée à l’œuvre du savant. On y voit comment tant de travaux tour à tour délaissés et repris, en des champs d’études divers, ont abouti à des résultats considérables soit en ce qui concerne la connaissance du système nerveux, soit en ce qui concerne le rôle physiologique capital, quoique non soupçonné de certaines glandes.
- LISTE DES PRIX
- Sciences mathématiques. — Grand prix : M. Émile Borel; une mention honorable est attribuée à M. Maurice Servant. — Prix Francœur : M. Yaschy. — Prix Poncelet : M. Hadamard. — Prix extraordinaire de six mille francs : Un prix de deux mille francs est décerné à M. Baule, un prix de quinze cents francs à M. Charpy, un prix de mille francs à M. Thiébaut, un prix de mille francs à M. Ravier ; un encouragement de cinq cents francs est attribué à M. Moissenet.
- Mécanique. — Prix Montyon : M. de Mas. — Prix Fourneyron : Un prix est décerné à M. Bourlet. Un prix est partagé entre MM. Carvallo et Jacob. Une mention très honorable est attribuée à M. Sharp. — Prix Lalande : M. S.-C. Ghandler, de Cambridge; un encouragement est attribué à M. Chofardet. — Prix Damoiseau : M. George-Williams Hill. — Prix Valz : R. P. Colin, de la Mission de Madagascar. — Prix Janssen : M. Belopolsky.
- Statistique. — Prix Montyon : M. Alfred des Cilleuls. Une mention très honorable est attribuée à M. le Dr Martial Ilublé, une mention honorable à M. Paul Vincet. — Prix Jecker : Le prix est partagé entre MM. G. Bertrand, Buisine et Daniel Berthelot. — Prix Wilde : M. le Dr Charles A. Schott. — Prix Vaillant : M. Cayeux. — Prix Desmazières : M. G. Battista de Toni. — Prix Montagne : Un encouragement de mille francs est attribué à M. le général Paris; un encouragement de cinq cents francs à M.le Dr Ledoux-Lebard. — Prix Thore : R. P. Pantel. — Prix Savigny : M. Coutière.
- Médecine et chirurgie. — Prix Montyon : Un prix est décerné à M. Widal; un prix à M. Bard. Un autre prix est partagé entre MM. Poncet et Bérard; des mentions sont attribuées à MM. Le Double, Variot et Kirmisson. — Prix Barbier : M. le Dr J. Comby. — Prix Bréant : M. Phi-salix. — Prix Godard : Le prix est partagé entre MM. Motz et Guiard. — Prix Bellion : M. Castaing. — Prix Mège : Le prix est partagé entre MM. Labadie-Lagrave et Félix Legueu. — Prix Lallemand : Le prix est partagé entre MM. Edw. Philps Allis et A. Thomas. — Prix du baron Larrey : MM. Régnault et de Raoult.
- Physiologie expérimentale. — Prix Montyon : M. Tissot. Des mentions honorables sont attribuées à MM. Dasson-ville, Lesbre, à Mlle Pompilian et à M. Reynaud. — Prix Pourat : MM. Courtade et Guy on. — Prix Philipeaux : M. Moussu. — Prix Gay : M. Sauvageau.
- Arts insalubres. — Prix Montyon : Le prix est partagé entre MM. Caries et Masure. — Prix Trémont : M. Fré-mont. — Prix Gegner : Mrae Curie. — Prix Delalande-Guérineau : M, Émilio Damour. — Prix Jérôme-Ponti : Le prix est partagé entre MM. Guichard et Lemoult. —
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- Prix Tchihatchef : M. Uhaffanjon. — Prix Iloullevigue : M. Édouard Branly. — Prix Cahours : le prix est partagé entre MM. Hébert, Metzneret Thomas. Un encouragement est attribué à M. Blanc. — Prix Saintour : M. Félix Bernard. — Prix Kastner-Boursault : Le prix est partagé entre MM. André Blondel et Paul Dubois, d’une part, et M. Paul Janet, d’autre part. — Prix Estrade-Delcros : M. Munier-Chalmas. — Prix Laplace : M. Mérigeault. — Prix Rivot : MM. Mérigeault, Defline, Le Troquer et (jérin. Un. de Yilledecil.
- L’OBSERVATOIRE DU MONT MOUNIER
- M. H. Bischoffsheim de l’Institut, ne s’est pas contenté de doter notre pays du magnifique Observa-
- toire de Nice, d’assurer son existence et celle de ses astronomes. Il a complété cette généreuse donation en faisant encore installer un Observatoire de montagne dans une situation admirable, au mont Mounier.
- Le mont Mounier, la montagne la plus élevée des Alpes-Maritimes (2816 mètres), est situé à une distance d’environ 90 kilomètres au nord-ouest de Nice. On a profité des bonnes conditions que présentait le sommet pour établir un nouvel Observatoire comme annexe de l’Observatoire de Nice. À l’origine cette station a été consacrée d’abord spécialement aux observations météorologiques. Depuis on y a ajouté une lunette équatoriale de 7 mètres de distance
- L’Observatoire du mont Mounier (2816-m.). (D'après une photographie de M. Jaubcrt à Saint-Sauveur.)
- focale avec un objectif de 14 pouces, pour l’étude de la surface des planètes.
- L’installation comprend une maison d’habitation reliée par un passage souterrain à la coupole, et un grand bâtiment contenant divers ateliers, forge, écuries, hangars, etc. 11 y a trois chambres pour les voyageurs qui désirent passer la nuit au sommet.
- L’Observatoire est relié par téléphone à la station télégraphique du village de Beuil.
- Les observations météorologiques sont recueillies régulièrement par M. Maynard, un robuste et remarquablement intelligent montagnard, qui a l’abnégation de passer sa vie dans cette solitude brûlé l’été par le soleil ardent et gelé l'hiver par des froids qui atteignent jusqu’à 20° au-dessous de zéro.
- Le service de l’Equatorial est fait à tour de rôle
- par M. Perrotin, directeur de l’Observatoire de Nice et par ses collaborateurs, MM. Javelle et Prin.
- Depuis l’été dernier on a commencé l’installation des bâtiments et des appareils pour une nouvelle étude de la vitesse de la lumière, par la méthode de la roue dentée de Fizeau, et sous la haute direction de M. Cornu, l’éminent physicien membre de l’Institut.
- La station correspondante sera pour ces expériences le Monte-Cinto près de Corte en Corse, à l’altitude presque égale à celle du mont Mounier. La distance à vol d’oiseau entre ces deux stations est d’environ 250 kilomètres. J.-.F Gall.
- Le Gérant ; P. Massc:;.
- Paris. — Imprimerie Laiut.e, rue de Fleurus, 9..--
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- N° 1550. - 31 DÉCEMBRE 1898.
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- LE CHAUFFAGE AU GOUDRON
- Cette idée, qui est due à M. Edmund Shurer, émane du désir fort logique que l’on a de simplifier et de faciliter le chauffage industriel (car c’est de celui-ci surtout qu’il s’agit) et d’alimenter les foyers avec un combustible qui s’y brûle plus parfaitement. Il y a là une question de première importance, au point de vue tant de l’économie, qui n’est pas négligeable, ipie de la fumivorité, ce problème qu’on commence effectivement à poursuivre aujourd’hui.
- Pour obtenir cette simplification et cette économie, certains inventeurs cherchent à rendre pratique l’emploi du combustible pulvérisé, dont nous reparlerons prochainement; d’autres, et c’est le plus
- grand nombre, voudraient qu’on usât d’un combustible liquide, grâce auquel la simple manœuvre d’un robinet assurerait l’alimentation du feu, tout comme il en est d’un fourneau à gaz dans une cuisine moderne. Toutefois, le seul combustible dont il eût été réellement question jusqu’ici, c’était le pétrole ou son résidu de distillation, Yastatki; le goudron est tout à fait une nouveauté en la matière.
- Il s’agit du goudron de houille, nous n’avons pas besoin de le faire remarquer; or, il serait des plus intéressant de trouver à ce sous-produit une utilisation possible sur une grande échelle, en dehors même des avantages qu’il peut offrir comme combustible. Nous rappellerons que c’est un produit secondaire de la fabrication du gaz d'éclairage et que, parfois aussi, il est recueilli dans la carbonisation de la
- Chauffage au goudron. Vue de l’apppareil et disposition d’un brûleur.
- houille en fours en vue de la production du coke métallurgique. On en tire déjà les partis les plus divers, car s’il sert à l’état brut à la conservation des matériaux de construction, à la fabrication des cartons pour toitures, de l’encre d’imprimerie, etc., sa distillation fournit des matières multiples et réellement précieuses : naplite, naphtaline, créosote, benzol, couleurs d’aniline, etc. Mais le goudron de houille se produit par centaines de millions de tonnes, et l’on trouvera facilement à s’en procurer comme combustible le jour où l’on possédera un système simple en permettant la combustion dans les foyers industriels.
- M. E. Shurer, dont nous avons prononcé le nom tout à l’heure, est l’administrateur général des grands chantiers maritimes de la Fairfield Shipbuil-ding C°, de Go van, près de Glasgow; il est arrivé à donner une forme pratique aux brûleurs qu’il a imaginés, ces brûleurs ayant déjà été soumis à des Î1‘ uroée. — 1er semestre.
- essais fort concluants. Si l’on veut bien suivre la figure ci-dessus, qui représente une chaudière sur laquelle ont été installés deux brûleurs de type figuré en cartouche, on comprendra facilement la disposition adoptée.
- Examinons de face la chambre de chauffe. Immédiatement nous apercevons à gauche un réservoir à goudron, réservoir rectangulaire en l’espèce, mais dont la forme importe peu, et qui, à Govan, contient 6300 litres; comme il faut que le goudron s’y maintienne à un état suffisamment liquide pour être envoyé aux brûleurs par une pompe, dans le bac est disposé un tuyau de vapeur formant serpentin. Nous voyons ce tuyau, qui a 12 millimètres, remonter pour gagner la muraille le long de laquelle se trouve la chaudière, et venir former un autre serpentin au milieu du goudron contenu dans un petit réservoir secondaire, qu’on peut appeler réservoir d’écoulement, et où le combustible liquide
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- est remonté par la pompe pour s’écouler ensuite aux brûleurs.
- À l’extrémité du bac, on remarque une ouverture de remplissage, puis un tuyau d’aération, et enfin un autre tuyau permettant l’aspiration du goudron par la pompe.
- Si nous suivons le coaltar au moment où il s’écoule du réservoir supérieur, nous le voyons descendre par un conduit qui l’amène à un autre tuyau en U renversé; la vapeur arrive de même façon, et chaque extrémité des U délivre respectivement soit la vapeur, soit le goudron à un manchon d’où l'un et l’autre s'écoulent par des tuyaux verticaux de 19 millimètres pour atteindre chaque brûleur.
- Nous n’avons pas à indiquer comment celui-ci est fixé dans la porte de chargement du loyer ; mais nous donnons une coupe de sa disposition intérieure, car il est particulièrement bien compris. Les deux tuyaux verticaux dont nous avons parlé tout à l’heure aboutissent à la monture commune que représente le dessin ; chacun se continue par un conduit à angle droit, dont il peut, bien entendu, être isolé par un robinet.
- Le brûleur se termine enfin par un ajutage percé de deux petits orifices superposés, celui d’en haut pour le combustible, l’autre pour la vapeur, celle-ci entraînant celui-là dans le foyer, où l'inflammation et la combustion se produiront comme dans les appareils de chauffage au pétrole.
- On a peut-être remarqué dans la monture du brûleur un robinet dont l’ouverture débouche dans le fond de l’ajutage spécial au goudron : il permet, quand l’appareil a été arrêté un certain temps, d’y lancer un courant de vapeur qui le décrasse complètement et enlève le goudron refroidi.
- La seule petite difficulté dans cet ingénieux système consiste en ce qu’il faut, pour allumer et mettre en marche, avoir à sa disposition une certaine quantité de vapeur pour former le jet d’entraînement au début ; mais, dans une installation importante, rien ne serait plus simple que d’établir une petite chaudière auxiliaire destinée uniquement à fournir la vapeur de mise en marche.
- Nous avons dit que l’invention de M. E. Shurer a été soumise à des essais pratiques. En effet, il y a déjà un certain temps que le dispositif que nous avons décrit est appliqué à une des chaudières commandant la machinerie hydraulique des chantiers Fairfield, et l’on a pu constater l’économie qui résulte de la substitution du goudron au charbon. Avec celui-ci, les dépenses par semaine, en comptant le salaire des chauffeurs, étaient de 200fr,95, tandis qu’elles tombent à 117f,,80 avec le goudron. Pour un travail de 116 heures et demie, on brûlait 15 tonnes de houille (tonnes de 1016 kilogrammes), et pour le même travail il suffit de 9 tonnes de résidus de goudron; à Govan, la houille se vend 12 francs la tonne, tandis que l’autre substance vaut 6 francs les 454 litres.
- Il est à désirer que les appareils en question soient essayés sur une plus grande échelle encore, afin qu’on puisse voir tout ce qu’on est en droit d’en attendre. Pierre de Mkrike.
- LE CAPTAGE DES SOURCES THERMALES
- CHEZ LES ANCIENS
- Le besoin de recueillir, d’emmagasiner et parfois de transporter à de grandes distances l’eau des sources, que la nature fournit, ici en surabondance, ailleurs avec parcimonie, est assurément un des premiers qui aient forcé l’homme à faire œuvre d’ingénieur, avant même qu’il ait pris la peine de tracer péniblement des voies de communication, de jeter des ponts ou de construire des ports.
- Parmi les innombrables sources, sur lesquelles l’attention fut ainsi de très bonne heure appelée, il est donc tout naturel qu’on ait bientôt remarqué celles dont la température était anormale et qui constituaient de véritables fontaines d’eau chaude. Les Romains, qui montraient, on le sait, un goût tout particulier pour ce que nous appelons aujourd’hui l'hydrothérapie, n’ont guère laissé échapper, dans les pays où ils ont passé, une seule source thermale de quelque importance sans y faire un captage plus ou moins complet et sans l’utiliser. Ayant cherché récemment à coordonner et à expliquer les procédés de captage modernes usités pour les sources thermominérales1, nous nous sommes trouvé, du même coup, passer en revue les systèmes de captage déjà connus des Romains et nous avons pu constater avec quelle ingéniosité ils ont appliqué, dans ce cas particulier, leur science fameuse d’hydrauliciens. C’est un sujet intéressant, dont nous voudrions ici dire quelques mots.
- Remarquons, d’abord, que les captages de sources ne remontent pas seulement aux Romains et que, dès l’antiquité la plus reculée, on en trouve des exemples, parfois assez compliqués.
- Tel est, notamment, le ca$ de ce remarquable aqüeduC de Siloé à Jérusalem, où l’on a découvert une des plus anciennes inscriptions hébraïques, probablement contemporaine d’Ezéchias, racontant le percement d’une longue galerie de mine alimentaire destinée à chercher l’eau douce, par deux équipes d’ouvriers cheminant au-devant l’une de l’autre et se guidant sur le bruit des pics, transmis à travers le rocher.
- Tel est également le but de divers travaux phéniciens ou grecs en Asie Mineure : ainsi, à Samos, une galerie de 1200 mètres de long, située sous les ruines de l’Acropole, qu’on a pu désobstruer de ses concrétions calcaires pour y ramener les eaux au bout de vingt-quatre siècles. A Mycènes, il existait de même un aqueduc souterrain, amenant les eaux de
- 1 Ce travail fait l’objet il’uu volume intitulé : Recherche, captage et aménagement des sources thermo-minérales, (jui paraîtra prochainement chez Baudry et Cie.
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- la fontaine Pénéia, que Schliemann a découvert dans ses fouilles célèbres. Enfin, auprès de Tyr, à file d’Arad, les fhéniciens avaient fait un très singulier captage de source sous-marine, dont voici la description d’après Strabon :
- « En temps de guerre, dit cet historien, on va chercher l’eau dans le détroit même, un peu en avant de la ville, en un point où a été reconnue la présence d’une source d’eau douce abondante. A cet effet, on se sert d’un récipient ayant la forme d’une gueule de four renversée, que, du haut de la barque envoyée pour faire de l’eau, on descend dans la mer, juste au-dessus de la source; ce récipient est en plomb; très large d’ouverture, il va se rétrécissant toujours jusqu’au fond, lequel est percé d’un trou assez étroit. A ce fond est adapté et solidement fixé un tuyau en cuir, une outre, pour mieux dire, destinée à recevoir l’eau qui jaillit de la source et que lui transmet le récipient. La première eau recueillie ainsi n’est encore que de l’eau de mer; mais on attend (pie l’eau pure, l’eau potable de la source, arrive à son tour et l’on en remplit des vases, préparés à cet effet en nombre suffisant, «pie la barque transporte ensuite à la ville en traversant le détroit. »
- Auprès de là, à Ras-el-Aïn, les Phéniciens avaient également établi, sur des sources jaillissantes venant des calcaires crétacés du Liban, des sortes de tours octogonales de six mètres de haut, formant des tuhes piézométriques et permettant de recueillir l’eau dans les réservoirs élevés, d’où elle redescendait ensuite sous pression.
- Nous ne parlons pas, bien entendu, des immenses citernes, dont Carthage présentait un type classique, ni des aqueducs, dont le principe, repris par les Romains, fut porté par eux, chacun le sait, à un tel degré de perfection. Mais les captages de sources thermales proprement dites furent exécutés, pendant la période romaine, suivant trois ou quatre types principaux, dont il nous reste des spécimens fort hien conservés et que nous allons décrire successivement. Ce sont :
- '1° De simples excavations superficielles, tranchées, fosses ou puits, avec revêtement en béton et protection à la périphérie contre l’invasion des eaux froides : types de Bourbon-l’Archambault (Allier), de Néris (Allier), d’Evaux (Creuse), de Maiziôres (Côte-d’Or), etc.;
- 2° Des galeries déminés, formant un réseau plus ou moins complexe destiné au drainage des veines hydrothermales disséminées, dans le rocher : type de fouzzoles, près Naples ;
- 5° Des applications de béton, parfois très étendues, ayant pour but, en recouvrant la superficie du sol tout autour de la venue hydrothermale, en ajoutant une surpression sur les parties du terrain avoisinantes, de la forcer à sortir tout entière en un point bien déterminé, choisi comme plus favorable: types de Plombières (Vosges) et de Bourbonne (Haute-Marne).
- Quelques mots de description feront comprendre aisément ce dont il s’agit.
- A Bourbon-l’Archambault (Allier), le captage a été refait deux fois depuis l’époque romaine, au treizième siècle d’abord, puis sous Louis XIII ; la partie supérieure ne peut donc pas être considérée comme un ouvrage antique, bien qu’on se soit peut-être borné, à ces deux époques, à des travaux de restauration ; mais les substructions sont incontestablement dues aux Romains (tig. 2) et des médailles nombreuses, que l’on y a trouvées, en précisent nettement la date.
- Les ingénieurs antiques, trouvant des suintements d’eau chaude dans le gneiss, avaient creusé là une fosse rectangulaire de 5m,70 de profondeur, 5m,90 de long et 4m,80 de large, sur les parois de laquelle ils avaient commencé par appliquer des revêtements en terre glaise, recouverts par un béton étanche. Ce travail avait été si bien fait qu’il sert, aujourd’hui encore, sans autre modification qu’une épaisseur supplémentaire de béton et maçonnerie, avec enduit de ciment, ajoutée en 1884.
- A Evaux (Creuse), les Romains avaient également entaillé dans le gneiss une profonde tranchée, dont ils avaient nivelé le sol au moyen d’une nappe de béton atteignant par endroits jusqu’à 5m,50 d’épaisseur, en ménageant seulement dans cette nappe des cheminées d’ascension au-dessus des griffons thermaux. Là encore c’est le captage antique, qui est aujourd’hui utilisé.
- A Pouzzoles, près Naples, au voisinage de la solfatare du Monte Nuevo, du lac Averne et du cratère d’Agnano, le tuf trachytique présentait de nombreuses veines hydrothermales à 86°, que les Romains ont été rechercher par tout un réseau de galeries de drainage, connu sous le nom d’étuves de Néron, dont la figure 4 peut donner une idée.
- C’est là un système très appliqué aujourd’hui pour les sources thermales dispersées dans les terrains meubles ou fissurés, usité également pour l’alimentation en eau douce de certaines villes et qui était déjà, on le voit, connu une vingtaine de siècles avant nous.
- Enfin, les captages de Plombières et de Bourbonne nous montrent qu’en dehors de ces méthodes relativement simples, les Romains étaient également capables d’utiliser le jeu plus délicat des pressions inégalement réparties sur le griffon hydrothermal et autour du griffon.
- A Plombières, comme à Bourbonne, le captage était particulièrement difficile, parce qu’on n’avait pas affaire à une source nettement localisée dans une roche, relativement compacte, qu’il suffisait de recueillir, d’emmagasiner et de séparer des infiltrations froides superficielles. Là, les eaux chaudes se dispersaient de tous côtés dans de très épaisses alluvions et il s’agissait, en quelque sorte, de créer des sources, tout au moins de préciser leur position. L’idée très ingénieuse des anciens a été appliquée, dans ce cas encore, avec une telle perfection qu’il a suffi parfois, lorsqu’on a voulu restaurer le captage
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- en 1856, de tourner un robinet, fermé depuis des siècles, pour faire revivre une source tarie. Plombières, — dont le nom vient d’ailleurs, croit-on,
- de l’abondance des tuyaux de "plomb, qui s’y trouvent — représente, pour nous, une sorte de Pompéi hydrothermale, bien intéressante à connaître.
- Fig. h
- Thermes romains de l'Eledja dans le Taurus Cilicieu (Turquie d’Asie). (On voit couler, sur la droite, le déversoir de la source thermale.
- Voici sommairement ce qu'avaient fait là les Romains. Trouvant, dans la vallée d’alluvions, où
- sourdait l’eau chaude, un torrent froid, dont l’eau se mêlait aux veines hydrothermales, ils avaient com-
- Zjl£oqiJ:v,Sc.
- S S ’ S " Anciens puits < G Griffon,.
- ? sur la chambre souterraine, C des Saurcet
- Fig. 2. — Plan et coupes de la chambre de captage établie sur des substructions romaines à la source thermale
- de Bourbon-!’Archambault.
- mencé par détourner celui-ci et par l’emprisonner dans un lit artificiel, formé d’un canal de 0,n,75 de large, suspendu au rocher de la rive gauche et terminé en aval par un déversoir.
- Puis, ils se trouvèrent en présence d’une étroite
- bande de sables et de galets où suintaient, de divers côtés, les eaux thermales.
- Afin d’empêcher ces eaux chaudes de s'écouler en aval, on coupa transversalement la vallée par un grand barrage en béton de près de 5 mètres d épais-
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- seur, qui descendait jusqu’à la roche solide et, sur toute la surface des alluvions, autour des sources, on établit un radier de béton de plusieurs mètres
- d’épaisseur, formant, avec le barrage et la roche granitique du fond, une sorte de cuve étanche, où les eaux, emprisonnées avec les alluvions, ne trou-
- I lg. O.
- Vue intérieure des thermes romains de l’tledja. Piscine tonnée par la source thermale.
- vèrent plus d’issues que par un certain nombre de cheminées, dont la principale alimente une immense piscine de 41 mètres de long sur 9 mètres de large, tenant 400 à 500 mètres cubes d’eau.
- Restait à se protéger contre l’introduction des eaux pluviales : ce qu’on fit en plaçant des rigoles de pierre de taille autour de chaque édifice et au bas des coteaux pour recueillir ces eaux ; un canal de 2 mètres de haut sur 0m,80 de large, traversant tout le radier et le barrage de béton, permit de les amener à se déverser en aval dans le torrent, avec la décharge des bains, sans pouvoir, à aucun moment , nuire à la qualité des eaux thermales. À Bourbonne (Haute-Marne), les Romains avaient encore capté au moyen : soit d’un puits en maçonnerie, soit d’un simple tube de plomb encastré dans une immense couche de béton, soutenue par des pilotis au-dessus de la
- nappe hydrothermale. Les travaux de réfection modernes ont mis à découvert tout un système de galeries de drainage antiques et de tuyaux de plomb avec joints de cuivre, sur lesquels s’étaient développés de véritables minerais artificiels.
- Ce n’est pas ici le lieu d’insister davantage sur tous ces travaux, dont les spécimens parvenus jusqu’à nous sont assez nombreux et assez bien connus pour pouvoir donner lieu à une étude complète et approfondie. Une fois les eaux rassemblées, les Romains les utilisaient dans quelqu’un de ces établissements thermaux, dont il nous reste de belles ruines. Nous en reproduisons ici, d’après des photographies gracieusement communiquées par M. Brisse, un type fort pittoresque, qui se trouve dans le Taurus cilicien, à Eledja, entre Adama et Konieh (fig. 1 et 3).
- Si l’on compare les méthodes appliquées dans tous
- 2a 3a 1*0 Jo
- Fig. 1. — Plan du réseau des galeries de mines employées pour capter les sources de Pouzzoles.
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- eus cas avec celles de nos ingénieurs modernes, on voit, eu résumé, par où les travaux romains ont surtout différé des nôtres.
- ("est, d’abord, qu’ici comme pour tous leurs travaux de mine, mais tout particulièrement ici, ils ont été empêchés d'aller profondément par la grande dif-culté que présentait l’épuisement, des eaux souterraines avant l’invention des procédés mécaniques actuels et l’application de la vapeur.
- Ils n’ont également pas connu les procédés de sondage, qui, de nos jours, ont pris un tel développement et qui, d’ailleurs, s'appliquent surtout à la recherche des eaux minérales destinées à la boisson, c’est-à-dire à une catégorie de sources que les anciens ne paraissent pas avoir songé à utiliser.
- Enfin, ils n’ont pas su imaginer les méthodes d’un raffinement si ingénieux et d’ailleurs si peu connues encore, que leur inventeur François, mort en 1890 inspecteur général des Mines, appelait « méthodes des pressions hydrostatiques réciproques » et qui, appliquées par lui dans nos principales stations thermales françaises, ont cohtribué à leur prospérité.
- On sait que ces méthodes, fondées sur ce fait naturel que de l’eau froide peut se trouver en contact avec de l’eau chaude sans se mélanger avec elle (ainsi qu’on l’a vu en commençant pour la source sous-marine de Tyr), consistent, dans des cas particulièrement difficiles, à refouler une source hydrothermale fugitive vers un point déterminé en lui opposant, sur toutes ses autres issues, la pression contraire d’une nappe d’eau. L. De L.vcxay.
- UNE EXPOSITION Â BOSTON
- Il s’est ouvert, il y a déjà quelque temps, à Boston une intéressante exposition qui est la vingtième triennale, instituée par l’Institut mécanique. Un ingénieur électricien français, en ce moment à Boston, nous a envoyé à ce sujet quelques notes que nous résumons très brièvement. Les rayons X occupent à l’Exposition une certaine place et le fluoroscope attire beaucoup de visiteurs.
- La télégraphie sans fil est démontrée an moyen de l’appareil de Clarke. M. Moore éclaire un élégant salon avec la lumière par tubes à air raréfié. On sait que ce résultat est atteint à l’aide des ondulations de haute fréquence dans le vide ; la valeur économique du système ne paraît pas démontrée. Notre correspondant ajoute que le soir l’Exposition est un déluge de lumière; on y trouve surtout des lampes électriques, mais il y a encore quelques becs à incandescence Àuer Von Welsbach, et quelques appareils à acétylène. En ce qui concerne le bec Auer, on a beaucoup étudié les conditions de fonctionnement, et l’on a trouvé des pertes d’intensité lumineuse de 7 à 50 pour 100 en 100 heures, et de 24 à 61 pour 100 en 500 heures. A côté du bec Auer se trouve aussi le bec de Lérv. Le bec proprement dit distribue le gaz par un grand nombre d’orifices latéraux. Le manchon est remplacé par plusieurs manchons suspendus à divers bras. E. S. E.
- LES PLANTES MYRMÉCOPHILES
- C’est un fait bien connu de tous que les fourmis ont l’habitude — désagréable dans les jardins — de se promener à la surface des plantes pour recueillir le nectar que sécrètent les feuilles et les fleurs, ou encore « traire » les pucerons qui vivent sur elles. Quand elles ont terminé leur récolte, ces fourmis rentrent au nid et laissent les plantes un moment en repos. 11 existe cependant un certain nombre de cas où les choses ne se passent pas de la sorte : la (liante est creusée de cavités plus ou moins irrégulières où les fourmis passent toute leur existence et auxquelles elles donnent ainsi les vivres et le logement. En échange de ces bons offices, on admet que les fourmis empêchent leur hôte d’être envahi par les insectes nuisibles. Dans cette hypothèse, la plante est « amie » de la fourmi et reçoit le nom de rnyr-mécophile.
- Au point de vue biologique, l’existence de ces [liantes myrmécophiles présente un grand intérêt par les problèmes qu’elle soulève. On peut se demander, en effet, si les anfractuosités ont été créées pour les fourmis ou par les fourmis. Nous reviendrons plus loin sur cette question.
- Le cas de myrmécophilie le plus bénin que l’on puisse citer est celui de divers palmiers dans la spathe desquels vivent des fourmis, mais sans y produire aucune déformation. Chez les Dœmonorops, les fourmis élisent domicile, en outre, au milieu d'aiguillons qui, s’inclinant les uns vers les autres, suivant plusieurs lignes longitudinales, constituent de véritables galeries couvertes, des sortes de huttes allongées.
- Le cas de VAcacia comigera est bien plus intéressant. Les feuilles de cet arbre possèdent, à leur base — en guise de stipules — deux fortes épines si bien recourbées, qu’on les a comparées aux cornes d’un bœuf. L’intérieur de ces épines est creux et occupé par des fourmis qui y pénètrent en creusant nn petit trou à la surface. Les deux cavités des épines communiquent entre elles. Les fourmis qui y vivent appartiennent à deux espèces, mais ne se rencontrent jamais en même temps : sur certains arbres, c’est 1 ePseiulomyrmex bicolor ; sur d’autres, un Crematogaster. Ces deux espèces vont recueillir le nectar sécrété par les nectaires qui garnissent le pétiole principal dans toute sa longueur. De plus, à l’extrémité des folioles, elles rencontrent de petits boutons d’abord compacts, mais ne tardant pas à devenir succulents : quand ces sortes de fruits minuscules sont mûrs, les fourmis les coupent et les entraînent dans les épines pour les sucer tout à leur aise. Pour les amateurs de pittoresque, le nectar constitue un « ordinaire » et les boutons sucrés une friandise,
- Le fait curieux à constater, c’est que, par la culture, ainsi que Belt l’a constaté, on n’obtient que des épines molles et à contenu pulpeux. Celles-ci ne
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- durcissent pas non plus lorsqu’on les l'ait envahir par des espèces quelconques de fourmis. Pour qu’elles acquièrent toute leur dimension et toute leur dureté, la présence du Pseudomyrmex bicolor ou d’un Cre-matogaster est indispensable. On voit que ces deux sortes de fourmis sont utiles à l’acacia puisque, grâce à elles, les épines deviennent des organes redoutables pour les herbivores. Ceux-ci sont en outre éloignés par l’odeur des fourmis ; en effet, les feuilles de l’acacia, même débarrassées de ses hôtes, ne sont pas dévorées par les herbivores.
- Dans les forêts de la Malaisie, on rencontre une belle Euphorbiacée, YEndospermum moluceanum, qui est également myrmécophile. Sa tige est creusée de cavités où vivent des fourmis, lesquelles se nourrissent du nectar sécrété par les pétioles. Cet arbre est si beau que Rumph lui a donné le nom à?Arbre royal. 11 semble que ses grandes dimensions sont dues à l’excitation produite par la présence des fourmis. En effet, lorsqu’on le cultive dans les jardins botaniques tropicaux, même en le comblant de soin, on n’arrive à lui faire acquérir que des dimensions restreintes.
- Chez une \Terbénacée, le Cleorodendron fistulo-sum, les fourmis habitent à l’intérieur de la tige. Les entre-nœuds de celle-ci sont très renflés et leur intérieur communique avec l’extérieur par un orifice situé juste au-dessous de l’insertion de la feuille. Cet orifice est-il l’œuvre des fourmis ou bien est-il naturel? Beccari, qui a étudié la question, semble se rallier à cette dernière opinion, tout en admettant que le trou a été dans le temps l’œuvre des fourmis,- mais qu’il est devenu héréditaire. Quoi qu’il en soit, pour se convaincre des services que rendent les fourmis à la plante, il suffit d’essayer de cueillir un rameau : aussitôt les bestioles envahissent la main et lui font de cruelles morsures.
- L’habitation des fourmis, chez le Nepenthes bical-carata, est plus singulière : c’est le pétiole de ces curieuses urnes que l’on considère comme destinées à capturer les insectes. Le pétiole en question, tantôt droit, tantôt courbé est renflé, spongieux et sa cavité (qui ne communique pas avec celle de l’urne) s’ouvre au dehors par un orifice : c’est à son intérieur que vivent les fourmis. On rencontre aussi quelques ouvertures sur l’axe de l’inflorescence dont l’intérieur est également habité. Il est curieux de constater que les fourmis choisissent, dans le pétiole, l'endroit le plus dangereux pour elles de la plante; si, en effet, elles s’aventurent sur l’urne, il y a bien des chances pour qu’elles glissent à son intérieur et se noient.
- C’est une relation d’un autre genre qui se rencontre avec le Kibara formicarum. Dans cette Mo-nimiacée, les entre-nœuds sont remplis de fourmis et de cochenilles. Il est très probable que celles-ci ont été transportées à cet endroit par les fourmis, lesquelles en tirent un bénéfice en léchant le liquide sucré qui suinte à leur surface. Il faut avouer que
- la présence de ces parcs à cochenilles dans l’intérieur d’une tige est bien singulière.
- Mais l’une des plus curieuses plantes myrméco-philes, et aussi l’une des mieux étudiées, est certainement le Myrmecodia echinata. Cette rubiacée épiphyte vit à de grandes hauteurs sur les arbres, attachée aux branches par quelques racines adven-tives. Elle se présente sous la forme de gros tubercules irréguliers surmontés de quelques tiges fouillées.
- Ces tubercules énormes — ils peuvent atteindre plusieurs décimètres de diamètre — sont creusés à l’intérieur d’innombrables galeries communiquant toutes les unes avec les autres et s’ouvrant à l’extérieur par plusieurs orifices. Toutes ces cavités sont habitées par des fourmis.
- Il semble évident a priori que ces tubercules sont des productions pathologiques, des galles provoquées par la présence irritante des fourmis. Il n’en est rien : d’après les recherches de Treub, la présence des fourmis est très utile à la plante, mais c’est celle-ci qui, en quelque sorte de son plein gré, leur offre le logement. Si on fait germer des graines de Myrmecodia, on obtient des petites plantules présentant à la base un léger renflement. Or, même en dehors de la présence des fourmis, ce jeune tubercule présente une galerie qui, d’abord interne, ne tarde pas à s’ouvrir pour communiquer avec l’extérieur. Donc, les fourmis ne sont pas indispensables à la formation du tubercule, lequel continue à croître et à se creuser des galeries. Il n’en est pas moins vrai que les fourmis favorisent le grand développement des tubercules qui, par leur nature spongieuse, deviennent de précieux réservoirs d’eau pour le reste de la plante.
- Enfin, pour terminer, nous donnerons, d’après M. Heim1, la description d’une curieuse disposition myrmécophilique, chez les Dischidia.
- « Les Dischhlia sont des Asclépiadacées épi-phytes de l’extrême Orient, à tiges et à rameaux vo-lubiles, s’enroulant autour des arbres-supports. Ces plantes sont surtout remarquables par des organes en forme d’urnes appendus aux rameaux volubiles, urnes généralement pendantes et où plongent des racines adventives émanées du pédoncule qui les supporte.
- « La ressemblance de ces urnes avec les galles produites sur les feuilles des divers arbres par des pucerons du genre Pemphigusest telle que nombre des premiers observateurs de ces plantes les ont considérées comme des organes anormaux, du fait de la piqûre d’insectes parasites.
- « La nature morphologique de ces curieux organes a été parfaitement élucidée par les recherches de Treub : ce sont des feuilles modifiées. Les feuilles normales des Dischidia sont orbiculaircs, épaisses et charnues, opposées. Les urnes ne sont autre chose qu’un limbe de feuilles dont la face inférieure cor-
- 1 Conférence faite à l'Association pour l’avanc. des sc.
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- LA NATURE.
- respond à la face interne de l’urne; le pétiole de cette feuille anormale est plus épaissi que le pétiole des feuilles normales. On se rend parfaitement compte du mode de formation de ces organes, en repliant, par la pensée, le limbe d’une feuille normale vers la terre, puis en le redressant et rapprochant ses bords. En réalité, un changement de crois-
- sance se manifeste dans la jeune urne en voie de formation ; la croissance se localise presque sur la partie médiane, de façon à lui faire prendre la forme d’un capuchon dont l’ouverture est d’abord tournée vers le bas; puis, progressivement, plus ou moins complètement redressée.
- « Les Dischidia ont des feuilles opposées,mais la
- . — 1. Clerodendronjfhtulosum, inflorescence. — 2. Tige’de Clerodendron.
- — 4. Coupe longitudinale d’une ascidie de Dischidia. — 5. Ascidies de Dischidia.
- Fig. 1. — Plantes niyrmécophiles 3. ^Se peut lies bicalcarata; a, oriiices.
- feuille normale opposée à l’urne avorte en général. Lorsque la jeune urne affecte la forme d’une outre allongée, on voit se produire sur son pétiole quelques racines adventives; celles de ces racines qui poussent près de l’embouchure de l’urne, entrent à son intérieur. Une urne adulte renferme d’ordinaire une ou deux longues racines adventives, munies d’un système de radicelles très dévelôppé. La surface interne des urnes est pourprée, tandis que
- leur surface externe est grisâtre, d’un vert glauque, ainsi d’ailleurs que la surface des tiges et des feuilles.
- « La direction des urnes est variable et digne de fixer l'attention. La plupart sont accrochées verticalement, l’embouchure en haut, mais il y en a aussi d’horizontales et d’autres dressées, tournant leur extrémité fermée vers le haut, c’est-à-dire conservant la position qu’elles avaient lors de leur formation.
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- « Les urnes dos Dischidin sont habitées souvent par des fourmis.
- « Aussi Beccari s’est-il demandé si ce n’était pas une irritation produite par les insectes (peut-être par les fourmis) qui aurait déterminé l’évolution anormale des feuilles transformées en urnes. Cette déformation, primitivement accidentelle, serait de-
- venue « héréditaire par la continuation indéfinie et « répétée du phénomène » : que la cause première de celte évolution anormale ait été le parasitisme, c’est une hypothèse soutenable; mais, dans l’état actuel des choses, rien ne peut permettre d’attribuer aujourd’hui un rêile quelconque, dans la formation des urnes, à des piqûres ou morsures d’insectes. Quoi
- Fig. 2. — Plantes myrmécophiles. — A droite : Myrmecodia alatn. — A gauche : Myrmecodia echinata, coupé en long. En lias : Germination à divers âges de Myrmecodia echinata.
- qu’il en soit du rôle des fourmis dans la production des urnes, il est permis de se demander s’il n’existe pas de rapports biologiques entre elles et les Dischi-dia, dont elles habitent fréquemment les urnes.
- « Les autres insectes ne pénètrent que très rarement à l’intérieur des urnes. Les fourmis qu’on y trouve sont toujours très vivantes et généralement en très grand nombre. Les urnes deviennent de véritables fourmilières abritant des centaines d’individus et
- beaucoup de larves. Les fourmis sortent de l’urne avec la même facilité qu’elles y pénètrent, car l’urne ne présente aucune disposition apte à retenir les insectes qui y ont pénétré; au contraire, les racines adventives qui la traversent, depuis le pétiole jusqu’au fond, forment avec leurs nombreuses radicelles des sortes d’échelles menant à l’extérieur de l’antre. Lorsqu’on presse une urne dans laquelle il y a des fourmis, on les voit sortir en grand nombre,
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- LA NATLHE.
- emportant leurs larves et leurs nymphes. 11 importe de noter que, suivant la station, les Dischidia offrent asile à des fourmis ou végètent indépendamment de tous rapports avec elles et présentent des urnes absolument anormales. »
- En somme, il existe de nombreux cas où des fourmis habitent à l’intérieur des plantes, mais il y a toute une série de cas intermédiaires entre celui où leur présence est indifférente à ces dernières et celui où elle leur est, sinon indispensable, du moins très utile. 11 n’est pas impossible même d’admettre, ainsi que cela semble évident chez les Myrmecodia, que les lésions produites pendant plusieurs générations par les fourmis, soient devenues héréditaires. A cet égard, la myrmécophylie présente un grand intérêt biologique, puisqu’elle nous montre un bel exemple de l’hérédité des caractères acquis et une véritable symbiose entre un végétal et un animal.
- II ex ri Coupix.
- LE MIEL ET SES APPLICATIONS
- La culture des abeilles devient de plus en plus populaire en France, après avoir été presque complètement abandonnée, dans bien des régions tout au moins. Ce mouvement est dù aux efforts constants des sociétés d’apiculture. Avec une persévérance et une entente remarquables elles arrivent à initier les cultivateurs à l’élevage rationnel des abeilles, par des expositions régionales, des publications, et surtout par les conférences pratiques que les membres de ces sociétés font de tous côtés.
- Ce mouvement en faveur de l’apiculture est des plus utiles; si, d’une part, un rucher est une source de revenus importants en miel et en cire, on sait, d’autre part, que le rôle des abeilles dans la fécondation des plantes est considérable. Les arbres fruitiers, les vignes, les céréales et les plantes fourragères donnent toujours de meilleures récoltes quand ils sont visités par les abeilles.
- Un des plus grands soucis des sociétés d’apiculture a été de créer des débouchés pour le miel. Presque partout, en effet, le miel était tombé dans l’oubli ; employé autrefois comme matière sucrante, on lui a substitué le sucre cristallisé de betterave, et il se trouve relégué en général chez le pharmacien et chez le droguiste, où ce n’est pas comme dessert succulent qu’on va le chercher.
- Cependant le miel est un aliment délicieux et il mériterait de reprendre sur la table la place qu’il occupait jadis ; c’est d’ailleurs un des seuls aliments que l’on puisse se procurer avec des garanties absolues d’intégrité ; l’abeille ne prend-elle pas soin de cacheter elle-même chaque cellule de miel dans des rayons qui peuvent passer intacts des ruches ’a cadres mobiles sur la table du consommateur?
- Le goût du miel se développera certainement de nouveau dans toute la France. Déjà dans le Nord et dans l’Est on en est très friand, on ne se contente pas d’en consommer de grandes quantités à l’état naturel, bien des familles s’en servent aussi pour la confection des pâtisseries, des confitures, des sirops et des fruits confits. Dans les bulletins des sociétés d’apiculture, on signale à chaque instant de nouvelles recettes imaginées par quelque habile ménagère et agréées par de sérieux gourmets.
- Jusqu’à ces dernières années le miel n’était utilisé par l’industrie que dans la fabrication du pain d’épice ; mais un chimiste du Nord, M. Poulet, vient de découvrir pour le miel un nouveau débouché des plus intéressants, en trouvant le moyen de substituer le miel au sucre dans la fabrication du chocolat. Depuis longtemps on cherchait à résoudre ce problème, mais on se heurtait à une grosse difficulté : il était impossible de faire de cette façon un chocolat dur et solide, le miel restant visqueux après son passage à l’étuve. M. Poulet est parvenu non seulement à fabriquer avec le miel un chocolat résistant et sec, mais encore à solidifier le miel en tablettes susceptibles, sans doute, de nombreuses applications.
- < Cette invention a été tout de suite mise à profit par les apiculteurs du nord de la France; ils se sont constitués en société et ont fondé une chocolaterie au miel d’abeilles qui utilise leur propre récolte de miel.
- L’idée d’associer ainsi le miel et le cacao paraît être des plus heureuses; le cacao passant à bon droit pour être d'une digestion difficile et le miel méritant plutôt le reproche contraire.
- On a encore cherché à substituer le miel au sucre candi dans la préparation du vin de Champagne, et M. Legras-Caillot a fait des essais qui ont été couronnés de succès, en ce sens qu’il a pu prouver que certains vins gagnent ainsi un bouquet d’une grande finesse. La méthode est encore peu répandue, mais il y a tout lieu d’espérer qu’en présence de ces résultats satisfaisants, l’application du miel au dosage du vin de Champagne se vulgarisera et qu’on trouvera là une nouvelle utilisation pratique du miel.
- La transformation du miel par la fermentation en boissons ou en liqueurs alcooliques parait être de toutes ses applications celle qui aura le plus brillant avenir.
- Le miel fermenté, ou hydromel, est employé comme boisson depuis l’antiquité ; les anciens poètes l’appelaient le breuvage préféré des dieux, et c’était sans aucun doute celui qu'ils buvaient le plus volontiers eux-mêmes.
- Dans les pays du Nord, l’hydromel occupe une place importante à côté du cidre et de la bière ; mais, jusqu’à ces derniers temps, on le préparait d’une façon quelque peu barbare : on mettait dans un tonneau tous les déchets des rayons de miel pressés avec une quantité quelconque d’eau, et l’on attendait patiemment de longs mois que la fermentation se produise.
- Les nouvelles méthodes d’élever les abeilles dans des ruches à cadres mobiles et l’extraction du miel des rayons avec des appareils centrifuges ont fait modifier la manière de préparer l’hydromel ; d’autant plus que le cultivateur ne se borne plus à utiliser, par la fermentation, ses déchets, mais trouve dans la fabrication de l’hydromel une exploitation avantageuse de son miel.
- Ce n’est pas sans peine cependant que l’on est arrivé à formuler de bonnes recettes pour la préparation de l’hydromel; en effet, le miel pur sortant des extracteurs centrifuges ne peut pas fermenter, il ne contient pas de ferments vivants, ayant été rendu aseptique par les abeilles qui ont soin, avant de clore chaque cellule de miel, d’y verser une goutte minuscule d’acide formique, antiseptique très puissant.
- Plusieurs recettes ont été proposées pour provoquer la fermentation; on a conseillé, par exemple, d’ajouter au mélange d’eau et de miel le pollen qui se trouve sur les rayons sortant des ruches; mais la méthode qui paraît aujourd’hui la plus pratique est celle qui dérive des travaux de Pasteur, et qui consiste à ensemencer le miel avec une culture pure d’un ferment de vin.
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- LA N AT UNE.
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- Le procédé, qui tend à se vulgariser de plus en plus, a été étudié par plusieurs savants, par M. Péquart, de Verdun, qui, pour distinguer des hydromels fabriqués ainsi des boissons de miel fermenté sans le secours des parties constitutives du vin de raisin, leur applique le nom d’Œnomel; par MM. Kayser et Boullanger qui ont eu l’idée d’ajouter au miel des sels nourriciers (acide lar-trique et phosphate d’ammoniaque). M. Derosne, président de la Société comtoise d’apiculture, a publié un procédé qui peut être applique par n’importe quel petit cultivateur; la manipulation est rendue aussi simple que possible, la destruction de tous les germes étrangers de l'eau et du miel étant assurée par l’ébullition du moût avant l'introduction des ferments purs de vin.
- (Vest M. Jacquemin, élève de Pasteur, qui a imaginé de cultiver sur une grande échelle les ferments propres à chaque vin et de créer ainsi des levures sélectionnées (exploitation pour laquelle a été créé l’institut La Claire). Ces levures sont très employées aujourd’hui non seulement par les fabricants d’hydromels ou d’œnomels, mais surtout par les vignerons qui peuvent, avec ces levures, remédier à l’absence de ferments sur le raisin dans les années pluvieuses et modifier d’une façon sensible le bouquet même de leur vin.
- On fabrique aujourd’hui avec ces procédés des hydromels qui peuvent être comparés aux bons vins blancs ordinaires avec lesquels d’ailleurs il est parfois possible de les confondre.
- Les œnomels seront peut-être même substitués un jour aux vins étrangers, dans les préparations pharmaceutiques. Les expériences faites en ce sens par M. Péquart permettent de l’espérer bien que les résultats obtenus jusqu’à ce jour ne sont pas absolument satisfaisants.
- Ces vins de miel peuvent être, d’une grande ressource dans bien des pays, et l’apiculteur peut ainsi tirer de ses ruclies une boisson hygiénique excellente remplaçant souvent avec avantage le vin, le cidre ou la bière.
- La distillation de l’hydromel lui fournira d’autre part une bonne eau-de-vie dont il profitera surtout le jour où les sociétés d'apiculture obtiendront pour lui les privilèges dont jouissent les bouilleurs de cru.
- Enfin, grâce aux études entreprises par M. Flandre, chef distillateur de Reims, à la demande de M. Lefèvre, président de la Société d’apiculture de cette même ville, les apiculteurs posséderont un jour des recettes pour fabriquer chez eux d’excellentes liqueurs dont le miel servirait de base.
- M. Flandre a déjà prouvé que l’on pouvait débarrasser le miel de toutes ses impuretés et en faire une liqueur limpide et blanche comme l’eau de roche, à laquelle il suffit d’ajouter des esprits parfumés pour obtenir bien des variétés de liqueurs.
- Ces essais, qui ont remporté des récompenses importantes aux derniers concours agricoles, sont restés cependant à l’état d’expériences de laboratoire et nous ne pouvons prévoir le moment où l’apiculteur en profitera pour l’exploitation de son miel.
- Telles sont jusqu’à ce jour les principales applications du miel, les apiculteurs en cherchent toujours de nouvelles et peut-être nous préparent-ils pour le concours agricole de Paris, en 1899, une exposition encore plus intéressante que celle de l’année 1898, par la variété des produits exposés et avec des graphiques démontrant à tous le développement que prend l’apiculture en France. Ch. Comte.
- LE SALON DU CYCLE ET DE L’AUTOMOBILE
- CYCLES, TRICYCLES AUTOMOBILES ET VOITURETTES
- Comme nous le disions dans l’article d'ensemble publié dans notre dernier numéro, la bicyclette, et même le cycle, en général, semble avoir atteint ses formes définitives, et c’est en furetant minutieusement que l’on parvient à découvrir quelques idées originales, à défaut d’inventions de premier ordre ou de nature à révolutionner les habitudes, presque traditionnelles, de la construction courante.
- Nous signalerons, par exemple, la bicyclette à roues jumelles (hein wheel) que représente la figure 1, dans laquelle l’inventeur s’est préoccupé de donner satisfaction à ceux qui désirent apprendre à monter à bicyclette presque sans apprentissage, et veulent pouvoir s'arrêter à volonté sans être obligés de descendre de machine ou de se livrer à des exercices d’équilibre trop souvent couronnés d’insuccès. C’est, en réalité, une bicyclette-tricycle dans laquelle on a pu supprimer le différentiel, car dans les virages c’est seulement la roue la plus rapprochée du centre instantané de rotation qui porte sur le sol, l’autre tourne en l’air. La commande par une chaîne centrale actionnant par un pignon l’axe commun aux deux roues rend la machine absolument symétrique, et nous la représentons surtout à titre de curiosité.
- La Transformable, représentée figure 2, est plus intéressante au point de vue pratique, car elle nous fournit le moyen, pour la première fois, de transformer une bicyclette ordinaire en bicyclette sociable. 11 suffit, pour cela, d’enlever le guidon, les pédales et la selle, et de les remplacer respectivement par un guidon double, deux pédales doubles en forme de vilebrequin sur chacune desquelles agissent les deux pieds de chaque cycliste, et par une traverse portant deux selles réglables indépendamment à la taille de chacun des cyclistes. Un seul coup d’œil jeté sur la figure suffit pour comprendre l’ingénieuse bicyclette transformable de M. Ilusconi-Clerici.
- Ne quittons pas le domaine du cycle sans dire un mot de la bicyclette à quatre places (tandem-sociable) exposée par la Compagnie Whitworth. Elle présente sur la quadruplette le grand avantage d’être moins longue, et aussi de disposer les quatre cyclistes en deux rangées de deux, ce qui leur permet de tenir une conversation parallèle à deux, et même une conversation générale interdite, ou à peu près, avec la quadruplette.
- Les motocycles voiturettes sont aujourd’hui légion, et nous renoncerions à en parler, si nous devions les décrire toutes, ou même en faire une simple énumération un peu complète, mais il nous a paru intéressant de montrer, par quelques exemples choisis parmi les systèmes les plus typiques, l’évolution subie par le tricycle primitif de MM. de Dion et Bouton, et sa transformation graduelle en véritable voiturette.
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- LA NATURE,
- Un coup d’oeil jeté sur la figure 5 fera saisir les principales phases de cette évolution dont on comprendra facilement les causes. Lorsque'MM. de Dion et Bouton ont adapté au tricycle leur moteur bien connu dont nous avons publié autrefois la description1 et porté, plus tard, sa puissance de 1,25 à 1,75 cheval, ce qui leur permettait d’atteindre des vitesses de 45 et même 50 kilomètres à l’heure sur un terrain favorable, on s’est dit qu’en réduisant la vitesse, le même moteur pourrait véhiculer deux et peut-être même trois voyageurs.
- L’expérience a justifié ces prévisions : il restait encore l’objection des cotes un peu dures qui obligeaient à pédaler ou à faire descendre son compagnon de voyage. Depuis un an environ, des changements de vitesse (jue nous décrirons quelque jour ont levé cette objection. En dernier lieu, le tricycle ou quadricycle à moteur obligeait à pédaler pour la mise en route après chaque arrêt : certaines voitu-rettes ont des débrayages qui font disparaître cette dernière sujétion.
- Grâce à ces perfectionne -ments successifs, le tricycle automobile s’est transformé en voiturette légère, d’une grande simplicité de construction et de manœuvre, et d’un prix abordable au plus grand nombre. Elle suffit comme voiture de promenade, et convient à tous ceux qui se contentent de ne faire que 25#kilomètres à l’heure sur bonne route en palier, et de monter les rampes
- 1 Voy. n° 1228, du 12 décembre 1806, p. 17.
- un peu dures à une allure ralentie. L’évolution du motocycle est donc en voie de démocratiser l’automobile, et nous devrons nous en féliciter, si l’industrie française, encore à la tête de ce mouvement, sait conserver sa place si légitimement acquise par l’ingéniosité de ses inventeurs, l’habileté de ses constructeurs et le goût de ses carrossiers.
- Quelques mots maintenant sur les véhicules que nous avons choisis comme types pour la démonstration de l’évolution que nous venons de signaler. Ab Jove principium.... C’est pour cela que nous représentons (n° 1) le tricycle à moteur de MM. de Dion et Bouton, il nous a paru juste de rendre cet hommage au père du motocyclisme, sans rien décrire de ce véhicule aujourd’hui si connu.
- h' Inséparable de M. Dorigny (n° 2) est un tricycle à deux personnes, chacune des selles étant placée dans le plan de chacune des roues arrière, la commande et la direction étant confiée à la personne qui occupe la selle de droite. Un double jeu de pédales permet le démarrage et même la marche à vitesse modérée en cas d’avarie au moteur (manque d’essence, court-circuit, etc.). Les deux places côte à côte rendent la conversation facile; un siège mobile, facilement démontable, peut se placer à volonté entre les deux selles et fournir éventuellement une troisième place de front.
- Dans l’arrière-train démontable (n° 3), l’inventeur, M. Garin, s’est proposé de réaliser une remorque légère, peu coûteuse, à roue unique, occupant, une
- Fig. 2. — Bicvclette transformable en Sociable.
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- LA NATURE
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- fois repliée, une place très réduite, ce qui rend son tant le siège est lixé par deux colliers sur le tube transport facile, même à la main. Le châssis suppor- du motocycle, et la roue unique d’arrière est arti-
- Fig. 5. — L évolution du tricycle à moteur. — 1. Tricycle à moteur de Dion et Bouton. — 2. Tricycle Y Inséparable à deux et trois places. — 3. Arrière-train démontable à roue unique système Garin. — 4. Remorque à deux places. — 5. Avant-train E. Chenard démontable. — (1. Avant-train Chenard avec siège transformé en coffre de livraison. — 7. Voiturette Mercier. — 8. Voiturette Ilugot.
- culée sur ce châssis sur un axe vertical comme facile; la roue d’arrière ne servant que de point une roulette de lit, ce qui rend la direction très d’appui au siège prend instantanément toutes les
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- LA NATURE.
- directions exigées par les indexions de la route et les virages.
- Bon nombre de constructeurs ont transformé le tricycle en véhicule à deux ou trois places, en lui attelant une remorque à une ou deux places attachée à l’arrière et pivotant autour d’un axe vertical. Une de ces remorques à deux places est représentée (n° 4) à titre d’exemple; elle est élégante, bien suspendue et munie de garde-houes qui la rendent très confortable.
- Le Salon compte un très grand nombre de ces remorques, merveilles de carrosserie légère, entre lesquelles le visiteur n’avait véritablement que l’embarras du choix.
- Si la remorque fournit un moyen de transformation simple du tricycle en voiturette, on peut cepen-dantlui reprocher, avec raison d’ailleurs, de donnerau compagnon de voyage — souvent une dame — une place peu privilégiée derrière le conducteur, et surtout derrière le moteur.
- Quelques constructeurs ont remédié à cet inconvénient en substituant à la roue d’avant deux roues sur lesquelles vient reposer un siège unique. Tantôt cet avant-train est démontable et permet de reconstituer le tricycle, tantôt il est fixe. L’un des modèles les mieux réussis est celui de M. Chenard (n° 5). Dans un modèle spécial (n° 6) du même constructeur, la partie avant servant de repose-pied se retire et le siège est remplacé par un coffret dont les formes et les dimensions varient avec les applications en vue. Le véhicule servant aux livraisons dans la semaine se transforme en voiturette de promenade pour le dimanche. N’est-ce pas là, suivant l’heureuse expression de Pierre Giffard à propos de la bicyclette, un nouveau bienfait social?
- Si la disposition en tandem est commode pour la construction, elle n’est pas toujours satisfaisante pour les voyageurs qui trouvent plus agréable d’être côte à côte, en sociable, suivant l’expression consacrée opposée à tandem.
- Le Salon renfermait plusieurs automobilettes construites dans cet esprit. Nous en signalerons seulement deux qui font usage du moteur de Dion et Bouton. Dans la voiturette Mercier (n° 7) à trois places, le mécanisme est le même que celui du tricycle, et la mise en marche après chaque arrêt se fait à l’aide de pédales. Les différentes manettes du tricycle sont placées contre la paroi antérieure du siège arrière à deux places, et le levier de direction coudée se détache seul à hauteur de la main du conducteur. La voiture est bien suspendue et suffisamment confortable ; mais, malgré sa légèreté, la mise en marche à la pédale doit être pénible, surtout lorsque la voiturette porte trois personnes. La voiturette Hugot (n° 8) à deux ou trois personnes est celle qui nous a paru présenter le plus d’analogie avec les voitures plus importantes, tout en restant très légère. Tout le mécanisme décommandé et de direction est à la portée de la main et disposé sur un tube vertical ; un débrayage permet l’arrêt delà
- voiture sans celui du moteur, et un changement de vitesse dont nous réservons la description permet à la voiturette d’aborder des côtes un peu sérieuses sans descendre ni rester en panne.
- La première mise en marche se fait à l’aide d’une manivelle, comme dans les grandes voitures.
- Ces quelques exemples suffisent pour montrer la série des transformations par lesquelles le molocycle a passé pour devenir une voiturette à trois places, sans trop s’alourdir, puisque la voiturette Hugot pèse un peu moins de 200 kilogrammes.
- Pendant que s’opérait cette évolution, une autre non moins intéressante était à l’étude : la substitution d’un avant-train moteur à la propulsion par les roues arrière. Nous en décrirons quelques types dans un prochain article, en poursuivant notre étude des nouveautés du Salon du cycle et de l’automobile. E. H.
- /alcool des hauts fourneaux. — Il a été dit, ici même1, comment on parvenait avec le gaz pauvre des hauts fourneaux à faire fonctionner des moteurs de 2U0 chevaux. Voici une autre application plus singulière, mais plus problématique pour le moment. 11 s’agit de transformer les gaz des hauts fourneaux en alcool! L’idée est de M. Fritsche et a été suivie d’un commencement d’exécuticn. Les gaz qui s’échappent des hauts fourneaux contiennent quelquefois jusqu’à près de 2 pour 100 en volume d’un gaz carburé que Faraday et surtout M. Berthelot ont rendu célèbre. Ce gaz, c’est l’éthylène. Or, quand on fait barboter de l’éthyline dans de l’acide sulfurique, on obtient de l’acide sulfo-éthylique. Lorsqu’on fait bouillir dans de l’eau, à la façon d’un pol-au-feu, cet acide sulfo-éthylique, on constate qu’il se dédouble en acide sulfurique et en alcool, en vrai alcool du commerce. Dès lors, il n’y aurait plus qu’à recueillir l’éthylène des hauts fourneaux, des fours à coke, des foyers où l’on distille la houille, et l’on récolterait, par une opération assez simple, du trois-six. Déjà on nous a promis de l’alcool obtenu avec l’acétylène ; nous aurions encore en prévision de l’alcool d’éthylène, le cousin germain de l'acétylène. La fumée aurait du bon... et encore un peu les foyers à la houille travailleront pour rien ; la fonte de fer, produit des hauts f ur-neaux, passerait à l’état de déchet de fabrication. Ce sont là des promesses de l’avenir.
- Température et taches solaires. — Un correspondant de Nature s’est livré aux rapprochements suivants: il a recherché, dansles Annales de l’Observatoire de Greenwich, les mois, depuis 1841, qui sont notés du signe ou du signe —, suivant que leur température moyenne a été au-dessus ou au-dessous de la normale. Puis, dans chaque lustre ayant une année « centrale » caractérisée par un maximum de taches solaires, il a compté les mois chauds et les mois froids; il en a fait de même pour les groupes de cinq années ayant un minimum de taches au milieu du lustre. 11 arrive à cette constatation que, dans chacun des groupes à maximum, il y a excès de mois chauds, excès qui atteint 44 pour l’ensemble des groupes 1846-1850, 1858-1862, 1868-1872, 1882-1886 et 1802-1896. Par contre, dans la plupart des
- 1 Voy. n° 1524, du 15 octobre 1898, p. 505.
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- groupes à minimum, il y a excès de mois froids (au total 52) se composant d’excès partiels dans tous les groupes, sauf dans le groupe 18C5-1809.
- I.a supériorité dos graines lourdes. — Une
- nouvelle preuve nous en est fournie par des essais dont M. le l)1' Trabut rend compte dans le Bulletin agricole de l’Algérie. Il a réuni des graines de tabac et séparé celles qui surnagent de celles qui coulent à fond, puis il en a fait des semis différents. Tous les plants issus de graines lourdes étaient plus verts, plus vigoureux et d’une taille plus élevée. Les plants ont été repiqués en alternant ceux de graines lourdes et ceux de graines légères, et la supériorité a continué de se manifester; les premiers ont des feuilles plus vertes, plus larges, les autres jaunissent et fleurissent avant complet développement.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 20 décembre 1898. — Présidence de M. Wolf.
- Un nouveau métal. — M. et M”* Curie ont déjà fait connaître que certains minéraux d’uranium et de thorium (pechblende, chalcolite, uranite) sont très actifs au point de vue de l’émission de Becquerel, plus actifs même que ces métaux. Ils en avaient déduit que ces minéraux contenaient sans doute une substance inconnue douée d’une activité très intense. Des recherches chimiques leur ont permis de conclure effectivement à l’existence d’un corps nouveau qu’ils n’ont pu isoler, il est vrai, du bismuth, et auquel ils ont donné le nom de polonium. En opérant sur la pechblende ils viennent de découvrir une substance voisine du baryum qui possède, à un degré plus élevé encore que le polonium, la propriété de décharger les corps électrisés à distance en rendant l’air conducteur et d’impressionner les plaques sensibles en une demi-minute seulement. Ce nouveau venu dans le monde chimique a des propriétés 900 fois plus actives que l’uranium; M. et Mme Curie ainsi que M. Bemont qui l’ont étudié lui ont donné le nom de radium.
- Propriétés du sérum des animaux immunisés contre la variole. — M. Chauveau présente un travail de MM. Bé-clère, Chambon, Ménard et Jousset sur le pouvoir antivirulent vis-à-vis du vaccin variolique du sérum de l’homme et des animaux immunisés contre la variole. Quelles que soient les voies d’introduction du virus, le sérum acquiert toujours sa propriété anti-virulente. Ce pouvoir apparaît après une période d’incubation suivie ou non suivie de l’éruption caractéristique. L’apparition de ce pouvoir antivirulent coïncide avec l’arrêt du processus morbide et le début de l’immunité. Il est lié à la présence dans le sang d’une substance que ses caractères physico-chimiques rapprochent des diastases. Le passage de cette substance du sang maternel dans le sang fœtal est la condition essentielle de l’immunité congénitale. Chez l’homme, on peut la trouver dans le sang 25 ans encore et même 50 ans .après la vaccination ou une atteinte de variole. Après qu’elle a disparu du sang la période d’immunité n’est pas terminée et la peau demeure encore quelque temps réfractaire à de nouvelles inoculations virulentes.
- Une couleuvre mangeuse d’œufs. — M. Milne-Edwards dépose, au nom de M. Léon Vaillant, une Note sur une couleuvre de l’Afrique Centrale, qui bien que ne dépassant pas le diamètre du pouce, avale des œufs de poule. Cette couleuvre porte le nom de dasypellis scabra; M. L. Vaillant en présente un spécimen conservé dans
- l’alcool et provenant des bords du lac Tanganyka. L’animal a été capturé au moment où il venait d’avaler un gros œuf de poule, que l’on voit engagé dans l’œsophage. Cet œsophage est muni, en un point, de dents qui permettent le bris de la coquille.
- La préservation de la vermoulure des bois. — M. Mer a indiqué il y a quelques années un procédé pour préserver de la vermoulure les bois de chêne. Il consistait soit à écorcer totalement le tronc, au printemps, soit plus simplement à pratiquer une décortication annulaire, au-dessous des premières branches. L’amidon que recherchent les vrillettes en perforant le bois disparaît au bout de cinq à six mois, dans le premier cas, ou de dix-huit mois, dans le second, et le bois est devenu réfractaire à la vermoulure. M. Dehérain expose aujourd’hui un nouveau procédé plus commode à pratiquer que le premier et plus rapide que le second, de manière à faciliter le travail et à abréger le délai d’abatage. Ce procédé consiste à pratiquer deux annélations, l’une au pied de l’arbre, l’autre immédiatement au-dessus des premières branches. En outre on sectionne ces branches pour intercepter la communication des feuilles avec le tronc. Celui-ci est dépouillé de son amidon en quatre mois.
- Varia. — M. Ranvier a étudié la cire de l’épiderme des oiseaux. — M. Turpain indique un procédé de communications télégraphiques multiples et simultanées au moyen d’un fil unique. — M. Lortet a observé le 24 septembre dernier, par un temps superbe tout à coup assombri, une pluie de valves de petits crustacés provenant du crétacé de l’Égypte. Cu. de Villedeuil.
- LE MUTOSCÜPE
- cinématographe automatique
- 11 y a à peine quatre ans que le kinétoscope Edison a fait son apparition à Paris et déjà il n’en est presque plus question ; il a été détrôné par le cinématographe. Par ces temps d’appareils automatiques l’idée d’un système dont la mise en mouvement est commandée par l’introduction d’une pièce de monnaie, ne pouvait être longtemps abandonnée, aussi vient-elle d’être reprise par la Société du Mutoseope, appareil américain, construit en France par M. Gaumont.
- Cet appareil qui peut être complètement abandonné à lui-même dans une promenade, une gare ou un lieu public quelconque, présente au passant la petite fente réglementaire dans laquelle on introduit une pièce de 10 centimes ; moyennant* quoi, en tournant une manivelle, on peut contempler, selon l’expression même de l’annonce fixée sur l’appareil, une scène pleine de vie et d’animation.
- Le résultat n’est pas obtenu au moyen d’une bande pelliculaire : les images sont tirées sur papier. Le principe du système est le même que celui du petit cinématographe de poche, vendu par nos camelots, qui consiste à faire défiler rapidement sous les yeux les feuillets d’un petit livret. Ici, au lieu d’un livret qui eût été trop gros, car il y a 1000 images, on a fait une sorte de roue H (fig. 2). Toutes les images sont réunies par la base sur un axe et une feuille de bristol est interposée entre chacune d’elles ; l’axe est monté dans une boîte métallique qu’on peut faire
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- LA N ATI HE.
- tourner de l’extérieur avec une manivelle ; un doigt D, disposé à la partie supérieure, accroche et retient un instant chaque image à mesure qu’elle se présente, et l’oculaire S est disposé précisément de façon que l’œil voie cette image au moment de son arrêt ; le remplacement d'une image par la suivante est assez rapide pour que les impressions successives persistent sur la rétine et donnent l’illusion du mouvement. S’il s'agissait d’un appareil de salon, où la famille pourrait contempler à son aise le portrait vivant de l’un de ses membres (et on en viendra là un jour), le mécanisme ne comporterait pas autre chose; mais la question se complique un peu dans le cas actuel par suite delà nécessité de percevoir une taxe.
- temps une légère inclinaison en avant et actionne un levier G qui détermine le relèvement de l’arbre A et fait engager la vis V dans la roue dentée. A partir de ce moment les images sont donc entraînées et défilent sous les yeux de l’opérateur.
- Mais lorsque la crosse a été dégagée du cran E (fig. 4), elle est montée sur une petite rampe ménagée contre la roue T ; elle suit cette rampe pendant un tour entier et retombe ensuite dans le cran d’où elle était sortie; ce mouvement fait basculer en sens inverse le levier G et dégage la vis Y de la roue motrice. Il faudra maintenant mettre une nouvelle pièce de monnaie pour que la rotation du cylindre puisse recommencer.
- L’éclairage est donné par une lampe à incandescence, alimentée par des piles placées dans l’appa-
- Tant qu’on n’a pas introduit la pièce de monnaie, la manivelle M tourne sans effet; l’arbre A (lig. 1 et 5) qu’elle actionne, par le pignon R, est articulé en P et, en temps ordinaire, la vis sans fin V qu’il porte est dégagée de la roue dentée T solidaire de l’axe Tu cylindre où sont fixées les images. Mais, dès que la monnaie est tombée, elle se trouve arrêtée en L, et un doigt d, (pie la came F anime d'un mouvement de va-et-vient, passe sur elle, pour la dégager et la faire tomber dans la caisse B. La résistance que rencontre ce doigt pour dégager la monnaie fait basculer un levier b qui pousse une crosse G engagée jusque-là dans une encoche, pratiquée derrière la roue T. Cette crosse prend en même
- reil, et qu’un contact allume seulement au moment \ où la rotation commence.
- Le spectateur est absolument libre de la rapidité de la rotation, et si un détail l’intéresse particulièrement dans la scène qu’il considère, il peut s’arrêter et examiner ce détail à loisir. Dans un sujet qui représente un assaut d’escrime, par exemple, on peut à un moment donné décomposer très' lentement le coup de fleuret, si on veut se rendre compte de la façon dont il a été exécuté. Ce détail a son intérêt et fait du mutoscope, en même temps qu’un appareil d’amusement, un instrument précieux pour vulgariser l’étude du mouvement. G. Maresciial.
- Le Gérant : P. Masson.
- Le Mutoscope. — Fig. 1. Vue intérieure sans le cylindre à images. — Fig. 2. Vue intérieure avec le cylindre en place. Fig. 3. Détails du mécanisme vu par devant. — Fig. i. Le même vu par derrière.
- Paris. — Imprimerie Lajiure, rue de Fleurus, 9.
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- N* 155 7. — 7 JANVIER 1899.
- LA NATURE.
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- LE TABAC
- Au mois d’octobre 1492, Christophe Colomb abordait à Cuba. Deux de ses officiers débarquèrent par ses ordres pour reconnaître le pays. Ces envoyés, écrit l’illustre navigateur, virent un grand nombre d’indiens hommes, femmes, enfants, qui tous tenaient à la main un tison allumé dont ils avalaient la fumée. Las Casas, le premier évêque de Chiapas, ajoute que ce tison était une sorte de mousqueton bourré de feuilles sèches que ces Indiens allumaient d’un bout et suçaient de l’autre. Ces mousquetons étaient appelés tabacos par les indigènes. Telle est l'origine du tabac qui joue un si grand rôle économique et social parmi nous ; et nos cigares depuis
- quatre siècles ont à peine subi quelques légères modifications.
- D’Amérique le tabac fut rapidement importé en Europe. Dès 1518, Cortès envoyait des graines à Charles-Quint et, vers 1559, Jean Nicot, ambassadeur de François II à la cour de Portugal, faisait le même présent à Catherine de Médicis. Thévet prétend qu’à ce moment il était connu en Angleterre où Drake l’avait fait parvenir de la Virginie; mais l’opinion la plus générale est que Walter Raleigh fut le premier à l’offrir à la reine Elisabeth.
- D’Angleterre le tabac pénétra en Hollande, puis, par les colonies de ces deux pays, son usage se répandit avec une extrême rapidité en Asie, en Afrique, jusqu’aux limites des terres habitées. Une herbe chétive, venue de peuplades à peine connues, a
- Fig. 1. — Deux Indiens prisant en compagnie.
- créé jusque chez les nations les plus avancées un besoin artificiel des plus impérieux ; elle a non seulement modifié les usages, mais elle a certainement influé, dans une mesure qu’il est assez difficile de dire, sur la constitution physique des peuples modernes. A un autre point de vue, le tabac joue un rôle plus utile. Il vient singulièrement en aide aux gouvernements toujours obérés de nos jours. En France, le fisc s’en empara de bonne heure. Au mois de novembre 1674, un bail fut consenti pour quatre ans aux fermes générales, moyennant une redevance de 500 000 francs pour les deux premières années, de 700 000 pour les deux années suivantes. Le monopole du tabac supprimé durant la Révolution fut rétabli en 1811. Il produisit environ 21 millions durant les trois dernières années de l’Empire, 42 millions en 1819, 75 millions en 1842; il atteint aujourd’hui 400 millions, tant les progrès de la consommation ont été rapides. A ce point de vue, 27“ année. — 1er semestre.
- tout au moins, les Espagnols n’avaient pas tort d’appeler le tabac une herbe bienfaisante.
- Si aujourd’hui nous fumons le tabac soit dans des pipes, soit roulé en cigares, nos pères le réduisaient en poudre très fine et l’aspiraient par le nez. Leurs splendides tabatières sont un des ornements de nos musées. Cet usage venait aussi d’Amérique. Clavigero rapporte que les Aztecs qui habitaient le Mexique au moment de l’invasion espagnole, introduisaient le pycietl (nom donné au tabac) dans leurs narines et Garcilasso raconte le même fait pour les Péruviens1. Alexandre de Humboldt nous apprend que les Otomacs, grands priseurs, aspiraient le tabac par un tube2 et la découverte d’un petit instrument
- 1 Comm. Reales, I L 2, C 25. , Les Péruviens donnaient au tabac le nom de sairi et s’en servaient comme remède.
- 2 Personal Narratives of Travels to the Equinoct.
- Ileqions of America, t. II, p. 504.
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- LA NATURE.
- en os destiné à cet usage à Tiahuanaco, en Bolivie, montre son antiquité1.
- Ce tube (fig. 2 et 5) est tiré de l’os d'un jeune lama coupé carrément à ses deux extrémités et soigneusement poli. Un des bouts était placé dans un vase renfermant la précieuse poudre, l’autre appliqué aux narines du priseur qui l’aspirait fortement. Sur une des faces se voient une figure humaine, dont les traits informes sont difficiles à déterminer, et un petit mammitère au contraire fort distinct; sur l’autre, des gravures et des stries qui rappellent celles des anciens monuments ou des [loteries du pays. Les Indiens actuels ne sauraient ni concevoir, ni surtout exécuter une semblable ornementation ; nous avons donc là la meilleure preuve de l’ancienneté de ce petit tube et on peut sans crainte d’erreur, le dater de l’époque de la splen-deur de Tiahuanaco2 *.
- Les instruments servant à priser étaient rarement aussi soignés ; un os d’oiseau, celui d’un petit mammifère évidés avec soin en tenaient lieu.
- Souvent on réunissait deux de ces os par une ligature de manière à aspirer le tabac par les deux narines. Souvent aussi on se donnait le plaisir de priser en compagnie. Le priseur, comme on le voit dans notre gravure (fig. 1), insufflait le tabac dans le nez d’un ami qui lui rendait en même temps un service semblable.
- Outre le tabac, les Indiens se servaient d’une autre poudre, le parica ou niopo, tirée des graines du Pipadenia peregrina?. Cette poudre plus astringente, plus forte surtout que le tabac4, dont elle
- 1 Uhle, A. S nu ffin g Tube from Tiahuanaco.
- 2 Stübel und Uhle, Die Ruinenstàtte von Tiahuanaco, 1392, pl. 8-21.
- r' Famille des acacias, Von Martius, Flora Brasiliemis, t. XV.
- 4 « Tanta est pulveris illius contusivis est sensum omnem
- rappelle assez l’odeur, se trouve au Brésil et au Venezuela. Elle est en grand honneur chez les tribus peu civilisées qui habitent les rives de l’Amazone, del’Orenoque ou du Ucayali.
- Un savant distingué, le D1' Ernst, se fondant sur un vieux dictionnaire de leur langue, a cru la retrouver chez les Tupis du Brésil1, d’autres explorateurs à Cordoba, dans la République Argentine ; mais il serait à désirer que ces derniers récits reçussent une plus ample confirmation.
- A Haïti, on prisait surtout dans les cérémonies religieuses une poudre appelée indifféremment cohobba ou cogioba qu’on a voulu identifier avec le tabac. Cette poudre, rapporte-t-on, avait des propriétés intoxicantes et amenait des visions extraordinaires. Le tabac, de quelques méfaits qu’on l’accuse, n’a jamais produit ni ivresse, ni visions étranges; ou il doit y avoir quelque exagération dans ces récits, ou 1 ecohobba se rapproche du parica. Fait plus certain, les Haïtiens plaçaient des feuilles de tabac sur des tisons et des cendres chaudes et aspiraient la fumée qui se produisait avec des tubes en bois, en os, en jonc auxquels ils donnaient communément le nom de taboca2.
- Ces faits montrent l’extension du tabac et son emploi sous toutes les formes, dans les régions les plus différentes et les temps les plus éloignés.
- Ce besoin factice, devenu si rapidement un besoin réel, est assurément une des singularités de la longue histoire de l’humanité.
- Mis de Nadaillac.
- illico sumenti eum tollat ». Petrus Martyr, De orbe novo décades, éd. 1574, p. 109.
- 1 Arneric Anthrop., 1889, p. 155.
- 2 Oviedo y Valdes, Hisi. gen. y nat. êfi lasflndias, p. I,
- Fig. 2 et o. — Tube Le tube vu de face.
- priser, trouve à Tiahuanaco (Bolivie).
- Le tube vu par le revers.
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- LA NATURE.
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- LE POIRIER DE BEKENRIED
- Parmi les attraits si variés que présentent les rives du lac des Quatrè-Cantons, les guides et notamment le Boe-decker signalent la superbe végétation que l’on observe dans les environs de la petite localité de Bekenried. Cette région possède effectivement en abondance de grands et beaux arbres; certains noyers, en particulier, frappent d’admiration par leurs dimensions extraordinaires et leur aspect majestueux.
- Parmi les autres essences, on remarque beaucoup de grands poiriers. Celui dont on va lire la description ne présente cependant pas une taille étonnante, mais semble mériter l’attention par les circonstances assez curieuses dans lesquelles son développement s’est produit.
- Cet arbre est adossé à un chalet, contre la façade exposée au sud. On n’aperçoit de l’extérieur ni le tronc, ni le pied caché par un petit appentis. Mais les branches viennent s’étaler, ainsi que l’indique la gravure ci-jointe, sur quatre étroites toitures, en auvents, disposées devant les fenêtres des différents étages du chalet. Il eût été intéressant de connaître l’àge, au moins approximatif, de cet arbre; mais ni les locataires de la maison, ni ceux des habitations voisines n’ont pu donner de renseignements à ce sujet et se sont bornés à assurer qu’ils l’avaient toujours connu dans son état actuel. Ils ont affirmé de plus qu’on n’arrosait jamais le pied qui, sans doute, reçoit assez d’humidité de la montagne au bas de laquelle le chalet est construit. L’arbre paraît très vivace, à en juger par son feuillage et par la quantité de poires que portaient ses branches en août 1898, lorsque je l’ai observé.
- Il n’est d’ailleurs pas rare, dans cette région, de cultiver des poiriers ou des cognassiers en espaliers contre des façades de maisons ; mais, de tous ceux que j’ai pu voir, aucun ne présentait une taille aussi élevée que l’arbre signalé ni surtout de semblables particularités de culture et d’aspect. Wolff.
- LES DESTROYERS ANGLAIS
- Lorsque l’Angleterre vit la France créer une nombreuse llot-tille de torpilleurs, elle chercha le moyen d’immobiliser ces redoutables petits navires dont elle craignait, en temps de guerre, les incursions sur ses côtes et dont la seule présence dans les ports français était un obstacle à un blocus effectif.
- Elle se décida, pour atteindre ce but, à construire un nouveau type de bâtiment de grande marche, armé d’artillerie à tir rapide, destiné à détruire ces minuscules adversaires ou tout au moins à les empêcher de sortir des rades françaises; ce fut le Destroyer, c’est-à-dire le destructeur de torpilleurs.
- 11 est évident que ce dernier navire devait avoit une vitesse assez grande pour pouvoir donner la chasse aux torpilleurs proprement dits, porter une artillerie très manœuvrante et relativement puissante ainsi que des tubes lance-torpilles ; dans ces conditions, son déplacement devait être supérieur à celui des torpilleurs ; il perdait donc sous le rapport de l’invisibilité ; mais, par contre, il gagnait en navigabilité par une mer un peu forte.
- Pour bien se rendre compte des transformations successives suivies par cette catégorie de bâtiments avant d’en arriver au destroyer actuel, il faut remonter jusqu’au premier torpilleur qui fut construit par M. Thornicroft, en 1873, pour le gouvernement Norvégien; c’était un petit bâtiment de 20 mètres de long, d’un déplacement de 16 tonnes et qui, avec une puissance de 90 chevaux, avait atteint une vitesse d’environ 14‘,5 ; c’était, à l’époque, un véritable tour de force d’avoir pu faire donner une pareille marche à une aussi petite coque.
- Quatre ans après, parut le Lightning, de 28 mètres de long, 27 tonnes de déplacement, avec une vitesse dë 19 nœuds et une puissance de 460 chevaux.
- Tous les chantiers Anglais, et en France celui de M. Normand, se lancèrent dans cette construction en conservant à peu près les dimensions du Lightning, mais en augmentant la puissance et, par suite, la vitesse; en 1887, M. Thornicroft adopta des déplacements plus grands et, grâce à l’emploi de chaudières à tubes d’eau, put réaliser la superbe vitesse de 26 nœuds sur YAriete, construit pour le gouvernement Espagnol (fig. 1); le tonnage avait été porté à 97 tonnes et la puissance à 1600 chevaux; outre des torpilles AVhitehead, ce torpilleur portait 3 canons à tir rapide de 47 millimètres.
- Ce fut à peu près l’origine des premiers destroyers appelés à ce moment Catchers par les Anglais. — On construisit successivement le type Rattlesnake, de 550 tonnes et une vitesse de 19 nœuds; le Sharpshooter, de 735 tonnes et 3500 chevaux ; mais, sur ces navires encore, on était arrêté dans le développement de la puissance par l’emploi des chaudières locomotives qui donnaient de nombreux mécomptes. En 1892, on construisit 12 navires d’un déplacement plus fort, 810 tonnes, et une puissance
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- de 3700 chevaux; un seul de ces derniers, le Speedy (fig. 2), était muni de chaudières Thornieroft : c’était un petit bâtiment fortement défendu de l’avant,
- tenant bien la _______________
- mer par gros temps, d’une longueur de 70 mètres, d’une largeur de 8m,10 et d’un tirant d’eau de 2I“,50; il portait 8 générateurs Thornieroft qui, remplaçant 4 chaudières locomotives, avaient permis de développer 5000 chevaux au lieu de 3700; la vitesse obtenue avait été de 21 noeuds. On continua à chercher une augmentation de force dans l’élévation du tonnage et on arriva au type Halcyon, de 1079 tonnes; mais le succès ne répondit pas à la nouvelle conception.
- A partir de cette époque, c’est-à-dire en 1893, il y eut une réaction en ce qui concerne les déplacements et on retomba
- dans ceux de 220 tonnes avec le Hawock et le Daring ; ces deux navires furent les premiers véritables destroyers, car on ne peut appeler de ce nom, les types précédents à cause de leur faible vitesse.
- Le Hawock (fig. 5) a 55 mètres de long,
- 5m,70 de large, un tirant d’eau de 2 mètres ; les chaudières du type Yarrow ont donné une puissance de 4500 chevaux et une vitesse de 27n,6 ; l’armement comprend un canon de 57 millimètres, sur la tourelle avant, cinq canons de 47 millimètres sur les flancs et deux tubes lance-torpilles.
- Le Daring n’en diffère que par ses chaudières qui
- Fig. 1. — Torpilleur Ariete.
- Fig. 2. — Torpédo Gunboat Speedy.
- Fig. 5. — Destroyer Hawock
- sont du type Thornieroft; sa vitesse atteignit 28",2.
- Vint ensuite le type Boxer (fig. 4), de 250 tonnes, avec une longueur de 60 mètres, une largeur de
- 5m,70 et un tirant d’eau de 2m,10; la puissance totale développée fut de 4700 chevaux et la vitesse de 29n,3.
- Le grand constructeur Anglais, M. Thor-nicroft, livra alors le destroyer Desperate de 275 tonnes, d’une longueur de 61 mètres, d’une largeur de 6 mètres et d’un tirant d’eau de 2m,20, la vitesse atteignit 30",5 pendant un essai de trois heures ; l’armement est sensiblement le même que celui du Hawock.
- Le Desperate prit la tête de file des torpilleurs de 30 nœuds ; le déplacement fut élevé à 300 tonnes et on arriva au dernier type avec le Sparrowhak (fig. 5), de 6000
- chevaux et 30 nœuds; le Quail (fig. 6), de même puissance ; le Whiting, de 5900 chevaux et 31
- nœuds (fig. 7).
- Enfin, à la suite des essais du torpilleur français le Forban, qui dépassa 31 nœuds, la marine anglaise, pour maintenir le record de la vitesse, créa un type à 33 nœuds, avec une puissance de 10 000
- chevaux. Deux de ces derniers ont déjà fait leurs essais.
- En résumé l’Angleterre a décidé, depuis 1893, la construction de 108 destroyers. Les 42 premiers, de 26 à 27 nœuds, type Hawock et Daring, sont tous construits excepté quatre ; ces derniers sont
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- LA NATURE
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- le Fervent, le Zéphyr, le Conflict et le Wizard.
- Des 50 torpilleurs de 30 nœuds, type Quail, il n’en reste plus
- que 20 en construction , tous seront livrés à la iinde mars 1899. Il y a en outre quatre torpilleurs de 55 nœuds, le Lee, le Leven, Y Orwell et la Viper; l’un d’eux doit être actionné par une turbine à vapeur.
- Enfin, l’Amirauté vient de demander des offres pour 12 destroyers dont les caractéristiques ne sont pas encore connues.
- C’est avec cette remarquable flottille que l’Angleterre compte, le jour même de la déclaration de guerre, transporter sa première licrne de défense
- O
- sur le littoral français en établissant, autour de ce dernier, un cordon de destroyers impossible à franchir par nos torpilleurs. Y ra-t-elle? permis douter !
- Tout d’abord, les destroyers sont des navires très compliqués ; leurs machines et chaudières, travaillant presque à la limite, ont donné bien des mécomptes pendant les grandes manœuvres ; on commence à re-
- sis, des chauffeurs spéciaux, ne se retrouvent plus dans la pratique et tombent vite à 24 nœuds;
- de plus, la vie
- reussi-11 est d’en
- à bord de ces petits navires est fort pénible par mauvais temps, et leur personnel sera vite sur les dents s’il est obligé de tenir un blocus prolongé et rigoureux.
- Les torpilleurs français sortant à leur guise par une nuit noire, après une série de mauvais temps, auront bien des chances de franchir le prétendu cercle formé par les destroyers; pendant le jour, ces derniers, exposés aux attaques des croiseurs et éclaireurs, devront se replier sous la protection de leurs propres croiseurs et alors nos torpilleurs pourront toujours, en longeant les côtes, se transporter rapidement de leurs lieux de stationnement à un point de rendez-vous moins surveille; de là, ils s’élanceront dans la Manche soit pour y faire des raids. contre les bateaux de commerce, soit pour y attaquer les escadres ennemies se reposant sur la vigilance de leurs destroyers, soit pour se ruer sur un grand port et y exercer des rava_
- connaître que les superbes vitesses de 30 nœuds I ges. En France, nous n’avions pas jusqu’ici eon-obtenues pendant les essais avec des charbons choi- J struit des destroyers; nous avions ainsi, pour les
- Fig. 7. — Destroyer Whiting, à la vitesse de 51 nœuds.
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- T-A NATURE.
- mêmes dépenses, pu mettre sur cale un plus grand nombre de torpilleurs ; il semble que cette conception convenait mieux au genre de lutte que nous pourrions avoir un jour à soutenir contre nos voisins d’outre-Manche, et on peut regretter de voir le budget de cette année comporter la mise en chantiers de quelque? natires de ce type.
- ! ; . ! i, Commandant G.
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- ' .LES DOIGTS DES PIANISTES
- Les musiciens ont besoin d’avoir, pour acquérir un talent d’éxécutant, une grande souplesse de la main, une grande dextérité des doigts. L’apprentissage est dur, pénible et long. Pour le violon et les instruments similaires, •c’est la main gauche qui doit avoir cette souplesse et , cette agilité; pour le pianiste ce sont les deux mains. Aussi faut-il commencer l’éducation de bonne heure, si pénible soit-elle pour les enfants qu’il faut exercer journellement, pour arriver à être sinon tous des prodiges ou des virtuoses, au moins des exécutants passables.
- Certains, en dehors de toute aptitude musicale, se montrent très rebelles à ces exercices; après de longues années quelques-uns gardent toujours la main lourde et les mouvements des doigts ne sont jamais parfaitement indépendants les uns des autres.
- Un médecin de Philadelphie, le DrForbes, a préconisé, pour remédier à cette gêne, une petite opération. Quelques lignes d’anatomie sont nécessaires pour la comprendre.
- Les mouvements des doigts sont assurés dans la flexion par deux muscles, un superficiel et un profond : le fléchisseur commun superficiel et le fléchisseur commun profond, l’un recouvrant l’autre, qui prennent naissance à l’avant-bras et se terminent dans les quatre derniers doigts.1
- Le pùuce, en raison de ses mouvements d’indépendance et d’opposition, a des muscles propres à la face palmaire et à la face dorsale.
- Ces deux muscles fléchisseurs se terminent par des tendons qui glissent dans la gouttière du carpe et vont aux- doigts, les tendons du fléchisseur profond passant à travers, la division terminale des tendons du fléchisseur superficiel, pour arriver jusqu’à la dernière phalange.
- Le mouvement opposé, celui qui nous intéresse ici, est assuré par un muscle, l’extenseur commun des doigts, qui partant de l’avant-bras va se terminer par des tendons indépendants pour chacun des quatre derniers doigts. Le pouce a également ici, à la face dorsale, des muscles propres. Le petit doigt a, de son côté, un muscle supplémentaire, l’extenseur propre du petit doigt dont le tendon s’accole à celui de l'extenseur commun. Ces divers muscles ont pour rôle, comme l’indique leur nom, d’étendre successivement la troisième phalange sur la seconde, la seconde sur la première, celle-ci sur le métacarpe et la main sur l’avant-bras.
- L’indépendance du mouvement de chaque doigt qui semble bien assurée par un tendon distinct ne l’est pas toujours, comme elle devrait l’être. Entre ces tendons terminaux, et notamment entre le petit doigt, l’annulaire et le médius, il existe de petits tendons accessoires qui les relient les uns .aux autres (a et b). Il existe également de petites languettes anastomotiques qui peuvent subir un développement exagéré et former entre
- les trois tendons une union intime par une sorte de lame fibreuse.
- C’est cette disposition anormale de tendons accessoires, de brides aponévrotiques que Forbes a signalée comme une cause sérieuse d’obstacle au mouvement parfait de flexion, d’extension et surtout à l’indépendante de l’annulaire. En supposant les tendons accessoires doubles, comme dans cette figure, si l’on fléchit le petit doigt et le médius, l’annulaire est presque obligé de suivre ce même mouvement. Pour y remédier Forbes fait une petite opération très simple, une section sous-cutanée de
- ces brides gênantes. Avec des précautions d’asepsie, elle lui a toujours donné des résultats surprenants et il l’a faite chez un très grand nombre de sujets. Heureux Américains ! les pianistes doivent avoir un délié des doigts qui ferait envie à nos artistes les plus célèbres. Il faut croire que l’anomalie des tendons accessoires et le développement des languettes s’observent surtout par delà les mers, car les pianistes français n'ont pas eu encore grand besoin de recourir à cette intervention chirurgicale, qui, pour certains cas, doit être en réalité très efficace.
- Dr A. Cartaz.
- LES CHIENS DE GUERRE EN AFRIQUE
- Le dernier Bulletin de la Société protectrice des animaux publie une communication de son correspondant de Londres donnant d’intéressants renseignements, fournis par le lieutenant Kurt-Johannes, sur les services que les chiens de guerre ont rendus pendant les diverses expéditions faites par les troupes anglaises dans le sud-ouest de l’Afrique. Ils ont été employés aux avant-postes, où l’approche de l’ennemi, à plusieurs centaines de mètres, était aussitôt signalée. Dans les marches en avant, notamment dans les ravins, les broussailles, ces précieux auxiliaires étaient des éclaireurs plus sûrs, plus alertes que les soldats. Après les combats, ils savaient découvrir les morts et les blessés et porter à ceux-ci des provisions dans des espèces de sacoches. Ce dernier service leur a valu le nom de chiens sanitaires — Stanitâts hunde. Cela rappelle les services rendus autrefois par les célèbres chiens du mont Saint-Bernard.
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- L A N AT nu;.
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- PHOTOGRAPHIE DES COULEURS
- Dans le courant de l'année qui vient de s’écouler, le public a été à plusieurs reprises convoqué à venir voir les résultats de la découverte de M. Tel ou Tel sur la photographie des couleurs. On se trouvait invariablement en présence d’une série de tableaux, souvent très réussis, mais dans l’exécution desquels la photographie n’était intervenue que d’une façon indirecte, du moins en ce qui concerne la couleur. C’est ([ue, en vérité, si le problème de la reproduction directe des couleurs, par l’objectif et la plaque sensible, a été résolu de la façon la plus ingénieuse, la plus élégante et surtout la [dus scientifique par M. I ippmann, nous sommes encore loin de l’application pratique du procédé; les résultats donnés par les interférences sont merveilleux, mais fort difficiles à obtenir; de plus l’épreuve unique, obtenue à la chambre noire, ne peut servir à faire des contre-types, et elle-même n’est pas visible sous toutes les incidences. Aussi peut-on dire que si, actuellement, la photographie directe des couleurs existe pour le laboratoire, elle n’existe pas pour le praticien.
- 11 n’en est pas de même de la photographie indirecte, c’est-à-dire de celle où l’objectif et la plaque sensible, sans donner les couleurs elles-mêmes, [>réparent et facilitent leur mise en place, pour ainsi dire mécanique; mais il faut bien se pénétrer de ceci : c’est qu’il est indispensable que la main intervienne [tour introduire les couleurs dans le résultat définitif, soit au moyen de verres colorés placés devant les images incolores, soit par des pigments incorporés dans une émulsion, soit par des bains de teintures, soit par applications à la [tresse. Dans cette voie, de très grands progrès ont été réalisés depuis quelques années et les procédés se perfectionnent tous les jours; mais il y a trente ans (jue Ch. Cros et L. Ducos du Hauron ont posé les principes de la méthode et, depuis cette époque, de nombreuses tentatives plus ou moins heureuses (plutôt moins) ont été laites pour arriver à un résultat satisfaisant.
- Si nous considérons au spectroscope une surface blanche, faiblement éclairée, nous distinguons seulement trois couleurs : rouge-orangé, vert, bleu-violet; ce groupe est connu sous le nom 4e ternaire de Young et de Helmholz. Les autres couleurs n’apparaissent que si on éclaire d’une façon très intense la surface considérée; mais on remarquera que les trois, qui forment le ternaire en question, contiennent toutes les autres. En effet, la première contient l’orangé et le jaune; la seconde le bleu et le jaune; la troisième le bleu, l’indigo et le rouge : les sept couleurs du spectre solaire se trouvent donc représentées. La conséquence de ce fait est qu’on doit pouvoir, avec seulement une gamme de trois couleurs, obtenir toutes les autres : telle est la base de la méthode indiquée par Cros et Ducos du Hauron. Partant de là, si d’un sujet coloré nous
- pouvons avoir trois images données : l’une par les radiations rouges, l’autre par les vertes, la troisième par les violettes, nous pourrons ensuite reconstituer f l’objet, avec toutes ses couleurs, en regardant les trois images superposées, pourvu que nous ayons coloré chacune d’elles de la couleur correspondant à la radiation qui l’aura produite. C’est l’objectif et la plaque photographique qui nous permettront de décomposer, de disséquer, pour ainsi dire, notre sujet. On sait qu’il est possible de fabriquer des plaques sensibles à certaines radiations plutôt qu’à d’autres : c’est ainsi qu’une plaque contenant de la fluorescéine, ou de la chrysaniline, sera sensible surtout au vert; la cyanine exaltera la sensibilité pour le rouge et l’orangé, quant au violet et au bleu les plaques ordinaires y sont assez sensibles pour qu’il n’y ait pas à les modifier. En utilisant ces différentes plaques, et en plaçant devant l’objectif des écrans colorés qui ne laisseront passer que les radiations susceptibles de les impressionner, on obtiendra des clichés nullement colorés, bien entendu, sur lesquels on aura, de l’objet, seulement la portion de l’image qui contiendra ces colorations. C’est-à-dire qu’avec l’écran rouge on aura seulement l’image des parties qui sont colorées en rouge, orangé ou jaune; avec l’écran violet on aura les parties bleues et un peu les rouges ; avec l’écran vert, les bleues et les jaunes. Les trois négatifs ainsi obtenus se compléteront donc mutuellement ; si on en tire trois [tositifs, qu’on donne à chacun d’eux la couleur uniforme qui lui convient et qu’on les regarde par transparence, en les superposant, on reconstituera l’image avec toutes ses couleurs. Le chromoscope que nous avons décrit dernièrement1 est l’application de cette théorie.
- La réalisation du principe posé par Cros et Ducos du Hauron paraît donc assez simple; mais, si on a mis trente ans pour arriver à des résultats à peu près complets aujourd’hui, ce n’est pas sans raison; la question est plus complexe qu’elle ne le semble, surtout lorsqu’il s’agit d’étendre le procédé aux impressions, et c’est là sa véritable utilisation pratique. L’effet, dans ce cas, n’est plus donné par des radiations, mais par des pigments colorés, et on va voir tout de suite qu’il y a, dans le résultat, une différence du tout au tout. En effet, si nous regardons une surface blanche au travers des trois écrans mentionnés plus haut, nous la voyons blanche; mais si ces trois écrans, réduits à l’état de pellicule mince, sont posés sur la même surface blanche, nous la voyons noire. On s’est donc aperçu bien vite que, pour l’impression, les noirs de l’objet doivent correspondre aux parties qui prendront également les trois couleurs ; tandis ([lie les blancs seront au contraire donnés par les blancs du papier, là où aucune couleur n’aura été déposée.
- Dans l’impression typographique c’est le relief du cliché qui prend l’enpre, les blancs correspondent
- 1 Yoy. n° 1327, du 5 nuvi'mluc p. 337.
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- LA XATUIIE.
- où il y a dos transparences sur le cliché photographique : ce sont les parties qui correspondent aux noirs de l’objet. Après l’insolation, si on trempe la planche métallique dans un dissolvant approprié, le vernis ne sera enlevé qu’aux endroits non insolés,qui correspondent aux parties opaques du cliché photographique, et aux blancs de l’objet. Si ensuite on met la planche dans un bain acide celui-ci creusera le métal aux endroits où il est dépouillé do vernis ; mais il respectera au contraire les endroits où l’enduit protecteur n’a pu être dissous par suite de son insolation; il en résulte donc, en délinitivc, des reliefs qui correspondent aux noirs de l’objet et des creux qui correspondent aux blancs. Entre ces teintes extrêmes on obtient naturellement toutes les teintes intermédiaires de gris, en rapport avec le degré d’insolation ; mais notre but n’est pas d'entrer dans le détail du procédé et nous ne ferons que mentionner ici l'emploi de la trame, qui donne sur le cliché un ensemble de lignes très serrées, permettant précisément l’obtention des demi-teintes. Il nous est donc possible de traduire les trois clichés obtenus avec les écrans appropriés en clichés typographiques. Nous devons dire maintenant que la combinaison, deux à deux, des radiations du ter-
- naire cité plus haut donne pour l’œil la sensation de
- trois autres couleurs ; le rouge-orangé et le bleu-violet donnent le rouge-pourpre; le rouge-orangé et le vert donnent le jaune; enfin le bleu-violet et le vert donnent le bleu pur. Ce groupe rouge-pourpre, jaune, bleu, est connu sous le nom de ternaire de
- Brewster et on a constaté que s’il est inférieur à celui
- de Young et Uelmholz lorsqu’il s’agit des radiations, il lui est supérieur lorsqu’il s’agit d’impressions par pigments colorés ; ce sont donc elles qu’on emploie de préférence. D’après ce que nous avons dit plus haut, on devra s’arranger de façon à avoir des reliefs, dans les trois clichés, là où doivent se trouver les noirs, puisque c’est la superposition des trois couleurs à leur maximum qui les donnera, et à diminuer l’accentuation du relief proportionnellement aux couleurs à éliminer, jusqu’à ne l’avoir
- aux endroits creux. On sait qu’il est possible de trans- ' former un cliché photographique en cliché typographi- 5 que; le procédé, connu sous le nom de simili-gravure, j est journellement employé par un grand nombre
- de publications. La base du procédé consiste à re-
- couvrir une plaque métallique (zinc ou cuivre) -~ d’une sorte de vernis sensible à la lumière (bitume
- de Judée) et de l’impressionner sous un cliché photographique; la substance sensible devient insoluble sous l’action des rayons solaires, c’est-à-dire partout
- Synthèse des trois tirages superposés. (Clichés «le il. Ceisler). (On ne retrouve qu'à ta loupe tes trois couleurs composantes.)
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- lleproduetiou d’une aquarelle de 31. Lœvy par le procédé des trois couleurs.
- Clichés de 31. Geiÿler destinés à une boîte de papier à lettres.
- (Xotts n'avons pas- fait ici la décomposition des couleurs, niais les tinujes successifs ont été faits simultanément avec ceux de l hippopotame.)
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- M LA A*A
- plus que sur un seul cliché pour la couleur correspondante. C’est par le choix judicieux des écrans et des encres qu'on arrive à ce résultat, et ce choix ; n’est pas des plus faciles ; car il ne suffit pas de dire : ! prenez du jaune ou prenez du bleu, il faut encore j savoir à quelle nuance de jaune ou de bleu on doit j s’adresser; l’illustre Chevreul, dont on ne peut se j dispenser de prononcer le nom quand on parle des | couleurs, a créé pour la Manufacture des Gobelins j IM'iO tons en employant ces trois seules couleurs! I Quant aux encres il faut en outre qu’elles aient une ! transparence suffisante pour permettre la combinai- | son des couleurs par superposition. Toutes ces questions sont assez compliquées pour expliquer la lenteur avec laquelle on est arrivé à ol(tenir enfin de bons résultats. Les images en couleurs qui accompagnent cet article sont obtenues par ces procédés; nous engageons nos lecteurs à les examiner avec une forte loupe (dite eompte-lils) et ils se rendront ainsi compte de la façon dont elles sont composées. Ge sont des reproductions d’aquarelles, dont l’une est destinée à orner le couvercle d’une boîte de papier à lettres ; on remarquera que le mot « La Barynia » donne bien la sensation du noir, quoiqu'il provienne exclusivement de la superposition des trois couleurs (pic montre la décomposition de la page voisine; que les blancs purs n’ont r en reçu, et que les autres, ceux des manches par exemple, contiennent beaucoup de points bleus et rouges.
- Get examen montre aussi que le présent numéro a dù passer quatre fois sous la presse, puisqu’il y a trois couleurs différentes pour les images, ainsi (pie le montre la planche «pii représente un hippopotame, et une, le noir, pour le texte. On pourra nous faire observer qüe, d’après ce que nous disions tout à l’heure, à propos de la superposition des trois couleurs, le tirage spécial en noir aurait pu être supprimé : cela est vrai en principe. Mais cela exigerait pour les trois tirages une superposition assez exacte pour que les points, par exemple, tombent toujours sur les i; or, si le repérage se fait avec assez d’exactitude pour les images, qui peuvent supporter une certaine tolérance, il ne serait tout de même pas d’une précision suffisante pour le texte, et il est beaucoup plus simple de faire pour celui-ci on tirage spécial.
- Malgré ces complications, le procédé des trois couleurs est aujourd’hui devenu pratique et il est employé industriellement. M. Geisler, auquel nous devons les clichés qui ont servi à nos illustrations,
- ' est arrivé, après certains tâtonnements, à créer un matériel et un personnel qui lui permettent d’opérer à coup sûr; les imprimeurs, tels que M, Lahure, l’imprimeur bien connu de La Nature, le mettent en pratique journellement pour le tirage des catalogues de certaines maisons de nouveautés.
- Des deux inventeurs que nous avons mentionnés, l’un, M. Gh. Cros, est mort avant d’avoir pu pousser bien loin ses études_sur le sujet; mais M. L. Ducos dif llauron vit encore et c’est en grande partie à ses
- rnn:.
- travaux continuels qu'on doit les perfectionnements successifs apportés à sa méthode. Si la malchance ne lui a pas permis d’en tirer un profit matériel, qu’on n’oublie pas au moins que son nom devra toujours être intimement lié à tous les procédés de reproduction indirecte des couleurs par la photographie. G. MAHF.SC1IAI,.
- LES MIMIÏES DANS LES RUES
- On a parlé ici à plusieurs reprises des mirages de toutes sortes, et en a donné des exemples fort curieux autant que divers. D’ailleurs, au bord de la mer, il s’en manifeste parfois d’assez nets, que quelques-uns de nos lecteurs ont peut-être observés; mais comme on a coutume de considérer que les mirages ne se produisent nettement que sur les vastes surfaces sablonneuses, dans les déserts, au Sahara, il est utile de rapporter une expérience montrant que point n’est besoin d’aller au Sahara pour jouir du phénomène du mirage. La preuve en est que M. R. AVood rappelait récemment dans le journal Nature, que bien souvent l’été, à San Francisco, il a pu assister à de jolis mirages, Cn miniature s’entend, sur les dalles des trottoirs où frappait le soleil. Il a même réussi à en prendre une photographie qui n’est peut-être pas très nette, mais qu’a pu reproduire notre confrère anglais.
- Pour obtenir un résultat passable il lui a fallu plusieurs conditions : notamment employer un objectif à longue distance, puis choisir des rues formant un dos d’âne extrêmement prononcé; on doit, pour saisir le mirage, se placer tout [très du sommet de ce dos d’âne, de manière que l’œil vienne presque au niveau de la surface du trottoir, et (pie le rayon visuel puisse s’allonger parallèlement à cette surface sur une longueur de 100 mètres et plus. Alors on a l’illusion absolue que le trottoir est bel et bien recouvert d’une nappe d’eau où l’on [tout apercevoir comme dans un miroir le reflet des passants.
- Pour que l’observation et par suite la photographie réussissent, il est encore absolument nécessaire qu’on puisse voir en raccourci une longue et étroite .bande de trottoir bien de niveau.
- Dans la photographie prise par M. Wood, on aperçoit très nettement les images renversées d'un petit garçon, d’une petite fille,, debout sur le trottoir, et enfin d'une charrette minuscule, jouet qui appartenait sans doute à l’un des deux enfants. Malheureusement, la photographie ne peut pas donner une idée nette de. l’éclat curieux produit par la mince couche d’air chaud qui reflétait ainsi ces images,
- Si l’observateur s’élève quelque peu, de telle sorte qu’il voie moins en raccourci, que son œil ne soit plus exactement au niveau du trottoir, tout s’évanouit. Au reste, pour que l’illusion se produise, il n’est nullement nécessaire que le soleil soit très chaud, car le phénomène a été observé le matin de bonne heure, après une nuit froide, la chaleur de la terre suffisant à réchauffer l'air. Le mirage n’est point affecté par un vent violent, qui souvent balaye le sommet des rues montueuses de San Francisco,
- L’observation doit pouvoir être renouvelée partout où il y a des rues réunissant les conditions particulières qui se rencontrent à San Francisco. D. D.
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- LE SALON DU CYCLE ET DE L’AUTOMOBILE
- Nous avons signalé, dans notre dernier article1, les principales phases de l’évolution subie par le tricycle à moteur en vue de sa transformation en voiturette, tout en conservant le moteur de Dion et Bouton ainsi que son mode de commande des roues arrière. Il nous reste à décrire un dispositif intéressant de voiturette-tricycle utilisant le même moteur, mais agissant sur la roue unique d’avant à la fois motrice et directrice. L’originalité de ce véhicule, exposé par la maison Ilurtu (fîg. 1), réside dans le mode de commande de la roue d’avant dont l’axe reste toujours parallèle à celui des roues d’arrière, roues simplement porteuses, tandis que la roue s’incline autour de son axe de rotation pour permettre de diriger la voiture. Ce résultat est obtenu très simplement par un joint à rotule et à billes dont le noyau sphérique monté sur l’axe sert de pivot au moyeu de la roue commandée elle-même par une fourche et un levier de direction. Une rainure, ménagée dans le noyau et dans laquelle se loge une clavette montée sur la roue, assure l’entraînement de cette roue par l'axe malgré l’obliquité du montage. Nous ne recommanderions pas ce système pour des voitures lourdes ou circulant à grande vitesse, mais il nous a paru convenir tà des voitures légères et fournir une solution à la fois élégante et simple de l’avant-train moteur à roue unique. La transmission du mouvement du moteur à l’axe de la roue motrice se fait par l’intermédiaire d’une courroie et d’un tendeur commandé à la pédale. En marche normale, la courroie est toujours tendue et la pédale relevée à l’aide d’un ressort dont la tension assure une adhérence suffisante. En appuyant sur la pédale, on détend la courroie qui peut alors glisser et permettre tous les ralentissements de vitesse. En appuyant davantage, la courroie est entièrement détendue pour l’arrêt ; en appuyant plus encore, la pédale met en action des freins agissant sur les roues arrière. On n’a ainsique deux organes à manoeuvrer, l’un à la main pour la direction, l’autre au pied pour les vitesses, l’arrêt et le freinage. En ajoutant à la voiturette un changement de vitesse mécanique, il lui sera possible de monter toutes les côtes en portant deux personnes.
- Nous bornerons là notre examen des automobi-lettes, voiturettes et petites voitures qui constituaient, en quelque sorte, la caractéristique du Salon, et montraient les tendances actuelles des constructeurs. Il y aurait à faire une étude analogue à celle qui a été publiée à propos du tricycle, et montrant les constructeurs de voitures proprement dites simplifiant et réduisant leurs véhicules en vue de donner satisfaction au plus grand nombre, et peut-être par crainte d’un règlement prochain qui interdira probablement les vitesses supéïieures à 30 kilomètres par heure, même en pleine campagne. Dans ces conditions, pourquoi créer des types capables de fournir
- 1 Yoy. n° 1336, du 51 décembre 1898, p. 73.
- des vitesses bien supérieures puisque leur utilisation normale ne saurait se faire qu’en violation permanente des règlements et dans la crainte perpétuelle de contraventions ?
- Dans le domaine des voitures automobiles, et nous entendons par là les véhicules dont le poids dépasse 500 kilogrammes, nous avons peu de nouveautés à signaler, si ce n’est certaines tentatives intéressantes en vue de leur simplification ou de leur commodité de manœuvre. C’est ainsi, par exemple, que les voitures Peugeot, dont l’allumage se faisait exclusivement jusqu’ici par incandescence, commencent à recevoir l’allumage électrique dont les nombreux avantages sont de jour en jour mieux appréciés, en même temps que les inconvénients s’atténuent par les perfectionnements et une meilleure compréhension de l’allumage électrique par ceux qui l’utilisent.
- Certains constructeurs cherchent également à supprimer le refroidissement des cylindres par circulation d’eau, en vue de simplifier la voiture et de l’alléger. Quelques-uns facilitent le refroidissement par une ventilation énergique obtenue à l'aide d’un . petit ventilateur que le moteur actionne d’autant plus vite qu’il tourne lui-même plus vite; d’autres se contentent d’augmenter les surfaces rayonnantes de refroidissement et de placer le moteur dans le courant d’air provoqué par le déplacement du véhicule. Si ces tentatives sont couronnées de succès, et il faut souhaiter qu’elles le soient, la voiture automobile à essence de pétrole aura réalisé, de ce fait, un progrès important.
- Un autre progrès non moins important en voie de réalisation est la suppression, ou, tout au moins, l’atténuation des vibrations produites par le moteur en marche, surtout pendant l’arrêt de la voiture. Ce progrès est obtenu, dans certains, systèmes nouveaux, par l’emploi de moteurs équilibrés. Nous avons remarqué tout spécialement à ce point de vue la voiture exposée par la Société des moteurs Gobron et Brillié. Le moteur de cette voiture est constitué par deux cylindres verticaux fonctionnant à quatre temps, et dont les cycles chevauchent, de façon à donner une impulsion motrice par tour de l’axe. L’explosion du mélange détonant se produit, pour chaque cylindre, entre deux pistons qui se déplacent en sens inverse et équilibrent ainsi leurs actions trépidantes. Dans ces moteurs, le carburateur est supprimé et remplacé par un distributeur mécanique qui mesure et fournit la quantité d’essence de pétrole nécessaire pour chaque explosion. La capacité des alvéoles du distributeur rend impossible l’emploi d’un excès de liquide, et par suite une carburation exagérée ayant pour conséquence une dépense excessive, une combustion incomplète et une odeur désagréable. Le moteur toujours en fonction sur la voiture arrêtée fonctionnait sans bruit, sans odeur et sans trépidation sensible, ce que permettait de constater un verre rempli d’eau placé sur la carrosserie.
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- En dehors de ces dispositions particulières, nous ne voyons rien qui mérite une description spéciale : la plupart des constructeurs dont la réputation est aujourd’hui établie dans le monde automobile ont exposé de belles et confortables voitures dont l’éloge n’est plus à faire, mais dont les perfectionnements
- portent surtout sur des détails de construction, des modifications secondaires dont l’exposé sortirait de notre cadre, et serait mieux à sa place dans les revues techniques consacrées à l’étude des progrès rapides de cette industrie nouvelle.
- Nous n’avons signalé jusqu’ici que les voitures à essence de pétrole, et, jusqu’à nouvel ordre, l’essence de pétrole règne sur la route, avec le moteur à explosion comme pouvoir exécutif, car le Salon ne comptait qu’wne seule voiture à vapeur dont il nous a été impossible, faute de renseignements suffisants, d’apprécier les mérites.
- Mais si l’essence de pétrole est reine de la route, et reine encore incontestée sur la grande route, elle doit se préparer à partager son sceptre avec une jeune rivale dans les rues des villes, et cette rivale,
- Y Électricité, paraît devoir soutenir victorieusement ses revendications, bien que ses représentants ne se soient pas encore trouvés très nombreux au Salon du cycle et de l’automobile.
- La principale préoccupation des constructeurs de voitures électriques a été, jusqu’ici, de créer le fiacre électrique, dont les vastes débouchés sont certains et immédiats, mais dont les difficultés économiques sont considérables, eu égard aux limites imposées aux recettes par la nature même de l’application. Or, il n’y a pas à se dissimuler que si le fiacre élec-
- trique a l’avenir assuré, son présent est encore assez précaire; le vConcours de juin 1898 a démontré qu’une exploitation de fiacres électriques ne peut joindre les deux bouts ou réaliser des bénéfices honnêtes qu’à la condition d’être montée sur une grande échelle. Le locatis, la voiture d’agrément, de promenade ou la voiturette d’affaires n’ont pas à subir des exigences économiques aussi sévères, et peuvent plus facilement, à notre avis, se prêter à une utilisation plus immédiatement rémunératrice. C’est ce qu’ont compris la plupart des constructeurs dont les véhicules figuraient au dernier Salon du cycle et de l’automobile. Nous signalerons tout particulièrement la petite voiturette à avant-train moteur (fig. 2) présentée par M. Mildé, et construite en vue de répondre aux desiderata des amateurs voulant une voiture légère (300 kilogrammes) à bon marché (3000 francs) et d’un entretien économique, puisque le constructeur l’entreprend à 3 francs par jour, y compris la recharge de la batterie. Cette voiturette peut être considérée comme un petit cabriolet à roues basses dans lequel le cheval est remplacé par un avant-train moteur. Cet avant-train moteur est constitué par une roue unique supportant un plateau circulaire auquel
- sont suspendus le moteur et trois batteries d’accumulateurs de cinq éléments chacune. Le plateau tourne entre huit galets montés sur l’avant du cabriolet, et reçoit sa direction par une double barre fixée sur le plateau à l’aide de quatre montants. La batterie de 15 accumülateurs Fulmen type Blt renferme 85 ampères-heure et fournit une différence de potentiel utile de 28 volts, soit 3,'48
- Fi}.', i. — Tricycle à pétrole llurtu.
- Fig. 2. — Voiturette électrique Mildé.
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- kilowatts-heure. Elle actionne un moteur série de 500 à 600 watts qui commande, par engrenage, directement la roue d’avant et fait 2000 tours par minute pour la vitesse normale de 15 kilomètres par heure.
- Le combinateur disposé sous le siège est commandé par un levier placé de côté sous la main droite du conducteur. Il agit en laissant Vies batteries toujours couplées en tension. Le démarrage se fait en deux résistances additionnelles intercalées en circuit avec le moteur (première vitesse) ; la deuxième vitesse en shuntant l’un des rhéostats ; la troisième en shuntant la seconde résistance; c'est la vitesse normale. Une quatrième vitesse (19 kilomètres par heure) s’obtient en plaçant une résistance en dérivation sur les inducteurs, ce qui diminue l’excitation et augmente la vitesse du moteur, mais aux dépens du rendement.
- La manœuvre arrière du combinateur produit successivement la marche arrière sur les deux rhéostats, et la marche arrière sur un seul rhéostat.
- Une pédale sert à
- Fig. 5. — Phaéton électrique Columbia.
- Fig. 3. — Voiture électrique de promenade de MM. Bouquet, Garcia et Scliivre.
- couper le courant pour les ralentissements ; une seconde pe'dale coupe le courant et actionne un frein mécanique à ruban agissant sur des poulies montées sur les roues arrière. D’après le constructeur et l’inventeur, M. Greffe, la voitu-rette pourrait parcourir 60 à 70 kilomètres en palier sans recharge. Son poids en charge étant de 440 kilogrammes, dont 140 kilogrammes pour les deux voyageurs, le transport à effectuer serait de 26,4 tonnes-kilomètre et la dépense électrique correspondante de 127 watts-heure par tonne-kilomètre : ces chiffres sont très cohérents avec ceux fournis par le concours de fiacres.
- On nous permettra de ne pas insister sur la valeur esthétique de la voiturette que nous venons de décrire, pas plus que nous ne l’avons fait à propos des types décrits précédemment. Des goûts et des couleurs.,.. Mais nous applaudissons sans réserve à toutes les tentatives faites pour nous doter d’une petite voiture électrique légère et économique. Cette petite'voiture sera-t-elle un tricycle?
- Fig. 4. — Voiture électrique Riker.
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- On se trouve porté à le croire puisque avec trois voiturettes américaines, celles de M. Riker, M. Child etM. Barrows,la voiturette Mildé est le quatrième tricycle électrique de construction récente déjà réalisé.
- C’est dans un ordre d’idées tout différent qu’ont été étudiées les voitures de promenades présentées au Salon par la Société des voitures électriques et accumulateurs système B. G. S. (Bouquet, Garcin et Schivre) dont la figure 3 représente un spécimen à titre d’exemple. Ces voitures légères sont destinées à de grands parcours, 100 kilomètres en terrain moyen. Les accumulateurs de ces voitures sont d’un type spécial sur lequel les inventeurs gardent le secret jusqu’à nouvel ordre, mais le mystère cessera, si nous sommes bien informé, au concours d’accumulateurs d’avril prochain. La particularité du système électrique des voitures B. G. S. réside dans le moteur à deux enroulements induits avec bobinages inégaux, dont le nombre de spires est tel, pour chacun d'eux, que les forces électromotrices développées à chaque instant soient respectivement proportionnelles aux nombres 5 et 3, ce qui l’a fait baptiser : cinq et trois font huit. Le combinateur permet de coupler successivement les deux bobines induites en tension, séparément, ou en opposition, pour des vitesses graduellement croissantes, et représentées respectivement par 5 + 3 = 8; 5 ; 5 ; 5 — 3 = 2. Au démarrage, le combinateur introduit dans le circuit des résistances qui sont ensuite supprimées. La combinaison des deux enroulements permet de laisser tous les accumulateurs en tension et de les décharger ainsi également.
- Si la voiture, dont l’aspect est agréable, répond aux espérances de ses inventeurs, elle ouvrira sans doute l’ère du tourisme électrique, car avec le développement des usines de distribution d’énergie électrique, et le long parcours que permettrait la voiture, on pourra bientôt entreprendre le tour de France sans crainte de rester en panne faute de courant.
- Les fiacres électriques étaient représentés par la Compagnie générale des Voitures électromobiles dont les véhicules feront ici l'objet d’un article spécial au moment où ces fiacres seront mis en service dans la capitale.
- Pour clore ce trop long article, il nous reste encore à mentionner deux voitures d’agrément d’origine américaine, dont l'une le phaéton Riker (fig. 4) était présenté par la Compagnie l’Automobile, et l’autre, le phaéton Columbia (fig. 5), bien que non représenté au Salon, figure à un certain nombre d’exemplaires dans les rues de Paris. Nous n’avons pas encore de renseignements assez précis sur les performances de ces véhicules pour nous permettre de les apprécier et surtout de les comparer; ce sera l’œuvre des concours futurs, mais nous y trouvons les preuves d’une belle et louable émulation entre •les constructeurs français et américains, émulation dont l’Exposition de 1900 marquera certainement H’apogée. E. H.
- CORRESPONDANCE
- A propos de notre récent article sur les Sparklets, paru dans le n9 1554 du 17 décembre 1898, p. 44, nous avons reçu la lettre suivante :
- Paris, le 28 décembre 1898.
- Nous lisons dans La Nature un article concernant les Sparklets et dans lequel il est très justement remarqué que « les avantages de ces récipients de gaz seraient mieux appréciés, si le mécariisme de l’appareil permettait d’ÿ puiser le liquide gazéifié comme pour les siphons ordinaires d’eau de Seltz, au lieu d'être obligé à retirer lé bouchon, ce qui appauvrit rapidement la richesse de la solution gazeuse, dont on n’utilise pas immédiatement les propriétés ».
- Je viens vous signaler que tou§ ces avantages sont réunis déjà et depuis longtemps dans notre appareil Le Selsodon et nos récipients d’acide carbonique liquéfié Les Selsobulles. Notre brevet français, relatif à l’invention d’un appareil de table à gazéification instantanée au moyen de petits récipients mobiles contenant des gaz comprimés, remonte au 27 août 1892.
- Le Selsodon aujourd’hui tout à fait perfectionné a, outre les avantages signalés plus haut, l’immense commodité d’injecter dans l’eau le gaz comprimé dans les Selsobulles, par parties et à volonté en autant de fois qu’on le désire. Le Selsodon est en verre à monture d’étain pur et contient une quantité d’eau égale à environ 7 bouteilles sodas ou 5 siphons ordinaires. Notre appareil et les Selsobulles ont été présentés à l’Académie'de médecine dans la séance du 5 avril 1898.
- Veuillez agréer, etc. Durafort et Fils.
- CHRONIQUE
- Une habitation lacustre sur la côte anglaise.
- — Elle vient d’être découverte à environ 1600 mètres à l’est du château de Dumbarton, sur les rives de la Clyde, au-dessous du niveau des hautes mers, et à 45 mètres du lit de la rivière à marée basse. La circonférence de l’habitation est d’une soixantaine de mètres; le cercle extérieur est formé de pilotis en chêne apointés inférieurement avec une hache de pierre, et la partie enfoncée dans la vase en est bien conservée. Le plancher portant sur la tête des pilotis est composé de poutres transversales en chêne, en saule et en sureau, puis de branches plus petites de sapin, de bouleau, de noisetier, et enfin de fougères, d’éclats de bois et de mousses. Dans les débris de cuisine accumulés auprès, on a trouvé des os de vache, de mouton, de cerf, puis des pierres de foyers, des cendres et des pierres à aiguiser. A côté a été découvert un canot de llm,27 de long sur 1“,20 de large, creusé dans un tronc de chêne. L’habitation daterait de la période néolithique.
- Production des vins de la Gironde. — Voici le relevé officiel de la production vinicole du département de la Gironde. Les chiffres ci-dessous montrent toute son importance.
- 1891 2 418139 hectolitres produisant environ 325 600 000 bouteilles.
- 1892 1 843 805 — 245 400000 —
- 1893 4 927 897 — 655400000 —
- 1894 2 355 996 — 510 400 000 —
- 1895 2 094 873 — 278 600 000 — J
- 1896 3 554 552 — 446 200000 —
- Ces chiffres sont intéressants en ce qu’ils font juger
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- d’abord de la production annuelle et en ce qu’ils offrent des variations qui permettront de jeter certain jour sur l’influence des conditions météorologiques en viticulture.
- Un rat sans poils. — Cette curiosité est signalée par M. Hodgson, de Plymouth. L’animal a été capturé par un employé des magasins d’approvisionnement de l’artillerie. C’est un rat adulte quoique jeune encore; il est d’une couleur brunâtre, et il ne possède comme système pileux que ses moustaches, de longueur normale, et quelques poils laineux égarés sur certains points de sa peau. Quand il est au repos, sa peau forme une série de replis pleins de poussière ; ces plis disparaissent quand il se remue. Les yeux du phénomène sont proéminents, les oreilles plus grandes que de coutume. En 1856, J. S. Gaskoin avait signalé à la Société de zoologie anglaise quatre souris sans poils, prises en 1854 à Taplow : l’une d’elles avait donné le jour à cinq petits qui ressemblaient en tous points à leur mère.
- Coquillages explosifs. — On connaissait les fruits explosifs; cette fois le journal National Druggist signale des coquillages explosifs, mais ne faisant explosion, bien entendu, que dans des conditions toutes particulières, qui n’en sont pas moins curieuses. Se promenant à Mobile Bay, aux États-Unis, une jeune femme avait ramassé un certain nombre de coquillages dont nous n’avons pas le nom, mais qui Ressemblaient à de petits escargots, autrement dit à des hélix. Elle les mit dans sa poche sans les examiner, et n’y pensa que beaucoup plus tard, quand, en reprenant la robe qu’elle portait le jour de sa trouvaille, elle sentit une odeur fort déplaisante de décomposition. Elle sortit les coquillages de sa poche, et en fit tomber quelques-uns à terre : elle marcha par hasard sur l’un d’eux, et il s’ensuivit une petite explosion assez violente. Elle en écrase volontairement plusieurs autres, et lé même phénomène se reproduit. Le collaborateur du National Druggist, à qui nous empruntons ces détails, fut alors prié d’examiner les coquillages en question : leur orifice était fermé par une membrane plus ou moins épaisse, une porte qui assurait une occlusion complète. Après s’ètre ainsi renfermés, à la façon des escargots, ils étaient morts, isolés qu’ils se trouvaient de leur milieu favorable d’existence; et, par suite, chaque coquille était pleine de gaz de décomposition, qui faisaient explosion quand on les laissait s’échapper à l’air par rupture de la coquille.
- Le commerce des bananes an Costa-Rica. —
- Nous avons donné jadis des renseignements sur le commerce des bananes dans l’Amérique centrale, commerce qui se fait presque uniquement avec les États-Unis : voici de nouveaux chiffres qui montrent quel développement prend ce trafic. En 1897, la République de Costa-Rica a a exporté 1965 651 régimes de bananes, représentant une valeur d’achat de 4 millions de francs : le chemin de fer qui transporte ces fruits de l’intérieur à Port-Limon a encaissé de ce chef plus de 1 200 000 francs. Chaque semaine, plusieurs vapeurs spécialement aménagés et susceptibles de charger 30000 à 35 000 régimes dans leurs cales, portent leur chargement à la Nouvelle-Orléans et à New-York.
- Le laboratoire de l’État de ïermont. — Imitant l’exemple des États de New-York, de Massachusetts et de Michigan, l’État de Vermont vient de fonder un laboratoire chimique et bactériologique, qu’on peut appeler « d’hygiène ». Il sera chargé d’examiner à tous les points de vue les eaux d’alimentation, aussi bien que le lait et
- les matières alimentaires en général; il aura également pour fonction d’étudier les cas reconnus ou simplement suspects de diphtérie, de fièvre typhoïde, de tuberculose, de fièvre paludéenne et de toutes autres maladies infectieuses.
- Les plantations du Congo Belge. — Si nous en croyons M. Gentil, chef de cultures à Coquilkatville, le district du même nom, dans l’Etat Indépendant, possède 334 000 pieds de caféiers et 5300 cacaoyers; les premiers occupent une superficie de 335 hectares. D’autre part, à Bikoro, il existe 166 000 caféiers, puis 97 250 à Ikenge, 24 000 à Bombimba, 17 500 à Bolondo, 15 000 à lrebu. Dès maintenant ces régions possèdent 643 750 caféiers et 18 945 cacaoyers.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 2 janvier 1899.
- Présidence de MM. Wolf et Yan Tieghksi.
- Préparation de corps nouveaux. — M. Moissan rappelle qu’il a récemment préparé le calcium-ammonium et le lithium-ammonium qui sont des combinaisons d’ammoniac liquéfié avec le calcium ou le lithium. En substituant à l’ammoniaque une ammoniaque composée, telle que la méthylamine, il a obtenu un ammonium organique : le lithium-ammonium. C’est un corps stable à la température et à la pression ordinaires; on peut le séparer de l’excès de méthylamine dans lequel il est dissous par une chaleur douce. Le lithium-ammonium cristallise dans ces conditions; il est très altérable à l’air humide. De — 50° à + 20° la métylamine ne réagit pas sur le potassium et le sodium.
- L'éclipse de lune du 27 décembre 1898. — M.* Maurice Lœwy fait connaître que l’état du ciel n’a pas permis d’observer l’éclipse du 27 décembre dernier à Paris et à Lyon. M. Baillaud, à l’observatoire de Toulouse, a été plus heureux. Il a pu noter les instants des occultations d’une série d’étoiles prises dans une liste préparée d’avance par M. Baklund. Dans les conditions ordinaires de visibilité de la lune, sa lumière éteint Béclat des étoiles de faible grandeur et rend par suite impossible l’observation des instants où le disque de la lune vient à couvrir ces étoiles ou à les découvrir. Lors des occultations, au contraire, le disque de la lune se détachant en couleur sombre, la lumière propre des faibles étoiles peut être perçue par l’observateur. M. Baillaud a constaté qüe quelques étoiles restaient visibles sur champ du disque pendant 8 à 10 secondes après l’occultation. Si ce phénomène avait été isolé, il n’aurait pas lieu de surprendre parce que le disque de la lune présente des échancrures très appréciables correspondant à des vallées profondes; la répétition de tels faits exclut cette explication et donne lieu de chercher une autre solution. Ils semblent indiquer l’existence d’une atmosphère lunaire de faible épaisseur. Ch. de Yilledeuil.
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- L’AUTO-LUX
- ALLUMEUR-EXTINCTEUR A DISTANCE POUR LE GAZ
- La lumière électrique offre entre autres avantages celui de permettre l’allumage et l’extinction à distance, ce qui, dans la vie ordinaire, est très appréciable ; car dans maintes circonstances on se trouve obligé d'aller allumer à tàton une bougie ou un bec
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- de gaz. Mais tout le monde ne pouvant pas avoir la lumière électrique, pour une foule de raisons diverses, bien des inventeurs ont cherché à combiner un appareil qui, pour le gaz, donne les mêmes facilités d’allumage et d’extinction à distance. Nous avons déjà, ici même, donné la description des dispositions imaginées dans ce but; mais, en général, on avait recours à un mécanisme assez compliqué, agissant sur un robinet dont le fonctionnement n’était pas toujours très sûr; car, en effet, dans cet ordre d’idées on a presque toujours recours à un électro-aimant et la force dont on dispose est assez faible : il s’ensuit que si le robinet à actionner est un peu dur cela ne marche pas et, d’un autre côté, s’il est trop mobile, le gaz fuit. C’est probablement pour ces diverses raisons que les systèmes imaginés autrefois n’ont pas eu grand succès, mais l'idée n’a pas été pour cela abandonnée, et la lutte de plus en plus acharnée entre le gaz et l’électricité explique les nouvelles tentatives faites dans ce but. L’Auto-Lux nous paraît être l’appareil le plus simple de tous ceux qui ont été construits jusqu’ici, car en réalité il ne comporte aucun mécanisme.
- Le robinet est remplacé par une bille B en acier (fig. 1) qui repose sur un siège situé à l’extrémité du conduit amenant le gaz, qu’elle obture ainsi hermétiquement. La précision avec laquelle on fait aujourd’hui les billes, destinées aux roulements des bicyclettes, permet de pouvoir compter sur une fermeture de ce genre; le poids de la bille est du reste tel que, dans aucun cas, la pression du gaz ne puisse la déplacer. Cette bille se trouve renfermée dans une chambre II, fermée par un couvercle C sur lequel se visse le bec brûleur : papillon, Àuer ou autre. Dans cette chambre se trouve un aimant permanent À entre les pôles duquel débouche l’extrémité E d’un électro-aimant F. Au moyen de ces éléments on peut déplacer à volonté la bille, à droite ou à gauche, c’est-à-dire l’enlever de son siège ou l’y replacer. Pour cela il suffit d'envoyer dans l’électro-aimant un courant qui détermine à volonté, dans l’extrémité du noyau E. un pôle nord ou un pôle sud.
- Pour cela on a des boutons spéciaux (fig. 2) terminés par une manette M, qu’on peut tourner à
- droite ou à gauche. Le négatif de la pile communique à un plot Z, sur lequel touchent, à l’état de repos, deux lames de ressort L et T. Le positif est relié à deux plots situés de chaque côté de ces deux lames qui, à l’état de repos, ne les touchent pas: elles sont reliées aux extrémités du fil de l’électro. En tournant la manette M, à droite ou à gauche, on fera toucher l’une des lames à un des plots positifs, l’autre restant sur le négatif, et, selon la lame mise en mouvement, le courant circulera dans un sens ou dans l’autre: on déterminera ainsi, dans l’extrémité du noyau de l’électro, le pôle qu’on aura choisi. Dès que le courant passe dans l’électro, la bille est attirée et reste en contact avec lui ; le siège sur lequel elle reposait étant découvert, le gaz se
- répand dans la chambre H et sort par le bec brûleur; il sort en même temps par une ouverture partant de cette chambre et communiquant à un petit tube P, au-dessus duquel se trouve un fil de platine, porté à l’incandescence par le passage du courant; c’est là qu’il s’enflamme et la fuite ainsi provoquée allume le bec principal. On abandonne alors la manette du bouton et les lames reprennent leur position primitive. Mais les choses sont disposées de telle sorte que le pôle de l’aimant permanent qui a une polarité contraire à celle qu’a prise la bille, par son contact avec l’électro, attire celle-ci et la fait tomber sur un siège terminant l’ouverture de la fuite destinée à l’allumage. Pour l’extinction on utilise le même bouton, en tournant la manette en sens inverse; la bille est de nouveau attirée, mais dès que le courant ne passe plus, comme elle a pris une polarité contraire à la précédente c’est l’autre pôle de l’aimant permanent qui l’attire et elle vient tomber sur le siège de la conduite principale du gaz.
- Le courant nécessaire au bon fonctionnement de l’appareil est de cinq ampères ; on emploie des piles Leclanché à grande surface qui donnent facilement cette intensité et, comme chaque émission dure un temps très court, elles peuvent servir longtemps. G. M.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
- L'Aulo-Lux. — 1. Détail d'ensemble. — 2. Bouton de manœuvre.
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- N° 1558.
- 14 JANVIER 1890.
- LA NATURE.
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- LA COULEUYRE RUDE
- SERPENT MANGEUR d’(EUFS DE I.’aFRIQUE CENTRALE
- Le volume de la proie qu’un Serpent est capable d’engloutir ne cesse d’être un objet d’étonnement, et parfois la disproportion est telle que même les personnes prévenues de la faculté qu’ont ces Reptiles de pouvoir élargir, en quelque sorte, indéfiniment leur bouche ne peuvent s’empêcher d'en être surprises. Sans parler de lane du Robinson suisse, qui devient si tristement la pâture d’un Boa gigantesque, les voyageurs assurent que des Serpents de
- 6 à 8 mètres mangent un mouton, un cerf, voire même un bœuf. Sans aller chercher si loin les exemples, notre vulgaire Couleuvre à collier peut avaler un crapaud de la grosseur du poing, alors que le diamètre de son cou n’atteint pas 2 centimètres sur les individus de la plus forte taille.
- Toutefois dans ce dernier cas le Batracien capturé, une fois dans le tube digestif, s’allonge et si le volume reste le même la forme du moins est plus en rapport avec celle des parties contenantes. Souvent aussi, — c’est ce que font les Serpents dits constricteurs, Boas, Pythons, qui étouffent l’animal avant de l’engloutir, — entourant leur victime, par un
- Couleuvres rudes [Dasypellis scabra, Linné), avalant des œufs de cane. A la partie inférieure droite, un de ces serpents à l’état normal; plus haut sont figurés, de prolil et de face, des individus montrant le développement singulier que prennent le pharynx et la bouche dans l'acte de la déglutition. —Dans le cartouche: série des vertèbres armées de prolongements dentaires, formant une scie destinée à entamer la coquille ; les cotes ont été enlevées du côté gauche pour permettre de mieux voir la disposition de ces prolongements.
- de leurs replis, ils la passent, on peut dire, à la filière pour l’étendre et rabattre les membres de telle sorte que ceux-ci se présentent dans la position la plus favorable et ne viennent pas, se plaçant en travers, gêner la déglutition.
- Malgré tout, un objet qui vient d’être offert au Muséum d’histoire naturelle, par le P. Guillemé des Pères Blancs du Haut Congo, est encore de nature à exciter l’étonnement dans l’acte singulier qui nous occupe. 11 s’agit d’un petit Ophidien colubriforme long de 0m,70 dont la grosseur est au plus de 10 millimètres, n’ayant même pas par conséquent la grosseur du doigt, et qui a été surpris au moment où il finissait d’avaler un œuf de cane, dont le gros diamètre transversal n’a pas moins de 45 milli-
- 27° aimée. — 1er semestre.
- mètres. L’aspect de l’animal en cet état est des plus étranges, comme en fera juger la figure ci-jointe; on le comparerait volontiers à une de ces poires en caoutchouc se continuant en un long tube grêle, appareil bien connu des photographes, c’est-à-dire de tout le monde, pour faire jouer à distance un obturateur ou autre instrument.
- L’espèce n’est pas précisément rare et a été depuis longtemps signalée comme se nourrissant d’œufs d’oiseaux d’une manière exclusive. On l’appelle le Rachiodon rude ou plus simplement, avec Lacépède, la Rude (JDasypellis scabra, Linné) ; il se trouve répandu dans une grande partie du continent africain, de l’Abyssinie au Cap, de Sierra Leone au Mosambique; notre spécimen vient de Mpala, qui
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- LA NATURE.
- se trouve dans le Haut Congo, sur le lac Tanganyika.
- Ce qu’il est particulièrement difficile de comprendre, c’est comment l’animal a pu faire pénétrer par sa bouche un semblable objet. On sait, dans l'engloutissement d’un crapaud par une couleuvre, pour prendre cet exemple, que c’est avec ses dents, dirigées d’avant en arrière en hameçons, que le Serpent glisse successivement ses mâchoires supérieure et inférieure, progressant par ce moyen sur la proie; il trouve donc un point d’appui dans ses crochets.
- Bien des Reptiles — ils sont peut-on croire assez nombreux — ne dédaignent pas les œufs d’oiseaux, je citerai les Varans parmi les Lézards et plusieurs Serpents ; ainsi on accuse le Python ou Boa d’Afrique d’être sous ce rapport le dévastateur des poulaillers ; à la ménagerie des Reptiles, l’Ilélérodon de Madagascar (Lioheterodon Madagascar iensis, Duméril et Bibron) a pu être pris sur le fait. Mais lorsque ce dernier Ophidien, observé par Desguez, avalait des œufs, c’est en fixant ceux-ci contre un accident du sol ou dans un repli de son propre corps, qu’il forçait en quelque sorte sa bouche sur l’objet en l’y appuyant; l’œuf de moineaux ou de pigeons était d’ailleurs proportionné au volume de l’animal. Dans des observations faites en Angleterre sur le Rachio-don rude, Mlle Durham a vu ce serpent ouvrir largement sa bouche, l’appliquer sur l’œuf et l’avaler ; il ne s’agissait là, il est vrai, que d’œufs de canaris et de fauvettes. Mais, autant qu’il est permis d’en juger par ce qui nous est connu de la déglutition chez les Ophidiens, ceci est tout à fait insuffisant pour expliquer le cas qui nous occupe, lequel n’est pas isolé ; car un autre individu ayant avalé un œuf de poule est conservé au British Muséum, e‘t il n’est pas aisé de comprendre comment un objet aussi volumineux à proportion et en même temps dur, lisse, ne donnant aucune prise, peut être ingurgité. L’observation montrera-t-elle des appareils d’adhérence spéciaux, qui permettraient à l’animal de glisser sur cette surface polie? Deux replis membraneux, que l’on peut observer sur notre individu aux parties latérales de la bouche, parleraient assez en faveur de cette manière de voir et pourraient bien servir à cet usage ; chacun d’eux alternativement se fixerait comme ventouse, donnant ainsi un point d’appui pour permettre à l’autre de se pousser en avant.
- Ce fait, au reste, n’est pas seulement singulier, bizarre; il nous donne peut-être la raison d’une disposition anatomique spéciale à ce Rachiodon rude et qu’on ne s’expliquait pas bien jusqu’ici, puisque d’autres reptiles ne dédaignent pas les œufs d’oiseaux, les recherchent même, tout en étant privés de cet appareil.
- Les travaux d’Auguste Duméril et Jacquart ont montré que chez les Serpents, non seulement l’orifice buccal est susceptible d’une extension prodigieuse, mais aussi que la portion antérieure du tube digestif qui y fait suite immédiatement, c’est-à-dire la
- première portion de l’œsophage, adhérait aux côtes, participant à cette faculté de dilatation par l’élasticité des tissus à la partie ventrale. Plus en arrière, le tube digestif s'isole dans la cavité viscérale, reprend la structure ordinaire chez les Vertébrés et ne jouit plus au même degré du pouvoir élastique. Si donc un aliment trop volumineux venait à s’y engager, il pourrait causer de graves désordres; l’œuf de cane pour le Rachiodon serait dans ce cas et d’autant plus dangereux, qu’avec sa coquille calcaire il est solide, incompressible. Les autres animaux dont il a été question se contentent d’œufs plus proportionnés à leur taille, qui franchissent sans difficulté les parties rétrécies de l’appareil digestif, et les sucs de celui-ci, très puissants chez les Ophidiens en particulier, se chargent de dissoudre la coquille. Pour le Rachiodon, au contraire, sa gloutonnerie lui serait fatale si l’œuf, continuant de cheminer entier, venait à s’engager tel quel dans la portion œsophagienne étroite, aussi la nature a-t-elle pourvu d’une manière admirable à ce danger.
- Dans une intéressante communication, faite à l’Académie des sciences en 4834, Jourdan a signalé la présence chez cet Ophidien à la partie inférieure des vertèbres du cou 24e à 30e environ, c’est-à-dire à 5 ou 6 centimètres en arrière de la tête, d’apophyses osseuses coniques, légèrement aplaties latéralement, longues de 2 à 3 millimètres, dirigées obliquement en avant (voir le cartouche qui accompagne la figure), lesquelles percent la paroi de l’œsophage pour faire saillie dans son intérieur. L’extrémité de ces prolongements npophysaires est revêtue d’une couche émaillée de même constitution que celle qui recouvre les dents chez les Reptiles ; leur ensemble — on en compte 7 ou 8 — constitue une véritable scie très bien disposée pour entamer la coquille de l'œuf. Par ce moyen cette enveloppe est ouverte, le contenu s’écoule dans les portions suivantes de l’appareil digestif, qui ne reçoit ainsi que les parties alibiles sans en rien perdre ; la coquille vide, devenue peu résistante, est brisée, réduite en fragments et régurgités par le Dasypeltis scaber, d’après les observations faites sur l’animal vivant. C’est là un exemple d’adaptation des plus remarquables.
- Léon Vaillant,
- Professeur au Muséum (l'Histoire naturelle.
- L\ SUPPRESSION DES FUMÉES
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- Est-il besoin de rappeler combien l’air des grandes villes se trouve vicié sans qu’il soit possible d’y remédier d’une façon complète. Certes chaque jour les plus louables efforts sont faits par les municipalités des centres importants pour réduire dans la mesure du possible les causes de viciation de l’atmosphère et, à Paris notamment, de grands progrès ont déjà été réalisés. De larges avenues ont fait péné-
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- trer l’air et la lumière où il y a vingt ans seulement des maisons noires et humides pourrissaient dans les vieux quartiers dont le souvenir seul subsiste aujourd’hui. Partout où son action fut prépondérante, le conseil municipal se fit un devoir d’assurer l’amélioration des aonditions de l’existence urbaine par l’application rigoureuse et scientifique des mesures essentielles de l’hygiène. Le plus grand nombre des réglementations dues à la légitime préoccupation de la santé publique sont connues des Parisiens et l’initiative du conseil municipal en cette matière ne manque pas de plumes autorisées pour la signaler dans des revues spéciales ou dans la presse quotidienne.
- Cependant il n’est pas à ma connaissance qu’on ait parlé, comme il convenait, des études laborieuses et des expériences auxquelles a donné lieu « le concours pour la suppression des fumées, produites par les foyers des chaudières à vapeur », organisé conformément à une délibération du conseil municipal du 19 mars 1894 et par un arrêté du préfet de la Seine du 8 août de la même année.
- Les inconvénients qui résultent des fumées que dégagent les établissements industriels qui brûlent de la houille ont été aggravés encore par la création au centre de Paris de stations centrales d’électricité. 11 fallait aviser sous peine de voir dans quelques années les rues les plus coquettes de la capitale n’avoir rien à envier, comme « culottage », aux villes industrielles du Nord ou de la Loire.
- Cette question de la fumivorité est loin d’être nouvelle, car les inconvénients de la fumée se sont fait sentir à partir du jour où l’usage de la houille s’est répandu ; ils étaient surtout graves dans les villes industrielles, et c’est l’Angleterre qui a la première et le plus cruellement souffert de ces inconvénients. Dès le seizième siècle, l’atmosphère de la ville de Londres était fortement souillée par la fumée du charbon. Le roi Charles II s’occupa d’y porter remède et fit préparer à cet effet des dispositions répressives. A différentes reprises, les autorités de police de différentes villes anglaises promulguèrent des règlements : à Leeds, à Manchester. Après les autorités locales ce fut le gouvernement qui prit en main la question. D’où les commissions instituées à cet effet en 1819, 1845, 1847, et l’acte désigné sous le nom d’acte Palmerston du nom du ministre qui l’a contresigné en 1853. Nouvelles réglementations en 1858, 1866, 1885 et 1891.
- Les illustres ingénieurs Papin et James Watt se sont occupés de l’important problème de la fumivorité : le premier en créant un système de combustion à flamme renversée, un appareil mécanique produisant le fort courant d’air nécessaire. Cependant tout ingénieuse que fût cette disposition la transformation du charbon en coke et le défaut d’un aspirateur convenable en empêchèrent le succès.
- La patente de James Watt décrit le dispositif suivant. Il n’y avait pas de grille : le charbon reposait sur une aire en briques ; l'air, appelé à travers
- la porte du foyer munie d’une ouverture conique, passait d’abord à travers le charbon non enflammé : les gaz combustibles, mélangés d’air, avaient donc à traverser soit la couche de charbon en ignition, soit des carneaux à haute température. En pratique on rencontra des difficultés provenant de la compacité du gâteau de coke qui se formait.
- A la suite de Papin et de Watt nous trouvons, parmi les inventeurs d’appareils fumivores, les noms connus de William Thompson (1796), Roberton de Glasgow (1801) et, en 1802, MM. Clément et Desormes. Plus près de nous les études de Combes en 1847 sur les grilles et foyers de Jackes et de Tailfer. Puis les grilles Marsilly et l’appareil Duméry qui jouit longtemps d’une certaine vogue. Aux termes de l’arrêté du 8 août 1894 un crédit de 17 000 francs était affecté au payement de trois primes de i 0 000 fr., 5000 fr. et 2000 fr. à décerner aux inventeurs des meilleurs systèmes fumivores présentés au concours.
- Le plus bel éloge de l’initiative prise par le Conseil dans une question si importante pour la santé publique, c’est encore le nombre de concurrents qui se mirent sur les rangs. Cent dix projets furent présentés au concours, les auteurs se répartissant comme suit au point de vue de la nationalité :
- 76 Français, 19 Anglais, 4 Allemands, 5 Américains, 5 Austro-Hongrois, 2 Italiens, 1 Relge et I... de nationalité inconnue.
- La Commission technique chargée de l’examen de ces projets était ainsi composée : M. Huet, inspecteur général des ponts et chaussées, directeur administratif des travaux de Paris, Président. Membres : MM. Rrull, ingénieur, ancien président de la Société des ingénieurs civils; Hirsch, ingénieur en chef des ponts et chaussées, professeur à l’École des ponts et chaussées, membre de la commission centrale des machines à vapeur ; Humblot, inspecteur général des ponts et chaussées ; Lamouroux, membre du conseil municipal; Michel Lévy, ingénieur en chef des mines et du service de surveillance des machines à vapeur ; de Tavernier, ingénieur en chef de l’éclairage de la ville de Paris ; Meker, inspecteur des machines de la ville de Paris.
- A la suite du premier examen sur pièces, la Commission retint provisoirement 30 projets qui lui parurent mériter une étude plus approfondie et de subir les expériences pratiques permettant de se rendre compte des systèmes répondant le mieux à la double condition imposée par la Commission : 10 Ne pas donner une fumée incommode avec les combustibles ordinaires ; 2° satisfaire aux sujétions économiques et industrielles du chauffage des générateurs de vapeur.
- L’usine choisie pour les expériences fut l’usine municipale du quai de Javel qui sert à l’élévation des eaux prises dans la Seine. Le choix de cette usine était particulièrement heureux pour assurer et maintenir les conditions ûgales entre les différents concurrents. Cette usine se compose d’une batterie
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- de 5 générateurs identiques et de 2 machines à vapeur élévatoires. Chaque chaudière, conduite à une allure lente, suffit pour alimenter l'une des machines ; à une allure plus active, chaque chaudière peut alimenter les deux machines.
- La hauteur d’élévation des eaux et la vitesse de rotation des machines sont sensiblement constantes, conditions excellentes pour assurer runiformité dans la comparaison des résultats. La présence de trois générateurs dans la même batterie procurait des facilités précieuses : les deux générateurs extrêmes étaient consacrés aux expériences et le générateur du milieu était maintenu hors feu. Tandis que les expériences d’un système se poursuivaient sur l’une
- des chaudières extrêmes, le n° 1 par exemple, la chaudière de l’autre bout de la batterie n° 5 était livrée à un autre concurrent, qui avait ainsi tout le temps nécessaire pour y établir son installation sans gêner en rien les opérations qui se continuaient à l’autre extrémité de la batterie.
- Les générateurs de l’usine de Javel sont du type semi-tubulaire; ils se composent d’un corps cylindrique à fonds plats de lm,578 de diamètre et de 5m,500 de longueur, traversé par un faisceau de 50 tubes à fumée de 75 millimètres de diamètre intérieur surmontant deux houilleurs cylindriques raccordés par des cuissards.
- La surface de chauffe totale étant de 68 mètres
- Fig. 1. — Foyer fumivore Doimely.
- carrés, le volume total de 8m5,20 et le timbre 6ks,5 par centimètre carré.
- Choix du combustible. — Le combustible choisi pour les expériences fut de la briquette d’Anzin de qualité ordinaire. Ce charbon est passablement fumeux et de composition sensiblement constante.
- Mesure de l'intensité de la fumée. — Cette partie délicate et essentielle des expériences a été résolue par l’observation directe. Tous les procédés indirects qui ont été parfois proposés, malgré leur précision apparente, n’ont pas paru à la Commission propres à fournir d’une manière certaine la donnée la plus essentielle, c’est-à-dire le degré de souillure de l’atmosphère environnant la tête de la cheminée. Mais le procédé direct, consistant en une simple évaluation à vue du volume et de la densité de la
- fumée émise, avait besoin d’être précisé et contrôlé. A cet effet, deux postes d’observation ont été choisis ; ils étaient à 500 mètres de la cheminée et à la hauteur de son gueulard, l’un au nord, l’autre au sud, de telle sorte que pour tous les vents régnants la fumée produite eût une direction à peu près normale à la visée et se développât pour l’observation dans toute son étendue. Ajoutons que ces postes étaient les fenêtres de chambres situées à l’étage supérieur de deux maisons sises l’une rue Saint-Charles et l’autre avenue de Versailles. Sans entrer dans le détail des procédés employés pour assurer l’exactitude des appréciations, il nous suffira de signaler l’inscription graphique par un procédé mécanique, sur un papier quadrillé* mû par un mouvement d’horlogerie, des appréciations successives des deux
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- observateurs. Le graphique chaque jour planimétré et une division par le temps écoulé donnait l’inten-
- sité moyenne de la fumée pendant la durée de l’expérience. 11 est remarquable queles résultats fournis par
- Fig. 2. — Foyer fumivore Proctor.
- Fig. 5. — Foyer fumivore Ilawley.
- es deux observateurs opérant isolément se rapprochent beaucoup l’un de l’autre.
- En plus de ce contrôle on pesait le combustible brûlé, on notait l’heure de chaque chargement
- ainsi que le nombre de pelletées dont il se composait.
- On mesurait aussi la quantité d’eau vaporisée, et on relevait la pression manométrique toutes les
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- cinq minutes; cette pression était, en outre, fournie d’une manière continue par un enregistreur Richard.
- Résultats des expériences. — Il ne fut pas accordé de 1er prix. Le second prix fut partagé entre les appareils 24 et 85, qui obtinrent chacun une prime de 5000 francs. L’appareil n° 24 était celui de M. Ronnely. L’appareil n° 85 était du à M. James Proctor. Le foyer fumivore Hawley, présenté par M. C. Kiandi, ingénieur, et classé sous le n° 19, remporta le 5e prix (prime de 2000 francs). Des mentions honorables furent décernées à MM. Rulac, llinstin et (Irvis, dont les systèmes avaient été étiquetés sous les numéros respectifs 26, 47 et 74.
- Nous allons passer rapidement en revue ces intéressants appareils qui s’imposent à l’attention des industriels et des municipalités.
- Appareils de M. Donnely. — Ainsi que l’indique la ligure 1, l’appareil se compose d’une grille en forme de caisson rectangulaire dans lequel est placé le combustible et qui se raccorde aux carneaux par une chambre de combustion en brique réfractaire. Les parois du caisson sont à claire-voie et composées de tubes à circulation d’eau. L’air pénètre par la face antérieure et traverse le charbon incandescent, les flammes après avoir franchi la paroi arrière se répandent dans la chambre de combustion. La paroi arrière et les parois latérales sont formées de tubes verticaux se raccordant haut et bas avec des collecteurs horizontaux. La face avant est constituée par des tubes horizontaux largement espacés ; les intervalles entre ces tubes sont garnis par de petits barreaux mobiles, sauf l’intervalle supérieur qui reste ouvert et forme gueulard pour le chargement. Les tubes sont montés en série, c’est-à-dire qu’ils forment une sorte de serpentin continu se raccordant par toutes ses extrémités avec les deux collecteurs.
- Le combustible, chargé par le gueulard, descend peu à peu, au fur et à mesure de la combustion, en se transformant en coke ; les cendres s’accumulent dans le bas et sont enlevées de temps à autre par l’intervalle existant entre le seuil de la grille et le tube horizontal du bas, intervalle qui n’est pas garni de barreaux mobiles. Les produits de la distillation, dégagés dans le haut de la grille et les gaz chauds qui ont traversé le coke dans la partie basse, se mélangent ensuite dans la chambre de combustion.
- L’accès de l’air est réglé, concurremment avec le registre, par des bouches à jalousie percées dans les portes en tôle qui forment le foyer en avant. Le collecteur supérieur est réuni par un tube court R avec la tète du bouilleur de droite de la chaudière et y envoie la vapeur dégagée dans tous les tubes qui forment la grille ; le retour se fait par une conduite oblique que l’on voit en A et qui fait communiquer la tête du bouilleur de gauche avec le collecteur du bas.
- Pratiquement parlant, on peut dire que cet appareil
- s’est montré complètement et absolument fumivore.
- Cependant le rapport de la commission technique fait des réserves. On se demande comment se comporteront en service courant ces tubes d’eau exposés au contact immédiat du combustible incandescent et des flammes les plus actives. Au demeurant l’appareil est d’un prix élevé et d’une construction délicate et assez compliquée.
- Le maniement de cet appareil doit être confié à des hommes habiles et consciencieux pour être à l’abri des accidents.
- Appareil J âmes Proclor.— L’appareil est un chargeur mécanique avec dispositif pour le nettoyage automatique delà grille (fig. 2). Le charbon, chargé dans la trémie A, est poussé en avant par deux palettes R, animées d’un mouvement alternatif horizontal commandé par l’excentrique C. La grille est inclinée vers l’arrière ; elle est composée de barreaux successivement fixes et mobiles ; les barreaux mobiles reçoivent des leviers A, un double mouvement de soulèvement et de translation horizontal, sous l’action de l’excentrique D ; à chaque oscillation, le charbon disposé sur la grille se déplace un peu vers l’arrière ; il finit par tomber à l’état de cendres et d’escarbilles dans la fosse E où se termine la combustion.
- Dans ce système, la fumivorité a été presque complète, lors des expériences de Javel. L’appareil est simple, rustique, peu encombrant, mais assez coûteux comme installation.
- Appareil Hawley. — L’appareil se compose de deux grilles superposées. La grille supérieure, dont les barreaux sont des tubes à eau avec de larges vides, reçoit directement la charge du combustible cru ; les flammes la traversent en descendant (fig. 5).
- La grille inférieure recueille le combustible qui est tombé à travers la première grille, et en achève la combustion.
- L’air arrive à la fois en dessus de la grille du haut et en dessous de la grille du bas ; les flammes se mélangent dans l’intervalle des deux grilles et s’échappent ensuite dans une chambre de combustion, et, de là, dans les carneaux. Cet appareil, d’origine américaine, est assurément intéressant ; la combustion s’opère à flamme renversée. Les barreaux sont creux et parcourus par une circulation d’eau. La fumivorité est loin d’être complète, mais l’utilisation du combustible est très satisfaisante.
- Cet organisme est délicat et ne doit être confié qu’à des mains expérimentées si l’on veut que la sécurité soit assurée ; la construction en est coûteuse : l’application à une chaudière munie auparavant d’un foyer ordinaire exige une transformation complète de l’avant-fourneau.
- Il nous reste encore à décrire trois autres appareils qui ont également reçu des récompenses et qui méritent de fixer l’attention du monde industriel ; nous y reviendrons dans un second article.
- A. Roguenânt.
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- LE MONTAGE DU PONT ALEXANDRE III
- Depuis quelque temps on peut admirer, aux chantiers du Cours-la-Reine, l’élégante forme des arcs d’acier qui constitueront les fermes du futur pont ; un plancher en partie monté sur des échafaudages et en partie suspendu a la passerelle de construction donne le cintre exact de l’ouvrage et nous fournit
- d’une rive à l’autre d’immenses fermes en acier, sans interrompre un seul instant le mouvement de la circulation sur la Seine qui est très intense comme
- un renseignement avant la lettre sur l’impression que nous ressentirons après l'achèvement des travaux.
- Le montage d’un pont est toujours une chose très délicate, car la moindre erreur commise dans le cours de cette opération peut compromettre la réussite finale ; elle le devient bien davantage quand il s’agit, comme pour le pont Alexandre, de tendre
- tout le monde le sait. Il ne pouvait être question d’établir des échafaudages sur pieux battus; celte méthode, qui est généralement employée et qui donne
- Fig. 1. - Disposition d'ensetnDle du montage.
- Fig. 2. — Coupe à l’endroit de la partie médiane.
- Fig. 5. — Coupe à l’endroit des cintres de rives.
- de bons résultats, présente cependant l’inconvénient d’occuper une place considérable et de n’offrir que des ouvertures très étroites pour le passage des bateaux; or, le pont Alexandre se trouve justement sur une portion courbe de la Seine et les trains de chalands qui ont jusqu’à 600 mètres de développement n’auraient pu s’engager, sans danger, à travers une impasse resserrée. En effet, lorsque des bateaux, retenus les uns aux autres par des cordages, s’engagent sur une courbe, ils ne suivent
- pas tous la même trajectoire; il se produit ce phénomène, très compréhensible somme toute, que chaque unité constituant le train a une tendance à se rapprocher d’autant plus de la rive convexe qu’elle est plus éloignée du remorqueur. Dans ces conditions, une ouverture, tout en étant largement suffisante pour donner le passage à un chaland isolé, peut devenir dangereuse dès qu’il s’agit d’un train d’une certaine longueur. Malgré toute l’habileté des timoniers les accidents sont à craindre.
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- 11 fallait chercher autre chose. On étudia un projet de montage en partant du principe généralement appliqué dans les usines pour la construction des grosses machines. L’objet à monter est placé sous un pont roulant muni d’un chariot mobile dont le crochet peut, à l’aide de trois mouvements perpendiculaires, prendre toutes les positions dans l'espace (fig. 1).
- Le pont roulant adopté pour la construction de l’ouvrage à construire sur la Seine a des proportions considérables puisqu’il possède 150 mètres de longueur ; c’est assurément l’appareil de manutention le plus mportant qui ait jamais été em-ployé.
- Le mode de montage d’un pont à l’aide d’une passerelle mobile est assez compliqué et as-surément coûteux; mais, dans le cas présent, il possède des avantages très grands; il permet un travail très rapide et laisse la possibilité d’établir une passe navigable de 50 m. de largeur, condition qu’il eût été impossible d’obtenir avec les échafaudages ordinaires.
- Cette passerelle embrasse toute la portée du fleuve et domine les chantiers du Pont : elle se compose d’une grande poutre droite de'7m,50 de hauteur sur
- 6 mètres de largeur constituée par un ensemble de fers courants. Elle a été construite sur la rive droite
- àl’aided’un échafaudage en bois dont le plancher était à la hauteur que devait avoir le pont roulant après son achèvement; une première travée fut montée, puis lancée sur un premier tiers de la largeur du fleuve ; l’espace devenu libre par-derrière permit aux ouvriers de continuer la construction, on put ainsi opérer la deuxième phase du lancement ; il en fut de même pour la troisième. La passerelle une fois en place, on songea à la soutenir à ses deux extrémités à l’aide de montants spéciaux munis de galets puissants roulant sur des rails. Un démolit alors le plancher de lancement et on construisit celui de construction.
- Ainsi que nous le disions plus haut, celui-ci peut se diviser en trois parties dont deux sont montées sur pilotis et forment deux demi-cintres de rives situés à proximité des culées. Au milieu, le plancher est suspendu à la passerelle elle-même à l’aide d’une série de tirants de forme toute spéciale.
- Les dispositions sont prises de façon qu’on puisse construire deux arcs simultanément pour une même
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- position de la passerelle. A cet effet une série de poutrelles transversales rivées sur le pont roulant soutient les chemins de roulement de deux chariots
- mécaniques pouvant circuler sur toute la longueur de l’ouvrage. On avait bien pensé dans le commencement à n’étahlir la passerelle que pour le montage
- Fi;:. 6. — Le plancher monté sur pilotis ; construction d'un pylône métallique.
- d’une seule ferme. Il y aurait eu économie; mais, sans compter que ce système eût présenté l’incon-
- vénient de doubler le temps de [montage, il causait un danger pour la construction du premier arc.| En
- r
- Fig. 7. — Le demi-cintre de rive.
- effet une fois celui-ci monté, il aurait fallu l’abandonner à lui-même pour passer à la construction du second et, malgré tous les cordages et amarres possibles, il eût risqué de se voiler par suite du manque de contreventement. Tandis qu’en construisant deux
- fermes ensemble il n’y a aucun danger de les quitter pourvu qu’elles soient contreventées.
- Les voussoires qui composent les arcs du pont sont amenés de l’usine à pied d’œuvre, ils pèsent jusqu’à 7000 kilogrammes chacun. Le crochet du
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- chariot de la passerelle les ramasse et les dépose sur le plancher de construction sensiblement à la place qu’ils doivent occuper. Cette opération se l'ait en double pour chaque ferme, c’est-à-dire que l’on attaque l’arc par ses deux extrémités, de sorte qu’il y a toujours quatre chantiers d’ouverts en même temps, puisque l’on construit deux arcs à la fois. Les éléments placés les uns à côté des autres, il faut s’occuper de leur réglage et de leur assemblage. Le réglage se fait en plusieurs fois : on commence par donner à chaque pièce une position approximative en se servant des freins du chariot mobile, on la dépose sur deux cales en chêne situées aux deux extrémités du voussoire; pour obtenir le réglage définitif, on se sert de plaques métalliques suidées qui reposent sur les madriers en bois, on soulève les voussoires à l’aide de longues pinces, on intercale des petites fourrures en métal et l’on procède à des uéplacements latéraux à l’aide de ripages successifs jusqu’à obtenir la forme du gabarit cherché. Quant à l’assemblage il se fait à l’intérieur des voussoires à l’aide de boulons de 56 millimètres.
- Ce réglage, que nous pourrons appelé élémentaire, doit être complété par un réglage d’ensemble lors du décintrement. A ce moment il se produit des tassements qui modifient toujours et assez sensiblement la forme de l'arc. Pour cette dernière opération, on réserve à la clé un joint spécial appelé joint de réglage dont on peut faire varier la longueur en ajoutant ou en retranchant des plaques de tôle mobiles : les mouvements de la ferme dus à ces fourrures de réglage sont observés très minutieusement de la rive à l’aide de lunettes de précision.
- Une fois les deux premiers arcs terminés, il a fallu faire avancer le pont roulant, pour se livrer à la construction des deux suivants ; le déplacement se fait à la main, c’est-à-dire que des équipes d’ouvriers placés aux deux pieds de la passerelle agissent à l’aide de ripages sur les galets et font manœuvrer des cabestans préparés à cet effet. Une difficulté se présente à ce moment : les arcs se trouvent enchevêtrés entre les tiges qui supportent le plancher de construction, il faut donc procéder par avancements successifs en déboulonnant pour chacun d’eux le nombre de tirants nécessaires. Le pont Alexandre se composera de 15 fermes juxtaposées : nous aurons donc à faire avancer la passerelle huit fois pendant la période du montage.
- Les deux demi-cintres de rives n’ont que la largeur correspondant à quatre arcs ; ùne fois les deux premiers terminés, et pendant le montage des deux suivants, les bois correspondant au travail du premier couple sont démontés pour être utilisés plus loin à la construction du troisième.
- La portée considérable de la passerelle, 150 mètres, lui enlevait une grande partie de sa stabilité; d’autre part, l’action possible du vent aurait pu produire des vibrations très gênantes pour le réglage, il importait donc de soutenir le pont roulant par des points intermédiaires pendant les périodes de montage. A cet effet,
- on a établi trois pylônes à l’extrémité de chaque demi-cintre de rive ; de ces trois pylônes, il n’y en a jamais que deux en service à la fois, mais la disposition adoptée permet de gagner du temps au moment du déplacement de la passerelle : le pylône de tête, qui était inutile pendant la première opération, servira, avec son voisin pendant la seconde, à soutenir le pont roulant. Pendant ce temps, on démontera le pylône de queue devenu inutile à son tour, et on le portera en avant pour servir à la troisième opération et ainsi de suite. Ces pylônes sont surmontés de vérins qui soutiennent directement Pâme de la passerelle; au moment du déplacement, on abaisse cet instrument et le pont devenu libre peut rouler sur ses roues. Mais, pendant les périodes du travail, il pourra être considéré comme étant composé de trois travées : une de 55 mètres au milieu, et deux de 55m,70 sur les rives. Le sommet des pylônes est maintenu à un niveau légèrement plus bas que les appuis des culées, car la surcharge de la partie médiane détermine une flèche, c’est-à-dire une courbure générale allant d’un bout à l’autre de la poutre : si ce mouvement fléchissant avait été arrêté au milieu par des points intermédiaires, le résultat eut été de causer un relèvement aux extrémités, chose qu’il fallait éviter à tout prix. On aurait bien pu donner à la passerelle une flèche naturelle de sens contraire, mais cela eût gêné le lancement.
- Disons en terminant qu’il a fallu protéger les pieux battus, qui soutiennent les demi-cintres de rive, contre les débâcles possibles de glaces pendant l’hiver : on a construit des pattes d’oie sur la surface de l’eau pour ramener vers la passe navigable tous les corps flottants.
- Une fois les arcs construits, le pont roulant pourra servir à la mise en place des grosses pièces des tympans et de toutes celles dont le poids élevé serait d’un maniement difficile. Puis, la passerelle sera démontée, et l’on établira un plancher provisoire sur les fermes afin de transporter les pièces du tablier.
- La construction de la partie métallique du pont Alexandre a été adjugée à plusieurs sociétés, mais le montage proprement dit se fait par les soins de la maison Schneider du Creusot; c’est cette Société qui a construit la passerelle mobile ainsi que tout le matériel de manutention. Quant au projet du montage et aux calculs s’y référant, ils ont été établis par M. Rochebois, ingénieur du Creusot.
- A. da Cunha,
- Ingénieur des arts et manufactures.
- GRANDES CHALEURS ESTIVALES
- Dans l’article publié le 17 décembre 1898 dans le n° 1554 de La Nature, j’ai donné deux tableaux numériques permettant de comparer les grandes chaleurs estivales qui se sont produites depuis 1885 dans quelques villes de France. La comparaison se fera bien plus facilement, du moins dans ses principaux points de vue, à l’aide des deux graphiques ci-contre qui parlent mieux et surtout
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- plus vite aux yeux que des chiffres. De ces derniers, on peut cependant déduire en plus que le nombre des journées durant lesquelles la température de l’air à l’ombre s’élève au moins à 30°, est en moyenne par an de 31 à Toulouse, 20 à Marseille, 19 à Clermont, 17 à Perpignan, 16 à Lyon, 9 à Nantes. Ces villes se placent dans un autre ordre si l’on ne considère que le nombre annuel moyen des journées de chaleur extraordinaire, c’est-à-dire de celles qui ont fourni une température d’au moins 55° : Toulouse garde encore le pre-mierrangavec cinq journées; mais Clermont prend le second, avec une journée ou deux suivant les années, et Lyon le troisième, avec une journée seulement; Marseille et Perpignan viennent ensuite, car dans ces deux villes le thermomètre ne monte guère à 35° qu’une fois tous les deux ans ; enfin Nantes termine la série, en ne subissant qu’une fois tous les trois ans, en moyenne, pareille journée de chaleur. J .-R. Plumandon,
- Météorologiste à l’Observatoire du Puv de Dôme.
- LE JOUR DE LA SEMAINE
- Sous cette expression abrégée, mais maintenant assez courante, on désigne l’opération qui consiste à trouver facilement, quand on n’a point de calendrier sous la main, à quel jour de la semaine correspond une date donnée.
- M. Géo-C. Comstock vient de publier à ce sujet, dans l’excellente revue américaine Science, une formule très curieuse et réellement simple.
- Nous supposons qu’il s’agit d’une date donnée dans le calendrier grégorien ; mais si la date appartenait au contraire au calendrier Julien, il faudrait d’abord la convertir en date de l’autre calendrier, et cela en appliquant simplement la formule :
- C = J + (N — 2) —
- où G est la date cherchée par conversion, J la date de la
- Toulouse
- Marseille
- Clermont
- Perpignan
- Nantes
- Fig. i. — Nombre des journées pendant lesquelles la température de l’air à l’ombre s’est élevée au moins à 55°.
- t/>cer*-cooo— Nto-^toor-co coco^cooO(n0)oo)<n4)0)0)Â coooçococooocococococooDeoco
- Toulouse
- Marseille
- Clermont
- Perpignan
- Fig. 2. — Nombre des journées pendant lesquelles la température de l'air à l'ombre s’est élevée au moins à 50°.
- computation julienne, et N le numéro du siècle. Notons qu’on néglige, dans cette formule, le reste de la division de N par -4.
- Geci étant établi, on emploie alors la formule principale, qui portera toujours sur une date de la computation grégorienne. On représente par Y l’année considérée et par D le rang du jour dans la suite des 365 ou 366 jours de l’année : c’est-à-dire que si l’on opère sur le 1er février 1898, Y représentera 1898 et D 32, le 32e jour de l’année. Puis, en négligeant les fractions, nous allons appliquer la formule :
- à + D -+
- Y—1 4
- Y —1 , Y—1 „
- 100 + 400 —in + r'
- Dans cette formule n est le quotient et r le reste de la division du premier membre de l’équation par 7 ; r représentera précisément le numéro du jour de la semaine cherché, le numérotage commençant par le dimanche. Si donc r est 1, le jour cherché est un dimanche ; c’est un samedi si ce reste est 0.
- Appliquons la formule à la date que nous avions choisie tout à l’heure, et nous opérons comme il suit : à 1898, que représente Y, nous ajoutons D, c’est-à-dire 52, puis 474, autrement dit le quart de Y— 1 ; nous soustrayons 18, qui correspond à la centième partie de Y — 1. Enfin, en ajoutant 4, quotient de Y—1 par 400, nous avons le total 2590. Si nous le divisons par 7, nous trouvons 541 pour quotient et 3 pour reste. Donc le 1er février 1898 était le troisième jour de la semaine, c'est-à-dire un mardi, ce qu’il est facile de vérifier. D. R.
- LAMPE A ACÉTYLÈNE
- Les lampes à acétylène sont aujourd’hui très nombreuses, surtout les lampes portatives, et à tout instant des inventeurs présentent de nouveaux modèles. Jusqu’à ce jour peut-être n’existe-t-il pas de lampe donnant réellement satisfaction et pouvant se prêter en pratique à un usage continu.
- M. E. Gossart, le savant professeur de physique expérimentale à la Faculté des sciences de Bordeaux, déjà bien connu par ses études sur la capillarité, s’est attaché dès 1896 à étudier l’acétylène et à trouver un appareil pour en permettre l’emploi. En 1897 il présenta à la Société d’encouragement un modèle spécial de gazogène et une lampe.
- Nous avons eu l’occasion de voir dernièrement M. Gossart qui a bien voulu nous expliquer en détail le dernier modèle de lampe qu’il vient d’établir. La figure ci-jointe en donne à droite une vue d’ensemble extérieure, et à gauche une coupe intérieure.
- La lampe se compose en principe de deux parties bien distinctes placées l’une au-dessus de l’autre. L’une d’elles B, à la partie inférieure, reçoit le carbure de calcium; l’autre A, à la partie supérieure, renferme l’eau. L’arrivée de l’eau sur le carbure de calcium se fait par des tubes capillaires, dont le fonctionnement semble établir une auto-régulation.
- Le carbure de calcium g est placé dans un panier en treillis métallique et se trouve à l’intérieur d’un cylindre mince de laiton d ; le tout est renfermé dans une autre enveloppe extérieure e. On a eu soin de
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- laisser entre les deux cylindres une circulation d’air, comme le montre le dessin, pour activer le refroidissement.
- Au-dessus des deux cylindres est un couvercle C en laiton moulé maintenu sur les bords par des boulons à charnière DD. Ce couvercle offre une rainure h dans laquelle se trouve un bourrelet de caoutchouc et où le cylindre d vient appuyer fortement.
- Au milieu du couvercle est vissé et maintenu par un joint en cuir un fort tube en laiton F qui est réuni à un réservoir supérieur en forme de boule A. A l’extrémité de ce tube, dans le cylindre inférieur, se trouve au centre o un petit ajutage, entouré d’un panier qui renferme également du carbure. L’ajutage aboutit, comme on le voit, à deux petites conduites reliées chacune à un tube capillaire E. C’est par ces tubes que l’eau doit s’écouler goutte à goutte sur le carbure. Au-dessus du deuxième panier à carbure dont nous venons de parler sont placés deux autres tuyaux qui se réunissent et débouchent dans un tube G plein de ouate. Le gaz acétylène en se dégageant traverse le carbure qui le dessèche, puis le tube G où il abandonne ses impuretés sur la ouate et arrive en haut au tube d’échappement x formé d’un tube capillaire de 4/2 millimètre de diamètre et de40 millimètres de longueur; il traverse le robinet u et se rend dans les deux brûleurs inclinés.
- Les deux tubes capillaires E sont en métal inattaquable par l’acétylène et ont une longueur variable de 30 à 400 centimètres. Ils sont engagés à leur partie supérieure dans le fond r de petites gaines coniques. C’est par ces orifices que l’eau du récipient A peut s’écouler pour traverser les tubes capillaires. En s sont fixés à l’extrémité de tiges des clapets qui s’emboîtent .dans les ouvertures et peuvent les fermer à volonté. Les tiges qui permettent de* manœuvrer ces clapets sont munies de
- vis en v et peuvent être maniées de l’extérieur à l’aide des boutons y.
- Le robinet u est à trois voies; dans la position ouverte, le gaz est dirigé dans les deux becs; lorsqu’il est fermé, après l’arrêt de l’eau, la surproduction vient se brûler totalement dans un petit bec latéral qui sert de veilleuse.
- La mise en marche de l’appareil est des plus simples. Un commence par remplir d’eau le récipient A et par vérifier, en retirant au dehors la partie supérieure de la lampe, le fonctionnement des tubes capillaires. On manœuvre les tiges verticales à
- l’aide des boutons y. L’une des ouvertures laisse tomber de 45 à 20 gouttes d’eau par minute, et l’autre de 20 à 25, soit au total 40 gouttes. On remplit les paniers de carbure. On replace le tube sur le cylindre inférieur, on visse les boulons DD. On ouvre alors les clapets, et on allume les becs. La flamme est d’abord pâle et un peu sifflante ; mais elle prend bientôt tout son éclat et toute sa blancheur. On ferme alors un des clapets.
- Un des modèles actuellement établis, d’un poids de 2 kilogrammes , contient environ 500 grammes de carbure et autant d'eau, et fournit 450 litres d’acétylène. Ce gaz, dans un bec d’un débit de 20litres à l’heure, donne pendant 7 à 8 heures une intensité lumineuse de 25 bougies.
- Dans cette nouvelle lampe, tous les détails ont été étudiés avec grand soin par M. Gossart. Le mécanisme du fonctionnement est intéressant à examiner. Le mécanisme auto-régulateur de la flamme est formé par les tubes capillaires qui règlent l’écoulement d’eau et par le tube a: du porte-bec qui offre une résistance à l’écoulement du gaz. Lorsque la production du gaz est supérieure à la consommation, la goutte d’eau tombe moins vite; lorsque la consommation du bec augmente, la goutte tombe plus rapidement. J. Laffargue.
- Lampe à acétylène de M. Gossart.
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- LA FABRICATION DES ROUES DE WAGONS D’UNE SEULE PIÈCE
- Nos lecteurs n’ont certainement pas oublié l’étude sur les roues de wagons publiée, il y a relativement peu de temps, par notre confrère, M. L. Elbé1; on a vu, peut-être avec étonnement, les difficultés que l’on rencontre pour imaginer un type de roue répondant aux différents desiderata d’une bonne exploitation. Nous n’y reviendrons pas, car ce serait faire double emploi, mais nous voudrions signaler une roue nouvelle, remarquable d’abord par son procédé de fabrication, et aussi par quelques qualités toutes particulières.
- 11 s’agit des roues Faeer, fabriquées aujourd’hui couramment par la Compagnie spéciale dite « Facer Forged Steel Whell C° », de Philadelphie.
- D’une façon essentielle, nous pouvons dire que la roue est forgée d’une seule pièce et tirée d’un lingot d’acier cylindrique, d’une longueur et d’un diamètre exactement déterminés : nous donnons les quatre états successifs par lesquels passe ce lingot pour devenir la roue prête à être montée. Le lingot s’aplatit d’abord et s’élargit de manière à présenter l’épaisseur et le diamètre voulus, puis le boudin se forme, enfin sont produits le trou du moyeu et la double dépression du corps de la roue. Pour ce forgeage, MM. Bernent, Miles and C° ont construit un marteau à vapeur de 12 tonnes; comme on peut le voir sur une de nos gravures, le
- 1 Voy. n° 1264, du 21 août 1897, p. 177.
- marteau est formé d’abord par deux plaques de base, longues chacune de 3m,35, larges de lm,83, et
- placées à 3m,50 l’une de l’autre. Les deux montants obliques, qui ont un peu la forme conique, sont faits de fortes tôles rivées ; une pièce venue de fonte les réunit au sommet et supporte le cylindre.Celui-ci a 0m,91 de diamètre avec lm,97 de course, sa tige en de diamètre, dimension qui s’élargit et atteint 0m,84 à la partie inférieure. La soupape équilibrée est commandée à la main. Le marteau, dans son ensemble, est haut de 8m,37.
- Pour faire une roue de 0m,83, on emploie un lingot d’acier pesant 385 kilogrammes, contenant 60 à 65 pour 100 de carbone, et de même qualité que le métal servant d'ordinaire pour les bandages : nous comprendrons tout à l’heure facilement pourquoi.
- La figure 2 montre en 1 la matrice employée pour donner au lingot la forme d’un disque ; la face de cette matrice est étroite, ce qui oblige à tourner le lingot de temps à autre. Une fois suffisamment aplati, le disque est placé dans la position que représente le n° 2, c’est-à-dire qu’il est disposé verticalement dans le logement ménagé sur la face de l’enclume, et où va se former le boudin de la roue : le logement en question présente, dans ce but, une canelure, de même que la matrice. On aperçoit très bien ces canelures sur les figures ci-jointes. Bien entendu, le disque est tourné comme il convient par les
- Fig. 1. — Mai teau-pilon spécial.
- Fig. 2. —A, B, C, D. États successifs de la roue.— 1,2,5. Types différents de matrices.
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- LA NA TU HE.
- ouvriers; le boudin et la partie jouant le rôle de bandage se font simultanément sous le même coup de marteau.
- Après la lin de cette opération, la roue se présente sous l’aspect brut, dans le troisième état qu’indique la ligure G. Il ne reste plus qu’à chasser le métal de manière à former d’abord le moyeu de la roue, puis ses joues. On va, pour cela, lui faire subir un nouveau martelage sous le choc d’une matrice qui est figurée ici (n° 5). La forme même, très apparente, des deux portions de la matrice fait prévoir le phénomène qui va se produire : le métal fuit sous l’action d’une tige centrale qui ménage la place de l’essieu, tandis qu’il se refoule autour du moyeu et se relève du côté du bandage.
- On comprend tout de suite l’économie considérable qu’assure un tel mode de fabrication des roues : plus de difficultés pour fixer le bandage, plus de ruptures de celui-ci.
- Le fait est que l’inventeur affirme que de pareilles roues peuvent être maintenues en service jusqu’à ce que la partie formant bandage n'ait [dus qu’une épaisseur de 6 millimètres. 11 y a certainement une grande part de vérité dans cette affirmation, et la nouvelle roue doit se vendre bon marché, en même temps que donner d’excellents résultats pratiques.
- Pierre de Mériel.
- LA
- PREMIÈRE PIERRE DE LA COUR DES COMPTES
- 1810
- La découverte que l’on vient de faire dans une tranchée de la rue de Lille est le dernier alinéa de l’histoire de la Cour des Comptes. Un coup de pioche sur une masse dure a mis au jour la première pierre de ce monument ; elle avait été placée le 5 avril 1810. C’est un gros bloc en granit de Lorraine pesant près de 5 tonnes. Dans son excavation on a trouvé deux plaques métalliques de 70 et 45 centimètres de hauteur, contenant, en gravure, le procès-verbal de la cérémonie ; elles nous apprennent que le comte de Charnpigny, duc de Cadou, à ce moment ministre des relations extérieures, fit construire sur le quai honoré du nom de Bonaparte, ce vaste édifice destiné à son ministère. Ceci indique assez clairement que le bâtiment de la Cour des Comptes n’avait pas été élevé pour la destination à laquelle on l’a fait servir, mais bien pour être le palais du ministère des affaires étrangères; les inscriptions rappellent également le souvenir heureux qui se rattache à l’époque de la cérémonie, celui du mariage de Napoléon avec l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche.
- On a trouvé aussi, dans cette première pierre, une vingtaine de pièces de monnaie de l’époque, datées de 1810, ainsi qu’une série de médailles: ces dernières sont toutes en deux états, l’un en argent et l’autre en bronze, les première sont à l’état de neuf et semblent sortir de la Monnaie malgré leurs quatre-vingt-dix années passées sous la terre. Celles en bronze sont rouillées.
- Elles rappellent les différents événements du moment. Une a été frappée en souvenir de la paix de Tilsitt (1807), une autre nous montre Napoléon, roi d’Italie (1805), une troisième, la construction du Carrousel avec inscription
- « Aux armées » (1806). La Confédération du Rhin avec des guerriers du moyen âge (?) (1806). Enfin, une dernière médaille représente la colonne Vendôme érigée sur la place de la Concorde, ce qui ferait croire que ce monument avait été projeté pour être érigé près de la Seine et non rue de la Paix.
- 11 existe enfin trois plaquettes en verre dont deux de 7 centimètres de haut, et l’autre de 12 centimètres, contenant dans leur masse un profil en argent moulé de Napoléon. Ces trois bijoux ont l’apparence d’une fabrication toute récente, tellement ils sont polis et neufs.
- Ces objets ont été recueillis par les ingénieurs de la Compagnie d’Orléans qui, comme on le sait, construisent la nouvelle gare sur l’emplacement de l’ancienne Cour des Comptes. Us vont s’empresser de les remettre au musée Carnavalet.
- Lorsque la Compagnie se rendit acquéreur des ruines du monument appartenant à l’État, il avait été stipulé que tout objet trouvé dans les fouilles ayant un caractère artbtique serait restitué. C’est ainsi que les fresques de Chassériau qui ornaient les murs de l’escalier d’honneur ont été décolées et remises à la direction des Beaux Arts.
- A. C.
- CHRONIQUE
- La densité de l’ozone. — Le professeur Ladenburg, nous dit la revue Berichte, s’est livré récemment à une nouvelle détermination de la densité de l’ozone. 11 avait préparé ce gaz aussi pur que possible, en refroidissant de l’oxvgène ozonisé dans un tube entouré d’air liquide. Des 22 centimètres cubes du liquide ainsi obtenu, il en laissa évaporer les 9/10 pour enlever l’oxygène liquide. Les résultats ont donné finalement 1,456 pour la densité de l’ozone, celle de l’oxygène formant la base de comparaison. Dans le cours de ses observations, M. Ladenburg a constaté que l’eau, à la température et à la pression ordinaires, ne dissout pas plus de 1/100 de son volume d’ozone.
- Charcot artiste. — Lorsque Charcot eut 17 ans, sa famille hésita longtemps sur la carrière qu’elle lui ferait embrasser : Serait-il médecin? Serait-il peintre? Il paraissait également doué pour réussir en l’une et l’autre professions. L’enfant choisit celle de médecin et l’on sait comment l’avenir ratifia l’excellence de ce choix. Mais ce que l’on ignore généralement ce sont les dons merveilleux que le savant professeur avait pour toutes les choses de l’art. Il ne se montra pas seulement fin connaisseur, critique érudit et avisé; il mania lui-même le crayon et le pinceau avec une réelle habileté, et aima à tracer sur le papier des croquis de ses malades, des esquisses et des paysages pris dans ses voyages, voire même des caricatures de ses contemporains. Plusieurs albums sont remplis de ses dessins personnels : ils ont aujourd’hui une saveur inattendue. A l’occasion de l’érection du monument élevé à la mémoire de J.-M. Charcot, le Dr Henry Meige vient de consacrer dans la Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière une étude fort intéressante à Charcot artiste, dévoilant ainsi à tous cette œuvre inconnue, héritage du maître à sa famille et à quelques intimes. Cette étude illustrée de nombreuses reproductions des dessins, croquis et caricatures du maître fait connaître Charcot sous un jour tout nouveau et qui permet de supposer que, s’il n’eùt été une de nos gloires médicales, il aurait été un de nos artistes les plus célèbres.
- Hirondelle s’abritant en forêt. — En juin dernier. M. Ch. Van Kempen avait remarqué,à Saint-Omer,
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- LÀ NATURE.
- Ml
- que les hirondelles et les martinets avaient complètement disparu : il faisait à ce moment des journées extrêmement froides et il s’était demandé, comme il le raconte dans Omis, si les oiseaux n’avaient pas avancé considérablement la date de leur émigration normale, pour fuir cette température extraordinaire. Quel ne fut pas l’étonnement de notre auteur, en se rendant dans une forêt distante de 4 kilomètres de Saint-Omer, de trouver clairières et chemins peuplés d’innombrables hirondelles et de martinets venus pour s’abriter du froid et gobant force insectes en attendant une élévation du thermomètre.
- Les mines «l’or de Grande-Bretagne. — Quoiqu’on ne s’en doute généralement pas, elles existent bel et bien, sans toutefois faire concurrence à celles du Transvaal. Si, en effet, nous consultons le Livre bleu sur l'industrie minière dans le Royaume-Uni, nous voyons que, en 1897, il a été extrait 4517 tonnes de quartz aurifère, représentant une valeur de 158 020 francs sur le carreau de la mine.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 0 janvier 1899. —Présidence de M. Vax Tieghem.
- Les principes de Vabsinthe. -— M. Armand Gautier dépose une Note de MM. Adrian et Trillat, relative à une substance qu’ils viennent d’extraire de l’absinthe. Ils ont déjà retiré de l’absinthe un composé défini qu’ils ont appelé absinthine. Celui qu’ils viennent de préparer cristallise en prismes transparents et fond à 136°. 11 est soluble dans l’alcool, et offre une saveur amère. Mais sa propriété remarquable, étant donné son origine, est son inertie absolue, au point de vue physiologique; en raison de cette inertie, les auteurs ont donné à cette substance le nom d’« anabsenthinc ».
- Préparation de corps nouveau. — M. Moissan annonce que M. Lebeau vient de préparer un corps nouveau, l’arséniure de calcium. On peut l’obtenir par l’action directe de l’arsenic sur le charbon ou en réduisant l’ar-séniate de calcium par le charbon, au four électrique. Comme l’hydrurc, l’azoture et le carbure de calcium, il décompose l’eau à la température ordinaire.
- Les monstres en culture. — M. Bonnier communique une Note de M. de Vries sur les monstres végétaux. En opérant les sélections nécessaires, on peut maintenir par hérédité les monstres, et obtenir par semis jusqu’à 80 et même 97 pour 100 de monstres. La monstruosité est un caractère venant de la nutrition de la plante, qui peut être maintenu. L’influence du milieu est très considérable. Si le milieu n’est pas favorable les plantes redeviennent normales, mais les graines reproduisent le monstre. M. Bonnier montre, à l’appui des idées de l’auteur, un dipsacus dont la tige et les rameaux secondaires sont tordus en spirale; il fait encore savoir que M. de Vries obtient le trèfle à cinq feuilles de la façon la plus courante.
- Les cultures en Tunisie. — M. Dehérain présente une Note de M. Dvbowski relative aux conditions offertes à l’agriculture par le sol de la Tunisie. 11 résulte de cette Note qu’il tombe aux environs de Tunis 496 millimètres d’eau dans l’année, au lieu de 488 à Paris. En outre les pluies tombent pendant la saison de grande végétation et cessent au moment des moissons. Ce sont des conditions exceptionnellement favorables pour les céréales qui sont susceptibles de rendements très élevés.
- Élection. — M. Joannis est désigné en première ligne pour la chaire de chimie industrielle des Arts et Métiers en remplacement de M. Aimé Girard; M. Fleurent est désigné en deuxième ligne. Ch. de Villedeuil.
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- LÀ SECONDE VUE DÉVOILÉE
- Lus mystères de la « seconde vue'» ont de tout temps excité vivement la curiosité du public ; ce sont de nos jours les liseurs de pensées qui ont la vogue. Comment voit-on à travers un corps opaque ; comment devine-t-on la pensée à distance? Un sait de quelle façon les choses se passent. L’opérateur commence par expliquer au public qu’il possède un pouvoir magnétique sur la personne qu’il lui présente. Il prétend lui communiquer toutes les pensées qu’il voudra, sans lui dire un seul mot qui puisse l’aider à les exprimer.
- Pour faire cette expérience, on se souvient qu’an-ciennement le célèbre Robert Houdin se servait, avec son fils, d’un questionnaire compliqué variant à l’infini. Chaque question indiquait au fils de Robert Houdin, qui avait les yeux bandés, un objet choisi au milieu du public par son père. Il devait aussitôt le désigner. C’était un effort de mémoire considérable pour l’opérateur et son sujet.
- Cette méthode n’est pas comparable aux moyens mécaniques que le Scientific American vient de dévoiler et que nous allons indiquer.
- L’opérateur présente au public son sujet, qui est généralement une dame, et le fait asseoir sur le devant de la scène du théâtre, bien en vue des spectateurs. Le sujet a les yeux soigneusement bandés ; il ne saurait voir en aucune façon et chacun d’ailleurs a le droit de bien vérifier s’il n’y a point de Supercherie à cet égard. Un grand tableau noir est placé sur l’un des côtés de la scène.
- Un des spectateurs est prié de s’approcher du tableau et de vouloir bien y tracer avec de la craie quelques lignes de chiffres. Il trace les nombres, et l’opérateur annonce que son sujet voit les chiffres et va donner le résultat de l’addition.
- En effet le sujet se recueille, semble faire mentalement le calcul que donnent les chiffres alignés et immédiatement appelle tout haut chacun d’eux en donnant le résultat de l’addition.
- Un deuxième spectateur remonte sur la scène, il touche un des chiffres marqués. Le sujet le nomme aussitôt. Il peut aussi résoudre le problème de l’extraction d’une racine carrée ou d’une racine cubique pour témoigner de sa rare intelligence en mathématiques. Ces expériences prouvent que la « voyante » possède une parfaite connaissance des nombres placés sur le tableau noir et de la position que chacun des chiffres marqués y occupe. Il est évident cependant qu’il est impossible à cette personne de rien voir à travers le bandeau qui recouvre ses yeux.
- Pour arriver à ce résultat qui semble étonnant, il y a plusieurs moyens d’exécution.
- Dans le premier cas, un compère est caché sous
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- le plancher de la scène, de manière qu’il soit placé en l'ace du tableau noir, pour bien voir les chiffres tracés. 11 peut alors les énoncer chaque fois que cela est nécessaire, sans être entendu ni vu par le public.
- Dans le second cas, on a pratiqué dans la semelle
- de la bottine de la « voyante » un trou d’un diamètre d’environ 4 centimètres ( fig. 2).
- L’opératrice place son pied au-dessus d’un trou pratiqué sur le plancher de la scène de manière qu’il soit possible d’adapter à la semelle de sa bottine
- un petit piston actionné pneumatiquement à l’aide d'un tube de caoutchouc. Le compère, placé sous la scène, ne perd pas des yeux le tableau noir sur lequel un spectateur a marqué des chiffres, et pressant avec sa main la poire fixée à l’extrémité du tube de caoutchouc, il fait marcher le piston placé sous la bottine. Le sujet est ainsi prévenu par un signal convenu, de ce qu’elle doit dire.
- Un troisième moyen est employé [iar M. Robert lleller. Au lieu d’un piston pneumatique, il se sert d’un électro-aimant.
- On peut encore enfin employer un tube avertisseur. Dans ce cas l’opératrice est assise sur une chaise en bois recourbé, spécialement préparée pour l’expérience. Une des jambes de la chaise est creuse et le creux se prolonge jusqu’en haut du dossier.
- L’opératrice doit être coiffée d’une longue natte qui descend le long de son dos. On comprend qu’on a tout d’abord placé un petit tube de caoutchouc
- dans la natte, de façon qu’il puisse parvenir jusqu’à l’oreille, sans qu’on puisse s’en douter, avant la pose du bandeau sur les yeux du sujet (fig. 1).
- Lorsque le sujet est assis, l’opérateur a soin de mettre secrètement en communication les deux tubes de caoutchouc, celui de la natte avec celui de la chaise, et le compère placé sous la scène, fournit comme précédemment tous les renseignements utiles à 1’ « habile mathématicienne ». Albert Tissasdier.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahube, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1359.
- 21 J AN VIE Fl 1899.
- LA NATURE.
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- HALAGE ÉLECTRIQUE SUR CANAUX
- Les transports sur canaux sont tellement lents que, s'ils sont économiques pour certaines marchandises d’une conservation indéfinie, ils deviennent impossibles pour d’autres, qui ne s’améliorent pas en vieillissant. Tout le inonde a vu ces énormes péniches remorquées au pas tranquille et lent d’un ou deux chevaux, et même d’un homme ou d’une femme transformés en bêtes de somme ; on se demande s’ils arriveront jamais au but de leur voyage. Depuis longtemps on s’est occupé de trouver des moyens d’accélération pour le halage, et on a
- essayé à peu près de tout; jusqu’à ce jour aucun système n’avait donné des satisfactions telles qu’on ait cru devoir l'appliquer à un grand parcours. En 1893, M. Galliot et M. Fontaine, du corps des ponts et chaussées, ont installé sur le canal de Bourgogne un touage électrique, avec prise de courant par trolley, qui donna de bons résultats ; deux ans après MM. Uenetle et Cie, encouragés par cet exemple, établirent à titre d’essai, aux environs de Dijon sur un parcours de 4 kilomètres, un halage par tricycle électrique; ce système, aujourd’hui repris par la Société de traction électrique des bateaux sur les canaux du Nord, semble devoir prendre une assez grande extension. Déjà en service sur 26 kilomè-
- Ilalage des bateaux par tricycle électrique sur les canaux du nord de la France.
- très, entre Béthune et Pont-à-Vendin, depuis le mois de septembre dernier, il a donné d’assez bons résultats pour que son application soit décidée sur une étendue de 84 kilomètres jusqu’au Bassin Rond, près de Cambrai; Dans cette application du halage mécanique, on s’est attaché à rester autant que possible, au point de vue du chemin de halage, dans les conditions de la traction par cheval, sans encombrer la route de rails ou de crémaillère et en laissant au tracteur toute liberté de se détourner d’un obstacle quelconque et même de virer complètement sur place. Ce tracteur est constitué par un tricycle (voy. fig. ), sorte de locomotive routière, dont le poids et la largeur des roues provoquent sur le sol une adhérence suffisante pour remorquer les péniches par un câble attaché à leur màt. Le moteur est 27* année. — 1er semestre.
- constitué par une dynamo réceptrice à deux pôles, avec induits à anneaux et inducteurs excités en série, pouvant sans inconvénient supporter une puissance de 4 à 6000 watts. Ce moteur commande les roues d’arrière et le courant lui est envoyé de l’une des usines fixes, échelonnées sur le parcours à 12 ou 15 kilomètres de distance l’une de l’autre, au moyen de trolleys qui courent sur des fils aériens placés le long du chemin de halage sur des poteaux ; la liaison entre le trolley et le tricycle se fait par des fils souples, supportés par une perche mobile, placée à côté de la cabine du conducteur à portée de sa main; quand ils se rencontrent, les deux conducteurs échangent simplement leur perche. La direction est donnée au moyen d’un volant placé sous la main du conducteur et agissant par un engrenage
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- d'angle sur la roue d’avant; un commutateur commande la marche en avant et en arrière, ainsi que les différentes vitesses. La conduite du tricycle est donc très simple : il n’a du reste pas pour Lut d'atteindre les vitesses auxquelles nous sommes habitués à voir liler les automobiles; il marche sagement à raison de ô kilomètres à l’heure, pour remorquer une péniche chargée de 186 tonnes. Dans les mêmes conditions la traction par chevaux exige un temps à peu près double.
- Au point de vue de la vitesse il y a donc avantage à utiliser le cheval électrique ; il en est de même au point de vue du prix, car, d’après les calculs de M. A. Witz, basés sur les statistiques du prix moyen auquel on trouve le halage par traction animale, l’exploitation serait encore rémunératrice en adoptant le plus bas prix. Le batelier, même à prix plus élevé, ne manquera pas de préférer la traction mécanique qui lui permet de faire, dans le même temps, deux voyages au lieu d’un. Il semble donc que le problème du halage mécanique est aujourd’hui heureusement résolu ; son exploitation sur un long parcours nous montrera bientôt s’il y a lieu de l'étendre à la plus grande partie de nos canaux. G. M.
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- LE PIÉGEAGE DU LOUP
- Le loup est particulièrement nuisible en hiver et c’est à cette époque seulement qu'on peut espérer l’atteindre et le détruire.
- Autrefois le loup était beaucoup plus commun qu’au-jourd’hui : il est même permis de dire que dans un jour peu éloigné il disparaîtra complètement de la vieille Europe, sa principale patrie : il y a environ trois siècles, il pullulait en Irlande; une chasse générale en a fait périr les derniers représentants, et depuis le commencement du dix-huitième siècle, ou n’en trouve [dus trace. En Angleterre, on l’a complètement détruit de la même façon.
- Sur le continent, il est évident qu’une telle extinction ne pourra se faire que lentement, mais tout fait espérer qu’on y arrivera.
- La silhouette du loup est connue de tout le monde : c’est celle d’un chien, haut sur pattes, la queue entre les jambes, les flancs maigres, le museau long et pointu, les oreilles droites et les yeux obliques, placés dans la direction du nez. La teinte générale est rousse en été, jaunâtre en hiver. La louve est un peu plus petite que le loup; son museau est plus mince et sa queue moins touffue.
- La trace du loup ne peut guère se confondre qu’avec celle du chien. On la reconnaîtra cependant à ce que le talon marque dans le sable trois fossettes nettement dessinées et plus détachées du reste du pied que chez le chien. Le pied de devant est plus large que celui de derrière. Enfin les empreintes des quatre pattes ne sont pas en ligne droite comme celles du renard.
- Le loup habite pour ainsi dire toute l’Europe; plus commun dans les régions montagneuses et surtout [jeu peuplées. On le trouve aussi au centre et au nord de l’Asie et dans l’Amérique septentrionale. En France, on détruit en moyenne L2Ü0 loups par an.
- Tant qu’il trouve une nourriture suffisante, le loup reste dans les lieux solitaires et tranquilles, tels que les forêts sombres, les ravins des montagnes, les marais et les steppes. 11 attaque tous les vertébrés à sang chaud qui lui tombent sous la dent : moutons, cerfs, chevreuils, mulots, souris, petits oiseaux, etc. Ses instincts sanguinaires sont très développés : souvent il tue pour le seul plaisir de tuer, puisqu’il ne dévore pas sa victime. 11 a une affection toute spéciale pour la chair du chien, son frère civilisé, peut-être même son descendant. La charogne est aussi pour lui un plat de choix; il la préfère aux animaux vivants : les vrais chasseurs aiment le gibier faisandé.
- Les loups chassent assez rarement seuls; le plus souvent, ils se réunissent en bandes de trois, quatre ou cinq, et, quand ils veulent aller faire un mauvais coup, marchent à la file indienne, en posant leurs pattes, exactement, parait-il, sur les traces de celui qui lient la tète.
- L’est seulement en hiver qu’ils se réunissent, souvent en bandes considérables. Comme dit le proverbe, la faim fait sortir le loup du bois. En été, quoique très vorace et très fort, il est horriblement poltron : il suffit de battre le briquet, de souffler dans une corne ou dans une trompette pour le mettre en fuite. Au contraire, en hiver, pressé par la faim, sa lâcheté l’abandonne et il devient très hardi, s'attaquant à l’homme même, pénétrant jusque dans les villages où il sème partout le carnage et la mort.
- Le loup est surtout l’enneini des bestiaux, des moutons en particulier. Les bergers défendent tant bien que mal leurs troupeaux à l’aide de chiens. Mais, dans certains pays, leur nombre en est si grand qu’il est impossible de lutter contre eux : dans les montagnes du sud de la Norwège, on a dù renoncer à l’élevage des rennes, qui réussissait cependant très bien, parce que les loups les faisaient disparaître rapidement.
- Le loup est un ennemi difficile à détruire à cause de la finesse de ses instincts et de ses sens. 11 arrive souvent qu'un couple, un mâle et une femelle s’entendent pour attaquer un clos rempli de moutons; la louve s’approche du troupeau, attire sur elle l’attention du chien qui se met à sa poursuite. Pendant ce temps, le mâle enlève un mouton dont la louve vient plus tard réclamer sa part quand elle a suffisamment fatigué le chien.
- Son ouïe, sa vue, et surtout son odorat sont d’une très grande délicatesse. On cite des loups qui sentaient un troupeau ou un animal mort à plus de fi kilomètres. Cet odorat si subtil le guide constamment dans tous ses voyages; quand il veut sortir d’une forêt, il ne manque pas de prendre le vent.
- Autrefois, quand le loup était très commun, on employait beaucoup, pour sa chasse, la Trappe ou la Fosse. Le trou avait trois à quatre mètres de profondeur. Aujourd’hui, on a presque complètement renoncé à ce mode de chasse, car il peut causer la mort d’un homme ou d’un animal domestique.
- Le vrai et presque seul engin de destruction du loup est le piège, mais il exige de nombreuses précautions, souvent minutieuses, toujours indispensables. On peut employer le piège à planchette et surtout le piège à engrenages ou piège à détente.
- La première chose à faire, après s’être procuré un piège, est de fabriquer une graisse spéciale, à odeur forte, capable de masquer celle de l'homme qui a manipulé l’instrument. Pour cela on fait fondre dans une
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- LA NAITRE.
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- bassine 125 grammes de graisse de porc, à laquelle on ajoute un oignon fendu en quatre qu’on retire dès qu’il commence à roussir. On ajoute ensuite un peu de camphre et de la poudre d’iris et l’on remue avec une branche de noisetier. Quand le mélange est bien homogène, on y jette une petite poignée de très jeunes rameaux de douce-amère. Quand ces tiges commencent à brûler, on retire la bassine du feu et on additionne la graisse d’une demie-cuillerée de jus de fumier de cheval. On réchauffe alors jusqu’à évaporation et on filtre au travers d’un linge. Cette graisse ainsi préparée peut se conserver longtemps, à la condition d’y mêler quelques gouttes d’essence d’anis, avant quelle se fige. Pendant que la bassine était encore sur le feu, on a eu soin d’y jeter des petits croûtons de pain que l’on retire ensuite pour les faire sécher sur une feuille de papier.
- L’odorat du loup étant très subtil, on doit constamment faire attention à ce que l’animal ne puisse se douter du passage de l’homme. Or, si le piégeur allait faire ses différentes manipulations avec des souliers de cuir, il est certain que le loup éventerait sa piste et s’éloignerait. Autrefois, les piégeurs s’entouraient les pieds de peaux de lapin ou de lièvre. Aujourd’hui, on se sert plus simplement de sabots enduits complètement avec la graisse dont nous avons donné la recette plus haut.
- Le piégeur ayant ainsi graissé ses sabots, se munit d’abord de deux sacs, l’un renfermant de la paille hachée ou des balles d’avoine ou de blc, l’autre contenant les croûtons de pain graissés.
- 11 doit aussi se pourvoir d’un morceau de drap imprégné de graisse odorante. Un autre objet également important est la pièce de traînée; nous verrons plus loin à quoi elle sert. C’est un lapin frais éventré, une peau de lapin retournée ou encore des intestins de lapins. L’une quelconque de ces pièces est solidement attachée à une corde de deux à trois mètres de longueur et dont l’autre extrémité est attachée au bras du piégeur.
- Quant au piège, comme il serait trop dur à mettre en batterie sur le lieu même où il doit fonctionner, l’homme l’emporte tout armé, muni du cran de sûreté et suspendu à la ceinture de telle sorte que les mors se rabattent au dehors, si par un accident imprévu le cran venait à manquer.
- La chasse se fait exclusivement en hiver et pendant la nuit. Le piège est disposé en son lieu et placé au crépuscule. On doit venir le rechercher le matin, vers 6 heures.
- Si l’on n’était prévenu, on serait tenté de croire que le piège doit être placé au plein cœur de la forêt. Il ne faut pas que le piège se trouve dans un endroit où le loup pourrait soupçonner une embuscade ; l’animal est très méfiant de sa nature et s'il trouvait un croûton de pain près d’un rocher, il ne manquerait pas de s’éloigner en se disant qu’il y a un homme derrière, prêt à lui faire un mauvais parti. Le piège donc doit être placé en rase campagne, à deux ou trois cents mètres du bois infesté. Les piégeurs ont habituellement deux endroits spéciaux à l’opposite l’un de l’autre. Selon la direction du vent, ils s’adressent au premier ou au second.
- Le piégeur part donc de chez lui entre ô et 6 heures du soir, muni des pièces suivantes : 1° le piège graissé et armé; 2° un morceau de drap gras; 5° un sac avec des croûtons de pain ; 4° un sac avec de la paille hachée ; 5° la pièce de traînée et 6° un petit instrument pour gratter la terre. Il se rend à l’endroit qu’il a choisi, et, posant le piège à terre, il en dessine grossièrement les contours. 11 enlève le piège et creuse les sillons tracés de façon qu’en replaçant l’instrument à la même place, il
- disparaisse complètement à la vue. Ce travail est assez délicat, il ne faut pas que le loup puisse s’en apercevoir. Chaque parcelle de terre enlevée doit être soigneusement emportée et jetée à la volée, loin de là, à une centaine de pas environ. L’endroit où on met le piège s’appelle un pinceau. L’appareil est une dernière fois frotté avec le drap graissé, mis en place, toujours avec le cran de sûreté, et, enfin, recouvert de menue paille. Inutile de dire que l’anneau est solidement attaché au sol par un petit piquet fiché en terre.
- Si l’on se fiait au hasard pour amener le loup au piège, on serait presque sûr de ne jamais l’attraper. 11 faut : 1° l’amener du bois au piège, en l’alléchant par l’espoir de prendre un lièvre ou un lapin, et 2° endormir sa méfiance en semant sur son chemin des placeaux non armés, mais pourvus cependant d’appàts. Ces deux desiderata sont remplis par l’opération de la traînée.
- Le piégeur, la pièce de traînée à la ceinture, part du piège, dans une direction variable avec le vent : il faut que la traînée ait le piège à bon vent. Arrivé dans un endroit où il estime que les loups passent souvent, il dépose les entrailles du lapin à terre et se met en marche, en traînant celles-ci derrière lui. Dès qu’il a fait une centaine de pas, il s’arrête pour fabriquer sur son chemin un placeau artificiel. Il saupoudre la terre de paille ou de balles d’avoine, de manière à dessiner sur le sol les contours d’un piège, et dépose au milieu un ou deux croûtons. Il continue ensuite la traînée et tous les cent pas environ dépose un nouveau placeau artificiel. Toujours traînant son gibier, il fait à peu près tout le tour du bois, en passant par les chemins, et, enfin, arrive au piège. Là, un croûton de pain est attaché à la détente, deux ou trois autres sont placés sous les attaches et le cran de sûreté est enlevé avec précaution. Le piège est ainsi prêt à fonctionner; mais il ne faut pas s’arrêter là; on doit continuer la traînée au delà du piège, fabriquer encore quelques placeaux artificiels, tout en rentrant à la maison. Cette seconde piste peut, tout aussi bien que la première, amener le loup à se faire prendre.
- Le matin, dès 4 à 6 heures, il faut aller relever le piège. S’il n’a rien pris, on se contente de le graisser. Si une pièce a été saisie, il faut le nettoyer avec des soins méticuleux. On doit le démonter et frotter chaque pièce jusqu’à ce qu’elle devienne lisse et brillante. Il ne doit pas y avoir la moindre trace de rouille ni de sang, bien entendu. Ce sont là des opérations très importantes. On a cité souvent des loups qui avaient mangé tous les croûtons de pain de la traînée et qui laissaient celui d’un piège ayant déjà fait une victime. Espérons que pareille mésaventure n’arrivera pas à nos lecteurs, mais nous leur répétons : méfiez-vous de l’odorat du loup !
- Henri Couihn.
- LA SUPPRESSION DES FUMÉES
- ii
- Nous avons précédemment1 décrit les premiers appareils qui avaient été récompensés au concours des appareils fumivores ; il nous reste aujourd'hui à en décrire trois autres.
- Appareil Dulac. — Grille fortement inclinée. Les gaz combustibles, dégagés par le charbon fraîchement chargé et l’air qui s’est fortement échauffé par son passage à travers le coke, viennent se mélanger
- 1 Vov. ri0 1558, du 14 janvier 1890, p. 98.
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- LA N AT LUE.
- llfi
- dans une chambre réfractaire, avant d'être mis en contact avec la surface de chauffe. Les barreaux de grille sont creux et parcourus par une circulation d’eau empruntée à la chaudière (fig. 1).
- La grille se prolonge dans le haut, par une tuile B, en fonte pleine, sur laquelle le charbon frais est versé et commence à distiller; la charge vient buter dans le bas contre un cylindre houilleur E à circulation formant autel, et les cendres et mâchefers s’accumulent sur la grille 1) que l'on nettoie de temps à autre. Cet appareil qui fonctionne dans plusieurs usines municipales convient surtout, en ce qui concerne la fumivorité, dans la marche à vive allure.
- AppareilIlinstin.—Cetappareil (fig.2), assez sim-
- ple de construction et d’un prix assez modéré, reproduit sous une forme plus complète le procédé qu'emploient souvent les chauffeurs pour brûler les charbons fumeux sur les grilles ordinaires, à savoir : la combustion en deux temps; dans le premier temps, le charbon est chargé sur l’avant de la grille où il s’échauffe et distille progressivement; puis, lorsqu’il est transformé en partie en coke, il est répandu sur toute la surface de la grille. Ce principe est appliqué d’une manière plus méthodique dans l’appareil Hinstin qui se compose d’une grille ordinaire A inclinée vers l’arrière, suivie d’un jette-feu B ; le foyer est divisé en deux parties inégales par un arc C en maçonnerie réfractaire, lequel sert
- Fig. 1. — Appareil fumivore Dulac.
- tilde frais et le combustible presque épuisé. Un regard H permet de surveiller et de régulariser la marche du foyer.
- Installé déjà dans un des grands établissements de Paris ce fumivore y donne des résultats grandement appréciés.
- Appareil Orvis, Muller et Roger. — Cet appareil est un injecteur d’air, actionné par delà vapeur empruntée à la chaudière (fig.5). Un certain nombre d’in-jecteurs pareils sont installés autour du foyer en des points convenablement choisis. L’insufflation a lieu, [tendant quelques minutes après chaque chargement et d’une manière automatique, par un robinet actionné par une cataracte à piston et circulation d’huile.
- Les souffleurs dépensent une quantité de vapeur
- d’appui à unemurette C'qui découpe un compartiment dans la chambre de combustion ; cet arc est protégé par un masque D, formé d’une plaque de fonte perforée. La houille fraîche est chargée sous forte épaisseur, sur la partie antérieure F de la grille, appelée avant-loyer, où elle commence à s’échauffer; lorsque la distillation est suffisamment avancée le chauffeur, à l’aide d’un râble, repousse le charbon sur la deuxième partie C de la grille en même temps que les résidus déjà brûlés sont projetés sur le jette-feu où ils achèvent de se consumer.
- Le cendrier est divisé en deux chambres par une cloison mobile E en tôle ; cette cloison est percée d’une ouverture fermée par un volet réglable à la main, ce qui permet de faire varier les proportions entre les quantités d’air qui traversent le combus-
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- LA N A TU H K.
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- variant de 4,58 à 16 pour 100 de la production de gligeable), et, comme ils ne peuvent fonctionner qu’à la la chaudière (ce qui est une dépense loin d’ètre né- condition que la chaudière soit en pression pendant
- Fig. 2. — Foyer i'umivore Hinslin.
- Fig. o. — Appareil Orvis, Muller et Roger.
- toute la durée de la période d’allumage, ils sont réduits à l’inaction, leur efficacité déjà médiocre par elle -même est donc encore diminuée lorsqu’ils sont affectés à des chaudières faisant un service intermit-
- tent; c’est le cas notamment dans beaucoup d’usines électriques. L’appareil est d’une installation facile et d’un prix peu élevé. A. Roguexant.
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- LA NATURE.
- U VITESSE DU SON
- Connaissons-nous bien la vraie valeur de la vitesse du son dans l’air? En dehors de son intérêt théorique, cette vitesse offre aussi un intérêt pratique incontestable. On se sert de la vitesse du son pour évaluer approximativement la distance où l’on se trouve d’un point éloigné. Un observateur placé en ce point tire un coup de fusil et l’on obtient la distance cherchée en multipliant le temps employé par la détonation pour venir jusqu’à l’oreille par la vitesse du son. On a imaginé des télémètres militaires fondés sur ce procédé. La même'méthode est encore utilisée en hydrographie pour mesurer la distance d’un point à un navire, à une île, etc. D’habitude on admet, pour ces petits calculs, que la vitesse du son quand il fait froid, aux environs de zéro, est de 555 mètres par seconde ; quand le thermomètre oscille entre 15° et 20° on adopte 557 mètres. Ces chiffres sont plus ou moins sujets à caution.
- On a fait un certain nombre d’expériences pour déterminer la vitesse du son dans l’air. Les plus anciennes sont dues au père Mersenne, à Gassendi et aux académiciens de Florence. Les résultats étaient loin de s’accorder entre eux. Les premières expériences dignes d’être citées ont été réalisées par l’Académie des sciences de Paris en 1798. Cela remonte déjà haut. Les observateurs Maraldi, Losaille et Cassini de Thurv s’installèrent pendant la nuit à diversesstations dont les extrêmes étaient la butte Montmartre et la tour de Montlhérv, distantes de 22900 mètres. Des pièces de canon faisaient feu alternativement et les observateurs avec un pendule à secondes mesuraient l’intervalle de temps compris entre le moment où l’on voyait la lueur et celui où ils percevaient le coup. La précaution que l’on avait prise d’observer alternativement la lumière et les coups des stations extrêmes avait pour but de faire disparaître l’influence du vent. Les Académiciens de Paris trouvèrent ainsi que le son parcourt par seconde dans l’air, à la température de 0°, 557”,18 : ils reconnurent aussi que la vitesse reste la même par le beau temps et la pluie, quelle que soit la pression barométrique et qu’elle n’est modifiée que proportionnellement à la composante du vent dirigée dans le sens même de la propagation des ondes sonores.
- Par une autre méthode, plus complexe, fondée sur l’emploi d’une formule de Newton, on arriva au chiffre manifestement inexact de 279m,55. Ce désaccord préoccupa autrefois les physiciens. Laplace en fournit la véritable explication en montrant que la formule de Newton ne tenait pas compte de toutes les données du phénomène1, lliot et Poisson y introduisirent un nouveau terme relatif à la chaleur de condensation, et dès lors on déduisit pour la vitesse du son la valeur 555 mètres multipliée par un coefficient dépendant de la température2.
- Cette fois la formule donnait-elle bien la vraie vitesse? Laplace réclama des expériences de contrôle et le Bureau des longitudes voulut bien les entreprendre.
- Deux pièces de canon de six furent placées, l’une à Montlhérv, l’autre à Villejuif. Arago, en s’appuyant sur la triangulation de la méridienne, détermina la distance de ces deux points. U la trouva de 18 915 mètres. A Ville-
- 1 Elle laissait de côté, notamment dans l’expression de la vitesse, l’élévation de température de la masse d’air quand on réduit son volume et du refroidissement pendant la dilatation du même volume, pendant la propagation des ondes sonores.
- 2 Y = 335” y1 + al-
- juif, observèrent de Prony, Mathieu et Arago. A Mont-Ihéry, de Humholdt, Gav-Lussac et Bouvard. Chaque observateur était muni d’un chronomètre à arrêt marquant les dixièmes de seconde. Les coups étaient réciproques toujours pour annuler l’influence du vent1. Cette fois, la température étant de 16°, on arriva au nombre 540”,88. Les observateurs ajoutèrent que cette valeur ne pouvait comporter une erreur de plus de 1 mètre.
- En tenant compte de la température qui joue un grand rôle dans la propagation2, on conclut à la vitesse de 531”,12 à 0°, quantité qui diffère encore un peu du nombre 555 déduit de la formule Newton-Biot-Poisson, et à la vitesse de 5571,1,2 à la température de 10°, moyenne de l’air à Paris. La valeur 555 de la formule semble donc un peu forte.
- D’autres expériences entreprises en Hollande depuis, par MM. Moll et Van Beck, ont donné 552m,25 à 0°.
- Enfin, il faut surtout citer les belles expériences de M. Le Roux par enregistrement automatique, qui conduisirent ce savant physicien à la valeur de 550“,fifi à zéro et dans l’air sec. Presque en même temps Begnault trouvait le nombre 550”,9 pour la vitesse dans de larges tuyaux, et 550”,7 à l’air libre, par la méthode des coups de canon réciproques, sur un parcours de 2445 mètres.
- De plus récentes recherches sont dues à MM. Wiillner, Blaikley, Violle et Vauthier. Les expériences effectuées par trois méthodes différentes ont donné respectivement pour la vitesse du son dans l’air sec à 0° : 551”,878, 551”,979 et 551”,10. Il y a encore certain désaccord entre les premiers nombres et le dernier. Les expériences de Wiillner3 ont été exécutées sur de l’air parfaitement desséché et à 0° même. La valeur de Blaikley résulte de moyennes un peu moins concordantes que celles de Wiillner4. Enfin les expériences de MM. Violle et Vauthier ont été faites sur de l’air saturé d’humidité à 12°,5. Les conditions expérimentales sont donc différentes’. Le degré de saturation a aussi de l’action sur la vitesse. Wiillner a encore trouvé qu’à 100° dans l'air sec la vitesse atteint 587”,9.
- En somme, tous ces résultats sont loin de concorder rigoureusement entre eux et varient un peu suivant le mode expérimental adopté.
- Tout dernièrement M. le capitaine Frot a fait connaître à l’Académie des sciences par l’entremise de M. Lippmann des résultats obtenus en 1899 à Bourges. Ils présentent de l’intérêt, parce qu’ayant expérimenté successivement comme M. Le Boux et comme Begnault, il parvient précisément aux mêmes chiffres. Les mesures ont été prises par temps calme, directement à zéro, au polygone de Bourges, en utilisant un tir du canon de 120 et en profitant de ce que la température d’un thermomètre, placé près de la pièce, marquait 0°. L’anémomètre enregistrait un vent de 1”,70 à la seconde dont la direction faisait avec celle du tir un angle de 110°. Le procédé employé a consisté à noter pour chaque coup de canon, avec deux chronomètres à pointage, les intervalles qui
- 1 C.ette réciprocité est en réalité illusoire pour plusieurs raisons. La principale, c’est que le vent ne souffle pas régulièrement. On a pu opérer, d’un côté, pendant une accalmie et, de l’autre, pendant le maximum d’intensité. La moyenne est donc sans valeur.
- 2 I’ar exemple dans l'Amérique du Nord les Anglais ont exécuté des mesures à de très basses températures. Kandallc a obtenu, à — 40°, la vitesse de 315 mètres. Le capitaine Parry, à —59°, la vitesse de 310 mètres, etc.
- 3 Annalen des Physik und Chemie, IV, 1888.
- 4 Philosoph. Mac/.
- 5 Annales de Physique, t. IX.
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- LA NATURE.
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- s’écoulaient entre le moment où le coup partait et celui où le bruit de la détonation du projectile revenait à la pièce. Les points d’éclatement ont été précisés par triangulation. On a fait quinze expériences dont les moyennes ont donné 550m,t>. Or, ce chiffre est à quelques centimètres près celui de MM. Le Itoux et Régnault.
- Dans une autre série, entreprise en été, M. Frot a opéré automatiquement au moyen de vibrateurs électriques et de cbronographes de cbute. Deux écrans placés sur la ligne de tir, l’un à 50 mètres et l’autre à 70 mètres de la pièce, tous deux portant des vibrateurs à ressort identiques, ont été intercalés dans les deux circuits d'un cbronographe de Boulanger Rréger. L’onde sonore de la détonation frappait successivement chaque écran, mettait en mouvement le vibrateur, coupait le courant correspondant et faisait tomber un des pendules du cliro-nograplie. On a obtenu ainsi le temps mis par cette onde pour parcourir la distance séparant les deux écrans et par suite la vitesse du son. Quatorze observations ont été faites dans cette seconde série, et successivement en juin, juillet et octobre, avec des températures de 50°, 02° et 7°. Il fallut ramener à zéro en admettant une correction de O1",(125 pour chaque degré et tenir compte de la composante du vent. La seule objection à faire ici c’est la petite distance sur laquelle on a opéré. Une erreur d’une fraction de seconde peutconduire à une variation de vitesse assez grande.
- M. le capitaine Frot a trouvé :
- Nombre
- Dates. Température. coups tirés, mesurées. ramenées à 0.
- 26 juin . . 56° 1 548.5 330,6
- 6 juillet . 29° 5 548,2 351,1
- 7 juillet . 35° 1 351,0 531,4
- 26 octobre. JOO 4 538,4 330,9
- 28 octobre. 7° 5 535,2 530,9
- Moyenne à zéro et en air calme : 55'',9.
- Par conséquent par la méthode ordinaire à zéro, 350,6; par la méthode chronographique 550,9. Les deux méthodes ayant le même poids à très peu près, dit M. Frot, on est conduit à la valeur moyenne 530,7.
- M. le capitaine Frot n’a pas tenu compte du degré d’humidité de l’air, ni pour la première ni pour la seconde série. Pour la seconde on peut remarquer qu’en juillet où d'habitude le degré hygrométrique est le plus faible, les valeurs observées sont plus fortes qu’en octobre où l’air est généralement plus voisin de la saturation. Si l’on prend les moyennes correspondantes, juillet et octobre,on obtient 551,1, nombre identique a celui que trouva en 1822 le Bureau des Longitudes.
- M. Violle reprend du reste le problème en ce moment et nous fera bientôt connaître ses résultats.
- Nous croyons en tout cas que jusqu’à nouvel ordre, tout au moins, on ne se trompera pas beaucoup en adoptant, pour la vitesse du son à 0°, le nombre 351 mètres avec un degré de saturation voisin de 70° à 80° hygrométriques. Ajoutons qu'en pratique aussi, il ne faut pas oublier de multiplier par 0,62 chaque degré thermométrique pour passer de la vitesse du son à 0° à la vitesse correspondant à la température observée. Dans ces conditions, de l’observation du son comparée à celle de l’éclair d’une détonation, on pourra déduire les distances avec une approximation assez satisfaisante. Henri de Parville.
- INONDATION DU QUAI D’ORSAY A PARIS
- Par suite de la rupture du collecteur de la Bièvre, le 2 janvier 1899, on sait que les chantiers de la nouvelle
- gare d'Orléans à Paris ont été inondés. La hauteur de l’eau couvrant les chantiers s’est élevée à environ 2 mètres. 1 lusieurs conduites d’égout branchées sur le collecteur de la Bièvre ont été supprimées pour les travaux de la
- Inondation des chantiers de la nouvelle gare d'Orléans, à Paris.
- nouvelle gare. 11 en est résulté quelques points faibles qui ont cédé sous la pression de la grande quantité des pluies survenues à ce moment. Notre collaborateur, M. Ch. Comte, a pu prendre la photographie ci-jointe qu montre bien l’état des chantiers à la suite de l’accident.
- Des dispositions ont été prises aussitôt pour éviter des éboulements et pour ne pas entraver la marche des travaux. L. D.
- LE SIAMANG
- AU JARDIN ZOOLOGIQUE DE LONDRES
- Nous lisons dans le Field que le Jardin zoologique de Londres vient de recevoir récemment un animal qui n’a jamais été vu en vie jusqu’à présent en Europe. C’est le Siamang, de la famille des gibbons qui constitue avec les orangs-outangs, les gorilles et les chimpanzés, les races de singes qui ont le plus de rapport avec l’homme dans leur manière d’être et le développement de leur cerveau. Ces singes anthropomorphes vivent toujours de préférence au milieu des grands arbres.
- Ils s’avancent sur le sol, à l’aide de leurs jambes, gardant une position presque horizontale par suite de la longueur excessive de leurs bras, qui leur servent aussi de point d’appui.
- Les anthropomorphes vivent tous dans les régions tropicales : nous en avons longuement parlé dans La Nature1 ; les gibbons du genre Hylobates sont Indiens.
- Le Siamang (IL Syndactylu«) a toujours été fort recherché pour les ménageries, aussi est-il l'objet d’un vif intérêt au Jardin zoologique. Il est très différent des’autres gibbons. Une de ses particularités consiste dans la membrane qui relie les premiers deux doigts de sa main ; de là son nom, Hylobates Syndactylus. Sa couleur est généralement noire. Nous donnons l’aspect de cet animal (voy. fîg. ), au moment où il vient de faire dilater le plus possible son sac laryngien placé devant sa
- 1 Voy: année 1877, 2e semestre, pages 161,181,219,227, 265.
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- LA NATURE.
- gorge, afin de pouvoir faire entendre les aboiements accentués qui caractérisent sa race.
- Lord Landaff qui a souvent étudié ces animaux à Sumatra raconte qu’un jour un Anglais, qui n’avait jamais encore entendu les hurlements de ces singes, lui demandait s’il ne se trouvait pas une meute de chiens de chasse dans le voisinage. 11 confondait ainsi les aboiements du Siamang avec ceux des chiens. M. II. Ü. Forbes, dans sa remarquable notice,
- Iland book of the Primates, donne d’intéressants détails sur un jeune Siamang dont il a pu observer les mœurs à Sumatra, l’ayant gardé en captivité et apprivoisé. « Son expression, dit-il, et sa manière d’être sont des plus intelligentes et bien faites pour étonner. En captivité, il garde mal-heur.eusement un aspect triste et abattu qui disparaît complètement lorsqu’il est un peu excité. 11 sait prendre avec délicatesse et gracieusement, avec ses doigts effilés, tout ce qu’on lui offre.
- « Sans le développement des poils, ses mains et sa tête auraient, plus que chez les autres espèces, de l’analogie avec les mains et la tête de l’homme. 11 oppose rarement son pouce à ses autres doigts et ne s’en sert pas ordinairement pour saisir un objet. Les autres doigts seuls sont mis en action. Il ne posera jamais ses lèvres sur une tasse pour boire, mais toujours il y trempera ses doigts pour amener l’eau à sa bouche et il en laisse maladroitement tomber quelques gouttes sur son corps. 11 s’asseoit souvent ayant, les bras croisés sur sa poitrine avec ses doigts allongés derrière sa tète.
- « La manière caressante avec laquelle il m’entoure le cou avec ses longs bras, penchant sa tète sur ma
- poitrine et me regardant avec ses grands yeux noirs, est tout à fait engageante lorsqu’il fait entendre encore un petit grognement de contentement. Si cependant il gonfle souvent son sac laryngien, ce n’est guère que pour laisser passer un bâillement ou un aboiement étouffé. Lorsqu’on l’excite ou qu’on le taquine, pour la moindre raison son aboiement criard reparaît aussitôt. Tous les soirs il fait avec
- moi un tour de promenade autour du square du village appuyant une de ses mains sur mon bras. C’est curieux et risible en même temps de le voir se tenant debout sur ses jambes quelque peu ban-croches, aboyant, hurlant avec un entrain frénétique. Il tient au-dessus de sa tête le seul bras qu’il ait de libre pour se balancer ou pour empêcher sa tête d’aller trop en avant de ses pieds. Il change aussi de mouvement s’il désire mieux se main-, tenir en équilibre en s’appuyant sur le sol du bout de ses longs doigts ou de leurs articulations. »
- La maison des Singes, dans le Jardin zoologique de Londres, possède en ce moment des spécimens qui excitent au plus haut point l’intérêt des zoologistes. Il n’arrive pas fréquemment en effet qu’il y en ait autant d’espèces réunies. On voit, dans une grande cage, un beau chimpanzé d’une fort belle venue, de l’espèce la plus ordinaire.
- Plus loin c’est un orang-outang de Bornéo, puis enfin, dans une autre cage assez spacieuse pour que des animaux puissent exercer leur agilité, on admire les brillants exercices exécutés par deux gibbons, le Hoolock et le Siamang, la nouvelle acquisition.
- Albert Tissandier.
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- LA NATURE.
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- LA MONTAGNE DE LA SOUFRIÈRE
- GUADELOUPE
- Cette montagne s’élève jusqu’à 1484 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est le point le plus élevé de l’ile.
- Il est à 8 kilomètres à vol d’oiseau de la Basse-Terre : mais, en suivant la route et les sentiers, celte distance représente environ 15 kilomètres.
- Sur 0 kilomètres de longueur et jusqu’à 550 mètres d’altitude, la route est très belle, avec des pentes de 4 à 16 centimètres par mètre. Les 4 kilomètres suivants sont en mauvais état et praticables seulement aux mulets. Enfin les 5 kilomètres res-
- tants, qui mènent au pied du cône, représentent un sentier de montagne, avec trois passes difficiles.
- Quant au cône, il n’a pas moins de 400 mètres de hauteur ou 100 mètres de plus que la Tour Eiffel ; on en fait l’ascension par un sentier de 800 mètres en moins d’une heure.
- La durée totale de l’ascension est d’environ quatre heures.
- Sur le trajet, le sentier rencontre les sources du Galion : ce sont de nombreux ruisseaux d’eau chaude et sulfureuse, qui se réunissent en une véritable rivière. Du soufre amorphe, presque pur, s’est déposé dans le lit des ruisseaux sous forme d’une houe blanchâtre.
- De l’autre côté de la montagne, se trouvent les
- La montagne de la Soufrière, à la Guadeloupe.
- sources du Carbet, autre rivière semblable au Galion. Elles ont été découvertes seulement en 1892 par M. Le Boucher, chef du service de l’enregistrement à la Basse-Terre : c’est un habile excursionniste, qui connaît parfaitement la Soufrière. 11 a bien voulu nous donner des renseignements précieux : c’est lui qui est représenté avec sa famille par la photographie reproduite dans cet article.
- On suppose qu’autrefois la Soufrière a été un volcan beaucoup plus actif que maintenant. Mais il est difficile de justifier cette supposition : la montagne est couverte de bois jusqu’au pied du cône. L’est surtout le manglier des montagnes (Clusia ve-nenosa) qui forme la base de ce boisement. On n’a pas complètement étudié la nature et l’importance des roches volcaniques autrefois émises.
- Actuellement le volcan de la Soufrière se compose
- d’un cratère de 1 mètre environ de diamètre, ouvert sur le flanc nord du cône: à mi-hauteur d’une énorme falaise de 50 mètres environ.
- Ce cratère est inaccessible : on ne peut en approcher à cause des torrents de vapeurs d’eau mêlée d’acides sulihydrique et sulfureux qui s’en échappent constamment. On sait d’ailleurs que les deux gaz précédents agissent l’un sur l’autre en formant un dépôt de soufre. Aussi trouve-t-on le soufre déposé un peu partout à la surface des pierres.
- Dans la mer ou lac de soufre, situé au bas du grand cratère, le soufre forme une masse solide dont la surface est d’une trentaine de mètres carrés, sur une épaisseur inconnue, mais supérieure à 2 mètres.
- Autour du grand cratère se trouvent quatre petites fumerolles.
- Le cratère Napoléon se remarque sur une autre
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- . LA NATURE.
- face du cône. Il est d’un accès facile : c'est celui que représente notre gravure. Il en sort constamment un jet de vapeur sulfureuse.
- C<' cratère n’a pas plus de 0m,20 de diamètre : les parois intérieures sont tapissées de soufre pur cristallisé. Autour de ce cratère on trouve quelques fumerolles : le terrain est brûlant et aussitôt qu’on le creuse de 0m,25, on ne peut plus y tenir la main.
- Depuis longtemps on a songé à exploiter la Soufrière, et l’attention se porte de nouveau sur cette question à cause de la hausse du soufre provoquée par l'accaparement, des mines de soufre de Sicile, l’Anglo-Sicilian U° ayant acheté toute la production de ces mines.
- En 1840, M. Mercier, ingénieur, a évalué la production en soufre du cratère Napoléon qui ne représente guère que le dixième de la production totale.
- Il a disposé sur le cratère un entonnoir de zinc avec des tuyaux assez longs pour condenser le soufre. En treize jours, il a recueilli 2k«,600 de soufre. 11 est probable que le grand cratère et toutes les fumerolles donneraient dix fois plus, soit 26 kilogrammes pour treize jours ou 2 kilogrammes par jour. Total, pour un an, 750 kilogrammes.
- C’est là une production tout à fait misérable. Mais le volcan travaille depuis des milliers d’années, et il est fort possible qu’on découvre des dépôts représentant des milliers de tonnes.
- Ce qui est indispensable pour reconnaître la richesse du gisement, c’est de faire des sondages de façon à déterminer les épaisseurs des dépôts. Par exemple, si le lac de soufre a rempli une crevasse profonde, il est possible qu’il ait une épaisseur de 50 mètres et plus.
- Nous sommes informé qu’un ingénieur spécial s’occupe de faire exécuter ces sondages. 11 aurait également à s’occuper d’une montagne voisine, dite de Y Échelle, où l’on rencontre aussi des fumerolles.
- Ch.-Er. Guignet.
- LA DÉNATURATION DE L’ALCOOL
- FABRICATION d’un NOUVEAU DÉNATURANT A L'HUILE
- d’acétone
- La question de la dénaturation de l’alcool est de celles qui préoccupent toujours le fisc et l’industrie, mais à des titres absolument opposés. Si le premier était libre d’agir à sa guise, le problème serait vite résolu : un produit quelconque qui rendrait l’alcool imbuvable, ininflammable, bref qui lui enlèverait la plupart de ses propriétés, et par cela même empêcherait toute tentative de régénération. Mais l’industrie, ou mieux les industries, réclameraient, avec raison, contre un tel traitement qui rendrait pour elles l’alcool inutilisable. Or comme la dénaturation est précisément faite pour permettre à certaines industries d’employer l’alcool exonéré des droits fiscaux, sans toutefois qu’elles puissent, par fraude, le régénérer et le revendre comme boisson, on voit que l’on tournerait dans un cercle vicieux.
- Il faut donc qu’un bon dénaturant rassure le fisc, et n’entrave pas les emplois industriels de l’alcool. Ce pro-
- blème paraît simple; en réalité il est excessivement complexe vu la diversité des industries qui utilisent l’alcool; ce qui ne gêne pas l’une est au contraire un inconvénient pour l’autre. Pour certaines industries, la question d’un dénaturant est si importante que la Chambre syndicale de la Parfumerie française a ouvert un concours entre tous les chimistes français pour Y invention d’un dénaturant de l'alcool, susceptible d’être employé dans la fabrication des produits de la parfumerie; le prix proposé était de cinquante mille francs. Le dénaturant devait être incolore, ne modifier ni le goût ni l’odeur de l’alcool, être dénué de toute action chimique, ne pas diminuer le pouvoir dissolvant de l’alcool pour les essences et autres matières utilisées en parfumerie, n’être ni toxique, ni nocif, enfin être d’un prix modeste.
- Un vrai merle blanc !
- Mais ce n’est pas tout, au point de vue fiscal, le dénaturant, une fois incorporé à l’alcool, ne pourra être séparé ni pratiquement ni économiquement par un moyen quelconque, et il devra pouvoir être décelé facilement dans tout liquide alcoolique, par une réaction simple. Ce concours clos, le 15 juin dernier, n’a pas encore donné, que nous sachions, un résultat pratique, malgré l’importance du prix proposé. 11 faut convenir que les qualités exigées pour le dénaturant sont bien difficiles à trouver réunies dans un seul corps.
- En se plaçant à un autre point de vue : l’application de l’alcool au chauffage, à l’éclairage, ou à la fabrication de certains produits chimiques, le problème, encore que compliqué, a reçu une solution assez satisfaisante par l’emploi de l’huile d’acétone.
- Ce n’est pas encore assurément le dénaturant idéal, s’appliquant à tous les cas, mais c’est incontestablement un des plus efficaces, dans les cas énumérés ci-dessus.
- L’huile d’acétone a été préconisée comme dénaturant, par M. Lang, directeur du laboratoire de la régie fédérale suisse, et ce pays l’a adoptée. En France, la Commission technique, nommée par le gouvernement français pour étudier la question de la dénaturation de l’alcool, tout en reconnaissant la supériorité de l’huile d’acétone sur les autres dénaturants, n’a pas adopté ce produit, sa production industriellement étant trop restreinte.
- En effet, on ne connaissait que deux sources de production : les résidus de la fabrication de l’acétone et l’oxydation des huiles brutes résultant de la rectification de l’alcool ; aucune des deux ne permettait d’avoir l’huile d’aCétone en quantité et à bon compte. C’est alors que, mis au courant de la question par l’éminent chimiste M. Friedel, membre de la Commission de la dénaturation, M. A. Buisine, professeur à l’université de Lille, en collaboration avec son frère, M. P. Buisine, se mit à étudier la question, et la résolut dans son laboratoire d’une façon si satisfaisante, que l’Etat lui accorda une subvention pour faire des essais de fabrication en grand.
- L’huile d’acétone est constituée, en grandg partie, par un homologue supérieur de l’acétone ordinaire : la méthyléthylcétone qui bout à 81° C., température voisine du point d’ébullition de l’alcool. Un procédé général de préparation de l’acétone consiste à soumettre à la distillation sèche, l’acétate de chaux. En prenant un mélange d’acides gras (propionate, butyrate, Mc.), on obtient les huiles d’acétone et MM. A. et P. Buisine, dans un beau travail d’ensemble sur les eaux de désuintage de la laine, ont montré que ces eaux subissent spontanément une fermentation spéciale complexe, qui
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- LA NATURE.
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- développe en particulier des acides gras volatils.
- Les eaux de suint fermentées (huit jours) sont débarrassées de l’ammoniaque par ébullition, puis acidulées par un acide minéral : les acides volatils sont enlevés par la vapeur d’eau, on les sature parla chaux et évapore à siccité. Les sels de chaux déshydratés sont alors soumis à la distillation sèche.
- Les produits distillés sont rectifiés deux fois, ils fournissent 60 pour 100d'huile d’acétone (méthyléthylcétone).
- dette source d’huile d’acétone est très abondante puisque, seulement à Roubaix et à Tourcoing, on produit, chaque jour, plus de 500 mètres cubes d’eaux de suint qui donneraient 7500 kilogrammes d’huile d’acétone; la quantité d’alcool qui pourrait être dénaturée par ce procédé, n’exige pas plus de 3 à 400 kilogrammes d’huile par jour.
- Quant au prix, MM. Buisine n’ont encore pu l’établir définitivement, mais ils pensent qu’il ne dépasserait pas 2 francs à 2fr,50 le kilogramme; et, comme 1 à 1,5 pour 100 suffit, son emploi serait sensiblement plus économique que celui du méthylène actuellement employé comme dénaturant. En effet, il faut compter avec ce dernier 6 à 8 francs pour dénaturer un hectolitre d’alcool. Avec l’huile d’acétone la dépense serait réduite à 5 ou 4 francs, soit 50 pour 100 d’économie; et par jour, à raison de 400 hectolitres à dénaturer par ce procédé, 1200 francs; près de 500000 francs par année, pour la consommation actuelle qui ne peut que progresser. Comme propriétés, l’huile d’acétone a une odeur qui n’est pas désagréable, mais sa saveur très acre et caustique se communique à l’alcool, même par une faible addition (là 2 pour 100). Il est difficile de régénérer l’alcool ainsi dénaturé, et des réactifs très sensibles permettent d’en reconnaître des traces dans les alcools résultant des tentatives de régénération; ces alcools, d’ailleurs, conservent une saveur acre.
- L’huile d’acétone peut donc s’employer avec avantage pour la dénaturation de l’alcool destiné à l’éclairage, au chauffage, à la préparation des vernis. Dans beaucoup de cas, sa présence ne sera pas gênante pour la fabrication d’un grand nombre de produits chimiques.
- Si les essais de production en grand, faits actuellement à Lille réussissent, et il y a tout lieu de le penser, il en résultera la création d’une petite industrie très intéressante qui donnera une plus-value aux eaux de désuintage uniquement exploitées, jusqu’à présent, pour la production de la potasse.
- Celle-ci, d’ailleurs, ne sera pas perdue et on pourra, en outre, retirer des eaux de suint une grande quantité d’ammoniaque aujourd’hui perdue.
- Une fois de plus, en donnant son concours à l’industrie, la science aura permis de réaliser un progrès profitable à tous.
- Mais comme tout progrès se fait aux dépens de ce qui existe, dans le cas présent ce sont les fabricants de méthylène qui seront atteints. On emploie en effet 10 litres de méthylène pour 100 litres d’alcool, soit, par an, à raison de 400 hectolitres à dénaturer par jour, 15000 hectolitres de méthylène, représentant 1 500 000 francs. Si donc on change de dénaturant, les distillateurs de bois devront chercher d’autres débouchés, ou, par une baisse de prix — l’alcool méthylique vaut 160 francs, l’alcool éthylique 45 francs, — augmenter la consommation de cet alcool, qui a d’assez nombreuses applications et en aurait beaucoup plus s’il était d’un prix moins élevé.
- Léon Lefèvre.
- PAPIER SENSIBLE ILLUSTRÉ
- Les fabricants de papiers photographiques ont comblé tous les vœux des amateurs cette année. On nous a donné
- le moyen de rendre sensible à l’impression photographique une feuille de papier à lettres, des cartes, des menus, etc.1. On vient encore de mettre à notre disposition de jolis papiers - aquarelles , tout préparés ceux-là. Il n'y a qu’à passer au châssis-presse. Ce sont des papiers, des menus, des cartes illustrées en couleurs. Un bouquet, une branche fleurie, un cadre fantaisiste, des feuilles d’almanach à effeuiller, etc. C’est frais, de bon goût le plus souvent et beaucoup de jeunes photographes marqueront leur préférence pour ces papiers au citrate d’argent décorés de dessins en couleurs.
- On se sert beaucoup de ces papiers en Allemagne; mais, en général, ils sont d’un dessin un peu lourd. Ceux que MM. Dupuy viennent de mettre dans le commerce sont plus agréables à l'œil et ne manquent pas d’attrait. Ils sont d’ailleurs très variés. Il y a notamment la carte fantassin (fig. 1) qui ne manque pas d’une certaine originalité.
- Sur la carte apparaît en couleur un soldat d’infanterie, bien peint, le fusil au port d’armes, le képi sur l’oreille. Il n’y manque rien. Pardon !
- Il y manque le visage, resté en blanc intentionnellement. C’est le fantassin passe-partout. Pour avoir votre frère, votre fils, votre ami, il n’y a plus qu’à imprimer dans le blanc le visage aimé. L’uniforme ne varie pas. La tête seule change. Un instantané, et libre à vous de boucher le trou. Il suffira de repérer à l’avance, de prendre une épreuve avec un appareil quelconque aux dimensions voulues, et de faire entrer le visage dans le blanc de l’aquarelle. Rien de si simple.
- Ce nouveau papier amusera certainement beaucoup de jeunes amateurs de photographie. On s’en est déjà servi au premier de l’an. Flambe.
- 1 Vov. Photographie pratique, n° 1358.
- Fis?- 2.
- FiS. 3.
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- LU NATUUE
- TOIT D’OBSERYATOIRE SECTIONNE
- Le titre ne dit pas sans doute grand’chose au lecteur, mais il est malaisé de trouver une désignation expliquant bien ce qu’est l’invention assez ingénieuse dont il s’agit; elle est faite d’ailleurs pour s’appliquer aux petits observatoires modestes qui vont se multipliant de plus en plus, observatoires privés le plus souvent, qui ne sont pas sans rendre de réels services à la science.
- On sait que les toits d’observatoires sont d'ordinaire en forme de dôme ; mais, pour laisser le champ libre au rayon visuel de l’observateur au télescope, on y ménage une ouverture s’étendant de l’horizon au zénith. Comme de juste, quand on ne se livre point à des observations, il faut un dispositif pour fermer l’ouverture en question, et cela nécessite des dispositions mécaniques compliquées et par suite coûteuses. — Un constructeur anglais bien connu, M. T. Cooke, delà maison T. Cooke and sons, a eu l’idée de construire des toits d’observatoires où il n’y a nullement besoin d’un mode quelconque de fermeture, pour l’excellente raison que l’ouverture destinée aux observations télescopiques n’est pas ménagée d’une façon normale dans le toit, mais s’y trouve faite seulement au moment desdites observations. En un mot, et comme on peut s’en rendre compte en suivant les traits pointillés dé la figure 2, c’est le toit qui s’ouvre, un peu à la façon des deux moitiés d’un obturateur d’appareil photographique.
- Le dôme est donc formé de deux moitiés qui sont réunies d’un côté, comme à charnière ; à l’autre extrémité du diamètre du cercle de hase du dôme, normalement elles ne sont que rapprochées : si on les écarte, il se produit dans le dôme une ouverture en forme de coin qui va laisser le champ libre à la vue. D’après l’examen de la figure, on doit comprendre comment les choses se passent ; sous la coupole est une base de rotation, un anneau qui peut tourner sur un rail fixe et circulaire par l’intermédiaire de galets. Les deux moitiés du dôme sont rattachées à l’anneau en un point, à l’endroit même où elles s’articulent l’une à l’autre; mais autrement elles peuvent se déplacer à la surface de l’anneau, qu’on a ménagé assez large, et leur déplacement a précisément pour résultat d’ouvrir la coupole pour les observations. Le système est ingénieux et fonctionne bien. P. de M.
- LE TACHEOGRAPHE F. SCHRADER
- En matière de géographie, de cartographie et d’orographie, M. Schrader est une autorité : il ne se contente pas en effet de dresser des cartes qui peuvent faire concurrence aux meilleures cartes allemandes, c’est encore un alpiniste ardent qui ne craint pas d’aller effectuer sur le terrain même les opérations les plus hardies, et c’est aussi un inventeur qui sait imaginer les instruments les plus ingénieux. On doit connaître son orographe, qui lui a permis de lever la carte de la plus grande partie du massif pyrénéen espagnol avec une rapidité et une précision inconnues avant lui. L’orographe était déjà un instrument fort remarquable, mais le tachéographe le laisse bien loin derrière lui, et c’est une vraie merveille.
- Le mot n’est pas exagéré, car cet appareil permet de réduire à une seule opération, celle de la visée, le lever, le calcul et la construction des cartes et plans : c’est pour ainsi dire l’arpentage et le nivellement mécaniques, puisque le résultat en planimé-trie se lit instantanément et se trace automatiquement sur la surface destinée à recevoir le plan, à une échelle déterminée, et que l’altitude du point visé s’obtient par une lecture directe. Cette admirable simplification, M. Schrader l’a réalisée en s’appuyant sur un principe bien connu, mais auquel il fallait songer, comme toujours, et dont l’application pratique demandait une combinaison mécanique des plus difficiles à imaginer. L’éminent géographe, après des recherches et des transformations bien longues, est arrivé, grâce à sa persévérance, à un type d’instrument absolument parfait : son tachéographe est aujourd’hui construit par la maison bien connue J. Carpentier (successeur de Ruhmkorff), qui l’a aidé à simplifier au maximum cet appareil si ingénieux.
- On sait que tout rayon visuel dirigé vers un point de l’espace, peut être considéré comme l’hypoténuse d'un triangle rectangle situé dans le jdan vertical passant par le point de station et le point visé; les deux autres côtés du triangle sont une verticale, différence de niveau entre les deux points, et une horizontale, qui est la distance en planimétrie qui les sépare. Avec les méthodes habituelles de lever, il faut déterminer la direction et la longueur du
- Plan du toit et dispositif d’ouverture.
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- LA NATUjR'E.
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- rayon visuel, la relation du côté vertical et du côté horizontal du triangle, et entin reporter, sur une surface correspondant à la surface terrestre, la distance horizontale réduite à une échelle déterminée . L’originalité du tachéographe Schrader consiste précisément en ce qu’il matérialise ces quatre éléments de toute construction géographique, rayon visuel, horizontale, verticale, rapport d’échelle, en les liant solidairement de façon que leurs relations demeurent toujours proportionnelles à celles des éléments du triangle rectangle qui existe virtuellement sur le terrain et dans l’espace. Comme nous le disions, on doit donc comprendre que l’instrument, par le seul fait de la visée, opère tous les calculs qui fournissent finalement la distance horizontale, la différence de niveau, et qu’il va même jusqu’à tracer le point visé.
- Le simple examen de l’excellente photographie qui accompagne ces lignes (photographie où l’instrument est vu par une personne placée en avant et le regardant suivant un angle de 45° environ par rapport à son axe), et de l’épure de construction que nous avons eu la bonne fortune de pouvoir faire reproduire, permet de saisir immédiatement la matérialisation de ce triangle dont nous avons parlé à plusieurs reprises. Voici d’abord une lunette pivotant autour d’un axe vertical perpendiculaire au centre d’un plateau, et pouvant se diriger sur tout point utilisable de l’horizon. Latéralement, elle est armée d’une règle à glissement longitudinal, demeurant et se mouvant toujours dans un plan vertical parallèle. Cette règle est reliée par une
- extrémité au côté vertical d’une équerre, qu’on aperçoit nettement, et dont le côté horizontal complète le triangle rectangle. Les trois angles de celui-ci resteront toujours égaux aux angles respectifs du triangle déterminé dans l’espace par la visée, et les trois côtés, proportionnels à ceux de cette même figure.
- On comprend que dès lors il suffit de connaître le rapport de similitude des deux triangles rectangles pour déterminer la distance planimétrique OB et AB, O étant le centre de rotation de la lunette, A le point de rencontre de l’axe avec la règle verticale graduée, et OB l’horizontale. La mesure de ce rapport se fait automatiquement ; en effet, la règle' solidaire de la lunette est armée elle-même d’une came contre laquelle vient s’appuyer un butoir perpendiculaire, placé dans un plan également perpendiculaire à l’axe de la lunette. Ce butoir glisse dans le cylindre de la lunette et y actionne
- directement le fil d’un réticule micrométrique, en faisant varier, suivant la position de la came, la distance entre ce fil et un autre fil fixe dans le même plan focal. Pour obtenir le résultat cherché, il suffit que, pour chaque distance, la courbure de la came règle l’écartement des deux fils proportionnellement à l’écartement apparent des deux voyants d’une mire disposée au point visé; d’autre part, comme on le voit nettement dans les figures ci-jointes, l’angle droit de l’équerre est armé d’une pointe traçante verticale, et son côté vertical est divisé en deux graduations partant d’un zéro commun, qui permettent de lire la distance AB.
- Fig. 1. - Vue générale du tachéographe.
- Épure de l’instrument.
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- L A A A T LU K.
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- Un peut immédiatement tracer le point du plan réduit que Ton va dresser, sur une feuille de papier ou de métal fixée en bonne place au plateau de l’instrument, et on pourra inscrire en meme temps toutes les mesures et cotes qu’on a sous les yeux.
- Bien entendu, forcé que nous sommes ici de nous borner, nous passons à regret sur bien des détails ingénieux de construction et d’emploi du ta-chéographe Schrader. Mais disons (indication nécessaire) qu’il faut employer en l’espèce une mire spéciale, mais simple, formée essentiellement d’un montant vertical et d’une règle horizontale portant deux et meme trois1 voyants. Bans la visée, il faut que l’opérateur, une fois sa lunette fixée, tourne une large vis moletée Y, en déplaçant le système de la règle, de l’angle droit métallique et par suite de la came G, jusqu’à ce que les deux fils micrométriques coïncident respectivement avec les deux voyants de la mire. La longueur des mires varie en proportion inverse de l'échelle adoptée.
- On le voit, nos éloges n’étaient point exagérés, et ce nouvel instrument, par sa rapidité d’opérations, amènera une véritable révolution dans le lever des plans, le, nivellement, la confection du cadastre, en permettant de confier le travail à tout opérateur attentif et consciencieux, et surtout en réduisant le nombre nécessaire d’opérateurs à un chiffre extraordinairement faible. On peut arriver à ne mettre que 20 secondes pour chaque visée.
- Bien d’impossible même à tracer, pour ainsi dire au pas de course, les courbes de niveau sur le terrain : on fixe le vernier glissant le long de l’échelle verticale, de façon que les différences de hauteur deviennent invariables, tandis que le degré d’inclinaison de la lunette varie avec la distance. Tous les points où l’observateur verra les fils du réticule en coïncidence avec les voyants de la mire seront sur une même courbe de niveau. En sens inverse, on pourrait trouver presque immédiatement l’altitude relative des points d’un cercle tracé autour de la station prise comme centre.
- Avant peu, le remarquable instrument de M. Schrader aura fait disparaître toutes les méthodes si lentes du lever des plans et des cartes. Daniel Bellet.
- CHRONIQUE
- Première voiture automobile A alcool. — Le
- 11 janvier, une première voiture à alcool a circulé dans Paris. Cette voiture est celle de MM. Henriod et Rouquet. Pour utiliser l’alcool au lieu de pétrole, aucune modification n’a été nécessaire. M. Petreano transforme en ce moment, à titre d’essai, une dizaine d’automobiles au pétrole. Dans la voiture de MM. Henriod et Rouquet on a pu se servir d’alcool aussi bien que de pétrole, parce que leur voiture n’a pas de carburateur. Tout liquide combustible peut être utilisé. Le liquide est pulvérisé et arrive à l’état de poussière sur la soupape. Un mélange intime s’effectue avec une quantité déterminée d’air
- 1 Le 5’ voyant correspond à un 3* lil micrométrique qui entre en jeu pour les grandes distances.
- sans aucun réglage. Cette voiture à alcool est à quatre places. Elle avait fonctionné la veille au pétrole et alternativement elle emploie un jour l’alcool, un jour le pétrole. Tout lui est bon. Mais quelles seront les dépenses respectives?
- Un nouveau géant. — Le géant Constantin, Suùse d’origine, âgé de 19 ans et dont la taille atteint 2m,59, attire en ce moment de nombreux visiteurs au théâtre des Folies-Bergère. Cette taille extraordinaire, en effet, est bien faite pour exciter l’étonnement, mais elle n'est pas tout à fait exceptionnelle. Nous avons déjà mentionné plusieurs géants1, un surtout : le géant suédois déjà cité par Butlon et dont la taille atteignait 2m,002.
- Le castor «lu Rhône. —D’après M. Suliders Mingaud, secrétaire de la Société des sciences naturelles de Nîmes, de tous les mammifères qui enrichissent la faune française et plus particulièrement la faune méridionale, le castor est certainement un des plus intéressants. Ce gros rongeur devient de plus en plus rare (8 à 10 captures par an). M. Galien Mingaud voudrait qu’on le protégeât au lieu de le tuer pour le seul plaisir de le détruire. Ne vaudrait-il pas mieux que quelques propriétaires riverains du delta de la Camargue en fissent l’objet d'un élevage spécial, la castoriculture? Cet élevage du castor a lieu en plusieurs endroits des Etats-Unis; pourquoi ne pas le tenter chez nous? Il ne nous est pas interdit d’être aussi pratiques que les Américains. Le castor donne une fourrure qui est très recherchée, une chair qui n’est pas désagréable, un produit pharmaceutique, le castoréum, et puis, pour la plus grande joie du naturaliste, il héberge deux parasites, le Platypsyllus castoris et le Schizocar-pus Mingaudi.
- Itliroirs légers «le galvanomètres. — Un correspondant de notre confrère anglais Nature, M. Ch. B. Thwing, indique un moyen bien simple de fabriquer soi-mème les petits miroirs si légers qui sont nécessaires pour les galvanomètres et les instruments analogues. On prend une lame de verre à glace, de 5 millimètres d’épaisseur et de 20 de long, qu’on argente soigneusement et qu’on polit au rouge d’Angleterre; puis on l’appuie par sa tranche sur une surface plane et résistante. Alors, avec l’angle d’un marteau, on frappe un léger coup sur la tranche supérieure, à une faible distance en arrière de la face argentée. Si le coup est bien dirigé, il se détache un éclat de verre de forme circu-laire ou elliptique qui réduit à un minimum l’épaisseur du miroir. Évidemment on ne réussit pas à tous coups; mais, avec un peu de pratique, on arrive à tirer une douzaine de bons miroirs de format variable d’un morceau de glace de 10 centimètres de long.
- La production «les arsenaux anglais. —
- En 1898, on a construit en Angleterre 1101 navires, formant un déplacement total de 1 661 252 tonnes. Dans ce chiffre, la production des arsenaux entre pour neuf bâtiments, soit : 4 cuirassés, ! croiseur de lre classe, 2 croiseurs de 3e classe et 2 sloops d’un déplacement total de 73 090 tonnes. Ce total est le plus élevé qui ait été atteint dans les arsenaux depuis neuf ans. En 1890, la production des arsenaux anglais n’était que de 22 520 tonnes et passa à 68100 tonnes l’année suivante. Elle est redescendue à 26 700 tonnes en 1894, et s’est maintenue depuis au-dessus de 70 000 tonnes sauf
- 1 Voy. ii° 582, du 27 septembre 1880, p. 257 ; n° 007, du 0 octobre 1880, p. 501.
- * Voy. u» 717, du 20 février 1887. p. 103.
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- LA NAITRE.
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- en 1897, où la grève des mécaniciens a causé des retards considérables. Le nombre des navires construits chaque année par les arsenaux est resté le même, soit huit ou neuf; il n’y a eu d’exception que l’année dernière, où quatre bâtiments seulement ont été lancés. Le prix de revient de la tonne construite varie dans d'importantes proportions. Voici le prix moyen de lr tonne dans les neufs dernières années : en 1890, 1225 lr.; en 1891, 1112 fr. ; en 1892, 1450 fr. ; en 1895, 1525 fr. ; en 1894, 1087 fr. ; en 1895, 1512 fr. ; en 1896, 1490 fr.; en 1897, 1575 fr. ; en 1898, 1692 fr. Par ordre de production, les arsenaux anglais sont classés en 1898 de la façon suivante : Chatham, 27 950 tonnes; Devonport, 15 085 tonnes; Portsmouth, 15 000 tonnes; Pembroke, 11 000 tonnes, et Sheerness, 4055 tonnes.
- I.a composition «lu haricot. — A l’occasion des recherches pour les fournitures militaires sur la valeur alimentaire comparée des haricots indigènes et des hari cots exotiques, M. Balland a été amené à étudier la composition de ce légume sur des échantillons divers de provenance française. A l’état normal on y trouve pour 100 de 9,60 à 14,40 d’eau, 17,02 à 22,70 d’azote, 1,10 à 1,90 de matières grasses, 52, 22 à 62,56 de matières sucrées et amylacées, 2,15 à 6,65 de cellulose, le reste en cendres.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 16janvier 1899. — Présidence de M. Vas Tieghem.
- Téléphone sans fil. — M. Berthelot donne lecture d’une Note de M. Dussaud relative à un appareil téléphonique fonctionnant sans fil de transmission. M. Dussaud a imaginé d’utiliser comme agents de communication les rayons ultra-violets invisibles. Dans son appareil, le poste transmetteur se compose de deux écrans identiques percés de fentes. Le premier est fixe, le second mobile. Celui-ci est relié à une membrane vibrante devant laquelle on parle. Une lampe à arc pourvue d’une lentille de quartz projette un faisceau de rayeftis ultra-violets dans la direction des deux fentes. Suivant les paroles prononcées, les deux fentes se contrecarrent plus ou moins; le faisceau lumineux invisible arrive donc plus ou moins intercepté au poste récepteur. 11 y illumine proportionnellement un écran fluorescent qui, par son action sur des lames sélé-niées, fait parler un téléphone. M. Dussaud a pu ainsi téléphoner sans fil à un peu plus de 10 mètres; il est certain que cette distance pourra devenir considérable, avec un appareil puissant, car les rayons ultra-violets se propagent à de grandes distances sans perte très notable.
- Les perfectionnements des méthodes de nivellement. — Le colonel Goulier, qui a été l’un des rénovateurs de la topographie et de la géodésie françaises, avait consacré aux instruments et aux méthodes des nivellements de précision, une magistrale étude que la mort l’a empêché de publier. M. Charles Lallemand, directeur du nivellement général de la France, vient d’assurer la publication de cette œuvre importante, en l’enrichissant de nombreuses notes et additions; M. E. Cheysson y a ajouté une préface. Les chapitres les plus intéressants de cet ouvrage concernent la théorie géométrique du nivellement, la construction des fioles de niveau, leurs déformations avec les changements de la température et de la pression, les lois des mouvements de la bulle, les erreurs dues aux poussières et à l’imperfection des contacts dans
- les instruments à réversion, la constatation des mouvements lents du sol par la répétition des nivellements.
- La chaleur de volatilisation de Pair liquide et la capacité calorifique de Pair. — M. d’Arsonval communique les résultats d’une double série d’expériences. La première porte sur la chaleur de volatilisation de l’air liquide. 11 a placé sur le plateau d’une balance une bouteille à deux enveloppes séparées par le vide qui, ainsi qu’il a été dit, permet de conserver l’air liquide pendant un temps très long. Une bouteille contenant deux litres ne laisse guère évaporer plus de 4 grammes par heure. Au sein de l’air liquide, il plonge une lampe à incandescence fonctionnant avec un courant de £ ampère et 52 volts. On connaît donc la puissance en watts correspondant à l’incandescence de la lampe. La quantité d’air évaporée sous sa seule action peut être pesée; on en déduit la chaleur de volatilisation. Cette chaleur de vaporisation est bien inférieure à celle de l’eau, ainsi qu’il fallait s’y attendre. Dans une seconde Note, M. d’Arsonval expose les résultats qu’il a obtenus au moyen d’un appareil imaginé par lui, pour la détermination des capacités calorifiques de l’air. Il a pu vérifier que celles-ci augmentaient avec la pression. U a opéré trois séries de déterminations aux températures 0°, — 50° et 100° et aux pressions de 10, 20, 40 et 75 atmosphères. La capacité calorifique de l’air qui croît très lentement, dans la première série, avec la pression, augmente plus vite dans la deuxième série et plus vite encore dans la troisième. 11 y a un accroissement énorme entre 40 et 75 atmosphères, à la température de — 100°. La capacité calorifique passe de 0,240 à 0° et 10 atmosphères à 0,856 pour — 100° et 75 atmosphères.
- Le traitement des abcès purulents. — M. le Dr Lan-nelongue examine les résultats fournis par les deux modes de traitement des abcès purulents dont le point de départ a été une lésion osseuse : 1° méthode d’extirpation et grattage; 2° méthode des injections successives. Dans 27 cas de tuberculome des parties molles traités par l’extirpation soit sans ouverture, soit avec ouverture et grattage, il y a eu 27 guérisons ; dans cinq cas seulement il a fallu faire un second grattage d’une petite fistule. La méthode des injections successives a favorisé, sur 17 cas, 4 guérisons après 1 injection, 7 après 2 injections, 5 après 4, 1 après 5. Les 6 autres opérés ont eu des fistules qui ont demandé pour guérir un temps de 10 mois à 2 ans, avec opérations complémentaires, curettages, ouvertures d’abcès nouveaux. Un patient, atteint d’un mal de Pott dorsal inférieur, est mort après formation d’abcès multiples.
- Varia. — M. Lebon présente une Note sur la persistance de la propriété d’emmagasiner la lumière solaire que possède le vernis au sulfure de calcium.
- Ch. DE VlLLEDEl’IL.
- LE TËN0GUI ET LES COIFFURES POPULAIRES
- AU JAPON
- La coiffure était et est encore aujourd’hui pour un grand nombre de Japonais un travail fort compliqué. Beaucoup d’hommes actuellement se contentent de se couper les cheveux assez courts, mais d’autres, continuant les anciens usages, se rasent le sommet de la tète en laissant autour de la nuque
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- LA NATURE.
- pousser leurs épais cheveux noirs jusqu’aux épaules. Bien peignés et enduits d’huile de graines de camélias, les cheveux sont enroulés en un seul paquet qu’on introduit dans un petit cylindre de carton laqué, ensuite fixé sur le sommet de la tète par des cordonnets.
- La coiffure des femmes rappelle celle des hommes, mais le travail en est plus artistique et plus long encore dans son exécution.
- On comprend que les Japonais des deux sexes, surtout dans la classe des cultivateurs et des coolies conducteurs des petites voitures publiques, les Jin-rikishas, aient pris l’habitude de préserver leurs cheveux pendant leur travail, soit pour les garantir de la poussière, soit pour en bien maintenir l’arran-
- Hoinmes et femmes du
- une signification dont je ne puis désigner le sens mais pour les Japonais elles ne sont point indifférentes. Hommes et femmes savent fort bien y découvrir soit le caractère, soit les prétentions de ceux qui sont coiffés de cette sorte de foulard.
- Souvent dans les campagnes, le ténoguï est remplacé par un parapluie en papier huilé ou enduit de cire végétale. Les paysans et les gens du peuple se servent aussi d’une sorte de chapeau en forme de champignon, tressé en légères lanières de bambou, qui se fixe sur la tète par de gros cordons que l’on attache sous le menton. Les autres classes de la société n’emploient ces chapeaux qu’en voyage. Les pèlerins s’en allant pendant la belle saison faire l’ascension du Fuji-Yama, afin de faire leurs dévotions aux sanctuaires bouddhiques situés sur les bords du cratère, à 3778 mètres d’altitude, ne se
- gement compliqué. Prenant en cela comme en beaucoup d’autres choses, l’exemple des Chinois qui cachent leur longue tresse dans une sorte de foulard d’étoffe de coton commune qu’ils nomment un chow-kine, les Japonais et leurs femmes ont adopté le ténoguï. C’est un grossier morceau d’étoile de coton bleu ou blanc d’environ 1 mètre de longueur sur 30 centimètres de largeur agrémenté de dessins imprimés représentant généralement des lleurs, des oiseaux ou des papillons. Ils s’en forment des coiffures variées plus pittoresques les unes que les autres (voy. fig.) et c’est merveille de voir les doigts agiles de ces braves gens rouler ou entortiller le ténoguï autour de leur tête. Les nombreuses ma- „ nières de se coiffer employées par eux ont, dit-on,
- coiffés du ténoguï.
- font pas faute d’en abriter leur tête pour se garantir d’un soleil ardent ou d’une tempête de neige qui survient quelquefois, même en été, dans ces hautes régions.
- Aujourd’hui, les feutres importés d’Europe trouvent un débit facile et assuré chez les hommes de toutes les classes de la société ; ils remplacent malheureusement peu à peu toutes les coiffures pittoresques des habitants du Japon.
- Ce sont d’ailleurs les chapeaux de feutre, importante partie du costume européen, qui, les premiers, ont conquis, depuis un certain nombre d’années, les droits de bourgeoisie dans l’empire du soleil levant. A. T.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1540. — 28 JANVIER 1899.
- LA NATURE.
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- LES NOUVELLES VOLIÈRES DU MUSÉUM
- La construction des nouvelles volières dont vient de s’enrichir la ménagerie du Muséum d’histoire naturelle a passé presque inaperçue. Pourtant elle méritait mieux que cela.
- Dans un rapport au Ministre de l’Instruction publique publié en 1891, M. Milne-Edwards, l’éminent directeur du Muséum, écrivait au sujet de la Fauconnerie :
- « Ce bâtiment date de 1825, il n’a subi depuis cette époque aucune modification, aussi est-il dans
- un état de délabrement dont il est difficile de se faire une idée.
- « Il se compose d’une galerie divisée par des cloisons en compartiments peu profonds fermés en avant par un grand grillage, et il ne possède aucun moyen de chauffage.
- (( Les grands rapaces ne peuvent jamais y déployer leurs ailes et tous ces oiseaux avides d’air et de lumière sont constamment relégués au fond d’une sorte d’armoire obscure; leur plumage que la pluie ne lave jamais ne peut avoir la netteté qui constitue l’une des beautés des oiseaux sauvages et ils sont toujours couverts d’une foule de parasites. Pendant
- Fig. 1. — Vue d’ensemble des nouvelles volières du Muséum.
- (D’aprcs une photographie de M. E. Sauvinet, assistant de zoologie chargé de la ménagerie.)
- l’hiver, rien n’étant prévu pour les loger, il faut les emprisonner dans un grenier obscur, situé sous les combles de la grande rotonde où personne ne peut les voir et où les soins à leur donner sont très difficiles. Je proposerais de démolir complètement l’ancienne fauconnerie qui ne peut être utilisée et de la remplacer par de grandes volières cintrées ayant un abri en arrière.
- « Les rapaces, placés dans ces conditions et perchés sur des rochers ou sur de gros troncs d’arbres et se détachant sur le ciel, seraient d’un effet magnifique. »
- Le rêve de M. Milne-Edwards n’a pu encore être réalisé, mais renouvelant l’initiative qu’il avait prise en 1889 pour la construction de la grande volière située en face de la rotonde, édifiée sur ses plans avec « les seules ressources du budget ordinaire de
- 27° année. — 1er semestre.
- la ménagerie », il fit construire pendant l’été dernier par M. Emile Riard les quatre nouvelles volières que représentent nos dessins et dans lesquelles, depuis quelques semaines déjà, aigles, vautours et autres rapaces peuvent s’ébattre à l'aise, se montrant au public pleins d’une vie nouvelle, offrant aux nombreux artistes qui le matin fréquentent assidûment . la ménagerie, des modèles réellement vivants ; vivants d’une vie active, montrant en bonne lumière leurs Hères allures, tantôt déployant leurs ailes à la large envergure pour s’élancer au vol à travers leurs nouvelles cages, tantôt se querellant en des attitudes redoutables, pleines de caractère et d’expression, qu’on n’eût certes pas soupçonnées dans les « sortes d’armoires obscures » qui leur servaient jusqu’alors de prison et au fond desquelles ils se
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- tenaient la plupart du temps tristement blottis.
- Ces nouvelles volières s’étendent devant le laboratoire de Pathologie comparée sur une longueur d’environ 40 mètres.
- Elles sont au nombre de quatre.
- La première (du coté de la ménagerie des reptiles) est ronde, son diamètre mesure 6,n,50 ; elle s'élève en dôme à une hauteur de 9 mètres. Elle n’est pas destinée aux rapaces. Une cinquantaine de Cacatoès rosalbins s’y ébattent joyeusement, rongeant à qui mieux mieux pour aiguiser leur bec les arbres et les branches qui leur servent de perchoirs. Des nichoirs creusés dans de gros troncs d’arbres leur offrent des abris, et c’est un spectacle vraiment ravissant que de les voir, à la moindre alerte, prendre leur vol en masse et tournoyer en faisant retentir l’air de leurs cris aigus.
- Les trois autres volières sont de forme rectan-
- gulaire et groupées ensemble comme le montre notre ligure 1. Elles sont destinées aux rapaces ne craignant pas le froid. Celle du milieu a 12m,50 de longueur, -4m,95 de largeur et 9 mètres de hauteur. Elle est habitée actuellement par des Aigles et des Gypaètes.
- Les deux latérales ont chacune 8m,75 de long, 4"‘,70 de large, 5m,50 de haut.
- Dans l’une se trouvent des 1 autours, dans l'autre des Spizaëtes, Circaètes, Caraeara.
- Tous ces oiseaux depuis leur nouvelle installation semblent transformés; leur plumage a repris au grand air un lustre nouveau, leurs muscles ont retrouvé souplesse et vigueur.
- « Les collections d’animaux vivants (disait encore M. Milne-Edwards dans le rapport cité au commencement de cet article) rendent au public, aux artistes et à la science d’incontestables services. »
- Fig. — Élévation, coupe et plan des nouvelles volières.
- Ces services, ajouterons-nous, seront d’autant plus grands que les animaux seront montrés dans des conditions qui rapprocheront le plus possible de celles qu’ils rencontrent dans la nature, et qui en feront valoir l’intérêt et la beauté.
- Souhaitons-dor.c ardemment que les vœux de M. Milne-Edwards puissent bientôt s'accomplir complètement, et que les collections d’animaux vivants qui sont l’objet constant de sa sollicitude reçoivent toutes enlin l’installation confortable dont elles ont tant besoin; public, artistes et savants lui seront toujours profondément reconnaissants des améliorations importantes qu’il s'efforce constamment d’apporter dans l’aménagement de la ménagerie du Muséum.
- Les nouvelles volières sont une œuvre intéressante et dont tout le monde appréciera l’utilité pratique.
- Espérons que son trop modeste budget permettra au directeur du Muséum, grâce à son énergi-
- que dévouement, de ne pas s'arrêter en si bon chemin. ___^____ A.-L. Clément.
- L\ MESURE DE LA VITESSE DU SON1
- Lorsqu’on mesure la vitesse de propagation des ondes sonores par l’ancienne méthode des coups alternés, il semble, à première vue, que l’on se mette complètement à l’abri des erreurs ducs au transport des ondes par le vent, au moins s’il est constant en intensité et en direction. Mais il n’en est pas tout à fait ainsi, comme le montre Un raisonnement élémentaire dans lequel les conditions sont poussées à l’absurde.
- Supposons que les expériences soient faites par un vent dont la vitesse soit égale à celle du son. Dans un sens, la propagation sera deux fois plus rapide qu'en air calme ; mais, dans l’autre sens, le front de l’onde restera immobile devant la source. La durée sera donc réduite de moitié dans un sens, et sera infiniment longue dans, l’autre. La moyenne des deux durées sera infinie, et la vitesse qui en résultera sera nulle.
- 1 Yoy. n° 1539, du 21 janvier 1899, p. 118.
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- LA NATURE.
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- Le problème est susceptible d’une représentation graphique très simple. Désignons par v la vitesse normale du son, et portons cette vitesse en abscisse. La duree du trajet du son sera l’ordonnée l. Si l’onde est emportée par le vent, avec une vitesse a, la durée sera inversement proportionnelle à v + a, et sera représentée par l’ordonnée Si, au contraire, l’onde est retardée, la durée sera in-r versement proportionnelle à
- v— a, et sera figurée par /'.
- ---------—"1 --!---Les trois points correspondants
- et tous ceux qui pourront être obtenus de la même façon seront situés sur une hyperbole dont les ordonnées sont les durées du trajet du son par un vent de même sens pour la portion située à droite de v, et de sens contraire pour la portion située sur la gauche. Or il est facile de voir que la durée correspondant à v est toujours inférieure à la moyenne des durées pour v -f- a et v — a.
- Si le vent était dirigé perpendiculairement à la direction de la ligne d’observation, AB, les ondes, emportées latéralement, n’atteindraient l’appareil enregistreur qu’après avoir parcouru une distance supérieure à AB. La vitesse ressortirait encore trop faible de l’observation.
- Les erreurs dues à un vent constant sont relativement faibles, malgré ces deux causes d’erreur, qui peuvent, dans certains cas, s’ajouter suivant leurs composantes. Un vent de 10 mètres par seconde, qui, sans être violent, est déjà très frais, produirait une erreur de 1 pour 1000 environ dans la valeur de la vitesse mesurée. Et, comme les erreurs sont proportionnelles, dans des limites étendues, au carré de la vitesse du vent, on voit que, dans les conditions atmosphériques ordinaires, et avec un vent constant, la méthode des coups alternés donnera des résultats corrects dans les limites de la précision des mesures actuelles. Cependant l’erreur n’est pas rigoureusement nulle, comme on le croit communément. C. E. G.
- CHAUFFAGE DES TRAINS PAR LA VAPEUR
- SUR LE RÉSEAU U.-L.-M.
- Nos compagnies de chemins de fer ont dù réaliser il y a quelques années déjà le chauffage complet de tous leurs trains, et comme c’est là un problème qui ne laisse pas que de présenter d’assez grosses difficultés, elles se sont trouvées amenées à modifier et même à remplacer peu à peu les procédés dont on pouvait se contenter antérieurement, lorsque le chauffage était limité à quelques trains seulement.
- C’est ainsi que, dans certains cas, elles ont renoncé à l’emploi des bouillottes à eau chaude qui exigeraient des manutentions fréquentes et gênantes dont la durée devenait excessive lorsqu’il fallait opérer sur des trains de grande longueur.
- On arriva dès lors à essayer divers systèmes de chauffage parmi lesquels nous signalerons les appareils à foyers multiples comportant au moins un foyer fsolé par voiture, soit les foyers à briquettes chauffant chacun un compartiment unique, soit les poêles dont l’action s’étend sur une voiture entière qu’i’s
- échauffent par circulation d’air ou d’eau chaude.
- Ces appareils ont le grand avantage de maintenir l’indépendance des voitures, mais ils présentent de très graves inconvénients, notamment le danger d’incendie, et ils sont en outre difficiles à régler.
- Pour écarter ces inconvénients, il faut recourir à une source de chaleur unique mise en communication, par des conduits appropriés, avec les voitures du train, employer par conséquent la vapeur même de la chaudière de la locomotive.
- La Compagnie de l’Est a essayé, il y a quelques années, un dispositif de chauffage fondé sur ce principe, et nous en avons donné la description1.
- Nous avons signalé à cette occasion les difficultés que soulevait l’utilisation de la vapeur envoyée dans les compartiments quelle devait échauffer directement, car il devient impossible d’assurer le réglage indépendamment des variations inévitables de la pression, et on ne réussit pas non plus à évacuer l’eau de condensation dans des conditions satisfaisantes.
- Nous avons exposé dans l’étude précitée comment M. Lancrenon, ingénieur en chef adjoint du matériel de la Compagnie, est arrivé à triompher de ces difficultés en combinant l’emploi de l’air comprimé avec celui de la vapeur.
- La Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée a repris de son côté l’étude de la question, et elle est arrivée à employer la vapeur isolée dans des conditions satisfaisantes en la combinant avec l’emploi de thermo-siphons ou d’appareils fixes à liquide non circulant que le courant vient réchauffer dans chaque voiture.
- L’application de ces deux procédés est appelée à se généraliser sur le matériel roulant de la Compagnie, et nous avons cru intéressant d’en donner la description d’après une Note publiée par M. Mottet, inspecteur de la Compagnie dans la Revue générale des chemins de fer.
- Les figures ci-jointes représentent les dispositions de deux types d’appareils qui ont été essayés comparativement: la figure 2, celle du thermo-siphon chauffé par la vapeur, et la figure 1, celle des appareils fixes sans circulation du liquide échauffé.
- L’application en a été faite pendant trois hivers consécutifs, depuis celui de 1895-1896, sur des voitures à quatre compartiments de première classe à couloir, de divers trains rapides de Paris-Marseille.
- Dans la disposition par thermo-siphon, la conduite générale de vapeur part de la locomotive et longe le train sans pénétrer dans les vqitures.
- Le raccordement d’une voiture à la suivante s’opère au moyen d’un tuyau en caoutchouc muni d’un purgeur à soupape qui s’ouvre de dehors en dedans et assure ainsi l’évacuation de l’eau de condensation lorsque le chauffage est interrompu.
- Sous chaque voiture, la conduite générale est raccordée à une petite chaudière réchauffeur suspendue au milieu du châssis, et dans laquelle la vapeur vient effectuer le réchauffage de l’eau du thermosiphon de la voiture.
- 1 Yoy. n° 1148, du 1er juin 1895, p. 3.
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- En arrivant à ce réchauffeur, la vapeur traverse un diaphragme percé d’un orifice calibre de 5 millimètres de diamètre qui en limite le débit. Elle vient ensuite aboutira la partie supérieure du réchauffeur, et elle se condense à l’intérieur d’un faisceau de quatre tubes verticaux à ailettes ayant 65 millimètres de diamètre extérieur et 590 millimètres de longueur.
- L’eau de condensation s’écoule librement dans l’atmosphère par un orifice percé à la partie inférieure.
- La transmission de la chaleur s’opère ainsi par contact, l’eau échauffée sort par les deux conduites du haut dirigées, l’une vers l’avant, l’autre vers l’arrière de la voiture, et elle arrive dans les chaufferettes des divers compartiments par les branchements. L’eau refroidie sort par un tuyau de retour vertical qui la ramène dans deux conduites horizontales d’où elle débouche à la partie inférieure du réchauffeur.
- Toute cette tuyauterie est disposée de manière à
- égaliser la longueur du circuit de toutes les chaufferettes, ainsi que les différences du niveau entre les points de branchement des conduites individuelles sur la conduite générale, pour maintenir la même intensité de chauffage dans toutes les chaufferettes.
- La voiture comporte en outre deux vases d'expansion qui permettent de plus de compléter le chauffage du couloir et celui du water-eloset.
- Le réglage est assuré d’autre part au moyen de clapets spéciaux disposés sur les tuyaux allant à chaque chaufferette, et qui peuvent être manœu-vrés de l’intérieur des compartiments. Les tuyaux de dégagement d’air sont disposés en outre au-dessus de chaque clapet et des vases d’expansion.
- Dans la seconde disposition comportant l’emploi de chaufferettes fixes sans circulation du liquide, la conduite générale est rattachée par l’intermédiaire de manchons de prise de vapeur avec les tuyaux qui pénètrent dans les différentes chaufferettes, et la vapeur qui les parcourt assure ainsi le chauffage par contact dans ces chaufferettes mêmes.
- Fig. 1. — Chaufferettes fixes à liquide
- Ces manchons sont installés dans le même plan que la cloison de séparation de chaque groupe de deux compartiments, chacun d’eux est constitué par une tubulure en fonte d’un diamètre un peu supérieur à celui de la conduite en fer de façon à former un point bas ; il porte à la partie supérieure deux bossages qui reçoivent les robinets de prise de vapeur de chacune des chaufferettes voisines, la vaptur est prise au point le plus bas du manchon de façon que le courant entraîne vers la chaufferette l’eau de condensation de la conduite.
- Un diaphragme, dont l’ouverture est limitée à 2mm,5, est interposé sur le joint du tuyau allant à la chaufferette* et le robinet de prise de vapeur est disposé de façon à servir en même temps d’appareil de réglage en assurant un étranglement gradué.
- Les chaufferettes, placées sous les pieds des voyageurs, sont constituées par une sorte de caisse rectangulaire en fonte d’une capacité de 12 litres occupant toute la largeur de la voiture. Elles sont traversées par un tube réchauffeur en cuivre de 20 millimètres de diamètre contourné en U qui baigne dans le liquide de la chaufferette.
- Ce tube reçoit la vapeur par l'une de ses extrémités, et laisse échapper par l’autre extrémité l’eau
- non circulant chauffées par la vapeur.
- de condensation dans l’atmosphère. Comme cet orifice est plus grand que celui du diaphragme, la pression de la vapeur dans ce tube ne peut pas dépasser celle de l’atmosphère.
- Le liquide employé dans les deux dispositifs n’est pas de l’eau pure, avec laquelle il y aurait à redouter l’influence de la gelée, mais une dissolution de chlorure de calcium marquant 50° à l’aréomètre Baumé.
- Ce liquide présente l’avantage d’être pratiquement à l’abri de la gelée, car il ne subit ni congélation ni cristallisation lorsqu’on le soumet à un froid de 52° au-dessous de zéro ; la chaleur ne le décompose pas, il bout à 108° et attaque moins les métaux que l’eau ordinaire.
- Dans le but d’apprécier l’efficacité de chacun de ces modes de chauffage et de déterminer la pression de vapeur nécessaire dans la conduite générale, la Compagnie fit construire une série de douze appareils d’étude complets de chacun de ces deux types, mais en leur donnant les dimensions permettant de les monter sans aucune modification sur douze voitures de lre classe à quatre compartiments et à couloir.
- Ces appareils ont été montés en plein air sur des
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- tréteaux dans une cour des ateliers de Paris, et reliés à la locomotive par trois conduites successives de 11 mètres représentant trois fourgons de façon à tigurer la disposition d’un train de 15 voitures dont trois fourgons de tête. La conduite entière, y compris les tuyaux d’accouplement, mesurait 200 mètres. Les tuyaux de la conduite sont recouverts d’ailleurs d’un conduit isolant approprié, les chaufferettes restent à nu, comme dans l’installation même des voitures.
- Avec le thermo-siphon, on a constaté qu’il convenait de lancer au début la vapeur sous une pression de 2ks,5 pour obtenir un chauffage assez rapide. An bout d’une demi-heure, la températur moyenne des chaufferettes est amenée à 47° lorsque la température extérieure est de 14° seulement, et on peut alors réduire la pression en tête à 1 kilogramme. La température des chaufferettes n’en continue pas
- moins à s’élever, et elle atteint 62° environ au bout d’une heure et quart.
- On constate d’ailleurs que cette température se maintient suffisamment uniforme sur toute la longueur du train, ainsi que l’ont montré du reste les graphiques obtenus en relevant séparément la température de chacune des chaufferettes dans les expériences faites à la Compagnie P.-L.-M.; quelques-uns de ces graphiques ont été reproduits dans la Note de M. Mottet.
- Dans l’expérience faite avec les appareils sans circulation de liquide, on a pris la vapeur à la pression réduite de 2 kilogrammes à lks,5 qu’on obtenait au moyen de l’emploi d’un robinet de réduction de pression identique à celui qui est déjà en usage pour actionner le frein modérahle à air comprimé.
- On a constaté que la température des chaufferettes s’élevait plus rapidement qu’avec le thermo-
- t ig. t. — Tliermo-sipli
- siphon puisqu’il suffisait de 20 minutes pour atteindre 00°, après quoi on peut abaisser la pression à lks,5 ou même 1 kilogramme de façon à maintenir la température de régime entre 65° et 68°.
- On a pu reconnaître également que l'action des robinets de réglage permettait de maintenir la température des chaufferettes correspondantes dans des limites déterminées, comme l’indiquent du reste les figures ci-jointes.
- Les consommations de vapeur ont atteint en général 16 kilogrammes par voiture et par heure et lks,5 sur la conduite pendant la période de régime permanent.
- Ces expériences montrent, comme on voit, que le thermo-siphon exige une période d’échauffement de durée plus forte que les chaufferettes fixes, d’autre part il présente l’inconvénient d’être plus lourd et cou feux.
- Les deux types d’appareils ont été montés, comme nous le disions plus haut, sur les voitures de divers trains rapides allant de Paris à Marseille ; comme ils ont donné en service courant des résultats très satisfaisants, on peut considérer qu’ils apportent une so-
- chauffé i ar la vapeur.
- lution particulièrement intéressante de cette question difficile du chauffage des trains. L. Elbée.
- LE SOUTERRAIN DE PASSY
- Avant d’arrêter que l’Exposition de 1900 serait construite aux Champs-Elysées et au Champ-de-Mars, avant même de décider qu’elle aurait lieu d’une façon quelconque, il importait de savoir comment on parviendrait à transporter les grandes masses de visiteurs qui afflueront à certains moments de la journée. Aux heures d’arrivée et de départ, c’est-à-dire vers une heure et demie et sept heures du soir, les abords de l’en ceinte deviendraient encombrés et les rues se trouveraient forcément barrées assez longtemps, si l’on setait contenté des moyens de locomotion dont on dispose aujourd’hui. En se reportant aux grandes journées de la dernière Exposition, on se souviendra qu’à certains moments il n’y avait plus moyen de circuler sur les quais et sur les ponts, plusieurs milliers de personnes restaient en détresse sans savoir comment regagner leur domicile. D’après les prévi-
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- LA NATURE.
- sions, il n'est pas douteux que le chiffre des entrées en 1900 soit doublé sinon triplé par rapport à celui de 1889, et ce serait compromettre grandement le succès de la fête que de l'entourer de difficultés.
- Le Métropolitain actuellement en construction entre les bois de lioulogne et de Yincennes amènera et remportera sûrement une fraction sensible de la foule, mais il serait incapable à lui seul de rendre les grands services qu’on pourrait croire; d’abord, parce qu’il ne touchera l’Exposition qu’en un point, l’entrée de la nouvelle avenue; ensuite, parce que l’arrêt aux Champs-Elysées ne pourra se faire qu’à une station de passage des trains dont le service général ne pourra pas être interrompu; il sera impossible d’installer de nombreuses voies de garage, permettant aux trains supplémentaires d’attendre leur emploi. On voit donc que l’utilité du Métropolitain, tout en n’étant pas négligeable au point de vue de l'Exposition, ne sera pas assez grande pour satisfaire le service en entier.
- Le grand débouché de visiteurs se fera par le chemin de fer de ceinture dont l’embranchement le long de la Seine vient d’être prolongé jusqu’à l’esplanade des Invalides. En ce point se trouvera une grande gare en tête de ligne, pouvant disposer utilement de 13 voies parallèles sur lesquelles il sera possible d’installer les trains d’attente nécessaires, i Pour que cette installation puisse réellement rendre les services qu’on lui demandera, il importait de relier directement la gare des Invalides au réseau de Ceinture. La compagnie de l’Ouest n’a pas hésité à s’engager dans les dépenses considérables qu’entraînait la jonction des deux lignes par un raccordement traversant Passy. Elle compte bien d’ailleurs enregistrer en 1900 un nombre suffisant de voyageurs pour rentrer dans une grande partie des sommes qu’elle aura dépensées.
- La construction du nouveau tronçon exigeait l’exécution d’un ouvrage d’art de grande importance : le souterrain dans lequel les trains devront s’engager pour atteindre la traversée de la Seine. Ainsi qu’on le sait, la nouvelle ligne quittera celle qui existe actuellement, à 200 mètres environ en amont de la gare de Passy; à partir de cet endroit, les deux nouvelles voies se trouveront chacune engagées dans un tunnel isolé; ces deux ouvrages élémentaires viendront déboucher sous une seule voûte à partir de laquelle le souterrain restera unique jusqu’au bout. Le souterrain peut se décomposer en trois parties bien distinctes (fig. 1).
- La première qui comprend les deux tranchées couvertes à une voie et sur laquelle nous reviendrons s’il y a lieu ; elle mesure 224m,55.
- La seconde s’étend sur 341m,42; elle se termine à la station de Boulainvilliers par une tête de souterrain de forme toute spéciale (fig. 2). Cette station sera construite à ciel découvert. Enfin, la troisième portion est comprise entre ce point et les voûtes perréiées qui précèdent l’accès du pont sur la Seine ; elle se développe sur une longueur de 572m,50.
- Le souterrain à deux voies, c’est-à-dire celui de la seconde et de la troisième section, constitue l’ouvrage le plus important de la ligne; il a dû être construit à l’aide de puits spéciaux ainsi que nous le verrons plus loin. Son profil en travers est sensiblement le même pour tout le parcours et présente les con-
- stantes suivantes :
- Hauteur du rail à l’intrados............0 m. 50
- Ecartement des piédroits . •...............Dm. »
- Épaisseur de la voûte à la clé..........1 m. »
- — — aux naissances . . 1 m. 25
- — des piédroits à la base . . . . 1 m. 75
- — du radier à l’axe..............Om.lH)
- Hauteur du ballast à l'axe............... 1 m. »
- Il est toujours très difficile et très délicat de construire un souterrain, mais l’ouvrage devient beaucoup plus pénible quand on doit l’exécuter dans une grande ville comme Paris, où il ne faut pas interrompre la circulation de la surface, et où il est à peu près impossible de dresser des alignements pour établir sur le sol des points de l'axe de la future ligne. Il faut alors procéder par parallèles en profitant des rues qui se présentent dans les meilleures conditions, faire un piquetage laborieux au milieu du mouvement des voitures et des piétons, recommencer enfin les opérations à différentes reprises afin de vérifier les résultats et d’être sûr de n’avoir point commis d’erreur.
- On a d’abord creusé une série de puits situés autant que possible dans l’axe du souterrain à construire jusqu’à une profondeur d’environ 25 mètres ; puis on a attaqué l’ouvrage d’après les méthodes ordinaires de construction d’un tunnel en faisant avancer les fronts d’abatage les uns vers les autres (fig. 3 et 5). Les précautions ont été si bien prises qu’au moment de la rencontre des galeries, on n’a guère constaté une erreur supérieure à un centimètre dans la position des deux axes. C’était un succès!
- Le sous-sol de Passy se trouve dans de très mauvaises conditions et le travail d’excavation a été beaucoup plus compliqué qu’on ne l’avait cru au commencement. Les couches de calcaire, de consistances variables, présentaient à chaque instant des solutions dont les dimensions dépassaient quelquefois 1 mètre. Il a fallu avancer doucement au milieu de toutes ces crevasses et se protéger avec beaucoup de précautions contre les éboulements possibles à l’aide de boisages très soignés.
- En certains endroits, notamment sous le bâtiment de l’École des Frères de Passy, on a trouvé des couches épaisses de glaises qu’il était fort difficile d’attaquer : les pioches ne pouvaient avoir aucune utilité dans ces argiles, elles seraient devenues vite embourbées et les ouvriers n’auraient pu les retirer du sol; les explosifs n’étaient pas pratiques non plus dans la circonstance, car le choc de la détonation aurait été amorti par la matière molle qui aurait fait matelas, les effets se seraient annulés ; il fallait donc chercher autre chose. On s’est décidé à découper la glaise en blocs malléables à l’aide d’instruments tranchants qu’on avait soin d’entre-
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- tenir constamment humides, afin de permettre la pénétration dans les masses collantes. On s’est adressé pour cette opération à des briquetiers qui par leur métier sont habitués à manipuler la terre argileuse (fig. 3) ; on a pris les plus habiles qu’on a pu trouver et, malgré un travail ininterrompu, il a été impossible d’exiger de ces ouvriers l’extraction de plus d’un mètre cube par jour.
- La maçonnerie de la voûte du souterrain de Passy est très importante, puisque la distance entre l’intrados et l’extrados atteint 1 mètre à la clé et va en augmentant jusqu’à la base des piédroits où elle est de lm,75. Son volume est de 39 mètres cubes par mètre courant de tunnel. Elle a été établie avec un soin tout spécial et, afin de donner à la masse des matériaux le maximum de solidité, on a fait appel à un procédé qui n’est peut-être pas nouveau mais que l’on n'emploie assurément que très rarement, nous voulons parler des injections de ciment (fig. 6).
- Une fois la maçonnerie terminée et relativement sèche, on pratique des petites ouvertures dans l’intrados de la voûte et on y plonge successivement l’extrémité d’un tuyau en caoutchouc dont l’autre est en relation avec une pompe de compression : on peut envoyer ainsi derrière la maçonnerie un lait de ciment très liquide; grâce à son état aqueux, il se répand dans tous les trous et interstices de la maçonnerie; il fait prise au bout de quelque temps, le ciment durci donne à l’ensemble une cohésion considérable en en faisant une sorte de grand monolithe. La solidité du système est alors à toute épreuve et sa durée indéfinie. Le liquide est envoyé jusqu’à refus : la dépense est d’environ 7 mètres cubes par mètre courant de voûte.
- Uette application du ciment liquide a été faite dans la construction du siphon de la Concorde et des murs de soutènement de la li^ne de Cour-
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- celles sur le boulevard Péreire. Elle tend certai-
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- Fig. 1. — Plan de la nouvelle ligne de raccordement.
- nement à se développer chaque jour davantage.
- Un problème important qu’il fallait aborder était de trouver le moyen de se débarrasser utilement des déblais provenant du souterrain. À cet effet on a pratiqué normalement à la Seine une galerie de déblais qui débouche dans le souterrain; des wagonnets circulent dans cette galerie et viennent traverser le fleuve sur une passerelle en bois spécialement construite à cet usage; les trains munis de leur chargement, une fois arrivés sur la rive gauche, sont renversés sur des trémies et la terre est reçue dans des wagons de la ligne qui longe la Seine ; elle est ensuite emportée du côté de Meudon où elle servira à construire les remblais de la ligne des Mouli-neaux à Yiroflay. On sait que ce dernier tronçon, actuellement en construction, raccordera la nouvelle gare des Invalides avec le grand réseau de Normandie et de Bretagne. La quantité de déblais enlevée par mètre courant de souterrain est d’environ 100 mètres cubes.
- Dans la construction d’un tunnel quelconque, il faut toujours prévoir la ventilation, mais pour le
- souterrain de Passy ce sujet prend une importance toute spéciale à cause de la quantité de trains qui circuleront sur le réseau et qui seront chacun un élément pour vicier davantage l’air confiné dans l’ouvrage. La première section du souterrain s’étend sur une longueur de 223 mètres, elle sera ventilée à l’aide de galeries transversales situées tous les 20 mètres et mises en relation avec des cheminées construites dans le mur de soutènement de la ligne d’Auteuil.
- Les deux autres sections du souterrain ont 370 et 327 mètres, elles sont trop longues pour qu’il ait pu être question d’une ventilation naturelle. Sur ces deux parties on installera des pompes mues mécaniquement et capables chacune de pouvoir attirer 50 mètres cubes d’air frais par seconde ; cette quantité est largement suffisante pour remplacer l’air vicié par les 40 trains qui passeront à l’heure dans le souterrain. Des cheminées d’évacuation seront construites de distance en distance.
- Les travaux du souterrain de Passy, commencés en septembre 1897, seront terminés avant le mois
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- de mars 1900. C’est un tour de force dont il faudra liilité de ce travail. Ce sont MM. Moïse, ingénieur en féliciter les ingénieurs qui ont assumé la responsa- chef des constructions de la compagnie de l'Ouest et
- Fig. 2. — Tète de souterrain à la station de Boulainvilliers.
- p’ig . ô. — I.a galerie d'avancement. Fig. i. — Attaque des couches de glaise.
- M. Widmer, ingénieur en chef adjoint. La construction du souterrain et de toute la partie nouvelle de la ligne comprise entre le Trocadéro et le raccor-
- dement du tronçon de la Seine a été spécialement confiée à M. Bonnet, ingénieur des Ponts et Chaussées, attaché à la compagnie de l’Ouest.
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- Un dernier mot qui résumera l’importance des i soit peu important, le prix des 6 kilomètres compris travaux : bien que le chapitre des expropriations | entre Coureelles et la Seine monte à 20 millions,
- Fig. 5. — Les galeries d'abatage
- Fig. 6. — Opération de l'injection au ciment.
- soit une dépense moyenne de 5 300 000 lr. par kilomètre. Il est cependant évident que les kilomètres d’ouvrages d’art coûteront plus que ce prix, car l’ensemble des travaux de transformation entre
- Coureelles et le Troeadéro ne peuvent être comparés comme importance aux constructions neuves de la seconde section. A. da Olmia,
- Ingénieur dos Arts et Manufactures.
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- L’OPOTHÉRAPIE
- C’était en 1889; au cours d’une séance de la Société de biologie, Brown-Séquard communiqua à ses collègues, un peu surpris, les résultats de ses recherches sur les résultats produits par les injections de suc d’organe glandulaire. Le célèbre professeur, qui avait alors soixante-douze ans, avait retrouvé, grâce à cette méthode, un accroissement des forces, de la résistance physique, de l’activité intellectuelle, un rajeunissement, comme il le disait lui-même, de plusieurs années.
- La communication, il n’est pas besoin de le dire, fut tout d’abord accueillie avec une surprise ironique ; d’aucuns ne craignirent pas de traiter le savant de façon quelque peu irrévérencieuse. La grande presse se gêna moins encore, et ce fut pendant quelques semaines un concert de quolibets, de plaisanteries; les fameuses injections Séquardiennes fournirent aux revues de tin d’année des scènes suggestives et des plus amusantes.
- Le silence se fit, comme sur toutes choses, au bout de quelque temps ; mais il fut de courte durée. Au scepticisme du début, succéda une période d’études : des esprits réfléchis contrôlèrent les expériences, les renouvelèrent. On essaya dans les laboratoires, puis dans les cliniques, et à dix ans de distance la méthode, sous l’influence de ces recherches multiples et passionnées, est devenue une méthode thérapeutique générale, ayant donné dans certaines maladies, avec divers extraits organiques, des résultats inespérés et des plus remarquables.
- La séquardothérapie a pris corps et un rang important dans la thérapeutique moderne : c’est aujourd’hui l’organothérapie ou l’opothérapie, comme l’a définitivement baptisée mon ami, le professeur Landouzy. Les deux termes sont également usités, organothérapie se définit de lui-même; opothérapie vient du mot grec or.oc,, jus, suc, humeur, et Osparaca, traitement, cure. En Allemagne, on a combiné ces deux expressions : orgmisafttlierapie, signifie textuellement : traitement par les sucs d’organes.
- L’idée qui avait conduit Brown-Séquard à imaginer cette nouvelle méthode thérapeutique dérive des lois et des progrès de la biologie. Depuis longtemps il professait, dans son cours, que toutes les glandes, qu’elles aient des conduits excréteurs ou non, donnent au sang des principes utiles dont l’absence se fait sentir quand elles sont extirpées ou détruites par une maladie. C’était la confirmation de l’hypothèse des sécrétions internes, que Claude Bernard avait signalées, dont Schiff avait, un des premiers, montré la réalité dans les accidents du myx-œdème. Ces sécrétions internes ne sont pas seulement une fonction spéciale propre à telle ou telle glande ; c’est une fonction générale à tous les tissus vivants. C’est de ces idées qu’est née la méthode thérapeutique ; et c’est de leur connaissance plus complète que date l’extens'ion qu’elle a prise récemment.
- Dans la lutte contre la maladie, qu’il s’agisse d’une infection microbienne, comme c’est le cas si fréquent, qu’il s’agisse d’une perversion de la nutrition, de ces troubles dystrophiques, le diabète par exemple ou toute autre affection générale de ce genre, l’organisme oppose une lutte; il a des moyens de défense naturels pour réagir contre le trouble morbide ; ces moyens de défense sont souvent impuissants, mais ils se révèlent à chaque crise. La pathologie moderne, ou, pour mieux dire, la thérapeutique moderne a cherché à réaliser artificiellement ce qui se passe dans l’organisme, à provoquer de ces sécrétions internes, par les injections de sang, de
- sérum pris dans diverses conditions ou. même des sucs d’organes. Ce sont ces deux méthodes, si employées aujourd'hui, qui constituent la sérothérapie et l’opothérapie. Je me borne à ces considérations générales; les lecteurs désireux d’approfondir ces questions1 trouveront un exposé complet dans les études du professeur Mossé et de MM. Gilbert et Carnot.
- Le point de départ, pour Brown-Séquard, de l’application méthodique de ces injections a été le résultat d’études biologiques très minutieuses sur le rôle de la cellule, sur le rôle des glandes, sur les phases d’activité de ces organes et la déchéance de l’organisme dans leur état de fonctionnement imparfait ou à la suite de leur atrophie. Mais cette idée, les thérapeutes les plus anciens l’avaient eue, sans chercher à savoir le pourquoi ni le comment. Que dis-je ? des thérapeutes ; mais l’idée, en cherchant bien, doit être aussi vieille que le monde, et comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, les sauvages faisaient et font encore, je le crois, de l’opothérapie sans y penser.
- On s’est imaginé de tout temps que l’ingestion de tel ou tel organe devait transmettre les propriétés de cet organe et même les qualités générales du sujet auquel il était pris. Chez les sauvages, le cœur d’un ennemi brave doit donner à celui qui le mange, la force, la bravoure de l’adversaire dont on a triomphé. Plus simplement, le cœur, la moelle et divers organes du lion, des fauves, possèdent, aux yeux de certaines peuplades de l’Afrique, les mêmes vertus. On trouve, même dans nos pays civilisés, des chasseurs qui recherchent certains organes du sanglier, du taureau, pour accroître leur vigueur et leur résistance. N'est-ce pas une hypothèse similaire qui a conduit la médecine à introduire dans la pharmacopée ancienne toutes ces variétés de médicaments bizarres empruntés au règne animal, et dont on trouve encore quelques restes (sirop de mou de veau, huiles animales, extraits de sang).
- Aujourd’hui la méthode est devenue pratique et les résultats très remarquables, obtenus dans un grand nombre de cas, sont bien faits pour permettre de concevoir des résultats plus complets et plus généralisés. Mais ce n’est pas une méthode aussi simple qu’on le croit ; d’une puissance redoutable, elle expose, si elle est employée mal ou mal à propos, à des accidents des plus graves. Ce n’est pas une arme à mettre entre les mains du public à laisser tomber dans le domaine des charlatans. Il faut en bien poser les indications et en bien régler l’application. À coup sûr il y aura des essais faits d’une façon un peu empirique, des tâtonnements, mais les essais doiven être faits avec la rigueur scientifique et expérimentale.
- La préparation des extraits d’organes demande tou d’abord un soin minutieux. Recueillis sur des animaux parfaitement sains, entraînés, même si la chose se pouvait, dans le sens physiologique désirable, les organes doivent être traités de différentes manières pour la conservation. Il est rare qu’on puisse conserver, je prends l’organe le plus employé, des corps thyroïdes suffisamment frais pour donner cette glande telle quelle, crue, enrobée de sucre ou de farine comme un simple bonbon. Cependant en le mélangeant à du biborate de soude et du charbon on peut préparer un mélange moins altérable et qui a les qualités de la glande fraîche. On en confectionne des poudres, en pratiquant la dessiccation dans le vide, à la température de 20 à 50° pour ne pas altérer le produit, et l’administrer dans du bouillon, du lait ou sous
- 1 Mossé. De l’état actuel de l’opothérapie. Rapport au IVe Congrès français de médecine. Montpellier. — Gilbert et Carnot. L’Opothérapie (in-4° Paris. Masson, 1898).
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- forme de pastilles. L’idéal serait de pouvoir isoler le principe actif de ces glandes et de l’administrer soit en pilules, soit en injections sous-cutanées; mais les principes actifs de ces glandes ne sont pas des alcaloïdes définis, ce sont des substances complexes, variétés d’albuminoïdes, peut-être des composés de leucomaïnes, ou des produits de dédoublement des nucléo-albuinines. Bau-mann, Notkine ont obtenu avec la thyroïdine, dans cette voie, des résultats très remarquables mais un peu contradictoires; Gilbert et Ilugounencq, étudiant le foie, le pancréas, n’ont pas obtenu de résultats probants.
- Les organes seront donc préparés sous forme d’extraits alcooliques ou glycérinés ou plus simplement d’extraits aqueux par macération et pulpage de la glande. L’extrait glycériné est un des plus efficaces, car la glycérine offre une action propre, excito-médullaire qui ajoute son effet à celui de la glande. Stérilisé par filtration à la bougie d’almnine, sous pression d’acide carbonique, d’après le procédé de Brovvn-Séquard et d’Arsonval, il est d’une pureté remarquable et se conserve bien.
- I ne autre méthode semble, d’après M. Gilbert, appelée à un grand avenir : c’est la méthode de solubilisation des glandes par digestion artificielle, en les soumettant à 1 action de la pepsine, de la trypsine ou d’autres ferments digestifs. Des extraits de ce genre ont été préparés par Baumann, Catillon ; ils sont solubles dans l’eau, par conséquent susceptibles d’être injectés, si on ne veut les avaler, et ont donné d’excellents résultats.
- Quels sont ces résultats? Prenons, par exemple, le corps thyroïde, celui qui a donné les plus beaux succès et entraîné le triomphe de la nouvelle méthode thérapeutique. Le corps thyroïde a une fonction trophique, elle agit sur la nutrition, sur la croissance; si on enlève cette glande à des animaux, ils tombent dans un état d’affaissement, un état crétinoïde du myxœdème, de la tétanie. Pareil résultat s’observe chez certains opérés de goitre : 1 opération réussit à merveille, le malade est débarrassé de sa tumeur gênante, désagréable à voir et parfois dangereuse par la compression qu’elle exerce sur les voies respiratoires ; mais une fois la plaie guérie, le malade devient apathique, à moitié idiot (myxœdème opératoire). L’ablation de la glande, en supprimant la sécrétion, la fonction, amène des résultats déplorables. Aussi actuellement les chirurgiens laissent-ils un fragment de la glande pour éviter ces accidents.
- Partant de ces faits, on a essayé l’opothérapie thyroïdienne dans le myxœdème (adultes ou enfants) et dans les maladies du corps thyroïde. Les résultats sont surprenants : dans le myxœdème, on voit dès les premiers jours du traitement (1, 2 grammes de glande ou une injection à dose équivalente) le sujet, type absolu du crétin, sortir de sa torpeur, de son hébêtement ; physiquement et intellectuellement il se métamorphose à vue d’œil; c’est la chrysalide qui se transforme et si l’on n’arrive pas au brillant papillon, on obtient une modification profonde. N allez pas croire que l’on pourra transformer en sujets de concours tous les crétins ; il en est d’abord qui supportent mal le traitement, d’autres qui ne réagissent pas (crétinisme endémique); mais il suffit qu’un petit nombre soit amélioré pour qu’il vaille la peine d’appliquer ce traitement.
- Dans les goitres, la médication thyroïdienne a donné des résultats aussi heureux; elle réussit d’autant mieux que le malade est jeune, que le traitement est institué d’une façon plus précoce. La variété de goitre qui subit les plus rapides transformations est le goitre charnu. Mossé
- a cité le cas très curieux d’un enfant, porteur d'un goitre congénital, émacié, malingre, athrepsique qu’il guérit complètement en administrant à la mère qui l’allaitait des pastilles d’extrait thyroïdien ; en six mois l’avorton est devenu un bel enfant, vigoureux, sans trace de goitre.
- Par extension, la médication thyroïdienne a été essayée dans les maladies par ralentissement de la nutrition, le diabète, l’obésité. Dans le diabète, les insuccès sont plus nombreux que les succès. Dans l’obésité, les résultats nuis sont également presque aussi fréquents que les bons; mais dans les cas favorables, et qu’on ne peut deviner avant l’essai du médicament, le malade fond à vue d’œil, sans souvent changer rien à sa manière de vivre ni à son régime et surtout, point essentiel, sans accidents toxiques ou autres. On cite des malades qui, sous l’influence de l’iodothyrine à la dose de 30 centigrammes, de 1 et 2 grammes par jour, ont perdu de 1 à 5 kilogrammes par semaine, l’n malade de llennig diminua de près de 10 kilogrammes en 23 jours; Mossé, avec 4 grammes de glande fraîche par jour, a fait tomber le poids d’un obèse de 15 livres en trois semaines. Mon ami Rendu a délivré une jeune fille d’une obésité effrayante; elle passa de 100 kilogrammes à 07, perdant en six mois soixante-six livres.
- Dans d’autres cas au contraire l’effet est peu marqué ou nul, et la médication doit même être suspendue par suite des troubles généraux qu’elle provoque. Pourquoi certains obèses bénéficient-ils de l’opothérapie et d’autres pas? c’est un peu comme cela, pourrait-on dire, pour toutes les maladies : l’organisme ne réagit pas chez tous les sujets de la même manière. Cette formule populaire qu’il faut connaître son tempérament est, si banale qu’elle soit, bien vraie. L’obésité a une pathogénie complexe et le mieux est de n’essayer qu’avec-prudence et sans garantie du succès.
- J’ai cité un peu longuement les résultats obtenus parla médication thyroïdienne. Ce sont, ai-je dit, les plus importants, les plus nets. Mais on s’est attaqué à toutes les glandes, à presque tous les tissus et si les résultats sont encore, pour beaucoup, indécis, peu démonstratifs, il faut savoir attendre. On ne guérira pas vraisemblablement les maladies de la moelle épinière ou les paralysies cérébrales en injectant de l’extrait de moelle ou de cerveau ; on ne guérira pas la tuberculose avec le suc pulmonaire ; les néphrites, l’urémie avec l’extrait de reins, la cirrhose avec l’extrait hépatique. Mais dans des troubles, surtout fonctionnels, sans altération grave des tissus, on peut, par cette médication, stimuler d’une façon plus active le système nerveux, vasculaire, exciter la fonction, remettre de l’huile dans les rouages de notre machine si compliquée et si délicate.
- L’opothérapie ne supprimera pas, je le pense, tout autre procédé thérapeutique; mais c’est un moyen nouveau, des plus actifs, des plus énergiques, qui se complétera peu à peu, dont on précisera les indications, et qui permettra de remplir plus complètement le but de la médecine : « soulager quelquefois ». Dr A. Cartaz.
- NOUVEAU SYSTÈME D’ALLUMAGE
- POUR BRULEURS A GAZ
- L’allumage des brûleurs intensifs à gaz présente de nombreuses difficultés; quelquefois ils sont peu accessibles, d’autres fois il faut assurer leur conservation comme pour les brûleurs à incandescence.
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- Plusieurs systèmes ont déjà été imaginés, mais en pratique ils sont loin de résoudre le problème.
- Un piqueur du service de l’Eclairage de la ville de Paris, M. Céard, que la nature de ses fonctions appelle constamment à s’occuper de l’allumage des becs intensifs, a imaginé un système spécial d'allumage qui est utilisé depuis près d’un an pour les foyers intensifs installés sur la place de l’IIotel-de-Ville.
- Le système consiste en principe à transmettre l’inflammation de proche en proche à l’aide de l’explosion d’un mélange de gaz et d’air qui fournit un grand volume de gaz à haute température et c’est ce dernier convenablement dirigé qui permet d’allumer le brûleur.
- La ligure ci-jointe nous donne en 1 l’ensemble de l’allumeur et en 2, 5 et 4 les différents détails.
- Sur le côté du brûleur à gaz A, se trouve un petit tube B de faible diamètre et dont l’extrémité supérieure b est près du bec de gaz. A sa partie inférieure, ce petit tube à gauche est en communication avec le robinet à 5 voies F qui dessert le brûleur et se trouve au-dessous de la lanterne ; à droite ce petit tube aboutit à l’intérieur d’un second tube I) de plus grand diamètre ouvert à ses deux extrémités g et d et muni d’une tubulure l. Le tube B porte latéralement un ajutage E à deux orifices l’un vertical e et l’autre horizontal / qui pénètre dans le tube D. L’allumage se produit très facilement de la façon suivante. On ouvre extérieurement le robinet à trois voies F, comme le montre le n° 1 du dessin, de façon à laisser pénétrer le gaz dans le conduit de droite. Le gaz s’échappe par le tube B, à la partie supérieure en b et aux trois ouvertures e, /' et b. On approche une flamme du côté I ; le gaz s’enflamme aussitôt et met le feu au mélange explosif formé en 1) par le gaz qui s’échappe en e et l’air qui circule. Ce mélange brûle et produit une quantité de gaz à haute température qui, par l’orifice d, communiquent le feu au bec b à la partie supérieure du tube IL Le bec b allume ensuite le brûleur principal A lorsque le robinet est amené dans la position 5. Cette succession d’inflammations se produit régulièrement et se transmet de proche en proche sans entrave.
- Lorsque la distance entre l’extrémité supérieure
- du tube D et l’extrémité du tube B est trop grande, on peut ajouter en b' un second petit ajutage, comme le montre le n° 4 du dessin.
- Le brûleur proprement dit A reste enfermé dans la lanterne à l’abri de toute détérioration. Ce nouveau système d’allumage est intéressant et très utile ; il est de plus très pratique, puisqu’il a fait ses preuves depuis un an. J. L.
- GREFFE DU T\R\C
- SUR LA POMME DE TERRE
- Le JSicotiana colossea variegata, cette charmante plante d’ornement à feuillage agréablement panaché de blanc jaunâtre, exposée et mise au commerce pour la première fois en 1892, est une des plus estimées pour la décoration estivale des jardins. Malheureusement la mutiplication en est des plus difficiles. Elle donne bien des graines dont les plantes qui en naissent conservent assez franchement les caractères du tvpe ; ces graines germent généralement bien, mais les jeunes plantes, qui naissent faibles et anémiées, ont le défaut de fondre, dit-on en terme horticole ; c’est-à-dire que tout jeunes encore les sujets meurent. On peut y suppléer par le bouturage ; mais là encore on constate nombre d’insuccès. La majeure partie de ces boutures pourrissent s’il y a un peu trop d’humidité, ou sèchent si l’humidité fait tant soit peu défaut ; même les boutures à talon, qui, dans les plantes les plus rebelles au bouturage, s’enracinent généralement bien, n’échappent pas à la pourriture ou à la sécheresse, si bien que sur une centaine de boutures on n’arrive parfois qu’à en faire reprendre une dizaine malgré des soins culturaux parfaitement appliqués.
- M. Henri Laridan, jardinier chef du domaine de Longpont dans l’Aisne, a heureusement tourné la difficulté, en multipliant cette plante par greffe sur tubercule de Pomme de terre au lieu que par simples boutures et ceci depuis 1895, époque où il a acheté cette plante et en a reconnu la difficulté de multiplication par le bouturage.
- C’est de janvier à juin que l’on pratique surtout cette greffe. Pour cette opération, il faut choisir des
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- tubercules de Pomme de terre parfaitement sains, de conformation régulière, lisses, plutôt allongés, connue ceux de la quarantaine, que ronds, et de 6 à 8 centimètres de tour. Quant au choix des rameaux, M. Laridan a reconnu que c’étaient les pousses développées en serre ou sous châssis qui donnaient de meilleurs résultats, parce que ces pousses sont tendres. Il n’en est pas de même de celles venues en plein air, qui, étant trop ligneuses, m’écrit-il, ont moins de compatibilité avec la Pomme de terre. La pousse qui constitue le greffon peut être plus ou moins grosse, peu importe ; l’essentiel est qu’elle soit suffisamment longue pour être taillée à la hase. Cette pousse qui reçoit dès lors le nom de greffon est taillée triangulairement à sa hase à partir d’un œil, la coupe s’arrêtant à un autre oeil, en lui réser-
- vant deux à trois feuilles parfaitement développées, non compris celles du cœur, en voie de développement, auxquelles on ne touche pas.
- Après avoir choisi une Pomme de terre dont la grosseur soit proportionnée à celle du greffon, on enlève soigneusement chacun des yeux pour qu’aucun d’eux ne se développe et on tronque le sommet en biseau. C’est au sommet de ce biseau que l’on fait, sur le cote' opposé à la coupe, une incision triangulaire, suffisamment grande, dans laquelle on insère le greffon aussi parfaitement que possible. Une ligature, à l’aide d’un lien de raphia, d’un bout de laine ou de ficelle, fait adhérer le greffon sur la Pomme de terre et complète l’opération.
- Ceci fait, on empote la greffe dans un godet de 6 à 7 centimètres de diamètre en employant une
- Greffe du tabac à feuilles panachées sur pomme de terre. — A gauche, enracinement du greffon à sa hase ; à droite, détail de la greffe.
- terre très sablonneuse et en recouvrant la coupe de la Pomme de terre d’environ 1 centimètre.
- Aussitôt après, les greffes sont placées sous une cloche ou sous un petit châssis dans la serre à multiplication, voire même sous châssis et sur couche donnant une chaleur modérée et, de préférence, toujours sous double verre. La chaleur de fond et quelques bassinages du feuillage et arrosages, sans cependant trop mouiller la terre y aidant, la reprise se fait sûrement et assez rapidement.
- II arrive parfois que des Pommes de terre sur lesquelles l’éborgnage n’a pas été parfaitement pratiqué il se développe quelques yeux ; lorsque ce cas se présente, il ne faut pas hésiter à dépoter celles-ci, à éclater les jeunes pousses et à les rempoter comme primitivement; car ces jeunes pousses, en croissant, nuiraient à la greffe.
- Ainsi multipliés, les Nicotiana se développent rapidement et forment de belles plantes.
- Les figures ci-dessus dessinées d’après nature indiquent clairement les détails de l’opération ainsi que le commencement d’enracinement de la greffe. Comme on peut le voir, les racines se développent en un faisceau autour de l’œil inférieur, où commence la coupe; la greffe en émet encore généralement autour de l’œil supérieur, placé juste au-dessus de la coupe en biseau de la Pomme de terre.
- À proprement parler, ce n’est pas précisément une greffe, mais plutôt une greffe-bouture dans laquelle le tubercule de Pomme de terre joue le rôle de nourricier en fournissant momentanément au greffon les liquides nécessaires pour sa nutrition, jusqu’au moment où il peut se suffire ; ces liquides sont ceux qu’il contient et ceux qu’il puise dans le sol. Il n’y a pas agglutination du greffon sur la Pomme de terre, mais contact intime des coupes par où s’infiltrent les sucs devant assurer la nourriture du greffon jusqu’à l’émission des racines.
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- LA N AT U HE.
- Le tubercule se conserve en bon état jusqu’au moment où la plante peut se suffire ; après quoi il se décompose. Parfois aussi la pointe triangulaire disparait, mais seulement lorsqu'il ne s'est pas développé de racines à la base et que celles-ci se trouvent à l’œil supérieur ; ce n’est pas le cas, ce qui est assez rare, dans la greffe représentée.
- Outre qu’il est pratique, qu’il assure la propagation rapide de cette plante et qu’il permet de la multiplier plus tôt et plus rapidement, ce mode de multiplication est tout à la fois intéressant et curieux au point de vue de la physiologie végétale, aussi devons-nous remercier M. Laridan de nous l’avoir fait connaître.
- Ne voilà-t-il pas un sujet à réflexions et plein de conséquences? Ce procédé, ce principe plutôt, ne pourrait-il pas être appliqué à d’autres plantes rebelles au bouturage. Qui sait, car il n’y a pas que la Pomme de terre qui puisse jouer le rôle de nourricier momentané ; combien de rhizomes et de tubercules peuvent servir de véhicule à la transmission des sucs qui alimenteraient les boutures jusqu’à leur complet enracinement?
- Puisque je parle de greffe, je dois signaler, mais dans un autre ordre d'idées, le résultat d’intéressantes expériences de greffage montrant l’influence du sujet sur le greffon. C’est une question qui est plus que jamais d’actualité. M. Laridan présentait dernièrement, à la Société nationale d’horticulture de France, quelques abutilons dont le feuillage était totalement changé par le greffage sur une autre espèce.
- Un Ab ut i Ion Chrysostophanum (à feuilles vertes) greffé sur l’A. Thompsoni (à feuilles panachées) offrait une panachure de feuillage par suite du greffage tandis que la couleur des fleurs n’était nullement changée. Le cas se présente aussi en greffant VA. sanglant également à feuilles vertes, sur VA. Thompsoni. Ce qui est aussi curieux c’est que les graines récoltées sur l’A. Chrysostophanum greffé, présentant des feuilles panachées, n’ont donné que des plantes à feuilles vertes, mais dont les fleurs étaient rouge brique au lieu d’être jaunes.
- La multiplication des plantes n’a pas encore dit son dernier mot et réserve plus d’une surprise à l’observateur. Albert Maumexk,
- Professeur d’horticulture.
- LA PHOTOSTÉRIE
- La photostérie est un nouveau procédé qui permet l’obtention, par la seule action des rayons chimiques, de portraits en bas-relief de toutes dimensions, et de médailles de différents modules, même des plus petits.
- Les reliefs considérables de 5 et 4 centimètres (qui sont utilisés seulement pour des médaillons dépassant la grandeur nature) ne pouvaient pas être demandés à la gélatine bichromatée, qui brunit rapidement à la lumière, et dont, en conséquence, les couches profondes ne peuvent pas être impressionnées. Il fallait trouver un autre corps dont tes propriétés d’absorption fussent seules modifiées par l’action lumineuse, et renforcer ces pro-
- priétés par un agent autre que la solubilité : la capillarité par exemple.
- D’autre part, si l’on insole, dans un phototype ordinaire, une plaque gélatinée bichromatée, et que l’on poursuive les opérations jusqu’à obtenir un estampage en plomb, comme ceux employés dans le procédé Woodbury, on a une surface bosselée dont les creux correspondront aux noirs du négatif. En coulant sur ce plomb une substance translucide dont le dos reste uni on aura une
- Reproduction d’une photostérie.
- plaque, qui, vue par transparence, reproduira grâce aux différences d’épaisseurs le positif du phototype primitif. Cette même plaque considérée par réflexion présente l’aspect que connaissent tous ceux qui ont vu une lithophanie, et qui n’a rien de commun avec celui d’une médaille. Le problème se posait donc ainsi : faire un cliché dont les opacités fussent proportionnelles aux reliefs à obtenir. Un jeune ingénieur, M. Lernac, a résolu cette question par la superposition de plusieurs négatifs d’un même modèle, sous des éclairements différents. À l’aide de la lumière artificielle, bien plus commode à diriger que la lumière diurne, il photographie instantanément le sujet et il passe aux opérations indiquées plus haut.
- Nous avons vu, à côté de grands médaillons de dimensions sculpturales, de toutes petites médailles qui nécessitaient presque l’emploi de la loupe, et dont le fini paraissait égaler celui des meilleurs camées.
- La photographie que nous reproduisons ci-dessus en spécimen est la reproduction de la photostérie de Miss Maud Gonne, la grande patriote irlandaise.
- l’eut-être la photostérie aura-t-elle d’autres applications et l’on entrevoit déjà les avantages qu’il y aurait à peindre en camaïeu, au lieu de les sculpter, les sujets de fantaisie que l’artiste désire exécuter en relief.
- L. Dbbar.
- NÉCROLOGIE
- Le général Annenkoff. — A Saint-Pétersbourg vient de mourir un homme qui méritera d’être cité au premier rang des civilisateurs du dix-neuvième siècle : le général Annenkoff.
- Il n’v a pas plus d’une dizaine d’années que le centre et
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- LA NATURE.
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- le nord du continent asiatique n’étaient pénélrables à la science et au commerce européens qu’au prix des plus grands sacrifices et même de réels dangers. Mais depuis longtemps déjà Annenkolï avait médité de lancer à travers ces déserts deux artères immenses : l’une au Sud, qui devait aboutir à travers les steppes transcaspiennes jusqu'aux confins des Indes et de l’empire chinois, l’autre au Nord qui devait relier, à travers la Russie et la Sibérie, la Baltique aux rives septentrionales de l’océan Pacifique. Et c’est ainsi que l’Europe apprenait non sans admiration, il y a quelques années, que la première partie de cette grande œuvre étant accomplie, les voyageurs de notre Occident pouvaient prendre à Paris, Berlin ou Vienne leur billet pour Samarkand et les stations de la Grande Tartarie. Plus merveilleuse encore est cette ligne transsibérienne bientôt achevée, qui a pour points extrêmes, par-dessus l’immense empire chinois, Cronstadt et Vladivostok. Par ce nouveau transcontinental, voyageurs et marchandises vont pouvoir circuler dans des conditions de rapidité et de sécurité que ne présente pas la voie maritime méridionale de l’océan Indien vers l’Extrême-Orient. C’est une révolution qui commence dans le régime économique du monde. Rendons hommage à la mémoire de cet homme de génie.
- l'nc machine de Watt. — On vient d’offrir au musée public de Dundee une relique de James Watt : il s’agit d’une machine construite par le célèbre ingénieur, qui avait été jadis installée dans les blanchisseries de Douglasfield.
- Ce que mange le coucou. — Continuant ses recherches si intéressantes sur les oiseaux utiles ou nuisibles, le département de l’Agriculture aux États-Unis a fait étudier l’alimentation du coucou. On a opéré sur deux espèces, le coccyzus americanus et le coccyzus erythrophlhahnus. Sur 155 estomacs examinés, un seul contenait des aliments végétaux; en fait la nourriture de ces oiseaux se compose de coléoptères, de sauterelles, de fourmis, de cigales, de mouches, de chenilles, d’araignées, de punaises, avec une prédominance énorme des chenilles et des sauterelles; celles-là forment à elles seules la moitié du menu des coucous. On peut donc conclure d’une façon ferme que les coucous sont une espèce absolument utile, qu’il faudrait les protéger, les multiplier même, si possible.
- Affaiblissement de 1‘ouïc chez les chauffeurs et les mécaniciens. — Le Dr Michel dans le Bulletin de la Commission Internationale des Congrès des Chemins de fer, donne une explication de l’abus du sifflet par les mécaniciens de locomotive. La cause en est simple : il parait qu’ils ne s’entendent pas siffler ! Ces braves gens sont à moitié sourds. A vrai dire, on s’en était bien un peu douté. Il serait étonnant qu’emporté dans le mouvement, assourdi par le bruit du train et par le souffle de sa machine, le mécanicien ne finît point par perdre la tonalité de ses signaux acoustiques; et alors, croyant donner de légers avertissements, il joue du sifflet à rompre le tympan ! _________
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 23 janvier 1899. — Présidence de M. Van Tieguem.
- Ij altérabilité de Valuminium. — M. Ditte présente une Note sur l’altérahilité de l’aluminium. L’auteur expose
- que l’atmosphère joue un rôle très important dans l’altération que subit l’aluminium au contact des agents chimiques. Son oxygène concourt à donner de l’alumine facilement soluble dans les acides étendus et son acide carbonique permet à l’oxyde formé d’agir sur les solutions salines qu’il n’attaque pas en son absence. Dans les liquides salés par exemple (eau salée, eau de mer, eau saumâtre), il peut se former du carbonate et de 1 aluminate de soude et le dernier, se décomposant peu à peu sous l’influence de l’acide carbonique en particulier, produit de l’alumine et du carbonate de sodium. L’alumine hydratée cristallisée insoluble qui prend naissance dans ces circonstances, s’attache à la surface du métal; elle retient en son intérieur des substances alcalines telles que la soude et son carbonate capables d’attaquer l’aluminium. La présence de l’acide carbonique et de l’oxygène atmosphérique fait que le carbonate et l’aluminate alcalins sont régénérés à mesure qu’ils se détruisent. Ainsi, dès que la surface du métal est entamée, que le sel marin et l’air peuvent arriver, l’oxydation d’abord superficielle pénètre de proche en proche, et grâce à un cycle de réactions indéfiniment répétées, le métal s’oxyde, se gonfle, et se désagrège peu à peu.
- Explorations océaniques. — M. le prince de Monaco entretient l’Académie des conditions dans lesquelles s’est eiïèctuée sa dernière campagne d’exploration océanographique. Ses recherches ont porté cette fois sur l’Atlantique Nord, jusqu’à la barrière opposée par la banquise, à 80° 57'. La présence d’une grande quantité de planklon a été constatée. Chose singulière, on a ramené de profondeurs d’un millier de mètres, des animaux qui vivent à la surface, dans les fiords norvégiens. Les cétacés ont disparu de ces régions.
- Photographies stellaires. — M. Janssen présente au nom de M. Jlabourdin une série de photographies obtenues à l’Observatoire de Meudon. Ces photographies fort belles montrent des amas d’étoiles et des nébuleuses.
- Élections. — M. Mendelejeff, de Saint-Pétersbourg, est élu membre correspondant de la section de chimie par 28 voix contre 22 données à M. Fischer de Berlin et 5 M. Crookes de Londres.
- Varia. — M. Friedel fait hommage du premier numéro de la Revue de chimie pure et appliquée dont il vient d’entreprendre la publication en collaboration avec M. George Jaubert. Ce numéro contient des articles de MM. Engel, Friedel, Crache, Tiemann, Ilanriot, Glotin, Gariel. — M. Bonnier présente une Note de M. Daguillon sur les feuilles primordiales du cyprès et du genéviier, ainsi qu’une Note de M. Griffon sur îa différence du pouvoir d’assimilation des feuilles plus ou moins vertes de la même plante. M. Carnot présente un travail sur différents carbures de fer et d’autres métaux. — M. Violle dépose une Note de M. Villard sur un moyen d’obtenir des plaques photographiques sensibles pour tous les rayons même ceux de l’infra-rouge. Ch. de Villedecil.
- LE POLO A BICYCLETTE
- Encore un nouveau sport qui n’est pas, il est vrai, à la disposition du premier venu! Le Polo à bicyclette ! On a commencé par pousser la boule avec le maillet traditionnel. Au lieu de courir à cheval, on courait à bicyclette. Puis un beau jour, on s’aperçut
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- que la roue pouvait elle-même servir à lancer la balle. Un coup sec de coté et la balle était enlevée à plusieurs mètres de distance. On multiplia les essais et le nouveau polo prit naissance. Pendant tout l’été dernier, les cyclistes s'arrêtaient pendant des heures au bois de Boulogne à voir jouer des femmes et des hommes soit devant le pavillon d’Armenonville, soit surtout au carrefour du château Vallace. C’était
- plaisir de voir avec quelle étonnante dextérité, chaque joueur d’un coup de pneumatique bien appliqué chassait la boule sous lé pneumatique de son partenaire ; d’ailleurs mêmes règles de jeu que pour le polo ordinaire. Du matin au soir les parties se succédaient, surtout entre professionnels. 11 est clair que l’on s’exercait ainsi en vue de représentations d’hiver. Et en effet, à peine les jours courts revenus, on vit les plus habiles continuer leurs exercices sur des scènes appropriées : au Nouveau-Cirque, au Casino
- Le jeu du polo
- à bicyclette.
- de Paris, au Moulin-Rouge, etc. C’est au Nouveau-Cirque que le jeu a surtout la faveur du public. Les joueurs ont là une habileté exceptionnelle.
- Nous reproduisons par le dessin les diverses phases d’une partie. 11 faut avoir une notion toute spéciale de l’équilibre pour ne pas toucher terre plus souvent. On se demande comment en se rapprochant comme ils le font, en se groupant sans se toucher, les cyclistes ne se renversent pas. Ils sou-
- lèvent la roue d’avant, ils soulèvent même la roue d’arrière un tantinet et, d’un mouvement brusque, ils touchent la halle et la projettent en avant. Vrais prodiges d’adresse et d’équilibre. Prouesses du jour qui méritent la, peine d’être vues! En tout cas, il était bon d’en tixer le souvenir, car y songera-t-on encore dans quelques années?
- J.-F. Gall.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lamuse, rue de Fleuras, 9.
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- — i FEVRIER 1899.
- LOCOMOTIVE ELECTRIQUE À GRANDE VITESSE DE LA COMPAGNIE P.-L.-M.
- Toutes nos compagnies de chemins de fer s’attachent à constituer des locomotives puissantes capables de remorquer les trains lourds à des
- vitesses toujours croissantes. En ce qui concerne en particulier les machines à vapeur, nous avons décrit à plusieurs reprises les types les plus récents qui ont
- Fig. 1. — Vue d’ensemble de la locomotive électrique.
- été adoptés à cet effet, et nous avons montré en outre les améliorations que ces types nouveaux ont permis d’apporter dans la marche des trains.
- Ces améliorations sont certainement fort importantes puisque les locomotives compound du Nord, par exemple, peuvent remorquer actuellement des
- trains pesant jusqu’à 180 à 200 tonnes à des vitesses de 85 à 100 kilomètres à l’heure; on ne saurait nier cependant qu’il paraît bien difficile d’obtenir davantage avec la machine à vapeur telle que nous la connaissons, et on se trouve amené à rechercher si l’emploi de l’électricité, qui a permis déjà de réaliser Î7° année. — 1er semestre.
- tant de progrès et qui en fait entrevoir tant d’autres plus importants encore, ne pourrait pas s’appliquer aussi heureusement à la traction sur les voies ferrées.
- Différentes tentatives ont été entreprises dans ce sens, et sans parler de la locomotive Heillmann encore à l’essai, qui se propose d’utiliser sans au-
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- cune modification l'installation actuelle des voies ferrées, nous pouvons citer un certain nombre de petites lignes situées généralement dans les régions montagneuses qui sont déjà exploitées électriquement à l’aide d’une installation complètement appropriée.
- Celle-ci comporte une usine fixe reliée à un conducteur régnant sur toute la longueur de la voie par lequel le courant se trouve transmis au train qu’il actionne continuellement pendant sa marche. C’est, eu un mot, un mode d’exploitation assez analogue à celui des tramways à trolley dont on rencontre aujourd’hui tant d’exemples ; c’est du reste celui qui paraît aussi le mieux indiqué pour les chemins de fer, mais il aurait l'inconvénient évident d’imposer de grosses modifications dans l’installation des voies ferrées et d’entraîner en même temps des dépenses énormes pour l’établissement des usines d’électricité nécessaires.
- Comme on ne peut pas songer à créer de pareilles installations sur nos grandes voies avant que la question n’ait été suffisamment étudiée en pratique pour être considérée comme à peu près résolue, on voit dans ces conditions tout l’intérêt qui s’attache à scinder le problème en deux questions distinctes, et à rechercher d’une part les meilleures dispositions à donner aux appareils électromoteurs et à leurs organes de manoeuvre, puis à étudier à part le mode d’établissement des conducteurs électriques le long des voies et aussi des organes de prise de courant. Cette seconde question peut être réservée provisoirement, en ayant soin d’ailleurs de ne pas négliger de recueillir dès maintenant les enseignements tirés de l’installation des voies nouvelles ainsi établies ; mais la première qui est de beaucoup la plus difficile peut être étudiée immédiatement en employant simplement des accumulateurs pour fournir le courant qui serait amené autrement par le con-
- ducteur placé le long de la voie. Dans ces conditions le véhicule moteur, qui comprend par conséquent les électromoteurs, peut circuler sur la voie et remorquer son train comme le ferait une locomotive ordinaire, en puisant son énergie dans le fourgon spécial qui lui sert de tender et qui porte les accumulateurs.
- C’est la disposition très ingénieuse à laquelle s’est arrêtée la Compagnie de Lyon, et elle a ainsi créé une locomotive électrique à accumulateurs qui a été étudiée sous la direction de M. Baudry, ingénieur en chef, par M. Auvert, ingénieur du service central.
- Nous allons donner quelques détails au sujet de cette machine nouvelle en nous aidant de l’intéressante étude publiée par M. Auvert dans la Berne générale des chemins de fer.
- Celle locomotive, qui est représentée en vue extérieure et en plan dansles ligures 1 et 2, a été construite en fin 1897, et depuis cette date elle circule, à titre d’essai, sur la ligne de Paris à Melun. Cette machine a trois essieux dont deux seulement sont moteurs, elle possède à peu près la moitié de la puissance d’une locomotive ordinaire d’express, mais il suffirait de doubler le nombre des essieux moteurs pour lui donner la puissance normale des machines actuelles. Elle est suivie, comme nous l’avons dit, par le fourgon portant les accumulateurs dont la traction absorbe ainsi une notable partie de sa puissance en raison de son poids fort élevé, mais il est évident que ce fourgon serait remplacé par une charge utile si le courant électrique était amené par un conducteur spécial ainsi que nous l’indiquons plus haut. Les trois essieux de la locomotive ont tous le même diamètre au roulement, l,n, 101). L’essieu d’avant est simplement porteur, il est distant de 6 mètres de l’essieu d’arrière, et ses boîtes à huile sont munies de plans inclinés permettant un déplacement latéral de lo millimètres de part et
- Plan.
- Vue de côté après séparation des inducteurs et de l'induit.
- I’ig. ô. — Vue eu jtlan et de coté du moteur électriijue.
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- L A. N A T UNE.
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- d’autre de la position moyenne. Les deux essieux d’arrière, écartés d’axe en axe de 2m,200, sont moteurs et indépendants l’un de l'autre ; ils sont actionnés chacun directement par un électromoteur de disposition spéciale.
- Le châssis de la locomotive porte une caisse formée de cinq compartiments distincts.
- Celui d’arrière, placé au-dessus des moteurs, sert d’ahri au mécanicien et à son aide.
- Le compartiment d'avant, dont la partie la plus haute ne dépasse pas lm,500de façon à ne pas gêner la vue du mécanicien, renferme un compresseur d’air actionné par un petit électromoteur de cinq chevaux : cet appareil fournit l’air comprimé nécessaire au fonctionnement du frein Westinghouse, du sifflet et des appareils de mise en marche. Des trois autres compartiments, deux situés, l’un à droite, l’autre à gauche, n’ont qu’une hauteur de 1 mètre et contiennent chacun neuf éléments d’accumulateurs. La batterie formée par la réunion en tension de ces 18 éléments sert à l’excitation des inducteurs de lelectromoteur et fournit le courant nécessaire à la compression de l’air et à l’éclairage. Elle peut aussi faire marcher la locomotive à très petite vitesse, soit de 5 à 6 kilomètres à l’heure. Le compartiment du milieu, qui a une hauteur de 1U1,50 au-dessus du châssis, contient un grand rhéostat liquide qui sert à rétablir ou à interrompre le courant dans les induits des moteurs et aussi à en régler l’intensité.
- Ce courant est fourni normalement par deux batteries d’accumulateurs de 96 éléments chacune portées par le fourgon spécial dont nous avons parlé et reliées électriquement à la locomotive par quatre câbles conducteurs.
- L’intensité normale du courant que peut supporter l’induit d’un électromoteur en marche continue est de 700 ampères, et la puissance effective correspondante est de 500 chevaux à la vitesse de 500 tours donnant en marche 105 kilomètres à l’heure. Dans ces conditions, la différence de potentiel aux balais d’un éleclromoteur est de 560 volts. La capacité utilisable des 18 éléments d’accumulateurs portés par la locomotive est de 1500 ampères-heure. Les électrodes d’un élément représentent un poids de 140 kilogrammes. Le poids total de la locomotive est de 44 500 kilogrammes dont 12 500 sont répartis sur le premier essieu, et 16 000 kilogrammes sur chacun des deux autres. Quant au fourgon, il est porté sur quatre essieux dont les roues ont 0m,990 de diamètre, et dont l’écartement extrême atteint 7m,700. Le poids total est de45 800 kilogrammes. Les éléments d’accumulateurs sont au nombre de 192 et peuvent donner 1000 ampères-heure au régime moyen de 500 ampères. Les électrodes d’un élément pèsent 90 kilogrammes.
- Les électromoteurs qui constituent les organes fondamentaux de la locomotive électrique sont au nombre de deux, et disposés chacun sur un essieu-moteur. Chacun d’eux est formé d’un moteur élec-
- trique dont l’induit est calé directement sur l’essieu. Ce moteur est entièrement symétrique par rapport au plan vertical longitudinal de la locomotive, et comporte par suite deux collecteurs (fig. 5).
- Le système inducteur se compose de deux gros électro-aimants en acier doux en forme de fer à cheval qui sont placés l'un en avant, l’autre en arrière de l’essieu, et dont les pièces polaires embrassent la plus grande partie de la surface extérieure do l’induit.
- De la culasse de ces deux électro-aimants partent deux appendices qui se terminent par des coussinets spéciaux venant emboîter les fusées des essieux. Ces coussinets sont appliqués au contact des fusées par un système de balanciers et ressorts convenablement disposés, tout en n’exerçant cependant aucune pression pour éviter les frottements trop élevés. Ces électro-aimants sont suspendus d’ailleurs au châssis par l’intermédiaire d’une tige liletée qui permet d’en régler la position exacte, et on arrive ainsi à maintenir les pièces polaires des inducteurs toujours exactement centrées sur l’induit, malgré les oscillations de l’essieu par rapport au châssis.
- L’induit est du système Brown à conducteurs enfermés dans l’armature de fer. Cette armature est constituée par des disques minces en tôle de fer empilés sur un manchon en bronze claveté sur l’essieu. Ces disques sont isolés les uns des autres par une mince feuille de papier et maintenues fortement serrées par une série de six boulons isolés qui les traversent et viennent s’attacher sur deux plateaux extrêmes en bronze. Un obtient ainsi un cylindre de üm,690 de diamètre et O",540 de longueur à surface extérieure complètement lisse.
- Les conducteurs soumis à l’induction, au nombre de 150, sont constitués par des barres massives de cuivre à section elliptique de 64 millimètres carrés de section enfermées dans des tubes en micanile. Chaque tube est enfilé dans un trou percé dans l’armature très près de la surface extérieure. De chaque côté de l’induit est disposé un collecteur à touches d’acier fixé sur l'arbre au moyen d’embrèvements à queue d’aronde. Le courant est transmis à l’induit au moyen de quatre systèmes de frotteurs en charbon à calage fixe dont deux pour chaque collecteur.
- La locomotive électrique comprend en outre divers appareils de manœuvre et de contrôle mis à la disposition du mécanicien, dont nous allons donner l’énumération afin de montrer toute la complexité des questions, que soulève l’établissement de cette machine :
- En ce qui concerne les organes de manœuvre, nous rencontrons le frein à main comme appareil mécanique, puis comme appareils pneumatiques, les deux freins, l’un automatique, l’autre modérable, et le sifflet ; viennent ensuite comme appareils électropneumatiques, le changement de marche, le rhéostat de démarrage, et le disjoncteur automatique, et enfin comme appareils purement électriques, le commu-
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- tuteur du courant principal, le coupleur et le rhéostat de démarrage de la pompe à air.
- Comme appareils de contrôle, nous citerons un ampèremètre indiquant l’intensité du courant total traversant les induits, un voltmètre donnant la tension aux bornes des moteurs, deux autres voltmètres pour les batteries du fourgon, un quatrième pour la batterie de la locomotive, un ampèremètre indiquant l’intensité du courant qui alimente le moteur de la pompe. Nous ne donnerons pas la description détaillée de ces divers organes qui serait trop spéciale : il s’agit du reste d’appareils d’étude qui sont appelés à recevoir des modifications que la pratique pourra indiquer.
- Pour nous en tenir à ce qui concerne les essais de traction déjà effectués, nous dirons que la locomotive électrique È"! a effectué son premier voyage le 26 novembre 1897 entre Paris et Villeneuve-Saint-Georges avec 48 éléments seulement dans le fourgon à accumulateurs. Depuis lors, elle a fait de nombreux voyages entre Paris et Brunoy avec 48 éléments, puis de Paris à Melun, d’abord avec 100 éléments, et enfin avec la batterie complète de 191. La charge maxima remorquée entre Paris et Melun a atteint 147 tonnes en y comprenant le fourgon, non la locomotive, à la vitesse de 45 kilomètres à l’heure. Cette vitesse ne peut pas être beaucoup dépassée avec cette charge relativement élevée, car autrement l’intensité du courant nécessaire entraînerait rapidement la mise hors de service des accumulateurs.
- En abaissant toutefois à 100 tonnes la charge remorquée, on a pu atteindre la vitesse de 100 kilomètres à l’heure correspondant à la puissance effective d’environ 611 chevaux. On a pu déjà constater dans ces conditions que la résistance au roulement de la machine était très faible et inférieure même à celle de la plupart des voitures, car elle ne dépasse pas 4ks,5 par tonne à 90 kilomètres par heure.
- Les divers essais effectués jusqu’à présent ont eu seulement pour but de vérifier le bon fonctionnement des organes, mais ils vont être suivis d’autres essais conduits méthodiquement qui permettront de déterminer tous les coefficients relatifs aux efforts mis en jeu et qui fourniront ainsi les éléments précis indispensables pour une étude aussi nouvelle que celle d’un projet de traction électrique. L. Elbéi;.
- LES OISEAUX A DENTS
- Il arrive fréquemment d'entendre dire, lorsqu'il s’agit d’un fait qui ne peut se réaliser : « Telle chose arrivera quand les oiseaux auront des dents ». Il y a beaucoup de chances pour que la gent ailée ne soit jamais munie de dents ; mais si cet événement ne se produit pas dans l’avenir, il a eu lieu dans le passé, dans un passé très lointain, dont nous mesurons la distance qui nous en sépare par des millions d'années.
- A ces époques reculées la terre n’avait pas la configuration actuelle. Là où existent des montagnes, comme les Alpes, s’étendait la pleine mer; le bassin de Paris, l'Aquitaine et le bassin du Rhône, pour ne parler que de la France, étaient sous les eaux. Seules émergeaient de grandes îles : la Bretagne, le Massif central de la France, l’Ardenne. Sur les territoires alors exondés vivaient des reptiles volants, qu’on a appelés des dragons volants, munis d’une longue queue, tandis que les mers étaient habitées par de grands sauriens dont certains atteignaient 25 mètres de long. C’est dans ce paysage que les premiers oiseaux s’élancèrent dans l'espace. Nous voudrions présenter ici les plus typiques. Le plus anciennement connu et le plus ancien également comme âge, est YArchœopteryx, dont les restes ont été rencontrés en Allemagne; les deux autres dont nous désirons parler ont vécu dans l’Amérique du Nord. L’Archœopteryx (tig. 1) a fait couler des flots d’encre. Il offre un intérêt exceptionnel par les interprétations variées auxquelles il a donné lieu. Le premier exemplaire qui a été trouvé dans les schistes lithographiques du Jurassique supérieur de Solenhofen a été payé par les Anglais la modique somme de 17 500 francs; celui qui est actuellement au Musée de Berlin coûte 25000 francs! Les premiers paléontologistes qui l’étudièrent le considéraient comme un fossile truqué. D’aucuns le rangèrent parmi les reptiles, d’autres parmi les oiseaux. Aujourd'hui l’accord est établi entre savants. L’étude approfondie qu’on a faite de l’Àrchœopteryx montre bien que c’est un oiseau, ne serait-ce que pour cette seule raison qu’il possède des plumes. C’est un terme de passage entre les reptiles et les oiseaux, et s’il possède un grand nombre de caractères reptiliens, c’est qu’il est étroitement apparenté avec
- Fig. 1.— Archœojjteryx. (Restauré, d'après M. Andrews.)
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- les reptiles et vraisemblablement issu de ee groupe.
- 11 avait la taille d’un pigeon, une tète d’oiseau assez courte, dont les mâchoires étaient pourvues de dents, des ailes'avec trois doigts libres armés de griffes et une queue très longue garnie de plumes. Ce n’est pas tout. Les vertèbres de ce singulier animal étaient biconcaves comme celles des poissons et des anciens sauriens et l’œil était protégé par des plaques osseuses rappelant celles de l'Ichtyosaure. Si les plumes n’avaient pas été fossilisées nul doute qu’on eût rangé l’Archœopteryx parmi les reptiles. Si la tête rappelait celle’des oiseaux, les'dents, coniques et pointues, logées dans des alvéolesdes maxillaires,faisaient songer aux reptiles volants. En outre le squelette n’était pas pneumatisé et les ailes comprenaient quatre]doigts :
- un très long doigt sur lequel étaient lixées de grandes [dames et trois doigts libres armés de griffes dont se servait l’animal pour grimper aux arbres. Ce membre antérieur avec un doigt très long, portant les plumes, rappelle beaucoup celui du Ptérodactyle. Les métacarpiens et les os du bassin qui sont soudés chez les oiseaux sont ici séparés. Enfin la queue était plus longue (jue le tronc et les côtes ne possédaient qu’une tète. En revanche le cerveau se rapprochait davantage de celui des oiseaux que de celui des reptiles, et les pattes, à quatre doigts, étaient bien des pattes d’oiseau.
- L’Archœopteryx était orné d'un plumage qui s'étendait non seulement sur les ailes et sur la queue, mais aussi sur la base du cou et des tibias. Les ailes
- Fig. 2. — Hesperornw (Restauré, d’après M. Hutchinson.)
- étaient chargées à la fois de vraies plumes de pourtour fixées à la main et à l’avant-bras et de plumes tectrices recouvrant les deux tiers des premières. Les courtes plumes de la jambe faisaient un pantalon au tibia et celles de la queue, qui étaient très fortes, s’inséraient par paires sur chaque vertèbre.
- On ne peut pas affirmer que l’Archœopteryx chantait, mais il est fort probable que vivant sur les arbres il devait pouvoir communiquer par la voix avec ses compagnons. Il est également permis de croire que la voix de cet être, moitié reptile, moitié oiseau, n’était pas aussi mélodieuse que celle du rossignol.
- Telle est l’organisation et l’histoire de l’oiseau le plus anciennement connu ; les deux autres dont nous allons parler sont un peu [dus récents.
- L’Hesperornis (fig. 2) vivait dans l'Amérique du
- Nord à l’époque crétacée. On en a trouvé de nombreux débris dans la craie du Kansas, et c’est M. Marsh, l’éminent paléontologiste américain,qui a reconstitué l’histoire de cet oiseau des plus curieux au point de vue de l’aspect et au point de vue scientifique. C’était un animal aquatique dont les habitudes devaient être assez analogues à celle des Plongeons actuels. Sa taille était d’environ un mètre et il avait deux mètres de long, de la pointe du bec à l'extrémité des doigts des pattes. Ce qui frappe tout d’abord en lui c’est son attitude, le rejet de tout le corps en arrière, son long bec emmanché d’un long cou et muni de dents et enfin la grande réduction de ses ailes.
- Le crâne long et étroit logeait un cerveau peu développé qui se rapprochait de celui des reptiles avec lesquels il offre de nombreux traits de parenté.
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- J,»‘S mâchoires étaient pourvues de dénis eoni(|ues, recourbées en arrière; leurs racines épaissies s’implantaient dans une rigole commune, où des saillies indiquent l’existence de rudiments d’alvéoles. Une semblable disposition des dents rappelle celle que l'on observe chez certains reptiles anciens, tels que l'Ichtyosaure. A ce nouveau caractère reptilien s’en ajout»1 un autre bien étrange : par suite de l’interposition d’un cartilage entre les mâchoires inférieures, celles-ci devaient se distendre à la façon de celles des serpents, de sorte que rilesperornis, comme ces derniers, pouvait avaler de très grosses proies. Les os du squelette, de même que ceux de l’Arehœopte-ryx, n'étaient [tas pneumatisés. Les vertèbres offraient un allongement marqué ; celles de la queue, au nombre de 12, n’étaient qu’en partie soudées, aussi devaient-elles constituer un appendice assez long formant un excellent organe de propulsion dans l’eau. Le sternum n»1 possédait pas la carène sur laquelle, on lti sait, s’insèrent les muscles des ailes, clii'z les oiseaux voiliers.
- Les ailes elles-mêmes étaient extrêmement, réduites puisqu’elles n’étaient représentées que par un seul os, de dimensions fort restreintes. Ainsi le manque de cavités aériennes dans les os, l'absence de carène au sternum, l’avortement presque complet des ailes concouraient pour faire de l’Hesperornis un oiseau incapable de voler. En revanche le grand développement de ses pattes favorisait, avec la longueur de sa queue, sa puissance de natation.
- Les os du bassin dont la longueur dépassait le tiers de celle du corps supportaient un fémur remarquablement court et épais (8 centimètres) et un tibia dont la longueur, en revanche, atteignait 52 centimètres. La longueur et le nombre des phalanges des »[uatre doigts des pattes, dirigés en avant, allaient en diminuant de l’extérieur vers l’intérieur ; le premier doiert avait 18 centimètres de Ions:; il formait donc une base de sustentation considérable et permettait l'insertion d’une large membrane natatoire.
- l’ar sa constitution, l’Hesperornis était une sorte d’autruche nageuse,avec des ailes encore plus réduites. Son long cou flexible, comme celui d’un cygne, lui permettait de plonger et d’atteindre facilement sa proie qui devait difficilement lui échapper grâce à la présence des dents pointues et recourbées de ses mâchoires. Sa vie devait se passer presque entièrement sur l’eau ; il n’allait probablement à terre que pour pondre et pour couver.
- L’Hesperornis vivait à une époque où il n’y avait guère d’animaux aériens et où l’eau recélait une proie abondante; il était d’ailleurs le plus grand des habitants à plumes. Dans son paradis aquatique, il aurait pu se perpétuer longtemps s’il n’avait eu pour ennemis les grands sauriens de cette époque, en particulier le serpent de mer, auquel il faisait concurrence dans la pèche du poisson, concurrence qu’il payait de sa vie.
- Un autre oiseau, possédant, également des dents, mais d’une taille et d’une allure différentes, vivait
- dans la même région et à la même époque que l’Iles-perornis. Cet oiseau, qu’on a décoré du nom d7c//-tyornis, formait un contraste avec le précédent. Il était relativement petit, de la taille d’un pigeon, et possédait des ailes bien développées. 11 y avait en lui une étrange association de caractères. Si un zoologiste trouvait aujourd’hui réunis lt‘ crâne', les ailes et les pieds il hésiterait beaucoup à l»'s attribuer à un même oiseau. Comme dans l’Hesperornis, l<\s mâchoires très fortes peuvent, s’écarter l’une de l'autre et les dents présentent, dos caractères reptiliens, complètement. inconnus chez les oiseaux actuels; mais ici les dents sont implantées dans des alvéoles spéciales. Le cerveau était petit »‘t les vertèbres offrent un caractère aussi primitif que possible puisqu’elles étaient biconcaves comme celles de l’Arehœopteryx et des poissons. L’Ichtyornis était donc reptile par son crème, poisson par ses vertèbres.
- L»' reste de son squidelto ressemble beaucoup à celui d»‘S oiseaux actuels. Cette singulière association de caractères s’explique en ce qu’on a affaire à un oiseau primitif, dont certaines parties du corps se sont dt’jà spécialisées dans le sens des oiseaux récents (ailes et pattes), tandis que d’autres sont dérivées, presque sans modifications, d'un reptile ou d'un ancêtre encore plus éloigné.
- Le sternum possédait une forte carène, comme celui des oiseaux voiliers actuels, et l’aile était disposée de la même façon que chez ces derniers. Les vertèbres caudales étaient également soudées en un court pvgostyle et les pattes, grêles, étaient munies de quatre doigts dont trois étaient dirigés en arrière et un en avant.
- Les dents tranchantes et recourbées de l’Ichtyornis, ses grandes mâchoires, sa puissance de vol,ses nombreux ossements de poissons trouvés mélangés aux siens, indiquent qu’il était carnassier et se nourrissait surtout de poissons iju’il capturait, en volant au ras de l’eau. Sous beaucoup de rapports il ressemblait à notre hirondelle de mer.
- Les oiseaux, dont nous venons de donner une brève description, peuvent sembler une anomalie dans la nature. Cela serait peut-être s’ils existaient aujourd’hui; mais si l’on se reporte au temps où ils vivaient, ils nous fournissent des arguments du plus haut intérêt au point de vue du transformisme. Si la loi de l’évolution est exacte, les oiseaux ont une origine reptilienne. Les premiers qui ont existé devaient donc posséder les caractères de ce groupe à un degré assez élevé. Or n'est-ce pas précisément ce que nous avons constaté chez les trois plus vieux oiseaux connus? Leur cerveau est plus petit que celui des autres oiseaux, leurs mèichoires sont munies de dents comme celles des reptiles et leurs os ne sont pas pneumatisés. Ce sont là des caractères d’êtres assez primitifs auxquels il faut ajouter, chez l’Arehœo-pteryx, des ailes petites, les métacarpiens et les os du bassin non soudés et une queue de lézard possédant des plumes. C’est dans une simple rainure, analogue à celle de l’Ichtyosaure, »jue sont logées les dents de
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- l'Ilespcrornis, dont les mâchoires inférieures sont séparées et extensibles, de même que celles des serpents. Entin lTehtyornis et l’Archœopteryx possèdent des vertèbres biconcaves, comme celles des poissons, ce qui constitue chez ces animaux un caractère évident d’infériorité.
- L’étude de la constitution des oiseaux à dents montre bien que ce ne sont pas des monstres ; la présence des dents et les autres caractères que nous venons d’énumérer sont un héritage de leurs ancêtres. Il semble donc qu’ils convergent vers un type général d’où ils sont issus et ce n’est pas trop entrer dans le domaine de l'hypothèse que de concevoir de quelle façon était constitué ce type primitif, que l’on rencontrera peut-être un jour. On peut le délinir de la façon suivante : Un être possédant des vertèbres hicon caves, des dents logées dans une rainure, des métacarpiens non soudés, un sternum sans carène, les os du bassin séparés, une queue plus longue que le corps, les métatarsiens et les tarsiens libres, les quatre doigts dirigés en avant et le plumage rudimentaire.
- Par l’étude de la mécanique céleste l’astronome annonce, avant de les avoir vus, la découverte d’astres nouveaux. Les lois qui régissent l’évolution du règne organique sans être aussi précises, aussi positives, que les lois mathématiques, permettent de décrire également, dans leurs traits essentiels, avant de les connaître, les groupes qui manquent dans la longue série des êtres du monde animal. Nous souhaitons que les prévisions que nous venons de faire relativement aux oiseaux se réalisent un jour.
- Pii. Glaxgeaud.
- L\ GROTTE DE H\N
- (BELGIQUE)
- bien soin de reléguer parmi les fantaisies populaires certaine caverne dePonte-Leccia qui, tout récemment encore, et malgré maintes rectifications déjà faites1, persistait à vouloir traverser sur soixante kilomètres d’étendue les granits du nord de la Corse! Cette récalcitrante erreur doit être juxtaposée aux 240 kilomètres prétendus de la MammolhCave du Kentucky, qu’on imprime dans tous les livres depuis 1855,— dont l’origine remonte à cette phrase vague du Geological survey of Kentucky par Owen: « La longueur étant estimée par ceux qui connaissent le mieux la caverne à 150 miles », —et que les dernières investigations de MM. llovey et Ellsworth-Call semblent devoir réduire au chiffre déjà respectable de 48 kilomètres. Il faudra une certaine persévérance pour faire définitivement justice des exagérations et méprises tenaces dont les cavernes demeurent encore l’objet.
- Sur les 5000 mètres portés au plan de la grotte de Han, les touristes n’en parcourent que 1500. Les
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- La légitime réputation de la grotte de Han-sur-Lesse, près de Namur, n’est plus à faire. Et les lecteurs de ce journal n’ignorent certes point quelle se range parmi les cinq ou six plus pittoresques et plus grandes de l’Europe ; son immense Grand Dôme souterrain et l’admirable effet de lumière, que ménage la romantique navigation de la sortie, ont surtout assuré sa célébrité1. Depuis les pénibles investigations de M. Pochet en 1858 parmi les étroites galeries du Hasard, des Aventuriers, des Mystérieuses, on peut fixer à 5000 mètres le développement total des ramifications actuellement connues de la grotte de Han ; c’est du moins ce nombre que donne le curvimètre promené sur toutes les lignes du dernier plan publié. A ce taux, les grottes d’Europe plus étendues sont seulement Adelsberg(10 km.), Aggte-lek (8km,7), Planina (7km,4) en Autriche-Hongrie, et Bramabiau (6km,3), en France. Tels sont les chiffres qu’il faut tenir seuls pour exacts, en ayant
- 5500 mètres de surplus ne sont pas aménagés pour la visite courante, ou présentent de telles difficultés d’accès, qu’une partie n’avait jamais été revue depuis les explorations de M. Pochet et des guides qui l’ont assisté.
- Une première fois, au mois d’avril 1890, j’avais tenté avec M. L. de Launay, professeur à l’Ecole des mines, d’inspecter ces galeries secondaires pour y étudier le mode de formation et le régime hydrologique de la caverne ; mais la saison était mal choisie, les eaux d’hiver remplissaient presque tous les passages et nous dûmes abandonner notre objectif.
- Depuis, M. Edouard Dupont, le savant directeur du musée d’histoire naturelle de Bruxelles, et M. le commandant Willems avaient repris la question et publié de fort importantes études sur la région des grottes de Rochefort et de Ilan2. Accompagnés de grandes planches en couleurs, ces mémoires nous ont appris une foule de bonnes et belles choses, mais il résultait de leur lecture que certaines des conclusions
- 1 Voy. au n° 576, du 14 août 1880, la description pittoresque de la grotte par M. G. Tissandier, avec deux dessins de M. A. Tissandier.
- 1 Voy. nos 955 et 957, année 1891, t. I.
- 2 Bull. Soc. belge de géologie et d'hydrologie, tome VIT, 1893.
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- énoncées étaient basées non pas sur l’observation personnelle et directe, mais sur les renseignements fournis par les guides qui dirigent les visiteurs. Sachant par expérience combien ces sortes d’indications sont sujettes à caution, je n’avais pas abandonné mon ancien projet d’une visite minutieuse aux recoins délaissés de la grotte de Han. J’ai pu l’effectuer enfin, en partie du moins, avec le concours du distingué géologue belge M. E. Van den Broeck, pendant les trois journées du 18 au 20 septembre 1808. Grâce à l’aimable concours et à l’affable hospitalité des propriétaires de la grotte, M. le baron de Spandl de l’Herze et MM. de Pierpont, nous
- avons constaté dans ce trop court espace de temps que tout est loin d’être dit sur la vaste excavation, et nous avons réussi à obtenir des données complémentaires non dépourvues d’intérêt. Je vais les exposer aussi brièvement que possible.
- On sait que la grotte de Han est traversée de part en part par la rivière delà Lesse : celle-ci. se perd, à 159 mètres d’altitude (aux basses eaux) dans le grandiose entonnoir naturel (ou goule) du Trou de Belraux (fîg.2), absolument impénétrable «à l’homme. C’est sous la roche même que la rivière entre en terre, par un siphon où nous avons reconnu une profondeur de 6m,50 à 8 mètres. Ce premier fait établit déjà
- Fig. 2. — Perte de la Lesse dans le Tri
- que, dès son point d’absorption, la Lesse descend à un niveau inférieur à celui de sa réapparition par le Trou de Han, distant de 1050 mètres à vol d’oiseau, à l’altitude de 158 mètres. Le Trou de Belvaux possède, à 161 et 164 mètres d’altitude, deux autres points d’absorption supplémentaires, bouchés par l’argile à quelques mètres de leur orifice ; plus bas, vers l’aval, l’ancienne entrée (Trou d'Enfaule) est encore un point d’engouffrement des eaux de la Lesse, en temps de crue de 4 mètres environ ; l’entrée actuelle des touristes (Trou au Salpêtre, 175 mètres) n’est plus jamais atteinte par ces crues. Enfin l’ancien lit aérien de la rivière (168 mètres), formant boucle autour du promontoire de calcaire givétien sous lequel est creusée la caverne, ne se remplit que lors des inondations exceptionnelles.
- de Belvaux. (D’après une photographie.)
- M. Dupont a très bien vu et parfaitement expliqué comment les fluctuations de la Lesse font osciller le niveau des eaux dans la grotte, refluer les courants souterrains dans certaines galeries et inonder en hiver des parties sèches en été.
- C’est particulièrement sur la portion encore inconnue de la Lesse souterraine, entre son enfouissement au Trou de Belvaux et sa réapparition en amont du Grand Dôme, dans la salle de la Place d’Armes, que nos investigations ont porté (fîg. 4, plan général).
- D’abord, avant mon arrivée, M. Van den Broeck avait pu découvrir qu en amont du Trou de Belvaux il existe une autre perte dans le lit de la Lesse et un effondrement dans la falaise, qui doivent avoir avec le courant mystérieux une communication non encore signalée. Il en est sans doute de même de la
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- petite caverne écroulée du Trou Picot et du grand effondrement (aiguiyeois) du Trou Sinsin. Les explorations de ce côté seront probablement fructueuses mais pénibles; M. le baron de Spandl a bien voulu même, sur notre demande, y faire commencer des travaux de déblaiement;les recherches sont en cours dans ces parages; M. Van den Broeck les continuera cet hiver, avec assez de succès, j’y compte bien, pour nous procurer, en 181)9, quelque importante découverte.
- Le plan de M. Poehet indiquait, au bout de la galerie latérale la plus méridionale de la grotte (non loin du Trou d’Enfaule) et avec la mention : cours
- de l'eau présume, un bassin d’eau nommé le Cocyte, que les guides prenaient pour un regard sur le cours ignoré de la Lesse. Mais il avait été si hâtivement entrevu, que M. Dupont, après enquête, avait cru devoir, en 1895, le supprimer sur sa propre carte. Nous avons vérifié cette galerie du Cocyte, excessivement pénible à parcourir en rampant pendant 120 mètres dans la boue gluante, et nous avons constaté ce qui suit : il y a au bout non pas un seul, mais trois bassins d’eau presque contigus; ce sont des flaques rondes de 2 à 4 mètres de diamètre et de 2 à 4 mètres de profondeur d’eau stagnante, à la température de 8°,5 ; donc ce n’est pas une por-
- Fig. 3. — Sortie de la Lesse et de la grotte de Ilan. (D’après une photographie.)
- tion de la Lesse courante, puisque celle-ci était ce jour-là (tig. 4) au Grand Dôme à la température de 16°,5 à 17°. Ces bassins représentent tout simplement des laisses des crues d’hiver qui remplissent les autres parties de la grotte; elles arrivent là par une étroite et basse fissure de communication prolongeant la galerie du Cocyte, et trop resserrée pour admettre le passage de l'homme. Plusieurs autres bassins ou puits, indiqués dans diverses galeries de la grotte comme gouffres insondables, mais en réalité peu profonds, ne sont, de même, que des résidus des hautes eaux dans les parties les plus creuses de ces galeries; ils sont tous stagnants, à la basse température de 8°,5, et sans relations avec la Lesse courante pendant les basses eaux. C’est donc un fait acquis maintenant qu’il n’y a pas à rechercher le
- cours souterrain à l'éliage, dans toute la région laby-rinthiforme de la caverne située à l’est de la Place d’Armes.
- Dans cette dernière salle et autour du Grand Dôme nous pensions être plus heureux.
- Quand on pénètre dans la grotte de Han en bateau, parla sortie de la Lesse (fig. 5), on voit, après 150 mètres de navigation et à l’endroit dit de l’Embarquement, la rivière souterraine sè partager en deux bras, l’un vers l’est, presque aussitôt interrompu par un plongement de roches (siphon, où nous avons trouvé une profondeur d’eau de 15 mètres), l’autre vers le sud, formant la salle dite des Draperies.
- Or les guides avaient toujours remarqué, après les fortes pluies, que les eaux de la rivière arrivaient troubles, par la branche de l’Est, 14 à 16 heures
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- seulement après leur enfouissement dans la perte du Trou de Relvaux, tandis que ce trouble ne se manifestait, dans la branche de la salle des Draperies, que deux .jours plus tard, soit environ 60 heures après l'engouffrement à Relvaux.
- Dès 1850, le Rr Alleweireldt, dans sa description pittoresque de la. grotte de llan, en avait conclu qu’en aval du Trou de Relvaux, la Lesse se divisait immédiatement en deux bras souterrains : 1° celui de l’Est qui ne réapparaît sous terre qu’à la Place d’Armes, et sous le nom de Styx, se dirige vc:s le point .d’embarquement, par un demi-cercle de 400 mètres de développement, interrompu par les deux siphons du Grand Dôme (fig. 4); ‘2° celui de l’Ouest se manifestant par le fond de la
- Températures et ruoeau-x, d'ecuu ' Qjurbos ei/xaxhstuntes de 2?*. / w ; ffr/J | lût/ àtt^nt Tretkoe Direction wV/ww 1V 5 2*bnMsuppo^p|^/ 'A® if wQv a 65™ au-dessus de inexistant «!%'•' ' XXOïm't x (a Salle d« Draperies. réalité l£2L. (désamorcé ^^^Cm^e^longitudinale du Styx. ^^^^ouveau Bassin VT / d Armes XXyoûteen^- VJ^Bassin^’Ev ICours inconnu de la 56*5 iKautrso ' ” 2" *° 60 8°
- Fig. & — Grotte de Han. Plan des environs dn Grand Dôme complété et corrigé par E.-A. Martel. — 1. Embarquement ; 2. Pas du Diable ; o. Salle des Draperies ; i. Bas-fond ; 5. Boudoir de Proserpine; fi. Salle de la Sentinelle; 7. Place d’Armes.
- salle des Draperies. Partant de cette hypothèse, universellement admise, et à l’aide d’ingénieuses déductions tirées de la différence de vitesse des eaux troubles ci-dessus rapportée, M. Dupont avait considéré comme possible (sous les plus expresses réserves il est vrai) que la portion inconnue du cours de la Lesse fût théoriquement et approximativement de 5 kilomètres pour le bras oriental et de 12 kilomètres pour le bras occidental. Malheureusement, l’hypothèse servant de hase à ses calculs, celle de la subdivision de la Lesse en deux bras permanents, était radicalement fausse, malgré sa grande vraisemblance ; contre toute attente et à notre vive surprise, nous en avons acquis la preuve formelle ; cela a été le résultat principal et très important de notre expédition de septembre.
- Car nous pouvons affirmer maintenant que le plus grand des deux bras imaginés ri existe pas.
- La simple étude (qui n'avait pas encore été faite) des températures de la caverne et de ses eaux a suffi pour nous révéler ce fait nouveau. Les eaux étant excessivement basses le 19 septembre, nous fûmes mis en éveil, dans la salle des Draperies, par la fraîcheur de sa température par rapport à celle du Grand Dôme, et par l’absence de tout courant sur les bassins qui en occupent le fond. Dans ces bassins, profonds de 1 à 5 mètres seulement, le thermomètre accusait partout l'uniforme température de 10°,5C., l'airambiant étant à 11°. Au contraire, dans le bras du Styx et à la sortie même de la grotte, le courant était très sensible et l’eau à 16°,5. Or les deux masses liquides se trouvaient sensiblement au même niveau (158 mètres) et séparées seulement l’une de l'autre par un barrage naturel d’une vingtaine de mètres de largeur : ce curieux seuil de partage des eaux est le produit d’un éboulement intérieur, provoqué à la base du Grand Dôme par le tremblement de teire du 25 février 1828; il a créé une solution de continuité entre le courant normal de la Lesse et la salle des Draperies, qui s’en est trouvée hydrologiquement séparée ; cependant le barrage n’est pas absolument é-tanche, car une expérience de flotteurs faite le surlendemain par M. Yan den Rroeck a établi que, si l’eau était alors réellement immobile dans le fond de la salle des Draperies, un léger mouvement de 2 mètres en 2 heures s’y produisait à proximité du barrage1. Celui-ci toutefois est assez compact pour empêcher le réel mélange des eaux vers l’amont, et pour leur maintenir une différence de température de 6° C., anomalie véritablement bien extraordinaire, étantdonnées l’égalité d’altitude et la très faible distance de 20 mètres.
- Cette différence prouve bien, et sans réplique possible, que les eaux de la salle des Draperies et celle de la Lesse courante, n’ont pas, à l’étiage du moins, la même origine, et que le bras des Draperies, sans communication avec la Lesse le 19 septembre, ne saurait nullement en constituer une seconde branche permanente ainsi qu’on l’avait supposé à tort.
- En réalité il ne faut y voir, tout simplement, qu’une particularité rencontrée dans presque, toutes les rivières souterraines explorées jusqu’à présent, c’est-à-dire un trop-plein qui ne se remplit que lors des crues. La disposition des lieux nous a fourni, après un examen complet et détaillé, la plus naturelle confirmation de cette nouvelle manière de voir. A l’aide d’un de mes bateaux pliants en toile, j’ai pu explorer et sonder toute l’étendue des bassins de la salle des Draperies ; nulle part je n’ai trouvé plus de 3 mètres de profondeur, ni aucune apparence de
- 1 (tuinze jours plus tard, les eaux étant plus Hautes et la Lesse souterraine plus rapide (120 mètres à l'heure au lieu de 100 mètres), deux llotteurs ont fait 20 mètres en deux heures et demie 10 mètres à l’heure) dans le bassin aval de la salle des Draperies : l’appel à travers le barrage était donc plus actif sans pouvoir cependant-créer là un courant proprement dit.
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- cette fissure siphonnante d'amenée des eaux que l’on avait imaginée tout au tond ; les renseignements des guides à ce propos sont complètement erronés. C’est ailleurs qu’il faut chercher le chemin d’accès des eaux. E.-A. Martel.
- FONTE DES NEIGES DANS LES ALPES
- S’il est rare de voir tomber de la pluie dans les régions alpestres pendant le mois de janvier, à plus forte raison est-il curieux d’observer la fonte des neiges sur les sommets. Aussi ce qui suit va-t-il surprendre bien des personnes !...
- Ce phénomène extrêmement rare méritait d’être signalé, aussi allons-nous expliquer dans quelles conditions météorologiques il s’est produit dans la vallée de l’Arve, près du massif du Mont-Blanc.
- 11 y a, dans cette région bien connue, des sommets d’altitudes très variées et fort élevés. Cendant que la pluie tombait (avant le 12 janvier) — dans la vallée de l’Arve, notamment à Bonneville (ait. i‘>0 m.), — la neige s’accumulait peu à peu sur les hauteurs, s’arrêtant à l'altitude de 1000 mètres environ
- En bas, la température était assez douce et nous n’avons observé qu’un peu de gelée au moment du minimum, c’est-à-dire au lever du soleil. Cette particularité est très rare dans nos contrées où le mois de janvier est particulièrement froid. Or, du 11 au 15 courant, la température a toujours été supérieure à zéro, oscillant entre -f 6° et + 8°.
- Les dépressions qui, depuis un mois, se sont succédé sur la Manche ou dans le sud de l’Angleterre, amenaient dans les Alpes un régime de vents du Sud ou du S. W. accompagnés l’averses et de temps doux. Il y a eu d’ailleurs des tempêtes un peu partout.
- Or, le 12 courant, le Bureau central météorologique de France signalait une profonde dépression s’avançant sur les Iles Britanniques (730 millimètres àBelmullet), suivie d’une tempête d’Ouest en Islande.
- Les fortes pressions persistaient dans le S. W. de l’Europe et l’aire supérieure à 770 millimètres s’avançait jusqu’à Toulouse.
- Dans nos régions S. E., la pression est restée moyenne — de 725 à 730 millimètres corrigée à 0°, altitude de 450 mètres — ou un peu supérieure à la moyenne et, du reste, voici un mois que nous observons de la pluie par baromètre haut.
- Ce phénomène est dû au refroidissement des vents chauds supérieurs arrivant au-dessus des glaces et des neiges qui couvrent les hauts sommets ! La vapeur d’eau se condense alors et les gouttelettes qui traversent des couches humides donnent lieu à la pluie.
- Dès le 12, nous avons observé des bourrasques, des averses et la fonte des neiges en montagne, ce qui a occasionné une forte crue de l’Arve.
- Le mauvais temps et les raffales d’entre Sud et Ouest ont persisté jusqu’au 15 courant, sans interruption, pendant que des tempêtes violentes régnaient sur la Manche et dans l’ouest de la France.
- .L’Arve a débordé sur divers points, notamment dans la plaine de Bonneville : il n’y a eu heureusement am cun accident à déplorer.
- Tous les ruisseaux de la rive gauche étaient aussi sortis de leur lit et, dans certains champs, la hauteur de l’eau dépassait 50 centimètres.
- A l’altitude de 1800 à 2000 mètres, la fonte des neiges continuait encore le 15 janvier, avec une température exceptionnellement douce.
- Le Mole, bien connu des touristes, a quitté son blanc manteau et l’Arve roule toujours vers le Rhône une grande
- quantité d’eau. C’est la^ première fois que nous observons une forte crue de ce torrent au mois de janvier.
- Ce phénomène exceptionnel est dù à la fonte des neiges dans le massif du Mont-Blanc. 0. Juluen,
- Licencié es sciences.
- NOUVEL APPAREIL PRODUCTEUR ü’ALDÉHYDE FORAIIQUF.
- Nous avons déjà décrit les appareils qui permettent de faire dégager dans l’atmosphère d’une pièce des petites quantités d’aldéhyde formique de façon à opérer la désodorisation, la suppression de la fumée de tabac et dans une certaine limite la stérilisation relative de l’air. Les petites lampes combinées à cet effet dégagent encore assez de formol pour qu’il soit prudent de ne pas les faire fonctionner longtemps de suite. La bouche devient sèche et il est préférable de fabriquer le gaz sur la mousse de platine par périodes assez courtes1.
- Cependant les doses engendrées de formol par la transformation de l’alcool méthylique sont absolument insuffisantes pour désinfecter réellement une pièce qui a été contaminée à la suite d'une maladie
- 1 Voy. n° 1311, du 16 juillet 1898, p. 107.
- Inondations des li et 15 janvier 1899, dans le faubourg de Bonneville. (Haute-Savoie.)
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- LÀ N Aï LUE.
- infectieuse, diphtérie, choléra, rougeole, scarlatine, etc. M. Guasco, qui a déjà imaginé le hrùleur antiseptique qui porte son nom, vient de réaliser un producteur d'aldéhyde formique d'une grande puissance sous un tout petit volume. Il est fondé sur l’emploi du Trioxyméthylène qui se dissocie sous l’action de la chaleur et fournit de l’aldéhyde formique.
- Le Trioxyméthylène est un composé de trois parties d’aldéhyde formique o(CIDO). Il était naturel de penser à le dissocier en aldéhyde CI120. Mais on n’y était pas encore parvenu pratiquement, parce qu’il fallait atteindre la température de dissociation avec un appareil simple et empêcher l'inflammation des gaz produits. M. Guasco a trouvé une solution. Son « Dissociateur » se compose de trois éléments : 1° une chaudière; 2° un support; o° une source de chaleur (lampe à alcool).
- Le premier élément, seul, demande à être décrit, les deux autres sont connus de tout le monde.
- La chaudière, en cuivre, de forme ronde, est munie d’une ouverture à vis, destinée à permettre l’introduction du Trioxyméthylène. La chaudière est traversée d’ailleurs de part en part et verticalement par une cheminée centrale, destinée à servir de passage à la chaleur produite par le foyer.
- Dans la partie supérieure de cette cheminée, deux trous sont percés en face l’un de l’autre par lesquels le gaz produit par la décomposition du Trioxyméthylène s’échappe au fur et à mesure de sa production. Les deux jets de gaz, à leur sortie de la chaudière, se rencontrent dans la cheminée centrale, se brassent avec les gaz chauds de la source calorifique, dont ils sont séparés par un grillage métallique, afin d’empêcher leur inflammation, et achèvent de se dissocier en se transformant complètement en aldéhyde formique.
- Dans le fond de la chaudière se trouve une couche de métal fusible d’une faible épaisseur. Lorsque la lampe est allumée, le métal devient liquide et se maintient constamment à la même température pendant toute la durée de l’opération. Le Trioxyméthylène contenu dans la chaudière, et qui se trouve ainsi en contact avec le métal en fusion (bain-marie métallique), se décompose sous l’influence de la température uniforme et se transforme en gaz.
- Pour procéder à une désinfection complète d’une pièce, on fait évacuer la pièce absolument et on n’y laisse pénétrer personne. On ferme les issues en collant du papier sur les joints des portes, des
- fenêtres, des cheminées, etc. Et on allume la lampe du Dissociateur.
- Un a dû préalablement déterminer le cube de la pièce et l’on doit mettre dans la chaudière 2 grammes de Trioxyméthylène par mètre cube. Pour une désinfection à la suite d’une affection très contagieuse, il convient de porter la dose à 4 grammes par mètre culte. On doit aussi fermer hermétiquement la porte de sortie avec des bandes sur les joints et laisser l’appareil en place pendant 24 heures sans ouvrir.
- On opérera de même si l’on veut détruire les mites dans les armoires d’appartements et en général tous les insectes nuisibles. La désinfection est généralement complète et elle s’obtient avec un bon rendement économique, puisque de 100 grammes de Trioxyméthylène on retire 90 grammes d’aldéhyde formique. Le Dissociateur renferme 100 grammes de Trioxyméthylène et n’a que 17 centimètres de hauteur. Le Trioxyméthylène coûte environ 4 francs les 100 grammes. On peut donc désinfecter un appartement sans grande dépense.
- En raison de son petit volume et de son grand rendement en gaz stérilisant, le nouvel appareil rendra des services. Nous tenons à rappeler encore une fois en terminant qu’il importe de ne pas confondre le Dissociateur à prodiÿdion puissante avec les brûleurs déjà décrits et qui ne dégagent que des traces d’aldhéyde formique. Les brûleurs ne possèdent pas d’action stérilisante sérieuse. G’est le contraire ici. Mais il faut se le rappeler, car il y aurait danger à faire fonctionner un Dissociateur au Trioxyméthylène au milieu d’une pièce habitée. J.-F. Gux.
- UN COUP D’ŒIL
- SUR LES FLOTTES DE GUERRE DU MONDE
- Le proverbe latin si vis pacem para hélium paraît plus que jamais de circonstance ; les grandes nations civilisées, redoutant quelque agression, ou bien parfois en en préparant une elles-mêmes, consacrent des sommes énormes au budget de leur marine de guerre.
- Les États-Unis, depuis un certain nombre d’années, et surtout en ces temps derniers, se sont lancés dans cette espèce, si coûteuse, de course au clocher, et un de leurs organes scientifiques les mieux faits, le Scientific American, s’est ingénié de dresser une comparaison complète de la flotte de la Confédération avec celles des principales nations
- Appareil de désinfection des appartements.
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- LA NATURE,
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- européennes, en laissant de côté la pauvre Espagne.
- La comparaison est fort soigneusement étudiée au point de vue technique, et elle est en môme temps présentée d'une façon très pittoresque sous la forme d’un graphique que nous reproduisons. Dans celui-ci, les marines de guerre de la Grande-Bretagne, de la France, de la Russie, des Etats-Unis, de l’Allemagne et de l’Italie, sont respectivement représentées par six navires de guerre dont le volume est proportionnel au tonnage de déplacement d’ensemble de la ilotte considérée ; on a affecté le chiffre de ce tonnage d'un coefficient résultant de l’àge des navires.
- Sans doute le déplacement, même ainsi corrigé, ne donne-t-il pas une base de comparaison absolu-
- ment vraie ; mais c'est peut-être encore la meilleure. Pour juger en effet de la valeur d’une marine, il faut tenir compte d’une foule de facteurs, qui ne sont nullement probants si on les considère isolément : tel est le cas du simple nombre des navires, du chiffre des canons disponibles. Il faut, à la fois, examiner la vitesse, l'épaisseur des cuirassements, le rayon d’action, etc. ; mais en somme, étant donnée l’heureuse rareté des guerres maritimes modernes, on est encore dans le doute sur la valeur effective de ces différents éléments de succès. Et comme les constructeurs maritimes suivent à peu près les mêmes errements dans tous les pays, on est en droit d’admettre qu’un navire anglais jouera un rôle
- Grande-Bretagne. 1 557 522 tonnes.
- France.
- 751 629 tonnes.
- Russie. États-Unis. Allemagne. Italie.
- 455 899 tonnes. 505070 tonnes. 299 657 tonnes. 286 175 tonnes.
- militaire identique à celui d’un navire français du même déplacement et du même âge.
- Le graphique que nous reproduisons a d'ailleurs cet intérêt que chaque flotte y est représentée par un des navires les plus remarquables qui la composent : Royal Sovereign pour la Grande-Bretagne, Jauréguiberry pour la France, Sissoi Veliky pour la Russie, loiva pour les États-Unis, Brandenburg pour l’Allemagne, et Sardegna pour l’Italie.
- Pour compléter ces indications (où il n’est pas fait état des torpilleurs), nous dirons, en envisageant les déplacements sans tenir compte de l’àge des navires, que la Grande-Bretagne possède 660534 tonneaux de cuirassés, 157 100 de gardes-côtes, 164000 de croiseurs cuirassés, 486460 de croiseurs protégés et 80628 de canonnières, etc. Pour la France, le
- total est de 751 629, dont 541 471 de cuirassés, 147 249 de croiseurs cuirassés, 50920 de gardes-côtes, et 154 445 de croiseurs protégés ; pour la Russie, nous trouvons 250 891 de cuirassés, 90452 de croiseurs cuirassés, 51 766 de croiseurs protégés. Les chiffres correspondants sont de 143150, 17 415 et 74694 pour les États-Unis. Quant à l’Allemagne, les 299 657 tonneaux de sa flotte se répartissent en 168158 de cuirassés, 10650 de croiseurs cuirassés, 54 510 de croiseurs protégés, 59559 de gardes-côtes, etc. ; enfin pour l’Italie on peut noter 182 814 de cuirassés, 31 735 de croiseurs cuirassés, 46 818 de protégés.
- Bien entendu ces chiffres seront modifiés avant qu’il soit longtemps, et les États-Unis, pour leur part, ont décidé récemment de donner à leur flotte
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- LA NATURE.
- un développement (pii la rende comparable à ce qu’est actuellement la llotte russe1. Daaiel Bei.let.
- CHRONIQUE
- Locomotive monstrueuse. — Les extrêmes se touchent, et cela est peut-être encore plus vrai aux Etats-Unis qu’ailleurs. En même temps qu'on voyait circuler, à l’Exposition d’Omaha, une locomotive lilliputienne, d’une longueur totale de 2m,156 avec son tcnder, du type exact américain à 8 roues, et remorquant 10 petits wagonnets où montaient des enfants, on pouvait admirer une machine monstrueuse sortant des ateliers dits « Pittsburg locomotive and cars works ». Ce monstre a une force de traction de 24 107 kilogrammes et pourrait remorquer en palier un poids de (>756 tonnes, ce qui représente un train de quelque 500 de nos wagons ordinaires chargés! Le poids total de cette locomotive n'est pas de moins de 104 526 kilogrammes, en ordre de marche, le poids adhérant atteignant 04 547 kilogrammes. Son immense chaudière pèse 26 SIS kilogrammes, et le diamètre extérieur maximum en est de 2m, 129 ; quant à la boîte à feu, elle présente une longueur de 5m,017. On comprend qu’un homme doit sembler bien petit à côté de ce gigantesque corps de chaudière : c’est ce que montre une photographie curieuse communiquée au Scientific americcm par l’usine de construction. Ajoutons encore que la surface de chauffe de la boite à feu dépasse 19 mètres carrés, celle des tubes est de 290 mètres carrés environ ; les cylindres ont un diamètre de 0m,584 avec une course de Üm,815. Et ce qui prouve l’énormité de ces chiffres, c’est qu’une petite locomotive d’usine, qui pèse encore plus de 6 tonnes, et qui effectue un vrai service tout autre que celui qu’on demandait à la petite machine d’Omaha, peut tenir en équilibre, perchée sur le simple bâti fondu des deux cylindres du géant. Ce n’est pas par amour de l’art que les Américains construisent ces locomotives monstrueuses, mais pour traîner les wagons portant jusqu’à 25 et 59 tonnes, qu’emploient pour leurs transports les fameux établissements Carnegie.
- Origines de la culture forcée. — D’après M. G. Gibault, dans la Revue horticole, nous voyons que les Romains de l’antiquité connaissaient l’art de produire des fleurs et des légumes à contre-saison. Aux premiers temps du moyen âge, cette culture semble avoir été délaissée ; mais en l’année 1249, Albert le Grand donnait un grand banquet à Cologne où l’on remarquait des rosiers en Heurs et des arbres chargés de fruits. A l’époque de la Renaissance, on invente les couches à fumier et les châssis. En 1600, Olivier de Serres recommande les cloches de verre pour la culture des melons. Sous Louis XIV, les primeurs deviennent de plus en plus à la mode; l’histoire du potager de Versailles en fait foi. Les serres se construisent et les chauffages se perfectionnent. En 1777, Bonnemain invente le thermosiphon, appliqué à la culture forcée par Gautier vers 1850. Depuis, tous savent combien ce genre de culture a fait de progrès.
- L’électricité dans l’industrie minière. — M. \V.
- B. Esson a donné récemment des exemples prouvant les grands services que l’électricité peut rendre dans
- 1 Aux curieux d’autres détails, nous recommanderons l’excellent Carnet de l’officier de marine de notre savant eon-trère et collaborateur 31. Léon Renard.
- l’industrie minière pour le transport de la force motrice. Avec une installation de ce genre, on peut aisément monter les bocards à côté même de la mine, il n’y a plus à dépenser des sommes énormes pour assurer le transport du minerai aux points ou l’on trouve des forces motrices disponibles. M. Esson a décrit spécialement ce qui a été fait aux mines d’or de Sheba, où l’électricité est transmise à une distance de 8 kilomètres : autrefois, quand il fallait des charrettes à bœufs pour amener le minerai aux broyeurs, le coût du broyage ressortait à 40fl',85 par tonne; quand on eut recours à des chemins de fer aériens, la dépense tomba à 7fr,60; enfin elle n’est plus aujourd’hui que de 2fr,l)5, grâce au traitement surplace. On a barré la (Jueen’s River, et des conduites à ciel ouvert ou en tunnel amènent l’eau à la station génératrice située à quelque 5 kilomètres de là. La chute, qui a un peu [dus de 9 mètres, met en mouvement des turbines développant ensemble 596 chevaux-; trois dynamos à courant alternatif fournissent l’électricité à 5500 volts; le courant est transmis par câbles et il est utilisé à 100 volts pour la force motrice et l’éclairage.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 50 janvier 1899. — Présidence de 31. Van Tiegheji.
- Les rayons secondaires dépendant des rayons X. — M. Lippmann présente une Note de M. G. Sagnac sur l’émission des divers rayons inégalement absorbables lors de la transformation des rayons X par un même corps. Un corps même simple, frappé par les rayons X, émet une famille de rayons secondaires S plus absorbables que les rayons X dont ils proviennent et formant une sorte de spectre d’émission. Pour les métaux lourds ce spectre est considérablement plus étendu que le spectre des rayons X incident. L’air lui-même opère la filtration avec intensité. 11 en résulte que les rayons S du plomb, de l’étain, déjà filtrés par une couche d’air épaisse de quelques centimètres, diffèrent peu des rayons X dont ils proviennent. Mais à mesure que le récepteur (électroscope ou plaque photographique) se rapproche de la lame de plomb, on constate qu’en même temps que l’action des rayons S augmente beaucoup, ces rayons sont de plus en plus absorbables. On peut, près du métal, combiner un dispositif permettant de recevoir des rayons S qui ne peuvent traverser plus d’un millimètre d’air, tandis que les rayons X traversent facilement plusieurs mètres d'air.
- Action des bains turcs sur le volume des organes. — On sait que les bains turcs consistent en sudations déterminées par le séjour du sujet dans différentes étuves sèches consécutives, puis dans l’immersion brusque en eau froide. M. Marey expose que MM. Bianchini et Régnault, les inventeurs du phonendoscope, ont imaginé d’appliquer cet appareil à l’étude des variations de volume du cœur, des poumons, du foie et des reins, pendant les diverses phases du bain. Ils ont constaté que sous l’action thermique croissante, ces organes subissent une véritable dilatation. Buis sous l’effet de l’eau froide, ils tombent au-dessous du volume normal. Le bain turc paraît donc aux auteurs un excellent exercice physiologique déterminant une gymnastique salutaire des org.mes internes. Ils ont en outre constaté que la dilatabilité et la -rétractilité correspondent à des variations de volume différentes chez un même sujet.
- Rayons infra-rouges. — M. Poincaré présente une Note de M. G. Lebon sur le pouvoir de pénétration des
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- LA NATUREL
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- l'ayons infra-rouges. Certains corps réputés opaques, dit M. Lebon, sont beaucoup moins opaques qu’on ne le pense. L’ébonite, par exemple, en lame de 1 centimètre d’épaisseur, est traversée par les rayons infra-rouges de la lumière d'une lampe à pétiole. Les rayons infra-rouges n’étant pas perceptibles par la vision et ne provoquant pas d'effets chimiques, le phénomène semblait devoir échapper toujours. M. Lebon les reçoit sur un écran recouvert de sulfure de zinc phosphorescent, où ils enregistrent leur présence, en éteignant la luminiscence.
- Pouvoir réducteur de certains tissus. — M. Henri Gautier avait professé que les tissus du foie et du pancréas possèdent un pouvoir réducteur. Un de ses élèves s’est applique à démontrer ce fait. 11 a préparé un extrait de ces tissus, essayé sur cet extrait l’action d’une solution de ptymanganate de potasse au millième. Il a ainsi constaté que 1 gramme de tissu réduit un volume variable de la solution. Ce pouvoir réducteur varie suivant que le tissu reste inactif ou travaille, c’est-à-dire au moment de l’ingestion des aliments, ou deux, trois heures après le repas. On constate ainsi que le foie et le pancréas sont susceptibles d’une sorte d’éducation, c’est-à-dire de mémoire dépendant d'un état antérieur, car ils travaillent aux mêmes heures et non au bout d’un temps déterminé suivant l'absorption des aliments. Par suite si les heures des repas sont changées accidentellement, les fonctions du foie et du pancréas ne s’accomplissent plus au temps voulu.
- Gréions extraordinaires. —M. Mascart fait connaître, d'après une lettre reçue de Tunisie, que lors d’une trombe suivie d’un raz de marée à Bizerte il est tombé sur le pont du Talisman, navire de guerre français, des grêlons du poids de 620 grammes. A terre, on en a relevé dont le poids a été estimé à 1 kilogramme et même 1200 grammes. Ces gros grêlons n’étaient pas des masses homogènes, mais étaient constitués de grêlons agglomérés. La chute a eu lieu lors du passage d’une trombe qui a produit une dépression barométrique subite de 55 millimètres. Un raz de marée a suivi la trombe. C’est, dit M. Mascart, la plus forte dépression barométrique subite qui ait été constatée.
- La conservation de l'acétylène. — Il résulte d’une communication transmise par M. d’Àrsonval que l’acétone refroidi à — 80° dissout 2000 fois son volume d’acétylène. A cet état l’acétylène ne fait plus explosion même sous l’action d’un fil de platine incandescent.
- Varia. — M. de la Baume-Pluvinel a effectué à l’observatoire du Mont-Blanc des recherches spectrales sur l’atmosphère. Il a constaté que les raies B de l’oxygène étaient extrêmement atténuées, ce qui démontre le fait annoncé déjà par M. Janssen que les enveloppes du soleil ne contiennent pas d’oxygène. Cii. de Vieledeuil.
- LES ÉLÉPHANTS PLONGEURS
- AU NOUVEAU-CIRQUE
- 11 est assez curieux de constater que malgré le développement très grand, indiscutable, pris depuis quelques années par les sports mécaniques (cyclisme surtout et automobilisme) qui ont envahi même les pistes de nos cirques et les scènes de nos music-halls, le public est malgré tout beaucoup plus enthousiaste lorsque d’habiles dresseurs présentent
- des animaux savants et ce, non seulement enTrance, mais encore à l’étranger. Rappellerai-je ici les succès immenses remportés par Richard et ses chiens pan-tomimistes ; par Leoni Clarke, le Roi des chats ; par la charmante charmeuse d’oiseaux l’hiver dernier au Casino de Paris et tant d’autres encore? En ce moment au Nouveau-Cirque, un ancien jockey-écuyer, Maxi-milian, qui vient en France pour la première lois, présente au public parisien quatre éléphants, véritablement fort curieux, d’un dressage achevé et homme et hôtes méritent haut la main les nombreux applaudissements qu'ils recueillent chaque jour.
- Tous les animaux quels qu’ils soient, petits ou gros, doux ou méchants, sont, le fait est certain, susceptibles de dressage; mais il est évident que ceux qui sont depuis des siècles habitués à l'homme sont plus facilement « dressables ». Sans la domestication très ancienne du chien, du cheval ou du chat, les dresseurs de cirque ne pourraient certes pas obtenir les résultats que l’on constate et applaudit. Il en est de même pour les éléphants ; les naturalistes reconnaissent deux espèces différentes d’éléphants : Y Éléphant d’Afrique qui se reconnaît par sa tête plate, son front incliné, ses oreilles immobiles, ses défenses très grandes, et Y Éléphant des Indes dont la tête est plus haute, le front plus droit, les défenses plus petites, les oreilles plus petites et mobiles. Aux Indes, depuis les temps les plus reculés, l’éléphant est pour ainsi dire domestiqué, on l’utilise en agriculture, on s’en sert comme de bête de trait ou de somme, il est même enrégimenté pour le service de l’artillerie anglo-indienne. Aussi cet éléphant est-il d’un dressage plus facile au point de vue cirque que son congénère d’Afrique.
- Et puis il faut dire aussi que de tous temps l'éléphant a été un animal de cirque; chez les anciens, les combats de gladiateurs étaient toujours précédés d’une représentation donnée par des « montreurs d’éléphants ». Pline parle de quatre éléphants qui portaient dans une litière un de leurs camarades simulant de la façon la plus comique les airs pleins de langueur d’une jeune accouchée; Dion (in Nerone) raconte qu’il a vu un de ces animaux danser et jouer à la boule; Sénèque lui-même, et Suétone, historiens dignes de foi, vantent l’intelligence des éléphants qui lançaient des javelots ou des anneaux en l’air et les recevaient à l’extrémité de leur trompe. Plus récemment, en 1845, au cirque Olympique, on vit deux éléphants jouer un mimodrame très compliqué.
- C’est que l’éléphant est un des plus intelligents parmi les animaux ; il comprend tout ce qu’on lui dit, son ouïe est très fine. Sa lourdeur n’est qu’apparente, il est très adroit de ses pieds et encore bien plus de sa trompe. Pour ne citer qu’un fait entre cent, j’ai vu il y a quelques semaines un éléphant déboucher avec sa trompe une bouteille de soda-water. La trompe de l’éléphant est un organe de tact très sensible qui permet à l’animal de ramasser les objets les plus menus tels que pièces de monnaie, épingles, etc. ;
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- LA NATURE.
- cet appendice digitif orme peut, certes, rivaliser avec le doigt exercé d’un aveugle.
- Les exercices qu’accomplissent, au Nou veau-Cirque, les éléphants de Maximilian sont nombreux et variés : la marche ou les danses en mesure, l’équilibre sur les fonds de bouteilles, le changement de pied comme un cheval de haute école; ils s'assoient, se couchent, se tiennent debout sur les pattes de devant ou de derrière, etc., etc.
- Les procédés de dressage, pour les éléphants, sont les memes que pour les autres animaux : de la patience, beaucoup de patience, de la douceur, et des récompenses quand ils ont bien travaillé; cependant comme ces bêtes ont l’ouïe très fine, il suffit
- pour leur faire exécuter les divers exercices qu’on leur demande, de les commander à haute voix, ils comprennent assez vite et ne se trompent jamais.
- Le Nouveau-Cirque, on le sait, termine en général ses représentations par une pantomime nautique : M. Houcke, le sympathique directeur, aidé de son habile administrateur, M. Rossi, nous avait récemment présenté des chevaux plongeurs en liberté ou montés; cette fois il voulait faire mieux. Pourquoi pas des éléphants plongeurs ? L’éléphant aime assez l’eau, il nage bien, enfonce moins dans l’eau que les autres quadrupèdes, avantage qu’il doit à la rondeur de ses formes et à la capacité de sa poitrine, et sa trompe qu'il relève en l’air lui permet de
- Les éléphant:
- se submerger sans être asphyxié. Maximilian dut s’exécuter et faire le dressage de ses éléphants : déjà le dresseur les avait fait aller à l’eau, étant en représentation à Saint-Pétersbourg, mais là ils entraient dans une sorte de canal deplain-pied. La difficulté fut grande d’obtenir de ces intelligentes bêtes un saut dans l’eau, mais à force de patience et de répétitions multiples, Maximilian réussit et aujourd’hui les éléphants ne rechignent plus quand il faut sauter dans la piste aquatique ; une fois à l’eau, ils prennent plaisir à y rester et ne manquent jamais pendant cette courte traversée de prendre dans leur trompe une bonne lampée d’eau qu’ils s’ingurgitent à la sortie. \
- C’est certainement la première fois qu’on obtient un pareil résultat, aussi félicitons-nous sincèrement
- s plongeurs.
- et le Nouveau-Cirque et le dresseur Maximilian.
- Un mot pour terminer : en général les dresseurs préfèrent toujours les femelles aux mâles, elles sont plus dociles d’abord et grandissent moins, ce qui est à considérer si l’on songe aux transports en chemin de fer. La plus âgée des bêtes du Nouveau-Cirque a vingt-deux ans, la plus jeune neuf ans. Elles ont été importées directement, il y a cinq ans, des Indes à Hambourg où leur dressage a commencé, et se continue tous les jours ; car, malgré la mémoire et l’intelligence des éléphants, ils oublieraient vite, par paresse peut-être, ce qu’on leur a appris. Paul Mégnix.
- Le Gérant : P. Massox.
- Paris. — Imprimerie Lahdre, rue de Fleuras, 9.
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- Si vous regardez un objet avec les deux yeux, vos rétines reçoivent l’une et l’autre une excitation propre.
- Comment se fait-il que vous ne perceviez qu’une seule image ? Le problème a beaucoup préoccupé les ph siologistes, qui ont expliqué ce phénomène, en disant que chacun des points de l’objet fait son image en des points identiques de chaque rétine, points qui se correspondent exactement dans le cerveau. En réalité la chose n’est pas toujours aussi simple, ainsi que va nous le montrer une curieuse et amusante expérience, que j’ai réalisée avec les anaglyphes de M. Ducos du Hauron.
- Les anaglyphes, que je me dispenserai de décrire ici puisque cela a été fait parle 1)' Bateault1, sont obtenus par la superposition sur une même
- épreuve de deux images stéréoscopiques de teintes différentes. Elles ont été obtenues par la pbototypie, l’une est tirée en bleu, l’autre
- Si l’on prend deux anaglyphes identiques (l’expérience
- Fig. 1. — Anaglyphes identiques.
- réussit très bien avec une vue de l’hôtel de ville de Berne, fig. 1) et que l’on s’en serve comme de vues stéréoscopiques ordinaires, on observe une disposition particulière des deux vues. Après les avoir placées dans le stéréoscope et avoir laissé à la vision binoculaire le temps de se produire, on perçoit sur deux plans qui paraissent très éloignés : en avant une image complète rouge ; en arrière, vue comme par transparence au travers de celle-ci, une image complète bleue.
- Si l’on met à droite lepreuve de gauche et à gauche l’épreuve de droite, on intervertit, par ce seul fait, la disposition des deux images : cette fois la bleue sera an-lé. ieure et la rouge postérieure.
- La vision binoculaire est nécessaire pour que l’on puisse voir ces deux images sur deux [dans successifs ; en effet si l’on ferme un œil, elles se superposent immédiatement sur le même plan.
- Dans le stéréoscope, on peut, sur les deux épreuves, enlever soit les deux moitiés internes des vues stéréoscopi-
- N IV St.
- Fig. 5.
- Fig. “2. — Anatomie des globes oculaires et des nerfs optiques.
- Fig. i.
- ques, soit les deux moitiés externes : on obtiendra encore une image complète.
- Quand on étudie l’anatomie des globes oculaires et des nerfs optiques (schéma de Seguin, fig. 2) on s’aperçoit que chaque rétine est divisée en deux
- 1 Voy. nos 1083 et 1084, des 5 et 10 mars 1894, p. 219 et 238.
- 27° année. — 1er semestre.
- parties T. et N. Ce sont les champs rétiniens internes ou temporaux. Si le champ interne d’un des deux yeux est impressionné, l’excitation est transmise au cerveau par une partie du nerf optique qui est formé de fibres F. C. S. qui s’entre-croisent avec celles du **côté opposé avant de gagner les centres de la vision; elles sont pour cela dites décussées et le point où
- 11
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- LA NATURE.
- elles se coupent est appelé le chiasma des nerfs optiques G. Les impressions reçues par les champs externes, au contraire, gagnent le cerveau par les fibres droites, ainsi nommées parce qu’elles vont directement aux centres visuels sans se couper comme les précédentes. Les deux champs externes donnent une image complète, il en est du même des deux champs internes. Ce sont ces deux images que nous avons vues se produire dans notre expérience sur deux plans différents situés à une certaine distance l’un de l’autre.
- Pour déterminer l’image la plus rapprochée, je me suis servi de l’artifice suivant.
- Sur un des anaglyphes je trace sur le côté à l’encre noire un signe spécial, une jHîlite croix. Suivant que je placerai l’anaglyphe à droite ou à gauche dans le stéréoscope, l’image de cette croix devra se faire à l’intérieur ou à l’extérieur de la rétine : à l’intérieur lorsque la croix sera située en dehors de la ligne visuelle, à l’extérieur lorsqu’elle sera située en dedans. Chaque rétine est, en effet, divisée par un plan antéro-postérieur, passant par la fovea, en un champ interne et un externe. Si le signe va faire son image dans le champ interne, il sera vu stéréo-scopiquement sur le premier plan; au contraire s’il fait son image dans le champ externe, il sera vu sur le deuxième plan.
- Nous devons conclure de ceci que : 1° l’image la plus éloignée utilise plus particulièrement l’association dans la conscience des impressions de deux champs rétiniens externes, c’est-à-dire temporaux; 2° l’image la plus rapprochée utilise davantage, au contraire, l’association des deux champs rétiniens internes ou nasaux.
- Il y a donc lieu de considérer une vision binoculaire temporale et une vision nasale.
- Le mécanisme de la vision binoculaire n’est pas toujours une fusion, c’est parfois une juxtaposition, un rapprochement des deux parties qui se fait à l’aide des lignes antéro-postérieures passant par chaque fovea, et que nous nommerons pour cela lignes de juxtaposition.
- Voici une disposition fort simple qui permet d’associer les deux champs temporaux :
- Une silhouette noire est coupée par le milieu, on place un écran — une carte de visite par exemple, haute de 2 centimètres — entre les deux yeux et les deux parties de la silhouette ; la partie droite est placée à gauche (fig. 4) de façon à être vue par l’œil gauche, la partie gauche est vue par l’œil droit ; au bout d’un certain temps la fusion se fait entre la partie droite et la partie gauche (fig. 5), et la silhouette nous apparaît rétablie. A. Dissard.
- MONTRE MINUSCULE
- Nous ne pensons point être démenti en affirmant que la montre exécutée par M. Paul Ditisheim, horloger à La Chaux-de-Fonds, détient jusqu’ici le record de la petitesse, et constitue une merveille que beaucoup d’horlogers eussent considérée comme irréalisable.
- Cette montre a un calibre de trois lignes, c’est-à-dire que le diamètre extérieur du mouvement est de trois lignes pied de roi, ou de 6“ra,75. Le mouvement entier pèse 95 centigrammes. Chaque pièce de la montre est un chef-d'œuvre d’habileté. La roue d’échappement, par exemple, pèse trois quarts de milligramme. Le spiral, dont le diamètre est de lmm,78, ne pèse qu’un dixième de milligramme. Le diamètre extérieur du cylindre est de 0mm,55 et son épaisseur de 0mm,03. Le balancier, bien que son diamètre soit de amm,57, pèse l""e,75. Il fait 18 152 oscillations à l’heure, et un point de son pourtour parcourt près de 5 kilomètres par jour.
- Tout cela serait déjà fort beau si la montre était un simple modèle réduit dont la construction eût été simplement destinée à mettre à l’épreuve l’habileté de plusieurs maîtres de la miniature. Mais ce qui est plus extraordinaire, c’est que la montre marche, et peut, lorsqu’elle est fraîchement nettoyée et pourvue d’huiles neuves, faire ses 28 heures sans être remontée. Dès que l’huile s’épaissit, la durée démarché baisse, descend jusqu’à 15 ou 10 heures, et tandis que le ressort serait encore susceptible de donner au balancier ses impulsions, celui-ci, trop fortement amorti par le frottement, n’a plus l’amplitude suffisante pour laisser passer la roue d’échappement.
- Nous retrouvons ici l’éternelle guerre des carrés et des cubes, l’énergie du ressort étant proportionnelle au cube qu’il peut remplir dans le barillet, tandis que les surfaces frottantes ne diminuent qu’avec le carré des dimensions. De plus, les forces cajaillaires,“insignifiantes dans les dimensions considérables, deviennent prépondérantes dans les organismes minuscules.
- Au-dessous d’une certaine dimension, la marche d’une montre serait théoriquement impossible. La montre trois lignes de M. Paul Ditisheim n’est peut-être pas très éloignée de la limite théorique. G. E. G.
- LE
- NIDE PARFAIT PAR L’HADROGÈNE LIQUIDE
- Si l’on posait à brûle-pourpoint à un physicien la question suivante : (( Gomment feriez-vous un vide parfait dans une enceinte en verre fermée remplie d’air, sans ouvrir cette enceinte? », il est probable que la réponse serait une affirmation d’impossibilité si l’on n’avait soin de diriger l’attention de ce physicien sur les travaux récents de Dexvar, Linde, Tripler, etc., grâce auxquels on obtient aujourd’hui tous les gaz liquéfiés en quantités illimitées et, pour la plupart d’entre eux, à des prix déjà très abordables pour les laboratoires... en attendant mieux. Le moyen d’obtenir ce résultat, paradoxal en apparence, est des plus simples, et il a été indiqué par M. le professeur Dexvar à la Royal Society de Londres, le 20 janvier dernier. Il consiste dans l’extension du principe bien connu de la paroi froide, cette paroi froide étant refroidie, dans l’espèce, à une température très basse par vaporisation de l’hydrogène liquide. Voici comment M. Dexvar expose, dans son mémoire, le principe de cette curieuse et originale application :
- « Les points d’ébullition de l’hydrogène, de l’oxygène et du chlore sont respectivement 55°, 90° et 240° absolus, c’est-à-dire que l’oxygène bout à une température deux fois et demie plus élevée que l’hydrogène liquide, et que le chlore bout à une température deux fois plus élevée que le chlore. L’hydrogène liquide est donc un agent aussi refroidissant par rapport à l’air que celui-ci l’est par rapport au chlore. Or, le chlore, à la température d’ébulli-
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- tion de l’oxygène, est un corps solide à 80° au-dessous de son point de fusion et présente, à cet état, une tension de vapeur extrêmement faible. On est donc porté à conclure que lorsque l’hydrogène liquide refroidit l’air renfermé dans un tube scellé en immergeant une extrémité de ce tube dans l’hydrogène liquide, l’air ainsi refroidi n’y aura plus qu’une tension de vapeur trop faible pour être mesurée. »
- L’expérience a confirmé ces vues de M. Dewar qui est ainsi parvenu à fabriquer des tubes dans lesquels le vide est si parfait qu’ils ne se laissent traverser par l’étincelle électrique qu’en les chauffant fortement. La tension de vapeur de l’oxygène et de l’azote solidifiés par l’hydrogène bouillant est donc, cette expérience le prouve, inférieure à un millionième d’atmosphère, soit 1 centième de millimètre d’eau. Il va sans dire que le tube dans lequel on fait le vide par le froid est composé de deux parties séparées par un étranglement très étroit : l’une des parties est placée dans l’hydrogène liquide et séparée par un coup de chalumeau lorsque le vide est obtenu, ce qui demande à peine une minute de refroidissement.
- On devine quelle peut être la tension de vapeur de l’air solidifié à une température d’environ — 230° centigrades, soit à 40° absolus.
- Au point de vue pratique, l’expérience faite par M. Dewar ne paraît pas devoir donner des résultats immédiats avec l’hydrogène liquide, encore fort coûteux, mais on peut et on doit obtenir des vides très suffisants par le même procédé, soit en utilisant l’air liquide, d’un prix déjà plus abordable, soit en remplissant préalablement les ampoules d'un gaz dont la tension de vapeur soit plus faible aux basses températures que la tension de l’air.
- Peut-être, dans un temps au moins plus éloigné, fera-t-on le vide dans les lampes à incandescence par simple application de l’air liquide et sans aucune pompe, mécanique ou à mercure, bien que le procédé que nous indiquons nous paraisse encore peu économique dans l'état actuel de nos connaissances, mais il ne faut pas oublier qu’il y a juste un siècle, lorsque Volta inventa la pile qui a immortalisé son nom, personne ne pensait qu’un jour le courant électrique illuminerait nos villes, et actionnerait nos tramways et nos chemins de fer, car il n’y avait alors ni lampes à incandescence, ni chemins de fer, ni tramways. Qui vivra verra. E. IL
- L’UMFICATION DES FILETAGES
- L’initiative prise par la Société d'encouru y emenl pour Vindustrie nationale en vue d’arriver à l’unification des filetages vient de recevoir une éclatante consécration au Congrès international convoqué à Zurich par l’Union suisse des industriels mécaniciens.
- En dehors de quelques tentatives isolées, deux systèmes de pas de vis se trouvaient en présence : celui de la Société d’encouragement et le système proposé plus anciennement par Y Association des mécaniciens allemands. Chose singulière, ce dernier système, discuté à divers congrès tenus en Allemagne, et auxquels des ingénieurs des pays voisins s’étaient associés, n’avait pas été suffisamment appuyé par cette association, et n’avait reçu que des applications isolées. La Société d’encouragement, au contraire, qui avait obtenu l’adhésion de la Marine française et de la plupart des compagnies de chemins de fer, avait vigoureusement poussé l’application de son système, qui se trouva dès lors posséder une forte avance sur soi\ concurrent.
- Cette raison et d’autres encore décidèrent le Congrès de Zurich à adopter l’échelle des filetages de la Société d’encouragement, à de très petites modifications près. L’une d’elles consiste dans l’adoption de pas de 1,25 mm et de 1,75 mm, au lieu des pas de 1,0 et 1,5 mm qui avaient été primitivement choisis. Le Congrès s’est limité au diamètre de 80 mm, que la Société d’encouragement avait cru pouvoir dépasser.
- En résumé, voici les valeurs des diamètres et des hauteurs de pas adoptés par le Congrès de Zurich :
- Diamètres. Pas. Diamètres. l'as.
- millimètres. — millimètres. —
- 0 et 7 1,0 36 et 59 4,0
- 8 et 9 1,25 42 et 45 4,5
- 10 et 11 1,50 48 et 52 5,0
- 12 1,75 56 et 60 5,5
- 14 et 16 2,0 64 et 68 6,0
- 8, 20 et 22 2,5 72 et 76 6,5
- 24 et 27 30 et 35 3,0 5,5. 80 7,0
- Les diamètres ne sont pas immuablement fixés, et l’on pourra, exceptionnellement, adopter des dimensions intercalaires : en revanche, on ne devra pas s’écarter des pas adoptés par le Congrès, et, pour les diamètres compris entre ceux du tableau, on devra prendre le pas de la vis normale du diamètre inférieur. Ainsi, une vis de 23 mm devra posséder un pas de 2,5 mm. 11 est fort probable que, grâce à la liberté laissée pour les diamètres, ceux de 25, 35, 40 et 50 mm se perpétueront.
- L’angle du filet, pour les vis triangulaires, est de 60°; la troncature est de 1/8, c’est-à-dire que le filet se termine par un plat obtenu en abaissant le filet d’un huitième de sa hauteur. Le jeu au fond des creux ne doit pas dépasser 1/16 de la hauteur du triangle primitif du filet ; la forme de l’arrondi est laissée à l’appréciation des constructeurs.
- Ces décisions du Congrès international de Zurich mettent fin à un état de choses que tous les mécaniciens s’accordaient à déplorer. Le seul obstacle à l’unification ayant été, jusqu’ici, la multiplicité des systèmes en présence, on peut espérer voir bientôt disparaître, par extinction, toutes les vis des machines dont les dimensions ne rentrent pas dans les normes acceptées par les plus importantes autorités de la construction mécanique.
- CAFÉ ET CHICORÉE
- Parmi les nombreuses falsifications auxquelles se prête le café moulu, l’addition de chicorée est sûrement la plus fréquente. Depuis plusieurs années, nous nous servons du procédé suivant pour découvrir cette fraude, procédé que sa simplicité met à la portée de tous : il suffit d’avoir une feuille de papier à filtrer blanc.
- On l’étale sur une lame de verre ou plus simplement sur une table; onl’humecte légèrement d’eau, puis onia saupoudre du café suspect. 11 est facile de faire l’expérience avec un café additionné intentionnellement de chicorée. Voici ce que l’on observe. Une ou deux minutes après le contact avec le papier, la chicorée colore l’eau en jaune brun et chaque fragment de cette substance est entouré d’une auréole teinte ; le café ne présente des traces d’auréole que fort longtemps après, une demi-heure ou une heure suivant son état. Cette différence d’action tient à la texture spongieuse de la chicorée qui permet une diffusion plus rapide de ses éléments colorants, caramel, etc.
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- U est alors facile de séparer avec une pince la chicorée et de la soumettre à un examen plus approfondi; elle s’écrase sous une légère precsion, a, en général, une saveur salée; dans le cas d’une expertise, on doit recourir à l'examen microscopique. Cet examen permet, en effet, de différencier les fragments du péricarpe du café que I on trouve souvent dans les cafés mal triés et qui quelquefois sont également salés, s’ils ont subi le contact de l’eau de mer, ce qui peut arriver. L. Mathieu,
- Professeur au Lycée de Cherbourg.
- LA l'LATE-FOIIME MOBILE
- iie saiyiom:n
- Tout le monde se souvient du succès de curiosité et d’utilité que remporta en 1889 le petit chemin de 1er Becauville à l’Exposition.
- Son trajet bien que très court, puisqu’il ne s’étendait que de la rue de Constan-tine à l’extrémité de l’avenue de Suffren, fut sillonné pendant les six mois de la fête par des milliers de trains qui transportèrent des millions de voyageurs.
- Malgré la multiplicité des voitures, il arrivait qu’à certains moments le service était insuffisant et la foule stationnait en longues queues aux abords des guichets. D’après les prévisions des organisateurs, on enregistrera en 1900 trois fois plus d’entrées qu’il y a dix ans et si l’on n’avait à offrir maintenant au public qu’un chemin de fer comme moyen de transport, il est à présumer qu’on se trouverait en face de très grosses difficultés.
- On songea donc à chercher autre chose et puisque les voyages, si répétés qu’ils fussent, étaient insuffisants, on eut l’idée de construire un chemin de fer continu animé d’un mouvement perpétuel et dont les trains auraient comme longueur la longueur même du parcours. L’invention n’est pas nouvelle puisque l’on a déjà établi des systèmes similaires aux expositions de Chicago et de Berlin ; mais comme il s’agit maintenant d’une application plus importante, le commissaire général de l’Exposition de 1900 a demandé aux soumissionnaires d’exécuter un essai à la réussite duquel se trouvait subordonnée la concession
- définitive. C’est à cet essai que nous avons été conviés ces jours derniers. A quelques pas de Paris, dans des terrains vagues de Saint-Ouen, on a construit une plate-forme mobile du même type que celle qui nous est promise pour 1900, mais sur un développement moins important. l)isons-le tout de suite, l’expérience a fort bien réussi et tout a marché à souhait. Les planchers sont montés sur un bâti à 2m,50 au-dessus du sol. Nous avons dit les planchers, car ils sont au nombre de trois : un fixe et deux mobiles. Le premier de ceux-ci est animé d’un mouvement continu de 4 kilomètres à l’heure, soit la vitesse d’un marcheur ordinaire. La personne qui veut se faire transporter n’a qu’à enjamber du plancher fixe au plancher automobile en faisant un pas dans
- le sens du mouvement du système, elle peut même s’aider de piquets fixes plante's tous les 6 mètres; le deuxième plancher se meut avec une vitesse double, il est plus large que le précédent et constitue à lui seul l’ouvrage proprement dit, la première partie ne servant que d’intermédiaire. On passe du plancher à la vitesse réduite au plancher à vitesse rapide avec la même facilité que de la partie fixe à la partie mouvante. Les centaines de visiteurs et de visiteuses qui ont assisté aux essais ont pu se convaincre de l’aisance avec laquelle s’opérait cette petite gymnastique ; les personnes les moins ingambes s’en tirent aussi facilement que les plus expertes.
- Le plancher est formé d’éléments se succédant et s’emboîtant les uns contre les autres à l’aide de parties circulaires ; cette disposition permet au système de passer dans toutes les courbes jusqu’à un rayon de 10 mètres ; ces éléments soutiennent un rail fixé sous le plancher et qui fait corps avec lui ; chaque rail est relié à celui qui lui fait suite par une articulation à axe vertical de façon à pouvoir prendre les mêmes sinuosités que le plancher lui-même. Ces rails roulent sur des galets moteurs placés tous les 25 mètres, et animés électriquement d’un mouvement de rotation. Le poids de la plateforme et celui des voyageurs est suffisant pour pro-
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- duire une adhérence complète et éviter toute action de glissement. Les galets moteurs sont montes sur des bâtis à ressort de façon que le contact avec
- le rail se fasse toujours avec une même pression ; cette disposition permet également de rattraper le manque d’horizontalité qui pourrait exister dans les
- Fig. 2. — Détails du bâti supportant la plate-forme.
- rails ; le galet appuie toujours de la même façon. deux séries de petits galets qui roulent sur deux Nous dirons enlin que le plancher est muni de rails lixes ayant la forme générale de la voie
- Fig. 3. — Commande de la plate-forme. — A. Moteur électrique à courants triphasés. — B. Galet moteur roulant sous le rail D, et monté sur un bâti à ressort que l’on voit en avant. — C. Galet roulant sous le rail E de la deuxième plate-forme.
- Cet essai qui s’étend en circuit fermé, sur une longueur de 500 mètres, est en petit ce que sera le chemin roulant de l’Exposition ; il n’aura pas été
- inutile : on s’est en effet aperçu que le mouvement produisait un bruit assez fort qui aurait incommodé les visiteurs; toutes les personnes qui sont allées à
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- Saint-Ouen ont pu le constater. Des dispositions spéciales ont été prises pour que cet inconvénient soit supprimé dans l’ouvrage définitif, de façon a montrer aux nombreux visiteurs de 1900 un chemin marcheur qui en dehors de toutes ses qualités techniques et artistiques aura celle, très parisienne, d’être fort discret. À. da Gunha.
- SUR LÀ NEIGE
- On ne patine pas seulement sur la glace ; la neige des montagnes permet aussi de vertigineuses promenades. Seulement pour le comprendre il faut s’entendre sur le mot neige. Ceux qui vivent à la ville et qui n’ont jamais franchi les frontières de leur cité, ne connaissent pas la neige véritable, cette neige brillante que le soleil colore de nuances délicates, que le vent âpre de l’hiver soulève en légers tourbillons. On la voit s’étaler en nappes immaculées sur les alpages qu’égaye’en été le son argentin des clochettes du troupeau. Elle est éclatante de blancheur. Les alpinistes l’adorent. N’est-olle pas une splendide parure de diamants po'ur les hautes cimes et pour les vallées solitaires?
- Sur cette fine poussière on peut glisser avec autant de rapidité que sur la glace. Il y a divers instruments pour ce genre de sport. Le plus connu est une sorte de petit traîneau sur lequel on peut justement s’asseoir. On le lance sur les pentes les plus vives. Le conducteur modère la vitesse avec un bâton qu’il enfonce plus ou moins profondément dans la neige. Mais l’instrument le plus original, le plus pratique est le ski. On connaît très peu en France ce singulier engin.
- 11 nous vient de la Scandinavie. Norvégiens, Scandinaves et Lapons s’en servent avec une habileté merveilleuse, et grâce à lui parcourent sans fatigue d’immenses distances. Nansen s’en est servi au Groenland. Il semble cependant que le ski soit un « outil » bien désagréable à manier. Jugez plutôt : il consiste en une fine lame de frêne de montagne, élargie seulement au centre à l’endroit où se pose le pied. La lame du ski doit être à la fois solide et légère : deux qualités assez difficiles à réunir sur un même objet. A l’endroit où se pose le pied, c’est-à-dire au centre, la latte de bois est plus épaisse et plus large. Les extrémités s’amincissent et finissent par n’avoir que huit millimètres.
- Au repos le ski n’est pas droit. D’abord l’avant ressemble assez bien à la proue d’un navire, et il garde cette forme lorsque le patineur l’a chaussé. Cette pointe élevée est utile pour tracer le premier sillon dans la neige pulvérulente et pour donner plus de légèreté à la marche. Le centre du ski, au repos, je veux dire lorsqu’il est inemployé, décrit une courbe très accentuée. Cette forme convexe fait du ski une sorte de ressort et aide la marche en avant. Lorsqu’il est chargé avec précision il a la forme droite sans trop de rigidité, et il peut glisser sans s’encombrer en aucune façon de neige. Il ne laisse derrière lui qu'une trace très nette, qu’on dirait faite par un couteau d’acier.
- Enfin d’une théorie sur le ski je détache cette indication : « le dessous du patin est creusé d'une cannelure ronde longitudinale destinée à l’empêcher de dévier de sa direction et spécialement de glisser de côté. Les bords de cette surface de glissement sont coupés à angle droit et forment des arêtes xives très propices à la
- marche en travers sur les pentes où les skis, tassant la neige, se font un chemin très sûr. » Tous les jours ne conviennent pas pour pratiquer le sport du ski. On glisse en effet plus ou moins vite suivant les divers états de la neige.
- La meilleure neige, la plus glissante, est celle qui est tombée depuis deux ou trois jours, qui s’est tassée, tout en restant légère et un peu pulvérulente. Evitez la neige fraîche, elle ne porte pas; évitez la neige gelée, elle occasionne des chutes qui peuvent être horriblement dangereuses si la pente est vive. Après avoir choisi le jour propice « le skieur » doit chausser son instrument de locomotion, et c'est là chose délicate. Ce patin mesure, en effet, une longueur moyenne de 2m,50; je dis moyenne, parce qu’d doit y avoir corrélation entre la longueur et l’épaisseur du ski et la taille et le poids de celui qui va s’en servir.
- Munissez-vous de bottines à semelles flexibles, sans clous, imperméables; fixez-les au milien du ski au moyen de deux courroies; le talon doit toujours rester libre, pour permettre les faciles changements de direction. L’équipement n’est pas complet : surtout au début, il est bon de se munir d’un solide bâton de montagne en bambou, delà même longueur que les skis (2m, 50 à 3 mètres), dans le bas il sera renforcé d’une longue pointe d’acier. A l’endroit où elle se raccorde au bois on fixe une rondelle encore en acier, pour empêcher le bâton de s’enfoncer trop profondément dans la neige. Le bâton permet de se diriger, d’activer ou de retarder la glissade. Peu à peu, du reste, on s’habitue à s’en passer.
- En France nous ne connaissons pas du tout l’usage du ski et c’est vraiment dommage, surtout dans les années où la glace est chose introuvable. En ces années on peut toujours espérer rencontrer, dans les pays de haute altitude, des champs de neige, sur les croupes arrondies des Vosges et du Jura, sur les flancs plus escarpés des Alpes, ou même le long de pentes beaucoup moins ambitieuses.
- Nous avons été devancé, en ce sport, par nos voisins, notamment par les Suisses et les Allemands. Une des associations les plus florissantes est le Ski-Club du Schxvarz-wald, dont le siège principal est à Fribourg en Brisgau. Il organise fréquemment des « skifeste ». Ses adhérents ont gravi et descendu les pentes du Feldberg et celles d’autres sommets allemands. 11 se sont attaqués à des cimes plus altières, et sont allés dans l’Oberland. Ce qu’ils recherchent naturellement ce sont les grandes prairies immaculées où ne se rencontrent ni ressauts trop violents, ni précipices dangereux.
- En Suisse aussi... « de la neige qui jusqu’ici n'était qu’une prison, le ski a fait une merveilleuse voie de communication ». Il y a des clubs nombreux dans le Jura et dans le centre, dans le canton de Genève, un peu partout ; et ces clubs organisent des courses et des ascensions d’hiver. Vous pourriez lire dans les derniers numéros de l'Écho des Alpes, l’organe officiel des sections romandes, c’est-à-dire françaises du Club-Alpin suisse, le récit extraordinaire d’une partie de ski au mont Rose par M. Robert Helbling.
- En Norwège on fait mieux encore : un des spectacles les plus appréciés est celui des. luttes entre skieurs pour la vitesse et le saut. Les concurrents descendant les pentes à une allure vertigineuse, arrivés devant un à pic, ils le franchissent en sautant, à une hauteur qui atteint souvent 25 mètres, grâce à l’élasticité de leur instrument, et cet exploit accompli recommencent la descente*
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- Espérons qu'en France nous saurons bientôt nous servir de notre neige pour fortifier nos muscles. Le Club-Alpin organise des caravanes d’été pour les ascensions. Pourquoi, rompant avec la routine, n’en organiserait-il pas en hiver pour gravir et descendre avec les skis nos innombrables montagnes?
- Il ne faut point en effet sourire de ce nouveau mode de locomotion, qui du moins est nouveau chez nous. 11 procure de délicieuses sensations, au dire de ceux qui le pratiquent avec régularité. Au milieu de paysages merveilleux, c’est un plaisir indicible de voler à la surface de la neige vierge et de sentir courir autour de soi l’air léger et frais de la haute montagne. J. Corcellk,
- Agrégé de lTniversilé.
- LES IDÉES NOUVELLES
- SUR LA FERMENTATION ALCOOLIQUE
- Peu de questions ont été autant étudiées que celle de la fermentation alcoolique et, cependant, il est peu de phénomènes qui soient aussi peu connus dans leur mécanisme intime. On ne savait même pas jusque dans ces derniers temps si la levure agissait directement sur la matière fermentescible ou indirectement par l’intermédiaire d’une diastase sécrétée par elle. Ce n’est que tout récemment que Buchner a montré que cette dernière supposition était la vraie.
- Pour extraire le ferment supposé de la levure, l’une des plus grandes difficultés était de déchirer les grains de celle-ci : les boules de saccharomvces sont si petites qu’elles trouvent moyen de rester indemnes, même sous le pilon le plus habilement manœuvré. Buchner v est cependant arrivé en mélangeant la levure, bien lavée et bien exprimée, à du sable et à de la terre d’infusoires, puis en soumettant le tout à un broyage énergique. Les grains de sable arrachent la pellicule des saccharomvces et permettent au protoplasma, ainsi qu’au ferment, de sortir. Quand le mélange forme une pâte bien onctueuse, on l’enferme dans une toile et on la soumet à une pression considérable, environ 500 kilogrammes par centimètre carré. Le liquide qui s’écoule lentement passe au travers d’un filtre en papier et on le recueille dans une éprouvette entourée de glace : il est épais, jaunâtre et un peu opalescent.
- Or, si l’on vient à verser une petite quantité du liquide en question dans une solution de glucose, on voit apparaître au bout d’un quart d’heure des petites bulles de gaz, bulles qui augmentent rapidement en volume et en nombre : bientôt, toute la solution bouillonne comme dans une fermentation ordinaire. Or, dans ce liquide en pleine fermentation, il n’y a pas trace de saccharomyces, et l'on ne peut attribuer, comme on le faisait autrefois, le phénomène du dédoublement du glucose en alcool et en acide carbonique, à la vitalité de la levure. Le Deus ex machina du dédoublement est, en effet, une substance, Yalcoolase, qui appartient à la classe des ferments solubles. On ne sait pas encore d’une manière précise de quelle façon l’alcoolase produit le dédoublement du sucre, mais c’est déjà un grand point d’être certain de son existence. Ajoutons que le jus qui contient l’alcoolase perd, son activité après un ou deux jours. Si l’on veut en faire provision, il faut le sécher rapidement dans le vide. Au moment de s’en servir, il suffit de délayer la masse dans un peu d’eau. Henri Coumn.
- LA GRANDE LUNETTE DE 19001
- Nous venons de voir dans les beaux ateliers de M. P. Gautier les différentes parties de ce magnifique instrument, dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs. Nous désirons aujourd’hui insister un peu sur la puissante lunette due à l’initiative de M. François Üeloncle et à l’extrême habileté de M. P. Gautier.
- Elle surpassera les plus puissantes que l’on ait construites jusqu’ici. Les visiteurs de l’Exposition auront donc à leur disposition une lunette incomparable qui leur permettra d’admirer les mondes du système solaire et surtout notre satellite comme on n’avait jamais pu le faire jusqu’ici.
- La plus grande lunette actuellement existante est celle de l’observatoire Aerkes, dont l’objectif a 1 mètre de diamètre, et dont la distance focale est d’environ 20 mètres. Elle se meut autour d’un axe fixé en son milieu au centre d’une vaste coupole hémisphérique de 24 mètres de diamètre. Le poids de cet instrument est tel que le plancher primitif a cédé sous le poids de cette masse, entraînant la chute de l’appareil.
- La lunette de 1900 a un objectif à'un mètre vingt-cinq centimètres de diamètre et de soixante mètres de distance focale : son poids surpasse 20000 kilogrammes. On ne pouvait donc songer à placer cet instrument sous une coupole de 64 mètres de diamètre qui aurait exigé des fondations d’une solidité exceptionnelle ; la manœuvre aurait été difficile ; les flexions ou les déformations des verres et des tubes auraient été considérables et le prix de revient aurait été extrêmement élevé.
- M. Gautier s’est arrêté à une forme très heureuse, qui s’imposait pour ainsi dire en cette circonstance, celle du sidérostat de Foucault.
- Cet instrument se compose essentiellement d’un miroir plan mobile, entraîné par un mouvement d’horlogerie qui le fait mouvoir de telle sorte que les rayons lumineux lancés par un astre sur ce miroir sont renvoyés après leur réflexion dans une direction fixe et absolument invariable. Si l’on place dans cette direction l’axe d’une lunette, l’observateur qui mettra l’œil à l’oculaire verra constamment l’image pendant tout le temps que cet astre restera au-dessus de l’horizon. 11 pourra donc l’étudier à loisir, en prendre des dessins, des photographies, etc.
- Le sidérostat actuel comprend un miroir circulaire de 2 mètres de diamètre, d’une planéité absolue, donnant d’excellentes images, et d’une lunette de 60 mètres placée horizontalement dans une ligne qui va du nord au sud. La lunette transmet ces images à son foyer, où elles peuvent être examinées au moyen d’un oculaire, ou bien impressionner une plaque sensible, ou enfin être projetées sur un écran placé dans une salle de projections où
- 1 Voy. l’article La grande lunette de 1900 dans le n° 1517, du 27 août 1898, p. 199, et la Notice G de l’Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1899i
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- LA NATURE.
- elles seront exposées à la vue d’un nombreux public. Passons maintenant aux détails.
- Nous avons vu que le miroir est constitué par un
- cylindre 'de verre de 2 mètres de diamètre, de de 0m,27 d’épaisseur et pèse 3600 kilogrammes.
- Il est disposé dans une gaine ou barillet de
- Fi". 1.
- Machine à travailler mécaniquement les surfaces optiques.
- 3100 kilogrammes et est maintenu en équilibre par un système de leviers et de contrepoids.
- Toute cette partie est fixée dans une monture dont le poids total est de 15000 kilogrammes.
- La base de cette monture flotte dans une cuve renfermant du mercure dont la poussée allège les 0,9 du poids. Dès lors le mouvement d’horlogerie qui dirige l’appareil n’a plus qu’à déplacer une masse de 1500 kilogrammes, et son poids moteur n’est que de 100 kilogrammes.
- Le sidérostat (fig. 3, n° 2) comprend : 1 pied en fonte de 10m,50 de hauteur dont la partie septentrionale supporte l’axe horaire A, parallèle à la ligne des pôles, et ses cercles dentés G; le cercle de déclinaison D ; le mouvement d’horlogerie II relié au cercle G et son poids moteur 0, les manivelles M,
- Ml5 M8, M3, qui servent respectivement à la vis tangente et aux grands déplacements du cercle horaire C, au cercle de déclinaison I), et enfin au remontage du mouvement d’horlogerie H. La partie située au sud comprend :
- Fis. 2.
- le support J du miroir N monté dans le barillet B et reposant sur la culasse R avec la vis Y qui permet de le sortir du barillet ; l’axe de direction I du miroir qui glisse dans un manchon Y fixé sur le diamètre du cercle de déclinaison I); le contrepoids P du miroir; la cuve de mercure U faisant flotter le support J; le treuil T destiné à élever la cuve pour l’argenture du miroir et sa manivelle M; les galets de roulement g du support J, et enfin les vis S de réglage du sidérostat (Voy. Y Annuaire).
- La figure 1 montre la machine à travailler mécaniquement les surfaces optiques. A est le disque de verre de 2 mètres de diamètre, B le rodoir en bronze qui doit donner à ce verre la forme convenable; G est un plateau à mouvement circulaire avec son chemin de fer G, son grain d’acier F et son engrenage moteur E; D est l’équipage animé d’un mouvement de va-et-vient avec les glissières mobiles I, les glissières fixes F; le chemin de roulement i des galets g, la vis m de descente de l’axe a
- l ’Vonj.tu, s
- Vue de face de l’oculaire.
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- 1. Vue d’ensemble. — 2. Le sidérostat. — 5. La lunette. — 1. L’oculaire.
- Fig. 3. — Détails de la grande lunette. —
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- LA NA TU K E.
- du rodoir B, avec ses vis de rappel v; on voit enfin en P les entretoises de réglage de la llèche à donner aux glissières U.
- La figure 5, n° 5 donne la disposition des objectifs de lm,25 de diamètre destinés, P un aux observations visuelles, l’autre aux travaux photographiques. Ils sont montés ensemble sur un même chariot dont le socle A roule sur les rails C au moyen des roues B, IP, de manière à pouvoir être adaptés facilement l’un ou l’autre à l’extrémité de la lunette qui est voisine du sidérostat; les barillets E, F portant le crown et le llint sont montés sur les rails I), I)'. Le flint et le crown peuvent être écartés l’un de l’autre afin de permettre l’enlèvement des poussières qui souilleraient ces verres.
- La figure o, n° 4 donne l’élévation latérale de l’oculaire; T montre le tube extérieur mis en mouvement par les roues B, le tube intérieur t roule dans T au moyen des galets g, g' ; S est le soufflet de réunion de l’oculaire au corps de la lunette L ; II est le mouvement d’hôrlogerie entraînant le tube t à l’aide de la tige de transmission E allant au mouvement d’horlogerie ; P est un anneau roulant sur les galets t-, B est la vis de mise au foyer; M, M' sont les manivelles de la vis B et de l’entraînement du tube t (fig. 2).
- La figure 2 est une vue de face de l’oculaire : A est un chariot animé d’un mouvement rectiligne à l’aide de la vis W, de l’engrenage I et du mouvement d’horlogerie situé dans la direction E; G est un contrepoids destiné à équilibrer le chariot A; P est une plate-forme mobile; D, 1)' des cadres mobiles actionnés par les vis Y, Y'; M est une manivelle de mise au foyer; M' est une manivelle d’entraînement du cercle denté G, 1 la vis tangente du mouvement d’horlogerie H; R, R sont les roues du tube oculaire circulant sur les rails O, 0.
- Enfin, la figure 3, n° 1 nous montre l’ensemble de l’appareil : le sidérostat A est au nord avec le miroir G placé sur le support mobile K, le cercle de déclinaison G, l’axe horaire II reposant sur le socle en pierre J ; l’oculaire E avec sa partie mobile F est au sud.
- Nous attendons impatiemment l’installation définitive de ce magnifique instrument qui sera le chef-d’œuvre optique et mécanique du dix-neuvième siècle : les merveilles qu’il nous révélera seront le legs astronomique de notre époque aux siècles futurs.
- L. Barré,
- Astronome à l'Observatoire national.
- LE BANQUET DES PROFESSEURS DU MUSÉUM
- Le Muséum s’est mis en fête pour féliciter son directeur, M. Milne-Edwards, qui vient d’être nommé commandeur de la Légion d’honneur. L’État accorde moins souvent qu’autrefois des distinctions à ces grands travailleurs du Muséum qui jettent tant de lumière sur l’histoire de la nature et ont une part importante dans les progrès de la science au dix-neuvième siècle. Les profes-
- seurs se sont réunis le 50 janvier dans un banquet chez Marguerv. M. Albert Gaudry, comme assesseurdu Muséum, a le premier pris la parole pour féliciter le directeur. M. Milne-Edwards lui a répondu, et, dans une allocution humouristique, a retracé des scènes de son enfance passée -au Jardin des Plantes. M. Edmond Perrier a rappelé les travaux de l’illustre zoologiste qui fut le père d’Alphonse Milne-Edwards. M. Dehérain a parlé des liens affectueux qui unissent les nombreux membres du Muséum et fait ressortir combien les échanges de vues entre tant de savants de spécialités diverses doivent élever le niveau scientifique. M. Hamv a annoncé qu’il a entre les mains une curieuse correspondance de Cuvier et d’Etienne Geoffrov-Saint-llilaire, à l’époque de l’expédition d’Égypte; les lettres de ces illustres rivaux montrent que, malgré leurs luttes, ils ont eu des liens d’amitié. Enfin on a lu une pièce de vers d’un anonyme intitulée :
- Impromptu d’-un vieil ours qu’ont mis en belle humeur les hommages rendus à son cher directeur.
- Nous reproduisons le discours de M. Albert Gaudry qui a été vivement applaudi :
- Mon cher Directeur,
- « Les professeurs du Muséum d’histoire naturelle ont voulu se réunir pour vous adresser des félicitations au sujet de la croix de commandeur qui vient de vous être donnée.
- (( Notre Jardin des Plantes a toujours été une des gloires de la France. Comme je suis le plus ancien parmi vous, j’v ai vu passer bien des maîtres vénérés qui ont puissamment contribué à faire connaître ce livre merveilleux qu’on appelle la nature. Je salue leur mémoire.
- Je pense vous faire plaisir, Monsieur Milne-Edwards, en évoquant leur souvenir, car au premier rang parmi eux se place votre père bien-aimé qui fut un de nos savants les plus illustres.
- a Nous savons tous que vous avez produit des œuvres importantes. Vous avez continué les mémorables travaux de votre père sur les crustacés, tantôt seul, tantôt avec un de nos plus jeunes et plus habiles collègues, M. bouvier. On vous doit un ouvrage magistral sur les oiseaux vivants et fossiles. Quatre fois vous avez dirigé des explorations sous-marines ; à bord du Talisman et du Travailleur, puissamment aidé par MM. Vaillant, Perrier, Fischer, Filhol, Brongniart, Poirault, Yiallanes du Muséum, et par MM. de Folin, Sabatier, Marion, vous avez tiré du fond des Océans de curieuses créatures. Avec nos éminents amis MM. Grandidier, Filhol, vous avez fait connaître les vertébrés de Madagascar ; ces études, jointes à celles que vous a fournies la Ménagerie du Muséum, ont apporté de précieux matériaux a la Géographie zoolo-gique.
- « Mais nous ne sommes pas ici pour parler de vos travaux personnels. Nous sommes venus pour remercier le Directeur du Muséum qui nous donne tous les jours des preuves de son infatigable dévouement. Ce n’est point petite besogne d’être directeur d’un établissement complexe comme le nôtre, qui renferme des chimistes, des physiciens, des physiologistes, des pathologistes, des anthropologistes, des zoologistes, des botanistes, des agriculteurs, des minéralogistes, des géologues et même des originaux qui passent leur temps à étudier les vieilles bêtes fossiles. Si encore le Directeur n’avait affaire qu’à des savants, mais il doit s’occuper^de finance, de police,
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- de nettoyage, de chauffage et de mille détails, voire même de l’emplacement des marchandes de gâteaux.
- « Eh bien ! nous pouvons le dire, à aucune époque le Muséum d’histoire naturelle n’a été dans un plus bel état qu’aujourd’hui. A aucune époque, il n’a eu de pareilles collections avec une si grande masse d’échantillons habilement montés, soigneusement étiquetés. Pour employer l'expression) d’un de nos anciens maîtres, Flourens, je dirai : « Notre vieux Muséum jouit en ce moment d’une « seconde jeunesse ».
- « Il est permis d’ajouter : Jamais il n’a produit une pareille somme de travail ; autrefois il a eu de brillantes, d’incomparables personnalités ; mais il n’avait pas, comme aujourd’hui, une multitude de travailleurs. Vous avez eu, mon cher ami, la très heureuse idée d’instituer des réunions mensuelles des naturalistes du Muséum; ces réunions sont charmantes, et je ne crois pas que personne y ait assisté sans être frappé du nombre des communications qui y sont présentées.
- « Enfin, jamais dans le personnel du Muséum, il n’a régné autant d’harmonie qu’à présent. Il n’y a presque plus de querelles chez nous. Après l’amour, ce qu’il y a de meilleur sur la terre, c’est l’amitié; or, vieux ou jeunes, professeurs, assistants ou préparateurs, nous sommes tous des amis unis par les mêmes passions : passion artistique pour admirer les mystères de la grande nature, passion philosophique pour scruter ses merveilles.
- « Dans tout cela, Monsieur Milne-Edwards, vous avez une large part. Aussi nous vous disons cordialement merci. Au nom des professeurs du Muséum d’histoire naturelle, je lève mon verre en l’honneur de notre cher Directeur. »
- LÀ CULTURE DU SULLA
- Le sulla ou sainfoin d’Espagne (Hedysarum corona-rium Lin.) est une plante qui n’a guère attiré l’attention des agronomes avant 1840. Bien qu’il pousse spontanément en Andalousie, dans l’Italie méridionale et la Grèce on ne songeait même pas à le cultiver dans ces divers pays. Mais depuis quelques années, le sénateur Devincenzi, grand propriétaire terrien de l’Abruzze supérieure, est parvenu, grâce à d’intelligents efforts, à constituer avec lui de magni-tiques prairies, là ou le blé ne rendait que 5 hectolitres environ à l’hectare. La hauteur du sulla hors de terre est, en effet, de deux mètres en moyenne et ses grappes aux couleurs rouges et roses éclatantes donnent, aux champs quelles recouvrent, un aspect des plus jolis.
- Comme cette culture très rémunératrice pourrait sans doute s’approprier à nos départements du Midi nous croyons devoir emprunter, au récit d’une visite faite dernièrement par M. A. Ronna aux domaines de l’ancien ministre italien, des détails circonstanciés sur les merveilles de cette légumineuse qui deviendra peut-être une des meilleures ressources de nos agriculteurs provençaux.
- L’étendue de la propriété Devincenzi est en chiffre rond de 1600 hectares, situés entre les vallées du Vomano et du Tordino. Le sol, sorte de terre grasse compacte, est en grande partie composé d’argile. 11 renferme 30 à 40 pour 100 de silice et un peu de calcaire. De plus les conditions climatériques de la région sont très favorables, le thermomètre descendant rarement en hiver au-dessous de 3 ou 4° et la brise de la mer y adoucissant la chaleur estivale. Tout y pousse admirablement : l’olivier et le figuier aussi bien que l’avoine ou les plantes de prairie.
- Cependant pour que les récoltes y soient bonnes, il faut ameublir le terrain à une assez grande profondeur et le débarrasser des végétaux adventices. Aussi, afin de modifier lé système d’assolement, blé, maïs et jachère, M. Devincenzi résolut d’intercaler une légumineuse. Il s’adressa à la luzerne, à divers trèfles, mais il ne réussit bien qu’avec le sainfoin d’Espagne.
- Cette plante, originaire de la Calabre, mit dix ans ou peu s’en faut à conquérir le sol des Abruzzes. Non pas qu’elle présente des difficultés culturales particulières mais parce qu’elle ne parvient à s’acclimater, et encore dans les terrains approfondis, qu’après un certain temps. La récompense vint alors et ce fut merveilleux comme rendement : 100 tonnes à l’hectare correspondant à 200 quintaux de fourrage sec. D’autre part, le sulla s’accommode de presque toutes les terres, ne demande pas de fumure tandis que le raygrass atteindrait avec peine un tel total en exigeant encore un apport de 100 tonnes de fumier.
- On emblave, au commencement de mars, à raison de 15 kilogrammes à l’hectare, les graines décortiquées afin de faciliter la germination et on opère avant que les champs ensemencés à l'automne précédent n’aient été hersés. En outre, ainsi que les expériences de Devincenzi l’ont démontré péremptoirement, le sulla peut non seulement servir comme fourrage aux animaux, mais dans les premières années il est avantageux de l'employer comme engrais en enfouissant en vert une notable portion de la récolte. L’amélioration qui en résulte pour les terres est très sensible. Ainsi cette pratique donna au propriétaire italien un rendement quadruple des précédents. Cela ne saurait étonner car, d’après les analyses de M. Sestini, professeur à l’Université de Dise, le sainfoin d’Espagne est très riche en produits azotés, 100 tonnes à l’état vert fournissant 376 kilogrammes d’azote, auxquels il faut ajouter les 30 kilogrammes du chaume, soit un total de 405 kilogrammes à l’hectare. Sans compter que ses racines pivotant d’ordinaire jusqu’à 2 mètres puisent, dans des couches non atteintes par les cultures antérieures, d’énormes quantités d’acide pliosphorique et de potasse.
- Enfin l’ameublissement constant du terrain et son maintien dans un grand état de propreté sont les seules conditions nécessaires pour que ces énormes rendements rémunèrent durant de longues années ceux qui voudront tenter l’entreprise. Jacques Boyer
- LÀ PRODUCTION ARTIFICIELLE DES PERLES
- CHEZ LES HALIOTIS
- A la suite des expériences que j’avais faites dans son laboratoire de Roscoff1, M. de Lacaze-Duthiers a présenté récemment, à l’Académie des sciences, une Note où je décrivais la production artificielle des perles chez les Haliotis.
- Cette Note a attiré l’attention du public par la nature même de son sujet bien plus que par l’importance du résultat scientifique obtenu qui ne laisse pas d’être assez médiocre. Les journaux ont disserté abondamment sur mes expériences, et il m’est arrivé un grand nombre de lettres, où mes correspondants me demandent des renseignements pour
- 1 Voy. [laboratoire de Roscoff, 1885, tome II, p, 344.
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- utiliser pratiquement ce qu’ils appellent « ma grande découverte ». En parcourant ce volumineux courrier, j’ai constaté que beaucoup des personnes qui me faisaient l’honneur de m’écrire étaient persuadées que je tenais leur fortune entre mes mains, qu’elle 11e dépendait plus que de la bonne grâce que je mettrais à leur fournir des indications précises pour obtenir des perles en grand nombre et à peu de frais.
- Cette illusion ne m’a pas étonné outre mesure:je sais que le public n’est pas tenu de connaître avec précision la différence qui sépare une expérience de laboratoire d’une expérience industrielle. Je me suis rappelé fort à propos un incident de voyage qui
- date pourtant d’un certain nombre d’années déjà et j’ai résolu d’éteindre l’enthousiasme de mes correspondants en jetant un peu d’eau froide sur leurs espérances prématurées.
- J’étais encore étudiant, il y a de cela plus de quinze ans et j’avais projeté de profiter de mes vacances pour parcourir sac au dos les cotes de Bretagne. Un soir, après une longue marche, j’arrivai dans une petite localité qui ne possédait qu’une seule auberge. La maison hospitalière avait d’ailleurs un air propret qui me séduisit dès le premier coup d’œil. Je me promettais déjà d’y passer une soirée fort tranquille, lorsque je faillis en être mis honteusement à la porte. L’aubergiste, qui avait
- Fig. 1. — Laboratoire de Roscoff.
- pourtant l'air d’un brave homme et qui m’avait tout d’abord accueilli avec son plus aimable sourire, m'ayant demandé par hasard quelle était ma profession, poussa un cri d’horreur en apprenant que j’étais zoologiste. « Monsieur, me dit-il puisque vous êtes un de ces hommes qui étudient les poissons, j’ai le regret de vous dire que je n'ai pas de place pour vous », et il voulut me fermer la porte sur le nez ; je fus fort déconfit de ce changement soudain d’attitude à mon égard, et un peu ahuri de me trouver en face de cet ennemi déclaré de la zoologie. Je savais qu’il y a des gens qui ne peuvent pas souffrir le poisson, mais je 11’avais jamais songé jusque-là que leur haine put s’étendre à ceux qui étudient ces intéressants vertébrés. Comme je tenais à mon souper, je m’informai bien vite de la cause
- qui faisait que mon hôte vouait à l’exécration tous les naturalistes en général et les Jchtyologistes en particulier.
- J’appris alors que ce brave homme avait voulu appliquer industriellement les idées de Costes, le savant professeur du Collège de France, sur l’élevage des poissons et qu’il avait piteusement échoué.
- Le récit de ses malheurs ne pouvait manquer de me toucher profondément, et, comme j’avais grande envie de dîner, je déclarai pour rentrer dans ses bonnes grâces que M. Costes était le dernier des misérables, un vulgaire charlatan qui n’entendait rien à la pisciculture. Je me gardai d’ailleurs, tant la perspective de chercher un gîte ailleurs me rendait lâche, de lui dire qu’il n’avait peut-être pas su mettre à profit les indications du savant professeur,
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- et qu’il y avait probablement un peu de sa faute si son entreprise industrielle n’avait pas réussi.
- J’ai rappelé ce minuscule incident de voyage parce que je ne veux pas que le même fait se reproduise à propos de la production artificielle des
- perles. Je déclare que je serais navré, si dans quelque vingt années un honnête homme ruiné en essayant de produire industriellement des perles est réduit à se faire aubergiste et met à la porte tous les naturalistes de passage. Je décline d’avance toute
- Fig. 2. — Bacs du Laboratoire de Uoscoll'.
- responsabilité et avant d’indiquer les résultats que j’ai obtenus à Roscoff je tiens à proclamer bien haut que les expériences dont il s'agit ne sont que des expériences de laboratoire.
- Leur point de départ a été le suivant.
- Je me suis demandé s’il ne serait pas possible de faire naître artificiellement des perles dans les coquilles marines et en particulier dans celles de? Gastéropodes. Beaucoup de ces animaux présentent, en effet, une nacre très irisée, qui paraît susceptible, en s’orientant en couches circulaires, de fournir l’orient cherché.
- Dans les Gastéropodes que j’ai mis en expérience, j’ai été amené à choisir l’Haliotis. Ce mollusque est abondant dans les fonds rocheux de la Manche; il atteint une taille considérable, sa coquille
- est revêtue, dans l’intérieur, d’une couche nacrée très brillante; de plus, il se prête très bien à l’expérimentation. Placé dans les grands bacs du laboratoire de Roscoff, où ces recherches ont été faites, il s’acclimate facilement, et pourvu qu’on lui fournisse de l’eau bien aérée en quantité suffisante, on n’a pas à se préoccuper de son alimentation.
- Toutes les Haliotis, mises en expérience, ont secrété de la nacre au niveau des corps étrangers introduits, et, dans plusieurs coquilles, ont moulé des perles de nacre, de véritables perles fines. On voit dans la figure 3 une de ces perles encore en place dans l’intérieur de la coquille dont l’animal a été extrait, après une expérience de cinq mois.
- Les premières perles obtenues ne sont pas suffisamment détachées de la coquille et présentent une
- Fig. 3. — Coquille renfermant une perle.
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- hase de soudure trop large avec celte dernière; le défaut a été en partie corrigé dans les expériences ultérieures, et, sur les échantillons récents, on peut constater <pie la partie de la perle la plus rapprochée de la coquille est d’ahord englobée par la couche nacrée.
- Il faut remarquer cependant que les perles ainsi obtenues artificiellement, si elles ont sensiblement la même constitution chimique que les perles naturelles, ue sont orientées en couches circulaires qu’à la périphérie, ce qui leur donne l’orient cherché, mais renferment dans leur intérieur un gros noyau de nacre dont l’orientation des couches est nécessairement différente de celles de la périphérie.
- Un doit remarquer également, et c’est par là que je désire terminer cet article, que les Haliotis ne s’élèvent pas comme des poissons rouges, dans un bocal, et que pour arriver à les faire vivre dans des conditions normales il faut avoir acquis au préalable des notions étendues relativement à la biologie des animaux marins.
- De même qu’il ne suffit pas d’être un naturaliste pour faire un bon aubergiste, il n'est pas suffisant d’être aubergiste pour élever convenablement des Haliotis et leur faire fabriquer des perles fines.
- L. Boutas.
- CHRONIQUE
- Allongrmrnt temporaire d'une écluse. — On
- peut suivre cette opération curieuse à l’Àvonmouth Dock, à Bristol, chaque fois qu'il s’agit d’écluser un navire de dimensions particulièrement considérables. La longueur utile entre les portes de l’écluse n’est que de l‘29"“,5*2, du moins aux marées ordinaires, et jusqu’ici les navires de 141 à 142 mètres étaient obligés d’attendre les marées de vives eaux pour s’écluser ; maintenant il n’en est plus de même. En effet, pour augmenter la longueur de l’écluse, on a fait construire un caisson flottant en acier, qui peut venir s’insérer dans des rainures creusées dans la maçonnerie des murs d’écluse, au delà des portes extérieures. Ce caisson a 21m,54 de long, 9m,14 de large et 14 mètres de hauteur; une fois un navire entré dans l’écluse, on fait flotter le caisson jusqu’à l’amener à l’aplomb des rainures dont nous venons de parler. On remplit d’eau les compartiments ad lioc et on l’immerge de façon qu’il vienne reposer sur son siège. On peut alors procéder à l’éclusage. Quand celui-ci est terminé, on pompe l’eau du caisson, -qui se remet à flotter et qu’on ramène à son poste d’amarrage.
- Pourquoi coupe-t-ttn la queue aux ehiens ?—
- On sait pour quelle raison Alcibiade avait coupé la queue au sien, mais pourquoi cette pratique se continue-t-elle sans que le motif en demeure vraisemblablement le même? C’est la question que se pose, d’une façon beaucoup plus large, le I)r G. Fleming, dans la grave revue anglaise, Nineteenth Century, en se demandant comment ont pris naissance les bizarres mutilations que l’on fait subir à certains animaux. La plupart de ces mutilations ont une origine qui se perd dans la nuit des temps et elles se pratiquent dans un grand nombre de pays. 11 semble que la section de la queue chez les chiens, avait été imaginée comme un moyen ^?) pour prévenir la rage :
- on croyait que le nerf qui est enlevé avec le môrcea coupé était un ver uu» pouvait précisément amener l’hv-drophobie. L'opération qu’on appelle du nom caractéristique d’éverrer, et qui consiste dans l’excision du frein de la langue, était faite dans un but analogue.
- —«"v~—
- ACAl)KMlE DES SCIENCES
- Séance du G février 1899. — Présidence de SI. Van Tieghem.
- La vie en espace clos. — M. d’Arsonval présente une Note de MM. Desgrez et Balthazar sur un procédé chimique permettant aux animaux de vivre en vase hermétiquement clos. M. d’Arsonval rappelle d’abord que Régnault et Reiset ont démontré la possibilité de la vie en espace clos, sans renouvellement d’air, à la condition d’absorber l’acide carbonique au fur et à mesure de sa formation et de restituer l’oxvgène. En 1882, M. d’Arsonval a modifié le dispositif de l’expérience de Régnault et Reiset, de manière à éviter tout emploi de moyen mécanique pour évacuer les gaz et les réintégrer. Il absorbe l’acide carbonique par la chaux sodée ou la potasse et remplace cet acide carbonique par de l’oxygène provenant de la décomposition de l’eau oxygénée par une solution de bichromate de potassium par l’eau acidulée. A l’intérieur d’une cloche, percée d’un orifice à sa partie supérieure, il monte un cristallisoir sur un support, et, dans ce cristallisoir, il dispose plusieurs vases en terre poreuse contenant une solution de potasse qui laisse filtrer lentement le liquide. Au-dessous de l’orifice de la cloche, il pose un vase de verre contenant la solution de bichromate. Un tube deux fois coudé traverse l’orifice et va plonger extérieurement dans un flacon de Mariotte contenant de l’eau oxygénée. L’acide carbonique de la respiration étant absorbé provoque une diminution de pression à l’intérieur de la cloche, et amène l’écoulement des gouttelettes d’eau oxygénée qui tombent dans la solution de bichromate. L’écoulement s’arrête chaque fois que l’oxygène résultant de la décomposition de l’eau oxygénée a ramené la pression à sa valeur primitive. MM. Desgrez et Balthazar ont perfectionné le procédé de M. d’Arsonval. Sous une cloche fermée, ils placent le cristallisoir avec ses vases poreux contenant une solution de potasse, mais ils remplacent le récipient de bichromate par un récipient contenant du bioxyde de sodium. La vapeur d’eau de la respiration décompose le bioxyde de sodium qui donne un dégagement d’oxygène, tandis que, d’autre part, l’acide carbonique est absorbé par la solution de potasse. M. d’Arsonval ajoute que les auteurs ont étudié le rôle de l’azote dans la respiration. Jusqu’à présent on ne lui a reconnu aucun rôle propre, tout au plus le considère-t-on comme un modérateur de l’action de l’oxvgène. Cette opinion est trop absolue ; il ressort, en effet, des travaux des auteurs, que c’est grâce à l’azote que l’acide carbonique peut sortir rapidement et facilement du sang. M. d’Arsonval rappelle que l’air liquide fournit également un moyen de séjourner dans un air irrespirable. Ce moyen est aujourd’hui facilité par la construction des récipients qui permettent de conserver de l’air liquide en vase ouvert pendant plusieurs jours.
- La photogénie et les basses températures. — MM. Auguste et Louis Lumière ont étudié l’action latente de la lumière aux basses températures. Une plaque photographique plongée dans l’air liquide ou maintenue à la température donnée par l’air liquide est insensible à l’action des rayons lumineux. Les rayons X se comportent de la
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- même manière que les rayons lumineux. Les corps phosphorescents perdent leur phosphorescence dans l’air liquide, mais si on les ramène à la température ordinaire la phosphorescence reparaît.
- L’étincelle électrique. — M. André Broca a étudié le mécanisme de l’étincelle électrique. Parlant de cette conception que les rayons cathodiques sont dus à une émission de particules infiniment petites, il a été conduit à donner à l’ampoule de Crookes une forme spéciale de manière à élimer l’influence de l’enveloppe sur le phénomène. Cette forme est la forme sphérique, accolée à deux courts tubes fermés placés aux extrémités d’un même diamètre. Les extrémités des deux fils de platine sont ensuite disposées de manière à n’ètre séparées que par un intervalle extrêmement faible. Dans ces conditions une forte bobine produit une étincelle très brillante. En plaçant cette ampoule dans un champ magnétique, il a réussi à séparer deux effluves et à mettre en évidence leur existence. l)e l’anode s’échappe des particules de métal, tandis que de la cathode sort un flux de particules légères. La trace des deux effluves est révélée par l’examen de l’ampoule.
- Varia. — M. Gautier présente une Note de M. Patin sur le sucre des diabétiques et une Note de M. Maillard sur le dépôt de fibrine cristallisée dans le sérum préparé depuis longtemps. Ch. de Yilledeuil.
- LE PREMIER JOUR DE L’AN EN CHINE
- AFFICHES CHINOISES
- En 1899 les Chinois fêtent leur jour de l’an, le jeudi 9 février.
- L’année des Chinois se subdivise en mois qui tous commençant par un jour de nouvelle lune ont de 29 à 50 jours. Une année ordinaire est formée de douze mois, mais il reste une différence de quelques jours pour coïncider avec l’année solaire. Au bout d’un certain temps les Chinois sont forcés d’intercaler un treizième mois qui est annoncé par les almanachs1.
- L’année commence à la première nouvelle lune, qui suit la sortie du soleil du signe du Capricorne. Le premier de l’an tombe ainsi en Chine entre le 21 janvier et le 19 février et ouvre la saison printanière. A cette occasion, de même que les Européens, les habitants du Céleste empire font de nombreuses emplettes de bonbons et de présents plus ou moins riches qu’ils destinent à leurs parents ou à leurs amis.
- Les préparatifs du premier de i’an commencent plusieurs jours à l’avance. Les boutiquiers exposent les objets les plus attrayants pour attirer leurs clients, car tous veulent gagner de l’argent, afin de pouvoir, selon l’usage, acquitter toutes leurs dettes avant de finir l’année. La nuit du jour de l’an et les jours suivants, on n’entend partout que le bruit éclatant des pétards et autres pièces de feu d’artifice. Les rues, pleines de gens affairés, ont un aspect fort animé. Tous sont en habit de fête et tous se font, en se rencontrant, force saluts et compliments.
- La gaieté est partout dans les rues ; mais ce qui la
- 1 Yoy. n° 645, du 10 novembre 1885, p. 298.
- rehausse encore, ce sont les bandes de papier rouge qui flottent de tous les côtés au-dessus des linteaux des portes de chaque maison. Toujours au nombre de cinq elles représentent les cinq bénédictions, c’est-à-dire la longue vie, la richesse, le contentement, la vertu et une heureuse fin. La couleur rouge domine tout. Pour les Chinois, elle est l’indice du bonheur ; car c’est la teinte des fleurs et des fruits du pêcher, le symbole d’une longue vie. Celte couleur préférée n’est écartée seulement que dans les moments de deuil. Outre ces banderoles rouges les Chinois, désireux de se garantir des esprits malfaisants ou de s’assurer la réussite de
- leurs souhaits, collent sur les façades de leur demeure des images de papier représentant des dieux ou des figures diverses munies d’inscriptions variées. Elles remplacent les anciennes qui ont été collées le mois de janvier précédent et devront rester toute l’année. De couleurs très brillantes, elles sont affichées généralement par paires de chaque côté de la porte d’entrée. Les inscriptions se rapportent tantôt au dieu invoqué ou à l’année qui commence, tantôt à la famille ou à la vocation du propriétaire de la maison. On trouve chez les marchands de ces images toutes prêtes ; c’est un négoce dont le débit est toujours assuré.
- Yoici des spécimens de quelques-unes de ces
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- LA N A TU HE.
- Fig. 2. — Koueï-sing, dieu de la grande Ourse et des lettrés.
- affiches populaires que j’ai rapportées de mes voyages à Shang-hai, à Pekinget à lchang au bord du Yantsee-lviang.
- La li g u r e 1 représente cinq enfants qui semblent protégés par un dieu de la guerre, lis tiennent des attributs différents. Celui de droite porte le sceptre des lettrés : il sera célèbre comme poète. Un autre enfant porte un panier plein de lingots d’argent; la richesse sera son partage. L’enfant placé au milieu de l’image, porté par une sorte de dragon fantastique, un
- Ki-lin, jouira de toutes sortes d’honneurs à la cour impériale, etc. Ce sont des souhaits de bonne année pour les cinq fils d’une môme famille afin qu’ils réussissent dans leurs examens et dans leur avenir.
- Le tigre joue un grand rôle dans les superstitions chinoises, aussi les images de cet animal sont-elles souvent collées sur les maisons et sur les portes des temples. Depuis la ylus haute antiquité et encore aujourd’hui, le tigre est considéré comme le meilleur épouvantail des fantômes.
- L’empereur Souë (an 590 de notre ère) le regardait aussi comme le gardien des trésors du royaume. C’est ainsi qu’il est représenté (fig. 4). Le tigre veille sur un lingot d’argent et sur un trésor précieux, tout en semblant hurler pour écarter les fantômes malfaisants.
- Dans la ligure 2 nous voyons l’image de Koueï-sing, le quatrième des cinq dieux des lettres honorés par les fidèles de la secte Taoique. Ce dieu est l’un des plus populaires chez les Chinois, il est affiché surtout près des portes de tous ceux qui ont la prétention d’être de la classe des lettrés. Koueï-sing était un poète qui vivait sous le règne de l’empereur Jen-Tsoung
- Fm. ô.
- - Tchong-Koué, dieu destructeur des génies malfaisants.
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- * % f a
- Fia
- (dynastie des Youén, 1280 à 1368 de notre ère). Il avait remporté les plus hauts grades qu’un lettré peut obtenir dans les examens officiels. L’empereur, dit la légende, devait lui remettre comme récompense la fleur d’or à laquelle il avait droit, mais celui-ci ne pouvant supporter la vue du pauvre Koueï-sing à cause de sa laideur repoussante la lui refusa.
- Koueï-sing, dans son désespoir, se jeta dans l’eau pour se noyer, mais aussitôt un monstre fantastique
- (Ngao) vint le repêcher et l’éleva au ciel dans la constellation de la grande Ourse (ou du boisseau en Chine). Kouéï-sing, cannonisé en l’an 1514, devint dieu de la grande Ourse et en même temps dieu des lettrés. 11 est représenté dans toute sa laideur sur l’affiche, ayant deux sortes de cornes sur la tête et les cheveux hérissés. Il tient dans sa main droite le pinceau à écrire des lettrés et dans la gauche son bonnet d’honneur.
- Dans la figure 3 nous voyons le dieu Tchong-Koué. Comme le précédent il appartient à la secte Taoique. Tchong-Koué vivait, dit-on, sous la dynastie des T’ang (618 à 905 de notre ère), c’était un mandarin célèbre. Après son décès il fut déifié. On le considère comme le destructeur des mauvais génies. Il aide aussi à votre fortune et sait vous rendre favorables les quatre saisons de l’année.
- Par sa figure rébarbative il effraie les esprits malfai-fuir avec son grand sabre. Albert Tissandier.
- 4. — Le Tigre qui fait fuir les fantômes. Réduction d’une afiiche chinoise.
- sauts, ou les fait
- Le Gérant : P. Masso}>.
- Taris. — Imprimerie I.ahcre, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1343. — 18 FÉVRIER 1899.
- LA NATURE.
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- LES « SOUS-MARINS »
- Les derniers essais du sous-marin le Gustave Zédé, exécutés à Toulon, en présence du ministre
- de la marine, ont clairement montré la valeur de ce type de navire comme arme défensive.
- C’est en 1886 que l’amiral Aube, ministre de la marine, fit mettre en chantier à Toulon, sur les
- Fig. 1. — Vue; du-, sous-marin le Gymnote naviguant à la surface en rade de Toulon.
- Fig. 2. — Le Gustave-Zédé à la surface de l’eau.
- plans de M. l’ingénieur Zédé, le premier sous-marin : ce fut le Gymnote qui n’était d’ailleurs qu’un bâtiment d'étude et qui devait permettre d’élucider les principaux problèmes inhérents à ce genre de navire : immersion, direction, visibilité et habitabilité.
- Le Gymnote fit ses premiers essais en novem-Î7* année. — 1er semestre.
- bre 1888 ; c’était, en somme, une grande torpille Whitehead de 18 mètres de long, sur lm,80 de diamètre au fort, avec un déplacement de 30 tonnes. Des gouvernails horizontaux lui permettaient d’immerger et d’émerger à volonté et de se maintenir dans un plan horizontal d’immersion; sa machine électrique, due au capitaine Krebs, était actionnée
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- par des accumulateurs et développait une puissance de 50 à 55 chevaux ; la vitesse atteignait de 7 à 9 nœuds suivant que le batiment naviguait sous l’eau ou à la surface ; les accumulateurs étaient déchargés après 4 à 5 heures de marche.
- Des compartiments avant et arrière assuraient la flottabilité et un gouvernail vertical servait à donner la direction. L’air renfermé dans les diverses parties du navire suffisait pour assurer, pendant les courtes plongées du navire, la respiration aux 4 ou 5 hommes d’équipage.
- A la partie inférieure, le Gymnote portait un poids formant lest qui pouvait être déclenché de f intérieur de façon à permettre au sous-marin de remonter rapidement à la surface en cas d’avarie.
- La question de visibilité fut la plus difficile à résoudre, car on sait que sous l’eau la vision horizontale est limitée à quelques mètres ; nous verrons, quand nous parlerons du mode d’attaque des sous-marins, comment a été tournée cette difficulté.
- Le Gymnote n’étant qu’un navire d’étude, n’était point muni de tubes lance-torpilles.
- Les résultats des essais de ce petit navire furent tels qu’on mit sur cale, vers 1890, un bâtiment de même type mais de plus grandes dimensions, la Sirène, auquel on donna plus tard le nom de Gus-tave-Zédé, le brillant ingénieur qui avait conçu les plans du Gymnote.
- Le Zédé n’est qu’un agrandissement du Gymnote, avec quelques modifications reconnues nécessaires au cours des essais, comme le remplacement de l’acier par du bronze dans la construction de la coque ; il mesure 40 mètres de longueur, 5m,20 de diamètre et son déplacement atteint 266 tonnes ; sa vitesse maximum est de 14 nœuds quand il navigue à la surface ; elle tombe à 8 ou 9 nœuds quand il est immergé ; son armement comprend un tube lance-torpilles pouvant lancer des Whitehead renfermant 100 kilogrammes de fulmi-coton ; son équipage est de 10 hommes.
- Après une série d’essais et d’expériences malheureusement interrompus pendant 2 ans, le Zédé est enfin sorti de la période de tâtonnement ; on sait qu’il a exécuté, aux îles d’Hyères, plusieurs attaques contre le Magenta en marche et au mouillage, qui ont toutes réussi ; il a terminé cette suite de succès par une traversée de Toulon à Marseille, soit 40 .milles, pendant laquelle il s’est fort bien comporté malgré une mer assez houleuse ; comme ses accumulateurs lui auraient encore permis de rentrer à Toulon sans être rechargés, on voit que le rayon d’action du Gymnote est de 75 à 80 milles, ce qui lui permet d’assurer largement la défense dans un rayon de 55 milles.
- Le Morse, mis en chantier il y a un an, sera du type Zédé\ mais sa longueur a été réduite à 56 mètres, sa largeur à 2m,75 et son déplacement à 146 tonnes; il possédera un tube sous-marin et son équipage comprendra également 10 hommes.
- Comment le sous-marin étant aveugle, peut-il
- se diriger pour attaquer ses puissants ennemis?
- Tout d’abord, à l’aide d’un appareil optique qui déborde à la surface de l’eau alors que son bâtiment est immergé de 2 mètres, le commandant peut suivre dans son kiosque, tout ce qui se passe à l’extérieur ; il peut donc se diriger sur ses adversaires ; mais le meilleur moyen d’attaquer ceux-ci est, pour le sous-marin, d’opérer par rapprochements successifs; naviguant à la surface de façon à ne laisser émerger que le petit dôme où est logée sa tête et qui mesure 50 centimètres de diamètre sur 50 centimètres de hauteur, l’officier arrive ainsi jusqu'à 2000 mètres du but à torpiller ; il plonge à ce moment et grâce à ses compas et surtout à un appareil spécial appelé Gyroscope, il est assuré d’une marche en ligne droite de 7 à 800 mètres ; cet espace franchi, il revient à la surîace en ne laissant toujours déborder que le dôme J .reprend un point de repère, plonge de nouveau pour parcourir encore 7 à 800 mètres et parvient 4e .cette façon jusqu’à 5 ou 400 mètres de l’ennemi, en Bbpmposition pour le torpiller.
- Si l’on tient compte de l’état nerveux dans lequel doit se trouver un équipage de grand navireiqui se sent menacé par un adversaire invisible, et d’autre part de la petitesse du but qui n’apparaît qu’à de rares intervalles et en des points indéterminés, on comprendra, en pareil cas, le peu d’efficacité de l’artillerie même à tir rapide ; le sous-marin a pour lui toutes les chances de succès en ne courant que des risques insignifiants.
- Le sous-marin type Zédé n’est qu’une arme de défense à cause de la faiblesse de son rayon d’action ; aussi a-t-on déjà songé à le compléter et à construire un sous-marin autonome, c’est-à-dire à grand rayon d’action; le « Narval », mis sur cale l’année dernière, est appelé à remplir cet objectif.
- C’est un petit bâtiment genre torpilleur de 54 mètres de long, 5m,75 de large et 106 tonnes de déplacement ; il sera muni de deux moteurs, l’un au pétrole pouvant développer une puissance de 210 chevaux et devant servir pour la navigation à la surface, l’autre électrique, actionné par des accumulateurs pour la marche sous l’eau; son rayon d’action sera de 600 milles à 8 nœuds pour la navigation courante au-dessus de l’eau et ses accumulateurs lui permettront encore de parcourir, sous l’eau, 25 milles à 8 nœuds ou 70 milles à 5nœuds ; il pourra recharger ses accumulateurs par ses propres moyens. C’est bien le sous-marin offensif pouvant opérer loin de sa base d’opération.
- Le budget de 1899 porte la mise en chantier de 8 sous-marins type Narval.
- En terminant, il convient de rendre un juste hommage aux deux ministres réformateurs qui, malgré la plus vive opposition, ont fait naître et aboutir cette question des sous-marins. C’est l’amiral Aube qui a décidé la construction du premier navire de ce type ; c’est M. Lockroy, le ministre actuel, qui pendant ses deux ministères a fait pousser
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- bs essais avec tant d’énergie qu’on a enfin obtenu les heureux résultats dont nous venons de rendre compte; grâce à l’initiative de ces deux ministres, nous pouvons, avec de faibles ressources, assurer la del'ense de notre littoral ; que feront les escadres ennemies contre un port protégé de jour par 3 ou 4 sous-marins et de nuit par des torpilleurs ?
- Commandant G.
- LES NOUVELLES ALLUMETTES
- Magitot eût tressailli de joie, s’il avait pu assister à la dernière séance de l’Academie de médecine de l’année 1898. Pendant des années il avait lutté pour la réforme des manufactures d’allumettes, pour la proscription du phosphore blanc, cause de nécrose du maxillaire, d’empoisonnement chronique chez les ouvriers; pendant des années il avait demandé, sans que la science arrivât à la solution du problème, la substitution au phosphore d’un agent moins délétère et ses efforts n’avaient abouti qu’à une meilleure installation de quelques ateliers. Et depuis quelques mois le phosphore blanc n’est plus employé pour la confection des allumettes.
- Dans une communication fort intéressante, le Dr Cour-tois-Suffit, attaché comme médecin aux usines de Pantin et d’Aubervilliers, montrait que les précautions d’une hygiène sévère lui avaient permis, même avec l’emploi du phosphore blanc, d’écarter tout accident de phosphorisme. Aucun ouvrier n’était admis, s’il n’était d’une santé parfaite, sans tare diathésique et surtout s’il ne possédait une denture irréprochable. On sait, en effet, que la moindre lésion dentaire ou gingivale est une porte d’entrée pour les vapeurs nocives, une zone d'attaque toxique et le point de départ de ces nécroses étendues du maxillaire. Mais, comme le dit notre confrère, il vivait dans des transes perpétuelles; la moindre lésion, banale, et dont le diagnostic eût été précis, en dehors de ces ateliers, devenait, là, suspecte, et l’on se demandait si le phosphorisme n’était pas en cause.
- Actuellement, ces craintes sont dissipées grâce à la découverte de MM. Sévône et Cahen, ingénieurs des manufactures de l’État, qui sont arrivés à confectionner des allumettes avec une combinaison phosphorique moins délétère, le sesquisulfure de phosphore. La période d’essais est depuis longtemps terminée, et depuis quelques mois toutes les manufactures de France n’emploient plus que cet agent; vous en avez la preuve par la marque S. C. apposée sur les boîtes.
- La solution du problème n’était pas des plus simples : il fallait trouver une substance inoffensive pour les ouvriers et, en même temps, très inflammable, sur un corps rude quelconque, pour que les consommateurs trouvassent les mêmes avantages. Deux types furent retenus dans les premiers essais; le type Fouteau et le type Otto Miram. Il fallut les abandonner bien vite. Les allumettes Pouteau contenaient dans leur pâte de l’acétate d’amyle ; or, cet agent a une action rapide sur la circulation encéphalique : les battements du cœur s’accélèrent, la face se colore, se congestionne, les muqueuses s’injectent; à une dose minime ces troubles s’observent; à une dose plus forte, il survient des vertiges, des nausées. A la longue, l’emploi de ce corps eût provoqué des désordres graves.
- Le type Otto Miram était à base de plomb; c’était substituer une autre intoxication, le saturnisme au phosphorisme, tout aussi grave, peut-être plus grave.
- On se voyait donc obligé de continuer l’emploi du phosphore blanc et Magitot, désespéré, pouvait écrire qu’il n’y a pas de succédané du phosphore blanc. Les allumettes fabriquées avec ce corps s’enflamment partout, sans explosion ; leur fabrication est simple, mais elle est dangereuse.
- Comment et pourquoi cette fabrication est-elle si dangereuse? c’est que le phosphore blanc est volatil, et que ses vapeurs, âcres, irritantes, se répandent dans l’atmosphère des ateliers, pénètrent dans les voies respiratoires, sont absorbées et se fixent dans le sang et les tissus pour créer cet état particulier d’empoisonnement, désigné sous le nom de phosphorisme. Le phosphore est très volatil, et il fond à une température peu élevée, 45°; il est des plus toxiques.
- Le produit, préconisé par MM. Sevestre et Cahen, le sesquisulfure de phosphore, a les avantages du phosphore blanc sans en avoir les inconvénients. 11 s’obtient par la combinaison du phosphore amorphe et du soufre; on ne peut pas l’obtenir en partant du phosphore blanc; aussi ne peut-il contenir comme impuretés que du phosphore rouge et de l’eau. 11 ne fond qu’à 142° et n’émet pas de vapeurs aux températures ordinaires : on ne constate ni odeur ni fumée dans les ateliers de fabrication. La toxicité de ce produit est assez faible; dans leurs expériences, MM. Sevestre et Cahen ont pu en donner des doses répétées, de 3 centigrammes par jour, à des cobayes, sans que ceux-ci aient paru en souffrir, ce qui correspond pour un adulte, de taille moyenne, à 5‘r,50, c’est-à-dire au poids de sesquisulfure contenu dans 6000 allumettes. Vous voyez que la méthode, bien usée, de l’empoisonnement par l’immersion d’allumettes dans un liquide ne risquera plus de se produire. Avec une dose de phosphore blanc, dix fois moindre, 3 milligrammes, au lieu de 5 centigrammes, on tue rapidement un cobaye.
- Pour donner aux allumettes le degré d’inflammabilité, il faut toujours faire entrer dans la pâte une certaine proportion de chlorate de potasse ; voici la composition de la pâte actuellement employée et qui a permis la fabrication courante d’un nouveau type d’allumettes en bois, paraffinées, prenant sur toutes les surfaces :
- Sesquisulfure de phosphore................... 6
- Chlorate de potasse..........................24
- Blanc de zinc................................ 6
- Ocre rouge . . . ............................ 6
- Poudre de verre.............................. 6
- Colle........................................18
- Eau......................................... 54
- La composition varie un peu suivant que la pâte est destinée aux allumettes soufrées, paraffinées ou aux allumettes en cire. Non seulement ce produit n’a pas les inconvénients du phosphore blanc, mais les procédés de fabrication sont restés à peu près les mêmes, ou avec des modifications peu sensibles. Actuellement toutes les manufactures françaises, Trélazé, Bègles, Saintines, Marseille, Aix, Aubervilliers, Pantin, emploient les nouveaux procédés; d’ici peu le stock des allumettes anciennes sera écoulé et nous n’aurons plus que des allumettes au sesquisulfure, les allumettes Se Ca, comme on pourra les appeler du nom abrégé de leurs inventeurs. D’ici peu aussi les accidents de phosphorisme auront pour jamais disparu ; les médecins des manufactures et notre distingué confrère Courtois-Suffit, n’auront plus l’esprit hanté par ces terribles nécroses pliosphorées; ils n’auront plus qu’à soigner les maladies banales ordinaires ; le phosphorisme ne sera qu’un mauvais souvenir. Dr A. Cartaz.
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- LÀ NATURE.
- LA CONDENSATION DANS LES MACHINES
- A VAPEUR
- Tout le monde connaît les avantages de la condensation pour une machine à vapeur ; on sait qu’il en résulte une économie de 15 à 50 pour 100 environ, suivant la puissance des machines. Mais l’installation des appareils de condensation est coûteuse, et demande une certaine quantité d’eau qu’on n’a pas toujours à sa disposition.
- M. F. Bohler, ingénieur-constructeur, a imaginé un appareil auquel il a donné le nom d’éjecto-con-denseur et qui sous un faible volume remplit toutes les fonctions d'un condenseur ordinaire. 11 a également disposé un réfrigérant représenté par la figure 1 qui permet d’utiliser toujours la même eau refroidie et épurée pour la condensation. Si la quantité d’eau dont on dispose est suffisante, on peut installer simplement un éjecto-condenseur ; dans le cas contraire, ou bien si l’eau est chère, comme à Paris par exemple, on installe alors deux appareils comme le représente la figure 2.
- Le modèle général d’éjecto- condenseur, comme le montre le cartouche delà figure 2, est formé d’un tube cylindrique avec renflement à la partie supérieure. Sur le côté à gauche se trouve une tubulure qui est mise en communication avec l’arrivée de la vapeur d’échappement sortant de la machine, et qui est munie d’une boîte à clapet pour empêcher les retours d’eau au cylindre. A la partie supérieure se trouve un volant commandant un pointeau qui règle l’admission de l’eau froide qui arrive par le tuyau que l’on voit ouvert. En arrière se trouve un robinet que l’on aperçoit et qui sert pour l’amorçage de l’appareil.
- Ces éjecto-condenseurs peuvent être employés soit avec de l’eau en charge, soit avec une pompe centrifuge pour aspirer leur eau de condensation ou peuvent encore servir directement en aspirant eux-mêmes leur eau de condensation. Dans ce dernier cas, ils sont disposés spécialement avec un tiroir.
- La figure 2 nous montre l’installation complète d’un éjecto-condenseur avec réfrigérant sur une machine à vapeur. À la sortie de la vapeur, après
- son action sur le cylindre, en A se trouve un robinet à 5 voies qui permet d’envoyer la vapeur à l'air libre dans le tuyau placé à la partie supérieure, ou dans le tuyau inférieur qui aboutit à l’éjecto-condenseur B. Par le tuyau du réfrigérant que l’on voit en avant arrive de la bâche C l’eau et, lorsque la machine est en marche, c’est cette eau qui se mélange à la vapeur arrivant en B et qui est aspirée par la pompe centrifuge 1) pour être refoulée sous pression dans le réfrigérant E.
- Dans la figure 1 est représenté en coupe un réfrigérant. On voit à la partie inférieure une bâche d’où sort un tuyau avec une crépine au départ pour se rendre à f éjecto-condenseur ; c’est le tuyau dont nous venons de parler plus haut. Au-dessus se trouve le tuyau qui ramène sous pression l'eau mélangée de vapeur dans le réfrigérant. A l'entrée est un tube vertical d’expansion servant au réglage de la pression. L’eau se rend alors dans une série de tuyères de pulvérisation, s’échappe en poussière et retombe dans une bâche où nous la reprenons refroidie et épurée. L’ensemble des tuyères est placé sous une enveloppe en tôle qui les recouvre entièrement.
- Dans les modèles ordinaires, le réfrigérant porte un entourage en persiennes formé par des panneaux qui sont supportés par des fers cornières.
- L’eau, en s’échappant par les tuyères de bas en haut en pluie très fine, forme souffleur et détermine un appel d’air très énergique par la partie inférieure de la cheminée en tôle. Il en résulte un grand refroidissement. On remarque de plus que l’eau est très divisée et que toutes les parties en sont refroidies. Il ne reste donc aucune vapeur.
- L’eau est recueillie dans une bâche à la partie inférieure ; mais on a soin de l’épurer et de recueillir par un tuyau de trop-plein les huiles provenant du graissage et qui montent à la surface. Ces réfrigérants occupent très peu de place, environ le tiers de l’espace nécessaire à un réfrigérant en plein air. Divers modèles de ces appareils sont établis pour des puissances de 15 à 1000 chevaux. Pour 15 chevaux, le débit d’eau nécessaire est d’environ 4500 litres par heure ; la surface des bassins est de 9 mètres carrés. Pour 1000 chevaux, le débit d’eau
- Fig. 1. — Réfrigérant a cheininee Bohler.
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- atteint 500 mètres cubes par heure; la surface des bassins est de 75 mètres carrés.
- La mise en marche de l’éjecto-condenseur se fait à l’aide de la vapeur qui est envoyée directement dans l’éjecto-condenseur au moyen du robinet placé sur le côté. On le ferme dès que l’amorçage est terminé. La pompe continue ensuite l’aspiration de l’eau de refroidissement et le refoulement dans la bâche.
- Avec les machines à vapeur, on compte que l’emploi des condenseurs ordinaires donne une économie de combustible d’environ 25 pour 100 sur la marche à échappement libre; mais il est nécessaire d’assurer un débit d’eau qui peut s’élever à environ 500 litres par cheval et par heure, les condenseurs à mélange
- étant en général les seuls pratiques dans les villes.
- L’appareil de M. Bohler utilise toujours la même eau ; la perte due à l’évaporation atteint environ 5 à 6 litres par cheval et par heure; mais il faut ajouter que la vapeur condensée provenant des cylindres de la machine compense largement cette perte. Le tuyau de trop-plein placé sur la bâche au-dessous du réfrigérant, et qui enlève les huiles de graissage, sert également à faire disparaître l’eau en excès qui peut être utilisée pour les chaudières, après épuration.
- Le deuxième modèle d’éjecto-condenseur ne comprend pas de pompe centrifuge. Il s’amorce et aspire lui-même l’eau de condensation.
- Les éjecto-condenseurs peuvent se placer horizon-
- Fig. 2. — Ejecto-condenseur et réfrigérant Bohler. Adaptation à une machine.
- talement ou verticalement. Leur niveau doit toujours être inférieur à celui des cylindres des machines à vapeur, pour permettre à l’eau de condensation de s’écouler facilement. De même la hauteur d’aspiration ne doit pas dépasser une certaine valeur, environ 4 mètres. Pour éviter des pertes de vide, il faut placer les éjecto-condenseurs le plus près possible des machines ou augmenter le diamètre de la conduite qui va de la machine à l’appareil.
- Ces nouveaux condenseurs présentent de grands avantages; ils coûtent environ moitié moins cher que les condenseurs à pompe à air, n’ont ni piston ni clapet, ne demandent aucun graissage, aucun entretien et produisent un vide moyen qui se traduit par une diminution de la colonne de mercure de 65 centimètres.
- Comme nous l’avons dit plus haut, l’installation d’une condensation au moyen des éjecto-condenseurs est très économique. Prenons l’exemple d’une machine de 100 chevaux qui demandera un débit de 30 mètres cubes d’eau par heure. Le prix de l’éjecto-condenseur seul s’élèvera à 1250 francs, et les divers accessoires coûteront environ 950 francs. Il faudra ajouter à cela le transport, le montage et autres frais. Le prix du réfrigérant et du bassin en tôle est de 5000 francs environ.
- Ces appareils nous semblent intéressants et de nature à permettre d’avantageuses applications dans les installations industrielles.
- D’ailleurs, déjà, un grand nombre d’applications importantes ont été faites et fonctionnent dans d’excellentes conditions. J. Laffargüe.
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- LA NATURE.
- LÀ LAMPE A INCANDESCENCE
- DU DOCTEUR NERNST
- Voici plusieurs mois que l’on avait annoncé la découverte d'une nouvelle forme d’éclairage électrique par l’incandescence, due au professeur Nernst, de Gôttingen.
- La lampe Nernst ne réclame ni vide ni emploi d’un filament comme celui des lampes électriques ordinaires. L’invention est basée sur cette observation que, quand des
- Fi»ç. 1. — Première disposition de la lampe Nernst.
- substances comme la magnésie et de l’argile sont soumises à une température de plus de 5000° Celsius, il suffit d’un faible courant pour les maintenir dans un état de luminosité intense. On peut d’ailleurs recourir à des courants soit alternatifs, soit continus. La seule difficulté du système consiste dans une disposition pratique pour porter la magnésie à la température voulue. M. Cooper assure que le Dr Nernst a beaucoup perfectionné son invention ; d’autre part, Science publie les deux figures ci-jointes qui donnent les dispositions adoptées par l’inventeur.
- 11 s’agit de rendre la magnésie conductrice, et de l’élever à' une température suffisante.
- Comme on peut le voir, M. Nernst a imaginé dans ce but deux dispositifs. En voici un (fig. 1) où le chauffage préliminaire de la magnésie A est obtenu en plaçant celle-ci au foyer d’un réflecteur C, sur la paroi interne duquel est un fil de platine en spirale D D'. Quand ce fil est porté à l’incandescence par le passage d’un courant, il produit une chaleur suffisante pour rendre la magnésie conductrice. Alors on peut faire passer directement par l’oxyde de magnésium un courant amené par le fil B, et on interrompt celui qui suivait le fil en spirale D.
- La figure 2 représente une forme de lampe plus compliquée. La magnésie, que nous désignons toujours par la lettre A, est placée à l’intérieur d’un cylindre C, qui comporte aussi, sur sa surface interne, un fil en spirale D. Sitôt que cette spirale portée à l’incandescence a chauffé suffisamment la magnésie, on fait passer par celle-ci un courant arrivant grâce au fil B. Dans ce circuit est intercalée une bobine G, qui s’aimante et attire en bas la barre de fer E : la magnésie devenue incandescente, est abaissée hors du cylindre C. Par suite de la rupture du circuit, la bobine perd son magnétisme, et un ressort F ramène à leur position la barre de fer E et la magnésie A. D. Lebois.
- LA GROTTE DE HAN
- (BELGIQUE)
- II
- On connaissait depuis longtemps, à l’extrémité de la salle des Draperies, un étroit couloir latéral (la Tamise), de difficile abord, contournant le Grand Dôme, s’élevant à 162 mètres (soit à A mètres au-dessus de la Lesse) et débouchant dans la salle de la Sentinelle, entre le Grand Dôme et la place d’Armes.
- Nous avons parcouru ce passage (très remarquable entre parenthèses pour les traces de puissante corrosion chimique de ses parois) et nous avons pu y lire distinctement écrit, comme sur la plus claire figure théorique, quel est le vrai mode de remplissage de la salle des Draperies : le plan détaillé1 nous aidera à l’expliquer. Dès que le Styx (à 158-159 mètres d’altitude aux basses eaux) s’élève de 3 à 4 mètres (ce qui arrive couramment en hiver puisque les crues de la Lesse souterraine ont jusqu’à 10 mètres d’amplitude), il envahit successivement la partie basse de la place d’Armes d’abord, puis la salle de la Sentinelle, et s’engage enfin dans l'étroite Tamise pour se déverser dans la salle des Draperies ; c’est alors seulement que les eaux de cette dernière s'écoulent en aval vers la salle d’embarquement, en traversant ou surmontant même le barrage d’éboulis, et que les deux bras, autour du Grand Dôme, coulent simultanément et présentent la même température.
- Les eaux du Styx s’élèvent-elles de 7 mètres, c’est alors un deuxième trop-plein qui entre en fonctions, celui de la galerie du courant d'air, par laquelle les visiteurs (à 165 mètres d’altitude) passent de la salle de la Sentinelle au Grand Dôme (fig. 1, coupe III). Le lit très marqué d’un ruisseau, qui parcourt les deux salles de la place d’Armes et de la Sentinelle, et sur lequel un pont porte le chemin construit pour la traversée de ces salles, est l’irrécusable témoin de ce processus. M. Dupont l’a parfaitement reconnu mais ne lui a pas attribué un rôle suffisamment important.
- Si l’on objectait que les eaux de la salle des Draperies proviennent d’ailleurs, parce quelles ne se troublent que deux jours après celles du courant normal, il serait facile de répliquer par plusieurs arguments : d’abord, il faut que l’eau prenne le temps de s’élever à travers la place d’Armes et celle de la Sentinelle, après s’être mise en pression dans les siphons d’amont dont nous parlerons tout à 1 heure ; ensuite elle doit forcer sa route par le passage de la Tamise, dont les contours et les dispositions siphonnantes ralentissent sa marche et diminuent considérablement son débit; il lui reste ensuite à occuper la salle des Draperies ; enfin et surtout à traverser le barrage d’éboulis, qui possède assurément un notable pouvoir filtrant et retient sans nul doute au passage une partie de l’argile en suspension dans l’eau.
- 1 Yoy. n° 1341, du 4 février 1899, p. 151.
- Fi". 2. — Drniièrc disposition.
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- LA NATURE.
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- Aussi bien la salle des Draperies (comme celles de la place d’Armes et de la Sentinelle) est-elle remplie d’énormes amas de boue et de sable, produit de la décantation du limon.
- On a remarqué aussi que le niveau du bras du Styx dans la salle de la Sentinelle s’élève, en temps de crue, trois fois plus rapidement que celui des eaux dans la salle des Draperies. Pas n’est besoin, pour se l’expliquer, d’invoquer l’existence d’une autre branche d’amenée, dans cette dernière, que par le couloir de la Tamise. En effet, le Styx, en aval de la place d’Armes, est entravé par les étranglements des deux siphons1 à la base du Grand Dôme, qui gênent son libre écoulement (de même que l’amorçage de
- celui de la Tamise retarde son flux vers les Draperies), tandis qu’une fois dans la salle des Draperies l’eau n’est plus retenue par d’autre obstacle que l’éboulis-barrage filtrant; et cet éboulis doit être franchi assez rapidement par le liquide (sinon par l’argile), qui n’est point forcé de chercher puis de racheter un plus bas niveau comme dans les vases communicants des siphons du Styx.
- Quand les eaux baissent et redescendent au-dessous de la cote 162, le trop-plein de la Tamise cesse de fonctionner et l’écoulement s’arrête vers la salle des Draperies; celle-ci se vide peu à peu, à travers ou par-dessus l’éboulis-barrage, et finit par ne plus conserver d’eau que dans ses bas-fonds ; nous avons
- l'ig. 1. — Coupes verticales dans la grotle de Han, par E.-A. Martel.
- vu un de ces bas-fonds complètement émergé sous la forme d’un isthme d’argile isolant entièrement le bassin terminal (à 10°,5) et sans courant ; alors l’eau devient stagnante, comme nous l’avons trouvée, elle échappe à l’influence thermique (réchauffante en été, refroidissante en hiver) de la Lesse courante, et sa température tend à se rapprocher de la température moyenne annuelle du lieu, qui serait celle de toute la caverne (8°,5 C.), sans l’influence perturbatrice de la rivière.
- Nous tenons donc pour formellement démontré, par tout ce qui précède, que la salle des Draperies est bien un simple trop-plein du Styx (bras unique
- 1 II s’en amorce même un troisième, dès que le niveau monte de lm,50 à 2 mètres, grâce à une voûte surbaissée de pareille hauteur, située vers la galerie latérale de Y Abîme, à une trentaine de mètres en aval du pont du Styx.
- de la Lesse en temps d’étiage), et nullement un second bras permanent comme on le croyait jusqu’ici.
- Il résulte encore de nos observations que peu de cavernes ont donné jusqu'à présent des écarts de température aussi considérables que celles de Han-sur-Lesse les \ 9 et 20 septembre, savoir :
- Lesse courante souterraine .... 16°,5 à 17°
- g \ Bassins de la salle des Draperies. . 10°,5
- I Autres petits bassins stagnants de la
- grotte (moyenne annuelle) . . . 8°,5
- Air
- Grand Dôme.................14°,5
- Place d’Armes..............13°
- Salle des Draperies........11°
- Galeries sèches (moyenne ann.) 9°
- Réchauffement dû à la Lesse.
- Cela infirme une fois de plus l’ancienne et fausse croyance à l’uniformité et à l’égalité de la température des cavernes, que j’ai, depuis plusieurs années,
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- réfutée par d’innombrables exemples ; et cela confirme en même temps quelle influence considérable les cours d’eau souterrains exercent sur cette température, ainsi que je l’avais déjà reconnu à Adelsberg, à Bramabiau, au Tindoul de la Yayssière, à Marble-Arch, à Gaping-Ghyll, etc. Je ne rabâche point (pardon du terme) en revenant sans cesse sur ce sujet : il le faut pour déraciner cette autre erreur singulièrement tenace. Venons maintenant aux données, moins hypothétiques que celles de nos prédécesseurs, que nous avons pu acquérir sur la portion inconnue du cours souterrain de la Lesse.
- Le 20 septembre, nous constations, pour la température de la rivière, une différence d’un demi-degré seulement entre la perte à Bel-vaux 17°,5 C., et la sortie au Trou de Han 17° (au lieu de 16°,5 la veille) : cette faible déperdition, pour une distance de 1050 mètres à vol d’oiseau, était déjà une première indication que le séjour de l’eau sous terre ne saurait être long, pour ne pas subir davantage l’influence réfrigérante d’un milieu dont la normale est 8°,5 à 9°.
- Une expérience de coloration nous a matériellement affirmé la réalité de ce fait.
- Le 18 septembre, à 4 heures du soir,
- M. Van den Broeck jetait 1 kilogramme de fluorescéine dans la perte de Belvaux. Le 19, à midi, nous voyions arriver la caractéristique coloration verte la plus intense au pont du Styx (salle delà place d’Armes), et celle-ci ne se manifestait à la sortie de la Lesse (distante de 400 mètres) qu’à 4 heures de l’après-midi. La fluorescéine a par conséquent mis vingt-quatre heures du Trou de Belvaux à la sortie de la Lesse, dont quatre pour les 400 derniers mètres. Au taux de 100 mètres à l’heure, c’est donc 2 kilomètres seulement (au lieu des 12 supposés pour l’imaginaire bras occidental), que la Lesse parcourt du Trou de Belvaux à la place
- d’Armes. 11 n'y a pas à tenir compte d’une accélération due à la pente qui est (du Trou de Belvaux à la sortie) de 0m,90 d’après un nivellement d’ingénieur, et de 1 mètre environ d’après nos observations barométriques.
- C'est là une des plus lentes transmissions d’eau souterraine courante (lm,66 à la minute) que j’aie observées au cours de mes nombreuses expériences analogues. Je puis citer comme moins rapide
- celle observée le 1er septembre 4895 par M. Piccard entre le lac Brenet et la source de l’Orbe,
- 4 mètre à la minute, et celle de l’Aven et de la source de Sauve ( Gard ), également 1 mètre à la minute1, etc.
- II est évident que, sur ses deux kilomètres encore inconnus2, la Lesse parcourt, comme toutes les rivières souterraines que j’ai explorées jusqu’à présent, une série de siphons, de réservoirs et de trop-pleins analogues à ceux si caractéristiques du Boundoulaou (Aveyron), de Mar-ble-Arch (Irlande), du Tindoul de la Yayssière (Aveyron), d’Adelsberg (Autriche), de la Baume (Ardèche), de Couvin (Belgique), etc.,etc.
- On connaissait déjà deux de ces siphons, entre le Styx et le Grand Dôme d’une part, et entre le Grand Dôme et le débarcadère d’autre part (je leur ai trouvé des profondeurs de 6, 8 et 15 mètres, fig. 4). En amont du pont du Styx j’en ai reconnu deux autres, à l’endroit où la Lesse (seul bras permanent) émerge du rocher et où subsistait notre seul espoir de rencontrer un cours ignoré ;
- 1 Yoy. Comptes rendus de l'Académie des sciences, 29 novembre 1897.
- 2 Ce chiffre doit être un maximum : il se pourrait fort bien en effet que, sur son trajet du trou de Belvaux au quatrième siphon, la Lesse se subdivisât çà et là en quelques petits embranchements latéraux diminuant sa section normale et ralentissant encore sa vitesse. C’est ce qui se passe notamment à Bramabiau (Gard)
- Fig. 2. — Grotte de Han. Les Mystérieuses. (D’après une photographie.)
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- à l'aide d’an canot de toile nous vîmes là, le 19 septembre, un vrai siphon désamorcé (comme ceux si curieux de Marble-Arch1), mais seulement sur 0m,20 de hauteur au-dessus de l’eau et un demi-mètre de largeur. Impossible pour le bateau de franchir un vide si étroit. Tout travail à la mine eût été dangereux et risquait de se trouver inutile.
- Je me décidai donc, le 20 septembre, à user de la natation pour savoir exactement ce qui se rencontrerait par-delà ce trou si tentateur, mais si menaçant en cas de crue subite : serait-ce une galerie se prolongeant au loin comme à Adelsberg, ou un deuxième siphon tout proche comme à Marble-Arch?
- Ayant au préalable poussé dans la cavité inconnue une planche portant plusieurs bougies allumées, et m’étant fait attacher une corde autour des reins, je passai à la nage sous le trou bas, qui faisait juste place à ma tète : au bout d’un mètre à peine, la voûte se relevait subitement, mais j’eus vite la déception de me trouver dans une sorte de cloche fermée de toutes parts, large et haute de 10 mètres environ, entièrement occupée par un bassin circulaire, dont les parois partout à pic plongeaient dans l’eau sans aucune issue visible. C’est donc par un second siphon (le quatrième en remontant depuis la sortie) que la Lesse arrive dans cette cloche ; il
- Fig. 3, — Salle de l'embarcadère et rivière souterraine de la Lesse. (D'après une photographie.)
- n’était pas désamorcé et, comme on n’a guère observé de niveau des eaux plus bas que celui par lequel j’ai opéré le 20 septembre, il semble bien qu’il faille définitivement renoncer à tout espoir de remonter davantage vers l’amont le cours de la Lesse souterraine. Il m’a été impossible, faute de points d’appui, de sonder la profondeur du quatrième siphon si malencontreux ; au point où j’ai passé sous la roche du troisième, la profondeur était de 4 mètres, mais paraissait augmenter vers l’amont ainsi qu’on a pu le constater du bateau arrêté en cet endroit et qui surveillait ma manœuvre.
- La nouvelle cloche que j’ai ainsi découverte, et qui est certainement précédée d’autres analogues plus ou
- 1 Yoy. Comptes rendus de VAcadémie des sciences, du 18 mai 1896.
- moins vastes, achève d’expliquer pourquoi l’eau, arrêtée par tant de siphons successifs retardateurs, doit se mettre assez lentement en pression hydrostatique avant de monter, à la place d’Armes, au niveau nécessaire pour amorcer la Tamise et faire déborder des eaux troubles dans le bras de la salle des Draperies.
- Tel est aussi le motif pour lequel les corps flottants, jetés dans la perte de Belvaux, n’ont jamais reparu à l’issue de la Lesse ; c’est ainsi qu’au bout du Styx, en amont du deuxième siphon, j’ai rencontré une quantité de bouteilles vides flottant contre le rocher et provenant de la salle d’Armes où se trouve une buvette !
- Ladite cloche corrobore bien ce que j’ai fait remarquer plus haut, à propos de la profondeur du
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- siphon du Trou de Bel vaux, à savoir que la Lesse descend souterrainement plus bas que le niveau de son orifice de sortie, et qu’ainsi la grotte de Han est, dès maintenant, excavée à un niveau inférieur à celui de la vallée circonvoisine de la Lesse.
- En 1897, les avens réservoirs de Sauve (Gard) m’avaient déjà présenté pareille disposition par rapport i^la vallée du Vidourle1.
- En résumé, notre expédition a établi : 1° que la Lesse souterraine est bien un courant unique, coupé de siphons et pourvu de trop-pleins temporaires ; — 2° que la portion inconnue de son cours souterrain doit mesurer seulement 2 kilomètres environ; — 5° que ses températures y présentent la plus grande diversité ; — 4° que l’aiguigeois extérieur du Trou Madame doit communiquer non pas avec la salle des Scarabées, mais avec celle d’Antiparos (fig. 1, coupe I) ; — 5° que le Grand Home présente la forme de fuseau oblique figurée ci-contre, et non pas celle d’une véritable coupole (fig. 1, coupe IV). Accessoirement nous avons constaté aussi que l’épaisseur de sa voûte est au moins de 55 mètres, et qu'il mesure 65 mètres d’élévation totale, depuis le bassin du fond jusqu’au point extrême de la voûte, au lieu des 56 mètres ou 100 mètres qu’on lui attribuait jusqu'à présent (les dimensions de 154 mètres sur 155 sont à peu près exactes : nous avons trouvé 160 mètres sur 150) ; — 6° et que la grotte tout entière a bien été formée aux dépens des joints de stratification et des diaclases du calcaire, par la double action, chimique (corrosion) et mécanique (érosion), tant des eaux d’infiltration du plateau que des eaux courantes de la Lesse (conclusion déjà formulée à la suite de notre examen de 1890 avec M. de Launay)2.
- Nos plans et coupes de la partie occidentale de la caverne corrigent certaines inexactitudes des précédents levés, et montrent surtout comment le sommet du Grand Dôme est superposé à la salle des Draperies.
- Il nous reste encore à déterminer, par une autre expérience à la fluorescéine, la vitesse de la rivière souterraine lors des crues, à étudier les températures de la grotte en hiver, à y rechercher les prolongements du Trou Picot et des pertes et fissures qui l’avoisinent, seule chance subsistante de trouver le surplus de la Lesse souterraine (comme j’ai réussi à le faire en 1895 pour la Piuka d’Adels-berg) ; et nous aurons aussi à examiner s’il n’y a pas quelque chose d’intéressant dans la région de la grotte, située entre la galerie du Hasard et les belles salles à stalactites des Mystérieuses (fig. 7), et où M. Dupont inscrit sur son plan la mention suivante : « beaucoup de galeries visitées par les guides ».
- 1 Voy. Comptes rendus de VAcadémie de sciences, du 17 janvier 1898.
- 2 Voy. Bulletin de la Société géologique de France, 1er décembre 1890, p. 160.
- Le temps nous a fait défaut pour cette tàcbe, que nous comptons reprendre l’année prochaine, considérant comme assuré que la grande grotte de Han-sur-Lesse n’a pas livré ses derniers secrets1.
- E.-A. Martel.
- CONSERVATION HIVERNALE
- DES ŒILLETONS D'ARTICHAUT
- Vers le mois de novembre, sous le climat de Paris principalement, on butte les touffes d'Articbaut et on les recouvre de litière ou de feuilles. Mais il arrive, malgré cela que par les hivers rigoureux ou humides, les pieds gèlent ou pourrissent par suite de l’humidité trop grande et trop prolongée.
- Pour constituer un nouveau plant, il faut avoir recours soit, au semis, soit à l’achat d’œilletons, lorsqu’on peut en trouver; car les producteurs ou jardiniers se trouvent souvent dans le même cas et ne peuvent en vendre.
- Le semis fait en février-mars, sur couche chaude, pare évidemment à cette éventualité; les plants lèvent rapidement et, si l'on a soin de les repiquer en pots, on obtient de bonnes plantes pour mettre en place en avril-mai. Ces jeunes sujets produisent généralement l’année même, en septembre-octobre; le mal serait donc en partie réparé si le semis ne donnait une forte proportion de sujets inutilisables, très épineux et se rapprochant absolument du type sauvage qu’on ne peut reconnaître et distinguer qu’à l’apparition des têtes. Il arrive que la majorité de ces tètes sont absolument épineuses et leurs feuilles, au lieu d’être charnues, sont très étroites et très coriaces. La plante est elle-même très épineuse, mais ce caractère ne se manifeste que tardivement. Par conséquent ce procédé n’est pas toujours favorable et ne saurait être préconisé.
- La propagation des œilletons offre sur le semis des avantages très appréciables. Ce mode de multiplication est plus rapide et reproduit sûrement et fidèlement le caractère des sujets desquels on a tiré les œilletons.
- L’œilletonnage, pour la conservation hivernale des jeunes plants, est pratiqué fin octobre ou commencement de novembre. A cet effet, on marque d’avance les pieds qui ont donné les produits les plus beaux et les plus francs et à l’époque indiquée on les déchausse jusque sur leurs racines à l’aide d’une spatule en bois ou avec la inain ; on éclate tous les œilletons, ou ce qui est de beaucoup préférable, on les sectionne avec un couteau à l’exception de deux ou trois que l’on conserve sur la souche.
- Ces œilletons sont ensuite triés et on ne conserve que ceux portant de cinq à huit feuilles, d’une taille moyenne, munis d’un fragment de rhizome ou talon et de
- 1 Du 22 au 24 octobre, M. Van den Broeck est retourné à Han et m’informe qu’il a trouvé près du Trou Picot une petite galerie d’ancienne entrée de la Lesse, très difficile d’accès (dimensions 0“,55 sur 0ra,34) et que l’on va déblayer, — qu’à l’intérieur de la grotte la Lesse était à 13° et le bras des Draperies à 10°, — enfin que M. le baron de Spandl a bien voulu, sur sa demande, faire placer au Trou de Belvaux, à la place d’Àrmes et à la sortie de la grotte, trois échelles fixes graduées pour mesurer les variations de niveau de la Lesse. Voici donc la grotte de Han définitivement érigée en laboratoire scientifique.
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- quelques racines. Les autres sont évincés comme trop faibles, car ils ne présentent pas toujours une garantie de reprise et ils fructifient généralement trop tardivement.
- Les plaies produites sur les œilletons par l’éclatage sont rafraîchies à la serpette pour qu’elles se cicatrisent de suite, ce qui n’a pas besoin d’être fait si on les a sectionnés, et les racines sont conservées intactes. Puis les feuilles fanées sont supprimées et les feuilles saines sont raccourcies aux deux tiers de leur longueur.
- Ainsi préparés on les rempote séparément dans des pots de 10 à 12 centimètres de diamètre, dans un mélange de sable, terreau de fumier et terre de jardin par parties égales; il faut avoir soin de bien drainer les pots et de tasser la terre convenablement; un bon arrosement complète cette opération.
- Les pots sont ensuite placés les uns près des autres dans un coffre ou bien enterrés dans la terre de ce dernier, puis ils sont recouverts de châssis qu’on laisse fermés quelques jours afin de faciliter l’émission de nouvelles racines. De temps à autre on donne un peu d’air en ouvrant le châssis, lorsque la température extérieure le permet. Par contre, lorsqu’il fait froid la nuit, on abrite avec des paillassons et on entoure le coffre de litière ou de feuilles; mais il faut avoir soin d’ôter ces paillassons dans le jour.
- Ainsi traités, ces plants sont très vigoureux et peuvent être mis en place dans le courant du mois de mars. Ils donnent des produits à la même époque que les touffes d’Artichauts plantées l’année précédente.
- Mais une production plus hâtive peut être obtenue en opérant ainsi. Vers la fin de février , les sujets les plus forts sont triés dans tous les plants conservés et rempotés dans une terre très fertile et dans des pots de quinze à seize centimètres. On replace ces pots sous châssis et on aère comme primitivement; les racines se développent dans la nouvelle terre, et les jeunes Artichauts prennent un accroissement plus fort, surtout si l’on a soin de les arroser régulièrement et de les laisser sous châssis jusqu’à la mi-avril, en aérant journellement pour les durcir. En opérant ainsi, on obtient des produits quinze à vingt jours plus tôt qu’avec les vieux pieds et les autres œilletons hivernés également sous châssis. Ces derniers peuvent aussi être rempotés si on désire les avoir plus forts; mais ils sont mis en place comme s’ils n’avaient pas été rempotés.
- Ce moyen est excellent pour prolonger la récolte dont peuvent profiter et les cultivateurs et les amateurs; cet hivernage sous châssis n’est aucunement dispendieux, puisque les châssis employés sont inoccupés à cette saison.
- Pour la plantation, la terre ayant été labourée profondément et fumée, on trace dans le sens de la longueur des rayons distants de quatre-vingts centimètres à un mètre, sur lesquels à la même distance on plante un pied d’Artichaut. Afin de faciliter une bonne végétation, on mélange à cet emplacement quelques pellées de terreau de fumier ou autres matériaux analogues avec la terre du carré. Puis ensuite, les Artichauts sont plantés à l’aide d’une houlette, en ayant soin de les dépoter soigneusement pour ne pas casser la motte; oh tasse légèrement et on ménage une cuvette assez profonde pour la distribution de l’eau, enfin on donne un premier arrosage.
- Il est excellent de pailler le tour de la plante avec du fumier court, ce qui maintient la fraîcheur et facilite la
- reprise qui, il faut l’ajouter, est certaine puisque l’on plante des sujets enracinés.
- Les soins jusqu’à la récolte consistent en mouillures fréquentes, binages et rechaussage partiel de la plante. Je citerai pour mémoire la façon de conservation des pieds adultes que peuvent faire les personnes possédant une serre à légumes ou une orangerie. Ces pieds sont plantés dans de grands pots ou dans des caisses. Leurs produits ne devancent pas, au contraire, ceux obtenus par la manière indiquée plus haut. On se rendra facilement compte de l’avantage de ce procédé encore peu connu, qui, tout en assurant la récolte, permet encore de l’avancer, tandis que celle produite par l’œilletonnage printanier est souvent bien aléatoire, en admettant que les pieds qui doivent fournir les œilletons n’aient pas péri pendant l’hiver.
- Aubert Maumené.
- LES EXERCICES DE FORCE
- HOMME PHÉNOMÈNE. ----- NIXO AU CIRQUE d’hIVER
- Grâce à certains organes sportifs quotidiens, nous assistons depuis quelques mois à une curieuse et
- Fig. 1. — Les biceps de Nino.
- très intéressante rénovation des sports athlétiques. Rappellerons-nous pour mémoire le championnat de natation? celui de lutte? celui de foot-hall? celui de course à pied? etc.
- Ces championnats ont eu un succès encore présent à la mémoire de nos lecteurs ; il s’en prépare d’autres, sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir, et dans cet ordre d’idées il est indéniable que l’attrait offert au public par ces attractions est beaucoup plus considérable que celui d’une course en bicyclette de vingt-quatre heures, de trois ou de six jours, dont personne, je pense, ne voudra nier ^la monotonie désespérante.
- Aussi, en présence de cette poussée athlétique, les directeurs de nos cirques, pour satisfaire le nouveau goût ou plutôt le renouveau du goût du public, se
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- LÀ NATURE.
- sont vus dans l’obligation d’engager souvent à prix d’or des « numéros » d’un genre déjà vu certes, mais dans le mouvement. Les lutteurs auxquels il ne restait que les foires pour se produire ont pris possession des scènes de nos grands music-halls : Folies-Bergère, Casino de Paris,
- Olympia, les athlètes se sont réservés les pistes des cirques.
- Parmi les hommes forts, qu’on peut voir en ce moment à Paris, il en est un qu’on pourrait qualifier d’homme-phénomène ; et, pourtant, il est modeste, d’une modestie même qu’on n’est guère habitué de rencontrer chez les artistes : c’est Nino, l’homme à la Roue de Paris, en représentations au Cirque d’Hiver. Disons tout de suite que Nino est capable de porter plus de 800 kilogrammes et qu’il compte encore faire mieux. Il pourrait sans crainte s’intituler l’Homme le plus fort du monde; n’avons-nous pas vu sur des affiches des cabotins prétentieux se glorifier du titre de : Premier comique de Paris? Lui au contraire vous dira qu’il y a certainement, de par le monde, des hommes plus forts que lui, et que ses exercices ne sont que de l’adresse, de la force et de la volonté combinées. Nino est un jeune Italien de 24 ans, qui n’a point l’apparence d’un athlète extraordinaire; bien bâti, bien musclé, il est de taille moyenne et pèse à peine 80 kilogrammes; né à Milan, il commença à faire des poids et des exercices de force à la Société de gymnastique Forza e Coraggio dont il faisait partie comme membre actif ; ayant reçu une bonne éducation et une instruction complète, à la suite de circonstances malheureuses, il dut travailler pour vivre, et songea alors
- Fig. 2. — Nino portant la roue de Paris.
- songea alors a utiliser sa force d’athlète ; mais toujours et partout son intelligence et sa^compréhensionde ce qui étonne et plaît au public le [guidèrent ; il chercha et — sa
- force aidant — il trouva. Je ne parlerai pas des exercices qu’on a l’habitude de voir même sur les
- places publiques; jonglage avec des poids de 25 et 50 kilogrammes ; arrachage de grosses haltères; tout cela est un jeu pour lui.
- Mais voici d’autres exercices plus curieux et qui dénotent chez Nino une force peu commune : se servant de grandes haltères ou plutôt de deux immenses demi-hémisphères creuses d’un poids de 90 kilogrammes, il place dans chacune des calottes sphériques trois hommes de poids moyen, soit environ 400 kilogrammes pour les six hommes; puis, sans paraître faire un trop grand effort, Nino soulève cette masse à la hauteur de sa poitrine. Puis saisissant avec les dents un poids de 40 kg, suspendu par une chaîne, il porte dans chacune de ses mains deux hommes. C’est déjà joli, ce n’est rien encore : Nino prenant simplement point d’appui sur se**mains et ses pieds et « faisant le pont » se fait placer sur une planche reposant sur ses épaules et sur ses genoux une immense roue — réduction de la grande roue de Paris — dans les nacelles de laquelle six hommes prennent place; et la roue mue par une manivelle tourne pendant cinq bonnes minutes. Le poids que porte ainsi Nino est de près de 800 kilogrammes! Et encore Nino m’avouait ingénument que si ce n’était à cause de l’équilibre il pourrait facilement porter une plus grande roue et dix hommes au moins !
- Nino va bientôt quitter Paris appelé par des engagements antérieurs à Lyon, à Bruxelles, Anvers, etc., mais il va nous revenir et nous promet encore plus fort; sur ses épaules il portera trois chevaux! non point des poneys, ni non plus de grands Clysdesdales, mais trois chevaux de bonne taille pris au hasard dans les écuries du cirque de
- Fig. 3. — Nino portant deux hommes sur ses mains.
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- M. Franeoni. Ce jeune Italien, dira-t-on, renouvelle aux exploits plus ou moins authentiques de ce Grec les exploits deMilon deCrotone, mais doit-on croire fameux qui assommait un bœuf d’un coup de poing
- Fig. 4. — .Nino portant six hommes dans les bras.
- et le mangeait après? Ou de Polydamas de Tarente qui arrêtait un taureau furieux le saisissant par les cornes et le jetant à terre ? r
- Comme athlète de la force de Nino, il n’y a certes que l’anglais Th. Thophan qui aurait pu être son rival; celui-là, qui se montrait en Angleterre vers 1750, emportait avec ses dents une table de 6 pieds de long, portant un demi-quintal suspendu à son extrémité; et un jour, à Derby, il souleva, n’opérant qu’avec les muscles du cou et des épaules, trois tonneaux pesant ensemble 1856 livres. C’est le même *»
- Thophan qui, très farceur, voyant un jour une sentinelle endormie dans sa guérite, emporta la guérite avec l’homme et s’en alla tranquillement déposer à une certaine distance son fardeau sur le mur d’un cimetière.
- Voilà certainement de petits amusements qui ne
- sont pas à la portée de tous les muscles ; c’est pourquoi nous avons tenu à présenter Nino aux curieux
- de ces exercices athlétiques.
- Certains incrédules diront quand on leur parle d’exercices de force extraordinaires : il y a un truc! A coup sùr nous avons vu dans des cirques ou sur des places publiques des athlètes jongler avec des poids truqués; mais rien de pareil chez Nino, les poids qu’il soulève ou supporte sur ses bras ou sur ses épaules peuvent être vérifiés ; du > reste M. Franeoni est un directeur de cirque trop soucieux de la régularité de ses spectacles pour autoriser une supercherie quelconque. Nino possède une force herculéenne, voilà tout; il est de plus intelligent et travailleur et entraîne journellement ses muscles. Paul Mégnlx.
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- CORRESPONDANCE
- LA VITESSE DU SON
- A propos de notre article sur « la mesure de la vitesse du son1 », nous recevons la lettre suivante :
- (( .Monsieur le Directeur,
- « J’ai l'honneur de vous adresser une observation relative à la critique dirigée contre la mesure de la vitesse du son par la méthode des alternances, dans le n° 1340 de votre excellent journal, p. 130-131. Je conserve ses notations.
- « En fait, on mesure les temps ttet 12 employés à parcourir la distance d dans les deux sens.
- Un a : /, =
- _<L_
- v -f a
- a Prenons les inverses (soit résolvons en vitesse) de suite :
- « 11 vient :
- d d
- i’ + <i = j- v — a = --
- l j ' 2
- formule exacte même pour le cas où v = a, ce qui donne
- 3C.
- « La vitesse vraie est bien la moyenne des vitesses observées. Tandis que votre collaborateur suppose que l’on prend la moyenne du temps. L’erreur provient exclusivement de la manière de soumettre au calcul les résultats de l’expérience, laquelle substitue à la moyenne des inverses, l’inverse de la moyenne différente comme il est
- 1
- démontré par la considération de l’hyperbole !/=-
- « Les autres causes d’erreur relatives à l’obliquité du vent et à l’influence des puissances supérieures de a restent en dehors de mon observation, bien entendu.
- « Je termine en ajoutant que toutes les mesures de vitesse des navires sur bases se font par alternances afin d’éliminer le vent et les courants. On fait en général trois parcours successifs, les deux extrêmes de même sens, pour tenir compte de la variation des courants avec la marée, et on calcule toujours sur les vitesses observées et non sur les temps. Soient L, <2, f3 les temps des trois parcours. On en déduit de suite les trois vitesses i\,
- « On prend la moyenne ll —> qui donne la vitesse
- moyenne dans un sens = v + a.
- « Puis sa moyenne avec vi = v — a qui donne réellement v.
- « Ceci suppose seulement que la vitesse du courant varie linéairement, et que le parcours soit chronométriquement équidistant; aux erreurs de 2e ordre près, la moyenne est satisfaisante.
- « Yeuillez agréer, Monsieur le Directeur, etc. »
- 11. Godron.
- Ingénieur des Ponts et Chaussées, Membre de la Société française de physique.
- M. P. Germain, à Rouen, nous a également envoyé la lettre suivante :
- « Permettez-moi de vous adresser une remarque au sujet de l’article 6ur la mesure de la vitesse du son.
- « Il m’est arrivé plusieurs fois d’avoir à mesurer la vitesse d’un bateau à vapeur en rivière ; le problème est le même, la vitesse du courant s’ajoute dans un sens à la vitesse du bateau, et se retranche dans l’autre; ce n’est pas sur les durées des parcours que l’on opère, mais on calcule la vitesse dans chaque sens et l’on fait la moyenne. En prenant votre hypothèse où la vitesse du fluide est égale à celle du mobile, on trouve en opérant ainsi les vitesses :
- 2 v en allant avec le fluide,
- 0 — contre —
- 2 v -f- 0
- moyenne correcte —^---------=zv.
- « Je pense donc qu’en pratique on peut employer le mode usuel de mesure.
- « Yeuillez agréer, Monsieur, etc. » P. Germain.
- Ingénieur des arts et manufactures.
- CHRONIQUE
- Les métaux dans les plantes. — Un grand nombre de plantes manifestent une aptitude particulière pour entretenir dans leurs organes tel ou tel métal qu’on est souvent étonné d’v trouver. Or, dit VItalia termale, on sait que la litbine s’accumule dans les feuilles de la vigne, du tabac et dans le raisin. Un autre métal alcalin qui accompagne la litbine dans presque tous les minerais, mais en moindre quantité, se trouve dans les cendres d’un grand nombre de variétés de tabac, dans le café, dans le thé et est très abondant dans la bette dont les cendres constituent la matière première la plus avantageuse pour l’extraction de ce métal que l’on retire à l’état de chlorure. Si la présence de l’alumine dans les cendres des végétaux est douteuse, celle des oxydes de fer et de manganèse est évidente. Il est rare ^e brûler du bois, des feuilles ou des fruits, sans voir dans les cendres une teinte rougeâtre, due à l’oxvde de fer et une teinte verdâtre due au manganate de potasse. Le zinc existe dans les cendres de quelques végétaux, notamment dans la viola calaminaria dont la présence dans les champs sert si souvent à trouver et à indiquer des gisements de ce métal. Le brome, l’iode, le chlore, qui sont des métalloïdes, se trouvent unis aux métaux alcalins, surtout dans les plantes marines. Encore aujourd’hui, l’iode, employé en médecine et dans les arts, est extrait des végétaux marins où il se trouve en petite quantité. Meyer, de Copenhague, a été le premier à affirmer que les grains de blé et d’avoine renferment du cuivre, comme élément constant de leur constitution. Le cuivre existe effectivement dans ces céréales, surtout dans leur son. Comme le pain, même le plus fin, n’est pas exempt de son, il est évident que nous absorbons du cuivre. Il est à remarquer que le cuivre joue un rôle considérable dans le pain. Une proportion de 1/30 pour 100 de sulfate de cuivre suffit pour augmenter et bien faire lever une farine avariée et humide. On ignore à quelle époque est venue l’idée aux boulangers d’employer le sulfate de cuivre ou de zinc qui semble exercer une action analogue. Quelle séduction dangereuse pour cette industrie !
- L'hydrogène liquide. — M. le professeur Dewar dispose aujourd’hui d’appareils suffisants pour produire l’hydrogène liquide en quantités appréciables et réaliser certaines expériences des plus curieuses : nous en avons signalé une ici à propos de la production immédiate de vides parfaits dans des ampoules hermétiquement fer
- 1 Voy. n° 1340, du 28 janvier 1899, p. 130.
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- LA NATURE.
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- mées par solidification de l’air qu’elles renferment. Dans une lecture faite le 20 janvier dernier à la Royal Institution de Londres, M. le professeur Dewar a signalé les principales propriétés physiques de l’hydrogène liquide. C’est, à l’état pur, un liquide incolore, transparent et présentant un très grand pouvoir réfringent. C’est un corps isolant au point de vue électrique; il ne présente, contrairement aux vues de Faraday, aucun aspect métallique; il constitue le liquide le moins dense connu, car cette densité ne dépasse pas 70 grammes par litre, soit quatorze fois moins que l’eau et six fois moins que le liquide le moins dense. L'hydrogène liquide solidifie instantanément l’air et l’oxygène. Une petite boule de coton imprégnée d’hydrogène liquide et amenée à l’air se couvre aussitôt d’une couche d’air liquide qui se liquéfie peu à peu et retombe ensuite en gouttelettes. Ce sont là des recherches du plus haut intérêt, dont le mérite reste malheureusement à l’Angleterre, parce que le matériel de nos laboratoires et de nos facultés n’est plus à hauteur du progrès de la science, qui s’industrialise chaque jour davantage.
- Compteur à gaz à payement préalable. —
- Dans la lutte actuellement engagée entre le gaz et l’électricité pour conserver ou acquérir de nouveaux clients, le gaz a rencontré dans les compteurs à payement préalable un précieux auxiliaire et donné, en l’employant, un exemple que les sociétés de distribution d’énergie électrique ont intérêt à imiter, sans parler des systèmes de tarification à l’étude ou en expérience établis en vue d’améliorer les recettes et d’étendre la consommation. La ville de Manchester compte aujourd’hui à elle seule 24 ÜOO compteurs à payement préalable en service établis dans des cottages où l’on n’emplovait pas le gaz autrefois, bien que l’installation en ait été faite au moment de la construction. La consommation moyenne a atteint 226 mètres cubes par appareil. Le nombre de pièces recueillies du 51 mars 1897 au 51 mars 1898 a été de 4 727 541, dont le poids était de 44 tonnes. Toutes ces pièces ne sont pas des pence anglais : on y trouve des décimes de toutes les nations, des pièces tordues, des jetons de cuivre de sociétés coopératives, et quelquefois, tirelire bizarre, les abonnés introduisent des pièces de 2 shillings au lieu de pence. Lorsque l’employé du gaz vient recueillir périodiquement sa recette, les pièces d’argent sont restituées aux consommateurs contre des pence en nombre égal, tandis que les fausses pièces et les jetons doivent être échangés contre de la monnaie ayant cours, pour échapper aux pénalités sévères encourues par les clients peu consciencieux. En résumé, les compteurs à gaz à payement préalable sont très appréciés par ceux qui ont eu recours jusqu’ici au pétrole, à la bougie ou même à la simple chandelle, et la Compagnie n’a jamais reçu de réclamations des clients peu fortunés qui utilisent ces appareils. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec l’éclairage électrique?
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 13 février 1899. — Présidence de M. Van Tieghem.
- L’alcool méthylique dans les boissons spirilueuses. — M. Gauthier présente une Note relative à la recherche de l’alcool méthyliquc dans les liqueurs et spiritueux afin de décider s’ils y sont introduits par fraude. Grâce à un procédé d’analyse extrêmement précis, il peut déceler la
- présence de quantités minimes de cet alcool. Il a ainsi reconnu que les produits naturels n’en contiennent pas, à l’exception de l’eau-de-vie de marc qui en renferme une très faible quantité.
- Une graine oléagineuse à utiliser pour l’industrie. — M. Bonnier dépose une Note de M. llackel, professeur à la Faculté des sciences de Marseille, sur une graine provenant d’un grand arbre très répandu au Congo français, l’allambrackia. Cette graine, par la nature des matières grasses qu’elle fournit, est susceptible de devenir l’objet d’un commerce très actif.
- L'origine de la chlorophylle animale. — M. Dastre analyse un travail sur l’origine de la chlorophylle chez certains animaux. Cette chlorophylle est-elle élaborée par l’organisme ou subsiste-t-elle comme un des produits non détruits par l’assimilation? M. Dastre s’est appliqué à résoudre cette question. Il expose d’abord que l’examen des spectres de la chlorophylle animale et de la chlorophylle végétale semble indiquer une identité absolue de constitution chimique. Cette substance réside dans les tissus du foie; un jeûne prolongé ne la fait pas disparaître et l’on ne peut rien conclure par ce moyen. Mais au contraire, en nourrissant des escargots avec des plantes étiolées, ou avec des parties de navets dépourvues de toute couleur, ou même en les nourrissant de substances alimentaires imprégnées dans du papier filtre, l’examen spectral ne révèle plus la présence de la chlorophylle. D’ailleurs la restitution d’un régime normal la ramène. Ainsi la chlorophylle animale est donc bien en réalité de la chlorophylle végétale introduite dans l’organisme par l’alimentation. Le foie l’extrait du sang et la fixe dans ses cellules.
- La structure des Alpes françaises. — M. Marcel Bertrand présente une Note de M. Termier sur la structure des Alpes françaises. C’est un fait constaté depuis longtemps que la partie centrale renferme une région où le tertiaire s’enfonce sur le triasique plus ancien avec un chapiteau de micaschiste. L’examen de ce micaschiste a permis de reconnaître que c’est là un résultat dérivé d’une action mécanique. On se trouve donc en présence d’une région qui a été amenée par transport; celle-ci se trouve dans le voisinage de Briançon. Ces micaschistes forment en outre quatre nappes superposées; M. Termier indique les couches dont ils sont la continuation.
- Varia. — M. André Broca présente un travail sur les variations de courbure de la rétine qui seraient dues à l’astigmatisme. Cu. de Villedeuil
- L’ÉCRÉMEUSE F R AM
- En voyant son nom, on pourrait croire qu’elle est d’origine norvégienne; mais il paraît, d’après Engineering, qu’elle est due à M. G. Daselking, de Hanovre. Toujours est-il qu’elle est originale, assez simple, et qu’on affirme qu’elle extrait le maximum possible de crème.
- La description que nous allons en faire devra être quelque peu minutieuse, mais on pourra néanmoins la suivre aisément grâce à la figure ci-jointe donnant une coupe de l’appareil. La force motrice nécessaire au mouvement de rotation du récipient contenant le lait à écrémer, est obtenue au moyen d’une manivelle commandant par engrenage un
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- LÀ NATURE.
- volant, qui agit à son tour par une corde sur le récipient de l’écrémeuse ; comme, d’autre part, cette corde est susceptible d’allongements qui seraient fort gênants en l’espèce, elle vient passer autour d’une poulie montée sur un petit chariot que tend constamment à entraîner un contrepoids : c’est un tendeur très simple qui fonctionne parfaitement.
- L’écrémeuse tourne sur une aiguille fixe, qui n’a pas besoin d’être absolument verticale, ce qui permet d’installer l’appareil sur un plancher plus ou moins bien de niveau. L’aiguille est conique, et sur elle vient s’enfiler une sorte de manchon allongé, portant à sa partie inférieure les poulies sur lesquelles passe la corde de commande; le sommet du manchon est fermé par une aiguille courte, qui s’enfonce à refus dans son évidement, et porte, par l’intermédiaire d’une bille, sur le haut de l’aiguille fixe : de la sorte le manchon ne peut jamais se coincer sur celle-ci.
- Le corps même de l’écrémeuse présente un évidement central qui vient se placer sur l’extérieur du manchon dont nous parlions à l’instant, en s’y coinçant, par suite de la forme conique des deux surfaces; l’écrémeuse devient donc ainsi solidaire du mouvement de rotation qu'on peut donner au manchon creux. Si nous jetons un coup d’œil dans l’écrémeuse, nous verrons qu’elle comporte intérieurement une série de disques inclinés formant troncs de cônes, et présentant des ondulations qui les maintiennent à une certaine distance les uns des autres.
- Dans l’espace intermédiaire entre deux cônes voisins, peut se loger une certaine épaisseur de lait; c’est là que la séparation se produit surtout, la crème s’écoulant vers le centre, tandis que le lait fuit vers les parois du récipient.
- Pour opérer, on commence donc par remplir de lait le réservoir supérieur, en réglant l’écoulement qui va se faire dans l’évidement central de l’écré-meuse. Le lait s’en échappe par quatre trous (la figure nous en montre deux seulement), il passe dans une sorte de chambre cylindrique, concentrique à l’évidement central, enfin sort par les petits tubes inclinés qu’on aperçoit dans la gravure. A ce moment la force centrifuge le projette contre les parois de l’écrémeuse, et il pénètre entre les disques
- inclinés.
- Si l’on regarde d’un peu près la figure, on verra deux petits tuyaux appliqués le long des parois de l’écrémeuse et descendant de la partie supérieure pour déboucher tout à fait au pied de l’évidement central. Le lait écrémé qui se trouve en haut du récipient prend précisément ce chemin pour descendre dans le bas de la cuve fixe qui entoure l’écrémeuse, d’où il s’écoule par le robinet le plus bas qu’on aperçoit à droite. Quant à la crème, elle s’amasse autour du cylindre central jusqu’à s’échapper par l’ouverture ménagée dans le couvercle de l’écrémeuse; elle peut ainsi s’accumuler dans la partie supérieure de l’enveloppe fixe, s’écouler par le robinet correspondant.
- Nous ajouterons, comme dernier détail, que les troncs de cônes assurant lecrémage sont fabriqués en aluminium : il en résulte que la crème n’adhère pas à ce métal et au contraire glisse dessus avec une aisance toute particulière.
- L’avantage est considérable, cette propriété facilite même grandement et dans d’excellentes conditions le nettoyage de l’appareil, qui nous semble extrêmement ingénieux. D. Leroy.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleuras, 9.
- Écrémeuse Fraïu.
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- 25 FÉVRIER 1899.
- LA NATURE.
- N* 1544.
- LÀ BASTILLE
- DÉCOUVERTE DES SUBSTRUCTIOXS DE LA TOUR DE LA LIBERTÉ
- Le 22 avril 1570, Hugues Aubriot, prévôt des marchands, posait la première pierre de la Bastille afin de pouvoir plus efficacement défendre Paris contre les Anglais. Le puissant château fort fut ultérieurement complété par des adjonctions successives.
- Tout d’abord exclusivement militaire, la Bastille commença à servir en outre de prison à l’époque de Charles VI.
- Mais ce fut seulement sous Richelieu que, perdant sa destination première, elle devint exclusivement prison d’État ayant à sa tète messire Leclerc du Trem-
- blay'
- Ce n’était d’ailleurs pas la prison de tout le monde ; elle ne contenait que 42 prisonniers, logés séparément, prisonniers de choix dont le nombre alla en diminuant depuis l’époque de Louis XIV, où il en entrait environ une trentaine chaque année, jusqu’en 1789, où, du lfr janvier au 14 juillet, il n’en entra qu’un seul.
- A cette époque, on songeait donc, par raison d’économie, à la faire disparaître. Aussi lorsque le peuple, le 14 juillet 1789, s’empara de la Bastille, il. ne fit qu’activer la démolition du monument déjà condamné àdisparaître.
- 27° année. — 1er semestre.
- Il est vrai que cette démolition marcha vivement. Le 14 juillet au soir, le jour même de la prise, le
- patriote Palloy, maître maçon, installa dans la forteresse son commis Houette et, dès le lendemain, il amenait tous ses ouvriers à la Bastille et en commençait la démolition.
- Le 16 juillet, les parapets et une partie des créneaux de la terrasse étaient déjà démolis. Bientôt Palloy recevait du Comité de permanence de l’Hôtel de Ville l’autorisation de continuer la démolition moyennant le paiement de la somme de 28600 livres qu’il s’engageait à verser au trésor.
- Huit cents ouvriers étaient employés à la démo-lition, tandis qu’une équipe nombreuse travaillait les matériaux de mille manières pour les écouler facilement, aussi bien comme pierres de taille, envoyées par exemple au pont de la Concorde, pour sa reconstruction , que sous forme de nombreux souvenirs patriotiques imaginés par l’ingénieux Palloy. Avec le plomb, ils coulaient des pièces commémoratives; avec le fer, ils fabriquaient des piques; ils découpaient aussi des dominos dans le marbre et faisaient des
- 15
- Fig. 1.
- État actuel des substructions de la Tour de la Liberté sous le tunnel du Métropolitain. (D’après une photographie.)
- de 'Juillet
- Arsenal
- Tout de
- Tout * Tourdr'
- Mu'Gm/I1! la* Liberté
- Casernes des Invalides
- Sr
- Fig. 2.
- Plan de la Bastille et des alentours en 1789,
- Le pointillé indique la situation des rues et constructions actuelles.
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- LA NATURE.
- jeux de cartes avec les registres. Le tout s’expédiait aux amateurs de province et « Palloy patriote », qui signait ainsi ses œuvres, ramassait une vraie fortune.
- La démolition de la Bastille ne fut complète qu’au commencement de 1792. U ne restait plus debout que les deux arsenaux : la Bastille et ses dépendances avaient disparu ; le sol avait été nivelé.
- Mais les démolisseurs d’alors, comme leurs congénères de nos jours, n'avaient pas été partout à fond. Ils laissèrent en maints endroits les fondations et les premières assises trop difficiles à extraire et les recouvrirent de débris et de remblais.
- C’est pour cela que, ces jours-ci, les travaux du Métropolitain ont pu mettre à jour, en plein milieu de la rue Saint-Antoine, tout près de la place de la Bastille, un curieux reste de la vieille forteresse :
- les substructions de la tour de la Liberté (fig. 1). .On peut encore les voir, soigneusement dégagées par les ingénieurs du Métropolitain, et sortant de la paroi du tunnel en voie de construction.
- C’est là un singulier aspect, un étrange contraste que celui de la voûte ultra-moderne du Métropolitain et des vieilles pierres plantées en ce point au quatorzième siècle. La figure 1, reproduction d’une photographie prise tout exprès pour La Nature, il y a huit jours, donne très exactement cet aspect. Elle montre aussi la silhouette singulière et assez inexplicable de cette vieille substruction.
- Disons tout d’abord qu’il ne s’agit pas là, comme on l’avait prétendu, d’une partie de la tour dépouillée de son parement. Celui-ci, formé de belles et volumineuses pierres de taille, est intact. La disposition des assises que l’on peut constater sur notre figure a été voulue par les constructeurs. A quoi correspond-elle? Il est difficile de le dire. Les architectes que nous avons consultés n’ont pu nous renseigner sur ce point.
- En tout cas, ainsi qu’on le voit, il y a d’abord à la base une sorte de grande plate-forme de 85 centimètres de largeur, qui se trouve à cinq mètres sous le pavé de la rue Saint-Antoine. Elle se termine par un bord vertical de 30 centimètres de hauteur, et supporte une première assise de 70 centimètres de hauteur au-dessus de laquelle est un retrait de 30 centimètres. Puis vient une assise de 75 centimètres, et, en saillie de 30 centimètres également, une dernière assise de 50 centimètres de hauteur. L’ensemble mesure donc 2m,25 de hauteur.
- Ces diverses assises sont, comme nous l’avons dit, formées de gros blocs de pierre bien taillés, piqués à leur surface. Cette pierre est un calcaire siliceux coquillier très dur ; elle provient vraisemblablement du calcaire grossier des environs immédiats de Paris. Les joints sont très serrés. Derrière le parement on voit un remplissage de gros moellons, bien unis par un mortier grisâtre solide, et sans cavité, formant ainsi un massif plein. Le diamètre total de la tour en ce point est de 9 mètres.
- Malheureusement, cet ensemble imposant est fort endommagé. Du côté sud, la voûte du Métropolitain en a coupé un quart environ, puis deux égouts ont jadis entamé, à l’est et à l’ouest, la maçonnerie dans laquelle ils ont pénétré jusqu’au centre, formant deux vastes brèches. On peut, sur notre figure, en apercevoir une.
- Quoi qu’il en soit, ce très curieux débris de la vieille forteresse présente un vif intérêt et méritait une mention.
- Pourra-t-on le conserver et le reconstruire ailleurs? Telle est la question que s’est posée la Commission municipale du Vieux Paris, qui, en ce moment, l’étudie soigneusement avec le concours du Conseil municipal et sous la présidence du très distingué érudit qu’est le préfet de la Seine, M. de Selves, et de son vice-président, le sympathique docteur Lamouroux, conseiller municipal.
- Nous tiendrons nos lecteurs au courant de ce qui sera fait. Mais nous voulions immédiatement leur donner la primeur de cette très parisienne découverte. Dr Cxpitan,
- Membre de la Commission du Vieux Paris ---------
- UNE ILLUSION D’OPTIQUE
- Le IP F. C. Kenyon appelait récemment l’attention sur l’illusion d’optique qu’il appelle « du moulin à vent ». Cela consiste en ce que, quand on voit tourner un ventilateur électrique (dont les ailes sont en somme disposées comme celles d’un moulin à vent), le sens de la rotation est en apparence absolument renversé, et il en résulte un changement correspondant dans le plan de rotation.
- Le phénomène en question a été mentionné pour la
- Fig. 3. — Vue perspective de la Bastille et de ses alentours.
- (D'après le plan de 1739, levé et dessiné par Louis Bretez.)
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- LA NATURE.
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- première fois par Sinsteden en 1800. L’explication, qni j en est assez peu connue, était dernièrement rappelée par M. J. Leconte dans Science. Prenez un gobelet ordinaire en verre et éloignez-le un peu de vous, en le penchant légèrement, de façon que le bord dans sa partie la plus éloignée de vous apparaisse par transparence derrière le bord antérieur; on ferme du reste un œil, pour faciliter l’illusion, en supprimant la perspective binoculaire. Alors, à volonté, on peut changer, en apparence s’entend, la position relative des deux bords : tantôt on voit le bord postérieur tel qu’il est réellement, tantôt au contraire il semble plus près de vous que l’autre, et vous avez absolument l’illusion que l’ouverture du verre est penchée vers vous. On comprend alors que, si le verre venait à prendre un mouvement de rotation sur lui-même, il paraîtrait tourner dans l’un ou dans l’autre sens, suivant qu’on verrait les deux bords dans telle ou telle position relative. Notons d’ailleurs que le phénomène peut parfaitement être constaté des deux yeux.
- L’explication doit être tout analogue pour le ventilateur : l’observateur l’aperçoit un peu au-dessous de l’horizontale, mais il a parfois et facilement l’illusion de le voir au-dessus, ce qui renverse le sens de la rotation. P. deM.
- LES MOYENS DE TRANSPORT
- A LONDRES
- Sans vouloir médire des chemins de 1er elevated de New-York ou de Chicago, Londres me semble être la ville où les moyens de transport sont le mieux compris. Vous pourriez bien facilement aujourd’hui faire le voyage pour vous en rendre compte : si, arrivé à Douvres, vous prenez le train du « London Chatam and Dover Railway », vous allez entrer dans Londres par la gare de Victoria. Là vous n’avez que le choix : sur un signe, un hansom cab (un cab, comme nous disons) vient se ranger le long même du quai où vous avez mis pied à terre, et à la porte de la salle des bagages ; au trot rapide et léger de son cheval, il vous emmènera à votre hôtel. Si vous le préférez, vous n’avez qu’à traverser la cour de la gare, et vous descendez prendre un train du Métropolitain, qui dessert pour ainsi dire toute l’agglomération et ses faubourgs, bien souvent même sans changement de train; les gares souterraines du Métropolitain communiquent presque toujours par des passages et des escaliers avec les gares des grandes lignes qui pénètrent dans Londres, et aussi maintenant avec les stations des nouvelles lignes électriques métropolitaines et souterraines.
- Quand vous traversiez tout à l’heure la rue, vous avez été croisé par toute une série d’omnibus légers, marchant à une allure d’autant plus rapide qu’ils appartiennent à des entreprises concurrentes : si vous voulez en prendre un, ne courez point après celui qui vous a dépassé, car, avant une ou deux minutes, peut-être dans une demi-minute, il va en passer un autre pour la même direction. Ce mouvement des omnibus en file ininterrompue est absolument fantastique dans le Strand (l’équivalent de nos grands boulevards), et peut-être encore davantage
- sur le fameux pont de Londres. Combien nous sommes loin là de nos lourds omnibus et tramways, se traînant péniblement, et ne se succédant souvent qu’à 10, 12, 15 minutes d’intervalle !
- Ce qui fait la supériorité des moyens de transport à Londres, c’est qu’ils ont suivi la loi du progrès, qu’ils se sont développés en même temps que l’immense métropole, qui occupe une superficie formidable. Actuellement, la surface dépendant de la police de la Cité et de la police métropolitaine est de 1761 kilomètres carrés, avec une population de près de 6 millions d’àmes; la surface postale est de 622 kilomètres, comprenant à peu près 5 1/4 millions de personnes. Mais en réalité l’agglomération londonienne, telle qu’elle est desservie par les moyens de transport urbains et suburbains, est encore bien plus étendue que tout cela, et elle comptera sans aucun doute quelque 12 millions d’habitants avant trente ans.
- Aussi ne doit-on pas s’étonner que les compagnies de chemins de fer amènent chaque jour dans la grande ville 960000 voyageurs suburbains, sans parler de ceux qui débarquent des 3170 omnibus et des 1000 tramways. Des comptages récents ont relevé, dans une heure, 1288 voitures et 5660 piétons sur le Strand, 992 véhicules et 6358 piétons dans Cheapside, une des rues principales du grand quartier des affaires.
- Mais c’est là le trafic immédiatement visible pour un observateur placé au niveau de la rue, qui ne voit point ce qui se passe au-dessus de sa tête, ni, à plus forte raison, sous terre. Un journal anglais, le Daily Mail, a eu une idée bien originale à ce sujet : il a donné ce qu’il appelle une « tranche de Londres », c’est-à-dire une section transversale d’une rue de Londres, montant au niveau d’un second étage et descendant jusqu’à une trentaine de mètres de profondeur. On peut dire que c’est une vue complète des moyens de transport de Londres, et nous l’avons fait reproduire, pour l’édification de nos lecteurs.
- Nous sommes dans Queen Victoria Street, en pleine Cité, au carrefour de Q. Victoria Street et de la rampe d’accès au pont bien connu de Blackfriars. Tandis que devant nous défilent d’innombrables passants, des camions sur roues élevées, les petits omnibus légers, les cabs rapides, sous la surveillance du policeman immobile, correct, sévère et complaisant, levons les yeux : nous apercevons un train roulant sur un viaduc et un pont, sous lesquels sont installés des magasins. C’est le « London Chatam and Dover Railway » (L. C. D. R.), qui vient de débarquer les voyageurs du continent à la gare de Saint-Paul et continue, en traversant Londres, vers les grandes stations d’autres lignes venant de la province.
- Dans le sous-sol où il a fallu foncer des pilotis pour établir le viaduc du L. C. D. R., voici les conducteurs électriques, les tuyaux de gaz et d’eau ; à 6 mètres de profondeur nous trouvons la voûte de Y Underground, du Métropolitain primitif; au-dessous sont les égouts, les collecteurs, dont l’éta—
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- LA NATURE.
- blissement a été un travail assez malaisé. Nous pouvons descendre encore plus profondément, à 23 mètres environ, nous apercevons un tube métallique qui donne passage au « City and Waterloo Railway », ce chemin de fer nouveau dont il a été
- parlé récemment ici-même, la troisième des voies ferrées superposées en cet endroit.
- Il n’y a sans doute pas à la surface du globe un seul point où se rencontre semblable multiplicité de moyens de transport, ce qui n’empêche pas les Lon-
- Coupe d'une rue à Londres.
- donniens de réclamer encore, parce qu’ils comprennent, eux, l'importance des facilités de communication pour le développement d’une grande ville. Et pendant qu’on leur achève deux lignes souterraines nouvelles dont nous aurons occasion de reparler, un ingénieur éminent, Sir John Wolfe Barry, insiste
- sur la nécessité urgente qu’il y a d’élargir les rues de Londres et d’y établir même des croisements à niveaux différents, pour y permettre une circulation encore bien plus intense des véhicules de toute espèce. • Daniel Bellet.
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- LE BATEAU HENRY
- EMBARCATION INSUBMERSIBLE ET INCHAVIRABLE
- De nombreuses tentatives ont été faites pour rendre des embarcations insubmersibles et inchavira-
- bles et, malgré les recherches, aucun résultat véritablement pratique et économique n’avait encore été atteint. M. Albert Henry a su réaliser une solution très simple et très rationnelle du problème; des essais officiels viennent d’avoir lieu à la Rochelle
- Fig. 1. — Vue intérieure du bateau Henry.
- ils ont mis en évidence, le redressement forcé du canot quelle que fût son inclinaison, en même temps que l’évacuation instantanée de l’eau s’introduisant à l’intérieur de l’embarcation sous l’effet d’une cause quelconque. Aidée par la figure 1 qui en représente une vue, la description du système est très simple. A l’intérieur d’une coque ordinaire d’embarcation est disposée, pour ainsi dire, une seconde coque parfaitement étanche constituant une chambra intérieure. L’espace limité par ces deux coques est absolument clos et forme une caisse à air, séparée en plusieurs caissons par des cloisons. Pour le bon fonctionnement du système, il est indispensable que le plancher de la chambre intérieure soit au-dessus du niveau extérieur de l’eau ; en effet, une ouverture longitudinale est ménagée sur toute la longueur de ce plancher et cette ouverture sert d’orifice à un puits qui débouche à l’extérieur de la coque elle-même ; l’intérieur du canot est ainsi mis en communication libre avec l’eau dans laquelle l’embarcation flotte. Ce puits permet en même temps l’établisse-
- ment d’une dérive mobile ; une tôle plane, lestée d’un cigare en plomb, peut être facilement remontée à l’intérieur du puits au moment des atterrissages ou au contraire descendue à l’extérieur dans la navigation courante : le centre de gravité du bateau se trouve ainsi notablement abaissé.
- De la sorte, l’inchavirabilité est obtenue au moyen de la combinaison des caissons à air et de la dérive à surface calculée qui ramène toujours l’embarcation dans ses lignes d’eau.
- L’insubmersibilité est assurée également par les caissons à air et le puits longitudinal ouvert à l’intérieur de la chambre au-dessus de la flottaison; en effet, l’eau introduite doit s’évacuer forcément par cet orifice puisque le plancher est au-dessus du niveau de l’eau et que de cette façon l’eau tend naturellement à s’écouler.
- Pour compléter cette description rapide, il suffit de dire que le système du bateau Henry est appliqué à des bateaux de sauvetage, à des embarcations de porte-manteaux et à des yachts de plaisance : la manœuvre se fait à rames ou à voiles avec la plus
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- LA NATURE.
- grande sécurité. Des vivres peuvent être embarquées dans la chambre à air et sur les grands canots, on y dispose même des couchettes.
- Le principe qui a guidé M. Henry est donc des plus simples : les résultats remarquables qui ont été obtenus aux essais officiels à la Pallice-la-Rochelle permettent d’augurer les plus belles espérances de l’emploi le plus étendu du bateau Henry.
- Un grand life boat de 9m,75 construit parM. De-cout-Lacour, fut expérimenté par des ofliciers de la marine, des représentants de la Société de sauvetage et des grandes compagnies, des membres de la presse et un public nombreux ; une première fois on inclina l’embarcation jusqu’à sortir toute la dérive hors de l’eau, c’est-à-dire sous un angle de 90° environ ; brusquement abandonné à lui-même, le bateau revint dans ses lignes et la grande quantité d’eau embarquée s’évacua d’elle-même par le puits de dérive en une seconde environ.
- L’embarcation fut aussi complètement chavirée, la quille en l’air, non sans efforts, — ce qui prouve que cette éventualité est bien peu à craindre en service courant, — le bateau se redressa instantanément, l’eau introduite dans la chambre s’écoula et quatre secondes suffirent pour que le bateau revînt complètement vide d’eau dans sa position normale. — Les essais furent terminés par une expérience devant donner une idée de la tenue du bateau Henry à la mer sous l’inlluence d’un violent coup de mer.
- Un grand réservoir de 8000 litres fut disposé sur le quai du bassin de la Pallice à 3m,50 environ au-dessus du bateau Henry ; ce réservoir fut brusquement renversé et une masse d’eau considérable vint s’abattre sur le canot qui se coucha complètement sous la violence du choc, mais se releva aussitôt et toute l’eau qui le remplissait s’écoula immédiatement ; cette dernière expérience nous semble absolument concluante.
- 11 est donc permis d’affirmer que les bateaux Henry sont absolument inchavirables et insubmersibles ; aussi ne saurait-on trop féliciter l’inventeur, M. Henry, de son initiative. Louis Turgan.
- Ingénieur civil des constructions navales.
- L’OURS DES ALPES
- Il existe toujours des fauves en France et les chasseurs de bêtes féroces peuvent encore trouver l’occasion d’exercer chez nous leur sang-froid et la sûreté de leur coup d’œil. Gérard, le légendaire tueur de lions, aurait méprisé le gibier que nous avons à lui présenter. Ce gibier, c’est l’ours, au corps mal fait, à la démarche lente1.
- Il existe encore dans les Alpes, malgré les dévastations accomplies, des forêts vierges aux ombrages mystérieux. Des arbres centenaires, des lianes vigoureuses tapissent les rochers, et font aux rochers blancs de neige qui les entourent une sombre et verdoyante couronne. La plus belle de ces forêts vierges se trouve au fond de ce lac bleu d’Annecy dont Theuriet nous a chanté les grâces. Elle porte le nom de Combe d’ire. L’Ire est un torrent d’une
- 1 Voy. n° 1138, du 20 février 1897, p. 182.
- violence effroyable, dont les eaux bouillonnent avec un fracas épouvantable, dans un lit encombré d’énormes rochers. Dans le pays, on en parle avec une certaine terreur.
- Les bûcherons qui seuls osent s’aventurer dans ces bois impénétrables, disaient qu’à travers les ramées vertes, ils avaient vu passer des familles d’ours, glissant silencieusement sur la mousse épaisse. L’hiver, ils les suivaient à la piste, mais ne pouvaient jamais les atteindre. Elles se reliraient dans de profondes cavernes, où nul n’osait s’aventurer. L’ours est d'humeur pacifique, si on ne le regarde pas de trop près. Il pose sa patte lourde et large sur l’épaule de celui qui va le considérer dans sa tanière.
- En été, les touristes qui s’aventurent dans la Combe d'ire, pour en admirer les arbres gigantesques, n'aperçoivent jamais les ours. Ces arbres sont vraiment merveilleux. Vous pourriez voir au musée d’Annecy une rondelle provenant de la dépouille de l’un d’entre eux ; elle a 5m,90 de circonférence et lm,35 dans son plus grand diamètre. Le nombre des couches annuelles s’élève à 274 ; c’est un chiffre respectable, et ce sapin a un âge auquel les végétaux arrivent rarement d’une façon authentique.
- Les ours ne descendent dans la plaine qu’au moment où, dans les hautes régions, la neige recouvre les fruits sauvages dont ils sont très friands. C’est alors qu’ils sont saisis par les chasseurs. Les statisticiens nous disent que de 1867 à 1893, on a tué 9 de ces innocentes bêtes, dans la forêt de Doussard, ou de la Combe d’ire.
- La dernière chasse a eu lieu le 19 décembre 1895; depuis plusieurs jours, les gardes forestiers avaient relevé sur la neige de larges empreintes, ils les suivirent et arrivèrent au pied d’un escarpement abrupt de roches calcaires qui constituent la crête terminale de la montagne du Charbon. Cet escarpement est pour ainsi dire ajouré par de nombreuses excavalions, véritables cavernes qui servent d’habitations aux botes ordinaires de la forêt; pour y pénétrer, il faut se servir des pieds et des mains, ce qui n’est pas fait pour gêner des quadrupèdes aussi bien outillés que les renards et les ours.
- A l’odeur, et au piétinement de la neige, les gardes auxquels s’était joint un chasseur amateur, découvrirent enfin la retraite de ce philosophe qu’on appelle Martin. La bête était terrée dans une des cavernes que nous venons de signaler. A l’approche de l’ennemi, elle sortit de son trou en poussant d’épouvantables grognements. Puis, se dressant vivement sur ses pattes, l’ours allait administrer à ceux qui le dérangeaient une magistrale correction. Quatre fusils s’abattirent sur _ui et l’obligèrent à rentrer précipitamment dans son antre. On n’osa pas s’aventurer derrière lui, tant ses rugissements étaient effroyables. Ce fut le lendemain seu'ement qu’à l’aide de crocs en fer, on put retirer son cadavre. Il pesait 160 kilogrammes. Ses « bras » étaient énormes, les muscles qui les entouraient faisaient de terribles saillies. Il fut dépecé. Sa chair rose et grasse fit le régal des gourmets. Sa fourrure rousse et grise était splendide, très soyeuse et très fournie. Il nous parut qu’elle appartenait à un sujet vieux, elle était parsemée de longs poils blancs.
- Il reste encore dans la Combe d’ire des fauves : sous les taillis feuillés, on a vu errer un ours et deux petits « enfants ». Ils dorment en paix dans la forêt profonde, défendus par les branches ou par les neiges. Les ours pacifiques et les chamois légers donnent une note pittoresque au paysage. Quelle tête inoffensive que celle de l’ours avec ses oreilles droites, son museau pointu et son air bon enfant ! J. Corcelle,
- Agrégé île l'Université.
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- LE TÉLÉGRAPHE A MADAGASCAR
- Depuis que la France a conquis Madagascar, les pouvoirs publics se préoccupent avant tout d’y créer des voies de communication, persuadés que rien ne peut contribuer davantage au développement de notre nouvelle colonie.
- Des sommes importantes destinées à défrayer la construction des routes figurent au budget, et les habitants sont tenus de coopérer à cette œuvre d’un intérêt public en fournissant annuellement un certain nombre de jours de prestations. D’auire part, plusieurs sociétés se sont fondées en France pour étudier les moyens d’établir les chemins de fer soit entre Tananarive et Tamatave, soit entre Tananarive et Majunga, soit même entre Fianarantsoa, capitale du Betsileo, et un point quelconque de la côte orientale.
- Mais en attendant que ces efforts pour faciliter le passage des hommes et des marchandises d’un point à l’autre delà grande île aient abouti, il fallait aviser aux moyens de transmettre rapidement les nouvelles : la construction d’un réseau télégraphique s’imposait. On y travaille actuellement, et l’on apprendra sans doute avec intérêt à quel résultat on est déjà parvenu1.
- A vrai dire, la première tentative faite pour établir le télégraphe à Madagascar remonte à 1886. A cette époque, M. le Myre de Yilers, résident général de France, avait, à force de patience et de diplomatie, obtenu du premier ministre Rainilaiarivony un contrat pour la construction et l’exploitation d’une ligne télégraphique entre Tamatave et Tananarive.
- Après dix mois de travail très pénible, les agents français réussissaient à achever cette ligne, qui fut inaugurée le 15 septembre 1887. Elle ne fonctionna jamais d’une manière satisfaisante. Le gouvernement hova qui jugeait l’isolement la meilleure sauvegarde de son indépendance, laissait les malfaiteurs impunément détruire les poteaux, voler le fil, et se prêtait de mauvaise grâce à la réparation de dégâts dont il se félicitait secrètement.
- A la fin de 1894, l’expédition de Madagascar fut décidée par le gouvernement français et par le Parlement. On estima qu’il ne fallait pas laisser le corps expéditionnaire dans l’isolement, mais pourvoir aux moyens de le relier télégraphiquement à la France.
- Dans ce but une somme de 3 millions fut votée pour la construction de l’immersion d’un câble sous-marin partant de Majunga et atterrissant à Mozambique, point où il se relierait au câble qui suit la côte orientale d’Afrique. D’autre part, une compagnie du génie destinée à assurer la transmission des nouvelles entre le quartier général du
- 1 Bulletin du Comité de Madagascar, numéro du 5 octobre 1898. Ravillon. Historique du télégraphe à Madagascar. Notes, reconnaissances et explorations, numéro du 30 juin 1898. Journal officiel de Madagascar et dépendances, passim.
- commandant en chef et Majunga fut envoyée à Madagascar.
- On projetait de faire conjointement usage du télégraphe électrique et du télégraphe optique. Mais des difficultés inattendues s’opposèrent au bon fonctionnement du premier. Les poteaux étaient détruits par les troupeaux de la vallée de la Betsi-boka, ou par les conducteurs de convois, qui, ne trouvant pas à proximité de bois mieux à leur convenance, les débitaient en fragments, sans plus d’embarras.
- Quoique le télégraphe optique ait aussi donné
- Cap d'A rt>bre j/\\\\ V-
- Kilomètres.
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- Lignes dtu, télégraphe, électrique, actuellement en, service,.
- __„___________ ,,________ „____ projetées . *.
- __„ __________ „_____ optique, actuellement en, service,.
- Fig. 1. — Carte de l’île de Madagascar.
- quelques déboires, ce fut en somme par ce moyen de transmission que la France fut informée des progrès du corps expéditionnaire et des difficultés énormes qu’il avait à surmonter.
- Les télégraphistes firent preuve d’un admirable dévouement. Plusieurs payèrent de leur vie leur attachement au devoir professionnel. Voici un épisode héroïque et douloureux de cette campagne qui en compta tant. Nous l’empruntons à l’étude de M. Ravillon.
- Les têtes de colonnes du corps expéditionnaire allaient atteindre Andriba. Divers postes optiques étaient échelonnés sur la route et l’un d’eux placé sur le plateau d’Ankarafantsika, non loin de la Betsiboka, était occupé par quatre télégraphistes. Un
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- soir le feu de ce poste s’éteint et ne se rallume pas de toute la nuit. Le lendemain soir, même obscurité. C’est à croire qu’il a disparu. Un officier est envoyé en hâte aux nouvelles. En arrivant, il ne trouve plus qu’un seul télégraphiste, et encore ce malheureux est-il en proie à une fièvre des plus violentes et déjà aux prises avec la mort; il parle avec difficulté. Toutefois, il parvient à raconter qu’épuisés par l’anémie et terrassés par la fièvre, ses camarades sont morts successivement, et qu’il les a enterrés. À côté de l’appareil optique, trois petits tertres de terre fraîchement remués indiquaient le lieu où reposaient pour toujours ces trois soldats morts obscurément, mais morts néanmoins pour la France.
- Depuis la prise de Tananari ve et le traité du 1er octobre 1895, qui établit définitivement notre domination à Madagascar, le réseau télégraphique s’est constamment développé.
- Voici l’état actuel des lignes télégraphiques électriques et optiques (fig. 1).
- Télégraphe électrique. — 1° Ligne de Tananarive à Ta-matave. Cette ligne créée, comme nous l’avons dit, en 1886-1887, fut détruite par les Hovas pendant la campagne.
- Restaurée à la fin de 1895, elle fut coupée à plusieurs reprises pendant la grave insurrection de 1896.
- Depuis la répression des troubles, elle fonctionne régulièrement. Un second fil a été ajouté au premier en mars 1897.
- 2° Ligne de Tananarive à Majunga, ouverte depuis juillet 1897. Elle se raccorde à Majunga au câble sous-marin qui atterrit à Mozambique.
- 3° Ligne de Tananarive à Tsiafahy, amorce de la grande ligne qui traversera tout le sud de F île par Fianarantsoa, Ihosy et Betroky.
- 4° Ligne d’Andevorante à Vatomandry, qui s’embranche sur la ligne Tananarive-Tamatave, et qui
- prolongée plus tard le long de la côte orientale, desservira Mananary, Farafangana et aboutira à Fort Dauphin.
- 5° Ligne projetée de Mahabo à Morondava, la région qui sépare ces deux points étant trop boisée et trop plate pour qu'on puisse s’y servir du télégraphe optique.
- Les violents orages qui sévissent sur Madagascar contrarient souvent le bon fonctionnement du télégraphe électrique.
- * 1 En février 1888, un
- cyclone détruisit complètement la ligne d’Andevorante à Tamatave. Plus récemment, entre An-kazobé et Andriba, quarante poteaux furent d’un seul coup de foudre complètement brisés et réduits en petits morceaux.
- Malgré ces inconvénients, le transit est considérable. 11 est transmis mensuellement 155 000 mots environ. La taxe télégraphique à l’intérieur de Madagascar , qui était de 0fr,25 par mot, a été récemment abaissée à 0fl,15.
- Télégraphie optique. — A partir de novembre 1896, pendant l’insurrection, plusieurs petites lignes furent établies entre Tananarive et différents points de l’Emyrne : Babay, Ambatomanga, Ari-vonimamo, etc. Elles avaient pour objet de tenir le commandant en chef du corps d’occupation au courant des mouvements des rebelles. Puis le réseau se développa, une ligne mit en communication Tananarive et Tsiafahy, une autre Tananarive et Ambatondrazaka par Anjozorobe. Enfin on a terminé, en mars 1898, la très importante ligne de l’ouest qui aboutit à Mahabo à 360 kilomètres de Tananarive et qui comporte onze postes intermédiaires.
- Voici, en quelques mots, d’après un rapport du capitaine du génie Balitrand, chef du’ service de la télégraphie optique à Madagascar, comment
- Fig. 2. — Femme sakalave du sud-ouest de File de Madagascar.
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- fonctionne ce service. Tout poste comporte un appareil de transmission et un appareil de réception. Le premier est constitué par un objectif formé d’une ou plusieurs lentilles à travers lequel passent des rayons lumineux dont la source est le soleil le jour, et une lampe à pétrole la nuit. L’appareil de réception est une lunette. Dans chaque poste il y a au moins deux télégraphistes. S’agit-il d’envoyer une dépêche, l’un d’eux la lit à son camarade qui, au moyen d’un écran mobile, laisse passer ou intercepte \ ~
- les faisceaux lumineux et produit des feux longs, des feux courts et des intervalles correspondant aux signes de l’alphabet Morse. Pour recevoir un télégramme, un des télégraphistes observe les signaux du poste transmetteur à l’œil nu ou à la lunette et dicte les signaux à son camarade. Les dépêches sont ainsi transmises de poste en poste depuis le point initial jusqu’au point d’arrivée.
- La portée des appareils, plus ou moins étendue suivant le diamètre de l’objectif, varie à Madagascar entre 15 et 90 kilomètres.
- Le bon fonctionnement de la télégraphie optique dépend nécessairement beaucoup de l’état de l’atmosphère. Le brouillard, la pluie en entravent souvent ou même en interdisent parfois complètement l’usage. Le scintillement produit par l’éclat de solaire est aussi une cause de trouble.
- Fig. 3. — Guerrier sakalaye.
- la lumière Néanmoins,
- ce moyen de transmission des nouvelles rend de grands services. Pendant l’année 1897, dit le capitaine Balitrand, le poste optique de Tananarive a reçu 1050 télégrammes et en a transmis 1100; pendant le premier semestre de 1898, il a reçu 1200 télégrammes et en a expédié 950; le mouvement du réseau entier a été de 5418. Certains de ces télégrammes sont fort longs, et quelques-uns, venant de l’ouest, région dans_ laquelle ont lieu des opéra-
- tions militaires contre les Sakalaves insoumis, comportent de 500 à 600 mots.
- Téléphone. — Enfin, pour être tout à fait complets, nous devons ajouter qu’un réseau téléphonique a été installé à Tananarive. Jusqu’à présent, 28 services publics sont reliés entre eux. Mais on étudie la création d’un service d’abonnement téléphonique pour les particuliers et cabines publiques. Tananarive est une ville étendue, les com-
- _________munications y sont
- difficiles, et cette innovation y rendrait de grands services.
- Comme on le voit, on est arrivé pendant trois ans, et avec des ressources limitées, à un certain résultat.
- Nous ne doutons pas que si le général Gallieni reste quelques années encore gouverneur à Madagascar, si on lui donne les moyens de faire valoir ses qualités d’administrateur et d’organisateur, l’île ne soit rapidement dotée d’un réseau de lignes télégraphiques et de voies de communication tel que cette terre n’aura plus rien à envier aux colonies anglaises et aux républiques indépendantes de l’Afrique australe auxquelles elle fait face.
- L’attention soutenue avec laquelle le public françai s a, depuis deux ans, suivi les projets de tra-est convaincu de là nécessité de communication à Mada-Henri Dehérain,
- Docteur ès lettres.
- 1
- vaux, prouve qu’il de créer des voies
- gascar
- 1 Nous avons joint à cet article deux estampes représentant des Sakalaves du sud-ouest de l’île. Elles ont été gravées d’après deux aquarelles de M. E.-J. Bastard, voyageur du Muséum d’histoire naturelle, qui explora le Fiherenana en 1896. Bien qu’elles ne se rapportent pas directement au sujet de notre article, nous avons voulu, en raison de leur intérêt et de leur rareté, en faire bénéficier nos lecteurs. H. D.
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- GREFFE SUR UN CHAPON
- Un de nos abonnés, M. Begonen, à Saint-Girons, nous a ivoyé une intéressante photographie que nous avons reproduite ci-contre. Il s’a-<*it d’un cas de greffe animale pouvant prendre place auprès des rats à trompe d’Algérie dont il fut question if y a quelques années. Un opérateur, après avoir coupé la crête à un chapon, s’amusa à introduire par une légère incision sur le sommet de la tête un ergot d’un autre coq. La blessure se cicatrisa, les lèvres de la plaie se refermèrent en emprisonnant l’ergot qui Chapon avec une greffe domine la tête du chapon
- sur la tète. comme une corne de rhi-
- nocéros. Elle a environ 1 centimètre de longueur et est mobile au toucher, ce qui prouve que la peau seule la retient en place. D. V.
- LE CIDRE ET LA. FIÈVRE TYPHOÏDE
- Horresco referens! Que vont dire les amateurs de bon cidre qui renouvellent leurs provisions à cette époque de l’année? Le cidre a de nombreux partisans en dehors des pays de production. On en boit beaucoup par goût et par raison. Le cidre est une boisson qui fait partie de notre arsenal thérapeutique. Très riche en acides divers, il passe pour avoir une action favorable sur la goutte, le rhumatisme et surtout la gravelle. 11 exerce également chez beaucoup de personnes une influence très heureuse sur les affections intestinales. Or, faut-il révéler la façon d’opérer de certains cultivateurs qui nous envoient ensuite leur cidre, leur bon cidre à boire?
- Tout le monde a vu la cour d’une ferme, surtout d’une ferme de Bretagne. Le fumier en putréfaction, le purin de l’étable s’en vont pêle-mêle dans une sorte de bassin de décantation que fréquentent par-dessus le marché les animaux de la ferme. L’eau de pluie s’accumule dans ce bassin odorant, où l’on entasse encore les déchets et les détritus de la maison. Ces liquides pénètrent souvent dans le sol et gagnent sous terre la nappe aquifère qui alimente les puits; en sorte que, souvent à la ferme, on boit une solution étendue;de purin. Heureux ceux qui, à pareil régime, ne contractent pas la fièvre typhoïde! On soupçonne si peu le danger, chez les habitants de la ferme, qu’on considère l’eau des mares de la cour, chargée de purin et même de déjections humaines, comme une eau présentant des propriétés utiles. Après la récolte des pommes, quand on commence de fabriquer le cidre, il est d’usage, chez beaucoup de paysans, d’aller puiser cette eau pour la mettre en contact avec les pommes. Le cidre, le bon cidre de Bretagne, en particulier, est fait avec de l’eau de purin ! Pourquoi? Parce qu’il est de tradition que cette eau favorise la fermentation du cidre. Et voilà la boisson que l’on nous prépare !
- Hâtons-nous d'ajouter que cette manière d’opérer est loin d’être générale; elle se pratique presque exclusivement dans les campagnes bretonnes; mais, enfin, il ne
- faudrait pas jurer qu’ailleurs encore, par tradition, on ne mêle dans la barrique un peu d’eau de mare à l’eau du puits. Nos grands producteurs, fort heureusement, s’y prennent autrement. Et nous espérons qu’on nous envoie à Paris du cidre fabriqué avec de l’eau propre.
- On pouvait se demander en tout cas : « Qu’est-ce que devient le bacille typhique introduit souvent ainsi dans le cidre? » La population du nord-ouest de la France fait du cidre une consommation considérable. A Bennes, par exemple, dont la population est de 80 000 habitants environ, la consommation du cidre s’élève à 267 662 hectolitres en moyenne, soit par an plus de 5 hectolitres par habitant. La question a donc une grande importance. Le cidre peut-il propager la fièvre typhoïde?
- M. le Dr E. Bodin, professeur suppléant à l’École de médecine de Bennes, a entrepris à ce sujet des expériences qui, heureusement, sont rassurantes1. Ce savant s’est posé le problème ainsi ; 1° Lorsque l’on fabrique du cidre en se servant d’eaux contaminées par le bacille typhique, cette bactérie persiste-t-clle dans la liqueur après la fermentation? 2° Si l’on ajoute au cidre fermenté de l’eau contenant le bacille d’Eberth, ce microbe peut-il pulluler ou se conserver vivant pendant un certain temps?
- Sur le premier point, M. Bodin ne se prononce pas, ses expériences n’ayant pu porter encore sur les cidres au moment de la fabrication; mais, sur le second point, la réponse est nette et peut faire espérer qu’elle s’appliquera aussi au premier cas. Aussi bien, le mouillage du cidre après fabrication est une opération habituelle parfois pour la vente en gros et surtout pour la vente au détail. Elle est répréhensible, car elle constitue une fraude; mais ce qui nous importe ici, c’est de savoir si elle présente des dangers au point de vue de l’hygiène publique; puisque, le plus souvent, on mouille le cidre non pas avec l’eau des fontaines publiques, mais plus directement avec l’eau du puits situé derrière la maison, recevant l’égout des cours et situé à proximité des fosses d’aisances. Tous ces puits sont contaminés par le bacille d’Eberth et par le Bacterium coli commune, ainsi que l’a constaté M. Bodin en analysant les eaux des puits.
- Eh bien ! le bacille de la fièvre typhoïde vit-il et se développe-t-il dans le cidre où il est introduit par l’eau de mouillage? M. Bodin a introduit lui-même, par dose massive, des bacilles d’Eberth dans différents cidres purs et mouillés. Voici quelques résultats pour un cidre pur :
- Nombre de bacilles par cenliin. cube.
- Au moment de l’ensemencement. . 1 250 000
- Vingt-quatre heures après .... 51 400
- Quarante-huit heures après. . . . 1300
- Soixante heures après............ 0
- La destruction du bacille est donc rapide, malgré la dose considérable de microbes introduite.
- Pour des cidres mouillés par moitié et par tiers, la disparition des bacilles a été encore très rapide. On est, par conséquent, conduit à cette conclusion très rassurante : le bacille typhique ne se développe en aucune façon dans le cidre fermenté pur ou étendu d’un demi ou d’un tiers d’eau, et il y disparaît même au bout de dix-huit heures en général.
- Qui tue, dans le cidre, le bacille de la fièvre typhoïde? L’alcool semble sans action, puisque, dans les échantillons les plus alcooliques (titre alcoolique de 4 et 6), ou dans les échantillons les plus pauvres, la disparition n’a été ni
- 1 Sur la conservation du bacille typhique dans le cidre. Annales de l’Institut Pasteur (1898), n° 7.
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- plus vite, ni moins vite1. Par contre, l'acidité joue un rôle de toute virulence dans la stérilisation. C’est l’acide malique du cidre (acide qui représente en majeure partie les acides du cidre), qui est certainement l’élément actif de la stérilisation. A 2 pour 1000 d’acide malique, M. Bodin a constaté qu’aucune culture de bacille n’était possible; il y a même destruction. Ainsi s’explique la mort rapide des bacilles dans les cidres examinés, qui renfermaient tous plus de 2 pour 1000 d’acide malique. Pour plus de sûreté dans ses conclusions, M. Bodin a fait varier, dans un certain nombre d’échantillons de cidre, l’acidité par addition de soude. 11 y a bien destruction quand l’acidité atteint 2 grammes par litre en acide malique.
- Maintenant tous les cidres possèdent-ils ce degré d’acidité, surtout après le mouillage? D’après M. Lechartier, doyen de la Faculté des sciences de Rennes, les cidres bretons ont une acidité comprise entre 2,42 et 4 grammes pour 1000 en acide sulfurique monohydraté4. D’autre part, voici des chiffres empruntés à M. Kayser, qui examina les cidres de toute provenance primés à l’Exposition de 1889 :
- Cidres normands....................... 1,70
- Cidres bretons....................... 2,51
- Divers................................ 1,98
- Acidité totale traduite en acide sulfurique.
- Par conséquent, même pour les cidres mouillés, l’acidité correspond largement à celle qu’a fixée M. Bodin pour la destruction complète des bacilles typhiques.
- Et l’âge du cidre? L’acidité reste-t-elle suffisante dans les vieux cidres? Il est certain que l’acidité va en diminuant avec l’âge. Cependant les cidres étudiés par M. Bodin étaient des cidres déjà vieux. L’acidité qu’ils possédaient peut être considérée comme un minimum et cependant les bacilles ont tous été détruits. Alors même que l’acidité serait moindre, le bacille ne résisterait pas .à son influence; seulement il persisterait dans le liquide plus longtemps. De trois à quatre jours pour une proportion d’acide malique de 0,8 à 1 gramme pour 1000, et plus de vingt jours, si ce liquide était neutre.
- On remarquera que, malgré tout, on doit considérer comme dangereux un cidre qui vient d’être mouillé; il le restera jusqu’à la stérilisation, soit pendant dix-huit ou vingt heures. L’ingestion de ce cidre peut déterminer la fièvre typhoïde. Et peut-être est-ce à cette cause qu’il faut ramener les cas de fièvre typhoïde isolés que l’on observe souvent à l’IIôtel-Dieu de Rennes et pour lesquels l’origine hydrique ne peut être retrouvée. Le mouillage reste donc illicite d’abord et dangereux ensuite, parce qu’on ne sait jamais s’il vient d’être pratiqué et s’il a été fait avec des eaux contaminées.
- Quant à nous, Parisiens, déduction pratique : ne consommons que du cidre en bouteilles après plusieurs jours de cave. Comme cela, nous serons bien sûrs qu’il ne vient pas d’être mouillé la veille. Et, s’il a renfermé des bacilles typhiques, ils seront tous tués.
- Enfin, dernière déduction pratique. H est clair que c’est l’acide malique qui est l’agent thérapeutique principal du cidre. C’est cet acide qui doit tuer lés microbes gênants de l’intestin. Par conséquent, ceux qui n’aiment pas le cidre pourront sans doute obtenir les mêmes effets en ingérant des doses équivalentes d’acide malique. Et l’étude intéressante de M. le Dr Bodin, au point de vue de la santé publique, paraît de même pouvoir éclairer la thérapeutique. Henri de Parville.
- 1 M. Bcrtlielot a émis l’avis que les aldéhydes du cidre pouvaient tuer les bacilles.
- 4 1 gr. d’acide sulfurique correspond àl»r,36 d’acide malique.
- LES ARBRES A CAOUTCHOUC
- DE L’AMÉRIQUE1
- I
- Jamais industrie n’a été plus florissante que ne l'est celle du caoutchouc actuellement. La consommation de cette matière a pris des proportions phénoménales, surtout depuis que le sport cycliste est entré dans nos moeurs avec un développement prodigieux, qui n’est pas près de se calmer, et que les roues des équipages du monde select sont moelleusement cerclées de gomme élastique.
- De toutes parts on rencontre des gens affairés,
- Fig. 1. — Rameau fleuri d’IIevca brasiliensis (réduit au 1/4).
- des voyageurs en chemin de fer ou sur les bateaux, qui vous parlent de caoutchouc ou de gutta-percha. Tant au point de vue scientifique que sous le rapport commercial, il part chaque semaine des explorateurs ou des futurs colons, qui ne rêvent que d’étudier plus à fond ou de planter les végétaux qui fournissent la précieuse gomme tant demandée, et dont le prix se maintient toujours à un taux élevé.
- L’Histoire du caoutchouc a été si souvent relatée dans les manuels spéciaux, ou les articles traitant de ce sujet, qu’il serait superflu d’y revenir. Bien que réellement connu en Europe depuis plus d’un siècle, ce n’est qu’après la découverte de sa vulcanisation par Goodyear en 1839 que le caoutchouc entra franchement dans la pratique industrielle.
- Les Indiens de l’Amérique centrale connaissaient depuis leurs origines la matière élastique jaillissant sous forme de lait des entailles faites aux arbres qui la produisent ; ils en faisaient des balles à jouer et des ustensiles dont ils appréciaient fort le rôle hygiénique, et qu’ils nommaient Seringa. C’est ce qui
- 1 D’après un Rapport présenté à M. le ministre de l’Instruction publique, en octobre dernier, et paru dans la Revue coloniale du ministère des Colonies le 15 décembre 1898.
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- explique comment dans tout le bassin de l’Amazone les travailleurs occupés à extraire le caoutchouc sont appelés « Seringueros ».
- Dans notre colonie de la Guyane, où il est bien regrettable que l’exploitation du caoutchouc n’ait pas pris l’extension dont elle était susceptible, et qui aurait fait sa fortune, on connaissait, dès le milieu du siècle dernier, un arbre sous le nom indien d’IIévé. Fusée Aublet le décrivit et le figura en 1775 dans son Histoire des plantes de la Guyane, et le baptisa du nom à'Hevea guianensis, arbre très répandu alors dans la colonie, et dont on ne pouvait prévoir la future importance de son latex un siècle plus tard.
- Les espèces exploitées dans l’Amazonie donnent un produit équivalent ; ce sont toujours des Hevea appartenant à la famille des Euphorbia-cées. Le nombre des espèces connues est de huit ou dix. Dans la province du Para, c’est Yllevea brasi-liensis qui domine, dans celle de Ma-naos, c’est VII. dis-color ; à Santarem,
- VH. Spruceana et dans la région du Rio Negro et du Rio Uaupès, les II. pau-ciflora, rigidiflora et lutea. De ces arbres on tire une gomme qui dans le commerce porte le nom de Caoutchouc du Para, qu’il vienne de cette province ou d’une province quelconque suivant le cours de l’Amazone, et qui est la plus recherchée des sortes américaines.
- On n’a pas encore pu démêler quelles sont les espèces susceptibles de fournir les meilleures qualités, parce que l’étude en est difficile. Les serin-guerOs se soucient peu de faire cette sélection. Aussi mélangent-ils le lait qui coule des arbres entaillés sans faire de différence et qui, une fois coagulé, séché, prend la couleur brune que l’on connaît au caoutchouc. D’ailleurs ils se refusent en général à
- fournir des renseignements qu’ils soupçonnent devoir leur être préjudiciables, craignant ou la concurrence ou des manœuvres pouvant entraver leur industrie. L’Européen ne peut guère se livrer à l’étude surplace des Ilevea. Un séjour un peu prolongé dans les forêts humides est le plus souvent funeste pour lui, et le nombre des victimes qui ont payé de leur vie ces imprudences est plus grand qu’on ne pense.
- J’ai pu cependant voir de près des exploitations d’arbres à caoutchouc dans les forêts de la province de Para, où j’ai passé près d’une semaine, vivant de l’ordinaire des Indiens : viande boucanée, poisson salé et farine de manioc. C’est ainsi que j’ai pu me procurer du lait d’Hevea frais recherché pour les analyses et conservé à grand’peine dans des bouteilles ; la température de 52°, à peu près constante sous l’Équateur, faisant fermenter rapidement ce lait qui alors brise les vases dans lesquels on tente de l’emprisonner; aussi faut-il souvent s’y reprendre à plusieurs lois pour triompher de cet obstacle.
- L’extraction du lait d’Hevea se fait en Amazonie au moyen d’une petite hachette nommée « mâche ta». Le seringuero frappe un coup de son outil sur le tronc de l’arbre à saigner, sans aller au delà de l’épaisseur de l’éeorce, puis il place immédiatement au-dessous de la blessure un « tigelinha », sorte de gobelet en fer-blanc pourvu d’une pointe à son bord qu’il entre dans l’écorce, ou fait tenir avec une pelote d’argile ; il recommence ainsi à distances convenables d’autres entailles, sans aller au delà de ce qu’il peut atteindre à sa taille, et le nombre lui paraissant suffisant il passe alors à un autre Hevea, et fait parfois plusieurs kilomètres à la recherche des arbres qui sont souvent éloignés les uns des autres. Quand il voit l’heure avancer, il revient avant
- Fig. 2. — Tronc d’Hevea entaillé et portant les « tigelinhas » remplis de latex. (D’après une photographie prise au Para.)
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- la nuit en vidant les tigelinhas remplis de lait dans une calebasse à anse qu’il porte avec lui, puis il s’achemine vers le « carbet », petite installation sommaire dans la forêt, où il va alors procéder à l’enfumage du caoutchouc1.
- Cette opération consiste à tremper une palette ou spatule de bois à long manche dans le baquet, où l’on a versé tout le lait recueilli, puis la spatule est mise au-dessus du « fumeiro », fourneau à col où brûlent des brindilles de bois associées à des fruits de palmiers des genres Attalea, Maximiliana et autres. La fumée épaisse que produisent ces fruits, contenant des amandes oléagineuses, opèrent immédiatement la coagulation du lait, tant par la chaleur qui élimine le sérum, que par l’action de l’acide acétique que dégage la fumée. Le coagulum
- n’est plus alors formé que des globules du lait qui deviennent le caoutchouc. La palette est trempée à nouveau dans le lait, puis exposée derechef à la fumée, patiemment, jusqu’à ce que la houle méplate de caoutchouc soit estimée suffisamment volumineuse. Alors cette boule est coupée vers son sommet au moyen d’une lame de couteau préalablement mouillée, et c’est par cette incision que la palette emprisonnée est dégagée pour recommencer l’opération jusqu’à épuisement du lait.
- Cette coutume de l’enfumage est certainement plus longue que les procédés de coagulation par le sel, l’alun, le suc d’Ipomæa, le jus de citron, l’acide sulfurique, le barattage, etc., mais elle contribue indubitablement à donner au caoutchouc du Para la renommée dont il jouit, en dehors de sa qua-
- Fig. 3. — Seringuero se livrant à l’enfumage du latex formant le caoutchouc. (D’après une photographie prise au Para.)
- lité native. L’enfumage, à la vérité, noircit le caoutchouc, mais à l’état naturel il s’oxyde à l’air et devient brun avec le temps. Le rôle le plus important que joue la fumée est d’aseptiser la matière par la créosote que cette fumée contient et qui assure la conservation du caoutchouc. Cette pratique a un tel succès que même pour des caoutchoucs d’autre origine, et moins estimés, elle augmente leur valeur marchande2.
- Ainsi préparé, le caoutchouc est livré au commerce sous forme de gourdes aplaties de taille va-
- 1 Habituellement les lotissements d’une certaine étendue sont affermés à des tenanciers qui font travailler les Seringueros, lesquels payent leurs patrons en leur abandonnant une quantité déterminée de caoutchouc.
- 2 On commencerait à exploiter, en silence, un nouveau procédé de coagulation qui consisterait à ajouter une notable quantité d’eau au latex, puis à baratter le liquide et à le fil-trer de façon à retenir seulement les globules "qui forment le caoutchouc.
- riable. Ce qui reste des déchets est mis en boules sous le nom de « scraps ».
- Pour donner une idée du trafic de cette denrée il suffira de mentionner la quantité sortie de l’Amazonie en douze mois, du50 juinl89fiau50juinl897. Quinze maisons faisant le commerce du caoutchouc en ont exporté, pendant ce laps de temps, 22500000 kilogrammes, dont 9 millions provenant de l’Etat du Para, et 15 millions venant dè la Haute Amazone et de* ses affluents, et représentant une somme de 115 millions de francs. Quantité qui aura probablement été dépassée en 1897-1898.
- Le développement de cette industrie a singulièrement enrichi les provinces dont elle est le siège, aussi l’émigration des populations des autres provinces du Brésil se fait-elle avec une intensité croissante, pour se rendre en Amazonie dans l’espoir d’y faire fortune.
- J’ai vu des navires du Llyod brésilien chargés
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- de plus de 1200 individus arrivant à Para dans ce but. En 1895 il est parti de Ceara 9092 émigrants, attirés par l’appàt du gain que donne le caoutchouc ; mais la plupart sont terrassés par les fièvres paludéennes si fréquentes dans ces parages. Eugène Poisson,
- Chargé de mission du Gouvernement.
- FÉLIX FAURE
- Le drapeau aux couleurs françaises est cravaté de crêpe. Le Président de la République est mort jeudi, 16 février, à 10 heures du soir, frappé d’apoplexie.
- M. Félix Faure ne laissera derrière lui que des regrets unanimes. La nouvelle de sa mort subite a produit en France et à l’étranger une douloureuse émotion. Les télégrammes sont venus pressés, innombrables, du monde entier ; de tous côtés ont afflué les témoignages de respect pour celui qui n'est plus et pour celles qui lui survivent.
- Nous ne pouvons ici que nous joindre à tous les Français pour exprimer les sentiments de tristesse que cause cette perte si inattendue. Nous tenons aussi à déposer pieusement notre couronne sur la tombe à peine fermée du Chef de l’Etat.
- M. Félix Faure avait su gagner les sympathies universelles pendant les quatre années de sa Présidence. L’histoire redira ce qu’il a fait pour le bien de notre pays.
- CHRONIQUE
- L’astronomie et l’Ordre de Malte. — L’Ordre de Malte, encore florissant et riche en divers Etats européens, ne compte plus en France qu’une centaine de membres purement honoraires. L’un d’eux, M. de la Brière, vient de rechercher, à la Bibliothèque de l’Observatoire les souvenirs d’un membre de l’Ordre qui fut en son temps un astronome renommé, le chevalier d’Angos. Ce savant, mort à Tarbes en 1836, a laissé des « observations sur la réfraction terrestre », sur la « variation diurne et périodique du baromètre », sur la « mesure des hauteurs par le baromètre ». Selon son désir, le grand-maître de Malte, Emmanuel de Rohan, fit construire dans sa capitale (1783) un observatoire complet, pourvu des instruments scientifiques perfectionnés. Le chevalier d’Angos découvrit une nouvelle comète, près la queue de la Baleine ; plusieurs fois le Journal des Savants rendit hommage aux travaux et au savoir de ce noble astronome. Ses observations ont été vigoureusement discutées par M. Encke, de Gotha.
- Statistique de l’industrie minérale en France. — Les résultats de la statistique de l’industrie minérale en France pour 1897 viennent d’être publiés par le Journal officiel. Les chiffres accusent un développement notable de notre production minérale et métallurgique. Les houillères ont produit 30 337 000 tonnes, y compris 1 028 000 tonnes d’anthracite. Les mines de lignite ont fourni 461 000 tonnes. L’extraction totale des combustibles minéraux bruts, triés ou lavés, propres à la consommation, s’élève à 30 798 000 tonnes dont la valeur sur place est de 554 millions. L’accroissement sur 1896
- représente 5,5 pour 100 en quantité comme en valeur. La consommation de charbon a été pour 1897 de 41 841 000 tonnes, soit seulement les trois quarts de la consommation : le déficit est comblé par les importations anglaises, belges et allemandes. Notre exportation en combustible, en Belgique et en Suisse, ne dépasse pas 1 021 000 tonnes, soit 5,5 pour 100 de notre extraction. Le prix moyen actuel est de 10fr,85 par tonne sur le carreau des mines et de 19,r,08 dans les centres de consommation. Le personnel des houillères et des mines de lignite comprenait 143 000 ouvriers, sur lesquels 101 700 travaillaient souterrainement. Les journées de travail ont été de 41 519 000 et le montant des salaires de 171 198 000 francs, ce qui correspond en moyenne à 4tr,14 par journée, en augmentation de 4 centimes sur 1896. Dans la même annee la production houillère des autres pays a été pour l’Angleterre de 205 364 000 tonnes, pour les États-Unis de 181 624 000 tonnes, pour l’Allemagne de 120 451 000 tonnes et pour la Belgique de 21492 000 tonnes. La France a produit en outre 98 000 tonnes de tourbe représentant 1 269 000 francs, 4 582 000 tonnes de minerais de fer valant 15 millions de francs et 147 000 tonnes d’autres minerais (zinc, plomb argentifère, cuivre, manganèse, antimoine) valant 10 689 000 francs, 303 000 tonnes de pyrite de fer valant 3 763 000 francs. Les mines de sel gemme ont fourni 607 000 tonnes et les marais salants 540 000 tonnes de sel. La valeur totale des produits minéraux extraits en 1897 ressortit à 383 164 000 francs, en excédent de 20 millions sur 1896. Il faut ajouter à cela l’exploitation de 39 000 carrières, employant 130 000 ouvriers et ayant produit 42 000 000 de tonnes dont la valeur sur place a été évaluée à 216 millions. Les phosphates de chaux figurent dans ces totaux pour 535 000 tonnes et 14 millions dont 228 000 tonnes provenant des carrières de l’Algérie.
- L’action de l’eau sur le fer. — M. Robert Mel-drum a récemment publié, dans Chemical News, les résultats d’expériences intéressantes faites en vue d’étudier l’action de l’eau et des solutions salines sur le fer métallique ; dans chaque essai on mettait tremper quelque deux mètres de corde à piano dans une bouteille de 120 à 130 grammes. Dans plusieurs cas, le liquide employé était de l’eau distillée et stérilisée, et l’auteur estime que l’oxydation du fer se produit dans l’eau en l’absence de bactérie et de toute autre forme vivante, de même que d’ammoniaque et de bioxyde de carbone. Toutefois l’air . n’a jamais été sérieusement exclu dans aucune expérience, et la question demeure toujours entière de savoir si c’est l’eau ou l’oxygène dissous qui agit sur le métal. Dans une seconde série d’essais, on a employé des solutions salines, d’alcalis et de sels alcalins; en général les alcalis empêchaient toute action sur le fer, ce qui n’est pas le cas pour beaucoup de sels, tels que le carbonate de potasse, les méta- et pyrophosphates, les carbonates de soude.
- Maladies sur les asperges en Amérique. —
- Les grandes exploitations d’asperges du Massachusets, du New-Jersey, du Maryland et de la Caroline (États-Unis), nous annonce la Revue horticole, sont en ce moment la proie de deux maladies qui causent des pertes considérables. L’une d’elles est connue; c’est « la rouille de l’asperge », ou Puccinia Asparacji De, champignon microscopique de la famille des Urédinées. L’autre est une sorte d’antrachriose dont les caractères spécifiques ne sont pas encore déterminés. Le seul remède qu’on ait pu trouvé jusqu’à présent contre l’action combinée de ces
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- deux fléaux, est l’arrachage des plantes et leur destruction par le feu.
- Le» vache* bonnes laitières. — On pourrait être tenté de croire qu'une vache est ou non bonne laitière suivant la nourriture qu’elle consomme, les circonstances de sa vie, etc. ; mais il en est tout différemment : la qualité de bonne laitière persiste chez une même bêle d’une façon presque continuelle, bien entendu à condition que sa ration soit normalement composée, qu’elle renferme, comme le dit le Journal de la Société d'acclimatation, les éléments nécessaires en quantité suffisante et dans le rapport voulu. La vache a une individualité, par conséquent il est de première importance d’expérimenter la qualité de son lait. C’est ainsi qu’à la ferme de la Chevil-lotte, dans le Doubs, on a constaté que, entre les bêtes d’un troupeau, la proportion des extraits secs pour les différentes bêtes demeure constante d’un mois à l’autre. Ajoutons que le professeur Fhitchmann affirme, à la suite d’expériences poursuivies depuis 1889, que l’aptitude à produire des laits riches est transmissible aux descendants.
- Les cendres volcaniques comme engrais. —
- Dans son cours de géologie, M. Nivois, inspecteur général des mines, cite comme exemple de l'action bienfaisante des mouvements de l’atmosphère dans certaines régions, ce qui se passe au voisinage du Pu y de Dôme. A l’ouest et au sud-ouest de ce vieux volcan, l’aii est presque toujours transparent, tandis qu’il est presque toujours trouble à l’est et au sud-est. Ce phénomène est dù au transport des cendres ou poussières volcaniques si abondantes dans les groupes montagneux du Puy, du Mont-Dore et du Cantal. Or ces cendres, qui peuvent rester longtemps en suspension dans l’atmosphère en raison de leur légèreté, apportent des éléments fertilisants, notamment de l’acide phosphorique et de la potasse, aux contrées favorisées sur lesquelles elles finissent par s’abattre; la pluie et surtout la neige en activent la précipitation. Dans la Limagne, le poids des poussières volcaniques déposées sur un hectare de terrain peut être évalué à 1000 kilogrammes par an. C’est ainsi que s’explique l’inépuisable fertilité de ce pays où toutes les cultures réussissent parfaitement, à tel point qu’une terre de la commune de Gerzat, près Clermont-Ferrand, a produit de très beau chanvre pendant dix-huit ans de suite sans le secours d’aucun engrais.
- Pourquoi les oiseaux ne s’empoisonnent pas en mangeant des baies vénéneuses. — Le fait en lui-même que les oiseaux consomment impunément des baies vénéneuses, ne peut plus maintenant être mis en doute : reste à l’expliquer. Les uns disent qu’ils en consomment trop peu pour que l’action du poison puisse se faire sentir, d’autres qu’ils arrachent la pulpe en laissant la graine sur place. M. John Loxve affirme dans Nature avoir parfaitement constaté comment ils procèdent : ils gobent toute la baie, mais presque aussitôt ils rejettent par le bec la peau et la graine, qui contiennent précisément les substances vénéneuses. C’est ainsi qu’il a vu des grives se gaver de fruits de Pyrus aucuparia, dans un grand parc, et l’herbe aux alentours de ces plantes était semée de graines et de peaux de ces baies : les peaux, absolument vidées et aplaties, gardaient leur coloration brillante, et il était évident qu’elles n’étaient point passées par le tube digestif des oiseaux. Dernièrement encore, M. J. Lowe, se trouvant à Boxbill avec le professeur Conwentz, voyait le sol semé de peaux de fruits d’if contenant les graines, mais ayant perdu leur
- pulpe, et gardant leur couleur, parce qu’elles n’étaient restées qu’un court instant dans l’estomac des oiseaux qui en avaient tiré leur nourriture.
- Nouveau succédané du caoutchouc. —- Nouvelle invention due au DrNapier Ford, qui la désigne sous le nom de perchuïd. Le principe de la fabrication consiste à donner à de l’huile un haut degré d’oxydation : on chauffe cette huile avec de la litharge, en la brassant longuement et continuellement, puis on la laisse refroidir. Alors on y plonge de la filasse spécialement préparée qu’on place ensuite dans des paniers en fil de fer et qu’on expose à l’air : l’huile s’oxyde d’autant plus qu’elle offre une grande surface. On fait passer la filasse entre des rouleaux, et il en sort une substance ayant l’aspect de cuir, qui ressemble assurément beaucoup à du caoutchouc, et dont on peut augmenter la ténacité en y mélangeant du soufre. Ce perchoïd se lamine en feuilles minces comme du papier de soie, et cette matière rend le cuir imperméable à l’humidité.
- line coûteuse machine à composer. — C’est assurément celle qui vient d’être offerte par M. P. T. Dodge, de New-York, au Sibley college, et dans laquelle Mark Twain a, dit-on, englouti des sommes considérables. On prétend en effet qu’elle a dù revenir finalement à 2 millions de dollars, et cela parce que, pendant des années, il y a été apporté constamment des modifications et des améliorations successives. Du système Paige, elle constitue aujourd’hui une merveille de mécanique : elle ne comprend pas moins de 19 000 pièces commandées par un clavier, et, avec des caractères ordinaires, elle fait tout ce qu’on peut demander à un ouvrier compositeur, composant, justifiant, distribuant ensuite les caractères, au besoin coulant des clichés. Elle est même trop parfaite et trop ingénieuse, car elle ne peut être construite pour la vente. Elle occupe une surface de 3m,50 sur lm,06, est haute de lm,97, et pèse un peu moins de 2500 kilogrammes. Elle fonctionne sans le moindre bruit.
- Le phormium tenax à Paris. — On connaît, au moins de nom, le Phormium tenax, plante originaire de la Nouvelle-Zélande, et dont les feuilles fournissent par rouissage une filasse soyeuse et très fine utilisée dans son pays d’origine à faire des tissus extrêmement résistants. Cette plante, introduite en Europe en 1788, fleurit assez souvent dans le sud de la France, mais vit très difficilement sous le climat de Paris. Or, cette année, deux de ces plantes ont fleuri dans les pépinières de la Ville de Paris, au Bois de Boulogne : elles avaient été mises en pleine terre il y a trois ans, dans un endroit abrité par des conifères et d’autres grands arbres ; leurs hampes florales atteignaient 5 mètres pour l’une, 5m,20 pour l’autre.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 20 février 1899. — Présidence de M. Van Tiegiiem.
- Après la lecture du procès-verbal, M. le Président se lève et prononce la courte allocution dont le texte suit :
- « La mort de M. Félix Faure, Président de la République Française, a mis la France en deuil. L’Académie des sciences ne saurait manquer de s’associer aux regrets profonds et unanimes que cette perte soudaine a provoqués dans le pays tout entier, et, pour donner à ses regrets une sanction, je vais lever la séance en signe de deuil. » L’Académie se forme ensuite en comité secret.
- Ch. de Yilledeuil.
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- UN NOUVEL UNICYCLE
- Diminuez le nombre (les roues d’un véhicule, et vous diminuez par cela même les frottements : c’est une des raisons pour lesquelles le bicycle ou la bicyclette sont supérieurs au tricycle, et l’unicycle, par conséquent, doit valoir encore mieux que le bicycle. Aussi cet appareil de locomotion simplifié à l’extrême, a tenté bien des chercheurs.
- Nous avons signalé déjà quelques-uns de ces appareils : en voici un nouveau, qui est du à M. Vernon I). Venahle, de Farmville, dans l’État de Virginie, et qui ne manque pas d’originalité dans les différentes dispositions adoptées. La roue est unique, s’entend, mais outre qu’elle ne possède ni rayons ni moyeu, sa jante se compose de deux parties qui tournent l’une dans l’autre, ainsi quC l’indique la section transversale que nous en reproduisons d'après notre excellent confrère Scientific American. La portion extérieure D de la jante présente une concavité externe où, suivant l’usage, vient se loger le bandage pneumatique; elle comporte une autre partie analogue, de forme demi-circulaire, qui constitue un chemin deroulement pour des billes. Celles-ci se placent pour moitié dans ce chemin, pour moitié dans un évidement creusé dans la seconde partie de la jante E. Dans cet évidement sont fixés des rouleaux évidés sur lesquels portent les billes ; on comprend de la sorte que le mouvement relatif des deux demi-jantes se fait avec des frottements extrêmement réduits.
- Bien entendu, c’est la demi-jante E qui demeure fixe, l’autre tourne concentriquement à elle : dans ce but, à la lame réunissant les deux demi-sphères de E, sont fixées des chevilles C, normalement à cette sorte d àme et d’un seul côté. Le cycliste commande, au moyen des pédales, une roue à dents A d’assez grande dimension; celle-ci, par l’intermédiaire d’une chaîne, met en mouvement un autre
- Fig. 1. — Vue d’ensemble de l uiiicycle.
- Fig. 2. — Vue en coupe el détails.
- petit pignon calé sur le même axe qu’une grande roue B. Cette dernière porte des dents dont l'évidement s’engage dans les chevilles C. C’est ce que montre bien la coupe du système, comme l’élévation générale.
- Il faut noter que l’axe commun du pignon et de ce que nous appellerons la roue de commande B, peut se déplacer dans une sorte de glissière : nous allons voir tout à l’heure une des raisons d’être de cette glissière ; mais on doit comprendre aussi qu’en y faisant glisser, vers l'avant ou vers l’arrière, l’axe de la roue B, on détend ou l’on tend, suivant les besoins, la chaîne de commande. Bien entendu, on a prévu un dis-? positif pour immobiliser
- l’axe de la roue B dans la position où on le place, tout en permettant le mouvement que nous allons indiquer plus loin. On a dû remarquer la forme courbe de cette glissière, qui sert en même temps à fournir un point d’appui, par une tige oblique, au tube vertical qui supporte la selle. Le cycliste peut se rejeter en avant, ce qui déplace dans le même sens son centre de gravité, et facilite le mouvement de progression de l’appareil. L’inclinaison de la tige supportant la selle entraîne naturellement un déplacement proportionnel de l’arbre du pignon et de l’axe de la roue de commande. L’inventeur affirme que son unicycle est absolument stable et qu’il se gouverne aisément par une simple inclinaison du corps à gauche ou à droite.
- L’invention est curieuse, mais les deux jantes ont peut-être de grandes tendances à la distorsion ; de plus on est en droit de se demander si la poussière ne pénétrera pas facilement entre les billes et les rouleaux. D. Lebois.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahcre, rue de Fleurus, 9.
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- y I 5 1 r». - i MARS 1 890.
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- L’USURE DES CANONS MODERNES
- Fig. 1. — Section d’un tube de canon à tir rapide.
- La substitution des poudres sans fumée à l’ancienne poudre classique a des avantages précieux qui ont été bien souvent mis en lumière : suppression des nuages de fumée d’abord, inflammation progressive de la poudre et, par conséquent, plus grande vitesse donnée au projectile, etc. Mais toutes ces poudres sans fumée, mélinite, corditeet autres, ont un inconvénient dont on commence à s’apercevoir de plus en plus, au fur et à mesure que leur emploi se généralise ; leur déflagration abîme très rapidement, ronge et met bientôt hors de service l’intérieur du canon.
- Voilà déjà un certain temps qu’on se préoccupe de cette question, et elle le mérite bien, car elle est fort grave : en plein temps de paix, en effet, on est obligé de se servir des canons pour exercer les hommes, et ces tirs répétés arrivent à détériorer assez rapidement un outil des plus coûteux, sans qu’il ait rendu le moindre
- 27* innée. — Ier semestre.
- Fig. 2. — Section normale à l’axe du canon; a, b, profil primitif
- service effectif. Nous pouvons mettre aujourd’hui sous les yeux de nos lecteurs des reproductions de photographies, relatives à cette question, qui ont été présentées à Ylron and Steel Institute par M. le professeur AV. G Roberts-Anslen ; elles portent sur un tube de canon à tir rapide de 120 millimètres, dont la section avait été faite à 4 mètres environ de la bouche. La première gravure représente précisément la section considérée, et, en dépit de la réduction, on voit très nettement les érosions causées par la poudre. La figure 2 est une section normale à l’axe du canon, montrant ce qui reste de la rayure primitive, c’est-à-dire de la portion en relief et de celle cjui est en creux ; la ligne poin-tillée ab indique quel était le profil primitif de la surface rayée du tube, et laisse voir la quantité réellement considérable de métal enlevée en d et en e par la poudre et ses gaz. Le grossissement est ici de
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- Fig. 3. — Les érosions vues de face.
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- LA NAT LUE.
- 55 diamètres. Dans la ligure 5, où le grossissement est le même, on voit de face les érosions ; les parties claires représentent le creux des cannelures, ses portions sombres sont les tilets formant reliel et donnant le mouvement de rotation au projectile.
- Ces photographies montrent les ravages que fout les poudres sans fumée, des effets très sensibles le manifestant dans les tube K des canons simplement après cinq coups d’essais. On avait employé la poudre anglaise, la cordite, pour la pièce dont nous pouvons ici examiner l’intérieur; quant au métal dont elle était formée, c’était de l’acier à canon du type normal, contenant environ 0,5 pour 100 de carbone et 0,0 pour 100 de manganèse, sans que le pourcentage du soufre et du phosphore excédassent 0,05 et celui du silicium 0,15. Le tube avait été trempé à l’huile, après avoir été porté à une température de 8(J09, et il avait ensuite été recuit à 500°.
- Ceux qui ont étudié cette question concluent généralement, que ce qui importe le plus en l'espèce, c’est le traitement mécanique auquel a été soumis le métal; mais on n’a pas encore trouvé moyen d’éviter l’élévation brusque de température suivie de refroidissement rapide qui se produit au moment de l’explosion. Cela entraîne des changements dans le métal, changements que facilite l’action mécanique du passage du projectile. Pierre de Méisiel.
- LE CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL
- DE 1900, A PARIS
- Les géologues des divers pays se réunissent tous les trois ans en un congrès international pour échanger entre eux leurs idées et apprécier les découvertes nouvelles qui viennent chaque jour confirmer les hases fondamentales de la géologie. Celte science, en effet, a réalisé et réalise chaque jour les progrès les plus rapides; elle a appris à l’homme ses débuts, l’histoire du monde animé et de la terre elle-même; elle a fourni des bases à la géographie et présente de jour en jour des applications nouvelles à l’art des mines, à l’agronomie, à l’hydrologie. Toutes ces découvertes nécessitent une entente commune entre tous les hommes de science de tous les pays. Après les séances du congrès, les géologues se mettent en route ensemble ; gravissent les montagnes, descendent dans les mines et sur le terrain même, mettent en commun leurs efforts pour mieux comprendre la terre, mieux expliquer son histoire, mieux exploiter ses richesses.
- Le VIIe Congrès géologique international s’est réuni à Saint-Pétersbourg au mois de septembre 1897. On se souvient encore avec quel éclat eut lieu ce congrès et quelle fut la réception faite aux représentants de la France. M. Albert Gaudry, membre de l’Académie des sciences, l’éminentprofesseurauMuséum,voulut hienà cette époque 1 nous adresser une lettre dans laquelle il nous faisait con-naître’les principaux détails des séances des réceptions, et des soirées qui eurent lieu pendant le Congrès. Il nous indiquait également les excursions faites de tous côtés, qui permirent aux congressistes, au nombre d’environ 900, de traverser la Russie, de la Baltique à la mer Noire, en recueillant partout des renseignements utiles.
- 1 Voy. n° 1209, du 2"> septembre 1897, p. 270.
- A la fin de la session, le Congrès décida que la huitième session se tiendrait à Paris en 1900 lors de l’Exposition Cniverselle : quelques mois nous séparent à peine de l’ouveriure de notre grande Exposition; les géologues français, qui ont un rôle élevé dans le momie scientilique, ont à cœur de répondre aux témoignages de grande estime qu’ils ont reçus partout, et de montrer également qu’en France aussi la science est honorée.
- Un comité d’organisation pour le Congrès internationa vient d’être constitué ; la composition du bureau est la suivante : Président, M. Albert Gaudry; vice-présidents, MM. Michel-Lévy, Marcel Bertrand; secrétaire général, M. Ch. Barrois; secrétaires, MM. Cayeux, L. Bertrand, Tliévenin, Thomas; trésorier, M. L. Carez.Le comité a décidé de s’adjoindre aussi toutes les personnes qui pourraient être utiles à l’organisation du Congrès.
- Les séances du Congrès se tiendront à Paris, du 16 au 28 août 1900, dans un pavillon spécial dépendant de l’Ex-poùtion. Il n’y aura pas d’exposition permanente; pour l’exposition des cartes géologiques, coupes, photographie, les géologues devront s’adresser au commissaire de leur pays pour obtenir une place particulière dans une classe.
- Les congressistes pourront ainsi visiter l’Exposition universelle, étudier les musées géologiques, et suivre les courses organisées aux environs de Paris.
- Deux sortes d’excursions auront lieu ; des excursions générales auxquelles seront invités le plus grand nombre de membres possibles, et des excursions spéciales qui .seront réservées aux spécialistes. Toutes ces visites seront faites sous la conduite de nos plus éminents géologues.
- Les excursions générales comprendront la visite du bassin tertiaire parisien, du Boulonnais et de la Normandie, et du Massif central. Les excursions spéciales auront lieu dans les Ardennes, la Picardie, la Bretagne, la Mayenne, les faluns de Touraine, dans le Morvan, le Massif du Mont-Dore, la chaîne des Puys et Limagne, les Charentes. D’autres visites seront également faites dans le bassin de Bordeaux, les bassins tertiaires du Rhône, les terrains secondaires et tertiaires des Basses-Alpes, les Alpes du Dauphiné et le Mont-Blanc, le Massif du Pelvoux (Hautes-Alpes), le mont Yentoux et la montagne de Lure, le Massif de la Montagne-Noire, les roches cristallines et les terrains sédimentaires des Pyrénées.
- M. Ch. Barrois, secrétaire général, 62, boulevard Saint-Michel, à Paris, est à la disposition des personnes qui demanderaient des renseignements complémentaires.
- Le programme est complet, comme on le voit; le Comité d’organisation pourra montrer, dans les meilleures conditions et avec tous les détails désirables, la géologie de la France entière aux membres du Congrès. Nous souhaitons vivement que tous ces efforts soient couronnés du plus brillant succès. J. Laffargue.
- UN DISTRIBUTEUR HORAIRE ÉLECTRIQUE
- L’électricité est la reine de notre fin de siècle. Dans toutes les branches de l’industrie elle s’installe en souveraine. L’horlogerie est certainement une de ces branches dans lesquelles l’application électrique paraît la plus séduisante. Il y a intérêt à signaler aux amateurs les appareils paraissant se recommander par quelque qualité. C’est à ce titre que nous donnons ici le schéma du distributeur de M. Willing qui a le mérite d’être simple.
- Comme le régulateur de Hipp, ce distributeur se compose essentiellement d’un balancier A oscillant librement. Ce balancier porte un cliquet B engrenant avec les dents
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- L A A A T L UE.
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- d’un rochet C. Ce rochet porte une goupille 1) qui peut frotter en passant contre un ressort E. Un autre ressort F reçoit la friction d’une goupille G montée sur l’axe de C. Les ressorts E et F sont isolés. A chaque oscillation complète du balancier A le cliquet B fait avancer d’une dent le rochet C qui fait son tour en une minute.
- Les goupilles D et G sont disposées de telle sorte que la seconde se trouve en contact avec le ressort F quand la première vient frotter en passant contre le ressort E. Ces deux contacts simultanés permettent le passage du courant de la pile P dans un circuit sur lequel sont intercalés des récepteurs d’un système quelconque, et dont l’aiguille des minutes avance alors d’une unité. Si l’on veut faire un contact toutes les demi-minutes au lieu de la faire toutes les minutes, il suffit de placer une goupille I)', symétrique de D, et de planter également sur l’axe du rochet C une goupille G', symétrique de G.
- Schéma (tu distributeur horaire.
- Sur le trajet du courant se trouve un électro-aimant II, qui au moment de son passage attire la tige J reliée à l’une des branches d’un levier I maintenu relevé en temps normal par un contrepoids K. L’abaissement du levier 1 détermine la chute d’un autre levier L oscillant autour de 0 et qui porte un galet P. Cette chute jette le galet P contre le plan incliné Q relié invariablement à la tige du balancier A. Celui-ci reçoit donc une impulsion nouvelle à chaque passage du courant dans les horloges. Ce qui supprime tout remontage. Il est à remarquer que l’impulsion donnée ainsi est absolument constante et indépendante du plus ou moins de puissance électromotrice de la pile, dont l’action n’est qu’indirecte.
- Dans l’horlogerie électrique, c’est généralement le distributeur qui est en défaut. Un récepteur proprement construit donne l’heure exacte si elle lui est correctement envoyée. Le distributeur de M. AVilling qui renferme peu d'organes a toute chance de bien fonctionner, à condition que, comme dans les autres systèmes, on ait une ligne bien poséè et une pile bien entretenue. L. II.
- LES OISEAUX SANS AILES
- Un dit fréquemment qu’il n’y a pas de règles sans exception. Nous allons constater une fois de plus la vérité de cette maxime.
- Les poissons sont faits pour vivre dans l’eau, certains cependant passent la plus grande partie de leur existence dans la vase ; d’aucuns même perchent sur les arbres, faisant ainsi concurrence aux oiseaux, auxquels appartient le royaume de l’air et qui peuvent, grâce à leurs ailes, s’élancer dans l’espace et parcourir avec rapidité des distances considérables. Il est toutefois des oiseaux bien déshérités de la nature, car ils ne possèdent pas cette caractéristique de la gent emplumée, l’aile, et par suite ils sont, comme la majorité des animaux, rivés au sol, au-dessus duquel ils ne peuvent s’élever.
- Dans un précédent article j’ai parlé des oiseaux dentés. L’un d’eux, YHesperoruis, ne possédait pas d’ailes et il avait des dents, double bizarrerie qui s’expliquait par son ancienneté, car il vivait il y a plusieurs millions d’années. Les oiseaux, dont je voudrais parler aujourd’hui, existent encore ou ont disparu il y a peu de temps ; il sera donc plus facile de les étudier.
- Tous les oiseaux sont loin d'avoir la même puissance de vol, puissance en rapport avec le degré de développement des ailes. Il existe tous les intermédiaires entre l’envergure des ailes du condor, qui atteint plus de quatre fois la longueur du corps, ce qui lui permet de s’élever jusqu’à 7 et 8000 mètres d’altitude, et les faibles ailerons du Pingouin dont ce dernier ne peut faire usage. Les Manchots, dont le nom est assez significatif ont les ailes encore plus réduites. Ce ne sont plus que de courts moignons aplatis, privés de plumes proprement dites, recouverts d’un fin duvet ressemblant à des poils et que l’on prendrait pour des écailles.
- Mais il existe un groupe d’oiseaux, appelés à bon droit Brévipennes, dont les ailes sont si peu développées qu’elles sont tout à fait impropres au vol. En revanche, et par une juste compensation, leurs jambes, longues et robustes, leur permettent de courir avec une rapidité extraordinaire. C’est pour cette raison qu’on leur a donné le nom d’oiseaux coureurs, par opposition aux autres qui constituent le groupe des oiseaux voiliers. Parmi eux se trouvent les oiseaux géants et aussi ceux qui n’ont plus d’ailes apparentes à l’extérieur du corps et qu’on peut appeler oiseaux sans ailes.
- L’Autruche fait partie de ce groupe. Avec sa tête chauve, calleuse, pourvue d’un bec court, son long cou déplumé, son corps massif, supporté par des jambes demi-nues terminées par deux larges doigts ; ses ailes très courtes, formées de plumes molles et flexibles, et sa queue en forme de panache, elle a une physionomie bien spéciale parmi les oiseaux.
- Les Nandous, qui sont les représentants américains de l’autruche, ont les ailes encore plus courtes que
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- cette dernière, car elles sont complètement dépourvues de rémiges proprement dites et se terminent par un appendice corné. Leur queue ne possède pas non plus de rectrices.
- Le Casoar et l’Émou ont aussi beaucoup de traits de ressemblance avec l’Autruche, mais leurs ailes sont encore plus réduites que celles du Nandou : elles sont à peine distinctes et on ne les aperçoit pas quand l’oiseau les applique contre son corps. Enfin chez l’Apteryx (fig. 1 ), dont le nom tiré du grec, veut dire sans ailes, les organes du vol sont à peine apparents; ils consistent simplement en un très court moignon muni d’un ongle fort et arqué. L’Apteryx, appelé aussi Kiwi, habite la Nouvelle-Zélande. C’est le plus singulier des oiseaux vivants. Le cou et le corps sont d’une seule venue et la tète, d’une taille médiocre, est munie d’un long bec ressemblant à celui de l’Ibis. Pourvu à sa base de longs poils comparables à ceux qui constituent les « moustaches » des chats, il diffère de celui de tous les oiseaux actuels, par la position des narines qui s’ouvrent à la pointe supérieure du bec. Si l’Apteryx ne peut pas voler, il court très vite, malgré ses courtes jambes et se défend très habilement contre ses agresseurs avec ses pattes armées d’ongles longs et acérés.
- De même que les ailes, la queue est absente. Les plumes, très souples, sont des plus curieuses ; elles ont la forme d’un fer de lance ; elles sont pendantes, lâches, soyeuses, à barbes déchiquetées et augmentent de longueur à partir du cou. Lorsque l’Apteryx, qui a la taille d’une poule, est dans sa position normale, son corps est presque vertical; il ressemble alors à une véritable caricature. On le dirait logé dans un sac emplumé d’où la tête, munie de son long bec, et les pattes sortiraient seules. On a la sensation quand on le voit que c’est un être incomplet. C’est un animal nocturne, d’humeur farouche, et la guerre acharnée qu’on lui fait l’a rendu fort rare. Tout est étrange en lui, même l’œuf unique qu’il pond et qui pèse 450 grammes, c’est-à-dire le quart du poids de son corps. Si l’Autruche pondait des œufs, proportionnellement aussi gros, ils pèseraient de 15 à 18 kilogrammes!
- Avec l’Apteryx, vivait encore à la Nouvelle-Zélande, il y a quelques centaines d’années, un oiseau d’une taille considérable puisqu’elle atteignait
- plus de 5 mètres et demi. Le Dinornis (fig. 2) peut être considéré comme le géant des oiseaux, avec le Phororhacos et le Brontornis qui ont été exhumés récemment en Patagonie.
- 11 était connu des habitants sous le nom de Moa et vivait en troupes, comme les autruches. Son organisation le rapproche beaucoup de l’Apteryx ; il s’en distingue toutefois par sa grande taille, son long cou et son bec court; il devait avoir surtout l’aspect d’une autruche à cou emplumé, à ailes nulles et sans queue. Les pattes du Dinornis munies de 5 larges doigts sont véritablement énormes. Des fragments d’os isolés font plutôt songer à des os de très gros mammifères qu’à ceux d’un oiseau. Le fémur et le tibia sont plus gros que ceux d’un ours; le tibia seul
- mesure plus de lm,20 de long et sa largeur est de 8 centimètres dans sa partie la plus étroite (la largeur d’une main d’homme) ; à ses extrémités cette largeur atteint 18 centimètres.
- Par contre le sternum était petit, convexe et plus long que large. L’aile ne devait pas être visible à l’extérieur du corps, car les os qui la constituent sont proportionnellement plus petits que ceux de l’Apteryx. 11 y a donc, chez cet oiseau, un maximum de réduction de l’aile.
- Le Dinornis était couvert d’un riche plumage, et c’est sans doute cette belle parure qui est cause de sa destruction, les femmes préférant ses plumes à tous les autres ornements. Le grand nombre d’ossements que l’on a découvert dans les alluvions, les cavernes et les fonds tourbeux de la Nouvelle-Zélande permettent de penser que Pile a été habitée par une quantité considérable de ces oiseaux qui, grâce à leurs énormes pattes, devaient repousser assez facilement les attaques des autres animaux. Mais ils n’ont pas trouvé grâce devant le. plus terrible destructeur de la nature : l’homme, qui, pour satisfaire ses goûts et sa fantaisie, n’hésite pas à exterminer des espèces entières. Les habitants de la Nouvelle-Zélande racontent encore l’histoire de ces singuliers animaux : leur extermination paraît dater de la période à laquelle file fut visitée par le capitaine Cook (1769-1778). D’ailleurs certains os recueillis dans ces dernières années renfermaient encore de la matière animale. On a même découvert en certains endroits des portions de trachée-artère
- Fig. 1. — Aptéryx ou Kiwi.
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- mêlées à du charbon et à des débris de cuisine.
- Un proche parent du Dinornis, que les Maoris considéraient comme éteint, est le Notornis de Man-tell. On en avait trouvé trois exemplaires vivants depuis 1842. 11 y a 3 mois, on a signalé l’existence d’un quatrième individu dont nous donnerons prochainement la photographie.
- Les œufs pondus par les Dinornis étaient volumineux, puisqu’ils avaient une capacité de plus de 4 litres et équivalaient à 80 œufs de poule.
- Ce ne sont pas cependant les plus gros œufs connus. En 1851, Isidore Geoffroy Saint-Ililaire présentait à l’Académie des sciences des œufs d’un oiseau provenant de Madagascar, dont le volume était de 8 litres. Plusieurs de ces exemplaires sont
- visibles dans les galeries du Muséum de Paris. On en a trouvé qui étaient encore plus volumineux. Le Muséum de Londres en possède un dont la capacité dépasse 11 litres ! Il équivaut à 220 œufs de poule et à plus de 70 000 œufs d’oiseau-mouche. Certains de ces œufs ont été payés de 1000 à 5000 francs. On crut d’abord que l’oiseau qui pondait de pareils œufs vivait encore ; on se basait sur la description qu’en faisaient les naturels de Madagascar qui prétendaient «avoir aperçu un oiseau de taille colossale, pouvant terrasser un bœuf et en faire sa pâture ». Ces mœurs étaient loin d’être celles de l’oiseau qu’on a appelé Æpyornis, car il n’avait ni serres, ni ailes et se nourrissait de substances végétales. La description du célèbre navigateur Marco-Polo, relative à un Rapace
- grand voilier appelé Roc ou Rue, ne se rapporte pas non plus à l’Æpyornis. M. Grandidier a établi que cet oiseau n’existait plus à Madagascar, et que si l’homme l’avait connu, les récits mêlés de merveilleux que les tribus sauvages se transmettent de génération en génération, n’en font nulle mention.
- C’est surtout grâce à MM. Grandidier, Milne Edwards et Forsyth Major que l’on a pu connaître l’histoire de ce grand oiseau, sans ailes, qui avait beaucoup de traits de ressemblance avec le Dinornis. Si sa taille était en rapport avec celle de ses œufs, il serait 2 fois plus grand que le Dinornis ; il n’en est rien cependant, car il constitue une famille représentée par des formes très diverses, de taille variable, mais ne dépassant pas 3 mètres et demi. La tête a l’apparence de celle du Dinornis, mais la surface des frontaux est sillonnée de rides et de cavités indiquant la présence d’une crête formée de
- grandes plumes. Une particularité curieuse : c’est que le canal d’Eustache s’ouvre directement à l’extérieur. Les vertèbres cervicales sont très nombreuses ; le sternum a subi une grande réduction. C’est un os plat, assez large, mais excessivement court, surtout dans sa partie médiane. L’aile a subi aussi une grande régression, car elle comprend seulement une mince et courte baguette : l’humérus et une petite masse osseuse représentant tous les autres os de l’aile soudés ensemble. De même que le Dinornis, l’Æpyornis n’avait pas d’ailes visibles extérieurement. Les os des pattes étaient, par contre, d’une taille considérable ; ils indiquent que l’oiseau qui les possèdent était plus gros que le Dinornis. Ce devait être le plus massif des oiseaux, le plus éléphant.
- L’Æpyornis, dit M. Milne Edwards, fréquentait le bord des eaux et se tenait au milieu des roseaux
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- bordant les lacs ou les rivières, car ses ossements sont associés à ceux de tortues, de crocodiles et d’un petit hippopotame. 11 devait sans doute nicher dans les plaines basses entourant ces lacs.
- De même que l’Aptéryx qui est en voie de disparition, que le bison et le castor parmi les Mammifères, le Dinornis et l’Æpyornis ont été détruits à mesure que l’homme étendait sa demeure et aussi sa domination.
- Lorsqu’on envisage les faunes de Madagascar, et de la Nouvelle-Zélande, on est frappé de la grande analogie qui existe entre elles, au point de vue de l’existence des vertébrés récents ou anciens. Ces rapprochements semblent indiquer que des relations ont existé entre ces terres, aujourd’hui séparées par une immense étendue de mer, ce qui est d’accord avec les observations géologiques.
- Ainsi l’étude des oiseaux sans ailes ne consiste pas en une vaine curiosité, elle fournit non seulement des données intéressantes, au point de vue zoologique et évolutif, et contribue aussi à fixer certaines idées ayant trait à l’ancienne répartition des terres et des mers. Pu. Glaxgeaüd,
- Docteur ès sciences.
- MOUVEMENTS INITIAUX DES PROJECTILES
- Ce serait une erreur de croire que les projectiles sortent des armes qui les lancent tout droit devant eux. Leur entrée dans l’air, à l’état de liberté, est, au contraire, signalée par des écarts relativement considérables, et ce n’est qu’après avoir parcouru une distance d’environ 200 mètres, qu’ils paraissent se décider à avancer alors d’une façon régulière, mais qui présente encore des particularités.
- Des expériences exécutées à Sevran-Livry, il y a peu d’années, sous la direction de M. le général Sébert alors colonel, permettent de se rendre compte des mouvements initiaux des projectiles. Ces derniers en quittant la bouche du canon rencontraient, de 25 en 25 mètres, cinq panneaux légers en carton, qu’ils se trouvaient contraints de traverser ; les empreintes, relevées avec précision, permettaient de déterminer exactement la nature du chemin parcouru.
- Une série de coups furent successivement tirés avec le canon à tir rapide de 47 millimètres et don-
- nèrent les résultats indiqués par les figures ci-jointes. Ces croquis sont la représentation, à l’échelle du dixième, du chemin parcouru, tel qu’il serait apparu à un spectateur placé à l’arrière du canon et doué d’une vue assez perçante pour suivre le projectile dans ses rapides sinuosités. Le point o représente la bouche de la pièce, d’où l’obus s’est précipité dans
- l’espace et 4, 2, 3, 4, 5 sont les points où il a successivement traversé les panneaux en carton.
- L’inspection de ces figures, en dépit de certaines irrégularités, met en évidence, pour le spectateur supposé, une sorte de mouvement en hélice exécuté dans le même sens que celui des aiguilles d’une montre. Ce sens est, du reste, le même que celui du tracé des rayures de la bouche à feu dont il a été fait usage.
- Les expériences ont été continuées dans les mêmes conditions avec le canon-revolver de 57 millimètres, qui diffère du canon précédent par un moindre calibre et une plus petite vitesse initiale du projectile (400 mètres au lieu de 600).
- Les essais ont porté sur deux tubes d’un même canon-revolver.
- Voici la représentation des divers parcours qui ont été constatés.
- Les deux tubes accusent des courbes d’une am-
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- plilude autrement plus considérable que celle du canon à tir rapide, et, de plus, chaque tube paraît avoir sa courbe particulière; alors que le premier montre au départ une boucle dirigée vers le bas, le deuxième, au contraire, est caractérisé par un curieux crochet apparaissant à la partie supérieure.
- Nous n’entrerons dans aucune considération théorique susceptible de donner une explication de ces mouvements pleins d’imprévu. Nous nous bornerons à dire que la déviation que reçoivent les projectiles h leur sortie de l’âme, et qui s’exerce comme une sorte de coup de fouet rapide et violent, paraît due, aux yeux de la plupart des artilleurs, à un état vibratoire qui se serait développé dans le canon avant le départ du projectile. On peut dire que c’est la bouche de la pièce qui, toute vibrante, dévierait le projectile à- sa sortie. Lieutenant-colonel Delauney.
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- LA NATUBE.
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- ' UN INTERRUPTEUR ÉLECTROLYTIQUE
- POUR BOBIXE D’INDUCTION
- On sait depuis Davy que si l’on fait traverser un courant à un électrolyte par deux électrodes de dimensions très inégales, par exemple un ûl et une plaque plongés dans l’eau acidulée sulfurique, la plus petite électrode est le siège de phénomènes lumineux et thermiques spéciaux étudiés par Planté, Chappuis, F. Braun, etc., et qui ont fait l’objet, de la part de MM. Lagrange et Hoho, vers 1892, d’un système spécial de soudure électrique encore appliqué en Amérique. Le bruit et les variations d’éclat de la lumière produite sur là petite électrode, indiquent que le courant est ondulatoire ou intermittent. Par des expériences récentes, M. le D' A. Wehnelt a prouvé que ce courant devient périodiquement nul, et il a pu exciter une bobine d’induction en remplaçant l’interrupteur ordinaire par un interrupteur électrolytique intercale dans le circuit général, l’électrode de faible surface formant l’anode, c’est-à-dire étant reliée au pôle positif de la source électrique à courant continu. Dans ses premières expériences, M. Wehnelt montait un condensateur en dérivation sur les deux électrodes de l’interrupteur électrolytique; il a reconnu depuis que ce condensateur était inutile, et que l’interrupteur pouvait être intercalé directement en circuit sur la batterie de soixante accumulateurs, en circuit avec le primaire de la bobine d’induction. Il a ainsi obtenu de brillantes étincelles de 50 centimètres de longueur dans le circuit secondaire. La fréquence a été déterminée par la hauteur du son émis par l’interrupteur, et aussi par des observations stroboscopiques; elle a atteint juqu’à 1500 interruptions par seconde. Cette fréquence augmente avec la force électromotrice de la source, et le phénomène ne se manifeste que pour une certaine valeur minima de la force électromotrice qui dépend de la grandeur des électrodes, de la concentration de l’acide sulfurique, etc. Une lampe de 50 volts, montée en dérivation entre les extrémités du circuit primaire de la bobme, s’est illuminée par une force électromotrice de 21 volts. Avec 105 volts, on illuminait de la même manière deux lampes de 110 volts montées en tension entre elles, et en dérivation sur le primaire de la bobine. M. Wehnelt a signalé d’intéressantes applications de ce curieux interrupteur électrolytique à grande fréquence pour la radiographie par les rayons Rôntgen, en vue de réduire le temps de pose, pour les expériences de Tesla, les ondes électriques de Hertz, la télégraphie sans fil et les phénomènes produits par les courants alternatifs en général.
- Nous avons répété avec succès, au laboratoire d’Electri-cité de l’École de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, les expériences de M. Wehnelt. L’étincelle grêle de la bobine munie de son trembleur ordinaire est remplacée par une véritable flamme sifflante et bruyante. Nous reviendrons en détail sur ces intéressantes expériences. E. H.
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- LA. COULEUR DE L’EAU
- Au Congrès d’hydrologie et de climatologie de Liège, M. Walthere Spring a rendu compte de ses observations sur la couleur de l’eau. La véritable couleur de l’eau pure, c’est le bleu, comme dans le lac de Genève, et ce bleu n’est pas dû à une réflexion du ciel ou à des particules en suspension. Quand l’eau pure est quelque peu nuageuse, ce qui est dû à la présence de particules incolores
- ou presque incolores, mais finement divisées, elle prend une teinte jaune. Cette teinte artificielle, combinée avec le bleu propre à l’eau, donne le vert qu’on trouve dans les lacs de Neuchâtel et de Constance. Cette coloration verte peut venir à disparaître complètement : c’est qu’alors il a été amené dans les lacs une boue fine de teinte rougeâtre due à de l’oxyde de fer.
- POINTEUR-ENREGISTREUR AUTOMATIQUE
- Dans une usine, les ouvriers doivent arriver exactement à l’heure et sortir également à l’heure. C’est là la règle la plus essentielle et même indispensable pour le bon fonctionnement d’une maison.
- Le pointage ordinaire des arrivées et des sorties par un employé préposé à celte fonction est bien difficile et certainement se trouve entaché d’erreurs, quelquefois involontaires, mais quelquefois aussi parfaitement volontaires pour les ouvriers qui connaissent personnellement l’employé. Il faut reconnaître aussi que les ouvriers arrivent tous à la fois, passent rapidement, jettent leur jeton et s’éloignent aussitôt sans laisser au gardien le temps d’effectuer le pointage sur son livre.
- Tous ces inconvénients ont été reconnus depuis longtemps et l’on a imaginé une série d’appareils à pointage automatique, qui inscrivent eux-mêmes l’heure d’entrée et de sortie des ouvriers désignés chacun par un numéro. Nous avons déjà nous-même signalé plusieurs de ces appareils; mais il est toujours intéressant de noter les résultats fournis par un appareil qu’on a pu observer.
- L’imprimerie de la Bourse du commerce de Paris vient d’installer, il y a peu de temps, un appareil de ce genre, dénommé pointeur-enregistreur-automatique Bundy. Cet appareil est déjà, paraît-il, très répandu aux États-Unis et en Angleterre, où il donne d’excellents résultats.
- Nous avons voulu apprécier son fonctionnement, et, sur notre demande, M. Ch. Bivort, directeur de l’imprimerie, a bien voulu nous autoriser à examiner entièrement le pointeur dans tous ses détails et à le faire fonctionner. Nous devons dire que nous avons été surpris de la bonne marche de cet appareil d’une grande simplicité, ne comportant que peu d’organes et d'un maniement très facile.
- La figure 1 nous donne une vue d'ensemble du pointeur-enregistreur. 4 Au centre, on voit une grande pendule à grand balancier; le mouvement employé est le mouvement à 100 battements de Seth Thomas. L’heure est donnée à la minute près avec une grande régularité et une grande précision.
- A gauche de la pendule se trouve un premier tableau où sont accrochées toutes les clefs des ouvriers, portant chacune un numéro. A droite est installé un tableau semblable, mais celui-ci ne reçoit les clefs que lorsque les ouvriers, après les avoir prises au premier tableau, ont défilé devant la pendule. A la partie inférieure de la pendule est placé le mécanisme enregistreur, dont le détail est dessiné
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- LA NATURE.
- dans la figure 2, et sur lequel nous allons donner quelques renseignements. Le mouvement de la pendule est relié par
- une tige de transmission A à une première roue dentée, qui transmet à son tour le mouvement à une seconde roue B.
- Celle-ci porte à la périphérie gravées en relief toutes les désignations des heures avec les minutes.
- Cette roue, entraînée par la pendule, se déplace continuellement, en suivant un mouvement régulier. En CC est fixé un ruban encreur posé devant une bande de papier blanc D,D, qui se déroule d’une bobine placée à la partie supérieure pour s’enrouler à la partie inférieure. On place en F une clef qui vient engrener dans la roue dentée, et èn tournant de gauche à droite on la force à venir appuyer sur l’encreur C et le ruban D. Il en résulte que l’heure marquée en relief sur la roue dentée vient s’imprimer sur le ruban. En même temps la clef porte un numéro qui s’imprime sur la même ligne. On a donc sur la bande de papier, comme le montre en H le cartouche de la fig. 2, d’un côté l’heure exacte où la clef a été introduite dans l’appareil et de l’autre côté le numéro même de cette clef. C’est là un témoin incorruptible de l’heure d’entrée ou de sortie de l’atelier.
- Pour distinguer l'entrée ou la sortie, on a
- Fig. 1. — Vue d'ensemble du pointeur enregistreur automatique.
- A la partie inférieure en E se trouve encore un timbre qui sonne à chaque opération de pointage.
- De la sorte on peut encore contrôler si l’enregistrement a eu lieu et s’il s’est fait dans des conditions normales.
- Le mode d’emploi de l’appareil est des plus simples. L’enregistreur est placé à la porte d’entrée de l’usine. Chaque ouvrier en entrant prend au premier tableau sa clef numérotée, l’introduit dans la gorge de la pendule disposée à cet effet, fait un quart de tour de gauche à droite. A ce moment a lieu
- Fig. 2.
- disposé un petit levier G, qui permet en appuyant dessus d’imprimer une étoile devant l’heure.
- l’impression du numéro de la clef et de l’heure exacte où celle-ci a fonctionné; le timbre sonne.
- _______________________ L’ouvrier retire sa
- clef, la met dans le tableau de droite et rentre à l’atelier. A la sortie, il fait l’opération inverse.
- En dépouillant ensuite toutes les bandes de papier qui portent ces impressions, il est facile d’établir très exactement le temps total de présence des divers ouvriers dans l’usine.
- Ajoutons que le système enregistreur est très solidement construit; on a cité l’ex-périeîice qui a été faite avec une clef. Elle a été essayée 100000 fois consécutives et partout a toujours donné de bonnes et nettes impressions sans aucune trace
- Détails du pointeur enregistreur. j, . „ ___
- 1 ° d usure et sans aucun dérangement de l'appareil. L. Jou.v.
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- LÀ NATURE
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- LE PONT EN X SUR LA SARTHE
- La solation d’un problème assez intéressant vient d’être faite avec succès au Mans. 11 s’agissait de construire deux ponts se coupant au milieu de la rivière dans des conditions d’économie telles que la tentative aurait probablement fait reculer bien des praticiens. M. llarel de la Noé, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, est arrivé par des moyens spéciaux non seulement à bien conduire le travail qui lui avait été confié, mais encore à réaliser une économie de 12 000 francs sur les 45 000 francs mis à sa disposition, somme qui était déjà considérée
- comme très minime. C’est surtout cette question d’économie qu’il faut admirer dans ce travail, caria construction du pont en elle-même ne présentait aucune difficulté sérieuse ; sa forme bizarre en X était bien faite pour attirer sur lui les regards du public ; mais, à elle seule, elle n’aurait assurément pas suffi pour retenir l’attention des spécialistes.
- Ce pont a été établi à la suite de la création d’un réseau de tramways électriques dans la ville du Mans ; cette ligne passait par la même rue que le chemin de fer départemental du Mans à Saint-Denis-d’Orques, or cette rue était trop étroite pour contenir les deux fils de rails et laisser en même temps une circulation suffisante au mouvement ordinaire
- des voitures ; pendant quelque temps l’exploitation des deux lignes s’est faite sur la même voie ; mais d’un commun accord on reconnut bientôt que cette situation était intenable et qu’il fallait chercher une autre solution. On décida l’évacuation de la ligne départementale, et il fut arrêté que le service sur l’ancienne voie du chemin de fer serait exclusivement fait par le tramway électrique. Dans ces conditions, l’ancien réseau départemental devait chercher un nouveau tracé.
- Un instant on pensa utiliser le pont Yssoire situé à proximité et construit en 1888, mais cet ouvrage avait été fait pour l’établissement d’une chaussée carrossable et non pour résister aux surchages pro-voquéees par le passage des trains. Une ligne de tramways électriques avait même été posée sur cet
- ancien pont et on avait pu constater que le poids des voitures avait fini par produire un commencement de dislocation dans les jointures, les vibrations avaient causé des bâillements entre les voussoires et si l’on avait laissé les choses dans cet état, il est probable que le pont n’aurait pas pu continuer longtemps à remplir son office. Il n’y avait donc pas moyen d’envisager la possibilité d’installer un chemin de fer sur un pont déjà compromis par le passage d’un tramway. On pensa à résoudre d’un seul coup les deux problèmes : faire traverser le chemin de fer à la rivière et déplacer le tramway de son ancien parcours. Il n’y avait plus à hésiter et le plan de la forme en X était naturellement indiqué par la disposition des tracés primitivement donnés aux deux lignes.
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- La Ville et la Compagnie des tramways accordèrent une subvention de 55 000 francs, le département devait supporter le reste de la dépense jusqu’à concurrence d’une somme de 10000 francs. Il n’a rien eu à débourser puisque l’argent de la première subvention a couvert et au delà le montant des dépenses; de sorte que le département a eu un pont pour son chemin de fer sans bourse délier. C’est un fait qui mérite d’être signalé.
- La dépense superficielle de l’ouvrage, fondations comprises, n’a pas dépassé soixante francs le mètre carré : c’est le minimum atteinten France où il faut établir des calculs avec la base de 45 fr. les 1000 kg pour le fer.
- Le pont Alexandre coûtera 1500 francs par unité de surface, ce chiffre est probablement un maximum ; il est vrai que la décoration entre pour un prix élevé dans les dépenses. Ainsi, les progrès réalisés dans la construction des ponts pendant ces dernières années ont conduit les ingénieurs à lancer à peu près en même temps deux ouvrages également en fer, l’un dans des conditions de bas prix inconnues jusqu’alors, l’autre ayant la plus grande valeur par unité de surface qui puisse être citée dans
- l’histoire des ponts. Il faut cependant reconnaître que les conditions ne sont pas les mêmes des deux côtés.
- Une des raisons qui contribua le plus à rendre la construction du pont en X économique, est l’application de certains procédés modernes de maçonnerie. Le ciment armé, qui est aujourd’hui très en vogue et dont il est difficile de prédire l’avenir, a été employé au Mans pour l’installation des piles et a réussi, il faut l’avouer, complètement.
- Étant donné le peu de ressources dont on disposait, il était impossible de lancer des fermes d’une seule portée entre les deux rives, le prix des études, des échafaudages et des fondations à lui seul aurait dépassé le crédit. On s’arrêta au système des petites travées reposant sur des piliers circulaires de 1 mètre de diamètre. Ils sont en béton armé, et, afin de rendre la solidarité entre eux plus complète, M. de la Noé a eu l’idée de les réunir à leur base par des vieux rails autour desquels on a laissé tomber du mortier de béton, de cette façon non seulement ils forment isolément des blocs de grande solidité, mais par ce canevas métallique ils constituent dans leur ensemble un tout indéformable.
- Sur ces piliers on a installé des consoles qui soutiennent en porte à faux les poutres maîtresses du pont.
- Le tablier est composé de poutres longitudinales en ciment armé dans lequel l’âme supérieure de la
- Fig. 2.
- poutre-maîtresse est noyée (fig. 2). Cette façon de consolider les œuvres vives d’un pont et d’en augmenter la résistance est très ingénieuse, elle donne un moyen sûr et économique de réparer les pièces métalliques du pont. C’est ainsi qu’une poutre de f 4 mètres de portée ayant fléchi de 0m, 15 à la suite du cisaillement des goussets d’attache des barres -— fait dû à la malveillance — on put la réparer en entourant de béton les deux parties disjointes : c’était une sorte de recollage. La poutre recollée s’est merveilleusement comportée et les effets de l’incident ont été réduits à zéro sans qu’il en coûtât bien cher.
- Le ciment armé présente cet inconvénient de n’offrir à l’œil que des parements effrités ; il serait même inutile de chercher à recouvrir les blocs avec du mortier ayant l’aspect d’un dessin quelconque. En séchant, le ciment se contracte inégalement; les arêtes, bien vives au moment du travail, prennent des ondulations compliquées, la surface s’effrite. Le meilleur moyen est donc de renoncer à ce genre de décoration et de le remplacer par un plaquage de mosaïque ou de faïence.
- C’est ce qui a été fait au pont en X ; des mosaïques ont été appliquées en ayant recours à ces cailloux d’un jaune doré qu’on trouve dans les sables cénomaniens ; on donne du mouvement au dessin en y ajoutant des débris noirs, bleus ou verts provenant d’anciennes verreries et dont le prix est insignifiant.
- Nous reviendrons dans une étude ultérieure sur l’emploi du ciment armé et sur la théorie de sa résistance, mais nous pouvons dire dès aujourd’hui que ce système a reçu sur le pont en X une de ses plus profitables applications à cause de l’économie considérable qui a pu être faite sur le prix de la construction. Jules Adac.
- LA FAMINE AU XXe SIECLE
- ET LES ENGRAIS ARTIFICIELS
- Le discours inaugural du Président du meeting annuel de la British Association, présente toujours un certain intérêt; mais celui de sir William Crookes, F. R. S., prononcé à Bristol en septembre dernier, est d’une importance tout à fait exceptionnelle, car si toutes les craintes émises par l’éminent savant anglais devaient se réaliser dans les délais qu’il nous fait envisager, nous n’aurions que le temps à peine de songer à nous assurer l’existence matérielle, en laissant de côté toute autre préoccupation, car sir William ne nous menace de rien moins que de mourir de faim avant cinquante ans... si la chimie ne vient à temps au secours de l’expirante humanité. A l’aide de nombreuses .statistiques que nous ne reproduirons pas, car elles n’offriraient qu’un médiocre intérêt pour nos lecteurs, l’auteur établit que l’Angleterre, et toutes les nations civilisées avec elles, sont en danger de mort par insuffisance d’aliments, la production du blé n’étant plus en rapport avec sa consommation.
- Sir William établit aussi, avec chiffres à l’appui, que le problème vital de l’alimentation n’est pas spécial aux lies Britanniques, et que le même péril menace avec une
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- égale intensité tous les peuples mangeurs de pain, dont le nombre augmente aujourd’hui à raison de 6 000 000 de bouches par an : depuis vingt-cinq ans, la consommation de pain s’est accrue de moitié dans lé monde entier. Aujourd’hui déjà, la production du blé en Europe est en déficit, et nous devons emprunter nos moyens de subsistance à l’Amérique ; mais dans moins d’une génération, l’Amérique pourra à peine se suffire à elle-même, et l’exportation qui nous alimente prendra fin.
- En supposant que les contrées où le blé peut être cultivé utilisent le maximum possible de terrain à sa culture, et en tirant le meilleur parti possible, en accroissant le rendement en hectolitres par hectare, Sir W illiam Crookes arrive à cette conséquence, que, dans les conditions les plus favorables, la production du blé du monde entier sera insuffisante dès 1931. C’est dire que bon nombre de nos contemporains déjà adultes vivront assez pour assister à ce commencement de famine universelle.
- Qu’allons-nous devenir si le blé vient à manquer? Nous sommes nés mangeurs de blé. D’autres races plus nombreuses, mais très différentes au point de vue des progrès matériels et intellectuels, mangent du maïs, du riz, du millet et d’autres grains, mais aucun de ces grains n’a la valeur nutritive, le pouvoir alimentaire du blé, et c’est par l’expérience accumulée de plusieurs générations civilisées (jue nous avons appris toute la valeur du blé comme agent développateur des muscles et du cerveau.
- On dit bien que lorsque les États-Unis cesseront de satisfaire à la demande, les autres nations étendront leur domaine de culture et compenseront les déficits, mais cette doctrine ne supporte pas l’examen, car la production économique du blé dépend d’une foule de causes variables d’un pays à l’autre. Il faut, pour cela, une main-d’œuvre à bon marché, un sol fertile, un transport facile, de faibles taxes intérieures et pas d’impôts d’exportation ou d’importation.
- Toutes ces conditions, de plus en plus difficiles à satisfaire avec le renchérissement de la main-d’œuvre, l’épuisement du sol cultivé, etc., rendront le prix du blé de plus en plus élevé.
- C’est le laboratoire qui sauvera l’humanité de la famine, ou, tout au moins, reculera-t-il cette limite si loin que nos enfants et nos petits-enfants peuvent vivre sans s’inquiéter autrement de l’avenir. Après avoir signalé le mal, sir William Crookes consacre la seconde partie de son discours à nous faire connaître le remède.
- Il est établi aujourd’hui que chaque culture exige un engrais dominant : azote, potasse, phosphates, etc. Le blé demande surtout de l’azote fixé sous la forme d’ammoniaque ou d’acide azotique. Le sol renferme tous les autres éléments nécessaires; l’azote seul a une origine atmosphérique, et il ne se fixe que par un procédé lent et précaire qui demande le rare concours de conditions météorologiques et géographiques appropriées pour que la vitesse de fixation de l’azote atmosphérique prenne une importance commerciale.
- On connaît déjà plusieurs sources d’azote fixé disponibles. Voici les principales :
- 1° Les Compagnies de gaz obtiennent, par la distillation de la houille, une certaine quantité d’ammoniaque fournissant du sulfate d’ammoniaque d’une grande valeur commerciale ; mais la quantité produite est insignifiante au point de vue qui nous intéresse : elle ne dépasse pas 400 000 tonnes par an en Europe.
- 2° Le guano a été longtemps une source importante d’engrais azoté, mais les dépôts actuels sont pres-
- que épuisés et ne peuvent plus être pris en considération.
- 3° On a fondé des espérances depuis quelques années sur la découverte d’IIellriegel et Wilfarth : que les plantes légumineuses portent sur leurs racines des nodosités dans lesquelles pullulent des bactéries qui ont la singulière propriété de fixer l’azote atmosphérique. II ne semble pas que l’application de cette découverte puisse conduire à des résultats industriels bien encourageants.
- 4° Les eaux de drainage et d’égouts des grands villes sont une source inestimable d’azote fixé. Sir William Crookes estime que la Grande-Bretagne seule jette à la mer, par ses égouts et drainages, environ 400 000 000 de francs par an.
- Liebig, le grand chimiste allemand, l’a dit, il y a près d’un demi-siècle, dans ces termes prophétiques : « Rien n’assurera avec plus de certitude la ruine de l’Angleterre que la disette de matières fertilisantes. Il est impossible qu'une si coupable violation des lois divines de la nature demeure toujours impunie : le temps viendra pour l’Angleterre, plus tôt que pour toute autre contrée, où malgré toutes ses richesses en or, en fer et en charbon, elle sera incapable d’acheter la millième partie de la nourriture quelle a, pendant des centaines d’années, laissé perdre si témérairement. »
- Plus vite nous jetterons à la mer ce qui nous vient de la terre, plus vite nous épuiserons nos réserves d’azote utilisable. Les plantes ne créent rien, elles puisent tout dans le sol, et si nous ne lui restituons rien, il est vite épuisé. En répandant de l’engrais sur le sol, nous lui restituons de l’azote emprunté à nos réserves, et rien de plus.
- Bien que l’azote atmosphérique soit illimité, il n’est rendu assimilable par les plantes qu’avec une extrême lenteur, et l’azote que, d’un cœur léger, nous gaspillons en fumée dans une bataille a demandé des millions de minutes à des organismes qui ont lentement travaillé à le puiser dans l’atmosphère. '
- 5° Le seul composé renfermant assez d’azote fixé pour servir utilement d’engrais est l’azotate de soude ou salpêtre du Chili, développé par des milliards d’organismes dans des conditions exceptionnellement favorables. Les exportations de ce salpêtre atteignent aujourd’hui 1 200 000 tonnes par an, mais il en faudrait dix fois plus : les gisements ne sont pas inépuisables, et les esprits réfléchis limitent à 25 ou 30 années la production actuelle.
- Cependant l’azote non fixé ne nous fait pas défaut. La couche d’air qui enveloppe la terre et y exerce la pression atmosphérique, en renferme environ 8 tonnes pour chaque mètre carré. De nombreux essais ont été faits pour fixer cet azote atmosphérique, et quelques-uns d’entre eux ont eu un succès partiel suffisant pour engager les expérimentateurs à poursuivre leurs recherches, mais aucun d’eux n’a encore donné de résultat économique.
- La fixation de l’azote atmosphérique est une des grandes découvertes qui sollicitent encore l’ingéniosité du chimiste : la vie, la santé et le bonheur des races civilisées en dépendent. Ce problème non résolu, qui a défié jusqu’ici les efforts de ceux qui ont cherché à arracher ce secret à la nature, diffère matériellement de toutes les autres découvertes chimiques qui sont dans l’air, pour ainsi dire, mais ne sont pas encore mûres. La fixation de l’azote est une question vitale pour le progrès de l’humanité, dans un avenir très rapproché. Si elle n’est pas bientôt résolue, la race Caucasique perdra sa suprématie dans le monde, et sera écrasée par des races dont la vie n’est pas liée à la production du pain.
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- Examinons s’il n’est pas possible, dès à présent, de résoudre ce problème inéluctable. En 1892, sir William Crookes montrait à l’une des soirées de la Royal Society une expérience sur la flamme de combustion de l’azote. 11 démontrait que l’azote est un gaz combustible, et que si, une fois allumée, la flamme ne continuait pas dans l’atmospbère et ne noyait pas l’univers dans une mer d’acide nitrique, c’est que le point d’inflammation de l’azote est plus élevé que celui de la température de sa flamme, et que celle-ci ne pouvait, grâce à cette heureuse circonstance, enflammer le mélange avoisinant.
- Mais en faisant passer un courant d’induction intense entre deux pointes, l’air prend feu et continue de brûler en produisant des acides nitriques et nitreux. Cette expérience secondaire en apparence peut probablement servir de point de départ à une industrie future devant résoudre le problème. Eu vue de brûler l’azote et d’obtenir l’argon, lord Rayleigh a réalisé un appareil qui a permis d’obtenir 29,4 grammes d’oxygène et d’azote combinés en dépensant 1 cheval-heure. En partant de ce chiffre, on pourrait obtenir 74 grammes de nitrate de soude avec un kilowattheure, et la production d’une tonne exigerait 14 000 kilowatts-heure d’énergie électrique. Avec de la vapeur, et dans les meilleures conditions possibles, la tonne d’azotate de soude coûterait encore 650 francs, prix absolument prohibitif. Mais on peut utiliser des chutes d’eau, et, en comptant l’énergie électrique à 6,2 millimes par kilowatt-heure, l’azotate de soude reviendrait à 125 francs la tonne seulement. 11 n’est pas dit non plus que la production de vapeur nitrique ne puisse dépasser 29,4 grammes par cheval-heure avec des appareils perfectionnés, ce qui abaisserait encore le prix de revient de l’azotate. L’expérience a prouvé que les opérations industrielles fournissent les produits à un prix bien inférieur à celui résultant des chiffres trouvés au laboratoire.
- Déjà, à 125 francs la tonne, l’azotate de soude électrique coûterait moins cher que celui du Chili qui vaut 170 à 180 francs la tonne. Une dernière question se pose : Peut-on produire assez d’énergie électrique pour fabriquer annuellement les 12 000 000 de tonnes d’azotate de soude nécessaires à la culture du blé?
- Un calcul très simple montre que le Niagara seul pourrait produire toute l’énergie nécessaire sans trop réduire sa pittoresque beauté1.
- On peut donc être rassuré sur l’avenir. L’engrais ne fera pas défaut à nos successeurs.
- On pourrait aussi, comme dernière ressource, recourir à des plantations avantageuses développées dans des pays tropicaux, à la banane, par exemple, qui, d’après Hum-boldt, produirait 155 fois plus de matière nutritive que le blé, à surface plantée égale. Ces considérations tracent les avenues commerciales de l’avenir et montrent le sort des continents. Nous devons guider les énergies latentes de la nature, nous devons utiliser ses forces les plus secrètes, et ouvrir au commerce l’Afrique centrale et le
- 1 Cette conclusion du savant physicien nous paraît en désaccord avec ses propres chiffres. En effet, s’il faut 14 000 kilowatts-heure pour produire une tonne de nitrate de soude, l’année comptant 8700 heures, une machine dynamo travaillant 20 heures par jour en moyenne, soit 7000 heures, ne produira que 7000 kilowatts-heure par kilowatt de puissance, ce qui correspond à 500 kilogrammes ou une demi-tonne d'azotate de soude par kilowatt et par an. Pour produire 12 000 000 de tonnes, il faudrait donc une puissance de 24 000 000 de kilowatts ou 52 000 000 de chevaux-vapeur. Cette puissance est bien supérieure à celle attribuée par les plus optimistes à la puissance totale de s chutes du Niagara. E. H.
- Rrésil pour établir la balance avec Odessa et Chicago.
- Nous avons résumé aussi fidèlement que possible les curieuses prophéties de sir William Crookes. Peut-être trouvera-t-on un peu trop de pessimisme dans l’exposé du mal et trop d’optimisme dans l’indication — un peu vague — du remède : il n’en reste pas moins à retenir l’avertissement que nous donne le savant anglais, à suivre les événements dont il nous menace, et à prendre des mesures défensives contre la famine prévue avant qu’elle ne devienne irrémédiable. E. Hospitamf.r.
- LES ARBRES À CAOUTCHOUC
- DE I, AMERIQUE
- II
- La seconde sorte de caoutchouc que produit le Brésil est fournie par un arbre de moindre taille,
- Fig. 1. — Hameau en fleur de Manihot Glaziovii (réduit au 1/4).
- dont la gomme n’est pas aussi appréciée que celle de Para, et qui cependant est très en faveur pour les essais de cultures qui se font de toute part dans les colonies; c’est le caoutchoutier dit de Ceara. Il abonde en effet dans cette province pauvre, parce qu’il y pleut rarement et que la culture en général y est très précaire. Le seul mérite de Ceara est d’être salubre, aussi à l’époque où la fièvre jaune et autres maladies apparaissent, Fortaleza, la ville principale, et d’autres de moindre importance sont le rendez-vous des gens soucieux de leur santé.
- Le caoutchoutier de Ceara appartient également à la famille des Euphorbiacées ; les naturalistes le nomment Manihol Glaziovii, dédié au botaniste Glaziou, et Maniçoba pour les Brésiliens. C’est un Manioc en arbre à racine renflée et féculente, mais qui n’est pas recherchée comme celle du Manioc doux. Le lait ou latex qu’il contient est excessivement abondant, et en trois ou quatre ans l’arbre acquiert un développement suffisant pour pouvoir
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- LÀ NATURE.
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- ctre saigné avec profit. De plus, il est précieux en ce qu’il croît dans les terres sèches et médiocres, alors que les llevea exigent un sol profond et humide. Enfin, autre avantage que possède cette espèce, c’est que sa graine à tégument épais se conserve plusieurs mois sans s’altérer, et pour hâter sa germination on doit briser le point correspondant à la radicule, tandis que les graines d’IIevea, à tégument mince, ontl’inconvénient de germer presque aussitôt tombées de l’arbre; aussi leur transport, qui doit se faire rapidement, donne toujours du souci à son importateur. Néanmoins elles sont plus que jamais recherchées, et j’en ai expédié en France dans la saison dernière, pour être retournées à l’état de jeunes plants aux colonies, environ 150000 dont une faible partie fut avariée pendant le voyage. On comprend qu’il faille des soins d’embal-
- Fig. 2. — 1. Rameau fleuri de Castilloa elastica (réduit au 1/10). 2. Réceptacle fructifère (réduit d’un tiers).
- lage spéciaux pour des expéditions de ce genre.
- Le caoutchouc du Ceara est moins nerveux que celui de Para, cependant il commence à être recherché sur le marché, surtout quand il est préparé par l’enfumage.
- Son latex se coagule d’ailleurs avec rapidité et c’est encore un avantage, car en petites fractions et sur l’arbre même il peut à la rigueur, en sortant des entailles, se dessécher suffisamment pour n’avoir pas besoin d’être enfumé.
- De Ceara on en avait expédié en 1897 environ 400 tonnes, et il valait alors 4fr,50 le kilogramme, ce qui représente un assez beau revenu, puisque l’on estime qu’un arbre dans une période normale de rendement donne lke,500 à 2 kilogrammes de caoutchouc par année.
- Le sol de Ceara est rocailleux et sablonneux, et on aperçoit à l’horizon d’immenses blocs de granit entre lesquels on peut voir la frondaison d’un vert ardoisé du Maniçoba. Il paraît, au dire des
- Céariens, que ce caoutchoutier vient encore mieux dans les argiles brunes qui plaisent aux caféiers, ce qui semblerait indiquer que son intercalation dans ces cultures serait une bonne opération.
- On a essayé d’encourager la culture du Maniçoba au moyen de primes; mais il arriva souvent que la prime étant touchée, les plantations entreprises ont été abandonnées. Quoi qu’il en soit, les Brésiliens laborieux se livrant à cette culture se procurent soigneusement des graines venant de Ceara et non d’ailleurs; ils auraient constaté que c’est le moyen infaillible d’avoir des arbres à bon rendement. 11 est possible que, n’ayant pas imité les Brésiliens, ce soit pour les planteurs une des causes d’insuccès mentionnées dans certains rapports sur la production du caoutchoutier de Ceara, ou bien que le choix du sol et de la température n’ait pas été suffisamment observé1. Ne sait-on pas que dans l’Jnde, pour que le Ficus elastica produise de bon caoutchouc, il est essentiel de le cultiver en coteaux et non au bord des eaux, où cependant il pousse à merveille? N’est-ce pas par tâtonnements que l’on est arrivé à établir les règles de cultures qui font actuellement la richesse de nos régions tempérées? 11 ne peut en être différemment sous les tropiques.
- On possède encore dans plusieurs provinces du sud du Brésil un autre arbre à caoutchouc, mais appartenant à la famille des Apocynées, c’est Yllancornia speciosa et ses variétés que les naturels nomment Mangabeira. 11 forme un petit arbre croissant dans les terrains arides et dont le fruit comestible se vend sur les marchés. Son latex produit le caoutchouc dit de Pernambouc et qui s’exporte surtout à Liverpool.
- On est peu documenté sur l’emploi exact de cette gomme, dont j’ai rapporté du latex et aussi dès échantillons en pains. Est-ce son mode de préparation à l’alun ou sa nature propre? mais il semble que cette matière s’éloigne des caoutchoucs ordinaires, et je soupçonne qu’on l’utilise dans un but qui ne manquerait pas d’être rémunérateur et que je me propose de rechercher à mon prochain voyage au Brésil. Si mes conjectures se confirmaient, le Mangabeira serait un végétal à ne pas négliger dans les essais de cultures coloniales, et la multiplication en est facile8.
- Si de la région brésilienne nous revenons vers l’Amérique centrale nous trouverons un autre arbre à caoutchouc dont l’aire est très répandue. En Colombie, dans les États du centre : Costa Rica, Nicaragua, Guatemala, etc., et jusqu’au Mexique, le Ulé (Castilloa elastica des botanistes) produit un caoutchouc estimé quand il est bien préparé.
- 1 Gette opinion s’est fortifiée par suite de conversations que j’ai eues avec des savants allemands et anglais, qui ont vécu longtemps dans les régions tropicales et qui se sont occupés de cultures coloniales.
- 2 J’ai vu récemment dans la Maison Torrilhon un échantillon de ce caoutchouc, préparé au bichromate, et qui paraît de bonne qualité. Le procédé de coagulation aurait donc une importance de premier ordre pour la valeur des caoutchoucs en général.
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- Cotte espèce appartient à la famille des Arto-carpées; elle croît dans les vallées fraîches et son développement est rapide. C’est un arbre d’assez haute taille et à épais ombrage que donnent ses grandes feuilles scabres atteignant facilement 50 à 35 centimètres de longueur. Ses graines, qui sont de la grosseur d’un pois, conservent peu de temps leur propriété germinative et leur envoi en bon état n’est pas sans présenter des inconvénients. D'ailleurs dans beaucoup de régions la récolte en est peu facile; les oiseaux, les perroquets en particulier, en sont friands; aussi est-ce à l’état de plants provenant de graines tombées, du fait de ces maraudeurs, que l’arbre se propage. C'est donc en enlevant ces plants ou par le bouturage que l’on arrive facilement à multiplier le Castilloa. Toutefois, malgré les difficultés d’expédition, j’ai pu rapporter plusieurs milliers de graines en bon état, ou avec une faible perte relativement.
- Le peu de soin que l’on apporte en général à la récolte et à la préparation du caoutchouc du Ulé est une des causes de l’inconstance de sa valeur marchande ; mais j’ai le pressentiment que cette espèce, ainsi que le Ceara, seront les caoutchoutiers américains de l’avenir dans les essais de cultures coloniales, si l’on choisit bien les régions qui leur conviennent.
- Dans une lettre adressée à mon père récemment par un savant du Costa Rica, M. Pittier de Fabrega, je relève ce passage: « Les forêts du littoral du Pacifique sont remplies d’un Castilloa très voisin du C. elastica, mais dont le lait ne fige pas avec les procédés usuels ». Selon toute probabilité il est question du C. Markhamiana, espèce qui mérite de fixer l’attention des planteurs de caoutchoutiers et qui passe pour produire une gomme supérieure à celle du C. elastica.
- On cite quelques autres espèces d’arbres américains à suc lactescent et qui produiraient du caoutchouc, mais on n’a pas encore de données suffisantes pour les recommander autrement qu’à titre d’essais. D’ailleurs, malgré les publications nombreuses et consciencieuses récemment faites sur les plantes à Caoutchouc et à Gutta-percha, on constate qu’il y a encore beaucoup à faire dans cette voie, et que le sujet est loin d’être épuisé.
- 11 y aurait également intérêt à encourager la culture des arbres à gutta ou leurs similaires, le Dalata notamment, qui est originaire des Guyanes. Ce produit tant recherché aujourd’hui aurait pu faire la prospérité de notre colonie guyanaise si, depuis 50 ans, on avait poussé à la multiplication du Mimusops Balata.
- A l’Exposition des Colonies, dès 1865, figurait tout une série d’échantillons de latex, de gomme et d’objets fabriqués en Balata. Les efforts déployés à cette époque, par le conservateur de l’Exposition, pour faire accepter cette matière par l'industrie, n'ont pas dépassé la zone parisienne ; on a été sourd à ses exhortations. Depuis, on a compris la faute com-
- mise de ne pas avoir semé par centaines de mille des Balata espacés convenablement; ils auraient aujourd’hui 0m,75 au minimum de diamètre, et auraient rapporté amplement une moyenne annuelle de A à 5 francs par arbre.
- Le Balata qui vient en Europe est tiré des Guyanes anglaises et hollandaises ou du Venezuela, en passant par la Trinidad. Le bois de cet arbre, qui appartient à la famille des Sapotacées, est dense, incorruptible et très recherché pour les constructions.
- Eugène Poisson,
- Chargé de mission du gouvernement.
- CHRONIQUE
- Deux nouveaux astéroïdes. — MM. Wolf et Schwassmann, directeur et astronome de l’Observatoire d’Heidelberg, ont découvert parla photographie deux nouvelles petites planètes, toutes deux de onzième grandeur, et situées dans la constellation du Lion. La première, trouvée le 15 février, est au sud-ouest de Régulus, le Cœur au Lion; la seconde, aperçue le 17 février, est dans le*voisinage de l’étoile p Lion.
- Greffes animales. — On a souvent parlé de greffe animale, depuis surtout que Paul Bert nous gratifia de rats à queue soudée. Il prenait la queue du rat et parvenait à la ramener en avant et à la souder sur la tête du rongeur. La queue reprenait bien. Wetzel et Born ont, de même, greflé des segments d’hydre et des segments de batracien. Mais je ne pense pas que l’on ait fait de greffes plus bizarres que celles que j’ai vues et qui ont été obtenues, pour la première fois, par M. Joest sur les vers de terre. Les vers dé terre sont récalcitrants. On avait essayé de souder entre eux deux tronçons ; on y arrivait à peu près; mais spontanément, les deux tronçons s’en allaient, chacun de son côté, après s’être séparés près de la suture. M. Joest eut l’idée, pour empêcher cette autotomie, de « chloroformer les vers opérés ». Et il parvint à souder des vers d’espèce différente. Il prit la moitié antérieure d’un lombric rouge et il greffa dessus la moitié postérieure d’un lombric blanc. Et cela, moitié blanc, moitié rouge, vécut très bien. Il fit mieux encore. 11 assembla les deux tronçons antérieurs de deux vers de terre. 11 fabriqua ainsi un nouvel individu ayant une tête à chaque bout et mangeant des deux côtés à la fois. Mais, cette fois, l’individu succomba par excès de richesse ; il ne pouvait plus se débarrasser de son trop-plein et mourut asphyxié. C’était le comble de la greffe.
- Comment installer un anémomètre. — 11 ne
- faut pas croire qu’on puisse installer n’importe où un instrument de physique enregistreur de certains phénomènes : qu’il s’agisse d’un thermomètre, par exemple, il faut bien choisir son endroit, pour que les circonstances extérieures ne viennent pas fausser les résultats qu’on veut obtenir. C’est pour cela que la Société royale météorologique de Londres avait chargé un comité, dit « Comité de la force du vent », d’étudier les influences qui paraîtraient agir sur cinq anémomètres, disposés en vue de ces expériences à des hauteurs différentes. Sans entrer dans les détails de ces intéressantes expériences, nous signalerons les conclusions auxquelles est arrivé le comité dans son rapport. 11 est essentiellement important que les instruments soient librement exposés dans tous les ÿens, que, dans un rayon d’au moins 1001) mètres
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- autour d’eux, il n’y ait point de collines ni rien de plus élevé que la posilionqu’ils occupent. Abord d’un bateau, on peut considérer que les résultats sont suffisamment exacts quand l'instrument est à 15 mètres plus haut que le pont; mais, sur terre, il faut l’installer plus haut, ceci devant être considéré comme une indication générale, et étant admis qu’on doit se guider sur les circonstances locales. Enfin aucune autre forme d’anémomètre n’offre autant d’avantages que celle qui comprend un tube transmettant la pression : on peut, en effet, monter aisément les instruments aussi haut qu’on veut; les tubes sont légers et les installations, maintenant le tout, sont assez simples pour ne point offrir un obstacle détournant les courants aériens.
- Les forêts du monde. — AI. Hutchins, conservateur des forêts au Cap a donné, au cours d’une étude sur les forets de cette colonie, les chiffres suivants relatifs aux superficies en forêts dans les principaux États du monde : Le premier donne la surface des forêts en kilométrés carrés et le second, le pourcentage par rapport à la surface totale du pays : Russie et Europe, 2 15Ü 805, soit 42 pour 100; Suède, 171 159, soit 42 pour 100; Autriche, 199 298, soit 51 pour 100 ; Allemagne, 158 774, soit 26 pour 100; Norvège, 76 457, soit 25 pour 100; Indes, 565 600, soit 25 pour 100; France, 85 850, soit 16 pour 100 ; Portugal, 6750, soit o pour 100; Grande-Bretagne et Irlande, 11 272, soit 4 pour 100; Colonie du Cap, 1595, soit 0,29 pour 100.
- Les souffleurs de becs de gaz. — En dépit des progrès de la science et de l’industrie, l’homme reste souvent essentiellement primitif et routinier; celte indifférence se retrouve dans les actes les plus simples de la vie, l’extinction d'un bec de gaz, par exemple. Malgré cinquante ans d’expérience, il est encore des gens qui ne savent éteindre un bec de gaz qu’en soufflant dessus, malgré les dangers d’asphyxie ou d’explosion auxquels ces imprudents s’exposent par une semblable pratique. Ces habitudes sont tellement invétérées qu’un inventeur autrichien, Al. Fischer, de Vienne, a dû se préoccuper de combiner un bec en vue de parer à ces dangers. Ce bec se compose d’un métal à coefficient de dilatation élevé et s’allume comme un bec ordinaire en tournant le robinet et en approchant une allumette, mais au début de l’allumage, il ne s’échappe qu’un filet imperceptible : c’est la dilatation produite par la chaleur qui fait agir automatiquement une soupape et fournit le débit normal. Si le gaz est éteint en soufflant dessus, le bec se refroidit et ferme automatiquement la soupape. L’invention de AL Fischer est ingénieuse, mais n'est-il pas profondément regrettable qu’elle ait été rendue nécessaire par l’ignorance et le misonéisme de nos contemporains, à l’aurore du vingtième siecle?
- Comment les fourmis se reconnaissent. —
- Les fourmis se reconnaissent très bien entre elles. Quand une fourmi s’introduit dans une colonie qui n’est pas la sienne, elle y est presque aussitôt mise à mort. Un naturaliste allemand, AI. Albrecht Bethé, a recherché par quel sens pouvait s’exercer une reconnaissance aussi subtile, et il a trouvé que c’était une question d’odeur. Déjà, AI. Cook avait observé que, si une fourmi touchait à l’eau, elle était infailliblement attaquée par ses sœurs à son retour au logis, et il avait conclu que le lavage faisait perdre aux fourmis une propriété spéciale, qui leur permettait de se reconnaître. Puis AI. Forel avait confirmé cette hypothèse en montrant qu’on peut mettre en présence des fourmis de nids différents, à condition de leur
- avoir, au préalable, coupé les antennes, qui sont des organes olfactifs. Ajoutant à ces considérations une nouvelle preuve, AI. Bethé écrase quelques fourmis, et, avec le suc ainsi obtenu, il badigeonne une fourmi qu’il introduit dans une fourmilière étrangère. Si la fourmi a été parfumée avec le suc des fourmis de ce nid, elle est accueillie; dans le cas contraire, elle est attaquée aussitôt. Une fourmi, lavée à l’alcool à 30°, puis remise dans son nid, est de même attaquée comme étrangère. Alise à l’écart vingt-quatre heures avant d’être réintégrée, elle est, au contraire, bien reçue après ce temps, suffisant pour la réparation de son odeur familiale. Il semble donc bien vraisemblable que dans le phénomène curieux de la reconnaissance, c’est l’odeur et l’odorat qui sont en jeu.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 27 février 1899. — Présidence de AI. Vax Tieghem.
- Interrupteur électrique. — L’emploi de la bobine de Rulunkorlf pour la production des rayons de Rontgen et des courants de haute fréquence a provoqué des recherches ayant pour objet de trouver le mode d’inlerrpption le plus rapide. AL d’Arsonval remarque que tous les interrupteurs connus sont compliqués; il décrit un dispositif donnant 5000 interruptions isochrones par seconde tout en conservant la longueur de l’étincelle. Cet appareil a été essayé par AI. Hospitalier, qui a fait application d’un phénomène signalé pour la première fois par Planté. C’est un simple tube de verre dont l’extrémité inférieure est scellée, mais est traversée par un fil de platine. Cette extrémité plonge dans un vase de verre contenant de l’eau acidulée superposée à du mercure. Le tube renferme une petite quantité de mercure dans lequel plonge le fil de cuivre qui amène le courant. Celui-ci passe dans le fil de platine, traverse l’eau acidulée, gagne le mercure puis la bobine. Avec un courant de 110 volts, le fil de platine est porté au rouge blanc. Le courant est alors interrompu ; le fil se refroidit ensuite et le courant passe de nouveau. On reconnaît le nombre d’interruptions à la hauteur du son. Cet appareil si simple a pu fonctionner pendant vingt-quatre heures, sans aucune détérioration. Il se dégage à la pointe du platine des bulles de gaz qui constituent un mélange tonnant dû à la dissociation de l’eau en présence du fil de platine incandescent. Cet appareil convient admirablement pour la production des ondes hertziennes.
- Expériences phonographiques. — AL Alarey présente un modèle de phonographe qui excite vivement l’intérêt des membres de l’Académie, tant par la puissance avec laquelle il reproduit le chant que par la netteté avec laquelle les paroles sont perçues. En outre, la distinction entre la voix naturelle et la voix reproduite est presque impossible. AL Alarey présente ensuite une Note de AI. Dussaud sur un nouveau procédé d’amplification des sons du phonographe. L’auteur démontre expérimentalement que si l’on fait parler un phonographe devant un second phonographe, dont le cylindre a un plus grand diamètre, on obtient, à l’aide de ce dernier un son amplifié. Désormais, grâce à ce procédé, l’agrandissement du son devient aussi facile que celui d’une photographie.
- Un nouveau minéral. — AIAI. Friedel et Cumenge présentent un nouveau minéral dont un gisement important vient d’être découvert en Amérique. C’est un vana-date d'urane et de potassium. On y trouve des traces de
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- plomb, de cuivre et de baryum. M. et M1”6 Curie qui l'ont examiné y ont également reconnu les métaux radiants, le polonium et le radium, dont ils ont déjà signalé sinon démontré l’existence.
- Élections. — L’Académie procède à l’élection de deux correspondants de la section d’anatomie et zoologie. — M. Ray Lankaster, de Londres, et M. Lortet, de Lyon, sont élus.
- Varia. — M. Auguste ét Louis Lumière présentent un nouveau travail relatif à l’influence des basses températures sur la phosphorescence. Ch. de Yilledeuil.
- LES COUVEUSES POUR NOUVEAU-NÉS
- COUVEUSES-BERCEAU
- Nous avons ici même, à différentes reprises, traité la question de l’hygiène des nouveau-nés, et, à ce propos, nous avons montré tout le parti que l’on peut retirer d’une bonne couveuse, pour sauver un nombre incalculable de jeunes existences vouées, sans cela, à une mort presque certaine.
- Nous avons à signaler aujourd’hui un nouveau modèle de couveuse qui a été présenté au dernier Congrès de pédiatrie de Marseille, et qui nous paraît offrir de très grands avantages. C’est la couveuse-berceau du Ü1' Diffre, de Montpellier. L’idée de berceau appliquée à la couveuse est incontestablement heureuse, parce qu’elle éloigne de l’esprit ému des jeunes mères toute idée d'appareil, qu’elle ne froisse pas leur amour-propre si légitime et quelle leur fait accepter, sans hésitation, un procédé de traitement qu’on a eu, hélas! jusqu’ici, trop souvent l’occasion de voir refuser, sous prétexte que les couveuses étaient d’aspect lugubre et quelles ressemblaient à des cercueils ou à des vitrines de musée anatomique.
- Celle-ci est coquette de forme, légère, élégante, entièrement métallique, et elle permet une désinfection absolue par le flambage et les lavages antiseptiques.
- Elle se compose d’un berceau ordinaire en cuivre étamé, fermé au-dessus par une glace mobile, et chauffé au-dessous par un réservoir d’eau qu’une lampe à pétrole ordinaire entretient toujours et très régulièrement au degré fixé par le médecin.
- D’une grande simplicité, elle peut être employée par les personnes les plus inexpérimentées,
- qui, en moins de deux minutes, la connaissent assez pour la conduire.
- On y remarque trois parties essentielles : la chambre d’incubation, la chaudière et la lampe
- La chambre, absolument unie, renferme un lit mobile formé d’une simple toile métallique, une cuvette à éponge pour humidifier l'air, et un thermomètre, le tout s’enlevant, se stérilisant, se flambant à volonté; enfin deux ouvertures spéciales, diamétralement opposées, permettent une aération constante.
- Sous le fond de la chambre est soudée la chaudière. Celle-ci, d’un type spécial et nouveau, est entièrement close, mais elle est munie d’un tube siphon qui fait communiquer l’intérieur de la chaudière avec l’air extérieur.
- Ce système ingénieux empêche la déperdition de l’eau, et la même eau peut servir pendant un ou deux mois. Il faut avoir vu, dans la pratique, cette corvée assujettissante du remplissage des bouillottes, toutes les deux heures, jour et nuit, pendant des semaines et des mois, pour apprécier une chaudière qui dispense de tout ce travail.
- Enfin, l’eau de celte chaudière est chauffée par une lampe dont il suffit de régler la mèche suivant les indications du thermomètre, pour maintenir le degré que l’on désire. La dépense journalière est insignifiante et représente 15 centimes par vingt-quatre heures.
- Telle est la couveuse-berceau du D1' Diffre. Vraiment pratique, elle mérite d’être connue et vulgarisée parce qu’elle fournit un excellent moyen de combattre cette effrayante mortalité des premiers mois de la vie, même chez les enfants venus à terme, malades ou chétifs, en atténuant cette transition brusque de 20 à 25°, qui impressionne les nouveau-nés, et qui fait tant de victimes.
- M. le Dr Budin, membre de l’Académie de médecine, médecin en chef de la Maternité de Paris, a eu l’occasion d’utiliser la couveuse Diffre en de nombreuses circonstances. II la loue notamment parce que son mode de chauffage est très régulier et qu’il est possible d’assurer son antisepsie par un simple flambage. D. Lebois.
- Le Gérant : P. Masson.
- Couveuse pour uouveau-ués.
- Paris. — Imprimerie Lahlbe, rue de Fleurus, 9.
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- N* 1546.
- 11 MARS 1899.
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- IA LUTTE CONTRE LES GELÉES DU PRINTEMPS
- Les dégâts occasionnés dans les cultures par les gelées de printemps sont parfois considérables.'et les
- propriétaires voient malheureusement trop souvent s’anéantir dans l’espace de quelques heures toutes
- Fig. 1. — Protection d'une vigne de Sciue-el-Marue contre les gelées de printemps.
- leurs plus belles espérances. Il est facile de com- 1 départ de la végétation, et on conçoit qu’il se soit prendre l’inquiétude du vigneron au moment du | ingénié à lutter contre ces accidents atmosphériques,
- Fig. 2. — Jeunes vignes du Loiret abritées contre le froid.
- pour lesquels il était obligé d’acquitter chaque année un si lourd tribut. Aujourd’hui, il existe une foule de procédés qui peuvent être appliqués avec succès dans les cultures.
- Pour les comprendre, il est nécessaire de rappe-Î7* usée. — 1er semestre.
- 1er sommairement la formation des gelées blanches.
- Le refroidissement provient du rayonnement qui s’établit entre la surface de la terre et les espaces célestes. Tous les corps possèdent une certaine dose de chaleur acquise dans le courant de la journée et
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- susceptible detre perdue pendant la nuit sous forme de rayons caloriques qui s’en vont dans l’espace. Bar suite du refroidissement progressif, il y a condensation de l’humidité atmosphérique à leur surface ; c'est ce premier phénomène qui constitue la rosée. Si l’abaissement de température est encore poussé plus loin, la congélation se produit et cette rosée se transforme en gelée blanche.
- Les plantes délicates qui entrent en végétation, sont alors dans une situation fâcheuse. La vigne surtout semble être particulièrement éprouvée; une température inférieure à 0° ou même de 0° détermine la destruction de tous les jeunes organes foliacés.
- Les gelées de printemps seront donc d’autant plus à craindre que les plantations auront été faites dans des parties basses et humides. Dans une plantation, les diverses parties des ceps ne sont pas attaquées
- 3. — Spécimen d’abri horizontal employé dans la régii de Fontainebleau.
- avec la même intensité; les bourgeons de la base, les plus exposés à l’humidité, sont toujours beaucoup plus maltraités que les autres.
- On peut donc déjà en déduire les améliorations à apporter au moment de la création du vignoble. Il faut s’abstenir, là où les gelées sont à redouter, de planter des vignes dans les bas-fonds. Dans les vignobles septentrionaux, comme le Beaujolais, la Bourgogne, la Champagne, on préfère de beaucoup les coteaux bien exposés où le rayonnement est moins à craindre. Quelquefois, pour arriver au même but, on surélève les vignes d’une certaine quantité. Les cultures en hautains et en treilles de l’Isère et de la Savoie, sont des plus rationnelles et peuvent être préconisées dans les régions froides.
- Les gelées blanches sont surtout à craindre par les nuits claires de la fin d’avril ou du commencement de mai. Avec un ciel nuageux, leur formation n’est plus possible, car les rayons caloriques sont arrêtés par les nuages et renvoyés vers leur point de départ. Il suffit donc pour lutter efficacement contre les gelées de printemps, de garantir la vigne au moyen d’un écran qui empêchera le rayonnement de se produire. On y arrive soit par les nuages artificiels, soit par les abris.
- Les premiers sont couramment appliqués aujourd'hui dans les grands vignobles. Ils sont obtenus par la combustion de matières humides ou préférablement de l’huile lourde. La fumée dégagée forme au-dessus des plantations un écran suffisamment
- puissant pour entraver la formation de la gelée. On a combiné des thermomètres avertisseurs auxquels sont annexés des allumeurs automatiques qui se mettent d’eux-mèmes en mouvement, lorsque la température descend à un point voisin de la gelée.
- Quant aux abris, leur emploi déjà fort ancien tend à se généraliser de plus en plus. La plupart des vignes des environs de Paris sont protégées chaque année par des écrans mobiles, dont la forme et les dimensions varient avec les localités, la force des ceps et le genre de culture. Quiconque a parcouru l’arrondissement de Fontainebleau et une partie du Gàtinais a pu voir quelques-uns de ces dispositifs.
- Ce sont parfois, comme dans la région de Bourron, de véritables baraquements de bois ajustés au-dessus des ceps pendant toute la période des gelées printanières. Le schéma 5 en donne un exemple et la gravure 1 montre une installation complète établie à proximité de la voie ferrée entre Nemours et Bourron.
- Le toit, supporté par quatre poteaux verticaux, est légèrement incliné du sud-est au nord-est. Vers le mois de juin tous ces abris sont enlevés ; on les conserve ensuite avec soin pour être utilisés l’année suivante. Pour réduire les frais d’installation, les vignerons se servent bien souvent des matériaux qu’ils ont sous la main. Quelques planchettes de bois, un morceau de papier goudronné, une poignée de paille lui suffiront et lui permettront d’arriver au même résultat. Les procédés de préservation employés dans les jeunes plantations sont même des plus sommaires. Un piquet d’environ 50 centimètres de hauteu r garni d’une série de lamelles de bois clouées perpendiculairement à son axe, donne un écran qui sera fiché dans le sol à côté de chaque pied de vigne. On peut encore lui substituer, comme cela se fait parfois dans le Loiret, des tuiles demi-cylindriques; de véritables faîtières de toit.
- La figure 2 représente un système semblable adopté à une faible distance de la ville de Montargis. On peut voir la façon dont les planchettes et les tuiles ont été disposées par rapport aux jeunes vignes qu’elles sont chargées de protéger. 11 existe un grand nombre d’installations de ce genre.
- Grâce à ces dispositifs très simples, susceptibles de servir pendant plusieurs années de suite, le vigneron pourra garantir suffisamment ses plants et sortir victorieux de la lutte entreprise contre les gelées de printemps. Albert Yilcoq.
- Professeur d'agriculture à Montargis (Loiret).
- LES EXTRÊMES DE TEMPÉRATURE
- BANS LE MONDE
- Répartition inégale de la chaleur. —La température de l’air, dont les variations dépendent surtout de la radiation solaire et du rayonnement terrestre, décroît d’une manière générale à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur pour se rapprocher des pôles.
- Mais, par suite de l’inégale distribution des terres et des mers, par suite aussi des différences d’altitude du relief
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- LA N A T U HE.
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- terrestre, cette décroissance présente des irrégularités, et les courbes qui réunissent, sur une carte, les points d’égale température, ne coïncident pas avec les cercles de latitude.
- Les mers, à cause de la grande capacité de l’eau pour la chaleur, modèrent l’action du soleil ainsi que celle du rayonnement terrestre, tandis que les continents les exagèrent toutes les deux. 11 en résulte d’abord que l’hémisphère austral, dans lequel l’Océan prédomine, a un été moins chaud et un hiver moins froid que ceux de l’hémisphère boréal, où les terres sont en prépondérance. 11 s’ensuit encore que dans notre hémisphère les lignes isothermes offrent des déformations bien plus grandes.
- Comme nous avons surtout en vue de faire ressortir les
- valeurs extrêmes que la température de l’air peut prendre à la surface de la Terre, nous ne parlerons ici que des grandes chaleurs et des froids rigoureux, qui sont caractérisés, dans leur répartition ordinaire, par les lignes isothermes des mois de janvier et de juillet. La position géographique des régions à grandes chaleurs est donnée par les isothermes de janvier pour l’hémisphère austral, et par celles de juillet pour le notre. Au contraire la détermination des régions à froid rigoureux est fournie par les isothermes de janvier pour notre hémisphère, et par les isothermes de juillet pour l’hémisphère austral.
- Grandes chaleurs. — Les isothermes de janvier ne montrent, dans l’hémisphère austral, que deux petites régions dont la température moyenne est comprise, pour ce mois-là, entre + 30 et + 35° centigrades: l’une est située dans le centre de l’Afrique méridionale, l’autre dans le nord-est de l’Australie.
- Pour l’hémisphère boréal, les isothermes de juillet accusent aussi deux régions de très fortes chaleurs: 1° une étroite bande située vers l’isthme de Panama, dans laquelle la température moyenne, qui a une constance remarquable, reste comprise entre 50 et 35° ; 2" une très vaste région qui comprend presque toute l'Afrique boréale, ainsi qu’une grande partie de l’Arabie et de la Perse, à l’intérieur de laquelle la température moyenne du mois de juillet varie entre 30 et 40° centigrades.
- Mais la température moyenne, même lorsque la période considérée ne s’étend qu’à un seul mois, est loin de faire connaître la valeur des températures réellement observées, puisqu’elle est toujours comprise entre les valeurs minima et les valeurs maxima qui se sont produites. C’est ainsi que dans le sud de l’Europe où la température moyenne du mois le plus chaud n’arrive guère à 30°, on constate des températures maxima bien supérieures : quelquefois 42° pour le midi de la France, et jusqu’à 45° en Espagne. Aussi ce sont les maxima absolus seuls qui donnent une idée exacte du degré de chaleur que l’on peut avoir à supporter dans celte région nord-africaine qui doit être considérée comme la plus chaude du globe terrestre.
- En Algérie les maxima absolus de la température de l’air dépassent fréquemment 4b° à Orléansville, Tizi-Ouzou, Ténès, Bou-Saada, Sidi-bel-Abbès, Biskra, Boufarik, El-Coléa, Touggourt, Gardaïa, Ouargla, etc. On a .même observé 48“ à Gardaïa, 49° à El-Goléa et à Touggourt, 55° à Ouargla. Mais des températures bien plus élevées ont été constatées, en dehors des stations météorologiques permanentes, par divers voyageurs géographiques : 53°,9 en Australie, par Sturt ; 54° et 56° à Assab, sur la mer Rouge, près du détroit de Bab-el-Mandeb, par Rohlfs; 56°,9 à l’oasis de Mourzouk, au sud de la Tripolitaine, par Ritchie etLyons; enfin 67°,7 par Duveyrier, dans le pays des Touaregs, sur les confins du Sahara méridional.
- Grands froids. — L’étude des grands froids fournit
- des chiffres aussi extraordinaires. Nous ne parlerons pas de l’hémisphère austral, moins froid d’ailleurs que l’hémisphère boréal, car pour la .calotte polaire qui commence au 60° de latitude, les observations font à peu près défaut.
- Dans l’hémisphère boréal, les isothermes de janvier mettent en évidence une grande zone dans laquelle la température moyenne de l’air, pour ce mois, reste inférieure à 35° au-dessous de zéro. Elle comprend la Sibérie orientale, une partie de l’océan Glacial, et la moitié du grand archipel qui prolonge le continent américain vers le pôle. Sur l’océan Glacial, il existe même une vaste région, mal déterminée jusque-là, dont la température moyenne est inférieure à 40° au-dessous de zéro. Enfin la Sibérie orientale aussi présente, dans les bassins de la Léna et de la Jana, un centre de froid qui maintient également la température moyenne du mois de janvier plus bas que 40° au-dessous de zéro.
- Mais, comme nous l’avons déjà dit à propos des grandes chaleurs, ces chiffres ne sont que des moyennes, et les minima de température réellement constatés dans ces régions glacées accusent des froids bien plus intenses. A Werchojansk, sur la Jana, en Sibérie, le thermomètre descend à — 53°, et, dans le même pays, un voyageur français, M. Martin, a observé — 65° par 59° de latitude et 152° de longitude. Dans les parties septentrionales de l’Amérique du Nord qui forment le grand archipel de l’océan Glacial, au cours des expéditions entreprises pour la découverte du pôle ou pour celle d’une mer libre, il a été mesuré des températures encore plus basses : — (57° au fort Rae, par le capitaine Dawson, et enfin — 71° dans la Terre de Grinnel au delà du 80e degré de latitude, par le lieutenant Schwatka, alors qu’il était à la recherche de l’expédition Franklin.
- Ainsi, l’homme a subi des chaleurs de + G7°,7 dans le Sahara méridiondal, et des froids de — 71° dans le voisinage du pôle Nord. Cela fait déjà un énorme écart de 139° ; mais il est fort possible et même probable que les mesures d’où proviennent ces chiffres extraordinaires n’ont pas été faites, l’une dans le lieu le plus chaud du Sahara, l’autre dans l’endroit le plus froid des régions polaires. Ajoutons pour terminer que ce n’est pas seulement entre la zone équatoriale et la zone polaire qu’il existe de tels écarts naturels de température. En effet, l’air atmosphérique, sous l’action du soleil, s’échauffe d’autant moins qu’il se trouve à une plus grande hauteur, et en toute saison nous avons les froids polaires à quelques kilomètres au-dessus de nos têtes.
- Sur le sommet du grand Ararat, à 4912 mètres d’altitude, on a constaté un minimum annuel de — 50°.
- Un ballon-sonde, lancé à Paris le 21 mars 1894, par MM. Dermite et Besançon, a enregistré — 51° à 12500 mètres. Un autre ballon-sonde a accusé — 60° vers 0200 mètres le 23 août dernier.
- Le 8 juin 1898, à Trappes, près de Versailles, M. Teisserenc de Bort a trouvé de la même façon — 05° à 13500 mètres. Enfin à Berlin, à l’aide d’un ballon non monté, le professeur Assmann a trouvé — 67° à une altitude de 18500 mètres.
- D’un autre côté la température du sol augmente avec la profondeur : au puits Wheeling, creusé en Amérique dans l’Etat de Virginie, le thermomètre marquait 45°,5 à 1500 mètres au-dessous de la surface terrestre, et à Rybnitz, en Silésie, dans un sondage poussé jusqu’à 2004 mètres, on a constaté 70° comme température du fond. Il est donc permis de penser qu’à n’importe quel moment, et en un lieu quelconque de la Terre, on pour-
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- rait trouver, en s’élevant assez haut dans l'amostphère, ou en pénétrant assez profondément dans le sol, des écarts naturels de température bien, autrement grands que tous ceux que nous avons signalés. J.-R. Puumandon,
- Météorologiste à l’Observatoire du Puy-de-Dôme.
- INTERRUPTEUR AUTOMATIQUE SUR CIRCUITS
- A HAUTE TENSION
- Les distributions à haute tension et à courants alternatifs ont le grand avantage de desservir les abonnés à l’aide de transformateurs installés le plus souvent dans la maison même de l'abonné.
- L’arrivée du circuit à haute tension se fait dans une cave où se trouve un transformateur ; le tout est enfermé à clef et la Société de distribution seule a soin de ces appareils. Un circuit de distribution à basse tension pénètre dans l’immeuble ; l’abonné est donc à l’abri des divers inconvénients que peut présenter la haute tension.
- Mais si nous examinons un moment les intérêts de la compagnie de distribution, nous voyons que les transformateurs seront constamment branchés sur le circuit primaire venant de l’usine et qu’ils consommeront toujours même à vide une certaine puissance, et dans Ajournée une certaine énergie.
- Ces chiffres peuvent être faibles pour des installations d’éclairage; mais il en sera autrement avec des ascenseurs électriques, qui prennent de 2 à 3 chevaux, et avec des moteurs électriques utilisés pour divers usages et dont la puissance ne sera guère inférieure. Il y a donc lieu de tenir compte des dépenses ainsi produites.
- Nous pouvons fixer les idées par quelques chiffres qu’a bien voulu nous communiquer M. Langlade, ingénieur en chef du secteur de la rive gauche à Paris. Un transformateur d’ascenseur consomme à vide en moyenne 210 watts-heure par heure. Il ne fonctionne au total que 1 heure par jour ; il y a donc une marche à vide de 25 heures. La consommation à la fin de la journée sera donc de 23 X 210 = 4830 watts-heure. En comptant le prix de revient, frais seuls compris, à 0fl',02 l'hectowatt-heure, on
- trouve encore après 24 heures une dépense en pure perte de 0fl',966 par ascenseur ou moteur ; à la fin de l’année, la perte totale est de 365 francs.
- 11 est donc intéressant de trouver un appareil qui permette de supprimer le transformateur lorsque l’ascenseur ou le moteur ne seront pas en marche, et de le rétablir en circuit au cas contraire. C’est dans ce but que la Compagnie française d’appareillage électrique a construit l’appareil que nous allons étudier, et que le directeur de la Compagnie, M. Zetter, a bien voulu nous laisser examiner complètement. L’interrupteur automatique dont il s’agit est placé sur le circuit primaire du transformateur ; il est fermé lorsque l’ascenseur s’élève, et est ouvert lorsque l’ascenseur descend. De même il est fermé lorsqu’un moteur se met en marche, et ouvert lorsque le moteur est arrêté. Ces opérations se font automatiquement à l’aide d’un circuit électrique local commandé par les ascenseurs ou les moteurs même.
- L’interrupteur proprement dit est formé par une tige de cuivre argentée, avec ses deux extrémités recourbées, comme le montre la figure 1. Cette tige est portée sur une pièce isolante mobile, qui dans notre dessin se trouve soulevée. Au-dessous est un bloc de matière isolante, portant à gauche et à droite des bornes fixées. Sur la borne de gauche en avant est maintenue une petite lamelle de cuivre argentée; il en est de même sur une autre borne semblable placée en arrière. Sur cette dernière borne est fixé un câble du circuit primaire qui vient à gauche traverser un tube en ébonite G. A droite du petit socle se trouve une autre borne, présentant devant elle un petit godet rempli de mercure F. A cette borne est relié un autre câble qui ressort par le tube d ebonite H.
- Lorsque la tige de cuivre argentée recourbée s’abaisse, elle vient appuyer sur les deux lamelles, dont il a été question, et en même temps les deux extrémités tombent dans les godets de mercure. La jonction des deux câbles est donc assurée par le contact des lamelles et par le mercure.
- La pièce fixe, autour de laquelle est mobile l’axe
- Fig. 1. — Vue détaillée de l’interrupteur automatique.
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- nom contraire qui attire C. La tige qui supporte ce dernier pôle se met aussitôt en mouvement, entraîne avec elle la tige articulée E, et celle-ci à son tour fait soulever la pièce qui porte la partie métallique. Les petites tiges sont retirées du mercure en F, il jaillit une étincelle dans l’huile de ricin, et le circuit est de nouveau ouvert.
- La figure 2 nous montre l’installation de l’interrupteur automatique sur le circuit primaire d’un transformateur dans une cabane disposée spécialement à cet effet dans une cave sur le réseau du
- secteur de la rive gauche à Paris. En A on voit le câble extérieur, qui pénètre en B dans les coupe-circuits de la Société. Un fil sort à gauche et traverse l’interrupteur C placé contre le mur ; il en ressort pour joindre le deuxième fil sur le circuit primaire du transformateur D. Les fils du circuit secondaire sortent en avant et s’éloignent en F pour desservir l’immeuble.
- Cet interrupteur automatique est employé dans de nombreuses installations par le secteur de la rive gauche et le secteur des Champs-Elysées. 11 a donné jusqu’ici des résultats très satisfaisants, et il y a tout lieu de croire qu’il rendra de réels services aux distributions d’énergie électrique par transformateurs. J. Laffargue.
- portant la tige métallique, est pourvue d'une glissière dans laquelle se déplace l’extrémité d’une tige E mobile autour d’un axe et fixée en D à une autre
- tige;
- L’ensemble des pièces servant à établir les contacts est plongé dans un verre contenant de l’huile de ricin. On obtient ainsi des ruptures sans étincelles.
- À la partie supérieure de l’appareil se trouve en D une tige mobile autour d’un point central et portant à une de ses extrémités un électro-aimant C. Son autre extrémité est reliée à la pièce E dont nous avons parlé plus haut. En B et À sont deux autres électro-aimants, qui ainsi que C, sont alimentés par des piles locales. L’é-lectro C conserve toujours son pôle, les électros À et B changent de pôle extrême suivant le sens du courant envoyé de 1 ’ extérieur.
- Aux points de mise en marche ou d’arrêt des ascenseurs se trouvent en effet des commutateurs qui en voient ou non le courant des piles locales dans les circuits delectro-aimants.
- Il est maintenant très facile de comprendre le fonctionnement de l’appareil. La figure 1 nous montre l’interrupteur ouvert, le circuit primaire est coupé. Si en un point quelconque nous fermons un commutateur pour envoyer le courant dans l’électro A de façon à former un pôle de nom contraire à celui qu’il possède, l’électro C est attiré sur l’électro A. Les pièces D et E sont mises en mouvement, la pièce métallique tombe, appuie sur les lamelles de cuivre et vient plonger dans les deux godets de mercure. Le circuit primaire est fermé.
- On peut de même très facilement faire la manœuvre inverse, pour ouvrir l’interrupteur ; à l’aide des commutateurs dont nous avons parlé plus haut, nous envoyons le courant de la pile locale dans l’électro-aimant B. 11 se forme aussitôt un pôle de
- LES CENDRES PYRITEUSES
- LEUR EMPLOI AGRICOLE ET INDUSTRIEL
- Les cendres pyriteuscs, il y a une trentaine d’années encore, étaient d’un emploi très courant pour la fertilisation des terres, surtout dans la région du nord de la France ; depuis lors, elles ont été peu à peu remplacées par les engrais chimiques, qui, dans bon nombre de cas tout au moins, sont loin de donner les mêmes résultats, et bien rares sont aujourd’hui les cultures où l’on fait
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- LA NATURE.
- usage des « cendres de Picardie». Or, l’oubli dans lequel elles sont tombées n’est, à notre avis, nullement justifié. Mais tout d’abord, que sont donc ces cendres ?
- Ce sont des produits naturels qu’on trouve surtout dans les départements de la Somme et de l’Aisne. Pans ce dernier on les rencontre à la base de l’argile plastique ; ces bancs de lignites, qui s’étendent sur une grande surface entre le Catelet, Reims, Houblières et Goulancourt, sont exploités en divers endroits pour la fabrication de l’alun et du sulfate de fer, tandis que dans d’autres localités, notamment à Braisne, Chermizy, Quersv, etc., on les extrait pour les employer directement à la fertilisation des terres.
- Les cendres noires ou cendres pyriteuses, résultent, comme les lignites, de la décomposition lente de certains végétaux aquatiques, qui aux époques géologiques remplissaient le fond des rivières et des lacs. Ces gisements
- ; 'S Sable- quartxeux avec grès tendres
- ? Gravier cnjudler
- * Cendres pyriteuses
- mê %
- g°. Claise bleue- avec veines de cendres
- ŸabH&r jaunes ferrugineux
- Coupe d'un gisement de cendres pyriteuses relevée à Chailvet (Aisne).
- appartiennent à l’étage du sparnacien. A Chailvet (Aisne) où nous avons eu l’occasion de les étudier avec soin, ils présentent l’allure suivante : Immédiatement au-dessous de la couche végétale, on trouve une assise de sable quart-zeux renfermant des grès très tendres et dont l’épaisseur varie entre 50 centimètres et lm,20. Au-dessous un gravier coquillier riche en fossiles, notamment en Ostrea bel-loracina, Cerithium variabile et meliana inquisata ; cette couche mesure en moyenne lm,20 d’épaisseur. Au-dessous, une couche, à peu près d’égale épaisseur de glaise grise, puis les cendres pyriteuses noires, formant un lit de 2 mètres à 2m,10; elles reposent sur une glaise bleue, exploitée pour la briqueterie; cette couche qui mesure de 4 à 6 mètres d’épaisseur renferme elle-même quelques veines minces de cendres pyriteuses. Comme direction, ce banc part des environs de Saint-Quentin et, suivant un demi-cercle, passe par Soissons pour aller se perdre vers le milieu du département de l’Oise.
- Ce qui donne à ces cendres leur nature particulière et sulfureuse, c’est qu’elles ont été par la suite des temps imprégnées d’une certaine quantité de silicate d’alumine et de pyrite de fer entraînés par les eaux. Telles qu’elles se présentent à l’extraction, elles sont donc formées de débris végétaux altérés, mélangés d’argile et de bisulfure de fer.
- Il est très rare qu’on voie les cendres affleurer ; comme il a été dit plus haut, c’est une couche de morts-terrains d’environ 4 ou 5 mètres qu’il faut enlever pour les mettre à jour.
- Peu après que ces cendres arrivent au contact de l’air, elles finissent par s’enflammer spontanément, aussi emploie-t-on les morts-terrains qui constituent la découverte, pour les mettre à l’abri, lorsque, pour une cause ou une autre, l’extraction est interrompue.
- Suivant l’épaisseur de la découverte, on exploite les cendrières à ciel ouvert, ou bien par puits ou galeries, quoique ce dernier genre de travail soit rendu assez difficile par suite des nappes d’eau étendues entre les strates et qui font souvent irruption dans les travaux souterrains, ce qui nécessite des épuisements souvent coûteux.
- Aussitôt extraites, les cendres sont mises en gros tas, au contact de l’air, là elles s’échauffent et subissent une combustion lente, parfois même vive, qui transforme le sulfure de fer qu’elles renferment en sulfate. Pendant ce séjour, qui se prolonge un an ou dix-huit mois, les cendres sont remuées à plusieurs reprises, elles se réduisent alors en poudre très fine. La température dans ces tas s’élève à un tel point, que nous avons vu à l’usine de Chailvet près Laon, qui emploie 110 ouvriers, ceux-ci y enfouir une gamelle de soupe froide et l’avoir presque bouillante une demi-heure après.
- Il y a donc des précautions à prendre en ce qui concerne les dimensions du tas, les recoupages et les éten-dages; car ce n’est qu’à cette condition qu’on obtient un produit véritablement fertilisant et c’est en grande partie parce que dans ces dernières années on a négligé ces soins, que les cendres noires n’ont plus donné ce qu’elles donnaient naguère et qu’elles ont été presque entièrement abandonnées.
- Les bonnes cendres pyriteuses noires sont non seulement fertilisantes, mais encore insecticides ; il va sans dire qu’il ne faut les employer qu’après exposition à l’air comme il a été dit; car incorporées au sol, immédiatement après leur extraction, leur effet serait plutôt nuisible par suite de l’introduction dans le sol du sulfure du fer.
- La culture emploie les cendres pyriteuses en automne, à fa dose de 10 à 12 hectolitres par hectare. « C’est particulièrement aux prairies artificielles qu’elles conviennent; elles se comportent alors, disent MM. Muntz et Girard, à la manière du plâtre, et très probablement en apportant de l’acide sulfurique. On s’en sert avantageusement aussi pour les prairies naturelles (4 à 6 hectolitres par hectare); leur effet se rapproche de celui du sulfate de fer et consiste surtout à faire disparaître les mousses et lichens. Employée pour la fumure des plantes sarclées et des céréales, elles peuvent agir par l’azote et la matière organique qu’elles renferment. Leur action fertilisante si manifeste se montre surtout dans les sols calcaires; dans les terrains crayeux de la Champagne, par exemple, on fait usage de ces cendres pyriteuses du Soissonnais, qui agissent par l’acide sulfurique, peut-être aussi par le fer, et certainement sans doute comme amendement, en modifiant la texture et la coloration du sol. »
- Mais indépendamment des cendres pyriteuses noires ou vierges, on emploie aussi les cendres rouges. Est-ce là un autre produit? car de l’avis de tous les praticiens qui ont essayé les deux, ces dernières sont beaucoup moins efficaces.
- Ces cendres sont en réalité un résidu de fabrication obtenu dans la préparation industrielle de l’alun et du
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- sulfate de fer. Voici comment on les obtient à l’usine de Chailvet.
- Les cendres noires, aussitôt extraites, sont mises en tas et soignées comme il vient d’être dit ; puis, après quinze mois environ, c’est-à-dire lorsque tous les blocs ont été réduits en poudre, on les met dans les lessivoirs, sortes de grands bassins en briques, peu profonds, et au fond desquels se trouve un lit de roseau, d’environ 40 centimètres d’épaisseur; on y fait arriver un courant d’eau, et, au bout de quelques jours, ces eaux de lavage, chargées de fer et d’alumine, qui leur donne une couleur rouge très accentuée, sont évacuées dans d’autres bassins, où se fait le verdissage. Là, on ajoute une faible quantité d'acide sulfurique et des déchets de ferraille, notamment des vieilles boîtes de conserves. Cet excès de fer ajouté, a pour but de concentrer la solution, d’éviter l’altération du sel et de donner du sulfate de fer plus pur, cristallisant avec facilité. Les eaux ainsi traitées marquent 50° Baumé ; on les évapore partiellement pour les amener à 38°, puis on les fait arriver dans les cristallisoirs, vastes bassins en plomb, où elles restent environ trente jours. Le sulfate de fer cristallise au fond et les eaux surnageantes ne renferment plus que de l’alumine et des impuretés solubles ; elles servent à la fabrication de l'alun, par l’addition soit d’un sel d’ammoniaque, soit d’un sel de potasse selon le produit qu’on veut obtenir.
- Les cendres lavées, qui restent dans les lessivoirs, sont livrées à l’agriculture, ce sont les cendres rouges ou lessivées, c’est-à-dire épuisées; elles se vendent de 0fr,80 à 1 franc les 100 kilogrammes tandis que les cendres noires ou vierges sont d’un prix beaucoup plus élevé, soit 8 à 9 francs.
- Nous donnons d’ailleurs l’analyse d’un de ces produits (n° 1 ), qu’on pourra comparer à celle des cendres vierges (n° 2).
- Sullate de chaux. . . N" 1 Cendres rouges. 4,1 N* 2 Cendres noires. 1,0
- Sulfate de fer 4,0 8,4
- Sulfate d’alumine. . . 0,5 3,8
- Sulfure de fer 2,2 17,2
- Oxyde de fer 0,3 »»
- Argile 12,1 10,0
- Silice 32,5 8,9
- Carbonate de chaux. 0,0 3,1
- Matières organiques. 23,8 59,0
- (Contenant : azote). * 0,4 0,0
- Perte à l’analyse.. . . 8,1 8,0
- 100,0 100,0 1
- Les cendres lessivées sont employées à la dose de 1800 à 2500 kilogrammes par hectare. Dans quelques exploitations des environs de Laon, elles passent pour éviter les ravages du silphe opaque de la betterave, toutefois il nous a été impossible d’avoir des renseignements précis sur ce point ; par contre elles éloignent les vers blancs et les vers gris, ainsi que les limaces. L’utilisation des cendres vierges, dans bon nombre de vignobles de la Bourgogne et de la Champagne surtout, a donné de très lions résultats.
- Les cendres pyriteuses agissent surtout par le sulfate de fer et d’alumine qu’elles renferment, sels qui mobilisent la potasse insoluble du sol. Mais, elles ne constituent pas un engrais complet; aussi lorsqu’on les emploie au lieu de fumier (ce qui est possible étant donnée la
- proportion de matières organiques qui s’y trouve) faut-il les associer à des phosphates fossiles, dont elles solubilisent une partie de l’acide phosphorique, ainsi qu’à de la potasse, de préférence sous forme de kaïnite. D’après M. L. Geschwind, en raison de la réaction des sulfates sur le phosphate tricalcique, il y a formation de phosphate acide et de plâtre ; immédiatement assimilable, cette transformation du phosphate se complète à la longue et atteint au bout de peu de temps jusqu’à 75 et 80 pour 100 du produit initial. L’agriculture a donc tout intérêt à employer ces mélanges, attendu qu’elle profite d’abord de la valeur fertilisante des cendres et qu’elle peut ensuite se procurer de cette façon des phosphates solubles, et ne rétrogradant pas, à des prix infiniment moindres que ceux auxquels sont livrés actuellement les superphosphates ou les phosphates précipités.
- Albert Larbalétrier.
- UN NOUVEAU RAIE
- Disons-le immédiatement, il s’agit là d’une invention très spéciale et qu’il ne serait pas question d’appliquer à toutes les parties d’une voie ferrée ; ce n’est pas un nouveau type de rail qui ferait oublier le profil classique du Vignole ou du double champignon.
- L’inventeur, M. Vez-Mairet, de Genève, s’est dit que, quand on se trouve obligé, pour augmenter l’adhérence et éviter le patinage, de jeter du sable sur les rails au moyen des sablières dont sont munies les locomotives, la plus grande partie du sable ainsi jeté tombe de part et d’autre,
- sc
- Vue supérieure et profil du rail.
- et il n’en reste presque rien à la surface du rail. Il a donc imaginé de strier cette surface métallique, d’y imprimer des rainures où le sable pourrait demeurer.
- 11 applique son invention et aux rails ordinaires de chemin de fer et aux rails à gorge des tramways, cette question du patinage devenant de première importance avec le développement de la traction mécanique pour les tramways. La figure que nous reproduisons représente précisément un rail à gorge offrant les rainures caractéristiques sur la surface de roulement et sur le bourrelet.
- On en voit nettement la disposition ; sur le corps principal du rail, elles sont disposées en chevrons aa, formant angle aigu avec une branche longitudinale.
- Pour les voies de tramways, il n’y aurait aucun inconvénient, à ce qu’il semble, à n’employer que des rails de ce genre, qui offrent plus de prise aux pieds des chevaux, sans nécessiter réellement un effort de traction supplémentaire. Pour les chemins de fer proprement dits, on pourrait constituer la voie avec cette espèce de rails sur les sections, notamment dans les tunnels humides et en rampe, où l’on est accoutumé de sabler. D. B.
- 1 Analyses d’échantillons prélevés par nous à Chailvet.
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- LA NATURE.
- LES CANONS À TIR RAPIDE
- Autrefois, les diverses opérations que nécessitait un coup de canon étaient multiples et prenaient beaucoup de temps. 11 fallait, pour un canon de campagne, se chargeant par la bouche, ramener la pièce en batterie, lecouvillonner, la charger successivement de la gargousse et du projectile, percer la gargousse, introduire l’étoupille dans la lumière; puis on procédait à l'opération du pointage ; enfin on mettait le feu.
- L’adoption du chargement par la culasse en diminua quelque peu la durée, en permettant d’introduire avec beaucoup plus de facilité l’obus
- ainsi que sa charge dans la chambre du canon.
- Les étonnants progrès accomplis, dans ces dernières années, par les artilleurs ont fait subir au matériel d’artillerie des perfectionnements tels que le canon à tir rapide d’aujourd’hui est devenu une véritable merveille.
- Adopté, tout d’abord, par les diverses marines de guerre, il est maintenant entre les mains des armées de terre.
- Les caractères distinctifs d’un tel canon sont qu’il n’y a pas à tenir compte du recul, car lorsque le coup part,l’affût demeure immobile; la pièce recule bien sous l’effort du coup, mais revient d’elle-même à sa première position. Le temps pris ensuite pour
- Fig. 1. — Canon Fletcher
- le chargement est insignifiant; un simple mouvement ouvre la culasse et un autre introduit la charge et le projectile formant un seul tout sous forme de cartouche à douille métallique; un troisième mouvement ferme la culasse et il suffit de presser sur une détente pour faire partir le coup. Le canon à tir rapide n’est plus un canon, c’est un fusil de gros calibre. Quant au pointage, il est fait pour ainsi dire d’avance puisque l’affût n’a pas bougé; quelques légères et rapides corrections suffisent pour annuler les petites déviations qui ont pu se produire par suite des vibrations intérieures.
- Il résulte de l’accroissement considérable, obtenu ainsi dans la rapidité du tir, qu’on peut estimer qu’un canon de campagne des derniers modèles équivaut au moins à six des anciens, c’est-à-dire
- de campagne à tir rapide.
- qu’un canon à tir rapide vaut à lui seul autant qu’une batterie.
- Cette augmentation de la puissance de l’artillerie, alors que celle de l’infanterie ne s’est pas beaucoup accrue, permet d’augurer que, dans la prochaine guerre, l’artillerie jouera un rôle autrement plus considérable que dans le passé, et nous ne craignons pas de l’affirmer, tout à fait prépondérant.
- Quels sont les détails de construction des canons à tir rapide de campagne? Nous ne donnerons à ce sujet que des renseignements généraux, quoique les canons allemands et français de cette espèce soient connus de tous les gens spéciaux, artilleurs et industriels. On s’accorde à reconnaître que le canon français est supérieur au canon allemand qui pèche par sa fermeture de culasse et son frein. Les Aile-
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- LA NATURE.
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- mands ont conservé la fermeture à coin, on ne sait trop pourquoi ; il semble que pour eux ce vieux coin soit une affaire nationale comme le casque à pointe. Quant à leur frein, ils ont fait appel, pour le réaliser, à l’hydraulicité, puis à des ressorts et c’est surtout là que gît leur infériorité.
- Combien le canon Nordenfeld, par exemple, a de supériorité!
- La fermeture de culasse, dite à vis excentrique, s’ouvre et se ferme sans bouger de place par une simple rotation de 180° sur elle-même. Le canon, dépourvu de tourillons, glisse dans un manchon appelé berceau; son recul est limité à 25 centimètres par un système qui agit par frottement avec une singulière puissance. Le recul terminé, la pièce est ramenée à la position primitive par des
- ressorts dits Belleville. Quant au pointage, ou plutôt à sa rectification, elle s’opère sans toucher à l’affût, qu’une bêche fixe à terre ; le canon et son enveloppe peuvent pivoter de 5° de part et d’autre de la position médiane.
- Dans la marine, on emploie les canons à tir rapide sur affût et aussi, pour les petits calibres, sur chandelier, ce qui permet de les tirer à l’épaule grâce à une crosse fixée sur le côté. Le recul est amorti dans ce cas par un frein de petites dimensions de ressorts Belleville, qui est placé en dessous de la pièce, parallèlement à elle.
- Les plus petits canons à tir rapide ont un calibre qui ne descend guère au-dessous de 4 centimètres. Quant à la limite supérieure des canons de cette espèce, elle ne paraît pas devoir dépasser 16 centi-
- Fig. 2. — Canon Ilotckiss de marine à tir rapide.
- mètres, en raison de la longueur et du poids des munitions.
- Dans ce qui précède, nous n’avons pas parlé de la poudre, dite sans fumée, dont il est aujourd’hui universellement fait usage. Cette poudre, qui n’est qu’une sorte de coton-poudre et qui ressemble à des lamelles de carton grossier, ne doit pas son importance à ce qu’elle brûle sans presque donner de fumée; elle est surtout précieuse en ce qu’elle permet de doter les bouches à feu suffisamment allongées de vitesses inconnues jusqu’à ce jour.
- L’ancienne artillerie lisse lançait ses boulets ronds avec 500 mètres de vitesse ; quand l'artillerie rayée fit son apparition, la vitesse initiale baissa par suite de l’accroissement du poids des projectiles jusqu’à 550 mètres; puis les progrès de la métallurgie aidant, les poudres à gros grains firent remonter à 500 et 600 mètres. Enfin grâce, à l’allongement des canons et à la poudre au fulmi-coton, ori atteint
- aujourd’hui 900 mètres. Il est à croire que, dans un temps rapproché, les 1000 mètres par seconde, déjà obtenus dans les polygones, deviendront d'un usage courant, en attendant qu’on se mette en mesure de pousser jusqu’à 12 et 1500.
- Lieutenant-colonel L.
- L’ÉCRITURE ET IA PAROLE EN MIROIR
- La pathologie mentale est un champ inépuisable pour les amateurs de bizarreries. Parmi celles-ci, il faut avouer que Yécriture en miroir occupe un des premiers rangs. On désigne sous ce nom l’écriture dans laquelle les caractères, tracés avec la main gauche, apparaissent comme les caractères de l’écriture ordinaire vus dans une glace ou encore par transparence au travers du papier sur lequel ils sont tracés. Ordinairement, cette affection se rencontre chez les malades paralysés du côté droit, mais elle se manifeste aussi chez des individus sains essayant pour la
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- première fois avec la main gauche. Voici, par exemple, une phrase écrite d’emblée par un de mes amis droitier qui se livrait pour la première fois à cet exercice (fig. 1 ).
- Fis. 1.
- Mais, en général, c’est là un cas pathologique qui se rencontre chez les paralysés atteints de cécité verbale. C’est un de ces malades que MM. les Dr" Ch. Nicolle et A. Halipré1 ont eu l’occasion d’observer récemment et sur lequel ils ont fait un certain nombre d’expériences que nous allons relater à titre d’exemple.
- Première expérience. — On demande au malade s’il sait écrire, et, sur un signe affirmatif de sa part, on le prie d’écrire son nom. 11 montre alors sa main droite contracturée et fait comprendre que cela lui est impossible. On lui dit d’écrire avec l’autre main. Cela le fait rire et il paraît considérer la chose comme impossible. On insiste, on lui donne un crayon et on le voit tracer à grand’peine, en caractères d’imprimerie et en allant de gauche à droite, les trois premières lettres de son nom. Puis il s’arrête et fait comprendre qu’il ne peut continuer. On insiste, et à peine a-t-il pris le crayon qu’il écrit son nom en écriture en miroir et sans hésitation, en employant les lettres italiques (fig. 2).
- Fis.
- C)
- Deuxième expérience. — On demande au malade d’écrire le mot « bonbon ». Il hésite d’abord, puis il écrit en miroir. 11 est bon de remarquer que l’expérience ne réussit que pour les mots très simples. Dès que l’orthographe du mot est un peu compliquée et ne répond pas exactement à la consonance, le malade n’écrit pas. Il est probable que l’insuccès de l’expérience est du au faible degré d’instruction du sujet.
- Troisième expérience. — On ferme les yeux du malade et, tenant la main gauche, on lui fait tracer une lettre en écriture renversée, et on lui demande de la reproduire. Le malade cherche, fait voir qu’il n’a pas compris et désire qu’on répète l’expérience. Trois fois successivement, la même épreuve reste sans résultat. On fait alors tracer la lettre en écriture droite ordinaire, tantôt et plus volontiers, l’écriture en miroir.
- Quatrième expérience. — Le malade a d’abord essayé de copier le mot « bouton » en écrivant de gauche à droite. Il y est parvenu avec de grandes difficultés et en suivant le modèle de très près. Il a ensuite spontanément écrit le mot de droite à gauche sans aucune hésitation (fig. 5).
- En regardant par transparence le nouveau spécimen, on peut voir que l’écriture en miroir est plus correcte que l’écriture tracée de gauche à droite. Quand le malade a écrit le mot bouton, on lui demande de désigner l’objet dont il vient d’écrire le nom. Cela lui est impos-
- sible. L’expérience renouvelée a toujours donné les mêmes résultats.
- Cinquième expérience. — Pour les chiffres, toutes les expériences réussissent. Ecriture copiée et sous dictée sont exécutées régulièrement. L’écriture réussit également en réalisant, pour les chiffres, l’expérience 3. Le malade a recours tantôt à l’écriture droite, tantôt à l’écriture en miroir. 11 ne paraît pas avoir une prédilection marquée pour cette dernière. Il faut remarquer qu’il n’a pas dans l’écriture des chiffres les mêmes hésitations que pour les lettres.
- Voici l’interprétation que MM. Nicolle et Halipré proposent de ces faits :
- « L’écriture est la résultante de plusieurs opérations intellectuelles. Dans un premier acte psychique ayant pour siège le centre de la cécité verbale, l’idée du mot est accompagnée des souvenirs de sa représentation graphique conventionnelle. Dans un deuxième acte, la volonté d’écrire a pour conséquence l’excitation des groupes cellulaires qui commandent les mouvements de la main dans l’écriture.
- « Si l’on a recours au petit stratagème qui a servi dans l’expérience III, les mouvements correspondant à l’écriture cursive ordinaire peuvent réveiller immédiatement l’idée du mot. L’écriture renversée, au contraire, ne correspondant nullement à la représentation graphique qui accompagne l’idée d’écrire, ne rappelle le souvenir du mot que si, par un grand effort de pensée, on renverse dans son esprit les signes tracés pour leur donner à nouveau la forme conventionnelle. Ce travail, assez pénible, notre malade ne songe probablement pas à l’exécuter.
- « D’autre part, puisque notre malade écrit en miroir, il faut admettre qu’il ne donne pas à la lettre la forme sous laquelle il la conçoit. Il pense la lettre avec son hémisphère droit et l’écrit en écriture renversée, l’écriture renversée étant l’écriture normale de la main gauche.
- « Il y a donc deux opérations intellectuelles dissociables et, par conséquent, deux centres distincts : au premier centre appartient la conception de la lettre avec sa forme classique, le deuxième centre est chargé de son extério-ration en signes graphiques. La deuxième opération aboutit à l’écriture cursive quand l’hémisphère gauche est indemne, à l’écriture en miroir dans les cas pathologiques analogues à celui que nous avons rapporté. »
- Ces faits sont à rapprocher d’une maladie tout récemment décrite sous le nom de parole en miroir. Voici, par exemple, ce que vous dit un de ces malades :
- Zeirduov suov em ressap l'etteissa d'segnaro ej suov eirp.
- 1 La Presse médicale.
- Naturellement vous n’y comprenez rien, et vous vous
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- dites que le malade est fou et cherche à parler russe. Cependant ledit malade a bien voulu dire quelque chose, car, voyant que vous ne saisissez pas, il se met dans une violente colère. Armez-vous donc de patience : transcrivez ce qu’il vous dit et, renversant ensuite les lettres de chaque mot, vous lirez :
- Voudriez-vous me passer l'assiette d’oranges, je vous prient
- C’est là le type de l’écriture en miroir : les malades parlent en renversant chaque mot. Dans l’exemple précédent, toutes les lettres étaient renversées. D’autres fois, les syllabes seules sont renversées. Ainsi :
- Tout le démon vraitde s’percuoc d’retoihis relletuna pour merchar ses sirsloi.
- doit être traduit ainsi :
- Tout le monde devrait s’occuper d’histoire naturelle pour charmer ses loisirs.
- D’autres fois, enfin, dans une même phrase, certains mots sont renversés quant à leurs lettres, tandis que les autres le sont seulement dans leurs svllabes. C’est alors un charabia incompréhensible. Henri Coupin.
- LES ALGUES
- Les algues sont peut-être, de tous les végétaux, ceux qui sont les plus intéressants et les moins connus. Rien que dépourvues d’organes sexuels et douées d’organes de reproduction très simples, ces plantes offrent une diversité de forme telle qu’un paysage au fond de la mer n’est ni moins intéressant, ni moins varié que celui que présente une contrée à laquelle le soleil aurait imprimé le riche cachet de la végétation des tropiques. Une structure particulière, molle et gélatineuse dans toutes les parties, un ensemble d’organes arrondis ou allongés et étalés, auxquels les expressions de tiges et de feuilles ne sont point applicables comme dans les autres plantes, de brillantes couleurs d’un ton vert, olive, jaune, rose et pourpre, parfois bizarrement assorties sur le même organe foliacé, tout cela imprime à ces végétaux un caractère étrange et féerique.
- Les algues ont été peu étudiées par les anciens botanistes. Linné en nomme seulement 70 espèces ; Tournefort, le grand botaniste français, dans ses Instituliones rei herbarei, publiés en 1698, a classé les algues sous le titre de herbis marinis aut flu-viatilibm, quorum flores et fruclus vulgo igno-rantur. On n'est pas peu étonné de rencontrer, pêle-mêle, dans cette section, des fucus, des algues, qui sont vraiment des végétaux, et des coraux, des madrépores, des éponges qui sont des zoophytes.
- Grâce aux travaux de Lamouroux, Yaucher, Bory, de Saint-Vincent, Gréville, etc., on connaît aujour-
- d’hui plus de 2000 algues. Elles ont été classées par les naturalistes suivant la nature des pigments colorés qui les diversifient, et aussi d’après le degré de perfection des organes reproducteurs qu’elles possèdent.
- On les divise en : algues bleues (cyanophycées) ; algues vertes (chlorophycées) ; algues brunes (phéo-phycées); algues rouges (rhodophycées).
- 11 y en a de toutes les tailles ; certaines n’ont que quelques millièmes de millimètre. Tels sont les pro-tococcus, les plus simples des végétaux, composés d’une seule cellule. La multiplication se fait avec une telle énergie qu’en un instant le petit être peut couvrir des espaces relativement considérables et ainsi ce végétal qui, par ses dimensions, semblait devoir passer inaperçu, forme, au contraire, de splendides manteaux d’un beau vert qui recouvrent la nudité des rochers.
- C’est à un de Ces protococcus qu’est dû ce phénomène si curieux de la neige rouge, qui a été observé à diverses reprises dans les montagnes et dans les régions polaires.
- De Saussure est le premier qui ait remarqué son existence. Le capitaine Ross, dans son expédition au pôle Nord, traversa des espaces considérables de neige rouge.
- La neige verte fut observée par Ch. Martins, lors de son expédition au Spitzberg. La surface même de la neige était blanche ; mais, à quelques centimètres au-dessus, elle paraissait avoir été arrosée avec une décoction d’épinards. La neige verte est produite par le Protococcus viridh, et la neige rouge par le P. ni-valis ; c’est une seule et même plante à deux états différents, sans qu’on puisse distinguer l’état primitif.
- L’esprit ne peut concevoir un nombre assez grand pour exprimer la multitude écrasante de petites algues microscopiques qui étaient ainsi réunies pour former un tapis de neige colorée.
- C’est aussi une algue (Trichodesmium Ehren-berghiï), semblable à une petite botte de poils qui n’aurait pas plus de 2/1000 de millimètre de diamètre, de couleur de sang, qui donne à la mer Rouge sa coloration spéciale.
- Après l’infiniment petit, voici l’infiniment grand, les gigantesques macrocystés, qui atteignent souvent une longueur de 500 mètres et qui couvrent, dans le Pacifique, de grands espaces de mer.
- Tout le monde a entendu parler des sargasses (Sargassum vulgare Agardh), plantes munies d’ampoules remplies d’air, qui leur permettent de flotter à la surface des eaux. Ces algues se réunissent dans une certaine partie de l’océan Atlantique, et couvrent un espace de plus de 40000 milles carrés. Elles forment alors ces sortes de prairies Bottantes rencontrées par Christophe Colomb et qui effrayèrent tant ses compagnons, parce qu’ils crurent qu’elles marquaient la limite de la navigation.
- Si les algues de nos côtes sont de dimensions beaucoup plus modestes que celles qui habitent les
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- Fi|ç. 1. — .Y 1. Sargasse (Sargassum vulgare). — N* 2. I'olysiphonia insidiosa.
- régions tropicales, en revanche elles sont peut-être de formes plus élégantes.
- Rien n’est plus gracieux que les plocamium et les polysiphonies à rameaux capillaires et aux nuances vives brun foncé, marron, lie de vin et rouge clair ; de plus délicat que lescéramium dont les tiges, d ’ une extrême finesse et ponctuées de petites taches, sont transparentes; déplus souple que les ulves et les laminaires qui flottent et ondulent comme de grands rubans verts et rouges et les ento-romorpha, semblables à de longues chevelures.
- O
- Rien de plus étrange que les combines qui ressemblent au corail et qui ont la singulière propriété d’extraire de l’eau de mer une telle quantité de carbonate de chaux que, quand la plante meurt, la partie calcaire reste intacte et conserve la forme primitive de la plante. Vivante, la coralline est rose ou rouge pourpre ; les tiges blanches ne sont que des morts revêtus de leur suaire de pierre !
- Comme elles sont élégantes, ces vraies fleurs de la mer, dans les flaques limpides, au pied des rochers ensoleillés! Doucement bercées par les petits remous, elles dressent, à
- côté des anémones et des méduses, leurs panaches de couleur, étranges végétaux d’une forêt à travers laquelle déambulent gauchement les crabes à la rude carapace.
- Les algues desséchées avec quelques soins se conservent très bien en herbier. Les gravures qui accompagnent cet article ont été faites sur des échantillons très bien préparés depuis 1866, et que nous
- Fig. 2. — N* o. l’iva Linza. — N0 4. Plocasia multipartita.
- devons à l’extrême obligeance de M. Stenfort, auteur Des plus belles plantes de la mer, un ouvrage très pratique, auquel nous empruntons quelques détails sur la récolte des algues.
- « Armez-vous, dit M. Stenfort, d’un bâton solide à
- cou de cygne pour attirer les algues qui suivent les ondulations du flot et à embout mordant sur les rochers. Un cabas pour entasser les plantes, des vases de poche pour renfermer les algues les plus délicates, un manteau et des jambières : voilà l’outillage peu embarrassant du chercheur d’algues. »
- On peut récolter les algues dans deux conditions différentes. On peut d’abord les recueillir sur le rivage, où elles ont été laissées par le flot après qu’elles ont été arrachées par lui de profondeurs où
- elles sont à l’abri des recherches. Ces plantes sont souvent en parfait état, car, malgré leur faible apparence, elles sont très robustes. Le milieu dans lequel elles vivent est toujours agité et beaucoup d’entre elles sont exposées, sur les rochers, à toutes les attaques des tempêtes de l’hiver et du printemps. Ou bien, les récolter sur leur station même, en parcourant les rochers qui sont découverts à mer basse. On peut remarquer alors que les plantes sont cantonnées dans des zones bien déterminées. Les fucus vivent plus dans l’air que dans l’eau; d’autres, comme les Floridées, ne sont découvertes que deux fois par an; d’autres, enfin, comme les Ulvécs, habitent toutes les profondeurs.
- La préparation des algues doit se faire le plus tôt
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- possible après leur récolte ; elle comprend des manipulations qui exigent une grande attention et une certaine habitude.
- En premier lieu, on procède au nettoyage et à l’étalement de l’algue. Cette opération se fait en mettant l’algue que l’on veut conserver dans un bassin plat à bords peu élevés, qu’on emplit d’eau de mer. On enlève les parasites que cette algue supporte, puis on glisse au-dessous d’elle un morceau de bristol mince.
- On étale les rameaux à l’aide d’une aiguille en leur laissant, autant que possible, leur physionomie naturelle. On soulève le carton en maintenant d’une inain le point de fixation de la plante adhérent, et de l’autre on maintient la plante étendue. On laisse égoutter la préparation en la plaçant sur un plan incliné, et on la recouvre, une heure après, d’un papier huilé qui ne permet pas l’algue d’adhérer contre lui. Un linge fin peut remplacer le papier huilé.
- La préparation recouverte du papier huilé est placée entre des feuilles de papier buvard soumises à une forte pression. L’habitude indique la pression nécessaire pour la fixer au bristol. Si la plante n’est fixée que d’une façon incomplète, on colle les parties non adhérentes avec un peu de gomme arabique. Quelques algues très délicates ou chargées de gomme ne peuvent être pressées que quand elles sont sèches1.
- 1 Cf. Les algues marines du nord de la France, par F. Debray, in Bulletin de la Société lincennc du nord de la France. Année 1883.
- Les gens du monde en villégiature, les écoliers en vacances peuvent trouver dans l’étude et la préparation des algues une attrayante occupation. Ils peuvent composer, avec des plantes convenablement choisies, des bouquets aussi gracieux de formes que
- variés de couleurs.
- Des algues très fines se fixent fort bien sur le papier et sont placées comme entête de lettre : c’est d’un effet très original. On en orne des cartes de visites et on a même composé des motifs qui ont pu servir de modèle pour des papiers peints.
- Les algues ont aussi quelques usagesindustriels ou médicinaux dont nous devons dire un mot en terminant. Dans les rues d’Édim-bourg on entend chaque matin les cris des gens qui vendent leur laitue de mer. Le pêcheur irlandais
- brave la mort pour récolter dans [les rapides courants la mousse de Carraghen, ou lichen d’Islan-de utilisé en pharmacie. Le pauvre paysan breton recueille les fucus et les varechs morts que le vent et les vagues ont poussés sur la côte, et les transporte péniblement parfois à de longues distances, sur ses champs qu’ils engraissent de leurs détritus. C’est à ces varechs ou goémons, employés comme fumure, que la partie nord du Finistère doit son nom de ceinture dorée à cause de la beauté de ses céréales.
- En hiver une autre espèce de fucus sert de nourriture aux bestiaux dans les régions déshéritées de la Norwège.
- Dans les mers de l’Inde et de la Chine les hirondelles salanganes recueillent à la surface des eaux
- Fig. 4. — A” 7. Plocamium cocciueum. — N° 8. Fucus serralus.
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- des algues mucilagineuses avec lesquelles elles confectionnent ces nids d’hirondelles, régal des gourmets millionnaires.
- Enfin sur les cotes du Finistère les habitants, dans leurs festins, servent ce qu’ils appellent du pain de goémon (pie l’on déclare excellent. Nous n’en avons jamais goûté, mais nous craignons qu’il en soit un peu de ce pain comme des tartes aux poireaux de Picardie dont Alphonse Karr disait : « Ce serait très bon si c’était mangeable. »
- Y. Biiandicocht,
- Secrétaire de la Société linéeime du nord de la France-
- LE CONCOURS AGRICOLE DE PARIS
- Pour la dernière fois cette année l’agriculture française a tenu ses assises dans le cadre grandiose du Palais des Machines. L’énorme nef, déjà scindée en deux parties par les échafaudages établis au milieu pour la construction de la salle des fêtes, ne survivra pas à 1900. 11 est à craindre que le concours, quittant le Champ-de-Mars après y avoir été chassé par la démolition du Palais de l’industrie, ne perde le caractère qu’il a acquis pendant ces derniers trente ans. Toutefois, celui qui vient d’être tenu à la Galerie des Machines marquera la fin d’une période. Et c’est pourquoi il serait peut-être intéressant de dire quelques mots sur les origines et le passé de ces réunions agricoles, qui ont si puissamment contribué aux progrès de notre élevage et dont l’origine remonte à plus de cinquante ans.
- G’est au moment de l’introduction en France de reproducteurs anglais perfectionnés et spécialement de la race bovine de Durham que l’idée de ces concours a été conçue. L’implantation dans notre pays de cette race précoce a trouvé, dès le début, des partisans enthousiastes et des détracteurs acharnés. L’administration de l’agriculture, placée entre ces deux camps, se trouvait dans une situation fort délicate. Les importations des Durham — effectuées pour la première fois en 1837 — se succédant, de plus en plus nombreuses d’année en année, ne faisaient que raviver ces polémiques. Mais un ministre d’initiative et de progrès, M. Cunin-Gridainc, frappé des résultats qu’avaient donnés nos expositions industrielles, où la supériorité de nos laines mérinos rendaient manifestes les services rendus par l'introduction en France de la race ovine mérinos-espagnole, pensa avoir recours à un procédé analogue pour démontrer la nécessité de l’acclimatation de la race Durham.
- A cet effet, par un arrêté pris le 51 mars 1845,. il créait à Poissy un concours d’animaux de boucherie qui devait s’y tenir tous les ans quelques jours avant le mardi gras. Le ministre de l’agriculture mettait ainsi le public à même de se prononcer— après avoir vu et comparé — pour ou contre l’infusion du sang Durham dans nos races de boucherie. Poissy, on le sait, a précédé la \illette dans l’approvisionnement en viande de la capitale, et le marché aux bestiaux, avant de gagner les deux rives du canalde l’Üureq, se trouvait cantonné dans celte petite ville de Seine-et-üise.
- Le premier concours de Poissy ne comprenait que 50 bœufs et 360 moutons. Mais dans les années suivantes le nombre des animaux ne faisait que croître en rendant cette réunion de plus en plus brillante. L’émulation fut ainsi créée entre les agriculteurs et les avantages de la
- précocité ont été bientôt rendus évidents. En 1867, les animaux se chiffraient par "257 bœufs, 49 vaches, 860 moutons, 114 porcs, 21 veaux. L’année suivante, la création d’un grand marché à côté des abattoirs de la Villeite provoqua le transfert de ce concours à Paris. 1 ne fo s à la capitale, il amplifia son caractère par l'exposition de volailles mortes, d'animaux de basse-cour, de céréales, de graines de toute sorte, de plantes fourragères et d’instruments.
- En 1870, descendu des hauteurs de la Villette, il s’intronisa au Palais de l’Industrie. Les événements de 1870-1871, le dépeuplement des étables et les épizooties qui furent la conséquence de l’invasion firent obstacle pendant trois ans à la tenue du concours de Paris. Les plaies dont l’agriculture avait souffert furent longues à se cicatriser. Aussi cette solennité n’a-t-elle retrouvé son importance que vers 1876, surtout grâce à l’entrée en scène des animaux reproducteurs. Le nombre de ceux-ci, limités aux mâles des espèces bovine, ovine et porcine , reste stationnaire pendant les années suivantes, à 'cause d’absence de récompenses. Mais un arrêté de 1886, pour donner un stimulant au concours des reproducteurs, créa à leur intention des prix en argent, des médailles d’or, d’argent et de bronze. Ce changement eut les conséquences les plus heureuses et le développement et le succès de cette section furent tels, qu’en 1893 l’admnistration résolut d’admettre des animaux reproducteurs femelles.
- Pendant ce temps, l’apparition des fruits secs, des miels, des cires et surtout de l’horticulture donnèrent de nouveaux attraits à cette exposition.
- L’année 1898 marque une dernière évolution importante : pour la première fois on ouvrit à Paris un concours d’instruments, dont on tolérait jusqu’alors la présence, mais sans en récompenser les qualités.
- Depuis longtemps on se préoccupait cependant de conjurer les accidents dont les ouvriers agricoles sont victimes par suite de l’emploi des machines. Avec le développement considérable de l’outillage agricole, ces accidents devenaient de plus en plus fréquents. Il y avait donc lieu de chercher à les rendre plus rares, d'autant plus que, au milieu des champs, les secours sont extrêmement lents à venir: on constate souvent la mort à la suite de blessures qu’un pansement immédiat eût pu guérir.
- Le gouvernement comprit qu’il était de son devoir de chercher à protéger les travailleurs du sol, et, pour arriver à ce but, d’encourager par des récompenses spéciales les constructeurs d’instruments à munir leurs machines de dispositifs de préservation. Cette idée heureuse aura sans aucun doute des conséquences dont bénéficieront nos ouvriers agricoles. J. de Loverdo.
- NECROLOGIE
- Soplius Lie. — Le grand géomètre et analyste de Christiania est mort le 18 février dernier. Il était né le 17 décembre 1842, à Nordfjordeid, près de Floro en Norvège, où son père Johan Herman Lie était pasteur. Rien ne pouvait faire penser qu’il deviendrait un mathématicien si illustre. Gauss, Abel et beaucoup d’autres avaient, dès leur jeunesse, témoigné de leurs prédispositions. En 1865, Sophus Lie qui quittait l’Université hésitait entre la philologie et les mathématiques. Il lut un jour les mémoires de Plucker sur la géométrie moderne et sentit s’éveiller sa vocation. Surmontant toutes les
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- diflicultés, travaillant avec une énergie indomptable, il regagna le temps perdu, et, dès 1869, il publiait un premier mémoire qui fut remarqué. A partir de 1872, Lie fit paraître toute une série de travaux sur les parties les plus hautes et les plus difficiles du calcul intégral. 11 fut classé parmi les grands analystes de celte époque. On créa pour lui une chaire de mathématiques à l’Université de Christiania. 11 professa à l’Université de Leipzig de 1884 à 1898. C’est à cette période de sa vie que se rapportent les ouvrages didactiques dans lesquels il coordonna toutes ses recherches. Il y a dix mois, il revenait dans son pays pour occuper, à Christiania, la chaire qui^lui avait été spécialement réservée par le Parlement de Norvège avec un traitement exceptionnel de 10 000 couronnes. Malheureusement, l’excès de ses travaux avait épuisé ses forces et il mourut d’anémie cérébrale à l’âge de 50 ans.
- M. G. Darboux, de l’Académie des sciences, avait beaucoup connu Sophus Lie. Dans une Notice nécrologique, il a tout dernièrement apprécié l’œuvre du géomètre de Christiania. Lie comptait beaucoup d’amis en France. Pourtant en 1870, il lui était arrivé une mésaventure dont M. Darboux contribua à épargner les suites. M. Darboux raconte ainsi l’anecdote. « Surpris à Paris par la déclaration de guerre, Lie était allé se réfugier à Fontainebleau. Occupé sans cesse des idées qui fermentaient dans sa tète, il allait chaque jour dans la forêt, s’arrêtant dans les sites les plus éloignés des sentiers battus, prenant des notes, dessinant des figures au crayon. Il n’en fallait pas tant à cette époque pour éveiller les soupçons. Arrêté et incarcéré à Fontainebleau, dans des conditions d’ailleurs fort douces, il se réclamait de M. Chasles, de M. Bertrand, d’autres encore; je fis le voyage de Fontainebleau et n’eus aucune peine à convaincre le procureur impérial; toutes les notes que l’on avait saisies et où figuraient des systèmes orthogonaux, des noms de géomètres, ne se rapportaient en aucune façon à la défense nationale. Lie fut relâché. Son esprit bienveillant et élevé ne garda pas rancune à notre pays. Non seulement il revenait volontiers le visiter, mais il accueillait avec une grande bonté les étudiants français, lès élèves de notre École normale qui allaient suivre ses leçons de l’Université de Leipzig. C’est à l’École normale qu'il a dédié son grand Ouvrage sur la théorie des groupes de transformations. »
- M. Darboux a qualifié d’admirables les travaux de Sophus Lie si appréciés à la fois des géomètres et des analystes. Le pays qui l’a vu naître peut placer avec orgueil son nom à côté de celui d’Abel dont il a été le digne émule, et dont il eût été si heureux de célébrer le prochain centenaire. II. de P.
- L‘aéronaute J. Duruof — Le premier aéronaute qui sortit en ballon pendant le siège de Paris, Jules Duruof (Dufour) vient de mourir après une cruelle maladie à Erquelines (Aisne) où il vivait d’une pension des postes et télégraphes. Duruof avait été le premier aide de Nadar dans la création de la poste aérienne du siège, en septembre 1870; cet aéronaute fit montre, à plusieurs reprises, d’habileté et d’audace. On se rappelle la curieuse ascension qu’il fit à Calais avec M. Gaston Tis-sandier, en août 1868, dans son ballon le Neptune. Les aéronautes allaient se perdre dans la mer du Nord, lorsqu’ils observèrent de leur nacelle une différence de direction dans les courants aériens. Pour la première fois, ils surent profiter de cette remarque et purent revenir sains et saufs à terre non loin du point de départ. Un autre voyage plus dramatique eut lieu de Calais un jour de fête,
- le 51 août 1874 dans le ballon le Tricolore. Voyant la mauvaise direction du vent qui poussait vers la mer, la foule émue comprit le danger qu’il y avait à risquer le voyage. Le maire de la ville, lui-même, tenta de faire remettre le départ, mais Duruof pema que son honneur était engagé et ne voulut rien entendre. Il fil monter sa courageuse femme dans la nacelle, auprès de lui, et cria le làcher-tout. Le Tricolore plana pendant 10 heures sur la mer du Nord; Duruof maintint ensuite son aérostat à la sui'face des vagues, mais il était sans cesse recouvert par les lames. Les voyageurs transis de froid étaient à moitié plongés dans l’eau. Une barque montée par des Anglais apparaît enfin ! le sauvetage a lieu au moment où les malheureux voyageurs étaient à bout de force1. A. T. -------------------------------
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 6 mars 1899. — Présidence de M. Van Tiegiiem.
- Moyen de défense d'un insecte. — M. Edmond Périer présente une Note de M. Dienkx relative à un moyen de défense singulier que possède un coléoptère voisin des Carabes, le Brachine. Cet insecte, lorsqu’il est attaqué, émet un liquide qui produit une détonation et une fumée très odorante. Ainsi la nature lui a donné trois moyens de défense : le bruit pour effrayer, la fumée pour se dissimuler, l’odeur pour éloigner. Le brachine possède un double réservoir qui contient un liquide extrêmement volatil. Lorsqu’il est excité, ses réservoirs s’ouvrent et le liquide, par l’elfct de sa tension de vapeur, est violemment projeté dehors. C’est alors que se produit la détonation. Le liquide se vaporise et donne une fumée odorante. M. Dienkx estime la température de vaporisation à 8°.
- La géologie de Madagascar. — M. Gaudry présente une Note de M. Marcelin Boule sur divers fossiles provenant de Madagascar. Ces fossiles sont intéressants par les conclusions qu’ils permettent de formuler. Que'ques-uns, recueillis à 11) kilomètres de la côte Est de l’île, appartiennent en effet au jurassique ou au crétacé et sont identiques à des échantillons existant en Normandie ou dans les Ardennes. On peut conclure de là que, dans les temps reculés, la différenciation des espèces était moins grande que de nos jours. De plus l’existence de ces fossiles, en une région de l’île, que l’on considérait comme le vestige d’un continent, est un fait très important. Elle s’accorde fort mal avec l’hypothèse de l’existence dans les temps reculés d’un continent qui aurait joint l’Inde à l’extrémité sud de l’Afrique et dont le plateau oriental de Madagascar ne serait qu’un débris. Il se peut, dit M. Gaudry, que ce continent ait existé à l’épique du trias, mais il serait plus tard tombé dans l’eau à plus de 4000 mètres, puisque les fossiles du crétacé se rencontrent la où l’on croyait le retrouver.
- Défense des insectes contre les parasites végétaux. — Divers savants ont eu l’idée de développer certains parasites végétaux ou animaux dans le but de déterminer des épidémies destructives d’insectes nuisibles. M. Kunckel qui poursuit dans la République Argentine ses recherches sur les moyens d’anéantir les sauterelles s’est appliqué à déterminer la cause de la médiocrité des résultats obtenus par cette méthode.
- Élections. — M. Helmert, directeur de l’Institut géo-désique de l'russe, est élu correspondant de la seclion d'astronomie et de navigation. Ch. df. Vileedeuii,.
- 1 Yoy. n°67, 12 septembre 4874, p. 227.
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- LA NAT LIRE.
- UN APPAREIL PROTECTEUR DES CABLES
- DE BOUÉES
- Quand nous disons câbles, nous entendons les choses au sens le plus général, et nous parlons aussi bien des chaînes : quelle que soit leur grosseur, quelle que soit leur résistance, elles sont normalement exposées à subir des efforts qui les rompent bien souvent ; ce qu’il faut redouter, ce ne sont pas surtout les tractions continues comme celles que peut exercer un courant, si violent qu’il soit, ce sont les secousses subites qui mettent enjeu la force d’inertie.
- Si nous supposons une bouée flottant avec sa chaîne tendue au maximum, et qu’une vague vienne l’abaisser brusquement, puis la relever de même, forcément il va se produire une secousse violente qui cassera la chaîne ou fera déraper l’ancre : de toute manière, la bouée ne demeurera plus à la place où elle a pourtant un rôle si important à jouer. Des accidents analogues se produiront pour un navire mouillé sur son ancre ; dans les forts coups de tangage, il pourra briser sa chaîne, le plus souvent avec des conséquences redoutables. Un spécialiste, M.
- Ch. A. Hutchins, qui est superintendant des Phares delà Nouvelle-Ecosse, a imaginé un appareil qui nous semble fort bien remédier à ces dangers. Son système, que nous nommerons de notre autorité un flotteur-amortisseur, a un autre avantage : souvent, à marée basse, une chaîne, un câble de bouée peut avoir assez de longueur pour frotter sur le fond sous-marin, s’y emmêler, s’y abîmer. Or, si on fixe sur la chaîne de bouée, en un certain point, un flotteur susceptible de flotter à demi submergé, quand il y aura du mou dans la chaîne, celle-ci sera maintenue en formant feston sans pouvoir toucher le fond.
- Nous donnons, d’après Scientific American, une photographie représentant Y amortisseur de M. Hutchins. C’est essentiellement une bouée métallique en forme de cigare, percée d’un trou d’homme et munie, à chaque extrémité, d’un anneau où peut s’attacher une chaîne ou un câble; elle porte, à la base d’une de ses parties coniques, une collerette de métal, une sorte d’abat-jour dont la concavité est tournée vers la pointe de l’appareil. Supposons
- l’amortisseur intercalé sur la longueur~du câble de bouée, sa collerette dirigée à l’opposé de l’ancrage, dans la position indiquée par la ligne pointillée de la figure 1 : qu’il vienne un coup de mer tendant à chasser violemment la bouée ordinaire, et le déplacement ne pourra se faire qu’avec une certaine douceur, la collerette formant frein dans l’eau, tout comme le cône-ancre des aéronautes; et finalement l’ancrage ne subira qu’une traction assez faible. Nous n’insisterons pas sur l’avantage de l’appareil Hutchins agissant comme simple flotteur et soutenant la chaîne, en lui faisant prendre la disposition d’un feston et en l’empêchant par suite de toucher le fond (fig. 1). Pour un bateau à l’ancre,
- il vaut mieux disposer l’amortisseur un peu différemment, comme le montre la figure 2 : on le fixe à la chaîne d’ancre par un seul de ses an-neaux. Normalement, l’ensemble prendra la position indiquée par la ligne pleine du dessin, la bouée ayant tendance à soulever la chaîne; mais que le bateau vienne â tirer sur sa chaîne, et celle-ci ne prendra que lentement la position indiquée en pointillé, la collerette ralentissant le mouvement, grâce à la résistance qu’elle crée dans l’eau. On pourrait ajouter qu’elle donne plus de sécurité aux navires en leur fournissant comme un ancrage supplémentaire et en leur évitant de chasser sur leurs ancres.
- Ce dispositif a encore un autre intérêt. Si une bouée munie du système Hutchins vient â couler à fond, comme cela se produit fort souvent, par exemple â la suite d’une collision avec un bateau, d’une voie d’eau quelconque dans le récipient métallique, la chaîne ne se couchera plus complètement sur le fond, elle sera soutenue par le flotteur, et elle formera une, boucle qu’il sera facile d’accrocher pour relever la bouée et la réparer.
- L’inventeur affirme du reste que, depuis plus d’une année» il a soumis son invention à des essais pratiques sur les côtes si exposées de la Nouvelle-Ecosse, et qu’il a obtenu les meilleurs résultats.
- Daniel Bellet.
- Le Gérant : P. Masson.
- Appareil pour protéger les câbles et chaînes de bouées. — 1. L’appareil monté sur une chaîne de bouée. — 2. L’amortisseur sur une chaîne d’ancre. — 3. L’amortisseur vu à une plus grande échelle.
- Paris. — Imprimerie Lahcre, rue de Fleurus, 9.
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- L’INSCRIPTION DE L’ÉTAT D’ÂME
- Peu de phénomènes semblent échapper autant à l’expérimentation que Yétat (l'âme, lequel ne se révèle parfois au dehors par aucun signe visible. Mais les psychologues modernes — j’entends les psychologues physiologistes — ne sont pas gens à s’arrêter pour si peu et, grâce à la plétysmographie, ils sont arrivés à étudier ces phénomènes en apparence intangibles.
- Celte méthode, dont nous allons voir tout l’inférêt, consiste essentiellement à prendre le pouls des sujets en expérience, mais d’une manière un peu particu-
- lière. L’appareil dont on se sert aujourd’hui a été inventé tout récemment par deux physiologistes du Collège de France, MM. llallion et Comte. 11 se compose essentiellement d’un cylindre creux de caoutchouc que l’on entoure avec les doigts, puis on coiffe la main d’une peau de gant en forme de cloche, qui exerce une légère compression sur la main et les doigts. De cette façon, la main est parfaitement appliquée sur le cylindre intérieur. Or, on sait que le volume des membres est en relation étroite avec la circulation du sang. À chaque pulsation, son volume augmente pour diminuer un instant après.
- Ces changements de volume sont naturelle-
- Fig. 1. — Mode d'inscription des vibrations du pouls capillaire.
- ment invisibles à nos yeux et le but de la plétysmographie est précisément de les amplifier et de les inscrire. Dans l’appareil de MM. llallion et Comte les changements de volume se transmettent au cylindre de caoutchouc, mais en sens inverse, c’est-à-dire que si la main diminue de volume, le cylindre se dilate et, si la main augmente, le volume du cylindre diminue. Or, la cavité du cylindre est en rapport, par un tube de caoutchouc, avec un tambour enregistreur ordinaire, dont la plume écrit sur un cylindre noirci tournant. De cette façon les moindres changements de volume de la main s’inscrivent sur le cylindre.
- Nul n’ignore que les « grosses » émotions retentissent sur le cœur, dont les mouvements s’accélèrent ou diminuent suivant les cas. 11 est aussi
- d'obseryation courante que certains états émotionnels retentissent non plus sur le cœur, mais sur la circulation périphérique, en dilatant les vaisseaux capillaires, ce qui produit la rougeur, ou en les resserrant, ce qui produit la pâleur. Toutes ces modifications dans la circulation retentissent, bien entendu, sur le volume des membres. Mais il est d’autres émotions, même très nombreuses, qui ne se révèlent en dehors par aucun signe, ni les battements du cœur, ni la pâleur, ni la rougeur, et qui, néanmoins, agissent sur la circulation et par suite sur le volume des membres. Ce sont ces mouvements invisibles dont les psychologues se sont emparés pour les inscrire et pour connaître, par suite, l'état d'âme du sujet. Parmi les auteurs qui se sont le plus occupés de cette question, il faut citer
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- 27e année. — 1er semestre.
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- LA NATLHL.
- MM. Binet et Courtier1, dont nous allons faire connaître les résultats les plus intéressants.
- Ces physiologistes ont fait quelques expériences sur des enfants en plaçant une de leurs mains dans un plétysmographe et en leur inspirant une crainte momentanée en employant les artifices suivants : on assurera à un enfant (qui le croit) qu’on va le conduire chez le dentiste; on assurera à un second enfant qu’on va faire passer un courant électrique dans son oreille; on avertit un troisième qu’une petite machine va faire explosion. Quels sont les effets de
- ces courtes émotions? Constamment on note une atténuation du pouls, qui va parfois jusqu’à l'effacement complet sur le tracé. Cette diminution de la pulsation est nette surtout au début de l’expérience ; le poids s’inscrit de nouveau au bout de quelque temps. Le tracé capillaire présente en outre, mais moins constamment, un abaissement de niveau, qui est surtout bien marqué au début de l’expérience (fig. 2,_1>).
- Voici une autre expérience dans le même genre faite sur un adulte, M. L., âgé de 52 ans, qui venait
- A. — Influence d’une mélodie accompagnée de chant (Le(_ Vallon) sur le pouls.
- + L'épée.
- li. — Influence d'une mélodie accompagnée de chant (L'Épée) sur le pouls.
- + Marche I lorraine. +
- C. — Influence d'une marche (Marche Lorraine) sur le pouls.
- + Menace de dentiste .
- D. — Modifications du pouls d'un enfant à qui on annonce qu’on va le conduire chez le dentiste.
- E. — Modificationsjdujpouls^d’une personne à l'idée d’un reproche à adresser. Fig. i. — Enregistrement du pouls capillaire suivant diverses influences.
- pour la première fois au laboratoire. 11 met la main dans l’appareil, on le soumet à quelques excitations inoffensives; mais on lui annonce qu’on va faire quelques recherches sur sa sensibilité à la douleur. Au moment où on approche la pointe de sa main pour le piquer, et avant qu’il ait senti le contact de la pointe, on voit sur un tracé capillaire se produire une dépression profonde, avec atténuation du pouls : c’est de la peur. Le tracé seul la révèle, car le sujet est resté tout à fait calme d’apparence. On l’interpelle et on lui dit ce qui se passe sur son tracé. 11 s’en étonne, tout en convenant qu’il a eu de l’émotion; il plaisante sur sa peur, 1 L’Année psychologique, 5e année
- la trouve ridicule, mais la dépression continue.
- L’anxiété d’origine morale est susceptible de produire les mêmes effets, ainsi que le montre le récit suivant. Un élève du laboratoire, qui s’était fait remarquer par ses fréquentes absences, avait pris l’habitude de prendre les appareils sans en demander l’autorisation, et les chefs du laboratoire avaient décidé qu’il était temps de lui adresser une réprimande. L’un des chefs, M. X.., qui était chargé de ce rappel à la discipline, était soumis aux expériences pletysmograpbiques le jour où l’élève devait venir dans le laboratoire. Pendant qu’on prenait le tracé, un coup de sonnette se fait entendre à la porte. Nul doute, c’est l’élève î Le professeur ne marqué
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- aucune émotion extérieure, ii reste silencieux; mais il a l’idée de reproches à adresser, il se sent vivement ému, il éprouve une forte constriction à l’épigastre. Or, la courbe enregistrée montre une dépression profonde dans le pouls, en même temps que les. battements augmentent et passent de 70 à 95 (iig. 2, E).
- En somme, la peur, n'importe sous quelle forme elle se présente, agit toujours sur le pouls de la même façon en le déprimant. 11 est curieux de constater que la douleur physique, produite par une piqûre par exemple, ne se manifeste pas par des effets analogues à ceux de la peur : il ne se manifeste aucune accélération du pouls et les modifications du tracé sont insignifiantes.
- Les sensations de plaisir sont difficiles à provoquer et par suite à étudier. Voici cependant une expérience faite sur un enfant de dix ans. Après quelques minutes d’essai, l’enfant d’abord timide se rassure, et son pouls capillaire s’inscrit régulièrement. On cherche à provoquer en lui un sentiment de plaisir; mais, sachant que s’il se fait une excitation brusque, il y a dépression brusque, produite moins par le plaisir que par la surprise ; on s’applique à faire durer au moins une minute la sensation de plaisir, par une série graduée de petits cadeaux; on montre à l’enfant des billes, on les compte devant lui, on les lui donne; ensuite on lui fait cadeau d’une boîte de crayons de couleurs : la boîte est ouverte ; on la lui détaille, on en vante les mérites, on sort les crayons, on écrit sous ses yeux avec les crayons, etc., toute cette petite démonstration dure environ deux minutes; pendant ce temps, voici ce qui s’est passé dans la circulation de la main. Au moment où l’on a montré pour la première fois à l’enfant les billes, il y a une petite dépression, passagère, due certainement au changement d’état intellectuel et émotionnel; ensuite, le pouls se relève et acquiert une amplitude plus considérable que l’amplitude moyenne.
- MM. Binet et Courtier se sont aussi livrés à des recherches sur les modifications que produit la musique sur le pouls, en même temps que sur la respiration. Parmi les morceaux joués et presque tous chantés en même temps, il faut citer « la Coupe du roi de Thulé, la Marche lorraine, Tout simplement, la Marche de Tannhauser, la Marche Indienne, la Romance de l’Etoile (Tannhauser), Survivance, PieJesu, la Scène du Printemps (LaAValkure), l’Epée (La Walkure), la Chevauchée des AValkyries, la Rencontre (Faust), Laisse-moi contempler (Faust), les Carillons, le Veau d’or, etc. » La conclusion principale de ces expériences musicales, c’est que toutes, sans presque aucune exception, ont produit une accélération du cœur et de la respiration, et par conséquent ont constitué une excitation du système nerveux; quelle que fût la nature des sons entendus, accords simples, mélodies, quel que fût le caractère émotionnel des morceaux, l’accélération du cœur et de la respiration a toujours été la règle (iig. 2, A, B, C).
- Les épreuves musicales ont, eu outre, appris que l'accélération est moindre quand l’excitation est purement sensorielle, à peu près dépourvue d’idées et d’émotions. Quant à la nature des émotions provoquées, on peut les diviser en trois grandes catégories : les émotions tristes, les émotions gaies ou plutôt excitantes (les marches militaires, par exemple), et, en troisième lieu, un groupe d’émotions complexes et surtout très intenses; il est délicat de décider dans quelle subdivision doit entrer tel morceau particulier, et, par conséquent, les conclusions à tirer de cette classification doivent être formulées avec la plus grande prudence. Il semble bien cependant que les mélodies tristes produisent une accélération moindre que les marches. Mais ce qu'il y a de certain, c’est que l’effet l'e plus grand est produit par les mélodies à émotions intenses, et, par conséquent, il y a lieu de supposer que l’intensité des émotions joue un rôle bien plus important que leur qualité. C’est ainsi que certains morceaux qui n’expriment, à proprement parler, ni des idées gaies, ni des idées tristes, mais qui soulèvent des émotions très fortes, très complexes et très dramatiques, et des idées très nombreuses, ont produit le maximum d’eiïet sur la vitesse de la respiration et du cœur. Hexri Cocpin.
- L’EXPLOSION DE LAGOUBRAN
- L’émotion produite par l’explosion de Lagoubran n’est pas prête de se calmer. La catastrophe est lamentable. Nous espérons bien que l’on va soumettre à un examen attentif toutes nos poudrières. 11 en est encore quelques-unes, peut-être, qu’il faudra déplacer. La leçon est dure, mais il faut qu’elle nous profite. Le magasin à poudre de la marine de Lagoubran, situé entre la Seyne et Toulon, avait été réfectionné en 1884; on l’avait construit loin de toute agglomération ; peu à peu, des maisons se sont élevées dans son voisinage et le mal a été précisément de laisser bâtir dans la zone dangereuse. On est d’habitude plus sévère. Une enquête rapide devra éclairer le pays sur les poudrières qui pourraient offrir des dangers.
- La cause de l’explosion est et restera sans doute indéterminée. Nos poudres jouissent cependant d’une stabilité plus grande qu’on ne le pense généralement. Mais enfin, il est certain, malheureusement, que les explosions sans cause apparente se sont produites à plusieurs reprises. Ce qui est survenu peut donc se produire encore. Et l’on ne saurait trop multiplier les précautions. II faut aussi se défier des « combustions spontanées » par fine poussière.
- Est-il besoin de rappeler les explosions de picrate de la place de la Sorbonne en 1869, celles pendant le siège de Paris de la poudrière du Luxembourg, de la cartoucherie de Yincennes, celle de Quesnat en Belgique due à la dynamite, en 1875 l’explosion de dynamite de Paulittes, celle d’Ablon près d’Honfleur, de Bilbao en Espagne, enfin l’explosion récente du croiseür américain le Moine en rade de Cuba. Les causes? A vrai dire, on ne les connaît pas exactement. C’est pourquoi il est indispensable que l’on revise avec soin l’emplacement et la construction des magasins d’explosifs. J.-F. Gau..
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- UN CHIEN PHÉNOMÈNE
- Un vieux dresseur, — ou plutôt pour employer une expression plus exacte suivant lui — un vieux « montreur d’animaux savants », qui eut son heure de célébrité et qui aujourd’hui charme les loisirs de sa retraite bien gagnée, en « dégrossissant » les chiens
- ou autres animaux destinés à paraître en public et à dresser des caniches pour les « gens du monde », me disait un jour : « Voyez-vous, le dernier mot n’est pas dit! » Et il avait raison, le brave vieux; l’ingéniosité de ceux qui cherchent à amuser et à intéresser les spectateurs ne connaît point de bornes.
- Tous les animaux de la création ont successivement défilé sur les pistes des cirques, ou sur les scènes des
- Fig. 1. — Miss Chcstcr et sou chien liilly. Fig. 2. — Départ pour la chasse. Fig. 3. — Derrière!
- music-halls. Celui qu’on voit le plus fréquemment est le chien ; non pas que son intelligence soit plus vive que celle de l’éléphant, mais c’est un animal qui se plie plus facilement aux « exigences du métier ». Et
- parmi les chiens savants ou dits tels, nous avons eu des chiens sauteurs, qui pouvaient rivaliser avec lliggins ou Barker, des chiens jongleurs, qui rendaient des points à Cinquevalli, des chiens équili-
- hristes, des chiens danseurs rivaux de la Loïe Fuller pour la danse serpentine, des chiens chanteurs ou parleurs, des chiens calculateurs, des chiens hercules, voire même des chiens pantomimistes qui jouaient des actes entiers et souvent fort compliqués.
- Voici maintenant, rival des Hommes de bronze ou des Hommes de marbre, un « Chien de marbre ». C’est la première fois que sur le continent il nous est donné de voir un pareil spectacle : un chien principal acteur d’une série de tableaux vivants. Il a été découvert en Amérique par M. Borney, l’un
- des directeurs du Casino de Paris. M. Borney, du reste, est un de nos grands amateurs de chiens de race, plusieurs fois ses élèves : setter gordons, pointers ou fox terrier ont été récompensés dans nos diverses expositions canines du cours la Reine ou de la terrasse de l’Orangerie ; aussi le directeur du Casino de Paris a-t-il senti battre son cœur de chasseur quand il vit, à Chicago, un chien de chasse, un seller laverack, exécuter sur une scène toute une série de tableaux vivants représentant les différentes phases d’une chasse à tir : sur-le-champ, il engagea
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- le chien Billy, et son dresseur Miss Chester ; ses espérances n’ont pas été déçues : le chien de marbre est une des attractions les plus curieuses qu’il soit possible de voir.
- Ce chien Billy est un setter laverack albinos; contrairement aux laveracks de race pure, il n’a point la moindre moucheture noire, il est entièrement blanc ; ses yeux sont rouges, signe d’albinisme.
- Quant aux exercices qu’il exécute, nos lecteurs s’en rendront compte facilement par les reproductions photographiques que nous en donnons ; c’est le départ pour la chasse, la quête, l’arrêt, le downî le rapport, le repas et la collation, le retour de la chasse ; Billy simule également un accident de chasse.
- Miss Chester, entièrement habillée de blanc, présente son chien blanc sur un fond noir, de sorte que
- Fig. 6. — Après le coup île feu! Fig. 7. -
- cette exhibition semble l'apparition d’un groupe de marbre. Le chien est absolument immobile : même la queue qui, d’ordinaire, chez cet animal, est toujours en mouvement, ne bouge pas ; et n’était le mou-
- Apportc! Fig. 8. — Le déjeuner.
- vement régulier du flanc qui marque la respiration, on croirait l’animal empaillé. Par quel curieux procédé de dressage Miss Chester est-elle arrivée à obtenir de Billy une aussi parfaite immobilité? A nos
- questions, elle nous a simplement répondu « qu’elle n’avait employé que la patience et la douceur, qu’elle ne quittait pas son chien de toute la journée, que Billy avait deux ans, était né à Chicago et que son dressage à ces exercices avait commencé dès l’àge de quatre mois ; qu’elle récompensait Billy, après chaque tableau, en lui donnant un petit morceau de viande, et que du reste elle était bien plus habile que quiconque pour dresser un chien, étant la fille du célèbre I)odd, qui fut le montreur d’animaux savants chez Barnum pendant quarante-cinq
- ans ». Il nous a été impossible de tirer autre chose de la charmante Miss Chester. On a prétendu que Billy était hypnotisé, qu’on lui faisait respirer de l’éther avant chaque représentation, cela paraît peu probable; évidemment, chez le dresseur d’animaux savants comme chez le dompteur, il y a une sorte de fascination qui s’exerce sur les bêtes qu’ils présentent au public, mais aller jusqu’à hypnotiser un chien, ce serait, certes, un cas curieux et nouveau.
- Billy étant albinos, et l’albinisme étant un signe de dégénérescence, l’animal est sans doute plus
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- impressionnable qu'un autre, aussi à force de lui faire répéter les mêmes exercices — qui sont dans sa nature, le lavrack étant chien d’arrêt — et en l’obligeant à conserver une complète immobilité pendant un assez long temps, Miss Chester est arrivée à ce résultat surprenant qui étonne avec juste raison les spectateurs du Casino de Paris.
- Souvent les photographes ou les artistes cherchent à saisir au vol un mouvement de chien de chasse à l’arrêt ou au down. lïiily peut poser pour eux, sa position est tout à fait correcte et le plus difficile de
- problème de sa conservation. Et cependant le rôle du lait est si grand dans l’alimentation humaine que l’on s’est efforcé de tout temps, sans y parvenir, de l’empêcher de s’altérer et de le maintenir dans l’état où il se trouve après la traite. Pour les villes, la question est vitale, car le lait à l’état frais y est inconnu. Entre la traite et le moment de la consommation, il s’écoule trop de temps pour que le lait ne soit pas surchargé de ferments.
- L’altérabilité du lait empêche de l’amener aux villes, des régions où il est réellement parfait, eu égard à la distance. Le lait n’est en effet excellent que si les vaches sont nourries presque exclusivement d’herbe fraîche et vivent constamment au grand air. Les régions où cela est possible sont, pour Paris, par exemple, trop éloignées pour qu’on puisse songer à s’y fournir de lait.
- Près des villes, les vaches vivent constamment ou presque constamment enfermées et ne connaissent guère l’herbe fraîche. Leur lait est de qualité inférieure quand, hélas ! il ne renferme pas le bacille de la tuberculose. Il faudrait pour les habitants de la ville le bon lait des champs, mais recueilli dans un rayon éloigné des grands centres.
- Jusqu’aux mémorables travaux de Pasteur, les essais de conservation ont été empiriques et depuis on n’a trouvé d’autre procédé que le chauffage à 110°, 115°, procédé qui modifie le goût et change le lait dans sa nature même, car les matières albuminoïdes sont coagulées ; c’est la modification de l’œuf à la coque en œuf dur.
- Pasteur a démontré que le lait, après la traite, se trouvait sous l’influence de deux ferments; l’un aérobie, avide d’oxygène, le ferment lactique, l’autre anaérobie, ne pouvant se développer qu’à l’abri de l’oxygène, le ferment butyrique.
- Les recherches physiologiques ont montré que les ferments aérobies devaient être détruits et qu’au contraire les ferments butyriques pouvaient être conservés, car ils rendent le lait facilement assimilable. C’est ce que les ménagères font inconsciemment de temps immémorial en chauffant leur lait jusqu’à ce que la crème monte, c’est-à-dire jusqu’à 97° à 98°.
- A cette température les ferments lactiques et microbes nuisibles sont détruits; mais les matières albuminoïdes ne sont, pas coagulées et le lait garde ses qualités digestives.
- La pratique, cependant, a établi que si l’on voulait garder au lait son goût de fraîcheur, il ne fallait pas chauffer au delà de 70°. Le problème de la conservation, à l’état frais, se pose donc ainsi. Comment conserver le
- lait sans chauffer à plus de 70°? Malgré tant d’échecs antérieurs, il semble que cette fois, on ait mis la main sur la solution. Nous avons eu pendant six semaines des bouteilles de lait. On les a ouvertes et le lait avait conservé toute sa saveur première. On a poussé l’expérience beaucoup plus loin. M. Clerc, l’ingénieur-électricien bien connu, possède du lait conservé depuis plus de cinq mois et rien ne fait présager encore son altération.
- Par quel moyen?
- On soumet le lait fraîchement trait à une forte pression d’acide carbonique et, après quelques heures d’attente, on chauffe le réservoir à 70°; après 50 minutes de chauffage on ouvre le réservoir, l’acide carbonique s’échappe et à cette température la quantité dissoute ne laisse aucune trace de goût. Le lait est alors placé dans les appareils de vente qui sont bouchés sous pression d’oxygène. Avec le chauffage à 70° sous pression d’acide carbonique tous les ferments aérobies sont détruits et dans un milieu oxygéné les ferments butyriques vivent, mais ne se multiplient pas. La vente sous pression d’oxygène a en outre deux avantages capitaux : 1° la fraude est rendue impossible et chacun sait combien la fraude est redoutable dans le commerce du lait;- 2° le lait ne baratte pas sous les agitations les plus accentuées.
- Le lait ainsi traité peut s’exporter aux plus grandes distances, là où le lait n’a pas de prix.
- Le récipient qui le renferme étant ouvert, le lait se conserve frais pendant 48 heures et plus. Des essais faits au laboratoire de physiologie de la Fûculté de médecine ont montré qu’une deuxième pasteurisation à 85° stérilisait le lait dont nous parlons d’une façon absolue, ce qui peut avoir une grande importance au point de vue hygiénique et médical, car à cette température le lait garde toutes ses qualités et son bon goût. 11 va de soi que l’on peut préparer aussi du lajt concentré. Reste la question de prix, nous ne sommes pas encore bien fixés à cet égard. Il est certain que le lait ainsi traité coûtera plus cher que le lait courant. Mais alors même qu’il faudrait le payer deux fois plus, il serait encore économique de lui donner la préférence.
- Quoi qu’il en soit, il y a là un résultat capital obtenu simplement. 11 est permis d’espérer que chaque jour viendra confirmer la valeur de cette nouvelle méthode de conservation. Henri de Parville.
- CURIEUX EFFET MÉCANIQUE
- DU SABLE PROJETÉ PAR UN JET DE VAPEUR.
- On se rend généralement peu compte de l’action considérable produite par le sable violemment projeté sur les corps durs ; l’exemple suivant, observé sur une chaudière à vapeur, mérite d’être cité tant à cause de sa rareté que pour l’effet qui en est résulté.
- Le corps du générateur dont il s’agit, construit en tôle de fer de 14 millimètres d’épaisseur, était muni vers la partie supérieure d’oreilles-supports rivées, destinées à suspendre le générateur dans la maçonnerie du fourneau. Cette maçonnerie ne recouvrait pas entièrement le dessus du générateur, elle s’arrêtait de chaque côté suivant des génératrices du cylindre, dans le but de faciliter la visite des joints des appareils de sûreté ; la cuvette ainsi formée était remplie de sable pour éviter la déperdition de la chaleur (fig. 1). lîn matin, l’ouvrier chargé de l’alimentation ayant remarqué de l’humidité dans le sable l’écarta un peu et mit à découvert une petite fuite habituellement désignée sous le nom de piqûre, qui faisait jaillir la vapeur
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- entre l'applique supérieure d’une oreille-support et la tôle de la chaudière ; il n’existait alors aucune corrosion à la tôle. L’endroit ainsi dégagé fut laissé en l’état. Environ deux heures plus tard, l’alimenteur et le contremaître de l’usine reconnurent sur la tôle l’existence d’une petite rainure longue d’environ 8 millimètres, qui partait de la piqûre (pointillé 1) (fig. 2 et 5). Une heure et demie plus tard, le directeur constatait que cette rainure avait plus de 2 centimètres de longueur en même temps qu’elle s’était élargie et approfondie dans la partie la plus éloignée du point de jaillissement de la vapeur (pointillé 2).
- Enfin, informé de la chose, nous avons aussi examiné le cas, environ cinq heures et demie après- la première découverte faite par l’ouvrier alimenteur. L’avarie avait alors 4 centimètres de longueur (fig. 3, n° 3), au moins b millimètres de largeur et 4 millimètres de profondeur ;
- Saille projeté par un jet de vapeur. Fig. 1. Coupe du générateur.
- Fig. 2 et 3. Coupe et plan de la piqûre.
- tout autour sur environ 2 centimètres de largeur, la tôle était décapée en blanc mat, tandis que l’intérieur de la saignée creusée dans le métal était brillant.
- Cet effet était dû uniquement au sable fin qui, n’avant pas été suffisamment écarté du jet de vapeur, se trouvait entraîné en tourbillon et attaquait le métal avec une force et une rapidité croissantes au fur et à mesure que la corrosion, en s’allongeant, augmentait le volume et la puissance du tourbillon. Il suffit, du reste, pour arrêter l’action corrosive, de déposer simplement sur la fuite un tampon de chiffons qui s’opposa au mouvement tourbillonnaire du sable. Nul doute qu’autrement la tôle aurait été percée avant la fin de la journée.
- L’enseignement technique à tirer de cet incident est que, en appareils à vapeur, le moindre fait anormal demande à être examiné immédiatement pour en rechercher la cause et y porter remède aussitôt que possible, sous peine de s’exposer à de graves conséquences. A. Gosse.
- LA VITICULTURE
- AU CAP DE BONNE-ESrÉRANCE
- La culture de la vigne au Cap a été introduite par les réfugiés huguenots, après la Révocation de l’Edit de Nantes, et c’est dans les districts où ils s’établirent primitivement, Paarl, Worcester, Robertson, Stellenbosch, que la viticulture est encore pratiquée avec le plus de succès : Paarl notamment, au sud-ouest de la colonie, possède 23 millions de ceps, sur les 86 millions que compte la colonie, et c’est le centre d’une région vini-cole particulièrement riche. Il faut dire que c’est dans
- le sud-ouest qu’on trouve les conditions météorologiques favorables : climat tempéré, pluies en hiver, saison sèche en été, en même temps qu’un terrain propice. Celui-ci est formé par la désagrégation de roches schisteuses ou granitiques contenant beaucoup de silice ; il est parfois argileux. Dans le fameux cru de Constantia, derrière la montagne de la Table, la terre est spécialement profonde et d’origine granitique.
- Parmi les principales variétés cultivées, signalons, d’après M. Henri Salvatge, qui a fait un rapport sur la matière, le Cabernet-Sauvignon, l’Hermitage, le Sauvi-gnon blanc, le Stein, le Pontac, le Riesling, le Chasselas : le Sauvignon blanc donne une sorte de Sauterne, le Stein, un Xérès léger, le Pontac du Porto.
- Disons tout de suite que la production du vin au Cap n’est pas considérable, tout au plus 260 000 hectolitres dans une bonne année, le rendement à l’hectare atteignant environ 30 hectolitres. Toutefois certains terrains exceptionnellement favorisés produisent 150 et 160 hectolitres à l’hectare. Tous ces vins ne sont pas une boisson de table courante, mais bien plutôt des vins de dessert, d’autant qu’ils sont naturellement corsés, titrant normalement 14 à 18° à l’alcoomètre Gay-Lussac; on leur fait même parfois atteindre 22°, en les additionnant d’alcool à 90° pour empêcher les fermentations ultérieures. L'exportation des vins du Cap est faible; elle ne dépasse point 4300 hectolitres, qui représentent une valeur de 540 000 fr.
- Nous ajouterons que ces vins si riches en alcool sont souvent transformés en cognac ou en dop. Du cognac, ou brandy, nous n’avons rien à dire; quant au dop c’est une eau-de-vie locale préparée par distillation du vin fermenté ; on vend aussi, sous le nom de dop, l’esprit fait avec le moût de vin.
- Comme presque partout, la vigne du Cap est attaquée par le phylloxéra, qui a détruit 4 1/2 millions de ceps en 1896; pour lutter contre ce fléau, le gouvernement a établi dans les centres vinicoles des pépinières plantées de ceps américains. Mais les résultats obtenus sont médiocres. P. de M.
- ——
- LES CENT DOUZE PONTS DE LA TAMISE
- La Tamise ne peut pas en réalité être considérée comme un grand fleuve, puisqu’elle n’a guère d’importance que dans sa partie maritime, prenant les aspects d’une modeste rivière dès qu’on remonte au-dessus de Londres. Mais elle traverse une région très peuplée, essentiellement commerçante et industrielle : aussi a-t-on dû multiplier les ponts qui facilitent les communications d’une rive à l’autre, et, dans un livre récent, on n’en compte pas moins de 112.
- Le livre en question, magnifiquement illustré de photogravures qui ont tout l’aspect de gravures au burin, est dû à la plume d’une des plus hautes personnalités du monde des ingénieurs anglais, M. James Ilredge, un des deux directeurs du grand journal technique Engineering. C’est un véritable monument élevé au fleuve de Londres. Mais qu’on ne croie point qu’il s’agit là d’une monographie d’un intérêt purement national : les ouvrages qui traversent le fleuve, ponts-routes, viaducs de chemins de fer, etc., ont été construits à des époques fort diverses, suivant des procédés très différents ; et le volume de M. Dredge, en dehors de son intérêt pitto-
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- LA NAITRE.
- resque, est comme un vrai « Cours de ponts » à travers les âges. C’est précisément pour cela que nous avons voulu lui emprunter quelques renseignements et quelques gravures.
- On peut dire que la Tamise possède les ponts les plus remarquables comme les plus modestes : là où commence son cours maritime, c’est le fameux pont de la Tour, sur lequel nous n’avons pas à reve-
- nir, puisqu’il a été décrit ici1 ; à sa source, dans le voisinage de Cirencester, c’est un petit ponceau d’un peu plus d’un mètre d’ouverture, et qui date sans doute de l’époque romaine, car il supporte l’ancienne voie romaine appelée Fosseway. Parcourez le fleuve, et vous verrez se succéder les ponts de maçonnererie, les ponts métalliques, les ponts de bois, chacun se distinguant par un aspect tout particulier qui révèle
- au passant l’époque à laquelle il a été construit.
- Voici le célèbre London Bridge, le « Pont de Londres », qui date de 1831, et n’a pas coûté moins de 55 1/2 millions de francs. On ne peut pourtant pas dire que cette construction en pierre présente
- un intérêt bien particulier : ses arches n’ont guère qu’une quarantaine de mètres d’ouverture, la largeur totale de sa chaussée ne dépasse point 13m,60; mais c’est le pont du monde qui donne passage à la circulation la plus intense. Rien que dans le par-
- cours du fleuve à travers l’immense métropole, nous trouvons les ouvrages les plus divers : piles cylindriques en fonte imitant des colonnes doriques et supportant un tablier droit en fer forgé; arches entièrement en fonte d’une ouverture de 75 mètres et s’appuyant sur des piles en maçonnerie. Lisez chacune des descriptions minutieuses données par M. Dredge, et vous y verrez également les divers systèmes qui ont été employés pour foncer les piles de tous ces ponts.
- Ce sont encore des arches en fer forgé, en maçonnerie, puis les deux grandes poutres à travées indé-
- pendantes, et même séparées, du pont de Charing-Cross, qui portent, suspendues transversalement de distance en distance, les pièces de pont, les petites poutres soutenant le tablier. Voici des ponts suspendus, comme celui de Lambeth, qui est partagé en plusieurs travées au moyen de tours sur lesquelles le câble prend appui, et que supportent des piles au milieu du lit de la rivière; plus haut, c’est l’Albert Bridge, curieuse construction du type suspendu également, où les câbles obliques partant des tours métalliques viennent se rattacher au tablier du pont.
- 1 Yoy. n° J100, du 1er septembre 1894, p. 211.
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- LA NATURE.
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- (Juand nous arrivons à Kew, nous apercevons le vieux pont de 1782, avec son dos d’âne si prononcé, caractéristique de l’époque de sa construction, et si gênant pour la circulation. Nous passerons vite sur la passerelle de Richmond, qui est formée de deux ponts pour piétons construits parallèlement l’un à l’autre et laissant entre eux l’espace disponible pour relever des barrages destinés à modifier le plan
- d’eau de la Tamise. A Windsor, nous franchissons un pont métallique formant une voûte en anse de panier assez rare, voûte extrêmement surbaissée et répondant aux nécessités locales; un peu plus loin, c’est une construction qui nous fait sourire maintenant ; car, bien que la travée unique n’ait pas 60 mètres, on a cru devoir soulager les poutres métalliques au moyen de deux autres poutres for-
- Fig. 5. — Le pont du chemin de fer à Windsor.
- mant une portion de cercle et soutenant les poutres horizontales par de puissants tirants entre-croisés. Ce système fut imaginé en 1840 par J. K. Brunei.
- Plus haut, dans le cours du fleuve, nous aurions rencontré, il y a peu de temps, un autre souvenir de
- Fig. (S. — Le pont du chemin de fer de Klurck friars.
- Brunei, un des rares exemples existant encore de ces ponts en charpente qu’il avait couramment employés dans la construction du Great Western Railway. Les travées avaient une douzaine de mètres d’ouverture, et reposaient sur des piles constituées de pilotis de
- 0m,55 d’équarrissage : ces pilotis étaient solidement entretoisés dans tous les sens, et des pièces transversales supportaient le tablier. Le pont résista parfaitement au passage des trains, mais il nécessitait une surveillance étroite et un entretien coûteux.
- Ce sont là des dispositifs qu’on n’adopte plus guère, et qui prennent plutôt place dans le domaine historique; si nous voulons pénétrer plus avant dans celui-ci, nous n’avons qu’à continuer de remonter le cours du fleuve. Nous trouverons le vieux pont de Sonning, élevé au milieu du siècle dernier : ses arches de briques demi-circulaires vont
- en décroissant de diamètre du centre du pont vers les rives, jusqu’à ne plus avoir que 4 mètres d’ouverture. Et si nous jetons encore un coup d’œil sur le pont de Culham, dont la construction remonte à 4416, et dont les arches basses et étroites, en forme d’ogive surbaissée, ne donnent qu’un étroit passage aux eaux; si nous comparons ces massifs énormes, ces voûtes épaisses et difformes avec les arches légères des ponts modernes, nous nous rendrons bien compte des progrès admirables faits dans l’art de la construction des ponts. Daniel Bellet.
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- DÉTERMINATION DE LA DATE DE PÂQUES
- Nous avons déjà fait connaître dans notre n° 699, du 23 octobre 1886, page 355, la formule de Gauss pour la détermination de la date de Pâques. Cette formule est bien connue, mais il n’est peut-être pas inutile de la reproduire pour le lecteur qui ne saurait dans quel ouvrage la retrouver.
- par 19. Soit a le reste; par 4. Soit b le reste; par 7. Soit c le reste ; par 30. Soit d le reste; 5. On divise 2b + 4c + Orf + 4 par 7. Soit e le reste.
- Le jour de Pâques sera le 22 + d + e de mars, ou, si cette quantité dépasse le 51, ce sera le d -f e — 9 avril.
- 1. On divise le millésime
- 2. On divise le millésime
- 3. On divise le millésime
- 4. On divise 19 a + 25
- 1887
- Exemple pour 1887.
- 99, et le reste a est 6. = 4 ; d = 17; e = 2.
- 19
- De même : b = 5 ; c :
- 22 + 17 + 2= 41, nombre plus grand que 31.
- Donc Pâques sera le 17 + 2 — 9=10 avril.
- Cette formule, telle qu’elle est, n’est applicable qu’aux années comprises entre 1800 et 1900; mais elle peut être rendue générale par les petites modifications suivantes concernant les valeurs de d et de e.
- Écrivons la formule en indiquant les modifications à y apporter.
- Diviser le millésime par 19,
- soit a le reste. — b ' —
- — 19a + F 50,’ — d —
- — 2b + 4c + 6r/ -j- 4 + G 7, — e —
- Pâques sera le 22 + d + e de mars ou le d + e — 9 d’avril.
- Il s’agit de connaître les valeurs respectives de F et de G.
- avant 1582
- 15
- 6
- depuis 1582
- G = S —
- 15 + S — S
- S
- S désigne la partie séculaire du millésime, autrement dit S S
- le nombre des centaines;-»^ la partie entière du quotient de ce même nombre par 4 et par 5. G. Floch.
- LA RÈGLE DE GAUSS
- Les formules de Gauss ont été publiées pour la première fois dans les mémoires de l’Académie de Goettingue. En les traduisant tout bonnement en langage ordinaire, comme l’a fait M. Eugène Rouché, on arrive à un mode de calcul pour la date de Pâques peut-être plus accessible à tout le monde, et qui semblera sans doute encore plus simple aux jeunes lecteurs uniquement habitués aux quatre opérations de l’arithmétique. C'est la même chose que précédemment, mais c’est dit autrement. Voici la règle.
- Divisez par 19, par 4 et par 7 le millésime de l’année considérée et appelez respectivement 1er reste, 2* reste, 3' reste les restes de ces trois opérations.
- Ajoutez au nombre 23 dix-neuf fois le premier reste ; divisez le résultat par 30 et appelez 4° reste, le reste de cette division.
- Ajoutez au nombre 4 deux fois le second reste ; quatre fois le troisième et six fois le quatrième. Divisez le résultat par 7. Et appelez 5e reste le reste de celte division.
- Cela fait, additionnez le 4e et le 5e reste. Vous aurez le nombre de jours qu’il faut compter après le 22 mars pour arriver au dimanche de Pâques. Toutefois, si la date ainsi trouvée est le 26 avril, il faut retrancher 7 jours.
- Cette règle, telle quelle, est relative au dix-neuvième siècle. Elle est applicable jusqu’en 1900. Pour les deux siècles suivants, il faudra remplacer les nombres vingt-trois et quatre parles nombres vingt-quatre et cinq. C’est tout.
- Par exemple, quand tombe Pâques en 1899? Si l’on effectue la série des calculs indiqués, on trouve successivement : premier reste, 18; deuxième reste, 3; troisième reste, 2: quatrième reste, 5; cinquième reste, 6. Ajoutez le quatrième et le cinquième reste, et vous obtenez 11.
- Pâques viendra en 1899 exactement 11 jours après le 22 mars, soit le 2 avril. H. de P.
- REPRODUCTION PAR PR0PAGULES
- La multiplication normale des mousses et des hépatiques se fait au moyen de spores, cellules ayant une forme et un processus évolutif déterminés, écloses au sein d’une capsule et germant, après leur mise en
- Fig. 1. — Portion de thalle de Mnrchantin portant des coupes à propagules, grossie trois fois.
- liberté, en un profonéma sur lequel se différencie, par voie de bourgeonnement, un nouvel individu. A la base de la capsule, et précédant la formation des cellules mères, se place un acte fécondateur, opéré par un élément mâle mobile, ou anthérozoïde, sur un organe femelle, ou œuf, immobile.
- Algues adaptées à la vie terrestre, les muscinées ont conservé les exigences physiologiques de leurs sœurs submergées, et elles se trouvent de ce chef dans un état d’infériorité auquel elles ne peuvent remédier que par des compensations, on pourrait presque dire par des expédients. Que les anthérozoïdes des algues puissent facilement évoluer dans le milieu liquide qui entoure ces plantes, cela s’explique; mais cette obligation où sont les mousses d’accomplir dans l’air une fonction qui nécessite le concours de l’eau entrave leur fécondation et détermine leur fréquente stérilité. Les organes mâles et les organes femelles n’étant pas chez elles reliés par un liquide homogène capable de véhiculer les premiers
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- autour des seconds, l'imprégnation ne peut avoir lieu qu’avec le concours de la pluie et de la rosée; et encore faut-il que l’une ou l’autre intervienne précisément au moment où l’archégone et les anthérozoïdes sont prêts pour la fécondation.
- 11 y a là un obstacle difficile à vaincre, et qui depuis longtemps aurait effacé de notre globe tout vestige de mousse et d’hépatique, si elles n’étaient douées à un haut degré de la faculté de se multiplier par voie agame. Aucune plante peut-être n’est aussi apte à se régénérer ; la spore, agent normal de la reproduction, n’est chez elles nullement essentielle : le moindre lambeau de tige, de feuille, de capsule, peut devenir l’origine d’un individu nouveau ; le protonéma lui-même, ébauche fragile et à peine organisée, est capable de se partager en tronçons constituant de véritables cellules durables, protégées
- Fi". 2. — Propagules de Marchnntia, fortement grossis.
- par une enveloppe épaisse qui se rompt et livre passage à une abondante prolifération quand les conditions ambiantes la favorisent.
- A proprement parler, celte reproduction par boutures, qui peuvent être prises en n’importe quel point de l’individu, et n’être, si l’on veut, représentées que par une cellule unique, est irrégulipj'ié et ne répond à aucun processus fixe; mais elle est'exigée par une si impérieuse nécessité qu’elle devient, chez un grand nombre d’espèces, un mode normal, constant, qui peut même supplanter et réduire au rôle d’exception la reproduction par spores.
- Dans ce cas elle est généralement servie par des organes déterminés, par des propagules naissant en des points divers, mais fixes/pour chaque espèce : tantôt simplement sur le thalle bu les feuilles, tantôt au sommet de l’axe, où ils remplacent les expansions normales, tantôt dans de petites coupes, tantôt à l’aisselle des feuilles, tantôt à la place des véritables inflorescences, et bénéficiant, comme elles, de la protection d’un invo-lucre. Ces propagules, plus volumineux ordinairement que les spores, sont, au même titre que ces éléments, des agents définis de la multiplication ; ils correspondent physiologiquement aux bulbilles des plantes supérieures chez lesquelles la reproduction par graines est entravée dans une mesure plus ou moins large. A. Acloque.
- UNE L0C0M0BILE A PÉTROLE
- En matière agricole, comme dans toutes les industries, le progrès impose le machinisme : seul celui-ci permet la diminution des frais de production et c’est lui qui, pour la plus grande part, a fait telle qu’elle est à l’heure présente la puissante agriculture américaine. La machine s’est bien introduite en Europe; mais, dans notre pays surtout, ce n’est encore que d’une façon assez timide, et cela se comprend quand on songe que le moteur obligé était le moteur à vapeur. Tout en reconnaissant ses avantages si précieux, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’il est d’une conduite assez délicate ; on ne peut le confier au premier venu, sous peine de le voir fonctionner dans de très mauvaises conditions de rendement, au risque même d’entraîner de réels dangers d’explosion. 11 est lourd, alors qu’en agriculture le moteur doit être essentiellement mobilisable ; et, en même temps, il est coûteux ; son alimentation même revient cher, parce qu’il faut faire venir de la houille parfois dans des régions où elle est grevée de frais de transport très élevés.
- Le remplacement du moteur à vapeur par le moteur à pétrole remédie à tous ces inconvénients, cela est trop évident pour que nous ayons besoin d’y insister; et c’est pour cela qu’en Grande-Bretagne, où pourtant la houille est en abondance, il ne se tient pas un concours agricole où l’on ne voie exposées un grand nombre de ce qu’on peut appeler loco-mohiles à pétrole, et de ce qu’on désigne en anglais sous le nom de portable oil engine. C’est pourquoi nous avons voulu signaler ces moteurs, en prenant comme type une machine qui sort de la grande maison Tangyes, de Birmingham. . -
- Dans cet appareil tout est disposé pour assurer légèreté et résistance, la locomobile devant être souvent appelée à passer dans des chemins fort malaisés. Les roues sont tout en fer, avec axe en fer forgé; l’avant-train est à cheville ouvrière portant sous le châssis. Ce dernier, également en fer, forme réservoir d’eau; cette question de l’eau est importante quand il faut travailler souvent en pleins champs, là où l’on ne peut point renouveler l’approvisionnement. Précisément le refroidissement de l’eau y est assuré d’une façon assez originale.
- Une petite pompe rotative, fixée latéralement au moteur proprement dit, est commandée par une poulie calée sur l’arbre coudé, et elle aspire dans le réservoir dont nous parlions à l’instant. L’eau prise ainsi est envoyée dans l’enveloppe du cylindre, puis elle passe dans un tuyau qui part du sommet de ce cylindre et qui se continue par une autre conduite disposée dans l’espèce de dais qui domine le toit de la machine : le tuyau vertical d’ascension de
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- l’eau se voit très nettement à droite de la figure ci-jointe.
- L’eau amenée dans la partie renflée du toit sort de la conduite supérieure par une multitude de petits trous, et elle est projetée sur les parois du dais : celles-ci sont percées de quantité de trous, si bien que l’eau vient en contact avec l’atmosphère et se refroidit rapidement.
- Finalement l'eau retombe et s’amasse sur le toit de la locomobile, d’où elle redescend naturellement dans le réservoir. Ce dernier contient un approvisionnement suffisant pour une journée de travail.
- Les lampes destinées au chauffage du vaporisateur et le tube d’ignition sont enfermés dans une grande boîte qui les abrite efficacement des coups de vent, fréquents dans le travail en pleine campagne. Les brûleurs reçoivent le pétrole d’un réservoir muni d’une petite pompe assurant une certaine pression sur l’hydrocarbure; cette pompe n’a du reste besoin d’être mise en marche qu’à peu de reprises pendant une journée.
- Nous n’avons pas à insister sur les dispositions subsidiaires qu’on trouve ordinairement dans un moteur à pétrole; on remarquera seulement le dispositif de sécurité aménagé au-dessus de l’arbre coudé. Avec cette machine, qui est faite pour, donner au frein 6 chevaux en travail régulier, et qui est essayée jusqu’à concurrence d’une force de 25 pour 100 supérieure, on peut sans aucun danger ni difficulté introduire la force motrice à bon marché dans la ferme. L. Leroy.
- La locomobile à pétrole Tangyes.
- LE MÉTROPOLITAIN
- DE PARIS
- Les travaux du chemin de fer urbain sont poussés en ce moment avec une très grande activité; on compte beaucoup sur lui pour le transport des visiteurs de l’Exposition de 1900, aussi c’est avec une fièvre bien naturelle que les entrepreneurs mènent leurs chantiers afin d’être prêts pour le grand jour. La première ligne, la seule qui sera ouverte l’année prochaine, est la grande transversale Est-Ouest qui est destinée à réunir le Bois de Boulogne au Bois de Yincennes. Son origine se trouvera à la Porte Dauphine ; de ce point la voie suivra en souterrain les avenues Bugeaud et Victor llugo ; à l’Étoile elle changera de direction pour accompagner les Champs-
- Elysées et la rue de Rivoli jusqu’à la Bastille. Les voies empruntées ensuite seront la rue de Lyon, le boulevard Diderot et le cours de Yincennes. Un petit embranchement sera construit entre la porte Maillot et l’Etoile.
- Bien que nous ne soyons qu’aux premiers coups de pioches de ce gigantesque travail, son histoire ne date pas d’hier; on s’est pour ainsi dire consomment occupé de cette question au Conseil municipal et, depuis plus de trente ans, bien des projets ont été présentés, bien des combinaisons ont avorté ; il a fallu que les nécessités du mouvement inusité de la foule pendant l’Exposition prochaine inspirât des inquiétudes pour que la question aboutît à un résultat heureux. Quand l’Exposition n’aurait servi qu’à engendrer le Métropolitain de Paris, elle aurait déjà sa raison d’être : heureusement pour elle que les facteurs de son succès sont assez nombreux pour que dès à présent on puisse la considérer comme une grande oeuvre non seulement pour la France, mais encore pour l’humanité.
- En 1865, quand on construisit les Halles centrales on pensa un instant alimenter les marchés par une ligne qui devait pénétrer dans le cœur même de la Capitale ; c’eût été un commencement de Métropolitain. Il ne fut pas réalisé faute d’argent et c’est une bonne chose, car tous les projets qui furent étudiés dans les commencements ne procédaient pas d’un plan d’ensemble ; s’ils avaient été mis à exécution, nous nous trouverions aujourd’hui gênés par ces différents tronçons dont on ne saurait que laire et qu’on n’aurait pas le courage de démolir.
- Le grand essort de l’idée fut donné en 1872 à la suite d’un rapport de M. Desgranges à la Société des ingénieurs civils de France ; il exposait la situation des études faites jusqu’à ce moment : il y avait déjà sept projets proposés depuis celui de MM. Brame, Flochat et Grissot de Passy jusqu a celui de MM. Pla-chet et Lemoine qui ne demandaient pas moins que la construction d’un rail surélevé qui supporterait des voilures en équilibre à cheval sur lui !
- A la suite du rapport de M. Desgranges, on vit une véritable avalanche de projets prendre naissance, la plupart étaient impraticables, mais plusieurs étaient excellents et les idées que l’on met aujourd’hui à exécution ont sûrement été prises dans ces premières études.
- A la Société des ingénieurs civils, il n’y a pas moins de quarante projets de Métropolitain ; ils
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- LA NATURE.
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- découlent tous de deux idées : suivant les uns, il faudrait rester sous terre de façon à conserver Paris avec ses arbres et son mouvement pédestre ; suivant les autres, il eut fallu le mettre à ciel découvert; les Parisiens, disaient ces derniers, veulent de la lumière et du soleil, mieux vaut être hirondelle que taupe!
- Le Métropolitain faillit réussir en 1877 avec le concours des grandes Compagnies de chemins de fer, mais la combinaison ne plut pas à nos édiles qui voulaient rester maîtres de la ligne et l’affaire c'choua malgré une subvention octroyée par l’État.
- L’Etat qui avait promis son appui en 1877, le
- refusait dix ans plus tard. En 1887 le Gouvernement prépara une convention avec le Crédit Foncier avec garantie de 4 pour 100 sur le capital nécessaire; les actionnaires auraient facilement été trouvés, mais les chambres ne ratifièrent pas les propositions du ministre des Travaux publics qui était alors M. Baïhaut.
- Au moment de l’Exposition de 1889 on parla encore de Métropolitain, on sentait sa nécessité et on voulait même brusquer la situation pour faire aboutir le projet. M. Yves Guyot prit sérieusement la chose en main, l’étudia et il était enfin sur
- Carte du métropolitain municipal de l'aris.
- le point de réussir quand... le ministère tomba.
- Depuis, la question n’a pas cessé d’être à l’ordre du jour ; il y eut des difficultés sans nombre, l’État et la Ville n’arrivaient pas à s’entendre sur le tracé ; l’affaire pouvait même s’éterniser dans un éternel statu quo, quand un jour la Chambre dans un mouvement de bonne humeur, un lendemain de crise probablement, décida qu’elle s’en remettait aux lumières de la Ville, et qu’elle ratifierait son projet.
- C’est ce qui a été fait.
- Une condition de succès du Métropolitain semblerait être le raccordement de la voie avec les grandes lignes de chemin de fer aux gares de Paris ; cette jonction donnerait, en effet, des avantages considé-
- rables, elle permettrait la traversée de la capitale aux voyageurs sans changer de gare, et produirait ainsi une économie de temps très appréciable; le bénéfice le plus grand serait sans contredit de pouvoir se rendre directement d’un point quelconque de la ville aux différentes stations dé banlieue sans changer de train. Cet argument aurait dû prévaloir et décider le projet de jonction, il a failli produire l’effet contraire. Le Conseil municipal a craint que, les Parisiens trouvant ainsi un moyen trop facile d’habiter hors les murs, la population ne vînt à diminuer et les recettes de l’octroi aussi ; il a également eu peur qu’un jour les Compagnies ne prissent une voix trop décisive, relativement au Métropoli-
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- LA NATUjRE.
- tain, et n’en devinssent ainsi les dispensatrices après en avoir été évincées comme propriétaires. Après avoir exigé la voie étroite de 1 mètre, ce qui aurait entravé le projet à tout jamais, elle est revenue sur sa décision et elle a accordé la voie normale, mais avec cette condition restrictive que le matériel roulant serait de dimensions moindres que celui des Compagnies, et que les ouvrages d’arts seraient exécutés de façon que seules les voitures du Métropolitain puissent circuler sur le réseau urbain. De cette façon la Ville sera toujours maîtresse chez elle, et c’est à elle que les Compagnies devront soumettre leurs horaires et conditions si jamais elles ont l’intention de se raccorder au Métropolitain. Cette condition peut devenir illusoire, car lorsque l’Etat a donné à la Ville la concession, il s’est réservé le droit de laisser les Compagnies de chemins de fer se relier entre elles dans Paris, si cela leur convenait. Nous savons que la Compagnie de l’Est se propose de prolonger une voie jusqu’à la gare de Vincennes qui lui appartient également, nous voyons l’Orléans et l’Ouest se raccorder sur les quais de la rive gauche; de sorte que Paris qui a demandé son Métropolitain pendant tant d’années, sans pouvoir l’obtenir, se voit maintenant à ^la veille d’tn avoir deux.
- Les lignes qui composeront le Métropolitain de Paris sont au nombre de neuf; toutefois, sur ce nombre, six seulement font partie du projet qui a été approuvé, et qui fait partie de la combinaison actuelle, les trois dernières sont éventuelles et leur construction ne pourra en aucun cas être commencée avant 1910.
- Voici ces lignes par ordre de construction : 1° De la porte de Vincennes à la porte Dauphine avec raccordement à la porte Maillot; 2° Ligne circulaire. Elle partira de l’Étoile et suivra les boulevards extérieurs; o° Ménilmontant à la porte Maillot. Elle se détache des deux précédentes à la rue de Constantinople et passe par la rue de Rome, le boulevard Haussmann, les rues Auber, du 4 Septembre, Réaumur, Turbigo et du Temple; 4° De la porte d’Orléans à la porte de Clignancourt. C’est la transversale Nord-Sud; 5U Du boulevard de Strasbourg au pont d’Austerlitz. Elle relie la place de la Bastille à la ligne circulaire ; 6° Du boulevard de Vincennes à la place d’Italie; 7° De la place Valhubert au quai de Conli ; 8° Du Palais-Royal à la place du Danube par la rue Lafayette; 9° De l’Opéra à Auteuil par la place de la Concorde et les Invalides.
- Toutes ces lignes peuvent se réduire à deux systèmes ; un de transversales, l’autre circulaire, avec des tronçons de voies pour les réunir ensemble en divers points.
- La longueur totale des six premières lignes, les seules définitivement arrêtées, est de 62k“1,911 se décomposant de la sorte; 40km,3o9 en .souterrain; llkm,725 en tranchées; 10km,847 en viaducs.
- Il y a deux choses à retenir dans la construction du chemin de fer de Paris, et qui nous intéressent
- tout particulièrement. La première, c’est que nous ne serons pas, ou du moins très peu, gênés par les travaux qui se feront ; ils seront tous exécutés par les moyens nouveaux du bouclier. Seuls certains puits marqueront à la surface les ouvrages exécutés en dessous, ils sont indispensables à la descente des ouvriers et à l’aération des chantiers. Nous apprendrons également avec satisfaction qu’à aucun moment nous ne serons incommodés par la fumée des trains pendant le temps de l’exploitation; la traction sera exclusivement électrique. Trois usines situées à Vaugirard, Charonne et Montmartre distribueront la force nécessaire à la marche des trains. On calcule que la puissance devra être de 5400 chevaux-vapeur pour la traction proprement dite, mais ce chiffre sera considérablement dépassé, il atteindra 22 000 chevaux. Il faut, en effet, tenir compte des pertes en route, des accidents possibles, de l’éclairage, de la manœuvre aux gares, des ascenseurs, etc.
- Le Métropolitain fera sûrement du tort aux lignes de la surface, il prendra le plus clair des voyageurs de grande distance, mais il ne fera pas disparaître les omnibus et tramways, ceux-ci restant d’un usage indispensable pour les petites courses ; en effet, le temps de se rendre à la gare la plus proche, de descendre aux quais et d’attendre le train rend illusoire le bénéfice de la ligne urbaine pour les trajets de petites distances. L’omnibus s’arrête sur tous les points du parcours pour prendre le voyageur ou le déposer, ilconlinuera donc à obtenir certaines faveurs du public ; mais, pour rendre les véritables services que son usage implique, il faudrait que les voitures fussent moins grandes, d’une marche plus rapide, et surtout beaucoup plus nombreuses. A. da Cuinha,
- Ingénieur îles Arts et Jlanntactures.
- CHRONIQUE
- Pour vivre vieux. — C’est le Dr W. Kinnear qui, dans la revue Humaniturian, donne ce qui lui semble un moyen assuré de vivre vieux. Pour lui, ce qu’il y a de redoutable dans la vieillesse, c’est l’ossification, la création de ce qu’il appelle les dépôts terreux, formés principalement de carbonate et de phosphate de chaux et d’autres sels de nature calcaire ; le système osseux se durcit peu à peu de l’enfance à l’âge mùr, et ce durcissement s’accentue encore avec la vieillesse. Pour retarder celle-ci, il faut donc autant que possible empêcher ces dépôts, qui viennent naturellement gêner considérablement le fonctionnement des organes, ossifiant en partie, par exemple, le cœur, ou les artères, gênant la circulation et par suite la nutrition, arrêtant à la fin toutes les fonctions. C’est du reste le sang qui apporte tous ces sels calcaires qui vont se déposer en excès dans l’organisme , et, comme le sang est produit par l’assimilation de la nourriture, il faut surveiller notre alimentation au point de vue spécial de 1 absorption des sels calcaires. Ils abondent dans les céréales, dans le pain : aussi doit-on, dans l’alimentation des gens qui avancent en âge, introduire des fruits, du poisson, du poulet, du veau, de l’agneau, éviter le bœuf et le mouton. Enfin, il est
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- mais l’air de la mer en contient 15 à 14 fois plus que celui de Paris. Sous quelle forme cet iode insoluble existe-t-il dans l’atmosphère? il paraît probable que ce doit être de la poussière d’algues. A l’appui de cette opinion, M. Gautier observe qu’il s’agirait alors de matériaux extrêmement légers et que par suite la quantité que l’atmosphère en contient doit être plus grande, si l’on s’élève. En effet en opérant sur des poussières recueillies sous la colonnade du dôme du Panthéon et au sommet de l’édifice, M. Gautier reconnut que 100 grammes des premières renfermaient 0mB,086 et 100 grammes des autres 0mg,551, résultats qui corroborent l’hypothèse.
- important de boire de l’eau distillée et d’y ajouter de l’acide phosphorique dilué (10 à 15 gouttes par verre), pour empêcher les dépôts d’ossification.
- Écroulements de montagnes. — On n’a pas
- oublié l’éboulement du Gasso-Rosso, qui s’est produit en décembre dernier et a détruit une partie du village d’Airolo. Les géologues suisses sont, paraît-il, d’avis que le glissement n’est nullement fini, et qu’il tombera sous peu une masse équivalente à celle qui s’est effondrée il y a peu de temps. Des rochers sont actuellement suspendus au flanc de la montagne et, s’ils tombent, ils mettront gravement en danger le village et l’entrée sud du tunnel.
- L'agrandissement du canal d'Amsterdam. —
- On sait qu’Amsterdam possède, depuis assez longtemps déjà, un magnifique canal maritime qui a rendu les plus grands services au commerce des Pays-Bas; l’État et Amsterdam ont dépensé pour cet ouvrage plus de 59 millions de florins. Mais l’échantillon des navires marchands s’est étrangement augmenté depuis que le canal d’Ymuiden, comme on l’appelle également, a été livré à la navigation. Aussi le gouvernement néerlandais vient-il de soumettre aux États un important projet d’amélioration qui permettra aux plus grands navires d’atteindre Amsterdam sans rompre charge. Les travaux, qui doivent être terminés, dans un délai de dix années, assureront le passage de navires ayant 21 mètres dé largeur, au moins 200 mètres de long et tirant Sm,50 d’eau.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 15 mars 1899. — Présidence de M. Yan Tieghem.
- Propriétés du phosphure de calcium. — M. Moissan présente une Note sur la préparation et les propriétés du phosphure de calcium. Ce corps peut être préparé au four électrique en réduisant le phosphate de chaux par le charbon. Un peut aussi l’obtenir en soumettant le calcium métallique à l’action de la vapeur de phosphore. Il se présente à l’état de cristaux rouge foncé transparents sous une faible épaisseur, d’une densité de 5,2. Il se combine avec incandescence au fluor, à la température ordinaire, et brûle dans l’oxygène vers 500°. Sa propriété caractéristique est de décomposer l’eau froide avec formation d’hydrogène phosphoré.
- L'iode atmosphérique. — L’iode existe-t-il dans l’atmosphère? Telle est la question que M. Gautier s’est appliqué à élucider. La présence de l’iode dans la glande thyroïde donne un intérêt particulier à la question. Cet iode provient-il de l’atmosphère ou des aliments? Vers 1850, M. Chalin a annoncé que le volume d’air introduit journellement dans le corps humain par la respiration contenait une quantité d’air appréciable. Les expériences reprises par d’autres savants ont donné un résultat négatif. M. Gautier a recherché cette substance, sous les trois formes suivantes : iode fixé à l’état de poussière insoluble, iode fixé à l’état de poussière soluble, iode gazeux. M. Gautier a opéré sur des prises d’air effectuées au milieu de Paris, dans les bois, dans les Pyrénées à 2000 mètres d’altitude et en plein Océan. L’air de Paris contient effectivement de l’iode insoluble. L’air des bois très éloignés de la mer et celui des sommets pyrénéens ne présentent pas trace d’iode; l’air de la mer ne renferme pas d’iode solide soluble, ni d’iode gazeux, mais il offre de l’iode insoluble. Ainsi Pair de la mer et l’air de la capitale présentent de l’iode insoluble en suspension;
- L’origine des eaux potables. — M. Duclaux présente une Note de M. Trillat relative au procédé employé pour déterminer l’origine des eaux servant à l’alimentation. On verse à l’origine soupçonnée des eaux une matière colorante très puissante de manière à teindre un volume d’eau considérable qui suffit pour communiquer une légère coloration à la masse des eaux pendant un temps fort appréciable. On comprend que la matière colorante choisie doive être une substance capable de résister aux transformations susceptibles de naître dans le filtrage au travers des terres. M. Trillat préconise dans ce but la fluorescéine dont le pouvoir fluorescent est décelé à la dose de un deux milliardième (1/2 000 000 000).
- Élections. — Le père Colin des Missions, auteur de travaux cartographiques importants sur Madagascar, est élu correspondant dans la section de géographie et navigation par 45 voix contre 5 données à M. Normand, du Havre.
- Varia. — M. Hélier présente un complément à scs études sur le pouvoir réducteur des tissus. 11 montre que ce pouvoir va en croissant dans le muscle au repos et décroît après le travail du muscle. — M. Lechatelier a étudié le mécanisme de la désagrégation des mortiers hydrauliques. Ch. de YTlledeuil.
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- ÉVOCATION
- Parmi les trucs destinés à intriguer le public, le plus grand nombre est basé sur la « disparition » d’une personne. L’ « apparition » qui ne serait pas plus difficile à réaliser frappe sans doute moins l’imagination et excite moins le génie des inventeurs. Voici une question à livrer aux psychologues et qui pourra peut-être les tenter s’ils ont en main les documents nécessaires.
- C’est pour ne pas toujours rester dans les « disparitions » que nous avons inventé et créé le truc suivant intitulé « évocation », et qui, amour-propre à part, a eu un grand succès dans les salons où nous l’avons présenté. Il ne demande guère de préparation et, à cause de sa simplicité, fait grand effet.
- Voici d’abord la manière dont il est présenté. Deux domestiques placent sur le plancher de la scène quatre cubes de bois d’environ 30 centimètres de coté. L’opérateur fait remarquer qu’ils sont trop petits pour aider à cacher quelqu’un ou quelque chose et qu’ils n’ont là quele rôle d’isolateurs pour un plancher de 1,50 mètre carré que l’on présente en suite et qui est posé sur les quatre cubes, puis recou-
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- LA NATjüRE.
- vert d’un tapis. On a ainsi une surface absolument isolée et pour mieux convaincre encore le public de cet isolement le prestidigitateur fait placer entre le plancher factice et le plancher de la salle une lanterne prouvant bien l’absence de trappe. Cette précaution est nécessaire même sur une scène d’un hôtel particulier qui, comme je l’ai vu souvent, peut renlermer un jeu de trappes. L’opérateur fait ensuite apporter une planche de lm,80 de haut, large de 0m,60 qui est peinte et décorée à l’orientale. Avant de la placer sur l’estrade, il faut encore faire examiner un grand tuhe en osier ayant lm,20 de haut sur 1 mètre de diamètre, et recouvert d’une étoffe quelconque autant que possible du style de la peinture de la la planche. Cette planche est alors placée debout sur l’estrade où elle se maintient droite au moyen
- de deux petites tiges de fer entrant dans des mortaises, puis elle est recouverte du tuhe qui la cache, sauf la partie supérieure. Une scène d’évocation est jouée par l’opérateur et terminée par un coup de pistolet. Le tuhe est retiré et devant la planche apparaît un jeune garçon en costume indien.
- Comment est-il arrivé là puisque toutes les pièces composant l’appareil ont été examinées une par une, qu’il n’y a aucune communication entre l’estrade et le sol puisque la lanterne n’a pas hougé, et qu’il n’a pu venir par le haut puisque le tuhe laisse voir le haut de la planche, ni par le fond puisque le tube est bien sans solution de continuité.
- Le mystère est bien simple. Si l’on a lu avec attention la description qui précède, on a vu que la
- Évocation.
- planche décorée de peintures n’est pas placée immédiatement debout sur l’estrade après avoir été examinée, mais que l’on montre auparavant le tube recouvert d’étoffe. Pour présenter ce tube (figuré trop petit sur la gravure) un seul des domestiques abandonne la planche qui est posée le long d’une coulisse sur une scène, le long d’une porte dans un appartement. L’autre domestique semble s’y appuyer négligemment. C’est à ce moment que l’enfant se suspendant à deux poignées de cuir dissimulées dans la peinture et s’appuyant sur une sorte de marche également cachée dans la décoration, se maintient derrière la planche. Les deux domestiques reprennent la planche l’un à droite, l’autre à gauche, comme ils le faisaient lorsqu’ils l’ont présentée, et la placent sur l’estrade. L’enfant pose immédiatement les pieds par terre pour ne pas tirer la planche en arrière et aussitôt que le tuhe est
- placé passe devant la planche. Pour faciliter ce mouvement, le tuhe est posé un peu ou à droite ou à gauche de la planche pour laisser un plus grand espace; et afin que le mouvement pouvant résulter du passage de l’enfant soit mieux dissimulé, ce passage a lieu juste au coup de pistolet.
- Comme je le disais en commençant, ce truc est très simple, mais justement à cause de sa... naïveté, il produit toujours un grand étonnement, à condition toutefois que les comparses agissent bien méthodiquement et intelligemment, la moindre faute de leur part ferait échouer piteusement l’opérateur. Il ne faut donc l’essayer qu’avec un personnel éprouvé et sur lequel on puisse compter.
- Le prestidigitateur Alber.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahuhe, rue de Fleurus, 9.
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- L A N A T U li E.
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- N° 15 48. — 25 MARS 1899.
- LE GÉNÉRATEUR A AAPEUR TURGAN
- Les chaudières à vapeur aquatubulaires, c’est-à-dire à eau dans les tubes, sont aujourd’hui l’objet de fréquentes recherches, aussi les systèmes sont-ils très divers, car les difficultés à résoudre sont nombreuses.
- Donner à l’eau la meilleure circulation, utiliser le mieux possible les gaz de combustion, laisser la dilatation des pièces se produire librement pour éviter les fuites, rendre les démontages faciles et rapides, tout en réalisant des appareils de faibles poids et d’un encombrement réduit, sont autant de
- points qui attirent particulièrement l’attention des constructeurs.
- Nous croyons intéressant de décrire, entre autres appareils les plus récents, une chaudière ayant tiguré à l’Exposition d’automobiles et imaginée par M. Turgan qui a passé ici même en revue les types actuellement les plus connus.
- Le générateur, horizontal, se compose d’un réservoir longitudinal sensiblement cylindrique, formant en quelque sorte l’arête supérieure d’un prisme triangulaire dont les faces seraient constituées par des tubes venant déboucher dans le réservoir et la base, par la grille du foyer.
- Comme l’indique la figure, les éléments vapori-
- Lc générateur Turgan.
- seurs, tenus seulement à une de leurs extrémités pour permettre à la dilatation de se faire librement, sont formés par un ensemble de deux tubes.
- Les tubes extérieurs s’ouvrent à leur extrémité supérieure dans le réservoir longitudinal, tandis qu’à la base ils sont fermés par des bouchons à vis se trouvant hors du feu et protégés par un écran.
- Les tubes intérieurs, ouverts aux deux bouts, viennent aboutir dans un collecteur intérieur au réservoir supérieur et ayant même axe.
- Il est facile de voir que si l’on alimente exclusivement dans le collecteur intérieur, l’eau descend par les petits tubes, puis remonte, mélangée à la vapeur qui se forme, par l’espace annulaire ménagé entre les deux tubes.
- Le collecteur intérieur sert ainsi de guide et force Î7* année. — 1er semestre.
- l’eau à descendre toujours régulièrement et avec d’autant plus d’abondance que la vaporisation doit être plus active.
- La vapeur produite, contournant l'écran, est séchée au moyen de dispositifs connus et la prise de vapeur se fait dans un dôme.
- Il était également nécessaire de guider les flammes et les gaz chauds ; dans ce but, M. Turgan a constitué des écrans avec des tubes de gros diamètres rétreints à leurs deux extrémités et se touchant suivant une génératrice.
- Ces écrans sont interrompus de part et d’autre du fond du foyer, de telle façon que les gaz reviennent vers la façade de l’avant en parcourant le faisceau tubulaire, comme l’indiquent les diverses flèches que l’on remarque sur la figure principale
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- LA NATURE.
- et sur la coupe en plan qui l’accompagne à droite.
- Des écrans sont de même disposés pour protéger l’enveloppe du générateur.
- Après avoir indiqué ainsi brièvement le principe très simple de l’appareil, nous voudrions signaler divers dispositifs intéressants. Il fallait se préoccuper de l’entartrage des tubes qui, malgré leur forte inclinaison, doivent néanmoins s’encrasser, ce qui n’est pas sans présenter des inconvénients graves. Bien que les tubes soient d’un nettoyage très facile, puisqu’ils sont rectilignes et fermés par des bouchons amovibles, la chaudière est munie d’un décan-teur. L’arrivée d’eau d'alimentation, au lieu de se faire directement dans le collecteur intérieur, est disposée dans une sorte de rigole creuse d’où l’eau s’échappe ensuite dans le collecteur. Un tuyautage convenable permet d’extraire à volonté, sous pression, les houes et les impuretés de l’eau.
- Grâce aux progrès réalisés dans la métallurgie de la fonte d’acier, le réservoir des petites chaudières est en acier coulé et en deux pièces; il est ainsi facilement démontable, et accessible à l’intérieur.
- Enfin d’autre part, même dans les plus petits appareils, les tubes sont rendus individuellement démontables, au moyen de dispositifs spéciaux très simples, soit de l’extérieur du collecteur, soit de l’intérieur.
- La figure représente un mode de démontage par l’intérieur, assuré par un écrou venant serrer, sur la plaque à tubes le tube qui porte un renflement conique.
- Dans cette chaudière, comme nous l’avons indiqué par le principe même de l’appareil, la circulation de l’eau, très accélérée, est parfaitement guidée, et le niveau d’eau absolument fixe, le plan d’eau intérieur étant à l’abri de toute perturbation.
- Le poids de l’ensemble et l’encombrement total sont tout particulièrement réduits, aussi est-il facile d'appliquer la chaudière Turgan aux véhicules automobiles et aux navires en dehors des services à terre, comme par exemple les stations d'électricité. Enfin, tout dernièrement, il a été créé un type spécial en vue du chauffage au bois et du fractionnement de l’appareil en petits colis, pour le service des colonies.
- Nous terminerons en donnant quelques chiffres d’essais permettant d’apprécier le bon fonctionnement de ce générateur.
- Une chaudière pesant 900 kilogrammes, de l2m,50 de surface de chauffe, donne 800 kilogrammes de vapeur à l’heure avec un rendement de 7k«,25 de vapeur par kilogramme de coke pour une combustion de 200 kilogrammes de coke par mètre carré de grille.
- Ce générateur permet ainsi de produire environ 60 chevaux pour un poids inférieur à une tonne en ordre de marche et un encombrement approximatif de 4 mètre cube. Chenevaye,
- Ingénieur civil.
- LES DINOSAURIENS
- Les découvertes paléontologiques se succèdent en Amérique et chaque jour apporte de nouveaux faits, de nouveaux étonnements. Des savants distingués, Marsh et Cope ont ajouté à la faune des temps géologiques de nombreux représentants. Un ordre nouveau, jusqu’ici exclusivement américain, les Dinoceratides, avec ses embranchements, ses familles, ses genres et ses espèces, a dù être créé pour les embrasser. Nous leur devons également plusieurs Dinosauriens dont nous voulons dire quelques mots.
- Les quatre grands groupes de Dinosauriens définis par Marsh ont été reconnus en Europe; on les trouve aussi en Afrique et en Asie. Jusqu’ici ils manquent en Australie, mais c’est surtout dans l’Amérique du Nord qu’ils ont pullulé et où se retrouvent leurs espèces les plus remarquables. Ils vivaient à l’époque secondaire durant le crétacé et le jurassique. Toutes les variétés possibles se retrouvent parmi eux; les uns avaient 20, 50 mètres de longueur ; d’autres ne dépassaient guère la taille d’un renard ou même celle d’un chat. Les uns étaient des carnassiers féroces, les autres se nourrissaient exclusivement de végétaux. Beaucoup parmi eux avaient les pattes de devant et celles de derrière également développées; d’autres, au contraire, étaient bipèdes et ne marchaient que sur leurs pieds de derrière2. D’autres encore, YHadrosaurus mirabilis, par exemple, étaient nageurs et vivaient dans les eaux. Tous avaient des caractères communs : la petitesse de leur cerveau qui implïîjue une intelligence peu développée et le mode d’implantation de leurs dents fixées latéralement dans une rainure de l’os maxillaire qui présente une seule alvéole pour toutes les dents.
- Le Ceratosaurus est le type des Carnassiers; il était bipède, ne portait qu’une seule corne, arme à la fois offensive et défensive, et mesurait 3 mètres de hauteur. Les principales formes herbivores étaient le Triceratops et le Taurosaurus; le premier avait 7m,50 et sa tête dépassait en longueur lm,70. Il portait trois cornes verticales, une sur le nez, les autres au-dessus des orbites. Le Taurosaurus possédait également trois cornes, mais elles étaient inclinées en avant et atteignaient le bout du museau. Les Dinosauriens herbivores n’avaient de dents que sur le devant des mâchoires; elles étaient en nombre presque illimité, et Cope en a compté jusqu’à 2072 sur un individu. Ces dents sont délicates et fragiles.
- J’ai dit que la taille, la puissance de quelques-uns de ces Dinosauriens étaient saisissantes. Veut-on des exemples. Le Mosasnurus atteignait jusqu’à 15 mètres de longueur. Le Claosaurus anectens herbivore, au crâne petit et étroit, aux orifices nasaux énormes, aux membres antérieurs très réduits par rapport aux membres postérieurs comme ceux de la girafe, mesurait environ 40 mètres. La taille du Brontosaure, découvert dans les terrains secondaires des montagnes Rocheuses, excédait 20 mètres. Il devait peser plus de 20 tonnes. L’Atlantosaurus, mis au jour dans les couches jurassiques du Colorado, avait 4 mètres de hauteur. U passait pour le plus colossal des êtres ayant vécu sur la terre ; mais voici qu’un Dinosaurien, découvert il y a quelques mois, vient lui enlever cette primauté et dépasse tout ce que nous connaissions jusqu’à ce jour.
- La découverte de ce Dinosaurien, auquel il n’a pas encore été attribué de nom ni de classement particu-
- 1 M. Cope est mort récemment. Parmi ses découvertes, figure le Phenacodus dont il nous gratifie généreusement comme ancêtre. Le Phenacodus vivait au tertiaire; son moulage a figuré à l’Exposition de Par fs de 1889.
- 2 Roule, Rét). Scient., 28 fév. 1894-
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- LA NATURE
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- liers, est due au Professeur Reed de l’Université du Wyoming. Elle a été faite au mois d’août dernier dans une des régions les plus désertes et les moins connues du Colorado, à 90 miles environ du lac Laramie. Sa longueur est de 40 mètres, sa taille approche de 8 mètres au garot, de 11 mètres aux hanches, et l’on nous dit que le poids des ossements recueillis excède 20 000 kilogrammes. Le poids d’un seul de ces ossements, choisi parmi les plus petits, est tel qu’un homme peut à peine le soulever. Aucun animal soit vivant, soit fossile, ne saurait lui être comparé. La distance entre le mammouth, un des plus grands parmi les mammifères quaternaires, et notre Üinosaurien, est à peu près celle qui existe entre le cheval et le chien. Le Brontosaure de la collection de Yale College, restauré en 1879 par Marsh, n’est qu’un pygmée en comparaison de ce nouveau venu. Le professeur Reed, reconnaissant toutefois l’impossibilité de fixer avec exactitude le poids d’un individu dont on ne possède que les ossements, estime que ce poids dépassait 40 tonnes.
- Le Dinosaurien du Colorado devait avoir un cou de 9 mètres de longueur; une queue de 18 mètres; la cavité abdominale mesure 10 mètres de longueur sur 5m,30 de largeur, une chambre de petite taille! La tète comme chez tous ses congénères est petite.
- Presque tous les ossements sont aujourd’hui retirés du gisement, où ils reposaient depuis des temps d’une incalculable durée, et la restauration complète de ce géant, un peu retardée par les neiges, avance rapidement. Déjà on s’occupe de son logement futur, assez difficile à trouver; aucun bâtiment à Laramie n’étant assez grand pour le recevoir1. Telles sont les nouvelles que m’écrivent les savants, que répètent les journaux américains. Il faut encore les accepter avec quelque réserve.
- Comment ces monstres des temps secondaires sont-ils apparus sans ancêtres connus? Pourquoi ont-ils disparu sans laisser de descendants? Nous touchons aux problèmes les plus compliqués de la paléontologie et nous ne connaissons encore aucune solution vraiment sérieuse des controverses qu’ils soulèvent. Nadaillac.
- ANALYSE PHYSIQUE DES CORPS
- Il s’agit de trouver la composition des corps, de les reconnaître au moyen de simples écrans de verres colorés. On regarde un corps à travers cet écran et le corps est obligé de fournir son extrait de naissance. Cette méthode, encore un peu dans l’enfance, n’en est pas moins ingénieuse ; elle a pour parrain M. Henry Cros, statuaire et céramiste, qui l’a communiquée à l’Académie des sciences.
- On voit combien les couleurs, en apparence les plus semblables, présentent souvent encore de différences. La nature du corps coloré exerce son influence. Yoici deux beaux verts : ils apparaissent comme identiques, et, cependant, ils ne le sont pas, ainsi qu’il résulte des expériences de M. Cros; ils n’ont pas la même origine, et cela suffit pour modifier leurs propriétés.
- Un jour, M. Henry Cros superposa à une lame de verre bleu une lame de verre jaune. Jaune et bleu, cela fait du vert. Et tous les objets vus à travers cet écran composé devraient apparaître en vert. Pas du tout. Les feuilles vertes, les plantes, les pelouses perdaient leur teinte na-
- 1 MM. Marsh et Gaudry attribuent aussi à des Dinosauriens les empreintes assez nombreuses d’un pied à trois doigts relevés sur divers points de l’Amérique. Quelques-uns de ces pieds mesurent jusqu’à 0m,43.de longueur; et l'écartement entre lés deux pieds est de lm,35.
- turelle. La verdure prenait des tons fauves, orangés, roux, comme en automne, alors que le ciel conservait sa belle teinte azurée. Par contre, la peinture verte des bancs, des treillages, des grilles, restait verte. Il fallut bien en conclure que, selon leur nature, les corps changeaient de teinte ou conservaient leur couleur quand on les regardait à travers l’écran. Théoriquement, on était en droit d’en inférer que, du changement de couleur produit par l’interposition de l’écran, il serait possible de remonter souvent à la nature du corps sujet de cette modificatipn. D’où un moyen facile de se renseigner sur la composition des corps avec un simple écran de verres colorés.
- Par exemple, exainine-t-on les pierres précieuses exposées dans les galeries minéralogiques du Muséum, on constate que l’émeraude vraie, vue par transparence derrière l’écran, prend un ton violet rose, alors que la fausse émeraude conserve sa teinte verte à base de cuivre J Le vrai saphir conserve sa couleur bleu sombre,, tandis que cette pierre, quand elle est fausse, vire au rouge rose, coloration qui indique la présence du cobalt.
- Tous les corps colorés pigmentaires ou autres fournissent, derrière l’écran, des caractères tranchés de permanence ou de changement. L’oxyde vert de chrome, dont la teinte est voisine de celle des végétaux, apparaît d’un brun rougeâtre foncé. Et qu’on le mélange à d’autres colorants, il conserve néanmoins cette propriété de se manifester toujours sous des tons bruns, jaunes et rouges. Les couleurs bleues, à base de cobalt, sont changées par l’écran en rouge rosé. Au contraire, les verts et les bleus à base de cuivre conservent leur teinte.
- Au cours de ses recherches sur les émaux et les verres de l’ancienne Egypte, M. Henri Cros a rencontré un exemple intéressant de la différence substantielle d’une même couleur. Au musée céramique de Sèvres, dans la vitrine affectée aux objets égyptiens, est exposée sous le numéro 2030 du registre d’entrée une « petite coupe orbiculaire de pâte blanchâtre vernissée d’un bleu azuré » ayant toute l’apparence d’un bleu de cobalt. Cette pièce, examinée derrière l’écran par M. Cros, conserva le même ton qu’à l’oeil nu, sauf dans une partie avoisinant te bord de la coupe et qui lui apparut d’un beau rouge. Que conclure ? Cette différence de coloration a permis de reconnaître que le vase a été restauré, qu’il a été recouvert d’un vernis à base de cuivre et que l’on a employé pour sa restauration un vernis à base de cobalt.
- De même que les verts et les bleus préparés aux sels de cuivre, les bleus et les verts donnés par le fer, vert de bouteille, céladon, bleu de Prusse, gardent leur couleur originale. De même les couleurs du spectre, les teintes d’irisation, les plumes, les élvtres d’insectes, les ailes de papillon, les écailles de poisson, les opales irisées.
- Il est clair que, en poussant plus loin les études dans cette voie, on pourra différencier par un seul changement de couleur beaucoup de corps entre eux. L’écran de M. Cros e?t formé de deux verres superposés et colorés dans leur masse, l’un par l’oxyde de cobalt, l’autre par un mélange d’oxyde de manganèse et de fer. En se servant d’autres verres, on aurait évidemment des résultats différents. Il faut placer l’écran le plus près possible de l’œil et éclairer fortement l’objet que l’on veut examiner. On peut conclure qu’une même couleur, identique pour notre œil à sa voisine, se comportera différemment et suivant la composition physique ou chimique du corps qui lui sert de support, lorsqu’elle sera regardée à travers l’écran à verres bleu et jaune. J.-F. Gail.
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- LA NATliïL.
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- LA TRANSPARENCE DES CORPS OPAQUES
- ET LA LUMIÈRE XOIRE
- Nos lecteurs ont entendu parler autrefois de la lumière noire que lit connaître le Dr Gustave Le lion au moment meme où parut en France le travail de Rœntgen et qui possédait suivant lui la propriété de traverser les corps opaques.
- Cette lumière invisible, capable d’agir sur la plaque photographique, comprenait des radiations très diverses et que Gustave Le Bon n’avait pas eu le temps de dissocier au moment où pour prendre date il publia quelques-uns des résultats obtenus. ‘Aussi ses expériences, répétées par plusieurs expérimentateurs, furent suivies de résultats contradictoires, et donnèrent lieu dans les ouvrages de phy-
- sique où elles furent discutées à des interprétations fort diverses.
- L’auteur a continué ses investigations et dans des notes récentes, publiées dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, il a détaché du bloc d’abord un peu hétérogène et confus de la lumière noire des éléments très nets.
- II a d’abord étudié la lumière résiduelle invisible et montré que les corps obscurs peuvent être photographiés dans l’obscurité, à la chambre noire, au moyen de la lumière totalement invisible qu'ils ont gardée à la suite d’une courte exposition au soleil. 11 a expérimentalement prouvé que cette lumière invisible se réfracte, se polarise, a un spectre identique à celui de la lumière solaire et conserve ses propriétés photographiques pendant plus d'une année.
- Fig. 1. — Disposition (le l’appareil employé pour photographier à travers les corps opaques au moyen des radiations invisibles de grande longueur d’onde. L’objet à photographier est enfermé dans une boîte en substance opaque (papier noir, bois, marbre, ébonite, etc.). La chambre noire est un appareil photographique ordinaire dont la glace dépolie est remplacée par un écran de sulfure de ziuc. La source de lumière invisible est une lampe à pétrole entourée de papier noir. L’image se fixe en appliquant après l’exposition l’écran de sulfure contre une plaque sensible qu’on développe par les moyens ordinaires.
- Ce point élucidé il a étudié la transparence des corps opaques pour les diverses radiations lumineuses. Pour que l’œil puisse voir à travers une cloison opaque il faut évidemment deux conditions : la première que des rayons traversent cette cloison, la seconde que l’œil soit rendu sensible à ces rayons.
- Par certains artifices, dont il a donné d’ailleurs le détail, l’auteur est parvenu à rendre la plaque photographique sensible aux radiations obscures. Ayant alors obtenu des photographies à travers les corps opaques, il en a conclu naturellement que des rayons lumineux traversent ces derniers.
- Mais les poses duraient alors plusieurs heures et il fallait opérer par contact. Les résultats prêtaient ainsi à toutes sortes d’interprétations,
- En poursuivant ses recherches, l’auteur a fini par trouver un réactif dont la sensibilité est cinq mille lois supérieure pour les rayons invisibles à celle de la plaque photographique. Ce résultat obtenu il a
- pu montrer, en quelques secondes, la transparence des corps les plus opaques et rendre visible un objet mis derrière une cloison ou enfermé dans une boîte, et cela en prenant comme source lumineuse une simple lampe à pétrole entièrement entourée de papier noir. Le réactif sensible est le sulfure de zinc phosphorescent préparé par la méthode Ch. Henry. On le transforme en écran translucide ou opaque en le délayant dans un vernis1.
- 1 Un trouve ce sulfure tout préparé à la Société nationale de produits chimiques. Pour fabriquer un écran propre aux expériences, on opère de la façon suivante : broyer le sulfure dans un mortier, le passer dans un tamis de soie du numéro le plus fin (qu’on trouve partout dans tous les bazars), mélanger intimement la poudre avec son poids du vernis qu’on trouve chez les marchands de couleurs sous le nom de vernis à bronzer. Verser immédiatement, sans laisser reposer, sur un verre mince sur les bords duquel on a collé une bande de carton de 2 ou 3 millimètres de largeur et 1 millimètre d’épaisseur. On a alors un' écran translucide ayant l'aspect du verre finement dépoli. Pour avoir un écran opaque on remplace le verre par du carton.
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- LA NATUItE.
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- Cet écran jouit de propriétés fort curieuses. Présenté à la lumière du'jour il s'illumine ; mais si l’on sépare de la lumière visible certains rayons, au moyen d’écrans convenables, les rayons invisibles ainsi filtrés éteignent instantanément la phosphorescence, et cela proportionnellement à l’épaisseur ou à la nature des écrans interposés. Or, ce sont ces rayons lumineux extincteurs — dont M. Gustave Le Bon a déterminé la longueur d’onde par une méthode que nous ne saurions exposer ici — qui jouissent de la propriété de traverser les corps opaques.
- L’image obtenue en interposant l’écran entre la source lumineuse et le corps opaque ne dure que quelques instants et n’est visible que dans l’obscurité. Pour la rendre durable et la transformer en
- cliché photographique ordinaire il n’y a qu’à appliquer l’écran 50 à 40 secondes contre une plaque au gélatino-bromure qu’on développe par les moyens ordinaires.
- Voici le temps nécessaire pour obtenir une image à travers les corps suivants : ébonite de 1 centimètre d’épaisseur, 10 secondes; 4 feuilles de papier noir superposées, 10 secondes ; plaques de marbre de 2 centimètres d’épaisseur, de 5 à 30 secondes; planche de bois de 1/2 centimètre d’épaisseur, 60 secondes; 12 feuilles de papier rouge superposées, 70 secondes, etc.
- De tous les corps étudiés, le noir de fumée seul, en dehors des métaux dont l’auteur doit aborder l’étude dans un autre travail, s’est montré opaque. Les corps qui en contiennent, tels que certains
- Fig. 2. Fig. 3.
- Fig. 2. — Vision dans une chambre entièrement obscure, et au moyen d’une lampe entourée de papier noir ou d’ébonite, d’un objet enfermé dans une boîte opaque à la surface de laquelle a été appliquéjun écran luminescent sensibilisé en l’exposant pendant une seconde à la lumière du jour.
- Fig. 3. — Lunette luminescente permettant de voir un objet enfermé dans une boîte opaque ou placé derrière une cloison opaque. La source des rayons actifs est toujours la lampe à pétrole entourée de papier noir.
- échantillons de papier noir et d’ébonite, deviennent pour cette raison opaques. C’est en se basant sur cette opacité du noir de fumée que l’auteur a pu photographier, à la chambre noire, un dessin à l’encre d’impression mis dans une enveloppe de papier noir placée elle-même dans une boîte d’ébonite. Cette photographie faisait partie de celles qu’il a présentées à l’Institut.
- Comme la plus grande partie des rayons qui traversent les corps opaques sont des rayons invisibles, il s’ensuit que l’on peut éliminer de la source lumineuse les rayons visibles et que cette dernière peut être, comme il a été dit plus haut, une lampe à pétrole entourée de papier noir. C’est dans l’obscurité absolue que l’observateurvoitalorsapparaître, sur l’écran sensibilisé d’abord par une courte exposition à la lumière du jour et appliqué contre une boîte opaque, l’objet enfermé dans cette boîte. Les boîtes,
- dont le fond et le couvercle ont été remplacés par du papier noir ou mieux encore par de l’ébonite telle qu’on l’emploie pour rendre brillante une épreuve photographique, donnent les résultats les plus rapides.
- Une des photographies publiées par l’auteur montre que le spectre de radiations qui traversent les corps opaques est beaucoup plus étendu que le spectre des radiations qui ne les traversent pas. Il s’étend, en effet, de 0;a,7 à plus de lp.,5 d’après ses mesures.
- Les rayons visibles du spectre détruisant l’action des rayons invisibles, l’auteur en a conclu que pour étudier l’action physiologique de ces derniers sur les plantes et les animaux, il fallait séparer les deux ordres de radiations. Nous aurons probablement occasion de parler des expériences qu’il entreprend actuellement sur ce point. A. de Marsy.
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- LA NATURE.
- MARS À L’OPPOSITION DE 1899
- Les observations qui suivent ont été faites à l’aide de l’excellente lunette de M. Élisée Duval. Le temps a été très mauvais jusqu’au 22 janvier, mais à partir de cette date j’ai pu observer la planète dans des conditions absolument exceptionnelles. Il faisait très beau sur la terre et sur Mars; j’ai obtenu des définitions très nettes et le grossissement employé a varié entre 240 et 180. J’ai relevé un grand nombre de très bons détails grâce à ma
- Méridien était nettement fourchue : la région de Deuca-Iion était très nettement délimités, nous avons aperçu une seule fois le solis Lacus ou mer Terby.
- Quant au Trivium Charontis, je l’ai souvent vu; son centre avait la forme d’une tache très noire. J’ai cru apercevoir deux fois le Cerbère et le Cyclops, mais l’observation n’était pas très sûre. Lucien Liberty.
- Membre de la Société astronomique de France. --------><>«—
- LE AIN DE CHAMPAGNE
- s s
- N N
- Fig. 1. Fig. 2.
- Mars, le 22 janvier à 6b 50. Mars, le 22 janvier à 8b 50.
- vue exceptionnelle qui me permet de voir à l’œil nu le plus grand satellite de Jupiter.
- Commençant par les pôles je dois dire que le pôle Nord était couvert de neiges abondantes sur une très grande étendue (12 à 15°). La calotte a toujours été bien visible à partir du 17 janvier. On la voit encore à l'heure où
- s s
- N N
- Fig. 5. Fig. 4.
- Mars, le 24 janvier à 8\ Mars, le 7 février à 9b 08.
- j’écris ces lignes et elle ne m’a pas semblé diminuer selon les prévisions.
- La Cimmerium Mare ou mer de Maraldi avait son aspect accoutumé. Le continent d’Herschel (région d’Isidis) était très blanc. L’Hellas ou terre de Secchi se voyait fort bien sur la planète et la couleur était sensiblement moins rouge que le reste de la planète.
- La Libye ou péninsule de llind était beaucoup plus jaune que le reste de la planète; c’était la partie la plus rouge de la planète. La mer des Syrtes ou mer du Sablier était très foncée surtout dans sa partie centrale. Elle semblait avoir encore augmenté d’étendue. Le Nilosyrtis bien visible m’a semblé rejoindre le Coloc Palus bien difficilement visible.
- Æria ou continent Copernic était très foncé : c’était une des parties sombres de la planète. Le sinus Sabæus ou golfe Kaiser avait son aspect ordinaire; la baie du
- La royauté du champagne est incontestable et incontestée. C’est du reste une des rares suprématies que ses concurrents commerciaux et industriels aient laissées à la France. Que les simili-champagne allemands envahissent les tab'es plébéiennes et les restaurants de second et troisième ordre, le vrai mousseux de Reims et d’Épernav trônera longtemps encore sur les nappes élégantes.
- La statistique est tout à fait consolante sous ce rapport.
- La Chambre de commerce de Reims publie chaque année l’état du mouvement des vins mousseux expédiés du département de la Marne en France et à l’étranger. La collection de ces états montre que les demandes sont loin de diminuer. Le tableau suivant marque l’imporiance
- de ce commerce depuis cinquante ans. Les exercices sont
- comptés du 1er avril au 51 mars de l’année suivante :
- Total Expéditions Expéditions
- des bouteilles à en
- expédiées. l’étranger. France.
- 1844-1845 6 655652 4)580214 2 255 458
- 1819-1850 6’706 779 5 001041 1 705 755
- 1854-1855 9 548 516 6 895 775 2 452 745
- 1859-1860 111505 016 8-265 595 505^621
- 1864-1865 11!905067 9101 441 2 801 626
- 1869-1870 171487 500 15 858 859 5 628 461
- 1874-1875 18 855527 15 518 545 5 517182
- 1879-1880 19191151 16-524 595 2 666 561
- 1880-1881 20620904 18 220 980 2 599 921
- 1881-1882 20 862255 17 671 566 5190869
- 1882-1885 20 512052 17 642 821 2 869 251
- 1885-1881 20 882554 18 206 956 2 675 578
- 1881-1885 21 011 857 18189 256 2 822 601
- 1885-1886 17 675674 14 925 490 2 752184
- 1886-1887 19 084 874 16 222905 2 861 971
- 1887-1888 20 554524 17 257 685 5076659
- 1888-1889 22 558084 18 904 469 5 655 615
- 1889-1890 25521571 19148 582 4176189
- 1890-1891 25776194 21*699111 4077 085
- 1891-1892 24 245996 19:685 lia 4 558 881
- 1892-1895 21 088 215 16-600678 4487 555
- 1895-1894 22 255 867 171559 549 4876518
- 1891-1895 21 057 655 16)129 574 4 908 281
- 1895-1896 24052 685 17 966 810 6 065 845
- 1896-1897 28 559915 22 155 798 6 204115
- 1897-1898 27.587 787 21)697 188 5 690599
- Le commerce du pétillant breuvage a ainsi quadruplé en 50 ans et c’est surtout la consommation étrangère qui a progressé. Une seule défaillance dans cette progression. L’année de la guerre les ventes ont été de moitié inférieures à celles de l’année précédente. Mais l’année suivante on s’est lestement rattrapé et on a atteint un chiffre qui n’avait encore jamais été réalisé.
- Quant aux caves elles renferment des existences suffisantes pour assurer l’exécution des commandes pendant au moins cinq ans lors même que la fabrication serait nulle. Les chiffres qui suivent sont de nature à rassurer les amateurs qui auraient des craintes à cet égard.
- Champagne mousseux existant en caves dans la Marne au :
- avril 1882 851 990 hectol. représentant 99 858 000 bouteilles-,
- — 1885 822 989 — 98 758000 —
- — 1884 910 015 — 109201000 -
- — 1885 1 010 486 — 121 258 000 — .
- — 1886 992 554 — 119105000 —
- — 1887 925669 - 111080 000 —
- — 1888 905 219 — 128 587 000 —
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- LA NATURE.
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- 1M avril 1889 798 202 hectol. représentant 93 783 000 bouteilles.
- — 1890 876606 — 103193 000 —
- — 1891 882013 — 103 833 000 —
- 1892 932 363 — 111307 000 —
- 1893 1 002 372 — 120308000 —
- — 1891 1 333 321 — 162662000 —
- 1893 1 292 010 — 135161 (KH)
- 1896 1 269021 — 152 282000 —
- 1897 1 230 733 — 150 088 000 -
- — 1898 1 161 007 — 111 320 000 —
- (5 litres = 6 bouteilles.)
- II ne faudrait cependant pas que le phylloxéra continuât par trop longtemps à faire des siennes. Ce terrible infiniment petit finirait par transformer en catacombes les superbes caves champenoises. L. R.
- LE RÉPARTITEUR ANGULAIRE
- S’il est un domaine d’où l’illusion a été jusqu’ici soigneusement bannie, c’est bien celui de la mesure quelle qu’en soit l’espèce. La mesure ne trompe pas, dit-on, et se servir d’une sorte de subterfuge pour l’obtenir pourrait être considéré comme déloyal. Mais lorsque le droit chemin est impraticable, la voie détournée est la seule ressource. C’est ce qu’a pensé M. Guiller-minet, horloger à Paris, en réalisant son ingénieux répartiteur angulaire, destiné à subdiviser pratiquement de petits espaces de temps par des moyens élémentaires.
- Jusqu’ici, le chronographe compteur de poche a été limité au cinquième de seconde, surtout par la difficulté de diviser le cadran en dixièmes, seule division pratique après le double dixième, et de lire ensuite la position de la grande trotteuse arrêtée sur une division dont tous les traits seraient presque confondus.
- Depuis quelques années, la foudroyante petite aiguille effectuant des sauts de puce sur un cadran séparé, est apparue dans des montres de prix. Le tour du petit cadran est exécuté en une seconde, de telle sorte que la mise en marche ou l’arrêt doivent s’effectuer avec une extrême rapidité. Le mécanisme de foudroyante est fort délicat, ce qui l’a empêché jusqu'ici de se vulgariser.
- Mais si, au lieu de faire mouvoir une aiguille sur le petit cadran, on pouvait donner l’illusion d’une aiguille qui tourne, le même problème pratique serait résolu, et la montre rendrait les mêmes services. Ce qu’il y a de particulièrement intéressant dans cette conception, c’est que l’illusion est plus facile à obtenir que la réalité, au rebours de ce qui a lieu dans la plupart des imitations.
- Dans le mécanisme réalisé par M. Guillerminet, le cadran de foudroyante est remplacé par un disque percé d’un certain nombre de fenêtres, dix par exemple. Au-dessous, et concentriquement, se trouve un putre disque de même couleur que le premier, blanc si l’on veut, avec une étoile formée d’un nombre de rayons inférieur d’une unité à celui des ouvertures. Dans notre cas, l’étoile aura neuf branches noires sur fond blanc, d’une largeur sensiblement égale h celle d’une fenêtre. Numérotons les premières de 1 à 10, les rayons de 1 à 9, et supposons les éléments n° 0 et 1 en coïncidence. Une aiguille noire apparaîtra dans la première fenêtre. Donnons maintenant un petit mouvement rétrograde à la roue
- portant l’étoile. Le rayon n° 2 apparaîtra dans la deuxième fenêtre, tandis que le premier se cachera derrière un plein du disque. Un nouveau mouvement découvrira une aiguille dans la troisième fenêtre, et ainsi de suite. Lorsque l’aiguille aura fait en apparence un tour entier du cadran, le disque mobile se sera déplacé seulement d’un neuvième de tour. Ainsi un mouvement relativement lent aura été transformé, pour l’usage du propriétaire de la montre, en une série de sauts rapides lui permettant de diviser en dix parties, par des écarts angulaires considérables, la durée correspondant au déplacement du disque mobile sur un neuvième de tour.
- L’illusion est complète, et même lorsqu’on en a le secret, on voit involontairement une aiguille se déplacer par sauts rapides dans le sens direct.
- Le bénéfice du système nouveau par rapport à la foudroyante devient évident si l’on songe que l’énergie nécessaire pour lancer un mobile et l’arrêter sur une série de points en des espaces de temps égaux, est proportionnelle au carré de la distance de ces points. Sans doute le disque portant les rayons est beaucoup plus lourd que l’aiguille ténue de la foudroyante; mais il n’est
- pas isolé dans la montre; il fait partie d’un ensemble dont le moment d’inertie ne peut être amené au-dessous d’une certaine limite, et qui n’est pas très différent dans les deux cas. En supposant Féquipage du répartiteur deux fois plus lourd que celui du mécanisme ordinaire, l’énergie que nécessitera sa mise en marche sera encore quarante fois moindre.
- L’illusion sur laquelle est fondé le répartiteur est probablement employée pour la première fois dans un instrument servant à la mesure du temps. Mais un artifice analogue avait été mis en œuvre, il y a quelques années, par M. Carpentier dans son batteur de mesure consistant à faire apparaître successivement des baguettes blanches et noires dans deux fenêtres formant entre elles un angle, et faisant l’office d’un bâton décrivant le mouvement rapide de celui du chef d’orchestre. L’économie de l’appareil était la même, il s’agissait de remplacer un grand mouvement par un petit nécessitant une force incomparablement moindre. Mais, si l’idée élémentaire est semblable dans les deux appareils, le problème cinématique résolu par M. Guillerminet n’en est pas moins nouveau et fort intéressant.
- Si la réalisation de cette idée entre dans le domaine pratique, le dixième de seconde sera probablement substitué au cinquième dans l'indication de tous les résultats enregistrés aujourd’hui au chronographe compteur. En dehors d’une plus grande facilité dans l’écriture, certains records sont aujourd’hui si serrés que cette division en deux du cinquième, auquel on s’était arrêté faute de mieux, n’est déjà plus puérile.
- C.-E, Gvii.lacme.
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- LA NATURE.
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- LES FREINS POUR YOITURES
- Tout le monde se rend facilement compte de l’utilité incontestalde des freins. On se demande avec
- juste raison pourquoi si peu de voitures, à Paris, sont munies d’un système d’enrayage. Le préfet de police a même dû faire paraître un arrêté aux termes duquel tout véhicule comportant quatre places ou plus devra être muni d’un lrein puissant et rapide. Cet arrêté n’est pas encore en vigueur. Une étude succincte des principaux freins connus et employés permettra de juger si les carrossiers ont à leur disposition un système d’enrayage assez puissant et surtout suffisamment rapide pour répondre au désidératum de l’arrêté préfectoral.
- Nous ne parlerons que pour mémoire des freins à sabot (fig. 1) encore employés dans les pays montagneux pour des véhicules primitifs. Un moyen d’enrayage tout aussi archaïque consiste à immobiliser une ou deux des roues de la voiture au moyen d’une chaîne retenant un des rais (fig. 2). On emploie plutôt cette chaîne, à Paris tout au moins, pendant un arrêt prolongé, pour prévenir un départ intempestif du cheval.
- Un grand nombre de tombereaux ou véhicules analogues sont munis de patins fixés sur un longeron mobile à l’arrière de la voiture. Un levier plus ou moins rustique (fig. 3) permetl au conducteur de pousser ce longeron en avant et par suite d’appliquer
- fortement les patins contre les roues.
- Nous arrivons à des moyens plus perfectionnés avec les freins à vis dont il a été fait un très grand nombre de modèles. Le plus simple consiste en une vis pouvant tourner, sans avancer ni reculer, dans deux colliers fixes. Cette vis porte un écrou mobile (fig. 4) qui fait partie d'une tige actionnant un levier fixé sur l’arbre horizontal a qui porte les patins. Le fonctionnement en est facile à comprendre. Ce système est bon et assez puissant, mais il est peu rapide, bien que fort employé. Le frein à levier (fig. 5) est plus rapide, mais moins puissant que le précédent. On ne l’emploie que pour les voitures légères. Depuis plusieurs années presque tous les lourds véhicules
- Fig. 3. — Frein à patin.
- Fig. 2.
- Frein à chaîne retenant un rai.
- Frein à sabot.
- et en particulier les omnibus sont munis de freins à corde, avec ou sans patins. Ces freins sont puissants et assez rapides pour qu’on les ait appelés instantanés ; ils ont marqué un énorme progrès et ont permis d’augmenter le poids des voitures sur lesquelles ils ont été adaptés sans nuire à la sécurité et à la facilité de leur manœuvre.
- La figure 6 montre les dispositions principales d’un frein à cordes. Une pédale, actionnée par le pied du conducteur, est reliée à un arbre horizontal a, appelé palonnier de frein. A cet arbre sont attachées les extrémités de deux cordes venant s’enrouler autour des moyeux des roues garnis à cet effet de tambours métalliques. Cet enroulement se fait en sens inverse du sens de rotation de la roue. L’autre extrémité des cordes est attachée à un arbre suspendu aux extrémités de deux petites bielles oscillant autour des points b. Cet arbre c porte les patins. Quand la roue tourne, la corde tend à s’enrouler autour du moyeu, de c en a. Mais si l’on ne tire pas sur l’extrémité a de la corde le frottement produit par la rotation du moyeu sur la corde n’est pas suffisant pour produire un enroulement complet et le moyeu
- tourne librement sans être gêné par la corde. Si au contraire on tire sur l’extrémité a, en agissant sur la pédale, le frottement produit par cette traction provoque l’enroulement de la corde et, si on continue toujours à actionner la pédale, le frottement de plus en plus violent amène l’enroulement rapide de la corde, l’extrémité c est attirée violemment vers le moyeu et les patins viennent s’appuyer sur les roues. Le serrage de la corde autour du moyeu et l’action des patins sont tels qu’ils provoquent l’arrêt presque instantané des plus lourds véhicules. Le frottement de la corde autour du moyeu commence avant que des patins viennent au contact des roues et provoque ainsi un enrayage moins violent.
- Ce frein est donc essentiellement modé-rable. Un ressort de rappel qui ramène le palonnier a en arrière désarme le frein dès que l’on cesse
- Fig. 6. — Frein Lemoine.
- Fig. 3. — Frein à levier.
- te «f
- Fis. i.
- Frein à vis.
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- LÀ NATURE.
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- d’agir sur la pédale. C'est le plus puissant des freins employés.
- Le frein Lehut ressemble au précédent comme principe. Le tambour de frictions est’ enfermé dans une boîte, la corde est remplacée par un ruban métallique et les patins sont supprimés. Il est aussi rapide mais moins puissant que le précédent.
- Enfin, on a cherché à appliquer l’automatisme aux freins et une application heureuse en a été faite aux freins à corde par les inventeurs du frein Stop.
- Ce nouveau frein a donc tous les avantages des systèmes à corde et de plus il est automatique.
- Le palonnier À, qui est toujours actionné par la pédale, est aussi relié par un câble à un levier B (fig. 7). Ce levier B est fixé sur un arbre horizontal C
- qui porte en outre deux ferrures D auxquelles s’accrochent les traits et un levier F rappelé en arrière par un fort ressort. L’arbre C peut tourner librement dans deux supports fixés sous les armons ; sa rotation est limitée par deux butées arrêtant le mouvement en avant des pièces I).
- Le fonctionnement est très simple. Dès que les chevaux tirent, les leviers 1) viennent en avant jusqu’à la butée, ainsi que le levier F solidaire de l’arbre C. Le ressort R vaincu par la traction des traits est bandé par le mouvement en avant du levier F.
- Le levier B s’incline en arrière, le câble se détend et le frein à corde est désarmé par le ressort de rappel T.
- Si, par suite d’un ralentissement, d’un arrêt, ou toute autre cause, les traits se détendent, autrement
- Fig. 7. — Frein automatique Stop.
- dit, dès que la voiture tend à aller plus vite que les chevaux, ce qui arrive en particulier dans les descentes, le ressort R rappelle en arrière le levier F, l’arbre C effectue une petite rotation, le levier B se porte en avant, tend le câble qui tire sur le palonnier A par l’intermédiaire de la bielle et le frein fonctionne progressivement et automatiquement sans que le cocher ait à intervenir en quoi que ce soit.
- Le fonctionnement et les avantages sont les mêmes que ceux des freins à corde auxquels ce nouveau système s’applique bien en les rendant absolument automatiques. Naturellement le cocher reste toujours maître du frein au moyen de la pédale.
- . Ces détails suffisent pour donner une idée générale des systèmes employés un peu partout. Cette revue sommaire des principaux freins nous permet d’espérer que les carrossiers n’auront pas de
- peine à satisfaire aux exigences de l’arrêté préfectoral, tout au moins en ce qui concerne les voitures neuves. Flamfx.
- UN CURIEUX PHÉNOMÈNE D’OMBRE
- Tout le monde connaît les phénomènes d’ombre et de pénombre produits par une source lumineuse; mais on est moins familiarisé avec les phénomènes plus complexes qui peuvent résulter de la superposition des ombres et pénombres produites par diverses sources. Le hasard m’a fait réaliser dernièrement une expérience de ce genre, je vais la décrire sous la forme un peu banale, mais saisissante, où elle s’est présentée à moi. Dans une pièce obscure où seules donnaient de la lumière les cinq ou six flammes horizontales du four inférieur d’un réchaud à gaz ordinaire, j’avais placé un doigt verticalement, entre le réchaud et le mur situé en face de lui. Or, dans ces conditions, l’ombre du doigt sur le mur n’apparaissait pas comme un doigt, mais plutôt comme représentant,
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- LA NATURE.
- presque à s’y méprendre, les dents d’une fourchette. J’insiste sur ce point qu’il n’y avait pas d’autre lumière dans la pièce, et que d’ailleurs les flammes, en partie masquées par le bâti du fourneau, se trouvaient en quelque sorte réduites à des sources lumineuses de dimensions fort restreintes.
- Pour donner l’explication de ce phénomène, supposons les sources réduites à des points lumineux, et disposées sur une ligne horizontale A B. Nous représenterons ce qui se passe dans un plan horizontal contenant cette ligne A B; soit dans ce plan la trace M N d’un objet placé entre les sources et un érran E. Pour simplitier l’explication, nous ne nous occuperons que des ombres proprement dites fournies par les sources, en laissant à dessein de côté la complication apportée par les phénomènes de pénombre.
- La source n° 1 fournit derrière l’objet MN un cône d’ombre dont la trace sur le plan de la figure est donnée par les droites MPj ; de même les sources 2, 2', 5, 3', etc., fournissent des cônes MPa. MP'j ; MP3, MP'S, etc. Que résulte-t-il sur l’écran E de l’enchevêtrement de tous ces cônes? D’abord dans toute la région KL de l’écran il y a de l’ombre : mais un point tel que R n’est que dans
- Phénomène d’ombre.
- l’ombre fournie par la source n° 3, et reçoit de la lumière de toutes les autres sources ; au contraire, un point tel que S, qui est dans les cônes donnés par les sources 2 et 3 est dans une ombre plus épaisse que le point R. De même le point T est dans une ombre plus douce, le point V dans une ombre plus épaisse, etc. On voit donc que la région KL de l’écran sera recouverte d’une double série de bandes sombres, l’une des séries correspondant à des maxima, l’autre à des minima d’ombre. Chacune des bandes affectera d’ailleurs, perpendiculairement au plan de la figure, l’allure générale de l’objet MN; et le premier aspect du phénomène sera bien un dédoublement analogue à celui que nous signalions en commençant, car l’œil non prévenu ne verra d’ombre que sur les bandes de maxima d’ombre, les minima lui paraissant lumineux à côté des maxima.
- On voit facilement de quelle façon se modifie le phénomène quand on rapproche ou qu’on éloigne l’écran de l’objet MN ; en partiçulier le phénomène disparaît complètement si l’écran et l’objet sont très voisins; l’écran étant alors dans une région où les cônes, empiétant les uns sur les autres, ne se sont pas encore séparés, on ne verra qu’une ombre dont l’intensité ira en décroissant du centre vers les bords. Il y a donc une distance minima de l’écran à l’objet pour laquelle l’expérience réussit; cette distance est marquée en 0 sur notre figure. Il y a d’ailleurs aussi une distance maxima indiquée par des
- conditions de netteté du phénomène; ces conditions dépendent essentiellement de la considération des pénombres qui enveloppent chacun des cônes que nous avons tracés et qui résultent des dimensions des sources lumineuses.
- L’expérience est facile à répéter par le dispositif même que nous indiquions au début ; on pourra varier beaucoup les résultats obtenus en modifiant l’objet employé, les ombres étant toujours décomposées et dilatées dans le sens de la rangée des sources lumineuses. On conçoit aisément que l’expérience réussira d’autant mieux que les sources auront des dimensions plus petites, et que le phénomène principal ne sera pas noyé dans une lumière parasite répandue sur l’écran. J. Derôme.
- Licencié es sciences.
- LES VOYAGEURS DE CHEMINS DE FER
- EN FRANCE
- Au 31 décembre 1897, le réseau des chemins de fer français comprenait 35 830 kilomètres ayant nécessité un capital d’établissement de 13 milliards 749 millions. Pour desservir ces lignes, les six grandes compagnies et l’État possédaient à cette date 9266 locomotives, 25 553 voitures de voyageurs et 267 526 wagons de marchandises.
- Les trains ont été fréquentés par 369 582172 voyageurs. Si tous ces voyageurs étaient remplacés par un seul ayant effectué l’ensemble de leurs trajets particuliers, ce voyageur idéal aurait parcouru 12 449 485 000 kilomètres, soit 311 237 fois le tour du monde, 16196 fois le voyage aller et retour de la terre à la lune, 84 fois celui de la terre au soleil.
- Le parcours moyen d’un voyageur est différent suivant que les compagnies ont un service de banlieue peu ou très chargé. Ainsi, sur les lignes du Midi, il atteint 48kra,6 ; sur le P.-L.-M. et sur Orléans, respectivement 46km,28 et 46km,8. Sur l’État, il est de 40km,9, tandis qu’il s’abaisse à 28km,68 sur le Nord, à 25km,36 sur l’Est et à 21 km sur l’Ouest.
- Il en est de même des produits moyens, qui varient de lfr,97 sur le P.-L.-M., à 0tr,843 sur l’Ouest.
- On sait que depuis l’abaissement des tarifs de grande vitesse, on peut calculer très simplement la valeur d’un billet, et d’une façon très approximative en comptant un sou par kilomètre en troisième, un sou et demi en seconde et deux sous en première. Il ne faudrait pas croire cependant que cette perception soit celle moyenne des Compagnies. Il n’y a pas en effet 30 pour 100 des voyageurs qui paient leur place entière. Les autres bénéficient de réductions : cartes d’abonnement, billets d’ouvriers, billets d’aller et retour, trains de plaisir, pèlerinages, etc.
- Sur un chiffre total de recettes brutes de 1302 millions de francs, la partie afférente aux voyageurs est de 345 millions, soit 26,5 pour 100.
- Au point de vue de la répartition des trois classes, nous constatons que le déclassement marqué au lendemain de la réforme des tarifs se continue. Le tableau n° 1 indique cette répartition quant aux nombres de voyageurs et quant aux produits. Le tableau n° 2 donne le produit moyen d’un voyageur dans chaque classe et le tarif kilométrique moyen perçu par les différentes Compagnies.
- Les chiffres de l’Ouest et de l’Est, en ce qui concerne les rendements par classe, sont très sensiblement différents de ceux des autres Compagnies parce que plusieurs des lignes de banlieue de ces deux Sociétés n’ont pas de voitures de troisième. De là une exagération du nombre
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- LA NATURE.
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- des voyageurs de seconde classe, qui, sur l’Ouest en particulier, sont plus nombreux que ceux de troisième.
- 11 n’est pas sans intérêt de jeter un coup d’œil sur le trafic des voyageurs des gares les plus importantes. A ce point de vue, c’est la gare Saint-Lazare qui tient, haut la main, le premier rang. Pendant l’année 1897, elle a expédié plus de 21 millions de voyageurs.
- Le nombre des voyageurs débarqués étant sensiblement le même, le mouvement général de la gare Saint-Lazare a été de plus de 42 millions de voyageurs. La gare du Nord a expédié environ 9 millions et demi de voyageurs, celle de la Bastille 7 millions et demi, ce qui représente des mouvements respectifs de 19 et 15 millions. La gare de P.-L.-M., a Paris, a expédié près de 3500 000 voyageurs. Les gares de Lyon, près de 3 750 000, celle de Marseille 1 670 000. La gare d’Orléans (Walhubert) a écoulé 2 500 000 voyageurs, celle du Luxembourg
- 1 600 000. Il est parti 4 millions de voyageurs de la gare de Lille, 2 550Ô00 des diverses gares de Bordeaux; Nancy a enregistré 1 700 000 départs. Sur les lignes de banlieue et de ceinture, Neuillv a compté plus de 3 millions de départs ; Auteuil, Courcelles, Asnières, plus de
- 2 millions et demi ; Versailles plus de 2 millions ; Vin-cennes près de 1 800 000. Tous ces chiffres doivent être multipliés par 2 pour avoir le mouvement total.
- COMPAGNIES TARIF KILOMF.TR, MOYEN D'UN VOYAGEUR U '/; V PRODUI d’un V H tfl tr 3 <3^ T MOYE OYAGEUR U tu J V lO N MOYENNE GÉNÉRALE
- Chemins de l’Est. . 0,0361 3,01 0,84 0,93 0,92
- Chemins de l’Etat. 0,0329 5,14 3,17 1,11 1,34
- Chemins du Midi.. 0,04021 7,81 3,81 1,46 1,95
- Chemins du Nord . 0,0347 4,30 1,73 0,66 0,99
- Chemins d’Orléans 0,0381 8,69 3,50 1,32 1,78
- Chemins de l’Ouest 0,0392 1,42 0,65 0,94 0,84
- Chemins P.-L.-M. . 0,0429 9,29 3,97 1,26 1,97
- Tableau 1.
- COMPAGNIES
- Chemins de l’Est. . Chemins de l’État. Chemins du Midi . Chemins du Nord . Chemins d'Orléans Chemins de l’Ouest Chemins P.-L-.M.
- PROPORTION
- EN NOMBRE
- DES VOYAGEURS p. 100
- 0,15 1,86 3,8 A,5 3.6 9,92 5,1
- PROPORTION
- EN RECETTES DES VOYAGEURS p. 100
- U (fi <3 Ai W tfi tfi «3 O to in CLASSE J W & 5
- 33,73 61,15 15,5 27,9
- 7,84 90,30 7,11 18,52
- 9,5 87,7 15,6 18,8
- 16,1 79,4 19,3 28,0
- 10.06 86,34 17,54 18,65
- 49.89 40,19 17,13 39,4
- 11,0 83,9 21,1 22,1
- 56.6 74,37
- 65.6
- 52.7 63,81 45,46
- 53.8
- Tableau 2.
- Parmi les lignes exploitées il en est quelques-unes qui sont fort lucratives. Ce sont les grandes artères. Les autres ne rapportent généralement que fort peu‘ou laissent même des insuffisances parfois considérables. En parcourant les statistiques des Compagnies on voit quelle extension considérable ont prise les chemins de fer électoraux dont nos représentants sont seuls à tirer quelque profit par leur réélection. Ainsi, sur 119 sections figurant au compte unique d’exploitation de la Compagnie de P.-L.-M., il n’v en a que 27 qui produisent un boni, toutes charges afférentes payées. Le boni total, qui doit être employé à la rémunération des actionnaires, a été en 1897 inférieur
- à 41 millions. Or la ligne de Paris à Marseille (863 km) a fourni à elle seule près de 72 millions. En réalité, les 27 lignes lucratives ont donné environ 100 millions de boni, tandis que les 92 autres sections soldent leurs comptes par près de 60 millions d’insuffisances.
- On peut se rendre compte par les quelques chiffres qui précèdent que l’exploitation des chemins de fer ne présente pas que des bénéfices. Les Compagnies ont souvent fort à faire pour tenir le juste milieu entre les réclamations souvent contradictoires des habitants des diverses régions qui constituent leurs réseaux. Entre voyageurs en compagnies c’est un peu comme entre protectionnistes et libre-échangistes. L. Reverchon
- TITRAGE D’UNE SOLUTION
- On est souvent embarrassé quand il s’agit de diminuer ou d’augmenter la teneur d’un sel dans un liquide quelconque, surtout lorsque les chiffres indiquant les titres ne sont pas des multiples simples. Voici un procédé qui est facile et qui peut être d’une application très utile dans la plupart des cas.
- Soit une solution à m pour 100 qu’on veut ramener à n pour 100, en y ajoutant le dissolvant et soit x cette quantité de liquide, nous aurons :
- n ___ m
- ÏÔÙ~m + x
- 100 (m — n)
- x —-------------
- n
- x est la quantité d’eau qu’il faut ajouter à 100 grammes de la solution pour la réduire de m à n ; mais si au lieu de partir de 100 grammes nous étions partis de n grammes la formule deviendrait
- , n 100 (m — n)
- 100 ^ 100 x' = m — n.
- On peut donc formuler la règle suivante et dire que pour réduire une solution d’un titre à un autre, il suffit de verser dans un verre gradué autant de centimètres cubes que l’indique le chiffre du titre à obtenir et d'v ajouter du dissolvant jusqu’à ce que l’on soit arrivé à la division de l’éprouvette marquant le chiffre de la teneur primitive.
- Cette règle n’est pas d’une exactitude absolue, car il faut tenir compte du volume occupé par le sel dans le dissolvant et cette quantité est essentiellement mobile, elle varie avec la nature du sel et avec la température ; on ne peut établir de loi de ce côté-là, mais en général le titre d’une solution n’a pas besoin d’être d’une exactitude mathématique, et l’on peut appliquer donc le procédé pour les besoins usuels de la pharmacie et de la photographie.
- Nous donnons un exemple. Soit une solution d’hypo-sulfite de soude à 25 pour 100 qu’on désire réduire à 8 pour 100. On commencera par mettre 80 centimètres cubes dans un verre gradué et on ajoutera de l’eau jusqu’à faire 250 centimètres cubes.
- Inversement si on voulait augmenter le titre d’une solution il faudrait prendre m centimètres cubes et chauffer jusqu'à ce que l'évaporation ait réduit le volume à n ; mais cette partie de la règle générale est théorique, car en pratique l’expérience ne serait pas très aisée. . A. C.
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- LA NAITRE.
- RESTITUTION DU YIEUX PARIS
- TRWAUX DE L’EXPOSITION DE 1900
- Depuis plusieurs mois, les nombreux promeneurs qui passent sur le pont de l’Alma et le long du quai de Billy, remarquent avec curiosité les grands travaux qui s’exécutent sur la berge de la Seine.
- La première partie de ces travaux terminée depuis quelque temps, avait pour objet la construction d’une vaste plateforme de 260 mètres de longueur sur laquelle on commence à édifier une petite ville qu’on appelle déjà la Restitution du Vieux Paris.
- La plate-forme construite a 21 mètres de largeur en amont; dans son milieu elle a 25 mètres et en aval 22 mètres, ce qui lui donne une superficie totale de 6000 mètres carrés environ, en y comprenant la surface laissée libre par la démolition du parapet du mur de quai. Pour soutenir cette plate-forme qui constitue le plancher de fondation du Vieux Paris, le travail a été considérable. Il a fallu exécuter sur la Seine, sous la surveillance et le contrôle des Ingénieurs de la navigation, un battage de pieux dont les files consécutives ont d’axe en axe un écartement variant de lm,60 à 2m,50. Ces pieux, en bois de sapin, provenant des sapinières des départements de l’Orne et de l’Eure, ont une longueur d’environ 15 mètres et un diamètre de 1 mètre. On en a battu près de 900, qui forment une longueur totale d’environ 11 kilomètres et près de 900 mètres cubes de bois.
- Les pieux sont recépés après battage au refus à
- l’altitude de 31m,35. Le niveau moyen des eaux étant à la cote 27 (retenue horizontale de Suresnes),
- ils émergent de 4m,35. L’altitude de 31""-, 35 correspondant au plus haut niveau des crues de la Seine pendant ces dernières années, la plate-forme se trouvera assurée contre tout danger d’inondation.
- Les pieux ont été battus à l’aide d’un mouton automoteur à va-peur pesant 1000 kilogrammes qui parfois a dû frapper jusqu’à 500 coups pour donner à un seul d’entre eux 4 mètres défiché, c’est-à-dire moins de 1 millimètre par coup. Ils sont tous reliés entre eux par quatre coins de moi ses horizontales orientées en plan suivant deux directions perpendiculaires, l’une étant parallèle au fil de l'eau. Les deux autres sont placées 3 mètres plus bas et sont fixées sur chaque pieu au moyen de forts boulons. Ces moïses inférieures ainsi que les longitudinales supérieures sont en bois de sapin. Les moises transversales supérieures sont constituées par des pièces d’acier profilé et la liaison des pieux dans le sens du courant est complétée par la pose de contre-fiches embrassant trois pieux sur lesquels celles-ci sont boulonnées. C’est au-dessus de ces moises supérieures que le plancher formé d’épais madriers de sapin est posé. Nous ne pouvons ici entrer dans tout le détail de cette intéressante construction, mais nous dirons que, d’après le calcul des Ingénieurs des ponts et chaussées, le
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- LA NATURE.
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- travail a été exécuté de telle façon que chaque mètre carré de la plate-forme peut supporter un poids de 4000 kilogrammes, tandis que le Ministère des travaux publics ne demande que 400 kilogrammes pour les ponts et passerelles. Toute sécurité est donc parfaitement assurée dans cette construction.
- C’est en amont, ayant vue sur le pont de l’Alma, que sera l’entrée du Vieux Paris, figurée par la porte Saint-Michel dont on voyait dernièrement poser les premières pièces de charpentes nécessaires à sa construction (fig. 1). Actuellement, les travaux ayant été poussés activement, la porte Saint-Michel commence à prendre son aspect définitif. Nous représentons la façade principale (fig. 3) et la façade {postérieure
- (fig. 2). C’est grâce à l’obligeance de M. Robida, l’artiste bien connu et notre collaborateur à La Nature, que nous pouvons publier par avance ses dessins. C’est lui d’ailleurs qui a composé et restitué, avec sa fantaisie originale, toutes les façades et combiné tous les aperçus pittoresques du Vieux Paris, aidé pour la partie technique de l’architecte, M. Léon Benouville. On voit sur le plan célèbre, dit de tapisserie, daté de l’an 1512 à l’an 1547, dont l'original peint à la gouache a été malheureusement brûlé pendant l’incendie de l’Hôtel de Ville en 1871,
- cette porte Saint-Michel située à l’extrémité de la rue de la Harpe. Elle existait à peu près sur l’emplacement actuel du carrefour formé par la rue Soufflot, la rue de Médicis et le boulevard Saint-Michel, près du jardin du Luxembourg.
- Une fois la porte Saint-Michel passée, le public aura partout à contempler des vues curieuses de l’ancien Paris. Par suite de l’habile aménagement des petites rues, des places publiques et des détours savamment distribués, on aura à parcourir près d’un kilomètre. Les visiteurs verront une partie du Pont au Change bordé de ses maisons du xvie siècle et pénétreront dans le Châtelet. Ils passeront aussi dans la cour de la Sainte-Chapelle où se trouvait l’élégant
- La porte Saint-Michel restaurée.
- Entrée du Vieux Paris (façade principale).
- escalier du temps de Louis XII qui conduisait à la Cour des Comptes.
- Dans le théâtre des Halles, il y aura des concerts, et des artistes joueront des comédies et des farces anciennes. La rue des Écoles avec ses maisons de bois apparents et ses hauts pignons, l’église Saint-Jean des Menestriers, la rue de la foire Saint-Laurent ornée d’une quantité de jolies boutiques reconstituées, offriront un aspect des plus attrayants.
- Du côté de la chaussée du quai de Billy, le long des murs crénelés du Vieux Paris, un grand nombre d’échoppes amusantes seront installées et des bateleurs de toutes sortes réjouiront par leur boniment le public ébahi. Vers la Seine, les vieilles maisons aux silhouettes pittoresques, avec leurs terrasses et leurs balcons sculptés ornés de fleurs, auront de
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- LA NATURE.
- grandes salles destinées aux restaurants et aux fêtes. L’ensemble général'de toutes ces constructions diverses ne peut manquer d’être très original. Il faut souhaiter que le Vieux Paris ait auprès du public autant de succès que la rue du Caire de la dernière Exposition. Albert Tissaxdier.
- CORRESPONDANCE
- A propos de notre récent article sur l'Écriture et la parole en miroir1 nous avons reçu la lettre suivante, dont nous reproduisons une partie telle quelle. Nous donnons au-dessous le texte complet.
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- Monsieur le Directeur,
- Je viens de lire l’article paru dans La Nature du 11 mars. A mon avis l’opinion de l’auteur n’est pas absolument juste ; l’écriture en miroir de la main gauche est un fait normal d’ordre physiologique qui vient de ce que les mouvements des deux mains sont toujours symétriques chez l’homme sain.
- L’exemple suivant le montre bien : si on fait un geste du bras droit devant une personne dont le bras droit est immobilisé, et qu’on lui demande de le répéter, elle le répétera inconsciemment du bras gauche, mais ce sera un geste en miroir par rapport au premier; d’ailleurs tous les enfants savent de quelle manière on peut faire tourner ses pouces.
- J’estime qu’il n’y a rien à retenir dans l’explication de MM. Nicolle et Halipré : il est vrai que l’œil ne reconnaît pas un mot écrit à l’envers, mais c’est tout simplement parce qu’il n’en a pas l’habitude. Pourquoi cette aptitude des membres aux mouvements symétriques : il est certain qu’il y a à cela des raisons physiologiques, mais l’origine de ce phénomène réside dans la nécessité pour le corps au repos d’annuler les réactions des mouvements.
- Il est toujours dangereux de répandre des idées non pourvues d’un caractère suffisant d’exactitude, surtout avec des explications savantes. Ne serait-il pas triste, par
- 1 Yoy. u° 1346, du 11 mars 1899, p. 233.
- exemple, de voir rompre un mariage parce que la fiancée s’étant amusée à écrire de la main gauche serait réputée folle sur la foi des journaux.
- Telles sont, Monsieur le Directeur, les idées que je vous demande la permission de vous soumettre.
- Veuillez agréer en même temps mes biens vifs remerciements pour le plaisir que me fait depuis si longtemps la lecture de votre estimable et intéressant Journal ainsi que l’expression de mes sentiments les plus distingués.
- Dr Cintuho.
- CHRONIQUE
- Comètes et astéroïdes. — M.Lewis Swift, directeur de l’Observatoire Warner à Rochester (États-Unis), vient d’apercevoir une nouvelle comète visible à l’œil nu, située dans la constellation de YÉridan. Elle a été observée le 4 mars à l’Observatoire Lick par M. Ilussey, et le 5 mars à l’Observatoire d’Alger par M. Trépied. Malheureusement elle se couche de très bonne heure et n’est visible à l’O. S. 0. qu’aux premiers instants de la nuit. Le 5 mars, à 8h22ra8 (temps moyen de Heidelberg), M. Max Wolf a retrouvé la comète Tuttle observée déjà en 1790, en 1858, en 1871, en 1885, et dont la période est 15““%791. Son prochain passage au périhélie aura lieu le 2 juin. Son éclat est comparable à celui des étoiles de grandeur 11,5. MM. Max Wolff et Schwassmann ont découvert le 2 et le 3 mars deux nouveaux astéroïdes situés dans la constellation de la Vierge à peu près au sud de l’étoile p Lion.
- Désodorisation du pétrole. — Nous avons indiqué jadis divers moyens proposés à l’étranger pour la désodorisation du pétrole. Aussi nous empressons-nous de signaler celui que fait connaître, à la Revue Scientifique, un industriel français, M. Tempère. M. Tempère emploie l’acétate d’amyle, corps peu inflammable, et brûlant en donnant une flamme claire, sans fumée et sans odeur; sa densité est à peu de chose près celle des pétroles raffinés, auxquels il se mélange intimement et communique son odeur agréable. Une lampe chargée de pétrole, préparée suivant ce procédé, ne répand en brûlant aucune odeur ; la fumée même qui s’en dégage, quand on souffle celle-ci sans baisser la mèche, est désinfectée.
- La fabrication des drapeaux américains. —
- Il existe à New-York, dans les bâtiments dits « de l’Équipement », de grands ateliers qui fabriquent presque tous les pavillons employés dans la marine de guerre des États-Unis. Ces drapeaux, flammes, pavillons de toute espèce, sont faits par des femmes ; le personnel compte seulement quelques hommes occupés au découpage des étoiles du drapeau national et au finissage. On travaille constamment dans ces ateliers, car l’air marin et le vent ont bientôt fait de mettre hors de service les pavillons, et même, pendant la guerre hispano-américaine, on dut prolonger les heures de travail : une certaine semaine on fabriqua jusqu’à 1800 pavillons. De ces ateliers sortent des drapeaux qui ont depuis 75 centimètres jusquà 10“*,80 de long ; certaines flammes n’ont pas moins de 21 mètres !
- Importation de coléoptères protecteurs. — De même qu’on comprend maintenant qu’il faut souvent encourager la multiplication des oiseaux destructeurs d’insectes nuisibles, de même on commence d’introduire dans certaines contrées des insectes qui servent d’auxiliaires contre d’autres petits animaux ravageant les cultures. C’est ainsi que le Dr Howard, entomologiste du département de l'agriculture des États-Unis, a eu recem-
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- ment à faire, au Ministère de l’Agriculture du Portugal, l’envoi d’individus appartenant à l’espèce de coléoptères connue sous le nom de novius cardinalis. Celui-ci est originaire de l’Australie, et il a été introduit en Californie, il y a plusieurs années, parce que l’on comptait qu’il détruirait un parasite qui ravageait les orangers. Le succès ayant répondu à cet espoir, le gouvernement Portugais a demandé qu’on voulût bien lui envoyer quelques-uns de ces coléoptères, pour qu’ils s’acclimatent et se multiplient en Portugal. Deux expéditions successives ont permis d’en recevoir onze individus vivants, et ils croissent et multiplient maintenant avec une rapidité qui fait bien augurer de l’avenir.
- Le charbon et le pétrole aux Philippines. —
- Les Américains ayant l’intention de prendre possession des Philippines en ont étudié les richesses et notamment les ressources minérales : aussi, dernièrement, M. leDrG. F. Becker donnait-il, dans Science, des détails intéressants à ce sujet. On rencontre dans ce pays du charbon de l’époque tertiaire, c’est une sorte de lignite très carbonisée. Il est réparti un peu partout dans l’archipel, et quelques-uns des gisements connus sont à la fois très épais et de bonne qualité. Dans l’ile de Cebu on a trouvé du pétrole associé au charbon, et cela sur plusieurs points où l’on rencontre en même temps du gaz naturel. Le gouvernement d’Iloïlo possède à la fois gaz et pétrole ; celui-ci est souvent chargé de paraffine.
- l’ne prime à la vaccination, — Il faut quelquefois récompenser les gens de vouloir bien se laisser soigner, car le mal qu’ils pourraient autrement contracter deviendrait un fléau pour la collectivité : c’est évidemment ce que s’est dit le gouvernement de Madras. Afin d’encourager ses employés à se faire vacciner contre la peste, il a promis un congé de trois jours à solde entière à ceux qui se laisseraient inoculer. Cette faveur est accordée, dans les mêmes conditions, aux instituteurs des écoles subventionnées.
- Le cidre et le lavage des pommes. — En Allemagne, en Autriche et en Suisse, on lave toujours maintenant les fruits destinés à faire le cidre. Soumis au lavage, un lot de pommes à cidre fournit à l’eau un résidu d’odeur nauséabonde qui aurait donné un mauvais goût au cidre. Les principes des fruits perdus par le lavage sont très faibles ; ce sont des corps pectiques, un peu de sucre et des traces de tanin. Les fruits lavés ont une fermentation moins active au début, mais qui s’achève dans de bonnes conditions. Et le cidre a meilleur goût. La question est venue devant la Société nationale d’agriculture et M. Truelle a demandé que la vente des fruits à cidre ait lieu en raison de la richesse et de la propreté avec des conventions analogues à celles employées dans les ventes de betteraves à sucre. Tout cela est bien, mais il faudrait ajouter que le lavage des fruits soit fait avec de l’eau propre, et non pas avec une eau quelconque. Il faut prendre garde à l’eau des puits de la ferme et encore plus à l’eau des mares si répandues dans les campagnes normandes.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 20 mars 1899. — Présidence de M. Van Tieghem.
- Aussitôt après le dépouillement de la correspondance, M. le Président annonce que l’Académie a reçu un télégramme l'informant de la mort de M. Naudin, membre de la tfe'ctidn de Botanique.
- M. Naudin est décédé subitement à Antibes; il était âgé de 83 ans.
- Élève et ami de Dequesne dont il fut longtemps l’aide naturaliste, M. Naudin s’est fait remarquer par divers travaux, notamment par ses recherches sur l’hybridité.
- Retenu dans le midi de la France depuis nombre d’années, il était inconnu de la plupart des membres de l’Académie.
- M. le Président lève ensuite la séance en signe de deuil. Ch. de Villedecil.
- NÉCROPOLE POUR CHIENS
- Parmi les nombreux promeneurs qui fréquentent Hyde-Purk, un des plus jolis endroits de Londres, il en est bien peu qui aient connaissance du minuscule cimetière situé à quelques mètres de Victoria Gâte et dans lequel une centaine de petites tombes, enfouies sous la verdure et soigneusement cachées aux yeux du public, recouvrent les restes d’autant de chiens regrettés.
- Ce cimetière n’est pas une institution publique, c’est par hasard qu’il a été fondé.
- Le premier chien qui ait été enterré à cette place, en 1881, se nommait « Cherry ». Il appartenait à des enfants qui venaient souvent jouer avec lui dans le parc, devant la loge d’un des gardiens et, quand « Cherry » mourut de vieillesse, à l’âge de 42 ans, ses petits compagnons de jeu supplièrent le gardien de vouloir bien l’enterrer dans son jardin auprès de l’endroit où il avait pris de si joyeux ébats.
- C’est donc à « Cherry » que revient l’honneur d’avoir inauguré ce petit cimetière.
- Mais, tout en serait resté là sans doute si le fait suivant ne s’était produit.
- Le duc de Cambridge passait un jour accompagné de son chien « Prince » devant la loge de ce même gardien du parc. Tout à coup une voiture renverse le pauvre chien et quelques instants après il avait cessé de vivre.
- Le gardien, ancien serviteur du duc et qui avait connu « Prince » autrefois, exprima le désir de conserver auprès de lui la dépouille de son ancien ami, et « Prince » fut enterré à côté de « Cherry » dans le jardin situe derrière la maison du garde.
- Cette tragique histoire fut peu à peu connue, car « Prince », à son éloge, avait beaucoup d’amis et quelques- personnes, affligées par la perte de leur chien, demandèrent au gardien de Victoria Gâte s’il ne voudrait pas se charger de l’inhumation et de l’entretien de la tombe de leur cher défunt.
- Depuis lors cette petite nécropole canine s’est augmentée de jour en jour, si bien qu’aujourd’hui les quelques places disponibles sont disputées aux enchères.
- Personne ne peut pénétrer dans le cimetière sans la permission du garde, M. Winbridge, un bien aimable homme et qui, malgré ses 86 ans, se fait un plaisir de faire voir lui-même les tombes et de raconter lés détails lés plus intéressants êond’ernant
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- LA NAT LUE.
- la vie ou la mort des chiens dont les restes lui ont été confiés.
- Ici, c’est la tombe de ce pauvre « Zoé ».
- Ce chien, d’une intelligence remarquable, fut volé à l’àge de 2 ans par des saltimbanques qui en firent, bon gré, mal gré, un chien de cirque extraordinaire. Mais « Zoé », dans son malheur, n’avait pas oublié ses premiers maîtres ni le logis où il avait coulé une si douce existence, et un jour que le cirque traversait un village « Zoé » s’échappa subitement. 11 avait reconnu son ancienne maison et l’on pense si son retour fut fêté!
- Sur la tombe voisine, on lit l'inscription :
- « A notre chien Prinnie, mort à l’âge de 5 ans! »
- C’était une très belle bête à en juger par la photographie qui orne son petit monument ; mais « Prinnie » avait des habitudes errantes qui l’ont perdu. Il restait des journées entières absent du logis et un soir que, suivant sa coutume, il rentrait à une heure où les honnêtes chiens sont d’habitude couchés, pour le punir on le laissa longtemps aboyer à la porte. Hélas ! c’était en plein hiver, la température était basse et ce malheureux « Prinnie » ayant pris froid mourut le surlendemain au grand désespoir de ses maîtres.
- Là, c’est « Topper » qui a fini mal grâce à sa gloutonnerie. C’était un petit Fox-Terrier qui appartenait au bureau de police d’Hyde-Park. Quant
- La nécropole pour chiens de Victoria Gâte à Londres. (D’après une photographie.)
- à celui-là, plus d’une vilaine histoire se rattachent à son nom, et pendant toute sa vie il a été la terreur du quartier par ses instincts voleurs et sa mauvaise éducation. Mais son grand attachement pour ses maîtres, les « Policemen », rachetait à leurs yeux ses nombreux défauts et « Topper » était l’enfant gâté du bureau de police. Il mourut d’indigestion!
- La plupart des inscriptions sont courtes et leur simplicité même les rend plus expressives.
- Quoi de plus touchant que ces quelques mots gravés sur les petites tombes :
- « A notre adoré Spot ! »
- « Pauvre Loo Loo ! »
- « En mémoire de Jack ! »
- « A mon cher « Centi », mon fidèle ami de 12 années! Pauvre Centi! » Sa tombe, si bien entretenue
- par ses maîtres et garnie de lleurs, prouve éloquemment les regrets qu’il a laissés.
- L’enterrement est d’habitude présidé et accompli par M. Winbridge en personne.
- Le prix de l’inhumation est d’environ 10 francs, et les chiens ont pour cercueil un sac de toile ou une caisse en bois.
- Quant aux tombes, elles sont pour la plupart en marbre et se ressemblent beaucoup comme on en peut juger par la photographie.
- Parmi les choses curieuses que l’on peut voir à Londres, le petit cimetière d’Hyde-Park mérite bien une visite par son originalité ! Hexri de Thiersaxt.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleuras, 9.
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- N* 1349.
- 1" AVRIL 1899.
- LA NATURE.
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- LE DIABLE DE MER
- RAPPORTÉ PAR M. L. DIGUET DU GOLFE DE CALIFORNIE
- Le 8 février 1899 a été ouverte, dans les galeries de Zoologie du Muséum d’histoire naturelle, l’exposition des collections rapportées par M. Léon Diguet qui a été chargé de. plusieurs missions successives en Basse-Californie et au Mexique. Dans le cours de son dernier voyage, M. Diguet a particulièrement exploré l’état de Jaiisco et le territoire de Tepic, ainsi que le massif montagneux qui empiète sur ces deux régions et qui est désigné sous le nom de Sierra del Nayarit.
- Ce massif, fort mal connu jusqu’ici au point de vue de l’histoire naturelle, est habité par les Indiens Coras, dont le nombre est considérablement réduit et qui sont pour la plupart complètement convertis au christianisme, et par les Indiens Huichols qui, après avoir été catéchisés par les franciscains, sont retournés à leurs anciennes coutumes. Ceux-ci présentent un intérêt tout particulier au point de vue ethnographique. M. Diguet a rapporté de nombreux spécimens de leur industrie et il a recueilli en même temps une collection très curieuse des animaux de leur pays. D’autres collections, fort importantes, comprenant des Mammifères, des Oiseaux, des Reptiles,
- Le Diable de mer (Manta birostris).
- des Poissons, des Crustacés, des Insectes, des Mollusques, des plantes et des minéraux, ont été recueillies soit dans la zone des « barrancas » humides ou dans la zone boisée et accidentée comprise entre 100 et 500 mètres d’altitude, soit dans les plaines basses, baignées par l’Océan Pacifique. Une admirable série de photographies permet de se rendre compte de la beauté et de la diversité des sites que le voyageur a traversés et dans lesquels il a récolté plusieurs centaines de spécimens d’histoire naturelle.
- Parmi ces spécimens celui qui attire immédiatement les regards est un Poisson de taille gigantesque, une sorte de Raie appartenant au groupe des Cépha-loptères et désignée sous les noms de Diable de mer et de Manta ou Cephalopterus birostris.
- Les Céphaloptères sont ainsi appelés parce qu’ils 27° innée. — 1er semestre.
- ont, de chaque côté de la tête, des ailerons ou des cornes représentant les nageoires pectorales. Avec leur corps aplati, aminci, muni latéralement de nageoires ventrales très développées et terminé en arrière par une queue grêle, ils affectent la forme d’un de ces cerfs-volants que les enfants se plaisent à faire voler à travers les airs. Leur face supérieure est généralement lisse et toujours de couleur foncée, d’un noir bleuâtre, leur face inférieure, où se trouvent les fentes branchiales, étant au contraire d’un blanc mat.
- La Manta que M. Diguet a envoyée au Muséun a été capturée dans le golfe de Californie à l’aide d’un canot et d’un bateau à vapeur ; mais habituellement les pêcheurs n’ont à leur disposition qu’une simple canoa, creusée dans un tronc d’arbre. Trois
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- LA NAT UK K.
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- hommes au moins prennent place dans cette embarcation primitive ; l’un à l’arrière manœuvre la pagaie, un autre porte un harpon, le troisième est armé d’une lance, attache'e à une corde, de même que le harpon.
- Lorsque l’animal a été frappé par le harpon dont la pointe s’est enfoncée solidement dans ses chairs, il file d’ordinaire horizontalement tant qu’on lui donne de la corde, mais aussitôt qu’il sent de la résistance, il essaie de se débarrasser du harpon, et, après quelques vains efforts, il revient sur le canot. C’est le moment critique. L’homme armé de la lance frappe la Manta à l’un de ses appendices céphaliques, tandis que l’un de ses compagnons, sans lâcher la corde, saisit une autre lance et s’efforce d’atteindre l’articulation d’une nageoire.
- Si les deux coups ont été bien portés, la Manta se trouve paralysée dans ses moyens d’attaque et peut être facilement achevée à coups de lance. Dans le cas contraire, dit M. Diguet1 auquel nous empruntons ces détails, elle peut, en étreignant le canot, le faire chavirer ou frapper les pêcheurs de ses nageoires. Le rôle principal revient alors au rameur qui avec sa pagaie contre-balance les efforts du Cépha-loptère, pendant que ses deux compagnons, accroupis dans l’intérieur de la canoa afin d’éviter les coups de nageoires, s’efforcent de faire lâcher prise à l’animal en se servant de leurs lances.
- Pour que le Céphaloptère revienne ainsi contre les pêcheurs, il faut qu’il se sente retenu par la corde du harpon, car ce n’est pas un animal agressif. Il n’en est pas moins très redoutable, à cause de sa force et de la fâcheuse habitude qu’il a de saisir avec ses appendices les corps fixes ou flottants qu’il rencontre. Souvent le matin, on le trouve suspendu aux câbles submergés. Aussi, dans les périodes de calme, les pêcheurs de perles ont-ils soin d’assurer leurs petits bateaux avec deux ancres de peur qu’ils ne soient entraînés au loin par des Mantas. On cite même de nombreux cas de pêcheurs et de baigneurs tués par ces Poissons redoutables.
- La Manta birostris se montre dans le golfe de Californie, principalement de mars à juillet, entre la mousson d’hiver nord-ouest et la mousson d’été sud-est. Durant cette période où la mer est tranquille on la voit souvent qui nage à la surface en décrivant de grands cercles ou qui s’élance brusquement hors de l’eau et retombe à grand bruit dans son élément. M. Diguet suppose qu’elle se nourrit des petits Crustacés et des autres animaux pélagiques qui, à ce moment de l’année, forment souvent une nappe épaisse à la surface des eaux.
- Le spécimen-obtenu par M. Diguet portait attachés à sa face inférieure quatre Rémoras (Echeneis rémora). C’est déjà un animal de très grande taille, puisqu’il mesurait, lorsqu’il était frais, 4 mètres
- 1 Lettre adressée à M. le professeur Léon Vaillant et communiquée par lui à la réunion des Naturalistes du Muséum dans la séance du 29 mars 1898. (Bulletin du Muséum, 1898. p. 127.)
- d’envergure. Mais on connaît des exemplaires de dimensions beaucoup plus considérables. Ainsi, je tiens de mon savant collègue, M. le Dr Weber, que M. Cumenge, ingénieur en chef des mines, a vu prendre à Guaymas, sur le golfe de Californie, une Manta raya (c’est le nom que les indigènes donnent à la Manta birostris), qui mesurait 12 mètres de large et qui ne put être tirée sur le rivage que par le concours de quarante hommes.
- D’autre part un autre de mes collègues, M. G. A. Baer, vient de m’envoyer de Payta (Pérou), la photographie d’une Manta raya qui a été harponnée le 2 novembre dernier à 4 kilomètres au sud de cette localité, en face de Zorritos, et dont la largeur entre les extrémités des nageoires latérales était de 5m,25. M. Baer ajoute, dans sa lettre, que l’on prend dans les mêmes parages des individus de 8 mètres et plus d’envergure.
- A la fin du siècle dernier le voyageur Levaillant avait déjà observé sous le 10e degré de latitude, dans l’Océan Atlantique, trois Céphaloptères qui atteignaient une taille colossale, puisque le plus petit, le seul qui put être capturé, mesurait 9 mètres de long sur 7 mètres de large et pesait environ 1000 kilogrammes. Plus lourd encore était un Céphaloptère qui fut tiré, plus récemment, aux environs de New-York et que, d’après le Dr Sauvage1, deux Bœufs, deux Chevaux et vingt hommes suffirent à peine à tirer à terre. Cet exemplaire était long de h mètres et large de 6 mètres.
- Un spécimen, provenant des côtes d’Espagne et récemment acquis par le Muséum, offre des dimensions analogues.
- Tous ces Poissons appartiennent peut-être à la même espèce, car, comme l’a fait remarquer M. le professeur L. Vaillant, le Cephalopierus birostris est largement répandu à travers les océans. Dans la Méditerranée le genre Céphaloptère est également représenté par deux espèces, toutes deux très rares : le Cephalopterus giorna et le C. Massena, appelé Vachetta par les pêcheurs de Nice.
- E. ÜCSTALET.
- LE YERNIS DENTAIRE DES PAYS-JAUNES
- La blancheur des dents est une qualité physique à laquelle les règles de notre esthétique attribuent le caractère d’une beauté et que chacun de nous s’efforce de conserver au prix des soins les plus minutieux.
- Nos mondaines se montrent fières de leurs perles nacrées — bijoux vivants qu’elles affectionnent autant que leurs plus précieuses parures.
- Il n’est pas jusqu’à la race nègre — flore noire de l’espèce humaine — qui n’éprouve ce sentiment au regard de l’appareil dentaire. De la côte des Somalis aux rives du Congo, les fils de Cham occupent leurs loisirs à se polir les dents à l’aide de bâtonnets qui ne les quittent jamais et c’est avec un orgueil non dissimulé qu’ils épa-
- 1 Merveilles de la Nature de Brehm, édit, franc., Poissons p. 177.
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- nouissent largement leur bouche aux lèvres noires enchâssant une dentition éclatante de blancheur.
- Telle émerge de sa gaine brune la pulpe du Mangoustan.
- Il semble donc que ce souci soit commun à tous les êtres humains et qu’au moins, sur ce point, la « Beauté », si diversement définie de par le monde, ait rallié l’unanimité des suffrages.
- Ilélas! Il n’en est rien. Contingence et toujours contingence !
- Si les Sénégalais s’arrachent une incisive supérieure pour se ménager un joli trou dans la mâchoire, les Annamites et les gens de Formose (TA! OUAN des Chinois, le pays de l’oiseau de Paradis) vont encore plus loin dans le goût du trou noir.
- Au mépris de notre esthétique, ces snobs d’Extrême-Orient ne décrètent belles que les dents noires.
- La dent de jais est là-bas ce qu’il y a de plus smart.
- Les étrangers, débarqués du dernier bateau, croient d’abord à des caries extraordinaires; mais, en examinant de plus près, ils s’aperçoivent bientôt que cet aspect singulier résulte de l’application d’un vernis dentaire spécial.
- Cet émail artificiel, qui recouvre l’émail naturel, 'est constitué par un enduit sec de miel, de noir animal et de calambac (KI-NAM).
- Les indigènes assurent qu’ils lui doivent la conservation de leurs dentitions et la suppression des odontalgies.
- Si, sur ces données, nos médecins imaginaient un vernis blanc qui fût à la fois un luxe précieux pour la toilette et un préservatif certain pour les maux de dents, bien des gens applaudiraient à leur découverte.
- Allons, Messieurs les Dentistes, nous laisserez-vous plus longtemps en confusion devant les soi-disant barbares des pays jaunes?
- Qui de vous nous donnera l’émail blanc pour dents européennes? Paul d’Enjoy.
- LE PÉTROLE À BORD DES NAVIRES
- Bien des fois on a pu insister sur l’avantage qu’il y aurait à employer le pétrole comme combustible‘pour les appareils à vapeur, notamment à bord des navires de guerre ou de commerce; mais, à part la flotte de la mer Noire, on ne semble guère avoir commencé à suivre cette voie. Cependant voici qu'il se fonde à Ismaïlia une entreprise qui annonce une évolution en la matière.
- En effet, une maison anglaise est en train de monter à Port-Thewfik deux immenses réservoirs à pétrole, destinés à ravitailler en combustible les navires transitant par le Canal de Suez ; chaque réservoir contiendra 5000 tonnes, et l’on parle déjà d’en installer deux autres analogues à Port-Saïd.
- La maison en question, à ce que l’on nous affirme, a obtenu à Bornéo une concession immense de terrains pétrolifères, dont les ressources pourront alimenter pendant des années tous les navires allant en Extrême-Orient. Ceux-ci trouveront à refaire leur plein de combustible liquide dans onze dépôts à réservoirs, dont la plupart sont déjà installés entre Bornéo et Suez. L’entreprise possède dès maintenant deux bateaux-citernes qui apporteront le pétrole dans les dépôts.
- On compte utiliser tel quel le pétrole sortant de terre : on sait en effet que les appareils de chauffage aux hydro-
- 1 Voir les tables des matières de La Rature.
- carbures ne sont pas difficiles sur les produits qu’on leur donne.
- Il faut évidemment, pour que l’entreprise réussisse, que les propriétaires de navires transforment les foyers de chaudières pour les adapter au nouveau chauffage; mais la chose est extrêmement simple et peu coûteuse, et le fait est que certains armateurs anglais ont déjà installé sur leurs chaufferies des appareils à pétrole, tout comme la grande Flotte volontaire russe. P. de M.
- LE TÉLÉPHONE HAUT PARLEUR
- Dans ces derniers temps, il a été beaucoup question du téléphone haut parleur de M. Germain. Cet appareil a fonctionné à titre d’essai au Ministère des télégraphes. On n’en avait pas donné encore de description précise. Nous avons eu la bonne fortune de rencontrer M. Germain à son laboratoire de Fontenay-aux-Roses et il a bien voulu nous faire examiner le nouvel appareil et nous le faire entendre. Nous sommes en mesure de décrire cet intéressant instrument.
- La figure 1 nous montre les principales dispositions adoptées. Dans le n° 1, on aperçoit une vue d’ensemble du transmetteur, et dans le n° 2 une coupe transversale. En avant se trouve une ouverture, dans laquelle aboutissent quatre petits tuyaux qui sont placés devant des plaques vibrantes A et R. Ces plaques, formées de silicate de potasse et de magnésie, ont une nature spéciale qui se prête très aisément à toutes les vibrations. Sur elles sont fixés une série de petits cylindres renfermant du charbon en poudre. Pour de grandes auditions, la poudre de charbon est remplacée par de la grenaille métalloïde plus réfractaire.
- Cette disposition du microphone, avec une certaine intensité de courant, donne des résultats remarquables. A la sortie du microphone se trouve une bobine d’induction ordinaire du modèle adopte par l’État, ayant respectivement pour résistances du circuit primaire et secondaire 1,5 ohm et 150 ohms ; on aperçoit cette bobine dans notre figure, fixée d’une manière apparente au-dessous de l’embouchure.
- Pour les expériences auxquelles nous avons assisté, dans un local spécial, le transmetteur était branché à l’extrémité d’une ligne artificielle représentant la ligne de Paris à Londres ; à l’autre extrémité se trouvait le récepteur (fig. 1, n° 3). Pour actionner chaque transmetteur sur cette ligne, on employait 4 éléments de pile bloc Germain. Avec ces h éléments, on fait en même temps l’appel en courants continus ; par un dispositif de commutateur multiple et de 5 petits tubes secondaires, on peut effectuer l’appel sans emploi de pile proprement dite.
- A l’autre extrémité de la ligne, dans le laboratoire de l’inventeur, se trouvait un récepteur Germain, monté sur un appareil à pied (fig. 1, n° 5), muni d’un petit pavillon de 0m, 10 de diamètre d’ouverture. En parlant devant le transmetteur, on entendait en
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- tous les points du laboratoire une voix forte, nette, bien timbrée, sans aucun nasillement; il laut toutefois remarquer que le chant et la musique sont beaucoup plus intenses et très nets également. On peut parler doucement sans qu’on cesse d’entendre à haute voix dans la pièce où se trouve le récepteur.
- Dans le laboratoire était placé également un deuxième récepteur formé d’un tube légèrement conique de 10 millimètres de diamètre à une extrémité et de 70 millimètres au maximum, et d’une longueur de 2 mètres (fig. 2). Ce tube est fixé contre le mui et permet d’entendre dans le jardin entourant
- Fig. 1. — Dispositions principales des transmetteur et récepteur Germain. — 1, transmetteur; 2, coupe du transmetteur; 3, récepteur.
- l’habitation. Dans la journée, les brûits extérieurs restreignent la portée en plein air ; le soir, on peut entendre le chant, la musique, une forte voix d’un orateur à 100 mètres du récepteur. La conversation
- sur un ton normal peut se faire à une distance de 15 mètres seulement.
- Dans les essais que nous venons de mentionner, il n’a été fait usage que du premier modèle de mi-
- Fig. 2. — Récepteur pour audition dans le jardin.
- crophone fonctionnant avec 4 éléments de piles. 11 existe également d’autres modèles pouvant marcher avec 6, 10, 15 éléments et même un plus grand nombre, suivant l’intensité que l’on désire. Le microphone Germain peut en effet supporter sans crachement ni trace de friture des courants de 10 à 25 volts et de 0,5 à 25 ampères. Pour les conversations ordinaires à haute voix, le premier modèle suffit parfaitement; il est alimenté par
- 4 éléments qui donnent une intensité de 0,5 ampère; c’est la condition économique qui convient à une bonne exploitation. Lorsqu’il s’agira de faire entendre à une série de personnes, ou lorsqu’il faudra faire des applications comme le théâtrophone, il sera nécessaire d’adopter d’autres dispositions et de choisir des intensités de courant plus élevées. Les figures 3 et 4 nous montrent des transmetteurs qui peuvent être utilisés dans ces applications.
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- Nous mentionnerons enfin les expériences très ntéressantes d’inscription sur un phonographe qu’étudie actuellement M. Germain. La voix d’une personne causant à 2 mètres de l’ouverture du
- microphone s’imprime à travers une ligne d’une longueur de plus de 100 kilomètres sur le rouleau d’un phonographe. Ce moyen permet d’enregistrer aisément la parole en l’absence d’un correspondant
- Fig. 3.
- Autre modèle de transmetteur.
- Fig. 4.
- Transmetteur formé d’une série de cônes de transmission juxtaposés.
- ou de faire de la sténographie électrique. La figure5 nous montre les principales dispositions adoptées.
- et la bobine d’induction. Le courant est transmis à travers une ligne, dont la longueur peut varier et atteindre jusqu’à 400 kilomètres, en partie aérienne et en partie souterraine. La ligne, à son arrivée, est reliée au récepteur que l’on voit dans le n° 1 monté sur le phonographe. Comme le montre le détail
- A droite (n° 3) se trouve le transmetteur dont nous avons parlé plus haut, avec le microphone, la pile
- figuré dans le n° 2, le récepteur porte un tube qui relie son orifice à la plaque vibrante du phonographe. Ces expériences d’enregistrement, auxquelles nous avons pu assister, sont fort intéressantes et réussissent très bien. On entend à haute voix la conversation pendant qu’elle s’enregistre.
- Fig. 5. — Enregistrement de la parole à distance.
- 11’*récepleur>téléphoniqueiimonté sur le phonographe ; 2, détail du récepteur ; 3, transmetteur.
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- Tels sont les principaux faits que M. Germain a bien voulu nous expliquer et nous démontrer dans son laboratoire avec tous les renseignements que peut fournir un inventeur laborieux et habitué aux essais de toutes sortes ; nous le remercions de nous avoir initié aux détails de son nouveau téléphone et nous souhaitons pour lui et pour nous que l’avenir confirme les succès delà première heure1. L. Lerov.
- À TERRE-NEUVE
- LE HOMARD EST-IL UN POISSON?
- On sait la querelle... d’anglais que le gouvernement de la reine Victoria nous cherche au sujet de Terre-Neuve. D’après le traité d’Utrecht (1713), nous avons le droit de pêcher du poisson dans une région déterminée. Or, depuis un certain nombre d’années, le poisson a sensiblement diminué, tandis que les homards, sans prévenir, se sont multipliés dans des proportions considérables. Si bien que les pêcheurs, au moins quelques-uns, lâchèrent la morue pour récolter des homards et en faire des conserves très rémunératrices. Halte-là ! nous disent les Anglais; vous avez le droit de pêcher des poissons, mais non des homards, qui sont des Crustacés.
- C’est la vérité même et personne n’y contredirait si le traité d’Utrecht avait été signé dans ces derniers temps, car — même les diplomates — tout le monde sait que les homards sont aussi crustacés qu’on peut le désirer. Mais, pour juger en tout état de cause, il faut se reporter en 1713, et voir ce qu’à cette époque on entendait exactement par le mot poisson. C’est cette étude historique qu’a faite, il y a déjà quelque temps, un savant ichtyologiste, M. F. Mocquard2, étude que nous allons analyser, pour prouver clair comme le jour que les Anglais ont tort, ce dont personne n’a jamais douté d’ailleurs.
- Aristote avait été conduit par ses observations à diviser les animaux « d’après leurs parties », c’est-à-dire d’après leur organisation, en deux grands groupes : les animaux pourvus de sang et les animaux privés de sang (c’est-à-dire privés de sang rouge), qu’il subdivisa ensuite en classes (Histoire des animaux, trad. fr. par Camus). Dans le premier groupe il rangea les Poissons, sur la nature desquels il avait des idées fort justes, dont il décrit exactement les caractères généraux et qui se trouvaient ainsi nettement séparés des autres invertébrés aquatiques.
- Mais l’esprit d’observation disparut avec Aristote, et les naturalistes qui vinrent après lui trouvèrent plus commode de copier leurs devanciers que d’étudier la nature. C’est ce que Pline lit lui-même, dont l’ouvrage, d’ailleurs rempli d’intérêt, n’est qu’une vaste compilation. C’est à Aristote que Pline a emprunté l’idée de diviser les animaux d’après la considération banale de leur habitat, en terrestres, aériens et aquatiques. Il décomposa ce dernier groupe en poissons pourvus de sang,
- 1 Ces jours derniers, M. Germain a remplacé les microphones ci-dessus décrits par un microtéléphone pouvant tenir dans le creux de la main. Plus d’embouchures ni au départ ni à l’arrivée. Avec un tel appareil et un simple récepteur, le 17 mars en présence du conseil des ministres on a pu faire entendre la parole, le chant et la musique dans toutes les parties du jardin compris entre le ministère du commerce, rue de Grenelle et le ministère de l’agriculture, rue de Yarenne, et cela malgré les bruits de Paris.
- 2 Le Naturaliste.
- c’est-à-dire les Cétacés et les Poissons proprement dits, et en poissons privés de sang, dont il admit trois sortes, correspondant à des groupes déjà admis par Aristote : les poissons mous, qui répondent à nos mollusques céphalopodes ; ceux qui sont recouverts d’une croûte mince, ou les Crustacés, les Oursins; enfin ceux qui sont enfermés dans un teste dur, c’est-à-dire les Testacés, ou nos Mollusques univalves et bivalves. C’était revenir bien en arrière d’Aristote. Ce qu’il y eut surtout de fâcheux, c’est que sur l’autorité de Pline, les poissons se trouvèrent par là rivés aux Crustacés dont ils auront par la suite toutes les peines à se dégager.
- Nous voyons, en effet, au milieu du xvi° siècle, au moment du réveil des lettres et des sciences, après la longue nuit du moyen âge, Belon (De aquatilibus, 1553) et Rondelet (Universa Piscium Historia, 1554), qui allaient enfin asseoir l’ichtyologie sur sa véritable base, l’observation, reprendre les idées de Pline, ranger parmi les poissons tous les animaux dont le genre de vie est analogue au leur, et les subdiviser en groupes d’après leur taille, leur forme, leur constance, etc., abstraction faite de tout caractère d’organisation.
- En voici des exemples : Poissons plats, cartilagineux, comme raies, pastenagues; poissons longs comme le côgre, la murène; poissons des mers à nous estranges, comme ceux qui sont tout rôds corne une boule ; poissons cétacés à grandes bestes marines; poissons mois comme les poulpes, la sèche; poissons couverts de coque ou de crouste, côme les langoustes, les cancres; poissons couverts de test dur, e de coquilles ou simples ou doubles; poissons desquels, les coquilles sont tournées en vis, etc.
- Il faut arriver jusqu’en 1686 pour rencontrer enfin un ichtyologiste, Willughbv, qui sépare scientifiquement les poissons proprement dits de tous les animaux avec lesquels ils avaient été jusqu’alors confondus. Malheureusement son ouvrage passa à peu près inaperçu, même de ses compatriotes, et la confusion continua à régner.
- Enfin parurent deux naturalistes dont l’influence détermina pour toujours la ruine des idées de Pline : ce fut Artedi, dont les travaux publiés par Linné, en 1738 (Ichthyologia sive omnia opéra de Piscibus), consacraient et complétaient les progrès dus à "Willughbv, et Linné dont les douze éditions successives du Systema naluræ (la première en 1735) firent pénétrer partout les idées nouvelles et rendirent définitive la séparation des poissons d’avec les invertébrés aquatiques.
- Mais le progrès, de quelque nature qu’il soit, est toujours lent à s’affirmer, et c’est ainsi qu’Anderson dans Histoire naturelle de Y Islande, de Groenland, etc., publiée en 1746 à Hambourg et dont une traduction française parut à Paris en 1750, compte encore l’écrevisse parmi les poissons de rivière, comme les moules et les poupars (crabes, tourteaux) parmi les poissons de mer. Et il n’était pas le seul, car vers la même époque, Rœsel ayant à faire l’histoire de l’écrevisse (Insekten-Belustigung) avertit qu’il sépare les Crustacés des Poissons, parmi lesquels, dit-il, « la plupart des naturalistes les rangent », pour les placer, à l’exemple de Linné, parmi les Insectes.
- Ces citations suffiront pour prouver qu’au milieu du xviue siècle, un grand nombre de naturalistes regardaient encore les crustacés comme des poissons; d’où l’on peut conclure que les personnes étrangères à l’Histoire naturelle devaient être unanimes à les considérer comme tels.
- Cependant, les classifications de Linné furent vite acceptées par la grande majorité des naturalistes et les
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- progrès de l’anatomie aidant, la classe des poissons finit par se dégager de tout élément étranger même des cétacés, que Linné lui-même y avait laissés jusqu’à la 10e édition de son Systcma (1758), et par recevoir certains genres que le même naturaliste en avait à tort écartés dans la 12e édition du même ouvrage (1766), de manière enfin à ne plus renfermer que de vrais poissons et à les contenir tous.
- Ces réformes ont dû nécessairement pénétrer la masse du public avec beaucoup plus de lenteur, et, dans son lli-toire naturelle des Poissons (1828), Cuvier nous apprend que le nom de poisson était encore souvent appliqué, par les écrivains de son temps qui n’étaient pas naturalistes, à des Cétacés, à des mollusques et à des Crustacés.
- Donc, à l’époque du traité d’Utrecht (1713), les homards étaient des poissons et nous avons le droit de les pêcher. Henri Coupin.
- LE BAMBOU
- Le bambou est une grande graminée arborescente de la tribu des bambusées ou bambusacées. Linné l’avait nommé Bambusa ; Endlicher divise cette tribu en trois sections : Arundarbor, Barnbos, et Dendrocalamus, et cela d’après la forme des glumelles et des épillets, et d’après la longueur du rachis.
- La tige cespiteuse, de couleur verte, du bambou, forme des nœuds nombreux, desquels s’échappent quelquefois des épines et toujours des rameaux garnis de feuilles lancéolées vertes foncées et blanches verdâtres en dessous. Les fleurs d’un blanc jaunâtre sont réunies, en très grand nombre, en épis terminaux paniculés. Ces fleurs comportent quelquefois trois étamines mais plus généralement six. Dans un épillet les fleurs sont toutes hermaphrodites ou bien elles sont stériles à la partie inférieure, tandis que celles du milieu sont seules fertiles et que celles de la partie supérieure sont mâles.
- Le fruit du bambou est un caryopse libre, bien qu’enfermé dans les glumelles. Sa racine est formée de tiges souterraines, d’où partent des racines adventives nombreuses et qui croissent horizontalement : elles portent généralement des petites protubérances qui ne sont autre chose que des bourgeons modifiés, qui émettent de nouvelles tiges aériennes. La multiplication du bambou s’opère de diverses manières : soit par la graine, soit par bouturage ou marcottages naturels émis par les rhizomes.
- On a décrit une quarantaine d’espèces de bambous originaires de l’Asie, de l’Amérique équatoriale, de l’Océanie et de l’Afrique australe et tropicale; mais, en réalité, il n’en existe guère qu’une douzaine d’espèces sûres. La plus importante, qui est originaire de l’Inde orientale, a été acclimatée dans toute l’Indo-Chine, la Chine et le Japon; c’est le Barnbos Arundinacea. Nous ne nous occuperons que de cette espèce qui, par son utilité et ses usages multiples, constitue la plante indispensable par excellence dans tout l’Extrême-Orient, particulièrement en Indo-Chine.
- Le Barnbos Arundinacea porte à chacun de ses nœuds des épines, dont la piqûre est redoutable à cause des produits septiques ou vénéneux qu’y déposent les insectes. Il atteint de grandes dimensions; sa hauteur atteint quelquefois 15 mètres et son diamètre à la base 50 à 65 centimètres. Les tiges de bambous qui portent des fleurs fertiles sont pleines et leur intérieur est formé de petites cellules adhérentes à des fibres verticales très
- résistantes, tandis que celles des bambous, qui donnent des fleurs hermaphrodites ou stériles, sont creuses : la plus grande partie des fleurs sont ou stériles ou hermaphrodites.
- Planté en avant des levées qui entourent les villages, le bambou constitue une défense impénétrable à l’homme et aux fauves, que le canon, la sape ou le feu seuls peuvent entamer. Les maisons (canihas) sont entièrement construites et couvertes en bambou; les murailles sont formées de claies faites de tiges fendues en lamelles plus ou moins épaisses; le toit, à deux pentes formant de larges auvents, se compose de deux claies, de même fabrication, superposées et liées l’une à l’autre, entre lesquelles on a placé, très serrées, soit des feuilles, soit des herbes. A l’intérieur, le mobilier fort rudimentaire, lit de camp, tables et tabourets, est en bambou; les paravents, les stores, les nattes elles-mêmes, tout est en tiges de bambou fendues en de minces et longues baguettes de la grosseur d’une aiguille à tricoter.
- L’Indochinois a-t-il besoin d’un tonneau? vite, il coupe un gros bambou en conservant un nœud, fait un trou de bonde, fore un trou de fausset, en quelques minutes le tonnelet est fabriqué; d’un baquet? d’un seau? il ne garde qu’un nœud et obtient un ustensile absolument étanche. Le porc cochinchinois est particulièrement méchant : il mord; pour le porter au marché, son maître fait, en tiges de bambou fendues, une sorte de panier, en forme de nasse, dans lequel l’animal, une fois introduit, est aussi facile et aussi peu dangereux à porter qu’un sac de riz. On emploie le même procédé pour le transport de la volaille et du poisson. Les femmes de certaines tribus à demi sauvages du Laos emploient un procédé analogue pour porter leurs enfants quand la famille change de résidence. Le riz, l’arachide et les graines de ricin sont conservés dans de grandes bannes carrées faites également avec des lamelles de bambous. Les grandes brouettes de l’Extrême-Orient, à part la roue qui est en bois dur, sont entièrement construites en bambou.
- L’arrière des sampangs et des jonques est couvert d’une toiture de bambou Analogue à celle des maisons ; le mât et la vergue sont faits d’une tige de cette graminée ; la voile et les haubans sont tissés avec ses fibres. Certains produits, tels que le sang-dragon, sont expédiés en Europe dans des tiges de bambous. Il n’y a encore que quelques années, les lettrés du Tonkin et du Cambodge ne connaissaient d’autres plumes que celles taillées dans des tigelles de bambou.
- Les artistes japonais, chinois, indochinois et cambodgiens sculptent le bambou avec une grande habileté et en sortent d’admirables bibelots d’une finesse incomparable tels que les vases à fleurs qui font l’ornement de plus d’un salon parisien. Les peintres peignent sur les nattes et sur les stores des animaux et des fleurs fantastiques dont le coloris et la tonalité étranges sont inconnus des artistes européens.
- A part ses multiples applications domestiques, le bambou a quelques utilités culinaires : ses jeunes pousses, conservées dans du vinaigre ou mangées bouillies et accommodées comme des asperges, constituent un manger fort apprécié des gourmets du pays; les jeunes tiges, écrasées et fermentées avec une poignée de riz cuit, donnent une boisson pétillante (le vin de bambou), sucrée, fort agréable et rafraîchissante, qui, sous ses dehors bénins, a provoqué de fort maux de tête à plus d’un Européen sans défiance. Henry Chastrey.
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- EFFETS D’UN TREMBLEMENT DE TERRE
- L’histoire des cataclysmes naturels compte une page de plus depuis le 12 juin 1897, date à laquelle se produisit dans l’Inde anglaise un tremblement de terre auquel celui qui désola Lisbonne en 175b peut seul être com- p ' paré. Les ravages matériels furent tout aussi grands et la faible population des localités où les secousses atteignirent leur maximum de violence explique le nombre relativement faible de morts et de blessés.
- De tous les laits imputables au phénomène, le plus curieux en même temps que le plus terrible, fut la destruction de la petite ville de Shil-long, sise dans cette région de l’Assam septentrional que les tremblements de terre ont souvent éprouvée, où l’on a vu se changer en lacs profonds des vallées luxuriantes et se creuser des gouffres là où s’étendaient quelques heures auparavant de riantes plaines.
- Moins connu des savants que des touristes, Shil-
- long constituait depuis quelques années l’endroit balnéaire à la mode, le rendez-vous de la gent fashionable dans l’Inde. Il avait été pourvu dans ce but de tout ce que le génie anglais peut imaginer de confort bien entendu. Casino, champs de polo et de cricket, rien ne manquait à l’agrément de ses hôtes. Une partie de la ville était constituée par des cottages ou villas de plaisance, étagées en amphithéâtre sur le versant d’un monticule escarpé et dégringolant jusqu’aux rives d’un lac cher aux amateurs de sport nautique. Le gouvernement s’était élevé dans la partie basse de la ville un luxueux palais à proximité d’une église, édifice sans lequel il n’est point, au sein d’une population britannique, d’installation complète. Tel était l’aspect riant de cette localité à 5h llm de l’après-midi, à la date que nous avons mentionnée au début du présent article. Il
- Fig. 1. — Monument de (Juinton. Avant.
- n’en restait une minute plus tard qu’un sinistre amas de pierres fendues, d’arbres brisés et de toitures morcelées.
- Trois minutes suffirent aux secousses pour opérer leur œuvre de destruction. Elles furent précédées de ce grondement sourd que connaissent bien tous ceux qui ont habité des régions sujettes aux tremblements de terre. Faibles d’abord, elles augmentèrent graduellement d’intensité, et les soulèvements se succédèrent avec une régularité que des témoins oculaires ont comparée à celle d’une machine à vapeur. Les gravures qui accompagnent notre texte, et que nous avons empruntées au Pearsons Magazine, donneront au
- lecteur une idée des ravages produits, en lui permettant de comparer l’aspect d’un seul et même édifice avant et après la tourmente. Le palais du Gouvernement, construit en granit et en marbre, oscilla sur lui-même et s’écroula en quelques secondes avec un fracas épouvantable. L’église, pourvue quelques jours auparavant d’un orgue superbe, s’effondra, désarticulée comme un château de cartes, et un coffre renfermant des surplis fut la seule chose que l’on put, par la suite, retirer indemne des décombres. Mais l’effet le plus intense fut produit dans la ville haute dont tous les cottages renversés montraient par leurs toitures ouvertes un lamentable
- Fig. 4. — Église de Shillong. Après.
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- amas de poutres broyées et de balcons fracassés. Le pont de bois réunissant les deux rives du lac s’était rompu et la dislocation complète de l’une des arches avait projeté sur le bord tout une partie du tablier.
- Une jeune Anglaise qui faisait ce jour même une promenade à bicyclette le long du lac, rapporte qu’elle vit s’élever tout à coup un énorme nuage de poussière et, à mesure qu’il se dissipait, elle percevait que des maisons venaient de s’écrouler autour d’elle, la terre se fendait, elle-même trébuchait à tout moment par la formation subite d’une crevasse sous
- Fig. 6. — Gazette office et secrétariat de Shillong. Avant.
- ses pieds. Le quai en granit, bordant le quai à l’une de ses extrémités, s’ouvrit brusquement comme sous l’effet d’une cognée invisible, livrant
- passage à une monstrueuse trombe liquide. Les grondements terrestres furent couverts par les cris aigus des femmes appelant leurs enfants et par les mugissements des ani-maux; soudain, une pluie torrentielle se mit à tomber, fait d’autant pins étrange que le ciel était d’une limpidité parfaite quelques instants avant que ne se déchaînât ce cataclysme qui restera lugubrement célèbre dans les annales de l'Inde anglaise.
- On peut compter assurément les secousses sismiques qui ont produit le désastre lamentable de 1897
- Fig. 8. — Maison du gouvernement de Shillong. Avant.
- que la catastrophe atteigne les proportions qu’elle a prises en 1897. Les faits n’ont que trop parlé pour en démontrer l’énergie et l’étendue. C’est pourquoi
- aux Indes. Ces contrées sont encore assez souvent ébranlées par les mouvements du sol ; mais il est rare
- Fig. 9. — Maison du gouvernement de Shillong. Après.
- nous avons cru bon de consigner ici, même à long terme, un tremblement de terre qui mérite une mention particulière. H. Zaleski.
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- LA NATURE.
- FONTE EXTRAORDINAIRE DES GLACIERS
- DU MONT-BLANC
- Nous avons signalé précédemment1 un phénomène curieux et rare en hiver : les inondations dans nos régions alpestres. Yoici un autre fait intéressant au point de vue géologique et qui doit avoir quelque rapport avec la douceur des hivers dont nous jouissons depuis quelques années sans interruption. On pourra comparer le résultat des observations météorologiques qui suivent avec l’amoindrissement extraordinaire des glaciers du Mont-Blanc, glaciers très connus et qui fournissent au Rhône et à la Méditerranée une grande quantité d’eau.
- On verra par ce qui suit que nous sommes loin de l’époque glaciaire, car l’on sait qu’à un certain moment de la période quaternaire, les glaciers avaient pris une extension considérable. Ceux des Alpes notamment, si fréquentés aujourd’hui par les touristes du monde entier, s’étendaient jusqu’aux environs de Lyon, de Yalence, et recouvraient une partie du Jura. On en a la preuve par l’examen des moraines et des blocs erratiques qui témoignent de l’existence d’un ancien glacier dans une vallée.
- La carte ci-jointe montre clairement combien les glaces se sont retirées depuis cette époque.
- Or, d’après les travaux de M. Venance Payot (Revue Alpine), qui observe depuis 50 ans les variations de nos glaciers, leur décroissance a été l’an dernier très considérable et n’avait jamais atteint un pareil minimum.
- C’est la Mer de Glace qui a le mieux résisté à la fusion. Ainsi, M. Payot a relevé de son point de repère au glacier une distance de 86 mètres. L’année précé-
- 1 Voy. n® 1541, du 4 février 1899, p. 155.
- dente il avait noté 80 mètres ; il en résulte que la Mer de Glace n’a reculé que de 6 mètres seulement.
- Au contraire le glacier des Bossons a beaucoup diminué pendant l’été dernier, et du reste nous avons observé dans la vallée de l’Ârve une température très élevée : ainsi à Bonneville, à l’altitude de 450 mètres, nous avons noté les maximums absolus suivants : -f- 32°,4 en août et -f 31°,9 en septembre avec des moyennes de + 19° et -j- 17° à l’ombre, sous l’abri aux thermomètres.
- Le glacier des Bossons s’est raccourci de 152 mètres et il s’est rétréci de 30 mètres environ sur chacun de ses flancs. En épaisseur il a diminué d’environ 20 mètres. On peut évaluer la glace fondue que ce glacier a envoyée au Rhône et à la mer à environ 140 000 mètres cubes. Cette fonte s’est encore accrue en janvier dernier au moment des inondations ; il ne neigeait pas dans la vallée d’Arve, mais encore la pluie tombait fortement.
- Le glacier d’Argentiere a perdu en longueur 64 mètres environ et en largeur, 20 mètres de chaque côté; son épaisseur a aussi diminué du 14 septembre 1897 au 29 octobre 1898. Comme il n'est pas encore tombé de neige dans nos contrées (ou du moins une quantité insignifiante) les glaciers continueront à décroître cette année.
- Le glacier du Tour est à 1 kilomètre de ses anciennes moraines. Les glaciers du Trient, de Petoud et de Grand décroissent également.
- Il y a certainement une relation entre ces phénomènes et la douceur exceptionnelle de la température hivernale que nous observons depuis quelques années dans les régions qui avoisinent le massif du Mont-Blanc. Les touristes pourront donc, probablement cette année encore, faire des ascensions variées dans d’excellentes conditions. Ajoutons que les automobiles et les cycles pourront rouler sur d’excellents chemins.
- L’hiver qui finit a été très doux; le mois de février dernier a été sec, nous n’avons eu à Bonneville que trois journées de pluie discontinue et, à Chamonix... un seul jour de pluie, le 1er février, et point de neige ! Cela surprendra bien des personnes. La sécheresse continue en mars, le temps est exceptionnellement beau dans nos contrées, alors que vers le 9 on a signalé de Privas de violentes tempêtes de neige dans les Cévennes, à peu de distance de la région des oliviers, que l’on cultive dans l’arrondissement de Largentière.
- Nous avons parlé antérieurement de la sécheresse de l’été dernier; d’après nos prévisions, il est fort probable qu’il en sera de même cette année-ci. L’hiver de 1897-98 a été peu rigoureux, la quantité de neige tombée insignifiante ; d’ailleurs elle fondait quelques jours après.
- En 1896-97 nous avons aussi observé un hiver assez doux, il y a eu une sécheresse remarquable en octobre, novembre et décembre 1897 ; ordinairement c’est à cette époque que les sommets se couvrent de neige, et que les glaciers s’accroissent, il n’en a pas été ainsi cette année-là. Maximums absolus : + 51° en juin, juillet et août 1897.
- Très peu de neige pendant l’hiver de 1895-96 : à peine deux journées en janvier et en mars, pas une goutte de pluie en février 1896. Nous avons noté -f 31° en juillet.
- De sorte que, d’après nos observations météorologiques, il faut remonter jusqu’au début de 1895 pour noter un hiver rigoureux : cette année-là, en janvier et en février, nous avons eu une grande quantité de neige avec un
- Terrains qui n ‘ont jamais Sols recouverts à J$mplacement des
- ete recouverts par les 1 V époque glaciaire. glaciers artùds.
- glaciers*
- Glaciers des Alpes du Dauphiné et de la Savoie.
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- minimum, absolu de — 23°,5 ; mais la température s’est ensuite relevée rapidement en avril et a atteint le maximum de + 24° à l’ombre, puis + 33° en juillet et août. Depuis lors les hivers ont été très doux et la neige en quantité presque nulle. Les glaciers du massif du Mont-Blanc ont, par suite, continuellement décru et il sera intéressant d’observer si réciproquement, leur diminution nous procure des températures plus élevées en hiver. Cela est probable, car les glaciers refroidissent considérablement l’atmosphère voisine et les vents froids qui en résultent peuvent amener dans nos régions de grandes chutes de neige. Dans tous les cas, comme nous venons de le montrer, il y a eu un rapport constant entre la douceur exceptionnelle des derniers hivers et la décroissance remarquable (non encore observée depuis un demi-siècle), de glaciers nommés plus haut. Au moment où l’hiver linit, nous avons cru bon de signaler et de rapprocher ces phénomènes intéressants. Omer Jullien,
- Licencié ès sciences
- LES FOUILLES DE CARTHAGE
- M. Gauckler continue à Carthage les fouilles méthodiques qu’il a entreprises non loin des citernes de Bordj-Djedid.
- En attaquant le sol actuel, on rencontre, avec la charrue, divers débris, carreaux de revêtement, monnaies, lampes, poteries. A lm,50 de profondeur, on trouve quelques tombes byzantines, avec mosaïques grossières. Au-dessous, on arrive à quelques constructions de basse époque, puis à une maison romaine qui semble être de l’époque constantinienne, bien qu’elle renferme des débris d’une période plus ancienne, notamment une belle tête colossale de Marc-Aurèle en marbre blanc. On y remarque une citerne à quatre compartiments avec un canal de distribution, un bassin bétonné se déversant par un jet d’eau dans une vasque en mosaïque. Au sud, deux chambres rectangulaires sont pavées en mosaïque. La plus grande a 4 mètres sur 5; elle représente un paysage maritime avec une vingtaine de personnages qui se prcfcnènent, pêchent ou canotent. La deuxième, d’un travail plus négligé, représente une chasse aux animaux féroces. Elles sont de l’époque chrétienne, quoique le sujet de l’une d’elles soit d’inspiration païenne.
- Après avoir soulevé les deux mosaïques, qui ont été transportées au musée du Bardo, on s’est aperçu qu’elles cachaient des constructions plus anciennes entièrement comblées. Le déblaiement du sous-sol a fait apparaître d’abord un étroit couloir avec les marches d’un escalier. Celui-ci conduisait à une salle importante, si l’on en juge par les stucs peints recouvrant les murs. Cette salle était coupée par un mur sans aucune ouverture établi après coup. Ce sont les fouilles exécutées de l’autre côté du mur qui offrent le plus d’intérêt.
- Dans les décombres, on a reconnu des débris de toute nature, des poteries, des lampes chrétiennes, de nombreux fragments de stucs peints d’un style tout pompéien. L’un représente une jeune fille, peut-être une prêtresse d’Isis ; puis apparaissent des. statuettes de divinités païennes qui ont été mutilées à une époque, déjà ancienne: une Vénus pudique au dauphin, un Jupiter assis, avec l’aigle; une tête d’Amour, un masque de Silène d’un excellent travail, deux statues de Mithra, etc. Enfin, dans le coin le plus reculé de la salle, on découvrit, appliquée contre le mur, une grande dalle en marbre blanc portant une dédicace à Jupiter Hammon, identifié avec le dieu Sylvain, faite par les prêtres du dieu, au nombre de douze, ayant à leur
- tête une femme, grande maîtresse des rites. Au pied de cette dédicace, on ramassa : une tête en marbre blanc d’un taureau votif, portant un croissant entre ses cornes, avec une inscription; une vingtaine de bétyles en granit, creusés de cavités hémisphériques, disposées comme les doigts d’une main ouverte, et de boulets en pierre plus ou moins fruste. Ceci prouve le caractère votif de ces projectiles.
- Tout au fond de la cachette apparaissent quatre statues en marbre blanc presque intactes. C’est la Déméter grecque, la Ceres africana romaine, qui a remplacé la phénicienne Tanit. C’est une réplique de l’école hellénistique, d’une élégance exquise. Ces statues sont ciselées avec un art infini dans un marbre aux tons dorés avec une légère couche de peinture. Elles sont dans un état de conservation remarquable. Elles avaient été cachées intentionnellement au fond du caveau, au moment de la défaite définitive du paganisme,après Julien.
- Au-dessous du caveau on ne trouve plus que des tombes puniques très anciennes et l’on passe brusquement des premiers siècles de notre ère au sixième avant Jésus-Christ.
- Les caveaux creusés en plein roc dans le plateau de tuf qui s’étend au delà de Bordj-Djedid ne remontent guère plus haut que le troisième siècle avant notre ère ; les plus anciens sont les plus rapprochés des habitations de la primitive Carthage qui s’étagent sur les pentes sablonneuses plus voisines de Dennech.
- En somme, ces fouilles de la plus ancienne nécropole punique nous mettent en présence d’une civilisation étrange, très raffinée déjà, mais tout imprégnée encore d’éléments asiatiques et égyptiens et n’ayant subi qu’à un faible degré l’influence des peuples occidentaux. C’est la Carthage phénicienne qui se révèle à nous avec toute la saveur de son originalité primitive. Elle est très différente de la cité des guerres puniques qui a été déjà transformée par les influences italo-grecques et dont le Père Delattre recueille en ce moment les vestiges dans la nécropole de Bordj-Djedid. J.-B. Mispoulet.
- NOUVEAUX
- MAIRES POUR LA FLOTTE RUSSE
- Les derniers événements de Cuba ont montré l’importance d’une puissante marine; aussi la Russie, malgré les propositions de désarmement général soumises par le Czar à l’Europe, a-t-elle décidé d’augmenter sa flotte dans des proportions considérables et un rescrit impérial vient d’y consacrer un crédit supplémentaire de 90 millions de roubles.
- Les ressources des chantiers russes étant actuellement insuffisantes pour mener à bien, dans un court délai, les constructions prévues par l’amirauté, celle-ci s’est adressée aux constructeurs étrangers et d’importantes commandes ont été faites à des maisons •françaises, allemandes et américaines; détail assez curieux, malgré leur réputation, les grands chantiers anglais ont été laissés de côté dans la répartition des contrats passés par le gouvernement Moscovite.
- En France, il sera construit un cuirassé de 12900 tonnes, un croiseur cuirassé de 7800 tonnes et 5 « destroyers » à grande vitesse.
- L’Allemagne aura, pour sa part, deux croiseurs, l’un de 6250 tonnes et l’autre de 5900 tonnes, un
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- LA NATURE.
- éclaireur de 3000 tonnes et 4 « destroyers ».
- Le grand constructeur Cramp, de Philadelphie, a reçu la commande d’un cuirassé de 12700 tonnes et d’un croiseur de 6000 tonnes qui devront être prêts à prendre la mer en 1900.
- Ces 2 puissants navires constitueront une formidable addition à la flotte du Czar; — le navire de combat, cuirassé de bout en bout, est représenté au premier plan de notre dessin ; il ressemble au type « Majestic » anglais, seulement il porte 3 cheminées placées les unes derrière les autres au lieu de n’en posséder que deux dans le même plan diamétral et ses gros canons sont placés dans des tourelles fermées et non en barbettes ; cette disposition est plus avan-
- tageuse que celle du vaisseau]] anglais puisqu’elle assure une meilleure protection à l’armement et au personnel.
- La grosse artillerie comprend 4 canons de 300 millimètres répartis par paires dans deux tourelles avant et arrière tirant dans l’axe, avec un champ de tir d’environ 100° de chaque bord ; l’artillerie moyenne se compose de 12 canons à tir rapide de 155m/m disposes soit en tourelles fermées sur le pont, soit en casemates dans la batterie; il y aura en outre 20 canons à tir rapide de 75m/m et plus de 30 pièces à tir rapide de plus faible calibre ainsi que 6 tubes lance-torpilles.
- Les machines au nombre de deux seront alimentées
- Nouveaux navires pour la flotte russe.
- par des chaudières françaises du type Niclausse et devront développer 16 000 chevaux; la vitesse correspondante sera de 18 nœuds qui seront soutenus pendant 12 heures aux essais.
- Deux mats militaires et de signaux complètent le navire qui, à l’inverse des bâtiments français, n’aura sur le pont aucune superstructure. Les batailles navales de Yalu, de Cavité et de Santiago ont montré les effets désastreux produits par la petite artillerie sur ces véritables monuments dont on a été si prodigue dans notre marine.
- Le croiseur, d’un déplacement moitié moindre, sera armé de 12 pièces de 155m/ra et du même nombre de canons de 75m/m ainsi que de six pièces plus petites ; il est possible que, en cours de construction, cette artillerie soit légèrement modifiée de
- façon à augmenter la puissance de l’artillerie principale. Il y a également à bord deux machines mues par des appareils évaporatoires du même type que sur le cuirassé; la vitesse sera de 23 nœuds, elle devra être maintenue pendant 12 heures aux essais; les cheminées, au nombre de quatre, donneront à ce bâtiment l’aspect extérieur du type anglais « Diadem » ; il est d’ailleurs représenté au second plan de la figure.
- En dehors des ordres passés à des constructeurs étrangers, la marine Russe a donné d’importantes commandes à ses chantiers nationaux qui vont chaque jour en se développant ; le désir de voir la paix régner sur le monde n’empêche pas le Czar de se préparer à toutes les éventualités.
- Commandant Z...
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- UNE NOUVELLE PILE
- Les piles électriques ont été, il y a quelques années, l’objet d’un grand nombre d’études particulières; mais, depuis quelque temps, ces études semblaient s’ètre arrêtées complètement. M. le l)r Fontaine-Atgier, qui s’est déjà occupé de diverses questions électriques, a eu récemment l’occasion de faire sur la question quelques observations intéressantes et nouvelles. Nous allons les résumer, et en même temps décrire la pile qu’il a été amené à construire.
- Il a tout d’abord mis en évidence la propriété
- importante des treillis de fer, sous une certaine masse et principalement sous forme de tambours et de fusées, d’être des dépolarisants énergiques des piles. On voit dans le n° 1 de la figure ci-jointe une vue d’ensemble de la pile constituée, et dans len° 2 le détail des pièces qui la forment.
- Le vase extérieur E est en tôle de fer étamée ; tout autour sont suspendus par des crochets des petits cylindres G de treillis en fer enroulés et désignés sous le nom de fusées. Tous ces cylindres sont maintenus en place par un anneau F que l’on pose à la partie supérieure et intérieure du vase. Au centre de la pile est fixé le zinc B maintenu par deux petites réglettes disposées à angle droit. Enfin à l’intérieur
- La nouvelle pile électrique du D' Fontaine-Atgier.
- du zinc une fusée centrale A, semblable aux précédentes mais plus grosse, est montée sur une tige verticale, qui repose à l’intérieur d’un petit vase G avec rebord extérieur. Dans le n° 1 de notre dessin, on voit que ce petit vase est placé au-dessous de la fusée centrale; le zinc est suspendu au-dessus du rebord dont nous venons de parler. Cette disposition permet de recueillir tous les débris de zinc qui peuvent se détacher à un moment donné. On voit encore que tout autour de ce vase G se trouve un autre anneau D.
- Nous relions la tige verticale de la fusée centrale aux fusées placées à la périphérie, nous remplissons le vase d’une lessive de soude à 36° Baumé et la pile est prête à fonctionner.
- Si nous fermons le circuit de la pile sur une
- résistance extérieure assez faible, nous voyons bientôt le liquide bouillonner et les gaz se dégager en abondance; l’intensité du courant reste constante. Avec une pile d’un diamètre de 0m,14 et d’une hauteur de 0m,26, M. Fontaine-Atgier a obtenu une intensité de 2,5 ampères pendant 12 heures consécutives sans aucune variation. La consommation de zinc pendant ces expériences n’a pas dépassé 1,50 gr. par ampère-heure. Ces résultats semblent prouver que le treillis métallique joue effectivement le rôle d’un dépolarisant ; il offre un passage facile au gaz hydrogène, à mesure qu’il se forme, et celui-ci s’échappe à l’extérieur en bouillonnant.
- Toutes les observations faites par M. Fontaine-Atgier ont été corroborées par le Laboratoire central d’électricité, qui a mis en essai deux modèles difïé-
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- rents de ces piles. Le premier modèle, semblable à celui dont nous avons parlé, a fourni 72 heures de débit ininterrompu sur une résistance d’environ 0,1 ohm. La force électromotrice a été de 0,45 volt, la différence de potentiel initiale de 0,52 volt et l’intensité moyenne de 1,9 ampère. Au début de l’expérience l’intensité était de 3,5 ampères et à la fin de 1,71 ampère. La résistance intérieure était de 0,02 ohm. La capacité de cette pile a été de 150,57 ampères-heure et la consommation de zinc de 1,25 gr. par ampère-heure ; son poids était environ de 6 kg. avec le liquide. Un deuxième modèle de pile semblable, mais à treillis métallique garni de manganèse granulé, a fourni 70 heures de travail; la force électromotrice était de 1,54 volt et la différence de potentiel initiale de 0,9 volt. L’intensité, de 9 ampères au début, n’était que de 5 ampères pendant les 3 heures suivantes et a diminué ensuite progressivement pour n’atteindre que 1,06 ampère à la fin de l’essai. La résistance intérieure était de 0,04 ohm, et la capacité de 121,13 ampères-heure. L’usure du zinc par ampère-heure a été aussi de 1,25 gr.
- Dans un autre modèle de la pile exclusivement composée de treillis, M. Fontaine-Atgier remplace les fusées périphériques par un tambour formé simplement d’une bande de treillis roulée en spirale.
- En poursuivant ses recherches, M. le Dr Fontaine-Atgier a eu l’occasion de faire quelques observations qu’il est intéressant de mentionner.
- Il a tout d’abord remarqué qu’il s’établit entre deux masses de treillis du même métal, de surfaces inégales, baignant dans le même liquide excitateur, une faible diflérence de potentiel qui varie du simple au double, suivant que le zinc est ou n’est pas dans l’élément.
- Enfin les treillis’ métalliques, soumis à un courant de charge, conservent cette charge et peuvent jouer le rôle d’accumulateurs. M. Fontaine-Atgier poursuit actuellement ses études de ce côté.
- D’après les premiers résultats obtenus, il est certain que la nouvelle pile de M. le Dr Fontaine-Atgier offre de grands avantages ; elle se distingue surtout par la constance du courant qu’elle fournit pendant un temps très long, après toutefois quelques variations au début de la marche. On peut lui reprocher d’avoir une force électromotrice faible; mais l’inventeur nous fait espérer dès aujourd’hui un perfectionnement sur ce point. Nous avons tenu, bien que les essais ne soient pas terminés, à faire dès maintenant connaître la nouvelle et intéressante pile de M. le Dr Fontaine-Atgier. J. Laffargue.
- CHRONIQUE
- Le neuvième satellite de Saturne. — L’observatoire d’IIarward College, dirigé par l’éminent astronome Edward Pickering, vient de faire une découverte de la plus haute importance : depuis fort longtemps on prend à cet Observatoire de très nombreuses photographies du ciel étoilé. Ces jours derniers, quatre clichés photogra-
- phiques donnèrent l’image bien nette d’un neuvième satellite de la planète Saturne. Ce nouvel astre est de 15me grandeur et sa révolution autour de la grosse planète, déjà pourvue de huit satellites et de volumineux anneaux, s’effectue en 17 mois, ce qui suppose une distance d’à peu près 200 rayons saturniens. Les habitants de Saturne ont donc des nuits parfaitement éclairées non seulement par les anneaux, mais encore par les neuf lunes qui tournent autour de la planète, la première, Mimas, distante de Saturne de trois rayons, en 23 heures, la neuvième, qui n’a pas encore reçu de dénomination, à 200 rayons, en 17 mois.
- Les médailles des comètes. — Pour encourager la recherche des comètes en Amérique, un généreux amateur d’astronomie, M. Donohé, a légué une somme d’argent destinée à la fondation de médailles réservées à ceux qui découvrent ces astres curieux. Elles ont été accordées en 1898 à il/1/. Perrine, W. Brooks et Chase, qui ont découvert le 15 septembre, le 20 octobre et le 14 novembre 1898, chacun une comète nouvelle.
- La poudre d’os et l’alimentation des jeunes animaux. — MM. À. Gouin et A. Andouard ont fait des expériences intéressantes relatives aux avantages du phosphate de chaux dans l’alimentation des jeunes ruminants. La poudre d’os affectée à ces essais est celle qui est livrée par le commerce des engrais sous la dénomination de (( poudre d’os verts ». Elle est préparée, sans l’intervention d’aucun agent chimique, avec des os séchés à l’air libre qu’on broie ensuite en poudre grossière ; elle coûte moins de 15 francs les 100 kilogrammes. Prenons pour exemple un veau de 64 jours et du poids de 215 kilogrammes. 11 recevait par jour 645 grammes de lait écrémé, lkB,562 d’avoine en grain, lk*,492 de foin, lkB,343 de betteraves. L’accroissement du poids de l’animal a été, dans ces conditions, en 24 jours de 27 kilogrammes, et il a fixé, par kilogramme gagné, 14Kr,53 d’acide phosphorique. A cette ration on ajouta simplement 0ks,104 de poudre d’os verts par jour. L’accroissement du poids de l’animal fut, en 24 jours, de 56 kilogrammes et l’acide phosphorique fixé par kilogramme gagné de 15'r,74. Ainsi ces 9 kilogrammes d'excédent de poids du veau ont été obtenus sans supplément de nourriture, par l’ingestion de 2ker,500 de poudre d’os verts coûtant 55 centimes. Chaque kilogramme ainsi produit revient donc à moins de 4 centimes. L’administration de la poudre d’os facilite l’assimilation des aliments et ralentit la perte de l’embonpoint acquise jusqu’à l’automne. Elle est donc appelée à jouer un rôle important dans l'alimentation des jeunes bovidés et des animaux supérieurs.
- Les Indiens aux États-Unis. — On parle beaucoup en ce moment aux États-Unis d’un exode considérable d’indiens Peaux-Rouges signalé à Kansas City : 4700 Cherokees, 3900 Creeks et 1500 Delawares ontquitté Wichita dans le territoire indien avec tous leurs biens meubles s’élevant à près de deux millions et demi de francs, pour aller au Mexique, où ils ont acheté des terrains. Ces Indiens ont reçu une certaine éducation et tous se livrent à l’agriculture; ils vont se fixer à Durango, à Guadalajara et dans la Sonora. Pour exécuter plus aisément leur exode, ils ont acquis, paraît-il, 2000 bicyclettes et 250 chariots. Ils ont beaucoup à se plaindre du gouvernement des États-Unis qui viole, disent-ils, toujours ses engagements vis-à-vis d’eux, ne pense qu’à s’approprier leurs terres. Ils préfèrent abandonner leur véritable patrie et ceux qui ont tout fait pour anéantir leur race, afin de devenir des sujets mexicains.
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- LA NATURE.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 27 mars 1899. — Présidence de M. Van Tieghkm.
- Le traitement des vignes par les sels mercuriels. — M. Vignon, de Lyon, adresse une Note relative aux effets du traitement mercuriel des vignes sur leurs produits. Il a reconnu dans ces produits, notamment dans le raisin, la présence de traces de mercure. Ces faibles quantités de mercure sont-elles sans inconvénients? M. Vignon croit que l’organisme humain peut les tolérer ; M. Berthelot se montre moins affirmatif.
- Décès. — M. Gaudry annonce la mort de M. Marsh, correspondant de l’Académie.
- Éloge d’un membre décédé. — M. Bornet lit une Notice sur la vie et les travaux de M. Naudin récemment décédé.
- Les rayons phosphorescents de l’uranium et du polonium. — M. Becquerel entretient l’Académie des nouvelles recherches qu’il vient d’opérer sur les radiations phosphorescentes de l’uranium. 11 décrit, en particulier, un phénomène qui devrait rationnellement être attribué à la réfraction des radiations mais qui, néanmoins, ne semble pas pouvoir admettre cette explication, car les radiations traversent le prisme sans déviation. D’autre part, M. Becquerel fait connaître que les corps possèdent des pouvoirs d’absorption fort difl'érents pour ce genre de radiations.
- Altérabilité des ustensiles d'aluminium. — M. Ditte présente divers fragments d’aluminium provenant d’une voiture citerne ayant fait partie du matériel de l’expédition de Madagascar. Ce métal, complètement hors de service, offre un aspect fort différent de l’aspect normal; il semble composé de feuillets. A la vérité, ce n’est pas de l’aluminium pur, mais un alliage contenant de 5 à 6/100 de cuivre. Le remède aux altérations serait la présence d’une couche légère de matières grasses à la surface des vases : mais pour obéir aux règles élémentaires de l’hygiène, il faudrait pouvoir enlever cette couche de matière grasse, chaque fois que les récipients devraient rester inutilisés pendant quelques heures. Or on ne saurait dans ce but employer les acides qui sont sans action sur les matières grasses, ni les liquides alcalins qui attaquent fortement le métal. D’autre part des nettoyages mécaniques à l’eau chaude avec sable fin auraient l’inconvénient d'enfermer dans les anfractuosités les débris organiques chargés de microbes. En somme, d’après les travaux de M. Ditte, l’aluminium est très altérable en une foule de circonstances, et cette particularité est de nature à dissiper quelques illusions relativement au développement des applications de ce métal.
- Échantillon de roche sous-marine. — M. Michel Lévy présente une Note de M. Termier sur une roche sous-marine provenant de l’Atlantique nord, d’une profondeur de 500 mètres. La région où cette roche a été arrachée, située en plein Océan, est très montagneuse ; on n’y trouve de vase que dans les fonds. L’échantillon, qui a été ramené lors des dragages d’un câble, a donc été arraché du sommet d’une montagne. C’est une roche basique vitreuse enfermant des cristaux de péridot entièrement spéciale, qu’on ne se serait guère attendu à trouver sous une couche d’eau aussi épaisse.
- Les causes de la fièvre puerpérale. — M. d’Arsonval présente une Note de M. Charrin sur les prédispositions morbides à l’infection puerpérale. 11 est certain que pen-
- dant la période puerpérale l’infection est très facile. On a accusé soit la lésion traumatique récente, soit les émotions, soit la perte de sang, mais aucune de ces hypothèses ne paraît fondée. M. Charrin a déterminé les causes de cette facilité d’infection. Il a observé que le sang de la femme au moment considéré contient plus de sucre qu’à l’état normal. Ce sang constitue donc un milieu favorable pour les microbes. D’autre part, l’enfant emprunte de la mère une quantité considérable de fer. M. Charrin a, en effet, observé sur des cobayes que le fer du foie et de la rate diminuait à cette époque. Il y a donc déminéralisation de la mère en faveur de l’enfant, c’est-à-dire coexistence de deux circonstances favorables à l’infection.
- La carte de France. — M. le général Bassot présente un ouvrage en deux volumes de M. le colonel Berthaut, intitulé Notice historique sur la carte de France. Cet ouvrage retrace l’histoire des grands travaux cartographiques français, depuis la carte de Cassini jusqu’aux retouches actuelles de la carte d’état-major. On y voit que la Commission présidée par Laplace, au début de la Restauration, avait décidé que le levé topographique serait effectué au 1/10000e et le dessin au 1/50 000e, et que c’est uniquement par raison d’économie, que ce levé a été fait au 1/40 000e et la carte réduite au 1/80 000°. Cette carte qui a rendu les plus grands services ne satisfait plus aux besoins des services publics, et la France se trouve aujourd’hui moins bien outillée de ce côté que les grandes puissances européennes. M. Michel Lévy rappelle que la Commission de la carte géologique réclame depuis longtemps la réfection de la carte topographique sur une échelle plus grande. M. Maurice Lévy dit qu’il est regrettable que les ministres de l’Intérieur et des Travaux publics aient consacré des sommes considérables à des travaux cartographiques. L’Académie charge les sections réunies de Géographie et Navigation et d’Astronomie, avec MM. Maurice Lévy et de Lapparent, d’examiner s’il y aurait lieu d’émettre un vœu tendant à ce que les pouvoirs publics se préoccupassent de la question.
- La radiographie des corps étrangers dans l’organisme. — M. Lippmann présente au nom de M. A. Londe, directeur du service radiographique et photographique à la Salpêtrière et de M. Radiguet, constructeur, un nouvel appareil destiné à orienter les radiographies et à déterminer la profondeur des corps étrangers dans l’organisme. Ch. de Villedeuil.
- Erratum. — Compte rendu de la séance du 20 mars, page 271, ligne 5, lire Decaisne au lieu de Dequesne.
- CHARLES NAUDIN
- Charles Naudin, le botaniste éminent, le doyen de la section de botanique de l’Académie des Sciences, est mort presque subitement le dimanche 19 mars à Antibes (Alpes-Maritimes) à la villa Thuret. Il était âgé de 84 ans.
- Naudin était venu avec les premières années de ce siècle et il est parti un peu avant le siècle suivant. Il a donc eu une existence longue et bien remplie.
- Il était né à Autun le 14 avril 1815. Il fit une partie de ses études médicales à Montpellier ; mais,
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- LA NATURE.
- entraîné surtout par goût vers les sciences naturelles, il vint à Paris en 1859 achever son instruction. Sans fortune, il dut à la fois comme beaucoup d’autres donner des leçons pendant le jour, tenir même les livres d’une maison de commerce et étudier pendant une partie de la nuit. Il fut reçu docteur ès sciences en 18-42. Il collabora à la Flore Brésilienne de Saint-Hilaire, puis fut nommé professeur au Collège Chaptal. 11 parlait bien et il eut du succès. Mais, sous l’inlluence sans doute d’un excès de travail, il fut tout à coup en 1848 atteint de surdité et il dut quitter l’enseignement. 11 entra au Muséum et, en 1854, fut nommé aide-naturaliste de la chaire de culture occupée par son ami Decaisne.
- Decaisne et lui travaillèrent ensemble de longues années. Et cette collaboration ne fut pas sans exercer une certaine influence sur l’avenir de Naudin. C’est pendant qu’il était au Muséum qu’il entreprit ses travaux sur l’hybridité et les variations dans le règne animal. Son grand ouvrage sur les Hybrides du règne végétal lui valut le prix de Botanique en 1862. Naudin, contrairement à l’opinion régnante, y établissait la théorie de la non-permanence des hybrides. Il faut encore citer de lui des Mémoires sur « la Détermination de l’espèce dans le règne végétal », « les Espèces et la théorie de l’évolution », etc. Bien vu au Muséum, travailleur sagace et persévérant, quand Moquin-Tandon mourut, une place devenant vacante, on lui donna la préférence sur ses concurrents, et ainsi lui furent ouvertes les portes de l’Institut le 14 décembre 1863. Il fréquenta assez rarement les séances pendant plus de dix ans, absorbé qu’il était par ses travaux et ses recherches. En 1872, il quitta le Muséum et se retira à Collioures, dans les Pyrénées, où il établit un jardin d’expériences et d’acclimatation.
- Dans le même temps M. Gustave Thuret, correspondant de l’Académie et botaniste de grande valeur, parcourait un jour les bords de la Méditerranée avec son jeune ami M. Bornet qui devait entrer plus tard à l’Académie des Sciences. Tous deux s’occupèrent surtout des algues. Le cap d’Antibes provoqua leur admiration. Quel site et quel beau jardin d’essai on fonderait dans cette région privilégiée! L’idée prit corps. M. Thuret acheta des terrains, fit construire.
- On traça un grand parc, on multiplia les plates-bandes et les jardins. On fit venir de tous côtés les plantes les plus -variées, végétaux d’Australie, de Californie, du Japon, etc. Et sur grande échelle on s’adonna à leur culture et l’on poursuivit les essais d’acclimation.
- MM. Thuret et Bornet passaient des mois entiers à Antibes. Ils n’oubliaient pas leurs études favorites sur les algues, mais en même temps soignaient leurs champs de culture.
- En 1875, M. Thuret mourut. La fondation ne devait pas périr. La famille Thuret la maintint dans toute son intégrité. Mais il fallait la mettre à l’abri des vicissitudes de l’avenir. La belle-sœur de M. Thuret prit l’initiative de faire don de cette magnifique propriété à l’État. Depuis 1878, ce don princier fut accepté et la « villa Thuret » a son budget spécial et relève directement du ministère de l’Instruction publique. Il fallut nommer un Directeur des jardins d’Antibes. On en fit l’offre à M. Bornet qui refusa, préférant poursuivre ses études et ses travaux à Paris. M. Naudin fut désigné et quitta Collioures pour aller s’installer définitivement à Antibes. Et il y est resté depuis 1878. Il ne fit que de très courts séjours à Paris. On ne le vit guère à l’Académie des sciences que deux ou trois fois en un quart de siècle. Aussi M. Yan Tieghem, en annonçant sa mort à ses confrères, dit : « Beaucoup d’entre nous ne le connurent même pas. Moi-même, je ne l’ai entrevu qu’une fois en 1884, à l’Académie ». Naudin ne quitta plus la villa Thuret. Il ne fit même que de très rares communications à l’Académie. II envoyait de très loin en très loin une Note sur quelques variétés de plantes peu connues ou sur l’état climatérique exceptionnel d’un hiver.
- Il n’en avait pas moins conservé toutes les sympathies de ceux qui l’avaient approché et connu au Muséum. Ses pairs nous ont redit toute* l’estime qu’ils avaient conservée et pour l’homme et pour le savant. Naudin restera, au point de vue botanique, une des gloires incontestées de la science française. Henri de Parville.
- Le Gérant : P. Masson.
- Charles Naudin, de l’Académie des sciences.
- Paris. — Imprimerie Lahcre, rue de Fleuras, 9.
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- N8 1550
- LA NATURH
- 8 AVRIL 1899
- d’aérostats. Si une telle passerelle était réalisable, l’Angleterre n’oserait plus discuter avec nous; elle aurait trop peur de voir par-dessus le Pas de Calais des théories de pantalons rouges envahir son territoire grâce au pont-ballon.
- Ce qu’on entend par pont-ballon est d’allure infi-
- LES PONTS-BALLONS
- Le mot pont-ballon éveille une idée extraordinaire; on se figure flottant dans l’espace une passerelle gigantesque soutenue dans les airs par une escadre
- Fig. 1. — Les ponts-ballons militaires.
- niment plus modeste, mais possède sur ce beau rêve l’inappréciable avantage d’être une réalité et une réalité pratiquement utilisable, non à l’envahissement de l’Angleterre par-dessus dix lieues de mer, mais à la défense du territoire par le franchissement rapide de tous les cours d’eau,offert à peu de frais à nos petits troupiers.
- Les premiers ponts-ballons datent évidemment, sous une tout autre dénomination bien entendu, des premiers âges de l’histoire militaire. Sans doute même furent-ils imaginés avant que l’art militaire possédât une histoire.
- Des hordes guerrières, se trouvant en présence d’un cours d’eau à franchir, eurent certainement cette idée simple d’utiliser des outres gonflées d’air pour en constituer autant de supports flottants à des pièces de bois jetées d’une rive à l’autre et trop lourdes par elles-mêmes pour supporter le passage 27e année. — 1er semeslre.
- des guerriers et de leurs chevaux. Sous une forme primitive le premier pont-ballon s’était ainsi trouvé lancé, bien avant qu’il ne fût question de la remarquable découverte des frères Mongolfier.
- Sous une forme correspondant rigoureusement à sa définition, le pont-ballon « dernier cri » se compose non plus d’outres mais de véritables petits ballons, en soie ou en calicot, vernis, trop lourds pour flotter dans l’atmosphère gonflés à l’hydrogène, mais bien assez légers pour flotter sur les eaux simplement gonflés à l’air; ces supports flottants se trouvent réunis, cela va de soi, par un tablier de pont, et leur nombre ainsi que leurs dimensions sont calculés de façon que ce tablier émerge au-dessus des eaux tout en livrant passage à cette foule d’hommes, de chevaux et de voitures qu’est une armée.
- Ces ponts-ballons c dernier cri », d’un aspect
- 19
- ^ d ’wnv, Hoe\ . d f autr
- Fig. 2. — Vue en plan d’un pont-ballon,
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- LA NATURE.
- engageant et gracieux, d’une construction rapide, d’un transport des plus faciles et d’une mise en œuvre fort simple sont, si je ne me trompe, et je ne crois pas me tromper étant donné le lieu où j’en ai vu lancer un, de l’invention de cet esprit, fécond surtout quand il s’agit d’applications dérivant de l’aé-rostation, qui réprésente en France le continuateur officiel des Mongolfiers et des Coutelles.
- S’il est un objet utilitaire militairement parlant, le pont-ballon est encore un objet d’art et comme tel difficile à improviser en campagne ; il a un frère plus modeste, réglementaire, dont tous les ans, à plusieurs reprises, nos troupes du génie opèrent la construction et le lancement.
- C’est ce frère pauvre que nous demandons aux lecteurs la permission de leur présenter ; peut-être certains d’entre eux auront-ils l’étonnement, amoindri par notre description, de le voir aux beaux jours lancer sous leurs yeux. Ce pont-ballon est un pont o en sacs de distribution ».
- On prend des sacs à distribution en toile imperméable à l’eau, et on les bourre de paille ; voici le ballon constitué, il n’y a plus pour le fermer qu’à en ligaturer fortement la... gueule, pardon du mot, il est technique, avec une ficelle, de façon à en interdire l’intérieur à l’eau. Le ballon ainsi constitué aux formes invariables, grâce à son bourrage en paille et non grâce à son imperméabilité à l’air qui est plus que problématique, formera le support de la future passerelle.
- Pour une passerelle de 100 mètres de longueur on aura besoin de 200 sacs, et 100 hommes mettront trois quarts d’heure à la construire et à la lancer.
- Elle sera formée d’un certain nombre (une vingtaine) de radeaux tous identiques les uns aux autres, placés bout à bout suivant leur plus grande dimension et réunis par des madriers et des cordes en croix contreventant l’ensemble du système.
- L’un de ces radeaux, tous semblables, se compose essentiellement de dix sacs imperméables bourrés de paille, huit formant support et deux aux ailes, réunis par une perche, constituant balancier.
- Les huit sacs de supports sont placés côte à côte et amarrés entre eux et avec des madriers qui les embrassent dessus et dessous au moyen de cordes solides, par exemple des cordes à fourrage.
- I)e nouveaux madriers, liés sur les précédents, réunissent les radeaux et assurent la continuité de la passerelle. D’autres cordes disposées en croix sont tendues du balancier d’un radeau au balancier du suivant et constituent un parfait contreventement.
- Si le courant de la rivière est très faible, la passerelle ainsi formée va d’une rive à l’autre sans qu’on ait à craindre de dislocation. Si le courant est sensible on l’amarre en divers points à une corde, dite cinquenelle, tendue au travers de la rivière, ou à des ancres improvisées constituées de grosses pierres ou de paniers remplis de pierrailles jetés dans son lit.
- Comme de juste les radeaux sont construits sur la rive et tous simultanément. Au fur et à mesure
- de leur achèvement on les met à l’eau le long de cette rive et on les réunit les uns aux autres. Fuis, la passerelle ayant une longueur égale à la largeur de la rivière, on procède à son lancement par conversion.
- Un homme armé d’une godille ou d’une perche embarque sur chaque radeau et conduit l’ensemble de façon à le faire pivoter sur une de ses extrémités ; le courant aide ce mouvement de charnière.
- Au moment où ils parviennent à la hauteur de la cinquenelle, les nautoniers y amarrent leur radeau, et la passerelle est en place ; si sa longueur a été bien calculée, son extrémité libre touche à peu près la rive opposée à laquelle on la raccorde par un pont volant formé de deux ou trois madriers.
- Tel est le pont-ballon actuellement en usage dans l’armée française, il est d’une installation rapide et d’une improvisation simple puisque dans sa confection n’entrent que des éléments faciles à trouver en campagne : des sacs à distribution, de la paille, des cordes et des madriers. Léo Dex.
- LA SENSATION DU NOIR
- Les physiologistes divisent les fonctions de la rétine en trois catégories : le sens lumineux, qui est la faculté de reconnaître les intensités lumineuses différentes; le sens chromatique, qui est celle de différencier les couleurs, et enfin, le sens morphique, ou pouvoir de distinguer les formes. Laissons de côté le premier, si vous le voulez bien, qui a surtout été étudié par les expériences photométriques et occupons-nous des deux autres, à un point de vue tout spécial : celui de la perception du noir.
- Les parties blanches ou colorées qui réfléchissent en totalité ou en partie les radiations lumineuses, sont seules actives, tandis que les parties noires, qui absorbent complètement ces radiations, ne le sont point. Cependant lorsqu’on regarde sous un éclairement donné, un tableau, ou un paysage, les noirs et les ombres, qui forment en quelque sorte le squelette de la sensation sont perçus plus vivement, semble-t-il, que les éléments colorés. Ceux-ci paraissent réduits à un rôle secondaire et accessoire dans l’édification de la perception.
- Si l’on considère que la rétine n’a pas d’autre excitant normal que les radiations lumineuses, on doit envisager le noir comme une lacune de non-excitation, laissée dans la rétine par suite de l’existence, dans le champ objectif visuel, de parties qui absorbent complètement les radiations lumineuses. De fait, il y a de grandes analogies entre la notion sensuelle que nous éprouvons dans une chambre obscure — notion totale d’obscurité — et celle que nous obtenons en regardant une plage de coloration noire. Le noir est-il donc une sensation colorée, ou est-il l’absence de toute sensation de cette nature, telle est la question fort délicate qu’il s’agit de résoudre.
- Voici d’abord quelques faits d’expérience qui vont nous servir de guide. Lambert1 a montré qu’il est possible de mélanger les couleurs en se servant d’une plaque de verre qui sert de miroir et réfléchit les rayons d’une couleur en même temps qu’elle laisse passer par transparence . les rayons d’une autre couleur.
- Essayons de mélanger par ce procédé du noir et du rouge. Pour cela, on prend une glace AB (fig. 1) qui permet de voir par transparence une surface, noire je
- 1 Lambert. Farbenpyramide, Augsburg, 1772.
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- suppose, et par réflexion une autre surface, rouge cette fois. Si l’on place ces deux surfaces de telle façon que l’image de la surface rouge coïncide avec la surface noire, il est impossible de constater de la neutralisation. 11 n’en est plus de même si l’on élève légèrement la surface noire. La surface rouge réfléchie est alors vue comme par transparence à travers la surface noire. Tantôt la première disparaît par partie d’une façon plus ou moins complète, tantôt c'est la seconde. Le phénomène se produit même à volonté, suivant que. l’on porte l’attention sur celle-ci ou sur celle-là. C’est un phénomène de neutralisation analogue à ceux dont M. Javal a montré toute l’importance dans la vision binoculaire.
- Ainsi nous assistons à la combinaison monoculaire d’une notion sensuelle achromatique, avec une notion
- A
- 3____:___________
- 2---------------- -----------------1
- B
- Fig. 1. — AB, glace transparente. — 1, surface rouge.
- 2 et 5, positions successives de la surface noire.
- chromatique, de façon à obtenir une perception associée.
- Le disque de Newton nous offre encore un procédé commode pour le mélange des couleurs. Sur un disque entièrement noir, nous mettons un carré blanc, la rotation fait apparaître un cercle blanc. Sur un disque blanc nous mettons un carré noir, la rotation nous montre le disque absolument blanc, à peine assombri suivant un cercle correspondant au carré noir.
- Mais si cette association du noir et du coloré est déjà
- A B
- Fig. 2. — Sléréogrammes. — Les traits verticaux représentent du rouge, les traits horizontaux du bleu.
- intéressante dans la vision monoculaire, elle le devient davantage dans la vision stéréoscopique.
- Les anaglyphes de Ducos du Hauron, par exemple, sont des stéréogrammes obtenus par la superposition de deux épreuves, une bleue et une rouge. On doit les regarder avec un lorgnon bichroma tique dont un verre est rouge et l’autre bleu. Le verre rouge ne laissant pas passer les radiations rouges éteint l’image rouge et ne laisse voir que la bleue. De même le verre bleu ne laisse voir que l’image rouge, les deux images se fusionnent stéréoscopiquement et donnent du relief. Jusqu’ici rien qui ne soit parfaitement connu, mais ce qui est curieux c’est l’absence de coloration de ce relief. Ce n’est plus du bleu, ce n’est plus du rouge ou même une couleur combinée, c’est du noir. Voici deux couleurs qui, en se combinant stéréoscopiquement, donnent la notion sensuelle du noir.
- De même si dans le stéréoscope on place à droite un
- stéréogramme bleu et à gauche un stéréogramme rouge, le relief sera perçu comme étant noir.
- A cela il y a une objection d’ordre expérimental tirée des nombreuses expériences faites par les physiologistes sur l’antagonisme des champs visuels. Il y a lutte, concurrence entre une plage colorée vue par un œil et une autre plage colorée vue par l’autre œil.
- Il en est ainsi chaque fois que les plages fusionnées ont une certaine surface, il n’en est plus de même lorsque ces surfaces sont très réduites.
- Ainsi en combinant stéréoscopiquement les figures A et B (fig. 2) le petit cercle intérieur, issu de l’association du rouge et du bleu, donne naissance à une perception de noir.
- Donc s’il est impossible de soutenir, au sens optique du mot, que le noir est une couleur on doit reconnaître, au point de vue psychophysiologique, qu’il diffère absolument de l’absence de sensibilité et constitue une véritable perception. A. Dissard.
- LE CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES
- A TOULOUSE
- L’idée de réunir à Paris pendant la semaine de Pâques les membres des sociétés savantes appartient à M. de Caumont, l’illustre archéologue normand, le créateur des congrès scientifiques en France. En 1852, le Ministère jaloux du succès de cette réunion qui prospérait depuis dix-huit ans lui créa une concurrence et c’est ainsi que prit naissance le congrès officiel des sociétés savantes de Paris et des départements. 11 eut ses périodes de réelle prospérité, surtout avant 1870, et n’a jamais cessé d’être en faveur auprès des provinciaux heureux d’aller à Paris à prix réduit. On a pu dire qu’ils y étaient attirés par les charmes de la capitale, en réalité ils profitaient de leur séjour bien rapide pour prendre contact avec leurs confrères parisiens, les maîtres bienveillants de la science, pour travailler, plus qu’on ne le croit, dans les musées et les bibliothèques. Ils revenaient enrichis de connaissances nouvelles, encouragés et plus zélés.
- Malgré tout,dans les dernières années, les savants des départements désertaient le congrès, car on va plus facilement qu’autrefois à Paris et chacun choisissait son moment. En outre la science officielle se désintéressait ; les professeurs de nos établissements supérieurs fréquentaient moins la réunion de la Sorbonne et tous les congrès n’ayant pas une spécialité bien déterminée. Le Ministère essaya de changer l’époque de la réunion et la transporta aux vacances de Pentecôte. Ce fut en vain. Il tente aujourd’hui un nouveau système en offrant à la province de faire chez elle, tous les deux ans, le congrès annuel.
- On a dit avec une parfaite bonne foi qu’il s’agissait de faire œuvre de décentralisation. La vraie décentralisation eût consisté à favoriser les congrès qui se tiennent déjà tous les ans sur un point de notre territoire, ceux de l’Association Française, de la Société française d’archéologie, des Sociétés bota-*-nique, géologique, de géographie, etc. Au lieu de cela on leur fait une certaine concurrence.
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- La mesure votée et publiée la province n'avait plus à donner son avis. Toulouse n’avait qu’à faire valoir sa situation pour obtenir la faveur de la première session et avec une bonne grâce parfaite l’éminent directeur de l’enseignement supérieur, M. Liard, constata ses droits et combla ses vœux en obtenant l’adhésion du Ministère. La Ville a voté 25 000 francs pour couvrir les frais des réceptions et des fêtes. Les sociétés savantes et l’Université rivaliseront avec elle pour faire bon accueil aux délégués.
- Le Congrès s’ouvre le mardi 4 avril à 2 heures sous la présidence de M. Héron deVillefosse de l’Académie des inscriptions, assisté de MM. Léopold Delisle,
- Gréard, Berthelot,
- Bouquet de la Grye,
- Hamy, Henri Filhol,
- Darboux, Mascart,
- Gaston Paris, Babe-lon, de Lasteyrie, membres de l’Institut et d’une pléiade de collaborateurs du Comité des travaux historiques et scientifiques tels que MM. Henri Omont,
- Servois, Lefèvre-Pontalis, Aulard,
- Davanne, Kilian, prince Roland Bona-parte, Cordier,
- Roschach, de Lahon-des et autres. Les séances de section commenceront aussitôt leurs travaux.
- Le soir, réception par la municipalité au Capitole. Le mercredi soir, réception par les sociétés savantes de Toulouse à l’hôtel d’Assézat et de Clémence Isaure. Le jeudi soir, représentation de gala au théâtre du Capitole. Le vendredi soir, réception par l’Université aux Jacobins. Le samedi, séance de clôture présidée par M. le Ministre, et après son discours on entendra ceux de MM. Gaston Paris, Héron de Villefosse et Baillaud, ce dernier de l’Université de Toulouse. Le soir banquet dans la salle des Illustres, et deuxième représentation de gala.
- Dimanche, lundi et mardi, excursions à Carcassonne, Martres tolosane et Saint-Bertrand de Com-minges, Albi, avec le concours des municipalités et des sociétés savantes locales.
- Le Congrès sc tient à l’hôtel d’Assézat et toutes les
- sections y auraient pu siéger si l’affluence des délégués n’avait dépassé les espérances. Plus de 400 ont retiré leurs cartes de chemin de fer. A ce chiffre il faut ajouter les Toulousains. On a dû loger plusieurs sections aux Facultés des sciences et de médecine.
- L’hôtel d’Assézat mérite une mention spéciale. C’est le palais des Académies et des Sociétés savantes de Toulouse, et il date de la Renaissance.
- Seul à Toulouse, et certes avec justice, il a conservé le nom du riche marchand qui l’avait fait construire,
- Pierre Assézat. Le négoce, qui avait déjà pris une grande extension dans les derniers siècles du moyen âge, grâce à la situation de la ville entre les deux mers, entre l’Italie, l’Espagne et le nord de la France ou l’Angleterre par Bordeaux, s’était développé davantage encore'après les immenses découvertes qui venaient d’ouvrir de nouveaux mondes. Pierre Assézat, dont le père était venu d’Espalion, en Rouergue, augmenta rapidement sa fortune. Capitoul une première fois en 1552, puis bientôt seigneur de Dussède, il s’empressa de manifester sa richesse et son rang par l’érection de cette demeure, qui devait dépasser toutes celles de la belle et féconde renaissance toulousaine. 11 traita, le 26 mars 1555, avec Jean Castagné dit Nycot, maître-maçon de Toulouse, pour la construction, suivant « les articles écrits et ordonnés par Me Nycolas Bachelier ».
- Ces mots veulent dire sans doute que l’illustre architecte toulousain, auteur des plans, laissa la charge de l’entreprise à Jean Castagné. En trente mois, deux ailes et le portique furent construits. Mais sur ces entrefaites avait eu lieu le grand mouvement de la Réforme. Pierre Assézat avait pris parti pour elle avec une grande partie de la population. La guerre civile fut déchaînée partout. Finalement, le roi et les catholiques l’emportèrent. Assézat fut banni à perpétuité, privé de sa noblesse, et ses biens
- Fig. 1. — Cour d'honneur de l’hôtel d’Assézat, palais des Académies, Toulouse. (Photographie de M. Clovis Lassalle.)
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- furent confisqués. Longtemps après, le 30 septembre 1572, il abjura et rentra en grâce après une série d’humiliations.
- N’ayant plus sa grosse fortune, il ne put terminer son beau logis ; lui ou ses fils se bornèrent à établir un étage sur le portique, la porte d’entrée et le beau balcon qui court le long du mur de la maison voisine.
- L’hôtel fut vendu, en 1761, au baron de Puy-maurin, qui transforma l’intérieur au goût de son temps et détruisit les meneaux en croix des fenêtres. L’édifice s’est ainsi maintenu jusqu’à notre siècle. Les derniers propriétaires se virent obligés, à leur tour, d’en modifier les dipositions pour les néces-
- sités d’une destination utilitaire et commerciale.
- Des parties de l’œuvre de la Renaissance furent voilées mais non détruites, très heureusement.
- Il y a trois ans, M. Ozenne en fit l’acquisition avec l’intention d’y loger l’Académie des Jeux Floraux, dont il était l’un des mainteneurs, la Société de géographie qui l’intéressait tout particulièrement, et les autres compagnies savantes de Toulouse. Il l’a légué à cet effet à la ville1, chargeant son légataire universel de veiller à l’exécution de ses volontés. C’est de cette tache que s’est acquitté, à la satisfaction générale, M. Anton in Deloume, professeur à la Faculté de droit.
- Un désaccord entre le Bureau de bienfaisance et
- Portique de la cour d’houncur de l’hôtel d’Assé/.at. (Photographie de M. Clovis Lassalle.)
- Fig. 2. —
- la ville pouvant retarder de plusieurs années la prise de possession de l’hôtel par cette dernière, M. Deloume a cru pouvoir entreprendre de ses deniers avancés, et en sa qualité d’administrateur, la restauration du monument et l’installation des sociétés.
- La restauration des façades, et du portique surtout, était particulièrement délicate. Il fallait ne rien ajouter à l’œuvre de la Renaissance et dévoiler seulement toutes ses beautés. Par les soins d’un habile architecte, l’escalier d’honneur s’est montré superbe avec ses façades de brique rose, ses voûtes, ses piliers de pierre, ses sculptures; les salons ont repris leur ampleur, et les plafonds aux fines ciselures Louis XYI ont reparu. Au rez-de-chaussée, une galerie contiguë au salon de la Société de géographie peut contenir un audi-
- toire de trois cents personnes en attendant la construction du grand hall, auquel M. Ozenne destinait la seconde cour.
- Les six principales académies occupent maintenant l'hôtel et elles commencent à centraliser les services du secrétariat, bientôt elles auront le même bibliothécaire et 50 000 volumes seront classés à la disposition des travailleurs.
- C’est là le monument et la ruche laborieuse que Toulouse est fière de présenter aux délégués des sociétés savantes qui trouveront d’autre part en ville de si nombreux sujets d’étude et d’admiration.
- E. Cartailhac.
- 1 M. Ozenne a voulu que l’hôtel fût désormais appelé hôtel d’Assézat et de Clémence Isaure.
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- C4RTE ROUTIERE CYCLISTE DE SUISSE
- Les cyclistes suisses sont plus heureux que leurs camarades français.
- Leur Touring-Club a comblé leurs désirs en leur donnant, en l’année 1898, une carte complète de Suisse où l’on a indiqué tout ce que les rêves les plus audacieux des cyclistes peuvent désirer ; je veux dire les pentes en tant pour 100, et les distances d’un point à un autre en kilomètres et tout cela d’une façon apparente et claire.
- La belle carte du général Dufour, à lumière oblique, une des plus lisibles de celles qui existent, sert de base à ce travail considérable, accompli par la commission technique du T.-G. suisse, sous la présidence du capitaine Bas-tard.
- Cette carte à l’échelle de 1/250 000e est divisée en quatre feuilles donnant chacune le quart de la superficie du pays et pouvant se plier facilement pour être mise dans la poche.
- Nous donnons ici un échantillon de-cette carte, mais le lecteur doit faire bien attention que l’original est beaucoup plus lisible puisqu’il est tiré à six couleurs au lieu d’être tiré en noir sont indiquées en rouge à un autre.
- Les pentes sont divisées en trois catégories : la première comprend celles de 0 à 4 pour 100 inclusivement, marquées d’un trait jaune ; la deuxième comprend les pentes de 4 à 7 pour 100 inclusivement, teintées en vert. Enfin les pentes supérieures k 7 pour 100 sont teintées en noir.
- Si jamais les comités du T.-G. français, cédant enfin aux nombreuses demandes qui leur ont été faites, se dé-
- ÆyÿîofZTECr SC-
- Éehélle
- 3 J 20
- Route*? cvoexr pentes de O— % .
- - * .2 °/o
- 2 % et plus Distances m kilomètres d ' un, point Les bureotuæ de- douanes suisses sont soulignes .
- sur blanc seulement, les distances kilomètres et fractions d’un point
- cidaient à en publier un semblable, dont l’absence persistante est tout au moins un sujet d’étonnement, nous exprimerions le vœu suivant.
- G’est que les paliers ou sections de nulle pente forment, avec les pentes de 1 et 2 pour 100 seulement, la première catégorie de pentes teintées d’une couleur particulière, mettons vert.
- Les pentes de 5 et 4 pour 100 formeraient la seconde categorie teintée en trait vert interrompu. Et ainsi de
- suite de 2 en 2 pour 100 jusqu’à 10 pour 100 inclus, en variant les couleurs.
- Au-dessus de 10 pour 100, une teinte uniforme indiquerait les espaces inaccessibles en machine pour la plupart des cyclistes.
- Voici les raisons pour lesquelles nous demandons la division en deux parties distinctes de la première catégorie de pentes de la carte suisse.
- Ce sont celles que nous avons déjà fait connaître à propos de la vitesse et du travail personnel à chaque cycliste. On ne saurait1 trop en tenir compte.
- La vitesse normale d’un cycliste moyen sur le plat et en air calme peut être fixée à 15 kilomètres à l’heure. En supposant que ce cycliste et sa machine pèsent ensemble 100 kilogrammes et que le développement delà machine soit trouve que le travail correspon-coup de pédale, c’est-à-dire à une
- 25o.ooo
- descentes dangereuses . l'autre, .
- s~ -~g- . Æm
- on
- de 4,40 mètres, dant à chaque avance de 2,20 mètres, est de 5,1 kilogrammètres. C’est le travail que peut produire, sans fatigue, un cycliste moyen et il peut le répéter très facilement 7000 fois environ à l’heure.
- Admettons que ce même cycliste ayant à gravir une pente, se contente de la modeste vitesse de 8 kilomètres à l’heure. Dans ce cas, sur une pente de 1 pour 100 il
- 1 Application rationnelle de la bicyclette, 12 novembre 1898.
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- devra dépenser, avec cette vitesse très réduite, 4,04 kilo-grammètres par coup de .pédale* Sur une pente de
- 2 pour 100, dans les mêmes conditions, 6,7 kiiogram-mètres par coup de pédale; plus du double de ce qu’il dépensait en terrain plat avec une vitesse de 15 kilomètres par heure.
- Sur une pente de 5 pour 100, ce sera 9 kilogram-mètres par coup de pédale, et sur une pente de 4 pour 100 11 kilogrammètres.
- Des efforts variant du simple au quadruple ne sauraient, à notre avis, être placés dans la même catégorie. Il vaut mieux d’ailleurs ne pas avoir à les faire et adopter la solution préconisée par le commandant Collet, c’est-à-dire prendre le développement de 5 mètres dès qu’on aborde les pentes qui atteignent près de
- 3 pour 100.
- Dans ce cas, à la vitesse de 8 kilomètres à l’heure l’effort, par coup de pédale, atteint, dans les pentes de 3 pour 100, 6 kilogrammètres seulement; et dans les pentes de 4 pour 100 le travail est de 7,5 kilogrammètres.
- Nous ne conseillons pas aux cyclistes moyens, aux femmes ou aux tout jeunes gens de dépasser ce dernier effort, sans s’être bien entraînés au préalable. Ce que nous venons de dire montre l’intérêt capital qu’il y a pour les cyclistes à avoir sur leurs cartes l’indication des pentes.
- C’est pour cela que la carte suisse est digne d’admiration pour tous et d’envie pour nous, pauvres cyclistes français auxquels on ne veut pas donner la pareille.
- Elle fait honneur au comité technique du T.-C. suisse et elle rendra les plus grands services à tous ceux qui voudront faire un voyage de Suisse à pied, à bicyclette ou en automobile. Commandant Z.
- LE MIRACLE DE- SAINT PR0K0PY
- L’histoire des météorites, ou pierres tombées du ciel, est toute remplie de miracles, c’est-à-dire d’histoires merveilleuses où le phénomène vient s’associer à des actions humaines ou surnaturelles. Dans un écrit célèbre, le Livre des Prodiges de Conrad Lycosthène, on trouve à chaque page des exemples de ce genre. C’est à un chapitre de cette curieuse série qu’appartient la légende de saint Prokopy, et les circonstances qu’elle évoque sont spécialement intéressantes à cause du lieu où elle se place et de l’époque à laquçlle elle remonte. Aussi ai-je cru pouvoir faire plaisir aux lecteurs de La Nature en leur communiquant les très précieux documents que l’on a eu la chance de réunir.
- Je les dois à l'amitié d’un des hommes auxquels le grand Empire russe est le plus redevable des grands progrès qu’il réalise en ces temps-ci, à S. Ex. M. Alexis Yermoloff, ministre de l’agriculture et des domaines à Saint-Petersbourg; et je suis bien heureux de lui en adresser ici publiquement mes plus sincères remerciements. J’ai aussi des obligations à M. Melnikoff, conservateur des collections minéralogiques de l’Institut des mines qui a, le premier, signalé le fait qui m’occupe et qui m’a tenu au courant de ses résultats.
- Saint Prokopy vivait, à la fin du treizième siècle, à Oustiougue-Ie-Grand, dans le gouvernement de
- Wologda au centre de la Russie,et il édifiait les fidèles par toutes ses vertus. Un jour, le 25 juin 1290, un dimanche, le ciel se montra sous un aspect tout spécialement terrifiant : un énorme nuage noir se montra sur l’horizon et s’approcha rapidement de la ville. Il était si large et si opaque que bien qu’il fût midi la nuit s’étendit sur la terre et la frayeur des témoins fut encore augmentée par le déchirement lumineux des éclairs et par les roulements de violents tonnerres qui éclataient à chaque instant. Les murs des édifices tremblèrent ; et le tumulte empêchait les malheureux habitants d’entendre leur propre voix.
- Tout secours humain était impossible ; on réclama l’intercession de saint Prokopy, et celui-ci adressa au ciel une fervente prière. Aussitôt, la météorologie, devint plus clémente; le nuage changea brusquement sa trajectoire et délaissant la ville qu’il menaçait, il alla crever à plus de 20 kilomètres dans un endroit désert, où depuis s’est établi le village de Catoval, et où il ne pouvait faire aucun mal, répandant sur le sol, avec de la grêle, des pierres rougies au feu qui hachèrent des futaies entières.
- Cette histoire a fait une si grande impression dans le pays qu’après six siècles elle est encore vivante dans tous les esprits. On ajoute même qu’on peut, en quelque sorte, en contrôler la véracité, par la présence, sur une surface énorme de 7 kilomètres de longueur, des milliers de blocs de pierre tombés du ciel et qui, sans le saint, eussent anéanti la ville.
- La visite des lieux n’est pas très facile, et même elle est à peu près impraticable une partie de l’année à cause de l’abondance des neiges; le pays est tout à fait désert, complètement dépourvu de routes et couvert d’une épaisse forêt dans laquelle il faut avancer à peu près comme dans’la brousse des pays vierges. La figure 3 donne une idée de cette région, et on voit parmi les broussailles et sous le couvert caractéristique des sapins et des bouleaux, les blocs arrondis de toutes les tailles qui couvrent le terrain.
- En poursuivant, on arrive à 2 kilomètres du village de Loboff (ou Catoval) où en plein bois, dans un site des plus pittoresques, se dresse une église dédiée à saint Prokopy et au sud de laquelle se montre la curieuse petite chapelle en bois de la figure 2, extrêmement ancienne et dont les soubassements sont « construits avec des pierres de la chute ».
- C’est pour avoir cette photographie et plusieurs autres, dont profitent comme moi nos lecteurs, que M. Yermoloff a fait preuve de la plus grande bienveillance en donnant des ordres exprès pour qu’on surmontât des difficultés de tous genres. On appréciera la grandeur du service qu’il nous a rendu à la vue de la figure 1 qui reproduit de très vieilles peintures sur bois qui sont conservées dans l’intérieur de la chapelle de Catoval où elles sont placées contre la porte sainte, celle qui conduit à
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- LA NATURE.
- l’autel. Ces icônes, dont la date n’est pas connue mais qui sont extrêmement anciennes, ont été fortement détériorées, et dans bien des points elles sont devenues tout à fait indistinctes ; mais on en retrouve assez pour comprendre qu’elles retracent une série de faits mémorables dans la vie du saint et spécialement le miracle qui l’a rendu si populaire. Grâce à l’érudition et à la complaisance de M. le l)r Deniker, le savant bibliothécaire du Muséum d’histoire naturelle, je puis transcrire la légende de plusieurs de ces curieuses figures.
- La figure de droite, dans la travée horizontale du milieu, la seule qui soit déchiffrable, montre saint Prokopy prédisant à une fillette de 5 ans qu’elle sera un jour la mère de saint Stéphan, l’apôtre du pays Permien; et cela suffit comme échantillon de ce qui concerne les parties non météoritolo-giques de l’histoire du thaumaturge.
- La figure de gauche, symétrique de la précédente, représente le lieu où eut lieu la pluie de pierres « dans un en-droitdésert,ditla légende, n’ayant fait de mal ni aux hommes ni au hétail ».
- Enfin la peinture du milieu, la plus importante de toutes par sa dimension et aussi par son sujet, montre Prokopy priant Dieu sur les pierres, à l’endroit où est tombée l’averse des lilocs : « Il y vient souvent trouver, ajoute
- Fig.' 2.
- la légende, la solitude favorable à la prière. » En 1638 on alla choisir sur place un des plus volumineux spécimens parmi les blocs épars, et en
- grande cérémonie on l’établit, comme le montre la fig. 4, sur un socle auprès de la cathédrale de la ville d’Oustiou-gue-le-Grand, où les fidèles viennent journellement lui faire leurs dévotions, et des notices sur les quatre côtés relatent les circonstances du miracle. M.Deniker m’a traduit comme il suit celle que nos lecteurs ont sous les yeux : « L’an 1290, le 25 juin, le jour de saint Prokopy, thaumaturge d’Oustiou-gue, des quatre points de l’horizon surgirent des nuages énormes accompagnés de coups de foudre incessants et se portèrent vers la cité » ; c’est comme on voit le commencement de l’histoire qui doit se continuer
- sur les autres côtés du monument.
- M. MelnikofF a obtenu des popes d’Oustiougue la permission de prélever un petit éclat de cette pierre et il eut le regret, que nous partagerons tous, de reconnaître qu’elle est constituée de simple granit et non de l’une de ces roches caractéristiques où l’on reconnaît les météorites. Le même résultat négatif lui fut procuré par l’étude d’échantillons fournis par les blocs qui soutiennent la chapelle de Catoval ; il est à craindre qu’on le retrouverait avec
- 1. — Vieilles icônes conservées dans la chapelle de saint Prokopy et représentant le miracle.
- La chapelle de saint Prokopy où sont conservées les icônes.
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- les blocs provenant de la même chute et qui sont conservés comme des reliques dans la cathédrale de WTadimir et dans l’église du Sauveur à Wologda.
- M. Yermoloff n’a pas eu seulement la bonté de faire faire pour moi la série des photographies dont nos lecteurs ont une partie sous les yeux ; il a poussé
- Fig. 3. — Une clairière dans la forêt de Catoval, montrant les blocs de pierre recouvrant le sol.
- la bienveillance jusqu’à faire recueillir dans les environs de Catoval une série d’échantillons qu’il m’a envoyés avec des étiquettes détaillées. Je les ai étudiés par le moyen des réactifs chimiques et aussi au microscope après les avoir réduits en lames de un ou deux centièmes de millimètre d’épaisseur.
- Le résultat, c’est que tous ces blocs sans exception sont d’origine terrestre.
- Les plus remarquables consistent les uns en quartz hyalin provenant évidemment de filons pareils à ceux qui traversent des roches d’âges très variés, et les autres en roches granitiques diverses. Du nombre je
- citerai des micaschistes recueillis sur le bord de la Strigue et qui sont de plusieurs variétés et une très
- belle eurite à feldspath arbori-sée, noire et compacte comme un basalte et qui présente cet intérêt spécial quelle a été détachée du bloc même représenté sur son socle dans notre figure 4 : je dois cet échantillon à M. Melnikoff.
- Certains blocs des bords de la Strigue diffèrent beaucoup des précédents et consistent en roches siliceuses. Il y a par exemple un silex noir tout rempli de sphérules d’opale donnant la croix noire tournante entre les niçois et qui ressemble à des rognons du terrain houiller, et à côté
- Fig. 4. — Un bloc de pierre conservé sur un socle auprès de la cathédrale d’Oustiougue.
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- de lui un silex rose qui vient de la rivière de Souhany. Il y a aussi un quartz meuliériforme ‘très remarquable, et je signale comme ayant été recueilli près du monastère d’Oustiougue un morceau de scorie de four à fer renfermant des fragments de charbon de bois qu’elle a moulés et où le microscope montre d’admirables cristaux de péridot riches en inclusions.
- Enfin il faut faire une place à part à une belle roche toute pareille à celle qui vient d’être étudiée en Suède, et qui vient de Camenoë. C’est celle que M. Brôgger a désignée sous le nom de Grorudile. Elle est formée d’albite, de microcline, de mica et d’ægyrine.
- On pourrait à première vue être fort étonné de la rencontre d'une telle abondance de débris granitiques aux environs de Wologda, qui est située dans une région au sol éminemment stratifié, où les assises en place se rapportent aux époques appelées carbonifère et permienne. Mais on s’assure bien vite que les blocs cristallins constituent comme un placage superficiel de matériaux qui ont été charriés dans la région à un âge relativement très récent de l’histoire de la terre. En d’autres termes ils font partie du revêtement erratique qui forme jusqu’à une grande distance comme une auréole autour du massif montagneux des Alpes Scandinaves.
- Dans le passé, lors de la période qualifiée de quaternaire, les montagnes qui constituent comme l’épine dorsale de la péninsule norwégo-suédoise, étaient beaucoup plus hautes qu’aujourd’hui. Plus hautes de tout ce que les actions dénudatrices leur ont fait perdre durant les séries de siècles qui se sont écoulés depuis lors. Cette grande altitude y avait développé des glaciers, qui venaient plonger leur tête dans la mer Baltique.
- Dans ce temps-là, la mer Baltique était bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui ; elle communiquait largement avec l’océan Glacial par-dessus la Laponie qui n’était pas encore soulevée, et elle s’étendait à l’est bien au delà de Saint-Pétersbourg, au delà même de Wologda et de Nijny-Novgorod. Les icebergs abandonnés au fil des courants marins comme ils le sont encore au Spitzberg et au Groenland, s’en allaient chargés de blocs rocheux qu’ils abandonnaient plus ou moins loin, soit parce qu’ils chaviraient, soit parce qu’ils fondaient. Et c’est ainsi que, par un phénomène tout pareil à celui qui est actuellement à l’œuvre dans l’océan Atlantique nord, l’ouest de la Russie, comme le nord de la Prusse, s’est couvert de matériaux erratiques.
- Plus tard le soulèvement graduel du sol a donné à la Baltique les dimensions que nous lui connaissons aujourd’hui et a dissimulé les liens qui existent entre les blocs et les montagnes de Finlande et de Scandinavie d’où ils dérivent.
- Mais ces liens n’en existent pas moins et, comme on l’a vu, le microscope est tout-puissant pour les mettre en évidence.
- Reste après ceci à expliquer la légende de saint Prokopy et ce serait évidemment aller bien trop vite en besogne que de déclarer qu’elle ne repose sur rien. À l’extrême rigueur, il pourrait y avoir eu une trombe exceptionnellement intense et qui eût précipité sur le sol des blocs rocheux arrachés au sol à une distance plus ou moins grande. J’ai étudié il y a quelques années un phénomène qui avait eu lieu dans l’Aube dans une localité appelée Pel et Der où le sol avait été mitraillé de pierrailles de 1 à 2 ou 3 centimètres cubes, et qui venaient de 150 kilomètres au moins de distance. Nous n’avons pas de raisons d’affirmer qu’il ne peut pas tomber de même des pierres de plusieurs décimètres cubes ou même davantage.
- Mais il est encore une autre explication : c’est que l’épouvantable orage de grêle et de foudre ne s’est pas accompagné de chute de pierres. Quand on a visité le pays ravagé, aux arbres brisés et déracinés, on a rencontré les blocs erratiques et il a paru tout à fait logique d’en rattacher l’origine à l’orage lui-même. Rien dans les récits ne constate qu’on a vu les pierres tomber et si l’on avance qu’elles étaient rouges de leu, c’est sans aucune preuve à l’appui et sans même souligner cette circonstance qui a l’air d’une simple supposition.
- Ce qui donne de la vraisemblance à l’hypothèse toute prosaïque que je viens d’indiquer, c’est que des illusions du même genre, quoique sur une toute petite échelle relative, se reproduisent tous les jours. Je ne saurais dire combien de fois j’ai reçu à mon laboratoire du Muséum les communications de gens honorables qui, de la meilleure foi du monde, m’apportaient des blocs de pierres qu’ils pensaient avoir vus tomber. À l’examen c’était du granit, ou du calcaire, ou du grès..., le plus souvent de la pyrite de fer; toujours quelque masse d’aspect différent des roches abondantes dans le pays. L’explication est toute simple : on assiste à un coup de foudre tout voisin. Après l’étourdissement on juge que « le tonnerre a dû tomber en tel point ». On cherche et la première masse singulière est tout naturellement considérée comme venant de tomber. L’imagination frappée s’en mêlant, on arrive à se persuader de certains détails circonstanciels qui font de ce coup de foudre une chute de météorites conformes aux modèles les plus classiques.
- Je sais bien que c’est rééditer la fin de non-recevoir que Lavoisier a opposée si malencontreusement en 1768, à la réalité du phénomène météori-tique; mais cette fois nous avons comme contrôle de notre opinion le témoignage de la nature des masses ramassées.
- Quoi qu’il en soit l’histoire de saint Prokopy méritait évidemment d’être contée et je conserverai au Muséum une partie des roches de Catoval dans notre série déjà si nombreuse des pseudo-météorites.
- Stanislas Meunier.
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- LA. CHALEUR SPÉCIFIQUE DES MÉTAUX
- AUX BASSES TEMPÉRATURES
- M. U. Behn vient de terminer une série fort étendue de mesures des chaleurs spécifiques des métaux, en prenant, pour l’une des limites, la température ambiante, et pour la seconde limite successivement les températures de l’eau bouillante, de la neige carbonique et de l’air liquide. Les chaleurs spécifiques moyennes ainsi déterminées lui ont permis de fixer la valeur de cette quantité entre 18° et — 79°, etentre cette dernière température et —186°. Ces résultats, rapprochés de ceux qui ont été obtenus entre 18° et 100°, sont reproduits dans le tableau suivant :
- TEMPÉRATURES
- -4-100° -4-18° -4-18° —79° —79° —186°
- Plomb 0,031 0,030 0,029
- Platine 0,032 0,031 0,028
- Iridium 0,032 0,030 0,026
- Palladium 0,059 0,057 0,049
- Cuivre 0,094 0,088 0,072
- Nickel 0,109 0,098 0,074
- Fer 0,113 0,100 0,072
- Aluminium .... 0,220 0,195 0,153
- On voit, en examinant les nombres de ce tableau, que la chaleur spécifique de la plupart des métaux sur les-
- Températures.
- La chaleur spécifique des métaux.
- quels a opéré l’auteur, subit, en même temps que la température s’abaisse, une diminution accélérée de la chaleur spécifique. Pour certains d’entre eux, cette accélération est très accentuée, comme le montre le diagramme ci-joint établi avec les résultats trouvés pour le fer. La courbe des chaleurs spécifiques a été menée par les trois points A B et C, dont les abscisses sont les valeurs moyennes des trois intervalles de températures considérés, leurs ordonnées étant les chaleurs spécifiques moyennes dans chaque intervalle. L’aire des rectangles correspondants représente les chaleurs totales rendues ou absorbées par le fer entre les températures de repère.
- L’extrapolation de cette courbe vers les basses températures est naturellement hypothétique ; mais il est très remarquable qu’on puisse, sans la forcer, l’amener sur l’axe des abscisses au zéro absolu. Il en résulte l’hypothèse admissible que la chaleur spécifique du fer, et probablement d’autres métaux, s’annule au zéro absolu, c’est-à-
- dire qu’à cette température, un gain infiniment petit de chaleur ferait monter la température d’une quantité finie.
- On connaît déjà une propriété des métaux purs qui semble s’annuler au zéro absolu, c’est la résistivité électrique, suivant une remarque de Clausius.
- Jusqu’à ces derniers temps, on était demeuré fort loin des températures où cette propriété s’approche de zéro, mais des recherches récentes de M. Dewar ont révélé des faits nouveaux et inattendus. Dans ses admirables travaux sur la liquéfaction de l’hydrogène, il s’était servi, pour la mesure des températures, d’un thermomètre à résistance de platine, et avait fixé l’ébullition de l’hydrogène sous la pression atmosphérique à 35° absolus. Puis il avait placé l’hydrogène dans le vide, et avait été fort surpris de voir que la température ne baissait plus sensiblement. Il fut conduit ainsi à suspecter la loi dont l’extrapolation lui indiquait les températures cherchées. Bemplaçant le platine par un alliage de ce métal avec du rhodium, il obtint, par une nouvelle extrapolation, une température de 8° plus basse. On en conclut qu’à partir d’une certaine température la loi de variation des résistivités se modifie, et que celles-ci ne s’avancent plus que lentement vers zéro.
- Les relations reconnues entre la chaleur spécifique, la conductibilité électrique et la conductibilité calorifique conduisent à admettre que cette dernière doit devenir très grande, et peut-être infinie au zéro absolu.
- L’annulation de la chaleur spécifique est le correctif de la parfaite conductibilité calorifique et électrique ; car, une quantité infiniment petite de chaleur étant suffisante pour éloigner un corps du zéro absolu, on peut considérer comme stériles les raisonnements basés sur l’idée d’une conductibilité électrique ou calorifique parfaite.
- Il n’en est pas moins curieux de remarquer combien le monde serait différent si les mêmes propriétés des corps pouvaient être transportées aux températures ordinaires. G.-E. G.
- --0~Ç>-0-
- APPAREILS PHOTOGRAPHIQUES
- NOUVEAUTÉS ET PERFECTIONNEMENTS
- Les nouveautés proprement dites deviennent rares en photographie; mais chaque jour voit éclore des perfectionnements qui sont appréciés par les amateurs. Nous aurons à mentionner successivement quelques-uns d’entre eux parmi les plus intéressants. M. H. Mackenstein vient de résoudre, non sans élégance, un problème utile. Tout le monde sait que le plus souvent pour prendre des vues de monuments un peu hauts, on en est réduit à incliner la chambre noire. D’où des déformations dans la perspective. Dans d’autres circonstances on se plaint de ne pouvoir avec une simple jumelle prendre des vues un peu étendues. M. Mackenstein vient de tourner ces difficultés. Sa jumelle stéréoscopique est bien connue aujourd’hui. C’est cette jumelle que M. Mackenstein a perfectionnée récemment de façon à doubler environ son champ d’exploration, sans aucune inclinaison de l’appareil et sans aucune déformation, à une condition toutefois, c’est de transformer momentanément la jumelle stéréoscopique en jumelle simple. On utilise dans ce cas un seul objectif.
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- LA NATURE.
- Au moyen d’un mouvement latéral de coulisse, une partie mobile se déplace et produit un décentrage considérable puisque l’un des objectifs se trouve après l’opération au centre même de l’instrument. La conséquence de ce changement se devine. Dans la pratique ordinaire stéréoscopique, chaque plaque encastrée dans le magasin est double. Le magasin rectangulaire allongé renferme une première plaque pour l’objectif de droite et une seconde plaque juxtaposée à sa suite pour l’objectif de gauche. Mais il
- Fig. 1. — La jumelle stéréoscopique avec son objectif au centre pour vues panoramiques. F, objectif de gauche décentré ; F', objectif de droite masqué ; H, II' cloison mobile du magasin enlevée.
- est clair que si l’on substitue à ces deux plaques une plaque unique de dimension double, l’objectif unique étant disposé bien au centre et choisi de façon à bien couvrir, on se trouve avoir réalisé un nouvel appareil permettant de doubler le champ. L’objectif fait office de grand oculaire.
- La plaque unique est de 8 sur 18. On peut l’utiliser en hauteur pour les édifices élevés, les monuments, les intérieurs d’églises, etc., en longueur pour les vues panoramiques.
- Nous donnons comme spécimens une épreuve obtenue sur demi-plaque ; une épreuve, après transformation de la jumelle sur grande plaque en hauteur eten largeur.
- On constatera aisément le résultat obtenu. Le champ est environ doublé et, naturellement, il n’y a plus à redouter ici de déformation. Il va de soi que cet artifice donnera le moyen aux amateurs de reproduire sur une même épreuve toute une série de motifs qui échapperaient aux appareils ordinaires, bas-relief, frises, panneaux, monuments un peu
- étendus, stèles, colonnades, etc. Les dimensions exceptionnelles de la plaque 8x18 n’empêchent pas d’ailleurs d’utiliser les clichés pour les projections. Il suffit effectivement de ramener à la chambre noire les clichés au format du Congrès pour obtenir des
- Fig. 2.
- La jumelle disposée pour vues panoramiques en hauteur. Plaques 8 sur 18.
- images qui réuniront en un seul positif les détails et le champ des deux négatifs stéréoscopiques, cette fois avec leur véritable perspective. Le nouveau système offre donc des avantages évidents.
- A signaler aussi un autre modèle stéréoscopique dont le viseur ordinaire est remplacé par une loupe grossissante qui assure la mise au point avec une grande précision. Quand on se sert de la jumelle stéréoscopique pour prendre des vues simples, on a souvent besoin d’une mise au point soignée que ne donne pas le viseur. Dans ce cas M. Mackenstein emploie un magasin divisé en deux. D’un côté, magasin à tiroir de 18 plaques; de l’autre, compartiment libre avec glace dépolie et avec loupe extérieure. On laisse ouvert l’un des obturateurs, celui de gauche, et l’on munit l’objectif qui doit fonctionner d’un obturateur à gradation. On suit avec la loupe sur le verre dépoli les objets en mouvement et quand ils sont au point exactement, on déclenche l’obturateur
- Fig. 5. — Vue de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, prise avec la jumelle Mackenstein, l'objectif placé au centre de la plaque 8 sur 9.
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- Fig. 4. — Vue prise eu largeur avec la jumelle stéréo-panoramique sur plaque 8 sur 18 avec l’objectif décentré.
- de droite. On est bien certain ainsi d’obtenir des clichés nets. Ce dispositif pour les jumelles n’est pas non plus à dédaigner.
- Après les jumelles de M. Mackenstein, nous ferons une courte mention d’un appareil qui satisfera ceux qui n’aiment pas à emporter avec eux des poids lourds. L’instantané règne chez les touristes et les marcheurs. On serait souvent bien aise d’avoir recours à la pose et d’obtenir directement des épreuves de grand format. Mais on y regarde à deux fois.
- L’attirail est lourd et encombrant, et, réflexion faite, on y renonce le plus souvent. Un inventeur intelligent, M. Alfred Alexandre, a pensé à ceux dont les épaules sont sensibles et à ceux qui détestent les appareils pesants. 11 a imaginé tout simplement les chambres et les châssis en aluminium.
- L’effort d’imagination n’est pas considérable, et cependant le résultat a son importance. Pour un appareil
- laut traîner avec soi plus de 2 kilogrammes. Avec le nouvel appareil « Papillon » on emporte environ 850 grammes. C’est plus de la moitié de moins. On s’aperçoit de la différence au bout de la journée. Surtout si le soleil brille.
- L’aluminium a du bon, grâce à sa grande légèreté. Dans le « Papillon » tout est métallique sauf le soufflet. En sorte que, pour les pays chauds, l’appareil est tout indiqué. La chambre aplatie ne mesure que 4 centimètres. Pour s’en servir, une minute de transformation et tout est en place.
- Le couvercle antérieur sert de planchette. L’objectif s’en dégage. On fixe par un taquet en arrière et en avant par un cadre avec tiges glissantes obliques. C’est prêt à servir. L’objectif peut monter ou descendre en glissant dans le châssis vertical. Les châssis sont à ri-
- — deaux ou non à volonté. Fig. 5. — Vue prise en hauteur. r. . • . •.
- 0 r Quant au pied, il est
- 13x18, il | en supplément, mais pèse si peu! Bois très léger
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- avec plaquettes d’aluminium aux articulations pour les consolider. Il mesure 40 centimètres fermé, et déplié lm,30. Une rondelle métallique sert à joindre ou à grouper les trois extrémités du pied. Deux arcs de cercle qui se rapprochent ou s’éloignent
- Fig. 6. — Appareil « Papillon » fermé. Châssis, disque pour fixer la chambre, pied replié.
- sous l’action d’une vis pénètrent dans une ouverture circulaire du couvercle-planchette et fixent solide-
- Fig. 7. — Appareil « Papillon » eu place.
- ment la chambre sur le pied. En somme, c’est pratique.
- Avec cet appareil élégant en bandoulière, on peut faire une longue promenade et facilement revenir avec ses 12 plaques 13x18 bien couvertes. Cet appareil en aluminium aura certainement ses partisans.
- Un indiquera encore ici quelques nouveautés intéressantes à divers titres. J.-F. Gall.
- • NÉCROLOGIE
- M. Marsh. — Un télégramme de New Haven, dans le Connecticut, nous annonce la mort du professeur Marsh. Il y a (rois mois seulement que l’Académie a choisi M. Marsh pour un de ses Correspondants. Peu de temps auparavant elle lui avait décerné le prix Cuvier. Les découvertes de Vertébrés fossiles des Montagnes Rocheuses ont eu un retentissement considérable ; nul n’a autant que M. Marsh contribué à ces découvertes. Lorsque j’ai visité les collections paléontologiques de M. Marsh à Yale College j’ai éprouvé l’impression la plus grandiose et la plus étonnante qu’un naturaliste puisse ressentir. Il y a là des débris de créatures si gigantesques et si étranges qu’il faut les voir pour y croire. M. Marsh n’a reculé devant aucune fatigue, aucun danger dans ses explorations aux Montagnes Rocheuses; il y a consacré une grande fortune et il les a décrites dans des publications magnifiques. Tout récemment, donnant un exemple admirable de désintéressement, il en a fait don aux établissements publics des États-Unis. Le nom de M. Marsh restera honoré par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des êtres des temps passés ‘. Albert Gaudry,
- membre de l’Institut.
- CHRONIQUE
- Les ballons-sondes. — Le Lancer international de ballons-sondes du 24 mars a présenté de l’intérêt. Le ballon de Limoges a constaté avec ses enregistreurs 48° au-dessous de zéro. Cette température est environ celle qu’a relevée à 8600 mètres le ballon monté de Berlin, par M. Suring qui avait emporté de l’oxygène pour respirer au delà de 5000 m. Le ballon Strasbourg parti de cette ville s’est élevé jusqu’à 9000 m. avec MM. Herzerell et Redelbach. Le thermomètre a marqué 60° au-dessous de zéro. En France, plusieurs ballons-sondes ont été aussi lancés. Trois notamment l’ont été par M. Teisserenc de Bort à l’Observatoire de Météorologie dynamique dans la matinée du 24 mars. L’un d’une centaine de mètres cubes est parti de Trappes à 8h30 du matin par temps clair avec vent de nord-ouest faible. Il est tombé auprès de Trêves en Prusse rhénane, c’est-à-dire dans la direction est-nord-est. Un autre, de petit volume, a été lancé de Bort, aux environs de Limoges, à 9h 27 du matin par ciel nuageux (cumulus), vent nord-nord-ouest modéré avec petits grains de neige intermittents. Il est tombé à Péroles (Corrèze) après un parcours de 59km ayant atteint l’altitude de 8600 m. environ et une température de — 44° (au sol il y avait -f 0°,3). Afin de déterminer l’influence que peuvent avoir les rayons du soleil sur les températures indiquées par les enregistreurs on a eu soin de lancer de Trappes, avant le lever du soleil, à 5h 45 du matin, un autre ballon-sonde muni d’instruments analogues à ceux portés par les deux autres. Ce dernier est tombé à Meix-Saint-Époin (Marne) à 121km de Trappes à l’est 4° ou 5° sud. La température minima atteinte a été de 52° au-dessous de zéro à une hauteur d’environ 8600 m., la température du sol étant de — 3°.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 4 avril 1899. — Présidence de M. Yan Tiegrem.
- U absorption des ondes hertziennes—• M. Branly adresse une Note relative à l’absorption des ondes
- 1 Voy. n° 1348, du 25 mars 1899, p. 258.
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- hertziennes par les corps non métalliques. L’opacité dépend de la nature des matières et de plus elle augmente beaucoup avec l’humidité. Ainsi avec une paroi de ciment de 0m,10, le radiateur cesse d’agir à une distance de 7 mètres lorsque l’expérience est pratiquée 12 heures après la construction du mur; mais si l’on attend plusieurs jours, de manière que l’obstacle soit devenu à peu près sec, la distance d’action du radiateur atteint facilement 12 mètres. Des expériences faites sur un bloc de pierre donnent des résultats analogues.
- Télégraphie sans fil. — M. Ducretet annonce qu’il a entrepris avec succès des expériences de télégraphie sans fil entre la rue de Tolbiac et l’église du Sacré-Cœur, c’est-à-dire entre deux points distants de 7 kilomètres et par-dessus la ville de Paris.
- Navire brise-glace. — M. le général Yenukoff fait part des heureux résultats obtenus en Russie dans le fonctionnement d’un navire biise-glace. Ce navire a pu marcher avec une vitesse de 3 kilomètres à l’heure au milieu d’une glace de lm,50 d’épaisseur. Un navire du même genre sera prochainement lancé sur le lac Baïkal et produira -40 000 chevaux-vapeur.
- La féconclatioti du lis. — M. Guignard expose que, contrairement à l’opinion accréditée, la cellule mâle que l’on supposait sans emploi, dans la fécondation du lis, va se fusionner, dans le sac embryonnaire, avec un noyau spécial qui donne naissance à l’albumen destiné à nourrir l’embryon fourni par la fécondation de la cellule femelle appelée oosphère. Il y a donc deux fécondations simultanées. En outre les deux cellules mâles présentent des caractères particuliers permettant de les assimiler aux anthérozoïdes des cryptogames. De là résulte, sous le rapport des organes générateurs, une analogie inattendue entre ces derniers végétaux et les plantes supérieures.
- L’origine des petites planètes. — M. Maurice Lœwy, directeur de l’Observatoire, présente un travail de M. Jean Mascart, sur l’origine des astéroïdes qui circulent autour de la terre entre Mars et Jupiter. On a émis l’opinion, dit M. Lœwy, que nos petites planètes provenaient de la segmentation d’un corps semblable aux grosses planètes du système solaire. Pour justifier cette hypothèse, on a accumulé les comparaisons entre les éléments des orbites de ces astéroïdes afin de découvrir si les inclinaisons des orbites et les positions des intersections des orbites avec le plan de l’écliptique ne révélaient pas un ou plusieurs centres d’émanation. M. J. Mascart a abordé le problème par une autre voie. Faisant application d’une théorie que M. Tisserand a donnée à propos des comètes et qui permet de reconnaître si deux systèmes d’éléments d’orbites en apparence très différents se rapportent en réalité à une même comète, M. Mascart a recherché si divers groupes de petites planètes n’émanent pas d’un même hoyau de concentration. Il a calculé pour tous les astéroïdes la constante dite critérium de Tisserand et a ainsi mis en évidence, pour un certain nombre de petites planètes, une identité presque complète et très curieuse entre les valeurs de cette constante. Cette identité paraît trop complète pour être fortuite.
- Varia. — M. Viollet dépose, au nom de M. P. Weiss, une Note donnant la description d’un nouveau galvanomètre extrêmement sensible qui permet d’apprécier une déviation très faible. Ch. de Villedeuil.
- STÉRÉOSCOPE
- A DOUBLE RÉFLEXION TOTALE DE M. F. DROUIN
- La plupart des stéréoscopes construits actuellement — à l’exception de quelques modèles spéciaux, généralement encombrants et encore peu répandus — ne se prêtent qu’à l’examen d’un seul format et d’une seule disposition d’épreuves. Cette limitation étroite suffirait à elle seule pour expliquer le peu d’extension relative qu’ont pris les procédés stéréoscopiques, qui conduisent pourtant à des résultats incomparablement plus intéressants que la simple photographie.
- C’est à ce titre qu’il nous a paru utile de décrire un appareil (fig. 1) qui, sous un volume et un poids exceptionnellement restreints, permet l’examen d’épreuves de format quelconque et de dispositions variées. Ce stéréoscope est formé d’un prisme à double réflexion totale A B C D, d’une forme spéciale que la fig. 2 montre en coupe. Les angles de ce prisme sont déterminés de telle sorte qu’un rayon incident E qui arrive normalement sur la face C D, se réfléchit en i et en e, puis sort normalement par la face A B. Autrement dit, l’angle (3 que font entre eux le rayon incident E et le rayon émergent O est double de l’angle a que font les faces A D et B C.
- Ce prisme étant placé devant l’œil droit, lui permet devoir l’image droite tout en regardant dans la direction de l’image gauche, que voit directement l'œil gauche. Ainsi, les deux yeux convergent comme pour la vision ordinaire, tout en voyant chacun une image distincte.
- La figure 3 montre ce stéréoscope ainsi appliqué à l’examen d’un stéréogramme ordinaire. L’image de gauche se trouve en G et l’image de droite en D ; le prisme placé devant l’œil droit O' a pour fonction de dévier l’image D de façon à la superposer, en apparence, à l’image G, bien que les deux yeux O et O' continuent à converger comme à l’ordinaire. L’œil gauche O voit directement l’image G. Il est évident que la distance entre l’œil et les images doit être d’autant plus grande que l’écartement des deux épreuves est lui-même plus grand. Le même appareil peut ainsi servir aussi bien pour des épreuves du format d’un timbre-poste, que pour des projections de plusieurs mètres carrés.
- Alors qu’un stéréoscope ordinaire peut— si l’écartement de ses lentilles est bien déterminé — servir pour ainsi dire au premier venu et du premier coup, l’appareil dont nous parlons nécessite quelque exercice pour arriver à en tirer un bon parti. C’est qu’en effet l’observateur doit effectuer lui-même le réglage pour chaque épreuve, c’est-à-dire varier la distance entre l’épreuve et le stéréoscope, et varier légèrement aussi la position du stéréoscope, jusqu’à obtenir la superposition apparente des deux épreuves. Ce réglage s’effectue d’ailleurs d’une façon méthodique, presque instinctive, et ne demande que quelques instants. Pour commencer on peut procéder de la façon suivante : on trace sur une feuille de carton
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- deux cercles égaux, à une distance d’environ 75 millimètres l’un de l’autre, et de préférence de couleurs différentes, pour pouvoir les distinguer facilement. Tenant le carton de la main gauche, on place le prisme près de l’œil droit, l’ouverture carrée tournée vers lepreuve. On ferme alors l’œil gauche et, en déplaçant le carton, on amène le cercle de droite au milieu du champ de l’appareil ; on rouvre alors l’œil gauche et si, à ce moment, les deux cercles ne se superposent pas, on approche ou on éloigne le carton, par tâtonnement, jusqu’à ce que la superposition se fasse bien. On pourrait évidemment éviter ce réglage en réunissant par un support rigide, comme dans les stéréoscopes ordinaires, l'épreuve et l’appareil. Mais ce serait faire perdre à ce stéréoscope une de ses qualités principales, qui est précisément de pouvoir s’adapter même à des épreuves qui présentent des défauts dans leur exécution. Si l’on suppose par exemple deux épreuves présentant une petite différence de repérage, il suffira de tourner un peu l’appareil autour de son axe fictif pour obtenir néanmoins la superposition. En continuant ce mouvement jusqu’à 90 degrés, on verra des épreuves
- qui, au lieu d’être collées l’une à côté de l’autre, sont l’une au-dessus de l’autre.
- Il est évident que, comme précédemment, des épreuves qui présentent un petit défaut de repérage dans ce genre de montage sont vues sans difficulté.
- Si le mouvement est continué jusqu’à 180°, c’est-à-dire si l’angle D (fîg. 2) est à droite de l’opérateur au lieu d’être à gauche, on verra avec la même facilité un stéréogramme dont l’image gauche est à droite et l’image droite à gauche. C’est le cas de la figure 4, dans laquelle les épreuves sont tirées sans transposition. On peut dont juger du relief sur la glace dépolie des chambres noires binoculaires.
- 11 est évident que l’œil gauche, en regardant l’image gauche, voit en même temps l’image droite; de même, l’œil droit voit en même temps l’image gauche. Il s’ensuit que, une fois l'appareil au point, l’observateur voit en réalité trois images, c’est-à-dire une image plane de chaque côté de l’image en relief. Cette apparence, qui se présente dans tous les stéréoscopes sans séparation, pourrait être évitée par l’emploi d’une cloison séparatrice, mais ce serait au détriment de la maniabilité de l’appareil. Du
- Fig. 2.
- Coupe du prisme à double réflexion totale.
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- Examen d’un stéreogramme ordinaire.
- Fig. 4.
- Examen d’un stéréogramme non inversé.
- reste, l’image en relief seule attire l’attention, et les images planes ne s’imposent guère plus à l’œil que les bords du carton de chaque côté de l’épreuve.
- Le prisme est enfermé dans une monture métallique percée seulement des ouvertures utiles pour passage du faisceau lumineux.
- Il est à remarquer que c’est un stéréoscope sans grossissement. Si le grossissement peut être utile lorsqu’il s’agit d’épreuves sur verre, de petit format, il est par contre nuisible si le stéréoscope est employé à regarder des images en photogravure. Il fait alors apparaître le détail de la trame, et l’œil a quelquefois tendance à superposer les lignes de
- cette trame, ce qui gêne à la perception du relief.
- Les procédés photomécaniques ont maintenant,, classé la photographie parmi les moyens d’illustration les plus fréquemment employés. Il est permis de croire que la photographie stéréoscopique y jouera également son rôle, et que l’adoption d’appareils pouvant, comme celui dont nous venons de parler, servir à regarder tout stéréogramme sans distinction, ferait faire un pas en avant à cette branche de notre art encore si délaissée. G. M.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahüre, rue de Fleurus, 9.
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- N“ 1551. — 15 AVRIL 1899.
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- INAUGURATION DU MONUMENT PASTEUR
- A LILLE
- Le dimanche 9 avril, la ville de Lille était en fête. On inaugurait le beau monument élevé à l’un des plus grands savants qu’ait vu naître notre pays. On inaugurait aussi l’Institut Pasteur. C’est Lille qui a été le berceau des immortelles découvertes de Pasteur. La ville s’est souvenue, et elle a tenu à honneur de consacrer par un monument impérissable la mémoire de celui qui a jeté sur elle un si grand éclat. Pasteur lui a vraiment porté bonheur; car on peut dire qu’au-jourd'hui Lille est un des centres d’activité scientifique les plus importants de la France.
- Un grand nombre de savants éminents de l’étranger | se sont joints aux savants français pour donner une nouvelle consécration à la solennité de cette fête de la reconnaissance publique. Nous citerons MM. le prince d’Oldenbourg, directeur de l’Institut Pasteur de Saint-Pétersbourg ;
- Mac Faydean, directeur de l’Institut Jenner de Londres ;
- Delbruck, directeur de l’Institut de fermentation de Berlin; Degive, de l’École vétérinaire de Bruxelles; Heindrickx, le chirurgien de Bruxelles; Ray Lancaster, directeur du Muséum de Londres; Buchner, de Munich; Dr Tétrop, d’Anvers; Heymans, de Gand, etc. Le nom de Pasteur est vénéré et populaire à l’étranger. Parmi les savants français, citons aussi MM. Boissier, de l’Académie française; J. Bertrand, de l’Académie française, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences; Duclaux, Nocard, Henri Monod, Dr CaJmette, Brouardel, Gayon, Gernez, Phi-salix, Netter, D1 Vaillard, Armand Gautier, Abraham, Dr Arloing, Bouchard, Landouzy, Ch. Richet, Mets-chinikoff, Marmoreck, etc., toutes nos célébrités scientifiques. Les ministres de l’Agriculture et des Î7* auiée. — 1er semestre.
- Colonies, MM. Yiger et Guillain, sont venus représenter le gouvernement, et rappeler dans leurs discours ce que notre pays devait à l’ancien doyen de la Faculté de Lille. Le ministre de l’Instruction publique aurait voulu être là aussi quand on a enlevé le voile qui cachait le monument ; mais il était à Toulouse à la même heure, où se terminait le Congrès des Sociétés savantes.
- La cérémonie a été brillante, digne du grand savant, digne de la ville de Lille. Des discours ont été prononcés par M. Yiger, par M. Agache au nom
- du Comité d’organisation, par M. Duclaux et par M. Armand Gautier. M. Duclaux a rappelé que Pasteur a épuisé toutes les formes de l’éloge et cependant il a encore trouvé le moyen de louer son maître et ami en termes originaux; il a montré le rôle qu’a joué Pasteur dans le développement des recherches de laboratoire par son plaidoyer retentissant : « le Budget de la Science ». Nous étions désarmés en face des magnifiques laboratoires de l’Étranger. Nos savants les plus illustres travaillaient dans des réduits sans nom. Claude Bernard expérimentait au Collège de France dans une véritable cave que nous avons bien connue ; on y manquait d’air et l’on y dépérissait. Dans un pressant appel aux pouvoirs publics, Pasteur insista pour que l’on donnât à notre pays un outillage scientifique qui le plaçât au moins au niveau de celui des Universités étrangères. Le plaidoyer fut entendu. Peu à peu, l’initiative de l’Etat, des Municipalités et des particuliers se réveilla. Aujourd’hui la Science possède en France des palais. Les Municipalités rivalisent d’ardeur et de générosité pour doter nos laboratoires du personnel et du matériel nécessaires. « Pasteur, ajoute M. Duclaux, s’émerveillerait aujourd’hui en visitant nos constructions nouvelles et en constatant que, de ce côté-là aussi, la semence qu’il a jetée aux vents a été fé-
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- co.ide. Cette statue gloritic en lui le penseur et le savant. Votre Institut Pasteur, vos autres établissements d’instruction publique monlrentle précurseur qui était en lui, le voyant des conditions du progrès scientifique. L’ensemble de votre œuvre glorifie un des grands bienfaiteurs de l’humanité. »
- Nous dirons à notre tour : faisons des vœux pour •pie dans nos autres grands centres, on ne se contente pas de construire des casernes; mais que les Municipalités suivent le grand exemple donné par Lille et élèvent aussi des laboratoires pour le plus grand bien du progrès et de la civilisation. C’est le meilleur des placements. La Science rend au centuple ce qu’on lui donne.
- Le nouveau monument Pasteur se dresse sur la place Philippe-le-Iion. Il est le résultat d’une souscription publique. 11 a été remis à la ville de Lille par M. Bayet, directeur de l’Enseignement primaire au Ministère et président du Comité du monument. M. Delory, maire de Lille, en a pris possession et, dans une allocution applaudie, a remercié le Comité. Ministres et savants ont été saluer Mme Pasteur qui tout émue avait la place d'honneur sur l'estrade officielle.
- Le monument a grande allure. Les statues et les bas-reliefs sont de M. Alphonse Cordonnier; l’architecture est de M. L. Cordonnier. Au faite d’un fût de la colonne en pierre de Soignies apparaît Pasteur debout. Dans la main droite, il tient un ballon d’expérience. C’est bien Pasteur. Au pied de la colonne, une femme présente son enfant au sauveur. L’enfant a été mordu par un chien enragé. La mort a reculé. A gauche, le sculpteur a représenté avec un grand talent le groupe de l’Inoculation. Une femme encore, personnifiant la Science, injecte le sérum à l’enfant qu’elle porte sur ses genoux. On a pu voir ce groupe au Salon. Ailleurs, c’est un garçon brasseur aux formes solides qui élève un regard plein de gratitude vers le Maître.
- Trois bas-reliefs très réussis complètent l’ornementation. Sur le premier, du côté de l’église Saint-Michel, on reconnaît le D1 Roux inoculant un mouton pour le préserver du charbon. Le second montre Pasteur étudiant la fermentation, son microscope en main. Le troisième enfin retrace la scène de la première inoculation antirabique du jeune Joseph Meister que tient sa mère coiffée du bonnet aux larges ailes des Alsaciennes. Le bronze clair des statues et des bas-reliefs d’un beau ton doré s’harmonise bien avec la couleur grise de la pierre. L’œuvre de MM. Cordonnier a été très admirée.
- La cérémonie à peine terminée, on s’est rendu boulevard Louis X1Y où s’élève superbe le nouvel Institut Pasteur que nous décrirons.
- La cérémonie du 9 avril a été réconfortante pour tous les amis de la Science. On a dit de belles et bonnes choses à Lille. On en conservera longtemps le souvenir.
- Henri de Parville.
- . PASTEUR A LILLE
- SES PREMIÈRES DÉCOUVERTES
- Nous sommes en 1854. Pasteur a 32 ans. Il vient d’ètre chargé d’organiser, en qualité de doyen, la Faculté des sciences créée à Lille. Cette Faculté comprenait quatre chaires dont les titulaires étaient, outre Pasteur qui professait le cours de Chimie, MM. Mahistre pour les Mathématiques, Lamy pour la Physique et Lacaze-Duthiers,pour l’Histoirenaturelle.
- Les sciences étaient déjà fort en honneur à Lille. Une école municipale où les leçons étaient données avec beaucoup de savoir et de distinction par Külil-mann, chimiste réputé, correspondant de l’Institut, et Delezenne, physicien de grande valeur, y fonctionnait depuis plusieurs années. La Faculté des sciences était comme la fille de cette École et elle ne devait pas tarder, sous l’impulsion de Pasteur, à prendre une place importante dans l’enseignement supérieur.
- La Faculté est donc installée, oh! fort modestement! Et Pasteur commence son cours de chimie générale. Ce cours est tout de suite remarqué. On se presse autour de la chaire du jeune maître. Les industriels notamment, distillateurs et brasseurs, suivent les leçons avec le plus vif intérêt et, peu à peu, prennent l’habitude de consulter le professeur sur les questions qui les embarrassent dans la pratique journalière de leur industrie.
- Un échange d’observations s’établit entre le maître et les auditeurs, qui amène Pasteur à transformer sa chaire en chaire de chimie appliquée, un adjoint restera chargé du cours de Chimie générale.
- C’est alors, en 1856, que le savant chimiste fait une découverte qui devint le point de départ de toute la théorie pastorienne. Voici, d’après le Bulletin de la Société des Am is des Sciences, dans quelles circonstances cette découverte eut lieu :
- « .... Soit que les distillateurs fussent mal outillés, soit que les betteraves fussent cette année-là de mauvaise qualité, la fabrication de l’alcool fut marquée par de nombreux accidents qui inquiétèrent les distillateurs. L’un d’eux, M. Bigo-Tilloy, qui possédait une importante usine, rue Esquermoise, eut la pensée heureuse de faire part à M. Pasteur de ses difficultés et de soumettre ses produits aux analyses du jeune professeur, qui faisait précisément un cours sur les fermentations.
- « Afin d’étudier la fermentation dans des conditions normales, iM. Pasteur se transportait à peu près quotidiennement rue Esquermoise, et là, dans l’usine de M. Bigo-Tilloy, procédait à des expériences diverses sur les matières servant à la distillation.
- « Un jour vint où, avec les seules ressources d’un microscope rudimentaire et d’une étuve pauvrement installée, chauffée au coke, M. Pasteur fit la découverte irréfutable, dans le liquide alcoolique, d’un ferment spécial et démontra que toutes les fermentations étaient le résultat de l'évolution d'un être organisé, particulier à chacune d'elles. »
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- Pasteur généralisa ses observations et les étendit au lait, à la bière, au vinaigre. Poussant toujours plus avant dans cette voie, il démontra plus tard que les affections contagieuses, — le choléra des poules, la maladie des vers à soie, le rouget du porc et la rage, — étaient dues à l’action des ferments pathogènes, c’est-à-dire aux microbes.
- On sait de quels progrès, de quels bienfaits inestimables sont redevables à la théorie pastorienne la Science et l’Humanité. Émile Ferré.
- LÀ SYNTHÈSE DE L’ALCOOL
- HISTOIRE DES SCIENCES
- L’histoire de cette synthèse est aujourd’hui présentée dans divers Recueils sous une forme légendaire, d’après laquelle elle aurait été faite par Hennell en 1828. Cette légende, insinuée après coup et antidatée, est erronée, ainsi que je demande la permission de le rappeler : la question est intéressante pour l’histoire des Sciences.
- Elle tendrait à substituer, dans l’attribution d’une découverte fondée sur des expériences positives, une conjecture émise en passant et écartée depuis longtemps, par les auteurs les plus autorisés des Traités de Chimie organique publiés de 1835 à 1854, tels que Liebig, Ber-zélius et Gerhardt, comme ne reposant sur aucune démonstration expérimentale. Rappelons les faits.
- Hennell, dans le seul Mémoire où il ait publié quelques résultats relatifs à la combinaison du gaz oléfiant avec l’acide sulfurique, n’y consacre qu’une douzaine de lignes1. Il examine une portion d’acide sulfurique à laquelle Faraday avait fait absorber du gaz oléfiant, sans s’en occuper davantage; Hennell en forme un sel de potasse, dont il se borne à dire, d’une manière vague et en une ligne, que ce sel avait les propriétés de celui qu’il avait déjà obtenu avec l’alcool, c’est-à-dire dusulfovinate, sans définir davantage ces propriétés. Rien de plus, sans doute parce que la chose avait à ses yeux peu d’importance. En effet, Hennell n’a fait d’ailleurs aucune analyse, aucune étude sérieuse du sel ainsi obtenu avec le gaz oléfiant et surtout, ce qui est essentiel, il n’a en aucune façon cherché à régénérer de l’alcool avec le gaz oléfiant. Bref, Hennell n'a jamais fait l'expérience qu’or. lui attribue gratuitement et n’a jamais prétendu l’avoir faite.
- Quant au sel dont il a parlé si brièvement, ni l’origine véritable, ni la constitution n’en sont connues; et elles ont donné lieu de la part des chimistes contemporains à des doutes, insolubles en l’absence de tous détails précis. En premier lieu, ils se sont demandé jusqu’à quel point le gaz oléfiant préparé à cette époque si éloignée de nous était exempt de vapeur d’éther, auquel cas le sulfovinate, si c’en était, dériverait de l’éther et non du gaz oléfiant : ce doute a été soulevé dans les écrits de Chevreul et de Liebig et il ôte toute valeur concluante aux essais de Hennell. En outre, la constitution même du sel qu’il avait entrevu a été jugée incertaine, parce que Hennell et ses contemporains ignoraient l’existence de plusieurs combinaisons sulfuriques du gaz oléfiant, autres que l’acide sulfovinique, telles que les acides éthionique et iséthionique, découverts et étudiés plus tard par Magnus et Régnault, acides analogues, mais destitués de la propriété de régénérer l’alcool sous l’influence de l’eau.
- 1 Ann. de Chim. et de Phys., 2e série, t. XXXV, p. 159 1827.
- A la suite de ces recherches plus précises et de ses propres travaux sur la très faible solubilité du gaz oléfiant dans l’acide sulfurique1 Liebig supprima dans ses livres toute mention des essais imparfaits de Hennell. Berzélius depuis et Gerhardt en 1854 en ont fait autant dans leurs Traités classiques.
- Tel était l’état de la Science, lorsque j’ai réussi à faire la synthèse de l’alcool, en m’appuyant sur des faits jusque-là inconnus, tels que les conditions exceptionnelles d’agitation violente et prolongée qui sont indispensables pour déterminer l’absorption, c’est-à-dire la combinaison du gaz oléfiant pur avec l’acide sulfurique; cet acide absorbant au contraire presque immédiatement la vapeur d’élher. Cette première combinaison étant réalisée dans des conditions certaines, j’ai fait l’expérience décisive, c'est-à-dire que j’ai démontré expérimentalement la régénération de l’alcori au moyen du gaz oléfiant pur et j’ai établi que le corps obtenu par moi avait les mêmes propriétés physiques et chimiques que l’alcool ordinaire, qu’il formait les mêmes éthers, le même aldéhyde, etc.
- Je l’ai confirmée d’une façon plus nette encore par la synthèse directe des combinaisons du gaz oléfiant avec les hydracides, c’est-à-dire des éthers chlorhydrique, bromhydrique, iodliydrique, avec leurs propriétés connues, et j’en ai tiré une méthode générale de synthèse d’alcools dérivés de tous les carbures de la même série.
- Enfin, la synthèse directe de l’acétylène par les éléments, carbone et hydrogène, puis la synthèse du gaz oléfiant par l’acétylène m’ont permis de réaliser expérimentalement la synthèse totale de l’alcool par les éléments, objet fondamental de toute cette recherche.
- Toutes ces réactions sont devenues aujourd’hüi: simples et faciles : elles ne l’étaient ni en théorie, ni en pratique à l’époque où elles ont été réalisées expérimentalement. M. Berthelot,
- Secrétaire perpétuel île l’Académie des Sciences.
- LES FIACRES ÉLECTRIQUES
- A PARIS
- Les fiacres électriques étaient attendus depuis longtemps à Paris ; ils viennent enfin de commencer leur service. La Compagnie générale des voitures, dont le directeur M. Bixio est bien connu des Parisiens, a entrepris depuis déjà quelques années l’étude complète des voitures automobiles. Ce n’est qu’après avoir minutieusement examiné les avantages et les inconvénients respectifs des divers modes de traction dans une ville comme Paris, qu’elle a fixé son choix sur la traction électrique.
- M. A. de Clausonne, ingénieur en chef de la Compagnie, a bien voulu se mettre à notre disposition pour nous expliquer en détail le mécanisme des nouvelles voitures, nous faire visiter le dépôt de la rue Cardinet et nous conduire de là en automobile à la grande usine d’Àubervilliers.
- La figure 1 montre la disposition générale adoptée et nous en fait voir toutes les particularités. Le truck est en acier, monté sur quatre roues caoutchoutées, il reçoit le siège du conducteur, le moteur électrique, le combinateur et l’appareil de direction.
- 1 Annalen der Chimie und Pharm., I. IX, p. 8.
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- A NATURK.
- H.r. i. _ Yue d’ensemble du fiacre électromobile. Détail de la commande et des appareils de manœuvre.
- l'ig. 2. — Vue intérieure du dépôt de charge de la rue Cardinet.
- Sur le truck se fixe la caisse proprement dite de la voiture : un coupé trois quart, un vis-à-vis ou un
- landaulet; d’ailleurs les dilïérentes caisses sont interchangeables. On n’a pas employé de pneumatiques
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- LA NATURE
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- Fig. 3. — Usine d’Aubervilliers. Bâtiment des machines, salle de charge, remise et piste.
- Fig. 4. — Piste à l’usine d’Aubervilliers pour exercer les conducteurs d'automobiles.
- pour éviter des accidents trop nombreux qui seraient certainement survenus en chemin en passant sur des
- clous, des pointes, du verre, du pavé, etc., etc Les roues motrices sont les deux roues d’arrière
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- LA NATURE.
- les roues d’avant sont directrices. Un moteur électrique, de 3360 watts à 80 volts, à deux collecteurs, commande, au moyen d’engrenages que l’on distingue dans la figure 1, un équipage différentiel maintenu par de forts paliers à graissage automatique. L’arbre principal, sur lequel est fixé le différentiel, porte à ses deux extrémités une petite poulie qui commande les roues d’arrière au moyen d’une chaîne sans fin d’un modèle spécial. Tout le mécanisme moteur est placé sous la banquette arrière de la voiture; il repose sur un châssis articulé qui est soutenu par des ressorts à boudin.
- L’énergie électrique est fournie au moteur par des accumulateurs d’un modèle dont les positives sont à plomb et les négatives à oxydes. Ces derniers sont au nombre de 43, d’un poids total de 750 kilogrammes pour une voiture qui pèse au total 2000 kilogrammes. Ces accumulateurs sont renfermés dans une caisse, suspendue au truck à l’aide de 4 ressorts à boudin. Ce dispositif permet de déplacer pour la charge et de remettre en place très facilement la batterie dans l’exploitation courante. La capacité est de 135 ampères-heure et permet d’effectuer un trajet total de 60 kilomètres environ.
- Le siège du conducteur est à l’avant. A gauche se trouve le levier spécial qui commande le combina-teur qui permet de gouverner la marche. Dans la position verticale, le circuit est coupé et la voiture est à l’arrêt. A l’avant et à l’arrière se trouvent respectivement 4 et 3 touches sur lesquelles le levier peut se déplacer et qui correspondent à des couplages variables en tension et en quantité des induits du moteur. On obtient ainsi, suivant la position du levier, une marche en avant lente, accélérée, rapide et très rapide. En arrière, ce sera d’abord l’arrêt progressif, puis le freinage rapide, et la marche en arrière.
- A l’arrêt, une clef de sûreté permet de couper le circuit et d’interrompre toute communication; le conducteur doit toujours emporter cette clef avec lui.
- La direction est assurée par des engrenages qui transmettent le mouvement aux roues d’avant. La commande est faite par un volant vertical que l’on manœuvre à la main et qui actionne les engrenages dont nous venons de parler. Cette direction est d’une grande douceur et d’une grande commodité. Les freins sont au nombre de 3 ; il y a d’abord le frein électrique qui permet par la manœuvre du combinateur en arrière de ralentir la marche et même d’arrêter brusquement en coupant le courant. Les deux autres freins sont commandés par des pédales placées sur le siège; ils agissent, l’un à sabot sur la jante des roues, et l’autre à bandes à serrage instantané sur le moyeu des roues d’arrière. Ces trois freins assurent toute sécurité pour une exploitation industrielle, plus grande même qu’avec la traction animale.
- La vitesse autorisée ne doit pas dépasser 16 kilomètres à l’heure dans Paris. Les expériences entreprises par la Compagnie générale des voitures
- indiquent que la dépense sera environ de 160 watts-heure par kilomètre parcouru en palier.
- Telles sont les principales dispositions adoptées ; elles ont toutes été étudiées avec soin.
- Il nous reste à parler maintenant des usines de production d’énergie électrique pour la charge des accumulateurs, et de l’école d’apprentissage des conducteurs.
- La Compagnie générale, pour les essais qu’elle poursuit depuis déjà quelque temps, a établi, 112, rue Cardinet, un dépôt de charge des accumulateurs, qui est utilisé pour la charge des accumulateurs des voitures d’apprentissage. L’énergie électrique est fournie par le secteur de Clichy. La figure 2 nous donne une vue intérieure de ce dépôt. Dans le fond à droite, se trouve un transformateur rotatif, formé de deux dynamos attelées sur le même arbre. L’une reçoit le courant à 440 volts, agit comme moteur et entraîne l’autre dynamo qui sert de génératrice et fournit 130 ampères à 110 volts. Un circuit de distribution part du tableau et court le long du mur à gauche où un certain nombre de prises de courant sont installées. La voiture arrive à l’entrée de la salle, une plate-forme mobile est amenée sous la caisse d’accumulateurs, on la soulève à l'aide d’un monte-charge actionné hydrauliquement; la caisse des accumulateurs est décrochée, puis la plate-forme ramenée sur le sol ; on la pousse alors contre le mur et la batterie est mise en charge. L’opération inverse est faite pour replacer sous la voiture une caisse d’accumulateurs chargés. Le dépôt de la rue Cardinet a servi, comme nous le disions plus haut, à charger, les batteries des voitures d’apprentissage. Ces dernières, d’un modèle spécial, ont en effet fonctionné depuis déjà plusieurs mois, sous la direction de M. Gourdon, et, par l’exercice dans une piste dont nous allons parler plus loin, on a pu former des conducteurs d’automobiles.
- Lorsque les essais ont paru concluants, la Compagnie générale s’est préoccupée d’aménager une usine particulière pour la charge des accumulateurs et pour avoir un dépôt d’une certaine importance. Elle a fait construire à Aubervilliers, rue du Pilier, dans un terrain d’une surface totale de 4 hectares, une usine dont la figure 3 donne une vue d’ensemble. On voit à gauche l’usine proprement dite, contenant la salle des chaudières, la salle des machines où se trouvent actuellement deux groupes de 250 chevaux. Un peu en arrière et à gauche se trouve le bâtiment de charge et vers la droite est une remise de 200 voitures. En avant, dans notre dessin, on distingue une partie de la piste.
- Le bâtiment de charge se compose de plusieurs étages présentant au centre un grand espace libre. Les voitures arrivent au rez-de-chaussée, sur des plate-formes. Les caisses d’accumulateurs sont déchargées sur des trucks mobiles et remplacées par de nouvelles caisses, dont les accumulateurs sont chargés. Les batteries sont ensuite montées par des
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- ascenseurs au premier étage, où s'effectue la charge. Le service comporte trois ascenseurs de 1000 kg.
- Tout autour de l’usine, sur une longueur de 700 mètres, a été installée une piste pour exercer les conducteurs. Cette piste, comme Je montre la partie avant de la figure 3, est formée d’une série de terrains de nature variable, pavés en bois, en grès, macadam, asphalte, bitume, pavés gras, etc., avec des rampes de 5, 8 et 10 pour 100. De plus, M. Gourdon, pour habituer les conducteurs à circuler au milieu des obstacles, a imaginé de répartir sur la piste des silhouettes en fer battu (une dame, un monsieur, une nourrice, des enfants, un bicycliste, etc.). Les conducteurs ont pu ainsi s’exercer comme s’ils se trouvaient réellement dans les rues au milieu de la circulation parisienne. Dans la figure 4, on voit à gauche une voiture d’apprentissage qui vient de passer à côté d’une bicyclette.
- La Compagnie générale des voitures va suivre avec attention les résultats fournis par les fiacres qui viennent de sortir; si tout va bien, et on peut l’espérer, le nouveau type sera adopte définitivement et pour l’Exposition de 1900 on mettra 1000 fiacres en service. Ce sera là un grand progrès qui facilitera les transports dans Paris. J. Laffargue.
- UN N0UYEAU RACCORD POUR TUYAUX
- Tout le monde connaît le type classique de raccord qu’on emploie couramment pour joindre l'un à l’autre deux bouts de tuyaux qu'on ne peut souder ou qu’on veut laisser indépendants, comme par exemple les tuyaux d’arrosage en caoutchouc. Ce raccord est formé de deux
- manchons de cuivre qu’on dispose à l’intérieur des extrémités des tuyaux, et qu’on réunit l’un à l’autre par une bague venant porter sur un épaulement du premier manchon et se visser sur l’autre. Pour que ce raccord soit étanche, on garnit de filasse une gorge à l’endroit où les deux manchons appuient l’un sur l’autre.
- Ce dispositif est assez compliqué, et pourtant il n’assure pas toujours une étanchéité parfaite du joint; il est évident que, quand on a affaire à des tuyaux présentant une plasticité suffisante, il vaudrait mieux tirer parti de cette plasticité même pour assurer l’étanchéité. C’est ce que viennent de faire des inventeurs de Liverpool, en imaginant le raccord dont nous donnons une figure.
- Qu’on examine d’un peu près celle-ci, et on comprendra le dispositif fort ingénieux de ce raccord. Celui-ci comprend trois parties, lui aussi : et d’abord une bague d’un type particulier que montre le dessin en coupe ; sa demi-section affecte la disposition d’une II dont la branche extérieure présente un pas de vis interne, l’autre branche forme plan incliné à l’intérieur de l’évidement.
- Si donc on commence par faire glisser un des colliers
- autour d’un bout de tuyau, qu’on a évasé au besoin au marteau, s’il s’agit par exemple d’un tuyau de plomb, puis qu’on place le bout de tube dans l’évidement de la bague, et qu’on tourne ensuite cette bague de manière que son pas de vis morde dans le pas de vis externe ménagé dans le collier, ce dernier va former coin; il pressera la paroi du tube, la coinçant de façon à assurer un joint étanche. Et cela d’autant plus que la substance dont est constitué ce tube, sous la pression, saillira sous l’apparence d’une lèvre, qui tendra à boucher l’espace restant libre au fond de l’évidement de ce qu’on peut appeler la partie femelle du raccord.
- La disposition nous semble bien comprise et susceptible d’éviter simplement les moindres fuites, I). B.
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- VËL0CIPËDIE MILITAIRE
- LA BICYCLETTE PLIANTE
- SYSTÈME DU CAPITAINE GÉRARD
- Les grandes manœuvres dernières, exécutées dans la région du centre et auxquelles a pris part la compagnie cycliste commandée par le capitaine Gérard, ont eu pour résultat de faire admettre définitivement le principe de l’organisation des compagnies cyclistes adjointes aux divisions de cavalerie.
- Le problème de l’infanterie montée, à l’ordre du jour des armées depuis la plus haute antiquité, et particulièrement depuis l’adoption des armes à feu, est donc enfin résolu.
- On sait que c’est avec une bicyclette pliante et portative imaginée par le capitaine Gérard que les expériences tactiques ont été poursuivies pendant quatre années consécutives. Cette machine dont nous avons donné la description1 a subi, depuis, de nombreux perfectionnements que nous allons examiner.
- Le cadre a été renforcé par un deuxième tube parallèle au premier, ce qui donne à la machine une très grande rigidité en même temps qu’une solidité parfaite; ces deux tubes, grâce à leur gros diamètre (28mm), amortissent les vibrations qui jouent un rôle si considérable dans la dépense de travail du cycliste.
- Le pliage qui n’avait donné lieu à aucune objection au cours des quatre années d’expérience a élé néanmoins modifié par suite de l’adjonction du deuxième tube : on a placé sur le milieu du côté droit du parallélogramme formant cadre une charnière à billes qui n’est autre chose qu’une petite direction de bicyclette en miniature. Les ouvertures en biseaux pratiquées sur les deux tubes parallèles, — l’une sur le tube supérieur du côté du cadre arrière, l’autre sur le tube inférieur du côté de la direction — sont fermées, lorsque la machine est ouverte, au moyen de deux manchons de serrage semblables à celui qui existait dans le premier modèle.
- Si, maintenant, on découvre les ouvertures en desserrant les manchons et en les poussant en avant ou en arrière sur des bagues où ils viennent coincer et se maintiennent, la partie avant de la bicyclette
- 1 Voy. n° 1173, du 23 novembre 1895, p. 401.
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- tournant autour de la charnière vient s’appliquer contre la roue arrière.
- Tout en conservant les qualite's du pliage primitif, ce perfectionnement facilite considérablement l’opération de plier et de déplier la bicyclette qui devient dès lors d’une douceur remarquable, puisque la charnière est à billes, et en même temps d’une grande facilité et d’une grande rapidité. Tout jeu qu’un pliage répété pourrait occasionner est immédiatement corrigé : le système de jdiage est donc réglable comme une direction ; la charnière et par suite la bicyclette peut se diviser en deux parties, de même que le guidon peut s’enlever de la douille de direction.
- Pour immobiliser la bicyclette pliée un petit frein muni d’un volant a été placé sur le tube cintré du cadre arrière : deux tours de roue à ce volant et le patin du frein s’incrustant dans le bandage empêche la roue de tourner. On conçoit, dès lors, que si l’on a fait porter la pédale de droite sur le bandage de la roue avant, après avoir accolé les deux roues, cette pédale sera elle-même immobilisée et par suite empêchera la roue avant de tourner et de se séparer de celle arrière.
- En marche, sur une longue descente, ce petit frein, sorte de serrure de la bicyclette pliée, peut être utilisé pour freiner la roue arrière; à l’arrêt, il sert encore à immobiliser la bicyclette formée en faisceaux avec d’autres ou placée le long d’un mur, d’un trottoir, contre un arbre, etc. ; enfin — et ce n’est pas son emploi le moins original — il sert d’arrache-clous : en ellet, si on le dispose
- de telle sorte que le patin frôle le bandage, tout clou qui se sera piqué dans l’enveloppe viendra, avant 'que la roue ait fait un deuxième tour, buter
- contre le patin et sera arraché; il n’aura pas eu le temps d’atteindre la chambre à air.
- Des considérations essentiellement militaires ont fait maintenir la position du cycliste en selle, de telle sorte qu’il puisse à tout moment toucher le -sol avec ses pieds. C'est là une des conditions primordiales de l’existence des troupes de cyclistes.
- On ne concevrait pas, en effet, une telle troupe ayant son effectif de guerre (200 hommes) roulant parfois sur des routes glissantes ou de mauvais sentiers, si elle ne possédait pas cette faculté qui fait de la bicyclette pliante un instrument de sécurité. L’ordre, la discipline du rang, la cohésion, sont les facteurs principaux de la conduite des troupes ; une troupe cycliste ne saurait y échapper; il faut que comme les autres armes elle puisse être une dans la main du chef.
- C’est d’ailleurs grâce à cette particularité de la bicyclette pliante et aussi à la facilité de transport de l’instrument qui délie le cycliste de la route et en fait un combattant jamais embarrassé par sa monture, que la compagnie cycliste d’expérience a pu cueillir, partout où elle a été employée, les succès dont la conséquence est aujourd’hui la création des compagnies adjointes aux divisions de cavalerie.
- Toutefois, comme cette position du cycliste en selle spéciale à la bicyclette pliante pourrait prêter à
- Face. Dos.
- Fig'. 1. — Soldat cycliste, bicyclette au dos.
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- critique, principalement pour les hommes de petite taille obligés, par suite du peu de hauteur de leur selle, de pédaler trop obliquement, le capitaine Gérard, sans modifier la forme générale de la bicyclette, a articulé la fourche arrière du cadre de telle
- sorte que pivotant autour d'un point lixe situé près de l’axe de la roue arrière elle puisse, en coulissant par son entretoise supérieure sur le tube cintré, prendre telle inclinaison désirée; dès lors la selle peut, à volonté, soit occuper la position généralement
- Fig. 3. — Bicyclette pliante et son cadre réglable.
- admise pour les bicyclettes ordinaires, soit une posi- pliante (fig. n° 3). Un collier de serrage, placé près tion intermédiaire entre celle-ci et celle spéciale à la de l’entretoise supérieure de la fourche, assure
- Fig. 4. — Bicyclette pliante ouverte.
- celle-ci dans la position choisie. La machine ainsi modifiée peut être montée aussi bien par un enfant de 10 ans que par une personne de grande taille.
- Afin de diminuer le poids de la bicyclette pliée on a réduit son épaisseur et disposé le petit bagage
- du cycliste porté sur le guidon le plus haut possible.
- On peut se rendre compte par les photographies du cycliste chargé, et principalement par celle vue de face, combien la machine pliée est réduite; le corps du soldat la couvre presque totalement.
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- Les manivelles employées sont de 16 à 16,5; le développement est de 5 mètres; il peut être porté, comme dans toutes les bicyclettes, à 6 mètres et plus; toutefois, pour les troupes de cyclistes, il y aura intérêt à le réduire car, en campagne, les conditions changeront; il y aura lieu de tenir compte des conditions atmosphériques, du mauvais entretien des routes et aussi de la nature du pays parcouru où les pentes pourront être raides comme, par exemple, dans les Vosges.
- Mais c’est là un point de détail qu’il sera facile de régler quand on sera bien pénétré de ce fait que le cycliste militaire n’a pas à battre des records, mais uniquement à rouler en ordre, à une allure moyenne triple de celle de l’infanterie et double de celle de la cavalerie. Commandant X.
- CONTRE LA FAMINE
- Nous allons manquer de pain ! Tel est le cri d’alarme poussé par sir William Crookes il y a quelques mois à peine1. Il est vrai que l’illustre savant, à côté du mal, a indiqué un remède. Nous voudrions examiner ici rapidement quelle est la valeur de ce remède, s’il est le seul; et s’il n’est pas le seul, quel est le meilleur.
- Certes l’idée de fixer l’azote atmosphérique à l’aide de la puissance électrique — idée qui repose sur des expériences d’ailleurs très nettes — est fort séduisante. Elle devient pittoresque si l’on vient demander l’énergie nécessaire aux chutes du Niagara. Mais la puissance totale ie ces chutes n’apparaît pas comme suffisante pour combler le déficit, ainsi que l’a fort bien montré M. Hospitalier2; et puis la solution aurait l’inconvénient de mettre la source des azotates, c’est-à-dire du pain, entre les mains d’une seule puissance. 11 est vrai qu’on pourrait utiliser d’autres chutes d’eau, dans chaque pays, mais leur puissance est très faible par rapport à celle des chutes du Niagara, et la plupart du temps ne pourrait assurer à chaque peuple qui les posséderait une production d’azotates suffisante. Enfin la domesticàtion des chutes du Niagara, si j’ose m’exprimer ainsi, n’est pas chose si facile qu’on ne doive pas rechercher une autre solution.
- Cette autre solution existe : la nature recèle des trésors d’énergie latente que nous avons appris à connaître dans la dernière partie de ce siècle, grâce à l’élan donné à la science par notre grand Pasteur. 11 existe de petits êtres qui vivent obscurs et cachés et qui en silence travaillent à accomplir la plupart des réactions chimiques de la nature, je veux parler des microbes. On ne sait pas assez, en dehors des laboratoires, quel est le rôle exact de ces infiniment petits qui forment un monde dans le monde. On a pris l’habitude de les considérer comme des êtres nuisibles et malins, qui, véhiculés par l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, nous apportent toutes sortes de maladies. C’est bien là en effet le cas des microbes pathogènes, mais ce sont peut-être les moins nombreux des microbes : ce sont ceux auxquels est échue la tâche de fabriquer des substances qui sont des poisons pour notre organisme, des toxines. Mais ils ne sont pas les seuls : il en est d’autres que notre organisme n’intéresse pas directement ou qui ne sont pas faits pour lui
- 1 Voy. n° 1345 du 4 mars 1899, p. 218. La famine au xx° siècle, et les engrais artificiels
- 2 Loc, cit., Note.
- nuire; ils vivent partout, je veux dire qu’on en trouve partout, chacun choisissant un terrain d’élection où son espèce pourra se développer le mieux possible ; pourtant ils ne doivent pas nous être indifférents, car ils constituent par leur ensemble l’intermédiaire obligé entre le monde animal et le monde végétal, le rouage nécessaire qui achève le cycle des réactions chimiques qui constituent la vie de l’univers. D’une manière générale (il y a quelques exceptions), le végétal crée de la matière organique, car il en faut de toute faite à l’animal supérieur ; mais celui-ci ne pousse pas jusqu'au bout la destruction de l’aliment organique consommé (acide carbonique, ammoniaque, eau) ; l’excrément de l’animal supérieur est encore utilisable par un animal voisin, le microbe.
- Eh bien ! parmi les innombrables espèces qui constituent ce monde invisible et silencieux, il en existe qui peuvent nous donner une solution, et une solution générale, du problème posé par sir William Crookes. Grâce aux remarquables travaux de MM. Schlœsing et Müntz, de M. Winogradsky, on connaît assez bien aujourd’hui le mécanisme de la nitrification, phénomène qui s’accomplit dans le sol lui-même : dans les parties superficielles de la terre végétale, le bacillus mi/coides préside à une première phase du phénomène, à Y ammonisation, c’est-à-dire à la transformation des produits azotés et organiques en produits ammoniacaux. Ceux-ci, une fois formés, subissent un premier degré d’oxydation qui en*fait des composés nitreux : cette nitrosation est l’œuvre du ferment nitreux (nilromonas). Enfin le ferment nitrique, découvert par M. Winogradsky, produit la nitratation, deuxième terme d’oxydation qui transforme les composés nitreux en composés nitriques assimilables par les plantes.
- Les circonstances de la nitrification commencent à être bien connues : on a par exemple étudié l’influence de la température, et la nature du milieu le plus favorable à l’achèvement de la réaction. C’est ainsi qu’on sait que la matière organique ne doit pas être en surabondance, car alors elle est envahie par ses ferments qui disputent la place aux ferments nitreux et nitriques et paralysent leur action. Il faut que le microbe travaille en présence d’un carbonate alcalino-terreux qui empêche l’acidité du milieu de devenir trop grande, car nos deux ferments sont gênés par l’acidité qu’ils produisent.
- Nous voyons maintenant se dégager nettement le but à atteindre : connaître à fond les meilleures circonstances qui permettront de développer la culture des microbes nitrificateurs, et donner ainsi à la vie végétale le nouvel élan que lui demande sir William Crookes.
- C’est là du reste ce qu’on fait déjà lorsqu’on demande au sol d’épurer les eaux d’égout; mais dans les irrigations qui fonctionnent le mieux on pourrait demander aux microbes dix fois plus de besogne qu’ils n’en fournissent, et surtout mieux répartir leur tâche : Gennevil-liers, au point de vue industriel de l’épuration des eaux d’égout, pourrait donner beaucoup plus qu’il ne le fait ; mais avec la quantité d’engrais qu’il produit, on pourrait cultiver des terrains quinze ou vingt fois plus étendus, même pour le cas des cultures les plus intensives.
- Mais il y a le préjugé, la répugnance à vaincre pour arriver à une telle utilisation rationnelle; la science y parviendra en faisant comprendre qu’aucun des matériaux apportés par l’irrigation à l’eau d’égout n’est utilisé par le végétal qu’après combustion totale. Quant aux bacilles pathogènes, ils ne sont pas plus à craindre par ce procédé que par tout autre procédé d’évacuation, comme la microbiologie peut fort bien le démontrer. 11 résulte
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- de tout cela que nous attentons à la nature, à la vie, en laissant perdre les trésors d’azote fixé que contiennent les eaux d’égout que nous envoyons se perdre pour longtemps dans l’océan; et le tout à la rivière apparaît comme une véritable monstruosité scientifique.
- Si du reste cette source de produits ammoniacaux et par conséquent de nitrates que nous venons de citer ne semblait pas suffisante encore, il en existe d’autres, plus faciles à exploiter que les chutes du Niagara.
- Mais on peut aller plus loin et dire que par un arrangement convenable, les trois règnes vivants : végétal, animal et microbien peuvent et doivent se suffire entre eux. C’est du reste la conclusion de la microbiologie :
- «... Les déjections de vingt personnes peuvent suffire pour entretenir en bon état de culture un hectare de terrain, si elles ne laissent rien perdre. Vingt personnes pourraient donc vivre sur un hectare de terre sans rien emprunter à l’extérieur pour leur nourriture, par une rotation continue de la matière, par une symbiose entre eux et les microbes du sol. Elles n’auraient pas même besoin d’eau, car la dose apportée par les pluies est suffisante pour tous les usages, et elle passerait aux rivières et aux fleuves sans leur apporter d’impuretés, si elle était bien aménagée. Or, la France dans son ensemble ne compte pas un habitant par hectare ; le département du Nord, celui dont la population est la plus dense, n’en a que trois, et ils ne s’y conservent qu’en important une grande quantité d’engrais et en polluant toutes leurs eaux. En s’y prenant mieux, ils pourraient se serrer davantage sans se nuire. Il y a donc de la place, et nous élargissons le monde quand nous en découvrons les lois l. »
- Tout commentaire ne pourrait qu’affaiblir la portée de ces paroles de l’éminent directeur de l’Institut Pasteur. Ce n’est plus le remède à côté du mal, et nous pouvons espérer mieux que de remettre à une époque plus ou moins lointaine la fatale échéance. Nous devons travailler à l’écarter pour toujours, en sachant mieux vivre, et c’est la cause même du mal, d’ailleurs signalée par sir William Crookes, que nous devons chercher à faire disparaître. C’est plus prudent, et plus sûr; et puis, n’est-ce pas d’accord avec le vieux proverbe qui dit qu’on doit toujours attaquer le mal à la racine? J. Derôme.
- Licencié ès sciences.
- SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE
- EXPOSITION ANNUELLE
- L’Exposition annuelle de la Société française de physique a eu lieu les 7 et 8 avril 1899, comme tous les ans, au siège de la Société d’Encouragement.
- Le courant continu fourni à l’Exposition était produit par une transformatrice Labour recevant le courant alternatif du secteur de la rive gauche et le transformant.
- Dès l’entrée, nous apercevons d’abord différents appareils sortant de chez MM. Vedovelli et Priestley, et placés sur un tableau. Ce sont des interrupteurs de 2000 ampères et 110 volts, des interrupteurs tripolaires de 4000 volts et 50 ampères pour hautes tensions, etc. Nous remarquons un commutateur de traction tout récent applicable aux tramways à conducteurs à fleur du sol.
- Citons aussi une nouvelle règle à calcul de M. Bighin permettant de résoudre par un seul mouvement de la réglette les opérations avec une approximation très grande.. Avec un modèle de 26 cm., l’approximation re-
- 1 Duclaux, Traité de Microbiologie. Paris, Masson, 1898.
- lative est couramment 1/600' et peut atteindre 1/1000' dans toute l’étendue de l’échelle de la graduation.
- N’oublions pas une machine statique à six plateaux en ébonite, de M. Bonetti, actionnés par un petit moteur électrique qui donne aux plateaux une vitesse de 800 à 1000 tours par minute; elle fournit alors un grand débit, ce qui permet d’obtenir des étincelles fortes de 25 cm. Cette machine est employée en radioscopie en se passant complètement de bobine. Devant cette machine se trouve la chambre noire roulante destinée aux expériences de radiographie, et un système à contrepoids permet de déplacer à la fois l’écran et l’ampoule, ce qui laisse voir toutes les parties du corps, par exemple, sans aucun déplacement de celui-ci.
- M. Bouchard a exposé sa balance enregistrante qui inscrit, sur un cylindre enfumé, les variations de poids du corps placé sur l’un des plateaux, une bougie par exemple; un système amortisseur empêche toute oscillation.
- Nous devons également signaler l’appareil automatique pour la prise de l’air à haute altitude de M. Cailletet, l’appareil électrolytique simple et un autre disposé pour exécuter quatre dosages de M. Riban.
- Signalons en outre l’osmo-régulateur de M. Yillard, appliqué aujourd’hui au réglage de tous les tubes destinés à la production des rayons X. C’est simplement une tige de platine pénétrant dans le tube et que l’on chauffe de l’extérieur. Lorsque le tube s’est arrêté par suite d’un fonctionnement trop long, l’hydrogène qui avait disparu se trouve ainsi réintégré dans le ballon, et c’est ce qui permet sa nouvelle mise en marche. Le dispositif est donc comme on le voit très simple et d’une grande utilité.
- La Compagnie française d’appareillage électrique nous montre divers modèles d’interrupteurs et de coupe-circuits.
- M. Deslandres a exposé aussi des photographies nouvelles du soleil qui décèlent non seulement la chromosphère au bord et les protubérances, mais la chromosphère projetée sur le disque et qui enregistrent les formes, les mouvements et l’épaisseur des vapeurs solaires.
- Nous mentionnerons également le Compteur d’électricité très simple de M. Blondlot et le wattmètre universel de MM. Blondel et Labour servant pour courants continus, alternatifs et polyphasés.
- Tout près de là se trouvait l’appareil à ozone électrique du Dr Pestât pour la désinfection des appartements dans les maladies contagieuses et le traitement de la tuberculose.
- Citons encore, en passant, un cenlrifugeur à deux vitesses, destinées à la formation rapide des précipités; la llarpe monochromatique de M. Lyon supprimant les sept pédales -, de nouveaux Compteurs d’énergie électrique à remontage électro-automatique du système Aron, pour courants continus et alternatifs.
- L’interrupteur électrolytique du Dr Yehnelt a été réalisé par plusieurs constructeurs.
- M. Radiguet présente son radioguide, le radioscope explorateur de M. Londe et le radio-métrographe de M. Buguet, appareils destinés à déterminer la position exacte d’un corps étranger à l’intérieur des corps perméables aux rayons X.
- La Société électro-métallurgique (procédés Gin et Leleux) expose des échantillons de carbure de calcium provenant de la nouvelle usine de Méran (Turquie).
- Enfin pour terminer nous voyons une maquette de la lunette et du sidérostat gigantesques qui prendront place à l’Exposition de 1900. II. Hommen.
- Licencié ès sciences.
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- LA NATURE.
- LES MALADIES DES ARBRES
- LES BROUSSINS
- Pendant le cours de leur existence, les arbres peuvent être attaqués par une foule de maladies, dont les causes sont plus ou moins apparentes. Beaucoup de ces affections sont déterminées d’une façon précise et peuvent même être quelquefois combattues avec succès. Toutefois, il en existe quelques-unes sur lesquelles les savants jusqu’alors semblent être assez peu fixés. Telles sont les excroissances d’une nature toute particulière, nommées loupes ou broussins qui se rencontrent sur le tronc ou les racines superficielles de certains arbres, et qui proviennent du développement exagéré des bourgeons adven-tifs.
- Les broussins provoquent des modifications profondes du tissu ligneux ; ils peuvent être considérés comme la cause première de la formation des bois à fibres tortueuses si recherchés aujourd’hui par l’industrie del’ébénisterie. Lorsqu’ils sont peu déve-loppés, ils n’ont qu’une importance tout à fait secondaire; s’ils sont volumineux et s’ils existent en grand nombre, ils deviennent préjudiciables en arrêtant l’ascension de la sève. On les rencontre encore sur les vignes, où ils peuvent arriver à des dimensions exorbitantes et compromettre dans les pépinières le succès des jeunes greffes. Le seül traitement possible consiste à exciser la loupe jusqu’au vif, afin de favoriser la formation du tissu de recouvrement.
- Malgré les nombreuses explications données jusqu’à ce jour, les lois de la formation des broussins paraissent être toujours assez obscures.
- M. Goethe pense qu’ils seraient dus à des bour-
- relets cicatriciels formés autour des plaies produites par le froid, surtout à l’époque des gelées printanières. S’il en était ainsi, l’affection devrait être complètement inconnue dans les régions chaudes. Or, on a pu constater des broussins dans des vignobles africains où il ne gèle jamais. Sans être la cause primordiale de la production des tumeurs végétales, le froid peut quand même favoriser leur
- apparition. 11 est hors de doute que la présence des excroissances tubériformes provient du développement simultané d’un grand nombre de bourgeons. Ceux-ci, en temps ordinaire, seraient restés à l’état de vie latente, si les premiers bourgeons déjà légèrement développés, n’avaient été détruits par le froid. C’est donc à la seconde végétation qu’il faut attribuer la présence de ces masses volumineuses sur diverses parties de la plante. VonThümen recherche pour le broussin une origine parasitaire. D’après lui, il serait dû à un champignon du genre Fusisporium dont il aurait trouvé les spores en Tyrol et en Roumanie. D’autres auteurs prétendent que la gelée, en affaiblissant le plant, le prédispose aux attaques des parasites.
- M. Lataste, professeur à Santiago, reconnaît le caractère contagieux de l’affection. Il aurait, paraît-il, inoculé la maladie en appliquant pendant quelque temps sur des pieds indemnes des morceaux de tumeurs fraîches.
- De son côté, M. Prillieux, le savant professeur de pathologie végétale de l’Institut agronomique, a essayé de donner une explication qui paraît assez rationnelle. Il reçut un jour, à son laboratoire, des ceps, provenant de terres des dunes de Naujac-sur-Mer, littéralement couverts de broussins. Les bourgeons avaient été gelés vers la mi-mai; peu de temps
- Fig.l.— Broussin formé sur le tronc d’un peuplier des environs de Coulommiers. (D'après une photographie.)
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- LA NATURE.
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- après, des nouvelles pousses se développèrent, et les broussins se produisirent. M. Prillieux admet que la destruction des yeux au printemps, c’est-à-dire au moment où les réserves alimentaires sont employées au développement des jeunes sarments, est la cause de l’hypertrophie des tissus sur certains points de l’ancien bois. Toute cause de destruction des jeunes pousses peut produire les mêmes effets ; ainsi, par exemple, un pincement trop énergique comme cela a pu être constaté, il y a quelque temps, à Montpellier.
- Les mêmes particularités sont remarquées sur des arbustes et sur des espèces ornementales. Dans ces dernières années, M. Leclerc du Sablon a pu observer, sur de petits acacias du Muséum, la présence de tumeurs végétales qui, au dire de M. Louvey, chef des serres, étaient survenues à la suite d’un pincement tardif.
- En sylviculture, les broussins se rencontrent assez couramment sur diverses espèces ligneuses et surtout sur les bouleaux, les peupliers et les ormes. Une variété d’orme est même caractérisée par la propriété quelle a de se couvrir de tubérosités à la périphérie du tronc. A cause de sa consistance particulière et de la présence des fibres torses dans le tissu ligneux, on lui a donné le nom d’orme tortillard et on lui attribue une grande valeur pour quelques usages industriels, comme la fabrication des moyeux de roues de grosses voitures ou des tampons de wagons.
- Les broussins des tiges peuvent acquérir de fortes dimensions. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir la route de Coulommiers à Jouarre. Arrivé à la hauteur de la ferme de Bilbarteau, on peut constater un de ces curieux cas de tératologie végétale. 11 s’agit d’un broussin situé sur un des peupliers qui bordent la route, à environ 2 mètres du sol. Le cas m’a paru si curieux et si anormal, que j’ai cru intéressant d’en relever les photographies qui sont annexées à cette étude. Grâce à elles, on pourra en déduire la dimension de la tumeur par rapport à l'arbre, et avoir une idée de ces singuliers phénomènes végétaux, dont la formation semble encore parfois entourée d’un si grand mystère.
- Albert Vilcoq.
- LE CHAUFFAGE ÉLECTRIQUE
- Le chauffage électrique est jusqu’ici une des applications électriques qui ont pris le plus faible développement; il peut cependant en de nombreuses circonstances rendre de grands services. M. balance, le directeur bien connu du secteur parisien de la place Cliehy, a présenté à ce sujet dernièrement quelques considérations très intéressantes à la Société des Ingénieurs civils. Il a d’abord indiqué le principe du chauffage électrique, qui consiste à faire traverser une résistance métallique par un courant électrique et à recueillir la chaleur ainsi dégagée. Puis il a rappelé les divers systèmes qui ont successivement pris naissance, et qui ont consisté en un fil fin enveloppé d’amiante, puis en fils de maillechorL ferro-nickel, deOmm,l àOmm,8 de diamètre, noyés dans des émaux particuliers. Au passage du courant, leur température s’élève de 300 à 450°. M. balance a présenté un grand nombre d’appareils basés sur ce principe, chauffe'plats, chauffe-fers, bouilloires, en indiquant pour chacun la consommation en énergie électrique et la dépense; l’hectowatts-heure était compté à raison de 0f,,04, ce qui est le prix minimum à Paris.
- M. balance a examiné en particulier le chauffage électrique des appartements. L’électricité permet d’employer des poêles mobiles ou des plaques murales qui peuvent facilement se déplacer. Pour maintenir une différence de température extérieure et intérieure de 22°, la puissance maxima calculée est de 65 watts par mètre cube de pièce. Dans ces conditions on pourrait compter une dépense de lfr,30 par heure pour une pièce d’un volume de 50 mètres cubes. En pratique, les résultats déjà atteints prouvent que la consommation nécessaire peut ne pas dépasser 33 watts-heure par heure et par mètre cube. Pour une salle à manger et une chambre à coucher de deux, personnes, on dépensera par an respectivement 165 et 41 francs.
- M. Lalance a ensuite parlé du système de chauffage qui emploie des couches de peinture de métaux précieux inaltérable, et des systèmes avec production de lumière, qui utilisent des bûchettes de silicium
- Fig. 2. — Le même broussin vu de près cl de face. (D’après une photographie.)
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- LÀ NATURE.
- dans le vide, ou des bûchet.tes formées d’un mélange de poudres métalliques et de substances céramiques. Ces divers systèmes ont tous leurs avantages spéciaux et peuvent être appréciés différemment suivant les circonstances.
- Les applications de * chauffage électrique sont encore peu nombreuses ; à Paris, au secteur de Clichy, une puissance de 60 kilowatts environ seulement est affectée à cet usage.
- A la fin de la communication de M. Lalance, M. le président de la Société des Ingénieurs civils a fait remarquer avec juste raison que le chauffage électrique pourrait rendre de grands services dans les théâtres où le gaz est proscrit.
- Le chauffage électrique ne s’est pas beaucoup généralisé jusqu’à ce jour parce que d’une part les appareils d’utilisation ont manqué et ensuite parce que le prix de l’énergie électrique est trop élevé. Mais aujourd’hui que les appareils existent, il est à souhaiter que le prix de l’énergie diminue et les applications deviendront alors très nombreuses. J. L.
- NÉCROLOGIE
- M. G. 'Wiedemann. — M. G. Wiedemann, Correspondant de l’Académie depuis 1893, vient de s’éteindre à Leipzig après une longue carrière dans laquelle il a "donné jusqu’à la fin la preuve de la plus grande activité scientifique.
- Né à Berlin le 2 octobre 1826, M. Wiedemann fut d’abord privat-docent à l’Université‘de Berlin, professeur à l’Université de Bâle en 1854, puis dans diverses institutions à Brunswick, à Carlsruhe, et finalement appelé en 1871 à la chaire de chimie physique à l’Université de Leipzig, qu’il conserva jusqu’à sa retraite.
- Ses travaux personnels sont très nombreux et se rapportent principalement à des questions d’électricité et de magnétisme. On doit citer, en particulier, des recherches importantes sur l’électrochimie et les propriétés des dissolutions salines, sur la conductibilité des métaux pour la chaleur en comparaison avec leurs conductibilités électriques, sur l’aimantation du fer et de l’acier et les relations de ce phénomène avec les déformations mécaniques. Dans l’un de ses premiers Mémoires, en 1851, M. Wiedemann démontrait que, dans un milieu 'placé à l’intérieur d’une bobine sans fer doux, la rotation magnétique du plan de polarisation de la lumière qui se propage suivant la direction de l’axe est proportionnelle à l’intensité du courant et, par suite, proportionnelle au champ magnétique. Cette loi capitale, généralisée depuis et étendue par les recherches magistrales de Yerdet, constitue un de ses plus beaux titres scientifiques.
- M. Wiedemann prit, en 1877, la direction des célèbres Annales (le Poggendorff, qui sont devenues les Wiede-mann's Annalen, et il a su conserver à cette publication l’autorité que lui avait donnée son fondateur.
- L’œuvre principale de Wiedemann, à laquelle il a consacré une grande partie de son existence, est une sorte de répertoire général de nos connaissances sur l’électricité et le magnétisme, que les physiciens consultent toujours avec grand profit. Deux éditions de cet ouvrage ont paru d’abord sous le titre de Die Lehre von Galvanismus und Electromagnetismus.
- Les deux éditions suivantes ont pris le titre plus géné-
- ral : Die Lehre von der Electricitat. Dans la pensée de l’auteur, la dernière devait comprendre 5 volumes, tous de dimensions exceptionnelles; mais l’abondance des productions scientifiques depuis quelques années, en particulier .sur les décharges électriques dans les gaz, et sans doute aussi la fatigue causée par le prodigieux travail qu’exige une telle compilation, ont décidé M. Wiedemann à limiter sa tâche en laissant à son fils le soin de compléter, sous une autre forme, ses projets primitifs. M. Wiedemann eut du moins la satisfaction de faire paraître, en 1898, le quatrième et dernier volume, qu’il avait fixé comme terme de son travail personnel. Pendant de longues années encore, les physiciens lui seront reconnaissants d’avoir ainsi accumulé une collection si précieuse de documents, classés dans un ordre qui facilite les recherches et discutés avec une impartialité absolue.
- M. Wiedemann était gendre de E. Mitcherlich et il eut la joie de trouver dans son fils, M. Eilhard Wiedemann, connu déjà par de beaux travaux scientifiques, un digne continuateur des traditions de famille.
- Nous avons eu l’occasion de connaître M. Wiedemann à Paris, au Congrès international des Unités électriques, en 1881, et dans les Conférences ultérieures. Tous ceux qui l’ont approché ont été séduits par l’aménité de son caractère, l’élévation de son esprit et la sûreté de ses relations. Il a laissé parmi nous de véritables amitiés et le souvenir d’un homme de bien. Mascart,
- Membre de l’Institut.
- CHRONIQUE
- L'alcool artificiel. — En 1825 et 1820, Faraday et Ilennell avaient montré que l’éthylène, traité par l’acide sulfurique concentré, donne naissance à l’acide sulfo-éthylique. En 1828, Ilennell avait reconnu que l’acide sulfo-éthylique, bouilli avec de l’eau, se dédouble en alcool et acide sulfurique, et Berthelot avait prouvé, en 1855, que l’alcool synthétique ainsi obtenu est identique à l’alcool de fermentation. La production d’alcool artificiel n’a pas fait, depuis cette époque, de bien grands progrès. D’après M. Fritzche, les gaz de fours à coke constituent actuellement des sources nombreuses dont on peut, sans aucun inconvénient, retirer l’éthylène. Il existe en Allemagne de nombreux établissements dans lesquels les gaz, avant de servir au chauffage des fours, sont débarrassés du benzol qu’ils renferment, et ce sont ces gaz qui entrent en ligne de compte au point de vue de la fabrication d’alcool artificiel. Mais, on n’est pas encore parvenu à déterminer avec certitude la quantité d’éthylène que renferment les gaz des fours à coke. L’absorption de l’éthylène par l’acide sulfurique, à froid, laisse beaucoup à désirer, surtout sous le rapport de la vitesse. On peut retirer presque tout l’alcool contenu dans l’acide sulfo-éthylique, lorsque le mélange à distiller renferme 50 pour 100 d’eau.
- Le point de départ du Gulf-Stream. — Si nous en croyons le Dr Linden-Kosl, il faudrait en revenir de l’opinion jusqu’ici universellement admise que le fameux courant sous-marin du golfe du Mexique, le Gulf-Stream, prendrait naissance dans les détroits de la Floride : cet énorme fleuve d’eau chaude partirait des régions océaniques voisines des Antilles, près de Binioni.
- La température au Yukon. — Pour compléter ce qui a été dit ici des territoires du Yukon, où se précipitent avec tant d’ardeur les chercheurs d’or, nous cite-
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- LA NATURE.’
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- rons un relevé officiel des températur es de cette région,
- relevé fait en 1896 près de Dawson, par les arpenteurs
- du gouvernement, grade. Les degrés sont de l’échelle centi-
- Mois. Maximum. Minimum.
- Janvier . . — 22 — 56
- Février . . . . Ü — 55 1/2
- Mars . . . . . + 5 — 40
- Avril . . . . . +12 — 52 J/2
- Mai. . . . . . +17 — 16
- Juin . . . . . +28 -2 1/2
- Juillet. . . . . +28 + \/2
- Août . . . . . + 24 — T»
- Septembre. . . + 18 — 15
- Octobre . . . + 10 —18
- Novembre . . . —6 — 58
- Décembre . . . —15 — 43
- En somme, hiver de froid intense, court printemps, été chaud, mais présentant des minima fort bas, et presque pas d’automne.
- L’eau s\ Berlin. — La municipalité de Berlin vient de publier un rapport sur la distribution des eaux. Les propriétés alimentées par la distribution au 51 mars 1898 étaient au nombre de 24 662, et le nombre des abonnés desservis était de 1 765 049. La canalisation a livré, durant l’exercice 1897-98, 49882528 mètres cubes d’eau prise par parts à peu près égales à Tegel et dans le lac Muggel. La consommation par habitant a été de 77,87 litres; la consommation totale maxima a eu lieu le 50 juin 1897, elle a été de 202585 mètres cubes; le minimum s’est produit le 2 janvier 1898, la consommation n’a été que de 94510 mètres cubes. Les dépenses par habitant et par jour ont été respectivement pour les jours de maximum et de minimum de 115,26 litres et de 55,37 litres. La canalisation comprend 860 kilomètres de tuyaux d’un diamètre variant de 40 à 1200 millimètres et 24 760 compteurs. Le prix de revient de l’eau est de 0 fr. 15 environ par mètre cube, et le prix de vente de 0 fr. 20 ; le bénéfice net est donc 2 575 000 francs.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 10 avril 1899. — Présidence de M. Van Tieghem.
- Les applications de l'aluminium. — M. Moissan présente un Mémoire dans lequel il discute les raisons données par M. Ditte contre l’emploi de l’aluminium à la confection des ustensiles de cuisine. La diversité des résultats trouvés tient beaucoup à la nature du métal employé. Jusqu’en 1895, l’aluminium industriel contenait une forte proportion d’impuretés. Un grand nombre d’analyses faites à cette époque ont donné à M. Moissan une teneur de 92,78 pour 100 seulement. Mais depuis 1893, l’industrie de l’aluminium s’est beaucoup perfectionnée en France; des analyses faites en 1897 ont indiqué une teneur de 97 pour 100. La bauxite, fort abondante en France, est traitée actuellement chez nous par l’électrolyse et fournit de l’aluminium à 99,7 pour 100 de métal pur au prix de 3fl',50 le kilogramme. Ce métal possède trois qualités : légèreté, innocuité de son oxyde et facilité de travail par estampage. Or ce sont toujours les soudures qui cèdent quand il s’agit, en particulier, d’ustensiles de campement. M. Moissan fait usage chez lui de casseroles d’aluminium, depuis assez longtemps, et ces casseroles résistent fort bien. Ce n’est pas, dit-il,
- le métal de l’avenir, mais ce n’est pas celui de la déception. On ne doit pas perdre de vue, en effet, que l’aluminium est attaquable dans certaines conditions, mais que dans différents cas, la couche d’oxyde qui se forme à sa surface protège le métal contre une altération plus profonde. L’aluminium peut donc fort bien convenir pour des usages déterminés. À l’appui de cette opinion, M. Moissan montre un lot de bidons et gamelles qui sont restés en service pendant toute la campagne de Madagascar. Ces objets sont ternis ou noircis; quelques-uns sont bossué , mais tous sont dans un état de conservation très satisfaisant qui permettrait de les laisser en usage. M. Gautier dit que de tous les métaux, le nickel serait celui qui conviendrait le mieux pour la confection des ustensiles de cuisine à cause de son inaltérabilité et de l’innocuité de ses sels ; mais il ajoute que le cuivre brut a été proscrit à tort. L’expérience consacre cette opinion, car l’usage d’élamer les casseroles ne s’est introduit qu’au siècle dernier. M. Gautier déclare qu’il emploie chez lui des casseroles de cuivre non étamées, depuis fort longtemps, et que jamais il n’y a eu d’indice d’empoisonnement dans sa famille. D’ailleurs, ajoute-t-il, l’étamage est* souvent dangereux, car il n’est pas toujours pratiqué avec de l’étain pur et renferme du plomb. M. Edm. Perrier fait savoir que le bronze de nickel, employé pour confectionner les robinets du laboratoire maritime du Muséum, a donné des résultats déplorables. Cet alliage ne résiste pas du tout à l’eau de mer.
- Du rôle de la dexlrine dans les végétaux. —M. Gaston Bonnier présente une Note de M. Leclerc du Sablon, doyen de la Faculté des sciences de Toulouse, sur le rôle de la dextrine dans les végétaux. Celle-ci est emmagasinée en proportion variable dans les tubercules (jacinthe, tulipe, asphodèle, etc.) ; elle y constitue une substance de réserve pendant la période de vie ralentie, au même titre que d’autres substances hydrocarbonées, comme l’inuline des topinambours et des dahlias par exemple.
- La graine de pongamia. — M. Bonnier présente également une Note de M. Ileckel, professeur à la Faculté des sciences de Marseille, qui étudie les graines grasses de nos colonies françaises. L’auteur a trouvé dans les cotylédons des graines de pongamia des poches constituant des sortes de citernes à huile fixe. Ces organes n’avaient jamais été signalés chez les graines de légumineuses.
- Halo solaire remarquable. — M. Violle présente une Note de M. Jaubert, donnant la -description d’un halo solaire remarquable observé à l’Observatoire de &on! souris le 5 avril à 10'150 du matin. Ce halo était remarquable par sa complexité ; il se composait d’un halo de 22° de diamètre et d’un second halo de 45° avec fragments d’arcs, notamment de l’arc supra latéral indiqué par la théorie de Bravais, mais n’avait jamais été observé, semble-t-il.
- Varia. — M. d’Arsonval adresse une Note sur l’action favorisante exercée par le pancréas sur la fermentation alcoolique. Ch. de Villedeuil.
- BRI LOT M1T0-ÀLLUMELR
- I'OUR LA PROTECTION DES RÉCOLTES
- Les gelées ont un effet néfaste sur les récoltes, les vignes en particulier; aussi a-t-on essayé de les protéger par un épais brouillard artificiel.
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- LA NATURE.
- Pour y arriver les vignerons étaient obligés de veiller à tour de rôle, ou de payer des hommes de façon à pouvoir allumer à la main des bûchers résineux. Cette méthode est coûteuse, car ordinairement il faut veiller pendant tout le mois où l’on craint les gelées.
- M. Bouchaud Praceiq a construit un appareil qui
- permet d’éviter les veillées et d’assurer automatiquement l’allumage en temps utile.
- Le principe sur lequel l’inventeur s’appuie est le suivant : l’eau acquiert son maximum de densité et par suite son minimum de volume à 4° Centigrades. Ce principe, allié à la facile dilatabilité des métaux, conduit à la construction de l’appareil. Un réservoir
- L en zinc incompressible, terminé par un tube T, contient une petite quantité d’eau ; ce réservoir formé d’une paroi convexe en regard d’une paroi concave est fermé par un petit bouchon B (fig. 2). La forme qui rappelle celle d’un champignon lui permet de résister à toute action mécanique. Il n’obéit qu’à la dilatation. Ce chapeau est supporté par un pied en bois P imbibé de pétrole. Ce pied porte un trou vertical au fond duquel est placé un morceau de sodium I.
- Quatre évents E arrivent au même point. Les ouvertures en sont bouchées par une feuille de papier pé-trolé s’enroulant autour du pied.
- L’ouverture du réservoir se trouve en regard avec le trou vertical.
- Passons ensuite au fonctionnement du brûlot.
- Si la température s’élève au-dessus de 4° l’eau et le métal se dilatent simultanément, le réservoir reste fermé.
- Si la température s’abaisse au-dessous de 4°, l’eau augmente de volume, mais le réservoir se contracte, par suite son volume diminue, la pression intérieure augmente donc en même temps que la température s’abaisse. 11 arrivera un moment où elle sera assez forte pour chasser le bouchon. L’eau
- tombant alors sur le sodium reuflamme par la réaction bien connue, les produits communiquent le feu au bois et au papier imbibé de pétrole et le tout allume un petit bûcher constitué par des bois résineux sur lequel on avait au préalable disposé le brûlot. 11 s’ensuit un brouillard épais qui s’étend sur la récolte, et fait l’office de fourrure imperméable au froid.
- On enclôt le champ de plusieurs de ces brûlots espacés l’un de l’autre de 10 mètres environ comme le montre la figure 1. De quelque côté que vienne le vent, on peut être sûr que le brouillard ou tout au moins une grande partie sera dirigée sur la récolte et le propriétaire sera ainsi, par l’intermédiaire d’un nombre relativement restreint de ces appareils, mis à l’abri des surprises atmosphériques.
- Simple comme principe et comme construction et par suite facilement maniable, le brûlot autoallumeur est appelé à rendre des services; ajoutons que son prix de revient est très faible.
- G. Dupont.
- Le Gérant : P. Masson.
- Fig. 2. — Brûlot auto-allumeur. Coupe de l’appareil.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleuras, 9.
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- I
- LA NATURE.
- N° 1352.
- 22 AVRIL 1899.
- NÉBULEUSES ET AMAS D’ÉTOILES
- Les nébuleuses furent pendant longtemps considérées comme des amas d’étoiles trop rapprochées entre elles et trop éloignées de nous en même
- temps pour pouvoir être distinguées séparément.
- On disait alors d’une nébuleuse qu’elle était ou qu’elle n’était pas résoluble, suivant qù’on avait pu, grâce à la puissance d’un télescope, distinguer ou non les étoiles qui la composaient.
- Certains astronomes supposaient que toutes les
- Fig. 3. — Pose 1 heure, 3 août 1897. Fig. 4. — Pose 2 heures, 28 septembre 1897.
- Photographies de l’amas d’IIercule. /R = 18h 49” 48 *. P = 57° 05' 53". Agrandissement cinq fois.
- nébuleuses devaient se résoudre en étoiles avec de puissants instruments ; d’autres, au contraire, prétendaient qu’il y avait de véritables nébuleuses à l’état gazeux.
- On disputait chaudement pour et contre, lors-qu’en 1864 l’astronome anglais Huygens eut l’idée de diriger son spectroscope sur un objet nébuleux situé près d’w du Dragon. La nature du spectre qu’il reconnut lui permit d’affirmer alors d’une façon 27* umée. — ior semestre.
- certaine que la source de lumière était fournie par un gaz lumineux.
- Le débat était clos dès lors et la cause était jugée d’une façon définitive et sans contestation possible. On peut donc dire, maintenant, qu’il y a des nébuleuses entièrement gazeuses et sans étoiles et des amas d’étoiles sans matière gazeuse. Actuellement on ne parle plus de nébuleuses résolubles ou non, on dit : un amas d’étoiles, ou une nébuleuse. Si
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- LA NATURE.
- cependant cette classification est exacte pour deux types extrêmes, il ne faudrait pas en conclure qu’elle est exclusive. On rencontre, en effet, d’autres types intermédiaires et l’on trouve des amas d’étoiles qui présentent des traînées nébuleuses et des nébuleuses qui comportent des étoiles nombreuses noyées au milieu de la matière qui les constitue.
- On doit donc, si l’on veut faire des recherches sur ces très curieux objets célestes, ne pas séparer leur étude mais les soumettre, au contraire, aux mêmes moyens d’investigation.
- L’étude de ces condensations souvent étranges n’est pas très ancienne et si l’on en trouve quelques-unes, mentionnées dans les plus vieux catalogues, même dans celui d’Hipparque \ il faut dire qu’en 1716 Hulley ne connaissait en tout que six nébuleuses.
- Ce fut Ilerschei qui donna un essort puissant à cette branche de l’astronomie. Il fit à lui seul 2500 découvertes nouvelles. Mais Herschel a fait plus encore; il a donné un intérêt tout particulier à la question en émettant sa célèbre théorie.
- D’après lui, les nébuleuses nous montrent les mondes en voie de formation et, si leur évolution est trop lente pour qu’elle puisse apparaître durant la courte durée des investigations humaines, l’étude comparée de leurs formes doit nous montrer les étapes successives delà genèse des systèmes solaires.
- Les travaux d’Ilerschel firent naître un vif sentiment de curiosité vers ces plages inexplorées des profondeurs du ciel ; et lorsque, près d’un siècle plus tard, Lord Ross montra ces fameuses spirales, ces gigantesques lueurs contournées comme des soleils d’un feu d’artifice monstre, on se passionna pour ces énigmatiques inconnues.
- Cependant les astronomes, pour fixer leurs idées et leurs souvenirs, se mirent à dessiner ce qu’ils voyaient dans leurs télescopes. Mais alors on se trouva en présence d’un fait curieux ; c’est que souvent la même nébuleuse, dessinée par des astronomes différents, donnait des images absolument dissemblables et non comparables entre elles.
- Ceci tenait à des causes diverses, parmi lesquelles il faut mettre en première ligne l’insuffisance des premiers instruments d’observation pour des objets aussi faibles ; et puis aussi, que le dessin fait dans ces conditions ne peut pas donner de garanties scientifiques suffisantes.
- Actuellement, la photographie est venue apporter son précieux concours à l’étude de ces recherches.
- Nous avons en elle un puissant moyen d’investigation, car non seulement elle enregistre fidèlement les images, mais elle perçoit les rayons ultra-violets qui nous sont invisibles. De plus, des régions beaucoup trop faibles pour être vues dans les plus forts instruments finissent par impressionner la plaque sensible avec un temps de pose suffisamment long. C’est, [tour nous servir de la vieille comparaison classique, l’bistoire de la goutte d’eau qui finit par creuser le rocher. Cette lumière si faible, qu’une
- 1 Conservé dans l'almageste de Plolémée.
- heure, deux heures de pose et davantage ne révèle pas, finit par imprimer'sa trace au bout de 10 heures et quelquefois 20 heures et plus d’exposition. Elle vient dévoiler des nébuleuses inconnues que nul œil ne saurait voir, ou montrer des contours insoupçonnés qui changent le caractère des anciennes nébuleuses, fait rêver des conceptions nouvelles et palpiter d’émotion les vieux cœurs des savants.
- Mais, si certains objets faibles ne peuvent être obtenus qu’avec des temps de pose considérables, il s’ensuit donc que les documents photographiques augmentent avec les durées d’exposition.
- Nous en donnons pour preuve aujourd’hui les quatre photographies ci-contre de l’amas d’Hercule que nous avons faites à l’Observatoire de Meudon avec un télescope de trois mètres de distance focale et un mètre d'ouverture.
- Ces photographies, qui sont toutes à la même échelle, mais dont le nombre d’étoiles croît avec les temps de pose, montrent bien l’intérêt que l’on a à obtenir des clichés avec des durées d’exposition différentes et à prolonger ces expositions aussi loin que possible.
- La première pose de 10 minutes fait voir une tache centrale avec quelques étoiles autour. Cette tache centrale est formée par le grand nombre d’étoiles dont les disques, sur la photographie, empiètent les uns sur les autres et finissent par se réunir. Dans la pose de 30 minutes, aux premières étoiles que l’on voyait au pourtour dans la première épreuve, d’autres sont venues s’ajouter et s’empâter avec la masse centrale tandis que les étoiles extérieures augmentent et s’étendent encore plus loin. Cette disposition s’accentue avec le cliché de 1 heure et celui de 2 heures. On peut remarquer, dans les étoiles séparées, plusieurs chapelets en forme de courbe assez bien caractérisée.
- Il ne faudrait pas croire que ces étoiles qui semblent si proches l’une de l’autre, quelles viennent confondre leur image en une seule et même tache, sont en réalité aussi rapprochées entre elles qu’elles le paraissent. Les astronomes sont portés à admettre qu’il doit y avoir au moins autant de distance entre chacune d’elles qu’il y en a de notre soleil aux plus proches étoiles connues. Le prodigieux éloignement du groupe produirait seul cette illusion.
- Il est bon de remarquer que les instruments qui servent à faire la photographie de la carte du ciel ne donnent les étoiles de 16e grandeur qu’après lh20m d’exposition tandis que ce grand télescope montre les 20e grandeur en moins d’une heure. Si l’on accepte, d’autre part, que les étoiles du 16e ordre sont les dernières étoiles visibles avec la moyenne des grands instruments, on peut en conclure que les résultats de ces photographies décèlent un grand nombre d’astres qui n’ont jamais été vus dans les plus puissants instruments.
- On a essayé tout dernièrement de dénombrer la quantité d’étoiles visibles dans l’amas d’Hercule; la photographie nous en montre d’autres et la plaque.
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- LA NATURE.
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- défiant toute comptabilité, paraît enregistrer sans se lasser la multitude des soleils qui planent en dehors des limites assignées à notre visibilité.
- Ce sont des soleils, en effet, tous ces points brillants, sources de lumière et de chaleur, centres de vies qui palpitent autour de chacun d’eux, et la vision de cet amoncellement de mondes entassés dans les profondeurs d’un lointain fabuleux semble nous ouvrir la porte sur un coin de l’insondable
- infini. Louis Rabourdin.
- — —
- INTERRUPTEUR WEHNELT
- POUR BOBINES d’iNDUCTION
- Les rayons X et la télégraphie sans fils à travers l’espace ont ouvert le domaine des applications à la bobine d’induction de Masson et de Ruhmkorff, dont l’emploi était limité jusqu’à ces dernières années à des expériences de laboratoire et à l’inflammation des mélanges explosifs dans les moteurs à gaz.
- Mais il faut bien reconnaître que, dans tous les appareils construits jusqu’à ce jour, l’interrupteur constituait toujours le point faible, délicat, et souvent insuffisant pour tirer de la bobine la puissance et la tension maxima dont elle était capable. On sait, en effet, que l’interrupteur a pour objet de transformer en courant interrompu le courant continu qui traverserait le fil primaire de la bobine sans cet interrupteur, et de nombreux systèmes mécaniques ont été imaginés pour obtenir des interruptions fréquentes et rapides : malheureusement les trembleurs à interruptions fréquentes ne produisaient pas d’interruption rapide, et ceux qui les produisaient rapides ne les fournissaient pas avec une fréquence suffisante. Dans ces cas, la bobine était mal utilisée, car l’interruption peu rapide réduisait la tension du secondaire, et l’interruption peu fréquente laissait un temps perdu relativement considérable entre deux étincelles successives.
- Ces inconvénients se faisaient tout particulièrement sentir en radiographie, par l’augmentation du temps de pose, et en radioscopie, en fournissant des images papillotantes sur l’écran fluorescent. Aussi les constructeurs et les radiographes s’ingéniaient-ils à imaginer des dispositifs mécaniques plus ou moins heureux destinés à remédier à ces inconvénients, lorsqu’un savant allemand, M. le D1' A. Wehnelt, de Charlottenbourg, en inventant, on pourrait presque dire en découvrant, l’interrupteur électrolytique auquel son nom restera désormais attaché, a donné à tous les chercheurs l’appareil idéalement simple et pratique qui supplantera rapidement tous les autres.
- La figure 1 représente deux formes très simples de cet interrupteur. Dans un vase en verre renfermant de l’eau acidulée sulfurique de densité 1,10 à 1,20 plongent une lame de plomb reliée au pôle négatif de la source électrique et un tube de verre rempli de mercure à l’extrémité duquel est soudé un fil de platine plus long de quelques millimètres à l’extérieur et à l’intérieur du tube. Le mercure
- est relié au pôle positif de la source à l’aide d’un fil de cuivre plongeant dans ce mercure, et c’est dans le circuit ainsi formé qu’est intercalé le circuit primaire d’une bobine d’induction dont on a préalablement calé le trembleur, et un interrupteur pour ouvrir ou fermer le circuit. Dans un autre dispositif, représenté sur la droite de la figure 1, la plaque de plomb est remplacée par un bain de mercure de quelques millimètres d’épaisseur dans lequel plonge un fil de cuivre isolé, mais dépouillé à ses deux extrémités pour prendre contact avec le mercure et une borne. Le tube peut être droit, coudé une fois ou même deux fois, pour que la pointe de platine soit dressée de bas en haut, sans que ces dispositifs modifient le fonctionnement de l’interrupteur.
- La source à laquelle la bobine est reliée peut être une pile, une batterie d’accumulateurs, ou un secteur à courants continus ou alternatifs. La différence de potentiel peut varier entre 20 et 120 volts — nos expériences n’ont pu aller au delà — sans que l’interrupteur cesse de fonctionner, pourvu qu’il y ait, entre la self-induction du circuit primaire de la bobine, la longueur et le diamètre du fil de platine et la force électromotrice de la source, certaines relations dont les valeurs numériques ne sont encore fixées que par tâtonnement.
- Lorsque les proportions sont bien établies, on observe, dès la fermeture du circuit, une gaine lumineuse violacée autour du fil de platine, un bruit strident aigu produit par l’interrupteur, un abondant dégagement de gaz dans le liquide électrolytique et un véritable torrent de flammes entre les extrémités du fil secondaire. En soufflant sur cette flamme, assez chaude pour enflammer du papier, l’étincelle se stratifie, montrant ainsi que le phénomène n’est pas continu, et que la flamme est constituée par une série d’étincelles fréquentes jaillissant dans l’air chauffé par les étincelles précédentes.
- Pour fixer les idées, nous dirons que dans les expériences faites au laboratoire d’électricité de Y École de physique et de chimie industrielle de la Ville deParis, nousavons employé une bobinedeM. J. Carpentier, dite bobine de 6 centimètres d’étincelle, et que nous avons pu obtenir des étincelles de 15 et même 18 centimètres de longueur avec une fréquence qui, appréciée au miroir tournant, a varié entre 1400 et 1500 par seconde. Le circuit primaire était alimenté par une batterie de 50 accumulateurs montés en tension; le fil de platine avait 0m“,8 de diamètre et dépassait le tube de verre de 8 à 10mm à l’extérieur.
- Le même tube Wehnelt nous a servi à reproduire les expériences de courants de haute fréquence à l’aide du dispositif très simplifié de M. le Dr d’Ar-sonval représenté figure 2. Les condensateurs sont constitués par deux bouteilles de Saint-Galmier presque pleines d’eau et dont la surface est recouverte de papier d’étain sur environ le tiers de la hauteur. Un simple fil de cuivre roulé en spirale fait communiquer électriquement l’eau avec les extrémités du circuit secondaire de la bobine : la distance
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- explosive de la décharge oscillante se règle en déplaçant les bouteilles dont les bouchons supportent deux tiges de laiton horizontales de 3mm de diamètre. Le circuit à grande fréquence est constitué par un solénoïde en lîl de cuivre de 5 à 6mm de diamètre reposant sur deux feuilles d’étain qui se prolongent sous la bouteille, le tout étant placé sur une table isolante ou une feuille de verre. Toutes les expériences de Tesla et de d’Arsonval se reproduisent simplement et magnifiquement avec une bobine qui serait insuffisante avec tous les trembleurs mécaniques connus.
- Nous conseillons à nos lecteurs qui voudraient répéter ces expériences si simples, d’employer pour l’interrupteur un vase aussi grand que possible afin d’empèchcr un échauffement trop rapide du liquide, à moins qu’ils ne puissent refroidir ce liquide par une circulation d’eau.
- Le but du mercure dans le tube de Wehnelt est
- de refroidir le platine par conductibilité en augmentant sa surface de contact. On peut obtenir le môme résultat en soudant le platine à un gros fil de cuivre isolé sur toute sa longueur. Pour de faibles courants et des petites bobines, les tiges de platine des lampes à incandescence hors d’usage constituent un pôle positif d’interrupteur Wehnelt parfait.
- Nous n’entreprendrons pas de donner l’explication du fonctionnement théorique de ce curieux appareil, et les avis sont encore fort partagés sur ce point : l’expérience a prouvé que l’interrupteur ne fonctionne plus si la self-induction du circuit n’est pas suffisante, que la fréquence diminue avec l’augmentation de self-induction et croît avec la tension du courant ; c’est donc un phénomène très complexe dans lequel le condensateur à capacité variable, formé par la gaine gazeuse qui entoure l’électrode positive, et la self-induction du circuit jouent les rôles prin-
- Fig. 1. Interrupteur électrolytique (lu D' Wehnelt. — Fig. 2. Dispositif d’Arsonval pour courants de haute fréquence appliqué à une petite bohine d’induction fonctionnant avec l’interrupteur Wehnelt.
- cipaux; réchauffement du fil n’a pas d’action directe, comme on l’avait cru tout d’abord, car lorsque la self-induction du circuit est trop faible, le fil de platine rougit, et reste rouge ; le courant n’a plus qu’une très faible intensité et il se maintient à une intensité constante.
- 11 nous reste un mot à dire des applications actuelles et futures de l’interrupteur Wehnelt. Nous les entrevoyons déjà nombreuses, en dehors des expériences de laboratoires et de cours. La radiographie et la radioscopie utilisent déjà l’appareil pour réduire le temps de pose et donner une fixité remarquable aux images sur l’écran fluorescent. La télégraphie sans fil ne manquera pas d’utiliser les plus grandes fréquences que le système permet d’obtenir. Les moteurs à gaz, et, en particulier, les moteurs à gaz pauvres dont l’inflammation est difficile disposeront, par son emploi, d’une étincelle chaude qui évitera sûrement tout raté.
- L’interrupteur Wehnelt permet de réaliser un
- appareil de soudage électrique très simple et très pratique que les horlogers et les bijoutiers de ville pourront facilement utiliser en branchant un transformateur approprié directement sur les circuits de distribution d’énergie électrique. Les médecins auront la même ressource à leur disposition pour leurs ampoules de Crookes sans être obligé d’avoir recours à un transformateur ou à des accumulateurs.
- Si l’on parvient à illuminer économiquement les tubes à vide pour produire la lumière froide, l’interrupteur Wehnelt reste tout indiqué pour fournir la fréquence nécessaire à ce mode d’illumination dont M. Moore s’est fait l’apôtre et le vulgarisateur.
- D’autres applications surgiront, car la question est toute nouvelle et personne ne connaissait l’interrupteur Wehnelt il y a 5 mois : nous devons être reconnaissant à l’inventeur d’avoir mis à la disposition des électriciens un appareil d’investigation à la fois simple et puissant dont les premiers résultats font bien augurer de l’avenir. E. Hospitalier.
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- L’INSTITUT PASTEUR
- A LILLE
- Au printemps de l’année 1894, M. Pasteur, déjà atteint du mal qui devait l’emporter, voulut faire une visite à la Faculté des Sciences de Lille, dont il avait été le doyen. La ville de Lille ne se contenta pas de recevoir l’illustre savant avec des honneurs presque souverains, elle désira perpétuer le souvenir de cette visite par une œuvre digne de son hôte.
- Le D1' Roux venait d’appliquer à la diphtérie le traitement des maladies infectieuses par le sérum
- des Animaux vaccinés. Le succès se manifestait complet et décisif. La bonne nouvelle s’était répandue de Paris comme un trait de foudre dans le monde entier. L’enthousiasme était grand. A Lille, notamment, la diphtérie sévissait avec une intensité terrifiante. Le traitement sauva un grand nombre de petits malades. Immédiatement on pensa que le meilleur moyen d’exprimer sa reconnaissance à Pasteur, c’était d’élever un Institut portant son nom consacré à la préparation des sérums thérapeutiques et à l’étude des affections contagieuses. Une souscription publique fut aussitôt organisée par un groupe de philanthropes, à la tête desquels se placèrent MM. Gavelle, le I)r Rarrois, le Dr Combemale.
- L'Institut Pasteur à Lille.
- De tous côtés, les dons affluèrent ; il y eut un magnifique élan de générosité. Chacun donna ce qu’il put donner et les enfants des écoles eux-mêmes apportèrent en foule leur modeste obole. Immédiatement, 250000 francs furent rassemblés. A cette somme s’ajoutèrent les souscriptions des villes, des communes et des départements du Nord et du Pas-de-Calais. La ville de Lille donna un terrain de 40000 mètres carrés en bordure du boulevard Louis XIY. On se mit à l’œuvre avant que la souscription fût close et l’inauguration de la première pierre de l’Institut eut lieu au mois de novembre 1895.
- M. Pasteur et M. Roux furent priés de désigner celui qui aurait à diriger le nouvel établissement. Leur choix s’arrêta sur lé Dr Calmette, qui avait été chargé, quelques années auparavant, de créer en
- Indo-Chine un Institut du même genre pour la préparation des vaccins et pour le traitement de la rage, et qui s’était acquitté de sa mission avec une supériorité éclatante. Désintéressé comme Pasteur, et généreux comme un prince... de la science, le nouveau directeur commença par verser à la souscription une somme de 250000 francs, prix d’une de ses découvertes. Activement poussés, les travaux de construction furent terminés au début de l’année dernière. Le coût total a dépassé un million. L’entretien de l’établissement est assuré par les subventions de la Ville, des départements du Nord et du Pas-de-Calais, et aussi, on en a la certitude, par les dons et legs que ne manqueront pas de faire les amis de la science et de l’humanité.
- Depuis plus de six mois, les services provisoires,
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- en fonctions depuis d 896, sont définitivement installés. Non seulement on suit le programme de la première heure, mais M. Calmette a réservé une partie de ses ressources pour des études relatives aux industries du pays et à l’agriculture. L’Institut a été aménagé non seulement pour la préparation des sérums et des vaccins, ou pour le diagnostic des maladies infectieuses, mais encore en vue de vastes laboratoires d’application aux études de biologie générale. On y poursuivra toutes les expériences utiles sur les fermentations alcooliques, la distillerie, la brasserie, la sucrerie, la stérilisation industrielle des eaux1. L’Université de Lille a décidé la création d’une chaire de bactériologie pour ses élèves ; elle sera la bienvenue à l’Institut. Le nouvel établissement a été reconnu d’utilité publique. Son administration est autonome. Elle est confiée à son Directeur assisté d’un Conseil d’administration et de perfectionnement.
- A l’extérieur, l’Institut Pasteur se présente sous la forme d’un palais du style Renaissance de l'effet le plus heureux. Dans le vestibule d’honneur sont inscrits en lettres d’or sur une plaque de marbre les noms des premiers et des principaux donateurs. Voici ces noms : Dr Calmette, Léonard Danel, Édouard Agache, Descamps-Ange, Pouillier-Kettel, Charles Seydoux, Wallaert. Il reste un grand espace vide : avis aux riches philanthropes désireux de léguer leur nom à la postérité. A l’intérieur le bâtiment est divisé comme suit :
- 1° Sous-sol. — Service des machines et des chambres de chauffe, ateliers de mécaniciens, laverie, glacière, usine de distillerie et de brasserie expérimentales, laboratoire d’électricité biologique.
- 2° Rez-de-chaussée. — Services généraux et laboratoires de recherches : services de stérilisation des milieux de culture, avec batterie d’autoclaves à vapeur et de fours Pasteur pour la verrerie.
- Salle d’attente, service de la rage, salle d’inoculation et laboratoire, salle des petits animaux en observation, salle d’autopsie, secrétariat et comptabilité, microphotographie, laboratoires des sérums et vaccins, laboratoire de chimie biologique, laboratoire de microbie agricole, salle des balances, laboratoire du Directeur, bibliothèque, appartements particuliers du Directeur.
- 3° 1er étage (services d’enseignement). — Amphithéâtre de cours, laboratoire du chef des travaux pratiques, salle des travaux pratiques des élèves, salle de manipulations des élèves, six laboratoires de recherches pour travailleurs, atelier de soufflerie, laboratoire de fermentations industrielles (salle de chimie), laboratoire d’analyse des gaz, chambre noire pour la polarisation et la spectroscopie.
- 4° 2e étage. — Verrerie, réserves et produits chimiques.
- 1 MM. Marmier et Abraham ont déjà mis au point un procédé très remarquable de stérilisation des eaux de Lille par l’ozone. Il semble que le problème si difficile de la purification de l’eau ait été complètement résolu à Lille.
- Dépendances. — Écurie de chevaux pour les sérums, salle chaude pour les singes, salle des cobayes et lapins inoculés, salle de saignée avec travail-bascule de Yinsot de Chartres.
- Les plans de l’Institut ont été dressés parles soins du service des travaux de la ville de Lille sous la direction de M. Mongy, par M. Hainez.
- Lille possède aujourd’hui un des plus beaux monuments scientifiques de notre temps. Elle possédera bientôt avec l’installation excellente de la Faculté des sciences la colossale École d’art et d’industrie que l’on achève en ce moment. Lille est devenue un centre d’activité scientifique de premier ordre. Il faut souhaiter qu’on cherche à l’imiter dans nos grandes villes de France. Elle peut servir d’exemple, et nous ne saurions trop le répéter : les sacrifices que les Municipalités imposent à notre génération, profiteront au centuple aux générations qui viennent. Nous dépenserons pour la Science et nous récolterons pour le pays. Le Dr Calmette a eu bien raison d’inscrire à l'entrée des laboratoires de l’Institut Pasteur cette devise : Pour la Science, pour la Patrie, pour l’Humanité. Henri de Parville.
- LES COMBATS DE COQS
- Les combats de coqs, dont M. de Lucenski vient de donner le spectacle à quelques privilégiés dans la grande salle du Casino de Paris, n’ont pas provoqué un grand enthousiasme et je doute fort qu’ils deviennent jamais chez nous aussi populaires qu’en Extrême-Orient et surtout à Siam et en Malaisie.
- Dans toutes les îles de cet archipel l’annonce d’une lutte de ce genre attire une foule de spectateurs qui engagent des paris énormes sur les belligérants. Chose curieuse, les combats d’éléphants contre des tigres ou des buffles, fréquents à Siam, à Sumatra et à Bornéo, ont moins d’attraits pour la population que les luttes de coqs.
- Aussi le dressage de ces volatiles est-il devenu dans ces pays une véritable industrie. Certains indigènes n’ont pas d’autre profession. J’ai visité quelques installations de ces éleveurs dont quelques-uns possèdent jusqu’à quatre-vingts ou cent coqs et c’est une chose curieuse que de voir, groupées autour de la « paillote » du propriétaire, les innombrables petites cases qui servent à loger les futurs combattants. Chaque coq a son habitation distincte, entourée d’une cour minuscule qu’une barrière en bambou, haute de 2 mètres, sépare des cases voisines.
- C’est là que l’éleveur vient matin et soir faire l’éducation de ses gallinacés. Il faut cinq ou six mois pour qu’un coq soit en état de paraître sur l’arène avec des chances de remporter la victoire. Les meilleurs, c’est-à-dire ceux qui ont été déjà plusieurs fois vainqueurs sans avoir laissé une patte ou un œil à la bataille, valent jusqu’à 45 piastres, ce qui représente 120 ou 130 francs de notre monnaie. C’est un prix fantastique si l’on songe que dans ces contrées le salaire quotidien des ouvriers les plus habiles est à peine de huit ou neuf sous.
- Chez les Malais un combat de coqs s’annonce au moins huit jours à l’avance. Le plus souvent ce sont des chefs indigènes qui offrent cette distraction à leurs administrés pour faire oublier leurs exactions, ou de riches habitants qui veulent ainsi amuser leurs invités, lorsque leur fils
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- entre dans la classe des jeunes gens ou se marie. Quelquefois un éleveur porte un défi à un de ses rivaux, lui propose de mettre en présence leurs meilleurs coqs et dépose comme enjeu une somme fort considérable. Beaucoup de ces éleveurs se ruinent de cette façon et sont obligés de vendre tous les volatiles qui leur restent pour payer les paris qu’ils ont tenus et perdus.
- Le combat a lieu d’ordinaire dans un immense hangar ouvert de tous côtés et seulement recouvert d’un toit en feuilles de palmiers qui protège, les spectateurs contre le soleil et la pluie. Au milieu, se trouve une arène circulaire, sorte de petit cirque, dont le sol est formé d’une épaisse couche de sable très fin. Lorsque les conditions du combat sont arrêtées et les paris faits, on délie les pattes des coqs que leurs possesseurs ont tenus jusque-là sous le bras. 11 est curieux de voir les belliqueux oiseaux se menacer déjà pendant que leurs maîtres s’entretiennent. Ils allongent le cou, essaient de se mordre réciproquement la crête jusqu’à ce qu’une calotte bien appliquée de l’éleveur impatienté les oblige à se rejeter en arrière.
- Enfin, ils sont en présence. Aussitôt ils fondent l’un sur l’autre. La lutte est acharnée, superbe, sans merci. Ils s’attaquent à coups d’ergots, à coups de bec, essaient de se crever les yeux et souvent le combat ne cesse qu’avec la mort d’un des combattants.
- Leur poitrine nue (car on leur arrache les plumes de devant pour que les coups portent mieux) devient pourpre, leurs yeux s’injectent de sang, leur crête est écarlate, les veines du cou se gonflent à éclater.
- Les curieux, attentifs aux péripéties de la lutte, se passionnent chacun pour leur champion, l’excitent de la voix et du geste, poussent des cris assourdissants et conspuent le vaincu quand il prend la fuite, une patte ou une aile cassée et le corps couvert de plaies.
- Certains coqs sont d’humeur si belliqueuse qu’ils meurent sur le sable, foudroyés par l’apoplexie. Presque tous, même les vainqueurs, tombent évanouis quand on les arrache de l’arène, tant la lutte les a épuisés. Pour les faire revenir à eux on leur plonge la tête dans un baquet d’eau et, si ce remède reste inefficace, on leur passe dans la gorge une plume imbibée d’alcool de riz. Si cette médication ne leur rend pas l’usage de leur sens, il y a des chances pour qu’ils n’en reviennent pas.
- Nos excellents amis les Anglais, très friands des spectacles où le sang coule à flots, ont conseillé aux indigènes d’armer les ergots des coqs de petites lames d'acier tranchantes comme des rasoirs. Les Malais ont vite préféré ce nouveau genre de spectacle plus passionnant et, aujourd’hui sur dix combats de coqs, on en voit à peine deux ou trois à l’ancienne mode. Le spectacle est naturellement de moins longue durée, car les volatiles se dépècent réciproquement en un clin d’œil, mais le sang dont ils sont couverts augmente l’intérêt de la scène. Il faut entendre les dignes commerçants d’Albion installés dans le pays, crier : « Hip, hip, hourra! » chaque fois que les coqs s’arrachent quelques lambeaux de chair.
- Lorsqu’un volatile est définitivement hors de combat, son propriétaire ne le mange pas, caria chair est si rouge et si échauffée qu’il faudrait n’avoir rien mangé depuis huit jours pour oser y mordre. Il l’abandonne sous la protection de Bouddha dans quelque pagode, où l’oiseau tiendra désormais compagnie aux innombrables animaux éclopés, chiens, chats, etc., dont sont toujours peuplées les terrasses de ces temples, véritables cours des Miracles.
- Tel est le genre de sport que M. de Lucenski cherche
- à acclimater à Paris au grand désespoir de la Société protectrice des animaux, qui assaille le gouvernement de ses récriminations. Si M. de Lucenski tient au succès de ses combats de coqs, il a tout intérêt à laisser aux Anglais leurs raffinements de cruauté dont peu de gens en France consentiraient à supporter le spectacle.
- Ce sentiment s’est manifesté très visiblement pendant la représentation donnée au Casino de Paris. Lors du quatrième combat on avait en effet armé d’éperons d’acier les pattes des coqs qui se firent, dès le début, de profondes blessures, si bien qu’après quelques minutes il fallut emporter le vainqueur et le vaincu tous deux inanimés1. Si les assistants n’avaient pas tous été des invités, et tenus par conséquent de se montrer polis envers leur hôte, nul doute qu’ils eussent vivement protesté contre cette scène de carnage. Francis Mcry,
- Ancien commissaire de la Marine.
- LE CAOUTCHOUC AU MAIS
- On cherche de tous côtés un succédané au caoutchouc. Depuis le développement croissant de l’industrie électrique, les usages du caoutchouc grandissent et les arbres à caoutchouc sont loin de se multiplier en proportion. On redoute même de voir la fin du caoutchouc à bref délai. Or, on nous promet tout aussi bien. On nous promet le caoutchouc au maïs !
- Il est de fait que les Américains ont trouvé déjà de nombreuses applications au maïs. Ils poursuivent la culture de cette plante sur grande échelle, d’abord pour fabriquer industrieUement de l’amidon et du glucose, ensuite pour tirer parti de la grande proportion d’huile que renferme le germe après décortication mécanique. L’huile de maïs est légère, transparente, de couleur ambréé, aisément extractible et facile à purifier. C’est un sous-produit dont la valeur augmente tous les jours. On se sert aux Etats-Unis de cette huile, pour l’éclairage, pour le graissage des machines, pour la fabrication des savons... et même pour assaisonner* la salade américaine.
- Ce n’est pas tout, paraît-il. M. le directeur de l’Office national du commerce extérieur vient d’adresser la lettre suivante à la Société d’agriculture : « Un nouvel usage par le maïs vient d’être découvert en Amérique et donne des espérances considérables aux producteurs de grains de ce pays. Le procédé consisterait, après avoir extrait l’huile de maïs, à la vulcaniser avec une quantité égale de caoutchouc brut. On obtiendrait ainsi une substance qui, pour certains usages, serait égale aux meilleurs caoutchoucs et bien meilleur marché. Comme l’huile de maïs ne s’oxyde pas facilement, le caoutchouc qui est manufacturé avec cette huile resterait souple et ne se gercerait pas, comme le caoutchouc qui est fait avec d’autres produits. »
- Il faudrait donc du caoutchouc; mais moitié moins par an. Ce serait déjà bien. Ne concluons pas trop vite.
- En tout cas, la culture du maïs est à recommander. Nous avons en France beaucoup de régions où il mûrit fort bien et où il pourrait nous fournir de l’huile tout comme en Amérique, toute la zone limitée au Nord par une ligne partant de l’embouchure de la Gironde traversant le Berry, le Nivernais, la Champagne, la Lorraine, et qui aboutit au Rhin près de Landau. Flamei,.
- 1 L’un est mort quelques instants après, l’autre dans la nuit suivante.
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- LE CIMENT ARMÉ
- Les nouveaux procédés de construction employés aujourd’hui et connus sous le nom de ciments armés sont très répandus dans le monde des entrepreneurs et des architectes. Mais le public n’a sur eux que peu de renseignements, certaines personnes même les ignorent complètement et pourtant les services qu’ils peuvent rendre dans l’art de construire sont autrement importants que ceux de la pierre et même du fer parce qu’ils permettent d’arriver aux mêmes résultats dans des conditions d’économie et de rapidité considérables.
- Le ciment armé n’est autre chose que du béton ordinaire composé de gravillon et de ciment dans lequel on a entrechàssé par des moyens spéciaux des tiges de fer.
- Lorsque Léon Cogniet inventa le béton, ce fut une révolution dans la construction ; il fabriquait artificiellement des blocs aussi solides que la pierre elle-même, ces blocs avaient toutes les formes inimaginables puisqu’ils étaient moulés et pouvaient remplacer dans la plupart des cas le granit et le grès. Le ciment armé remplace le fer dans beaucoup d’applications : on a construit dernièrement en ciment
- armé à Chatellerault un pont de trois travées, celle du milieu ayant 52 mètres de portée.
- Le principe de la construction de tout travail en ciment armé est l’établissement de poutres. On sait que, d’une façon générale, lorsque celles-ci sont placées horizontalement et qu’elles sont soumises à des efforts verticaux, la partie supérieure comprise entre la fibre neutre et la table supérieure
- travaille à la compression, tandis que l’autre portion, celle d’en bas, doit résister à des efforts de traction, ceci est tellement vrai qu’on ne diminue en rien la résistance d'une poutre en sciant la pièce normalement à sa portée sur la moitié supérieure de sa section.
- Il résulte de ce fait que si on peut mouler suivant la forme d’une poutre un système dont la partie inférieure est composée de tiges de fer et dont la portion supérieure est du béton, on aura un solide ayant toutes les qualités d’une pièce rigide très résistante : les tiges métalliques résistant à la tension joueront leur rôle à cause de la place qu’elles occupent dans la poutre moulée, et le béton, qui n’a aucune résistance de tension mais qui se laisse comprimer sans déformation, rendra tous les services utiles que rendent les fibres supérieures d’une poutre ordinaire qu’elle soit en bois ou en métal.
- Fig. i. — Construction d’un plancher eu ciment armé.
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- Fig. 2. — Plancher en ciment armé du petit palais des Champs-Élysées.
- Le béton armé ne constitue pas un brevet, car il est d’une application très ancienne : la compagnie de l’Ouest a démoli dernièrement pour ses nouveaux travaux, une maison à Passy qui remontait à une centaine d’années et dans laquelle les planchers étaient composés de pièces de fer entourées de mortier. La grosse difficulté est de savoir bien se servir de ce dernier mode de construction.
- Il faut d’abord établir des moules en bois puissamment échafaudés pour supporter le poids énorme de ces poutres en béton; on dispose ensuite des tiges
- métalliques en fer rond telles qu’on les trouve dans le commerce et présentant la section nécessaire pour bien jouer le rôle qui leur est dévolu. Dans une poutre en fer à double T, l’axe qui réunit les deux plateaux a pour mission de former une liaison entre ces deux parties constitutives de la pièce dont l’une travaille à la tension et l’autre à la compression ; sa hauteur a une importance considérable : elle est, en effet, un des facteurs principaux du moment d’inertie qui est la base des opérations du calcul nécessaire pour trouver les dimensions de la pièce. Dans les poutres
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- en béton armé, l’àme existe de la même façon, seu- plat de forme spéciale appelées étriers qui réunissent lement elle est composée d’une série de pièces en fer les tendeurs en fer de la partie inférieure de la
- poutre à tout le ciment dont se compose la masse.
- Le principe du système de M. Hennebique qui est maintenant employé partout, consiste justement dans l’emploi de ces étriers.
- , Une fois que le moule est terminé et que les fers sont en place, il faut laisser tomber le béton et le pilonner avec soin : c’est la grande difficulté du travail, et la réussite dépend de ce pilonnage qui donne une cohésion complète à la masse et empêche les éléments de travailler isolément, le tout devient solidaire. La composition de ce béton est la suivante : gravillon 850 litres ; sable 400 litres ; ciment de Portland 250 kilogrammes.
- Ces opérations terminées, on laisse sécher et l’on attend huit à dix jours avant de démouler et décintrer.
- L’emploi du ciment armé tend à se propager chaque jour davantage. On construit des ponts, des planchers (fig. 1 ) des pilotis (fig. 4), des escaliers, des maisons entières avec ce système :
- Fig. b. — Dallage de pieux en ciment armé.
- les dernières applications qui ont été faites sont celles des planchers des nouveaux Palais de l’Exposition de 1900 aux Champs-Ely-• sées (fig. 1) ; au Petit Palais des portées de huit et dix mètres ont été atteintes et les essais qui ont été faits avec des surcharges de 1500 kilogrammes par mètre carré n’ont pas produit une . flèche supérieure à 1/800 de la portée. Au Grand Palais des planchers en porte-à-faux ont été construits sur une largeur de 2m,70. Comme dernier exemple enfin nous pouvons citer les trottoirs élevés en encorbellement sous la chaussée du boulevard Pereire pour les nouvelles constructions du chemin de fer de ceinture (fig. 5).
- Les avantages du ciment armé sont l’incombustibilité, l’économie et la résistance considérable de la masse ; mais le plus grand est assurément la rapidité et la facilité du travail ; un ouvrage une fois commandé, on peut l’exécuter immédiatement puisque les fers sont ceux en usage dans le commerce; quant au
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- LA NATUREL
- béton il est toujours très aisé de l’obtenir : tandis qu’une construction en pierre ou en fer est soumise aux nécessités des carrières et des forges, il faut attendre les disponibilités, en passer par les nécessités de la réception et attendre le temps indispensable au transport.
- L’invention du ciment armé, tel qu’on l’emploie aujourd'hui, est due au hasard, comme toujours.... Un entrepreneur de maçonnerie, M. Hennebique, ayant à construire une villa qu’on lui demandait incombustible, fit ce qu’aurait fait tout constructeur à ta place, il commanda des fers, qui devaient constituer l’ossature des murs et des planchers ; on allait commencer le travail quand un violent incendie se déclara à proximité de la maison à élever ; or, cette dernière était, elle aussi, construite enfer; le désastre fut complet : sous l’empire de la chaleur, les poutres métalliques se dilatèrent au point de provoquer l’elfrondrement de l'édifice. Le système ne valant rien, il fallait trouver autre chose ; c’est alors que l’entrepreneur proposa à son client de noyer le fer dans du béton, le métal se trouvant ainsi isolé de la chaleur ne subirait plus son action. Ce procédé était bon mais dispendieux; M. Hennebique pensa que du moment que l’on employait du béton, on pouvait profiter de son action résistante et diminuer par là le poids du fer et partant la dépense ; il associa les deux éléments en un tout rigide; il soumit le système à des essais de résistance sous des températures élevées et constata que les poutres ainsi formées se comportaient merveilleusement, le fer et le béton possédant tous deux le même coefficient de dilatation ; d’autre part la présence du ciment de Portland rendrait la masse inattaquable par l’eau.
- Le procédé qui n’a guère qu’une dizaine d’années d’existence a déjà reçu plus de 5000 applications; nous ne savons pas ce que l’avenir lui réserve, peut-être détrônera-t-il un jour la pierre et le fer qui mis aux bans de la construction auront l’air piteux que prennent aujourd’hui les chevaux devant l’envahissante poussée du roi automobile et de la reine bicyclette. Jules Adac.
- L’ODEUR DE LA TERRE
- Qui n’a remarqué, au printemps, quand la bêche du jardinier remue les plates-bandes, une odeur spéciale, bien caractéristique. On la perçoit encore mieux en avril et en mai, quand une ondée chaude vient d’humecter le sol. Dans les jardins, dans les champs, le parfum monte et vous saisit. On dit communément : « C’est l’odeur de la terre ». Et, de fait, c’est bien une émanation de la terre qui pénètre jusqu’à l’organe olfactif. Il y a sept ou huit ans, si ma mémoire ne me trompe pas, M. Berthe-lot parvint à isoler de la terre un principe volatil, qui est précisément la cause de cette odeur sui generis. Mais d’où provenait ce principe volatil? Quelle était son origine? On n’en savait trop rien. Des recherches récentes permettent de mieux se rendre compte de la nature de ces émanations.
- D’après M. Clarke Nuttal, l’odeur de la terre fraîchement remuée est due à la présence de bactéries, de microbes qui, en se développant, produisent une substance qui se volatilise. Le principe volatil dont parlait M. Berthelot serait engendré directement par des microbes1. On a pu isoler ces bactéries, en Amérique, et les faire travailler de façon qu’elles répandent l’odeur caractéristique de la terre mouillée.
- Il existe, comme on sait, des myriades d’espèces différentes de bactéries dans le sol : bactéries qui concourent à la formation des nitrates, bactéiies qui fixent l’azote sur les racines des légumineuses, bactéries de la putréfaction, etc. C’est un monde immense. M. Magiora, savant italien, a trouvé dans un gramme de terUe végétale 11 millions de ces petits organismes. Il aurait pu en trouver le double, le triple, en comptant encore mieux, et selon la terre examinée. Parmi ces êtres microscopiques, il en est qui, sans doute, tout en effectuant un travail utile, nous gratifient par-dessus le marché du parfum terrestre. On les a appelés, pour cette dernière raison, Clodothrix odorifera. Cette bactérie, comme ses semblables, vit en colonies; on les voit, au microscope, avec un aspect blanchâtre couleur de chaux ; plus elles se développent et plus elles dégagent d’odeur. Isolément, le Clodothrix est incolore et présente l’apparence d’un fil qui se multiplie presque constamment par sectionnement de ses deux extrémités. Quand le fil est devenu un peu long, il se coupe par chaque bout. Et voilà trois nouveaux êtres, l’ancien et les deux jeunes. La bactérie se nourrit des substances végétales en décomposition, et c’est la transformation de ces matières qui donne lieu au composé volatil odorant.
- Comme tous les corps volatils, ce composé s’échappe du sol d’autant plus facilement qu’il fait plus chaud et qu’il a plu; il s’en va dans l’air avec l’évaporation de l’eau. On sent l’odeur de terre surtout après les averses. On la sent aussi quand on remue le sol, parce qu’on met au jour les parties humides. Et le bacille ne travaille que dans de la terre humide. Il résiste très bien à la sécheresse. Cependant, son développement s’arrête, sa vitalité reste latente; mais à la première humidité, il reprend toute sa vigueur. C’est, du reste, une bactérie extrêmement résistante, car les poisons ne la tuent pas. Le sublimé corrosif reste sans action sur elle.
- Le Clodothrix odorifera ne prospère, bien entendu, que dans la terre riche en principes végétaux en décomposition, puisque les feuilles en décomposition servent principalement à son alimentation. Aussi l’odeur est-elle surtout prononcée dans les bonnes terres riches en humus dans la terre de bruyère, etc. Aux premières journées de beau temps, quand une pluie tiède tombera sur les feuilles à peine écloses, il sera bien facile de contrôler ces faits et de sentir à plein nez cette odeur agréable de la terre. H. de P.
- LE VIIe CONGRÈS ANTI ALCOOLIQUE
- Le Congrès international contre l’alcoolisme, qui vient de se tenir à Paris, a suscité dans le public et dans la presse un intérêt qu’on n’y accorde pas d’ordinaire aux choses sérieuses. La foule a cessé d’être ironique à l’égard de ces réunions depuis que la science a prouvé que l’alcoolisme est une source intarissable de maux. L’expérience a été faite dans ce siècle sur les Peaux-Rouges et les
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- noirs. Les peuplades sauvages qui chassaient dans les grandes forêts de l’Amérique, et les multitudes qui grouillaient sur la terre africaine, ont rempli, vis-à-vis des Européens, le rôle que jouent les cochons d’Inde dans le laboratoire de M. d’Arsonval. Elles ont été décimées, éteintes par Veau de feu que leur a vendue le blanc. Mais le blanc lui-même s’est pris à ses propres pièges et, en s’adonnant à une consommation d’alcool constante et démesurée, a déchaîné sur son propre continent une calamité plus désolante que la guerre, plus meurtrière que la peste, plus triste que la famine. Ce fléau, connu sous le nom d’alcoolisme, a pris surtout son développement dans la seconde moitié de notre siècle. Au même titre que la tuberculose, la peste et que la guerre, il a ému tous les hommes voués aux œuvres humanitaires. Et déjà en 1878, un premier congrès contre lui fut organisé à Paris. Le mal persistant, six autres réunions de cette nature ont été tenues depuis dans différentes capitales européennes.
- Le YIIe Congrès, comme celui de 1878, vient de tenir ses assises aux amphithéâtres de la Faculté de médecine. Malheureusement depuis nous avons changé de place dans la liste fatale de la consommation alcoolique. De septième que nous étions alors avec une moyenne de 4 ou 5 litres d’alcool à 100° par tête et par an, nous arrivons aujourd’hui bons premiers en face d’un chiffre exorbitant de 14',19. Ces funestes morsures de l’alcool remplissent nos hôpitaux et nos prisons, nos cabanons et nos bagnes. Jamais nous n’avons eu autant de cas de folie et de suicide qu’en ce moment, et sur les 120000 accusés qui chaque année se présentent devant nos tribunaux, les 90 000 environ sont des alcooliques.
- Plus que toute autre nation nous avions besoin d’être avertis du péril alcoolique. A ce point de vue, le VII* Congrès — qui a dépassé en éclat tous ceux qui l’ont précédé — ne peut être que bienfaisant.
- D’études consciencieuses présentées à cette occasion, par les savants les plus autorisés des Deux Mondes, il résulte, contrairement au préjugé répandu, que d’aucune façon l’alcool ne constitue un aliment réparateur. Pris en petites quantités, il brûle l’oxygène du sang et des tissus normaux; à plus fortes doses, il empoisonne tout le corps. Comme médicament il n’a aucune valeur, et son emploi, même pendant les plus grands froids, est encore plus dangereux comme en témoignent les statistiques russes. L’alcool donc n’alimente pas. Ceux qui n’en font pas usage donnent une somme beaucoup plus forte de travail et résistent bien mieux aux maladies.
- Pendant la guerre hispano-américaine, nous dit le colonel Parker, il s’est passé quelque chose de très frappant dans deux tentes dont chacune contenait sept soldats de son régiment. Dans la première, il n’eut pas une seule journée d’hôpital et d’indisponibilité, tandis que cinq hommes de la seconde durent entrer à l’hôpital, où même trois moururent. Or, la première contenait des soldats appartenant à une secte d’abstinents très connue en Amérique, tandis que dans la seconde, il n’y avait que des buveurs.
- Mais ce n’est pas tout. Les alcooliques ne font pas seulement de mauvais malades, ils abrègent aussi leurs jours; leur arbre généalogique s’éteint à la quatrième génération et leurs produits s’éloignent du type normal. Ce sont des nerveux, des hystériques, des débiles, des convulsifs.
- M. Lancereaux, qui a groupé les victimes des boissons fermentées en trois classes distinctes — en alcooliques proprement dits, empoisonnés par « les petits verres )), en éthyliques ou anéliques, endommagés par des vins
- adultérés et en absinthiques ou buveurs d’absinthe, — a observé chez ces trois sortes d’intoxiqués des manifestations pathologiques différentes. Chez tous cependant, il a constaté des troubles de la vision, la diminution de l’ouïe, de l’odorat, du goût, des tremblements, des soubresauts épileptiformes, avec des secousses singulières qu’on a appelées des mouvements clowniques.
- Dans tous les pays, l’alcoolisme a trouvé dans l’initiative privée et particulièrement dans les sociétés de tempérance, son plus implacable ennemi. Sous l’effort combiné du gouvernement et de ces associations, les Suédois nous ont cédé le premier rang qu’ils possédaient, en 1829, comme buveurs d’alcool. De 23 litres par tête et par an, ils n’absorbent plus que 4‘,50. En Angleterre, cette lutte a revêtu un caractère pratique et grandiose : rien que la ligue de 1’ « Espoir » a recruté jusqu’ici trois millions d’enfants anglais ayant fait serment de tempérance. Espérons que le VII* Congrès aura pour résultat chez nous aussi — où la croisade anti-alcoolique est à peine dessinée, grâce au dévouement du Dr Legrain — d’émouvoir l’opinion publique et de lui faire comprendre que la France se trouve en présence d’un véritable péril national. J. de Loverdo.
- UNE POMPE A INCENDIE AUTOMOBILE
- Le jour où l’on a pu prévoir que la voiture automobile entrait dans une voie pratique, on a dû songer à deux applications où elle devait sans aucun doufe rendre d’inappréciables services : je veux parler du transport des fardeaux militaires, à la suite des armées qui n’auront jamais assez de chevaux, et de la traction des pompes à incendie. Mais, tandis que, pour les charrois en temps de guerre, on doit craindre les chemins défoncés et les courses à travers champs où les chevaux du moins peuvent donner un coup de collier, les pompes à incendie opèrent dans des villes, sur le sol toujours solide des rues et des routes : une automobile y est donc tout indiquée; l’étonnant, c’est que le problème n’ait pas reçu plus tôt de solution pratique. Et cependant on avait déjà la pompe à vapeur, qui transportait un moteur avec elle : s’amuser à traîner avec des chevaux un véhicule où se trouve un moteur en pression semblera certainement une incompréhensible anomalie, le jour où toutes les pompes à incendie seront automobiles.
- Il faut donc croire qu’en dehors de notre répugnance à changer nos habitudes, la solution du problème offrait néanmoins quelque difficulté, puisqu’on ne pourrait présenter à l’heure actuelle qu’un très petit nombre d’appareils de cette sorte, et je ne connais guère, pour ma part, que la pompe Porteu, parmi les grands équipages, qui ait donné des résultats satisfaisants. Le programme, il est vrai, est compliqué, comme il convient, quand il s’agit de tout prévoir et de satisfaire à tous les cas de la pratique. Cette pratique, l’inventeur la connaît bien, puisqu’il est lui-même lieutenant de sapeurs-pompiers, et, quant aux questions de construction et d’automobilisme, le constructeur, M. Cambier, de Lille, est un professionnel expert et renseigné.
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- Décrivons donc sommairement la pompe Porteu-Cambier, avant de parler des expériences concluantes où elle a fait ses preuves.
- Ce n’est plus une pompe à vapeur, mais une pompe à pétrole.
- Inutile sans doute d’insister sur le châssis en fers en U convenablement entretoisés qui supporte à la fois le moteur et la pompe proprement dite.
- Le moteur, placé à l’arrière, est composé de quatre cylindres à explosion, C ( fig. 1 et 2 ) opposés deux à deux et placés symétriquement par rapport
- à l’axe longitudinal du véhicule. 11 est de la force de 20 à 22 chevaux; l’allumage est électrique et la carburation se fait au moyen de carburateurs « Lon-guemare ».
- Les tiges des quatre pistons s’assemblent en deux couples sur deux vilebrequins h 180° et donnent le mouvement à l’arbre A.
- Cet arbre A porte à ses deux extrémités des volants V, Y. Il transmet son mouvement par un train d’engrenages à un arbre intermédiaire transversal À' qui reste, par conséquent, toujours soli-
- Efôofiipv, Sc
- Fig. 1 et 2. — Coupe et plan de la pompe à incendie automobile.
- daire du moteur. On pourrait appeler cet arbre A' le distributeur du mouvement, puisqu’il commande à volonté l’appareil de traction ou la pompe.
- A la voiture, il donne le mouvement par l’intermédiaire des tambours M, N, O, dont les diamètres différents fournissent deux vitesses de marche, correspondant à 15 et 8 kilomètres à l’heure. Ces tambours actionnent la série des poulies fixes bd, et folles b' d', calées sur l’arbre qui porte les pignons p, p, de chaîne.
- Des tambours aux poulies, la transmission se fait au moyen de courroies croisées, dont le déplacement de la poulie fixe à la poulie folle est produit par l’action de tringles h, h, manœuvrées de l’avant
- du véhicule par un levier L monté sur le même axe que le volant de direction V'.
- Les poulies intermédiaires N et e correspondent à la marche arrière et sont reliées par une courroie droite sur laquelle agit un tendeur T manœuvré par le volant V" placé sous le siège-avant.
- Toutes ces courroies sont entourées d’une enveloppe en tôle qui les met complètement à l’abri de l’eau provenant de la pompe.
- S’agit-il, au contraire, d’actionner celle-ci, le moment venu? C’est encore l’arbre A' qui donne le mouvement à la roue motrice m au moyen du pignon n calé sur l’arbre.
- Le désembrayage des tambours et l’embrayage de
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- la pompe se font instantanément et automatiquement. L’attaque du feu peut ainsi commencer dès que la pompe est arrivée sur le lieu du sinistre, sans qu’il soit nécessaire de modifier en quoi que ce soit la marche du moteur.
- La pompe, du système Thirion avec deux refoulements, peut lancer 12000 litres d’eau à la minute. Toute la transmission de la pompe est faite par engrenages, à l’exclusion de courroies, ce qui évite l’inconvénient du détrempage et de l’allongement que subirait le cuir sous l’action de l’eau provenant des pompes. La direction du véhicule en marche se fait au moyen du volant Y' qui agit sur les pivots des roues
- d’avant R' R', par l’intermédiaire de tringles t et de leviers r. Signalons enfin 1 indispensable frein h.
- actionné par la pédale B placée sous le pied du conducteur.
- Un pareil véhicule doit transporter ses servants avec lui : dans ce but, l’avant-train est muni de deux sièges s, s' à trois places chacun, et le marchepied J, à l’arrière, permet de prendre en route des hommes qui restent debout, en se tenant à une barre d’appui horizontale i.
- Cet engin a reçu la consécration d’expériences déjà nombreuses, suivies avec intérêt par tous les hommes compétents, parmi lesquels — au premier rang, bien entendu, — le
- Fig. 4. — La pompe automobile eu marche.
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- colonel Varigault et l’état-major des sapeurs-pompiers ont témoigné tout leur intérêt pour une question de cette importance. Applaudissons aux progrès de nos armes contre l’incendie. Aidons à noyer le feu sous l’eau, ce qui fait dire qu’un incendie est toujours désastreux, parce que ce que le feu épargne est la proie de l’inondation.
- Je ne pousse pas le paradoxe jusqu’à ajouter que le remède est pire que le mal.
- Commandant G. Espitallier.
- CHRONIQUE
- Une lune monstre. — Il ne s’agit point d’une lune nouvelle, ni de celle qu’on pourrait voir dans le télescope dont nous avons parlé : c’est tout simplement un modèle en relief monstre de notre satellite, dont vient de s’enrichir le « Field Columbian Muséum » de Chicago. Ce modèle a été fait dans les meilleures conditions d’exactitude, puisqu’il a été construit sous la direction et la surveillance immédiate du Dr Schmidt, directeur de l’Observatoire d’Athènes. C’est un hémisphère de 5m,85 de diamètre; il comprend 116 morceaux, chacun de 15° de long et de 15° de large, de sorte que leur jonction accuse, sur la surface lunaire, les méridiens et les parallèles ; l’échelle adoptée pour les distances horizontales est de 1/600000% elle est de 1/200 000e pour les dimensions verticales, par conséquent l’exagération dans le second sens n’estqu’assez faible. Cela suffit du reste pour rendre d’une façon bien nette les reliefs et les dépressions de la lune. Ce modèle a été construit il y a un certain temps déjà, en 1881. C’est M. Lewis Reese, de Chicago, qui en a fait don au Musée de Chicago.
- Trois nouveaux astéroïdes. — Dans la nuit du 9 au 10 mars, M. Palisa, astronome de l’Observatoire de Vienne, qui a déjà découvert 83 petites planètes de 1874 à 1892, en a aperçu une nouvelle de douzième grandeur dans la constellation de la Vierge. Le 31 mars, M. Coggia, astronome à l’Observatoire de Marseille, a découvert dans la constellation de la Vierge un astéroïde de grandeur 11,5. Enfin, le 5 avril, M. Witt, astronome amateur à qui l’on doit la découverte de la planète Êros, a trouvé à l’Observatoire de la Société Urania, à Berlin, une nouvelle petite planète de grandeur 11,5 au nord de 1 ’Êpi de la Vierge. Ces trois astéroïdes porteront les numéros 453, 454, 455,
- Statistique des appareils à vapeur. — Le
- nombre de machines à vapeur en activité de service en 1878 était de 47 851 pour 30 614 établissements, et représentait 484 milliers de chevaux-vapeur. En 1897, il est de 83 821 pour 54107 établissements et représente 1530 milliers de chevaux-vapeur. La progression de 1897 sur 1896 est un peu inférieure à celles de 1896 et 1895 par rapport aux années précédentes, mais elle est encore au-dessus de la moyenne des 20 dernières années. La fabrication des tissus utilise plus du cinquième (22 pour 100) de la puissance totale des machines à vapeur en activité en France. Viennent ensuite les usines métallurgiques, 18 pour 100; l’industrie du bâtiment, 14 pour 100; celle des carrières, 14 pour 100; les industries alimentaires, 10 1/2 pour 100; l’agriculture, 8 1/2 pour 100. Cette dernière industrie serait au premier rang si l’on considérait seulement les chaudières ; elle n’en em-
- ploie pas moins de 25 pour 100 de leur nombre total. Le nombre des locomotives en service sur les chemins de fer français, qui était de 6929 en 1878, s’est élevé à I l 514 en 1897; leur puissance en milliers de chevaux-vapeur, qui était de 2559 en 1878, s’est élevée à 4245 en 1897. Sur les chemins de fer français, la puissance moyenne des locomotives, en chevaux-vapeur, est la suivante (statistique de 1897) : machines à roues libres, 270 chevaux-vapeur; machines à deux es-ieux couplés, 443 chevaux-vapeur. En 1897, il a été importé en France 272 chaudières ou locomotives de fabrication étrangère (contre 226 en 1896) représentant un ensemble de 5921 tonnes; le poids des chaudières exportées n’a été que de 3595 tonnes. En 1897, on comptait en France 58 voitures à vapeur d’une puissance moyenne de 4 chevaux-vapeur. Ce nombre est faible, relativement au nombre de voitures et de tricycles à pétrole.
- Ue pétrole de poisson. — C’est la désignation qu’on pourrait créer pour résumer la conclusion à laquelle arrive M. Th. Lehmann. Dans un cours inaugural, à Freiberg, il fait remarquer que, quand on distille sous pression des débris de poissons, on recueille une huile qui, par sa constitution, présente une ressemblance étroite avec le pétrole ; il en conclut donc que les dépôts de pétrole doivent provenir de la transformation des restes d’animaux marins. En réalité, comme le fait remarquer la revue Nature, cela ne prouve point que tout le pétrole ait cette origine uniforme.
- Numération de sauvages. — Il s’agit de celle des indigènes des îles Murray, dans le détroit de Torrès, qui vient d’être étudiée par le Révérend A. E. Hunt dans le Journal of the Anthropological Society. Les deux seuls chiffres employés par ces primitifs sont netai ou un, et neis ou deux; les chiffres au-dessus ne peuvent être exprimés que par répétition; ainsi on dit neis-netat pour trois; neis-i-neis ou deux et deux pour quatre. Pour des nombres supérieurs on fait appel aux différentes parties du corps, et on peut ainsi compter jusqu’à 31, en commençant au petit doigt de la main gauche, et en continuant par les doigts successifs de cette main, le poignet, le coude, l’aisselle, l’épaule, la dépression qui est au-dessus de la clavicule, le thorax, puis en redescendant de l’autre côté en sens inverse, pour finir au petit doigt de la main droite. Cela vous porte au chiffre 21, et les dix orteils des pieds nous donnent 10 de plus. Au delà de 35, on n’emploie que le terme gaire, qui veut dire « plusieurs » : cela dépasse l’imagination des sauvages.
- La bibliothèque nationale italienne. — C’est exactement l’équivalent de notre Bibliothèque nationale, puisqu’il s’agit de l’établissement qui reçoit, à titre de dépôt légal, un exemplaire de tous les livres et brochures qui se publient en Italie. La Bibliothèque de Florence, qui joue ce rôle, compte près d’un million de brochures et livres, 275000 lettres et autographes, 19000 manuscrits, plus de 20000 portraits gravés, 7800 estampes et dessins, 22750 partitions ou collections musicales, etc. Une particularité à noter, c’est que cette bibliothèque fait des prêts au dehors aux autres bibliothèques, même municipales, aux académies et corps savants.
- Les jardin» des gares. — Les Anglais et surtout les Américains soutiennent, et avec raison, que la salle des machines d’une usine doit être tenue avec autant de soin qu’un salon, les parquets cirés, les cuivres brillants, et le
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- reste à l’avenant; pour peu qu’on réfléchisse, cela s’explique parfaitement ; car les ouvriers, les agents de toute sorte prennent ainsi des habitudes de soins méticuleux qui se retrouvent avantageusement dans les moindres détails de la conduite des machines, de l’entretien du matériel. C’est sans doute aussi pour cela que les compagnies de chemins de fer anglaises attachent une telle importance à l’aménagement des jardins de leurs gares. La grande compagnie du Midland Railwatj, notamment, accorde annuellement des prix qui ne représentent pas moins de 5000 francs pour les jardins les mieux tenus des stations de son réseau.
- Une plante arctique en Angleterre. — Il s’agit d’une orchidée qui n’était connue jusqu’ici qu'en Norvège, en Suède et en Finlande, VOrchis cruenta, que M. II. Goss a trouvée croissant abondamment dans certaines régions marécageuses du Cumberland, entre Borrowdale et Watendlath, à une altitude de 300 mètres environ.
- Ues méfaits des tramways à trolley snr le pont de Brooklyn. — Ce qu’on reproche le plus vivement aux tramways électriques à trolley, c’est de laisser échapper des courants électriques souterrains fort préjudiciables aux conduites d’eau et de gaz notamment. M. A. Kundson a voulu rechercher si ces courants n’étaient pas une source de danger pour les ancrages métalliques du fameux pont de Brooklyn, et il a rendu compte de ses observations à Y American Institute of Electrical Engineers. Il a constaté qu’en fait les conditions, près de ces ancrages, ne diffèrent point de celles qui sont si préjudiciables aux conduites métalliques. Il est vrai que l’action ne peut être que relativement légère sur ces ancrages massifs, d’autant qu’ils sont noyés dans du béton contenant de la chaux libre, et où Tonne rencontre point de sels entraînant des actions éleçtrolytiques destructives. Malgré tout, il considère la question comme grave, car il n’est pas probable que ces ancrages puissent impunément supporter cette action pendant une longue série d’années.
- Production du caoutchouc. — On compte qu’ac-luellement la production du caoutchouc dans le monde entier atteint 50 millions de kilogrammes. En France, en 1889, la consommation de caoutchouc et de gutta-percha était de 2 011 237 kilogrammes, représentant une valeur de 12067 43-4 francs. En 1896, la consommation était de 4 630 233 kilogrammes, d’une valeur de 15 713 964 francs. Depuis 1897, la hausse des prix a été continuelle, s’élevant jusqu’à 20 pour 100.
- Serpents gourmets.-- Si nous en croyons M. Baker, du national Zoological-Park des États-Unis, les gros serpents, au moins ceux de ce jardin zoologique, sont des gourmets fort délicats pour leur nourriture. Ils refusent absolument de manger les rats capturés près du bâtiment où ils sont logés, et n’y consentent que quand les rongeurs ont séjourné un jour au moins dans une cage dont le plancher soit en terre; mais ils dévorent avec empressement les rats pris au dehors. Pour les serpents de faible taille, il n’en est pas différemment à l’égard des souris : ils ne veulent point manger la souris domestique, qu’ils laissent courir impunément dans leur cage, mais ils avalent immédiatement la souris des champs.
- Points d’ébullition des gaz liquéfiés. — Notre confrère Engineering a publié quelques renseignements intéressants sur les points d’ébullition des principaux gaz liquéfiés, à la pression atmosphérique ordinaire. Ces points d ébullition sont exprimés en degrés centigrades : acide
- sulfureux 10°, chlore 33°, ammoniaque 38°, hydrogène sulfuré 62°, acide carbonique 78°, acide nitreux 88°, éthylène 102°, acide nitrique 153°, gaz des marais 164°, oxygène 185°, argon 187°, oxyde de carbone 190°, air 192°, azote 195°, hydrogène 238°.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 17 avril 1899. — Présidence de M. Vax Tieghem.
- MM. Forster, Blascma, Chaney, Hepitès, Hirsch, Men-deleiev, Michelson et Thalen, membres de la Commission internationale du mètre, actuellement réunie à Pans, assistent à la séance. M. le Président leur adresse les compliments de bienvenue de l’Académie.
- Interrupteur électrique. — M. d’Arsonval décrit un perfectionnement imaginé par M. J. Carpentier, pour l’interrupteur électrolytique de Wehnelt. Cet appareil qui permet d’obtenir 2000 interruptions par seconde se compose, en principe, d’une pointe de platine plongeant dans l’eau acidulée. Le courant arrive par la pointe et sort par une électrode plus large. Avec le dispositif original l’appareil ne fonctionne que si Ton dispose d’une force électromotrice de 70 volts au moins. M. Carpentier, après avoir étudié le fonctionnement de l’interrupteur, a reconnu que Ton pouvait abaisser le nombre de volts en élevant la température du bain électrolytique de 75 à 90°. On peut ainsi descendre à 10 volts. Il suffit d’ailleurs de porter le bain à la température voulue avant l’expérience, le passage du courant suffit non seulement pour conserver la température, mais encore l’élever. En raison des dégagements de vapeurs acides qui se produisent, par suite de l’élévation de la température du bain, M. Carpentier isole l’interrupteur de la bobine. Le bain est enfermé en vase clos et les vapeurs s’échappent par une tubulure munie d’un tube de caoutchouc qui les amène dans un flacon laveur contenant une solution de potasse où l’acide est fixe. M. Carpentier a en outre perfectionné les moyens de réglage de l’appareil. Il fait fonctionner devant l’Académie une bobine qui, pourvue du nouvel interrupteur, donne, à l’aide d’une dizaine d’accumulateurs, un jet continu d’étincelles de 50 centimètres de longueur.
- Les phosphates du sol. — M. Duclaux présente une Note de M. Schlœsing fils relative à l’action des acides étendus sur les phosphates du sol. Ceux-ci sont des phosphates de chaux et des phosphates de fer. Les liqueurs acides étendues contenant moins de 1 millième d’acide dissolvent les premiers. Des liqueurs suffisamment concentrées dissolvent les phosphates de fer. Entre la liqueur assez concentrée pour dissoudre les phosphates de fer et celle qui dissout le phosphate de chaux, existe un palier qui permet de séparer les deux parties du phénomène. Cette question offre un intérêt spécial au point de vue agricole, car on ne sait encore exactement quelle est la fraction de l’acide phosphorique du sol qui est utilisable par les plantes.
- Varia. — M. Edmond Perrier présente une Note de M. Bordas sur les glandes des insectes.
- Ch. DE VlLLEDEUlL.
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- AU PÔLE SUD
- Le vapeur Belgiça, qui avait entrepris une expédition au pôle Sud est arrivé à Funta-Arenas. La
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- Société royale de géographie de Bruxelles a reçu, en effet, le télégramme suivant de M. de Gerlache, le chef de l’expédition : « J’ai le regret de vous annoncer que \Vincke est décédé le 22 janvier 1898 et que Banco est décédé le 5 juin 1898 ; sinon, tout est bien à bord, sans avaries. Résultats très satisfaisants, bonnes collections. Visité la baie Hugues et la Terre-Palmier; fait une reconnaissance hydrographique dans ces parages ; recueilli nombreux échantillons de roches; vingt débarquements. Puis, fait route vers la terre d’Alexandre-Icl. Pénétré dans le pack dans l’ouest de la terre d’Alexandra-Iei. Latitude extrême, 71° 36' : longitude, 92° ouest. Obligé d’hiverner; beaucoup de mauvais temps, mais pas de froid intense pendant l’hivernage sauf pendant le mois de septembre; minimum, 43° centigrades au-dessous de zéro le 8 septembre 1898. Beaucoup dérivé au gré des vents; sorti du pack le 14 mars 1899. Fait route vers Punta-Arenas, y arrivé le 28 mars 1899. Envoyez les lettres à Punta-Arenas. » La Bel-gica qui avait quitté Ostende le 23 août 1897 est parvenue, comme on voit, à une latitude de 71° 36'. Or, antérieurement, quatre navigateurs seulement avaient dépassé le 70e degré de latitude australe : Cook, en janvier 1774 (71° 15') ; Weddell, en février 1823 (74° 15') ; Ross, en janvier 1842 (78° 10') ; Christen-sen, en janvier 1895 (74° 15').
- M. de Gerlache a été plus loin que Cook, mais moins loin que ses trois autres émules. Ce n’était pas d’ailleurs dans les projets de M. de Gerlache de battre un record : il voulait plutôt poursuivre une expédition scientifique, faire l’étude géologique des terres australes, décrire la flore et la faune, la faune marine surtout, et il n’est pas douteux que l’expédition belge ait réalisé en grande partie son programme.
- UNE CENTENAIRE
- À la fin de décembre 1898, M. l’abbé Lorain, aumônier des Servantes de Marie à Bourges, me priait de vouloir bien apporter mon appareil photographique pour prendre un portrait qui n’était pas banal : celui d’une personne âgée de 102 ans. Au moment où toutes les revues scientifiques parlaient de la longévité des astronomes, il y avait quelque chose de piquant à photographier un sujet de 102 ans qui, probablement, était demeuré toute sa vie étranger aux questions astronomiques. C’est ainsi que je fus appelé à connaître la personne dont je vais esquisser rapidement la biographie.
- Nous devions ce jour-là fêter le cent deuxième anniversaire de Mlle Anna Bourdeix.
- A la fin du repas la vénérable centenaire parut et voulut s’associer à nos toasts en faveur de la continuation d’une santé merveilleuse. C’était plaisir à la voir encore, malgré son grand âge, se mêler à la conversation.
- Née à Saint-Léonard (Haute-Vienne) le 20 décembre 1796, Mlle Bourdeix, ainsi qu’elle nous le disait plaisamment, « ne pressait guère à baptiser ». Elle reçut cependant le baptême peu après sa naissance et dans des circonstances qui n’avaient rien d’extraordinaire à l’époque. Les parents apprirent qu’un prêtre se tenait caché chez des braves gens de la ville et, pour ne rien compromettre, on monta l’enfant dissimulée dans une pièce de drap au premier étage de la maison occupée par le prêtre réfractaire.
- Sa famille était une des plus religieuses du pays, et M".e Bourdeix ne comptait pas moins de cinq cousins prêtres au moment de la Révolution. Le frère de son père, prêtre également, M. l’Abbé Joseph Bourdeix, fut bientôt nommé curé de Saint-Léonard où il fonda un collège très florissant qui eut l’honneur de compter parmi ses élèves l’illustre Gay-Lussac.
- Mlle Bourdeix ne quitta son natal pays qu’à lage de 28 ans, pour venir en Berry avec un frère prêtre, au service duquel elle voulut se consacrer. Elle resta avec lui pendant 58 ans; puis à 86 ans, son frère étant mort et l’ayant laissée sans aucunes ressources, elle fut recueillie par les soeurs Franciscaines Servantes de Marie à Bourges.
- Le 20 décembre 1896, elle célébrait, en pleine santé, la fête de son centenaire. Elle n’avait alors aucune infirmité.
- Au commencement de l’année 1899, elle marchait assez difficilement, les yeux s’affaiblissaient et elle était atteinte d’une faible surdité. Mais l’intelligence et la mémoire étaient restées intactes et rien ne faisait prévoir une fin prochaine, lorsque vers le milieu du mois de mars un affaiblissement général se manifesta. On désespéra de la sauver, car son estomac refusait toute nourriture.
- Le 25 mars, elle s’éteignait doucement jouissant encore de toutes ses facultés intellectuelles. Elle était âgée de 102 ans et 3 mois. Il y a là un cas de longévité peu ordinaire et qui méritait d’être connu.
- L’Abbé T. Moreux.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
- Une ccuteuaire.
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- N° 1355.
- 29 AVRIL 1899.
- LA NATURE.
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- LE RADIOSGOPE EXPLORATEUR
- Une des questions les plus importantes en Radiographie et dont on s’est peu préoccupé jusqu’à présent c’est celle de l’orientation des épreuves obtenues par la nouvelle méthode. S’il s’agit de la recherche des corps étrangers dans l’organisme, l’orientation devient un point essentiel. Le raisonnement indique, en effet, que la projection de l’image d’un corps étranger ne pourra être repérée par rapport aux parties squellettiques voisines que dans un seul cas, c’est lorsque le corps étranger se trouvera dans la perpendiculaire abaissée du centre d’émission des radiations actives : pour toute autre position de l’ampoule on aura une projection oblique et l’image
- du corps étranger s’écartant du pied de la perpendiculaire se projettera sur d’autres parties squelettiques. Dans ces conditions, la lecture d’une radiographie entraînera fatalement des erreurs opératoires, car le chirurgien est conduit naturellement à chercher l’objet sur une perpendiculaire élevée au point où se fait son image.
- On peut donc poser en principe que la Radiographie ne sera correcte que si le corps étranger se trouve sur la perpendiculaire abaissée du centre d’émission ; dans ce cas elle sera orientée et pourra guider utilement l’homme de l’art. Le Radioscope explorateur que nous allons décrire et qui a été très habilement construit par M. Radiguet a pour but de faire rapidement cette détermination : il laisse, d’autre part, sur le membre deux repères qui
- Fig. 1. — .V 1. A, Support d’ampoule; A', Réglette permettant le déplacement latéral de l’ampoule; B et C, Support des anneaux;
- 1), Écran lluorescent ; P etl", Poussoirs des marqueurs.—JV 2, Image décentrée du corps étranger. — N* 3. A, Anneau ; B, Tampon du marqueur.
- indiquent au chirurgien l’entrée et la sortie d’une ligne idéale qui passe nécessairement par le corps cherché ; enfin il permet de savoir exactement à quelle profondeur se trouve ce corps à partir de l’un ou l’autre repère.
- Le Radioscope explorateur (fig. 1, n° 1) se compose d’un support vertical qui porte les pièces suivantes :
- 1° Un bras horizontal A qui supporte l’ampoule : celle-ci peut être déplacée dans tous les sens de façon à pouvoir être centrée par rapport à l’axe du système ainsi que nous l’expliquerons dans un instant. Une fois centrée l’ampoule peut être déplacée parallèlement à elle-même sur un bras spécial A' qui est placé à angle droit avec le premier ;
- 2° Un second bras horizontal B qui porte à son extrémité un anneau métallique (fig. 1, n° 3);
- 3° Un dernier bras C identique au précédent. Un petit écran auplatino-cyanure de baryum D se monte sur ce dernier bras et permet d’examiner les images 27e année. — 1er semestre.
- des deux anneaux et de tout autre objet que l’on placera entre ceux-ci.
- Les deux bras supérieurs sont munis de marqueurs spéciaux qui viennent aboutir au centre des deux anneaux (fig. 1, n° 2) et que l’on actionne simultanément au moyen de poussoirs P et P' reliés par une tige rigide.
- Lorsque l’on met l’ampoule en action on aperçoit sur l’écran l’image des deux anneaux ; les deux bras qui les portent étant identiques, leurs deux centres se trouvent par construction sur une même ligne droite : dans ces conditions, il est évident que leurs images ne pourront être concentriques que dans un seul cas, c’est lorsque le point d’émission des radiations se trouvera sur la même ligne que les centres des deux anneaux. Pour régler l’appareil il suffira donc de déplacer l’ampoule jusqu’à ce que les deux images des deux anneaux soient concentriques. Ce résultat est obtenu en un instant et avec la plus
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- LA NATURE.
- grande facilité. Un index mobile sur la tige A' t{ui permet le déplacement latéral de l’ampoule es alors immobilisé de façon à repérer la position de centrage de celle-ci, et à pouvoir y revenir sans tâtonnements.
- Si maintenant on interpose entre les deux bras horizontaux la partie contenant le corps étranger1 on apercevra celui-ci dans une position quelconque par rapport aux images des anneaux. En déplaçant alors le modèle ou l’appareil lui-même, on amènera l’image du corps étranger au centre des deux images concentriques des deux anneaux. A ce moment, il est évident que le corps étranger se trouve sur la perpendiculaire. En remplaçant l’écran par la plaque
- Ampoule
- lère position
- Ampoule
- ,e positioi
- photographique on sera assuré d’obtenir une radiographie orientée.
- Pour imprimer les repères sur la peau il suffit de rapprocher les deux bras horizontaux jusqu’au contact du membre et d’actionner à ce moment les marqueurs.
- Pour la recherche de la profondeur on déplace l’ampoule parallèlement à elle-même d’une certaine quantité arbitraire de façon à déplacer notablement l’image du corps étranger, cette nouvelle image étant une projection oblique. On repère la nouvelle position du corps étranger au moyen d’un index I mobile
- 1 Nous supposons que l’on a reconnu la présence du corps dans telle ou telle région ; l’ordre logique des opérations exige, en effet, que l’on s’assure d’abord que le corps étranger est bien resté dans l’organisme, ce n’est qu’après qu’il faudra orienter la radiographie et effectuer la recherche de la profondeur.
- sur l’écran. On enlève alors le sujet et l’on place dans la perpendiculaire entre les deux anneaux une échelle métrique formée par des fils métalliques espacés à un intervalle connu (fîg. 2). Cette échelle se projette sur l’écran et il suffit de lire entre quelles divisions se trouve l’index qui indique la position qu’occupait l’image du corps étranger. Si l’échelle est divisée en millimètres et que l’on trouve que l’index est entre le sixième et le septième trait c’est que l’objet se trouve à une profondeur de 6 à 7 millimètres. Si l’échelle métrique est placée sous le bras supérieur on aura la profondeur à partir de la face supérieure : si elle est placée sur le bras inférieur on aura la profondeur à partir de la face inférieure.
- La figure 2 montre d’ailleurs d'une façon schématique l’ensemble das opérations. Dans sa première position les rayons, émanant de l’ampoule, rencontrent les deux anneaux A et A', et vont projeter leurs images concentriques sur l’écran supérieur que nous avons représenté en plan.
- Nous supposons maintenant un corps étranger qui a été amené sur la perpendiculaire. 11 fera son image au centre des images des anneaux.
- Lorsque l’on intercale l’échelle métrique dont les divisions sont figurées en coupe et que l’ampoule occupe la deuxième position, toutes ces divisions vont se projeter sur l’écran avec une deuxième image du corps étranger. Si, comme dans la figure, celui-ci est entre 6 et 7 centimètres de l’anneau supérieur, son image apparaîtra entre la sixième et la septième division. Lors du déplacement de l’ampoule, les images des deux anneaux se décentrent; nous n’avons pas fait représenter ce déplacement pour ne pas compliquer la figure. Cette nouvelle position des images des anneaux qui n’est d’aucune utilité lorsque l’on fait la recherche sur l’écran sera très utile lorsque l’on fera de la Radiographie dans les cas où la Radioscopie ne permet pas l’examen direct. Dans cette hypothèse ces images permettront de repérer exactement le négatif portant l’image du corps étranger et celui portant l’image de l’échelle* métrique.
- En résumé ces diverses opérations se font avec la plus grande facilité el très rapidement. Il n’y a aucune mesure à prendre ni aucun calcul à effectuer. Dès à présent notre appareil peut être employé pour les recherches dans toutes les parties du corps humain dont la Radioscopie permet actuellement l’examen : pour les parties plus épaisses, le crâne, le bassin, le thorax, nous devrons attendre, ce qui ne saurait tarder à arriver, que les méthodes d’examen sur l’écran fluorescent aient atteint une plus grande perfection. Albert Londe,
- Directeur du Service radiographique et photographique de la Salpêtrière.
- LÀ COURBE DE LÀ VIE
- L’expression est bizarre, mais on va la comprendre presque immédiatement après qu’on aura jeté un coup
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- LA NATURE.
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- d’œil sur le graphique qui accompagne ces lignes.
- Bien des physiologistes ont cherché à approfondir la question de savoir quelle relation il y a entre la durée de l’adolescence et la longévité virtuelle chez les différentes espèces de mammifères. Flourens notamment, dans son ouvrage bien connu, arrivait à cette conclusion que la relation chez l’homme est de 1 à Ô, autrement dit que 1 homme doit vivre, une fois sorti de l’adolescence, une durée quintuple du temps pendant lequel s’est prolongée cette adolescence. Pour Buffon, la proportion devait être de 1 à 7. M. W. Ainslie Hollis, qui a repris la question, considère les chiffres obtenus avant lui comme peu vraisemblables, parce qu’ils ne résultaient pas d’observations suffisamment nombreuses et dignes de foi.
- 11 a donc cherché à s’entourer de documents, en notant tout d’abord que dans diverses variétés de la même espèce de mammifères bien connus, il peut se produire des variations sensibles dans la période de l’adolescence ; il s’est convaincu d’une relation bien nette en la matière. G est ainsi qu’il affirme que (( le rapport de la durée de l’adolescence à la durée de la vie chez les main-
- Années d’adolescence.
- < <ftt m es (i ÿ u &
- Lapui (( brct/ZcSpcruîem tc.\
- Chenal astqUUs pur saïuj
- lui ce humaine a/u/laise fmàJe )
- mifères n’ayant que l’existence la plus brève, est proportionnellement moindre que chez ceux qui jouissent d’une existence plus longue ». La période de croissance et de développement de la souris domestique, par exemple, est de trois mois et la durée naturelle de sa vie de quatre ans : une souris doit donc être considérée comme appelée à vivre, une fois dans l’âge adulte, pendant une période qui sera quinze fois le temps qu’elle a mis à sortir de l’adolescence. Pour jle cheval arabe, le coefficient correspondant est beaucoup plus faible, puisqu’il met huit années pour atteindre l’âge adulte, et que sa vie normale est d’environ quarante ans. Enfin pour l’homme, qui ne termine complètement sa croissance qu’à l’âge de ‘25 ans seulement, au moment où se soude l’épiphyse de la clavicule, sa longévité virtuelle lui présage une période de maturité qui n’est que de deux fois la durée de son adolescence.
- Ce sont ces renseignements et quelques autres analogues, appuyés sur les observations et les autorités les plus sérieuses, que M. Ainslie Hollis a traduits sous la forme du tableau ci-dessus; ce qu’on peut appeler le coefficient de longévité virtuelle chez une série de mammifères se manifeste par une courbe réellement curieuse. 1>. de M.
- LA PROTECTION' CONTRE LES METS
- Nous avons déjà signalé les ravages redoutables que commet le taret, le teredo navalis ou quelques autres de ses variétés. Ces terribles rongeurs de bois se livrent à de grands méfaits. M. Ch. H. Snow leur a consacré une étude devant la Société Américaine des Ingénieurs civils.
- Parmi les méthodes de protection, les unes consistent en un revêtement extérieur, qui se localise à la portion susceptible d’être attaquée, c’est-à-dire à la partie comprise entre la surface du sol sous-marin et le point le plus haut que puisse atteindre l’eau. Parfois on se contente de laisser l’écorce des arbres employés, et elle arrête le taret autant qu’elle demeure intacte; on peut aussi de même recourir à un revêtement de planches minces. On s’est trouvé fort bien d’une sorte de doublage métallique, en zinc, en cuivre surtout, qui doit dépasser inférieurement le niveau de la vase et supérieurement celui de la haute mer; la protection est encore renforcée par les coquillages qui s’attachent à ces doublages, mais le procédé coûte cher. On emploie parfois des « clous à tarets », comme on en mettait autrefois sur les portes, clous courts, à large tête, qu’on enfonce à se toucher, et qui opposent une cuirasse impénétrable au taret. Le laineux service hydraulique hollandais, le « Dutch Waterstaat », recourt constamment à des clous de cette sorte, qui doivent être forgés, avoir une pointe de 4 centimètres et une tète de 3 centimètres de diamètre; 1 kilogramme de ces clous en compte de 30 à 34. Seule la rouille vient parfois corroder le métal, et ouvrir une porte d’entrée à l’invasion.
- Il ne faut guère se fier aux peintures, ni à la paraffine, à l’asphalte, au coaltar, parce que leur disparition n’est qu’une question de peu de temps. On a usé avec succès, sur la côte du Pacifique, d’une combinaison compliquée : on enduit les pilotis d’un composé de paraffine, de chaux et de kaolin, puis on les recouvre d’une enveloppe grossière en jute, qu’on noie dans une seconde couche de l’enduit, et l’on cloue par-dessus des lattes de bois qu’on peint comme le reste.
- Nous ne parlerons pas de l’enrobement dans le ciment, dont il a déjà été question; une méthode analogue et bien curieuse consiste à entourer les pilotis, une fois foncés, avec des tuyaux en grès, qui laissent un certain espace entre eux et le bois; cet espace est rempli de sable, et l’on possède des estacades qui, dans ces conditions, résistent victorieusement depuis 20 ans. Parfois les huîtres, les moules, les autres coquillages qui se fixent à la surface du bois suffisent à le protéger, mais nous n’avons pas besoin de dire qu’il ne faut pas trop compter sur cette intervention.
- Au reste, on ne peut jamais répondre d’un revêtement extérieur, toujours susceptible d’être enlevé mécaniquement; et, comme l’a dit M. Snow, il vaut mieux traiter le bois de façon à en dégoûter le taret, si l’on nous permet cette expression. A ce point de vue, rien ne vaut la créosote, qui repousse d’ailleurs tout aussi bien le termite que le taret, à condition qu’on emploie des créosotes lourdes, contenant des substances gommeuses propres à remplir les pores du bois.
- Ajoutons que, pour assurer l’effet complet de la méthode, il faut soumettre au créosotage des bois suffisamment poreux, qui se chargeront d'une notable quantité de la substance protectrice. 1). Lebois.
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- LÀ NATURE.
- LES
- ÉCHINOCACTUS DE LA BASSE-CALIFORNIE1
- On sait que le Jardin des Plantes de Paris, par l’initiative de son distingué directeur, a institué, il y a quelques années, un enseignement nouveau pour les voyageurs qui se destinent à parcourir le monde fructueusement, en vue de recueillir des matériaux de toutes les branches de l’histoire naturelle. Cet enseignement a déjà porté ses fruits, et chaque année il arrive, de ce fait, des envois aussi nombreux qu’intéressants.
- Pour satisfaire au désir bien légitime des voyageurs, la direction du Muséum met à leur disposi-
- tion, pour un laps de temps déterminé, deux salles où les résultats de leurs explorations sont exposés dans le meilleur ordre possible, pour flatter la vue des visiteurs qui, la publicité aidant, ne manquent pas d’affluer. Depuis quelques jours, les objets les plus variés de l’anthropologie, de la'zoologie, de la botanique et de la photographie de la Basse-Californie et du Mexique y sont réunis. L’ouverture de cette nouvelle exposition a été faite par M. A. Milne Edwards, le 8 février dernier, et dans une allocution aussi brillante qu’élogieuse pour l’explorateur qui en avait recueilli les éléments, M. Léon Diguet, il fit un rapide exposé de leur intérêt scientifique.
- La zoologie occupe actuellement une place plus
- Fig. 1. — Prairie de Cereus Pringlei, parmi lesquels sont de jeunes Echinocactus. (D'après une photographie de M. L. Diguet.)
- importante que le reste dans cette exposition, aussi transportons-nous dans la salle contenant les spécimens de la botanique et surtout de la photographie qui nous intéressent en ce moment, et qui tapissent la plus grande partie des surfaces murales.
- Au milieu des vues pittoresques des régions parcourues par M. Diguet, qui est un habile photographe, sont des types de races d’indiens qui les habitent, des reproductions afférentes à l’ethnographie, des cultures ou champs d’Agaves, dont les produits sont l’objet d’un grand commerce, et quantité de ports de végétaux étranges qui impriment à ces pays un cachet tout particulier.
- On sait que la région sud-ouest de l’Amérique du
- 1 Voy. 1875, t. II, p. 40; 1876, t. II, p. 292; 1877, t. I, p. 264.
- Nord a des étendues très grandes où le régime des pluies est si précaire et où la constitution du sol est telle, que la végétation y est d’une pauvreté désespérante et que la vie semble y être suspendue. Plusieurs déserts fameux, comme ceux de Mohave, de Giladans l’Arizona, de même que la Sonora et les contrées mexicaines avoisinantes sont aussi dans ce cas.
- Il en est de même de la Basse Californie, presqu’île de 1200 kilomètres de long sur 120 de large en moyenne. Des brises de mer lui donnent bien un peu d’humidité atmosphérique sur le versant du Pacifique notamment, mais les pluies y sont très rares, et il s’est parfois écoulé trois ou quatre années sans pluies réelles1.
- 1 Quelquefois il arrive des pluies torrentielles de courte durée, mais qui s’écoulent rapidement et ne profitent guère au sol.
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- LA NATURE.
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- On pourrait penser que dans de telles conditions aucun végétal ne peut vivre et cependant s’il survient des averses un peu abondantes, en moins de quarante-huit heures le sol calciné se couvre de verdure et, une semaine après, tout est garni d’herbe, laquelle disparaîtra peu de temps après si le soleil ardent se montre obstinément. On comprend que pour un tel climat, il faille des végétaux appropriés au milieu. Aussi les arbrisseaux et surtout les arbres sont rares et ce sont les Cactées qui les représentent ; puis quelques Légumineuses à rameaux épineux, mais dépourvus de feuilles pour éviter une trop grande évaporation que ne supporte -raient pas des arbres feuillus. Néanmoins dans ces régions peu réjouissantes, des Indiens devenus rares ou des métis d’Espagnols y vivent. Les jésuites y pénétrèrent à la suite de la conquête et utilisèrent les eaux pluviales par des barrages, et des cultures furent possibles pendant une période qui n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir. Toutefois les naturels prirent le sage parti, n’ayant pas l’énergie suffisante pour suivre ces exemples, d’utiliser le peu que la nature leur offrait et mirent à contribution les végétaux qu’ils avaient sous la main. C’est dans les Cactées et quelques cultures de maïs et de haricots qu'ils devaient trouver les principales ressources : les genres Cereus, Opuntia, Echinocactus* abondent; les premiers, pour certaines espèces, atteignent souvent de 15 à 20 mètres de hauteur; les Espagnols leur ont donné le nom de « Cardon ». Ils ont un tronc ligneux servant de bois de construction ou de combustible ; la plupart produisent des fruits excellents qui sont appelés « Pitaya » et qui se mangent frais ou que
- 1 La figure 1 est la reproduction d’une photographie représentant une prairie de Cereus Pringlei qui, lorsqu’ils sont âgés, atteignent les grandes dimensions citées plus haut. On voit, çà et là, quelques jeunes Echinocactus parmi les Cereus.
- l’on prépare comme des figues sèches. Il en est de même de plusieurs Opuntia L
- Quant aux Echinocactus, dont la belle photographie reproduite (fig. 2) est une espèce nouvelle, ils portent dans ce pays le nom de « Visnaga ». Leur aspect est celui de volumineuses bornes sillonnées longitudinalement et garnies sur les crêtes de robustes épines ; leur taille varie avec l’âge et on en a vu qui dépassaient 5 mètres sur un diamètre de 0m,80. Les épines en crochets dont ils sont armés
- étant montées sur lignes servent d’hameçons, car on pense bien que la pêche est d’un grand secours pour ces populations.
- Le tronc des Visnaga ne se lignifie pas comme celui des Cardons et l’on peut y entrer une lame de sabre avec facilité. La masse charnue peut même, dans ses parties les plus tendres, être confite, comme nous le faisons de l’Angélique dans les contrées où le sucre arrive, et se vend sous le nom de « dulce de Visnaga ». Enfin, fait plus curieux encore, quand les herbages ou les légumineuses arbu-stives, qui sont mangées par les chevaux, viennent à manquer, on taille en tranches les Echinocactus, après les avoir débarrassés de leurs épines, et qui deviennent alors un précieux fourrage très apprécié des animaux. On trouve bien quelques autres ressources alimentaires dans les fruits d’un Figuier de la région (Ficus Palmeri) dont les habitants autrefois se disputaient la possession, puis aussi dans les amandes d’un arbrisseau spécial à la Basse-Californie (Simmondsia Californica) qui, étant grillées, sont un aliment que l’on a comparé au cacao, mais rien ne peut égaler les Cactées pour les services qu’elles leur rendent et dont on ne trouvera une telle application nulle part ailleurs pour d’autres végétaux. J. Poisson.
- 1 Voy. n° 1184, du 8 février 1896, p. 150.
- Fig, 2. — Echinocactus Digueti Web.; à droite Cereus Pringlei. (D’après une photographie de M. LJDiguet.)
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- LA NATURE.
- L’OBSERVATOIRE DE ZIKÀWEI1
- Situé dans les environs de Shanghaï, cet établissement météorologique, qui rend les plus grands services en Chine, surtout aux navigateurs, et à la tête duquel se distingua longtemps le R. P. Dechevrens, vient d’être mis en mesure d’élargir son action scientifique en abordant les études astronomiques. En effet, l’Observatoire étant confié aux Jésuites, un groupe de savants religieux y est arrivé récemment de France, avec les appareils nécessaires pour la création de ce nouveau service.
- Le Rév. Aloys Froc, directeur de l’Observatoire et qui s’occupe spécialement de météorologie, a désormais comme adjoint, pour les travaux d’astronomie, le R. P. Robert de Beaurepaire, ancien, élève de l’École polytechnique, qui sera lui-mêmè sebondé par le R. P. Joseph Tardif de Moi-drey, également Fràiiçaïsf ancien professeur de mathématiques à l’Université d’Angers, et par le R. P. Antoine Weckbacher, de nationalité allemande, qui a longtemps étudié en France tout ce qui se rattache aux recherches photographiques. , , , J
- Les fondateurs du service astronomique de l’Observatoire de Zikawéi y ont apporté avec eux une grande lunette équatoriale, spécialement construite par la Maison Gautier, de Paris. Cet instrument est double en ce sens qu’il se compose de deux tubes, reliés entre eux et mobiles autour du même axe gradué, l’un destiné aux observations visuelles directes et l’autre affecté à la photographie céleste. Cet appareil astronomique est probablement le plus puissant de l’Extrême-Orient et permettra sans aucun doute à l’Observatoire de Zikawéi de rendre des services signalés à la science astronomique.
- Au point de vue de la météorologie, l’établissement que dirige avec habileté le Rév. Aloys Froc centralise les observations faites dans toutes les mers de Chine, et joue chaque année davantage un rôle de la plus haute importance par ses avis télégraphiques, très utiles pour la navigation dans ces parages dangereux.
- Grâce à la générosité des Compagnies de télégraphes, l’Observatoire de Zikawéi reçoit deux ou trois dépêches par jour de 42 stations distribuées de l’Asie centrale jusqu’au Japon. Ces nombreuses stations météorologiques se répartissent de la manière suivante : 17 en Chine, notamment à Kouldja, Tien-Tsin, Cheefoo, Chung-king, Han-kow, Fou-Tchéou, Amoy et Hong-kong; 7 en Sibérie, à Tomsk, Semipalatinsk, Alexandrovsk sur l’Amour, Vladi-vostock, etc. ; 2 en Corée, à Chemulpo et à Yuensan ; 7 au Japon, à Tokio, Nagasaki, Oshima, etc.; 4 à Formose et une aux Pescadores ; 2 aux Philippines, à Manille et à Bo-linao; 2 en Indo-Chine, au Cap Saint-Jacques et à Tou-rane.
- Surtout pendant la saison des terribles typhons, les observations centralisées de tous ces points à Zikawéi permettent de précieux avertissements météorologiques, dont la précision vient encore d’être accrue par la fondation de quatre stations nouvelles dans les groupes d’îles du sud du Japon, création obtenue sur la demande de M. Har-mand, ministre de France à Tokio. Outre les transmissions télégraphiques des postes précités, l’Observatoire reçoit chaque mois de 52 autres stations le bulletin de leurs observations journalières.
- Aussi le vaste réseau d’informations relatives à l’état atmosphérique, qui commence à couvrir l’Asie orientale, donne-t-il à l’établis«ement météorologique de Zikawéi la
- 1 Voy. n#944, du 4 juillet 1891, p. 75.
- possibilité non seulement de diminuer de façon notable les périls de la navigation dans les mers de Chine, mais au surplus de jeter un jour nouveau sur les phénomènes météorologiques dans une partie du monde peu étudiée jusqu’ici. Les progrès de cette science, pourtant de première importance, sont trop lents pour qu’on ne constate pas avec satisfaction les services croissants rendus par l’Observatoire de Zikawéi, fondé par la France en 1840. Jacques Léotard.
- EMPOISONNEMENTS PAR LE PLOMB
- Il ne se passe guère de semaine sans que la presse ne signale des empoisonnements par le plomb ; le plus souvent, c’est par l’ingestion d’aliments conservés au contact du plomb que l’accident se produit, tantôt par du lait, du cidre ayant séjourné dans des vases étamés au plomb, tantôt par des couverts bon marché riches en plomb, des boîtes de conserves à soudure plombifère ; on a même vu une vieille femme atteinte d’un saturnisme violent causé par une tabatière en plomb. On conçoit tous les dangers que présentent les multiples applications usuelles de ce métal, en particulier des étamages avec un alliage de plomb et d’étain, car malgré les règlements spéciaux de police l’interdisant, beaucoup d’étameurs emploient toujours un alliage d’étain et de plomb dans lequel la proportion de ce dernier atteint jusqu’à 40 pour 100 ; le plomb a l’avantage... pour l’étameur, de coûter quatre fois moins cher que l’étain et l’étamage se ternissant plus vite, il faut renouveler plus souvent l’opération.
- Il y a donc intérêt pour chacun de pouvoir vérifier soi-même ses étamages, casseroles, etc. Quelques procédés ont été préconisés pour permettre une caractérisation facile du plomb dans ses alliages avec l’étain, par Bobierre, Fordos; nous en employqns un encore plus simple, à la portée de tous. C’est le suivant dont nous nous servons depuis longtemps pour la vérification rapide des étamages ou alliages de l’étain et qui comprend deux opérations : 1° l’attaque du métal, 2° la caractérisation du plomb.
- 1° Attaque du métal. — La pièce à essayer est grattée avec une lame de couteau ou de ciseau sur une surface d’un centimètre carré, de manière à être bien brillante, puis on y dépose avec un pinceau quelques gouttes de vinaigre blanc ordinaire ou encore de vin blanc. On frotte avec le pinceau pour faciliter l’accès de l’oxygène de l’air sur le métal; on sait que le plomb s’oxyde surtout au contact des acides faibles et de l’air, tandis qu’il résiste aux acides les plus énergiques comme l’acide sulfurique. Le grattage a pour but de débarrasser le métal des traces de matières grasses, même de celles que pourraient déposer les doigts, ce qui empêcherait le contact du liquide et de l’air sur le métal. Les alliages d’étain et de plomb contenant seulement 5 pour 100 en poids de plomb sont parfaitement attaquables, bien que Proust ait autrefois avancé le contraire.
- En général, après deux à quatre minutes de contact à la température ordinaire, du plomb est passé en solution dans le vin ou le vinaigre, mais plus on attend, plus il y a de plomb de dissous; d’ailleurs le vinaigre ou le vin conservent leur aspect.
- 2° Caractérisation du plomb. — Pour déceler le plomb dans la goutte de vin ou de vinaigre, on peut employer divers moyens, par exemple déposer une goutte d’eau de Barèges, ou de toute autre eau sulfureuse, sur une soucoupe ou sur une feuille de papier blanc encollé (pa-
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- pier à lettre ou papier écolier) ; puis à l’aide du pinceau mettre à côté la goutte de vin ou de vinaigre, incliner la soucoupe ou le papier pour mélanger les deux gouttes; s’il j a du plomb on verra apparaître une teinte brune ou noire due au sulfure de plomb; à défaut d’eaux sulfureuses, on peut utiliser la même réaction, en écrivant avec le pinceau sur un œuf cuit dur dépouillé de sa coquille et de la petite peau intérieure ou choriôn; les caractères d’abord incolores deviendront, au bout de cinq à dix minutes, jaunes, bruns, ou noirs suivant leur richesse en plomb.
- Mais ce qui réussit le mieux et fournit un réactif très sensible, c’est le papier Berzélius chargé d’iodure de potassium, il suffit d’y passer le pinceau imprégné du vin ou du vinaigre; s’il n’y a pas de plomb, le papier ne change pas de teinte, mais s’il y a du plomb dissous, immédiatement une tache jaune d’iodure de plomb se forme sous le pinceau. Ce papier peut être préparé facilement en immergeant des bandes de papier Berzélius dans une solution à 5 pour 100 d’iodure de potassium, en faisant sécher, et conservant à l’abri de la lumière et des vapeurs acides, pour éviter, par la mise en liberté d’iode, le virage de ce papier à une teinte violette.
- L. Mathieu,
- Professeur de physique au lycée de Cherbourg.
- DURÉE DES BECS A INCANDESCENCE
- Quelle est la durée des becs Auer comparativement à celle des lampes à incandescence?
- Quelques essais ont été faits par la « General electric C° » sur une lampe à incandescence de 32 bougies et sur un bec Auer. Les résultats qu’elle a obtenus sont les suivants:
- Intensité lumineuse.
- Heures de service. Lampe électrique. Bpc Auer.
- 0 100 100
- 50 102,5 94,5
- 100 100 90
- 200 93 82
- 300 87,5 77,5
- 500 » 74
- L’intensité lumineuse est exprimée en centièmes de l’intensité lumineuse initiale. On voit que la lampe à incandescence électrique a brûlé 415 heures avant que l’intensité lumineuse tombe à 80 pour 100 de l’intensité initiale. Le manchon à incandescence ne donne plus une intensité lumineuse que de 80 pour 100 après 230 heures seule ment. Si l’on considère son prix élevé et le faible prix du gaz qui l’alimente, il y a avantage, contrairement à ce qui se fait pour la lampe à incandescence, à laisser le manchon plus longtemps en service.
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- L’HYPERMÉTAMORPHOSE
- Les animaux à squelette interne peuvent augmenter de volume par le simple accroissement de leurs différents organes; mais il n’en va pas de même pour ceux qui, comme les insectes, ont leurs viscères et leurs muscles enfermés dans une inextensible carapace. Ceux-là n’ont d’autre ressource, à chaque fois qu’ils se trouvent trop à l’étroit dans la tunique qui les enserre, que de l’abandonner comme un vêtement hors d’usage.
- L’opération constitue ce que l’on nomme une mue. Sous le tégument insuffisant un autre s’organise, plus
- ample; et lorsque ce nouvel appareil de protection est créé, l’insecte abandonne le premier, et s’en échappe comme d’une prison. Pendant un certain temps, les mues successives ne lui donnent que des dimensions plus grandes, sans modifier sensiblement son aspect extérieur.
- Mais, au moment où s’éveille en lui l’aptitude à se multiplier, le phénomène ne se borne plus à une simple mutation de téguments. L’insecte entre, pour un temps plus ou moins long, dans une période de vie ralentie, durant laquelle sa substance redevient plastique et façon-nable, et subit, au sein d’un second œuf, une nouvelle élaboration qui continue le travail embryonnaire, et qui se termine par l’éclosion d’une forme totalement différente de celle que l’animal avait jusque-là revêtue. Cette mue, plus importante que les autres, représente la métamorphose.
- En réalité, de l’œuf à l’état adulte, l’évolution de l’insecte ne diffère pas essentiellement de celle que subit l’embryon chez les espèces où les petits naissent avec les caractères définitifs de leurs parents.
- L’exception n’est qu’apparente, et repose uniquement sur ce fait que les actes successifs de la transformation s’opèrent à découvert, et que le jeune insecte emprunte les matériaux nécessaires à son accroissement au milieu ambiant, et non à sa mère.
- Normalement, le cycle de l’évolution individuelle d’un insecte se ferme par l’alternance de deux états : le premier embryonnaire et désigné sous le nom de larve, lê second adulte, désigné sous le nom d’image. Une phase intermédiaire,-la nymphe, relie l’un à l’autre; celle-ci, qui constitue ce qu’on est convenu d’appeler le sommeil nymphal, n’est qu’un retour plus ou moins complet à la plasticité primitive, nécessaire à la différenciation des nouveaux organes.
- Dans un certain nombre d’espèces, l’individu ne conquiert pas si vite le droit de se reproduire et subit, avant de parvenir à l’état adulte, des transformations supplémentaires, dont l’ensemble constitue le phénomène de l’hypermétamorphose. Les méloés, par exemple, de l’ordre des coléoptères, sortent de l’œuf sous la forme d’une larve à six pattes munies de crochets, et assez analogue d’aspect au pou; cette larve, qui vit en parasite dans les cellules des abeilles, se transforme en une fausse nymphe donnant naissance, à une autre forme de larve, dodue et presque apode, qui produit l’image après une nouvelle nymphose.
- Un fait analogue se rencontre chez les névroptères du groupe des éphémères ; mais là, la métamorphose surnuméraire se place entre la nymphe et l’image ; cette phase intermédiaire, durant laquelle l’insecte est déjà muni d’ailes et de tous ses organes définitifs, est désignée sous le nom de pseudimage. C’est en réalité une nymphe active, ne différant guère de l’adulte que par les proportions moindres des appendices, un fourreau protecteur que l’éphémère déchire et abandonne avant de prendre son essor. A. Aci.oque.
- Pseudimage d’éphémère après la métamorphose (3/1). (D'après nature.)
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- LÀ NATURE.
- LE CANON DE CAMPAGNE A TIR RAPIDE NORDENFELT
- Le général von Gossler, ministre de la guerre, a fait récemment, à la Commission du budget du Reichstadt, des déclarations sur les mérites respectifs des artilleries française et allemande. Ce ministre a été des plus optimistes en ce qui concernait cette dernière et cela était bien naturel; pouvait-il faire autrement que de proclamer que le nouvel outil qu’il mettait entre les mains de l’armée allemande réalisait le comble de la perfection?
- Mais à nous, Français, il est loisible d’être d’un avis différent et d’estimer que le nouveau canon français est supérieur à celui de l’autre côté des Vosges.
- Ces deux bouches à feu offrent, du reste, entre elles, de nombreux points de ressemblance, et cela provient de ce
- que l’une et l’autre ont eu pour précurseur le canon Nordenfelt, qui, dès 1892, avait fait son apparition.
- Curieuse Compagnie que cette Société Nordenfelt ! elle est française, ayant son siège social à Paris; son personnel d’ingénieurs est suédois ; ses moyens d’action sont en Relgique, car elle utilise les ateliers
- Fi g. 1. — Système de fermeture de culasse du canon à tir rapide Nordenfelt.
- de la maison John Cockerill, de Seraing ; quoique, en quelque sorte, internationale, la Compagnie Nordenfelt n’en a pas moins des aspirations françaises et anti-allemandes, ainsi que son associée de Belgique.
- Les nouveaux canons à tir rapide allemand et français se sont fortement inspirés tous deux, comme nous venons de le dire, du canon Nordenfelt, avec cette différence toutefois que la France a payé en beaux deniers la faculté d’employer certaines dispositions alors que l’Allemagne s’est adjugé le même droit sans bourse délier.
- En parlant du canon Nordenfelt, nous donnerons, par cela même, une description très approchée des deux canons français et allemand. Le canon à tir rapide de campagne Nordenfelt est du calibre de 75 millimètresv et offre deux types appelés léger et lourd, dont les dispositions sont semblables; la longueur d’âme est de 24 ou de 26 calibres, suivant le type; l’affût est muni d’un frein hydraulique; la charge, poudre
- et projectile, est constituée comme une cartouche de fusil, à l’aide d’une douille métallique ; le projectile pèse 5 kilogrammes et sa vitesse est voisine de 500mètres; la pièce peut tirer, à la minute, une douzaine de coups bien ajustés.
- Le canon présente en dessous un tourillon vertical qui repose sur un berceau, lequel peut coulisser sur l’affût lorsque le coup part ; le recul est alors limité par un frein hydraulique et le retour en batterie est ensuite produit par un système de ressorts. Le recul de l’affût est, en outre, amoindri à
- l’aide de freins de roues et d’une petite bêche de crosse.
- La fermeture de culasse est constituée par une vis, comme pour les canons ordinaires, mais cette vis offre cette particularité qu’elle né pivote pas pour permettre l’ouverture de l’âme; une simple rotation de 180° dans un sens ou dans l’autre permet d’ouvrir ou de fermer la culasse..
- Un extracteur enlève de lui-même, après chaque coup, la douille demeurée dans la chambre et abandonnée par le projectile; la rotation donnée pour
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- l’ouverture du canon suffit pour produire l’extraction.
- Cette fermeture de culasse, dite excentrique, est
- une merveille de simplicité et de bon fonctionnement ; son invention est due à la collaboration d’un officier d’artillerie suédois et d’un des ingénieurs
- Fig. 3. — Ciiuon à tir rapide de 73 millimètres de campagne lourd. Système Nordcnfclt.
- de la Société Nordenfelt. Le gouvernement lrançais a payé, croyons-mous, la somme de 200000 francs pour avoir le droit d’en faire usage tant pour la
- Guerre que pour la Marine. L’artillerie allemande n’a pas adopté cette fermeture et continue à employer celle dite à coin qui offre sans doute beau-
- Fig. L - Canon à tir rapide de 75 millimètres de campagne léger. Système Nordenfelt.
- coup de sécurité mais qui a le désavantage d’être d’une manoeuvre plus compliquée. Le canon Nordenfelt peut être muni d’un masque destiné à préserver les servants des balles de l’infanterie.
- Les voitures de ce matériel sont d’une construc-
- tion des plus simples. Les munitions sont disposées dans des boîtes en aluminium qui jouissent de l’avantage, en raison de la légèreté de ce métal, d’avoir un poids relativement inférieur.
- La maison Nordenfelt a, en somme, émis un
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- LA NATURE.
- système d’artillerie à tir rapide des plus remarquables, dont tous les autres se sont inspirés.
- Lieutenant-colonel Relauney.
- LES JARDINS DE L\ MALMMSON
- ET JOSÉPHINE DE BEAUHARNAIS
- Joséphine de Beauharnais aimait les fleurs ; les jardins de la Malmaison ont été célèbres à juste titre. Le genre Josephinia a consacré la mémoire de la femme de Napoléon Ier; c’est encore à elle qu’est dédié le genre Lapa-qeria auquel appartient une des plus jolies plantes de la flore chilienne et, selon toute vraisemblance, le Napo-leona, végétal étrange de Bénin et de la Côte d’Afrique, n’est qu’une galanterie de Palisot de Beauvois. La flatterie est allée plus loin et Yentenat — un habitué de la Mal-maison — grécisant le mot Bonaparte a fait un Colomer ia que Mordant Delaunay, l’auteur de Y Herbier de Y amateur, n’a pas hésité à changer en Agathomeris. Bo-napartea fait également partie du répertoire botanique dans les Broméliacées et les Amaryllidées.
- M. Frédéric Masson, qui a consacré à la légende napoléonienne, une série d’ouvrages sérieusement documentés, consacre, dans Joséphine impératrice et reine, quelques pages à la châtelaine de la Malmaison et à son goût pour les fleurs. « Elle aime les fleurs, dit-il, elle les a toujours aimées ; elle y a porté même un goût autrement vif et décidé quon ne le rencontre chez les Françaises de son temps. Par là elle est restée de son pays de naissance. » Quel a été son premier initiateur? Napoléon accusait Soulange-Bodin, qui plus tard fonda l’Institut horticole de Fromont, après avoir été l’intendant d’Eugène de Beauharnais et son secrétaire privé dans sa vice-royauté d’Italie.
- Ventenat l’endoctrina et fut son botaniste, tandis que Redouté était son peintre de fleurs. Le Jardin de la Malmaison fut mis en souscription, en 20 livraisons à 2 louis pièce et Ventenat y trouva son compte. Il reçut 12 000 francs par an pour la souscription personnelle de Joséphine, et Redouté 16 000. De 1804 à 1808, ils touchent, le premier 42 862 francs et le second 85 923. Actuellement nos grands laboratoires et nos jardins botaniques réunis ne reçoivent pas pareille subvention !
- Les fleurs et les plantes nouvelles arrivent alors de tous côtés ; les explorateurs s’ingénient à en découvrir, quand paraît le Josephinia Imperatricis, cet excellent Dussaus-soir ne peut plus longtemps contenir son lyrisme et, en vers mirlitonesques, il s’écrie :
- Pour joindre aux lauriers de César,
- Il ne fallait rien moins qu'une fleur immortelle.
- Mais le goût des fleurs coûte cher et Joséphine va bientôt s’en apercevoir. 11 lui faut un savant pour diriger son jardin de la Malmaison, et elle prend Brisseau de Mirbel. Ce dernier d’abord brigadier d’artillerie, puis déserteur, après de nombreuses aventures, finit par échouer au Muséum où Chaptal lui donne 125 francs par mois. Joséphine lui offre 6000 francs par an. Moyennant quoi « il dressera le catalogue de toutes les plantes renfermées dans les serres ou établies en pleine terre, pépinières; le concierge de la Malmaison lui remettra un logement et le préposé aux équipages tiendra à sa disposition un cabriolet avec un cheval ».
- Tout ce qu’ordonne Mirbel est exécuté et il devient « le directeur non point des jardins seulement, mais de
- Joséphine même ». Mirbel entre en fonctions et, le 19 décembre 1805, obtient un crédit de 40 000 francs pour l’édification d’une serre chaude; en février suivant, il faut construire des murs qui sont, paraît-il, nécessaires, et 120 000 francs sont crédités à nouveau. Entre temps Joséphine paye sur sa cassette 7900 francs d’oignons achetés à Harlem, 12 000 francs d’arbres fournis par Per-regaud. Et ce n’est pas tout, Bonaparte a retrouvé depuis peu un compagnon de l’école de Brienne, Lelieur, de Ville-sur-Arce ; il en fait un intendant des jardins, et plus tard un comte d’empire, et les titres ne vont pas sans les gratifications. Finalement on dépense en une seule année 400000 francs sur lesquels la fameuse serre chaude en prend 93 083,05!... Mirbel entre dans cette dépense pour 39 123 francs, et Napoléon se fâche tout de bon et règle désormais le budget lui-même. Mirbel devra rendre compte, chaque année, au trésorier général de la Couronne, des sommes qu’il aura reçues et des rentrées qui se seront effectuées, car « on veillera à ce que les potagers soient cultivés et couvrent par leurs produits les dépenses qu’ils nécessitent ». A ces dispositions économiques on reconnaît l’esprit pratique de l’Empereur.
- En 1805, les crédits ouverts par le Maître sont dépassés et Mirbel est impitoyablement chassé. Pour ne pas faire de scandale, on l’expédie en Hollande comme intendant des jardins du Roi et Lelieur le remplace. Lelieur sait à quoi s’en tenir, car à Saint-Cloud il a eu le malheur de dépasser les crédits et a dû payer l’excédent de sa poche. Au désordre absolu succède l’ordre : des réductions sont faites dans le personnel des jardiniers et les budgets se soldent en excédents. Tout est réglé, en apparence du moins, car l’Empereur regarde peu aux dépenses extraordinaires et ne s’en fait point faute.
- Malgré toutes les péripéties et les avatars de toute sorte qu’ont subis les jardins de la Malmaison, ils ont exercé une réelle influence sur l’horticulture française. C’est là qu’ont été multipliés les végétaux rapportés par Péron,de la Nouvelle Hollande, et généreusement distribués aux amateurs. En vendémiaire an XIII, des envois en sont faits à Cherbourg, à Nîmes, à Dax, à Saint-Sever, à Elbeuf, à Nantes, à Marseille et à Lyon. Au Yal-du-Loup, Mme de Chateaubriand montre avec orgueil le magnolia à fleurs pourpres que Joséphine lui a donné. De 1804 à 1814 cent quatre-vingt-quatre espèces, nouvelles pour les cultures françaises, ont fleuri à la Malmaison pour la première fois.
- Mirbel parti, Ventenat meurt et c’est un architecte de jardins, un nommé Berthanet, qui se charge de changer de fond en comble le paradis de la Malmaison. Il abat des arbres sans pitié; les parterres sont transformés en pelouses galeuses et pelées. On capte des eaux de tous côtés et, pour avoir quelques bassins verdâtres où coassent les grenouilles, on dépense 500 000 francs. On enlaidit la Malmaison autant que faire se peut, on lui enlève ce cachet de haut goût et de simplicité qui faisaient son charme.
- En 1809, Joséphine se reprend à la botanique, après avoir essayé de sacrifier à la minéralogie, et Bonpland devient son botaniste sur la recommandation de Corvisart. Aussi dépensier que Mirbel, il est plus modeste, mais également habile. H complète les collections qui s’étaient appauvries : à Berlin, Humboldt, son compagnon de voyage, lui fait offrir par la princesse de Hatzfeld toutes les variétés qu’elle a dans ses serres; à Vienne, à la suite de l’armée française, il n’a qu’à choisir 800 plantes exotiques des jardins de Schœnbrunn. Une bague de 2000 francs
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- est offerte à Booz, le directeur de ces jardins. Quant à Bonpland, il rentre tranquillement et vit heureux. Comme il ignore ce que sont les préjugés « au temps des désastres, ce qu’il verra dans l’invasion, ce seront les souscripteurs qu’elle amène et il placera des exemplaires (de son ouvrage sur les plantes rares) aux Russes qui viendront visiter la Malmaison ».
- Joséphine a dû une partie de sa popularité à son amour pour les fleurs. « Et n’est-ce point joli, dit M. F. Masson, cette élégante et gracieuse femme se présentant à tous les mains pleines de fleurs rares? Et n’est-ce pas encore par une fleur, l’une des plus belles des roses, que vit et que vivra, tant qu’il y aura des fleurs, le Souvenir de la Malmaison. » P. Hariot.
- LE MERCURE ET LE RAISIN
- Il est toujours dangereux d’introduire le mercure dans l’organisme. Or, le sublimé corrosif qui est un sel toxique de mercure a été employé pour combattre les maladies cryptogamiques de la vigne et, en particulier, le blackrot. On pouvait se demander si ce composé toxique efficace contre les maladies de la vigne n’introduirait pas dans le raisin et même dans le vin des quantités appréciables de mercure.
- MM. Léo Vignon et Joseph Perraud ont cherché à éclairer la question. Ils ont entrepris des expériences sur les vignes du Beaujolais avec des bouillies mercurielles, en 1898, et ils ont ensuite analysé les vins fabriqués avec les raisins provenant des vignes ainsi traitées, vins de tire, vins de presse, puis lies et marcs.
- Les bouillies dont on fit usage avaient diverses compositions. Sulfate de cuivre, 2 kilogrammes. Chaux grasse, 2 kilogrammes. Sublimé, 100 grammes. Eau, 100 litres. Ou encore : Sublimé, 50 grammes. Amidon, 5000 grammes (comme fixateur). Eau, 100 litres. Voici les résultats de l’analyse, soit les poids de mercure trouvés en milligrammes et par litre.
- Avec les vignes traitées par la première bouillie, le vin de tire ne contenait pas de mercure dosable. La lie de ce vin en renfermait 0,6 milligramme. Le vin de presse, 0,3. La lie du vin de presse, 0,6. Le marc, moins de 0,37. Avec la bouillie à l’amidon, on n’a rien trouvé, sauf pour la lie lmBr,53. Enfin, dans les raisins par kilogramme des traces de mercure soluble et 2mer,60 de mercure insoluble.
- Les auteurs en concluent que les produits de la fermentation des raisins traités aux bouillies mercurielles, aux doses indiquées, ne renferment que des quantités minimes de mercure et qu’ils peuvent être, en conséquence, livrés à la consommation. Si l’utilisation du bichlorure de mercure pour le traitement des maladies de la vigne ne semble pas offrir d’inconvénients sérieux au point de vue de la santé publique, il n’en est pas de même pour la plante. MM. Yignon et Perraud déduisent de leurs observations que l’action de la bouillie a été néfaste. Cette considération seule suffit pour faire rejeter l’emploi du sublimé corrosif comme traitement des maladies de la vigne.
- Avis aux viticulteurs.
- Nous croyons aussi que le sublimé corrosif doit être rejeté, non seulement parce qu’il est nocif pour la plante, mais encore parce qu’il pourrait être nocif également pour le consommateur. MM. Vignon et Perraud, après leurs analyses, ne pensent pas qu’il y ait quelque danger à redouter de ce côté. Les doses sont si minimes.
- M. Berthelot estime, au contraire, qu’en raison des poids relevés dans les vins de presse et dans les lies, et même sur les raisins, il y aurait à redouter l’intoxication mercurielle lente. Les effets de ces petites quantités de mercure dans des produits alimentaires susceptibles d’une consommation journalière et prolongée doivent être tenus pour suspects et périlleux aussi bien que ceux de toutes matières toxiques administrées à faible dose d’une façon continue. Ne parlons donc plus des bouillies mercurielles pour le traitement des maladies de la vigne. Flamel.
- LES PLANTES A PARFUM DE L’ANNAM
- Notre domaine colonial, dont on ne titre guère encore parti, possède pourtant de multiples richesses qui ne demandent qu’à être exploitées, et, pour cela, d’abord à être connues par ceux qui sont susceptibles de les lancer dans le commerce ou l’industrie. C’est le cas notamment pour nos possessions d’Indo-Chine, et c’est ainsi que l’industrie des parfums pourrait trouver, dans notre colonie de l’Annam, un nombre considérable de plantes dont il y aurait à tirer parti. D’abord, comme le fait remarquer la Revue coloniale, le jasmin, qu’on nomme en annamite « Hoalai », qui n’est cultivé que comme plante d’agrément, et qui porte des fleurs abondantes; on peut en rapprocher le « hoa ly », qui est une liane robuste à fleurs nombreuses dont l’odeur rappelle celle du jasmin. C’est ensuite le rosier, ou « cay huong si », puis le « cay hoa soi », plante très vivace utilisée par les Annamites pour fournir un parfum, et dont les fleurs blanches n’exhalent leur odeur qu’après dessiccation en vase clos. Viennent encore le frangipanier, à. fleurs multiples, douées d’une senteur vive et très agréable; le « cay truoc dau », à fleurs roses répandant un parfum assez doux; le « cay hoa moi » qui ressemble, par son port, à l’arbre à thé; le pamplemousse, puis l’oranger, extrêmement répandu et analogue à l’espèce européenne. Nous signalerons enfin le citronnier, que les Annamites emploient à parfumer les mets; le « thao qua » (ammonium medicum), dont les fruits séchés et écrasés donnent une poudre employée à la confection de baguettes odorantes et de médicaments; le « huong bai », fougère sauvage dont la racine séchée et pulvérisée fournit le parfum ; enfin le ylang-ylang, bien connu de tous nos lecteurs, et qui se rencontre couramment au Laos. Ce dernier spécialement fait, dans d’autres pays, l’objet d’une industrie agricole des plus importantes.
- L’industrie des parfums artificiels prend assurément de nos jours un développement prodigieux ; mais la parfumerie a toujours intérêt à rechercher les plantes d’où on puisse extraire des parfums naturels. D. B.
- UN GÉNÉRATEUR D’ACÉTYLÈNE
- Chaque jour voit naître un nouveau générateur d’acétylène. Nous en avons déjà décrit un grand nombre. Ils se ressemblent plus ou moins tous en principe et, connaissant l’un, il est facile de connaître l’autre. Nous croyons cependant devoir mentionner un système qui est original et qui a sa caractéristique propre. 11 est dû à MM. Lebrun et Cornaille qui en ont déjà fait plusieurs applications heureuses.
- Tous les producteurs d’acétylène se rangent sous
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- trois chefs principaux : 1° l’attaque du carbure de calcium se fait par de l’eau parvenant sous le composé ou de côté ; 2° elle a lieu par l’eau tombant au-dessus suivant un débit réglé; 3° elle se produit par chute du carbure dans le liquide. Dans les premiers types, il y a généralement surproduction de gaz, dans les seconds élévation de température due à l’attaque prolongée de l'eau sur un même point. Dans les troisièmes, on évite la surproduction, mais il y a encore difficulté dans le dosage ou bien il faut employer un carbure enrobé de glucose. En général ces systèmes exigent des gazomètres plus ou moins volumineux. Enfin, le nettoyage est en tout cas désagréable et incommode. L’acétylène ne sent pas précisément bon.
- En somme c’est à l’excès d’eau dans ces appareils que l’on doit attribuer les di-vers inconvénients que nous avons sommairement indiqués.
- Les inventeurs ont donc tourné la difficulté par un artifice nouveau. Us agitent mécaniquement le carbure de calcium pendant que l’eau est introduite dans l’appareil. On évite ainsi toute attaque partielle prolongée et l’on dépoûille en même temps le carbure des résidus qui se forment à sa surface. Enfin le débit est mathématiquement réglé.
- Le nouvel appareil dénommé le « Bruncor » a l’aspect d’un meuble, il est gros comme un petit buffet et pourrait tenir dans le coin d’une salle à manger ou d’une antichambre si les règlements le permettaient. Sur !e devant, on voit deux ouvertures superposées fermées par des tampons hermétiques. Celle d’en haut sert à l’introduction d’un crible rotatif dans lequel on place le carbure. Celle du bas permet d’introduire ou d’enlever un tiroir cendrier qui reçoit les résidus. L’eau d’alimentation est logée dans un réservoir indépendant du générateur, disposé intentionnellement plus bas que le carbure et il est en conséquence pourvu
- d’un élévateur destiné à projeter l’eau à l’intérieur du générateur au moyen d’un tuyau. Ce tuyau possède une inflexion syphoïde formant bouchon, un régulateur de débit, et un trop-plein ramenant l’excédent de liquide au réservoir.
- Comment fonctionne ce système?
- Un mécanisme moteur est disposé dans le haut du meuble. C’est un petit treuil à contrepoids qui se remonte à la main quand on charge l’appareil. Ce treuil a pour fonction de faire tourner le crible contenant le carbure, et par conséquent d’agiter constamment le carbure, en introduisant simultanément l’eau en quantité strictement nécessaire . L ’ acétylène
- ainsi généré se rend dans un petit gazomètre installé latéralement. C’est le gazomètre qui commande automatiquement tout le fonctionnement, suivant la position qu’occupe sa cloche. Cette cloche, par l’intermédiaire d’une tringle contrepoids munie d’un appendice, débloque le treuil quand le gaz va faire défaut et le rebloque aussitôt que la marche est devenue normale. Le gazomètre sert aussi naturellement à régler la pression et la fixité de l’éclairage.
- Le réservoir d’eau est muni d’un niveau gradué qui montre a p p r oximativement d’après la hauteur du liquide la quantité de carbure restant dans l’appareil. L’alimentation en eau est rigoureusement réglée. L’eau ne peut entrer que lorsque le mécanisme la refoule, c’est-à-dire quand le carbure est lui-même agité, et il n’y a pas échauffement puisque les parties en contact varient sans cesse.
- En aucun cas, en dehors de la marche normale, il ne peut se former de gaz. L’eau ne peut monter dans le tuyau d’injection quand le mécanisme moteur ne fonctionne pas. 11 ne peut y avoir accidentellement de surproduction puisque le carbure est constamment dépouillé du résidu calcaire qui tombe dans la cendrier. Un arrêt de sûreté à manette mis
- Fig. 1. — Vue d'ensemble de l’appareil à acétylène le « Bruncor],».
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- sous clef donne le moyen de bloquer le 'mécanisme bien que chargé, ne pourrait, si on ouvrait les robi-si on le désire. Il est évident que dès lors l’appareil, nets, dégager de gaz. Le « Bruncor » fonctionne avec
- Fig. 2. — Vue de détail de l'appareil. — S* 1. A, panier crible contenant le carbure; B, cendrier recevant les résidus; C, rampe versant l’eau sur le carbure. — N° 2. D, entonnoir recueillant l’eau de la pompe ; E, réservoir d'eau ; F, pompe.
- du carbure de calcium tout venant. Pour la charge, on emplit le crible rotatif, on enlève le cendrier pour jeter les résidus et on le replace.
- Le nettoyage est commode. L’odeur du gaz persiste à peine quatre minutes. Chaque charge est de 5 kilogrammes fournissant 1500 litresd’acétylène, ce qui correspond pour une durée de cinq heures à une lumière de 50 car-cels ou 350 bougies, soit en somme 250 carcels-heure. On peut n’allumer au besoin qu’un bec : l’appareil est très souple et fonctionne aussi bien pour 50 becs que pour 1 bec. Il est établi pour fournir aux brûleurs une pression minimum de 15 centi-
- mètres d’eau, pression reconnue indispensable par l’expérience pour atteindre le maximum de fixité et
- de pouvoir éclairant.
- Les inventeurs ont combiné un brûleur spécial dénommé également « Brun -cor ». La partie supérieure est en verre blanc dit opaline et de forme paraboli -que. On a choisi le verre parce qu’il n’est pas poreux et qu’il est mauvais conducteur du calorique. La forme parabolique disperse les rayons calorifiques. Les parois du bec sont minces et se refroidissent vite par le renouvellement du gaz. Le trou de sortie du gaz est conique, à parois très
- Fig. 5. — 1. Suspension du bec à acétylène.
- 2. Coupe intérieure du bec; A, partie en opaline; B, culot en cuivre ; C, cuir gras ; D, monture pour recevoir un nombre quelconque de becs.
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- LA NATURE.
- lisses pour éviter l’adhérence des dépôts charbonneux. Cette partie en verre du brûleur est scellée dans un culot en cuivre fondu muni d’un trou de sûreté en dessous et fileté au pas courant des becs avec cuir gras pour le montage sans emploi de cé-ruse. Ce bec est précieux en raison de ce qu’évitant réchauffement il ne s’engorge pas. On peut naturellement monter ces brûleurs par groupes selon l’intensité lumineuse désirée; chacun d’eux à la pression de 15 centimètres fournit de 7 à 17 bougies suivant son numéro.
- En somme cet appareil est pratique. Il présente l’avantage de fonctionner régulièrement sans aucun danger, d’être de très petit volume, par suite peu encombrant, de ne dégager jamais aucune odeur et d’être d’un maniement extrêmement commode pour la charge et pour la vidange. J.-F. Gau..
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- NÉCROLOGIE
- Ch. Brongniart. — Au moment où s’ouvrait au Muséum la série de cours destinés aux voyageurs naturalistes, nous avons eu la douleur d’apprendre la mort d’un de nos plus sympathiques collègues, M. Charles Brongniart, docteur ès sciences, assistant de la chaire d’Entomologie qui devait, comme les années précédentes, prendre une part active à cet enseignement. Souffrant depuis plusieurs mois d’une maladie dont des soins dévoués avaient paru réussir à entraver les progrès, Charles Brongniart a été enlevé subitement, le 18 avril, par une méningite, à l’affection de sa famille et de ses nombreux amis et à la science. Durant sa trop courte carrière (il n’avait que 40 ans), il a publié de nombreux travaux consacrés soit aux Insectes fossiles, soit à l’organisation et à la classification des Orthoptères et aux moyens à employer pour la destruction des Acridiens. Son œuvre la plus considérable est un grand Mémoire sur les Insectes fossiles des terrains primaires, qui lui avait valu, après le titre de docteur ès sciences, une des plus hautes récompenses dont l’Académie puisse disposer.
- E. Oustalet.
- CHRONIQUE
- La 455e petite planète. — M. Witt a trouvé dans la nuit du 5 au 6 avril à l’Observatoire de la Société Urania à Berlin, une nouvelle petite planète de grandeur 11,5 située dans la constellation de la Vierge, au Nord de Y Épi. Nous voici donc à 455 astéroïdes entre Mars et Jupiter.
- Omnibus électrique. — La Société générale des omnibus de Berlin vient de mettre en essai un omnibus électrique. La voiture, d’une longueur de 7 mètres, et d’une largeur de 2 mètres, pèse 6,65 tonnes. Elle peut contenir 20 voyageurs assis et 6 debout. Elle renferme une batterie de 120 accumulateurs d’une capacité de 150 ampères-heure à une intensité de décharge de 15 ampères. V Elektrotechnische Anzeiger ajoute qu’à pleine charge pour le démarrage l’intensité atteint 50 ampères à 225 volts. A la vitesse de 6 kilomèlres par heure, la dépense électrique atteint 35 ampères à 250 volts.
- Communication téléphonique à très longue distance. — On signale une expérience vraiment
- remarquable de téléphonie à très longue distance; elle a été exécutée à Little Rock, dans l’Arkansas, par M. Ch. J. Glidden, Président de la « South Western tele-graph and téléphoné company », qui a causé avec un de ses amis de Boston. Or, la distance entre les deux points est de 1900 milles, ce qui fait à peu près 3040 kilomètres !
- Capture d’un serpent de mer. — Le courrier d’Australie arrivé à Londres dans les derniers jours du mois de mars apporte une nouvelle fort curieuse : un serpent de mer est venu échouer sur le rivage de l’ile Suwarow et le steamer Emu en a rapporté une partie. D’après English Mechanic, ce navire allant à Sydney fit escale à l’île Suwarow ; les indigènes annoncèrent au capitaine qu’une pieuvre monstrueuse, plus grande que toutes celles qu’on avait déjà vues, était échouée sur le rivage à peu de distance. L’Emu fit voile vers le lieu indiqué ; au fur et à mesure qu’on se rapprochait de cet endroit, on ressentit une odeur infecte provenant de l’animal en décomposition. Malgré cet air empoisonné, les hommes de l’équipage hissèrent à bord la partie antérieure de ce monstre jusqu’au moment où ils ne purent supporter davantage la mauvaise odeur. La peau de l’animal, recouverte de poils, avait une couleur brunâtre; sa tête était semblable à celle d’un cheval; sa longueur totale était d’à peu près 18 mètres et son poids de 60 tonnes; la tête avait 0m,90 depuis le cou jusqu’au nez; quelques côtes avaient 0m,75 de long et le diamètre de l’épine dorsale était 0m,10. On voyait deux espèces de dents fixées à l’extrémité de la mâchoire inférieure. Les Sociétés scientifiques et la population de Sydney furent émervedlées de cette découverte. Elles accablèrent le capitaine de Y Emu des sollicitations les plus pressantes, et cet officier reprit le chemin de l’île Suwarow pour y chercher les derniers restes du serpent de mer.
- L’adoption de la pondre sans fumée en Chine.
- — Le gouvernement chinois, voulant perfectionner ses moyens de défense, a décidé d’adopter la poudre sans fumée pour son armement; et non seulement il a acheté des cartouches garnies de cette poudre, mais encore il est en train de faire construire sept usines pour la fabrication de la poudre en question. On compte qu’elles pourront bientôt produire par mois 50 000 caisses de cet explosif.
- Les trains sur le Transsibérien. — Depuis la fin de l’année 1898, il y a un départ chaque jour sur la première section du chemin de fer Transsibérien, de la frontière sibérienne à Tomsk. La marche de l’express sibérien est en outre notablement accélérée, puisque, en dépit de toutes les difficultés, la vitesse commerciale en est voisine de 60 kilomètres à l’heure et que les 3933 kilomètres du trajet total se feront en 75 heures.
- Coup de foudre. — Nous avons déjà signalé un certain nombre de coups de foudre sur les grandes cheminées d’usine. Le 16 avril dernier, la cheminée de 40 mètres de haut de la Sucrerie de Beauchamp, près Incheville (Seine-Inférieure), a été frappée de la foudre pendant la nuit. Elle a été fendue du haut en bas et percée de trous comme des trous de boulets de canon. Une personne habitant la maison du Directeur de l’usine assure avoir vu, à ce moment, un globe de feu circuler près de la cheminée.
- Les restes de Bouddha. — On a retrouvé dans le Népal les restes mortels absolument authentiques de l’il-
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- lustre philosophe fondateur de la religion bouddhique. Ces reliques précieuses ont été découvertes dans une chapelle funéraire qui a été inopinément exhumée près du village de Pipra-lloua, sur la frontière du Népal. À l’intérieur du monument se trouvait un sarcophage de pierre contenant des ossements, des cendres, des vases de verre, de stéatite, de bois, des bijoux, des parures; or le professeur Bührer a réussi à déchiffrer une inscription remontant à une haute antiquité et disant que, dans ce sarcophage, « repose la dépouille du bienheureux Bouddha Sakva Mouni », et que la chapelle a été « dédiée à ce frère renommé par ses sœurs et les femmes de leurs fds ». Le gouvernement des Indes anglaises a décidé de confier ces précieuses reliques au seul des souverains régnants qui appartienne à la religion bouddhique, au roi de Siam; mais une partie des reliques seront remises aux bouddhistes de Birmanie et de Ceylan. Quelques objets accessoires iront prendre place dans les galeries du British Muséum et du Musée de Calcutta.
- Les ravages de la peste du bétail au Cap.
- — Le Département de VAgriculture du Cap de Bonne-Espérance a récemment publié des renseignements intéressants sur les ravages faits par la rinder pest au Cap, en 1898. La proportion du bétail infecté n’a pas été de moins de 98 pour 100 du total des troupeaux; sur l’ensemble de tous les bestiaux, il en a péri 35 pour 100, on a réussi à en sauver 63 pour 100. Pour lutter contre ce terrible mal, qui a si cruellement éprouvé la colonie, on a eu recours à différents systèmes d’inoculation, méthode du Dr Koch, méthode améliorée par le Dr Edington, procédé des D,s Turner et Kolle. Dans 23 districts on a soigné 393 777 têtes de bétail avec la méthode Edington et la mortalité a été seulement de 8 1/4 pour 100 sur cet ensemble.
- Le Jardin zoologiqite de New-York. — La
- Société zoologique de New-York annonce que les travaux de transformation du Zoological Park de l’ancien Parc de South Broux, avancent rapidement. La cité de New-York a voté un crédit de 50 000 dollars pour la mise en état du parc, et dépense en ce moment 62 000 dollars pour l’aménagement des routes, les distributions d’eau, etc.
- Ciéologie expérimentale. — On sait les remarquables expériences faites par M. Stanislas Meunier pour obtenir la reproduction dans le laboratoire des phénomènes géologiques. Voici que le journal anglais Nature signale des tentatives analogues faites par M. S. R. Salmon. Ce dernier s’efforce d’obtenir, à toute petite échelle, les effets qui se manifestent à la surface lunaire. Son procédé consiste, paraît-il, uniquement à enduire d’un peu de colle de pâte une plaque de verre ; puis on chauffe celle-ci doucement par en dessous, au moyen d’une lampe à esprit-de-vin, et jusqu’à ce que la colle soit sèche. Quand on examine ensuite au microscope la surface obtenue, on est tout étonné d’y retrouver les aspects caractéristiques de la surface lunaire : voici des grands cratères, puis des plus petits sur le bord des grands, des ravins, etc.
- Les variations de composition du gaz naturel. — Le gaz naturel, qui joue un rôle si important dans la région manufacturière de Pittsburg, passait jusqu’ici, un peu sans preuves absolues, pour varier dans sa composition et dans son pouvoir calorifique. Il était intéressant de rechercher scientifiquement ce qu’il en était de cette affirmation et M. F. G. Phillips a fait à ce
- sujet des expériences dont il a rendu compte à l’Ame-rican Àcademy of Arts. Comme l’azote est le constituant du gaz naturel dont la présence pouvait être le plus aisément déterminée, il a fait porter ses recherches sur cet élément, au moyen d’un appareil où l’on brûlait de grandes quantités de gaz sur de l’oxyde de cuivre porté au rouge, et où l’on recueillait et mesurait l’azote restant. Or, des échantillons provenant d’un même puits, mais pris à des moments distincts, montraient des variations de près de 2 pour 100. Donc la composition du gaz d’éclairage est bien effectivement sujette à des différences marquées.
- L’époque des suicides. — Dans des statistiques spéciales on a déjà cru remarquer qu’on se suicidait principalement à la belle saison : des comparaisons portant sur la plupart des pays d’Europe et même sur le Japon viennent pleinement confirmer cette observation. En Italie, en France, en Roumanie, en Saxe, en Prusse, en Danemark, le maximum des suicides se produit en mai, juin et juillet ; en Espagne et en Suède, c’est en avril, en mai et en juin ; en Finlande, en mai, juin et août ; au Japon en mai, juillet et août ; en Norvège en mai, en juin, et aussi, par une exception bizarre à celte règle, en septembre. Pour les minima, ils se manifestent partout en janvier et dans les deux mois qui précèdent ou aussi en février. Quant à l’explication de cette bizarrerie, on ne la possède pas encore.
- La maladie des caissons à air comprimé. —
- Tout le monde sait que les ouvriers travaillant dans les caissons à air comprimé, sont sujets à une maladie particulière qui est connue parfois sous le nom de « mal des caissons ». Le Dr Thomas Oliver en a observé plusieurs cas, et, pour lui, la maladie doit être due à une solution exagérée dans le sang des gaz qui se rencontrent dans l’air comprimé, et surtout à la libération de ces gaz pendant la décompression quand l’ouvrier quitte le travail.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 24 avril 1899. — Présidencè de M. Van Tieghem.
- Après la lecture du procès-verbal et le dépouillement de la correspondance, M. le président porte à la connaissance de l’Académie la nouvelle de la mort de M. Friedel.
- II rappelle en quelques mots les phases principales de la carrière du défunt et conclut en ces termes :
- a Je dois me borner à dire ici que le grand vide laissé par la disparition si brusque et si inattendue de notre confrère ne sera ressenti nulle part plus profondément que dans notre Académie où l’on savait apprécier, tout autant que l’étendue de sa science, l’affabilité de son caractère, la droiture de son esprit, l’élévation de son âme infatigablement éprise de vérité et de justice, et la haute valeur morale de sa personne. Aussi j’ai l’assurance d’être l’interprète des sentiments de l’Académie, si, pour lui rendre un dernier hommage, je lève la séance en signe de deuil. » Ch. de Yileedeuil.
- CHARLES FRIEDEL
- La mort inexorable vient d’enlever à la science française l’un de ses représentants les plus autorisés : M. le professeur Friedel, l’éminent chimiste, s’est
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- LA NATURE.
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- éteint le 20 avril à Montauban, où la maladie l’avait retenu après les vacances de Pâques.
- Né à Strasbourg, le 12 mars 1832, M. C. Friedel fut l’un des élèves préférés de son compatriote, Wurtz, autour duquel étaient venus se grouper de jeunes chimistes animés du plus pur esprit scientifique, tels que Ritter et Schutzenberger, pour ne citer que les plus connus.
- Docteur ès sciences dès 1869, M. Friedel fut d’abord conservateur des collections minéralogiques de l’Ecole des mines, puis maître de conférences à l’École normale supérieure, enfin professeur à la Faculté des sciences de Paris : il enseigna la minéralogie jusqu’en 1884, et à cette époque devint titulaire de la chaire de chimie organique. Il avait, dès 1878, succédé à Régnault, à l’Académie des sciences.
- Les premiers travaux personnels deM. Friedel remontent à 1857 et sont relatifs aux acétones et aux aldéhydes, dont il définit nettement la constitution. Il faut citer ensuite de nombreuses et fructueuses re -cherches relatives aux acides organiques et à certaines questions de statique moléculaire, une étude remarquable sur les composés du silicium et ceux du titane; plus tard encore la découverte d’une méthode extrêmement féconde de synthèse de toute une série de corps organiques par l’action du chlorure d’aluminium, etc., etc. A coté de ces travaux de chimie, M. Friedel fit également un grand nombre de recherches se rapportant à la Minéralogie, à la Cristallographie et à la Cris-tallophysique.
- C’est à l’Institut que le regretté savant exposa la plus grande partie de son œuvre, toujours écouté de tous avec le plus grand intérêt, car il savait joindre à une rigueur scientifique inattaquable le charme d’une parole claire et nette, comme sa pensée.
- Ce sont ces mêmes qualités qu’il apportait dans son enseignement à la Sorbonne. Il avait depuis quelques années annexé à son cours un enseignement de chimie appliquée à l’industrie, et dont le but était de donner à notre pays des chimistes dépourvus
- de toute préoccupation théorique et destinés à relever l’industrie chimique française vis-à-vis de la concurrence étrangère.
- Mais c’est encore au laboratoire que M. Friedel venait passer le meilleur de son temps, donnant à tous l’exemple de la persévérance dans les recherches. Il avait continué au laboratoire de Chimie organique les conférences de Wurtz, et depuis 1887 s’était attaché d’abord à réunir ces conférences en volumes, puis à les publier sous forme de périodique : ce fut le but des Actualités chimiques. Enfin en janvier dernier les Actualités chimiques faisaient place à la Revue générale de chimie pure et appliquée, dans laquelle, à côté des grandes questions de chimie à l’ordre du jour, M. Friedel, président du Comité
- d’admission de la Section de chimie à l’Exposition de 1900, avait tenu à faire une large place à cette question spéciale.
- On voit quelle était l’activité du chimiste et du professeur; qu’on nous permette de dire maintenant ce qu’était l’homme privé. La caractéristique de sa physionomie était la bonté, et cette bonté lui gagnait tous les cœurs. Mais par personne M. Friedel n’était plus estimé et plus aimé que par ses élèves, qu’il savait grouper autour de lui comme une véritable famille. Il s’intéressait aux travaux de tous, et sa cordiale et franche bienveillance n’avait d’égale que la patiente ténacité avec laquelle il tenait les promesses qu’il avait faites.
- Partout on appréciait l’étendue de sa science, la droiture de son esprit, l’élévation de son âme sans cesse éprise de vérité et de justice.
- La postérité gardera le nom de M. Friedel comme celui d’un savant doublé d’un caractère ; mais c’est dans leur cœur que ses élèves conserveront respectueusement son souvenir, comme celui d’un père regretté. J. Derôme,
- Licencié ès sciences,
- Attaché au laboratoire de chimie organique de la Sorbonne.
- Le Gérant : P. Masson.
- Charles Friedel.
- Paris. — Imprimerie Lahdre, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1354. — 6 MAI 1899.
- LA NATURE.
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- UN HALO EXTRAORDINAIRE
- Le halo observé dans le ciel de Paris, au cours de la matinée du 5 avril, a été tout à fait exceptionnel, tant par sa complexité que par l’éclat de ses colorations. Dès 10h50m on distinguait nettement, dans la nappe cirroïde, la partie supérieure du cercle de 22° et son arc tangent qui étaient d’une grande vivacité de couleurs. Ce cercle devient complet au bout de quelques
- minutes, puis ap- L"'1"*1' nTI "
- paraissent suc- * ,
- cessivement le parhélie de droite et la partie occidentale du cercle parhélique ; cette dernière, qui surgit brusquement, est d’un blanc très pur. On voit également d’autres fragments du cercle parhélique ainsi que le parhélie de gauche.
- Nos collaborateurs, MM. Besson et Dutheil, qui ont observé avec soin la succession des différentes phases de ce phénomène si remarquable, constatent à llh50m, un peu confusément il est vrai, mais avec certitude, la présence d’un arc coloré à 45° du soleil, non loin du Zénith. Dans cette région peut se produire un arc auquel Bravais a donné le nom d'arc supra latéral ; nous n’en connaissons jusqu’à présent aucune observation ; mais, ainsi que le dit Bravais lui-même dans la partie de son Mémoire où il parle de la cause de ces arcs, cette circonstance s’explique facilement, si l’on remarque que ces arcs s’écartent très peu du halo de 46°, et que leur courbure est dans le même sens et presque de la même grandeur ; on les confondra donc presque toujours avec le halo lui-même. Toutefois leur présence se révèle par un accroissement d’éclat au lieu de contact du halo avec cet arc ; cet arc supralatéral est produit par les mêmes cristaux qui donnent nais-
- 27» année. — 1“' semestre.
- sance à l’arc infralatéral, qui a été aperçu quelques instants après.
- A llh45m une sorte de parhélie vivement coloré et surmonté d’une houppe de lumière brille un moment au sommet du cercle de 22°. D’autres détails viennent encore ajouter à la beauté du phénomène : ainsi les observateurs sont témoins à 12h 10m d’un arc infralatéral gauche, un peu plus pale que les autres courbes lumineuses visibles, et enfin de l’anthélie, des deux paranthélies, ces derniers se présentant
- sous l’aspect de pelotes arrondies de contours nets, et d’un nœud de lumière blanche observé sur le cercle parhélique, à une faible distance du vertical de l’ouest en allant vers le nord.
- Au cours de cette même journée, on a encore observé dans l’après-midi l’arc circumzénithal.
- Dans le ciel de Paris les phénomènes optiques ordinaires ne sont point rares ; un observateur attentif peut compter de 100 à 120 jours par an pendant lesquels le cercle solaire ou lunaire est entouré du halo de 22°, et quelquefois accompagné des parhélies ; mais l’arc circumzénithal, le halo circonscrit, le cercle parhélique, le halo de 46°, ainsi que les cercles lumineux qui lui sont connexes, se présentent moins fréquemment et beaucoup plus rares sont les apparitions du genre de celle observée le 5 avril.
- Depuis une vingtaine d’années les plus beaux phénomènes optiques vus à Paris ont été :
- Halos extraordinaires. — 6 janvier 1874; 1er juin 1876; 21 mars 1879; 29 mars 1884 ; 3 mai 1886 ; 28 janvier et 2 octobre 1887, 21 novembre 1889 ; 17 février et 3 mars 1890.
- Colonnes lumineuses solaires ou lunaires. — 12 juillet 1876 ; 27 juin 1877 ; 23 mars 1884.
- 23
- Un halo extraordinaire à Paris.
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- LA NATURE.
- Croix lunaires. —20 mai! 894; 27 mars 1896. Joseph Jaubert,
- Chef du service physique et météorologique des Observatoires de Montsouris et de la Tour Saint-Jacques.
- LE PARASITE DU CANCER
- Le cancer, maladie horrible autant par les douleurs, les désordres épouvantables quelle provoque que par sa presque incurabilité, vient en cinquième rang sur la liste des causes des décès. Pour 50 500 décès à Paris, en 1896, on comptait 2828 cas de cancer. La semaine dernière, le bulletin hebdomadaire de la statistique de Paris porte cette rubrique : le cancer a fait périr 04 personnes (chiffre plus élevé que la moyenne, 50).
- Sur un total de décès de 850 à 1100, termes moyens, le cancer figure donc pour 5 pour 100,1 sur 20 ; chiffre, on le voit, considérable et qui concorde avec la proportion dans les autres villes et les autres contrées.
- Le cancer est devenu plus fréquent depuis quelques années. Je n’en veux pour preuve que la statistique très bien établie pour la ville de Liverpool par le l)r Roger Williams; cette statistique est établie par rapport à la
- population et par rapport au nombre des décès.
- Proportion Rapport au total
- sur lu population. des décès.
- 1840 1 sur 5646 1 sur 129
- 1850 — 3579 74
- 1860 — 2915 — 62
- 1870 2561 — 54
- 1880 — 1946 — 40
- 1890 — 1480 — 29
- 1891 — 1445 — 29
- 1892 — 1445 — 27
- 1895 — 1407 — 27
- La moyenne va en progressant d’une façon constante et dans des proportions rapides puisqu’en cinquante ans, le chiffre croît de 1 sur 129 à 1 sur 27, sensiblement égal, on le voit, à celui de la statistique parisienne.
- U y a donc un accroissement de la fréquence du cancer. Serait-ce une maladie contagieuse? On l’a cru et on a cité à cet égard des cas de cancer propagés dans le même appartement, la même maison ; des cas survenus chez des personnes virant ensemble, des époux. Ces observations prêtent un peu à discussion ; mais il y a un fait certain, c’est que le cancer est inoculable et l’on se souvient de cette expérience condamnable, mais qui n’en fut pas moins décisive, d’inoculation faite par un chirurgien au cours d’une opération. Des expériences de laboratoire, tout aussi probantes, bien qu’elles fussent pratiquées sur des animaux, ont prouvé que des parcelles de tumeurs cancéreuses introduites sous la peau, dans l’épaisseur des téguments, pouvaient, en quelque sorte, germer, pulluler et donner lieu à la production de cancers.
- Le cancer serait-il donc causé par un agent microbien ? Les recherches n’ont pas manqué sur ce point; sans parler des études prémicrobiennes sur le suc cancéreux, sur la cellule cancéreuse, de nombreux observateurs ont étudié les éléments parasitaires du cancer, les uns les regardant comme des champignons, les autres comme des ferments, des levures, des blastomycètes, les autres comme des modifications de dégénérescence ou de transformation de la cellule néoplasique.
- La question semble avancer considérablement avec les
- recherches de M. lira et de son collaborateur Chaussé. M. lira a isolé dans les tumeurs cancéreuses des éléments parasitaires qu’il a retrouvés dans le sang des malades; il a pu les cultiver, en suivre le développement.
- Ce parasite se présente sous la forme de sphérules et de cellules cylindriques. Les sphérules, d’un diamètre de 5 à 12 millièmes de millimètre, sont de couleur jaune vert clair, arrondies ou ovoïdes, ayant une masse plasmique centrale et une membrane d’enveloppe. Par voie endogène, ces sphérules donnent naissance à des spores, qui sont expulsées au milieu d’une matière gélatineuse; la sphérule est alors vide et est réduite à une enveloppe gaufrée. L’inégalité de sporulation et d’accroissement des spores produit à la surface de la sphérule des figures variées de croissant, de faux, qui ont été décrites par divers observateurs, mais attribuées à tort à des coc-cidies.
- L’autre élément, les cellules cylindriques ou conidies ont une grande tendance à se grouper entre elles et elles émettent à leurs extrémités des tubes de germination. On peut obtenir des cultures de sphérules exemptes de conidies cylindriques et de filaments mycéliens et vice versa.
- Ce parasite se rencontre dans les tumeurs cancéreuses, sous cette même forme de sphérules ou de cellules cylindriques. Mais, fait caractéristique, on le trouve dans le sang des malades atteints de ces tumeurs ; prend-on un peu de sang en piquant la pulpe du doigt, on reconnaît à l’état frais, sans coloration ou après coloration, par la méthode de Gram, les sphérules et les spores, et ces éléments extraits du sang donnent des cultures fertiles.
- Cet élément parasitaire est-il bien l’agent déterminant du cancer ? M. Bra a cherché à le démontrer en l’inoculant à des animaux.
- Les injections de bouillons de culture dans les veines, les injections sous-cutanées provoquent toute une série de manifestations variant depuis la simple inflammation aiguë et chronique jusqu’à la production de tumeurs néoplasiques, sarcome et carcinome. Le produit inoculé détermine non seulement au point d’inoculation des tumeurs cancéreuses, mais l’animal, s’il a reçu des doses suffisantes, subit en quelque sorte une infection par généralisation, comme dans bien des cas d’évolution de cancer, et succombe avec des tumeurs dans le ventre, l’intestin ou divers organes. Recueille-t-on ces tumeurs d’origine expérimentale, on y retrouve les éléments originels, sphérules, spores, cellules cylindriques, et l’ensemencement de ces tumeurs donne, comme les tumeurs recueillies chez l’homme, des cultures du parasite.
- La question a fait, on peut le dire, un grand pas : il serait prématuré de se prononcer sur un sujet aussi délicat avant de nouvelles expériences, avant un contrôle dans les divers laboratoires pathologiques. Si ces résultats sont confirmés, on sera peut-être mis sur la voie d’une méthode thérapeutique plus efficace qu’une opération chirurgicale, impossible dans bien des cas, et trop fréquemment, quand elle est possible, suivie de récidive.
- D1' A. Cartaz.
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- LES ŒSTRES
- PARASITES ANIMAUX
- Les Œstres sont de redoutables ennemis pour les animaux de la ferme. Ils sont d’autant plu^ à craindre, que les moyens employés pour les com-
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- LA NATURE.
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- battre sont assez incertains et ne produisent souvent aucun effet. La famille des Œstridés dépend de l’ordre des Diptères. Ses représentants subissent plusieurs métamorphoses qu’ils accomplissent en partie dans les diverses régions du corps animal. A l’état d’insectes parfaits, ils ont une durée très éphémère; leur existence, pour plusieurs, n’excède pas quelques semaines au maximum. Ce sont des mouches plus ou moins volumineuses dont les formes et les dimensions varient suivant les variétés auxquelles elles appartiennent ; elles paraissent vivre sans prendre de nourriture, et acquérir leur plus grande activité dans les périodes de chaleur. Les femelles sont ovipares1 et vont pondre, peu après leur apparition, sur les corps des mammifères. Les larves vivent en parasites et arrivent petit à petit à leur grosseur définitive, après quoi elles abandonnent leur refuge pour se transformer en nymphes, puis en insectes parfaits. Suivant les organes où elles se trouvent, on les divise : 1° en Gastricoles, celles qui vivent dans l’estomac; 2° en Cuticoles, que l’on rencontre sous la peau, et 5° en Cavicoles, localisées dans les sinus de la face. Leur corps se compose d’une douzaine d’anneaux assez irrégulièrement espacés les uns des autres, à tel point même, qu’on est souvent tenté de confondre les deux premiers sous le nom général d’anneau céphalique. Dès le début, toutes les larves sont pourvues de crochets buccaux ; mais, au bout d’un certain temps, on constate chez elles des variations assez sensibles. Les unes ont deux paires de pièces buccales, les autres une seule, et enfin les dernières en sont complètement dépourvues. L’appareil respiratoire est formé d’ouvertures nommées stigmates, dont les antérieures aboutissent vers l’anneau céphalique.
- La famille des Œstridés est divisée, par Brauer2, en deux groupes : 1° les (Estrinæ, et 2° les Cutere-brinæ. Les premiers, d’origine européenne, sont les plus intéressants au point de vue agricole.
- Quant aux seconds, ce sont des espèces américaines, susceptibles d’exercer leurs effets parasitaires sur l’homme et de vivre aussi sous la peau et dans le scrotum des animaux. Les larves se distinguent des autres par la constitution de leur dernier anneau abdominal, qui est susceptible de venir s’engager dans le précédent.
- L’une d’elles, le Cutérèbre chàtreur, se développe dans le scrotum de l’écureuil strié d’Amérique, et linit par déterminer soit directement, soit indirectement, la disparition des testicules.
- Dans les Œstrinés Gastricoles, vient en première ligne le Gastrophile du cheval.
- L’insecte parfait (fig. 1, n° 1 à 2 a) se présente sous forme d’une mouche velue à abdomen rougeâtre
- 1 Exception serait à faire pour l’Œstre du mouton qui, d’après des observations de MM. Dufour et Cockrill, paraîtrait être vivipare.
- 2 Naturaliste allemand, auteur d’une monographie sur les Œstres.
- tacheté de noir ; ses ailes sont blanches à reflets dorés et séparées par le milieu par une bande transversale noirâtre.
- Pendant les journées les plus chaudes des mois de juillet et d’août, la femelle dépose ses œufs avec rapidité sur les poils des animaux et leur donne toute la fixité désirable au moyen d’une matière gommeuse quelle sécrète juste au moment de la ponte. Les œufs, d’un blanc sale, ont une forme conique et sont collés par la pointe ; ils présentent à la partie la plus élargie une sorte d’opercule qui sera soulevé par la jeune larve au moment de son éclosion. La ligure 1, n° 5 donne une idée du mode d’attache des œufs et de la sortie des larves. A ce moment, l’animal éprouve une légère démangeaison qui le porte à se lécher. C’est alors que les larves adhèrent à la langue et sont entraînées avec les aliments jusque dans l’estomac. Là, elles prendront possession de la place, en se fixant définitivement à l’aide de leurs crochets buccaux aux parois internes de l’organe. La larve qui vient d’éclore est blanchâtre, transparente, et très allongée. Dans l’estomac, elle subit trois mues en augmentant chaque fois de volume et en se fonçant davantage en couleur. Arrivée à sa complète évolution, c’est-à-dire une dizaine de mois après, elle s’apprête à sortir pour se transformer en nymphe. Pour cela, elle abandonne la place qu’elle occupe, se dirige vers l’orifice pylorique et se laisse entraîner dans le tube digestif avec les matières excrémentitielles. Elle se localise en terre ou dans les déjections, passe immédiatement à l’état de nymphe, puis sort de sa prison au bout d’une quarantaine de jours.
- Le Gastrophile hémorroïdal, appartient au même groupe. On distingue l’insecte parfait par sa couleur un peu différente et ses ailes dépourvues de bandes noires. Les larves ont généralement une dimension plus faible et une coloration plus foncée. Les œufs seront déposés sur les lèvres des animaux ; les jeunes larves seront ensuite entraînées dans l’estomac où elles devront séjourner la majeure partie de leur existence. Vers la fin de leur vie, elles abandonneront cette place pour aller se réfugier dans le rectum ou à la marge de l’anus. Les lésions intérieures, produites par les larves d’Œstres, se traduisent par des érosions, des ulcérations et des perforations qui peuvent, lorsqu’elles sont nombreuses et invétérées, entraîner la mort.
- Les symptômes de la présence des Œstres sont assez difficiles à saisir. En général, l’animal tousse, maigrit, se nourrit mal, et est atteint de quelques coliques et troubles nerveux.
- Les Œstrinés Cuticoles ont des caractères particuliers qui permettent de les différencier bien nettement des précédents. L’insecte parfait possède des ailes un peu opaques divisées par une nervure ; les larves sont dépourvues de crochets buccaux.
- Le principal représentant de cette catégorie est Y hypoderme du bœuf (n° 0). Son corps est très
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- velu, lu tête large et les antennes noires. L’abdomen est légèrement grisâtre à la base et couvert de poils noirs sur le troisième segment. L’insecte parfait est doué d’une grande agilité ; il voltige une partie de l’été dans les bois, les pâturages, en général, dans les endroits les plus fréquentés par les ruminants. La femelle est pourvue d’une tarière extrêmement puissante (n° 7), qui, au dire de certains auteurs, lui permettrait de percer le cuir des animaux et de déposer ses œufs en lieu plus sûr. Quelque temps après, on peut voir sur les diverses parties du corps des tumeurs plus ou moins volumineuses qui proviennent de la présence des larves dans le tissu conjonctif sous-cutané. Renfermées dans ces espèces de cavités, les larves prendront leur grosseur délini-tive et n’en sortiront que pour se transformer en nymphes. En temps ordinaire, elles ont une direction inclinée et sont noyées dans un liquide purulent; leurs têtes occupent le point le plus bas, tandis que l’extrémité postérieure est constamment dirigée vers l’orifice de sortie. A l’époque de la métamorphose, elles abandonnent l’animal en exerçant, à l’aide des derniers anneaux de leur corps, une pression continuelle sur l’ouverture, afin d’en distendre suffisamment les parois. La durée de la nymphe est de vingt-cinq à trente jours. Les larves d’hypoderme sont beaucoup plus abondantes chez les animaux adultes que chez les veaux et les sujets âgés. Il est toujours facile de reconnaître leur présence par l’apparition sur diverses parties du corps et notamment sur le dos, les reins, les côtes, la croupe, de boursouflures plus ou moins volumineuses. Une petite quantité n’est pas à craindre, mais un grand nombre devient préjudiciable aux animaux en entraînant l’amaigrissement et la perte du lait.
- La dernière division des Œstridés est la forme Cavicole. Elle est commune aux différentes races de moutons. A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer sur des sujets appartenant aux races du Centre.
- L’Œstre du mouton (fig. 2, n° 8) es tune petite espèce se présentant sous forme d’une mouche grisâtre, glabre, d’environ 1 centimètre de longueur. L’abdomen est blanc jaunâtre lavé de noir; les ailes sont transparentes et possèdent à leur naissance trois petits points noirâtres caractéristiques.
- Les mouches apparaissent vers le mois de juin, et persistent jusqu’en septembre. On les rencontre dans les bergeries, dans les pâturages, en un mot dans tous les endroits fréquentés par les troupeaux. De temps à autre, elles s’abattent sur les moutons pour déposer leurs œufs. Jusqu’alors, il n’a pas été possible d’observer de près cet acte physiologique ; mais, d’après Bracy Clark, célèbre vétérinaire anglais, la ponte s’effectuerait aux environs immédiats des naseaux, car les animaux atteints s’enfuient désespérément le nez couché contre le sol et secouent la tête d’une façon particulière.
- La jeune larve est blanche, transparente et longue de 2 millimètres. Elle s’enfonce dans les sinus fron-
- taux, maxillaires, et dans ceux qui servent de points d’insertion aux cornes. Alors qu’elle est complètement développée, la larve est pourvue de onze anneaux à stries transversales foncées. Sa forme est ovoïde, la partie la plus large se trouve à peu près située au niveau du huitième anneau. L’anneau céphalique est armé de deux crochets mandibulaires assez puissants. On considère que l’évolution de la larve est complète au bout d’une dizaine de mois. Arrivée au terme de son développement, la larve se détache et se laisse expulser par les ébrouements. Immédiatement après la sortie, elle se cache dans le sol, dans le fumier, dans les herbes, puis se transforme en nymphe.
- L’enveloppe de la larve, d'abord molle et rouge, se durcit et passe au noir, elle constitue alors la coque de la chrysalide.
- Au bout de trente-cinq ou quarante jours, l’insecte parfait brise les parois de sa prison et s’accouple aussitôt pour recommencer le cycle biologique que nous venons de décrire.
- J’ai eu la bonne fortune, à la suite d’une autopsie faite sur un mouton, de trouver une dizaine de larves à divers étatsde développement.Plusieurs d’entre elles sont figurées ci-contre sous différentes faces, et, pour me rapprocher le plus possible de la vérité, j’ai préféré en reproduire directement un cliché photographique. Les larves rencontrées dans les sinus sont en nombre très variable. Il peut n’en exister que quelques-unes, mais il n’est pas rare non plus d’en compter 60 et même 80. Ordinairement, elles sont entourées de mucus, de sang ou de pus fétide. — Elles ne restent pas toujours à la place où elles s’étaient localisées. On les voit souvent émigrer vers le larynx, le pharynx, et, quelquefois même, percer la membrane ethmoïdale pour pénétrer dans le cerveau ; mais ce n’est là qu’une rare exception.
- Les différences de développement des larves s’expliquent très facilement, puisque l’animal a pu être infesté plusieurs fois dans le courant de la belle saison.
- La présence de quelques parasites dans les sinus, détermine des accidents assez bénins ; en grand nombre, ils sont susceptibles de produire des troubles très graves chez les sujets contaminés. On constate au printemps ou en été, c’est-à-dire aux époques où les larves prennent leurs plus grandes dimensions, des phénomènes pathologiques connus sous le nom de faux-tournis ou vertige d'œstres. Les agneaux et les antenais 1 sont beaucoup plus facilement atteints que les animaux adultes. Les symptômes se manifestent par des troubles nerveux, respiratoires et digestifs.
- Dans les premiers, les animaux sont fréquemment troublés, agitént la tête et les membres, mais présentent rarement des accès de vertige. S’ils existaient, ils se produiraient d’une façon moins régulière et moins intense que dans le tournis.
- 1 Animal de 2 ans.
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- Fig. 1. — 1 à 2a. Gastrophile du cheval. — 1. Mâle, mi en dessus. — 2. Femelle, vue en dessus. — in. La même vue de profil. 3. Œufs de gastrophile collés aux crins d’un cheval : en A, éclosion d’une larve. — 4. Larve de gastrophile. — 4a. Partie antérieure de la larve (grossie). — 5. Larve de gastrophile hémorroïdal. — 5Z». Lambeau d’estomac de cheval attaqué par les larves du gastrophile. — 6. llypoderme femelle du bœuf. — 7. Tarière de l’hypoderme femelle.
- Les troubles respiratoires se traduisent par des éternuements et l’expulsion d’un liquide séreux quelquefois veiné de sang.
- Enfin, pour les troubles digestifs, on remarque avec une nonchalance particulière un appétit irrégulier. Les animaux prennent capricieusement leur nourriture et maigrissent à vue a’œil.
- Le diagnostic du vertige d’œstres est assez délicat ; on est bien souvent porté à le confondre avec le tournis. Il existe cependant entre eux une grande différence, car dans le tournis véritable occasionné par le tænia cœnurus, il n’y a jamais ni jetage, ni éternuement.
- Les méthodes de traitement sont pour ainsi dire
- Fig. 2.
- impossibles. La solidité avec laquelle les larves d’œstres adhèrent après les organes, rendent presque toujours
- les efforts des vé-térinaires impuissants.
- Les œstres gas-tricoles résistent aux purgatifs et aux anthelmin-thiques les plus énergiques. On a bien songé à les faire disparaître par certains agents chimiques capables de dégager les vapeurs délétères dans l’estomac. Une semblable médication serait peu pratique et pourrait être nuisible à l’animal lui-même. Des expériences entreprises par Numan sont assez concluantes, et ne laissent aucun doute à cet égard. D’après lui, des larves d’œstres immergées pendant trois jours dans des solutions d’essence de téré-
- •#- Mc.
- 8. Œstre femelle du mouton. — 9. Larves d’œstres trouvées dans les sinus frontaux d’une brebis antenaise. (D’après une photographie.)
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- honthine, d’assa fœtida, d’acide arsénieux et de sulfate de cuivre, continuent encore à vivre pendant un certain temps.
- Les plus faciles à extraire sont les œstres galli-coles. On ouvre très légèrement la tumeur et on exerce sur elle une certaine pression pour en faire sortir le corps de la larve.
- Les œstres du mouton sont aussi inaccessibles que ceux du cheval. Les meilleurs moyens de les détruire, seraient d’avoir recours aux méthodes prophylactiques et supprimer les causes d’infection. Malheureusement, il est impossible de livrer la chasse à l’insecte parfait, tout au plus peut-on, lorsqu’on les aperçoit, détruire les jeunes larves qui se trouvent à proximité des naseaux.
- Les sternutatoires et les injections nasales d’huile empyreumatique, ne produisent aucun effet. Le seul procédé réellement efficace serait la trépanation. On mettrait à découvert les endroits ou les larves sont localisées, afin d’en opérer ensuite l’extraction au moyen de pinces. Mais, devant des difficultés semblables, on conçoit que dans la majorité des cas les vétérinaires se soucient peu d’entreprendre le traitement, et conseillent aux cultivateurs de réaliser la valeur de leurs animaux en les livrant à la boucherie. Albert Vilcoq.
- LE TÉLÉGRAPHE ET LE TÉLÉPHONE
- EX PERSE
- Il y a environ trente-six ans que la première ligne télégraphique a été établie en l'erse, au milieu de la plus vive opposition du clergé musulman qui regardait cette invention comme contraire aux préceptes du Coran. Toutefois, les ingénieurs européens sont parvenus à force de patience à si bien détruire ce préjugé, qu’actuellement les plus fervents, disciples de Mahomet se servent du télégraphe sans scrupules.
- En 1862,on entreprit la construction du réseau reliant l’Inde à l’Angleterre à travers la Perse, la Russie et l’Allemagne, mais il ne fut définitivement livré au public que le 1er janvier 1870. Dès 1865 cependant, la ligne de la vallée de l’Euphrate fonctionnait, plutôt mal d’ailleurs, car d’après le Journal of the Society of Arts, des erreurs de transmission, des retards et des interruptions de service s’y produisaient fréquemment. On ne l’utilise plus que d’une façon tout à fait accidentelle.
- La ligne indo-européenne, au contraire, est très intelligemment comprise. De Bushire à Karachi, un câble double même le réseau terrestre. La partie qui traverse la Perse appartient au gouvernement du Schah. Ce dernier l’a acquise depuis longtemps et il se charge de son entretien. Jusqu’à 1896, son administration était confiée à un concessionnaire moyennant une redevance annuelle de 60 000 fr. portée en 1897 à 150 000 francs. Les recettes s’élèvent aujourd’hui à 25 000 francs par mois, mais comme les dépenses montent presque à ce chiffre des réformes seraient urgentes. Qu’on en juge. Une enquête terminée récemment a permis de constater tout d’abord que plus de 50 pour 100 des télégrammes sont envoyés là-bas gratis pro Deo. Les fonctionnaires du gouvernement, les prêtres, les hommes de loi, enfin tous ceux qui savent trouver des motifs plus ou
- moins plausibles s’exonèrent de la taxe. Aussi comme ce système n’a fait que croître et embellir au cours de ces dernières années, la situation de l’administrateur n'est guère enviable et il réclame qu’on mette un terme à ces abus.
- L’ensemble du service télégraphique persan comprend à peu près 5000 kilomètres et 86 bureaux d’expédition et de réception. Le fil qui sert au réseau indo-européen a environ 2o75 kilomètres de longueur et s’étend du Golfe Persique à la frontière russe. Le coût d’une dépêche de dix mots est de 2 krans 1/2 (environ 90 centimes). Dans le cas où elle excède cette teneur, le prix en est calculé à raison de 2 krans par dizaine de mots. Ce tarif uniforme s’étend à toute la Perse.
- Les journaux locaux contiennent rarement des informations assez importantes pour être envoyées par le télégraphe. En conséquence il n’y a pas de rabais pour eux et on expédie peu de télégrammes de presse. Les quatre périodiques indigènes sont, en effet, sous le contrôle du Gouvernement. Ils ne paraissent qu’une fois par quinzaine et quelquefois moins souvent. Heureux pays pour les journalistes... si toutefois ils ne sont pas payés à la ligne!
- Quant au téléphone il n’a pas pris jusqu’ici une grande extension en Perse. Le défunt schah Nasredin accorda à son Secrétaire aux Affaires Étrangères, le 8 décembre 1889, une concession pour les diverses applications de l’électricité dans son royaume. Le monopole exclusif lui était garanti pour une période de soixante ans. Ce ministre transmit peu après son privilège à un Américain, mais le manque de clients arrêta l’industrie naissante. Il n’y a, à l’heure actuelle, que quelques fils en service et seulement quatorze abonnés à Téhéran. Ces derniers sont propriétaires de leur ligne particulière qui est établie à leurs frais. Ils payent à la Compagnie une redevance mensuelle de 10fr,60 environ pour l’entretien de leurs appareils. Ils peuvent les utiliser aussi longtemps et aussi souvent qu’ils le désirent. Mais en dehors de la Capitale, aucune ville de Perse ne possède encore le téléphone. 11 y a peut-être là-bas un débouché à créer. Avis aux électriciens français. Jacques Boyer.
- LE PULQUE
- En Europe, on ne tire de l’aloès qu’un purgatif passablement amer; en Amérique,les Mexicains en tirent une boisson fort agréable : le Pulque.
- Le pulque est fabriqué avec la sève fermentée de l’agave, qui est une variété d’aloès. Linné a classé Yagave mexicana parmi les amaryllidacées. Ainsi que son nom l’indique (du grec àyavôç, magnifique), c’est une plante superbe, certainement la plus belle de toute l’espèce. Originaire de l’Amérique centrale, elle est vivace et offre le port particulier des plantes connues sous la désignation commune de plantes grasses. Ses racines sont fibreuses; ses feuilles d’un vert blanchâtre, plus claires en dessous, sont glabres et lancéolées; elles ont environ 1 mètre de longueur sur 25 à 30 centimètres dans leur plus grande largeur; elles sont garnies de dents, munies d’épines sur les bords et se terminent par une pointe aiguë et très dure. Alternes et superposées, elles s’insèrent sur une courte tige de 40 centimètres environ et de 25 à 30 de diamètre, et forment à son sommet une énorme rosace de 2 mètres à 2”,50. La tige est recouverte d’écailles ligneuses, formées par les bases desséchées des feuilles tombées.
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- La hampe d’inflorescence, qui atteint 5 et 6 mètres de hauteur, s’élance du milieu de cette rosace; elle est garnie à son extrémité de plusieurs rameaux fleuris qui lui donnent l’aspect d’un grand candélabre à plusieurs branches; chacune de ces branches porte un millier de petites fleurs jaunâtres plus ou moins vertes suivant qu’elles sont plus ou moins rapprochées du sommet de la tige. L’agave ne fleurit que vers la dixième année de sa croissance. Une fable s’est faite et répandue sur la floraison de cette plante : elle ne fleurit, croit-on communément, que tous les cent ans et l’épanouissement de ses fleurs s'accompagne d’une détonation analogue à celle d’une arme à feu.
- Chez l’agave, la floraison s’opère d’une façon extrêmement rapide, et il n’est point rare de voir la tige d’inflo-
- 1,’Apivp.
- rescence croître de plusieurs mètres en quelques jours ; aussi, la plupart du temps, la plante, épuisée, reste plusieurs années sans refleurir : c’est ce qui donne un certain fondement à la fable dont nous parlions plus haut. Tour ce qui est de la détonation, rien ne peut aider au crédit de cette croyance; néanmoins un fait curieux se produit pendant la période de floraison : la température du cœur de la plante s’élève d’une façon très sensible, et son attouchement produit une légère sensation de brûlure. Souvent il arrive que l’agave meurt de l’épuisement que produisent chez elle l’éclosion du grand nombre de ses fleurs (5000 à 6000) et l’accroissement rapide de la hampe d’inflorescence.
- L’agave mexicaine (maguey en langue mixtèque) fait l’objet, au Mexique, de grandes cultures dans les plaines brûlantes d’Apam, où chaque pied peut être exploité pendant deux ou trois ans : au bout de ce temps, il meurt d’épuisement. Dans ces plantations, on s’oppose à la floraison de la plante, qui a lieu dans le courant du mois de juillet. Dans ce but, on coupe la tige d’inflorescence lorsqu’elle atteint une longueur de 20 centimètres environ
- et on creuse, dans le cœur de l’agave, un Irou de 25 à 50 centimètres de profondeur, au moyen d’une grande cuillère en fer qui rappelle la forme d'un déplantoir de botaniste. La sève, qui, à cette époque de l’année, monte avec force, s’amasse dans cette excavation; les Indiens qui exploitent la plantation, l’enlèvent trois fois par jour : le matin, à 2 heures du soir après la siesta et un peu avant le crépuscule, au moyen de longues calebasses, d’un très petit diamètre, percées à leurs deux extrémités, et dont ils se servent comme d’un siphon; le liquide retiré est versé dans des récipients d’un genre particulier.
- Ces récipients se composent d’un cuir de bœuf dont les bords sont cloués sur un cadre de bois, d’un mètre de côté environ, supporté par quatre pieds fichés en terre; le cuir, séché au soleil et non tanné, est placé le poil en dessus, et pend au milieu du cadre où il forme une sorte d’auge.
- Un pied d’agave donne en 24 heures de 5 à 4 litres de sève sucrée que les indigènes nomment agita de miel (eau de miel) ; elle n’a aucune odeur et a une saveur quelque peu balsamique et légèrement acidulée. Nombre d’animaux sauvages, tel que l’ours brun (Ursus americanus), en sont très friands et les producteurs sont obligés de faire bonne garde s’ils ne veulent point que leur récolte ne serve de régal à ces rapaces amateurs. Au bout de 24 heures l’eau de miel, que l’on a versée dans les auges de cuir, laisse déposer, au fond du récipient, une matière blanche amylacée, et commence à fermenter. Trois ou quatre jours après la fermentation est terminée ; la sève s’est transformée en un liquide légèrement ambré, clair et pétillant : c’est le pulque.
- Le pulque est une boisson fort agréable au goût, qui rappelle celui du bon cidre mousseux; son acidité et son goût sucré varient avec le degré de fermentation : plus la fermentation a duré, meilleur il est. Malheureusement il est fort enivrant et il faut en user avec modération. Les gens du peuple, au Mexique, en consomment énormément ; aussi est-il souvent, par l’ivresse qu’il procure, la cause de plus d’une rixe qui se termine par mort d’homme. 11 est, assurent ses amateurs, très nourrissant et passe, avec raison, pour faire engraisser.
- Henry Chastp.ey.
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- LBS PONTS MOBILISABLES PFUND
- Les ponts mobilisables, ponts légers, ponts de circonstance, ponts de campagne, comme on voudra les appeler, sont appelés à jouer un rôle des plus importants dans les guerres modernes. Les effectifs des armées devenant chaque jour plus considérables, il faut avoir les moyens de leur faire franchir les cours d’eau sur un grand nombre de points à la fois. On ne peut donc pas se contenter des ponts existant normalement, et d’autant plus vite doit-on remplacer ceux qui ont pu être rompus par l’ennemi.
- Bien entendu il existe déjà, dans tous les pays, des équipages de ponts de systèmes variés, mais presque tous sont lourds et encombrants, presque tous sont longs à monter. C’est pourquoi M. le lieutenant-colonel du génie Paul Pfund, a imaginé les ponts que nous allons décrire et dont nous donnons des photographies caractéristiques. Ces photo-
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- graphies nous ont été obligeamment fournies par les établissements du Creusot, Schneider et Cie, qui sont les constructeurs du système Pfund.
- De tous les dispositifs de ponts de circonstance, le plus simple est à coup sûr celui qui est constitué par des chevalets ordinaires ou par des chevalets à la Ilirago, portant le matériel réglementaire ou des matériaux de circonstance; mais, comme il est nécessaire que le pont soit à peu près horizontal, il faut reconnaître au préalable, par des sondages, le profil transversal du cours d’eau, et construire des chevalets pour ainsi dire sur mesure. Même ainsi fabriqués, les chevalets n'offrent point toujours un aplomb suffisant sur un lit de rivière qui peut présenter des dénivellations ; il faut donc que les hommes se jettent à l’eau pour les consolider, et
- souvent il est fort malaisé de les lancer, de les dresser, de les mettre en ligne.
- M. Pfund a voulu remédier à ces inconvénients en imaginant des chevalets faits de pieds articulés qui puissent s’allonger ou se raccourcir suivant les besoins, dont il soit possible également de varier l’inclinaison, qui enfin se posent immédiatement d’aplomb, en épousant toutes les dénivellations du lit d’un cours d’eau, et qui soient d’une légèreté extrême.
- En réalité chacun de ses appareils de pontage mobile ne forme que la moitié d’un chevalet : il est composé d’une paire de pointe lies, autrement dit de deux tubes d’acier adaptés à une sorte d’essieu dont l’extrémité se relève sensiblement; les poin-telles se rattachent au bout de l’essieu par l’inter-
- Fig. 1. — Lancement d'un
- médiaire d’une genouillère ou articulation, dans laquelle elles peuvent glisser suivant leur longueur, et qui leur permet de tourner autour de la fusée de ce que nous avons appelé l’essieu ; chacune peut être fixée dans la genouillère, au moyen d’un serrage convenable, en un point quelconque de sa longueur. Si l’on considère le jeu dans tous les sens, pour ainsi dire, que prend chacune des quatre pointelles formant l’ensemble d’un chevalet, on doit comprendre que celui-ci pourra s’adapter aux dénivellations les plus irrégulières, ses quatre pieds touchant toujours par leur sabot le fond du lit du cours d’eau.
- Pour composer un chevalet complet, on n’aura qu’à disposer de chaque côté d’un tablier de pont, et vis-à-vis l’un de l’autre, deux de ces appareils de pontage, deux bouts d’essieux avec deux doubles jambes mobiles ; chaque essieu est fixé par tous les moyens convenables au tablier, auquel il sert de
- pont à tablier réglementaire.
- chapeau-support. En dehors de ces chevalets principaux, on en emploie également des secondaires, ou intermédiaires, qui peuvent être plus ou moins multipliés, suivant les besoins, et qui comportent également deux bouts d’essieux, mais sur chacun desquels s’articule uniquement une pointelle sur une seule genouillère.
- Du tablier nous ne dirons pas grand’chose; en effet, dans un pont d’ordonnance apporté par les équipages régimentaires, ce tablier sera fait de longrines et d’entretoises en acier, avec platelage en sapin et poutrelles de guindage reliant le platelage aux longrines ; mais on peut tout aussi bien le constituer avec des poutres brutes de sapin, des matériaux quelconques assemblés par les moyens les plus divers, ou encore des madriers jointifs soigneusement assemblés à l’avance.
- Les chevalets Pfund ne sont pas seulement précieux pour fournir un appui toujours solide au pont,
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- ils donnent encore un moyen des plus ingénieux et des mieux compris pour lancer un pont. Deux des photographies ci-jointes représentent précisément le
- lancement de deux tabliers, l’un fait des longrines d’acier réglementaires, l’autre de simples poutres brutes. Ce n’est pas sans motif que le colonel Pfund
- Fig. 2. — Lanroinoiit d’un pont à tablier improvisé.
- a donné le nom d’essieu à l’axe autour duquel celles-ci forment en effet comme une roue sur tourner# les genouillères et par suite les pointelles : laquelle roulerait le bout libre du tablier pendant
- le lancement, roue qui porterait toujours sur le fond de la rivière, bien que son essieu demeurât sensiblement au même niveau, et cela grâce à l’extension que prendraient scs rayons, constitués précisément par les deux précieuses pointelles.
- Quand on lance une portion de tablier, que ce soit en partant de la rive ou d’une section déjà mise en place, des servants, placés sur ce qui forme culée, poussent la travée au large, en saisissant même [des leviers spéciaux quand il s’agit de Ion-
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- grines réglementaires; d’autres servants sont au bout libre du tablier, auprès des pointelles qu’on a fixées par leur essieu à cette extrémité. Lorsque le porte-à-faux commence à être un peu considérable, les servants des chevalets abaissent une pointelle de chaque bord jusqu’au contact du fond : cela soulage le tablier. Si maintenant les servants de rive poussent plus au large le tablier, c’est alors que les pointelles, tournant autour de leur essieu et autour de leur point d’appui sur le sol, vont jouer le rêde d’une roue supportant le tablier; et, quand elles prendront une position nettement oblique opposée à celle qu’elles occupaient d’abord, les servants des chevalets auront à presser sur l’autre paire, de pointelles, à les abaisser jusqu’au contact du sol, pour dégager la paire fournissant appui jusqu’ici. Un nouvel avancement du pont se produira de façon analogue avec pivotement des secondes pointelles, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la travée soit complètement lancée : on n’a plus alors qu’à ficher en terre sous l’eau les pointelles intermédiaires simples, puis à fixer de même en bonne inclinaison les pieds du chevalet extrême.
- Deux des gravures ci-jointes complètent nos explications et font comprendre ces manœuvres très simples : une troisième montre un pont Pfund terminé et lourdement chargé. Les pointelles peuvent s’appliquer à toutes les profondeurs de cours d’eau : elles sont en effet construites pour des profondeurs courantes, mais on peut ajouter à leur partie supérieure une autre section d’une longueur équivalente. De plus, leur sabot, pointu pour les fonds durs, peut être remplacé par un plateau destiné aux fonds vaseux.
- En 35 minutes on met en place 4 travées de 7 mètres, sur une rivière de 3m,50 de profondeur, et avec 12 hommes seulement. Ajoutons enfin qu’une passerelle Pfund, de lm,20 de large, permettant le passage de l’infanterie par colonne en file de deux hommes, ou de la cavalerie par file d’un homme et d’un cheval, pèse en tout 510 kilogrammes pour une longueur utile de 6in,70. Quand on compte employer les matériaux qu’on trouve sur place, il suffit d’emporter avec soi ces curieux chevalets, si ingénieux et si pratiques.
- Daniel Bei.let.
- LA. CHARTREUSE
- M. le vicomte d’Avenel, dans la Revue des Deux Mondes, a donné d’intéressants détails sur la fabrication de la chartreuse. Nous avons visité plusieurs fois le célèbre couvent, et nous pouvons confirmer l’exactitude des renseignements que nous reproduisons.
- 11 entre dans la fabrication de la chartreuse, dit le vicomte d’Avenel, plus de quarante plantes : la principale est la mélisse, dont la proportion varie de 250 à 500 grammes par hectolitre, l’hysope fleurie, la menthe poivrée, le génépi des Alpes, les semences et racines d’angéliqüe — 125 à 250 grammes chacune — puis, à
- doses beaucoup moindres, allant de 15 à 30 grammes, les fleurs d’arnica, le thym, la balsamite, les bourgeons de peuplier-baumier, la cannelle de Chine, le macis, la coriandre, l’aloès, la cardamome, etc., etc. Ce n’est pas tout : chaque hectolitre comporte l’addition de 3 litres d’un alcoolat préliminaire, où figurent avec la marjolaine, les œillets rouges et la lavande, quatre sortes de poivre (le long, le Jamaïque, le cubèbe et l’ordinaire de cuisine), de la résine de pin, de la thériaque, de l’hyacinthe, du baume de muscade, pétris ensemble dans du vin de Malaga. Quoique le total n’exige pas, en poids, plus de 2600 grammes de matières pour un hectolitre de chartreuse et que le prix de toutes ces matières réunies ne dépasse pas 7 à H francs, on conçoit que, par la complication de ses éléments et le traitement spécial de chacun d’eux, cette liqueur ne soit pas précisément de celles qu’il puisse être aisé de fabriquer en famille.
- La réputation de ce cordial était naissante et toute bornée, au moment où la Révolution dispersa les moines et confisqua le couvent. Lorsque, à la fin de l’empire, les chartreux furent admis, moyennant le loyer d’un franc par an qu’ils payent encore, à rentrer en jouissance de leurs bâtiments claustraux, un jeune religieux, mis au courant par celui de ses anciens qui possédait la recette, confectionna de nouveau la « chartreuse » blanche, seule connue alors, et inventa peu à peu la jaune et la verte. Il s’appelait dom Garnier et les bouteilles continuent de porter son nom. Vaquer ainsi à une besogne profane, d’autant plus absorbante que la vogue allait se propageant, fut, dit M. d’Avenel, un comble d’abnégation chez ce saint homme qui avait cru se séparer à jamais du siècle en entrant dans le monastère le plus rigoureux qui fut jamais. La vieillesse était déjà venue pour lui, lorsque enfin ses supérieurs lui permirent de se retirer dans une autre maison de son ordre afin d’y achever sa vie dans la pratique exclusive de la prière.
- Un ami a conté à M. d’Avenel qu’ayant visité cette maison il vit venir, tandis qu’il causait avec le prieur, un vieillard à longue barbe, droit encore sous sa robe blanche, qui s’approcha et demanda, par signe, la permission de parler. La permission octroyée, il manifesta le désir d’aller chercher une paire de ciseaux pour un ongle qu’il avait cassé en travaillant et qui le faisait souffrir. — « C’est inutile », répondit assez sèchement le prieur, et s’adressant à son interlocuteur lorsque le vieillard se fut éloigné sans mot dire, il ajouta en souriant : Vous paraissez surpris de ma dureté, mais je suis sur que notre frère me remercie dans son cœur de lui avoir procuré cette légère mortification.
- Il est vrai que les chartreux n’en profitent guère et ne thésaurisent pas. Les deux millions de bouteilles expédiées chaque année laissent au couvent, déduction faite des droits du fisc et des remises aux consignataires, un bénéfice net d’environ 3 millions de francs. Cette somme passe tout entière en œuvre de bienfaisance, reconstructions d’églises pauvres, aumônes multiples, répandues dans le Dauphiné et dans toute la France. La répartition de ces secours, dont quelques-uns se chiffrent par 20 000 et 30 000 francs, provoque, comme bien on pense, d’innombrables demandes. Y satisfaire avec le discernement voulu n’est pas, dit M. d’Avenel, pour l’abbé de la Grande-Chartreuse, un mince souci.
- C’est au reste le seul que donne cette liqueur : entre le monastère, accroché au flanc de la montagne et comme perdu dans les neiges, où vivent, retranchés du monde, une poignée d’hommes qui se rapprochent du
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- Très-Haut par la solitude, et l’usine enfiévrée, vulgaire, assise dans un village de la plaine pour répondre au besoin éminemment temporel de faibles créatures, qui souhaitent couronner un repas copieux par un petit verre; entre ces deux institutions contrastantes il n’est d’autre lien que celui-ci : la direction commerciale et technique de l’entreprise confiée à un religieux, assisté de douze frères convers. Tout le reste du personnel se compose d’ouvriers laïques. Le père directeur est l’un des trois chartreux qui connaissent le « secret » de la liqueur. Mais, comme on l’a vu par l’analyse qui précède, la plupart des ingrédients sont connus et la recette par elle-même est peu de chose. La qualité de la chartreuse réside, de l’aveu même des distillateurs concurrents, dans l’eau-de-vie de vin très pure qu’on y emploie et dans la fraîcheur des simples, cueillies aux alentours par les montagnards. On ne saurait avoir le même résultat avec des herbes desséchées. Les ramasseurs, qui vendent à l’usine leur récolte journalière, savent où croissent de préférence chacune de ces fleurs, soit le long des pentes abruptes, soit, comme certaines fougères, au bord de l'eau, près des fontaines et dans des puits abandonnés.
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- LA CULTURE
- POUR L’EXPORTATION DU FRAISIER
- EN ALGÉRIE
- Il me paraît intéressant dans cette période d’extension coloniale, alors que beaucoup de personnes étudient les moyens de mettre en valeur les vastes terrains des colonies françaises et que la création d’un jardin d’essais colonial vient d’être décidé, de signaler, à l’attention de nos lecteurs, les essais qui viennent d etre faits en Algérie sur la culture en grand du fraisier pour la production comme primeur et l’exportation des fraises sur quelques marchés européens. Actuellement, en France, les régions du littoral méditerranéen : Nice, Hyères, Marseille, Carpentras, et, d’un autre côté, celle de bordeaux, n’approvisionnent guère les marchés de fraises avant la fin d’avril. Les environs de Brest, Plougastel et Lauberlach dont la production est principalement dirigée sur l’Angleterre, commencent leurs envois vers la fin de mai, et Rouen vient bien plus tard avec ses petites fraises.
- La grosse fraise, en Algérie, peut être produite en mars et avril. A cette époque l’écoulement en sera certain, quand bien même les envois ne seraient dirigés que sur quelques villes françaises : Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, etc.
- Un rapide coup d’œil sur l’importance de la production des fraises dans une seule région permet d’augurer en bien pour l’écoulement des fraises produites en Algérie. En 1897, le tonnage des fraises expédiées par la région de Carpentras s’est élevé à 4 115 800 kilogrammes, dont le produit des ventes a dépassé 4000000 de francs. En 1898, le tonnage a été de 4 229 000 kilogrammes dont une partie, 343000 kilogrammes, a été expédiée sur Londres. Les cours des envois du commencement de
- mai, atteignent 180 à 220 francs les 100 kilogrammes. Je ne puis donner ici de chiffres exacts pour la production de 1898, en Algérie, les essais du champ d’expérience de la Maison Carrée qui promettaient beaucoup ayant été détruits par les débordements de l’Harroch, m’écrit M. Michalet à qui je dois la plupart des renseignements sur les essais de culture du fraisier en Algérie. Ceci dit, comme simple indication, je vais examiner comment l’on se propose d’installer et d’exploiter les champs de fraisiers aux environs d’Alger.
- Le fraisier qui affectionne les sols chauds vient très bien en Algérie, aux environs d’Alger principalement, pourvu qu’on l’arrose convenablement. Malgré cela, les fraises se vendent à des prix très élevés sur les marchés d’Alger; cela tient, tout simplement, que jusqu’ici on cultivait peu le fraisier et seulement deux variétés anciennes : Victoria Tro-lopp et la Constante. Quant au fraisier des quatre saisons qui peut donner des produits pour la consommation locale, pendant neuf mois, on ne le cultive que très peu pour la vente des fraises.
- Choix des variétés. — Les meilleures variétés à choisir pour la culture qui vise l’exportation sont : Docteur Morère, Noble, Vicomtesse Hericart de Thury, Marguerite Lebreton, Victoria Trolopp, Général Chanzy, Jucunda, Sir Joseph Paxton, Crescent Seedling, Scharpless, Princesse royale, Eleonor. Ces variétés sont à peu près les mêmes que celles qui sont cultivées dans le même but à Plougastel, Bordeaux, Marseille, Carpentras et aux environs de Paris. Elles sont en général peu sucrées et même légèrement acidulées, et par cela même, voyagent mieux que les fraises sucrées qui supportent moins bien le transport à de grandes distances.
- Installation des cultures. — Bien que le fraisier à gros fruits puisse être cultivé dans beaucoup de terrains, il faut donner la préférence aux sols argilo-calcaires et argilo-siliceux, surtout s’ils contiennent de l’humus. Les sols compacts et humides sont moins favorables.
- Le fraisier redoutant les excès de sécheresse et aimant la fraîcheur du sol, il ne faut installer les cultures que dans les champs facilement irrigables ; c’est ainsi que l’on peut fournir cette fraîcheur indispensable d’une façon rationnelle.
- Après avoir défoncé le terrain destiné aux fraisiers et y avoir incorporé des engrais bien décomposés, car les fumiers frais sont plutôt nuisibles, on les divise en bandes nommées tables ou planches. On donne à ces planches une largeur de 50 centimètres en les séparant par des rigoles profondes de 5 à 6 centimètres et larges de 15 à 20 centimètres, destinées à l’arrosage.
- On fait, dans chaque planche, une plantation de deux rangs de fraisiers espacés de 30 centimètres et sur lesquels les fraisiers sont également plantés tous les 30 centimètres pour en obtenir de belles touffes.
- Il faut compléter cette installation par des lignes d’abris distancés de 8 à 10 mètres et quelquefois
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- moins selon l’exposition. Ces abris sont confectionnés en roseaux et ont une hauteur de 2 mètres à 2m,50.
- L’époque la plus favorable pour la plantation des fraisiers est celle qui coïncide avec les premières pluies, c’est-à-dire de novembre à décembre; mais, dans ce cas, à moins qu’on utilise de forts plants, la première récolte n’est guère abondante. Peut-être pourrait-on aussi transplanter des touffes en motte après la récolte, en juin, ainsi qu’on le fait à Ilyères. Par ce procédé, la récolte du printemps suivant serait meilleure; il faudrait alors arroser copieusement C3r, sans cela, à cette époque de l’année, la récolte serait compromise. Dans Lun et l’autre des deux cas, au lieu de planter des stolons enracinés ordinaires, il vaut mieux utiliser des plants préparés; la reprise est plus certaine et cela permet de gagner du temps.
- Ces plants peuvent être obtenus de deux façons: la première en plantant, dans une planche large de lm,lO, un rang de pieds mères au centre, ou un rang à chaque bord, dont les coulants ou stolons sont dirigés dans les parties vides de la planche où ils s’enracinent. Les soins de culture à donner aux pieds mères consistent en de fréquents bassinages, parfois deux par jour et en quelques binages et nettoyages. Ces filets sont repiqués par deux, en juin, dans des planches larges de 1 mètre, à raison de 5 rangs par planche.
- La seconde manière consiste tout simplement à repiquer par planches, de la même façon les fdets qui se développent sur les pieds en culture et que l’on doit supprimer après la récolte.
- Il faut bassiner les fraisiers souvent et fortement dans les premiers temps, les bassinages aidant beaucoup à la reprise et donner quelques binages pour maintenir le sol frais et exempt d’herbes. Ce qui me porte à recommander ce repiquage des stolons en pépinière d’attente, c’est qu’il est plus facile de les soigner ainsi (pie si on les plantait directement en place puisqu’ils occupent un espace plus restreint.
- La plantation une fois établie, les soins culturaux se résument en ceci. Ne pas négliger les binages qui, tout en ameublissant la surface du sol et en empêchant la croissance des herbes, maintiennent une certaine fraîcheur. Deux ou trois binages par an
- doivent suffire, cependant. Avant la floraison, étendre un paillis de fumier sec, feuilles, mousses, etc., dans le but de maintenir la fraîcheur de la terre, car il faut se garder de bassiner pendant la floraison pour ne pas compromettre la fécondation. Ce paillis empêche aussi que les fraises se trouvent souillées par la terre. La récolte terminée, il faut, après avoir supprimé les filets, donner un léger labour. Le fraisier étant une plante épuisante, on en profite pour enfouir une assez grande quantité d’engrais à décomposition lente : fumier de ferme mélangé de : phosphate, scories de déphosphoration et quelques engrais potassiques qui influent sur la qualité et la grosseur des fraises. L’arrosage du sol par irrigation et les bassinages du feuillage ne doivent pas être oubliés.
- Les plantations établies en juin, ou celles établies en décembre avec des fraisiers en mottes repiqués en mai en pépinière, si elles sont bien soignées et
- que l’on maintienne le sol frai s, peuvent donner l’année suivante 100 à 150 kilogrammes de fraises à l’are.
- La seconde ainsi que la troisième année la récolte est bien meilleure ; elle peut atteindre 550 à 400 kilogrammes à l’are. La quatrième année, le rendement sera, à mon avis, bien diminué et les fraises de moins bonne qualité; aussi je crois que, dans la plupart des cas, il serait de beaucoup préférable de limiter la durée des plantations à trois années. De cette façon, pour obtenir une récolte à peu près continue et semblable chaque année, il est nécessaire d’établir un roulement dans les plantations de façon à les renouveler par tiers ou par quart, chaque année, selon qu’on les fait durer trois ou quatre ans.
- A divers points de vue, il est recommandable d’avoir toujours une pépinière de jeunes fraisiers, constituée avec les stolons enlevés, autant pour constituer les nouvelles plantations que pour remplacer les pieds qui pourraient périr dans les anciennes plantations. Ces stolons peuvent aussi être plantés directement, en les prenant sur les fraisiers voisins et sans les en détacher, de suite là où les touffes manquent, de façon à obtenir une certaine régularité dans les plantations et à ne pas avoir de places vides. * Albert Mmjmené.
- Professeur d’horticulture.
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- BICYCLETTE À MULTIPLICATION YÀRIABLE
- Etant donné que, théoriquement, pour assurer le meilleur rendement possible, la multiplication d’un cycle devrait être appropriée spécialement à la route qu’on doit parcourir, et que, d’autre part, la nature de la route varie constamment dans le cours même d’une journée, l'idéal, en cyclisme, est une multiplication variable. Les inventeurs se sont essayés maintes fois, depuis quelques années, à résoudre le problème; mais celui-ci est assez malaisé, les solutions ne sont pas parfaites, et c'est pour cela qu’il est bon de signaler toutes celles qui se présentent.
- Un mécanicien ingénieux de Nelson, dans la Colombie britannique, M. Charles G. Evans, vient d’imaginer un de ces mécanismes, qui permet de modifier la multiplication d’une bicyclette dans une proportion quelconque entre un maximum et un minimum fixes. Nous n’avons pas besoin de dire que ce maximum et ce minimum peuvent être prévus tels qu’on les désire ; bien entendu, il s’agit uniquement (et c’est bien suffisamment malaisé) de faire augmenter ou diminuer à volonté la circonférence de la roue à dents solidaires des pédales.
- Comme on peut s’en rendre compte en examinant la fig. n° 1, qui montre le système monté sur une bicyclette, et aussi le n° 3, représentant le pédalier vu de face dans l’axe du cycle, le cadre même de la machine doit être modifié pour que ce dispositif puisse s’y adapter. En effet d’abord, du tube supérieur qu’on trouve normalement dans un cadre diamant, descend verticalement un tube qui forme fourche pour supporter le pédalier; il est rejoint par un autre tube analogue, mais oblique, qui vient de l’angle supérieur arrière du cadre. La roue arrière est portée à l’extrémité d’un bras oblique partant de ce même angle supérieur du cadre, mais nous allons voir pourquoi il est nécessaire de renforcer le cadre au moyen du tube vertical à fourche dont nous avons parlé en commençant. C’est qu’en effet ce bras qui supporte la roue arrière est articulé sur un pivot le reliant au cadre ; de plus, à la place du tube rigide qui réunit d’ordinaire la roue arrière au pédalier, est une tige faite de deux sections articulées entre elles et articulées à leur extrémité opposée. Sur l’articulation médiane vient se fixer une tige verticale munie d’une fourche, et qui se termine, à sa partie supérieure, par une portion
- filetée sur laquelle est engagé un écrou. Ce dernier est creusé d’une gorge à son pourtour, gorge où passe une courroie mince qui passe d’autre part sur une petite poulie qu’on aperçoit juste verticalement au-dessus du pédalier et de l’extrémité même du tube à fourche qui supporte ce pédalier. Le mouvement de cette poulie est commandé par une petite roue horizontale, et l’on doit comprendre le rôle de ce dispositif : la courroie, en agissant sur le pas de vis, fait remonter la tige verticale, par suite plie plus ou moins le tube inférieur articulé en rapprochant la roue arrière du pédalier, et cela pour compenser l’accroissement de diamètre de la roue du pédalier au moment d’un changement de multiplication ; cette nouvelle position du tube articulé est montrée en pointillé dans la fig. n° 1. Mais maintenant il faut dire comment est assurée la modification de diamètre de la roue du pédalier.
- La roue horizontale dont nous venons de constater une première utilité, a un second rôle à remplir, rôle solidaire du premier : elle agit également sur une tige logée dans le tube vertical supportant le pédalier, et elle peut l’abaisser ou la relever : ce déplacement est transmis au mouvement de sonnette qu’on aperçoit dans le n° 3, qui le transforme en un mouvement horizontal. L’extrémité du mouvement de sonnette se relie en effet à un collier glissant sur l’axe du pédalier et auquel sont articulées des tiges obliques ayant, dans leur ensemble, l’aspect d’une monture de parapluie : quand, sous l’influence d’un abaissement de la tige verticale, le mouvement de sonnette va renvoyer son grand bras vers la droite, le collier aura tendance à faire ouvrir la monture du parapluie, et, comme les branches de celles-ci sont, par leur extrémité, articulées sur la roue de chaîne, il va se produire dans cette roue le mouvement d’expansion qui produit le changement de multiplication. L’explication est forcément quelque peu compliquée, mais les figures la font parfaitement comprendre.
- La roue de chaîne affecte la disposition que représente le n° 2, elle se compose de deux parties dentées sur les faces desquelles peuvent glisser des plaques d'extension, sous l’influence des branches du parapluie auxquelles elles sont articulées. Sous cette action, quand la manette est tournée dans le sens voulu, elles viennent dépasser la périphérie normale de la roue de chaîne de manière à prendre la situation indiquée en pointillé sur le n° 1 de la figure.
- Bicyclette à multiplication variable.
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- LA N A TU LE.
- Naturellement, pour que la chaîne s’adapte à la roue ainsi transformée par la mise en relief des diverses plaques d’extension, il faut qu’elle présente une constitution spéciale. Nous en voyons la disposition générale en 5, et une section transversale d’un maillon en 4. La surface inférieure de celui-ci offre quatre cannelures en forme de A> qui sont destinées à donner un logement à la tranche des différentes plaques d'extension et à engrener avec celles-ci.
- Comme toute expansion de la roue de chaîne est forcément et simultanément accompagnée d’un relèvement du tube articulé inférieur du cadre, la tension de la chaîne demeure toujours identique une fois réglée comme de coutume. L’invention est assurément compliquée, mais elle est originale.
- 1». de M.
- COMMUNICATIONS TÉLÉGRAPHIQUES
- EXTRE LES PHARES ET LA COTE
- Si la télégraphie sans fil prend le développement qu’on est en droit delai présager maintenant, il est évident que cette question des communications entre les phares et la côte sera étrangement simplifiée ; mais il est intéressant de voir comment jusqu’ici on avait résolu ce difficile problème. M. Hollo Appleyard vient de publier, dans Nature, une étude remarquable, où nous trouvons quelques renseignements à ce sujet, spécialement en ce qui concerne la Grande-Bretagne.
- En octobre 1898, il existait sur les côtes britanniques 51 feux flottants et phares en mer en communication télégraphique avec le continent. On comprend que la solution est particulièrement malaisée à trouver quand il faut établir et maintenir cette communication avec un feu flottant soumis, non seulement aux oscillations de la marée, mais encore au roulis, au tangage, aux coups de mer, tournant autour de son point d’ancrage. Le système qu’on emploie généralement pour résoudre la difficulté consiste en un émerillon qui comporte un fuseau évidé par lequel on fait passer le câble télégraphique. Cet émerillon, placé entre le bateau-phare et ses ancres à peu près au 'niveau de la ligne de flottaison, est relié, par des chaînes frappées sur ses oreilles, à plusieurs ancres à « parapluie » immergées sur le lieu d’ancrage. Enfin une chaîne de traction rattache l’émerillon au bateau et vient se fixer à bord suivant la disposition ordinaire. Quant au câble télégraphique, au sortir du fuseau évidé de l’émerillon, il monte à bord, puis vient passer- sur une poulie et sur un tambour qu’on peut tourner à la main, et qui sert à enrouler le câble pour l’empêcher de faire des nœuds et des tours. M. Benest a même inventé un tambour automatique qui s’enroule de lui-même chaque fois que le câble prend du mou. Bien entendu, le courant électrique arrivant par ce câble passe ensuite par son axe pour atteindre les appareils télégraphiques du bord, qui ne présentent d’ailleurs rien de particulier.
- Quand le mauvais temps arrive, on donne du mou à la chaîne de traction, et en même temps le câble se déroule ; on le protège, du reste, par des revêtements multiples, des actions mécaniques nuisibles qu’il pourrait avoir à supporter. D. B.
- CHRONIQUE
- Le système métrique en Angleterre. — Il
- semble qu’un mouvement bien net se manifeste enfin en Angleterre en faveur de l’adoption du système métrique : une députation de l’Association décimale, de chambres de commerce, d’établissements d’instruction et d’associations ouvrières, s’est rendue auprès du Ministre du commerce, afin de lui demander d’imposer l’usage obligatoire du système métrique des poids et mesures à partir du Ier janvier 1901. Les délégués ont insisté sur les avantages de ce système et sur les complications du système anglais, dans l’enseignement comme dans le commerce. Le Ministre a répondu que le gouvernement craint de faire naître un chaos et une situation impraticable avec un texte imposant cette transformation. Finalement il a conseillé aux chambres de commerce de mettre d’elles-mèmes le système en pratique, attendu qu’il est légal, et de le rendre ainsi populaire.
- L’influence du verre des tubes sur les cultures de bactéries. — On ne se figure pas, même dans des milieux savants, l’importance qu’ont souvent les moindres détails dans la culture de certaines bactéries pathogènes; cela est particulièrement vrai pour les germes du choléra, dont la vitalité est affectée par des circonstances ambiantes qui semblent absolument négligeables. Le ür Martin Ficker a publié à ce sujet des observations bien intéressantes dans la Zeitschrift fiir Hygiene. C’est ainsi notamment (pour ne prendre qu’un des points signalés par lui) qu’il a constaté l’influence sur les bactéries des différentes sortes de verre formant la matière première des récipients où on observe ces bactéries. Le verre, suivant sa composition, est en effet susceptible de donner une alcalinité fort variable à l’eau qui est en contact avec lui, et il se trouve précisément que les bactéries du choléra sont très favorablement influencées par l’alcalinité du milieu où elles baignent. Le Dr Ficker a donc employé pour les abriter des verres de toute espèce, et il a constaté des différences marquées dans leur allure, suivant qu’elles étaient par exemple dans du verre d’Iéna ou dans un autre verre : on le voit, quand on opère sur ces organismes minuscules, il ne faut pas négliger le moindre détail.
- Le défilé d’une colonne de fourmis. — Le R. B. \os, missionnaire du Congo, raconte dans son journal qu’il a assisté un jour au passage d’une colonne de fourmis voyageuses : le mercredi matin, à 7 heures, une tribu commençait de traverser une des allées de la Mission, et le lendemain, vers la même heure, le défilé durait encore : il passait, du reste, tant de fourmis à la fois qu’il était absolument impossible de les compter. Les petites, les ouvrières, s’avançaient chargées de fragments d’herbes sèches, tandis que des plus grandes faisaient la haie.
- lin nouveau câble transatlantique américain. — Il s’agit d’un projet absolument gigantesque que les Américains caressent depuis qu’ils comptent posséder à la fois les îles Hawaï et les Philippines. 11 s’agirait de réunir la côte américaine par des communications directes et « yankees » avec l’Australie, la Chine et le Japon ; une compagnie est déjà fondée dans ce but. Le nouveau câble partirait de San Francisco pour atterrir une première fois à Honolulu; de là il gagnerait l’île Uhlan. En ce point il se diviserait en deux branches : l’une d’elles rejoindrait directement Sydney, tandis que l’autre prendrait terre aux îles Mariannes. Là elle se
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- LÀ NATURE.
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- bifurquerait à son tour, d’un côté sur le Japon, de l’autre sur les Philippines et Hong-Kong. Il est probable du reste que la compagnie lancerait des câbles auxiliaires sur plusieurs points des Philippines et de l’océan Pacifique occidental. Pour donner une idée de cette entreprise, nous dirons simplement qu’elle représenterait, dans ses lignes principales seules, un développement de
- près de 30 000 kilomètres.
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- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 1er mai 1899. — Présidence de M. Van Tieghem.
- Réfection de la carte de France. — M. de Lapparent lit le rapport de la commission chargée par l’Académie, dans une précédente séance, de rechercher dans quelles conditions pourrait se produire son intervention auprès des pouvoirs publics dans le but de marquer, d’une façon efficace, l’intérêt qu’elle attache à la réfection de la carte de France sur une échelle agrandie. Il y a 82 ans, dit M. de Lapparent, que l’exécution d’une carte répondant à tous les besoins a été édictée. Mais par suite de difficultés d’ordre financier, le plan de l’opération a été réduit et n’a abouti qu’à une carte militaire au 1/80 000e. L’insuffisance de cette publication se fait sentir pour tous les travaux qui se rapportent à l’établissement des projets de routes, chemins de fer, canaux, etc. Des millions ont été dépensés en travaux préparatoires de nivellement au sujet de ces projets. Mais l’Académie, qui doit surtout se placer au point de vue purement scientifique, signale l’insuffisance de la carte au J /80 000°, au point de vue des obstacles qui en résultent pour la description géologique du territoire. Elle adopte la proposition de la commission tendant à l’envoi d’une délégation auprès du Ministre de la guerre.
- Le traumatisme chez les tuberculeux. — M. Lanne-longue expose le résultat de recherches faites dans son laboratoire par M. Achard relativement à l’influence du traumatisme sur la création de foyers locaux d’infection chez les sujets atteints de tuberculose. On admettait, sur la foi de travaux remontant à 1882, que chez le sujet atteint d'une maladie infectieuse, le traumatisme provoquait, au point touché, des tumeurs, des abcès. On supposait que le bacille était arrêté par la lésion. Toutefois en ce qui concerne la tuberculose, la clinique semblait indiquer une exception à cette hypothèse. M. Achard a employé des cultures de tuberculoses pures ou des produits humains purs qu’il a injectés sous la peau à des cobayes, à des lapins ou à des chiens. Puis il a déterminé un traumatisme, fracture, luxation, contusion. Vingt cobayes inoculés ainsi et blessés ensuite ont guéri du traumatisme, mais sont morts d’ailleurs plus tard de la tuberculose. L’injection a même été pratiquée directement dans le sang; cette méthode n’a pareillement donné lieu à aucun foyer local d’infection. La conclusion tirée de ce travail renverse donc les idées admises, du moins en ce qui concerne la tuberculose.
- L’iode des eaux marines. — M. Gautier analyse un important travail qu’il vient d’effectuer sur l’état de l’iode dans les eaux de la mer. On enseigne que l’iode se trouve dans les eaux marines, à l’état d’iodure alcalin ou d’iodure alcalino-terreux. Cette opinion repose sur une hypothèse. M. Gautier montre qu’il n’y a pas d’iodures dans la mer et que l’iode y existe à l’état organique et à l’état organisé. En traitant le résidu d’évaporation de l’eau de mer, par un procédé susceptible d’entraîner en
- dissolution les iodures et les iodates, il ne recueille aucune trace d’iodures; mais en traitant le résidu, il y recueille 2ra8,4 d’iode par litre. D’autre part, en filtrant au travers de la porcelaine l’eau de mer, on recueille à la surface du filtre un dépôt de matière mucilagineuse et de détritus d’organismes ou d’organisme. Ce dépôt pèse 8 à 10 milligrammes par litre. La matière mucilagineuse, c’est la matière organique, le plankton. Elle contient O”6,5 d’iode par litre; les organismes, c’est-à-dire la matière organisée, renferment 1 me,8 d’iode par litre. Les expériences de M. Gautier ont été faites avec de l’eau de mer prise à la surface, à 45 kilomètres des côtes, dans la Manche. D’où provient cet iode organique et organisé? L’auteur pense qu’il provient des profondeurs de la mer.
- L’iode dans l’organisme. — M. Gautier présente encore deux autres Notes, mais non plus cette fois en son nom personnel, sur les propriétés de l’iode. L’une est relative à l’absorption de ce corps par la peau; elle montre que l’iode absorbé se fixe dans certains organes, le cerveau, les glandes, les organes riches en nucléine, et que l’animal élimine cette substance par sauts et d’une manière qui peut être influencée par l’alimentation. L’autre Note révèle, par une étude des aliments, quels sont ceux qui fournissent l’iode à l’organisme.
- Action de l'hydrogène sur les oxydes et les sels de mercure. — M. Moissan présente une Note de M. A. Colson sur la réduction des composés mercureux et mercuriques secs par l’hydrogène à 100°. La réduction de l’oxyde rouge est plus rapide que celle de l’oxyde jaune. Au contraire, l’oxyde noir ou sous-oxyde ne paraît pas sensible à l’action de l’hydrogène à 100°. Les sels mercuriques se changent en sels mercureux et ceux-ci sont eux-mêmes altérés d’une façon particulière : l’azotate mercurique donne du bioxyde d’azote et de l’oxyde mercurique. Il y a désoxydation de l’acide et oxydation de la base. L’oxygène transforme non moins aisément les sels mercureux en sels mercuriques de telle sorte que la présence d’un sel mercurique peut abaisser notamment la température de combinaison de l’hydrogène et de l’oxygène.
- La flamme de l’hydrogène. — M. Moissan présente également une Note de M. Schlaugdenauffen sur la couleur de la flamme de l’hydrogène. On sait que cette flamme est incolore lorsqu’elle brûle à l’extrémité d’une tubulure de platine ; mais en l’écrasant elle devient bleue. M. Schlaugdenauffen montre que cette coloration est due au sélénium. Ch. de Villedeuil.
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- CISEAUX POUR DIVERS USAGES
- On vient de construire une paire de ciseaux qui peuvent facilement se mettre dans la poche et qui servent à 18 usages. Nous croyons intéressant de décrire ces ciseaux et d’expliquer leur fonctionnement.
- La figure, page 368, nous donne au milieu la vue d’ensemble de ces ciseaux et tout autour la représentation de leurs divers usages. Les ciseaux sont formés de deux branches que l’on peut superposer à volonté ; à cet effet, la branche inférieure, placée à gauche dans notre figure, porte au milieu une tige verticale cylindrique à la partie inférieure et de forme ellipsoïdale à la partie supérieure. La deuxième branche, placée à droite, est munie d’une ouverture elliptique
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- LA NATURE.
- pour permettre à la tige d’entrer, et ensuite cylindrique pour permettre à la branche d’osciller à volonté autour de la tige centrale. La branche de gauche des ciseaux est formée d’une lame tranchante à la partie supérieure, avec une petite ouverture placée à droite. L’anneau est aplati légèrement sur le coté gauche et porte tout à fait en bas à droite une petite roulette à dents. La deuxième branche des ciseaux à droite porte sur le côté gauche une réglette divisée en centimètres, puis présente une ouverture contournée et l’anneau est muni en has d’une petite roulette pleine en acier et d’une petite ouverture. Sur le côté droit de cette deuxième branche se trouvent vers le milieu une excavation dentée, et en haut à l’extrémité une partie aplatie.
- L’appareil peut d’abord servir de ciseaux ordi-
- naires; c’est ce que nous montre le n° 1. Si l’on veut couper des boutonnières, il suffit de dévisser à fond une petite rondelle placée entre les deux branches des ciseaux et portée sur une petite tige filetée; comme on le voit en 2, on coupe facilement les boutonnières. Dans les excavations dentées du centre (n° 5), on peut placer un petit tuyau métallique ; il est tenu comme dans une paire de tenailles à métaux. Au-dessous de l’axe central se trouvent deux parties recourbées et tranchantes qui viennent à l’encontre l’une de l’autre; elles peuvent servir de coupe-cigares (n° 4). A côté de ces deux parties sont placées deux encoches que l’on utilise pour couper du fil de fer (n° 5). Si l’on veut tracer une série de raies parallèles, il suffit de placer les ciseaux comme l’indique le n° 6, en mettant le rebord rectiligne le
- Ciseaux de poche pour divers usages.
- long de la ligne à tracer. Le même rebord porte une graduation en centimètres et permet d’effectuer une mesure de longueur (n° 7). Sur un côté de la première branche des ciseaux est disposée une lime à ongles (n° 8). La deuxième branche à sa partie supérieure extrême présente un. tournevis (n° 9), qui est des plus simples et très solide. L’extrémité des ciseaux peut permettre d’ouvrir aisément une hoîte en la prenant par le coin (n° 10). On peut encore, en se servant cle l’encoche portée à droite sur la première lame de gauche des ciseaux, tirer des cartouches d’une arme (n° 1 1). La partie aplatie sur l’anneau de gauche (n° 12) peut servir de marteau.
- Nous nous sommes servis jusqu’ici des ciseaux montés; nous allons maintenant séparer les deux branches. Avec la lame de droite, on peut tailler un crayon (n° 13) et avoir un canif. Si nous voulons couper une lame de verre, nous n’avons qu’à faire sur le verre une trace aveé la rondelle en acier
- placée dans le bas de l'anneau de la branche de droite (n° 14). Nous pouvons aussi casser le verre avec l’encoche placée à côté (nH 15). Si nous désirons faire un tracé sur un papier, il faut nous servir de la roue dentée (n° 16). On trouve encore un grattoir à l’extrémité d’une des branches (n° 17).
- Enfin si nous remontons les ciseaux, et si nous les plaçons comme l’indique le n° 18, le fabricant prétend que l’on peut encore s’en servir comme d’un stéréoscope. Cette dernière utilisation des ciseaux de l’inventeur nous apparaît au premier coup d’œil au moins beaucoup plus problématique.
- Quoi qu’il en soit, ces ciseaux qui peuvent être utilisés à 18 usages différents ne manquent pas d’originalité et méritaient bien une mention.
- P. Dumont.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- X» 1555. — 15 MAI 1899.
- LA NATURE.
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- LE MENHIR DE MERSINA
- (ASIE MINEüRe)
- Aux époques reculées de la vie de l’humanité primitive, certaines peuplades avaient l’habitude en Asie comme en Europe de dresser sur le sol des pierres de dimensions souvent colossales, quelque-lois entièrement brutes, d’autres fois à peine dégrossies par une taille rudimentaire. Ces obélisques des premiers âges ont reçu des archéologues le nom de menhir, des mots men, pierre, et kir, long, employés en bas breton.
- Ces menhirs, selon certains savants, étaient élevés afin de symboliser une idée religieuse; selon d’autres observateurs, ils auraient tout simplement servi à marquer un lieu où se serait passé un événement important digne de mémoire.
- Dans quelques régions, ces pierres dressées atteignent des dimensions énormes. Une des plus grandes qui aient été signalées est très probablement le menhir qui s’élève en Asie Mineure au milieu de la vaste plaine dominée par le Taurus neigeux et à l’extrémité de laquelle se trouve le petit port de Mersina. Depuis de longues années, il est désigné dans le pays sous le nom turc de Direkli-tach, qui peut se traduire par pierre en colonne.
- Ce monolithe a été signalé pour la première fois à l’attention du monde savant par Victor Langlois, en 1861 ( Voyage en Cilicie, p. 253), et, en 1875, par moi-même (Tour (lu Monde, Syrie d'aujourd’hui, 1878, p. 14). Il se trouve dans la plaine marécageuse, à une heure de marche de Mersina, sur la gauche de la route conduisant à la ville de Tarse.
- Ses énormes dimensions le font apercevoir de très loin par les voyageurs, et le bloc paraît d’autant plus .élevé qu’il est planté au milieu d’une vaste plaine entièrement labourée et presque privée d'arbres.
- Ce menhir a dû être amené d’une distance considérable pour être mis en place, car on ne rencontre dans les environs immédiats ni carrière, ni rochers, et les collines calcaires qui s’appuient sur les lianes du Taurus ne commencent qu’à une heure 27° année. — 1er semestre.
- de distance. Langlois lui avait attribué la hauteur très exagérée de 15 mètres. H y a peu de temps, il a pu être mesuré très exactement par mon ami,
- M. Lucien Braggiotti, un des agents très distingués et très laborieux du chemin de fer de Mersina à Adana. Le monolithe a une hauteur de 9m,60, mais il paraît être enfoncé très profondément dans le sol.
- Sa plus grande largeur est de 4in ,10, et son épaisseur est de lm,50.
- Cette pierre dont la masse est très considérable, comme l’indiquent les dimensions ci-dessus, a dû être cependant transportée à une distance de plusieurs kilomètres pour être dressée à la place quelle occupe actuellement. Ce n’est en elfet (ju’à une heure de marche, dans la direction du Taurus, que se trouvent les collines d’où ce menhir aura été extrait, dans des couches d’un calcaire grossier faisant partie de l’Éocène supérieur. Ces collines forment les premiers contreforts du Bulghar dag dont les cimes majestueuses sont en partie crétacées et jurassiques.
- D’autres menhirs ont été signalés par les voyageurs dans quelques localités de l’Asie Mineure centrale, soit plantés isolément, soit accompagnés de groupes de dolmens. Dans mes nombreuses courses en Syrie, j’en ai rencontré un certain nombre, notamment dans les vallées voisines du Grand Ilermon, sur les plateaux aujourd’hui déserts situés autour de la mer Morte. Ils paraissent surtout être nombreux dans la Syrie Transjordanienne où ils avaient déjà été signalés par de Saulcy et le duc de Luynes. A propos des régions voisines du Jourdain, je rappellerai que Josué après avoir passé le fleuve près de Jéricho, en commémoration de cet événement, fit élever dans cette localité de grandes pierres brutes que le « marteau n’avait point travaillées ».
- Il en est de même pour le Direkli-tach qui paraît avoir été très grossièrement taillé sur certaines de ses faces. Les paysans des environs, à plusieurs reprises, ont pratiqué des fouilles superficielles au tour du monolithe. D’autres, sans plus de succès, on
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- Le menhir de Mersina.
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- LÀ NATURE.
- exploré le sommet du monument dans l’espérance d’y trouver un trésor. I)1' Lortet.
- Doyen de la Faculté de médecine de Lyon.
- DE LA CROISSANCE DES BAMBOUS
- Je retrouve dans un vieux carnet des observations, que j’y avais consignées dans le courant de l’année 1879, au sujet de la croissance des bambous, alors que je tenais garnison au camp Jacob (Guadeloupe). Dans ledit camp, les distractions n’étaient pas énormes, et on employait son temps comme on pouvait. Observer et mesurer des bambous était un passe-temps comme un autre, en tout cas bien innocent, et je me souviens que j’y prenais un plaisir extrême. Je portais, en effet, le plus vif intérêt à ces baguettes orgueilleuses qui, dans leur montée rapide vers le ciel, semblaient avoir pris pour devise le célèbre : Quo non ascendant!
- Je me bornerai à extraire de mes notes celles qui se rapportent à deux tiges, sorties le même jour de terre, et sur lesquelles je pris des mesures simultanées pendant un mois et demi. Ces mesures furent celles de la hauteur et de la grosseur au sortir de terre. Les voici telles que mon carnet les fournit.
- Bambous A et B nés le 11 juillet 1879. .
- (Les mesures sont exprimées en millimètres.)
- HAUTEURS DIAMÈTRES AU PIED
- DATES BAMBOU A BAMBOU B BAMBOU A BAMBOU B
- 11 juillet 0 0 » »
- 16 juillet 125 109 51 53
- 21 juillet 205 176 66 71
- 26 juillet 3-29 267 80 82
- 1" août 684 514 95 92
- 9 août 1410 1510 95 100
- 18 août 2750 2740 94 97
- 26 août 5750 5810 94 97
- De ces chiffres on peut tirer quelques conclusions intéressantes.
- Voyons d’abord ce qui concerne la grosseur.
- Le bambou A, venu au monde, un peu moins gros que le bambou B, semble avoir conservé tout le temps cette infériorité.
- Un singulier phénomène a affecté la grosseur des deux tiges; les diamètres, en effet, après avoir crû jusque vers le 9 août, paraissent avoir alors diminué légèrement pour demeurer ensuite constants. Ainsi le bambou A, après avoir débuté par le diamètre 51, a augmenté jusqu’à 95 pour descendre en définitive à 94. Et de même le bambou B a passé par 55, 100 et 97.
- Pour ce qui est de la hauteur, les deux bambous se sont livrés à une lutte des plus curieuses ; le bambou A est d’abord parti en avant, accentuant de plus en plus son avance, qui était de 14 au 16 juillet, de 29 le 21 juillet, de 62 le 26 juillet, de 170 le 1er août; puis voici le bambou B, qui, prenant du cœur au ventre, s’est mis à la poursuite de son adversaire, s’en est rapproché de plus en plus et a fini par le dépasser; en effet, le 9 août, le retard du bambou B était réduit de 170 à 100 ; ce même bambou doublait ensuite son confrère le 18 août en prenant un avantage de 10; et cette avance était, en définitive, portée à 80, à la date du 26 août.
- Les variations de la croissance pour l’un et l’autre bambou méritent également d’être signalées.
- Des mesures contenues dans le tableau précédent, il
- est facile de calculer la croissance quotidienne et on a les résultats suivants.
- DATES CROISSANCE QUOTIDIENNE
- BAMBOU A BAMBOU B
- Du 11 au 16 juillet .... 25
- Du 16 au 21 juillet .... 16 15
- Du 21 au 26 juillet .... 25 18
- Du 26 juillet au 1" ao.:l . . 59 41
- Du 1er au 9 août 91 99
- Du 9 au 18 août 118 159
- Du 18 au 26 août ..... 125 151
- Pour les deux tiges, la croissance quotidienne a présenté une diminution dans l’intervalle du 16 au 21 juillet, puis elle a augmenté de plus en plus jusqu’au 9-18 août, époque à laquelle elle a été la plus considérable, et, en définitive, elle s’est mise à décroître. 11 semble donc que les deux bambous aient passé par un minimum de vitalité vers le huitième jour de leur naissance et par un maximum de cette même vitalité 54 jours après être sortis de terre. Ces curieuses variations sont d’autant plus incontestables qu’elles sont accusées aussi bien pour un bambou que pour l’autre. Lieut.-colonel Delauney.
- —--->^-0-
- CARBURATEUR MÉLANGEUR « JUPITER »
- Les automobiles commencent de jouer un rôle si important un peu partout, le carburateur a de son côté une si grande importance pour le bon fonctionnement des voitures mécaniques, qu’il est nécessaire de suivre les divers perfectionnements qui peuvent être apportés à
- :
- Le carburateur Jupiter.
- cette partie intégrante des moteurs à pétrole. Il est évt-. dent que la qualité pour ainsi dire principale d’un carburateur, c’est de fournir un mélange détonant, mélange d’air et de vapeurs d’hydrocarbure, qui soit absolument intime et homogène, et malheureusement tout carburateur est loin de répondre parfaitement à ce desideratum. Celui que notre excellent confrère La locomotion automobile décrivait récemment sous le nom de carburateur « Jupiter », semble présenter à ce point de vue des avantages fort réels qui méritent une description.
- Examinons une coupe de la partie essentielle du carburateur en question, où le réservoir à pétrole a été volontairement supprimé, et nous verrons que' l’essence s’écoule de ce réservoir par le tube A dans un réservoir intermédiaire; dans ce dernier est disposé un flotteur C dont nous allons comprendre le rôle dans un instant. Au fur et à mesure que l’essence s’élève dans le réservoir intermédiaire, elle passe par le conduit Eet remonte dans
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- LA N AT U UE.
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- le tube vertical F : les choses sont disposées de telle sorte que, quand son niveau arrive à une faible distance de l’extrémité de F, le flotteur G se soulève et entraîne le pointeau D, qui vient boucher A et, par suite, arrêter l’arrivée de l’essence dans le carburateur. C’est, là un régulateur de l’arrivée de l’hydrocarbure dont le fonctionnement automatique est facile à comprendre et doit donner pleine satisfaction.
- \oyons maintenant comment la carburation de l’air est assurée. Cet air, aspiré par le moteur, pénètre en G, et il vient frapper le tube F, qui offre, sur sa surface extérieure conique, trois rainures hélicoïdales : il prend un mouvement hélicoïdal lui-même, c'est-à-dire qu’il se met à tourbillonner en montant autour de F, et arrive ainsi à l’extrémité de l’ajutage en aspirant l’essence. Son mouvement a commencé de mettre en suspension des gouttelettes fines de l’essence qu’il a entraînée, mais cette vaporisation encore un peu imparfaite va être absolument achevée par le dispositif qui complète de façon fort originale le carburateur que nous décrivons. En effet, le tourbillon d’air et de pétrole rencontre les ailettes II et *
- IF, soutenues par un pivot commun, et qui se mettent à tourner automatiquement : cette rotation provoque un mélange tout à fait intime de l’air et des vapeurs, et le gaz de combustion qui sort ensuite par le tuyau 1 pour s’en aller faire marcher le moteur, présente certainement des avantages précieux.
- Nous n’insistons pas sur les dispositions aisément compréhensibles de ce carburateur; en tout cas il nous a semblé bien compris et original. P. de M.
- LE PASSAGE INFÉRIEUR
- DE LA LIGNE DU CHAMP-DE-MARS
- Nous avons parlé à différentes reprises du nouveau tronçon actuellement en construction destiné a relier d’une façon directe la ligne de ceinture à l’embranchement qui longe la Seine. Cette ligne est d’une exécution particulièrement difficile à cause des moyens spéciaux qu’on a dû employer. La première
- Acœ' dzt/ souterrain/ de la/ Voie/ descendante
- de, 3T-
- NORD
- Mètreo
- Fig. 1. — Plan de passage pendant la période des travaux. (Yoy. lig. b.)
- condition qu’il fallait respecter était de n’entraver en rien le mouvement des rues et la circulation courante des trains sur la ligne qui entoure Paris.
- Les voies sont doublées, comme on le sait, entre Courcelles et le Trocadéro ; de deux elles sont portées à quatre. A partir d’un point situé à 500 mètres en amont de l’ancienne station de Passy, le nouveau tronçon bifurque et lâche le réseau de ceinture. Pour la facilité de l’exploitation, notamment à l’emplacement des gares, il a été décidé que les groupes des deux voies montantes seraient juxtaposées et qu’il en serait de même pour les voies descendantes ; cette disposition impliquait forcément un croisement au point de bifurcation des deux lignes, une des voies montantes d’un groupe devait couper une des voies descendantes de l’autre groupe. L’existence d’un appareil de ce genre rend la circulation des trains très dangereuse surtout quand on a affaire à une exploitation aussi intensive que celle dont nous serons dotés en 1900 : il fallait à tout prix éviter un croisement à niveau.
- Après plusieurs essais et projets, il a été convenu qu’on exécuterait le passage de la voie montante en la faisant passer sous les deux voies ordinaires de ceinture tenant le milieu du groupe des quatre fils de rails. On a profité d’une rampe de la ligne de ceinture à l’endroit de la bifurcation pour mener en pente la nouvelle voie jusque sous le radier du réseau de l’ancienne ligne. Cette pente de 10 centimètres par mètre a permis d’arriver sous les voies après un parcours de 355m,96. Toutefois la traversée proprement dite, la seule partie qui soit en souterrain, n’a que 75 mètres de longueur et n’intéresse que la seule portion de l’ouvrage immédiatement placée sous les voies supérieures.
- Ce travail a été très délicat par cette raison qu’on ne pouvait pas interrompre le mouvement des trains, il a fallu exécuter l’ouvrage par fractions très étroites afin de ne pas compromettre la solidité du terrain sur lequel se trouvait le chemin de fer. A cet effet on a cherché un moyen de consolider les rails d’une façon toute spéciale, on les a posés sur de solides
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- L A N A TLR K.
- Fig. 2. — Coupc de passage à la hauteur de l’anneau il0 13, quand l’ouvrage sera terminé.
- lôngrines entretoisées par un système de poutres, le tout formant une sorte de châssis indéformable ; cette opération se faisait la nuit, alors que la circulation des trains était interrompue ; il fallait agir vite et sûrement pour ne pas s’exposer à un arrêt dans le mouvement du lendemain matin.
- La traversée qui est de 75 mètres a été divisée en 25 anneaux de 3 mètres chacun de sorte que, lorsqu’on attaquait une de ces fractions de l’ouvrage, la longrine du rail reposait comme une poutre sur les deux tranchées-juxtaposées, les trains ne subissaient aucun arrêt dans leur marche (fig. 1).
- Trois cas pouvaient se présenter dans la confection de ce tunnel : 1° la voûte pouvait se trouver complètement en dehors du réseau de ceinture (fig. 5) ; 2° elle pouvait se présenter dans une position intermédiaire, en partie dehors la voie et en partie au-dessous (fig. 6) ;
- 3° elle pouvait enfin être entièrement placée sous les voies du chemin de fer existant (fig. 7).
- Chaque anneau formant un chantier séparé, le travail se trouvait être changé pour chacun des cas.
- D’une manière générale l’ouvrage était conduit de deux façons. Pour les parties placées hors les voies, on avait préparé aux deux extrémités deux puits extérieurs et construit des galeries souterraines qui permettaient d’attaquer à vif les parties à déblayer. Ce système était impraticable pour les portions des voûtes placées immédiatement sous les voies, car le passage des trains aurait été un danger permanent. On a travaillé extérieurement en ne prenant qu’une section de 3 mètres comme nous le disions plus haut, et on a pioché le sol sous les rails en lui donnant la forme de l’intrados de la future voûte; la roche dont se compose le terrain devenait un cintre naturel sur
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- LA NAITRE.
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- lequel on pouvait maçonner à son aise. Une fois ce travail terminé on a déblayé en dessous en se servant des galeries construites pour l’attaque des parties latérales.
- La voûte repo-sant sur des pieds-droits naturels en roche, il n’y avait rien à craindre pour sa solidité; on a attaqué le grand strosse, c’est-à-ire la partie de déblais compris entre le niveau de la naissance des voûtes et le futur radier ; l’exécution en maçonnerie des pieds-droits a été gardée pour la fin.
- En même temps que la Compagnie de l’Ouest construisait ce souterrain pour la voie montante de la nouvelle ligne, elle en faisaitun second de l’autre coté pour la voie descendante (fig. 3) ; cet ouvrage d’art qui passe sous le prolongement du boulevard Emile Augier, actuellement en construction, était d’une exécution beaucoup plus commode ; on se trouvait ici dans les conditions ordinaires, aussi la solution a-t-elle été promptement menée. Les deux souterrains à une voie débouchent en deux têtes de tunnel
- juxtaposées dans une tranchée ouverte de 30 mètres de longueur (fig. 4) ; à l’autre extrémité de cette tranchée, la ligne s’engage dans un souterrain unique à
- deux voies qui se prolonge jusqu’à la station de Boulainvilliers.
- Des puits d’air en nombre suffisant sont percés dans les deux souterrains et aboutissent au mur de soutènement de la ligne d’Auteuil; ils sont disposés pour donner non seulement l’aération convenable, mais encore pour fournir une lumière diffuse qui éclairera la traversée du tunnel ( fig. 2 ).
- Cet ouvrage est assurément le croisement le plus important qui existe dans les travaux de chemin de ter et le sacrifice que la Compagnie a fait pour l’exécuter — près de 200 000 francs — prouve le peu de confiance qu’on a dans les croisements de surface pour les parages mouvementés.
- Sur la ligne de Saint-Germain, un peu avant d’arriver à la Garenne-Bezons, on se trouve devant deux lignes qui se coupenh sur la voie, c’est un
- Fig. I.
- Têtes des deux voûtes à l’endroit où elles débouchent dans la tranchée découverte.
- Fig. 5, 6 et 7. — Coupes du passage pendant la période des travaux. (Vov, fig. 1.)
- danger que l’on devrait chercher à supprimer; il oblige d’abord à des dépenses de surveillance très grosses dont le prix couvrirait l’intérêt de la somme consacrée à l’exécution d’un passage inférieur ; espérons que le succès remporté par celui que nous venons de décrire, et qui fait le plus grand hon-
- neur aux ingénieurs de l’Ouest, décidera la Compagnie à entreprendre à brève échéance un ouvrage qui donnera satisfaction à tout le monde.
- Les travaux de la ligne de Courcelles aux Invalides sont très avancés, l’infrastructure de la voie est terminée sur tout le parcours, sauf dans le tunnel
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- de Paris et sur le pont de Pile des Cygnes ; dans dix mois le chemin de fer sera achevé et contribuera à conduire au Champ-de-Mars les millions de visiteurs qui iront applaudir au grand succès de l’Exposition de 1900. A. da Cunha.
- Ingénieur des Arts et Manufactures.
- L’HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE
- L’origine de la Pomme de terre, comme celle d’ailleurs d'autres plantes utiles à divers titres, est longtemps restée ignorée et ce n’est pas avec certitude qu’on a retrouvé k. l’état sauvage la précieuse Solanée. Tout ce qui concerne la Pomme de terre présente de l’intérêt, aussi ne peut-on que savoir gré à M. Roze de lui avoir consacré un volume qui, sur certains points, en fixe définitivement l’histoire. La première fois qu’il est question en Europe, avec figure à l’appui, de cette plante, c’est en 1589. Une figure conservée au Musée Plantin d’Anvers représente la Pomme de terre en fleurs, avec une annotation latine de la main de Charles de l’Écluse, qu’on peut ainsi traduire : « Tara-toufli, reçu de Vienne de Philippe de Sivry, le 26 janvier 1588; Papas du Pérou, de Pierre Ciéça. » C’est en 1601 seulement, dans son Rariorum plantarum historia, que le célèbre botaniste fit connaître ce qu’il savait du précieux tubercule. D’après M. Roze, les deux tubercules et les graines du fruit, figurés par de l’Écluse, ont produit toutes les Pommes de terre répandues à la fin du seizième siècle dans l’Europe centrale, en Autriche, en Allemagne, en Suisse et en France.
- Quel est le type sauvage de la Pomme de terre? C’est dans l’Amérique du Sud qu’il faut le chercher. Pierre Ciéça de Léon, en 1550, en fait le premier mention et dit qu’aux environs de Quito, les habitants ont, avec le maïs, deux autres plantes qui servent à leur alimentation, les Papas et le Quinua. La première de ces plantes est la Pomme de terre, l’autre le Quinoa usité encore aujourd’hui pour la nourriture, dans l’Amérique du Sud, au Pérou et au Chili.
- Lopez de Gomara, Jérôme Cardan, Joseph de Acosta au seizième siècle ; Frézier, le P. Feuillée au commencement du dix-huitième en parlent également. Humboldt et Bon-pland, en 1807, donnent quelques détails sur les stations où se cultive la Pomme de terre au Chili et constatent qu’à « 3600 mètres de hauteur elle porte la même fleur que celle que l’on a introduite dans les plaines de la Sibérie ». Quelques recherches qu’ils aient pu faire, ils n’ont jamais appris qù’un voyageur l’eût rencontrée à l’état sauvage. Un point est cependant établi, c’est que le Chili doit être probablement son pays d’origine. C’est là qu’il faut la chercher et il s’en est fallu de peu que le problème n’ait pu être considéré comme définitivement résolu.
- Claude Gay en 1849, dans sa Flora Chilena, écrit : « Nous croyons pouvoir établir que le Chili peut être regardé comme la véritable patrie de cette manne céleste, vu le grand nombre de localités dans lesquelles on la rencontre à l’état complètement sauvage. Dans les Cordillères voisines de celles de Malvarco, il existe une chaîne de montagnes où les Pommes de terre sont si communes, que les Indiens et les soldats de Pinchiera allaient les récolter pour en faire leur principal aliment : la montagne y garde le nom de Ponis, nom araucanien de Papos. »
- C’est donc du Chili que serait partie la culture de la Pomme de terre, pour se propager au Pérou et en Bolivie,
- dans tout l’empire des Incas, où les Espagnols l’ont partout rencontrée lors de la conquête. C’est l’avis de \Ved-dell dont l’opinion sur la question, en tant que botaniste et explorateur, doit faire autorité.
- Depuis cette époque, on a recueilli dans cette même région des espèces voisines du Solarium tuberosum, dont certaines présentent avec ce dernier d’extrêmes affinités. Il en est ainsi des Solarium immite, verrucosum, Fendleri, Jamesii, etc., qui ont été pris, mais par erreur, pour la Pomme de terre. M. Édouard André avait cru lui-même avoir mis la main sur le type sauvage, au sommet du Quindio, en Colombie, par 5500 mètres d’altitude; mais De Candolle, qui avait vu les spécimens rapportés, ne put les assimiler au Solarium tuberosum dont ils diffèrent nettement. L’illustre botaniste de Genève conclut de ses recherches que : 1° la Pomme de terre est spontanée au Chili, sous une forme qui se voit encore dans nos plants cultivés; 2° il est très douteux que l’habitation naturelle s’étende jusqu’au Pérou et à la Nouvelle-Grenade ; 3° la culture était répandue avant la découverte de l’Amérique, du Chili à la Nouvelle-Grenade.
- Ce qu’il faut retenir, c’est que le Solanum tuberosum est un type spécifique variable à l’infini dans sa descendance, se distinguant franchement des espèces affines. Dans ces dernières il y a toujours médiocre production soit au point de vue du nombre, soit à celui du volume des tubercules. Dans la Pomme de terre, au contraire, les variations restent toujours vigoureuses mais, on peut toujours reconnaître en elle la plante sauvage amenée, par la culture, les sélections prolongées, à l’état où nous la voyons actuellement.
- Quelle est la contrée de l’Europe qui a reçu les premières Pommes de terre? On a cru longtemps que c’était l’Angleterre où elles auraient été introduites de la Virginie en 1586. Dans la relation de voyage de Raleigh il est question d’une racine appelée Openhauk, qui croît dans les lieux humides et qui, bouillie ou cuite, constitue un aliment agréable. D’après les caractères que présentaient les premiers spécimens, on avait eu affaire à une variété à tubercules ronds ou oblongs et jaunâtres avec les fleurs violacées ou gris de lin. Telle était encore la pomme cultivée en Angleterre en 1619, époque où elle était admise, en minime quantité il est vrai, sur la table royale. La culture n’en acquit une importance nationale qu’en 1662; en Écosse elle ne paraît qu’en 1683, et c’est en 1728 qu’un journalier de ce pays en planta, pour la première fois, en plein champ.
- Sur le continent, c’est Charles de l’Écluse qui fit faire la première figure connue de la Pomme de terre ; mais en 1596 Gaspard Bauhn en avait parlé dans son Phytopinax et lui avait imposé le nom qu’elle a gardé de Solanum tuberosum. Nous savons que l’Écluse avait reçu ses échantillons à Vienne, mais d’où étaient-ils arrivés à Philippe de Sivry? Ce dernier les tenait primitivement d’un personnage qui avait accompagné le légat du Pape en Belgique. Quoi qu’il en soit, en 1601, le même botaniste pouvait dire : « Cette plante commence à devenir assez commune dans la plupart des jardins d'Allemagne tant elle est féconde.... Le légat, à ce que j’ai appris, mangeait de ces tubercules, qu’on lui préparait de la même façon que les châtaignes ou les carottes, pour se fortifier, parce qu’il était d’une santé délicate.... Je les ai fait cuire entre deux plats, puis je les ai dégustés, après macération dans une sauce grasse de navets ou de raves et de mouton ; je les ai trouvés certes non moins sapides et agréables au palais que les navets eux-mêmes. Mais
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- j’estime qu’on ne peut les manger crus, car ils sont âpres et indigestes. »
- Elle avait donc été apportée d’Italie en Belgique, de là elle passa en Autriche, en Allemagne. Les Bauhin la cultivaient en Suisse, d’où elle se répandit en Franche-Comté avant 1620. En Belgique, la culture s’en était perpétuée sans accident et d’après Morren « quand Parmentier avait trois ans, nos populations trouvaient déjà sur les marchés publics des villes les Pommes de terre en abondance. C’est à Francfort que Parmentier connut let Pommes de terre chez le pharmacien Morin dans la demeure duquel il avait reçu un billet de logement se c’est M. Grégoire, paysan de Jalhay près de Liège, qui offrit à Parmentier la culture du précieux tubercule. ))
- Mais comment la Pomme de terre était-elle arrivée en Italie? Il paraît probable que les conquérants du Pérou, où la Pomme de terre était cultivée de temps immémorial, l’avait rapportée en Espagne d’où elle était passée en Toscane, introduite par des Carmes déchaussés.
- Quelle est l’époque de son importation en France? Le premier auteur qui en parle est Olivier de Serres, dans son Théâtre d,'agriculture en 1600, à l’article Cartoufle. Il dit qu’elle est venue de Suisse en Dauphiné, il y a peu de temps, et à cette époque le célèbre agronome la cultivait dans ses terres du Pradel, en Ardèche. Ce nom de Cartoufle venait vraisemblablement de Tarteuffel qui lui-même n’est qu’une modification germaine de l’italien Tartuffoli; en Allemagne, encore de nos jours, la Pomme de terre s’appelle Kartoffel. En France, le tubercule américain fut bien longtemps délaissé; on l’accusa de donner la lèpre et il n’était intéressant qu’au point de vue botanique. Dans les Vosges par exception sa culture se maintint, et en 1693 le Curé de la Broque, Louis Piat, exigea de ses paroissiens, qui d’ailleurs refusèrent, la dîme de la Pomme de terre.
- La Quintinie n’en parle pas et de Combly en fait mention en 1749, signalant deux variétés qu’il appelle les Truffes, l’une rouge et l’autre blanche tirant sur le jaune. En 1755 Duhamel du Monceau rend compte d’expériences de cultures faites aux environs de Saint-Dizier et c’est lui, en 1779, qui consacre le nom définitif de Pommes de terre. La Faculté se décide et rend un arrêt en leur faveur, mais c’est Parmentier qui lui donne la popularité dont elle n’a plus cessé de jouir, Parmentier qui s’était attiré les bonnes grâces de Louis XVI et de ses conseillers et les avait convertis à ses idées humanitaires. Le roi n’en porta-t-il pas un bouquet de fleurs à la boutonnière?
- Charles de l’Écluse et Parmentier méritent toute notre reconnaissance : au premier nous devons l’introduction, au second la propagation de la Pomme de terre.
- P. IIariot.
- L.\ CULTURE DES HUITRES PERLIÈRES
- EN ITALIE
- Pendant qu’en France on obtient les résultats les plus intéressants au point de vue de la production artificielle des perles dans certains coquillages de notre littoral, on se prépare en Italie à tenter une expérience quelque peu différente : il s’agit, pour une société qui se fonde, de créer des bancs d’huîtres perlières, qu’on mettra ensuite en coupe réglée, et pour leur nacre, et aussi pour les perles qui pourraient s’y former naturellement ou sur intervention de l’homme. Étant donnée cette dernière particularité, et en présence aussi du commerce extrême-
- ment important auquel donne lieu la nacre des huîtres perlières, il est intéressant de signaler cette tentative.
- L'histoire en remonte assez loin, et nous la résumerons brièvement. Elle se rattache aux recherches d’un naturaliste italien distingué, le chevalier Comba. Dès 1860 celui-ci avait entrepris des études sur le mode de formation des perles dans la meleagrina margarilifera ; aidé par le gouvernement Italien et par sir James Hudson, il avait fait construire un aquarium à Turin, et s’était fait envoyer 50 huîlres perlières des îles Dahlak. Les précautions qu’il avait indiquées pour le transport portèrent leurs fruits, et, sur les 50 spécimens, de 3 à 4 ans et de
- 6 centimètres de diamètre, 3 seulement étaient morts et 4 autres avaient souffert. Ces derniers moururent bientôt, mais tout le reste, placé dans un aquarium de 20 mètres environ sur 8, et de 5m,50 de profondeur, devint florissant et jeta du nouveau byssus. M. Comba en prit alors 24, sur lesquelles il expérimenta sa méthode de production artificielle des perles, qu.’il avait essayée sur l’anodonte, et, 8 jours après, les huîtres ne semblaient plus rien ressentir. H fut forcé de s’absenter ensuite 18 mois, mais, à son retour, il trouva ses élèves en excellente santé; elles s’étaient reproduites, en dépit de soins assez maladroits. Au bout d’un certain temps, après transfert dans un nouvel aquarium, le savant naturaliste résolut de juger sa méthode de production des perles artificielles, et il ouvrit les huîtres traitées : chez beaucoup il y avait bien des excroissances nacrées, mais adhérentes à la coquille ; toutefois, chez d’autres, on trouva 2, 3, 4 perles de belle forme, parfaitement irisées.
- A la suite de contretemps nombreux, les expériences furent reprises en 1881 sur des huîtres nées en aquarium et mesurant de 8 à 10 centimètres, et en 1884 ces huîtres furent ouvertes devant des témoins, notamment devant un bijoutier, M. Martinotti, qui put acheter 39 perles provenant de 11 bivalves.
- Aujourd’hui le chevalier Comba veut tirer parti des constatations qu’il a pu faire, et notamment de l’extrême vitalité des huîtres perlières, des facilités qu’on possède de les faire multiplier en aquarium pour en peupler ensuite des bancs sur les côtes sud de la Calabre. Il a étudié au scaphandre les divers emplacements possibles, et il a choisi la Calabre, où l’Amirauté italienne va faire délimiter sept zones à concéder à la Compagnie qui se fonde. Ces zones se trouvent entre Bova et Torre di Riacci.
- On se propose d’acquérir 10000 meleagrina, dont 500 seront mises de côté pour la reproduction : ce sera plus qu’il n’en faudra assurément, puisque chaque bivalve peut donner au moins 600 000 œufs. En supposant même une déperdition considérable, on pourrait pêcher 3 750 000 coquilles à la fin de la septième année, ce qui, à 1500 francs la tonne, représenterait une valeur de
- 7 550 000 francs. Bien entendu, on aurait en même temps la chance de trouver des perles formées naturellement dans les coquillages, et on pourrait employer la méthode Comba pour provoquer la formation artificielle de ces précieuses gemmes. On affirme même que, dès la troisième année, on aurait la possibilité de vendre des coquilles de 8 à 10 centimètres, qui trouvent aisément preneur pour la fabrication des boutons, et qui sont même recherchées.
- Il y a là une industrie nouvelle qui semble assurée d’un sérieux avenir, et qui pourrait sans doute être pratiquée avec succès sur quelques points de nos côtes de la Méditerranée. D. B.
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- LA NATURE.
- LES
- NOUVELLES CRÉATIONS DE LA MONNAIE
- DE PARIS
- Nous avons antérieurement montré1 quel essor a pris la Monnaie de Paris sous la haute direction de notre savant collègue M. de Foville : elle ne pouvait s’arrêter en si bon chemin, et les chiffres de ses l'rappes de 1898 sont non moins éloquents que ceux des années précédentes.
- En effet, pendant cet exercice, les balanciers ont frappé 97 millions 874 295 pièces, dont
- 4 200000 pour la seule Ethiopie,
- des monnaies d’argent et des monnaies de bronze des nouveaux types que nous avons décrits, et enfin des pièces coloniales.
- Mais, sans insister sur ces chiffres pourtant intéressants, nous voudrions parler au moins de deux créations récentes et remarquables à bien des titres, dont la Monnaie vient de s’enrichir : il s’agit de la nouvelle pièce d’or de 20 francs et du talari d’argent
- éthiopien. Ce sont de vraies œuvres d’art, dont il faut signaler l’appa -rition comme elles le méritent.
- Le louis d’or, pour employer une expression qui est demeurée malgré tout dans l’usage, a fait
- Fifî. 1. — I.es deux laces du talari éthiopien.
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- pour
- le Maroc, 500 000 pour la Russie, et quelques-unes, à titre d’essai, pour la petite principauté de Lichtenstein ; le reste comprend des pièces d’or françaises,
- beaucoup parler de lui ces temps
- derniers, et bien des journaux en ont même annoncé le début de la frappe quand aucune décision n’était encore prise à ce sujet. Le moment est en réalité arrivé maintenant où il va faire son entrée
- officielle parmi les coins monétaires, et où il va remplacer l’ancienne pièce de 20 francs. C’est un artiste de grand talent, M. J.-C. Chaplain, qui a été chargé de la gravure de cette nouvelle monnaie, et, après des études d’une conscience et d’une minutie dont on ne se fait point idée, il est arrivé à un type définitif qui est assurément fort remarquable. Notons du reste que, s’il a voulu créer du nouveau, tenir compte des modifications apportées à notre époque dans la gravure des médailles, il a sagement évite de rompre avec tous les anciens
- 1 Voy. n° 1315, du 15 août 1898, p. 167.
- erreînents, qui souvent sont le résultat d’une longue pratique. C’est ainsi qu’il a complètement innové dans le cordonnet, dans la petite bordure de métal qui est destinée à empêcher le relief de s’user aussi vite et à permettre aux pièces de s’empiler : il l’a formé d’une série de petites olives assez élégantes. La tête de République qui orne le côté face est d’un assez joli profil; tout au plus pourrait-on lui reprocher la coiffure, le bonnet phrygien, qui manque absolument de grâce, mais qui est passé à l’état d’emblème consacré. Quant au revers de la pièce, il est tout à fait remarquable : le coq gaulois qui le décore a une fière
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- LA NATURE.
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- allure et surtout, au point de vue gravure proprement dit, il a un admirable relief.
- Assurément les premiers échantillons de cette pièce d’or qui sont sortis des ateliers de la Monnaie ont été fort disputés par les amateurs.
- Jetons maintenant un coup d’œil sur le talari d’argent éthiopien : et d’abord, en nous servant d’une magistrale étude due à M. de Foville, examinons rapidement quelles ont été jusqu’ici les monnaies de cet empereur d’Ethiopie qui fait tant parler de lui.
- U y a encore peu de temps, et par suite d’une bizarrerie, d’une véritable curiosité commerciale ignorée de bien des gens, les populations hétérogènes qui composent maintenant l’empire abyssin ne connaissaient comme étalon monétaire que ce qu’on
- appelle le thaler levantin, le talari à l’effigie de Marie-Thérèse d’Autriche, belle pièce d’argent un peu plus grande et plus lourde que notre écu de 5 francs. Cette pièce, frappée primitivement avec le millésime de 1780, a disparu en Autriche comme monnaie nationale, mais une'grande partie des populations d’Asie et d’Afrique ont continué à ne vouloir guère recevoir en payement que ces thalers émis par le seul des grands Etats européens n’ayant pas de colonies. Le talari se frappe donc toujours à Vienne ou à Kremnitz, avec le millésime de 1780, pour les besoins du commerce.
- L’Ethiopie avait adopté le talari comme monnaie courante; elle employait aussi la roupie indienne; quant aux monnaies d’appoint, elles étaient constituées, de façon fort peu commode, par Yamulet ou
- Fig. 3. — Le poinçon et la matrice d’une médaille.
- amole,'petit lingot de sel prismatique pesant à peu près 700 grammes et provenant de l’ancien lac Alalé-Badd ; l’amulet correspond à peine à notre pièce de 50 centimes. Il se divise aussi en deux ou quatre parties égales.
- Nous ne signalerons que pour mémoire les efforts peu heureux des Italiens pour introduire en Ethiopie un thaler érythréen avec sous-multiples, portant l’effigie du roi d’Italie.
- L’empereur Ménélik, qui a une intelligence très ouverte et un esprit éminemment pratique, comprenait qu’il importait d’avoir des monnaies divisionnaires plus commodes que des barres de sel, et tenait à faire circuler des talaris portant son image et matérialisant la reconstitution de l’Empire du Roi des Rois. Aussi, conseillé par un de nos compatriotes qui a une grande influence près de lui, M. Chefneux, décida-t-il, en 1895, de confier à la Monnaie de Paris la fabrication d’une série moné-
- taire comprenant quatre pièces d’argent et trois de cuivre. En même temps, il arrêtait les effigies et inscriptions à y graver que nous retrouverons tout à l’heure.
- Une première série de talaris fut frappée avec des poinçons, matrices et coins gravés par M. J.' Lagrange ; mais, à peine arrivées en Abyssinie, elles furent tellement disputées comme bijoux et amulettes par les habitants, qu’elles disparurent de la circulation.
- L’Empereur, avec cet esprit de décision, ce sens pratique qu’il possède au plus haut degré, en a profité pour modifier quelque peu son système monétaire, pour se rapprocher autant que possible du système décimal et de nos monnaies. Une nouvelle effigie fut commandée à M. J.-G. Chaplain, qui a produit l’admirable médaille que nos lecteurs ont sous les yeux. Sur la face est la tête puissante de l’Empereur portant le voile classique et la couronne
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- LA NATURE.
- à triple étage; l’inscription signifie Ménélik II roi des rois d'Éthiopie ; sur le revers est un lion héraldique d’un mouvement admirable, entouré de cette autre inscription qui ne manque pas de fierté : Il est vainqueur, le lion de la tribu de Juda. Enfin on aperçoit sur la tranche des caractères qui signifient : L’Éthiopie ne tend la main qu'à Dieu.
- Pour nous le talari éthiopien est supérieur encore comme gravure au louis d’or français. Ce sont là les deux principales des dernières créations de la Monnaie de Paris; mais elle a continué de frapper de nombreuses médailles d’une grande valeur artistique. Nous n’y insisterons pas ; toutefois, pour compléter l’intéressant article sur « la frappe d’une médaille » publié dans La Nature1, nous pouvons, grâce à l’obligeance extrême de M. de Foville, reproduire ici la photographie de la matrice et du poinçon de face d’une remarquable plaquette due à M. A. Charpentier et intitulée La Peinture. On y verra nettement l’apparence curieuse de ces matrices où le métal doit remonter plus ou moins pour épouser les reliefs voulus par l’artiste. P. de Mériel.
- UN INSTITUT D'ÉTUDE
- DES MALADIES TROPICALES
- Il paraît qu’on va sous peu créer à Londres une institution spéciale ayant pour but d’étudier les maladies qu’entraîne le séjour sous les tropiques : il peut, au premier abord, sembler bizarre d’avoir choisi Londres pour cela, mais ce choix est parfaitement motivé. Le port de Londres voit en effet, pour ainsi dire quotidiennement, débarquer un grand nombre de marins qui arrivent des pays les plus divers, et parmi lesquels on peut faire des observations cliniques du plus haut intérêt. Grâce à ces sujets qui viennent en foule, on pourra assurer l’instruction d’un nombre considérable de médecins qui seront ensuite dans les meilleures conditions pour aller pratiquer sous les tropiques soit comme particuliers, soit comme fonctionnaires du gouvernement.
- L’Institut constituera du reste un laboratoire de recherches des plus intéressants et l’on y étudiera notamment les causes des maladies tropicales. II sera installé au milieu même des Docks, entre les « Royal Victoria Docks » et les « Albert Docks », dans l’hôpital annexe de la Seamen's Hospital Society. On va consacrer à son établissement une somme de 353 000 francs, dont 84 600 francs seront fournis par l’équivalent de notre ministère des colonies, le Colonial Office. Les dépenses annuelles sont évaluées à 77 000 francs, à peu près, auxquelles le Colonial Office contribuera chaque année pour 25000, à titre de rétribution pour les fonctionnaires, dépendant de ses services, qui viendront suivre les cours.
- LE SAY0N MICR0BICIDE
- L’utilité de désinfecter les diverses parties du corps ou les objets qui sont souillés par des microbes ne faisant plus de doute aujourd’hui, tout le monde s’efforce de trouver une solution antiseptique pratique, c’est-à-dire
- ' Voy. n° 1239, du 27 février 1897, p. 200.
- bon marché et non dangereuse. On ignore généralement que l’on en a une sous la main qui répond à ces deux desiderata : c’est le savon dont le pouvoir désinfectant a été montré d’abord par Koch, puis vérifié par Behring, Reithoffer, Beyer, etc. Mais, comme il y a fagots et fagots, il y a savons et savons. Lesquels choisir pour conduire les microbes de vie à trépas et à quelle dose ont-ils le plus d’efficacité ?
- C’est cette question que vient de résoudre le professeur Serafini1 par des expériences bien conduites, desquelles, il résulte les conclusions suivantes :
- 1° Le savon de soude ou de potasse a un pouvoir désinfectant bien marqué, qui ne provient pas seulement de l’action de la base alcaline, combinée ou non aux acides gras, mais qui tient à la combinaison elle-même. 2° L'alcalinité libre des savons est en général si faible, même dans les solutions concentrées (1,40 à 1,92 pour 1000 dans la solution à 50 pour 1000), qu’elle ne peut en aucune façon produire d’action désinfectante. 3° L’alcalinité qu’on rend libre dans des solutions aqueuses de savon ne peut produire une action égale à celle de la solution même de savon ; elle peut bien renforcer l’action des solutions faibles, mais elle ne diminue pas le pouvoir désinfectant des solutions fortes. 4° Comme les savons ne sont pas complètement solubles dans l’eau froide, c’est à la partie soluble de ceux-ci qu’on doit attribuer le pouvoir désinfectant des diverses solutions, car celui-ci reste le même après comme avant la filtration de la dissolution de savon dans l’eau chaude; d’autre part, quand on a neutralisé l’alcalinité de la solution filtrée, celle-ci se comporte de la même manière que lorsqu’on neutralise les solutions non filtrées. 5° Les réactifs ou substances chimiques qui précipitent le savon diminuent naturellement en même proportion le pouvoir désinfectant de la solution savonneuse ; ce pouvoir diminue également quand les solutions sont dans un milieu riche en acide carbonique. 6° La température favorise le pouvoir désinfectant des solutions de savons non seulement par suite de ce fait bien connu que les hautes températures renforcent l’action des désinfectants, mais aussi parce qu’une élévation même légère de température augmente la proportion de savon dissous. 7° Comme le pouvoir désinfectant appartient en propre aux savons en tant que sels alcalins d’acides gras, il semble que tout ce qui peut faire diminuer, dans le savon commercial, la proportion de ces sels ne restreint pas dans la même proportion l’action désinfectante; en conséquence, celle-ci diminue en raison de la proportion d’eau et de matières étrangères contenues dans le savon. 8° Les savons contenant des résines alcalines (savons de résine), très répandus dans le commerce, ont une action désinfectante d’autant plus faible que le savon contient une plus forte proportion de résine. 9° Le pouvoir désinfectant des savons est néanmoins peu efficace dans la pratique de la blanchisserie, en raison de la difficulté avec laquelle les solutions concentrées de savon pénètrent les pores des étoffes (par exemple, quand elles sont déjà imprégnées de matières albuminoïdes : sang, pus, teinture, etc.), lorsqu’on se contente d’une simple immersion; il faut encore tenir compte de la solubilité, faible ou nulle, dans le savon, des matières qui salissent le linge.
- Les savons de Marseille sont ceux que l’on doit employer de préférence. Lue solution à 30 ou 40 pour 1000 tue les microbes les plus résistants. Henri Coupin.
- 1 ftev. d’hyg. et Bull. gén. de thérap.
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- LA NATURE.
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- PLANTES A FLEURS ET A FRUITS
- SOUTERRAINS
- Le l,r août 1798, le docteur RodardLajacopierre, membre correspondant de l’Académie des Georgo-philes de Florence, lisait une dissertation sur les plantes hypocarpogées. Par cette expression assez bizarre, adoptée par de Candolle, et qu’on ne retrouve ni dans Littré, ni dans Larousse, le docteur Rodard entendait désigner les plantes qui ont la singulière habitude d'enterrer leurs fruits comme l’avare enterre son trésor. G’est un mode de dissémination des graines qui ne contribue pas à étendre beaucoup l’aire de dispersion d’une plante, mais qui assure assez bien sa reproduction sur place.
- Nous distinguerons deux cas : celui des plantes qui fleurissent à l’air et déposent leurs fruits en terre, et celui des plantes dont le fruit est souterrain dès l’origine.
- Plantes fleurissant a l’air et enterrant
- ENSUITE LEURS FRUITS :
- Linaire cymbalaire. — La linaire cymbalaire est ce petit muflier qui tapisse si agréablement les parois des vieux murs. A l’époque de la floraison, son pédoncule est dressé et à peu près de la longueur du pétiole; après cette époque, Il se courbe irrégulièrement, s’allonge jusqu’à ce qu’il rencontre une fente de rocher ou de mur : aussitôt il s’y enfonce et va porter ainsi la capsule dans un endroit obscur et humide où elle pourra germer en toute sécurité (fig. 1).
- Trèfle souterrain. — G’est une petite légumi-neuse qui habite les terrains sablonneux et qui doit son nom à l’habitude qu’elle a d'enterrer ses fruits.
- Parmi les fleurs du trèfle souterrain, il en est peu qui acquièrent un parfait développement. Dès que les fleurs ont été fécondées, leurs pédoncules, continuant à croître tout en se recourbant, tendent à les enfouir dans le sol. Ils sont aidés dans cette opération par les fleurs imparfaites, grâce à la structure de ces dernières. Darwin a montré que ces fleurs, aussitôt qu’elles sont dans le sol, tournent autour de leur point d’attache avec le pédoncule, de façon à rapprocher leur extrémité de ce dernier. Grâce à ce mouvement, la fleur s’enfonce dans la terre et le fruit y mûrit.
- Morisia hypogea. — Une petite crucifère du midi de la France (Morisia hypogea) produit un phénomène analogue. Immédiatement après Fan-thèse, le pédoncule floral se recourbe fortement vers le sol et sous le pied de la plante; il enfonce la graine dans le sol et elle y mûrit sans en ressortir jamais. De la sorte, les touffes s’élargissent souvent démesurément sans que la plante se dissémine beaucoup.
- Arachide (Arachis hypogea). — L’arachide est une bizarre légumineuse originaire de l’Afrique et qu’on cultive en grand, pour ses propriétés alimen-
- taires et oléagineuses, dans le midi de la France, en Espagne et en Italie: on la nomme vulgairement pistache de terre (fig. 2). Les fleurs, qui ressemblent assez aux fleurs de notre pois commun, sont jaunes, réunies par petits bouquets de trois à six. Les fleurs supérieures sont toutes mâles, les inférieures sont : les unes femelles, les autres polygames. Après la fécondation, les premières tombent, les secondes donnent naissance à un fruit de forme allongée qui présente alors un phénomène très curieux. La petite gousse est entraînée par la croissance du pédoncule qui se recourbe de façon à faire pénétrer la gousse dans le sol. Elle y accomplit sa maturation à plusieurs pouces au-dessous de la surface du sol. Elle renferme alors deux et quelquefois quatre semences de la grosseur d’une noisette, de substance blanche, farineuse et oléagineuse. On la mange cuite à l’eau ou grillée sous la cendre. On prétend même qu’on la fait entrer dans la composition du chocolat.
- C’est dans cette amande que réside le produit de l’arachide : elle fournit la moitié de son poids d’une huile très estimée et les résidus servent à faire ce qu’on appelle des tourteaux d’arachide, substance fertilisante très appréciée des agriculteurs.
- Si la gousse ne parvient pas à s’enfoncer dans le sol, elle ne tarde pas à se dessécher et les graines ne se forment pas.
- Cardamine chenopodifolia. — Une obscure crucifère du Rrésil, analogue à notre petite cardamine dont les fleurs violettes égayent nos prairies au printemps, outre ses siliques ordinaires, en possède d’autres, courtes et effilées, qui s’enfoncent dans le sol (fig. 3).
- Cyclamen ou Pain de pourceau. — Les fleurs du cyclamen, cette belle primulacée, chère au romancier André Theuriet, présentent un phénomène assez remarquable. Aussitôt après la floraison et la fécondation, les cyclamens enroulent leur pédoncule en vrille : ils retirent ainsi vers les bulbes leurs capsules qui, étant lourdes, retombent sur le sol. Si celui-ci est un peu humide et meuble, les capsules, par un mécanisme peu connu, s’enfoncent petit à petit dans le sol où les fruits mûrissent.
- Les plantes aquatiques qui fleurissent à l’air et vont ensuite déposer leurs fruits dans la vase du fond, savoir : le trapa, la vallisnérie, rentrent dans jcette catégorie.
- Plantes dont le fruit est souterrain dès l'origine :
- Linaria spuria ou Velvote. — On trouve dans les champs, après la moisson, une petite plante aux longues tiges rampantes et portant de petites fleurs jaunes marquées de noir, sorte de gueule-de-loup en miniature. C’est ce que le vulgaire appelle velvote et le botaniste Linaria spuria.
- M. Michalet, dans une Note succincte présentée à la Société botanique de France en 18601, a établi
- 1 Bull. Soc. bot. de France, 1860, t. VII.
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- LA NATURE.
- que la Linaria spuria produit sur quelques-uns de ses rameaux des Heurs qui s’enfoncent en terre pour y mûrir leurs fruits, tandis que d’autres, sur le même pied, arrivent au même résultat en plein air.
- La plus célèbre des plantes hypoearpogées est sans contredit une légumineuse du Midi (fig. 5) appelée Vicia amphicarpa.
- Elle fut étudiée pour la première fois par Bo-dard, dans le mémoire cité au commencement de cet article. À peu près à la même époque,
- Louis Gérard (de Coti-gnac) faisait lire par Yentenat, à l’Institut national, un mémoire sur deux plantes à fructification souterraine. Ces deux plantes sont : Vicia a mp h i c a rp a et L/t-thyrus amphycarpos.
- L’analyse du mémoire de Gérard nous entraînerait trop loin ; nous le résumerons très rapidement en le complétant par l’étude de M. Fabre, publiée en 1863 dans le Bulletin de la Société botanique de France.
- L’axe primaire de Vicia amphicarpa, produit immédiat de la germination, donne naissance, au niveau du sol, à des rameaux secondaires : les uns aériens, les autres souterrains, puis il se dessèche et meurt le plus souvent.
- Les rameaux hypogés sont blanchâtres, tortueux, portent des feuilles rudimentaires réduites aux stipules, ou même dans le haut de très petites feuilles pâles très bien conformées et composées de quatre à six folioles d’un jaune pâle et de 1 millimètre au plus de longueur.
- A l’époque où s’épanouissent les fleurs aériennes, les fleurs souterraines les plus avancées mesurent quatre millimètres envi-
- ron de longueur. Il est facile de reconnaître alors dans ces fleurs toutes'les parties qui composent une
- fleur normale. La corolle est formée des pétales très petits, pâles et diaphanes. Elle rappelle on ne peut mieux la corolle aérienne prise dans un bouton de même dimension que la fleur souterraine1.
- Il importait surtoutde constater l’absence ou la présence de l’andro-cée. Dans toutes les fleurs examinées, M. Fabre a rencontré les dix étamines, si faciles à voir qu’il ne peut s’expliquer comment elles ont pu échapper jusqu’ici aux observateurs. Les anthères sont plus grosses que celles des fleurs aériennes. L’ovaire ne diffère pas à cette époque des ovaires anormaux; il ne renferme que trois ou quatre ovules. « En résumé, dit M. Fabre, ces. fleurs singulières qu’on avait jusqu’ici décrites comme privées
- d’étamines et qui, nourrissant cependant des graines fécondes dans un milieu où le pollen ne pouvait pénétrer, paraissaient fournir un argument en faveur de la formation, dans quelques cas exceptionnels, de graines parfaitement conformées et fertiles, sans le secours de tubes polliniques, se trouvent en réalité pourvues d’un androcée et rentrent dans la loi générale. Pareilles en tout point aux jeunes boutons des fleurs aériennes, elles ne sont qu’un arrêt de développement de ces dernières, arrêt occasionné par la résistance et l’opacité du milieu où elles se développent. »
- Ce premier point constaté, le savant naturaliste d’Avignon s’est 1 On éprouve une impression bizarre quand on tire de
- A, m
- Fig. 2. — Arachis hypogea.
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- LA NATURE.
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- demandé si une fleur hypogée pourrait déployer sa corolle à l’air libre et mûrir ses graines, et réciproquement si une fleur aérienne plongée artificiellement sous terre pourrait amener ses ovules à maturité, sa corolle restant rudimentaire? L’expérience lui a démontré, dans les deux cas, l’exactitude de
- son hypothèse. Au moment où la plante était en pleine floraison, il a ramené au jour l’extrémité de rameaux souterrains. Il les a protégés contre l'ardeur du soleil et a pu voir l’extrémité émergée continuer son évolution et prendre un aspect en rapport avec le changement de milieu. Le rameau a verdi et les feuilles
- Fig. 3. — Cardamine chenopodifolia.
- Fig. 4. — Lathyrus amphicarpos.
- ont acquis un développement normal. La première fleur ne s’est pas épanouie et la gousse l’a chassée hors du calice. La gousse était semblable aux gousses aériennes ; les graines ont toutes mûri et ont présenté, au lieu du volume disproportionné des fruits souterrains, un développement normal. La seconde fleur a déployé des pétales colorés comme .les autres fleurs -aériennes et produit une gousse semblable à la précédente.
- Voyons l’expérience inverse : M. Fahre^a enfoui dans le sol l’extrémité de rameaux aériens munis de fleurs en boutons mesurant deux à trois millimètres delongueur et trois semaines après il a pu constater que le rameau enterré s’était étiolé et renflé ; les feuilles ont jauni et sont restées rudimentaires étalés fleurs, loin d’avoir pourri sous terre, ont mûri leurs ovules dans ce milieu insolite et produit des gousses fécondes, bien que, comme toute production souterraine, elles soient étiolées ; elles sont en outre courbes, irrégulières, et ne ren-
- tcrrc un Vicia fleuri et qu’on amène au-dessus des racines ces fleurs hypogées, blanchâtres et bouffies.
- fermant qu’un très petit nombre (deux ou trois) de très grosses graines. Elles ressemblent en tous points aux gousses hypogées produites normalement. Les graines souterraines sont en très petit nombre dans chaque gousse parce que les autres ovules ont péri faute d’espace, et elles sont plus grosses parce que leur nombre est réduit. L’influence du milieu souterrain, qui amène constamment l’hypertrophie du rameau immergé, peut bien aussi jouer un rôle dans l’augmentation du volume des graines.
- 11 est donc établi, conclut M. Fabre, que les fleurs aériennes et les fleurs hypogées ne diffèrent absolument en rien dans le principe; quelles peuvent indifféremment être fécondées et mûrir leurs graines dans le sol et dans l’air ; que les différences que présentent les gousses et les graines venues dans ces deux milieux ne reconnaissent d’autre cause que la différence même de ces milieux dont l’un produit l’avortement des ovules et par suite le plus grand volume des graines qui, trouvant de l’espace pour se développer, survivent à cet étouffement.
- Fig. 5. — Vicia amphicarpa.
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- LA NATURE.
- On rencontre une organisation absolument semblable chez Lathyrus amphicarpos (fig. 4), Glycina tuberosa, Orobus saxatilis, Okenia hypogea, plusieurs espèces de Gommelyna et d’Amphicarpea, le Voandzeia, le Scrophularia arguta, etc...1.
- V. BlUiNDICOURT,
- Secrétaire de la Société liiméeinie du nord de la France.
- CHRONIQUE
- Les vins qui n’enivrent point. — ÎSous n’entendons pas entretenir nos lecteurs des sophistications viniques proprement dites mais des breuvages qu’un Anglais M. Frank Wright prépare, depuis près de vingt-cinq ans, pour la consommation des sobres fils d’Albion. Il commence d’abord par chauffer le jus du raisin à 82 degrés. Ensuite il le colore, puis le filtre et le porte à nouveau à une assez forte température. Enfin il le met en bouteilles... invitant tous ses compatriotes à en boire. Grâce à de récents perfectionnements introduits dans la fabrication, cet ingénieux industriel est même parvenu à confectionner ses produits sur place et à les transporter au loin. Ceux-ci ne conservent d’ailleurs, après toutes ces manipulations, qu’un goût plutôt vague de leur terroir, fût-il le meilleur de la Bourgogne ou de la Gironde! Remarquons en terminant que les vins non fermentés étaient déjà connus des Anciens. Les Grecs et les Romains employaient, en effet, divers moyens pour prévenir la fermentation de leurs nectars. Ils utilisaient la chaleur, l’épaississement par évaporation et quelquefois l’addition de résines ou de certains antiseptiques.
- Les précurseurs espagnols de Descartes. —
- Rien de nouveau sous le soleil, dit le proverbe, qu’un article de M. Eloy Bullon Fernandez vient de justifier une fois de plus. D’après ce travail, inséré dans la Revis-ta Conteniporanea, Descartes aurait eu plusieurs précurseurs en Espagne. Le fameux Cogilo ergo sum a été formulé, dès le milieu du seizième siècle, par Gomez Pereira, médecin et philosophe de Médina del Campo qui dit en propres termes : « Je connais que je sais quelque chose; ce qui connaît doit exister; donc je suis ». Quant au doute méthodique il est proclamé comme un principe primordial d'investigation philosophique par Francisco Vallès, un autre disciple d’Esculape qui eut son heure de célébrité à la cour de Philippe IL Enfin il faudrait encore citer Louis Vivès, Fernandez de Torrejon, adversaires résolus de l’autorité en matière de philosophie, et surtout José de Siguenza. Ce dernier dans sa Théodicée appliqua, en effet, bien des idées géométriques et métaphysiques qu’on croyait avoir rencontré jusqu’ici, pour la première fois, dans les écrits du grand penseur français.
- LTn embarquement rapide. — Les élévateurs pour céréales n’ont pas seulement l’avantage de permettre de classer les blés, de les trier, de les nettoyer, de les accumuler dans les meilleures conditions possibles: ils donnent encore la possibilité de charger ou de décharger les navires avec une rapidité extraordinaire. Dernièrement le steamer anglais Ormesby se trouvait à quai pour faire son plein de blé en vrac, et le temps pressait : on mit deux élévateurs au travail, et aussitôt deux vrais torrents de froment commencèrent de s’écouler dans les cales. Ce chargement commença
- 1 John Lubbock. Flowers, fruits and leaves.
- le matin et, avant minuit, le soir même, l’opération était terminée, le steamer ayant embarqué 50 000 boisseaux, autrement dit 1 750 000 litres de blé.
- Les livres de classe au Kansas. — Les législateurs de l’État américain du Kansas ont eu récemment une idée bizarre : ils ont décidé que dorénavant, et sous peine d’une forte amende, il serait interdit de se servir dans les écoles de l’Etat d’autres livres de classe que ceux qui seraient choisis, pour tous les degrés d’enseignement, par une commission spéciale prise dans le sein de la Chambre. La commission ne consulte aucun spécialiste, elle tranche tout absolument de son autorité, et la seule condition qu’on ait imposée, c’est le bon marché des livres. On peut deviner les résultats auxquels on est arrivé.
- Contre-torpilleur américain à grande * Hesse.
- — La flotte américaine vient de s’enrichir d’un contre-torpilleur fort réussi, qui porte le nom de Farragut, et qui adonné 31,76 nœuds aux premiers essais, 50,18 nœuds pendant une épreuve d’une heure sur base, le long de la côte, et enfin 32 nœuds en eau profonde. C’est un petit navire d’un peu plus de 64 mètres de long, déplaçant 240 tonnes et tirant lm,80, qui est puissamment armé de 4 canons de 6 livres à tir rapide et de 2 tubes lance-torpilles de gros diamètre. Le Farragut dispose d’un approvisionnement lui permettant de parcourir 2000 mil'es à la vitesse de 10 nœuds.*
- Les éclaireurs aériens et l’armée américaine. — Il s’agit naturellement des appareils de navigation aérienne ou d’aviation, comme on entendra les appeler, dont on poursuit depuis si longtemps la réalisation pratique. Le comité américain de l’Artillerie et des Fortifications a décidé de consacrer une somme de 125 000 francs à rechercher la possibilité qu’il peut y avoir d’employer des machines volantes d’un type quelconque pour reconnaître les positions ennemies en cas de guerre, et même pour jouer le rôle d’engins de destruction. Cette décision si caractéristique à bien des points de vue, a été prise sur le rapport d’une commission spéciale, qui a entendu de nombreux savants, et notamment le professeur Langley. Les expériences qui vont en conséquence être poursuivies sur le perfectionnement des machines existantes, seront dirigées par le général Greely, avec la collaboration gracieuse de M. Lan-
- §lCy' ^ o
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 8 mai 1899. —Présidence de M. Van Tjeghem.
- M. Kovalewski, membre de l’Académie de Saint-Pétersbourg, assiste à la séance ; M. le Président lui adresse les compliments de bienvenue de l’Académie.
- La colorimétrie animale el humaine. — M. d’Arsonval décrit une méthode expérimentale qu’il vient d’imaginer pour étudier les quantités de chaleur dégagées par l’homme ou les animaux dans un temps donné. Il observe d’abord qu’il est nécessaire, pour ne pas modifier la ther-mogénèse, de maintenir l’air respiré à une température invariable. Il prend comme chambre calorimétrique une cage cubique en bois de 2 mètres de côté, revêtue intérieurement de feuilles d’étain, de manière à être à peu près étanche. L’homme ou l’animal renfermé dans la chambre tend à élever la température de l’air. On maintient celle-ci constante au moyen d’un appareil réfrigérant qui se prête, en même temps, à la mesure des
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- LA NATURE.
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- quantités de chaleur absorbées. Cet appareil se compose d’un grand réservoir rempli de glace dont l’extrémité supérieure se termine par un tube vertical recourbé deux fois à angle droit. L’extrémité de ce tube, qui est également une branche verticale, vient plonger dans un vase rempli d’eau. La glace, en fondant, diminue de volume et tend à faire le vide dans le tube supérieur; par suite, l’eau du vase monte dans la deuxième branche verticale. De la hauteur de la colonne on déduit le volume de la glace fondue, puis la température; car on connaît, d’autre part, très exactement, le coefficient de contraction de la glace. Le réservoir est lui-même enfermé dans une boite de bois percée, à sa partie supérieure, d’un large trou pour le passage du tube et, à sa partie inférieure, d’un orifice dans lequel un petit ventilateur vient pousser l’air de la chambre. Celui-ci pénètre dans la boite et en sort après s’ètre refroidi au contact du réservoir. Le ventilateur peut être aisément réglé de manière que la température de la chambre reste constante. Cette dernière condition qui est capitale se vérifie au moyen d’un thermomètre de Leslie dont une des boules est intérieure et l’autre extérieure. Enfin le phénomène peut être en quelque sorte enregistré, en plaçant le vase d’eau sur une balance enregistrante, le poids du vase diminuant à mesure que l’eau monte dans la branche verticale. M. d’Arsonval a d’ailleurs opéré la contre-épreuve de son appareil en plaçant dans la chambre, au lieu d’un animal, une source de chaleur, produisant une quantité de chaleur connue.
- Les vibrations du sol à VObservatoire de Paris. — M. Lœwy analyse une Note de MM. Bigourdan et Hamv relative aux trépidations du sol à l’Observatoire de Paris. Ils ont recherché, en se plaçant dans les catacombes, à 28 mètres de profondeur dans le sol quelles étaient les oscillations qui y étaient encore perceptibles. Ces oscillations sont de deux sortes : 1° ondulations à périodes relativement longues d’une amplitude de 2 à 5 secondes; 2° ondulations très rapides produisant la diffusion et l’affaiblissement des images. On retrouve dans ces ondulations l’influence du passage des trains voisins. Une nouvelle série de recherches va être effectuée pour trouver la couche à laquelle il faut descendre pour rencontrer un sol à l’abri des trépidations.
- Les caractères des plantes alpines. — M. G. Bonnier a continué ses expériences relatives à la production artificielle des caractères des plantes alpestres, par l’alternance d’exposition des végétaux à la chaleur du soleil pendant le jour et d’exposition au froid d’une étuve à glace, pendant la nuit. 11 fait connaître aujourd’hui que les feuilles des plantes soumises à ce traitement prennent les caractères des plantes alpestres et qu’on y trouve la substance rouge dont la présence a été constatée ces dernières années.
- Préparation de corps nouveaux. — M. Moissan dépose une Note de M. Henri Gautier sur les propriétés du phosphure de magnésium. Ce corps nouveau a été obtenu par M. 11. Gautier en faisant agir directement la vapeur de phosphore sur le magnésium. Il a pour formule lHMg3. U se présente sous forme de cristaux qui décomposent l’eau en donnant de l’hydrogène phosphoré et de la magnésie.
- Découverte d’un important gisement d’ossements dans le quaternaire. — M. Gaudry présente une Note de MM. Marcellin Boule et Gustave Chauvet relative à l’existence d’animaux arctiques dans l’ouest de la France, à l’époque
- quaternaire. Au cours de l’exploitation d’une carrière de calcaire crétacé, sise au lieu dit « les Champs Gaillards », dans la commune de Châteauneuf (Charente), on a mis à jour une crevasse remplie de terre mélangée d’ossements divers. Ces ossements ont été recueillis par M. Chauvet qui les a envoyés à M. Boule. Celui-ci les a étudiés et a dressé la liste des animaux dont ils proviennent. C’est la première fois que l’on trouve en France, sur le même point, une si grande quantité de débris révélant un climat boréal; en outre, la découverte est intéressante à cause de la variété des animaux. Mais un des côtés singuliers de la découverte c’est que tous les individus qui les ont fournis étaient des jeunes individus. On trouve des os d’un poulain, d’un louveteau, de renardeaux, de jeunes hyènes des cavernes, de jeunes marmottes, etc. Il a été possible de former une collection d’humérus de hyènes variant de 45 à 125 millimètres de longueur, alors que la longueur à l'àge adulte est de 210 millimètres. Ces os ne sont pas des débris d’animaux mangés. Quelle peut donc être la cause de cette singularité ? M. Boule pense que comme il s’agit d’une crevasse étroite, sans doute autrefois recouverte de neige, les jeunes animaux y tombaient seuls, ou bien une fois au fond, n’avaient pas l’agilité nécessaire pour en sortir.
- Élection. — M. Prillieux est élu membre de la section de botanique, en remplacement de M. Naudin, par 51 voix sur 55.
- Varia. — M. Lippmann dépose une Note relative à la mesure absolue du temps. Ch. de Villedeuil.
- TRAVAUX DU CHEMIN DE FER D’ORLÉANS
- A PARIS
- ÉBOULEMENT D’UN MUR
- Un accident, peu grave en lui-même puisqu’il n’aura aucune suite, est arrivé le 2 mai sur les chantiers de construction du nouveau tronçon que la Compagnie d’Orléans est en train de percer pour son raccordement à la nouvelle gare de la Cour des Comptes. Le mur de la tranchée s’est effondré sur une soixantaine de mètres le long du quai Saint-Bernard, en amont du pont Sully. Si l’événement est peu important en lui-même, il est pourtant intéressant de le signaler, à cause de la façon dont les choses se sont produites.
- Les deux murs de la tranchée une fois terminés, on s’est appliqué à construire sous les futures voies un radier de béton en forme de voûte renversée destiné à résister par sa nature et par sa forme à la pression verticale de bas en haut due à l’invasion possible des eaux de la rivière en cas d’inondation.
- A cet effet on a attaqué le sol, qui est composé en cet endroit d’une couche de glaise ; or il est toujours très délicat de travailler dans la glaise, car sous l’action de l’air celle-ci se désagrège et se boursoufle ; on n’a pas pris toutes les précautions nécessaires : il aurait fallu attaquer l’ouvrage par anneaux de 4 ou 5 mètres et ne pas les, exécuter les uns à la suite des autres ; c’est-à-dire qu’on aurait dû ouvrir un chantier pour l’anneau n° 1 et attaquer ensuite le n° 4, puis le n° 7 et ainsi de suite, puis
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- L A N A TL II K.
- revenir au n° 2, au n° 5, au n° 8, etc. En opérant de cette façon le mur peut toujours se soutenir sur deux anneaux terminés ou pas commencés, et même
- s’il arrive un aléa à la section en travail, l’ouvrage peut se soutenir sur les deux autres en faisant le pont. Au lieu de cela, on a déblayé d'un coup le sol
- Fig. 1. — Vue prise en aval de l'accident.
- auprès du mur sur une longueur de 60 mètres ; la par les terres, la glaise a travaillé et le mur a cédé base de l’ouvrage n’étant plus soutenue latéralement en chassant sous lui la terre argileuse qui est venue
- Fig. 2. — Vue prise en amont de l’accident.
- envahir la tranchée. Les ingénieurs ont immédiatement étayé pour empêcher le mur de poursuivre sa chute. 11 va* falloir le démolir complètement et le recommencer sur une base en béton plus solide.
- C’est un simple travail de main-d’œuvre ne nécessitant pas de matériaux nouveaux et qui n’entraînera
- pas une dépense d’un million comme l’ont répété un grand nombre de journaux, mais un simple débours d’une dizaine de mille francs. A. C.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahuhe, rue de Fleurus, 9.
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- N» \ 550. _ 20 MAI 1899.
- LA NATURE.
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- MME BRISE-GLÆCE L’« ERMÀCR »
- Imaginer un navire pouvant naviguer à une vitesse de 15 kilomètres à l’heure sur une mer
- recouverte d’une couche de glace de lm,50 d’épaisseur, tel est l’audacieux et surprenant problème
- Fig. 1. — Navire brise-glace YErmack.
- réalisé par l’amiral Makaroff. La photographie construit par MM. Armstrong Witworth et Cie, traque nous reproduisons (fîg. 1 ) représente YErmack, çant sa route à toute vitesse à travers d’épaisses
- Sc-
- vr
- Fig. 2. — Coupe longitudinale et plan du navire.
- glaces. Les croquis qui accompagnent cette photographie (fig. 2) permettent de se rendre compte du mode de construction et de la disposition de cette sorte de bélier gigantesque.
- 27e amiée. — 1er semestre.
- Les dimensions principales de YErmack atteignent 92 mètres de longueur, 21m,50 de largeur et 12m,80 de creux ; les machines développent ensemble environ 12 000 chevaux. La coqûe est en quelque sorte
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- LA NATURE.
- double comme l'indique la coupe transversale. Toute la partie basse de l’intervalle laissé ainsi entre les deux coques constitue un double fond qui sert de compartiments à lest d’eau ; d’ailleurs l’intérieur même du navire est divisé en 54 compartiments-étanches.
- La vue en plan permet de saisir toute l’originalité de la disposition de YErmack dont les machines etles chaudières occupent toute la capacité intérieure.
- La propulsion est assurée par trois hélices, une dans l’axe et deux en abord, actionnées chacune par une machine à triple expansion de grande puissance.
- A l’avant de la deuxième chambre des machines se trouve un premier groupe de trois chaudières à doubles façades ; au centre du navire ont été disposées des soutes à charbon et la chambre des pompes d'épuisement. En se dirigeant vers l’avant on rencontre un second groupe de chaudières identique au premier, puis à nouveau une machine et une hélice.
- Cette quatrième hélice, disposée à l’avant, n’a pas pour but réel la propulsion du navire, mais elle permet de donner à l’eau une grande agitation qui provoque la dislocation des glaces et en même temps
- les met en mouvement en dégageant ainsi l’avant de la coque. Cette hélice à quatre ailes extrêmement résistantes est logée à l’abri sous une étrave brise-glace très inclinée dont la forme permet au navire, en cas d’une grande résistance de la glace, de s’élever au-dessus de l’obstacle qu’il brise par son poids.
- La majeure partie des pompes se trouvent réunies au centre du navire dans une chambre spéciale. L’une d’elles a un débit colossal de 10 mètres cubes d’eau à la minute. En la mettant en mouvement on peut très rapidement faire varier le tirant d’eau du navire. Par suite des immersions et des émersions qui résultent de la manœuvre de cette pompe, on peut détacher YErmack des glaces qui peuvent l’entourer au bout d’un certain temps d’immobilité. Un tuyautage auxiliaire permet de répandre sur le bord extérieur une couche d’eau chaude extraite des chaudières pour provoquer la fonte des glaces adhérentes.
- Enfin trois réservoirs, l’un dans l’axe du navire et les deux autres en abord, permettent d’obtenir de très intéressants résultats : celui du milieu, lorsqu'il est rempli d’eau, diminue considérablement le roulis du navire naviguant sur mer houleuse, tandis que grâce aux deux autres, alternativement pleins ou vides, l’assiette transversale du navire peut être très sensiblement modifiée.
- Ces quelques notes très brèves font comprendre la formidable puissance d’un engin maritime tel que YErmack. Son voyage, dans la Baltique, il y a
- quelques semaines, alors que les glaces étaient d’une grande épaisseur, a montré avec quelle aisance il franchissait des banquises de lm,50 d’épaisseur, évoluant même au travers de ces glaces avec un rayon de giration de moins de 200 mètres.
- Les résultats atteints seront d’une importance économique considérable pour les pays du Nord.Les ports pourront être tout au moins périodiquement débloqués et rendus accessibles k la navigation.
- Des navires du même type, plus puissants encore que YErmack, vont être mis en chantier et contribueront à rendre des services inappréciables pour les ports du Nord. L’un d’entre eux entrera d’autre part bientôt en service sur le lac Baïkal et aura pour but de transporter en tous temps, immense ferry, les trains entiers du Transsibérien d’une rive à l’autre du lac. Louis Turgan.
- LÀ. DESTRUCTION DES HIRONDELLES
- ET DES AUTRES PASSEREAUX INSECTIVORES
- On a signalé la présence à Paris de quelques rares Hirondelles dès le 7 ou le 8 avril de cette année; j’en ai aperçu une volant, près du Jardin des Plantes, dans la soirée du 11 avril, et ces jours-ci, j’en ai vu une autre dans les mêmes parages; mais peut-être pendant toute la fin de ce printemps maussade et durant tout l’été beaucoup de Parisiens seront-ils moins heureux et chercheront-ils vainement, dans les limites de l’horizon de leur quartier, ces Oiseaux familiers qui, d’après la croyance populaire, portent bonheur au logis contre les murs duquel ils accrochent leur nid. Les Hirondelles auraient-elles donc déserté la capitale, chassées par le roulement des tramways et des automobiles et les coups de pioche des terrassiers? Auraient-elles porté ailleurs leurs pénates et formé, en dehors de Paris bouleversé, de nouvelles colonies? Non point; car partout on constate une disparition rapide des Hirondelles.
- Dans la petite ville de l’est où je suis né, quand j’étais enfant, la fin des vacances m’était annoncée par de grands rassemblements d’Hirondelles qui se faisaient, à la fin de septembre, sur des fils métalliques s’étendant entre deux monuments et reliant entre elles les horloges municipales. Les Oiseaux, au nombre de plusieurs centaines, étaient disposés en cinq files serrées et parallèles : à chaque instant l’un d’eux sortait du rang, décrivait quelques vol tes et revenait prendre sa place; puis, à de plus rares intervalles, et comme obéissant à un signal, toute la bande prenait son essor et s’entraînait en vue d’un prochain départ.
- Depuis tantôt quarante ans que j’ai quitté le vieux collège provincial, je suis revenu presque chaque automne au pays natal et, d’année en année, j’ai constaté de plus larges vides dans la troupe d’émigrants dont les derniers débris ont fini par se réunir sur un autre point de la ville, sur les toits d’un vieux château, transformé en caserne.
- Cette observation a été faite en automne, époque à laquelle, grâce aux rassemblements qui précèdent le départ de nos contrées, il est plus facile de compter les Hirondelles d’un canton; maison peut aussi au printemps reconnaître que les nids d’Hirondelles et ceux de tous les Passereaux sont de moins en moins nombreux. Voici ce que m’écrivait ces jours-ci M. Vian, le doyen des orui-
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- thologistes français : « J’ai pris possession de notre propriété de Bellevue, il y a seize années. Dans les premiers printemps, j’avais vingt à trente nids par an. J’ai toujours protégé les Oiseaux et leurs nids, sans jamais en détruire un ; mais j’en ai de moins en moins : je suis descendu à deux nids au printemps dernier; plus même un nid d’Ilirondelles. » M. de Parville au Parc des Princes, Bois de Boulogne, M. Xavier Raspail à Gouvieüx (Oise), M. Huet aux Andelys, M. le Dr Rabé à Malignv (Yonne), M. de Montessus, à Chalon-sur-Saône, M. le baron d’Ilamonville à Manonville (Meurthe-et-Moselle), M. L. Bureau à Nantes, M. Cretté de Palluel en Bretagne, ont tcus été également frappés de la diminution effrayante de nos Oiseaux insectivores. Cette diminution peut être attribuée, dans une certaine mesure, à des causes locales : destruction des haies qui servaient d’abris aux Passereaux; captures des oisillons par les Chats errants dans les campagnes, dénichages opérés soit par les enfants des villages, soit par les petits bohémiens errant le long des chemins, chasses clandestines pratiquées par les braconniers qui, jusqu’à l’année dernière, alimentaient le marché aux Oiseaux de la capitale ; mais elle reconnaît pour principales causes les tueries qui se font dans les pays baignés par la Méditerranée et dans nos départements du sud-ouest. Tandis que dans le nord, le centre, l’est et l’ouest de la France, on respecte en général, sinon les Becs-fins, au moins les Hirondelles, il n’en est pis de même dans le sud où c’est par centaines de mille que l’on anéantit les Oiseaux migrateurs, soit quand ils font route vers l’Afrique, soit lorsqu’ils reviennent au printemps nicher dans nos contrées.
- Dans un Rapport au Sénat, en 1877, M. de la Sieo-tière a déjà signalé avec indignation les persécutions auxquelles les Hirondelles sont en butte dans le midi de la France, comme en Italie et en Espagne, où on les tue à coups de fusil, on les prend avec des hameçons amorcés d’une mouche, on les capture dans de grands filets nommés pentes, on les anéantit en masse avec des batteries électriques communiquant avec des fils métalliques traîtreusement tendus sur le rivage. Dans quelques villes d’Algérie et de Tunisie on vend, m’a-t-on dit, des brochettes d’Ilirondelles; ailleurs on fabrique avec leur pauvre chair des pâtés que les marchands vendent impudemment sous le nom de pâtés d’Alouettes. Enfin, il y a quelques années, la mode ayant été d’orner les chapeaux de dames non pas de simples plumes, mais de dépouilles d’oiseaux tout entières, on commença par importer d’énormes quantités de Passereaux exotiques, puis on trouva plus commode et moins coûteux d’employer des Passereaux européens, et faute de pouvoir les prendre en France, on les fit venir d’Espagne, d’Ralie, d’Algérie, de Tunisie, ce qui, au point de vue du dommage causé, revenait d’ailleurs exactement au même, puisque la plupart des Oiseaux ainsi capturés seraient venus peupler nos campagnes au printemps suivant. En 1887, un marchand naturaliste de Paris reçut pour le printemps une offre de 2000 Hirondelles. Comme le fait observer M. Rabé qui nous fournit ce renseignement, que d’Oiseaux nous représenteraient, après les nichées, ces 1000 paires de parents venus chez nous pour obéir à la loi de reproduction, que de milliards d’insectes détruits, quand on pense que les Hirondelles font, pendant le temps qu’elles passent chez nous, au moins deux couvées de cinq petits chacune!
- Il y a trois ans un de mes collègues, M. Granger, me signalait le passage en gare de Hendaye, du mois de janvier 1895 au mois d’avril 1896, de 149 caisses de peaux
- d’Oiseaux pesant ensemble plus de 11 000 kilogrammes. Ces caisses renfermaient généralement des dépouilles d’Ilirondelles, de Chardonnerets et d’Alouettes. Une seule dépouille d’Hirondelle ou de Chardonneret ne pesant pas plus de 4 ou 5 grammes, on voit quel nombre énorme d’Oiseaux représentait le contenu de 149 caisses.
- En ce moment, il est vrai, on est revenu aux plumes siiûples jxnir l’ornementation des chapeaux de dames, mais il suffira d’un simple caprice de la mode pour provoquer de nouvelles hécatombes. D’ailleurs ces quelques mois de répit, dont jouissent les pauvres Oiseaux, ne suffiront pas à combler les vides produits dans leurs rangs par une guerre sans merci, d’autant plus que les autres causes de destruction subsistent toujours et vont sans cesse en s’aggravant. Il y a longtemps que M. Millet et le président Bonjean ont montré combien l’agriculture aurait à souffrir de la suppression graduelle de ses auxiliaires actuels : les Oiseaux insectivores. Le journal La Nature, la Société zoologique de France, la Société d’acclimatation, la Société protectrice des animaux ont pris la défense de ces pauvres êtres persécutés dont celui qui écrit ces lignes s’est également efforcé de plaider la cause. Grâce à tous ces efforts une légère, oh! bien légère ! amélioration a été obtenue. Des Sociétés locales pour la protection des nids ont été fondées; quelques mesures restrictives pour la vente et le colportage des Oiseaux en temps prohibé ont été prises, mais on n’arrivera à aucun résultat important tant qu’on n’aura pas pris, en faveur des Oiseaux utiles, des mesures plus radicales.
- Et j’entends par espèces utiles non seulement celles qui rendent des services directs à l’agriculture, mais celles qui nous égaient et nous charment par leur ramage et la grâce de leurs allures. E. Oustalet.
- LES EMPLOIS ACTUELS DE L’ALUMLNIUM
- De récentes discussions ont attiré à nouveau l’attention du public sur l’emploi de l’aluminium ; les louanges des uns sur ses multiples avantages, les critiques des autres sur ses nombreux inconvénients, en font certainement à l’heure qu’il est, le métal le plus discuté et l’on pourrait croire que l’industrie de l’aluminium ballottée et tiraillée par ces appréciations de sens opposés, languit et hésite, si les chiffres croissants de la production et de la consommation ne venaient prouver un développement rapide de cette nouvelle branche de la métallurgie.
- Si d’un côté l’augmentation de la production, très accentuée, permet tout juste de répondre aux besoins du moment, d’un autre côté le nombre d’applications nouvelles va en croissant et chaque jour presque rend pratique un nouvel emploi de l'aluminium.
- Est-ce à dire que les discussions actuelles soient destinées à ne pas être prises en considération et qu’on ne doive en retenir que ce qui est favorable à ce métal? Tel n’est pas l’avis de ceux qui cherchent à tirer profit, en faveur de l’aluminium, de toutes les expériences faites de part et d’autre. De ces discussions, au contraire, se dégage une moralité : c’est que l’aluminium, métal nouveau, peu connu primitivement comme méthodes d’emploi, mal affiné, mélangé dans des mauvaises proportions à d’autres
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- LA NATUBE.
- métaux, a commencé par être envisagé un peu par tout le monde comme le métal à tout faire. 11 ne suffisait pas qu’il fût le plus léger des métaux et l’un des moins oxydables, on a voulu exiger de lui toutes les autres qualités de tous les autres métaux à leur plus haut degré ; on lui a demandé d’être le plus résistant, à la flexion comme à la torsion, le plus ductile, le plus inaltérable, etc. Et, toutes les fois que dans 1 accomplissement de ce vaste programme de recherches, on a éprouvé un échec de détail, on a crié haro sur l’aluminium. Et on ne s’est pas rendu compte que le coupable n’était pas le métal, mais son emploi peu judicieux, ou pour parler plus net, la mauvaise manière de s’en servir.
- Ainsi, s’il ressort d’une intéressante Note de M. Ditte, à l’Académie desSciences (27 mars 1899), que les tôles d’aluminium employées à Madagascar, soit en bidons et gamelles, soit en panneaux des voitures Lefèvre,ont mal résisté aux diverses épreuves d’une campagne aussi dure, nous trouvons, dans une Note de M. Moissan du 10 avril, un certain nombre d’explications aux faits signalés par M. Ditte. Et certes, le point le plus remarquable qui nous est signalé est relatif à la teneur en impuretés des mélanges d’aluminium en 1893 etl897.M. Moissan attire notre attention sur ce fait que les progrès de la fabrication ont amené l’aluminium à passer en moyenne de93 pour 100 à 99 pour 100 de métal pur et à éliminer des impuretés graves, telles que le sodium, le carbone, le fer et le silicium.
- L’alliage d’aluminium à 99 pour 100 semble être du reste le métal le plus employé à l’heure qu’il est sous les formes les plus diverses. D’ailleurs ce métal se produisant en barres, en cornières, en fers à T et en tôles, se prête à tous les procédés de construction qui demandent une extrême légèreté jointe à une grande résistance.
- Les applications courantes de l’aluminium sont
- multiples. En voici les principales : Quincaillerie. Sous presque toutes ses formes. — Télégraphie. Téléphones, fils et câbles. — Armée. Affûts de canons de campagne et de montagne, plaques de blindage, caissons de munitions, porte-munitions, douilles de cartouches, fourreaux de sabres, hampes de lances, casques, cuirasses, étriers, matériel de campement et d’équipement. — Vélocipé-die. Toutes pièces détachées, jantes, cadres, etc. — Éclairage. Tubes pour gaz de houille et acétylène. — Musique. Instruments à vent. — Chirurgie. Tous instruments. — Cloches. Grelots, etc. — Articles de cuisine. Couverts, batterie de cuisine. — Horlogerie. Boîtiers de montres. — Articles de Paris. Bonbonnières, cendriers, corbeilles à pain, glaces à mains, articles de bureau, etc. —- Lunetterie. Jumelles, longues-vues, télescopes, etc.
- Enfin, parmi les applications nouvelles, il y a lieu de citer les emplois entraînés par l’industrie si prospère et si nettement française de l’automobile.
- On emploie, tant pour les pièces accessoires des
- châssis que pour les parties principales de la car-rosserie, une forte proportion d’aluminium et surtout d’alliages d’aluminium. Ces alliages permettent, jusqu’à un certain point, de doser les qualités du métal, résistance, cohésion, etc., suivant les emplois qu’on lui demande. Il est impossible, à ce propos, de ne pas citer le nom de M. Henry Par-tin,— spécialiste s’il en fût de l’aluminium — qui a doté l’industrie française du partinium, alliage d’aluminium (densité 2,56) et de tungstène (densité 18) qui aux propriétés de légèreté de l’aluminium joint une résistance croissante avec les dosages du métal allié.
- Fondu en sable, sa densité est de 2,89. Sa résistance à la traction est de 12 à 17 kg par millimètre carré. Son allongement de 12 à 6 pour 100 suivant les dosages.
- Laminé, sa densité est de 3,09. Sa résistance à la
- Fig. 1. — Carter île moteur à jiétrole de Dion 1 5ji cheval.
- Fig. 2. — Carter de moteur de Dion, 40 chevaux.
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- traction est de 32 'a 57 kg par millimètre carré, son allongement de 8 à 6 pour 100.
- Le partinium fondu est employé à faire ces carters d’aspect bien connu qui enveloppent les moteurs de tricycles. Ce qu’on connaît moins, ce sont les énormes pièces — carters également — employées
- dans les voitures à vapeur de Dion de 30 à 50 chevaux.
- Pour tous ces emplois, on a remplacé sans aucun inconvénient le bronze et le cuivre par un métal qui pèse moitié moins et qui a une résistance d’un tiers supérieure. Ajoutons que pour ces pièces, le prix de
- Fig. 3. — Voiture de M. Jenatzy. — Caisse en partinium.
- revient de la pièce brute est le même qu’elle soit en bronze ou en partinium, et que le prix de revient de la pièce usinée est moindre pour ce dernier, l’usinage étant plus facile.
- Enfin, le laminé s’emploie depuis un an en carrosserie pour les caisses d’automobiles. Il se prête à toutes les formes, peut recevoir des moulures métalliques; une caisse de ce genre, montée sur bâti en cornières, avec revêtement en tôle, constitue un ensemble métallique qui, à résistance égale, pèse de 50 à 60 pour 100 de moins que le bois et est apte à recevoir, sous réserve de l’emploi de certaines précautions, les mêmes couches de peinture que la carrosserie de luxe. Là encore, l’industrie a marché à pas de géants.
- La première caisse en partinium date de la course Paris-Bordeaux de 1898. Actuellement tous les
- chauffeurs ont adopté cet important perfectionnement de la carrosserie automobile — les coureurs, parce que le poids joue un rôle important pour le
- résultat de la course — les touristes, parce qu’il vaut mieux remplacer 100 ou 200 kg de poids mort par des voyageurs ou des bagages utiles.
- Enfin, à la suite d’essais à l’écrasement qui ont permis à ce métal de subir 58ks,2 par millimètre carré,sans déformation, on a entrepris récemment la fabrication de maisons démontables et transportables.
- On voit que, sous toutes ses formes, l’aluminium est de plus en plus pratiqué.
- Il le sera encore plus quand son prix, déjà abordable, permettra de songer à de nouveaux emplois industriels.
- L’aluminium a suivi successivement, il y a quel-
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- ques années, les progressions de prix suivants
- 1854 le kg. 5000 francs. 1891 le kg. 20 francs.
- 1856 — 2500 — 1892 — 12 —
- 1859 — 400 — 1894 — 5 —
- 1864 — 100 — 1896 — 4 —
- 1889 — 80 — 1899 — 5 fr. 50
- La consommation des trois dernières années a été en France d’environ 600 tonnes, par an. Ce chiffre paraît devoir être doublé en 1899.
- Si l’on considère que la bauxite — argile à aluminium — est un des minerais les plus communs en France et que de jour en jour on en extrait le métal dans des conditions plus économiques, on voit que cette échelle décroissante est encore loin de son dernier terme. Si donc on a peut-être tort de dénommer avec emphase l’aluminium le métal de l’avenir, on ne peut pas nier que ce ne soit, au premier chef, un métal d’avenir. Son sort dépendra, dans chaque cas, de l’emploi judicieux qu’on en fera et de la teneur chimique de ses alliages.
- Léon Auscher,
- Ingénieur des Arts et Manufactures.
- LES MICROBES DES FLEURS
- Les végétaux ne sont pas si inoffensifs pour l’homme qu’on le pensait autrefois. Nous aurons l’occasion de le montrer. Certains champignons microscopiques vivant sur des plantes malades peuvent se développer chez l’homme et lui communiquer des affections diverses : ainsi l’Actinomycose, le Batryomicose, etc. L’origine végétale du cancer prend de la force après les travaux de M. Bra ; l’étiologie végétale de la tuberculose a des partisans. La plante pourrait donc réellement nous jouer de mauvais tours. Mais la fleur? On n’y songeait guère. M. Domingos Freire, bien connu par ses inoculations contre la fièvre jaune à Rio de Janeiro, vient d’entreprendre des recherches non pas sur les parasites ou champignons, mais bien sur les microbes des fleurs. Or, il a trouvé des microbes dangereux. Les mouches vont sur les fleurs, le vent secoue leurs corolles. Voilà des causes de dissémination des germes infectieux.
- M. Domingos Freire a fait passer directement dans des tubes contenant des milieux nutritifs stérilisés les carpelles et les étamines de plusieurs fleurs cultivées, surtout les stigmates et les anthères qui sont plus aptes à retenir les germes à cause des sucs plus ou moins visqueux que sécrètent ces organes. On en avait fait la récolte en coupant les organes floraux avec des ciseaux stérilisés à la lampe et en les faisant tomber aussitôt dans les tubes de culture. Le jardin où vivaient ces fleurs est situé à 8 kilomètres de la ville de Rio de Janeiro et à une hauteur de 50 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui revient à dire qu’il se trouve dans des conditions où les causes de contamination sont relativement peu nombreuses. Cependant, les cultures ont donné naissance à des colonies microbiennes.
- Des fleurs à’Hibiscus rosa sinensis (Malvacées) ont produit des colonies de microcoques non déterminées jusqu’ici. M. Freire dénomme ces espèces microbiennes inconnues : Micrococcus cruciformis. Espèces dangereuses ou inoffensives; on n’en sait rien encore.
- Dans la rose (variété Rothschild), pullulent le Leplo-
- thrix ochracea, bien reconnaissable à la teinte de rouille qu’il communique aux cultures. Ce leptothrix habite ordinairement les eaux stagnantes. Il est au moins suspect.
- La Rosa gallica a fourni deux colonies différentes. L’une présente les caractères propres au Streptococcus pyogenes. La seconde est composée de bacilles indéterminés. M. Freire donne à ces bacilles inconnus le nom de Bacillus gallus.
- Dans la fleur du cardinal (Ipomœa Guamoclit), plante grimpante de la famille des Convolvulacées, on a trouvé deux espèces. La première a les caractères du Micrococcus salivarius pyogenes. La seconde ressemble aux spirilles, Spirilla tenue et serpens.
- Sur la fleur du pêcher, M. Freire a rencontré le Bacillus pyocyaneus, reconnaissable facilement 'a sa belle feinte bieue-violette.
- Il existe donc, dans le cœur des fleurs, des microbes pathogènes. Si M. Domingos Freire ne se trompe pas, la présence de ces bacilles constituerait bien un fait nouveau, de nature à éclairer certaines questions de pathologie végétale et animale. Les fleurs emmagasineraient de nombreux germes qui peuvent ensuite achever leur évolution dans les milieux animaux plus appropriés.
- M. Freire va plus loin dans ces déductions. Il voit des relations cachées entre le coloris des fleurs et les pigments des microbes qui y prennent asile. Par exemple, la nuance très légèrement rose de la « rose Rothschild » est semblable 'a celle des cultures sur plaque du Leptothrix ochracea, avant qu’elles n’arrivent au rouge brique. De même la couleur jaune d’œuf des colonies du Micrococcus cruciformis est du même ton que celle de la matière colorante qui recouvre les anthères de Y Hibiscus rosa sinensis. Voilà pour les teintes. Et de même plusieurs espèces microbiennes reproduiraient des odeurs analogues à celles que dégagent des fleurs où elles vivent. Si bien que l’on serait conduit ainsi à cette notion : les parfums des fleurs sont engendrés par des microbes, la couleur des fleurs serait due aux microbes.
- Il n’v a, dans ces conclusions, rien qui puisse choquer les connaissances acquises1. Il est possible que les réactions chimiques qui conduisent à la production des teintes et des parfums des fleurs aient pour origine des microbes. Ces micro-organismes ont déjà été pris sur le fait. Ce sont des agents actifs de transformations. La thèse de M. Do-miugos Freire peut donc se soutenir. Ce sont bien des microbes qui nous font digérer. Il y en a partout, des microbes, et nous commençons à nous habituer à leur intimité. Il y en a des bons et des méchants.
- 11 n’est donc pas surprenant que l’on en rencontre sur les fleurs, et même de méchants, puisqu’on les trouve aussi dans l’air. 11 ne faudrait donc pas s’exagérer le danger de contagion par les fleurs. La fleur recueille ce que le vent lui amène et les microbes s’y installent comme ailleurs. Mais les sucs fixent le microbe et il est là plus emprisonné que sur une surface lisse et sèche. La morale à tirer des faits signalés par M. Domingos Freire est de conseiller de respirer le parfum des fleurs à certaine distance, sans, comme le font certaines personnes, aller jusqu’à se jaunir le bout du nez au contact des pistils et
- 1 Le micrococcus prodigiosus qui se cultive dans beaucoup de substances alimentaires produit des colonies roses. Le micrococcus nuranliacus fournit des colonies jaune orange, le micrococcus violaceus des teintes violettes, le micrococcus cyanus du bleu clair, etc.
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- des anthères. Avec cette précaution, il n’y a pas lieu de prendre peur et de se priver du grand plaisir d’avoir à sa portée une des plus jolies créations de la nature.
- Henri de Parville.
- LES ILES SAMOA
- Lorsque les hasards d’une croisière m’amenèrent en 1889 aux îles Samoa, je ne me doutais guère que ce petit archipel, à peine peuplé de 36 000 habitants, serait presque un jour la cause d’une guerre entre trois grandes nations. A vrai dire les consuls des Etats-Unis, d’Angleterre et d’Allemagne s’entendaient déjà assez mal et leurs constantes querelles obligèrent cette année-là les puissances qu’ils représentaient à signer le traité de Berlin, d’après lequel celles-ci devaient exercer conjointement leur protectorat sur les Samoa.
- Cette solution n’a pas été heureuse, car depuis cette époque les troubles n’ont pas cessé dans l’archipel. Chaque puissance s’est créé un certain nombre de partisans parmi les indigènes, leur a distribué des armes, et de sanglants combats désolent journellement ces îles charmantes où la nature a tout fait cependant pour le bonheur des habitants.
- Je suis convaincu que la pacification de l’archipel ne sera pas complète tant que plusieurs puissances prétendront s’occuper des affaires des Samoa. 11 serait naturel que le protectorat de ces îles fût exercé par l’Allemagne seule, puisqu’elle a là-bas trois ou quatre cents colons et que les cinq sixièmes des plantations appartiennent à ses nationaux, tandis qu’on ne trouve guère dans tout l’archipel que cent quarante Anglais et Américains.
- Cet archipel, auquel on donne quelquefois le nom d’îles des Navigateurs, se trouve placé sur la ligne anglo-américaine qui va d’Aukland à San Francisco et qui fait également escale à Ilonolulu, la capitale des Sandwich. Il comprend dix îles qui s’étendent du nord-ouest au sud-est sur une longueur de 300 kilomètres efdont les principales sont Opoulou où se trouve la capitale Apia, Sevaï, Tutuila, Manono, Manua et Apolima.
- Ces îles délicieuses possèdent l’heureux privilège d’exciter l’admiration de tous ceux qui ont le bonheur de les visiter et méritent bien les titres de séjour enchanteur et de Nouvel-Eden qui leur ont été si souvent décernés. « Nous rangeant à l’opinion de La Pérouse, dit Dumont d’Urville, nous n’hésitons pas à proclamer Opoulou comme supérieure en beauté à Tahiti même. » Depuis les rivages, que défend une ceinture de récifs de coraux, sur lesquels les flots bleus du Pacifique se brisent en longues nappes écumantes, jusqu’aux chaînes de montagnes les plus élevées, partout s’étale une végétation incomparable, qui couvre ces îles d’un immense tapis de verdure.
- Tout l’archipel jouit d’un climat d’une douceur infinie, délicieusement tempéré par les vents alizés.
- L’influence d’un soleil vertical n’y produit jamais une chaleur insupportable même pour les Européens. L’air y est constamment renouvelé par une brise légère qui se fait sentir jour et nuit. Aucune île océanienne n’offre à un pareil degré le charme pénétrant, la poésie intense, l’énervante douceur, le souffle plein de séduction qui se dégagent de ces îles enchantées. Mieux que Tahiti, elles nous font comprendre ces paroles de Loti : « Le temps s’écoule et tout doucement se tissent autour de vous ces mille petits fils inextricables, faits de tous les charmes de l’Océanie, qui forment à la longue des réseaux dangereux, des voiles sur le passé, la patrie et la famille et finissent par si bien vous envelopper qu’on ne s’échappe plus ».
- On se laisse bercer dans le calme et la paix, on éprouve dans tout son être la jouissance inconnue d’une vie nouvelle sur cette terre des Mahoris où les fleurs sont toujours fraîches, le soleil toujours brillant, la brise toujours chargée de senteurs embaumées.
- Dans ce sol fertile les gardénias, les hibiscus, les pivoines poussent pêle-mêle et sans culture au milieu des citronniers et des orangers. D’immenses champs d’ignames, cultivées comme la pomme de terre, bordent la cote. Certaines de ces racines pèsent jusqu’à 20 kilogrammes et suffisent pendant toute une semaine à la nourriture d’une famille entière. A côté s’élèvent des forêts de bananiers, qui portent des fruits toute l’année, et de gigantesques cocotiers, hauts de 20 à 25 mètres, couronnés d’un magnifique panache de feuilles vertes. Le fruit de cet arbre fournit l’huile de coprah qui est l’objet du commerce le plus important de l’archipel.
- L’arbre à pain « maïoré », dont on compte plus de vingt espèces, est aussi grand que nos plus beaux chênes. Le même pied produit jusqu’à quatre récoltes par an et ses fruits, frais ou conservés, donnent une pâte farineuse, qui forme avec l’igname la base de la nourriture des indigènes; aussi leur imagination féconde a-t-elle entouré de légendes merveilleuses l’origine de cet arbre. t
- La patate douce, le taro, l’ananas poussent partout. On en rencontre des charrettes entières lorsqu’on se promène aux environs d’Apia.
- Les blancs ont introduit dans l’archipel le caféier, la canne à sucre, le coton, la vanille, divers arbres à épices, qui tous ont parfaitement réussi. Mais, comme les indigènes ont une horreur invincible de tout travail suivi, il a fallu aller chercher des travailleurs aux Nôuvelles-Hébrides, aux Marshall, aux îles Salomon, si bien qu’aujourd’hui, on en compte plus de deux mille dans l’archipel. Les colons allemands, à eux seuls, en emploient plus de 1500.
- Toutes ces îles d’origine volcanique sont très montagneuses ; de hautes chaînes, formées de volcans éteints et d’énormes blocs de basalte, occupent l’intérieur. La plus grande élévation, environ 1000 mètres, est au milieu de l’île Opoulou qui est visible à 50 milles au large.
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- Ces hauteurs sont entièrement boisées. Les pan-danus d’un vert pâle, les mangliers dont les feuilles
- ont des reflets métalliques, les pimentiers couverts de fruits rouges, les buraos gigantesques aux grosses
- Fig. 1. — La rivière d’Apia. (D’après une photographie.)
- branches noueuses confondent leurs longs rameaux et forment au-dessus des têtes un dôme de feuillage que le soleil ne peut pénétrer.
- Ces forêts ont un charme inexprimable.
- Jeux d’ombre et de lumière, reflets des eaux, ruisseaux qui se précipitent de cascades en cascades, buissons en fleurs, vol pressé d’oiseaux aux ailes de feu, tout se réunit pour faire de ces îles un véritable paradis.
- Les Samoans appartiennent à la race ma-horie, mélange des trois types blanc, jaune et noir, mais où l’élément blanc domine. Ils sont très supérieurs aux nègres sauvages de certaines parties de l’Océanie et surtout aux indigènes australiens qui occupent le dernier rang. De haute stature, bien proportionnés, ils ont les traits réguliers, les yeux noirs, les cheveux lisses. Leur peau cuivrée, assez foncée chez ceux qui vivent au grand air et sur la côte, est souvent fort claire chez les femmes de famille aristo-
- cratique. Il suffit de passer quelques jours dans cet archipel pour remarquer que la classe élevée se rapproche beaucoup plus du type européen que les gens du peuple. Certains chefs présentent même le type espagnol d’une manière frappante et, en les interrogeant, j’ai pu constater que certaines traditions leur attribuaient une origine différente de celle des autres Samoans.
- Des hommes blancs abordèrent, paraît-il, dans l’archipel, à une époque très éloignée, soumirent les indigènes à leur autorité et se partagèrent le pays.
- Il est possible que, bien avant l’arrivée de Bougainville dans ces îles, des aventuriers espagnols, partis de la côte d’Amérique, aient abordé aux Samoa et soient devenus les chefs de ce pays grâce à leur supériorité intellectuelle et surtout à leurs armes.
- Les femmes sont fort belles. Leurs yeux brillent d’un éclat très doux, leurs traits sont délicats, leurs
- Fig. 2. — Chef Samoan et sa femme.
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- Fig. 3. — Une plantation allemande dans l’île Sevaï. (D’après une photographie.)
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- LA NATURE.
- dents blanches, leurs mains petites et longues. Leur gorge s’arrondit harmonieusement, leur taille est bien prise, leur jambe fine et leur pied microscopique. Malheureusement elles engraissent vite et, dès la vingtième année, elles commencent à perdre de la beauté et de la régularité de leurs formes. Sans cela les Samoannes seraient les femmes les plus séduisantes de l’Océanie.
- Hommes et femmes ont pour tout vêtement une ceinture d’herbes marines ou de feuilles retombant en forme de jupe sur les jambes. Des fleurs d’hibiscus rouge et des guirlandes de gardénias, qu’ils se mettent sur la tête et autour du cou, complètent ce costume avec les tatouages dont ils sont couverts. Certains chefs portent ainsi sur leur visage et sur leur poitrine l’histoire de leur vie et de leur famille. Les femmes, elles, ont les mains et la gorge couvertes de dessins en relief assez grossiers, tracés au moyen d’un fer rouge.
- Pour se donner un aspect redoutable et inspirer la terreur à leurs ennemis, les Samoans rougissent leur chevelure en l’imprégnant de chaux. Cette épaisse crinière d’un rouge vif, qui surmonte une physionomie d’aspect plutôt pacifique, provoque l’hilarité chez les Européens qui contemplent ce spectacle pour la première fois.
- Les ministres protestants, qui ont réussi à convertir les quatre cinquièmes de la population, veulent aujourd’hui forcer ces indigènes à adopter un costume moins rudimentaire. Jusqu’ici leurs efforts n’ont pas eu grand succès. Les Samoans consentent assez facilement à s’habiller, mais à la condition qu’on leur fournisse les vêtements. Je ne crois pas qu’ils se résignent jamais à travailler pour pouvoir se vêtir et j’avoue, au risque de me faire honnir par les missionnaires anglais, que j’aime mieux les voir à peu près nus qu’affublés d’oripeaux, qui ont à mes yeux le tort immense de faire disparaître complètement l’aisance et la grâce de leur démarche.
- Francis Müry.
- COUSSINETS EN BOIS DE GAÎÀC
- Tout le monde connaît, de nom au moins, le bois de « gaïac )), bois exotique qui présente une compacité et une dureté exceptionnelles, dont on tire parti notamment pour tourner des roulettes de meubles ; le gaïac est, de plus, onctueux au toucher, parce qu’il sécrète une résine spéciale, employée même en pharmacie, et qui suinte à travers ses pores de manière à lubrifier pour ainsi dire constamment sa surface. Après avoir remarqué cette particularité, un inventeur, M. Bigot, que signalait récemment « La Locomotion Automobile », a eu l’excellente idée d’en tirer parti pour la fabrication de coussinets qui présenteraient une grande résistance à l’usure, et dont la surface se lubrifierait d’elle-même. Pour obtenir le résultat cherché, l’inventeur résolut, et nous pensons qu’il a eu raison, de recourir à des coussinets mixtes, dont un métal formerait encore la plus grande partie, en constituant une sorte de carcasse les # assurant contre les déformations.
- La solution adoptée consiste à substituer aux surfaces
- frottantes entièrement métalliques des surfaces où le métal alterne avec des bandes de gaïac. D’abord M. Bigot incrusta dans les coussinets des pastilles de gaïac disposées en quinconce, mais maintenant il a imaginé une combinaison tout autre : des bandes de ce bois sont disposées suivant des génératrices du coussinet, et dans des rainures de forme spéciale (en queue d’aronde) qui les maintiennent solidement pour ainsi dire jusqu’à usure complète. La figure ci-dessous indique nettement en bandes plus foncées les lames de gaïac ainsi insérées.
- Dès maintenant ces coussinets nouveaux ont été, au Ministère de l’agriculture et au Conservatoire des arts et métiers, soumis à des expériences intéressantes et à peu près définitives, fournissant les éléments d’une comparaison entre des portées tout en bronze ordinaire, et d’autres en bronze avec incrustations de gaïac. Si l’on prend comme unité le frottement qui se produit sur le coussinet de bronze plein, on voit que, pour le second type de coussinet, le chiffre correspondant n’est plus que
- Coupe (l’un coussinet incrusté de bandes de gaïac.
- de 0,661 sous une charge de 100 kilogrammes, de 0,745 sous 150 kilogrammes, et enfin de 0,785 sous une charge de 200 kilogrammes.
- Les bons effets que semble devoir donner le gaïac résultent à la fois et de l’action de la résine dont nous parlions tout à l’heure, et de sa résistance énorme à la compression. Au sujet de celte dernière nous pouvons dire que, quand la pression s’exerce normalement aux fibres du bois, le gaïac résiste à l’écrasement à raison de 825 à 865 kilogrammes par centimètre carré; une sphère de 0,04 millimètre de diamètre ne se rompt que sous une pression de 1200 kilogrammes. La déformation est de 1/800 de diamètre sous une charge de 100 kilogrammes et de 1/160 sous 300 kilogrammes. Quant au rôle précieux de la résine spéciale pour empêcher réchauffement, il est prouvé par une expérience qui semble de prime abord contradictoire avec ce que nous venons de dire ci-dessus. M. Bigot recommande l’emploi du gaïac pour les sabots des freins de voitures ou de chemins de fer, et il constate qu’en l’espèce il rend d’excellents services. C’est qu’en effet le frein à incrustations de gaïac permet des arrêts très brusques, et cela sans aucun échauffement : cette absence d’échauf-fement provient précisément de ce que la résine du bois lubrifie de façon constante les parties en contact, et que la chaleur produite est employée à volatiliser ladite résine. Le fait est qu’au moment du serrage on voit s’élever une vapeur absolument apparente.
- .Quelles que soient les qualités bien reconnues des métaux antifriction, les propriétés si curieuses du bois de gaïac méritent d’attirer l’attention sur lui et sur les applications ingénieuses que M. Bigot a eu l’idée d’en faire. Daniel Bellet.
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- LA NATURE.
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- NAUFRAGES ET ONDES ÉLECTRIQUES
- Quelques journaux anglais ont attribué le naufrage du navire la Stella, qui s’est perdu contre l’écueil des Casquets en allant à Jersey, aux expériences de télégraphie sans fils faites au même moment entre Boulogne et Douvres. On a dit que les ondes électriques avaient « affolé » la boussole du batiment. On l’a répété et l’on nous demande ce qu’il faut croire de cette histoire. Les ondes hertziennes « affolant » la boussole à des centaines de kilomètres de distance !
- Un peu de réflexion suffirait pour remettre les choses au point. Il n’y avait pas que la Stella dans la Manche.
- Il y avait beaucoup d’autres navires; il y en avait juste sur le passage des ondes, tout près de Boulogne, tout près de Douvres. Or, sur aucun de ces bâtiments, la boussole ne donna le plus petit signe d’affolement. Pourquoi la Stella, seule, aurait-elle été influencée très loin du rayon d’action des ondes? Ce n’est pas la première fois que l’on se sert en mer de la télégraphie sans fds. Les premiers essais ont été exécutés, il y a deux ans, du yacht de la reine Victoria à la côte. La boussole resta calme. Ces temps derniers, on transmit de France et d’Angleterre des dépêches à des navires en marche. Et la boussole ne broncha pas.
- Les ondes électriques, qu’il ne faut pas confondre avec des'ii courants électriques a, sont engendrées par des décharges oscillatoires entre corps conducteurs. Les coups de foudre produisent des décharges et des ondes électriques. Les navire? sont exposés non seulement aux | coups de foudre, mais très souvent aux ondes électriques. A-t-on observé que la boussole s’affole? Enfin, qui a manié une fois les ondes hertziennes sait bien que sur leur passage l’aiguille aimantée reste calme.
- On n’en trouvera pas moins de braves gens pour affirmer que si les bâtiments font naufrage, c’est la faute
- des ondes électriques1. Flamel.
- ——
- LA MORTALITÉ COMPARÉE
- DANS LES DIFFÉRENTS PAYS
- On ne peut évidemment pas songer ici à donner un tableau complet des diverses causes de mort dans les principaux pays où les statistiques possèdent une précision suffisante — un numéro entier de La Nature n’y suffirait pas — mais il est facile d’envisager quelques-unes des maladies les plus graves qui déciment l’humanité.
- Voici par exemple la variole, dont les ravages ont heureusement diminué dans une proportion prodigieuse ; cependant, en Italie, elle fait annuellement 293 victimes par million d’habitants; en Autriche, 366. C’est ensuite -439 en Hongrie, 430 en Espagne, 504 dans l’Uruguay, 216 en Belgique, 114 au Japon, 812 en Croatie, 1049 en Serbie, alors que la funèbre proportion n’est que de 17 en Angleterre, 9 en Hollande, 7 en Suisse, 3 en Allemagne. Dans les villes françaises de plus de 10000 habitants, d’après M. François, le coefficient est de 200.
- Pour la fièvre typhoïde, dont la prophylaxie est aujourd’hui fort heureusement pratiquée, il est de 466 dans les villes françaises, de 107 dans le Wurtemberg, de 165
- 1 Le Board of Trade vient de terminer son enquête sur le naufrage de la Stella. Il n’y est pas question, bien entendu, de l’influence des ondes électriques sur la boussole. La catastrophe est attribuée à ce que le navire filait trop vite à 20 nœuds et à ce que l’on n’avait effectué aucun sondage dans ces parages semés d’écueils.
- dans l’Allemagne en général, de 191 en Angleterre ; il monte à 215 en Suisse, à 522 en Autriche, à 688 en Italie, à 1683 en Serbie.
- Quant à la tuberculose, elle tue 2823 personnes sur un million dans les villes de France, 2715 en Suisse, 1918 en Hollande, 1194 au Japon, 3682 en Autriche, 1340 en Italie, 1568 en Angleterre. P. de M.
- LA MÉTÉORITE DE FINLANDE'
- Son Exc. M. Yermoloff, ministre de l’Agriculture et des Domaines de l’Empire russe, a bien voulu, dans une lettre que je reçois à l’instant, me donner des détails sur un phénomène météoritique des plus remarquables qui a été récemment observé en Finlande.
- Il s’agit de l’apparition, pendant les premiers jours du mois de mars dernier, d’un brillant bolide qui a traversé le ciel d’une vaste région sur le littoral de la mer Baltique. On en a des témoignages de Réval, de Norva, d’IIclsingsfors, etc. Après l’explosion, une masse est tombée non loin de la ville de Borgo, mais en mer, et elle aurait été perdue pour la Science sans des circonstances favorables tout à fait exceptionnelles.
- La mer, en effet, était gelée : la chute du bloc a produit, dans la croûte glacée, un trou de 9 mètres de diamètre, qui a guidé très efficacement les recherches. On a reconnu la présence d’une météorite fortement enfoncée dans la vase, et quoiqu’on ne soit pas parvenu encore à la repêcher, on à pu en apprécier le volume et le poids, qui serait de près de 1000 kilogrammes. Les tempêtes printanières se sont opposées jusqu’ici à l’extraction qui, selon le texte de mon correspondant, va néanmoins avoir lieu un de ces jours, aussitôt que l’état de la mer le permettra. M. Yermoloff annonce que, dès qu’il sera en possession du bloc, il m’en fera parvenir un échantillon, pour notre grande collection de Météorites du Muséum; je n’ai pas besoin d’ajouter que je m’empresserai de faire connaître les particularités que son étude pourra présenter. Stanislas Meunier.
- LES DERYICHES TOURNEURS ET HURLEURS
- AU JARDIN D’ACCLIMATATION
- Le surnaturel ou l’extraordinaire ont toujours passionné les foules, quand bien même ce surnaturel se traduit par des actes qui pourraient offenser la nervosité des âmes sensibles. C’est ainsi que l’autre jour, parmi les spectateurs nombreux qui semblaient prendre un très vif intérêt aux exercices si curieux des Derviches, exhibés en ce moment au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne, j’ai reconnu plusieurs habitués très, parisiens des obligatoires rendez-vous mondains. Est-ce à dire que tous ces curieux exercices auxquels se livrent ces Derviches soient inconnus, inédits? Non, certes, pour ceux qui ont visité la Tunisie, l’Algérie même, ou l’Égypte; mais c’est, je crois, la première fois qu’une troupe — le mot peut s’entendre aussi bien au point de vue théâtral qu’au point de vue arithmétique — aussi complète et aussi variée de ces moines mahométans vient s’exhiber à Paris.
- Que Ch.-E. Lucas, le peintre-affichier si per-
- 1 Compte rendu de l'Académie des Sciences.
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- sonnel et si délicat me permette cette indiscrétion : la plupart des « numéros » des Derviches sont, pour certains de ses amis, du « déjà vu ». Lucas, en effet, est un Derviche chrétien et français des plus curieux. Par un simple effort de volonté, il se met dans un état de catalepsie qui lui permet de se traverser le corps ou la figure avec de longues épingles d’acier, de manger du verre pilé, ou de lécher avec délice une lame de fer rougie au feu. Ce sont là les ordinaires exercices des Derviches, mais Lucas est un amateur qui ne voudrait même pas produire ses talents au cirque Molier.
- Les Derviches actuellement à Paris sont, je ne dirai pas des professionnels, ce serait faire injure à leurs sentiments religieux, mais des Derviches vrais, authentiques, venant en droite ligne de la
- Haute-Égypte; leur Cheik a voulu que la France, avant même l’Angleterre, — notre orgueil national en peut être fier — connût cette secte puissante, dont la religion est un mélange de connaissances scientifiques qui se perpétuent depuis des siècles dans des monastères appelés tekkés où, sous le nom de mévélaivites, ces moines, très chastement, vivent en communauté.
- Au Jardin d’Acclimatation, dans la grande serre où ils ont planté leur tente pour deux mois, les Derviches ont transporté leurs habitudes et leurs mœurs; ils sont vingt-deux, sous la conduite d’un Cheik qui les dirigera dans leur « tournée » à travers l’Europe. Vêtus bizarrement d’une ample chemise de toile blanche plissée, de caleçons serrés aux genoux et à la taille, le chef recouvert d’un bonnet
- Fig. 1. — Un Derviche tourneur.
- cylindrique de feutre épais, ils se livrent le jour durant à toutes les pratiques qui, dans tout l’Orient, exercent une puissance très grande sur l’esprit simple des foules.
- L’heure est venue des cérémonies, le Cheik bénit ses prêtres assis autour de lui, ou plus exactement « a cropetons », comme aurait dit Villon ; et, au son d’un orchestre de flûtes à l’unisson et de tarboukas aux airs monotones mais d’un charme bizarre et pénétrant, la danse commence. Tous chantent — est-ce bien un chant? — Quatre d’entre eux se détachent et se mettent à tourner, d’un tournoiement régulier, lent d’abord, puis accéléré au point de donner le vertige aux spectateurs ; et je ne saurais mieux décrire cette danse circulaire et folle qu’en citant un passage du Constantinople de ce maître styliste que fut le grand Théophile Gautier :
- « Ils valsaient, les bras étendus en croix, la tête
- T /
- Fig. 2. — Lii danse du feu.
- inclinée, les yeux demi-clos, la bouche entr’ouverle comme des nageurs confiants qui se laissent emporter par le fleuve de l’Extase; leurs mouvements réguliers, onduleux avaient une souplesse extraordinaire, nul eflort sensible; nulle fatigue apparente; le plus intrépide valseur allemand serait mort de suffocation; eux, continuant de tourner sur eux-mêmes, comme poussés par la suite de leur impulsion, de même qu’une toupie qui pivote immobile au moment de la plus grande rapidité et qui semble s’endormir au bruit de son ronflement. »
- Parfois un Derviche s’arrête et tombe à genoux ; un autre le recouvre alors de son manteau, tous tombent ainsi, puis se relèvent et font autour de la salle une procession.
- Parmi les Derviches qu’exhibe en ce moment le Jardin d’Acclimatation, il en est quelques-uns qui ne sont pas tourneurs, ce sont des hurleurs :
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- « Les hurlements étaient devenus des rugissements ; les Derviches balançaient leurs têtes flagellées de longs cheveux noirs. Ils tiraient de leur poitrine de squelette des rugissements de tigre, des grommellements de lion, des glapissements de loup blessé saignant dans la neige, des cris pleins de rage et de désirs, des râles de voluptés inconnues et quelquefois de soupirs d’une tristesse mortelle, protestation du corps broyé sous la meule de l’àme. » (T. Gautier, Constantinople.)
- C’est ce spectacle que nous offrent les Derviches du Jardin du Dois de Boulogne. Et ce n’est pas tout, comme disait je ne sais plus quel personnage de
- parade tabarinesque. En voici un qui se précipite sur un verre de cristal. De ses dents superbement blanches il le casse, il le broie, le réduit en fine poussière et l’avale, aussi facilement que vous ou moi dégusterions un fin verre de Yolney ou de Moulin-à-Vent !
- Un autre danse, en se jouant avec une torche résineuse enflammée, et se promène la flamme sur le corps, les bras, les jambes et la figure. Avec ses yeux doux et captivants, le sourire aux lèvres et des contorsions mignardes de son corps d’éphèbe, il semble une jolie et élégante Parisienne se vaporisant le corps au sortir d’un bain de lait ou d’iris.
- Fig. 5. — La danse du sabre par deux Derviches guerriers.
- Il se fait les yeux, non point avec une patte de lapin ou un crayon, mais avec un sabre rougi au feu. Michel Strogoff a dû certes passer pour un Derviche, auprès des Tartars qui tentèrent de le rendre aveugle en lui brûlant la vue avec un fer rouge ! Et pour terminer, le Derviche lèche de sa langue aussi rose toujours que celle d’un jeune chien, ce sabre de feu avec une volupté extatique !
- Un autre s’enfonce des poignards dans les bras, s’enfonce dans la poitrine une pointe acérée sur laquelle deux hommes appuient de toutes leurs forces et se relève avec la pointe encore fixée dans la chair.
- Puis c’est la danse du sabre par deux guerriers derviches. Peut-être que ces deux athlètes, admirables de force et d’élégance guerrière, ont combattu il y a
- quelques mois ; l’un d’eux porte des balafres qui l’indiqueraient ; mais on se demande comment avec les longs sabres effilés et tranchants qu’ils manient si rapidement, ils n’arrivent pas à se blesser eux-mêmes !
- L’heure du repos — bien gagné — a sonné, le Cheik bénit ses Derviches ; les flûtes sifflent, les tambourins résonnent, les tarbourkas se font entendre une dernière fois, et la troupe dansant encore se retire sous sa tente dans une farandole lente en chantant la gloire d’Allah !
- Le moment est venu des ablutions et du repas; les ablutions, les Derviches n’y sauraient manquer; le repas est pour eux chose secondaire, et cependant ils ont un appétit féroce : le matin, ils absorbent près d’un litre de thé; à midi, du ragoût qu’ils pré-
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- LA NATURE.
- parent eux-mêmes, du mouton et des pommes de terre cuites à l’eau — des pommes à l’anglaise. Le soir du riz et du pain en quantité ; comme boisson de l’eau, rien que de l’eau. Ils font eux-mêmes leur cuisine et mangent en commun ; le Cheik — quia ego nominor leo — se sert le premier, et distribue la pitance aux autres, qui obéissent passivement aux ordres de leur grand Maître !
- Certes le spectacle que nous offrent les Derviches est étrange, mais cette exhibition ethnographique et religieuse est intéressante à plus d’un point de vue, et il nous faut remercier le sympathique directeur du Jardin d’Acclimatation, M. Porte, de nous l’avoir offerte. Paul Mégnin.
- CHRONIQUE
- Comète de Tempel. — M. Schulhof, du bureau des longitudes, a publié récemment une éphéméride de la comète découverte par Tempel, en 1873, et qui est périodique. Cette comète, très faible, a été retrouvée dans une situation très voisine de celle que lui assignent les calculs de M. Schulhof. Cette observation a été faite par M. Perrine, dans le grand établissement astronomique du mont Hamilton. On attend encore une autre comète périodique découverte également par Tempel même en 1866, à l’observatoire de Tempel. C’est un objet céleste beaucoup plus important que la comète de 1873 et dont il paraît que l’orbite coïncide avec celles des étoiles filantes du milieu de novembre.
- L'Orme de l'Institut national des sourds-muets, à Paris1. — On sait qu’il existe un orme magnifique, peut-être le plus bel arbre d’Europe, dans la cour d’honneur de l’Institut national des sourds-muets, à Paris. Il élève son tronc robuste, dont le tour ne mesure pas moins, au ras du sol, de 6 mètres, bien au-dessus des maisons voisines, à une hauteur de 45 mètres. Vers la fin de l’hiver, au moment où il fa^t ordonner les travaux ordinaires de l’élagage annuel, l’enorme tronc semblait se ressentir des siècles qui avaient passé sur lui. M. Giraud, directeur de l’Institut, voulut prendre une consultation sur l’état de l’arbre. 11 s’adressa à l’Institut national agronomique. M. Rivet fut envoyé et conseilla certaines petites réparations. On en référa ensuite à M. le Ministre de l’instruction publique. Et une commission fut nommée, composée de MM. Maxime Cornu, professeur-administrateur au Muséum d’histoire naturelle, membre du conseil supérieur de l’agriculture, Rivet, Forestier, inspecteur des forêts, Gatellier, jardinier en chef de la ville de Paris, et Opoix, jardinier en chef du Luxembourg. La commission a inspecté l’orme, a longuement délibéré, et, finalement, a décidé le maintien de l’arbre, sous la réserve de certain traitement à lui faire suivre. L’orme se couvre actuellement d’une magnifique floraison d’un vert tendre.
- Du charbon à 36 OOO francs le kilogramme.
- — Par ce temps de spécialisation à outrance, l’objet le plus simple est fabriqué par parties dans des usines qui limitent leur spécialité à un seul point. Si, par exemple, nous considérons la lampe à incandescence dont le prix de vente en gros s’est avili aujourd’hui à cinquante centimes pour les types de 10 et 16 bougies, les plus cou-
- 1 Voy. n° 848, du 31 août 1889, p. 211.
- rants, l’ampoule est fabriquée par un spécialiste, le culot par un deuxième, le filament par un troisième, le fil de platine par un quatrième, le fabricant de la lampe proprement dite se contente, le plus souvent, d’assembler ces diverses parties, de faire le vide et de finir la lampe. Sur le prix de cinquante centimes, l’ampoule figure pour cinq centimes, les deux fils de platine qui amènent le courant au filament pour une somme égale, et le culot pour cinq centimes environ. En ne considérant que le poids des marchandises, c’est le filament dont le prix est le plus considérable, et sa valeur dépasse toute prévision, car si on considère une lampe de 110 volts 10 bougies dont le filament a un diamètre de 0mm,04 et une longueur de 15 centimètres, ce filament est si léger que 5000 ne pèsent que 7 grammes. Il en faut donc 714 000 pour faire 1 kilogramme, et ce kilogramme coûte près de 56 000 francs au fabricant de lampes. Dans ces mêmes lampes de 10 bougies 110 volts, chaque fil de platine a 0,nm,03 de diamètre et 16 millimètres de longueur. Un lot de 1000 lampes de 10 bougies renferme lgr,3 de filaments et 24 grammes de platine. Ce platine était recueilli autrefois, mais il entre aujourd’hui en si faible quantité dans chaque lampe (deux fils pesant chacun 12 milligrammes) qu’on n’a aucun intérêt à le rechercher et qu’il se trouve irrémédiablement perdu. En supposant une fabrication de 100000 000 de lampes par an, chiffre plutôt au-dessous* de la réalité, la perte du platine représente 2400 kilogrammes, soit plus de six millions de francs, au prix actuel du platine. Dans quelques années, eu égard à la consommation toujours croissante, ce métal vaudra plus cher que l’or, et il y aurait un grand intérêt à lui trouver un succédané pour cette application spéciale qui appauvrit si inutilement nos réserves du métal aussi rare que précieux.
- L’utilisation du brouillard. — On demande un inventeur ingénieux créant un système pour recueillir l’eau du brouillard. M. II. Earlscliffe, un météorologiste américain, remarque qu’en Californie il existe de vastes surfaces d’assez bonnes terres cultivables, mais où la chute d’eau est insuffisante, alors qu’il s’y produit souvent d’épais brouillards. Ceux-ci se manifestent généralement la nuit, pendant les mois secs d’été, et le soleil les dissipe de bonne heure le matin. 11 faudrait un dispositif mécanique interceptant les particules d’eau en suspension, les recueillant comme le font les feuilles d’arbres, et les faisant ensuite glisser à terre. L’auteur estime que des explosions de dynamite seraient trop coûteuses.
- Cinématographe pour aveugles. — Ce litre peut paraître bizarre, néanmoins il est exact. Celte invention est due à un physicien que nos lecteurs connaissent bien, M. F. Dussaud. Comme les aveugles voient par leurs mains, c’est à leur sens tactile qu’il a fallu s'adresser pour leur inculquer la notion du mouvement. L’habile physicien de Genève y est arrivé d’une façon simple. Il fait défiler sous leurs doigts des reliefs mobiles représentant les phases successives d’un phénomène quelconque, par exemple le vol des oiseaux, et il parvient ainsi à leur en donner l’illusion.
- La falsification des pommes de terre nouvelles. — Un peu avant le commencement du printemps, on prend des pommes de terre de la dernière récolte. On les pèle, puis en les découpant on les amène à la forme désirée. Cela fait, on les enfouit dans du terreau et la nature va se prêter à la supercherie ? au
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- bout d’une semaine le tubercule s’est revêtu d’une peau mince. On déterre alors et on... expédie à la Halle où le produit se vend à un taux fort rémunérateur. Cette opération se pratique dans la banlieue de la capitale sur une assez vaste échelle. Donc, Parisiens qui croyiez savourer d’authentiques primeurs, détrompez-vous; vous mangiez seulement des pommes de terre « rajeunies ! »
- La rose bleue. — Ce phénomène floral n’est plus un mythe, si nous en croyons les gazettes bulgares. Kizanlik, bourgade renommée pour son industrie des parfums, l’a vue naître et M. Stantcheff est l’heureux horticulteur dans la serre duquel elle a daigné s’épanouir. La terre où était planté le rosier désormais célèbre, renfermait beaucoup de chaux, de l’oxyde de fer, des sels ammoniacaux et du sulfate de cuivre. On en a prélevé plusieurs échantillons qu’analysent en ce moment des chimistes de Sofia. Quant à l’arbuste porteur de cette merveille d’un bleu turquoise, il n’avait donné jusqu’ici que des fleurs rose pâle.
- La viande congelée d’Australie. — Depuis quelques années il se fait une exportation considérable de viande d’Australie sur des régions éloignées. Produisant plus de bétail qu’elle n’en peut consommer, l’Australie a réussi à se créer des débouchés lointains. Une des principales compagnies adonnées à cette exploitation du bétail australien est la Central Queensland Méat Export Company qui a ses usines sur les bords de la rivière Fitzroy, près de Rockhampton. Le bétail est très abondant et facile à élever. Le bœuf sur pied, en bonne condition, ne coûte pas plus de 35 ou AO francs, et le mouton, 2 ou 5 francs. Pour exporter les animaux en Europe, et pour éviter les conserves, on a recours de préférence à la congélation. L’usine de Rockhampton traite 300 têtes de bétail et 2000 moutons par jour, dont 100 bœufs et 700 moutons sont congelés.
- Nouveau rail-poutre pour voies. — La Compagnie des Omnibus à Paris vient d’essayer un nouveau rail-poutre en acier, dont le champignon présente une ornière de 40 millimètres de profondeur. Cette ornière a été obtenue sans dénivellation sensible des deux parties du champignon formant rail et contre-rail. Le nouveau rail pèse 50 kilogrammes par mètre carré. Il est en acier et présente une résistance à la rupture de 73 à 76 kilogrammes; la longueur des barres normales sera de 10 mètres pour les manipulations dans Paris. On espère que ce nouveau rail permettra d’éviter le tassement dans le fond de l’ornière des détritus de la chaussée et par suite la formation d’une résistance sensible au roulement. Cet avantage sera surtout apprécié avec les voitures automotrices.
- Ce que coûte maintenant l’extraction de l’or.
- — On en est arrivé à réduire à un minimum absolument extraordinaire le prix du traitement des quartz aurifères, notamment dans la colonie anglaise de Yictoria : on peut s’en convaincre en étudiant les rapports de plusieurs compagnies. Tant et si bien qu’aujourd’hui on en arrive à considérer comme riche un quartz qui ne contient pas 3 penmjweights, autrement dit 4,665 grammes à la tonne de 1016 kilogrammes! Pendant le dernier demi-exercice annuel, une compagnie a traité 7011 tonnes de quartz pour recueillir finalement 28336,4 grammes de métal précieux; ce qui n’empêche pas qu’elle put encaisser un bénéfice net de 26027 francs, grâce à la diminution du coût du traitement de la roche, qui s’est abaissé de 8,r,45 environ à 8fr,10 la tonne.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 15 mai 1899. — Présidence de M. Vax Tieghem.
- La mesure nouvelle de l'arc du Pérou. — M. Rer-trand. secrétaire perpétuel, donne lecture d’une lettre de M. le Ministre de l’instruction publique sur les dispositions prises en vue d’arriver à une nouvelle mensuration de l’arc de méridien mesuré au Pérou, de 1756 à 1739, par Rouguer, La Condamine et Godin. En 1898, M. Pres-ton, délégué des États-Unis, a signalé à la conférence de l’Association géodésique internationale tenue à Stuttgard l’utilité de procéder à une nouvelle mensuration de cet arc. Lés délégués français ont émis l’avis que le soin de cette opération revenait à la France et la Conférence a formulé le vœu de voir cette opération réalisée le plus tôt possible. Dans cette situation, le Ministre de l’instruction publique a demandé au Service géographique de désigner deux officiers chargés de procéder à la reconnaissance du terrain et des moyens d’exécution. Sur l’assurance que le gouvernement péruvien donnera aux officiers français, MM. les capitaines Morin et Lacombe, toutes facilités pour l’accomplissement de leur tàahe, ceux-ci s'embarqueront, vers la fin de ce mois, de façon à se trouver à Quito dans les premiers jours de juin. L’Académie remercie le Ministre de ses efforts pour la réussite de cette grande entreprise. M. Rouquet de la Grye ajoute que dans la pensée du Ministre, c’est l’Académie qui, après l’achèvement des travaux préparatoires, doit prendre la direction des opérations.
- La division décimale du temps et des arcs.—M. Guyou entretient l’Académie de la tentative entreprise en ce moment, pour faire passer dans la pratique la division décimale du temps, comme conséquence de la division décimale de la circonférence. Des chronomètres spéciaux ont été construits et mis en distribution dans la marine, des cartes portant des méridiens décimaux ont été établies, des tables de calcul ont été préparées, enfin dés éphémé-rides astronomiques ont été calculées. De cette façon les formules trigonornétriques peuvent être appliquées sans aucune transformation préalable des éléments qui y entrent. Si cet essai donne, dans la pratique, des résultats satisfaisants, il constituera le couronnement de l’œuvre des promoleurs du système métrique.
- Mode spécial de germination. — M. Gaston Ronnier présente une Note de M. Noël Bernard sur le mode de germination de la graine d’une certaine orchidée sans chlorophylle connue sous le nom de Nid d’oiseau (Neotlia nidusavis). L’auteur a découvert que les graines de cette plante ne peuvent germer qu’au contact des filaments d’un champignon. Il y a symbiose entre le champignon et la Neottia pendant toute la durée de son développement. Cette circonstance explique la difficulté de faire germer cette graine dans certaines conditions.
- Varia. — M. Chauveau signale la sensibilité excessive du cheval à l’action d’un courant extrêmement faible, lorsque l’on introduit une sonde dans le cœur pour étudier les mouvements des valvules : si la sonde affecte une certaine forme, le courant qui sert à l’enregistrement tue presque instantanément l’animal. Ch. de Yilledeuil.
- MACHINE A TRAIRE
- On a préconisé déjà à diverses reprises divers systèmes pour la traite mécanique des vaches. Nous en décrirons un aujourd’hui qui, depuis près de
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- LA NATURE.
- deux ans, est employé en Allemagne. Il s’agit de la machine à traire de Murehland.
- On installe un tuyau en fer de 2 centimètres et demi de diamètre, faisant le tour de l’étable et soutenu à environ un mètre de l’épaule des vaches, au moyen de tirants ou de simples cordes fixées au plafond, comme le montre notre dessin. De ce tuyau distributeur descendent à coté de chaque animal des conduites souples munies de robinets et venant aboutir aux récipients à lait. Ces récipients sont de forme cylindrique avec un couvercle fermé en verre d’environ 10 centimètres de diamètre. Sur l’un des côtés de ce couvercle est fixé un petit tuyau se terminant par quatre raccords ; ces raccords saisissent chaque tétine de la vache à traire; ils sont faits en cuivre étamé et sont garnis de caoutchouc
- à l’intérieur. Au lieu d’anse, le récipient à lait porte deux crochets auxquels on attache une sangle de cuir très large. La sangle entoure l’animal et permet de soulever le récipient à la hauteur convenable.
- Tel est le dispositif, voyons le fonctionnement.
- Les tuyaux de la canalisation générale sont en relation avec un gros cylindre installé au plafond duquel descend verticalement un tube qui va plonger dans une cuve à eau. Une pompe à main aspire l’air du cylindre. La raréfaction se fait et se propage dans toute la canalisation. On a fait communiquer le cylindre pneumatique par un tube vertical à une cuve à eau pour que l’eau en s’élevant régularise la pression dans le circuit général. Quelques I coups de pompe et la raréfaction a lieu partout,
- Machine Murehland à traire les vaches.
- j usque dans les récipients à lait et jusqu’aux raccords où se fait la succion. Il suffit d’ouvrir les robinets pour effectuer la traite. L’aspiration se produit et le lait tombe dans les récipients, hermétiquement clos.
- On peut traire toutes les vaches d’une étable à la fois, puisqu’il suffit de laisser ouverts tous les robinets des tuyaux adducteurs. L’opérateur n’a qu’à disposer les seaux à côté des vaches. Le personnel est très réduit, car un enfant peut faire fonctionner la pompe à main et traire jusqu'à six vaches simultanément.
- On admet que trois enfants peuvent mettre en fonction continue six récipients et par suite traire rapidement beaucoup de vaches. Le temps ordinaire pour préparer l’appareil, traire l’animal et enlever le seau est d’environ six à huit minutes. Il ne faut pas enlever le récipient avant que la vache ne soit complètement traite, ce dont on peut se rendre
- compte facilement en regardant à travers le couvercle de verre.
- Le nettoyage des seaux, des tuyaux, se pratique rapidement. On place les récipients à terre, tous robinets ouverts, et l’on fait circuler un courant d’eau chaude. Les robinets et les raccords pour tétines sont frottés à l’eau chaude avec une petite brosse.
- En somme le système de traite simultané semble fournir des résultats satisfaisants. On ne nous dit pas malheureusement quel est son prix de revient et s’il amène des économies assez grandes pour justifier son mode d’emploi. Il est certain en tout cas qu’au point de vue hygiénique, il se présente avec des avantages, puisque les manipulations sont toutes mécaniques et n’exigent plus l’intermédiaire des gens de la ferme. J.-F. Gall.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
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- N° 1557. - 27 MAI 1899.
- LA NATURE.
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- DES
- PROPORTIONS DANS L’ART MONUMENTAL
- Dans les projets de monuments, soit en architecture, soit en sculpture, il est très délicat de déterminer avec précision les proportions à donner
- hauteur sur 24 mètres de longueur. Il va sans dire que dans ces circonstances, il était impossible d’établir des gabarits ou des toiles peintes pour se rendre compte de l’aspect des monuments projetés.
- 11 fallait donc absolument que l’artiste trouvât un autre moyen non seulement pour s’éclairer sur les
- à l’œuvre, d’apprécier l’effet des masses, des silhouettes et de juger de l’aspect général qu’elle présentera en exécution.
- Il y a là une grave question que l’on ne peut abandonner au hasard ; au moment de l’exécution, l’artiste est obligé de la résoudre par appréciation approximative, de se référer à des exemples plus ou moins similaires. Quand il est un homme d’expérience, il puise dans sa propre carrière des éléments d’appréciation, mais même lorsqu’il est sûr de son jugement, il aurait besoin de convaincre ceux qui font exécuter l’œuvre et qui parfois ne partagent pas sa confiance.
- Aussi voit-on dans ces circonstances faire des essais au moyen de gabarits, de toiles peintes ou de grossières ébauches en relief.
- Ces procédés sont parfois très coûteux, ils sont imparfaits, ne rendent pas l’aspect réel et enfin ils sont quelquefois impossibles.
- Pour le démontrer il me suffira de mentionner certains exemples d’œuvres personnelles. Je citerai : le Palais de Longchamps, musée des Arts à Marseille, on il s’agissait de la transformation de toute une colline ; la statue de la Liberté à New-York, qui, avec son piédestal, s’élève à environ 85 mètres au-dessus du sol; le lion de Belfort qui, appuyé contre un rocher immense, mesure 44 mètres de
- Î7* année. — Ie
- proportions et les valeurs à donner à son œuvre, mais encore pour en montrer l’aspect aux conseils municipaux ou aux comités intéressés dans l’œuvre.
- A l’époque où je m’occupais particulièrement d’architecture, la nécessité des circonstances où je me trouvais m’inspira un procédé simple et sans dépense appréciable qui me donna d’excellents résultats. Je m’en servis à Marseille [tour convaincre le Conseil, municipal afin de lui faire adopter mes projets et faire renoncer à d’anciens projets qui n’avaient aucun caractère décoratif. Je m’en servis de même à New-York et à Belfort. Je l’ai employé dans tous les monuments que j’ai érigés soit dans de grands espaces, soit sur de petites places, et il peut s’employer à peu près en toute occasion.
- Pour faire ladite expérience, le procédé est d’une simplicité presque naïve. Vous faites faire une petite photographie du monument projeté, d après un petit modèle en relief vigoureusement éclairé afin qu’il ait des accents de lumière et de modelé. Vous colorez légèrement l’épreuve dans le ton des matériaux qui seront employés en exécution. Vous découpez cette photographie comme les petits soldats des enfants. Vous collez cette silhouette sur l’extrémité d’un fil de fer souple en laissant une assez longue tige dessous.
- Vous faites ériger sur la place que doit occuper votre monument (un peu de côté selon vos prévisions approximatives de l’étendue en largeur) une mire ou une perche sur laquelle sont indiquées des divisions très apparentes, par mètres ou dizaines de mètres selon l’importance plus ou moins considérable du projet.
- Vous vous placez à la distance nécessaire pour avoir un bon point de vue, vous prenez une canne ou un parapluie, vous enroulez autour la queue du fil de fer de votre photographie découpée de manière
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- LA NATURE.
- que la base de votre image reste bien libre dans l’espace. Le parapluie est préférable parce que l’élasticité de l'étoffe soutient mieux l’enroulement du fil de fer. Vous tenez votre parapluie des deux mains comme pour tirer un coup de fusil, vous appuyez le manche contre la pommette sous l’œil droit, de la main droite; de la main gauche vous faites glisser la photographie maintenue sur le parapluie par le fil de fer enroulé, vous la faites avancer ou reculer, pour voir plus grand ou plus petit. Vous aurez ainsi l’illusion de voir le monument comme s’il était en place surtout si vous vous arrangez de manière que votre photographie reçoive bien la lumière. Quand vous avez trouvé le point où l’aspect du monument a bien les proportions qu’il doit avoir, vous serrez un peu le fil de fer pour qu’il reste bien en place, vous tâchez de noter sur votre photographie le point où vous pouvez marquer quelque repère avec la mire qui a été fixée sur l’emplacement, vous marquez 1, 2, 5 ou
- 10 mètres, selon ce qui vous sera le plus aisé; votre photographie portera ainsi l’échelle exacte à laquelle votre œuvre doit être exécutée.
- Cette opération étant faite, vous pouvez passer le parapluie à toutes les personnes qui vous entourent, et en le leur faisant tenir contre la joue et à la place que vous occupiez, vous leur ferez voir le monument tel que vous entendez le réaliser.
- Cette expérience fort bourgeoise comme procédé scientifique, repose sur les principes de géométrie qui régissent les proportions des plans parallèles coupant un angle ; elle pourrait être faite avec des instruments fort précis sur des règles à glissement sur un trépied, une sorte d’instrument d’arpentage. Pour ceux qui voudront l’établir scientifiquement ce sera chose facile; j’ai préféré laisser à mon exposé un caractère de simplicité.pratique qui met le procédé à la portée de tout le monde, et je suis sûr qu’il pourra procurer à des confrères qui l’essaieront la satisfaction que j’y ai souvent trouvée moi-même.
- Bartholdi.
- UNIFICATION DU CALENDRIER
- Il existe, comme on sait, une question du calendrier. On peut se demander à bon droit comment, à une époque de progrès comme la nôtre, au moment où les transactions commerciales rapprochent tous les peuples civilisés, on n’a pas encore unifié les calendriers. Presque toutes les nations ont adopté depuis longtemps la réforme de 1582 : la France la première dès 1582 ; l’Allemagne, le Danemark, la Suède, la Suisse dès le commencement du dix-septième siècle ; l’Angleterre, en retard, n’a accepté qu’en 1752 le calendrier Grégorien. Les Russes et les Grecs en sont encore aux conventions du Concile de Nicée, au calendrier Julien. La discordance entre le nouveau et le vieux style est maintenant de 12 jours.
- 11 est superflu d’insister sur les inconvénients de ce désaccord. Les Russes sont obligés de dater deux fois dans le vieux et le nouveau style pour éviter toute confusion, et les fêtes mobiles dans l’église orthodoxe sur-
- viennent à des époques toutes différentes des nôtres.
- 'Il est évident qu’il existe dans cette double façon de compter le temps, matière à erreur, à malentendu. Au point de vue scientifique, cette indécision dans les dates offre autant d’inconvénients que dans la vie civile. On le sait bien au Vatican comme à Saint-Pétersbourg, et l’on s’est déjà préoccupé de faire cesser ce désaccord qui n’a plus au fond aucune raison d’être.
- L’année prochaine en 1900, la règle de Jules César va imposer au calendrier primitif, au mois de février, un jour de plus. Février 1900 aura en Russie et en Grèce 29 jours puisque, dans le calendrier Julien, toute année séculaire est bissextile. Et l’écart passera de 12 jours à 13 jours. Ce serait vraiment le moment dé prendre un parti et de commencer l’unification en ne rendant pas plus bissextile que chez nous l’an 1900. Dans le calendrier Grégorien ne sont bissextiles que les années séculaires dont le centième du millésime est divisible par 4 ; et ce n’est pas le cas pour 1900. Cette unification n’entraîne à aucune difficulté et au moins l’écart ne s’agrandirait pas encore à partir du 28 février prochain.
- D’autre part, à celte concession de l’Église orthodoxe, on pourrait répondre par une concession compensatrice. Les fêtes mobiles arrivent naturellement à des dates bien différentes dans les deux calendriers. Dans le nôtre, Pâques, la Pentecôte, etc., surviennent chaque année à des époques variables1. Pâques peut survenir dès le 22 mars ou, au contraire, le 25 avril. L’écart possible peut atteindre 35 jours. Et de même la Pentecôte qui vient le septième dimanche après Pâques peut tomber au commencement de mai ou vers le milieu de juin. Ces différences sont trop considérables et amènent certains troubles dans nos habitudes et dans les transactions journalières. Il serait évidemment préférable de donner plus de fixité aux fêtes et de réserver à Pâques une date à peu près la même chaque année.
- Pâques deviendrait un repère fondamental des fêtes de l’Église parmi les peuples. Dès lors, peu à peu par la force des choses, on serait conduit à tout unifier et à supprimer les 12 jours d’intervalle qui séparent actuellement les deux calendriers Julien et Grégorien. Il est clair qu’ici comme souvent, il n’y a que le premier pas qui coûte. Le premier franchi, une grande partie de la besogne serait faite.
- Les variations de dates des fêtes de Pâques ou de la Pentecôte résultent de la règle traditionnelle de fixer les fêtes d’après la Lune. Pâques est le dimanche qui suit immédiatement la pleine lune pascale arrivant le 21 mars ou quelques jours plus lard. Il serait bien plus simple de placer Pâques à une époque déterminée de l’année solaire. On pourrait fixer Pâques au troisième dimanche après l’équinoxe du printemps. La fête tomberait invariablement entre le 4 et le 11 avril. Et l’on n’entendrait plus dire : « Quand donc tombe Pâques celte année? » ou bien « Pâques arrive de bonne heure cette année, ou survient tard ». La fixité ne serait pas indifférente au public et serait bien plus commode.
- En somme, nous demandons qu’à Saint-Pétersbourg on ne rende pas 1900 bissextile pour ne pas accroître encore l’écart des deux calendriers. Nous demandons que l’on accepte partout la même date pour la célébration de Pâques, et par suite de la Pentecôte et des autres fêtes mobiles. Ces deux mesures nous conduiraient dans un avenir
- 1 Le concile de Nicée réuni pour régler les points fondamentaux de la doctrine chrétienne fit dépendre les fêtes de I'àqucs des lunaisons.
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- LA NATURE.
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- prochain à l’imilication si désirable des deux calendriers.
- Des savants, des astronomes, les autorités les plus com- ’ pétentes se sont déjà entendus sur ces points fondamentaux. Il nous faut donc souhaiter que l’on donne une sanction à ces projets et que dès l’année prochaine on commence l’œuvre de l’unification dans les pays orthodoxes. Henri de Paryille.
- PRODUCTION DE L’HYDROGÈNE
- ET DE L’OXYGÈNE
- On sait combien sont grandes aujourd’hui les applications de l’oxygène à la métallurgie, à la médecine et à l’hygiène. D’autre part, on n’ignore pas que l’hydrogène, le gaz le plus léger dont nous puissions disposer, a également des applications utiles à la chimie et à l’aéroslation.
- 11 convient, pour l’ascension des ballons et des ballons-sondes, de se servir d’hydrogène pur, bien moins dense que le gaz d’éclairage. Or, l’eau est un composé d’oxygène et d’hydrogène. En combinant ces deux gaz, on fabrique de l’eau; en décomposant l’eau, on fabrique, réciproquement, ces deux gaz. 11 y a bien longtemps qu’on a décomposé l’eau par un courant électrique. Il suffit de relier les deux pôles d’une pile à deux électrodes disposés au sein du liquide pour que d’un côté se dégage de l’oxygène et de l’autre de l’hydrogène.
- Jusqu’ici, cette méthode électrique n’avait pas reçu d’application industrielle. On fabriquait l’oxygène en le retirant de l’air atmosphérique et en le séparant de l’azote au moyen d’une substance chimique : le bioxyde de baryum. En chauffant, l’oxygène de l’air se porte sur le corps chimique; en chauffant à une plus haute température, il s’en dégage et on le recueille. Quant à l’hydrogène pour les ballons, on le produit à l’aide d’un vieux procédé : la décomposition de l’eau acidulée par l’acide sulfurique et par le zinc ou par le fer.
- L’oxygène obtenu par le bioxyde de baryum n’est pas pur : il renferme de l’azote, et sa teneur est de 90 pour 100. L’oxvgène résultant de la liquéfaction de l’air renferme également de l’azote : on ne recueille que 75 pour 100 d’oxygène. Au contraire, l’oxygène provenant do lelectrolyse de l’eau est rigoureusement pur. On pouvait se demander pourquoi on n’avait pas encore fabriqué l’oxygène électrolvtiquemenl et d’autant mieux que l’on recueillait du même coup de l’hydrogène (1 volume d’oxygène et 2 volumes d’hydrogène). A vrai dire, on avait essayé, mais sans parvenir à trouver des appareils pratiques pour une fabrication sur grande échelle. Nous savons qu’à l’établissement aérostatique de Meudon-Cha-lais le commandant Renard a trouvé un dispositif convenable. Mais peut-être serait-il insuffisant pour générer les deux gaz constitutifs de l’air en grande quantité. En France, M. d’Arsonval ; en Allemagne, MM. Lutschinoff, Siemens, Belli-Garouti ont essayé différentes méthodes. En résumé, aucune d’elles n’a pénétré dans la pratique.
- Au contraire, M. Schuckert s’est montré persévérant et les appareils de l’Electricitâts Actien-Gesellschaft vormals Schuckert et C° sont devenus industriels. Une première installation fonctionne, avec succès, depuis 1896, à Hanau. Il s’agit d’une pile immense, à diaphragmes non poreux, dont les électrodes sont en fer et en ébonite. On fait passer un courant de 200 à 300 ampères sous 2,8 à 3,3 volts. L’installation n’exige aucune surveillance; il suffit d’ajouter tous les jours la quantité d’eau nécessaire et de remplacer la solution de soude employée pour rendre l’eau conductrice. De temps en temps, on change,
- pendant la marche, les électrodes de fer épuisés. On peut travailler sans arrêt. Les devis d’installation et les frais de dépenses sont intéressants à indiquer :
- FRAIS D’INSTALLATION
- Machine à vapeur.................. 31 250 fr.
- Dynamos et bains électrolytiques. . 60 000
- Batiments (290 mètres carrés). . 15 000 .
- 106 250 fr.
- FRAIS D’EXPLOITATION JOURNALIÈRE
- Charbon.............................. 67 fr. 50
- Huile, graisse................... 11 ^ 25
- Main-d’œuvre......................... 22 50
- Réparations........................... 7 50
- Amortissement....................... 17 50
- Intérêt sur le capital à 10 pour 100. 36 25
- 162 fr. 50
- Ce qui porte les 100 mètres cubes d’oxygène et les
- 200 mètres cubes d’hydrogène à 162,r,50.
- I mètre cube d’oxygène et 2 mètres cubes d'hydro-
- gène reviennent donc à lfr,63. Or, actuellement, le mètre cube d’hydrogène seul revient à 2fr,62; car on dépense 3 kilogrammes de zinc à 50 centimes, 6 kilogrammes d’acide sulfurique à 18 cent. 5/4; soit lfr,50, d’une part, et, de l’autre, lfr, 12, sans compter la main-d’œuvre, etc. Avec le procédé électrolylique, tout compris, on dépense de 80 centimes à 1 franc pour le mètre cube d’hydrogène, et l’on a, par-dessus le marché, l’oxygène, dont la valeur commerciale est encore grande et atteint souvent plus de 1 franc le mètre cube. Ces chiffres appellent l’attention. C’est pourquoi nous avons cru bon d’indiquer sommairement les résultats obtenus en Allemagne. Flamel.
- CHEMINS DE FER MINUSCULES
- II ne s’agit pas, bien entendu, des trains joujoux dont la presse américaine et la presse anglaise se sont occupées ces temps derniers, et qui sont traînés par des locomotives minuscules, vrais chefs-d’œuvre de mécanique et réductions exactes des grosses machines ordinaires. Il s’agit d’un côté plus sérieux de la question, de voies ferrées aux proportions réduites ou au matériel rare, mais qui n’en rendent pas moins des services effectifs au point de vue commercial et industriel.
- Comme chemins de fer ne possédant qu’un matériel des plus rudimentaires, nous pouvons citer, avec notre spirituel confrère anglais Tit-Bits, le « Ravensglass and Eskdale Railway », qui assure les communications entre Ravensglass et Root, dans le Cumberland, sur une distance de 14 kilomètres : il ne compte qu’une seule locomotive, qui donne parfois une allure de 10 kilomètres à l’heure aux convois! Le personnel de cette ligne se compose uniquement de deux poseurs de voie, d’un mécanicien, d’un chauffeur et d’un employé à tout faire, qui distribue les billets, joue le rôle de conducteur de train, etc.
- Nous pouvons citer de même la ligne de Lynton à Barnstaple, longue de 32 kilomètres, il est vrai, puis le chemin de fer d’Easingwold, qui n’a que 3 kilomètres de long et possède en fout, comme ma-
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- Fig. 1. — Une (les machines du chemin de fer de Darjeeling.
- tériel roulant, une locomotive et 'deux voitures à voyageurs. Celui de la Lambourne-Valley n’est pas plus riche; mais, pour assurer son trafic de marchandises, il loue 18 wagons à la Compagnie « Great-V\estera ». C’est encore le « Hundred of Manhood and Selsey Railway », qui est à écartement normal et possède en tout 2 locomotives ; il ne comporte aucun système de signaux.
- On trouverait ainsi en Grande-Bretagne une dizaine de compagnies effectuant leur service avec une seule machine, 14 autres en possèdent 2, et 8 en ont 3.
- Mais nous avons dit qu’il y a aussi des voies ferrées qui ne sont minuscules que par leurs proportions, et qui ne rendent pas moins de grands services ; précisément un de nos amis, ingénieur distingué anglais, M. Leslie S. Robertson, vient de présenter à ce sujet, à l'Institution of Mechanical
- Fig. 2. — Viaduc en charpente du chemin de fer de Duffield Bank.
- Engine ers, une étude fort intéressante à laquelle nous ferons quelques emprunts.
- Il a choisi quelques exemples caractéristiques de voies où l'écartement des rails est d’environ 0m,60. Les unes sont des lignes publiques, comme celle de Pithiviers ou celle de Caen à Dives et à Luc en France, ou encore comme la voie très intéressante dite « Darjeeling Railway », qui se développe en plein Himalaya sur une longueur de 82 kilomètres, avec des rampes de 1/29 et des courbes de 21 mètres de rayon. Sur une distance de 64 kilomètres, elle monte de 2000 mètres et plus. Le matériel roulant en est naturellement très spécial, comme on peut le constater en examinant la photographie d’une des locomotives : ces machines pèsent 15 832 kilogrammes, ont des roues de 0m,66 de diamètre, et des cylindres de 0m,279 sur 0m,555. Les wagons à marchandises, qui pèsent un peu plus d’une tonne, peuvent porter 5556 kilogrammes.
- Une des lignes ferrées les plus curieuses de ce genre est assurément celle dont tous les détails ont
- Fig. 3. — Locomotive du Duflield Bank Railway.
- été minutieusement étudiés et exécutés par les soins de sir Arthur Percival Reywood, et qui sert à des expériences fort utiles. Nous voulons parler du « Duffield Bank Railway ». Sir Arthur Ileywoode s’était posé le problème de savoir quelle était la plus faible largeur de voie qu’on pût adopter pour assurer, au meilleur prix possible et dans des conditions absolument pratiques, un trafic annuel de 5000 tonnes. La voie est à l’écartement de 0m,581 et faite de rails pesant 10,9 kilogrammes par mètre courant; ils sont posés sur des traverses de 0m,91 de long, larges de 0m,164 et épaisses de 0m,064. Nous dirons en passant que le coût d’établissement de cette ligne a été assez minime pour qu’on ait pu y construire un viaduc en bois de 28 mètres de long et de 6 de haut au prix d’environ 27 francs le mètre courant. Naturellement, comme les courbes sont extrêmement raides, il a fallu donner aux locomotives une base essentiellement flexible, et cela au moyen d’un dispositif radial permettant un jeu très marqué des essieux; ces machines pèsent, les unes 5672, les autres 5080 kilogrammes. Les premières ont des
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- roues de 0m,337 et des cylindres de 124 millimètres sur 178; les secondes ont des roues de 0m,452 et des cylindres de 158 sur 203 millimètres. Les wagons à marchandises sont des plates-formes à hausses mobiles de 0m,76 de large sur lm,52 ; quant aux voitures à voyageurs, elles sont extraordinairement logeables, en dépit de leur petitesse, il y a même un petit wagon-salon pour 8 personnes et un wagon-lit.
- Une autre ligne minuscule intéressante est celle de « Eaton Hall », construite pour le duc de Westminster, par Sir Arthur Heywood, avec le môme écartement que la précédente.
- Pour faire saisir le rôle précieux que peuvent jouer ces petites voies ferrées dans des grands établisse-
- Fig. i. — Un jeune mécanicien du DufGeld Bank Railway.
- ments industriels nous signalerons encore celle des usines Ilorwich, celle de la Brasserie Guinness de Dublin, etenfin celle du fameux Arsenal de Woolwich.
- Cet établissement possède sans doute le réseau ferré d’atelier le plus complet qu’on trouve au monde, pour desservir les 160 hectares qu’occupent les magasins, les dépôts, les ateliers, etc. On y compte 48 kilomètres devoiesà 0m,46 d'écartement et 24 kilo-
- Fig. G. — Locomotive des usines d’ilorwich.
- mètres posés simultanément à écartement de 0m,4f> et à écartement normal. Le matériel roulant comprend 46 locomotives, dont une à pétrole, et un millier de véhicules. Sans tenir même compte des transports de charbon, la ligne principale à voie étroite voit passer quotidiennement quelque 400 wagons, et il y a même sur cette ligne, toutes les demi-heures,
- Fig. 7. — Matériel de traction de l’arsenal de Woolwich.
- un service régulier de voyageurs. Nous ne pouvons étudier de près (cela nous entraînerait trop loin) les locomotives du réseau ferré de l’Arsenal de Woolwich ; mais nous signalerons surtout les machines système Hudswell et Clarke, qui pèsent 9144 kilogrammes, à deux roues couplées, et possèdent des cylindres de 177 millimètres de diamètre avec une course de 304 millimètres.
- M. Robertson arrive à cette conclusion que nous partagerons avec lui, que les voies ferrées à voie très étroite, tout en coûtant bon marché de premier établissement, assurent une économie énorme sur les frais de transport, même dans de simples établissements industriels. Daniel Bellet.
- Fig. 5. — Machine du chemin de fer minuscule d’Eaton.
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- LA NATURE.
- IA MOUCHE DE L’OLIVE
- L’année dernière la récolte des olives, en Provence et dans le Languedoc, tout au moins pour certaines localités, a été fortement diminuée par le fait des ravages de la trop célèbre Mouche de l'Olive (Dacus oleæ).
- Ce petit Diptère, appelé Keïroun par les Provençaux, est certainement l’ennemi le plus redoutable de l’olivier.
- C’est un moucheron qui mesure tout au plus 4 millimètres de longueur; il a le corselet d’un gris cendré avec une petite tache d’un blanc jaunâtre ; la tête est fauve avec des yeux noirs assez gros ; l’abdomen est noir rougeâtre avec quelques bandes transversales plus foncées et une bande longitudinale jaune plus large en arrière qu’en avant; les pattes, assez grandes, sont jaunes, les ailes transparentes et irisées avec de fines nervures jaunâtres; lorsqu’elles sont étalées l’insecte mesure environ 8 millimètres d’envergure.
- A partir de fin juin, la femelle pond ses œufs sur les petites olives, à peine formées, en perçant celles-ci au moyen de la tarière dont son abdomen est pourvu. Bientôt sort de l’œuf une petite larve de couleur jaunâtre, dont le corps est constitué par onze segments. La bouche de cette larve est armée de deux mandibules qui lui servent à creuser sa galerie dans l’olive, pénétrant ainsi jusqu’au noyau. Il y a trois générations par an et souvent les fruits ainsi piqués se détachent de l’arbre. C’est alors, dit M. Y. Mayet, professeur à l’École d’Agriculture de Montpellier, que la larve, âgée de quinze jours environ, quitte l’olive pour se transformer en pupe dans le sol. Cette pupe de couleur jaune brun, en forme de barillet aplati, constituée par la peau de la larve, renfermera bientôt la nymphe dont l’état ne dure guère qu’une semaine, mais qui en demande trois, si l’on compte le temps que la larve met à se métamorphoser et celui dont a besoin la mouche enfermée dans la pupe pour raffermir ses téguments et devenir complètement adulte.
- La femelle ne dépose qu’un seul œuf dans chaque olive L Il est à remarquer que la seconde génération, plus nombreuse que la première, est plus nuisible, car elle fait tomber plus de fruits, les mouches qui en résultent se montrent vers le milieu d’octobre. Enfin, la troisième, encore plus dévastatrice, donne des insectes parfaits vers fin novembre.
- Ainsi que le fait remarquer M. le Dr P. Brocchi, quand les olives attaquées sont cueillies 2, transportées dans les greniers, l’évolution de l’insecte n’en continue pas moins. M. Bonafous a observé que les ravages de la mouche de l’olive commençaient toujours dans les régions les plus chaudes3. Il semble, fait difficile à expliquer, que les olives ne soient attaquées que tous les deux ans-
- D’après M. Bonafous également, le Dacus ne serait pas
- 1 Chaque mouche, à chaque génération, pond environ 500 œufs dans autant d’olives différentes. La femelle explore d’abord les oliviers chétifs qui portent peu de fruits et sont les plus avancés, puis les parties les mieux exposées au soleil et enfin toute la plantation. Une mouche, pondant le 15 juillet par exemple, donne naissance à 500 mouches adultes vers le 15 août et qui produisent à leur tour le chiffre respectable de 90 000 mouches, ce qui, avec la troisième génération, fournit 27 millions de larves si toutes arrivent à bien, ce qui heureusement n’est pas toujours le cas.
- 2 Car il faut bien remarquer que toutes les olives piquées ne tombent pas de l’arbre.
- 3 On a également observé que les ravages du Keïroun sont d’autant plus considérables que l’été est plus chaud et plus sec.
- un insecte indigène, il nous viendrait d’Italie, apporté par les vents du sud-est. Cet observateur dit que les localités bien abritées du vent ne sont pas visitées par cette mouche. Toutefois, il nous faut reconnaître que cette année même, nous avons pu constater en Provence, et cela dans bon nombre de localités, que cette dernière assertion semble tout au moins un peu hasardée.
- Les moyens de lutte contre cet insecte sont, nous sommes bien forcé de l’avouer, assez peu efficaces ; néanmoins, il importerait d’appliquer judicieusement ceux dont nous disposons.
- Suivant la judicieuse remarque de M. V. Mayet, si, théoriquement, tous les fruits tombés dès la fin du mois d’août étaient ramassés par tous les propriétaires d’oliviers d’un pays, la seconde génération ne pourrait pas se produire et le mal serait enrayé, mais que le sol soit soigneusement biné comme aux environs de Sfax, ou utilisé pour la culture comme en Provence, ce travail est matériellement impossible. On peut toutefois conseiller de lâcher les porcs dans les olivettes à partir du mois d’août. Autant d’olives fraîchement tombées ainsi utilisées, autant de foyers d’infection détruits.
- M. le Dr Campagnon avait cru remarquer que les oliviers arrosés d’un lait de chaux, étaient à l’abri des attaques du Dacus. Nous n’hésitons pas à dire qu’il n’en est absolument rien.
- II faut encore s’en tenir à ce que conseillait le naturaliste niçois Risso en 1826 : « Récolte hâtive, broyage immédiat des olives, incinération des balayures ».
- Il faut reconnaître aussi que les fruits cueillis avant maturité donnent une huile inférieure, par contre, les olives piquées fournissent également une huile de médiocre qualité; mais en récoltant de bonne heure on détruit sans aucun doute une énorme quantité d’insectes, car les larves meurent dans le fruit avant que la transformation puisse s’opérer, à la condition, bien entendu, que le broyage soit effectué très peu de temps après la récolte, ce qu’on ne fait pas toujours. L’incinération des balayures dans les huileries a une importance capitale, car les coins et recoins des murailles, les objets encombrant inutilement les locaux remplis d’une épaisse couche de détritus sont en grande partie formés de vieilles pupes de Dacus, qui, cela va sans dire, font souche.
- « L’homme ne doit pas oublier que le plus grand nombre des pupes et des mouches de l’olive qui passent l’hiver, s’abritent dans les bâtiments construits par lui1. »
- Remarquons qu’à Aix en Provence où l'on produit l’huile d’olive la plus renommée on récolte les olives de très bonne heure.
- Tout récemment on a tenté de s’attaquer directement à l’insecte parfait, en l’empoisonnant à l’aide d’appâts arsénieux, à la dose de 1 pour 100 d’arsenic ou plutôt d’acide arsénieux, suspendus dans les arbres ; mais il est difficile de vérifier la valeur réelle de ce procédé, car les mouches ayant touché au miel arsénieux vont mourir au loin.
- On a également recommandé de labourer légèrement, l’hiver, au pied des oliviers, — on détruit ainsi un grand nombre de pupes, — puis d’enfouir dans le sol des chiffons enduits de pétrole et de semer au printemps sous les arbres, après le labour, un mélange de suie et de cendre de bois. Tous ces moyens seraient peut-être efficaces, s’ils étaient généralisés ou plutôt étendus à toutes les olivettes d’une région, ce à quoi il ne faut même pas songer, car il est déjà impossible de faire appliquer l’échenillage
- 1 Valéry Mayet : Les Insectes de l'olivier.
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- qui cependant, ainsi que nous le disions récemment ici même1, est une loi. Alors... il faut chercher autre chose !
- Albert Larbalétrier.
- RÀDÏOCONDUCTEURS
- On connaît le rôle important que jouent dans la télégraphie sans fils les radioconducteurs ou cohéreurs. M. E. Branly nous a donné à ce sujet2 un article plein d’intérêt.
- De nouvelles recherches ont été effectuées sur les radio-conducteurs par M. Blondel, et M. A.Broca en a fait connaître récemment les résultats à la Société française de physique. Ces recherches ont eu pour but principal de comparer les divers métaux à employer pour les limailles et pour les électrodes afin de réaliser la sensibilité pratique maxima.
- Les tubes utilisés avaient 2 à 3 millimètres de diamètre intérieur. C’est la force électromotrice agissante qui semble jouer le rôle essentiel plutôt que la densité de courant dans la limaille]; on se plaçait dans les conditions de la pratique en mettant une résistance d’un millier d’ohms en série avec un élément Leclanché et avec le tube.
- Si l’on a soin d’employer des électrodes en platine bien propres, on reconnaît tout de suite que les métaux employés pour la limaille ne conviennent que s’ils sont légèrement oxydables à l’air; l’argent, l’or,le platine, en limaille, ne décohèrent pas; les métaux oxydables décollèrent d’autant mieux qu’ils sont plus oxydés; mais le maximum de la sensibilité s’obtient quand ils ne le sont que très peu. Les expériences ont confirmé que le phénomène de cohérence est bien dû, suivant les idées de Lodge, à une sorte de soudure électrique, produite par des étincelles minuscules qui percent la couche isolante. M. Blondel a obtenu, en effet, les mêmes résultats en sulfurant la surface d’un métal inoxydable, l’argent, expérience qu’il a publiée au mois d’aoùt dernier, et que M. Tissot a fait connaître plus récemment; mais il considère la limaille d’argent sulfuré comme peu réglable et médiocre pour les applications.
- Les métaux non oxydables peuvent réciproquement être associés à des électrodes oxydables; c’est alors à ces dernières qu’il faut attribuer le phénomène. Si M. Branly a signalé des effets de cohérence et de décohérence avec la limaille d’or, c’est sans doute parce qu’il n’opérait pas, comme M. Blondel, entre des électrodes de platine.
- Enfin les meilleurs résultats paraissent être obtenus non pas avec des métaux purs, mais avec des alliages formés d’un métal inoxydable additionné d’une petite quantité d’un métal oxydable.
- M. Branly a proposé les alliages d’or et de cuivre; M. Blondel avait poursuivi indépendamment, avec le concours de M. Dobkevitch, des essais sur les alliages d’argent avec le cuivre ou le nickel et sur le fer chromé ; ces divers produits donnent d’excellents résultats, et on peut régler l’oxydation aisément au degré voulu, surtout avec les alliages d’argent et de cuivre, grâce au changement de teinte qui permet de reproduire aisément toujours un même degré d’oxydation avant de sceller le tube et d’en évacuer l’air.
- Il est essentiel en effet, pour la conservation d’un
- 1 Voyez notre étude sur l'Échenillage et Véchardonnage, dans le n° 1325 du 22 octobre 1898, p. 327.
- 2 Voy. n° 1301 du -7 mai 1898, p. 354.
- cohéreur, de faire le vide; un perfectionnement important apporté par M. Blondel dans la construction des tubes, et qui permet de les régler une fois ce vide établi, consiste dans l’addition d’une poche en verre pleine de limaille et aboutissant à l’espace réservé contre les électrodes; on peut ainsi, en renversant le tube, régler à volonté la quantité de limaille interposée et la renouveler, d’où le nom de cohéreurs régénérables.
- M. Broca a présenté à la Société de physique des tubes de ce système exécutés fort habilement par M. Dobkevitch et remplis d’alliage d’argent; ils cohérent sous l’influence d’une simple étincelle de sonnerie, alimentée par un élément Leclanché à 3 ou 4 mètres de distance, et ils décohèrent avec précision, au moindre choc.
- M. Broca a signalé en même temps que M. Blondel a publié, au dernier Congrès de l’Association française, une théorie des antennes dans la télégraphie sans fils, différente de la sienne, et dont les conclusions semblent contredire un peu celles de M. Tissot, en ce qui concerne les antennes horizontales. D’après cette théorie très simple, l’antenne, dans son ensemble, est un centre d’ébranlement donnant lieu à des lignes de force magnétiques circulaires se propageant dans des plans perpendiculaires à l’antenne. Quand les antennes sont verticales, les ondes glissent à la surface du sol sans être absorbées, parce que les lignes de force électriques sont normales à cette surface ; elles sont, au contraire, parallèles quand les antennes sont horizontales. La terre joue par rapport aux antennes verticales le rôle d’un miroir ; l’antenne de l’émission est ainsi simplement équivalente à un excitateur de Hertz rectiligne, et l’antenne réceptrice à un résonateur rectiligne du type de M. Joubert. La formule de Neumann suffit à montrer que la force électromotrice, induite dans l’antenne récep'rice, est proportionnelle au produit des longueurs des antennes.
- AIMANTS ET TOURliILLONS
- EXPÉRIENCES DE M. AVEYHER
- M. C.-L. Weyher, à qui l’on doit déjà de curieuses expériences sur la reproduction des tourbillons1, en a imaginé d’autres récemment pour reproduire, toujours par des mouvements tourbillonnaires, toutes les propriétés connues des aimants. Ces aimants nouveau genre sont de simples tourniquets, des axes en bois munis de quelques ailettes en papier. Ils se comportent absolument comme des barreaux Fis- 1 aimantés quand ils sont e n rotation.
- Un pareil tourniquet en fonction constitue une pompe centrifuge prenant l’air par ses deux extrémités et l’expulsant par la partie médiane. Il y a production de deux tourbillons dont les veines tour-
- 1 Voy. n° 717, du 26 février 1887, p. 195.
- Pseudo-barreaux aimantés, les flèches indiquent le sens des courants.
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- nent dans le môme sens tout le long du barreau, mais possèdent un mouvement de sens opposé si on les observe suivant la direction de l’axe. Les veines forment une vis de pas à droite dans l’une des moitiés du barreau et une vis à gauche dans l’autre moitié. La marche générale des veines est synthétisée dans la figure 1, représentant deux cylindres en carton dans lesquels les flèches montrent la direction des mouvements tourbillonnaires et celle des mouvements axiaux. Ces deux cylindres peuvent donner l’idée des barreaux du système tourbillonnaire avec une moitié figurant le pôde Nord et l’autre moitié le pôle Sud des aimants ordinaires.
- Si nous considérons le sens des rotations, les deux pôles Nord en regard, il est clair que les veines fluides affluent à la rencontre les unes des autres ; il y a encombrement d’air, surpression, et les barreaux, s’ils étaient libres de se mouvoir, s’écarteraient, se repousseraient.
- Si nous les retournons de façon à placer un pôle Nord en face d’un pôle Sud, l'effet sera renversé, les veines passeront parallèlement entre les deux barreaux, raréfieront l’air et, la pression diminuant, les deux cylindres auront tendance àse rapprocher. Le même résultat se produit quand on fait tourner à côté l’une de l’autre deux toupies. Si la rotation a lieu dans le même sens, les toupies s’écarteront, si elle a lieu en sens inverse, elles se rapprocheront.
- On*se souvient de la formule bien connue : les pôles de nom contraire s’attirent; les pôles de
- même nom se repoussent. Or, c’est ce qui arrive infailliblement avec les tourniquets de M. Weyher. La figure 1 montre théoriquement qu’il doit en être
- ainsi. Nous allons constater, en rendant les barreaux mobiles, qu’il y a attraction ou répulsion selon qu’on présente le pôle Nord ou le pôle Sud à un pôle Sud ou à un pôle Nord, c’est-à-dire selon le sens des courants.
- Deux barreaux tourbillonnaires verticaux sont accrochés à deux tiges munies d’un joint de Cardan pour qu’ils puissent s’incliner comme deux pendules tout en tournant. Des poulies de renvoi (fig. 4, n° 2) permettent de faire tourner les axes soit dans un sens, soit dans l’autre à l’aide de ficelles de coton. La petite force nécessaire pour produire la rotation est fournie par une dynamo. Les barreaux ou tourniquets sont des tiges en bois de la grosseur d’un crayon sur lesquelles sont collées
- quatre ou six ailettes en papier. L’appareil est mis en marche, les pôles de nom contraire en présence, c’est-à-dire les barreaux tournant en sens inverse. Il y a attraction manifeste. Retourne-t-on le sens de la rotation de l’un des barreaux la répulsion est évidente.
- Dans quelques barreaux, les ailettes ayant été collées sur une gaine de papier entourant l’axe, on peut les changer de place. Faisons glisser celles du tourniquet de droite (fig. 4, n° 3), si le Nord est encore en face du Sud, les deux tourniquets s’attirent, ainsi qu’il arrive pour les aimants. Quand on place un tourniquet vertical en regard d’un tourniquet hori-
- Fig. 5. — Iîarreaux ajourés ne tournant pas mais actionnés par des tambours tournants indépendants. (En cartouche : détail d'un barreau.)
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- zontal, on voit le barreau vertical s’incliner vers le geons les pôles, les deux tourniquets se repoussent barreau horizontal, et rester adhérent. Si nous chan- (fig. 3). On peut multiplier ce genre d’expériences.
- Fig. 4. — 2. Barreaux parallèles montrant l’attraction ou la répulsion selon le sens des rotations. — N* 3. Barreaux chevauchés.
- .X" 4, Barreaux perpendiculaires.
- On sait encore que l’on peut couper un aimant véritable en deux, trois... n morceaux. Chaque fragment devient un élément complet et reprend ses deux pôles. Il est évident qu’il en est ainsi pour chaque tourniquet coupé en deux, en trois, etc. Le maximum d’attraction dans un aimant a lieu un peu en deçà de chaque pôle. De même les tourniquets offrent un maximum d’action à une certaine distance des extrémités, puisque l’air afflue non seulement par les bouts, mais par le pourtour. Dans les aimants, existe au milieu la ligne neutre. Elle se retrouve dans les tourniquets. Approchons un tourni-
- quet jouant le rôle d’armature perpendiculairement à un tourniquet tournant (fig. 4, n° 4). Le tourniquet
- armature sera saisi par le mouvement tourbillonnaire du tourniquet tournant et présenté à un bout, il tournera dans un sens ; présenté à l’autre bout, il tournera en sens opposé. Et enfin, approché au milieu, la rotation ne sera pas possible parce qu’il sera sollicité à tourner dans les deux sens. Il y a aussi une zone neutre.
- La figure 2 fait voir un dispositif spécial. Trois moulinets armatures sont enfilés sur une même broche. Si on les empêche de tourner pendant la rotation du barreau vertical,
- Fig. 5. — Barreau attirant un moulinet armature à ses deux extrémités et n’exerçant aucun effet dans la zone neutre.
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- aucun effet ne se produit. Mais si on leur laisse leur liberté, le tourbillon s’amorce, le premier moulinet grimpe au haut de la broche, le second le suit et le troisième aussi. C’est exactement la représentation du chapelet de clous en fer que l’on peut suspendre à un aimant véritable, chaque clou devenant un nouvel aimant pour le suivant. On peut aussi montrer nettement l’attraction à l’extrémité d’un barreau et la zone neutre (fig. 5). Le barreau est figuré par des ailettes entourées d’un canevas métallique et d’une demi-coquille cylindrique. Ce dispositif spécial a pour effet d’accroître la circulation des veines d’air dans le sens circulaire toujours plus faible que dans le sens longitudinal. Au barreau on présente un moulinet disposé perpendiculairement. S’il est à une extrémité, il sera attiré ; s’il est au milieu, il restera indifférent ; s’il est à l’autre bout, il sera repoussé. Tout dépend du sens de rotation indiqué par les flèches.
- On pourrait objecter que, dans la représentation de ces phénomènes, les pseudo-aimants sont, en définitive, les tourniquets eux-mêmes, tandis que dans un aimant en acier la matière reste immobile et ne tourne pas. M. Weyher répond en modifiant ces tourniquets. Il les enferme dans des tambours en verre. Les deux barreaux sont alors formés par des rondelles en papier ajouré et découpé en marguerites collées sur des tiges en bois léger (fig. 3). Si l’on fait tourner dans un même sens les deux tambours on voit l’attraction se produire tandis que la répulsion a lieu si les tambours tournent en sens contraire l’un de l’autre. Ceux-ci, par leur rotation, créent des tourbillons aériens qui pénètrent entre les rondelles ajourées et actionnent les barreaux.
- Et les lignes de force des aimants? On les obtient tout aussi bien. Il suffit de faire tourner un barreau horizontalement au-dessus d’une feuille de carton sur laquelle on a projeté de la sciure de bois très fine, pour que se dessine aussitôt l’image du spectre magnétique. Couche épaisse aux extrémités, presque pas de sciure à la ligne neutre.
- Ces expériences sont intéressantes et suggestives. Elles réussissent dans les liquides comme dans l’air, même dans l’air très raréfié, pourvu que l’on augmente la vitesse de rotation en conséquence. Qu’en conclure au point de vue philosophique? M. Weyher dit : « Je me demande comment il est possible de ne pas apercevoir la connexité existant entre l’éther des physiciens, si rare soit-il et quelle que soit son essence même, pourvu qu’il soit matériel, et l’air tourbillonnant. L’éther occupe tout l’espace, et on le retrouve forcément entre toutes les molécules des corps.
- « Dans l’espace on voit des sphères célestes qui tournent et, par conséquent, l’éther qui les pénètre tourne avec elles et est animé de mouvements tourbillonnaires. » Ces mouvements-là, nous les retrouvons partout et peut-être sont-ils aussi, à l’image des tourbillons d’air de M. Weyher, l’origine des
- phénomènes présentés par les aimants. M. Weyher soutient cette thèse; il n’est pas le premier; mais il a du moins à son actif d’avoir donné du poids à cette hypothèse par des analogies curieuses et par des expériences d’une véritable élégance.
- LE SUCRE DANS L’ALIMENTATION
- La question du sucre dans l'alimentation de l’homme et des animaux est à l’ordre du jour. Le sucre est un aliment générateur de force que l’on a tout avantage à faire entrer dans la ration journalière. 11 faut en user largement, sans en abuser, cependant : car nous possédons tous un coefficient d’utilisation personnelle que nous ne saurions dépasser sans amener des troubles nutritifs. Chaque individu est constitué de façon à n’assimiler qu’un poids donné de matière sucrée. Au delà, le sucre reste dans le sang et la glycosurie se déclare avec ses inconvénients. Le fait a pu être constaté chez les ouvriers des raffineries ou chez les personnes qui font abus de pâtisserie et de plats sucrés. Mais à dose raisonnable chez f’iudividu dont les fonctions digestives sont normales, l’usage du sucre est à conseiller. On dit toujours : « la viande donne de la force ». Oui et non. La viande, aliment azoté, fournit du muscle et même de l’énergie; mais à quoi servirait le muscle, s’il n’y avait derrière de la force pour l’utiliser? Or, la force est avant tout engendrée par les aliments hydrocarbonés dont le sucre fait partie. 11 faut donc absorber du sucre quand on a un effort matériel considérable à soutenir longtemps. On ne se doute pas en général des propriétés du sucre dans le monde des travailleurs. On a recours à l’alcool qui déprime après le coup de fouet et enlève peu à peu toute résistance à la maladie. Le sucre, qui n’a aucun des inconvénients de l’alcool, n’est pas considéré comme un aliment. C’est une erreur. C’est un aliment. Il n’a qu’un tort en France : c’est de coûter cher, par suite de l’impôt énorme qu’on l’oblige à supporter (60 francs par 100 kg). La consommation par tête, dans notre pays, est seulement de 15 kg par an. En Angleterre, où il n’y a pas de droits sur le sucre, on en consomme 40 kg par tète. L’ouvrier de la ville, et surtout celui des champs, devrait augmenter sa ration en sucre, et il s’en trouverait bien, à la condition de diminuer, et de beaucoup, sa ration en alcool.
- A Paris, on commence depuis quelque temps à alimenter les chevaux en sucre. Dans des essais entrepris par MM. Grandeau et Alekan, on a voulu savoir jusqu’à quelle dose les chevaux supporteraient la ration sucrée. On a pu pousser sans inconvénient jusqu’à 2k8,400 de sucre par jour avec du maïs, de la paille et du foin. Il va sans dire qu’il s’agissait d’une ration d’essai. A la Cotupa-gnie des petites voitures, où ces expériences ont été faites, on a adopté la ration de 1/10e. Mais c’est avec la ration de 1 /22e que les chevaux ont fourni le plus de I travail, en buvant le moins. Les animaux alimentés en sucre n’ont pas varié de poids.
- A la Compagnie des omnibus de Paris, M. Lavalard a expérimenté aussi la ration sucrée. Tout en admettant l’influence du sucre, il croit qu'il ne faut pas exagérer les quantités de sucre au détriment des aliments azotés. Pour les chevaux pur sang, M. Lavalard estime qu’on les brûlerait à l’entraînement en leur donnant du sucre. Il faut, en effet, tenir compte de considérations assez com-
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- plexes pour fixer la ration. Il y a déjà des années qu’en Allemagne on est fixé sur l’emploi du sucre. On en donne couramment aux chevaux, aux bœufs et aux porcs. Dans l’armée, une ration supplémentaire a permis aux hommes de supporter dans d’excellentes conditions des marches forcées très pénibles. En France, on a enfin décidé que des expériences de même nature allaient commencer, à Soissons, sur l’emploi du sucre dans l’alimentation du soldat. Il est bien certain que les résultats seront satisfaisants. Le sucre ne peut être bon ici et mauvais là, dans des conditions d’utilisation identique.
- Mais, nous le répétons, c’est surtout les ouvriers de la terre, les ouvriers de tous les corps de métier qui font une grande dépense d’énergie qu’il faudrait convaincre de l’utilité alimentaire du sucre. Ils en retireraient un grand fcénéfic0. J.-F. Gall.
- UNE PLANTE SOPORIFIQUE
- M. Gillepsie, d’Edimbourg, a signalé récemment l’action soporifique curieuse de certaines herbes très répandues dans les steppes de Russie, et surtout en Amérique. Ces herbes sont bien connues des botanistes sous le nom général de Stipa. Sur les bords de la Méditerranée, on rencontre communément la stipe, qu’on appelle : le lin de la Vierge. On s’en sert pour faire des bouquets à cause de ses barbes d’un joli effet. Dans quelques régions des États-Unis, au Texas, au Nouveau-Mexique, il pousse une espèce, Stipa viridula, qui jouit de véritables propriétés soporifiques. Lqs bergers qui poussent leurs troupeaux à travers les prairies élevées ont remarqué souvent à leur grand étonnement que leurs vaches et leurs chevaux étaient somnolents, sans force et incapables de revenir à la ferme. Le cheval, la tête et la queue basses, tremble sur place ; son corps ruisselle de sueur ; le cœur bat tumultueusement, et la retiration est difficile. L’animal est incapable de se mouvoir. On le dirait pris d’une maladie grave. Et, cependant, il revient au bout de quelques jours à son état normal. Ces animaux ont mangé des herbes de stipe. La vache est tout aussi malade en apparence. Les troubles persistent quelquefois deux à trois jours; mais l’animal s’en ressent assez longtemps. Le mouton, fait assez bizarre, échapperait à l’intoxication.
- M. Gillepsie a retiré du Stipa viridula un extrait qu'il a ensuite inoculé à des grenouilles et à des lapins. Les animaux, après l’injection du liquide, semblent en proie à des hallucinations, à de l’anxiété et à des effets narcotiques et paralysants. Il serait à souhaiter que l’on étudiât de plus près le principe actif de la plante. Qui sait? Peut-être en retirerait-on quelque principe actif utile à la thérapeutique".
- CAMIONS AUTOMOBILES ANGLAIS
- En dépit des hésitations du début, de la gêne qu’impose encore en la matière la législation actuelle, l’automobilisme gagne chaque jour du terrain en Grande-Bretagne. La preuve en est le concours de poids lourds qui a eu lieu à Liverpool à la fin de mai 1898 : le jury de ce concours a publié récemment son rapport, et ses conclusions sont nettement favorables aux véhicules automobiles.
- On a constaté notamment que les voitures ayant pris part au concours peuvent être économiquement substituées aux moyens de transport à traction animale, pour des charges de 4 tonnes environ, et, sur une distance d’une soixantaine de kilomètres, la dépense par tonne-kilomètre ne dépasse point les prix normalement payés. D’ailleurs, on ne suppose point que ces voitures puissent faire une concurrence effective aux chemins de fer, parce que leurs dépenses d’entretien et d’amortissement seront fort élevées. Mais elles sont dès maintenant (et sans préjudice de perfectionnements ultérieurs) en mesure d’exécuter tout ce qu’on demande couramment aux véhicules classiques. Leur conduite générale est tout aussi facile, leur puissance d’ascension des rampes est supérieure, et tout cela sous réserve de ce détail qui a bien son importance, que les différentes manœuvres exigent une attention soutenue du mécanicien-conducteur.
- Lorsque, en juin 1898, la « Royal agricultural Society » de Grande-Bretagne ouvrit un concours de voitures préalablement à son concours agricole, elle arriva aux mêmes conclusions favorables : le professeur Unwin, se basant sur les résultats fournis par les trois voitures mécaniques qui avaient concouru, disait que, « dès lors, les automobiles à poids lourds avaient fait leurs preuves au point de vue du transport de charges de 3 tonnes environ ».
- Puisque les types qui ont été ainsi soumis à ces essais ont fait leurs preuves, il est intéressant de se rendre compte de leurs dispositions. En réalité on ne trouve dans les deux concours en question que deux sortes de voitures mécaniques : celles qui sortent des ateliers de la « Lancashire steam motor Company », de Leyland, et celles de la « Steam car-riage and wagon Go », de Chiswick ; cette dernière Société est comme une émanation des grandes usines Thornycroft, et les automobiles qui proviennent de ces ateliers peuvent s’appeler des voitures Thornycroft : c’est d’ailleurs avec ce nom sur leurs panneaux quelles ont paru au concours de Liverpool.
- Le véhicule de la « Lancashire Co » ayant pris part aux dernières épreuves de poids lourds organisées en France, nous n’examinerons que les voitures Thornycroft, qui se présentent sous deux types. La partie essentielle en est identique : en effet, dans le grand camion, nous retrouvons toute la machinerie et le chariot à 4 roues formant le camion léger ; on a enlevé à celui-ci la plate-forme de chargement qui était installée partiellement en porte-à-faux sur son arrière, et cet arrière supporte maintenant un camion ordinaire dont on a retiré l’avant-train. Disons tout de suite que l’avant de ce camion repose sur une table qui permet un mouvement relatif dans deux plans : de la sorte, le véhicule à 4 roues jouant le rôle d’avant-train automobile et le camion peuvent former un ensemble qui s’accommode des inégalités et des secousses des routes.
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- Nous décrirons plus particulièrement le premier type, le tracteur, si l’on veut. Son poids à vide est de 2997 kilogrammes, et de 5276 kilogrammes en ordre de marche avec son eau et son combustible; il est fait pour porter des charges de 5000 kilogrammes environ à une allure de 9,5 à 15 kilomètres à l’heure. Tout le châssis est en acier dur de la nuance des aciers à torpilleurs; les roues sont entièrement faites du même métal, et suivant un dispositif renforcé quoique léger; elles sont munies de boîtes à rouleaux. La chaudière est du système Thornycroft à tubes d’eau, bien connu et apprécié; elle est disposée de telle sorte que tous les tubes peuvent être à volonté nettoyés intérieurement et extérieurement : cela présente une assez grande importance pour des automobiles, qui sont obligées
- de prendre l’eau qu’elles trouvent en route. La surface de chauffe est de 6 mètres carrés, la surface de grille de 0mî,25, la pression d’essai a atteint 24,6 kg par cm2. Le combustible employé peut être du charbon à chaudières ou du coke; la ventilation du foyer est assurée par un ventilateur commandé par la machine, et qu’on manœuvre à la main pour les mises en marche; en 5 minutes, la pression nécessaire pour le fonctionnement est obtenue.
- Quant au moteur proprement dit, il est du type horizontal compound avec des cylindres de 102 et de 178 millimètres, ayant une course de 127; tout est enfermé dans une boîte protectrice des poussières, et les organes en mouvement trempent dans un bain d’huile. Les bielles et tiges de piston sont en acier d’excellente qualité ; tous les coussinets sont revê-
- Camion automobile des usines de Cliiswick.
- tus de métal blanc. Le condenseur, placé sur le toit de la cabine, est formé de petits tubes en cuivre brasés ; à pleine puissance, il restitue les deux tiers de l’eau qu’il reçoit et, grâce à lui, on a rendu silencieux l’échappement et la soupape de sûreté. La pompe alimentaire tourne à une faible vitesse ; commandée par l’arbre du moteur, elle puise constamment à l’eau revenant du condensateur, et cela suffit pratiquement à une alimentation automatique; bien entendu, on dispose d’une pompe auxiliaire pour les mises en marche.
- Un engrenage à dents hélicoïdales doubles communique le mouvement de la machine à un arbre intermédiaire, qui agit sur les roues arrière par des chaînes. Un frein à vis puissant peut bloquer ces roues motrices.
- Le type de grand camion est en outre muni d’un frein à vapeur sur les roues de l’arrière-train. Il pèse 4581 kilogrammes en ordre de marche, et peut
- porter un peu plus de 5 tonnes à une allure de 8 kilomètres.
- En somme, les voitures Thornycroft semblent solidement construites, et voici comment le rapport de la « Royal Agricultural Society » résume les conditions du fonctionnement du camion simple portant 5022 kilogrammes. Pour un parcours journalier de 68km,5 il a été consommé 582 kilogrammes de char-bonet8741itresd’eau ; étant donnés les prix du charbon en Grande-Bretagne, cela correspond à une dépense de 14,2 centimes par kilomètre, de 1,87 centime par tonne kilométrique, si l’on considère le poids total du véhicule (poids mort et poids utile), et enfin de 4,12 centimes par tonne kilométrique du chargement.
- Les poids lourds des ateliers de Chiswick représentent un type fort satisfaisant, et ils sont, paraît-il, déjà très appréciés en Angleterre. P. de M.
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- INTERRUPTEUR WEHNELT-CÀRPENTIER
- M. Hospitalier, qui a été le premier à signaler, en France, les belles expériences du Dr Wehnelt, a donné, ici même1, une description complète de l’interrupteur imaginé par ce savant.
- Cet appareil, extrêmement facile à réaliser, a été essayé de toutes parts et a donné, dans toutes les mains, d’excellents résultats ; mais les expérimentateurs n’ont pas tardé à rencontrer quelques difficultés dans l’usage courant. Une des premières tient à la forme donnée par l’inventeur à l’électrode active, laquelle, composée d’un fil de platine soudé au bout
- d’un tube de verre, présente une surface utile invariable; or, on sait que la fréquence des interruptions est en raison inverse de cette surface, tandis que l’intensité du courant croît avec elle, de là résulte la nécessité de régler la longueur du fil de platine selon les conditions de l’expérience. Un grand nombre d’insuccès ont été dus à l’absence d’un moyen de réglage commode et précis.
- Un autre inconvénient, lorsqu’on branche directement une bobine et un interrupteur Wehnelt sur un circuit d’éclairage, résulte de Réchauffement rapide du liquide, ce qui change notablement les conditions de l’expérience puisque, à partir de 80 à 90°, le fonctionnement de l’interrupteur devient
- Interrupteur Welmelt-Carpentier actionnant une bobine; eu cartouche : détail de l’électrode réglable.
- très irrégulier et même cesse complètement dans la plupart des cas. Cet échauffement rapide est causé par le mauvais rendement de l’interrupteur ainsi employé; en effet, on dépense plus de 80 pour 100 de l’énergie électrique pour élever la température du bain, le reste seulement est utilisé dans la bobine.
- Enfin, au point de vue radiographique, les résultats obtenus sont loin de correspondre à l’énergie dépensée pour les produire : les temps de pose ne sont pas toujours diminués et les ampoules se modifient rapidement.
- Si l’on veut actionner une bobine avec quelques volts seulement, on reconnaît bientôt que la limite inférieure de la tension s’abaisse quand la tempé-
- 1 Voy. n° 1352, du 22 avril 1899, p. 323.
- rature du liquide s’élève. Au-dessus de 90°, quand l’emploi des tensions élevées devient difficile, on peut actionner une bobine avec 10 volts seulement, mais les interruptions sont très lentes: moins de 10 par seconde. Avec 12 volts, à la même température, on obtient un fonctionnement très régulier, et 30 à 50 interruptions par seconde, avec une bobine moyenne.
- C’est en se basant sur ces observations que M. Carpentier a réalisé l’interrupteur représenté ici, qui est destiné à fonctionner sur des batteries de 12 à 20 volts.
- Une cuve en laiton, doublée de plomb, renferme l’eau acidulée. La cuve elle-même forme l’électrode négative. Un fil de platine, soudé à l’extrémité d’une vis, passe librement dans une ouverture ménagée dans un tube de verre. Grâce à la vis, que l’on
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- manœuvre à l’aide d’un bouton moleté, le fil de platine sort plus ou moins du tube de verre, ce qui fait varier la surface de l’électrode active. L’écrou dans lequel passe la vis est simplement tenu dans un bouchon de caoutchouc. Pour éviter le refroidissement du liquide, la cuve est entourée d’une gaine isolante en feutre et le tout placé dans une garniture en bois.
- Pour se servir de l’appareil, on le remplit d’eau renfermant environ 20 pour 100 d’acide sulfurique au soufre, cette solution étant chaude, ou, sinon, on chauffe, sur un fourneau quelconque, la cuve retirée de son enveloppe de feutre. Lorsqu’on est arrivé vers 85 ou 90°, on remet le tout en place et on relie l’interrupteur au circuit. Grâce à l’électrode réglable il est alors facile de donner au courant l’intensité convenable selon les conditions de l’expérience. L’appareil produit un dégagement tumultueux de gaz, aussi pour éviter que ceux-ci entraînent des vapeurs acides, on fait communiquer la cuve avec un flacon de Wolf rempli d’une solution de potasse, ou de chaux, dans laquelle barbotent les gaz avant de s’échapper dans l’atmosphère.
- Au point de vue des résultats, cet interrupteur peut être comparé à celui de Deprez, avec cet avantage qu’il est plus régulier et qu’il ne s’arrête jamais ; en effet, la chaleur dégagée dans la cuve suffit à maintenir la température convenable; on peut laisser la bobine en action pendant des heures entières sans avoir à s’en occuper.
- Avec un écran fluorescent et une ampoule, on obtient un éclairement très régulier, sans les scintillations que donnent toujours les interrupteurs mécaniques; cette régularité facilite beaucoup les observations.
- -Grâce à la fréquence relativement faible des interruptions, les ampoules ne s’échauffent pas trop et, par suite, leurs propriétés ne se modifient pas. Ce mode d’emploi est aussi favorable pour les bobines, tandis qu’avec le régime excessif que l’on obtient sur les réseaux d’éclairage, les plus petits défauts prennent une gravité considérable et mettent rapidement les bobines hors d’usage.
- Il ne faut pas oublier que l’interrupteur Wehnelt dispense de l’emploi du condensateur ; l’installation se compose d’une batterie de piles ou d’accumulateurs donnant de 42 à 20 volts, de l’interrupteur et de la bobine réduite à ses éléments essentiels. 11 y a, de ce fait, une économie notable sur le prix d’achat. II. Armagnat.
- NÉCROLOGIE
- Edouard Jannetaz. — La science minéralogique vient de faire une grande perte. M. Édouard Jannetaz est mort à l’âge de 67 ans. Il était assistant au Muséum depuis près de quarante ans; plusieurs fois il avait été chargé de faire le cours de minéralogie. 11 était maître de . conférences à la Faculté des sciences. On lui doit plusieurs ouvrages, notamment le livre intitulé Les Roches. Lorsque l’État a nommé une Commission pour prendre un
- parti au sujet des Diamants de la couronne, M. Jannetaz a rendu à cette Commission des services précieux. 11 a été utile à la science non seulement par ses recherches scientifiques, mais aussi par la bienveillance avec laquelle il aidait et encourageait les minéralogistes qui venaient travailler au Muséum. Il était allié à des savants du vieux Jardin des Plantes dont on a gardé un excellent souvenir. Sa femme est la petite-fille d’Emmanuel Rousseau, conservateur des galeries d’Anatomie comparée, et la petite-nièce de Kiener, conservateur des galeries de Zoologie, Le 23 mai, Édouard Jannetaz a été conduit à sa dernière demeure. Plusieurs discours ont été prononcés au Père-Lachaise. M. Darboux a parlé au nom de la Faculté des sciences; M. Albert Gaudry au nom du Muséum d’histoire naturelle et de la Société géologique de France; M. Lacroix au nom du service de la Minéralogie du Muséum, M. Wallerand au nom de la Société française de minéralogie. Albert Gaudry,
- Membre (le l’Institut.
- CHRONIQUE
- £,a comète Swift. — M. Maurice Lœvy a fait connaître que la comète Swift est arrivée vendredi 13 mai à son périhélie qui était excessivement voisin du soleil. Elle a éprouvé alors une chaleur extraordinaire et tous ses éléments ont subi une violente ébullition dont le résultat a été d’augmenter son éclat que certains observateurs prétendent égal à, celui d’une étoile de quatrième grandeur et qui la rend visible à l’œil nu. Le 17 mai, elle s’est trouvée dans le voisinage d’Andromède, belle étoile de seconde grandeur. A partir de ce moment, elle reste visible pendant toute la nuit. D’après des calculs, la période de grand éclat dure huit jours; ce qu’elle perd en s’éloignant du soleil, elle le gagne en s’approchant de la terre. Mais après avoir brillé ainsi pendant un nombre plus ou moins grand de jours, suivant la nature des actions intérieures qui résultent de son passage dans la banlieue du soleil, elle s’éteint rapidement; on ne peut la suivre qu’avec des lunettes astronomiques de plus en plus puissantes, jusqu’à ce qu’elle devienne totalement invisible pour les astronomes de cette terre qu’elle ne doit jamais revoir.
- Une bibliothèque de clichés astronomiques.
- — Cette création intéressante vient d’être réalisée à l’Observatoire Harvard, ainsi que nous l’apprend le Popular Science Monthly. Les plaques prises par les astronomes américains à Cambridge et à Arequipa seront conservées et cataloguées, tout comme des livres, dans cette bibliothèque d’un nouveau genre. Une telle collection sera précieuse pour l’avenir en permettant de comparer les aspects d’un même objet céleste à des époques différentes. Les photogravures ont, en effet, peu de valeur comme document scientifique, car leur tirage ne saurait reproduire rigoureusement toutes les particularités du négatif original sur verre. Mme Fleming, déjà connue par plusieurs découvertes, a été nommée directrice de ce service. Ses douze aides sont également des femmes dont quelques-unes étaient employées déjà comme calculatrices.
- Distribution d’énergie électrique d Lonvim.
- — Un de nos abonnés, M. P. Dhamelincourt à bouviers nous informe qu’une distribution d’énergie électrique vient d’être installée dans cette ville par les soins de la Compagnie générale du gaz pour la France et l’étranger, qui effectue déjà l’éclairage au gaz. La station centrale d’élec-
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- tricité, installée dans les dépendances de l’usine à gaz, comprend 2 moteurs à gaz Crossley de 65 chevaux, actionnant chacun une dynamo multipolaire de 40 kilowatts à 250 volts ; l’un de ces moteurs sert de réserve. Aux bornes des machines est couplée une batterie de 154 accumulateurs Tudor qui est toujours en service. La distribution est à 3 fils. Du tableau de distribution partent 4 fee-ders à 3 fils en cuivre nu qui se rendent en 4 parties de la ville; la canalisation est aérienne. L’énergie électrique est fournie au compteur et au prix de 0,088 fr. l'hectowatts-heure pour l’éclairage.
- Les Chinois et le Sport. — Décidément la civilisation des « Barbares d’Occident » envahit de plus en plus l’Empire des fils du Ciel : non seulement on y construit des chemins de fer, mais voici que les Chinois commencent à se livrer au sport et à avoir des écuries de courses ! Si nous en croyons ce que dit notre confrère le Tour du Monde, il y a quelque temps un groupe de riches Chinois de Singapour firent étudier la question des courses et de l’élevage par un comité, et achetèrent en Australie pour 8000 francs un cheval assez peu connu. A Singapour même l’animal gagna tous les prix; mais nos sportsmen chinois ne voulurent point s’en tenir là, et ils envoyèrent leur cheval à Calcutta. Les Anglais l’accueillirent avec des rires et des moqueries de toutes sortes, ce qui n’empêcha pas le champion de la Chine de gagner la « Coupe du Vice-Roi », qui est le grand prix de l’Inde.
- La vente des poisons en*Angleterre. — Une
- nouvelle réglementation, nous dit Nature, vient d’être adoptée en Angleterre pour la vente et la préparation des poisons. Il est défendu à toute personne qui n'est pas pharmacien, chimiste ou droguiste de délivrer, vendre ou préparer des poisons. Les boîtes, bouteilles, récipients contenant ceux-ci doivent porter une étiquette et une marque distinctive attirant l’attention sur leur contenu ; dans la boutique ou le laboratoire, tout poison doit être dans une bouteille ou un flacon fermé soit par une capsule, soit par une fermeture à clef différant sensiblement des systèmes employés pour les substances ordinaires, ou bien dans un récipient qui puisse immédiatement et bien nettement se distinguer au simple toucher, ou au moins dans un placard, une armoire absolument spéciale.
- Impression par les rayons X. — Le professeur Elihu Thomson a proposé, en 1896, d’utiliser les rayons Rœntgen pour l’impression ; ce procédé a été de nouveau présenté avec quelques modifications dans VElectrical Engineer par le D‘ F. S. Kolle. On prend un bloc de 100 feuilles de papier sensibilisé, on pose dessus la copie manuscrite ou imprimée. Vingt secondes d’exposition aux rayons X suffisent pour agir sur les feuilles qu’il n’y a plus qu’à développer et à laver. On peut opérer sur vingt blocs à la fois avec un seul tube, et le Dr Kolle estime que chaque tube radiateur peut agir sur 6000 feuilles par minute. Dix hommes, travaillant huit heures par jour, produiront 7 500 000 exemplaires développés, lavés, et séchés. Le prix de revient serait très faible, d’après le journal Engineering News.
- —><x—
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 23 mai 1899. — Présidence de M. Van Tieghem.
- Réimpression d'un rapport de Poisson. — M. Bertrand annonce qu’il vient de découvrir dans les papiers d’Arago un rapport manuscrit de Poisson dont il a été
- souvent question, mais qui n’a jamais été imprimé. Ce rapport est relatif à un mémoire, présenté par Galois en 1831, sur les propriétés générales des équations. Ce mémoire est devenu très célèbre et a formé la base de travaux importants; il n’obtint pas néanmoins l’approbation de l’Académie. En réalité il ne fut pas compris à cette époque. Il est vrai d’ajouter que, vers 1840, Liouville qui en avait entrepris l’étude déclarait qu’il était parfaitement clair, à la condition d’avoir passé trois mois à le lire. En somme, dit M. Bertrand, l’Académie, en 1840, ajournait Galois qui n’avait pas présenté son travail avec les développements permettant d’en saisir la portée; elle ne pouvait prévoir que Galois, alors âgé de 21 ans, « le plus grand génie mathématique du siècle », devait mourir peu après, en 1852, tué en duel.
- Le parasite du cancer. — M. Gautier analyse une Note de M. Chevalier sur le parasite du cancer. Quoique les conclusions des expériences de l’auteur ne soient pas encore bien établies, ses expériences sont tellement frappantes qu’elles méritent d’être publiées. M. Chevalier a découvert un champignon parasite propre aux affections cancéreuses. Des parties de tumeurs ulcérées et non ulcérées, le sang des cancéreux, l’air même des salles d’hôpital recevant des cancéreux au 3e degré donnent, dans un bouillon de mamelles de vache, un parasite spécial. Ce parasite ne se développe bien qu’en des milieux neutres ou glycosés. On le réinocule à un bouillon glycosé à 10 pour 100. Toutes ces cultures sont capables de se présenter sous forme de mycélium. Inoculées à des animaux, elles produisent des tumeurs ainli que la cachexie et les animaux permettent, à leur tour, de reproduire les cultures. Ces expériences ont été contrôlées.
- Varia. — M. Raton de la Goupillère présente une Note de M. Villain sur la genèse du bassin de minerai de fer de Lorraine. — M. Moissan présente une Note de M. Didier sur l’attaque des silicates par l’acide sulfhydrique.
- Cil. DE VlLLEDEUIL
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- LE PEUPLIER D1NS LE MÂMIS POITEVIN
- Le marais poitevin comprend toute la vallée de la Sèvre, de Niort à Marans, et est répandu sur environ 13000 hectares que divisent les trois syndicats : des Deux-Sèvres, de la Vendée et de la Charente-Inférieure.
- Au commencement du siècle, le marais poitevin était pour ainsi dire à l’état sauvage et couvert d’eau pendant huit mois de l’année. Dans ces conditions, jusqu’au moment où il a été fait de sérieux travaux d’endiguement, c’est à peine si vers le mois de juin, les carex et joncs poussant vigoureusement comme encore dans certaines parties de marais non desséchées, pouvaient s’exploiter.
- Après les travaux d’endiguement et aussi le creusement de nombreux fossés et canaux, le marais étant assaini, une partie a été cultivée en haricots et racines fourragères, et l’autre laissée en pâturages donnant d’excellents foins, et produisant en abondance le ray-grass, qui jusqu’ici a été une source de gros bénéfices pour les propriétaires et fermiers.
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- LA NATURE.
- Mais, quoique ce sol soit composé de tourbe, reposant sur de riches alluvions marines, qui lui servent d’amendement, il commence à s’épuiser et les cultivateurs se voient obligés d’employer, depuis quelques années déjà, fumiers et engrais artificiels.
- En dehors des cultures indiquées, la principale ressource du marais, est sans contredit, la plantation du peuplier de Virginie, soit sur des terrées ou bandes de terre élevées, de 6 à 10 mètres de largeur entre fossés, dans les parties les plus submersibles, soit autour non seulement des prairies, mais même des parties cultivées, de sorte que ces peupliers plantés en grand nombre dans toute cette vallée, donnent au marais la physionomie d’une immense forêt.
- Des propriétaires d’un certain âge ont vu planter et replanter dans les mêmes endroits des peupliers de l’espèce dite « de Virginie » surtout, atteignant parfois des circonférences de 3 et 4 mètres.
- A Sevreau, village qui, avec le bourg de Bessines, à quelques kilomètres de Niort, forment pour ainsi dire la tête du marais poitevin, il n’était pas rare de rencontrer des peupliers ayant encore de plus grandes dimensions. Sans doute, diverses espèces de peupliers dits « Blancs de Hollande » et autres, tels que ceux qui ont été signalés ici dans les numéros des 27 juin et 12 décembre 1885, sont encore beaucoup plus extraordinaires, mais aussi ce ne sont que des arbres isolés et très âgés.
- Dans la prairie de Sevreau, appartenant à Mme la comtesse de Malartic, le peuplier de Virginie actuellement abattu, représenté par la photographie d’un amateur, M. Bourdeau, a encore deux de ses contemporains debout, ayant comme dimensions : 4m,40 de circonférence à 1 mètre du sol et 3m,30 à 16 mètres, c’est-à-dire aux premières grosses branches; mais on est obligé de constater avec regret que ce sont bien là les derniers; car, maintenant, dès lage de 20 à 30 ans, les peupliers dans toute cette vaste étendue périssent soit par suite d’un trop grand dessèchement, soit de l’épuisement du sol et disons aussi, par suite des dégradations causées par les vers et coléoptères de toutes sortes, sans oublier la trop grande famille des cryptogames.
- Malgré cela, et aussi les difficultés que les pro-
- priétaires éprouvent dans les premières années de la plantation, ils continuent à planter pour remplacer les nombreux arbres abattus chaque année et débités soit en planches et madriers, soit même pour être convertis en pâte pour la fabrication du papier; mais ils sont obligés, l’ancien Virginie ne poussant plus suffisamment, d’employer de nouvelles espèces sélectionnées pour arriver à un bon résultat, et dans ce cas, il est de toute nécessité que ces espèces tout en poussant vigoureusement puissent résister aux forts coups de vents du sud-ouest qui, au moment des tempêtes, causent de véritables dégâts.
- A. Aimé.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahüre, rue de Fleuras, 9.
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- 'BIBLIOTHÈQUE)
- LA NATURE
- VINGT-SEPTIÈME ANNÉE — 1899
- PREMIER SEMESTRE
- INDEX ALPHABÉTIQUE
- A
- Abcès purulents (Le traitement des), 127.
- Absinthe (Les principes de 1’), 111.
- Académie des sciences (Séances hebdomadaires de 1’), 15, 31,47, 62, 79, 95, 111, 127, 143, 158, 174, 191, 207, 223, 239, 255, 271, 287, 302, 319, 335, 351, 567, 382, 599, 415. — Séance annuelle publique du 19 décembre 1898, 62.
- Acétylène (La conservation de 1’), 159.
- Acétylène (Action de 1’), 31.
- Aimants et tourbillons, 407.
- Albumine (Cristallisation de T), 51.
- Alcool (La dénaturation de 1’), 122.
- Alcool (La synthèse de T), 307.
- Alcool artificiel (L')t 318.
- Alcool des hauts fourneaux (L’), 78.
- Alcool méthylique dans les boissons spi-ritueuses (L’), 191.
- Algues (Les), 235.
- Alliance antique, 34.
- Allumage pour brûleurs à gaz, 139.
- Allumettes (Les nouvelles), 179.
- Alpes françaises (La structure des), 191.
- Ahlminium (L’altérabilité de 1'), 143.
- Aluminium (L’inaltérabilité de 1’), 31.
- Aluminium (Altérabilité des ustensiles d’), 287.
- Aluminium (Les applications de 1’), 519.
- Aluminium (Les emplois actuels de 1’), 387.
- Analyse physique des corps, 259.
- Anémomètre (Comment installer un),
- 222.
- Anesthésiques sur les plantes (Action des), 15.
- Animaux et les plantes vénéneuses (Les),
- 61.
- Animaux immunisés contre la variole (Propriétés du sérum des), 79.
- Annenkoff (Le général), 142.
- Annuaire du Bureau des longitudes pour 1899 (L'), 48.
- Appareils à vapeur (Statistique des), 334.
- Appareils photographiques, 299.
- Arbres fruitiers (Un nouvel ennemi des), 47.
- Arbres à caoutchouc de l’Amérique (Les), 203, 220.
- Arbres (La maladie des), 316.
- Arc du Pérou (La mesure nouvelle de P), 599.
- Arsenaux anglais (La production des), 126.
- Art monumental (Des proportions dans 1), 401.
- Artichauts (Conservation hivernale des œilletons d’), 186.
- Asperges en Amérique (Maladie sur les), 206.
- Astéroïdes (Nouveaux), 222, 334.
- Astronomie et l’ordre de Malte (L’), 206.
- Auto-lux allumeur extincteur à distance pour le gaz (L’), 95.
- B
- Bac à travers les âges (Le), 59.
- Bains turcs sur le volume des organes (Action des), 158.
- Ballons-sondes (Les), 302.
- Bambou (Le), 279.
- Bambous (De la croissance des), 370.
- Bananes au Costa-Rica (Le commerce des), 95.
- Banquet des professeurs du Muséum (Le), 170.
- Bastille (La Découverte des substructions de la tour de la Liberté), 193.
- Bateau Henry. Embarcation insubmersible et inchavirable (Le), 197.
- Becs à incandescence (Durée des), 343.
- Becs de gaz (Les souffleurs de), 223.
- Bétons armés (Les), 47.
- Bibliothèque nationale italienne (La) 334.
- Bicyclette à multiplication variable, 365.
- Bicyclettes militaires allemandes (Les), 15.
- Bois (La préservation de la vermoulure des), 79.
- Bois de gaïae (Coussinets en), 394.
- Bouddha (Les restes de), 350.
- Brongniart (Ch.), 350.
- Brouillard (L’utilisation du), 398.
- Brûlot auto-allumeur pour la protection des récoltes, 319.
- c
- Câble transatlantique américain (Un nouveau), 566.
- Câbles de bouées (Un appareil protecteur des), 240.
- Café et chicorée, 163.
- Caissons à air comprimé (La maladie des), 351.
- Calendrier (Unification du), 402.
- Calorimétrie animale et humaine (La) 382.
- Camions automobiles anglais, 411.
- Canal d’Amsterdam (L’agrandissement du), 255.
- Cancer (Le parasite du), 354, 415.
- Canon de campagne à tir rapide Norden-felt (Le), 344.
- Canons modernes (L’usure des), 209.
- Canons à tir rapide (Les), 232.
- Caoutchouc (Nouveau succédané du), 207.
- Caoutchouc (Production du), 335.
- Caoutchouc au maïs (Le), 327.
- Caoutchouc dans le bassin de l’Amazone (Le), 30.
- Capture ornithologique (Une intéressante), 14.
- Carburateur mélangeur « Jupiter », 370.
- Carte de France (La), 287.
- Carte de France (Réfection de la), 367.
- Carte routière cycliste de Suisse, 294.
- Castor du Rhône (Le), 126.
- Cendres pyriteuses (Les), 229.
- Cendres volcaniques comme engrais (Les), 207.
- Centenaire (Une), 336.
- Chaleur de volatilisation de l’air liquide et la capacité calorifique de l’air, 127.
- Chaleur spécifique des métaux (La), 299.
- Chaleurs estivales en 1898 (Grandes), 42,106.
- Charbon à 36000 francs le kg, 398.
- Charbon et le pétrole aux Philippines (Le), 271.
- Charcot artiste, 110.
- Chartreuse (La), 362.
- Chauffage au goudron (Le), 65.
- Chauffage des trains par la vapeur sur le réseau du P.-L.-M., 131.
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- 418
- INDEX ALPHABÉTIQUE.
- Chauffage électrique, 317.
- Chemin de fer d’Orléans à Paris (Travaux du), 383.
- Chemin de fer entre Barmen et Elber-feld en Allemagne, 48.
- Chemins de fer de montagne de Zermalt au Gornergratt, 1.
- Chemins de fer minuscules, 403. Chicorée (Café et) 163.
- Chien phénomène (Un), 244.
- Chiens de guerre en Afrique (Les), 86. Chinois et le sport (Les), 414. Chlorophylle animale (L’origine de la), 191.
- Cidre et la fièvre typhoïde (Le), 202. Cidre et le lavage des pommes (Le), 271. Ciel (La carte du), 14.
- Ciment armé (Le), 328.
- Cinématographe pour aveugles, 398. Cinématographe pour tous et les publications cinématographiques (Le), 18. Cire humaine (La), 31.
- Ciseaux pour divers usages, 367.
- Clichés astronomiques (Une bibliothèque de), 414.
- Climat sur la vie animale et végétale (L’influence du), 46.
- Coléoptères protecteurs (Importation des), 270.
- Colonne de fourmis (Le défilé d’une),366. Comète (Nouvelle), 14.
- Comète de Tempel, 398.
- Comète Swift (La), 414.
- Comètes (Les médailles des), 286. Comètes et Astéroïdes, 270.
- Compteur à gaz à payement préalable,191. Concours agricole de Paris (Le), 238. Concours pour appareils électriques, 30. Condensation dans les machines à vapeur (La), 180.
- Congrès anti-alcoolique (Le \’Ile), 330. Congrès géologique international de 1900, 210.
- Congrès des sociétés savantes à Toulouse (Le), 291.
- Coqs (Les combats de), 326.
- Coquillages explosifs, 95.
- Corps nouveaux (Préparation de), 95, 111, 383.
- Correspondance, 94, 190, 270.
- Coucou (Ce que mange le), 143. Couleuvre mangeuse d’œufs (Une), 79. Couleuvre rude. Serpent mangeur d’œufs de l’Afrique centrale (La), 97.
- Coup de foudre, 350.
- Coussinets en bois de gaïac, 394. Couveuses pour nouveau-nés (Les), 224. Crapaud avalé et ressuscité (Le), 62. Cristallisation de l’albumine, 51.
- Culture du sulla (La), 171.
- Culture forcée (Origine de la), 158. Cultures en Tunisie (Les), 111.
- D
- Daims vivants (Une collection de), 31. Date de Pâques (Détermination de la), 250.
- Derviches tourneurs et hurleurs (Les), 395.
- Désinfection des appartements, 155. Désodorisation du pétrole, 270. Destroyers anglais (Les), 83.
- Dextrine dans les végétaux (Du rôle de la), 319.
- Diable de mer (Le), 273.
- Dinosauriens (Les), 258.
- Distributeur horaire électrique (Un),210. Distribution d’énergie électrique à bouviers, 414.
- Doigts des pianistes (Les), 86.
- Drapeaux américains (La fabrication des), 270.
- Iluruof (L’aéronaute J.), 239.
- E
- Eau (La couleur de U), 215.
- Eau à Berlin (L’), 319.
- Eau sur le fer (Action do I’), 206.
- Eaux potables (L’origine des), 255. Échinocactus de la basse Californie (Les), 340.
- Éclairage électrique de Florence (L’j, 43. Éclaireurs aériens et l’armée américaine _ (Les), 382.
- Éclipse de lune du 27 décembre 1898,95. Écluse (Allongement temporaire d’une), 174.
- Écrémeuse Fram (L’), 191.
- Écriture et la parole en miroir (L’), 233. Effet mécanique du sable protégé par un jet de vapeur (Curieux), 246. Élasticité des tissus (L’), 47.
- Électricité dans l’industrie minière (L’), _ 158.
- Électrotactisme (L’), 11.
- Éléments (Dix nouveaux), 50.
- Éléphants plongeurs au nouveau cirque (Les), 159.
- Embarquement rapide (Un), 382. Empoisonnements par le plomb, 342. État d’âme (L’inscription de I’), 241. Étincelle électrique (L’), 175.
- Évocation, 255.
- Excursion géologique publique du Muséum (Une), 34.
- Exercices de force (Les), 187. Explorations océaniques, 143.
- Explosion de Lagoubran (L'), 243. Exposition à Boston (Une), 70.
- F
- Famine (Contre la), 314.
- Famine au xx° siècle et les engrais artificiels (La), 218.
- Faure (Félix), 206.
- Fécondation du lis (La), 303. Fermentation alcoolique (Les idées nouvelles sur la), 167.
- Fiacres électriques à Paris (Les), 307. Fièvre puerpérale (Les causes de la), 287.
- Filetages (L’unification des), 163.
- Fils télégraphiques de la Grande-Bretagne (Les), 47.
- Filtre portatif sous pression, 13.
- Fleurs (Les microbes des), 390.
- Flottes de guerre du monde (Un coup d’œil sur les), 156.
- Fonte extraordinaire des glaciers du Mont-Blanc, 282.
- Forêts du monde (Les), 223.
- Fouilles de Carthage (Les), 283.
- Fourmis se reconnaissent (Comment les), 223.
- Fowler (Sir John), 32.
- Fraisier en Algérie (La culture pour l’exportation du), 363.
- Freins pour voitures (Les), 264.
- Friedel (Charles), 351.
- Fumée de la cigarette (La), 46.
- Fumées (La suppression des), 98, 115
- G
- Gadoues (Traitement des), 62.
- Galerie de 30 mètres (Effondrement de la), 33.
- Gaz naturel (Les variations de composition du), 351.
- Géant (Un nouveau), 126.
- Gelées du printemps (Lutte contre lcsl, 225.
- Générateur à vapeur Turgan (Le), 257.
- Générateur d’acétvlène (Un), 347.
- Germination (Mode spécial de), 399.
- Gisement d’ossements dans le quaternaire (Découverte d’un), 383.
- Graine oléagineuse à utiliser pour l’industrie (Une), 191.
- Graines lourdes (La supériorité des), 79
- Greffe sur un chapon, 202.
- Greffes animales 222.
- Grêlons extraordinaires, 159.
- Gulf-Stream (Le point de départ du), 318.
- H
- Habitation lacustre sur la côte anglaise (Une), 94.
- Ilalage électrique sur canaux, 113.
- Halo extraordinaire (Un), 353.
- Halo solaire remarquable, 319.
- Han (La grotte de), Belgique, 151, 182.
- Haricot (La composition du), 127.
- Hirondelle s’abritant en forêt, 110.
- Hirondelles (La destruction des), 586.
- Homards monstres américains, 30.
- Huîtres (Mesures hygiéniques à prendre dans le commerce des), 47.
- Huîtres perlières en Italie (La culture des), 315.
- Hydrogène (Production de 1’), 403.
- Hydrogène liquide (L’), 190.
- Hydrogène liquide (Le vide parfait de F), 162.
- Hydrogène (La flamme de F), 367.
- Hydrogène sur les oxydes et les sels de mercure (Action de F), 367.
- llypermétamorphose (L’), 345.
- I
- Iles Samoa (Les), 391.
- Illusion d’optique (Une), 27, 194.
- Indiens aux États-Unis (Les), 286.
- Industrie minérale en France (Statistique de F), 206.
- Inondation du quai d’Orsay à Paris, 119.
- Insectes contre les parasites végétaux (Défense des), 239.
- Institut Pasteur à Lille (L’), 325.
- Interrupteur automatique sur circuits à haute tension, 228.
- Interrupteur Wehnelt-Carpentier, 413.
- Interrupteur Wehnelt pour bobines d’induction, 523.
- Interrupteur électrique, 223, 335.
- Interrupteur électrolylique pour bobine d’induction, 215.
- Iode atmosphérique (L’), 255.
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-
- INDEX ALPHABÉTIQUE.
- 419
- Iode dans l’organisme (L’), 367. Iode des eaux marines (L’) 567.
- J
- Jardin zoologique de New-York (Le), 351.
- Jardins des gares (Les), 334.
- Jardins de la Malmaison et Joséphine de Beauharnais (Les), 346.
- Jour de la semaine (Le), 107.
- Jour de l’an en Chine (Le premier), 175.
- Laboratoire de l’État de Vermont (Le), 95.
- Lait à l’ctat frais (Conservation du), 246.
- Lampe à acétylène, 107.
- Lampe à incandescence (La), 187.
- Latimer Clark, 14.
- Ligne du Champ-de-Mars (Le passage inférieur de la), 375.
- Lis (La fécondation du), 303.
- Livres de classe au Kansas (Les), 382.
- Locomobile à pétrole (Une), 251.
- Locomotive électrique à grande vitesse de la Cie P.-L.-M., 145.
- Locomotive monstrueuse, 158.
- Loup (Le piégeage du), 114.
- Lune monstre (Une), 334.
- Lunette de 1900 (La grande), 167.
- M
- Machine à composer (Une coûteuse), 207.
- Machine à traire, 599.
- Machine de Walt (Une), 143.
- Maladies par les insectes (La transmission des), 10.
- Maladies tropicales (Un institut d’étude des), 578.
- M. March, 502.
- Mars à l’opposition de 1899, 262.
- Menhir de Mersina (Le), 369.
- Mercure et le raisin (Le), 347.
- Mésange (Ce que mange la), 47.
- Métal (Un nouveau), 79.
- Métaux dans les plantes (Les), 190. Météorite de Finlande (La), 395. Métropolitain municipal de Paris (Le), 252.
- Microbes incendiaires, 58.
- Miel et ses applications (Le), 74.
- Minéral (Un nouveau), 223.
- Mines d’or de la Grande-Bretagne (Les),
- 111.
- Miracle de saint Prokopy (Le), 295. Mirages dans les rues (Les), 90.
- Miroirs légers de galvanomètres, 126. Monnaie de Paris (Les nouvelles créations de la), 376.
- Monstres en cultures (Les), 111. Montagne de la Soufrière, Guadeloupe (La), 121.
- Montagnes (Écroulement de), 255. Montre minuscule, 162.
- Monument PasLeur à Lille (Inauguration
- du), 305.
- Mortalité comparée (La), 395.
- Mouche de l’Olive, (La), 406.
- Muguet en appartement (Floraison hivernale du), 51.
- Musique (Une vieille), 58.
- Mutoscope, cinématographe automatique (Le), 79.
- N
- Nature et le langage technique (La), 45. Naudin (Charles), 287.
- Naufrages et ondes électriques,'395. Navire brise-glace, F s Ermack », 385. Navires dans la brume (Lai marche des), 15.
- Navires pour la flotte russe (Nouveaux), 283.
- Nébuleuses et amas d’étoiles, 521. Nécrologie, 14, 238, 302, 318, 350. Nécropole pour chiens, 271.
- Neige (Sur la), 166.
- Neiges dans les Alpes (Fonte des), 155. Nivellement (Les perfectionnements des méthodes de), 127.
- Noir (La sensation du), 290.
- Numération de sauvages, 334.
- O
- Observatoire de Zikaweï (L’), 342. Observatoire du Mont Mounier (L’), 64. Odeur de la terre (If), 330.
- Œstres, parasites animaux (Les), 354. Œufs à Paris (Consommation des), 47. Oiseaux à dents (Les), 148.
- Oiseaux sans ailes (Les), 211.
- Oiseaux ne s’empoisonnent pas en mangeant des baies vénéneuses (Pourquoi les), 207.
- Omnibus électrique, 350.
- Ondes hertziennes (L’absorption des), 302.
- Opéra-Comique (Le nouvel), 19. Opothérapie (L’), 158.
- Or (Ce que coûte maintenant l’extraction de 1’), 599.
- Or et l’argent dans l’eau de la mer (L’), 31.
- Orme de l’Institut national des sourds-muets, à Paris, 598.
- Or soluble dans l’eau (L’), 18.
- Os et l’alimentation des jeunes animaux (La poudre d’), 286.
- Ours des Alpes (L’), 198.
- Oxygène (Production de U), 403.
- Ozone (La densité de U), 110.
- Palais. Chantiers de construction (Le grand), 6.
- Papier sensible illustré, 123.
- Passereaux insectivores (La destruction des), 386.
- Pasteur à Lille, ses premières découvertes, 306.
- Perles chez les Haliotis (La production artificielle des), 171.
- Pesanteur au Mont-Blanc (L’intensité de la), 51. *
- Peste du bétail au Cap (Les ravages de la), 351.
- Pétrole à bord des navires (Le), 275.
- Pétrole de poisson (Le), 334.
- Peuplier dans le marais Poitevin ( Le), 415.
- Phénomène d’ombre (Un cnrieux), 265
- Phonographiques (Expériences), 225. Phoques à fourrures de la Bussie (Les),
- 4.
- Phormium tenax à Paris (Le), 207. Phosphates du sol (Les), 335.
- Phosphure de calcium (Propriété du),
- 255.
- Photogénie et les basses températures (La), 174.
- Photographe pour un franc (Tout le monde), 46.
- Photographie des couleurs, 87. Photographies stellaires, 143. Photographiques (Appareils), 255, 299. Photostérie (La), 142.
- Physique (Société française de). Exposition annuelle, 315. •
- Pierre de la Cour des comptes, 1810 (La première), 110.
- Pile (Une nouvelle), 285.
- Planète (La 455e petite), 350.
- Planètes (Trois petites nouvelles), 14. Planètes (L’origine des petites), 505. Plantations du Congo belge (Les), 95. Plante soporifique (Une), 411.
- Plante arctique en Angleterre (Une), 335. Plantes alpines (Les caractères des), 383. Plantes myrmécophiles (Les), 70.
- Plantes à parfum de l’Annam (Les), 347. Plantes à fleurs et à fruits souterrains, 379.
- Plate-forme mobile de Saint-Ouen (La). 164.
- Pointeur-enregistreur automatique, 215. Points d’ébullition des gaz liquéfiés, 335. Poirier de Bekenried (Le), 83.
- Poisons en Angleterre (La vente des), 414.
- Poisson (Le pétrole de), 334.
- Poisson dans l’alimentation en France (Le), 15.
- Pôle sud (Au), 355.
- Polo à bicyclette (Le), 143.
- Pomme de terre (Histoire de la), 574. Pommes de terre nouvelles (La falsification des), 598.
- Pompe à incendie automobile (Une), 331.
- Pongamia (La graine de), 519.
- Pont 'Alexandre III (Le montage du), 103.
- Pont en X sur la Sarthe (Le), 217. Ponts-ballons (Les), 289.
- Ponts sur le Tibre dans l’ancienne Borne (Les), 54.
- Ponts de la Tamise (Les cent douze), 247.
- Ponts mobilisables Pfund (Les), 359. Porte monumentale à Bochefort (Déplacement d’une), 49.
- Poudre sans fumée en Chine (L’adoption de la), 350.
- Pouvoir réducteur de certains tissus, 159.
- Précurseurs espagnols de Descartes (Les), 582.
- Projectiles (Mouvements initiaux de.-), 2! 4.
- Propagules (Coproduction par), 250. Pulque (Le), 358.
- Q
- Queue aux chiens (Pourquoi coupo-t-un la). 174.
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- 420
- INDEX ALPHABÉTIQUE.
- R
- Raccord pour tuyaux (Un nouveau),311. Radioconducteurs, 407.
- Radiographie des corps étrangers dans l'organisme (La), 287.
- Radioscope explorateur (Le), 337.
- Rail (Un nouveau), 231.
- Rail-poutre pour voies (Nouveau), 399. Rapport de Poisson (Réimpressiond’un), 415.
- Rat sans poils (Un), 95.
- Rayons cathodiques (La vitesse des), 34. Rayons infra-rouges, 158.
- Rayons phosphorescents de l’uranium et du polonium (Les), 287.
- Rayons secondaires dépendant des rayons X (Les), 158.
- Rayons X (Impression par les), 415. Répartiteur angulaire (Le), 263. Restitution du vieux Paris, 268.
- Roche sous-marine (Échantillon de), 287. Rose bleue (La), 399.
- Roues de wagons d’une seule pièce (La fabrication des), 109.
- S
- Salon du cycle et de l’automobile (Le), 59, 75, 91.
- Satellite de Saturne (Le neuvième), 286. Savon microbicide (Le), 578.
- Seconde vue dévoilée (La), 111.
- Secret du Harem (Le), 15.
- Sels minéraux et la végétation (Les), 27. Serpent de mer (Capture d’un), 350. Serpents gourmets, 335.
- Siamang au jardin zoologique de Londres (Le), 119.
- Sol à l’Observatoire de Paris (Les vibrations du), 383.
- Son (La vitesse du), 118, 190.
- Son (La mesure de la vitesse du), 130. Sophus Lie, 239.
- Soudure par compression (La), 62. Sources thermales chez les anciens (Le captage des), 66.
- Sous-marins (Les), 177.
- Souterrain de Passy (Le), 133.
- Sparklets (Les), 44.
- Statistique des appareils à vapeur, 334.
- Stéréoscope, 503.
- Sucre dans l’alimentation (Le), 410.
- Suicides (L’époque des), 551.
- Système métrique en Angleterre (Le), 366.
- T
- Tabac (Le), 81.
- Tabac sur la pomme de terre (Greffe du), 140.
- Tachéographe F. Sehrader (Le), 124.
- Taches solaires (Température et), 78.
- Tarets (La protection contre les), 339.
- Télégraphe et téléphone en Perse (Le), 358.
- Télégraphie à Madagascar (La), 199.
- Télégraphie sans iils, 303.
- Télégraphiques entre les phares et la côte (Communications), 366.
- Téléphone (Nouveau), 31.
- Téléphone de Manchester à Bruxelles (Le), 14.
- Téléphone haut parleur (Le), 275.
- Téléphone sans fil, 127.
- Téléphonique à très longue distance (Communication), 350.
- Température et taches solaires, 78.
- Température dans le monde (Les extrêmes de), 226.
- Temps et des arcs (La division décimale du), 399.
- Ténogui et les coiffures populaires (Le), 127.
- Terre (L’odeur de la), 330.
- Terre-Neuve (A), 278.
- Tiroirs à galets, 54.
- Titrage d’une solution, 267.
- Toit d’observatoire sectionné, 124,
- Torpilleurs de première classe, 17.
- Torpilleur américain à grande vitesse (Contre-), 382.
- Trains sur le Transsibérien (Les), 350.
- Traire (Machine à), 599.
- Tramway électrique de Bastille-Charen-ton (Le), 60.
- Tramways à trolley sur le pont de Brooklyn (Les méfaits des), 335.
- Transparence des corps opaques (La), 260.
- Transport à Londres (Les moyens de), 195.
- Traumatisme chez les tuberculeux (Le), 367.
- Tremblement de terre (Effet d’un), 280. Trous d’insectes (Le moulage des), 62.
- U
- Unicycle (Un nouvel), 208.
- Y
- Vaccination (Une prime à la), 271. Vaccination contre le venin de vipère, 47.
- Vaches bonnes laitières (Les), 207.
- Vases d’argent de Boscoréale (Les), 22. Vélocipédie militaire, 311.
- Vent (La direction verticale du), 3\. Vernis dentaire des pays jaunes (Le), 274.
- Verre des tubes sur les cultures de bactéries (L’influence du), 366.
- Viande congelée d’Australie (La), 399. Vie (La courbe de la), 338.
- Vie en espace clos (La), 174.
- Vieux (Pour vivre), 254.
- Vignes par les sels mercuriels (Le traitement des), 287.
- Vin de Champagne (Le), 262.
- Vins de la Gironde (Production des), 94. Vins en 1898 (Production des), 42.
- Vins qui n’enivrent point (Les), 382. Vision binoculaire (La double), 161. Vitesse du son (La) (Correspondance), 190.
- Viticulture au cap de Bonne-Espérance, (La), 247.
- Voiture automobile à alcool (La première), 126.
- Volières du Muséum (Les nouvelles), 129. Voyageurs de chemin de fer en France (Les), 266.
- w
- Wiedemann (M. G.), 318.
- Y
- Yukon (La température au), 318.
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-
- LISTE DES AUTEURS
- m ORDRE ALPHABÉTIQUE
- Aci.oque (A.). — Reproduction par propagules, 250. — L’hypermétamorphose, 343.
- Adac (Jui.es). — Le pont en X sur la Sarthe, 217. — Le ciment armé, 528.
- Aimé (A.). — Le peuplier dans le marais poitevin, 415.
- Alber (le Prestidigitateur). — Le secret du harem, 15. — Évocation, 255.
- Armagnat (IL). — Interrupteur Wehnelt-Carpentier, 413.
- Ausciier (Léon). — Les emplois actuels de l’aluminium, 387.
- Barré (L.). — La grande lunette de 1900, 167.
- Bartholdi. — Des proportions dans l’art monumental, 401.
- Beu,et (Daniel). — Les phoques à fourrures delà Russie, 4.
- — Bac à travers les âges, 39. — Les mirages dans les rues, 90. — Le jour de la semaine, 107. — Le Tachëographe F. Schrader, 124. — Un coup d’œil sur les flottes de guerre du monde, 156. — Les moyens de transport à Londres, 195.
- — Un nouveau rail, 231. — Un appareil protecteur de câbles de bouées, 240. — Les cent douze ponts de la Tamise, 247. — Un nouveau raccord pour tuyaux, 311. — Les plantes à parfum de l’Annam, 347. — Les ponts mobilisables Pfund, 359. — La culture des huîtres perlières en Italie, 375. — Coussinets en bois de gaïae, 594. — Chemins de fer minuscules, 403.
- Berthelot (M.). — Alliage antique, 34. — La synthèse de l’alcool, 307.
- Boutan (L.). — La production artificielle des perles chez les llaliotis, 171.
- Boyer (Jacques). — La culture du Sulla, 171. — Le télégraphe et le téléphone en Perse, 358.
- Brandicourt (V.). — Les algues, 235. — Plantes à fleurs et à fruits souterrains, 379.
- C. (A.). — La première pierre de la Cour des comptes, 1810, HO. — Titrage d’une solution, 267. — Travaux du chemin de fer d’Orléans à Paris, 383.
- Capitan (Dr). — La Bastille, 193.
- Cartaillac (E.). — Le Congrès des sociétés savantes à Toulouse, 291.
- Cartaz (Dr A.). — La transmission des maladies par les insectes, 10. — Les doigts des pianistes, 86. — L’opothérapie, 138. — Les nouvelles allumettes, 179. — Le parasite du cancer, 354.
- Chastrey (Henri). — Le bambou, 279. — Le pulque, 358.
- Chenevaye. — Le générateur à vapeur Turgan, 257.
- Cintupio (Dr). — Correspondance, 270.
- Clément (A.-L.). — Les nouvelles volières du muséum, 129.
- Comte (Ch.). — Le miel et ses applications, 74.
- Corcelle (J.). — L’ours des Alpes, 198. — Sur la neige, 166.
- Coupin (Henri). — L’électrotactisme, 11. — Les plantes myrmécophiles, 70. — Le piégeage du loup, 114. — Les idées nouvelles sur la fermentation alcoolique, 167. — L’écriture et la parole en miroir, 233. — L’inscription de l'état dame, 241. — A Terre-Neuve. Le homard est-il un poisson? 278. — Le saAron microbicide, 378.
- Cunha (A. da). — Le grand Palais. Chantiers de construction, 6. — Le nouvel Opéra-Comique, 19. — Effondrement de la galerie de 30 mètres, 33. — Déplacement d’une porte monumentale à Rochel'ort, 49. — Le montage du pont
- Alexandre III, 103. — Le souterrain de Passy, 133. — La plate-forme mobile de Saint-Ouen, 164. — Le métropolitain municipal de Paris, 252. — Le passage inférieur de la ligne du Champ-de-Mars, 371.
- D. (L.). — Inondation du quai d’Orsay à Paris, 119.
- Dassonville (Ch.). — Les sels minéraux et la végétation, 27.
- Dehérain (Henri). — Le télégraphe à Madagascar, 199.
- Delauney (Lieutenant-Colonel). — Mouvements initiaux des projectiles, 214. — Le canon de campagne à tir rapide Nordenfelt, 344. — De la croissance des bambous, 370.
- Rerôjie (J.). — Un curieux phénomène d’ombre, 265. — Contre la famine, 514. — Charles Friedel, 351.
- I)ex (Léo). — Les ponts-ballons, 289.
- Dissard (A.). — La double vision binoculaire, 161. — La sensation du noir, 291.
- Duuar (L.). — La photostérie, 142.
- Duloxc (J.). — Les sparklets, 44.
- Dumont (P.). — Ciseaux pour divers usages, 367.
- Dupont (G.). — Brûlot auto-allumeur pour la protection des récoltes, 319.
- Durafort et ses fils. — Correspondance, 94.
- E. (S.). — Une exposition à Boston, 70.
- Elbée (L.). — Les ponts sur le Tibre dans l’ancienne Rome, 54. — Chauffage des trains par la vapeur sur le réseau du P.-L.-M., 131. — Locomotive électrique à grande vitesse de la C*" du P.-L.-M., 145.
- Enjoy (Paul d’). — Le vernis dentaire des pays-jaunes, 274.
- Espitallier (Commandant G.). — Une pompe à incendie automobile, 331.
- Ferré (Emile). — Pasteur à Lille (ses premières découvertes), 306.
- Flamel. — Dix nouveaux éléments, 50. — Papier sensible illustré, 123. — Les freins pour voitures, 264. — Le caoutchouc au maïs, 327. — Le mercure et le raisin, 347.
- — Production de l’hydrogène et de l’oxygène, 403.
- Floch (G.). — Détermination de la date de Pâques, 250.
- G.... — L’or soluble dans l’eau, 18.
- G. (Commandant). — Les destroyers anglais, 83. — Les sous-marins, 177.
- G. (J.). — Torpilleurs de première classe, 17.
- Gall (J.-F.). — L’Observatoire du Mont Mounier, 64. — Le polo à bicyclette, 143. — Désinfection des appartements, 155. — L’explosion de Lagoubran, 243. — Analyse physique des corps, 259. — Appareils photographiques, 299.
- — Un générateur d’acétylène, 347. — Machine à traire, 599. — Aimants et tourbillons, 407. — Le sucre dans l’alimentation, 410.
- Gaudry (Albert). — Nécrologie. M. Masch, 302.
- Germain (P.). — Correspondance. La vitesse du son, 190.
- Glangfaud (Ph.). — Les oiseaux à dents, 148. — Les oiseaux sans ailes, 211.
- Godron (H.). — Correspondance. La vitesse du son, 190.
- Gosse. — Curieux effet mécanique du sable projeté par un jet de vapeur, 246.
- Guignet (C.-E.). — Cristallisation de l’albumine, 51. — La montagne de la Soufrière (Guadeloupe), 121.
- Guillaume (C.-E.). — Illusion d’optique, 27. — Mesure de la vitesse du son, 130. — Monstre minuscule, 162. — Le
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- LISTE DES AUTEURS PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.
- répartiteur angulaire, 263. — La chaleur spécifique des métaux, 299.
- II. (L.). — Le distributeur horaire électrique, 211.
- Hariot (P.). — Les jardins de la Malmaison et Joséphine de Beauharnais, 546. — L’histoire de la pomme de terre, 374.
- Héron de Villefosse. — Les vases d’argent de Boscoreale, 22.
- Hommen (II.). — Exposition annuelle de la Société française de physique, 315.
- Hospitalier (E.). — Le cinématographe pour toutes les publications cinématographiques, 18. — La nature et le langage technique, 45. — Le salon du cycle et de l’automobile, 59, 75, 91. — Le vide parfait par l’hydrogène liquide, 162. — Un interrupteur électrolytique, 215. — La famine au xx* siècle et les engrais artificiels, 218. — Interrupteur Wehnelt pour bobines d’induction, 323.
- Jaubert (Joseph). — Un halo extraordinaire, 353.
- Jolly (L.). — Pointeur enregistreur automatique, 215.
- Jullien (0.). — Fonte des neiges dans les Alpes, 155. — Fonte extraordinaire des glaciers du Mont-Blanc, 282.
- Laffarguë (J.). — Latimer Clark, 14. — Concours pour appareils électriques, 30. — Le nouveau chemin de fer entre Barmen et Elberfeld en Allemagne, 48. — Le tramway électrique de Bastille-Charenton, 60. — Lampe à acétylène, 107. — Nouveau système d’allumage pour brûleurs à gaz, 139. — La condensation dans les machines à vapeur, 180. Le congrès géologique international de 1900 à Paris, 210.
- — Interrupteur automatique sur circuits à haute tension, 228. — Une nouvelle pile, 285. — Les fiacres électriques à Paris, 307. — Le chauffage électrique, 517. — ltadio-conducteurs, 407.
- Larbalétrier (Albert). — Les cendres pyriteuses. Leur emploi agricole et industriel, 229. — La mouche de l’olive, 406.
- Launay (L. de). — Le captage des sources thermales chez les
- ) anciens, 66.
- Lebois (D.). — La lampe à incandescence du Dr Nernst, 182.
- — Un nouvel unicycle, 208. — Les couveuses pour les nouveau-nés, 224. — La protection contre les Tarets, 339.
- Lefèvre (Léon). — La dénaturation do l’alcool. Fabrication d’un nouveau dénaturant à l’huile d’acétone, 122.
- Léotard (Jacques). — L’observatoire de Zikaweï, 342.
- Leroy (L.). — Filtre portatif sous pression, 13. — L’écré-meuse Fram, 191. — Locomobile à pétrole, 251. — Le téléphone haut parleur, 275.
- Liberty (Lucien). — Mars à l’opposition de 1899, 262.
- Londe (Albert). — Le radioscope explorateur, 337.
- Lortet (Dr). — Le menhir de Mcrsina, 369.
- Loverdo (Jean de). — Microbes incendiaires, 58. — Le concours agricole à Paris, 238. — Le YIR Congrès antialcoolique, 330.
- M. (G.). — L'auto-lux, 95. — llalage électrique sur canaux, 113. — Stéréoscope à double réflexion de M.F. Drouin, 303.
- Mareschal (G.). — Le Mutoscope, 79. — La photographie des couleurs, 87.
- Marsy (A. de). — La transparence des corps opaques, 260.
- Martel (E.-A.). — La grotte de Han, 151, 182.
- Mascart. — Nécrologie. M. G. Wiedemann, 318.
- Mathieu (L.). — Café et chicorée, 163. — Empoisonnements par le plomb, 342.
- Maumené (Albert). — Floraison hivernale du muguet en appartement, 51. — Greffe du tabac sur la pomme de terre, 140. — Conservation hivernale des œilletons d’artichauts, 186. — La culture pour l’exportation du fraisier en Algérie, 563.
- Mégnin (Paul). —Les éléphants plongeurs au Nouveau-Cirque, 159. — Les exercices de force. Un homme phénomène, 187. — Un chien phénomène, 244. — Les derviches tourneurs et hurleurs, 395.
- Mériel (Pierre de). — Sir John Fowler, 32. — L’éclairage électrique de Florence, 43. — Tiroirs à galets, 54. — Le chauffage au goudron, 65. — La fabrication des roues de wagons d’une seule pièce, 109. — Toit d’observatoire sectionné, 124. — Une illusion d’optique, 194. — L’usure des canons modernes, 209. — La viticulture au cap de Bonne-Espérance, 247. — Le pétrole à bord des navires, 275. — La courbe de la vie, 338. — Bicyclette à multiplication variable, 365. — Carburateur mélangeur « Jupiter », 370.
- — Les nouvelles créations de la Monnaie de Paris, 376. — La mortalité comparée, 395. — Camions automobiles anglais, 411.
- Meunier (Stanislas). — Une excursion géologique publique du Muséum, 34. — Le miracle de saint Prokopy, 295. — La météorite de Finlande, 395.
- Misfoulet (J.-B.). — Les fouilles de Carthage, 283.
- Moreux (L’abbé T.). — Une centenaire, 336.
- Mury (Francis). — Les combats de coqs, 326. — Les îles Samoa, 391.
- Nadaillac (Mis de). — Le tabac, 81. — Les dinosauriens, 258.
- Oustalet (E.). — Le diable de mer, 273. — Nécrologie. Ch. Brongniart, 350. — La destruction des hirondelles et des autres passereaux insectivores, 386.
- Parville (Henri de). — Chemins de fer de montagne de Zermatt au Gornergratt, 1. — La vitesse du son, 118.
- — Le cidre et la fièvre typhoïde, 202. — Nécrologie. Sophus Lie, 238. — Conservation du lait à l’état frais, 246.
- — La règle de Gauss, 250. — Ch. Naudin, 287. — Inauguration du monument Pasteur, 305. — L’Institut Pasteur à Lille, 325. — L’odeur de la terre, 330. — Les microbes des fleurs, 390. — Unification du calendrier, 402.
- I’lumandon (J.-R.). — Grandes chaleurs estivales en 1898, 42, 106. — Les extrêmes de températures dans le monde, 228.
- Poisson (Eugène). — Les arbres à caoutchouc de l’Amérique, 203, 220.
- Poisson (J.). — Les échinocactus de la Basse-Californie, 340.
- R. (L.). — Le vin de Champagne, 262.
- Rabourdin (Louis). — Nébuleuses et amas d’étoiles, 321.
- Reverchon (L.). — Une vieille musique, 38. —Les voyageurs de chemins de fer en France, 266.
- Roguenant (A.). — La suppression des fumées, 98, 115.
- Thiersant (Henri de). —Nécropole pour chiens, 271.
- Tissandier (Albert). — La seconde vue dévoilée, 111. — Le siamang au jardin zoologique de Londres, 119. — Le ténôgui et les coiffures populaires au Japon, 127. — Le premier jour de l’an en Chine, 175. — L’aéronaute J. Du-ruof, 239. — Restitution du vieux Paris, 268.
- Turgan (Louis). — Le bateau Henry, 197. — Navire brise-glace 1’ « Ermack », 385.
- Y. (D.). — Greffe sur un chapon, 202.
- Vaillant (Léon). — La couleuvre rude. Serpent mangeur d’œufs de l’Afrique centrale, 97.
- Yilcoq (A.). — Lutte contre les gelées du printemps, 225. — Les maladies des arbres. Les Broussins, 316.— Les œstres, parasites animaux, 334.
- Villedeuil (Ch. de). — Académie des sciences. (Séances hebdomadaires de F), 15, 31, 47, 62, 79, 95, 111, 127,143, 158, 174, 191, 207, 223, 239, 255, 271, 287, 302, 319, 555, 351, 367, 582, 399, 415. — Académie des sciences. Séance, annuelle publique du 19 décembre 1898, 62.
- Wolf. — Le poirier de Bekenried, 83.
- X. (Commandant). — Vélocipédie militaire. Bicyclette pliante, système du capitaine Gérard, 311.
- Z. .. (Commandant). — Nouveau navire pour la flotte russe, 285.
- — Carte routière cycliste de Suisse, 294.
- Zaleski (IL). — Effet d’un tremblement de terre, 280.
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- TABLE DES MATIÈRES
- N. B. Les articles de la Chronique, imprimés dans ce volume en petits caractères, sont indiqués
- dans cette table en lettres italiques.
- Astronomie.
- L’observatoire du Mont Mounier (J.-F. Gall).......... 64
- Toit d’observatoire sectionné (P. de M.)................124
- La grande Lunette de 1900 (L. Barré).................164
- Mars à l’opposition de 1899 (L. Liberty).............262
- Nébuleuses et amas d’étoiles (Louis Rabourdin) .... 521
- Trois nouvelles petites planètes........................ 14
- Nouvelle comète...................................... 14
- La carie du ciel..................................... 14
- L’annuaire du Bureau des longitudes pour 1899 . . 48
- Température et taches solaires.......................... 18
- L’éclipse de lune du 27 décembre 1898................ 95
- Photographies stellaires............................... 143
- L'astronomie et l’ordre de Malte.....................206
- Deux nouveaux astéroïdes.............................222
- Comètes et astéroïdes................................270
- Le neuvième satellite de Saturne. ...................286
- Les médailles des comètes...............................286
- L’origine des petites planètes.......................503
- Halo solaire remarquable . ..........................309
- Une lune monstre........................................334
- Trois nouveaux astéroïdes............................334
- La 455e petite planète..................................350
- Comète de Tempel.....................................398
- La comète Swift.........................................414
- Une bibliothèque de clichés astronomiques...............414
- Réimpression d'un rapport de Poisson....................415
- Physique générale.
- Illusion d’optique (C. E. G.)........................ 27
- La vitesse des rayons cathodiques (C. G.)............ 54
- Les mirages dans les rues (D. B.).................... 90
- Lampe à acétylène (J. Laffargue)........................107
- La vitesse du son (Henri de Parville)................118
- La mesure de la vitesse du son (C. E. G.)............130
- La double vision binoculaire (A. Dissard)...............161
- Le vide parfait de l’hydrogène (E. H.)...............162
- Correspondance. La vitesse du son (II. Godron. P. Germain) 190
- Illusion d’optique (P. de M.)...........................194
- Analyse physique des corps (J.-F. Gale).................259
- La transparence des corps opaques (A. de Marsy) . . . 260
- Un curieux phénomène d’ombre (J. Derôme)................265
- La sensation du noir (A. Dissard).......................290
- La chaleur spécifique des métaux (C. E. G.).............299
- Stéréoscope à double réflexion totale de M. F. Drouin
- (G. M.).............................................503
- Le radioscope explorateur (Albert Londe)................537
- Durée des becs à incandescence..........................343
- Un générateur d’acétylène Cï.-F. Gall)..................347
- Naufrages et ondes électriques..........................395
- Radiocondueteurs (J. L.)................................407
- La chaleur de volatilisation de l’air liquide et la capacité calorifique de l’air.......................127
- Les rayons secondaires dépendant des rayons X. . . 158
- Rayons infra-rouges..................................158
- Les rayons phosphorescents de l’uranium et du
- polonium..........................................287
- L’absorption des ondes hertziennes...................302
- Télégraphie sans fil.................................303
- Point d'ébullition des gaz liquéfiés.................335
- Le système métrique en Angleterre....................566
- La division décimale du temps et des arcs............399
- Impression par les rayons X..........................415
- Électricité théorique et appliquée.
- Concours pour appareils électriques (J. L.)..........
- L’éclairage électrique de Florence (P. de M.)........
- Le tramway électrique de Bastille-Charenton à Paris
- (J. Laffargue)....................................
- Locomotive électrique à grande vitesse de la Compagnie
- du P.-L.-M. (L. Elbée)............................
- La plate-forme mobile de Saint-Ouen (A. Da Cunha). . La lampe à incandescence du Dr Nernst (D. Lebois) . .
- Le télégraphe à Madagascar (Henri Dehérain)..........
- Un distributeur horaire électrique (L. II.)..........
- Un interrupteur électrolytique (E. H.)...............
- Interrupteur automatique sur circuits à haute tension
- (J. Laffargue)....................................
- Le téléphone haut parleur (L.Leroy)..................
- Une nouvelle pile (J.Laffargue)......................
- Le chauffage électrique (J. L.)......................
- Interrupteur Webnelt pour bobines d’induction (E. Hospitalier) .............................................
- Le télégraphe et le téléphone en Perse (Jacques Boyer). Communications télégraphiques entre les phares et la
- côte (D. B.)......................................
- Interrupteur Wehnelt-Carpentier (II. Armagnat) ....
- Le téléphone de Manchester à Bruxelles...............
- Nouveau téléphone....................................
- Les fils télégraphiques de la Grande-Bretagne. . .
- Miroirs légers de galvanomètres......................
- Téléphone sans fil...................................
- L’électricité dans l’industrie minière...............
- L’étincelle électrique...............................
- Interrupteur électrique........................ 223,
- Les méfaits des tramways à trolley sur le pont
- de Brooklyn.......................................
- Omnibus électrique...................................
- Communication téléphonique à très longue distance. Un nouveau câble transatlantique américain. . . . Distribution d'énergie électrique à Bouviers . . . .
- 30
- 43
- 60
- 145
- 164
- 182
- 199
- 210
- 215
- 228
- 275
- 285
- 317
- 525
- 358
- 366
- 413
- 14
- 31
- 47
- 126
- 127
- 158
- 175
- 335
- 333
- 350
- 350
- 366
- 414
- Photographie.
- Le cinématographe pour tous et les publications cinéma-
- tographiques (E. Hospitalier)...................... 18
- Photographie des couleurs (G. Mareschal)............. 87
- p.423 - vue 427/532
-
-
-
- 424
- TABLE DES MATIÈRES.
- Papier sensible illustré (Flamel).................... 125
- La photostèrie (L. Dubar)............................ 142
- Titrage d'une solution (A. C-)........................267
- Appareils photographiques (J.-F. Gale)................299
- Tout le monde photographe pour un franc............ 46
- La photogénie et les basses températures........... 174
- Cinématographe pour aveugles..........................598
- Chimie générale.
- L'or soluble dans l’eau (G.)......................... 18
- Alliage antique (SI. Berthelot)...................... 54
- Dix nouveaux éléments ( Flamel)...................... 50
- Cristallisation de l’albumine (Ch.-Er. Guicxet)...... 51
- La dénaturation de l’alcool (Léon Lefèvre).......... 122
- Désinfection des appartements (J.-F. Gall)...........155
- Café et chicorée (L. Mathieu)........................ 165
- Les idées nouvelles sur la fermentation alcoolique
- (IIenri Coupin)...........:.......................167
- Les nouvelles allumettes (A. Cartaz),..................179
- La couleur de l’eau....................................215
- Les cendres pyriteuscs. Leur emploi agricole et industriel
- (A. Larbalétrieh)....................................229
- L’explosion de Lagoubran (J.-F. Gall)...................245
- Conservation du lait à l’état frais (Henri de I’arvii.le). 246 La synthèse de l’alcool. Histoire des sciences (M. Ber-
- thelot)..............................................507
- Contre la famine (J. Derôme)...........................515
- Le caoutchouc au maïs (Flamel).........................327
- Empoisonnements par le plomb (L. Mathieu)..............542
- La chartreuse..........................................562
- Le savon microbicide (Henri Coupin)....................578
- Production de l’hydrogène et de l’oxygène (Flamel) . . 405
- Le caoutchouc dans le bassin de l’Amazone .... 50
- L’or et l'argent dans l'eau de la mer.................. 51
- Action de l'acétylène.................................. 51
- L’inaltérabilité de l’aluminium........................ 51
- Traitement des gadoues................................. 62
- L'alcool des hauts fourneaux .......................... 78
- Un nouveau métal....................................... 79
- La préservation de la vermoulure des bois............... 79
- Préparation de corps nouveaux........................... 95
- La densité de l’ozone..................................110
- Les principes de l’absinthe............................111
- Préparation de corps nouveaux...................111, 583
- L’altérabilité de l’aluminium...........................143
- La conservation de l’acétylène......................... 159
- L’hydrogène liquide.....................................190
- L’alcôol méthylique dans les boissons spirilueuses . 191
- Une graine oléagineuse à utiliser pour l'industrie . 191
- L’action de l’eau sur le fer............................206
- Propriétés du phosphure de calcium......................255
- L’iode atmosphérique....................................255
- l’origine des eaux potables........................... 255
- Altérabilité des ustensiles d’aluminium.................287
- Alcool artificiel.......................................318
- Les applications de Valuminium..........................519
- Production du caoutchouc................................535
- Les phosphates du sol...................................535
- Les variations de composition du gaz naturel . . . 351
- L’iode des eaux marines.................................567
- Action de l’hydrogène sur les oxydes et les sels de
- mercure..............................................367
- La flamme de l’hydrogène...............................567
- Météorologie. — Physique du globe. Géologie. —’ Minéralogie.
- Une excursion géologique publique du Muséum (S. Meu-
- nier) ................................................. 54
- Grandes chaleurs estivales en 1898 (J.-R. Plumandon). . 42
- Le captage des sources thermales chez les anciens (L. De
- Laünav)................. ........................... 66
- Grandes chaleurs estivales (J.-R. Plumandon)............106
- Inondation du quai d’Orsay à Paris (L. De Launay). . . 119
- La montagne de la Soufrière, Guadeloupe (C.-E. Guigxet). 121 La grotte de Han (Belgique) (E.-A. Martel) . . . 151, 182
- Fonte des neiges dans les Alpes (0. Jullien)...........155
- Les extrêmes de températures dans le monde (J.-R. Plumandon) ............................................O‘20
- Effets d’un tremblement de terre (H. Zaleski) .... 280
- Fonte extraordinaire des glaciers du Mont-Blanc (Omer
- Jullien)............................................ 285
- Le miracle de saint Prokopy (Stanislas Meunier) . . . 295
- L’observatoire de Zikaweï (Jacques Léotard)............542
- Un halo extraordinaire (Joseph Jaubert)................553
- La météorite de Finlande (Stanislas Meunier)...........395
- Aimants et tourbillons. Expériences de M. Wcvlier
- (J.-F. Gall) .................................\ . 410
- La direction verticale du vent......................... 51
- L intensité de la pesanteur au Mont-Blanc.............. 31
- L’influence du climat sur la vie animale et végétale 46
- Températures et taches solaires........................ 78
- Les mines d’or de la Grande-Bretagne...................111
- Gréions extraordinaires............................... 159
- La structure des Alpes françaises......................191
- Comment installer un anémomètre........................222
- Un nouveau minéral.....................................223
- La géologie de Madagascar..............................239
- Ecroulement de montagnes...............................255
- L’iode atmosphérique...................................255
- Les ballons-sondes.....................................302
- Coup de foudre.........................................550
- Géologie expérimentale.................................550
- Les vibrations du sol à l’Observatoire de Paris. . . 383
- L’utilisation du brouillard............................598
- Ce que coûte maintenant l’extraction de l’or. . . . 599
- Physiologie. — Médecine. — Hygiène.
- La transmission des maladies par les insectes (Dr A.
- Cartaz)............................................
- Microbes incendiaires ((Jean de Loverdo) . ...........
- Les doigts des pianistes (Dr A. Cartaz)...............
- L’opothérapie (Dr A. Cartaz)..........................
- Sur la neige (J. Corcelle)...........................
- Le cidre et la fièvre typhoïde (Henri de Parville) . . .
- Les couveuses pour nouveau-nés (D. Lebois)............
- L’inscription de l’état d’âme (Henri Coupin) . ......
- L’institut Pasteur à Lille (Henri de Parville)........
- Le parasite du cancer (Dr A. Cartaz)..................
- Un institut d’étude des maladies tropicales...........
- Le sucre dans l’alimentation (J.-F. Gall).............
- La fumée de la cigarette..............................
- Mesures hygiéniques à prendre dans le commerce, des
- huîtres............................................
- Vaccination contre le venin de vipère................
- L’élasticité des tissus...............................
- Propriété du sérum des animaux immunisés contre
- la variole.........................................
- Le traitement des abcès purulents.....................
- Action des bains turcs sur le volume des organes. .
- Pouvoir réducteur de certains tissus. . ..............
- La vie en espace clos.................................
- Greffes animales......................................
- Une prime à la vaccination............................
- Les causes de la fièvre puerpérale....................
- La radiographie des corps étrangers dans l’organisme ...............................................
- La maladie des caissons d’air comprimé................
- L’influence du verre des tubes sur les cultures de
- bactéries..........................................
- Le traumatisme chez les tuberculeux .......
- L’iode dans l’organisme...............................
- Le parasite du cancer . ..............................
- 10
- 58
- 86
- 138
- 166
- 202
- 224
- 241
- 525
- 554
- 378
- 410
- 46
- 47 47 47
- 79
- 127
- 158
- 159 174 222 271 287
- 287
- 551
- 366
- 567
- 567
- 415
- Mécanique. — Art de l’ingénieur. — Travaux publics. — Arts industriels.
- Chemins de fer de montagne de Zermatt au Gornergratt (Henri de Parville) ......................... 1
- p.424 - vue 428/532
-
-
-
- TABLE DES MATIÈRES.
- m
- Le grand Palais. Chantier de construction (A. da Ccnha).
- Le nouvel Opéra-Comique (A. da Cüniia)................
- Fitrondrement de la galerie de 30 mètres (A. da Ccnha).
- Le bac à travers les âges (Daniel Bellet).............
- Le nouveau chemin de fer de Barmen à Elberfeld en
- Allemagne (J. Laffargue)..........................
- Déplacement d’une porte monumentale à Rochefort
- (A. da Cunha) ....................................
- Tiroirs à galets (P. de M.)...........................
- Les ponts sur le Tibre dans l’ancienne Rome (L. Elbée). Le salon du cycle et de l’automobile (E. IL) . 59, 75,
- Le chauffage au goudron (Pierre de Mériel)............
- La suppression des fumées (A. Roguenant)........98,
- Le montage du pont Alexandre III (A. da Ccnha) . . . La fabrication des roues de wagons d’une seule pièce
- (Pierre de Mériel)................................
- Chauffage des trains par la vapeur sur le réseau du
- P.-L.-M. (L. Elbée)...............................
- Le souterrain de Passy (A. da Ccnha)..................
- Montre minuscule (C.-E.-G.)...........................
- L’unification des filetages...........................
- La condensation dans les machines à vapeur (J. Laf-
- fargce)...........................................
- Les moyens de transport à Londres (Daniel Bellet) . .
- Le pont en X sur la Sarlhc (Jüles Adac)...............
- Un nouveau rail (D. B.)...............................
- Curieux effet mécanique du sable projeté par un jet de
- vapeur (A. Gosse).................................
- Les cent douze ponts de la Tamise (Daniel Bellet) . .
- Une locomobile à pétrole (L. Leroy)...................
- Le métropolitain municipal de Paris (A. da Ccnha) . . .
- Le générateur à vapeur Turgan (Ciienevaye)............
- Le répartiteur angulaire (Ch.-Ed. Güillaühe)..........
- Les freins pour voitures (Flamel).....................
- Les fiacres électriques à Paris (J. Laffargce)........
- Le ciment armé (J. Adac)..............................
- Une pompe à incendie automobile (Commandant G. Esn-
- tallieii).........................................
- Les ponts mobilisables Pfund (Daniel Bellet)..........
- Bicyclette à multiplication variable (P. de M.).......
- Carburateur mélangeur « Jupiter » (P. de M.)..........
- Le passage inférieur de la ligne du Champ-de-Mars
- (A. da Ccnha).....................................
- Travaux du chemin de fer d’Orléans à Paris (A. C.). . Les emplois actuels de l’aluminium (Acscher Léon) . .
- Coussinets en bois de gaïac (Daniel Bellet)...........
- Chemins de fer minuscules (Daniel Bellet).............
- Camions automobiles anglais (P. de M.)................
- Les bétons armés......................................
- La soudure par compression............................
- Première voiture automobile à alcool..................
- Une machine de Watt . ................................
- Affaiblissement de l’ouïe chez les chauffeurs et les
- mécaniciens.......................................
- Locomotive monstrueuse................................
- L’écrémeuse Fram......................................
- Statistique de l’industrie minérale en France . . .
- L’agrandissement du canal d'Amsterdam.................
- Statistique des appareils à vapeur....................
- Les trains sur le transsibérien.......................
- Nouveau rail-poutre pour voies........................
- Sciences naturelles. — Zoologie. Botanique. — Paléontologie.
- Les phoques à fourrures de la Russie (Daniel Bellet) .
- L’électrotactisme (Henri Cocpin).....................
- Les sels minéraux et la végétation (E. Dassonville) . . Floraison hivernale du muguet en appartement (A. Mac-
- mené)............................................
- Les plantes myrmécophiles (Henri Cocpin).............
- Le miel et ses applications (Ch. Comte)..............
- Le poirier de Bekenried (Wolf).......................
- G
- 19
- 33
- 39
- 48
- 49
- 54
- 54
- 91
- 65
- 115
- 105
- 109
- 131
- 133
- 162
- 163
- 180
- 193
- 217
- 231
- 246
- 247 251 253 257
- 263
- 264 507 528
- 531
- 559
- 563
- 370
- 371 383 387 594 403 411
- 47
- 62
- 126
- 143
- 143
- 158
- 191
- 206
- 255
- 334
- 350
- 399
- 4
- 11
- 27
- 51
- 70
- 74
- 83
- La couleuvre rude. Serpent mangeur d’œufs de l’Afrique
- centrale (Léon Vaillant)...........................
- Le siamang au Jardin zoologique de Londres (A. Tissan-
- dier) .............................................
- Les nouvelles volières du Muséum (A. L. Clément) . . Greffe du tabac sur la pomme de terre (A. Macmené). .
- Les oiseaux à dents (Pu. Glangeacd)...................
- La culture du sulla (J. Boyer)........................
- La production artificielle des perles chez les Haliotis (L.
- Boctan)............................................
- L’ours des Alpes (J. Corcelle)........................
- Greffe sur un chapon (D. V.)..........................
- Les arbres à caoutchouc de l’Amérique (Ecgène Poisson)
- ............................................. 203,
- Les oiseaux sans ailes (Pu. Glangeacd)................
- Les algues (V. Brandicocrt)...........................
- Un chien phénomène (P. Mégnin)....................
- Reproduction par propagules (A. Acloqce)..............
- Les dinosauriens (Nadaillac)..........................
- Le diable de mer rapporté par L. Diguet du golfe de
- Californie (E. Ocstalet)...........................
- A Terre-Xeuve. Le homard est-il un poisson? (II. Cocpin)
- Le bambou (Henri Chastrey)............................
- Les fouilles de Carthage (J.-B. Mispoclet)............
- La courbe de la vie (P. de M.)........................
- Les échinocactus de la Basse-Californie (J. Poisson) . .
- L’hypermétamorphose (A. Acloqce)......................
- Les jardins de la Malmaison (P. Hariot)...............
- Les plantes à parfum de l’Annam (D. Bellet)...........
- Les œstres ; parasites animaux (Albert Yii.coq).......
- Le pulque (Henri Chastrey)............................
- De la croissance des bambous (Lieutenant-colonel Delac-
- ney)...............................................
- L’histoire de la pomme de terre (P. Hariot)...........
- La culture des huîtres perlières en Italie (II. B.) . . . Plantes à Heurs et à fruits souterrains (Brandicocrt). . La destruction des hirondelles et des autres passereaux
- insectivores (E. Ocstalet).........................
- Les microbes des fleurs (Henri de Parville) ......
- Une plante soporifique................................
- Le peuplier dans le marais Poitevin (A. Aimé).........
- Une intéressante capture ornithologique ..............
- Action des anesthésiques sur les plantes..............
- Homards monstres américains...........................
- Une collection de daims vivants.......................
- La cire humaine.......................................
- Ce que mange la mésange...............................
- Un nouvel ennemi des arbres fruitiers.................
- Les animaux et les plantes vénéneuses.................
- Le crapaud avalé et ressuscité .......................
- Le moulage des trous d’insectes.......................
- La supériorité des graines lourdes....................
- Une couleuvre mangeuse d’œufs.........................
- Un rat sans poils.....................................
- Coquillage explosif...................................
- Les plantations du Congo belge. ......................
- Hirondelle s’abritant en forêt........................
- Le castor du Rhône....................................
- La composition du haricot.............................
- Ce que mange le coucou...............................
- Les métaux dans les plantes...........................
- L’origine de la chlorophylle animale :................
- Nouveau succédané du caoutchouc......................
- Pourquoi les oiseaux ne s’empoisonnent pas en mangeant des baies vénéneuses...........................
- Le phormium tenax à Paris............................
- Les forêts du monde..................................
- Comment les fourmis se reconnaissent.................
- Moyens de défense d'un insecte.......................
- Défense des insectes contre les parasites végétaux.
- Importation des coléoptères protecteurs..............
- La fécondation du lis........................... . . .
- La graine de pongamia................................
- Du rôle de la dextrine dans les végétaux.............
- Une plante arctique en Angleterre....................
- 97
- 119
- 129
- 140
- 148
- 171
- 171
- 198
- 202
- 220
- 211
- 235
- 244
- 250
- 258
- 274
- 278
- 279 283 338 340 343
- 346
- 347 354 358
- 370
- 374
- 375 379
- 386
- 390
- 411
- 415
- 14
- 15 51 51 31 47 47 61 62 62 79 79 95 95 95 110 126 127 143
- 190
- 191 207
- 207
- 207
- 223
- 223
- 239
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- 519
- 335
- p.425 - vue 429/532
-
-
-
- 426
- TABLE DES MATIÈRES.
- Serpents gourmets..................................
- Capture d'un serpent de mer........................
- Les ravages de la peste du bétail au Cap...........
- Le jardin zoologique de New-York..............
- Le défilé d'une colonne de fourmis.................
- La calorimétrie animale et humaine.................
- Les caractères des plantes alpines.................
- Découverte d’un important gisement d'ossements
- dans le quaternaire.............................
- L’orme de l’Institut national des sourds-muets à
- Paris...........................................
- La fabrication des pommes de terre nouvelles . . .
- La rose bleue......................................
- Mode spécial de germination........................
- 355 350 551 551 360
- 582
- 583
- 585
- 598
- 598
- 599 399
- Géographie. — Voyages d’explorations.
- Le tachéographe F. Selirader (Daniel Bellet).........1^4
- Carte routière cycliste de Suisse (Commandant Z). ... 294
- Au pôle Sud..........................................35.)
- Les îles Samoa (F. Mury).............................591
- Les perfectionnements des méthodes de nivellement. 125
- Explorations océaniques............................ 1 *3
- Le point de départ du Gulf-Slream..................318
- La température au Yukon............................318
- Réfection de la carte de France....................367
- La mesure nouvelle de l’arc du Pérou...............599
- La division décimale du temps et des arcs..........599
- Anthropologie. — Ethnographie. Sciences préhistoriques.
- Les vases d’argent de Boscoreale (A. Héron de Yillkfosse) 22
- Le tabac (Mu de Nadaillac)............................ 81
- Le ténogui et les coiffures populaires au Japon (A. T.). 127
- Restitution du vieux Paris (A. Tissandier)............268
- Le menhir de Mersina (Dr Lortet)......................369
- Les Derviches tourneurs et hurleurs (P. Mégnin) .... 595
- Une habitation lacustre sur la côte anglaise .... 94
- Les Indiens aux États-Unis..............................286
- Les restes de Bouddha...................................350
- Les précurseurs espagnols de Descartes............. 382
- Art militaire. — Marine. — Guerre.
- Torpilleurs de première classe (J. G.).................... 17
- Les destroyers anglais (Commandant G.).................... 83
- Les chiens de guerre en Afrique........................... 86
- Halage électrique sur canaux (G. M.)......................113
- Un coup d’œil sur les flottes de guerre du monde (Daniel
- Bellet)................................................156
- Les sous-marins (Commandant G.)...........................177
- Le bateau Henry (Louis Türgan)........................... 197
- L’usure des canons modernes (Pierre de Mériei.) . . . 209
- Mouvements initiaux des projectiles (Lieutenant-colonel
- Delauney)..............................................214
- Les canons à tir rapide (Lieutenant-colonel L.) . . . . 232
- Un appareil protecteur des câbles de bouées (Daniel
- Bellet)............................................... 240
- Le pétrole à bord des navires (P. de M.)............... . 275
- Nouveaux navires pour la flotte russe (Commandant Z.) 283
- Les ponts-ballons (Léo Dex)...............................289
- Yéloeipédie militaire. La bicyclette pliante, système du
- capitaine Gérard (Commandant X)........................311
- Le canon de campagne à tir rapide Nordcnfelt (Lieutenant-colonel Delauney)....................................344
- Navire brise-glace 1’ « Ermack » (L. Turgan)..............385
- Naufrages et ondes électriques............................395
- Les bicyclettes militaires allemandes..................... 15
- J,a marche des navires dans la brume...................... 15
- La production des arsenaux anglais..................126
- Allongement temporaire d'une écluse.................174
- Navire brise-glace..................................503
- L’adoption de la poudre sans fumée en Chine . . . 350
- Un embarquement rapide..............................582
- Contre-torpilleur américain à grande vitesse. . . . 582 Les éclaireurs aériens et l'armée américaine. . . . 382
- Notices nécrologiques. — Histoire de la Science.
- Latimer Clark (J. L.).................................... 14
- Sir John Fouler (Pierre de Mériel)....................... 32
- Le général Annenkolf.................................... 142
- Félix Faure...................................._ . . 206
- Sophus Lie (11. de P.)...................................239
- L’aéronaute J. Iluruof (A. T.)...........................239
- Charles Naudin (Henri de Parville).......................287
- M. Masch (Albert Gacdry).................................302
- Inauguration du monument Pasteur à Lille (II. de Par-
- ville) ...............................................505
- Pasteur à Lille (Émile Ferré). ..........................506
- M. G. AYicdemann (Mascart)...............................318
- Ch. Brongniart (E. Oustalet).............................550
- Ch. Friedel (J. Derôme)..................................551
- Sociétés savantes. — Congrès et associations scientifiques. — Expositions.
- Académie des sciences (séances hebdomadaires de F)
- (Ch. de Villedeuil) 15, 31, 47, 62, 79, 95, 111, 127,
- 143, 158, 174, 191, 207, 223, 239, 255, 271, 287,
- 302, 319, 335, 351, 367, 382, 399, 415.
- Académie des sciences. Séance annuelle publique du
- 19 décembre 1898 ....................................... 62
- Une exposition à Boston (E. S. E.)...................... 70
- Le Congrès géologique international de 1900 à Paris (J.
- Laffargue)...............................................210
- Le Congrès des sociétés savantes à Toulouse (E. Cartailiiac) 291 Société française de physique. Exposition annuelle (II.
- Hommes)..................................................515
- Le YIIe congrès anti-alcoolique (J. de Loverdo).......... 550
- Agriculture. — Acclimatation. — Pisciculture.
- Le piégeage du loup (Henri Coufin).....................114
- Conservation hivernale des œilletons d’artichauts (A. Mau-
- hené)................................................186
- La famine au xxe siècle et les engrais artificiels (E.
- Hospitalier)........................................218
- La lutte contre les gelées du printemps (Albert Vilcoq) 225 Les cendres pyriteuses, leur emploi agricole et industriel
- (A. Larbalétrier)....................................229
- Le Concours agricole de Paris (J. de Loverdo)...........238
- La viticulture au cap de Bonne-Espérance (P. de M.). . 247 Les maladies des arbres. Les broussins (Albert Vilcoq). 516 Brûlot auto-allumeur pour la protection des récoltes (G.
- Dupont)..............................................319
- L'odeur de la terre (II. de P.)....................... 330
- Le mercure et le raisin (Flamel)........................347
- La culture pour l’exportation du fraisier en Algérie
- (Albert Maumené).....................................563
- Machine à traire (J.-F.Gall.)...........................599
- La mouche de l’olive (A. Larbalétrier)..................406
- Les monstres en culture.................................111
- Les cultures en Tunisie.................................111
- Origine de la culture forcée............................158
- Maladies sur les asperges en Amérique...................206
- Les cendres volcaniques comme engrais...................207
- Les vaches bonnes laitières.............................207
- Le cidre et le lavage des pommes........................271
- La poudre d'os et l’alimentation des jeunes animaux 286 Le traitement des vignes par les sels mercuriels . . 287
- I Les vins qui n’enivrent point...........................582
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- TABLE DES MATIÈRES.
- 427
- Récréations scientifiques.
- Le secret du harem (Le prestidigitateur Alber) .... Le mutoscope. Cinématographe automatique (G. Ma-
- reschal)............................................
- La seconde vue dévoilée (Albert Tissandier) . ...
- Le polo à bicyclette (J.-F. Gau.)......................
- Les éléphants plongeurs au Nouveau-Cirque (P. Mégnin). Les exercices de force. Un homme phénomène. Nino au
- Cirque d’Hiver (P. Mégnin)..........................
- Un nouvel unicycle (D. Lebois)........................
- Evocation (Alber)......................................
- Variétés. — Généralités. — Statistiques
- Filtre portatif sous pression (L. Leroy).............
- Une vieille musique (L. Reverchon)....................
- Production des vins en 1898..........................
- Les sparklets (J. Dülong).............................
- La nature et le langage technique (E. 11.)............
- Correspondance (Durafort et fils)....................
- L’auto-lux allumeur extincteur à grande distance pour
- le gaz (G. M.)................................... .
- La première pierre de la Cour des Comptes, 1810 (A. C.) Nouveau système d’allumage pour brûleurs à gaz (J. L.)
- Le banquet des professeurs du Muséum..................
- Le premier jour de l’an en Chine (Albert Tissandier) . La Bastille. Découverte des suhstructions de la tour de
- la Liberté (Dr Capitan)............................
- Pointeur enregistreur automatique (L. Jollv).........
- L’écriture et la parole en miroir (Henri Codpin). . . . Détermination de la date de Pâques (G. Floch). . . .
- La règle de Gauss (H. de P.).........................
- Le vin de Champagne (L. R.)...........................
- Les voyageurs de chemins de fer en France (L. Reverchon) ...............................................
- Correspondance........................... .... 270
- Nécropole pour chiens (Henri de Tiiiersant)..........271
- Le vernis dentaire des pays jaunes (Paul d’Enjoy) . . . 274
- Les combats de coqs (Francis Mcry)...................526
- Une centenaire (l’abbé Th. Moreuxj.................. . 556
- La protection contre les tarets (A. Lebois)..........559
- Ciseaux pour divers usages (P. Dumont)...............567
- Les nouvelles créations de la Monnaie de Paris (P. de
- Mériel)............................................576
- La mortalité comparée dans les différents pays (P. de M.) 595 Des proportions dans l’art monumental (Bartholdi) . . 401
- Unification du calendrier (Henri de Parville). .... 402
- Le poisson dans l’alimentation en France............. 15
- Consommation des œufs à Paris......................... 47
- Le laboratoire de l'État de Vermont................... 95
- Production des vins de la Gironde..................... 94
- Le commerce des bananes au Costa-Bica................. 95
- Charcot artiste.......................................110
- Un nouveau géant......................................126
- Pourquoi coupe-t-on la queue aux chiens...............174
- Compteur à gaz à payement préalable................. . 191
- Une coûteuse machine à composer.......................207
- Les souffleurs de becs de gaz........................2'25
- Expériences phonographiques...........................225
- Pour vivre vieux......................................254
- La fabrication des drapeaux américains................270
- Le charbon et le pétrole aux Philippines..............271
- La carte de France....................................287
- L’eau à Berlin........................................519
- Le pétrole de poisson.................................554
- Numération de sauvages................................554
- La bibliothèque nationale italienne...................554
- Les jardins des gares.................................554
- L’époque des suicides.................................551
- Les livres de classe au Kansas........................582
- Du charbon à 56000 -francs lé kilogramme .... 598
- La viande congelée d’Australie........................599
- Les Chinois et le sport...............................415
- La vente des poisons en Angleterre....................415
- 15
- 79
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- FIN DES TABLES
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- ERRATA.
- Page 42, col. 2, ligne 58. Au heu de : climatérique II. faut : climatique.
- Page 47, col. 2, ligne 34. Au lieu de : 17 781856kilomètres Il faut : 1 778185 kilomètres.
- Page 110, col. 1, ligne 48. Au lieu de : le comte de Champi-
- gny duc de Cadou Il faut : le comte de Champa-gny duc de Cadore
- Page 271, col. 2, ligne 5. Au lieu de : Dequesne Il faut : Decaisne.
- Paris. — Imprimerie Lahiire, rue de Fleuras, 9.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— L’Académie impériale des Médecins militaires de Saint-Pétersbourg fêtera son Centenaire le 30 décembre prochain. Cette institution, célèbre en Russie, a une renommée européenne.
- —®— Trois journées de fêtes viennent de marquer le 25® anniversaire de la fondation de l’Ecole polytechnique belge, aujourd’hui en pleine prospérité. Au jubilé de l’Ecole est venu se joindre celui des cinq professeurs qui, depuis 1873, sont restés au poste sans interruption : MM. H. Bergé, Dewilde, Hubcrti, Joly et Rousseau. Les fêtes ont été closes par un banquet que l’Association des anciens polytechniciens offrait, sous la présidence de l’ingénieur Ferdinand Ruîferath, aux autorités académiques.
- —©— L’exposition internationale d’aviculture organisée au Jardin d’Acclimatation par la Société nationale d’aviculture est ouverte au public depuis le samedi 26 novembre. Près de 3900 lots de volailles mit pris part à ce concours. Le dimanche 27, il y a eu un lâcher de 5000 pigeons voyageurs.
- —®— Enfin! On assure que le nouvel Opéra-Comique sera inauguré le lundi 5 décembre. Le monument est à peine terminé ; jamais travaux n’auront été menés avec pareille lenteur. La construction du nouvel Opéra-Comique restera légendaire. Et, paraît-il, nous n'aurions rien gagné à attendre. Nous décrirons prochainement l’Opéra-Comique de .1898.
- —©— La Commission des théâtres a réglé de la façon suivante Fusage des appareils cinématographiques : 1° Ne pas employer de lampes à carburateur oxyéthérique ; 2° placer l’appareil à projections dans une cabine construite en matériaux incombustibles, et du côté opposé à la sortie du public : 3° aérer la cabine à l’aide d’une ouverture ménagée dans le plafond et garnie de toile métallique à mailles fines; 4° interposer entre le condensateur et la pellicule une cuve d’eau additionnée d’alun; 5° recueillir les pellicules, au fur et à mesure dé leur déroulement, dans une caisse métallique percée de la seule ouverture nécessaire à leur passage ; 6° exiger dans la cabine la présence de deux opérateurs dont l’un sera spécialement chargé de l’enroulement des pellicules de façon qu’il n’y ait pas plus xl’une bande de celluloïd déroulée à la fois; 7° placer à la portée de la main des opérateurs deux seaux remplis d’eau; 8° interdire formellement de fumer dans la cabine ; 9° ne pas faire usage de lampes à incandescence mobiles et mettre des conducteurs électriques sous moulures.
- -®— Une école professionnelle de tapis a été créée à Alger par Mra° Delfau. Les femmes qui fréquentent l’école de Mme Delfau vont porter dans les tribus l’industrie qu’elles ont apprise. L’œuvre est des plus intéressantes et mérite d’être encouragée. Persuadé qu’elle est de nature à faire pénétrer plus profondément dans les tribus l’influence française, en augmentant le bien-être des indigènes et en nous les attachant par les liens de la reconnaissance, le ministre de l’intérieur a décidé d’accorder à l’école de Mrae Delfau une subvention de 20 000 francs.
- —'©— L’Association des Industriels de France contre les Accidents du Travail ouvre un Concours public international pour la création d’un Appareil protecteur pour la Toupie à axe vertical {travail du bois). Ce concours sera clos le 51 décembre 1898. Pour tous renseignements, s’adresser au siège de l’Association, 3, rue de Lutèce, à Paris.
- —©— Le croiseur cuirassé de lre classe Frcya, de la marine allemande, vient de faire, avec plein succès, un essai à - pleine puissance. On a obtenu 10500 chevaux avec 75 mètres carrés de surface de grille et 2453 mètres carrés de surface de chauffe. Les chaudières sont du système Nielaussc.
- —®— Les médecins américains s’inquiètent en ce moment d’une nouvelle forme d’intoxication alcoolique, qui vient de faire son apparition aux Etats-Unis. L’eau-de-vie peut maintenant non seulement être bue, mais mangée. On vend, en effet, en Amérique, des biscuits et des gâteaux secs qui renferment une assez grande quantité de whisky. Le Bureau d’hygiène des Etats-Unis a commencé une vraie croisade contre les fabricants et les marchands de ces dangereux produits. A Manchester, on commence à vendre un autre produit non moins toxique : c’est du sucre candi contenant de l’alcool à haute dose. L’alcoolisme en tartine! L’alcoolisme en croquettes!
- —©— Pourquoi, aujourd’hui encore, dit l'Echo forestier, des milliers de mètres cubes de sciure de bois sont-ils vendus à des prix ridicules, voire simplement jetés à l’eau? Les copeaux de la scierie et du rabot sont des sous-produits précieux, qui trouvent une .bonne utilisation surtout dans la bâtisse ! Par exemple, on peut utiliser la sciure en cubes, pour des séparations intérieures, pour les isolateurs, etc. Il y a là un champ d’exploitation pour chaque scieur, grand ou petit, car la fabrication de ces cubes est d’un bon rendement et ne demande pas d’installation coûteuse. Une autre source de bénéfices vient s’ajouter, par le .fait que ces cubes de sciure peuvent être rendus incombustibles, fait dont plus d’un entrepreneur pourrait tirer parti.
- —©— On ne dira pas qu’on n’écrit pas chez nous, La consommation de papier nécessaire à la fabrication des timbres-poste augmente toujours. La fourniture réclamée par l’Etat pour 1899 est de 10 500 rames de papier pour les timbres-poste, 500 rames pour les enveloppes timbrées et 2500 rames pour les bandes timbrées.
- —@— M. Paul Meyan a pris l’initiative d’organiser, le 27 novembre, une course de côtes pour automobiles à laquelle ont pris part 45 concurrents. La course a eu lieu sur un parcours de 1800 mètres en projection horizontale, sur la côte de Chanteloup. La différence de niveau est de 114“’,73, la pente moyenne de 53 millièmes et la pente maxima de 106 millièmes. Le vainqueur est M. Jenatzy : il a accompli le parcours en 3m 52% avec une voiture électrique. Sans un accident survenu à la voiture électi’ique de M. le comte de Chasseloup-Laubat, elle eût sans doute fourni un temps équivalent. Le deuxième arrivant est une voiturette à essence de pétrole, montée par M. Jamin (4m2s 1/5), le troisième, un tricycle à essence de pétrole monté par M. Marcellin (4m58). La première voiture à essence de pétrole proprement dite classée la septième est celle de M. Giraud (voiture Amédé Bollée 4m36*2/5). Il ne faut pas s’exagérer la signification de ces résultats. Toutes les voitures ont été spécialement construites, disposées et préparées en vue de cette course spéciale. Pour tous ceux qui connaissent l’élasticité de débit des accumulateurs et de combien un moteur électrique peut, pendant quelques minutes, fournir une puissance bien supérieure à sa puissance normale, le succès de l’électricité dans ce cas spécial paraît tout naturel, l'expérience prouve qu’il est facile de construire un véhicule répondant à une formule particulière, mais il serait dangereux d’en généraliser les conséquences. Cela n’enlève rien au mérite ni au succès de la brillante réunion organisée par M. Meyan, le sympathique directeur de La France automobile.
- —®— D’après les récentes statistiques, le nombre des vélocipèdes courant sur nos routes est évalué officiellement à 498 869. La taxe sur les vélocipèdes en 1897 a produit au total 4 069 8 10 fr. 60. Le nombre des bicycles, bicyclettes, tandems, quadruplettes, etc., imposés est notablement inférieur à celui des machines fonctionnant réellement. Les documents des contributions directes nous font connaître avec quelle rapidité a progressé le nombre des vélocipèdes, en tenant compte seulement des imposés. En 1894, le nombre des vélocipèdes imposés était de 20o026; en 1895, il s’élevait à 256 084; en 1896, il atteignait 329 816, et en 1897 il était de 408 869.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour le filtre portatif sous pression, s’adresser à MM. Prevet et Cio, 48, rue des Petites-Ecuries, à Paris.
- Communications. — M. P. Rhe, à Paris, nous adresse la lettre suivante que nous soumettons aux réflexions de nos lecteurs : « En raison de notre compétence et de l’autorité attachée à votre nom, vous devriez bien profiter de l’enquête d’utilité publique que fait en ce moment la compagnie des omnibus relativement à la substitution de la traction mécanique à la traction par chevaux sur plusieurs de ses lignes, pour protester contre le choix fait par elle en ce qui concerne les modes de traction qu’elle compte employer, le système Serpollet et l’air comprimé. Le Serpollet fait un tapage infernal, reste, à chaque minute, en panne, laisse une odeur épouvantable derrière lui et rôtira les arbres sous lesquels il passera; l’autre, moins bruyant, demande, en revanche, des chargements fréquents d’énergie, ce qui entravera la circulation des rues où il passera et où ces chargements se feront et apportera ensuite un retard considérable aux voyageurs, puisqu’ils devront se faire en cours de route, sans compter que les appareils fixes n’ajouteront rien à l’esthétique de nos voies. Pourquoi ne pas adopter résolument l’électricité avec conducteur en caniveau, comme à l’étranger; les frais d’établissement des voies sont, sans doute, plus coûteux, mais les voitures électriques munies seulement de deux moteurs et d’un régulateur doivent certainement coûter moins cher que les locomotives ambulantes des deux autres systèmes, ce qui pourrait combler la différence.
- « Ensuite, ce serait plus propre, peut-être plus élégant et assurément plus digne d’une ville comme Paris. Votre voix, monsieur, serait certainement beaucoup plus écoutée que celle du simple public et rendrait un grand service aux Parisien® en se faisant entendre. » Ces réflexions nous paraissent justes; mais la compagnie des omnibus, qui ne profite guère des exemples que lui offre l’étranger, est réfractaire à toute idée de traction électrique.
- M. E. Brahyl, préparateur à l’Institut d’hvgiène, à Bruxelles, nous fait connaître un petit tour de main photographique intéressant : « Si dans la photographie au charbon, nous dit-il, on substitue à celui-ci des poudres métalliques impalpables tels que or massif, poudre de bronze d’argent, etc., mélangée d’une façon intime à l’émulsion de gélatine bichro-matée, on obtient des épreuves métalliques du plus bel effet, d’autant que l’on peut sensibiliser n’importe quelles teintes de papier pour faire ressorlir l’épreuve du fond et s’harmoniser avec telle ou telle métallisation. Le développement de ce papier est le même que pour le charbon. »
- M. Albert Gaudry de l’Institut, à Paris, nous fait hommage d’une Notice sur les travaux scientifiques de Victor Leipoine, qui est exlraite du Bulletin de la Société géologique de France.
- M. le Directeur de la station météorologique de l'École d’agriculture et d’œnologie de l’état bulgare à Plevna nous adresse les tableaux météorologiques dressés pour les années 1894, 1895 et 1890 et concernant l’état des éléments météorologiques, la température du sol, et les renseignements sur la période d’été sans gelée et sur la chaleur végétative à Plevna.
- M. C. Toussaint, à Paris, nous envoie le projet d’un autoréveilleur. Il s'agit d’une aiguille mise en marche par une horloge qui vient à diverses heures ferai! r des circuits et faire fonctionner des sonneries dans des chambres. Un grand nombre de dispositions semblables ont déjà été imaginées.
- J/. A. Fernbach, à Tours, nous envoie une notice qui a pour titre L'amylomyces Rouxii et son emploi en distillerie. Procédé de MM. Collette et Boulin, de Seclin, près Lille. Cette notice est extraite des Annales de la brasserie et de la distillerie, numéro du 25 juillet 1898, imprimerie Deslis, à
- urs.
- Renseignements. — M. G. C, à Bergerac. — Le numéro spécial donnant le compte rendu du voyage, vient de paraître et a été envoyé à tous les abonnés.
- M. E. M., à X; M, J. A., à Brest. — Nous attendons, pour parler de ce nouveau mode d’éclairage, d’avoir des renseignements exacts.
- il/. A. Bozo, à Paris. — Vous pouvez employer avec avantage l’anticalcaire Maignen, 5 avenue de l’Opéra.
- M. J. Delard, à Bordeaux. — Vous trouverez les renseignements que vous demandez dans l’ouvrage de M. Lefèvre, Les matières colorantes, à la librairie Masson et Ci8.
- M. Dumont, à Lille. — La maison Carpentier, 20, rue Delamhre, à Paris, fabrique un excellent appareil pour la mesure des isolements électriques.
- M. Jeantor, à Cherbourg. — Nous ne pouvons encore publier cette description; mais nous nous occupons de préparer l’article.
- M. Legrand, à Paris. — Nous ne pensons pas que vous puissiez obtenir de tels rendements ; vos appareils de mesure étaient-ils bien étalonnés?
- M. Quérand, à Nancy. — Cette substance ne se trouve pas dans le commerce; il faut la faire préparer spécialement par un chimisle.
- M. E. Brahyl, à Bruxelles. — 4° Certainement celte disposition a fait l’objet d’un brevet. — 2° Il faudrait, pour ces renseignements, s’adresser au constructeur que nous avons indiqué en tête de la Boîte-aux-Lettres du numéro où l’appareil a été décrit.
- M. le DT Mougin, à Vitry-le-François. L'étuve de Serto-rius est construite par la Société des produits chimiques, rue des Ecoles, à Paris. V
- M. E. Vitteaut, à Chalon-sur-Saône. — 1° La différence de potentiel d’un accumulateur à la charge est 2,5 volts. —
- 2° Cette disposition peut convenir. — 3° Vous pouvez intercaler des lampes de 65 volts et régler avec une résistance. —
- 4° Le retournement des pôles ne peut évidemment avoir lieu.
- — 5° La valeur de la résistance doit être suffisante pour absorber 2,5 volts environ en laissant passer une intensité de charge de 6 ampères.
- M. F. A., à Ville-Savary. — i° Veuillez vous adresser à M. le Dr Cartaz, 39, boulevard Ilaussmann, à Paris, ou à M. Moncourt, pharmacien, avenue Victor-Hugo, à Boulogne-sur-Seine. — 2° L’eau physiologique est l’eau salée à 5 pour 100.
- M. L. Peltier, à Angers. —- Nous avons indiqué les détails de construction d’une machine dynamo dans le n° 745 du 10 septembre et dans le n° 750 du 15 octobre 1897 : et nous avons également donné ces mêmes détails dans le petit livre des Recettes et Procédés utiles, 2e série, à la librairie Masson et Cie.
- M. L. de Belleval, à Aix. — Comme ouvrage sur les armes et les armures, nous pouvons vous indiquer le livre de M. Maindroz. Quantin, éditeur.
- Un abonné, à Paris. — 1° Le meilleur procédé est de fabriquer un accumulateur avec des plaques de plomb ; nous avons déjà indiqué les diverses opérations à faire, — 2° On peut au début charger un accumulateur vide avec un accumulateur chargé; à la fin de la charge, la différence de potentiel peut être trop faible. — 5° Nous ne savons pas de quelle matière vous voulez parler. — 4° Consultez la notice sur la bobine de Ruhmkorft' publiée par M. Radiguet, 15, boulevard des Filles-du-Calvaire, à Paris.
- M. Hébé, à Paris. — 1° La pile Leclanché nous semble préférable.*—2° Nous pensons que deux éléments seront nécessaires.— 5° Vous trouverez des renseignements sur les piles dans le petit livre des Recettes de T électricien, à la librairie Masson etCie.
- M. J. Lamade, à Valence-sur-Baïse. — Vous pouvez vous adresser à la maison Lioret, 18, rue Thibaud, ou à la Société des phonographes, 98, rue de Richelieu, à Paris.
- M. Gentile, à Paris. — Nous n’avons pu retrouver la recette que vous nous demandez. '
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Dumont, à Paris. Nous ne pouvons nous charger de faire toutes ces recherches et toutes ces études. Il faut vous adresser à un ingénieur conseil. —
- M. L. R., à Paris. Vous avez oublié de diviser par 2; votre chiffre est 2 fois plus fort qu’il ne faut. — M. Leront, à Lille. Nous avons donné ce procédé dans les Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie. — M. Dubois, à Paris; M. L. D., à Paris. Voyez le même petit livre que ci-dessus, 5e série, à la même librairie. — M. Lefebvre, à Toulouse; M. Loriot, à Bordeaux. Remerciements pour vos communications.
- Dans la « Boite aux Lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes tes questions, ni à insérer toutes les communion fions. — Tl n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précédé la date delà livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Pour conserver le gibier. — On peut d’abord conserver le gibier par le charbon qui est l’un des meilleurs agents de désinfection, d’après le Chasseur illustré. Après avoir vidé soigneusement le gibier, on y introduit de menus morceaux de charbon. Extérieurement on l’entoure de plantes odoriférantes ; la sauge, le laurier, l’absinthe, la menthe, le thym, le serpolet, etc., conviennent parfaitement. Ces plantes ont la propriété d’écarter les grosses mouches et de les empêcher de déposer leurs œufs. La fougère et l’ortie, au dire de certains, peuvent très bien remplacer ces plantes. Mais elles sont sûrement moins efficaces. On lave les plaies avec un peu d’eau salée, dont on imbibe même la chair à vif. Mieux encore, au lieu d’eau salées on emploie de la bonne eau-de vie.Maintenant, on conserve fort bien le gibier en l'enveloppant soigneusement dans un linge imbibé d un mélange en parties égales d’acide pyroligneux et d’eau pure. Encore un troisième procédé : Sans vider le gibier, on le place dans des tonneaux qui sont remplis de blé, d’avoine et d’orge. 11 faut que la couche de grain surmontant le gibier ait une épaisseur d’au moins dix centimètres. Il est indispensable aussi que, dans l’intérieur du tonneau, le gibier n’en touche ni le fond, ni les parois.
- Le paraffinage des fûts. — Les liquides, alcool, vin, bière, contenus dans des récipients en bois, s’évaporent assez vite. Les vieilles eaux-de-vie ont souvent subi une réduction de moitié au moment où elles entrent dans la consommation. La perte par évaporation est ici utile : elle favorise le vieillissement. En ce qui concerne l’alcool, l’évaporation dans les fûts de bois est assez élevée. Elle varie, bien entendu, avec les dimensions des récipients, et ce sont les plus petits qui perdent le plus. La régie admet une perte de 7 pour 100 par an. Dans les entrepôts d’alcool, on ne fait plus guère usage de tonneaux en bois : on leur substitue des récipients métalliques où la perte par évaporation est nulle. C’est, pour l’entrepositaire ou le négociant, un gain de 7 pour 100 d’alcool, qui peut dès lors, grâce à la contrebande, être livré exempt de droits à la consommation.
- La conservation des vins continuera sans doute longtemps à se faire dans des tonneaux de bois, qui rendent l’ouillage indispensable ; et cette pratique est encore à préférer à toute autre quand il s’agit d’assurer la qualité du vin. Mais pour les expéditions des vins faits, qu’on doit s’efforcer de conserver tels quels, il ne saurait en être de même. Ici l’on doit s’efi orcer d’atténuer ou même de supprimer toutes les causes qui peuvent modifier le vin, en même temps qu’en diminuer la quantité. La Revue de viticulture rappelle les essais qui ont été faits récemment en Italie au moyen des fûts enduits de paraffine à l’intérieur. Ces fûts, après avoir subi ce traitement, ont été expédiés pleins de vin, de même que quelques témoins, dans la République Argentine. Le vin des premiers a été trouvé, à l’arrivée, de belle couleur, limpide, à saveur franche et bien saine, tel, en somme, qu’au départ. Le second, le témoin, avait pris une teinte jaunâtre ; il était tourné et la surface était couverte de fleurs, la perte par évaporation était considérable. Ainsi le paraffinage intérieur des fûts supprime d’abord le coulage par évaporation ; et, en soustrayant le vin à l’action de l’air, il le met à l’abri de quelques altérations, piqûre, casse, tourne, etc., qui se produisent si fréquemment en cours de route. Il serait bon toutefois de s’assurer si, à la longue, dans de tels récipients, le vin ne contracte pas quelque mauvais oùt. Dans les essais résumés plus haut, on n’a rien constaté e semblable. De nouvelles études sur ce point ne seraient cependant pas sans utilité.
- Nouvelle pâte céramique. — MM. Schirm et OttoLessing ont fait breveter une pâte céramique composée de : Matière dégraissante 6 parties, malière fondante 1, plâtre 1.
- La matière dégraissante peut être de la poudre broyée de quartz, porcelaine, faïence, argile cuite; la matière fondante est un verre ou émail. Les propriétés de cette pâte sont les suivantes : elle commence à durcir par la prise du plâtre sans qu’il se produise aucun départ de l’eau par évaporation ou im-bibition, ce qui permet l’emploi de moules quelconques, en gélatine huilée par exemple. Elle ne prend aucun retrait à la cuisson ; sa température ae cuisson dépend de la nature du fondant, elle est voisine de 1000° quand ce fondant est du verre ordinaire. Elle prend des glaçures variées. Elle a par contre l’inconvénient de ne pas être dure, d’être très poreuse, et altérable à l’eau en raison de la solubilité du sulfate de chaux. Cette pâte convient très bien pour les moulages dits à cire perdue. Au lieu
- de casser le moule à coups de marteau, ce qui est toujours une opération délicate avec une pièce moulée en plaire qui n’est pas plus dure que le moule lui-même, on porte à l’étuve et ensuite au four de cuisson la pièce dans son moule. Après cuisson le plâtre du moule a perdu toute consistance et s’enlève avec la plus grande facilité.
- Composition de porcelaine allant au feu. — La composition suivante, qui donne une porcelaine dure et opaque, est employée en Prusse pour la fabiication d’objets allant au feu. On remarquera l’absence de quartz dans la composition de pâte. La pâte est formée de Kaolin de Halle, 48 parties, Argile blanche 37,5, Feldspath 16,5. La couverture est la suivante : Sable quartzeux 42, Kaolin 53, Gypse cru 13, Biscuit pulvérisé 12.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
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- Emploi thérapeutique du sable chaud. j
- D’après M. le Dr E. Gkawitz (de Charlottenbourg)1. ;
- L’action bienfaisante du sable chaud sur le revêtement cutané est bien connue et sous le nom de l’sammismus on e^i trouve l’emploi recommandé dans les écrits de Pline, de Celse et d’Hérodote. jtij
- Dans les pays chauds on pourrait presque dire que l’usa m! des bains de sable chaud est vieux comme le monde; dans lès pays froids, leur emploi est de date récente.
- ISturm à Kostritz et Flemming à Blasewitz, il y a 60 ans, introduisant la pratique de ces bains, en qrosèfcnt dès l’abord les indications que les auteurs qui suivirent ont à peine modifiées. M. le D1' Gravvitz a essayé à différentes reprises d’attirer l’attention sur l’efficacité de ce mode de traitement dont il expose ainsi la technique et les indications. [
- Au point de vue de l’installation des établissements de baitis de sable chaud il faut autant que possible que les malades soient exposés en plein air, garantis des intempéiies par uûe véranda ouverte. L’établissement doit être spacieux et biQi aéré, car le point principal c’est que le malade soit complètement entouré de sable chaud, mais qu’il ait le visage on plejin air et libre. Un appareil de douches ou de bains chauds doit être annexé à l’établissement pour assurer la propreté du cor^s à la sortie du bain de sable. Les bains peuvent être complets ou partiels suivant les cas. Les baignoires sont des caisses en bois de 2 mètres de longueur, de 50 centimètres de largeur jet de 40 à 50 centimètres de hauteur. Le sable employé sera Ile sable de mer ou le sable de fleuve. On le ehaulfe à Farde du gaz. :
- Dans les maisons particulières on peut réduire l’installation à une simple caisse de bois et le sable est chaufié sur le feu dans un récipient de métal.
- Pour que l’usage du bain soit utile, il faut que le malade en soit complètement recouvert, d’une épaisseur de quelques pouces. La tète repose sur un coussin et une couverture est placée sur le sable pour empêcher toute perte de chaleur.
- La température du bain est pour la première fois de 35° Réaumur, mais plus tard il faut aller jusqu’à 40°-55° R. suivant la sensibilité du sujet.
- 11 est difficile de donner june .limite fixe pour la durée du bain :..céla dépend de la facilité avec laquelle le malade le supporte. En général une demi-heure suffît pour commencer et plus tard on peut aller jusqu’à 1 heure.
- Après le bain, une douche chaude est donnée au malade. On peut donner parfois des bains de sable artificiel ainsi qu’il suit :
- Sur un jij ordinaire, on met un drap, par-dessus une couche de sable épaisse de trois pouces et chauffé à 65° centigrades. Par-dessus on met un autre drap, et le malade vêtu d’une chemise est mis dans cette sorte de couverture dont on l’entoure complètement en laissant la tète libre. De la même façon on peut appliquer des bains partiels.
- L’action de la chaleur élevée qu’on peut ainsi obtenir par les bains de sable détermine une vaso-dilatation cutanée qui entraîne une sudation abondante, mais le point important est le peu d’action de ces bains sur l’état général.
- Les principales indications des bains de sable chaud sont les suivantes :
- En premier lieu, ils conviennent dans toutes les affections
- 1 Zeitschrift f. diatet.undphysik. Thérapie, n° 1, 1898, p. 17.
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- N<H VRIJ.ES scientifiques.
- hvdropiques, chez les cardiaques en particulier : ceci tient à ce faible retentissement de ces bains sur l’état général, ce qui permet d'obtenir sans inconvénients une sudation abondante.
- Dans le mal de Bright, les bains de sable chaud continués des mois et des semaines ont de très grands avantages.
- lis conviennent tout particulièrement pour la résorption des, exsudats pleuraux ou articulaires.
- Dans l’arthrite déformante chronique leur emploi est suivi d’une grande amélioration.
- Il en est de même des affections névralgiques, le rhumatisme musculaire aigu ou chronique, la sciatique, où ils rendent de grands services.
- Enfin Ritter a mentionné leur influence bienfaisante sur la scrofulose, et Corces a pu obtenir par ce traitement la guérison d’un cas de psoriasis.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49'”,30). — Bureau central météorologique de France.
- OR S ET N ATIONS 7 II EL'H ES DU M ATIN THERMOMÈTRE VENT DlItECTlOX KT FOr.CE de 0 il R ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 21 novembre. 5*,0 S. E. 1. Couvert. 0,0 Couvert; petite pluie à partir de 17 h.
- Mardi 22 6*,1 N. W. 3. Couvert. 9,3 Couvert jusq. 1 i h ; puis nuag. ; beau après 16 h. ; pluie jusqu’à 6 b. 30.
- Mercredi 25 -2”,0 S. 1. Couvert. 0,0 Beau jusqu’à A il. ; couvert ensuite ; brouill. le malin.
- Jeudi 2 i 1*,9 S. E. 3. Couvert. 0,7 Beau à 1 h. ; puis couvert; nuageux après 20 b. ; halo; petite pluie à plusieurs reprises le matin.
- Vendredi 25 7",1 S. 3. Peu nuageux. 2,6 Nuageux jusqu’à 13 h. ; couv. ensuite; un ]>ou de pluie à 23 h. 15~io.
- Samedi 26 5”,2 S. 3. Couvert. 0,2 Éclaircies à 1 h. ; couvert ensuite ; pluie line à 6 h. ; halo.
- Dimanche 27 ... . 6",0 S. 2. Couvert. ,5 Couvert; pluie de i h. à 9 h. 1/2.
- NOVEMBRE 1898. --- SEMAINE DU LUNDI 21 AU DIMANCHE 27 NOVEMBRE.
- Lundi | Mardi I Mercredi I Jeudi | Vendredi | Samedi I Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courues ou milieu ma iqaeu t courbe épaisse, les jiressions barométriques (baromètre ramené à 0. au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à labri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- ' «ruses et tempêtes. — A la suite de pluies diluviennes tombées pendant plusieurs jours à partir du 20 novembre, les cours d'eau du département des Pyrénées-Orientales, ont subi une forie crue. A Perpignan, la Têt et la Basse ont inondé les quartiers du Pont-Rouge et de la Gare. Les maisons ont élé évacuées. Les villages et les jardins situés entre Perpignan et la mer sont restés sous l’eau.
- Toute circulation a été interrompue ; aucune voiture publique ni aucun courrier n'a pu arriver à Perpignan, ni en partir. L’Aglv a également débordé, inondant plusieurs villages du canton de Rivesaltes et la plaine de la Salanque à Rivesaltes cl Saint-Laurent-de-la-Salanque. Plusieurs rues ont été envahies par les eaux.
- Devant les progrès de la crue, les habitants des maisons non encore atteintes élevaient précipitamment des digues ou barrages devant leurs tortes dans toute la plaine du Roussillon. Les routes ont été coupées par es eaux dans le canton de Millas; la Tet a fait des ravages importants. Le Bolès a emporté 50 mètres de remblai de la voie ferrée, prés la slation de Bouleternère. La voie ferrée a été également coupée par les eaux entre Rivesaltes et Perpignan sur une longueur d’un kilomètre, mais la circulation des trains a pu être rétablie. Le Tech a débordé à Elue, inondant la plaine d’Argelès. A l'rndes, la Tet a emporté la digue de l'usine d’éclairage électrique. A Saint-Paul-de-Fenouillet, l’Agly et le Boulgaune ont également subi une forte crue. A Thuir, tous les cours d’eau ont débordé et ont inondé les propriétés. A Millas, le pont sur la Têt a été endommagé parles eaux. A Rasiguères, canton de I.atour-de-France, arrondissement de Perpignan, une partie de la maison d’école et de la mairie s’est effondrée, sans occasionner heureusement d’accidents de personne.
- Le 22 novembre, après une accalmie, la pluie a recommencé à tomber depuis 5 heures du matin. A Céret, la toiture d’une maison s’est effondrée. Le jeune Valentin Lobères, âgé de 16 ans, envoyé par sa mère pour prendre du bois, fut entraîné par la rivière le Tech et noyé. A Nohèdes, arrondissement de Prades, une grange s’est effondrée. A Ria, près de Pradcs, les murs du cimetière se sont écroulés et plusieurs cercueils ont été mis à découvert.
- A la même date, une violente tempête a eu lieu sur la mer du Nord. Devant Dunkerque, un trois-mâts suédois, la Mary-Augusta. qui faisait route de Sundswall pour l’Australie, s’est brisé sur ies bancs. Mais grâce à son chargement de bois, il n’a pas coulé, et le canot de sauvetage, sorti pour lui porter secours, a pu ramener à terre tout l’équipage. Plusieurs marins ont été blessés.
- Le vent d’est sur la Manche a été si violent que les paquebots d’Angleterre n’ont pu entrer à Calais et ont dû débarquer à Boulogne passagers et correspondances. 11 fut également impossible au steamer Britanny, qui fait depuis de très longues années le service entre Newhaven et Dieppe, de sortir du port de Dieppe. 11 a coulé deux bateaux en essayant vainement, à maintes reprises, de prendre la mer.
- En Espagne, le 20 novembre, à la suite d’inondation le chemin de fer de Valence à l'arragone a été coupé en plusieurs endroits.
- En Corse, à la même date, une violente tempête s’est abattue sur le territoire dç Bonifacio. Une trombe a occasionné une inondation qui a causé d’énormes dégâts sur les jardins, les campagnes, le bétail et les habitations. Les routes vicinales e( nationales ont été fortement endommagées : les communications ont été interrompues sur divers points. On n’a eu heureusement aucun accident de personne à déplorer.
- PHASE DE LA LUNE : Néant.
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- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —® — Le Journal officiel du 1er décembre a publié un décret prohibant l’entrée en France des arbres, arbustes, etc., provenant des Etats-Unis d’Amérique. Cette mesure a été prise pour prévenir l’introduction du pou de San-José (Arpidiotus perniciosus) dont on connaît les ravages en Amérique, et dont nous avons dernièrement donné la description.
- —®— Nous apprenons avec plaisir que notre collaborateur M. le Dr Capilan vient d’être élu président de la Société d’anthropologie pour l’année 1809.
- —Dimanche 4 novembre, à 10 heures, a été inauguré le monument de Charcot à la Salpêtrière. Adossée à gauche de la porte d’entrée, la statue en bronze, œuvre de Falguière, représente le maître dans son attitude connue, familière. Debout et vêtu de sa robe de professeur, il enseigne et, tandis que de la main gauche il désigne le crâne d'un opéré où apparaissent des lésions nerveuses, il fait de l'autre, les doigts légèrement repliés, un geste de démonstration. Le groupe entier est très beau. L’érection de ce monument a coûté près de 42 000 francs, dont 36 000 francs payés au sculpteur. Plus de la moitié de cette somme — détail bien caractéristique — a été fournie par des souscriptions faites à l’étranger; le reste est le produit de souscriptions particulières recueillies en France.
- —On prétend à Stockholm qu’un mécanicien a trouvé dans l’Oural une bouteille contenant un feuillet écrit par Andrée ; l’explorateur annonçait que son ballon traversait les monts Ourals.
- —®— Le 4 novembre a eu lieu à Brigue (Valais) la cérémonie de la bénédiction solennelle des travaux du tunnel du Simplon. La bénédiction a été donnée par Mgr Abbet, évêque de Sion, en présence des représentants de la Compagnie du Jura-Simplon, du gouvernement du Valais et d’une foule considérable.
- —®— La section parisienne du Club alpin français a organisé cette année, entre les élèves des collèges de Paris, des excursions et voyages scolaires. L’idée de ces promenades sportives du jeudi appartient à l’Ecole alsacienne qui, la première, l'a appliquée il y a quelques années ; elle est adoptée aujourd’hui par presque tous les établissements d’enseignement secondaire de Paris. Cette année, concurremment aux promenades à pied, on a organisé des promenades à bicyclette, placées également sous le patronage du Club alpin. La première de qes promenades a eu lieu le 17 novembre, sous la direction de MM. Braœuuig, sous-direeleur de l’Ecole alsacienne, et de Jarnac, vice-président de la commission. On a parcouru la belle vallée de Jouy : 36 kilomètres en2h,30, avec trois haltes. La seconde excursion à bicyclette a eu lieu le jeudi 1er décembre. Quant aux excursions à pied, la dernière a été faite récemment sous la direction de M. Grisier, professeur à l'Ecole alsacienne : 11 kilomètres à pied, de Villepreux à Saint-Nom-la-Bretèche, par la haute forêt de Màrly. Elle a eu le plus grand succès, et on peut dire que l’institution de ces excursions scolaires, à bicyclette et à pied, est entrée dans les mœurs de nos collégiens.
- —®— On écrit de Bombay. « Le gouvernement du Nizam vient de sanctionner la construction immédiate d'un « Institut Pasteur » dans sa capitale de Ilaïderabad. On compte qu’il sera complètement installé et ouvert aux malades dans un délai de six mois. Il y avait longtemps que la nécessité d’un établissement de ce genre se faisait sentir dans l’Inde, où la rage est fort répandue chez les chiens « pariahs » qui errent en si grand nombre dans les rues, et d’où chaque année nombre d’Anglo-Indiens doivent aller chercher jusqu’à Paris une guérison souvent fort compromise par l’inévitable délai du voyage. Comme le gouvernement anglais s’était refusé à rien faire en ce sens, un comité s’était fondé, il y a tantôt sept ans,
- sous le titre pompeux de « Comité central de l’Institut Pasteur de l’Inde » ; mais force lui était d’avouer, en août dernier, qu’il JjHk loin d’avoir réuni les fonds nécessaires. Aussi la presse indienne est-elle unanime à louer la généreuse initiative du Nizaq», et à faire ressortir la coupable indifférence de l’administration^ anglaise et la regrettable incapacité du Comité. On annonce, d’autre part, la prochaine ouverture, à Colombo, d’un autre « Institut Pasteur » pour l’île de Ceylan. »
- —®— M. Brébant, architecte de l’Institut Pasteur, vient d’être chargé de la construction d’un vaste édifice destiné à recevoir les laboratoires et les divers services d’un grand Institut modèle de biologie qui s’élèvera rue Dutot, en face de l’Institut Pasteur. Le terrain sur lequel sera construit le nouvel Institut a été donné, il y a quelques années, par une dame demeurée anonyme; au conseil d’administration de l’Institut Pasteur, qui, en acceptant ce legs, s’est engagé à faire bâtir, selon les clauses de la donation, un hôpital annexe sur une partie du terrain concédé. Les travaux de sondage et terrassement sont commencés, et l’on peut prévoir déjà le moment, où les nivellements étant terminés, pourront être jetées lés premières fondations. Quelle que soit l’importance des bâtiments dont les plans ont été dressés par M. Brébant, on espère pouvoir inaugurer avant 1900 le nouvel Institut de là rue Dutot. C’est avec le don magnifique de 2 millions fait l'an dernier par une.autre donatrice, que sera construit puis entretenu l’Institut biologique, les deux tiers ou au maximum les trois quarts du don devant être employés à la construction et aux aménagements, le reste réservé à l’entretien et au fonctionnement des services. On conçoit qu’avec une pareille somme il soit possible de créer un . établissement modèle. Les projets et les plans ont d’ailleurs été conçus et arrêtés en collaboration par l’architecte et les professeurs de l’Institut Pasteur, de telle façon que le nouvel Institut de la rue Dutot soit, par ses perfectionnements, unique au monde. L’ensemble des bâtiments, Institut biologique avec ses amphithéâtres, ses laboratoires et ses services et hôpital annexe, où seront mis en surveillance et traités les malades atteints des affections qu’étudie spécialement le Dr Roux, couvrira une grande superficie avec 90 mètres de profondeur. Le nouvel Institut sera, comme l’Institut Pasteur, sous la direction de M. Duclaux, qui a désigné pour mettre à la tête du laboratoire de chimie biologique M. Gabriel Bertrand.
- —Par décret, l’administration des manufactures de l’Etat est autorisée à livrer au commerce des allumettes en bois carré paraffinées, trempées en presses, au prix de 10 centimes la boîte de 60 allumettes et de lfr,10 la boite de 1000 allumettes.
- —11 vient d’arriver à Paris un lutteur qui doit se mesurer aux Folies-Bergère avec le lutteur russe Isadore et le champion du monde, l’Américain Jewkins. Ce lutteur se nomme Halil-Adali, favori, dit-on, du sultan Abdul-Amid. Halil-Adali a, paraît-il, exactement 6 pieds 5 pouces, soit 2m,15. Sa largeur de poitrine, lorsque ses bras sont étendus, est de lm,63, et l’envergure de ceux-ci est de 2ra,40. Sa ceinture mesure lm,06; ses biceps ont 0”1,55 de tour ainsi que ses mollets; ses avant-bras mesurent 0m,43 de tour et scs poignets 0m,3I. Quant au cou, il a 0m,6l, soit 0m,30 de moins que les cuisses qui mesurent 0m,91. Halil-Adali, qui est âgé de 34 ans, est doué d’un appétit formidable. En un seul repas, à Gilsey-House, on l’a vu engloutir ; six rations de dinde, six côtelettes, six œufs durs, trois énormes rations de. légumes, trois truites colossales, deux grands plats de crème à la glace, le tout en dévorant deux livres de pain. Il est vrai que, pour activer sa digestion, il a bu, durant ce repas : huit bouteilles de bière, six chopes d’eau et un demi-litre, de café.
- —M. Krantz, ministre des travaux publics, vient de décider qu’à l’avenir le chauffage à l’aide des bouillottes sera remplacé, dans les trains du réseau de l’Etat, par l’emploi de la vapeur d’échappement de la machine.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Communications.— M. Richard Schweisthal,k Bruxelles, nous écrit la lettre suivante : « Dans le Patriote illustré je lis les intéressantes réflexions que vous faites au sujet de la migration des hirondelles et leur manque de flair du temps à venir. Voici un fait que j’ai pu observer et qui confirme une fois de plus leur complète ignorance de la météorologie. A Bettborn, localité du Grand Duché du Luxembourg, les hirondelles, après s’être rassemblées depuis plusieurs semaines, étaient parties vers le 10 septembre dernier. Pendant plus de 15 jours on n’en voyait plus une seule. J’étais donc bien étonné, la température ayant été en hausse vers la fin du mois, de voir tout à coup réapparaître les petites hirondelles qui avaient rebroussé chemin. Et il n’y en avait pas une ou deux, mais j’en ai compté 21, alignées sur le fil téléphonique. Elles paraissaient être aussi nombreuses qu’au départ. Elles étaient donc toutes revenues, sauf le déchet survenu en route. Mais le lendemain il faisait de nouveau plus froid et on voyait ces vjSBauvres petites bêtes, engourdies, se grouper sur les fils télé-*I^Pphoniques. Le surlendemain elles nous avaient quittés de nou-y veau pour un climat meilleur. Ces faux météorologues s’étaient donc trompés, non pas une fois, mais deux fois, d’abord en partant trop tôt et puis en revenant, précisément au moment où le temps allait de nouveau se refroidir. Ce fait curieux n’a pas été observé par moi seul, mais encore par M. Schlesser, juge à Diekirch et par plusieurs autres personnes. Voici un autre fait que je n’ai pu contrôler moi-même, mais qui m'a été rapporté par plusieurs personnes dignes de foi. Auprès des raffineries de sucre on peut voir plusieurs hirondelles pendant tout l’hiver. Elles ne nous quittent donc pas comme leurs compagnes, et pourquoi? Sans doute parce que les coins des murs et cheminées, toujours chauffés, sont le refuge de nombreuses mouches attirées par le sucre. Cela tendrait donc à faire croire que, si les hirondelles et les autres oiseaux migrateurs nous quittent en automne, ce n’est pas à cause du froid, mais bien à cause du manque de nourriture. »
- Renseignements. — M. H. M., à Cherbourg. — 1° Le moteur à pétrole Loyal qui a été décrit dans le n° 1261 du 31 juillet 1897, p. 131, a été construit par M. Loyal, 204, rue Saint-Maur, à Paris. — 2° La pile de Lalande a été décrite dans le n° 1296 du 2 avril 1898, p. 285; le fabricant est M. Louis Digeon, 25, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, à Paris.
- M. E. R. G., a Bruxelles. — 1° Nous ne connaissons pas d’ouvrages spéciaux. — 2° Avertisseurs d’incendie : M. Borrel, 47. rue des Petits-Champs, MM. G. Drouot et Cie, 83, boulevard Magenta, à Paris.
- M. Girard, à Paris. — Il ne nous est pas possible de publier tous les documents électriques concernant l’Exposition de 1900, ainsi que toutes les Notes et circulaires électriques; mais vous les trouverez toutes dans le Bulletin du Sgndicat des industries électriques, qui paraît tous les mois et se trouve en dépôt dans toutes les librairies Flammarion. Le numéro du mois ae novembre contient une Note relative à la création de groupes de 1000 chevaux à l’Exposition et une Note de la classe 26 de télégraphie et de téléphonie.
- M. Arceiin, à Saint-Soclin. — Il n’existe pas d’autre moyen, pour reproduire un document à 4 ou 5 exemplaires à la fois, que d’emplover le papier carbone qui se trouve chez tous les grands papetiers.
- M. Carlos Da Costa Campos, à Lisbonne. — Nous n’avons pas retrouvé la formule que vous nous demandiez.
- M. R. Roto, à X. — Il existe des appareils de chauffage électrique qui vous permettront de faire bouillir de l’eau; vous en trouverez chez M. Ileller, 18, cité Trévise, et chez M. Le Roy, 60 rue Cortambert, à Paris.
- M. le C'e C. de Clugny, à Paris. — Nous n’avons malheureusement pas d’autres renseignements à vous donner.
- M. D. S., à Paris. — Nous ne pouvons vous indiquer le constructeur du four que vous nous citez; mais nous allons-effectuer quelques autres recherches et nous vous en ferons connaître le résultat, s’il y a lieu.
- M. L. J. L., à Ch. — 1° Nous ne connaissons ni la composition ni la fabrication de ces charbons. — 2° Le prix des petits livres des Recettes et procédés utiles est de 2fr,25 chaque volume broché, et 3 francs cartonné.
- M. J. de Neck, à Bruxelles. —*• Vous trouverez peut-être une recette qui vous conviendra dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, 2e série, à la librairie Masson ; mais il faut également développer.
- M. J. Fardel, à Lille. — Ces dernières découvertes ne reposent sur aucune hase et n’offrent rien de sérieux; voilà pourquoi nous n’en avons pas parlé. Consultez du reste le numéro du 25 novembre de l'Industrie électrique.
- M. Lelar, à Paris. — Vous toruverez tous ces renseignements dans le Formulaire pratique de VElectricien, à la librairie Masson et Cie.
- M. E. Brossard, à Valence. — Nous ne connaissons pas d’appareil de ce genre.
- M. Gentet, à Aurillac. — Vous aurez un ouvrage semblable ou analogue dans la collection des livres photographies de la librairie Gauthier-Villars, 55, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. F. Pédenon, à Moscou. — Notre article sur le Cay-dâ, matière colorante provenant de la Cochinchine, a paru dans le n° 1324 du 15 octobre 1898, p. 306. Il s’agit d’un nouveau produit très intéressant.
- M. R. Homo, à Damville. — Nous avons parlé des procédés d’éclairage au pétrole, à l’alcool ; mais nous n’avons jamais parlé des appareils de M. Denavrouze, qui se sont transformés à plusieurs reprises. Quant à sa dernière lampe, analogue aux lampes belges et allemandes, nous attendrons quelle soit définitivement mise au point avant de l’examiner.
- M. H. B., à 0. — 1° Vous trouverez plusieurs ouvrages photographiques à la librairie Gauthier-Villars. — 2° Nous parlerons de cette invention quand elle sera au point. On se sert déjà de lampes à alcool en Belgique depuis cinq ans. 3° Il faut vous adresser à l’Observatoire ; nous ne nous sommes pas occupés de cette question. — 4° Nous avons transmis votre réclamation à la librairie.
- M. A. Z., à Paris. — Le meilleur moyen, pour se débarrasser des puces humaines, est d’avoir recours à de bons lavages à l’eau. On peut aussi fermer la pièce et faire dégager du formol.
- M. J. C. Ferreira de Castro, à Parto. —L’adresse du constructeur de chaudières Belle ville est à Saint-Denis (Seine).
- M. Ch. Bénard, à Chatou. — 1° On n’a trouvé jusqu’ic» aucun réactif; il n’y a qu’à sentir. — 2° Nous pouvons vous indiquer les médecins suivants : Dr Landouzy, 4, rue Chau-veau-Lagarde: Dr Bouchard, 174, rue de Rivoli; Dr Albert Robin, 53, boulevard de Courcelles, à Paris.
- M. J. Sébert, à Saint-Brieue. — Nous avons donné plusieurs formules d’eau dentifrice dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et C‘\
- M. P. D., à Paris. — Nous avons donné la composition de plusieurs encres à base de glycérine dans le même petit livre que ci-dessus.
- M. C- R., à Seravezza. —Cette question est un peu spéciale; il serait nécessaire, croyons-nous, de consulter un naturaliste.
- M. A. L., à Bordeaux. — On a déjà utilisé pour le chauffage des wagons des bouillottes à l’acétate de soude et à la baryte ; nous décrirons prochainement le nouveau procédé employé au P.-L.-M.
- M. Vielle, à Léon. — Appareils acoustiques : MM. Franck-Valéry, 25, boulevard des Capucines ; M. Mors, 48, rue du Théâtre, à Paris.
- M. J. Clément, à Paris. — Nous n’avons pas d’autres renseignements que ceux qui ont déjà été publiés; il faudrait vous adresser directement à l’auteur de l’article.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Bauche, à Paris Remerciements pour votre envoi. — M. N. Melnikoff, à Odessa (Russie). Nous avons bien reçu votre petite Note; mais nous ne pouvons parler de cette question, un peu spéciale pour nos lecteurs. — M. Dubois, à Brest. Il faudrait une description complète et très exacte de la machine, afin que nous puissions la juger. — M. G. Lelong, à Paris; JW. X. Censo, à Nîmes; M. Lelarge, à Fontainebleau. Consultez le petit livre des Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Gie. — JW. L. M., à X. Regrets de ne pouvoir yous renseigner.
- Dans la « Botte aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses lecteurs, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS1
- lin arrache-clous. — Un arrache-clous pratique peut toujours être utile ; aussi croyons-nous devoir faire connaître à nos lecteurs le modèle qui nous a été soumis. Il est formé d’une tète de tenaille ordinaire, avec une partie mobile prolongée se déplaçant entre deux griffes; cette dernière partie peut servir de point d'appui (n° 1). Il suffit, en exerçant une
- Arrache-clous. — 1. L’appareil. — 2. Détail île la pince. 3. Mode d’emploi.
- légère pression sur l’instrument, de faire passer les griffes sous la tète du clou (n° 2) ; puis en tirant à soi l’instrument (n° 3), l’autre bec de l’appareil vient saisir également la tête du clou au côté opposé. Il en résulte que la tète du clou se trouve enchâssée par ces griffes en formant levier; le clou sort alors très facilement. Le clou n’est pas abîmé, la caisse non plus. — Cet arrache-clous se trouve chez M. Mathieu, 131, galerie de Valois, Palais-Royal, Paris.
- Canne-sonde. — Cet appareil a pour but de permettre aux négociants en grains et en meunerie de se rendre un compte exact de la qualité des marchandises qui leur sont offertes et livrées. Ils peuvent également voir si la qualité des
- Canne-sonde. — 1. Vue d’ensemble. — 2. Détail de l’appareil servant à recueillir. —- 3. Mode d’emploi. — 4. Sonde ordinaire.
- rains ou des farines est la même au fond du sac qu’au sommet, 'appareil est formé d’une canne (n° 1 ), portant à son extrémité inférieure un petit récipient retenu au centre par une tige (n° 2). Quand on enfonce la canne dans un sac (n° 5), le récipient descend, et lorsqu’on relève la canne, on remonte le récipient plein d’un échantillon de grains ou de farine recueilli au fond du sac. On peut ainsi apprécier la qualité des grains. La canne est de plus percée (n° 4) pour servir de fourreau à une sonde perforatrice fixée elle-même sur la sonde automatique. — Pour ce qui concerne la canne-sonde, s’adresser à M. P. Bertrand, 19, rue d’Hauteville, à Paris.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Traitement du diabète sucré par le nitrate d’urane.
- Le Dr F. Ducan a eu l’occasion' d’employer 4 fois l’azotafo d’urane dans le diabète. Ce sel arrête in vitro la digestion de l’amidon et forme avec l’albumine des composés insolubles. Dans l’organisme son action serait tout autre.
- L’appétit est augmenté; les combustions et les échanges sont activés, la proportion du sucre de l’urine est abaissée, les malades augmentent de poids. C’est surtout dans le diabète d’origine nerveuse que ce médicament serait particulièrement efficace. II ne faut pas oublier que l’azotate d’urane est toxique. Néanmoins les malades du Dr Ducan en ont [iris sans inconvénient de 0fr,50 à 1er,20 par jour pendant plusieurs semaines.
- Traitement de la toux par les pulvérisations nasopharyn-giennes de paraffine liquide.
- M. le docteur A. Wyss, privat-docent d’otologie et de rhino-laryngologie à la Faculté de médecine de Genève, a trouvé que les pulvérisations de paraffine liquide, faites abondamment par les narines et par la bouche deux ou trois fois par jour et, au besoin, répétées même toutes les heures, calment très rapidement les quintes de la coqueluche et la toux due aux affections inflammatoires aiguës des voies respiratoires supérieures. 11 importe de se servir de paraffine liquide blanche de première qualité ; mais, comme ce produit est de consistance huileuse et un peu épaisse, il faut, pour obtenir un jet bien pulvérisé, employer un pulvérisateur actionné par une grosse poire Jfllh caoutchouc. La paraffine pure étant une substance absolument inoffensive, on peut y recourir sans crainte aussi souvent qu’il est nécessaire. '
- Solution pour hâter l’accroissement des cheveux (Dietrich.)
- Chlorhydrate de quinine................... 4 gr.
- Tannin................................... 10 gr.
- Alcool à 00°............................ 880 gr.
- Teinture de cantharides.................. 10 gr.
- Glycérine pure........................... 00 gr.
- Eau de Cologne........................... 40 gr.
- Vanilline................................. 0 gr. 10
- Bois pulvérisé de santal.................. 0 gr. 05
- M. S. A. — Usage externe.
- Laisser reposer 4 ou 5 jours et filtrer. En frictions tous les 2 jours sur le cuir chevelu (Gaz. des hop., 15 janvier).
- BIBLIOGRAPHIE
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- Dans la Bibliotliècpie d’hygiène thérapeutique dirigée par M. le Professeur Proust, 5 nouveaux volumes à signaler ; •
- Hygiène des tuberculeux, par A. Chuquét, médecin consultant à Cannes, précédé d’une introduction par G. Dauemberg, correspondant de l’Académie de médecine.
- Hygiène des Albuminuriques, par le Dr Maurice Springer, ancien interne des hôpitaux de Paris.
- Hygiène et thérapeutique des maladies de la bouche, par le Dr Cruet, ancien interne des hôpitaux de Paris, précédé d’une préface par le professeur Lanneloxgue, membre de l’Institut.
- Chaque volume cartonné toile, 4 francs, à la librairie Masson et Cu.
- L’horloge, son histoire rétrospective, pittoresque et artistique (107 illustrations), par Mathieu Planchon, in-8°. Paris, Henri Laurens, éditeur, 9, rue de Tournon.
- Les Pigeons, races, élevage et maladies, par Pierre Méguin.
- 1 volume in-8° avec 87 gravures. Prix : 5 francs aux bureaux de l'Éleveur à Vincennes. 5tr 60 franco.
- A la conquête du ciel ! Contributions astronomiques de -F. C. de Nascius en quinze livres. Livre deuxième. Découverte de la loi des distances des planètes au soleil.
- I brochure in-8°. Nantes 1898. Imprimerie-librairie R. Guist’hau.
- La vie mystérieuse des mers, par E. Deschamps. 1 vol. in-10 de la Petite Encyclopédie populaire illustrée. Schleicher frères, éditeurs. Paris. 1898. Prix : 1 franc.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Cours pratique et théorique de réglage de précision renfermant une collection de courbes terminales des spiraux, par E. James, professeur de théorie et doyen des écoles d’horlogerie et de mécanique de Genève. 1 brochure in-16. Paris. Librairie Fischbacher. 1898.
- Les jardins d'essai coloniaux, par J. Dïbonvski. 1 brochure in-16. Paris. Librairie Ilachette et Cie.
- L'activité de l'homme, par W. Tenicheff. 1 vol. in-8°. Traduit du russe par l’auteur, Paris. Edouard Gornély, éditeur. 1898.
- Petite encyclopédie pratique du bâtiment, publiée sous la direction de M. L. A. Barré. Peinture, vitrerie, pavages, carrelage -, serrurerie êl menuiserie en fer, 2 vol. in-16. Prix de chacun : ltr,50. Baris, E. Bernard et Cie, éditeurs.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49™,30). — Bureaujcentral météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 28 novembre. 6»,8 S. 3. Couvert. 8,1 Couvert ; pluie à diverses reprises ; gelée blanche ; halo.
- Mardi 29 6*,0 S. 2. Couvert. 3,1 Couvert ; pluie plus de la moitié du temps ; gel. blanche.
- Mercredi 50 4*>0 N. W. 2. Quelques éclaircies. 7,0 Beau de 11 à 18 h. ; très nuageux avant et après ; un peu de pl. avant 4 h. ; très bruineux ; gelée blanche.
- Jeudi 1" décembre . 2*,3 S. 3. Couvert 0,3 Couvert ; pluie line le tiers du temps, très brumeux.
- Vendredi 2 7-,5 S. S. W. 3. Couvert. 1,1 Couvert; pluie de 18 h. 50 à 19 h. 40.
- Samedi 3 10*,1 S. S. W. 3. Couvert. 1.5 Couvert; pluie de 6 h. 1/2 à 12 h.
- Dimanche 4 8*,9 S. S. W. 3. Couvert. 0,7 Éclaircies jusqu’à 5 h. ; puis couvert; beau après 21 h. ; halo.
- NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1898. - SEMAINE DU LUNDI 28 NOVEMBRE AU DIMANCHE 4 DÉCEMBRE.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent . courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tempêtes sur la Manche. — Dans les derniers jours du mois de novembre, une série de tempêtes se sont déchaînées sur la Manche. Le 25 novembre, le paquebot de Calais, parti le matin, à 2 heures, n’a pu débarquer qu à 11 heures 1/2 à Douvres, ayant mis par conséquent neuf heures et demie à effectuer un passage qui demande ordinairement une heure et demie. Passagers et équipage étaient exténués de faim et de fatigue. Près de Soulhboarne, le trois-mâts français Bonne-Mère, poussé à la côte par le veut, a dû jeter l’ancre dans li baie de Christcaurch, à un mille du rivage. Comme il chassait sur l'ancre, un bateau de sauvetage s’est porté à sou secours L’équipage a refusé de quitter I navire qui put, quelques heures plus tard, être remis en mer par un remorqueur. La Bonne-Mère passait à Bournemouth à midi. Un radeau amenait à la côte près de Cbristcburcb, quatre marins du vapeur allemau 1 Ernst qui s’est perdu aux Shingles, sur la côte de 1 île de Wight. A Saint-Léonard, on pouvait voir, de la ville, le vapeur Fits-James eu train de faire naufrage dans la baie de Pevensey. 11 s’est perdu sur Beachy-llead. Trois hommes ont été sauvés. Les neuf autres ont été perdus.
- Orages en France. — De violentes tempêtes ont eu lieu à Marseille, a Canne, à Nîmes, à San Remo. A Marseille, le 27 novembre, une tempête qui a sévi du sud-ouest a causé des dégâts considérables Tous les établissements des Bains Catalans ont été emportés. Les vagues ont couvert le chemin de la Corniche qui s’est éboulée sur plusieurs points. La circulation a été interrompue. Dans le port, de nombreux navires ont chassé sur les ancres et out éprouvé des avaries sérieuses. Le quai des Forges a été ravagé. De nombreuses crevasses se sont produites. La grande jetée du port de la JoAiette a beaucoup souffert. La violence de la mer était telle que les vagues soulevaient d’énormes blocs dont quelques-uns ont glissé au large, causant sur plusieurs points un affaissement de la jetée. Les bâches recouvrant les marchandises ont été arrachées. A Cannes,
- une partie du boulevard du Midi a été emportée par les vagues. L’établissement des bains Brun a été très sérieusement endommagé.
- Les fortes crues de l’Ardèche et de l’Isère ont amené, les 27 et 28 novembre, un grossissement du Rhône à Aramon, Comps, Vallabrègues et Beaucaire : la cote est montée à 4",30. A Pont-Saint-Esprit, les riverains ont été inondés.
- Dans la région, les crues occasionnées par les pluies persistantes ont occasionné de graves désastres.
- A Avignon, le Rhône, grossi par ses affluants, a inondé les allées de 1 Ouïe et les chemins de halage. Les piles en construction pour le pont de traversée qui doit relier les voies ferrées des deux rives ont été en partie enlevées.
- A Sorgues, par suite de la crue de l’Ouvèze, tous les quartiers bas ont été inondés. I ne maison s’est écroulée.
- A Bédarrides, il y a eu de sérieux dégâts.
- A Tarascon, pendant la ,nuit du 27 au 28 novembre, le Rhône est monté à 5“,30.
- A Bordeaux, on a signalé également, les 28 et 29 novembre, de graves avaries et de nombreux accidents; à Boyau, la mer a submergé les quais.
- Le 29 novembre, à Paris, la pluie est tombée toute la journée en très grande abondance. Quelques minutes avant midi le ciel s’est couvert de nuages épais et sombres; l’obscurité a été complète pendant quelques instants.
- Tempête de neige aux Etats-Unis. — Une tempête de neige d’une violence extraordinaire a sévi, les 2ô, 27 et 28 novembre, sur tout le littoral de l’Atlantique, il y a eu une douzaine d’accidents mortels à Boston. De nombreuses embarcations se sont perdues près de la côte. Cet ouragan de neige qui a sévi sur les côtes américaines est le plus désastreux qui se soit jemais produit pendant le mois de novembre.
- Treute-cinq bateaux ont été perdus dans le port de Boston et vingt autres ont été jetés à la côte. Le nombre des morts à New-York a été de trente dont sept par suite du froid. Seize personnes sont mortes à Boston.
- PHASE DE LA LUNE : P. L, le 28 à 4 h. 49 min. du matin.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- La séance publique de l’Académie des sciences est fixée au lundi 19 décembre.
- —®— Un Congrès des chemins de fer pour la rectification des horaires des trains vient de se réunir à Nice sous la présidence de M. N'obiemaire, directeur des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditer-ranée.
- —®— Nous avons le regret d’apprendre la mort de M. le Dr La-boulbène, membre de l'Académie de médecine et professeur à la Faculté.
- —On avait constaté l’an dernier une légère augmentation du nombre des naissances pour 1896 sur 1895, ce qui, ajouté à une diminution du nombre des décès estimée à 2,2 pour 1000, permettait d’espérer un arrêt dans le mouvement de décroissance qui, depuis nombre d’années, abaisse progressivement le chiffre de la population française. La statistique publiée récemment par le Journal officiel et portant sur le mouvement de la population en 1897, montre que la proportion des décès continue à diminuer ; mais la décroissance du nombre des naissances continue. U y a bien un excédent, et cet excédent est plus élevé que celui de 1896; mais il est la conséquence non d'un plus grand nombre de naissances, mais bien d’un moins grand nombre de décès. La différence en plus est de 108088 unités pour 1897, tandis quelle n’était que de 93 700 en 1896. Voici comment les chiffres se répartissent. En 1896, le chiffre des décès avait été de 771 886; en 1897, il n’a été que de 751 019, soit une amélioration de 20867 sur l’année précédente. Mais, par contre, en 1897, on ifa enregistré que 859107 naissances, tandis qu’on en avait enregistré 865 586 en 1896, soit une diminution de 6479 pour l’année 1897. Nous économisons, mais nous n’acquérons plus. L’économie est d’ailleurs appréciable et progresse régulièrement depuis trois ans. En 1895, la proportion des décès était de 22,4 pour 1000; en 1896, elle était de 20,2; en 1897 elle n’est plus que ae 19,6. Malgré ces chiffres la natalité reste insuffisante. Tout cela n’est tout de même pas très rassurant pour l’avenir.
- —®— Tremblement de terre en Grèce. Le 3 décembre des secousses de tremblement de terre ont été ressenties dans l’Attique. Cette région présente en ce moment un aspect qu’on ne lui a pas vu depuis fort longtemps à cette époque : il n’a plu qu’une seule fois depuis le mois d’avril, et la température a été si élevée que la plupart des arbres sont en fleurs. — Le 6 décembre, les habitations d’Athènes, de Tlièbes et de Corinthe ont éprouvé de fortes secousses séismiques. Le sol de l’île de Zante a été violemment ébranlé.
- —On assure que l’on a découvert la cause de l’explosion du restaurant Champaux. On l’attribue à un excès de pression dans le gazomètre qui alimentait des becs intensifs. Le régulateur avait été déréglé le samedi par un ouvrier pour augmenter la pression. Le dimanche, au moment de l’allumage, vers 4 heures, la pression a été trop grande, et en vingt-cinq minutes environ, il s’est échappé dans la cave près de 2 à 3 mètres cubes de gaz. Nous ne serons vraiment fixés qu’après le rapport des experts.
- —Vers 1820 ou 1825, un ouvrier lyonnais, voyageant en Allemagne, recueillit la composition du maillechort, qui était destiné principalement à la fabrication des couverts. Le premier, il l'importa «n France à l’aide des capitaux d’un de ses compatriotes nommé Maillot, lui-même s’appelait Chorier. Le métal fabriqué par Maillot et Chorier fut appelé maillechort par la réunion des deux premières syllabes de chacun de leurs noms. Ce nom est surtout usité en France, les Anglais disent germansilver. Les Allemands, qui appelaient ce métal argentan, alpaca, etc., n’ont pas adopté le mot maillechort, trop français, et lui ont substitué celui de melchior. Comme conclusion annexe, maillechort doit se prononcer mayechor et non maillekor.
- —La quantité de gadoues à Paris croît avec une grande rapidité. En 1876, il yen avait 757 250 m3; en 1886, on atteignait 1 031 200 m3. D’autre part, il advient pour Paris ce qui est arrivé pour Londres : l’extension de l’industrie transforme la qualité des ordures ménagères; elles contiennent chaque jour davantage de déchets inutilisables pour la culture, l.a gêne qui en résulte pour le cultivateur en fait diminuer la valeur marchande. Dans ces conditions, les exigences des entrepreneurs qui traitent avec la Ville pour l’enlèvement des gadoues augmentent d’année en année. En 1876, la Ville payait pour l’enlèvement de 757 250 mètres cubes une somme de 710900 francs, soit 94 centimes par mètre cube; en 1886, pour 1 031 200 mètres cubes, la dépense s’élevait à la somme énorme de 2198 100 francs, soit 2,r,13 par mètre cube. Le conseil d’hygiène publique et de salubrité du département de la Seine, qui a été saisi de la question, pense que la destruction complète des gadoues par le feu est le procédé à préférer. Autrefois, on se plaignait que l’incinération engendrât des odeurs nauséabondes; les nouveaux foyers au jourd’hui ne laissent plus rien dégager. Le conseil d’hygiène et de salubrité publique a donc, dans sa dernière séance, autorisé un industriel de Montrouge à établir et à exploiter, dans cette localité, une usine pour l’incinération des gadoues, aux conditions suivantes : En ce qui concerne le transport des gadoues : 1° Il aura lieu au moyen de véhicules clos ; ces véhicules seront lavés à l’usine après le déchargement ; 2° défense de laisser concentrer sur le même parcours, vers la même localité, un nombre trop considérable de véhicules. En ce qui touche l’incinération, les ordures devront être traitées dans les quarante-huit heures ; la température des fours ne devra pas descendre au-dessous de 450°; les fumées sortant des fours devront être complètement brûlées par leur passage à travers un foyer approprié; la cheminée de l’usine s'élèvera à une hauteur d’au moins 69 mètres, et enfin l’usine et ses dépendances seront entourées de murs de 3 mètres de hauteur.
- —On a, il y a quelque temps, effectué un curieux transport de cheminées d’usine à Manhauset, dans le comté de Suffolk. La cheminée avait 26 mètres de haut, 2m,15 de côté à sa base; ses parois avaient 0m,20 d’épaisseur. Elle pesait le joli poids de 100 tonnes. Le transport a été fait en neuf jours, sur 500 mètres. La cheminée était assise et contre-ventée sur une plate-forme en bois, établie sur deux longrines lisses et suiffées à leur partie inférieure, laquelle glissait sur des semelles, également polies et suiffées : et c’est par un glissement insensible, effectué au moyen d’un cabestan, multipliant par 180 l’effort fait par le cheval qui l’actionnait, que le transport s’est fait sans le moindre accident.
- —Deux centenaires viennent de mourir presque en même temps. L’une, Mme Fouquet. habitant a Deville, dans la Seine-Inférieure, entrait dans sa 102e année; l’autre, Mme Chevanaz, marchande de journaux à Marseille, avait 107 ans.
- —Le Salon du Cycle et de l’Automobile restera ouvert du 15 au 26 décembre, au Palais des Machines. Il n’y a pas moins de 70 exposants d automobiles. Quel progrès depuis 1895 où quelques rares constructeurs occupaient un espace restreint du salon dans le défunt Palais de l’Industrie. Nous ferons connaître dans notre prochain numéro les principales curiosités de l’Exposition de 1898.
- —On annonce de Roche fort que le croiseur de 9000 chevaux, Protêt, dont nous avons donné la description dans le n° 1315 du 13 août 1898, p. 175, vient de faire un excellent essai à outrance. Durant quatre heures. Ie3 machines de ce bâtiment ont développé une puissance de 9304 chevaux, imprimant au bâtiment une vitesse de 20°,22. Le Protêt, dont les chaudières sont du type Bclleville, doit effectuer prochainement un nouvel essai à 8000 chevaux.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES1
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Les Spar-klets se trouvent à The Continental Sparklets C°, 37, boulevard Haussmann, Paris. — L’appareil photographique le Franceville se trouve chez M. Adeline, 56, rue du Four, à Paris.
- Communications. — M. David Rowland, à Pau, nous écrit : « Un de vos correspondants avait signalé il y a quelques mois l’apparition au -Congo d’un arc-en-ciel lunaire. Le même phénomène s’est produit le 24 octobre dernier à Luchon (H. G.) dans des conditions météorologiques très semblables à celles décrites par M. Chullin. La journée avait été orageuse, le vent d’Espagne soufflait depuis le matin avec une intensité croissante. vers 7 heures la tempête se calma momentanément, le ciel s’éclaircit, et ce fut alors, au moment où la lune dépassait la cime de la montagne qui borne la vallée à l’est, que nous aperçûmes, se profilant nettement sur la montagne opposée une bande en arc de cercle très restreint par suite de la position élevée de la lune et présentant un aspect vaguement blanchâtre mais sur la surface de laquelle un examen plus attentif permettait de distinguer les couleurs de l’iris bien terni. Le phénomène persista une demi-heure environ sans subir d’altération sensible. »
- Renseignements. — M. P. Augustin de Mehereux, à Troyes. — Les liquides sont extrêmement peu compressibles. Ils ne le sont pas en pratique.
- M. F. Sebastiati Barachina, à Grenade. — 1° Nous n’avons pas cette adresse. — 2° Vous pourriez peut-èlre vous adresser à l’ancienne librairie Michelet, 25, quai des Grands-Augustins, ou à la librairie Desforges, 47, quai des Grands-Augustins à Paris. — 3° Il nous est impossible de publier des articles théoriques sur ces questions.
- M. L. Gueneau, à Brisson-sur-Beuvron. — L’ouvrage de M. II. Correvon Nos orchidées, dont nous avons parlé dernièrement est en souscription au Jardin alpin d’Acclimatation, 2, rue Dancet-Plainpalais, à Genève, au prix de 18 francs. A la même librairie il y a un autre ouvrage, Les orchidées rustiques, au prix de 4 francs.
- M. Pierre Bize, à Paris. — Vous pourrez vous procurer des roulettes sphériques à mouvement universel chez MM. Delorme et Maurey, 49, rue Montorgueil, comme l’indiquent les annonces.
- M. G. Druillet, au Tourné par Cazaubon. — Pour ce qui concerne des récipients en celluloïd, il faut vous adresser à la Compagnie française du celluloïd, 11, rue Bailly, à Paris. On ne fabrique pas de récipients aussi grands en tôle émaillée.
- M. Philippe Creppi, à Milan. — 1° Pour ces détails, d faut vous adresser directement à l’auteur de l’article. — 2° M. Vivier, à Saint-Etienne, construit cet appareil. — 5° La motocyclette Werner a donné de bons résultats.
- M. Pointe, à Nully. — 1° Notre réponse donnée précédemment se rapporte au"même objet. — 2° Il faut en etfet mussif et non massif. — 3° Les accumulateurs en général sont à charge lente de 8 à 10 heures; on construit aujourd'hui des accumulateurs à charge rapide, 15 à 30 minutes (accumulateurs Blot, de la Société des métaux, Tudor). — 4° C’est exact, la capacité est proportionnelle au débit de la dynamo et au temps de charge. — 5° Vous trouverez des généralités sur les accumulateurs dans l’ouvrage de M. Loppé Les accumulateurs, à la librairie Gauthier-Villars et dans le Manuel de l'ouvrier monteur électricien, à la librairie Bernard-Tignol, à Paris.
- M. M. P. B., à Vienne. — Nous ne connaissons pas le procédé dont vous parlez.
- M.L.Jubert, à Paris. — L’adresse du fabricant de l’arbalète de pêche a été donnée en tète de la Boîte aux lettres du n° 1316 du 20 août 1898 qui contient la description de l’appareil; le constructeur est M. Donnet, 85 bis, rue Fazillau, à Levallois-Perret (Seine).
- M. A. S., à Champagnole (Jura). — Nous ne pouvons vous faire connaître la composition exacte de ce mastic.
- M. le Dr Bribosia, à Namur, — 1° Les machines à écrire décrites dans La Nature depuis 1893 sont la machine Willans (1893, II, p. 379), la machine Barlock (1894, II, p. 117), et la machine Dactyle (1896,1, p. 97). — 2° L’eau physiologique est bien l’eau salée à 5 pour 100.
- M. Félix, à X. — Vous trouverez des appareils de ce genre au Comptoir général de photographie, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- M. P. Beuf, à Arles. — 1° Les bobines doivent être enroulées soigneusement et avec méthode. — 2° Vous trouverez des ouvrages sur les bobines, sur les piles, sur les téléphones aux librairies Gauthier-Villars, Tignol, Bernard, quai des Grands-Augustins, ou chez MM. Carré et Naud, 3, rue Racine, à Paris.
- M. J. B. L., à B. — 1° Veuillez nous donner votre adresse pour vous faire envoyer le numéro de la Photographie française que vous demandez. — 2° Il faut appliquer un morceau de caoutchouc en ayant soin de le coller avec de la benzine.
- M. A. Roubaud-Tarascon, à Avignon. — Nous n’avons pas d’autres renseignements que ceux qui ont été publiés.
- M. P. K., à Aix. — L’ouvrage qui vous conviendra le mieux est Les débuts d'un amateur-photographe de M. J. Du-com, à la librairie Carré et Naud dont l’adresse est donnée plus haut.
- M. F. Schiff, à Paris. — 1° Nous avons indiqué le moyen de nettoyer le marbre dans les Recettes et procédés utiles, lr° et 2e série, à la librairie Masson; mais nous ne connaissons pas le moyen de rendre le poli. — 2° Nous ne pouvons vous indiquer aucune matière.
- M. G. L., à Bruxelles. — Nous vous conseillons de consulter la collection des ouvrages photographiques publiés par la librairie Gauthier-Villars.
- M. R. M. R., à Bruxelles. — Nous ne connaissons pas de fabrique de ce genre; il faudrait vous renseigner directement auprès de ce savant à l’Académie des sciences, à Paris.
- M. F. V. L., à Louvain. — 1° La puissance du moteur sera un peu faible. — 2° 11 n’y a pas besoin d’appareil spécial pour la mise en marche de cette dynamo.
- M. Josset, à Paris. — 1° Nous ne pouvons vous donner exactement les quantités à employer; mettez deux tiers de peroxyde de manganèse et un tiers de coke, le tout concassé en morceaux de la grosseur d’une noisette. — 2° Vous trouverez du peroxyde de manganèse chez les marchands de produits-chimiques : M. Billault, 22, rue de la Sorbonne; M. Poulenc, 120, boulevard Saint-Germain. D’autres adresses sont indiquées dans le dictionnaire de Bottin. Il faut un manganèse sans poussière, dit à aiguille.
- M. Prier, à Mantes. — Nous pouvons vous donner les renseignements suivants sur les agglomérés de charbon de bois. On fabrique un charbon moulé composé de matières carbonisées agglomérées en cylindres au moyen de goudron. Les matières employées sont la poussière de charbon de bois, de charbon de tourbe et le coke. Le moulage de la pâte charbonneuse est faite à l’aide d’une machine à cvlindres où elle est comprimée Les cylindres restent ensuite 56 ou 48 heures à l’air. On les met ensuite dans des fours à mouffles où ils sont chauffés pendant six heures. La combustion des produits-volatils suffit pour opérer la carbonisation.
- M. F. Teisserenc, à Ceilhes. — Nous ne croyons pas qu’il existe d’appareil permettant d’enregistrer le passage de la foudre sur un paratonnerre.
- M. A. D. F., à Tournai. — 1° Le bougeoir à pétrole Chandor ne se fabrique plus. — 2° Nous n’avons pas trouvé l’adresse que vous demandez, mais vous aurez dés sonneries à air chez M. Boivin, 16, rue de l’Abbaye; M. Mors, 48r rue du Théâtre, à Paris.
- L'abonné n° 3715-2701, à Versailles. — Dans les lampes à huile, la mèche a pour but d’aspirer l’huile par capillarité et d’alimenter ainsi la flamme.
- M. Brassaud, à Guise. — Le renseignement que vous demandez est donné plus haut.
- M. le Dr Martinet, à Paris. — Nous ne le pensons pas. Dans tous les cas, la compression serait inégale et intermittente. 11 est bien plus simple de se servir d’un soufflet.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Holhann, à Hong-Kong. Nous ne connaissons pas d’autres formules de colles que celles données dans nos petits livres. — M. G. R-, s X. — Consultez les Recettes et procédés utiles, 2® série, à la librairie Masson et Cie. — M. Dubois, à Cherbourg. Remerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- L’AVENIR DE L’AFRIQUE, par Henriot.
- I. — LES BIENFAITS DE LA CIVILISATION
- 2. Pour l’Égvpte, son sort est assuré. Les Pyramides auront leur funiculaire, fabriqué à Manchester, et les tramways-cars circuleront sur la route anglaise du Caire au Cap.
- 3. Ces Anglais sont capables de tout, même d’organiser là-bas le tout à l’égout, par le dressage des crocodiles à l’enlèvement des ordures ménagères.
- 1. Que sera l’Afrique d; ns cinquante ans’ Que deviendront ses habitants qui nont que le tort d'ètre nègres et de vouloir continuer?
- 4. Mais le reste du continent noir? Quid? Les automobiles / auront apporté par le Sahara pavé de bois pour la circonstance / tout ce qui fait l’orgueil de notre civilisation.
- S. Les nègres travailleront comme des blancs : ils défricheront la terre et le maniement des zagaies sera remplacé par le geste auguste des semeurs.
- 6. On bâtira des maisons à six étages, laissant entrer l’air et la lumière. L’enthousiasme ne commencera à diminuer que quand on fera payer aux habitants l’impôt des portes et fenêtres.
- Les bêtes féroces, en vertu de sages ordonnances de police internationale, ne pourront plus sortir que muselées.
- 8. L’alTreux tam-tam sera remplacé par la création d’orphéons et de fanfares jouant des airs de musique européenne. Cn choix discret permettra de ne pas confondre ceux-ci avec la musique sauvage. 9. L’instruction obligatoire amènera les nègres à l’école sachant lire et écrire, ils connaîtront
- toutes les joies de la littérature.
- 10. La vieille verrotterie sera remplacée par des rubans et des médailles, tout comme on- en porte sur le vieux continent. Ces distinctions, nouvelles pour les Africains, auront beaucoup plus de prix.
- 11. Il y aura, tout comme en France, des Académies et des Sociétés de savants. Toutes les branches de la science s’entrecroiseront, formant une nouvelle forêt vierge scieutilique. On coupera les jambes avec autant d’entrain qu a Paris.
- 12. Malheureusement, les Africains connaîtront le service obligatoire : par 40 degrés au soleil, les vingt-huit jours seront pénibles.
- 13. L’Afrique sera ainsi civilisée : quelques peuplades anthropo-phagiques réfractaires au progrès, subiront neanmoins l’influence colonisatrice : elles feront leur cuisine au gaz et fabriqueront des conserves.de chair humaine aussi fines que celles des alouettes de Pitliiviers.
- 14. Comment finira l'Afrique? [ine direz-vous,monsieur? Hélas! comme les autres nations. Les Africains feront de la politique et se mangeront le nez.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- L'enlèvement de la rouille. — Le-Süddeutsche Apotheker Zeitung affirme que la meilleure méthode consiste à frotter l’objet soit en fer, soit en acier, avec un chiffon de laine enduit d’une mixture faite d’une partie d’acide lactique et de deux d’huile d’aspic. La rouille s’enlève presque immédiate-* ment; il ne reste plus ensuite qu’à rendre, s’il y a lieu, le poli au métal, en le frottant avec du papier d’émeri très fin, puis avec du rouge d’Angleterre et enfin de l’oxyde d’étain.
- Le nettoyage des plumes. — Le Praticien donnait récemment quelques recettes pour nettoyer les plumes. Les plumes
- blanches ou de teinte claire peuvent se laver dans la benzine sans qu’elles perdent leur frisure ou leur teinte ; on les agite ensuite à l’air jusqu’à ce qu’elles sèchent. Le lavage des plumes blanches peut aussi se faire dans de l’eau chaude savonneuse; on rince ensuite trois fois, on passe dans une solution d’acide oxalique, et on empèse légèrement.
- Vernis imperméable pour les étoffes. — On peut rendre imperméables la plupart des étoffes en leur donnant une ou deux couches de la composition suivante : 2 parties d’essence de térébenthine, 1 de htharge pulvérisée et 5 d’huile de lin, qu’on mélange et qu’on fait bouillir au bain-marie pour éviter une inflammation inopinée.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 5 décembre . 2-,4 S. S. E. 2. Beau. 0,0 Beau ; gelée blanche ; petit brouil. dans la soirée.
- Mardi 6 — 0‘,2 S. 2. Beau. 0,0 Beau; brouill. jusqu’à 9 h. de faible hauteur, de 50 m. à 8 h. 1/2.
- Mercredi 7 3*,3 S. S. E. 2. Couvert. 0,0 Couvert de 7 à 17 h.; beau avant et après; brouillard jusqu’à 6 h. ; gouttes ou pl. de 15 à 16 h. 45; gel. bl.
- Jeudi 8 3*,2 S. 2. Couvert. 1,9 Très nuageux de 5 à 19 h. ; beau avant et après; gel. bl.
- Vendredi 9 4-,8 S. 4. Couvert. 0,2 Couvert de 4 à 12 h. ; nuageux le reste du temps ; pluie à diverses reprises.
- Samedi 10 4%2 S. S. W. 2. Très nuageux. 1,3 Nuageux le matin ; couvert le soir ; gelée blanche ; halo.
- Dimanche 11 ... . 8*,5 S. W. 2. j Couvert. 0,0 j Couvert ; un peu de bruine entre 9 et 11 h.
- DÉCEMBRE 1898. — SEMAINE DU LUNDI 5 AU DIMANCHE 11 DÉCEMBRE.
- La courbe isupereure indique la nébulosité de 0 à 10 ; les flèches inferieures, la direction du vent. Les courbes au milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorologiques faites au Parc Saint-llaur en novembre 1898
- par M. E. Renou.
- Moyenne barométrique à midi, 755"",40; minimum 732““,77 le 25 à 4 heures du soir; maximum 767““,23 le 15 à 9 heures du matin.
- Moyennes thermométriques : des minima 4°,60; des maxiina 11°,36; du mois 7°,98 ; vraie des 24 heures 7°,38. Minimum — 2°,6 le 23 à 5 h. 20 du matin. Maximum 18°,6 le 12 à 1 h. 1/2 du soir. Il n’y a eu que 3 jours de gelée et 10 jours de gelée blanche.
- Tension moyenne de la vapeur 6““,86; la moindre 3”“,78 le 23 à 4 heures du matin ; la plus grande 10““,3 le 12 à 11 heures du soir et le 13 à 1 heure du matin.
- Humidité relative moyenne 88; la moindre 57 le 2 et le 10 à 1 heure du soir ; la plus grande 100 en 16 jours.
- Pluie 43““,5 en 66 h. 3/4 réparties en 14 jours ; il y a eu de plus 2 jours de bruine qui ont fourni 0“”,3 d’eau comptés dans la pluie totale ; aucune pluie notable. Il y a eu 4 jours de gouttes, 14 jours de brouillard dont 3 très épais, les 15, 16 et 23.
- Nébulosité moyenne 62.
- Vents du S.-E. au S.-W. très dominants; puis du N. au N.-E. ; il n'v a eu qu’un seul vent fort et qui a soufflé peu de temps du N. à midi le 22. "
- Température moyenne de la Marne : 9°,86 le matin; 10°,00 l’après-midi ;
- 9°,93 du mois. Elle a varié de 12°,75 le 1" à 6°,80 le 30, presque uniformément. Ilivière basse et claire tout le mois.
- Relativement aux moyennes normales, le mois de novembre 1898 présente les résultats suivants : Baromètre plus bas de 1““,92. Thermomètre plus haut de 1°,30. Tension de la vapeur plus forte de 0““,54. Humidité relative plus grande de 1. Pluie plus faible de 6”“,2. Nébulosité moindre de 9 L’automne de 1898 (septembre-octobre-novernbre) présente les résultats suivants :
- Moyennes. Écarts. Baromètre. . . 757““,25 — 0,39 Thermomètre. 11°, 95 +1,86 Tens. de la vap. 8—,80 +- 0,74
- Moyennes. Humidité relat. 84 Nébulosité... 51
- Pluie.........114““,2
- L’année météorologique de 1898 présente les résultats suivants
- Moyennes. Écarts. Baromètre. 758““, 15 -j-0,51
- Thermomètre. 10°, 53 + 0,64 Tension de la vap. 7““,82 + 0,31
- Moyennes. Humidité relative. 80
- Nébulosité ... 57
- Pluie...........571-, 1
- Nombre de jours de : tonnerre 20; éclairs 7 ; pluie 142.
- Écarts. H- 1 — 10 — 48,4
- Écarts. + 1 — 2 égale.
- PHASES DE LA LUNE : D. Q. le 6 à 10 h. 15 du matm.
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- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- — <§— La peste, comme on, sait, a éclaté à Madagascar. Aux dernières nouvelles, l’épidémie n’avait frappé que des indigènes et tout
- Iiorte à croire que l’on pourra l’isoler, et l’empêcher de s’étendre de a cote dans l’intérieur des terres. Elle a été avortée à Tamatave
- 1>ar un bateau venant des Indes. On brûle toutes les cases et les nttiments qui ont pu être contaminés par le bacille pesteux.
- —Le Journal officiel a publié le 17 décembre le décret suivant : « A partir du 1er mai 1899, tout vélocipède ou appareil analogue devra porter une plaque de contrôle. Toute contravention à cette obligation sera punie îles peines de simple police,, sans préjudice du doublement de taxe qui serait encouru pour défaut ou inexactitude de déclaration. La plaque de contrôle délivrée pour un exercice sera valable jusqu’au 1er mai de l’exercice suivant. Un règlement d’administration publique déterminera le modèle de la plaque et les conditions dans lesquelles elle sera délivrée aux intéressés. »
- —Le jeudi 15 décembre, M. Dussaud a fait fonctionner avec le concours de M. Radiguet, son nouveau téléphone dans la Salle d’Armes du Figaro. Nous avons décrit sommairement cet aimareil dans notre compte rendu de l’Académie des sciences (n° 1333). Ce n'est pas à vrai dire un téléphone haut parleur ; mais il transmet les sons avec netteté et même les modulations avec certaine finesse. 11 permet en tout cas de percevoir la voix très facilement, à 1 ou 2 mètres du récepteur, ce qui évite l’emploi des cornets acoustiques. On a entendu différents morceaux de musique, la clarinette solo, la flûte, le hautbois, des artistes de l’Opéra. Plusieurs savants s’élaient rendus à l’invitation de M. Dussaud : Mgr le prince Roland Bonaparte, M. le colonel Laussedat et M. Violle, de l’Académie des sciences, etc.
- —Encore une tentative de théâtre scientifique. A la Bodi-nière, on a créé le « Théâtre de la Nature ». Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance. La répétition générale a eu du succès : le programme comporte : La création du monde. Spectacle en trois parties et dix-huit tableaux de MM. Guillaume Meyer et J. de Saint-Mesmin. Mise en scène de M. Krantz, musique de scène par M. Ern. Archainbaud. lro partie : à travers les astres, les enfants du soleil. 2e partie : la naissance de la Terre. 5® partie : le nouveau monde, l’œuvre des eaux. II s’agit de bonnes projections, d’illustrations qui font bien comprendre les théories cosmogoniques et géologiques relatives à l’origine des mondes. On a particulièrement remarqué la protubérance solaire, la condensation terrestre, la formation des océans, la formation des montagnes. En somme, l’idée est à encourager et nous applaudissons à la tentative heureuse de M. Bodinier. La Bodinière attire chaque jour un public de plus en plus nombreux.
- —C$— Libéralités scientifiques. Miss Catherine Bruce, bien connue dans le monde astronomique pour le généreux concours qu elle prête à la science, a envoyé à M. J. Rees, directeur de l’Observatoire de l’Université de Colombie, les fonds nécessaires pour la construction d’un grand télescope photographique. Cet instrument sera monté à Helsingfors et employé par le professeur Donner à faire des photographies d’aurores polaires selon les indications de M. Jacoby. La généreuse donatrice a encore fait tenir à M. Rees des fonds pour son observatoire et à M. Davis les sommes nécessaires à la réobservation des étoiles du catalogue de Piazzi et à la publication des nouveaux résultats.
- —®— Une nouvelle petite planète de onzième grandeur, visible seulement avec de puissants instruments, et qui portera probablement le numéro 446, a été aperçue dans la nuit du 9 au 10 décembre par M. Charlois, astronome à l’Qbservatoire de Nice. Elle est située dans la constellation du Taureau à 22° du pôle au nord de la belle primaire Betelgeuse. M. Charlois, que 1 on peut appeler le furet des petites planètes (au siècle dernier l'as-
- tronome Messier était surnommé le furet des comètes), en a déjà découvert 97 à l’Observatoire de Nice. C’est lui qui occupe le premier rang parmi les astronomes qui se sont livrés à ce genre de recherches.
- —%— M. Miquel a décrit, dans les Annales de micrographie, une intéressante expérience sur la vitalité des germes des poussières. Ayant pris autrefois de la terre dans le parc de Montsouris, à 20 centimètres au-dessous du gazon, il la fit sécher pendant deux jours à 30°, la pulvérisa avec des appareils flambés et finalement l’introduisit dans des tubes stérilisés qu’il scella à la lampe et qu’il tint à l’abri de la lumière. Au moment de la récolte, cette terre contenait 0 500 000 bactéries par gramme ; après la pulvérisation et les
- uarante-huit heures de dessiccation, elle n’en contenait plus que
- 920 000. Or les tubes ayant été ouverts seize ans après, les dosages donnèrent une moyenne de 3583 000 bactéries par gramme et M. Miquel put retrouver dans cette terre recueillie seize ans auparavant le bacille de Nicolaiev. Du reste, inoculée à des cobayes, cette terre détermina chez ces animaux le tétanos, après une durée d'incubation de deux jours.
- —L’entretien du pavé de Paris, coûte, annuellement, de 23 à 24 millions. Bien que le pavage en bois se soit développé, c’est, à beaucoup prés, le pavé de pierre qui est le plus usité : il couvre 6 040 000 mètres carrés. Pour la seule retaille des vieux pavés on dépense, chaque année, plus de 100 000 francs. Cette retaille est faite par l’Association des piqueurs de grés qui l’exécute au prix moyen de 70 francs le mille ; elle a donc à peu près 1 600 000 pavés à retailler tous les ans. Le pavage en pierre, l’asphalte et l’empierrement coûtent environ 9 millions, l’entretien du pavé de bois coûte 3 millions. Mais il faut ajouter les trottoirs et contre-allées bitumés, le nettoiement des voies publiques, etc., et c’est ainsi que la Ville dépense près de 25 millions de francs pour l'entretien du sol parisien. Sur ce sol, passent 50000 voitures par jour, en moyenne : 1 600 omnibus et tramways, 15 000 voitures de place, 14 000 voitures particulières, 16 0Ü0 voitures de commerce, etc. D’après les statistiques municipales, il passe par vingt-quatre heures, avenue de l’Opéra, 36 200 chevaux traînant 29 500 voitures, soit 2262 chevaux par mètre de largeur. Pour supporter un tel mouvement, les chaussées doivent être couvertes de granit de la Manche, des Côtes-du-Nord et des Vosges ou d’arkoses de la Mayenne, de l’Orne et de la Sarthe. On a renoncé à I’emjdoi du porphyre belge de Quénart, que le roulement des lourdes voitures rend trop glissant.
- — @— On a prétendu que certaines vagues du Pacifique avaient pu atteindre 167 mètres par seconde, soit 600 kilomètres à l’heure, à la suite d’un tremblement de terre, il est vrai. Un observateur plus digne de confiance donne les moyennes suivantes :
- Vitesse par seconde.
- Vent faible........................................ 7m,50
- Brise........................................... 10ra,50
- Grand vent...................................... 16ra,50
- Tempête........................................2 P", 00
- Cyclone............................................27m,00
- Ces divers chiffres seraient encore bien loin des 167 mètres dont on parlait.
- —C’est une voiture électrique étudiée par M. le comte de Chasseloup-Lauhat et construite par M. Jeantaud qui vient de remporter haut la roue le record du kilomètre départ arrêté et du kilométré départ lancé, dans la course de 2 kilomètres organisée par M. Paul Meyan, dimanche 18 décembre, à Achères, l’automobilodisme futur rêvé par nos chauffeurs sprinters. Le kilomètre départ lancé a été parcouru, sur route en palier, en 57 secondes, ce qui représente 63,15 kilomètres par heure, record du monde pour véhicules sur route... jusqu’à nouvel ordre.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Communications. — M. Th, Lullin, à Genève, nous adresse un extrait des Archives des sciences physiques et naturelles, contenant une de ses études qui a pour titre : Description d'un phénomène imitant les taches solaires.
- M. G. de Rocquigny-Adanson, à Moulins, nous envoie une Notice qui, sous le titre : Le genre Adansonia donne la description des trois espèces principales d’arbres connues sous ce nom, ainsi qu’un opuscule qui décrit Les falaises de Puys (Seine-Inférieure).
- M. Ch. Janet, à Paris, nous transmet un opuscule qui a pour titre Etudes sur les fourmis, les guêpes et les abeilles (Carré et Naud, éditeurs), ainsi que diverses notes à l’Académie des sciences.
- M. A. Phumann, à Guebwiller, nous écrit : « En nettoyant un bijou-turquoise à l’eau de savon et en la trempant ensuite dans l’alcool absolu et l’éther pur, la pierre pâlit sensiblement ; la couleur normale d’un beau bleu tire alors sur le vert pâle, la couleur primitive ne revient qu’au bout d’un certain temps. Voudriez-vous indiquer la raison? » Un de nos lecteurs pourra peut-être nous donner l’explication demandée.
- M. le Dr Paul Good, à Ërighien, nous fait connaître une observation intéressante : « Le fait suivant, dont j’ai été un témoin oculaire, s’est passé l’été dernier à Enghien. Un amateur pêchait en bateau sur le lac, en compagnie de son chien, un superbe caniche noir. Survient un orage; voilà notre pêcheur forcé de regagner le bord pour se mettre à l’abri au Pavillon chinois, sans avoir eu le temps de sortir ses lignes de l’eau. Tout à coup, un des bouchons s’enfonce ; tirée par un poisson vigou-reux, la ligne se tend, et la gaule, insuffisamment fixée, part à la dérive. « Va chercher! », crie au toutou le pêcheur éperdu. Mais le chien n’a pas attendu cet ordre; habitué à plonger pour retirer de l’eau les bâtons que son maître lui jette, il tient déjà dans ses mâchoires la canne à pêche, et, malgré la résistance désespérée qu'il sent à l’autre bout, la rapporte b son maître. Celui-ci n’a plus qu’à retirer de l’eau une superbe carpe de près de 3 livres, cause de tout cet émoi. Inutile de dire si le chien fut fêté par tous les témoins de cette scène ; le caniche pêcheur à la ligne n’est-il pas digne de figurer dans la galerie des pêcheurs célèbres ? »
- Renseignements. — M. A. Latapy, à Paris. — Il serait nécessaire de faire une série d’expériences avec diverses colles.
- M. G., à Nantes. — Vous trouverez des étuves en tôle chauffées au gaz chez MM. Graner et Cie, 74, boulevard Richard Lenoir, à Paris.
- M. P. C., à Troyes. — 1° La consommation ne doit pas augmenter, à moins que les lampes ne consomment davantage. 2° l’oêles : M. Reveilhac, 77, rue de Charonne; M. Delrue, 94, boulevard Beaumarchais, à Paris. Société du Familistère, Dequenne et Cie, à Guise (Aisne).
- M. X., à Bruxelles. — Nous répondons à la question que vous avez adressée de nouveau à un de nos rédacteurs. Il nous semble difficile que vous puissiez faire tourner la dynamo à 2100 tours par minute et lui faire donner 150 volts.
- M. A. Desigaux, à Paris. — Nous n’avons pas ces renseignements; il faudrait vous adresser à la Société nationale des produits chimiques, 50, rue des Ecoles.
- M. L. Gervuis, à Caudebec-en-Caux. — Renseignez-vous directement auprès de M. Carpentier, 20, rue Relambre, à Paris.
- Cercle philharmonique de Barsac. — On emploie généralement de l’huile de pied de bœuf; vous pourrez vous en procurer chez M. Artus, 13, rue Montmartre, chez M. Soudan, 20, boulevard Sébastopol, et chez M. Ricbourg, 20, rue de la Revnie, à Paris.
- M. L. Quentin, à Reims. — Cet appareil ne se trouve pas encore dans le commerce.
- M. C., à Paris. — 1° On emploie pour les ballons de la soie de Chine qui se vend dans les grands magasins. Pour ces ren-
- seignements, adressez-vous à M. Lachambre, aéronaute, 14, passage des Favorites. — 2° Le moteur à vapeur est le plus lourd.
- M. L. Legendre, à Châteaurenault. — Nous donnons les formules de plusieurs colles, mais non pour l'agglomération des charbons de bois.
- M. P. Jacob, à Paris. — Nous n’avons pas eu d’autres renseignements sur ce moteur.
- M. H. 0. Foersterling, à Berlin. — Il s’agit d’une maison sérieuse qui vous enverra certainement l’instruction que vous avez demandée.
- M. Sauvageot, à Paris. — Nous ne pouvons nous occuper de ces questions ; il faudrait vous adresser directement au ministère de la guerre.
- M. B. L., à Paris. — Vous trouverez divers traités à la librairie Gauthier-Villars ; mais tous ces ouvrages traitent les questions avec des mathématiques élevées.
- Un abonné, à Liège. — Nous n’avons aucune adresse de fabricant d’appareil de ce genre à vous faire connaître.
- M. A. F orgues, à Béziers. — Le service de la publicité de La Nature est indépendant de la rédaction; nous ne connaissons pas cette pile.
- M. Guillard, à Paris. —Nous n’avons pas parlé d’inventions de ce genre. — 2° Nous ne pouvons vous indiquer aucun article récent sur cette question.
- M. C. S., à Paris. — 1° Nous pensons qu’une notice a été publiée à ce sujet à la librairie Gauthier-Villars. — 2“ On emploie, pour former des brochures, une pince à relier que nous avons décrite dans le n° 1287 du 29 janvier 1898, et que l'on trouve chez M. Kratz-Boussac, 3, rue Saint-Laurent, à Paris.
- M. P. Bœuf, à Arles. — Pour conserver un aimant, il faut en effet lui mettre une armature.
- M. A. Duarte Silva, à Figueira da Foz. — Vous pourriez vous adresser au directeur du Jardin d’Acclimatation, à Paris.
- M. L. Lamoureux, à Cruz-le-Chatel. — 1° Pour pouvoir vous répondre, il faudrait faire divers essais que nous ne pouvons entreprendre.— 2° Dans le même petit livre des Recettes dont vous parlez, nous donnons page 137, la formule d’une encre autographique.
- M. L., à Voiron. — Avertisseurs automatiques d'incendie ou de température : MM. Drouot et Ci0, 85, boulevard ’.Ugenta, MM. Gondamin et Tournaire, 20, rue de Ghaillot, M. J. Ull-mann, 16, boulevard Saint-Denis, à Paris.
- Un abonné, à Bordeaux. — Nous croyons que ces bateaux ont été construits en Angletërre; mais nous ne pouvons l'affirmer.
- M. Dupont, à Nancy. — 1° Vous trouverez à la Société du familistère de Guise, chez MM. Cadiot et Cie, 12, rue Saint-Georges, h Paris, toute une série d’appareils électriques, deschauffe-plats, des chauffe-assiettes, des gril-pains, des bouilloires, etc. — 2° Pour les machines dynamos, adressez-vous à la nouvelle Compagnie générale d’électricité, à Nancy.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. H. IL. à Lille. 11 est d'abord nécessaire de faire quelques essais sur le fer que vous voulez employer; adressez-vous .à un ingénieur électricien. — M. Marchand, à Paris. Nous ne pouvons vous renseigner; consultez une agence de brevets. — M. L. L., h Nantes. Cette question est trop spéciale pour nos lecteurs. — M. l.ebourgrois, à Toulouse : M. Dumont, h P.: M. Leroy, à Paris. Voyez les Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie. — M. Leblois, à Paris. Cette recette est donnée dans le même petit livre que ci-dessus, 5e série, à la même librairie. — M. G. Faure, à Paris ; M. Maxime Dubon, à Lille. Remerciements pour vos communications. — M. L. G., à M. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Pour damasquiner les canons de fusils. — La publication Pharmaceutische Cent ralh aile recommande le procédé suivant. Prendre 14 parties d’une solution de chlorure de fer (à la densité de 1,281), puis 5 parties de chlorure de mercure, autant d’acide nitrique fumant, 5 autres de sulfate de cuivre, le tout dans 80 parties d’eau. Avec cette solution on donne au canon deux ou trois couches, en ayant soin de toujours gratter la couche précédente avec une brosse d’acier avant d'en étendre une seconde. On plonge ensuite le canon dans une solution de sulfure de potassium (vulgairement foie de soufre) dans 900 parties d’eau; on l’y laisse durant dix jours; on l’enlève pour le laver au savon et à l’eau chaude; on rince, on sèche et enfin l’on passe un vernis à l’huile de lin.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INTENTIONS1
- lTne bicyclette en bols. — Nos lecteurs se rappellent sans doute la petite draisienne en bois décrite ici il y a quelque temps. L’inventeur vient de créer une bicvclette à cadre normal en bois, boulonné et ajusté solidement. 5lous en donnons ci-dessous le dessin. La fourche arrière du bas seule est en fer. Il y a des tendeurs pour la chaîne comme sur les grandes bicy.
- Bicyclette en bois.
- dettes. Le guidon, sans être cintré, place cependant les poignées vers le corps de sorte que la position du cycliste est suffisamment commode. Cette bicyclette ne coûte que 25 francs ce qui la met à la portée de toutes les bourses. Elle est spécialement destinée au premier âge de 8 à 12 ans, et nous pensons que ceux qui nous lisent se-ont heureux que nous la signalions au moment des étrenncs. — La bicyclette se trouve chez 31. Paul Clerc, 7 et 15, rue de l’Estrapade, à Paris.
- Chaufferette. — La nouvelle chaufferette que nous décrivons peut rendre des services. Elle est formée d’une brique composée d’alumine, silice, amiante, que l’on fait rougir dans le feu. Puis on la prend avec des pincettes et on la met à l'intérieur d’un cylindre en tôle, en ayant soin de l’enfiler dans la
- Chaufferette avec brique.
- tige verticale du milieu. De la sorte, il y a tout autour de la brique un matelas d’air. On ferme le cylindre de tôle, et l’on a une chaufferette qui n'offre aucun danger. On peut également l’employer comme chauffe-lit en la munissant de la tige qui permet de la rouler à volonté sur les draps. — La nouvelle chaufferette se trouve chez M. llenaut, 43, boulevard de Strasbourg, à Paris.
- Le phonographe graphophone. — Voici enfin un petit phonographe, permettant d’enregistrer la parole et de la faire entendre à volonté; et il arrive bien à la fin de l’année. L’appareil se compose comme tous les phonographes d’un cylindre de cire A que l’on met en mouvement au moyen d’un petit volant B actionné par une manivelle C. Un style fixé sur une membrane E appuie d’une part sur le cylindre et est, d’autre part, en communication avec le pavillon D. Mais nous voulons parler de plusieurs détails intéressants. La membrane diaphragme porte deux pointes l’une pour enregistrer et l’autre pour répéter. Ces deux pointes sont mobiles à l’aide d’un petit levier F. Pour enregistrer, on place d’abord un cylindre sur l’arbre en ayant soin de bien l’emboîter dans deux tiges qui le maintiennent : on manœuvre ensuite le petit levier dont nous avons parlé pour rendre le diaphragme fixe, on appuie la pointe
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- sur le bord du cylindre en soulevant un peu l’écrou G et en veillant que le peigne K emboîte bien la vis. On tourne ensuite le volant à vitesse moyenne et régulière et l’on parle à haute voix, distinctement dans le pavillon. — Pour écouter le phonographe, à l’aide du levier F on rend le diaphragme mobile et on appuie la pointe qui sert à répéter. Il est également possible de raboter le cylindre, c’est-à-dire d’effacer ce qui a été enregistré afin de permettre un nouvel enregistrement sur le même
- D
- .Nouveau phonographe.
- cylindre. Il suffit de mettre en place le rabot L et de le faire fonctionner. Ce nouveau phonographe ingénieux est un appareil très intéressant dont le prix est de 29 francs, et qui pourra servir comme appareil de démonstration dans les écoles publiques. — Le phonographe graphophone est en vente chez M. Mathieu, 133, galerie de Valois, au Palais-Royal, à Paris.
- Le jeu des bouteilles. — Ce nouveau jeu amusera beaucoup de nos jeunes lecteurs. 11 exige une certaine adresse et une certaine habitude. Il est formé d’un tremplin muni d’un ressort et que l’on manœuvre aisément en appuyant dessus. On place sur ce treuq lin des petites bouteilles munies à leur partie înf'é-
- Jcu (les bouteilles.
- rieure d’une masse métallique qui les rend inversables. A une petite distance est une planche verticale munie de godets dans lesquels la bouteille lancée parle tremplin doit venir retomber. Chaque godet représente un nombre de points plus ou moins élevé. Il n’est pas très facile de faire tomber la bouteille dans lé godet; quelquefois elle tombe trop bas, d’autres fois elle passe par-dessus. — Ce nouveau jeu se trouve chez M. Renaut, dont 1 adresse est donnée plus haut.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- BIBLIOGRAPHIE
- Côte (FAzur. Villefranchc ; de Saint-Raphaël à Menton. — L'hiver à Cannes ; huit jours dans les Vosges. Trois albums avec nombreuses photogravures d’après clichés obtenus avec la jumelle A. Bellieni. Imprimerie Berger-Levrault. Editeur M. A Bergeret, à Nancy.
- Ces albums intéressants, sur le littoral de la Méditerranée renferment eliacun 100 vues bien groupées qui permettent au lecteur de visiter sans fatigue les villes ou les sites' les plus renommés. L’exécution très soignée fait de ces albums une œuvre artistique.
- Les grandes usines. Etude industrielle en France et à l'étran-{j ger, par notre collaborateur Loris Tihgan, ingénieur civil des constructions navales, tome 1er. 1 vol. in-8° de 450 pages, avec nombreuses similigravures. E. Bernard.
- C’est le premier volume d'une nouvelle série qui mérite d'être
- recommandée. Il renferme des chapitres sur les chaudières à vapeur, la manufacture des Gobelins, le secteur de la rive gauche, la photogravure, impressions en couleurs et les voitures- automobiles.
- Traité de microbiologie, par E. Duclaix, membre de l’Institut, directeur de l’Institut Pasteur, professeur à la Sorbonne et à l’Institut agronomique, tome II, Iliastases, toxines et venins, i vol. in-8°. Paris. Masson et Cie, éditeurs. 1899. Prix : 15 fr.
- Annuaire de l’Observatoire municipal de Paris, dit Observatoire de Montsouris pour l’année 1899. Analyse et travaux de 1897. Météorologie, chimie, micrographie, applications à l’hygiène. 1 vol. in-18. Paris, Gauthier-Villars. Prix : L2 francs.
- Annuaire pour l’an 1899, publié par le Bureau des Longitudes. Avec des notices scientifiques. 1 vol. in-18. Paris, Gauthier-Villars. Prix : lfr,50.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Para Saint-Maur, altitude 49™,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES OC MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EX MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 12 décembre. 5%7 S. 2. Couvert. 0,0 Nuageux jusqu’à 9 h. ; puis beau ; couvert après 20 b. ; gelée blanche.
- Mardi 13. 8”,0 S. S. W. 2. Couvert. 0,1 Couvert; pluie fine le tiers du temps; gelée blanche; petit brouillard à 9 h. et dans la soirée.
- Mercredi 11 4*,i E. S. E. 2. Couvert. 4,1 Couvert; petite pluie de 21 h. 1/2 à23 h. 1/2; gel. bl. ; très brumeux.
- Jeudi 15 10”,0 N. N. W. 2. Quelques éclaircies. 0,9 Très nuageux; bruine de 4 à 5 h.
- Vendredi 16 5”,2 W. S. W. 0. Très nuageux. 0,0 Nuageux de 4 à 7 h.; couvert avant et après; gel. bl.; bruine à 19 h.
- Samedi 17 8”,0 S. S. W. 2. Couvert. 0,0 Couvert ; bruine une grande partie du temps.
- Dimanche 18 ... . 8”,9 S. S. W. 2. Couvert. 0,0 Couvert; bruine à diverses reprises; très brumeux.
- DÉCEMBRE 1898.— SEMAINE EU LUNDI 12 AU DIMANCHE 18 DÉCEMBRE.
- La courbe supérieure indique ta nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- lin bolide rare. — Un magnifique bolide a été vu à Calcutta et dans plusieurs villes de l’Inde, le 4 octobre, à O120“ du soir.
- 11 se déplaçait très lentement dans la direction de l’Ouesl-Sud-Ouest à l’Ouest, et a semblé décrire une trajectoire horizontale pendant dix secondes.
- Le noyau avait une belle couleur de saphir, mais en s'évanouissant, il a pris une teinte rouge.
- A Sitarampur, ville située à 383 kilomètres de Calcutta, ce bolide allait du Sud-Ouest au Nord-Est.
- Son éclat était cinq ou six fois plus grand que celui de Vénus. Aussi tous les témoignages s’accordent à le citer comme très remarquable.
- I^es nuages et la météorologie. — En 1891, la conférence météorologique tenue à Munich a nommé une commission chargée d’établir plusieurs stations destinées à l’observation des nuages pour étudier leurs relations avec le temps.
- Eu 189 i, le comité international siégeant à Upsal a décidé que des observations régulières seraient faites dans ces stations pendant au moins une année à partir du 1" mai 1896.
- Le D' Hildebranson, directeur de l’Observatoire d’Upsal, qui était un des promoteurs de cette mesure, vient de publier les observations qui ont été faites pendant la première année. Près de 3000 mesures de hauteur et de vitesse des nuages ont été obtenues; un peu plus de la moitié, 1633, sont dues à la photographie.
- La discussion de ces résultats montre que la hauteur moyenne des nuages varie notablement dans le courant d'une année: elle passe par un maximum en juin et en juillet, c’est-à-dire pendant les mois où la tempe-rature est la plus élevée, et par un minimum en hiver. (Pendant l’été, la hauteur moyenne des cirrus est de 8176 mètres, celle des cumulus 1683 mètres.)
- A l'Observatoire Blue Bill, succursale de Harvard College (Massachusets), la hauteur des nuages supérieurs et celle des nuages moyens est un peu plus considérabl ; qu’à Upsal, tandis que celle des nuages inférieurs est presque la même. Cette divergence tient peut-être à la différence d’altitude ou de situation des deux stations.
- On a reconnu que la vitesse des nuages supérieurs est plus grande que celle des nuages inférieurs, et que, conformément aux observations courantes, le déplacement de tous les nuages est beaucoup plus rapide en hiver qu’en été.
- PHASE DE LA LUNE : N. L. le 13 à 11 h. 52 min. du matin.
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- M. J. LAFF ARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— La presse a décidément du bon. Un journal du matin ayant annoncé que M. Troost de l’Académie des sciences, faute de crédits, n’avait pu dans son cours de la Sorbonne, montrer la liquéfaction de l’air avec les nouvelles machines Linde, une généreuse donatrice a fait parvenir à l’éminent chimiste une somme de 4000 francs qui sera consacrée à l’étude de l’air liquide. Il serait bien à souhaiter spic cet exemple encourageât l’initiative individuelle dans notre pays. Le sont des dons particuliers qui, en Angleterre et aux Etats-Unis, permettent aux savants de poursuivre des recherches coûteuses, mais qui rendent an centuple les avances qu’elles ont nécessitées. Espérons donc que chez nous aussi, l’initiative privée viendra de plus en plus en aide eux savants.
- — Au moment où nous mettons sous presse, le 27 décembre a lieu une belle éclipse de lune visible à Pans. A llh6m se produit le maximum : notre satellite sera complètement éclipsé. L’entrée dans l’ombre est pour 8h42m. La grandeur de l’éclipse est de 1,383, le diamètre de la lune étant pris pour unité.
- —®— Les jours augmentent depuis la Saint-Thomas, le 21 décembre. A la Saint-Thomas, dit-on, « les jours sont dans la balance ». Le 31 décembre, à la Saint-Sylvestre, l'augmentation sera de 4 minutes, ('/est un commencement. Il existe un dicton bien connu qui prétend que « à la Sainte-Luce, les jours augmentent du saut d’une puce ». Or la Sainte-Luce tombe le 13 décembre. Le jour loin d’augmenter diminue encore. Le dicton serait donc faux. Il ne faut pas s’y tromper, le dicton de la Sainte-Luce remonte au moyen âge. Et il était alors très exact. Mais la réforme grégorienne du calendrier en 1582, a amené un déplacement des dates. On a supprimé 10 jours ; puis les années bissextiles séculaires ont fait supprimer encore deux jours depuis 1582. Au total 12 jours en moins. Si bien que la Sainte-Luce qui survenait le 25 arrive maintenant le 13. Or quand elle tombait le 25, les jours allongeaient bien « à la Sainte-Luce, du saut d’une puce ».
- —Le comité général des associations de presse s'est réuni sur l'invitation du Comité des journalistes parisiens pour régler avec le commissaire général les opérations relatives à l'installation et au fonctionnement des services de la presse en 1900. C’est à ce Comité général, à l'exclusion de tout autre groupement, que le gouvernement a remis d’ores et déjà le soin de diriger ces services. Il a pour président M. Jean Dupuy, sénateur, directeur du Petit Parisien (Syndicat de la presse parisienne), et pour vice-présidents : MM. Alfred Mézièrcs, député, membre de l’Académie française (Association des journalistes parisiens) ; Ranc, sénateur (Association des journalistes républicains); Léon Brière, directeur du Journal de Rouen (Association de la presse républicaine départementale) ; Eug. Dufeuille (Association de la presse monarchique) et Merson (Association de la presse plébiscitaire). Il importe que MM. les commissaires étrangers notam-> ment soient dès à présent avertis qu’aucune représentation régulière et officielle de la presse française n'existe à Paris, en dehors de celle-là.
- —Un ballon anglais. YExcehior, est parti du Cristal Palace à Londres, a traversé la Manche le 20 décembre et est venu atterrir à Saint-Romain de Colbosc à 20 kilomètres du Havre. Il était parti à llh35m et il est arrivé à 4I,35',,. La traversée a été effectuée en 2h 35. VExcelsior était sous le commandement de M. Percival Spencer, un des plus habiles aéronautes de l’Angleterre. 11 y a six semaines, M. P. Spencer exécutait avec ce môme ballon une ascension de 3000 mètres en hauteur, accompagné d’un astronome du Bureau Central de Berlin. Il avait à bord cette fois-ci M. Swinburne, du Morning Chronicle. Cette traversée d’Angleterre en France est la douzième. La première fut celle de Blanchard en 1784. Les
- traversées en sens inverse sont beaucoup plus rares. On n’en connaît que trois; toutes trois appartiennent au malheureux Lhoste, qui périt pendant sa quatrième ascension.
- —Le bateau sous-marin Gustave-Zédé vient d’exécuter des expériences intéressantes. Il s’est d’abord rendu de Toulon en rade des îles d’Hyères en naviguant à la surface ; malgré le mistral, la traversée s’est bien effectuée, la tenue à la mer a été excellente. En rade des îles d’Hyères ont eu lieu les expériences de lancement de torpille contre un cuirassé, le Magenta, d’abord à l’ancre et ensuite en marche. Dans les deux cas, la torpille, munie d’un cône spécial, est venue frapper le cuirassé. La cible présentée par un sous-marin naviguant à la surface est extrêmement petite; les essais faits à ce sujet ont démontré que les chances de toucher ces bâtiments avec les canons à tir rapide sont nulles ; par suite le sous-marin peut revenir à la surface, après des immersions plus ou moins prolongées, pour s’assurer de sa direction. A deux kilomètres, à la surface, il est complètement invisible pour l’adversaire ; à cette distance il fixe sa route et accomplit une plongée d’un kilomètre environ ; il revient ensuite à la surface, contrôle son trajet, replonge et remonte ensuite jusqu’à ce qu’il soit à bonne portée pour lancer sa torpille. Ce sont ces manœuvres qu’a accomplies le Gustave-Zédé dans deux attaques contre le Magenta.
- —M. Gauckler a informé l’Académie des Inscriptions des découvertes qu’il a faites dans une villa romaine située à EI-Alia au sud de Madhia. Il a mis a nu un grand pavement en mosaïque, offrant la représentation d’un vaste paysage emprunté certainement à l’Egypte. Un grand fleuve, le Nil, serpente autour du tableau et porte de nombreuses embarcations. Les rives sont peuplées de fermes, de villas, de pavillons, de temples, au milieu desquels se développent des scènes rustiques traitées dans le style alexandrin. Un nombre considérable de figures animent le tableau.
- —Un moulage en plâtre du masque de Pascal vient d’être offert à la ville de Rouen pour sa bibliothèque. L’original de ce masque appartient à M. Gazier, professeur à la Sorbonne. Il fut fait à la mort de Pascal, en 1662, sur l’initiative de quelques-uns de scs amis. Il restitue, dit-on, de façon parfaite, « la physionomie si caractéristique et si accentuée de Pascal » ; on y retrouve « tous les traits du grand penseur, son nez à la courbure prononcée, ses lèvres si fines, malgré les atteintes qu’avaient dû apporter à la noblesse de son visage les ravages de la maladie qui le tortura durant sa vie entière.
- —Qf— La Société française d’hygiène a mis au concours pour l’année 1898 les deux questions suivantes qui peuvent être traitées séparément par les candidats : 1° Effets produits par le jet des immondices soit dans les cours d’eau, soit dans les ports, soit dans la mer, à une faible distance des côtes. Marche à suivre pour supprimer les inconvénients qui résultent de l'écoulement des eaux d'égout à la mer, quand il est dans de mauvaises conditions; 2° Etude des améliorations pratiques que l’on pourrait apporter à peu de frais à l’évacuation des immondices dans les campagnes. Les Mémoires devront parvenir, sous la forme académique, au siège de la Société, 50, rue du Dragon, avant Je Ier mars prochain, dernier délai.
- —Une dépêche de New-York annonce que les Américains viennent d’expérimenter à Sandy-Hook un nouveau canon en acier fondu qui a supporté l’énorme pression de trente-sept mille livres anglaises. Si le fait est confirmé, c’est une nouvelle révolution dans l’artillerie actuelle.
- —S— Pour la première fois de l'hiver, on a pu patiner le 24 décembre sur le canal de Versailles. Mais, dès le 26, le dégel s’est produit.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Les tiroirs à galets, dont il a été question dans le n° 1335, du 24 décembre 1898, p. 54, se trouvent chez M. Joseph Probst, inventeur à Bellevue, aux soins du Moniteur de l'Industrie, rue Centrale, Genève. — Tricycle à moteur de Dion et Bouton, 12, rue Ernest, à Puteaux. — Tricycle Y Inséparable à deux et trois places, Dorigny, 28, rue Lesueur, Paris. — Arrière-train démontable, A. Chantrier, 29, rue Neuve-Gabrielle à Saint-Maurice (Seine).
- — Remorque à deux places, se trouve partout. — Avant-train E. Chenard:E. Chenard, constructeur, à Asnières (Seine).
- — Voiturette Mercier, 4, rue Jacques-Cœur, Paris. — Voiturette Hugot, 8, rue Sainte-Apolline, Paris.— Le constructeur du mutoscope est MM. Gaumont et Ci% 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- Erratum. — Dans le n° 1334 du 17 décembre 1898, p. 47, col. 2, ligne 34, au lieu de : 17 781 856 kilomètres, il faut : 1 778 185 kilomètres.
- Communications. — M. Alb. Lapointe, à Imsbach, nous écrit : « Depuis vingt-cinq ans je songeais à utiliser la force motrice d’un ruisseau qui coule à 400 mètres de ma maison. Enfin mon but est atteint : tous les soirs 15 lampes électriques éclairent mes pénates. Quelques tours de manivelle dans le vestibule et tout s’allume ; le dernier qui va se coucher tourne quelques appareils et tout s’éteint. Plus de pétrole, plus de lampes qui fument; pas d’entretien, pas de surveillance, pas de compteur, pas de redevance! C’est un caprice de quelques mille francs, mais qui journellement nous cause un nouveau plaisir. ))
- M. E. Forgues, architecte, à Paris, nous fait connaître un intéressant écho : « Le 16 décembre dans la soirée, vers 10 heures, j’étais à Vincennes sur le quai de la gare à attendre le train qui devait me ramener à Paris : j’étais assis sur un banc; il n’y avait aucun bruit et j’étais solitaire, car un train que je venais de manquer de fort peu avait « balayé » lesdits quais. Je fais une cigarette et je ferme une blague à tabac en métal; le tac du métal ébranle légèrement l'air; cependant quelle est ma surprise en entendant très distinctement 7 à 8 tacs; surpris de cet écho je fis un « clac » sec avec la langue; l’écho me le rendit une dizaine de fois avec une netteté surprenante; je ne pus me livrer plus longtemps à d’autres expériences ni surtout augmenter l’intensité de nœs bruits, car les voyageurs pour Paris arrivaient peu à peu. Étant donnée cependant la netteté de cet écho, je suis persuadé qu’un bruit sec et fort, tel un coup de revolver, se répercuterait au moins 15 ou 20 foi*. Et les touristes vont quelquefois fort loin pour entendre des « fameux » échos! Cet écho s’explique naturellement par la conformité des lieux : en effet la voie est en contre-bas du sol de la rue et les maisons, les murs de soutènement sont autant de faces parallèles qui donnent naissance à cet écho multiple. »
- M. F. Augereau, à Pons, nous écrit : « En ma qualité de fidèle lecteur de votre si intéressant journal, je me permets de vous envoyer à domicile un jeune mouton phénomène qu’on m’apporte à l’instant. Cet animal est né chez un nommé Girard, de la commune de Chadenac de Pons, le 22 décembre, et n’a pas vécu. Le cas m’a paru curieux et propre à vous intéresser, c’est là ce qui m’a engagé à vous le soumettre. »
- Renseignements. — M. F. Teisserenc, à Ceilhes. — Nous pouvons vous citer le siphon élévateur Lemichel que nous avons fait connaître dans le n° 989 du 14 mai 1892, p. 369; il est construit, 52, rue de Lourmel, à Paris.
- M. E. Autran, à Annot. — l°Pour déterminer la puissance de votre chute d’eau, il faut connaître le débit d’eau en litres ou en kilogrammes par seconde, ainsi que la hauteur de chute en mètres. Vous multipliez les deux facteurs l’un par l’autre et vous avez la puissance exprimée en kilogrammètres par seconde. Un cheval-vapeur vaut 75 kilogrammètres par seconde.
- — 2° Vous trouverez ces divers renseignements au siège de la Société des Ingénieurs civils, 49, rue Blanche, à Paris.
- M. Aubry, à Louhaus. — Les filtres Fillard et Delsol que nous avons décrits dans le n° 1317 du 27 août, p. 203, sont fabriqués par la maison Beslier, à Coulommiers.
- Circolo degli Artisti, à Torino. — La distance entre les lames de la cuve à liquide pour projections peut être très variable suivant les expériences à exécuter; toutefois nous pensons qu’un écart de 50 à 60 millimètres peut convenir.
- M. L. Quentin, à Reims. — Nous ne connaissons pas encore l’adresse de ce fabricant.
- M. IF., à Lyon. — Des lavages à l’eau phéniquée légère seraient, il nous semble, beaucoup plus efficaces.
- M. Baussan, à Bourg-Saint-Andéol. — L’adresse du constructeur a été donnée en tête de la Boîte aux Lettres du numéro qui contient la description de l’appareil.
- M. Final, à Lyon. — Vous trouverez cette lampe chez. M. Verschneider, 38, rue de la Folie-Méricourt, à Paris.
- M. L. B., à Anvers. — 1° Les ouvrages d’électricité font très nombreux et nous ne pouvons ici vous donner «les titres; adressez-vous à la librairie Baudry, 15, rue des Saints-Pères, ou à la librairie Bernard Tignol, 55 bis, quai des Grands-Augustins, à Paris. — 2° Canots et yachts électriques : Berlin frères à Argenteuil; Panhard et Levassor, 19, avenue d’ivry; M. Trouvé, 14, rue Vivienne; maison Bréguet, 19, rue Didof, à Paris.
- M. Ed. Leclerq, à Paris. — La recette pour détruire les cloportes est donnée dans le petit livre des Becettes et Procèdes utiles, l" série, a la librairie Masson et Cio.
- M. E. Fohrenbach, à Granges. — Carbure de calcium : M. Bullier, 64, rue Gay-Lussac; Cie française des carbures de calcium, 137, boulevard Magenta, à Paris; Société électrométallurgique française à Froges (Isère).
- M. Eyuil, à Napies. — Allumoirs électriques M. Radiguet, 15, boulevard des Filles-du-Calvaire; M. J. Ullmann, 16, boulevard Saint-Denis, à Paris.
- M. H. de La Villardière, à La Frette. — Ce garde-manger a été décrit dans le n° 1279 du 4 décembre 1897 (Hygiène et Santé); il ne se trouve pas dans le commerce, il faut le faire construire soi-même. Toutefois on peut s’adresser à M. A. Veis-sière, architecte, 199, rue Michel-Bizot, à Paris.
- M. G. B., au Creusot. — 1° La composition du verre est meilleure. — 2° Il est bien difficile de vous indiquer le meilleur objectif ; chacun a ses avantages . et ses inconvénients. — 5° et 4° Veuillez demander ces renseignements à la maison Gaumont, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- M. Wallamet, à Paris. — La masse minérale que vous nous avez envoyée est un rognon de pyrite de fer rayonnante. Nous l’avons cassée et nous avons constaté qu’il s’agissait bien de sulfure de fer, comme on en rencontre si souvent dans des falaises crétacées.
- Un lecteur, à Ploesic. — II n’existe pas de livre spécial sur la liquéfaction des gaz ; mais nous avons publié à ce sujet plusieurs articles complets, notamment dans le n° 1502 du 14 mai 1898, p. 569, le n° 1309 du 2 juillet 1898, p. 71 et le n° 1315 du 13 août 1898, p. 170.
- M. B. L., à Buenos-Ayres. — Veuillez consulter le Traité de microbiologie de M. E. Duclaux, tomes 1 et II, à la librairie Masson et Cie ; vous trouverez là tous les renseignements que vous demandez.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. D. Baker, à Lyon. Nous avons parlé à plusieurs reprises de cette invention ; consultez les tables des matières. — AI. Lagmjon, à Marseille. Nous pensons qu’il faudrait réduire les dimensions dans le rapport de 1 à 2. — M. Lcblois, à Paris. Nous ne nous occupons pas d’examiner les brevets; ail cessez-vous à une agence. — M. .1 M., à Lille; AI. G. H., à Paris. Voyez les Recettes et procédés utiles, 4* série, à la librairie Masson et Cie. — M. Dehôtre, à Paris. Itemer-ciemenls pour vos communication*.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Mélange antiodontalgique (S. Votiow.)
- Chlorhydrate de cocaïn»...... 0 gr. 10
- S;fiede : : : : : : : ! « » r. .
- Mêlez; ajoutez quelques gouttes d’eau et triturez jusqu'à ce que le mélange se transforme en un liquide transparent homogène. — Usage externe.
- Une petite boulette de coton imbibée de ce liquide est introduite dans la cavité dentaire et renouvelée, suivant le besoin, jusqu’à la cessation définitive de la douleur.
- Dans la « Boite aux lettres » la Hédaclion accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s’engage en aucune façon à repondre à toutes les questions, ni a insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- I!)
- PETITES INVENTIONS1
- Nouveau cinématographe à projection. — Ce petit cinématographe est réellement très ingénieux; il présente un
- Fig. 1. — Nouveau cinématographe à projection. — Vue d’ensemble.
- mécanisme très simple qui donne de très bons résultats. Nous le plaçons d’abord sur une table à distance d’une toile pour la projection. Nous allumons la petite lampe à pétrole placée à l’intérieur de la lanterne, nous mettons au {joint en avançant ou en reculant la lentille placée dans le tube de devant (n° 1). Il nous suffit alors de fixer une bande dans un support disposé spécialement (n° 2) et de tourner une manivelle installée sur le devant. Nous voyons aussitôt la bande se dérouler et les images se succéder rapidement en donnant l’illusion de la réalité. On est réellement surpris des résultats obtenus avec un mécanisme aussi simple. On peut ensuite retirer l’appareil cinématographique et mettre dans la lanterne des verres colorés pour obtenir les effets de la lanterne magique. — Le nouveau cinématographe à projection se trouve chez M. Renaut, 43, boulevard de Strasbourg, à Paris.
- Sphère terrestre pliante. — Les globes terrestres, si utiles pour l’enseignement de la géographie, sont lourds, fragiles, encombrants it coûteux. Un inventeur ingénieux, M. Betts, a eu l’idée heureuse de remédier à tous ces défauts en appliquant à leur construction le principe dés parapluies Les figures qui accompagnent cette Note nous dispensent de toute description. L’ossature intérieure en acier figure les méridiens et le manche n’est autre chose que la ligne des pôles qui se termine, au nord, c’est-à-dire en haut, par un anneau qui permet de suspendre la sphèie. Les indications
- Sphère terrestre pliante.
- sont imprimées sur la toile, et celle-ci est peinte en couleurs au vernis pour en assurer la durée. Le globe n’occupe qu’un espace insignifiant lorsqu’il est fermé, ce qui en facilite et surtout économise le transport : le poids de l’appareil complet, d'un diamètre de 38 centimètres, ne dépasse pas 300 grammes. Son prix est de 16 francs. C’est donc un objet utile et instructif que nous faisons figurer avec plaisir parmi nos petites inventions. — George, Philip et Son, 32, Fleet Street, London.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- I.e petit bec de gaz parisien. — La foule des jouets que l’on trouve dans les baraques installées actuellement sur nos boulevards n’offre rien de bien nouveau cette année. Nous avons cependant remarqué le petit bec de gaz que représente notre dessin. C’est bien le modèle de bec de gaz parisien avec
- I c petit hcc de gaz parisien.
- cette différence que la lanterne est carrée au lieu d’être ronde. Elle porte des ornements qui l’enjolivent et en font une petite miniature qui plaît. Ce bec peut être utile. Si nous ouvrons la lanterne munie d’une porte, nous trouvons une mèche qui traverse toute la hauteur du candélabre et vient plonger dans un récipient que l’on remplit de pétrole. En haut sur le côté s* trouve une roue à dents qui permet de rég'er la hauteur de la mèche. — En résumé le bec parisien est une petite veilleuse à pétrole. On le trouve en ce moment dans les baraques du jour de l’an.
- Amplificateur automatique Guillou. — L’emploi des appareils à main a déterminé aussitôt la nécessité de faire des agrandisseurs automatiques et tous les fabricants
- Amplificateur photographique.
- de jumelle ont adjoint à leur appareil un agrandisseur, mais cela ne laisse pas que d'augmenter le prix d’acquisition. M. Guillon a eu l’idée de simplifier beaucoup la construction des agrandisseurs en les faisant en carton recouvert de papier chagrin; malgré cela ils sont parfaitement solides et étanches. Le papier sensible se place à la partie inférieure du cône,
- Fig. 2. •— Vue de l’appareil à dérouler les bandes.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- montée à emboîtement D, et on le recouvre d’un verre E pour le tenir plan. Quant à la partie supérieure A elle se modifie suivant l’appareil à main qu’on emploie, car c'est l’objectif même de èet appareil qui, .‘ans être démonté, sert à faire l’agrandisse-inent. On envoie donc la jumelle, le vérascope, etc., au constructeur qui prend ses dispositions en conséquence. Notre gravure représente en F l’application laite pour un kodack pliant de poche; dans ce cas comme les clichés sont pelliculaires, une petite boîte C munie d’un fond B composé de deux verres se place sur l’arrière du kodack et la pellicule est emprisonnée entre les deux verres; pour les autres appareils, des dispositions analogues, toujours faciles, à employer, sont prises, pour metlre le cliché à agrandir. En II se trouve une glissière qui forme obturateur. L’emploi de l’objectif même qu’on possède déjà a le double avantage de diminuer le prix de l’appareil dans des proportions considérables et de donner une garantie d’exactitude à l’agrandissement. — Cet appareil se trouve au Photo-Opéra, 8, boulevard des Capucines, à Paris.
- BIBLIOGRAPHIE
- L'automobile théorique et pratique. Traité élémentaire de locomoüoh à moteur mécanique. Motocijcles et voiturettes. par L. Baudbî de Saukikk, 1 vol. in-8° chez l'auteur, 22, boulevard de Villiers, Neuiliy-Levallois. Prix : 9 francs.
- L’automobile fait fureur en ce moment, et de tous cotés ce ne sont que voitures nouvelles fort intéressantes. Il faut suivre tous ces progrès, il faut les comprendre, et pour devenir chauffeur, et conduire une automohde, il faut connaître dans les moindres détails toutes les parties de la voiture. L’ouvrage de M. Baudry de Saunier, dont le nom est déjà bien connu dans le monde des automobiles, rendra d’utiles services. Il explique clairement, sans formule-!, et avec beaucoup de détails, la théorie du moteur à pétrole et la transmission; il donne une description complète du tricycle de Dion et Bouton, examine les tricycles survenus ensuite, la voiturette Léon Bollée et la voiturette Benz. Nous ne pouvons que recommander vivement la lecture de cet ouvrage à ceux de nos lecteurs qui s’occupent d'automobilisme.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS T HEURES l)ü MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 19 décembre. 7’,1 S. S. W. 3. Couvert. 0,1 Couvert jusqu’à 21 h. ; quelques nuages ensuite ; forte bruine. Nuageux de 4 à 5 h. et de 11 à 16 b. ; beau le reste du temps ; gelée blanche ; halo.
- Mardi 20 . 1*,6 N. W. 2. Beau. 0,2
- Mercredi 21 — 0*,4 Calme. Couvert. 0,0 Très nuageux jusqu’à 4 b. ; puis couvert; beau l’après-midi; petit brouillard à 10 li. ; halo lunaire.
- Jeudi 22. ..... . - N. E. 2. Beau. 0,0 Beau.
- Vendredi 23 — 6*,8 E. 2. Beau. 0,0 Beau.
- Samedi 24 — 6*,5 S. E. 2. Beau. 0,0 Beau.
- Dimanche 25 ... . — 6*,9 S. S. E. 2. Beau. 0,0 Beau.
- DÉCEMBRE 1898.--- SEMAINE DU LUNDI 19 AU DIMANCHE 25 DÉCEMBRE.
- » La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 « 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes au mmeu muiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE METEOROLOGIQUE
- I,a gélée dans le centre de la France. — On parle souvent des hivers rigoureux, et I on cite des températures très basses, qui sont la plupart du temps exagérées. Pour remettre les choses au point, nous empruntons à l’intéressante étude La gelée dans le centre de la France, au pure de Baleine, près de Moulins, publiée par M. G. de Itocquigny dans Ciel et Terre, les chiffres suivants :
- Hiver 1829-1830, —25°0; 10 décembre 1879, —2i°5; 2 février 1893, — 20° 1 ; hiver 1819-1820, —19°4; 20 février 1845, — 19H; 9 et 10 décembre 1871,—19°4; 18 janvier 189.1,18°2; 27 décembre 1853, —18°1; i janvier 189i, —18°0; 28 décembre 1870, —17#5; 8 décembre 1875, —16°9; 20 décembre 1859, -16°3; 23 janvier 1881, —16°0; 22 décembre 1886, —15°5; 19 décembre 1846, —15°0; 16 décembre 1810, —14°4; 19 janvier 1855,—14°4; 13 janvier 1878, —14°4;9 décembre 1883, — li°0; 51 janvier 1888, —14°0; 14 et 20 janvier 1838, —13°8; 50 décembre 1851, —13° 8; 16 janvier 1844, —13°1; 3 janvier 1850, —13° 1 ; 23 décembre 1835, —12J5; 4 janvier 1868, —12°5; 4 mars 1890, —12°3; 18 février 1892, —12°0; 11 janvier 1840, —11°9; 9 janvier 1842, —11°9; 12 janvier 1848, -11°6; 2 janvier 1837, —11»3 ; 9 mars 1883, —16°5; 25 décembre 1850, —10°4; 13 février 1889, —1002; 4, 5 et 6 janvier 1864, —1090; 30 décembre 1869, —10°0; 19 décembre 1878,—10° 0.
- Ainsi que le montre ce tableau, deux grands hivers surpassent tous les autres, ceux de 1829-1830 et de 1879-1880, séparés par un intervalle d'un demi-siècle.
- Les hivers remarquables sont ceux de 1819-1820, 1844-1815, 1853-1854, 1890-1891,1892-1893, 1894-1895. On peut encore citer ceux de 1840-1841, 1859-1860,1870-1871,1871-1872, 1886-1887 et 1887-1888.
- Depuis l’hiver de 1819-1820 jusqu’à nos jours, c’est-à-dire depuis 78 ans, 3 hivers ont eu uu minimum inférieur à —200, 12 autres ont vu le minimum moindre que —15°, et dans 23 autres, le thermomètre est descendu au-dessous de —10°, ce qui donne 4 pour 100 au-dessous de —20°, 15 pour 100 au-dessous de —15°, et enfin 30 pour 100 au-dessous de —10°.
- Si nous examinons les mois pendant lesquels on a observé la température minirna, on trouve que sur les 36 hivers mentionnés (nous avons dû exclure ceux de 1819-1820 et de 1829-1830 puisque le jour du minimum n’était pas indiqué), le minimum s’est produit 15 fois en décembre et 15 fois en janvier (soit une proportion de 42 pour 100), 4 fois eu février (11 pour 100) et enfin 2 fois en mars (5 pour 100). L’hiver proprement dit a donc son maximum en décembre ou en janvier. Le minimum observé en février ou en mars répond à un hiver tardif qui, s’étant produit 6 fois sur 36, donne la proportion de 17 pour 100.
- PHASE DE LA LUNE : P. Q. le 20 à 3 h, 31 min. du matin.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction
- Supplément réservé aux abonnés et .aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— Nous relevons, parmi les nominations de la Légion d’honneur à l’occasion du 1er janvier, quelques noms qui intéressent la science. M. le professeur Dieulafoy, de l’Académie de médecine, est promu commandeur; M. le DrChantemesse, officier. M. le Dr de Goyon et M. le Dr Maurice de Fleury sont faits chevaliers.
- —®— La solennité du Jubilé du centenaire de l'Académie impériale de médecine militaire a eu lieu le 50 décembre dernier, à Saint-Pétersbourg. Des félicitations ont été présentées parles représentants de l’Institut de France, de la Sorbonne, des universités de Genève et de Gand. Ont été élus membres Iionoraires : MM. Lannelongue, Ber-thelot, Brouardel, Bouchard, Dujardin-Beaumetz, d’Arsonval, Ranvier, Marey, Roux, Duelaux, Ollier et Guyon; le roi de Suède, le prince de Bavière Charles Théodore, le grand-duc Constantin, des savants de Suisse, MM. Kocher, Kollmann, Dunant, le savant belge M. Van Gehuten.
- —®— Parmi les lauréats de l’Académie des sciences dont nous avons donné la liste sommaire, nous relevons avec satisfaction le nom de notre collaborateur M. Branly, professeur à l’Institut catholique, qui a été bien justement récompensé pour ses travaux sur le radio-conducteur, base de la télégraphie sans fil. M. Bertrand, secrétaire perpétuel, dans son rapport s’est exprimé ainsi : « Les recherches de M. Branly sur la conductibilité des limailles métalliques ont été particulièrement remarquées. L’application directe qui en a été faite à la construction du récepteur de la télégraphie herzienne assure à leur auteur, dans l’histoire de l’Electricité, une place que rien ne saurait lui enlever. »
- —®— Vendredi 50 décembre 1898, la Commission du vieux Paris est allée visiter les fouilles qu’elle a fait entreprendre rue de la Colombe (au nord de Notre-Dame) pour découvrir les traces du vieux mur élevé à la fin de l’époque gallo-romaine, pense-t-on, pour protéger la cité parisienne contre l'invasion des Vandales. On a fouillé au point précis indiqué par M. Sellier de Carnavalet, point trouvé en prolongeant le tracé d’un tronçon de ce mur indiqué sur un vieux plan de 1849. On est juste tombé sur ce gros mur formé de blocs enlevés pour la plupart aux monuments romains, assemblés en hâte avec leur parement extérieur bien dressé, mais leur face interne absolument irrégulière, ce qui semble bien indiquer que ce mur était adossé à un glacis comme celui des fortifications actuelles de Paris. Aucune découverte d’objets intéressants. Le mur repose sur le sable gris verdâtre que nous savons être gaulois; contre sa base, jusqu’à une hauteur al un mètre environ, on voit encore le sol gallo-romain : humus noir renfermant des débris de poteries à couverte rouge et de nombreux os de porcs, moutons et bœufs, brisés ou sciés, ayant donc servi à l’alimentation. Une seconde fouille, pratiquée dans le même but derrière Notre-Dame dans le square, n’a encore fourni que des débris osseux, des fragments de poteries du seizième sièele et quelques portions d’ornements en terre cuite (rinceaux et console) d’une forme inédite et provenant vraisemblablement d’un monument de la (in de l’époque gallo-romaine. Les fouilles continuent.
- —®— Un généreux donateur, M Thomas Eglestori, professeur doyen de l’Université de Colombie de New-York, officier de la -Légion d’honneur, vient de remettre entre les mains du consul de France la somme de 5000 dollars, qu’il offre comme gratitude à l’Ecole des Mines de France, dont il fut autrefois un des élèves distingués. Ce don est destiné à enrichir ses collections minéralogiques.
- —®— Un énorme rocher, dit le Rocher Rouge, qui surplombe le village suisse d’Airolo, près du Gothard, s’est en partie effondré, de 27 décembre 1898, causant de sérieux dégâts. Les habitants effarés abandonnèrent la localité. Le lendemain, un second éboulement se produisit, et cette fois la masse des rochers détruisit, en tombant,
- l’hôtel d’Airolo, huit maisons, quatre étables et une partie de la forêt qui protégeait le village. On a retrouvé jusqu’à présent trois victimes sous les ruines. Cet accident était redouté depuis longtemps et des ingénieurs étaient même venus récemment inspecter les lieux.
- —®— La Compagnie de l’Ouest vient de décider d’adopter peu à peu la traction électrique sur son réseau de banlieue. La ligne nouvelle qu’elle fait construire en ce moment entre le Champ-de-Mars et Versailles sera la première à traction électrique. La puissance électrique nécessaire sera fournie par l’usine que la Compagnie générale de traction est en train de faire édifier aux Moulineaux. Cette usine aura — pour commencer — une puissance de 8000 chevaux et possédera 5 groupes électrogènes. Le chemin de fer de l’Exposition, dont la Compagnie de traction est l’entrepreneur, obligera cette Société à ajouter un sixième groupe, et chacune des transformations partielles que l’Ouest doit opérer sur ses lignes de banlieue entraînera une augmentation de l’usine.
- —®— On vient de faire le percement d’un tunnel d’environ 5 kilomètres sous les collines de l’Hautil, qui se trouvent au delà de la forêt de Saint-Germain, dans la cinquième boucle de la Seine, à l’ouest de Paris. Ce tunnel, ouvert dans le roc, sous des hauteurs atteignant jusqu’à 160 mètres, part de Maurecourt et aboutit sur les terres de la commune de Chanteloup, aux abords de Triel. Il est destiné à recevoir les eaux d’égout de Paris, qu’il déversera dans des champs nouveaux d’épandage situes au-dessous de Triel. Le percement a exigé de longs mois de travail et a présenté de grandes dij'ficultés, son tracé n’étant pas en ligne droite, mais présentant des sinuosités. Il a été entamé par les deux points extrêmes et conduit si habilement que, lorsqu’on a donné le dernier coup de mine, la dernière paroi du roc séparant en deux parties le tunnel, s’est détachée aussi nette dans sa forme générale que si on l’avait dessinée au compas.
- —D’après les chiffres officiels, le département de la Seine comptait, en 1867, 7805 aliénés; en 1896, il en a 21 700. En trente ans, le nombre des aliénés de Paris et de sa banlieue a triplé. Plusieurs causes ont concouru à augmenter ce chiffre ; mais, en général, les médecins sont d’accord pour dire que la principale et la plus féconde ce sont les habitudes d’alcoolisme qui se sont répandues et la mauvaise qualité des eaux-de-vie industrielles entrées si largement depuis trente ans dans la consommation publique.
- -®— Un statisticien viennois, M Griesslieh, a pris la peine de rechercher quelles étaient, entre les plus grandes villes d’Europe, celles qui recevaient le plus grand nombre de visiteurs étrangers. Il publie dans la Zeilung des Vereins le résultat de ses recherches. 11 en ressort que Paris est toujours le centre du monde. C’est là que tous les touristes se donnent rendez-vous. 11 en ressort également que, depuis treize ans, le goût'des voyages s’est beaucoup développé. Paris, qui, en 1884, recevait la visite de 681 000 étrangers, en a reçu plus de 890000 en 1897. Berlin, dans le même laps de temps, a vu le nombre de ses visiteurs s’élever de 268 000 à 507000, et celui des visiteurs de Vienne a passé de 184000 à 364000. Au total, pendant les treize dernières années, les hôtels de Paris ont donné l’hospitalité à 8 500 000 étrangers ; ceux de Berlin, à 4 500 000, et ceux de Vienne, à 5 millions. De sorte que, en définitive, Paris reçoit deux fois plus de visiteurs que Berlin qui, lui-même, en reçoit 42 pour 100 de plus que Vienne.
- —L’Engineer donne quelques renseignements sur le fonctionnement de deux grands croiseurs anglais : le Diadem a fait, comme essai, la traversée de Gibraltar au Nore en trois jours; il a marché à une vitesse de 20 nœuds à l’heure. De son côté, le Terrible, malgré le mauvais état de la mer de Biscaye, est allé directement de Portsmouth à Malte, marchant à une vitesse moyenne de 18 nœuds, avec une puissance développée de 12 500 chevaux. Entre Gibraltar et Malte, la vitesse a même atteint 20 et 22 nœuds.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- Adresses relatives aux appareils décrits. — L’auto-lux se trouve à la Société de l’auto-lux, 90, rue de Cléry, à Paris.
- Communications. — M. F. Augereau, 'à Pons, comme nous l’avons anoncé dans notre dernière Boîte-aux-letlres, nous a envoyé un jeune mouton phénomène. Nous avons bien reçu ce mouton ; il s’agit d’un agneau à 8 pattes que nous ne décrirons pas, parce qu’il est semblable à celui dont nous avons déjà parle dans le n° 1313 du 30 juillet 1898, p. 144. Nous avons fait hommage, au nom de M. F. Augereau, de cet animal phénomène au Muséum d’histoire naturelle de Paris.
- M. E. Ducretet, à Paris, nous a envoyé deux Notices sur ses derniers et intéressants travaux; l’une se rapporte à La télégraphie hertzienne sans fil dans laquelle M. Ducretet explique ses appareils et ses expériences, et l’autre traite des Courants de haute fréquence et de haute tension, dans laquelle l’auteur décrit les appareils de MM. Thomson, Tesla, d’Arsonval et de Moore qu’il a construits pour des applications thérapeutiques et des expériences classiques.
- M. E. Guinochet, professeur à l’Ecole supérieure de commerce de Paris, nous écrit la lettre suivante : « Dans la Boîte-aux-lettres du n° 1533 du 24 décembre 1898, M. A. Phumann, à Guebwiller, demande pourquoi la turquoise qu’il avait lavée, avait momentanément pâli et même changé de teinte. C’est un fait déjà connu que le lavage des turquoises les fait pâlir momentanément. Les turquoises de la vieille roche ou turquoises pierreuses, qui viennent toutes du village de Maden, situé dans le Khorassan, au nord de la route d’Ispahan à Hérat (Voy. l’article de M. Saint de Drée dans La Nature, n" 376, 2e semestre, année 1880), sont composées d’un phosphate d’aluminium renfermant des oxydes de fer et de cuivre qui les colorent. Il est probable que l’eau a pour résultat de donner naissance à des sels hydratés de couleur pâle ou verte (cette couleur verte pouvant aussi résulter du mélange du bleu naturel de la turquoise et d’un sel de fer hydraté jaune), qui, se détruisant peu à peu par suite de la dessiccation de la pierre, laissent celle-ci revenir à sa couleur naturelle. »
- Renseignements. — M. J. Forez, à Paris. — Nous avons décrit la Grande Roue de Paris dans le n° 1056 du 26 août 1895, p. 200; elle se trouvait alors à l’Exposition de Chicago.
- M. J. V., à Armentières. — Nous ne connaissons pas de procédé semblable à vous indiquer.
- M. Le Grand, à Paris. — La turbine chicago’s top se trouve à la Société nationale des produits chimiques, 50, rue des Ecoles, à Paris.
- M. J. Plassard, à Paris. — Nous pensons qu’il a paru un livre sur les couleurs complémentaires à la librairie Carré et Naud.
- M. H. Gascon, à L’Arba. — Nous ne savons pas ce que cette légende peut avoir de vrai; mais nous n’avons pas entendu dire par aucun chimiste que ces pièces de monnaie renfermassent de l’or.
- M. Salien Muingaud, à Nîmes. — Remerciements pour votre Note que nous utiliserons.
- M. Harsant, à Roulogne-sur-Seine. — 1° Il s’agit d’une composition de cire dont la formule n’est pas connue; vous ourrez vous procurer des cylindres chez M. Lioret, 18, rue Thi-aud, à Paris. — 2° Voyez dans Y Encyclopédie Léauté, à la librairie Gauthier-Villars, à Paris.
- ilf. Roberto Kaitschi, à la Plaza de Centa. — Pour les perforatrices électriques que nous avons décrites dans le n° 1525 du 8 octobre 1898, p. 295, il faut vous adresser à M. Bornet, 10, rue Saint-Ferdinand, à Paris.
- • M. H. C., à S. — 1° Il faut en effet compter un poids de .8 à 10 kilogrammes par cheval. — 2° Les fabricants d’automobiles font aujourd’hui des moteurs légers.
- M. Hxibert Vitalis, à Lodève. — 1° Nous avons publié un très grand nombre d’ouvrages sur la ramie ; consultez les deux
- tomes”des tables des matières, à la librairie Masson et Cle. — 2° Vous pourrez avoir tous les renseignements sur les machines à décortiquer la ramie soit à la Société agricole de la Ramie, 7, rue de Londres, soit à la Société des usines de la Ramie française, 10, rue d’Hauteville, à Paris.
- M. Barbier Noël, à Firminy. — Nous vous remercions pour votre envoi, mais nous ne pouvons signaler votre appareil ; nous recevons souvent des plans d’appareils analogues.
- M. Marcel Beyre, à Bordeaux. — Nous avons déjà donné cette adresse à de très nombreuses reprises : MM. A. Motte et Cie, à Roubaix.
- M. Victor P., à M. — Nous ne savons pas quelles sont ces machines et il nous est impossible, à notre regret, de vous fournir le renseignement demandé.
- M. le Dr Biraud, à Poitiers. — Vous trouverez un ouvrage détaillé sur les moteurs à pétrole, à la librairie E. Bernard, 29, quai des Grands-Augustins, à Paris. Consultez aussi l’Encyclopédie Léauté, à la librairie Gauthier-Villars.
- M. A. Plisson, à Paris. — Chauffage à eau chaude ; MM. Grouvelle et Arquembourg, 71, rue du Moulin-Vert. M. Gandillot, 143, boulevard Péreire. MM. Mathelin et Garnier, 26, rue Boursault, à Paris.
- M. Hubert Maingard , à Port-Louis (île Maurice). — Nous avons transmis votre lettre à notre rédacteur ; il vous répondra directement.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. D. Legrand, à Paris. Nous ne pouvons traiter cette question qui est trop spéciale.
- — M. Lebois, à Lyon. Nous croyonsqu’il y a une erreur de calcul»
- — M. G. M., à Lille; M. Paris, à Brest. Voyez les Recettes et. Procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie. — M. D. M., à X. ltemerciements pour votre communication.
- BIBLIOGRAPHIE
- Les dernières merveilles de la science, par M. Daniel Bellet. 1 vol. in-4°, avec illustrations en couleurs par M. Lasellaz. Garnier frères, éditeurs. Prix : 6 francs.
- Résistance des bouches à feu, par P. Laurent, ingénieur du Polygone du Hoc, Schneider et Cie. 1 vol. petit in-8° de YEncyclopédie scientifique des aide-mémoire, publiée sous la direction de M. Léauté, membre de l'Institut. Paris, Gauthier-Villars et Masson et C!*, éditeurs. Prix : 2,r,5() broché; 3 francs cartonné.
- La vie d'un théâtre, par Paul Ginisty, 1 vol. in-16 de la Petite encyclopédie illustrée, Paris, Schleicher frères. Prix ; 1 fr.
- Le Nu et le Drapé en plein air. Etude d’Art Photographique de MM. Paul Bergon et René Le Bègue, avec nombreuses planches en photocollographie. Prix : 5,r,50. Charles Mendel, éditeur. Paris.
- Manuel élémentaire de l'acétylène, précédé de quelques notions scientifiques à l’usage des compagnons mécaniciens, serruriers, ferblantiers, par E. Roger, ingénieur. I brochure in-18. Paris. Prix : 1 franc. Bibliothèque sociale.
- Recherches sur la perspective des couleurs dans la nature, par Paul de Roux de Valdonne. 1 vol. in-16. Librairie II. Floury. Paris. Prix : 4 francs. 1898.
- Petit guide pratique à l'usage des personnes qui veulent s'éclairer à l'acétylène, par R. Pierre. 1 brochure in~8°. Paris. A. Lemaire et Basson, imprimeurs, 35, rue Montmartre. Prix : 0fr,60. En vente aux bureaux de la Science française, 41, rue de la Victoire.
- Unités électriques absolues. Leçons professées à la Sorbonner par M. G. Lïppmann, membre de l’Institut. Rédigées par M. A. Berget, docteur ès sciences. 1 vol. in-8°. Paris, G. Carré et C. Naud, éditeurs, 1899.
- La mathématique. Opinions et curiosités d'après les ouvrages français des xvi% xvii% xvm* siècles, par Georges Maupin, surveillant général au lycée de Nantes, 1 vol. in-8°. Paris, G. Carré-et C. Naud, éditeurs, 1898. Prix : 5 francs.
- Les recettes du distillateur, par Ed. Fierz, liquoriste, 1 vol. in-18. Paris, Gauthier-Villars. Prix : 2fr,75. 1899.
- Manuel pratique de l'éleveur de pigeons voyageurs, par M. II.-L. Alph. Blanchon. 1 vol. in-16 de l’Encyclopédie Roret. Paris, L. Mulo, éditeur. 1899. Prix : 3 francs.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- Dressé à l’Observatoire de Paris, d’après les publications du Bureau des longitudes
- JANVIER-FÉVRIER-MARS 1899. — POSITION DES PRINCIPALES PLANÈTES.
- I Fév
- 1 Mars
- Passage avi à minuit
- • Cocher
- Persée
- Bélier
- NEPTUNE
- Lion
- oissons
- PetitChien
- Orion'
- SOLEIL
- Baleine
- ; Coupe
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- Erjdan
- Grand/Chien
- PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES ASTRONOMIQUES
- Occultations des Planètes et des Étoiles par la Lune, visüles à Paris.
- 1899 Nom de l’étoile Gra i dear. Immersion. Temps moyen. Emersion. Temps moyen.
- Janv. 3 22853 Lalande. , 6,5 19 h. 5 m, 3 20 h. 20 m, 1
- 7 42 Balance. 5,7 17 h. 11 m, 0 17 h. 58 m, 9
- — 8 2a Scorpion. i’,,5 18 h. 40 m, 8 19 h. 39 m, 4
- — 19 (jl Bélier. 6,6 8 h. 14 m, 7 9 h. 29 m, 2
- — 22 121 Taureau. 5,9 15 h. 45 m, 5 16 h. 40 m, 4
- — 24 56 Gémeaux. 6,0 17 h. 44 m. 6 18 h. 57 ni, 7
- — 25 2605 B.A.C. 6,1 6 h. 24 m, 5 Ippulse b î',9 du bord.
- — 29 p* Lion. 4006 B.A.C. 6,1 12 h. 41 m, B 13 h. 5 m, 0
- 50 6,1 13 h. 52 m, 4 15 h. 12 m, 0
- Févr. 13 177 B.A.C. 6,7 8 h. 57 m, 0 9 h. 58 m, 4
- 14 101 Poissons. 6,5 9 h. 57 m, 6 10 h. 51 m, 7
- . 18 103 Taureau. 5,8 9 h. 8 m, 4 10 h. 25 m, 6
- 19 3 Gémeaux. 6,5 14 h. 12 m, 0 11 h. 46 m, 1
- 22 2888 B.A.C. 6,5 12 h. 58 m, 8 14 h. 6 m, 6
- 25 36 Sextant. 6,4 7 h. 32 m, T h. 33 ni, 5
- 25 55 Lion. 6,1 15 h. 36 m, 9 16 li. 25 m, 9
- Mars. 2 212 Piazzi (14k) 5,9 13 h. 46 ni, 4 ippulse i 0'9du bord.
- — 3 5251 B.A.C. 5,8 13 h.' 13 m, 0 14 h. 11 m, 8
- Mars.
- 6 6185
- 15 47
- 16 52
- 17 99
- 20 56
- 20 61
- 26 22853
- 27 24034
- 28 83
- 29 4867
- 29 4879
- 30 28414
- 30 42
- B. LC.
- Bélier.
- Taureau.
- Taureau.
- Gémeaux.
- Gémeaux.
- Lalande.
- Lalande.
- Vierge.
- B.A.C.
- B.A.G.
- Lalande.
- Balance.
- 6,7
- 6,0
- 6,0
- 6,2
- 6,0
- 6,5
- 6,5
- 6,1
- 6,0
- 6.7 6,4 6.1
- 5.7
- 15 h.
- 8 h. 10 h.
- 13 h. 5 h.
- 9 h.
- 14 h. 10 h. 10 h.
- 15 h.
- 16 h. 12 h. 14 h.
- 57 m, 1 47 m, 5 28 m, 5 2 m, 5 46 m, 4
- 4 m, 7 17 m, 9
- 9 m, 6
- 5 m, 4 27 m, 8 34 m, 2
- 7 m, 7 13 m, 1
- Appnlse à ippulse 1 Appulse b
- 13 h. 7 h.
- 10 h. ippulse à
- 11 h.
- 11 h. 16, h.
- ippulse 1
- 12 h.
- ippulse il
- P9 du bord. 3 6 du bord. i'C du bord. 13 m, 7 2 m, 9 15 m, 9 04 du bord. 9 m, 9 1 m, 2 22 m, 2 O'î du bord. 51 m, 5 i'î du bord.
- Éclipse partielle de Soleil le 11 janvier 1899 invisible à Paris.
- Commencement de l’éclipse générale, le 11 janvier, à 9 h. 3 m, O, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude =149°38' E. de P^ris, latitude = 31a 55’ B.
- Plus grande phase de l’éclipse, 11 janvier, à 10 h, 47 m, 2, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude = 164° 40' E. de Paris, latitude = 6i°2i' B.
- Grondeur de l’éclipse = 0,716, le diamètre du Soleil étant un.
- Fin de l’éclipse générale, 11 janvier, à 12 h. 31 m, 5, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude = 151° 15'0. de Paris, latitude =56° 47'B.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Satellites de Jupiter.
- ÉCLIPSES. OCCULTATION S.
- 1899. Satellites. Commencement. Fin Immersion. Emersion.
- Janv. 2 I 15 b. 20 m. 6 s. 18 h. 38 m.
- 9 I 17 b. 13 m. 26 s.
- 11 1 15 h. 5 m.
- — 11 II 16 h. 13 m.
- 16 I 19 h. 6 m. 43 s.
- 18 I 16 h. 58 m.
- 21 II 16 b. 22 m, 40 s. 16 h. 52 m. 18 b. 49 m.
- N 22 III 14 b. 20 m. 15 b. 53 m.
- — 25 I 15 h. 28 m. 13 s. 18 h. 52 m.
- 28 II 16 h. 40 m. 0 s. 18 h. 56 m. 24 s. 19 h. 8 m.
- 29 lit 14 b. 58 m. 42 s. 18 h. 21m.
- Févr. 1 I 17 h. 21 m. 23 s.
- 3 I 15 h. 13 m.
- . _ 5 III 17 h. 11m. 02 s. 18 b. 55 m. 7 s.
- — 10 I 13 h. 42 m. 53 s. 17 h. 5 m.
- — 15 II 13 h. 21 m. 16 s. 13 h. 28 m. 15 h. 43 m.
- — 17 I la ii. 36 m. 02 s.
- ÉCLIPSES.
- 1899. Satellites Commencement. Fin.
- OCCULTATIONS. Immersion. Emersion.
- Févr.
- Mars
- 19 I 13 h. 23 m.
- 22 II 13 h. 39 m. 33 s. 15 h. 55 m. 36 s. 15 b. 57 m. 18 b. 11 m.
- 24 I 17 h. 29 m. 10 s.
- 26 I 15 h. 12 m.
- 1 II 16 h. 14 m. 10 s.
- 5 I 13 h. 50 m. 56 s. 17 h. 0 m.
- 6 III 13 h. 23 m. 14 h. 28 m.
- 12 II 12 h. 12 m.
- 12 I 15 h. 43 m. 49 s.
- 13 III 13 h. 0 m. 25 s. 14 b. 59 m. 38s. 16b. 57 m. 17 h. 58 m.
- 14 I 13 h. 1 i m.
- 19 11 10 b. 42 m, 5 s. 14 h. 35 m.
- 19 1 17 h. 57 m. 5 s.
- 20 III 16 h. 57 m. 57 s.
- 21 I 12 h. 5 m. 21s. lob. 0m.
- 26 11 13 b. 17 m. 32 s. 16 h. 53 m.
- 28 I 13 b. 58 m. 44 s. 16 h. 45 m.
- 50 I 11 h. 11 m.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49”,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES 1)U MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL
- Lundi 26 décembre. - 6*,1 S. S. E. 2. Beau.
- Mardi 27 1*,9 S. S. W. 5. Beau.
- Mercredi 28 5",5 S. S. W. 4. Couvert.
- Jeudi 29 5\1 S. S. W. 2. Couvert.
- Vendredi 50 6*)1 S. S. W. 2. Couvert.
- Samedi 31 — 2*,0 S. S. W. 1. Couvert.
- Dimanche 1" janvier. 4%8 S. S. E. 3. Couvert.
- PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- 0,0 Beau.
- 0,0 Beau jusqu’à 7 h. ; puis nuageux; couvert après 20 h. ; halo.
- 0,6 Couvert le matin; puis nuageux; beau après 21 h. ; gelée blanche ; pluie à diverses reprises avec grêle à 15 b.
- 1,0 Beau à 1 h.; couvert ensuite ; halo ; gelée blanche ; pluie à diverses reprises.
- 3,2 Couvert jusqu’à 15 b. ; puis nuageux; beau après 21 h. ; pluie à diverses reprises.
- 3,6 Beau jusqu’à 6 h.; couvert ensuite ; neige dans la soirée.
- 10,4 Presque couvert; pluie à diverses reprises.
- DÉCEMBRE 1898-JANVIER 1899. — SEMAINE DU LUNDI 26 DÉCEMBRE 1898 AU DIMANCHE 1er JANVIER 1899.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tempêtes sur la Manche. — Pendant toute la semaine du 2i au 31 décembre 1898, de fortes tempêtes se sont abattues sur la Manche, sur les côtes de France et d’Angleterre. On en a ressenti le contrecoup à Paris.
- Le 27 décembre à Douvres, la tempête a empêché les bateaux de Belgique et de France de pénétrer dans le port. Quatre paquebots sont restés en rade sans pouvoir aborder. Le paquebot de Boulogne a été obligé de rentrer à Boulogne faute de pouvoir pénétrer à Folkestone, où cependant les paquebots rentraient ordinairement très facilement.
- Le mèmè jour, il y a eu vent et tempête à Londres et sur toute l’Angleterre. Le beau parc de Greenwich a été dévasté. Un peu partout, les rivières ont débordé. Les nouvelles de désastres maritimes ont afflué. Pendant les tempêtes de sud-ouest, les paquebots de Calais et d’Ostende n’ont pu entrer à Douvres. Quatre paquebots ont dû attendre, en rade, ballottés par la tempête, sans oser aborder.
- Jamais, depuis 1873, les bords de la Tamise n’avaient été plus éprouvés
- par une tempête de vent. Le port de Londres présentait le plus singulier spectacle. De nombreuses barques, ayant brisé leurs amarres, flottaient au milieu des épaves les plus diverses : balles de coton, caisses vides, coffres, portes, fenêtres,'toits entiers, paquets de linge, toiles d emballage, chapeaux sans nombre, chiens, chats, poulets, etc., etc.
- Le 28 décembre, la tempête sur la Manche a complètement cessé.
- Dans la matinée, à 9k30", le vapeur Marié-Héatn.r, qui avait dû retourner la veille au soir à Boulogne, n’ayant pu entrer à Folkestone, est arrivé dans ce dernier port. •
- Tous les services entre les côtes françaises et anglaises ont été repris le 28 décembre. A la même date, par un brouillard épais et un fort vent du Sud-Ouest, la barque française Marie-Thérèse, allant de Hull à la Martinique, a fait naufrage à cinq milles environ de la jetée de Bournemouth. L’équipage a été sauvé à l'aide d’un va-et-vient. La tempête a recommencé le "29 décembre 1898 à Londres et dans la Manche.
- Le 31 décembre, la neige est tombée à Paris eu abondance à partir de 3 heures du soir.
- PHASE DE LA LUNE : P. L. le 27 à 11 h. 49 min. du soir.
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- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —©— Par décret, sont nommés pour l’année 1899 : président -du Bureau des longitudes, SI. Poincaré; vice-président, SI. Paye; -secrétaire, SI. Lippmann.
- —©— Une entente a eu lieu entre les gouvernements français et suisse sur l’établissement prochain d'une grande ligne téléphonique internationale directe de Lyon à Genève. On étudie également un projet d’établissement de deux autres lignes, l’une de Genève à Annemasse, destinée à relier Genève avec le Chablais et le Fau-cigny; l’autre reliant Genève avec le pays de Gex.
- —La Préfecture de police vient d’adresser aux Chambres syndicales des coiffeurs parisiens une circulaire concernant l’emploi de certaines lotions dont l’usage et la manipulation sont dangereuses et ont occasionné déjà de graves accidents. 11 s’agit des produits à hase d’éther et de pétrole qui sont utilisés par un grand nombre de coiffeurs, et qui, tout en présentant de sérieux dangers, « ne possèdent pas meme les propriétés qu’on leur attribue » ; ce sont les termes mêmes de la lettre adressée par le ministre de l’intérieur après avis du Conseil d’hygiène.
- —L’ambassadeur d’Angleterre à Berne vient, sur l’ordre de son gouvernement, de faire l’acquisition d’un troupeau de quinze chèvres blanches, sans cornes, de Gessenay (canton de Berne). Ces animaux sont destinés à faire souche au Cap, où ils vont être expédiés par Hambourg. Chaque chèvre rendue au Cap reviendra à 800 francs.
- —©— Un chimiste, nommé M. Moller, a pris un brevet pour un curieux procédé d’amélioration des boissons alcooliques par le peroxyde d’hydrogène : l’addition d’un demi-litre environ de peroxyde d’hydrogène, tel qu’il se trouve dans le commerce et contenant environ 10 pour 100 de son volume, suffirait pour vieillir 100 litres de cognac. Une addition plus forte, jusqu’à deux litres, n’accélère guère la maturation : l’effet serait le même, que la maturation ait lieu en fûts ou en bouteilles. Le nouveau procédé offre, d’après M. Moller, sur les procédés artificiels connus de maturation, l’avantage qu’il est etfectué sans aucun dispositif mécanique et qu’il est, par conséquent, très simple et très économique. Il suffit d’ajouter l’eau oxygénée aux boissons qu’il s’agit de mûrir; la maturation commence immédiatement, avance successivement et est complète en peu de temps, environ deux à trois mois, c’est-à-dire que les boissons ont alors le même caractère que si, d’après l’ancien système, elles avaient séjourné pendant de longues années dans des fûts. L’inventeur estime que le nouveau procédé accélère au moins cent fois la maturation.
- —©— Nouvel aéroplane de M. Goupil. Selon M. Meylan cet aéroplane est à ailes concaves d’une envergure de 5 mètres et d’une superficie de 18 mètres carrés; il est disposé au-dessus d’une bicyclette ordinaire, et, à l’avant, se trouve une hélice propulsive à deux palettes de 2 mètres de diamètre actionnée par un moteur à pétrole de 20 kilogrammes. Ce moteur, placé sur le guidon et au-dessus de la roue de la bicyclette, peut actionner l’hélice à raison de 300 tours à la minute. Le motetfr est construit par M. II. Tenting,
- Îui l’a calculé d >près les indications tirées des expériences des Lenard, Tafln, Lilienthal, etc. : moteur aéroplane et bicyclette ne pèseront pas plus de 75 kilogrammes, soit au total, avec l’expérimentateur, 110 kilogrammes. L’expérience se fera aux premiers beaux jours sur les hauteurs de l’Hautie; l’inventeur, M. Goupil, estime qu’à une vitesse de 30 kilomètres à l’heure l’appareil quittera le sol et que son hélice propulsive sera suffisante pour le faire avancer, par glissement, sur les couches atmosphériques.
- -©— La plus rapide traversée de l’Atlantique a été effectuée en 1898 comme en 1897 par le paquebot allemand Kaiser Wilhelm der Grosse. En 1897, dans le mois de novembre, il était revenu de New-York à une vitesse moyenne de'22 nœuds 35 ; sa meilleure traversée à l’aller avait été réalisée en 5 jours 22 heures 30 minutes, soit à une vitesse de 21 nœuds 39. En 1898, il a accompli seize traversées de l’Atlantique, huit d’aller et huit de retour; revenant de New-York, il fit en mars 3120 milles en 5 jours 20 heures, soit à une vitesse de 22 nœuds 29 et, en mai, 3130 milles en 5 jours 21 heures 48 minutes, soit à une vitesse de 22 nœuds 07; ses meilleures traversées à l’aller sont en mai, 3035 milles en 5 jours 16 heures 48 minutes, vitesse moyenne de 22 nœuds 19 et, en juillet, 3146 milles en 5 jours 19 heures 45 minutes, vitesse moyenne de 22 nœuds 51.
- —La petite ville minière d’Elevetii du district minier de Messaba (Minnesota) dont la population est de 2500 mineurs avec hôtels, banques, magasins, etc., ne compte que 4 ans d’existence. On vient de découvrir sous la ville un très riche filon de minerais de fer et la ville devra déménager pour permettre son exploitation. Pour engager les propriétaires à « déménager » on vient de créer, à peu de distance de l’ancienne ville, une ville nouvelle avec rues empierrées et trottoirs! et une entreprise da transports de maisons vient de s’installer pour transporter, aux frais de la Compagnie minière, les habitations dans la nouvelle ville. L’émigration des « homes » vient de commencer.
- —©— Le 4 janvier 1898, a eu lieu à la réunion de la Société astronomique de France un curieux tournoi de calculateurs. Deux des membres de la Société, M. Inaudi, le calculateur mental bien connu, et M. Brandebourg, qui opère avec des méthodes raisonnées spéciales, ont rivalisé d’exactitude et de rapidité. M. Inaudi tourne le dos au tableau, tandis qu’une personne y inscrit les sommes dictées par l’auditoire. Il résout ainsi en 9 secondes la soustraction de deux nombres de 18 chiffres chacun; en 15 secondes la multiplication d’un nombre de 5 chiffres par lui-même: en 54 secondes, celle d’un nombre de 5 chiffres par un autre nombre de 5 chiffres également. En 4 minutes il a porté le chiffre 2 à sa 50e puissance, extrait des racines de chiffres portés à la 52e puissance, et enfin récapitulé de mémoire toutes les sommes inscrites au tableau sans y avoir un instant jeté les yeux. M. Brandebourg regarde le tableau et procède scientifiquement, mais il obtient dans ses opérations une rapidité plus grande encore. Pour une addition de 10 nombres de 6 chiffres chacun, le temps de les inscrire et de tirer la barre : le total est donné instantanément. Pour une multiplication de 5 chiffres par 5 chiffres, 12 secondes. Pour 4 multiplications de 2 chiffres par 2 chiffres, mais dont les 4 produits doivent être totalisés, le total général est donné en 2 secondes. Enfin, M. Brandebourg fait aussi des multiplications mentales de très grands nombres, en remplaçant les chiffres par des sons, ce qui lui donne des mots que sa mémoire retient mieux que des nombres.
- —Ce qu’il y a dans l’homme? Exactement les mêmes choses que dans l’œuf de poule, si l’on en croit les chimistes. Un Allemand s’est en effet livré à une série d’expériences d’où il résulte que tous les éléments constitutifs d’un homme du poids moyen de 68 kilogrammes sont représentés en substance dans le blanc et le jaune de 1200 œufs ordinaires. Réduit à l’état fluide, le même homme fournirait 98 mètres cubes de gaz et assez d’hydrogène pour gonfler un ballon ayant une force ascensionnelle de 70 kilogrammes. A l’état normal, le corps humain contient suffisamment de fer pour en fabriquer 7 gros clous, assez de graisse pour en confectionner 6k*,503 de bougie, assez de carbone pour en faire 05 grosses de crayons et assez de phosphore pour en « boutonner » 820000 allumett.es. Enfin, il convient d’ajouter à ces divers ingrédients 20 cuillerées à café de sel, 50 morceaux da sucre et 42 litres d’eau. — Ce que c’est que de nous !
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES1
- Adresses relatives aux appareils décrits. • — Appareil fumivore Hawley : M. Kiandi, 1, rue de Rossini, à Paris. — Les lampes à acétylène de M. Gossart se trouvent à la maison E. Beyssac et Cie, 152, rue Saint-Sernin, à Bordeaux.
- Communications. — M. H. Hervé, à Paris, à propos de l’information que nous avons publiée sur l’ascension du ballon anglais YExcelsior, traversant la Manche (n° 1556 du 51 décembre 1998) et surtout à propos d’articles publiés dans divers journaux, nous transmet les observations suivantes : « 1° 11 est dit que Lhoste est le seul aéronaute qui ait réussi à exécuter des manœuvres de déviation en mer. Affirmation inexacte : Lhoste a essayé, sur la Manche en 1886, des manœuvres de déviation à l’aide de la voile et du guide-rope, mais n’y a pas réussi d’une façon appréciable, comme il eut la franchise de le reconnaître en déclarant qu’il aurait fallu augmenter beaucoup la surface de voilure (Comptes rendus. — Voy. Récit reproduit en juillet par La Nature). Le premier résultat dans cette voie a été obtenu par moi, peu après, en 1886 (septembre), sur la mer du Nord à l’aide d’appareils basés sur un principe différent (déviateur aquatique, notamment) et le demi-angle abordable mesuré a atteint près de 70°. C’est grâce à ce moyen que nous avons pu, mon compagnon E. Alluard et moi, atteindre le littoral anglais à proximité de Yarmouth malgré un vent sud qui nous eût entraînés dans l’axe de la mer du Nord, comme le montre le diagramme que je vous envoie. 2J La traversée de France en Angleterre, dit-on, n’a été exécutée que trois fois, toutes trois par Lhoste : autre erreur; car, outre les traversées de Lhoste exécutées grâce au vent et sans résultat sensible en ce qui concerne la dirigeabilité (la voile était principalement, dans l’esprit de Lhoste, un organe récupérateur de la vitesse perdue par la résistance de son flotteur-équilibreur), il a été accompli par mon aide et moi, comme on vient de le voir, une autre traversée de France (Boulogne-sur-mer) en Angleterre (Yarmouth), par-dessus la mer du Nord, les 12-15 septembre 1886, et dans laquelle l’arrivée à la côte a été uniquement due à l’action des appareils de direction. Le récit de cette ascension, qui fut en même temps le premier voyage de 24 heures sans escales, a été publié à l’époque dans un grand nombre de journaux. M. Tissandier le cite dans son Histoire des ballons, II, 85. La carte de la traversée et divers appareils figuraient à l’Exposition universelle de 1889 (Voy. Génie civil : L’Aéronautique à l’exposition, etc.). 5° Lhoste est regardé comme l’inventeur du système de déviation par voile et guide-rope et l'on ajoute que Andrée l’a imité ; deux inexactitudes : Andrée ne doit rien à Lhoste, mais tous deux doivent beaucoup à leurs prédécesseurs : le danois Kratzenstein, 1784, surtout le français Thilorier, 1815, et l’anglais Green, 1855-1845, notamment. — Veuillez parcourir à ce sujet le simple résumé ci-joint (Aéronaute 1898, p. 107) de Y Historique des dèvialeurs aériens que j'ai présenté au dernier Congrès des Sociétés savantes. 4° L’aéronaute Jovis, dit-on, a imaginé l’emploi en mer du guide-rope équilibreur. Chacun sait au contraire que Green a fait, il y a un demi-siècle, les premières applications de son guide-rope, simple ou à flotteurs, sur mer dans ses traversées de la Manche d’Angleterre sur le continent. Jovis, au cours de son voyage en Corse, n’y a rien changé de notable. 5° La déviation habituellement obtenue aurait une valeur moyenne de 270° (ce qui est qualifié de (( léger moyen de déviation »). Or, les résultats, quant à la dirigeabilité relative par appareils de déviation, aquatique ou aérienne, sont faciles à résumer :
- Demi-an-rle ( 188,5 f'1,os,e : Déviation non mesurée, à peine appréciable, abordable > 1886 Hervé : Déviation maxima mesurée : 65 à 70’.
- ( l.SJo Andrée : Déviation maxima mesurée : 10 a lé*.
- Nous sommes loin des 270° annoncés.
- 11 vous paraîtra sans doute, comme à moi, regrettable, que la presse quotidienne accueille et répande de semblables inexactitudes; si la presse scientifique Limitait, ne serait-ce
- pas décourager et écarter de la science ses contingents les plus dévoués? »
- M. P. Dujardin, à Paris, nous a fait parvenir une communication relative à un aérolithe qui a été observé dans la nuit de Noël et que nous n’avons pu indiquer précédemment faute d’espace. « Passage ihblm du matin le 25 décembre. Forme en virgule, très accentuée. Direction nord-sud approximativement. Angle sur l’horizon, environ 65°. La marche était lente, j’ai observé le phénomène pendant 15’, et mon œil pouvait embrasser un arc d’environ 80° au maximum. J’étais alors-rue Saint-Placide, me dirigeant vers le carrefour de Rennes ; et en comparant la longueur apparente du bolide, avec le disque lunaire, il me semble que la longueur totale était d’environ cinq ou six fois le diamètre de la lune. Le point remarquable était surtout la couleur rouge fuligineuse des bords. Le centre, surtout du côté du gros bout, paraissant tomber vers la terre, avait exactement la coloration de la fonte de fer refroidie, lorsqu’elle descend du rouge cerise au rouge sombre; une teinte très nette verdâtre, analogue à celle du cuivre en fusion à l’air, entourait la partie rouge, et enfin des vapeurs noirâtres épaisses se dégageaient du tout. »
- M. C. Marchai, au Creusot. nous adresse la lettre suivante : « En 1897, en vous faisant connaître le régime de hannetons pour Saône-et-Loire, j’ai avancé avoir lu la mention d’une carte de ce genre. Je viens de retrouver cette mention. C’est dans le journal Y Agriculture Nouvelle, n° 89, du samedi 51 décembre 1892. Sous la rubrique Hannetonnage en 1895, on lit les mots : <; Carte des départements où l’éclosion principale des hannetons doit se produire en 1895 », par Le Moult, à Dromfront (Orne), Dans le n° 84 du 26 novembre 1892, du même journal, les départements suivants sont indiqués comme devant avoir la principale éclosion en 1895 (régime bâlois) : Morbihan, Somme, llle-et-Vilaine, Finistère, Côtes-du-Nonl, Mayenne, Sarthe, Loire-Inférieure, Loir-et-Cher, Maine-et-Loire, Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, Indre, Cher, Charente et Charente-Inférieure. D’après mes recherches personnelles, la Nièvre a le régime uranien ; la Haute-Saône a les hannetons 2 années sur 5 (régimes bernois et uranien). Le Calvado< a le régime bâlois. Le régime d’une région peut-il changer ? Cela paraît avoir eu lieu pour la Sarthe, qui n’a plus le même régime qu’à l’époque de son célèbre préfet Romieu. »
- M. E. Van den Broeck, conservateur au Musée royal d’histoire naturelle de Belgique, à Bruxelles, nous envoie une brochure qui renferme les notices suivantes : L'origine et la signification des rnistpoeffers ; leurs rapports avec la météorologie endogène et avec une orientation nouvelle, en Belgique, dans l’étude du grisou. Les manifesta lions grisou-teuses et leur prévision dans ses rapports avec la météorologie endogène et avec la météorologie atmosphérique, ainsi qu’un guide dans les collections du Musée royal.
- M. Fr. Hoffmann, directeur de l’hôtel et de l’établissement des bains de Gürnigel, près de Berne (Suisse), nous adresse une carte illustrée avec une photographie représentant une vue de la contrée, et ses meilleurs vœux pour la nouvelle année.
- Renseignements. — M. Alb. de Vaux, à Bruxelles. — Les engrais pour plantes d’ornement dont nous avons parlé dans le n° 1516 du 20 août 1898, p. 185, se trouvent chez M. G. Truflaut, 59, avenue de Picardie, à Versailles.
- M. P. B. C. Alsamsto, au Tonkin. — 1° Nous ne pouvons nous occuper de cette question. — 2° Nous vous remercions.
- M. E. F. G., à Bordeaux. — Pour les piles Leclanché, la solution de chlorhydrate d’ammoniaque, pour donner le meilleur rendement, doit être à moitié saturée. On fait une solution saturée et on en prend un volume que l’on double en ajoutant de 1 eau.
- M. Mauny, à Moncontour. — Il faudrait vous adresser directement à l’auteur de l’article, 29, rue de F Abbé-Grégoire, à Paris.
- Un lecteur, à Fives-Lille. — Ce procédé chirurgical a été appliqué par le I)r Lannelongue seulement. On doit encore faire toutes ses réserves sur le procédé qui est discuté.
- M. M. L. Stampa, à Paris. — 1° Nous ne connaissons pas cette composition. — 2° Machines-outils pour fabrication de boutons de corne : M. Leroy fils, à Fresneaux (Oise), M. Pinchart Denv, 58, boulevard Richard-Lenoir, à Paris.
- M. H. P., à Y anves. — Pour la distillation du bois, vous pourriez vous adresser à M. Montupet, 19, rue de la Voûte, à Paris.
- (Voir la suite de la Boite aux lettres page 3* des Nouvelles scientifiques.>
- bans la « Boite atu lettres » ta Hedaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les Questions, ni a insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu'a’ix lettres reçues avant le lundi qui précédé la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- BOITE AUX LETTRES (Suite)
- M. G. Vivante, à Trieste. — Vous voulez sans doute parler du microphonographe de M. Dussaud; nous en avons donné la description dans le n° 1256 du 6 février 1897, p. 145. Cet appareil est construit par la Société industrielle des téléphones, 25, rue du Quatre-Septembre, à Paris.
- M. H. B., à Marseille. — Vous vous conseillons de consulter les catalogues de la collection photographique de la librairie Gauthier-Villars.
- M. M. P., à X. — Nous avons publié dans le n° 1259 du 17 juillet 1897, p. 105, un article de M. Londe sur des animaux japonais analogues à ceux dont vous nous parlez, animaux momifiés au corps de poisson, de baleine, à tète ressemblant h celle d’une momie.
- M. Azéma, à Saint-Martin-Château (Creuse). — Nous n’avons pas d’adresse plus complète ; mais nous croyons bien que celte localité est située en Allemagne, près de Thaley.
- M. A. Thibaudeau, à Paris. — Le développement puissant dont vous parlez a été indiqué dans La photographie française du 1er juillet 1898. Sa formule est la suivante : A. Eau distillée, 200 centimètres cubes; sulfite de soude cristallisé, 40 grammes; acide pyrogallique, 4 grammes. ;— B. Eau chaude, 200 centimètres cubes; carbonate de soude cristallisé, 200 grammes. Usage : solution A, 20 centimètres cubes; solution B, 20 centimètres cubes; eau, 150 centimètres cubes; bromure de potassium à 10 pour 100, 15 à 20 gouttes.
- M. Schlenk Luigi, à Milan. — Nous n’avons pas eu sur cette question d’autres détails depuis notre dernier article paru en juin 1897.
- M. P. de T., à Belfort. — Vous pourriez demander ces divers renseignements à M. Gaumont, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- M. Dubois, à Nice. — La bonne eau pure est à conseiller avant tout. Très prudemment l’eau de Vichy. Mieux, l’eau de Contrexéville et l’eau d’Evian.
- M. Mariano M., à Séville. — 1° 11 n’existe pas d’ouvrage à ce sujet. — 2° Il a déjà paru 4 séries de petits livres des Recettes et procédés utiles et une cinquième va paraître prochainement; le prix de chaque série est de 2,r,25 broché et 3 francs cartonné.
- M. J. Lamade, à Valence-sur-Baise. — Le moteur à pétrole sera certainement le plus simple et le plus économique; nous pouvons vous indiquer la maison Brouhot à Vierzon (Cher), M. Cohendet, 166, quai Jemmapcs, à Paris, la maison Japy frères, 7, rue du Château-d’Eau, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M A. B., h Lille. Il nous est impossible de répondre à votre demande. — M. G. Levai-, à Paris. Nous pensons qu'il serait nécessaire de consulter un médecin. — M. AI. L., à Paris; AI. R. Constant, à Paris. Consultez le petit livre des Recettes et procédés utiles, 2e série, à la librairie Masson et Cie. — M. Dumont, à Paris. Remerciements pour votre communication.
- PHOTOGRAPHIE PRATIQUE
- Sensibilisateur Elgé pour menus et cartes postales. —-M. Gaumont vient de créer un sensibilisateur dont l’emploi est très commode et qui permet de faire soi-même les cartes postales et les menus illustrés. Au moyen d’un pinceau on étend un peu de la solution Elgé sur un coin du papier ou carton à sensibiliser. Cette opération peut se faire soit à la lumière du gaz, soit même à la lumière diffuse du jour. On fait sécher à l’obscurité et si l’on est pressé on peut sécher au feu, au-dessus d’un réchaud à gaz brûlant au bleu et donnant peu de lumière ; on interposera une feuille de tôle pour empêcher l’action directe de la lueur de la flamme. Une fois sèche, la carte est prête à être impressionnée au châssis-presse comme un papier albuminé. On n’a pas besoin de cache lorsqu’on ne sensibilise que la partie qu’on désire imprimer et que le cliché est plus grand que la partie sensibilisée ; les dégradés s’obtiennent en estompant irrégulièrement avec le pinceau les contours de la partie sensil îlisée. Lorsque le tirage est terminé, l’épreuve est lavée à deux ou trois eaux pendant cinq minutes, puis fixée dans un bain d’hyposulfite à 10 pour 100, ou dans un bain d’ammoniaque à 15 pour 100. On lave encore après le fixage. Si on trouve l’épreuve trop faible, on active le séchage en la chauffant avec un fer à repasser. Du reste, c’est une bonne mesure à prendre que de repasser ainsi le papier qui a été mouillé par les lavages. Pour la sensibilisation, on n’humecte que la partie où l’on voit l’image; mais pour les lavages et fixages, il faut tremper le papier en entier dans les bains, c’est le seul moyen de l’avoir ensuite bien plan, en le séchant comme nous avons dit plus haut. — Le nouveau sensibilisateur se trouve chez M. Gaumont et Cio, 57, rue Saint-Roch, Paris.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Valeur alimentaire des Haricots.
- Les haricots de France, récoltés dans les diverses régions-de notre pays, valent-ils ceux des pays étrangers ? La question semble bizarre ; elle a dû cependant être résolue parM. Ballandr le distingué pharmacien militaire. Les fournitures de l’armée doivent être faites avec des denrées de provenance exclusivement française. Cette prescription, de tous points fort légitime et qu’on s’étonne d'avoir eu à discu'cr, a conduit les directeurs du Service de l’Intendance à s’assurer si les haricots indigènes présentaient la même valeur alimentaire et la même aptitude, à la conservation que les haricots exotiques.
- De nombreux échantillons, recueillis en 1897, dans une quinzaine de départements gros producteurs : Côte-d'Or, Dordogne, Meuse, Nord, Saône-et-Loire, Vendée, etc., ont donné des résultats identiques à ceux de l’étranger comme valeur alimentaire.
- Au point de vue de l’hydratation, ils ne devraient pas contenir, pour le service de l’armée, plus de 12 à 14 pour 100-d’eau; on pourrait ainsi les conserver, sans altération, le séjour dans les magasins devant être d’un an. 11 n’y aura, pour obtenir ce résultat, qu’à recommander de faire la récolte par un temps sec, de la sécher au soleil ou sous des hangars bien aérés. Nos petits tourlourous mangeront le haricot français; ils le digéreront toujours mieux que le haricot exotique. Dr X.
- Contre les crises d'Asthme. (Clymek.)
- Teinture d’opium................... 4 grammes.
- Ether sulfurique................... 8 —
- A prendre, toutes les demi-heures, L gouttes jusqu’à cessation de l’accès.
- Règles diététiques à l'usage des asthmatiques.
- On sait que les crises d’asthmes prennent la plupart du temps les malades peu après leur premier sommeil, dans la première partie de la nuit.
- La digestion en est la cause, aussi doit-on recommander aux asthmatiques les principes suivants:
- 1° Ne jamais se mettre au lit avant d’avoir laissé s’écouler un temps suffisamment long pour que la disgestion stomacale et même l’absorption aient pu s’effectuer.
- 2J Faire le plus grand repas le matin et manger fort peu le soir, en ayant soin de choisir les aliments les plus réparateurs sous un petit volume.
- L’action des médicaments dans la production de l'asthme est en raison directe de leur indigestibihté. Dr G.
- Traitement des brûlures par le chlorate de potasse.
- Dans les brûlures au début, lorsque la douleur domine, j’emploie une solution de chlorate de potasse saturée à froid, en bains locaux ou même généraux, immédiatement après l’accident. Le remède est efficace dans toutes les brûlures, même profondes, mais son action est particulièrement manifeste dans les cas d’érythème dus aux brûlures superficielles, si étendues qu’elles soient : le soulagement se produit d’une façon très rapide et la douleur ne tarde pas à se dissiper.
- Plus tard, la conduite varie suivant que la brûlure est profonde, avec destruction de tissus, eschares, etc., ou qu’il s’agit d’une lésion superficielle. Dans le premier cas, on procède comme pour une plaie ordinaire. Dans le second, on continue jusqu’à guérison les applications de compresses de chlorate de potasse, mais en les recouvrant avec une toile imperméable.
- Employé comme je l’indique, le sel n’est absorbé qu’en quantité minime et n’a jamais donné lieu au moindre accident.
- Larger (de Maisons-Laffitte).
- Salicylate de soude contre le mal de dents.
- Frederick Coley (Practitioner, d’après les Nouveaux remèdes)T considère le salicylate de soude comme le meilleur remède contre le mal de dents par refroidissement. La douleur cesse en peu de temps après l’administration du médicament à la dose de 0‘r,90; cette dose est-elle répétée à plusieurs reprises, de quatre heures en quatre heures, l’inflammation ne tardera pas à disparaître à son tour, et la dent cariée pourra alors être soumise au traitement convenable. Le salicylate de soude à la dose de 0er,90, associé à XV gouttes de teinture de belladone, piocure parfois un sommeil tranquille.
- L’auteur, qui avait employé le salicylate de soude dans un grand nombre de cas et presque toujours avec succès, le recommande surtout contre le mal de dents chez les enfants, où il faut s’abstenir autant que possible de l’extraction des dents pour ne pas entraver le développement des mâchoires.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Teinture du buis en noir. — On recommande, pour donner au buis une belle couleur noire, d’appliquer en couches successives plus ou moins nombreuses, suivant le besoin, la Peinture suivante : pyrolignite de fer à 12° Baume, 500 parties; bisulfite de soude à 35° Baume, 50 parties; acide acétique à <i° Baume, 100 parties; extrait de campèche ramené à 12° Baumé, 20 parties.
- — Avivage des étoffes noires. — 11 arrive souvent que les couleurs noires des étoffes sont rougies ou ternies, mais on peut arriver à les raviver par le procédé suivant, qui est lui-mème une véritable teinture : On prend de 50 à 75 grammes de bois de campèche que l’on coupe en petits morceaux et que l’on fait bouillir dans une chaudière en cuivre avec une quantité d’eau suffisante pour immerger complètement l’étoffe que
- l’on veut raviver. Il faut préalablement laver cette étoffe dans de l’eau légèrement chaude, et pendant quelle est encore humide, on la plonge dans la chaudière où on la laisse dans la solution bouillante pendant vingt minutes environ ; au bout de ce temps, on retire l’étoffe et on ajoute à la solution 5 à 10 grammes de sulfate ferreux, qui donne au liquide une coloration noire ; puis, dans le bain ainsi préparé, on plonge une deuxième fois l’étoffe ; au bout d’une demi-heure d ébullition, on la retire, on l’égoutte, on la laisse refroidir, puis on la rince à l’eau pure. La teinture a repris toute sa fraîcheur.
- Les taches d’encre et les planchers. — Rien ne désole une maîtresse de maison comme une tache d’encre sur un plancher : pour réparer ce malheur, ou plutôt le faire disparaître, on recommande de frotter avec du sable qui a été mouillé d’un liquide formé en parties égales d’eau et d'huile de vitriol. Quand l’encre est disparue, on rince l’endroit avec de l’eau de lessive faible.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 2 janvier . . 8°, 9 W. S. W. 0. Couvert. 10,4 Très nuageux; pluie la moitié du temps avec grains de neige et de grêle.
- Mardi 3 5*,1 W. N. W. 5. Couvert. 9,9 Très nuageux; gelée blanche; gouttes à 4-5 b.
- Mercredi 4 3°,9 S. 2. Couvert. 0,4 Très nuageux à 1 h. ; couvert ensuite ; gelée blanche.
- Jeudi 5 8%5 S. S. W. 2. Couvert. 1,8 Presque couvert; pluie vers 2 b.; bruine de 19 à 21 h.
- Vendredi 6 6%1 E. 1. Peu nuageux. 0,1 Beau de 17 à 20 h. ; très nuageux le reste du temps; gelée blanche.
- Samedi 7 7‘,2 S. 3. Couvert. 0,0 Presque couvert ; gelée blanche ; halo.
- Dimanche 8 . . . . 5”,6 S. S. W. 2. Nuageux. 0,0 Nuageux jusqu’à 10 h. ; beau ensuite ; gelée blanche.
- JANVIER 1899. -- SEMAINE Dü LUNDI 2 AU DIMANCHE 8 JANVIER.
- La courbe isupereure indique ia nébulosité de Ü « 1U; les flèches inferieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Ouragans et tempêtes. — Le 1" janvier 1899, ia pluie est tombée en très grande abondance à Paris. Le veut a soufflé en tempête et l’on a eu plusieurs accidents à signaler. Le 2 et le 3 janvier, la pluie a continué et la violence du vent s’est encore accrue. Des tuyaux de cheminée ont été emportés. Plusieurs rafales ont causé de nombreux accidents. En province, il y a eu également des bourrasques de vent et de pluie, notamment à Bordeaux, à Marseille. A Cerbère, près de Perpignan, un yacht de plaisance, le Fram, ancré dans la baie, a été culbuté et coulé. A î'rats-de-Mollo (arrondissement de Céret), des cheminées ont été renversées, des toitures endommagées, des arbres déracinés. A Auxerre, des cheminées ent été abattues et des tuiles ont été enlevées. A Lisieux, l’Orbiquet et le Gaie sont sortis de leur lit, en amont de la ville. Un quartier a été inondé ; la route nationale d’Honfleur à Alençon, sur une longueur de 130 mètres, a été envahie par l’eau. La vallée d’Âuge et Pont-l’Evéque ont été inondés, par suite de la crue des rivières la Touques et la Calogne. Il y a eu 30 centimètres d’eau dans les rues de Pont-l’Evêque. Au Havre, les travaux du nouveau port ont beaucoup souffert, et une partie des chantiers seront à reconstruire. La navigation a été arrêtée. Les
- bateaux d’Honfleur et de Caen sont restés dans le port et même ont été garés dans les bassins. Le transatlantique Bretagne a éprouvé quelques avaries : dans la nuit du 27 au 28 décembre, il a été assailli par la tempête ; les vagues couvraient à chaque instant le pont du navire ; le canot fut arraché ; le dôme de la cale, éclairant les logements du faux pont, a été brisé : l’eau a envahi les cabines de secondes et on a été obligé de procéder au sauvetage des enfants et à celui des passagers. Quelques hommes furent blessés. A Brest, le steamer Frédéric-Frank a été jeté sur le banc de Saint-Marc dans la rade.
- La neige est tombée aliondamment dans l’Ariège. Dans le haut arrondissement de Prade, aux cols de la Perche et de la Quillane, la couche de neige a atteint un mètre de hauteur.
- L’ouragan de neige, de pluie et de vent qui s’est déchaîné avec une si grande violence sur toutes les régions de la France a occasionné des perturbations générales dans l’échange des communications télégraphiques et téléphoniques. L >s réseaux les plus atteints ont été ceux aes groupements de Lille, Dunkerque, Valenciennes, Douai, Amiens, Nancy, Epinal, Lyon, Marseille, Limoges, Pau, Tours, Nantes, etc. Les lils téléphoniques reliant Paris et Bordeaux ont été détruits.
- PHASE DE LA LUNE : D. Q. le 5 à 3 h. 31 min. du matin.
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- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— L’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg a élu membres honoraires le roi de Suède, la reine de Roumanie, M. Nansen, et correspondant M. Emile Senart, membre dé l'Institut <le France.
- —®— Nous avons le grand regret d’annoncer la mort de M. le I)r A. Dumontpallier, membre de l’Académie de médecine, ancien médecin de F Hôtel-Dieu, secrétaire perpétuel de la Société de biologie. Son rapport sur la métallothérapie de Burq, ses nombreuses recherches sur l’hypnotisme et les maladies nerveuses avaient contribué à rendre son nom populaire. M. Dumontpallier laissera de grands regrets parmi tous ceux qui l’ont connu et ont pu apprécier son caractère et sa bienveillance.
- —O— M. Ed. Humblot, inspecteur général des ponts et chaussées,. directeur du service des eaux de la Ville de Paris, est décédé le 12 janvier 1899, à l’âge de 69 ans. Sorti de l’Ecole des ponts et chaussées en 1854, il fut d’abord ingénieur ordinaire à Auxerre. Puis M. Belgrand l’appela à Paris pour les grands travaux d’adduction d’eau de source. Depuis 1867, M. Humblot a fait exécuter tous les travaux de dérivation des sources de la Vanne et de l’Avre, construit les grands réservoirs d’approvisionnement et les usines élé-vatoires, ainsi que le réseau de conduites qui distribuent l’eau dans l’intérieur de Paris. M. Humblot dirigeait encore au moment de sa mort les travaux de dérivation des services de la Vigne et de Verncail, qu’il avait promis de terminer pour le mois de mars 1900.
- —®— On ne se souvient pas d’avoir vu, depuis 1876, une succession de tempêtes ausei désastreuses que celles qui ont traversé l’ouest de l’Europe la semaine dernière. La bourrasque d’une violence inouïe s’est abattue, dans la nuit du 12 au 13 janvier, sur le port du Havre. Poussée par un furieux vent du nord-ouest, la mer a envahi une partie du quartier Saint-François, recouvert le grand quai et le. boulevard Maritime. Aucun bateau n’est sorti. 11 y a eu de nombreux dégâts matériels, mais pas d’accident de personne. La jetée a été envahie par les galets et les pièces de bois projetés par la mer. Le bureau des officiers du port a été complètement démoli. Les becs de gaz de la jetée ont été brisés. Il n’est plus rien resté de l’établissement de bains dont la terrasse s’est effondrée. A Fécamp, la digue du boulevard du Casino a été complètement détruite. Les vagues déferlaient jusque dans les rues voisines. Les jetées ont été couvertes de galets que la mer y a amenés. Une locomobile a été enlevée par la mer. La tempête de vent d’ouest a soufflé à Dieppe au moment de la pleine mer. A 1 heure du matin, les vagues venaient s’abattre jusqu’au milieu de la plage, dépassant les poteaux servant à l’éclairage électrique. La mer a tout dévasté et arraché sur son passage. La route qui longe la plage a été défoncée; les bancs, les vitres et la cabine de secours des bains publics ont été enlevés. La tempête n’a causé aucun sinistre à Cherbourg, mais la côte ouest a été sérieusement éprouvée. On a signalé de Diélette que la jetée ouest qui ferme le port a eu son couronnement enlevé sur une longueur de 60 mètres. Une partie de la digue d’HouIgate a été arrachée ; un grand ebalet est à moitié détruit et les meubles ont été enlevés par la mer; trois autres chalets ont beaucoup souffert. La plage de Pourville est dévastée. Dix chalets ont été envahis par les eaux, l’un d’eux a été transporté à 10 mètres de son emplacement. La vallée a été inondée jusqu’au Petit Abbeville, à 3 kilomètres de la mer. Le casino de Pourville a été évcntrè par les vagues ; le mobilier est perdu. Les dégâts sont importants. La même tempête s’est déchaînée les 12 et 13 janvier, sur la région d’Arras. Les trains ont éprouvé des retards considérables. Des arbres et des poteaux télégraphiques ont été arrachés, notamment sur la ligne de Saint-Poi. La gare de Vitry a beaucoup souffert de la violence du vent. Plusieurs personnes ont été blessées par la chute de tuiles et de volets. Rouen a subi également une très violente tempête
- d’ouest. Un orage épouvantable s’est abattu sur la ville. La circulation est devenue difficile sur les hauteurs ; un tramway a déraillé. Durant quatre heures, le vent a fait rage et soufflé avec fureur, causant quelques dégâts. La Seine a débordé en amont et en aval de Rouen.
- Un cotre italien, le San Francesco, parti le 19 décembre du port de Fiumiccini, près Civita-Vecchia, se dirigeant sur Cette, s’est échoué le 13 janvier sur les bas-fonds vaseux des embouchures du Rhône. L’équipage, dans l’impossibilité de sauver le navire, s’est embarqué dans une chaloupe et, à force de rames, a pu gagner le port de Marseille. Le San Francesco est considéré comme définitivement perdu.
- A Pans, l’immense échafaudage qui abrite la construction de la façade de la nouvelle gare de Lyon s est incliné sous l'effort du vent, des planches ont été arrachées et jetées sur la place Mazas, de nombreuses vitres ont été brisées. Rue Royale, la palissade qui entoure la partie du ministère de la marine actuellement en réparations a été enlevée et jetée à terre. Doux passants ont été légèrement blessés. Vers la même heure, le vent a jeté sur le trottoir, rue du Faubourg-Saint-Jacques, devant le numéro 47, un peuplier du jardin de l’Observatoire.
- La Grande-Bretagne a été aussi très éprouvée par les tempêtes ui se sont abattues sur toute l’étendue du territoire. On a signalé e toutes parts des dégâts considérables. Les communications téléphoniques ont été interrompues. Les services maritimes sur la Manche ont été suspendus. Des navires se sont perdus. Le nombre des morts ou blessés serait d’une centaine. De nombreuses maisons ont été endommagées. Des arbres ont été emportés et plusieurs déraillements de trains ont eu lieu. 11 y a eu un grand nombre de morts et de blessés. Un mécanicien et un chauffeur d’un train de marchandises ont été enlevés par les vagues près d’IIolyhead. Un autre train a été précipité dans la mer près de Penmaenmawr. Le mécanicien et le chauffeur ont également été noyés. A Sou-thampton, des inondations se sont produites à la suite d’une grande marée. Les rues ont été inondées. A Londres, depuis le 11 janvier, le vent a soufflé avec rage. Les vitres des grands magasins du Strand ont été brisées. Puis dans Bond street il y a eu aussi de nombreux dégâts. Les ports, surtout en Angleterre, ont souffert. A Queens-lown, plusieurs grands transatlantiques ont dû passer sans s’arrêter. A Douvres, les paquebots d’Ostende et de Calais n’ont pu accoster et les voyageurs ont dû reprendre la mer. Les journaux anglais demandent avec insistance que la jetée de l’Amirauté soit enfin prolongée pour protéger celle du port.
- La même tempête a sévi sur le nord et l’ouest de l’Allemagne-Dans le sud, il s’est produit des orages et de fortes pluies. A Stuttgard, un vieillard a été écrasé par la chute d’un échafaudage. A Vienne, la tempête a été d’une extrême violence pendant toute la journée du 13 janvier.
- —H— On a lancé le 15 janvier à Belfast, le paquebot transatlantique Oceanic. Ce navire est le plus grand qui ait jamais été construit. Ses dimensions dépassent de beaucoup celles du Great-Eastern. Sa longueur est de 212 mètres et sa largeur de 21 mètres.
- —®— Le 13 janvier ont eu lieu à Saint-Ouen les expériences de la plate-forme d’essai (chemin roulant) proposé pour desservir l’enceinte de l’Exposition entre le Champ-de-Mars et l’Esplanade des Invalides en présence de MM. Picard, Delaunay-Belleville, Duvillé et Bonnard.
- —Parmi les lauréats de l’Académie des sciences, nous citons avec plaisir M. le Dr Castaing, médecin principal de l’armée, médecin chef de l’hôpital militaire de Poitiers, qui a obtenu le prix Bellion pour ses travaux sur l’aération des habitations et pour son système d’aération par les vitres parallèles à ouvertures contrariées que nous avons décrit autrefois.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le toit d’observatoire sectionné se trouve chez MM. T. Cooke and sons, limited, Buckingham Works, York. — Le papier sensible illustré est préparé par MM. Dupuy et fils, 22, rue des Petits-Hôtels, à Paris.
- Communications. — M. Arthur Batut, à Enlaure par La-bruguière (Tarn) nous adresse la lettre suivante : « Je viens de lire avec un vif intérêt l’article intitulé Les mirages dans les rues, paru dans le n° 1337 du 7 janvier 1899, p. 90. Cela me rappelle que j’ai pu, l’an passé contempler ce curieux phénomène du mirage dans les plaines de la Camargue où il est, paraît-il, assez fréquent; et j’ai été assez heureux pour en prendre une photographie. C’était au Mas du Sauvage, chez mon ami M. Paul de Juge ; le domaine du Sauvage est situé sur la rive droite du petit Rhône et à son embouchure ; en face du poétique village des saintes Maries de la Mer, que domine la vénérable et curieuse église romane immortalisée par Mistral. Pas un arbre, pas une ondulation de terrain ne vient couper la monotonie de la plaine immense. Hans les parties que n’occupent ni la vigne, ni la prairie, quelques rares tamaris se dressent péniblement au milieu d’une végétation courte et sombre, sorte de bruyère nommée ingagne, que broutent seuls les taureaux sauvages.
- « En approchant de la mer cette maigre végétation disparaît elle-même sous l’influence du sel qui imprègne le sol, et la terre apparaît aride et nue, craquelée par le spleil sur une étendue de 80 à 100 hectares, que limite au sud la barre de sable du rivage. En arrivant dans ce désert, je distinguai très bien à 600 mètres environ, droit devant moi, une sorte d’étang. Bien que je fusse prévenu, il me fut impossible d’admettre que l’eau que je voyais n’existait pas et que j’étais victime d’une illusion. Pour me convaincre, il me fallut traverser la vaste plaine et constater qu’il n’y avait pas trace d’eau. Ma surprise ne fut pas moindre lorsque, en me retournant, je crus voir une nappe liquide couvrir l’endroit même que je venais de quitter. C’est alors que je pris la photographie que je vous ai parlé. La végétation que Ion distingue en arrière de ce pseudo étang et qui, vue à la loupe, paraît s’v réfléchir, est l’ingagne. »
- M. L. Ducos, à Langon, à propos de notre article sur les sparklets (n° 1334 du 17 décembre 1898, p. 44) nous écrit : « Après examen, j’ai constaté que l’appareil décrit était incomplet. M. le vicomte de la Myre, représentant de cette Société, m’a confié une bouteille avec prière de faire des études pour la rendre pratique. J’ai le plaisir de vous informer que j’ai adapté à cet appareil une pièce formant siphon qui permet de puiser le liquide sous pression comme dans les siphons ordinaires. Dans les dispositions que j’ai appliquées, j’ai respecté entièrement le système existant, ce n'est en somme qu’un dispositif nouveau appliqué au bouchon métal. L’entretien de cette pièce est des plus faciles : il suffit, pour lui donner une durée indefinie, de changer un disque caoutchouc ou cuir gras placé dans l’intérieur. La Société a été informée de ce travail par M. le vicomte de la Myre, représentant. »
- M. le Dc H. Taillefer, à Châteauneuf (Eure-et-Loir) nous adresse l’intéressante lettre suivante que nous reproduisons : « Je me suis souvent demandé comment on n’avait pas essai é de parer au grave inconvénient que présentent les lampes à pétrole de se recouvrir d’une couche d’huile qui en rend le maniement difficile ou même s’écoule sur les objets placés au-dessous. La cause étant connue, il me semble qu’on pourrait apporter un remède. Cela ne tient pas, comme beaucoup le pensent, à ce que l’huile de pétrole suinte à travers les joints ou les parois plus ou moins étanches. En un mot la capillarité n’y est pour rien. Lorsque la lampe est éteinte et refroidie, les vapeurs de pétrole qui s’échappent par l’orifice de la lampe viennent se condenser sur les parois, surtout lorsque ces dernières sont métalliques, par exemple les lampes en nickel. Si
- l’on allume sa lampe tous les jours, la légère couche de vapeur condensée dans l’intervalle de deux allumages s’évapore par la chaleur de la lampe (ce qui explique la forte odeur qui se dégage au début de l’allumage et qui disparaît lorsque la couche de pétrole est complètement évaporée). Tandis que si on laisse la lampe au repos pendant huit jours les vapeurs, par leurs condensations successives, finissent par tomber en gouttes sur les objets placés au-dessous. En empêchant les vapeurs de s’échapper de la lampe, on rendra les parois de celles-ci indemnes. Pour cela deux conditions sont à remplir. Couvrir l’orifice du verre d’un chapeau comme on le fait pour la poussière, ce qui est facile et n’est peut-être pas indispensable. Et puis surtout envelopper la partie du porte-verre qui est garnie d’orifices pour le passage de l’air. C’est là le plus, difficile. Mais je pense que les spécialistes pourraient facilement trouver ce moyen, ne fût-ce qu’un petit manchon en tissu imperméable que l’on fixerait en forme de cravate à ce niveau. »
- M. G. L. Pesce, à Paris, nous envoie une brochure ayant pour titre Contre les naufrages qu’H vient de faire paraître.
- Renseignements. — M. W., à Lÿon. Nous ne connaissons aucune adresse spéciale à vous indiquer; mais vous pouvez faire votre demande à M. Brunet, 29, rue des Trois-Bornes, ou à M: Dubois, 33, boulevard Saint-Martin, à Paris.
- M. V. Mauran, à Lorgues (Var). — Le goudron vous donnera peut-être de bons résultats ; il vous faudrait essayer. Vous en trouverez chez M. Delzant, 46, rue de la Folie-Méri-court, ou chez M. Chavenon fils, 3, boulevard Morland, à Paris.
- M. G. E., à Bucarest. — 1° Vous pourrez vous procurer ces divers ouvrages à la librairie Gauthier-Villars, à Paris. 2° — La force d’attraction reste la même.
- Un abonné, à Ixelles. — Il nous est impossible de vous donner ces renseignements.
- M. I. Mammie, à Aurillac. — Ces diverses questions de mathématiques sont très intéressantes ; mais elles ne rentrent pas dans le cadre du journal.
- M. G. L. E., à Paris. —Vous trouverez divers ouvrages sur ce sujet aux librairies Bernard, Bernard-Tignol, Desforges, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. D. Loche, à Bordeaux, — Ce produit se trouve chez les marchands de produits chimiques; voyez aussi au Comptoir de photographie, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- M. P. Sormani, à Paris. — Nous avons déjà donné quelques recettes se rapportant aux applications que vous nous demandez ; consultez Ips petits livres des Recettes et procédés utiles, lre et 2e série, à la librairie Masson et Cio.
- M. J., à Beauvais. — Nous ne savons pas encore si nous donnerons cotte description.
- M. M., à Lyon. — 11 faut consulter le catalogue de la librairie Masson et Cie et des diverses librairies mentionnées plus haut.
- M. P. Bonnin, à Autun. — 1° Vous pourrez avoir des renseignements précis sur la désinfection en vous adressant à M. A. J. Martin, directeur de l’assainissement, 5, avenue Victoria, à Paris. — 2° Nous avons transmis votre demande à la librairie Masson et le numéro spécimen de la Photographie française va vous être envoyé.
- M. le Dr U., à Bucarest. — Vous trouverez de bons appareils de projection et toutes sortes de clichés et de préparations, chez M. Molteni, 44, rue du Chàteau-d’Eau et chez MM. Clément et Gi'.mer, 8, rue de Malte, à Paris.
- M. E. C'iputo, à xNaples. — Nous pensons en effet que ces statuettes sont en plâtre, et recouvertes d’un émail particulier.
- Un abonné, à Niort. — Vous pourrez vous procurer un ouvrage de ce genre à la librairie Dunod, à Paris.
- M. Hazko, à Valladolid. — Nous avons donné dans le petit livre des Recettes et Procédés utiles, lro série, un grand nombre de formules d’encres qu’il faudrait essayer.
- M. A. Widener, à Paris. — On a construit des tramways à gaz, et nous en avons décrit un modèle dans le n0-1215 du 29 août 1896, p. 205, mais on n’a pas utilisé le gaz pour la pro-r pulsion des automobiles.
- M. A. P, à Paris. — Nous publierons prochainement aux Recettes un article sur le détatouage.
- M. Bouquet, à Saint-Pierre. — Le vingtième siècle commencera évidemment le 1er janvier 1901.
- M. A. Mazzoleni, à Osimo (Italie). — Nous avons indiqué des moyens de souder l’aluminium dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, 4e série, à la librairie Masson et Cie.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s'engage_ en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS1
- line automobile. — La petite voiture automobile manquait vraiment parmi les jouets du jour de l’an. Elle est enfin •venue dans les baraques, sur les boulevards, à Paris, mais peut-être un peu en retard. Comme le représente notre dessin, un
- Le fiacre automobile de 1899.
- fiacre ordinaire est monté sur quatre roues caoutchoutées. Notre cocher est sur son siège, la main sur le régulateur. Nous faisons quelques tours de clef, ét* voilà la voiture qui roule en faisant force tours et détours. Le principe est toujours le même. Un caoutchouc est tendu lorsque l’on tourne la clef placée derrière; il se détend ensuite successivement.
- Couteau pour dyspepsiques. — Certains estomacs malades ne peuvent digérer les aliments que s’ils ont été bien divisés et coupés en petits morceaux. Le couteau que nous décrivons a pour but de réaliser facilement cette division. 11
- Couteau pour dyspepsiques.
- est formé de plusieurs lames parallèles, placées à faible distance les unes des autres. Lorsque l’on coupe de la viande ou tout autre aliment, on le divise en une série de petits morceaux, dont la digestion se trouve facilitée pour les estomacs dont nous parlons. — Cet appareil se trouve chez M. Mathieu, galerie de Valois, au Palais-lloval, à Paris.
- PHOTOGRAPHIE
- Encadrement simple des photographies. — Le procédé que nous allons indiquer se recommande par sa simplicité et permet d’utiliser les plaques perdues que les amateurs ont si souvent entre les mains et dont ils ne savent que faire. Il ne faut pas un quart d’heure pour faire un encadrement complet.
- On tire la photographie sur du papier ordinaire en laissant une large marge blanche si l’on a un dégradé, ce qui est très avantageux. 11 est inutile de la coller sur une carton.
- On prend d’autre part une plaque inutile de la même dimension que la photographie et on la débarrasse de sa gélatine en grattant celle-ci avec longle sous un filet d’eau. On achève d’enlever les dernières traces d’émulsion en frottant énergi-
- Suement, avec une brosse en chiendent, puis en lavant avec u carbonate et enfin en rinçant à l’eau claire.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- La plaque étant bien sèche, on l’applique au milieu d’une feuille de papier plus grande qu’elle de 2 centimètres environ et, en suivant son contour au crayon, on trace les lignes-A B G D. Pour ce papier, il faut faire choix d'une sorte qui ne « se mange » pas trop à la lumière ; les teintes bleues ardoisées conviennent très bien pour cela, de même que les papiers dont les relieurs se servent pour recouvrir les cartons de leurs reliures. Si les deux faces ne sont pas les mêmes, c’est sur l’envers qu’il faut tracer le cadre A B G D (n° 1).
- En appliquant une règle successivement le long des lignes AB, BC, CD, EF et en dedans du cadre, on trace le rectangle E F G II.
- Finalement on prolonge les côtés de A B G D jusque sur le bord du papier, en I J K L M N O P.
- A l’aide de ciseaux, ou mieux d’un bon canif et d’une règle, on découpe le cadre E F G II que l’on enlève, ainsi que les petit rectangles I B J, K G L, M D N, 0 AP.
- Le cadre est terminé et prêt à être collé.
- On enduit de gomme arabique l’espace compris entre les rectangles A B C D et E F G II et on y pose la plaque de verre. Il est bon de veiller à ce que l’adhérence soit complète partout, ce qui est assez difficile, le papier ayant une tendance à se
- Encadrement des photographies.
- gondoler. Il est bon aussi d’attendre que la'couche de gomme soit sèche pour continuer l’opération, mais cela n’est pas indispensable.
- Le verre étant une fois bien adhérent, on pose dessus la photographie (face en dessous bien entendu), en prenant soin que les bords coïncident bien, puis on la recouvre d’un autre cliché perdu, qu’il est inutile, celui-là, de nettoyer ; on petit encore se servir d’un carton découpé de mêmes dimensions, mais l’amateur sera trop heureux de pouvoir utiliser une plaque qui l’embarrasse ! |
- Le tout étant ainsi disposé, on enduit de gomme arabiquje les rectangles P I B A, T B C K, L G D M, 0 A P M et on l^s rabat sur la plaque de verre, à laquelle ils adhèrent très biep et presque instantanément si l’on a eu soin de ne mettre quje peu de colle. >
- Retournons le tout et nous verrons un charmant petit encadrement, avec la photographie bien au centre et, tout autouf, sur le verre, une marge de couleur qui la fait ressortir (n° 2j).
- On peut laisser l’encadrement tel quel, par exemple, fei on se propose de le poser sur une cheminée. Mais en général on préférera le suspendre au mur. Pour cela, on pose le cadre face en dessous sur une table, et on y.pose une. petite fièelle (n° 5), à peine plus grande que le grand diamètre du cadré. On englue ses extrémités d’un peu de gomme arabique et o® les recouvre de petits carrés de papier X et Y également enduits de colle (n° 4). Quand le tout est sec, l’adhérence de la ficelle est parfaite et permet de suspendre le cadre, à condition que les dimensions de celui-ci ne dépassent pas 13x18 ou 18x24.
- Henri Coipin
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Dangers du Calomel.
- Le calomel jouit d’une mauvaise réputation; si le médecin le prescrit, même à faibles doses, aussitôt le malade de se récrier, en demandant s’il ne risque pas d’être plus ou moins empoisonné. D’où vient ce préjugé ? Le calomel est un sel de mercure, et, comme tous les sels de mercure, il est certain
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- u’à doses exagérées, non thérapeutiques, il peut engendrer es accident^ comme le sublimé, comme d’autres sels mercuriels. C’est un profochlorure de mercure et l’on a pensé que ce sel, introduit dans l’estomac, pourrait au contact de l’acide chlorhydrique contenu normalement dans l’estomac, se transformer en bichlorure (sublimé corrosif) et provoquer ainsi des accidents redoutables.
- Cette hypothèse est erronée, cela a été démontré maintes fèis; des recherches récentes faites par un médecin italien, Jorane, d’abord sur des animaux, puis, une fois sur de l’innocuité chez les animaux, chez des enfants d’âges différents, ont montré à nouveau que cette transformation était illusoire. Ne donnez jamais de sel ou de mets salés (le sel est du chlorure de sodium) après l’ingestion de calomel : vous auriez des accidents. Eh bien, chez ces enfants dont la maladie nécessitait un traitement mercuriel, on a donné le calomel, on a donné simultanément de la limonade chlorhydrique, des mets acides et salés, il n’y a eu aucun malaise, aucun trouble gastro-intestinal.
- La peur de cette transformation du calomel en bichlorure est donc exagérée et même, dirai-je erronée.' Ce qui a pu donner lieu à cette crainte c’est que le calomel, s’il est administré à trop fortes doses ou chez un sujet qui présente une susceptibilité particulière, peut engendrer, à titre de sel de mercure, des accidents d’intoxicalion hydrargynque, éruptions, stomatite, qui ne sont pas le fait de sa décomposition en sublimé.
- 11 peut aussi y avoir coïncidence, et le I)r Delarra qui a bien étudié les inconvénients du calomel cite le fait suivant qui est typique. Il ordonne à un malade deux doses de 0,r,50 de calomel; une heure plus tard, le domestique accourt en criant que son maître était empoisonné. Plus il avalait de soi-disant contre-poison, plus il vomissait; les vomissements cessèrent quand pn lui supprima toute boisson. L’autre paquet, intact, témoignait que la dose était exacte et qu’il s’agissait d’une simple intolérance gastrique.
- Conclusions : Le calomel est un purgatif excellent et qu’on peut employer sans crainte, lorsque la dose est médicinale.
- Dr X.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49-,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT .DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 9 janvier . . 4*,9 S. E. . Beau. 0,0 Beau ; gelée blanche.
- Mardi 10 8”,5 S. 3. Couvert. 0,0 Beau de 18 à 23 h.; nuageux le reste du temps; gelée blanche; pavé mouillé a 7 h.
- Mercredi 11. . . . . 3”,4 S . W. 2. Beau. 0,0 Beau de 6 à 10 h. et après 21 h. ; nuageux le reste du temps; gelée blanche ; halo.
- Jeudi 12 5*,1 S. 3. Couvert. 3,0 Couvert de 4 à 21 h. ; nuageux avant et après ; pluie à div. repr. avec grêle à 21 h. et vent d’une ext. violence.
- Vendredi 13 7‘,0 S. S. W. 3. Couvert. 6,2 Nuageux à 1 h. ; couvert ensuite ; un peu de pluie dans la soirée.
- Samedi 14 8*,0 N. W. 1. Couvert. 7,2 Couvert jusqu’à 21 h. ; peu nuageux ensuite.
- Dimanche 15 ... . 5%1 • S. 1. Couvert L7 Très nuageux jusqu’à 5 h.; couvert ensuite; pluie de 9 h. 40 à 12 h.
- JANVIER 1899. -- SEMAINE DU LUNDI 9 AU DIMANCHE 15 JANVIER.
- La courbe isupereure indique la nébulosité de 0 à 10 ; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mincç, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorolosi ques faites au Parc Saint-Maur en décembre 1898
- par M. E. Renod.
- Moyenne barométrique à midi, 763*“,65; minimum 7 il ““,00 le 29 à minuit ; maximum 774““,55 le 11 à 10 heures du matin.
- Moyennes thermoraétriques : des minima 2°,25; des maxima 8°,47; du mois 5°,06; vraie des 24 heures 4°,99. Minimum —7°,7 le 26 un peu avant 4 h. du malin. Maximum 12°,7 le 4 à 2 h. 1/2 du soir. Il y a eu 9 jours de gelée et 13 jours de gelée blanche.
- Tension moyenne de la vapeur 5““,95; la moindre 2““,4 le 23 à 9 heures du matin ; la plus grande 9““,6 le 3 à 1 heure et 2 heures du soir.
- Humidité relative moyenne 88; la moindre 45 le 23 à 1 heure du soir; la plus grande 100 en 15 jours.
- Pluie 25““,9 en 42 h. 1/4 réparties en 14 jours ; il y a eu de plus 2 jours de gouttes ou de bruine. Un seul jour de neige le 31 de 3 h. 1/2 à 7 h. 1/2
- soir; il y en avait sur la terre 3 à 4 centimètres qui ont fondu dans la soirée;
- I jour de grêle le 28 mêlée à la pluie.
- Nébulosité moyenne 58. Le ciel a été clair du 5 au 6, puis du 22 au 26. Le veut a soufflé 5 jours du N.-E.au N.-W. et 26 jours du S.-E. au S.-W.
- II n’y a eu qu’un seul vent très fort du S. au S.-S.-W. le 29 de 3 h. à 8 h. du soir.
- Température moyenne de la Marne : le matin 6°,04; l’après-midi 6°,14; du mois 6°,09. Elle a varié de 5°,11 le 27 à 7°,95 le 3. La rivière, très claire jusqu’ici, ne se trouble que dans les derniers jours du mois. Toujours assez basse et peu variable.
- Relativement aux moyennes normales de 25 ans (1874-1898), le mois de décembre 1898 présente les résultats suivants : Baromètre plus haut de 4“*,90. Thermomètre plus haut de 2°,50. Tension de la vapeur plus grande de 0“",86. Humidité relative moindre de 1. Pluie plus faible de 20*“,6. Nébulosité moindre de 13.
- L’Hellébore noir a fleuri dans les derniers jours du mois.
- PHASES DE U LUNE ; N. L. le 11 à 10 h. 59 du soir.
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- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— M. Alph. Milne-Edwards, membre de l’Institut, directeur du Muséum d’histoire naturelle, est promu commandeur de la Légion d'honneur.
- —®— Parmi les nouveaux chevaliers nommés à l’occasion du ier de l’an, mentionnons : M. Floquet, professeur à la Faculté des sciences de Nancy; M. le Dr Hanriot, membre de l’Académie de mé-•clecine, chef des travaux de chimie à la faculté de médecine; M. Dufet, professeur au lycée Saint-Louis; M. Desmons, professeur •de mathématiques au lycée Janson-de-Sailly.
- —0— M. Fleurent, docteur ès sciences, est nommé professeur de •chimie industrielle au Conservatoire des arts et métiers en remplacement de M. Aimé Girard, décédé.
- —®— M. Lucien Magne, architecte du gouvernement, est nommé professeur d’art appliqué aux métiers. Cette chaire, créée par décret du 10 mars 1898, remplace la chaire de travaux agricoles et de #énie rural qui a été supprimée.
- —La Société nationale d’Agriculture de France a constitué récemment une Commission spéciale afin d’étudier l’utilisation, pour l’éclairage, de l’alcool additionné ou non de substances étrangères. La Société fait appel aux inventeurs ou constructeurs et les prie d’envoyer les communications et renseignements intéressant cette question au siège de la Société, 18, rue de Bellechasse, à Paris.
- —®— Le jury du concours de maisons vient d’être formé; M. Bouvard en a été nommé président. Ce jury se compose de neuf membres, y compris le président, qui sont : M. Sauger, architecte-voyer en chef adjoint de la Ville de Paris ; deux architectes désignés par les concurrents et cinq conseillers municipaux : MM. Lamou-roux, Louis Mill, Blachette, Thuillier et Lebreton. Il visitera les maisons proposées pour la prime et qui sont au nombre de 52, réparties dans 12 arrondissements, notamment dans les VIIIe, IXe, XVIe et XVIIe. Six médailles d’or seront distribuées aux lauréats, représentant chacune la valeur de 1260 francs, et gravées par Daniel Dupuis.
- —$$— Le Muséum d’histoire naturelle de Paris a reçu trois chimpanzés d’espèce rare, offerts par MM. Schneider, du Havre, et Stanislas, fonctionnaire des douanes; un chat-tigre, donné par M. Baron, de l’administration des postes; deux faucons pèlerins, pris en mer par le capitaine Yilleaumoras, et une autruche du Sénégal, offerte par M. André Lebon, ancien ministre des colonies. Deux autres autruches, de l’espèce dite « à cou bleu », capturées au pays des Somalis, ont été acquises par M. Milne-Edwards. Le Muséum s’est enrichi également d’une série précieuse d’hirondelles de mer, offerte par M. Louis Bureau. Le musée de botanique a reçu en ddn la magnifique collection des plantes fossiles recueillies, au nombre de plus de 10000, par le marquis de Saporta.
- —Quel est le nombre des animaux domestiques dans le monde entier?Une revue étrangère, se basant sur les plus récentes statistiques, fournies par le ministère de l’agriculture des divers pays, répond à cette question. Actuellement, en chiffres ronds, l’on peut compter sur notre globe : 9 millions d’ânes et de mulets, o2 millions de chèvres, 67 millions de chevaux, 104 millions de porcs, 312 millions de bœufs et de vaches et 511 millions de moutons, soit en tout 1035 millions de têtes de bétail. Le chiffre est coquet. La France possède un peu plus de 30 millions de moutons, l’Angleterre en a 27 millions et l’Allemagne 14. Ce sont les principaux pays d’élevage en Europe. Mais le record appartient sans conteste à l’Australie, qui n'a pas moins de 120 millions de moutons. Dans certains districts, il n’est pas rare de rencontrer des troupeaux de 15 ou même 20000 têtes.
- —@— On vient de se servir en Allemagne d’un nouveau mélange pour la fabrication de la margarine. L’invention consiste dans l’emploi du lait d’amande au lieu de lait naturel ; ainsi on peut fabriquer la margarine à un prix de revient inférieur de 10 pour 100 au prix actuel. Le lait est nécessaire pour transformer les matières grasses en petits globules du même caractère que celles qu’on trouve dans le beurre naturel, et qui jouent un rôle important parce que c’est grâce à elles que les matières grasses deviennent digestives et nutritives comme le beurre. L’emploi du lait naturel à la fabrication de la margarine est restreint par la loi allemande à la moitié du poids. On a voulu ainsi limiter, de cette manière, la concurrence faite au beurre par la margarine. Dans les années 1894-1896, les usines de margarine ont, en Allemagne, employé annuellement 50 millions de litres de lait, ce qui, à 12 pfennigs le litre, représente une valeur de 6 millions de marks; en 1897, on emploie 60 millions de litres d’une valeur de 7 millions de marks. En 1897, les fabriques de margarine représentaient un capital total de 40 millions de marks et la valeur du produit était de 94 millions et demi, contre 24 millions seulement en 1887. La loi contre la margarine a plutôt, dit-on, agi comme une énorme réclame. On a eu occasion de discuter et de prouver la valeur du nouveau produit. Il est vrai que la consommation a aussi augmenté par suite de la baisse du prix de 60 à 45 pfennigs, de 1887 à 1896, et de nouveau, de 10 pfennigs, en 1896-1897.
- —La Compagnie d’éclairage Denayrouze pour la France ayant assigné, en vertu d’un brevet d’invention de 1896, un certain nombre de fabricants de becs à incandescence qu’elle prétendait être la contrefaçon de son brevet, a entendu déclarer, par la dixième chambre du tribunal de la Seine, que ce brevet n’était point valable pour défaut de nouveauté, s’est vue déboutée de sa demande et condamnée à des dommages et intérêts élevés envers ceux qu'elle poursuivait.
- —Les glaces vendues en été dans les rues de Londres n’inspirent pas confiance aux hygiénistes anglais. A plusieurs reprises, des analyses chimiques et bactériologiques ont montré que cette méfiance était justifiée. Voici le résultat de la dernière épreuve faite sur onze échantillons pris au hasard chez des marchands ambulants, et même dans des boutiques de glaciers. Le rapport constate, pour l’honneur de la vieille Angleterre, que tous ces glaciers, sauf un, étaient Italiens. Sur les 11 échantillons, 2 ne contenaient pas de lait et 5 ne renfermaient pas d’œuf. Pour parfumeries glaces, deux fois seulement on avait fait usage de fruits. Le nombre des bactéries par centimètre cube variait de 162 500 à 7 ou 8 millions. L’omniprésent bacterium-coli fut trouvé sur tons les échantillons, à l’exception de deux. Un échantillon n’en contenait pas moins de 88 000 par centimètre cube. Beaucoup d’autres microbes furent isolés, entre autres le streptocoque et le staphylocoque doré. Parmi les différents objets que le microscope put encore reconnaître dans ces glaces... panachées, signalons des cheveux humains, de la suie, de la poussière, et même un petit ver rond. Après cela, on peut se demander avec quelque curiosité quels éléments emploient les glaciers anglo-italiens pour confectionner leurs glaces.
- —®— The photographie Times, de mai 1898, signale un* nouvelle installation photographique. — Il s’agit d’un wagon aménagé par la Baltimore and Ohio Railroad Company pour un journaliste photographe. On y trouve, paraît-il, tout le matériel nécessaire à l’obtention des négatifs et des épreuves positives pour permettre aux reporters de fournir immédiatement à l’arrivée du train les épreuves d’actualité destinées à l’illustration des journaux quotidiens. Nous n’en sommes pas encore là dans la vieille Europe, et nous nous estimerions heureux de trouver simplement dans les hôtels des cabinets noirs bien installés pour changer les plaques.
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- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour tout ce qui concerne le système d’allumage, s’adresser h M. Céard, 5, rue de Fourcy, à Paris. — Les travaux de photostérie sont exécutés chez M. Lernac, 18, rue La Bruyère, à Paris,
- Communications. — M. V. Maria da Silva, à Para (Brésil) envoie tous ses bons souhaits à La Nature pour l’année 1899. Nous remercions notre correspondant et nous le prions d’agréer tous nos vœux.
- M. H. Mamy, à Paris, nous adresse une Notice contenant sa conférence à la Société des ingénieurs civils de France sur La prévention des accidents du travail et l'initiative privée.
- M. H. Cény, à Paris, nous fait parvenir une étude sur un système de signaux et d’appareils permettant de faciliter la circulation dans les rues et les carrefours où la circulation est très difficile. Le système est fondé sur l’installation des signaux dans diverses directions, manipulés par un même agent.
- Un abonné, à Vincennes, nous écrit : « Veuillez me permettre de vous signaler une légère inexactitude que j’ai remarquée dans le n°1338 du 14 janvier 1899, p. 107, à l’article Le jour de la semaine. La première formule, donnant l’écart entre les calendriers Grégorien et Julien :
- G — J=(N — 2) — f L
- est exacte dans la très grande majorité des cas; mais il serait peut-être utile d’avertir qu’elle comporte une exception pour les mois de janvier et février des années séculaires, lorsque N n’est pas multiple exact de L, 1800 ou 1900 par exemple. En effet, pour ces années, lorsqu’on passe d’un siècle au suivant, N augmente d’une unité dès le 1er janvier tandis que l’écart G — J des calendriers n'augmentera de cette unité que le 1er mars. Pour être rigoureusement applicable sans erreur, dans tous les cas, la formule devrait donc être complétée par une mention telle que la suivante. « Pour les mois de janvier « et de février des années séculaires dans lesquelles N n’est pas « un multiple de L on retranchera une unité du résultat donné « par cette formule. »
- M. Louis Gardés, à Montauban, nous adresse une étude intéressante sur le calendrier au point de vue de la recherche et de la vérification des dates. Cette étude nous entraînerait trop loin et nous ne pouvons la reproduire à notre grand regret.
- M. l’abbé J. Chapeau, à Blois, nous envoie également une Note très intéressante sur le moyen de trouver facilement sans le secours d’un calendrier le jour de la semaine correspondant à une date donnée d’une année quelconque.
- M. G. Hue, ingénieur agricole, aux Grésillons, nous écrit :
- U Je lis dans un des derniers comptes rendus de l’Académie des sciences, et à propos d’occultations d’étoiles, au moment de la dernière éclipse de lune, que l’on a cru devoir émettre l’hypothèse d’une, atmosphère autour de la lune. Depuis plus de six ans j’ai remarqué sur l’un des côtés de la lune une couche gazeuse en mouvement. A chaque pleine lune je retrouve le même phénomène. Je crois que l’on pourrait supposer l’existence d’un anneau gazeux, dont le diamètre serait figuré par une ligne inclinée à droite. L’instrument dont je me sers est une longue vue : il serait peut-être intéressant de savoir si je vois le même phénomène avec un autre appareil. ))
- M. G. de Rocquigny-Àdanson, à Moulins, nous fait parvenir une étude qu’il a faite sur la Géonémie de saturnia pyri, limite septentrionale de son extension en Russie, et qui est extraite ae la Feuille des jeunes naturalistes.
- M. L. Vanvincq Renies, à Audruicq (P.-de-C.), nous transmet la Note suivante : « Ma sœur, Mme Frézel Vanvincq, qui habite Dunkerque, m’annonce qu’une grande quantité de hannetons sortent en ce moment de son parc. Son jardinier en avait remarqué au commencement de décembre, en faisant des plantations dans ses pâtures. Ils sont petits comme des hannetons de mai, et s’agitent beaucoup à la température douce des
- appartements. Il fait très chaud relativement ici, ainsi qu’ail-leurs sans doute, et tout le monde se demande la cause d’une telle anomalie météorologique. Serait-ce la cause de l’exode prématurée de ces coléoptères? »
- M. l’abbé Pierre, à Moulins nous a fait parvenir un exem-laire du Rapport qu’il a lu à la Réunion scientifique du Boul onnais du 30 novembre 1898 sur un nouveau livre : Le ciel pour tous de M. L. Prud’homme, ingénieur. Cette notice est extraite de la Revue scientifique du Bourbonnais et du centre de la France.
- Renseignements. — M. P. Rousselle, à Troyes. — 1° Nous n’avons passur ce moteur d’autres renseignements que ceux que nous avons publiés (n° 1175 du 7 décembre 1895, p. 11). — 2° Un grand nombre d’ouvrages ont été publiés sur ces matières ; voyez aux librairies Dunod, Bernard et Gauthier-Yillars, à Paris.
- M. J. Remesal, à Cadiz. —Pour ces divers cinématographes, adressez-vous à la maison Gaumont, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- M. Ch. Broxjet, à Paris. — A notre grand regret, nous ne pouvons vous donner ce renseignement.
- M. J. M. Ribon, à Paris. — Nous avons publié des articles sur le tannage électrique dans le n° 927 du 7 mars 1891, p. 218, et dans le n° 993 du 11 juin 1892, p. 19.
- MM. Domeco-Gazaux, à Asnières. — Pour décoller une vieille photographie du carton qui la porte, le moyen le plus simple est de la mettre dans l’eau tiède; si elle résiste, la colle est à base de caoutchouc, il faut employer la benzine.
- M. X., à Cagliari. — Voici une formule de bain sensibilisateur pour le papier albuminé : eau 100 grammes, azotate d’ar-ent 10 grammes, acide citrique 3 grammes, acide tartrique ,5 gramme. On laisse flotter le papier une minute sur ce bain, on le sèche et il se conserve bien. Mais dans tous les cas, il est toujours préférable d’employer les papiers sensibles quand ils sont fraîchement préparés; ils donnent les plus jolis tons au virage.
- M. P. de Lameigné, à Paris. — Les roues Pelton pourraient vous convenir; veuillez vous adresser à MM. Sloan etC1®, 3, rue du Louvre,
- M. E. Richter, à Rome. — Pour ces divers renseignements, veuillez vous adresser directement au constructeur M. Gaumont, dont l’adresse est donnée plus haut.
- M. L. C., à Nantes. — Nous avons publié sur l’air liquide deux articles qui vous renseigneront complètement; voyez le n° 1302 du 14 mai 1898, p. 569 et le n“ 1509 du 2 juillet 1898, p. 71.
- M. F. A., à Paris. — On compte en général qu’une lampe à incandescence consomme de 3 à 5,5 watts par bougie. On trouve cependant que la dépense est moins élevée pour les lampes à mesure que l’intensité lumineuse augmente.
- M. P. Renesson-Vasset, à Donchery. — 1° Pour le séchage instantané des clichés photographiques, on prend du formol du commerce, on en met 10 pour 100 dans l’eau et on trempe le cliché pendant 5 ou 10 minutes. — 2° Nous avons indiqué un mode de développement à l’hyposulfite et au métol dans les. Recettes et procédés utiles du n° 1273, du 23 octobre 1897.
- M. A. Dollé, à Sourious. — Nous ne pouvons donner toutes ces descriptions; nous verrons cependant s’il nous est possible de parler de quelques-unes de ces installations.
- M. J. de Chantelou, à Nantes. — Le prix du gaz acétylène est encore assez élevé; dans les conditions que vous indiquez, il est préférable de choisir le gaz de houille. Pour conduire une installation de gaz acétylène, il faut beaucoup de prudence, et nous ne vous conseillons pas de la mettre entre les mains d’une personne inexpérimentée.
- M. H. Boulte, à Paris. — Votre lettre a été renvoyée par la poste à M. Ch. Mendel, 86, rue d’Assas.
- M. le l)T Juventin, à Nice; M. de Luzan, à Die.— L’adresse de MM. Durafort et fils est 164, boulevard Voltaire, à Paris.
- M. E. Baril, àTripaza. —Nous ne croyons pas que cet essai ait encore été fait; mais l’odeur du gaz acétylène n’est pas précisément agréable.
- M. Léon, h Louvain. — 1° Il faut vous adresser à la maison Sautter-Harlé, 26, avenue de Suffren, à Paris. — 2® Demandez cet ouvrage à la librairie Gauthier-Villars.
- Un abonné, à Lille. — Nous ne croyons pas qu'il existe de procédé pour effectuer ce travail ; il faudrait essayer quelques recettes chimiques.
- (Voir la suite de la Boite aux lettres page 3* des Nouvelles scientifiques.)
- Dans la * Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand iis se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- BOITE AUX LETTRES {Suite)
- M. le Dr Bribosia, à Namur. — Nous n’avons pu retrouver la description de la ventouse dont vous parlez.
- M. E. Reeb, à Strasbourg; M. Alfred Sabatier, à Béziers; U. Fournier, à Paris. — La bicyclette-tricycle à roues d’arrière jumelles, que nous avons décrite dans le n° 1336 du 31 décembre 1898, p. 76, est fabriquée par M. Cardot, 377, rue des Pyrénées, à Paris.
- M. E. Carpy, à Neuvv-Saint-Sépulcre. — Nous ne savons pas de quelles allumettes vous voulez parler ; mais nous publierons prochainement un article sur la fabrication des nouvelles allumettes.
- M. A. Dësigaux, à Paris. — Pour le cas particulier que vous nous signalez, vous pourriez demander des renseignements sur les filtres aux maisons suivantes : André, 15, rue Royale.; Aérifiltre Mallié, 155, rue du Faubourg-Poissonnière; Eden-Filtre, 48, rue des Petites-Ecuries; Philippe, 124, boulevard Magenta, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. R. G. à
- Saint-Brieuc. — Le procédé pour percer le verre est donné dans les Recettes et Procèdes utiles, lra série, à la librairie Masson et Cie. — M. J. Bellot, à Cognac; M. L. Inquimbert, à Saintes. Cette information été prise dans un journal allemand et nous n’avons pas l’adresse du chimiste. — M. Dulong, à Paris. Nous ne pouvons examiner ce projet; nous ne nous occupons pas de projets de construction. — M. D. R.,h Paris; M. Mardeuf, à Lille. Voyez les Recettes et Procédés utiles, 2° série, à la librairie Masson et Cie. — M. Tanvet, à Paris. Des recettes sont données à ce sujet dans les mêmes petits livres, 3e et 4' série, à la même librairie. — M. Durand, à Paris. — Remerciements pour votre communication.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Potion contre la coqueluche. (J. Simon.)
- Alcoolature de racines d’aconit . ) Teinture de belladone .....) Eau de laürier-cerise . . .
- — de tilleul......................
- — de fleurs d’oranger .
- Sirop de lactucarium . ... . . Dose : Par cuillerée à café.
- 10 gouttes.
- 10 grammes, 60 —
- 10 —
- 30 —
- Potion digestive.
- Pepsine........................... 10 grammes.
- Acide chlorhydrique............... 1 —
- Sirop d’écorces d’oranges amères. . 120 —
- Eau distillée Q. S. pour compléter un flacon de 300 grammes. M. — Prendre une cuillerée à café de ce mélange avant chacun des principaux repas.
- Poudre antiseptique. (Pick.)
- Sublimé corrosif................ 15 à 20 milligr.
- Acide borique ...... 28 gr. 34
- Acide tanmque. . . . 0 gr. 60
- Sucre de lait. . ............... 36 gr. 63
- Usage externe.
- Pulvérisations contre la pharyngite sèche.
- Acide phénique.................... 4 grammes.
- Teinture d’iode............ 0 gr. 50.
- — d’aloès.................. 0 gr. 40.
- — d’opium ..... . X gouttes.
- Glycérine . . . . Q. S. pour faire 30 grammes.
- Pour pulvérisations pharyngées qu’on répétera plusieurs fois par jour.
- La fermentation de la choucroute.
- On sait que la fermentation de la choucroute est due à des micro-organismes. Voici les principales caractéristiques de cette fermentation, d’après les recherches du Dr Eugène Conrad, rapportées dans le Journal d'hygiène :
- 1° La fermentation du chou blanc est due au bacterium brassicæ acidæ, qui est un proche parent du bacterium coli.
- 2° Pendant la fermentation, on trouve toujours deux variétés de levures : l’une se rapproche beaucoup du saccharo-myces cerevisiæ, l’autre du saccharomyces minor.
- 3° Le bacterium produit dans le chou blanc, comme d’ailleurs aussi dans les solutions du sucre, une quantité d’acide, qui augmente avec la durée de la fermentation, jusqu’à ce qu’elle ait atteint un certain chiffre, puis reste constante à partir de ce moment.
- 4° L’acide se forme aussi, bien que les choux soient ou ne soient pas à l'abri de l’air ; la chaleur a beaucoup d’influence sur la rapidité de la fermentation.
- 5° L’acide qui domine est l’acide lactique.
- 6° Le bacterium donne de plus naissance à des gaz. Outre l’acide carbonique et la vapeur d’eau, ces gaz renferment du méthane, ce qui distingue la fermentation du bacterium brassicæ acidæ de celle des espèces voisines.
- 7° Ce bacterium se différencie du bacterium coli par cette
- 3riété de donner naissance à du méthane et du bacterium i lactici parce qu’il est mobile et qu'il se décolore par la méthode de Gram.
- 8° Les levures participent à la fermentation. Vraisemblablement ce sont elles qui lui permettent de se produire, en fournissant de l’alcool. Si l’on fait fermenter un milieu de culture sucré avec un mélange de levures et de bacterium, on y trouve l’odeur désagréable de l’acide butyrique des vieilles cultures de bactéries; les gaz sont plus riches en acide carbonique, plus pauvres en eau et en méthane.
- 9° La richesse du chou blanc en azote est pour 40 pour 100 sous forme d’albumine; et pour 60 pour 100 sous d'autres combinaisons que l’albumine.
- 10° Il n’y a pas de sucre dans la choucroute complètement fermentée; à sa place, on trouve une quantité d’acide correspondant à ce sucre. Dr II.
- Traitement de l'ongle incarné.
- Rien de plus pénible que cette maladie, rien de plus rebelle. On a conseillé, pour la guérir radicalement, de véritables opérar tions; elles sont souvent le seul moyen d’arriver à se rendre maître des récidives de l’ongle incarné. Mais on peut, avant d’en arriver à cette extrémité, essayer de moyens plus doux.
- En voici un, conseillé parle Dr Tardif, qui donne d’excellents résultats. Avec une allumette taillée en bisèau, une tige fine, pas trop dure, on glisse entre l’ongle et le bourrelet fongueux, une mince couche d’ouate suffisamment longue pour que sa partie libre puisse recouvrir toute la partie saine de l’ongle. Avec une autre mèche d’ouate placée parallèlement à la gouttière unguéale, on garnit la partie des chairs saine. On obtient ainsi un isolement assez complet du bourrelet fongueux entre deux couches de coton ; on dépose alors dans cette rainure du nitrate de plomb, en le tassant doucement, puis on recouvre d’ouate et on ferme avec une bande de gaz.
- Au bout de quatre à cinq jours, les parties enflammées sont cautérisées, parcheminées, et on peut alors glisser de l’ouate sous l’ongle et le forcer ainsi à pousser dans des conditions normales. Le moyen est simple et a donné, je le répète, de bons réeultats. Dr X...
- PHOTOGRAPHIE PRATIQUE
- Sensibilisateur pour cartes postales, etc.
- Nous avons signalé les sensibilisateurs qu’on trouve dans le commerce, qui réussissent très bien et que la plupart du temps on fera mieux d’acheter... par économie.
- Cependant, pour ceux qui aiment à faire leur cuisine eux-mêmes, voici quelques formules données dans Photo-Gazette par M. E. Garbe; elles permettent de sensibiliser tous les pa-
- piers.
- Oxalate ferrique à 10 pour 100. . . 20 cc. Acite tartrique. . . . . 2 gr.
- Nitrate d’argent cristallisé............... 1 —
- Ajouter de l’ammoniaque goutte à goutte pour redisf soudre presque entièrement le précipité ; avoir soin de ne pas mettre l’ammoniaque en excès. On passe au pinceau sur la partie du papier à sensibiliser (cette opération peut se faire au jour) et on laisse sécher à l’obscurité.
- Il faut imprimer l’image fortement, puis développer dans :
- Oxalate neutre de potasse. ... 20 gr.
- Acide oxalique..................... 0*r,25
- Eau distillée. . ..................100 gr.
- bien laver et fixer dans :
- Eau..................................... 100 gr.
- Ilyposulfite.............................. 5 —
- Chlor. d’or à 1 pour 100................... 5 cc.
- Voici une autre formule très simple, qui évite le développement et réussit aussi très bien :
- Eau distillée..............................60 gr.
- Azotate d’argent........................... 4 —
- Acide tartrique........................... 4 —•
- On filtre et on conserve en flacon bouché ; la solution ne s’altère pas à la lumière.
- On tire fortement et on fixe dans une solution à 5 pour 100 d’hyposulfite de soude.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- BIBLIOGRAPHIE
- Chauffage, fumisterie, ventilation, éclairage, électricité, couverture', plomberie, zingage. — Lois et règlements concernant laconstruction. — Distribution d'eau. Assainissement. — Petite encyclopédie pratique du bâtiment publiée sous la direction de L. A Barré, nu* 9, 10, 11. 3 vol. in-16. Paris. E. Bernard, 1898.
- La vision. Étude physiologique, par le Dr II. Parinaud. 1 vol. in-8°. Paris, Octave Doin, éditeur. 1898. Prix : 6 francs.
- Bière, cidre, poiré. —- Farines et fécules. 2 vol. in-16 de la Petite encyclopédie pratique de chimie industrielle, publiée sous la direction de F. Billon, ingénieur-chimiste. Paris, E. Bernard et C1*, éditeurs. 1898. Prix : lfr,50 chacun.
- Oh! les jolies histoires d'animaux, par le Dr L. Azoulay avec 15 planches en couleurs, d’après les aquarelles de II. Daudet
- et T. Vardon, 1 album. Schleicher frères, éditeurs. Paris, 1898. Prix : 3(r,50.
- Album de l'acétylène, par Paul Hubert. 1 brochure in-8°. M bis, rue Mozart, Paris. 1899. Prix : 3fr,75.
- L'artillerie. Matériel. Organisation (France, Angleterre, Russie, Allemagne, Italie, Espagne, Turquie), par le commandant Vai.lier. 1 vol. in-8\ Georges Carré et C. Naud, éditeurs, Paris. 1899. Prix : 5 francs.
- Les agrandissements d'amateurs. Construction des appareils. Obtention des épreuves agrandies, far Am. Delamarre. 1 vol, in-8°. Paris, Ch. Mendel, éditeur. Prix : 2 francs.
- Annuaire astronomique et météorologique pour 1899, par Camille Flammarion. 1 vol., 56 figures, cartes et diagrammes. Prix : lfr,25. Paris, librairie Ernest Flammarion, 26, rue Racine. Paris.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49”,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 16 janvier. . 10”,1 S. S. W. 5. Couvert. 2,5 Couvert jusqu’à 20 h. ; nuageux ensuite ; pluie de 12 h. 30 à 14 h. ; éclairs au N., W.-N.-N., W. à 20-21 h.
- Mardi 17 8*,0 N. W. 5. Couvert. 2,2 Nuageux ; quelques averses ; halo.
- Mercredi 18 9”,9 S. W. 3. Couvert. 1,3 Très nuageux ; pluie de 8 h. 1/2 à 9 h. ; halo.
- Jeudi 19 4”,9 S. 3. Quelques nuages. 0,3 Nuageux jusqu’à 14 h. ; couvert ensuite; halo.
- Vendredi 20 8”,9 S S. W. 4. Couvert. 0,0 Couvert.
- Samedi 21 8”,8 S. 4. Couvert. 0,0 Nuageux; halo.
- Dimanche 22 ... . 10‘, 0 S. S. W. 5. Couvert. 0,0 Couvert jusqu’à 18 h.; nuageux ensuite; pluie de 16 à
- JANVIER 1899. — SEMAINE Dü LUNDI 16 AU DIMANCHE 22 JANVIER.
- Lundi J Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inferieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre, ramené à 0, au niveau de la mer): courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tremblements de terre. — Le i6 janvier, à 1 heure du matin, une forte secousse de tremblement de terre s’est fait sentir à Santander de nombreuses vitres ont été brisées.
- Le 18 janvier, à 911 45“ du soir, une secousse de tremblement de terre, d une durée de 2 secondes, a eu lieu à Laibacht.
- Orages et tempêtes. — De nombreux orages et tempêtes ont encore éclaté dans la semaine du 14 au 21 janvier. Le 15, on a signalé des inondations à Grenoble et aux environs, et notamment dans la vallée de la Yalserine.
- A Lyon, le 16 janvier, la crue du Rltône a été une des plus hautes et des plus rapides qu’on ait constatées depuis longtemps. Les eaux ont atteint, dans la nuit, 5'*,80 au-dessus de l’éliage ; la montée horaire était de 20 centimètres environ. Les dégâts ont été considérables en Savoie. De tous côtés on a signalé des avalanches et des éboulements. La route de Sainte-Foy à Tig uès a été ensevelie sous une avalanche de neige. Un jeune homme a été
- tué. A Saint-Genix-d’Aoste, deux bâtiments ont été détruits, parmi lesquels l’usine électrique de cette ville. La ligne ferrée d’Aix-les-Bains à Modane a été interrompue. Aux environs de Privas, la plaine a élé inondée sur une grande étendue et de nombreux propriétaires ont dû évacuer leurs habitations après avoir fait réfugier le bétail dans les appartements des étages supérieurs. A la Voulte, le sous-sol des maisons était inondé. Les eaux ont atteint, à la gare du Triage, la ligne de Lyon à Nîmes.
- Les pluies qui persistaient en même temps que la tempêle, à Clermont-Ferrand, le 17 janvier, ont causé plusieurs accidents. Au Mont-Dore, une énorme masse de terrain, désagrégée par l’eau, s’est détachée de la montagne et a emporté une maison qui a élé complètement détruite. La crue de la Durance, à Avignon, a empêché l’écoulement des eaux du Rhône. Elle atteignait, le 17 janvier, à midi, 4“,30 au-dessus du niveau de l’éliage ordinaire. La plaine d’Avignou a été inondée ainsi que les îles Bnrlhelassc. Les travaux de construction du pont sur lequel la ligne Paris-Lyon-Méditerranée franchira le Rhône à Avignon ont été noyés ou interrompus. A ia suite des pluies persistantes, les rivières de la région de Bourges ont débordé. Les prairies ont été couvertes par les eaux.
- PHASFS DE LA LUNE : P. Q. le 18 à 4 h. 45 min. du soir.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —©— M. Picard, commissaire général de l’Exposition de 1900, a reçu une délégation nombreuse du comité général des associations de la presse qui lui a été présentée par son président, M. Jean Dupuy. L’entrevue avait pour objet de régler les rapports de la presse avec les divers services de l’Exposition. L’accord s’est établi sur ce point que le comité général des associations de presse avait seul qualité pour représenter la presse française, et que c’est à lui qu’il appartiendrait de désigner les membres qui doivent composer la commission de la presse de l’Exposition.
- —©— Il vient de se constituer à Paris une Société d’encouragement à la science aérostatique sous le nom de Aéro-Club. L’assemblée générale de constitution a été tenue la semaine dernière dans les salons de l’Automobile-Club de France. Ont été nommés : président, M. le comte de Dion; vice-présidents, MM. Ernest Arcbe-deacon, comte de la Valette; secrétaire général, M. Emmanuel Aimé; trésorier, Jacques Faure. Souhaitons que l’on fasse de la bonne besogne à l’Aero-Club.
- —Parmi les nouveaux chevaliers de la Légion d’honneur nommés à titre étranger, nous remarquons avec satisfaction M. le IP Tscherning, directeur adjoint du laboratoire d’ophtalmologie des Hautes Etudes de M. le Dr Javal. M. Tscherning est Danois et travaille à la Sorbonne depuis quinze ans. Ses travaux originaux lui avaient déjà valu le prix Barbier de l’Institut. On lui doit une traduction des célèbres mémoires de Thomas Yung sur. la vue qu’il a enrichis de notes précieuses.
- —©— Notre collaborateur, M. E.-A. Martel, secrétaire général de la Société de spéléologie, a reçu le 29 janvier la grande médaille d’honneur de la Société de topographie de France.
- —©— Des expériences intéressantes ont été signalées dernièrement par M. le DrLaborde à l’Académie de médecine. M. G. Jau-hert a trouvé le moyen, pour un homme placé dans un espace hermétiquement clos, de préparer l’air respirable dont il a besoin pour vivre. M. Jaubert, après Priestley, a examiné dans de l’air vicié par la respiration ou la combustion, et dont l’oxygène avait été comburé, si les 79 pour 100 d’azote restaient intacts, et si par une épuration spéciale éliminant l'acide carbonique et la vapeur d’eau, cet azote mélangé à de l’oxygène pur en quantité convenable pourrait reconstituer le volume d’air normal. Il a trouvé une substance qui débarrasse totalement l’air vicié de son acide carbonique, de sa vapeur d’eau, et lui rend automatiquement en échange la quantité d’oxygène qui lui manque. Cette substance lui restitue toutes ses qualités premières. Les essais ont montré que 3 à 4 kilogrammes de ce nouveau produit ont pu faire vivre pendant vingt-quatre heures, dans un espace hermétiquement clos, comme une cloche à plongeur ou un bateau sous-marin, un homme sain et adulte. Nous reviendrons sur cette question, qui fera l’objet d’une communication rectificative à la Société de biologie. On connaît déjà une substance de celte nature.
- —®— Le bureau international de l’Uiiion postale de Berne publie un rapport contenant le bilan des recettes et dépenses du service postal et télégraphique dans les différents pays du monde. Nous y relevons d'intéressants renseignements. Le pays qui réalise les plus fortes recettes postales est l’Allemagne. Elle a reçu 486 732 301 francs et dépensé 469 502 243 francs. L’Amérique (Etats-Unis) la suit avec 443 690014 francs de recettes et 398 876 312 francs de dépenses. Après elle, vient l’Angleterre, avec une encaisse de 286634 259 francs d’une part et 202 021 825 francs de l’autre. La France se classe au quatrième rang ; elle a reçu 224 882 076 francs
- et déboursé 174063 872 francs. Voici maintenant la Russie avec 160290628 francs de recettes et 116595628 francs de dépenses. Puis l’Autriche avec 113 711 877 francs et 105196020 francs de frais. Les recettes tombent ensuite à 50 millions avec l’Italie, à 49 millions avec la Hongrie, à 29 millions avec le Japon, à 25 millions avec la Suisse, à 23 millions avec l’Espagne, à 19 millions avec le Canada et la Belgique, à 16 millions avec les Pays-Bas, à 12 millions avec la Suède.
- —On n’avait encore trouvé jusqu’à ce jour, dans la littérature cunéiforme, aucune mention des fameux jardins suspendus, par où le nom de Sémiramis est devenu célèbre. M. Bruno Meissner vient de découvrir sur un bloc assyrien conservé dans une cave du British Muséum, au milieu de richesses encore peu étudiées, une représentation de ces jardins. Elle se trouve sur un bloc d’albâtre, provenant du palais d’Assurbanipal. On y voit figuré ce paysage : à gauche, sur une colline, s’élève un temple orné de hautes et nombreuses colonnes. A gauche du temple se dresse une idole, à laquelle aboutit un large sentier, montant de la plaine et passant près d’un autel. Tout le côté droit du paysage est occupé par des jardins suspendus. Les arbres qui y croissent paraissent être des peupliers ou des cyprès, et de la vigne. Les jardins mêmes, de forme triangulaire, reposent sur des piliers construits en blocs de pierre énormes. On y parvient par un sentier creusé dans la colline. On croyait jusqu'à présent que l’inventeur des jardins suspendus avait été le roi Nabu-ehodonosor. Il en aurait ordonné la construction pour plaire à sa femme, une Mède d’origine. M. Meissner estime que Nabuehodonosor n’a fait que remettre en honneur les jardins suspendus, après la destruction de Babylone, en 648. Ils auraient été nombreux dans cette ville, bien avant cette date.
- -®— On vient de faire des expériences d’insubmersibilité dans le bassin de la Palüce, près de la Rochelle, avec le bateau inventé par M. Henry, dessinateur à la Société des travaux hydrauliques de Rochefort. Le ministre de la guerre s’était fait représenter par le lieutenant de vaisseau de Courcelles-Seneuil. Le bateau Henry a approximativement la forme et le tonnage du bateau de sauvetage type de la Société centrale; l’inchavirabilité est obtenue au moyen d’une dérive qui plonge à lm,40 au-dessous de la quille, dérive lestée à sa base par un bloc de fonte de 340 kilogrammes ; l’insub-mersibilité est due à la rapidité d’évacuation de l’eau par l’ouverture longitudinale pratiquée dans la quille pour livrer passage à la dérive. La première des expériences a consisté à donner une inclinaison de 90° au bateau qui, subitement abandonné à lui-même, s’est redressé immédiatement. Dans la seconde expérience, le bateau était renversé, la quille en l’air, au moyen d’un palan ; le palan lâché, le bateau a fait immédiatement la culbute, s’est redressé et s’est vidé instantanément Enfin, on a soumis le bateau à l’épreuve d’un paquet de mer artificiel représenté par une chute de dix tonnes d’eau d’une hauteur de 5 mètres; sous le poids de l'eau, le bateau a éprou\ô une secousse, a roulé un peu et s’est vidé.
- —®— La livraison des coins du nouveau louis d’or de Chaplain a eu lieu récemment à la Monnaie, à Paris. Cette livraison se fait avec une certaine cérémonie que nécessitent les garanties d’authenticité de toute monnaie nouvelle. Un procès-verbal en est dressé et au bas du mémoire signent le graveur général des monnaies, M. Patey ; le graveur du nouveau louis d’or, M. Chaplain, ou son collaborateur pour la partie technique, M. Tasset; et enfin, le représentant du directeur de la Monnaie, qui prend livraison, et qui est en la circonstance le secrétaire général, M. Brion. La livraison a été faite, et on a procédé aux essais. Les premiers exemplaires du nouveau louis vont être soumis à l’approbation du ministre des finances. Bientôt sera rendu le décret rendant légal le nouveau type de monnaie d’or gravé par Chaplain,
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — L’appareil producteur d’aldéhyde formique se trouve à la Commission universelle, rue de la Sorbonne, à Paris.
- Communications. — M. G. du Bellay, à Saint-Nazaire, nous fait connaître une petite démonstration intéressante de la théorie des trombes : « On prend un grand verre d’eau, ou mieux un bocal de verre cylindrique. On met dans le fond une couche d’un centimètre de sirop coloré (de groseille, par exemple), on remplit d’eau avec soin le reste du récipient sans que les deux liquides se mélangent. Lorsqu’ils sont bien reposés, on enfonce légèrement de 1 centimètre le doigt ou une petite cuiller dans l’eau, et on lui donne un mouvement de rotation assez lent. Au bout d’une dizaine de secondes, on voit le liquide le plus dense se gonfler au fond du bocal, se soulever en la forme d’un cône dont la pointe tournée en haut est reliée par une Sorte de colonne longue et flexible, à la pointe du cône renversé que l’on crée à la surface par la rotation du doigt. Les deux cônes sont mus d’un même mouvement en hélice indiqué par la figure ci-jointe et se déplacent ensemble.
- Si on fait l’expérience en laissant fondre à demi dans le fond du vase quelques morceaux de sucre, on voit les parcelles
- de sucre qui restent au fond, aspirées par la trombe, s’élever en tournant jusqu’à l’étranglement; là, elles sont vivement projetées hors du tourbillon. Il est à remarquer que le mouvement de rotation du cône inférieur est beaucoup plus rapide que celui du cône supérieur ; et qu’en outre le volume du cône inférieur est de beaucoup le moindre. A côté de la trombe principale qui se forme au fond du récipient, il s’en produit de plus petites, dont le cône inférieur est à peine visible, mais dont le cône supérieur, fort petit, renversé la pointe en bas, se déplace rapidement à 1 ou 2 centimètres au-dessus de la couche du liquide le plus dense qui est aspiré par la pointe de ces petites trombes secondaires. Ainsi, lorsque deux courants de sens contraires se rencontrent dans Jes couches supérieures de l’atmosphère et leur impriment un mouvement de rotation assez rapide, il peut naître à la surface de la terre, dans les couches plus denses de l’atmosphère, des cônes de rotation plus petits, mais animés d’un mouvement beaucoup plus rapide ; ce qui explique alors la force inouïe du vent qui, dans ces circonstam es, dépasse celle qui peut être enregistrée dans les plus grandes tempêtes dues à de simples mouvements de translation en ligne droite. On note encore le fait suivant : lorsqu’une parcelle de sucre un peu trop grosse vient à être entraînée dans le cône inférieur et à être soulevée par le mouvement rotatif ascendant, jusqu’à la partie étranglée qui unit les pointes des deux cônes, son interposition peut amener une solution de continuité dans la transmission du mouvement et l’on voit soudain le cône inférieur retomber et la trombe se dissiper. De même, les coups de canon tirés par le navire entouré de t lombes produisent des solutions de continuité dans le phénomène naturel, par suite de l’ébranlement de l’atmosphère, et en amènent la résolution. »
- M. G. du Mourier, à Paris, nous envoie un nouveau jeu de fleurs, qui permet à l’aide de cartes portant des dessins de fleurs et des inscriptions de tous genres, de poser des questions et d’obtenir les réponses, comme dans le jeu si connu des petits papiers.
- M. A. Nippa, à Ivanino (gouvernement de Koursa, Russie), nous écrit la lettre suivante : « Je vous envoie trois petits morceaux d’un aérolithe, qui est tombé, fl y a déjà près de vingt ans, dans le domaine de mes parents en « Russie, gouvernement d’Orel ». Pendant le jour, on entendit le bruit d’une explosion ou d’un coup de fusil, et sur la terrasse de la maison tombèrent une quantité de fragments d’une matière assez semblable à un verre clair cassé, mais d’une constitution tout à fait différente, très molle et cassable. Une partie des fragments a été envoyée à Saint-Pétersbourg au musée minéralogique, mais la plus grande partie a été perdue. Je retrouve seulement ces trois morceaux. » Nous remercions notre correspondant de son intéressant envoi et nous envoyons ces échantillons à notre collaborateur M. Stanislas Meunier, professeur de géologie au Muséum d’IIistoire naturelle, qui les examinera.
- Renseignements. — M. E. Zwingli, à Winlerthur. — Les altitudes des repères du nivellement général de la France sont rapportées à un zéro normal situé à lm,660 au-dessous d’un repère fondamental scellé dans le puits du marégraphe de Marseille. Ce zéro normal coïncide à 7 millimètres près avec le niveau moyen de la Méditerranée dans ce port Le repère fondamental Suisse de la pierre du Niton se trouve à 375m,fil de hauteur au-dessus du zéro français, lequel concorde d’autre part à 0m,15 près, avec les zéros normaux de tous les autres pays d’Europe et avec les niveaux moyens de toutes les mers européennes.
- M. le Dr B., à Tournai. — 1° Nous ne connaissons pas cet appareil. — 2° Pour la projection des corps opaques et transparents, adressez-vous à M. Molteni, 4L, rue du Château-d’Eau, ou à M. Pellin, 21, rue de l’Odéon, à Paris.
- M. Guillaume, à Gembloux. — 1 Le brai, s’il n’a pas bien séché, avant la mise en service, a pu être cause de ce dépôt noirâtre. — 2° 11 faut filtrer le liquide à travers un linge.
- M. R. Lemoine, à Paris. — 1° Nous avons transmis votre demande à la librairie. — 2° Vous trouverez des renseignements sur les épreuves à la sépia, dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, 2e série, à la librairie Masson et Cio.
- M. H. M., à Paris. — 1° Pour avoir une peinture blanche à base d’amiante vous pourriez utiliser la formule que nous avons indiquée pour la préparation de pâtes à base d’amiante dans le même petit livre que ci-dessus. — 2° La lampe que nous avons décrite dernièrement pourrait peut-être vous convenir.
- M. F. A., à Paris. — 1° Nous vous avons répondu dans le n° 1340 du 28 janvier. — 2* Il est préférable de prendre des lampes de 405 volts.
- M. G. P., à Rouen. — Nous n’avons pas l’adresse de ce chimiste ; l’information qne nous avons publiée a été empruntée à un journal allemand.
- M. L. G., à Besançon. — Vous trouverez des plaques d’ébo-nite de diverses dimensions à la Société in lustrielle des téléphones, 25, rue du Quatre-Septembre, ou chez MM. Chantard et Christensen, 8, cité Rougemont, à Paris.
- M. J. Plassard, à Paris. — Vous pourrez vous procurer des ouvrages traitant de la végétation tropicale de l’Afrique, de l’Egypte, de l’Algérie, Maroc, Canaries, chez M. Klincksieck, 52, rue des Ecoles, à Paris.
- M. le D' Th. Boulouys, à Lunas. — Nous pouvons vous donner les adresses suivantes : M. Baille-Lemaire, 26, rue Ober-kampf; MM. Benoist, Berthiot et Cu, 207, rue Saint-Martin; Chevalier, 15, place du Pont-Neuf; Comptoir général de photographie, 57, rue Saint-Roch; M. Gavet, 9, rue Saint-Gilles, à Pans.
- Un abonné, à X. — Adressez-vous à la Société Y Éclairage électrique, 27, rue de Rome, à Paris; vous aurez là les renseignements que vous nous demandez.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. A. Corel, à Neuilly-sur-Seine. Nous avons reçu votre intéressante communication; mais le sujet est un peu trop spécial pour nos lecteurs. Tous nos remerciements. — M Lebois, à Orléans. Consultez le petit livre des Recettes et procédés utiles, 4e série, à la librairie Masson et Cu. — M. D. G-, à X. Remerciements pour votre envoi.
- Il nous est impossible de répondre cette semaine à toutes les lettres que nous avons reçues; nous prions nos correspondants de vouloir bien attendre le prochain numéro.
- Jtans la .. Jtoite aux lettres » ta Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les renseignements -mi lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- PETITES INVENTIONS1
- Lanterne domestique. — Une bonne lanterne domestique est toujours très utile soit à la ville, soit à la campagne. Le nouveau modèle que nous présentons offre des perfectionnements qui la rendent pratique. A la partie supérieure, la double cheminée, courbée en sens inverse, permet d’abord un
- bon refroidissement, évitant que le dessus de l’appareil soit chauffé, mais donne aussi une garantie contre les courants d’air qui ne peuvent pas s’engouffrer dans la cheminée et éteindre la flamme. La lampe, de forme carrée, est maintenue dans un système de coulisse, et couvre entièrement le fond ; elle est munie d’un brûleur d’une construction nouvelle à double renforcement et la clé, qui fait monter et descendre la mèche, est prolongée jusqu’à l’extérieur et passe par une petite ouverture pratiquée à cet effet. Cette lampe est donc réglable de l’extérieur, sans qu’on ait besoin d’ouvrir le fond. Comme combustible, on utilise la composition employée pour les lampes de bicyclettes, c’est-à-dire 2/3 d’huile mélangés avec 1/3 d’essence de pétrole ou d’essence minérale. — La nouvelle lanterne domestique se trouve chez M. Kratz-Boussac, 3, rue Saint-Laurent, Paris.
- Nouveau pliant. — Il existe déjà un grand nombre de sièges portatifs de toutes sortes. Cet objet est en effet de grande utilité, non seulement pour les chasseurs à l’affût, pêcheurs et artistes, mais pour tout le monde. On s’en sert aujourd’hui pour les divers jeux, dans les parties de campagne, parties de canot, campement sur le pont des baîeaux, à la promenade et aux bains de mer. Le nouveau pliant que nous décrivons est très léger, occupe peu de place étant plié et est très solide. Il est construit en barres de fer et se compose de deux parties : deux
- Nouveau pliant.
- cadres reliés par une charnière qui, ouverts, forment un angle de 45° et deux cadres inférieurs qui constiiuent les pieds. Ce cadre inférieur se replie sur la partie supérieure. Les montants sont tenus à écartement fixe par des traverses qui s’accrochent comme les attaches de l’escabeau dont on se sert dans tous les ménages. Pour donner plus de solidité à ce siège, les deux parties inférieure et supérieure sont reliées par des tringles attachées ensemble au moyen de deux maillons de chaîne. Le siège proprement dit est en toile. Nos dessins représentent les deux vues : ouvert et plié. Dans cette dernière osition, on le porte à la main avec la plus grande facilité. — e concessionnaire pour la vente de ce pliant est le même fabricant que ci-dessus.
- Nouveau bouchon. — Tout le monde connaît les bouchons en caoutchouc à tête métallique qui s’allongent pour entrer dans le goulot de la bouteille. En dehors de ses avantages, ce bouchon présentait l’inconvénient que la surface d’adhérence était trop longue et il fallait souvent employer
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- une grande force pour l’extraire de bouteilles restées couchées pendant un certain temps. Pour remédier à ces inconvénients, on a imaginé un nouveau bouchon Eclair qui se pose et se retire avec la plus grande facilité tout en donnant un bouchage parfaitement hermétique. Le bouchon éclair est très mince et présente à son extrémité un bourrelet saillie circulaire d’un diamètre supérieur à celui du goulot de telle sorte que par suite de l’élasticité du caoutchouc, il s’applique contre les parois et provoque une fermeture hermétique. Entre la saillie circulaire et la tête, le bouchon est très mince, la tête à rebord est disposée de façon à s’appliquer exactement sur le
- Nouveau bouchon. ;
- dessus du goulot. L’intérieur du bouchon est creux et traversé d’une tige métallique terminée à l’extérieur par une tête ronde en forme de bouton. Sur cette tige coulisse la seconde partie métallique à ailettes, dont la partie inférieure, renforcée, se maintient à l’intérieur du caoutchouc de telle sorte qu’en passant les deux doigts de la main sous les ailettes et en appuyant avec le pouce sur la tête de la tige, le bouchon élastique s’allonge et s’amincit pour pouvoir entrer sans obstacles dans le goulot de n’importe quelle bouteille. En lâchant ensuite la tète, l’élasticité du caoutchouc revient dans sa forme primitive et la saillie circulaire aussi bien que le rebord de la tête s’appliquent au goulot et forment une fermeture absolument hermétique. L’ensemble de cette opération se fait instantanément. Il est à remarquer que, dans le cas actuel, le caoutchouc ne se trouve jamais en contact avec le liquide, car il ne s’agit pas de son emploi pour les bouteilles couchées, mais seulement pour les bouteilles entamées qui restent debout. — L’inventeur fabricant du nouveau bouchon-éclair est M. Kratz-Boussac, dont l’adresse est donnée plus haut.
- BIBLIOGRAPHIE
- Traité d’analyse chimique quantitative par électrolyse, par J. Riban, professeur chargé du cours d’analyse chimique et maître de conférences à la Faculté des sciences de l’Université de Pari-. 1 vol. in-8°. Paris, Masson et Cie, éditeurs. 1899. Prix : 9 francs.
- Le livre que vient de publier M. J. Riban est un livre de très grand intérêt. Il renferme l’étude complète et détaillée d’une nouvelle méthode d’analyse chimique quantitative, qui emprunte l’électrolyse, Cette nouvelle méthode acquiert chaque jour une plus grande importance pour les essais de laboratoire ou industriels. Mais, comme le fait remarquer très justement l’auteur, si bien des problèmes délicats ont pu être simplifiés et si l’électrolyse a
- Fu etre appliquée aux dosages ordinaires, il a fallu conserver exactitude indispensable, tout en atteignant une grande rapidité d’exécution. M. J. Riban professe depuis nombre d’années à la Faculté des sciences de Paris, le cours d’analyse quantitative ; il a consacré une partie de ce cours à l’étude de l’analyse par électrolyse. Ce sont toutes ses observations et les résultats de toutes ses études de laboratoire que nous trouvons dans son livre. Cet ouvrage est rempli des renseignements les plus exacts qu’a fournis à l’auteur une longue pratique dans le laboratoire; il sera des plus utiles au chimiste et fournira à l’électricien des renseignements précieux.
- Traité élémentaire de météorologie, par Alfred Angot, météorologiste titulaire au Bureau central météorologique. 1 vol. ranci in-8°. Paris, Gauthier-Yillars, éditeur. 1899. Prix : 2 francs.
- La locomotive. Modèle démontable en carton. Historique et description, par Christophe Volkert. 1 album. E. Bernard et C1*, imprimeurs éditeurs. Paris. 4899.
- La préhistoire de la France, par Stéphane Servant. 1 vol. in-16 de la Petite Encyclopédie populaire illustrée. Paris, Schleicher frères, éditeurs. Prix : 1 fr.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Les prairies. Prairies naturelles. Pâturages. Feuillants et ramilles, par F. Berthault, chef des domaines au Crédit Foncier de France, professeur à FEcole nationale d’agriculture de Grignon. 1 vol. petit in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire. Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1899. Prix: broché, 2fr,50; cartonné, 5 francs.
- Recherche, captage et aménagement des sources thermominérales. Cours professé à l’Ecole supérieure des mines par L. de Launay, ingénieur au Corps des mines. 1 vol. in-8°. Paris. Librairie polytechnique Baudry et Ci0, 1899.
- La machine à vapeur. Distribution avec tiroir à détente systèmej Meyer. Modèle démontable en carton, Notices
- historiques et descriptions, par Cristofhe Yolkert. 1 album, E. Bernard et Cie, éditeurs. Paris. 1899.
- Agenda de la Science en famille pour 1899. 1 brochure in-8°. Ch. Mendel. Paris. Prix : 1 franc.
- Annuaire de l'Observatoire royal de Belgique. 1899. 66' année. 1 vol. petit in-8° avec 1 supplément 1898. Bruxelles, Haye/, imprimeur.
- Voitures automobiles à pétrole, par Cu. Milandue et R. P. Bouquet. 1 vol. petit in-8°. Paris, E. Bernardet Cu, éditeurs. 1899.
- Annuaire de la maison de Melle pour 1899. o7' année. 1 vol. in-18. Louvain, J. Van Linthout.
- BULLETIN MÉTÉO OLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 23 janvier. . A-,3 S. S. W. 5. Beau. 2,2 Peu nuag. jusq. 19 h.; couv. eus.; gelée blanche; halo; gouttes à 20 h.
- Mardi 21 5*,3 N. W. 3. Couvert. 0,0 Très nuag. jusq. 19 h.; beau ens.; gelée blanche; grêle à 14 h. 1/4 et gouttes à 16 et 19 h.
- Mercredi 23 -2*,3 N. N. E. 3. Beau. 0,0 Nuageux; grains de neige à 11 et 13 b.: halo.
- Jeudi 26 - l*,o N. 3. Couvert. 0,0 Très nuag.; neige en lines paillettes à U h.
- Vendredi 27 0\i N. E. 2. Couvert. 0,0 Couvert; gelée blanche; brumeux.
- Samedi 28 — 2*,2 N N. E. 2. Beau. 0,0 Couvert à 1 b.; beau ensuite.
- Dimanche 29 ... . - 2*,0 E. N. E. 2. Couvert. 0,0 Nuag. jusq. 4 11.; couv. eus.; petite grêle à 18 b. avec petite neige ensuite.
- JANVIER 1899 --- SEMAINE DU LUNDI 23 AU DIMANCHE 29 JANVIER.
- Lundi ( .Mardi ( Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche
- La courbe isupéreure in digue la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du mitieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la met); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tremblements de terre. — A la dale du 21 janvier, plusieurs secousses de tremblement de terre ont cu lieu dans les départements de Kyparissia et de Philiatra, en Grèce. A Kyparissia quelques maisons endommagées se sont effondrées. Le nombre des victimes a été très restreint.
- De nouvelles secousses de tremblement de terre, mais plus faibles, ont continué le 21 janvier. La ville de Nissi a été très éprouvée par une forte secousse. De nombreuses maisons ont été lézardées. Des dégâts considérables ont été produits dans, le département de Kyparissia; cinq villages ont été complètement détruits.
- Un tremblement de terre qui a duré 3 minutes s’est produit le 23 janvier, à 3h 9“ de l’après-midi, à Mexico. Plus de 200 maisons ont été sérieusement endommagées, 10 ont été détruites. Il y a eu plus de 100 blessés.
- Tempêtes et inondations. — Pendant cette semaine, les tempêtes et les inondations ont encore continué. A Nimes, le 18 janvier, la crue du Rhône se maintenait. A Pont-Saint-Esprit, la cote était à 5“,60. Un service de bateaux avait été organisé pour les approvisionnements. Le 2 ) janvier le Rhône est descendu un peu. Mais la partie basse de la ville et la plaine de Lamotte sont restées inondées. A Uoquemaure, à Yalabrègues et à Ara-jnon, le Rhône a baissé lentement. Le 20 janvier, à Marseille, le steamer grec Phénix, arrivé de Fiumc avec une cargaison pour Cette, a été très éprouvé par une tempête de Sud-Ouest. Après les Bouches de lionifacio, le navire s’est trouvé en perdition. : tout ce qui était sur le pont a été emporté, la passerelle a été démolie, et le gouvernail arraché; deux hommes ont été
- enlevés par les lames; l’un d’eux a pu être sauvé; l’autre s’est noyé, quatre matelots ont été blessés.
- Les tempêtes ont continué dans la Méditerranée orientale. Des ouragans, accompagués de pluies froides, ont soufflé sur les côtes.
- Une violente tempête soufflant du Sud-Ouest s’est abattue le 21 janvier sur la Manche. Le service des paquebots entre Douvres et Calais a dû être suspendu. Les deux paquebots d’Ostende n’ayant pas pu approcher du débarcadère de Douvres sont restés en dehors du port; les autres bateaux arrivés à Douvres ont réussi à débarquer leurs passagers. Le Foam, de Douvres, a subi des avaries à Calais. Le paquebot-poste Empress, ayant quitté. Calais à 8 heures du matin, est arrivé, après un très mauvais passage, à Folkestone à midi.
- On a signalé de nombreux accidents, dus à la tempête, parmi la flottille de pêche de la mer du Nord. Un matelot a été noyé.
- La pluie et la neige sont tombées en abondance en Ecosse. Une maison inondée s’est effondrée à Ashlon. Le Shannoff.a débordé, inondant toute le campagne sur une étendue de plusieurs milles dans le comté de King. l'iusieurs familles riveraines ont dû abandonner leurs maisons dans le comté de Galloway.
- Quelques tempêtes ont également eu lieu sur les côtes d’Espagne. Le transport de guerre français la Vienne, venant de Brest et Rochefort, et se rendant à Toulon, a été forcé par la tempête de se réfugier dans le port de la Corogne.
- l<a. neige & Parie. — La neige est tombée en abondance à Paris les 29 et 30 janvier.
- PHASES DE LA LUNE : P. L. le 26 à 7 h. 44 min. du soir.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— Par un décret en date du 28 janvier, il a été créé à Vin-cennes, sous le nom de Jardin d’essais colonial, un service ayant
- Iiour objet de fournir aux jardins d’essais des possessions françaises es produits culturaux, dont ils pourraient avoir besoin, ainsi que de réunir tous les renseignements les intéressant. Par un arrêté en date du 50 janvier, M. Jean Dybowski, directeur de l’agriculture en Tunisie, professeur de cultures tropicales à l’Institut agronomique, a été nommé directeur du Jardin colonial de Vincennes. Les intentions sont bonnes, il faudra attendre la pratique pour juger de la valeur de la nouvelle fondation.
- —®— La peste bubonique à Tamàtave a occasionné du 1er au 25 janvier inclusivement 68 cas, dont 2 cas sur des Européens seulement sans décès, 15 sur des créoles dont 12 décès, 15 sur des Asiatiques dont 13 décès, 36 sur des Malgaches dont 26 décès. Ou 26 au 31 janvier, aucun cas nouveau n’a été signalé. Le Dr Thiroux est arrivé à Tamatave avec du sérum et du matériel désinfectant ; depuis le 6 janvier il a fait des essais très encourageants. L’épidémie a donc été localisée au point où elle avait pris naissance, grâce aux mesures énergiques du général Galliéni. La disparition de la peste est prochaine,
- —M. le Dr Dareste de la Chavanne vient de mourir à l’âge de 77 ans. Il avait été professeur à la Faculté des sciences de Lille et de Lyon. M. Dareste s’était fait une place à part avec ses beaux travaux de tératologie animale. Son livre sur la « Production des monstruosités » a fait le tour de l’Europe. M. Dareste avait présidé la Société d’anthropologie; il était lauréat de l’Académie des 'ciemes.
- —®— Un bon exemple à suivre. M. Jules Bénard a communiqué à la Société nationale d agriculture les résultats obtenus dans sa commune, à Coupvray (Seine-et-Marne), pour empêcher la destruct;on des oiseaux. Une société protectrice a été créée dans ce but entre les élèves de l’école de garçons. Le président, le vice-président et le secrétaire sont des élèves de la première division. Tous les autres élèves sont membres de la Société. Le bureau se réunit sous la présidence de l’instituteur, M. Gibet, tous les samedis à midi et demi, pendant les mois de mars, avril, mai, juin et juillet. Son rôle est de contrôler les déclarations des membres et d’inscrire sur un carnet spécial tous les nids protégés et les animaux nuisibles détruits. Voici le résultat des opérations de la Société en 1898 : le nombre de nids protégés est de 570. Us se décomposent ainsi : hirondelles 274, pinsons 80, verdiers 50, roitelets 47, rossignols 37, chardonnerets 17, mésanges 12, divers 53. Pendant l’hiver il a été détruit au moyen de pièges : 24 nids de loir et 80 petits. 4 belettes, 25 rats et plus de 300 souris.
- —®— Le réseau des câbles sous-marins du Vénézuela, appartenant à la Compagnie française des câbles télégraphiques, va prochainement s’étendre assez notablement. Actuellement ce réseau comprend les câbles de la Guayra à Puerto Gabello, de la Guayra à Carenero et de la Vêla de Coro à Curaçao. La Compagnie française des câbles télégraphiques vient de commander à la Société industrielle des téléphones un câble de près de 400 kilomètres de longueur destiné à relier la Vêla de Coro à Maracaibo. Il restera encore à relier Carenero à Guanta, Guanta à Cumana et Cumana à Carupano. On voit par là que le réseau télégraphique sous-marin français se développe sans cesse et que la fabrication des câbles sous-uiarins, naguère monopolisée par l’Angleterre, a pu être introduite en France grâce aux efforts, couronnés de succès, de la Société industrielle des téléphones qui vient de construire et de poser le grand câble transatlantique de Brest à New-York.
- —Le Dr Brunon, de Rcu3n, à la suite d’une enquête faite par lui au point de vue de la consommation de l’alcool par les
- ouvriers des différentes branches de l’industrie, arrive à ces conclusions quelque peu pessimistes : « Si l’état de choses actuel ne change pas, le commerce, l’industrie et la navigation nationales vont être compromis par les habitudes d’intempérance des ouvriers. Les jours de travail diminuent, la qualité du travail s’abaisse, le
- Ïirix des salaires augmente et la concurrence étrangère grandit tous es jours. »
- —®— Selon l'Electricien, on parle beaucoup de l’adoption probable d’un projet original présenté par MM. Cassien-Bernard et Cousin, architectes, dans le but de faire communiquer les deux rives de la Seine pendant l’Exposition. Ce projet comporte une nacelle supportée par un câble d’acier à 9 mètres de hauteur et circulant à l’aide d’un câble tracteur et de deux treuils actionnés par un moteur électrique. La manœuvre serait commandée de la nacelle même par un pilote qui aurait sous la main un interrupteur. Cette traversée aérienne s’effectuerait sur une longueur de 115 mètres, à 50 mètres environ en aval du pont Alexandre. Le soir, les passagers de cet étrange véhicule jouiraient particulièrement d’un coup d’œil féerique sur toutes les berges et les palais brillamment illuminés.
- -®— Tous les ans, M. Townsend, de la Fist Commission des Etats-Unis, est chargé d’inspecter les phoques à fourrure des îles Prybiloff. Le rapport qu’il vient de publier est loin d’être satisfaisant, car il constate la graduelle disparition de ces animaux précieux à plusieurs titres. Les captures diminuent, et, naturellement, la natalité des phoques à fourrure des îles Prybiloff se restreint d’une façon désolante. En 1897, la diminution était de 11 pour 100 ; elle a été en 1898, sur l’année précédente, de 22 pour 100. Cette diminution de la natalité se voit dans les petites îles où l’exacte* numération des jeunes est facile. Mais elle se constate également dans les autres îles plus étendues. Les captures ont été les suivantes depuis cinq années :
- 1894. Sur terre » Sur mer 61 838
- 1895. — « — 56 291
- 1896. — 28964 — 53917
- 1897. — 20899 — 24322
- 1898. — 18 022 — »
- On ne connaît pas encore le chiffre des prises sur mer pendant l’année 1898. Des mesures sont actuellement édictées pour assurer la reproduction des phoques et constituer un véritable élevage. Mais les résultats jusqu’ici obtenus pour retenir les mâles à terre n’ont pas été fort brillants. Ce qu’il faudrait, c’est l’interdiction absolue de la pêche pendant un an ou deux. Sinon, c’est la tin des phoques d’ici quelques années.
- —®— L’Army and Navy Journal, de New-York, fait le compte de ce qu’ont coûté, aux Etats-Unis, les navires auxiliaires, paquebots, yachts, remorqueurs, navires charbonniers, chalands, etc., qu’au moment de la déclaration de guerre à l’Espagne, il a fallu se procurer. Le total atteint la somme énorme de 137 millions de francs, savoir 21431 106 dollars pour l’achat et plus de 5 millions de dollars pour la mise en état de ces différents types de bâtiments. C’est plus, ajoute 1 ’Army and Navy Journal, que le budget entier de la marine des Etats-Ûnis pour tout un exercice.
- —Le commerce des hiboux se fait, paraît-il, sur une grande échelle à Chicago. Les épiciers, les bouchers et les gardiens des marchés de la ville les emploient en guise de chats, pour la destruction des rats, des souris et autre vermine. Les propriétaires et les concierges des grandes maisons de la cité ont suivi cet exemple. Les uns et les autres tiennent le hibou dans leurs caves durant la journée, et ils le montent dans leurs magasins ou dans leurs locaux dès qu’il commence à faire nuit. Voilà le chat détrôné de l’autre côté de l’Atlantique !
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- Communications. — M. L. Gérard, 30, avenue de Noailles, à Lyon, nous prie d’aviser nos lecteurs qu’il désire faire l’échange des cartes postales illustrées avec les habitants de tous les pays du monde. Il collectionne ces cartes.
- M. F. de St-Léger, à Cannes,*nous informe qu’un catalogue analytique et raisonné des coléoptères de Saône-et-Loire et des départements limitrophes (Ain, Allier, Côte-d’Or, Jura, Loire, Nièvre, Rhône) est en voie de publication. Les entomologistes qui voudraient bien donner des renseignements sur les coléoptères de ces departements et spécialement du Jura, de la Loire et de la Nièvre, sont priés de les adresser à M. l'abbé Viturat, hôtel de Voyageurs, Cannes (Alpes-Maritimes). On demande surtout pour l’instant des renseignements sur les staphylins.
- M. le C'° Louis Cigala, à Vienne, nous envoie la lettre suivante : « A propos de l’article Le jour de la semaine paru dans le n° 1538 du 14 janvier 1899, j’ai l’honneur de vous indiquer une méthode plus facile et plus rapide. Chaque année a un numéro. L’année 1898 avait le n° 5, l’année 1899 a le n° 6. Chaque mois a son numéro : janvier 0, février 3, mars 3, avril 6, mai 1, juin 4, juillet 6, août 2, septembre 5, octobre 0, novembre 3, décembre 5. Pour trouver le jour de la semaine, il faut additionner le n° du jour à chercher, le n° du mois et le n° de l’année; on divise par 7, le reste s’il est 1 indique lundi; 2, mardi; 3, mercredi, etc.,en commençant la semaine toujours par lundi. Voici un exemple. Quel jour sera le 14 juillet 1899? 14 + 6 (n° du mois) -+6 (n° de l’année) = 26; on divise par 7, le reste sera 5. C’est donc le cinquième jour de la semaine, soit vendredi. La seule difficulté est de retenir les nos du mois. Pour obtenir et aider la mémoire, chacun pourra, à son gré, faire de la mnémotechnie. J’ai fait la suivante : les trois premiers mois sont très faciles à retenir, 0 — 3 — 3 ; avril, six poissons d’avril ; mai, le 1er, fête des ouvriers; juin, 4 lettres; juillet, le second semestre; août, deux syllabes; septembre (S. 5.), première lettre égalant le 5; octobre, O, première lettre; novembre, subdivision de 5 (5 x 3 = 9re) ; décembre, un X rom. coupé en deux. »
- M. G. de Rocquigny-Adanson, à Moulins, nous adresse une étude qu’il vient de publier sur La gelée dans le centre de la France (1835-1894). Les grands hivers en Bourbonnais, dans la Revue Ciel et Terre.
- M. MgsdeC., à Saint-Sébastien, nous fait connaître, d’après le Journal El Imparcial, l’application dans la prison de Dela-ware (E.-U) d'un Fouetteur électrique inventé par l’ingénieur Newton Ilauson. Les punitions corporelles sont employées dans les prisons des Etats-Unis et d’après les renseignements de là-bas, elles produi-ent des résultats excellents, surtout pour améliorer certains individus tels que les voleurs de grands chemins et les maris qui battent leurs femmes. Dans la prison de’De-laxvare on se sert d’une sorte de croix à laquelle on attache le détenu qu’on veut corriger, ou punir, mais il est difficile de mesurer, de graduer la force des coups : dès lors la punition est souvent trop dure ; d’autres fois elle ne l’est pas assez. C’est pour cette raison que l’on a introduit avec succè« l’appareil fouetteur dont nous parlons. lise compose d’un axe vertical qui porte une roue à la périphérie de laquelle est attaché un fouet qui tourne horizontalement avec une vitesse réglable et uniforme. L’axe vertical est mis en marche à l’aide d’une roue à an Je par un moteur électrique. Le fouet peut se plaeer à volonté plus ou moins haut, j>our qu’il frappe telle ou telle partie du corps. Quand on a attaché l’homme à la croix (la face tournée vers celle-ci) on règle la vitesse de l’appareil et on le met en marche à l’aide d’un interrupteur placé à distance, pendant le temps convenu. On évite ainsi que le coupable connaisse l’homme qui a manié l’interrupteur et que celui-ci soit influencé par les gestes ou les cris de la personne à laquelle il inflige la punition. On est arrivé à calculer le nombre et la orce des coups qui conviennent à chaque criminel.
- M. H. Benoit, à Paris, à propos de la communication'de M. le Dr Taillefer relative à l’inconvénient que présentent les lampes à pétrole de se recouvrir d’une couche d’huile (n° 1339 du 21 janvier 1899), nous écrit qu’il a été appelé à constater le même fait avec du pétrole ordinaire, mais qu’il n’en est plus de même avec d’autres pétroles tels que la Luciline, etc.
- M. L. J. Gruey. directeur de l’Observatoire astronomique, chronométrique et météorologique de Besançon, nous envoie le dixième Bulletin chronométrique publié par cet établissement.
- M. le Dr de La Harpe, à Lausanne, nous écrit : « L’illusion du sens du toucher que je vais décrire, et que je crois encore inédite, aura peut-être quelque intérêt pour vos lecteurs. Si l’on prend un court crayon ou un morceau de tube de verre, ou un objet cylindrique lisse et mince quelconque, entre le pouce et l’index et qu’on lui fasse faire que'ques révolutions autour d’une ligne verticale comme centre, on éprouve au bout d’un instant une singulière sensation d’illusion. Il semble que le corps cylindrique s’effile, s'amincit dans l’étendue de la surface qui se trouve entre les deux doigts. Cette sensation persiste et augmente avec la durée de l’expérience; parfois les. doigts semblent se toucher au milieu. Les vitesses différentes des divers points différemment éloignés de l’axe de révolution jouent probablement un rôle dans ce curieux phénomène. »
- Renseignements. — M. le Dr Noyon, à Aix-en-Provence. — 1° Le formolateur se trouve à la Société llélios, 32, rue de Bondy, à Paris. — 2° L’étuve à pétrole est construite par M. Cn. Verdin, 7, rue Linné, à Paris.
- M. Merlet, au Pecq. — 1° Vous pourriez vous adresser directement à M. Ch. Bertolus, à Saint-Étienne, à M. Bullier, 64, rue Gay-Lussac, ou à la Ci0 française des carbures de calcium, 137, boulevard Magenta, à Paris. — 2° Les morceaux de carbure doivent être consommés en entier. — 5° Ce carbure est de mauvaise fabrication.
- Un abonné, à Madrid. — Nous pouvons vous donner les adresses suivantes : M. Demgis, 12, rue Pierre Lescot; M. P. Lonqueux, 44, rue Saint-Honoré, à Paris.
- M. J. Dubois, à Lille. — Nous ne connaissons pas d’ouvrage à vous désigner en particulier ; adressez-vous à M. Desforges, 41, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. G. Cambier, à Verchnydnieprosch.— Pour ces ouvrages, veuillez vous adresser à M. Deyrolle, 46, rue du Bac, à Paris.
- M. F. Teisserenc, à Ceilhes. — Il faut vous renseigner auprès des fabricants suivants : M. Anceau, 15, rue Salneuve; M. A. Beaune, 55, rue de Châteaudun; Société du poêle Besson, 55, boulevard dés Capucines, à Paris.
- M. A. Latapy, à Paris. — 1° Pour cette statue en aluminium, vous pourriez vous adresser à la Société des alliages Cotliias, 9, rue Victor-Hugo, à Ivry-Port; à la Société française de l’aluminium, 74, rue Amelot ou à la Compagnie française des métaux, 19, rue Volney. — 2° Rideaux en verre : M. Hérard, 50, rue Davioud, à Paris.
- M. S. SJ., à Briey. — 1° Il est absolument impossible de se procurer actuellement de l’air liquide dans le commerce; il faut le préparer soi-même avec l’appareil de Linde. — 2° Les applications de l’air liquide seront considérables ; nous pensons que l’expérience dont vous parlez réussirait.
- Un abonné, à Ilielle. — Nous avons publié sur le mercerisage du coton un intéressant article de M. L. Lefèvre, dans le n° 1262 du 7 août 1897, p. 150.
- M. H. Teissier, à Paris. — La gélatine est rendue insoluble par l’action de la lumière ou par addition de 5 pour 100 de formol. Elle devient encore insoluble par contact de l’aldéhyde formique. On fabrique des statuettes avec un mélange en parties égales de gélatine et d'aldéhyde formique.
- M. Orivon Sinan, à Galata (Constantinople). — 1° On met de l’eau à volonté; on prend des gouttes jusqu’à cessation de l’accès. — 2° Pour le mal de dents le remède indiqué doit servir pour gargariser.
- M. Eckert, à Briançon. — Les filtres Delsol et Fillard (n° 1347, du 27 août 1898, p. 203) se trouvent à la maison Beslier, à Coulommiers.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Dulong, à Paris. Cette question nécessite une étude complète; il faut vous adresser à un ingénieur conseil. — M. X. Ravaud, à B. 11 nia encore été fait aucune application de ce système. — M. G. R., à D.; M. P. L., à Paris. Consultez le petit livre des Recettes et procédés utiles, 1" série, à la librairie Masson et Cio. — M. J. L., à Orléans. Ce procédé est indiqué dans le même petit livre que ci-dessus, 4e série, à la même librairie. — M Lebon, à Paris ; SI. Jumont, à Peyrac. Remerciements pour vos communications
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s'engage en aucune façon à répondre à tentes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu'aux lettres repues avant le hindi qui précédé la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- PETITES INTENTIONS1
- Graisseur à graisse consistante. — Le graissage à l’huile est insuffisant pour le bon fonctionnement des coussinets des cycles et automobiles. Mais, pour l’emploi des graisses consistantes, il faut un nouveau graisseur. Nous présentons aujourd’hui à nos lecteurs un nouveau graisseur compresseur Compound. Les coussinets des cycles, automobiles, garnis de graisse consistante, peuvent rouler pendant très longtemps sans surveillance, sans entretien, sans réglage. Les poussières et les boues ne peuvent plus pénétrer dans l’intérieur des roulements; l’usure des coussinets ainsi que les grippements sont évités. Ce graisseur se compose d’une boîte réservoir c dans laquelle on met la graisse et qu’il suffit de visser au fur et à mesure qu’elle se vide ; ce réservoir est monté sur une tige en tube b dans laquelle coulisse un second tube a terminé par un
- c
- Graisseur à .graisse consistante.
- injecteur entouré d’un bloc de feutre d afin que la graisse ne puisse pas se perdre au moment du graissage. Sur le tube principal se trouve montée une double poignée permettant de bien maintenir l’appareil. Pour graisser, on allonge le tube intérieur, on serre la vis du réservoir pour faire pénétrer la graisse dans le second tube et on applique ensuite l’injecteur sur l’ouverture du coussinet et on comprime l’appareil. De cette façon, l’injection de la graisse se fait instantanément. — Le concessionnaire est M. Kratz-Boussac, 3, rue Saint-Laurent, à Paris.
- Nouveaux batteurs d’oeufs. — Pour battre les œufs à la neige, la cuisinière se servait autrefois d’une fourchette; mais, on a imaginé différents petits appareils mécaniques qui rendent cette opération moins fatigante et plus rapide. Le nouveau modèle dont nous parlons et qui nous vient d’Amé-
- rique, est intéressant. Ce petit appareil C a son bâti construit~en fonte malléable qui, sans avoir été ébarbée ni retouchée, est d’une grande finesse. Il se compose de deux tiges qui tournent en sens inverse mues par un engrenage que fait tourner un volant à crémaillère muni d’une petite poignée.
- * La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonce!.
- , Un second modèle nous paraît intéressant à signaler. 11 donne également d’excellents résultats. Il se compose d’un récipient en porcelaine B dans lequel on fait mouvoir avec la main un petit système de baratte À dont le fond est percé de trous multiples. En cassant les œufs dans le récipient et en faisant avec la main un mouvement de va-et-vient, la neige apparaît aussitôt. — Ces deux batteurs d’œufs se trouvent à la même adresse que ci-dessus.
- Le carillon. — Une expérience déjà bien connue consiste à attacher les pelles et pincettes de la cheminée au milieu d’une ficelle, de fixer à chaque bout de cette ficelle un morceau de bois qu’on tient collé sur l’oreille et de taper sur les pin-
- cettes. Un inventeur a trouvé une autre démonstration, basée sur le même principe, de la transmission des sons. Ce jouet se compose simplement d’une tige en acier poli repliée comme l’indique le dessin, et attachée à un fil dont chaque extrémité est munie d’un récepteur en bois; en tenant ces deux récepteurs aux oreilles et en frappant la tige métallique ou en tapant dessus avec un objet métallique quelconque, on croit réellement entend» e le carillon de la grande cloche de la basilique de Montmartre. — Le carillon est en vente à la même adresse que plus haut.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Le jus de tabac insecticide. — La régie vend actuellement un nouveau jus de tabac, riche en nicotine et titré qui rendra de grands services pour la destruction des animaux nuisibles. Ce nouveau liquide ne contient aucune matière fermentescible et il est susceptible de se conserver indéfiniment en vase clos ; dépouillé de résine, il n’a qu’une faible coloration de sorte qu’il n’encrasse pas les appareils de pulvérisation ou d arrosage et ne tache ni les fleurs ni la laine des moutons; titré, c’est-à-dire contenant une proportion régulière de nicotine, il présente toute garantie pour le succès des opérations; on peut s’en proeurer par quantité aussi faible que l’on veut, et jusqu’à un demi-litre, en toute saison, dans les entrepôts de tabacs (aux chefs-lieux d’arrondissement), ou chez les débitants ordinaires, pour lesquels la vente de ce produit constitue une charge d’emploi. Ce jus se vend 18 francs les 5 litres, A fr. le litre, 2,r,30 le demi-litre.
- Les jus riches contiennent cinq à six fois plus de nicotine que les jus ordinaires et, par conséquent, il en faut cinq ou six fois moins pour préparer la même quantité de liquide pour l’arrosage des plantes ou le lavage des animaux. Pour les pulvérisations, et arrosages des plantes, le jus doit être étendu d’environ cent fois son volume d’eau.
- Destruction des taupes. — Tout le monde sait que les taupes sont très friandes d’insectes et larves; elles mangent surtout les lombrics avec une gloutonnerie extraordinaire qui dépassé même celle des animaux les plus carnassiers et les plus voraces. "Voici un procédé souvent employé pour détruire ces insectivores on ramasse quelques vers (une quarantaine environ) que l’on met dans un récipient quelconque ; on les laisse jeûner pen-
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- dant vingt-quatre heures. Cela fait on les saupoudre de noix vomique (0‘r',50 de poudre de noix vomique), on les laisse ainsi pendant quelques heures en contact avec la poudre, puis on ajoute, dans le vase, de la farine dans laquelle on les roule, de façon à former une pâte permettant d’en faire des boulettes. On découvre, avec les pieds ou les mains, les taupinières, on introduit la boulette dans le trou de la galerie et on recouvre avec la terre enlevée. On répète la même opération pour chaque taupinière. Les taupes, attirées par les vers, viennent manger et meurent empoisonnées rapidement. C’est là un moyen peu coûteux pour se débarrasser de ces fouisseurs qui font tant de mal à nos jardins, à nos prairies et même à nos céréales. (Bulletin de la Société d’horticulture de Dole.)
- Pour passer les planchers en couleur. — C’est une recette de la parfaite ménagère qui est donnée par Miss Bed-
- ford. Prendre 4 1/2 litres d’huile de lin, 450 grammes de brun d’Espagne, 000 grammes de séné en poudre et une tren taine de grammes de litharge ; mélanger dans une vieille boîte en fer-blanc, chauffer soigneusement jusqu’à ébullition, enlever du feu, ajouter 1/2 litre de térébenthine, et appliquer avec une brosse dure. Le lendemain on polit avec une étoffe enduite de cire et fixée sur un bloc de bois.
- L'ammoniaque liquide et les incendies. —Le journal américain bien connu National Druggist recommande l’ammoniaque liquide comme un des merveilleux agents d’extinction des incendies; il en suffit de quelques litres pour éteindre un commencement d’incendie assez sérieux, en substituant immédiatement des volutes de fumée à des flammes même intenses. Il est évidemment bon de vulgariser la connaissance de ce fait.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49”,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de O à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MltLIMÈTBES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 30 janvier. . - 1-,1 E. S. E. 2. Couvert. 0,0 Quelques éclaircies à 13 h. ; couvert le reste du temps; neige jusqu’à 6 h. et de 7 h. 15 à 9 h.
- Mardi 31 -1*,1 E. N. E. 2. • Couvert. 4,7 Couvert; quelques grains de neige.
- Mercredi 1" février. — 0*,7 N N. E. 1. Couvert. 0,0 Éclaircies de 11 à 14 h. ; couvert le reste du temps.
- Jeudi 2 - 3*,0 |N. E. 2. Couvert. 0,0 Couvert le matin; puis nuageux; beau après 16 h.
- Vendredi 3 - 5*,0 N. 2. Beau. 0,0 Nuageux à 1 h.; de 10 à 16 h. et à 23-24 h. ; beau le reste du temps
- Samedi 4 — 8*,0 Calme. Couvert. 0,0 Peu nuag., brouillard de 300 m. à 7 h.
- Dimanche 5 1%3 S. 3. Couvert. 3,5 J Presque couvert jusqu’à 19 h. ; nuageux ensuite.
- JANVIER-FÉVRIER 1899 -- SEMAINE Dü LUNDI 30 JANVIER AU DIMANCHE 5 FÉVRIER.
- ) Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche
- La courbe isupereure indique la nébulosité or (i a 10: tes flèches inférieures, la direction du vent. Les courues au m,. indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0. au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- ) (Résumé des observations météorologiques faites au Pare Saint-Maur en janvier 1899
- par M. E. Rexoü.
- Moyenne barométrique à midi, 756““,76 ; minimum 732“",97 le 2 à .9 heures du matin; maximum 770”“,53 le 25 à 11 heures du matin.
- Moyénries thermométriques : des minima 5",60; des maxima 8°,69; du mois 6°,14; vraie des 24 heures 5°,96. Minimum —4°,0 le 29 vers 3 h. du matin, ce jour il n’a pas dégelé, le m iximum ayant atteint — 0°,9; c'est le seul jour sans dégel. Maximum 13°,8 le 21 à 1 h. 50 du soir. Il y a eu en tout 6 jours de gelée, tous du 25 au 31. Il y a eu de plus 14 jours de gelée Hanche.
- Tension moyenne de la vapeur 5”“,83; la moindre 2““,67 le 25 à 4 heures du matin ; la plus grande 10“”,3 le 13 à 11 heures du soir.
- Humidité relative moyenne 81,5; la moindre 46 le 17 à 2heures du soir; la plus grande 100 en 5 jours.
- Pluie 63””,1 en 68 h. 1/4 réparties en 14 jours; elle n’a été abondante que les 1, 2 et 14. A part quelques grains de neige ou de grêle, il n’a neigé que dans la huit du 29 au 30; à 9 h. du matin, il y en avait une couche
- uniforme ae 6 centimètres, elle a persisté les jours suivants. Il y a eu de plus 9 jours de gouttes grêle, ou grains de neige.
- Nébulosité moyenne 73. A part quelques jours d’assez beau temps, du 8 au 11, le ciel a été constamment très nuageux ou couvert.
- Vents de S. à S.-W. très dominants; vents de N.-E. à la fin du mois; ils ont été plusieurs fois d’une grande violence.
- On a entendu tonner avec éclairs à Paris le 1" janvier, à 2k 21” et 22” du soir ; nous n’avons rien perçu à l’observatoire du parc de Saint-Maur. Eclairs au parc du N.-N.-W. a l'W.-N.-W. dans la nuit du 16 au 17.
- Température moyenne de la Marne : le matin 5°,64; dans l’après-midi 5°,76; du mois 5°,70. Elle a eu une petite crue le 22; elle s’est élevée à 5”,10 ; elle a été généralement trouble.
- Relativement aux moyennes normales, le mois de janvier 1899 présente les résultats suivants :]Baromètre plus bas de 3"“,89. Thermomètre plus haut de 4°,09. Tension de la vapeur plus grande de 1”“,06. Humidité relative moindre de 6. Pluie plus forte de 29““,7. Nébulosité plus grande de 2.
- Ce mois de janvier est un des plus chauds qu’on connaisse ; le mois de janvier 1877 a présenté une moyenne un peu plus élevée, 6°,19.
- PHASES DE LA LUNE : D. Q. le 5 à 4 h. 16 min. du matin.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- — Le ministre des travaux publics a déposé sur le bureau île la Chambre un projet tendant à établir un canal destiné à mettre le port de Marseille en communication avec la navigation intérieure du Rhône. Le canal aura 54 kilomètres de longueur et coûtera 80 millions, dont moitié sera fournie par l’Etat et moitié par les corps locaux intéressés (département des Bouches-du-Rhône, ville de Marseille et Chambre de commerce de cette ville). Le projet est analogue à celui qui avait déjà été présenté en 1895 et avait fait l'objet d’un rapport favorable, mais que la Chambre n’avait pu discuter avant l’expiration de la législature.
- —®— M. le président de la République a offert à la ménagerie du Muséum un phacochère femelle, qui est amené du Soudan et est âgé de huit mois environ. Le phacochère est un petit pachyderme ressemblant de très près à un sanglier. Celui qui vient d’arriver à la ménagerie a été apprivoisé et a été élevé avec un jeune chien. On n’a pas séparé les deux compagnons, qui occupent ensemble une cage spéciale dans la partie du jardin réservée aux fauves. La ménagerie a reçu également un aigle de grande taille dans une chasse, aux environs de Saint-Louis, et qui lui a été offert par M. Villeroy, lieutenant de juge au Sénégal. M. Milne-Edwards a été averti par une lettre de M. Clairie, vice-consul de France à Rosario, qu’il allait recevoir au Muséum une caisse contenant des tortues vivantes du I*arana, et une boîte pleine de reptiles d’espèce rare, conservés dans l'alcool.
- —L’alcoolisme se propage aussi bien à l’étranger qu’en France. Une enquête qui vient d’être faite à Bonn, sur les habitudes alcooliques parmi les élèves des écoles primaires de cette ville, a donné des résultats peu rassurants. Sur 247 élèves, âgés de 7 à 8 ans, il ne s’en trouva aucun qui n’eût déjà bu du vin, de la bière ou de l’eau-de-vie ; 25 pour 400 n’avaient jamais goûté d’eau-de-vie, mais buvaient habituellement du vin ou de la bière ; 8 pour 100 recevaient quotidiennement de leurs parents un petit verre d’eau-de-vie, « afin de devenir forts ». Enlin, ce qui ne laisse
- [»as de jeter sur les habitudes du sexe féminin de Bonn un jour égèrement défavorable, le nombre des jeunes filles qui « tuent le ver » le matin avec une dose de cognac et d’eau-de-vie est beaucoup plus grand que celui des jeunes garçons.
- —® — Le directeur de la station agronomique de Seine-et-Marne a constaté, l’an dernier, certaines fraudes dans la vente des engrais et de fréquentes falsifications. Des nitrates de soude additionnés de kaïnitc ne titraient que 7, 11, 13, 14 pour 100 d’azote au lieu de 15 à 16. Des chlorures de potassium, vendus sur la base de 80 pour 100 de pureté, soit 50,6 pour 100 de potasse, n’en contenaient que 46 à 48 pour 100. Des commissionnaires achètent aux usines des chlorures sur les bases de 70 à 75 ou de 75 à 80 pour 100 et les livrent ensuite sur- la base de 80 pour 100 aux cultivateurs. Ces fraudes ne peuvent être découvertes que par l’analyse.
- —9— Mlle de Crussol d’Uzès dirige actuellement à Sancerre (Cher) d’importantes fouilles archéologiques sur l’emplacement de l’ancienne église de Saint-Romble. Ces fouilles, poursuivies avec méthode, ont fourni des résultats fort intéressants. On a découvert dernièrement les bases d’un édifice du onzième siècle, sous le chœur duquel était une crypte qui renferma la tombe de l’ermite Romulu*.
- —9— Une compagnie anglaise vient, dit-on, de çommander à la. Société française du télescope de 1900, une lunette géante devant eoàter. 2 millions de francs et livrable en 1901. Cette lunette sera analogue à* celle de l’Exposition. La société française n’a pas voulu prendre, la commande d’une lunette plus puissante. Elle réserve à
- l’astronomie française une troisième lunette plus puissante que les deux premières et dont elle prépare la construction pour 1902.
- —®— Les Américains commencent à généraliser le système des stations centrales de distribution de vapeur pour le chauffage. 11 en existe déjà un grand nombre. Le journal Engineering llecord cite encore une nouvelle installation, suivant le Moniteur de l'industrie et de la construction. Cette installation est faite à Harrisbourg (Pensylvanie). La vapeur est produite par 8 chaudières tubulaires à retour de flammes, représentant une puissance de 1200 chevaux ; elle est distribuée aux abonnés sous la pression de 9 kilogrammes par centimètre carré, par des canalisations souterraines de 7,5 à 30 centimètres de diamètre, d’une longueur totale d’environ 4800 mètres. Les tuyaux sont placés à !m,50 au-dessous du sol; ils sont protégés par une double coüche d’amiante et de papier manille, et placés dans des tuyaux en bois laissant un espace libre d’environ 2,5 centimètres. La consommation de vapeur est mesurée par des compteurs ; les eaux de condensation sont réunies en des points bas où sont ménagées des soupapes qui en assurent l’évacuation à l’égout. Les abonnés peuvent utiliser la vapeur depuis les premiers froids jusqu’à la fin de mai; c’est en mars que la consommation atteint son maximum. On estime que le volume total des bâtiments ainsi chauffés est de 255 millions de mètres cubes. Le combustible utilisé est de l’anthracite arraché par les eaux de la Susquehanna aux gisements de Scranon et qu’on extrait à Harrisbourg même du lit de la rivière. Ce combustible, qui donne à peu près 7 kilogrammes de vapeur par kilogramme, ne coûte que 5tr,55 la tonne.
- —S— D’après le Bicycling News, on aurait tenté avec succès en Angleterre l’essai d’une manivelle qui augmenterait ou diminuerait de longueur en palier et en rampe. Une manivelle de dimension ordinaire 6 pouces 1/2 (16 centimètres 1/2), dans laquelle s’ajuste un bras de manivelle additionnel de 6 à 7 centimètres qui se déploie au moment où le pied du cycliste accomplit son travail de propulsion en avant, et se reploie durant la position oisive du coup de pédale au retour. Autrement dit, le levier, s’allonge et se raccourcit tour à tour. Les résultats obtenus sont encourageants. L’expérimentateur, un certain Battersby, a gravi en lm32‘ 4/5 et 4m15s 1/5 les côtes classiques de Waller Ilill et de Westerham, battant les records de l^ôl* èt de 4m 44s 1/5 faits en course sur ces mêmes pentes.
- —Le géant suisse Constantin, des Folies-Bergère, mesure 2m,59. C’est le record actuel. Nous en avons d’autres plus modestes mais encore de belle taille. M. du Verne, capitaine au 95° de ligne en ce moment à Bizerte, mesure 2m(04. Lé tambour-major du 115e d’infanterie mesure 2ra,07. Voici du reste une liste de quelques tailles célèbres disparues. L’Irlandais Charles Byrne paraît avoir détenu le record du monde avec 2“,53. Byrne, qui vivait au siècle dernier, est d’ailleurs mort à 22 ans, en 1783. Son squelette figure à la galerie de la Société des chirurgiens de Londres. L’Allemand Ilérold ne mesurait à 20 ans que 2m,35. Cette taille est d’ailleurs ie record pour dames et appartient à lady Amma. Le géant de Mon-tastruc, champion de France, mesura 2m,20, mais il s’affaissa progressivement et tomba ensuite à lm,86. Derrière lui Charles Frenet, champion junior, arriva à 2m,15 à l’âge de 16 ans. L’Américain Watkms, un des rares géants bien conformés, et d’une largeur proportionnée à leur hauteur, eut 2m,25.
- —®i— A l'exemple des principales villes d’Allemagne, Berlin, Vienne, etc., et des grandes villes de France, Nancy, Besançon, Lyon, les municipalités de Saint-Mandé et de Vincennes viennent de prescrire le port d’une médaille pour les chiens payant l’impôt. C’est le meilleur moyen de distinguer ces derniers des chiens errants et de pouvoir, par l’extinction de ceux-ci, arriver à celle de la ragé dont ils sont les principaux propagateurs. Le supplice absurde et inutile de la muselière ri’aura plus de raison d'être.
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- Adresses relatives aux appareils décrits. — Les éjecto-condenseurs et réfrigérants sont construits par M. F. Bohler, 22, rue Poncelet, à Paris. — Écrémeuse Fram : Fram Machi-nery Daery Company, 1, Ludgate Circus, Londres.
- Communications. — M. Descourtis, à Néry, nous écrit que le 6 janvier 1899, à 8 heures 1/2 du matin, il s’est produit à Néry (Yonne) un mirage admirable; il nous explique toutes les conditions dans lesquelles il s’est produit et nous donne des détails très circonstanciés. Nous ne pouvons insister sur ce phénomène.
- M. J. A. Castelli, à Turin, nous transmet l’intéressante observation suivante : « Il y a quelque temps ayant retrouvé un vieux cliché photographique trop faiblement imprimé, dont on n’apercevait pas le moindre détail et que par conséquent j’avais mis au rebut, je l’approchais par hasard d’une flamme de gaz et l’y ayant tenu exposé pendant quelques instants, je m’aperçus avec surprise que mon cliché commençait à laisser entrevoir l’image qu’on n’apercevait pas auparavant. L’ayant de nouveau passé plusieurs fois sur la flamme, je vis bientôt ressortir tous les détails cachés jusqu’alors, si bien que tout l’ensemble devint parfaitement visible. Je cherchais alors parmi mes plaques de rebut quelque autre cliché trop faible et l’ayant à son tour exposé à la même source de chaleur, j’obtins pour tous les mêmes résultats. »
- M. P. Laminne, à Tongres, nous adresse une Notice sur un Aèrolithe tombé à Tongres et sur une observation à laquelle il a donné lieu.
- Renseignements. — M. H. Blariaux, à Maubeuge. — Il existe un très grand nombre de machines à écrire ; nous citerons en particulier la machine Remington, 8, boulevard des Capucines; la machine Yost, 36, boulevard des Italiens; la machine Williams, 53, rue de Rivoli et la machine La Dactyle, 46, boulevard Haussmann, à Paris.
- M. G. Fabien, à Buenos-Aires. — Le procédé que nous avons décrit a donné d’excellents résultats; nous ne pouvons nous expliquer vos insuccès.
- M. Vabonné P., à Palerme. — Nous ne connaissons pas de moyen spécial à vous indiquer.
- M. G. Kolb, à Moscou. —Vous trouverez des appareils de ce genre pour le développement au Comptoir général de photographie, 57, rue Saint-Roch, chez M. Mackenstein, 15, rue des Carmes, ou chez M. E. Mazo, 8, boulevard Magenta, à Paris.
- M. A. de Almeida Garrett, à Coimbra. — Il faut vous adresser directement à la librairie Gauthier-Yillars, 55, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. G. J., à Loreren. — Graphophones et phonographes : M. Lioret, 18, rue Thibaud; MM. Pathé frères, 98, rue de Richelieu, Columbia phonograph Cu, 34, boulevard des Italiens, à Paris.
- M. J. Charles, à Arcachon. — Pour la suintine, il faut vous adresser à MM. A. Motte et Ci0, à Roubaix.
- M. Daumain, à Laval. —Pour ces ouvrages, vous pouvez vous adressera M. Aulanieret Cie, 13, rue Bonaparte, ou à la librairie E. Bernard, 23, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- Un abonné, à X. — La bicyclette à roues d’arrière jumelles est fabriquée par M. Cardot, 377, rue des Pyrénées, à Paris.
- M. L. Espinach, à Barcelone : l°Nous signalons souvent des petits appareils dans nos Petites Inventions. — 2° Nous ne connaissons pas de journal de ce genre.
- M. L. D. au Mans. — 1° Vous pourrez trouver ou faire fabriquer des chaînes de ces dimensions aux adresses suivantes: MM. Bellair et Cie, 17, rue des Trois-Bornes, M. G. Bernard, 25, rue des Gravilliers, M. J. Connet, 22, rue du Grenier-Saint-Lazare, à Paris. — 2° Nous transmettons votre demande à la librairie Masson.
- M. E. Sauvaire, à Marseille. — Si nous trouvons l’appareil dont vous parlez, nous l’examinerons volontiers, et nous le décrirons s’il y a lieu.
- M. le Dr Céry, à Bouzy. — 1° Nous ne pensons pas; il serait
- bon toutefois de prendre quelques précautions. — 2° Dans le tricycle dont vous parlez on emploie des accumulateurs Dinin, 69, rue Pouchet, à Paris.
- M. L. Battecker, à Yalls. — Le moyen le plus simple d’extraire l’azote de l’air est de faire passer un courant d’air à travers une dissolution de potasse qui absorbe l’acide carbonique, à travers un tube rempli de carbure de calcium, qui enlève la vapeur d’eau, et enfin sur de la tournure de cuivre chauffée au rouge dans un tube de porcelaine. Le cuivre absorbe l’oxygène de l’air; il s’échappe ensuite de l’azote sec et pur que l’on recueille.
- M. G. Tardieu, à Sisteron. — 1° Vû6s trouverez plusieurs ouvrages d’électricité pour amateurs aux librairies Bernard Tignol, Bernard, Desforges, quai des Grands-Augustins, à Paris. — 2° Adressez-vous à la librairie Baudrv, 15, rue des Saints-Pères, à Paris. — 3° Nous ne pouvons vous fair.e connaître les données de cette formule, mais nous indiquons les procédés de fabrication de vases en papier durci dans le petit livre des Becettes et procédés utiles, 5° série, qui vient de paraître à la librairie Masson et Cie.
- M. F. Bachelet, à Azans (Jura). — 1° Nous avons déjà décrit plusieurs modèles de réchauds à gaz de pétrole, dont vous trouverez le détail dans nos tables des matières; mais nous ne savons pas s’il s’agit de l’appareil dont vous parlez. — 2° Nous ne connaissons pas d’autre procédé.
- M. Saché, à Melle. — Renseignez-vous auprès de la Compagnie des compteurs, 16, boulevard de Vaugirard, à Paris.
- Société philomatique de Verdun. — La nouvelle arquebuse de pêche, qui a été décrite dans le n° 1316 du 20 août 1898, p. 192, a été fabriquée par M. Donnet, 85 bis, rue Fazillau, à Levallois-Perrei (Seine).
- Une lectrice, à Mons. — Notre collaborateur M. E.-A. Martel est d’avis que le séjour au Trayas n’est pas à conseiller en août et septembre à cause de la grande chaleur et des moustiques. La saison propice est du 15 octobre au 15 mai.
- M. L. Le Page, à Constantine. — Nous vous remercions du remède simple que vous nous indiquez ; nous l’avons nous-même employé à de nombreuses reprises, il est en effet très satisfaisant.
- M. B., à Clermont-Tonnerre.— Le chocolat au miel, dont il a été question dans l’article de notre collaborateur M. Ch. Comte (n° 1336 du 31 décembre 1898, p. 74) est en dépôt à Paris chez M. F. Malsac, 108, rue du Bac; la chocolaterie au miel de M. Poulet se trouve à Haumont (Nord).
- il. J. Gavet, à Nice. -— Vous auriez tous ces renseignements très complets en vous adressant à la Société géologique de France, 7 rue des Grands-Augustins, à Paris.
- M. E. M. Lamis, à Paris. — Nous n’avons pas eu d’autres renseignements au sujet de ce nouveau procédé de raffinerie ; veuillez vous adresser à M. Ladureau, 4, rue de la Bourse.
- M. G. T. B, à Cherasco. — Il n’y a pas d’ouvrage spécial ; ces recettes ont été données dans divers journaux.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. E. Richtcr, à Rome. Il nous est impossible de vous donner ces indications relatives aux brevets; nous ne nous occupons pas de ces questions. — M. L. Dumont, à Paris. Il faut faire des expériences avec xotre moteur en faisant varier la puissance de 0 à 720 watts, et noter pour chaque puissance les éléments intéressants ; nous ne pourrons juger votre appareil que d’après ces données. — M. L. G., à Lille; M. D. M., à Nice. Consultez les Recettes et Procédés utiles, lresérie, à la [librairie Masson et Cie. — M. Dubois, à Tours. Ce procédé est indiqué dans le même petit livre que ci-dessus, 3e série, à la même librairie. — M. D. F., à Paris. Remerciements pour votre intéressante communication ; nous l’utiliserons.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Conservation des pommes. — Pour conserver les pommes tout l’hiver et même une partie de l’été, il faut choisir d’abord toutes les pommes qui sont parfaitement saines, les porter dans une chambre et les déposer sur des claies d’osier s’il est possible, en ayant soin que les fruits ne se touchent pas. Aussitôt après, on ferme parfaitement les portes et les fenêtres, et on allume du feu avec du bois de sarment, de manière à obtenir beaucoup de fumée et que cette fumée remplisse la pièce. Pendant quatre ou cinq jours, on renouvelle cet enfumage. On prend ensuite les fruits un à un et on les met dans une caisse avec de la menue paille de froment, toujours en ayant soin qu’ils ne se touchent pas. On fait une couche sur la première, et ainsi de suite jusqu’à ce que la caisse soit pleine et couverte d’un lit de même paille. Il ne reste plus qu’à fermer.
- Dans la • Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s’engage en aucune façonàrépondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu Qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précédé la date de la livraison.
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- PETITES MENTIONS1
- Compteur automatique de la photo-jumelle Carpentier. — De nouveaux perfectionnements viennent d’ètre apportés à la photo-jumelle Carpentier 6 1/2 x 9. On lui a adapté un magasin qui permet de mettre 18 plaques ou 45 pellicules. Pour faciliter l’emploi de ces plaques, on a a jouté un compteur automatique. Ce compteur placé à l’arrière et au centre
- plus simple et homogène expression un instrument comportant généralement ailleurs quatre ou cinq matières differentes, d’un entretien plus ou moins difficile et d’une sécurité trop souvent douteuse.
- Avec elle, plus de renouvellement continuel du piston; plus de désagrégation de ce dernier; plus de lubréfiant de quelque nature que ce soit, le liquide à injecter remplissant lui-mème ce rôle par capillarité ; par suite, plus d’entrainement, des deux chefs précédents, de corps étrangers dans l’économie; et, par
- de la planchette fermant le magasin, est composé d’un disque mobile présentant sur son pourtour les graduations d’un cadran. En pressant légèrement sur ce cadran avec les doigts,
- on le fait aisément tourner. En opérant cette rotation dans le sens des aiguilles d’une montre, on peut amener la graduation correspondant au nombre de plaques ou de pellicules que l’on a à employer en face d’un repère. Soit 18 plaques, par exemple. On amène la 18 en face du repère Grâce à un déclenchement absolument indéréglable, toutes les fois qu’on escamotera une plaque, on fera, rien qu’en repoussant le tiroir, reculer la graduation d’un degré. Après la première opération, elle ne marquera plus que 17; après la seconde, 16, après la troisième 15, et ainsi de suite. Le compteur indique donc d’une façon continue et certaine le nombre de plaques restant à exposer. — Le compteur automatique se trouve au Comptoir général de photographie, 57 rue Saint-Roch, à Paris.
- Fig. 2.
- Mode d’emploi.
- graduation
- Nouvelle seringue aseptique. — En atlribuant récemment le prix Barbier à la seringue à injections Wülfing-Lüer, comme à l’un des meilleurs instruments produits dans ces derniers temps, la Faculté de médecine, qui a eu surtout en vue la parfaite asepsie d’un appareil appelé à rendre des services de plus en plus précieux, n’a peut-être pas eu conscience de récompenser en même temps, sous un aspect insignifiant
- Fig. 1. — Seringue aseptique. — Détails des pièces.
- pour beaucoup, un chef-d’œuvre de verrerie, dont l’on conçoit bien la réalisation théorique et accidentelle possible, mais dont il est difficile de comprendre la fabrication industrielle courante.
- Complètement en cristal, cette seringue (fig. 1 et 2) réalise, avec la simplicité caractéristique des heureuses innovations, le summum d’asepsie que puisse souhaiter le praticien. Formée, comme toutes ses congénères, d’un cylindre ouvert, en cristal, faisant corps de pompe, elle s’en distingue essentiellement par son piston constitué par un second cylindre, également en cristal, mais fermé ; et ces deux seules pièces réduisent à sa
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- contre, extrême facilité et absolue sécurité de nettoyage et'de stérilisation, même par l’eau à 125°, grâce au recuit particulièrement soigné que subit le cristal après achèvement de la seringue ; piston, enfin, toujours en état de service, sans avarie possible.
- Quant au mode de fabrication, il est encore tenu secret, et la précision de l’ajustage, obtenue d’une façon suivie, excite vivement l’attention des plus habiles souffleurs ou manieurs de verre. E. B.
- HYGIÈNE ET SANTÉ j
- La lutte contre l'alcoolisme. >
- L’alcoolisme est le fléau le plus menaçant de l’espèce bus maine ; c’est, comme on l’a dit, le nœud de la question sociale. Depuis le fameux rapport du sénateur Claude, signalant le-méfaits de l’abus des boissons alcooliques, le mal est allé grandissant et notre pays est bien près de tenir le record (triste privilège) du taux de consommation d’alcool par tête d’habitant j Pendant que la Suède et la Norwège sont arrivées, grâce à des mesures draconiennes, à abaisser dans des proportions consi-j dérables, ce quotient de consommation, nos législateurs restent les bras croisés devant ce mal grandissant. f
- Un de nos distingués confrères, le I)' Le Gendre, a pensé que les médecins des hôpitaux en contact incessant avec les mal! heureux, les ouvriers, pourraient faire acte d’apôtres de tem-i pérance d’une façon plus active et plus énergique que quiconquÇ et à coup sur avec plus d’espoir de bons résultats. Il ne s’agit pas de moyens prohibitifs, comminatoires, qu’il n’est ni aii pouvoir, ni dans l’esprit du médecin d’employer. C’est par là persuasion, par la menace répétée des accidents qu’engendré l’abus des alcools qu’il faut arriver au but; par une sorte, comme le dit M. Le Gendre, de véritable obsession anti-alcooliquei
- Voici comment notre confrère procède. Il a résumé succincte*-ment, dans une petite Note imprimée, quels sont les dangers de l’alcoolisme, les accidents auxquels il expose le buveur et ses descendants. Cette Note est remise à l’entrée à l’hôpital ; si le malade n’est pas atteint d’une affection grave, il a le temps de la méditer et de l’étudier, avec les commentaires que chaque matin le chef de service viendra apporter à ces données premières. On remet encore la Note à la sortie, de telle sorte que chaque malade est à même de se faire une juste idée de la nocivité des boissons alcooliques. Tous ne mettront pas les conseils en pratique, mais n’v en eût-il, pour commencer, qu’un sur vingt, ce serait un acheminement à une œuvre sociale de première importance, en attendant que nos législateurs veuillent bien rétablir la licence sur les cabarets et débits, en réduire le nombre et diminuer, dans la mesure du possible, la vente des liqueurs, apéritifs et autres produits similaires.
- Voici la Note rédigée par M. Le Gendre ; U Assistance publique rendrait service en la répandant dans tous les bureaux de consultation :
- « La plupart des maladies soignées dans les hôpitaux sont causées ou aggravées par l’abus des boissons alcooliques.
- « Toutes les boissons alcooliques sont dangereuses. Les plus nuisibles sont celles qui contiennent, avec l’alcool, des essences aromatiques, comme la liqueur d’absinthe, qui ne peut jamais être bienfaisante, lë vulnéraire et les prétendus apéritifs appelés « amers ».
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- « Les boissons alcooliques sont encore plus dangereuses quand on les prend le matin à jeun et entre les repas.
- « L’homme devient inévitablement alcoolique, c’est-à-dire empoisonné lentement par l’alcool, même sans avoir été jamais en état d’ivresse, quand il boit tous les jours de l’alcool, de la liqueur ou trop de vin (plus d’un litre par jour).
- « L’alcool est un poison, dont l’usage habituel détruit plus ou moins vite, mais inévitablement, les organes les plus nécessaires à la vie : l’estomac, le foie, les reins, les canaux du sang, le cœur et le cerveau.
- « L’alcool excite l’homme, mais il ne le fortifie pas.
- (( Il ne remplace pas la nourriture, mais il en fait perdre le goût.
- « Quand on boit souvent de l’alcool, quand on boit trop de vin (plus d’un litre par jour), on est plus exposé aux maladies et, quand on est devenu malade, la maladie est toujours plus grave ; elle se complique souvent de délire mortel.
- (( L’alcool cause très souvent la phtisie, en affaiblissant les
- poumons ; chaque année nous voyons des malades qui entrent d’abord à l’hôpital pour alcoolisme et qui reviennent quèlques mois plus tard atteints de phtisie.
- « Les parents, qui ont fait abus des boissons alcooliques, ont souvent des enfants qui naissent mal conformés ou idiots, ou qui meurent de convulsions. )) Dr A*. Cartaz.
- Remède contre les piqûres de moustiques, punaises et autres insectes. — M. Gonin (de Lyon) recommande de badigeonner les piqûres avec un pinceau imbibé de formaline (solution de formaldéhyde) ; on laisse évaporer le liquide, et on renouvelle l’application. D’après l’auteur, l’effet calmant serait instantané. Si la peau est excoriée, on éprouve une cuisson assez vive, qu’un lavage à l’eau calme immédiatement. La peau est durcie et comme parcheminée à l’endroit où l’application a été faite; mais on n’observe aucun phénomène inflammatoire.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE vent DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi6 février. . . 5“,5 E. 2. Couvert. 0,0 Couvert de 4 à 29 h. ; quelques nuages le reste du temps; petite pluie de 14 à 15 h. 1/2 ; gelée blanche.
- Mardi 7 6*,9 S. 3. Couvert. 1,5 Couvert jusqu'à 21 h. ; nuageux ensuite ; pluie y diverses reprises.
- Mercredi 8 8*,9 S. S. W. 3. Très nuageux. 1,9 Presque couvert.
- Jeudi 9 11*,8 S. S. W. 4. Couvert. 0,0 Très nuageux ; gouttes ù 7h 40” ; halo.
- Vendredi 10 10*,9 S. 2. Couvert. 0,0 Couvert jusqu’à 9 h. ; quelques nuages ensuite.
- Samedi 11 6*,8 S. 2. Peu nuageux. 0,0 Peu. nuag. jusqu’à 18 h. ; couvert ensuite ; gelée blanche; halo.
- Dimanche 12 ... . 9“,3 S. S. W. 6. Couvert. 0,0 Très nuageux ; quelques averses.
- FÉVRIER 1893 -- SEMAINE Dü LUNDI 6 AU DIMANCHE 12 FÉVRIER.
- t.a courbe tsttpr reure tnattjta tu nibu courbe épaisse, les pressions barométriques boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- a,.-.tte ae Ou 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes au milieu indiquent ues (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tremblement de terre À Tunis. — Le 8 février, à 2 heures du matin, deux secousses de tremblement de terre ont été ressenties entre Sousse et Sfax, sur la côte tunisienne.
- Pluies et tempêtes. — Le 8 février, dans la journée, une violente tempête s’est élevée à Penmar’ch, dans le département du Finistère. La mer a été démontée. Le canot Comte et Comtesse Foùcher de Saint-Faron, de la Société centrale de sauvetage des naufragés, est allé au secours du bateau de pêche la Biche et a sauvé sept hommes et un mousse. Il est revenu au port avec quelques avaries. Plusieurs autres bateaux de pêçlie se trouvaient également en mer; mais ils ont pu rentrer §ans essuyer la tempête.
- Le 9 février, une violente tempête a sévi sur la côte de Brest; les deux mâts de la chaloupe du cuirassé Dévastation, qui conduisait des marins à terre, ont été brisés au moment où la chaloupe arrivait près du petit pont
- Gueydon. Aucun marin n’a été blessé. Au large, la mer a été démontée et on a signalé de nombreux naufrages de bateaux de pêche.
- A Cfierbourg, à la même date, une forte pluie est tombée avec persistance, et, par suite de la grande marée, on a eu à constater des inondations sur plusieurs points de la ville.
- . Les rivières le Trottebecq et Divetle ont débordé et envahi les chaussées des bas quartiers, où la circulation est devenue presque impossible et a dû êire interrompue.
- Cyclone À Madagascar. — Un violent cyclone s’est abattu sur Madagascar, dans la nuit du 4 au 5 février 1899.
- La région de Majunga a été particulièrement éprouvée, Les nouveaux bâtiments de la résidence se sont effondrés. Les communications ont été interrompues pendant quelque temps entre la côte occidentale et Tanana-rive.
- Les dégâts matériels seraient assez importants; mais il n’a pas été signalé d’accident de personne.
- PHASES DE LA LUNE : N. L. le 10 à 9 h. 41 min. du matin.
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- M. J. LAF F ARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —M. Alfred Picard, commissaire général de l'Exposition, vient d’être élu, à l’unanimité, par le Conseil de l'Institut des ingénieurs civils de Londres, membre honoraire de cette Société. L'Institut des ingénieurs civils de Londres a été fondé par Charte royale dans le dessein de favoriser le progrès des sciences mécaniques et, plus spécialement, l’ensemble de connaissances qui constituent l’apanage de l’ingénieur civil. L’Institut comprend des membres actifs, <les membres associés et des membres honoraires. Ces derniers sont choisis exclusivement parmi les hommes éminents qui, par leur situation, sont à même de favoriser l’avancement des travaux publics, ou encore parmi les personnes qui se sont distinguées dans des branches d’activité ayant rapport à la profession d’ingénieur civil. Le nombre de ces membres honoraires est limité à 20. Parmi eux, on remarquera les noms de LL. AA. R. le prince de Galles, le duc d’York, les ducs de Connaught et de Cambridge, le prince de Saxe-Coboürg-Gotha, le duc de Devonshirc, lord Kelvin (le grand physicien William Thomson), les lords Lisler et Rayleigh, etc., etc. Les deux seuls membres étrangers que comptait l’Institut, jusqu’ici, sont S. M. Guillaume II, empereur d’Allemagne et S. M. le roi des Belges.
- —®— Jeudi, 16 février, a eu lieu sous la présidence de M. Henri de Parville, l’Assemblée générale de 1’ « Association de la presse de l’Institut et des Sociétés savantes ». On s’est surtout occupé, dans cette réunion, du rôle qu’aura à jouer l’Association vis-à-vis des savants qui viendront de toutes les parties du monde pour assister aux grandes assises de l’Exposition universelle de 1899. L’ancien Bureau a été réélu à l’ùnammité : président, M. de Parville ; vice-présidents, MM. Olivier, Charlier-Tabur; secrétaires, MM. Vitoux, Capelle ; syndics : MM. Mispoulet, Wertheimer; trésorier, M. Maxime Serpeille.
- —®— M. Henri de Parville présidera également, le lundi 13 mars, le banquet de la Société des gens de lettres.
- —®— Le moteur le plus puissant qui fonctionne à l’heure actuelle est, paraît-il, une machine à vapeur fixe, construite par Mac Intoscli et Seymour et qui peut développer 5000 chevaux sur les pistons, avec une admission de 6 dixièmes. Elle est du système Compound à quatre cylindres, réunis deux à deux en tandem. Les diamètres des pistons sont de 0“.61 et 1“,20. La course est de lm.67. L’arbre, qui a près de 0m,70 de diamètre, tourne à 75 tours par minute; il est accouplé à une dynamo de 2000 kilowatts. On admet qu’un cheval-vapeur, en service continu, effectue à peu près le travail mécanique de 3 chevaux en chair et en os : ci, 15 000 chevaux. Ile plus, un cheval en chair et eu os. en travail continu, effectue le travail de 7 hommes environ : ci, 105000 hommes dans les pistons de ladite machine. Le mécanicien a dans sa main un vrai corps d’armée.
- —®- Voiei, d’après une communication de M. Emile Guimct, à l’Académie des Inscriptions» quelques détails sur des étoffes antiques trouvées dans les tombes d’Antinoé (Egypte). Certains coussins brodés, sur lesquels reposaient des têtes de dames romaines, sont datés par les coiffures des masques de plâtre reproduisant les portraits des défuntes. On y reconnaît les modes suivies depuis Hadrien jusqu’à Septime Sévère. Les soieries très fines qui garnissaient les cafetans des tombes de L’époque byzantine devaient pour la plupart être plus anciennes que les costumes qu’elles ornaient. On a utilisé en les coupant, sans tenir compte des décors, d’anciennes étoffes de style asiatique. Des chevaux ailés, des.mouflons harnachés sont tout à fait sàssanides. Les étoffes coptes, pins grossières, seraient postérieures à çeâ costuMés'byzantins. , '
- ~ ^ ‘ LUS journaux anglais ahiioheent que la nouvelle Turbinia,
- en construction aux chantiers d’Elswick, sera en état de commencer ses essais au commencement d’avril. Elle a les dimensions d’un destructeur de torpilleurs : sa longueur est de 66 mètres, son déplacement de 330 tonneaux. On se rappelle que l’ancienne Turbinia n’était qu’un navire d’études. La grande vitesse de rotation de la turbine a été une source de très grandes difficultés, mais celles-ci ont été vaincues grâce à un expédient : les inventeurs ont réparti la puissance motrice sur trois arbres sur chacun desquels ils ont monté neuf petites hélices; de ce jour, la Turbinia d’étudês a donné des vitesses très remarquables, car, avec une puissance relativement modérée, cette petite coque a donné des vitesses supérieures à 33 nœuds. La nouvelle Turbinia a quatre arbres et huit hélices ; de plus, des dispositions particulières vont lui permettre de marcher en arrière, ce qui était difficile avec le bateau d’études. Ajoutons que notre marine s’est préoccupée de cette application de la turbine et qu’un torpilleur en construction sera muni d’une machine de ce genre, due à M. Rateau, ingénieur des mines.
- —®— Quelques renseignements intéressants viennent d’être relevés par la Commission de contrôle de la circulation monétaire sur les travaux de la Monnaie en 1898. La Monnaie a assuré la mise en train des nouveaux coins français. Les types créés par M. Roty et M. Daniel Dupuis ont été rendus applicables, le premier aux monnaies divisionnaires d’argent par un décret du 25 novembre
- 1897, le second aux monnaies de bronze par un décret du 3 mars
- 1898. La fabrication des nouvelles monnaies a commencé aussitôt et il en a déjà été émis des quantités considérables en 1898. En 1898 la fabrication s'est étendue à toutes les monnaies divisionnaires d’argent et de bronze. Il en a été frappé pour 40 000 000 de francs, en pièces de 50 centimes, pièces de 1 franc, pièces de 2 francs en argent et en pièces de 10 centimes, pièces de 5 centimes, pièces de 2 centimes, pièces de 1 centime en bronze. Les 40 millions de monnaie divisionnaire d’argent de 1898 ont été faits dans les conditions fixées par la convention internationale du 29 octobre 1897, c’est-à-dire avec l’argent résultant de la refonte d'anciens écus de 5 francs. II a été refondu 7516 742 écus, dont 3 200 000 écus aurifères (antérieurs à 1830) et 4316 712 écus à l’effigie du roi Louis-Philippe. C’est une valeur nominale de 37 583 710 francs qui, par l’abaissement du titre (835 millièmes au lieu de 900), a produit 40 millions de monnaie divisionnaire. La différence est de 2416 290 francs; mais les frais de fabrication montant à 466319,r,27, ce bénéfice est réduit à 1949970,r,73. Il faut y ajouter le gain résultant de l’affinage des écus aurifères. Cet affinage a coûté 114 273'r,55 et a donné 56k*,556,730 d’or fin, représentant une valeur de 194 385,r,47, soit un boni net de 80111,r,92. L’opération se sohle donc par un bénéfice de 2 030 082,r,65, soit un peu plus de 5 pour 100 de la valeur nominale des monnaies frappées. La Monnaie a fabriqué encore pour la France pour 177 326 540 francs de pièces d’or de 20 francs et les monnaies pour l’Indo-Chine, la Tunisie, l’Ethiopie, le Maroc et la Russie.
- —®— A propos de l’article de M. Corcelle paru dans notre dernier numéro sur les skis, nous apprenons que de jeunes touristes suédois, appartenant au collège international de La Clnitelaine, près Genève, ont fait sur les pentes couvertes de la Faucille une course en skis. La descente de 11 kilomètres a été opérée par eux en 15 minutes. On va généraliser ce mode de locomotion parmi les populations des montagnes du Jura Gessien.
- —®— Se défier des appareils à gaz. Due marchande, Mme La-garde, a été trouvée asphyxiée dans sa chambre à cobcher. Elle avait l’habitude de s’éclairer à l’aide d’uné. lampe à gaz portative qu’elle plaèait sur sà table dé nuit. Le 15~février, avant dé s’endormir, elle euupà la communication négligeant dp fermer le compteur. Pendant la nuit; le tuyau eu caoutchouc .alimentant'la lampe Creva, et le gaz asphyxia la malheureuse femme.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- Communications. — M. E. Monnier, à Paris, nous envoie une petite brochure ayant pour titre Notions d’arilh-graphie. C’est une méthode nouvelle pour calculer avec la règle et le compas, et qui assure la rapidité, la facilité et l’exactitude dans les calculs. Cette brochure est en vente au prix de 2 francs chez M. H. Lepage, 20, rue Rambuteau, à Paris.
- M. le Dr H. Taillefer, à Châteauneuf, en réponse à la communication de M. H. Benoît, parue dans la Boîte-aux-lettres du n° 1342 du 11 février 1899, concernant l’inconvénient que présentent les lampes à pétrole de se recouvrir d’une couche d'huile, mais seulement avec le pétrole ordinaire et non avec la Luciline, nous écrit qu’il a toujours observé le même inconvénient avec la Luciline en bidon plombé, et surtout avec la lampe en métal.
- M. Bouzerand, à Grenoble, à propos de notre article sur Le jour de la semaine (n° 1338 au 14 janvier 1899, p. 107), nous écrit la lettre suivante : « La formule à l’aide de laquelle on peut, dans le calendrier grégorien, trouver le jour, étant donné son numéro d’ordre dans l’année ou son quantième dans un mois déterminé, est d’une application facile et rapide en certains cas surtout. C’est ce cas intéressant que nous allons exposer. Remarquons d’abord qu’il faut prendre l’entier du premier membre de l’équation et le diviser par 7. Le premier membre de l’équation est, après réduction et en prenant les notations employées,
- D+2/+(ÿ“1)(ï + 4ÜO“l4)) ou D + y + 0,2425 (y— 1), ou D + y x 1,2425 — 0,2425.
- . Si l’entier contenu dans le nombre fractionnaire 1,2425 y — 0,2425
- est divisible par 7, puisque D est entier, il suffira de le considérer seul, et d’en opérer la division par 7. Ce cas particulier se présente pour l’année courante 1899 et la formule devenant pour cette année
- D+ 2359 = 7N + r,
- il suffit de diviser D par 7 puisque 2359 est divisible par 7. Donc, pour l’année 1899, il est très rapide de trouver le nom d’un jour qui sera donné par son numéro d’ordre dans l’année, ou son quantième dans un mois déterminé. Partant de là, il était intéressant d’explorer ainsi à l’avance le cours d’un siècle ou de revenir sur le passé pour vérifier ou pour prévoir les millésimes des années présentant la même particularité. L’expression 1,2425?/ — 0,2425 ou (l,242ôx + 1), en posant le millésime y = x + 1, doit donner un entier divisible par 7. Soit à considérer une année quelconque du siècle futur que nous représenterons par 1901 + N; alors
- (y = 1901 + N, æ=1900 + N), et par suite c’est le nombre (1900 + N) 1,2425 + 1» ou toute réduction faite, l’entier de ce nombre, qui se réduit à 2,75+ 1,2425 N,
- qui doit être divisible par 7. Dans cette formule il suffira de faire varier N de 0 à 99, et pour cela d’explorer les régions entre 10 et 20, 20 et 30, 30 et 40, etc. On trouve ainsi que le vingtième siècle présentera 11 années où la particularité de l’année 1899 se reproduira et que ces années sont échelonnées suivant la loi ci-après : 1899; 1905, 6 ans après 1899; 1916, 11 ans après 1905; 1922, 6 ans après 1916; 1933, 11 ans après 1922; 1944. 11 ans après 1933; 1950, 6 ans après 1944. La loi générale, aussi bien pour le vingtième siècle que pour les autres, est représentée par la série des nombres ci-après, marquant pour ainsi dire la distance d’une année où la particularité se produit à l’année suivante où cette même particularité se reproduit :
- 6.11.6.ll.fi. 11.11. 6.11.6.11.6. 11.11. 6.11.
- ce qu’il est aisé de vérifier expérimentalement. 11 faut remar-uer en outre que pour toutes ces années le 1er janvier est un imanche, puisque la division par 7 de D qui est 1 dans ce cas, donne 1 pour reste. »
- M. G. Allia, membre du Club alpin français et de ht Société des Touristes du Dauphiné, à Grenoble, à propos du récent article de M. J. Corcelle Sur la neige (n° 1342 du 11 février 1899, p. 166), nous écrit qu’un Ski-Club existe et fonctionne à Grenoble depuis des années (six ou sept ans environ). C’est à l’occasion du séjour à Grenoble de deux officiers suédois, MM. le comte Wachtmester et Lilliehôôk, que-plusieurs personnes se sont mises à pratiquer ce sport. Notre' correspondant dit également que dans une « Etude sur les raquettes » publiée r)ansl’.4?i?i nuire de la Société des Touristes du Dauphiné pour 1893, il a lu à propos des skis : « Lorsqu’on sait s’en servir sur un terrain horizontal, on peut aller en terrain accidenté ; dans ce cas, il faut toujours être muni de bâtons spéciaux dont nous parlerons plus loin. » Tous les alpinistes, dit encore M. Allia, font depuis fort longtemps descourses et des ascensions en hiver (quelques-uns y ont acquis-une véritable célébrité comme le lieutenant Dunod) ; les sections du Club alpin organisent constamment des courses d’hiver ; - il en est de même de toutes les autres Sociétés alpines, Société des Touristes du Dauphiné, Grimpeurs des Alpes, Alpinistes dauphinois, Rocher-Club.
- Renseignements. — M. Yberty, à Royat. — Vous pourriez: consulter l’ouvrage Parfumeur, traité complet de toutes les-branches de la parfumerie, par A. Villon, à la librairie Roretr 12, rue Hautefeuille, à Paris.
- M. H. Bousseau, à Paris. — 1° Nous avons donné la descrip- . tion du Palais de glace dans le n° 869, du 25 janvier 1890, p. 120. — 2° Nous ne pensons pas avoir décrit cet appareil, mais vous pouvez vous renseigner à l’adresse que nous donnons-ci-dessous.
- M. Ch. Petit, à Paris. — Le fourneau le Primus est en dépôt chez M. Lamotte, 56, rue de Paris; les fabricants sont MM. Iljorth et C1', à Stockholm (Suède).
- M. Ph. Dionnet, à Tiaret; M. Ed. Lahouchère, à Montpellier. — Ainsi qu’il est dit dans l’article récemment publié, 1 e-tachéographe de M. Schrader est construit par M. J. Carpentier. 20, rue Delambre, à Paris.
- M. E. Jitin Napoleo, à Barcelone. — Les travaux de pho-tostérie, décrits dans le n° 1340, du 28 janvier 1899, p. 142, sont exécutés chez M. Lernac, 18, rue La Bruyère, ;» Paris.
- Un abonné, à Noisy-le-Sec. — On n’a mis aucune lettre dans la figure dont vous parlez, qui était une vue d’ensemble; nous reviendrons du reste ultérieurement sur ce sujet.
- Un abonné, à X. — Nous ne connaissons pas cette règle à calcul; mais vous pourriez vous adresser, pour tous renseignements, à M. Tavernier-Gravet, 19, rue Mayet, ou à M. Barbo-then, 17, rue Béranger, à Paris.
- M. M. G., à Villeneuve-les-Béziers. — 1° Le bois ainsi enduit est un faible isolant et ne peut être employé que dans-certains cas. — 2° Les expériences se poursuivent, mais on ne connaît pas encore tous les résultats. — 3° Vous trouverez ces divers renseignements dans le petit livre des Becettesde VElectricien, à la librairie Masson et C‘°.
- M. C. F., à Sèvres. — Il s'agit d’une hyperhydrose qui est sans remède; c’est là un symptôme de mauvais état général.
- Il est nécessaire de voir un médecin.
- M. A. Marie, à Bolbec. — Les taches que vous nous signalez sur les gants semblent dues à l’humidité et prouvent que les peaux n tmt pas été bien tannées.
- M. J. Charles, à Arcachon. — 10 Remerciements pour votre communication; il nous est impossible d’insérer toutes celles ue nous avons reçues à ce sujet. — 2° Cette sciure se étache et tombe peu à peu sans gêner l’enregistrement des sons. — 5° 11 vous a été répondu dans notre précédent numéro.
- M. J. G., à Tanger. — Nous connaissons le petit appareil dont vous voulez parier ; plusieurs personnes nous ont ait en avoir été très satisfaites.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Leblond, h Nice. Nous ne pouvons vous donner tous ces renseignements; il est nécessaire de faire des expériences de fonctionnement et de consommation pour apprécier la machine. — M. ü. Lenoir, à Paris; M. G. lt., à P. Consultez les Recettes et procédés utiles, 1” série, à la librairie Masson et Cie. — M. L. M., à Troyes; M. D. Lelony, à Paris; Ai. J. Leblois, à Paris. Tous ces renseignements se trouvent dans le même petit livre que ci-dessus, 3« série, à la même librairie. — M. Grandjean, à Paris; M. Lelier, à Orléans. Remerciements pour vos communications; mais nous ne pouvons insister sur ce sujet. — M. D. M., h Paris. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans ta • Botte aux lettres la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements gui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais ale ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni a insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundijpd précède la date de la livraison.
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- CIRCULEZ! Texte et dessin par Henriot.
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- 2. Rapport de M. Z... sur la Diogénète. L'éminent savant explique le mécanisme de cet ! appareil : le choc d’une automobile remet le tonneau protecteur dans la circulation, et s la direction peut être donnée par les roues indépendantes. ‘
- 1 L’Académie des sciences a discuté dans une de ses dernières séances divers projets et rapports sur les moyens d’accélérer la circulation dans les rues de Paris, si encombrées que les Parisiens en seront bientôt réduits à passer sur les voitures.
- 4. M. Barbilier-Nautière communique un travail sur l’observation de la grenouille, à l’étang de Chaville pendant l’été 1898.
- 5. — J’ai pensé, déclare le maitre éminent, qu’on pourrait, à l’aide d’ut) moteur et d’un électroaimant, produire chez l’homme, dûment revêtu <1 appareils construits à 1 instar de la charpente physique de la grenouille, des sauts capables de lui faire franchir une bicyclette, par exemple. (Renvoyé à la commission d’initiative.)
- 7. Des embarcations légères, conduites par une compagnie , r
- dp louage électrique évacueraient ainsi le trop-plein du 8. In emment savant fait remarquer
- up luuugc «cv j ri ,|„e ]es voyageurs seraient sans doute
- un peu défraîchis. (Rire général.)
- Métropolitain ordinaire.
- 6. M. Duconolidec dépose un projet de Métropolitain auxiliaire, basé sur la circulation auto-nautique dans les égouts de Taris.
- 9. M. Lézardan, correspondant, propose la marche à quatre pattes, sur les trottoirs, mais pour faire s'écarter rapidement la foule, le monsieur pressé soufflerait dans une sirène qui ferait « Teuf 1 Teuf ! »
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- . pbeervatitms de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- observations 7 HEURES J/U MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 13 février . . 8*,1 S. S. W. 5. Couvert. 2,0 Couvert de 3 à 17 h. ; très nuageux avant et après.
- Mardi 14 7*,9 S. S. E. 2. Couvert. 0,0 Presque couvert ; pluie à plusieurs reprises.
- Mercredi 15 8*,2 S. S. W. 3. Couvert. 1,1 Très nuageux jusqu’à 9 h. ; puis nuag. ; quelques nuages après 18 h.
- Jeudi 16 7*,9 S. S. W. 2. Peu nuageux. 1,3 Couvert de 6 à 12 h. ; puis nuag. jusqu’à 17 h. ; beau le reste du temps; deux parhélies sans halo à 16 h.
- Vendredi 17. . . . 2*,5 N. E. 2. Beau. 0,0 Beau. ; gel. blanche; halos solaire et lunaire.
- Samedi 18 0*,3 N. E. 0. Beau. 0,0 Peu nuageux de 16 à 22 h. ; beau le reste du temps; gelée blanche; halo.
- Dimanche 19 ... . 1%9 N. 1. j Brouillard. 0,0 Beau avec brouillard bas jusqu’à 6 h. ensuite très épais et il couvre le ciel ; gelée blanche.
- FÉVRIER 1899 — SEMAINE Dü LUNDI 13 AU DIMANCHE 19 FÉVRIER.
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi j Samedi | Dimanche
- La courbe tsupereure indique ta nébulosité ae 0 « 10; les fléchés inférieures, la direction du vent. Les courues «i» utdiquenl
- courbe épaisse, tes pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MËTÉOROLOlilQUE
- Tempêtes. — De nombreuses et violentes tempêtes viennent encore «le se déchaîner sur la France et sur l'Angleterre Le 12 février, à Brest, une tempête effroyable a eu lieu. Elle coïncidait avec la plus forte marée «le l’année. Les sinistres maritimes se sont succédé avec rapidité. On a compté dans l’arrondissement de Brest de nombreuses veuves et «le nombreux orphelins. Les lames ont envahi les quais du port de commerce, recouvrant les voies du chemin de fer. La rade a été consignée. Des navires en détresse ont été signalés près de l'île Molène. A l’ile Tudy, l’eau -a envahi le quai et plusieurs maisons. Partout la mer a été démontée. Les 13, 14, 15 et 16 février, la bourrasque a continué à Brest, très violente, accompagnée de grêle, de pluie, de coups de tonnerre. La mer a de nouveau envani les quais du port de commerce et a souleyé les plaques tournantes de la voie ferrée. La jetée du petit bassin du port de commerce a été renversée par la mer sur une étendue d'une quarantaine de mètres. Des blocs pesant 2000 et 3000 kilogrammes se sont détachés de la jetée et ont été charriés nar la mer jusqu’au rivage. Le service des tramways électriques a été interrompu. De nombreux bateaux se sont réfugiés à Brest. Un grand steamer dont la nationalité est inconnue, a été en détresse nu Bec-Ilaz. A llecouvrance, une maison a été inondée, la mer s’étant introduite par des caniveaux. A Ouessant, une balise a été arrachée par les lames qui montaient très haut. La mer a recouvert la route nationale en face de la poudrerie de Moulin-Blanc. L’île de Sein a été inondée sur plusieurs points. Le «mai de Portenic a été emporté sur une longueur d’une trentaine de mètres. Plusieurs maisons ont été inondées et plusieurs familles ruinées. >" A la même date, une nouvelle tempête a régné dans le port du Havre. Le vent, très fort, a soufflé du sud-ouest. La mer a débordé dans les rues des quartiers Saint-François èt Notre-Dame, inondant les caves. Le bateau ('.hàrles-et-Charlotie, du Havre, monté par quatre hommes, chargé de •'tourteaux, sorti du port pour Caen, a voulu revenir faire relâche, mais il a fait côte sous les forts de Floride. L’équipage a été Sauvé, mais le qavire a été perdu. -.4*^
- ^ A la pointe de Penmarc’h, la toiture du poste sémaphorique à été enlevée presque entièrement par un coup de vent. La foudre est tombée en plusieurs localités. A Brillaç, près Vannes, elle est tombée pendant l’office sur une petite chapelle, tuant trois femmes, en blessant une vingtaine et démolissant l’autel. A la Roche-Bernard, la foudre a tué un homme.
- A Cherbourg, le 11 février après midi, quatre ouvriers avaient frété une
- barque pour aller à la pêche sur l’îlot Biéroc; ils se sont perdus corps et biens. A Calais, le service des paquebots faisant la traversée de Calais a été désorganisé par suite de l’impossibilité où les paquebots étaient d’accoster à Douvres, eu raison des grands travaux en cours qui ont fait du lort un vaste entonnoir dans lequel s’engouffraient les lames venant du arge. A Dieppe, le paquebot Brilannia n’a pu encore quitter Newhaven pendant plusieurs jours. Le 1Sormandy n’a pu quitter Dieppe qu’à 5 heures «lu matin.
- Le 16 février, à Brest, là foudre est tombée sur l’extrémité supérieure du phare du Four, situé en pleine mer, entre la pointe du Conquet et celle de l’Abervracli. De nombreuses glaces de la lanterne d’éclairage ont été brisées.
- De violentes tempêtes ont également sévi, depuis le 11 janvier soir, sur le littoral est et sud de l’Angleterre. A Douvres les va ues déferlaient avec tant de fureur sur le quai de l’Amirauté, qu’il a fallu supprimer quelques services de bateaux.
- Le 13 février, le paquebot Nord a dû partir sans attendre le irain. A une heure, un autre bateau a réussi à embarquer le courtier et quelques passagers, mais les hôtels étaient pleins de voyageurs qui n’avaient u se résoudre à partir. De Portsmonth on a annoncé qu’un vapeur char-onnier a sombré en vue de l’île de Wight et que sur trois embarcations dans lesquelles l’équipage avait pris place une seule a pu gagne? South-Sea avec le capitaine et trois hommes dont l’un s’est cassé la jambe en débarquant. On n’a pas dtr nouvelles des deux autres embarcations qui avaient 13 hommes à bord. La Tamise a débordé à Windsor et à Elon inondant les quais et les caves. La marée a également causé de grands dégâts dans le pays de Galles. A Newport, la ville a été inondée et, sous le choc des vagues, les murs s’écroulaient. Une grande quautilé de chevaux, de bestiaux et d’animaux domestiques de toutes snrte> ont péri.
- Les 15 et 16 février, sur les bords de la Tamise, à Richmond et à Twi-ckenlïam, la crue-du fleuve a atteint Un niveau sans précédent. De nombreuses maisons riveraines ont été inondées. Onze cadavres de l’équipage du charbonnier ArnOj«qui a. fait naufrage, ont été recueillis sur la côte.
- Aux ’ Etats-Unis, la tempête a-sévi avec une intensité très -forte. En Outre, un terrible vent du nord-uord-ôuest a produit un abaissement de températurécnotablê^etla neige, A New-York, est tombée sans discontinuer pendant plusieurs jours. Le port a été obstrué par des glaçons flottants et la navigation a. été arrêtée. Plusieurs paqueho » qu’on attendait spnt arrivés avec de grands retards. A Washington la neige a atteint dix pieds d’épaisseur. Une secousse de tremblement de terre s’est fait sentir dans le Tennessee. •
- PHASES DE LA LUNE : P. Q. le 17 à 9 h. 1 min. du matin.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —On a annoncé que l’on avait trouvé un ballon et trois cadavres qui ne pouvaient être que ceux d’Andrée et de ses deux compagnons. On a démenti la nouvelle à plusieurs reprises. Cependant jui journal sibérien a publié la lettre suivante de M. Jalin, le chasseur d’élans bien connu. Nous reproduisons cette lettre sous réserves à titre documentaire : « Je m’empresse de vous informer
- 3ue le ballon d’Andrée est retrouvé. Je poursuivais une troupe 'élans dans les forêts vierges du Yénisséi méridional, quand je me trouvai en présence de traces de M. Andrée. C’était à 350 verstes de Krasnoïarsk et à 100 verstes des lavages d’or de Savinich, sur le Pk. Le ballon et les cordages étaient rompus, et trois corps étaient couchés, à côté, sur le sol. L’un avait le crâne fracassé. Veuillez prendre les mesures nécessaires pour transporter les corps et le ballon aux lavages d’or de Savinich. Les personnes chargées de cette mission devront se munir de raquettes. Je garantis la véracité de ce que j’affirme et je serai sous peu à Tomsk. »
- —#— L’institut physiologique de l’université de Bonn vient d’entreprendre une série d’expériences pour étudier la dépense d’énergie que nécessite la translation de l’homme au moyen des cycles. Elles ont été poursuivies sur une piste de 250 mètres de longueur. En admettant un poids moyen de 70 kilogrammes pour le cycliste, de 21l*,5 pour la machine et une vitesse moyenne de 250 métrés à la minute, soit 15 kilomètres à l'heure, le cycliste consume 72 litres d’oxygène par heure tandis que le marcheur n’en dépense que 59 litres a une allure moyenne.
- —©— Un tremblement de terre, qui a duré quelques secondes, 'est fait sentir le 17 février 1899, dans une partie de l’Alsace. Les secousses ont été très fortes dans la région de Markolsheim.
- —Le nombre des médecins praticiens en France s’élève au commencement de cette année 1899 à 17 735. On n’en comptait que 15984 en 1898. Soit une augmentation de 1751 médecins.
- —$$— On se souvient qu'au mois de novembre 1898, une commission formée par le Syndicat professionnel des industries électriques, l’Association amicale des ingénieurs électriciens, l’Automobile Club de France, et le Syndicat des usines d’électricité a mis au Concours un cofîret avec prise de courant universelle pour le ravitaillement des automobiles électriques. La date de ce concours était fixée au 1er mars 1899. Sur la demande de plusieurs constructeurs, le délai vient d’être prolongé de 2 mois et le concours n’aura lieu que le 1er mai 1899.
- —®— Après avoir consulté les collaborateurs des différents pays, M. Ilergesell, président de la Commission internationale des ballons-sondes, vient de publier une circulaire annonçant qu’une nouvelle expérience faisant suite à celle du mois d’octobre aura lieu prochainement. Des ballons-sondes et des ballons montés seront lancés de Paris, de Strasbourg, de Munich, de Berlin, de Bruxelles, de Vienne, de Saint-Pétersbourg et de Varsovie. Le départ se fera du 25 février au 10 mars, lorsque se produiront les circonstances atmosphériques que l’on désire étudier. Le comité national français s’est reuni sous la présidence de M. Bouquet de la Grye, membre de l'Institut. Pour la première fois, le ministre de la guerre autorise l’emploi du gaz hydrogène préparé.par les soins de son administration. La Commission française prendra les mesures nécessaires pour assurer la participation de la France à cette grande expérience scientifique.
- —Les fours pour l’incinération des ordures ménagères, d’après le Moniteur de VIndustrie et de là Construction, ont fait récemment l’objet d’une communication de M. Watson, devant la Société des ingénieurs de Leeds. M. Watson a signalé plusieurs points essentiels dans la construction des fours de.ee genre. Tout d’abord il faut
- réaliser une séparation chimique pratiquement absolue entre les parties combustibles des ordures et celles non combustibles, ce qui implique l’oxydation complète des premières et la fusion des dernières en mâchefer. Pour atteindre ce but, une température de 900 à 1000° est désirable. Il faut, d’autre part, que les produits de la combustion qui traversent la cheminée soient débarrassés autant que possible de tout corps solide, car l’action des poussières sur la végétation, sur les poumons des animaux, etc., peut donner lieu à des embarras. Il [a été montré que 8 tonnes d’ordures pouvaient donner autant de vapeur qu’une tonne de bon charbon ; il convient donc de régler les dimensions des chaudières d’utilisation d’après cette donnée. Le mâchefer résidu peut devenir une source de revenu, mais il faut au préalable le broyer. La communication comporte d’ailleurs la description sommaire de différentes installations combinées en vue de l’utilisation de la chaleur produite.
- —©— M. Gauckler, directeur des antiquités et des arts en Tunisie, a entrepris à Carthage une série de fouilles qui viennent d’amener d’importantes découvertes. Après avoir traversé la couche supérieure des terres qui contenaient des tombes et des mosaïques de l’époque byzantine, les ouvriers ont trouvé au-dessous, dans le sol païen, une tête colossale de Marc-Aurèle et deux grandes mosaïques, la première représentant Vénus et des joutes nautiques, la deuxième une chasse à courre avec des cavaliers armés. Ces mosaïques romaines recouvraient un caveau où l’on descendait par un petit escalier et où l’on a découvert la porte, murée aux temps antiques, du sanctuaire de Jupiter-Ammon, associé à certain Deus Barbarus Sylvanus, qui était identifié probablement avec Saturne romanisé et avec Baal-Haman. Dans ce caveau, on a trouvé quatre statues de prêtresses, presque intactes, couvertes de peintures et de dorures; puis huit statuettes, deux têtes de taureaux votifs, le tout en marbre; des fragments de statues; une statue avec un buste de cheval; une série de boulets et de bétylcs votifs. Enfin, M. Gauckler a exhumé, à 8 mètres de profondeur, dans la couche protopunique, quarante tombeaux avec des poteries carthaginoises, deux grands masques en terre cuite, des œufs d’autruche intacts, des colliers de scarabées, une trentaine de bijoux et un cylindre assyrien en jade gravé. Ces importantes découvertes ont été faites dans les endroits où M. Vernac avait creusé les tranchées qui mirent au jour les premiers tombeaux, et où le I*. Delattre trouva la mosquée punique de Duimes.
- —M. l’abbé Duchesnc a signalé à l'Académie des Inscriptions les fouilles qui sont faites au Forum de Rome depuis quelque temps. On v a découvert, devant le temple de César, une base qu’on suppose avoir supporté la colonne qui fut élevée en l’honneur de César, à l’endroit où son corps avait été brûlé. Sur la voie qu’on a mise au jour derrière l’arc de Sévère, on a cru retrouver le tombeau de Romulus dont il est question dans Festus et dans Porphyrion. Cette opinion, apres avoir été acceptée avec empressement par quelques-uns, est, en ce moment, très vivement combattue. En même temps qu’on travaille à fouiller le terrain dans les environs de l’église Saint-Adrien, on restaure certaines parties du Forum. A ce propos, M. Boissier se fait l’écho des savants qui craignent qu’on ne les restaure trop. 11 rappelle combien il faut mettre de sobriété dans les travaux de ce genre et avec quelle facilité on gâte les monuments antiques sous prétexte de les réparer.
- —Ce que nous buvons sous le nom de lait. Voici le relevé des opérations du laboratoire municipal de chimie pendant le mois de décembre 1898, d’après le Bulletin municival officiel Lait : 140 bons. Classement du surplus : 30 mouillés; 82 écrémés. 3 colorés artificiellement ; 22 additionnés d’acide borique ou de formol ; 145 passables. C’est-à-dire que les deux tiers des échantillons de lait examinés sont additionnés ou falsifiés d’une manière plus ou moins nuisible.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Les couveuses pour nouveau-nés sont dues à M. le Dr Diffre, 10, boulevard Victor-llugo, à Montpellier.
- Communications. — M. A. Riccô, directeur de l’Observatoire de Catane, nous adresse une série de Notes sur diverses observations astronomiques effectuées en 1898.
- M. A. Arnaudeau, à Neuilly-sur-Seine, nous fait parvenir un exemplaire d’une brochure qu’il a fait paraître en 1896 à la librairie Gauthier-Villars et qui a pour titre : Table de triangulaires de 1 à 100 000, suivie d'une table de réciproques des nombres à cinq chiffres, et d'une table de sinus et tangentes naturels.
- M. Barthélemy, président d’honneur de la Société nationale des géomètres de France à Corbeil, à propos de notre article sur le Tachéographe Schrader (paru dans le n° 1339 du 21 janvier 1899, p. 124) nous écrit la lettre suivante : « J’ai entendu il y a 10 ans, au Congrès international de la propriété, un honorable ingénieur en chef des ponts et chaussées, dire que « le cadastre était l’affaire des nouveaux tachéomètres « perfectionnés » ; depuis, M. Lallemand, ingénieur en chef des mines et directeur du service du nivellement général de la France, a tenté de faire le cadastre de Neuilly-Plaisance, au moyen d’un tachéomètre Sangart, additionné de deux microscopes coudés, ajoutés sur sa demande, et, comme toute tentative de ce genre, il a abouti à une belle carte parcellaire tirée sur zinc, avec courbes de niveau, courbes dont le cadastre proprement dit peut se passer, parce qu’elles en font un travail très cher, tandis qu’il faudrait au contraire qu’il coûtât bon marché. Le vrai « cadastre )) est un registre public dans lequel la quantité, la qualité et la valeur des biens fonds d’un territoire sont marqués en détail; c’est encore la série d’opérations successives qui ont pour objet l’établissement de ce registre et le dressé du plan qui l’accompagne ; il devrait être conforme aux anciens plans terriers des Seigneuries, dressés par une application exacte des titres de chacun, et indiquant le sens dont chaque parcelle était chargée, avec en plus la fixation des limites par un bornage contradictoire et les mesures périmétrales ; c’est ce que demandent les officiers ministériels et les Tribunaux pour les ventes d’immeubles amiables et judiciaires et éteindre les procès entre propriétaires; on doit pouvoir vendre et échanger, au moyen du cadastre, à garantie de mesure, ce que l’on ne peut demander au cadastre actuel. Des spécialistes, les géomètres locaux, préparent le cadastre de cette manière au moyen des plans cotés qu’ils dressent après bornage contradictoire; j’en ai préparé moi-même 10000 hectares par les moyens ordinaires, sans employer les instruments perfectionnés qui d’ailleurs n’existaient pas, et de plus qui coûtent fort cher et exigent un personnel nombreux d’exécutants. Le « Tachéographe Schrader » rendra sans nul doute des services signalés pour le lever rapide des cartes géographiques et orographiques, mais il ne faut pas les con fondre ni avec le cadastre actuel qui sert tant bien que mal à la propriété, ni avec le cadastre terrier désiré, préparé par les géomètres que l’on pourrait obtenir à peu de fiais.
- Renseignements. — Un abonné, à M. G. — Pour former plus rapidement les plaques d’accumulateurs au plomb, on peut, comme l’a proposé M. Planté lui-même, plonger les lames 24 à 48 heures dans un bain d’acide azotique étendu de la moitié de son volume d’eau. M. Parker a indiqué d’immerger les plaques dans une solution formée de 1 partie d’acide azotique, 2 parties d’acide sulfurique et de 17 parties d’eau.
- M. le Dr E. Quajat, à Padova. — La lampe Guasco pour la désinfection des appartements se trouve à la Commission universelle, 16, rue de la Sorbonne, à Paris.
- M. Barbier Noël, à Firminy. — Nous avons bien reçu vos renseignements et nous vous remercions; mais le nombre des
- appareils pour produire l’acétylène est si considérable que nous ne pouvons les décrire tous.
- M. Michy, à Chécy. — 1° Il est absolument nécessaire de faire faire une analyse chimique du produit pour avoir des données certaines. — 2° Nous ne connaissons pas de moyen.
- Un abonné, à Besançon. — Nous pensons que vous pourrez trouver ces fournitures chez des lamineurs; adressez-vous à M. Desclers, 75, rue Turbigo;MM. Griset et Schmidt, 123, rue Oberkampf, et à M. Louyot, 16, rue de la Folie-Méricourt, à Paris;
- ,Wrae P. Marquette, à Saint-Raphaël. —t 1° H faudrait vous-adresser directement à l’auteur, 3, rue de Grammont, à Paris. — 2° Nous transmettons votre demande à la librairie Masson et Cie.
- M. P. Grosters, à Paris. — Les encres à base d’aniline ont e» effet l’inconvénient que vous signalez ; pour y remédier, on a essayé d’ajouter quelques gouttes d’acide phénique. On obtient une bonne encre à tampon noire en formant un mélange de 225 grammes de hoir léger et de 275 grammes de vernis-d’huile de noix siccative.
- M. A. Z., à Chalon-sur-Saône. — Il n’existe pas d’ouvrage spécial tel que vous le désirez ; mais vous trouverez beaucoup de renseignements dans le Dictionnaire manuel illustré des sciences usuelles; par M. Douant, à la librairie A. Colin et Cie, 5, rue de Mézières, à Paris.
- M. Ch. Armand Mathey, à Tramelan (Suisse). — Fabrique de celluloïd et de produits en celluloïd : Compagnie française de celluloïd, 11, rue Bailly, à Paris.
- M. Cherroi,à Troves. — Nous ne connaissons pas le moyen de préparer soi-même les parchemins; mais nous avons fait connaître diverses formules de lames de gélatine dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie.
- M. J. Abdoullah, à Aïdin. — Le constructeur de ce tachéographe est bien M. J. Carpentier, 20, rue Delambre, l’ingénieur qui a fabriqué le mélotrope et le grand constructeur d’appareils électriques de précision.
- M. R. Lemoine, à Paris. — 1° Il faut vous adresser au percepteur, en général à la mairie. — 2° Ce numéro vous sera envoyé. —3° Le bain de fixage est peut-être un peu trop fort; il faudrait essayer de l’affainlir. — 4° Société française de photographie, 76, rue des Petits-Champs. — 5° Pour cet éclairage par piles, adressez-vous à M. Badiguet, 15, boulevard des Filles-du-Calvaire ; il vous donnera tous les détails et renseignements nécessaires.
- M. R. G., h Perpignan. — Nous avons donné cette adresse pour la suintine; mais la lanoline se trouve chez les pharmaciens.
- M. Adrien Pécoul, à Paris. — Le kinétoscope d’Edison a été décrit dans le n° 1116, du 20 octobre 1894, p. 323.
- Un lecteur assidu, à X. — Vous pourriez vous adresser à la librairie agricole de la Maison Rustique, 26, rue Jacob, à Paris. Nous avons publié récemment, dans le n“ 1336, du 31 décembre 1898, p. 74, un article de M. Ch. Comte, sur le miel et ses applications, qui vous donnera toute satisfaction. Vous aurez encore divers autres renseignements en vous adressant à M. Ch. Poulet, directeur administrateur de la chocolaterie au miel, à Hautmont (Nord).
- M. Leblond, à Paris. — Ces questions sont traitées dans le Manuel de l'ouvrier monteur électricien, à la librairie Bernard Tignol.
- M. À. Laender, à Saint-Julien-Molin-Molette (Loire). — Pour une petite lampe de ce genre, il faut vous adresser à M. Chalmé, 56, rue h'eller; à M. Chanut, 3, cité de la Roquette ou à M. Cheval, 11, rue Geoffrov-Langevin, à Paris.
- M. A. Bouchard, à Nice. — Les différentes réflexions contenues dans votre Note nous semblent intéressantes; mais il faudrait faire des expériences et noter toutes les observations.
- M. Benjamin David, à Marseillan. — Nous pensons que l’on ne peut pas en principe adopter une disposition qui se trouve déjà utilisée dans un appareil breveté ; mais nous vous conseillons, pour votre cas particulier, de consulter une agencé de brevets.
- M. Heat, à Montargis. — Pour tous ces renseignements, adressez-vous à M. Sagnier, directeur An Journal de l'Agriculture, 2, carrefour de la Croix-Rouge, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. D, G., à Lille. Voyez les Recettes et procédés utiles, 4® série, à la librairie Masson et Cle. — M. L.M., à X.; M. /{. V., à Paris. Remerciements pour vos communications.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants-qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- . seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PHOTOGRAPHIE PRATIQUE
- Développement des pellicules.
- M. L. Chalas, à Aubervilliers, nous a fait connaître un appareil intéressant et pratique pour le développement des pellicules. Les pellicules que l’on emploie maintenant dans les ap-
- Eareils de photographie dits de poche, et notamment dans les odak pliant, ont de grands avantages, mais aussi des inconvénients; elles se prêtent mal aux opérations du développement et du fixage. — En opérant sur une feuille de liège on ne peut développer convenablement plusieurs épreuves à la fois. En coupant la bande en doux et en la tenant aux deux extrémités on peut en développer 6, mais il peut se produire des voiles, et les doigts sont trop longtemps en contact avec la pellicule et le révélateur. M. Chalas emploie un appareil qu’il a construit lui-même et que tout le monde peut réaliser; il sera peut-être de quelque utilité h nos lecteurs, c’est dans cette intention que notre correspondant nous l’a signalé. Les avantages sont : la suppression du voile, une grande propreté des épreuves, un développement bien uniforme, et, ce qui est à apprécier, les
- Appareil pour le développement des pellicules.’
- doigts ne sont à aucun moment en contact avec le révélateur. Les deux figures ci-jointes du système nous en font comprendre Je fonctionnement. Sur un tourniquet à huit branches en laiton, montées sur un axe à manivelle, on enroule la moitié de la pellicule, la face sensible en dessus. Cette opération se fait à une faible lumière rouge, avec les mains propres et bien sèches; les extrémités sont réunies,'en tendant un peu, avec une ou deux épingles, et en ayant soin que l’extrémité de la pellicule qui se trouvait au milieu de la bande entière soit en dessus, l’autre partie ne portant pas d’images sur une longueur de plusieurs centimètres n’a aucun inconvénient à être dessous, et elle sert à parer aux différences de longueurs qui se présentent dans les bandes. Ceci fait, on place le tout dans les rainures de la boîte, qui sont placées de telle sorte que le tourniquet tourne librement, et vienne tremper de un ou deux centimètres dans la cuvette où on a placé le révélateur. On met le couvercle sur le tout, et on tourne lentement et uniformément jusqu’à complet développement. Ce résultat obtenu on prend le tourniquet par les extrémités de son axe et on le fait tourner à la main dans une autre cuvette remplie d’eau. Une fois lavée on enlève la pellicule, on peut alors couper les épreuves et les fixer comme d’usage. — Pour le kodak pliant dont les demi-bandes sont environ 0m,5fi le ravon des branches est environ 0,092, elles sont légèrement déprimées à l’endroit que reçoit la pellicule pour l’empêcher de glisser.
- Fixage des clichés avant le développement.
- Ce titre paraîtra certainement étrange à plus d’un ; mais il n’y a pas à le nier, c’est bien du fixage dans l’hyposulfite avant tout développement que nous voulons parler. En y réfléchissant bien, cela n’est pas en somme très extraordinaire que l’on puisse opérer ainsi, puisqu’il est bien connu que, dès que la lumière a agi sur la plaque, il y a réduction du bromure d’argent, très faible et pas apparente, il est vrai, mais il y a moyen tout de même de la faire paraître. Pour cela, la plaque au sortir du châssis ayant été plongée dans l’hypo, sans avoir vu le jour autrement, bien entendu, que par l’exposition dans l’appareil, on la lave et on fait ensuite venir l’image en plein jour en trempant le cliché dans le bain suivant :
- Eeau distillée............. ... ,
- Sulfocyanure d’ammonium... . .
- Azotate d’argent...................
- Sulfite de soude...................
- Hyposulfite.............. . . . . .
- Solution de bromure de potassium à 10 pour 100. ..................' . .
- 100 gr. 25 — 4 — 25 — ?» ___
- 6 gouttes.
- Cette solution mère se conserve; pour l’usage, on en prend 6 centimètres cubes, qu’on étend de 55 centimètres cubes d’eau et 2 centimètres cubes d’un développement au chlorhydrate de paramidophénol dont voici la formule :
- Eau distillée......................100 gr.
- Sulfite de soude................... 50 —
- Chlorhydrate de paramidophénol. . 10 —
- Soude caustique pour redissoudre le précipité formé.
- Trempé dans le bain ainsi formé, le cliché se développe très lentement, il peut mettre parfois 10 à 12 heures, il ne faut pas être pressé.
- L’image offre l’aspect blanchâtre d’un cliché ordinaire qu’on renforce ; pour la noircir on le plonge dans le renforçateur habituel au bichlorure de mercure (solution à 1 pour 1000). Contrairement à ce qui se produit dans le cas ordinaire, l’image noircit. Cependant si on la laisse trop longtemps dans le bain, elle blanchit de nouveau, mais on peut la rendre noire en la plongeant dans un bain de sulfite de soude à 15 pour 100.
- L’avantage de cette méthode est de permettre d’opérer en plein jour, sauf le court moment du fixage.
- En voyage, où l’on n’a pas de laboratoire bien installé, cela peut être précieux.
- Pelliculage des clichés.
- 11 est plus commode si l’on a un long trajet à faire de ne rapporter que des pellicules débarrassées de leur support de verre. C’est, plus facile aussi à conserver et cela tient moins de place. Voici un moyen simple d’obtenir une pellicule solide et qui ne se déforme pas et ne se roule pas. On passe d’abord le cliché au formol (solution à 10 p. 100) et on laisse sécher. On étend ensuite dessus une couche de collodion épais riciné (collo-; dion de pharmacien). Avant qu’il soit tout à fait sec, on baigne; le cliché pendant 10 minutes dans une solution de carbonate de soude à 25 p. 100, puis immédiatement dans une cuvette contenant de l’acide chlorhydrique très étendu (eau, 100, acide 5.) La pellicule se détache aussitôt sans se déformer; onia replace sur le verre en ayant soin de la retourner, c’est-à-dire que le collodion soit en contact avec le verre ; on sort de la cuvette et on laisse sécher légèrement, puis on étend une seconde couche de collodion. Quand elle est sèche, on incise avec un canif à 4 ou 5 millimètres environ du bord et la pellicule se détache facilement et reste bien plane.
- BIBLIOGRAPHIE
- La céramique ancienne et moderne, par E. Guigxet, Directeur des teintures aux Manufactures nationales des Gobelins et de Beauvais et Edouard Garnier, conservateur du Musée de la Manufacture nationale de Sèvres, 1 vol. in-8° de la Bibliothèque scientifique internationale. Paris. Félix Alcan, éditeur, 1899. Prix : fi francs.
- Recettes et Procédés utiles, par J. Laffargue, secrétaire de la rédaction de La Nature. 5e série. 1 vol. in-18. Broché, 2,r,25; cartonné toile, 3 francs. Masson et Cie éditeurs.
- Ce petit volume est le cinquième de la petite bibliothèque fondée déjà depuis de longues années par M. Gaston Tissandier. Elle répond aux besoins de tous nos abonnés, et c’est grâce à leur concours qu’elle a pu être écrite. Les recettes diverses que nous publions sont en eii'et les renseignements même que nous avons publiés pour répondre aux demandes de nos abonnés. Et dans le choix des recettes, nous avons cherché à retenir principalement celles qui donnent des résultats pratiques satisfaisants et quë les amateurs peuvent facilement mettre à prolit.
- Introduction à l’étude de la médecine, par G.-IL Roger, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. 1 vol. petit in-8° cartonné, Paris, Georges Carré et C. Maud, éditeurs. 1899. Prix : 7 francs.
- Instructions générales pour l'exécution des installations électriques à l’intérieur des maisons, rédigées par la Chambre syndicale des Industries électriques. 1 brochure in-8°. Librairie centrale des sciences, Rijckevorsel éditeur. Paris, 1899. Prix 0 fr.40.
- L’almanach des sports 1899, publié sous la direction de M. Maurice Leudet. 1 vol. in-16. Librairie Paul Ollendorff, Paris.
- Le service actuel des trains rapides, Belgique, Angleterre, France, Suisse. Notes de voyage 1897-98, par Camiju.e Barbea. 1 brochure in-4°. Bâle et Genève, Librairie Georg et Cic. Paris, Baudry et Cie, 1899.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- Agenda du photographe et de l'amateur, 1 brochure in-4% 1899. Charles Mende!, 118, rue d’Assas, Paris. Prix: 1 franc.
- Cuide pratique, de l'amateur électricien pour la construction des appareils électriques, par E. Keignart, 1. vol. petit in-8°. 5e édition. Paris, Rijckevorsel, éditeur, 1899. Prix : 5 francs.
- Tableau de l'histoire littéraire du monde, par F. Loilée. 1 vol. in-16 de la petite Encyclopédie populaire illustrée. Paris, Schleicher frères, éditeurs. Prix : 1 franc.
- Smilhsonian miscellaneous collections. Vol. XL. 1 vol. in-8°. Washington eitv. Puhlished bv the Smilhsonian Institution. 1898.
- Smithsonian contributions to knowledge. Hodgkins Fund. A détermination of the ratio of the spécifie heatt al constant pressure and at constant volume for air, oxygen, carbon-dioxide, and hydrogen, by 0. Lummer and E.
- Pringsiieim. 1 brochure in-4°. City of Washington. Puhlished by the Smithsonian Institution. 1898.
- An investigation on the influence upon the vital résistance of animais to the microorganisms of disease brought about by prolonged séjourn in an impure atmosphère, bv D. H. Bergey. 1 brochure in-8°. Citv of Washington. Puhlished by the Smithsonian Institution. 1898.
- Field Columbia n Muséum. Rui ns of Xkichmoot Yucalan, by Edward II. Thompson, field assistant, et George A. Dorsey, acting curator, department of anthropology. Anthropological sériés. Vol. Il, n° 5. Chicago. July 1898.
- The micro-organism of Fatilly Hum, by V. II. Veley and Limas J. Veley. London, Henry Frowde-Oxford Unirersitv Press Warehouse, 1898.
- La folografia industriale, per cura del Dott. Luigi Gioph. 1 vol. in-lfide la collection des Manuels llæpli. UlricoHœpli, éditeur. Milan, 1898.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49”,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 RECRES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DD CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 20 février . . S*,0 N. E. 2. Couvert. 0,1 Quelques nuages de 13 à 18 h. ; couvert axant et après ; brouillard le matin ; très brumeux le soir.
- Mardi 21 4*,4 E. 3. Couvert. 0,0 Couvert jusqu’à 10 h.; puis peu nuageux: beau après 14 h. ; gelée blanche.
- Mercredi 22 1*,9 N. E. 1. Beau. 0,0 Beau.
- Jeudi 23 — 1*,9 N. E. 1. Beau. 0,0 Beau.
- Vendredi 2t — 2*,6 N. E. 2. Beau. 0,0 Beau.
- Samedi 25 ~ 2*,t N. E. 2. Beau. 0,0 Pas trace de nuage.
- Dimanche 26 ... . - 4’,6 N. E. 2. Beau. 0,0 Beau.
- FÉVRIER 1899 -- SEMAINE DU LUNDI 20 Aü DIMANCHE 26 FEVRIER.
- La courbe isapereure indique la nébulosité de 0 à 10 ; les pèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche: courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE METEOROLOGIQUE
- .e froid. — Le temps s'est remis au beau presque partout en France, mais au froid en même temps. Le 27 février, à 7 heures du matin, le thermomètre marquait : — 6* à Charleville, — 5* à Paris, -t- 12"* à Alger.
- On notait : — 5* au Puy de Dôme, — 7* aux monts Aigoual et Venteux-— 0* au Pic du-Midi.
- Le vent a été faible à l’est sur nos côtes. Des pluies ont été signalées dans quelques stations de l’extrême sud du continent; en France, le beau temps a été général.
- Production des nuages orageux et dea pluies d’orage.
- —- Le journal Ciel et Terre mentionne une intéressante note traitant de
- l’influence de l’électricité sur la sédimentation des liquides troubles, qui a été lue à l’Académie des sciences de Belgique. M. le professeur W. Spring a montré que les courants de convection, dans des liquides soumis à des différences de température, peuvent devenir l'origine de phénomènes électriques dans ces mêmes liquides. Partant de là, il en a conclu qu’il n’est pas impossible que l’énergie solaire, passant à travers des couches d’inégale constitution physique dans l’atmosphère, y provoque aussi le développement d’électricité dont l’effet serait le ballonnement, pour ne pas dire l'agglomération des particules (solides ou liquides) qui s’y trouvent. La forme arrondie des nuages orageux et ta chute des pluies d’orage rappelleraient la sédimentation des milieux troubles sous l'influence de courants électriques qui les traversent.
- PHASES DE LA LUNE : P. L. le 25 à 2 h. 25 min. du soir.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction'
- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— Le concours agricole de Paris s’est tenu du 27 février au 7 mars au milieu d’une très grande aflluence de visiteurs. Animaux et machines ont, comme chaque année, attiré la foule.
- —®— Le record de la vitesse en aulonnbile. M. le comte de Uhasseloup-Laubat a couvert le kilomètre en 38 secondes 4/5, ce <(ui se rapproche à quelques secondes près des vitesses de nos trains les plus rapides. Et l’automobile filait non sur rails mais sur une route de 5 mètres de largeur en dos d’âne, route centrale du parc agricole d’Achères. Les 1000 mètres en 58*4/5 font environ 95 kilomètres à l’heure. C’est beau. Mais nous ne conseillerions à personne de chercher à imiter M. de Chasseloup-Laubat.
- —®— Le 1er février la Commission municipale du Vieux-Paris procédait, dans la chapelle de l’hôpital Laennec (jadis hospice des incurables), à des fouilles destinées à s’assurer de la présence des restes du ministre Turgot dans la sépulture de la famille Turgot indiquée par une dalle du pavage de la chapelle, dalle devenue presque illisible par l’usure. C’est qu’en effet on admettait généralement qu’exhumé quelque temps après l’enterrement, le corps de Turgot avait été transporté à Bons en Normandie et qu’en 1793 la sépulture avait été violée et les ossements jetés à la voirie. En présence des seuls membres de la Commission et de trois des descendants de Turgot, la dalle a été soulevée. Alors après avoir enlevé une couche de terre blanche et de débris de pierre, on a pu voir deux cercueils de plomb portant chacun sur une plaque de cuivre une inscription parfaitement lisible. Sur celle du cercueil de gauche •n lisait :
- CY GIT TRÈS HAUT ET TRÈS PUISSANT SEIGNEUR ANNE-ROBERT-JACQUES TURGOT, CHEVALIER, MARQUIS DE LAUNE, MINISTRE D’ÈTAT, ETC.
- DÉCÉDÉ LE 18 MARS 1781
- Il s’agissait donc bien du ministre. — Le second cercueil, à droite du précédent, était celui de Michel-Etienne Turgot, ancien prévôt des marchands, décédé le 1er février 1751. Sous ces deux cercueils, deux autres symétriquement placés au milieu de la même terre blanche : celui de gauche avait son inscription très visible, indiquant qu’il renfermait le corps d’Antoine Turgot, décédé en 1713. Enfin sur le dernier cercueil, à droite du précédent, des débris extrêmement oxydés de la plaque permirent pourtant de reconnaître les deux chiffres 10. D’où la conclusion qu’il s'agissait de Jacques Turgot, décédé en 1659. Contrairement à ce qui a été dit, les cercueils ne furent pas ouverts. Celui du prévôt élait assez endommagé au moment où on le découvrit. Les parois verticales autour de la tête avaient disparu, détruites par l’oxydation et la pression. Le crâne apparaissait donc tout entier. Avec l’autorisation expresse des membres de la famille, le docteur Capitan a pu le sortir très facilement, le photographier sur place, puis il la immédiatement replacé dans sa position première. Il n’y a donc eu aucune violation des cercueils ; tout s’est passé avec la correction et la respectueuse déférence dues aux grands hommes dont les restes furent peu après réintégrés dans leur sépulture sur laquelle la dalle fut replacée. Un point important était acquis : le grand Turgot et les membres les dus distingués de sa famille reposent dans la vieille chapelle des ncurables fondée par l’un d’eux, Jacques Turgot. Cette constatation explique et justifie amplement les recherches qui ont été faites.
- —®— Les recherches entreprises par la Commission du Vieux l'aris ont continué autour des substructions de la Tour de la Liberté de la Bastille à laquelle nous avons consacré un article dans le n° 1344, du 25 février. — Les fondations ont été complètement dégagées jusqu'au sol (sable de rivière) sur lequel elles reposent. Ces fondations se composent de cinq assises de gros moellons disposées régu-
- lièrement les unes au-dessus des autres, tantôt en saillie, tantôt en retrait ; chaque assise mesure 25 à 35 centimètres de hauteur. Il a été décidé que tout cet ensemble serait démonté, pierre par pierre, transporté et remonté en un point de Paris. L’emplacement n’a pas eneore été définitivement choisi. On avait pensé au terre-plein du quai des Célestins à l’extrémité du pont Sully ; mais on a proposé aussi un coin du parc de Montsouris, etc. En tout cas les pierres sont numérotées et le démontage a déjà commencé.
- —®— La Société des peintres de montagne a ouvert le 10 mars, sous le patronage du Club alpin français, sa 2e exposition dans les salons du Cercle de la librairie, 117, boulevard Saint-Germain, à Paris.
- —®— La réunion annuelle de la Société française de physique aura lieu le vendredi 7 et le samedi 8 avril, au siège de la Société, 44, rue de Rennes, à Paris.
- —@— La Société photographique du Centre, à Bourges, vient d’ouvrir un concours qui comprendra les catégories suivantes d’épreuves : portraits et groupes, scènes, vues, paysages, monuments, reproductions, instantanés, applications aux sciences, épreuves stéréoscopiques, diapositives pour projections. Une section spéciale est ouverte pour des monographies relatives au Berry. Les épreuves doivent être envoyées avant le 1er mai à M. le président de la Société photographique du Centre à Bourges.
- —®— La Société belge d’électriciens organise, pour le 1er juin 1899, dans les locaux du nouvel hôtel des téléphones à Bruxelles, l’exposition de l’électricité à la maison. L’exposition comprendra : dans la première section, l’éclairage, le chauffage, la force motrice, les piles et accumulateurs; dans la deuxième section, la téléphonie et la télégraphie, les appareils de contrôle et de sécurité, l’horlogerie électrique, l’hygiène, l’électricité médicale, la musique, la serrurerie électrique, les jouets et bijoux électriques, et le mobilier.
- —@— L’assemblée générale de l’Association de la Presse agricole a eu lieu le 28 février, dans la salle de la Société nationale d’acclimatation, sous la présidence de M. Legludic, sénateur, président de l’Association. Dans une allocution très applaudie, M. Legludic a fait remarquer combien se faisait sentir en France, depuis de longues années, l’absence d’une association de journalistes agricoles. M. Du-breuil, trésorier, a fait l’exposé de la situation matérielle. Le comité-directeur sortant a été réélu.
- —Une jeune Russe de 24 ans, Mlle Eugénie Kierer, vient de terminer brillamment ses études médicales en soutenant sa thèse devant les docteurs Cornil, Troisier et Achard, qui lui ont décerné la note « bien ». La colonie russe de Paris possède donc une doctoresse de plus.
- —®— On compte qu’il y a en France environ 6 millions de fumeurs et que, sur 15 fumeurs, 8 fument la pipe, 5 le cigare et 2 la cigarette. La consommation totale des cigarettes, pour toute la France, peut être évaluée à 294 milliards par an, soit 807 millions par jour, 3 700000 par heure, 61 000 par minute, près de 1200 par seconde. Toutes ces cigarettes, mises à la queue leu leu, feraient cinq cent quatorze fois le tour du monde.
- —®— L'Electricien signale un compteur téléphonique combiné par M. R. van Kerckhove, qui paraît digne de fixer l’attention et qui devrait être ajouté à tout poste téléphonique. D’un prix très modique, il comporte un cadran muni des chiffres 0, 1,2, 3, 4, 5. Une aiguille au repos se trouve sur le 0 ; quand on commence une conversation taxée de cinq minutes, par un coup de pouce on met l’aiguille sur le chiffre 5, le tic tac se met en marche ; après quatre minutes et demie, un coup de timbre avertit qu’il est temps de faire ses adieux : trente secondes après, un autre coup de timbre engage à se taire ou à payer une taxe nouvelle.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le nouveau rail se trouve chez M. Ch. Yez-Mairet, aux soins du Moniteur de l'Industrie, rue Centrale, Genève. — L’interrupteur automatique pour circuit primaire est fabriqué par la Compagnie française d’appareillage électrique, 16, rue Montgolfier, à Paris.
- Communications. — M. 0. Peirce, à X., nous envoie des Notices ayant pour titre On the induction coefficients of hard steel magnets, extraites de l’American Journal of Science.
- M. A. Batut, à Enlaure, par Labruguière (Tarn), à] propos de la question du suintement des lampes à pétrole que M. le Dr Taillefer attribue non à la capillarité, mais à une évaporation suivie d’une condensation du liquide, nous transmet les deux questions suivantes : 1° Comment la température du récipient pourrait-elle être, tout ensemble, assez élevée pour amener l’évaporation du pétrole et assez basse pour en produire la condensation? — 2° Pourquoi les objets divers qui avoisinent une lampe ne se recouvrent-ils jamais de pétrole, s’ils ne sont en contact intime avec elle, c’est-à-dire sans aucune solution de continuité? Notre correspondant ajoute :
- « Je me sers d’une lampe de piano placée sur un chandelier. La lampe, comme ses pareilles, se couvre, il est vrai, d’une couche de pétrole, mais le chandelier n’en porte jamais de traces. D’où je conclus que, dans le phénomène, la capillarité est seule en cause. »
- Renseignements. — M. H. Leroy,y Douvres (Calvados). — Nous pouvons répondre à votre demande après avoir pris tous les renseignements nécessaires. Traçons un très petit cerclé au milieu supérieur d’une longue feuille de papier pour figurer la Circonférence décrite en vingt-quatre heures par la Polaire ; menons deux diamètres perpendiculaires, l’un vertical, l’autre horizontal, dont les extrémités donneront le nord et le sud, l’est et l’ouest; prolongeons le diamètre vertical jusqu’au milieu inférieur de la feuille où nous aurons la position de l’observateur. L’est et l’ouest seront visibles suivant les tangentes menées aux deux extrémités de l’axe horizontal et faisant un angle inférieur à 4°. Ces tangentes seront confondues avec la circonférence sur une longueur de 3° au moins. La polaire, qui décrit les 360° de la circonférence en 24 heures, parcourt ces 3° en 4x3 = 12 minutes. On la verra donc pendant à peu près 6 minutes avant et après son passage à l’est et à l’ouest, 6 heures plus tard que ses passages au méridien supérieur et au méridien inférieur.
- Un abonné, à X. — Voici les adresses d’automobiles que vous nous demandez : Riker Electric Motor C°, 15 York Street, Brooklyn N. Y. Etats-Unis. — The Barrows Company Electric vehicles, à New-York. La voiture Cl nid n’est pas dans le commerce. Elle est décrite en détail dans le supplément du Scientific American du 26 novembre 1898 et avec assez de détails (dimensions, poids, etc.), pour qu’un mécanicien d’habileté moyenne puisse la construire.,
- M. A. Ponthault, à Mavenne. — 11 faudrait vous adresser à la librairie Hachette, 79, fcoulevard Saint-Germain, à Paris.
- M. E. Limener, à Buenos-Aires. — Nous n’avons pu trouver l’adresse que vous nous demandez.
- M. H. H., à X. — 1° Vous trouverez des ouvrages sur ces turbines à la librairie Dunod, 49, quai des Grands-Augustins, et à la librairie Baudry, 15, rue des Saints-Pères, à Paris. — 2° Nous pouvons vous donner les adresses suivantes : M. Le-prince, 41, boulevard Barbes, à Paris; MM. Laurent et Collot, à Dijon ; M. Singrünn, à Epinal.
- M. E. Menissier, à Troyes. — Il n’est pas facile de rendre le papier transparent ; pour projeter, on fait de préférence les dessins sur du papier calque. Toutefois, nous avons indiqué dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, 2e série, le moyen d’obtenir un papier transparent photographique; vous pourriez essayer ce procédé.
- M. T. M. E., à Epinal. — 1° La Note que nous avons fait paraître renfermait tous les renseignements qui étaient donnés ,
- dans la revue mentionnée. H est difficile de vous citer un journal en particulier, car ils ne s’occupent de cette question que de temps à autre. — 2° Il existe des traités à ce sujet; mais nous ne pouvons vous renseigner sur leur valeur.
- M. Nicolas, à Jallancourt. — Chauffage à vapeur : W. Da~ vène, 33, rue des Tournelles ; M. Ganddlot, 143, boulevard Pereire; MM. Matheiin et Garnier, 26, rue Boursault, à Paris.
- M. J. C. Fardel, à Lille. — Il est assez difficile d’obtenir une grande quantité d’ozone ; vous pourriez voir si l’évapora-teur ozoniseur de la Société, 28, rue Saint-Lazare, peut vous convenir.
- L'abonné 5057-3166. — Nous prenons note de votre desideratum ; mais cet appareil n’est pas facile à inventer.
- M. D. P., à Nœux-les-Boffles. — 1° Ce produit n’est autre que le virus contagieux de l’Institut Pasteur pour la destruction des rongeurs ; il est en vente à l’Institut Pasteur, service des virus, 35, rue Dutot, à Paris. — 2° Le prix du tube est de lfr,50 ou 3 francs suivant le virus choisi. — 3° Nous avoris donné une. Notice sur ces virus dans le petit livre des Recettes et Procédés utiles, 5e série.
- M. G. Pereire, à Paris. — 1° Nous n’avons pas d’autres renseignements; nous pensons qu’il faut laisser sécher à l’air. — 2° Nous avons indiqué un moyen qui emploie l’électricité dans le petit livre des Recettes et Procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie. — 3° Il faut chauffer très légèrement le bouchon et avoir soin de le tourner en tous sens.
- M. Musset, à Lebrija (Espagne). — Vous trouverez un ouvrage sur ce sujet à la librairie Larousse, 19, rue du Montparnasse, à Paris.
- i M. E. Cavin, à Genève. ;— Nous vous remercions polir votre intéressante communication; mais nous ne pouvons revenir sur un sujet déjà ancien.
- M. E. Caballero, à Pontevedra. —Nous n’avons pas d'autre ouvrage analogue à vous faire connaître.
- M. A. Lépinay, au Dorât. — Nous serons heureux de.lire la description de votre appareil et de vous donner notre avis; mais il nous est absolument impossible de faire un article à ce sujet, nous recevons par jour 5 ou 6 notices sur de nouveaux appareils.
- M. P. Negrin, à la Bocca (Cannes). — 1° Vous nous demandez les limites de l’habitat du roseau de Provence. L’Arundo Donax, ou Canne de Provence passe pour être originaire de l’Europe sud-orientale. Comme toutes les plantes cultivées à divers usages, cette graminée est très répandue dans le midi de la France, la Grèce, la Cilicie, la Syrie et la Basse Égypte. Puis on la retrouve aux environs de la mer Noire et de la mer Caspienne, enfin, dans l’Inde où elle a pu être introduite. On la rencontre encore en Tunisie et en Algérie comme étant subspontanée. Une espèce voisine, plus élancée, à tige moins grosse, à feuilles moins larges, à inflorescence plus étroite (Arundo Mauritanien = Ar. Pliniana) est très fréquente dans les mêmes régions. Il est possible que ce soit là l’espèce observée en Palestine, mais où cependant l’Aï*. Donax a pu pénétrer également. De bons échantillons décideraient la question.
- Un abonné, à Bilbao. — Nous ne connaissons pas d’appareil de ce genre.
- M. P. Quentin, à Reims. — Vous voulez sans doute parler du microphonographe Dussaud, dont nous avons publié la description dans le n° 1236 du 6 février 1897, p. 145.
- M. J. de Baere, à Sâo Paulo (Brésil). — Le constructeur du téchéographe Schrader est M. J. Carpentier, 20, rue Delambre, à Paris.
- M. le baron de Belinay, à Ligniac. — 1° Il peut toujours se dégager de l’oxvde de carbone lorsqu’il y a combustion, incomplète. — 2° Nous avons indiqué un moyen de déceler l’oxyde de carbone dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, 5e série. — 3° Il faut essayer le mastic de vitrier.
- M. R. M., à Paris. — Nous avons donné un article très complet sur Le Tinamou dans le n° 1277 du 20 novembre 1897, p. 385.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. D. L., à Paris. Vous ne pourrez avoir ce renseignement qu’en faisant vous-même l’expérience et la mesure. — M. P. S.:, à Pau. Nous avons indiqué dans les Recettes et procédés utiles, lre série, une recette pour donner aux objets de cuivre ou de laiton la couleur du vert antique. — M. D. G., à Lille; M. J. R.,,h Paris. Voyez le même petit livre que ci-dessus, à la librairie Masson et Cie. — M- E, Qbertin, à Paris. Nous avons indiqué là manière de eolorief les photographies dans le même petit livre que plus haut, 5* série. — M. G. F., à Paris. Regrets de ne pouvoir vous renseigner.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s’engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES:
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- PETITES MENTIONS1
- Règle pour tracer des lignes courbes. — On est
- souvent embarrassé lorsqu’il s'agit de tracer des lignes courbes. La nouvelle règle dont il est question permet très aisément ce tracé. Elle est formée d’une faible épaisseur de tôle (n° 1) qui maintient fixées par des attaches une série
- Règle flexible. — 1. Vue par-dessus. — 2. Vue en dessous.
- 3. Mode d’emploi. 1 .
- de bandes de buvard superposées et placées sous le dessous (n° 2). Cette règle est des plus flexibles et se prête à toutes les combinaisons. Il suffit de maintenir les deux extrémités avec une seule main pour pouvoir tracer une courbe comme le montre notre figure n° 3. — La règle flexible se trouve chez M. Kratz-Boussac, 3, rue Saint-Laurent, à Paris.
- Bougeoir pneumatique. — Le bougeoir représenté dans la figure ci-dessous peut à volonté se fixer contre le mur, et s’enlever très rapidement. L’appareil est disposé de telle sorte qu’en appliquant le bougeoir contre le mur et en pliant l’avant-bras, comme on le voit en B, ce dernier se retire en dehors
- en faisant le vide sous l’appui extérieur. Il en résulte que lorsque l’avant-bras est horizontal, la pression extérieure seule maintient le bougeoir en place. Il est facile de le déplacer à volonté, et on peut le remettre partout avec la plus grande facilité. — Le bougeoir pneumatique se trouve chez M. Kratz-Boussac, à la même adresse que ci-dessus.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Procédé de détatouage. — Le tatouage est très répandu chez les militaires, les marins ; il a même été à la mode dans le grand monde et des snobs se sont empressés d’imiter la bizarre fantaisie du prince de Galles, du duc d’York qui s’étaient fait dessiner sur le bras d’élégants tatouages. Plus d’un s’en est repenti et ne demanderait pas mieux que de voir effacer ces dessins- ridicules. Ne prétena-on pas, c’est au moins un propos historique, que Bernadotte, le roi de Suède, succomba à une congestion pulmonaire pour avoir refusé de se faire saigner. ’ Et ce refus tenait à l’ennui de montrer son bras sur lequel il
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- avait laissé graver, au temps où il ne songeait guère à porter la couronne, 1 inscription « Mort aHx tyrans ».
- Les tatouages ne sont pourtant pas, si parfaits qu’ils soient, indélébiles. Encore faut-il cependant qu’ils ne soient pas de > trop grandes dimensions pour que l’opération destinée à lès effacer ne devienne dangereuse. Le plus simple des procédé®, le plus radical au moins, est d’enlever la partie de peau coloriée et de faire carrément une autoplaslie. Dans bien des régions, la peau est assez lâche pour se prêter à un rapprochement après l’ablation du lambeau marqué, tatoué. Mais il faut que le dessin soit assez petit, ce qui n’e.-t pas le cas le plus souvent.
- Touché des réclamations d’un certain nombre de ses hommes qui voulaient être, avant la libération du service, débarrassés d’une série d’emblèmes désagréables, le Dp Brunet a imaginé un procédé qui permet d’enlever le tatouage, sans grande douleur et sans laisser de marque trop appréciable. C’est un procédé tout à fait chirurgical et qui doit être exécuté, comme les opérations modernes, avec toutes les précautions antiseptiques.
- M. Brunet commence donc par désinfecter, laver, aseptiser la place tatouée par un lavage au savon, à l’éther, et enfin au sublimé. Puis, pour remplir la condition de « sans douleur » il anesthésie la région au moyen d’une ou plusieurs injections intra-dermiques de cocaïne. La région anesthésiée ou plutôt, pour préciser, la région tatouée est alors entourée de plaques de diachylon destinées à piéserver les parties voisines.
- La place est préparée; on découvre alors le derme au moyen -, d’un vésicatoire, mais d’un vésicatoire à action rapide, presque instantanée. Le vésicant n’est autre que l’ammoniaque liquide oïdinaîre, à 35°. On prend un tampon d’ouate imbibée de ce liquide; on l’applique sur la partie garantie, et au bout de dix minutes,, un quart d’heure, l’épiderme est soulevé comme dans le vésicatoire classique. 11 faut l’enlever délicatement avec une pince et le derme est mis à nu. Le tatouage apparaît alors admirablement net, au point, dit le Dr Brunet, qu’on peut compter les marques d’aiguille.
- Nous arrivons au temps important de l’opération. On prend un crayon de nitrate d’argent et on frotte vigoureusement sur les traits du dessin, H ne reste plus qu’à recouvrir la plaie, d’un pansement humide à l’eau salée qui neutralise l’excès de sel d’argent. ;
- Au bout de quelques jours, le 3e ou 4°, il s’est formé une] escarre noirâtre qu’on peut détacher et qui laisse au-dessousl une plaie rouge, sans trace de tatouage, qu’il suffit de panser: comme une plaie ordinaire. L’auteur emploie de préférence un! pansement sec avec la poudre du Dr Chatnpionmère (mélange; à parties égales d’iodoforme, charbon, quinquina et salicylutei de bismuth). En quinze à vingt jours, la enatrisation est) complète et il ne reste qu’à modérer la tuméfaction des tissu®,; à assouplir la cicatrice par de légers mas-âges. Les résultats; sont très remarquables, le tatouage a complètement disparu et, la tache cicatricielle est peu marquée. Ajoutons que ce procédé] ne peut être appliqué à la face ni à des régions remarquables) par la laxité et la ténuité du tissu tégumentaire ; mais sur le! tronc, les membres, il a donné, entre les mains de son auteur,.1 un succès complet. Avis aux tatoués du grand monde. )
- Dr A. Cartaz. ]
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- *” Destruction des vers de terre dans les pots. — Ecraser'huit marrons d’Inde par litre d’eau. Laisser séjourner pendant 24 heures. Arroser les plantes très copieusement avec ce liquide j de manière que toute la terre en soit imprégnée pour que les vers soient atteints. Ces vers remontent bientôt à la surface du sol et périssent. Un seul arrosage, paraît-il, suffit à leur extermination. C’est le journal de la Société d’acclimatation qui nous donne ce procédé bien facile à expérimenter.
- Enlèvement des taches de goudron sur les surfaces polies. — La recette est fournie et recommandée par Scientific American pour détacher ainsi le verre et toutes les surfaces polies. On fait une pâte à consistance crémeuse avec des graines d’anis écrasées et de l’extrait de réglisse, et on en frotte la tache à l’aide de la main. On lave ensuite avec de l’eau de savon et l’on sèche avec un linge doux.
- Suppression des fentes dans les planchers. — Pour cela, Miss Cornelia C. Bedford, dans un cours sur la science domestique, recommande d’employer la pâte suivante. On déchire des journaux en petits morceaux, et on les laisse baigner dans de l’eau pendant toute une nuit; on les fait bouillir ensuite deux ou. trois heures, en les brassant, en les secouant, de
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- manière à séparer autant que possible les fibres et à les transformer en une véritable pâte à papier, qui doit avoir consistance de pâte de farine épaisse. Pour 4 1/2 litres de cette espèce de bouillie, on ajoute un peu moins de 500 grammes d’une autre pâte faite avec de la farine et de l’eau froide, puis un peu plus de 100 grammes de gélatine dissoute, et enfin deux cuillerées à soupe d’alun grossier. On fait bouillir le tout durant 10 minutes. Si les fentes du plancher sont particulièrement profondes, on laisse refroidir le mélange indiqué, on l’additionne d’un peu de plâtre de Paris, et l’on applique immédiatement.
- Tannage des peaux par Vliydrogène. — On a reconnu que l’on pouvait activer le tannage au moyen de gaz. A cet effet, les inventeurs du procédé, MM. Bake et Leverett, font passer par intervalle dans le liquide où baignent les peaux, un courant de gaz hydrogène ou de quelque composé gazeux d'hy-
- drogène contenant une certaine quantité d’arsenic. Ils tirent l’hydrogène soit de l’action de l’acide sulfurique du commerce sur le zinc ou le fer, soit de celle de la vapeur sur le fer. Ils posent en fait que dans ce cas l’hydrogène obtenu contiendra une quantité suffisante d’arsenic. Le gaz, accumulé dans un gazomètre sous pression, est amené et distribué dans le fond de la cuve de tannage par un tuyau percé d’une série de trous.
- Suppression de l'éclat du zinc. — Pour ternir l’éclat du zinc, M. Romain, dans son manuel du plombier, recommande de le laver avec un liquide ainsi composé :
- Graphite porphyrisé.....................14
- Chlorate de potasse..................... 5
- Acide sulfurique .......................28
- Les toitures traitées par ce procédé prennent l’apparence du plomb et ont ainsi un aspect plus riche, un ton plus chaud.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DD CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 27 février . . - 4*,7 N. N. E. 2. Beau. 0,0 Pas trace de nuage.
- Mardi 28 — 4’,0 N. 1. Beau. 0,0 Beau.
- Mercredi 1 " mars . — 5*,8 W. S. W. 0. Peu nuageux. 0,0 Beau jusqu’à 6 h., puis peu nuageux ; très nuageux après 15 h. ; petit brouillard de 7 à 10 h.
- Jeudi 2 - i’,i S. W. 1. l'eu nuageux. 0,0 Peu nuageux de 7 à 10 h. ; beau avant et après; brouill. de 5 à 9 h. ; brumeux à partir de 12 h.
- Vendredi 5 — 2*,6 N. 2. Couvert. 0,0 Couvert de 5 à 10 h. nuageux avant et après ; brouillard jusqu’à 10 h,; petit givre; faible halo.
- Samedi 4 — 1\1 N. 0. Peu nuageux. 0,0 Nuageux ; faible brouillard le matin.
- Dimanche 5 0*,8 N. 3. Peu nuageux. 0,0 Peu nuageux ; gelée blanche.
- FÉVRIER-MARS 1899 -- SEMAINE DD LUNDI 27 FÉVRIER AD DIMANCHE 5 MARS.
- I Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi ( Samedi ] Dimanche |
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10: les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'atbri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorologiques faites au Parc Saint-Maur en février 1899
- par M. E. Renoü.
- Moyenne barométrique à midi, 757"",54; minimum 742“",44 le 2 à 7 heures du matin; maximum 775"“,21 le 28 à 11 heures du soir.
- Moyennes thermométriques : des minima 1°,61; des maxima 10°,99; du mois 6°,50 ; vraie des 24 heures 5°,66. Minimum 9°,1 le 4 à 6 h. 20 du malin. Maximum 20°,7 le 10 un peu avant 2 h. du soir. Il y a eu 12 jours de gelée, les 5 premiers jours du mois et les 7 derniers, sans mélange. Il y a eu 6 jours de gelée blanche, 1 jour de verglas le 5 ; la neige, tombée le 50 janvier, a disparu le 5 ; it n’est plus resté que quelques amas à l’ombre.
- Humidité relative moyenne 73,5; la moindre 12 le 26 à 4heures du soir; et le 27 à 3 h. du soir; la plus grande 100 en 8 jours.
- Tension moyenne de la vapeur 5““,10; la moindre 1"",0 le 27 à 3 heures du soir ;.la plus grande 8"",33 le 9 de 6 à 8 heures du matin.
- Pluie 11"",3 en 17 h. en 7 jours, dont 1 de brouillard et bruine le 19. Un jour de gouttes le 9. — Vents 14 jours du N. à l’E. et 11 jours du S.-S.-E. au S.-S.-W. plus quelques autres vents des autres directions; 3 jours de brouillard ; le 4 au matin, de 300 mètres couvrant le ciel ; le 19, après une nuit claire, très épais, cachant, à 9 heures du matin, les objets à 50 ou 60 mètres ; le 20 au matin, brouillard de 400 mètres couvrant le ciel.
- Nébulosité moyenne 45; 2 jours sans nuage les 25 et 27.
- Température moyenne de la Manie : le matin 6°, 18; l’après-midi 6°,46; du mois, 6°,32. Hauteur moyenne 2",96. Assez claire au commencement du mois et trouble à la fin.
- Relativement aux moyennes normales (25 ans), le mois de février 1899 présente les résultats suivants : Baromètre plus bas de 2“",03. Thermomètre plus haut de 1°,97. Tension de la vapeur a peu près égale. Humidité relative moindre de 10. Nébulosité plus faible de 21. Pluie plus faible de
- L’hiver de 1899 (décembre, janvier, février) a présenté les résultats suivants :
- Moyennes. Écarts. Baromètre. 759"" ,32 — 0,34
- Thermomètre. 5°,53 -+-2,88 Tension de la vap. 5"“,63 -+- 0,64
- Moyennes. Écarts. Humidité relative. 81,0 —5,7 Nébulosité ... 59 —-10
- Pluie.............l00““,4 —13,2
- Les perce-neiges ont fleuri le 8; les mahonias le 13; les hépatiques le 15; les crocus le 16; le buis des Baléares le 21; violettes très abondantes tout le mois.
- Ce qui caractérise le mois de février 1899 c’est une température moyenne élevee, moindre pourtant qu en 1897. Deux séries de gelée : une série des 5 premiers jours avec baromètre bas et moyennes des 24 heures très basses ; une seconde série de 7 jours de gelée avec baromètre élevé et ciel clair. Entre les deux pendant 16 jours température. élevée, avec un maximum de 20°,7, le 10, sans exemple depuis un siècle et demi : le plus grand maximum inscrit est 17°,9, le 9 février 1831 à l’Observatoire de Paris.
- Le degré hygrométrique ou humidité relative, 12, est un des plus bas qu’on connaisse; le plus bas connu, 10, a été observé au Parc Saint-Maur le 30 mars 1893.
- PHASES DE LA LUNE : D. Q, le 5 à 4 h. 16 du matin.
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- H° 1347 (18 mars 1899), du Journal « LA NATURE »
- M. HENRI DE PARVILLE, rédacteur en chef
- M. j. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction
- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— L'explosion de Lagoubran a jeté le deuil dans notre pays. La catastrophe a fait de nombreuses victimes et de grands ravages matériels dans un rayon de 2 à 5 kilomètres. L’onde destructive, engendrée par la décomposition brusque de plus d’un millier de kilogrammes d’explosifs, s’est fait sentir à plus de 150 kilomètres de distance. Les détonations ont été entendues au delà de Nice et des vibrations ont brisé des vitres et déplacé des pierres même à Monte-Garlo. Les effets balistiques ont été d’une extrême énergie. Les maisons voisines ont été renversées comme sous l’etîort d’un cyclone, des matériaux pulvérisés, des pierres de plusieurs kilogrammes projetées jusqu’à 5 kilomètres de distance. A 7 kilomètres, au faubourg Saint-Jean du Yar, des portes ont été enfoncées, le sol recouvert de débris de toutes sortes. L’air en mouvement acquiert une énergie terrible ; si la masse est petite, le travail est proportionnel au carré de la vitesse et les vitesses, sous des pressions de plusieurs milliers d’atmosphères, atteignent sur place des kilomètres par seconde. C’est le cyclone, le cyclone le plus violent que l’on connaisse.
- Les pertes matérielles sont considérables. D’après la première estimation des contrôleurs des contributions, en prenant pour base la valeur des terrains, des mobiliers, des impôts payés, les pertes des particuliers seraient voisines de 1 200 000 francs ainsi décomposés : 420000 francs pour l’agglomération de Lagoubran, 180000 francs pour celle des Gaux et 600 000 francs pour les propriétés disséminées dans un rayon de 3 kilomètres environ. Les pertes de la Marine atteignent à peu près 1500000 francs. Cette somme comprend les bâtiments, les poudres et les projectiles. Et l’on ne compte pas les frais de déblaiement, de sauvetage, etc.
- —On annonce la mort à Constantinople de M. Lacoine, ingénieur des Télégraphes, qui était entré au service du gouvernement Ottoman. Il avait envoyé récemment à l’Académie un mémoire sur l’emploi des signaux sonores pour empêcher les collisions des navires en temps de brouillard.
- —®— A Paris, la douceur de la température en février a activé singulièrement la végétation. Le marronnier du 20 mars est dépassé depuis longtemps. On a pu voir depuis le 20 février un marronnier en feuille au cours la Reine au coin de l’avenue Marigny. Maintenant les feuilles sont complètement développées. Il est le seul au milieu de SC3 voisins dont les branches s’allongent encore dépouillées. Il en est un second aussi développé à droite près du rond-point des Champs-Elysées. Dans beaucoup de régions la feuillaison est en avance de près d’un mois. On a observé des papillons dès la (in de janvier. Les perce-neige ont fleuri dès le 10 février et dès le 15, les hépatiques. Malgré l’abaissement de température du 10 février, la végétation momentanément arrêtée a repris son cours et les violettes abondent dans les jardins des environs de Paris.
- —®— Trois officiers de la section aérostatique de l’armée allemande viennent d’accomplir un exploit peu banal. Ils ont parcouru en ballon une distance de 680 kilomètres en six heures, c’est-à-dire près de 115 kilomètres à l’heure. Ces trois officiers : le lieutenant von Siegsfeld, le lieutenant von Ilarthausen et le lieutenant Ililde-brandt sont partis de Berlin à 10 heures du matin; un vent violent soufflait, mais le temps était très beau. A 1 heure de l’après-midi, le ballon passait au-dessus de Breslau, à 3 heures il franchissait la frontière autrichienne ; enfin, à 4 heures^l atterrissait sans encombre A Baguska, ville de la Galicie, située à 680 kilomètres à vol d’oiseau -de Berlin. En rendant compte de leurs impressions, les trois hardis aéronautes ont déclaré que le vent soufflait avec une telle force qu’ils avaient peine à s’entendre causer dans la nacelle.
- —®— La Direction du Ministère de la guerre vient de publier la statistique médicale de l’armée pour 1896. Des observations
- recueillies par les médecins militaires, il résulte que cette situation sanitaire de notre armée, pendant l’année 1896, a été bien meilleure (ju’au cours des deux années précédentes. Les effectifs qui ont servi ne base aux calculs de cet important document ont été de 508 825 présents, dont 17 961 officiers, 35 022 sous-officiers, 259 272 soldats ayant plus d’un an de service et 196 570 soldats ayant moins d’un an de service. La morbidité générale n’a été que de 573 pour 1000; elle était de 631 en 1895 et de 592 en 1894. Le chiffre total des décès s’est élevé à 2959 correspondant à une mortalité générale de 5,24 pour 1000, de beaucoup la plus basse qu’on ait observée dans l’armée. Les diminutions portent principalement sur la grippe, la fièvre typhoïde et les maladies aiguës de l’appareil pulmonaire. On a retraité ou réformé pour maladies, blessures et infirmités, 12 839 militaires; c’est un retour aux conditions normales par suite de la suppression dans le recrutement de la catégorie des jeunes soldats pris « bons avec infirmités ». Des 226 880 réservistes appelés en 1896 pour des périodes d’instruction, 25 sont morts sous les drapeaux et 2048 ont été réformés.
- —A l’occasion de la réunion des Sociétés savantes à Toulouse, la Société archéologique et la Société de géographie organisent une exposition de cadrans solaires, anciens et modernes. Elles demandent qu’on leur signale ces instruments, qui tendent à disparaître, et dont elles veulent dresser une liste aussi complète que possible. On est prié de fournir des dessins ou des photographies, ou tout au moins des descriptions. Indiquer avec soin la place du cadran sur l’édifice et le texte des inscriptions. Adresser les envois à l’une des Sociétés susnommées, hôtel d’Assezat, avant le 1er avril prochain.
- —D’après Popular Science Monthly, la population de l’Egypte serait d’environ 10 millions d’habitants dont 112 000 étrangers. Lelément étranger se compose surtout de Grecs (38 000), d’Italiens (24 000), d’Anglais (19 000) et de Français (14 000). Il n’y a guère que 5 p. 100 environ de la population qui sache lire et écrire, et près des deux tiers des habitants seraient sans profession ni occupation.
- —On s’occupe en ce moment à Paris de l’installation de deux nouveaux tramways électriques. L’un partirait du carrefour formé par les rues Notre-Dame-de-Lorette, des Martyrs, Lamartine et du Faubourg-Montmartre, pour aboutir au rond-point Ornano. La ligne serait souterraine depuis le terminus jusqu’au carrefour des rues du Mont-Cenis, Caulaincourt et Gustine. Le deuxième tramway serait installé du carrefour Châteaudun au boulevard Ornano.
- —®— La conservation des bois au moyen de l’électricité par le procédé Nodon Bretonneau semble réussir. Les bois sont placés dans un grand réservoir et immergés dans une solution contenant 10 p. 100 de borax, 5 de résine et 0,75 de carbonate de soude. La plaque de plomb sur laquelle ils reposent est reliée au pôle positif d’une dynamo dont le pôle négatif aboutit à une plaque similaire placée au-dessus du bois, de telle sorte que le circuit se complète à travers celui-ci. Sous l’influence dq courant électrique, la sève monte à la surface du bain, tandis que la solution aseptique de borax et de résine prend sa place dans les pores du bois. Cette partie du procédé prend de cinq à huit heures ; le bois est ensuite enlevé et séché soit artificiellement, soit naturellement. Dans le dernier cas, une exposition au soleil d’une quinzaine de jours en été donnerait les mômes garanties que l’emmagasinage habituel pendant cinq ans.
- —Diabète et responsabilité civile. Le tribunal de commerce de Marseille considère comme rigoureux ce fait qu’une commotion en chemin de fer peut déterminer un diabète permanent, pouvant entraîner la mort après un an de maladie. Aussi a-t-il condamné la Compagnie P.-L.-M. à paver une indemnité de 60 000 francs à. la veuve d’un employé ambulant de l’Administration des postes, reconnu atteint de diabète à la suite de cette commotion.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour la conservation du lait, il faut s’adresser à la Société Le lait, 4, passage Saulnier, à Paris. — La locomobile à pétrole se trouve chez MM. Tangyes, limited, Cornwall Works, Birmingham.
- Communications. — M. E. Ruty, à Paris, nous envoie le résultat de deux expériences d’optique, sur lesquelles il nous donne quelques détails : « L’une de ces expériences, nous dit-il, se rapporte à l’irisation de la vapeur d’eau traversée par un rayon de soleil, et l’autre à l’irisation produite par la vapeur d’eau projetée sur une surface savonnée. La première irisation de la vapeur d’eau traversée par un rayon de soleil est à l’encontre du phénomène de l’arc-en-ciel qu’on voit en tournant le dos au soleil; dans cette expérience la vapeur d’eau est interposée entre le soleil et le spectateur. Pour voir ce phénomène, il faut réaliser deux conditions :
- I * ne pas recevoir dans les yeux la lumière du soleil ; 2° représenter en silhouettes les volutes de vapeur sur un fond noir. Voici comment j’ai réalisé cette expérience. Au bas d’une boîte cylindrique en métal, j’ai appliqué plusieurs épaisseurs de toile que j’ai maintenues par un dernier morceau de toile plus grand que les autres, dont les bords rabattus sur la boîte ont été liés par une ficelle, puis j’ai trempé ce linge dans l’eau bouillante et pour conserver la chaleur j’ai versé dans la boîte de l’eau bouillante également jusqu’à la moitié environ. Puis interposant la boîte entre mon œil et le soleil, j’ai vu relever tout le long de la paroi de la boîte des flammes multicolores, toutes les couleurs du prisme s’y rencontrent depuis le rouge jusqu’au violet. Comme j’ai dit plus haut, pour que le phénomène soit dans toute sa beauté, il faut que ces vapeurs donnent des silhouettes sur un fond noir. Pour obtenir les irisations sur une surface savonnée, voici comme on s’y prend : sur une glace noire ou recouverte à l’envers d’une couche de noir, on passe un peu d’eau de savon soit avec un chiffon ou un pinceau; ensuite, avec un chiffon doux, on essuie la glace jusqu’à ce qu’elle ait repris son poli. La glace est prête ; alors on prend un tube (qu’on peut faire .avec un papier roulé), puis, au moyen de ce tube, on souffle sur la glace ; la vapeur d’eau contenue dans l’haleine suffit pour produire des irisations de formes remarquables ». Ces expériences sont connues des physiciens.
- M. Ed. Renaud, à Lyon, nous a envoyé, à la date du <i mars, la lettre suivante : « Je lis dans les journaux de ce matin le récit de l’explosion de Toulon. Je viens vous signaler à ce sujet une coïncidence tout au moins curieuse. Vers 2h 50 du matin, dans la nuit de samedi 4 mars à dimanche 5 mars, je fus réveillé en sursaut par une détonation sourde. Je pensai qu’il s’agissait d’un coup de tonnerre lointain, la journée qui précédait ayant été exceptionnellement douce. Par suite du bruit et de l’ébranlement produits, je crus plutôt à l’écroulement d’une maison ou un tremblement de terre, le phénomène correspondant très exactement à un coup de mine ou à l’explosion d’une fougasse. Aucun événement de ce genre ne s’étant produit dans la région, il serait, je pense, intéressant de rechercher les observations auxquelles a pu donner lieu la catastrophe de Toulon, pour savoir si, dans un rayon de 500 kilomètres — notre distance à vol d’oiseau d’ici Toulon — on a pu en avoir la trace. J’ai entendu facilement, pendant la guerre de 1870, le canon à 40 kilomètres. A Vouziers (Ardennes), on est, des matinées entières, quelquefois incommodé par les écoles à feu du camp de Chàlon (15 lieues). Il me paraît donc intéressant de vous signaler le fait qui, d’après de très grandes probabilités, se rattache à l’explosion de Toulon. »
- l/m', de Thiersant, à Nice, au sujet de l’explosion de Toulon, nous écrit la lettre suivante : « Je viens vous rendre compte d’un fait assez curieux : l’explosion de Toulon a fait dégringoler la frise extérieure de ma fenêtre et une de nos amies a failli être tuée par la chute de faux carreaux qui se sont détachés tout à coup avec le cadre et qui sont venus tomber avec fracas sur sa table. C’est une fenêtre dont le
- haut ne s’ouvre pas. Dans la chambre de ma fille une fenêtre condamnée par du papier collé s’est ouverte tout à coup. »
- M. Enrique Legrand, à Montévidéo, nous envoie une brochure sur les prismes réitéroteurs appliqués au sextant, C’est un mémoire qui a été présenté au premier congrès scientifique latino-américain de Buenos-Aires, en 1898.
- M. G. Duclou, à Bordeaux, nous a fait parvenir deux brochures très intéressantes dont il est l’auteur et qui ont pour titres : Prévision de la qualité des vins, moyenne proportionnelle des deux années 1895-1898; Perturbations dan a la végétation de la vigne produites par l'épamphrement ou écimage tardif en Gironde, ainsi qu’une troisième Notice publiée par la Société d’agriculture de la Gironde et contenant le Rapport sur le travail de G. Duclou : De l'influence de l'écimage sur l'épuisement du sol, par M. J.-C. de Beyssac.
- M. H. Bollinckx, à Bruxelles, à propos de notre article sur le Pointeur enregistreur automatique, paru dans le n° 1345 du 4 mars 1899, p. âl 5, nous écrit que dans ses ateliers le Dey lime register donne d’excellents résultats, parce qu’il met les heures en face du numéro de l’ouvrier.
- . Renseignements. — M. E. Braesco, à Jassy. — Nous avons donné plusieurs formules de mastics pour fixer le verre sur le fer dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, lr' série, à la librairie Masson et Cie, à Paris.
- M. D. V., à Vanves. — 1° Ceci exigerait un service important que nous ne pouvons entreprendre. —2° Tous nos remerciements; mais nous avons déjà un très grand nombre d’articles sur ces sujets. ,
- Mm° Dufour, à Saint-Tropez. — L’appareil que vous mentionnez, le Bruncor, 17, rue de Rivoli, à Paris, sera décrit prochainèment dans le Journal.
- M. G. Chasteauneuf, à Paris. — Nous ne savons de quel système de diffusion vous voulez parler.
- M. Prier, à Mantes. — Nous avons indiqué un grand nombre de colles diverses dans les cinq séries des petits livres des Recettes et Procédés utiles, parus à la librairie Masson et Cie. Vous pourriez essayer aussi la sccchotine.
- M. F. A., à la Vilïe-Savary. — 1° Fournitures diverses : MM, Béraud ctCie, 13, rue des Fontainês-du-Temple; M. D. Ja-. niaud, 73, rue de Cléry ; M. Gidoin, 22r rue des Petits-Champs, à Paris. — 2° Adressez-vous à M. Cabasson, 29, rue Joubert ; à MM. Forlin et Cio ou à M. Morin, 5, rue Roursault, à Paris.
- M. II. Clarté, à Lutzel-Hauzen. — Nous n’avons pas de procédé spécial à vous faire connaître; mais vous pourriez demander un renseignement au Comptoir général de Photographie, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- M. R. E., à Lyon. — Pour des lampes à alcool, vous pouvez : vous adresser à M. lloirre, 8, rue Yaucouleurs ; à M. Ditmar, 52, rue de la Chaussée-d’Antin, ou à M. Ferrary, 51, boulevard Ilaussmann, à Paris. • >
- M. G. G., à B. C. V. — Nous ne pouvons vous indiquer d’autre adresse pour le moment.
- L'abonné 4002. — Pour empêcher l’eau de geler dans des canalisations, vous pouvez' employer la glycérine. Avec une proportion de 5 à 4 pour 100, vous évitez la’gelée; avec 20 pour 100, vous pouvez lutter contre un froid de — 9°.
- Un abonné, à X. — A la suite de votre demande et de la lettre que vous nous avez transmise de M. Cardot, nous avons fait plusieurs démarches pour trouver le fabricant de la bicyclette à roues de derrière jumelles. Il nous a été assuré que cette bicyclette avait été exposée au dernier Salon du Cycle par M. Cardot, 377, rue des Pyrénées, à Paris; et nous n’avons pu avoir d’autres renseignements.
- M. G. Duclou, à Bordeaux. — 1° Remerciements pour vos Notices que nous annonçons plus haut. — 2° Le phonographe en question se trouve chez MM. Pathé, 98, rue de Richelieu, à Paris.
- Un lecteur, à Saint-Etienne. — Il n’y a pas eu de nouveaux accumulateurs depuis quelque temps déjà ; les données sont les mêmes.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. A. D., à Mons. Nous ne pouvons vous donner cette formule. — M. Dumont, à Blois. Il serait préférable de construire cet appareil et de l'expérimenter.
- — M. Girard, à Toulouse. Nous ne croyons pas que cette Notice ait déjà été publiée. — M. G. F., à X.; M. P. D., à Paris. Voyez les Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et C,e.
- — M. Dupont, à Paris. Celte description est donnée dans le même petit livre que ci-dessus, 2e série, à la même librairie. — M. G. P., à Versailles. Nous ne pouvons vous donner ce renseignemen’ ; tous nos regrets. — M.Leblois, à Orléans. Remerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes Us communications. — Il n'est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précédé la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INVENTIONS1
- Appareil à badigeonner les vignes. — Le badigeonnage des vignes a été pratiqué depuis longtemps pour combattre notamment l’anthracnose. Un grand nombre de maladies de la vigne peuvent être combattues aussi par l’emploi d’un badigeonnage d’eau acidulée au dixième d’acide sulfurique. Mais l’application du remède était jusqu’ici longue et difficile, il fallait tremper un pinceau dans un seau, l’eau s’égouttait, on en perdait une partie, et les vêtements étaient brûlés par la dissolution. Un de nos abonnés, M. Albert Magen, a imaginé un appareil qui permet de remédier à ces inconvénients. L’appareil, comme le montre la figure ci-jointe, se compose d’une hotte en cuivre A plombé avec vernis antiacide à l’intérieur. Du bas de la hotte a part un tube de caoutchouc /. qui aboutit au milieu des poils d’un pinceau /.
- Appareil à eau acidulée sulfurique pour le badigeonnage de la vigne. A, réservoir. — B, pinceau. — (1, coupe intérieure du réservoir.
- 1), bouchon-étanche.
- Sur le tube porté en B, se trouve un robinet / en ébonite qui permet de regler l’écoulement du liquide. Grâce à cette disposition, le pinceau est continuellement humecté sans qu’on ait besoin de plonger à chaque reprise le pinceau dans un vase. La hotte est concave à la partie supérieure pour former entonnoir. La figure G nous donne une coupe intérieure du réservoir. En a se trouve la tubulure d’écoulement, en b, b' est le tube de rentrée d’air. Au centre en d et d! est placé le bouchon-étanche D qui ferme hermétiquement. On voit en c l’anneau à vis du bouchon, en e la coupe du couvercle, en f la jcoupe de l’anneau de caoutchouc, en g la coupe du fond du tbouchon. Nous trouvons encore dans l’appareil un bouchon h pie vidange à vis et une toile métallique i. L’entrée de l’air ;qui permet l’écoulement du liquide se fait par le tube b' qui descend jusqu’au bas du réservoir. Le vase une fois fermé peut être retourné et renversé, sans qu’il s’échappe une goutte «le liquide. — L’appareil de M. Albert Magen est fabriqué par MM. Besnard père et fils, 28, rue Geoffroy-L’Asnier, à Paris.
- PHOTOGRAPHIE
- Décollement des épreuves émaillées.
- Lorsqu’on emploie le papier aritotype, on le place généralement en le faisant sécher sur un verre bien nettoyé ou sur une tôle vernie. Bien n’est plus simple ; mais il arrive parfois que, lorsque l’épreuve est sèche, on ne peut la décoller du support sans l’arracher. Ceci ne se présente pas si l’on a eu soin de laisser d’abord sécher l’épreuve à l’air libre au sortir du dernier bain de lavage. On la mouille ensuite en la faisant tremper quelques minutes dans l’eau pure avant de la placer sur le support glaceur. Enfin il y a un moyen de sauver son épreuve lorsque la précaution que nous venons d’indiquer n’a pas été prise, c’est de ne pas insister dès qu’on s’aperçoit qu’il y a adhérence et de mouiller le papier avec du formol du commerce étendu de 5 ou 4 volumes d eau. On laisse de nouveau sécher et on peut ensuite décoller très facilement l’épreuve.
- * La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Effet de clair de lune.
- Pour obtenir un effet de ce genre, on colore un positif sur verre ordinaire en le plongeant dans la solution suivante :
- Eau.......... . . .................... 20 gr.
- Sulfate de fer. ...... . 5 —
- Acide citrique........................3 —
- Alun.................................. I —
- On le retire de temps en temps pour surveiller la coloration qui vire au bleu foncé.
- Enlèvement des taches de pyro.
- Le développement à l’acide pyrogallique, qui est toujours l’un des meilleurs, a l’inconvénient de tacher les doigls, à moins qu’on ne prenne de grandes précautions. Mais on peut facilement enlever ces taches en les frottant légèrement avec du persulfate d'ammoniaque en poudre légèrement humide et en lavant ensuite à l’eau.
- Renforçateur en un seul bain.
- On fait trois solutions :
- I. — Eau....................... 250 gr..
- Bichlorure de mercure 12 —
- II. — Eau................................. 230 —
- lodure de potassium. . 18 —
- (11. — Eau................................ 250 —
- llyposultite............... 24 —
- On verse la solution 1 dans la solution 11, et on obtienMme solution rouge qu’on verse dans la solution III. On obtient alors un liquide incolore dans lequel on plonge le cliché à renforcer, jusqu’à ce qu’il ait atteint l’intensité qu’on désire.
- BIBLIOGRAPHIE
- Annuaire Earjas pour les inventeurs, 1809. 2 vol. in-8% cartonnés avec nombreuses gravures. Rédaction et Administration, 4, rue de la Chaussée-d’Antin, Paris.
- Cet annuaire est envoyé par les soins du ministère des Affaires étrangères aux postes diplomatiques et consulaires. Le premier volume est tout entier consacré à la législation et à la jurisprudence. Brevets d’invention dans tous les pays du monde, marqués de fabrique, protection, droit international. Le second 'volume est une revue générale des conventions et un livre d’or des inventeurs. Toutes les découvertes de l’année y sont décrites sommairement dans tous les domaines de la science, avec planches explicatives. Nous lisons, dans cet Annuaire, ces lignes qui nous concernent : « La Nature est le plus important journal de vulgarisation publié en France. Les journaux élrangers reproduisent tous les magnifiques dessins de cette publication et citent ses articles. Quand une invention est terminée, il est de l’intérêt de tous les inventeurs d’obtenir un article dans La Nature. Cet article est gratuit et peut avoir une importance considérable pour l’inventeur, etc. » L’Annuaire Farjas est encore tout jeune puisqu’il en est à sa deuxième année de publication. Nous lui souhaitons longue vie. Il rendra des services.
- Manuel du bachelier constructeur. Première partie : Résistance des matériaux, par IL N. Badvaiwian, ingénieur civil. 1 vol. in-8°. Vre Ch. Dunod, éditeur, 1899. Prix : 3 francs.
- Fondation R. Rischoffsheim. Annales de l’observatoire de Nice, publiées sous les auspices du Bureau des Longitudes par M. Perrotix, correspondant de l’Institut et du Bureau des Longitudes, directeur. Tome I, grand in-4°. Gauthicr-Villars, éditeur, 1899.
- Applications de la photographie aux arts industriels, par G. H. Niewenglowski. 1 vol. petit in-8° de l’Eneyclopédie Léauté. Gauthier-Villars, éditeur. Prix, broché : 2r,,50; cartonné : 3 francs. 1899.
- Pour devenir médecin, parle Dr Miami. 1 vol. in-10. Paris. Librairie Schleicher, éditeur. Prix : 1 franc.
- Manipulations de chimie. Métalloïdes, par M. A. Meumkt, professeur agrégé au Lycée Charlemagne. 28 édition avec une préface de M. Cu. Friedel, membre de l’Institut. 1 vol, in-l(». Paris, Paul Dupont, éditeur. 1899.
- Exercices de cristallographie, par A. Chevallier, préparateur de minéralogie. 1 vol. in-16 avec une préface de M. .1. Thoulet, VTe Ch. Dunod,'éditeur. Paris. 1898. Prix : 4fr,50.
- Cours de mécanique appliquée aux machines, par J. Boulvix, ingénieur des constructions maritimes de l’Etat belge. 8° fascicule. Appareils de levage. Transmission du travail à distance. 1 vol. in-8°. Paris. E. Bernard et Cic. 1899. Prix : 7rr,50.
- L’audition et ses organes, par le Dr Celle. 1 vol. in-8° de la Bibliothèque scientifique internationale. Paris. Félix Alcan, éditeur. Prix : 5 francs.
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- <u NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Le tannate d'orexine.
- 11 n’est "pas Vie médecin qui ne puisse certifier combien il est difficile de porter remède à l’anorexie et combien, dans une foule de cas, les médicaments usuels nous laissent désarmés à ce point de vue. Cependant un produit nouveau serait supérieur à tous les autres pour exciter les fonctions de l’estomac. C’est une base fabriquée synthétiquement à l’aide des dérivés du goudron de houille, l’orexine, que Pcnzoldt a introduite dans la thérapeutique, d’abord sous forme de chlorhydrate, puis à l’état de base et enfin sous forme de tannate. s* Le tannate d’orexine est une poudre d’un blanc jaunâtre, à peu près sans saveur et sans odeur, insoluble dans l’eau, mais facilement soluble dans les acides étendus. 11 excite la sécrétion
- gastrique et la motilité de l’estomac et abrège la digestion.
- M. J. Bodenstein vient de publier un certain nombre d’observations montrant que chez les enfants le tannate d’orexine donne les meilleurs résultats dans l’anorexie de la chlorose ét de la convalescence des maladies infectieuses (diphtérie, etc.). On peut, suivant l’âge, leur faire prendre, par jour, deux doses de 0<r,25 à 0‘r,50 incorporées dans des tanlettes de chocolat.
- Chez les adultes, c’est surtout contre l'anorexie des tuberculeux que M. Bodenstein préconise le tannate d’orexine. Il en a également retiré de bons effets contre les vomissements des femmes enceintes et aussi contre les vomissements urémiques.
- En résumé, toutes les fois qu’il y a lieu de stimuler les fonctions de l’estomac, le tannate d’orexine trouverait ses indications; ses insuccès seraient rares et ses inconvénients nuis {Wien. med. Presse, n°26).
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLCIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 6 mars. . . . - 5*,1 F.. 2. Beau. 0.0 Beau jusqu’à 22 h., nuageux ensuite; halo.
- Mardi 7 3*,0 S. 2. Couvert. 2,7 Très nuageux à 1 h. ; couvert ensuite; pluie de 4 à 8 h. ; gel. blanche. Couvert jusqu’à 18 h. ; très nuageux ensuite ; pluie à diverses reprises.
- Mercredi 8 . . . . . 5*,0 N. 2. Couvert. 0,2
- Jeudi 9 5* ,3 S. 3. Couvert. 5,0 Couvert le matin; très nuag. le soir; pluie de 4 h. 1/2 à 9 h. et de 12 h. à 12 h. 45 ; halo ; gelée blanche.
- Vendredi 10 — 0*,6 N. 0. Beau. 1,2 Peu nuageux; brouillard jusqu’à 7 h. de 100 m. ; atm. cl. à 16 h.
- Samedi 11 — 0*,8 N. N. AV. 1. Beau. 0,0 Beau; brouillard de 800 m. à 7 h.; brumeux ensuite.
- Dimanche 12 ... . 1*,6 N. N. AV. 3. Couvert. 0,0 Presque couvprt; brouill. jusqu’à 10 h. ; atm. cl. à 16 h.; gelée blanche.
- MARS 1899 --- SEMAINE DU LUNDI 6 AU DIMANCHE 12 MARS.
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi j Vendredi | Samedi | Dimanche |
- I.n courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10 ; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE METEOROLOGIQUE
- Tremblements de terre. — Dans la nuit du A au 5 mars, vers 2h30, une secousse unique de tremblement de terre s'est fait sentir à Darcelonnette, suivie, 10 minutes après, d'un roulement souterrain assez fort. Aucun dégât n’a été signalé.
- Une secousse de tremblement de terre a été aussi ressentie au Japon, le (i mars. Les localités éprouvées par le tremblement de terre de 1891 ont de nouveau souffert. On a signalé de grands dégâts et de nombreuses victimes.
- Orages et tempêtes. — Une série d'orages et de tempête? se sont abattus les 6, 7 et 8 mars sur l'ouest de l’Europe. On a signalé des pluies et des neiges dans le nord et le centre de l’Europe; en France, le 6 mars, on a recueilli seulement 2 millimètres d’eau au pic du Midi. La température^ s’est fortement abaissée; elle était, le 6 mars dans la matinée, de
- — 25° à Uléaborg, — 16° à Moscou, — 5° à Paris, -t- 15° à Alger. On notait :
- — 10 au mont Aigoual, — 7° au Puy de Dôme, — 4° au mont Mounier et ;'i Briançon. Le 7 mars, les fortes pressions du centre de l’Europe se sont éloignées, vers le sud-est (Ilermannstadt, 772 mm.), tandis que les faibles pressions se sont étendues vers la mer du Nord et l’Espagne. Un minimum a eu lieu à l’ouest de l’Ecosse (Stornoway, 745 mm.); un second moins important est survenu au sud-ouest du Portugal (Lisbonne, 755 mm.)
- Une bourrasque est arrivée le 8. mars an nord de l’Ecosse avec des pluies inférieures à 10 millimètres. Il y a eu également une tempête sur les côtes du Portugal avec pluies générales sur la péninsule Ibérique et le nord de l’Afrique. La mer a été très houleuse sur les côtes du Portugal. La température a monté à l'ouest de l’Europe reculant la vague froide à l’ed. Une nouvelle bourrasque s’est avancée, le 9 mars, sur les côtes de l’Ecosse et de l’Irlande avec des pluies inférieures à 10 millimètres, et les lignes d’iu-vasion ont été très faibles à l’ouest delà France, à cause des grands centres d’action atmosphérique qui ont envahi la péninsule Ibérique. Sur cette dernière, une nouvelle tempête s’est abattue avec t'iuies de 10 millimètres dans cette région et le nord de l’Afrique. La mer a été houleuse sur les côtes du Portugal, sur les côtes espagnoles de la Méditerranée et sur le golfe du Lion.
- La neige. — Le 9 mars, la neige est tombée en abondance à Gap. Un temps affreux a régné dans les montagnes des Cévennes. Pendant deux jours, la neige est tombée sans discontinuer, recouvrant le sol d’une épaisse couche. Toutes les communications ont été interrompues. De divers côtés on a signalé de nombreux accidents du fait des neiges qui encombraient les routes. A Briançon, une véritable tempête a sévi sur la région. La neige, qui ne cessait de tomber, était balayée par un vent froid et impétueux qui soufflait en rafale. La neige est également tombée en quantité dans les environs montagneux de Prades.
- PHASES DE LA LUNE : N. L. le 11 à 8 h. 2 du soir.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —La session des Sociétés savantes qui avait lieu habituellement à Paris pendant la semaine de Pâques se tiendra en province pour la première fois en 1899. La mesure est due à M. Ram-baud dans un but de décentralisation. Cette année les Sociétés savantes se réuniront à Toulouse le 4 avril. On a beaucoup discuté sur l’opportunité de la nouvelle mesure. Les savants des Universités françaises profitaient de la session de Pâques pour venir à Paris. Cette occasion leur manquera. D’ailleurs l’Association pour l’avancement des sciences tient ses assises en province. Deux Congrès par an dans les départements, n’est-ce pas trop? Les avis sont partagés. Le mieux est d’attendre pour se prononcer pour ou contre que l’espëriene'1 ait prononcé.
- 'f—®— M. Filhol, de l’Académie des sciences, vient d’être élu membre associé de l’Académie de médecine.
- —®— Le Bureau des longitudes a été ainsi constitué cette année par arrêté ministériel : Président, M. Henri Poincaré, membre de l’Académie des sciences et professeur de mécanique céleste à la Sorbonne; Vice-président, M. Faye, membre de l’Académie des sciences; Secrétaire, SI. Lippmann, membre de l’Académie des sciences, professeur de physique expérimentale à la Sorbonne.
- IJ—®— La réfection de l’artillerie française est depuis quelques jours un fait accompli. Le total des pièces de nouveaux modèles qui viennent d’être fabriquées dans le délai fixé par la loj du 29 juin 1894 va permettre de changer l’armement de : 4° 105 batteries à pied, réparties entre 18 bataillons de forteresse ; 2° 430 batteries montées, 14 batteries de montagne et 52 batteries à cheval, formant en tout 40 régiments; 3° Enfin, 19 batteries détachées hors de France, et notamment en Algérie (7 à pied et 12 montées), comptant pour ordre à la 19e brigade d'artillerie, en garnison à Yincennes. Sur les 430 batteries montées, 590 auront le canon de campagne ordinaire et 40 recevront la pièce dite « de 120 court », dont les puissants effets ont si vivement frappé les officiers compétents à de récentes manœuvres.
- —®— M. l’abbé Thédenat a fait à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, une communication sur les fouilles récemment entreprises au Forum romain. Il a montré, à l’aide de dessins exécutés par M. l’abbé Dufresne, et de photographies, les restaurations que Ton a tentées. On a restitué, en remettant en place et en valeur des fragments dispersés, un petit édicule situé près de la porte d’entrée de la maison des Vestales. Les débris des colonnes gisant au pied des bases qui bordent la voie Sacrée, en face de la basilique Julia, ont été redressés sur deux de ces bases. Ces restaurations sont faites avec beaucoup de discrétion et ne peuvent qu’être approuvées par les archéologues. M. Thédenat a entretenu ensuite l’Académie du résultat des fouilles faites à trois endroits. Au temple <le Vesta, à 2 mètres de profondeur, on a trouvé un sol -antique, des substructions et une fosse dont il est difficile de déterminer l'usage; au temple de César, on a trouvé un soubassement, sous la façade, d’une base d’un peu moins de 1 mètre : c’est l’autel de César. Derrière cet autel ouvrait une porte communiquant avec le sous-sol du temple. A un endroit situé en face de l’arche de droite de l’arc de Sévere, quand on regarde le Capitole, On a trouve un espace rectangulaire d’environ 2 mètres de côté, pavé en noir, où l’on a cru à tort reconnaître le tombeau de Ilomulus.
- -®— M. C.-E. Bessey raconte dans Science qu’il a rencontré, au cours d’une ascension dans le Colorado, des arbres fort petits qui poussaient dans la fente des rochers. Parmi ceux-ci, il y en eut un qui le frappa davantage, et il se demanda quel âge il pouvait bien avoir. C’était un P in ut albicaulix, dont les dimensions étaient effectivement très exiguës : il avait 13 centimètres de hauteur et 5 milli-
- mètres de diamètre. Il ne portait point de branches, et sa tige se terminait par une unique et assez maigre toulfe de feuilles. Cet arbre fut coupé, et M. Bessey fit le compte de son âge, en comptant le nombre des anneaux annuels. Il en trouva vingt-cinq. Cet arbre microscopique avait donc vingt-cinq ans d’existence, et, comme le dit M. Bessey, il est douteux qu’on puisse trouver des exemples plus extrêmes de nanisation naturelle. Si quelqu’un de nos lecteurs en connaît, nous l’enregistrerons avec plaisir.
- —®— Époux appréciés. On sait qu’en Afrique, d’une façon générale, les hommes laissent aux femmes les travaux les plus pénibles, notamment ceux de la culture. Or, il résulte d’une étude ethnographique, publiée sur les indigènes de l’Afrique orientale allemande par le Dr F. Von Luschau, que, dans la tribu des Wata-turu, les mœurs sont absolument inverses : ce sont les hommes, fort industrieux d’ailleurs, qui font tous ces travaux. La conséquence est fort bizarre : ils sont naturellement très appréciés par les jeunes filles à marier des tribus voisines,-et comme ils ont coutume de suivre leurs épouses dans la tribu de celles-ci, il en résulte que leur propre tribu diminue rapidement.
- —9*— Essai de bois ininflammable. Dans la construction du cuirassé Herluf-Trolle, on s’efforce de réduire autant que possible l’emploi du bois. On n’a pu cependant le supprimer tout à fait, mais le bois employé pour les cloisons, les meubles, etc., sera du bois ininflammable qui a été acheté à la Electric Fireproofing Company, de New-York. On a fait dernièrement, dans l’arsenal maritime, un essai intéressant de cette matière. Deux caisses semblables avaient été construites, l’une en bois ininflammable et l’autre en bois de pin. Chacune de ces caisses a reçu 10 kilogrammes de copeaux de chêne et 1 kilogramme de copeaux de bois résineux auxquels on a mis le feu. Tandis que la caisse en pin a été complètement consumée, celle construite en bois ininflammable n’a été carbonisée qu’à la surface et, après que les copeaux qu’elles contenaient ont été réduits en cendre, on a trouvé que l’intérieur avait été à peine touché par le feu.
- —®— La revue Paper and Palf, de Londres, annonce que dans les fouilles de Pompéi il a été trouvé des souliers faits en papiers ; ils seraient légers et imperméables. D’autre part, le journal la Papeterie signale, comme offrant de grands avantages, un fer à cheval en papier, qui a un grand succès à Berlin. Fait de papier comprimé, il est fixé au sabot du cheval avec de la glu, et est, dit-on, durable et très léger. On fait en Amérique, depuis quelque temps déjà, également des bicyclettes en papier qui sont aussi solides que n’importe quelles autres machines. La pâte de papier pour faire les tubes est pareille à celle employée pour les roues de wagon
- —®— On nous écrit de Stockholm qu’à la suite de démarches faites par le professeur Nordenskjœld, le roi a remis 1500 couronnes à M. F.-R. Martin, pour aller en Sibérie à la recherche d’Andrée. M. Martin est déjà parti pour remplir sa mission.
- -®— La section d’ornithologie-aviculture de la Société nationale d’acclimatation de France organise pour les samedis 25 et dimanche 26 mars une exposition internationale d’oiseaux de cage exotiques. Cette exposition doit avoir lieu dans la grande salle du rez-de-chaussée, au siège de la Société, 41, rue de Lille. L’exposition sera soumise à l’examen d’un jury présidé par M. Oustalet, du Muséum d’histoire naturelle.
- —®— Pour que la ventilation d'un tunnel puisse être considérée comme satisfaisante, il faut que la proportion d’acide carbonique n’v dépasse jamais 1 /500e. Dans les habitations, cette proportion ne doit pas dépasser 1/1000°. C’est à partir de quelques centièmes que le séjour dans une atmosphère contenant de l’acide carbonique devient dangereux.
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- ~ NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Les renseignements pour les Générateurs Turgan peuvent être demandés à M. Turgan, 20, rue Saint-Pétersbourg, Paris. — Pour tout ce qui concerne le répartiteur angulaire s’adresser à M. Guillerminet, 53, rue des Francs-Bourgeois, à Paris.
- Communications. — M. J. J. Lemoine, à Bruxelles-Etterbeck, nous adresse la lettre suivante : « Le récent accident de chemin de fer de Forest (28 morts, 40 blessés) a démontré l’insuffisance des signaux, en temps de brouillard surtout. Le Petit Bleu de Bruxelles a fait connaître, à cette
- occasion, un contrôleur de signaux de mon invention (je le pense..) J’ai l’honneur de vous en envoyer la description. A l’axe du disque-signal on ajoute une tige qui, allant jusqu’au milieu de la voie, fait lever un crochet quand le signal se ferme et l’abaisse quand la voie est libre. Le devant de la locomotive est pourvu d’une chaînette horizontale placée de telle sorte qu’elle rencontre le crochet du signal et s’y brise si ce crochet est levé, — c’est-à-dire si le signal est fermé. Or, en se brisant, la chaînette, grâce à un ressort ou un contrepoids, fait fonctionner le sifflet d’alarme, qui résonne éperdument, tant que le machiniste n’a point arrêté sa locomotive pour remplacer la chaînette brisée. Le machiniste est donc averti, malgré lui, de la faute commise, et doit observer forcément le signal. Ce système offre l’avantage de maintenir dans leur signification et leur fonctionnement les signaux actuellement en usage, d’y employer le même personnel et de fournir un contrôle continuel de la vigilance des agents. En dehors du nombre réglementaire de chaînes de rechange confiées aux machinistes, ce qui permet de contrôler le bris de toute chaînette, le crochet du signal porte une couche de plomb sur lequel la chaînette brisée laisse une empreinte. La culpabilité de l’aiguilleur est donc démontrée chaque fois qu’un tram ayant dépassé un endroit « fermé », le crochet est resté intact. Enfin, le crochet fonctionnant à chaque manœuvre du signal, il est toujours facile de voir s'il est en bon état. »
- M. le Dr Adrien Sechehaye, ancien interne à l’hôpital cantonal de Genève, nous adresse une Etude sur la localisation des corps étrangers au moyen des rayons Rôntgen contenant l'exposé d’une méthode nouvelle. Cette brochure a été publiée à la librairie Georg et Cie, à Bâle, Genève et à Lyon.
- M. A. L. Clément, à Paris, nous adresse une brochure contenant les détails de la sixième assemblée générale annuelle de la Société zoologique de France. Cette assemblée a été tenue à Paris du 21 au 24 février 1899 sous la présidence d’honneur de M. le Dr Victor Fatio, de Genève et sous la présidence de M. Charles Janet, président de la Société. La brochure renferme le portrait de M. le D‘ V. Fatio, le portrait de M. le Dr L. Roule, professeur à l’Université de Toulouse, et plusieurs dessins intéressants dus à la plume de notre éminent dessinateur M. A. L. Clément, entre autres les vertébrés de la Suisse et les larves marines.
- M. C. C., à Poitiers, à propos des lampes à pétrole dont il a été question dans nos précédentes Boîtes aux lettres, nous donne quelques renseignements sur la lampe à pétrole Bijou, à double courant d’air; cette lampe est composée d’un réci-
- pient supérieur monté sur un pied qui s’allonge en disparaissant ou en sortant d’un récipient, comme un trombone. Cette lampe, nous dit notre correspondant, commence à être assez répandue, elle est en cuivre nickelé et poli. Lorsqu’elle est au repos (sans être allumée) le récipient se recouvre d’une buée mate de pétrole, ce qui semblerait expliquer la condensation. La colonne et le pied se recouvrent egalement de la même buée, il ne semble donc pas que pour ses organes on puisse invoquer la capillarité du métal, puisque sur leur face intérieure le pied et fa colonne sont en contact avec l’air ambiant, au lieu de l’être avec le liquide comme l’est le récipient. Mais voici le fait le plus bizarre : pour introduire le pétrole dans la lampe, le récipient est muni d’une ouverture tubulaire placée à la partie supérieure et fermée par un bouchon métallique à vis ; lorsque la lampe est en fonction, il se forme sur le bouchon une forte goutte de liquide. Pourquoi cette goutte sur une surface presque horizontale? La lampe, avant d’être allumée, a été bien essuyée dans toutes ses parties. Pourquoi cette forte goutte sur ce point seulement?
- Renseignements. — M. P. B., à X. — 1° et 2° Cet objectif est très bon ; mais nous ne pouvons répondre à votre demande. — 2° 11 nous est impossible d’établir de comparaison entre ces divers appareils.
- M. E. D., à Versailles. — 1° Tous ces appareils photographiques ont chacun leurs avantages ; c’est à vous de faire un choix. — 2° Cet objectif a donné d’excellents résultats.
- M. E. Fiori, à Padoue. — La composition exacte de ces rouleaux n’est pas connue.
- M. P. Florensky, à Tifïis. — Nous avons bien reçu votre intéressante communication sur le magnétisme ; mais elle est trop spéciale, nous ne pouvons l’insérer.
- M. E. M., à Odessa. — Le microphonographe de M. Dussaud a été décrit dans le n° 1236, du 6 février 1897, p. 145; il est construit par la Société industrielle des téléphones, 25, rue du Quatre-Septembre, à Paris.
- M. A. Guynemer, à Paris. — Il est absolument impossible d’utiliser cette chute d’eau; le débit est de beaucoup trop faible.
- Un abonné, à Caluire. — Machines à glace : M. Schaller, 332, rue Saint-Honoré; appareils Carré chez M. Lévy, 61 bis, boulevard Saint-Germain, à Paris.
- M. G. Cambefort,* à Monsigne. — 1° Un ouvrage sur les odeurs des parfums, dû à M. Piesse, a paru à la librairie Baillière, 19, rue Hautefeuille, à Paris. — 2° Il faudrait consulter un chimiste-médecin. — 3° L’appareil n’est pas encore dans le commerce.
- M. Mariano M., à Séville. — Ces armes ont été construites en Allemagne; nous n’avons pas d’adresse spéciale.
- Un abonné, à lvrv. — Pour pouvoir vous répondre, il faudrait connaître de quels procédés vous voulez parler.
- Un abonné, en Roumanie. — 1° Adressez-vous à l’Automobile-Club de France, place de la Concorde, à Paris. — 2° Le service de fiacres automobiles électriques n’a pas encore commencé à Paris. i <
- M. A. Dorgebray, à Barcelone. -— Nous ne pouvons vous indiquer d’ouvrage sur cette fabrication.
- M. J. Gillot, à Paris. — Nous ne connaissons pas de réactif spécial; il faudrait consulter un chimiste.
- M. Miguel Juarez Celman, à Buenos-Aires. — Tous les renseignements que vous demandez ne pourraient vous être donnés qu’à la suite d’expériences que nous ne pouvons entreprendre.
- M. H. Teissier, à Saint-Germain. — Il n'y a pas d’ouvrage spécial sur le formol; mais plusieurs Notes ont été-présentées à l’Académie des sciences. Nous avons publié un article sur la vapeur d’aldéhyde formique, n° 1245 du 10 avril 1897, p. 299.
- M. R. C., à Paris. — Nous ne pouvons vous indiquer les dispositions qui ont été prises pour ces applications.
- M. U. C., à Beaucout. — Selliers : MM. Julien Pinçon et Cie, 54, boulevard Magenta; M. Lherminierfils, 152, rue du Temple, à Paris,
- M. Orner de Bast, à Liège. •— Nous ne savons s’il existe une machine spéciale; mais la maison Honoré frères, 203, rue Ordener, à Paris, effectue le nettoyage des tapis par l’air comprimé.
- M. A. M., à Nantes. — fl nous est impossible de vous donner ici tous les renseignements pour la construction de cet électro-aimant ; consultez le Formulaire pratique de l'électricien, de M. E. Hospitalier, à la librairie Masson et Cu.
- (Voir la suite de la Boite aux lettres page 3‘ des Nouvelles scientifiques.)
- Dans la t Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants gui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Iln est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précédé la date delà livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- BOITE AUX LETTRES (Suite)
- M. E. E., à Versailles. — l°Les valeurs sont très variables; nous ne pouvons vous donner aucun chiffre. — 2° Le rendement industriel d’une dynamo de faible puissance est en moyenne de 80 à 85 pour 100.
- M. Q. F. N. Basle, à Aveiro. — 1° Vernis divers : MM. Bernard frères, 148, faubourg Saint-Denis; MM. Bolloré-Sœhnée, 19, rue des Filles-du-Calvaire; MM. Levasseur et Cie, 22, boulevard des Filles-du-Calvaire, à Paris. — 2° Couleurs pour porcelaine et poterie : M. Bourgeois, 18, rue Croix-des-Petits-Champs; M. P. Denis, boulevard Saint-Michel, 50, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Dupont, à Lille. Nous ne pouvons entrer dans ces détails; il faut consulter un ingénieur spécialiste. — M. D. G., à B. Nous croyons
- au’un procédé semblable a déjà été breveté ; nous vous conseillons e faire faire des recherches par une agence de brevets. — M. G. M., à Paris: M. Buisson, à Paris. Voyez les Recettes et procédés utiles, lr“ série, â la librairie Masson et Cie. — M. Legrand, à Marseille. Ce procédé est décrit en détail dans le même petit livre que ci-dessus, 3® série, à la même librairie. — M. P. L., à Brest; M. J. F., à Nantes. Remerciements pour vos communications.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Les poudres et pommades cuticolores. — Les dermatolo-gistes emploient une infinité de préparations pour combattre l’eczéma, l’acné et les maladies si nombreuses de la peau. Poudres et pommades sont la base du traitement; l’axonge, le cérat employés jadis dans toutes les pharmacopées ont cédé la place aux huiles et corps gras minéraux, vaseline, pétro-léine, etc.; ceux-ci, à leur tour, trop siccatifs, ont été remplacés par des graisses animales, purifiées, transformées.
- Quel que soit l’excipient, il présente, suivant l’adjonction du médicament, une coloration quelquefois fort désagréable à l’œil. Les pommades à base de mercure métallique ont une couleur noire, d’ardoise (onguent gris). Celles à base de sels jaunes, turbilh minéral, oxyde jaune de mercure, de sels rouges, bioxyde rouge, prennent une couleur identique, tranchant d’une façon trop sensible sur la couleur du tégument qu’on doit enduire. On veut bien guérir sa dermatose, mais si le mal siège sur une partie découverte, face, mains, on voudrait bien que le pansement ne fût pas trop visible.
- Un médecin anglais, Brooke, avait proposé, dans ce but, de donner aux poudres et aux pommades, la coloration exacte de la peau. Bien avant lui, les pharmaciens avaient eu l’idée de préparer la pommade pour les lèvres avec une addition de carmin, de garance, destinée à lui donner le ton rose, qui la ferait confondre avec le pourpre des lèvres : d’où le nom de pommade rosat.
- Unna, le grand dermatologiste de Hambourg, a mis en pratique l’idée de Brooke et dans sa pratique il formule, autant
- 3ue possible, des mélanges qui se rapprochent de la couleur u tégument. La couleur de la peau est assez complexe, c’est un mélange de blanc, de jaune (épithélium épidermique) et de rouge dû au sang. Pour former ses poudres Unna prend pour le blanc, l’oxyde de zinc, l’oxychlorure de bismuth ; pour le jaune, l’ocre, l’ichtyol, ou, si l’on a besoin d’une couleur foncée, pour les peaux pigmentées, de la terre d’ambre. Le rouge est fourni par le bol rouge, le vermillon ou le carmin.
- Notez que cette préoccupation a dù hanter l’esprit des médecins et apothicaires du temps passé ; on trouve, en effet, dans les recueils anciens de vieilles formules de pâtes, pommades dans lesquelles des oxydes métalliques, de coloration diverse, paraissent intentionnellement mélangés dans le but de dissimuler l’application.
- Voici une formule qu’Unna emploie dans les eczémas, sur les patties du corps qui doivent rester à découvert; elle réalise le type de ces poudres qu’il désigne du nom très compréhensif de « cuticolor ».
- meux, tel que le scorpion, par exemple, le traitement doit, d’après M. Ferraton, être conduit de la façon suivante: 1°Faire une ligature du membre au-dessus et le plus près possible de la morsure. Pratiquer la succion si l’on est certain de l’intégrité de la muqueuse buccale ; 2° Laver la morsure avec une solution récente d’hypochlorite de chaux à i pour 60. Dans le trajet de la morsure et autour d’elle, pratiquer 8 à 10 injections de 1 centimètre cube chacune de la même solution d’hypochlorite. 3° Enlever la ligature. 4° Si l’on a à sa disposition du sérum antivenimeux, faire le plus tôt possible, avec les précautions antiseptiques d’usage, sous la peau du flanc, une injection hypodermique de 10 centimètres cubes de sérum. Cette dose suffit ordinairement. Cependant, si le serpent mordeur appartenait à une série très dangereuse ou si l’intervention était trop tardive, on pourra t, avec avantage, injecter deux ou trois doses simultanées ; en cas d’urgence, on pratiquerait au pli du coude une injection intra-veineuse. Chez les adultes, l’injeclion est encore très efficace lh,30 après la morsure. 5° S’il se produit des symptômes généraux menaçants, leur appliquer un traitement approprié : administration de caféine, d’éther /l’alcool est plutôt nuisible lorsqu’on emploie le sérum), injection de strychnine à la dose de 0*r,01 ; frictions générales; inhalation d’oxygène, respiration artificielle; couvrir chaudement le malade. 6° Pansement antiseptique de la morsure.
- Parmi ces moyens, certains ne seront pas toujours, en temps voulu, à la disposition du blessé; on peut y suppléer de là façon suivante :
- C’est ainsi que l’hypochlorite de chaux peut être remplacée par l’eau de Javel, par la liqueur de Labarraque, par le permanganate de potasse à I pour 100. On donnera le choix à la substance qu’on pourra se procurer le plus rapidement. A dér faut de sérum antivenimeux, on peut insister sur les injections sous-cutanées d’hypochlorite de ehaux. L’emploi d’injections salines massives semble aussi tout indiqué. (Presse médicale.)
- Procédé pour enlever les corps étrangers sous les ongles. — On ramollit l’ongle avec un bout d’allumette trempé dans une solution de potasse caustique au dixième, on enlève la bouillie cornée avec un éclat de verre, raclant l’ongle, on applique une nouvelle couche de potasse, nouveau raclage et on arrive alors sur le corps étranger qu’on peut aisément enlever.
- Topique aux essences pour le traitement des brûlures, (M. Lucas-Championnière.)
- Retinol ou vaseline................... 100 gr.
- Essence de thym. .
- — d’origan. . .
- — de verveine .
- — de géranium.
- N'apthol de soude (microcidine). ... 1 à 3 gr.
- àâ 0 gr. 25
- Pilules contre le mal de mer.
- M. le Dr Eid préconise les pilules suivantes contre le mal dje mer. On doit en donner une toutes les deux heures. Eii général, trois ou quatre suffisent :
- Chlorhydrate de cocaïne...........0 gr. 01
- Extrait thébaïque.................0 gr. 01
- Poudre de guimauve................Q. s.
- M. Pour une pilule. En faire 10 semblables.
- Atonie dyspeptique des enfants.
- Teinture de noix vomique. . . .
- — de gentiane............
- — de colombo.............
- | ââ
- 1 gr.
- 2 gr. •
- Avant chaque repas, donner aux enfants V à X gouttes de ce mélange dans un peu d’eau.
- Oxyde de zinc. . . .
- Carbonate de magnésie
- Bol blanc............
- Bol rouge............
- Fécule de riz. . . .
- La poudre doit être finement tamisée ; répandue sur la peau à la houppe ou par insufflation ; elle reste, pour ainsi dire, complètement invisible. Dr X...
- Traitement des morsures venimeuses. — En présence d’un individu mordu par un serpent ou tout autre animal veni-
- Contre la chloro-éinémie (V. Moraczewski.)
- Phosphate de chaux .
- Chlorure de sodium .
- Sucre .......
- Mêlez. — Pour un cachet, quatre à six par jour.
- Pilules de Cascarazine.— Contre la constipation habituelle et celle qui peut résulter de certains traitements thermaux, une à deux pilules le soir en se couchant ou au moment fin repas lorsque la constipation est d’origine dyspeptique.
- 2 grammes.
- 3 —
- ‘j
- 10
- ââ 50 centigr.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Le fumier de volaille. — L’excellent Bulletin de la Société des aviculteurs français insistait dernièrement sur la valeur du fumier de volailles, qui constitue un engrais concentré riche en principes solubles : c’est en somme un guano, que les Romains appréciaient fort.
- Un pigeon peut fournir annuellement 2,5 kg de fumier, une poule 5,5, un canard 8,6, une oie 11 kg; chez le pigeon la composition eh est de 62 pour 100 d’eau, 51 de matière organique, 1,2 à 2,4 d’azote, 5 à 4,2 de phosphates, 2 de sels alcalins, le reste est formé de cendres; chez la poule on trouve 65 d’eau, 21 à 26 de matière organique, 0,7 à 1,9 d’azote, 5 de phosphates, 1,2 à 1,6 de sels alcalins. L’engrais de canard ou d’oie est bien moins riche, l'eau représentant les 82 pour 100 chez l’oie, 96 pour 100 avec la matière organique, et ces deux éléments réunis formant les 95 pour
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Inondations. — A la suite d’ouragans et de la fonte des neiges, le Mississipi, l’Ohio et plusieurs autres rivières ont débordé et diverses régions dans le sud et le sud-ouest ont été dévastées au commencement de mars par les inondations. On a signalé plusieurs morts; des ponts et des bâtiments ont été emportés. Les plantations de coton de UAlabama et de la Géorgie ont été les plus éprouvées. D'après les rapports reçus de dill'érents côtés, les pertes ont été évaluées a 15 millions de dollars. *
- A la suite des derniers ouragans, un train a été bloqué par les neiges pendant plusieurs jours à Iron Mountain (.Missouri). La Compagnie du chemin de fer a envoyé un train de secours pourvu d'une machine spéciale pour ouvrir un chemin dans la neige durcie qui s’élevait à une hauteur de plusieurs pieds.
- En Murcie, le 12 mars, le fleuve Scgura a subi une crue considérable. A Calasparra, et à Cieza, les inondations ont causé de grands dommages aux vergers; une personne a été noyée.
- A Alicante, un terrible ouragan a sévi sur la côte. Dans le port, les navires ont dû doubler leurs amarres. Une pluie torrentielle n’a cessé de tomber. Les communications par voie ferrée ont été interceptées et les communications télégraphiques étaient très difficiles. A Viliena, l’eau a atteint les balcons. A Sax, plusieurs maisons ont été détruites et de nombreux animaux noyés. La tempête a causé aussi de grands dégâts à Valence. Le village d’Alcira a été complètement inondé et l’inondation a envahi plu-
- 100 chez le canard, tandis que l’azote est rare dans les deux cas.
- Le fumier de pigeon, sous le rapport de la richesse en azote, occupe précisément le premier rang parmi les fumiers des différents animaux domestiques; il renferme, du reste, cet azote sous la forme d’acide urique facilement absorbable pat les plantes. Après lui vient immédiatement le fumier de poule.
- Mais ce qu’il est le plus important de ne pas oublier, c’est que l’engrais renferme dans les déjections des volailles s’y trouve en grande partie sous une forme concentrée et facilement soluble; c’est même pour cela qu’il ne faut l’employer qu’avec des précautions, en faible quantité, sans jamais le répandre par un temps sec ou sur un sol desséché. On peut l’agiter avec de l’eau dans une vieille barrique, «u encore le traiter comme les superphosphates par addition de 15 kg d’acide sulfurique pour 500 de guano. On pourra employer utilement cette fumure pour les plantes des jardins, les jeunes semis, et en faire entrer dans les composts.
- sieurs autres villages. La voie ferrée a été coupée sur plusieurs points.
- Le 16 mars, flans le Sahara Algérien, l'oued M’Zi, démesurément grossi par les pluies diluviennes récemment signalées, a coulé avec une rapidité extraordinaire, et s’est étendu, à certains endroits, sur une largeur de plusieurs kilomètres, emportant des arbres. De nombreuses maisons se sont écroulées et beaucoup ont menacé ruine.
- Quelques tempêtes se sont également abattues sur toute l’Algérie. A Laghouat, sud du département d'Alger, la pluie a cessé, mais le temps est resté incertain. Une centaine de maisons se sont effondrées sans accident de personne. A la suite des pluies, dans lè département d’Oran, à Tlemcen, la ligne ferrée venant d’Alger et qui finit là a été coupée par la chute d’un énorme rocher, tombé au lieu dit « les Cascades » entre le deuxième et le troisième tunnel. L’abondance des pluies a causé des éboule-ments de ce genre sur beaucoup d’autres points. Dans le département de Conslantine, a Kroubs, point au sud de Constantine où la ligne de Guelma-Soukaras-Tunis se raccorde à la ligne de Philippe ville à Biskra, les rivières la Berda et le Boumezong ont débordé et des plaines, situées entre les lignes qui divergent vers Alger et vers Tunis, ont été inondées. Les routes allant au sud vers Batna et au nord vers Bône ont été également coupées.
- JVeige. — Le',printemps (vient d’ètre 'salué par des chutes de neige abondantes dans le Nord et dans l’Est. Le 20 et le 21, il a neigé à Paris assez pour blanchir les pelouses et les toits des maisons.
- PHASES DE LA LUNE ; P. Q. le 19 à 5 b. 55 du matin.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M, Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- observations 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 15 mars . . . 6-,2 N. 3. Beau. 0,0 Couvert jusqu’à 6 h. ; beau ensuite.
- Mardi 14 2*,8 N. 2. Beau. 0,0 Pas trace de nuages; gelée blanche.
- Mercredi 15 2*,5 N. 2. Beau. 0,0 Pas trace de nuages ; gelée blanche.
- Jeudi 16 3*,8 N. 2. Beau. 0,0 Pas trace de nuages; gelée blanche.
- Vendredi 17 3* ,3 N. 3. Couvert. 0,0 Couvert de 10 à 11 b. par un brouillard qui atteint 200 m. à 7 b. ; gelée blanche.
- Samedi 18 0%1 N. N. W. 1. Nuageux. 0,0 Couvert de 7 à 21 h. ; beau avant et après; brouillard jusqu’à 9 b. ; de 50 m. à 7 h.
- Dimanche 19 ... . - l',3 N. N. E. 2. Beau. 0,0 Beau jusqu'à 9 b. ; nuageux ensuite.
- MARS 1899
- SEMAINE DÜ LUNDI 15 AU DIMANCHE 19 MARS.
- Lundi
- Mardi
- Mercredi
- Jeudi
- Vendredi
- Samedi
- Dimanche
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction
- Supplément réservé aui abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —®— Le 4 avril s’ouvrira à Paris le Congrès international de l’alcoolisme. Ce Congrès aura de l’importance au moment où l’on se préoccupe de tous côtés de chercher des moyens effectifs de combattre l’alcoolisme, le fléau peut-être le plus redoutable de notre temps.
- —®— La santé publique a laissé à désirer cette semaine. La grippe a augmenté la mortalité. On a relevé 1275 décès, chiffre supérieur à celui de la semaine précédente qui était déjà considérable, 1195, et supérieur de 238 au chiffre de la moyenne ordinaire de la saison représenté par 1057. Les affections respiratoires, bronchites aiguës, bronchites chroniques, broncho-pneumonies, pneumonies et congestions pulmonaires ont été provoquées ou aggravées par l’in-iluenza. Ces maladies ont causé cette semaine 401 décès. Nous devons évidemment cet excès de mortalité à la température exceptionnelle que nous venons d’avoir en mars.
- —®— Le roi Oscar II a envoyé à M. Milne-Edwards, directeur du Muséum et président de la Société de Géographie, les insignes de Grand-Croix de l’ordre de l’Etoile polaire de Suède.
- —®— Le professeur de physique bien connu Gustave VVieder-mann vient de mourir à Leipzig, à l’âge de 73 ans.
- —®— Nous avons le regret d'annoncer aussi la mort de M. le Dr Iturand-Fardel, membre associé de l’Académie de médecine, président honoraire de la Société d’hydrologie. Il s’est éteint dans sa 84e année.
- —®— L’Observatoire de Pans a reçu le un télégramme lui annonçant la découverte en Amérique, par M. Ch. Pickering, de l’Observatoire d’Harvard College, d’un nouveau satellite de Saturne. Cet objet céleste a l’éclat d’une étoile de quinzième grandeur et ne peut être observé qu’avec des instruments très puissants.
- —®— Les travaux souterrains de prolongation de la ligne d’Orléans sous les quais viennent de mettre à jour contre la culée sud du Petit-Pont une partie des substructions de la tour aval du Petit Châtelet. On sait que dès le neuvième siècle le pont qui occu-
- ait l’emplacement du Petit-Pont actuel était défendu par une porte
- anquée de deux tours et surmontée d’un logis : c’était là le Petit Châtelet. Plusieurs fois détruit par les Normands, il fut reconstruit d’abord sous Philippe Auguste, puis sous saint Louis et réparé par Charles V. Il fut démoli définitivement en 1782. Les quelques substructions de la tour qui subsistent en partie enclavées dans la maçonnerie de la culée toute récente (1842) du Petit-Pont semblent indiquer qu’en ce point la tour était creuse et contenait probablement un cachot souterrain. D’ailleurs la Commission du Vieux Paris a étudié soigneusement ces intéressants débris et publiera le résultat de ses observations.
- —®— La première application du service des dépêches par pigeons-voyageurs organisé par la Compagnie générale Transatlantique entre ses paquebots et le continent vient d’être faite. C’est M. Paoli, commissaire spécial de police détaché en ce moment auprès de la reine Victoria à Nice, qui a reçu la première de ces dépêches, que lui a adressée un de ses parents, M. Mariani.
- —®— De nouvelles expériences d’aérostats montés et de ballons-sondes pour l’exploration des hautes régions de l’atmosphère ont été faites le 24 mars simultanément à Paris, Limoges, Strasbourg, Munich, Berlin, Vienne et Saint-Pétersbourg. MM. Besançon et Le Cadet sont partis de l’usine à gaz de la Villette, à bord du Balaschoff, cubant 1700 mètres. En même temps, 1 'Aérophile n* 3 a été lancé de l’usine aérostatique du Cliamp-dc-Mars. Le Balaschoff a atterri, quatre heures après, à Beaumont-du-Gâtiuais (Seine-ct-
- Marne),à96 kilomètres de Paris. Quant au ballon-sonde du Ciiamp-de-Mars, il est descendu paisiblement à Bagneux.
- —®— Une secousse de tremblement de terre a été ressentie le 23 mars sur plusieurs points du département de Maine-et-Loire. Elle s’est également fait sentir en Touraine.
- —©— Un accident qui aurait pu être grave est arrivé le 22 mars à 5k,3ü du soir quai Henri IV dans le laboratoire central des Poudres et Salpêtres, à Paris. On faisait des expériences sur l’acétylène quand une violente détonation se produisit? faisant voler en l’air des appareils et brisant des vitres. M. Vieille, ingénieur en chef des Poudres et Salpêtres, directeur du laboratoire, fut blessé au bras gauche; M. Roger Liouville, ingénieur des Poudres, fut blessé à la tête; M. Degoulé, assistant, aux jambes. Il y a eu encore quatre personnes légèrement atteintes. L’état des blessés n’inspire aucune inquiétude. La Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée avait demandé, il y a quelque temps, à la préfecture de police, l’autorisation d’éclairer ses vagons avec une nouvelle lampe composée d’un mélange d’acétylène et de gaz inertes comprimés. Cette lampe est, en ce moment, en usage dans certains trains allemands. Avant de donner son autorisation, la Préfecture avait confié au Conseil d’hygiène le soin d’examiner les conséquences de ce mélange. C’est ce mélange d’acétylène et de gaz qui a causé l’explosion.
- —®— La production de l’or au Transvaal va toujours en croissant. En 1897, elle avaitéléde 3 034674onces valant 10 583 616 livres sterling. En 1898, elle fut de 4555009 onces, soit de 1 520335 onces de plus qu’en 1897. La valeur approximative de cette production est de plus de 15 millions de livres sterling ou 375 millions de francs environ. En 1893, elle n’était que de 184 millions de francs et, en 1890, de 45 millions seulement. La production de l’or du Transvaal est ainsi de 5 millions de livres plus élevée que celle des Etats-Unis d’Amérique. La découverte des mines d’or de la Rho-désia va augmenter encore la production aurifère de l’Afrique australe; mais les mines de cette région semblent loin d’avoir la richesse de celles du Transvaal.
- —®— M. l’abbé Thedenat a communiqué à .l’Académie des Inscriptions, d’après une lettre de M. l’abbé Dufresne, de nouveaux renseignements sur ,les travaux du Forum, à Rome. En face de la basilique de Constantin, le long de la via Nova, on a trouvé des chambres dont les murs en brique sont recouverts de stuc. Devant la Regia, du côté qui regarde Y aéra du Forum, on a mis au jour un petit hypocauste bien conservé, avec deux fourneaux, des tuyaux en briques creuses, deux petits escaliers pour y accéder. L’escalier du temple d’Antonin et de Faustine a été complètement déblayé. Il se compose de trois grandes marches inférieures, surmontées de sept plus petites au milieu desquelles se dresse une base. Deux bustes sans tête, vraisemblablement ceux d’Antonin et de Faustine, ont été trouvés dans les fouilles. En face du temple, de l’autre côté de la voie, deux marches donnent accès aux bâtiments qui font vis-à-vis. Un égout en tuf de lm,23 de haut, large de 80 centimètres, a été déblayé près du temple de Saturne. Devant la maison des Vestales on a découvert un égout avec des briques à la marque M. Vivius Zozimus. La destruction du talus, à gauche du temple d’Antonin, a fourni de nombreux morceaux de marbre et, entre autres, de beaux fragments d’une frise. En ce moment, on déblaye l’espace compris entre les temples de Romulus et d’Antonin. Enfin, une nouvelle découverte porte à plus de quatre cents le nombre des fragments du plan de Rome.
- —On vient d’extraire à la nouvelle carrière du Levant d’Ecaussines un bloc de pierre gigantesque ayant 10 mètres de longueur, 1 mètre d’épaisseur et 1“,50 de largeur. Cette pierre monstre, de 15 mètres cubes, pèse 45 000 kilogrammes environ. Elle est destinée à l’Exposition de Paris. La pierre colossale a été aisément remontée au moyen d’un pont gigantesque de 100 mètres de long.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour ce qui concerne la nouvelle pile, s’adresser à M. le J)r Fontaine-Atgier, 36 bis, rue Ballu, à Paris.
- Communications. — M. P. Henry, astronome de l’Observatoire de Paris, nous a écrit la lettre suivante, au sujet de la lettre de M.Ed. Renaud parue dans notre Boîte aux lettres du n° 1347 du 18 mars 1899 : « Je viens de lire avec beaucoup d’intérêt la Note de M. E. Renaud. Il me paraît infiniment probable que la détonation sourde entendue par M. Renaud dans la nuit du 4 au 5 mars provient bien d’un tremblement de terre qui aurait eu lieu dans la région montagneuse du sud-est de la France. Il n’est guère admissible, en effet, que l’explosion de la poudrière de Toulon, quoique formidable, ait été entendue de Lyon, distant de 300 kilomètres. Je serais volontiers amené à admettre que la déflagration des poudres a été produite par ce même tremblement de terre. 11 serait en tout cas très intéressant de comparer les heures exactes auxquelles, de différents points de France, on a ressenti une secousse ou entendu un bruit. » Nous enregistrons très volontiers l’intéressante remarque de notre correspondant.
- M. le Dr Lachize, à Tassin-la-Demi-Lune,a suivi\vec intérêt la petite discussion engagée dans nos colonnes à propos du suintement des lampes à pétrole par M. Batut (n° 1346 du 11 mars 1899). Il nous écrit la lettre suivante : « M. Batut doit se tromper sur la cause du suintement des lampes à pétrole. D’abord dans les lampes de piano, le support se recouvre de pétrole; dans les lampes à colonne, qui ne sont que des lampes placées sur un chandelier, la colonne se recouvre de pétrole. M. Batut, en disant capillarité n’a-t-il pas voulu dire porosité? C’est du moins ce que j’ai cru comprendre. En effet, j’ai cru qu’il avait voulu dire que le pétrole passait à travers les pores des récipients. Ce qui me fait avancer qu’il y a erreur, c’est que le pétrole contenu dans une bouteille bien bouchée, dans un bidon fermé comme la luciline, ou même dans un tonneau de bois, comme on en transporte beaucoup, ne passe pas à travers les pores. Le suintement des lampes tient donc à d’autres causes. D’abord lorsqu’on vient d’éteindre la lampe, le bec est encore très chaud; le pétrole continue à monter abondamment dans la mèche et à se réduire en vapeurs; mais les vapeurs trop lourdes ne s’élèvent pas longtemps au-dessus du verre, et elles s’écoulent par les ouvertures de prise d’air et viennent couler le long de la lampe. Là rencontrant un corps froid, elles se condensent. Par capillarité, lorsque la lampe est froide, le pétrole continue à monter dans la mèche, et, arrivant au sommet, il se vaporise lentement au contact de l’air, et le phénomène continue dans les mêmes conditions que lorsqu’on vient d’éteindre la lampe, seulement avec moins d’activité. Du reste plus le calibre d’une lampe est fort, plus le suintement est abondant. Tel est mon avis sur le phénomène du suintement des lampes à pétrole. H me semble qu’il serait possible de remédier à cet inconvénient. »
- J/. J. de Rey-Pailhade, ancien président de la Société de géographie de Toulouse, nous envoie un exemplaire de ses documents sur l’heure décimale de la Convention nationale qu’il a adressés à MM. les députés de la commission de l’Heure décimale nommée récemment.
- M. Couriot, professeur du cours d’exploitation des mines à l’Ecole centrale des arts, et manufactures, nous fait parvenir un exemplaire d’une brochure extraite du Bulletin de la Société de l’Industrie minérale de Saint-Etienne, et qui a pour titre : Examen et analyse des combustibles minéraux par les rayons X,
- Renseignements. — M. L. Camony, à Paris. — Nous n’avons pas de données à ce sujet ; nous ne pouvons encore traiter cette question.
- Un abonné, à Agen. — Vous pourrez vous procurer des
- appareils pour manipulations chez M. Billault, 22, rue de la Sorbonne; chez M. G. Fontaine, 18, rue Monsieur-le-Prince; chez M. Chabaud, 58, rue Monsieur-le-Prince, et à la Société centrale de produits chimiques, 42, rue des Ecoles, à Paris.
- M. C. Pellissier, à Paris. — Nous avons bien reçu votre communication et nous vous remercions.
- M. A. Cartier, à Cherbourg. — La lettre a été envoyée à destination»
- M. P. X., à Z. — Vous pourriez voir à la librairie Dunod, 49, quai des Grands-Augustins, à Paris ; nous allons publier prochainement un article à ce sujet.
- M. L. W., à Louvain. — L’Exposition est visible pour tout le monde pendant une journée.
- M. E. Spire, à Brest. — Nous ne connaissons pas de dépôt spécial pour ces tablettes.
- M. C. C. M., à Moorseele. — Nous n’avons pas d’autres renseignements que ceux que nous avons publiés; il faudrait vous adresser au professeur Nernst, à Gôttingen.
- M. C. B., 'a Poitiers. — 1° Vous trouverez divers ouvrages pour la pose des canalisations intérieures à la librairie Bernard Tignol, 55ki\ quai des Grands-Augustins et à la librairie Rickjvorsel, 25, même quai, à Paris. — 2° Cables électriques et appareils divers : Société industrielle des téléphones, 25, rue du Ouatre-Septembre, à Paris.
- M. Goudard, à Paris. — 1° Il existe un ouvrage ayant pour titre Artificier. Pyrotechnie civile, dû à M. Vergnaud, à la librairie Mulo, 12, rue Hautefeuille, à Paris. — 2° Il serait en effet utile de consacrer quelques articles à ce sujet.
- M. Kuss, à Relizane (Oran). — Le contact a lieu pendant le déplacement du balancier de gauche à droite, et dès le commencement de ce déplacement, par conséquent le galet P ne tombe jamais à vide. Il ne tombe pas toujours exactement au même point, mais cela n’a pas d’importance pour le fonctionnement.
- M. A. Majol, à Sétif. — Nous donnerons prochainement une description complète de cet appareil.
- M. Rennesson-Vasset, à Donchery. — La pile bloc système Germain se trouve chez M. Heurtey, 98, rue d’Assas, à Paris.
- A/. G. Sebaeld, à Smyrne. — 1° L’adresse exacte est 56, rue de Paradis, à Paris. — 2° Votre lettre a été envoyée.
- M. F. Durand, à Lyon Montchat. — 1° Nous avons indiqué le principe de la chaudière Solignac dans le N° 1229 du 19 décembre 1896, p. 47. — 2“ Nous ne pouvons ainsi apprécier un système sans en connaître exactement les dispositions.
- — 3° Il faut vous renseigner vous-même auprès des constructeurs.
- M. P. D., à Bar-s.-Aube. — Notre bulletin donne tous les renseignements nécessaires, et nous ne voyons pas de raisons de le modifier.
- M. A. J. M., à Lyon. — Nous vous conseillons de soumettre la question à un chimiste.
- È. J. R., à Constantinople. — Cet établissement n’est pas sérieux.
- M. A. L., à L. G. — Pour déterminer facilement les points cardinaux, on place une canne verticalement. L’ombre est la •plus courte à midi vrai. En élevant une perpendiculaire à la ligne d’ombre on a les autres points cardinaux.
- Un lecteur, à Gijon. — Il faudrait vous adresser directement à l’auteur de l’article, 52, rue Jules-Barni, à Amiens.
- M. le lieutenant F., à Oran. — De la formule qui représente la vitesse du mouvement vibratoire en acoustique, on déduit que a est la vitesse maxima ou l’amplitude du mouvement. D’autre part entre la vitesse de propagation V, la longueur d’onde X, la période T, le nombre N de vibrations par seconde, on a les relations :
- X = VT N d’où X = ~
- Connaissant X et N, vous en déduisez V et par suite vous pouvez déterminer oc.
- M. E. Marion, à Buxy. — Nous avons donné la composition d’un grand nombre de vernis dans le petit livre des Recettes et Procédés utiles. lre série, à la librairie Masson et Cie.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. II. Faqcs, à Peruwelz. Nous ne pouvons vous indiquer de procédé. — M, F. Pothier, à Sain t-AI ban. Nous n’avons pas eu d'autres renseignements à ce sujet. — M. C. de Moriondo, à Turin. Nos calculs sont exacts.
- — M. D. L., à Paris; M. G. Lefont, à Lille. Voyez les Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie, à Paris.. — M. Dumont, à Paris. Ce procédé est donné dans le même petit livre que ci-dessus, 5e série, à la meme librairie. — M. Qucmont, à Versailles. Remerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les fatts intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les renseignements qui lut sont demandés, quand ils se rattachent 4 des sujets scientifiques, mais elle ne Rengage en aucune façon à répondre à toutes les guettions, m à insérer toutes les communications. — U n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date delà livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- n
- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- Dressé A l’Observatoire de Paris, d’après les publications du Bureau des longitudes
- AVRIL-MAI JUIN 1899. — POSITION DES PRINCIPALES PLANÈTES.
- PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES ASTRONOMIQUES
- Occultations des Planètes et des Étoiles par la Lune, visibles à Paris.
- 1899
- Nom dfe l'astre. Grardeur.
- Immersion. Temps moyen.
- Emersion. Temps moyen.
- vril 2 26 Sagittaire. 6,6 14 h.
- —. 4 7115 B.A.C. 6,2 14 h.
- 13 V2 Taureau. 6,2 8 h.
- — 15 0 Gémeaux. var. 8 h.
- — 15 p. Gémeaux. 3,2 11 h.
- — • 17 3 Ecrevisse. 5,6 11 h.
- 19 4 Lion. 5,4 9 h.
- — 21 !>- Lion. 6,1 10 h.
- — 22 4006 B.A.C. 6,1 11 h.
- 23 <1 Vierge. 5,7 8 h.
- 24 75 Vierge. 6,0 14 h.
- — 25 1307 A. Oe. 6,7 8 h.
- 25 4739 B.A.C. 6,2 9 h.
- . 26 5023 B.A.C. 5,8 10 h.
- — 28 0 Ophiuchus. 3,3 12 h.
- __ 30 6671 B.A.C. 6,2 15 h.
- Mai 19 e Lion. 5,3 9 h.
- — 23 212 l’iazzi (14‘) 5,9 12 h.
- 4 m, 52 in, 49 ni, 23 m, 37 ni,
- 2 m,
- 26 ni, 16 ni,
- 27 in, 16 m, 29 m, 26 m, 23 m,
- 3 ni,
- 5 m, 43 ni, 43 ni, II ni,
- 1 ippulse 1 5 15 h.
- 3 ippnlse 1 1 ippulse i
- 4 12 h.
- ü 11 h. 8 • 10 h. 1 11 h.
- 1 12 II.
- 8 Appulse à 4 ippu'se à
- 9 11. 9 h. 11 h. 13 h. 16 h. 1 Appulse à 3 13 li.
- l'(S du bord. 10 ni, 5 t'O du bord. 3'7 du bord. 21 m, 0 20 m, 1 28 m, 9 30 m, 4 36 m, 1 l’i du bord. O'O du bord. 12 m, 7 58 ni, 5 12 m, 0 17 ni, 8 2 m, 2 0 2 du bord. 7 m, 1
- Mai
- Juin
- 24
- 25
- 25
- 26 26
- 1
- 11
- 18
- 23
- 24
- 25
- 26 27
- 5254 B.A.C.
- 5709 B.A.C.
- 26 Ophiuchus. 7 Sagittaire. 9 Sagittaire. 19 Poissons.
- 71 Weisse (8h) 75 Vierge. 6343 B.A.C.
- f Sagittaire 7145 B.A.C. 42160 Lalande, x. Verseau
- 27 44337 Lalande.
- 28
- 28
- 9 Poissons, y. Poissons.
- 5.8 6.3 6,1
- 5.9
- 6,0
- 4.9
- 6.3 6,0 6,1
- 5’I
- 6,2
- 6.3 5,2
- 6.4 6,4 5,0
- 10 h. 12 h.
- 12 h.
- 11 h.
- 12 h.
- 14 h. 8 h.
- 8 h. 10 h.
- 13 li.
- 9 h.
- 10 h.
- 13 h.
- 15 h.
- 11 h. 11 h.
- 28 m, 12 m, 16 m, 49 m, 14 m,
- 57 m, 27 m,
- 8 ni, 45 ni, 26 m,
- 58 m, 51 m,
- 5 m, 36 in, 23 ni, 25 ni,
- 11 li. 13 h. 13 h.
- 12 h.
- 13 h. 15 h.
- 9 h. O^ippulso b 4 11 h.
- 4 14 h.
- 3 10 h.
- 11 h.
- 5 14 n.
- 2 16 h.
- 8 12 h.
- 9 12 h.
- 37 m, 3 24 ni, 5 31 ni, 7
- 51 m, 3 28 ni, 0 49 ni, 7 8 m, 2
- ï'9 du bord.
- 52 m, O 26 m, 6 56 m, 9 55 ni, 5 11 m, 4
- 0 ni, 5 22 ni, 2 17 m, 2
- Éclipse partielle de Soleil le 7 juin 1899 visible à Paris.
- Commencement de l’éclipse générale, le 7 juin, à 16 h. 50 m, 4, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude =9°32' O. de Paris, latitude = 45°20' B.
- Plus grande phase de l’éclipse, 7 juin, à 18 h. 43 m, 3, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude = 101° 18' 0. de Paris, latitude =67° 13' B.
- Grandeur de l’éclipse = 0,609, le diamètre du Soleil étant un.
- Fin de l’éclipsc generale, 7 juin, à 2 ) [h. 36 m, 2, temps moyen de Paris, dans le lieu, longitude = I67°9' F. de Paris, latitude =45“ 13' B.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- ir: v «tv*
- 7i>
- Satellites de Jupiter.
- ÉCLIPSES. OCCULTATIONS.
- 1899. Satellites. Commencement. Fin Immersion. Emersion.
- Avril 2 II 15 h. 53 m. 12 s.
- 4 I 15 b. 52 m. 10 s.
- — G 1 10 h. 20 m. 31 s. 12 li. 56 m.
- 13 II 10 h. 35 m.
- — 13 1 12b. 14m. 3 s. 14 b. 40 m.
- „ 15 1 9 b. 6rn.
- 18 III 8 b. 50 m. 53 s. 10 h. 51m.
- 20 11 10 h. 22 m. 52 s. 12 h>51 m.
- — 20 I 14 h. 7 m. 41 s. 16 h. 23 m.
- . 22 I 8 b. 36 m. 9 s. 10 b. 49 ni.
- — 25 111 12b. 49m. 8 s. 14h. 23 m. 11 s.
- 27 11 15 h. 14 m. 50 s. 12 b. 54 m.
- 27 1 15 b. 56 m.
- 29 I 12 b. 37 m. 5 s. 10 h. 22 m.
- Mai 4 11 15 b. 9 ni.
- 6 I 14 b. 30 m. 56 s. 12 b. 6 m.
- 8 I 8 b. 59 ni. 25 s.
- 15 I 13 b. 50 m.
- — 15 H 9 b. 47 m. 13 s.
- 15 1 10ih. 53 m. 23 s.
- 22 1 12 b. 47 m. 29 s. 10 h. lin.
- — 22 H 12 b. 24 m. 15 s.
- — 29 II 11 b. 12 ni.
- ÉCLIPSES. OCCULTATIONS.
- 1899. Satellites Commencement. Fin. Immersion. Emersion
- Mai 29 I 11 b. 47 m.
- — 31 III 8 b. 41 m.58s. 10b. 12 m. 23 s.
- .— 31 1 9 b. 10 ni. 14 s.
- Juin 7 III 8 b. 5 m. 10 b. 57 m.
- 7 I 11 h. 4 m.33 s.
- — 7 111 12 h. 41 m. 26 s.
- — 14 1 9 b. 48 m.
- — 14 111 12 h. 24 m.
- — 16 II 9b. 34 m. 7 s.
- — 21 1 11 h. 37 m.
- — 23 I 9 li. 22 n:. 5 s.
- Écilpse totale de Lune, les 22-23 juin 1899, invisible à Paris.
- Temps moyen de Paris
- Entrée de la Lune dans la pénombre, 22 juin à..........23 h. 45 in, 7.
- Entrée dans l’ombre, 23 juin à......................... 0 h. 42 m, 2.
- Commencement de l’éclipse totale, 25 juin à............ 1 h. 42 m, 2.
- Milieu de l’éclipse, 23 juin à........................... 2 h. 27 m, 2-
- Fin de l’éclipse totale, 23 juin à..................... 5 b. 12 m, 3.
- Sortie de l’ombre, 23 juin à............................. 4 h. 12 m, 3.
- Sortie de la pénombre, 23 juin à......................... 5 h. 8 m, 7.
- Grandeur de l’éclipse =1,487, le diamètre de la lune étant un.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 20 mars . . . - 1*,5 S. W. 1. Très nuageux. 0,0 Presque couvert jusqu’à 15 b ; nuageux ensuite; grains de neige à diverses reprises.
- Mardi 21 -4*,8 N. W. 1. * Beau. 0,0 Beau jusqu’à 9 h.; nuageux ensuite; neige à diverses reprises; halo.
- Mercredi 22 -2-,2 S. W. 1. Très nuageux. 0,7 Couvert jusqu'à 6.h. ; puis nuageux; beau après 16 h. ; neige de 4 à 5 h. 1/2.
- Jeudi 25 - 4*,9 S. S. W. 1. Beau. 0,0 Beau jusqu'à 9 h.; nuageux ensuite; graius de neige à 15 et 18 h.
- Vendredi 24 - 4*,9 W.l. Beau. 0,0 Nuageux de 10 à 17 h.; beau axant et après; un peu de neige à 13 et 14 h. 1/2.
- Samedi 25 - o*,l N. N. E. 1. Beau. 0,0 Beau jusqu’à 10 h. ; peu nuageux ensuite ; halo.
- Dimanche 26 ... . 1%9 S. S. W. 3. Couvert. 0,0 Nuageux; gelée blanche; halo.
- MARS 1899 -- SEMAINE DD LUNDI 20 AU DIMANCHE 2G MARS.
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- courbe épaisse, les pressions barométrique* \uwumeire rumene a u, au boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée,
- les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent
- La courbe isupereure indique la nébulosité de 0 « 10; «o ,«imw .ukiuum,». m* uifrt»un «« i/r«t. cu«f t/u.> «» mturu tmuqneni s pressions barométriques_ (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à Cabri à
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tempêtes de neïne. — La neige est tombée à Paris, à plusieurs reprises, les 20 et 21 mars. Dans la banlieue, l’avalanche a eu de graves conséquences. Un a signalé que la plupart des fleurs qui couvraient en ce moment les arbres fruitiers ont été gelées, et que les récoltes de pêches, de poires ou d’abricots ont été fortement compromises.
- A Arras, à la même date, la neige est tombée abondamment. Dans la nuit du 21 au 22 mars, la neige est tombée en telle quantité que toute la région a été recouverte d’une couche de plusieurs centimètres et que sur plusieurs points les communications par chemin de fer ont été interrompues.
- La neige est tombée à gros flocons le 20 mars sur Rouen et la légion. Le froid a été vif et il a gelé à plusieurs degrés au-dessous de zéro. Une véritable tourmente de neige s’est abattue le 22 mars sur la région. 11 y eu a eu plus de 20 centimètres d’épaisseur dans les campagnes. Les trains ont subi de grands retards, principalememt sur la ligne du Nord. Après une
- courte accalmie, la neige a recommencé à tomber dans la soirée du 22 mars.
- La neige a fait également sa réapparition dans la région de Crausac. Le 21 mars, dans la matinée, le sol était recouvert d une légère couche blanche qui s’est fondue aux premiers rayons du soleil.
- H est tombé un peu de n ige à Grenoble dans la nuit du 20 au 21 mars. La température a été très froide.
- La neige est tombée à Vesoul depuis le 21 mars au soir 7 heures jusqu'au lever du soleil le lendemain matin, couvrant la ville et la campagne d’uue couche de plus de 10 centimètres d’épaisseur.
- Il a neigé le 20 mars à Londres, peur la première fois, depuis le commencement de l’hiver. De violentes tempêtes de neige se sont abattues sur les îles anglaises. Le froid a été très vif. La neige est tombée avec abondance en Angleterre. A West-Hartlepool, les chantiers maritimes ont dû être fermés et les tramways ont été arrêtés. A South-Shields, la couche de neige a atteint 10 pouces. Les ouvriers des docks oui dû suspendre leur travail.
- PHASES DE LA LUNE : Néant.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction
- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —©— Les expériences de télégraphie sans fil entreprises entre Wimereux et Douvres (San Margale) ont bien réussi. Des télégrammes de courtoisie ont été échangés entre M. Marconi et M. Ed. Branlv. Nous reproduisons les deux télégrammes : « M. Marconi envoie à M. Branly ses respectueux compliments par le télégraphe sans fil à travers là Manche, ce beau résultat étant dû en partie aux remar-
- Î[uablés travaux de M. Branly. » M. Branly a répondu : « M, Branly élicite M. Marconi de son magnifique succès et lui exprime toute son admiration. » Les signaux sont transmis au moyen d’un récepteur automatique Morse. Cette disposition a été appliquée à Paris, bien antérieurement, par M. Ducretet. Pondant les essais entre les côtes anglaises et françaises, M. Ducretet qui ne possède pas, bien entendu, les ressources de la « Wireless Telegraphy C° », faisait fonctionner la télégraphie sans fil entre le Panthéon et la basilique du Sacré-Cœur distante de 4km,5, et, ces jours derniers, entre le Sacré-Cœur et l’église Sainte-Anne, rue de Tolbiac, distance 7 kilomètres. Les essais ont réussi malgré la pluie et bien que les ondes se propagent au-dessus des maisons.
- -®— La Gazette de Voss annonce que les derniers pourparlers relatifs à l'établissement d’un fil téléphonique direct entre Berlin et Paris viennent d’aboutir; ce fil serait le plus fort employé en téléphonie ; il aurait 5 millimètres de diamètre. En même temps, on établirait egalement un téléphone entre Paris et Francfort-sur-le-Mein.
- —®— Le service de la statistique municipale a compté, pendant la dernière semaine, 1341 décès, chiffre encore supérieur à celui de la semaine précédente et très au-dessus de la moyenne ordinaire des semaines de mars. La grippe sous toutes ses formes est la cause de cette augmentation. La température s’étant beaucoup adoucie, on peut esperer que la santé publique va s’améliorer.
- —®— On annonce la mort de Mme la baronne de Ilirsch dent la liste des bonnes œuvres ne sera jamais connue. Elle a fait des dons
- Srinciers avec une discrétion et une simplicité incomparables. C’est [me de Ilirsch qui a doté l’Institut Pasteur d’une somme de deux millions et la Société philantropique d’une somme équivalente. Elle a été une véritable bienfaitrice pour notre pays et pour sa patrie l’Autriche.
- —®— L’Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg a informé l’Académie de Paris qu’elle célébrera, le 1/13 avril 1899, le cinquantième anniversaire de la fondation de l’observatoire physique central. Elle serait heureuse que l’Académie pût se faire représenter à cette solennité.
- —®— Le lundi 10 avril 1899, à 2 heures et demie de l’après-midi, aura lieu, sous la présidence de M. Leygues, ministre de l’Instruction publique, l’inauguration du gouffre du puits de Padirac. Nous avons déjà donné la description de cet intéressant abîme en 1890, 1891 et dans le n* 1172 du 16 novembre 1895, p. 387.J
- —®— La Société dés ingénieurs allemands met au concours la question suivante : quels sont les procédés pratiques dont on dispose actuellement pour convertir directement (sans moteurs) la chaleur en énergie électrodvnamique? Le premier prix sera de 3750 francs, et le second dc,187o francs. Les mémoires, rédigés en langue allemande, doivent être déposés avant le 31 décembre 1899 au siège de la Société, Charlottenstrasse, 43, Berlin, N. YY'.
- —®— M. Clermont-Ganneau a fait une communication sur une acquisition récente du Louvre, un petit vase ovoïde en terre cuite, richement décoré de peintures à la manière noire, dans le style du sixième siècle avant notre ère. Ce vase, qui provient de la Béotie, est d’une forme et d’une structure singulières. Il est entièrement fermé à la partie supérieure ; son fond est percé de nombreux petite
- trous. Il est surmonté d’une grande anse courbe qui est creuse et communique avec la cavité intérieure. M. Clermont-Ganneau a déchiffré l’énigme en montrant que c’était là un instrument balnéa-toire semblable à celui qu’on appelle de nos jours « éponge américaine ».
- —®— Electrical Review de New-York signale un nouveau bateau sous-marin inventé par un Américain, M. Simon Lake, et qui est agencé de manière à rouler au fond de l’eau, par des fonds n’excédant pas une trentaine de mètres bien entendu. L’Argonaute, c’est le nom du nouveau sous-marin, mesure 11 mètres de longueur; le modèle essayé était pourvu d’un moteur à gazoline ; mais, pour les applications à la guerre, ce moteur serait remplacé par des accumulateurs électriques, h'Argonaute est divisé en quatre compartiments, dont un réservé au moteur et à toute la machinerie. Il y a une cloche à plongeur avec une porte ouvrant vers l’extérieur, au fond, et une écluse à air. La machinerie comprend, indépendamment du moteur, une dynamo de 3 kilowatts pour l’éclairage de l’intérieur et pour un projecteur de 4000 bougies placé à l’avant et destiné à éclairer la marche du bateau quand il circule au fond de la mer. L’équipage est de 5 hommes. Les essais qui ont été faits déjà auraient donné de bons résultats.
- —®— La valeur totale et le prix moyen des houilles extraites des mines de la Grande-Bretagne en 1897 atteint 202119196 tonnes valant 59 737 258 liv. st. ou 1 million et demi de francs. Le prix moyen par tonne a été de 5 sh. 10,93. Les chiffres précédents indiquent pour l’année 1897 une production énorme qui n’avait jamais été atteinte jusqu’ici. Il est, d’ailleurs, fort douteux que, cette année, la production se maintienne dans des chiffres aussi élevés, à cause de la grève du pays de Galles, mais c’est accidentel. La quantité de charbon exporté dépasse 37 millions de tonnes, sans compter le charbon destiné à la navigation, qui doit monter à environ 6 millions de tonnes. Ce chiffre d’exportation correspond à la production totale de la Grande-Bretagne il y a 50 ans. Cette exportation dépasse la production de tous les autres pays ensemble, à l’exception de l’Allemagne et des Etats-Unis.
- —®— On a déjà signalé le cas de ces témoins anglais ou américains se laissant condamner à l’amende plutôt que d’appuyer leurs lèvres sur la Bible commune déjà souillée par les lèvres d’autres témoins. Ce cas a d’ailleurs reçu sa solution par l’invention d’une Bible recouverte en celluloïd et susceptible d’être lavée, désinfectée et aseptisée suivant les besoins. Un nouveau cas Æu même genre vient a’être soulevé par un adepte convaincu des doctrines microbiennes. Cette fois, c’est en France et à propos de chemin de fer. Un voyageur a préféré se laisser traduire en police correctionnelle plutôt que de permettre à un contrôleur de l’Ouest de toucher son ticket. Leur service les oblige à des contacts multiples. Notre voyageur n’entendait pas livrer son ticket à des manipulations qu’une sage hygiène réprouve. Il ne se refusait pas à montrer son Billet. 11 le présentait même avec ostentation de façon que les dates apparussent nettes et faciles à vérifier. Mais quant à toucher, non pas. Désinfectez d’abord vos mains ! Les magistrats n’ont pas apprécié à leur prix ces raisonnements hygiéniques et bactériologiques, et l’ami de l’asepsie a été condamné à 25 francs d’amende.
- —®— Le bruit mis récemment en circulation et d’après lequel des Toungouses auraient trouvé à Krasnoïarsk les cadavres d’Andrée et de ses compagnons ainsi que les débris de son ballon a, paraît-il, eu pour origine une double mystification. Un propriétaire de mines sibériennes, voulant s’amuser, écrivit à un de ses amis qu’Andrée et ses compagnons avaient atterri sur ses terres et qu’il avait déjeuné avec eux. L’ami, voyant qu’on voulait le mystifier, riposta en disant que le récit de son ami était faux puisqu'on avait retrouvé les cadavres des aéronautes. C’est cette dernière version qui fut recueillie par un journaliste et qui fit le tour du monde.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES,
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le stéréoscope à double réflexion totale de M. F. Drouin se trouve 100, rue de Courcelles, à Levallois-Perret. — Pour les appareils photographiques, s’adresser à M. Mackenstein, 15, rue des Carmes, à Paris.
- Communications. — M. E. Hans, à Paris, nous fait connaître les résultats d’une expérience qu’il a réalisée, à propos de notre discussion sur le suintement des lampes à pétrole : « Dans un flacon de verre, rempli .d’huile lourde jusqu’à une certaine hauteur, j’ai plongé une bandelette en fer de 15mm de largeur et de 0,5 millimètre d’épaisseur, le flacon était sur un poêle à gaz qui a maintenu la température du liquide à 40° centigrades. Après 24 heures, la trace très grasse de l’huile lourde était apparente à 65mm au-dessus du niveau du liquide; 24 heures après, nouvelle ascension de 35“lm de la trace du liquide, mais trace moins grasse; dans les 24 heures suivantes, la montée de la trace, qui était plus légère, n’était plus que de 20mm, puis le 4? jour la trace n’est apparue que 10mm plus haut et n’était apparente que par le changement de la -teinte du métal. Le phénomène indiqué'ci-dessus n’a certainement eu pour cause que la capillarité. Comparativement, dans une cuvette de même métal, y ayant mis à peu près 1 centilitre d’huile lourde, 6 heures après, le liquide avait déjà traversé la tôle d’une manière telle que le doigt ou un papier frotté sous la coquille étaient visiblement gras ; après 24 heures, à la partie inférieure de la coquille, on pouvait apercevoir de très légères gouttelettes. Ces deux petites expériences indiquent que le fer êst perméable aux corps gras et fluides; il n’y aurait rien d’éton-nant, je crois, à ce que le cuivre ou laiton le fût également. Du reste, ces particularités sont assez connues des ouvriers métallurgistes qui disent que l’huile traverse le fer. »
- M. L. Gardés, à Montauban, à propos de la règle de Gauss, dont nous avons parlé dans le n° 1347 du 18 mars 1899, p. 250, nous écrit que pour trouver la date de Pâques il suffit de connaître l’Epacte et la lettre dominicale d’une année. C’est clair, mais la formule a été faite précisément pour ne pas avoir recours à l’Epacte, etc.
- M. André Jagerschmidt, 79, rue Jouffroy, à Paris, nous demande d’informer nos lecteurs qu’il serait heureux d’échanger avec eux des cartes postales de France et de l’étranger.
- M. A. Nippa, en Russie, nous envoie la lettre suivante : « En ma qualité d’habitant rural, j’ai plusieurs fois observé des faits remarquables d’un instinct .singulier chez les animaux, notamment : chez les chiens, les loups et les corbeaux. Dans mon domaine (gouvernement de Worouege, Russie) la visite d’un chien enragé était une chose très commune : la maison était située dans un endroit où presque tous les chiens enragés d’un voisinage de 10 kilomètres, poussés par la position hydrographique du village, venaient tôt ou tard chez moi. Ainsi je pouvais bien souvent les voir et les tuer. Dans mes entretiens sur ce sujet avec les paysans, à propos de l’inoculation de la rage, toutes les fois, quand je parlais d’infection de la rage, on me répondait que la rage n’est autre chose que la possession de l’âme seulement d’animal par le diable même, et que la preuve en est que toutes les fois, quand le chien enragé est tué, sa chair est tout à fait inoffensive et ne peut être nuisible à personne. Les chiens dévorent le cadavre de leur camarade enragé quand il est mort et refroidi, ce qu’ils ne font point pour les chiens morts d’une autre maladie.
- Dans un autre endroit (gouvernement de Poltawa) j’ai observé un autre fait analogue. J’ai perdu de la tuberculose (constatée par le vétéi inaire) un taureau pendant l’hiver. Pour me débarrasser du cadavre je le fis transporter loin du village . Mon maître de vacherie me dit que c'était inutile, parce que les loups ne mangeraient point le cadavre tuberculeux et qu’il faudrait néanmoins l’enterrer après. Je ne croyais pas à cet instinct des animaux et je fis comme j’ai dit plus haut; mais après quelques mois, quand le printemps arriva, je vis, avec étonnement, que
- le paysan avait raison : le cadavre était resté intact, un petit morceau de la peau avait seulement été arraché dans le dos
- Ïar quelque oiseau de proie, comme pour goûter la chair.
- ous les autres paysans des environs, avec lesquels j’ai parlé de ce cas, m’ont affirmé que tous les animaux sauvages et domestiques ne dévorent point les cadavres tuberculeux. »
- M. Léon Berlier, secrétaire de la Société de Lecture de Roquemaure (Gard), nous adresse la communication suivante : « Les froids tardifs sont prévus par les hirondelles. Après une série de belles et chaudes journées comme l’on en voit rarement en mai, la température s’est brusquement abaissée de plusieurs degrés au-dessous de zéro, descendant en pleine Provence à 5°, soit à 2° plus bas qu’au cœur de l’hiver écoulé. L’hiver ayant été clément, la végétation avait pris' hâtivement et vigoureusement son essort. Sous l’influence d’un soleil étourdissant, les bourgeons s’entr’ouvraient, la sève nouvelle coulait à flots de la vigne en pleurs ; mais, malgré les beaux jours et les tièdes nuits, l’hirondelle, messager du renouveau qui arrive toujours ici avant le 19 mars, ne s’était pas encore hasardée sous notre ciel printanier. Cette bouderie était inquiétante. Aussi depuis le 19 mars le froid persiste; avivé maintenant par un mistral épouvantable, la neige est tombée sur les monts environnants, prémices de tardives et désastreuses gelées blanches. Déjà les fruits précoces, abricots et amandes, sont généralement perdus, les primeurs et produits maraîchers ont beaucoup souffert. La vigne, encore peu avancée, sauf quelques espèces hâtives, n’a pas été trop atteinte, mais elle a beaucoup à redouter des gelées blanches qui vont se manifester dès la tombée du vent. »
- Renseignements. — M. A. Praia, à Lisbonne. — Pour ce qui concerne la conservation du lait, il faut s’adresser à la société Le lait, 4, passage Saulnier, à Paris, ainsi que nous l’avons déjà annoncé en tète de la Boîte aux Lettres du n° 1347 du 18 mars 1899.
- M. F, Teisserenc, à Ceilhes. — Nous ne connaissons pas d’appareil de ce genre.
- M. Gh. Peusde, à Paris. —Nous n’avons pas sur ce procédé d?autres renseignements que ceux que nous avons publiés; pour consulter le brevet, il faudrait aller au Ministère du commerce.
- M. W. M., à Liège. — Il est parfaitement exact qu’une cuillère en argent noircit lorsque les moules, avec lesquelles elle a été mise au feu, se sont attachées sur le cuivre des navires et sont par suite contaminées.
- M. J. Sieheniewicz, à Porrecze. — Nous ne connaissons pas de méthode spéciale à vous indiquer; nous ne pensons pas du resté que cette étude donne de grands résultats.
- M. G. Amie, à Montagnac (Oran). — Vous trouverez ces divers renseignements dans Formation des gîtes métallifères et statistique de la production des gîtes métallifères, par M. de Launay, 2 volumes de l’Encyclopédie des aide-mémoire, à la librairie Masson et C‘*.
- M. E. C., à Bienne. — Veuillez vous adresser à l’auteur de l’article, 8, place de la Bourse, à Paris.
- L’Abonné T., à Pens. — L’adresse que nous avons donnée est bien exacte.
- M. Manuel S. Iglesias, à Vera-Cruz. — 1° Il s’agit de la pression atmosphérique. — 2° Les volumes des gaz sont en raison inverse des pressions qu’ils supportent. — 3° Nous ne comprenons pas votre question. — 4° L’air liquide ne peut être utilisé dans ce but.
- M. E. Godet, au Havre. — 1° Pyromètres industriels : M. Ducomet, 7, rue d’Abbeville; M. Klepp, 54, boulevard Richard-Lenoir ; M. J. Richard, 9, impasse Fessart, à Paris. — 2° Nous ne connaissons pas de procédé pour obtenir ce produit.
- M. A. L., à Genève. — Nous avons bien reçu votre note; mais nous ne pouvons l’utiliser.
- M. S. Munier, à Briey. — Nous n’avons aucun renseignement sur cette affaire.
- M. Rannesson-Vasset, à Donchery. —Vous trouverez des révélateurs à l’ortol chez tous les photographes, et notamment au Comptoir général de Photographie, 57, rue Saint-Roch. Nous vous recommandons également l’hydramine des frères Lumière.
- M. A. Royer, à Paris. — Veuillez vous renseigner auprès de M. J. Radiguet, 15, boulevard des Filles-du-Calvaire, de M..Ullmann, 16, boulevard Saint-Denis, ou de la Société de l’appareillage électrique, 16, rue Montgolfier, à Paris.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Ch. Boret, à Londres. Nous avons transmis votre lettre à l’inventeur. — M. G. M., à Lille; M. Dumont, à Paris. Voyez le petit livre des Recettes et Procédés utiles, 5e série, à la librairie Masson et C*®. — M. Caron, à Paris. Bemerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres • la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais eue ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n'est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précédé la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS1
- Lanterne A acétylène pour cycles. — La maison H. Miller, de Hazebrouck, vient de mettre dans le commerce une lanterne à acétylène pour cycles qui nous semble présenter quelques avantages sur les lanternes déjà connues. La figure 1 nous donne une vue d’ensemble de l’appareil, et la figure 2 une coupe intérieure. La lanterne se compose d’un récipient à formes resserrées vers le centre. À la partie supérieure se trouve l’eau D qui tombe sur le carbure par un mécanisme très ingénieux. Celui-ci se trouve à la partie inférieure; il est en II dans une cartouche que l’on place dans le fond du récipient en dévissant en K. La cartouche présente au centre un tube vertical muni de petits trous J, .1, permettant à l’eau
- de venir sur le carbure. Ce tube vertical se trouve placé juste au-dessous de l’ouverture conique du récipient supérieur. Dans ce dernier se trouve une tige centrale, terminée par un filetage E qui permet le passage de l’eau. Cette lige est manceu-vrée à l’aide d’un robinet rondelle A. En ouvrant plus ou moins l’ouverture, l’eau s’écoule, suit la tige G que l’on aperçoit et vient tomber à la partie inférieure pour se rendre sur le carbure. En B se trouve un index qui permet de suivre les déplacements de la rondelle A ; en C est une ouverture pour l’introduction de l’eau. Le gaz acétylène se dégage par un petit trou ménagé à la partie supérieure de la cartouche, traverse de la ouate F qui sert à l’épurer, et se rend au bec L où il s’enflamme derrière une lentille qui projette la flamme. Le maniement de cet appareil est des plus simples. On place d’abord une car-
- Fig. 2. — Coupe intérieure de la lanterne.
- touche de carbure en dévissant le récipient inférieur en K, et en le revissant soigneusement pour éviter des fuites. On remplit d’eau le réservoir D par l’orifice C. On tourne la rondelle A jusqu’à ce que l’index B se trouve devant le chiffre 8. On attend quelques secondes, on tourne ensuite la rondelle A jusqu’à ce que l’index B se trouve devant le chiffre 4 ; on attend encore environ 15 secondes et on allume. Les constructeurs recommandent une flamme de 20 millimètres de hauteur environ. Pour éteindre, il suffit de fermer le robinet A environ 10 minutes avant le moment de l’extinction. — Cette nouvelle lanterne, à laquelle on a donné le nom de Cetolite, est fabriquée par la maison II. Miller, à Hazebrouck (Nord).
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Serrure & verrou de sûreté tournant. — Un de nos
- abonnés a imaginé pour les serrures à verrou de sûreté les dispositions suivantes qui lui ont donné de bons résultats. Le verrou de sûreté tournant constitue un perfectionnement apporté aux serrures actuellement en usage. Son emploi nécessite un troisième tour de clef. Le verrou de sûreté est en fer forgé et porte les deux renforts a, a', la vis buttoirC et la vis directrice D. Il coulisse à frottement doux dans la douille conductrice E, qui est fixée sur le pêne F et qui en suit tous les mouvements. La douille conductrice porte une rainure dans laquelle coulisse la vis directrice D. Le dessin n° 1 de la figure ci-jointe nous montre ces diverses parties; on voit en A la
- , JC
- Serrure à verrou de sûreté tournant. — 1. Serrure ouverte. —'2. Position^ du verrou et du pêne au deuxième tour de dtf. —J5. Positions du verrou, et du pêne au troisième tour de clef. " '
- boîte de la serrure, en B le verrou de sûreté, en G l’ergot du' pêne, en H les ressorts des peignes, en I les peignes, en K lé loqueteau, en L le tirant du loquet, en M la gâche et en N la clef. Pour les deux premiers tours de clef, la serrure fonctionne comme une serrure ordinaire, le verrou de sûreté suit les, mouvements du pêne. A la fin du second tour, la vis bultoir G du verrou vient s’appuyer contre la boîte de la serrure, de façon à interdire au verrou tout mouvement en avant (n° 2). Il en résulte que lorsque la clef agit pour la troisième fois sur le pêne, le verrou, ne pouvant pas avancer, cède à la pression de la vis directrice D,.fait un quart de tour sur lui-même et prend la position indiquée dans le n° 3 du dessin. Dans cette position, la serrure ne saurait être séparée de la gâche sans briser la porte. — Cet appareil ne se trouve pas dans le commerce.
- BIBLIOGRAPHIE
- L'année industrielle. Découvertes scientifiques et inventions nouvelles en 1898, par Max de N.vnsoüty. 1 vol. in-8°. Paris. F. Juven, éditeur. Prix : 5fr,50.
- Comme tous les ans, dans cet intéressant volume, notre aimable confrère, M. Max de Nansouty, décrit et rappelle les principales découvertes et inventions de l’année écoulée. Les chapitres les plus remplis sont ceux qui se rapportent à l’automobilisme, au cyclisme, à l’artillerie, à l’électricité, à la physique! et à la chimie et aux variétés.
- A la conquête du ciel! Contributions astronomiques, de: F.-C. de Nascius, en 15 livres. Livre 2% 2°fascieule. Découverte de la loi des distances des planètes au soleil. 1 brochure in-8°. Nantes, librairie Guisth’au. 1899.
- Ricettario fotografico, par le Dr Luigi Sassi, 2* édition. 1 vol. in-16 de la collection des Manuels Hoepli. Ulrico Hœplj, éditeur. Milan, 1898.
- Annual report of the board of regents of ihe Smithsonian Institution shoiving the operations, expenditurcs and condition of the institution, to July 1896. 1 vol. in-8°. Washington, Government Printing office, 1898.
- Commissào geographica e geologica de Sào Paulo seeçao meteorologica. Dados climatologkos do anno de 1893, 1894, 1895, 1896, 1897. S. Paulo. Typographia iïennies lrinâos.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Traitement de la pelade,
- La pelade est une affection peu grave, mais fort désagréable par les larges plaques de calvitie qu’elle détermine. J’ai indiqué jadis les dangers de contagion par le port des casquettes appartenant aux sujets atteints de pelade et l’on se rappelle u il y a deux ou trois ans, on signala une véritable épidémie ans le régiment des sapeurs pompiers.
- Le traitement de la pelade n’est pas très compliqué, mais il est long ; d’une façon générale l’irritation locale du tégument, de la partie tonsurée, dépourvue de poils est la condition première de la guérison. On employait jadis de petits vésicatoires volants avec l’ammoniaque, une véritable cautérisation avec un rtiélange d’acide acétique et de chloroforme.
- Le ])' Jacquet préconise un moyen plus simple et qui peut
- être renouvelé à volonté, sans intervention d’agents pharmaceutiques; il n’est pas fort agréable, mais il est en somme moins douloureux qu’une vésication. On prend une brosse à crins aigus, de préférence en soies de porc et on pique, par pressions répétées, la surface peladique. Cela détermine une vive irritation, la peau devient rouge, chaude et reste ainsi pendant plus d’une demi-heure. En répétant cette sorte de piqûre deux ou trois fois par jour, on arrive à guérir la pelade de la barbe, la plus tenace, en deux ou trois mois.
- Pour prévenir les récidives et la venue d’autres plaques, il faut ajouter une friction mais moins rude, avec une brosse sèche, de toute la tête et de toute la barbe. Notez que pour user de ce moyen, il ne faudrait pas se servir de brosses servant à tout venant comme cela se passe en général dans les boutiques de figaros. Il faut avoir soin d’aseptiser la brosse chaque fois en l’immergeant dans l’eau bouillante ou dans l’eau oxygénée. IV X...
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 27 mars . . . l-,3 S. S. E. 2. Beau. 0,0 Beau le matin ; puis nuageux ; couvert ou nuageux après 16 h.
- Mardi 28 9*,0 S. S. W. 2. Couvert. 0,0 Couvert de 16 à 21 li.; nuageux avant et après; gelée blanche ; halo.
- Mercredi 29 9*,9 S. W. 3. Couvert. 0,0 Couvert de 7 à 11 h. et après 22 h. ; nuageux le reste du temps ; gouttes fines à 10 h. ; halo et arc circumzéuithal.
- Jeudi 30. 9%l W. S. W. 2. Très nuageux. 0,0 Presque couvert ; petite pluie de 14 h. 30 à 16 h.
- Vendredi 31 8%0 Calme. Couvert. 0,0 Très nuageux à 1 h., couvert ensuite; bruine ou pluie fine à diverses reprises.
- Samedi 1" avril. . . 10%5 W. 2. Couvert. 0,0 Couvert jusqu’à 15 h.; nuageux de 17 à 18 II.; beau ensuite ; bruine à 7 h.
- Dimanche 2 5*,9 Oui me. Couvert 0,0 Couvert de 5 à 11 h.; beau avant et après; brouillard jusqu’à 10 b.
- MARS-AVRIL 1899 — SEMAINE Dü LUNDI 27 MARS AU DIMANCHE 2 AVRIL.
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10 ; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mër); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Orage à Tunis. — Un violent orage, accompagné d’une forte grêle, a éclaté le 24 mars à Tunis et a causé plusieurs accidents. Un Arabe a été foudroyé à 150 mètres des portes.
- La neige. — A la suite des tempêtes que nous avons signalées dans notre dernier numéro, d’autres chutes de neige ont encore eu lieu, sur lesquelles nous,avons reçu quelques renseignements. Le 23 mars, la neige est I ombée très abondamment dans toute la jiarlie haute de la région de Pau, En divers endroits de la plaine, des flocons de neige se mêlaient à la pluie. La neige tombait à la même date à Toulouse, mais elle fondait eu louchant le sol. Après un hiver très doux, la température s’est subitement refroidie; le 23 mars, à Toulouse, la neige est tombée en gros flocons.
- Une forte gelée est survenue à Mmes, dans la nuit du 22 au 23 mars, sur plusieurs points de la région, occasionnant aux arbres fruitiers et surtout
- aux vignes des dégâts importants. Dans les basses Cévennes, où le froid a atteint 5° au-dessous de zéro, les mûriers ont beaucoup souffert. Dans la nuit du 24 au 25 mars, la température est descendue a 4° au-dessous de zéro et le mistral soufflant avec une extrême violence a causé des dégâts considérables sur les vignes et les arbres fruitiers dont beaucoup sont perdus. Le mauvais temps a été général sur tous les points du département.
- Dans le département des Bouches-du-Rhône, les effets des dernières tempêtes ont été terribles. Les récoltes en légumes, les produits des arbres déjà noués, comme l'amandier et l’abricotier, sont très compromises. La sériciculture est sérieusement atteinte et enfin la vigne est menacée par les gelées blanches qui ont suivi la tombée du vent.
- En Hongrie, dans les comitats de Szala et de Torotal, on a signalé, le 26 mars, de violentes tourmentes de neige; les trains ont eu des retards et les communications ont été en partie interrompues. Il v a même eu quelques inondations.
- PHAS33J)E LA LUNE : P. L., le 27, à 6 h. 28 m. du matin.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- - ft- La lune rousse a commencé le 10 avril. Elle sera pleine le 25 de ce mois et se terminera le 8 mai.
- —Nous venons d’avoir une série de tempêtes pour commencer le printemps officiel. La température était restée très douce jusqu'au ieuai 6 avril. Tout à coup la pluie est venue, et du vendredi 7 au dimanche 9 avril, une tempête très violente a sévi sur Paris. Le vent a fait rage ; il est tombé de la grêle et un peu de neige. La température est descendue à 3°. Il y a eu de nombreux accidents produits par les bourrasques. En même temps, une tempête traversait les régions sud et sud-ouest de la France. La mer était démontée le 8 avril à Marseille et à Biarritz, dans tout le golfe de Gascogne. On a eu à déplorer de nombreux sinistres en mer.
- —Le Congrès de l’Association française pour l’avancement des Sciences (28e session) se tiendra en 1899 à Boulogne-sur-Mer, du 14 au 21 septembre, sous la présidence de M. Brouardel, membre de l'Institut et de l’Académie de médecine. Cette date a été choisie pour faire concorder la réunion de l’AFAS avec celle de l’Association britannique pour l’avancement des sciences qui tiendra sa session annuelle à Douvres à la même époque. Le Bureau de l’AFAS s’est préoccupé avec le Bureau de la British Association, des moyens de réunir les deux Sociétés et il a été convenu que l’Association française irait à Douvres se joindre à la Société anglaise et tenir une séance générale. De son côté, la British Association viendrait à Boulogne tenir également une séance. Le Comité local de Boulogne a choisi, de concert avec la municipalité, le jour de cette réunion des deux Sociétés pour inaugurer la statue élevée à Duchenne, de Boulogne, dont les travaux mémorables sont connus et appréciés en Angleterre aussi bien qu’en France. Le Bureau de l’AFAS fait appel à tous les membres pour se réunir en grand nombre, à Boulogne, à l’occasion de ces fêtes scientifiques, et prie ceux qui auraient des communications à faire ou des travaux à présenter, d’en envoyer le titre et l’indication, le plus tôt possible, au Secrétariat, 28, rue Serpente, à Paris. Pendant la durée du Congrès, il y aura une Exposition de voitures automobiles.
- —&— La Société astronomique de France a tenu son assemblée générale annuelle le mercredi 12 avril sous la présidence de M. Faye, membre de l’Institut. M. Cornu a parlé sur les progrès de l’astronomie en 1899, et M. Flammarion sur les progrès de la Société. M. André Broea, professeur agrégé à l’Ecole de médecine, a fait une conférence sur la télégraphie sans fils.
- —®— Le Muséum d’histoire naturelle va recevoir incessamment un éléphant blanc et deux tigres royaux envoyés par M. Doumer, gouyerneur général de l'Indo-Cliine.
- —®— Le concours ouvert par VAssociation des Industriels dè France contre les accidents du travail pour la protection de la toupie à axe vertical est terminé. Il a donné d’heureux résultats. L’appareil Fleuret et l’appareil Weber et Mathon, qui ont obtenu un prix c-e æquo, ont résolu le problème d’une manière satisfaisante.
- —®— Il est question d’organiser un grand service pour l’étude chimique et bactériologique des eaux des lleuves et des rivières de France. M. le Dr Dubois a déposé à la Chambre une proposition de loi dans ce sens. Il estime en effet qu’il y aurait un intérêt considérable pour l’hygiène et pour la science à faire des études particulières des grands cours d’eau de notre pays, de les comparer entre •eux et de les comparer à eux-mêmes dans les diverses régions qu’ils traversent. Des études de ce genre sont déjà poursuivies depuis de longues années par un savant chimiste, M. Albert Lévy, qui dirige ces recherches, au point de vue chimique, à l’Observatoire de Montsouris. Mais ces observations n’ont porté, jusqu’à présent, que
- sur les eaux de la Seine. Pendant longtemps, les études de l’eau de Seine portaient uniquement sur des échantillons puisés à l’usine d’Ivry, aux ponts d’Austerlitz et de Chaillot. Actuellement 23 échantillons sont prélevés et analysés sur tout le parcours de la Seine, depuis le barrage de Yarennes au confluent de l’Yonne jusqu’à Rouen. Au point de vue chimique, les indications les plus précises et les plus utiles ont été obtenues. L’hygiène de la capitale en a tiré certainement un grand profit.
- —O— Une exposition horticole doit avoir lieu à Saint-Pétersbourg du 5 au 15 mai sous le patronage de S. M. l’Empereur de Russie, Pour tous renseignements, s’adresser au Comité spécial d’organisation, 20, rue Karadannaya, à Saint-Pétersbourg.
- —©— On a soulevé à plusieurs reprises la question de savoir si les plaques d'acier minces présentent une certaine porosité sous ufie pression hydraulique intense ; et récemment des expériences ont été exécutées à l’arsenal de Washington dans le but de trancher cette question. On a pour cela pris des morceaux de tôle d’acier de 6 millimètres, de 3 millimètres, de lmm,59 et de 0mm,79 d’épaisseur, et on les a soumis à une pression d’eau de 42181 kilogrammes par décimètre carré; or, en aucun cas, on n’a vu l’eau traverser le métal. De même on a constaté qu’un rivet de 9nim,54, réunissant deux tôles de 3mm,18, est demeuré absolument étanche sous 1a même pression-
- —M. Kumagusu Minakata, dans Nature, donne quelques détails intéressants au sujet d’épidémies de peste en Chine. On sait que ce mal existe dans la province du Yunnan depuis 1871, où il est endémique, à moins qu’il n’ait été importé de Birmanie, Mais d’après l’auteur japonais ce foyer serait sensiblement plus ancien. Il trouve, en effet, dans un ouvrage du début du siècle des indications précises qui permettent d’affirmer que la peste existait déjà au siècle dernier. L’auteur, né en 1736 et mort en 1809, parle de certains de ses contemporains qui y ont succombé : « Shi-tan-nan, dit-il, fils de Shi-fan, maintenant gouverneur de Wang-kiang, était réputé pour ses dons poétiques, et n’avait que 36 ans quand il mourut.... A cette époque, à Chanchan, dans le Yunnan, il arriva qu’en plein jour des rats étrangers apparurent dans les maisons, et couchés à terre, moururent en rendant le sang. Il n’y eut pas un homme qui échappa à la mort instantanée après avoir été infecté par le miasme. Tan-nan composa là-dessus un poème intitulé : la Mort des rats, qui fut son chef-d’œuvre ; et quelques jours après il mourut lui-même de cette étrange épidémie sur les rata.
- —®— M. Lévy décrit, dans le Franklin Institute de Philadelphie, le procédé qu’il a imaginé pour la gravure photo-chimique au moyen de pulvérisations d’acide. Au lieu de plonger la plaque daps un bain d’acide, on projette ce produit contre la plaque par un pulvérisateur à air comprimé. La gravure se fait rapidement ; la chaleur produite par la décomposition chimique du métal est absorbée par l’expansion de l’air comprimé, de sorte que l’acide reste à une température normale.
- —Nous avons donné dans le n° 1346 du 11 mars 1899 une information qui renferme quelques chiffres erronés. Nous avons dit qu’il y avait en France environ 6 millions de fumeurs et que sur 15 fumeurs, 2 seulement fumaient la cigarette. Nous ajoutions que la consommation totale de cigarettes, pour toute la France, pouvait être évaluée à 294 milliards par an, soit 807 millions par jour. Ces chiffres seraient exacts si nous comptions environ 1006 cigarettes par jour et par fumeur. Un de nos abonnés, M. F. Crestin, à Saint-Pétersbourg, qui est un fort fumeur, nous fait observer qu’il n’en consomme que 40 par jour. C’est déjà beaucoup. En appliquant ce chiffre, il trouve qu’un fumeur consomme environ 15 000 cigarettes par an. La consommation totale par an pour tous les fumeurs atteindrait donc 12 milliards de cigarettes.
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- NOUVELLES SCIENTIEIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Nouveau raccord pour tuyaux : MM. S. Clinch and J. S. Clinch, manufacturera of the Improved pipe coupling, Liverpool. — Pour le brûlot auto-allumeur pour la protection des récoltes, s’adresser M. Bouchaud-Praceiq, 42, Rempart-du-Midi, à Angoulême.
- Communications. — M, Paul Guynemer, à Paris, à propos de notre récent article sur Le vernis dentaire des Pays Jaunes (n° 1349 du 1er avril 1899), nous adresse la lettre suivante : « Permettez-moi de vous soumettre quelques réflexions sur votre article intitulé : l’Email dentaire. J’ai été en Cochinchine et au Cambodge, dans l’Inde, à Ceylan, à Java, et partout j’y ai vu les indigènes chiquer un mélangé de chaux, de noix d’arak et de bétel avec au cardamome. Le jus de la feuille de bétel colore leur salive et macule leurs lèvres d’une teinte rouge; leurs dents deviennent d’un rouge si foncé qu’elles semblent noires. Mais je n’ai vu l’émail noir réellement employé qu’au Japon. Là, certaines femmes se font laquer les dents et l’opération est, paraît-il, fort douloureuse. Mais ce n’est pas que, sous ce rapport, l’esthétique japonaise diffère de la nôtre. La jeune tille y est très fière comme ailleurs de ses dents blanches, et si, en se mariant, elle les fait laquer, c’est pour bien indiquer que dorénavant elle renonce à plaire. Le contact des idées européennes a porté quelque atteinte à cet usage ; mais beaucoup de femmes, à l’intérieur du pays surtout, lui sont restées fidèles. »
- M. A. Batut, à Enlaure par Labrugnière (Tarn), nous écrit au sujet du suintement des lampes à pétrole : « Je lis dans les communications contenues dans la Boîte aux lettres du n° 1349, du 1er avril, que M. le Dr Lachize se demande si je n’ai pas confondu Capillarité avec Porosité. Les deux termes exprimant des choses très différentes, je suis surpris de sa question. Je dirai donc nettement que je n’ai jamais pensé que le pétrole pût filtrer à travers des substances telles que le verre ou les métaux. Les lampes à colonne dont parle M. le Dr Lachize et qu’il estime être des lampes placées, comme la mienne, sur des chandeliers, sont intimement unies à ces chandeliers — ce qui n’est pas le cas de ma lampe de piano posée sur un chandelier à la façon d’une bougie — et c’est précisément ce contact intime entre les deux objets qui permet au pétrole de passer en suintant des parois du récipient à la surface de la colonne. Le pétrole, dit encore M. le Dr Lachize, s’évapore au moment de l’extinction sous l’influence de la chaleur du bec. D’où vient alors que les lampes non allumées pendant de longs jours ne suintent pas moins que celles que l’on allume tous les soirs? C’est que, même à froid, ajoute-t-il, le pétrole peut s’évaporer dans le bec au contact de l’air, et se condenser sur le récipient. J’ai déjà répondu à cette assertion émise par M. le Dr Taillefer, que pour cela, la température du récipient devrait être, tout ensemble, assez élevée pour amener l’évaporation du pétrole et assez basse pour en produire la condensation. Si un tel fait se trouvait exact, le mouvement perpétuel cesserait d’être une chimère. Pour terminer, que les lecteurs me permettent un conseil pratique. Le suintement des lampes à pétrole est, je le crois, un mal sans remède; mais le moyen d’atténuer ce mal consiste à essuyer les lampes chaque jour minutieusement. Pour çela, il faut proscrire serviettes et chiffons absolument impropres à cet usage et n’user que de vieux journaux ou mieux de papiers sans colle tels que les papiers à filtrer ou les papiers dits papiers de soie. »
- M. le Dr Lachize, à Tassin-la-Demi-Lune, a fait quelques nouvelles expériences sur le suintement des lampes à pétrole, et il nous les fait connaître : « La cause du suintement des lampes à pétrole est bien celle que j’ai indiquée, dit-il, c’est-à-dire le poids des vapeurs ne pouvant pas s’élever au-dessus du verre et coulant pour ainsi dire par les ouvertures de prise d’air. En voici la preuve : En réfléchissant au phénomène, je pensai que si les vapeurs n’étaient pas retenues par le verre, elles ne
- s’accumuleraient pas, elles se disperseraient en grande partie dans l’air ambiant et ne viendraient plus se condenser en masse sur la lampe. Je conclus donc de là qu’il suffirait d’enlever le verre pour se mettre dans ces conditions. Et, en effet, ayant bien essuyé ma lampe ainsi que le bas du verre, je l’allumai et travaillai de 7h 30 à 9 heures du soir. A 9 heures, ayant à sortir, j’éteignis ma lampe, en ayant soin d’enlever le verre avant de l’éteindre, je baissai la mèche pour diminuer la surface d’évaporation et je ne la touchai plus jusqu’au lendemain soir. Quand je voulus l’allumer, je constatai avec satisfaction qu’elle n’était pas enduite de pétrole comme d’habitude ; à peine quel-ues traces, provenant sans doute de l’atmosphère de vapeurs e pétrole dans lesquelles la lampe doit être plongée (ces vapeurs étant plus lourdes que l’air), mais je le répète, pas cette couche continue qui vous infecte les mains et finit par couler jusque sur la table. Le suintement est diminué de 95 pour 100 au moins. Depuis je fais l’expérience tous les jours, et toujours avec le même résultat. Donc, la cause est bien celle que je supposais. Seulement le procédé d’enlèvement du verre n’est pas pratique ; car une lampe sans verre n’est pas jolie et jamais une maîtresse de maison ne consentira à laisser dans son salon ou dans sa chambre une lampe sans verre et par conséquent sans ces charmants abat-jour qui sont employés plus pour l’ornement que pour l’utilité. Il y a certainement mieux à faire ; mais il faut avoir des connaissances spéciales. »
- Renseignements.— M. H. L., à Caen.— 1° Règles à calcul : M. Barbothen, 17, rue Béranger; M. Faber, 55, boulevard de Strasbourg; M. Tavernier-Gravet, 19, rue Mayet, à Paris. — 2° Voyez à la librairie Gauthier-Villara, 55, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. N. Piatnitsky, à Saint-Pétersbourg. — Société des moteurs gazogènes, Bénier, 15, rue du Louvre, à Paris.
- M. Erard, à Jolivet. — Nous avons publié un article sur une machine à faire les cartouches de chasse, dans le n° 1300 du 30 avril 1898, p. 344.
- M. Ch. Besnardfà Châteaubriand. — 1“ Fonderies d’aluminium : M. Partin, 109, rue de Paris, à Puteaux (Seine) ; Société française de l’aluminium, 74, rue Amelot; Compagnie française des métaux, 10, rue Volney, à Paris. — 2° Votre appareil est intéressant, mais nous en avons déjà décrit un autre modèle, il y a peu de temps.
- M. H. de Fontenailles, à Paris. — Nous ne connaissons aucun livre sur ce sujet. !
- M. Magunna, à Saintes. — Nous ne pensons pas que cet ouvrage ait été traduit.
- M. A. Engel, à Paris. — 1° Il n’y a pas de remède contre cette affection. — 2° On obtient de bons résultats en faisant capitonner toutes les portes et les fenêtres. — 3° Nous ne pouvons nous occuper de ce concours.
- M. Camilo Berenguer, à Malaga. — Il faudrait vous adresser à la maison Lumière, rue de Rome, à Paris.
- M. Miguel Juarez Celman, à Buenos-Aires. — Nous serions très heureux de répondre à toutes vos questions ; mais il nous est impossible de le faire. Il faudrait exécuter une série d’expériences que nous ne pouvons entreprendre.
- MM. Ruas et C‘°, à Paris. — Nous ne connaissons pas de liquide semblable.
- M. Gonzalo del Campo, à Gijon. — Votre récréation est amusante, mais il nous faudrait quelques renseignements plus complets pour pouvoir en parler.
- M. F. Prefuno, à Cunéo (Italie). — Il faudrait vous adresser directement au constructeur du moteur, M. E. Archdeacon, 11, rue du Pont, à Suresnes (Seine). <
- Questions — n° 1242. — Un des nombreux chimistes abonnés à La Nature voudrait-il se montrer aimable et obligeant envers une lectrice en lui indiquant un produit végétal
- — ou au moins sans danger — qui puisse atténuer la couleur orangée de la teinture au henné en la fonçant.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. V. Serrïnx à Neuilly-en-Thelle. L’adresse que vous demandiez vous a été envoyée. — M. Dubois, à Cherbourg. Il faut soumettre votre projet à un ingénieur qui pourra y apporter des modifications importantes.
- — M. L. R., à Pans. Il serait préférable de laisser ainsi cet appareil et d’en acheter un autre. — M. G. R., à L. ; M. M. S., à Toulon. Voyez le petit livre des Recettes et procédés utiles, lr» série, à la librairie Masson et Cie. — M. Dufour, à Paris. Cette recette est* donnée dans le même petit livre que ci-dessus, 3e série, à la même librairie. — M. J. H., à Paris; M. D. M., à X. Remerciements pour vos communications.
- Dans la » Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à touhs les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de là livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES INTENTIONS1
- Support mural pour bicyclette. — La bicyclette est assez difficile à loger dans un appartement. On a aussi cherché un grand nombre de supports différents pour permettre de les suspendre ou de les accrocher. Celui que nous mentionnons ici mérite d’ètre signalé. Il est formé d’un cadre en fer que l’on fixe contre le mur. Sur ce cadre sont placées deux tiges horizontales réunies à un support proprement dit, sur lequel sera placée la bicyclette. A la partie inférieure se trouvent aussi deux autres tiges inclinées qui viennent maintenir le
- Support pour bicyclette. — i. Support ouvert. — 2. Support plié.
- robinet r. Il ne se mélange alors à l’air que la quantité nécessaire à une parfaite combustion. Â la partie supérieure du brûleur se trouve aussi une couronne d en toile métallique qui empêche également la propagation d’inflammation à la base. Sur le côté du brûleur en f est un veilleur que l’on peut régler à l’aide de la vis placée en e. Un collier «permet, à l’aide d’une vis de pression, de maintenir la virole en place et de l’enlever à volonté. Ce nouvel appareil est très apprécié dans les laboratoires de chimie, où il rend de grands services. — Le nouveau* brûleur est en vente chez M. Haussy, 16, rue des Pyramides, à Lille (Nord).
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Vomissements opiniâtres (Steffen.)
- Teinture d’iode..................... XII gouttes.
- Eau distillée.......................150 gr.
- A prendre dans l’intervalle des repas, par cuillerée à soupe dans un demi-verre d’eau sucrée.
- Mixture contre le catarrhe gastro-intestinal.
- (M. Liebreich.)
- Teinture de Colombo..............
- — de cascarille . . . . .
- Mêlez. — A prendre : 10 gouttes 4 ou 5 fois par jour, dans les cas où l’on ne veut pas traiter la diarrhée par les préparations opiacées. (Sem. méd.).
- | ââ 10 gr.
- support, comme le montre le n° 1 de notre figure. Il suffit ensuite de replier les deux tiges du bas (n° 2), lorsque l’on veut retirer la nicyclette. Ce n’est pas seulement dans les appartements, mais aussi dans les hangars et remises que ce support est utile et tout particulièrement pour le nettoyage de la machine. En posant le cadre de la bicyclette au milieu du crochet de support la machine reste parfaitement suspendue sans qu’aucune de ses parties ne touche le sol, ce qui est très mauvais pour le caoutchouc. Par un simple mouvement, lorsqu’on a fini le nettoyage ou quand on sort avec la machine le support est plié et, dans cette position, ne tient qu’une très petite place. — Le support pour bicyclette se trouve chez M. Kratz-Boussac-, 5, rue Saint-Laurent, à Paris.
- Brûleur Bunsen à crémaillère. — Le bec de gaz
- Bunsen est très universellement employé dans les laboratoires de chimie. Mqis il arrive souvent que pour diverses raisons, le
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- Brûleur Bunsen à crémaillère. — 1. Vue d’ensemble. 2. Coupe intérieure. — 3. Détail du robinet.
- t gaz arrive en trop faible quantité. L’air est alors trop abondant [ et bientôt le gaz s’enflamme à la base. On dit alors, suivant le
- ) terme consacré, que « le bec brûle dans le pied ». Dans l’appa-
- reil que nous signalons ici, l’admission de l’air par le trou de la virole Y se fait automatiquement par l’ouverture du robinet r (n°‘ 1 et 2). Celui-ci en effet, comme le montre le détail n°5,
- : est muni d’une crémaillère qui commande la virole. En dépla-
- çant la crémaillère, on entraîne la virole et l’ouverture o se
- [, découvre d’une quantité proportionnelle au déplacement du
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Poudre purgative. — Limonade sèche au citrate de magnésie effervescent. 50 grammes dans un verre d’eau constituent une bonne purgation.
- Poudre laxative et digestive (formule de Dujardin-Baumetz). — Une cuillerée à café dans un demi-verre d’eau le soir en se couchant.
- Potion contre la dyspepsie flatulente.
- (M. W. Mürrell.)
- Bicarbonate de soude............... 4 gr.
- Teinture de fèves de Saint-Ignace. . XL gouttes.
- Teinture de séneçon...............' £ âà 30 er
- Sirop d’écorce d’oranges amères . ) ® *
- Alcool chloroformé à 10 p. 100 . . . 8 gr.
- Eau................................ 180 gr.
- Mêlez. A prendre 5 cuillerées à bouche par jour.
- La teinture de séneçon qui entre dans la composition de la potion ci-dessus formulée serait, d’après l’expérience de M. le Dr William Murrel, lecteur de matière médicale au Westminster Hospital de Londres, un excellent tonique de l’estomac.
- (Sem. méd.)
- Le salicylate de nicotine contre la gale.
- Le salicylate de nicotine ou eudermol est une substance cristallisée "incolore, facilement soluble dans l’eau et dans la plupart des liquides organiques. Employé en pommade à 1 pour 1000, ce médicament guérirait rapidement la gale, comme M. le professeur Wolters, privat-docent de dermatologie et de syphiligraphie à la Faculté de médecine de Bonn, a pu le constater chez 67 sujets traités pour cette affection parasitaire à la clinique dermatologique de ladite Faculté. Presque tous ces patients furent guéris après avoir subi de deux à quatre frictions, fa première étant toujours précédée d’un grand bain savonneux. Dans trois cas seulement il a fallu pratiquer six frictions avec le salicylate de nicotine. *
- La pommade à l’eudermol à 1 pour 1000 a toujours été bien supportée, même par des enfants âgés de cinq ans, ce qui la distingue avantageusement du savon à la nicotine préconisé, par M. le docteur Tanzer pour le traitement de la gale et qui, à cause de sa teneur considérable en nicotine, est susceptible de donner lieu à des phénomènes d’intoxication. De plus, M. Wolters a trouvé que le salicylate de nicotine présente sur.» les autres substances employées dans le traitement de la gale, telles que la naphtaline, le naphtol, le baume du Pérou, la solution de VIeminckx, le liniment de Wilkinson, etc., l’avantage de ne pas irriter la peau, de ne jamais provoquer d’albuminurie et, enfin, d’ètre inodore et nullement salissant.
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- .NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Un horoscope facile a construire. — Il s’agit d’un de ces petits appareils qui annoncent les changements de temps par les moditications que subissent certaines substances chimiques qu’ils renferment, et dont le prototype est la fameuse petite poupée à robe rose ou bleue. La recette que nous voulons signaler aujourd’hui est due à la publication « Neuste Erfindun-gen und Erfahrungen ». On prépare une dissolution de 10 grammes de camphre, 5 de salpêtre, autant de sel ammoniac, dans 105 grammes d’alcool à 90° et 45 d’eau distillée; on la filtre, et l’on en remplit un tube de verre de 2 centimètres de diamètre et de 50 de long, qu’on bouche bien à la cire et qu’on fixe sur une planchette. Il ne reste plus qu’à interpréter les changements d’aspect de la solution. Quand le liquide demeure clair, beau temps; cristaux au fond, temps trouble,
- en hiver, givre. Liquide troublé, pluie ; s’il présente en même temps de petites étoiles, c’est qu’il y aura de l'orage. Larges flocons dans la solution, temps lourd, ciel couvert, neige en hiver. Des filaments dans la partie supérieure du tube annoncent du vent ; des points font présager de l’humidité ; des flocons qui montent, du vent dans les régions supérieures. De petites étoiles en hiver, par un beau temps ensoleillé, sont signe de neige pour un ou deux jours plus tard. En hiver, plus les cristaux montent, plus la température sera froide.
- Alliage d'or pour dentistes. — D’après Technische Berichte, on obtient un excellent alliage de cette nature en faisant fondre ensemble 55 parties (en poids) de cuivre affiné, 25 d’argent pur et 12 d’étain; suivant la richesse d’alliage qu’on desire, on y ajoute une quantité plus ou moins grande d’or. On peut même, dans ce but, supprimer l’étain et réduire la proportion de cuivre.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Salnt-Maur, altitude 49*,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES OU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DD CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi a. avril .... 8*,0 S. W. i. Beau. 0,0 Beau jusqu’à 7 h. ; couvert ensuite ; petit brouillard à 8 h.; halo.
- Mardi 4 10*.3 W. 1. Presque couvert. 0,0 Presque couvert.
- Mercredi 5 10*, t W. 3. Beau. 0,0 Couvert de 19 à 23 h. ; nuageux avant et après ; halo.
- Jeudi 6 11“,0 W. S. W. 3. Couvert. 0,0 Couvert ; gouttes à 9 h. 30 et 14 h. 50.
- . Vendredi 7 .... . 9‘,1 W. 4. Nuageux. 0,7 Très nuageux ; pluie à diverses reprises.
- Samedi 8 6*,9 W. S. W. Presque couvert. 2,8 Très nuageux; un coup de tonnen-e au S. W. à 15 h. 07 ; pluie à diverses reprises.
- Dimanche 9 5*,0 W. 2. Beau. 3,7 Beau jusqu’à 6 h. ; puis très nuageux ; couvert après 16 h : gelée blanche: gouttes à 17 h. 1/2 et à 21 h.
- AVRIL 1899 — SEMAINE DD LUNDI 3 AD DIMANCHE 9 AVRIL.
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de O à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’aori à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Résumé des observations météorologiques faites au Pare Saint-Maur en mars 1990
- par M. E. Renou.
- Moyenne barométrique à midi, 760"“,9i. Minimum 739““,43 le 9 à 9 heures et 10 heures du matin ; maximum 773“”,30 le 1" à 10 heures du matin.
- Moyennes thermométriques : des ininima 0°,19; des maxima 11°,79; du mois u°,99; vraie des 2 i heures 5°,50. Minimum —6°,5 le 23 à 31' 13 du matin ; maximum 20°,8 le 15 vers 2 heures du soir, et le 27 vers 3 heures du soir. Il y a eu 16 jours de pelée et 10jours de gelée blanche; ainsi 26 jours de gelée sur la terre ; la moyenne des miuima dans cette position a été —6°.38, et le minimum—13°,6 le 25.
- Tension moyenne de la vapeur 4“",73; la moindre i““,07 leô à 4 heures du soir; la plus grande 9““,301e 31 à 9 heures du soir.
- Humidité relative moyenne 70 ; la moindre, 8 le 27 à 2 heures et 4 heures du soir; la plus grande 10J, en 12 jours.
- Pluie 10“”,5 eu 26 heures 1/4 réparties en 4 jours de petite pluie et petite neige. Le 21 seulement la terre a été couverte le matin de 2 cm. de neige qui a fondu quelques heures après; mais il en est resté les jours suivants dans les endroits abrités du soleil. 11 y a eu 2 jours de grains de
- neige et 4 jours de gouttes, 10 jours de brouillard dont 3 faibles et 3 très forts. Un jour de brouillard partiel. Nébulosité moyenne 42. Il y a eu 3 jours sans traces de nuages, les 14,13 et 16, et pas un seul jour sans éclaircies.
- Température moyenne de la Marne : le matin 6e,88, l’après-midi 7°,19; du mois 7°,02. Minimum 5°, 13 le 6 ; maximum 9°,27 le 31. Elle a été tout le mois basse et claire, ce qui annonce des basses eaux pour l'été et même pour l’automue du moins au commencement.
- Relativement aux moyennes normales, le mois de mars 1899 présente les résultats suivants: Baromètre plus haut de 3“,79; thermomètre plus bas de 0°,62. Tension de la vapeur moindre de 0“,60. Humidité relative moindre de 5. Pluie moindre de 30“",3. Nébulosité moindre de 16.
- II y a eu le 27 un mouvement thermométrique remarquable; la température s’est élevée de — 1°,9 le matin à 20°,8 dans le jour, ainsi de 21°,7 ; ce mouvement a eu pour conséquence une sécheresse extraordinaire ; le degré hygrométrique ô’est abaissé, comme nous l’avons dit, à 8, sans exemple jusqu'ici.
- Nous avons noté les floraisons suivantes : le 7, arabis vema ; 9, abricotier; 16, prunier à gros fruit jaune; 29, jacinthe, narcisse, jonquille.
- PHASES DE LA LUNE ; D. Q., le 3, à 12 h. 05 m, du soir.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- — fi— lin violent orage de grêle s’est abattu sur Paris le 14 avril -vers midi. La grêle est tombée pendant plus de 10 minutes en très grande abondance ; le sol était jonché de grains. Cette grêle a fort maltraité les arbres de Paris ; un grand nombre de feuilles et de bourgeons ont été jetés à terre. La température exceptionnelle de «es jours derniers n’ a pas été sans occasionner quelques ravages dans la campagne où la végétation était déjà assez avancée. C’est ainsi que dans les environs de Nîmes, la température, descendue à 3° au-dessous de zéro, dans la nuit du 14 au 15 avril, a amené de fortes gelées dans les bas-fonds de la vallée du Rhône et occasionné des dégâts très importants aux vignobles. Ce sont principalement les plaines de Beaucaire, de Roquemaure, de Manduel, de Redessan et les contrées voisines qui sont les plus atteintes. Il en est de même dans la région voisine de Privas : les vignes et les arbres fruitiers sont détruits dans les plaines du Rhône et dans les bas-fonds des vallées. Sur les plateaux des Cévennes, le froid a été très intense. Le thermomètre est descendu à 8° au-dessous de zéro. Il a d’ailleurs neigé toute la journée du 15 avril. Ravages considérables aussi dans les vignobles du Beaujolais et du Maçonnais; les vignes de plaine ont surtout souffert. Le Midi lui-même n’a pas été épargné, et de Valence, Montélimar, Avignon, etc., on signale les effets désastreux de la gelée sur les vignes déjà fort avancées.
- —fi— On annonce la mort à Zurich de M. Gruyer Zeller, le promoteur du chemin de fer de la Yunfrau. Les dépenses de l’entreprise étaient jusqu’ici à sa charge. On peut se demander si cette perte inattendue n’aura pas de retentissement sur les travaux du forage dans l’Eiger qui ont à peine atteint 800 mètres en galerie souterraine.
- —O— On vient de donner des nouvelles de la dormeuse de Thenailles (Aisne). Elle est maintenant dans sa quinzième année de léthargie. On la nourrit artificiellement; néanmoins la maigreur s’accentue et la dormeuse ne pèse plus que 25 kilogrammes.
- —fiy- Dans le courant de l’année dernière, M. le Dr Sclilatter, de Zurich, avait tenté avec succès l’ablation d’une tumeur cancéreuse de l’estomac. On avait enlevé l’estomac entier. La malade a vécu plus de 18 mois sans estomac, ce qui tendrait à démontrer que le
- fiancréas a pu remplacer l’estomac, puisque l’alimentation, bien que égère, a pu se faire régulièrement. L opérée de Zurich vient de mourir, mais point par défaut de nutrition et uniquement parce que le cancer s’était généralisé et avait gagné l’abdomen et le thorax. L’opération ne mérite pas moins de figurer dans les Annales de la chirurgie.
- —®— On a pu entendre le rossignol chanter au Bois de Boulogne le 12 avril. C’est à peu près la date ordinaire du retour de ces oiseaux à Paris.
- —fi— L’Institut physiologique de Bonn (Allemagne) vient de se livrer à d'intéressantes expériences concernant la quantité d’oxygène absorbée par un cycliste, quantité qui varie suivant la vitesse. Dans Ses expériences, l ïnstitui a pris comme base de comparaison le poids de 70 kilogrammes pour le cycliste et de 21k*,500 pour la bicyclette, la vitesse type étant celle de 15 kilomètres à l'heure. Dans ces conditions on a reconnu que la consommation d’oxygène par mètre est d’un peu moins de cinq centimètres cubés. Cette consommation diminue de 6 pour 100 lorsque la vitesse descend à 9 kilomètres à l’heure; elle augmente, au contraire, de 10 pour 100 quand la vitesse atteint 20 kilomètres. A la vitesse type de 15 kilomètres à l’heure, la consommation d’oxygène, pour le cycliste, est de 72 litres par heure. A une allure movenne, un piéton n'en consomme que 59 litres. *
- —fi— Le capitaine Trapani, de l’armée argentine, cherchant à faciliter les transports au travers des obstacles qu’opposent les terrains montagneux a la marche des véhicules ordinaires, vient d’inventer un système à roue unique dont voici le mécanisme : La roue porte, fixés de part et d’autre, deux bacs inférieurs sur lesquels reposent deux coffres mobiles et le tout est traîné, au moyen d’un brancard approprié, par un cheval ou un mulet. La roue mesure lm,50 de diamètre et pèse 105 kilogrammes; les coffres, de forme pyramidale, 40 kilogrammes ; les bacs inférieurs 70 kilôgrammes. Les dimensions extrêmes du véhicule sont de lm,50 de hauteur sur 95 centimètres de large et 2m,75 de long; à vide, son poids atteint 746 kilogrammes. La manœuvre n’exige qu’un seul homme et la stabilité est calculée de façon que cette voiture stratégique puisse même ne recevoir de chargement que d’un côté et qu en cas de chute de l’animal, l’équilibre ne soit pas rompu.
- —fi— Loin d’être de création récente, puisqu’ils datent de 1636, trois moulins à marée existent et fonctionnent encore dan§ les environs de New-York. L’un est à Garrettson’s Creek, près de la station de Nec Road : le second, qui porte le nom de Yanderweer Mill, est situé à Canarsie ; le dernier se trouve sur le Spring Creek. Ils ont été construits par les premiers colons hollandais. Ces moulins ne fonctionnent naturellement que quelques heures par jour, pendant que s’écoule l’eau amenée à marée haute, dans un bassin de retenue.
- -fi- On vient de procéder à de nouveaux essais d’automobiles avec moteurs non plus à pétrole, mais à alcool. L’expérience a été publique et faite avec une automobile à quatre cnevaux par les soins de notre confrère Pierre Giffard. Les résultats ont été excellents ; malgré l’état déplorable des routes et malgré la pluie la voilure s’est admirablement comportée, elle a fourni ses 68 kilomètres en 4h 8m sans renouvellement d’eau, ni d’huile de graissage. Pour substituer l’alcool au pétrole, il n’y a plus guère maintenant qu’une entrave : le prix plus élevé, en France, de l’alcool que celui du pétrole. Espérons que la réforme demandée par l’agriculture et l’industrie du régime de l’alcool dénaturé, nous permettra, comme en Allemagne, de pouvoir avoir bientôt l’alcool aux mêmes conditions que le pétrole. t
- —fi— Le major M. Meigs, du corps des Ingénieurs des États-Unis, a rendu compte d’expériences faites à Keokuk (Iowa) concernant l’arrosage des voies de chemins de fer, avec des huiles lourdes de pétrole. L’huile répandue pénètre dans le sable du ballast sur 3 à 4 millimètres de profondeur et forme un enduit imperméable qui supprime la poussière et garantit ainsi le matériel et les voyageurs contre les mauvais effets ae cette poussière.
- —fi— Le professeur allemand Marner, se basant sur des calculs qui remontent jusqu’à 1700, période pendant laquelle des séries d’années chaudes ont alterné avec des séries d’annecs froides, croit pouvoir nous annoncer, d’accord d’ailleurs en cela avec le professeur Bruckner, un certain nombre d’années où l’hiver sera des plus doux et l’été très chaud.
- —@— Des horticulteurs allemands ont donné le nom de framboise de terre, dard framboos, aux fruits d’un arbuste provenant du Japon. Au moment de la floraison, l’arbuste se couvre de grandes fleurs blanches comme celles de l’églantier. Le fruit est une baie rouge, de forme ovale arrondie, semblable à une fraise ananas. Sous le climat de l’Allemagne, la maturité se produit en général dans le courant de juillet. Les arbrisseaux, d’une hauteur de 25 à 50 centimètres, forment rapidement des massifs.
- —fi— Les dispositions sont prises à l’Observatoire de Nice pour l’aménagement d’appareils, en vue des expériences de télégraphie sans fil entre Nice et le cap Corse. Ces expériences seront suivies par le croiseur Linois, spécialement détaché, à cet effet, par le ministre de la marine.
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- Adresses relatives aux appareils décrits. — L’appareil photographique « Papillon )> que nous avons décrit dans le n“ 1350, du 8 avril 1899, p, 301, est construit par M. À. Alexandre, 50, rue Saint-Georges, à Paris.
- Communications. — M. A. Oranger, docteur ès sciences, à Paris, nous écrit la lettre suivante : « Je suivais dimanche soir, 9 avril, vers dix heures moins cinq, la rue de Prony. Mon attention fut attirée dans le ciel par un point brillant qui grossissait à vue d’œil et que je pris d’abord pour une étoile tilante. C’était un bolide de moyenne grosseur qui traversa le ciel dans la direction sud-nord et disparut. L’astéroïde était suivi d’une traînée lumineuse. Le phénomène dura environ deux minutes. »
- M. Emile Foubcrt, à Boubiers,parChaumont-en-Vexin (Oise), à propos de notre récente chronique sur La poudre d'os et l'alimentation des jeunes animaux, (n° 1549 du 1er avril 1899, p. 286), nous adresse les renseignements suivants qui pourront être utiles. « MM. A. Gouin et Andouard, dans leur exemple proposé pour prouver le bien fondé de l’emploi de la poudre d’os dans l’alimentation des animaux donnent à leur veau âgé de 64 jours une ration dans laquelle se trouve lks,562 d’avoine en grain. Or, l’avoine est plutôt employée en grain pour les chevaux, mais lorsqu’ils font leurs dents ou que les molaires sont usées, on recommande l’avoine aplatie ou concassée parce que la digestion du grain se fait mieux et qu’ainsi tout est employé à la reconstitution des forces de l’animal. Chez les ruminants, à cause de la conformation des mâchoires, les grains entiers, les grains trop gros mouturés, les grains cuits . même, ne sont pas complètement utilisés par l’économie de l’animal. Tous les praticiens ont remarqué dans la fiente des ruminants, une partie du grain cuit, une partie de la trop grosse mouture et la presque totalité des grains donnés à l’état naturel. Donc si l’avoine ne peut profiter à l’animal adulte, à plus forte raison elle ne profitera pas au veau de 64 jours, à moins qu’elle ne soit finement moulue. L’expérience paraît faite sur le même animal ; il est bon de remarquer que, lorsqu’un animal est mis à l’engraissement, les premiers temps le poids ne change que peu, mais à la seconde période, même sans augmentation de nourriture, le poids augmentera considérablement. La proportion de l’état « neutre a de l’engraissement varie suivant l’âge et la nature de l’animal. »
- M. Joseph Jaubert, directeur de l’Observatoire de la Tour Saint-Jacques, à Paris, nous prie de demander à ceux de nos lecteurs habitant les départements de la Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne qui font des observations météorologiques de bien vouloir les lui communiquer.
- J/. A. Engel, à Paris, à propos de notre article su-r L'écriture et la parole en miroir (n° 1346 du 11 mars 1899, p. 255), nous envoie la lettre suivante : « J’ai été surpris de voir attribuer une origine maladive à ce que vous appelez « l’écriture en miroir de la main gauche », et qu’il serait plus simple, par parenthèse, de dénommer « l’écriture renversée des gauchers ». Le Dr Centupio, dans votre numéro du 25 mars, a été mieux inspiré en affirmant que cette écriture est un fait normal, d’ordre physiologique, qui vient de ce que les mouvements dés deux mains sont toujours symétriques chez l’homme sain. J’écris — et tous les gauchers comme moi, sans doute —aussi naturellement de la main gauche que de la droite, et j’écris instinctivement renversé, c’est-à-dire de droite à gauche. C’est un avantage quand on est, comme moi, atteint de la fâcheuse infirmité connue sous le nom de crampe des écrivains. J’écris donc, quand la main droite refuse le service, soit sur papier ordinaire, — et alors mon correspondant se sert du miroir, — ou sur papier pelure, et alors il n’a qu’à retourner la missive pour la déchiffrer avec la même facilité. 11 y a plus. Le gaucher peut écrire simultanément des deux mains, si le cœur lui en dit, un texte donné, et cela de la façon la plus naturelle du monde, sans doute en vertu de cette symétrie des mouve-
- ments invoqués par le Dr Centupio. Je vous envoie, au surplus* deux spécimens qui suffiront à éclairer ce que j’avance. Conclusion : L’écriture renversée des gauchers est parfaitement normale, et il n’y a pas lieu de lui chercher une origine pathologique. »
- Renseignements. — M. le Dr L. Polo, à Nantes. — Nous-avons décrit un petit piège à cafards dans les Petites inventions du n° 1258, du JO juillet 1897 ; il était en vente chez M. Renaut, 43, boulevard de Strasbourg, à Paris.
- L'abonné G’.,à V. — Vous trouverez des renseignements sur le nickelage dans les Recettes de VElectricien de M. E. Hospitalier, à la librairie Masson et Cio, et dans Galvanoplastie, à la librairie Mulo, 12, rue Hautefeuille, à Paris.
- M. Potier, à Montrangeon. — Nous avons bien reçu l’œuf que vous nous avez envoyé ; c’est tout bonnement un œuf dépourvu de coquille. Les poules manquent de calcaire dans leur nourriture ; il faut mettre à leur disposition de l’eau de chaux ou des coquilles d’œufs.
- M. L. Vial, à Lorgues. — Les récipients destinés à la cuisine ne présentent pas de danger s’ils sont en terre, en cuivre bien récuré ou en étain ne contenant pas de plomb. On peut également employer des appareils en cuivre-argent, à la Société du Bimétal, 30, boulevard des Capucines, et des appareils en nickel à la Compagnie française du Nickel, 64, rue de Turenne, à Paris.
- M. G. Duclou, à Bordeaux. — 1° Ces appareils ne sont pas encore dans le commerce. — 2° Nous n’avons pas encore entendu parler de ces nouvelles expériences.
- M. P. Guibert, à Barcelone. — Les diverses recettes de coUes pour le verre et la porcelaine sont données dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie.
- M. J. C. Ferreira de Castro, à Porto. — Nous ne pouvons vous donner cette adresse que nous ne connaissons pas.
- M. César Maremo de Moriando, à Turin. —Dans les calculs, que vous nous avez envoyés, il y a une erreur en ce qui concerne le reste de la division du millésime par 4.
- M. Kémal Eram, Makry-Kény, à Constantinople. — 11 est permis de traduire et de publier nos articles, à la condition de toujours en citer la source première.
- M. G. D., à Angers. — 1° Il n’y a pas de traité spécial sur ce sujet. — 2° Piles sèches: M. James, 145, rue Saint-Antoine, Pile Bloc-lleurtey, 98, rue d’Assas, à Paris. — 5° Marchands de produits chimiques : Société centrale des produits chimiques, 42, rue des Écoles; M. Poulenc, 122, boulevard Saint-Germain; M.Billault, 22, rue de la Sorbonne, à Paris.
- M. F. J., à laVille-Savary. —11 n’existe plus de serrures de ce genre, les marchands ont disparu.
- M. A. Lesne, à Lille. — Votre question a été soumise à un, homme compétent; nous attendons sa réponse.
- M. C. J. C., à X. — Nous n’avons trouvé aucun procédé permettant de recouvrir électrolytiquement le fer d’une couche de plomb.
- M. .4. Rieff'er, à Paris. — Nous n’avons pas reçu votre Notice, nous n’abordons du reste pas cette question en ce moment.
- M. L. Sandoz, à Genève. — Nous n’avons jamais fait d’essais. à ce sujet ; mais nous pensons qu’il est facile de réussir avec du papier trempé dans une solution d’eau acidulée sulfurique.
- M. U. Defour, à Saint-Étienne. — Votre méthode peut évi- , demment avoir de l’intérêt.
- M. le comte de la Rorderie, à la Glayolle. — Nous venons de décrire dans les Petites inventions du n° 1351 du J5 avril une petite lanterne qui pourrait vous convenir.
- Un lecteur, à Chauny. — Nous allons de nouveau porter notre attention sur le point que vous signalez,
- M. de Pianitsky, à Saint-Pétersbourg. — Il vous a été répondu dans notre dernière Roîte aux Lettres du n° 1351, du 15 avril 1899.
- M. L. Prilipp, à Paris. — Nous avons publié quelques articles sur la pêche des perles, mais non sur la fabrication des perles en verre.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. D. L., à
- Paris. Nous avons reçu votre Notice et nous vous en remercions. — M. Dastre, à Rouen. Nous ne pensons pas que cette construction soit possible. — M. G. R., à X.; M. V. B., à Paris. Consultez le petit livre des Recettes et procédés utiles, 5e série, à la librairie Masson et Cie. — M. Lelarge, à Lyon. Ce procédé est donné dans le même petit livre que ci-dessus, 2e série, à la même librairie. — M Degoutin à Goudrecourt-Aix. Remerciements pour votre Note.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les renseignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les attestions, ni à insérer toutes les communications. —Il n’est, répondu on'aux lettres reçues nrnnl le lundi oui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS* 1
- Craehoir hygiénique. — On sait que les crachats sont un foyer permanent de contamination pour la tuberculose. Le IVe Congrès de la tuberculose a émis le vœu que tous les locaux ouverts au public soient pourvus de crachoirs hygiéniques. Nous devons signaler, à ce sujet, le crachoir hygiénique de M. Guasco, qui a pu utiliser le gaz aldéhyde formique pour la stérilisation des germes morbides. L’aldéhyde formique n’est produit qu’au moment où elle est nécessaire. Pour atteindre ce but, M. Guasco a préparé une pastille chimique solide, contenant l’aldéhyde et qui ne la restitue que peu à peu en saturant l’eau placée au fond d’un récipient qui reçoit les crachats
- Crachoir hygiénique Guasco.— 1. Vue d’ensemble. —2. Dispositif pour recevoir la pastille chimique. —5.•Couvercle. — 4. Coupe intérieure du ci'achoir.
- contaminés. Le dessin n° 1 de la figure ci-jointe donne une vue d’ensemble de l’appareil, et le n° 4, une coupe intérieure. Le- pain chimique C est placé dans des tubes (n° 2) et maintenu sur le côté par des petits crochets b, b'. Cet ensemble est installé au milieu du crachoir; l’eau peut facilement circuler à la partie inférieure par les espaces ménagés à cet effet, a, a'. Une pastille peut durer de deux à trois mois, mais il faut avoir soin de ne pas la laisser évaporer à l’air et de ne pas laisser le crachoir sans eau. Le nettoyage du récipient peut être fait aussi souvent qu’il est nécessaire; on enlève les cloches renfermant la pastille, on vide le récipient, et on le lave à grande eau.— Le crachoir hygiénique Guasco se trouve à la Commission universelle, 16, rue de la Sorbonne, à Paris.
- Une cueilleuse et poseuse de lampes électriques.
- — Les réclames et illuminations électriques par cordons et
- festons incandescents prennent de jour en jour un développement de plus en plus important, mais les exigences des installations font que les lampes élec-I j triques qui les composent ne sont pas toujours
- ! / facilement accessibles, et lorsque les filaments
- I / se brisent par l’usure, les difficultés de rem-
- | / placement rendent l’électricien négligent, et
- I / l’illumination présente bientôt de nombreux
- IJ / trous noirs d’une très contestable esthétique.
- I / Pour remédier à cet inconvénient, on a ima-
- (j / giné et on emploie en Amérique une cueil-
- 1/ leuse et poseuse de lampes électriques dont
- jj les dispositions se devinent rien qu’à l’inspec-
- ÀU tion de la figure ci-contre qui la représente,
- /a® Le système rappelle assez bien les cueille-
- fruits de nos contrées. Nos constructeurs ont assez d’imagination pour en imaginer des dis-AJMI positions variées supérieures, ou tout au moins
- I égales, au modèle américain que nous repro-
- duisona à titre d’exemple, et seulement aans I ~ le but d’attirer l’attention des intéressés sur
- cette petite mais utile invention. — Cet appareil se trouve chez M. J.-J. Dunn, 620, Atlantic avenue Boston, Mass.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- BIBLIOGRAPHIE
- Chaleur animale. Principes chimiques de la production de la chaleur chez les êtres vivants. — lr* partie : Notions générales. — 2e partie : Données numériques, par M. Beu-thei.ot, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. 2 vol. petit in-8° de Y Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, ne se vendant pas séparément. Librairie Masson et Cie. 1899. Prix des 2 volumes : brochés, a francs; cartonnés, 6 francs.
- L’éminent chimiste expose les principes chimiques généraux et les données expérimentales qui président à la production de la chaleur chez les êtres vivants, données qui constituent l’une des parties les plus importantes de la Physiologie et de la Pathologie. L’ouvrage comprend deux parties : l’une est consacrée à l’exposition des principes et des règles précises relatives à l’évaluation de la chaleur animale; l’autre renferme les données numériques,, c’est-à-dire les chaleurs de formation et de combustion des élé-; mcnls et composés fondamentaux de l’économie.
- L'Hggiène des Diabétiques, par A. Proust, professeur à la, Faculté de médecine de Paris, inspecteur général des ser-< vices sanitaires, membre de l’Académie de médecine, méde-j cin de l’Hôtel-Dieu, et A. Mathieu, médecin de l’hôpital| Andral. 1 volume in-16, de la Bibliothèque d'Hygiène. thérapeutique, cartonné toile, tranches rouges, Masson et C/®, j éditeurs. Prix : À francs. r
- Guide pratique des mesures et essais industriels, par MM. J. | A. Montpellier et Aliamet, tome 1. Instruments et méthodes j de mesure des grandeurs fondamentales, géométriques et j mécaniques. 1 vol. in-8°. YTe Ch. Dunod, éditeur. Paris. 1899. ! Broché, 17 francs; cartonné, 18f,,5(k
- C’est une excellente idée qu’ont eue les auteurs de réunir en un ouvrage tous les renseignements et tous les détails sur les mesures et essais industriels. Le mécanicien, l’électricien, l’ingénieur et l’industriel trouveront là de nombreuses données pratiques qui seront fort utiles. Les auteurs en effet, par la nature de leurs fonctions, ont été appelés à effectuer nombre d’essais et de mesures; ils ont noté les avantages et inconvénients des méthodes, ainsi que mille détails que l’expérience seule peut apprendre. Ce sont tous ces renseignements que l’ouvrage nous ; donne. Le guide pratique est en 5 volumes. Le tome I, que nous ‘ annonçons aujourd’hui, s’occupe uniquement des instruments et | méthodes de mesure des grandeurs fondamentales. i
- j
- De la manière d'utiliser les observations hygrométriques, i par A. Lancaster. Rapport lu au Ve Congrès international j d’hydrologie, de climatologie et de géologie médicales dè ! Liège, 1898. 1 brochure in-8°. Liège, Imprimerie II. Vail-j lant-Carmanne. 1899.
- La volonté dans ses rapports avec la responsabilité pénale,. par J. Dallemagne, professeur de médecine légale à l’Uni- i versité de Bruxelles. 1 vol. petit in-8° de Y Encyclopédie \ scientifique des aide-mémoire. Masson et C‘°, éditeurs. Paris. 1899.
- Le beurre et la margarine, par A. Larbalétrier, professeur à l’Ecole d’agriculture des Basses-Alpes, 1 vol. petit in-8° de YEncyclopédie scientifique des aide-mémoire. Masson et C!e, éditeurs. Paris, 1899.
- Comité de viticulture de l'arrondissement de Cognac. La reconstitution du vignoble par les vignes américaines. Conférence publique faite par M. Guiuion, directeur de la station viticole de Cognac. 1 brochure in-8°. Imprimerie Y” G. Bérauld. Cognac. 1899. Prix : 0fr,50.
- La géographie militaire et les nouvelles méthodes géogrâ-p'hiques. Introduction à l'étude de l'Europe centrale, par 0. Barré, chef de bataillon du génie. 1 brochure in-8°. Librairie militaire Berger-Levrault. Paris. 1899.
- Une excursion électrotechnique en Suisse par les élèves de l'École supérieure d'électricité, avec une préface de P. Janet.
- 1 brochure in-8°. Paris, Gauthier-Villars. 1899. Prix : 2,r,75.
- Actualités Vinicoles. Eludes sur les nouveaux procédés de vérifications : aération, acidification, soufrage des moids et des vins, vins blancs de raisins noits, etc., avec une biographie de Jules Salleron, par L. Mathieu, professeur de physique au Lycée de Cherbourg. 1 vol in-8°. Paris, Dujardin, 24, rue Pavée-au-Marais, 1899.
- Les installations électriques du croiseur d'Entrecasteaux, par Victor Colin, lieutenant de vaisseau. 1 vol. in-8°. Berger-Levrault et Cie. Paris. 1899. Prix : 4 francs.
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- NOUVEL!,ES SGIENTIEIQUES
- Si .
- Psychologie der Vcranderunysauffassung, par L. William Stern, l’rival-docent der Philosophie an der universitiit llres-lau. 1 vol. in-8, Breslnii, l'reusset Jiinger, 1898.
- The year-booh for colorists and dyers, by Harwood Huntington. Volume I. New-York, 1898.
- Anales de la Oficina meteorologica Argenüna, por su director Gualterio G. Davis, torno XII. C lima s de asuncion del Paraguay y Ilosario de Santa Fé. 1 vol. grand in-4\ Buenos-Aires. Imprenta de Pablo E. Coni é hijos. 1898.
- Monographs of the United States geological Survey. Volume XXX. Fossil medusœ, by Charles Doolittle Wal-cott. 1 vol. in-4. Washington, government Printing Office, 1898.
- Bulletin of the United States geological Survey, n” 88, 89, 149. 5 brochures in-8. Washington, government Printing Office, 1898.
- Oficina nacionalde Agricultura Santa Fé 1128. Buenos-Aires. Informe annal. 1897. Vol. IV, n° 8.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49-,30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 10 avril . . . 9*,8 S. W. 4. Couvert. 0,4 Couvert; petite pluie à 6 h. eï quelques averses dans la soirée.
- Mardi 11 9*,0 W. N. W. 3. Couvert. 1,6 Très nuageux jusq. 19 h., pluie ùdiv. reprises. Un coup de ton. assez fort à 14 h. 22 précédé d’un peu de grêle.
- Mercredi 12 1*,8 S. S. VV. 1. Couvert. 2.8 Très nuag. de 6 à 12 h. ; nuag. de 4 à 5 h. et de 13 à 18 h. ; beau le reste du temps;neige fond. à 8 h. 30 et goût, à 9 h.
- Jeudi 13 3%3 S. S. E. 5. Très nuageux. 0,0 Nuag. jusqu’à 7 h. et à 21 h. ; couv. le reste du temps ; pl. à diverses reprises à partir de 10 h. ; gelée blanche. A peu près couv. de 6 à 21 h. ; tr. nuag. av. qq. nuag. ap, 3 orages ; grêle abond. ; pluie à div. rep. ; parh. gauche.
- Vendredi 14 6*,6 S. S. W. 5. Couvert. 4,5
- Samedi 13 5%9 S. 3. Couvert. 6,3 Très nuageux; pluie à diverses reprises.
- Dimanche 16 ... . 7-,l S. W. 3. Couvert. 1,0 Très nuageux ; tonnerre au S.-E. avec grêle.
- AVRIL 1899 — SEMAINE DU LUNDI 10 AU DIMANCHE 16 AVRIL.
- | Lundi | Mardi | Mercredi |
- Jeudi | Vendredi
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- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince} thermomètre à Vabri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à Vabri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- I.h tempête. — La tempête que nous avons signalée dans les Informations de notre dernier numéro a causé de nombreux désastres. Elle a soufflé du sud-ouest sur la Manche et a naturellement affecté la côte anglaise. De Douvres, les passagers pour la France n’ont pu quitter ce port et ont dû s’embarquer à Folkestone. Les services ont d’ailleurs été désorganisés. Le port de Newhaven, assailli par la tempête, a présenté un spectacle singulier. Les vagues arrivaient jusqu'à la lumière du phare. Le service de Dieppe n’a pourtant pas été interrompu. Le vapeur Tamise, avec 180 passagers, a eu une traversée terrible, constamment sous les paquets de mer qui balayaient le pont d'un bout à l’autre. Il n’a subi ni retard, ni accident. Le Lynx, venant des îles anglo-normandes, a été très éprouvé. Sur les côtes de Cornouailles et de Galles on a signalé de nombreux sinistres. A Penzance, le capitaine de la Fleur-des-Champs de Lowcstofl a annoncé qu’à huit milles du phare de Sevenstone, au large des îles Scilly, il a vu sombrer un grand steamer; il a passé sur le lieu de naufrage, mais n’a pu recueillir personne.
- La brigantine Gazelle, de Boulogne, chargée de charbon, s’est perdue à lioscastlc dans le nord de la Cornouaille. Deux hommes d’équipage sur quatre out été noyés. Dans toute cette région de nombreux bateaux de pêche ont été perdus. Le nombre des victimes est considérable. Les édifices publics et particuliers ont aussi souffert eu Cornouailles et sur la côte sud de l’Irlande.
- La même tempête s’est fait sentir sur nos côtes, Cherbourg, Dieppe, etc.
- Le 8 avril, à Marseille, un ouragan du uord-ouest a sévi sur la ville.
- Près de Perpignan, ce même ouragan a fait des ravages considérables. Sur les routes, un grand nombre d’arbres ont été abattus. A Prades, des cheminées ont été démolies, des toitures enlevées. A Villefranche-du-Conflent, le pavillon de la Bascule a été démoli. A Ria, près de Prades, les toitures des hauts fourneaux des usines Holtzer-Dorian ont été fortement détériorées. Le garde de nuit Cabrol, âgé de 70 ans, qui faisait sa tournée, a été enlevé et projeté sur le sol à une grande distance. A Joncet, 'près d’Olette, la toiture de la gare du plan incliné pour le transport du minerai destiné aux fourneaux de Ria a été projetée au loin. A Banyuls-sur-Mer, des étudiants de la Sorbonne, venus au laboratoire Arago, dirigé par M. Lacaze-Duthiers, s’étaient rendus sur les côtes d’Espagne avec le vapeur le Rolland pour faire des sondages et des études zoologiques dans le golfe de Rosas. Surpris par la tempête, ils ont dû se réfugier dans le port de la Selva et rentrer à Banyuls par le train. Les dégâts causés par l’ouragan dans les jardins ont été considérables.
- Le 11 avril, une forte chute de neige s’est produite et a couvert toutes les Vosges, la pluie est lombée ensuite sans interruption. Les cours d’eau ont augmenté à vue d’œil et près Paris l’on redoute aes inondations.
- A la même date, une bourrasque d’une grande violence s’est déchaînée sur Grenoble et la région. Durant plus de trente minutes, le vent a soufflé en tempête, arrachant les tuiles, renversant les cheminées et causant de nombreux dégâts. Au jardin de la ville, un énorme marronnier a été déraciné.
- La neige. — Le 12 avril, dans la matinée, entre Enghien et Ermont, on remarquait sur les champs une couche de neige et de grésil. Ii a neigé également en abondance dans l’Aisne ; on a relevé une épaisseur de neige de 2 centimètres.
- PHASES DE LA LUNE ; N. L., le 10, à 6 h. 30 m. du mal.
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- 1353 (29 avril 1399), du Journal « LA NATURE »
- M. HENRI DE PARVILLE, rédacteur en chef
- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —O— On vient d’inaugurer le 22 avril à Tours une ligne de tramways électriques d’un nouveau système à contact superficiel dû à M. Diatto. La prise de courant se fait au milieu de la voie par l’intermédiaire de pavés en fer enchâssés dans la chaussée : les pavés sont creux et en relation souterraine avec le câble transmetteur. Le passage d’une voiture agit successivement sur chaque pavé par un artifice simple et met celui-ci en relation avec le câble pendant le passage seulement. La distance entre les pavés est calculée de façon que la voiture ne perde jamais le contact. Le courant passe donc toujours jusqu’à la dynamo-motrice et de pavé en pavé. Ce système sur lequel il y aura lieu, sans doute, de revenir a déjà donné ailleurs des résultats satisfaisants.
- —®— La Commission spéciale qui, sous la présidence de M. Maurice Lévy, de l’Institut, étudie la question de l’eau pour l'iris, a décidé que des essais seront faits pour l’établissement de
- g;s artésiens dans la région avoisinant la capitale. Un crédit de 000 francs a été inscrit, à cet effet, au budget municipal. Les eaux ainsi filtrées sont d’une pureté presque absolue. On peut citer, comme exemple de travaux analogues, le puits de la «ittrce Badoit, qui est creusé dans une roche de porphyre cristallin; ce puits a 50 mètres de profondeur et 2 mètres de diamètre. Pour le creuser, on a évité d’avoir recours aux explosifs.
- —O— On a souvent donné des chiffres sur les transports; en voici qui ont été récemment fournis par un recensement officiel soûs la direction de sir J. Wolfe Barrv ; ils ne manquent point d’intérêt. Chaque jour les innombrables chemins de fer qui pénètrent de la banlieue dans Londres amènent 960 000 voyageurs venant de celte seule banlieue ; d’autre part, parmi les 3170 omnibus et les 10Ô0 tramways un grand nombre viennent des agglomérations suburbaines. 11034 fiacres apportent aussi eux-mêmes leur contribution importante à cet exode quotidien vers le centre des affaires. Dans le fameux Strand, il passe en une heure 1288 voitures et 5660 pié-tofis; les chiffres correspondants sont de 992 et 6358 dans Cheap-side; de 1497 et 3910 dans Piccadilly.
- —La Société de Biologie doit décerner, tous les deux ans, « à l’auteur du meilleur mémoire sur un sujet se rattachant à la biologie », un prix de 500 francs qui lui a été légué par Ernest Gdjdard aux conditions ci-dessus indiquées. Le prix vient d’être décerné à M. E. Vidal, de Périgueux, pour son travail imprimé portant le titre suivant : Influence de l’anesthésie chloroformique sur les phénomènes chimiques de l’organisme. Le prix Godard sera de nouveau décerné par la Société de Biologie à la fin de l’année 1900.
- —®— L’exposition du Concours de photographie instantanée organisé par la Chambre syndicale des fabricants et négociants de la photographie et par le journal la Photographie française a commencé le 25 avril et se continue jusqu’en mai prochain au Cercle de la Librairie, 117, boulevard Saint-Germain (10 h. du matin à 5 h. du soir). S’adresser pour les cartes d’invitation à M. Louis Gastine, directeur de la Photographie française, 156, avenue de Suffren. Ce concours, qui a réuni plus de 3000 épreuves, est le plus important de tous ceux qui ont été faits jusqu’à ce jour.
- Le iardin d’Acclimatation reprenant la série de ses intéressantes exhibitions ethnographiques va présenter au public une caravane de Derviches. Le3 Derviches sont au nombre de vingt-deux, les visiteurs pourront assister aux cérémonies tout à fait extraordinaires de ces gens que leur, excitation fanatique amène à un état cataleptique leur permettant d’accomplir des actes-d’une prodigieuse étrangfeté.
- —®— Du Ie1' ail 4 mai doit avoir lieu à Rouen, sous les auspices de la Société industrielle de Rouen et du Lloyd Rouennais, un
- Congrès international pour l’examen des meilleures conditions d’hygiène et de production dans les manufactures textiles.
- —©— La Société de Géographie de Paris a tenu, le 21 avril, dans son hôtel du boulevard Saint-Germain, sa première séance générale de 1899, sous la présidence de M. Milne-Edwards, membre de l’Institut. La grande médaille d’r de la Société a été décernée à M. Gentil, pour sa belle exploration de l’Afrique française, du Congo au lac Tchad, et la grande médaille d’or, à titre exceptionnel, au général Gallieni, pour l’œuvre de colonisation accomplie au Soudan, au Tonkin et à Madagascar, Le bureau de la Société pour l’année 1899 a été élu et se trouve composé de la façon suivante : président, M. Milne-Edwards, membre de l’Institut; vice-présidents, le général Niox et M. Savorgnan de Brazza; secrétaire, M, Marcel Monnier.
- —Sur les bords du lac dé Constance, près de Meersburg, est établi depuis plus de deux mois un grand chantier où de nombreux ouvriers travaillent à la construction d’un pont sur lequel doit avoir lieu l’ascension du ballon dirigeable du comte de Zeppelin. Ce pont reposant sur un certain nombre de bateaux s’avançe jusqu’à environ 500 mètres sur le lac. A son extrémité les eaux se trouvent à environ 20 mètres. Les frais de construction s’élèvent à 140 000 marks; ils seront couverts par la Société Wurtembergeoise d’aérostation. On espère que l’ascension pourra se faire dans le courant de juillet. Nous verrons bien.
- —Le buste du docteur Pietra-Santa, fondateur de la Société française d’hygiène, a été inauguré, dimanche, au cimetière de Saint-Cloud. Ce buste, qui est l’œuvre dn sculpteur Lemaire, repose sur un fût, décoré d’une palme de bronze. Le docteur Charrier, le docteur Foveau de Courmelles et M. Janssen, membre de l’Institut, ont pris la parole à cette cérémonie.
- —®— Il paraît que l’iguane, que l’on croyait absolument inoffensif, sauf pour les poulaülers, est un féroce étrangleur d’agneaux. Plusieurs propriétaires de troupeaux de moutons, dans la Nouvelle-Zélande, ont surpris ce lézard au moment où il tuait des agneaux, et il n’est plus douteux que l’on doive le ranger parmi les ennemis des éleveurs. La disparition de plus en plus complète des opossums est probablement ce qui a porté l’iguane à s’attaquer aux moutons. Depuis cette découverte, les éleveurs veillent leurs troupeaux de beaucoup plus près, et ils ont reconnu que les plus petits iguanes attaquent les agneaux, et qu’en outre ceux-ci ne guérissent jamais des morsures qu’ils ont reçues.
- —®— Il est question d’installer une communication télégraphique directe entre Paris et Barcelone. Paris se trouvera ainsi en relations directes avec Madrid, Cadix, Barcelone et Lisbonne.
- —®— On emploie depuis quelque temps en Amérique et en Angleterre une machine qui fabrique les boîtes en carton d’un seul coup. La machine prend le carton en rouleau, y découpe la boîte ou le couvercle au format voulu, trace dans les deux sens les parties à replier et coupe les coins, en une seule opération. Toutes les phases du travail étant simultanées, le résultat est plus régulier et le déchet est réduit au minimum. La machine fait des boîtes depuis 73 jusqu’à 400 millimètres de côté, en toutes formes rectangulaires; sa vitesse peut être changée en marche, ainsi que les dimensions des boîtes. Enfin le travail est automatique et continu, de sorte qu’un simple apprenti peut faire 3000 à 6000 boîtes par heure, suivant les formats.
- —®— La ménagerie du Muséum vient de recevoir, du Haut-Oubanguî, deùx cigognes épiscopales, et, du Dahomey, un petit carnasssier d’espèce assez rare, la genette (genettoides), que lui ont envoyés deux de ses correspondants. La semaine dernière, il est né au Muséum, quatre myopotames, rongeurs d’une famille voisine de rats et d’une grande taille.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES-
- Communications. — Un abonné, à Gray, nous écrit : « Votre journal, dans son numéro 1350, du 8 avril, p. 294, a publié un article intitulé : La carte cycliste de Suisse, où, après avoir expliqué en quoi consiste cette carte, l’auteur émet le vœu qu’on imite en France ce qui s’est fait en Suisse et ajoute un regret sur notre inertie. Je crois devoir vous faire connaître que, en 1893, étant à Chambéry, à l’époque où je m’étais remis à faire de la bicyclette, j’avais une carte pour toutes les routes de la région, à 400 ou 500 kilomètres à la ronde, les côtes des pentes étaient marquées. Il me semble me rappeler que cette carte était établie pour toute la France. » M. V. Tertrais, à Nantes, nous envoie quelques remarques judicieuses sur les observations qui nous ont été faites à propos du suintement des lampes : « Je me permets de vous envoyer ces quelques réflexions pour clore définitivement la discussion sur le suintement des lampes à pétrole qui menace de durer longtemps saris résultats pratiques à trouver. Il est absolument inexact qu’une cuvette en métal dans laquelle on a mis à peu près 1 centilitre d’huile lourde, soit traversée 6 heures après par le liquide, et qu’au bout de 24 heures on puisse apercevoir sous ladite cuvette en tôle des gouttelettes de l’huile contenue dans la cuvette. Si cela existe, c’est que cette cuvette est, ou bien percée ou bien ouverte ; dans ce dernier cas, le pétrole a pu monter sur les parois intérieurement pour redescendre extérieurement, simple phénomène de capillarité, tel qu’il se produit chaque jour, à mon avis, dans nos meilleures lampes à pétrole. Mais de là à dire que « cette expérience indique que le fer est perméable aux corps gras et fluides, que la tôle a été traversée, etc., etc. », il y a loin; et si votre correspondant avait approfondi la chose, il n’aurait pas eu la peine de faire sa relation fausse évidemment. En effet, que cette personne veuille bien prendre une capsule quelconque, en tel métal qu’elle voudra, fer, cuivre ou laiton, qu’elle y mette la quantité d’huile de pétrole qu’il lui plaira, et qu’elle fasse souder hermétiquement la capsule : elle se rendra compte alors que jamais la tôle ne sera traversée par le liquide, même en le mettant sous pression dans la capsule fermée. Je soutiens cette théorie et pour cause, c’est que justement j’ai des corps gras, fluides, à mettre en boîtes hermétiquement closes et sous pression; or, certaines boîtes ont plus de 15 ans et n’ont pas la moindre trace extérieurement- du liquide y contenu. Ceci est probant. Quant à dire que « ces particularités sont assefr connues des ouvriers métallurgistes, qui disent que l’huile traverse le. fer », si cette personne était dans l’industrie métallurgique, elle saurait que c’est une façon de dire inexactement que l’huile est difficile à garder. En effet, on fait facilement des bacs à eau de grandes dimensions même et ils ne coulent pas. Si vous voulez faire faire des bacs à huile, il faut une rivure très spécialement soignée, difficile à faire, l’huile la pénètre neuf fois sur dix, le bassin coule : mais jamais le phénomène ne se produit au beau milieu d’une feuille de tôle. Ce que j’avance, c’est encore à bon escient : j’ai une quinzaine de bacs à huile chez moi, de 2000 à 3000 litres l’un, tous soignés de construction et, malgré cela, il a fallu reprendre certaines rivures qui n’avaient pas fui à l’eau. Enfin la théorie de votre correspondant ferait admettre que les bacs à pétrole des grands dépôts sont impossibles à réaliser? Or, il en existe dans toute grande ville, et ils ne suintent pas le moins du monde. Les bidons en tôle galvanisée qui servent au transport des pétroles ne suintent pas non plus lorsqu’ils sont bien fermés et bien lavés ensuite. Enfin la lampe commune, qui ferme mal, suinte beaucoup et rapidement, même à froid, quelques heures seulement après son remplissage, tandis que la lampe vraiment soignée suinte beaucoup moins parce qu’elle est mieux fermée, avec joint en liège. D’où il résulterait qu’une lampe fermant hermétiquement ne suinterait pas, ou seulement par la mèche. En voilà bien long, mais je crois que c’est assez décisif. La paraffine
- dans le corps de la lampe donne un résultat partiel c’est vrai, mais la mèche s’encrasse, se durcit î on évite un mal en partie seulement pour tomber dans un autre !»
- Renseignements. — M. F. Brunei, à Marseille. — Il s’agit de petits arbres de transmission spécialement disposés
- Sour recevoir et transmettre le mouvement; voyez chez !. Sorgue, 9, passage Corbeau, et chez M. Mamelzer, 55, rue Bichat, à Paris. j
- M. A. Lepage, à Chartres. — Plans en relief : M. Digeon, 15, rue du Terrage; MM. Cabrisy et Blanc, 161, rue Lecourbe, MM. Regnard frères, 55, rue Bayen, à Paris.
- M. Marcot, à Avignon. — 1° 11 n’a pas encore paru de brochure sur ce sujet ; il n’y a eu que des articles de journaux; Nous en avons publié plusieurs dans le tome II de 1898; consultez aussi les collections de l'Industrie Electrique, l’Eclairage électrique et Y Electricien. — 2° Nous ne savons pas où cette brochure se trouve et nous n’avons pas les renseignements demandés.
- M. Tkiebaut, à Boulogne-sur-Seine. — Nous avons indique diverses recettes contre les cafards dans lé petit livre des Recettes et Procédés utiles, 1" série, à la librairie Masson et Cu.
- M. P: Chamard, à Paris. — Vous trouverez des livres de ce genre à la librairie Âulanier et C'% 13,. rue Bonaparte, àParis.
- M. 0. L. de Survilliers, à la Trinité. — Ces divers ouvrages sur les courants polyphasés et les transformateurs ont paru à la librairie Baudry, 15, rue des Saints-Pères; à librairie Tignol, 53 bis, quai des Grands-Àngustins, et à la librairie Fritsch, 30, rue Jacob, à Paris.
- M. A. Delville, à Celles-lez-Tournai. — Ces appareils téléphoniques ne se trouvent pas encore dans le commerce. Nous ne pouvons vous dire quand ils y seront. L’inventeur est un employé supérieur des postes, et il peut s’entendre avec l’administration des postes et télégraphes pour l’exploitation de ces appareils.
- M. E. D., à J. — Nous ne connaissons pas de fabricant spécial pour ces vitres; il est du reste bien facile de les disposer soi-même comme elles doivent l’être.
- M. A. Lesne, à Lille. — 1° L’heure des marées est toujours partout régulière, gouvernée par le passage de la Lune. — 2° A New-York, comme partout, elles subissent des variations; la grandeur dépend de rétablissement du port. — 5° Oui, sur les côtes du Portugal même régularité. — 4° Il faut consulter l’établissement du port.
- M. C. et J. Favre-Brandt, à Neuchâtel. — Pour ces diverses bicyclettes, il faut vous adresser à M. le capitaine Gérard, à Saint-Quentin (Aisne.)
- M. G. M., à Sonne. — Le carbonate de soude est très employé dans l’industrie ; nous ne pouvons vous énumérer ici tous ses usages.
- M. R. Lemoine, à Pans. — Vous pourriez vous adresser à la librairie Vieweg, 67, rue de Richelieu, à Paris.
- M. G. Hervteu, à Nanterre. — 11 existe un très grand nombre d’appareils analogues, et il nous est impossible de les décrire tous ; mais à l’occasion nous pourrons mentionner votre appareil, lorsqu’on nous en demandera.
- M. J. de Y., à Paris. — 1° Nous avons étudié la question que vous nous posiez, et nous ne pouvons vous donner d’explication; il faudrait examiner les conditions de vos expériences. — 2° Toutes les lettres et demandes doivent être adressées à la Direction de La Nature, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris.
- M. Gryorio Preoni, à Carloforte. — Nous ne connaissons pas ces différentes marques dont vous parlez.
- Questions. — N° 1245. —M. C. Compernolleker, à Gand, demande la composition d’une pâte ayant les mêmes propriétés que la cire à modeler, mais ne contenant aucune matière grasse et ne durcissant pas trop vite pendant le modelage ; le carton pierre conviendrait très bien, mais il ne se laisse pas modeler.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Dupont, à Paris. Il ne nous est pas possible de faire toutes ces vérifications ; il faut vous adresser à un architecte vérificateur. — M. L. R., & Versailles. Nous ne comprenons pas l’expérience dont vous nous parlez ; veuillez nous l’expliquer plus clairement. — M. G. R., à P. ; M. K. V., à Marseille. Voyez les Recettes et Procédés utiles, 2e série, à la librairie Masson et Cie. — M. Paulin, à Enghien. Cette recette est donnée dans le même petit livre que ci-dessus, 5* série, à la même librairie. — M» P. Duval, à Paris. — Remerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les reu
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni, à insérer toutes les communications. — Il n'est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS1
- PHOTOGRAPHIE PRATIQUE
- Nouveau taquet. — Le nouveau taquet que nous décrivons peut servir à la fois de porte-panneaux isolateur et d’armature de chevalet mobile. Les figures 1 et 2 montrent le dispositif employé pour isoler instantanément deux toiles fraîchement peintes, de toutes dimensions. Ce porte-toiles pratique peut être d’une grande utilité pour les paysagistes qui ont à transporter des toiles à de grandes distances. On peut y sus-
- Fig 1. Taquet porte-toiles. — Fig. 2. Vue de détail.
- pendre la palette, même chargée (figurée en traits pointillés); on supprime ainsi la boîte de campagne encombrante et lourde, en emportant tubes, brosses, godets, etc., dans une sacoche ou même dans sa poche. Le taquet Bourguin est aussi une armature solide se fixant sur des supports mobiles à coulisse formant chevalet (à 3 ou 4 pieds selon la dimension des toiles).
- Ce chevalet (fîg. 3) est adapté au châssis très solidement comme il est indiqué (fîg. 2). La rigidité est absolue. L’artiste
- Fig. 3. Taquet-armature de chevalet.
- n’est nullement gêné par la saillie du taquet. Une charnière permet de le replier en arrière ; cette charnière possède un arrêt A qui rend absolument fixe le taquet porte-toues lorsque les vis serrent les deux panneaux contre les tenons T, T'. Pour le paysagiste ce matériel est aussi très simplifié, très léger et très pratique.
- Pour ce qui concerne l’appareil, s’adresser à l’inventeur P. Bourguin, professeur au Lycée, 70, rue Nationale, Roanne (Loire).
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- Ép veuves au mercure.
- On met du mercure en contact avec de l’acide azotique pendant quelques jours et on recueille les cristaux d’azotate de mercure qu’on fait sécher à peu près sur du buvard, ils ne sèchent jamais tout à fait. On en fait une solution dans l’eau à 10 pour 100, et s’il se forme un précipité on ajoute de l’acide azotique pour le dissoudre. On colle ensuite du papier ordinaire avec de l’amidon et on laisse sécher, puis on le fait flotter sur la solution mercurielle pendant 2 ou 3 minutes au
- Elus en opérant dans une chambre éclairée seulement par une ougie. On sèche à l’obscurité et au feu si l’on veut. L’impression se fait au châssis-presse ordinaire, il suffit de 2 ou 3 minutes. On développe ensuite dans :
- Eau...................................150 gr.
- Sulfate de fer . ..................... 2 gr.
- Acide tartrique. , ................... 2 gr.
- et on fixe dans :
- Eau................................. 100 gr,.
- Sel de cuisine........................ 25 gr.
- On y laisse l’image pendant 5 minutes. Elle a une grise peu agréable, mais on la vire dans :
- Eau..................................... 500 gr.
- Chloroplatinite de potasse .. .. 0 gr. 50
- Acide tartrique........................... 5 gr.
- Le ton obtenu est alors noir gravure et l’image est tout à; fait inaltérable. i
- Renforcement.
- En général après avoir blanchi les clichés dans la solution ; de bichlorure de mercure à 1 pour 100, on les fait noircir avec l’ammoniaque, mais ce n’est pas toujours le meilleur procédé. H est préférable en général ae passer d’abord le cliché dans un bain de :
- Eau. ............................ 600 gr.
- Chlorure d’ammonium............... 15 gr.
- ou si l’on veut du chlorure de sodium qu’on a toujours sous la main. Ceci dans le but de débarrasser le cliché de l’excès de-bichlorure. Ensuite on fait le noircissement dans :
- Eau................................ 300 gr.
- Sulfite de soude .................... 40 gr.
- Carbonate de soude. ....... 40 gr.
- Faiblisseur.
- Si certains clichés ont besoin d’être renforcés, d’autres, par j contre, demandent l’opération inverse et on connaît depuis : longtemps le réducteur de Farmer au ferricyanure de potassium. i Ce dernier agit quelquefois un peu brutalement et en voici un t autre plus doux : i !
- Eau .... ..................150 gr.
- Chlorure de cuivre.......... 10 gr.
- On plonge le cliché dans cette solution jusqu’à ce qu’il j devienne blanc et on le lave soigneusement. Ensuite on le; plonge dans une solution très faible d’ammoniaque, on lave de. nouveau et on laisse sécher.
- Fixateur acide.
- MM. Lumière et Seyewetz ont mis dernièrement dans le commerce un hyposulfite de soude combiné qui présente l’avantage de rester à peu près incolore, même après un assez long usage pour le fixage des clichés. Il se dissout rapidement dans l’eau et renferme, sous un poids environ deux fois moindre, . la même quantité de substance active, fl peut être employé avantageusement pour fixer les papiers à développement et il durcit la gélatine comme les bains contenant de l’alun. La formule est :
- Hyposulfite acide anhydre............. 40 gr.
- Eau ordinaire......................... 500 gr.
- C’est encore pour le voyage un sel facile à emporter, qu’on peut dissoudre instantanément au moment de l’emploi, G. M.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Traitement des laryngites par les aspirations de poudres médicamenteuses.
- Le seul instrument nécessaire pour ce mode de traitement, qui a donné des résultats très remarquables à M. Leduc (de Nantes), est un tube en verre de t> millimètres environ de diamètre intérieur, de 20 à 25 centimètres de longueur, ayant, à l’ùne de ses extrémités, une crosse de 1 centimètre de longueur et faisant environ un angle de 100° avec le corps du tube. A 4 centimètres de l'autre extrémité se trouve une courbure d'environ 145°.
- Pour se servir de ce tube, on répand sur une surface propre la poudre à aspirer; le malade s’introduit le tube dans la bou-cfie, l’angle de la crosse contre la paroi postérieure du pharynx, la crosse en bas ; il applique l’autre extrémité sur la poudre et aspire. La poudre, entraînée par le courant d’air, pénètre pro-
- fondément dans les voies respiratoires, et si l’opération est bien faite, ne se répand ni dans la bouche ni dans le pharynx.
- Ces aspirations, qui sont efficaces dans toutes les laryngites, donnent des résultats tout particuliers dans les laryngites tuberculeuses, pour lesquelles M. Leduc emploie la poudre de di-iodoforme, dont il fait faire 4 à 8 aspirations par jour, suivant les cas.
- Lorsqu’il existe de la dopleur, il ajoute au di-iodoforme un
- peu de cocaïne.
- Di-iodoforme.................. 8 gr.
- Chlorhydrate de cocaïne. ... 0 gr. 08
- pour faire une poudre impalpable.
- Ou bien encore :
- Di-iodoforme.................. 8 gr.
- Chlorhydrate de cocaïne. ... 0 gr. 08
- Chlorhydrate de morphine ... 0 gr. 04
- pour faire une poudre impalpable.
- (Presse médicale.)
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 17 avril . . . 4*,2 S. S. VV. 2. Nuageux. 1,3 Nuageux de 6 à 18 h,; beau avant et après; gelée bl.
- Mardi 18 4*,0 E. N. E. 1. Couvert. 0,0 Très nuageux; gelée blanche ; halo.
- Mercredi 19 4*,2 N. 3. 0,0 Peu nuageux de 6 à 18 h. ; beau avant et après ; gelée
- blanche; halo.
- Jeudi 20 5%1 N. 2. eau. 0,0 Beau jusqu’à 16 h. ; nuageux ensuite ; gelée blanche ; halo. Couvert ; pluie à partir de 15 h, ; gelée blanche.
- Vendredi 21 7*i 1 S. 2. Couvert. 0,0
- Samedi 22 6*,8 N. N. E. 5. Couvert. 8,8 Couvert jusqu’à 8 li., puis nuageux; beau après 19 h.
- Dimanche 23 ... . 4-.0 E. Beau. 0,0 Beau jusqu’à 17 h. ; peu nuageux ensuite ; halo.
- AVRIL 1899 — SEMAINE DU LUNDI 17 AU DIMANCHE 23 AVRIL.
- | _ Lundi
- Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche 1
- I
- I
- s
- V
- m
- a
- c
- a
- m
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, 2es pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à Cabri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à Cabri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tremblement de terre. — De violentes secousses de tremblement de terre ont été ressenties à la date du 15 avril dans le Péloponèse.
- Orages et tempêtes. — Une tempête du nord-ouest, accompagnée de ralales de pluie, a sévi le 18 avril sur Perpignan. La diligence qui fait le service du courrier de Saint-Paul-de-Fenouillet à Perpignan û’a pu partir. La température s'est notablement abaissée.
- On a signalé, le 18 avril, des pluies dans le nord-ouest de l'Europe; en France, on a recueilli 28 mm. d’eau à Biarritz, 16 à Limoges, 4 à Belfort. La tempéralure s’est abaissée dans nos régions du Nord et en Allemagne; elle était de —3° à Haparanda, + 4® à Paris, 5° à Moscou, 2i° à Athènes.
- Les jours suivants une bande de pression supérieure à 765 mm. s’est étendue sur l’Espagne, le nord-ouest de la France et l’Allemagne. La dépression de la Méditerranée s’est déplacée vers le Nord (Nice, 756 mm.) ; une autre, peu profonde, s’est avancée sur l’Ecosse (Slornoway, 757 mm.). Le vent a été faible du nord en Bretagne et en Gascogne.
- Des pluies sont tombées dans le nord-ouest de FEurope; en France, elles ont été très abmdantes dans la moitié sud ; on a recueilli, le 19 avril, 60 mm. d’eau à Cette, 35 à Clermont, 20 à Biarritz. 12 à Nice. On a signalé de très fortes chûtes de neige sur les stations élevées. La température s’est abaissée dans les régions du Sud; elle était à la date indiquée ci-dessus, de — 2° à Haparanda, 4° à Paris, à Moscou, 22° à Athènes. On notait 0° au mont Ventoux, —-3* au Puy de Dôme, —12° au pic du Midi.
- A Paris, le temps a ^té beau, mais froid depuis le 15 avril. Une tempête est survenue dans la nuit du 20 au 21 avril et dans la journée du 21. En province la pluie est tombée en abondance. 1
- PHASES DE LA LUNE i P. Q., le 17, à 10 li. 52 m. du soir.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- INFORMATIONS
- —O— Les expériences de télégraphie sans fils se poursuivent entre la côte anglaise et la côte française. On a utilisé le système pour communiquer entre la terre et un navire au large. A cet effet, l'aviso l’Ibis, commandé par le capitaine de frégate Shilling et sur lequel avaient pris passage le capitaine de vaisseau Fiéron, attaché naval, et le colonel de Pontavice de Houssay, attaché militaire à l'ambassade de France à Londres, a pris position dans le détroit sur la ligne de Wimereux à South-Foreland. M. Marconi dirigeait les expériences à bord de Y Ibis; des électriciens étaient établis à South-Foreland, au bateau-feu de East-Goodwin et à Wimereux. Des dépêches ont été échangées avec un plein succès, d’une part, entre ces trois stations et le navire ; d’autre part, entre ce bâtiment et chacune des stations. Et non seulement les dépêches ont été transmises sans la moindre hésitation, mais encore, grâce à un dispositif ingénieux réalisé par M. Marconi, on a constaté que la transmission des dépêches n’était affectée en rien par des ondes électriques émanant d’autres stations et coupant les ondes qui portaient les télégrammes. Les membres de la commission française ont expédié de l'Ibis une dépêche à M. Cambon, ambassadeur à Londres. L’aviso croisait à ce moment à mi-canal; le télégramme a escaladé le mât de ce bâtiment, est arrivé à South-Foreland, d’où il a été téléphoné à Douvres, qui l’a expédié à Londres par fil. Le 28 avril, durant un brouillard épais, un vapeur de Londres étant entré en collision avec le bateau-phare de East-Goodwin, sur lequel est installé un appareil de télégraphie Marconi, la communication fut aussitôt établie avec le phare de South-Foreland, situé à 12 milles de là, et muni également d’un appareil Marconi, de telle sorte qu’il fut possible, à l’aide d’un échange de messages, d’assurer le sauvetage rapide de l’équipage du bateau-phare.
- —0— On annonce que des postes de télégraphie sans fil vont être établis à Dieppe et Newhaven par les soins de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest et de la Compagnie des chemins de fer London-Brighton and South-Coast.
- —M. Jenatzy vient de battre, le 29 avril, le record de la vilçsse détenu par M. de Chasseloup-Laubat. On se rappelle que M. de Chisseloup-Laubat avait avec sa petite voiture parcouru le kilomètre lancé en 38* 5/5 et en 48* pour le kilomètre arrêté. Avec sa voiture légère à accumulateurs, M. Jenatzy a franchi les derniers 1000 mètres de la course en 34 secondes, ce qui correspond à une vitesse moyenne de 103km,882 à l’heure. Plus qu’une locomotive à vitesse exceptionnelle! Qui aurait jamais soupçonné, il y a seulement quelques années, que l’on pourrait faire sur route plus de 100 kilomètres à l’heure !
- —®— Le 25 avril a eu lieu à Monaco la pose de la première pierre du Muséum océanographique créé par le prince Albert où il compte déposer les curieuses collections recueillies au cours de ses explorations sous-marines.
- —££— On annonce de New-York que la température est devenue très chaude. La chaleur se fait sentir comme au mois de juin, dans les années ordinaires. On signale à New-York plusieurs cas d’insolation.
- —La Compagnie du chemin de fer d’Orléans vient de faire d’intéressantes expériences, en comparant les vitesses obtenues avec des locomotives Compound du dernier type, empruntées aux réseaux du Nord et du Midi, et avec ses propres machmcs transformées. II s'agissait de déterminer quel maximum de vitesse on pouvait maintenir, en service, pour les trains rapides fortement chargés de la ligne de Paris à Bordeaux. Les résultats les meilleurs ont été
- obtenus avec les excellentes machines du Nord et les machines d’Orléans transformées qui ont remorqué des trains de vingt-quatre voitures, du poids total de 225 à 250 tonnes, sur le parcours de Paris à Angoulême, à la vitesse moyenne de 95 kilomètres par heure. Ces résultats permettraient de réduire d’une heure environ la durée du trajet de Paris à Bordeaux.
- —®— M. Louis Buchner, l’auteur du livre Force et Matière, vient de mourir âgé de soixante-quinze ans, à Darmstadt.
- —On a expérimenté à Berlin une nouvelle échelle de sauvetage qui, en quelques secondes, permet aux pompiers d’approcher d’un incendie que l’on aurait jusqu’ici jugé inaccessible, a L’inventeur a imaginé ae relier toutes les fenêtres superposées en ligne droite d’un immeuble par une tige en fer à laquelle il fixe une poignée par fenêtre. La tige de fer repose sur une boule mobile. En tirant sur l’une des poignées, toutes les fenêtres s’abattent et se fixent en formant un angle de 90°. A l’instant même, il se détache automatiquement de la partie supérieure de chaque fenêtre ainsi abattue un tronçon d’échelle. Ces tronçons viennent s’emboîter les uns dans les autres pour former une échelle des plus solides. En temps ordinaire, les fenêtres ainsi disposées ne se distinguent en rien des fenêtres ordinaires. Il est facile de les adapter à peu de frais aux maisons déjà construites.
- —®— L’éléphant du Cambodge offert au Muséum par M. Doumer et dont nous avons annoncé, il y a quelque temps, le départ d’Indo-Chine, est arrivé à Paris. On l’a conduit le 24 avril de Bercy à la ménagerie, sans difficultés ni incident, l’animal étant d’une docilité remarquable. Dès son arrivée, il a été placé à la rotonde, dans un parc voisin de ceux occupés par Coutch et par Tobie, les jeunes ' éléphants acquis l’année dernière par M. Milne-Edwards, directeur du Muséum.
- —®— Un cyclone d’une extrême violence s'est abattu le 28 avril à 6h 50m du soir, sur Kirksville (Missouri), balayant tout dans une zone d’un quart de mille à l’est de la ville. Quatre cents maisons ont été détruites. Après le passage du cyclone, une pluie diluvienne, accompagnée d’une obscurité complète, est venue jeter la confusion la plus absolue et rendre les secours presque impossibles. De nombreux incendies ont éclaté sur plusieurs points de la ville, facilitant la tâche des équipes de sauveteurs qui, grâce à la lueur des flammes, ont pu se mettre à la recherche des blessés ensevelis sous des amas de décombres. Le maire de Kirksville estime qu’il y a une centaine de morts. Quant aux blessés, on estime leur nombre à un millier; mais il est impossible de donner une estimation exacte du chiffre des victimes et de l’étendue des dégâts. Le premier cyclone a été suivi, à 20 minutes d’intervalle, par un second qui a passé sur la ville sans causer beaucoup de dégâts. Toute la partie orientale de la ville a été détruite. Plus de deux cents édifices, magasins, maisons particulières, etc., ont été rasés. Le cyclone, qui venait du sud, n’a pas touché le centre de la ville.
- -®— Le 28 avril, à I I heures, au Havre, a eu lieu aux ateliers des Forges et Chantiers, dans de très bonnes conditions, le lancement de la Ville-de-Mulhouse. Ce quatre-mâts est d’une longueur de 99 mètres et d’une largeur de 14 mètres; son tonnage est de 3500 tonnes de port et son déplacement de 5328 tonneaux. Ce voilier qui a coûté 740000 francs est entièrement en acier, ainsi que les mâts et les vergues. Il a été commandé aux Forges et Chantiers pour le compte de la Compagnie des voiliers ha vrais qui, d’ores et déjà, en a commandé trois autres; il est destiné au long cours.
- —®— Encore une centenaire. Mmo Cadelain vient de mourir à Camon (Somme), à l’âge de 104 ans
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour tout ce qui concerne la multiplication variable, s’adresser à M. Charles G. Evans, Nelson, British Columbia, Canada. — Les ciseaux à usages multiples se trouvent chez M. Kratz-Boussac, 3, rue Saint-Laurent, à Paris. — Le générateur à acétylène Le Bruncor, décrit dans le n° 1353 du 29 avril 1899, p. 347, se trouve chez MM. G. Lebrun et F. Cornailles, 17, rue de Rivoli, à Paris.
- Communications. — M. D. Grégoire Fournier, à Abbaye-de-Maredsous, nous a adressé la lettre suivante : « Voici pour la question du suintement des lampes à pétrole une expérience qui vous intéressera peut-être et qui, en tout cas, peut être utilement tentée en dehors de toute théorie. Depuis que je l’ai faite, je n’ai plus jamais à m’essuyer les doigts après avoir manié ma lampe, et je n’ai plus à redouter les taches de pétrole sur mes papiers. C’est aussi primitif que possible. Je lie autour du col de la lampe en cuivre dont je me sers une vulgaire ficelle qui en fait deux ou trois fois le tour et pend sur le côté, elle traverse le bouchon en liège fermant une petite éprouvette ou une fiole quelconque, et se termine à l’intérieur par un petit nœud. Naturellement elle est sous la vis qui s’ouvre pour l’introduction du pétrole dans le corps de la lampe (A). Tout le suintement s’opère par le dessus de la lampe, suit la ficelle, et le pétrole va se déposer au fond de ma fiole, d’où on peut l’enlever quand on veut. Mes confrères ont tous faitcomme moi cette expérience et je puis vous garantir que jamais une gouttelette de pétrole n’apparaît en dessous de la ficelle de nos lampes. Quand la lampe a un orifice de remplissage sur le côte (B) il est indiqué de faire passer la ficelle autour, et le résultat est le même (en pointillé). On peut remplacer la fiole par un chiffon de papier qui absorbe le pétrole, mais l’aspect en est peu agréable et l’odeur aussi, tandis qu’une petite éprouvette ne fait pas un trop vilain effet en pendeloque! »
- M. A. Cotte, à Crest (Drôme), nous adresse la lettre suivante : « Je vous signale *un fait assez curieux qui s’est produit dans mon laboratoire. Mon garçon était occupé à laver un mortier en verre dont je venais de me servir. Au moment où il allait le déposer sur une table pour le faire égoutter, une détonation se produisit et le mortier vola en éclats blessant légèrement le garçon aux mains. Les éclats, dont quelques-uns avaient été projetés à plus de 4 mètres, formaient sur le sol un cercle de 2 mètres de diamètre, les plus gros continuèrent à se diviser pendant une demi-heure produisant de temps à autre des crépitements semblables à ceux que produit un bâton de soufre tenu dans la main. Ce mortier servait plusieurs fois par jour depuis au moins dix ans, il mesurait 13 centimètres de diamètre avec une épaisseur variant de 20 à 4 millimètres de la base au bord supérieur. Fait à remarquer, les fragments provenant du fond sont plus divisés que ceux provenant de la partie supérieure. J’ajouterai que cette explosion n’est certainement pas due à une cause extérieure, le mortier n’a pas été mis dans l’eau chaude, il n’est pas passé subitement d’une température à une autre et il ne peut par conséquent pas y avoir eu dilatation brusque. Peut-être pourrez-vous donner l’explication de ce phénomène qui intéressera certainement bon nombre de lecteurs. »
- L'observatoire Cartier d’Orlhez nous envoie son bulletin mensuel et celui des autres stations de la région publié sous le patronage de l’Association météorologique et climatologique du sud-ouest de la France.
- Un abonné nous fait parvenir une lettre écrite, une ligne en écriture ordinaire, et une ligne en écriture renversée et ainsi de suite. L’effet est très curieux.
- Mat Eschwhard-Dascel, au château de Puligny, par Chagnv, nous envoie un spécimen de l’écriture d’une de ses amies, qui, depuis longtemps, écrit de la main gauche, et jamais n’a écrit en renversé. Notre correspondante ajoute qu’elle a essayé d’écrire de la main gauche et qu’il lui est Beaucoup plus facile de le faire de gauche à droite que de droite à gauche.
- M. L. Bonetti, à Paris, nous écrit que la chambre noire roulante, à déplacement simultané de l’écrou et de l’ampoule dont il a été question dans le compte rendu de l'Exposition annuelle de la Société française de physique (n° 1351, du 15 avril 1899, p. 315) est due à M. J. Wertheimer, à Neuilly-sur-Seine.
- Renseignements. — M. J. Malquit, à Lyon. — 11 y a, en effet, des lampes qui ont une faible dépense électrique; mais l’usure de ces lampes est exagérée, et finalement il en résulte une grande dépense. Comme fabricant de bonnes lampes, nous pouvons vous indiquer M. Larnaude, 5, rue des Mathurins, à Paris.
- M. F. Lopez Garcia, à Méfida. — Nous avons reçu la description de votre expérience ; mais elle est déjà bien connue. Remerciements.
- M. L. Daran, à Pau. — Nous ne pouvons vous répondre à ce sujet; il faudrait consulter une agence de brevets.
- M. P. Saillard, à X. — Vous trouverez de l’ébonite à 1» Société industrielle des téléphones, 25, rue du Quatre-Sep-tembre ou chez MM. Chautard et Christensen, 8, cité Rougemont, à Paris.
- M. P. de Martenne, à X. — 1° Nous ne connaissons pas de mastic spécial. — 2° Nous avons donné sur cette pile tous les renseignements nécessaires; il faut vous adresser à l’inventeur dont l’adresse a été donnée en tète de la Boîte aux Lettres du numéro qui a contenu la description de l’appareil. — 3° La composition de ce liquide n’est pas connue.
- Jü” V,e Montorier, à Chadebeuf. — L’adresse de M. Bou-chaud-Praceiq est donnée en tête de la Boîte aux lettres du n* 1351, du 15 avril 1899.
- M. J. G., à Paris. — 1° Nous ne croyons pas qu’il existe d’ouvrage sur ce sujet. — 2° Nous pouvons vous mentionner L'amateur électricien, par Keignart, à la librairie Michelet, 25, quai des Grands-Augustins, et le Manuel pratique de l'électricien, à la librairie Bernard Tignol, 53 bis, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. Troussel-Dumanoir, à Petit-Quévilly. — Il existe plusieurs traités d’automobilisme, notamment L'automobile, par Baudry de Saunier, 22, boulevard de Villiers, à Neuilly-Leval-lois (Seine); Voitures automobiles, par Lockert, à la librairie Bernard et Cio, 29, quai des Grands-Augustins, et Les automobiles, par Farman, à la librairie Fritsch, 30, rue Jacob, à Paris.
- M. A. D. L., à Bruxelles. — Nous ne pouvons vous indiquer un bon système bien pratique.
- M. N. Piatnitsky, à Saint-Pétersbourg. — Adressez-vous à la maison Tavernier-Gravet, 19, rue Mayet, à Paris.
- M. J. Benoist, à Delle. — 1° Nous ne comprenons pas votre question. — 2° La collection des Manuels Roret contient un Traité complet de la gravure, librairie Mulo, 12, rue Ilaute-feuille, à Paris. — 3° Nous n’avons pas d’adresse spéciale à vous indiquer.
- M. G. Lecaille, à Paris. — Le chiffre que nous avons publié a bien été donné par l’auteur.
- M. E. S., à Saint-Q. — A notre grand regret, il nous est impossible de pouvoir vous aider à vous procurer les tourteaux dont vous parlez.
- M. A. Meurice, à Bruxelles. — Nous ne pouvons vous indiquer ni d’ouvrage, ni de procédé spécial pour faire apparaître, sur d’anciens manuscrits, un texte qui a été effacé. Essayez la teinture d’iode qui souvent fait revenir les traits disparus.
- M. E. M., à Gronat. — Le Carbonyle, pour la conservation du bois, se trouve à la Société française du Carbonyle, 222, Faubourg-Saint-Denis, à Paris.
- M. Franckey, à Liège.— l°Nous ne connaissons pas encore cette adresse. — 2° Nous ne croyons pas que cette traduction ait été faite.
- M. Ch. Pensa, à Paris. — Il nous est absolument impossible de répondre à vos diverses questions qui sont trop spéciales.
- (Voir la suite de la Boîte aux lettres page 3* des Nouvelles scientifiques.)
- Dans la * Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux tes ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se l'attachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer tontes les communications. — il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- * BOITE AUX LETTRES [Suite)
- M. J. G., à Lyon. — Les solutions que nous avons indiquées doivent être préparées très exactement; on doit obtenir de bons résultats.
- M. E. Boigeol, à Giromagny. — Des virus spéciaux sont préparés par l’Institut Pasteur pour la destruction des rongeurs; il faut vous adresser à l’Institut Pasteur, service des virus, 55, rue Dutot, à Paris. Vous trouverez une notice complète à ce sujet dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, 5e série, à la librairie Masson.
- M. Crninicianct, à Berlad (Roumanie). — Veuillez vous adresser direclement'à l’inventeur, M. le capitaine Gérard, à Saint-Quentin (Aisne).
- M. R. Murillo, à Madrid. — Il faut vous adresser à M. Bou-chaud-Praceiq, dont l’adresse a été donnée en tête de la Boite aux Lettres.
- Mm* la F",e Liger Relair, à La Gouchère. — .Nous pensons que le parquet est maintenant trop imprégné et qu’il n’y a pas moyen de faire disparaître cette couleur.
- M. È. D. L., à Leuze. — 1° Appareils à chauffage électrique : M. R. Relier, 18, cité Trévise; MM. Parvillée frères, 29, rue Gauthey, à Paris. — 2“ Adressez-vous à la librairie agricole de la maison Rustique, 26, rue Jacob, à Paris.
- M. L. Routzel, à X. — t° Pour le rhume, nous pouvons vous citer la cocaïne, l’ammoniaque, l’acide phénique, le salol, le nitrate de bismuth, etc. — 2* On a fait cette analyse et on n’a rien trouvé.
- M. C. L., à Liège. — Ces expériences de décomposition de l’eau ont été faites, mais nous ne pouvons vous donner la composition du bain.
- M. A. M., à Z. —: Cette couleur verte des œufs doit tenir à la nourriture des poules; il faudrait soumettre la question à un vétérinaire.
- Un lecteur, à Paris. — 1° Le bioxyde de sodium a cette propriété. — 2° Non, l’air liquide n’est pas encore dans le commerce.
- M. A. Orlandi, au Caire. — Votre procédé photométrique est intéressant; mais il est déjà bien connu sous une forme analogue.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. Leblois, à Paris. Nous avons déjà traité cette question à plusieurs reprises; consultez les tables des matières. — M- Chardon, à Lille. Nous ne pouvons nous charger d’examiner ces appareils. — M. G. R., à V. ; M. Dumont, à Rennes. Voyez le petit livre des Recettes et procédés utiles, 2e série, à la librairie Masson et Cie. — M. Perrond, à Bordeaux. Cette recette est donnée dans le même petit livre que ci-dessus, 4e série, à la meme librairie. — M. Robert, à Nice; M. A. F., à Paris. Remerciements pour vos communications.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Pour protéger les dessins au crayon ou à Vencre de Chine. — Un journal allemand conseille, pour protéger ces dessins et empêcher qu’il s'y forme des taches sous les frottements, de les recouvrir d’une couche de collodion, cette substance étant préalablement additionnée de 2 pour 100 de stéarine empruntée tout simplement à une bonne bougie en stéarine. Pour étendre cet enduit protecteur, on le verse, comme le font les photographes pour leurs plaques, sur le dessin posé sur une plaque de verre ou une planchette. Au bout de 10 minutes, tout est sec; le dessin possède un glaçage un peu terne et peut se laver sans aucun inconvénient.
- Contre l'humidité des caves. — Le meilleur et le plus simple des remèdes pour lutter contre l’humidité des caves consiste à y déposer du chlorure de chaux dans une vieille boîte de conserves ; il suffit de moins d’un demi-kilogramme de ce sel pour une cave même de grandes dimensions. Quand le chlorure se met à l’état liquide parce qu’il est saturé de vapeur d’eau, onAïeut le revivifier ; pour cela il faut faire évaporer l’eau en plaçant simplement le vase contenant le chlorure sur un bon feu. 11 cristallise bientôt à nouveau et peut être employé avec autant de succès que la première fois. En déposant ainsi cette substance avide d’eau dans une cave, on peut retarder considérablement la germination des pommes de terre qu’on y garde enfermées.
- Moyen de conserver une solution réfrigérante. — Comme dans les laboratoires de physique et de chimie il est fort important de pouvoir isoler et empêcher de s’échauffer rapidement les solutions réfrigérantes, signalons l’étude publiée à ce sujet par M. le Professeur W. Ilempel dans une publication allemande récente. H a entrepris des expériences comparatives
- en vue de déterminer quelle est la substance la meilleure pour retarder l’élévation de température d’un mélange réfrigérant, et il est parti pour cela de la température de —75° à 80° G. produite par un mélange de bioxyde de carbone et d’éther, en observant, comme de juste, le temps nécessaire pour qu’une certaine élévation de température se manifestât. 11 a trouvé que le meilleur isolant en l’espèce est l’édredon, qui est presque égalé par la laine soigneusement séchée à 100° C. 11 a essayé les tubes à vide inventés par le Professeur Dewar, et recommandés par lui pour la conservation des gaz liquéfiés ; les résultats qu’ils donnent sont assez variables, mais en tout cas très inférieurs à ceux qu’assure l’édredon ou la laine étuvée. Ainsi, avec Je premier, il faut 28 minutes pour que se manifeste une élévation de température de 12°; avec la laine, l’élévation serait de 20 à 24° C. dans le même temps, alors que trois exemplaires des tubes à vide ont donné respectivement 65, 69 et o9° d’accroissement de température.
- Vernis élastique pour le cuir. — Le grand inconvénient des vernis pour les cuirs est de se craqueler facilement, par suite de leur manque d’élasticité; on remédie à cet inconvénient en employant un vernis fait de 50 parties de colophane, d’autant de térébenthine épaisse, d’autant également d’huile de térébenthine, de 60 de sandaraque, de 120 de laque en écailles, et le tout dans 900 parties d’alcool à 90°. Après dissolution, on filtre, et on ajoute 15 parties d’un colorant, noir de fumée, outremer, blanc de zinc, etc., écrasé très finement avec un peu d’alcool.
- La préparation des toiles à peindre. — Se basant sur les reproches qu’adressent bien des connaisseurs au fond dont on recouvre d’ordinaire les toiles à peindre, fond qui brunit beaucoup en vieillissant et diminue la luminosité du tableau qui a été peint sur la toile, M. J.-L. Schudt signale, dans Polyteclinisches Centralblatt, une composition nouvelle de son invention. On éteint de la chaux avec un peu d’eau, et tandis que la chaleur n’en est pas encore disparue, on y ajoute de la cire d’abeille et de l’huile de lin, puis on écrase le tout dans un moulin à couleurs avec 1 fois 1/4 ou 1 fois 1/2 son poids de fromage blanc ; on étend ensuite la masse sur la toile; saturée de lait et bien aplanie. 11 paraît que l’enduit ainsi obtenu ne se craquèle que très rarement. t
- Graisse brillante pour souliers. — La publication Tech-nische Berichte signalait récemment un cirage donnant aux chaussures un luisant fort agréable, sans avoir cependant l’ambition de les doter de l’apparence du cuir vernis. On prend 126 parties d’alcool, puis 11 de camphre, 16 de térébenthine de Venise, 56 de shellac (laque en écailles), et 11 d’une substance colorante : cette dernière peut être composée en faisant dissoudre, dans 800 parties d’alcool, 15 parties de bleu d’aniline, ou autant de brun de Bismarck.
- Colle à papier. — Un journal spécial américain, le Western Painter, recommande la formule suivante pour fabriquer une bonne colle à papier, assurant une adhérence parfaite et continue au bois et aux maçonneries, en dépit de l’humidité. On prépare la colle de pâte comme d’ordinaire, avec de la farine de seigle, et, quand elle a bouilli, on y ajoute 8 1/2 grammes d’un bon vernis à l’huile de lin et 8 1/5 grammes de térébenthine par 500 grammes de colle.
- Vernis à l'eau. — Voici d’après la publication spéciale Farben Zeitung, quelques bonnes recettes pour fabriquer des vernis à l’eau, qui ont l’avantage de ne pas coûter cher.
- Première recette. — C’est assurément la plus simple, on peut même dire qu’elle est d’une simplicité enfantine : dans 1,629 litre d’eau, on fait dissoudre 430 grammes de bonne gomme arabique blanche et autant de glucose. Le résultat est, paraît-il, fort satisfaisant.
- Deuxième recette. — On fait bouillir 28,5 grammes de shellac (ou laque en écailles) et 42,75 grammes de borax dans 0,564 litre d’eau, jusqu’à dissolution de la laque; ce vernis est blanc ou coloré suivant que celle-ci est blanchie ou a gardé sa coloration orange. Il est excellent sur le papier, sert beaucoup à donner du liant aux couleurs à l’eau, fournit un très bon brillant, résiste au lavage, et peut même se nuancer au moyen de couleurs d’aniline.
- Troisième recette. — Mélanger 0,564 litre d’albumine avec autant d’eau (si l’on emploie de l’albumine desséchée, on n’en mettra que 28,5 grammes); on ajoute, pour assurer la conservation du liquide, un peu d’acide phénique ou salicylique. Le mieux est de faire sécher à l’air chaud les enduits faits avec ce vernis.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
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- BIBLIOGRAPHIE
- Cent vingt Exercices de chimie pratique décrits d’après les textes originaux et les Notes de laboratoire, et choisis pour former des chimistes par Armand Gautier, de l’Institut, professeur de chimie à la Faculté de médecine de Paris, et J. Albahary, doct. phil. des Laboratoires de E. Fischer et A. Gautier. Paris, Masson et C'% 1 volume in-10 cartonné toile. Prix : 3 francs.
- Manuel pratique de t'analyse des alcools et des spiritueux, par Charles Girard, directeur du Laboratoire municipal de Paris et Lucien Armasse, chimiste expert de la ville de Paris. Paris, Masson et Cie. f vol. in-8* avec figures et nombreux tableaux, relié toile pleine. Prix : 7 francs.
- Cours élémentaire de zoologie par Rémy Perrier, maître de conférences à la Faculté des sciences de l’Université de
- Paris, chargé du cours de zoologie pour le P. C. N. Paris, Masson et Cie. f vol. in-8°, avec 695 figures dans le texte, relié toile : 10 francs.
- Premiers principes d’électricité industrielle. Piles, accumulateurs, dynamos, transformateurs, par M. P. Janet, directeur de l’École supérieure d’électricité. 1 vol. in-8*, 3e édition. Gauthier-Villars, éditeur. Paris. Prix : 6 francs.
- Les feux et les eaux, par M. Grivkau. 1 volume de la petite Encyclopédie populaire illustrée. Paris, Schleicher frères, éditeurs, 1899. Prix : 1 franc.
- Traité pratique de photomicrographie. Le microscope et son application à la photographie des infiniment petits, par L. Mathet, pharmacien de première classe. 1 vol. in-8*. Charles Mendel, éditeur, 1899. Prix : 4 fr. 30.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49*,30). — Bureau central météorologique de France..
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 24 avril . . . 8*,2 S. S. E. 1. Couv ert. 0,0 Quelques éclaircies jusqu’à 13 ti. ; couvert ensuite ; halo; pl. de 15 à 22 h.
- Mardi 23 11*,6 S. W. 3. Couvert. 5,2 Presque couvert jusqu’à 16 h. ; très nuageux ensuite.
- Mercredi 26 9*,0 S. W. 4. Couvert. 5,7 Très nuageux jusqu’à 14 li. ; couvert ensuite ; quelques averses le matin avec grêle.
- Jeudi 27 9*,0 W. 2. Couvert. 5,3 Couvert jusqu’à 8 h., très nuageux ensuite.
- Vendredi 28 10*,2 S. 2. Peu nuageux. 0,0 Nuageux jusqu’à 18 b. : couvert ensuite.
- Samedi 29 lf,0 W. S. W. 3.. Couvert. 0,0 Presque couvert; quelquefois de la bruine le matin et averses dans la soirée.
- Dimanche 30 ... . ity W. S. W. 3. Couvert. 5,7 Couv. jusqu’à 10 b. ; puis très nuag. ; beau après 20 h. ; un peu de pluie à 9 il. 40 et 10 b. 15.
- AVRIL 1899 — SEMAIVE Dü LUNDI 24 AU DIMANCHE 50 AVRIL.
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche |
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10 ; les flèches inférieut es, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Trombe de grêle 4 Grenoble. — Une véritable trombe de grêle s’est abattue le 26 avril dans l’après-midi, sur Grenoble et les environs. Les grêlons atteignaient la grosseur d’une noisette. En certains endroits, les récoltes ont été complètement hachées.
- Orages et tempêtes. — Le changement de temps, annoncé le 23, est survenu le 23 avril, et les pluies, après avoir commencé en Bretagne, sont tombées sur toute la France. Les liasses pressions du large se sont étendues jusque sur le nord et le centre du continent; la baisse barométrique a été, le 24 avril, de 15 mm. dans les Pays-Bas, et de il mm. en Lorraine. L’aire des fortes pressions s’est éloignée vers la Russie. Le vent a été assez fort ou fort de l’Ouest sur nos côtes de la Manche et de la Bre-•tagne. Des pluies ont été signalées sur les Iles-Britanniques seulement et en France, oii on a recueilli 33 mm. d’eau au hallon de Servance, 20 à Lorient, 13 à Dunkerque, 9 à Biarritz, 3 à Marseille, 3 à Paris. La tempé-
- rature s’est abaissée dans le nord-ouest et l’est de l'Europe. Le 23 avril, dans la matinée, le thermomètre marquait G à Ilaparanda, 12 à Paris, 20 à Alger. Ou notait —3 au Puy-de-Dôme, 2 à l’Aigoual, —5 au Pic-du-Midi.
- Le 26 avril, le mauvais temps a sévi sur la Manche où a régné une violente tempête de nord-ouest avec mer grosse ; les pluies ont encore été générales sur l’Europe occidentale.
- A Paris, le malin vers 8 heures, est survenue une énorme pluie très abondante qui a duré près d'une demi-heure. Dans la journée, il y a eu pluie continuelle.
- Dès le 27 avril, les mauvais temps ont sévi sur les côtes de Provence. Le vent a été faible sur tout le littoral de Dunkerque à Biarritz. Des pluies ont été signalées, sauf dans l’est du continent. En France, on a recueilli 9 mm. d’eau à Besançon, 6 à Biarritz, 3 à Paris, 2 à Dunkerque ; du tonnerre a été entendu dans la même journée à Lyon.
- La température est restée sensiblement la même sur nos régions. Le 27, dans la matinée, le thermomètre marquait -t- 9° à Paris, et 23° à Alger.
- PHASES DE LA LUNE : P. L., le 25, à 7 h. 31 ni. du soir.
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- M. J. LAFF ARGUE, secrétaire de la rédaction
- Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- AVIS DE I/ADM*!MSTRATI©]1. — L’échéance du 31 mai étant une des plus chargées de l’année, nous prions instamment MM. les abonnés dont l’abonnement se termine avec le numéro du 27 mai (n* 1337) de nous faire parvenir, soit par leur libraire, soit directement, le montant de leur renouvellement avant cette époque. Une quittance, pour une même durée que l’abonnement précédent, sera, à Paris et dans les départements, présentée dès les premiers jours de juin aux abonnés qui, préférant ce mode de recouvrement, n’auront pas avant le 3 juin renouvelé ou donné ordre contraire. — Tout abonné à La Nature peut, en renouvelant son abonnement pour une année entière, recevoir les Tables décennales. (2 volumes, 1873 à 1882 — 1883 à 1892), au prix de 12 francs au lieu de 20 francs.
- Les lettres et communications relatives â la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent être adressées à la Direction de « LA NATURE », 120, Boulevard Saint-Germain, à Paris.
- INFORMATIONS
- —©— Des expériences de télégraphie sans fils ont été faites avec succès le 1er mai entre le fort du mont Yalérien et la rue de Grenelle, lors de la récente visite de M. le Ministre de la guerre à l’Ecole de télégraphie militaire.
- —© — M. des Michels, capitaine instructeur au 9e régiment de chasseurs à cheval, vient d’exécuter un raid, de cavalerie prescrit par le Ministre dans des conditions exceptionnelles d’endurance pour les hommes et les chevaux. En compagnie de deux cavaliers et d’un bicycliste, il a parcouru 205 kilomètres en trente heures et demie. Les cavaliers ont fait une halte de quatre heures aux 100 premiers kilomètres. Les hommes et les chevaux sont rentrés en parfait état.
- —Endurance humaine! Il serait difficile de prétendre que l’homme moderne est inférieur à l’homme d’autrefois comme producteur d’énergie. Après la course vélocipédique de 6 jours des Américains, nous venons d’avoir la course de 100 heures de Roubaix. En voici les résultats : l’Américain Miller qui avait déjà gagné la course américaine, est de nouveau arrivé premier à Roubaix. Miller, 2258 km 333 m; Fischer, 2210 km 533 m; Chevalier, 2186 km 480 m; Nawn, 2167 km 500 m; Muller, 1942 km333 m ; Beaugendre, 1862 km 560 m; Rigollet, 1826 km 780 m; Habert, 1673 km 560 m; Kainoff, 1666 km 333 m; Yanderstuyft, 1245 km 533 m; Niesz, 1222 km. Ainsi voici 11 coureurs qui ont tenu bon jour et nuit pendant quatre jours et quelques heures, sans prendre pour ainsi dire de repos. L’Italien Muller a failli l’emporter sur Miller. Une rencontre malencontreuse de machines l’a jeté à terre et l’a obligé à s’arrêter pendant plusieurs heures. Autrement pendant 70 heures, il n’avait cessé de courir sur le même rang que son rival. Miller et Muller ont fait preuve d'une résistance vraiment extraordinaire.
- —©— M. Lucas-Cbampionnière a présenté à l’Académie de médecine un géant de 2m,02 de hauteur, chez lequel l’accroissement de la taille s’est fait surtout après la puberté. En entrant au service militaire, sa taille était de lm,89; trois ans après, à la fin de «on service, il mesurait lm,94; depuis quatre ans, il a encore gagné € centimètres, et bien qu’il ait atteint l’âge de 27 ans, il continue cependant à grandir. L’accroissement de sa taille se fait comme chez l’enfant, par poussées qui sont souvent accompagnées de fièvre. Son père avait, dit-on, 2m,32; mais sa mère était petite. Une de ses sœurs avait 2 mètres et se montrait dans les foires.
- —©— On a fait fonctionner dans la salle de la Société des Ingénieurs civils sur convocation spéciale du président de la Société YElectroscripteur Kamm, ou télégraphe domestique. M. Léon Girard, président de l’Association des Ingénieurs de l’Ecole polytechnique de Bruxelles, a décrit le nouvel appareil qui commence à se propager en Belgique et en Angleterre. Le téléphone imprimant est en service depuis quelques mois au Bulletin des Halles, a Paris. Cet appareil consiste en une machine à écrire à clavier dont les effets mécaniques se transmettent à distance, au moyen du courant
- électrique, à une autre machine identique, de manière à imprimer à la fois au poste d’émission et au poste d’arrivée un même texte en caractères ordinaires. D’un prix de revient modique (200 francs}, la machine Kamm est d’une construction simple et solide. Son maniement est le même que celui d’une machine à écrire. Elle peut être reliée à une ligne téléphonique ou télégraphique sans les déranger en quoi que ce soit, et cette liaison se fait instantanément. Elle permet d’écrire par une ligne téléphonique sans empêcher la correspondance simultanée du téléphone pour parler. Après examen, nous reviendrons, s’il y a lieu, sur Y Electroscripteur Kamm.
- —M. le Ministre des finances a abaissé comme il suit, à partir du l,r avril 1899, les prix de vente aux consommateurs des jus de tabac titrés riches en nicotine :
- Contenance des bidons.
- 5 litres 1 —
- 1/2
- Prix anciens. 18 » 4 » 2 30
- Prix
- nouveaux. 13 50 3 05 1 75
- Diminution de prix.
- 4 50 *1 »
- 0 55
- En abaissant les prix de vente des jus de tabac riches en nicotine, M. le Ministre a eu en vue de propager l’emploi de ces produits dont on obtient les meilleurs effets pour le traitement des maladies parasitaires des plantes et des animaux. Cette mesure mérite donc d’être signalée aux Sociétés et professeurs d’agriculture, aux divers autres intéressés, cultivateurs, propriétaires et éleveurs de bestiaux. Ce jus s’emploie mélangé à 5 pour 100 d’eau contre les parasites animaux, et à 1 pour 100 contre les parasites végétaux.
- —A la dernière assemblée générale de l’Automobile-Club de France, qui a eu lieu le 3 mai 1899, M. le baron de Zuylen a donné quelques renseignements très intéressants sur l’industrie de l’automobile. On compte actuellement en France 600 constructeurs ayant produit 3250 voitures automobiles, et environ 10 000 moto-cycles. On compte 110 constructeurs en Angleterre, 80 en Allemagne, 60 aux Etats-Unis, 55 en Belgique, 25 en Suisse et environ 30 dans les autres Etats d’Europe. Le nombre de voitures construites à l’étranger atteint près de 300, dont la moitié en Belgique.
- —Le 7 mai 1888, le musée du Bardo, installé par les soins du regretté La Blanchère, était inauguré en présence des délégués de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres : M. Wallon, secrétaire perpétuel, M. Héron de Villefosse et M. Perrot. Le 24 avril dernier, M. Gauckler, successeur de M. La Blanchère, ouvrait au public plusieurs salles nouvelles de ce musée, garnies par ses soins de monuments d’un très haut intérêt et de nature très variée. M. Perrot, remplaçant M. Cagnat empêché, a félicité, au nom de l’Académie, M. Gauckler pour son activité et le succès de ses recherches. Ces salles contiennent, outre les belles mosaïques d’Utina (Oudna) et de Carthage,-tout le butin livré par les foudles que M. Gauckler poursuit depuis le 22 janvier sur le site de Carthage dans le canton appelé Dèrmech. Il faut avoir vu sur place les monuments eux-mêmes pour bien apprécier la valeur des trois statues, hautes d’environ 1 mètre, qui sont certainement l’œuvre d’un ciseau grec. Mais ce qu’il y a de plus intéressant dans ces salles, ce sont les dépouilles des tombes puniques arrachées à une nécropole
- auedu septième ou du sixième siècle avant notre ère. M. Perrot e en outre la découverte d’un masque en terre cuite, de grandeur naturelle, qui a tout le caractère d un portrait, et celle de l’emplacement d’une basilique chrétienne à cinq nefs qu’on dégage en ce moment.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le coussinet en bois de gaiac se trouve chez M. Emile Bigot (Locomotion automobile), 4, rue Chauveau-Lagarde, Paris.
- Communications. — M. le capitaine Guigou, commandant la 3e batterie à Kati (Soudan français), nous adresse l’intéressante communication suivante : « Je vous transmets ci-dessous une observation faite au Soudan dans la soirée du 21 février 1899 ; il s’agit d’un phénomène lunaire vraiment extraordinaire. Le 21 février 1899, vers 9 heures du soir,lalunese trouvant à peu près auzénith, un arc d’une merveilleuse blancheur se distinguait nettement à l’ouest, embrassant 120° d’horizon environ. Le sommet de l’arc se trouvait à 10° au-dessus de l’horizon et ses bases, l’une au nord-ouest, l’autre au sud-est, formaient par leur jonction un arc de 120° (mesuré approximativement, car je n’avais aucun instrument en ma possession). Cet arc avait un mouvement ascendant, vers la lune, nettement prononcé. Dix minutes plus tard, deux arcs presque concentriques suivaient le premier, se rapprochant comme lui du zénith par leurs sommets, les bases semblant toujours reposer sur les mêmes points de l’horizon. Vers 9h 20“ environ, le sommet du premier arc atteint la lune et se brise pour former sensiblement un demi-halo, les bases reliées par une ligne imaginaire nord-ouest, sud-est. L’arc continue sa marche au delà du zénith, le halo disparaissant petit à petit, ses bases semblant toujours fixées aux mêmes points. Le deuxième arc se rapproche de la lune ainsi que le troisième toujours par leurs sommets, les bases restant fixes, du moins à l’œil. Le halo du premier arc disparaît peu à peu, celui-ci passant dans l’autre hémisphère, c’est-à-dire à l’est. A ce moment il se forme à l’est un arc presque tangent au premier, mais à centre opposé, et une sorte de nébuleuse à radiations lumineuses multiples partant de l’est se forme également pour disparaître bientôt. Le halo formé par le premier arc à son passage se dessine vaguement. L’aspect du ciel est à ce moment tout à fait saisissant; le spectacle est ravissant. Vers 9h 30m, le deuxième arc a franchi la lune pour passer dans l’hémisphère est; le troisième se rapproche de la lune; un quatrième apparaît, enfin un cinquième, le tout absolument visible. Cinq minutes plus tard, le premier arc a son sommet à 45° de l’horizon, et à l’est, il a franchi le zénith: le deuxième se brise sur 45° environ et tend à se rapprocher du premier avec une assez grande rapidité; le troisième se brise sur une plus grande étendue encore. Le quatrième à peine visible se rapproche de la lune; le halo a complètement disparu. Aspect neigeux à l’ouest. A 9h45m, le premier arc toujours complet, mais d’une largeur très faible, baisse à l’horizon, son sommet est à peine à 15° à l’horizon. Les autres arcs se rapprochent de lui de plus en plus, le cinquième n’est plus visible. A 9h50m, le premier se trouve à peine à 10° à l’horizon; le deuxième se confond presque avec lui; il n’est plus visible qu’à moitié en partant de ses bases; le troisième n est visible qu’au quart. Le quatrième a légèrement pivoté sur ses bases. A 9h55ra, les deux premiers arcs sont presque confondus ; leurs bases toujours aux même points du globe ; le troisième se rapproche des deux premiers ; le quatrième a passé le zénith et devient peu visible. A 9h 58m, l’aspect neigeux de l’ouest a disparu; les deux premiers arcs sont confondus à quelques degrés au-dessus de l’horizon; le troisième se voit à peine, le quatrième a disparu. A 10 heures, le phénomène était terminé. »
- Un pharmacien, à Bordeaux, à propos de la lettre de M. A. Cotte de Crest (n° 1354, du 6 mai 1899), nous écrit que le mortier dont il est question était en verre trempé et qu’il a volé en éclats comme une larme batavique dont on brise le gros bout. A force de servir, il s’est produit dans le verre, par suite des frottements, une rupture de l’équilibre moléculaire.
- M. Ludwig Mach, àlena, nous adresse une brochure qui a pour titre : Ueber ein neues Spiegelmetall von Dr L. Mach, et
- -und dessen optische Untersuchung von Dr V. Schumann in Leipzig.
- M. H. Déjamme, à Arras, nous écrit la lettre suivante : « A propos ae votre article paru dans le n° 1354 du 6 mai 1899, p. 358, sur le Pulque et l’Agave, dont l’auteur considère comme une fable la détonation dont serait accompagné l’épanouissement de la fleur, mon grand-père, M. Besse, de Mont-didier (Somme), (horticulteur émérite, a eu dans sa serre un cactus dont la floraison ne s’est opérée qu’une fois et a été accompagnée d’une détonation violente. Le fait m’a été attesté par ma mère. Il n’v a rien d’extraordinaire à ce que l’agave présente le même phénomène. »
- M. A. Mérieux, aux Sables-d’Olonne, nous écrit qu’un fait très rare vient de se produire dans le port de la ville et qu’il tient à nous le signaler. Une chaloupe vient de capturer une tortue de mer de fortes dimensions, qui mesure 0m,80 sur 0m,60; son poids approûmatif est de 50 kilogrammes.
- Renseignements. — M. Jacques, à Dijon. — 1° Nous avons publié ces renseignements d’après un journal étranger
- — 2° 11 s’agit d’une partie du réseau urbain. — 3° Nous ne pouvons vous renseigner. — 4° Nous pensons que la concession a été accordée. — 4° La construction des lignes de tramways de pénétration va bientôt commencer.
- M. P. D., à Louviers. — Remerciements pour votre intéressante Note que nous utiliserons.
- M. A. G., à Lille. — Nous n’avons jamais entendu raconter de tels faits.
- M. Gau, à Béziers. — La pile Callaud sera plus constante ; mais il vous en faudra un plus grand nombre.
- M. A. Dnurte Silva, à Figueira da Faz (Portugal). — 1° La formule donne de bons résultats, mais l’action de la lumière prolongée est nécessaire. — 2° La mine de plomb se trouve dans le commerce.
- M. Trentesaux, au Mans. — L’adresse du fabricant de lampes à incandescence minuscules que vous demandez est la suivante : M. M. James, 143, rue Saint-Antoine, à Paris.
- M. A. Breton, à Valence. — Les ondes électriques hertziennes, utilisées dans la télégraphie sans fil, n’ont aucune action sur la boussole ; le fait est entièrement prouvé.
- M. M. V. Eauxjuier, à X. — L’huile a dù pénétrer profondément; nous ne connaissons pas de moyen pour la faire disparaître.
- M. E. Nepveu, à Saumur. — Vous pourriez essayer les divers procédés que nous avons indiqués pour enlever les taches d’encre sur des vieux livres dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, lre série, à la librairie Masson et Cie.
- M. Mirando, à Porto. — La Compagnie de la chaudière mixte Solignac a son siège, 28, rue Samt-Lazare, à Paris.
- M. P. Girod, à Paris. — Nous avons bien reçu votre photographie et nous avons examiné les traits que vous signaliez dans les nuages. Ces particularités sont dues à un défaut de pellicule ; de tels accidents se présentent souvent.
- M. F. Teisserenc, à Ceilhes. — Nous n’avons pas d'adresse plus complète que celle que nous avons fait connaître.
- M. D. G., à Lille. — Adressez-vous au Comptoir général de photographie, 57, rue Saint-Roch, à Paris.
- M. L. D., à X. — C’est un projet complet que vous nous demandez ; nous ne pouvons vous le faire. Il faut vous adresser à une Société d’électricité.
- M. G. Ruard, à Paris. — Nous publierons prochainement un article à ce sujet; nous étudions en ce moment le sujet.
- M. Dulong, à Nevers. — Les prix de vente de l’énergie électrique à Paris sont environ de 0tr,10 à 0fr,12 l’hectowatts-lieure pour l’éclairage et de 0fr,04 à 0fr,06 pour la force motrice.
- M. Quilliard, à Paris. — 1° A moins de faire soi-même des essais sur ces moteurs, il est bien difficile d’avoir des renseignements exacts. — 2° Nous ne pouvons fixer votre choix.
- — 3° Nous croyons que la carburation par barbotage donne de meilleurs résultats.
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. D. R., à
- Paris. Adressez-vous à un chimiste; il vous fera l’analyse complète de ce liquide. — M. Duroy, à Nantes. Nous n’avons pu retrouver l’adresse que vous nous demandez. — M. J. M., à Versailles. Il doit y avoir une erreur dans les calculs ; le résultat n’est pas possible. — M. D. L., à S.; M. P. Dumard, à Lille. Voyez le petit livre des Recettes et procédés utiles, 2e série, à la librairie Masson et Cia. — M. Ruhon, à Nancy. Voyez le même petit livre que ci-dessus, 5* série, à la même librairie. — M. L. Filée, à Paris. Remerciements pour votre communication.
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants gui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui sont demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni à insérer toutes les communications. — Il n’est répondu qu’aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
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- PETITES MENTIONS1
- La canne matraqne. — Il est souvent nécessaire, lorsque l’on rentre tard dans la nuit, de se munir d’appareils pour se défendre contre les rôdeurs ou malfaiteurs de tout genre que l’on peut rencontrer. On recule parfois devant l’emploi du revolver, comme trop efficace, ou de la canne à épée à cause de l’effusion de sang qu’elle peut produire. Dans un grand nombre de cas, on utilisera avec succès la nouvelle
- La canne malraque.
- canne matraque, qui consiste en une tige d’acier flexible que recouvre un boudin de caoutchouc. Cette tige est fixée après le manche de la canne et pénètre dans l’intérieur. Il suffit de tourner rapidement un petit crochet à baïonnette et de retirer la matraque. On fait tournoyer le boudin et l’on applique un coup. Cette canne est une bonne arme de défense. — La canne matraque se trouve chez M. Renaut, 43, boulevard de Strasbourg, à Paris.
- Bouchage par le bois. — Le liège présente de nombreux inconvénients pour le bouchage des bouteilles. Le bouchon se casse fréquemment, le liège s’attache souvent avec adhérence aux bouteilles; il communique souvent au vin un goût désagréable. Aussi on a essayé de remplacer le bouchon en liège par un bouchon en bois. Ce dernier en effet n’a pas l’inconvénient de communiquer un goût quelconque au liquide
- l’ouchage par le bois.
- avec lequel il est en contact. Le bouchon de bois, que représente notre dessin en B et en A sur le goulot d’une bouteille, a la forme d’un dé renversé. La partie annulaire est enlevée. Avant d’employer les bouchons en bois, on les laisse tremper 10 minutes environ dans de l’eau tiède à 20°. On enfonce ensuite le bouchon dans la bouteille soit directement, soit à l’aide d’une machine. On règle l’enfoncement du bouchon de façon qu’il dépasse le goulot de 3 mm. environ. Pour le débouchage, on se sert de la pince C, qui permet de saisir plus aisément le bouchon, et de le retirer avec la plus grande facilité. — Pour le bouchage par le bois, il faut s’adresser à la Société anonyme, 30, rue Vivienne, à Paris.
- 1 La description des appareils est gratuite. La rédaction des Nouvelles scientifiques est étrangère aux annonces.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Enlèvement des taches de graisse sur les parquets. — Couvrir la tache de térébenthine pendant une heure ou deux, puis répandre du talc en poudre et presser avec un fer chaud. On enlève ensuite le talc, on renouvelle l’opération si la première fois n’a pas suffi, et enfin on cire l’endroit traité.
- Enlèvement des taches d'encre sur les étoffes. — Lorsqu’une étoffe est tachée d’encre, il faut d’abord la laver avec du lait frais jusqu’à ce que celui-ci ne se colore plus; alors on passe par-dessus la tache de l’acide oxalique, ou un mélange d’acide oxalique et de chlorure d’étain. Quand toute trace d’encre a disparu, on rince à l’eau froide. De cette manière, les taches d’encre peuvent être enlevées facilement et on ne risque pas de brider les étoffes salies par leur contact.
- Les marrons d'Inde. — Les marrons d’Inde, qui sont bien encombrants en octobre, n’avaient pas d’autres applications jusqu’ici que de servir accessoirement de nourriture aux bestiaux ou de guérir les rhumatismes des malades susceptibles de suggestion. Combien de goutteux se sont guéris, — passagèrement, — en portant toujours dans la poche gauche du pantalon un marron d’Inde. Dans la poche gauche S. V. P. !
- Eh bien ! paraît-il, — on pourra facilement contrôler — les marrons d’Inde auraient encore une autre application. Ils ne guériraient plus; ils tueraient... les vers de terre. Je leur en saurais vraiment gré. Evidemment ces bestioles sont utiles; mais quelle impression serpentine désagréable qu’un contact imprévu avec un ver de terre ! D’ailleurs, le ver est nuisible aussi dans certaines plantations et surtout quand il se faufile dans les pots où se développent de jeunes plantes; il bouleverse la terre et empêche les racines de se développer. Pour se débarrasser de ces vers, il suffit d’avoir recours aux marrons. On prend huit marrons, on les brise avec un marteau et l’on fait macérer les morceaux dans un litre d’eau pendant vingt-quatre heures. L’eau se charge des principes amers et toxiques du marron. On arrose avec elle et, copieusement, les pots envahis par les vers. Les plantes n’éprouvent aucun dommage ; mais on voit les vers se hâter de sortir à la surface ; ils s’y débattent et meurent. La recette est de M. Page. Il l’utilise depuis longtemps pour se débarrasser des vers et les éloigner des plantes les plus variées : dracuna, fougères, palmiers, géraniums, cyclamens, bégonias, primevères, cinéraires, etc.
- Il est donc bon de faire provision de marrons d’Inde à l’automne pour les avoir sous la main au printemps, quand on en aura besoin. Leur conservation ne leur fait perdre aucune de leurs propriétés contre les vers de terre. On peut préparer l’infusion toxique au moment propice. On n’aurait jamais pressenti qu’il pouvait y avoir un rapport quelconque entre les vers de terre et les marrons d’Inde.
- Pour empêcher les poules de manger leurs œufs. — Cette recette précieuse nous est indiquée par le Bulletin de la Société des aviculteurs français. On enferme la poule dans une mue, une boîte à claires-voies dont le fond même est à claires-voies formé qu’il est de lattes espacées de 6 à 8 centimètres ; la boîte repose sur des pieds, et en dessous on étend une couche assez épaisse de balle de blé. Quand la poule pondra, l’œuf tombera à travers les espaces vides. On peut prolonger le traitement durant une quinzaine de jours : si l’animal est guéri de sa manie, ce dont on s’assurera aisément, on le rend à la vie commune ; autrement on le remet dans la mue pour une nouvelle période.
- BIBLIOGRAPHIE
- Encyclopédie chimique publiée sous la direction de M. Fr, km y, membre de l’Institut. 1 vol. in-8°. Librairie \’e Ch. Dunod. Paris.
- Traité élémentaire de chimie organique, par MM. Berthelot, membre de l’Institut, professeur au Collège de France et par M. E. Jüngfleisch, professeur à l’Ecole de pharmacie et au Conservatoire national des arts et métiers. 4° édition, tomel. 1 vol. grand in-8°. Paris. Librairie VTe Ch. Dunod. Prix : 20 francs. 7
- Eclairage et chauffage au gaz, suivi de Vaide-mémoire de l'ingénieur gazier, par M. D. Magnier, ingénieur gazier. Nouvelle édition par M. E. Bancei.in. 2 vol. in-16 de l’Encyclopédie Roret. L. Mulo, éditeur. Paris. 1899. Prix : 8 francs. Prix de l’aide-mémoire ; 0fr,75.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- La photographie animée, par Boleslas Matuszewski. 1 brochure in-8°. Bary, 35, rue Boissy-d’Anglas. Paris.
- Le Dauphiné et la Savoie, nouveau guide routier à l’usage des cyclistes et des chauffeurs, par A. de Baroncelli. 1 vol. in-16 avec une carte de la région. Firmin-Didot, éditeur. Paris, 1899. Prix : 2 francs.
- La photographie des couleurs à la portée de tous, par G. Naudet. 1 brochure in-18. Paris, H. Desforges, éditeur, 1899. Prix : 1 fr. 50.
- Cdmmunications avec Mars, par A. Mercier, membre de la Société astronomique de France. 1 brochure in-8°. Orléans. Imprimerie Orléanaise. Prix : 1 franc. 1899.
- Dix leçons de photographie. Cours professé au Muséum de Toulouse, par E. Trutat, docteur ès sciences. 1 vol. in-18. Paris. Librairie Gauthier-Villars. Prix : 2tr,75.
- Les moteurs légers, applicables à l’industrie, aux cycles et automobiles, à la navigation, à l’aéronautique, à l’aviation, par Henry de Graffigny. 1 vol. in-8°. Paris. E. Bernard et Cie, éditeurs. 1899. Prix : 10 francs.
- L'éclairage à incandescence par le gaz et les liquides gazéifiés, par P. Truchot, ingénieur chimiste. 1 vol. in-8°. Paris. G. Carré et C. Naud, éditeurs. 1899. Prix : 5 francs.
- La bicyclette, sa construction et sa forme, par C. Bourlet, docteur ès sciences, membre du comité technique du Tou-ring-Club de France. 1 vol. grand in-8°. Pans. Librairie Gauthier-Villars. Prix : 4tr,50.
- lowa geological survey. Volume VIII annual report 1897, with accompanying papers. Samuel Calvin A. M., state eologist. H. F. Bain, assistant. 1 vol. in-8°. Des moines, ublished for the lowa geological Survey, 1898.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Parc Saint-Maur, altitude 49“,30). — Bureau central météorologique de France.
- observations 7 HEURES DD MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 8 inai .... 10\4 N. 3. Peu nuageux. 0,0 Nuageux le malin ; très nuageux le soir.
- Mardi 9 10% 1 N. 2. Couvert. 0,0 Couv. jusqu’à 15 h. ; puis très nuageux ; beau après 19 h.
- Mercredi 10 10*,0 N. N. E. 1. Beau. 0,0 Nuageux de 9 à 20 li.; beau avant et après; gelée bl.
- Jeudi 11 12*,5 N. 1. Quelques nuages. 0,0 Peu nuageux le matin ; presque couvert le soir ; halo; gouttes l'après-midi. Beau jusqu’à 7 h. ; nuag. ensuite ; 1 coup de tonnerre au N.-E. à 17 h. 54, précédé d’averses.
- Vendredi 12 11*,2 S. S. W. 2. Beau. 0,0
- Samedi 13 11%1 S. 1. Quelques nuages. 0,4 Nuageux jusqu’à 17 h. ; beau ensuite.
- Dimanche 14 ... . 11*,0 S. 2. Couvert. 0,6 Très nuageux jusq. 15 h. ; couvert ensuite ; pluie de 6 à 7 h. et de 18 h. 1/2 à 22 h.; halo.
- MAI 1839 -- SEMAINE DU LUNDI 8 AU DIMANCHE 14 MAI.
- Lundi
- Mardi
- Mercredi
- Jeudi
- Vendredi
- Samedi
- Dimanche
- t ,V iN O M:ÛI C 'ViN 6 MlDI 6 MIN 6 MIDI O MIN fc MIDI 6
- |"SS7^bSS7h^|5S5SSS5^mSSm SSS745bB5MB3SS57<BSsSSsf»^|
- l5ggggg^ggfel=?5iiSz,Ig^fe^gg;^gggy33Bgmggy^^^-gtt»S3S8IB33>SC58BSBB3v3Bjijm«Bfc»!!!>^^£3vj3^pBSBB33333
- j^22S5S5S5&5aE5SaSESS55Eft?S5rrgSS5&555ESîr&S55SSS&5BX2SS3SS35Sff£BâSSM>SSSAH^**tf2&&S5555SS,
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’tibri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Bectuiné des observations météorologiques faites au Pare Saint-Maur en avril 1899
- par M. E. Rexou.
- Moyenne barométrique à midi, 753““,76; minimum 732““,29 le 13 à 9 heures du soir; maximum 767““,28 le 5 à 10 heures du matin.
- Moyennes thermométriques : des minima 3°,70; des maxima 14°,49; du mois 10°,14; moyenne vraie des 24 heures 9°, 48. Minimum —0°,5 le 12 et — 0°,1 l_e 25. La moyenne des minima sur le sol a été 1°,73 ; le minimum — 5°,5 est tombé le 20. Il y a eu 7 jours de gelée blanche. Maximum 20°,7 le 2 et 20°,6 le 28.
- Tension moyenne de la vapeur 6"",30 ; la moindre 2““,7 le 19 à 5 heures du soir; la plus grande 10"”,5 le 2 à 1 heure du soir.
- Humidité relative moyenne 72; la moindre 25 le 20 à 5 heures du soir; la plus grande 100 en 4 jours.
- Pluie 51““,9 en 6 h. 5/4, réparties en 15 jours; aucune pluie notable; il y a eu 5 jours de gouttes et 4 jours de grêle.
- Nébulosité moyenne 66 ; un seul jour entièrement couvert, mais aucun our entièremeut clair; faible insolation.
- Vents très dominants du S. à l’W, plus intenses que d'ordinaire.
- Orages : coup de tonnerre au S.-W. le 8 à 3 h. 7 du soir; le 11, coup de tonnerre dans t’E. à 2 h. 22 du soir; le 14 tonnerre de temps en temps de 12 h. 30 à 6 h. 30. Au commencement, forte averse de grêle;le 16 tonnerre au loin au S.-E. à 12 h. 8; averse de grêle à 12 h. 45.
- Température moyenne de la Marne : le matin 10'),35; l’après-midi, 10°,83, du mois, 10°,59. Elle a varié de 8°,88 le 18 au matin à 12°,89 le 29 dans l’après-midi. Elle a monté en se troublant la deuxième moitié du mois.
- Relativement aux moyennes normales le mois d’avril 1899 présente les résultats suivants : Baromètre plus haut de 0““,4i. Thermomètre plus bas de 0°,29. Tension de la vapeur plus forte de 0*“,17. Humidité relative plus forte de 2 à 3. Pluie plus forte de 9““,5. Nébulosité plus forte de 11.
- Floraisons : le 4, cerisier anglais; le 6, lamium album; le 10, alliaire, cotoneaster; le 15, lunaire, le 25, lilas; le 27, piélytra; le 29, marronnier.
- On a entendu le rossignol le 10; les hirondelles ont paru le 14, on n’eu a aperçu depuis que quelques-unes.
- A ajouter au mois d& mars 1899 ; vents du S.-W. dominants, puis ceux du N.-W. au N.-E.
- PHASES DE LA LUNE : N. L. le 9, à 5 lu 48 m. du soir.
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- M. J. LAFFARGUE, secrétaire de la rédaction Supplément réservé aux abonnés et aux acheteurs au numéro, au moment de la publication du journal.
- AVIS DE Ei’ADMIlilSTRATIOV. — L’échéance du 31 mai étant une des plus chargées de l’année, nous prions instamment MM. les abonnés dont l’abonnement se termine avec le numéro du 27 mai (n” 1337) de nous faire parvenir, soit par leur libraire, soit directement, le montant de leur renouvellement avant cette époque. Une quittance, pour une même durée que l’abonnement précédent, sera, à Paris et dans les départements, présentée dès les premiers jours de juin aux abonnés qui, préférant ce mode de recouvrement, n’auront pas avant le 3 juin renouvelé ou donné ordre contraire. — Tout abonné à La Nature peut, en renouvelant son abonnement pour une année entière, recevoir les Tables décennales. (2 volumes, 1873 à 1882 — 1883 à 1892), au prix de 12 francs au lieu de 20 francs.
- Les lettres et communications relatives à la rédaction et à la « Boîte aux lettres » doivent âtre adressées à la Direction de « LA NATURE », 120, Boulevard Saint-Germain, à Paris.
- INFORMATIONS
- —®— M. de Freycinet vient d’ètre nommé associé étranger par la troisième section (mathématiques, physique, mécanique et sciences naturelles) de l’Académie hongroise des Sciences.
- —®— On doit faire usage des automobiles pendant les grandes manœuvres qui vont être exécutées dans le nord de la Bohême par tes 8e et 9e corps d’armée d’Autriche-Hongrie. La Revue du cercle militaire dit que l’on emploiera ces véhicules pour ravitailler en vivres les troupes plus rapidement que cela n’avait lieu avec les équipages du train réglementaire.
- _®— Poursuivant ses expériences de télégraphie sans fils, le lieutenant de vaisseau Tissot, professeur à l’Ecole navale de Brest, qui avait communiqué avec succès, depuis quelques mois, avec le sémaphore du Parc-au-Duc et le Borda, puis avec le sémaphore et le port de Portzic, dans le Goulet, va se mettre en communication avec le fort Corbeau, beaucoup plus éloigné de Brest. A cet effet, la marine a élevé un mât de 55 mètres au fort Corbeau. Le lieutenant de vaisseau Tissot a installé ses appareils dans la tour de l’église Saint-Martin.
- —®— La ligne téléphonique Berhn-Bruxelles-Anvers a ét.é mise à la disposition du public le 1er avril 1899; elle comporte, dit le Moniteur industriel, une double ligne formée de fils de 4 mm sur une longueur de 907 km dont 723 sur le territoire allemand. Cette ligne est le premier jalon d’un réseau plus étendu qui s’étendrait jusqu’à Budapest ; en ce moment elle se compose des trois lignes suivantes : Berlin-Cologne, Cologne-Bruxelles et Bruxelles-Anvers. Une conversation de trois minutes entre Berlin et Bruxelles coûte 3,r,75 ; dans le cas d’une communication urgente, le tarif est trois fois plus élevé.
- —Malgré les progrès de la traction mécanique, le cheval n’est pas encore près de disparaître. Yoici, d'après la feuille d’information du ministère de l’Agriculture, les relevés de l’élevage de la race chevaline de la République Argentine. La population chevaline a augmenté de 21282/ têtes de 1888 au dernier recensement général effectué au mois de mai 1895, passant de 4 234032 têtes à 4 446 859. L’augmentation a porté presque uniquement sur les chevaux de race pure et de race croisée. Avec ses 4 millions et demi de chevaux, la République Argentine se classe au troisième rang après la Russie et les Etats-Unis. On y compte 111 chevaux par 100 habitants et 2 chevaux par kilomètre carré. La population chevaline se répartit de la manière suivante : Buenos-Ayres, 35 190 chevaux; province de Buenos-Ayres, 1 675 385; province de Santa-Fé, 404 356 chevaux ; Entre-Rios, 514 597 ; Corrientes, 409 091 ; Cordoba, 418 434; San-Luis, 142 809; Santiago, 111,947; Mendoza, 80590, San-Juan, 38161 ; Rioja, 38 803 ; Catamarca, 32 241 ; Tucuman, 68 414; Salta. 72000; Jujuy, 22587. — Territoires ; Missions, 21 516; Formosa, 3136; Chaco, 4427; la Pampa, 229003 ; Neuquen, 57 015; Rio-Negro, 39599; Chubut, 12 907; Santa-Cruz, 7858; Terre-de-Feu, 263. Le nombre des chevaux a augmenté dans les territoires nationaux du Sud et de l’Extrême-Ouest et diminué dans
- les provinces du littoral par suite de la construction de nouvelles voies ferrées et du développement des autres modes de transport.
- —On a besoin en ce moment de préserver les semis des ravages des oiseaux. Nous rappelons que pour obtenir ce résultat, on assure qu’il suffit de mélanger aux semences de la poudre de minium rouge; ce mélange se fait dans un sac, à raison d’une livre de poudre par 20 livres de graines; on agite jusqu’à ce que toutes les graines soient devenues rouges et on fait les semis selon la méthode ordinaire. Il paraît que les oiseaux, guidés par leur instinct, non seulement ne mangent pas les graines ainsi préparées, mais n’approchent même pas des terrains qui en sont ensemencés.
- —®— Les homards monstres de 1 mètre de longueur, dont il a été question en 1897, ont bien été, paraît-il, capturés sur les côtes américaines. Le Dr E. 0. Hovey a officiellement présenté à la section de zoologie de l’Association américaine pour l’avancement des sciences une Notice détaillée sur les dimensions de deux de ces crustacés monstres capturés en 1897 au large et sur les bas-fonds de la côte de New-Jersey. Us pesaient vivants 31 et 34 livres — soit 14k*,061 et 15k*,442. — Une fois montés, ils atteignirent 0m,92 et 1“,005 et leurs squelettes figurent actuellement dans les collections du Muséum américain d’histoire naturelle.
- —®— Une explosion d’acétylène a eu lieu le 17 mai, à 11 heures du soir, à une brasserie avenue Parmentier, à Paris. A la suite de l’explosion, l’établissement a été complètement dévasté, et il y a eu plusieurs blessés. On ne connaît pas encore exactement les causes qui ont déterminé l’explosion.
- —®— Le Chasseur français publie un extrait intéressant d’une lettre de M. Blom, en service au Congo français. C’est une distraction de recueillir et d’élever toutes les bêtes de la brousse que les indigènes apportent. II y en a eu des quantités. Beaucoup sont mortes, d’autres retournent dans la forêt ; ce qu’il y a de plus intéressant actuellement est un couple de cochons sauvages qui vivent au poste et vont se promener aux environs en pleine liberté. Ils mangent dans la main et suivent comme des chiens. Il y a un chacal, des mangoustes, de petits rongeurs, une collection de singes et enfin un jeune chat-tigre gros comme les deux poings, qui fait la loi à tous les autres. Pas un seul de ces animaux n’est enfermé, le chacal seul est encore à l’attache, mais il suit déjà; et ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est de les voir tous vivre en bonne intelli-ence, mangeant et dormant ensemble avec les chiens et les chats omestiques. Il a cependant fallu séparer les inoffensifs cochons d’Inde qui souffraient trop de la vie en commun. Le plus curieux spécimen de la ménagerie est un grand singe jaune qui s’est proprio motu institué chien de berger. Il mène paître les moutons avec toutes les allures des chiens de France, mordant rageusement les jambes de ceux qui s’écartent du troupeau. Lorsque tout marche à sa guise, il enfourche le premier mouton venu, se laisse porter et se met à chercher... sa nourriture. C’est là le secret de son assiduité. Les chiens, plus ou moins métissés de races indigènes, sont de bons compagnons mais ne rendent pas de services sérieux. Il y a aussi un troupeau de quarante bêtes à corne, qui augmente tous les jours; sur huit chevaux, il y a trois juments; une pouliche, née en novembre dernier, se porte très bien et mangerait à table si on la laissait faire ; les bourricots croissent et se multiplient. Nous pouvons en conclure que le poste de Carnot n’est pas de ceux où l’on s’ennuie.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES.
- Communications. — M. Begouen, aux Espas, Saint-Girons (Ariège), nous écrit : « Dans la Boite aux lettres de voire n° 1354 du 6 mai 1899, vous publiez le récit de la fracture spontanée d’un mortier de cristal. Je puis vous citer un cas analogue qui s’est produit dernièrement, mais il s’agit cette fois d’un verre à pied. Nous étions à table dans un restaurant de Toulouse, lorsqu’au milieu du repas, sans que la table ait été remuée, sans que le verre isolé et à moitié rempli de vin ait été touché, un craquement sec se fit entendre, et le pied en cristal plein du verre se cassa en cinq morceaux. Ces derniers ayant été remportés aussitôt, nous n’avons pu nous rendre compte si les fractures ont continué à se produire. »
- Le même correspondant ajoute : « Il y a quelques mois, dans le n° 1344 du 23 février 1899, p. 202, vous avez publié le dessin d’un chapon orné d’une corne par greffage que je vous avais envoyé, peut-être cela vous intéresserait-il de savoir ce qu’il est devenu. La corne s’est fortement développée, elle a maintenant plus de 2,5 centimètres de longueur et est légèrement incurvée en avant. »
- M. P. Andrieu, œnologue à Montpellier, nous adresse une brochure intéressante qui a pour titre Traitement de la vendange par diffusion. Cette brochure est en vente au prix de lfr,50 à la librairie E. bernard et Cie, 29, quai des Grands-Augustins, à Paris.
- M. le IJT Fontaine Atgier, à Paris, nous fait parvenir quelques renseignements sur un nouveau modèle de pile qu’il a combiné en utilisant le principe que nous avons fait connaître dans le n° 1349 du 1er avril 1899, p. 285. Il a disposé 7 éléments concentriques et montés en tension, ne formant qu’une seule pile d’un diamètre de 0m,28 et d’une hauteur de 0m,30. Cette pile a une force électromotrice de 2,55 volts, et donne une différence de potentiel utile de 1,25 volt en débitant 4 ampères sur une résistance de 0,1 ohm. Un autre modèle de pile, formé de 6 éléments concentriques en tension, d’un diamètre de 0m,25 et d’une hauteur de 0m,3û donne une différence de potentiel utile de I volt, et un débit de 2,75 ampères sur 0,1 ohm.
- Renseignements. — M. Laverrière, à l’Arbresle. — Nous ne pouvons entreprendre de telles publications; agréez tous nos remerciements.
- M. L. Lefèvre, à Blois. — Nous avons donné la description de l’aphysocautère Dechery dans le n° 1321 du 24 septembre 1898, p. 259. r
- M. J. Verat, à Montpellier. — Les proportions que nous avons indiquées sont exactes; suivez entièrement les moyens donnés dans notre recette.
- M- A. L., à Genève. — Nous vous avons répondu dès qu’il nous a été possible de le faire ; nous avons souvent beaucoup de réponses à donner.
- M. Tabourin, à Paris. — 1° La librairie va vous envoyer les numéros que vous réclamez. — 2° Il est nécessaire pour la désinfection que le formol soit produit dans les conditions que nous avons indiquées. — 3° Nous ne pouvons vous donner aucune adresse. — 4° Nous ferons la description d’un ozona-teur, comme nous l’avons promis, dès que nous en trouverons un pratique.
- M. A. U., à Rennes. — Les résultats de ce concours n’ont pas encore été publiés.
- M. Degoulin, à Gandrecourt (Aix). — Vous nous demandez comment se fait l’encollage du papier. On prend les substances suivantes : arrow-root 20 grammes, acide citrique 5 grammes, carbonate de soude 25 grammes. On réduit l’arrow-root en pâte avec un peu d’eau froide, on étend avec la moitié de l’eau à employer et on fait bouillir jusqu’à ce que le liquide s’éclaircisse. On ajoute ensuite le reste de l’eau dans lequel on a fait dissoudre le carbonate et l’acide citrique. On laisse reposer et on décante. Pour l’encollage on fait flotter le papier sur ce bain pendant quelques minutes.
- Un abonné, à Toulouse. — Pour détruire les herbes dans les allées, nous avons indiqué l’emploi du tan et de diverses compositions mentionnées dans les petits livres des Recettes et procédés utiles lre, 2e et 5® série. Un abonné a pu nous parler du sel, mais sans donner de proportions.
- M. Denœux, à Paris. — Nous ne pensons pas qu’il existe d’organe pour cette spécialité.
- M. G. Gillet, à Paris. — Nous avons soumis vos photographies à un habile expérimentateur et voici la réponse que nous pouvons vous donner. S’il y avait eu du voile, c’est une tache blanche que vous auriez sur les épreuves, et non une noire. Nous pensons qu’il y a dans l’appareil quelque chose qui porte ombre sur la plaque, peut-être l’obturateur qui ne s’ouvre pas complètement.
- M. Le FoHier, à Pontoise, — 1° Pour tout ce qui concerne les annonces, il faut vous adresser à l'Office de publicité,. 9, rue de Fleurus, à Paris. — 2° On recouvre ordinairement ces tuyaux en liège.
- M. D. Héron, au Vésinet. — Vous voulez sans doute parler du fixage des clichés avant le développement. Nous avons-donné la recette dans la Photographie pratique (n° 1545 du 4 mars 1899).
- Accusés de réception. — Avis divers. — M. B. G., à Rennes. Il nous est impossible d’entreprendre cette publication dans le journal. — M. Dubreuil, à Nantes. Nous avons bien reçu votre lettre; remerciements. — M. G. R., à X.; M. D. L , à Paris; M. A. B., à Paris; M. Courtois, à Levallois-Perret. Toutes ces recettes sont données dans le petit livre des Recettes et procédés utiles, 3e série, à la librairie Masson et Cie. — M. Dumont, à Rouen. Ce procédé est décrit dans le même petit livre que ci-dessus» 5° série, à la même librairie. — M. G. S., à Paris. Regrets de ne pouvoir vous renseigner. — M. Léon Durand, à Nice. Remerciements pour votre communication.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Traitement de la rhino-pharyngite chez les enfants.
- Ce traitement doit être avant tout local. Un procédé fort simple (Gastou) consiste à introduire 3 ou 4 fois par jour, dans-les narines, des tampons, effilés en pointe, d’ouate hydrophile trempés dans la vaseline boriquée. L’enfant éternue d’abord, puis supporte le contact de l’ouate, renifle et la vaseline pénètre dans les fosses nasales jusqu’à la cavité pharyngée.
- A la vaseline boriquée on peut joindre des substances astringentes telles que l’alun, le tanin et surtout l’antipyrine: Vaseline.................... 20 gr.
- Acide borique.............. 1 gr.
- Antipyrine ...... 0,50 à 1 gr. suivant l’âge.
- On peut encore employer l’huile mentholée, surtout chez, les enfants qui ne supportent pas les tampons ou ne se les laissent pas introduire (Comby). A ces enfants, on instillera donc matin et soir, dans chaque narine, une ou deux gouttes de la mixture suivante :
- Huile d’amandes douces.......... A gr.
- Menthol................ . . 0,15 à 0,50 gr.
- Aux enfants plus grands on peut faire priser des poudres :
- Aristol ........
- Lactose............
- ou bien : Acéto-tartrate d’alumine
- Lactose............................. 0 gr.
- En même temps, on emploie encore localement les vaporisations et les pulvérisations naso-buccales tièdes avec l’eau boriquée ou salée, avec les eaux d’Enghien, de Challes, du Mont-Dore. Ces moyens suffisent dans la grande majorité des cas. Si leur effet se faisait attendre, on pourrait agir directement sur la paroi pharyngienne par des badigeonnages avec de la glycérine iodée (parties égales), ou avec la solution suivante :
- lodure pur......................... 0,25 gr.
- Iodure de potassium.................... 2 gr.
- Glycérine............................. 20 gr.
- Essence de menthe poivrée. ... IV gouttes.
- Deux, puis une fois par semaine, à l’aide d’un tampon d’ouate enroulé autour d’une tige recourbée de façon qu’on puisse pénétrer derrière la luette, on pratique de simples attouchements du naso-pharynx, on fait avec le tampon des frictions énergiques qui contribuent puissamment au dégonflement et à la décongestion de la muqueuse. Comme la plupart de ces enfants sont des lymphatiques, il est indiqué d’instituer en même temps un traitement général dont l’huile de foie de morue, le sirop iodo-tanique, une bonne alimentation formeront la base. II. le Marc’hadoür. (Presse médicale.)
- Dans la « Boite aux lettres » la Rédaction accueille les faits intéressants qui lui sont signalés par ses abonnés, et donne de son mieux les ren-
- seignements qui lui soiit demandés, quand ils se rattachent à des sujets scientifiques, mais elle ne s'engage en aucune façon à répondre à toutes les questions, ni a insérer toutes les communications. — Il n'est répondu qu'aux lettres reçues avant le lundi qui précède la date de la livraison.
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- MÉNAGERIE ANGLAISE — Texte et dessins par Henriot.
- 1. Les Anglais, en vue île l’occupation totale de l’Afrique et avant mis dans leur programme la suppression totale des nègres et des colons dune autre nation que la leur, ont cherché l’appropriation des animaux au rôle d’agents de civilisation. Tel l’éléphant qui, aux Indes, est un excellent charpentier.
- 2. Le kangourou peut très aisément boxer le noir.
- -r-SÈfï Jftm fr.-—
- 3. Le crocodile, préposé à la garde des fleuves, aura besoin de quelques années d'étude afm de ne pas confondre les amis et les ennemis.
- 4. Les tortues seront chargées de la valise diplomatique et notamment des réponses que les Anglais seront obligés de faire aux diverses réclamations des États jaloux.
- o. Le hibou
- servira de sentinelle de nuit.
- 6. Les vautours, les soirs de bataille, comme à Ondourman, seront chargés de faire disparaitre les blessés que les troupes victorieuses n’auraient pas eu le temps d’achever.
- 7. Un laboratoire spécial inoculera la peste à des myriades de lapins, lesquels seront lâchés sur les pays encore occupés par des nations étrangères.
- 8. Les baleines seront amenées de-Terre Neuve à Suez, de façon à boucher’ promptement le canal en temps de guerre.'
- 9. On étudiera un système destiné à remplacer, dans les canons, les obus par les porcs-épics.
- 10. La girafe sera employée comine poteau et servira ,à la télégraphie optique.
- 11. En attendant la découverte de puits à pétrole dont la mise en action d’une livre peut être déjà lancée, ses chameaux serviront à la traction des automobiles.
- 12. Lès blockhaus seront garnis de sacs de sauterelles algériennes, destinées à être lancées, en cas d'attaque, sur le nez de l’assaillant.
- 13. Les boas et autres reptiles seront, autant que possible, chargés du service de presse.
- IL On essaiera de former des bataillons de lions; si ce roi de la création se refusait à servir sous les ordres de Sa Majesté britannique, l'on en ferait des descentes de lit ou du drap pour uniformes.
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- NOUVELLES SCIENTIFIQUES
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- L'eau oxygénée et sa fabrication. — L’eau oxygénée étant un produit dont les applications sont encore, à l’heure actuelle, limitées, son industrie est mal connue du public, bien qu’elle présente des particularités assez curieuses. Il y a, tout au plus, en France, deux ou trois usines d’eau oxygénée. Le procédé de fabrication est le procédé classique dù à Thénard. Dans un récipient refroidi extérieurement et renfermant une solution aqueuse d’acide chlorhydrique à environ 20 pour 100, on verse peu à peu, et en ayant soin d’agiter constamment, une bouillie claire de bioxyde de baryum, obtenue en broyant finement ce corps dans un mortier et en délayant le produit avec à peu près le double de son poids d’eau. L’oxygène du bioxyde s’unissant à l’hydrogène de l’acide chlorhydrique forme l’eau oxygénée, tandis que le chlore de l’acide et le baryum du bioxyde se combinent Dour donner du chlorure de baryum qui se dissout. Tout bioxyde de baryum ne convient pas également ; c’est ainsi que les fabriques françaises d’eau oxygénée sont obligées de le faire venir d’Angleterre n’ayant jamais pu obtenir, paraît-il, de résultats suffisants avec le bioxyde français. Mais l’eau oxygénée
- ainsi obtenue est très étendue. Pour la concentrer, on ajoute outte à goutte, de l’eau acidulée renfermant un cinquième ’acide sulfurique. Celui-ci précipite le baryum à l’état de sulfate de baryum insoluble, et le chlore du chlorure de baryum reforme de l’acide chlorhydrique. L’acide chlorhydrique peut alors réagir sur une nouvelle quantité de bouillie de bioxyde et l’on peut répéter plusieurs fois cette opération qui permet de concentrer l’eau oxygénée obtenue. La concentration est estimée par le nombre de fois son volume d’oxygène que l’eau oxygénée peut dégager en se décomposant; l’eau oxygénée est dite à 5, 10, 20 volumes, quand un centimètre cube peut dégager 5,10, 20 centimètres cubes d’oxygène.
- L'engraissement des poules. — L’Aviculteur recommande l’emploi de la pâtée suivante pour l’engraissement des poules : mêler avec de l’eau bouillante, jusqu’à la consistance voulue, 15 kilogrammes de farine d’avoine fine, balles comprises, 13 kilogrammes de farine de maïs, 28 de farine d’orge et 15 de farine de fèves. D’autre part, le Journal des campagnes insiste pour qu’on nourrisse exclusivement avec du grain cuit les volailles destinées à l’engraissement.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Renou (Paro Saint-Maur, altitude 49",30). — Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT direction et force de 0 à 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES ! OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 15 mai. . . . 15*,1 S. 3. Couvert. 2,3 Couvert le matin, nuag. le s. ; pluie de 4 h. 40 à 7 h. 15; halo.
- Mardi 16 11%1 S. S. W. 4. Presque couvert. 0,1 Nuageux de 5 à 19 h. ; beau avant et après ; quelques petites averses.
- Mercredi 17 11',5 S. W. 4. Couvert. 0,5 Très nuageux de 6 à 15 h.; peu nuag. avant et après; halo solaire et lunaire.
- Jeudi 18 15%3 S. S. E. 2. Peu nuageux. 0,0 Nuag; halo ; quelquefois des gouttes; arc en ciel double.
- Vendredi 19 14",2 S. W. 2. Peu nuageux. 0,0 Beau jusqu’à 6 h. ; puis nuag. ; couv. après 18 h. ; halo et parhélie; averse à 22 h. et pl. de 23 h. 55à 24 h.
- Samedi 20 15 .3 S. W. 4. Couvert. 2,4 Couv. jusqu’à 15 h. ; très nuageux ensuite ; souvent des gouttes et petites averses.
- Dimanche 21 . . . 14 0 S. S. W. 2. Couvert. 0,3 Couvert; pluie une grande partie du temps.
- MAI 1899 — SEMAINE DU LUNDI la AU DIMANCHE 21 MM.
- I Lundi I Mardi | Mercredi I Jeudi I Vendredi I Samedi I Dimanche |
- La courbe isupéreure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction dit vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Tempête au Mexique. — Une violente tempête s’est abattue le 10 mai 1899 dans la journée sur la ville de Itondo, au Mexique. Le vent a soufflé avec force et a détruit un grand nombre de maisons. Plus d’une centaine de personnes ont été blessées; vingt-deux ont péri. On signale également un grand nombre de disparus.
- La pluie. — Les premiers jours du mois de mai ont été signalés de tous côtés par des pluies qui sont tombées en abondance. Le 11 mai, des pluies ont été signalées sur le centre du continent ainsi que sur les Iles-Britanniques ; en France, il a plu dans le Midi et dans l’Est; des orages ont été observés à Biarritz, Perpignan, Lyon, au mont Aigoual et au mont Mounier. A Paris, le ciel était un peu "nuageux. Le vent était faible et variable sur la Manche, modéré de louest sur nos côtes de l’Océan, faible
- en Provence. Le 13 mai, des pluies sont tombées sur les Pavs-Bas et l’Allemagne; en France, on a recueilli 6 mm d’eau à Dunkerque, 2 à Cherbourg, 1 à Biarritz. La température s’est abaissée elle était de 11° à Paris, où il y a eu dans la journée une série d’ondées ; le tonnerre s’est fait entendre du nord-est vers 6 heures.
- _ Le 15 mai, la pluie est encore tombée en abondance, et notamment dans l’Ouest de l’Europe. A Paris, il y a eu, comme précédemment, plusieurs ondées. En France, on a recueilli 27 mm d’eau à Boulogne, 26 à Toulouse, Clermont, 15 à Nantes, 14 à Gap. Ou a signalé des orages vers Nice et Lyon. Les jours suivants, la situation est restée la même pour Paris où le 16 mai, il y a eu quelques averses. La température moyenne a été de 12°,5, inférieure de 1°,3 à la normale. Des pluies sont également tombées à Brest, Nancy et Limoges. Il a également plu par ondées à Paris les 18, 19. 20 21 mai.
- PHASES DE LA LUNE : P. Q. le 17, à 5 h. 22 m. du soir.
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