La Nature
-
-
- LÀ NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE
- p.n.n. - vue 1/647
-
-
-
- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRÉ
- ABONNEMENTS
- Paris Un an................................... 20 IV. »
- — Six mois.................................. 10 fr. »
- Union postale. Un an. — Six mois
- Départements. Un an........................ 25 ir. »
- — Six mois.................... 12 fr. 50
- 20 fr. » 15 fr. »
- Prix du numéro : 5o centimes.
- LES SOIXANTE-DIX VOLUMES PRÉCÉDENTS SONT EN VENTE
- AVEC TROIS TABLES DÉCENNALES
- 'ans.
- Imprimerifi Laiiuriï, me do Fleurus, 9.
- p.n.n. - vue 2/647
-
-
-
- (fr
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRÉ
- TRENTE-SIXIÈME ANNÉE
- 1908
- DEUXIÈME SEMESTRE
- MASSON ET C'% EDITEURS
- LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE PARIS, 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN
- Page de titre n.n. - vue 3/647
-
-
-
- p.n.n. - vue 4/647
-
-
-
- 36° ANNÉE. — N° 1828.
- 6 JUIN 1908.
- LA NATURE
- REVUE DES SCIENCES
- ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L’INDUSTRIE
- L’AÉROPLANE EN ANGLETERRE
- C’est exprimer la stricte vérité que de dire, au risque d’employer un cliché un peu vieillot, que le monde entier a les yeux lixés sur notre pays, de qui il attend la solution du passionnant problème de la navigation aérienne.
- C’est à la France que la science aéronautique est redevable de ses rapides progrès.
- Et c’est encore chez nous que, pour la première Ibis, un « plus-lourd-que-l’air » a pu s’élancer dans l’espace en transportant son fardeau humain.
- Je sais bien qu’il y a l’histoire des frères Wright, ces Américains de l’Ohio, qui auraient récemment accompli des vols de plusieurs kilomètres avec leur aéroplane. Mais le monde sportif, après les cercles scientifiques, a fini par mettre en doute l’existence même de ces inventeurs. Voici deux ans bientôt qu’on nous annonce que les frères Wright vont révolutionner demain la navigation aérienne.
- Et ce « demain », qui met si peu d’empressement à se produire, nous rappelle forcément celui du barbier espagnol qui attirait sa clientèle en promettant de raser demain gratis !
- Beaucoup plus sérieuse et mieux fondée est la prétention d’un aéronaute anglais, M. À. Y. Roc, qui, d’ailleurs, ne laisse pas échapper une occasion de rendre hommage au génie français et de déclarer qu’il doit à nos hardis expérimentateurs les succès qui ont déjà couronné ses efforts.
- M. Roe n’est pas un « casse-cou ». J’entends par 36e année. — 2J semestre.
- là qu’il ne veut expérimenter en public qu'avec une machine bien à point. Aussi, a-t-il dépensé beaucoup de temps et d’argent à construire des modèles réduits avant d’aborder la construction d’un grand modèle.
- Précisément, ce fut par un modèle qu’il attira sur
- lui l’attention du monde scientifique. On se souviendra que notre confrère londonien, le Daily Mail, organisa, il y a dix-huit mois, un concours de modèles de jlying-machi-nes. Le premier prix, d’une valeur de £ 75 (1875 francs), fut décerné à M. Roe, dont le modèle avait prouvé ses qualités de stabilité et de rapidité.
- L’argent gagné par le jeune inventeur fut employé à la construction d’une machine de grand modèle : c’est celle que représentent nos photographies. Sans avoir encore accompli des vols sensationnels comme celles de M. Henry Farman et de M. Dela-grange, elle a traversé plusieurs fois, à des hauteurs de 15 à 20 m. au-dessus du sol, des distances variant entre 100 et 500 m. Ce sont là des résultats fort honorables.
- M. Roe, qui n’a pas de fortune, sort commun, hélas! à bien des inventeurs, construit lui-même, de ses propres mains, ses modèles et ses machines. C’est un self-made man dans toute l’acception du mot. Sentant sa vocation de bonne heure, il s’engagea au service d’un constructeur d’automobiles et s’initia à la construction des moteurs. Il passait tous
- 1. — 1 •
- p.1 - vue 5/647
-
-
-
- 2
- LE VERRE FILÉ ET SES APPLICATIONS =
- ses loisirs sur le rivage de la mer, guettant les albatros et les mouettes, tâchant de surprendre le secret de leur vol.
- C’est à la suite de ces longues et patientes observations que l’inventeur s’est spécia-
- lamy, qui, bien que ses expériences se poursuivent en Angleterre, est de nationalité française. Lui aussi a choisi pour modèle un oiseau : c’est un faucon qui lui a révélé les premiers secrets de la navigation
- lisé vers un but. Il veut créer [une machine qui serait la combinaison de l’aéroplane et de l’hydroplane. Imitant certains oiseaux de mer, la machine pourrait glisser rapidement sur l’eau et bondir de ce tremplin liquide pour voyager dans l’espace. Sans s’aventurer à fixer une date précise, M. Itoe a la conviction que son invention sera bientôt à point, et que la traversée aérienne de la Manche ne
- Fig. 5. — Aspecl général de la machine de M. Bellamy.
- sera plus, grâce à sa machine, qu’un jeu d’enfant. Consacrons quelques lignes au projet de M. Bel-
- Fig. 2.
- — L’aéroplane de M. Iloe prenant son élan.
- aérienne. 11 a apprivoisé plusieurs de ces rapaces, et les emporte partout avec lui, pour comparer constamment leur vol à celui de sa machine.
- 11 l’a expérimentée plusieurs fois sur la vaste piste à automobiles de Wcybridgc, mais sans obtenir encore des résultats définitifs.
- En tout cas, ces exemples montrent que la France a fait école, et que d’autres nations s’efforcent de leur côté de dompter l’espace et de l’ouvrir à l’activité humaine. V. Foubin.
- LE VERRE FILÉ ET SES APPLICATIONS
- Dans ces dernières années, l’industrie électrique et la chimie ont largement mis à profit les propriétés précieuses du verre. Dans l’industrie électrique, on a surtout utilisé sa non-conductibilité pour la chaleur et l’électricité ; dans les laboratoires de chimie, on a surtout tiré parti de sa grande résistance aux agents chimiques. Pourtant, les applications du verre ne semblent pas avoir pris tout le développement dont elles sont susceptibles : on n’a pas ou guère utilisé la propriété qu’il possède de pouvoir être filé très aisément et de se prêter, sous la forme de iils, à la confection de tissus.
- Des vêlements faits avec ces tissus seraient incombustibles, calorifuges, inattaquables aux acides, et constitueraient de parfaits isolants électriques. En les portant, les ouvriers seraient protégés contre les brûlures du feu dans les industries métallurgiques et contre celles des acides dans les industries chimiques, brûlures qui mettent rapidement les vêtements en lambeaux ; enfin, dans l’industrie électrique, le port de gants en caoutchouc doublés extérieurement d’un tissu de verre filé préviendrait bien des électrocutions. Si l’usage des étoffes en verre filé ne s’est pas répandu, la cause doit en être recherchée dans le manque de renseignements sur cette question dans la littérature technique. Tel est l’avis du moins qu’exprime M. R. Lee, dans YÊlektrolechnischer Anzeiger, en faisant un historique et un tableau de l’état
- actuel de la question. C’est à cette étude que nous empruntons quelques-uns des renseignements qui suivent.
- L’art de filer le verre paraît avoir été pratiqué de tout temps par les Egyptiens ; il ne prit quelque importance cependant que quand Venise s’adonna au travail du verre. A la fin du xvm° siècle, le filage du verre se répandit en France et en Bohême où il fut d’abord, et pendant longtemps, pratiqué par des artistes ambulants courant les foires et les kermesses. 11 consistait alors, et la manière d’opérer n’a pas beaucoup changé depuis, à fondre à la lampe d’émailleur l’extrémité d’une baguette de verre, à la prendre avec une pince, à la fixer à un tambour en bois, dit à lanterne, qu’on faisait tourner très rapidement, 12 tours par seconde, pendant que le verre continuait à être chauffé et ramolli à l’extrémité de la baguette soumise à l’étirage. 'Le procédé exigeait une très grande habileté manuelle qui ne s’acquérait que par une longue pratique. Le tambour avait trois à quatre pieds de diamètre et, comme le paquet de fils de verre enroulé était coupé suivant une génératrice, on obtenait des bouts de fils ayant environ trois mètres de longueur. Leur flexibilité n’était pas assez grande pour qu’ompût en faire autre chose que des tresses et des galons.
- Des essais, couronnés de succès, furent tentés au milieu du xixe siècle par un Français, J. de Brunfaut, dans b but d’obtenir industriellement des fils plus longs et à
- p.2 - vue 6/647
-
-
-
- i: ....=r L’ÉLEVAGE
- la fois plus souples et beaucoup plus solides. De Brunfaut peut être considéré comme l’invenieur de l’industrie moderne du verre filé; malheureusement, il n’a pas divulgué tous les secrets de sa fabrication. Le verre qu’il filait donne à l’analyse 68,95 pour 100 de silice; 1,96 pour 100 d’alumine et oxyde ferrique; 9,82 pour 100 de chaux; 0,49 pour 100 de magnésie; 14,15 pour 100 de soude et 5,92 pour 100 de potasse. Cette composition se rapproche assez de celle du verre de Bohème, très dur et très résistant au feu et aux acides, qui est employé pour la fabrication des ustensiles de laboratoire. Les fils de verre de De Brunfaut ne servirent toutefois qu’à la confection de broderies et de passementeries. Celte industrie lut un moment prospère en France et MM. Dubus et Bonnel ont pu tisser des étoffes avec le verre filé. Aujourd’hui, on en fait surtout des aigrettes et des imitations de plumes d’autruche.
- Le verre jaune orangé donne des tissus brillants qui imitent la soie et l’or, les verres blancs imitent l’argent. Ces tissus, malgré la transparence du verre, ne sont pas transparents parce que la différence des indices de réfraction du verre et de l’air interposé entre les fibres est trop grande. Pour obtenir des fils très brillants, possédant un éclat métallique, on étire une baguette de verre parallélépipédique comme celles que découpe le vitrier avec son diamant dans un carreau de vitre ; le fil prend à l’étirage une forme aplatie, mais conserve ses quatre angles droits et quatre faces qui se prêtent aisément aux jeux de lumière.
- De Brunfaut fabriquait aussi un coton de verre très crépu (ouate de verre) et susceptible de feutrage; son procédé paraît avoir été retrouvé et amélioré par les frères 'Weisskôpf, de Morchenslern (Bohême) qui, les premiers, fabriquèrent industriellement la ouate de verre. La composition chimique du verre joue ici un très grand rôle.
- On prend des verres de compositions et de propriétés différentes, par exemple un verre riche en plomb, tendre et à coefficient de dilatation élevé, et un verre dur de potasse ou de soude, riche en silice et peu dilatable ; on fond en même temps les extrémités de deux baguettes faites avec ces verres, placées parallèlement, et c’est le fil double qui en résulte qui est étiré et enroulé sur le tambour. L’inégalité de la contraction et de la tension pendant le refroidissement font que les brins, une fois coupés, s’enroulent sur eux-mêmes. On peut obtenir de la soie de verre beaucoup plus facilement et en plus grandes
- L’ÉLEVAGE
- Depuis que l’on a fait les premiers essais de pisciculture ou, comme on dit maintenant, de piscifacture marine, l’élevage du turbot a été naturellement le grand, but à atteindre ; la valeur marchande de ce poisson est en effet considérable et son élevage rationnel donnerait les résultats les plus brillants. Malheureusement on n’a guère jusqu’ici obtenu de résultats bien encourageants, du moins jusqu’à ces tout derniers temps. M. B. Anthony expose en effet, dans un récent fascicule du Bulletin du Muséum, les essais qu’il a poursuivis à ce propos durant ces dernières années, au laboratoire maritime de Saint-Waast-la-Hougue. Il y a deux difficultés capitales à vaincre pour mener à bien tout essai de piscifacture marine et particulièrement celle du turbot (Rhombus maxi-mus Linné) : d’abord réaliser la ponte en captivité, puis franchir la période critique qui suit cette ponte (de quelques heures avant la résorption complète du vitellus
- DU TURBOT : .....~... = 3
- quantités à la fois en coupant de minces fdels de verre fondu, très fluide et tombant verticalement, avec des jets de vapeur animés d’une très grande vitesse. Le verre se divise en fines gouttelettes sur, chacune desquelles se forme un long fil ; un battage et un triage mécaniques séparent aisément les fils des gouttelettes.
- Les verres résistant aux acides se prêtent facilement à ce traitement, mais ne donnent alors qu’une soie à brins rectilignes, se feutrant mal. Dans les laboratoires, pour filtrer les liquides qui attaquent le papier ou qui sont réduits par lui, on la préfère souvent à la soie plus touffue, faite avec des verres plombeux, parce que ceux-ci sont plus aisément attaqués par les acides. On fabrique toutefois, une soie de verre s’enchevêtrant bien et résistant à une solution froide contenant 20 pour 100 d’acide sulfurique S0411*.
- 11 n’est pas douteux que, si les débouchés paraissaient assurés, des recherches seraient faites dans les laboratoires industriels pour trouver des verres satisfaisant à certaines conditions et, en particulier, se prêtant facilement au tissage; on aurait tôt fait, semble-t-il, de trouver ensuite des procédés vraiment industriels permettant de fabriquer ces fils de verre à très bon marché. Quoi qu’il en soit, les usages du verre filé, en dehors de la parure et de l’ornementation, sont déjà assez nombreux et méritent de fixer l’attention.
- La laine de verre (coton, ouate de verre), qui a l’apparence de la soie, conduit si mal la chaleur, à cause surtout de l’air interposé, qu’elle produit une sensation de tiédeur au simple toucher. On en fait des tissus que portent les goutteux et les rhumatisants. Avec les déchets, on fait des enveloppes calorifuges pour conduites de vapeur. Avec les brins longs, en Allemagne, on tresse des mèches de lampe qui ne s’usent pour ainsi dire pas et qui débitent l’huile ou le pétrole avec une très grande régularité. Ces mêmes tresses servent aussi, quelquefois, d’enveloppes calorifuges, ou sont employées comme isolants pour les canalisations électriques; on en fait des garnitures et du carton pour joints de vapeur qui sont employés de la même façon que l’amiante.
- Enfin, tout récemment, on a utilisé l’attraction capillaire de ces fibres, qui sont alors filées avec des tubes de verre, pour retenir le liquide acide des piles dites sèches ou des accumulateurs, notamment dans le cas où ces appareils sont exposés aux secousses ; tels sont ceux qu’on emploie à l’allumage sur les automobiles. Ë. Lemaire. 'C/§ï>
- DU TURBOT
- par la larve jusqu’à quelques jours après). Déjà la ponte en captivité avait été obtenue à Saint-Vaast, en 1898, par.M.Jlalard, et, en 1904, par M. Danlan; en 1907, M. Anthony a pu également, en une quinzaine de jours, obtenir six pontes successives comprenant chacune plusieurs millions d’œufs normalement constitués. Le passage de la période critique, au contraire, n’avait encore été réalisé par personne. M. Anthony a pu amener au delà de cette période dangereuse une grande quantité des larves obtenues en 1907, et cela sans que le déchet résultant de l’opération s’élève à plus de 10 pour 100 des individus. Sans nous étendre sur les procédés qui, ont permis d’obtenir ces belles réussites, il semble, comme le dit d’ailleurs M. Anthony, que l’étude a fait un assez grand pas pour qu’on puisse sans témérité passer de ces expériences de laboratoire à des essais plus vastes, dans des conditions industrielles.
- p.3 - vue 7/647
-
-
-
- L’ARBRE A BEURRE DE LA COTE D’IVOIRE
- La Haute Côte d’Ivoirc est peut-être une des contrées les plus riches de l’Afrique occidentale. Les Anglais de la Gold Coast qui connaissent le pays liront tous leurs efforts pour assurer leur domination sur les riches terrains situés entre la Comoe et la Vol ta Noire, mais grâce à l’habileté de nos diplomates et à la ténacité de nos officiers, la convention anglo-française du 14 juin 1898 nous acquit définitivement tous les Etats du roi Bouna Marisa, que le sang des Braulot, des Bunas, des Mickicwitz et de tant d’autres braves avait d’ailleurs arrosés si généreusement.
- Cette colonie est appelée à un développement commercial considérable. 11 est possible, en effet, que tout ce territoire tienne en réserve, soit dans ses montagnes du Gouroungui, soit dans les terrains alluvionnaires de ses vallées, des gisements aurifères importants : en 1899 des prospecteurs trouvèrent près de Bouna, la capitale des pépites pesant de 150 à 220 grammes d’or.
- En outre, les lianes à caoutchouc abondent dans la région, puisque l’on a pu, en certains endroits et en particulier sur les plateaux entre Bouna et Do-kita, sur la route de Grand Bassani, compter par kilomètre carré plus de mille pieds de pomponi irii, producteurs du précieux latex. Enlin, et c’est l’objet de cette étude, les arbres à beurre qui appartiennent à la famille des Sapotacées et du genre des Bassia-Parkii, forment de véritables forêts, et leur exploitation peu connue, réservera certainement à ceux qui l’entreprendront des bénéfices très appréciables.
- Les « Cés », comme les désignent les indigènes, sont de grands arbres ayant l’apparence de nos chênes ; leurs feuilles lancéolées et dentelées sont d’un beau vert et donnent un épais ombrage, avantage qui n’est pas à dédaigner au Soudan.
- Le « Gé » est l’arbre sacré des tribus musulmanes Dioulas, si nombreuses dans la Haute Côte d’ivoire, qui le considèrent comme le symbole de la paix.; il est d’ailleurs l’objet d’un véritable culte chez tous les Soudanais, depuis les rives du Sénégal, jusqu’aux bords escarpés de la Volta Noire, car c’est de son fruit qu’est extrait le beurre de Galam ou de Karité aux usages multiples et variés.
- Ce fruit a l’aspect d’un marron et renferme une
- amande compacte et charnue de la grosseur d’une noisette.
- Pour obtenir le beurre de Karité, les indigènes débarrassent d’abord de leur pulpe les fruits qu’ils récoltent dans les premiers jours du mois de mai ; puis ils font griller les amandes, les dépouillent de leur coque et les écrasent entre deux larges pierres plates. Les débris, jetés dans de profondes calebasses remplies d’eau, sont soumis à l’ébullition ; la graisse monte à la surface du liquide bouillant et est recueillie à l’aide decuelles en bois dans un second récipient où on la laisse refroidir. Le beurre ainsi préparé a d’abord une teinte rougeâtre ; puis il devient presque blanc en se solidifiant.
- Les noirs de l’Afrique occidentale l’emploient à cent usages divers; ce beurre remplace la graisse dans les aliments; nos tirailleurs s’en servent pour assouplir les cuirs de leur équipement; les Européens l’utilisent pour préserver de l’humidité les objets en fer-blanc ou en nickel ; et il n’est pas douteux que soigneusement épuré, il ne lasse une graisse de première qualité pour l’entretien des machines industrielles.
- Dans leurs sombres sokalas1, les Kparhallas remplissent de beurre de Karité des lampadaires munis d’une mèche en écorce fibreuse ; la llamme obtenue est claire et ne dégage pour ainsi dire pas de fumée.
- Les ménagères Dioulas fabriquent aussi une sorte de savon en mélangeant des cendres de fromager diluées dans de l’eau bouillante avec une certaine quantité de beurre ; elles font bouillir cette mixture et obtiennent une pâte consistante qu’elles malaxent en boules; puis elles portent au marché ce produit d’un aspect peu appétissant et le vendent à raison de vingt cauries2 la boule.
- Les élégantes s’enduisent la tête de cette graisse jusqu’à ce que leur chevelure forme un amas de boules noires, adipeuses et luisantes; à la chaleur des journées tropicales, ce mélange fond et dégage une odeur nauséabonde, insupportable à l’odorat des
- 1 Cases eu terre où logent les indigènes de la Haute Côte d’Ivoirc.
- 2 Petits coquillages servant de menue monnaie dans toute3 les transactions entre Soudanais.'
- p.4 - vue 8/647
-
-
-
- MOYENS DE FAIRE PLEUVOIR ....; : — 5
- Européens, mais à laquelle les indigènes trouvent un irrésistible attrait.
- 11 eût été bien étonnant que les sorciers du pays n’aient pas, eux aussi, cherché à utiliser une substance aussi précieuse; elle tient une place assez importante dans le matériel des rites religieux ou magiques et les fruits du « Cé », frottés contre un fétiche, sont considérés comme un remède à tous les maux : pour éviter la lèpre, l’éléplianliasis, la lièvre ou la dysenterie, les hommes s’enduisent le corps avec une pommade à base de Karité, préparée par le sorcier qui, pour la consultation et le médicament, exige la modique somme de cinq francs environ.
- A Koui, petit village du district de Bouna, à côté d’un fétiche grossièrement taillé dans un « Cé », est placée une calebasse pleine de beurre; avant de partir à la chasse, tout indigène bien pensant n’aurait garde de venir s’oindre le tour des yeux avec un peu de cette graisse; il lui en coûte quelques cauries payés au sorcier, gardien de l’idole, mais il part l’espérance au cœur, car il est persuadé
- qu’il verra de plus loin le gibier s’approcher.
- Le beurre de Karité est donc, pour les habitants de la Haute Côte d’ivoire, tour à tour un aliment succulent, un remède efficace, un actif lubrifiant de la peau, un condiment sacré, un objet de commerce, un onguent pour la toilette, une huile d’éclairage; c’est, on le voit, une panacée universelle.
- Il serait à désirer, pour l’avenir de notre colonie,
- que les « Cés »
- ' " deviennentl’objet
- d’une exploitation sérieuse, car le beurre de Karité, préparé avec une méthode rationnelle et des procédés chimiques spéciaux, pourrait devenir un article d’exploitation de premier ordre et remplacerait peut-être avantageusemen t les graisses employées dans toutes les branches de notre industrie métallurgique. Les Anglais de la Côte d’Or et les Allemands du Togo, en gens avisés, commencent à établir des comptoirs dans certains villages Lobis, Birifons et Kparhallas. Il serait déplorable que seuls les colons étrangers profitent des richesses de notre belle colonie française de la Côte d’ivoire. Louis de Cantilly.
- DES MOYENS DE FAIRE PLEUVOIR
- La pluie est une grosse préoccupation pour tous les peuples, et l’on sait combien, dans nos civilisations modernes d’Occident, on prend de mesures pour la prévoir : c’est une des fonctions principales des services météorologiques de fournir quotidiennement aux cultivateurs les renseignements qui leur sont utiles à cet égard.
- Chez les peuples moins avancés, l’intérêt n’est pas moindre, mais il se manifeste autrement. Chez les nègres par exemple, il y a dans chaque groupement humain un personnage dont l’attribution est d’obtenir du ciel une répartition favorable des eaux; cet homme important est souvent le roi lui-même.
- Il va de soi que les moyens auxquels il recourt sont avant tout des procédés magiques. M. Frazer, dans son beau livre le Rameau d’or, a longuement décrit plusieurs de ces curieuses pratiques, et il n’a pas manqué de citer aussi les coutumes analogues qu’on peut recueillir dans le folklore européen. Nous renvoyons à son livre les personnes que le sujet intéresse, en ajoutant toutefois à sa longue liste le procédé suivant, qui a, paraît-il, cours •aujourd’hui encore chez les Roumains et que décrit dans V Anthropologie le Dr halo y d’après un récent travail de M. Teutsch. Il donne une excellente idée de l’allure normale du procédé.
- « Chez les Roumains, lorsqu’on désire la pluie, on « enlève une croix d’un tombeau, on la laisse séjourner « deux jours dans l’eau, puis on la remet en place. Si, au « contraire, on veut faire cesser la pluie, on fabrique une « poupée qui la personnifie, on la place dans un cercueil « garni de fleurs, qu’on entoure de cierges allumés. « En même temps les femmes entonnent un chant de « circonstance : a La mère de la pluie est morte; « celle du soleil est ressuscitée, pour faire mûrir le « blé, etc. » L’enterrement a lieu en grande pompe, le « cortège est précédé d’un personnage qui porte une « branche d’arbre chargée de fruits et à laquelle sont « pendus les gâteaux funéraires. Puis vient le cercueil, « ensuite un personnage costumé en prêtre, un autre « muni d’une cloche, enfin la foule qui chante sans « discontinuer. On enterre le cercueil au pied d’une « croix, dont une vieille femme... fait trois fois le tour. » Ajoutons que sans trop de peine on retrouverait jusque chez nos paysans de France des traces, d’ailleurs très affaiblies, de coutumes comparables. Ces vieux rites en ont même laissé dans la langue courante, où la locution proverbiale qui conseille de « ne pas chanter, de crainte de faire pleuvoir », en est assurément un lointain et inconscient souvenir. • Marcel Blot. *
- p.5 - vue 9/647
-
-
-
- LA PHOTOGRAPHIE DE LA VOIX
- Depuis plusieurs années le docteur Marage poursuit de très savantes études sur la voix ; les résultats qu’il a obtenus ont é'.é communiqués au fur et à mesure de leur apparition, à l’Académie des Sciences, et, chaque fois, nous les avons signalés.
- On peut admettre aujourd’hui que ces travaux ont atteint, nous ne dirons pas la perfection, mais un degré de précision suffisant pour recevoir des applications pratiques, en aidant à la fois les professeurs de chant et de diction dans leur rude labeur, le philologue dans ses recherches non moins ardues et le médecin qui se consacre à cette tâche humanitaire et extrêmement ingrate d’améliorer letat de ces pauvres déshérités que sont les sourds-muets.
- Cet ensemble documentaire se rapporte à l’étude des vibrations de la voix, car ce sont elles que le papier photographique enregistre, qu’il différencie, qu’il permet de comparer. Et ces vibrations étant
- '/mmm
- < wWi ° MA.
- Fig. \. — Schéma du premier appareil du Dr Marage.
- Fig. 2. — Constitution des voyelles.
- produites par les cordes vocales, modifiées par la bouche et tous les organes qui la meublent, la photographie montre donc en réalité le fonctionnement du pharynx ; en rapprochant les résultats obtenus à des périodes plus ou moins espacées, on
- Fig. 3. — Schéma de la partie optique du système Pollak-Virag.
- d’estimer la valeur musicale d’une intonation sans commettre d'erreur. Devant cette sorte de difformité commune à tous les individus et à laquelle aucun traitement n’est applicable, plusieurs savants ont cherché à remplacer l’organe auditif par des
- Fig. -4. — Disques à sirènes.
- appareils mécaniques donnant les graphiques des vibrations ; nous rappellerons seulement pour mémoire les travaux de Marey, l’invention du phonographe, la capsule de Kônig, dont les imperfections respectives ne permettent pas d’obtenir, à la suite . de deux expériences successives, des résultats identiques.
- Le premier appareil mécanique construit par M. Marage était constitué par une membrane de caoutchouc non tendue M (fîg. 1) au centre de laquelle s’appuie une pointe appartenant à un levier L articulé à l’üne de ses extrémités ; la chambre dans laquelle oscille ce levier est traversée par un courant d’air
- Fig. 5. — Schéma de l’appareil à voyelles.
- II, disque; A, arrivée d’air; B, disque plein; EE', bâti de l’appareil.
- voit le progrès accompli par l’élève et on juge de l’efficacité ou de l’inutilité du traitement.
- L’oreille était, jusqu’ici, le seul appareil auditif qui nous permît de différencier les vibrations ; elle remplit parfaitement son but lorsque les sons qui lui parviennent sont différents; mais, dès qu’ils semblent se confondre, elle devient tout à fait inhabile et quelques rares personnes seules sont capables
- à la pression constante de un centimètre d’eau; dans ces conditions le levier suit tous les mouvements de la membrane et enregistre les vibrations sur un papier recouvert de noir de fumée. L’auteur, modifiant ensuite ce premier appareil, a supprimé le levier et remplacé le courant d’air par un courant d’acétylène dont la flamme, à la sortie, épouse fatalement les vibrations de la membrane de caoutchouc :
- p.6 - vue 10/647
-
-
-
- PHOTOGRAPHIE DE LA VOIX
- 7
- Fig. (5. — Moulages de la bouche prononçant les voyelles.
- la photographie de cette flamme était celle des vibrations. Enfin est intervenu le phonographe, modifié pour ces sortes de recherches. Toutes les causes d’erreurs étant écartées aussi rigoureusement que possible, les tracés obtenus par les trois appareils étaient semblables. C’est ainsi que l’on a constaté que les voyelles parlées ont des tracés très caractéristiques, tandis que le groupement des oscillations de ces mêmes voyelles est assez difficile à retrouver lorsqu’elles ont été chantées. Dès ces premiers travaux il a été reconnu que les voyelles I et OU sont constituées par une vibration unique ; E et 0 sont formées de deux vibrations et enfin À de trois vibrations (fig. 2). Ce résultat ne pouvait être considéré comme acquis qu’aprôs avoir été vérifié par d’autres méthodes. C’est alors que dans le même but sont intervenus les appareils électriques : en premier lieu
- l’oscillographe Dlondel et ensuite le récepteur téléphonique. L’idée d’utiliser le récepteur téléphonique est venue au docteur Marage à la suite d’une communication faite à la Société de physique sur l’appareil télégraphique extra-rapide Pollak-Virag. Bien que le principe de cet appareil ait déjà été décrit, il nous semble intéressant de le rappeler, au moins en ce qui concerne l’application spéciale qui en a été faite par le docteur Marage.
- Le récepteur téléphonique, recevant les courants émis au poste de départ, transmet les vibrations qui agitent sa plaque à un miroir M (fig. 9) placé devant lui auquel il est relié par un support rigide. Ce miroir reçoit en permanence un faisceau lumineux d’une lampe S et le dirige à travers la lentille L sur une bande de papier P située au foyer de la lentille. Un simple point lumineux vient donc
- Fig. 7. — Synthèse des voyelles. En haut, la sirène à voyelles. En lias, le même appareil surmonté des moulages.
- p.7 - vue 11/647
-
-
-
- 8 ...-.. — PHOTOGRAPHIE DE LA VOIX
- frapper ce papier qui a été sensibilisé comme les papiers photographiques ordinaires. La bande se déroule devant la lentille et elle enregistre toutes les vibrations transmises au miroir M par le téléphone. Mais n’étant animées que d’un mouvement vertical, les vibrations dans le sens vertical chevaucheront les unes sur les autres et le résultat sera une trace parfaitement intelligible. Pour obtenir le
- si on le met en mouvement, le point de concordance et, partant, l’origine du faisceau, ne sera pas toujours au même endroit ; il suivra forcément une direction horizontale en parcourant toute la longueur de la pinnule de l’écran et un nouveau faisceau partant du même point que le premier viendra 1 rappel* le miroir dès que le précédent aura terminé sa course. Mais dans ces conditions, le rayon réfléchi
- Fig. S. — Appareil du 1)' Marage pour la photographie de la voix.
- développement de ces vibrations suivant une ligne horizontale, il était indispensable d’obliger le papier à se mouvoir également de droite à gauche et avec beaucoup de rapidité : une telle nécessité eût entraîné l’emploi d’un dispositif fort compliqué que les inventeurs du système télégraphique ont renoncé à exécuter. iis r ont avantageusement remplacé par un appareillage très original (fig. 5) constitué par un cylindre C dans lequel est enfermée l’ampoule électrique A, source de lumière. Ce cylindre porte, tracée dans sa paroi, une pinnule hélicoïdale faisant une seule fois le tour ; la lumière ne peut donc plus sortir, dores et déjà, que suivant cette rainure. A quelques millimètres du cylindre, et du côté du miroir, cette bande lumineuse rencontre ensuite un écran métallique vertical E sur toute la longueur duquel une autre pinnule, horizontale, a été également évidée. La lumière se trouve alors entièrement interceptée par ce nouvel écran, sauf au point de concordance des deux rainures. Il passe donc par ce point P un léger faisceau qui vient frapper le miroir. Mais le cylindre est mobile autour de son axe;
- variera de position dans les mêmes proportions que le faisceau principal, et à son tour le point lumineux parcourra un chemin égal à celui parcouru par le làisceau principal. Comme ce rayon frappe la bande de papier, il influencera ce dernier suivant une ligne qui serait parfaitement horizontale si ce même
- papier n’était animé d’un mouvement vertical. C’est pourquoi la trace photographique laissée par le point lumineux sur le papier est inclinée vers la droite. Ajoutons encore que dans le système télégraphique Pollak-Virag on emploie deux récepteurs téléphoniques pour actionner le miroir et cela dans le but de combiner les mouvements verticaux de l’un avec les mouvements horizontaux de l’autre pour reconstituer la forme des lettres. Le docteur Marage n’avait que faire des mouvements horizontaux, c’est pourquoi un seul téléphone lui suffit.
- Par ce dispositif, créé en vue de recherches très différentes de celles que lui a confiées le docteur Marage, celui-ci s’est assuré de la parfaite exactitude de sa théorie en ce qui concerne les vibrations
- 2e Dèvelop. 1erDèvelop.
- Fig. 9. — Schéma de l’appareil du Dr Marage.
- P, papier; M, miroir; C, membrane vibrante; S, source lumineuse.
- p.8 - vue 12/647
-
-
-
- PHOTOGRAPHIE DE LA VOIX — 9
- ou groupes de vibrations propres à chaque voyelle.
- Quoi de plus intéressant, en étant arrivé à ce point de ses travaux, pour un savant qui s’est livré à une étude aussi délicate et aussi captivante, que de chercher à reconstituer la synthèse de ces voyelles ainsi analysées ? C’est à cela que tendent désormais les efforts du docteur Marage. 11 reconstitue mécaniquement les cordes vocales sur des disques que représente notre ligure 5 et qui sont percées de lentes rayonnantes de même largeur ou bien triangulaires équidistantes ou groupées par deux ou par trois suivant le nombre de vibrations que l’analyse des voyelles a permis de reconnaître. 11 ne reste plus qu’à monter ces disques sur des axes actionnés par
- Fig-. 10. — Phrase prononcée dans un phonographe.
- un moteur électrique et à faire agir sur eux, pendant leur mouvement de rotation, un courant d’air dont l’intensité correspond à celle que lui donnent nos poumons. Ce dispositif est représenté par notre figure 7 ; chacun des tuyaux donne à la perfection la voyelle qu’il est chargé de produire.
- Mais alors, en présence de ces résultats, on est en droit de se demander à quoi sert la bouche puisque les cordes vocales seules suffisent à prononcer les voyelles? Pour répondre à la question, rien ne vaut
- Fig. 11. — La même phrase prononcée dans l’appareil du D' Marage.
- la démonstration expérimentale. Construisons donc des bouches artificielles que nous placerons sur nos tuyaux à voyelles. Nouvelle industrie qui demande l’aide d’un patient de bonne volonté dont on prend le moulage de la bouche avec une matière plastique bien connue des dentistes : le stents, substance très dure à la température ordinaire, s’amollissant vers 55 degrés. Le procédé est très simple : on emplit la bouche de stents fondu, puis on lui donne la forme qu’elle doit prendre en prononçant la voyelle ; on écarte ensuite un peu la joue et un jet d’eau froide solidifie la substance que l’on retire et dont on prend un moule avec du plâtre. Ce moule est une bouche artificielle (fig. 6) qui, placée sur le tuyau sonore, amplifie la voyelle en lui donnant plus de hauteur. De même le timbre spécial de chaque-voix dépend de la largeur de la fente glottique,de la tension et delà
- p.9 - vue 13/647
-
-
-
- 10 —..— PHOTOGRAPHIE DE LA VOIX
- largeur des cordes vocales, de la position des dents.
- À la suite de ces expériences le docteur Maragc définit ainsi les voyelles : Les voyelles sont dues à une vibration aéro-laryngienne intermittente renforcée par la cavité buccale et produisant les sons OU, 0, A, E, I lorsque la bouche se met à l’unisson avec la somme des vibrations ; la vibration, transformée par la bouche, donne naissance aux autres voyelles lorsque l’émission n’existe pas ; le nombre des intermittences donne la note fondamentale sur laquelle la voyelle est émise.
- Si la cavité buccale fonctionne seule, on a la voyelle chuchotée; si le larynx fonctionne seul, on a la voyelle chantée ; si les deux fonctionnent en même temps on a la voyelle parlée.
- En somme, en l’état actuel de la question telle que nous venons de l’exposer, il est possible de faire la synthèse des cinq voyelles, d’étudier l'influence de la cavité buccale sur les vibrations laryngiennes, les tracés des voyelles synthétiques ou artificielles, montrant les conditions dans lesquelles il faut se placer pour produire une voyelle pure, c’est-à-dire une bonne diction, dans le chant comme dans la parole.
- D’autre part les vibrations de la sirène à voyelles non surmontée des moulages de la bouche ont une action spéciale sur l’oreille et permettent de tenter avec succès la rééducation de l’audition dans les cas de surdité et chez les sourds-muets. Cette question du traitement des sourds-muets a fait l’objet d’études spéciales de la part du docteur Marage. Le diagnostic devient très simple en faisant entendre successivement les cinq voyelles d’après l’intensité donnée à chacune d’elles pour qu’elles soient perçues. Le développement de l’audition chez les infirmes est alors possible; car, presque chez tous les sujets, on arrive à faire entendre les vibrations musicales et non la parole ; saisissant une voyelle, sous une pres-
- sion déterminée, ils peuvent alors la répéter. On établit ainsi aisément une distinction entre le degré d’infinnité de chaque sujet, et, par un entraînement approprié, on parvient à faire répéter, puis comprendre des phrases simples. Cette méthode a été employée dans deux établissements de sourds-muets. La première série d’expériences a été faite sous le contrôle de M. le professeur Garriel et les résultats de la deuxième série, faite dans une institution des environs de Lille, ont été communiqués par M. Marage à l’Académie de médecine au mois d’octobre dernier ; les élèves furent présentés et chacun était à même de constater leur degré d’audition.
- En dehors de l’étude toute spéciale des voyelles, l’appareil du docteur Marage permet également la photographie de la voix chantée ou parlée, et les résultats déjà communiqués l’an dernier étaient très intéressants; mais le savant chercheur tenait aussi à simplifier ses procédés d’investigation et ses récents travaux se rapportent à l’étude de l’appareil dont nous avons parlé plus haut et dans lequel il est parvenu à supprimer l’emploi du téléphone. Ce dernier, en effet, introduisait encore des vibrations étrangères dans les graphiques, cause de la présence des courants parasites agissant, faiblement il est vrai, sur la membrane vibrante.
- Le miroir est alors fixé par une simple tige de verre à la membrane vibrante d’un cornet acoustique C (fig. 8 et 9). Ce miroir obéit donc avec une précision rigoureuse aux vibrations de la membrane et le rayon lumineux laisse sur le papier la trace des vibrations de la voix dans les mêmes conditions que précédemment, car le système optique demeure tel que nous l’avons décrit. Le papier est enroulé à la partie supérieure de l’appareil P et entraîné entre deux paires de laminoirs parallèles mus par un petit moteur électrique; après avoir été influencé par le rayon lumineux il passe dans deux cuves de développement puis tombe dans le bain fixateur d’où
- Fig. 12. — Une phrase chinoise prononcée par un Chinois cl par un Français.
- p.10 - vue 14/647
-
-
-
- NOUVELLE MACHINE A GLACE
- 11
- on le retire presque aussitôt. Naturellement ces opérations se font dans l’obscurité.
- La réussite des expériences est basée sur la vitesse de déroulement du papier ; si, par exemple, l’impression d’une ligne dure une demi-seconde, les vibrations ne sont pas suffisamment dissociées et leurs traces chevauchent les unes sur les autres. I)e plus, l’embouchure dans laquelle on articule les mots ne doit produire aucune vibration sans quoi la photographie en porterait la trace. C’est d’ailleurs ce (pie montrent avec beaucoup de netteté les deux photographies que nous reproduisons (fig. 10 et 11) dans lesquelles la phrase : Le roulement du tonnerre a été prononcée, d’une part, dans l’embouchure de l’appareil Marage et, d’autrej part, dans celle d’un phonographe. On s’explique aussi pourquoi les sons émis par ce dernier appareil sont toujours accompagnés de vibrations étrangères qui les rendent trop souvent incompréhensibles.
- La vitesse normale à donner à la feuille de papier semble devoir être telle que chaque ligne représente une durée de un cinquième de seconde environ. Les vibrations sont alors parfaitement dissociées, et, à la simple inspection d’une épreuve, un professeur de diction reconnaîtra de suite la durée de chaque voyelle, la note sur laquelle elle a été émise ; le professeur de chant verra si son élève chante en mesure, chaque note devant nécessairement avoir la même durée et être représentée par une même longueur de ligne sur la photographie.
- Pour savoir si le chant est juste, il suffit décompter le nombre de vibrations par ligne et de multiplier ce nombre par 5 si chaque ligne est de un cinquième de seconde. La voix est bonne si les vibrations ont une amplitude constante, si elles sont régulières, sans traces de fuseaux indiquant une voie chevrotante. La capacité vitale apparaîtra également, car les moments de repos sont enregistrés comme les notes. Pas de groupements? pas de diction! Quel
- est le régime de la voix ? On le reconnaît en faisant donner à un chanteur la note la plus grave et la note la plus aiguë qu’il est capable de produire.
- La dernière photographie que nous reproduisons (fig. 12) est curieuse à consulter par les philologues. Elle comporte deux épreuves d’une même phrase prononcée par un Chinois et par le docteur Marage lui-même. Cette phrase est celle-ci , Nin i chian kho hao (Monsieur comment allez-vous?). On constate que le premier de ces mots a été prononcé en un temps moitié moins long par le Chinois que par le Français, tandis que le son i a exactement la même valeur dans les deux langues. Une collection de photographies analogues prises des voix de divers individus appartenant à des familles linguistiques différentes livrerait certainement bien des curiosités aux savants spécialistes.
- Il ne nous semble pas utile d’insister davantage sur ce sujet pour montrer le côté pratique des travaux que le docteur Marage poursuit depuis une dizaine d’années. Ces procédés sont appelés à rendre de précieux services dans les institutions de sourds-muets et à devenir de fidèles auxiliaires des maîtres de chant. Constatation originale : Déjà les élèves viennent d’eux-mêmes consulter le savant docteur, mais les professeurs et professionnels le redoutent : dame, il serait peu agréable à un ténor en renom, à une de nos plus célèbres cantatrices, d’apprendre qu’ils chantent faux, par exemple, ou que leur « belle » voix est entachée de tant d’imperfections qu’ils n’oseraient plus la faire entendre! Que les artistes se tranquillisent. Nos oreilles ne sont pas aussi délicates que le rayon mystérieux auquel le docteur Marage a donné pour mission d’explorer nos cordes vocales, les petites imperfections passeront toujours inaperçues et les acclamations du public iront toujours aux idoles qu’il aura consacrées.
- Lucien Fournier.
- UNE NOUVELLE MACHINE A GLACE — LE FRIGORIGÈNE AUDIFFREN
- Pour que l’on puisse aujourd’hui, au cœur de l’été, fabriquer soi-même un morceau de glace, que de progrès réalisés depuis le temps où les anciens Domains, désireux de satisfaire leur goût de boissons glacées, faisaient emmagasiner dans des souterrains la neige des Apennins! Pendant nombre de siècles, on ne connut que la glace naturelle, extraite en hiver des étangs ou des fleuves et soigneusement conservée à l’abri des atteintes de la chaleur.
- Chimistes et physiciens réussirent enfin à produire le froid artificiellement. En 1685, Lahire, un Français, congèle l’eau d’une fiole entourée de sel ammoniac. En 1755, Cullen, médecin écossais, et, en 1811, le physicien Leslie font de la glace avec de l’eau vaporisée sous la cloche d’une machine pneumatique. En 1857, s’ouvre l’ère industrielle de la production du froid, avec la machine Carré, à l’éther
- et ensuite à l’ammoniaque, dans laquelle l’inventeur met à profit les études et les insuccès de ses devanciers Faraday, Thilorier, Perkins.
- Actuellement, il existe des types nombreux de machines frigorifiques; mais, malgré des perfectionnements de détail, elles sont toutes sujettes aux mêmes inconvénients. Les agents producteurs du froid, gaz ou vapeurs liquéfiables, y sont comprimés à de fortes pressions, puis détendus. Les appareils sont, par suite, compliqués, délicats, exigent la constante surveillance d’un mécanicien ou d’une personne soigneuse connaissant leur fonctionnement. On y retrouve toujours des presse-étoupes et robinets qui grippent ou fuient si le serrage n’est pas parfait, des soupapes qui collent, des clapets d’un réglage difficile, des manomètres qu’il ne faut pas perdre de vue, des joints à vérifier ou à refaire
- p.11 - vue 15/647
-
-
-
- 12 : .v:.. . . NOUVELLE MACHINE A GLACE
- pour ne pas laisser échapper les liquides volatiles et irrespirables.
- A première vue, le frigorigène Audiü'ren est donc un appareil tout à lait dillérent de ses congénères. Il se compose seulement de deux: capacités sphériques ou cylindriques réunies par une lige, creuse qui porte dans son prolongement une poulie ou une manivelle. L’aspect extérieur est celui d’une paire d’énormes haltères. Pas de joint, pas de presse-étoupe, pas de manomètre, pas de clapet d’aspiration, pas un seul tuyau, pas un seul robinet, pas de' valve de réglage, pas d’hélice agitatrice. Toute personne peut le transporter, l’installer, l’employer sans aucun apprentissage. C’est la simplicité même. 11 suffit de poser l’arbre du frigorigène sur ses deux coussinets, de remplir d’eau ses réservoirs, et de tourner la manivelle pour avoir à volonté, au bout de quelques minutes, de l’air froid, de l’eau fraîche ou de. la glace. Là est la nouveau té incontestable et qui présente un vif intérêt : la transformation immédiate, sans aucun organe mécanique apparent, de la force motrice en frigo-ries.
- C o m m ont obtient-on ce curieux résultat? Imitons l’enfant qui ouvre le ventre de sa poupée pour voir ce qu’il y a dedans. La coupe schématique du frigorigène Audiffren permet de saisir aisément le mode de fonctionnement.
- 11 a cela de commun avec les autres machines frigorifiques qu’il est une application rigoureuse des mêmes principes de thermodynamique; comme dans celles-ci, une pompe aspirante et foulante aspire le gaz liquéfiable à l’état de vapeur pour le comprimer dans un condenseur. Là s’opère la liquéfaction du gaz au contact de la paroi métallique extérieurement refroidie par l’eau du réservoir. Le liquide obtenu se déverse aussitôt dans le réfrigérant où il s’évapore pour retourner par aspiration au compresseur. La circulation du liquide volatil se continue ainsi suivant un cycle fermé du condenseur au réfrigérant et réciproquement.
- L’originalité du frigorigène consiste à faire fonctionner le mécanisme compresseur, dans l’atmosphère même du gaz qu’il s’agit de comprimer, à l’intérieur du condenseur, enceinte hermétiquement
- close, et à donner à tout l’ensemble un rapide mouvement de rotation.
- Le compresseur — logé dans un carter qui est suspendu fou sur l’arbre et par conséquent ne participe pas à sa rotation — est un robuste, cylindre oscillant sur deux tourillons, muni d’un piston massif et ne comporte1 ni clapet d’aspiration, ni tiroir, ni segments, ni presse-étoupe.
- La suppression de ces organes, causes fréquentes de réparations et d’arrêts, a pu être réalisée1 paire1 epie le compresseur eist. plongé dans l’atmosphère1 du condenseur et se trouve constamment soumis à une pression enveloppante égale ou même supérieure à la pression moyenne qui règne à l’intérieur de sein cylindre. S’il y a dont; de*s fuites de gaz, edles ne
- l'intérieur de ce cylindre, contrairement à ce epii se passe dans toutes les autres machines frigorifiques. L’un des tourillons qui servent de points d’appui au compresseur porte une surface de friction annulaire dans laquelle sont ménagés des orifices qui en se découvrant et en se recouvrant alternativement règlent la distribution du gaz et tiennent lieu des soupapes absentes. Celle surface s’appuii d’ailleurs automatiquement contre la glace correspondante du cari (*r sous la poussée des gaz comprimés dans le condenseur.
- D’autre part, le compresseur est complètement immergé dans un bain d’huile chimiquement pure et absolument neutre, qui, par suite de sa viscosité, s’interpose dans tous les joints, remplit les espaces nuisibles et procure une parfaite étanchéité. Toutes les surfaces travaillantes étant soigneusement polies et abondamment lubrifiées, l’usure est pratiquement nulle. Comme le vide est fait dans l’appareil avant son chargement aucune oxydation ne peut se produire. Ainsi la purge des huiles et le graissage du piston compresseur ne sont jamais nécessaires. 11 n’y a aucun entretien à prévoir. En admettant même que, malgré les précautions prises et la perfection de la fabrication, il y ait un peu d’usure à la longue, les particules métalliques en suspension dans l’huile viendraient se déposer dans des boîtes de décantation placées par mesure de prudence dans le carter et dans le réfrigérant.
- p.12 - vue 16/647
-
-
-
- NOUVELLE MACHINE A GLACE
- L’huile a une autre fonction que celle du graissage; elle sert à combattre réchauffement dû au Iravail de compression, par sa circulation automatique résultant de la rotation même de l’appareil. A cet eiî'el, elle s'écoule constamment par un orifice ménagé au fond du carier et va se refroidir par contact avec la paroi du condenseur qui l’enlraine; elle est alors reprise à la partie supérieure par une raclette qui la fait retomber froide dans le carter.
- Le fonctionnement d’un compresseur totalement emprisonné dans une enceinte hermétiquement close suppose la solution d’un délicat problème de mécanique : faire agir un moteur extérieur au travers d’une paroi sans la percer. C’est là une condition indispensable à remplir pour la suppression du fatal presse-étoupe, de ses fuites, des frottements parasites, en pure perte, dont il est inévitablement la cause. Le carter, contenant le compresseur, est lesté avec une masse de plomb suffisamment lourde qui devient un point d’appui, une, résistance opposée au mouvement de rotation. La force mise en jeu est la force de la pesanteur qui traverse! la paroi sans la percer. Aussitôt qu’un moteur quelconque imprime au système un mouvement de rotation, le piston du compresseur se déplace sous l’action de*, l’arbre coudé faisant fonction de manivelle et prend un memvement alternatif nécessaire à l’aspiration et au refoulement élu gaz liquéfiable. Le liquide, par l’effet de la force, centrifuge, s’accumule en forme de bourrelet suivant un grand diamètre élu condenseur, se sépare1 de1 l’huile, par différence de1 densité, et se rend au réfrigérant par un petit tuyau de; diamètre convc-nable e\n vertu de la différence de pression existant entre les deux capacités.
- On peut remarquer epie, grâce à ce dispositif, la machine se règle, d’elle-même relativement aux
- Couvercle__________ Couvercle
- Fig. 2. — Coupc schématique.
- efforts qu’elle a à supporter. Le contrepoids tient lieu d’appareil de sûreté et de manomètre. La masse est calculée de telle façon que si la pression du gaz dépassait une limite prévue sous l'influence d’une trop grande élévation de la température extérieure, le compresseur serait entraîné dans le mouvement de rotation et cesserait immédiatement de fonctionner.
- De même que dans les autres machines frigori-
- 13
- fiques, l’eau du condenseur doit être aussi froide que possible et il y a lieu de la renouvelersi elle s’échauffe trop. C’est la condition essentielle d’un bon rendement,, puisque l’eau du condenseur a précisément pour objet de mettre en liberté les calories produites par le travail de la compression du gaz.
- P, poulie; C, condenseur; H, réfrigérant.
- La rotation du frigorigène, est, à cet égard, la source de plusieurs avantages importants. Elle facilite l’échange des températures par le brassage qu'elle provoque dans l’eau du condenseur et dans la saumure du réfrigérant, où une hélice agitatrice est absolument inutile.
- L’eau de'condensation, entraînée par la rotation du condenseur, est assez divisée pour qu’en la faisant traverser par un courant d'air, on la refroidisse par évaporation. Un en économise alors 98 pour 100. Pour la même raison, un courant d’air, lancé au travers du réfrigérant, produit de Pair froid sec immédiatement utilisable à l’aération sans aucune tuyauterie, de circulation dans la saumure.
- Si le réfrigérant tourne dans l’eau, la glace commence à paraître sur sa paroi au bout de trois minutes. La glace est d’une transparence parfaite même en employant des eaux boueuses, savonneuses, salées, chargées de matières colorantes. Par l’action de la force centrifuge les corps en suspension et les impuretés sont rejetées.
- Les principaux gaz liquéfiables, anhydride sulfureux, chlorure de méthyle, anhydride carbonique, qui ont des pouvoirs réfrigérants sensiblement équivalents, peuvent être indistinctement employés dans le frigorigène. Mais dès lors qu’il n’y a pas à se préoccuper des fuites, rechargements, mauvaises odeurs, l’anhydride sulfureux mérite la préférence. Son action chimique sur l’huile et les métaux est nulle, tandis que la force élastique de scs vapeurs, qu’il faut vaincre pour le liquéfier, est seulement la moitié de celle du chlorure de méthyle, le tiers de celle de l’ammoniaque, le vingtième de celle de l’acide carbonique. 11 est permis de se demander quelle est la valeur pratique et la durée d’un appareil totalement fermé, qui échappe à tout contrôle? A la réflexion, on ne découvre point de causes qui
- p.13 - vue 17/647
-
-
-
- 14
- CHRONIQUE — ACADÉMIE DES SCIENCES
- puissent entraver la marche régulière d’un mécanisme aussi simple, à l’abri des inllnences extérieures, des poussières, des détériorations.
- Des machines d’expérience ont fonctionné dix heures par jour pendant deux années sans traces d’usure appréciable. L’huile avait conservé sa limpidité première sans perdre aucune de ses qualités. Les particules métalliques recueillies par les boîtes de décantation étaient absolument négligeables.
- Le frigorigène Audiiï’ren, grâce à l’ingéniosité de ses diverses dispositions, et de la perfection de sa construction exécutée dans les établissements Sin-griin, d’Épinal, fonctionne avec un minimum de frottements et, par suite, a un rendement remarquable. Comparé aux autres machines lrigoritiques, il permet de réaliser une économie d’environ 70 pour 100 de force motrice. Aussi le type de l’rigorigène qui produit 5 kg de glace à l’heure, à 400 tours à la minute, n’absorbe qu’un quart ou un tiers de cheval de force suivant la température de l’eau de condensation. Les constructeurs ont prévu des types d’appareils donnant jusqu’à 50 kg de glace à l’heure, et
- ils entrevoient la possibilité d’appareils d’une production de 200 à 500 kg à l’heure.
- Le l’rigorigène Audiiï’ren est appelé à donner un nouvel essor aux applications frigorifiques trop méconnues et trop négligées dans notre pays; il sera singulièrement apprécié dans les pays tropicaux, en raison de la facilité de son transport et de son emploi, puisqu’il peut fonctionner avec des eaux de condensation même à 45°.
- Le frigorigène Audiiï'ren, c’est la fabrication de la glace à domicile rendue pratique et mise à la portée de tout le monde. Aussi a-t-il sa place marquée dans une multitude de commerces et d’industries qui utilisent le froid, chez les marchands de denrées alimentaires, chez les boucliers, crémiers, conliseurs-glaciers, dans les beurreries, les laboratoires, etc. 11 y a déjà un frigorigène à l’hôpital de Gabès, en Tunisie, à Casablanca, à l’Ecole de laiterie de Nancy.
- Le l’rigorigène a eu pour parrain devant l’Académie des Sciences, M. d’Arsonval, membre de l’Institut, qui l’y a présenté à la séance du 16 décembre 1907. Nouni:ht Lai.uiî.
- CHRONIQUE
- Les mines d’hélium. — Ou considère volontiers encore F hélium comme un corps rare et d’une préparation difficile. Il n’en est rien cependant : les récents travaux de M. Moureu le prouvent nettement : M. Moureu, en effet, a montré que ce gaz se dégage de certaines sources thermales avec une extraordinaire abondance : ainsi la source du Lymbe à Bourbon-Lancy rejette dans l’atmosphère plus de 10 000 litres d’hélium par an, c’est une véritable mine d’hélium; celle de Maizières (Côte-d’Or) est également d’une grande richesse. Plusieurs autres sources ont été étudiées dans l’Est et le Midi de la France ; il a été constaté qu’il s’en dégage perpétuelle-
- ment des émanations radio-actives, en même temps que des gaz rares et de l’hélium en notable quantité : à Bourbon-Lancy la proportion de l’hélium dans le gaz qui s’échappe spontanément de la source est de 2 pour 100, à Maizières elle est de 5 pour 100.
- Pour déterminer ces proportions, M. Moureu a procédé au fractionnement des gaz présents dans les sources, au moyen du charbon, à la température de l’air liquide.
- De tout ceci il résulte que l’hélium est, en abondance, à notre disposition. Nul doute que d’importants usages scientifiques ou thérapeutiques ne lui soient bientôt réservés.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 25 mai 1908. — Présidence de M. Becquerel.
- Caractères de l’éruption de l’Etna en 1908. — M. Michel Lévy présente une Note de M. À. Lacroix relative aux phénomènes qui caractérisent l’éruption de l’Etna en 1908. Depuis 1906, on observait dans le cratère central, des signes précurseurs d’une éruption violente : elle s’est produite ; mais, contrairement aux prévisions, elle a été de peu d’importance et de peu de durée. Le siège de cette éruption se trouve dans une région distincte de celles de 1883, 1880 et 1892 qui ont eut lieu suivant une fente partant du cratère et orientée N. S. L’éruption de 1908 s’est produite sur le flanc S. E. dans les escarpements qui dominent le fond du val del Bovc et un peu au-dessous des bouches de l’éruption de 1819. L’une des particularités notées en 1908 a été le peu d’intensité des fumerolles.
- Les sérums des animaux tuberculeux. — M. Calmette expose qu’il a effectué avec MM. L. Massol et M. G. Guérin des recherches comparatives sur le sérum des ani-
- maux sains et le sérum des animaux tuberculeux ou luber-culinés. II a utilisé la propriété spéciale que possède le venin de cobra de dissoudre les globules rouges en présence de lécithine. Ils ont pu constater la présence constante de lécithine dans le sérum de l’homme et des animaux tuberculeux. L’infection tuberculeuse expérimentale et les injections intraveineuses de tuberculine chez les animaux sains provoquent constamment une décharge de lécithine dans la circulation. Celle-ci disparaît pendant les périodes de fièvre.
- Épreuves radiographiques de cadavres. — M. Edmond Perrier analyse une Note de M. Ménard accompagnée de nombreuses radiographies de cadavres. D’après cette Note, la transparence de l’intestin, indiquée par M. Vaillant comme signe de mort réelle, ne serait pas un signe certain. En résumé M. Ménard conclut que, dans l’état de nos connaissances, la radiographie ne peut donner aucun moyen de diagnostic de la mort.
- p.14 - vue 18/647
-
-
-
- NOUVEAU CADRAN SOLAIRE ' .- = 15
- La coagulation du sang dans les tubes capillaires. — M. Bouchard expose les résultats- des nouvelles expériences qu’il vient d'effectuer en collaboration avec MM. Balthazar et Feuillée sur la coagulation du sang dans les tubes capillaires. 11 a récemment montré que, contrairement à l’attente, la coagulation ne se Taisait pas dans le tube en commençant par la couche la plus anciennement sortie de la veine, c’est-à-dire par la couche opposée à l’orifice d’entrée, mais qu’elle apparaissait en progressant dans le sens inverse. Il y a donc un retard de l’instant de la coagulation de la couche extrême sur l’instant de la coagulation de. la dernière couche entrée. Les auteurs ont recherché d’abord jusqu’à quelle limite
- d’étroitesse de tube le phénomène se produisait. Ils ont trouvé qu’à partir de 2,5 mm le retard disparaissait. Ils se sont ensuite préoccupés de la cause du phénomène. 11 semblait que cette cause pût être l’absence des leueo-cvles à l’extrémité du tube, car les leucocytes adhèrent facilement au verre. Or, ils ont constaté que le lilet de fibrine renfermait des leucocytes dans toute sa longueur. D’ailleurs en opérant à la température de 40° ils ont rendu l’adhérence impossible, sans pour cela faire disparaître le retard. Mais ils ont observé, vers la partie du tube par laquelle le sang entre, un amas d’hématoblastes tandis que l’autre (extrémité du tube en est dépourvue. Tel est aujourd’hui l’état de la question.
- Séance du iur juin 1908. —
- L'éruption de l’Etna en 1908. — M. Lacroix adresse une Note sur l’état actuel de l’Etna; il fait connaître- que l’ascension qu’il a faite pour se rendre à l’observatoire de M. Ricco, qui est bàli à 2942 m. d’altitude, n’a pas été sans offrir des dangers. En effet, alors que toute activité du volcan paraissait éteinte, brusquement une violente explosion se produisit. M. Lacroix se réjouit d’en avoir été le témoin ; il a pu observer des nuées volcaniques à tendance péléenne.
- Décoration préhistorique. — M. Giard présente un travail de MM. Breuil, L. Jamines et R. Jeannel sur une découverte nouvelle faite dans la grotte du Porte! (Ariègc). Au cours d’une dernière visite M. l’abbé Breuil, se glissant dans un coin tortueux, a découvert un nouveau couloir aussi riche en (ouvres d’art que les autres galeries. Les auteurs ont relevé sur ses parois, d’abord des gravures, nouvelles au Portel, ensuite des peintures en parfait état de conservation. Deux d’entre elles représentent certainement le renne dont la présence 11e peut
- Présidence de M. Becquerel.
- plus aujourd’hui faire le moindre doute; les autres figurent des bisons, des chevaux, un bouquetin.
- Les fossiles de la Patagonie. — M. Edmond Pi-mer présente un travail de M. A. Gaudry sur l’évolution qui s’observe chez les animaux fossiles de la Patagonie recueillis par M. A. Tournoucr. Il constate l’économie de moyens réalisée par la nature et révélée principalement par la paléontologie. Lorsqu’à travers l’immensité des âges, de nouvelles fonctions apparaissent chez les mammifères, il v a rarement formation d’os nouveaux. Les os anciens ont été simplement modifiés.
- Le spectre de flamme du fer. — M. Deslandres résume une Note de MM. Buisson et Fabrv sur le spectre de l’arc jaillissant entre des électrodes de fer. 11 y a pour cet arc deux régimes selon la différence de potentiel. Le premier de ces régimes correspond à une seule flamme à la cathode; le second, une à l’anode, l’autre à la cathode. Ces flammes jouissent de propriétés spectrales différentes. Ch. de Yilledeuil.
- UN NOUVEAU CADRAN SOLAIRE — L’HÉLIO-CHRONOMETRE GIBBS
- Il y a déjà longtemps que les cadrans solaires sont passés d’usage ; on a môme fait disparaître le plus souvent ceux qui se trouvaient sur d’anciens monuments, sans respect pour ces souvenirs du passé.
- Quant à en établir de nouveaux, bien peu de gens y songent. Dans un château, on installera plutôt une horloge dans la tourelle ; de meme pour les clochers des églises. On a besoin de l’heure exacte, surtout depuis le développement des chemins de fer; et l’on ne peut invo- Fig. 1.
- quer le bon marché de l’horloge solaire, étant données les conditions dans lesquelles on se procure maintenant une montre.
- Néanmoins, un astronome amateur anglais,
- M. J. G. Gihbs, s’est dit qu’il y avait encore place dans notre civilisation pour les cadrans solaires, à
- condition pour eux de s’accommoder aux besoins et aux habitudes de notre vie. Il faut qu’ils donnent le
- temps avec une exactitude absolue, qu’ils puissent servir à régler et à mettre les montres à
- ECRAN INFERIEUR
- l’heure vraie; et cependant il est indispensable qu’ils se vendent à bon marché, et qu’ils soient susceptibles de se poser de façon facile. C’est pour répondre à tous ces dési-dérata, qu’il a combiné son hélio-chronomètre, dont le nom savant montre qu’il demande le concours du soleil pour marquer l’heure. Son appareil, qui est construit couramment par la maison Pilkington and Gibbs, de Preston, en Angleterre, a été présenté à la dernière exposition de la Société Royale de Londres, et il y avait excité un très vif intérêt. Par une simple opération de prise de niveau, on arrive à
- p.15 - vue 19/647
-
-
-
- 16 r--' --~ NOUVEAU CADRAN SOLAIRE
- établir un instrument qui donne le temps du méridien de Greenwich, autrement dit l’heure du méridien initial, avec une exactitude qu’on ne pourrait demander qu’à un chronomètre parfaitement réglé.
- En dehors du socle plus ou moins ornementé sur lequel on pourra installer l’appareil, celui-ci comporte un pied universel, constitué d’un joint lui-même universel, comme on en emploie dans les transmissions, c’est-à-dire formé d'une sphère s’emboîtant dans une cavité sphérique. Et c’est ce joint universel qui permet d’ajuster l’instrument suivant la latitude, et aussi par rapport à l’horizontale. On Lrouve naturellement, en second lieu, le cercle des heures, que l’on voit très nettement indiqué dans la ligure d’ensemble que nous donnons de cet instrument. Ce cercle des heures peut tourner sur lui-même dans la monture, pour suivre le mouvement apparent du soleil. On voit qu’on a disposé sur ce cercle et diamétralement, deux écrans verticaux : l’un est percé d’un petit trou rond à sa partie supérieure, tandis qucl’autre porte sur sa face interne une ligne tracée en son milieu. Le soleil, en passant par la petite ouverture du premier, est susceptible, à un certain moment, d’aller former une minuscule tache ronde lumineuse sur la ligne médiane de ce second écran, qui est bien l’écran inférieur de par sa position. Quand cela se produit, tous ceux qui connaissent un peu la construction des cadrans solaires savent que cela signifie qu’il est midi, et suivant le temps de Greenwich. Ce qui est la partie tout à fait originale de cet hélio-chronomètre (et ce qui lui permet précisément d’indiquer ce temps), c’est un troisième organe disposé à la surface du cercle des heures, et qui est un disque en métal à canon, dit cercle de l’année : à sa surface sont inscrites les indications des mois. Quand on fait tourner ce disque pour indiquer le mois et le jour où l’on se trouve, une plaque courbe, une came disposée en dessous de lui, entraîne automatiquement les corrections nécessaires pour que l’appareil donne bien le temps moyen de Greenwich.
- Nous pouvons faire comprendre en quelques mots le dispositif au moyen duquel ce résultat est obtenu : il faudra, pour le saisir, se reporter au dessin un peu schématique que nous avons fait tracer dans ce
- but. Les deux écrans sont montés sur une lame A qui forme comme un levier; cette lame peut pivoter autour du point B; elle est munie d’une projection G qui est constamment en contact avec le bord de la came dont nous parlions. Si donc l’on fait tourner sur lui-même le cercle de l’année, la came qui en est solidaire, et qui se présente sous l’aspect d’une laine disposée en dessous de ce cercle et offrant l’apparence d’une courbe excentrée, vient déplacer la lame A de sa position moyenne; et cela, d’un angle qui correspond à l’avance ou au retard du soleil apparent par rapport au soleil imaginaire du temps moyen. On ne se contente pas de tracer un profil général de came : chaque instrument est éprouvé à la manufacture et l’on peut corriger effectivement la courbe suivant les observations laites sur cet appareil même.
- L’exactitude de l’indication du midi est très grande, parce qu’on se trouve en présence d’un petit cercle lumineux qui doit être partagé par moitié par la ligne noire et line gravée sur la face de l’écran inférieur. 11 suffit de quelques secondes, à ce qu’on nous affirme, pour accuser un déplacement du soleil.
- Notons qu’en fait, el pour éviter de donner à l’écran supérieur une grande hauteur, on l’a tout simplement muni de deux petites ouvertures, superposées à une certaine distance l’une de l’autre. L’ouverture d’en haut sert quand le soleil est très haut; à l’époque, au contraire, où il est notablement bas, on se sert pour l’observation de l’ouverture inferieure.
- 11 est très manifeste que l’instrument est simple; il est du reste fort résistant et susceptible de durer un temps presque indéfini, car il est entièrement construit en métal à canon. Son inventeur estime qu’il peut rendre particulièrement des services en permettant de régler, par exemple, toutes les semaines, montres et horloges ; il est impossible qu’entre temps elles varient de façon appréciable. En tout cas l’ingéniosité de la construction et de la combinaison valait d’être signalée et connue.
- Henry Bougeois.
- l.e Gérant : P. îIasson.
- Paris. — Imprimerie Laiiumî, rue de Fleurus, 9.
- p.16 - vue 20/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1829.
- LE VOLCAN DU
- . «îbliotheçué-3 MAUNA-LOA %
- Il est peu de phénomènes naturels plus grandioses et aussi pins célèbres que les volcans des îles Hawaii (ou Sandwich), le cône volcanique du Mauna-Loa ou Mokuaweoweo, et surtout l'immense lac de lave du Kilauea. Toutes! remarquable, étrange, dans ce champ volcanique unique au monde, la vue seule de nos photographies en donne l’impression. Mais ce sentiment s'accentue encore lorsqu’on groupe les renscignemenls scientifiques relatifs à ce point singulier du globe.
- Inutile de rappeler, à ce propos, l’histoire de ces îles, redécouvertes (après les Espagnols qui en avaient gardé
- JUIN 1908
- Géologiquement, quandLtflt eJSlmie une carte du Pacifique, on est frappé de voir, au milieu de ces grandes étendues marines qui semblent d’abord vides et désertes, surgir les unes à la suite des autres, ces guirlandes parallèles d’iles, souvent volcaniques, qui tracent, depuis la côte asiatique et l’Australie, jusqu’à l’Amérique, des sortes de rides saillantes, séparées par des abîmes marins parallèles. Toutes ne sont pas exclusivement formées de matériaux volcaniques ou de constructions coralliennes (dont la présence correspond elle-même souvent à de lents
- le secret), par Cook, qui y fut proclamé dieu d’abord, puis assassiné le jour où l’on s’aperçut qu’il n’était qu’un mortel. On sait qu’après avoir longtemps gravité dans l’orbite des États-Unis, elles ont lini par leur être annexées en 1898, en même temps que les Philippines, formant un des centres d’attraction de ces « plus grands Etats-Unis », qui tendent peu à peu à envahir le Pacifique et s’y heurtent au mouvement en sens inverse des Japonais. Tout à fait civilisées, très visitées, riches par la culture de la canne, réputées comme sanatorium en raison de leur merveilleux climat, les Hawaii, qui ont perdu progressivement, comme toutes les îles océaniennes, leur population indigène, se repeuplent de Jaunes et de Blancs avec une remarquable rapidité.
- 36e aimée. •— 2° semestre.
- déplacements verticaux du sol) ; au sud-ouest, des tronçons de sédiments déposés dans des mers anciennes et mêlés de roches cristallines, comme ceux qui constituent nos continents, avec les mêmes plissements montagneux, charriages, etc., viennent témoigner que cet océan Pacifique, a, lui aussi, son histoire, que des mouvements successifs de régression et de transgression y ont fait surgir, puis y ont submergé de nouveau des parties instables de la terre. Mais, quand on s’écarte du continent asiatique pour s’enfoncer au~ large jusqu’à cette ride des Hawaii, la dernière avant le continent américain, ces terrains anciens disparaissent et les phénomènes géologiques visibles se réduisent à la production de ces lignes d’évents volcaniques, jalonnant des lrae-
- 2. — 17
- p.17 - vue 21/647
-
-
-
- LE VOLCAN DU MAUNA-LOA
- 18
- turcs terrestres : évents, par lesquels les laves montent, tantôt avec le calme qui caractérise, connue nous allons le voir, les volcans des Hawaii, tantôt avec la violence qui, à l’autre bout du Paciliquc, a donné des eiléts si terribles aux îles de La Sonde. Le Mauna-Loa est une occasion de saisir sur le vif et de comprendre ces mouvements de montée ou de descente des masses laviques, qui peuvent, suivant les cas, donner naissance à des îles précaires, ou simplement se traduire, daiis une île plus stable, par l'ascension ou la disparition d’un .immense champ de lave. Nous voyons là, sur le fait, dans un exemple aux proportions admirables, le modelage superficiel de l’écorce terrestre par les phénomènes éruptifs, comme ailleurs nous assistons à la formation des niasses sédimcntaires, ou comme, dans les zones profondément érodées de nos vieilles chaînes européennes, nous retrouvons la trace des phénomènes plus profonds qui ont accompagné jadis un semblable volcanisme superficiel.
- Le Pacifique montre, en résumé le volcanisme sous deux formes tout à fait différentes, que l’on peut définir par le Mauna-Loa, dont nous parlons ici et par le Krakaloa, près de Java. En deux mots, le premier type se caractérise par une lave extraordinairement fluide, très basique, à 50 pour 100 de péridot, très dense (5,2), presque sans matières gazeuses apparentes, qui obéit tranquillement aux forces internes comme un liquide normal, tandis
- qu'au Krakaloa une lave moins fusible, plus visqueuse, plus riche en silice, plus acide et résistant par conséquent plus longtemps aux dégagements gazeux, finit par donner lieu à ces explosions formidables, dans lesquelles des jets de matières pulvérisées sont projetés à 11 ou 12 km en Pair, formant, on le sait, ces nuages de poussière qu’on a vu arriver en 1885 et 1884 jusqu’en Europe. Comme effet accessoire, les volcans à explosions du type Krakatoa entourent leur évent d’un cône de cendres, à travers lequel les laves se frayent ensuite un passage irrégulier et précaire; dans les conditions qui nous sont familières par le Vésuve, ou par nos volcans anciens d’Auvergne. Les volcans tranquilles du type Mauna-Loa donnent, au contraire, lieu à des laves, incessamment refondues et reprises dans la cuisson interne sans amas de cendres ni cratère.
- Le centre volcanique d’Hawaii comprend, au voisinage l’un de l’autre, à 52 km de distance, deux points éruptifs distincts, dont l’un, le Mauna-Loa, forme une montagne de 4168 m., visible à 500 km en mer et dont l’autre, quoique, suivant toutes vraisemblances, en communications profondes avec le premier, se maintient 5000 ni. plus bas, vers la cote 1100. C’est déjà là un premier phénomène singulier si l’on veut assimiler ces masses de lave basaltique fluide à un liquide compris dans deux vases communicants; mais il faut évidemment tenir compte d’une inégale poussée interne, due aux gaz englobés : poussée
- p.18 - vue 22/647
-
-
-
- LE VOLCAN DU MAUNA-LOA
- 19
- Fig. 5. — Le lac de lave de Kilauea (Hawaii).
- qui sc traduit, d’autre part, par l’ascension lente de toute la masse lavique, et par de véritables geysers de lave incandescente. La saillie de 4108 ni. du Mauna-Loa paraît encore plus remarquable si l’on se rappelle qu’il existe, au Nord, des abîmes marins de 4000 m. et, au Sud, d’autres de 5500. C’est donc une dénivellation de 8 à 0 km que produit ici l’activité volcanique interne, et la ditlérence de 5 km, directement constatée à la superlie,ie entre les deux cratères, aide à comprendre la production même de ce relie!' montagneux presque équivalent à celui du Mont Blanc, immédiatement juxtaposé à une fosse marine, au fond de laquelle existent sans doute d’analogues formations volcaniques.
- Si nous examinons d’abord le lac de lave du Kilauea (lig. 5), il y a là une chaudière géante de 5 km de diamètre, entaillée par elfondrement dans la lave qui dresse autour d’elle des gradins successifs aux parois verticales de 100 à 200 m. de haut et dans le fond de laquelle la lave bouillante, couverte d’écume et de vapeurs sulfureuses, peut, en raison de sa fluidité exceptionnelle,'sc maintenir sans solidification avec de légers mouvements oscillatoires. Comment cette chaudière s’est constituée jadis, on le voit par la répétition constante des mêmes phénomènes. Sans cesse, le fond du Kilauea est animé d’un mouvement lent d’ascension. 11 monte à raison de 25 ou 50 m. par an jusqu’à ce qu’un beau jour l’accroissement de pression interne, amené par cette surélévation même, provoque un écoulement latéral. Brusquement, avec tremblements de terre, le lac se vide de sa lave, tandis qu’une coulée imprévue apparaît à 10 ou 20 km de là et l’on se trouve en face d’un abîme béant de 150
- on 200 m. de profondeur creusé dans les coulées superposées de lave ancienne. Après quoi, cela recommence pour une dizaine d’années.
- Avec un aspect extérieur très di fièrent, le Mauna-Loa (lig. 1 et 2) présente, en réalité, le même phénomène situé 5000 m. plus haut. Là aussi, on a un gouffre de 6 km sur 5, avec des enceintes successives formant falaises au milieu de lave solide. Le volcan étant plus élevé, il n’y a pas de lac de lave permanent ; mais fréquemment il se produit des montées de lave, qui tantôt viennent déborder du cratère et tantôt se frayent une issue plus bas. Pittoresquement, le Mauna-Loa est très curieux par ses « jets d’eau » en lave fondue qui jaillissent à plusieurs centaines de mètres de haut. La fluidité de la lave fait également qu’elle s’écoule, en restant liquide, sur toutes les déclivités, donnant lieu, quand elle rencontre un escarpement vertical, à des cascades semblables à du métal fondu. Ce phénomène se produit sans explosions, sans projections de cendres, sans nuages ardents, ni grandes émissions gazeuses. On peut ajouter que les proportions de ces coulées laviques sont extraordinaires. Lowthian Green a estimé à 11 000 km3 la quantité de basalte qui forme aujourd’hui le relief de l’île, entièrement d’origine volcanique et par conséquent sorti de terre à un moment quelconque. Ce serait assez pour couvrir l’Angleterre entière d’une coulée de 84 m. Pour tout l’archipel des îles Hawaii, le même auteur est arrivé à 500000 km3, donnant une coulée de lave de 52 m. d’épaisseur sur l’Europe entière. Ce seul centre d’éruption égale presque ainsi à lui seul tout l’ensemble des volcans connus. P. Sallioiî.
- p.19 - vue 23/647
-
-
-
- 20
- L’EAU SAINE DANS L’ARMEE
- L’élape a été rude. Sui‘ la longue roule poussiéreuse, sae au dos, les soldats ont peiné. Lorsque le clairon sonne la halle et que les rangs sont rompus, vile chacun se précipite, les uns cherchent dans une ablution [déniaisante un peu de fraîcheur salutaire, les autres se désaltèrent avec avidité. .
- L’eau pure apparaît alors comme Lun des dons les plus précieux du ciel.
- Mais l’eau pure, hélas ! lait souvent défaut.
- C’est à une rivière qui roule des ondes boueuses, c’est à un étang aux eaux stagnantes, c’est à un marais vaseux, seule réserve locale, qu’il lauL bon gré mal gré s’adresser pour puiser l’élément liquide. Situation fâcheuse s'il en fut et cause d’ennuis et de dangers sans nombre.
- Désormais, il parait que nos troupes auront à leur disposition un moyen simple pour avoir toute l’eau pure qui leur est nécessaire. Ce moyen réside dans l’emploi du poste militaire de stérilisation électrique, imaginé par notre collaborateur M. Otto.
- Nous avons vu tout récemment fonctionner cet appareil aux usines hydrauliques de la ville de Paris, à Sainl-Maur.
- La ligure 1 en donne une vue d’ensemble. La ligure 2 montre, en coupe schématique, les principaux organes. La ligure 5 reproduit les principaux détails du système de clarillcation et de stérilisation.
- Nous avons décrit ici même les ingénieux appareils imaginés par M. Otto pour la production de l’ozone et la stérilisation de l’eau1, nous n’y reviendrons pas. Nous aurons du reste l’occasion d’en reparler prochainement. 11 nous suffira de rappeler le principe de la méthode employée qui comporte deux opérations essentielles :
- 1 Voy. n° du 14 octobre 1899.
- Fig. 1. — Vue d’ensemble du chariot éleelri(]uc système Otto, pour la clarilicaliou et la stérilisation de l’eau destinée aux troupes.
- Fig. 2. — Coupe schématique montrant la disposition des principaux organes.
- 1° D’une part production de l’ozone en soumettant l’oxygène de l’air à faction de décharges électriques à haute tension.
- 2U D’autre part mise en contact de l’ozone ainsi produit et de l’eau à traiter, dans un appareil constitué par un in-jecteur — que son rôle et sa fonction ont lait désigner par M. Otto, sous le nom d’émttl-seur — et par une colonne remplie de gravier. L’eau à traiter est d’abord refoulée à travers un libre clarilicateur rapide; de là elle passe dans l’appareil de stérilisation proprement dit : émulseur et colonne.
- Voici maintenant les détails des principaux organes (iîg. 2) : Le chariot du
- régimentaire habituel pouvant être traîné par 2 chevaux est divisé on 5 compartiments. En avant la place nécessaire au conducteur et au servant; au milieu les appareils mécaniques et électriques; à l’arrière les filtres et la colonne de stérilisation avec ses
- émulscurs.
- 8a force motrice est obtenue à l’aide d’un moteur à essence À qui entraîne une dynamo et une pompe centrifuge F. Le courant alternatif produit par la dynamo est envoyé dans un transformateur élevant sa tension au voltage requis pour la production des effluves électriques jaillissant entre les électrodes de l’ozoncur B. M. Otto a imaginé et fait construire divers modèles d’ozoneurs :
- a) Ceux dans lesquels l’effluve jaillit entre deux diélectriques (dépense 20 à 50 watts pour obtenir 1 gramme d’ozone pur) ;
- b) Ceux dans lesquels l'effluve jaillit entre un diélectrique et une électrode de porcelaine rendue conductrice, ou de métal inoxydable (15 à 20 watts par gramme d’ozone) ;
- c) Ceux qui n’ont aucun diélectrique et qui sont
- p.20 - vue 24/647
-
-
-
- SURVIVANCE PREHISTORIQUE : LE TABULUM
- 21
- cornais sous le nom d’ozoneurs rotatifs (10 à 15 walls par gramme d’ozone).
- Pour le chariot militaire il faut surtout rechercher la robustesse. Le rendement joue un rôle secondaire.
- L’eau à traiter (eau de rivière, d’étang, etc.) est aspirée par la pompe centrifuge F, à l’aide du tuyau llexible (i. Elle est refoulée sous une pression convenable dans les filtres rapides que l’on voit ligure 5, à droite et à gauche de l’appareil de stérilisation. Une fois clarifiée l’eau est injectée dans l’émulseur C et passe dans la colonne 1).
- L’eau stérilisée est recueillie à la sortie de la colonne dans un grand bac en toile E; clic est soutirée à l’aide de siphons. Pour
- Vue arrière inonlraiil les appareils de dari lirai ion el de stérilisation.
- avoir un
- ample approvisionnement d’eau pure, pour tout un régiment, il suffît que le chariot électrique arrive
- pour
- Tous
- à l’étape une heure avant les troupes. La mise en fonctionnement p re n d quelques minutes seulement. Dans une demi-heure, dix bacs de 250 litres chacun peuvent être remplis. La dépense est insignifiante et se réduit à F essence brûlée pour actionner le moteur. Les postes mobiles de stérilisation d’eau peuvent être utilisés en temps d’épidémie dans les villes, pour donner une eau absolument saine. Ils peuvent encore être employés pour l’épuration des eaux d’alimentation de petites communes n’ayant pas de réseau de distribution. IJn même appareil peut même desservir 2 ou 7) petites agglomérations ne pouvant supporter isolément les Irais d'acquisition d’un chariot. Quoi qu’il en soit, l’armée c’est un grand progrès qui est réalisé, les Français s’en réjouiront. D' G. Si.nci.aik.
- UNE SURVIVANCE PRÉHISTORIQUE : LE TABULUM
- On sait ce que les naturalistes entendent par survivance : c’est ce fait, si frappant, que des êtres, connus depuis les époques les plus primitives, se maintiennent, en apparence tou jours identiques, jusqu’au milieu des temps actuels, comme s’ils échappaient seuls à l’évolution générale, : ainsi, après l’énorme courbe de la vie sur notre planète, les lingules d’aujourd’hui n’olfrenl pas de différence appréciable avec celles des premiers jours de l’àge primaire. Cette notion n’est pas spéciale au monde biologique : dans les faits sociaux par exemple, elle s’applique avec non moins de bonheur, et l’on a souvent signalé la singulière vitalité, en quelque sorte immobile, de croyances, d’activités, ou d’objets matériels, qui paraissent subsister seulement comme des témoins. Le cas suivant en est un curieux type.
- Le polygraphe romain Varron décrit quelque part un instrument agricole antique, qu’il appelle le tabulum et qu’il représente comme formé d’un- plateau de bois (tabula), hérissé de pierres ou de fers; cette lourde herse s’employait après la récolte des céréales, lorsque les gerbes sont étendues sur faire, et servait selon lui à
- séparer le grain de la paille : au lieu de recourir comme on fait aujourd’hui au hallage des épis, des chevaux couplés promenaient le tabulum sur les céréales étalées.
- Or, le labulum de Varron n’a pas disparu. Non seulement il est resté en usage, mais on le fabrique encore couramment de nos jours, et sous sa forme la plus grossière, celle du plateau hérissé, non de fer, mais de pierres. D’après M. Morel1 le centre de cette fabrication, et même, plus étroitement, le seul lieu où elle subsiste est un village de l’Asie Mineure, Boun-jourldi, entre Soma et Magnésie. Le tabulum y affecte la forme que représente notre figure 1,. dans laquelle d’ailleurs l’instrument est retourné; c’est un assez grand plateau de bois, recourbé à une extrémité de façon à permettre un attelage facile, et dont la face inférieure porte les silex taillés, dont l’aspect, quoique tout, moderne, est très proche de celui de lames néolithiques.
- Cette étroite localisation de la fabrication — en admettant celle étroitesse — n’empêche pas que faire d’em-1 Bull, de la Société d'Anthropologie, 1907, p. 549-5‘2.
- \ a N a a ». o. o. &„ A. A. A. A a »—.
- \\ \ \ \ \ Y VA?*.% ^
- \ VaVA HUHh AVI*
- Fig. 1.— Lo tabulum moderne de Bounjourkli.
- p.21 - vue 25/647
-
-
-
- 22 = CONSTRUCTION ET RUPTURE D’UN BARRAGE MÉTALLIQUE
- ploi tin l’outil soilrelativement assez considérable. D’après M. Morel en effet, Bounjuurkli expédie ses instruments sur toutes les îles grecques de l’Archipel et jusqu’en Thessalie et en Syrie; on voit même quelquefois des silex détachés de l’outil, qui arrivent mélangés aux grains en port de Marseille. La diffusion en est même certainement encore plus grande que ne le dit l’auteur que nous citons, ou tout au moins celle du type, sinon celle de
- traîneau de hois, sous lequel sont incrustées dos rangées de silex tranchants, des couteaux de l’àge de pierre1. » On voit d’ailleurs que, dans le cas présent, ce sont des bœufs et non des chevaux qui tirent le moderne ta-hulum.
- L’opération se fait sur l’aire en terre battue, circulaire, qui allient à chaque ferme. Quelquefois cet espace réservé,' consacré, est entouré d’un cercle de grosses
- Fiji'. 2. — Le tabulage des céréales à Iiorouclililza (12 septembre 1901). Dessin d'après un croquis de voyage.
- l’outil même fabriqué à Bounjourkli, puisque, comme en témoigne notre ligure 2, le traîneau à silex est employé dans les Balkans.
- D’après un témoin oculaire, « en Bulgarie, on bat parfois (les céréales] au fléau quand on veut garder la paille pour couvrir les toits; le plus souvent quand on ne craint pas de hacher les épis, on promène sur eux un
- pierres dressées qui, d’après le même auteur, « donneraient sans doute plutôt, si on les rencontrait en des fouilles, l’idée de quelque cromlech ou antique monument religieux, que celle d’un très moderne instrument agricole2 ». Et ce cadre suranné n’est pas une moins curieuse survivance que l’étonnant outil qu’on y emploie !
- Joseph Dklsaux.
- CONSTRUCTION ET RUPTURE D’UN BARRAGE MÉTALLIQUE
- Les barrages métalliques sont des constructions d’un type extrêmement spécial. On n’en compte que trois dans le monde entier, tous trois aux États-Unis : l’un à Àsh Fork (Arizona), un autre à Redridge (Michigan), un troisième enfin, le plus récent, près d’IIelena (Montana). Or celui-ci vient brusquement de se rompre. Malgré les précautions prises, il a été affouillé par l’eau sous pression, après quelques mois de service, et il en est résulté la ruine subite de l’ouvrage. Voici, au reste, quelques détails sur sa construction. Il avait une pente extrêmement accentuée pour éviter les glissements ; le poids de l’eau devait par suite contribuer à le stabiliser; complètement creux et formé d’une charpente métallique, il était léger ; les fermes inclinées à peu près de 40° par rapport à l’horizontale, et soutenues vers l’aval par des contreven-tements métalliques solides. Le pied de ces fermes, et par conséquent du barrage proprement dit, reposait sur
- une digue en moellons, et se noyait dans une sorte de couverture en béton. En avant de celle-ci, était descendue une fondation faite en béton. Enfin, la surface amont de tout le barrage était recouverte par une tôle métallique descendant jusqu’aux palplanches formant soutien de la fondation de béton. Sur les fermes, reposent des tôles cintrées, dont la concavité est tournée vers l’amont. On avait protégé les fondations et la base du barrage par un avant-radier en fines cendres volcaniques. Sur la crête du barrage, qui atteignait un peu plus de 24 mètres de haut, on avait installé des vannes entre montants verticaux. On avait ainsi le déversoir du barrage et les eaux s’écoulaient alors sur la face aval de l’ouvrage.
- 1 Du Launay. La Bulgarie d’hier et de demain. Paris, 1907, p. 228-230.
- 2 Idem, p. 238.
- p.22 - vue 26/647
-
-
-
- 23
- FABRICATION DES MANCHONS A INCANDESCENCE
- Dès 1825, Berzélius constata que le zirconium et le cérium, rendus incandescents par une flamme, émettent une éblouissante clarté. Puis, l’année suivante, Drununond, en chauffant à l’aide d’un mélange gazeux d’hydrogène et d’oxygène un fragment de chaux, réalisa, le premier, un mode pratique d’éclairage par incandescence de corps solides portés à haute température. Un peu plus tard (1859),l’anglais Cruikshank construisit un tissu métallique, en lils de platine très fins et de dimensions légèrement plus petites que la flamme, afin qu’il plongeât dans la partie la plus chaude de cette dernière. Gillard, en 1848, imagina un manchon de platine analogue pour l’éclairage public par le gaz à l’eau ; quelques essais de ce système eurent lieu en France, à Passy et à Narbonne. Malheureusement, le métal chauffé au contact des gaz carburés devenait d’une friabilité extrême et les fils du petit cylindre se rompaient assez rapidement. Frankenstein, de Gratz, appliqua, en 1849, le principe de l’incandescence des corps solides pour augmenter le pouvoir éclairant de la lampe d’Argand. L’inventeur disposait, au sein de la flamme, un corps qu’il appelait « multiplicateur de lumière » et qui consistait en une carcasse conique creuse, formée d’un tissu lâche, enduit d’une bouillie calcaire ou magnésienne mélangée à de la gomme arabique. A la même époque, le mécanicien Robert Werner réalisa aussi des multiplicateurs de lumière, au moyen de tissus légers tels que gazes, mousselines et tulles imprégnés de chaux ou de magnésie. Dans ces deux derniers procédés, se trouve en germe l’idée des manchons actuels.
- Nous signalerons aussi un brevet pris par Edison, en 1878. Le grand inventeur américain y préconisait l’emploi d’une corbeille de fils de platine recouverte d’oxydes doués d’un grand pouvoir émissif tels que les oxydes de zirconium et de cérium. Depuis ce moment, les essais d’éclairage à l’incandescence se multiplièrent mais, seule, l’invention de Cari Auer von Welsbach résolut le problème de façon réellement pratique. S’inspirant des travaux de ses devanciers, le sagace élève de Bunsen inventa un manchon à incandescence constitué par la calcination d’un tissu de coton ou de laine imprégné d’une solution de nitrate et d’acétate combinés avec des oxydes de lanthane, d’yttrium et de zirconium (1885). Peu après, Auer ajouta à ces divers mélanges l’oxyde de thorium qui accroît énormément l’intensité lumineuse. Une révolution, dont les effets persistent encore, venait de s’accomplir dans l’industrie de l’éclairage à incandescence par le gaz ! Les manchons à l’alumine de la « Sunlight C° », ceux à base d’amiante de Thomas, ceux en tissus de ramie de Perrroux, ceux de Plaissetty, ceux obtenus par filage de la nitrocellulose (soie artificielle de Chardonnet, Oberlé et autres) et ceux à tête métallique du système Ilella ne constituent que des variantes de la géniale trouvaille du chimiste viennois.
- Pour fabriquer les manchons à incandescence ordinaires actuellement en usage, on commence par tisser, au moyen d’une simple machine à tricoter, des fils de coton, de ramie ou de soie artificielle préparée au moyen d’une dissolution de cellulose dans l’ammoniurc de cuivre. Au sortir du métier, le tissu de coton se présente sous la forme d’une manche étroite et longue, souillée d’impuretés. 11 faut lui l'aire subir des lessivages méthodiques à l’ammoniaque pour enlever les matières grasses, à l’acide chlorhydrique étendu pour éliminer les moindres parcelles de chaux, de baryte ou de silice et à l’eau distillée pour que disparaissent les plus petites traces d’acide qui, à la dessiccation, attaqueraient la fibre.
- Une fois lavé, on enroule le tissu tubulaire sur un tambour et on le laisse sécher en évitant tout contact avec des substances grasses ou du fer. On le divise ensuite en sections de 18 à 20 centimètres de longueur.
- Ces morceaux sont alors livrés à des couturières qui exécutent à l’une de leurs extrémités un ourlet de 2 centimètres environ renforcé par une bordure de tulle. A ce moment, commence la série des « escamotages » chimiques qui substitueront à l’étoffé une ossature de terre blanchâtre. On empile les morceaux de tissu dans des bacs ajourés en grossière faïence qu’on plonge dans des cuvettes contenant une solution de nitrate de thorium et de nitrate de cérium et on les enferme ensuite dans une étuve où on peut faire le vide ultérieurement, afin que les fibres s’imprègnent mieux. Quand on se sert de tissu en soie artificielle, on le plonge d’abord dans un bain de nitrate de thorium et ensuite dans un bain d’ammoniaque. Il se forme de l’hydroxyde de thorium dans l’intérieur même de la fibre et les manchons ainsi fabriqués ne sont pas hygrosco-piques.
- Après trempage, les manchons arrivent à l’essoreuse. Cette machine se compose essentiellement de deux rouleaux en bois garnis d’ébonite et de caoutchouc et dont l’écartement se règle à volonté au moyen d’un système de vis et de ressorts à boudins. On dispose sous l’appareil des cuvettes plates en porcelaine pour recueillir le liquide provenant de l’essorage. Une manivelle ou une poulie transmet le mouvement aux cylindres. Puis une ouvrière met successivement chaque manchon sur une courroie sans fin qui l’amène jusqu’aux cylindres entre lesquels il passe. Les manchons doivent être régulièrement pressés afin qu’il ne se produise aucun pli ; sinon, une fois finis, ils seraient inégalement résistants et se déchireraient assez vite. De l’autre côté de l’appareil, une seconde femme reçoit les manchons essorés qui tombent sur une plaque de verre inclinée et elle les range dans une cuvette en porcelaine.
- A la sortie de l’essoreuse, chaque manchon, im-
- p.23 - vue 27/647
-
-
-
- 24 — =: FABRICATION DES MANCHONS A INCANDESCENCE
- prégné d’environ 5 grammes de solution, parvient aux mains des fixinemes. Ces ouvrières fortifient la tige, en passant sur la bordure du sommet un pinceau chargé d’une solution de nitrate de zirconium ou d’aluminium, ou de glucinium ou de magnésie. Pour faire sécher les manchons ainsi lixinés, on les met les uns à côté des autres, sur des grilles en bois.
- Plusieurs femmes les emmanchent ensuite sur des formes coniques en verre plantées elles-mêmes sur une planchette de bois par groupe de !2ü et (‘lies les portent dans de grandes pièces chauffées à 50° où on les abandonne jusqu’à séchage complet. -
- llamme leur partie supérieure. La combustion se propage de haut en bas et bientôt le tissu se trouve détruit. Pendant toute la durée de ce ilambage, l’ouvrier ehauiï'e continuellement la tête du manchon et il reste, à la lin de cette première opération, un squelette d’oxydes de couleur grisâtre et de consistance molle.
- 11 faut ensuite procéder à la calcination proprement dite des oxydes. On ouvre doucement le robinet Bunsen à longue tige et on enflamme le gaz à travers le squelette d’oxydes recouvrant le bec. Après 2 à 5 minutes de faible calcination, on augmente le débit du robinet, on démasque la virole d’entrée de
- Fig. 1.
- Coupage du (issu tabulaire el mise des fils d'attache en amiante.
- Il s’agit maintenant de munir le sommet du manchon imprégné, lixiné et séché, d’une anse en 111 d’amiante qui permettra de l’attacher au support en nickel. Pour cela on fronce l’ourlet du manchon et on y insère, au moyen d’un passe-lacet (fig. 1), le 'fil d’amiante de manière à constituer une anse au-dessus du vide formé par l’extrémité plissée.
- Les manchons bien secs sont alors tendus sur un mandrin conique en bois afin de les modeler selon le calibre voulu (fig. 2). Lorsqu’on les retire, comme ils sont imprégnés' de sels, ils conservent la forme conique qu’on vient de leur imprimer.
- l)e là, les manchons imprégnés passent à l’incinération. On les met sur un bec Bunsen à longue tige puis, au moyen d’un autre brûleur allumé, on en-
- l’air, puis on fait tourner lentement le bec à l’intérieur du manchon. Ce dernier devient éblouissant de clarté, les oxydes se contractent et le manchon diminue de hauteur en prenant une forme régulière. Au bout d’une dizaine de minutes, on replace le Bunsen à longue tige sous le manchon qu’on laisse cuire durant une heure et demie tout en continuant à calciner son sommet avec le second brûleur. Comme l’indique notre gravure (fig. 5), ce Ilambage se fait par série de 40 ou 50 manchons disposés sur des rampes. Une hotte, établie au-dessus de celles-ci, sert à évacuer les produits de la combustion. Après l’incinération, les oxydes de thorium et de cérium ont complètement remplacé la cellulose.
- Afin de préserver les manchons, une fois flambés, des chocs qu’ils auront à supporter ultérieurement,
- p.24 - vue 28/647
-
-
-
- FABRICATION DES MANCHONS A INCANDESCENCE 25
- Fig. 2. — Calibrage des manchons.
- on les plonge dans,une dissolution étendue de caoutchouc ou de collodion mélangée de 5 pour 100 d’huile de ricin et on les sèche ensuite. Il ne reste plus qu’à
- les emballer, pourvus de leur tige de suspension, dans de petites boîtes cylindriques en carton garnies d’ouate légère,
- Fig. 3. — Flambage des manchons.
- p.25 - vue 29/647
-
-
-
- 26 _ LES OBUS LUMINEUX
- Notons, d’autre part, que les manchons en soie artificielle sont d'une remarquable solidité. Essayés sur une table de choc, on les retrouve intacts après pins de 2000 secousses alors que les anciens modèles ne supportaient guère plus de 100 secousses.
- Enfin, avant la vente de tout type de manchons, on doit exécuter, sur plusieurs spécimens, des mesures photométriques pour en apprécier le pouvoir éclairant, et reconnaître, le cas échéant, les défauts de fabrication. Jacques Boyer.
- LE REGLAGE DU TIR DU CANON EN MER ET LES OBUS LUMINEUX
- Le tir rapide a assurément augmenté dans une proportion considérable la puissance de l’artillerie navale. Mais ce système présente l’inconvénient majeur de donner lieu à une consommation de munitions qui peut très bien, après quelques quarts d’heures de feu intense, vider les soutes et laisser le bàliment désemparé.
- La préoccupation d’économiser ses projectiles s’imposera donc, avant toute autre peut-être, au commandant qui, de son blokhaus, dirigera son bâtiment au combat, et par voie de conséquence, lui, scs ofliciers et ses canonniers devront mettre tous leurs soins à faire de ces précieuses munitions le meilleur usage. Or si le tir du canon à terre ne présente guère d’autre difficulté que celle qui consiste à connaître la distance où se trouve l’adversaire, il en va tout autrement sur mer où cet élément du tir varie à chaque instant puisque le but et le navire tireur sont mobiles et très mobiles. Ce n’est d’ailleurs pas la seule complication qui se présente; la vitesse de l’adversaire n’est pas chose négligeable non plus, et tout comme à la chasse, il faudra viser en avant du point qu’on veut atteindre d’une quantité qui change à chaque instant avec la vitesse du but et la route qu’il suit.
- Ce n’est pas tout encore ! Le vent qui souffle aura bien aussi son influence sur la trajectoire du projectile, elle le portera à droite ou à gauche, accélérera sa marche ou la retardera suivant les cas, et cette influence s’exerçant sur des parcours de 5 à 8000 mètres sera loin d’être négligeable.
- On voit par ce simple aperçu que ce n’est point chose aisée de tirer sur mer un coup de canon qui ait chance d’aller au but, et on voudra bien noter que je n’ai point parlé du roulis et du tangage qui rendent instable, à un degré qu’on s’imagine, la plateforme sur laquelle repose le canon lui-même.
- Il a cependant bien fallu surmonter toutes ces difficultés et apprendre à combiner rapidement tous ces éléments si changeants pour donner au canonnier, chargé du pointage de la pièce, la hausse qu’il doit employer définitivement.
- Ce rôle est celui de l’officier de tir, rôle important au premier chef puisque c’est de la façon dont il est tenu que dépend absolument la valeur militaire du navire et de ce qu’il porte.
- On s’est beaucoup occupé, depuis quelques années, des méthodes propres à assurer la recherche. et la combinaison des éléments que j’ai cités ci-dessus. Et voici à peu près à quoi on a abouti.
- L’officier de tir dont le poste, en temps de combat, est dans le blokhaus auprès du commandant a, à sa disposition, un certain nombre d’instruments, télémètres, alidades, tables et autres, au moyen desquels il calcule d’aussi près qu’il le peut les éléments de la hausse à employer. Puis, avant de donner cette hausse à toute l’artillerie et de faire commencer le feu, il fait tirer quelques coups à obus par une pièce de calibre moyen, avec la hausse approchée qu’il a déterminée. 11 observe avec soin des points de chute des projectiles reconnaissables à la gerbe d’eau soulevée, si c’est à la mer qu’ils tombent, à la fumée si c’est sur l’ennemi qu’ils éclatent. Il fait varier cette hausse suivant qu’il en reconnaît l’utilité jusqu’à ce qu’une série de coups lui paraissent satisfaisants.
- 11 indique alors à toutes les pièces la dernière hausse employée et déchaîne le tonnerre.
- Cette méthode est d’un emploi relativement facile de jour. Gerbes d’eau et nuages de fumée se voient de loin.
- Mais il faut bien prévoir les tirs de nuit. Ce genre de combats sera peut-être assez rare, cependant il est nécessaire de s’y préparer. C’est dans ce but que les lignes de mire de nos canons sont munies de petites lampes électriques qui permettent de pointer dans le noir.
- Pour permettre à l’officier de tir d’employer la même méthode que pendant le jour et d’observer, en dépit de l’obscurité, les points de chute des obus, un inventeur américain a eu l’idée de pratiquer sous le culot de certains de ces projectiles un évidement dans lequel on place une certaine quantité de la poudre usitée pour les fusées des feux d’artifice.
- Une disposition spéciale fait enflammer cette poudre éclairante au moment où le projectile quitte l’âme de la pièce et le projectile laisse ainsi derrière lui pendant tout son parcours un sillage très lumineux qui permet de se rendre compte du point où il tombe. On retrouve ainsi en partie la nuit les facilités que l’on a pendant le jour pour régler le tir.
- La marine Américaine se sert couramment depuis une année de ce système, qu’elle a été la première à adopter, et dont ses officiers se déclarent très satisfaits.
- Des expériences d’obus lumineux se font actuellement au polygone de Graves, près Lorient, pour le compte de notre marine. Sauvatre Jourdan,
- Capitaine de frégate de réserve.
- cf§'asS,^<r,§î>
- p.26 - vue 30/647
-
-
-
- 27
- L’ENERGIE DU SOLEIL COMME FORCE MOTRICE
- De tout temps on a cherché à transformer directement en travail l’énergie rayonnée sur la terre par le Soleil, énergie à laquelle nous empruntons de façon indirecte tonte la force dont nous disposons. Mais la complication et le prix des appareils imaginés les ont empêchés d’entrer jamais dans la pratique. Un américain, M. F. Shuinan, à Tacony, Philadelphie, prétend avoir enfin réussi, là où tant d’autres ont échoué. Tandis que tous les projets antérieurs étaient basés sur la concentration, au moyen d’un miroir ou de lentilles, de l’action des rayons du Soleil sur une chaudière alimentant une machine à vapeur (ce qui n’était possible que grâce à un mouvement d’horlogerie fort compliqué), le
- renfermé, cette chaleur engendre la pression nécessaire pour actionner une machine construite suivant le principe de la machine à vapeur ordinaire. On pourrait évidemment se servir aussi d’une turbine.
- La vapeur d’échappement de la machine « solaire » est condensée, retourne à la chaudière à l’état liquide et constitue ainsi un cycle sans fin. Dans les latitudes moyennes on se sert d’éther, mais sous les tropiques, l’eau ordinaire est le liquide idéal pour actionner cette machine originale.
- Le coût d’établissement d’une machine pareille ne dépasserait nullement celui d’une bonne machine à vapeur ordinaire du même rendement. Elle se eon-
- La machine solaire de M. Sliuman.
- dispositif inventé par M. Shuman se passe de tous ces accessoires.
- Les rayons du Soleil sont accumulés et utilisés directement dans une boîte chaude (hot box) permettant d’atteindre, sous la latitude de Philadelphie, des températures allant jusqu’à 115° G., alors que sous les tropiques on atteint facilement 150°. Cette boîte comprend les tuyaux à vapeur sur lesquels on a placé deux couches de verre de vitre, avec un intervalle d’air d’environ 2,5 centimètres.
- Les rayons lumineux du Soleil et, avec eux, leur chaleur radiante, passent librement à travers ce verre, pour être absorbés par les tuyaux de fer noircis et convertis en chaleur ordinaire vis-à-vis de laquelle les couches de verre agiront comme isolateurs.
- Par son absorption dans les tuyaux et le liquide y
- struit en toute grandeur; l’inventeur étudie, dit-on, en ce moment l’établissement d’une machine de 1000 chevaux.
- Ces machines, dont l’un des principaux avantages serait la surveillance minime qu’elles demandent, s’appliqueraient fort bien aux installations d épuisement d’eau ou d’irrigation. Elles fonctionneraient le jour seulement bien entendu; mais sans demander la moindre dépense de graissage. Un seul employé surveillerait simultanément 50 machines de grandeur moyenne, en se rendant à cheval de l’une à l’autre.
- L’inventeur a de grands projets; il prévoit l’application en grand de son procédé dans les régions tropicales, et il en propose un emploi fort original : la fabrication de Pair liquide pour la réfrigération artificielle. Alfred Gradenwitz.
- p.27 - vue 31/647
-
-
-
- 28
- LES ENSEIGNEMENTS DE LA CATASTROPHE DE SAN FRANCISCO
- Personne n’a oublie la catastrophe sans précédent qui, le 18 avril 1900, détruisit de fond en comble la grande
- Fig. 1. — L’efTel «lu tremblement de terre sur deux édifices voisins.
- A gauclie, une ancienne chapelle de missionnaires espagnols, qui malgré sa longue existence, n’a presque pas souffert; à droite, une nouvelle église, construite hâtivement, a été ruinée de fond en comble.
- ville de San Francisco, la <( reine du Pacifique ». En quelques secondes, un violent tremblement de terre jetait bas une partie des édifices et provoquait la rupture de toutes les conduites d’eau. A ce premier désastre en succédait immédiatement un nouveau, causant des dommages infiniment plus graves ; des incendies allumés accidentellement se transformèrent rapidement en un incendie général. San Francisco possédait alors le plus admirable service de pompiers du monde entier; mais cette organisation fut complètement inutile; l’eau faisait défaut, rien ne put être tenté contre le feu, une superficie de 20 kilomètres carrés fut absolument dévastée1.
- Aujourd’hui, San Francisco a déjà relevé une partie de ses ruines; une cité nouvelle se construit et bientôt de l’épouvantable catastrophe, il ne subsistera plus que le souvenir.
- Mais, avant que toutes les traces en aient disparu, les Américains ont tenu à en tirer tous les enseignements pratiques qu’elle comporte; au lendemain même du désastre, le 19 avril, un certain nombre d’ingénieurs et de savants furent chargés par le gouvernement des Etats-Unis et la ville de San Francisco d’en rechercher les causes et d’en étudier les effets.
- Le Geological Survey vient de publier leurs rapports ; l’étude détaillée, à laquelle MM. Humphrey, Sexvell et Soulé se sont séparément livrés, afin de déterminer les effets du tremblement de terre et de l’incendie sur les diverses constructions en usage à San Francisco, est particulièrement intéressante; ils ont fait, pour ainsi dire, l’autopsie de tous les cadavres
- ses
- par
- Fig. 2. — L’aclion du feu sur un pilier métallique. Le fer n’avait pas été recouvert, de matériaux à l’abri du feu, il a été complètement tordu.
- de pierre et de fer qui jonchaient leur ville ; leurs observations et les conclusions qu’ils en ont tirées peuvent être profitables aux constructeurs et aux architectes de tous les pays.
- De hoirs éludes se dégage l’impression générale suivante : la plupart des constructions de San Francisco avaient été édifiées avec une précipitation et une négligence qui furent la cause essentielle du désastre; dans leur bâte de construire, et de construire à bon marché, les entrepreneurs ont méconnu les règles primordiales de leur art, ils ont omis trop souvent aussi les précautions les [dus élémentaires contre l’incendie, au mépris même des prescriptions légales; en un mot, ils ont saboté, sans scrupules.
- Les édifices honnêtement construits ont fait preuve d’une honorable résistance ; et l’on a vu, à la honte de la construction moderne, de très anciens bâtiments plus que centenaires, rester debout à côté des ruines de bâtiments tout récents! (fig. 1).
- En examinant plus en détail les dégâts caille séisme, MM. Uumpbrey, Sewell et Soulé ont pu en tirer d’utiles renseignements :
- Sur le. trajet même de la faille, aucun édifice quel qu’il fût n’a pu résister; mais en dehors de cette ligne dangereuse, les dommages ont été, en quelque sorte, en raison inverse de la qualité de la construction ; les fondations sur sol d’alluvion ou sur terre rapportée ont été la cause de nombreuses ruines; toutes les fondations devraient êtres faites sur terrain solide ou poussées jusqu’au roc. L’insuffisance des charpentes et des contreventemenls diagonaux, la mauvaise qualité du mortier ont causé de très nombreux effondrements. La brique s’est en général assez mal comportée, les jnurs en brique se sont très souvent lézardés ou écroulés tout d’une pièce; cependant la brique, comme la maçonnerie, a assez bien résisté lorsque les joints étaient faits en bon ciment de Portland, et que la liaison des diverses parties de la construction était bien assurée par des ancrages et des contreventemenls judicieusement établis, et consciencieusement exécutés.
- Fig. 5. — L’elïel du tremblement de terre, sur un édifice en béton armé de mauvaise qualité.
- 1 Voy. n° 1722, du 26 mai 1906.
- p.28 - vue 32/647
-
-
-
- ENSEIGNEMENTS DE LA CATASTROPHE DE SAN FRANCISCO
- 29
- Les édifices métalliques ont moins ceux dans lesquels les
- règles
- fort Lien résisté ; du de la construction ont été observées; là où les assemblages étaient défectueux, les sections des pièces trop faibles, on a eu à enregistrer des dislocations et des effondrements.
- Le béton a l'ait preuve, par contre, d’une admirable résistance, surtout sous la forme de ciment armé; on en voit un bel exemple dans la digue du lac de Cryslal Springs, qui n’a nullement souffert, bien que la faille passât à quelques centaines de mètres seulement du
- barrage (Voy.
- iig.
- Il faut cependant que le ciment, lui
- aussi, soit de bonne qualité. Notre figure 5 nous montre
- des ruptures ou, en tout cas, des déformations irréparables. Veiller avec soin à la qualité des matériaux employés; le marbre, le grès, le granité, ont beaucoup souffert dans l’incendie de San Francisco, tandis que le ciment armé s’est toujours très bien comporté. Eviter les colonnes de fonte qui, à haute température, se brisent sous l’action de l’eau projetée sur elles. Éviter aussi les revêtements et hourdis en terre cuite.
- N’admettre dans les maisons que le minimum de matières combustibles; employer, partout où il se peut, le métal noyé dans le plâtre ou le ciment, et le ciment armé. Là où l’on est forcé d’emmagasiner des marchandises, il est nécessaire d’organiser la défense contre l’incendie au moyen de réservoirs, de pompes et d’extincteurs chimiques.
- Les charpentes métalliques seront solides et lourdes; leurs liaisons seront particulièrement soignées et l’ensemble rendu aussi
- Fig. 4. — Résistance au i'eu (la béton armé.
- ('elle annexe de l'Académie des sciences de San Francisco a parfaitement résisté. On aperçoit des squelettes d'animaux antédiluviens qui n’ont, pas soull'erl de l’incendie.
- l’état, après le sinistre, d’un eyelorama en béton armé, hâtivement édilié. Le héton de scories est à rejeter absolument.
- Les dégâts causes par l’incendie ont été infiniment plus graves que ceux- du tremblement de terre; les canalisations d’eau, construites la plupart en terrain rapporté, se sont brisées dès le premier choc; c’est là une leçon qui n’a pas été oubliée lors de la reconstruction de San Francisco; les conduites d’eau sont maintenant placées sur du terrain solide ou même dans le roc. Au moment de la catastrophe, on ne put donc rien faire contre le feu, qui prit de suite d’épouvantables proportions : par endroit la température dépassa 1200°.
- Néanmoins le béton a, là encore, très bien résisté, et il s’est montré, par excellence, l’élément protecteur des bâtiments contre l’incendie. À proprement parler, il n’existe jamais de constructions à l’abri du feu; telle maison qui aurait parfaitement résisté si la température était restée inférieure à certaines limites, a succombé lorsque la température s’est élevée au-dessus de celte limite. Les mesures de protection contre l’incendie doivent donc dépendre de la température qui peut être atteinte lors d’un sinistre; un entrepôt de marchandises exigera par suite une organisation et une construction différentes de celles d’une maison d’habitation ordinaire. ; Néanmoins, du rapport des experts américains se dégagent certaines conclusions générales : Éviter les éléments métalliquesJ non revêtus de maçonnerie ou de ciment, leur dilatation inégale peut en effet provoquer
- Fig. 5. — Résistance du béton armé au tremblement de terre. Cette digue, située à très peu de distance de la faille principale, est restée absolument intacte.
- rigide que possible. Il faut veiller aussi aux risques extérieurs d’incendie ; Soulé recommande à ce propos de n’employer désormais que des portes, fenêtres et volets métalliques, et des vitres à treillage métallique.
- Enfin, San Francisco aura à se prémunir contre le manque d’eau. M. Humphrey préconise la création de puits artésiens en divers points de la ville; M. Soulé celle de réservoirs sur tous les points élevés; chacun alimenté par une source différente, au besoin par l’eau de mer.
- R. DE LlVlîY.
- p.29 - vue 33/647
-
-
-
- = ------------------------------=
- LES TRAVAUX DE L’ASSOCIATION GÉODÉSIQUE INTERNATIONALE
- M. Cli. Lallemand, directeur du nivellement général de la France, vient de coordonner dans une suggestive analyse les rapports présentés à l’Association géodésique internationale lors du congrès de Budapest en 1900. On y suit pas à pas le développement des efforts qui, — depuis un demi-siècle, à l’exemple de la France où Bourdaloue, vers 1800, a exécuté le premier nivellement d’ensemble d’un grand territoire, —. a contraint successivement tous les pays civilisés à se préoccuper de l’exacte détermination du relief de leur sol au moyen de nivellements de précision, catégorie d’opérations formant l’une des branches d’études de l’Association géodésique internationale, dont M. Lallemand est le rapporteur permanent.
- Au 1er janvier 1900, le développement total des lignes nivelées dans les cinq parties du monde atteignait 275 000 kilomètres; on avait, en même temps, déterminé l’altitude de 207 000 repères scellés sur des bâtiments, ouvrages d’art, ou massifs spéciaux de maçonnerie. — En trois années, de 1905 à 1900, les progrès n’ont pas été moindres de 12 000 repères et 25000 kilomètres de nivellements (8400 en Russie, 4800 aux États-Unis, 2500 en Prusse, 1500 en Autriche et 1500 aux Indes).
- En France, dans la même période, une intéressante constatation a été laite :
- On avait déduit de certains indices que les mires de nivellement employées par Bourdaloue devaient être en moyenne trop longues de vingt-six centièmes de millimètre par mètre, et de ce fait, on avait, d’office, corrigé de près de vingt-sept centimètres la différence de niveau d’environ 1025 mètres trouvée en 1862 par Bourdaloue entre un repère situé à Modane et un autre repère situé au col du Mont-Cenis. Cette section ayant été récemment nivelée à nouveau avec toute la précision dont on dispose aujourd’hui, la « cote de Bourdaloue » ainsi
- rectifiée a été retrouvée à sept millimètres près, l’hypothèse faite au sujet des mires recevant par là une remarquable confirmation.
- Un autre intérêt, capital, des travaux de l’Association est l’entente où elle est parvenue entre ses membres des divers pays pour tenter d’apporter une solution au grand problème géologique des mouvements généraux de l’écorce terrestre. Ces mouvements lents, bien connus mais jusqu’ici mesurés rarement et sans précision, nécessitent en effet, pour être bien étudiés, la réitération à de longs intervalles du nivellement de précision. Les erreurs accidentelles et systématiques probables des grands réseaux de nivellement des divers pays étant connues, M. Ch. Lallemand a démontré que, généralement, la réfection de ces nivellements serait impuissante à déceler, dans le sol, l’existence d’affaissements ou d’exhaussements généraux de moins d’un décimètre, et que, vu la lenteur avec laquelle ont lieu ces mouvements, il faudrait, pour obtenir des résultats probants, laisser un iniervalle d’au moins trente ans entre deux réitérations consécutives des nivellements fondainenlaux dont il s’agit.
- L'Association géodésique internationale a donc proposé de recommander à tous les pays civilisés de répéter deux ou trois fois par siècle le nivellement de leur réseau fondamental, ou tout au moins celui d’un ensemble de lignes reliant entre elles les mers à travers les montagnes des continents. La comparaison des résultats obtenus aux diverses époques permettrait ainsi, dans un avenir plus ou moins éloigné, de pronostiquer, avec quelques chances de succès, le sort futur des terres habitées.
- Nos lecteurs se reporteront d’ailleurs avec fruit .au remarquable article sur Le sort futur des terres habitées., où notre éminent collaborateur leur a donné lui-même comme primeur la substance des idées actuelles sur la question (n° 1812, 15 février, p. 162).
- J. L.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Le compte rendu de la séance dù 9 juin 1908 paraîtra dans le prochain numéro.
- ASSAUT DE FORCE ENTRE UN ÉLÉPHANT ET VINGT HOMMES
- Sur l’iniliative d’un naturaliste anglais, quelques savants de Londres lurent conviés récemment à une expérience d’un caractère unique, dont nos photographies illustrent les principaux incidents. Le prélude n’avait pas manqué de gaîté.
- C’était un soir, à l’Olympia de Londres. Le barnum d’une ménagerie expliquait au public, à grand renfort d’éloquence, que le plus précieux de ses pensionnaires, un gi-
- gantesque éléphant qu’il appelait pompeusement « Jumho 11 », pouvait déployer à l’occasion une
- force colossale, quand un spectateur l’apostropha :
- « Je parie cinquante livres . qu’il n’est pas plus fort que vingt hommes réunis !
- — Je tiens le pari ! » répliqua vivement le maître des pachydermes, piqué au vif.
- L’interrupteur, qui s’occupe, je l’ai indiqué, de sciences
- p.30 - vue 34/647
-
-
-
- ASSAUT DE FORCE ENTRE UN ÉLÉPHANT ET VINGT HOMMES
- 31
- naturelles, avait conçu le dessein de déterminer, aussi exactement que possible, l’ellbrt musculaire que peut fournir un éléphant. Les conditions de la rencontre lurent réglées de la façon suivante: vingt hommes, s’attelant à une corde attachée aux harnais de l’éléphant, s’efforceraient de le l’aire reculer.
- S’ils y réussissaient,, les 1250 fr. leur étaient .distribués. Au contraire, si « J umbo II » entraînait ses vingt adversaires, l’enjeu devenait la propriété du belluuire.
- 11 fut convenu, en outre, que la durée de ce match d’un nouveau genre ne pourrait pas dépasser une demi-heure, avec autant de pauses et de reprise qu’en déclareraient les arbitres.
- Comme c’était son droit, M. Cleveland, le naturaliste, se mit à la recherche des hommes les plus forts qu’il pût trouver à Londres. À l’aide de ces dynamomètres de traction que l’on voit dans les lûtes foraines et les music-halls, il s'assura que les élus étaient d’une force supérieure à la moyenne. Et rendez-vous lût pris pour l’épreuve.
- À l’heure dite, un samedi après-midi, « Jumbo II » dont la toilette avait été l’objet de soins tout spéciaux, fut recouvert de ses harnais, et les vingt hommes s’alignèrent le long de la corde, dont la solidité avait été mise à l’épreuve. Les rares spectateurs admis à assister à l’expérience, cédant à la manie nationale, engagèrent aussitôt des paris. Grand favori, le pachyderme apparut comme le vainqueur certain.
- Au signal donné par l’arbitre, les vingt hommes, halant sur la corde, jetèrent en arrière tout le poids de leur corps, tandis que le cornac taquinait, de la pointe d’un crampon de 1er, les lianes du colosse. S’imaginant sans doute qu’il ne s’agissait que de traîner une pesante poutre comme il l’avait fait dans
- Fig. 3.
- son pays natal, le géant de la faune indienne avança résolument ses deux jambes antérieures, et tira sur le collier.
- La résistance éprouvée troubla aussitôt son calme olympien. Poussant un barrit d’alarme, il tourna sa tète massive, lança un regard de côté, se rendit compte de la nature du poids qu’on le sollicitait d’entraîner, et, insensible à la gloire offerte de servir d’étalon de mesure entre la force élépliantique et la force humaine, manifesta passivement ses préférences pour une autre force que n’avait pas prévue le programme : la force d’inertie !
- Vainement, le cornac fit appel au stimulant du croc de fer. Vainement, le helluaire en personne recourut aux menaces et aux cajoleries. Ni les claquements du fouet, ni l’attrait des morceaux de sucre ne triomphèrent de l’entêtement de « Jum-ho II ». Ses énormes pattes semblaient boulonnées au sol. Sa trompe elle-même, allongée dans le sens de la verticale, gardait une rigidité absolue. Sa vie paraissait concentrée dans les petits yeux où s’allumaient des éclairs farouches.
- Après vingt minutes d’efforts surhumains, les hommes témoignaient d’un tel épuisement, que l’arbitre mit lin à lepreuve, avec le consentement du helluaire que l’attitude de son pensionnaire commençait à alarmer. D’un commun accord, le pari fut annulé. L’expérience aboutissait à un résultat à peu près négatif, en ce sens que nous ignorons encore par quel chiffre se peut évaluer la force musculaire dun éléphant, exercée dans le sens de la trac-lion.
- 11 est permis de croire que les organisateurs de l’épreuve l’avaient mal préparée. Il eût fallu habituer progressivement le pachyderme à ce que l’on attendait de sa force. Son intelligence se fût pliée à
- p.31 - vue 35/647
-
-
-
- %2 z=i ASSAUT DE FORCE ENTRE UN ÉLÉPHANT ET VINGT HOMMES
- une besogne si nouvelle pour lui. Nombreux, sont les cas où le robuste géant a donné des preuves de sa docilité, de son caractère serviable, dans des circonstances analogues.
- Nous pourrions citer à ce propos maintes anecdotes, d’une authenticité absolue. Choisissons la dernière en date.
- Coney-lsland est assurément le point de la banlieue new-yorkaise le mieux connu clés étrangers qui séjournent dans la Ville-Empire, ou, simplement, la traversent. Pour décrire cette agglomération de constructions de bois élevées sur des pilotis que le llux balaie en toutes saisons, qu’il suffise de dire que c’est bien la plus vaste « Foire de Neuilly » qu’on puisse trouver dans les deux hémisphères. Réduite à . , .
- quelques douzaines d ’ h a I ) i t a n t s p e il d a n t
- ciles, il faisait recouvrir d’épais madriers les traverses de la voie, attelait les animaux à la « baladeuse », et, grâce à des tractions lentes et méthodiques qu’ils exécutèrent au commandement, le véhicule reprit sa position sur les rails et fut traîné jusqu’à une voie de garage.
- Fa pesante voiture tombée dans le marécage fut amenée de la même façon an pied d’un plan incliné et remise sur les rails. Cette double opération n’avait pas pris plus d’une heure et demie.
- Ces brillants débuts assurèrent au propriétaire du cirque une nouvelle source de revenus. L’hiver, il remise sa ménagerie dans un faubourg de New-York, à peu de distance d’une gare de marchandises. Apprenant,, en décembre dernier, qu’une manœuvre ve-m À -4^-- nait d’être mar-
- quée par un dérai 11e-
- Fi si'. i.
- l’hiver, sa p o p u 1 a t i o n compte de deux à trois cent mille âmes d’avril à octobre. Les dimanches, un million de New-Yorkais, séduits par le prix modique que
- coûte le transport — quatre lieues en trolley pour cinq sous! —, viennent s’entasser sur ses chaussées de planches, bordées de music-halls, de cafés, de cirques, de théâtres.
- Les lignes de trolleys qui desservent cette plage populaire ont à traverser un vaste marécage sillonné d’étroites chaussées. L’été dernier, un trolley fut précipité hors de la voie, abandonnant sa « baladeuse » en travers des rails.
- Pour assurer le rapide rétablissement de la circulation, le représentant de la compagnie s’aboucha aussitôt avec le directeur d’un cirque, qui, fidèle à l’esprit pratique du Yankee, ne consentit à louer ses éléphants qu’à raison de 100 dollars par tête et par heure. Choisissant ses quatre éléphants les plus do-
- L’èléplianl semble écouter avec attention les conseils de son barnum.
- ment de vagons qui interrompait complètement la circulation des trains, il offrait au chef de gare de déblayer la voie rapidement.
- Il tint parole. Sans l’aide de crics, et refusant l’aide du personnel de la compagnie, il déblayait la voie avec une rapidité qui tenait du prodige, enlevait les débris de voitures, redressait quatre vagons couchés le long des rails. Le tout en trois quarts d’heure, et, répétons-le, sans autre aide que l’intelligence et la force de ses éléphants !
- Comment s’étonner que les quatre pachydermes figurent désormais, tout au moins pendant leurs mois de morte-saison, sur le pay-roll (état du personnel) d’une compagnie de chemins de fer, et qu’ils reçoivent un salaire régulier! Y. Forbin.*
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laudbe, rue de Fleurus, 9.
- p.32 - vue 36/647
-
-
-
- la NATURE. — N° 1830.
- 20 JUIN 1908.
- AVERTISSEUR ÉLECTRIQUE A DÉTONATION POUR VOIES FERRÉES
- Lorsque les trains venant d’Àvricourt et sc dirigeant sur Paris, ont un peu dépassé la station d’Est-Ceinlure, il arrive parfois que, même par un temps clair, une détonation retentisse, suivie immédiatement du serrage des freins. On sait qu’en temps de brouillard, on place sur la voie des pétards, alin de substituer au signal des disques, devenus invisibles, un avertissement acoustique. Mais, en l’absence de tout brouillard, quel peut être le but d’un semblable signal ?
- Nous nous sommes renseignés, et nous avons appris que la bifurcation de la Villelte, située en Ire la station d’Est-Ceinlure et Paris, est considérée, par les Ingénieurs du Réseau de l’Est, comme un poin extrêmement dangereux. En raison de l’exlrême resserrement des voies de celte Compagnie, à l’entrée dans Paris, un nombre lbr! eon-
- l’expérimente : c’est dire que nos Compagnies de chemin de 1er ne sont, dans la voie du progrès, nullement en retard sur leurs rivales de l’étranger.
- Le principe de l’appareil Cousin est le suivant : un peu en avant du signal d’arrêt, l’un des rails de la voie est électriquement isolé du sol, au moyen d’éclissages en bois. Mais il peut être relié, par l’intermédiaire d’un interrupteur qui fonctionne automatiquement au moment voulu, à un circuit élec-
- Fi-, i.
- L'appareil avertisseur Cousin.
- sidérable de trains se croisent à cet endroit sur la même ligne, la moindre inattention d’un mécanicien franchissant sans le voir
- le signal d’arrêt qui protège la bifurcation, pourrait provoquer une terrible catastrophe. Le service de la voie a donc décidé de répéter, en tout temps, les indications du damier vert et blanc qui précède le signal d’arrêt, au moyen de signaux détonants. Mais on a renoncé aux antiques pétards, qui, en temps humide, sont fort irréguliers et capricieux, et ne donneraient pas la sécurité cherchée. On se sert d’un appareil nouveau et iort ingénieux imaginé par M. Cousin.
- La Nature a déjà décrit un signal électrique pour locomotives (Voy. n° 17.86, 17 août 1907), adopté par une Compagnie de Chemins de fer anglaise, pour satisfaire à des exigences analogues à celles que nous venons d’exposer. On se rendra compte aisément, par ce qui suit, que le système français est d’un mécanisme plus simple et donne par suite plus de sécurité. Depuis deux ans déjà, la Compagnie de l’Est
- 3ü,J aniiée. — 2-' semestre.
- En lmul : l'appareil ouvert, montrant les masselottes et le mécanisme.
- A gauche : montrant le magasin à cartouches ouvert.
- A droite : l'appareil fermé.
- trique comprenant une pile reliée à la terre et l’appareil détonateur (Y. fig. 5).
- Lorsque le signal est fermé, l’interrupteur est abaissé, et, pour que le circuit électrique soit complètement fermé, il suffit que le rail isolé soit, lui aussi, relié à la terre. Or c’est précisément ce que fait la locomotive imprudente qui dépasse le signal. Dès que les roues de son premier essieu touchent le rail isolé, elles établissent le contact entre celui-ci et le sol, par l’intermédiaire du corps métallique de la machine. Que se passe-t-il alors? Le courant électrique traverse l’appareil détonateur, y déclenche une masselotte, munie d’un percuteur ; celui-ci vient
- p.33 - vue 37/647
-
-
-
- 34 ===== AVERTISSEUR ÉLECTRIQUE A DÉTONATION
- V I o,
- Fig'. 2.
- Coupe montrant l’ensemble des organes de l’appareil-averlisseur. (Pour les lettres, voir texte).
- 1--U 1-|-]-) (.(-|J î=
- frapper, dans un petit canon, une cartouche de chasse qui détone, donnant ainsi an mécanicien l’ordre impérieux de s’arrêter. Les cartouches, placées par avance dans une caisse métallique fermée et bien étanche, ne craignent rien de l'humidité; cl l’appareil fonctionne sûrement en tout temps.
- L’appareil détonateur proprement dit se compose d’un coffre en fonte À renfermant 8 masselottes II,
- Fig. 3. — Un percuteur armé.
- auxquelles correspondent les 8 petits canons de bronze E, garnis chacun d’une cartouche ordinaire du calibre de 12. Ces canons sont encastrés dans une solide plaque de culasse qui constitue la paroi inférieure du coffre.
- Sur la droite du coffre est disposé le carter 1), contenant le mécanisme moto-régulateur.
- Lorsque l’appareil est armé, chacune des masse-lottes est retenue en haut de sa course, par le hcc d’un cliquet en acier J, pivotant autour d’un axe transversal K (fig. 5).
- Ces 8 cartouches sont, bien entendu, destinées à 8 signaux successifs ; elles évitent de venir recharger l’appareil chaque fois qu’un mécanicien imprudent aura franchi, malgré le disque, le point dangereux.
- Fig. 4. — Le percuteur dégagé tombe et provoque la détonation.
- La boite se comporte donc, pour ainsi dire, comme le magasin d’un fusil Lcbcl à répétition.
- Pour assurer la mise de feu, le talon de chaque cliquet K vient s’appuyer sur l’un des arrêts saillants L d’une règle M, qui se déplace de gauche à droite, constamment poussée par un ressort S.
- A l’extrémité droite, cette règle vient déboucher
- p.34 - vue 38/647
-
-
-
- PHOTOMÈTRE A LECTURE DIRECTE ————— 35
- dans le carter qui contient le dispositif électrique de mise de l'eu ; et elle est commandée par ce dispositif de la façon suivante : L’extrémité de la règle est taillée en crémaillère O, et engrène avec une roue dentée 1\ solidaire d’un engrenage à lanterne (J (lig. 2).
- En regard de l’engrenage, se trouve l’échappe-ment à ancre T, commandé par le noyau IJ, d’un électro-aimant à longue course V ; un petit ressort antagoniste agissant par l’intermédiaire d’un bras, sur l'échappement à ancre
- tend toujours à ramener celui-ci dans la position de repos.
- Supposons maintenant que le courant électrique, provoqué parle passage de la locomotive sur le rail dangereux, traverse l’élec-tro ; le noyau est attiré, entraînant l’échappement à ancre ; l’une des dents
- T
- interrupteur commandé par le signa!
- Pü-
- Terre
- de celui-ci se dégage lan-
- Fig. 5. — Schéma du fonctionnement de l'appareil avertisseur.
- dis que l’autre s’engage ;
- et la règle. M, poussée en avant par son ressort, s’avance d’une quantité déterminée.
- Le talon du premier cliquet échappe à l’arrêt saillant correspondant L, la masselolte est dégagée, elle tombe, son percuteur G vient s’engager dans le canal F et frappe la cartouche correspondante (fig. i).
- Lorsque la locomotive a quitté définitivement le rail-signal, le courant cesse de passer dans l’élec-tro U ; son armature, rappelée par le ressort, reprend la position primitive; simultanément la première dent de l’échappement se rengage, et la seconde se
- dégage. Cette deuxième phase permet à la règle M d’achever son déplacement latéral partiel. L’appareil est alors prêt pour la chute de la 2e masselolte.
- La chute de la 7e masselolte commande un interrupteur électrique (pii lait fonctionner une sonnerie au poste dont dépend l’appareil. Les gardiens sont ainsi prévenus qu’il ne reste plus dans 1’appareil qu’une cartouche utilisable et qu’il y a lieu de procéder au rechargement. Tout est donc parfaitement
- combiné pour assurer une sécurité absolue.
- Depuis le mois de juin 1905 où le réseau de l’Est a mis à l’essai l’appareil Cousin, 12 000 cartouches environ ont été tirées sans que l’instrument ait cessé de donner satisiaction.
- Les chemins de 1er de l’Etat vont prochainement mettre à l’essai un appareil analogue du même inventeur, mais qui, au lieu d’être actionné électriquement, le sera par la vapeur de la machine; il sera installé sur la locomotive même; en outre, il utilisera une cartouche de contrôle spéciale qui, tout en provoquant le rappel à l’ordre du mécanicien, consignera sa faute par la projection, sur le ballast de la voie, de jetons dont la présence indiquera que le signal a été franchi, fermé, à une vitesse qui poura être déterminée. Le numéro matricule des jetons indiquera le mécanicien coupable.
- liomUU’-YlLLERS.
- Rail isolé du sol
- PHOTOMÈTRE A LECTURE DIRECTE
- L’élude photométrique des sources lumineuses prend, à notre époque d’éclairage intensif et écono-
- paraisons photométriques sans le secours de l’œil, mais il est difficile de trouver un dispositif sensible
- inique, une importance chaque jour croissante. Mais rien n’est plus délicat que la pratique photométrique;. car avec les appareils actuellement en usage, c’est la rétine seule qui est juge dans la comparaison des sources étudiées. C’est dire que les résultats obtenus seront extrêmement variables d’un observateur à l’autre et par suite seront rarement comparables entre eux.
- De nombreuses tentatives ont été déjà faites pour effectuer les com-
- I Fig. 1 (à gauche).
- q Coupe verticale de l’appareil.
- Lentille de concentration.
- aux mêmes régions du spectre que la rétine. Celte remarque explique pourquoi les procédés basés sur les réactions photographiques, la variation de résistance électrique du sélénium éclairé, etc., ne peuvent fournir que des résultats erronés.
- La mesure de l’énergie totale de la radiation, versée par une source lumineuse, ne donnerait pas de meilleurs résultats, le maximum de cette énergie étant le plus souvent dans une région du spectre
- p.35 - vue 39/647
-
-
-
- 36 .......-.... PHOTOMETRE A LECTURE DIRECTE
- pour laquelle l’œil est complètement insensible.
- Pour être correcte, cette mesure doit se faire sur un faisceau dont on ne laisse passer, de chaque radiation élémentaire, qu'une quantité proportionnelle à son activité sur la rétine.
- L’absorption devra être complète dans l’ultraviolet et l'inlra-rouge, et nulle pour la longueur d’onde de Langiey 0,5-4 p..
- Pour les autres radiations on pourra employer les facteurs d'illuminations indiqués par MM. Macé de Lepinay et Nicati U
- Pour faire cette sélection des radiations inactives sur l’œil, on pourrait disposer dans le spectre de la source étudiée un écran limitant la bailleur du spectre eu chaque point. Cet écran devrait avoir la forme de la courbe de sensibilité rétinienne en
- fonction de la Ion- Fly' 3'
- glieur d onde. Vue d'ensemble du photomètre l'éry
- Plus simple- à lecture directe,
- ment, on peut s’adresser à une cuve absorbante.
- Des essais nom-b reux m'ont montré que la plupart des solutions colorées en vert présentent une absorption insuflisante dans le rouge et l’in-lra-rouge.
- Au contraire, les sels de cuivre, et en particulier l’acétate, constituent des filtres parfaits.
- En faisant varier la concentration ou l’épaisseur de la solution, on déplace le maximum de l’énergie et on peut l’amener à coïncider avec la radiation dont la longueur d’onde est 0,54 p..
- A ce moment, l’expérience indique qu’il ne passe plus que 0,1 et 0,4 pour 100 de l’énergie initiale (bec Bengel et bec Auer).
- Ce problème était donc ramené à réaliser un dispositif suffisamment sensible pour mesurer avec exactitude cette faible quantité de chaleur, et suf-iisamment robuste néanmoins pour pouvoir trouver place dans les salles d’essais photométriques.
- L’expérience m’a montré que l’excellent appareil de M. G. Y. Boys, qui a reçu entre les mains de M. Duddell2 de si intéressantes applications, pouvait être employé dans ce but.
- 1 Journal de Physique, 2e série, l. 11, 1883, p. 64. a Thermo-galvanomètre. — Comptes rendus de la Société de Physique, 16 déc. 1904.
- J’ai donné à cet appareil la forme suivante : IJn cadre cuivre constanlan (lig. 1) wc est suspendu dans le champ magnétique de l’aimant N. S. par une lame très mince de bronze phosphoreux.
- Les deux soudures du couple ainsi formé sont placées côte à côte et à une même hauteur de manière à être dans des masses d’air à la même température. Dans le même but d’uniformiser la température de l’air sous la cloche qui recouvre l’instrument, cette cloche est très petite et en cuivre rouge épais.
- Les soudures du cadre sont en réalité formées par deux lames rectangulaires d’argent ayant 0,5 millimètre d’épaisseur et 6x42 millimètres, les faces eu avant sont noircies au noir de platine et l’envers
- est soigneusement poli.
- Un petit miroir concave m de 4 m. de foyer, donne sur une échelle placée à 2 mètres uni! déviation de 500 millimètres quand une des plaquettes d’argent reçoit les radiations d’une bougie placée à 4 mètre. (Ceci sans interposition d’aucun milieu autre que l’air entre la source et la soudure.)
- Pour rendre à l’appareil muni de sa cuve absorbante une sensibilité suffisante, une lentille L (lig. 2), dont l’absorption est négligeable vis-à-vis de celle du liquide interposé, vient projeter sur une des plaquettes l’image de la source rayonnante.
- Une commande pneumatique (lig. 5) qui permet d’actionner la lentille à distance la fait basculer de façon à faire tomber l’image alternativement sur les deux plaquettes. Les vis de réglage d et v' (fig. 2) limitent la valeur du déplacement ; on annule ainsi les erreurs ducs à une variation lente du zéro. Des diaphragmes de surface connue D (lig. 5) réduisent la sensibilité dans le cas de la mesure de sources très intenses. Dans tous les cas la distance entre l’appareil et le luminaire doit rester constante, elle est de 4 mètre.
- On obtient ainsi une déviation de 60 millimètres avec une source d’une Carcel placée à 4 mètre.
- Ch. Fjsuy,
- Docteur ès Sciences,
- Professeur à l’École de Physique et Chimie Industrielles.
- p.36 - vue 40/647
-
-
-
- LA DÉFENSE DES PLANTES PAR LES PIQUANTS
- Parmi les modes de protection si variés dont sont munies les plantes, un des plus simples et des plus fréquemment réalisés est la présence de piquants destinés à éloigner l'agresseur.
- Aon inultus premor, semblent dire, ces espèces hérissées de dards multiformes; ce qui équivaut à noire locution proverbiale : qui s'y frotte s'y pique.
- Ces piquants défensifs sont de deux sortes, les uns 1res différents des autres par leur origine organique.
- Les aiguillons sont dus tout simplement à un endurcissement de poils épidermiques ou de saillies superficielles et aiguës du tissu cellulaire. On les constate, par exemple, sur les ronces, les rosiers, les cactus; ils se détachent toujours 1res facilement, et ne sont fixés qu’à l'épiderme de la plante sans adhérer aux couches sous-jacentes.
- Chez certaines espèces de rosiers, on peut observer, sur la même tige, toutes les transitions entre les véritables poils, souples et mous, et les aiguillons bien caractérisés : ce qui démontre la communauté d’origine de ces éléments en apparence si dissemblables.
- Les épines, au contraire, tirent leur origine des parties profondes du tissu végétal; elles sont toujours dues la transformation d’un organe normalement destiné à une autre fonction, et qui, pour remplir son nouveau rôle de défense, a acquis une pointe dure à son extrémité, ou meme s’est complètement métamorphosé en piquant.
- Tous les organes, ou à peu près, peuvent ainsi se changer en épines.
- Chez les glediIschia, l’aubépine (crataegus), le prunier sauvage, ce sont certains rameaux qui sont spinescents : on voit que dans ces plantes, les épines sont quelquefois ramifiées, comme des branches normales, qu’elles naissent à la place ordinaire des véritables rameaux, et portent parfois latéralement des feuilles plus ou moins rudimentaires.
- La culture diminue le nombre de ces épines raméales, parce qu’en fournissant à l’arbre une plus
- abondante nourriture, elle favorise le développement normal des rameaux, qui, dans les conditions ordinaires de la vie sauvage, sont durs et aigus.
- Chez certains astragales, les pétioles, après la chute des folioles, s’endurcissent et deviennent des épines. Chez le robinier làux-acacia, ce sont les stipules qui présentent cette transformation.
- Les épines du houx, des chardons, du panicaut, (eryngium), sont dues à l’endurcissement de l’extrémité des nervures des feuilles; chez les chardons en parliculùr, ces nervures étant divisées en ramifications extrêmement, nombreuses, dont chacune se termine en épine acérée, la plante se trouve munie d’un appareil défensif exceptionnellement efficace.
- Chez la centaurée chausse-trape et d’autres composées, la transformation en épines dans un but de protection atteint les folioles de l’in-voluere; les bractées florales chez les acanthes; les pédicelles chez Yalys-surn spinosum, le me-sembryanthemum spinosuni; les divisions du calice chez les épiaires (slachys) ; les pétales chez le enviera ; les étamines chez certaines éri-einées et byttnériacées : les styles chez le mar-tynia.
- Les aiguillons, productions épidermiques, sont épars, comme les poils; les épines, organes transformés, occupent toujours une place déterminée, celle de la partie de l’organisme végétal dont elles représentent la modification défensive.
- Il paraît bien évident que la présence d’épines ou d’aiguillons, est surtout à l’avantage des plantes qui les portent; cependant, outre la protection qui en résulte pour elles-mêmes, on a remarqué que ces plantes fournissent un abri sûr aux animaux faibles contre leurs ennemis carnassiers. Ce rôle altruiste est surtout apparent dans les pays chauds, où les carnivores sont, nombreux ; mais, même dans nos climats, on peut vOjr que les oiseaux ne quittent pas facilement en cas do danger le buisson épineux où ils se sont réfugiés. Ils ont plus de confiance dans la sûreté de cette retraite que dans la vélocité de leurs ailes. A. A cloque.
- 1. Epines involucrales do Centaurea ca.citrapa. — 2. Epines ealycinales (grossies) de Slachys sylvatica. — 5. Epine raméale de Cralaegus oxyacaniha. — 4. Epines slipulaircs de Habilita pseudo-acacia. — 5. Epines foliaires d’Eryngium campestre.
- à
- p.37 - vue 41/647
-
-
-
- 38
- LA SOIE ARTIFICIELLE
- Ou ne s’est jamais proposé, ni dans les laboratoires, ni dans l’industrie, de fabriquer de toutes pièces un produit identique à la soie naturelle, d’en faire, en un mot, la synthèse. Elle est, en effet, un produit assez complexe de carbone, d’oxygène, d’hydrogène et d’azote, pour que sa constitution soit encore un mystère, et sa reconstitution un mythe. Et c’est à juste titre que les Allemands donnent à ce que nous nommons soie artificielle, le nom de glanzstoff (matière brillante). Le brillant est, en effet, à peu près la seule qualité commune à la soie artificielle et à la naturelle. C’est, à dire vrai, la plus importante.
- Il y a quelque vingt ans, le comte II. de Chardonnet, ayant régénéré d’une solution acide, la cellulose du coton, constata qu’après passage à la libère, elle acquérait, avec un éclat Irès vif, des reflets chatoyants, comme on en observe aux iils de soie. Ce fut l’origine de la nouvelle industrie.
- La cellulose est, on le sait, un hydrate de carbone. Elle ne contient pas d’azote et diffère donc tout à fait, chimiquement, de la soie naturelle. C’est elle qui constitue en grande partie les tissus du bois, en presque totalité les libres du coton. On peut dire que le papier n’est que de la cellulose passée au laminoir, comme la soie artificielle de la cellulose passée à la libère. Mais la préparation de l’opération n’est pas la même. Le point important, dans la fabrication de la soie artificielle, est l’obtention du brillant et cela exige un traitement chimique, une dissolution, puis une coagulation de la cellulose.
- La nature du dissolvant distingue les procédés divers. Nous indiquerons les principaux. Ce sont, par ordre chronologique : 1° Le procédé à la nitrocellulose, ou procédé de Chardonnet ; 2° le procédé à la liqueur cuproammo-niacale; 5° le procédé à la viscose.
- Quel que soit celui d’entre eux qu’on exploite, la constitution cellulaire de la matière première a son importance. Selon qu’on aura mis en œuvre de la ligno-cellulose textile (dont le type est le coton), ou de la pâte de bois, on obtiendra un fil résistant ou fragile. 11 semble qu’à travers la solution, les fibres longues et tenaces du coton conservent leur structure, en sorte que la cellulose régénérée est de même nature que celle qui vient de disparaître : phénomène tout à fait étrange, et dont on ne connaît guère d’autre exemple!
- Soie de Chardonnet. — Le procédé de Chardonnet est basé sur l’emploi de la nitrocellulose. La cellulose est facilement attaquée par l’acide nitrique et surtout par un mélange des acides sulfurique et nitrique. On fabrique ainsi des celluloses plus ou moins nitrées. Les plus nitrées sont les fulmicotons qui, additionnés de camphre, constituent les poudres pyroxylées. Les moins nitrées, dissoutes dans le mélange alcool-éther, forment le collodion. Celui-ci est à son tour la base du celluloïd, qu’on obtient en y dissolvant du camphre, et de la soie artificielle qui résulte de sa réduction par un sel ferreux ou par le sulfhydrate d’ammoniaque.
- La solution de collodion est soigneusement filtrée; on la laisse reposer, puis on l’introduit, sous pression, dans un récipient qui la chasse à travers des filières, d’un sixième de millimètre de diamètre, en verre effilé et poli. La dénitration s’opère dès l’issue de la filière; on dessèche ensuite les fils dans des chambres à courant d’air chaud et on les enroule sur des bobines qui leur donnent en même temps la première torsion nécessaire.
- Le prix de revient serait élevé si l’on ne parvenait à récupérer les réactifs. Le mélange nitrant, à chaque
- opération', s’appauvrit en acide et s’enrichit en impuretés. Quand il est devenu inutilisable pour de nouveaux traitements, on l’envoie aux fabriques d’acide sulfurique où il sert à nitrer les vapeurs sulfureuses, à leur passage dans la tour de Glover ou dans les fabriques d’acide azotique, où on l’emploie à l’attaque du nitrate de soude.
- L’alcool et l’éther sont recueillis avec grand soin ; méthodiquement, on épuise les fils : l’air même des chambres, saturé de leurs vapeurs, est entraîné à travers une solution sulfurique où il barbote et se purifie. Qu’on élimine complètement, tant l’acide nitrique que l’alcool et l’éther, l’économie n’est pas seule à l’exiger, et les premiers essais qui n’avaient pas conduit à une purification suffisante, donnèrent une soie extrêmement inflammable, presque explosive, qu’on eut grand’peine à faire pénétrer dans le commerce. La soie de Chardonnet ne connaît plus aujourd’hui cette faiblesse, qu’on lui reproche encore à tort, quelquefois.
- Soie au cuivre. — Chacun connaît le dissolvant classique de la cellulose : la liqueur de Sehweizer, solution d’oxyde de cuivre dans l’eau ammoniacale ; c’est une expérience qu’on n’oublie jamais, dans les cours de chimie des collèges, que de faire disparaître des copeaux de cuivre dans une solution aérée, d’ammoniaque, puis du coton dans la liqueur bleue qui s’est formée. MM. Fre-mery, Bronnerl et Urban ont réussi les premiers, en 1899, à utiliser cette propriété pour obtenir une cellulose brillante, d’une bonne ténacité. La coagulation est l’œuvre de solutions acides qui absorbent l’ammoniaque et l’oxyde de cuivre, et précipitent ainsi la cellulose; les fils sont ensuite desséchés et enroulés. Ils sont aussi réguliers que ceux de Chardonnet, mais moins brillants; le prix de revient en est sensiblement moindre ; la résistance à l’eau en est meilleure et la fabrication moins dangereuse.
- Soie viscose. — Le dernier en date des procédés à proprement parler industriels est dit « à la Viscose ». Le brevet en fut pris en 1903. Le dissolvant est ici le sulfure de carbone; mais la cellulose doit subir un traitement préalable, la mercérisation. Cette opération, inventée il y a longtemps déjà par le chimiste anglais Mercier, consiste en l’attaque de la cellulose par un alcali. La cellulose sodique ou potassique ainsi obtenue est ensuite soumise au sulfure de carbone qui l’absorbe. La combinaison résultante est un xanthale double de cellulose et d’alcali. Celui-ci, que sa consistance sirupeuse a fait nommer plus brièvement viscose, se résout peu à peu à l’air en sulfure de carbone, en alcali, et en un coagulum dont la teneur en cellulose croît avec le temps. Quand la maturation est suffisante, ce qui se reconnaît à la consistance du coagulum, on le passe à la filière après l’avoir bien purgé d’air. Ceci fut longtemps une des grosses difficultés du filage, où la moindre bulle crée une solution de continuité, de faire disparaître toute trace de gaz. Faire le vide est une solution imparfaite : on étale aujourd’hui le liquide en couche extrêmement mince sur un cône vertical à grand angle mobile, autour de son axe.
- La ténacité des fils de viscose est relativement, très forte et permet de ne leur donner que 3/100 de millimètre de diamètre. A la sortie de la filière, les brins se trouvent immédiatement plongés dans le liquide solidifiant : c’est une solution de sulfate d’ammoniaque. Pour les empêcher de se coller les uns aux autres, ce qui ré-
- p.38 - vue 42/647
-
-
-
- —z LE GOUFFRE DE PROUMEYSSAC :===........ 39
- duirail la résistance des fils tressés, on ajoute à la solution un peu d’aluminate ou de silicate qui forme pendant la solidification une petite couche protectrice. Les brins sont ensuite tordus et embobinés; ils n’ont pas encore de brillant; pour le leur donner, il suffit de les débarrasser du soufre qu’ils contiennent. Cette soie est la plus solide des soies artificielles; sa ténacité atteint le tiers de celle de la meilleure soie chinoise.
- À ces procédés, qui donnent à ceux qui les exploitent actuellement de magnifiques bénéfices, il en faudrait ajouter cent autres : dissolution de la cellulose dans le chlorure de zinc, filage des matières protéiques du lait, de la caséine, soie à base de gélatine, etc. ; mais l’expérience n’a pas encore démontré leur valeur.
- Toutes les celluloses régénérées, par les procédés que nous avons exposés en particulier, présentent un commun inconvénient ; déjà partiellement, bydrolysées, elles tendent à absorber de plus en plus l’eau, en perdant toute ténacité. La soie au cuivre elle-même, quoique insoluble, ne peut être lavée qu’avec les plus minutieuses précautions. Aussi semble-t-il qu’un grand perfectionnement vient d’être apporté récemment par l’invention de M. Escbalier, la sthénose. C’est l’action du formol, le grand condensateur organique, à qui l’on attribue aujourd’hui tant d’actions physiologiques de polymérisation, qui permet de concentrer pour ainsi dire lacellulose, et de lui enlever en grande part son aptitude à s’hydro-lvser. Un bain de formol, alun de potasse, acide lactique et eau, fournit une soie presque aussi résistante dans l’eau que dans l’air, cinq fois seulement moins tenace que la soie naturelle. C’est tout un champ nouveau qui s’ouvre à l’industrie de la cellulose.
- Jusqu’ici, en elï'et, la soie artificielle ne valait que par son brillant ; pour l’utiliser en passementerie, on était
- obligé de la mélanger soit à du coton, soit à de la soie animale. La broderie seule emploie la soie artificielle absolument pure. Mais on n’a jamais jusqu’ici songé à fabriquer de véritables étoffes de soie artificielle : la solidité en serait trop précaire.
- Une assez originale application de la soie de Chardonnet, non complètement dénitrée, est basée sur sa combustibilité et son énorme pouvoir absorbant pour les sels : la Société Auer l’utilise beaucoup actuellement pour former les tissus de support de ses mandions d’éclairage. Ces manchons, dont le tissu absorbe jusqu’à 15 fois son poids d’oxydes, sont élégants et d’une grande solidité.
- La production mondiale de soie animale est annuellement d’environ 50 millions de kilogrammes, dont 9 millions environ fabriqués en France. Le prix de vente en varie de 70 à 100 francs le kilogramme, le prix de revient est voisin de 55 francs. Si l’on songe que la soie artificielle n’atteint encore qu’une vente annuelle de 5 millions de kilogrammes, que le kilogramme se vend à l’heure actuelle environ 20 francs, le prix de revient allant de 15 francs pour la soie de Chardonnet, à 12 francs pour la soie au cuivre et à 8 francs pour la viscose, prix auxquels il faut ajouter 0 fr. 50 pour la transformation en sthénose, on entrevoit pour cette toute jeune industrie un merveilleux avenir. L’insuffisance actuelle de la résistance de la soie artificielle, surtout humide, limite sans doute ses applications; mais la faiblesse de son prix de revient permet d’espérer qu’on l’utilisera de plus en plus dans la passementerie à bas prix, dont la fabrication grossit chaque jour, et, si la sthénose tient les promesses qu’elle paraît faire, c’est une ère de concurrence sérieuse à la vieille soie naturelle qui s’ouvre avec le vingtième siècle. A. Detœcf.
- LE GOUFFRE DE PROUMEYSSAC (DORDOGNE)
- En avril 1907, les journaux du Midi annonçaient la découverte, ou plutôt la réouverture, d’un gouffre situé dans la Dordogne, et, au n°
- 1768 de La Nature (1 ?
- 1907), nous mentionnions, d’après eux, qu’il y a environ 150 ans que les habitants des communes d’Au-drix et de Sainl-Chamassy près les Eyzies (Dordogne) tentèrent de combler ce gouffre dit de Prou-meyssac,où tombaient les bestiaux, et où des brigands jetaient leurs victimes. N’ayant pu y parvenir à cause de l’importance du vide, ils en couvrirent l’orifice d’abord à l’aide de troncs d’arbre et de terres rappor-
- tées, et ensuite par une voûte en maçonnerie. Cette voûte ayant été récemment crevée, M. Galou, propriétaire du roc de Tayac (Voy. La Nature, n° 1571, 4 juillet 1905), effectua au moyen de cordes une descente dans le gouffre. D’après les renseignements qu’il nous avait d’abord adressés, « la profondeur est de 45 à 50 m. Au milieu du fond un amoncellement de moellons de 12 à 15 m. de hauteur est le témoin de l’ancienne tentative de recomblement. On circule aisément tout autour. Une galerie latérale avec superbes stalagmites a pu être parcourue sur 60 m. de longueur. »
- Poulie
- (Alt.157
- Cou/ jf. à concréi
- [érem
- '.ment
- ssib I e
- Coupe du gouffre de Proumeyssac.
- p.39 - vue 43/647
-
-
-
- 40
- LE GOUFFRE DE PROUMEYSSAC
- De subséquents récits, vantant, pompeusement la nouvelle merveille et ses concrétions, lui donnaient
- Fig. 2. — Couloir latéral.
- 55 m. de creux et y ajoutaient une cascade de 25 m. tombant dans un lac souterrain, d’où un canard serait passé vivant jusqu’à la fontaine de Frémulot.
- En.sommeJa chose paraissait mériter un contrôle que j’ai effectué sur place le 20 juillet 1907.
- Et ; voici la vérité :
- L’orifice .s’ouvre à 5 km sud du pont du Bugjie, par 157 m. d’altitude, sur un plateau de la rive gauche de la Yézère, distante ici de 5 km et coulant à une centaine de mètres plus bas;;l’emplacement exact est (feuille Bergerac aù 80.000e, n° 152), à 1500 m. au N.-O. d’Audrix (entre les lettres p et q: des deux hameaux la Cépède.et'le Singnier). On arrive jusqu’au bord, en voiture et MM. Galou, Froncé et Soulié y ont installé un treuil des mieux conditionnés et des plus solides, qui permet la descente, de façon aussi commode que sûre.. Cet te descente n’est d’ailleurs que de 55 m. (au lieu de 45 à 55),' ce qui fait atterrir la benne à 124 m. d’altitude, sur le sommet du cône de pierres constitué tant par les débris naturels du gouffre,. que par les matériaux jetés pour le
- combler. Au fond la forme est ovale, environ G0 m. de long (axe Est-Ouest) sur 40 m. de large (axe Nord-Sud). Aux parois pendent d’assez belles concrétions ; mais c’est surtout au pourtour de la base qu’enirc la surface du cône et les murailles du gouffre se sont accumulés d’importants dépôts de calcito. Nos vues montrent combien, malgré leur taille modérée, les détails en sont variés et jolis. Un petit couloir évidé naturellement, et tout entier à môme la calcito étincelante de blancheur, aboutit à une ehambrelte où la cristallisation, sous une mince tranche d’eau, a revêtu la curieuse forme triangulaire que représente la figure 5. On y voit aussi de ces concrétions excentriques, c’est-à-dire déviées de leur axe vertical normal, dont on a parlé ici même à propos de la grotte de Dosée d’Engihoul (Belgique), (voy. La Nature, n° 1746, 10 novembre 1906), et dont j’ai tenté d'expliquer l’origine par un phénomène colloïdal et par un effet d’osmose1. Bref la visite du gouffre de Prou-meyssacavecsa très saisissante descente, la dimension de sa cavité conique, et la réelle beauté de ses concrétions mérite d’attirer de nombreux touristes. Elle s’impose, grâce à la proximité cl à la facilité d’accès, à tous ceux (pii vont voir les célèbres gisements préhistoriques et les sites admirables des Eyzies.
- Mais l’abîme présente surtout le réel intérêt scientifique suivant : la position de son orifice, en terrain horizontal et sans aucun ravinement alentour, exclut entièrement l’hypothèse d’une formation de haut en bas, par l’absorption d’un ruisseau qui s’y serait engouffré; il y manque, en effet, la rigole d'amenée des eaux et l’entonnoir d’absorption qui caractérisent la plus grande partie des abîmes explorés. Par une exception que, jadis, on primait pour la règle et qui au contraire est aujourd’hui reconnue assez rare, le gouffre de Proumeyssac a été formé de bas en haut : comme dans les terrains gypseux, comme les cloches par exemple des carrières à
- Fig. 3. — Concrétions triangulaires.
- plâtre de Taverny (Seine-et-Oise), c’est le tourbil-1 Yov. mon récent ouvrage, VÉvolution souterraine, p. 127.
- p.40 - vue 44/647
-
-
-
- LE GOUFFRE DE PROUMEYSSAC
- ‘-V-
- 41
- lonnement des eaux d’un ruisseau souterrain qui, si bien nos figures, est tout à fait convaincant à cet sous pression hydrostatique, a peu à peu taraudé, égard. En réalité, nous sommes ici en présence d’un
- Fig. 4. — Intérieur du gouffre de Proumevssac.
- évidé, corrodé les parois du gouffre. L’encorbel- gouffre inachevé; l’effondrement de bas en haut, le lemcnt de leurs assises superposées, que montrent décollement progressif des strates qui se détachaient
- p.41 - vue 45/647
-
-
-
- ^2 ========== LES MOMIES D’ANIMAUX EN ÉGYPTE
- annulairement sous l’effort'giratoire des eaux souterraines n'est pas parvenu jusqu’à la surlace. Cependant comme il n’a.......pu, bien entendu, se pro-
- duire que dans une cassure préexistante, cette cassure (probablement sous l’action restreinte des pluies locales) a achevé de s’ouvrir, de s’élargir même à 2 m. de diamètre jusqu’au plateau; mais sur 8 m. de hauteur elle est demeurée à l’état de cheminée étroite, si bien que la grande salle n’a réellement que 25 m. de hauteur jusqu’au sommet du cône (plus 5 m. pour l’épaisseur connue de celui-ci). Si la pression hydrostatique intérieure avait pu achever son œuvre, un écroulement final du plafond aurait emporté la cheminée et laissé béant un plus large gouffre; c’est exactement ce qui s’est passé pour le grand abîme de Padirac (de dimensions doubles), dont nous voyons l’une des phases à iProumeyssac, qui s’est, en somme, arrêté en route. À ce titre singulier de phénomène morphologique demeuré en suspens, ce gouffre est donc une vraie curiosité et doit être regardé comme un classique exemple géologique. J’en connais d’autres qui lui ressemblent, mais plus petits ou moins caractéristiques. Actuellement, le ruisseau qui l’a pratiqué, sans le terminer; est ou bien tari, ou considérablement diminué, en tout cas enfoui en profondeur sous le cône de débris : son existence est prouvée par deux faits :
- 1° Une petite source existe à l’Ouest, à Perdigat sur la rive gauche de la Vézère, à un niveau inférieur au fond du gouffre (je n’ai pas eu le temps d aller le voir).
- 2° Plusieurs des colonnes stalagmitiques au pourtour du cône de débris sont rompues en leur milieu ; on sait que. ce fait, fréquent dans les grottes, témoigne de tassements souterrains généralement dus
- au travail d’eaux courantes (connues ou non) (pii continuent leur travail de sape.
- Quant à retrouver le cours du ruisseau, comme l’espère M. Galon, cela me paraît bien aléatoire et subordonné au pur hasard ; on ignore l’épaisseur du cône de débris; elle peut mesurer plusieurs décamètres. Et la calcite, si dure à crever, a muré absolument toute la circonférence inférieure du gouffre; vainement on a brisé déjà en quelques points ce revêtement obturateur. Son bouchon n’a livré aucune solution de continuité suffisante pour continuer l’exploration. Rien ne laisse préjuger en quel point il y a plus de chance de parvenir à une galerie accessible. J’ajoute que, selon toute vraisemblance, c’est seulement dans une direction, celle (tout à l'ait ignorée) de l’amont du courant qu’un ample couloir risque d’exister; à l’aval, dans des assises plus résistantes, moins fissurées, des rétrécissements ont dû faire obstacle à l’échappement de l’eau, puisque celle-ci s’est mise en pression assez forte pour creuser le gouffre, vraisemblablement au point d’intersection de cassures propices. L’expérience a établi que, presque toujours, les vastes salles de cavernes se trouvent ainsi en amont de passages étroits, où les courants souterrains étaient obligés à des siphon-nements, à des conduites forcées en avant desquels, par conséquent, ils se mettaient énergiquement et furieusement en charge, au détriment des zones les plus fissurées de leur prison de pierre.
- En résumé, le gouffre de Proumeyssac est un regard inachevé, et en partie rebouché, sur un courant souterrain enfoui, très hasardeux et très coûteux à rechercher. La température des ilaques d’eau ou petits bassins entretenus par les suintements des voûtes sur les dépressions de la stalagmiLe est de 12°,5 C. E.-A. Martel.
- LES MOMIES D’ANIMAUX EN ÉGYPTE
- L’originale habitude qu’ont eue très anciennement les Égyptiens de-momifier tout ce qu’ils rencontraient, hommes et bêtes, a fourni à la zoologie comme à l’histoire de la pensée humaine des documents précieux, que l’on commence seulement à utiliser. Depuis plusieurs années, le D1' Lortet, de Lyon et M. C. Gaillard ont, dans une série de campagnes de fouillesprecueilli’* des matériaux, sur lesquels ils ont publié diverses études remarquées dans les Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon. Laissant de côté les résultats de ces explorations relatifs à la préhistoire, nous allons seulement montrer, ce qu’elles nous apprennent : d’une part, sur la momification des animaux chez les Égyptiens, et, de l’autre, sur l’examen zoologique et histologique de ces bêtes, auxquelles on a pu demander, non seulement si elles avaient évolué depuis cinq ou six mille ans, mais aussi de quelle maladie elles étaient mortes et dans quelles conditions elles avaient vécu.
- Pourquoi les Égyptiens avaient-ils commencé à
- momifier hommes et animaux? C’est encore une question obscure. Ils ne l’avaient pas toujours fait. On a reconnu qu’aux époques les plus archaïques, les corps devaient être d’abord abandonnés à la putréfaction, soit sur des branches d’arbres entassées, soit simplement sur le sol, comme le l'ont encore aujourd’hui les moines du mont Sinaï; après quoi, les os décharnés étaient recueillis dans la tombe définitive, avec un mobilier funéraire. Parfois aussi on gardait, dans des jarres, les corps desséchés et entourés de peaux de gazelles cousues, sans aucune trace de bitume (fouilles de Roda) : les étoffes ayant été seulement trempées dans du natron (carbonate de soude), substance fournie par.le sol égyptien. Enfin, dans certains cas, le simple dépôt dans le sable du désert, sans aucun badigeonnage, a donné de véritables momies, dont la peau est presque toujours merveilleusement conservée, ainsi que certaines parties du système nerveux périphérique. Ne serait-ce pas, dès lors, la nature elle-même qui, en mon-
- p.42 - vue 46/647
-
-
-
- LES MOMIES D’ANIMAUX EN ÉGYPTE
- 43
- Irant aux premiers Egyptiens de tels résultats de conservation accidentels, leur aurait donné l’idée de perfectionner plus tard le procédé, pour satisfaire
- un peu le besoin instinctif qu’a l’homme de prolonger ce <j ni doit disparaître? 11 est à remarquer que la momification proprement dite exige du bitume : substance que l’on ne trouve pas dans la vallée du Nil et qu’il a fallu l'aire venir, soit de la mer Morte, soit de la mer Kouge. Or les premiers Egyptiens étaient des Africains, contrairement à ce qu’on a enseigné longtemps (non des Asiatiques), et M. Loriot croit même retrouver leurs descendants directs dans les Coptes d’Assouan; ils n’avaient donc aucune raison d’être renseignés sur ces substances d’origine asiatique, qu’ils n’ont, en effet, connues que relativement tard.
- Quand s’est constituée la religion égyptienne avec ses mythes bien connus et le rôle de ce qu’on appelle le Double, on a commencé bientôt à momifier, non pas seulement des hommes, mais aussi des animaux sacrés (sur lesquels nous allons revenir) et, en même temps, d’autres animaux destinés à fournir à ces dieux-bêtes une nourriture posthume, analogue à celle qu’ils avaient appréciée de leur vivant: par exemple, des musaraignes momifiées par paquets pour être ensevelies avec les oiseaux de proie sacrés. Ce qu’il y a de curieux, c’est que, peu à peu, la momification, d’abord destinée aux seuls animaux sacrés, a été étendue de plus en plus (vers le temps de la conquête perse), à la plèbe des animaux analogues, dans lesquels on n était probablement pas bien sûr qu’il n’v eût pas un dieu incarné. Et, de cette manière, se sont constitués des cimetières d’animaux, à côté desquels le fameux cimetière parisien des chiens, dans Elle de la Grande-Jatte, ferait piètre figure : cimetières que l’on a exploités industriellement, dans ces dernières années, comme une source, non pas de bibelots archéologiques, mais simplement d’engrais chimiques. 11 y en avait de séparés pour les chats, d’autres pour les chiens, pour les poissons, les gazelles et les éperviers, les singes, les ibis, beaucoup pour les bœufs, etc.
- Quand on a commencé à examiner ces momies en les dêmaillolant, on a rencontré des choses bien singulières: par exemple, des mélanges confus d’os
- dépareillés, magnifiquement enveloppés dans un réseau de bandelettes, auquel on avait donné la forme d’un bœuf (fig. 2); ou bien, dans une momie à l'orme de chèvre, une profusion de vertèbres et de plaques osseuses de crocodile, largement arrosées de goudron pour les faire adhérer, etc. Mais les plus intéressantes de ces momies sont naturellement celles des animaux sacrés, aisément reconnaissables au luxe de leur tombeau et de leur mobilier funéraire, momies dont nous reproduisons quelques types d’après M. Lorlet.
- Ce sont, par exemple (fig. 1), les singes cynocéphales, en lesquels s’incarnait Anubis et qui, on le sait, gambadant sur la montagne au coucher du soleil, entraient, avec la barque d’Osiris, dans les profondeurs de la terre pour accompagner le mystérieux voyage des âmes. Ces singes ont été momifiés dans une pose hiératique, assis sur les fesses, les genoux relevés à la hauteur de l’ombilic, les avant-bras posés sur les genoux, avec les mains étendues en avant, le museau horizontal, la queue tournant sur le. côté droit du siège et ramenée sur le pied droit. Quelquefois un globe oculaire artificiel en toile peinte, introduit sous les paupières supérieures, donne à l’animal une apparence de vie extraordinaire. Par une bizarrerie inexpliquée, on leur mettait parfois, sur la face, un masque humain en cire verdie, à physionomie très personnelle, dont on a retrouvé de nombreux spécimens dans la vallée des Singes. Comme je le disais en commençant, on a interrogé ces singes avec une indiscrétion semblable à celle dont le l)1 Cabanès a usé pour les personnages de l’histoire, et leur conservation était telle, qu’on a
- pu examiner leurs lésions organiques, comme s’ils venaient de mourir. On s’est ainsi demandé si quelques-uns n’auraient pas contracté des maladies propres à l'homme dont, jusqu’à ces derniers temps, les singes passaient pour exempts; mais surtout on a
- p.43 - vue 47/647
-
-
-
- 44 - MOTEUR A PARAFFINE POUR SOUS-MARIN
- constaté, chez la plupart, les symptômes les plus fâcheux du rhumatisme (de l’arthrite sèche) engendrée, malgré le climat de l’Egypte, par le séjour en captivité dans un endroit humide et sombre, végétations osseuses autour des grandes articulations, soudures des vertèbres dorsales, etc. Beaucoup aussi étaient tuberculeux. Ces symptômes fâcheux, retrouvés chez les animaux sacrés des autres espèces, béliers, etc., rapprochés de ce que raconte Hérodote, permettent de reconstituer la triste vie que menaient ces animaux adorés comme divinités : vie glorieuse et entourée d’honneurs, mais sédentaire et prisonnière dans l’ombre des'temples.
- Une autre de nos figures, (5) représenté**un bélier sacré. Ces béliers avaient parfois de véritables sarcophages en pierre, comme les bœufs Apis retrouvés par Mariette au Sérapeum. On sait que, sous la forme du bélier, les Egyptiens adoraient, en lui don-
- FifO 3.
- IliHiei' sa en* di> l'ile (l’KIdpliaiHiiip.
- liques, disque sacré, scarabée, cynocéphales en adoration, etc., puis un masque et une sorte de couvre-nuque protégeant le cou.
- Enfin, dans l’ile d’Eléphantine, on a trouvé aussi des veaux momifiés (fig. 2), dont la tête a été en quelque sorte modelée avec des ciblions remplaçant les parties molles, des linges figurant les cornes. La bouche, les narines, les yeux étaient figurés par de fines bandelettes jaunes et noires; le triangle sacré des bœufs Apis, représenté en étoffe blanche, avait été appliqué sur le front.
- J’ai dit en commençant que l’étude de ces animaux avait permis de rechercher si quelque évolution s’était produite dans la faune égyptienne pendant une période, historiquement bien datée, de 6 ou 7000 ans. Le résultat a été négatif. Chiens, chats, bœufs, moulons, oiseaux, poissons, crocodiles, etc., appartiennent à des espèces encore vivantes. Seul,
- nant le nom de Khnoum, le dieu Ammon, devenu plus tard cher aux géologues par ses cornes enroulées qui ont donné leur nom aux ammonites. Les béliers étaient, eux aussi, momifiés dans une pose hiératique, agenouillés, les jambes antérieures et postérieures repliées sous le corps, la queue ramenée sur le côté gauche. Deux planchettes de bois étaient placées, l’une sous l’animal, l’autre debout soutenant la tête. Une gaine de carton doré les entourait, composée de trois pièces : un plastron couvert de dessins symbo-
- l’ibis avait des jambes plus longues; ce qui a fait supposer qu’il avait pu aller chercher sa nourriture dans des marais aujourd’hui disparus. On a remarqué, d’autre part, que le climat de l’Égypte paraissait, d’après les représentations figurées et les documents écrits, avoir très peu changé dans la même période et on en a conclu que l’absence de transformation dans la faune était la conséquence
- L. De Laünay.
- de cette fixité.
- MOTEUR A PARAFFINE POUR SOUS-MARIN
- Les moteurs à explosion employés industriellement tirent en général leur énergie de l’explosion d’un mélange d’air et de gaz, ou d’un mélange d’air et de vapeurs fournies par un liquide aisément vola-tilisable : essence de pétrole ou alcool. L’idée d’employer dans des moteurs de ce type un corps solide, comme la paraffine, à la place d’essence ou de gaz,
- peut donc sembler au premier abord quelque peu surprenante. C’est cependant ce qui vient d’être réalisé par une maison de construction anglaise bien connue de MM. Thornycroft et C°, pour deux sous-marins de 550 chevaux destinés à la marine italienne.
- La paraffine est un produit de la distillation du pétrole brut: on sait qu’au cours de cette opération,
- p.44 - vue 48/647
-
-
-
- : MOTEUR A PARAFFINE POUR SOUS-MARIN -v:. ' 45
- on obtient tout d’abord des builes légères, vapori-sables à basse température, parmi lesquelles l’essence des automobilistes, puis les builes destinées
- pétrole brut, qui iburnit à nos élégants véhicules, l’essence, leur aliment indispensable. La production des builes lourdes et de la paraffine s’est également
- Fig. 1. •— Vue nionlraiil le vaporisateur.
- à l’éclairage, et enfin les huiles dites paraffineuses; celles-ci distillent à une température de 200° environ ; après condensation, on en sépare des builes lourdes,
- accrue, au point de rendre difficile l’écoulement de ces sous-produits. Il est donc intéressant de pouvoir les utiliser à leur tour comme source d’énergie mc-
- employées au graissage industriel, et un résidu solide qui constitue la paraffine proprement dite.
- Aujourd’hui les exigences de l’automobilisme ont donné une extension considérable à la distillation du
- trice, vraisemblablement plus économique que l’essence.
- Mais ce n’est sans doute pas cette considération qui a guidé le choix de la marine italienne : la parai-
- p.45 - vue 49/647
-
-
-
- 46 ~....... ...... - ACADÉMIE DES SCIENCES
- line présente, pour un sous-marin, le précieux avantage d’ètre d’un maniement aisé et sans danger tout en offrant un rendement satisfaisant.
- L’organe essentiel et distinctif d’un moteur à parafline est celui où s'effectuera la volatilisation du combustible ; la température atteinte dans ce vapo-riseur doit être assez élevée, de 200° environ, d’autre part, il est nécessaire qu’elle puisse être réglée à volonté suivant la qualité du combustible employé : c’est là un point fort important si l’on tient à éviter les dépôts de goudron et l’encrassage des appareils.
- Le moteur est mis en marche tout d’abord avec du pétrole : ces gaz d’échappement viennent en partie
- La machine représentée sur nos ligures comprend 2 unités de 4 cylindres chacune, boulonnées sur le même bâti; l’arbre moteur du sous-marin est donc commandé par 8 manivelles. La vitesse est de 550 tours par minute. Les soupapes d’admission et d échappement sont actionnées par des leviers oscillants qui reçoivent leur mouvement d’un arbre à cames tournant à une vitesse moitié moindre; cet arbre est placé près de la partie supérieure des cylindres et commandé par des engrenages.
- Un ventilateur aspirant refroidit continuellement les pistons et les manivelles. Les coussinets de l’arbre-manivelle et la partie inférieure du carter
- Fig. 3. — Vue en projection horizontale.
- circuler autour du tube en U qui forme le vaporisateur et le portent à la température voulue : un robinet réglable permet; de graduer la proportion des gaz admis auLour du vaporisateur et de régler la température à volonté.
- Quand le vaporisateur a été suffisamment chaufié, on ferme le robinet par lequel s’opère l’admission du pétrole, et on ouvre celui de la paraffine. Cette substance se réduit en vapeurs et le fonctionnement devient dès lors analogue à celui d’un moteur ordinaire.
- sont munis d’une circulation d’eau assurée au moyen d’une pompe centrifuge, à commande séparée.
- De grandes portes ménagées dans le carier permettent d’examiner aisément la machine, sans démonter les cylindres; ce qui est fort important pour un sous-marin.
- Les essais ont montré que le moteur consommait par cheval-heure 0,528 kg de paraffinePhébus, d’un poids spécifique de 0,820, 0,100 kg d’eau, et 50 gr. d’huile. La puissance développée fut de 314 chevaux. Le démarrage exigea 14 kg de pétrole. A. Diîssol.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 9 juin 1908. — Présidence de M. Becquerel.
- Le planemenl des oiseaux. — M. Giàrd, dans la séance du 2 juin, avait présenté une Note de M. Amand sur le planemenl des oiseaux. Celle Note avait le caractère d’une étude sur les expériences sur la question. M. Marcel Deprez croit devoir rappeler que depuis un mois il a réussi à réaliser le planemenl stationnaire d’un corps dans l’espace sous l’eiî'el d’un courant d’air incliné.
- Les constructions et les tremblements de terre. --M. Montessus de Ballore, chef du service sismographique au Chili, développe dans une Note les principes suivant lesquels il convient d’édifier les constructions dans les pays exposés aux tremblements de terre. Dans ces pays, si le
- sol est dur, il est le siège de mouvements vibratoires et ondulatoires rapides dont l’amplitude est en général de 0,25 m. et la vitesse de 4 m. Au contraire, si le sol est mou, la distance de crête à crête est 10 m. au moins, la hauteur des crêtes dépasse 1 m. et la vitesse de propagation atteint quelques dizaines de mètres. Les constructions se trouvent, au point de vue mécanique, dans les conditions des navires soumis aux efforts des vagues. L’auteur donne des règles de sécurité. En ce qui concerne les constructions élevées suivant les anciens principes, il observe qu’elles résistent dans la proportion de 90 pour 100 lorsqu’elles sont solidement édifiées. Ce sont les constructions légères qui s’écroulent.
- p.46 - vue 50/647
-
-
-
- ACADEMIE DES' SCIENCES 47
- Le réglage des groupes électrogènes, — M, Leauté présente un mémoire de M. Koutin, ingénieur à Lyon,, sur le réglage des groupes électrogènes. Ce réglage est actuellement très imparfait. Un groupe électrogène est formé d’une partie mécanique, le moteur, et d’une partie électrique, la dynamo. Mais, quand on a réglé la vitesse du moteur et la tension de la dynamo, on n’a pas réglé le groupe parce que la vitesse et la tension ne sont pas indépendantes l’une de l’autre. L’une réagit sur l’autre.
- Phénomène de catalyse. — M. Lemoine présente une Note de M. l’abbé Genderens, dans laquelle l’auteur expose le résultat de ses nouvelles recherches sur les actions catalytiques. Celte Note est spécialement consacrée au pouvoir de l’alumine desséchée. Elle se distingue, sous ce rapport, de l’alumine fortement calcinée. L’alumine desséchée décompose fortement la vapeur d’éther en le déshydratant et eq donnant de l’éthylène. De môme, avec les vapeurs d’acide acétique, il y a déshydratation et production d’acétone. Enfin, avec l’acide oxalique solide,
- l’alumine desséchée donne facilement de l’eau, de l’oxyde de carbone et de l’acide carbonique.
- Le bouquet des vins. — M. Roux dépose une Note de M. Rosenstiehl relative au bouquet des vins. La substance de ce bouquet est fournie par le cépage. Celui-ci transforme une matière antophore non encore isolée et qui est sans doute différente pour chacun. La nature produit, dans toutes les expositions, des raisins contenant la substance antophore, mais elle ne produit que dans des expositions privilégiées la levure capable d’agir sur la substance antophore. D’où il résulte que la différence de bouquet entre un grand cru et un cru ordinaire ne tient pas autant à la qualité du raisin qu’à celle de la levure qui y croît spontanément. Au point de vue chimique, on peut se figurer que la substance antophore présente une composition analogue à celle de l’amyg-daline qui se dédouble sous l’intluence d’un ferment soluble en principes odorants : l’acide cyanhydrique et l’essence d’amandes amères.
- Séance du i5 juin 1908. — Présidence de M. Becquerel.
- Action catalytique du zinc. — M. Lannelongue présente un travail de M. Joseph Mendol sur l’action de l’ion /inc dans les milieux à microbes. Le chlorure de zinc a été mis à contribution, depuis longtemps, comme un antiseptique puissant et M. Lannelongue l’a préconisé et employé avec succès dans les ; traitements des osléo-arthrites tuberculeuses, à l’aide d’une méthode nouvelle qu’il a nommée sclérogène, très suivie depuis scs travaux. Or il résulte des nombreuses expériences de M. Mondel que l’action électrolytique de l’ion zinc rend, par la formation du chlorure de zinc, le milieu impropre à la végétation bactérienne. La stérilisation du milieu explique alors la guérison des maladies.
- L'élasticité vasculaire. — M. Lannelongue présente ensuite une Note de M. Arthaud sur l’élasticité vasculaire. Celle-ci peut être facilement mesurée chez l’homme et le calcul montre qu’elle est en raison inverse du produit de la pression par le nombre de pulsations. Elle est liée à la tonicité du cœur et tend à prendre une moyenne fixe, variable seulement dans des lipides restreintes en l’état normal, selon les conditions de repos, de travail ou de milieu. Elle se conserve assez bien dans les maladies fébriles sans lésions organiques. Dans les maladies chroniques elle tend toujours à s’altérer profondément.
- Le développement du périmètre thoracique. — M. d’Arsonval présente une Note de M. Marage, relative à une méthode de développement de la cage thoracique. Chaque année un grand nombre de conscrits sont ajournés pour faiblesse de constitution due souvent à un périmètre thoracique insuffisant. M. Marage a pensé que les trois exercices respiratoires dont il a donné la description en novembre dernier, et qui avaient pour objectif de développer l’énergie de la voix, .devaient en môme temps développer la capacité pulmonaire. Des expériences ont été faites pendant 6 mois à l’école primaire de garçons de la rue Cambon. Sur 180 enfants, âgés de 0 à 14 ans, dès le premier mois 011 pouvait constater une augmentation de tour de poitrine, variant de 2 à 6 centimètres, suivant les sujets. Au bout de 6 mois cette augmentation
- si dans toutes les écoles on consacrait, à la lin de chaque récréation, 10 minutes par jour à des exercices respiratoires, on ne verrait plus d’enfants voûtés ou avec les omoplates saillantes. En outre, ils seraient plus gais et mieux portants. Les élèves font d’ailleurs ces exercices avec plaisir et ne les considèrent point comme des corvées.
- Exploration arctique. —- S. A. le prince de Monaco expose les travaux poursuivis au cours de la dernière croisière qu’il a exécutée durant l’été dernier dans la ré-, gion du Spilzberg: L’invasion de glaces par l’est a entravé cette campagne qui, d’autre part, a été contrariée par le brouillard. Un lancer de ballons a eu lieu du 22 au 27 juillet, de manière à prendre part à l’opération même tentée à cette époque dans diverses régions de l’Europe. Avec peine quelques ballons captifs ont pu être envoyés jusqu’à une hauteur de 5000 m., quelques petits ballons libres non chargés d’instruments ont pu s’élever à 7000 m. L’hydrographie de la région a été poursuivie avec un plein succès, les résultats obtenus de ce côté sont aussi complets que satisfaisants. Quelques observations de botanique ou de géologie ont pu être eüêctuées; de même les recherches habituelles sur le plankton ont été opérées. L’expédition a rencontré un poisson qui se trouve ordinairement avec la morue et qui avait disparu des environs du Spitzberg en même temps que la morue, il y a 30 ans. Des baleiniers ont affirmé avoir rencontré des morues en abondance. Enfin un renard bleu ayant été capturé, cet animal a pu être ramené dans les domaines du prince, où l’on a constaté qu’à l’approche de l’hiver son pelage virait au blanc.
- Spectroscopie des métalloïdes. — M. Haller présente une Note de M. de Grammont, dans laquelle l’auteur expose que les métalloïdes doivent être classés en deux groupes au point de vue de la sensibilité à l’analyse spectrale : l°les métalloïdes donnant un spectre d’arc et qui, dans les différentes conditions électriques, donnent des raies ultimes ou de grande sensibilité ; 2° les métalloïdes ne donnant ni de spectre d’arc ni raies de grande sensibilité. Cil. D15 VlLLEDEUlL.
- varié entre G et 12 centimètres. L’auteur pense que
- p.47 - vue 51/647
-
-
-
- 48
- L’ÉLECTRICITÉ AU CAPITOLE
- C’est du Capitole de Washington qu’il s’agit ici. Emprunté à la Rome antique, ce nom désigne, sur les rives du Potomac, l’ensemble des édifices occu-
- comporlenl que des lettres capitales, elles dix chillres. Les mots et les phrases épelés sur ce transmetteur par l’opérateur sont imprimés simultanément sur les rouleaux de papier d’un nombre illimité de récepteurs disposés dans toute l’étendue du Capitole.
- Un dispositif spécial permet une manipulation extrêmement rapide. La roue portant les trente-six caractères est contrôlée par une roue d’échappement qui n’a que dix-huit dents, ce qui évite à la première de décrire, en tournant, de trop longs arcs de cercle. Actionnée par un relai polarisé qui contrôle la roue d’échappement, la roue à caractères prend, par rapport à la platine, une position qui met celle-ci à mi-distance entre deux caractères dont l’un doit être imprimé. Grâce à une roue d’alignement montée sur la même tige ([ue les deux autres roues, l’impulsion exprimée par la louche que manipule l'opérateur lait tourner la roue-à-caraetères dans l’un ou l’autre sens en lui faisant décrire un 72e de révolution, présentant ainsi le signe
- Fig. i. — Un membre de la Chambre des Représentants prenant connaissance, dans son bureau particulier, du compte rendu de la séance.
- IV* 2! * “**$•!
- - ^ %rr**
- , * * . ,
- " *•>' '.n< i ««*4* '&
- pés par les Ministères et par les deux chambres législatives. Celles-ci se trouvaient à l’étroit dans leurs anciens locaux, d’où la nécessité, qui parut pressante aux Parlementaires américains, de construire une immense annexe où se réunissent les commissions, et oit chaque député est devenu le titulaire d’un private office qui lui sert à recevoir scs amis et ses électeurs, deux mots qui ne sont pas toujours synonymes en politique.
- Pourvus d’un bureau confortable, les représentants ne se tinrent pas pour satisfaits. L’éloignement relatif de la salle des séances — 400 mètres pour les bureaux les plus distants — les empêchait de suivre les débats, quand les travaux de commission les retenaient dans l’annexe. Et l’on mit à l’essai l’appareil imprimeur électrique dont nos photographies montrent le fonctionnement.
- Le transmetteur est peu encombrant. 11 consiste' essentiellement en un clavier semblable à celui d’une machine à écrire ; mais les touches, beaucoup plus larges, sont disposées en un double cercle ; elles ne
- Fig. 2. — Un huissier du Capitole transmettant un compte rendu.
- choisi à la platine. Un appareil récepteur est placé sous les yeux de l’opérateur, qui peut par conséquent lire les phrases qu’il transmet et corriger ses erreurs ou omissions. Y. Forbin.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laulbe, rue de Flcurus, P.
- p.48 - vue 52/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1831,
- MISE EN MARCHE AUTOMATIQUE DOUÉ
- POUR LES MOTEURS A EXPLOSIONS
- 27 JUIN 1908.
- u/SHiuoTrôiirtsa
- \ çsi
- Ce problème de la mise en marche automatique des moteurs est. l’un des plus étudiés parmi tous ceux (pie soulève encore l'automobilisme.' N’est-ce pas un non-sens, en effet, que d’être toujours obligé de s’époumoner sur une manivelle pour mettre en route un engin aussi parlait à tous les points de vue que les moteurs construits de nos jours? Ce desideratum a été solutionné de plusieurs manières, parfois pratiquement, mais presque toujours avec le
- par exemple (numérotés à partir de l’avant), calés a s: 180° et dont les explosions se suivent, il faut, pour le fonctionnement à l’air comprimé qu’une soupape d’aspiration soit ouverte dans un de ces deux cylindres tandis que la soupape d’échappement le sera dans l’autre; en un mot que ces deux cylindres fonctionnent à deux temps pour l’usage de l’air comprimé.
- Ce résultat est obtenu par un dispositif spécial
- 1. Tige do la soupape. — 2. Moteur pourvu de la mise en marche automatique. — 3. Équilibreur. 4. Soupape d’obturation. — 5. Compresseur.
- concours d’organes compliqués. Ce reproche ne s’adresse pas au procédé Doué, bien que les explications nécessaires paraissent assez longues.
- Le système est applicable à tous les moteurs à explosion à quatre ou six cylindres ; il en utilise la moitié, en les isolant momentanément du carburateur, pour les faire fonctionner, au départ, comme moteur à air comprimé à simple effet jusqu’à ce que les explosions se produisent normalement dans les autres cylindres.
- Un moteur à quatre cylindres s’arrête toujours en laissant son arbre vilebrequin dans une position horizontale ; les. pistons demeurent donc à moitié de leur course dans les cylindres. Par conséquent il y a toujours deux pistons dans leur course descendante et deux dans leur course ascendante. Si l’on veut utiliser pour le lancement les cylindres 5 et 4, 36° aimée. — 2° semestre.
- ajouté aux cames des deux cylindres considérés. Sur le bord même de chacune des cames une rainure, de 3 mm. environ de largeur sur 2 de profondeur, a été pratiquée sans que cette rainure puisse modifier en quoi que ce soit le profil total de la came, lequel doit constamment agir d’après le cycle à quatre temps. Cette came a donc reçu, en réalité, un nouveau profil qui lui permet de fonctionner à deux temps lorsque cela est nécessaire. Le galet qui termine la tige de commande de la soupape doit alors pouvoir se prêter au nouveau service que l’on demande à la came; dans ce but, il a été diminué au tour, jusqu’à 1 mm. environ de son axe, sur une largeur de 5 mm. correspondant ainsi à celle de la rainure dont nous avons parlé. Dans, cet évidement on ajoute un taquet A (fig. 1) dont le bord inférieur, en temps normal, demeure à la même hauteur que
- 4. — 49
- p.49 - vue 53/647
-
-
-
- 50 ' _.. MISE EN MARCHE AUTOMATIQUE DOUE
- le galet. 11 est pourvu de deux petites tiges 1 1' capables de coulisser librement dans l’embase dn galet lorsque, par une commande appropriée, on agit sur elles. Cette commande est constituée par un manchon lait de deux pièces B B' posées l’une sur l’autre suivant un profil en forme de pas de vis ; de plus une goupille T empêche B' de tourner et de remonter. Si nous faisons tourner la partie B de un quart de tour environ, B' descendra, poussera les tiges I F de la pièce A qui descendra sur la partie évidée de la came. Le cycle à deux temps sera obtenu dans le cylindre dont la soupape est ainsi commandée par une sorte de double came à quatre temps, les bossages de cette came étant opposés.
- Le manchon B qui entoure la tige de la soupape est actionné par l’air comprimé de la façon suivante : un réservoir d’air comprimé envoie cet air sur un petit piston N (11g. 2) terminant un arbre pourvu de deux poussoirs (un pour chaque siège de soupape) qui obligent les deux manchons à tourner en faisant descendre ceux placés en dessous qui, à leur tour, obligent leurs taquets à s’appuyer sur l’évidement de leurs cames respectives. La soupape d’aspiration du cylindre 5, par exemple, dont le piston est au milieu de sa course descendante, est ouverte de 2 mm., tandis que dans le cylindre 4, dont le piston est au milieu de sa course ascendante, la soupape d’échappement est également soulevée.
- L’air comprimé se précipite par le tube T (11g. 2), emplit l’équilibreur P dont nous parlerons plus loin, passe par de petits orifices ménagés à cet effet dans le guide soupape, pour arriver dans la chambre commune d’admission 1) dont la communication avec le carburateur est interrompue par la soupape S, appliquée sur son siège par un très léger ressort et la pression de l’air comprimé. Cet air pénètre dans le cylindre 5 par la soupape d’admission ouverte en même temps que dans l’équilibreur P et chasse le piston qui était au milieu de sa course. Au temps suivant, l’air agit sur le piston 4 pendant que le piston 3 expulse par la soupape d’échappement l’air ayant travaillé, et ainsi de suite.
- Pendant ce temps les cylindres 1 et 2 aspirent dès le premier tour directement au carburateur par la tubulure M et fonctionnent normalement. Le moteur parti, on ferme le robinet F qui commande l’arrivée de l’air comprimé et un ressort ramène le taquet à sa position de repos, la soupape S étant constamment maintenue ouverte dès la première aspiration de l’air carburé.
- Parlons maintenant de l’équilibreur. Pendant la mise en marche du moteur le cylindre, dont le piston effectue sa course motrice sous l’action de Pair comprimé, doit avoir sa soupape d’aspiration ouverte pendant cette période seulement, tandis qu’elle doit être fermée pendant l’échappement afin d’éviter la contre-pression qui empêcherait le piston de remonter tout en occasionnant des pertes d’air comprimé. L’air comprimé ne doit donc exercer aucune pres-
- sion utile sur la face inférieure de la soupape d’admission qui se soulève seulement sous l’action des cames. Afin d’obtenir ce résultat, on a disposé autour de la partie inférieure du guide-soupape un tube cylindrique P (fig. 5) de diamètre un peu supérieur à celui du ressort et ayant sa circonférence de base égale à celle de la soupape d’admission K. Deux rondelles maintiennent un cuir embouti étanche B qui peut glisser à frottement doux de quelques millimètres (hauteur de la levée des soupapes) dans la partie inférieure du tube P. Rappelons enfin que le guide-soupape est percé de petits orifices qui mettent en communication l’intérieur de P avec la chambre d’admission.
- Dès que le robinet F est ouvert, l’air exerce une pression déterminée sur la base de la soupape K en même temps qu’en B s’exerce une pression égale, mais de haut en bas ; les deux pressions s’annulent donc et la soupape d’admission se comporte comme une soupape ordinaire fonctionnant à deux temps sous l’action des cames et du ressort. Puis le robinet F étant fermé, la soupape fonctionne normalement à quatre temps, le cuir embouti n’étant plus appliqué par la pression sur la paroi de P.
- La soupape d’obturation S que représente notre 4e figure s’applique dans le cas des cylindres séparés ; la bride C D se lixe directement sur les parois de la chambre d’admission ; on appuie sur une pédale qui actionne le levier L et la soupape vient reposer sur son siège. Dès que l’on abandonne la pédale le levier appuie sur la tige et maintient la soupape constamment ouverte. Remarquons que l’espace annulaire ménagé autour de la soupape ouverte est égal à la section du tube d’arrivée du carburateur.
- 11 nous reste à parler du compresseur d’air qui évite l’emploi de récipients à air comprimé ou à acide carbonique dont sont munis certains dispositifs de mise en marche et qui sont soumis à l’inconvénient de la recharge à l’usine spéciale. C’est une petite pompe actionnée par le moteur que deux coussinets C C' maintiennent sur l’arbre d’embrayage, entre le ressort de ce dernier organe et la boite des vitesses. Ces coussinets font corps avec le cylindre et encadrent un excentrique E fixé sur l’arbre moteur au moyen d’une frette placée à chaud sur l’excentrique même. Le corps du cylindre est muni d’ailettes ; à sa partie supérieure il porte deux clapets E C et A C où vient s’ajuster la tuyauterie. Un petit levier L commandé par un ressort P peut, dans un mouvement de bascule, ouvrir la soupape d’aspiration afin d’éviter toute contre-pression qui empêcherait le piston de remonter lors du débrayage. A la base du piston est en outre fixé un galet G, assez volumineux, susceptible d’entrer en contact avec l’excentrique ; ce contact s’opère en actionnant un levier qui commande cet embrayage spécial par l’intermédiaire d’un cliquet.
- L’arbre moteur entraîne constamment l’excentrique E. Dès que le contact a été établi entre l’excentrique et le galet en actionnant le levier spé-
- p.50 - vue 54/647
-
-
-
- ..----------------- . ' L’EAU PURE
- ci al, la came pousse le piston dans l’intérieur du cylindre; au moment où le piston est à fond de course, la came l’abandonne, mais il est ramené par deux forts ressorts intérieurs, disposés de part et d’autre du cylindre, afin de produire l’aspiration.
- L’air comprimé par cet appareil est dirigé dans un réservoir d’acier de 5 à 4 mm. d’épaisseur, capable de donner toute sécurité, et que l’on assujettit à l’arrière de la voiture en un endroit peu encombré. Un manomètre branché sur la canalisation entre le compresseur et le réservoir, et placé sous les yeux du conducteur, indique constamment à ce dernier la pression à l’intérieur du réservoir qui doit être maintenue à 5 kg. Enfin on peut actionner le compresseur pendant la marche de la voiture sans nuire en rien à la vitesse ; la mise en pression de
- L’EAU PURE
- Il est désormais établi qu’en région calcaire, même peu habitée, la pureté microbiologique des sources est toujours suspecte : trop vite enfouies ou ruisselantes, surtout en terrain déboisé, les eaux de pluie colligent dans les résurgences, sans les filtrer au passage, les microbes pathogènes et autres des couches superficielles du sol.
- On sait, d’autre part, que la teneur bactériologique de l’air décroît avec l’altitude, la latitude et l’éloignement des terres : au centre des Alpes, au Spilzberg, en pleine mer, l’air est microbiologique-ment pur. Au contraire, dans le sol superficiel des régions basses et surtout peuplées, les microbes, et en particulier les pathogènes, pullulent.
- Toutefois, des sols montagneux et désertiques renferment aussi certains microbes. On a trouvé des nitrobactéries dans le sol des Andes et dans celui du Pic du Midi de Bigorre (2877 m.).
- Voici comment s’explique cette anomalie : Au Pic du Midi, et vraisemblablement au voisinage de tous les hauts sommets, tous les vents un peu forts sont ascendants (E. Marchand) : dès lors, on conçoit que les brassages aériens violents, si fréquents aux hautes altitudes, puissent y semer les germes puisés, en bas, dans les vallées ou les plaines. Les uns, abrités dans les interstices du sol, y élaboreront une nitrification rudimsntaire, comme l’ont constaté MM. Müntz et Aubin au Pic du Midi. D’autres, et principalement les pathogènes, n’y trouvant pas d’habitats appropriés, disparaîtront ou se transformeront peut-être.
- 11 est toutefois des cas où le dogme consacré de la pureté des eaux en montagne1 non calcaires et même peu habitées, doit être tenu en suspicion légitime.
- Le haut Adour circonscrit la plus grande partie du massif schisto-cristallin du Pic du Midi. Quelques agglomérations et de nombreuses habitations isolées se disséminent en amont de la charmante station
- 1 Voir : Élaboration des sources par les montagnes et les 4'orêts : La Nature, n° 1734 du 18 août 1906.
- DES ALPAGES r=^=^=-.:— 51
- l’air ne nécessite par conséquent aucune dépense.
- En somme, malgré la place prise par nos explications, on peut dire que ce nouveau dispositif est très simple. 11 possède, en outre, l’avantage appréciable de mettre à la disposition du conducteur une réserve d’air comprimé que l’on pourra utiliser non seulement pour l'aire partir le moteur, mais aussi pour goniler les pneumatiques. Enfin une vanne spéciale, ouvrant une canalisation sur l’huile, constitue une application qui supprime l’emploi si désagréable d’une pompe à main.
- Un tel système est donc appelé à mettre à la disposition du conducteur la force motrice nécessaire à divers usages, lesquels, sans lui, ne peuvent s’effectuer qu’au prix de réelles l'atigues.
- Lucien Fournier.
- )ES ALPAGES
- thermale de Bagnères-de-Bigorre, à l’altitude de 550 m. et remontent jusqu a plus de 1100 m. Les populations sont essentiellement pastorales et bûcheronnes. Chaque ménage occupe sa métairie avec grange et étable, éventées et insolées. Un semis de granges à fourrage prolonge à l’amont les métairies du thalweg, jusqu’à des auberges-terminus d’où l’on gagne les cols. A proximité des hautes pelouses, de 1400 à 2000 m. d’altitude, sont installés des groupes de cabanes rustiques, autant que possible à portée d’un filet d’eau, où viennent estiver les bergers et leurs troupeaux, autochtones ou transhumants; ces derniers sont en grande partie constitués par des moutons. Chaque groupe forme un « cortail » (fig. 2 et 5). Pendant six mois de l’année, tout le monde est occupé dans les hautes pelouses ou dans les forêts.
- Or, la fièvre typhoïde est endémique dans cette population clairsemée de montagnards à la vie rude, active, mais saine. Un foyer se déclare ici ou là; il s’éteint, se rallume sans que la maladie disparaisse jamais longtemps. Sans doute, le montagnard obstiné ne possède aucune notion d’hygiène ; il peut y avoir contamination entre proches dans une même métairie; mais la persistance du mal, sporadiquement renaissant, a nécessairement une cause latente permanente.
- Qui s’aviserait cependant d’incriminer les eaux claires, fraîches et profuses des Pyrénées?
- Or, il y a quelques années, à la fin de l’été et encore en pleine saison thermale, une exploration géologique me conduisit avec un compagnon très localisé, sur les hautes pelouses du Pic du Midi. Après un déjeuner sommaire au bord d’une rigole d’arrosage aux eaux bruissantes, où nous nous étions amplement désaltérés, nous remontions cette rigole, quand tout à coup je vis ses eaux changer à vue d’œil ; elles devinrent jaunâtres, écumeuses et horriblement nauséabondes. Mon compagnon paraissait surpris démon étonnement, qui dura peu d’ailleurs. Nous arrivions au cortail de llount (fontaine) Blan-
- p.51 - vue 55/647
-
-
-
- 52
- L’EAU PURE DES ALPAGES
- que (Jig. 2) que j’avais maintes fois traversé à d’autres époques, et j’eus de suite le mot de l’énigme. En aval d’une retenue d’eau sommaire qui créait là un petit lac, un « laquet », les bergers du cortail avaient accumulé tout le fumier, la « baboule »,
- elles s’épanouissent dans mille rigoles ; mais elles y véhiculent aussi des cultures microbiennes en pleine virulence. Rien ne peut éveiller la méfiance des promeneurs, touristes, cultivateurs et montagnard altérés, parmi lesquels certains, plus ou moins déprimés physiologiquement, cueilleront là sans s’en douter les germes d’une affection sinon mortelle, vallée puisent
- très «rave
- toujours
- Les ménagères de la à même dans les collecteurs de ces rigoles, pour les usages domestiques. On cite bien l’épuration automatique des eaux de certains grands lleuves de l’Inde qui charrient des cadavres en putréfaction ; mais le cours de ces lleuves, puissamment insolé et très lent, n’est en rien comparable à celui des filets d’eau d’arrosage qui, en quel-
- Fig. 1. — Les bergers foulent et délayent la « baboule » dans les eaux du canal d’arrosage.
- que le troupeau avait produit durant l’estivage. Une saignée venait d’être ouverte dans la levée, à travers laquelle s’échappaient les eaux dulaquet, entraînant la « baboule ». Les bergers,
- Fig. 3. — Cortail d’Ordincède.
- Rive [gauche de l’Adour. Au loin, la vallée de Gripp. Altitude
- chaussés de sabots, piétinaient cette dernière, mi-solidifiée, pour en faciliter la chasse (ûg. 1 et 5). C’était, paraît-il, le procédé d’épandage habituel utilisé à chaque arrière-saison avant la descente des troupeaux, pour fumer économiquement les merveilleuses prairies de la basse vallée de Campan. Les eaux arrivent attrayantes et clarifiées dans le thalweg où
- Fig. 2. — Cortail de Îlount-Blanquc. Rive gauche de l’Adour. A droite, le « laquet ». Altitude 1700 mètres.
- ques minutes, dévalent des versants montagneux et demeurent sournoisement abrités dans les herbages, d’où ils gagnent des griffons solliciteurs, le long des routes poudreuses.
- Le fumier vaut son pesant d’or en haute montagne. Mais les difficultés du transport en sont souvent considérables : toutefois, partout où cette exportation est possible, on la pratique (fig. 6). En Maurienne, le fumier est : 1387 mètres. répandu l’été autour des chalets, il y sèche, on le façonne en mottes pour le brûler en hiver (fig. 4). On ne fait pas autrement au Pamir!
- Le pâtre trouverait, en multipliant les parcages de son troupeau sur les pelouses, en les déplaçant, ou par de simples et fréquents épandages sur les gazons surmenés et dépérissants, l’emploi naturel, relativement facile, hygiénique et toujours rémunéra-
- p.52 - vue 56/647
-
-
-
- L’EAU PURE DES ALPAGES
- 53
- tour des fumiers. Mais le pyrénéen n’a d’autre souci, pour régénérer ses pelouses, (pie d’y mettre le feu à l’automne !
- Nul en France n’est encore capable de faire entrer la moindre notion d’économie sylvo-pastorale ou de « restitution » culturale, dans la cervelle d’un montagnard.
- Le Parlement hésite toujours à contester au berger, devenu Roi de la Montagne... parce qu’électeur, le « droit » à Faims du sol que lui a donné, sans limites, notre législation agraire de 1791. Ses ancêtres, moins pourvus d’écoles, mais non moins pillards, réclamaient déjà ce droit, au temps du Roman du Rou.
- On peut se demander quels pro-sylvo-pastorale a
- à cette surveillance dans nos montagnes françaises, bien que de nombreux Congrès d’hygiénistes, ingénieurs ou médecins se soient déjà réunis, aussi bien dans les Pyrénées que dans Alpes1.
- En même temps qu’on signale les « tournants
- grès notre économie
- l'ifï. i. — Clialols on liante Maurienne (environs du col (lu Galiliier), vers 2000 ni.? Le sol très lillrant (gypses et eargmeulos) est semé de doliiies. Les bouses sèchent, étalées sur le sol, tout autour des chalets : on s’en chaude pendant l’hiver.
- dangereux » aux imprudents amis
- de la montagne. , il faut les garer
- du péi il qu’ils courent dans cer-
- laines régions paslorales, en se
- Fig. 5. •— Le « laipiet » de llount-lilanque. Les bergers facilitent l’évacuation des eaux à travers la masse de la « bnboule » qu’on voit entassée au delà de la levée.
- réalisés depuis lors, surtout dans les Pyrénées?
- En tout cas, presque à la veille d’une saison thermale pyrénéenne, il est utile d’appeler l’attention publique sur les dangers d’une pratique pastorale qui pouvait être justifiée au temps des Wisigoths, mais qui n’a plus d’excuses aujourd’hui.
- Des ligues se forment, partout ailleurs qu’en France, pour assurer une rigoureuse surveillance des périmètres sylvo-pastoraux et lacustres où sont organisés les grands captages d’eaux d’alimentation : nul ne songe
- 1 Dans la plupart des régions pastorales, pour ne pas dire dans toutes ces régions, les étables sont traversées ou longées par un filet d’eau courante où s’évacuent tous les déchets.
- Fig. 6.
- Descente du fumier des hautes pelouses du Tourmalet, à la fin de l’estivage. Altitude : 1900 à 2000 mètres.
- fiant outre mesure à la pureté de l’eau des alpages. L.-À. Fabre.
- Nul n’a cure de cette évacuation qui se lait suivant les déclivités ou les fissures du sol, propageant, on ne sait où, les virulences semées par le pastorat dans les alpages.
- p.53 - vue 57/647
-
-
-
- 54
- ADJUDICATION D’AÉROPLANES MILITAIRES AUX ÉTATS-UNIS
- Les journaux américains annonçaient depuis quelques mois que le Ministère de la Querre des États-Unis, tout en organisant un concours de dirigeables, faisait appel aux inventeurs pour la construction d’aéroplanes militaires; mais il nous est venu de la patrie du bluff tant de canards sensationnels que l’opinion publique s’était jusqu’ici fort peu préoccupée de la nouvelle.
- Le programme publié par les journaux, tant militaires que techniques, présentait cependant toutes les apparences d’une affaire sérieuse. L’Army Board of Ord-nance réclamait la construction d’un appareil volant, se soutenant uniquement par la réaction de l’air, à l’exclusion de tout gaz léger employé dans une enveloppe.
- L’aéroplane devait pouvoir porter deux personnes, soit environ 160 kilos, avec une provision de combustible suffisante, pour parcourir 200 kilomètres à une vitesse moyenne de 64 kilomètres en air calme. Une majoration de 10 pour 100 du prix convenu devait être accordée pour chaque mille (1609 mètres) parcouru en plus par heure. Par contre, le prix fixé était diminué de 10 pour 100 pour chaque mille au-dessous de la vitesse prévue, sans que celle-ci pût descendre au-dessous de 58 kilomètres. La vitesse devait être mesurée sur un parcours fermé de 16 kilomètres, avec départ et arrivée lancés, l’aéroplane devant passer en plein vol le poteau de départ et d’arrivée.
- Le programme comprenait une épreuve d’endurance d’une heure, c’est-à-dire que l’appareil devait pouvoir se soutenir en l’air pendant une heure sans atterrir. Au bout de ce laps de temps, il devait se retrouver au point de départ en état de repartir immédiatement.
- Pour en faciliter l’emploi, l'aéroplane devait pouvoir être transporté démonté dans un chariot d’artillerie et remonté en moins d’une heure.
- Enfin, pour se mettre à l’abri des hluffeurs désireux de se faire une réclame aux dépens de l’État, Y Arm,y Board of Ordnance avait imposé aux adjudicataires le dépôt d’un cautionnement de 10 pour 100 du prix demandé.
- On se fera facilement une idée de la difficulté de remplir un pareil programme auquel n’a encore satisfait en Europe aucun appareil volant. Le prix Àrmengeaud est en effet destiné au premier aéroplane qui aura réussi à se maintenir en l’air pendant 15 minutes consécutives et Farman lui-même n’a pu atteindre le 15 janvier 1908, sur un parcours cependant bien restreint de 1 kilomètre, la vitesse minimum de 58 kilomètres imposée en Amérique.
- Aussi les aviateurs européens étaient-ils fortement tentés de l’ire de la prétention des Yankees de mettre en adjudication des aéroplanes comme on fait dans le vieux monde pour la fourniture des haricots secs ou le lavage des draps de lit de l’armée. En dépit de leurs pronostics pessimistes, l’adjudication, faite le 1er février dernier, n’en a pas moins donné de brillants résultats.
- Quarante et une offres de soumission étaient en effet parvenues à la Direction de Vartillerie des États-Unis qui en a finalement retenu trois : celles de MM. G.-F. Scott, de Chicago, au prix de 25 000 francs; A.-M. Ilerring, de New-York, au prix de 100 000 francs, les frères Wright de Dayton (Ohio), au prix de 125 000 francs.
- Les délais de livraison sont respectivement de 180, 185 et 200 jours et les essais seront effectués à Fort Myer au mois de septembre prochain.
- Le général Allen et les officiers du Signal Corps sont, paraît-il, pleins de confiance dans les résultats annoncés
- qui dépassent de beaucoup tout ce qu’on a pu faire dans le vieux monde. Ce qui tendrait du reste à faire croire que les propositions des inventeurs sont sérieuses, c’est (pie les cautionnements stipulés ont déjà été versés, notamment par les frères Wrigh t qui ont remis au trésor américain une somme de 12 500 francs. A ce prix-là, le bluff commencerait à devenir légèrement dispendieux.
- Les frères Wright sont bien connus en Europe dans le monde de l’aviation qui en dit volontiers le plus grand mal. 11 ne faut pas oublier toutefois qu’il a été déposé, le 12 mars 1906 à l’Aéro-Club d’Amérique (753, cinquième avenue à New-York), un rapport signé de dix-sept notables habitants de Daj ton certifiant que les frères Wright ont effectué à diverses reprises, en 1905, des vols d’une quarantaine de kilomètres à des vitesses dépassant 59 kilomètres à l’heure. On reconnaît là les conditions du marché dont nous venons de parler, conditions qu’il sera facile aux frères Wright de remplir pour peu qu’ils aient perfectionné leurs appareils dans ces trois dernières années1.
- Les frères Wright ont exécuté inutilement en 1907 une longue tournée en Europe pour placer leur invention ; ils ont en particulier séjourné plusieurs mois à Paris à l’hôtel Meurice, chambre 516. Mais, malgré tous leurs ciforts, ils n’ont pu obtenir d’aucun gouvernement, y compris le gouvernement français, la somme d’un million qu’ils demandaient, après expérience faite, pour accorder une licence d’un an aux acheteurs. On leur a toujours objecté leur refus (cependant commandé par une prudence élémentaire), d'effectuer, sans motif sérieux, des expériences publiques et, pendant leur dernier voyage en Europe, les aviateurs en chambre qui abondent dans bien des pays ont affecté de ne pas les prendre au sérieux. L’adjudication faite aux États-Unis à la date du 1er février semble indiquer que les hluffeurs n’étaient peut-être pas en l’espèce ceux que l’on pouvait croire ; elle indique dans tous les cas que les frères Wright sont en train de faire mentir le vieux proverbe qui veut que nul ne soit prophète en son pays.
- On peut se demander si nous sommes aussi avancés en France qu’on paraît l’être aux États-Unis. La réponse est assez difficile à faire, et nous ne voyons guère le gouvernement français se risquant à établir un projet d’adju-dicalion avec les conditions imposées en Amérique.
- Bien que les dirigeants du sport de l’aviation prévoient • déjà pour cette année des courses publiques d’aéroplanes à Vichy, à Spa, sur l’autodroîne de Brooklands, etc., il est impossible de savoir si l’on accomplira prochainement en Europe des raids aériens d’aussi grande étendue que ceux annoncés par les frères Wright.
- Quant aux gouvernements, ils ne paraissent pas s’intéresser ostensiblement au nouveau sport. Peut-être cependant faut-il faire exception pour la France où des recherches intéressantes avaient été entreprises à Chalais-Meudon, du temps du colonel Renard et du capitaine Ferber. Il faut espérer que ces recherches, poursuivies sans doute dans le silence du laboratoire, aboutiront en temps utile et que le pays où ont eu lieu les triomphales envolées de Santos Dumont, de Farman .et de Delagrange ne se laissera pas devancer par les inventeurs du Nouveau Monde.
- Sauvage.
- 1 AVilbur Wright est en ce moment à Paris avec son appareil ; il aurait trouvé près du Mans un terrain pour exécuter les expériences qui lui ont été demandées par un syndicat financier récemment formé au capital de 500 000 francs.
- p.54 - vue 58/647
-
-
-
- = =-...........55
- LA DÉFENSE DU BISON
- La question du bison a été traitée déjà plusieurs Ibis dans La Nature1. M. de Yarigny a montré d’une manière poignante comment s’est lait en Amérique le massacre du grand bovidé, M. Forbin, puis M. Yer-moloff ont exposé la destinée de l’animal en Europe. Des deux côtés, dans le nouveau comme dans l’ancien monde, on peut bien dire que la partie semblait perdue et que la disparition paraissait désormais certaine d’un des plus anciens témoins des premiers tâtonnements de l’homme. Sans doute, quelques mesures de protection avaient été prises en Amérique et en Europe pour conserver le plus longtemps possible les derniers débris des vastes troupeaux primitifs : ici, des amateurs d’une grande richesse, là, comme dans la Lithuanie, l’action gouvernementale, s’étaient employés à cette œuvre utile ; sans doute aussi des croisements entre des bisons et des vaches avaient été entrepris avec d’heureux succès ; mais ces tentatives n’étaient guère que des palliatifs, destinés à reculer plutôt qu’à empêcher le dénouement normal d’un cas désespéré. En dépit de ces prévisions attristées, serions-nous, au contraire, à un heureux tournant de l'histoire pour le bison? C’est ce que semblent permettre de croire des nouvelles toutes fraîches qui nous parviennent d’Amérique, et qui nous annoncent un sérieux essai, non pas seulement de conservation, mais de régénération du bison.
- Il faut avouer d’ailleurs que les Américains étaient en quelque sorte intéressés d’honneur à cette œuvre
- 1 Voir : 1905, t. I, p. 154 (II. de Varigny); 1906, t. II, p. 15 (V. Forbin) ; 1907, t. I, p. 278 (A. Yermoloff) ; 1907, t. II, p. 282.
- de résurrection, pour racheter la façon brutale dont, en dix ans au plus, de 1870 à 1880, le bison a été exterminé au Nord et au Sud des Etats-Unis. Il nous suffira de renvoyer à ce que racontait ici autrefois M. de Yarigny d’après les études de MM. W. T. Hor-naday et JL N. Burin : d’après les indications données dans cet article, il paraît modeste d’estimer au moins à 50 ou 40 millions le total des Irisons
- abattus pendant la sanglante décade dont nous parlons! C’est dire combien peu avaient été épargnés !
- Leur nombre exact d’ailleurs est connu, ou du moins celui de leurs descendants, car, le mal commis et semblant presque irrémédiable, un mouvement de réaction et de réprobation ne tarda pas à se manifester et des recensements fort exacts furent entrepris pour savoir où l’on en était. C’est ici qu’intervient cette raison d’espérer à laquelle nous faisions tout à l’heure allusion. En effet, d’après le recensement de 1905 — et il importe desavoir qu’il n’y a aucune raison de douter de l’exactitude de ces chiffres, même à quelques unités près — le nombre des bisons américains s’élevait seulement à 1419, y compris 109 individus appartenant à des ménageries européennes, tandis qu’au nouveau et dernier recensement, en date du 1er janvier 1908, le nombre des individus de race pure était au total de 2047, sans parler des 545 cattloes, ou hybrides obtenus par croisement, dont M. Forbin parlait naguère ici même. C’est donc une augmentation de 628 individus ou de 44 pour 100, réalisée en cinq ans.
- Cet heureux résultat est dû à l’initiative privée, dont on sait le pouvoir considérable aux États-Unis.
- p.55 - vue 59/647
-
-
-
- 56
- LA DÉFENSE DU BISON
- Une société spéciale, fondée en 1906, Y American Bison Society, présidée d’honneur par M. Roosevelt, a pris en effet en main la défense des derniers bisons, en groupant dans un syndicat de protection la plupart des. quaran Lé-cinq propriétaires ou éleveurs de bisons du Canada et des États-Unis. D’autre part on se rappelle l’histoire du troupeau de bisons de la tribu indienne des Têtes Plates, racontée récemment par M. Forbin dans son article sur les Derniers Peaux-Rouges (1908, t. I, p. 170). Leur chef, Michel Pablo, avait réuni dans la réservation de sa Lribu, située dans l’état de Montana, une trentaine d’individus, qui, par ses soins intelligents, se changèrent rapidement en un troupeau nombreux, vendu
- pour beaucoup à l’action personnelle deM. Roosevelt, la création du Montana national Bison Range (Parc national du Montana, pour le bison) est un lait accompli. Il est entendu, d’une part, que la Société du Bison fournit au parc national le troupeau qui va servir de point de départ, et de l’autre que l’Union prend à sa charge les dépenses. Un crédit de 50000 dollars (un peu plus de 150 000 francs), est attribué à l’achat d’un territoire de !20 milles carrés sur la réservation des Têtes Plates, et un autre de 10000 dollars (50000 francs) est réservé à l’aménagement des clôtures et des abris nécessaires, etc. Enfin, une vaste souscription, nationale et internationale, est ouverte par la Bison society, pour
- Fig. 2. — Le Parc de bisons de Yellowstone Park. — Les clôtures.
- à prix d’or au gouvernement canadien. Cette réussite donna à M. W. Ilornaday, président effectif de Y American Bison Society, l’idée de faire du territoire de cette réservation des Têtes Plates, ou d’une partie au moins de ce territoire, une sorte de vaste parc spécialement consacré à l’élevage et à la régénération des bisons. Et comme la Société du bison ne pouvait et ne voulait pas suffire à elle seule à cette lourde dépense, comme d’ailleurs il s’agissait tout autant d’une œuvre d’utilité publique que d’une entreprise commerciale, M. Ilornaday demanda au gouvernement de l’Union de coopérer à son œuvre.
- Après un premier bill du Sénat, qui donnait à l’idée de M. Ilornaday une acceptation de principe, la Chambre des Représentants vient également de se prononcer dans le même sens, et désormais, grâce
- recueillir les adhésions à partir du minimum d’un dollar et réunir ainsi les 50000 autres francs (10000 dollars) nécessaires à la confection d’un troupeau de pur sang d’une quarantaine de têtes.
- Il serait sans doute prématuré d’enregistrer une victoire, mais on ne peut guère douter du succès d’une œuvre basée à la fois sur l’esprit organisateur des Américains et sur l’étonnante vitalité du bison. Et ce ne sera pas d’ailleurs, comme on le croit quelquefois à la légère, seulement une passion d’archéologue qui se trouvera ainsi satisfaite; comme tant d’êtres, de choses, ou de forces de la nature, le bison est domesticable et utilisable de bien des façons pour l’homme : c’est à celui-ci de ne pas gaspiller lés richesses du monde et de les reconstituer quand il s’aperçoit à temps de ses erreurs. Marcel Blot.
- p.56 - vue 60/647
-
-
-
- Fig. 3. — Bison appartenant à 1 American Bison Society, vraisemblablement destine au Tare du Montana,
- p.57 - vue 61/647
-
-
-
- 58
- LA MINE DE HOUILLE MODERNE
- Fig. 1. — La fosse d’Arcnberg à Anzin. — Vue d’ensemble des installations; à gauche, le chevalement du puits.
- Le public n’entend guère parler des mines qu’à l’occasion de leurs cours de bourse ou lorsqu’il s’y produit un accident retentissant. Elles lui apparaissent dès lors, ou comme une occasion de spéculation, ou plutôt comme un enfer où s’accumulent les cadavres. Sans vouloir faire de la mine un paradis, ce qui serait tomber dans l’excès inverse, on peut cependant résumer les chances d’accidents dans les mines par une simple comparaison de chiffres qui étonnera bien des gens. Si l’on considère une année moyenne (en laissant seulement de côté, sur les 20 dernières années, celle où a eu lieu le sinistre exceptionnel de Courrières), on trouve que les mines, minières et carrières de France tuent, à elles toutes ensemble,
- 220 hommes par an. C’est exactement çe que la circulation des véhicules dans Paris y a tué de personnes l’an dernier, et le premier chiffre, celui des mines, reste stationnaire, tandis que le second, celui des écrasés, s’accroît, depuis quelque temps avec l’automobilisme, dans des proportions effrayantes (149 en 1905, 181 en 1906, 223 en 1907). Je n’en conclurai pas qu’il soit aussi dangereux de vivre à Paris que dans une mine, malgré toutes les autres chances d’accidents
- mortels auxquelles on y est exposé, car il faudrait faire intervenir la population plus forte à laquelle les chiffres s’appliquent; mais, sans tirer une conséquence semblable, le chiffre absolu de la mortalité
- parisienne, qui échappe à l'attention parce qu’il se compose d’individualités (peu intéressantes pour la presse comme tous les individus isolés), n’en est pas moins curieux à rapprocher de celui qui se rapporte à une industrie d’un si fâcheux renom. Laissant de côté cette question de la mortalité minière et négligeant aussi toute la technique delà mine, je voudrais ici donner une idée sommaire de quelques-uns des problèmes économiques qui se posent à la naissance d’une grande mine de houille moderne, en illustrant des idées tout à fait générales par quelques vues prises sur une des fosses de la Compagnie d’Anzin, la fosse d’Aren-berg : vues que la Direction de la Compagnie, à laquelle j’adresse ici mes remerciements, a très aimablement fait faire pour nos lecteurs1. Une mine est un organisme vivant, vivant d’une
- 1 Le développement de ces idées trouvera sa place dans un ouvrage sur la Conquête minérale qui paraîtra prochainement dans la Bibliothèque de philosophie scientifique (Flammarion).
- p.58 - vue 62/647
-
-
-
- LA MINE DE HOUILLE MODERNE
- 50
- vie collective, qui agence et combine des volontés humaines avec des mécanismes, rendant les unes solidaires des autres; cet organisme, comme tous les autres (qui sont, eux, des collectivités de cellules), naît, évolue, court des dangers par le lait même qu’il vil, et meurt enlin d’épuisement. C’est seulement de la naissance d’une mine que nous voulons nous occuper ; mais les problèmes posés à cette occasion tiennent en partie à la brièveté d’existence qui caractérise la mine. C’est parce (pie la mine s’épuise (et souvent très vile) qu’elle ne saurait être assimilée à un champ, dont les récoltes peuvent être renouvelées chaque année sans épuisement; c’est parce que la mine est précaire que l’Etat intervient spécialement dans cette industrie ; et c'est aussi ce qui rend toutes les décisions à prendre, quand il s’agit de la mise en valeur ou de l'exploitation plus ou moins intense, souvent très délicates.
- Je ne parlerai pas ici de la recherche du gisement. Pour découvrir celui-ci, il a fallu des sondages ou des puits préliminaires, dont les irais peuvent être considérables. On vient de voir, par exemple, en Meurthe-et-Moselle, une campagne de sondages, dont les résultats ont été en définitive médiocres : dépenser k millions dans 19 sondages de 1000 à 1500 m. de profondeur, à raison d’environ 180000 francs le kilomètre de perforation verticale.
- Supposons que ces sondages aient réussi et que l’on connaisse, à quelques centaines de mètres de proion-deur, l’existence d ’ u n e ou plusieurs couches de houille, considé-
- Fig. 3. — Le puits d’extraction. La cage avec les trois étages de wagonnets.
- Fig. 4,
- A gauche, le moteur d’extraction. Au fond, le mécanicien.
- rées comme financièrement exploitables. La concession a été instituée; il faut organiser l'exploitation. C’est le moment où nous nous plaçons. Cette exploitation va avoir nécessairement pour point de départ, le gisement étant souterrain, la création d’orifices destinés à le faire communiquer avec le jour : le forage des puits, par lesquels se fera l’extraction qui est le but de tout le travail, avec les services divers nécessités par celle extraction, comme l’accès des ouvriers, l’aérage, l’épuisement des eaux, etc. Entre la vie profonde de la mine et la superficie, il n’y aura d’autre communication que ces puits, dont il faut, avant tout, déterminer le nombre et choisir l’emplacement.
- Combien fera-t-on de puits? De la réponse à cette question dépend en grande partie la productivité de la mine : donc, d’une part, le bénéfice annuel et, de l’autre, la durée de ces bénéfices jusqu’à l’épuisement complet du gîte. Un puits coûte très cher, non pas seulement par son percement et son muraillement, mais aussi par toutes les installations connexes dont nous dirons un mot en finissant. Actuellement, dans le Nord où la profondeur des couches charbonneuse n’est pas grande et où les difficultés techniques pour les atteindre ont été depuis longtemps résolues, on compte de 3 à 8 millions par centre d’extraction, composé de deux puits jumeaux solidaires l’un de l’autre. Dans le Pas-de-Calais, on monte à 10 ou 12. Dans les conditions beaucoup plus difficiles où l’on va se trouver pour le grand bassin houiller nouveau de la Campine belge, on
- Fig. b.
- Le puits d’extraction. — La sortie des mineurs.
- p.59 - vue 63/647
-
-
-
- 60 -------LA MINE DE HOUILLE MODERNE
- prévoit 17 millions. En Meurthe-et-Moselle, on dépassera 20. Installer un siège d’exploitation c’est donc employer, — et, dans une certaine mesure, risquer, — un capital considérable. Ce chiffre étant multiplié par le nombre des puits, on conçoit aisément que, malgré le désir moderne d’exploiter à toute vitesse et de faire rendre à la mine tout ce qu’elle peut produire dans le minimum de temps, on ne puisse augmenter beaucoup le nombre de ces centres d’extraction. On cherche à faire rendre à chacun d’eux tout ce qu’il peut produire.
- Techniquement, on est arrivé au-j ourd’hui à l’idée qu’un bon champ d’exploitation pour un siège d’extraction doit occuper environ 3 km sur 5 : soit 1000 hectares. Au delà, les conditions techniques deviennent défectueuses ; et surtout l’aérage, tellement important dans les mines à grisou, fait dé- faut . Par un puits on peut arriver à faire sortir 1500 tonnes de charbon par jour.
- Pour cela, on emploie le système représenté par notre figure 3.
- Dans le puits de 5 m. sur 5 de section circulent, entre des rails verticaux qui les guident, des cages à trois étages superposés, contenant chacun quatre wagonnets. Ces cages, portées par des câbles puissants en aloôs et actionnées par une machine d’extraction (fig. 4), circulent avec une vitesse d’environ 40 km à l’heure, et, dès leur arrivée au jour, des systèmes très ingénieux font le déchargement automatique des wagonnets pleins qui arrivent, en les remplaçant par des wagonnets vides qui vont descendre. En 50 secondes, la cage a été chargée au fond, est montée de 300 m. à la surface et a été remise en état pour repartir.
- Tout étant ainsi subordonné à une extraction intense qui nécessite un agencement parfait des organes avec une discipline militaire des intéressés,
- on arrive, dans nos mines du Pas-de-Calais, à ce résultat dont les exploitants sont justement fiers parce qu’il constitue un « record » pour le monde entier, d’extraire 302 tonnes de charbon annuellement par hectare de terrain utile. Si l’on remarque, d’autre part, que, pour produire environ 500000 tonnes par an dans les conditions où se trouvent les mêmes mines du Pas-de-Calais, il faut 10 à 12 millions de premier établissement, ce qui grève chaque tonne annuelle de 20 à 25 francs, on voit l’importance
- qu’il y a à ce que la production ne tombe pas au-dessous du chiffre prévu ; car on ne saurait compter se rattraper sur une plus longue durée de la mine et, par suite, de l’amortissement : les intérêts d’argent, etc., venant à l’inverse. L’avantage de répartir sur un plus grand nombre de tonnes les Irais généraux annuels intervient égale-ment dans le même sens. On est donc conduit, de toutes laçons, à une intensité extrême de travail qui exige une vigilance constante des chefs et qui, d’autre part, comme toutes les intensités d’exploitation modernes, crée chaque jour des périls nouveaux, inconnus au bon vieux temps des tranquilles et somnolentes diligences.
- Si la mine moderne olfre encore des dangers sérieux, malgré les améliorations constamment réalisées et l’ingéniosité déployée par les techniciens, cela tient beaucoup à cette nécessité d’aller vite, qui elle-même est provoquée par l’avantage universel d’avoir le charbon à bon marché (l’industrie minière ne pouvant néanmoins travailler à perte).
- Gomme, en même temps, on exploite des gisements de plus en plus, profonds et, par conséquent, plus grisouteux, à mesure que les premiers trouvés au jour s’épuisent, il faut (tout en cherchant
- Fig. G.
- Ateliers de triage (lu charbon.
- p.60 - vue 64/647
-
-
-
- LA MINE DE HOUILLE MODERNE
- 61
- à l'aire mieux encore) se féliciter de ce que la mortalité dans les mines s’abaisse continûment.
- j’ai donné, tout à l’heure, un clnfl'rc de premier établissement qui aura pu paraître bien gros. Voici comment il se répartit. Le creusement du puits, d’abord, est le chiffre surtout variable, et variable dans des proportions énormes suivant les circonstances, non seulement avec la profondeur à atteindre, mais encore plus avec la nature des terrains recoupés, et surtout avec l’épaisseur des niveaux aquifères à traverser dans le fonçage. On sait, en effet, aujourd’hui, par les procédés de congélation, de cimentage, etc., foncer des puits à travers des centaines de” mètres de terrains aquifères où circulent de véritables rivières. Mais les frais peuvent être énormes. On dépense parfois une moyenne de 10000 francs le mètre (ou plus encore) : ce qui met le puits de 000 m. à 0 millions.
- L’installation d’une fosse nécessitant toujours deux puits accouplés, ce chiffre doit être doublé dans les prévisions . Les autres frais sont plus con-
- nus ; l'ours à coke quand le charbon s’y prête, etc.
- Ajoutons seulement que la vie de cet organisme spécial, appelé une mine, nécessite une dépense constante d’énergie, non pas seulement de force humaine, mais aussi de force mécanique; et, de plus en plus, ici comme dans toutes les industries, on cherche à développer le rôle de la seconde en réduisant la l'atigue de l’ouvrier. D’où les stations centrales d’électricité que l’on installe sur certaines mines; d’où aussi l’utilisation aussi parfaite que possible de toutes les forces inutilisées que laissaient perdre nos devanciers. Ce qui caractérise la mine moderne, c’est l’emploi de toutes les vapeurs d’échappement, de toutes les llammes perdues des
- Fig. 8. — Les maisons ouvrières d’Anziu.
- stants. On peut encore compter, comme chapitres principaux de dépense, 120 000 francs pour les machines d’extraction, 100 000 pour celles d’épuisement, 50000 pour la ventilation, 100000 pour les chaudières, etc. Ce sont dépenses auxquelles on pense aussitôt. Mais on ne doit pas oublier non plus l’achat des terrains nécessaires, tant pour les installations que pour le placement des stériles extraits de la mine (ce dernier chapitre souvent important) ; puis la construction de la cité ouvrière destinée à loger une population de 1500 à 2000 ouvriers (fig. 8) ; enfin les installations corollaires de l’extraction, triage du charbon (fig. 6), lavage et criblage (fig. 2) dans toute une série d’appareils, tels que bacs à piston, .etc. ; atelier d’agglomération pour les me-
- . Fi". 7.
- Le mineur travaillant au dépilage.
- fours à coke, etc., pour actionner les machines électriques, qui transmettront ensuite silencieusement, presque sans intervention humaine, l’énergie jusqu’au fond de la mine afin d’y faire marcher les pompes, actionner les treuils ou les chaînes sans fin, les perforatrices, les haveuses mécaniques, les marteaux-piqueurs, etc. Parfois, quand la production de coke est considérable et fournit des flammes perdues en abondance, on aura une station centrale d’électricité fournissant la force à tous les sièges d’extraction disséminés sur la concession : station munie de deux groupes électrogènes distincts pour remédier aux accidents possibles. Ailleurs, faute de fours à,coke, on se contentera, sur chaque puits, de récupérer les vapeurs au moyen de turbines, etc. G’est ainsi que le travail minier tend peu à peu vers cet automatisme qui est le but final de toute industrie, mais qui, pour la mine, est particulièrement difficile à atteindre en raison des conditions difficiles et sans cesse changeantes dans lesquelles on évolue.
- L. De Launay.
- p.61 - vue 65/647
-
-
-
- 62
- LA MISSION D’ÉTUDES DE LA MALADIE DU SOMMEIL AU CONGO FRANÇAIS1
- Lu maladie du Sommeil (Trypanosomiase humaine) n’est que la dernière période d’une affection à lente évolution causée par la présence dans l’organisme d’u'n parasite flagellé : le Trypanosome2. C’est un fléau redoutable, malheureusement en voie d'extension* et qui cause au Congo français de grands ravages. Il n’épargne pas les Européens. De nombreux cas dépistés chez des colons, des officiers et des missionnaires, chez lesquels aucun symptôme particulier n’avait fait songer à l’existence de l’affection, sont venus de nouveau attirer l’attention sur la nécessité de poser un diagnostic précoce, si la Trypanosomiase humaine est soupçonnée chez un blanc présentant des accès de fièvre irréguliers résistant à la quinine, des petites éruptions érythémateuses sur le tronc et la poitrine, une hyperesthésie douloureuse au moindre choc, des troubles oculaires. Il ne pourra y avoir de diagnostic certain sans que la présence du trypanosome ait été révélée dans l’organisme. L’examen microscopique s’impose donc. Lui seul permettra de reconnaître la maladie très tôt et mettra les personnes atteintes dans les meilleures conditions possibles pour bénéficier d’une prompte intervention thérapeutique. Tout en reconnaissant la grande valeur de la ponction ganglionnaire, les Ü" Gustave Martin et Lebœuf signalent les bons résultats obtenus par la centrifugation du sang et même par le simple examen direct d’une goutte de sang, entre lame et lamelle, qui permit à lui seul sur sept Européens atteints d’avoir six résultats positifs.
- On ne saurait trop insister sur la nécessité de faire l’examen microbien du sang de tous les coloniaux ayant séjourné un certain temps dans les zones à tsetsés où la trypanosomiase humaine règne à l’état endémique. La durée du séjour importe peu. Ainsi, un capitaine d’infanterie coloniale, arrivé pour la première fois à Brazzaville le 20 mai 1907, montrait le 1er août, à Fort-de-Possel, des trypanosomes dans le sang. L’infection avait été très rapide. Elle remontait très probablement au 8 juillet.
- La mission française d’études de la maladie du Sommeil s’est attachée à résoudre un des problèmes les plus importants et les plus intéressants : le mode de propagation de la maladie. Comment agit la mouche tselsé? L’évolution des tr ypanosomes dans la trompe des tsetsés (Glossina Palpalis) ayant sucé du sang infecté a été bien étudiée par M. Rou-baud.
- Les flagellés évoluent dans la salive avec une extrême rapidité. Ils se fixent solidement aux parois de la trompe par l’extrémité du flagelle qui s’allonge et s’épaissit. La membrane ondulante a disparu et le centrosome devient antérieur au noyau. Dans cette position les trypanosomes se multiplient abondamment dès la première heure qui
- 1 Organisée par la Société de Géographie, sous la présidence de M. Le Myre de Yilers et placée sous l’autorité scientifique de l’Institut Pasteur, la mission est partie le 25 octobre 1906. Elle comprenait le Dr Gustave Martin, médecin-major des troupes coloniales, le Dr Lebœuf aide-major des troupes coloniales, et M. Roubaud, agrégé des sciences naturelles. MM. Weiss et Muny étaient attachés à la mission comme aide-naturalistes. M. le Dr Gustave Martin et M. Roubaud, rentrés en France, ont fait plusieurs communications à la Société de Pathologie exotique. M. Félix Mesnil, chef de laboratoire à l’Institut Pasteur, a adressé à la sous-commission française de la maladie du Sommeil un rapport sur les premiers travaux effectués au laboratoire de Brazzaville.
- 2 Yoy. nos1718, 28 avril 1906 et 1747, 17 novembre 1906.
- suit la prise de sang. Leur durée de vie atteint cinq jours dans la trompe.
- Cette évolution probablement spécifique chez les tsetsés explique sans doute le rôle particulier de ces insectes dans la propagation de la trypanosomiase humaine.
- Cependant le Dr Gustave Martin et ses collaborateurs ont été frappés de l’absence de parallélisme entre l’abondance des 67. Palpalis et la fréquence des cas de maladie du Sommeil. En certaines régions le nombre des gens atteints n’est pas plus considérable dans les villages situés au bord des cours d’eau où les tsetsés sont excessivement nombreuses que dans ceux de la montagne en dehors de tout cours d’eau et loin des tsetsés.
- De plus, des épidémies par famille et par cases éclatant sous le même toit dans des pays où l’homme et la femme ne mènent pas la même existence, où celui-là seul voyage, tandis que celle-ci ne quitte guère sa cabane, en des villages où, au moins à l’époque où ils ont été visités, il n’v avait pas de tsetsés, ont été observées par la mission française et signalées de divers côtés par des administrateurs et des médecins de troupes coloniales.
- On sait d’ailleurs que Koch, dans un sultanat de la rive Est du lac Victoria, signale des cas de maladie du Sommeil qui ont fait leur apparition non seulement chez les hommes qui vont travailler dans des régions où malades et tsetsés abondent, mais encore chez 15 femmes qui n’ont jamais été dans une région à tsetsés. Comme ces femmes sont toutes mariées à des individus eux-mêmes atteints, Koch pense que la maladie a été communiquée par contagion entre époux, comme c’est la règle dans une autre trypanosomiase : la dourine. Kudicke a signalé dans la même région de nouveaux faits corroborant ceux de Koch.
- La conclusion des savants allemands ne suffit pas à expliquer certains cas observés par la mission française. Le plus souvent ce sont de jeunes enfants qui se contaminent au contact de leur père ou de leur mère. D’autres fois c’est un village où des épidémies de case se produisent sur les femmes et les enfants, alors que le mari, qui vit dans une case meilleure, protégée d’une moustiquaire, se trouve indemne.
- 11 semble bien dès lors que l’agent, de contamination n’est autre qu’un insecte piqueur agissant la nuit, alors que tous les membres de la famille se trouvent réunis pour le repos nocturne, et qui, passant de l’un à l’autre, peut aller par ses piqûres réitérées porter le germe de la. maladie partout. Les moustiques du genre Stegomya et Mansonia paraissent jouer ce rôle. De fait, M. Roubaud a constaté que les épidémies de village se produisent nettement dans les zones marécageuses où les moustiques abondent alors que les glossina y sont rares ou absentes.
- Expérimentalement, à Hambourg, Fülleborn et Martin-Mayer ont transmis la maladie du Sommeil à un animal sain par l’intermédiaire du stigomya.
- À Brazzaville une expérience de même nature a réussi avec des moustiques du genre Mansonia en opérant avec un trypanosome animal.
- La transmission par Te moustique est donc possible à condition que les piqûres se succèdent en assez grand nombre. Le moustique interrompu dans son repas par un mouvement du malade va le poursuivre sur un individu voisin sans avoir complètement avalé le sang ni les trypanosomes dont sa trompe est encore pleine.
- p.62 - vue 66/647
-
-
-
- ACADÉMIE DES SCIENCES - .' ' —— 63
- Ces études sont à poursuivre. Les puces, les punaises peuvent être aussi incriminées. Leur rôle est étudié au laboratoire de Brazzaville. On conçoit de quelle importance peuvent être ces recherches dans l'application des mesures de prophylaxie.
- Le rôle de transmission directe et immédiate joué par le moustique est secondaire ; celui de la tselsé reste spé-ciiique et primordial, absolument nécessaire pour maintenir la maladie à l’état endémique.
- L’aire de distribution de la trypanosomiase en Afrique ne déborde pas celle des Glossina Palpalis; et aux Antilles, malgré les nombreux nègres atteints transportés
- d’Afrique, on n’a jamais cité de cas de propagation de la maladie.
- Ce qui se passe dans une trypanosomiase animale, la Souma, serait à rapprocher des faits avancés par la mission d’études du Congo.
- Les recherches du Dr Bouffard au laboratoire de Bamako, ses études expérimentales sur des troupeaux entiers, lui ont montré que la Souma a pour agent vecteur principal la tselsé et pour agent de dissémination dans le troupeau infecté, le Slomoxe. C’est pourquoi on trouve des épizooties sévères dues à cette trypanosomiase dans des régions sans tsetsés.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 22 juin 1908. — Présidence de M. Becquerel.
- La concentration des liquides de l'organisme. — M. A. Gautier présente un travail de M. A. Javal sur la concentration moléculaire des liquides de l’organisme. Dans certaines maladies, et surtout dans les périodes aiguës de l'insuffisance cardio-rénale, les humeurs de l’organisme se concentrent. Ce phénomène se produit parallèlement dans les différents liquides de l’économie. Celte hypertension coïncide souvent avec une chloruration normale, mais elle s’accompagne toujours de rétention azotée, à différents degrés. L’étude des hydropisies telles que l’œdème, la pleurésie et l’ascite, au point de vue cryoscopique, peut fournir au médecin des indications extrêmement utiles.
- Variation séculaire du magnétisme terrestre. — M. Poincaré présente un trayail de M. Nordmann dans lequel l’auteur résume les résultats qu’il a obtenus dans le Sud algérien pour la détermination des éléments magnétiques terrestres. Des déterminations semblables ayant été faites dans les mêmes lieux, il y a déjà un certain nombre d’années, M. Nordmann a pu conclure la valeur de la variation séculaire. Il a reconnu que cette variation est différente de celle que l’on observe en France.
- Corpuscules électrisés éléments de la matière. — M. Poincaré présente ensuite une Note de M. Jean Becquerel sur l’existence d’électrons positifs. Jusqu’à présent, on connaissait seulement l’un des constituants de la matière appelé électron et chargé d’électricité négative. Cet électron possède une masse 2000 fois plus petite que la masse d’un atome matériel d’hydrogène! Un second constituant analogue, mais chargé d’électricité positive, ou électron positif, peut être obtenu à l’aide du tube de Crookes convenablement modifié.
- La photographie des sons. — M. Poincaré présente ensuite une Note de MM. Georges et Laudet, relative à la photographie des sons. Ils montrent de très belles photographies des vibrations que produisent les sons parlés. Les moindres détails de la voix, le zézaiement, le souffle sont photographiés avec une netteté parfaite. Les mouvements vibratoires inscrits peuvent n’avoir qu’un cinquantième de millimètre.
- Les populations d’Europe. — M. Edmond Perrier présente un ouvrage de M. Deniker sur les races de l’Europe, étudiées au point de vue de la taille. 11 a établi il y a 10 ans, sur des données anthropologiques de grande importance, qu’il existe en Europe six races principales,
- dont le mélange a produit les groupes ethniques. 11 a publié à ce sujet, en 1899, un volume consacré aux caractères de la forme de la tète chez ces populations; aujourd’hui, il traite de la taille, et a pris une quantité considérable de documents officiels qu’il a dù d’abord étudier et rendre comparables. De cette étude, il résulte que la taille moyenne est, d’une façon générale, élevée en Europe. Elle ne tombe pas au-dessous de 1,60 m. et atteint 1,73 m. Les groupes ethniques de grandes tailles se répartissent autour de deux centres, l’un au Nord-Ouest (Écosse et Scandinavie), l’autre au Sud-Est (Bosnie). Les groupes de tailles peu élevées se répartissent dans trois régions : presqu’île Ibérique, Sud de l’Italie et îles de la Méditerranée, Nord-Est de la Russie.
- Carte de Vostréiculture. — S. A. le prince de Monaco présente, au nom de M. Jouvin, deux feuilles d’une carte de l’ostréiculture sur les côtes de France. On voit immédiatement sur cette carte que les huîtres sont abondantes dans les baies abritées, et qu’au contraire les moules prospèrent sur les côtes découvertes exposées aux vagues du large. Certains bancs du Morbihan s’amoindrissent par suite de la faiblesse de la répression de l’emploi d’engins de pêche dévastateurs. D’autres bancs sont mal placés à l’embouchure de rivières qui leur apportent les détritus des villes.
- Le spectre et la température. — M. Deslandres présente une Note de MM. iïemsalech et de Walteville relative aux radiations du spectre dites de haute température. On admettait que ces radiations étaient dues à l’élévation de la température parce qu’on les trouvait dans le spectre des étincelles très chaudes. MM. Hemsalech et de Walteville les retrouvent dans les spectres de flamme même avec le brûleur de Bunsen qui donne la flamme la moins chaude. L’hypothèse sur l’origine des radiations en question ne peut donc être maintenue.
- Les roches pédonculaires du calcaire. — M. E.-A. Martel adresse une Note sur l’origine torrentielle ancienne des roches ruiniformes, perforées et pédonculaires des terrains calcaires.
- Élections. — MM. Baillaud et Deslandres sont désignés en première ligne au choix du ministre pour remplacer MM. Lœwy et Janssen au bureau des Longitudes ; MM. An-doyer et Ilainy en seconde ligne. M. Gaillot est élu correspondant de la section d’astronomie.
- Gu. l)fi VlLLEDEUIL.
- p.63 - vue 67/647
-
-
-
- UN VIGNOBLE
- La vigne peut rencontrer, sous des latitudes très différentes, les conditions nécessaires à son entier développement. Par contre, il faut que la lumière et la vivifiante chaleur du soleil lui parviennent avec une abondante profusion.
- Seule l’ombre du bon maistre Fait la vigne eroislre,
- comme disaient nos pères. M. Duniail, le possesseur du vignoble représenté ci-dessous s’inspira sans doute de cet antique proverbe lorsqu’il planta ses ceps le long de la plage d’Ànglet, près de Biarritz, à deux pas de la mer!
- DANS LA MER
- ayant besoin des chaudes effluves solaires pour mûrir normalement, s’accommode en revanche de tous les sols.
- Qui eût effectivement supposé que sur les bords du golfe de Gascogne où les vagues déferlent parfois avec tant de violence, on verrait jamais pousser des ceps vigoureux !
- Cependant M. Duniail 11e donne pas à ses vignes des soins plus extraordinaires (pie ses confrères. 11 les taille, il leur met des tuteurs, il les sarcle en temps voulu et, depuis près d’un demi-siècle, les sarments poussent, chaque année, en portant d’opulentes grappes blanches ou noires.
- Le vignoble de la plage d’Anglet.
- Sans doute on rencontre des vignes, en quelques endroits des dunes du littoral méditerranéen, mais leur situation topographique les défend d’ordinaire contre les pluies trop abondantes ou contre les vents froids et trop forts.
- À Anglet, les souches sont uniquement protégées par des palissades de branches de tamaris qui les entourent de tous côtés. Des pieux, fichés dans le sable, de distance en distance, maintiennent solidement ces branchages que des rangées de perches, disposées horizontalement, consolident encore.
- Lorsque la bise hivernale souffle violemment, les arbustes se trouvent de la sorte préservés quelque peu.
- Le fait de voir un vignoble prospérer si prè$ de l’Océan tendrait à prouver que la vigne, tout en
- Enfin, chose curieuse, cet original vignoble pyrénéen fournit surtout de très bons raisins de table; car, à la suite d’intelligentes et patientes observations, son propriétaire a su créer des cépages appropriés à ces conditions climatériques particulières ainsi qu’à la composition chimique et à la nature physique de ces terrains sablonneux. 11 a sacrifié la quantité pour obtenir la qualité et si les rares fioles de vieil Anglet enfermées dans sa cave ne valent pas d’anciennes bouteilles de Graves ou de Saint-Émilion, leur contenu n’en possède pas moins un « bouquet » assez délicat. Jacques Boyer. '
- Le Gérant : P. Masson. Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
- p.64 - vue 68/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1832.
- 4 JUILLET 1908
- LE « DIPLODOCUS » AU MUSÉUM
- Nos confrères de la presse quotidienne se sont beaucoup occupés de paléontologie ces temps derniers, et c’est peut-être la première fois que l'entrée d’un fossile, ou d’un moulage de fossile, dans un de nos grands établissements scientifiques, a constitué un événement bien parisien. Ce n’est pas nous qui nous en plaindrons; c’est un précieux signe des temps, que cet intérêt prêté aux choses qui touchent la science.
- Nous ne reviendrons pas ici sur le Diplodocus. Plusieurs articles ont déjà été consacrés dans La Nature à l’admirable groupe des Dinosauriens, et d’autre pari, l’hisloire du moulage, inauguré le
- d’un original. De plus, au point de vue de l’enseignement, l’intérêt d’un moulage est de premier ordre, — et rien ne le prouve mieux que la stupeur ressentie, même parmi les gens au courant de la paléontologie, devant l’admirable squelette, — parce que rien ne peut remplacer la vue directe et personnelle des choses dont on s’inquiète. Ensuite, il ne faut pas oublier qu’en paléontologie, ce que l’on appelle, un original n’est encore après tout qu’un moulage, fabriqué lentement par la nature au cours des siècles.
- Si l’on veut comprendre d’ailleurs toute la richesse
- Le moulage du Diplodocus Carne<](jlei à la galerie de Paléontologie du Muséum.
- 16 juin dans la galerie du Muséum, a été brièvement retracée dans une récente information1.
- Toutefois, son installation comporte quelques enseignements que nous devons souligner.
- Il semble d’abord que Ton n’ait pas très bien compris, dans tout le public, l’intérêt que présente le moulage d’un grand fossile. Nous avons tous entendu dire : « Pourquoi tant de bruit à propos d’un moulage? Ah! s’il s’agissait d’un original, nous comprendrions... ! » Il y a du vrai et du faux dans cette façon de penser. Le vrai, c’est qu’au point de vue collection il y a entre un fossile et son moulage tout l’écart d’un tableau de maître à sa plus excellente copie. Le faux, c’est l’importance qu’on attache à cet écart. Scientifiquement, l'étude d’un moulage est exactement aussi instructive que celle 1 Yoy. Supplément, n° 1823, 2 Mai 1908, p. 170.
- 30- aimée. — 2* scmcilrc.
- d’enseignement de ce moulage, qu’on aille à la galerie de paléontologie. Dieu n’est plus frappant maintenant que la topographie de la salle. Elle semble dominée' tout entière par l’opposition entre les deux grands groupes de formes géantes qui en occupent les extrémités. Ici, la cohorte des dinosauriens, avec T Iguanodon et le Diplodocus, c’est-à-dire la floraison suprême des temps secondaires; là, la iloraison des temps tertiaires, les mammifères géants succédant aux grands reptiles, — et, entre ces deux maxima, une sorte de vide, ou plutôt une plaine de formes plus humbles, correspondant à ce même intervalle qui, dans la suite des âges, a séparé ces deux ensembles. L’œil y saisit, en même temps que l’esprit, le mystérieux rhylhme de la nature, et à travers ce rhylhme ils aperçoivent ensemble le progrès continu de la création. Marcel Blot.
- 5. — 65
- p.65 - vue 69/647
-
-
-
- 66 -- ----------=
- L’EMBARQUEMENT DES MINERAIS AU PORT D’ALMERIA
- Ou a grand intérêt à diminuer la durée du stationnement des navires dans les ports ; en Espagne, où il se lait une très grande production et exportation de minerai de fer ou de minerai de cuivre, les sociétés exploitantes ont dû combiner pour la plupart des dispositifs de transport et d’embarquement aussi perfectionnés que possible. Sans parler des chemins de 1er aériens, souvent d’une longueur considérable, établis par ces entreprises minières, nous pourrions rappeler les appontements et les charpentes en canti-lever (pii s’élèvent à Bilbao, à lluelva, a Letares, a Castro-Urdiales, et Sur bien d’autres points. Une nouvelle installation de ce genre vient d’être laite pour le compte des mines d’Àlquife, qui expédient chaque année 250 000 tonnes de minerai de 1er par le port d’Alméria.
- Ce minerai arrive de la mine au port par une voie ferrée; mais jusqu’à ces temps derniers, il était déchargé des wagons dans des entrepôts où il s’accumulait en tas; là, des porteurs le reprenaient dans des paniers qui en tenaient peut-être 15 kg, et ces paniers étaient mis à dos de mule ou dans des charrettes à bœufs pour arriver le long du quai où stationnait le navire et être déchargés dans les cales. La méthode était lente et coûteuse à tous égards : avec 550 travailleurs on parvenait à peine à charger de la sorte un millier de tonnes de minerai dans une journée de 10 heures. Nous allons voir à quelle rapidité on atteint aujourd’hui avec les appontements et les dispositifs de chargement automatique qui sont dus à des spécialistes anglais, MM. Formans et Mac Call.
- On a commencé par établir une voie ferrée spéciale reliant la gare même d’Àlmeria au point de la côte, tout proche de la ville, où a été installé l’appon-tement de chargement, avec les magasins destinés à recevoir le minerai si les arrivées se font plus vite que le déversement dans les cales. Cette ligne est à peu près entièrement portée sur un viaduc, tout d’abord principalement en maçonnerie, pour se terminer en pleine eau sur une véritable jetée métallique; celle-ci s’étend de façon que, à son extrémité, les navires faisant le transport du minerai y trouvent une profondeur suffisante, même à charge. La ligne est à une voie, mais vers son terminus, c’est-à-dire à l’aplomb des panneaux de remplissage des magasins, on y a posé quatre voies, le viaduc devenant alors réellement en ce point un apponte-ment ; et chacune des quatre voies est susceptible de donner place à 20 des wagons de 15 tonnes de la compagnie d’Àlquife. Ces wagons sont à trémie, à la manière américaine, ce qui leur permet de se vider complètement par le fond, dans les panneaux qui s’ouvrent eux-mêmes entré les rails.
- Il va de soi que 1’établissement de ce vaste apponte-ment, large de 16,50 m. à peu près et long de 110 m., a dû présenter des difficultés. Les piles qui supportent l’appontement en pleine èau comme sur la
- plage, ont été établies de façon intéressante. Ce sont des cylindres métalliques ouverts, qu’on faisait enfoncer en enlevant les terres à l’intérieur au moyen de bennes automatiques spéciales. On superposait des anneaux métalliques pour composer ces cylindres, et c’est Leur poids, en même temps que le déblai intérieur, qui leur permettait de s’enfoncer; toutefois, on recourait aussi à un chargement supplémentaire du ' cylindre quand renfoncement ne se làisait plus que trop difficilement. Sur plusieurs points, on est descendu à une profondeur de plus de 12 m. sous là surface naturelle du sol immergé. Arrivé au maximum de descente, on envoyait un plongeur au fond de la chambre cylindrique ; il dressait le fond et y formait un petit massif de béton. On épuisait ensuite l’eau, les anneaux étant munis de garnitures étanches ; puis on mettait en place une série de rails verticaux suivant l’axe du cylindre, mais en les répartissant dans toute la section et en les reliant les uns aux autres. C’était l’armature de la masse de béton dont on remplissait ensuite les cylindres. On a essayé chacune des colonnes ainsi constituées sous une charge énorme de 240 tonnes, bien supérieure au maximum des efforts qui peuvent s’exercer sur elles. C’est sur ces piles, soigneusement mises de niveau, qu’on a boulonné et construit complètement la charpente de l’appontement, et aussi de sortes de silos, de trémies, où le minerai peut être accumulé.
- La profondeur d’eau le long de l’appontement varie entre 5,50 et 8 m., selon qu’on est à l’un des bouts ou à l’autre de cet apponlement ; mais les fondations ont été descendues assez bas pour qu’on puisse draguer jusqu’à plus de 8,80 m.; et comme les variations de la marée ne dépassent pas en ce point 0,60 m., on pourra recevoir les plus grands navires (jui soient construits d’ici longtemps pour le transport des minerais. De même que les wagons se vident dans les silos sous la seule influence de la gravité, de même c’est la gravité qui assure la descente du minerai de ces silos dans la cale des navires qui viennent s’amarrer des deux côtés de l’apponte-ment. C’est pour cela que le pont où arrivent les wagons est à une hauteur de 19 m. environ au-dessus du niveau de l’eau, tandis que le point le plus bas des silos où viennent s’articuler les gou-lottes de déversement des minerais, est à 11,90 m. au-dessus de ce même niveau. Si l’on faisait une section de l’appontement à la hauteur des silos, on verrait ceux-ci se présenter, de part et d’autre, sous la forme de deux triangles rectangles, dont le grand côté vertical est en façade latérale de l’appontement, le petit formant la moitié de la surface de cet ap-pontement et se trouvant percé par les panneaux de déversement. En lait, il n’y a point deux silos allongés sur toute la longueur de l’appontement, mais sur chaque bord une série de 20 silos correspondant chacun à un paneau. Chaque silo a une capacité de
- p.66 - vue 70/647
-
-
-
- L’EMBARQUEMENT DES MINERAIS AU PORT D’ALMERIA---- 67
- 250 tonnes de minerai : si bien que les silos étant pleins et la plate-forme portant le nombre maximum de wagons chargés, il se trouvera, accumulée sur cet appontement, une quantité formidable de H 200 tonnes de minerai. On peut d’ailleurs déverser du minerai dans les silos tandis qu’ils se vident dans les
- sèment lorsqu’il a été usé par le passage du minerai), peut prendre une inclinaison variable, suivant la hauteur du panneau du navire où élit; doit amener ce minerai.
- Mais, de plus, on peut l’eiïacer complètement le long de la façade de l’apponlement, en la
- Fig. 1. — L’appoiUenioiit de chargement d’AIinena.
- cales par les goulottes. Dans ces conditions, on arrive à une rapidité de chargement extraordinaire.
- Le glissement du minerai dans les trémies se fait très bien parce que le fond en est à 45° et que les parois latérales en sont inclinées de même. Les parois en question sont en bois, mais avec un platelage métallique. Tout à lait en bas et en avant, se trouve la porte de déchargement qui donne issue dans les goulottes ; comme il s’exerce là une pression considérable, des dispositions ingénieuses ont été prises pour permettre d’ouvrir facilement la porte, ou au contraire de la refermer même quand le minerai a commencé de couler. La porte principale aiïecte la forme générale d’une écluse verticale, tandis qu’extérieurement on a disposé une fermeture oscillant autour de tourillons et s’abaissant pour découvrir l’orifice de sortie du minerai, quand on a mis en place la goulotte. Celle-ci (qui est en acier, avec un fond double susceptible detre remplacé ai-
- plaçant presque verticalement. Dans ce but, sa partie supérieure, qui forme articulation avec l’ouverture do la trémie, et peut venir coiffer cette trémie, est susceptible de glisser le long de rails verticaux ad
- lioc, tandis que son ouverture inférieure se relève au contraire.
- C’est ainsi qu’elle s'efface quand un chargement est fini. Cela évite aux navires de heurter ces goulottes durant leurs manœuvres d’arrivée ou de départ.
- Nous donnerons un chiffre qui va faire comprendre les avantages d’une installation de ce genre, surtout si l’on se souvient des conditions anciennes de chargement des minerais dans ce même port d’Àl-meria.
- En un jour, on peut charger 8000 tonnes de minerai, et avec le concours de 12 hommes seulement : le navire qui prendra cette cargaison aura donc terminé en une journée, alors qu’il aurait mis une semaine avec l’ancien procédé. Pierre de Mériel.
- p.67 - vue 71/647
-
-
-
- 68
- L’ART PENDANT L’AGE DU RENNE D’APRES PIETTE
- Les lecteurs de La Nature ont pu remarquer que, depuis plus de trois années, nous avons été fort sobres d’articles de préhistoire paléolithique : en dehors de la question des éolithes (1905, 2° trim., p. 218), des nouvelles fouilles des grottes Grimaldi ou Baoussé-Roussé (1907, 2° trim., p. 34), et de l’aperçu général résumant le livre de Sophus Müller (n° 1822, 25 avril 1908), nous nous sommes bornés à de brèves informations ou, dans les suppléments, à des analyses de congrès et d’ouvrages indispensables à faire connaître.
- C’est que les éludes préhistoriques traversent en ce moment une réelle crise de controverses, de disputes, de fantaisies, particulièrement aiguë depuis la découverte (par Emile Rivière en 1895) des fameux dessins sur parois de la grotte de la Mouthe en Dordogne ; on trouvera un spécimen de choses : derniers bulletins de la Société Pré-
- fausser le sens véritable des objets recueillis dans les grottes par ces heureux, actifs et désintéressés fouilleurs que furent Lartet et Christy, Edouard Piette, Émile Rivière, Elie Massénat, François Daleau, Félix Régnault, Gustave Chauvet, etc. Si l’on ne parvient pas à mettre un frein à la débauche d’hypothèses où se perdent tant de préhistoriens, on transformera d’aphorisme en axiome ces récentes paroles du grand mathématicien Emile Picard : « Ce que nous pouvons présumer de la science « préhistorique se réduira toujours à peu de chose* ».
- C’est un des noms (prééminents entre tous) que je viens de citer, celui d’Édouard Piette qui motive le présent article.
- Quelques lignes trop courtes ont apprécié son œuvre et loué son caractère aun° 1725 de La Nature (16 juin 1900).
- La piété de sa famille vient de livrer à la curiosité publique et à l’instruction des fouilleurs la première partie des grandioses publications posthumes qui feront connaître tous les détails de 26 années de fouilles méthodiques et consciencieuses au premier chef (de 1871 à 1897).
- L’art pendant l’âge du Renne2 (auquel feront suite les Pyrénées pendant l’âge du Renne décrivant surtout des objets industriels) se classe au tout premier rang dans cette demi-douzaine de luxueux et coûteux ouvrages qui forment avec lui à l’heure actuelle la hase documentaire delà préhistoire troglodytique, savoir :
- Lartet et Christy, Reliquiæ aquitanicœ, 1865-
- Sphinx (?) en bois de renne (grandi). (Mas d’Azil.)
- culièrement aux pages 439-442 de celui de novembre 1907. Dans un récent ouvrage, j’ai consacré plusieurs chapitres à mettre très sommairement au point les principales questions dont s’occupe la préhistoire : je l’ai fait sans aucune indulgence de formes, mais avec le meilleur vouloir au fond pour ces sortes d’études qui devraient « constituer une des plus sérieuses et des plus importantes branches de la science générale », si elles n’étaient véritablement compromises et même discréditées par « des explications à outrance, et des théories fantaisistes, parfois inexcusables1 ».
- Il importe surtout de mettre en garde contre leurs propres auto-suggestions un certain nombre à’interpréta-leurs, en réalité moins découvreurs que critiques ou publicistes, qui cherchent avant tout à imposer leurs idées personnelles sur les trouvailles et travaux d’autrui !
- Il ne faut pas qu’on laisse prendre le dessus à cette tendance, qui finirait par diminuer la valeur réelle, par
- 1 L’évolution souterraine, cliap. xiv à xviii, p. 290-569.
- 1875; E. Rivière, Antiquité de l’homme dans les Alpes-Maritimes , 1878-1887; Frédéric Moreau, Album Caranda, 1873-1898; P. Girod et, E. Massénat, Les stations de l’âge du renne dans les vallées de la Vézère et de la Corrèze, 1900 et 1906 ; De Villeneuve, Boule, Veuneau, Cartailiiac, Les grottes de Grimaldi (Menton), 1906.
- De 1871 à 1906, soixante-dix notes, articles et mémoires ont consigné les fouilles de Piette dans les recueils spéciaux à la préhistoire et à l’anthropologie. C’est leur condensation et leur synthèse que sa mort a interrompues ; mais l’auteur « a voulu que le texte fût publié tel qu’il l’a laissé, avec l’album » des planches par les soins de son gendre M. H. Fischer (maître de conférences adjoint à la Sorbonne) qui prépare la suite avec le concours de MM. Boule et l’abbé Breuil. L’album, du moins, était
- 1 De la science (Revue du mois, 10 février 1908). .
- 2 Par Édouard Piette; 1 vol. in-fol., 112 p. de texte et 100 pl. en couleurs (avec feuilles d’explications). Masson, 1907; prix : 100 fr.
- p.68 - vue 72/647
-
-
-
- L’ART PENDANT L’AGE DU RENNE D’APRÈS P1ETTE
- 69
- complet, ayant été exécuté au fur et à mesure des fouilles. C’est un musée portatif qui reproduit aussi, à titre comparatif, nombre d’objets recueillis par d’autres chercheurs (MM. Mascaraux, L. Nelli, Ladcvèze, Maurelle, de Laporterie, etc.).
- De ce que le texte ait été laissé inachevé1, j’estime qu’il y a plutôt lieu de se féliciter : ainsi on a évité l’écueil d’avoir défiguré le fond de la pensée de l’auteur, forcé, dans un sens qu’elles n’auraient pas eu, celles de
- Quant à Aurignac (dont l'abbé Breuil s'efforce actuellement, après Lartet, de faire un pré-solutréen, ou auri-(jnacien), de Mortillet, en 1868, le plaçait entre Solutré et la Madelaine; ultérieurement il l’a supprimé. Les flèclies de ce niveau sont, pourPiette, de Page du renne, et on y a réalisé, plus tard, des sépultures néolithiques. « Sa position exacte est encore controversée1. »
- La classification originaire zoologique de Lartet en âges de 1 ’elephas an U quus, du grand ours, du mammouth,
- ses opinions qui n’étaient pas encore assez assises, selon lui-mème, et surtout fixé faussement beaucoup d’attributions qu’il importe de laisser, quant à présent, tout à fait indécises.
- Telle qu’elle est, la rédaction de Pietle résume à merveille ce qu’on a fait avant lui, et elle précise la part qui doit lui être attribuée. .
- En rappelant les travaux de ses prédécesseurs il reconnaît en G. de Mortillet « le Saint Paul de la science nouvelle » (fondée par Boucher de Perthes) ; mais il attribue à ce « réel organisateur de l’archéologie préhistorique » quelques lapsus ou menues erreurs, que ses trop ardents disciples ont grand tort de ne pas confesser.
- Lartet et Christy ont été, de 1862 à 1870, les premiers révélateurs (aux bords de la Vézère) de Y art préhistorique : « véritables et trop modestes auteurs de la classification basée sur l’industrie » ils ont, dans leur Reliquiæ aquitanicæ, élevé « à la science préhistorique le plus « beau monument qui lui ait été consacré jusqu’à ce jour », ils subdivisèrent l’âge du renne (période frigoraire) en trois types industriels : du Moustier, de Laugerie-Ilaute, des Eyzies, et la Madelaine, dont G. de Mortillet fit en 1867 le Moustérien, le Solutréen2, lè Magdalénien.
- 1 Et tel qu’il était en 1900, ce qui explique pourquoi il n’y rsL pas traité des travaux de M. Rutot sur les éolithes, — ni îles peintures et dessins des cavernes.
- 2 Dès le 29 août 1867, Lortet assimilait à Laugerie-Haute la station de Solutré (S.-et-L.) explorée par De Ferry et Arcelin.
- U
- (;
- Cheval en ivoire (grandi). (Esjiélugues de Lourdes, M. E. Nelli.)
- du renne, de l’aurochs n’a pas été conservée : car le grand ours et le mammouth ont vécu pendant tout le pléislocène et leur présence pas plus que celle de l’aurochs ne peut caractériser aucun étage. D’ailleurs « la « faune d’une contrée varie suivant le relief du sol, son « altitude, sa nature et sa distance de la mer ». L’ours fréquentait les avant-monts pyrénéens en même temps que le mammouth se plaisait aux plaines boisées. Mais il y a vraiment un âge de Yelephas antiquus et un du renne.
- Quant aux fameux éolithes et à l’homme tertiaire, Piette ne s’en montre, en réalité, nullement partisan et
- n’y fait que l’allusion suivante : même après l’invention des gros instruments quaternaires « les hommes des premiers temps pléistocènes... se sont servis... de ces petits silex éclatés et ébréchés sous l’action des forces naturelles, que l’on trouve en grande abondance dans les sédiments de ces époques lointaines!... » Les silex de Thenav ne sont pas, selon lui, taillés intentionnellement, pas plus que les autres silex tertiaires même ceux de Puv-Courny.
- Pour l’étude des anciens glaciers, les Allemands seraient beaucoup mieux placés que nous entre ceux de la Scandinavie au nord et les Alpes au sud. Par contre, l’exploration des sédiments des cavernes est beaucoup plus facile et plus féconde en France qu’en Allemagne.
- Voici les principales grottes où Pietle a effectué ses inestimables récoltes :
- 1 Yoy. abbé H. Bkedil, La question aurignacienne (Revue préhistorique, n°s 6 et 7 de 1907).
- Chevreuil gravé sur os. (Lorlhet.)
- p.69 - vue 73/647
-
-
-
- 70
- L ART PENDANT L’AGE DU RENNE D’APRÈS P1ETTE
- Gourdan (Haute-Garonne, près Montréjeau, au confluent de la Neste et de la Garonne, 1871); — Lorthct (Hautes-Pyrénées, 1875); — Arudy (Basses-Pyrénées, 1875); — Mas
- d’Azil (Ariège, depuis 1885); — Brassempouy (fouillée aussi par M. de Laporterie), grotte du Pape (Landes, 1894-1897); (faune plus ancienne, rhinocéros tichorhinus, mammouth ; ivoires travaillés ; silex de type mous-lérien), début de Page glyptique (papaléen ou éburnéen), avec sculptures seulement, antérieures donc à la gravure. Il a tiré de ses fouilles une classification que nous reproduisons in extenso (voir le tableau au supplément). Cette classification n’a pas encore prévalu à cause des mots nouveaux, trop modifiés ou même
- Cerf gravé sur bois de remie. (Mas d’Azil.)
- -
- sÿ'ii* B
- Fig. 5. — Tôles de chamois et de blaireau (?) sur bois de renne. (Gourdan.)
- bizarres, qu’elle renferme : mais deux de ses termes au moins, Page glyptique et l’époque asylienne, doivent être retenus : ils embrassent toute l’œuvre très personnelle de Piette.
- L’âge glyptique (de yXuircoç, ciselé, sculpté, gravé) fut,, a-t-il dit, celui des beaux-arts : « l’homme des cavernes, loin d’être un sauvage, fut un pionnier de l’humanité, un être progressif, qui posa les premiers fondements de notre civilisation ».... Il cisela l’os, la corne, l’ivoire ou l'a pierre (à Gourdan, surtout) à l’aide du silex, le sculpta ou le couvrit de gravures. Le mot glyptique n’est pas synonyme de magdalénien. Il s’applique de Solutré à l’extinction du renne et se partage ainsi, selon notre auteur :
- Les temps équidiens comprennent deux subdivisions : l’époque éléphanlienne ou éburnéenne (sculptant l’ivoire en ronde bosse, fig. 1 et 2) et l’époque hippiquienne, sculptant le bois de renne en bas-relief ou en contours découpés.
- Les temps cervidiens en comprennent deux également : l’époque rangiférienne (gravant le bois de renne) et l’époque élaphienne (ou élapho-tarandienne), (Gourdan, Lorthet), gravant, faute de renne, la ramure du cerf, la pierre, l’os (fig. 5, 4 et 5). L’art éburnéen pratiqua la ronde bosse (statuettes de femmes de Brassempouy), parce que l’ivoire s’y prêtait; l’art tarandien, au contraire, fil du bas-relief, parce que le bois de renne était plat et spongieux, puis il aboutit à la gravure.
- L’éléphant, hôte des vallées, doit, on l’a dit plus haut, se rencontrer (et par conséquent les objets d’ivoire aussi) en plaines, plutôt que dans les régions montagneuses.
- Fig. (5. — Harpons en bois de renne. (Lorlhet.)
- p.70 - vue 74/647
-
-
-
- - 71
- L’ART PENDANT L’AGE DU RENNE D’APRÈS P1ETTE
- C’est pourquoi, très commun à Brassempouy, il fut en nombre bien moindre à Solutré où le renne abondait sons le climat rigoureux du Maçonnais. D’ailleurs, ces deux gisements sont complexes et leurs assises sont loin d’être synchroniques.
- Avec l’époque élaphienne (dont la faune fut à peu près celle de l’époque actuelle) disparut le renne et aussi les arts qui employaient son bois. De nouvelles races humaines envahirent la terre de Gaule, races grossières et utilitaires, qui n’empruntèrent à la civilisation glyptique que
- et des quantités de galets peints à la sanguine, marqués de points, de barres, de croix, de caractères alphabéti-formes. Cette industrie comblait Y hiatus si discuté entre le paléolithique et le néolit hique : conclusion d’autant plus formelle qu’en dessous on retrouvait encore une assise glyptique avec renne en décroissance et cerf élaphe en augmentation! Gourdan, Lorthet, etc., avaient déjà fourni celle couche du Lorlhétien.
- À la plupart des assertions, opinions, hypothèses de Piette, très rélléchies, très mesurées, très bien écha-
- Fig. 7.
- les outils et les instruments qui pouvaient leur servir. Les familles d’artistes furent noyées dans le flot des envahisseurs, au moment où elles étaient dévoyées par la perle de la matière première de leurs instruments. Peut-être même les hommes furent-ils menacés; la sculpture et la gravure tombèrent avec eux dans la tourmente. L’un des principaux résultats acquis par Pietle est la découverte de l’étage asylien (grotte du Mas d’Àzil, sur la rive gauche
- de l'Ame à l’entrée de la perle de la rivière sous le grandiose tunnel naturel de celte grotte) ; la trouvaille est due au procédé d’observation stratigraphique, à la méthode géologique expresse, suivie dans toutes ses fouilles, et tant négligée par les fouilleurs de grottes, inconnue même de la plupart d’entre eux. Elle seule donne des dates relatives. C’est là que Piette exhuma une industrie lithique d’aspect magdalénien mais en pleine décadence, accompagnée d’une faune d’où le renne avait disparu, d’où le bison semblait absent (mais où le cerf élaphe et le sanglier formaient la presque totalité des débris de cuisine), des harpons plats perforés en bois de cerf aplatis,
- faudées, il semble qu’on puisse souscrire sans réserves, par exemple :
- Le souci et les préoccupations de l’art aux temps glyptiques, où les populations du pays de Gaule et des régions voisines avaient sans cesse à l’esprit la recherche et le culte du beau.
- Les synchronismes (dont on abuse tant maintenant) n’ont rien d’absolu. La civilisation ne brille pas partout en même temps. Les différences d’aptitudes se répercutent dans les outillages. De là des dissemblances souvent considérables dans les sédiments synchroniques : beaucoup de tribus n’eurent d’autre désir que de satisfaire
- Fig. 9. — Saumon sur bois de renne. (Lorihcl.)
- à la vie animale et leur industrie reste attardée et grossière.
- Piette affirme que l’homme glyptique sèmi domestiqua le cheval (en inventant et lui appliquant le chevètre) et l’éleva pour sa chair. Devant les réels enchevêtrements de traits dessinés sur les sculptures ou gravures de chevaux (lig. 7 et 8), il est difficile de ne pas admettre cette proposition. Le renne n’aurait été domestiqué que plus tard : il succéda au cheval quand le refroidissement du climat et la couche de neige empêchèrent celui-ci de brouter. Le renne, à son tour, disparut devant un réchauffement qui ramena les pluies. L’homme glyptique était chasseur et pêcheur et commerçait avec des pays lointains, par l’intermédiaire de nomades : on a trouvé une mandibule de phoque à Raymonden (Dordogne) loin de la mer;mais ces importations étaient fort rares quoique les gravures
- p.71 - vue 75/647
-
-
-
- 72
- L’ART PENDANT L’AGE DU RENNE D'APRES PIETTE
- de phoques soient fréquentes. Notre auteur ajoute :
- « Les artistes glyptiques figuraient surtout le's objets qui leur étaient familiers et par conséquent les animaux et les poissons (fig. 9) qui leur servaient de nourriture. 11 n’y a pas à chercher d’autres motifs de leurs préférences... »
- Les rhinocéros, dangereux et difficiles à capturer, sont rarement gravés, de même pour les grands félins dont « on n’a guère de représentation certaine » : renard, loup,hyène,serpent, non comestibles, sont peu figurés; assez cependant pour contredire la récente thèse de l’envoûtement ou attirance magique des animaux désirables » (qui est une des fâcheuses fantaisies de la préhistoire). « Si les artistes glyptiques avaient pensé qu’en dessinant, des animaux ils les attiraient et contribuaient à leur multiplication, jamais ils n’en auraient figuré de nuisibles. »
- Depuis le congrès archéologique et préhistorique-de 1900 à Paris (c’est-à-dire postérieurement à l’impression des ex-pli calions des planches de l’art pendant l’àge du Renne), le
- Dr Schœtensack a considéré les soi-disant bâtons de commandement (fig. 10 et 11) comme des fibules ou agrafes de vêlements : cela est admissible « pour ceux de taille moyenne qui n’ont qu’un seul trou ».
- L’homme glyptique ne se borna pas à figurer des animaux et (assez mal) des types humains : il inventa l’ornement, la volute, les cercles à relief central, la torsade,
- Fig 10. — Chevèlro gravé sur bois de renne avec cheval el canard. (Gourdan.)
- les lignes ponctuées, peut-être même l’écriture (fig. 12, 13; 14 et 15).
- Piette reproduit (ses fig. 115 et 114) deux réelles inscriptions sur os de la grotte du Placard à Rochebertier (fig. 15)
- et de la Madeleine; et il cherche dans leurs signes des similitudes avec certaines lettres phéniciennes, cypriotes, grecques anciennes, Cretoises : il est capital qu’il ait retrouvé ces signes sur les galets peints asy-liens de l’époque de transition. 11 faut aussi faire ce rapprochement qu’en 1900, M. A. Viré a trouvé une fort belle inscription sur bois de renne1 semblable à celle du Placard, dans la grotte de Combe-Cul-lier ou Crozo-de-Gentil près de la grotte Jou-clas à Lacave (Lot, vallée de a Dordogne),
- qui lui avait déjà fourni (1904-1906) un très important gisement solutréo-magdalénien. A côté des œuvres d’art véritable, on trouve les essais faits par les enfants et les inhabiles et aussi les études à sujets superposés et inachevés (fig. 119). En revanche, pour laisser à la critique ses imprescriptibles droits, il y aurait, selon moi, certaines réserves à faire sur les opinions suivantes de Piette :
- Entretien des feux avec de la chair, sous prétexte que la cendre est noire, comme celle du noir animal ! D’ailleurs, dans le tableau chonologique publié dans le 1 Qui serait de la fin du magdalénien (V. A. VinÉ, Bull. Soc. d’études du Lot, 2e trim. 1907, p. 110-114).
- p.72 - vue 76/647
-
-
-
- L’ART PENDANT L’AGE DU RENNE D’APRÈS P1ETTE .73
- p.73 - vue 77/647
-
-
-
- 74
- L’ART PENDANT L’AGE DU RENNE D’APRES PIETTE
- volume les mots « feux de chair » ont été remplacés par « feux entretenus par des matières animales ».
- La pratique de l’hospitalité au Mas d’Azil, à cause de la présence d’une aiguille en bois de renne, pareille à
- celle de Bruniquel (Tarn)!
- L’aurochs n’est pas le bison europœus (V. à ce sujet les notes, p. 282, de notre numéro 1706 du 30 mars 1907).
- L’hypothèse des tourbillons de poussière remplissant les grottes paraît vraiment hasardée. Le calme les cavernes, même même par les grands idées que
- Fig. 16. — Dessin de M. Formant.
- absolu qui règne toujours dans les plus largement ouvertes et vents actuels, m’empêche d’admettre les Piette a formulées à ce sujet.
- Les archéologues se sont imaginé que l’homme de l’âge du renne était venu occuper nos régions avec une industrie toute faite. (( En réalité, la civilisation larandienne est née sur le sol de l’Europe occidentale et surtout sur celui de la Gaule. » Cette conclusion est prématurée aussi ; nous ne savons rien de certain sur l’origine exacte de la population sur notre terroir. Mais il est permis de dire que la civilisation glyptique s’y est développée, puis y a décliné; et l’hypothèse de l’origine orientale admise par Sophus Millier, demeure la plus vraisemblable.
- « Quand ils étaient fiers de leur œuvre il la signaient ou y gravaient leur marque de propriété » (en losanges, ou autres signes). C’est possible mais non prouvé.
- « La spirale était un symbole. » Oh ! ceci nous l’ignorons totalement : pour les préhistoriens, le symbole est l’arthritisme ou le nervosisme des médecins; il FiS explique tout ce qu’on ne comprend pas et résout tous les embarras. Le symbolisme est la plus fâcheuse tare de la préhistoire actuelle; ses abus sont tels qu’il faut en proscrire l’usage.
- Il n’y a déjà que trop d’écueils dans la reproduction des sujets (traits, figures en relief) que la photographie ne peut pas toujours enregistrer.
- Piette nous en fournit un éloquent exemple avec les deux dessins d’une tête de Rhinocéros tichorhinus gravée sur stalagmite (grotte de Gourdan) (fig. 84 et 85, p.
- 87) ; ils sont tout à fait differents : dans celui de M. For-mont « la tête qui est un calque, est d’une exactitude parfaite ; mais la corne antérieure devrait être placée postérieurement sur la petite
- figurée à la
- l’abbé Breuil, tête ! (fig. 10
- Fig. 19. Fig. 20.
- Tête d’ivoire (grandie). (Brassempouy.)
- bosse du nez », comme l’a mais en donnant d’autres traits et 17).
- Trop souvent l’imagination ajoute la ligne ou les lignes nécessaires pour donner à la silhouette reproduite l’aspect de la forme supposée !
- Comment peut-on affirmer que la figure 89 représente une hyène tachée? Aussi,
- Piette, prudent et pondéré, a-t-il mis là un point d’interrogation. Mais il s’avance trop en affirmant que les inscriptions de Gourdan et de la grotte du pape « sont incontestablement plus anciennes que les hiéroglyphes égyptiens ». On sait trop peu de chose encore de la préhistoire d’Égypte pour être aussi affirmatif, sans preuves.
- D’ailleurs, une dernière proposition, quoique fort hardie, doit retenir vivement l’attention, quand on examine l’admirable et extraordinaire tête de femme en ivoire de la caverne du pape à Brassempouy (fig. 19-20); les « statuettes humaines de cette grotte (fig. 18) relient, par certains caractères, les temps quaternaires anciens au début des temps quaternaires modernes, pendant lesquels se développèrent les civilisations primitives de l’Égypte et des rivages de la mer Égée. »
- Le rapprochement avec les Boschi-mans de l’Afrique du Sud, à cause du développement des parties postérieures du corps (stéatopygie), est peut-être moins heureuse (pi. LXXI et LXX1V).
- En résumé, presque tout est à entériner de l’œuvre cl des conclusions de Piette : il est certainement, avec MM. Chauvet, Daleau, Déchelelle *, celui de tous les préhistoriens qui a le mieux su raisonner ses trouvailles et synthétiser celles d’autrui avec le plus de sang-froid et le moins de parti pris.
- C’est le plus bel éloge qu’on puisse faire d’un adepte de ces sortes d’études, où il est si difficile d’enrayer les entraînements de l’hypothèse à outrance, et de ne pas verser dans l’extravagance. .
- Quant à son album et à la beauté de ses planches, il faut les posséder à loisir et les étudier longuement, pour s’extasier comme il convient sur leur inestimable importance!
- E.-A. Martel.
- 1 J. Déchelette, Manuel d’archéologie préhistorique, etc., t. 1, Paris, Picard, 1908.
- 18. — Statuette en dent de cheval (grandie). (Mas d’Azil.)
- p.74 - vue 78/647
-
-
-
- 75
- CHRONIQUE
- La formation des globules rouges des mammifères. — Depuis que Malpighi, à la lin du xvne siècle, a publié sa découverte des globules rouges du sang, la nature exacte de ceux des mammifères n’avait pas été élucidée jusqu’à ces derniers temps, malgré les travaux de nombreux chercheurs. 11 y a, en effet, une différence frappante, et embarrassante, entre les globules rouges (hématies) des mammifères et ceux des autres vertébrés : tandis que ceux de ces derniers se présentent, en effet, avec tous les caractères d’une cellule normale, possédant un cytoplasme et un noyau, ceux des premiers ne comportent pas de noyau. Un était donc en droit de douter jusqu’à preuve du contraire qu’on se trouvât avec eux en présence de véritables cellules, et, en effet, les savants •se partageaient à leur égard, les uns considérant les hématies des mammifères comme de véritables cellules, mais vieillies et ayant d’une façon quelconque perdu leur noyau, les autres y voyant non pas des cellules, mais des produits d’une cellule, des éléments cellulaires par l’origine, mais devenus indépendants de la cellule productrice.
- M. J. Jolïy, maître de conférences au Collège de France, a récemment repris la question et il a exposé les résultats de son travail dans les Archives iVanatomie, microscopique (1907, XI, II, 153, réimprimé dans Laboratoire (Vhistologie du Collège de France, trav. de Vannée 1907, p. 37-218). A la suite de minutieuses recherches, il se prononce nettement pour la seconde théorie. Pour lui, les théories qui expliquent la formation des hématies en les faisant naître dans le cytoplasme de differentes cellules, ne peuvent être conservées; on ne peut pas non plus voir en elles le résultat de la transformation du noyau d’une cellule du tissu conjonctif, ni d’un globule blanc. Par contre, il lui paraît démontré que l’hématie des mammifères est une cellule hémoglobique évoluée, ayant possédé primitivement un noyau, puis l’ayant perdu.
- 11 montre, en effet, que dans les premiers stades du développement du tissu sanguin des mammifères, on observe deux générations de cellules bémoglobiques parfaitement nucléées (possédant un noyau) : 1° des hématies primordiales, volumineuses; 2° des hématies secondaires, plus petites ; de ces deux générations, la seconde ne dérive d’ailleurs pas de la première, mais elles semblent se former toutes deux, à intervalle, par la répétition d’un seul et même procédé, résultant directement de la prolifération des cellules du feuillet vasculaire, c’est-à-
- dire du tissu qui est la première ébauche des vaisseaux sanguins.
- Quoi qu’il en soit, c’est des hématies de la seconde de ces générations (hématies secondaires) que naissent directement, par voie de division normale, les véritables globules rouges, les hématies définitives : celles-ci d’ailleui’s ne sont pas originairement anucléées, mais elles perdent leur noyau primitif, tantôt, et c’est le procédé constant et primordial, par atrophie nucléaire, tantôt, et c’est un procédé dérivé mais général, par expulsion de ce noyau ou de ce qu’il en reste, après l’atrophie commencée. 11 existe d’ailleurs des espèces de mammifères (porc, chat, souris,...) chez qui subsistent jusqu’à l’âge adulte des stades antérieurs à celui de l’hématie sans noyau, c’est-à-dire où l’on rencontre de volumineuses hématies pourvues de noyau.
- En résumé, l’hématie des mammifères est donc bien •une vieille cellule qui a perdu son noyau, soit par dégénérescence, soit par expulsion, et qui se trouve réduite à sa coque; elle peut donc être comparée à d’autres éléments qui subissent une évolution semblable, comme les cellules cornées, ou les fibres cristalliniennes sans noyau par exemple.
- Les constituants immédiats de la houille. —
- Un auteur anglais, Bedson, a eu l’idée de rechercher les constituants immédiats de la houille; pour cela, il a soumis ce corps finement pulvérisé à l’extraction par la pyri-dine à chaud et. il en a retiré, suivant les espèces de bouille, de 22 à 35 pour 100 d’un corps solide soluble dans ce solvant. L’oxydation de la houille pulvérisée par l’acide chlorhydrique et le chlorate de potasse en convertit la plus grande partie en un solide brun soluble en grande proportion dans l’alcool ou l’acétone d’où l’on peut isoler les composés chlorés Cs011** Cl8 O10 et C24H18C1*09, le premier par extraction à la benzine de l’extrait acéto-nique, le second par extraction à l’alcool chaud du résidu insoluble dans la benzine ; enfin les liqueurs acides provenant de l’oxydation ci-dessus renferment un composé liquide jaune de composition CsiiH5eCl4020.
- L’exiraction directe de la bouille par la benzine a fourni également les produits : C,4H1S02 soluble dans l’éther et C13lï2fi0, insoluble dans le môme solvant. 11 sera intéressant de connaître la constitution et la nature de ces différentes substances qui jetteront peut-être quelque lumière sur la nature chimique de la houille.
- MÉSAVENTURES PHOTOTÉLÉGRAPHIQUES
- Singulières illustrations, penserez-vous, que celles qui accompagnent cet article. Pourquoi cette gracieuse jeune fille dont vous devinez les traits délicats, a-t-elle le visage horriblement balafré? que signifie cet étrange pointillé, sous lequel se dissimule diplomatiquement la physionomie de M. Clemenceau ? Et ces stries concentriques s’irradiant sur un personnage singulièrement flou qui paraît être Moulaï-Hafid? Ce sont là des spécimens de ratés fort curieux, survenus à quelques-unes des phototélégraphies qui chaque jour s’échangent entre nos confrères l'Illustration de Paris et le Daily Mirror à Londres. 11 existe en effet, entre ces deux journaux, un
- service phototélégraphique, parfaitement organisé ; l’appareil employé est l’appareil Korn que La Nature a décrit il y a quelques mois. Toutes les nuits, pendant 2 heures, ce reportage d’un nouveau genre emprunte la ligne téléphonique Paris-Londres, et l’on transmet ainsi de Paris à Londres, sous forme d’images, toutes les informations intéressantes de la journée.
- L’appareil Korn fonctionne aujourd’hui parfaitement et l’on obtient avec lui d’excellentes transmissions de photographies, à condition, cependant, que l’état de la ligne soit satisfaisant. Mais il ne l’est pas toujours, on s’en doute bien ; il suffit, pour en être convaincu, d’avoir téléphoné quelquefois sur des lignes
- p.75 - vue 79/647
-
-
-
- 76
- MÉSAVENTURES PHOTOTÉLÉGRAPHIQUES
- interurbaines. Les photographies ci-jointes ont été transmises, de Paris à Londres, par la voie que nous
- la patience de la téléphoniste qui dessert la ligne, et les balafres qui déparent notre photographie n° 5
- Fig. 1. — Le poste tôléphotographique Kom.
- indiquons, et elles révèlent précisément les défauts donnent la preuve de sa nervosité; car elles marquent de la ligne ou du service au moment de l’envoi. de brèves interruptions de la communication, aussitôt
- Fig. 2, 3 et 4. — Mlle Laloc, MM. Clemenceau et Moulaï-Haiid, vus de Londres.
- Sur les deux premières photographies on peut lire Une série de dépêches Morse, sur la troisième une dépêche Baudot.
- La transmission d’une image dure 20 minutes; on devine que cette lenteur met parfois à l’épreuve
- rétablies, sans doute sur l’injonction de l’expéditeur. 11 arrive très souvent, sur les lignes de grande
- p.76 - vue 80/647
-
-
-
- • MÉSAVENTURES PHOTOTÉLÉGRAPHIQUES
- 77
- Fig. 7, 8 et 9. — Quelques spécimens de ratés phototélégrapliiques dus au mauvais état de la ligne.
- p.77 - vue 81/647
-
-
-
- 78 L EXTENSION DE LA CULTURE DU MANIOC AU DAHOMEY
- longueur notamment, que les courants transmis sur les lignes télégraphiques voisines inüuencent la ligne téléphonique. Il se produit alors ce que les gens du métier appellent de la friture ; tout le monde a pu percevoir au téléphone ce bruit particulièrement désagréable.
- Si ces ellèts électriques se produisent au moment de la transmission d’une image phototélégraphique, ils infl uenceront évidemment le poste récepteur : les figures en montrent les résultats. Le pointillé qui
- transforme la figure de M. Clemenceau en une sorte de tapisserie des Gobelins, n’a d’autre cause que l’influence d’une dépêche télégraphique en alphabet Morse, expédiée au même moment sur une ligne voisine. Sur le visage de Moulaï-llafid (fig. 4), c’est au contraire une dépêche envoyée par un appareil Baudot, ipii est venue se superposer à la photographie. Bref’, c’est, en quelque sorte, la photographie de la « friture » qui nous est présentée en même temps que celle des personnages d’actualité. A. T.
- L’EXTENSION DE LA CULTURE DU MANIOC AU DAHOMEY
- Le manioc, ou plus exactement le manihot, cet arbrisseau de la famille des Euphorbiacées dont les tubercules fournissent, comme on sait, une fécule alimentaire, est cultivé dans tout le Dahomey et la farine de manioc entre pour une lionne part dans la nourriture des indigènes. Sa consommation semble même augmenter, depuis quelques années, au détriment de celle du maïs.
- Les indigènes apprécient d’autant plus ce produit que sa culture est simple et exige peu de frais. On plante le manioc par boutures en mars et avril, au début de la saison des pluies ; la récolte se fait en septembre.
- On trouve beaucoup de champs de manioc aux environs des agglomérations, telles que Porto-Novo, Cotonou, Ouidah, Grand-Popo, ainsi que dans les terrains légers et sableux de la zone côtière et dans les terrains d’alluvion du Bas-Ouémé. Dans la région de Zivié (cercle d’Àllada), où se trouve l’un des marchés les plus importants du sud de la colonie, on cultive aussi le manioc, mais toujours pour la consommation locale seulement. Ce marché est bien pourvu en farine de manioc et en tubercules de la même plante cuits dans l’eau.
- On cultive beaucoup plus de manioc dans la zone côtière et dans le cercle d’Allada que dans les cercles du Moyen et du Haut-Dahomey parce que, dans ceux-ci, la culture de l’igname est pratiquée sur de grandes surfaces et que le rhizome tuberculeux et féculent de cette plante fait avantageusement concurrence au manioc dans l’alimentation.
- Le manioc n’est donc cultivé actuellement au Dahomey que comme une plante vivrière destinée seulement à la consommation indigène. Aussi, la plupart du temps, ne rencontre-t-on que quelques lignes de manioc en bordure des champs ou réparties parmi les autres cultures.
- Mais il serait facile d’exploiter le manioc en grand pour produire de la fécule qui trouverait en Europe, où le tapioca est très apprécié, un débouché avantageux.
- Les conditions sont des plus favorables. Le manioc trouve au Dahomey un climat qui lui convient, et les terres dont les qualités répondent aux exigences de la plante sont nombreuses dans le Bas-Dahomey. L’indigène connaît parfaitement sa culture et sait lui donner les soins qu’elle réclame. La plante est d’ailleurs très résistante et les sauterelles qui dévorent quelquefois le maïs laissent le manioc intact. Les moyens de transport ne manquent pas. En dehors du chemin de fer, il y a de nombreuses voies fluviales : l’Ouémé, le Sô, le lac Ahémé, le Mono, qui permettent un transport facile et économique.
- Le service de l’inspection de l’agriculture de l’Afrique occidentale française, que dirige M. Yves Henry, se préoccupe actuellement de rechercher les moyens de
- développer la culture du manioc par l’indigène et pour son propre compte, estimant avec raison qu’elle serait parfaitement possible et rémunératrice. D’après une note que publie ce service, les rendements calculables permettent d’espérer par la culture indigène une production probable de 15 000 kg à l’hectare en terres de fertilité moyenne ; en supposant que le manioc frais soit vendu à raison de 12 fr. la tonne, cela ferait un rendement brut de 180 fr. à l’hectare. Ai le maïs, ni le coton ne donnent au Dahomey des résultats aussi avantageux.
- Mais le problème à résoudre est de trouver la meilleure forme à donner au manioc pour qu’il puisse devenir un produit d’exportation.
- L’inspection de l’agriculture de l’Afrique occidentale ne croit pas devoir se prononcer, quant à présent, sur l’opportunité d’établir sur place une lêculerie, la richesse en fécule, en amidon, du manioc cultivé au Dahomey n’ayant pas été déterminée, non plus que la composition des eaux de la colonie, dont dépend la possibilité de les utiliser pour la préparation de la fécule.
- Mais M. Yves Henry considère comme parfaitement possible de faire du manioc un produit d’exportation en découpant au préalable les racines en rondelles très minces et en séchant ces dernières au soleil ou dans des dessiccateurs. Le produit ainsi obtenu serait traité en Europe pour en extraire la fécule.
- H reste à savoir comment ces rondelles pourront être préparées. Il est évident qu’il faut substituer au découpage à la main un découpage mécanique. A ce sujet une expérience a déjà été tentée dans la colonie. Un spécimen de coupe-racines a été importé par M. Poisson. Cet appareil est constitué en principe par un disque vertical portant, dans le sens des rayons, six couteaux à lames très tranchantes. Une trémie latérale sert pour l’alimentation en racines de manioc. Il peut être mû à bras ou mécaniquement.
- Mais cet appareil nécessiterait quelques perfectionnements que signale l’inspection de l’agriculture. La trémie notamment est mal disposée et les racines, au lieu de se présenter perpendiculairement au disque, se placent tangentiellement, de sorte que ce ne sont plus des rondelles, mais des lames de toutes dimensions et plus ou moins déchiquetées qui sortent du coupe-racines.
- Un autre point à envisager est celui de savoir si l’on pourra sans inconvénients débiter le manioc frais en rondelles après un simple lavage préalable, ou s’il faudra l’éplucher.
- Enfin il conviendra de déterminer le meilleur mode d’emballage des rondelles de manioc pour assurer leur conservation à bord des paquebots.
- Gustave Regelsperger.
- p.78 - vue 82/647
-
-
-
- ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 29 juin 1908. — Présidence de M. Bouchard.
- La catastrophe de la Martinique. — U11 ouvrage de M. Lacroix consacré à la Montagne Pelée vient de paraître par les soins de l’Académie. De l’ensemble des éludes de l’auteur sur les phénomènes volcaniques il résulte que l’anéantissement complet et instantané d’une ville par une nuée ardente, ayant roulé le long des flancs de la montagne pour gagner les parties liasses, est le seul exemple que l’on puisse relever d’une catastrophe de ce genre. Pompéi a disparu sous une pluie de cendres il est vrai, mais la pluie de cendres a dû exercer ses effets pendant plusieurs jours. Aussi le dixième de la population seulement a-t-il péri.
- Le rôle des levures. — M. Roux présente un travail de MM. Trillal et Sauton sur le rôle des levures au cours de l’oxydation de l’alcool, sous bmr influence directe. Ils montrent que l’aldéhydiücation de l’alcool est due non pas au suc de la levure, mais à la levure même. Cette action est spécifique pour l’alcool éthylique. Enfin, MM. Trillal et Sauton montrent que le rôle des levures 11e se borne pas à une aldéhydification, mais qu’il y a en même temps éthérification.
- Le poids moléculaire des acides phosphoriques. — M. Lemoine présente une Note de M. Girau sur les poids moléculaires des acides ortlio, pyro et mélaphospho-riques. 11 a déterminé ces poids par la cryoscopie; sa conclusion est que dans l’acide métaphosphorique la molécule est cinq fois condensée, dans l’acide pyro-phosphorique trois fois et dans l’acide orlhophosphorique deux fois.
- Géologie de la Cgrse. — M. Michel Lévy présente un travail de MM. 'fermier et Maury sur la géologie Se la Corse orientale. En résumé l’auteur constate la présence de nappes de charriage ; on ne sait d’où elles viennent, mais elles existent.
- Hémorrhagies nasales.— M. Delage présente une Note
- de M. Pierre Bonnier sur les épistaxis bulbaires d’origine nasale. D’après l’auteur, des troubles fonctionnels chroniques peuvent être maintenus par l’influence d’une irritation imperceptible de la muqueuse nasale. En cautérisant systématiquement les cornets sur une cinquantaine de malades, il a vu disparaître les troubles suivants : 18 fois sur 12 l’entérite muco-inembraneuse, 17 fois sur 20 la constipation, 10 fois sur 11 l’entéralgie. 11 a observé également 8 cas de guérison de l’amaigrissement, 0 du vertige stomacal, 5 d’insomnie, palpitations et nausées, 5 de surdité congestive et bourdonnements.
- Les luniciers par rapport aux mollusques. — M. Perrier présente une Note de M. Roule relative à la place des luniciers dans la série animale. Les luniciers sont rattachés aux Vertébrés par certains caractères; on les a néanmoins rapprochés des mollusques. M. Roule reprend l’étude de la question en s’attachant au caractère que fournit la chorde dorsale.
- Variations des éléments des courants. — M. Carpentier lait fonctionner devant l’Académie un rhéographe construit sous sa direction et qui a pour objet de montrer, à l’aide de courbes, les variations des deux éléments corrélatifs, force électromotrice et intensité, de couranls tels que les courants alternatifs. L’appareil est caractérisé par le mode d’action du courant sur l’organe mobile ; le courant agit non point directement mais par induction sur cet organe. Un dispositif spécial, formé d’un prisme tournant et de quatre miroirs fixes, permet d’étaler dans le sens vertical le mouvement alternatif d’un rayon lumineux réfléchi par le miroir oscillant.
- Élections. — M. Becquerel est élu Secrétaire perpétuel en remplacement de M. de Lapparent par 48 voix sur 51. M. Turner, d’Oxford, est élu correspondant de la section d’astronomie en remplacement de M. Vogcl, de Potsdam. Ch. de Vildedeuil.
- LE VIDE DANS LES LABORATOIRES ET L’INDUSTRIE CHIMIQUE
- On sait le rôle important que joue l’emploi du vide dans la chimie moderne ; dans l’élude des corps organiques notamment, le chimiste se trouve constamment en présence de mélanges complexes, dont il s’efforce de séparer les divers constituants : le procédé le plus pratique, lorsqu’il est possible, est celui de la distillation fractionnée, qui met à profit les dilïérences entre les températures d'ébullition de ces éléments. Mais les corps de la chimie organique sont très sensibles à l’action de la chaleur et se décomposent aisément; l’emploi de la méthode de distillation serait singulièrement réduit, sans le précieux auxiliaire de la pompe à vide, qui diminuant la pression au-dessus du mélange étudié, abaisse les températures d’ébullition de ses composants et permet d’effectuer la distillation à basse tempéra-rature.
- Des laboratoires, où il fut introduit par le grand chimiste Würlz, l’emploi du vide est passé dans l’industrie : il y a rendu pratique la préparation en grand d’une foule de produits, sucre, matières colorantes, parfums artificiels, produits pharmaceutiques et biologiques, etc.
- Pour produire le vide, on recourt habituellement à des pompes à piston, avec clapets ou tiroirs commandés mécaniquement, à espaces nuisibles à peu près nuis; ce sont de vraies machines pneumatiques; on peut précisément leur reprocher d etre capables de donner bien plus qu’on ne leur demandera jamais, le vide industriel n’a pas besoin de se rapprocher du vide absolu ; on a donc des appareils inutilement perfectionnés et coûteux.
- Aussi a-t-on songé, depuis longtemps, à produire le vide au moyen de la trompe à eau, universel-
- p.79 - vue 83/647
-
-
-
- LE VIDE DANS LES LABORATOIRES ET L’INDUSTRIE CHIMIQUE
- 80
- lement connue sous le nom de trompe d’Alvergniat ; dans cet appareil, l’air est aspiré et entraîné par un jet d’eau continu; la trompe n’a son action limitée que par la lension de la vapeur d’eau; c’est-à-dire que l’on arrive.pratiquement à distiller sous
- une pression de 12 à 15 mm de mercure; ce qui correspond à un abaissement du point d’ébullition d’environ 80°, bien suffisant pour les recherches pratiques du laboratoire et pour les besoins de l’industrie.
- La trompe à eau semblait donc constituer, pour la production du vide, un appareil simple, dépourvu de mécanismes compliqués, répondant parfaitement aux exigences industrielles.
- Mais elle présente un grave défaut : son débit est faible, et par suite le vide n’est obtenu que fort lentement.
- Aussi son perfectionnement a-t-il tenté de nombreux inventeurs : M. Maurice Leblanc, l’ingénieur bien connu dont nous avons récemment décrit le condenseur, a créé récemment une pompe basée sur le principe de la trompe à eau et qui donne de remarquables résultats. Le point essentiel de cet appareil est le suivant : la force vive est communiquée à l’eau par le jeu d’une turbine à injection partielle par le centre, placée dans la pompe même et actionnée mécaniquement de l’extérieur de la pompe, soit par courroie, soit par un moteur quelconque, électrique ou à vapeur.
- La turbine est mue dans le sens de la courbure de ses aubes, et celles-ci se déplacent devant un distributeur fixe par où l’eau est admise dans la turbine. L’eau est donc mécaniquement divisée, et elle forme une gerbe continue d’une texture spongieuse, animée d’une vitesse correspondant à une hauteur de 80 m. environ.
- La force vive de celte eau se transforme en travail de compression dans un cône divergent, et l’eau s’écoule à l’extérieur, en entraînant avec elle tous les produits gazeux à extraire du récipient soumis au vide.
- L’amorçage de la pompe se lait, soit au moyen d’eau en charge, soit au moyen d’un jet de vapeur à travers un éjecteur prévu à cet eiïêt.
- Quelques-unes de ces pompes sont déjà en fonctionnement.
- La figure ci-dessous représente un petit modèle absorbant 1,5 cheval, environ à 1140 tours, il est en service dans une usine fabriquant des parfums synthétiques; les essais auxquels il a été soumis ont prouvé qu’il pouvait donner presque le vide théorique, c’est-à-dire ne laisser subsister au-dessus du liquide traité qu’une pression égale à la tension de la vapeur d’eau, à la température où l’on
- Fig. 2.
- One turbine à vide Leblanc en fonctionnement.
- opère. Voilà donc une machine simple et ingénieuse, d’un fonctionnement parfait et qui rendra assurément de grands services. A. Trolijgr.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lahure, rue de Fleurus, 9.
- p.80 - vue 84/647
-
-
-
- LA NATURE.
- N° 1833.
- 11 JUILLET 1908.
- CONSTRUCTIONS MILITAIRES DANS LE HAUT-TONKIN
- Le triste incident du
- de Pha-Lom
- coûté la vie au lieutenant Weigand et à six tirailleurs tonkinois, a de nouveau attiré l'attention sur la frontière chinoise du Tonkin.
- La région baignée par la Rivière Claire est certainement de tout le Tonkin celle qui est le moins favorisée au point de vue des communications.
- Des marchandises expédiées d’Uaïphong aux postes de la frontière n’y parviennent qu’après un mois ou
- toute leur science pour achever la construction de blockhaus du type général que nous reproduisons ici, virent, en un jour, leurs forteresses s’écrouler lamentablement sur leurs fondations comme de simples châteaux de carte.
- Quoi qu’il en soit, de vastes bâtiments à l’européenne s’élèvent maintenant dans presque tous les postes, des ponts en maçonnerie couvrent les cours d’eau, des fortins s’échelonnent menaçants sur toute la frontière, et si parfois l’élégance des lignes ne répond pas à l’esthétique rêvée, ces constructions résistent en somme fort bien aux intempéries du climat et aux violences des éléments et ont tout au moins le mérite de ne pas avoir obéré les finances de l’État et les caisses de la Colonie.
- 11 n’est donc pas sans intérêt de décrire les procédés employés par nos officiers pour suppléera l’insuffisance de leurs ressources pécuniaires et à leur inexpérience dans l’art architectural.
- Le prix de revient du ciment, par exemple, était réellement exorbitant à Ha-Giang il y a quelques années. On résolut enfin
- 1. — L'entrée du poste militaire de Thuu-Tlmy à la frontière chinoise du Yunnan.
- cinq semaines de transbordements successifs sur les vapeurs des Compagnies Fluviales, sur les sampans de l’Etat et sur le dos des chevaux porteurs appartenant aux Cercles militaires. Et j’admets généreusement ici que tous les services administratifs ont fonctionné normalement et qu’ils ont mis la meilleure grâce à faciliter le transit rapide du convoi !
- On s’imagine quel pouvait être le prix de revient des matériaux expédiés par les commerçants d’Hanoi, de Bac-Ninh ou d’Uaïphong, pour construire le moindre bâtiment destiné au logement des cadres européens de nos postes . perdus à la frontière chinoise.
- Aussi la consigne formelle donnée à tous les chefs fut-elle, depuis la première période de la conquête jusqu’à nos jours, d’éviter les dépenses, et, pour employer un terme du métier, de « se débrouiller » en utilisant les ressources du pays.
- je dois avouer que les expériences de nos officiers, architectes par la force des choses, ne furent pas toujours couronnées de succès. On rit encore à Ha-Giang, le chef-lieu du ome Territoire militaire, des mésaventures de deux jeunes lieutenants qui, après avoir déployé pendant quatre mois tout leur zèle et
- 36e aimée. — ïa semestre.
- Fig. 2. — l'oslc militaire (le Lao-Chay.
- d’appliquer un système employé par des coolies chinois pour le dallage des maisons à Yunnansen, chef-lieu de la province du Yunnan, et l’expérience tentée donna les meilleurs résultats.
- Dans un tonneau scié en deux, on fait un mortier composé de 50 kg de sable tamisé et de 25 kg de chaux, sur lequel on verse environ 8 kg de sucre brut ; on triture ce mélange jusqu’à ce qu’il s’amalgame complètement; puis, l’enduit reste pendant huit jours à l’abri du soleil et de la pluie ; et l’on possède alors un ciment parfait que nos coloniaux ont par reconnaissance baptisé : le ciment chinois.
- Le produit est peu coûteux puisque la chaux rc-
- 6. — 81
- p.81 - vue 85/647
-
-
-
- 82
- EMPLOI DU CORINDON ET DE L’ÉMERI
- 400 kg et le sucre à environ
- prélerena
- vient à 1 fr. 40 les 7 l'r. 50 les 50 kg.
- 11 est recommandé d’employer de chaux étcinLe depuis'un certain temps et de ne préparer le mélange qu’au fur et à mesure des besoins.
- Les tâtonnements furent plus nombreux pour donner aux briques façonnées sur place une cohésion leur permettant de résister aux pressions et aux intempéries d’une manière plus efficace que les malheureux blockhaus cités plus haut.
- Cependant, il y a deux ans, on entreprit d’imbiber la terre glaise des briques d’une solution de tanin et les expériences furent couronnées de succès.
- Pour extraire le tanin de l’écorce des arbres, on adopta le procédé des indigènes ipii consiste à broyer les écorces à l’aide d’un pilon rustique et à les faire dissoudre dans de l’eau bouillante pendant plusieurs heures. Le bain contenant en dissolution les principes lanniques est ensuite transvasé dans un second récipient; on le fait à nouveau chauffer jusqu’à complète évaporation et l’on obtient ainsi un résidu tannifère brunâtre pouvant
- Rivière Liai
- aire,
- être aussitôt utilisé pour la fabrication de la brique. Les chênes, très nombreux dans la Vallée de la contiennent du tanin en quantité appréciable; on tire aussi ce produit des galles de Chine et surtout des (( cunao », gros tubercules qui poussent sur une petite liane rampante, très commune dans les immenses forêts du llaut-Tonkin.
- Enfin, des ofliciers recherchent activement des gisements d’ardoises ; ils en ont déjà reconnu trois : le premier, près du village de Than-Thuy, le second, sur la route de, Xin-Man à Coc-Paï et le troisième au col de Tong-Pan.
- Et c’est pourquoi les commandants de poste, de cercle ou de territoire des Hautes Régions du Tonkin n’ont plus à attendre maintenant, pendant de longs mois,
- Ci"'. 5. — Plan d’un blockhaus à la frontière du Tonkin.
- sons de ciment, de briqués ou de tuiles qui leur arrivaient si péniblement du Delta, en admettant toutefois (pie le convoi tout entier ne vienne pas à sombrer au passage d’un de ces nombreux rapides de la Rivière Claire, si redoutés des Annamites et des Européens.! Louis me Cantii.ly.
- EMPLOI DU CORINDON ET DE L’EMERI NATURELS ET ARTIFICIELS
- pour le travail des métaux et les recherches métallographiques
- L’industrie utilise, pour le travail des produits métallurgiques et le polissage des métaux eux-mêmes, un certain nombre de substances dont la dureté varie suivant le résultat en vue. Dans le travail des métaux, on se sert principalement de l’émeri qui, d’un prix beaucoup moins élevé que le corindon, donne des résultats presque aussi intéressants que ce dernier. Jusqu’à ces derniers temps, on n’employait, pour cet usage, que l’émeri naturel, dont les gisements, peu répandus d’ailleurs, offrent des qualités très inégales de ce composé. On voit, d’après cela, quel bénéfice considérable l’industrie réaliserait si l’on mettait à sa disposition des produits artificiels ayant la même dureté que l’émeri naturel et d’un prix moins élevé. C’est ce résultat auquel on est arrivé par l’adaptation des méthodes électrotliermiqucs.
- Le corindon et l'émeri appartiennent au genre, aluminoxyde de l’ordre des oxydes ; les composés artificiels dont ils sont le principe et dont nous allons parler, y compris le corubis et Yalundum, peuvent servir aux mêmes usages. Les emplois qui leur sont déjà réservés dans l’industrie métallurgique et qui se multiplient chaque !
- jour sont là pour témoigner de l’importance de ces nouvelles fabrications.
- Parlons d’abord des produits naturels.
- Le corindon est de l’alumine presque pure; mais il contient en outre de 0 à 8 pour 400 d’oxyde de fer, 0 à
- 4 pour 100 de silice, 0 à 1 pour 400 de chaux et 0 à
- 5 pour 100 d’eau. 11 se présente presque toujours sous forme de cristaux appartenant au système rhomboédrique et ayant extérieurement l’aspect de deux pyramides accolées par leurs bases.
- 11 peut assez facilement être réduit en poudre ou en fragments de toutes grosseurs pour la construction des meules de différents diamètres et de puissances variées. Mais, lorsque ces meules ont servi pendant un certain temps, elles se recouvrent d’une sorte de dépôt, véritable crasse minérale, qui nuit considérablement à leur efficacité et qu’il convient d’éliminer ; pour cela, on a recours à un instrument capable de reformer la surface granuleuse de la meule, instrument qui se compose d’un manche métallique terminé à l’une de ses extrémités par une pince en fer à cheval livrant passage à un axe tenant
- p.82 - vue 86/647
-
-
-
- EMPLOI DU CORINDON ET DE L’EMERI ===== 83
- une roue vers le milieu de su longueur. Cette roue, dont les dimensions doivent être appropriées à la taille de la meule, c’est-à-dire à la largeur et à la longueur de la surface rodante, est constituée par une molette à plusieurs rangées de dents aiguës. Un la promène sur la meule tandis qu’elle tourne par le simple mouvement d’allée et de venue de l’instrument; de la sorte, il se produit un repiquage très net de la meule, qui met sa surface à vif et qui la rend de nouveau propre à ses différents usages.
- L’émeri est un corindon grenu et compact, beaucoup moins pur que ce dernier corps, il ne contient, en effet, que de 44 à 84 pour 100 d’alumine et peut renfermer, suivant sa provenance, de 8 à 50 pour 100 d’oxyde de fer et de 1 à 0 pour 100 de silice. Sa densité est de 4 et sa masse est souvent parsemée de lamelles micacées. Ouant à sa couleur, elle peut être brune, bleuâtre, rougeâtre ou violacée.
- L’émeri, finement pulvérisé, sert à la préparation du papier-émeri qui a une foule d’emplois domestiques et industriels et dont la consommation s’accentue chaque jour. 11 s’obtient généralement en fixant le corps dur sur du papier fort au moyen de colle épaisse. La loile-êmeri, d’un plus long usage, se prépare de la même façon, mais elle se déchire moins facilement que le papier. On fabrique même aujourd’hui du earlon-émeri, et le procédé qui donne les meilleurs résultats consiste à prendre de la pulpe de bois bien fine et homogène et à l’additionner de la moitié de son poids d’émeri en poudre. On brasse le mélange soigneusement de façon à distribuer également l’émeri dans toute la masse ; puis on presse sur celle pâte en lui donnant la forme et l’épaisseur convenables, lorsque la dessiccation s’est convenablement opérée, on obtient une excellente préparation et le produit ainsi fabriqué possède la qualité essentielle de n’être pas constitué seulement par une couche superficielle de la substance dure, mais de contenir cette substance dans toute son épaisseur ; ceci permet de l’utiliser avec succès et entièrement jusqu’à ce (pic la matière elle-même fasse défaut.
- Ces papiers, toiles et cartons à l’émeri trouvent principalement leur usage dans le polissage des métaux et du bois ; mais on peut également les utiliser pour certains travaux spéciaux et, en particulier, pour la préparation des plaques de métaux ou alliages destinées aux études mé-lallographiques (Voy. La Nature, n° 1700 du 23 décembre 1905).
- A l’état de poudre impalpable, l’émeri est employé pour polir un certain nombre de minéraux et de métaux. On l’utilise également dans le polissage de la mosaïque : Celle-ci est d’abord préparée à l’aide de grès et de sable lin légèrement humectés d’eau; puis, lorsque sa surface est suffisamment nette, le frottement se poursuit par un tampon de plomb saupoudré d’émeri et par un tampon de linge portant également de l’émeri. L’opération s’achève à l’aide de potée d’étain.
- En poudre grossière, l’émeri sert à fabriquer differents agglomérés (meules, cylindres, limes, pierres à aiguiser), obtenus généralement par moulage à l’aide de ciment ou par cuisson avec la résine comme matière agglutinante. La gomme-laque en écailles sert avec succès dans cette opération et, pour cela, on la réduit en tout petits morceaux et on la mélange à une quantité convenable et déterminée de poudre d’émeri. La pâte obtenue est pressée dans un moule bien chaud, ce qui fait fondre la gomme-laque et agglomère les matériaux, puis on laisse refroidir le tout lentement. On peut préparer une excellente
- pierre artificielle à aiguiser les lames d’acier de la façon suivante : on fait fondre sur un feu doux 25 gr. de gomme-laque et 10 gr. de résine; on y mélange 100 gr. d’émeri en poudre et on coule dans des récipients enduits intérieurement d’huile. L’objet refroidi et solidifié est dégraissé dans une solution chaude de potasse.
- Les meules d’émeri ne doivent pas posséder un trop fort diamètre, car un simple défaut d’homogénéité pourrait provoquer des ruptures et il s’ensuivrait des accidents graves. On a constaté plusieurs fois que ces accidents se produisent avec des vitesses périphériques très variables suivant la constitution de la meule. Certains éclatements se sont produits pour des vitesses ne dépassant pas 700 tours à la minute, alors que, pour 1570 tours, aucune rupture ne se produisait. On a de plus remarqué qu’une meule ayant trempé environ 12 heures dans l’eau perd de 40 à 50 pour 100 de sa résistance. Lorsque les meules sont petites et qu’elles tournent à des vitesses modérées, les dangers de cette nature ne sont pas à craindre et il est toujours préférable d’agir dans ce sens lorsqu’on doit les utiliser.
- Pour la préparation des plaques de métal destinées à la mélallographie, la meule d’émeri est couramment employée ; elle sert, en effet, à faciliter et à devancer le travail du papier-émeri, en effectuant sur elles un polissage grossier.
- Passsons maintenant aux produits artificiels.
- On désigne sous le nom de corubis, une variété d’alumine artificielle provenant des résidus des opérations alu-minothermiques. On sait, en effet, que la quantité de chaleur dégagée par l’aluminium brûlant à l’état de Al2 O3 est considérable; on peut donc l’utiliser pour provoquer la fusion de corps très réfractaires. S’il s’agit, par exemple, de la préparation du chrome, on mélange l’oxyde de ce métal et l’aluminium (procédé Goldschmidl), et l’on provoque l’inüannnalion du mélange à l’aide d’une cartouche spéciale. L’alumine fondue provenant de la réduction se colore en rouge, d’où le nom de corubis qui lui a été donné pour rappeler son origine et sa composition. Cette substance est très dure et elle peut remplacer avantageusement l’émeri pour tous les usages auxquels celui-ci est destiné.
- Parmi les autres substances de synthèse à base d’alumine, nous devons également signaler un produit de récente fabrication, Yalundum ou émeri artificiel se présentant sous forme de masse cristalline ou de poudre à grains plus ou moins fins. Très dure et très mordante, cette substance peut être agglomérée par les procédés ordinaires et rendre les mêmes services que le corindon et l’émeri naturels. Elle est fabriquée spécialement par la Norton C° qui a installé ses usines au Niagara et qui en écoule annuellement de grandes quantités.
- La préparation de cette substance est des plus simples ; elle s’effectue au four électrique où la chaleur de l’arc a simplement pour but de réaliser une transformation physique de la matière traitée. On part pour cela de la bauxite, alumine impure, blanche ou rougeâtre (très abondante dans le Var), et l’on calcine ce minéral dans un arc puissant, de manière à lui faire acquérir, par un refroidissement lent, la dureté et le grain de l’émeri.
- Le four servant à cette préparation se compose d’une sorte de cuve en matière réfractaire, assez vaste pour que ses parois ne soient que faiblement soumises à la chaleur de l’arc, cela par l’intermédiaire d’une cloison artificielle formée de matière encore solide. Les deux électrodes de charbon plongent au centre de la bauxite chaude et, dès
- p.83 - vue 87/647
-
-
-
- 84 ;. .- : les PROGRÈS DE LA MÉTALLURGIE DU CUIVRE
- que l’arc jaillit, la masse se liquéfie, d’abord en partie, puis presque entièrement. Lorsqu’on est arrivé au résultat désiré, on abandonne le tout à un refroidissement lent, après avoir soulevé les électrodes. La masse ayant cris-lallisé au bout de 5 ou 4 heures, on relire du four un bloc ayant l’apparence du quartz et on le concasse lorsque le refroidissement s’est complètement effectué. C’est alors qu’011 transforme le produit, après toute une série de traitements mécaniques, en meules ou pierres à aiguiser ou encore en toile ou papier-émeri. En se servant de courant alternatif, on peut arriver facilement à transformer en alundum 4000 kilogrammes de bauxite par jour avec une puissance de 500 chevaux.
- Une variante de ce procédé consiste à prendre 759 kg de bauxite, 700 de coke et 96 d’un fondant qui peut être du carbonate de chaux, de la potasse ou de la soude. On dispose ces matières en couches alternées, dans un four présentant un tirage suffisant et le produit définitif possède les propriétés de la substance précédente.
- L’alumine cristallisée naturelle n’est guère employée comme substance rodante ; mais, par contre, on utilise fréquemment dans les laboratoires et dans l’industrie les papiers alumines, préparés directement pour les usages auxquels on les destine. L’alumine se prépare généralement par la calcination de l’alun ammoniacal. C’est une poudre blanche et insoluble dans l’eau lorsqu’elle a été calcinée fortement; elle fond dans la flamme du chalumeau oxhydrique et dans le four électrique ; en effet, si l’on dispose une petite quantité de cette substance dans un creuset de charbon disposé au centre du four, on la voit fondre vers 2250°, puis cristalliser facilement par un abaissement de température. Quand l’arc est puissant et que l’expérience dure environ 20 minutes, l’alumine est complètement volatilisée et il ne reste rien dans le creuset.
- C’est à l’aide des papiers aluminés que l’on termine le
- polissage des plaques de métal destinées aux études mé-tallographiques. Ces plaques, d’une surface moyenne de o à 4 cm3 et d’une épaisseur de 5 mm environ, sont, par ce procédé, soumises au polissage spéculaire destiné à fournir une surface parfaitement plane aux plus loris grossissements, le polissage en relief ayant pour but de faire ressortir certaines régions plus dures du métal.
- Pour préparer les papiers aluminés d’après le procédé de Le Chàtelier, on part de la poudre d’alumine provenant de la calcination de l’alun ammoniacal et on l’agile en masse de 20 gr. dans un litre d’eau distillée à 1/100“ d’acide nitrique; après un lavage destiné à dissoudre les impuretés de la poudre, on substitue à l’eau acide l’eau ammoniacale à 2 cm3 d’annnoniaque par litre. 11 ne reste plus alors qu’à recueillir les dépôts de plus en plus fins qui se forment, en procédant à des décantations régulièrement espacées : la première après un quart d’heure, la seconde après une heure, les autres après 3 heures. 16 heures et enfin 3 jours. Ces différentes poudres sont délayées ensuite dans de l’albumine, puis étendues sur du papier très lisse ; quelquefois, les poudres de 16 heures sont étendues sur du feutre ou du velours. On peut également se servir de flanelle et utiliser des mélanges de savons, oléate et margarate, avec un peu de glycérine ou plus simplement encore de savon noir ; on imprègne la flanelle de la solution, on verse la poudre d’alumine sur sa surface et on l’étend avec le- doigt de manière à en former une couche très homogène et très régulière. Lorsque le tout est suffisamment sec, l’opération est terminée et le papier ainsi préparé peut servir au polissage du métal, soit dans cet état, soit légèrement humecté d’eau. En procédant ainsi, suivant la méthode de Le Chàtelier, il est facile de dégrossir et de polir des échantillons ayanl 15 mm environ de diamètre, en moins d’un quart d heure. Jean Escahd,
- Ingénieur.
- CHRONIQUE
- Un nouvel appareil de sondage. — Cet appareil a été appliqué avec succès sur les Grands Lacs américains, et il porte le nom caractéristique de Bathomètre. Son fonctionnement repose sur ce principe : si, par un tube plongeant dans l’eau, on fait passer un courant d’air, il est bien évident que la pression de l’air à l’orifice d’introduction de cet air (mettons en haut du tube) doit égaler la pression de l’air à l’extrémité inférieure, augmentée de la pression nécessaire pour vaincre les résistances rencontrées par cet air sur son passage. On peut aisément savoir la pression à la partie supérieure, .et aussi déterminer les résistances propres à l’appareil.
- On en a déduit aisément la pression de l’eau. Et celle-ci correspond à la profondeur dont le tube est immergé : ce que l’on cherche à connaître par tout sondage. Dans la pratique, le Bathomètre comporte un tuyau flexible fortement lesté à un bout; il communique par l’autre extrémité avec une pompe à air munie d’un enregistreur de pression; la pompe sert à établir un courant d’air continu à travers le tube. On dispose, en outre, d’un appareil pour mesurer la résistance que rencontre l’air à son passage dans le tube, et enfin d’un enregistreur de la pression de l’air à la partie inférieure du tuyau.
- LES PROGRÈS DE LA MÉTALLURGIE DU CUIVRE
- Toutes les grandes industries, au cours des dernières années du xixe siècle, ont évolué d’une façon caractéristique. Les exigences d’une production rapide et intensive ont lait subirau matériel jusqu’alors en usage de profondes modifications : dans les industries mécaniques, nous voyons apparaître la fabrication en série; dans les industries métallurgiques,
- nous voyons se substituer aux petites unités maniées autrefois, de gigantesques appareils capables de traiter en une seule fois d’énormes quantités de matières.
- Ces transformations, qui frappent l’esprit lorsqu’on examine une période de quelque durée, ne sont pas en général instantanées. Les révolutions soudaines
- p.84 - vue 88/647
-
-
-
- LES PROGRES DE LA METALLURGIE DU CUIVRE
- 85
- sont aussi rares dans le domaine industriel que dans le domaine politique : ce n’est que par une suite d’essais, de clian- ^ gemenls progrès- ' 111 si 1s et prudents <j u ’liabil u e 1 Ionien t se crée un type de matériel nouveau.
- Or la métallurgie du cuivre aux Etats-Unis, nous olîre actuellement le spectacle suivant : les appareils anciens qui avaient lait leurs preuves, y sont brusquement abandonnés, et remplacés par de nouveaux tpii décuplent la production des premiers. C’est là une véritable équipée industrielle, le héros en futM.Mathewson, directeur des fonderies deWashœ, de l’Anaconda Gopper Mining Company, dans le Montana.On pressent toute la décision et l’audace qui furent nécessaires entreprise.
- Nous croyons intéressant de donner à quelques détails :
- Pour obtenir du cuivre, on commence par soumettre le minerai à des alternatives de grillage et de fusions qui l’amènent à l’état de cuivre noir, celui-ci est ensuite raffiné. Il y a 50 ans, on employait encore, pour la fusion des minerais de cuivre, de petits fours à manche de 5 à 6 mètres de hauteur environ. Ils étaient revêtus intérieurement de briques réfractaires et munis de tuyères, au nombre de 4 ou 5 ; le creuset pour la décantation des scories était intérieur. Mais ces dispositions occasionnaient des pertes de chaleur très fortes, des engorgements fréquents, une grande usure des parois, une mauvaise décantation des scories et rendaient les répara-
- Fig. 1. — Coupe d’un four à cuivre montrant les tuyères et les creusets à fusion.
- pour mener à bien pareille ce sujet
- Fig. 2. — Plan d’un four à cuivre. — t, tuyères.
- u d c' d'
- Fig. 5. — Schéma montrant comment a été obtenu le four gigantesque de M. Malhewson; les 2 fours abcd, a'b'c'd' ont été réunis en un four unique.
- lions difficiles, et la capacité de fusion ne dépassait généralement pas 20 tonnes par jour.
- Depuis celte date, bien des transformations profondes ont élé déjà apportées à ce matériel primitif. La hauteur des fours a élé modifiée, les parois en maçonnerie ont élé remplacées par des waler-jackets (parois à circulation d’eau), le nombre des tuyères a élé augmenté; enfin, aux petits creusets intérieurs ont été substitués des avau l-creusels (séparateurs) extérieurs, plus grands et plus accessibles. Grâce à toutes ces nouvelles dispositions, le fonctionnement des fours est devenu beaucoup moins défectueux et leur capacité s’est trouvée très augmentée. Certes, la fusibilité du lit de fusion, la puissance du vent, l’habileté du fondeur influent sur la capacité d’un four. Mais, à côté de ces facteurs, il en est un autre très important : c’est la dimension de la section du four, à hauteur des tuyères, où se trouve la zone de fusion. Cette dimension est un facteur si important, qu’elle est prise comme mesure de la grandeur des fours. Ainsi, un four circulaire ayant 40 pouces (1,016 m.) de diamètre à hauteur des tuyères, est dénommé : four de 40 pouces. Les métallurgistes cherchèrent donc à employer des fours de plus en plus grands. Or, avec des fours circulaires, la limite maxima fut vite atteinte. La « puissance de pénétration » du vent des tuyères, à travers la charge des minerais, ne dépasse pas en effet 0,61 m. pour un vent modéré et 0,65 m. à 0,75 m. pour un vent violent ; par suite, le diamètre d’un four circulaire
- p.85 - vue 89/647
-
-
-
- 86 -- ----- LES PROGRÈS DE LA MÉTALLURGIE DU CUIVRE
- ne peut être supérieur à 1,25 m. ou 1,30 m., limite au delà de laquelle lèvent n’atteindrait pas le centre du Tour. La capacité d’un lour de 1,50 ni. varie de 45 à 80 tonnes par 24 heures, et peut dépasser 90 tonnes dans des conditions favorables.
- Aussi eut-on recours à des fours à section rectangulaire. Les tuyères sont alors disposées parallèlement, le long de chacun des grands côtés ab et al (lig. 2), les tuyères d’un côté étant opposées à celles de l’autre. La longueur des petits côtés ac, bd est limitée-par la puissance de pénétration du vent; elle varié de 0,80 m. à 1,40 m. Les dimensions les plus usuelles des fours rectangulaires sont : 0,81 m. X 1,83 m., 0,91 m. X 1,85 m., 1,02 m. X4,06 m., 1,42 m. x4,57 m. La capa-
- mesurant 1,42 m. de largeur sur 15,50 m. de longueur! Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que ce changement fut opéré sans arrêter la marche des fours 1 et 2; les jackets bd et a <:' ayant été enlevés au dernier moment. Ce nouveau four donna si bien entière satisfaction qu'un deuxième fut installé de la même manière. Ces fours traitent en moyenne 1400 tonnes par jour chacun, ce qui correspond à 664 kg par pied carré et par 24 heures, au lieu de 557 avec les l’ours de 1,42 m. X 4,57 m. Ils sont munis de 2 trous de coulée et de 2 avant-creusets, qui ne sont autres que ceux des leurs originaux 1 et 2 ; le nombre des tuyères est de 88.
- Encouragé par ce succès, M. Mathewson voulut dernièrement faire mieux encore, et il réunit 5 fours
- Vue extérieure d’un four à cuivre à waler-jacket.
- Fig. 4. —
- cité qui est de 55 à 100 tonnes avec un four de 0,81 m. X 1,85 m., atteint 560 tonnes avec un four de 1,42 m. X 4,57 m.
- Le progrès ne s’arrêta pas là. M. Mathewson pensa que, si la largeur des fours était limitée par la puissance de pénétration du vent, leur longueur pouvait théoriquement être augmentée indéfiniment. Ayant à accroître la production des fonderies, il y a quelques mois, il mit cette idée en pratique et les faits justifièrent pleinement ses prévisions. Les fonderies de Washœ possédaient une rangée de 7 fours de 1,42 m. X 4,57 m. et séparés l’un de l’autre de 6,40 m. M. Mathewson se proposa de réunir deux fours en un seul; pour cela, il réunit les jackets ab et a!b' des fours 1 et 2 (fig. 3), par un jacket intermédiaire ba' ; il fit de même pour les jackets cd et c'd!, réunis par de' et il supprima les jackets bd et a'c'. Ainsi se trouva construit un four gigantesque
- de 1,42 m. X 4,57 m., en un seul. De la sorte il créa un four de 1,42 m. de largeur sur 26,50 m. de longueur ! Ce four fonctionne admirablement bien ; il est muni de 150 tuyères, de 3 trous de coulées et 5 avant-creusets. 11 fond 2700 tonnes par jour ! Ce qui correspond à 732 kg par décimètre carré et par 24 heures.
- On remarquera que la capacité par décimètre carré de section à hauteur des tuyères, augmente avec la grandeur des fours. En outre, la surface des jackets elle nombre des ouvriers employés sont proportionnellement moindres avec ces grands fours; leur emploi fait donc réaliser une sérieuse économie.
- Jusqu’où ira l’audace dans cette voie ? Nul ne peut encore le dire maintenant; mais les succès remportés si rapidement par M. Mathewson à force d’esprit d’entreprise, de persévérance et de sagacité méritaient d’être signalés. R. de la B,
- p.86 - vue 90/647
-
-
-
- 87
- LA RESTAURATION DES PARCHEMINS ALTÉRÉS PAR LE FEU
- Le parchemin est connu depuis fort .longtemps, mais il est, mal connu. Très décjm,[aujourd’hui, il ne sort plus guère, et encore est-ce sous une forme très grossière, qu’à la confection de dos et coins de registres, d’éliqueltes.... Même les diplômes universitaires, pour lesquels il lut longtemps employé, sont faits maintenant avec du parchemin végétal, c'est-à-dire avec du papier. La fabrication du parchemin a toujours été empirique1, car (die, a eu le malheur d’être détrônée par celle du papier Lien longtemps avant d’avoir pu profiter des progrès de la technique eL de la science modernes. Aujourd’hui, cette fabrication a trop peu d’importance pour susciter des recherches méthodiques de la part des savants ou des industriels.
- 11 est fort regrettable cependant que les propriétés du parchemin soient ignorées; car c’est de haïr connaissance «pie dépend la bonne conservation des documents littéraires et historiques, n u 11 emen t inaltérables comme on le croit généralement, que nous ont légués les générations passées. C’est là un patrimoine, auquel l’enluminure ajoute souvent une grande valeur artistique, un trésor que les bibliothèques sont justement hères de posséder et sur lequel on ne veille malheureusement jamais assez.
- La ville de Turin en ht récemment la cruelle expérience : en 1904, dans la nuit du 25 au 26 janvier, un incendie détruisit une partie de sa Biblioteca Nazionale et mit dans un piteux état la plupart des beaux manuscrits sur parchemin qu’elle possédait.
- Mais à quelque chose malheur est bon : c’est à ce désastre que nous devons le seul travail scientifique
- 1 Elle aurait été imaginée, dit-on, à Pergame, en Asie Mineure (d’où le nom de parchemin, pergamena en italien, Pergamenl en allemand) environ 150 ans avant J.-G., par suite de la rivalité entre les savants de cette ville, qui était devenue un grand centre intellectuel, et ceux d’Alexandrie. Ceux-ci, par jalousie, auraient refusé de fournir aux gens de Pergame les papyrus qu’ils fabriquaient, par des moyens d’eux seuls connus, et dont leurs rivaux avaient besoin pour leurs travaux. Quoi qu’il en soit, il est certain que la fabrication du parchemin prit un grand développement et se perfectionna à Pergame sous Eumêne II et que d’importantes parchcmincrics y furent créées à son époque.
- (j ni ail été fait sur le parchemin. Le Dr Icilio Guarescbi, professeur de chimie à l’Universilé de Turin, voulut bien, en effet, se charger de la restaurai ion des parchemins retirés des décembres, imilanten cela le grand chimiste anglais II. Davy qui, en 1815, ne crut pas déchoir en s’occupant de la restauration des peintures et papyrus trouvés dans les ruines d’Jlerculanum. Le résultat de ses recherches et le compte rendu des travaux de, restaurai ion des parchemins qui lui ont été confiés ont fait l’objet de plusieurs mémoires, qu’il a présentés à diverses sociétés savantes italiennes ou qui sont insérés dans le Supplemenlo an-nuaie ail’ Enciclopedia di Chimica (vol. XXÏ, 1905), publié sous sa direction; ils concernent également des recherches sur les encres et couleurs employées parles anciens ; leur ensemble constitue une. sorte d’inLroduel ion à ce <pie M. Guarescbi a appelé « la chimie appliquée aux bibliothèques », qui est encore tout entière à l'aire; et c’est à l’un de ces mémoires1 que nous empruntons les renseignements qui suivent.
- Qu’il nous soit permis ici de formuler un vœu, celui de voir ce mémoire traduit en français comme il l’a été en allemand, et d’espérer que les bibliothécaires et paléographes voudront bien attacher à l’étude du professeur Guarescbi toute l’importance qu’elle mérite. C’est pour eux, pour les faire profiter d’une expérience chèrement acquise, qu’il a cru utile d’en publier les résultats. En effet, faute de matière expérimentale et d’expérience, les essais ont dû nécessairement porter sur les parchemins à restaurer et cela n’a pas toujours été sans dommage pour eux malgré tous les soins qui ont été pris. 11 importe d’éviter de pareils tâtonnements à l’avenir, car toutes les bibliothèques, quoi qu’on en dise, sont à la merci du feu, et le feu est un ennemi terrible pour le parchemin, bien plus terrible que pour le papier.
- 1 Délia pergamena, cou osservazioni ed esperienze sul ricupcro e sul reslauro di codici danneggiali negli incendi e nolizie sloriehe. — Une brochure in-8° de 44 pages avec 6 figures dans le texte et 20 planches hors texte. Unionc tipo-gralico-éditricc, Turin.
- Fig. 1. — Feuille de parchemin perforée par les microbes de la putréfaction.
- p.87 - vue 91/647
-
-
-
- LA RESTAURATION DES PARCHEMINS ALTERES PAR LE FEU
- 88 '
- On sait avec quelle difficulté et quelle lenteur se consume un livre en papier jeté dans un loyer même très ardent : le livre ne se déforme pas, les pages extérieures protègent les pages intérieures qui ne sont atteintes que très lentement par la chaleur ; si ensuite le livre est arrosé d’eau, comme cela se produit lors de l’extinction d’un incendie, les feuilles mouillées, après avoir été séparées et séchées, reprennent leur l'orme, leurs dimensions et leur aspect primitifs. 11 en est tout autrement avec le parchemin : le livre se déforme au feu, la chaleur par suite pénètre plus aisément à l’intérieur et atteint
- ordinaire; mais, après un incendie, il peut rester mouillé pendant plusieurs jours et il suffit alors d’une très laihle élévation de température, comme celle résultant de la chaleur dégagée par les décombres d’un incendie (20 à 25° suffisent d’ailleurs), pour qu’une putréfaction très active s’établisse. Le parchemin est alors détruit avec la plus grande rapidité : il devient gluant par suite de sa transformation partielle en gélatine, puis des trous se forment (fig. 1), s’agrandissent et la feuille tombe en lambeaux.
- Les incendies de bibliothèques sont fort heureu-
- Fitf. 2. — Livre sur parchemin transformé en un hloc vitrifié par la chaleur.
- les feuilles qui s’y trouvent, mais il y a pire : il suffit que le parchemin ait été porté à 200 — 250° ou qu’il ait été aspergé brusquement d’eau froide quand il était à une température supérieure à 100 — 125° pour qu’il se contracte irrémédiablement. La réduction de surface peut dépasser la moitié de ce qu’elle était primitivement. Ainsi donc, en pareil cas, un parchemin qui n’est pas complètement détruit par le feu reste néanmoins déformé, illisible et presque toujours complètement inutilisable.
- Enfin, contrairement à l’opinion courante, le parchemin n’est pas imputrescible : sans doute, il l’est dans les conditions ordinaires de son emploi, c’est-à-dire quand il est sec et maintenu à la température
- sement assez rares ; parmi ceux des temps modernes, en dehors de celui de Turin, on ne cite que celui de la collection léguée par sir Robert Cotton au British Muséum de Londres (23 octobre 1731) et celui de la Library of Congress, à Washington (États-Unis), en 1851, dans lequel 35 000 volumes furent détruits. Des 938 manuscrits dont se composait la collection Cotton, 114 furent détruits complètement et 98 furent . endommagés ; mais ils furent complètement restaurés en 1824 par MM. Forshall et Madden sans que ceux-ci aient d’ailleurs rien publié sur le mode de restauration qu’ils ont employé. M. Gua-reschi pense cependant que les parchemins en question n’ont pas dû être fort endommagés car, dit-il, ils
- p.88 - vue 92/647
-
-
-
- 89
- LA RESTAURATION DES PARCHEMINS ALTÉRÉS PAR LE FEU =
- ont pu être conservés tels quels pendant près de cent ans et leur restauration a été complète, ce qui est incompatible avec un dommage sérieux.
- Le parchemin ne subit aucune operation qui puisse être comparée à un tannage : il est préparé avec le derme de la peau, qui est traitée d’abord par un lait de chaux puis séchée en tension sur un cadre, raclée et poncée pour en expulser toute la matière grasse, diminuer son épaisseur et l’assouplir par suite d’une sorte de corroyage prolongé. Un saupoudrage à la chaux éteinte, puis au blanc d’Espagne sur le côté chair enlève les dernières traces de graisse; il est suivi d’un nouveau ponçage et d’un encollage à l’empois d’amidon si le. parchemin doit
- peau se transforme en cuir ordinaire, en cuir japonais, en parchemin et en vélin.
- Les parchemins retirés d’un incendie sont, ou des blocs solides, raccornis (fig. 2), en apparence complètement carbonisés et vitrifiés, ou des feuillets détachés (fig. 4), ramassés dans les décombres et qui sont alors mouillés, souillés de boue et de matières charbonneuses. Le premier soin à prendre est de mettre ces documents en état de se conserver jusqu’au moment où on pourra entreprendre leur resfauralion ; c’est, en effet, une opération très longue et qui ne peut se faire d’un seul coup sur tous les parchemins. Comme la putréfaction ne se produit pas lorsqu’ils sont parfaitement secs, il suffit de les sécher eom-
- Fig. 3. •— Même livre que celui (le la ligure 2, ouvert au moyeu.
- recevoir une écriture ou un dessin. Le parchemin fin (parchemin vierge) est fait avec de la peau de mouton ou de brebis ; le vélin est fait avec de la peau de veau mort-né ou non-né (pergamenum abortivum) ou avec celle de veaux blancs ayant moins de six semaines; il est plus lisse, plus blanc, et plus souple que le parchemin ordinaire; il est presque transparent. Les Japonais de la région d’Hi-meji, sur les bords de l’Ichikawa, préparent un produit intermédiaire entre le cuir et le parchemin en traitant des peaux de bœufs par corroyage et séchage. Ce produit, épais, souple, lavable et vraiment imputrescible, sert, en Allemagne, à la confection' des bandages employés en chirurgie et en orthopédie.
- En réalité, malgré des recherches récentes sur le tannage, on ignore encore par quel processus la
- plètement et le plus rapidement possible. A cet effet, on dispose des tablettes en treillage métallique dans une hotte d’aspiration du genre de celles qui se trouvent dans tous les laboratoires et on y range les documents en ayant soin de placer des tiges de chanvre sèches entre les diverses parties des blocs qui ont pu être écartées l’une de l’autre. Si on craint que la putréfaction ne s’établisse, on accompagne la circulation d’air de fumigations au formol pratiquées simplement en chauffant, dans la hotte, la dissolution aqueuse de formol à 40 pour 100 du commerce. Si la putréfaction a déjà commencé, on l’arrête instantanément en plongeant le parchemin dans de l’alcool à 50 degrés dans lequel on a dissous 2 à 5 pour 100 d’acide phénique.
- La vitrification des livres en parchemin est due
- p.89 - vue 93/647
-
-
-
- 90
- LA RESTAURATION DES PARCHEMINS ALTÉRÉS PAR LE FEU
- î«wÿSt*(
- fé'f'c1
- t<ï-i>ka>n (pnrua
- U*üi<r«HMv-<a>àilr
- F'fca'^'3",'‘stair 101 ùl.
- mf,, t,r i/ v
- “•,. . tAhrrfrwftwO-
- :C,
- ’, ‘3tB%
- “ Uwps/Wf»^,-
- 1°
- a fcww -jji ^ \ tS: à
- j», • gr^i4i^dw5^S‘)% ' i? — •*,;> '
- ' *'*<;.», . .,^l<» 4? A "
- pWtthC ' Wfe
- - Uur JWssîtl(L. m'i'.Aji
- r&.
- • WSs&T-i-
- f a rtW’r.citnw i ^ oî^i xv>ncni^x; l ^ "Ut'turnr asKtitlwurc
- "'"'Wu- .v
- [gflïo;
- 'lOlfri.i
- mj
- Fif>'. 4. — Une feuille du Roman de Floriamont avant restauration.
- non pas à la présence de la gomme contenue dans l’encre, mais à la transformation partielle de la peau en gélatine ou colle sous l'influence de la chaleur accompagnée généralement d’une forte pression ; de plus un commencement de distillation pyrogénée peut donner naissance à du goudron animal (huile de Dippel) beaucoup plus collant que les goudrons de houille ou de bois. Aucun des dissolvants de ces derniers (benzène, alcool, etc.) n’agit sur le goudron animal et ne peut servir à séparer les feuillets. L’eau tiède seule donne de bons résultats, mais son emploi est dangereux parce qu’elle délaye fréquemment l’encre et les couleurs des enluminures qui sont le plus souvent des couleurs à l’eau, à la gomme ou à la colle. On obtient généralement de meilleurs résultats, très lentement, il est vrai, en plaçant le bloc, préalablement débarrassé à la lime et au raeloir des parties cbarbonnées et solidifiées des bords, dans une étuve contenant de la vapeur d’eau à 20 — 50° (fig. 6). Pendant toute la durée de leur séjour dans cette étuve, il faut bien veiller à ce (pie la putréfaction, qui trouve là des conditions extrêmement favorables, ne se produise pas.
- Chacune des feuilles ainsi détachées est, le cas échéant, nettoyée avec une éponge line imbibée d’eau liède, étirée dans tous les sens de façon à reprendre ses dimensions primitives. On la place entre des feuilles de papier buvard et on la fait sécher à
- l’air (‘il la maintenant par ses bords sur un support au moyen de bandelettes de carton épais et de punaises à dessin. Avant qu'elle ne soit tout à fait sèche, la feuille est placée avec plusieurs autres entre les plateaux d’une presse très simple du genre de celles qu’on voit représentées sur la figure 0. l/elfet de la pression est de rendre la feuille bien plane; après quoi, on l’expose à l’air de nouveau pour qu’elle achève de sécher.
- Une fois la feuille détachée, toutes ces opérations peuvent être faites en une seule journée si la température extérieure est supérieure à 15 degrés. Les figures 4 et 5 qui représentent le même feuillet, avant,.(à; après je traitement, donnent une idée des bons résultats auxquels on peut arriver on employant cette méthode. Dans le cas présent, il s’agit d’un fragment du ïiommi de Vlorimnonl, ouvrage, français inédit, qui a pu être très bien restauré et presque en entier.
- Il est impossible, cependant, d’atteindre de pareils résultats avec, les feuillets ayant éfé chauffés à plus de 200 — 250° ou refroidis brusquement par l’eau quand ils étaient à plus de 100 —125°. Dans ce cas, le malheur est presque irréparable. Un cas intermédiaire se présente quelquefois, celui d’un feuillet dont une partie, la supérieure, par exemple, est irrémédiablement contractée ou n’a pu être suffisamment étirée et dont, la partie inférieure, sous
- ~yj»®u,ncoqiOT.au6B.mtOTC 45 c™“O0° ajowi»,,» *
- & ta ftitto vtapwi üumoî * 'iiftqctnimuiip/TTtHiTWH!.
- ‘T Qt*nctttilm ai.TOc tvup 1, iaiwftrctm’ruoQciiiic
- - j a> ataœwutiicoiruftftut,
- If HltfUitflCBtt'prigYlMI
- - ittoBWmancctmntton
- j-g (ternes(tarafurtiii
- t« orivronsenimœetcüuntu wtaierflKncrdtrmr ’ '"g.ï!W60U«> nclbtpfcnfn-gyAnrti marnant-(iijyjix'lc et A»>t<StorieUCTi>maif )x«R>lc
- r ' inpit .ne muai
- t - flï cnunnsK&ftndxlïW’!!
- fs mwitftû’itaiimîa'itlttm
- - - 4l rocfcnufl'
- a croiautnmv.lmlaualV
- -g'g n coogniKcAiiairranititcir ;•
- Xg-jf KtrpsawaftHfiKMr *
- ‘ÿip* üiêcngtmirtWic forcent -g'g [wu«*mc<pcnf>'i>cu<t
- ’ /.-VlIt (CS aMcc t11 :
- ^KSuijinwiimewetonOB
- •' PRtforclHfgVintTW"' g
- * O a (wttslfwlftm®™? ,, i~ ]t> inâMKfBWflaMnjvijtiKTO ‘
- *•(&*>dw*uiitvt>Hxmm .
- Ty ttnceaaMWWftîjtMen;
- ®Xitirc/Jontt?fSgOncnp, ...
- <*»«
- s- a i\rtgcSri$u>\«tiyaTla.-iMw o» ar<|ttntVHftwst .
- J.‘5 i^wuibicyvln c<omanac.
- O
- T llitowcittcHrciittftonwï'
- f ftw®ïinttbicin\Nm>i V C* gvwitç mm fia cot ’A Tntofr «n Mmczv Omooivc4c;qcccototc
- yaeî uoOauxr --.è*
- Ç<tuoiutoVe^ oniotcr
- rp^Ubti^lfncbffoÆ
- ’• f ft»>v''»cu>ai(i«Mc
- û ''fotKfitirocfOTifuy
- l l,moiiw'tn«woDiit.
- r(!^o',Rcia,u™^ ,
- cftsaj,wn,ncft ,
- cP'ilirciiclhsit,ilC(
- } i JJwé'ncfwwttoViimt;
- '^'(bicbunihcrti.,,-
- à
- -,4-
- ' -7-M v"** W,IHp| S*(le
- uoaenulc! ,j m „ ! <? »«»«:.»i8Tia»otmantoKi:'
- r2 ™,lr!"Mno„nikn iwltom- ' V. ;|ÿ
- 4» ««toijrcîfrrcfisw,, 4 ijàl
- ,9 a
- SV wgiKlapmcdlciMni* • ,•
- J e neil-fldvueiIicriUut -i/ir ,
- A
- S1*' 2-
- :É
- Wm
- Fif;. 5. — La môme feuille que celle de la ligure 4, restaurée (la restauration a eu aussi pour effet, de doubler la surface de la feuille).
- p.90 - vue 94/647
-
-
-
- LA RESTAURATION DES PARCHEMINS ALTERES PAR LE FEU = 91
- l'elfet du ramollissement et d’un dégagement de chaleur, s’est gonflée de manière à former une anse ratatinée en de nombreux plis qui rendent l’écriture illisible quand on cherche à mettre le feuillet à plat. Dans ce cas, après avoir interposé une toile line, on passe légèrement un 1er chaud sur toutes ces parties gonflées jusqu’à ce qu’elles se soient assez contractées pour prendre les mêmes dimensions que les autres.
- Dans certains cas, le déploiement et l’étirage des feuillets raceornis fait plus que doubler haïr superficie; comme une pareille augmentation n’a jamais pu être; obtenue expérimentalement au laboratoire par la seule action de la chaleur, sur du parchemin ancien ou récent, M. Gua-reschi en conclut que les manuscrits restaurés ont dû être soumis à une forte pression qui a contribué à leur contraction.
- Il convient, en effet, de remarquer que le parchemin contient normalement 18 à 20 pour 100 d’eau non chimiquement combinée ; chauffé à une température inférieure à 125°, il perd cette eau, mais ilia recouvre totalement peu à peu par simple exposition à l’air.
- Chauffé au delà de 125°, il en perd une plus grande proportion mais il n’en récupère plus, même par l’immersion, qu’une fraction et elle est d’autant plus faible que la température d’exposition a été plus élevée.
- L’incendie et les divers traitements de restauration ont quelquefois pour effet de faire devenir le parchemin dur et cassant ; pour lui rendre de la douceur et de la souplesse, M. Guareschi a trempé les feuillets dans une solution faible de selshygroscopiques. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec l’acétate de potassium neutre ou mieux, très légèrement alcalin, en solution aqueuse à 1 pour 100 ; mais une solution de savon potassique à 1 pour 100, pas trop alcaline,
- en donne de meilleurs encore (iig. 5). Une semblable immersion permet souvent d’élirer un feuillet et d’agrandir ses dimensions même après que l’immersion dans l’eau n’a plus rien donné. Un savon qui est neutre aux indicateurs colorés, contient en réalité des matières grasses non saponifiées et libres qui, si ('Iles agissaient sur le parchemin, produiraient un mauvais efl'et : il resterait onctueux et l’écriture se lirait moins bien. L’emploi du savon permet, on outre, de pratiquer très efficacement un véritable lavage. La solution de savon doit être jetée dès
- q u'après plusieurs immersions ou lavages, elle commence à se troubler.
- Enfin, on peut ravi ver les caractères écrits et certaines couleurs en passant soigneusement au pinceau, sur les caractères ou les dessins, certaines solutions comme celles de tanin et de sulfure d’ammonium.
- Des deux couleurs rouges employées par les anciens pour leurs manuscrits: le cinabre (sulfure naturel de mercure) et le minium (oxyde de plomb Pb3 (Pj, le cinabre est celui qui résiste le mieux à l’action réductrice qu’exercent le parchemin et la gomme arabique de l’encre agissant à chaud. Il suffit, au contraire, de chauffer à 210° des parchemins écrits à l’encre au minium pour que l’encre prenne une couleur bleu sombre et que la réduction du minium à l’état métallique se produise. La couleur bleue, qui est presque toujours à base de sels de cuivre, est extrêmement peu tenace : elle s’en est souvent allée par la seule aspersion par l’eau au moment où on a éteint l’incendie.
- Les recherches relatives à la possibilité de distinguer un parchemin récent d’avec un ancien en ulilL sant des différences de propriétés physiques ou chi-
- Fig. 6. — Éluvc à vapeur servant à séparer les feuillets el à les assouplir.
- V
- p.91 - vue 95/647
-
-
-
- 92 —— A PROPOS DE L’HORLOGE MYSTÉRIEUSE
- miques n’ont pas donné de résultats bien concluants. D’une façon générale, on peut dire cependant que les parchemins anciens, quand on cherche à les brûler dans une capsule de platine, charbonncnt en donnant un champignon volumineux et très léger qui ensuite brûle très aisément; au contraire, les parchemins récents donnent généralement un charbon dense, peu volumineux et brûlant mal. Les bons parchemins anciens sont en général très pauvres en cendres. 11 ne paraît pas douteux cependant que le parchemin subisse avec le temps une véritable modification chimique car le parchemin ancien, non altéré par le feu, résiste parfaitement à l’action d’une dissolution à 15 — 50 pour 100 d’acide azotique à 56° Baumé, qui reste limpide, alors que le parchemin de fabrication récente s’y dissout en deux jours au plus et donne un liquide trouble.
- En somme, en quatre mois de travail, sans interrompre son enseignement, et avec l’assistance de quatre collaborateurs et collaboratrices, le professeur Guareschi a pu rendre lisibles la plupart des manuscrits endommagés qui lui ont été confiés, ce qui représente plus de 5000 feuillets grands ou petits, ayant été déployés, agrandis et aplanis. De plus, tous les ouvrages ont étés traités de telle sorte que, dorénavant, ils ne pourront plus s’altérer par putréfaction. Sa conclusion cependant est pessimiste : il trouve que cette restauration est extrêmement coûteuse et qu’il convient, pour éviter un gaspillage des deniers publics, d’adjoindre au chimiste qui en est chargé
- un paléographe et un philologue éminents pour décider si la valeur de l’œuvre justifie bien la restauration qu’on va entreprendre. Beaucoup de manuscrits sont souvent de simples livres de prières, sans enluminures, pleins de fautes, mal écrits et sans aucun intérêt littéraire ni artistique.
- La conclusion à tirer de ces patientes recherches est donc qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Nos bibliothèques, dit M. Guareschi, semblent faites pour devenir la proie des flammes : les rayons et casiers sont en bois vieux et vermoulu qu’il serait facile d’ignifuger ou mieux de remplacer par le fer; celui-ci, bien employé, occuperait moins de place et ne serait pas plus lourd que le bois. Enfin, il conviendrait de mettre les parchemins dans un local pouvant être clos complètement, quoique d’accès facile, de façon qu’il pût être tout à fait préservé de l’action de l’eau, encore plus dévastatrice que le feu, dans un incendie. On pourrait même, comme1 on l’a essayé avec succès, pour éviter la combustion spontanée de la houille entassée dans les 1 grands dépôts, y placer des cylindres d’acide carbonique, liquéfié, munis de bouchons fondant vers 90 degrés : le gaz carbonique, en se dégageant automatiquement quand cette température serait atteinte, non seulement préserverait les parchemins mais combattrait l’incendie par son inaptitude à entretenir la combustion et par le froid intense qui accompagne sa dolente. Eugène Lemaire,
- Ingénieur des Arls el Manufaclures.
- A PROPOS DE L’HORLOGE MYSTÉRIEUSE
- Ce n’est pas en vain que nous avons fait appel à l’ingéniosité de nos lecteurs pour découvrir le principe qui actionne le balancier de l’horloge mystérieuse de M. Paul Cornu. De nombreuses solutions nous sont parvenues, révélant des conceptions différentes il est vrai; mais, en général, toutes sont marquées de l’observation attentive, de l’étude consciencieuse des conditions à remplir. Et si un habile mécanicien voulait s’en donner la peine, nous sommes persuadés qu’il arriverait promptement à mettre
- Fig. l.
- sur pied une horloge semblable à celle que nous avons décrite. Cela ne diminue en rien le mérite de l’inventeur qui reste auteur du problème, de la solution et de la réalisation.
- Nos correspondants voudront bien nous permettre de leur montrer en bloc le résultat de la consultation que nous leur avons demandée ; il nous est impossible, malheureusement, de publier toutes les lettres reçues : ce travail d’ensemble ne sera donc qu’un exposé succinct des théories applicables et des dispositifs imaginés.
- La manière de voir de M. le Dr Léon Bru, partagée
- par plusieurs lecteurs, est excellente en théorie, mais nous croyons devoir faire quelques réserves en ce qui concerne la rapidité du phénomène. Supposons que le tube T (fig. 1) soit en équilibre sur son support dans les memes conditions que le fléau d’une balance et qu’il porte un réservoir R à l’une de ses extrémités tandis que l’autre serait terminée par un tube recourbé en pointe
- allant au fond du réservoir B. Si R, plein de liquide (eau ou mercure), est pourvu d’une ouverture supérieure qui le mette en communication avec l’air du récipient À complètement fermé, et si, d’autre part, on a À -j- R plus lourd que B, l’air en se dilatant, chassera une partie du liquide par le tube T. Ce liquide se déversera dans le réservoir B et, à un moment donné, l’équilibre étant rompu, le double cône B s’abaissera. Par le refroidissement de A le liquide sera refoulé dans le double
- p.92 - vue 96/647
-
-
-
- A PROPOS DE L’HORLOGE MYSTÉRIEUSE . 93
- cône A. Une solution à peu près analogue est donnée par M. E. Z. Yasselin, directeur de l’Institut national avicole.
- M. Karl Lelorrain, ingénieur des arts et manufactures, réunit les deux récipients (lig. 2) par un tube recourbé à chaque extrémité. Le réservoir À contient de l’éther ; sous l’action de la chaleur la pression fait passer le liquide dans 11; on obtient ainsi le mouvement ascensionnel de A.
- Vig. 3.
- Le refroidissement entraîne la condensation des vapeurs pendant que l’air, comprimé en B sous l’action de l’arrivée du liquide, refoule l’éther dans A.
- Les deux récipients doivent être presque complètement remplis de mercure, dit le L)r IL Vennin, avec en a quelques gouttes d’un liquide volatil et en b de l’air ordinaire (fig. 5). Le mercure, en s’échauffant jusqu’au delà du point d’ébullition du liquide, est refoulé en B par la tension de la vapeur; cette vapeur se condense au temps suivant et l’air comprimé en b chasse le mercure en A. M. Vennin estime que le mercure est indispensable à cause de sa densité pour obtenir le mouvement brusque nécessaire ; le liquide volatil pourrait être le
- chlorure d’éthyle, le sulfure de carbone, i’élhcr sulfurique, etc. C’est, en résumé, dit-il, une machine à vapeur à simple effet dont le piston liquide serait ramené à sa position de départ par un frein pneumatique.
- C’est encore sur le même principe de la tension des vapeurs ou de la pression de l’air agissant sur le liquide que M. Louis Solari, docteur ès sciences, se base pour expliquer l’appareil Cornu. Mais il sépare les deux doubles cônes par un diaphragme selon le plan des bases (fig. 4) ; d obtient ainsi quatre cônes. Les deux diaphragmes sont percés d’un trou surmonté d’un petit tube t t'. En outre les deux cônes supérieurs a’ b' sont seuls reliés par la tige creuse du balancier. Un liquide, eau ou mercure,
- Fig. 5.
- est introduit en a' et, au moment du départ, le liquide prend le niveau n n'. Le cône étant sur la lampe, l’air se dilate, exerce une pression sur le liquide contenu dans a' et le refoule en b' ; le balancier bascule. Remarquons que l’air qui était en b' est passé en b en se comprimant. Par le refroidissement en a et la pression de l’air en b, le liquide rentre en a' et fait retomber le cône sur la lampe. Quant à la réalisation pratique d’un tel système,
- M. Solari estime qu’elle est très délicate et ne peut être résolue que par de nombreux tâtonnements. C’est également notre avis. Cependant M. A. Goyaud, ingénieur, qui a imaginé le même dispositif (fig. 5), estime que les deux doubles cônes ayant un volume total de 100 centimètres cubes, une température de 12° C. serait suffisante pour faire passer 27,2 gr. de mercure de gauche à droite afin d'obtenir le mouvement alternatif.
- Le Dr de Champeaux est partisan de l’emploi du mercure ainsi qu’un lecteur d’Orangc qui considère l’appareil comme un simple thermomètre à mercure.
- Notre confrère P. Cloarec, de la ligue maritime française, explique ainsi sa solution (fig. 6). Supposons le double cône A et le tube T pleins d’éther. Sous l’action de la - chaleur l’éther se vaporise et la pression chasse le
- liquide dans le récipient B. Ce liquide arrive sous un piston P sur la face opposée duquel agit la pression atmosphérique. Lorsque la pression de la vapeur est suffisante elle soulève (chasse?) le piston P, la vapeur d’éther afflue dans la cavité B où elle se condense jusqu’à ce que le poids de B soif supérieur à celui de A, et le balancier bascule. Le mouvement est forcément
- brusque. (Je suis d’avis que ce mouvement est forcément lent). Par le refroidissement la pression atmosphérique agit sur P et refoule le liquide en A.
- Ces solutions nous paraissent extrêmement ingénieuses, et, quel que soit le dispositif imaginé il est certain qu’elles pourraient donner un résultat... approximatif. Ne serait-il pas bien difficile, en effet, même à la suite de nombreux tâtonnements, d’obtenir le mouvement brusque du balancier en une seconde et l’immobilité absolue pendant 5 secondes dans chacune de ses positions ? Car il lui faut une précision suffisante pour donner l’heure exacte, bien que l’horloge ne puisse être aussi précise qu’un chronomètre, nous fait remarquer, avec beaucoup de justesse, M. Andven.
- Cette précision, M. K. L., ingénieur, croit pouvoir l’atteindre par l’emploi du nitrate d’ammoniaque qui peut absorber près de 42 1/2 poqr 100 de son poids de gaz ammoniac et commence à l’ahandonner à 28°, complètement à 80°. l)e plus ce gaz est aisément condensable
- p.93 - vue 97/647
-
-
-
- 94 :.......... A PROPOS DE L’HORLOGE MYSTÉRIEUSE
- sous su simple pression. Lu forme conique des récipients, dit notre correspondant, n’aurait d’autre utilité (pie de permettre l’introduction du mélange par l’une des pointes pour opérer la soudure ensuite. Le mélange
- liquide serait introduit dans le récipient de droite à Lasse température et on le l'ait passer par renversement dans celui de gauche, puis on ferme la pointe de droite.
- 11 nous est parvenu de Barcelone une lettre de M. E. Thieux, directeur de mines, nous informant qu’un balancement automatique analogue à celui de l’horloge thermique a été obtenu par l’auteur en employant un dispositif basé sur l’absorption considérable des gaz ammoniac par les chlorures d’argent et de calcium anhydre.
- On prend, dit M. Thieux, deux malras épais, de même volume; dans l’un on met du chlorure de calcium pur, granité et absolument anhydre que l’on sature ensuite de gaz ammoniac également anhydre, en maintenant la température vers -j- 15°. On relie les deux malras par un tube de verre droit, puis on fait de nouveau passer du gaz ammoniac pour chasser l’air de l’appareil. L’ensemble est alors suspendu par le milieu du tube de verre et équilibré par un petit plateau à grenaille de plomb attaché au ballon vide. Si on cbaulfe légèrement le matras à chlorure, il se produit très rapidement un grand dégagement d’ammoniac qui va se condenser dans le matras vide et froid, d’où perte de poids d’un coté et augmentation de l’autre. Le mouvement de chute se produit alors brusquement. Après refroidissement du matras à chlorure il y a immédiatement réabsorption rapide de l’ammoniac et l’appareil reprend sa position première. Cependant le mouvement du balancier est moins rapide que celui de l’appareil Cornu, mais cela provient probablement du matras de verre qui s'échauffe et se refroidit plus lentement qu’un cône métallique. Supposons, nous écrit le capitaine L. Filloux, que le centre de gravité du balancier soit au-dessus du point de suspension — on obtiendrait ce résultat en plaçant une masse à la partie
- Fig. <>.
- supérieure de chacun des récipients — et nous aurons toujours un mouvement saccadé. Le moteur pourrait être constitué par un piston un peu lourd et bien ajusté P (fig. 7) que la dilatation de l’air pousse vers la droite et qui est ramené vers la gauche par suite du refroidissement. Une solution exactement semblable est donnée
- par M. A. Chabry, publiciste. Celle de M. Krnesto Caballero (iig. 8) est également à rapprocher de la précédente, mais le piston est constitué par du mercure chassé alternativement par les mêmes causes de gauche à droite et de droite à gauche. Comme le mercure tomberait inévitablement dans les cônes, les extrémités du tube de liaison sont fermées par un bouchon poreux. M. G. Magnol, étudiant, voit encore la présence d’un piston dans le tube, mais les mouvements de ce piston sont limités par un léger ressort à boudin fixé à l’extrémité du cône A (iig. 9).
- Toutes ces manières de résoudre le problème sont ingénieuses, savantes même, mais trop délicates à notre avis pour que M. Paul Cornu se soit amusé, croyons-nous,
- à les mettre en pratique par la méthode empirique.
- Or, bien d’autres de nos lecteurs ont touché juste, et sans se donner le mot, soyez en sûrs : l’un habite Bolbec, le deuxième Garni et le troisième Zurich. Donc pas d’entente
- Fig. 11.
- préalable possible. Et s’il me fallait établir un classement de mérite entre les trois — mettons candidats — je n’hésiterais pas à décerner le premier prix d’intuition à M. G. Ilau-checorne, pharmacien à Bolbec, qui ïn’écrit ceci : J’ai tout lieu de croire que le fonctionnement du balancier est basé sur le principe de « l’ébullition d’un liquide à basse température dans un milieu où l’air est raréfié et où, par suite, la pression sur le liquide est diminuée. » Vous connaissez le Bouillant de Franklin']... Nous y voilà! El c’est tout à fait cela ! Écoulez plutôt ce que dit M. Max Peaucollier, ingénieur à Zurich : Le tube en question n’est autre que le Bouillant de Franklin, il contient de l’alcool (pie l’on fait bouillir avant de fermer pour évacuer l’air. La moindre différence de température suffit pour chasser l’alcool d’un récipient dans l’autre. Si le tube est monté sur un fléau de balance de telle sorte que le centre de gravité se trouve au-dessus de l’axe de rotation, on obtiendra un basculement brusque. Les applications de ce principe sont innombrables. Pour mon compte je l’ai utilisé dans un appareil de publicité lumineuse sans moteur. Le tube est monté sur un commutateur -à deux directions, et près de chaque récipient est
- p.94 - vue 98/647
-
-
-
- - ACADÉMIE DES SCIENCES -~-=i^=^======= 95
- lixée une lampe s’allumant dès que le lïéau tombe de son côté. On obtient ainsi un mouvement automatique du commutateur et il est facile d'en régler la vitesse en approchant ou éloignant les lampes. Une simple lampe de 10 bougies donne une chaleur plus que suffisante. Voilà qui est net.
- M. Jean de Sucet, à Garni, a également réalisé, il y a sept ou huit ans, un moteur thermique à mouvement alternatif, basé sur le meme principe, dont je me fais un plaisir de donner la description. Un Bouilleur de Franklin AB repose sur un pivot 1 et est muni d’un côté, d’un poids P (lig. 10 et 11). Si ou chaude la houle À, le liquide s’échappe vers B. Lorsque celle-ci est remplie, le poids P
- étant plus faible que P', l'appareil bascule. Ce mouvement provoque la fermeture de la lampe. Par suite du refroidissement le liquide tend à se remettre en équilibre et le moindre retour vers À fait basculer le bouilleur (il découvre la flamme en môme temps. La boule À s’échauffe à nouveau et ainsi de suite. Pour que le mouvement se produise il faut (pie l’écart entre P et P' soit aussi faible que possible; le curseur P sert au réglage. On rend le fonctionnement de ce moteur secret en plaçant le bouilleur dans une gaine opaque : un double cône ! Et voilà !
- Pour nous la cause est entendue et tout le mystère est éclairci! Lucien Eouiinikii.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 6 juillet 1908. — Présidence de M. Bouchard.
- Champignons cultivés par des fourmis. - M. G. Bonnier rappelle que certaines races de fourmis cultivent des champignons méthodiquement dans des galeries spéciales. Mais les espèces ainsi cultivées ne fructifient pas et ce sont les filaments — ou blanc de champignon — dont les fourmis se nourrissent. M. G. Bonnier présente une Note de M. Goupin de laquelle il résulte que c’est à la présence de l’acide formique dans ces galeries qu’est due l’absence de fructiücations. En etlèt, en faisant développer la môme espèce; de champignon avec ou sans acide formique, ou voit (pie dans le premier cas il se développe un abondant mycélium sans fructifications et que, dans le se,coud cas, le champignon présente de nombreuses fructifications.
- La mémoire des Convolula. — M. Pelage rappelle qu’on a signalé les mouvements qu’accomplissent les Convolula retirés de la mer. Lorsque l’instant de la marée est arrivé ces animaux se déplacent; 011 a pu voir dans ces faits une manifestation de mémoire. Un expérimentateur vient d’étudier l’influence des légers courants électriques sur les Convolula ; d’après ses expériences, ces courants déséquilibrent ces animaux qui semblent perdre la notion de l’heure de la marée.
- La maturation des tomates. — M. À. Gautier présente une Note de M. Abahary sur les changements chimiques dont les cellules de la tomate en maturation sont le siège. Lorsque la tomate est verte 011 y trouve des matières albuminoïdes et cellulosiques. Puis, avec la maturation, la matière albuminoïde diminue, les acides, l’amidon et le sucre apparaissent. Les choses se passent comme si les cellules digéraient ces matières suivant le processus que l’on observe lors de la digestion stomacale chez les herbivores.
- Le phénomène de Base. — M. Violle présente une Note de M. Édouard Guillaume, de Zurich, sur le phénomène remarqué par M. Bose, de Calcutta. Si l’on plonge dans un liquide deux fils d’un môme métal et que l’on torde l’un d’eux, on fait naître un courant. L’auteur montre que, convenablement observés, les laits se rattachent par un mécanisme encore inexpliqué aux propriétés connues de la matière minérale et non à certaine propriété de la matière vivante.
- Propriétés des bacilles tuberculeux chlorés. - M. d’Ar-sonval présente une Note de MM. Moussu et Goupil, relative aux propriétés immunisalrices des inoculations de bacilles tuberculeux chlorés. Ils ont opéré sur des chiens avec la tuberculose humaine, et sur des lapins avec la tuberculose bovine. Dans les (jeux .cas, ils ont constaté l’immunisation, lorsque les animaux avaient reçu préventivement plusieurs inoculations de bacilles faiblement chlorés. Dans la majorité des cas,.la résistance des animaux s’est montrée presque parfaite. Les auteurs concluent (jue le procédé permet d’entrevoir, le problème de la vaccination tuberculeuse d’un point'de vue nouveau.
- La dissémination des 'maladies contagieuses par la batellerie. — M. Ghantemesse donne lecture d’un travail sur la dissémination des maladies contagieuses par la batellerie. L’auteur montre d’abord quelles conditions déplorables présentent, au point de vue de l’hygiène, les étroites cabines dans lesquelless’entasse la population des chalands et péniches. Il fait ensuite ressortir les conditions favorables qui se présentent dans ces cabines pour la création d’un foyer d’infection dès (pie l’un des habitants est atteint d’une maladie contagieuse. D’ailleurs, la population des bateaux redoute d’appeler le médecin et quelquefois aussi les médecins montrent peu de disposition à monter sur les bateaux. L’auteur montre la fièvre scarlatine importée de Belgique à Paris par la Sambre, le choléra importé d’Asie à Berlin par le Volga et les canaux en '1905. 11 signale que les dispositions de police sanitaire de la loi de llHPi, relatives aux maladies contagieuses, 11’atteignent pas les bateliers; aussi exprime-t-il le vœu que cette loi soit complétée le plus tôt possible en ce qui les concerne.
- Élections. — Il est procédé à l’élection d’un vice-président en remplacement de M. Becquerel devenu Secrétaire perpétuel. M. Émile Picard est élu à l’unanimité. 11 est ensuite procédé à l’élection d’un correspondant de la section d’astronomie en remplacement de M. Asaph Hall décédé. M. llale, de l’observatoire de Mont Wilson (Californie), est élu.
- Décès. — L’Académie reçoit la nouvelle de la mort de M. Péron, correspondant de la section de minéralogie.
- Ch. de Yieledeuil.
- p.95 - vue 99/647
-
-
-
- 96
- UNE NOUVELLE BOUSSOLE TOPOGRAPHIQUE
- Le petit instrument dont je vais donner la description est destiné aux opérations de topographie courante, principalement aux levés d’itinéraires qu’ont à faire, au cours de leurs voyages, les explorateurs des pays nouveaux. J’ai cherché à allier dans un meme appareil, de volume et de prix aussi réduits que possible, la commodité et la précision.
- L’appareil, très habilement construit par M. Vion, est formé essentiellement d’une aiguille aimantée oscillant au centre d’une petite boîte plate en cuivre, recouverte par une glace transparente. Une « rose », graduée suivant une circonférence entière, de 0° à 560° (ou de 0 grade à 400 grades en division centésimale) et tracée sur un disque de
- lixée à l’aiguille et entraînée par elle. Sur la glace de verre, et dans le plan de symétrie de l’appareil, est tracé un trait qui dessine un diamètre du cercle divisé.
- Au-dessus de la division mobile, porté par un petit bras en cuivre, se trouve
- optique destiné à permettre
- de voir à la fois l’objet dont il cherche à déterminer l’azimut magnétique et l’image de la division angulaire. Ce système optique comprend un miroir incliné à 45°, et dont l’argenture est enlevée à la partie centrale. L'observateur, ayant l’œil comme le montre la figure, voit donc directement l’objet visé à travers le miroir, grâce à la suppression centrale de l’argenture, tandis qu’il voit par réflexion l’image de la rose et de ses divisions. Comme la réflexion renverse les objets, les divisions sont tracées à l’envers afin d’être vues à l’endroit. Le miroir est abrité dans une petite boîte cubique en cuivre, munie d’une pinnule oculaire du côté de l’œil et d’une loupe à la partie inférieure ; cette loupe donne une image de la rose grossie deux fois environ. La boîte est mobile de haut en bas dans une glissière réservée dans le bras ; on peut ainsi mettre au point, pour chaque vue, les divisions de la rose, de façon à les apercevoir à leur maximum de netteté. La lecture de la division de la rose correspondant à un point visé donne Y azimut magnétique de la direction allant vers “ce point. La différence des
- azimuts (c’est-à-dire des lectures) de deux directions donne l’angle qu’elles font entre elles. La division continue du limbe de 0° à 560° évite les erreurs qui sont faciles à commettre quand il y a plusieurs zéros.
- Pour se servir de celle boussole, on la tient comme l’indique la ligure, et, quand on ne s’en sert plus, on la replie comme le montre le dessin placé au bas de
- la ligure : l’appareil peut alors se mettre dans le
- gousset.
- Ce petit instrument, tout replié, a une longueur de 11,5 cm, le diamètre de la boîte contenant l’aiguille est de 4 cm, et son poids total est de
- 80 gr. : il est donc aussi portatif que possible.
- Quand on veut s’en servir pour s’orienter, on regarde directement sur la boîte le diamètre de
- la rose marquée d’une
- étoile : cette étoile indique la direction du Sud (il est à remarquer que l’orientation doit être prise sur la boussole vue directement, et non dans le miroir, qui renverse les images).
- Cette petite boussole est excellente comme boussole topographique : le fait qu’on puisse apercevoir le limbe divisé en entier permet de faire les lectures aux deux extrémités opposées d’un même diamètre, et, par conséquent, d’éliminer l’erreur d’excentricité, si importante dans les instruments de petit diamètre.
- Elle peut servir également, en mer, de compas de relèvement quand on fait un relèvement en embarcation, par exemple si l’on exécute la reconnaissance hydrographique rapide d’une côte : sa porlativité la rend alors précieuse. L’expédition antarctique française que le D1' Charcot va conduire au Pôle Sud en emporte un certain nombre, tant pour cet usage que pour la topographie du continent austral. Indépendamment de cela, beaucoup de ces petits appareils sont déjà en service, entre les mains de nombreux voyageurs, et ont donné les meilleurs résultats : c’est ce qui m’a déterminé à en publier la description.
- Alphonse Berget.
- Le Gérant : P. Masson.
- bristol est
- un système stiné à per-à l’observateur
- A gaucho, la boussole lîcrgel dans sa position d’observation.
- A droite, la manière de l'aire une visée.
- En bas, la boussole repliée, prête à être mise dans la poche.
- Paris. — Imprimerie Laiiuuk, rue de Fleuras, 9.
- p.96 - vue 100/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1834.
- LES COQS A LONGUE QUEUE DU JAPON
- 18 JUILLET 1908.
- Quand le Japon s’ouvrit enlin à l’esprit d’investigation de la race blanche, c’est-à-dire vers 1870, quelques voyageurs y signalèrent l’existence de deux phénomènes relevant de l’histoire naturelle : la sirène, animal aux formes fantastiques tenant à la lois du singe et de la carpe, et le coq to-niaru, orné d’une queue longue de cinq à six mètres.
- Mais quelques spécimens de celle mystérieuse sirène, apportés en Europe, ne trompèrent pas l’œil exercé de nos naturalistes, qui identifièrent aisément le prétendu phénomène : une queue de poisson fort habilement soudée à une momie de singe. La constatation eut de fâcheuses quences pour le to-maru : sans examen, on le supposa muni d’une queue truquée, lui aussi.
- Du coup, il cessait d’intéresser les savants.
- Ce mauvais début retarda la vogue de cet étrange oiseau. Son existence ne fut admise qu’après de longues investigations. Et les suspicions qu’il avait provoquées ne cessèrent complètement qu’à son apparition dans nos grandes collections d’Europe. La loi qui punissait de mort l’exportation du to-maru était tombée en désuétude. Et nous pûmes admirer de magnifiques spécimens de cette espèce. Tel le coq que posséda longtemps la collection impériale 30e année. — 2° semestre.
- d’Autriche, et dont la queue mesurait près de sept mètres de longueur.
- L’origine de cette espèce, dont l’élevage est resté
- le monopole de quelques fermiers de la province de Tosa (île de Chikoku), est obscurcie par de nombreuses légendes. Les savants japonais eux-mêmes ne s’accordent que sur un point : elle dut son existence à une patiente sélection artificielle, poursuivie jusqu’à nos jourspendant une période d’au moins dix siècles.
- Certains lui accordent des antécédents beaucoup plus lointains. Elle serait issue d’une espèce coréenne, descendue elle-même d’une espèce sauvage qui a survécu dans les jungles de l’Inde. D’après cette théorie, elle aurait été importée au Japon après l’invasion de ce pays par les Coréens sous le règne de Jimmu-Tenno, le divin ancêtre du mikado actuel.
- Mais abandonnons le domaine de la légende, pour aborder celui des faits. Dès la plus haute antiquité, la maison de Tosa peignait sur son blason un coq à longue queue. Durant une de ces famines, qui désolaient périodiquement l’empire, un prince de Tosa consentit à exonérer du tribut annuel plusieurs de ses vassaux, et à accepter à sa place de beaux spécimens de to-maru. L’usage survécut à la famine.
- 7. — 97
- Beau spécimen d’Onagadori sur un perchoir entouré tl’Azalées.
- p.97 - vue 101/647
-
-
-
- 98__LES COQS A LONGUE QUEUE DU JAPON
- Dès lors, en leur désir de mériter les faveurs du maître, les fermiers rivalisèrent à qui lui offrirait chaque année le coq le plus remarquable. Cette émulation eut pour résultat d’allonger indéfiniment les plumes du gallinaeéc héraldique, et cela en un espace de temps relativement court.
- À en juger par les vieilles estampes, la queue du to-maru ne dépassait guère un mètre et demi vers l’an 1000 de notre ère. Et j’ai dit plus haut que sept mètres forment la longueur phénoménale de la queue de certains sujets.
- On distingue plusieurs variétés de to-maru (appelé aussi onagadori). Nous ne décrirons ici que les principales. Le hikéï est remarquable par sa couleur fauve, qui lui a valu le surnom d’oiseau-ilannne ; cliez cette variété, ce sont les plumes de la queue, les reetrices, qui s’allongent démesurément.
- Le chira-fugi, reconnaissable à la parure blanche qui recouvre son cou et son dos, présente celle particularité que ses reetrices, recourbées en faucille comme chez nos espèces d’Europe, ont gardé leurs dimensions normales; ce sont les plumes plantées à la hase de la queue qui se sont développées en longueur, retombant en franges d’une blancheur éclatante qui lui ont valu son nom ; chira-fugi est, elfectivement, le nom de cette glycine à grappes blanches qui met une note si gracieuse, si poétique, dans les jardins japonais.
- On peut citer encore la variété albinos, le sagawa, dont le plumage est d’une blancheur éblouissante; elle tire son nom du district de Sagawa (préfecture de Takaoka). L’un des correspondants japonais qui ont bien voulu me documenter pour cet article au double point de vue des informations et de l’illustration (car la photographie reproduite sur ces pages fut prise spécialement pour les lecteurs de La Nature), m’afürme que, chez le sagawa ou chiro (blanc), ce sont les plumes de la hase du cou qui se développèrent anormalement. Mais je dois constater avec regret que les photographies de sagawas que j’ai reçues ne mettent pas assez en relief cette intéressante particularité.
- Comment les éleveurs de Tosa sont-ils arrivés à produire un coq aussi remarquable ? Evidemment, la sélection artificielle a joué un rôle prépondérant dans l’évolution de cette merveille vivante. On sait que la mue s’effectue d’une façon irrégulière et capricieuse chez beaucoup d’espèces d’oiseaux. Or, comme la plume grandit jusqu’à ce que la mue mette fm à son existence, il est probable que les premiers éleveurs s’intéressèrent à des cas de mue anormale, à des sujets dont les reetrices, restant plus longtemps en place, avaient conséquemment le temps de s’allonger. Par le double procédé de la sélection et du croisement, ils réussirent à lixer cette particularité, à rendre normale cette anomalie. Chez l’espèce ainsi créée, les plumes de la queue échappaient désormais à la période de la mue et pouvaient s’allonger indéfiniment.
- Le procédé se compliqua de génération en géné-
- ration, encouragé, comme je l’ait dit, par les largesses des princes de Tosa. Les fermiers découvrirent qu’en suralimentant les oiseaux sans leur permettre de dépenser leur surplus d’énergie dans la vie active de la basse-cour, ils stimulaient la croissance des plumes. De fait, les to-maru ne {Misent jamais la patte sur le sol. Perchés haut sur des supports, ils sont nourris à la main. Victimes de leur gloire, esclaves de leur beauté, il leur est interdit de descendre du perchoir, d’imiter leurs modestes compagnes, qui, dépourvues d’appendice caudal, jouissent du privilège de courir où bon leur semble, et de gratter la terre, en braves et bonnes volailles qu’elles sont.
- On soupçonnera que ces onagadori sont l’objet d’attentions spéciales, de soins méticuleux. Non seulement l’éleveur les garde jour et nuit sur le perchoir; mais pendant cinq ou six mois de l’année, il les tient enfermés dans des cages si étroites qu’ils s’y trouvent pour ainsi dire immobilisés. Tantôt la queue pend librement par une ouverture du plancher. Mais, le plus souvent, le fermier juge que l’emprisonnement est insuffisant pour protéger les fragiles plumes. Et il les roule soigneusement en une pelote qu’il enveloppe dans du papier de soie.
- L’alimentation joue un rôle important. Et c’est là, semble-t-il, que réside le secret des éleveurs de Tosa. Mes investigations sur ce point m’ont donné des résultats peu concluants, que je ne livre que sous toutes réserves. Un correspondant de Tokio, M. Tatsuya Kato, qui se rendit expressément en Tosa pour élucider ce point intéressant, croit pouvoir m’affirmer que la pâtée qui l'ait le fond de l’alimentation du to-maru a la composition suivante : du riz non décortiqué et bouilli, de la viande de rat, un peu de chair d’anguille, et des feuilles de daikon, sorte de radis géant. On ajoute à ce mélange des grains de sable, qui facilitent la digestion.
- Mais un autre correspondant ne me parle pas de chair d’anguille. D’après lui, la pâtée serait composée de viande, de riz et de blé, et de la graisse d’un certain poisson qu’il est incapable de me désigner.
- Les renseignements sont plus précis en ce qui concerne la croissance des plumes, qui ne commencent à dépasser la longueur normale qu’un an après la naissance. A la fm de la deuxième année, en supposant que le jeune coq soit de bonne race, la queue mesure déjà environ 1,50 m. A la fin de la troisième, sa longueur est de 2,50 m. C’est à partir de ce moment que l’éleveur s’occupe activement de son sujet, autorisé jusqu’alors à courir dans la basse-cour. Il prend possession du perchoir qu’il ne quittera plus que pour aller s’exhiber dans les concours régionaux, ou pour devenir la propriété de quelque riche daïmio.
- Et ce n’est qu’à l’âge de six ans qu’il atteindra son parfait développement, après que sa queue se sera allongée au taux de 15 centimètres par mois, en
- p.98 - vue 102/647
-
-
-
- CHRONIQUE
- LE PHONOCINÉMATOGRAPHE ====== 99
- supposant que leleveur ait su forcer la croissance des plumes par le procédé de la suralimentation.
- Qu’il me soit permis de remarquer, en terminant cette trop longue notice, que la beauté d’un onaga-dori ne se mesure pas au mètre, comme on serait tenté de le croire, mais bien au nombre des plumes anormalement allongées. Par exemple, un coq possédant vingt plumes longues de 4 mètres l’emportera sur un oiseau orné de quatre plumes mesurant 5 mètres. Et celui qui exhibera à la fois des développements anormaux à la queue proprement dite et à la base de la queue, réunira plus de suffrages parmi les jurés du concours. La couleur inlluence également les juges. Un albinos d’une blancheur immacu-
- lée est l’oiseau idéal, aux yeux d’un amateur d'Ona-gadori. Et l’on cite quelques spécimens de cette variété qui se vendirent à des prix fous : plus de 25000 francs.
- Un vieux proverbe japonais dit :
- « Si tu es homme, sois samuraï.
- Si tu es fleur, sois la divine fleur du cerisier.
- Si tu es oiseau, sois le bel onagadori. »
- Mais la civilisation et ses exigences entament déjà ce triple idéal. Et l’élevage du coûteux oiseau qui n’a plus de princes de Tosa pour l’encourager, ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Le Japon industriel est en train de tuer le Japon poétique.
- Y. Forbin.
- CHRONIQUE
- Décomposition des hydrocarbures gazeux chauffés en présence des métaux pulvérisés.
- — Les carbures d’hydrogène gazeux, chaudes dans diverses conditions, sont susceptibles de se dédoubler en leurs éléments, carbone et hydrogène. Cette décomposition est plus ou moins facilitée par la présence de certains corps métalliques; c’est ainsi qu’on a constaté que les
- carbures gazeux chauffés à 600° en présence de magnésium pulvérisé se décomposent presque entièrement, dans la proportion de 95 pour 100; le platine pulvérulent n’en dédouble que 70 à 80 pour 100. L’aluminium, chauffé à sa température de fusion, les décompose complètement en leurs éléments; enfin, le zinc, l’argent, le cuivre, le nickel et le fer n’ont presque pas d’influence.
- LE PHONOCINEMATOGRAPHE
- Nulle idée ne semble plus naturelle (pie celle de faire fonctionner simultanément phonographe et cinématographe, et de reproduire ainsi des scènes animées, où la parole jointe au geste, vienne rendre plus parfaite l’illusion de la vue. Néanmoins, pendant de longues années, les deux appareils ont poursuivi parallèlement leur glorieuse carrière d’amuseurs populaires, sans que pratiquement leur alliance ait pu se conclure. On y est enfin parvenu aujourd’hui, mais après de patients efforts, car malgré son apparente simplicité, le problème est complexe et ardu.
- La Nature a déjà décrit (voy. n° 1791, 21 septembre 1907) la solution imaginée par MM. Gaumont et Decaux et leur ingénieux chronophone. Il nous a été donné, récemment d’examiner dans les ateliers de MM. Pallié frères, à Vincennes, un appareil d’un principe un peu différent; il repose sur l’emploi d’un mécanisme de synchronisme d’une élégante et savante simplicité, dû à M. le capitaine d’artillerie Couade : ce mécanisme trouvera sans doute, de nombreuses applications dans d’autres branches de l’industrie.
- Avant d’en donner la description, nous montrerons comment on procède pour jouer et enregistrer une scène de phonocinématographie (le nom, bien que nouveau, est d’une signification assez claire pour ne pas exiger de définition).
- La chose est fort simple, pensera-t-on, il suffit de faire jouer les artistes devant la bande d’un cinématographe, pendant qu’un phonographe, en synchronisme avec lui, enregistre les paroles. Sans
- aucun doute, ce serait là le procédé idéal ; mais il est encore aujourd’hui irréalisable; pour obtenir de bons résultats du phonographe, il faut parler ou chanter bien exactement en lace de l’ouverture du pavillon, l’acteur ne peut donc bouger, tout effet de scène lui est interdit et la pellicule sensible ne révélerait que l’image assez peu intéressante d’un personnage au garde-à-vous, parlant ou chantant devant un énorme pavillon.
- Il a donc fallu recourir à un artifice : l’artiste commence par chanter ou réciter son rôle devant le phonographe, sans s’inquiéter du cinématographe; il mime ensuite la scène devant le cinématographe ; voici comment s’obtient la concordance exacte des paroles et des images : l’acteur s’exerce tout d’abord à régler exactement ses gestes sur les paroles répétées par le phonographe. Notre figure 4 nous montre cette répétition d’un nouveau genre ; c’est pour l’artiste un long et minutieux travail, qui exige beaucoup d’attention et de finesse. Lorsque la mise au point est parfaite, que paroles et mouvements sont exactement d’accord, on joue la scène définitive, le phonographe et le cinématographe sont accouplés au moyen d’une transmission à la Cardan qui rend leurs mouvements exactement synchrones ; on dispose les décors, le phonographe chante ou récite, l’acteur joue, et la bande cinématographique enregistre son mouvement (fig. 5).
- Pour les représentations publiques, il suffira de faire à nouveau fonctionner en synchronisme parfait les deux instruments ; on aura soin de prendre comme
- p.99 - vue 103/647
-
-
-
- 100 -__=__— LE PHONOCINEMATOGRAPHE
- point do départ pour le sLylet du phonographe un point du disque dont le son corresponde exactement a u geste li x é sur la première image cinématographique. Le résultat donnera d’une façon parfaite l’illusion d’une scène parlée ou chantée.
- Mais dans une représentation, le phonographe s e place près du rideau de projection, le cinématographe se trouve dans une cabine spéciale : les deux appareils sont assez éloignés l’un de l’autre, leur synchonisme ne peut plus être assuré par une commande mécanique ; il est donc tout indiqué de recourir à la transmission électrique et c’est ici qu'intervient l’appareil imaginé par M. le capitaine Couade.
- Comme on le sait, c’est le mouvement du phonographe qui doit commander celui du cinématographe : il semble un peu paradoxal, au premier abord, de l'aire conduire le deuxième instrument qui exige une force assez considérable par le premier dont le mouvement n’est assuré que par un faible mécanisme d’horlogerie.
- Mais, la moindre variation de vitesse dans le disque produirait de graves altérations de la voix ; on ne peut tolérer aucun écart, et il faut à tout prix maintenir la commande propre du disque avec les organes de régulation spéciaux qu’elle comporte. En général, c’est la descente d’un poids qui assure la rotation du disque.
- Le principe de l’appareil Couade est fort simple : il existe des moteurs électriques, dits synchrones, qui sont aujourd’hui d’un usage courant dans la pratique industrielle; sous l’action du courant alternatif émis par une machine génératrice appropriée, ils tournent exactement avec la même vitesse que cette génératrice. L’emploi de ce type de moteurs était
- donc tout indiqué; néanmoins son adaptation au phonocinématographe soulevait de nombreuses difficultés
- techniques q u e M. Couade a fort habilement vaincues.
- C’est le disque même du phonographe qui, par son mouvement de rotation engendre le courant électrique destiné à mettre en mouvement le moteur syndrone qui, à son tour, actionne le ei n é m a t o -graphe.
- Le courant produit est du courant alternatif triphasé ; et il s’obtient par la transformation de courant continu à 70 ou 110 volts au moyen d’un appareil nommé Iransmelleur et qui fonctionne sous l’action du mécanisme du phonographe.
- C’est ce transmetteur qui constitue la partie essentiellement originale du dispositif. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de ce dispositif, ni exposer les calculs qui ont servi à l’établir. Qu’il nous suffise de dire que cet organe comporte un collecteur formé de 2 secteurs pleins de 120° d’étendue, symétriques, séparés par 2 secteurs de 60°, garnis du plus grand nombre possible de lames. Entre les lames et les secteurs sont disposées certaines résistances. Le courant continu arrive aux 2 secteurs pleins.
- D’autre part, autour du collecteur sont disposés 5 balais à 120° l’un de l’autre qui recueillent le courant issu du collecteur. Suivant les modèles et appareils, tantôt le collecteur tourne, et les balais sont fixes ; tantôt, au contraire, ce sont les balais qui tournent, autour du collecteur maintenu fixe. Bien entendu, cette rotation est assurée par le mouvement du disque phonographique. Les o balais recueillent chacun un courant variable; et, grâce à la façon dont les résistances ont été
- p.100 - vue 104/647
-
-
-
- LE PHONOCINEMATOGRAPHE
- 101
- calculées, ou obtient un courant dont les alternances sont parfaitement régulières, ou, comme l'on dit, parfaitement sinusoïdales.
- Celte condition permet d'avoir pour le moteur synchrone une puissance très notable, et cependant des dimensions fort réduites. Notre figure 1 montre la boîte qui contient le moteur, elle a à peine 0,20 m.
- o organes : engrenage, roue libre, différentiel, sont réunis en un seul que contient également la boîte du moteur.
- Grâce à ces divers dispositifs, on réalise, et d’une façon toute mécanique, la simultanéité parfaite de la parole et du geste.
- Le phonographe est disposé près de la scène de projection ; le cinématographe, dans la cabine de l’opérateur, est relié au moteur synchrone, qui lui-même est réuni électriquement au phonographe.
- Un microphone, placé dans l’embouchure du phonographe, permet à l’opérateur de suivre avec précision, les chants ou les récits (pie répète l’appareil, et de s’assurer ainsi que la concordance est parfaitement observée (tig. 2).
- GrAce à toutes ces précautions, on donne aux spectateurs une illusion parfaite. Malheureusement, ces auditions ont encore un défaut; leur durée est extrêmement courte ; elle est limitée par la capacité des disques phonographiques qui ne dépasse guère 5 minutes.
- Le phonocinématographe en est donc,
- w*
- 1 'vTrrf
- Fig. 5. — Artiste mimant une scène devant un cinématographe : le phonographe lui dicte ses gestes.
- de côté; c’est donc un appareil essentiellement transportable.
- Malgré sa petite taille, il lournit un couple moteur considérable; pour actionner la manivelle d’un cinématographe chargé d’épais rouleaux de pellicules, et muni en outre de ses appareils de sécurité contre l’incendie, il faut en effet déployer un réel effort.
- Comme on le voit sur la ligure, le moteur n’agit pas directement sur le cinématographe, mais par l’intermédiaire d’un joint à la Cardan extensible : le moteur tourne à 560 tours par minute, le cinématographe a 120 tours : il faut donc, en outre, entre les 2 appareils un organe de multiplicateur de vitesse.
- On a voulu aussi se réserver le moyen de rattraper exactement la concordance des images et des sons, au cas où, pour une cause accidentelle, elle serait momentanément altérée. A cet effet un différentiel est interposé entre le moteur et le cinématographe.
- Enfin une roue libre à rochets permet d’éviter les effets du démarrage brusque du moteur. Ces
- Fig. I. — Artiste mime s'exerçant à jouer son rôle, au son du phonographe.
- pour l’instant, réduit aux chansonnettes, ou à des scènes fort brèves; il ne peut encore jouer le rôle de théâtre populaire auquel il semble destiné; mais nul doute que l’avenir ne réserve à cet ingénieux instrument de nombreux perfectionnements et une belle carrière. A. Troua:n,
- p.101 - vue 105/647
-
-
-
- 102
- COMMENT ON FABRIQUE UNE BALLE DE CRICKET
- une de p a r par
- Le cricket est un des sports les plus en laveur en Angleterre; ce n’est, d’ailleurs, en réalité, qu’une transformation du vieux jeu français de la crosse et du mail. La pièce essentielle du jeu est la balle, (pic chacun des deux camps adverses dispute à l’autre avec acharnement, aussi sa fabrication est-elle l'objet des plus grands soins et mérite vraiment d’être décrite dans ses détails. C’est d’ailleurs une industrie! assez importante, puisque, dans le comté de Kent, elle occupe la presque totalité des habitants de certains villages (Hildenhorough,
- Toubridge) et que chaque fabrique livre à la consommation m o y e n n e 14 balles semaine et ouvrier.
- Une balle de cricket se compose d’une enveloppe et d’un noyau.
- W enveloppe est en cuir. Pour l’établir, on se sert- de bandes coupées à une largeur déterminée, eL préalablement traitées avec du sel et de l’alun.
- La surface en
- est également passée sur une lame émoussée, montée sur un poteau -fixe, afin de rendre le cuir souple et facile à travailler.
- On débite ces bandes en petites parties, qui sont soumises à la presse à estamper, d’où elles sortent comme autant de quartiers de sphère. Ceux-ci, réunis entre eux, deux à deux, forment autant de calottes demi-sphériques, dont la réunion formera l’ensemble de la balle.
- Le noyau est composé d’une bille en liège, de 8 à 10 millimètres de diamètre, autour de laquelle on serre une line gance de llanelle, aussi fortement ipie possible.
- Dès le deuxième tour, on commence à enrouler la llanelle et à mettre, entre les divers tours, pour les séparer, des petits morceaux de liège coupés à des dimensions déterminées.
- L’ouvrier confectionne aussi une sphère dont il
- augmente régulièrement les dimensions, jusqu'au moment où elle a atteint sa taille définitive, c’est-à-dire lorsqu’elle peut entrer, à force de coups de marteau, dans un moule en acier spécial. Avant d’arriver à ce stade, lorsque le noyau a atteint la moitié de sa grosseur, il est passé au four ; puis il y est laissé à nouveau un certain temps, quand il est terminé.
- Vient alors la réunion du noyau et des deux parties de l’enveloppe. Les demi-
- sphères en cuir sont martelées dans un moule en acier; le noyau est passé au gabarit, pour lui donner des dimensions parfaitement exactes. Puis, il est introduit au marteau dans une des demi-sphères, et, ainsi coilîê placé dans une calotte en bronze, tandis que l’autre demi-sphère qui est vide repose dans une calotte symétrique. Il reste dès lors simplement à rapprocher les deux pièces qui sont serrées fortement dans un étau. W. Dar ville.
- La fabrication d une balle de cricket. Diverses phases de l’opération.
- LE CHEMIN DE FER DU NYASALAND
- En réalité, et de son nom complet, il s’appelle Shire Ilighlands Nyasaland Raihvay, parce qu’il est fait pour desservir la vallée de la Shire et aussi pour établir des communications avec le lac Nyasa. On sait sans doute que le protectorat du Nyasaland ou de l’Afrique centrale anglaise n’est guère en relations avec le monde extérieur que par le port de Chinde, à l’embouchure du Zambèze,
- port qu’il atteint du reste par l’intermédiaire de la rivière Shire.
- Malheureusement, sur ces voies d’eau, nombreux sont les bancs, les roches submergées, etc. On a voulu d’abord, avec la nouvelle voie ferrée, tourner la difficulté causée par les chutes Murchison et fournir des communications faciles entre Chiromo et Blantyre, en se réser-
- p.102 - vue 106/647
-
-
-
- z______________ —.......LES GRÈS
- vaut de construire un prolongement ultérieur vers la Shire supérieure et Fort Johnston. Mais on s’aperçut vite qu’il ne fallait pas songer à faire remonter par eau les matériaux de construction, jusqu’à Chiromo, et l’on fut obligé de prendre comme tète de ligne Port Herald, 45 km plus bas, et à une centaine de kilomètres de Villa Bocage. Au surplus, il faudra certainement un jour continuer la ligne jusqu’à cette ville, en plein territoire portugais, si l’on veut qu’elle donne toute son utilité.
- La nouvelle voie est à l’écartement de 0,75 m. ; ses
- D’ANNOT --...... .......... rr.....:----103
- rails reposent sur des traverses métalliques. Elle court d’abord parallèlement à la rivière jusqu’à Chiromo, puis la traverse; elle remonte alors la vallée de la rivière Ruo, toujours dans la direction du nord, et commence à monter une rampe presque continue qui doit l’amener à une hauteur de 1200 m. Entre Blanlyre, le terminus, et Port Herald, il y a une distance totale de 180 km. On a prévu deux gares intermédiaires entre Chiromo et le terminus, bien qu’il ne s’y trouve pas encore d’agglomération.
- LES GRES D’ANNOT (BASSES-ALPES)
- Le 27 juin 1908 la Compagnie des chemins de fer du Sud de la France a ouvert à l’exploitation la section de la ligne de Saint-André à Nice comprise entre Pont-de-Gueydan et Annol. Ainsi se trouve rendu aisément accessible un site des plus curieux digne de toute l’attention des touristes cl des savants1.
- Le coquet village d’Annot est un des principaux chels-lieux de canton du département des Basses-Alpes ; il est construit sur les bords de la Vaïre ; important afiluent du Coloinp qui lui-même se jette dans le Yar peu après sa réunion avec la Vaïre.
- La vallée de ce cours d’eau est assez profonde et présente un caractère tout à fait particulier dû au contraste existant entre ses deux
- dis, en effet, que les pentes de la rive droite sont analogues à toutes celles des montagnes calcaires de la région
- zone de maigres bois taillis dominée par des éboulis, on voit sur la rive gauche, aux environs d’Annot qui occupe le fond de la vallée, des châtaigneraies luxuriantes s’étendant sur des coteaux parsemés d’immenses blocs grisâtres formant un chaos des plus pittoresques et couronnés par des falaises abruptes, dont l’œil le moins exercé reconnaît sans peine l’identité de nature avec la roche constituant les blocs curieux que l’on aperçoit au-dessous en nombre immense. Le spectacle est surtout remarquable en hiver quand le feuillage des châtaigniers ne masque pas le terrain.
- La connaissance de la constitution géologique de la vallée permet de se rendre facilement compte des raisons de cette disposition bizarre.
- La coupe transversale est en effet celle que représente la figure ci-après :
- 1 Quand la ligne entière sera ouverte jusqu’à Saint-André de Méouilles, tout l’arrière-pays de Provence se trouvera relié au Dauphiné par Digne. Ainsi l’on pourra visiter une région qui est peut-être la plus curieuse de toute la France : nous comptons décrire ici les principales attractions, à peu près ignorées encore, qu’on pourra bientôt y admirer facilement.
- Du côté de l’ouest les calcaires [crétacés fortement relevés forment les crêtes, et on observe à mi-côte l'affleurement du banc calcaire gréseux qui forme la base des terrains tertiaires et au-dessus duquel se développent les marnes qui s’étendent dans tout le fond de la vallée et sur toute la partie inférieure du liane oriental. A ces marnes sont superposés des grès siliceux en énormes couches qui s’élèvent jusqu’au sommet.
- Les grès sont en grande partie oligocènes, leur base appartient peut-être encore à l’éocène comme les marnes et le calcaire gréseux subordonnés.
- Ceci dit il suffit d’imaginer le graduel creusement de la vallée par érosion des marnes pour concevoir que peu à peu les couches de grès laissées en porte à faux se sont écroulées et ont donné naissance au chaos des blocs.
- Il est difficile de se rendre compte autrement que par une mensuration précise des dimensions des monolithes de grès qui sont tantôt isolés, tantôt groupés en amas formidables. L’œil, en effet, estime difficilement des dimensions aussi exceptionnelles pour des masses rocheuses.
- C’est par milliers de mètres cubes que l’on doit compter quand on opère de tels mesurages et les blocs de 4000 à 5000 mètres cubes sont nombreux et ne sont pas les plus petits.
- Les monolithes d’Annot sont le plus souvent solidement fixés dans le sous-sol, formé de sable et de débris de grès, qui recouvre sur une épaisseur plus ou moins grande le substratum marneux qui se trouve toujours en profondeur. Un certain nombre de ces blocs ont été utilisés pour appuyer des constructions, et on peut voir quelques spécimens de ces bâtisses originales par exemple à la chapelle de Vers-la-Ville.
- Le grès d’Annot est en général résistant aux intempéries et notamment à la gelée; il durcit même souvent à l’air comme beaucoup de pierres analogues. Cependant certains blocs sont gélifs en tout
- p.103 - vue 107/647
-
-
-
- 104
- LES GRES D’ANNOT
- ou en partie et cette propriété a fait prendre à quelques monolithes des formes étranges comme celle qui donna origine à l’arcade irrégulière que l’on appelle « les Portetles » (fig. 5, 5). Presque partout Follet pittoresque est différent et résulte plutôt de; faces abruptes, quelquefois assez rapprochées pour former une sorte de couloir, ainsi qu’on peut le voir à la « Chambre du Roi ». Des lichens, des lierres sont souvent de charmants motifs de décoration pour les surfaces de monolithes.
- L’équilibre de masses aussi pesantes peut être troublé si des modifications sont produites dans le terrain qui les supporte, et c’est ce qui est arrivé
- furent mises en relie! par les travaux du chemin de fer dans lesquels ces grès servirent de matériaux de construction, notamment l'homogénéité très grande de la roche. 11 suffisait, pour en amener la division par des surfaces presque planes, de creuser des trous répartis de distance en distance sur la périphérie des blocs, et d’y enfoncer des coins; on arrivait ainsi à débiter sans l’usage delà mine les pierres dé taillé et les moellons dont on avait besoin. Les photographies qui sont reproduites ci-contre montrent bien ces fractures curieuses ; on peut voir, sur leurs bords, les traces des trous dans lesquels on a enfoncé les coins ; on peut aussi se rendre . quelque peu
- Fig. 2. — La falaise des grès d’Annot.
- pendant les travaux du chemin de 1er de Digne à Nice (fig. 3, 1), dont le tracé est obligé de passer au-dessus d’Annot dans l’ascension rapide qui le conduit au tunnel de la Colle Saint-Michel. Il a fallu en certains points se hâter de soutenir des amas de blocs qui menaçaient de constituer des ébou-lements formidables. En un point le creusement d’une tranchée a suffi pour amener, après une période pluvieuse, le déplacement d’un bloc de 4500 mètres cubes environ auquel était adossée une maisonnette avec jardin; le mouvement fut très lent, très régulier, laissant une trace marneuse en forme de fond de bateau, et le monolithe vint obstruer la tranchée en entraînant la maisonnette complètement effondrée.
- D’autres propriétés intéressantes des grès d’Annot
- compte des dimensions, les hommes servant d’échelle.
- Il y avait quelquefois exception dans l’homogénéité; soit quand on rencontrait, intercalés dans la masse, des fragments de roches plus anciennes détachées des bords de la mer ou plutôt de l’immense lac dans lequel le grès s’est déposé; soit quand on voyait dans la section une bosse ou un creux décelant l’existence d’un noyau de dureté supérieure. Ces noyaux où la silice est concentrée, et qui ont souvent plusieurs décimètres de diamètre, sont d’une compacité remarquable ; tandis que le grès est facile à tailler, les outils ne mordent pas sur les nodules dont il s’agit, et les tailleurs de pierre, ont quelquefois profité de celte particularité pour en faire un motif plus ou moins décoratif, notamment pour des clefs de voûte.
- p.104 - vue 108/647
-
-
-
- LES GRÈS D’ANNOT ~— .- ...: 105
- La région d(*s monolithes d’Annol mérite une i occasion d’ailleurs à des excursions charmantes vers visite qui sera bientôt rendue facile par le chemin le Fugcret, Méailles, Rraux, Rouaine ; à de fiel les de 1er qui permettra d’y venir on partant do Nice courses de montagne comme l’ascension du Grand
- Fig. 5. — N° 1. Construction du chemin de fer en 1906; N* 2 à 5. Détails des grès d’Annot.
- ou de Digne ou mieux de s’y arrêter en allant ou venant de Nice par la nouvelle voie qui sera très intéressante. Les environs d’Annot peuvent donner
- Coyer, et il est certain que les touristes fréquenteront ce joli coin des Alpes quand ils pourront le faire vite et commodément. Pu. Zürcher.
- p.105 - vue 109/647
-
-
-
- 106
- THÉORIE GÉNÉRALE DU PLANEMENT
- S’il fallait déduire une théorie générale de toutes les formules relatives au planement, la besogne serait plutôt ardue, car il n’en est pas deux qui se ressemblent; très élastiques, elles permettent d’expliquer les phénomènes les plus invraisemblables : avec celle de Newton, par exemple, on démontre que les oiseaux ne peuvent pas voler. C’est pourquoi, sans les formules, Santos-Dumonl, Farman, Delagrange, Esnault-Pelterie, Blériot, les frères Wright, ont effectué et effectuent encore chaque jour ' presque, des vols de plus en plus sérieux.
- Le principe qui a conduit ces hardis pionniers du plus lourd que l’air à des résultats aussi intéressants que ceux auxquels ils sont parvenus est celui du déplacement d’air. Et ils demeurent convaincus, du moins ils l’étaient jusqu’ici, qu’un aéroplane ne peut se soutenir dans l’atmosphère qu’aulant qu’il est animé d’une vitesse énorme. De là à conclure que les planeurs doivent être pourvus d’un moteur puissant actionnant une hélice dont le rendement atteindrait le maximum, il n’y avait qu’un pas, lequel a été vite franchi. Les constructeurs ont admis cette manière de voir parce qu’elle paraissait exacte d’abord, ensuite parce qu’elle est conforme à leurs ntérêts.
- Nous étions donc condamnés à ne pouvoir naviguer dans l’atmosphère que sur des appareils animés d’une vitesse excessive, lesquels appareils, en cas de ralentissement, ne répondaient plus de notre anatomie! Et l’on prétendait imiter ainsi le vol des oiseaux! C’était une amère ironie, excusable cependant par les premiers succès obtenus et dus, il faut bien en convenir, à la vitesse. Par conséquent, plutôt que d’imiter la nature, les chercheurs s’en éloignaient, tout en ayant constamment sous les yeux la preuve qu’ils faisaient fausse route.
- Notez bien que les observations relatives au vol des grands planeurs : l’aigle, le vautour, le condor, l’albatros, et, dans nos régions, l’épervier, le milan, la buse, ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis plusieurs siècles, on a remarqué que ces oiseaux peuvent se soutenir en l’air et y rester immobiles, simplement en étendant leurs ailes.
- Il faut croire que la solution de ce problème paraissait bien difficile à trouver, puisque personne, jusqu’ici, n’avait osé l’aborder. Et dire quelle est la simplicité même, ainsi que nous le verrons plus loin!
- Deux savants de haute valeur, chacun dans un ordre différent, M. René Quinton et M. Marcel Desprez, viennent de se rencontrer sur le même terrain, au moment précis où l’aviation semblait dévier de sa voie normale, et cela, pour de longues années peut-être. Le premier crée un prix qui étonne les plus fervents et les plus qualifiés d’entre les aviateurs, et le second démontre expérimentalement que ce prix est facilement gagnable. Le prix Quinton, d’une valeur de 10 000 francs, est destiné au premier aéroplane qui, moteur éteint, et utilisant la seule force du vent, se maintiendra cinq minutes dans l’atmosphère sans descendre de plus de 50 mètres.
- Ce prix vise un but précis qui est de dissiper un préjugé communément répandu, une erreur, tendant à professer que l’air ne porte pas et que tout corps pesant plongé dans l’atmosphère est irrémédiablement voué à la chute à une vitesse uniformément accélérée. S’il est démontré aujourd’hui que la vitesse combat la pesanteur, il n’en paraît cependant pas moins admis que tout corps pesant ne peut, en aucun cas, demeurer en équilibre au
- sein de l’air. Or, il vient d’être établi que la vitesse n’est nullement nécessaire!, pour permettre à un appareil de planer parce que l’air porte, comme Veau porte. C’est d’ailleurs pour celte raison que les oiseaux planeurs peuvent se soutenir dans l’atmosphère, s’y élever, y progresser, sans donner un seul coup d’ailes.
- Puisque le planement s’engage de nouveau dans la belle voie dont il n’aurait jamais dû s’éloigner après les remarquables travaux de Huber de Genève, Audubon, Mouillard, d’Esterno, Marey, Darwin, reprenons cette théorie à son origine et rappelons comment se comportent dans l’air les plus puissants planeurs.
- Le vautour fauve, qui pullule en Egypte et y a été observé par M. Quinlon, pèse de 7 à 8 kg et mesure 2,50 m. d’envergure; il ne quitte jamais son aire tant que le vent n’est pas levé. Mais, dès que la brise se fait sentir, il s’y jette en donnant quelques grands coups d’ailes, de^ douze à quinze environ, puis il les étend brusquement, les immobilise pour se transformer en un beau planeur qui se laisse aller majestueusement dans l’espace. 11 décrit, d’abord de grands cercles, puis s’élève jusqu’à 1000 m., évoluant enfin dans tous les sens sans la moindre fatigue, car ses ailes demeurent rigides. Mouillard estime que le vautour peut ainsi elfectuer vingt ascensions de 1000 m. chacune et parcourir 400 km. Voilà donc un bel exemple de planement sans moteur ; le vautour, comme le cerf-volant, n’utilise d’autre force que celle qu’il trouve dans l’air.
- Nous devons donc admettre, sans discussion possible, qu’il existe, dans l’air agité par le vent, des forces utilisables capables de soutenir dans l’espace, pendant des heures entières, des corps pesants, comme les oiseaux, dont la densité est 900 fois supérieure à celle de l’air.
- Bien mieux. L’aigle peut planer par 5000 m. d’altitude. Savage Lador a affirmé à M. Quinton avoir observé fréquemment, pendant son séjour dans l’IIymalaya, des aigles planant entre 5000 et 0000 m. llumboldt a vu un aigle planer à 7300 m. A ces hauteurs la densité de l’air n’est plus que la moitié de ce qu’elle est au niveau de la mer; le fluide porte donc des corps en réalité 1800 fois plus denses que lui, sans que ces corps aient presque aucun effort à faire pour se soutenir dans ce milieu raréfié.
- L’agitation de l’atmosphère, le vent, suffit à tout. L’oiseau trouve dans le vent la force nécessaire à son maintien et à ses évolutions. D’ailleurs les preuves abondent. L’oiseau qui veut quitter le sol fait un effort considérable ; or il s’enlève toujours contre le vent, précisément en vue d’amoindrir cet effort. De même, pour arrêter sa course, il freine en faisant face au vent. Par temps calme, les goélands volent en battant des ailes, mais ils planent dès que le vent s’élève, trouvant ainsi dans la brise la force qu’ils tirent uniquement de leurs muscles par temps calmes.
- Un exemple plus précis nous est encore fourni par la comparaison entre le poids des pectoraux de deux oiseaux à peu près semblables, mais dont le vol est différent : le pigeon et la mouette. Les pectoraux du pigeon pèsent le quart du poids de l’animal, tandis que ceux de la mouette atteignent à peine le onzième. La mouette produisant un travail apparent à peu près égal à celui du pigeon trouve donc dans le vent le complément de force qui lui est nécessaire. Autre constatation qui peut paraître paradoxale : l’oiseau qui plane a des ailes plus
- p.106 - vue 110/647
-
-
-
- THÉORIE GÉNÉRALE DU PLANEMENT
- 107
- grandes que celui qui raine, bien que le moteur soit moins puissant; l’aile du planeur utilise donc une autre force que celle qu’il lire de ses muscles : toujours le vent. Autre fait non moins significatif : coupez la moitié de l’aile à un pigeon, il ne pourra pas voler ne trouvant plus une résistance suffisante pour s’enlever; mais si un grand vent s’élève, le vol lui deviendra possible.
- Cette force que l’oiseau trouve dans le vent, ajoute M. René Ouinton, il la trouve aussi dans sa propre vitesse. Si l’envolée est toujours pénible, cela tient à ce que l’oiseau n’a pas encore de vitesse. Forcez un pigeon à s’envoler huit ou dix fois de suite en quelques minutes: il tombe épuisé, le bec ouvert, les battements cardiaques et les mouvements respiratoires innombrables. Fl cependant le même animal, en vitesse, accomplira facilement 10 heures de parcours à raison de 80 à 100 km à l’heure.
- D’ailleurs, il est aisé de se rendre compte du peu de force musculaire dépensée par les oiseaux migrateurs qui elfecluenl, d’une seule traite, des distances énormes : la traversée de la Méditerranée, par exemple, soit 800 km. Des pigeons lâchés en pleine mer à 1200 km des côtes de Brest reviennent également au colombier, et cela sans avoir absorbé la moindre nourriture!, c’est-à-dire sans ravitaillement du moteur.
- Ces laits d’énergétique physiologique sont des plus intéressants ; ils témoignent à eux seuls des forces minimes qui suffiront à la progression des aéroplanes animés de grandes vitesses, et qui feront de la locomotion aérienne un des plus pratiques et des plus économiques moyens de
- transport. Les bases de cette magistrale théorie du plane-ment des oiseaux étaient, à peine jetées par M. Quinton, que M. Marcel Desprez les confirmait par des expériences mémorables.
- Ces expériences tirent leur origine de l’observation d’un fait analogue à ceux que nous avons rapportés : le planeinent d’un aigle dans le Jura. A un moment donné, dit M. Marcel Desprez, l’oiseau paraissait comme cloué dans le ciel. Vivement intrigué, le savant chercha la solution et elle lui parut fort simple. Pour la vérifier expérimentalement, il construisit un petit chariot C portant une surface planante P. L’ensemble fut placé sur un plan incliné. Naturellement le chariot obéissant à la pesanteur tend à dévaler la pente. Faisons agir l’air d’un ventilateur dans le sens de la flèche, sous le plan P : le chariot monte. Par conséquent, sous l’action du courant d’air, le chariot est dirigé contre le vent. Pour expliquer ce phénomène, M. Marcel Desprez a eu recours au simple parallélogramme des forces. Le courant d’air atteignant la surface plane P y détermine une pression BD qui lui est perpendiculaire et peut être considérée comme la résultante d’un couple BS et BM, c’est-à-dire que le plan sera soulevé et projeté en avant. Le chariot remontera donc le plan incliné.
- Ce premier résultat acquis, M. Marcel Desprez a cherché à le compléter par une autre expérience plus précise
- Schémas du planemonl sans moteur.
- encore, celle du planement sur place. Les ailes de l’oiseau sont représentées par une surface plane en aluminium maintenue sur deux fils qui lui servent seulement de guides. Celte surface est pliée à angle droit à l’arrière, de manière à constituer un autre pian vertical de peu de hauteur. Lorsque l’on actionne le ventilateur de manière à produire un courant d’air de même sens que dans la précédente expérience, on obtient toujours la même force horizontale BM qui tend à pousser le système vers l’avant; mais la partie verticale introduit une résistance F égale à BM, c’est-à-dire une force dirigée en sens contraire, cette résistance représentant celle offerte au vent par le corps de l’oiseau. Le système demeurera donc immobile au-dessus du courant d’air, étant sollicité verticalement par deux forces égales BS et BD qui est la pesanteur, et horizontalement par deux autres forces égales et contraires. Le planement sur place est donc réalisé. Bien mieux, si on modifie tant soit peu l’action du courant d’air en plaçant un obstacle sur son passage entre le ventilateur et le plan, celui-ci avance ou recule.
- Le svslème représenté par notre deuxième figure se trouve donc tout à fait dans les mêmes conditions que l’oiseau planeur dans l’atmosphère qui se laisse pour
- ainsi dire mouvoir par le ven I.
- Aiqsi s’explique la possibilité des longues traversées effectuées par les oiseaux migrateurs ; ainsi se démontre également l’erreur des aviateurs actuels qui envisageaient déjà l’emploi de puissants moteurs (100 chevaux !) pour faire 200 kilomètres à l’heure.
- Ces 200 kilomètres seront faits beaucoup plus aisément, d’ici quelques années, avec un joli petit monocylindre de 8 à 10 chevaux suffisant pour enlever l’appareil et bien supérieur à ce qu’il faudra à l’aviateur pour naviguer dans la haute atmosphère.
- N’est-ce pas le moment d’envisager le retour d’une force motrice à peu près complètement délaissée aujourd’hui : le vent, la houille invisible, comme l’appelle M. René Quinton.
- C’est elle, en effet, qui a permis aux grands navigateurs leurs voyages autour du monde; mais c’est elle également qui limite la vitesse de nos moyens de transport actuels, celle des chemins de fer aussi bien que celle du cycliste en mettant tous ses efforts à combattre la houille noire.
- Il existe, entre les deux puissances, une lutte que l’aéroplane fera cesser puisque le vent viendra en aide au moteur thermique au lieu de le combattre et le résultat peut être envisagé dès maintenant : la naissance d’un mode de locomotion extrêmement rapide et essentiellement économique.
- Il a suffi, pour mettre la question du planement au point, que les vrais savants veuillent bien s’en occuper. Soyons heureux de cette collaboration attendue qui fera de la navigation aérienne par le plus lourd que l’air, non plus un sport, mais une bien belle science.
- Lucien Fournier.
- p.107 - vue 111/647
-
-
-
- 108......... - ==
- ANCIENS INSTRUMENTS DE NAVIGATION
- L’ARBALÈTE ET LE MOULINET NAUTIQUE
- Les instruments dont se sont longtemps servis les marins pour se guider sur mer étaient remarquablement simples, et c’est un véritable sujet d’étonnement et plus encore d’admiration que de constater, sur de vieux portulans représentant des régions très fréquentées comme les côtes de la Méditerranée ou de l’Europe occidentale, la remarquable conformité des formes générales avec les contours continentaux tels que nous les connaissons, aujourd’hui queles cartes sont dressées avec toute la précision qu’impliquent les progrès de la science et la perfection moderne des instruments de mesure.
- Parmi ces anciens instruments, le plus fréquemment employé à bord des batiments était l’arbalète, qui servait à mesurer la distance angulaire de deux points et à prendre l’élévation d’un astre au-dessus de l’horizon, afin d’en déduire la hauteur du pôle et la latitude du lieu de l’observation. Le P. Fournier, auteur du livre de P « Hydrographie », encyclopédie complète des connaissances maritimes à la fin de la première moitié du xvne siècle, à l’époque de l’avènement au trône de Louis XIV en France, en donne une description assez détaillée pour qu’il soit facile de la reconstituer.
- L’arbalète, la balestrilla des marins espagnols, le Grætboge des Flamands, le bâton de Jacob des Chaldéens, le rayon astronomique des astronomes du moyen âge, consiste en une tige quadrangulaire en bois, de 8 à 10 millimètres de côté, longue de 1500 millimètres environ, appelée flèche, sur laquelle glissent et peuvent être respectivement arrêtées et maintenues dans une position quelconque trois légères
- Fis. 3. — Arbalète ou bâton de Jacob.
- pièces de bois en forme de baguettes parallèles entre elles et par conséquent perpendiculaires à la flèche. On leur donne le nom de traversâmes, curseurs ou marteaux. En approchant l’œil de l’extrémité de la flèche, on vise simultanément les deux astres dont on désire prendre la distance angulaire et l’on rapproche ou éloigne le long de la tige l’un
- des trois marteaux jusqu’à ce que ses deux extrémités coïncident avec les deux astres. La position alors occupée par le marteau sur la tige, convenablement graduée, donne la distance angulaire. Pour mesurer la hauteur du soleil au-dessus de l’horizon, comme il serait impossible de viser l’astre à cause de son éclat, on lui tourne le dos et on maintient la pointe basse du marteau et l’extrémité de la flèche en ligne avec un objet placé à une certaine distance, de même hauteur que l’observateur et par conséquent supposé horizontal. On avance ou l’on recule alors le marteau jusqu’à ce que l’ombre de sa seconde pointe vienne se projeter sur une petite planchette percée d’un trou carré et qu’on adapte au bout de la flèche.
- L’instrument mérite donc bien son nom d’arbalète et le navigateur qui s'en sert prend réellement la posture de quelqu’un s’apprêtant à lancer une véri-table llèche au ciel. À ce propos, le P. Fournier, faisant trêve pour un instant à ses doctes descriptions, raconte une histoire assez plaisante (p. 495).
- Fig. 2. — Bâton de Gemma Frison.
- « Surquoy ie rapporterav une histoire gratieuse « qui arriva il y a quelque temps à l’un de mes « amis qui estoit aux champs. Comme il voulut « prendre la hauteur de quelque astre durant une « nuict, un paysant se persuadant qu’il estoit fol de « vouloir tirer aux astres, alla quérir ses voisins « pour participer au plaisir qu’il prenoit, voyant les « postures de ce Mathématicien, qui « avec toute la diligence possible, « taschoit de bien addresser, ostant « même parfois son chapeau pour « mieux voir. Ces vilageois se tenant « coy sans mot dire, pour le respect « qu’ils portaient à leur Maistre; « comme ils regardoient attentivement « tantost le Ciel, tantost cet Astronome, « il s’escheut que vers la partie où il « avait dressé son Arbaleste, une « exhalaison s’enflammant fit paroistre « l’un de ces Météores que nous appel-ci Ions Stella Cadens qui paroist à nos yeux comme « une Estoile ou fusée qui tomberoit du Ciel en terre ; « de quoy les pauvres gens se trouvans surpris, l’un « d’eux s’escrie, par ma fov, il en a abbattu une, et « tous courants après pour la recevoir ou voir de plus « près, n’emportèrent de leur course autre chose « qu’une admiration de leur Maistre qu’ils honorèrent
- p.108 - vue 112/647
-
-
-
- ANCIENS INSTRUMENTS DE NAVIGATION ====== 109
- « désormais comme un homme duquel le pouvoir « s’eslendoit et sur terre et sur le Ciel. »
- L’arbalète ressemble aussi à l’instrument qu’emploient les cordonniers pour mesurer la longueur des pieds.
- Fig. i. — Maniement de l’arbalète.
- Cette ressemblance expliquerait peut-être le sobriquet de « lire-bottes » donné aujourd’hui par nos matelots au sextant avec lequel leurs officiers prennent la hauteur du soleil à midi.
- Le P. Fournier expose la manière de graduer la flèche de l’arbalète à l’aide d’une méthode géométrique et par une seconde méthode trigo-nométrique. Avec les tables de logarithmes que nous possédons actuellement, la graduation s’eflèc-s» tue avec plus de promptitude et de précision. En appelant a l’angle mesuré, la distance x qui lui correspond le long de la flèche, entre l’origine de celle-ci tenue près de l’œil et le point de rencontre du marteau et de cette flèche sera
- , a x = h col g ^
- h étant la demi-longueur de celui des trois marteaux employé. Le P. Fournier conseille de prendre respectivement pour ceux-ci des longueurs totales de 12, 6 et 1 1/2 pouces, c’est-à-dire 520, 160 et 40 millimètres. Les calculs de graduation de l’arbalète que j’ai reconstituée, ont été exécutés d’après cette formule. Le grand marteau sert pour mesurer des angles compris entre 90 et 50°, le moyen marteau ceux entre 30 et 15° et enfin le petit marteau ceux compris de 1 à 15°. Le P. Fournier, en outre d’une table de graduation, donne diverses méthodes pour vérifier l’exactitude de l’arbalète.
- L’instrument a été simplifié et, sous sa nouvelle forme, il est désigné sous le nom de bâton astronomique de Gemma Frison. Sur la même tige ou verge quadrangulaire que celle de l’arbalète, longue de 4 pieds (1200 mm), au lieu de trois marteaux, il n’en existe qu’un seul long de 2 pieds (600 mm). Une de ses moitiés, à partir du centre, est assez large tandis que la seconde moitié, notablement plus
- étroite, porte une pinnule capable de glisser et de s’arrêter en un point quelconque depuis l’extrémité jusqu’à la rencontre de la tige. La façon d’opérer est identique à celle pour l’arbalète avec cette seule différence que pour des angles compris entre 90 et 50°, on vise avec le marteau tout entier; que pour les angles entre 50 et 15°, on fait usage delà moitié large, tandis que pour des angles entre 1 et 15°, on iixe le marteau à la distance où, l’œil se trouvant à la base de la tige, on mesurerait un angle de 50° avec le marteau tout entier ou bien un angle de 15° avec le demi-marteau large. On exécute alors la visée entre l’extrémité de la lige et le bord intérieur ou extérieur de la pinnule glissée convenablement le long du demi-marteau gradué en conséquence. La tige prismatique porte sur ses deux faces une graduation, l’une double de l’autre, ce qui n’est pas rigoureusement exact quoique l’approximation obtenue soit pratiquement suffisante. Comme pour le bâton de Jacob, on trouve avantage aujourd’hui à calculer les graduations par la trigonométrie et les logarithmes.
- lin se servant de 1 arbalète ou du bâton de Gemma Frison et, en même temps, d’un sextant moderne, on parvient assez rapidement à mesurer, avec ses instruments qu’on peut facilement fabri quer soi-même, des distances angulaires avec une précision supérieure au demi-degré.
- Le moulinet nautique servait pendant le moyen âge à me-
- surer la distance parcourue sur mer par un navire. L’instrument était plus que simple et pourtant on parvenait à déduire de ses indications des résultats d’une exactitude surprenante. 11 consistait en une boite dont chacune des quatre parois latérales portait une ouverture fermée par un verre et permettant de voir dans son intérieur; elle était séparée en deux parties par une planchette horizontale.
- Deux axes verticaux en bois léger la traversaient munis à leur sommet d’une douille sur laquelle s’installait un moulinet à quatre ailettes. Ils étaient maintenus écartés l’un de l’autre et une cordelette
- p.109 - vue 113/647
-
-
-
- 110 ..... =1 PENDULE ELECTRIQUE SANS LIEN MATERIEL
- enroulée en leur milieu allait de l’un à l’autre. L’homme au gouvernail plaçait le moulinet à côté de lui; le même vent, qui gonflait les voiles et poussait le navire, agissait sur les ailettes de sorte que la cordelette se déroulait sur l’un des axes pour s’enrouler sur l’autre. Avec vent arrière le navire marchait plus vite et il en était de même du moulinet; si le vent arrivait transversalement à la direction suivie par le navire, celui-ci faisait moins de roule et, d’autre part, les ailettes du moulinet, poussées par la composante du vent dirigée suivant la direction suivie, tournait moins vite. Au total on admettait que quelle que fût la façon dont le navire prenait le vent, la quantité de lil enroulée était proportionnelle à la distance parcourue. Aussitôt que tout le lil était enroulé sur un axe, on changeait le sens de l’enroulement en transportant le système d’ailettes
- sur la tête de l’autre axe. Pour étalonner 4’appareil on profitait d’une traversée entre deux points dont la distance était déjà connue; on laissait fourrier le moulinet et l’on évaluait la longueur de lil enroulé.
- Certes, ces procédés de navigation étaient grossiers et pourtant on savait en tirer parti ; il n’en est plus de même aujourd’hui, peut-être y aurait-il tendance inverse, car il arrive trop souvent que le moindre attrape-science dédaigne de toucher à un instrument non pourvu des derniers perfectionnements et par conséquent fort coûteux. Sachons éviter les deux excès, proportionner la précision, c’est-à-dire le prix des instruments et la délicatesse de leur maniement aux résultats qu’on se propose d’en obtenir et gardons-nous d’oublier le vieux proverbe de de nos pères : « -les bons ouvriers font les bons outils ». J. Tiiouiæt.
- PENDULE ÉLECTRIQUE SANS LIEN MATÉRIEL
- La mesure précise du temps est un problème qui intéresse les savants; la grande perfection des chronomètres et des horloges astronomiques en esL une
- preuve; elle, laisserait aisément supposer que peu de progrès restent à faire dans cette voie : l’erreur diurne d’un chronomètre de marine est de l’ordre de i /2 seconde sur 80 400, soit plus petite que 1/100 000e; celle del’horloge astronomique est rarement supérieure à 0,1, soit 1 sur 1 000000.
- Cependant, l’électricité, plus récemment appliquée à la commande du pendule, semble présenter un certain nombre d’avantages sur les pendule à
- Vue du pendule éleclrique.
- solutions
- entretien
- bâtions
- mécaniques
- Le
- purement
- mécanique, même soustrait aux pertur-thermiques et barométriques, présente encore des causes de variations. La plus souvent invoquée est l’inconstance des frottements mécaniques; le rancissement de l’huile dégraissage, et les variations de l’état hygrométrique de l’air1
- 1 Une pendule astronomique dont l’air de la caisse est complètement desséché par l’acide sulfurique s’arrête généra-
- changent, en elfet, le rendement du rouage qui ne transmet normalement au pendule que 50 pour 100 du travail dû à la chute du poids moteur.
- Cependant les pendules électriques présentent de leur côté un certain nombre d’inconvénients qui leur sont inhérents ; la plupart du temps, en effet, l’organe oscillant commande le contact nécessaire à son entretien ; or, ces contacts ne pouvant être lubrifiés deviennent le siège de coincements très préjudi-
- -------ç>
- i P’
- Schéma du pendule électrique.
- ciahles à une bonne marche, les efforts dus au soulèvement du ressort ou du poids chargé d’assurer ce contact perturbent en outre, d’une façon profonde, l’isochronisme du pendule qui devient ainsi très sensible aux moindres variations d’amplitude.
- Ces défauts généraux des pendules électriques étaient bien connus du regretté Cornu qui appelait
- lement, à cause des grippements qui prennent naissance entre les rouages et les pignons.
- p.110 - vue 114/647
-
-
-
- AU FOND D’UN SLUICE: 111
- plaisamment l’horlogerie électrique : la rougeole des physiciens. Aussi, après une étude prolongée de cette question, s’était-il résolu à n’employer le courant électrique que pour maintenir, d’accord avec une pendule étalon, un certain nombre d’horloges dites horloges secondaires et appelées par corruption récepteurs. C’est ce procédé dit de synchronisation qui est utilisé dans les diverses salles d’Obser-vatoire ou pour maintenir en concordance les centres horaires des grandes villes.
- Le pendule est avant tout un organe régulateur; il huit y toucher le moins possible et lui demander le minimum d’elïbrls, si l’on veut en obtenir le maximum de régularité.
- C’est pour réaliser aussi complètement que possible cette condition que j’ai combiné un pendule d’un principe complètement nouveau1 et que j’observe depuis bientôt deux ans dans mon laboratoire.
- 11 est caractérisé par le lait, gu il ne louche aucun corps solide pendant son oscillation.
- L’entretien se l'ait par une variante du dispositif employé autrefois par Cornu pour la synchronisation dont j’ai parlé précédemment2 et que j’ai utilisé moi-même depuis dans les dispositifs pendulaires que j’ai précédemment imaginés3.
- Dans ce but, Cornu se servait de la réaction d’une bobine lixe, traversée par les émissions du courant synchronisant, sur un aimant droit solidaire du pendule.
- L’emploi d’un aimant en fer à cheval indiqué dans mes précédentes communications donne de
- meilleurs résultats. Le champ auquel est soumis la bobine se trouve, en elfet, augmenté; cet aimant est beaucoup plus asiatique par rapport aux perturbations magnétiques extérieures et enfin il conserve beaucoup mieux son magnétisme avec le temps.
- Mais la caractéristique nouvelle de mon dispositif réside dans le fait que l’autre pôle de l’aimant oscille librement dans un anneau de cuivre rouge C (fig. 2) formant la masse d’un petit pendule auxiliaire ayant la même durée d’oscillation que le pendule principal.
- Un décalage de 1/4 de période se produit naturellement entre les oscillations des 2 pendules, le pendule auxiliaire étant entraîné par la réaction sur l’aimant des courants induits qui prennent naissance dans la masse conductrice C.
- C’est ce pendule auxiliaire qui est chargé de commander les deux contacts R et IV, dont le premier ferme sur la bobine d’entretien B le courant d’une pile constante P et l’autre actionne ou synchronise par la pile lv les récepteurs H qui totalisent les oscillations du balancier A.
- Ce pendule, convenablement réglé, jouit de la propriété intéressante de se mettre en marche dès qu’on ferme ses homes sur une pile, ce qui permet de le disposer sous une cloche à pression constante, même dans un endroit peu accessible (une cave à température constante par exemple). La figure 1 est une vue d’ensemble de l’appareil. . qh pI?RY
- Docicur ès sciences,
- IVoi'csseur à l’Ecole de Physique et Chimie industrielles
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Le compte rendu de la séance du 6
- 1908 paraîtra dans le prochain numéro.
- AU FOND D’UN SLUICE
- Nos lecteurs doivent savoir que le sluice est un des accessoires indispensables de l’industrie aurifère ; c’est un canal en bois où passent les parcelles d’or et les alluvions stériles, et au fond duquel l’or se dépose grâce à son poids. À bord des dragues qui servent à l’exploitation aurifère dans bien des régions, il y a des sluices et des tables, comportant une boîte où se déposent certaines grosses matières lourdes, et que l’on nettoie périodiquement. Récemment, la compagnie Bonanza Basin, dans l’Alaska, près de Dawson-City, faisait nettoyer la boîte d’une drague Àllis-Chalmers ; et les ouvriers y découvrirent un assortiment curieux de matières hétéroclites.
- On trouva d’abord deux icônes russes en bronze, analogues à celles que portaient les soldats pendant la récente guerre russo-japonaise ; mais elles remontaient évi-
- 1 Brevet allemand 194.317 du 21 mars 1907. — 2 Sur la synchronisation électro-magnétique (Société des électriciens, 1887). 3 Pendule à restitution électrique constante (Compte rendu Académie, 7 mai 1900); Pendule électrique à échappement
- demment à l’époque où l’Alaska appartenait à la Russie ; elles s’étaient peu à peu enfouies dans le sol, après avoir été perdues ou abandonnées par leur propriétaire. C’étaient ensuite huit pièces de monnaies américaines, puis 40 à 50 kg de cartouches de mines intactes avec leur charge; des kilogrammes de projectiles, plus ou moins recouverts d’un amalgame d’or; 60 kg au moins de clous de toute sorte et de toute grandeur; une scie, un réveil-matin, une opale montée en épingle de cravate, mais naturellement endommagée ; d’innombrables bouts de chaînes de montres ; des couteaux, des fourchettes, des clefs, des cadenas. Ce qui surprit le plus, ce furent des pépites en assez grand nombre, et valant toujours une cinquantaine de francs pièce : on croyait en effet que les alluvions traitées ne contenaient que des sables aurifères très fins.
- libre (Compte rendu Académie, 23 janvier 1905). — 4 La dépense annuelle, voisine de 1 watt-heure permet d’employer pour cet entretien une pile étalon quelconque convenablement disposée.
- p.111 - vue 115/647
-
-
-
- 112 ------:—-------
- LE NÉPHOSCOPE ARSIMIS
- Ou’est-ce i]n'un néphoseope? Pour qui ignore le grec, ce nom exige une définition! C’est un appareil destiné à l’observation des nuages : et, en particulier, à la détermination de leur vitesse propre. Ceux de nos lecteurs qui s’intéressent à la météorologie, et ils sont nombreux, savent que l’étude des nuages est une question fort importante, et, aujourd’hui encore, insuffisamment approfondie.
- C’est qu’en pareille m a t i è r e, l’observation est fort délicate, et les appareils dont ont dispose généralement sont, ou peu précis, ou d’un maniement difficile. Aussi lira-t-on avec intérêt la description de l'instrument fort pratique et très simple qu’a imaginé M. Àrsimis, directeur du Bureau météorologique de Madrid et que construit M. J. Richard.
- C’est un dispositif optique formé essentiellement des 2 glaces M, N à -45° de l’oculaire O et du réticule R (lig. 2). L’image des nuages étudiés est réfléchie par M et renvoyée à l’œil placé derrière l’oculaire. Mais comment mesurer la vitesse de déplacement? C’est précisément le rôle du réticule R et de la glace N, le réticule est placé dans un tube, au foyer d’une lentille qui, comme l’on sait, en donne une image placée à l’infini ; celle-ci est réfléchie par la glace N et vient se superposer dans l’œil, à celle du nuage. Or le réticule est une plaque de verre portant un quadrillage tel que l’intervalle entre deux lignes, vu dans la glace, représente un espace angulaire de 1°. On voit donc dans l’appareil le nuage courir sur le réticule et l’on peut en déduire aisément sa vitesse. Supposons, par exemple, que la hauteur à laquelle plane le nuage soit estimée à 1000 m. et qu’il mette 14 secondes à parcourir une division du réticule, c’est-à-dire 1°. La longueur
- de 1° dans une circonférence de 1000 m. de rayon est de 17,45 m. Un calcul simple montrera que la vitesse linéaire du nuage est de 12,40 m. à la seconde.
- L’avantage essentiel de ce dispositif, est de pouvoir regarder à la fois l’image du nuage et celle du réticule; dans les appareils autrefois en usage, l’observateur était forcé de fixer à la fois le nuage et une pointe placée à quelques mètres ; or, l’œil ne peut voir en même temps, d’une façon nette, deux
- objets placés à des distances si différentes ; il lui faut donc s’accommoder successivement e t rapidement pour chacun d’eux, la chose est fatigante et malaisée.
- L’ensemble du dispositif optique est renfermé dans une boîte rectan-montée sur un axe horizontal autour duquel on peut la faire tourner en manœuvrant 1 a vis sans fin visible sur notre figure 1. Les montants qui portent la boîte sont supportés par une platine qui peut tourner horizontalement autour d’un axe vertical, sur un plateau porté par trois vis calantes. Le plateau porte un limbe divisé en degrés.
- Grâce à cette disposition, on peut orienter et repérer aisément l’appareil dans tous les angles, et suivant toutes les directions, et explorer ainsi le ciel tout entier, sans fatigue ni difficultés. Dans tout ce que nous venons de dire, on ne trouvera sans doute aucun mécanisme’nouveau, aucun dispositif optique essentiellement original; l’appareil, dans son ensemble, est extrêmement simple, mais c’est précisément ce qui fait son mérite. Nul doute qu’il ne soit apprécié des météorologistes, et aussi des aéronautes, à qui il permettra d’évaluer approximativement la vitesse de certains courants aériens des régions supérieures de l’atmosphère. A. Dolly.
- Le Gérant : P. Masson.
- R
- Fig. 2. — Coupe du Néphoseope Arsimis. — F, direction des nuages; M, N, glaces à 45°; O, oculaire; R, réticule.
- Paris. — Imprimerie Lahdre, rue de Fleurus, 9.
- p.112 - vue 116/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1835.
- LE TRICHINOSCOPI
- Microscope à projection pour l’examen rapidë~des viandes
- 25 JUILLET 1908
- La trichinose est une maladie qui cause des douleurs comparables à celles d’un violent rhumatisme.
- Elle est causée par la présence dans les muscles d'un parasite, la trichine, mince comme un cheveu, qui atteint environ G mm et qui se reproduit dans l’intestin de divers mammifères. Les œufs de la trichine sont pondus quelques jours après que le parasite a été introduit dans l’intestin, puis ce sont les embryons sortis de ces œufs qui, d’une constitution lililorme, passent à travers les tissus et viennent se loger dans les muscles ; ils y prennent alors l’aspect d’une petite spirale qui se garnit d’une enveloppe et se transforme en un petit corps ovoïde qui durcit avec le temps et détermine des troubles dans l’organisme. Quand ces petits corpuscules sont ingérés
- intéressant n’échappe à ceux qui sont chargés de cet examen, et une discussion peut être immédiatement ouverte sur les cas douteux.
- L’illustre Pasteur a préconisé cette méthode pour l’examen des chrysalides de vers à soie, afin d’éliminer celles qui étaient atteintes de pébrine; il employait le microscope solaire. En 1881, M. Boissier, d’Alais, a proposé à l’Académie des sciences l’application du même procédé pour l’inspection des viandes de porc, d’origine américaine, mais on ne l'employa qu’en Allemagne, et c’est seulement depuis peu que M. H. Martel, chef du service vétérinaire sanitaire, l’utilise aux Halles centrales de Paris. Comme il s’agit dans ce cas de faire un examen rapide sur un très grand nombre d’échantillons,
- Le Triehinoscope de M. 11. Martel employé aux Halles Centrales de Paris.
- H, système d’éclairage électrique; A, cuve à eau; B, disque portant les prélèvements; M, microscope.
- ensuile par un autre animal, ou par l’homme, ils se reproduisent dans son intestin et le cycle recommence comme ci-dessus.
- Afin d’éviter chez l’homme la propagation de cette maladie à laquelle on ne connaît pas de remède efficace, il est important qu’il n’absorbe que de la viande de porc saine, exempte de trichine ; d’autant plus que très souvent la charcuterie se mange fumée ou séchée, mais pas cuite.
- Le service sanitaire doit donc examiner avec le plus grand soin les porcs livrés à la consommation et surtout ceux qui nous arrivent d’Amérique, où aucun contrôle n’est exercé au départ.
- L’examen, pour être fait sous la lentille du microscope, ne peut être confié qu’à un seul opérateur, qui doit être très expérimenté et avoir l’habitude de distinguer les germes nuisibles; tandis que, si on opère par projection sur un écran, il peut être fait en même temps par plusieurs personnes ; il y a plus de chances, par Conséquent, pour qu’aucun point
- M. II. Martel a imaginé un dispositil spécial qui a été construit par MM. Radiguet et Massiot.
- L’appareil se compose d’un puissant système d'éclairage, d’une cuve à eau pour arrêter les rayons calorifiques, d’un support portant les échantillons à examiner, d’un microscope de projection et d’un écran. Le constructeur a donné la préférence à la la lumière électrique par arc, mais il a renoncé à l’emploi du condensateur à lentilles et l’a remplacé par un miroir. Les charbons horizontaux, orientés suivant l’axe de la lanterne, traversent le miroir R en son centre; leur position peut être réglée dans tous les sens grâce à une disposition particulière qui permet la rotation autour d’un axe parallèle à l’axe optique. On est aiiri assuré de pouvoir placer le point lumineux exactement au foyer du miroir destiné à l’éclairage puissant et uniforme de la préparation à examiner ; mais la courbure de celui-ci est calculée de telle sorte que les charbons et leur support ne portent pas ombre sur l’écran qui reçoit
- p.113 - vue 117/647
-
-
-
- 114 ---...:..- DYNAMOMÈTRE POUR AUTOMOBILES
- l’image. Le système d’agrandissement est un microscope de projection M qui ne présente rien de particulier. Toute l’attention a été portée sur le support B, destiné à recevoir les prises d’essai, de façon à les faire défiler rapidement devant l’objectif du microscope.
- Les parcelles de viande prélevées sont comprimées entre deux disques en verre épais ; l’un d’eux porte 40 cercles gravés disposés sur deux circonférences concentriques et portant chacun un numéro d’ordre. On place ce disque dans un barillet métallique maintenu solidement par une presse spéciale lixée sur une table ; deux encoches pratiquées sur le pourtour du disque s’emboîtent sur deux ergots qui le maintiennent immobile quand on place sur lui un second disque qu’on sert fortement au moyen d’une bague filetée 1) se vissant dans le barillet. Lue clef à deux branches G permet de serrer facilement cette bague afin que les échantillons de viande soient complètement écrasés entre les deux disques. On enlève alors le barillet et, grâce à un trou foré au centre des disques de verre, on le monte sur un axe porté
- par un chariot qui peut se déplacer devant le microscope au moyen d’une crémaillère. On amène alors l’une des préparations de la première rangée devant l'objectif et on règle la projection sur l’écran; pour passer aux préparations suivantes il n’y a plus ensuite qu’à l’aire tourner le disque d’une division; quand la .première rangée est épuisée, on passe à la seconde, en déplaçant légèrement le disque au moyen de la crémaillère du chariot, et on procède ensuite comme précédemment pour toutes les préparations placées sur la seconde circonférence. Pendant ce temps des aides préparent un autre disque et l’examen peut se poursuivre ainsi à jet continu aussi longtemps que cela est nécessaire.
- L’emploi de cet appareil est le complément indispensable de tout service de surveillance sanitaire bien organisé; il permet l’examen rapide, sans fatigue, par plusieurs personnes simultanément, des échantillons à examiner, même lorsqu’ils sont en nombre très considérable comme e’est le cas aux Malles centrales de Paris. G. Mahesciial.
- DYNAMOMÈTRE POUR AUTOMOBILES
- 11 est d'une grande importance pour le propriétaire ou l’acheteur d’automobile d’avoir des données exactes sur la force de la voiture et de savoir si les chevaux indiqués sont véritablement des chevaux effectifs.
- L’essai sur route à pleine puissance est souvent dangereux et ne donne guère d’indications que sur la vitesse maximum, indications souvent difficiles à noter d’une manière précise.
- L’Àutomobile-Club d’Amérique a fait installer à New-York un dynamomètre qui donne instantanément la vitesse en milles par heure, en pieds par seconde, l'effort tracteur et la force en chevaux d’une automobile quelconque soumise à l’élude.
- Cet appareil est compliqué à première vue; mais, comme on le verra par la suite, les manœuvres à l’aire sont fort simples et peuvent être accomplies par le premier venu ; la puissance est mesurée par l’action des roues de l’automobile sur deux poulies mobiles, encastrées dans le plancher, et le tout est enregistré de façon qu’on puisse d’un coup d’œil lire et noter la vitesse, l’effort de traction et le nombre de chevaux effectifs aux roues de la voilure.
- L’automobile est placée sur le plancher et maintenue solidement avec des câbles : les roues motrices sont placées sur la surface circonférentielle des deux tambours dont nous avons déjà parlé et qui sont ainsi mis en mouvement par le moteur de la voiture.
- A la gauche d’un de ces tambours, un engrenage fait communiquer leur axe avec un dynamomètre à viscosité de Alden. Couplé sur le même arbre, se trouve un pendule de 726 kg, qui résiste à l’effort de rotation des tambours et mesure l’effort
- de traction de la voiture. Ce pendule oscille continuellement et ces oscillai ions sont amorties par un dash-po!.
- A la droite de l’arbre des tambours, un embrayage peut coupler une machine électrique qui peut fonctionner tantôt en moteur, tantôt en générateur d’électricité, c’est-à-dire faire tourner les tambours ou absorber leur puissance.
- Directement à l’extrémité du pendule est un index, qui indique sur une échelle spéciale la force de trac-lion en pounds. Cet index, en se déplaçant le long de l’échelle (à gauche dans la ligure 1), fait contact avec un bras mobile, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, suivant les cas, ce qui envoie le courant dans un sens ou dans l’autre à un petit moteur tracteur, qui fait manœuvrer une ligne verticale sur le grand tableau du fond de la iiimre 1.
- O
- Voyons comment on mesure la vitesse : Un moteur électrique fait tourner un tambour cône assez allongé à une vitesse constante de 500 toursg cette vitesse est contrôlée par une cloche qui sonne tous les 100 tours et toutes les 50 secondes. Une roulette, placée en contact avec le cône, reçoit son mouvement de l’arbre des tambours mus par l’automobile, par une série d’engrenages cônes. Cette roulette peut coulisser sur un axe parallèle au cône et elle n’atteint sa position d’équilibre que lorsque le glissement de roulement est nul, c’est-à-dire quand sa vitesse de rotation est la même que celle de la section droite du cône placée à son aplomb. L’extrémité large du cône correspond à une vitesse de 60 milles à l’heure, l’extrémité étroite à une vitesse de 5 milles.
- Par un système de contacts électriques, analogue à
- p.114 - vue 118/647
-
-
-
- DYNAMOMETRE POUR AUTOMOBILES =====___— 115
- celui qui existe pour la mesure de l'effort de traction, la roulette balladeuse l'ait déplacer une ligne horizontale sur le tableau.
- Sur ce tableau sont tracées des courbes de
- commandé par le pendule du dynamomètre.
- On peut observer les pertes à vide de tout le mécanisme de la voiture, en faisant tourner les arbres des tambours par le moteur électrique placé en
- [.ipv
- Fig. 1. — Vue générale de l'installation dynamoniélrique pour automobiles à New-York.
- puissance avec des échelles de traction en abscisses et de vitesse en ordonnées : ces courbes sont sensiblement des branches d’hyperbole équilatère.
- L ’ intersection de l’index vertical (traction) et de l’index horizontal (vitesse) fournil un point, qui donne la puissance par le numéro de la courbe sur laquelle il est situé.
- L’indication donnée est très exacte, car la force employée pour mouvoir les index n’est pas fournie par le moteur de la voilure.
- Une série d’échelles verticales sont graduées en milles à l’heure; en kilomètre à l’heure, en minutes par mille, etc.
- Un appareil secondaire indique la pente la plus grande que l’automobile puisse gravir ; il est
- bout et en rendant libres les engrenages et le moteur.
- Enfin un petit tableau de distribution comporte
- un voltmètre et un ampèremètre à lecture directe, que l’on utilise aussi pour mesurer la puissance absorbée par l’automobile, ou la puissance fournie par le moteur en faisant marcher soit en génératrice, soit en moteur la dynamo calée sur l’arbre des tambours.
- En résumé, cette installation dynamométrique est fort simple et donne immédiatement des résultats très exacts et précis sur la valeur de l’automobile que l’on essaye.
- Elle fonctionne à New-York depuis le mois de janvier de cette année. E. 11. Weiss.
- p.115 - vue 119/647
-
-
-
- DEUX PIÈGES A GIBIER DE LA BOUCLE DU NIGER
- Malgré la facilite avec laquelle les nègres de la boucle du Niger peuvent aujourd’hui se procurer des armes à feu et des munitions, leurs chasseurs ont une répugnance marquée à brûler leur poudre pour abattre le petit gibier. S’ils agissent ainsi, ce n’est sûrement pas par raison d’économie; car, dans les circonstances les plus banales de leur existence, à propos de tout et à propos de rien.
- Fig. 1. — A, lige élastique tendue pur la corde F; F', corde munie
- d'un nœud coulant;!, trou incliné dans lequel s’insère la tige A.
- les possesseurs de fusils prodiguent les débondions pour manifester leur contentement et pour corser le programme des réjouissances publiques. Kl quand on les voit introduire dans le long canon de leur arme des poignées de poudre, on est émerveillé qu’il n’arrive pas plus souvent d’accidents mortels.
- Leurs méthodes de chasse nous permettent de comprendre l’usage restreint qu’ils font de leur fusil : presque jamais un chasseur nègre ne tire son gibier à une distance supérieure à quinze ou vingt pas. 11 préfère ramper pendant des heures sur les coudes et les genoux pour s’approcher à quelques pas des animaux qu’il convoite, ou
- mifères et surtout d’oiseaux. Aussi pour cette engeance, il délaisse sans hésiter l’armement qu’il lient des blancs et il met en œuvre les moyens (pie des siècles d’expérience ont enseignés à ses'pères. Sa merveilleuse connais-
- Le piège eu action.
- sauce de la brousse et des êtres qu’elle nourrit lui a fait imaginer des pièges ingénieux qui rendraient jaloux nos plus subtils braconniers.
- Les voyageurs africains ont maintes fois décrit les trappes où tombent les éléphants, les labyrinthes où se prennent les grands fauves, les assommoirs qui broient les membres des antilopes de haut port, etc. Plus modestement, nous signalerons à nos lecteurs deux modèles de pièges destinés à capturer, l’un les oiseaux de grande taille, tels que les francolins, les perdrix et les pintades, l’autre les petits mammifères, rongeurs et carnassiers.
- Ces appareils sont tous deux utilisés par les Paklialla, indigènes qui habitent l’arrière-pays de la Cote d’ivoire, entre la Voila occidentale et la Comoé, et que nous avons
- Fig. 2. — F', nœud coulant de la corde liée à la lige élastique, retenue par le cabillot II, après avoir passé par le canal E; F, extrémité de la corde qui sert à bander la tige élastique. Elle passe par le canal B et est terminée par un nœud qui s’appuie au fond de la cavité H sur une arachide qui sert d’appât.
- rester toute une nuit en embuscade pour les surprendre quand ils vont boire : alors, facilement et presque à coup sûr, il abat la proie qu’il a choisie. Jamais il ne se hasarde à tirer sur le gibier qui fuit et, à plus forte raison, il ne lui vient pas à l’esprit de s’attaquer aux oiseaux quand ils ont pris leur vol. Si la capture d’une grosse pièce le dédommage de la peine qu’il s’est donnée pour la joindre, il n’en est plus de même quand il s’agit de petits mam-
- Fig. 4. — A, arc de bois engagé dans le tronc d’arbre; F, flèche ; N, barre de bois qui supporte l’appât; E, réglette qui, par son contact avec le ressaut R, sert à bander l’arc.
- eu l’occasion de visiter en 1893, avec le regretté capitaine Braulot.
- Le premier de ces pièges (fig. 1) consiste en un bloc d’argile dure, grossièrement taillé en forme de parallélépipède ; d’un côté il présente un trou circulaire, profond de 20 à 25 cm, incliné à 45°, dans lequel on introduit le bout d’une tige élastique, susceptible d’être recourbée en arc. À l’autre extrémité du bloc et sur sa face supérieure, est creusée une cavité hémisphérique de 8 à 10 cm
- p.116 - vue 120/647
-
-
-
- TOXICITÉ DE L’HYDROGÈNE SULFURÉ
- 117
- de diamètre : du fond de celte cuvette part un petit canal oblique qui vient déboucher sur la face antérieure du bloc d’argile; un autre conduit fait communiquer la cavité avec l’angle antéro-supérieur du socle ; la figure 2 permet de se rendre compte de cette disposition.
- A l’extrémité de la tige flexible sont solidement attachées deux cordelettes F et F', d’inégale longueur; la plus courte est terminée par un nœud, l’autre est munie d’un anneau dans lequel peut s’engager un petit cabillot de bois. Pour armer le piège, on fléchit la lige flexible et l’on introduit la cordelette F dans le trou B, de telle façon que le nœud terminal vienne jusque dans la cuvette. On dispose alors une graine d’arachide de manière à empêcher le nœud de s’engager dans l’orifice B : la ficelle F maintient l’arc bandé.
- On fait alors avec la cordelette F' un nœud coulant, dont on dispose la boucle tout autour de l’orifice de la cuvette; l’extrémité de la corde est passée par le trou E et fixée au bloc d’argile au moyen du cabillot H.
- L’appareil est prêt à fonctionner. Le chasseur le place dans un endroit où il sait trouver des Gallinacés; le bloc est soigneusement dissimulé avec de la terre et des feuilles ; un chemin de graines amène le gibier sur le piège.
- Une pintade vient-elle à déplacer avec son bec l’arachide qui cale le nœud, la cordelette devient libre et permet à l’arc de se détendre brusquement. En même temps, la ficelle F' est violemment tirée en haut, et la boucle du nœud coulant se serre autour du cou du malheureux volatile, qui ne tarde pas à mourir étranglé (tig. 5).
- L’autre modèle de piège est beaucoup plus simple : c’est, un simple tronc d’arbre dans lequel on a creusé une cavité de grandeur appropriée à la taille du gibier que l’on cherche à capturer (tig. 4) ; en arrière de cette cuvette est creusée une gouttière longitudinale aussi profonde qu’elle, mais large seulement de 1 ou 2 cm.
- Le tronc d’arbre est traversé en A par un arc en bois dur, muni d’une corde sur laquelle est fixée par une
- solide ligature une flèche F, au fer solide et très aigu : cette flèche est maintenue en direction rectiligne par quatre bandelettes de peau entre lesquelles elle glisse; sa longueur est calculée de telle sorte que la pointe vient affleurer la paroi de la cuvette quand l’arc est bandé.
- Parallèlement à la flèche et en dessous, se trouve une réglette N, qui d’un côté est taillée en pointe et de l’autre porte un talon, formant crochet en haut et biseauté à la partie inférieure.
- Pour armer le piège, on fixe sur la pointe de la réglette N une amorce convenable, et on la glisse dans la rainure longitudinale jusqu’à ce que l’appât ait atteint le fond de la cuvette; dans cette position, le talon de la réglette s’engage légèrement dans une encoche R ménagée sur la face supérieure du tronc d’arbre. La corde de l’arc, ramenant la flèche en arrière, vient s’accrocher sur le cran du talon de la réglette. 11 ne reste plus qu’à placer le piège dans un endroit convenable et à masquer l’odeur humaine qu’il garde après les manipulations. Ce dernier résultat est facilement obtenu à l’aide de feuilles spéciales.
- Si un animal, attiré par l’appât, cherche à le saisir avec ses mâchoires, il ne manque pas de faire basculer la réglette, qui en tombant permet à l’arc de se détendre. La flèche, lancée avec violence, traverse la tête de l’animal ou du moins lui fait une sérieuse blessure.
- Les gens du Barato nous ont maintes fois affirmé que ce piège leur permettait de s’attaquer au léopard; dans ce cas, il convient d’ajouter que le fer de la flèche est empoisonné à l’aide des graines de kouni (Strophanlus hispidus).
- Ces deux appareils sont, comme bien l’on pense, susceptibles de nombreuses variantes. Chaque chasseur en modifie la forme selon ses goûts et selon le gibier qu’il veut atteindre. Pour notre part, nous devons dire que nous l’avons vu employer de nombreuses fois et toujours avec un plein succès. Mais cet heureux résultat était sans doute plutôt dù à l’extrême abondance du gibier qu’à l’habileté des chasseurs pakhalla. I)r Maclaud.
- LE CANAL IMPÉRIAL CHINOIS
- Le Yun-llo, ou canal impérial, composé de divers cours d’eau qu’on a réunis pour relier Pékin aux provinces méridionales, n’est plus depuis longtemps accessible qu’à la petite batellerie. Des travaux d’amélioration ont été entrepris dans les parties sud et nord; aujourd’hui, sa
- profondeur et sa largeur permettent d’espérer qu’il sera bientôt utilisable pour les transports postaux par de petits vapeurs. C’est ce qu’a pensé l’Administration qui élabore en ce moment des règlements à ce propos. Les travaux sont déjà commencés.
- c#3s&,^sî,&>
- TOXICITÉ DE L’HYDROGÈNE SULFURÉ
- Dans- une catastrophe qui eut lieu le 17 juin 1908 impasse Letort à Montmartre, trois ouvriers en descendant dans une fosse sont morts subitement ; les pompiers furent appelés aussitôt ; le caporal Bernard se fit attacher à une corde et, tenant d’une main le bout avec lequel il espérait entourer les corps des ouvriers asphyxiés, il entreprit la terrible descente. Mais à peine engagé dans la fosse, il sentit ses forces le trahir et donna le signal à ses hommes de le remonter; il était temps, quelques secondes de plus, et le brave soldat serait mort.
- Pour éviter à l’avenir, le retour de pareils malheurs, j’ai fait dans mon laboratoire de physiologie générale du Muséum national d’histoire naturelle toute une série d’expériences qui ont confirmé, d’une manière absolue, le conseil suivant que j’ai donné en 1870, tome LXX, page 1185, dans une note publiée dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences : « Avant de pénétrer dans un puits, dans, une fosse ou dans une galerie dont
- l’air n’a pas été renouvelé, l’ouvrier doit se faire précéder d’une cage renfermant un oiseau ou un petit mammifère comme un rat ou un cobaye; si l’animal, laissé dans l’atmosphère pendant 15 minutes ou 50 minutes, résiste à cette épreuve, l’homme peut pénétrer sans crainte; si l’animal succombe, on pratiquera une ventilation énergique jusqu’à ce qu’un autre animal résiste à une nouvelle épreuve. L’emploi de cet animal de sûreté pourra préserver les ouvriers d’accidents trop souvent mortels. »
- J’ai fait à l’Académie de Médecine, le 30 juin, une lecture dans laquelle j’ai résumé les expériences nouvelles qui m’ont permis de déterminer exactement la dose toxique de l’hydrogène sulfuré dans l’air.
- L’hydrogène sulfuré est préparé dans mon laboratoire du Muséum à l’aide du sulfure d’antimoine et de l’acide chlorhydrique et le gaz est recueilli directement par le robinet R à trois voies dans mon aspirateur gradué repré-
- p.117 - vue 121/647
-
-
-
- 118
- TOXICITÉ DE L’HYDROGÈNE SULFURÉ
- Fig. 1. — Cloche de verre pour l’élude des mélanges toxiques d’air et d'hydrogène sulfuré.
- 1res mélanges d’imlrogène sulfuré et
- sente par la figure 2, fonctionnant alors comme gazomètre; mais l’hydrogène sulfuré étant soluble dans l’eau, j’ai soin de recouvrir l’eau d’une couche d’huile de 5 cm. de hauteur. L’expérience a montré que ce gaz n’est pas absolument insoluble dans l’huile et quand on s’arrange pour que le niveau de l’huile dans l’aspirateur soit dans le même plan horizontal que l’eau du llacon F rendu mobile par un treuil T, on reconnaît au bout de 24 ou 48 heures que le volume du gaz a diminué; il y a donc une légère diffusion du gaz dans l’huile et de l’huile dans l’eau, mais bien moindre que dans l’eau pure.
- Analyse du
- gaz. — Mon gazomètre, d’une contenance de 4 litres, est approché d’une cuve à mercure profonde et on fait passer dans une cloche graduée pleine de mercure 00 cm3 de gaz; en portant celte cloche dans un verre plein d’eau distillée, on fait écouler un peu de mercure qui est remplacé par 1 cm3 d’eau; on introduit 3 ou 4 pastilles de potasse qui absorbent la totalité du gaz à l’exception de 2 cm3 (air).
- Préparation d’un mélange titré d’air et d’hydrogène sulfuré à 1/100. — J’emploie pour composer ce mélange, non pas mon gazomètre de laiton, dont les parois peuvent fixer le soufre de l’hydrogène sulfuré à l’état de sulfure de cuivre, mais une grande cloche tubulée G de verre de 50 litres représentée par la figure 1 ; dans cette cloche, immergée dans un récipient cylindrique de fer galvanisé contenant 2 litres d’eau recouverte d’une couche d’huile, on introduit d’abord une planche circulaire P sur laquelle est vissé un petit ventilateur électrique Y à ailettes, et qui porte, suivant un diamètre, un cadre vertical à grillage destiné à séparer un animal, un cobaye, par exemple, du ventilateur qui donnera un mélange homogène d’air et du volume d’hydrogène sulfuré introduit, qui est mesuré dans une cloche à robinet renfermant de l’eau et une couche d’huile ; 60 cm3 de gaz renfermant 58 cm3 d’hydrogène sulfuré pur, pour obtenir 500 cm3 de gaz pur, il faut écrire la proportion :
- cloche que l’on remplace par un volume gène sulfuré.
- Dans ce mélange
- d’hydro-
- pour 100, rendu homogène par le ventilateur actionné par une batterie mobile d’accumulateurs de Gailfe, le cobaye tombe sur le flanc au bout de 15 secondes ; de fortes convulsions se produisent; au bout de 45 secondes, arrêt des mouvements respiratoires : la mort est foudroyante ;
- le thorax étant ouvert, on voit quelques trémulations des libres du cœur.
- J’ai publié, dansla Bulletin de l’Académie de Médecine de la séance du 30 juin, les détails des observations que j’ai faites pour d’au-d’air, je ne puis
- que donnet j’ai obtenus • ici un tableau qui résume les ; résultats que
- Mélanges d’hydrogène sulfuré et d’air. Le cobaye tombe sur le liane. Convulsions cloniques. Dernière respiration. Observations.
- 1/400 50* 45* 2‘"30* Mort, le cœur e o n l i n u e à battre.
- 1/600 1“ 15* 2™ 50* g,,, 13’" cœur arrêté en diastole, contractions des oreillettes.
- 1/700 5» 40* 6"' 35* 9* 15’“ le cœur bat encore.
- 1/1000 I/animal conserve une attitude normale. Point de convulsions. La respiration continue. Au bout de 20‘" le cobaye paraît bien portant.
- gaz graduée
- 60
- 58:
- x
- 5ÜÏÏ ’
- d’où
- æ = 500 cm3 x 1,0345 ;
- = 1,0345
- que j’appelle coefficient de correction ; le produit est égal à 517 cm3 que l’on mesure dans la cloche graduée en faisant passer l’hydrogène sulfuré du gazomètre dans cette cloche.
- On commence par aspirer avec une autre cloche graduée 517 cm3 d’air dans la grande
- Fig. 2.
- Toutes ces expériences comparatives démontrent qu’il est absolument nécessaire, avant de faire descendre des ouvriers dans un puits ou dans une fosse, d’y introduire d’abord une cage et un animal, un cobaye par exemple ; si, après un séjour d’une demi-heure, l’animal ramené au niveau du sol respire normalement, les ouvriers peuvent descendre, sans danger : c’est le seul moyen que je connaisse d’éviter à l’avenir de nouvelles catastrophes.
- La précaution est simple, elle n’exige pas d’appareil compliqué, ni de manœuvre pénible. J’ajouterai que c’est un devoir strict que de l’observer : la moindre négligence, en pareille matière, peut entraîner les plus terribles conséquences et exposer aux plus graves responsabilités.
- Nestor Gréhant,
- Professeur de Physiologie générale au Muséum national d’histoire naturelle, ’ Membre de l’Académie de Médecine.
- p.118 - vue 122/647
-
-
-
- 119
- LES SIGNAUX SOUS-MARINS ET LA SÉCURITÉ DE LA NAVIGATION
- h(i Nature a déjà lait connaître «à ses lecteurs l’existence d’appareils destinés à émettre et à recevoir des signaux sous-marins. Cette question a pris
- rent dans l’air que 350 m. dans le même temps. Enfin, on a constaté que les sons se transmettaient sous l'eau dans des directions absolument rectilignes
- aujourd’hui une telle importance qu’il nous paraît utile d’y revenir, et d’insister sur les bénéfices qui résultent de sa solution pour la commodité de la navigation et la sécurité des passagers.
- Sans revenir sur l’bistorique de la question si complètement exposé par mon confrère 1).
- Hellet, je rappellerai cependant que l’idée de tirer parti de la facilité avec laquelle les sons se transmettent sous l’eau s’est l'ait jour à peu près au moment où la télégraphie sans 111 se révélait au monde.
- ha seconde de ces inventions a lait, dans le monde le chemin que l’on sait; il est certain que la première, si elle n’atteint pas à des destinées aussi brillantes, n’en
- est pas moins appelée à rendre des services aussi sérieux.
- Je rappelle ici que le système des signaux sous-marins est hase sur cette observation que le son d’une cloche immergée est, en toutes circonstances atmosphériques, très distinctement perçu à une distance qui
- est au moins de 12 km et peut atteindre à 50 km.
- On sait d’ailleurs que les sons émis dans l’eau se propagent avec une vitesse de 1430 m. à la seconde alors que les ondes sonores ne parcou-
- et sans aucune déviation, à l’inverse des sons aériens dont la diffusion s’opère dans des conditions tout à fait irrégulières. L’idée de prémunir les navigateurs contre les dangers de l’approche de la terre la nuit ou en temps de brume au moyen de signaux phoniques, bruit de cloches ou de cornes, sirènes, coups de canon, est aussi vieille que la navigation.
- Assurément ces signaux ont rendu de grands services, mais ces services ont été limités par le fait qu’il n’a jamais été possible de repérer la direction de l’instrument qui émet un son aérien.
- Et c’est là pour le navigateur le point capital. Évidemment il est intéressant pour le commandant d’un navire, perdu dans la ouate humide de la brume, d’être averti par le bruit d’une sirène ou d’une corne qu’il se trouve dans le voisinage d’un autre navire, ou dans celui d’un phare ou d’un bateau-feu et que par conséquent il y a pour son bâtiment danger d’abordage ou d’échouage.
- Mais cet avertissement, pour salutaire qu’il soit, n’en reste pas moins insuffisant.
- Ignorant, à un demi-tour d’horizon près, la direction de ce danger, le commandant n’aura d’autre
- Fig. 2. -- L'indicateur microphonique grâce auquel sont perçus les sons émis par la cloche sous-marine.
- p.119 - vue 123/647
-
-
-
- 120
- SIGNAUX SOUS-MARINS
- ressource, pour s’eu garer, que de stopper ses machines, ou de manœuvrer à toute petite vitesse et un peu au hasard, en se fiant à son étoile.
- Et encore il ne sera que relativement en sûreté, car d’une part, les courants, si violents en certains parages, pourront très bien le pousser tout de même sur les récifs, et d’autre part il restera exposé au choc de compagnons de route moins prudents que lui.
- Si, au contraire, la source du bruit peut être localisée avec quelque précision, la thèse est toute différente. C’est alors et pour ainsi dire la suppression de ces obstacles si gênants : la brume et la nuit ; l’ouïe,
- Les appareils producteurs du son peuvent être de trois types, suivant qu’ils sont destinés à être installés sur des bateaux-feux, sur des bouées mouillées à l’approche des bancs dangereux, ou à proximité de phares.
- Dans les trois cas c’est toujours une cloche dont le diamètre varie de 55 à 40 centimètres qui fournit le son sous le choc d’un marteau. Dans le premier cas, le marteau est manoeuvré automatiquement par un mécanisme (pie fait fonctionner la machine à vapeur ou à air comprimé dont sont généralement munis les bateaux-leux pour actionner leurs sirènes
- dans ce cas, remplace la vue et le commandant, si embarrassé tout à l’heure, pourra maintenant, connaissant avec suffisamment d’exactitude la direction de l’obstacle, manœuvrer pour l’éviter, en toute sécurité.
- On conçoit, par cette simple exposition, l’intérêt qu’oflre un système qui permet de préciser avec une exactitude très suffisante le point d’émission des signaux avertisseurs.
- Voici maintenant, en quelques mots, de quoi se compose et comment est disposé le matériel d’ailleurs fort simple des signaux sous-marins.
- Les appareils sont de deux ordres, producteurs dû son et récepteurs du son.
- de brume. Ce mécanisme est alors réglé de telle sorte que les sons émis par la cloche reproduisent, d’après le système Morse, le numéro du bateau-feu et permettent ainsi au navigateur qui les recueille de déterminer sa position.
- S’il s’agit d’unebouée, mouillée surl’accore du banc dont elle doit signaler les approches, le marteau se déclenchera sous la poussée d’un ressort que les mouvements de la bouée, sous l’impulsion des vagues ou de la houle, auront comprimé jusqu’au point où un déclic automatique lui permettra de se détendre.
- On aurait pu simplifier en faisant agir le marteau directement sous les oscillations de la bouée, mais il en serait résulté, dans la force des coups assénés, des
- p.120 - vue 124/647
-
-
-
- SIGNAUX SOUS-MARINS
- 121
- différences trop notables que l’on évite par l’emploi de ce mécanisme d’ailleurs très simple.
- Il semblerait qu’il y ait à craindre pour ce genre de signaux que le calme ne nuise au fonctionnement du marteau. Mais il iaut, remarquer (pie le calme absolu est infiniment rare et que la moindre boule suffit à donner à la bouée l’agitation nécessaire au fonctionnement de l’appareil.
- Enfin on peut encore placer la cloche aux abords
- moins sa situation exacte par suite de l’action des courants et du vent.
- Le matériel au moyen duquel sont recueillis les tintements de la cloche suspendue sous le bateau-feu, la bouée ou le trépied, se compose de deux petites boîtes étanches placées à l'intérieur du navire dans la cale de chaque bord et contre la coque, d’une pile et d’un indicateur.
- Les boîtes appliquées contre la paroi intérieure
- Fig. 4. — Un bateau-phare américain muni des appareils de signaux sous-marins : la cloche et le mécanisme à air comprimé
- qui sert à la faire tinter sont prêts à être immergés.
- d’un phare en l’immergeant à la profondeur voulue au moyen d’un trépied qui repose sur le fond. Le marteau est alors mis en mouvement par un petit moteur électrique qui reçoit le courant de l’installation générale du phare et est complété par un régulateur qui assure le système du signal de façon à faire connaître aux intéressés le numéro d’ordre du phare.
- Tous les appareils dont je viens de parler sont uniquement destinés à produire le son qui va se propager sous l’eau. 11 s’agit maintenant de recueillir ce son à hord du bâtiment qui, par temps de brume, s’est approché de la côte et ignore plus ou
- du navire, dans la cale et le plus bas possible, contiennent un microphone qui reçoit à travers la coque les vibrations de la cloche transmises par l’eau.
- Des microphones, ces vibrations sont conduites dans la chambre de navigation, sur la passerelle, et reçues dans l’indicateur, sorte de boîte métallique ronde, ayant l’apparence d’une grosse montre, fixée aux parois de la chambre de navigation et munie de deux écouteurs téléphoniques. Un commutateur permet de mettre les écouteurs en communication avec l’une ou l’autre des boîtes microphoniques de la cale.
- L’expérience a démontré que les tintements de la
- p.121 - vue 125/647
-
-
-
- 122
- CHRONIQUE
- cloche arrivent avec grande netteté, par l’intermédiaire de ces divers instruments, jusqu'aux oreilles de personnes placées au téléphone. L’intensité des sons perçus est très différente, suivant (pie ce son est transmis par le microphone le plus voisin de la cloche qui les émet, ou par celui de l’autre hord. Le commandant ou-le pilote distingue donc tout de suite et avec grande facilité si le phare, la houée ou le haleau-feu dont il lui importe de connaître la situation et d’où lui parvient le signal sous-marin est à droite ou à gauche de l’ave du navire. Il lui sera même très facile, en modifiant la direction de la roule, jusqu’à ce que les sons lui parviennent des deux microphones avec la même intensité, de placer la source du son exactement sur le prolongement de l’ave du navire et de reconnaître, en lisant le cap sur la houssole, le relèvement du point d’où partent les signaux. On possède ainsi la facilité de déterminer la position du bâtiment sur la carte, par le brouillard le [dus épais, avec la même exactitude que si le temps était clair.
- Aux facilités apportées par les signaux sous-marins en matière d’atterrissage, il est bon d’ajouter celles qu'ils offrent aux navires munis à la fois de la cloche et des appareils récepteurs. Ces bâtiments sont à même de se signaler mutuellement, leur présence dans les parages envahis par la brume, et, connaissant ainsi leur situation réciproque, de manœuvrer sans chances de collision.
- Le champ ouvert à cette invention apparaît donc comme des plus vastes et ses applications seront extrêmement utiles à la sécurité de la navigation dans une foule de cas.
- La statistique nous montre, en effet, que sur les 1000 navires qui se perdent en moyenne chaque année1, les 2/5, soit 606, ont disparu par suite de collisions ou d’échouage.
- On peut compter que l’usage des signaux sous-marins diminuera, dans une grande proportion, le nombre de ces sinistres.
- Pour ne parler que de nos côtes de France, il est certain que deux ou trois cloches sous-marines installées aux approches de l’embouchure de la Loire, ou du Goulet de Brest, parages en tout temps dangereux, et presque impraticables par temps de brume, sauveraient une forte proportion des bâtiments qui s’y trouvent en perdition.
- En plus des avantages que trouvera la navigation en général, à l’emploi des signaux sous-marins, il faut dire encore qu'ils pourront être particulièrement utiles à la marine de guerre, notamment pour les communications avec les sous-marins submergés.
- 11 sera facile en effet, en se servant d’un alphabet conventionnel, de fournir à ces petits bâtiments de la terre ou du pont d’un cuirassé, une foule d’indications précieuses pour leurs évolutions ou leur sûreté.
- Actuellement la Submarine signal Compagny, de Boston, a installé les appareils, dont elle a les brevets, sur [tins de 250 bâtiments, parmi lesquels figurent tous les grands liners transatlantiques. Pour ces lévriers de l’Océan, qui comptent par minutes la durée de leurs traversées, les cloches sous-marines placées à l’entrée de New-York, si souvent cachée par la brume, sont particulièrement utiles.
- C’est maintenant un fait commun que de voir les capitaines de ces énormes paquebots, précieux à tant de titres, courir à grande vitesse sur la côte noyée dans le brouillard, relever leur position au moyen de la cloche sous-marine du hateau-léu de Nanlucket, remonter l’iludson jusqu’à New-York, en se servant des stations successives de signaux sous-marins placés sur leur roule, et arriver au débarcadère sans avoir aperçu un seul des trois phares flottants qui jalonnent les passes, ni même un seul point de la côte.
- Le littoral tout entier des Etats-Unis, y compris celui des Grands Lacs où la navigation est si active, est muni de ces appareils précieux. L'Angleterre, l’Allemagne, la Hollande ont suivi sans hésitation le mouvement.
- En France où la marche au progrès ne se produit que lentement, nous ne sommes pas très avancés en matière de signaux sous-marins.
- Néanmoins l’Administration des Ponts et Chaussées, a placé quelques cloches sous-marines sous nos bateaux-feux du Pas-de-Calais et de la Manche. Mais en revanche aucun de nos navires de guerre auxquels ces appareils seraient en bien des cas fort utiles, n’en a encore reçu2.
- s • Sauvaire Jourdan,
- Capitaine rie frégate rie réserve.
- CHRONIQUE
- La loi de la conservation de la matière est-elle exacte? — La célèbre loi de Lavoisier sur laquelle repose aujourd’hui encore toute la chimie est-elle d’une exactitude absolue? Établie il y a plus de 100 ans au moyen d’instruments nécessairement un peu primitifs, résistera-t-elle aux investigations des appareils extrêmement précis
- 1 1038 pour l’année 1905 dont 589 vapeurs et 649 voiliers.
- 2 Le ministère de la Marine vient cependant de faire un premier pas dans la voie de l’étude des signaux sous-marins. Le cuirassé Vérité, qui emmène le Président de la Répu-
- en usage de nos jours? Le professeur Landolt, de Berlin, s’est posé la question et a consacré à son élude plusieurs années de patientes et minutieuses expériences. Ses déterminations ont été exécutées au moyen d’une balance sensible au ! /100e de milligramme. Les résultats publiés en 1900, accusaient, pour les trois quarts des
- blique dans sa visite aux Cours du Nord, et le croiseur cuirassé Léon Gambetta, envoyé au Canada pour représenter la France aux fêtes de Québec, ont reçu tous deux des appareils récepteurs.
- p.122 - vue 126/647
-
-
-
- CHRONIQUE —.... —----=^:~- -=: 123
- réactions, une perte de poids, pour un quart une augmentation de poids. La perte de poids la plus élevée était de l’ordre du 1/200 000“. Mais les expériences comportaient certaines causes d’erreur, que M. Landoll vient de signaler à l’Académie des sciences de Berlin. Tout d’abord les vases en verre dans lesquels s’opèrent les réactions condensent toujours à leur surface une petite quantité d’humidité; le fait est connu depuis longtemps de tous les expérimentateurs. Mais ce que l’on ne savait point, c’est que la chaleur dégagée par la réaction a pour effet de diminuer cette quantité d’humidité. Une autre cause d’erreur est la très légère déformation des appareils sous l’action de la chaleur dégagée par la réaction ; il en résulte une légère modification de la poussée d’air qui influence quelque peu la pesée.
- Les expériences de M. Landoll, reprises en tenant compte de ces deux nouvelles et légères causes d’erreur, ont amené l’auteur à la conclusion suivante : il n’y a pas de variation de poids appréciable au cours des réactions chimiques qu’il a étudiées. La loi de Lavoisier reste une vérité : devant les doutes que pouvaient soulever à ce sujet les théories physiques les plus récentes, cette vérification présentait un très vif intérêt.
- La pluie et les insectes. — Recevoir, un jour de grand vent, une tuile tombée d’un toit, est un accident des plus désagréables. Mais que serait-ce si, au lieu d’une tuile, nous étions exposés au choc d’une énorme pierre de taille tombée des nuages! La seule pensée en fait frémir. C’est là, cependant, les jours de pluie, le sort des insectes, minuscules habitants de notre atmosphère. M. Paul Martin le démontre, comme il suit, dans une humoristique communication au 46° Congrès des Sociétés savantes : Au delà d’un certain diamètre, les gouttes d’eau en tombant constituent un péril ou tout au moins un fort désagrément pour les insectes en train de voler. Une mouche, par exemple, de 1 centigramme, doit être très gênée en recevant une goutte de pluie de 4 mm de diamètre. 11 est du reste facile de déterminer le poids de cette goutte qui est donnée par la formule P = VxD, dans laquelle 1) représente la densité qui, dans ce cas, est égale à l’unité, et Y le volume qui est
- p étant le diamètre de la goutte supposée sphérique.
- 1
- On a donc : P = -Î7tp3.
- o 1
- Si l’on fait p = 4 mm, on trouve P — 0,0335 gr., c’est-à-dire un poids supérieur à celui de la mouche. La connaissance des dangers que leur ferait courir la pluie conduit les insectes ailés à se réfugier sous bois ou à se rapprocher du sol pour y chercher un refuge lorsque la pluie se prépare à tomber. C’est sans doute pour cette raison que l’on voit en forêt les insectes tourbillonner sous les arbres, lorsqu’il y a probabilité de pluie; ceux-ci les mettant à l’abri. C’est la connaissance de cette habitude des insectes qui conduit également dans ce cas les hirondelles à raser le sol pour y trouver les animaux dont elles font leur nourriture. Aussi est-ce un signe avertisseur de la pluie, connu de tout le inonde, que de voir les hirondelles raser la surface de la terre. 11 est facile de calculer la vitesse de chute des gouttes d’eau tombant sur terre au moyen de la formule
- Ar — y/32,7 x p-
- Le tableau suivant indique le poids des gouttes d’eau
- pour des diamètres variant de 1 à 8 mm, ainsi que la vitesse de chute de ces gouttes.
- Diamètre des gouttes t T 2 3 .i 6 8
- l'oid'i dos goulics. . 0»'OOOSÎ3 OP-OOilt (LDI i U (M)355 (]*''113 (Lr2f>8
- Vitesse de chute de« gouttes en mètres par seconde.. . . 5'"72 8"'10 9-91 16"'20
- Ainsi donc, une goutte d’eau de 4 mm de diamètre, par exemple, pesant 0,0355 gr., tomberait sur le sol avec une vitesse de 11,45 m. par seconde; il est, évident qu’une mouche du poids de 0,01 gr. pourrait la trouver mauvaise si elle venait à passer sous celte goutte au moment de sa chute.
- La seconde expédition Charcot. — La seconde expédition antarctique française se met en roule cette semaine, se dirigeant vers ces mêmes régions polaires, dont son vaillant chef le Dr Jean Charcot, avait déjà commencé une si fructueuse exploration lors de son premier voyage. Si l’on juge l’importance des résultats de la précédente expédition, on estimera aisément ce que seront ceux de la nouvelle, organisée cette fois sur une échelle beaucoup plus vaste. Admirablement construit sur les chantiers de M. Caulier, près de Saint-Malo, le trois-màts-barque Pourquoi Pas a 45 m. de longueur avec 4 m. de tirant d’eau, et un déplacement de 800 tonneaux; il est muni d’une machine auxiliaire d’une force de 500 chevaux. L’état-major se compose de : MM. le IL Charcot, commandant de l’expédition et médecin (pour les travaux scientifiques, ses recherches porteront sur la bactériologie) ; Bougrain, enseigne de vaisseau, commandant en second (observations astronomiques et triangulation) ; Rouch, enseigne de vaisseau (météorologie et océanographie) ; Godfroy, enseigne de vaisseau (hydrographie côtière, marées et chimie de l’air) ; Gourdon (géologie) ; IL Jacques Liouville, médecin en second (zoologie marine) ; Senonque (magnétisme terrestre et photographie) ; Gain (zoologie et botanique). Vingt hommes constituent l’équipage : maîtres, mécaniciens, matelots et aides dont plusieurs ont déjà fait partie de la première expédition. Composée ainsi d’hommes de science et d’action, une telle expédition rapportera une abondante moisson derésul tats qui, tant nouveaux que complémentaires des précédents, ne pourront manquer d’enrichir grandement le patrimoine de la science; Au moment de leur départ, saluons donc hautement les vaillants explorateurs, et, en attendant de pouvoir, avec la France tout entière, les applaudir au retour, souhaitons-leur ici un heureux voyage au milieu des régions terribles qu’ils vont affronter pendant de si longs mois. Lucien Riidaux.
- Les eaux minérales américaines. — Les États-Unis ne sont pas sans produire en abondance des eaux minérales de diverses natures; on estime cette production spéciale à 217 millions de litres, représentant une valeur marchande de plus de 41 millions de francs. Les grands producteurs sont l’État de Minnesola, puis celui de Wisconsin, qui possède les sources célèbres de Waukesha; dans l’État de New-York, on trouve les sources de Saratoga, et d’autres, qui fournissent principalement des eaux de table.
- p.123 - vue 127/647
-
-
-
- 124
- LES MONUMENTS DU YUN-NAN
- Au cours do nos recherches archéologiques comme collaborateurs de la mission du capitaine d’Ollone,
- dans la Chine méridionale, nous avons pu, M. Lepage et moi, retrouver dans le Yun-nan divers monu-
- ments intéressants par leurs caractères tibétains.
- C’est d’abord une colonne octogonale, magistralement sculptée, qui avait été spécialement signalée
- au capitaine d’Ollone par M.Chavannes. Cette colonne est au point de vue sculptural comme architectural une petite merveille, un chef-d’œuvre qui ne serait déplacé dans aucun pays d’art; auprès se voient les fondations, à demi recouvertes de terre dans des champs cultivés, de l’ancienne pagode lmddhique dont elle faisait partie autrefois. Celte ancienne pagode, d’après les Chinois interrogés par mon camarade Lepage, aurait été détruite il y a 58 ans seulement (?)
- Le piédestal de la colonne porte des inscriptions en chinois, et la colonne même des inscriptions en tibétain que (fig. 2 et 5) Lepage a lait estamper, mais qu’il ne trouve pas assez nettes pour être utilisées et qu’il fera refaire.
- [Nous avons trouvé aussi des inscriptions tibétaines à Koan Tou, gros village qui s’étend près de la future voie ferrée, à 14km Sud-Est deYunnan Fou; là un grand monument, imposant avec sa colonne centrale et ses quatre colon-nettes, domine la grande place du marché.]
- Si l’on regarde le plan approximatif de l’ancienne pagode (fig. 1), il semble qu’elle soit plus ancienne que le canal, qui paraît
- avoir réglé sa direction de manière à contourner exactement la pagode.
- Les anciennes fondations n’apparaissent que par places, l’ancien batiment ayant été complètement rasé après la destruction du monument au commencement du xixe siècle, si l’on en croit les Chinois de la région.
- Les parties figurées en pointillé représentent seulement des murailles ou maçonneries enterrées qui ne sont pas toutes nécessairement sur l’emplacement des anciennes fondations ; ceci s’applique en particulier à la ligne de du plan et à une notable portion de la ligne af.
- En A se trouve la colonne octogonale représentée sur la figure 5. On remarque que sur les 4 guerriers qui soutiennent l’édifice et entre lesquels sont les inscriptions en langue tibétaine, 5 sont debout sur des sortes de démons subjugués, tandis que le
- p.124 - vue 128/647
-
-
-
- LES MONUMENTS DU YUN-NAN
- 125
- Fi g. 4.
- Monunieiil do la roule do Yuuiiuu Fou au Koei Teheou.
- des fouilles entreprises à remplacement de la pagode ruinée feraient peut-être découvrir d’autres trésors enfouis. D’après ce que disent les Chinois interrogés par M. Lepage, la colonne n’aurait pas été sculptée dans le pays, et les mutilations qui apparaissent en maint endroit résulteraient des heurts d’un transport non sans difficultés.
- Le village de Koan-Tou, qui est près de la voie ferrée, est fort important également au point de vue archéologique et contient plusieurs pagodes le long du canal qui coupe cette voie à angle droit.
- Sur la grande place notamment se dresse un monument fort remarquable, traversé par deux voûtes à axes rectangulaires, et qui porte sur ses différentes faces quelques inscriptions qui semblent intéressantes :
- Sur la face gauche (en regardant de la place le monument) une inscription en chinois et en tibétain; au-dessus de la voûte, caractères chinois.
- Sur la façade, des caractères tibétains au-dessus de la voûte ; il en est de môme sur la face opposée.
- Sur la face droite, inscription en chinois, et au-dessus de la voûte, caractères chinois.
- Vis-à-vis le monument se dresse une pagode dans l’enceinte de laquelle est une vieille tour ruinée.
- E. de Fleurelle.
- 4e parait soutenu par des nuages au milieu desquels apparaissent trois têtes, une sorte de trinité; c’est le guerrier couronné d’une tiare, qui tient une sorte de houle dans la main droite.
- En B, tombeau de deux mandarins, grands dignitaires qui furent exécutés sur l’ordre de l’Empereur.
- En C, petit tombeau du genre stoupa.
- En D et E, deux trépieds magiques comme on en rencontre en d’autres pagodes.
- En F, un pied rectangulaire de colonne sans doute, seul de son genre.
- La pagode se trouve à 80 pas à peine de la route de Yunnan Fou au Koei Teheou.
- Les sculptures de la colonne octogonale sont fort remarquables, et
- Fig. 5.
- Le monument octogonal de la pagode ci-dessus.
- p.125 - vue 129/647
-
-
-
- 126
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du i3 juillet 1908. —
- Découverts d'un hématozoaire. — M. Lavera 11 présente une Note, donnant la description d’une hémogrégarine de la couleuvre Argus (Morclia: Spilotes). 11 a étudié ce parasite dans ses trois formes : endoglobulaire, vermicide libre et. forme démultiplication. Les formes de multiplication, contrairement à ce ipii arrive pour d’autres hémogrégarines, 11e se rencontrent pas dans le foie; on les trouve dans les poumons.
- Notice biographique. — M. Douvillé lit une Notice sur la vie et les travaux scientifiques de M. A. Pérou, correspondant de la section de Minéralogie décédé à Auxerre. Il rappelle que M. Pérou amassa les matériaux de ses travaux au cours des changements de résidence que lui imposa sa carrière de fonctionnaire de l’Intendance militaire.
- La carte de la Lune. — M. Baillaud présente, au nom de M. Puiseux, le 10e fascicule de l’allas de la surface lunaire. Il fait connaître que (50 cartes sont déjà publiées et (pie l’œuvre sera achevée en 1910.
- Plantes fossiles du massif de l'Aubrac. — M. Zeiller présente une Note de M. Anl. Lauby, résumant ses observations sur quelques gisements de [liantes fossiles qu’il a découverts dans le massif de l’Aubrac. Sur le versant Est, il a reconnu deux niveaux de einérites séparés par une épaisse coulée basaltique appartenant à la série dite des basaltes inférieurs. Le niveau inférieur, bien représenté au saut de Jujieu, renferme une flore aqui-tanienne ; le niveau supérieur, bien représenté à la cascade de Panouval, a fourni à M. Lauby une flore miocène, susceptible d’ètre rapportée au miocène moyen. Il y a observé, entre autres formes intéressantes, de nombreuses écailles de cônes appartenant à un cèdre très voisin du Cedrus Atlantica actuel. Sur le versant Ouest, M. Lauby a découvert à Fontgrande, un peu au-dessous d’une grande nappe basaltique, un très riche gisement renfermant des conifères, notamment des cônes très analogues à ceux du larix sibirica et de nombreux angiospermes, J
- Présidence de M. Bouchard.
- mitre autres Je plcrocarga americana. Ce gisement est d’àge aquitanicn, sans doute un peu plus ancien que celui du saut du jujieu. D’après l’ensemble de ces observations, les premières éruptions de la série basaltique inférieure de l’Aubrac pourraient être rapportées au miocène moven.
- Procédé rapide d’examen des vins. — M. Maqucnne présente une Note de MM. Dutoit et Duboux, de Lausanne, relative à un nouveau mode d’analyse des vins, au moyen duquel on peut déterminer simultanément les quantités de sulfate y compris le plâtre, l’acidité totale et les quantités de matières tannantes. Celle méthode remarquable par son originalité, repose entièrement sur la mesure des conductibilités électriques du vin additionné d’une proportion croissante de baryte. Les résultats sont très précis et l'opération ne demande qu’une heure. O11 peut donc dire que la méthode de MM. Dutoit et Deboux présente un véritable progrès par rapport aux méthodes fondées sur les pesées actuellement en usage dans les laboratoires.
- L’acide malique dans la vinification. — M. Roux résume une Note de M. Rosensliehl sur le rôle de la fermentation de l’acide malique dans la vinification. Pour obtenir une bonne vinification, il est nécessaire de bien connaître la quantité d’acide malique que renferme le jus de raisin et de surveiller la disparition graduelle de cet acide. Le vin vieux, d’après les analyses de Maenlicher, 11e renferme plus d’acide malique. De l’ensemble des faits observés par M. Rosensliehl, 011 voit que le vin 11’est pas le produit de la seule fermentation du sucre contenu dans le jus du raisin. Deux autres principes immédiats subissent une transformation profonde, l’acide malique d’abord ainsi que Maenlicher l’a signalé, puis la substance anlaphore dont la présence dans le jus de raisin et le rôle dans la vinification sont démontrés par l’auteur. Les réactions sont l’œuvre de levures et de bactéries du micrococus malolacticus de Seiflèrt, dont nous savons arrêter l’action par la pasteurisation, mais dont nous 11e savons régler ni mettre en œuvre l’action.
- Séance du 20 juillet 1908. —
- Télémécanique. — M. Branly donne la description d’un appareil permettant d’obvier aux inconvénients des étincelles perturbatrices en télémécanique.
- Un nouveau sucre. — M. Maquenne présente un travail de M. Gabriel Bertrand sur un nouveau sucre cristallisé, le perséulose. L’auteur obtient ce sucre par la culture d’un microbe déterminé. Le perséulose, comme le glucose, réduit le réactif de Fehling, mais il renferme 7 atomes de carbone au lieu de G. Il doit à cette circonstance de n’ètre pas fermentescible.
- Les qaz de la haute atmosphère. — M. Teisserenc de Bort adresse une Note sur les gaz de la haute atmosphère. La constitution des couches basses de l’atmosphère tend à être uniformisée par le brassage permanent de l’air dù aux mouvements tourbillonnaires tandis que la zone dite isotherme, qui règne à une certaine altitude, est formée d’un feuilleté de courants superposés assez indépendants les uns des autres. Déjà, en 1897, M. Caillelel a imaginé un appareil permettant de recueillir automatiquement de l’air. Cet appareil a été employé et les prises d’air ont donné lieu à des recherches de M. Miintz, puis Théodore Schlœsing fils. M. Teisserenc de Bort, dans le but d’a-
- Présidence de M. Bouchard.
- dapter l’appareil de prises automatiques aux ballons-sondes qui sont de faible volume — une certaine de mètres cubes — a cherché à combiner un appareil plus léger. Le dispositif auquel il est arrivé lui donne le moyen d’obtenir soit une prise à un moment donné, soit une prise à une altitude donnée. Des essais pratiqués au-dessus de Trappes ont fourni une série d’échantillons cubant 200 à 400 centimètres. L’argon a été recherché dans ces échantillons; on l’a trouvé à toutes les altitudes, le néon également. L’hélium a été rencontré depuis le sol jusqu’à 10 000 mètres d’altitude. Plus haut on n’en trouve plus.
- Les gaz dissous dans un alliage. — M. Le Chàtelier présente une Note de M. Belloc sur les gaz dissous dans un alliage de nickel et de fer. Cet alliage renferme 45 pour 100 de nickel et 55 pour 100 de fer. 11 a la propriété d’avoir un coefficient de dilatation semblable à celui du verre, ce qui permet de le souder au verre. Mais il possède également la propriété de dissoudre certains gaz avec un optimum à des températures déterminées. Ces gaz sont l’oxyde de carbone, l’hydrogène et l’acide carbonique. C11. de Villedeuil.
- p.126 - vue 130/647
-
-
-
- - mssmæsmssmssmisi
- 127
- UN CHEMIN DE FER SUSPENDU POUR BERLIN
- Trois types de piliers expérimentés pour le futur chemin de fer suspendu de Berlin.
- En raison de l'accroissement rapide de la population de Berlin et de ses faubourgs, les modes actuels de transport en commun, malgré leur développement, sont loin de suffire aux exigences du trafic.
- Aussi de nombreux projets destinés à munir la ville d’un système étendu de chemins de fer électriques ont-ils éLé proposés pendant ces dernières années et quelques-uns d’entre eux seront mis à exécution dans un avenir probablement prochain. De tous ces systèmes, le plus intéressant sans contredit, c’est le chemin de fer suspendu : il serait construit sur le principe même du fameux monorail reliant les deux cités sœurs -d’Elberfeld et de Barmen. Mais comme ce serait le premier exemple d’un chemin de 1er urbain suspendu, les autorités municipales, avant d’autoriser définitivement ce projet original, ont exigé la construction d’une courte section expérimentale qui vient d’ètre terminée (lig. 5). Résumons brièvement le principe d’un tel monorail.
- Dans le cas des chemins de fer ordinaires, les voitures reposent sur les bogies ; dans le cas du mono-
- rail, au contraire, elles sont suspendues aux bogies (lig. 4) et les roues se trouvent au-dessus du toit. Grâce à cette disposition, un seul rail par voie est suffisant. Ce système assure les avantages suivants :
- Au passage des courbes, les voilures peuvent osciller librement; toutes les sinuosités d’une voie accidentée sont parcourues facilement et sans le moindre choc, même dans le cas des vitesses maxima. On franchit des courbes bien plus étroites qu’avec les voitures de chemins de fer ordinaires, et la voie s’adapte facilement à toutes les conditions locales. Gomme les rails correspondant aux deux sens de marche sont disposés sur les bords du viaduc, on évite entre les rails ces plateformes encombrantes, qui projettent l’obscurité dans les rues, l’écartement de la voie peut être bien plus étroit que pour les chemins de fer ordinaires. Aussi dans les rues t raversées par les chemins de fer suspendus, la circulation est-elle plus aisée que dans le cas d’un viaduc ordinaire. A l’inverse des métropolitains ordinaires, les trottoirs du monorail sont disposés, non pas en dehors, mais au dedans de la voie de roulement, de
- ' ------------------- SJfoxiiV G*. !
- Fig. i. — l’n wagon de chemin de fer suspendu.
- p.127 - vue 131/647
-
-
-
- 128 ===== CHEMIN DE FER SUSPENDU POUR BERLIN
- façon à ne point occuper d’espace supplémentaire. Les barres de contact et les câbles de courant sont placés au-dessous du trottoir, et peuvent être atteints sans danger.
- La voie expérimentale (fig. 5), récemment construite au voisinage de la Porte de Rosenthal, à Berlin, présente quelques différences très frappantes avec le monorail d’Elberfeld-Barmen. Il n’y a point de poutres principales à treillis : les supports de rails sont utilisés eux-mêmes comme poutres continues que supportent les colonnes disposées au milieu de la rue, à des distances, les unes des autres, de 15 m. Trois constructions différentes de la jonction entre les colonnes et les supports de rails, imaginées par trois architectes des plus réputés, ont été réalisées sur cette voie expérimentale.
- Deux de ces supports (lig. 1 et 3) imitent un homme, supportant au-dessus de sa tête, avec ses bras, le lourd fardeau de la voie, tandis que le troisième apparaît comme un bras gigantesque maintenant de sa poigne puissante (fig. 2), la poutre transversale de la voie.
- A l’inverse de la pratique générale des chemins de fer européens, les voitures n’ont qu’une classe à compartiments séparés pour fumeurs et non-fumeurs. Elles sont de beaucoup plus grandes que la plupart des voitures de chemins de fer métropolitains. On n’emploie que des voitures automotrices, chacune d’elles peut donc servir comme voiture de tête.
- L’équipement électrique et moteur est disposé en dehors de la voiture, sur son toit, ce qui élimine tout danger d’incendie dans le cas d’un court-circuit, tout en assurant une accessibilité parfaite aux organes délicats. Les voitures sont pourvues de freins à air comprimé.
- Comme la voie affecte la forme d’une boucle, les
- trains peuvent parcourir un cycle continu, sans changement de voie aux stations terminus. Ces dernières sont par conséquent réduites au rôle de stations intermédiaires : le service s’en trouve grandement facilité et les trains peuvent se succéder avec une grande rapidité.
- IJn bloc-système automatique, analogue à celui qui a été employé avec tant de succès sur le chemin de 1er Elberfeld-Barmen, assure la sécurité voulue.
- Le coût de construction de ce monorail ne sera que
- le tiers de celui d’un chemin de 1er souterrain. La vitesse de marche moyenne serait d’environ 3 0 k m. par heure.
- Comme chaque voiture, dans les conditions normales, contient 85 voyageurs, le nouveau chemin de fer, dans le cas d’un service de deux minutes, pourra transporter 15 000 voyageurs par heure dans les deux directions, avec des trains à trois voitures.
- Tandis que les chemins de 1er métropolitains et souterrains actuels de Berlin, analogues ceux de tant d’autres capitales, suivent une route orientée del’est-ouest, le monorail formera une communication à grande vitesse entre les quartiers nord et sud de la métropole.
- La nécessité d’un chemin de fer pareil résulte du fait que la population totale comprise à une distance d’environ 500 m., de part et d’autre de la ligne, équivaut approximativement à la population d’une région de largeur égale, des deux côtés du chemin de fer Métropolitain et d’Enccinte (2 fois 1/2 plus long), à savoir de 500000 habitants. I)1' Alfred Gradenwitz.
- Le Gérant : P. Masson.
- Fig. S. — Section expérimentale de chemin de fer suspendu à Berlin.
- Paris. — Imprimerie Lauure, rue de Fleurus, 9.
- p.128 - vue 132/647
-
-
-
- LA COLONIE DE LEPREUX DES HAWAI
- Il y a deux ou trois ans, un journal parisien fit campagne pour qu’on remît en vigueur les mesures draconiennes dont les lépreux furent longtemps l’objet dans l’Europe occidentale. D’après le polémiste, ces malheureux seraient encore nombreux en France. N’allait-il pas jusqu’à affirmer que le terrible mal était en progrès sous nos climats ?
- El la vieille question fut de nouveau soulevée : la lèpre est-elle contagieuse? ou simplement héréditaire? ou encore causée par une alimentation défectueuse? En fait, cependant, le problème avait été dès
- nécessité sociale : costume spécial pour les lépreux, obligation de signaler leur présence ou leur passage dans les lieux habités par le son d’une cliquette spéciale, et surtout construction de ces vastes établissements spéciaux, dits léproseries, dont on comptait, au xme siècle, près de 19000 dans toute l’Europe. Ces mesures sévères, si elles ne tuaient pas le mal, en empêchaient toutefois la vaste dissémination, quoiqu’il continuât à sévir endémiquemenl sur le littoral de la Méditerranée et de la mer Noire, dans les Balkans et le sud de la Russie, en Espagne, en
- La léproserie des Hawaï dans la presqu’île de Molokai.
- lors résolu par M. A. Hansen, qui découvrit il y a quelques années le bacille spécifique de la lèpre, bacille presque identique à celui de Koch, et démontra que la maladie, comme beaucoup d’autres, est à la fois contagieuse et héréditaire.
- Cette double nature justifie donc en somme, dans ce qu’elles avaient d’essentiel, les rudes mesures dont les lépreux étaient l’objet au moyen âge. On sait qu’à cette époque on avait reconnu dans l’isolement le plus rigoureux, le seul moyen vraiment efficace d’empêcher la diffusion de la maladie, dont le traitement était ignoré, tout comme il l’est encore aujourd’hui. De là ces mesures d’apparence si inhumaines et qui cependant, quelque cruelles qu’elles fussent pour l’individu, étaient d’une évidente
- Livonie, et en France même, surtout en Bretagne et dans les Vosges. Plus tard l’adoucissement des mœurs fit sans doute diminuer la rigueur de l’isolement des lépreux et c’est peut-être ce qui explique le mouvement assez récent de recrudescence delà maladie. On sait d’ailleurs, et c’est assez curieux à constater, que le péril a fait revenir aux anciennes pratiques et que des léproseries nouvelles ont été fondées, dont une notamment en France, à Neufchâleau.
- Pour bien voir à quel point les mêmes dangers contraignent les hommes à de mêmes mesures, dans des sociétés aussi différentes que celle du moyen âge et que la nôtre, il est intéressant de signaler la Léproserie des Hawaï : ce sera montrer d’autre part que le mouvement de répression du mal est uni-
- p.129 - vue 133/647
-
-
-
- LA COLONIE DE LÉPREUX DES HAWAÏ
- 130
- versel, et qu’il adopte, sous une forme plus moderne, l’implacable brutalité d’autrefois.
- Molokai fait partie du groupe des Hawaï. Située à une centaine de kilomètres au sud-est de llonolulu, elle constitue une idéale station d’isolement. Sa forme générale est celle d’un trapèze allongé dont la plus longue base projette dans l’océan Pacilique un vaste promontoire en forme de cône tronqué. C’est dans ce cône, séparé du restant de l’ïle par une barrière de montagnes inaccessibles, qu’est établie la colonie de lépreux. Les rivages, constitués par de hautes falaises perpendiculaires, échancrées seulement par la petite baie de Kalanpapa, rendent toute évasion impossible. Depuis près de soixante ans que la colonie existe, jamais un relégué n’a réussi à s’échapper, qu’il fut ou non aidé par des complicités extérieures plus ou moins puissantes.
- Certaines tentatives sont restées célèbres. On peut citer le cas d’un jeune Américain, apparenté avec un gros personnage politique, qui avait contracté la lèpre à llonolulu. Malgré ses protestations, il fut transporté à Molokai. Des amis organisèrent une expédition pour le délivrer. Mais leur navire, qui devait opérer une descente nocturne, se brisa sur les récifs.
- La colonie compte en chiffres ronds 500 lépreux. La grande majorité se recrute parmi la population autochtone de l'archipel comme aussi parmi les colons chinois et japonais, qui forment actuellement le gros de la population. On y compte également une douzaine de Portugais, trois nègres d’Amérique, un Français, un Canadien-Français, plusieurs Américains de race blanche, parmi lesquels un proche parent du gouverneur de l’Archipel.
- La colonie fut fondée par un missionnaire français, le Père Damien, dont le nom est resté très populaire aux Etats-Unis, où des monuments furent érigés en honneur de son héroïsme et de son abnégation : il contracta la maladie et il en mourut, après une longue et elfroyable agonie. Son œuvre est continuée par les frères du Sacré-Cœur et par les sœurs franciscaines, recrutés en France, en Belgique et au Canada. Le directeur de la mission est actuellement le Frère Maxime, l’ancien compagnon du Père Damien. Bien qu’il soit depuis une trentaine d’années à Molokai, il a échappé au fléau. Moins favorisé du sort, un de ses collaborateurs, le frère Sérapion, issu d’une famille noble de Belgique, a contracté la lèpre, ce qui n’empêche pas ce vaillant de diriger l’excellente musique qu’il a formée parmi les lépreux.
- Les autorités de Hawaï, soucieuses d’arrêter la marche envahissante d’un fléau qui dépeuplait l’archipel, procèdent avec énergie pour en enrayer les progrès. Dès qu’un habitant, à quelque race, à quelque classe sociale qu’il appartienne, offre des symptômes évidents, on le conduit au lazaret de Kalahi, dans la banlieue de llonolulu. H y est mis en observation, et une commission spéciale décide bientôt de son sort. S’il est reconnu malade, il n’a
- plus qu’à dire adieu au monde : le leper bout le transportera dans les vingt-quatre heures à Molokai, vers les rives de celte baie de Kalanpapa où l’on pourrait inscrire le cri de détresse de Dante : Laissez ici tou Le espérance....
- La façon dont s’administre la colonie mérite de retenir notre attention. 11 va sans dire qu’elle dépend du gouvernement du territoire d’Hawaï (partie intégrante du territoire américain depuis 1898) qui veille libéralement à son entretien : pour les six dernières années, le gouvernement hawaïen a dépensé pour les lépreux de Molokai la somme de 876888 dollars, soit près de 4 400000 lï*.
- Dès que les lépreux arrivent à destination, le superintendant, ou directeur, assisté par les religieux, leur fait subir un interrogatoire bienveillant dans le but de connaître leurs goûts et aptitudes, et cela pour qu’ils puissent les satisfaire dans la mesure du possible.
- Le travail n’est pas obligatoire. Mais les malheureux sont les premiers à demander une occupation, dans l’espoir d’oublier, ne fùl-ce que momentanément, leur terrible infortune. Ceux qui ont un pen-clianL pour l’agriculture reçoivent une parcelle de terrain où ils pourront cultiver des légumes, des pommes de terre, du riz, du calé et surtout du taro, plante semi-aquatique encore pou connue en Europe, mais qui fournit une succulente fécule que les Américains commencent à importer chez eux.
- D’autres se livrent à l’élevage du gros bétail. Mais le plus grand nombre s’emploie dans les ateliers de la colonie, qui, grâce à l’activité de ses artisans, se suffit presque à elle-même dans certaines industries (menuiserie, ameublement, cordonnerie).
- La colonie a formé deux sociétés de musique (chorale et instrumentale) qui donnent chaque semaine, sous un kiosque fort élégant, d’excellents concerts. L’instructeur de ces deux sociétés est, comme je l’ai dit, un religieux belge, le frère Sérapion, que la lèpre a déjà amputé de plusieurs doigts. 11 faut signaler en outre l’existence d’un club athlétique, dirigé par M. Carter, cousin de M. G. B. Carter, gouverneur d’Hawaï. Ce malheureux pouvait se croire réservé à d’autres destinées. D’une intelligence supérieure, athlète réputé dans les universités des Etals-Unis, pourvu de nombreux diplômes, il suivit son parent à llonolulu et y contracta bientôt l'effroyable mal.
- Les lépreux sont autorisés à contracter mariage entre eux. Mais les produits de ces navrantes unions ne sont pas traités sur un pied d’égalité. Les garçons nés à Molokai sont condamnés à y finir leurs jours, qu’ils présentent ou non des symptômes. Au contraire, les filles sont isolées dès leur naissance dans un home spécial qu’elles ne quittent qu’à l’àge de dix-huit ans. Si elles paraissent indemnes, elles sont alors transportées hors de File, dans un lazaret où elles subissent une nouvelle 'période d’observation qui ne dure que quelques mois. Désormais, elles sont libres de se mêler au commun des mortels.
- p.130 - vue 134/647
-
-
-
- - MOTEURS A GAZ PAUVRE z^==:=== 131
- Les lépreux sont autorisés à recevoir Ions les deux ans la visite do leurs parents et do leurs amis. Mais quelle visite! Emmenés de llonolulu par un vapeur du gouvernement, ceux-ci ne doivent pas dépasser l’enceinte de pierre qui barre le débarcadère de Iva-lanpapa. Et ce n’est qu’à distance qu’ils peuvent s'entretenir avec les malheureux. Combien navrantes doivent être ces conversations, assourdies par le vacarme des vagues sur les brisants ! Et cependant ils ne manquent pas d’amis. Tous les deux ans, c’est un millier d’Hawaïens qui profilent de la mesure généreuse du gouvernement pour apporter aux colons de Molokai des paroles de consolation.
- Le vapeur amène en même temps les membres d’un comité parlementaire chargés d’inspecter la colonie et de recevoir les plaintes et réclamations des lépreux. 11 est rare qu’ils en formulent. Cependant, à la dernière visite du comité, un Portugais demanda l’autorisation d’établir une buvette où il débiterait du vin et de la bière. D’accord avec le superintendant, M. Mac Yeigh, et le Frère Maxime, opposés l'un
- et l’autre à ce projet, les parlementaires organisèrent une sorte de plébiscite. À une écrasante majorité, les lépreux décidèrent qu’ils n’avaient pas besoin de cabaret.
- Ce fait indique l’état d’esprit qui règne dans la colonie. Noblement résignés à leur sort, ces pauvres gens repoussaient l’olfre que leur faisait un de leurs compagnons de puiser dans l’alcool l’oubli de leurs misères !...
- Dans son récent livre si curieux, Une utopie moderne, le romancier anglais Wells imagine une société qu’il présente comme la meilleure possible où les groupes d’hommes dont la présence lui paraît incompatible avec la vie sociale normale — lépreux, malades de toute espèce, ivrognes, fous, poètes, — sont internés dans des îles. Mis en marge du monde, les relégués finissent par aimer leur nouvelle existence. Le distingué écrivain se doutait-il que, sur la presqu'île de Molokai, notre société moderne, nullement utopique, avait déjà réalisé sa fantaisie!
- Y. Fonmx.
- LES MOTEURS A GAZ PAUVRE
- L’industrie utilise depuis longtemps déjà, comme source économique d’énergie, une catégorie de gaz qui portent le nom de gaz pauvres, par opposilion au gaz d’éclairage qu’on appelle souvent gaz riche.
- Gaz à l'air. —Les gaz pauvres sont, comme l’on sait, les produits de réactions diverses. Les uns proviennent des hauts fourneaux; ils sont donc les sous-produits de la fabrication de la fonte. Ils appartiennent au type général des gaz à l’air. On désigne ainsi ceux que fournit une combustion incomplète du charbon, dans des appareils appelés gazogènes et dont le principal résultat est la production du gaz oxyde de carbone, qui est le seul produit combustible formé. On voit que la nature de ces gaz justibe complètement le nom de pauvres, point que met en évidence l’analyse quantitative.
- Gaz à l'eau. — Quand on superpose à l’action de l’air sur le charbon en grand excès, l’action de ce même charbon sur la vapeur d’eau, on obtient une nouvelle espèce de gaz pauvre qui est le gaz à l’eau. Les produits de décomposition de l’eau, en particulier l’hydrogène, s’ajoutent à ceux qui proviennent de la première réaction. La nature du gaz est ainsi modifiée par l’appoint des calories représentées par l’hydrogène et la puissance calorifique par mètre euhe est sensiblement accrue. D’ailleurs, la consommation du charbon variant dans le même sens, le rendement pratique n’est pas nécessairement amélioré.
- Les éléments principaux qui entrent dans la composition des gaz pauvres sont le méthane, l’oxyde de carbone, l’hydrogène, l’azote et l’acide carbonique. La présence de tous ces corps est facile à expliquer, en se reportant aux réactions génératrices.
- À ces éléments, dont les proportions varient sui-
- vant le mode de formation, la nature du combustible, celle des gazogènes et bien d'autres conditions pratiques, il faut ajouter des poussières et des produits lourds, provenant de la distillation partielle des charbons maigres. Tous les efforts des spécialistes ont tendu depuis vingt ans et tendent encore vers une épuration plus efficace, absolument indispensable.
- L’action des poussières sur les organes des moteurs : cylindres, soupapes, segments des pistons, etc., est des plus pernicieuses ; on en débarrasse les gaz par des lavages successifs.
- Les goudrons, provenant de la distillation des houilles maigres, tendent à obstruer les tuyaux d’amenée et de départ, à encrasser les sièges des soupapes et empêchent la production des étincelles aux bougies.
- Acides organiques. — Il existe encore une espèce de produits nuisibles, ce sont les acides organiques qui peuvent prendre naissance avec certains combustibles. On a réalisé déjà des gazogènes où l’on brûle normalement des résidus, tels que des copeaux, des chiffons, de la sciure de bois, dont l’emploi est tout indiqué pour la force motrice des usines où abondent ces matières; ce sont elles qui fournissent, par distillation, les corps précédents.
- Épuration. — Parmi les corps énumérés plus haut, seuls le méthane, l’oxyde de carbone et l’hydrogène sont utiles; les autres sont inertes (l’azote, l’acide carbonique) ou nuisibles (les acides).
- Il en résulte qu’on procède à une épuration minutieuse des gaz pauvres, dans des appareils très vastes, avant de les admettre dans les cylindres des moteurs où ils doivent brûler. On arrive ainsi à une composition différente suivant les cas : gaz des hauts fourneaux ; gaz à l’air ; gaz à l’eau.
- p.131 - vue 135/647
-
-
-
- 132
- MOTEURS A GAZ PAUVRE
- Les gazogènes. — Les appareils producteurs de gaz pauvres datent déjà d’une vingtaine d’années et il en existe aujourd’hui de nombreux modèles. On peut les répartir en deux classes : les gazogènes à insufflation et les gazogènes à aspiration; ils comportent d’ailleurs les mêmes organes essentiels. Dans les premiers, l’entraînement du gaz, le tirage du loyer et l’alimentation du moteur sont réalisés par un courant de vapeur d’eau provenant d’une petite chaudière spéciale; ils fonctionnent ainsi sous une pression légèrement supérieure à la pression atmosphérique. Dans les gazogènes à aspiration, c’est le moteur lui-même, qui, par la succion qu’il opère au moment de l’aspiration, crée une dépression dans le foyer et un appel d’air extérieur; dans ce cas, la
- s’opère la combustion partielle du charbon,
- Un laveur, colonne à coke et à eau, où se déposent les poussières entraînées, l’ammoniaque et les goudrons ;
- Un épurateur chimique (qui n’existe pas dans tous les modèles) ;
- Un gazomètre ou pot d'aspiration, qui sert de régulateur de débit et qu’on peut supprimer avec les moteurs rapides.
- Influence du combustible. — On a vu déjà l’importance de l’épuration du gaz produit dans les gazogènes. La nature du combustible employé rend cette opération plus ou moins nécessaire; d’autre part, les gazogènes ne peuvent pas brûler indifféremment tous les combustibles.
- L’anlliracite anglais doit être considéré comme
- Fig. 1. — Moteur de Nuremberg (type tandem). — T, tuyauterie d’arrivée; S4 S4, clapets d’admission; C, G.,, commande des clapets AA, arbre de distribution; A,, allumage; 1\ P2, pistons; l’l\ paliers; V, volant.
- Fig. 2. — Gazogène. — C, chaudière d'insufflation; S, sole; V, vaporisateur; VT, ventilateur et tuyère; G, corps du gazogène; R, revêtement réfractaire; T, trémie de chargement; L, laveur; E, épurateur.
- pression dans le gazogène est légèrement inférieure à la pression atmosphérique.
- Ce type convient bien à des moteurs rapides qui produisent une dépression sensiblement constante et dont la puissance est limitée. Les gazogènes à insufflation sont, au contraire, presque exclusivement réservés aux moteurs de grande puissance, de 100 à 1000 chevaux et au delà. Les gazogènes par aspiration ont des qualités spéciales qui complètent celles des moteurs qu’ils alimentent : simplicité, légèreté, faible encombrement. Les autres, plus vastes, plus coûteux, plus économiques comme fonctionnement, sont des appareils qu’on rencontre dans des usines importantes et dont la régularité de marche est supérieure à celle des précédents, parce qu'on n’a pas été limité dans leur construction.
- Dans l’un et l’autre type on rencontre, en général, les organes suivants (fig. 2) :
- Un générateur, colonne cylindrique en fonte, revêtue intérieurement en terre réfractaire et ou
- le combustible le plus avantageux, à poids égal. 11 ne produit pas de goudron et laisse moins de 10 pour 100 de cendres. Par contre, étant moins riche que les autres en matières volatiles, l’allumage et la mise en route des moteurs sont plus pénibles. L’important est qu’il peut brûler dans des appareils où P épuration est sommaire et dont le prix d’achat et d’installation sont très réduits. Il revient malheureusement deux fois plus cher que le charbon français d’Anzin, soit 45 à 50 fr. la tonne à Paris.
- Les charbons maigres français, qui sont employés dans beaucoup de gazogènes actuels, renferment beaucoup de goudrons; ils laissent de 12 à 20 pour 100 de cendres, qu’il faut enlever pendant la marche du gazogène ; cela exige des appareils très bien construits, sinon le moteur ralentit aussitôt, une ouverture supplémentaire du loyer amenant une modification dans la qualité du gaz produit, par suite d’un excès d’air par exemple. Quant au prix de revient, il oscille aux environs de 25 fr. la tonne.
- p.132 - vue 136/647
-
-
-
- MOTEURS A GAZ PAUVRE
- 133
- Les moteurs à gaz pauvre et leurs avantages. — Le gaz produit par l’un quelconque des procédés déjà étudiés possède un pouvoir calorifique variant de 4 à 500 calories (hauts fourneaux) à 14 ou 1500 (gazogènes). En admettant pour les moteurs à gaz pauvre le même rendement thermique moyen que pour les moteurs à gaz d’éclairage (20 pour 100 par exemple) il faudra brûler depuis 5 jusqu’à 10 lois plus de gaz pauvre qu’on ne brûlerait de gaz riche, pour produire le même travail dans le même temps. La première conséquence qui en résulte est que les cylindres des moteurs à gaz pauvre doivent avoir des dimensions considérables, surtout dans les moteurs
- représente une économie de charbon d’au moins 50 pour 100. Ceci peut être établi très simplement. 11 suffit de mesurer le poids de charbon consommé par cheval-heure par un groupe chaudière-machine à vapeur et parle groupe gazogène-moteur; le résultat est précisément celui (pii est indiqué plus haut. 11 est imputable surtout au principe des deux appareils; la machine à vapeur utilise seulement 15 pour 100 de l’énergie du charbon, tant à cause des conditions thermiques du fonctionnement, que des pertes de toute sorte, pendant que le moteur à explosion arrive à transformer en travail mécanique 25 pour 100 de l’énergie représentée par chaque cylindrée.
- Tout ce qui précède expli-! que la vogue des moteurs à gaz pauvre, depuis qu’on est arrivé à réaliser pratiquement de grosses unités. Le type de Nuremberg, en particulier, existe en exemplaires de plusieurs milliers de chevaux. On est arrivé à ce résultat en accouplant deux moteurs en
- à régime lent. Une autre quence est la suivante : alors que la compression dans les moteurs à gaz riche ne dépasse guère 7 à 8 kilos, elle peut atteindre 10 et 12 kilos avec le gaz pauvre. Il n’y a pas à redouter, en effet, d’in-tlammation spontanée ; de plus, la dilution des corps combustibles, dans un énorme excès de gaz inertes, exige ces hautes compressions, pour produire une explosion efficace.
- Les considérations précédentes sont plutôt défavorables au gaz pauvre ; heureusement qu’il y a une contre-partie. La mise en marche d’un moteur à gaz pauvre demande une demi-heure au plus, quelquefois cinq minutes, alors que la machine à vapeur exige souvent une heure et davantage. Le prix d’un gazogène, qui peut être installé partout, sans danger d’explosion, sans aménagements, est inférieur à celui d’une chaudière et de tout ce qu’elle comporte. Sa conduite peut être confiée à un manœuvre, dont le salaire est moindre que celui d’un chauffeur; son entretien est presque nul. Enfin, et c’est là un argument capital aù point de vue industriel, le gaz pauvre
- Fig. 4. — Groupe èlectrogône De Dion-Boulon.
- tandem, ainsi que le montre le schéma ci-contre (fig. 1 ). Tous les organes des moteurs à explosion se retrouvent dans ces machines, arbre de distribution, pompe de refroidissement ou thermo-siphon, allumage électrique, etc. Celle qui est représentée ici possède quelques dispositifs intéressants, parmi lesquels il faut citer le piston et la bielle qui sont portés par un train de galets roulant sur deux glissières de chaque côté du moteur. On évite ainsi l’ovalisation des cylindres qui ne supportent plus que l’effort de l’explosion et le frottement des segments.
- Le prix total d’installation d’une grosse unité fonctionnant au gaz pauvre est à peu près le même que celui de la machine à vapeur équivalente, soit 50 000 lr. pour 100 chevaux, mais on a vu que la première fonctionne sans aucun danger au moyen d’un personnel réduit et procure une notable économie.
- p.133 - vue 137/647
-
-
-
- 134
- NATTES DE CHINE, DU JAPON ET DU TONK1N
- C’est là que réside tout l’intérêt de la question; c’est aussi le point sur lequel portent les efforts des constructeurs de moteurs et de gazogènes, les uns améliorant le rendement, les autres s’ingéniant à utiliser toutes sortes de combustibles et de déchets. Beaucoup d’anciens moteurs à gaz de ville dérivant du type primitif de Lenoir, ont été utilisés presque sans modification pour brûler du gaz pauvre. 11 en résulte que l’aspect ordinaire des moteurs établis plus tard en vue d’utiliser ce nouveau combustible, rappelle de très près le type des moteurs à gaz, surtout pour les unités de 20 à 80 chevaux : un cylindre horizontal, un volant de petite dimension, allumage par magnéto et rupteur mécanique, etc,. Les moteurs Koerting, Crossley, etc., sont plus ou moins établis suivant ce modèle, et l’ont de 150 à 250 tours par minute.
- Modèles récents. — Les principes de la construction automobile ont fini par rayonner sur la mécanique tout entière; leur influence est très sensible sur les moteurs à gaz pauvre les plus récents et elle s’y manifeste par des dispositions empruntées aux moteurs à pétrole.
- On construit des moteurs à gaz pauvre à plusieurs cylindres verticaux, tournant à 500 tours et davantage, munis d’un allumage par bougies. Ces types n’ont pas, en général, pour but de lutter avec les grosses unités, mais ils sont destinés à faire profiter toutes les industries de l’économie qui résulte des gazogènes. Dans cet ordre d’idées, on a déjà tenté de réaliser le camion-automobile au gaz pauvre. Quelquefois aussi, par exemple, dans les installations de force motrice aux colonies et dans des pays dépourvus de moyens de transport le poids et d'encombrement des machines sont un obstacle à leur emploi, d’où le besoin de moteurs puissants et légers, c’est-à-dire à plusieurs cylindres et à grande vitesse ; tels sont les deux groupes électrogènes représentés ici. L’un est un groupe Cazes (moteurs Gardner) de 40 kilowatts,
- qui a fonctionné au Salon de l’automobile en décembre dernier, avec un gazogène Delion et Lepeu (4 cylindres, 500 tours, allumage par rupteurs) (lig. 5). L’autre est un groupe de Dion-Boulon de 50 kilowatts, qui a liguré au même moment avec un gazogène Bardot (4 cylindres, 800 tours, allumage par bougies) (lig. 4).
- On pouvait voir, non loin des stands où figuraient les groupes précédents, nombre d’autres groupes moteurs comportant des gazogènes, par exemple les moteurs Bachlold à cylindres verticaux également, mais à vitesse plus réduite et assez analogues aux machines marines. 11 y a, semble-t-il, un avenir certain dans cette voie et des débouchés prêts à s’ouvrir. Ils seront fournis par le cabotage, le chalutage, la navigation fluviale, etc. En eflêt, l’emmagasinemenl du charbon sur les navires à vapeur accroît sans profit le tonnage total ainsi que les Irais d’établissement et d’entretien. La durée des chargements, le prix de revient des traversées, la solde du personnel subiront des réductions appréciables, le jour où l’industrie mettra à la disposition des armateurs un moteur marin à gaz pauvre, satisfaisant aux desiderata suivants : mise en marche et arrêt rapides, changement de marche, fonctionnement sûr. Des moteurs à huit, dix cylindres disposés en Y, par exemple, seront sans doute nécessaires. On a frayé la voie de ce côté; les ingénieurs connaissent assez les avantages qu’on y rencontre pour s’y risquer. Ils pourront, du même coup, faire profiter ces moteurs de tout ce qui a été réalisé jusqu’ici de perfectionnements ; cylindres à double chambre d’explosion, pistons désaxés, etc.
- Quoi qu’il en soit, à considérer la multitude des systèmes qui figurent aux expositions, il est permis de penser que le règne de la vapeur est près de sa fin, tandis que nous arrive celui du moteur à gaz.
- Etienne Taris.
- NATTES DE CHINE, DU JAPON ET DU TONKIN
- Depuis une quinzaine d’années, l’usage et par suite le commerce des nattes dites de Chine se sont curieusement développés en Europe, et aussi aux Etats-Unis. La raison en est que ces articles se vendent à un prix bien inférieur à celui que l’on en réclamait jadis, le prix de transport s’en étant abaissé considérablement, en même temps qu’il s’est établi un courant de relations commerciales qui a permis des expéditions par grandes quantités L Nous employons le terme de nattes de Chine, pour désigner ces tissus de joncs utilisés tantôt comme tentures, tantôt comme tapis : la fabrication en est effectivement originaire de la Chine; mais notre titre montre que cette fabrication s’est étendue maintenant à divers pays d’Extrême-Orient,
- 1 Mesures et monnaies employées dans l’article : yard (0m,91) ; yen (or = 5 fr. 17 ; argent = 2 fr. 58).
- entre autres notre possession d’Indo-Chine, qui nous intéresse comme de juste tout particulièrement. Qu’on nous permette néanmoins de parler d’abord de l’industrie des nattes en Chine, puis au Japon, car nous y trouverons les éléments d’une comparaison utile avec ce qui se fait au Tonkin ; et, de plus, nous constaterons la place considérable que tiennent Chine et Japon dans cette industrie toute spéciale.
- Pour ce qui est de la Chine, c’est surtout dans la région cantonaise que nous voyons se fabriquer des nattes, qui vont se répandre ensuite dans le monde entier. En 1891, le port de Canton expédiait, sur l’Amérique et l’Europe, quelque 240000 rouleaux de nattes, soit de petites nattes ordinaires appelées mats (désignation commerciale empruntée à l’anglais), soit de grandes nattes de parquets nommées
- p.134 - vue 138/647
-
-
-
- ............ NATTES DE CHINE, DU
- mailing». Cela représentait une valeur de bien près de 2 millions de piastres; au bout de quelques années, les exportations atteignaient 540 000 rouleaux, et, depuis lors, ce commerce s’est continuellement développé, en dépit de la concurrence laite par les deux autres contrées que nous avons citées : aussi bien, ce sont en grande partie des connuei'-çants de Canton qui ont fondé les fabriques existant au Tonkin, et c’est presque uniquement par eux que les produits tonkinois sont exportés. Bien entendu, le rouleau est une mesure variable suivant le type de natte dont il s’agit : c'est ainsi que les mailings pour parquets sont expédiés et fabriqués en lon-
- JAPON ET DU TONKIN ===3 135
- YArundo rnitis; tous ces roseaux, pour donner des fibres fines et de bonne qualité, doivent être fumés au moyen des tourteaux provenant du traitement des haricots ou fèves dont on a enlevé l’huile par pression. Nous n’insisterons pas sur la préparation de ces fibres, qui sont teintes le plus généralement aux couleurs artificielles, alors que les Chinois recouraient uniquement autrefois aux teintures végétales tirées du bois desapan,de l’indigo, des graines de sophora avec addition d’alun ; les procédés que nous allons examiner de plus près au Tonkin sont tout à fait analogues. Pour le tissage, les méthodes sont également les mêmes ; à cela près qu’en Chine
- Fig. 1. — La récolte des roseaux à nattes.
- gueurs de 40 yards, sur un yard.de large le plus généralement. Aujourd'hui, ces rouleaux sont d’une seule pièce, alors qu’autrefois ils étaient formés de deux pièces de 20 yards, assemblées l’une au bout de l’autre au moyen des fils de chaîne.
- La fabrication des nattes cantonaises s’est localisée principalement à Toung Koun, Lin Tan et Canton : c’est Lin Tan qui a donné longtemps les meilleurs produits, mais c’était seulement à Canton que l’on pouvait faire tisser sur commande des modèles spéciaux. On emploie comme matière première diverses espèces de roseaux croissant, les uns dans des terrains bas envahis par l’eau de mer, les autres dans des terrains inondés à certaines époques par les arroyos ou les rivières. On utilise principalement
- la chaîne est plus souvent constituée de deux brins de roseaux tordus sur eux-mêmes et formant de grosses ficelles, qui ont fait donner le nom de twists aux nattes fabriquées de la sorte. Nous ajouterons que, en dehors du métier vertical, on se sert aussi du métier horizontal pour tisser les nattes dites damask.
- Les Japonais se sont rapidement assimilé les procédés les plus perfectionnés de la fabrication chinoise. Ils ont d’ailleurs été puissamment aidés par le représentant d’une grande maison d’exportation de Baltimore, qui dirigea même les cultivateurs japonais dans le choix de terrains situés dans les îles méridionales de la Mer Intérieure, pour y transformer les variétés de roseaux employées, qui ne
- p.135 - vue 139/647
-
-
-
- 136 ========== NATTES DE CHINE, DU JAPON ET DU TONK1N ==
- fournissaient qu’une récolte par an. 1.1 donna également ses soins à l’amélioration de la fabrication, et c’est ainsi que les nattes japonaises sont venues faire une rude concurrence aux produits chinois. Le fait est qu’encore en 1890, la fabrication de toutes les nattes ne représentait pas, au Japon, une valeur de plus de 5 700000 yen, alors que la valeur correspondante approchait de 8 millions en 1905. Les tapis nattes fantaisie, fabriquées spécialement pour l’exportation, forment la moitié à peu près de celte production. Cela correspond dans l’ensemble à près de 17 millions de pièces ou rouleaux! Les États-Unis prennent les 5/6 de l’exportation des nattes japonaises.
- lisser des nattes de très grande largeur. On cultive les roseaux dans la région de Kimson, là où le colmatage naturel n’a pas encore refoulé les eaux salées; les terrains propices à celte culture, ce sont les plages limoneuses, dès que le sol s’en est fixé suffisamment et consolidé pour qu’on y puisse circuler sans enfoncer de plus de 15 à 20 cm. On y repique les grilles de jonc après bêchage. Durant un an, on laisse pousser au petit bonheur, et les premières tiges ne servent qu’à couvrir les maisons. La récolte suivante donne les tiges pour nattes ; on les coupe au ras du sol à l’aide d’une faucille, on lie les extrémités supérieures, puis on secoue, de façon à
- Fig. 2. — Triage et refenclage des liges.
- Pour le Tonkin, l’exportation des nattes a débuté vers 1891, et c’est en 1895 que les Chinois ont jeté plus particulièrement les yeux vers ce pays pour y installer des fabriques, à la suite d’une sécheresse qui avait fait souffrir beaucoup les champs de roseaux cantonais, et avait obligé à recourir à l’importation de fibres d’origine tonkinoise. La matière première employée au Tonkin est fournie par des Cyperus, dits à nattes, sur lesquels un Sous-Inspecteur de l’agriculture indigène, M. Buy Quang Chieu, a donné des renseignements fort intéressants dans l’excellent Bulletin Économique publié par la Direction de l’Agriculture de l’Indo-Chine. Ces joncs à nattes ont des tiges de 1,80 m. au moins, atteignant souvent jusqu’à 2,70 m., ce qui permet de
- faire tomber les tiges courtes et les herbes qui auraient pû être sectionnées en même temps que le reste. À noter qu’une plantation de coi, suivant le nom indigène, ne donne que 5 à 6 récoltes, la présence même du cyperus favorisant le colmatage, qui rend ensuite l’emplacement impropre à cette culture. Le riz remplace alors le jonc, qui passe pour avoir même dessalé le terrain.
- Les tiges qui ont été emmagasinées sont prises par 5 ou 6, que l’ouvrier dispose entre ses doigts; puis l’extrémité en est fendue en deux au moyen d’un couteau ordinaire ; l’ouvrier engage ensuite dans les fentes son index garni d’un morceau de spathe d’aréquier bien sèche, qui continue la section commencée et partage la tige en deux portions à peu
- p.136 - vue 140/647
-
-
-
- NATTES DE CHINE, DU JAPON ET DU TONK1N ======= 137
- près égales. Pour les tiges de qualité supérieure, on les lénd en trois, en rejetant la partie intérieure, qui est naturellement moins flexible : les deux autres portions serviront à la fabrication des nattes particulièrement fines et blanches. Les lanières préparées de la sorte doivent sécher par trois expositions au soleil, et elles sont, à ce moment, l’objet de soins minutieux. On les triera ensuite, en ne tissant sans apprêt que les liges qui ne présentent aucune tache, aucun défaut, tandis que les autres reçoivent diverses teintures, suivant les besoins de la fabrication. Tout comme pour les tapis d’Orienl, les teintures que l’on emploie maintenant sont des couleurs
- jours en jute; ces ficelles, de grande longueur, comme de juste, on les fait glisser dans la traverse supérieure au fur et à mesure que le travail de tissage avance, et que le tisseur a garni de tiges formant trame la partie de la chaîne qui se trouvait à sa portée. 11 faut naturellement une navette pour passer les fils ou lanières de trame, et aussi un peigne pour battre ces fils, les tasser les uns contre les autres, après leur enlacement dans les fils de chaîne. Du peigne, pas grand'chose à dire : le glissement des ficelles est facilité par le fait qu’elles sont enduites d’huile de ricin. Le tisseur a du reste sous la main un dispositif qui lui permet (comme
- Fig', o. — Atelier de fabrication des nattes.
- artificielles, provenant en grande partie de fabriques allemandes; le rouge cependant est généralement obtenu au moyen d’une décoction d’écorces. Du reste, avant teinture, les lanières sont toujours mises à tremper un jour dans de l’eau douce; le mordant que l’on utilise pour la teinture semble être un sulfate double de fer et d’alumine.
- Le tissage proprement dit se fait de façon primitive, mais curieuse. Le métier, qui est ici du type vertical (fig. 5), comporte deux montants en bois, réunis en haut et en bas par des traverses percées de trous à travers lesquels passent les différents fils de chaîne.
- Ceux-ci sont généralement au nombre de 69 au maximum ; ils sont' formés de ficelles presque lou-
- les lisses) de repousser l’une des nappes de fils de chaîne en attirant l’autre. Le travail de tissage s’effectue à deux, et la lanière de jonc est poussée entre les deux nappes de fils, dans l’angle fait par elles, à l’aide d’un long bâton plat en bambou, portant une encoche à son extrémité. C’est dans cette encoche que le bout de la lanière est fixé; il est passé en travers des fils de chaîne, puis y est maintenu par la pression exercée par le peigne du tisseur ; le second ouvrier, ou plutôt l’ouvrière, retire alors à elle le bâton-navette, qui ne porte plus rien à son extrémité. Nous n’avons pas besoin de dire que ce mode de tissage est fort lent. On fait une boucle à une des extrémités de la lanière, alternativement à droite ou à gauche ; les bouts de lanière restant en
- p.137 - vue 141/647
-
-
-
- 138 - .. -. — ÉTOFFES ARTIFICIELLES
- dehors de l’alignement des fils de chaîne latéraux sont coupés pendant que la natte est sur le métier, et avant enroulement, sur une sorte d'ensouple, de la portion fabriquée. Le travail d’une équipe d’un homme et d’une femme est de 8 à 9 m. par jour.
- On travaille aussi au métier horizontal, mais dans des conditions tout analogues.
- 11 y a là une industrie très curieuse par les procédés mêmes qu’elle emploie; elle arrive à des Irais
- de production très réduits, par suite du faible prix de la main-d’œuvre; il est bien certain que le jour où celui-ci se relèvera, on devra modifier la fabrication et la rendre plus rapide. Le pittoresque y perdra, il est vrai. En tout cas, dès maintenant, l’exportation des nattes dites du Tonkin (et qui se fabriquent plutôt en Annam) représente une valeur annuelle de 2 millions 1/2 de francs.
- Daniel Dellet.
- LES ÉTOFFES ARTIFICIELLES1
- C’est une nouvelle industrie qui naît, analogue à cette de la soie artificielle dont elle dérive : il s’agit de la fabrication d’étollès obtenues directement avec des pâles plastiques à base de cellulose.
- Sans doute, et c’est la conséquence de leur extrême nouveauté, les nouvelles découvertes ne sont pas encore industriellement exploitables. Mais le premier procédé de Chardonnet pour la fabrication des soies artificielles ne l’était pas non plus, et l’on sait quels ont été pourtant les résultats. Pour n’être encore qu’à la période d’essai, la fabrication des étoiles artificielles non tissées n’est pas moins un progrès considérable.
- Une idée de Réaumur. —
- Vers le milieu de l’avant-dernier siècle, le savant de Réau-mur, après avoir exposé le mécanisme de la fabrication de la soie naturelle par la chenille du bombyx, écrivait : « La soye n’étant qu’une gomme liquide qui se dessèche, ne
- pièce d’étoffe d’une espèce bien particulière; elle seroit de la même matière que nos tissus soyeux et ne seroit point tissuë; elle aurait des qualités qu’ils ne seau raient
- avoir, seroit impénétrable à l’eau et à toute humidité, seroit légère et forte... aurait. un très grand éclat. )) Or, celle autre conception de Réaumur s’est également réalisée; nos pellicules de celluloïd sont des feuilles de vernis soyeux solidifié. Pourtant, (dles n’ont pas les propriétés que prévoyait le savant. C’est que dans les tissus, non seulement les fils peuvent glisser les uns sur les autres, mais il existe de nombreux endroits évidés qui donnent à l’étoffe ses propriétés de plasticité et d’isolation thermique. Aussi dans la réalisation pratique de la proposition de Réaumur, a-t-on associé la feuille pellicule à des étoffes tissées : c’est le cas pour certains lainages imperméables formés d’une mince feuille de
- sT/ouvemenl alternatif' ^"
- Fig. l. — Schéma île la fabrication des simili-tissus Millar
- Fig. 5.
- pourrions-nous pas nous-mêmes faire de la soye avec nos gommes et nos résines?2 ». La science moderne ayant permis la fabrication de masses plastiques convenables, l’idée de Réaumur fut réalisée, on sait avec quel succès. Ne s’en tenant pas là, le naturaliste ajoutait : « Une autre idée qui paraîtra peut-être singulière et qui seroit, peut-être praticable, ce seroit de faire avec nos vernis des étoffes qui ne fussent nullement lissuës... qui ne fussent point composées de fils entrelacés les uns aux autres. Imaginons une table bien unie, une glace qui est enduite de vernis soyeux ; imaginons que nous avons en grand sur celte glace ce que nous avons en petit dans les coques de soye.... Ce seroit une
- 1 Voy. La Nature, du 20 juin 1908, p. 38.
- 2 diî Réadmur. Mémoires -pour servir à l’histoire des insectes, Paris, 1734.
- caoutchouc ou de gutta-percha placée entre deux tissus qu’elle réunit et rend « impénétrables à l’eaù ».
- Fabrication d’étoffes à fils adhérents. — Les pâtes cellulosiques servant à la fabrication des soies, étant très visqueuses, on utilisa cette propriété pour réunir et agglomérer, en une sorte d’étoffe, les fils déjà produits. On conçoit qu’un tel procédé, s’il est fait avec des dispositifs mécaniques convenables, remplace économiquement le tissage. Les Vereinigte Kunstseide Fabri ken 1 réunissent des fils de soies artificielles, parallèlement et côte à côte, comme dans les chaînes ourdies des tissages; puis le ruban ainsi formé est recouvert de la même pâte qui servit à la fabrication des fils. On coagule et imperméabilise ensuite cette sorte de colle par les procédés usités
- 1 Brevet français 363 782.
- p.138 - vue 142/647
-
-
-
- ÉTOFFES ARTIFICIELLES
- 139
- habilooilement. La solution cellulosique peut être additionnée de colorants, de matières pulvérulentes, dans le but de teindre ou de délustrer le ruban obtenu.
- Mais la lilalure préalable et l’opération suivante constituent des complications ; de plus, le produit obtenu n’est qu’une sorte de pellicule; l’américain Millar obtient d’une façon différente de véritables étoiles ayant absolument l’aspect des tissus et, se prêtant à une plus grande variété d’ell'ets. 11 emploie le dispositif usité dans toutes les usines de soies artificielles : le collodion ou la dissolution de cellulose sous l’intluence d’une forte pression (26 à 40 atmosphères) passe dans des tubes capillaires (filières). Mais au lieu de soumettre le fil formé à l’action des différents bains (coagulants, dénitrants, de lavages), et de le recueillir ensuite sur une bobine, il le fait déposer sur une surface plane mobile, de telle sorte que les soies y prennent la forme de zigzags (fig. 2) qui, en se recouvrant et s’entremêlant, constituent un réseau (lig. 5). Or, l'opération ayant lieu avec une vitesse suffisante et dans une atmosphère suffisamment hygrométrique, les fils restés plastiques adhèrent entre eux aux endroits de contact : ils forment une véritable étoffe.
- Millar reçoit les fils sur un tablier sans fin composé d’une matière flexible à surface lisse et, non adhérente (de la toile cirée, par exemple), d’une longueur de dix mètres au moins, supporté par des tambours tournant lentement (lig. 1). Les filières sont placées au-dessus, elles sont réunies en un ou plusieurs groupes mobiles dans le sens transversal et mues mécaniquement par la même
- Fig. G. — Schéma <b l’appareil Drouinat.
- nouvelle méthode certainement, plus élégante. Il n’v a plus formation de fil, niais transformation immédiate de la pâte plastique, en étoffe. L’originalité du procédé consiste en un système de filière « caractérisée par ce fait que la matière sort en nappe mince et continue, d’épaisseur uniforme ou non, et qu’elle est immédiatement divisée par un obturateur mobile glissant sur cette filière » (fig. 0).
- On conçoit, en effet, qu’une « filière » en forme, de fente très mince, débite, quand rien ne l’obture, une feuille continue, analogue aux feuilles de celluloïd par exemple; mais si on l’obstrue par une plaque portant, elle-même une fente en dents de scie (fig. 7, 0) et animée d’un mouvement, vertical de va-et-vient, la course étant,
- égale à la hauteur des dents, on obtiendra une feuille ajourée (fig. 7, K). De même un autre obturateur de la forme ci-contre (fig. 8, 0), et agissant de la même façon, produira le réseau, composé d’éléments s’entrecroisant à angles droits (fig- 8, E).
- En employant une série d'obturateurs différemment ajourés, on obtiendra des combinaisons differentes de simili-tissus analogues aux toiles, tulles, tresses, etc.
- Evidemment, pour qui sait, la difficulté que l’on éprouve à filer les solutions cellulosiques (forte pression qu’il faut exercer sur la masse visqueuse, diamètre microscopique des filières, où le moindre grain de poussière, la plus infime bulle d’air, amène l’arrêt ou la casse du fil), le procédé Drouinat ne paraît pas praticable : la pellicule sortant de la fente serait certainement percée de nombreux trous, pleine d’irrégularités. Mais on ne peut
- ,|LuuujmuuU| IrTTTTirnnnnl
- Fig. 7. Fig. 8. 1
- Mécanisme de la formation des étoffes Drouinat. — F, litière; O, obturateur; E, étoffe.
- commande que le tablier; des dispositifs ad hoc permettant de régler à volonté les vitesses et les périodes de chaque élément. On peut, ainsi obtenir un grand nombre de combinaisons (fig. 5, A et 5). Finalement,, on lamine le tout pour mieux assurer l’adhérence des fils, puis l’étoffe est soumise aux différents traitements (lavages, séchages), usités dans la fabrication des soies artificielles.
- Il est possible de recevoir les fils formés sur un léger tissu recouvrant le tablier récepteur; ils adhèrent à l’étoffe en y formant des sortes de broderies.
- Procédé Drouinat. — Quoique les « simili-tissus » du brevet Drouinat1 soient analogues à ceux de Millar, ils sont obtenus non seulement par d’autres moyens, mais par une
- 1 Brevet français 568 393.
- nier que, théoriquement, l’idée soit très intéressante.
- Il ne faut pas douter d’ailleurs qu’elle ne puisse être perfectionnée : ne pourrait-on, par exemple, traiter une feuille mince de viscose ou de collodion, obtenue par laminage, dans des machines à cisailler et ajourer du genre de celles employées à la fabrication de grillages métalliques (métal déployé) avec des feuilles de tôle?
- Quel est l’avenir réservé aux étoffes artificielles? Il serait imprudent de vouloir, dès aujourd’hui, le prophétiser ; nous ne sommes en présence que d’essais de laboratoire. Mais si le succès vient définitivement couronner les efforts des chercheurs, on pressent qu’une véritable révolution puisse se produire dans l’une des anciennes industries humaines, restée jusqu’ici la plus fidèle à ses antiques traditions. A. Chaplet.
- p.139 - vue 143/647
-
-
-
- 140
- = =====
- LES PUITS-AUX-ÉTOILES DES ALPES-MARITIMES1
- Les ravins des collines aux environs de Nice, présentent trois stades d’érosion récente et assez puissante, à travers les poudingucs du pliocène. Les vallées (plus longues), dont l’origine actuelle est dans les calcaires jurassiques, traversent généralement les couches en question, par des gorges de quelques centaines de mètres à 2 km au pins d’étendue, avec parois très rapprochées, verticales et souvent surplombantes dans le bas, liantes de 50 à 40, tout au plus de 100 m. Le vallon Obscur du torrent de Saint-Sylvestre est un exemple assez c onnu d’u n e a Klamme » semblable, à fond peu incliné, en forme de corridor ; mais les cluses du Magnan, bien plus larges et aujourd’hui en grande partie parcourues par une route, présentent sur une plus vaste échelle les mêmes caractères; et celles du Pa-raire, affluent du Var qui descend du mont Férion (1415 m.) et du plateau de Levons, sont encore plus importantes quoique très étroites, au point qu’on ne pourra les parcourir qu’en marchant dans l’eau.
- Un second type de ravins nous offre l’exemple d’un alfouillement également profond, à pente faible et continue, mais à déblaiement imparfait. Le vallon de Dounaréu, qui débouche, sous le nom de vallon de Roguet, dans le Var en amont de la station de Colomars, nous en offre l’exemple le plus
- 1 Dans un article plus général sur les gorges des Alpes-Maritimes. (Yoy. Bull, de la secl. des Alpes-Maritimes du Club Alpin Français, vol. XXII, p. 30, 37), j’ai traité plus brièvement le même argument. Outre les travaux de MM. Ciiam-iîrun de Rosemont et Desor, que j’y ai cites, il y a lieu de consulter aujourd’hui, pour ce qui est de la géologie, la i'euille 225 (Nice) de la carte géolog. de France au 1 : 80 000°, et les études importantes dont les noms suivent : les rnouve-
- frappant (fig. 1). La gorge y est interrompue par trois tunnels naturels, où l’eau s’est creusée une voie à travers les couches d’argile tendre, sans compléter le creusement des poudingues dures. Sauf parfois après de forts orages, on peut traverser assez facilement ces tunnels. A l’entrée de la gorge relativement très longue du vallon de Lingostière, en aval de Colomars, un accident analogue nous a paru être d’une origine différente : le tunnel naturel y seml.de résulter, non d’un creusement imparfait des couches dures, mais d’une obstruction postérieure d’une partie de la gorge par les dépôts, accumulés à la longue, d’une source incrustante.
- Enfin le troisième type, le plus remarquable et le plus rare des trois, est caractérisé par les Puils-aux-Etoi-les(tina ou trueia de H stela, en niçois), ainsi nommés parce qu’on y voit les étoiles plus tôt et plus longtemps qu’au dehors, sinon à midi. Le creusement des poudingues durs y est si imparfait qu’il s’arrête à une sorte d’énorme marmite de géants, avec ou sans cascade [persistante, mais généralement ouverte en aval dans une gorge très étroite, plus sinueuse et plus inclinée que celles dont nous avons parlé. On trouve de ces puits dans tous les stades d’âge et de creusement, jusqu’à de vraies miniatures; sur les flancs du vallon de Magnan, j’en
- ments du sol et les différentes lignes de rivage des temps pliocènes et quaternaires sur la côte niçoise, par le commandant Caziot (Annales Soc. des Lettres, etc., des Alpes-Maritimes, t. XX, p. 187) ; Nouveaux gisements pliocènes, etc., sur la côte des Alpes-Maritimes, par E. Caziot et E. Maury (Bull. Soc. géologique de France, 4e série, t. VII, p. 72), et tous les beaux travaux du D1' A. Guébhard dans le Bulletin de la Société géologique.
- p.140 - vue 144/647
-
-
-
- PU1TS-AUX-ÉTOJLES DES ALPES-MARITIMES ====: 141
- Fig. 2. — Puils-aux-Étoiles près de Saint-Isidore.
- ai aussi vu dont la rigolo d'issue était si peu développée ou s’était tellement obstruée, qu’on ne pourrait y pénétrer qu’à l’aide d’échelles, tout comme dans des avens. Par contre, le plus grand et le plus connu des Puits-aux-Etoiles, celui du ravin de Ven-labren, qui débouche dans le Magnan entre le littoral et le hameau de la Madeleine, a 7 à 8 m. de diamètre à la base, et des parois surplombantes ou au moins verticales de 55 m. de haut. Son ravin d’issue, qu’un homme seul, même peu obèse, ne peut guère parcourir qu’en frôlant les parois, est trop sinueux pour que l’on puisse prendre une vue satisfaisante du fond. J’ai également été dans le ravin supérieur, jusqu’au bord du puits, mais c’est là une course pénible et peu rémunératrice. Un ravin latéral du vallon de Saint-Isidore, à peu de distance à l’est de la station de ce nom, sur la ligne de Nice à Colomars (vallée du Var), renferme un fort beau Puits-aux-Etoiles d’environ 20 m. de profondeur, (pie j’ai pu photographier (fig. 2); inutile de dire qu’il faut se servir pour cela de plaques anti-halo, et exposer très longtemps, même sous les meilleures conditions de lumière. Un troisième puits se trouve bien loin dans le vallon de Magnan, là où commence le cours inférieur, dirigé du Nord au Sud, au pied du hameau de Saint-Roman ; parmi les deux ravins qui y débouchent en cet endroit, celui du Nord-Ouest, parcouru par un ruisseau assez abondant, s’engouffre, un peu en amont du confluent, sous un tunnel na-
- turel, derrière lequel s’ouvre ce puits d’environ 15 m., où se précipite une jolie cascade; le tout est d’un elfet saisissant, mais on ne peut l’apprécier qu’eu marchant dans l’eau jusqu’au fond. Le vallon de Saint-Sauveur, afiluent du Var entre Colomars et Lingoslière, présente deux puits, superposés à une distance relativement petite; les gorges qui y mènent sont assez larges pour qu’on puisse pénétrer sans difficulté jusqu’au pied des cascades, dont l’inférieure surtout est assez jolie (fig. 5). Le vallon de la Mantéga, non loin du centre de Nice, présente une paroi en demi-cercle d’où tombe une cascade; c’est là un Puits-aux-Etoiles dans un stade plus avancé, à gorge inférieure très ouverte, le ravin étant en effet plus important que ceux dont il a été question. Un vrai puits très caractéristique qui s’ouvrait dans la paroi occidentale du vallon et méritait d’autant plus d’égards que son accès était moins fatigant que celui des autres, a été comblé, il y a quelques années, par un entrepreneur en quête de matériaux de construction ; ce vandale y a fait ébouler tout un talus de pierres et de sables, quitte à le déblayer dans un temps plus ou moins long, non sans en avoir irrémédiablement ruiné les contours et la végétation.
- La plupart des Puils-aux-Éloiles ne reçoivent jamais, dans leur fond, un rayon de soleil; l’humi-
- Fig. 5. — Cascade du vallon do Saint-Sauveur.
- p.141 - vue 145/647
-
-
-
- 142 — ... ... BATELLERIE FLUVIALE ET SANTÉ PUBLIQUE —r
- dite continue cl l'absence de vent y maintiennent une, température très égale, et l’air y ressemble à celui des caves ou des cavernes peu profondes. Alors que dans les gorges encore accessibles au soleil, la végétation est vraiment exubérante, au point que les ronces surtout forment des massifs absolument impénétrables, qui rendent inaccessible toute une
- partie1 du vallon de Saint-Isidore, tout s’arrête là où le soleil ne pénètre jamais. Vers celte limite, on voit encore de gracieuses fougères : capillaires de Vénus, doradilles, scolopendres et autres espèces, parmi lesquelles le rare pteris cretica; plus bas encore, des mousses soldes revêtent les parois humides.
- F. Mau nu.
- BATELLERIE FLUVIALE ET SANTÉ PUBLIQUE
- Nous avons déjà attiré l'attention dans La Nature (n° 1709, 24 février 1900, p. 200) sur toute l’importance de la batellerie lluviable dans la dissémination de certaines maladies. On se rappelle, comme nous le signalions dans l’article auquel nous faisons allusion, que si, en 1905, nous avons échappé à une épidémie de choléra qui était imminente, nous le devons en somme à peu près totalement aux mesures draconiennes prises en Allemagne sur tout le réseau des voies navigables. On trouvera dans ce même article l’indication des mesures pi’ises par nos voisins, et que nous avions empruntée à une étude des l)rs Chantemesse et Borel. M. Chantemcssc vient tout récemment (Académie des sciences, G juillet) de faire à ce sujet, avec M. Pomès, une nouvelle et importante communication. Elle explique admirablement le mécanisme de la contagion batellière et attire vivement l’attention sur un péril qu’il est urgent de combattre. Nos lecteurs nous sauront sans nul doute gré de reproduire ci-dessous, à peu près in extenso, la communication des savants auteurs, dont nous avons déjà publié le résumé en son temps.
- « I. Lorsqu’une maladie transmissible, disent MM. Clian-temesse et Pomès, éclate sur un des innombrables bateaux fluviaux, péniches, chalands, etc., qui sillonnent les canaux de France, personne n’est chargé de s’occuper de la contagion que le marinier sème çà et là, à travers le territoire, et personne ne s’en occupe.
- « La loi d’hygiène de 1902 a oublié la batellerie fluviale.
- « Et cependant ces maisons flottantes constituent des types d’habitations insalubres plus dangereuses que tout autres, puisque leur mobilité les soustrait à l’observation el aux mesures de prophylaxie. Dans la transmission des maladies contagieuses, leur rôle est considérable et inapprécié
- « Comment a été importée la scarlatine qui pendant tant de mois a ravagé Paris? On l’ignore. Voici cependant un cas où, à travers les méandres des canaux du nord de la France, la scarlatine a cheminé tranquillement, à l’insu de tous, de Belgique à Paris. La péniche qui portait les malades s’est arrêtée successivement sur plusieurs quais de la grande ville; elle a reçu à son bord, sans que personne se doute de la présence de la maladie, des visiteurs, des ouvriers qui déchargeaient le charbon, des fournisseurs, etc., et son équipage fréquentait un débit de boissons où un enfant n’a pas tardé à être frappé de scarlatine....
- « Le bateau en question s’appelait La Vague. Il était monté par cinq personnes et, au mois de mars dernier, il apportait du charbon de Rouen à Paris. Pendant son voyage il s’était arrêté à l’île Saint-Denis, où séjournent beaucoup de péniches. Ses habitants étaient allés rendre visite à une autre famille de mariniers montant la péniche Le Nabab où la scarlatine sévissait. Ce second bateau venait de Béthune, mais il n’avait pas été infecté à son
- point de départ. Il avait rencontré dans sa course, à Crèvecœur (Oise), un troisième chaland, La Ligue, qui portail la scarlatine depuis Charleroi et «qui la lui a communiquée.
- (( Dans ce cas comme dans d’autres faits de maladies transmissibles, la scarlatine a pu se répandre clandestinement par la faute des mariniers que la loi n’oblige pas à une déclaration de maladie contagieuse el dont la première préoccupation est d’éviter toute visite administrative.
- « Pendant le séjour du bateau à Paris, au quai des Grands-Augustins, le médecin appelé a imposé presque la désinfection. On a passé à l’étuve municipale quelques objets de literie; mais dès le lendemain malin, pour se soustraire à toute visite importune, le bateau fuyait et allait s’amarrer plus loin...
- (( Habitations insalubres où les maladies importées se renforcent et se multiplient, tel est le caractère de ces bateaux.
- « 11 suffit d’en visiter quelques-uns pour se convaincre, ils présentent d’ordinaire un tonnage brut de 5U0 à 400 tonnes el ils portent en moyenne cinq à six personnes : père, mère, trois ou quatre enfants et un pilote. Au logement sont réservées trois cabines, deux très petites à l’avant et à l’arrière pouvant à peine contenir un lit, et une cabine centrale mesurant, dans les grands bateaux, une longueur de 5,50 m. sur une hauteur de 2 m. el une largeur de 5,50 m. Cet espace exigu contient deux lits où toute la famille prend place; deux chaises, deux armoires, une table. 11 sert à la fois de cuisine, de salle à manger, de salle de réunion, de dortoir.
- « Aux conditions défectueuses d’une telle promiscuité, s’ajoute, pour favoriser l’éclosion des maladies, l’action dû froid et de l’humidité. On conçoit quel terrain de propagation y rencontre la venue d’une maladie transmissible.
- « III. Le danger de ces habitations insalubres s’accroît par le fait des périodes de chômage que subit la batellerie chaque année. La principale de ces périodes se montre en été et dure de quelques jours à quelques mois. A ce moment les bateaux s’agglomèrent en divers points et en nombre variable. Aucune règle spéciale ne préside au choix des lieux de chômage et ne permet la préparation de mesures de prophylaxie. Beaucoup s’installent au hasard près des écluses de certains canaux; d’autres se rendent à des stations plus importantes, par exemple à Douai, Béthune, Lille, Valenciennes, Rouen, Pontoise, Conflans.Là les bateaux s’assemblent au nombre de 800 à 1500. Encore ce chiffre varie-t-il chaque année; l’écluse de Pontoise a été presque délaissée en 1908. Quelques-unes de ces stations sont assez fréquentées pour que l’initiative privée y ait créé des écoles spéciales, où les enfants des mariniers ne sont pas en contact avec les enfants indigènes. Telle est l’école de Mlle Fanion, à Pont-Aventin.
- p.142 - vue 146/647
-
-
-
- = ACADEMIE DES SCIENCES . --- 143
- « On comprend quel terrain fertile les maladies infectieuses rencontrent dans ces agglomérations. Si certaines municipalités s’occupent de l’hygiène de ces bateliers, la plupart s’en désintéressent et ce qui se passe sur les bateaux est ignoré. Les mariniers redoutent la venue des médecins qui, au nom de l'hygiène, pourraient venir s’immiscer dans leurs a flaires. Ils dissimulent leurs maladies et ils deviennent eux-mèmes victimes du sentiment qu’ils ont ressenti et qu’ils inspirent à leur tour. Beaucoup nous ont fait la confidence des difficultés qu’ils éprouvent à trouver un médecin lorsqu’ils en ont besoin. Des bateliers installés à Suresnes ou au Port-à-1’Anglais sont réduits à chercher jusqu’au centre de Paris des médecins qui ont la réputation de venir, quand ils sont mandés, le jour et la nuit à leur bord.
- « IV. Les faits que nous venons de citer montrent que l’hygiène de la batellerie fluviale se meut en dehors cl à côté de la loi de 1902. Cette loi qui a oublié les mariniers des fleuves et des canaux doit revenir vers eux.
- « Quelques mois nous séparent à peine de l’époque où les grands navires français et étrangers ayant pénétré dans nos ports de commerce, après avoir reçu libre pratique du service de la Santé, se livraient à leurs occupations, indépendants désormais du service de la Santé qui avait prononcé sur eux et du service d’hygiène de la municipalité, qui ne considérait pas ces navires comme des habitations faisant partie de la ville. Une maladie contagieuse (variole, scarlatine, etc.) pouvait se déclarer et évoluer à bord, contaminer le personnel, les ouvriers, les visiteurs, sans que personne s’en occupât et fût chargé de s’en occuper. Après l’épidémie de Dunkerque, où la variole fut apportée en ville par un bateau venant d’Oran, l’un de nous obtint la prise d’un décret qui désormais maintient sous la surveillance du service de la Santé les navires pendant toute la durée de leur séjour dans le port. Le capitaine est chargé de signaler au directeur de la Santé tout cas d’apparition de maladie fébrile à bord.
- « Ce décret a déjà donné d’excellents résultats; c’est
- pourquoi nous demandons que des mesures analogues soient prises à l’égard de la batellerie fluviale.
- « V. En 1905, au moment où le choléra pénétrait le long des canaux de la Prusse orientale, la loi allemande imposa aux patrons des radeaux ou chalands l’obligation d’arborer un drapeau jaune chaque fois qu’ils avaient un malade à bord et de subir des visites médicales et prophylactiques à leur passage à travers certaines écluses.
- « Ne pourrait-on pas instituer des mesures prophylactiques semblables pour les cbalands qui portent des ma: lad.es le long des canaux de France? Une surveillance} médicale serait facile à organiser dans les régions où s’agglomèrent les bateaux pendant le chômage et dans les grands ports comme celui de Paris, où stationnent les péniches. Elle rendrait des services précieux aux mariniers autant qu’aux citadins.
- « En tète de ces mesures doit se placer la plus importante de toutes, celle qui est réclamée depuis longtemps par tous les hygiénistes et par tous les médecins, celle qui seule permettra la déclaration généralisée et la lutte efficace contre les maladies transmissibles, c’est-à-dire la modification de la loi de 1902, afin que non seulement le médecin soit tenu à la déclaration obligatoire de certaines maladies, mais avec lui le chef de famille ou le logeur.
- « A cette modification devra se joindre une organisation de la surveillance hygiénique de la batellerie fluviale qui fait encore défaut et dont la nécessité nous a inspiré ce travail. »
- Reste à savoir seulement si nos bateliers — dont la situation juridique souvent peu facile à déterminer crée déjà tant de difficultés —se soumettront de bonne grâce à une réglementation efficace, c’est-à-dire sévère. Qjn supporte mal en France toutes les mesures qu’on peut taxer d’inquisition, et si les beaux efforts des hygiénistes restent cette fois encore sans résultat, ce ne sera pas une nouveauté que de voir notre conception souvent un peu basse des droits de l’individu se mettre en travers du progrès social. Dr Ouadé. 1
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 27 juillet 1908. — Présidence de M. Bouquet de la Grye.
- La dispersion de la lumière dans le milieu interstellaire. — M. Bigourdan résume une Note de M. Stein relative à l’explication donnée par M. Lcbedeff du retard que l’on constate dans l’instant du maximum d’intensité des radiations de certaines étoiles variables par rapport aux instants du maximum d’intensité d’autres radiations. Les étoiles pour lesquelles ce phénomène a été observé sont du type d’Algol, c’est-à-dire à éclipses. M. Lebedeff explique les écarts par une action physique de l’atmosphère du satellite sur la lumière de l’étoile principale. M. Stein soutient que l’action du satellite doit être approximativement assimilée à celle d’un disque obscur, de sorte que l’action exercée par l’atmosphère du satellite serait insuffisante pour expliquer les phénomènes observés, phénomènes dont il est d’ailleurs encore nécessaire d’avoir la confirmation.
- Nocivité de graines de fausse vesce. — M. Maquenne analyse un travail de MM. Gabriel Bertrand et Weisvveiller sur la vicianine. Cette substance, découverte en 1906 par M. G. Bertrand dans les graines d’une espèce de vesce sauvage que l’on essayait alors d’utiliser, dans le midi de la France, pour l’alimentation du bétail, est un glucoside
- analogue à l’amygdaline des amandes amères et des noyaux d’abricot. Elle se décompose aisément avec production d’acide prussique et d’aldéhyde benzoïque. Les graines qui en contiennent peuvent donc causer des empoisonnements. Leur usage doit être interdit.
- Les séro-appendices. — M. Joannès Chalin présente une Note de M. ltobinson sur les séro-appendices. Bien étudiés par Malpighi et par Cuvier, ces organes ont été négligés au point de vue anatomique, comme au point de vue pathologique, par les auteurs contemporains; ils offrent cependant un intérêt multiple par leur rapide développement comme par leur vascularisation et par leur adaptation fonctionnelle. Chez les batraciens ils acquièrent une notable importance au point de vue histologique, leurs cellules connectives se chargent de graisse et cette stéatose rèvet des caractères spéciaux : d’une part l’adiposité du séro-appeudicc est indépendante de l’état d’embonpoint du sujet, d’autre part les graisses formées rentrent dans le groupe des lipoïdes et desphos-phatides. Enfin au point de vue physiologique, les séro-appendices sont le siège d’une absorption très intense, dont l’auteur donne des preuves expérimentales.
- p.143 - vue 147/647
-
-
-
- 144 r_...--------= LE SPORT CHEZ LES AVEUGLES
- Spectre du silicium. — M. Lippmunn présente une Note de MM. de Grammont et de Watteville relative au spectre de bandes du silicium. L’un des auteurs a obtenu ce spectre au moyen de l’étincelle électrique oscillante et l’autre au moyen d’une flamme.
- Le 2a crépuscule. — M. Deslandres résume une Note de M. Durand sur le phénomène connu sous le nom de 2° crépuscule. Lorsqu’un observateur placé en plaine regarde une montagne exposée au soleil couchant, il voit l’ombre monter peu à peu du sol le long des flancs de la montagne et atteindre enfin le sommet. 11 arrive quelquefois qu’au bout d’un certain temps la montagne s’illumine tout d’un coup et l’on assiste encore au spectacle de l’ombre montant d’en bas et noyant le sommet. Cette seconde illumination est le deuxième crépuscule ; c’est un phénomène assez rare, mais bien connu, et qui est décrit sous différents noms. L’auteur l’attribue à la réflexion
- des rayons solaires sur les couches atmosphériques situées à 12 000 ou 14 000 m. d’altitude. On conçoit que des conditions atmosphériques spéciales soient nécessaires.
- Une plante sans feuilles. — M. Edmond Perrier dépose une Note sur une plante que M. Geay a rapportée de Madagascar. Cette plante est connue dans l’île sous le nom de folotzy ; elle présente cette particularité de n’avoir point de feuilles, de telle sorte que son aspect ne donne pas l’impression d’un végétal vivant. Le spécimen rapporté par M. Geay a fleuri au Muséum et a été étudié par MM. Costantin et Dois qui en ont relevé les caractères et déterminé sa place dans la classification. Le folotzy renferme un latex résineux qui se coagule très vile en formant une glu dont les indigènes se servent pour enduire des bâtons qu’ils placent sur les arbres pour attraper des oiseaux.
- Ch. m; Vu.LKiiEi'ii..
- LE SPORT CHEZ LES AVEUGLES
- <7es (écoles d’aveugles) du
- Plusieurs blind lloyaume-Uni ont adopté avec un louable empressement l’invention d’un constructeur qui a imaginé
- présentant des courses à pied entre aveugles. Les organisateurs du match avaient disposé la piste de la façon ingénieuse que voici. À intervalles réguliers —
- Le multicycle du Collège d’Aveugles de Norwood.
- le multicycle que. représente notre photographie. Sous la conduite d’un seul voyant, treize aveugles peuvent pédaler à leur aise — sans chercher, toutefois, à battre le record de la vitesse! — et parcourir les campagnes avoisinantes. Comme les paires de roues sont montées sur des axes indépendants, la longue machine peut s’engager sans difficulté dans les sentiers tortueux, dont elle épouse les détours.
- Ce serait d’ailleurs une erreur de croire que le plaisir des sports est refusé aux aveugles. 11 m’a été donné de voir une amusante série de photographies, prises dans un collège de Philadelphie, et qui montraient de jeunes aveugles jouant... au foot-hall!
- J’ai en ma possession d’autres photographies re-
- tous les 50 m., par exemple— une corde tendue entre deux poteaux élevés de 2,50 m. suspendait en travers de la piste des ficelles terminées par un nœud, et formant comme une frange.
- Ces ficelles pendaient à hauteur d’homme. En sentant le contact des nœuds sur son visage, le coureur savait qu’il avait déjà franchi tant d’intervalles. Pour lui rappeler qu’il avait atteint le but, les ficelles de la dernière 1 range étaient plus espacées, et sans nœuds.
- Jacques d’Izier.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris- — Imprimerie Laiiure, rue de Fieurus, 9.
- p.144 - vue 148/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1837.
- LA VIGNE ET LES VINS D’AUSTRALIE
- 8 AOUT 1908.
- Dieu que l’Australie M’occupe encore qu’un rang médiocre parmi les pays producteurs de vin, elle mérite une étude, parce que l’industrie vinicole y a fait, depuis une quinzaine d’années, de très rapides progrès et que, dès aujourd’hui, les vins australiens, produits à bon marché, font concurrence aux vins français sur le marché de Londres. L’Australie, encore arriérée, est un pays de grand avenir. Nos viticulteurs et nos négociants en vins auront profil à connaître ses méthodes et à suivre son développement.
- C’est en 1828 que, pour la première fois, la vigne a été cultivée en Australie, dans la vallée de la Hunier; on avait lait venir des plants choisis de France, d’Espagne et des pays rhénans. Les colonies de Victoria et d'Australie mer id ion ale suivirent rapidement l'exemple de la Nouvelle-Galles du Sud, qu’elles ont fortement dépassée depuis 20 ans. A partir de 1881, le Queensland et Y Australie occidentale entreprirent à leur tour la culture de la vigne que, seule aujourd’hui, la Tasmanie a pres-quc complètement négligée.
- La superficie plantée en vignes a passé, depuis 1861, de 2835 à 25 802 hectares, ainsi répartis : Victoria, Il 568 hectares; Australie méridionale, 8440; Nouvelle-Galles, 3482; Australie occidentale, 1507; Queensland, 805. L’ensemble ne représente que 0,75 pour 100 de l’étendue totale des terres cultivées en Australie (3 400000 hectares, moins de 1/ 200® du continent) ; c’est encore bien peu par rapport à la superficie des vignobles français, qui couvrent 1 750274 hectares (1 588 274 de vignes en rapport et 162 000 de plants nouveaux, non encore productifs). Même l’Algérie, où la viticulture ne date que de 1849, dépasse l’Australie, avec ses 151 780
- 36° année. — 2e semestre.
- hectares de vignes. La vigne est un végétal qui n’a que peu d’exigences pour le sol : elle ne fuit que les terres marécageuses ou salées. Les sols trop sablonneux ne lui conviennent guère non plus et le vin que l’on y récolte est sans couleur et sans bouquet. Les meilleurs terrains pour sa culture sont constitués par un mélange de cailloux, de gravier et de terre légèrement argileuse, sur des pentes modérées où l’eau s’écoule facilement. La potasse et l’acide
- phosphorique sont indispensables. Les fumures trop abondantes seraient plutôt nuisibles. Mais il faut aérer la terre par le sarclage et arracher avec soin les mauvaises herbes.
- Par contre, en ce qui concerne le climat, la vigne a des exigences très sévères. 11 lui faut un hiver doux, bien qu’elle supporte — \ 5° à l’état de repos, du soleil et de la pluie au printemps, un été et un commencement d’automne ensoleillés et secs. D’après une règle formulée par Boussingault, la période de croissance exige une température de 15° et la période de maturité une température de 19°. Les pluies au moment de la pleine maturité et de la vendange sont extrêmement défavorables. C’est en raison de ces exigences climatériques que la vigne ne dépasse pas 50° de latitude (en Allemagne) ; encore est-elle localisée en des points privilégiés. Le meilleur type de climat est le climat méditerranéen.
- Le sol et le climat de l’Australie sont particulièrement propres à la viticulture.
- L’Australie du S. E. (Nouvelle-Galles et Victoria), du S. (Australie méridionale) et du S. W. (Australie occidentale) abonde en terrains légers, mi-sablonneux et mi-argileux et tout parsemés de graviers granitiques ou calcaires. D’autre part, les grandes vallées
- 10. - 145
- Fig. 1. — Pied de vigne cultivée au moyen de l’irrigation. (Australie méridionale.)
- p.145 - vue 149/647
-
-
-
- 146 r: —.............:--- LA VIGNE ET LES
- (Murray, Murrumbidgee, Lachlan, Darling, Mac-quarie, Hanter) sont tapissées de riches alluvions, où la potasse, les phosphates et la chaux se rencontrent en quantité notable. Enfin, au N. de la Nouvelle-Galles, les vallées du Mac Inlyre, du Na-moi, de la Condamine, du Warrego et du Clarence sont creusées au travers de nappes de basalte, roche dont les propriétés et les avantages sont bien connus.
- Le climat n’est pas moins excellent. Dans toute la moitié méridionale du continent, il rappelle le type méditerranéen. En Australie méridionale et en Australie occidentale, les températures moyennes varient de 19 à 24°; ce sont à peu près celles des grands centres vinicoles de Californie, San José, Los Angeles, Sacramenlo, Riverside (19°-29°). En été le ciel est merveilleusement pur et ensoleillé.
- Deux régions méritent une mention à part. Dans l’intérieur de Victoria, de la Nouvelle-Galles et du Queensland, la sécheresse impose la pratique de l’irrigation, facilitée par l’existence de nombreux puits artésiens1. Les sécheresses périodiques sont le grand lïéau de l’intérieur australien ; outre qu’elles font parfois périr les plants, elles rendent le vin extrêmement variable d’une année à l’autre. D’autre part, la côte orientale de la Nouvelle-Galles, où pour la première fois la vigne a été plantée et sur laquelle on fondait à l’origine de grandes espérances, s’est montrée peu propre à la viticulture, en raison des pluies d’été et d’automne.
- A l’heure actuelle — la Tasmanie, tout à fait sans importance, étant mise à part — les vignobles se trouvent dans l’Australie occidentale (dans tout l’angle S. W., de Geraldton à Albany), dans l’Australie méridionale (régions d'Adélaïde et de Gawler), en Victoria (toute la colonie, sauf les Alpes australiennes, où les gelées tardives sont funestes2), en Nouvelle-Galles (vallées de la limiter, du Clarence, du Murray, du Murrumbidgee, du Lachlan, du Mac-quarie, du Namoi, du Mac Intyre et, grâce à l’eau artésienne, du Darling), enfin dans le Queensland (région de Brisbane, vallées de la Condamine et du Warrego). Les cultures s’étendent de 25 à 59° latitude S.
- La viticulture australienne a un quadruple objet : production du raisin de table, de la confiture et du raisiné, de l’eau-de-vie (brandy) et du vin. Victoria a la spécialité des confitures; le brandy vient de Victoria et de Nouvelle-Galles ; malheureusement la fabrication en est entravée par une législation fiscale tracassièrc. Quant aux raisins de table et au vin ils sont produits partout.
- Le raisin est admirable d’aspect; les grains ont souvent la grosseur d’une prune. Par contre, comme en Californie, et surtout lorsqu’on a employé l’irri-
- 1 Paul Pmvat-Dksciianei.. La pratique de l'irrigation en Australie. La Nature, a0 1714 (31 murs 1906).
- 2 Ou compte qu’en moyenne, sur 5 années, une récolte manque. On combat l’action de la gelée par de grands leux de paille humide, allumés quelque temps avant le lever du soleil.
- VINS D'AUSTRALIE -___________-___t—...._________
- galion, la saveur fait défaut. Depuis 18(51, la production a passé de 2270 à 25 782 tonnes, dont 12 810 pour la seule Australie méridionale. Comme le raisin mûrit dans l’hémisphère austral durant l’hiver de nos pays, on a commencé à l’exporter sur l’Angleterre dans des débris de bouchon granulé. Le voyage dure de 54 à -40 jours. 11 est étrange qu’aucune demande sérieuse n’ait été faite jusqu’ici de Marseille, qui n’est qu’à 28 jours de Frernantle. La valeur totale de la récolte est de 26 019 474 francs. C’est peu à côté de la Grèce, qui exporte pour 22 millions de francs de raisins secs dits raisins de Corinthe (52 millions en 1900).
- La production du vin est la principale occupation, en même temps que la grande ambition des viticulteurs australiens. Ils ont baptis.é leurs vins des noms des grands crûs français, qu'ils1 s'efforcent, avec ténacité, sinon avec succès, de reproduire. Cette ténacité est d’ailleurs fort louable; car les vignobles australiens n’ont pas échappé aux maladies qui ont tant éprouvé nos pays, h’oïdium, le rnildew, le black-rot (antrachnose) et surtout le phylloxéra ont causé, depuis 50 ans, de grands ravages. L’oïdium est victorieusement combattu par le soufrage et le black-rot au moyen de la bouillie bordelaise-, mais le phylloxéra a nécessité l’arrachage d’un grand nombre de pieds de vigne et leur remplacement par des plants américains. Les gouvernements, représentés par tout un service d’inspection- agricole, se montrent très sévères. L’importation des vignes en racines est rigoureusement interdite. Ces précautions ont empêché le phylloxéra de pénétrer en Australie occidentale.
- La quantité de vin produite a, depuis l’origine, augmenté d'une manière constante et rapide. En 1861, elle ne dépassait pas 20199 hectolitres; en 1901, elle a atteint 255 908 hectolitres, pour monter, en 1904, jusqu’à un million d’hectolitres fournis surtout par l’Australie méridionale (40 pour 100) et par Victoria (58 pour 100). C’est encore bien peu en comparaison de ce que fournissent les grands pays producteurs : France (04 millions d’hectolitres valant 991 millions de francs), Italie (55 000000), Espagne ( 15 000 000), Autriche-Hongrie ( 14 000 000j, Algérie (6 000000), etc. Dans l’ensemble, l'Australie ne représente que 0,14 pour 100 de la production mondiale. Mais ce qui doit attirer l’attention, c’est la rapidité extraordinaire de l’augmentation : la production australienne a plus que quadruplé entre 1901 et 1904.
- Le rendement moyen de l’hectare est de 21 hectolitres (France : 22). C’est presque le même rendement dans les deux pays ; mais on l’obtient beaucoup plus économiquement en Australie.
- L’exportation, sans être encore considérable, n’est pas négligeable. En 1881, elle ne dépassait pas 956 hectolitres, valant 162 442 francs. Elle atteint aujourd’hui 57 885 hectolitres (18 000 pour l’Australie méridionale, 15 452 pour Victoria), valant 2 857 780 francs. 11 convient de noter, à titre de
- p.146 - vue 150/647
-
-
-
- - LA VIGNE ET LES VINS D’AUSTRALIE =:
- comparaison, quo la Franco experte pour 212 millions de francs, l’Italie et l’Espagne pour 75 chacune, le Portugal pour 55, l’Autriche-llongrie pour 55. Les ports ausl râlions exportateurs sont Sydney, Melbourne, Porl-Adélaïde et Frernantle et la presque totalité des expéditions est faite sur Londres ou Southampton.
- Les progrès de l’Australie sont dus en grande partie à l’intervention active de l’Étal. Le fait est digne de remarque ; car l’étatisme des gouvernements australiens a produit, en ce qui concerne la culture de la canne à sucre et l’industrie sucrière, des résultats déplorables.
- L’action utile de l’Etal s’est manifestée sous différentes formes.
- 11 existe dans toutes les colonies un enseignement agricole donné dans des écoles spéciales, comme le llawkesbury A g rien I tarai College de Nouvelle-Galles ; des pépinières officielles d’essai et d ’ acclimatation ; des fermes expérimentales ; des i inspecteurs de l’agriculture; un service d’inspection sanitaire, qui examine tous les produits avant qu’ils soient reçus sur les marchés locaux ou exportés. Ce service d’hygiène comprend dans certaines villes un laboratoire d’œnologie. Le personnel est excellent : un grand nombre de hauts fonctionnaires, diplômés du Collège royal d’agriculture de Cirencesler (Angleterre) ont résidé sur nos vignobles français et travaillé dans nos laboratoires.
- En outre, les lois relatives à l’acquisition des terres favorisent beaucoup l'établissement des colons et particulièrement des viticulteurs. L’Australie occidentale possède à cet égard la législation la plus parfaite. Des lots maraîchers et fruitiers de 2 à 20 hectares sont vendus par l’État -— propriétaire de toutes les terres coloniales vacantes, dites terres de la couronne — à raison de 65 francs l’hectare. Un dixième seulement est payé comptant; les neuf autres dixièmes sont acquittés en 5 ans, en 6 paiements semestriels ne portant pas intérêt. Dans les 5 ans la propriété doit être clôturée et un dixième cultivé en vignes, fruits ou légumes.
- Un autre type de concession de terres est encore plus avantageux : ce sont les fermes gratuites.
- ~ 14 7
- 64 hectares sont donnés par l'Etat à la seule condition que le colon, au bout de 7 ans, ait clôturé son domaine et en ait mis un quart en culture. C’est alors qu’un titre définitif de propriété est remis au concessionnaire. Nulle part au monde on ne trouve une législation aussi libérale. 11 convient pourtant d’ajouter que, dans les régions forestières, très nombreuses, le défrichement coûte cher.
- 'Beaucoup de viticulteurs, surtout en Australie méridionale, sont des Français ou des Allemands. Parfois ils font venir des contremaîtres d’Europe. Mais ils utilisent toujours la main-d’œuvre locale. Les salaires, comptés à la semaine, sont de 25 francs, nourriture comprise, ou de 44 francs, sans nourriture.
- La sollicitude des gouvernements se manifeste aussi d’une manière très originale, inspirée par les théories élatisles qui prévalent en Australie. C’est
- ajuste titre qu’ils se préoccupent de remédierai] principal défaut des vins australiens ; ceux-ci, par suite de l’irrégularité du climat, sont extrêmement variables d’une année à l’autre; l’acheteur ne peuljamaiscomp-ler sur une qualité donnée ; souvent il accuse de mauvaise foi son fournisseur, pourtant tout à fait irresponsa ble. D’autre part, les petits viticulteurs ont des installations insuffisantes pour la fabrication du vin et manquent fréquemment de caves installées dans de bonnes conditions. Pour remédier à ces divers inconvénients, certains gouvernements ont songé à faire pour le vin c|j. qui a été fait avec succès pour le beurre, souvent fabriqué aujourd’hui dans des beurreries officielles. Au*reste on n’avait sur ce point qu’à suivre l’exemple de la Californie. Dans l’Australie occidentale, on a établi des vineries (wineries) ou usines de vinification gouvernementales. En Victoria, l’Etat commandite des vineries coopératives ou garantit à des Sociétés privées un intérêt de 5 pour 100. Partout ce système va être imité. Les petits cultivateurs portent leur récolte aux hangars de fermentation et sont payés comptant. De là, les moûts sont transportés à l’usine, placée sous la direction d’un expert qualifié et pourvue, avec l’installation la plus moderne, de caves parfaitement agencées. Dans chaque district, en combinant les diverses qualités de raisin, on fabrique deux ou trois types de vin (rouge, blanc,
- Jêeyions' vz/tzcoles 11IIIM Jîéjdonrf de/ jpxuide' prwdiuuùms
- Fiu;. 2. — Carte vinicole de l’Australie.
- p.147 - vue 151/647
-
-
-
- NEW-YORK A VOL D’OISEAU
- 148
- tx
- liquoreux), pas davantage; mais ces types sont invariables. Ce système, qui abaisse considérablement le prix de revient, présente sans doute un inconvénient : l’individualité des vins est supprimée. Mais un caractère général constant vaut mieux qu’une individualité qui varie chaque année. Une pareille organisation devra seulement être complétée par l’installation d’un dépôt central d’exportation dans un grand port.
- C’est à peu près ce qui a été réalisé dans l’Australie méridionale, où le socialisme d’Etat règne souverainement. On voit, sur le quai maritime de Port-Adélaïde, un vaste hangar de bois et de tôle ondulée. C’est le magasin d’exportation gouvernemental. Le vin, envoyé par les producteurs, est goûté par le professeur spécialiste du Collège d'agriculture. S’il est reconnu bon, il reçoit l’estampille officielle; puis il est envoyé à Londres, où il est emmagasiné dans un local loué par la colonie. Des échantillons sont prélevés et exposés dans les bureaux de l’agent général de lLVustralie méridionale, qui
- fait ainsi l’oftice d’un représentant de commerce officiel. Conception peu française, mais singulièrement pratique, du rôle d’un agent diplomatique et consulaire !
- A se l'aire ainsi commerçant, l’Etat perd. Sa conduite s’explique par des considérations politiques et électorales. Mau il est de fait que les petits producteurs de l’intérieur évitent de la sorte bien des soucis et des dépenses et se montrent fort satisfaits.
- Quand l’Australie aura développé son vignoble, qui s’accroît rapidement chaque année, quand elle aura réussi à fixer les caractères et à perfectionner la qualité de ses vins, elle conquerra sans aucun doute, grâce au faible prix de revient de ses produits, une place importante sur le marché de Londres. Certes, elle ne pourra pas de longtemps, elle ne pourra peut-être jamais, lutter contre nos vins de premier ordre. Mais il faut prévoir de sa part une concurrence sérieuse en ce qui concerne les vins inférieurs et moyens. Paul Privat-Desciianel.
- NEW-YORK A VOL D’OISEAU
- Suspendu à 200 in. au-dessus du pavé new-yorkais, perché sur une étroite plaque de fer d’où un faux mouvement le précipiterait dans le vide, le jeune ouvrier put se vanter, dans la fraction de seconde où fut prise cette photographie, d’avoir vu s’étaler sous ses yeux l’une des plus formidables agglomérations humaines qui aient jamais existé.
- Ce remarquable cliché fut pris, en effet, sur le sommet de la New Metropolitan Tower, que l’on achève de construire sur la place Madison, c’est-à-dire au centre même de New-York, et qui sera, avec ses 058 pieds de hauteur, la plus haute maison du globe, exception faite de la tour Eiffel, qui, bien qu’habitée, ne saurait passer décemment pour une « maison ! »
- Et voilà le Singer Building déjà dépouillé de son record, quelques mois après son inauguration ! Avec ses 620 pieds (200 m.) de hauteur, ses 47 étages aériens et ses 5 étages souterrains, le colosse n’est plus qu’une misérable échoppe auprès du dernier venu parmi les ski-scrapers
- qui surplombera sa lanterne de plus de 12 mètres! Surplomber est ici une façon de parler, car, tandis
- que le Singer Building s’élève dans la basse ville, au milieu d’une véritable forêt de maisons géanles qui diminuent, plutôt qu’elles ne font ressortir, ses lignes cyelopéennes, le Metropolitan Building forme bordure sur une des plus grandes places de New-York, dans un quartier que le monde des affaires n’avait pas encore envahi, et où les maisons de plus de dix étages forment l’exception.
- Les choses vont vite, en Amérique. J’ai sous les yeux le rapport d’un architecte-expert de New-York qui écrivait en 1899 :
- « L’art de l’ingénieur ne rencontrerait pas de difficulté matérielle à construire une maison de 50 étages. Mais on peut prédire à coup sûr que le regard de l’homme ne sera jamais offensé par un pareil spectacle.... »
- Comme pour donner le démenti à cet imprudent augure, le Metropolitan Building a précisément — juste
- New-York à vol d’oiseau.
- p.148 - vue 152/647
-
-
-
- LES PETITES MARINES DU NORD DE L’EUROPE ===== 149
- pour le confondre ! — 51 étages. Et, à l’heure où nous écrivons ces lignes, une compagnie loue sur plan les locaux d’un immeuble de 52 étages dont les fondations sont à peine creusées. Voilà qui démontre bien que ces maisons géantes répondent à un besoin réel.
- Malgré la crise économique que traverse l'Amérique, l’activité industrielle et commerciale continue sa marche ascendante à New-York. A l’étroit sur la langue de terre
- de Manhattan, et dans l’impossibilité de s’étendre dans le sens horizontal, la basse ville, centre des affaires, n’a qu’une ressource : gagner en hauteur de maisons ce qu’elle ne peut empiéter en superficie.
- Et, renversant la prédiction citée plus haut, il est peut-être permis de dire que des « gratteurs de ciel » de 80 à 100 étages prolileront leurs silhouettes sur l’horizon de New-York de 1020. V. Foitnis.
- LES PETITES MARINES DU NORD DE L’EUROPE
- DANEMARK, SUÈDE, NORVÈGE
- Dans le grand mouvement qui porte de plus en plus les nations vers la mer et les pousse à s’y assurer une place, l’attention du public est surtout attirée par les efforts énormes de certaines grandes puissances et pas assez par ceux de peuples d’importance moindre, mais dont les tendances maritimes méritent cependant d’être regardées de près.
- C’est ainsi que le voisinage de l’Allemagne dont les lecteurs de La Nature connaissent l’extraordinaire marche vers la maîtrise de la mer, a rejeté dans l’ombre le développement plus modeste, mais
- événements cjui auraient pour théâtre la mer du Nord ou la Baltique, et qu’à plus forte raison, la réunion de leurs llottes serait, pour l’un ou l’autre des adversaires éventuels qui pourront se mesurer dans le voisinage de leurs côtes, un appoint des plus sérieux.
- Ces nations ne se sont cependant pas laissées aller à la mégalomanie et n’ont pas perdu de vue que le seul but auquel leurs ressources et leurs ambitions également limitées leur permettaient d’atteindre, consistait à écarter de leurs côtes le danger d’un débarquement
- très continu, des marines militaires du Danemark, de la Suède et de la Norvège. Ce développement est conçu dans un esprit si pratique, que chacune de ces puissances est à même, ou sera bientôt à même de faire écouter sa voix dans les
- et surtout d’un blocus particulièrement dangereux.
- Aussi n’ont-elles pas donné dans le cuirassé monstre qui aurait dévoré d’un seul coup leur budget maritime et ont-elles consacré leurs elforts à l’étude d’un bâtiment de combat de déplacement
- p.149 - vue 153/647
-
-
-
- 150 — .. _ LES PETITES MARINES DU NORD DE L’EUROPE :: ::::~=:
- moyen, destiné à agir principalement comme garde-côtes, à quelques croiseurs, peu nombreux, et à une llottille imporlanle de torpilleurs qui convient tout naturellement à un littoral llanqué d’une infinité d’iles et creusé de fjords profonds.
- La Suède et la Norvège ayant, comme on le sait, divorcé par consentement mutuel, leurs marines maintenant séparées, n’ont pas encore, peut-être, pris leur position d’équilibre définitif.
- La Suède est celle des trois puissances dont nous nous occupons qui manifeste les intentions les plus étendues. Elle possède dès à présent une fort belle
- une cinquantaine de torpilleurs et un sous-marin du type Holland sont destinés à la défense immédiate des côtes.
- Le budget maritime de la Suède s’élève pour 1908 à 54 500000 francs, en augmentation de près d’un million sur celui de 1907. Les effectifs comprennent 420 officiers, 498 sous-officiers et 5718 matelots. Le cadre des officiers comporte 1 vice-amiral et 1 contre-amiral. Les arsenaux maritimes, au nombre de deux, sont situés à Karlscrona et à Stockholm.
- Un programme de construction qui doit elre sou-
- Fig. 2. — Le cuirassé suédois Dristigheten de 5700 tonnes. (Pliot. Bougault.)
- escadre de 12 cuirassés, dont les déplacements sont uniformément de 5500 tonnes environ, à l’exception d’un seul, le dernier venu, nommé Oscar II, qui en déplace 4270.
- Plus heureuse que bien des grandes puissances, la Suède, n’ayant pas, il est vrai, à faire face à des éventualités très diverses, a réussi à créer le navire type qui lui convient et qu’elle modernise en suivant les lois du progrès, mais en lui gardant toujours ses caractéristiques principales. C’est ainsi qu’elle a pu, en refondant les 5 plus anciens de ses petits cuirassés, les remettre presque à la hauteur des derniers qu’elle a construits.
- Sa flotte cuirassée a donc le grand mérite, si rare ailleurs, d’être presque parfaitement homogène. Elle serait éclairée, en cas de conflit, par 5 petits croiseurs de 800 tonneaux, donnant 20 nœuds.
- Cinq grands destroyers très rapides (52 nœuds),
- mis prochainement aux Chambres permettrait au gouvernement Suédois de compter pour l’année 1914 sur une flotte composée de : 12 cuirassés de
- lre classe, 5 de 2e, 6 de 5e, 1 croiseur cuirassé, 19 contre-torpilleurs, 46 torpilleurs et 9 sous-marins.
- On voit que la marine suédoise sera à cette époque une de celles avec qui il faudra compter. Peut-être même ne faudrait-il pas attendre jusque-là.
- La Norvège se tient à un rang plus modeste. Elle possède seulement 4 petits cuirassés de 5600 tonnes, lancés en 1897 et 1900, mais très bien conçus pour le genre d’opérations qu’ils auraient à entreprendre. Ils seraient appuyés pour la défense dés passes du Skager Rack par 4 monitors et une flottille de 4 destroyers et 40 torpilleurs.
- Le budget de la marine norvégienne se monte pour 1908 à 8185 000 francs. L’effectif est de
- p.150 - vue 154/647
-
-
-
- LES PETITES MARINES DU NORD DE L’EUROPE
- = 151
- 179 officiers pour un millier d’hommes employés en permanence et que compléterait, en cas de guerre, une nombreuse réserve. îiorlen et Christiansand sont les deux ports de guerre.
- Dans ces deux marines l’entraînement est poussé à un très haut degré. Les navires armés sont constamment tenus en haleine par des manœuvres dans les canaux resserrés et difficiles qui bordent les cèles des deux pays.Les questions d’artillerie et de torpilles reçoivent une attention toute particulière.
- Les Danois, nous ditle commandant de Balincourt4, « possèdent, de toutes les choses de la mer, un
- déplacements varient de 2500 à 5500 tonnes et dont 5 seulement peuvent passer pour des batiments modernes. Cette escadre est complétée par 5 petits croiseurs, 25 torpilleurs et 1 sous-marin. 11 y a en outre 10 petits torpilleurs destinés à être embarqués.
- Le budget consacré à la marine de guerre est de 11 555 000 francs pour 190X. L’effectif comprend 170 officiers de tous grades pour 7000 matelots. Le chef de la marine, commandant l’escadre, est le contre-amiral prince Yaldemar. L’arsenal maritime est placé à Copenhague.
- Chacune des trois puissances, dont je viens de
- Fig. 3. — Matelots Danois en instruction, (l'hot. Chusseau-Flaviens.)
- amour poussé à l’extrême; ils ont su faire, avec un matériel ordinaire, une marine de premier ordre, surtout à cause de la méthode parfaite qu’ils mettent en toutes choses.
- « Leur mobilisation et leur défense mobile peuvent être données comme modèle à tous, et leurs navires sont bien appropriés aux mers dures et courtes qui les entourent.
- « Leurs peu nombreux bâtiments sont montés par un personnel de premier ordre, l’armement est tout à fait soigné, les officiers sont presque tous pilotes de leurs côtes et l’argent de leur faible budget est intelligemment employé. »
- La marine danoise compte 9 cuirassés dont les
- 1 Les flottes de combat en 1908.
- passer en revue les ressources en fait de marine militaire, possède des écoles où les jeunes gens sont préparés au métier de la mer.
- En Suède et en Danemark ces écoles sont installées sur des voiliers qui prennent régulièrement la mer.
- L’École danoise est double. Elle forme des officiers pour la marine de guerre aussi bien que pour la marine marchande, à bord de deux bâtiments nommés le Georg Staag et le Viking. Ce dernier, que représente notre gravure, est un magnifique quatre-mâts en acier de 5000 tonnes. Le diplôme de sortie s’obtient après 5 années de navigation, au bout desquelles la loi permet aux cadet s de se présenter pour l’obtention du grade de lieutenant de la marine marchande. Sauvai re Jourdan,
- Capitaine de frégate do réserve.
- p.151 - vue 155/647
-
-
-
- 152
- LE « FLIP-FLAP » A L’EXPOSITION FRANCO-BRITANNIQUE
- Une large part a été réservée, clans l’enceinte de l'Exposition franco-britannique, aux divertissements de toutes sortes et aux exhibitions de toutes catégories. C’est un usage, adopté, d’ailleurs, depuis déjà quelques années, de consacrer de nombreux emplacements, au milieu même des expositions, aux attractions et aux amusements. A côté des pavillons où les marchandises du commerce et les produits de l’industrie sont exposés, à côté des bâtiments où les administrations montrent au public les statistiques officielles dont elles tirent vanité, il existe toujours une série' importante de divertissements de toute nature. C’est la foire, avec ses bara-
- avec ses bras de géant, tout cela se justifie parfaitement; car l’exposition de Shepherd’s Bush a été établie avec des dispositions spéciales qui lui permettent de recevoir 80 000 personnes par heure et de loger près d’un million de visiteurs à la fois. Certes, parmi tant de monde, beaucoup viennent plutôt pour s’amuser, et les attractions sont fréquentées — témoin la ligure 5 de nos illustrations — par une foule nombreuse.
- « Flip-Flap » est une invention heureuse, qui jouit déjà à Londres d’une grande popularité. Les Anglais adorent, d’ailleurs, les jeux mécaniques de celte espèce, qui, tout en se caractérisant par une
- Fig. i. — Ensemble de l'appareil. Les deux bras marchant en sens inverse.
- ques et ses jeux, qui s’étale à côté des manifestations les plus sérieuses.
- L’Exposition de l’Entente Cordiale franco-britannique, dont la surface totale, constructions et jardins compris, représente 140 acres, soit en mesures françaises plus de 56 hectares, a voulu battre tous les records des expositions antérieures en ce qui concerne les divertissements et les amusements. Elle les a voulus nombreux et particulièrement originaux. Ce sont des attractions, dans le sens le plus exact du mot, et « Flip-Flap », dont nous allons parler ici, demande à être placé en première ligne, avant tous les autres.
- Montagnes russes, théâtres, chemin de fer « canadien » avec pentes vertigineuses et rampes à pic, village irlandais, temple hindou, agglomération sénégalaise, etc., etc., et le « Flip-Flap » lui-même,
- certaine témérité, de la part de leurs constructeurs, réclament de ceux qui s’en servent une apparence d’audace puisqu’ils procurent l’émotion du danger. L’immense balançoire métallique, aux deux bras gigantesques, qui décrivent, en sens inverse, un arc de cercle immense, était bien faite pour plaire à nos voisins d’outre-Manche.
- Une description de cette curieuse attraction mécanique nous paraît nécessaire ; elle sera très simplifiée par les quatre illustrations que nous publions. Deux bras métalliques, de 59 mètres de longueur chaque, sont montés sur une construction en fer en forme de double trépied, qui supporte un puissant arbre de couche en acier forgé. Du trépied et de l’appareil moteur, nous ne parlerons pas ; ils n’ont rien de particulier. Nous ne dirons rien non plus de l’importante fondation en maçonnerie qui sert de
- p.152 - vue 156/647
-
-
-
- LE « FL1P-FLAP »
- 153
- base à cel édifice amusant. Les deux bras métalliques sont formés chacun par quatre poutrelles assemblées entre elles par des traverses et des entretoises, tantôt perpendiculaires, tantôt placées en diagonales. Toutes ces pièces sont rivées ou boulonnées et réunies les unes aux autres au moyen de plates-bandes, d’équerres et de cornières, qui constituent, dans leur ensemble, un ouvrage métallique très complet, deux véritables charpentes en fer pesant ensemble 520 tonnes.
- La partie inférieure de chacun de ces deux bras est fermée au moyen
- Un dispositif de pivots permet à cet ensemble de conserver la verticale; quelle que soit la position
- Fig. 2. — Le bras de levier et sa cage au-dessus de 1’Exposiliun.
- du bras de levier, quel que soit son degré d’inclinaison dans le sens de la montée ou de la descente. Chaque groupe de wagons donne l’hospitalité à 48 passagers ; c’est-à-dire que 96 personnes peuvent voyager en même temps.
- Deux escaliers en bois — un pour chaque bras — ont été construits, comme le montre la ligure 5, pour rendre possible l’embarquement des passagers, qui, grâce à eux, accèdent facilement et rapidement dans chacun des cinq compartiments. Lorsque tout le monde est en place, l’appareil moteur fonctionne et les deux bras de levier partent
- Fig'. 3. — Embarquement dos passagers.
- de plaques de tôle, de manière à former un vaste caisson où a été coulé du béton de ciment et de cailloux. Cette maçonnerie, ainsi renfermée dans cette caisse* métallique, ne pèse pas moins de 100 tonnes par bras; elle a pour objet de faire contrepoids à l’extrémité inférieure de chaque ouvrage et de maintenir l’équilibre, lors de la manœuvre.
- À l’extrémité supérieure de chacun des immenses pylônes pivotants, se trouvent cinq salons ajourés, véritables cages suspendues, où les « voyageurs » prennent place.
- Fig. 4. — A 200 pieds au-dessus de l’Exposition.
- en même temps; ils marchent en sens inverse et décrivent deux arcs de cercle, de telle sorte que le
- p.153 - vue 157/647
-
-
-
- 154 ===== L’INDUSTRIE DE L’AUTOMOBILE EN AMERIQUE
- bras pair vient aboutir au point de départ du bras impair, et vice versa. Notre ligure 1 explique très clairement ce mouvement, qui est exactement celui des deux lames d’une paire de ciseaux, et montre les compartiments suspendus au-dessus de l’Exposition.
- Lorsque les deux bras do « Flip-Flap » se rencontrent, formant ainsi deux pylônes verticaux, les passagers sont à 200 pieds au-dessus du sol, c’est-à-dire à près de 70 mètres au-dessus des terrains de
- Shephad’s Bush. Ils jouissent alors d’un fort beau spectacle; car, dominant l’exposition, ils peuvent apprécier l’importance de son étendue et avoir une vue d’ensemble sur celte ville provisoire immense, sur cette cité anglo-française, dont les divers pavillons renieraient les merveilles industrielles elles richesses scientifiques des deux grandes nations et de leurs importantes colonies.
- Wnn Dakvim.k.
- L’INDUSTRIE DE L’AUTOMOBILE EN AMÉRIQUE
- La France Lient aujourd’hui le premier rang dans l'industrie de l’automobile. Conservera-t-elle longtemps cette suprématie bien digne de llatter l’amour-propre national? La question est singulièrement angoissante, quand on songe à tous les intérêts français, capitaux et salaires, qui dépendent de la prospérité de l’automobilisme. Cependant, comment se dispenser de poser celle question en présence des rapides progrès réalisés déjà par les pays étrangers ?
- Parmi les concurrents actuels qui deviendront demain peut-être de redoutables rivaux, il convient de signaler les Américains. Ils ne tarderont guère à offrir leurs automobiles sur les marchés du monde entier, si l’on en juge d’après les étapes franchies à pas de géant par l’industrie de l’automobile aux Etats-Unis.
- Le plus souvent une industrie nouvelle ne progresse qu’aux dépens des pionniers qui en sont les premières victimes. Cela s’explique par le manque d’expérience dans la fabrication, la difficulté de la vente et l’incertitude sur l’importance des débouchés. Or, l’industrie de l’automobile aux Etats-Unis n’a pas eu à surmonter ces obstacles. Dès le début, la demande d’automobiles a été très active et les entreprises établies ont reçu une direction pratique. « Ces deux dernières années, dit M. Georges Walsh1, il n’y a pas eu une seule maison sérieuse fabriquant l’automobile, qui ait fait de mauvaises affaires. Cette année presque toutes travaillent à plein pour l’exécution des ordres reçus. En réalité, depuis cinq ans, cette industrie a été assez heureuse pour avoir toujours des commandes à livrer. »
- La plupart des constructeurs de moteurs d’automobiles furent d’abord d’anciens constructeurs de bicyclettes. De ce fait, un matériel considérable de machines et outils spéciaux pour le travail des arbres à manivelle, des chaînes et des tubes — rendu disponible par suite d’une mévente de la bicyclette — se trouva à nouveau utilisé sans apport de capitaux. Bientôt après, l’industrie de l’automobile prenait son essor; dès lors s’imposaient la mise à l’étude et la construction de machines-outils mieux appropriées à l’exécution des diverses pièces des voitures.
- 1 American exporter, July 1907.
- Dans le principe, le perfectionnement même de cet outillage spécial et les tâtonnements qui en furent la conséquence, produisirent un temps d’arrêt dans la fabrication. Ainsi s’établit un courant d’importation en Amérique d’automobiles venues d’Europe et ajuste titre jugées supérieures à tous égards aux voitures américaines qui, « usinées en séries », manquaient du fini dans le détail qu’ont les voilures françaises.
- « En France, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, on a porté, dit M. Walsh, une moindre atten-
- 60 000
- Fig. 1. — Diagramme
- i_ 50 00Q
- 30 000
- FRANCE
- 20 000 -ë
- l_ 10000
- ETATS-UNIS
- tion à la construction des machines pour la fabrication des pièces d’automobiles, qu’à l’aménagement des voitures elles-mêmes. »
- Les constructeurs américains, au contraire, ont commencé par produire l’automobile de service — runabout lighi touring car — de prix modéré, qui, malgré les salaires élevés de leurs ouvriers, grâce à l’outillage mécanique, laisse pourtant une marge suffisante de bénéfices. La voiluretle de type populaire n’a été en aucune façon concurrencée aux Etats-Unis par nos automobiles; et elle n’a pas été non plus, pour les Américains, un article d’exportation en Europe, parce qu’ils en ont jusqu’ici trouvé sur place, ou sans sortir d’Amérique, d’importants débouchés.
- Cela explique comment des années ont pu s’écouler sans qu’il ait été question en France ou en Europe de concurrence américaine. Aujourd’hui il serait
- p.154 - vue 158/647
-
-
-
- L’INDUSTRIE DE L’AUTOMOBILE EN AMERIQUE
- Automobile américaine (type usuel).
- AMÉRIQUE 155
- américaine, on a (fis- 1) le dia-
- gramme, suivant :
- Fit,1 iNCB FTATS-l’NIS
- 1902. . . 25 711 514
- 1905. . . 50 204 2722
- 1904... 57 521 11574
- 1905. . . •47 502 25827
- 1906. . . 55 000 58 000
- imprudent, d’entretenir des illusions sur la continuation de col état de choses. De même il serait puéril de médire de la fabrication américaine. Si elle n’est; pas encore irréprochable, les voitures américaines ont déjà des qualités de solidité et de résistance qui sont mises à l’épreuve sur les routes de l'Amérique, plus dures, plus mauvaises que celles de notre continent.
- Depuis environ deux années, les Américains portent leur attention sur les détails. Leur outillage est au point, ou à la veille de l’ètre, pour une exécution plus soignée (pie par le passé. Comment ne pas admettre qu’après avoir réussi à monopoliser, par exemple, la fabrication de la machine à écrire ou de certains appareils à imprimer, ils ne deviennent capables de rivaliser pour l’automobile avec de bonnes marques françaises, s’ils s’appliquent aux constructions de luxe d’un prix élevé ? Or, ce sont précisément ces voitures de luxe qui intéressent surtout l’industrie française, comme articles rémunérateurs d’exportation aux Etats-Unis. Une des marques les plus estimées en France, après avoir livré, en 4905, 550 machines en Amérique, aurait vu ses envois tomber à 205 en 1906. 11 est hors de doute que les Américains apprécient de plus en plus leur propre fabrication et, comme les automobiles étrangères doivent acquitter à l’entrée en Amérique des droits de douane (.pii en majorent les prix, ils seront tentés de les délaisser, ne voulant pas surpayer une marque.
- Sans s’elfrayer trop de cette barrière protectionniste, n’est-ce pas assez d’avoir à constater un immense développement aux États-Unis des moyens de production ?
- Relativement au nombre des voitures fabriquées, les États-Unis tiennent déjà la tête.
- En 1906, leur chiffre total s’élève à 58 000; celui de la France à 55 000.
- En évaluant à 10 000 francs le prix moyen des voitures, la production américaine de 1906 serait de 580 millions !
- En faisant, depuis 1902, les relevés des fabrications française wel
- Le nombres des usines outillées pour cette production aux États-Unis est de 120 environ ; elles emploient des milliers et des milliers d’ouvriers. Le capital engagé se chiffre par des centaines de millions.
- D’après un recensement de 1905, l’Etat de l’Ohio est le premier de l’Union pour le nombre des ateliers de construction d’automobiles, le montant des capitaux v afférents et la valeur de la production. Viennent ensuite le New-York, le Michigan, le Cleve-land.
- Olds, fabricant de moteurs à gaz, construisit la première voiture « sans chevaux » qui fut d’abord un objet de moquerie. En 1892, il en vendit une mieux réussie. En 1895, le Ri cor d Herald de Chicago organisa la première course d’automobiles en Amérique. Et les journaux d’alors en racontant celte épreuve, parlenl de la témérité des coureurs qui ont eu l’audace de faire rouler leurs voilures à la vitesse phénoménale de 45 à 48 kilomètres à l’heure!
- Aujourd’hui comme exemple d’une usine américaine de construction d’automobiles, on peut citer les Old Motor Works, de Lansing. Cette usine occupe, une étendue de 26 hectares; elle comprend seize bâtiments qui couvrent une surface de 28 000 mètres carrés. Plusieurs milliers d’ouvriers y travaillent. Elle renferme des ateliers de modelage, de fonderie, de forge, des salles d’expériences. Les types principaux sont des automobiles à -4 et à 6 cylindres refroidis par une circulation d’eau. Bon nombre de pièces sont exécutées en aluminium afin de diminuer le poids. Les moteurs, avant d'être placés sur les voitures, sont soumis à divers essais,
- Fig. 3. — Automobile américaine (type usuel).
- p.155 - vue 159/647
-
-
-
- L’INDUSTRIE DE L’AUTOMOBILE EN AMÉRIQUE
- 156
- notamment à une marche continue d’au moins quinze heures.
- Des courses de durée ont d’ailleurs été organisées en Amérique pour éprouver la solidité et la résistance des automobiles. La première course de ce genre a eu lieu à Chicago le 29 mars 1906; 1800 km ont été couverts en 100 heures sans arrêt du moteur; une autre course a eu lieu à Détroit, le 20 avril 1900; 4800 km ont été parcourus en 200 heures consécutives.
- Si l’on désire avoir une idée plus exacte des divers types d’automobiles américaines, il suffit de jeter un
- cycles et des accessoires. IJnc des caractéristiques de ces expositions a été l’accroissement du nombre des moteurs à 0 cylindres. On en voyait 10 marques au Grand Palais et 10 à Madison-Square. On pouvait noter aussi le nombre croissant des « Runabout » à 4 roues hautes et un seul siège fort employées dans l’Ouest des Etals-Lnis par suite du mauvais élaL des roules.
- La transmission du mouvement dans les voilures se fait soit par transmission à la Cardan, soit par chaîne unique disposée suivant l’axe longitudinal. Le train baladeur est presque toujours employé pour
- Fig. 4.
- Moteurs prêts à être placés dans les voitures. Usine de la « Ford Motor Company », à Détroit.
- coup d’œil sur les derniers Salons de l’automobile de New-York, organisés par deux importantes associations commerciales, American motor car Manufacturer et Association of Licensed automobile Manufacturer. L’un de ces Salons se tenait dans le Grand Palais central (24-51 octobre 1907) et l’autre dans les jardins de Madison-Square (2-9 novembre 1907). Le premier comprenait 277 expositions, dont 68 d’automobiles complètes, 6 de véhicules commerciaux, 6 de voiturettes, 2 d’automobiles électriques, 2 de molocycles; le reste d’accessoires divers; dans le second on comptait 54 marques d’automobiles à l’essence, 9 de véhicules électriques, 1 d’automobile à vapeur, puis des véhicules commerciaux, des moto-
- les changements de vitesse. Quant au mode d’embrayage, il présente les dispositions les plus variées : cône, disque, segments extensibles, bande externe ou en spirale, galet de friction, air comprimé, etc.... Le refroidissement des cylindres, pour bon nombre de moteurs, est à circulation d’air. Parmi les nouveautés un peu saillantes, signalons un moteur à trois cylindres à soupapes rotatives de la Duryea Power C°. La distribution est réduite à la plus grande simplicité; la valve est refroidie intérieurement et extérieurement.
- L’impression générale qui se dégage de ces Salons de l’automobile, c’est que l'exécution mécanique n’est pas encore arrivée à la perfection.
- p.156 - vue 160/647
-
-
-
- L INDUSTRIE DE L’AUTOMOBILE EN AMÉRIQUE 157
- Quoi qu il en soit, les Américains sont des commerçants; ils savent placer leurs automobiles un peu partout; ils en vendent en Angleterre; ils en introduisent même en France. Des machines des marques Packard, Peerless, Locomobile, Oldsmobiie, etc..., roulent déjà dans Paris.
- Les importations et exportations d’automobiles de juin 1906 à juin 19117, d’après le Rapport; oHicicl du bureau de statistique des États-Unis, atteignent le chiffre de 52 millions de francs : 23-400000 d’importations et 28 600000 d’exportations.
- Les exportations, qui en 1902 étaient inférieures
- L’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne sont des fournisseurs d’automobiles aux Etats-Unis, mais la France est le plus important. Sur les 23 400 000 francs d'importation aux Etats-Unis sa part est de 15 600 000 lr. m ais mal be u reu semei 11 diminue.
- Les exportations des Etats-Unis dans les dilférenls pays, classées d’après leurs valeurs décroissantes, sont dirigées sur l’Angleterre, le Canada, le Mexique, la France, les Antilles, l’Australie. Dans presque toutes ces contrées les exportations de 1907 sont en augmentation sur celles de 1906. Les exportations sur la France qui étaient de 1 468 000 francs
- Fig
- Uu magasin d’automobiles à F usine de
- à 5 millions, ont suivi la progression suivante ;
- 1905-1904 ............ 9 000 000
- 1904- 1905 ......... 15000 000
- 1905- 1906 ......... 18 200000
- 1906- 1907 ......... 28 600 000
- Les importations aux États-Unis en 1906-1907 n’ont surpassé que de 5100000 francs celles de 1905-1906; c’est dire combien la balance est favorable aux Etats-Unis, puisque la valeur des exportations a eu un accroissement beaucoup plus fort que celle des importations. Et depuis lors, le chiffre des importations faiblit de plus en plus.
- S.
- la « Fort Motor Company », à Détrcil.
- en 1905-1906 se sont élevées à 2 665 000 francs en 1906-1907.
- Les États-Unis occupent ainsi le second rang parmi les nations industrielles, comme exportateurs d’automobiles ; ils ne sont plus distancés que par la France et ils n’ont pas donné tout leur effort.
- A un point de vue plus général, il faut signaler le mouvement commercial engendré en Amérique, et surtout aux Etat-Unis par le développement de l’industrie automobile. L’Amérique trouve l’emploi des matières premières qu’elle produit avec abondance, et à bon marché, dans nombre d’industries annexes que l’automobilisme a vivifiées d’une façon remarquable. Ainsi le commerce du caoutchouc a
- p.157 - vue 161/647
-
-
-
- ACADEMIE DES SCIENCES
- 158
- pris de l'importance par suite de la confection des pneumatiques et bandages de roues élastiques. La carrosserie, qui semblait devoir péricliter, a trouvé une main-d’œuvre avantageuse dans l’automobile.
- Les exigences de voitures mécaniques, qui ont de grands elïbrts à supporter, ont eu leur contre-coup dans le travail du 1er et de l’acier. Les aciéries américaines ont vu s’ouvrir un débouché nouveau à leurs produits de qualité supérieure en même temps qu’elles étaient amenées à perfectionner leurs méthodes de fabrication. Les vibrations violentes auxquelles sont soumises les machines qui roulent à de grandes vitesses, surtout sur de mauvaises roules comme celles de l’Amérique, modifient l’état moléculaire de l’acier, le cristallisent et le rendent cassant. De là nécessité de remédier à ce grave inconvénient. Des 1899, deux Américains, MM. Ilayneset Alïerson, elfec-tlièrent le trajet de Kokomo à New-York dans une voiture qui avait un axe d’acier au nickel fabriqué par la Bethléem Steel C°. Ce fut, parail-il, la première pièce d’acier au nickel placée avec succès dans une voiture.
- Enfin, l’année dernière, le vanadium est entré dans la fabrication de l’acier. L’acier au nickel et au chrome, auquel on ajoute une petite quantité de vanadium, préparé avec du chlorure de vanadium, a une qualité tout à fait supérieure. Un fait curieux à noter, c’est que le vanadium ajouté seul à 1,’acier ne change pas son caractère. L’acier n’acquiert des propriétés particulières que dans l’alliage triple, acier-vanadium-nickel ou acier-vanadium-chrome.
- LIMITE ÎU’S ISTA XCIC
- d’ÉLASTICITK1 A I.A TRACTION
- on kg par Jiinr en kg par nmr
- Acier doux.... 28k,16 •42V2-4
- — au nickel . . . 56k,o2 77k’,44
- — nickel-chrome . 112k,6-4 126k,G2
- — vanadium. . . 154\88 160k,51
- On voit l’intérêt qu’il y a à se servir d’acier au vanadium dans la fabrication des axes, châssis, engrenages, arbres moteurs d’automobiles. On écarte les dangers de rupture et on accroît la durée de la machine de 10 à 50 pour 100.
- La rareté du vanadium a rendu jusqu’ici son emploi quelque peu coûteux. Les constructeurs d’automobiles aux Etats-Unis sont favorisés à cet égard. Des quantités notables de vanadium viennent d’être découvertes dans les grès et les terrains
- plombilêres du Colorado, de l’Utah, de l'Ari/ona, de la Californie et du Nouveau Mexique. Déjà plusieurs sociétés ont été formées pour l'exploitation de ces mines.
- L’usage de l’acier au vanadium est donc appelé à se généraliser dans la construction de l’automobile américaine et à lui donner une solidité ou une légèreté, par économie de métal, qui peut être un élément de succès, si nous ne nous tenons pas sur nos gardes.
- On aurait une opinion peu exacte de l’industrie automobile en Amérique si Bon s'imaginait qu’elle est limitée à la fabrication de la voiture à moteur à essence de pétrole. En raison de ses avantages particuliers, la voiture électrique, voilurelle, voiture de livraison, camion, est fort appréciée aux Etats-Unis dans les services urbains ou suburbains, où la grande vitesse et un rayon d’action étendu ne sont point indispensables. Des sociétés de voitures électriques au capital de plusieurs millions de dollars ont été constituées à New-York, Chicago, Philadelphie et autres grandes villes, et leurs seules commandes de matériel sont actuellement un fort appoint de travail pour la construction américaine. Quelques progrès réalisés dans le rendement des accumulateurs permettent à ces voitures électriques, sans qu’il soit besoin de recharger leurs batteries, de parcourir une route d’au moins 150 kilomètres, comme on l’a vu récemment dans une course de New-York à Philadelphie.
- En outre des industries accessoires qui IrouvenL leur compte à la vogue de l’automobile : fabriques de tapisserie, de coussins, de cornes d’appel, d’appareils enregistreurs, compteurs de tours ou de vitesses, de bougies d’allumage, de lanternes, de phares, de vêtements, etc., le bateau automobile est, devenu un sport très pratiqué aux États-Unis. De là encore supplément de commandes et sources de profils pour les constructeurs d’automobiles qui peuvent utiliser leur matériel à fabriquer des moteurs pour la navigation.
- La grosse importance de l’industrie de l’automobile aux Etats-Unis est aujourd’hui un fait indiscutable et les Américains, semble-t-il, disposent des éléments les plus favorables à sa prospérité. Aussi il y a lieu de craindre une concurrence qui grandit, et ne pourra que déterminer une baisse de prix des voitures automobiles, ou entraver la vente des produits français dans le monde entier. Norbert Lallié.
- ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 3 août 1908. — Présidence de M. Bouquet de la Grye.
- Les lampes à vapeur de mercure. — M. A. Gautier adresse une Note de MM. Bordier et Nogier, relative à l’odeur particulière que prend l’air exposé aux radiations
- 1 Engineering News. New-York, 20 Juiie 1907.
- ultra-violettes émises par les lampes électriques à vapeur de mercure. Cette odeur n’est point due à la formation de l’ozone.
- Géologie de la Grèce. — M. Douvillé présente une
- p.158 - vue 162/647
-
-
-
- : ............— ..... ..JOUETS
- Note de M. Négris, ancien ministre en Grèce, sur la constitution géologique du mont Ithome en Messénie. Cette montagne présente un exemple très net de la nappe de charriage relevée déjà en plusieurs points du Péloponèse. Le pied de la montagne est formé par l’éoeène (nummuli-lique) ; au-dessus on observe des couches parmi lesquelles on distingue du trias fossilifère et des calcaires hippurites.
- Hydrogène pour aérostats- — M. le général Sebert
- PRINCIERS ....t—........159
- présente une Note de M. Mourichcau-Beaupré, décrivant un procédé de préparation rapide de l’hydrogène en vue des besoins de l’aérostalion. L’auteur prépare un mélange d’aluminium en poudre, de bichlorure de mercure et de sulfocyanure de potassium pulvérisés. En faisant arriver de l’eau sur le mélange, on provoque un violent dégagement d’hydrogène que l’on modère, toutefois en réglant l’arrivée de l’eau, afin de rester entre certaines lempéra-
- *-ures- Ch. de Vidledeujl.
- JOUETS PRINCIERS
- Le Président de la République vient de terminer ses voyages dans les pays de l’Europe septentrionale. Les journaux ont relaté avec mille détails l’admirable réception qui partout lui a été laite par les souverains et leurs peuples ; mais aucun ne nous a révélé l’accueil que lui ont réservé les jeunes princes de
- leur a consacré toute l’ingéniosité et le goût que nos lecteurs ont pu maintes Ibis apprécier. Malgré le bref délai qui
- La gare du Nord. Les gares miniatures de M. Brianne. La gare de Lyon.
- Russie et de Norvège : ce petit fait n’est peut-être pas si minime qu’il le paraît. 11 ne serait pas sans intérêt de connaître le souvenir imprimé par. le représentant de la France dans l’esprit d’enfants qui demain conduiront de grandes nations. Nul doute, du reste, que l’impression n’ait été excellente. M. Fallières connaît lame des enfants et le chemin de leur cœur : il avait emporté de Paris des jouets superbes qui feront rêver tous les petits garçons de France et n’ont pu manquer de soulever l’enthousiasme même d’un futur empereur ou roi.
- Les admirables jouets ! 11 nous a été donné de les entrevoir dans le salon de leur constructeur : car vous pensez bien que des jouets d’une si haute importance diplomatique ne peuvent se construire dans un atelier ordinaire : c’est dans un gracieux salon, artistement décoré, qu’ils ont pris naissance. Leur auteur, M. Briannè,
- 11 n’avait été chargé tout d’abord que de la construction d’un chemin de fer électrique en minia-turc pour le jeune prince de Nor-Jt vège; lorsqu’il fut terminé, M,1,e et MUe Fallières, qui avaient surveillé les détails de l’exécution, prirent un tel plaisir à le voir fonctionner qu’elles en commandèrent aussitôt un second pour le tsarévitch.
- L’un et l’autre se distinguent par l’ingéniosité des combinaisons électriques et mécaniques, le soin apporté à l’étude de tous les détails et l’élégance de l’ensemble.
- La voie du chemin de 1er est une véritable voie avec rails éclissés sur traverses, et reposant sur du ballast fait d’un minuscule gravier; elle se déroule dans un joli paysage, fait de toiles artistement peintes : le prince de Norvège pourra admirer un paysage tout maritime : vertes collines descendant en pente douce jusqu’à la mer; port rempli de bateaux,
- Deux accessoires des jouets : poteau télégraphique, candélabre.
- p.159 - vue 163/647
-
-
-
- 160
- JOUETS PRINCIERS
- pont tournant desservant les bassins. Le chemin de 1er a son terminus à une gare, qui n’est autre que la gare du Nord; ce petit édifice a été construit d’après les plans donnés par M. Sar-liaux, le chef des services électriques de la Compagnie du Nord ; c’est la reproduction textuelle de la façade de la rue de Dunkerque; elle est richement pavoisée et illuminée électriquement.
- Le long de la voie court une vraie ligne de transport de force, elle passe sur des poteaux construits comme les poteaux télégraphiques que vous pouvez voir le long des voies ferrées ; ils sont munis de petiLs
- labié munie d’une nappe aux délicates broderies et garnie de gracieuses corbeilles de Jleurs.
- Le trajet comporte des aiguillages, dos passages à niveau, des tunnels, etc., el le jouet est numide tous les organes nécessaires, dans la réalité, à l’exploitation d’une ligne ferrée. Kl ce ne sont pas de simples simulacres : ces organes s’agencent comme sur nos grandes voies et jouent un rôle analogue. 11
- ne faudrait pas oublier de manœuvrer l’aiguille au moment du passage du convoi ; il déraillerait tout comme ses frères des grandes compagnies.
- Pour donner une idée des dimensions de ces jouets, nous
- isolateurs, en os au lieu d’être en porcelaine, et ils se fixent très simplement aux rails eux-mêmes. Ce sont les fils passant sur ces poteaux qui transmettront à la machine du train, aux lampes électriques de la gare et de la voie, le courant nécessaire à leur fonctionnement et fourni par des accumulateurs. Les candélabres qui éclairent les abords de la gare sont la reproduction exacte de ceux qui décorent nos boulevards.
- Le matériel se compose d’une locomotive et d’un certain nombre de wagons ; la locomotive, qui a été décrite ici même il y a quelques mois, renferme un minuscule moteur qui reçoit son courant par l’intermédiaire d’un archet s’appuyant sur les fils; les wagons sont naturellement des voitures de luxe; nous avons remarqué le wagon-restaurant avec sa
- 1 METRE
- Le chemin de fer miniature offert au prince de Ilussie.
- signalerons qu’ils couvrent, montés, une superficie de 15 m2.
- Notre ligure montre l’un d’eux rangé dans son élégant écrin de peluche ; le coffret ainsi ouvert, occupe près de 5 m. de hauteur sur 1,50 m. de largeur.
- Nul doute que les jeunes majestés ne s’amusent infiniment au jeu très moderne de l’ingénieur de chemins de fer; nul doute aussi, que les qualités d’originalité, d’ingéniosité et de goût que le fabricant a su déployer dans l’exécution de ce jouet et qui distinguent la production française en général ne soient appréciées comme elles le méritent.
- R. VlLLEKS.
- Le Gérant : P. Masson.
- Pari*. — Imprimerie Laiiurk, rue de Fieurus, 9.
- p.160 - vue 164/647
-
-
-
- la NATURE. — N' 1838.
- 15 AOUT 1908
- LE CHIEN DE TRAIT DANS L’ARMÉE
- Les chiens ont eu ces temps derniers les honneurs de l’actualité dans les journaux. Les voici depuis peu devenus de véritables fonctionnaires, émargeant au budget et jouissant des faveurs administratives. Successivement agents policiers de M. Lépine, douaniers à frontière du Nord, plongeurs de la brigade fluviale parisienne, sentinelles et éclaireurs de nos troupes de couverture, ils seconderont bientôt nos infirmiers et nos brancardiers aux grandes manœuvres.
- La société canine de l’Est vient en effet de terminer son exposition de 1908 par un concours national de chiens ambulanciers. Cette épreuve s’est déroulée, en présence d’une foule considérable, le 25 juin, sur le terrain dit « Le Champ le Bœuf, aux environs de Nancy, sous la direction du médecin principal Boppe. Les généraux Thé-
- *sn?"
- Vr*- te.
- *’h
- ...i. ......-
- ..tÊÈÊÈT'
- venet, Valabrè-gue, Gauthier, le docteur Benecli, directeur du service de santé du 20e corps d’armée, de nombreux professeurs de la Faculté de Nancy, suivirent avec le plus vif intérêt toutes les évolutions des chiens sanitaires.
- Le clou de la journée fut, sans contredit, le transport de blessés dans des voitureltes traînées par des chiens, dues à l’ingénieuse invention du lieutenant Puisais du 82e de ligne. Cet officier avait amené de Montargis deux voiturettes attelées chacune d’un chien de taille moyenne. Les deux intelligentes bêtes, Bas-Blanc et Rustique, évoluèrent sur route, à travers champs, au fond des carrières et au milieu des bois, tramant sans fatigue un homme couché sur un brancard confortablement suspendu grâce à un système de ressorts supprimant heurts et cahots. Plusieurs médecins se firent eux-mêmes transporter sur ces curieux véhicules, et furent unanimes à déclarer que le système nouveau ne laissait rien à désirer, et était appelé à remplacer sous peu, dans nos docks de réserve, la lourde brouette porte-brancard du modèle réglementaire.
- Actuellement, les blessés sont ramassés sur le champ de bataille par deux soldats brancardiers attelés à une civière, puis déposés sur la brouette règlementaire qui les transporte à l’ambulance la plus rapprochée. Une première critique s’impose contre ce mode de transport : c’est l’emploi d’hommes vigoureux dont la présence derrière la tranchée 3Gù aauce. — 2e semestre.
- mettrait en ligne un plus grand nombre de fusils.
- De plus, les souffrances imposées aux mutilés, pendant le trajet, par la marche inégale de leurs deux camarades ou les brusques cahots de la brouette, sont de nature à retarder, à compromettre même leur guérison. La voiturette Puisais supprime une grande partie de ces inconvénients.
- Ne pesant que 28 kg, montée sur quatre roues, d’une largeur de 90 centimètres à peine, elle est d’une stabilité parfaite et peut virer presqu’à angle droit. Sa hauteur de 60 centimètres lui permet de se tenir abritée des feux de l’ennemi derrière le moindre repli de terrain, et de suivre, dans l’offensive, les bonds successifs de la chaîne des tirailleurs. Attelée avec un seul chien, elle peut évacuer, sans transfert et aux allures rapides, un blessé à
- plus’de 20 km en
- ;
- arriére, distance à laquelle seront installés les hôpitaux de campagne dans les guerres futures.
- Cette utilisation des chiens réalisera une sé-
- s . i. . t
- «?>< ‘ Vf \ ^
- Fig. 1. — La voiturette Puisais traînée par le chien Rustique.
- rieuse économie de personnel : deux bicyclistes infirmiers pourront aisément diriger un convoi de six voiturettes, tandis que deux brancardiers, harnachés comme des mulets, sont nécessaires aujourd’hui pour traîner chaque brouette. Dix ou douze soldats seront donc rendus à chaque compagnie.
- A la voiturette Puisais, sont joints quelques accessoires légers d’une utilité incontestable. C’est tout d’abord un couvre-brancard se pliant comme un parapluie et recouvert d’une toile imperméable qui est destinée à abriter le blessé de la pluie, du soleil jet ,de la poussière. Un filet rectangulaire en corde, placé sous le véhicule, reçoit les objets abandonnés sur le champ de bataille, effets et armes. Deux bidons sont accrochés derrière la voiturette ; ils sont portés par les chiens pendant la recherche des blessés.
- Tous les chiens un peu robustes peuvent être utilisés pour le trait. En Belgique, on emploie plus spécialement des chiens mâtinés, provenant du croisement de grandes espèces, telles que le Danois, le Mastiff, le dogue de Bordeaux. Ce sont des chiens de grande taille, robustes, ayant le poil presque ras, et correspondant en somme au type de ce que nous appelons en France le « chien de boucher ». Les chiens du lieutenant Puisais pèsent de 25 à 30 kg et sont courts sur pattes, conditions défavorables pour
- 11. — 161
- p.161 - vue 165/647
-
-
-
- 162 ___=== QUELQUES POSTULATA ASTRONOMIQUES
- le trait. On peut donc conclure, étant donnés les résultats obtenus qu’en employant des chiens de 0,60 m. à 0,70 m. de hauteur et d’un poids de 50 à 40 kg, ces animaux traîneraient aisément un blessé sur presque tous les terrains, et il serait à désirer que l’on arrivât à créer, par la sélection, une race spéciale que l’on affecterait au trait. Des expériences ont été tentées avec quelque succès par des particuliers en Suisse et en Allemagne.
- Un chien peut être mis dans les brancards dès sa deuxième année; à trois ans, il est très bien dressé et peut être utilisé pour le trait jusqu’à l’àge de onze ans. On peut même obtenir d’excellents résultats bien avant ces limites.
- Un chien que le lieutenant Puisais avait, quelques
- charges de 400 à 500 kg. Au cours d’expériences faites à Poitiers, un vieux chien de berger a pu traîner une petite voiture chargée de 250 kg de sable.
- Nos camps d’instruction, et en particulier celui de Châlons entouré de fermes hippiques, semblent indiqués pour la création de chenils militaires destinés à la reproduction et au dressage des chiens de trait.
- Le dressage des chiens de trait ne présente aucune difficulté. Lorsqu’une chienne entraînée a des petits, et lorsque ces derniers sont âgés de six mois, on les attache par une corde à coté de la mère placée dans les brancards, et on leur fait parcourir de faibles étapes. A un an, ils sont placés à leur tour entre les brancards et traînent la voituretle vide. Puis on augmente progressivement le poids du ehar-
- Fig. 2. La voiturelte Puisais vue de prolil.
- — Vue de prolil arrière.
- A, roues ayant un moyeu à roulement à billes; B et C, essieux reliés par une tige d’assemblage 1); G, ressorts à boudins; 11, ressort à lames sur lesquelles reposent les bouts de brancard; .1, timons de traction; X, brancard.
- semaines auparavant, délivré de la fourrière de Mon-targis traîna au trot, en présence de tous les officiers de l’École normale de tir, au camp du Ruchard, sur un parcours de plusieurs lieues, la nouvelle voitu-rette sur laquelle s’était étendu le lieutenant Penan-cier du 76e de ligne, pesant plus de 100 kg.
- Des mâtins de Suisse, de Belgique ou d’Allemagne, travaillent 8 heures par jour, en marchant à une vitesse de 8 à 10 km à l’heure et traînent des
- gement et la longueur des étapes. A deux ans, l’entraînement est complet.
- On peut remarquer d’ailleurs que les chiens s’habituent très rapidement à leurs dresseurs. Le soldat infirmier du 82e régiment, qui conduisit Rustique et Bas-Blancs au concours de Nancy, n’avait été mis à la disposition du lieutenant Puisais que sept jours
- avant les expériences de Cliamp-le-Bœuf.
- Louis de Cantilly.
- QUELQUES POSTULATA ASTRONOMIQUES
- Il n’est pas de théorie qui paraisse aujourd’hui plus solidement étahlie que celle de notre système solaire. Après les géniales recherches des Kepler, des Newton, desLaplace, après l’éclatante vérification due à la découverte de la planète Neptune par Leverrier, les lois de notre système astronomique semblent présenter un caractère de certitude absolue.
- Et cependant, une critique approfondie permettrait de découvrir, à la hase même de ces théories aujourd’hui universellement admises, quelques hypothèses, nullement vérifiées, véritables postulata, sans lesquels s’écroulerait tout l’admirable édifice de l’astronomie moderne. C’est ce que vient de mettre en évidence un savant des plus distingués, M. Bomsinesq dans une récente note à l’Académie des Sciences.
- Voici quelles sont ces hypothèses : la première consiste à admettre que les orbites décrites par les planètes solaires sont toutes fermées et parcourues d’un mouvement périodique : les éléments que nous fournit la seule observation des astres, laisseraient indéterminée la forme de l’orbite ; c’est précisément l’hypothèse que nous venons d’énoncer qui permet de lever cette indétermination ; et parmi toutes les orbites entre lesquelles le calcul laisse le choix, elle nous guide vers la plus simple de toutes.
- Autre hypothèse : nous admettons que les rayons lumineux émanés des astres que nous observons sont rectilignes, et que, par suite, les planètes sont bien situées dans la direction où elles nous paraissent être. Or, quelle preuve avons-nous, que l’espace interplanétaire ne contienne aucune matière invisible à notre œil, mais susceptible de dévier la lumière ?
- Enfin, tous les calculs astronomiques supposent invariables les dimensions du Soleil ; dès lors, les variations apparentes de son diamètre nous renseignent sur la forme de l’orbite terrestre. Mais ces dimensions sont-elles réellement invariables? Rien ne peut jusqu’ici nous le prouver.
- Et ainsi les théories astronomiques, comme toutes les autres théories physiques, nous présentent un caractère de certitude seulement provisoire. Des faits nouveaux pourron t un jour survenir qui renverseront les théories actuelles, de même que celles-ci ont ruiné les conceptions antiques des Hipparque et des Ptolémée. Cette constatation paraîtra peut-être un peu décourageante à ceux qui acceptent comme article de foi toutes les conclusions de la science classique. Mais ne faut-il pas, au contraire, s’en réjouir et y voir comme la promesse de découvertes et de travaux nouveaux? A. T.
- p.162 - vue 166/647
-
-
-
- 163
- PHOTOGRAPHIE
- Les nouvelles plaques extra-rapides Lumière. — Nouveau traitement
- des plaques autochromes
- Quand apparurent, il y a environ 25 ans, les premières plaques au gélatino-bromure d’argent et qu’on vit la possibilité de l’aire des instantanés, on inventa les obturateurs et bientôt après les appareils à main. Les fabricants de plaques perfectionnèrent peu à peu leur émulsion et arrivèrent à une limite qu’on pensait ne pas pouvoir dépasser à cause de la grosseur du grain qui semblait devoir prendre des proportions inacceptables, à mesure qu’on augmentait la sensibilité, et rendait inutilisable l’image négative. Les obturateurs s’étaient perfectionnés aussi et répondaient suffisamment à la rapidité des plaques et surtout à la luminosité des objectifs. Ceux-ci n’avaient que des ouvertures relatives assez faibles, environ le dixième du loyer pour les plus ouverts. Nous ne parlons pas des objectifs d’atelier, beaucoup plus lumineux, qui, trop volumineux, ne pouvaient être placés sur les appareils destinés aux amateurs d’instantanés.
- C’est donc l’objectif qu’il fallut perfectionner et on y arriva en créant le type anasligmat qui permet, sous un volume et un poids restreints, des ouvertures relatives très grandes qui peuvent aller jusqu’au quart du foyer et même un peu plus. Ce fut alors l’ère des grands instantanés, mais on ne fut pas encore satisfait. Toujours plus vile, telle était la devise de l’amateur photographe et on perfectionna encore l’obturateur; on reconnut que le rendement maximum était obtenu en disposant celui-ci, non pas sur l’objectif, mais sur la plaque. C’est alors qu’on put obtenir, avec l’appareil inventé par M. Guido Sigrisle notamment (Voy. n° 1522 du 26 juillet 1902), des chevaux de course pris par le travers et à faible distance. Aujourd’hui que l’objectif et l’obturateur semblent être arrivés à leur maximum de rapidité, ce sont les plaques qui viennent d’être perfectionnées. MM. Lumière ont obtenu une émulsion dite « violette » qui est sept à huit fois plus rapide que leur plaque « étiquette bleue » et dont le grain est aussi lin. Nous sommes donc à même de reculer encore la limite de l’instantané. Pour saisir au vol par le grand soleil des objets animés des plus grandes vitesses cela n’était pas nécessaire, nous y arrivions déjà; mais il nous fallait pouvoir opérer sans soleil, par des temps couverts, dans des endroits relativement peu éclairés; voilà surtout où est l’intérêt de la question. Nous avions déjà indiqué autrefois qu’avec l’appareil Sigrisle on pouvait l’aire du portrait à l’atelier sans poser, mais maintenant on peut saisir le sujet en mouvement. Nous en donnons comme preuve les gravures ci-contre qui sont la reproduction directe, par la simili-gravure, de photographies obtenues à l’atelier de la Société française de photographie (iig. 1 et 2). Une très gracieuse artiste du corps de ballet de l’Opéra, Mlle A. Meunier, a bien voulu se prêter à ces expériences qui pourront fournir pour
- j l’étude de la danse des documents d’une authenticité indiscutable. C’est l’appareil Sigrisle qui a été employé avec une vitesse d’obluration au 250e de seconde ; l’objectif était un anasligmat ouvert au quart du foyer.
- Les conséquences de cette nouvelle conquête de MM. Lumière sont très considérables pour le commerce photographique qui était si peu prospère depuis quelques années. 11 n’est pas nécessaire, en effet, le plus souvent de faire des instantanés aussi rapides que ceux que nous représentons ici, ce sont des exceptions. Dans la plupart des cas, le dixième de seconde et même moins suffit très largement; il en résulte alors que les anciens objectifs, dont sont munis les appareils à main, à la portée des bourses modestes, mais auxquels on renonçait souvent parce qu’ils ne donnaient de bons résultats qu’en plein soleil, redeviennent excellents aujourd’hui et la photographie va prendre chez les amateurs un nouvel essor. Ces anciens objectifs sont en général très bons, pourvu qu’on les munisse de diaphragmes qui réduisent leur ouverture au dixième ou au douzième de leur longueur focale; mais dans ces conditions ils donneront, avec les nouvelles plaques, les mêmes résultats que des anasligmals à grande ouverture avec les émulsions employées jusqu’ici. On détermine facilement par le calcul que, si on adopte le coefficient 7, comme rapidité de l’émulsion nouvelle par rapport aux an-F
- ciennes, l’objectif à ^ est équivalent à l’anastig-F
- mat çttj ’> or ce dernier coûte environ dix fois plus cher que l’autre.
- Le traitement des nouvelles plaques violettes n’est pas plus difficile que celui des plaques ordinaires; il convient seulement de prendre plus de précautions pour le chargement des châssis; on le fera de préférence dans l’obscurité complète. Quant au développement on pourra toujours le commencer loin de la lanterne et en couvrant la cuvette ; ce sont là des précautions élémentaires auxquelles sont habitués tous les amateurs soucieux d’obtenir de bons clichés.
- Traitement des plaques autochromes. — Le développement des plaques autochromes est très simple parce qu’il est automatique, quand on est certain que le temps de pose est exact. Mais, comme nous l’avons déjà dit ici dernièrement (Voy. n° 1805 du 28 décembre 1907), quand on est dans l’incertitude au sujet du temps de pose, il est préférable de surveiller la venue de l’imagc-et de modifier la composition du bain de développement suivant les circonstances. Après une étude minutieuse de la question, MM. Lumière viennent d’indiquer quelle est la méthode qui leur semble devoir donner, dans ce cas,
- p.163 - vue 167/647
-
-
-
- 164
- PHOTOGRAPHIE
- les meilleurs résulats. C’est la méthode Watkins très employée en Angleterre depuis nombre d’années pour le développement des plaques ordinaires. Elle est basée sur la relation qui existe entre trois facteurs : 1° le temps qui s’écoule entre le moment où l'on met la plaque dans le bain et le moment où l’image commence à paraître ; 2° la composition du développement; 5° sa durée. C’est à la détermination aussi exacte que possible de cette relation que se sont attachés MM. Lumière. Comme conclusion de cette étude ils ont institué la manière d’opérer suivante :
- Pour préparer le bain de développement on met 10 cm3 de la solution n° I dans 80 cm3 d’eau; puis on y ajoute 10 cm3 delà solution n° 2, diluée comme nous l’avons indiqué, et on garde le reste, soit 50 cm3, dans une éprouvette graduée.
- Dès que le bain a été versé sur la plaque on compte les secondes et, après 15 ou 20 secondes, on approche de la lanterne pour surveiller la venue de l’image; on entend par là non pas l’apparition des grandes lumières telles que le ciel, mais la délinition des contours du sujet. Si cette apparition a lieu avant
- Fig. 1 et 2. — Instantanés au 2oU""’ de seconde dans un atelier sans soleil.
- On a deux solutions de réserve qui serviront à constituer le bain de développement.
- Solution L
- Eau.......................100 cins.
- Bisulfite de soude du commerce. 2 gouttes.
- Acide pyrogallique.......5 grammes.
- Bromure de potassium..............5 —
- Solution II.
- Eau.........................85 cm5.
- Sulfite de soude anhydre. . . .10 gr. Ammoniaque à 22° Baume. . . . 15 c. c.
- Pour l’usage il convient de diluer cette dernière solution au quart ; soit 45 cm5 d’eau et 15 cm3 de solution, par exemple pour avoir 60 cm3 prêts à l’emploi.
- 25 secondes, c’est qu’il y a surexposition, le bain ne doit pas être modifié et on arrêtera son action au bout de 2 minutes. Si l’apparition se fait dans un laps de temps plus long on se conformera aux indications du tableau ci-dessous :
- Apparition Centimètres cubes Durée totale
- île de la solution 2 du
- l'image. à ajouter. développement.
- 25 à 27 2 2"’ 15'
- 28 à 50 8 2m508
- 51 à 55 15 2m50s
- 56 à 41 20 2ra 508
- 42 à 48 25 2m508
- 49 à 55 50 2m458
- 56 à 64 55 5“
- 65 à 75 40 4,n
- p.164 - vue 168/647
-
-
-
- PHOTOGRAPHIE — ^i=::=z=::-165
- Si l’apparition se fait au delà de 75 secondes, c’est qu’il y a sous-exposition notable, on versera le reste
- de la solution 2 et on prolongera le développement jusqu’à 5 minutes.
- Le laboratoire doit être éclairé, bien entendu, avec une lanterne munie d’écrans spéciaux; on a pu, en elfet, bien que les plaques soient en principe sensibles à toutes les couleurs, déterminer certaines colorations qui ont sur elles le minimum d’action. Les papiers teintés au vert malachite ou bien une combinaison de jaune de lartrazine et de violet de méthyle, sont dans ce cas. On trouve dans le commerce, à bon marché, ces écrans tout préparés, soit par MM. Lumière, soit par M.Calmels; il suffit de les insérer entre deux verres blancs pour en garnir sa lanterne de laboratoire. On peut alors sans crainte, même avec une intensité de 10 bougies, examiner les plaques quand elles ont séjourné 15 à 20 secondes dans le révélateur ; il ne faut pas prolonger cet examen outre mesure, ni le renouveler trop fréquemment, mais on a le temps nécessaire pour se rendre compte si l’image apparaît.
- On fera bien d’écrire en gros caractères le tableau ci-dessus sur le verre même de la lanterne. Il n’est pas très commode de surveiller une montre à secondes et en même temps la plaque à développer ; mais on prend assez vite l’habitude d’apprécier la seconde exactement, en comptant à haute voix ou mentalement. Un adroit opérateur, M. Gim-pel, qui emploie les plaques auto-chromes avec beaucoup d’habileté et en a obtenu des résultats merveilleux, a eu l’idée d’utiliser pour cela le phonographe en lui faisant compter : un, deux, trois, etc., c’est très ingénieux et très original ; si l’on
- n’a pas de phonographe à sa disposition, et qu’on craigne de ne pas savoir apprécier assez exactement la seconde, on pourra se faire aider par un métronome. Dans tous les cas les chiffres que nous publions plus haut ont une certaine élasticité, ils sont donnés surtout à titre d’indication et on pourra s’en écarter un peu sans compromettre le succès de l’opération. 11 est certain qu’il sera de beaucoup préférable d’avoir le temps de pose exact, et alors la photographie en couleurs devient beaucoup plus simple que la photographie ordinaire, puisqu’on n’a plus besoin ni de lanterne, ni de laboratoire. Un sac, comme on en trouve dans le commerce, pour le chargement des châssis en plein jour, suffit. Pour le développement on a imaginé plusieurs procédés. M. Mackenstein, dont les appareils sont très répandus, a construit à cet effet un petit matériel très commode et qui dorme toute satisfaction (fig. 5). Un coffret en bois est muni de coulisses à sa partie supérieure de façon à recevoir, comme couvercle, le châssis de l'appareil photographique ; dans l’intérieur de ce colfret est disposée une cuvette en ébonite munie d’un ajutage qui le traverse sur le côté et auquel on peut adapter un tube en caoutchouc. On comprend que, dans ces conditions, si un disposit if spécial permet de décrocher la plaque du châssis, après qu’on aura ouvert le volet, celle-ci tombera dans la cuvette, sa face sensible en dessus, puisque les autochromes sont placées dans les châssis à l’inverse des autres plaques.
- Aussi les châssis de M. Mackenstein sont-ils construits de façon spéciale ; les plaques y sont maintenues en place par des taquets à ressort qu’on peut
- manœuvrer de l’extérieur et il suffit de pousser légèrement un verrou pour libérer la plaque. Au moyen
- E
- Fig'. 4. — Cuvette « Marbach » pour développement sans laboratoire des plaques autochromes; A, couvercle muni d’un entonnoir E et de chicanes 1!; C, cuvette inunie d’un bouchon de vidange 1).
- Fig. 3. — Matériel Mackenstein pour le développement des plaques autochromes sans laboratoire; A, collret; B, cuvette; V, châssis de l’appareil photographique; ï, tube en caoutchouc pour introduction et vidange des liquides.
- p.165 - vue 169/647
-
-
-
- 166 =r : INFLUENCE DE LA LUMIERE SUR LA VEGETATION
- d’un entonnoir et du tube de caoutchouc, on introduit le développement dans la cuvette ; on la vide ensuite, quand le temps voulu est écoulé, en inclinant le tube dans l’autre sens; on fait les lavages nécessaires et l’introduction du bain de permanganate de la même façon; puis on ouvre le colïret et on continue les opérations en plein jour.
- Ce matériel ne peut être employé, bien entendu, qu’avec des châssis spéciaux, que le constructeur se charge d’adapter à tous les appareils. On a imaginé des cuvettes qui peuvent être utilisées pour des châssis quelconques, il suffît de décharger ceux-ci au moyen du sac en étoile, dans lequel on aura également introduit la cuvette spéciale, et défaire passer la plaque de l’un dans l’autre, puis de recouvrir la cuvette. MM. Gravier, Gaumont , Schrambach, et d’autres probablement;, ont construit des cuvettes de ce genre et nous avons déjà signalé ici celle de M. Schrambach qui est en métal et tient fort peu de place ; mais tout en continuant à la construire il a créé un autre modèle qu’il a fait exécuter par M. Maurice Delécaille, en kaolite, sorte de faïence très dure et très opaque que ce dernier emploie pour des cuves à développement
- lent. La cuvette, dont la forme définitive (fig. 4) a tout spécialement été étudiée parM. Delécaille, est à bords droits assez élevés pour éviter toute projection de liquide par suite du balancement; sous l’un des pieds, à l’extrémité d’un canal en chicane s’opposant à l’accès de la lumière, se trouve le trou de vidange fermé par un bouchon en caoutchouc. Le couvercle porte une double feuillure qui s’emboîte sur les bords de la cuvette et assure l’étanchéité à la lumière, il est muni d’un trou à bords évasés qui termine le canal en chicane par où on verse les liquides. La manipulation se comprend d’elle-même et ne nécessite aucune explication.
- Le traitement des plaques autochromes présente donc aujourd’hui des ressources suffisantes pour qu’on soit certain de réussir dans tous les cas ; si l’on a des doutes sur le temps de pose, on procède par tâtonnements; si l’on est sûr de l’exposition correcte, on opère automatiquement et sans laboratoire. Les craintes de gâcher des plaques, dont le prix est assez élevé, disparaissent donc maintenant; aussi ce merveilleux procédé prend-il tous les jours une pins grande extension. G. Makesciial.
- INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LA VÉGÉTATION
- 11 y a quelque temps, notre collaborateur M. H. Blin signalait dans La Nature (n° 1810, 14 mars 1908, p. 229) la pétition des cultivateurs de la presqu’île de Penmarch (Finistère) demandant la suppression du phare d’Eckmühl, et cela parce que, disaient-ils, la lumière électrique était nuisible à leurs récoltes de pommes de terre.
- M. Blin expliquait que cette action dommageable de la lumière électrique est due vraisemblablement à la richesse de l’arc voltaïque en rayons violets. C’est précisément, en effet, sous l’influence des layons violets de la lumière solaire que s’accomplit, à l’état normal, cette « fonction chlorophyllienne » qui est une des plus importantes parmi celles dont se compose la physiologie des végétaux; dans la nature, cette fonction est essentiellement diurne, puisqu’elle est liée à l’action de la lumière solaire. Le phare d’Eckmühl, en ajoutant à celle-ci son action propre, prolongerait au contraire la formation de chlorophylle pendant la nuit, faisant « travailler » la feuille d’une façon permanente et, par cette exaltation anormale de sa fonction, épuisant rapidement la plante, son système radiculaire et les tubercules.
- A la suite même de cet article, la question a été récemment reprise devant la Société nationale d’agriculture1 et a donné lieu, surtout entre MM. Maquenne et Bonnier, à un échange d’observations de grand intérêt.
- M. Maquenne rappela tout d’abord qu’il y a une trentaine d’années, Siemens, de Londres, avait déjà appelé l’attention sur l’avantage qu’il pourrait y avoir à éclairer les serres de forçage au moyen de puissantes lampes électriques, de façon à permettre à la fonction chlorophyllienne de s’accomplir sans interruption. P.-P. Dehé-rain fit alors installer à Paris, dans le grand hall du Palais de l’Industrie, en 1881, une petite serre contenant une foule de plantes d'espèces variées, les unes
- 1 Bull, des Séances de la Soc. Nal. d'Agr. de France, 1908, n° 4, p. 267, sqq.
- soumises continuellement à l’éclairage d’une lampe à arc nu de 2000 bougies, les autres éclairées artificiellement pendant la nuit et non pendant le jour, et quelques-unes enfin sorties chaque matin en plein soleil, pour rentrer le soir dans la serre. On espérait ainsi montrer au public des végétations luxuriantes; mais l’effet fut exactement l’inverse de celui qu’on attendait : « Toutes les plantes exposées au rayonnement direct de l’arc furent grillées dans l’espace de quelques jours; celles qui subissaient continuellement son action furent naturellement plus vite et plus profondément atteintes que les autres. Leurs feuilles, brunies dans toutes les parties éclairées, portaient même des impressions photographiques, reproduisant l’ombre de celles qui étaient en avant et donnant ainsi la preuve que l’effet observé était dû aux radiations émises par la lampe et non à un manque de lumière. )) L’examen microscopique de ces feuilles faisait voir que leurs cellules épidermiques étaient profondément altérées, et en particulier que la chlorophylle était détruite.
- On attribua cette influence aux rayons chimiques ultraviolets, plus abondants dans la lumière électrique que dans la lumière du soleil, et, dans l’espoir de retenir une partie de ces radiations nuisibles, on entoura l’arc d’un globe de verre transparent; l’effet cependant se montra encore plus mauvais qu’utile. Et M. Maquenne conclut que « la lumière électrique nue est foncièrement défavorable à la végétation, par l’action destructive qu’elle exerce sur la chlorophylle, et que, dans aucun cas, elle ne saurait remplacer la lumière du soleil. La raison en est qu’elle renferme une trop forte proportion de rayons ultra-violets, nuisibles parce que les plantes n’y sont pas adaptées ».
- D’ailleurs, ajoute M. Maquenne, il ne faudrait pas se laisser tromper par le fait bien connu qu’on observe souvent, chez les sujets éclairés par l’arc, une floraison et une fructification plus hâtives que chez les sujets normaux.
- p.166 - vue 170/647
-
-
-
- — GRANDS BARRAGES ET STATIONS HYDRO-ÉLECTRIQUES __ 167
- 11 faut y voir bien plus qu’un avantage réalisé, une preuve de l’état de misère physiologique dans lequel se trouvent alors les plantes, arrêtées dans leur accroissement par la dégénérescence de leurs tissus chlorophylliens; seules des pesées effectuées sur des récoltes obtenues sous un éclairage électrique direct permettraient de conclure à l’utilité de celui-ci.
- M. Gaston Bonnier fait entendre une opinion quelque peu différente : pour lui l’insuccès des expériences citées par M. Maqucnne est dû simplement à ce que les plantes n’étaient pas protégées contre l’influence nocive d’une partie des rayons ultra-violets émis par les lampes à arc. Mais on peut éliminer ces radiations nuisibles et obtenir, par l’arc électrique, une lumière dont le spectre, la composition et les effets sur la végétation sont à peu près analogues à ceux de la lumière solaire.
- M. Prillieux a d’ailleurs démontré expérimentalement que l’assimilation chlorophyllienne peut être obtenue en remplaçant la lumière du soleil par la lumière électrique, et M. Bonnier lui-même, en éliminant les rayons nuisibles, par la simple interposition d’un écran de verre, a pu établir, en 1892, des cultures dans le pavillon d’élec-
- tricité des Halles centrales à Paris, où elles se sont poursuivies avec succès et sans interruption pendant plus de trois années.
- Les expériences poursuivies alors ont notamment permis de reconnaître qu’à la lumière continue, la chlorophylle est plus abondante,.dans toutes les cellules qui en contiennent à l’état normal, et que des grains de chlorophylle peuvent même apparaître dans des tissus qui n’en contiennent pas dans les conditions ordinaires, par exemple jusqu’au milieu de la moelle des branches de plusieurs arbres. L’intensité de cette production chlorophyllienne pouvait même aller jusqu’à retentir sur la morphologie des plantes essayées, les réserves nutritives se déplaçant ou ne se faisant plus de la même manière.
- Kn somme on peut dire qu’il n’y a rien dans la lumière électrique qui la condamne a priori et essentiellement à une action nuisible sur la végétation. Maniée avec les précautions voulues, elle peut être utilisée. Seulement, il importe, à chaque fois, de déterminer avec rigueur les conditions favorables à tel ou tel organisme, conditions qu’on peut parfaitement arriver à régler artificiellement par une série de recherches expérimentales. Marcel Blot.
- LES GRANDS BARRAGES ET LES STATIONS HYDRO-ÉLECTRIQUES
- EN ALLEMAGNE
- 11 se lail, un mouvement des plus intéressants, Allemagne, pour électriques, et tirer parti des (dmtes d’eau, des forces naturelles que peut fournir le pays : la question prend une importance toute particulière à un moment où l’Empire souffre d’une véritable disette de charbon. C’est ainsi que, dans le Royaume de Bavière, région essentiellement montagneuse où les cours d’eau à pente rapide a-bondent, on vient de faire une étude officielle de toute la puissance hydraulique disponible dans le pays; on a, en même temps, dressé un certain nombre de projets de stations hydro-électriques, dont la plus importante est celle qui utiliserait le lac dit Walchensee comme réservoir régulateur.
- Celui-ci est à une soixantaine de kilomètres dans le sud de Munich, à une altitude déplus de 800 m.,
- tandis qu’à quelques kilomètres au nord se trouve la nappe d’eau du Kochelsee, qui est à 200 m. à peine. Ajoutons que le premier lac a une surface mouillée de 15 kilomètres carrés. L’intention serait d’établir une chute entre les deux lacs, en prenant l’eau du lac supérieur par un tunnel qui s’ouvrirait à une vingtaine de mètres au-dessous de sa surface; ce tunnel se transformerait en puits vertical en un certain point, et il assurerait l’utilisation et l’arrivée de l’eau sur des turbines, à une faible hauteur au-dessus du Kochelsee, qui servirait de déversoir et d’exutoire pour les eaux. Au reste, on compte augmenter considérablement le volume des eaux
- en
- créer de grandes stations hydro-
- Alsdoff
- Tangen
- Haaren
- Aix-la-Chapelle, ( Nord'içf
- Aix-la-Chapeile*^çY
- (Sud)
- Niederforstba<
- r Aachener -Kleinbahr
- kachene
- tgenheim
- $TATtON&**^
- HYDRO-ÉLECTRIQUE
- ^ wÇtSL^fleirnbach
- 7—S-fg/' STATION
- 'ÉLECTRIQUE.
- Wallenthal
- i barrage
- Gemiind
- Schleiden
- Kilomètres
- Schleiden
- Fig. 1. — Plan de la région du réservoir et des canalisations de distribution de l’usine.
- p.167 - vue 171/647
-
-
-
- 168 : .-.; GRANDS BARRAGES ET STATIONS HYDRO-ÉLECTRIQUES
- que peuvent fournir les affluents naturels du premier lac : dans ce but, on y détournera une bonne partie des eaux de l’isar et celles de la rivière Rissbach. L’isar coule à moins de 8 kilomètres dans
- perrc, ainsi qu’on le nomme, a été entrepris par une Société qui porte le nom de Rurtalsperren Gesellschaft : ce qui semble bizarre au premier abord, mais s’explique par ce fait que l’usine utili-
- Fig. 2. — Le barrage sur l'IJrl't.
- Coupe
- de l’Urftalspere.
- le sud du lac : elle n’en est séparée que par une toute petite chaîne montagneuse, et sa vallée est à au moins 60 m. au-dessus du niveau du Walchensee. On barrera le cours d’eau, et l’on en fera une dérivation partielle qui pourra amener au lac quelque 50 m. cubes par seconde. Pour la Rissbach, qui est un affluent de l’isar, on compte aussi la barrer complètement et la dériver en tunnel dans le lac, ce qui pourra donner jusqu’à 20 m3 par seconde.
- On voit que l’installation hydro-électrique projetée possédera de la sorte un réservoir d’alimentation de dimensions considérables. Mais on a créé, et de toutes pièces, en Allemagne également, un réservoir analogue bien plus considérable par ses dimensions. Il présente cette particularité qu’il a fallu, pour le former, élever un ‘ barrage remarquable par ses proportions et surtout par la masse d’eau qu’il doit soutenir. Il se trouve dans la Prusse Rhénane, dans les monts d’Eifcl: le barrage est jeté au travers du cours de la rivière Urft, dont il a submergé la vallée en amont, sur une très grande longueur comme nous allons le voir. Cet Urftals-
- sant la chute créée se trouve bel et bien sur la rivière Rur, affluent de la Meuse, mais dont P Urft est lui-même un affluent.
- L’emplacement du barrage a été remarquablement choisi. Tout d’abord, en effet, on trouve en amont une vallée profonde, suffisamment large pourtant pour présenter un cube intérieur important ; sur des kilomètres, on n’y rencontre point de centre habité, le village le plus proche, Gemund, est au-dessus du niveau qu’ont pu atteindre
- dku^supà^é.rèservo^ ^ relevées par Je bar_
- rage. D’autre part, la rivière, en approchant du point où le grand barrage a été élevé, décrit une boucle : ce qui a permis facilement de la dévier en aval pour laisser à sec l’emplacement de la construction. Enfin la Rur, dont nous parlions tout à l’heure, et qui reçoit l’Urft à peu de distance du barrage et du réservoir, fait un coude à angle droit un peu plus loin : elle revient parallèlement au cours de l’Urft, et particulièrement au réservoir d’alimentation. Aussi a-t-il été très facile de créer la chute des eaux du réservoir sur les bords de la Rur, qui forme un déversoir excellent pour l’usine hydro-
- p.168 - vue 172/647
-
-
-
- GRANDS BARRAGES ET STATIONS HYDRO-ÉLECTRIQUES 169
- électrique. Or, grâce à la disposition du terrain à laquelle nous faisions allusion il y a un instant, le réservoir d’Url't a une capacité formidable de plus de 45 millions de mètres cubes. Ce mot de formidable ne nous semble pas exagéré, puisque le fameux lac artificiel appelé Wvrnwv, et chargé d’alimenter en eau pure Liverpool, lie contient pas un volume beaucoup supérieur.
- Avant de commencer le mur de retenue, on a établi en amont, au coude que forme la rivière, un barrage provisoire de très modestes proportions; puis on a creusé un tunnel de 140 m. de long, qui perce le liane du coteau, et débouche dans la partie de la vallée immédiatement en aval du mur délinilif.
- 55 m. Quant au parement aval, il est disposé suivant une concavité assez marquée. Et derrière cette digue, la vallée a été submergée de telle manière, jusqu'à 1,50 m. au-dessous de la crête du barrage, que le lac artificiel formé de la sorte s’étend sur une longueur de près de 10 kilomètres, avec une profondeur maxima de plus de 52 m.; la surface mouillée en est de 215 hectares environ.
- L’eau arrive du réservoir à l’usine par un tunnel qui aboutit près de Hcimbach : il commence, non pas au barrage, mais dans la partie du lac artificiel la plus voisine de la Rur. Il a presque 5 kilomètres de long, avec une différence de niveau de 1 m. seulement. A son arrivée au-dessus de l’usine, il se
- Fig. I. — L’usine hydro-électrique de Heimbach.
- Pour l’édification de la digue, on s’est trouvé dans de bonnes conditions, en ce sens qu’il a suffi un peu partout de creuser à quelque 5 m. pour rencontrer le roc sain et solide, schiste ou trappe. On a, du reste, rempli de ciment tous les joints visibles avant de commencer la maçonnerie. Le barrage se présente, en plan, suivant un arc de cercle de 200 m. de rayon; il est formé de maçonnerie, et, pour une hauteur maxima de 58 m., il offre une largeur de 50,50 m. en bas et d’un peu plus de 4 m. en crête: sa longueur en couronne est de 526 m. seulement, ce qui est peu par rapport à la masse d’eau accumulée dans le réservoir. La muraille amont est fort peu inclinée, et seulement dans sa portion supérieure; en bas, et jusqu’à une hauteur de 54 m., elle est protégée par un talus de terre et de déblais, qui atteint à la base une largeur de plus de
- continue par deux conduites lorcées aboutissant aux turbines. Deux puits disposés à ses deux extrémités permettent de commander des vannes et de régler fort exactement le débit de l’eau. L’usine va pouvoir fournir une puissance totale de 16000 chevaux; dès maintenant, les canalisations à haute tension transportant le courant vers des centres relativement éloignés, représentent une longueur de plus de 160 km.; des canalisations à basse tension desservent les localités moins éloignées. Le réseau dépasse certainement 400km. L’usine dessert notamment Aix-la-Chapelle, Alsdorf, \Y allen thaï, Frangenheim, etc. Ajoutons que la création de ce vaste bassin de retenue a eu pour effet précieux de régulariser le régime hydrologique de la région et de mettre un terme à des inondations fort redoutables.
- Pierre de Mériel.
- p.169 - vue 173/647
-
-
-
- 170
- LE NUMÉROTAGE DES PLOMBS DE CHASSE
- L’imminente ouverture de la chasse verra se reproduire les doléances habituelles sur le numérotage des plombs. Armes anglaises, armes belges, armes françaises, cartouches de Marseille, de Lyon ou de Paris admettent des plombs de grosseurs diverses pour un môme numéro ; et, si un chasseur invité au loin s’approvisionne de munitions sur place, il peut éprouver quelques déboires, parce que le tir ne répond pas à son attente.
- Un coup d’œil jeté sur le tableau ci-joint, extrait du remarquable ouvrage du général Journée : Le Tir des fusils de chasse, montrera toute la diversité du numérotage, sensible surtout dans les petits plombs. Le n° 8 de Marseille, par exemple, est presque une ibis et demie celui de Bruxelles ; et, comme la masse progresse avec le cube des diamètres, un grain n° 8 pèse trois fois plus à Marseille qu’en Belgique.
- Diamètre des e/rains de plomb suivant la provenance.
- PROVENANCE
- Numéros. Newcastle (cliilled shot) Bruxelles. Anger s. Lyon. Marseille. Paris.
- mm mm mm mm mm mm
- 0000 4,(55 (AA) 4,7 4,9 5,7 5,5 4,9
- 000 4,45 (A) 4,5 •4,7 5,5 5,0 4,6
- 00 5,95 (BB) 4,5 4,5 5,1 4,7 4,5
- 0 5,8 (B) 4,0 4,4 4,9 4,5 4,2
- 1 5,0 3,7 4,5 4,8 4,3 4,0
- 2 5,4 5,5 4,1 4,6 4,1 3,9
- ?) 5,25 5,5 4,0 4,2 3,9 3,6
- A 5,0 5,0 5,6 4,0 3,7 3,3
- 5 2,8 2,7 5,5 5,8 3,6 5,0
- 6 2,6 2,5 3,1 5,5 3,4 2,8
- 7 2,4 2,3 2,8 5,0 3,1 2,5
- 8 2 2 2,0 2,6 2,8 2,9 2,4
- 0 2,0 1,7 2,1 2,2 2,6 2,0
- 10 1,8 1,5 1,7 2,1 2,4 1,7
- 11 1,65 » » » » ))
- 12 1,55 » )) » » »
- Une entente entre les chasseurs serait-elle désirable ?
- A cette question personne ne peut raisonnablement
- répondre par la négative. Est-elle praticable? On a tant unifié depuis quelques années qu’on comprendrait mal pourquoi une réglementation du numérotage des plombs présenterait d’autres difficultés que l’unification de l’outillage au fur et à mesure du remplacement des pièces usées. C’est ainsi qu’on a procédé pour les filetages, et on y a réussi, alors que les obstacles a vaincre étaient incomparablement plus grands.
- D’ailleurs, les chasseurs allemands ont donné l’exemple. Leur syndicat a obtenu que les armuriers s’entendissent sur une échelle unique, qu’ils ont établie rigoureusement sur la base métrique. En Allemagne, les grains progressent par quarts de millimètre entre 1,25 mm et 5,50 mm, depuis la cendrée jusqu’à la chevrotine. On a donné au plus petit grain le numéro 12, et comme on est arrivé au numéro 1 pour le grain de 4 mm, on a poursuivi, comme dans les échelles françaises, en alignant des zéros. Le plus gros grain est le sextuple zéro.
- Si l’on prend la peine d’inscrire, à la suite du tableau ci-dessus, les diamètres des grains de l’échelle allemande, on verra qu’elle se repère exactement sur celle de Paris en divers de ses points, et notamment pour les millimètres entiers, alors que les diamètres intermédiaires s’en écartent très peu. L’unification allemande n’a donc pas innové beaucoup et s’est tenue dans les valeurs déjà acceptées, condition excellente pour son adoption; elle
- régularise les intervalles, ce qui est un avantage très sérieux, et se rattache au système métrique, ce qui en est un autre. L’adoption de l’échelle allemande par les chasseurs français modifierait peu leurs habitudes. Elle se résumerait en somme à une régularisation de l’échelle de Paris, qui est intermédiaire entre les diverses échelles en usage, de Marseille à Newcastle. 11 en résulterait ainsi un progrès acheté par le minimum de perturbation possible.
- Cependant, le système des chasseurs allemands contient encore une imperfection. Si l’échelle est rationnelle, son numérotage est défectueux, parce qu’il est inverse, à l’exemple des systèmes usuels. Du moment, en effet, où l’on s’entend sur une dimension, rien ne devient plus naturel que de mettre le numéro en relation avec elle, et de désigner un objet par sa cote principale. Tel est le procédé employé pour les fils métalliques, pour les vis et pour d’innombrables objets d’usage courant. Le numérotage inverse semble étrange aux non initiés; et si l’habitude le fait accepter, c’est qu’elle est à la fin la plus forte. Ce numérotage conduit fatalement au numéro zéro; et, si l’on veut pousser plus loin, on est entraîné à inscrire une file de zéros, ce qui suffirait déjà à montrer le point faible du système.
- Or, si l’on adopte délibérément le numérotage direct, toute difficulté disparaît. Pour les plombs, les dimensions se fixeront immédiatement dans l’esprit, sans initiation préalable. L’unité étant par exemple le dixième de millimètre, on sous-entendra les centièmes, et le n° J 2 désignera le plomb de 1,25 mm; le plus gros plomb allemand cessera d’être le bizarre 000000 et portera le n° 55.
- Puis, le numérotage basé sur les dimensions permet une vérification immédiate. Dix grains alignés le long d’un double décimètre donneront le numéro par le nombre de millimètres qu’ils occupent.
- Tel est l’ensemble des conventions sur lesquelles les chasseurs et les armuriers devraient, semble-t-il, pouvoir s’entendre sans difficulté. Qu’une semblable réforme entraîne quelques dépenses, cela ne devra point surprendre ; car, même en procédant par remplacement systématique des cribles hors d’usage, on sera néanmoins conduit, à un moment donné, et pour sortir d’un dualisme gênant, à mettre de côté quelques outils encore susceptibles d’un bon service. Mais, si l’on se souvient des sacrifices consentis par les diverses industries en vue de réformes diverses dont, ensuite, tout le monde a bénéficié, on reconnaîtra que la petite réforme des plombs est l’une des moins onéreuses.
- Yerra-t-on quelques difficultés au retournement de l’échelle ? N’oublions pas qu’on l’a pratiqué, il y a une vingtaine d’années, pour le numérotage des verres d’optique. La distance focale, exprimée en pouces, désignait autrefois leur numéro; aujourd’hui, c’est leur puissance qui sert à les définir, et personne ne compte plus autrement qu’en fonction de la dioptrie, puissance d’un verre de 1 mètre de distance focale. Les puissances s’ajoutent en même temps que les numéros, lorsque plusieurs verres sont traversés par le même faisceau. Les calculs sont ainsi grandement simplifiés; et, comme la détermination des puissances est ramenée à des mesures métriques, la vérification est facile pour chacun.
- Le même progrès peut être obtenu pour des plombs de chasse, à l’avantage de tous. Il n’y faut qu’un peu de bonne volonté et la franche acceptation d’une gêne bien petite et toute passagère. Ch.-En. Guilhaume.
- p.170 - vue 174/647
-
-
-
- 171
- LES PLANTES INTRODUITES
- La flore d’un pays, quelque homogène qu’elle paraisse au premier aspect, se compose d’éléments divers, parmi lesquels les piaules qui occupaient primitivement le sol ne tigurent plus parfois que pour une fraction restreinte de la population végétale actuelle.
- A coté de ces espèces indigènes, qui ont toujours habité la région ou dont l’introduction du moins se perd dans la nuit des temps, de nouvelles venues ont pénétré en conquérantes, et se sont plus ou moins solidement implantées.
- De ces étrangères, les unes se sont introduites spontanément, les autres ont en besoin du concours volontaire, ou involontaire de l’homme; parfois même celui-ci a-t-il dû s’avouer impuissant contre un envahissement qu’il était loin de souhaiter, comme c’est le cas pour les mauvaises herbes de nos jardins et de nos champs.
- Il est assez difficile, même aux botanistes expérimentés, de faire toujours bien exactement le départ entre les plantes véritablement indigènes et les espèces introduites, surtout quand l’introduction est déjà ancienne.
- D’une manière générale, les types spontanés habitent, exclusivement et sans se répandre au dehors, des stations naturelles : ainsi, les bords sauvages de la nier, rochers, galets, falaises, dunes, prés maritimes, les berges des rivières, les forêts, les étangs, les marécages, les prés tourbeux.
- Au contraire, les espèces introduites se partagent les stations artificielles : murs des maisons, terrains vagues et incultes et surtout terres en culture, où leurs graines ont pénétré avec celles des plantes volontairement. cultivées par l’homme. A coté des plantes qui, comme les coquelicots, le bleuet, le Ranunculus arvensis, la nielle, ont envahi indistinctement tous les champs cultivés dont le sol autorise leur végétation, il est remarquable que les cultures spéciales ont favorisé l’introduction de certaines espèces qui s’y tiennent cantonnées : c’est ainsi que le Ccimelina linicola, qui végète spontanément dans la Russie méridionale, a pénétré chez nous avec des graines de lin importées de ce pays.
- L’introduction des plantes étrangères se fait d’ailleurs suivant les modes les plus divers, ainsi qu’on peut en juger par quelques exemples empruntés à la flore de la France.
- L’Onothera biennis, originaire d’Amérique et cultivé dans bon nombre de jardins comme plante ornementale,
- s’en est échappé, et on le trouve maintenant naturalisé çà et là dans les lieux incultes. Fait, intéressant, cette, espèce a pénétré dans l’ancien monde par l’Orient avant la découverte de l’Amérique. Quelques autres Onothera, dont la présence à l’état naturalisé a été constatée dans plusieurs départements français, sont venus directement. d’Amérique, patrie du genre, avec des marchandises.
- 11 en est de même des Aster salignus, brumalis, novi-bekjii, subspontanés çà et là sur les berges herbeuses des rivières, et qui ont été, au moins en partie, involontairement introduits, leurs akènes s’étant accrochés aux marchandises. Cependant la naturalisation de ces plantes en France a aussi pour origine leur culture à titre ornemental. Dans les deux cas, elles suivent pour leur dissémination le trajet des cours d’eau.
- Le Corydalis lulea, probablement spontané en Italie, et le Cheirantlius cheiri, la suave « giroflée des murailles », venu d’Orient et de Grèce, sont maintenant naturalisés sur les murs et les rocailles dans une grande partie de la France.
- Une petite crucifère, d’ailleurs assez insignifiante, l'Alyssum inca-num, doit son introduction en France, à la douloureuse guerre de 1870. Elle est, spontanée sur les bords rocailleux des chemins en Alsace; les Allemands en apportèrent des graines avec leurs bagages, et on la trouve, aujourd’hui dans les prairies artificielles de la région parcourue par l’ennemi ; elle a pénétré jusqu’à la Loire.
- Mais l’espèce, la plus curieuse au point de vue de sa dissémination dans notre, pays est sans doute YHelodea canadensis (figure) qui, venue dans nos cours d’eau il y a une trentaine, d’années, s’est à ce point multipliée qu’elle tend à y supplanter les espèces aquatiques indigènes. C’est des canaux de la Hollande que. nos rivières paraissent l’avoir reçue. On l’a trouvée, en Angleterre, pour la première fois en Europe, vers 1856 ; elle y abonde aujourd’hui.
- Ces quelques exemples, qu’il serait facile de multiplier, suffisent à montrer que l’introduction des plantes étrangères, soit qu’elles chassent les indigènes, soit, qu’elles vivent à leur côté, constitue un des facteurs les plus importants de la permanente modification des flores. A. Acloque.
- L’Helodea canadensis, espèce américaine d’introduction récente on Europe.
- LA NOUVELLE PENDULE ASTRONOMIQUE DES AÇORES
- La Compagnie Allemande des Câbles sous-marins de l’Atlantique vient d’installer à Ilorta (aux îles Açores), pour le compte du Gouvernement allemand, un appareil permettant aux navires qui passent par Payai de connaître le temps moyen exact de Greenwich, afin de régler leurs chronomètres. C’est une horloge astronomique, à laquelle, chaque lundi entre 9 heures et 9” 20, on signale régulièrement l’heure, de l’Observa-
- toire de Hambourg. C’est le temps de l’Europe Centrale que l’on télégraphie ainsi, mais on peut en déduire aisément l’heure de Greenwich. Les signaux se font sur une période de 50 secondes, à des intervalles de 5 secondes ; et ils sont envoyés dans les deux directions, parce que la pendule de Ilorta est, munie de contacts automatiques pour des intervalles de 5 secondes. L’Observatoire de Hambourg envoie ensuite la correction.
- p.171 - vue 175/647
-
-
-
- 172
- LA NAISSANCE D’UNE ILE VOLCANIQUE
- Le phénomène auquel ont trait les photographies reproduites sur ces pages n’est pas unique dans les annales de la géologie : les cas d’ilcs volcaniques nées, pour ainsi dire, sous les yeux de l’homme historique, sont relativement nombreux. Mais c’est la première fois, croyons-nous, que les phases du phénomène aient été enregistrées par l’objectif. D’où le haut intérêt que présentent ces photographies.
- Le cas le plus connu, et qui fut aussi le mieux étudié, grâce à cette circonstance qu’il se produisit dans des parages assidûment fréquentés par des navires, est celui de l’ile Fordinanda ou julia. Le 8 juillet 1851, le brigantin II Gustavo passait au large de la côte sud-ouest de la Sicile, à la hauteur de la petite ville de Sciacca, quand l’équipage vit surgir de la mer, dans un fracas de tonnerre, une colonne d’eau haute de 50 m. et large de 40 à 50 m.
- Le jet dura dix minutes, pour se reproduire ensuite de quart d’heure en quart d’heure sans variation d’intensité.Très agitée,et recouverte d’une écume roussâtre, la mer charria des quantités de poissons morts. Un nuage épais s’étendit sur la région.
- Deuxjours plus tard, le capitaine du même navire assistait à la répétition du phénomène. La colonne d’eau avait perdu en hauteur ce qu’elle gagnait en largeur : haute d’une vingtaine de mètres, elle atteignait 800 m. de circonférence.
- Le brouillard épais qui voilait l’horizon empêchait les habitants de Sciacca de suivre les phases de l’éruption. Mais, dès le 28 juin, de légères secousses avaient attiré leur attention. Le 12 juillet, ils sentaient dans l’air une très forte odeur d’acide sulfureux, et voyaient la mer se couvrir, près du rivage, d’une couche de petites scories noires dont l’épaisseur atteignait bientôt 10 cm.
- Le 15, ils apercevaient au large une colonne de fumée d’où partaient de fréquentes détonations, et qui, la nuit venue, prit une couleur de feu. Des éclairs sillonnaient le nuage amoncelé au-dessus de la colonne.
- Enfin, le 18, apparaissait en ce point un rocher de 4 à 5 m. de hauteur qui allait devenir en peu de jours une île de 1400 m. de tour, avec un point culminant d’une altitude de 70 m. Trois mois plus tard, l’ile Ferdinanda, dont Anglais et Italiens se disputaient déjà la possession, achevait de s’abîmer
- dans les Ilots. En janvier 1852, son emplacement n’était plus marqué que par un haut-fond. Deux ans plus tard, la sonde n’y indiquait même plus un relèvement du sol marin.
- Si nous avons rappelé en détail la naissance de l’ile Ferdinanda ou Julia (son existence de trois mois avait été marquée par une demi-douzaine de baptêmes plus ou moins officiels!), c’est, que l’ile volcanique de la mer de Behring, dont l’existence aura été un peu moins éphémère, naquit au milieu de circonstances analogues.
- Remarquons avant tout, que l’archipel des Aloutiennes est un des centres volcaniques les plus remarquables de la planète. On y compte une quarantaine de cratères à périodes d’activité intermittentes. Ceux des îles Umnak et Unalaska, qui forment la partie centrale de la chaîne, sont presque
- constamment en éruption. Précisément, ce fut au large de ces îles, à égale distance de l’une et de l'autre, que naquit, vers la mi-mars 1906, Pilot qui nous occupe ici.
- Le phénomène, pour si extraordinaire qu’il soit en lui-même, ne surprit que médiocrement les indigènes. C’est que, sur le même point de la mer de Behring, leurs ancêtres, et eux-mêmes, avaient déjà assisté à des manifestations identiques.
- Alexandre Baranov, qui fut gouverneur des possessions russes d’Amérique vers la fin duxvme siècle, procédait à un voyage d’exploration dans ces parages des îles Aléoutiennes, lorsque, le 1er mai 1796, une violente tempête le fit se réfugier dans une haie d’Umnak. Il raconte :
- « La tempête dura deux jours. Le ciel était très sombre, et l’on entendait continuellement des mugissements sourds, semblables à des roulements de tonnerre.
- « Le troisième jour, le ciel s’éclaircit, et nous aperçûmes une flamme qui sortait de la mer, entre Unalaska et Umnak. Pendant dix jours, une fumée dense s’accumula sous le ciel, dans la direction du nord. Puis, ce fut une énorme colonne blanche que l'on vit surgir de la mer. La nuit qui suivit la onzième journée, les flammes devinrent si vives que l’on distinguait nettement les pics situés dans un rayon de 20 km. Un tremblement de terre, accompagné de bruits épouvantables, secoua Unalaska, et
- Fig. 1. — L’île volcanique, quatre mois après sa naissance.
- p.172 - vue 176/647
-
-
-
- = LA NAISSANCE D’UNE ILE VOLCANIQUE ===== 173
- des roches volcaniques lurent projetées jusque sur les rivages d’Umnak.
- « Au lever du soleil, le fracas cessa; le l'eu diminua d’intensité. Et la nouvelle île nous apparut, sous la forme d’un cône noir. Elle lut baptisée Joanna Bogoslova (Sainl-Jean-l’Evangéliste). Au bout d’un mois, et sans avoir cessé un moment d’émettre des flammes, elle avait augmenté considérablement sa hauteur. Les flammes furent remplacées bientôt par de la vapeur et de la fumée. »
- L’île à la naissance de laquelle l’explorateur russe avait assisté, ne fut visitée qu’en 1804, par des chasseurs de phoques. Les émissions de fumée avaient cessé, mais la mer était encore chaude, sur les rivages. Par endroits, la chaleur du sol était si grande que les bottes des chasseurs s’y brûlaient. L’ile avait alors 4 km de tour, et son point culminant avait une altitude de 117 m. Une éruption de lave fut observée en 1806. Le voyageur Veniaminolf
- lérence sceptique des fonctionnaires américains d’Unalaska. C’est ce qui explique que le phénomène ne fut malheureusement pas observé par des témoins initiés, si vaguement que ce fût, aux choses scientifiques.
- Pans les derniers jours de mars (1900), un capitaine au cabotage, M. Ed. Lee, se trouvait, par un matin clair, entre les villages de Chernolski et de Kashega, sur la côte sud d’Unalaska, quand il observa dans la direction de Bogoslova, à une distance de 60 km, un phénomène qu’il prit pour une violente tempête de neige. Poursuivant sa roule, il allait reprendre, dans sa goélette le Bear, trois chasseurs de renards qu’il avait débarqués l’année précédente à la pointe septentrionale d’Umnak. Ils lui faisaient le récit que des colonnes de vapeur et de fumée avaient jailli de la mer au large de Bogoslova deux semaines auparavant. *
- En rapprochant ces différentes dates, on peut con-
- constata en 1825 qu’elle avait acquis une forme pyramidale, avec une hauteur de 500 m.
- Bogoslova resta solitaire jusqu’en 1885. Pendant l’été de cette année, le vapeur Dora signala une recrudescence d’activité dans les parages, Quelques mois plus tard,
- dure que l’ile nouvelle naquit vers le 15 mars. A celte époque, les indigènes d’Umnak avaient effectivement ressenti quelques secousses.
- Le 20 avril, M. Samuel Apple-gale repassait sur son schooner près du groupe et remarquait une volumineuse émis-
- des chasseurs de
- Fig. 2. — New-lsland, à son apogée, quelques mois avant sa disparition.
- sion de vapeurs,
- fourrures signalaient l’apparition d'une terre très près de Bogoslova, dans la direction N.-E. D’après leurs dires, elle avait 1200 m. de tour, et une hauteur de 200 à 250 m.
- Le Grewingk, vapeur du Gouvernement Américain, visita l’ile l’année suivante et lui donna son nom. Elle avait alors la forme d’un dôme. En 1891, le dôme avait disparu. En 1895, elle continuait à émettre de la vapeur. A une époque indéterminée, entre 1887 et 1891, un îlot, appelé Ship-Rock, situé à peu près à mi-distance entre les deux cratères de Bogoslova et de Grewingk, disparaissait. Dix ans plus tard, son emplacement servait d’assises à une troisième île.
- Considérant les précédents que nous venons d’exposer, nous ne pouvons nous étonner que, durant l’hiver de 1904-1905, des indigènes d’Umnak annoncèrent à Unalaska la naissance d’une île nouvelle dans les parages de Bogoslova. L’information était prématurée. Un chasseur de loutres de mer, M. Samuel Applegate, passa près du groupe en mai 1906, et ne remarqua rien d’anormal. Aussi, quand, au printemps suivant, les indigènes donnèrent une seconde édition à leur récit, se heurtèrent-ils à l’indif-
- mais sans distinguer, dans l’épaisse brume, la nouvelle terre. Cette primeur était réservée à une mission scientifique californienne qui, à bord du vapeur Albalross, s’approchait assez près (29 mai) pour déterminer l’emplacement et le profil de l’ile.
- Le 2 juin, un navigateur, nommé Diercks, tentait d’aborder, mais ne pouvait franchir la ceinture d’eau bouillante qui entourait la terre. Ce même jour, un violent tremblement de terre alarmait les indigènes d’Unalaska. Enfin, le 5 juillet, des officiers du Perry, navire du Gouvernement Américain, débarquaient sur un point du rivage, mais sans prendre le temps de faire des observations ou de tenter l’escalade de l’arête rocheuse dressée au centre de l’ile.
- 11 était réservé à M. Robert Dunn, savant américain spécialisé dans l’étude des volcans, de fouler le premier aux pieds le sol encore fumant de ce nouveau-né des mers arctiques. Conduit par le capitaine Lee, et avec un Aléoute pour pilote, il débarquait dans l’ile nouvelle (New-lsland) le 29 juillet, et commençait aussitôt ses observations.
- Colorée par des sels de fer, l’eau offrait une teinte orange vif; elle accusait, près du rivage, une
- p.173 - vue 177/647
-
-
-
- 174 -.......: INJECTIONS D’EAU DE
- température de 92° Far. Des spirales de vapeur s’échappaient du sol, mais sans produire le moindre bruit. Un silence absolu planait.
- Les rives étaient constituées par des blocs d’un rouge pourpre, de la grosseur d’une tête humaine. Ceux que la mer avait léchés revêtaient une teinte orangée. Au-dessus, des amas de pierres plus petites dressaient des murailles friables qui s'effondraient sous le pied de l’explorateur.
- Après maintes glissades, grimpant à quatre pattes sur ce terrain mouvant qui lui brûlait la paume de la main, M. Dunn atteignait un terrain plus compact. Des tissures lui barraient maintenant le chemin à chaque pas ; laissant échapper des exhalations asphyxiantes.
- Enfui, après deux heures d’une escalade aussi pénible que dangereuse, effectuée sous la menace
- ER EN THÉRAPEUTIQUE . =
- d’une éruption de lave, M. Dunn atteignait la hase de l’arête culminante, qu’il jugea inaccessible, et qui s’élevait de 13 mètres environ au-dessùs de lui. Son baromètre accusait une altitude de 116 mètres, ce qui lui permit d’évaluer à 129 mètres la hauteur totale du pic.
- Quelques mois après ce brillant exploit, une expédition scientilique constatait déjà que file commençait à s’enfoncer sous les Ilots. En juillet 1907, un navire de la marine américaine assistait à la naissance d’un nouveau pic. Repassant par ces parages le 15 octobre de la même année, le navire rapportait la nouvelle que l’ile ne présentait plus à l’horizon qu’un relief insignifiant.
- La mer reprenait son bien. Moins heureuse que tant d’autres îles volcaniques, New-Island rentrait dans le néant. V. Forhin.
- LES INJECTIONS D’EAU DE MER EN THERAPEUTIQUE
- Le traitement marin date, on peut le dire, de la plus haute antiquité. Bains de mer, voyages sur les Ilots de la mer Bleue sont indiqués dans les documents les plus anciens. Pline, dans les ouvrages duquel on trouve les indications de toute la thérapeutique, traite avec détails des vertus hygiéniques et médicales de l’eau de mer prise en boisson. Abandonnée pendant longtemps, l’eau de mer figure à nouveau dans les méthodes thérapeutiques des médecins du xvu° siècle. Au siècle dernier, on en usait encore et la difficulté de la trouver pure et bonne donnait à un pharmacien de Fécamp l’idée de la gazéifier pour la rendre plus agréable.
- L’eau de mer était employée comme purgatif ou laxatif et, suivant les doses, comme altérant et modificateur des maladies lymphatiques. La nature des sels contenus dans l’eau de mer, chlorure de sodium, sulfates de soude, de magnésie, etc., permettait d’espérer quelques bons résultats de cette pratique. Mais il faut savoir que la quantité des divers éléments constitutifs de l’eau de mer varie beaucoup suivant les régions où on la recueille. D’après Driessen et Bruymans, les sels de magnésie-sont en plus grande proportion à mesure qu’on s’approche du pôle Nord, et les sels de chaux vers le pôle Sud. La teneur en chlorure de sodium, le sel fondamental de l’eau de mer, varie également beaucoup. Des analyses ont donné pour l’Océan, 26,64 gr. ; pour le bassin d’Arcachon, 27,96 gr. ; pour la Manche 25,70 gr. ; pour la mer du Nord, 20,49 gr. ; pour la Méditerranée, 30,48 gr. La mer Caspienne et la mer Morte ont une proportion beaucoup plus élevée 36,73 gr., pour la première, 64,97 gr. pour la seconde.
- Cette richesse en sels minéraux expliquait pour les anciens thérapeutes l’action vivificatrice de l’eau de mer dans bien des cas pathologiques. Mais les qualités qu’elle possède et qui ont donné naissance à une méthode thérapeutique toute nouvelle tiennent à une autre cause. Ces qualités ont été mises en évidence par MM. Carrion et Ilalion, et surtout par M. Quinton.
- Si mes lecteurs veulent bien se reporter à un article paru l’an dernier dans La Nature (27 avril 1907) sur le rôle biologique du sel, ils trouveront les données principales des travaux de M. Quinton; ils y verront comment, par des expériences ingénieuses, ce biologiste
- a pu montrer que l’eau de mer, milieu organique, est le milieu vital de choix de la cellule vivante. Suivant l’expression imagée de l’auteur, tout organisme animal est un véritable aquarium marin où continuent à vivre, tlans les conditions aquatiques des origines, les cellules qui les constituent. Nos tissus sont baignés dans des plasmas qui sont l’analogue comme composition de l’eau de mer. Chaque cellule vient y puiser les éléments de sa nourriture, de sa vie, de sa multiplication. Les expériences que M. Quinton a faites à maintes reprises et qui sont relatées dans l’article auquel je fais allusion sont des plus démonstratives.
- Que ce milieu vienne à subir, du fait d’une infection, d’une cause quelconque, une légère variation de constitution, aussitôt la cellule en ressent les effets, elle dépérit, se modifie, s’altère et l’organisme tout entier est modifié. Si l’on vient dans ces conditions introduire des éléments identiques à ceux qui constituent les liquides cellulaires on n’apportera aucun trouble au bon fonctionnement des cellules. Bien mieux, si elles ont subi du fait de cette variation chimique une altération plus ou moins sérieuse, l’apport de l’eau de mer vient leur rendre leur véritable milieu vital et favoriser leur retour à l’état normal.
- C’est l’application de ce dernier principe qui a donné lieu à l’emploi de l’eau de mer en injections. Quand, par suite d’une infection, et toutes les maladies sont le résultat d’une infection d’un certain genre, quand par suite de surmenage, de fatigues répétées, l’organisme a peine à reprendre le dessus, l’introduction d’eau de mer restitue à cet organisme, dont les plasmas sont altérés dans leur composition par des toxines diverses, le milieu vital qui correspond à l’état de santé. Sous l’influence de cette pénétration du liquide, de ce lavage du sang et des humeurs, les milieux sont purifiés et l’organisme reprend son équilibre normal. On pourrait comparer cet effet au changement d’air dans une pièce dont l’atmosphère a été viciée par des gaz délétères.
- Mais, dira-t-on, l’eau de mer est en résumé une solution saline et les injections de sérum artificiel ont été pratiquées depuis longtemps pour remédier à ces troubles cellulaires dans les hémorragies graves, les infections profondes, les anémies rebelles. Cela est vrai et, quand
- p.174 - vue 178/647
-
-
-
- ACADEMIE DES SCIENCES :. ..... =r 175
- oa taisait des injections salées chez les cholériques, chez les pyémiques, dans les états «dynamiques graves, on pouvait les considérer, au point de vue chimique et physique, comme l’équivalent des transfusions sanguines. On se proposait de jeter assez d’eau dans l’organisme pour amener la dépuration et le stimulant nécessaire à l’action fonctionnelle des cellules. Mais les sérums artificiels n’ont pas la valeur de l’eau de mer isotonique; celle-ci est deux fois moins toxique que la solution la plus pure de chlorure de sodium et, par conséquent, deux fois moins irritante et dangereuse. 11 est donc préférable d’employer l’eau de mer.
- Mais, pour que l’action thérapeutique puisse être entière, efficace, il faut que le liquide soit recueilli, préparé, si je puis dire, dans des conditions de pureté parfaite, qu’il soit toujours identique dans sa composition et dans son degré d’isolonisme. Le 1)'' Robert Simon, qui a étudié avec beaucoup de soin les applications thérapeutiques qui peuvent être faites de l’eau de mer, conseille de la recueillir toujours au même point, pour avoir la même richesse en sels. L’eau de l’Océan lui semble préférable à celle de la Manche toujours un peu trouble et à celle de la Méditerranée qui est plus chargée de sels de magnésie. Cette eau doit être puisée, cela va sans dire, au large, loin de l’embouchure des fleuves, à 10 ou 15 km des côtes, et à 10 m. de profondeur. Cette eau-là a toutes chances de n’avoir aucun des microbes qu’on peut trouver à la surface. La ville de Milan a puisé de la sorte son eau quotidienne à 200 m. des bords du lac Majeur et à 60 m. de profondeur; l’eau est excellente au point de vue potable.
- L’eau de mer, une fois recueillie dans des vases stérilisés, doit être mélangée à de l’eau de source très pure, deux parties environ pour une (exactement 120 pour 83) d’eau de mer ; le mélange en est filtré sur bougie Cham-berland et réparti dans des ampoules stérilisées qui ne seront plus ouvertes qu’au moment de s’en servir. Le
- liquide aseptique ainsi préparé a une concentration moléculaire égale à celle du sérum sanguin : c’est là un point des plus importants, car c’est grâce à cette isotonie que l’injection est tout à fait indolore.
- Les injections qui se font comme celles des sérums seront suivant l’âge des malades, suivant la nature de la maladie, de dose variable; il est rare de dépasser chez un jeune enfant la dose maximum de 50 cm3, tandis que chez un adulte on peut du premier coup injecter cette dose. Presque toujours il y a, à la suite de ces injections sous-cutanées, une réaction légère, élévation de température, un peu d’agitation. D’après M. (Juinton, plus cette réaction est vive, plus le bénéfice à attendre de l’injection est grand.
- Dans quels cas les injections d’eau de mer peuvent-elles être efficaces? On les a, jusqu’ici, employées dans un grand nombre d’affections assez disparates, mais où l’état général s’accompagnait de dépression, d’autointoxication, affections qui demandent un stimulant énergique et rapide dans ses effets. 11 ne faut pas en faire, si efficaces qu’elles soient, une panacée universelle, mais ce qu’on peut dire, d’après les témoignages recueillis auprès de nombreux praticiens, c’est que l’eau de mer agit comme un médicament merveilleux. Sans entrer dans des détails qui n’ont pas leur place ici, elles ont été employées dans des cas de tuberculose, d’entérite grave, d’intoxication profonde, d’anémie invétérée et dans la plupart des cas elles ont relevé les forces, ont supprimé les accidents que les médications internes les mieux appropriées étaient insuffisantes à conjurer. Les injections d’eau de mer ne doivent pas se substituer à toute thérapeutique, elles lui viennent en aide, et dans les cas où l’organisme a besoin d’un coup de fouet, d’un stimulant que ne peuvent donner la thérapeutique, l’aération, l’alimentation, le repos ou l’exercice, ayez-y recours, mais en vous laissant guider dans l’application de ce plasma régénérateur par les conseils de votre médecin. Dr A. Caktaz.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du io août 1908. — Présidence de M. Maurice Lévy.
- Influence d’une ligne électrique sur un orage à grêle. — M. Violle adresse une Noté, dans laquelle il étudie des faits qui ont été observés par M. Fagniez, relativement à l’influence que paraît avoir exercée sur un orage à grêle une ligne d’énergie électrique parcourue par un courant triphasé de -45 000 volts. Cette ligne est sensiblement parallèle à une chaîne de montagnes de 1000 à 1100 m. d’altitude, le Luberon, qui passe pour attirer la grêle. La ligne est située à une altitude qui varie entre 200 et 400 m. et à 4 ou 5 km de la chaîne. Des vallées étroites coupent la ligne perpendiculairement. L’orage s’est engagé le 26 juillet vers 5 heures du soir, dans une de ces vallées, a atteint la ligne et l’a ensuite remontée sur une longueur de 12 à 14 km en sévissant sur une zone de 2 km de large. Les dégâts ont été beaucoup plus importants près de la ligne. Pendant un certain temps, la grêle tombait sans pluie dans cette région, alors que sur les deux côtés de la zone la pluie tombait. M. Violle pense que la ligne a conduit l’orage. Quant à affirmer qu’elle a attiré l’orage, le fait est conjectural en l’état actuel des faits observés au sujet de ces lignes, mais il n’est pas impossible. M. Violle ajoute qu’au début de l’orage, un cultivateur a aperçu à 400 m. de la ligne, toutes proches cte celles-ci trois
- grosses boules de feu qui ont explosé violemment, puis la grêle est tombée.
- Superpositions d’oscillations dans un conducteur. — M. Mercadier adresse une Note décrivant un procédé qui permet la superposition, sans confusion, des petites oscillations électriques dans un même circuit.
- Transmutation de métaux. — Mrae Curie et M"“ Gle-dilsch exposent qu’elles ont entrepris de répéter, en se garantissant de toutes les causes d’erreurs connues, les expériences à la suite desquelles MM. Ramsay et Came-ron ont annoncé qu’ils avaient constaté la transmutation d’une certaine quantité de cuivre en lithium. En réalité, cette expérience présente une difficulté extrême à cause de la profusion du lithium dans la substance des récipients, dans les réactifs employés. Ainsi, de l’eau distillée dans un appareil de platine, et qui ne présente pas de trace de lithium, en présente au contraire après qu’elle a séjourné 24 heures dans un flacon de verre. Aussi Mme Curie a-t-elle rejeté tout appareil de verre et même le quartz, puis a-t-elle patiemment purifié ses réactifs de manière à éliminer toute trace de lithium. Dans ces con-
- p.175 - vue 179/647
-
-
-
- 176 ÉLÉVATEUR AUTOMATIQUE POUR MADRIERS
- ditions, si l’on introduit l’émanation du lithium dans un ballon de platine contenant une solution de sel de cuivre, puis si l’on attend que l’émanation se soit détruite et qu’enlin on examine par la spectroscopie le résidu, on ne vérifie pas les faits annoncés par Ramsay.
- Une maladie cnjptogamique des chênes. — M. de Maynard signale une maladie qui durant cet été exerce ses ravages sur les jeunes pousses de chêne. Non seulement les jeunes tailles sont atteintes, mais encore les jeunes pousses des vieux arbres. Cette maladie, si elle n’est nouvelle, est assurément fort rare, car de mémoire d’homme, on n’en connaît pas d’exemple dans le pays qu’habite l’auteur (le Lot). D’après M.de Maynard la ma-
- ladie serait due à un champignon plus actif que le mildiou, car un mois après l’apparition des premières inflorescences blanches, une coupe de vaste étendue est entièrement envahie. M. Wallerant déclare avoir observé récemment la maladie dans le département de l’Oise, M. Chatin dans la forêt de Rambouillet et M. le général Rassot près de Triel. L’examen de feuilles de chêne envoyées par M. de Maynard est renvoyé à M. Prillieux. Ne s’agit-il pas d’une maladie déjà décrite sous le nom d’oïdium du chêne? ajoute M. Bonnier. M. Roux annonce que des études sont déjà poursuivies en ce moment à l’Institut Pasteur dans le but de recueillir des données précises sur le parasite.
- Cl!. UE VlLLEDEUlL.
- ELEVATEUR AUTOMATIQUE POUR MADRIERS
- Jusqu’ici les manutentions d’empilage des madriers, bois en billes, traverses de chemins de fer et planches s’exécutaient généralement à mains d’hommes, sur la plupart des chantiers, procédé qui tout en exigeant un personnel nombreux, n’était pas sans dangers.
- Aussi le nouvel élévateur inventé par M. Josse, directeur de l’usine municipale de pavage en bois de Paris, rendra-t-il de grands services.
- Cette machine se compose de deux flasques triangulaires entretoisées. Dans chaque angle se trouve fixé un arbre sur lequel sont calés deux tambours dentés qui engrènent les mailles de deux chaînes parallèles au plan des fiasques. Ces chaînes comportent des crochets, qui sont disposés, de distance en distance, pour recevoir les madriers, qu’on amène à pied d’œuvre sur des wagonnets.
- Sur la face opposée de l’élévateur, se déplace verticalement une double console inclinée qu’un petit treuil permet de faire monter selon l’avancement
- de l’empilage. Une dynamo de faible puissance imprime le mouvement à la chaîne.
- Deux ouvriers, qui se tiennent au bas de l’appareil, disposent les madriers sur les crochets à leur passage devant eux. Le madrier se trouve alors élévé jusqu’au sommet de la machine. Là, il bascule sur des crochets plus grands vis-à-vis des précédents (et qu’on voit se détacher sur le ciel dans notre gravure). Ceux-ci le supportent jusqu’à sa rencontre avec les bras de la console. A ce moment, les crochets abandonnent la traverse sur son nouveau support et continuent leur course en la laissant glisser sur les bras inclinés de la console où l’ouvrier empileur enlève ce madrier pour le passer à un autre de ses compagnons qui le dispose régulièrement sur la pile.
- Jacques Boyer.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiilre, rue de Fleurus, 9.
- p.176 - vue 180/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1839.
- La mort de M. Giard a été annoncée dans le dernier numéro de La Nature. On a dit la carrière officielle du savant et nous n’y reviendrons pas. La vie des savants est stéréotypée; le peu d’importance qu’y prennent les variations individuelles rend uniques leurs biographies, en ce qui concerne du moins les événements extérieurs, le pittoresque de l’existence. Lorsque nous pensons à eux, c’est l’œuvre et la pensée intérieure qui nous importent seules.
- Certains consacrent leur vie à une série d’études concrètes ; limités à un groupe défini de phénomènes, ils le décrivent jusqu’à épuisement, passant de celui-là à un autre, lorsqu’ils ont terminé leur tache ; l’œuvre qu’ils laissent est une collection de monographies, un catalogue de faits ; ce sont les ouvriers de la science. D’autres en sont les architectes : leur but est de coordonner le savoir acquis, de construire l’état actuel de la connaissance ; ils condensent le travail passé, préparent le travail à venir, et laissent des idées.
- 11 semble que Giard n’ait appartenu rigoureusement à aucun de ces deux groupes : ce lut surtout un esprit critique.
- Sans doute, maître à l’observation et au travail technique, il possédait tout le métier du naturaliste; il a publié, surtout au début, des monographies devenues classiques1 ; il a décrit des espèces et des genres nouveaux, observé le développement ou les mœurs d’êtres nombreux, découvert tout un groupe d’animaux, les Orlhonectidés, étroit par le nombre des formes, capital par leur importance, et il avait prêché d’-exemple lorsque, dans un dernier écrit, charmant et profond, il faisait du morphologiste, c’est-à-dire de celui qui « étudie les formes innombrables des êtres vivants », le type du « vrai naturaliste »2.
- D’autre part, si soucieux qu’il fût du détail, il ne le pensait jamais isolément, mais, ayant l’ambition réalisée des vues d’ensemble, il lui cherchait un sens parmi les phénomènes vitaux, et se donnait justement comme biologiste; il aimait les êtres avec
- 1 Recherches sur les Ascidies composées. Contribution à l'étude des Bopyricns.
- 2 Education du morphologiste, dans Revue du mois 10 juillet 1908.
- 36° année. — 2e semestre.
- 22 AOUT 1908.
- ALFRED GIARD
- Alfred Giard (1846-1908).
- une sensibilité artiste, voulait à cause de cela les comprendre, et comprendre la vie pour y parvenir, ce qui le ramenait à l’observation; aussi pas une de ses notes dont l’intérêt ne déborde l’objet apparent; où qu’il frappe, c’est toute une harmonie : de là la portée de travaux quelquefois très courts, mais riches jusqu’au trop-plein en idées éprouvées personnellement, comme par exemple cette conférence faite au Congrès de Saint-Louis en 1904, où pour montrer les tendances actuelles de la morphologie et ses rapports avec les autres sciences1, il faisait le tableau de toute la biologie. Mais ni ses tendances
- ni sa méthode ne le conduisaient soit à l’étude systématiquement com-plèled’unequeslion, soit à l’invention de quelque principe explicatif. Ni pur descripteur, ni grand créateur, sans doute autant par nature et par volonté, il travaillait à la fois dans toutes les parties de la science, précisant, débroussaillant, voulant avant tout rendre claires et nuancées les doctrines biologiques, sorties toutes rudes des efforts de la première moitié du xixe siècle.
- Notre science française avait été longtemps dominée par la grande œuvre de Cuvier et semblait tendre à s’immobiliser sur soi-même. Giard fut des premiers à violenter ce particularisme, à nous remettre en rapport avec l’esprit cosmopolite, par des travaux imprégnés de la double pensée de Lamarck et de Darwin, ainsi que de leurs successeurs, jusqu’alors méconnus chez nous : on trouvera l’écho des luttes qu’il y eut à soutenir pour cette tâche, maintenant si parfaitement accomplie, dans un livre qu’on a souvent eu l’occasion de citer ici : les Controverses transformistes, publiées en 19042, et l’on y reconnaîtra ce procédé particulier à l’auteur, cette méthode de travaux juxtaposés, sorte d’impressionnisme scientifique, riche en résultats, mais rebelle à l’analyse et au résumé5. Jean-Paul Lafitte.
- 1 Publiée dans Revue scientifique, 4 et 11 février 1905.
- 2 Controverses transformistes, 1904, 1 vol. in-8°. C. Naud. (Masson et. Cie.)
- 5 La nature des sujets traités par Giard est aussi un obstacle à ce qu’on essaye d’en donner une idée dans cette revue. On les trouvera indiqués sous l'orme accessible dans 'l itres et trav. scientifiques d'Alf. Giard. Paris. Lahure. 1 vol. in-4°, 1896.
- 12. — 177
- p.177 - vue 181/647
-
-
-
- 178
- SYNTHÈSE ORGANIQUE
- Les combinaisons organomagnésiennes et leur emploi
- Nous voudrions ici signaler aux lecteurs de La Nature . une découverte intéressante, faite par M. Grignard, il y a déjà deux ans, et qui, par les travaux qu’elle a suscités et par les résultats obtenus, est devenue classique et d’un emploi courant en chimie organique ; il s’agit de l’emploi des combinaisons organomagnésiennes. Nous chercherons à faire l’exposé de cette question d’une façon aussi simple et aussi claire que possible, nous excusant d’avance auprès de nos lecteurs du caractère forcément un peu spécial que présentera cet article.
- Jusqu’à ces dernières années, on employait, dans la synthèse organique, les composés organozinciques qui avaient été découverts par Frankland en 184!!. Ces corps, en effet, se prêtaient parfaitement aux nombreuses réactions qui avaient pour but de les transformer en substances organiques de diverses fonctions déterminées. Prenons comme exemple le zinc-éthyle (C2Hs)2Zn qui est l’un des plus usités. Par action de l’eau, il donne un carbure :
- (C2115)'2 Zn + 2 H* O = Zn (011)2 + 2C®H6
- Zmc-étliyic. Eau. Hydrate de Ethane.
- zinc.
- Par action des acides, il se fait une réaction analogue :
- (C-115)2 Zn + 211 Cl = ZnCl2 + 2C2H6
- Zinc-éthyle. Acide Chlorure Kthane.
- chlorhydr. de zinc.
- Avec le trichlorure de phosphore, on obtient la triéthyl-phosphine :
- 3 (C2 115)2 Zn + 2 Ph Cl3 = 5 Zn Cl2 + 2 Ph (C2 II3)3
- Zinc-éthyle. Trichlorure de Chlorure Triélhylphosphine. phosphore. de zinc.
- Le chlorure d’arsenic et le chlorure de silicium réagissent d’une façon semblable en donnant la triéthylar-sine et le silicium éthyle.
- On prépare aussi les radicaux organo-métalliques du mercure et du plomb en partant du zinc-éthyle :
- llgCl2 + Zn(C2H5)2 = Hg(C2ll3)2 4- ZnCl2
- Chlorure Zinc-éthyle. Mercure éthyle. Chlorure vnercurique. de zinc.
- Enfin, par des réactions spéciales, le même zinc éthyle peut donner naissance à des corps plus complexes, sur lesquels nous n’insisterons pas et dont nous donnerons un seul exemple, l’obtention d’un carbure spécial, le dimé-thyl-diéthylméthane par Friedel et Ladenburg :
- Zn(C2 H8)2 + G (CH3)2 Cl2 = ZnCl2 + C(CH3)2 (C2I15)2
- Zinc-éthyle. Méthylchloracétol. Chlorure Diniéthyldiéthyhnéthanc de zinc.
- Nous arrêterons là ces exemples qui suffisent pour donner line idée de la fécondité des réactions provoquées par ces curieux radicaux organo-métalliques. Malheureusement, au point de vue pratique, on se trouve arrêté par la difficulté d’obtention et de manipulation de ces composés. Le zinc-éthyle, en effet, se prépare par action du zinc en grenaille sur l’éther iodhydrique et sur un alliage de zinc et de sodium, corps pénibles à préparer. De plus le zinc-éthyle est un liquide incolore qui doit être recueilli et manié à l’abri de l’air et de l’humidité, faute de quoi il répand d’épaisses fumées blanches et s’enflamme en brûlant avec une flamme bordée de bleu. Il y a donc là lieu à de sérieuses critiques, sans compter la médio-
- crité des rendements obtenus et la longueur des réactions dont certaines exigent, pour être complètes, plusieurs semaines et quelquefois plusieurs mois. 11 est donc naturel que, depuis longtemps, on ait cherché à remplacer les combinaisons zinciques par d’autres composés organo-métalliques d’une préparation plus commode, et d’une manipulation plus aisée.
- L’emploi des combinaisons organiques du sodium et du potassium a rendu quelques services dans certains cas particuliers, mais n’a pas permis de constituer de nouvelles méthodes générales.
- Les composés organiques du magnésium n’ont d’abord pas laissé soupçonner les services qu’ils pourraient rendre. Ils étaient, en effet, solides, insolubles dans la plupart des dissolvants neutres et spontanément inflammables non seulement dans l’air, mais encore dans le gaz carbonique; mais en opérant d’une façon indirecte, on a pu tourner ces difficultés pratiques. Le magnésium, en présence d’éther anhydre, attaque les éthers halogénés des alcools à la température ordinaire et cette réaction, qui est totale, donne naissance à un composé complètement soluble dans l’éther, facile à manier et dont le type le plus simple est représenté par le chlorure de méthylmagnésium de formule CII5MgCl. Ces sortes de composés peuvent donner naissance, entre autres, aux réactions suivantes :
- Avec l’eau, on obtient des hydrocarbures :
- C Il3Mg Cl + H2 O = CH* + MgClOH
- Comp. organo-magnésieii. Eau. Méthane.
- Les alcools et les phénols réagissent comme l’eau :
- C 113 Mg Cl -f CII3 011 = CH4 + Cil3 OMgCl
- Comp. organo- Alcool Méthane, magnésien. mélhylique.
- Avec les oxydes d’éthylène (CH2)20, on obtient les mo-nochlorhydrines de glycol : (CH2)2 Cl OH. L’oxyde de carbone donne naissance à un alcool secondaire (C 115)-C H 0II; l’acide carbonique fournit un acide Cil3.CO2H. Les aldéhydes, les acétones, les éthers, les chlorures d’acides, les nitriles, les cyanures donnent tous des réactions plus complexes et provoquent des synthèses nouvelles d’alcools primaires, secondaires ou tertiaires, de cétones, etc. Enfin si l’on s’adresse à des corps à fonctions multiples, on obtient des réactions encore plus compliquées, dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici, mais qui présentent toutes un grand intérêt.
- On voit donc que les combinaisons organo-magnésiennes offrent de précieux avantages qui les placent bien au-dessus des combinaisons zinciques ; elles sont plus nombreuses, plus faciles à préparer et peuvent être manipulées sans danger. Elles se prêtent à un plus grand nombre de méthodes que les composés zinciques, réagissent avec plus de généralité, plus vite, plus complètement et avec de bien meilleurs rendements. Leur emploi marque donc une étape féconde dans l’étude de la chimie organique.
- Encore une fois, nous nous excusons du caractère technique de ces lignes ; mais, au moment où la nouvelle réaction est consacrée par l’usage et est sujette à entrer dans la pratique industrielle, nous avons cru intéressant de la signaler avec quelque détail à nos lecteurs.
- A. Hébert.
- p.178 - vue 182/647
-
-
-
- 179
- LE TARO DES HAWAÏENS
- Le taro, qui tient une place si importante dans l’alimentation des Hawaïens, appartient à la famille' des aroïdées. Son principe nutritif esL fourni par ses rhizomes charnus et longs, dont les indigènes tirent une succulente fécule.
- On sait que la plupart des aroïdées contiennent dans leurs rhizomes une matière âcre, vénéneuse, au contact de laquelle la peau se couvre de cloches, aussi cuisantes que les piqûres d’ortie.
- Le taro ne fait pas exception à la règle et bien qu’il le cultive depûis des siècles, l’indigène des Hawaï, en son ignorance de la sélection artificielle, n’a
- est prête, ce délai franchi, à fournir le poï, cette fameuse bouillie plus ou moins consistante dont se délecte le Hawaïen, quoique le goût, à un palais profane d’Européen, rappelle par trop celui du lait tourné.
- Le poï est servi dans un vaste récipient en bois que l’on pose au milieu des convives. L’étiquette hawaïenne veut que ce mets soit mangé sans l’aide de cuillers. Mais elle précise que l’emploi de trois doigts n’est permis que si la bouillie est claire. Quand elle a la consistance de la gelée de groseille, les convives ne sont autorisés qu’à y tremper l’index.
- pas réussi à éliminer cette substance. Par contre, et c’est ce qui rend le taro intéressant au point de vue de l’histoire des techniques agraires, il a trouvé de longtemps, grâce à de multiples manipulations, le secret de purifier la fécule obtenue après la cueillette.
- Quand le rhizome a été lavé soigneusement dans l’eau bouillante, le Hawaïen (c’est à l’homme, plutôt qu’à la femme, qu’incombe la préparation du mets national) le fait longuement bouillir dans l’eau, puis l’écrase sur une meule à main, opération qui demande de deux à trois heures. La racine, réduite en une poudre impalpable, est pétrie dans un peu d’eau, et la pâte obtenue est enfermée dans un baril, où elle fermente pendant plusieurs jours. Elle
- La culture du taro est, avec celle de la canne à sucre, la principale industrie de l’archipel. Elle assure presque exclusivement l’alimentation des indigènes. Un mille carré de cette culture peut nourrir 15 000 personnes. D’ailleurs, depuis l’occupation américaine, elle a pris une extension considérable ; la fécule de tai*o, lancée par un Yankee qui savait habilement manier la réclame, a fait, depuis dix à douze ans, son apparition sur les marchés des États-Unis. Et l’on a même monté à Honolulu d’importantes usines où les rhizomes sont traités mécaniquement. La farine obtenue est rosâtre. Moins savoureuse, dit-on, que le produit indigène, elle a, par contre, l’avantage de coûter moins cher. Y. F.
- p.179 - vue 183/647
-
-
-
- ISO
- LES PÉTRINS MÉCANIQUES
- il y a cent ans, exactement, que le premier pétrin décidés à faire un effort et l'exposition de cette
- mécanique a fait son entrée au fournil. 11 a fallu année a été très réussie. 11 importe d’ajouter que
- attendre unsiècle pour assister à la première expo- les boulangers français, en particulier les Pari-
- Fïg. 1 à o. — 1. Pétrin liorbeck ù cuve tournante et mobile sur chariot et fond ovoïde. Pétrisseur à fourche. — 2. Pétrin Plewa à cuve basculante, fond ovoïde. Pétrisseur à fourche. — 5. Pétrin Küpper à cuve tournante sur chariot, fond plat. Pétrisseur fait de deux bras hélicoïdaux réunis par une came de fond. — 4. Pétrin Kustner à cuve tournante, transportable, demi-sphérique, bras pétrisseur à cuiller. — 5. Pétrin Cornet à cuve demi-cylindrique allongée mobile sur galets, en tôle, basculante ; un arbre central porte deux bras pétrisseurs. A droite, on voit, la cuve à levain.
- silion spéciale de ccs appareils. El je vous prie de croire que cette exposition, qui eut lieu l’an dernier, ne fut pas très brillante.
- Cependant nos constructeurs, stimulés par leurs concurrents anglais, et surtout allemands, se sont
- siens, ont boudé le travail mécanique de la pâte parce que cela changeait leurs habitudes, mais il s’est produit un incident qui a eu raison de la routine : la grève des ouvriers boulangers a fait plus, en effet, pour l’extension du travail méca-
- p.180 - vue 184/647
-
-
-
- LES PETRINS MECANIQUES
- 181
- nique que les meilleurs arguments.
- Bienheureuse
- Ne rééditons pas les « scènes de mitrons » tant de lois décrites, si écœurantes à lire et cependant si vraies ! Retenons seulement ce fait, que le pain n’est
- sortie. Nus jusqu'à la ceinture dans une atmosphère surchaulïée produisant une abondante sudation même au repos, ne pratiquant d’autre hygiène que celle du bon plaisir, ils ne tardent pas, tant le labeur est pénible, à contracter des maladies infec-
- Fig. 6 à 9. — 6. Pétrin Lamoureux à cuve tournaille demi-sphérique ; pètrisseur constitué par hélice entretoisée. — 7. Pétrin Jean Garni à cuve allongée demi-cylindrique ; pètrisseur à côtes et cames de fond. — 8. Pètrisseur 1’ « Incomparable » à cuve en tôle à
- fond plat; deux bras, l’un pour fraser, l’autre pour pétrir. — 9. destiné au pétrissage des pâtes fermes.
- jamais préparé avec tous le» soins de propreté qui seraient indispensables, et cela par la faute des ouvriers qui ont pour principe — je cite ce fait entre cent autres moins anodins — de ne jamais se laver les mains depuis leur entrée au fournil jusqu’à leur
- Pétrin le « Méridional », cuve en bois à fond plat, deux bras mobiles,
- tieuses : 70 pour 100 des ouvriers boulangers sont tuberculeux !
- On en est encore aujourd’hui à la recherche des causes de la propagation foudroyante de la tuberculose. Le pain ne serait-il pas le seul coupable, ou
- p.181 - vue 185/647
-
-
-
- 182
- LES PÉTRINS MÉCANIQUES
- tout au moins, l’iin dos grands coupables? La cuisson tue le bacille de Koch. Est-ce rigoureusement exact? Les pains longs et étroits bénéficient certainement de l'immunité que leur confère le passage au four où ils subissent une température moyenne de 260 degrés; mais les pains plus gros, le boulot, par exemple, jouit-il du même privilège? Un boulanger dont la compétence est reconnue, M. Favrais, nous a affirmé qu’à la sortie du four la température intérieure de ce genre de pain ne dépasse guère 75 degrés. Si le fait est exact la plupart des microbes, qui ont pu être incorporés dans la pâte, et en particulier le bacille de Koch, ne sont pas détruits. Ils pénètrent donc chez le eonsomma-
- la farine) et de pétrissage, sont moins bien exécutées par la machine que par l’ouvrier. Le fait est parfaitement exact lorsque ce dernier ne sait pas conduire son pétrin. 11 y a là un apprentissage à faire et la façon d’alimenter l’appareil répond du succès. Il est bon d’ajouter également que tous les pétrins ne sont pas aptes à façonner une pâle dans de bonnes conditions. Une méthode de travail s’impose donc en même temps que le choix raisonné d’un appareil. Noire incompétence nous oblige à éluder la première de ces questions, laquelle, d’ailleurs, n’intéresse que le boulanger, bornons-nous à parler des pétrins.
- Tous les pétrins mécaniques, quels qu’ils soient, comportent une cuve destinée à recevoir l’eau et la
- Fig. 10 et 11. — 10. Pétrin Borbeck à deux bras hélicoïdaux, couvercle protecteur. — 11. Pétrin Alexandre, cuve demi-cylindrique
- 2 bras verticaux ; mobile sur chariot.
- leur par la grande porte, l’absorption directe, et infectent l’organisme. Cette question que nous ne faisons qu’effleurer incidemment mérite d’être étudiée très minutieusement par les bactériologistes : nous devons savoir d’une manière précise si le pain peut être un véhicule de bacilles infectieux.
- Le premier devoir des boulangers est donc de remplacer l’ouvrier par la machine. Faire intervenir la dépense nécessitée par cette transformation est un argument de peu de valeur, cette dépense elle n’est pas excessive et, de plus, le pétrin mécanique fournit un rendement supérieur à celui de l’ouvrier; on estime qu’en dix-huit mois tous les frais sont couverts.
- Les adversaires du pétrissage mécanique affirment que les opérations de frasage (mélange de l’eau avec
- farine, et un ou plusieurs bras métalliques qui effectueront le frasage et le pétrissage. Les premières machines, celles qui. datent du commencement du siècle dernier : pétrins Lambert, Moret et Mouchot, Duguet et Noverre, etc., ne sont pas passées à la postérité ; mais on retrouve dans celles qui suivirent : pétrins Maugeret, David, Boland, Deliry, Mahot, les principes fondamentaux de la plupart des appareils actuels. Ils sont à cuve allongée ou circulaire avec vis centrale portant des ailettes, à cuve tournante dans laquelle se meuvent les bras actionnés par l’ouvrier ; nos moteurs ont permis d’apporter de sérieuses modifications à cette mécanique devenue en même temps plus légère et plus maniable.
- L’ensemble des pétrins que représentent nos photographies est bien fait pour dérouter le con-
- p.182 - vue 186/647
-
-
-
- MISSION HYDROGRAPHIQUE DU MAROC
- 183
- naisseur le plus expérimenté; n’hésitons pas à dire (lue la plupart sont excellents, et capables de donner toute satisfaction. Cependant certaines considérations doivent guider le boulanger dans son choix. La cuve, par exemple, devra être laite en tôle ou en fonte avec fond ovoïde alin de permettre au bras, qu’il soit simple ou formé de deux arcs, de saisir la pâle sur toute la surface du fond. Toute cuve à fond plat présente l’inconvénient de laisser une quantité de pâte plus ou moins importante hors de la portée du bras, et de ne la soumettre à aucun travail. De plus l’angle formé par la paroi et le fond est d’un nettoyage difficile. C’est là une question essentielle surtout si la cuve est faite en bois qui s’imprègne de pâle peu à peu. Tout pétrin doit même comporter une pièce fixe ou mobile détachant la pâte de la paroi et du fond pendant le travail. On fait des cuves tournantes fixes ou mobiles; les unes sont montées sur un chariot, et, dès que la confection de la pâte est terminée, on les retire pour les remplacer par une autre; des appareils peu volumineux parviennent ainsi à alimenter plusieurs fours. D’autres systèmes comportent des cuves à bascules permettant de verser la pâle sur une table : l’avantage est le même que précédemment. Un des mieux compris est celui que représente notre figure 10. C’est un pétrin Bor-beck à deux palettes parallèles. Toute la partie mécanique de commande est complètement enfermée dans un carter protecteur des ouvriers. Pendant l’opération la cuve est fermée par un grillage et, au moment de la vider, le mouvement de bascule ouvre ce grillage d’une quantité suffisante pour laisser tomber la pâte. Tant (pie l’appareil est en marche le grillage protecteur ne peut être soulevé.
- Une condition essentielle entre toutes pour beaucoup de boulangers est celle de l’aération de la pâte. On sait que le travail de l’ouvrier consiste à accumuler le plus d’air possible dans la pâte, afin de favoriser la fermentation. Cette introduction d’air est indispensable lorsque l’on se sert seulement du levain; mais, si l’on a recours à la levure de grain
- ou de bière, procédé employé dans les boulangeries parisiennes, la présence de l’air n’est plus indispensable, car la fermentation s'effectue au four.
- D’autres questions de détails sont à envisager, comme l’encombrement, la force motrice, etc.; dans tous les cas, il est essentiel de chosir un appareil très robuste — la fabrication française pèche un peu de ce côté — éliminant les causes d’accidents, car les ouvriers sont toujours portés à toucher la pâte en cours de fabrication, et surtout ne comportant aucun graissage d’organe immédiatement au-dessus de la cuve. C’est là un défaut que nous devons signaler tout particulièrement à nos constructeurs ; le pain à l’huile ne doit pas être très appétissant. Enfin évitez les mécaniques compliquées, pièces très curieuses, mais nécessitant des réparations constantes.
- Nous avons mis sur le compte de la routine des boulangers l’obligation où nous sommes encore de manger du pain fait avec la sueur des ouvriers. Nous n’étions peut-être pas tout à fait dans le vrai. Chez tous nos voisins, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en Suisse, partout enfin, sauf en France, exception faite pour la région du Nord, la fabrication mécanique du pain a remplacé celle à bras. Pourquoi? Parce que dans ces pays il s’est trouvé des constructeurs assez avisés pour étudier aussi sérieusement qu’elle le mérite la question des pétrins mécaniques; aussi ces constructeurs sont-ils venus exposer leurs produits chez nous ou, sauf quelques maisons anciennes : Mabot, Deliry, la plupart des fabricants paraissent ignorer la panification. Ils sont constructeurs de machines et pas boulangers ! Comme on sent bien que la France est un pays neuf, lorsque l’on compare les machines allemandes exposées avec la plus grande partie de celles sorties de nos ateliers. L’Allemand se rend maître de notre marché, parce que nos constructeurs n’ont pas su prévoir le mouvement qui allait se créer en faveur du pétrissage mécanique : ils ne sont pas prêts! Lucien Fournier.
- LA MISSION HYDROGRAPHIQUE DU MAROC
- La Mission ayant pour objet l’étude hydrographique des côtes du Maroc qui a été organisée en 1905 par le Comité du Maroc, d’accord avec les ministères delà Marine et des Affaires étrangères, et grâce à la libéralité de M'ne Hériot, a donné déjà d’importants résultats que les rapports publiés permettent aujourd’hui d’apprécier. Dirigée avec beaucoup de science et d’habileté jusqu’en 1907 par M. le lieutenant de vaisseau Dyé, ancien membre de la mission Marchand, et ensuite par M. le lieutenant de vaisseau Larras, elle a opéré sur la côte occidentale du Maroc des sondages et des reconnaissances qui permettent de déterminer les conditions de la navigation dans ces parages et complètent utilement les connaissances que nous devons à de précédents
- travaux, rappelés ici même par M. Froidevaux1.
- Déjà, d’avril à juin 1905, la Société d’études de travaux publics au Maroc avait fait procéder par M. l’ingénieur hydrographe Renaud à une élude approfondie des ports de Tanger, Casablanca et Saffi. La Mission hydrographique du Maroc reconnut les autres ports de la côte et cette côte elle-même au cours de l’été et de l’automne de la même année. Mais elle ne s’est pas bornée à opérer dans les ports ouverts les sondages les plus immédiatement utiles à la navigation, elle a procédé aussi à des observations astronomiques devant permettre d’établir la cartographie précise et définitive de la côte, en même
- 1 Voy. 11° 1751, dix 15 décembre 1906, p. 58.
- p.183 - vue 187/647
-
-
-
- MISSION HYDROGRAPHIQUE DU MAROC
- 184
- temps qu’elle a entrepris des éludes techniques, économiques et médicales du plus haut intérêt.
- M. le lieutenant de vaisseau Dyé avait pour collaborateurs MM. les enseignes de vaisseau barras et Traub, dont le premier s’était déjà spécialisé en hydrographie par deux campagnes techniques à Madagascar, l’ingénieur Pobéguin et le R1' Maire, ce dernier détaché par l’Institut Pasteur de Paris. La mission partit sur le yacht l’Aigle, de 526 tonneaux, affrété par le Comité du Maroc et commandé par le capitaine Ohier. Elle fut largement dotée par le service hydrographique de la Marine d’instruments de précision qu’il est inutile: d’énumérer, mais nous noterons cependant que c’est avec l’astrolabe système Claude, excellent instrument d’invention récente, permettant d’atteindre une approximation d’un ou plusieurs dixièmes de seconde d’arc, que toutes les latitudes ont été observées.
- La mission avait à faire l’hydrographie précise et complète ' de la côte Ouest de façon à présenter un travail nouveau basé sur les procédés de triangulation les plus rigoureux et sur les méthodes de sondage employées pour l’hydrographie méthodique des côtes de France. Entre Tanger et l’oued Sous, en laissant de côté les rivages désertiques du Sahara, c’était plus de 800 kilomètres dont il fallait faire l’hydrographie.
- La triangulation précise du littoral et les sondages opérés au large permettront, lorsque tous les travaux seront rédigés et mis au net, de publier des cartes marines, de fixer les conditions d’établissement des amers sur le littoral et de balisage des récifs dangereux, de déterminer l’emplacement des phares à construire, de dresser des plans à grande échelle des mouillages favorables, de rechercher les endroits les plus propices pour la création de ports de commerce. Tous ces travaux sont actuellement en très bonne voie de préparation ou de commencement d’exécution.
- Au cours de la première campagne, de juin à la fin d’octobre 1905, la mission procéda à une reconnaissance rapide de la côte du Rilf et des Djebala, entre l’oued Kiss et Tanger. Relâchant à Tanger le 1er juillet, l’Aigle continua à reconnaître la côte de l’Atlantique, en passant à Larachc, Casablanca, Safli et Mogador. Les études et travaux de la mission, relatifs à l’hydrographie, la géodésie, l’astronomie,
- le magnétisme et la météorologie, portèrent sur quinze points différents de la côte Ouest. Toutes les observations ont été centralisées au service hydrographique du ministère de la Marine. Réunies à celles que venait de donner M. l’ingénieur Renaud, elles fournirent, dès 1905, une connaissance entièrement renouvelée de la côte atlantique du Maroc.
- 11 résulte, en effet, des déterminations de latitude et de longitude faites par la mission que toute cette côte doit être reportée dans l’ouest, en longitude, de quantités variant de 4 à 8 kilomètres sur le tracé figuré par la carte Arlett dressée en 1855. Cette différence tient à ce que la carte ancienne avait élé faite d’après un levé sous voiles, tandis que la mission hydrographique a opéré sur le littoral avec des procédés de triangulation rigoureux. L’allure générale de la côte atlantique du Maroc se trouve donc entièrement rectifiée.
- La mission peut donner aussi une opinion éclairée sur les avantages et les inconvénients des differents ports de cette côte. 11 n’y existe, pour ainsi dire, aucun port naturel, où les navires soient abrités contre les coups de vent. 11 y aurait lieu de créer des ports artiliciels et de construire des bouts de jetée à peu près dans tous les ports existants, à Mogador, Mazagan, Casablanca, Agadir, ainsi que des wharfs pour remédier aux difficultés que l’existence de la barre cause à la navigation, à Larache, Saffi, ou Rabat, comme le montre la photographie que nous devons à l’obligeance de M. Bourdarie.
- Durant la même campagne, les études économiques, dues surtout à M. l’ingénieur Pobéguin, ont porté principalement sur les statistiques commerciales, le mouvement des produits d’exportation et d’importation, les productions du sol et la géologie, les routes de caravanes, les questions touchant à la condition des indigènes. M. le Dr Maire a étudié, dans la région de la côte, les questions intéressant la médecine et l’hygiène publique, et celles relatives aux dispensaires et aux écoles.
- Tous ces divers travaux furent poursuivis et menés de front pendant les campagnes suivantes. En novembre et décembre 1905, la mission se divisa en deux groupes. Le premier, comprenant le commandant Dyé et M. Pobéguin, opéra dans le triangle Fez-Larache-Rabat, prépara la triangulation des points remarquables du littoral et étudia le cours
- p.184 - vue 188/647
-
-
-
- MISSION HYDROGRAPHIQUE DU MAROC
- de l’oued Sebou au prix des plus grandes diflieultés. Les explorateurs lurent constamment exposés aux risques d’un massacre, et ne lurent en sûreté qu’en atteignant Rabat.
- Rabat, dont la photographie qui nous est obligeamment communiquée par M. Bernaudat montre
- 185
- diriger l’escorte de la mission. Les opérations commencées à Sai'li, se continuèrent à Casablanca et à Rabat. En septembre et octobre, la triangulation géodésique du littoral lût accomplie par un premier groupe entre Rabat et Casablanca et par un second, entre Mogador et Sai'li. M. Bourdarie lit une étude
- Fig. 2. — La côte, à Mazagan.
- les maisons à terrasses de la ville basse, est séparée de sa ville jumelle, Salé, par le cours du Bou-Rcgreg ; ce sont deux cités importantes en ce qu’elles établissent la communication entre le R’arb et le Hou/, entre
- économique et sociale des ports de Saffi, Rabat et Casablanca; ne. se bornant pas à la simple constatation des faits économiques existants, il chercha à déterminer le développement des intérêts futurs et
- étudia particulic-
- la région de Fez et celle de Marrakech. Aussi le premier groupe de la mission se renseigna-t-il sur la valeur relative des débouchés possibles du commerce de Fez sur la côte.
- Pendant ce temps, le second groupe, composé de MM. Larras et Traub, effectua la triangulation des points remarquables visibles de la mer, de Mazagan à Mogador, et rechercha les meilleurs débouchés pour le commerce de Marrakech.
- À la reprise des travaux, en mai 1906, on adjoignit à la mission M. le l)r Léon Dyé, qui lût chargé des études relatives aux sciences naturelles et médicales, M. Paul Bourdarie, directeur de la Revue indigène, et M. Auguste Iiériot, qui fut chargé de
- rement les résultats de l’association agricole et la question des protégés.
- Ces campagnes de levés et de sondages avaient permis déjà de dresser et de publier un certain nombre de cartes marines. Après la campagne de 1905-1906, on avait fait les rades de Mazagan, d’Azemmour et de Mogador, ainsi que les plans nautiques d’Agadir, de l’embouchure du Tensift, de la baie de Fedala, de Méhédiya et de l’embouchure du Sebou. Des rochers sous-marins particulièrement dangereux furent repérés au large de Mazagan et de l’épi d’Azemmour, près de l’embouchure de l’Oum-er-Rebia. A la suite de la seconde campagne, en 1906-1907, furent dressées les cartes
- Fig. 5. — Rabat et le Bou-Regreg.
- p.185 - vue 189/647
-
-
-
- VITESSES SUR RAILS ET SUR ROUTE
- 186
- marines de Casablanca, de Saffi et de Rabat-Salé.
- On pouvait espérer qu’une nouvelle campagne permettrait d’achever, vers la fin de 1907, le levé total de la côte entre Tanger et Agadir, mais les attaques dont la mission lut l’objet, au mois de janvier de cette même année, dans la région de l’oued Sebou, vinrent interrompre ses travaux.
- Continuée avec le même programme par M. le lieutenant de vaisseau Larras, la Mission reprit ses travaux sur la côte aussitôt que les événements le lui permirent.
- Durant la campagne de 1907, on se proposa de l'aire les sondages nécessaires pour établir le plan au 1/10000 de la rade de Larache,et les trois plans au 1/100 000 des atterrages de Mogador, Saffi et Mazagan. Le programme comportait, en outre, l’achèvement de la triangulation de la côte Ouest, c’est-à-dire du tronçon Rabat-Tanger.
- Le programme lut entrepris du sud au nord : Mogador, Saffi, Mazagan, Larache. Pour les trois plans d’atterrages le travail à terre (triangulation et topographie) ayant été lait en 1905 et 1900, on put activer les travaux de sondage. Les régions qui furent sondées pour l’établissement des plans au 1/100 000 comprennent les parties les plus intéressantes de la côte Ouest du Maroc fréquenté. La longueur de la côte explorée atteint environ 100 milles marins, et les sondages ont été poussés au large jusqu’aux fonds de 100 mètres.
- En ce qui concerne Larache, la mission ne possé-
- dait pas encore le travail à terre nécessaire pour appuyer les stations de sonde d’une manière rigoureuse au 1/10 000. M. Larras se contenta d’une triangulation au cercle faite de la mer, suffisante pour établir un canevas de sondage, se réservant de séjourner plus tard à Larache pour l'aire la triangulation locale et la topographie.
- Mais les travaux de la Mission se trouvèrent interrompus, au milieu de 1907, par les événements de Casablanca et l’agitation marocaine. Remettant à plus tard la reprise de ses opérations, la Mission s’est occupée activement de rédiger les travaux en cours, tels que les plans des atterrages de Saffi, de Mazagan et de Mogador. Quant aux sondages de Larache, ils ne pourront être rédigés tant que la triangulation locale n’en aura pas été faite.
- De son côté, M. l’ingénieur Pobéguin a publié diverses études tirées des nombreuses observations qu’il a faites pendant trois années sur le littoral atlantique du Maroc. Au sujet de la formation des dunes sur cette côte, il a montré qu’au Maroc elles marchent du nord vers le sud, que les embouchures se déplacent sans cesse dans le même sens et que la barre est liée d’une façon complète au phénomène de la marche des dunes vers le sud, car la barre est due à la présence de dunes submergées. M. Pobéguin a donné aussi une intéressante description du lleuve Sebou et de sa plaine d’alluvions et il en a fait connaître le régime, les crues et les afiluents.
- G ustave Risgelspergku .
- S§TN^^s<1,§3d
- VITESSES.SUR RAILS ET SUR ROUTE
- On lit un peu partout cette phrase, devenue un cliché — à moins que ce ne soit un mot historique : « Le pneu a vaincu le rail... ». Cette assertion, qui laisse sceptiques les gens compétents, a été cependant assez répétée pour être crue, à la longue, par la masse du public. C’est pourquoi il n’est peut-être pas inopportun, en pleine saison des courses et des accidents automobiles, de remettre les choses au point. En général, on justifie la soi-disant victoire de la voiture par des chiffres exacts en soi, mais mal choisis; à mettre des vitesses extrêmes en regard des vitesses commerciales, à confondre des moyennes et des pointes, on obtient des résultats flatteurs pour le sport, mais dénués de sens. La plus répandue de ces petites erreurs consiste à comparer, par exemple, une vitesse obtenue en course par telle automobile, avec la vitesse d’un train régulier. 11 est évident que la partie n’est pas égale entre un engin qui donne, une fois, toute sa puissance, au risque d’un irrémédiable tour de rein, et le convoi journalier, ponctuel, soumis à toutes les exigences économiques, à toutes les garanties de sécurité d’un service public. Au contraire, la conclusion change, si l’on considère, non plus la marche des trains de l’horaire, mais celle de certains rapides desheurés, ou de trains d’essai. Déjà, pour des trains en retard, les vitesses gare à gare atteignent couramment 110 km (Compiègne-Paris, Si km en 46 minutes; Amiens-Paris, 131 km en 1 heure 12m, etc., etc.). Mais des trains d’essai, n’étant
- plus astreints à respecter la limite légale de 125 km, ont fait beaucoup mieux encore. Au cours d’expériences effectuées en France il y a quelques années, on obtint, suivant les Compagnies, des vitesses soutenues de 137 à 145 km à l’heure, sur des parcours d’environ 75 km. Le record automobile pour cette distance est de 126 km à l’heure, réalisé sur un tour du circuit de Dieppe (Grand Prix Automobile de 1908).
- Si l’on envisage, d’autre part, les vitesses limite obtenues sur piste, pendant quelques instants, par des automobiles (150 à 170 km à l’heure), on verra qu’elles sont encore notablement inférieures à la seule expérience tentée sur rails dans cet ordre d’idées : 210 km à l’heure, effectués en Allemagne sur un chemin de fer électrique construit spécialement. Toutefois, il s’agit là, de part et d’autre, de vitesses d’exception, n’ayant encore aucun côté pratique; des vitesses de laboratoire, si l’on peut s’exprimer ainsi. En restant dans le domaine des exploits normaux, on s’aperçoit que toutes choses égales, l’avantage reste constamment au chemin de fer. Tel (( raid » annoncé avec éclat entre Paris et Nice, a exigé 16 heures (ce qui est considéré à bon droit comme une admirable prouesse pour une automobile), alors que le train met 13 h. 50m, sans accomplir un tour de force, et sur un parcours kilométrique supérieur à celui de la route. Ainsi de suite.
- Du reste, si l’on voulait allonger ce parallèle, on ver-
- p.186 - vue 190/647
-
-
-
- SCIAGE D’UNE MAISON AVEC LE FIL HÉLICOÏDAL
- rail s’accentuer encore l'infériorité de l’automobile : il suffirait de faire entrer en ligne de compte l’économie, le rendement, la régularité, la sécurité. Sans aller si loin, bornons-nous à faire observer qu’une locomotive à grande vitesse, qui développe de 1200 à 2000 chevaux, remorque un train de 1 70 à 350 tonnes, c’est-à-dire contenant 150 à 500 places dans les meilleures conditions de confort, alors que l’auto de course, pour une puissance moyenne de 120 chevaux, transporte deux hommes seulement.
- 187
- Est-il même bien juste de dire qu’elle les transporte? A la vérité ses deux passagers étant indispensables à sa manœuvre, la capacité disponible reste égale à 0.
- Si nous ajoutons, pour terminer, que la vitesse sur rails est absolument inoffensive en comparaison des sacri-lices de vies humaines qu’elle occasionne sur la route, on peut se demander, somme toute, ce qui reste de la fameuse victoire.
- Jacques Lakmanjat.
- SCIAGE D’UNE MAISON AVEC LE FIL HELICOÏDAL
- On vient d’exécuter rue Saint-Roch, à Paris, une opération peu ordinaire : le sciage vertical d’une maison.
- Gel immeuble, qui appartient à la Compagnie de
- le nombre des accumulateurs qui chargeaient déjà les planchers à raison de 4000 kilogrammes par mètre carré, les ingénieurs voulurent y amener du courant alternatif à haute tension pour le convertir en courant continu.
- Ils proposèrent donc d’établir, dans les sous-sols, au rez-de-chaussée et au premier étage, des transformateurs rotatifs. Malheureusement ces puissants appareils ne fonctionnent pas sans occasionner de gênantes trépidations et, afin d’éviter les réclamations des propriétaires voisins, la Compagnie décida de supprimer tout contact entre l’usine et les batiments contigus. Bien entendu, il ne s’agissait pas de dédoubler des murs milovens en leur enlevant leur
- Fig. i.
- Coupe verticale de la maison montrant les dispositifs de sciage.
- Fig. 2. — Montants de sciage.
- l’air comprimé, est une station d’électricité recevant d’une usine installée, quai Jemmapes, du courant continu à 500 volts. Des batteries d’accumulateurs, destinées à régulariser le courant, occupent les quatre étages du bâtiment. Devant l’accroissement de la consommation et l’impossibilité d’augmenter
- partie médiane ; comme la station électrique était construite en charpente de fer, il suffisait de détacher des maisons voisines les piles en pierre dure sur lesquelles reposent la charpente, de sectionner la façade établissant seule la liaison des immeubles aux différents étages, mais tout cela sans arrêter le ser-
- p.187 - vue 191/647
-
-
-
- 188 —==“ SCIAGE D’UNE MAISON AVEC LE FIL HELICOÏDAL
- vice. Le problème, on le voit, était ardn;M. Alfred Yanelle eut le mérite de le solutionner ingénieusement au moyen du fil hélicoïdal et l’architeele de la Compagnie, M. Friézé, confia l’exécution de ces travaux délicats à un spécialiste fort habile, M. Frorn-liolt, qui s’en tira à son honneur. Toutefois, avant de décrire les appareils spéciaux, devant lesquels plus d’un curieux parisien s’arrêta, constatons que l’idée d’employer une cordelette métallique sans lin pour scier la pierre, à l’aide d’un corps rodant pulvérisé et de l’eau, remonte à plus d’un demi-siècle. On la doit au Français Eugène Chevallier qui, le 8 avril 1854, prit un brevet dans lequel se trouvent condensés les différentes applications ultérieures du lil hélicoïdal.
- Le sagace inventeur revendiquait « l’emploi comme organe de sciage d’un ou de plusieurs lils ou cordes ou chaînes métalliques agissant en mouvement rotatif continu ou alternatif, avec la propriété d’une llexihilité et d’une réduction linéaire, pour attaquer au même instant le même bloc suivant tous contours imaginables ». Cependant, malgré son intérêt, cette méthode de sciage tomba dans l’oubli jusqu’à ce que M. Paulin Gay la reprit, en 1880, avec l’aide d’un constructeur belge, M. Michel Thonar. Quatre ans plus tard, ce dernier apporta un utile perfectionnement au procédé en imaginant les poulies à rotules qui permettaient de conduire le càhle dans toutes les directions et là perforatrice de grand diamètre pour le creusement des puits destinés à séparer les masses dans la carrière.
- Malheureusement, le système présentait un gros inconvénient pratique : la difficulté de réparer le fil en cas de rupture. En dépit des meilleures brasures ou des soudures les plus soigneusement effectuées, la corde métallique se rompait très souvent au point de jonction, jusqu’au jour où un ouvrier trouva le moyen de faire une épissure sur 4 m. de longueur,
- en déroulant les lils des deux extrémités puis, après les avoir sectionnés à des longueurs dilïérenles, de reformer la cordelette avec ses propres brins. Depuis lors., l’usage du lil hélicoïdal se généralisa dans les carrières de marbre et de granit, cette méthode de séparation des blocs, joignant la rapidité à l’économie, évitant l’emploi des explosifs et dispensant surtout de pratiquer des tranchées dans la masse, opération aussi longue que coûteuse. Mais, à notre connaissance tout au moins, on n’avait pas encore songé à transformer la scie hélicoïdale en lil à couper les maisons!
- Le travail, effectué rue Saint-Koch, comportait pour chaque côté de l’immeuble, le sciage des piles dans le sous-sol et celui de la façade. Un a d’abord commencé à dresser, de part et d'autre de l’usine, des sapines allant jusqu’au faîte (iig. 5). Puis on jeta, entre ces échafaudages et le toit, deux passerelles supportant les chariots tendeurs et les moteurs du fil hélicoïdal (iig . 5). En outre, on creusa dans la rue deux puits profonds de 6,20 m. afin d’atteindre la naissance des fondations et*on perça dans chaque pile, sous les semelles en fer qui soutiennent les charpentes, un trou de 50 mm de diamètre destiné au passage des deux brins du lil.
- Le chariot tendeur C (fig. 1) comprend un cadre en bois de chêne muni de deux paires de roues, se déplaçant sur des rails ; il porte le moteur électrique de 4 chevaux qui actionne le lil hélicoïdal en passant par deux arbres intermédiaires destinés à réduire la vitesse delà poulie de commande à 180 tours à la minute ; de la sorte, le fil de sciage se déplace à raison de 6,50 m. à la seconde.
- Un treuil et deux poulies de renvoi permettent de tendre le chariot, grâce au câble D qui descend dans la cour de l’usine et porté à son extrémité des contrepoids A pesant 200 kg. Pour amortir le choc, en cas de rupture du fil hélicoïdal, on maintient
- Fig. 3. — Les échafaudages de la maison sciée avec le (il hélicoïdal.
- p.188 - vue 192/647
-
-
-
- SCJAGE D UNE MAISON AVEC LE FIL HÉLICOÏDAL---------: 189
- Fig. 4. — Appareils de sciage des piles du sous-sol.
- ces conLrepoids à une faible distance de sacs de sable.
- Quant aux montants de sciage, ils ressemblent assez à ceux dont on se sert sur les chantiers. Un chariot S (tig. 2) coulisse entre deux fers U paral-
- lèles, reliés aux extrémités par des enlretoises et vers le milieu par un étrier ; il porte la poulie de sciage X utilisée tantôt à appuyer sur le fil hélicoïdal, tantôt à assurer son; retour. Un treuil et un câble
- Fig. 5. — Le chariot tendeur et le moteur électrique installés sur la passerelle du toit.
- p.189 - vue 193/647
-
-
-
- 190
- = ACADÉMIE DES SCIENCES
- métallique facilitent les mouvements de montée et de descente du chariot et de la poulie. Le montant disposé dans le puits extérieur se compose d’un chariot S' avec deux poulies de retour X' et X".
- Pour découper les piles du sous-sol, le fil hélicoïdal, venant du moteur, passait sur la poulie B (fig. 1), descendait jusqu’au montant installé dans le puits, disparaissait ensuite dans les trous de 30 mm pratiqués dans la façade et dans chaque pile du sous-sol (fig. 4), puis il revenait s’enrouler sur la moitié de la poulie du dernier montant pour contourner la poulie X" du montant extérieur et remonter le long de la façade jusqu’à la poulie B', qui le renvoyait à la poulie motrice. En avant de chaque pile et à la hauteur du hrin inférieur de l’appareil de sciage, on amène un mince filet d’eau entraînant du grès avec lui. Cette matière rodante finit par user la pierre et le lîl hélicoïdal sert uniquement de véhicule.
- En marche normale, la descente s’opérait à raison de 12 cm à l’heure; mais le câhle, qui mesurait 100 m. de longueur environ, s’usait assez vite; il fallait le remplacer après 20 heures de travail, ce qui correspondait à 11,36 m2 de surface sectionnée. Et même, dans le béton constituant la hase des piles, la descente ne dépassait pas 8 cm pour Il heures de travail.
- Une fois le premier trait achevé, on dut replacer
- les poulies au point de départ et scier horizontalement sur une profondeur de 5 cm avant de descendre verticalement. Pour cela, on déplaça les poulies de 5 cm sur leur axe et on disposa, de loin en loin, des barres de fer scellées au plâtre afin de forcer le fil à entailler horizontalement la maçonnerie. Une heure suffisait pour que les deux brins aient pénétré suffisamment dans la pile. On pouvait alors commencer le sciage vertical du deuxième trait qui s'effectua avec autant de facilité que le précédent.
- Le sciage de la façade se fit en deux fois. Le fil demeurant disposé comme pour le découpage des piles du sous-sol, on ajouta un montant horizontal portant une nouvelle poulie ayant pour but de forcer le fil à s’insérer progressivement vers l’intérieur dans l’épaisseur du mur. On parvint de la sorte à faire un premier trait oblique qui intéressa la moitié de la hauteur de la façade. Puis ramenant cette poulie à sa position primitive, on procéda de même dans le sous-sol pour obliger le fil hélicoïdal à attaquer la partie inférieure. Enfin, on fit progresser la poulie vers l’intérieur de l’édifice jusqu’à ce que le brin coupant fût vertical. A ce moment le premier trait se trouvait achevé et on s’y prit d’une façon identique pour le deuxième. Le fil hélicoïdal avait définitivement résolu ce problème technique d’une manière économique et rapide. Jacques Boyer.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 17 août 1908. — Présidence de M. Bouquet de la Grye.
- La maladie des chênes. — Plusieurs lettres venant de différents points de la France confirment la diffusion de la maladie parasitaire des chênes, signalée dans la dernière séance. D’après l’une d’elles, la maladie pourrait atteindre les feuilles des pois. Des pois, plantés à proximité d’un bois envahi par le parasite, ont eu leurs feuilles couvertes de la poussière blanche que l’on observe sur les chênes. Mais peut-être ne s’agit-il que d’un simple transport mécanique de la poussière par le vent, et non de champignons ayant pullulé sur les feuilles des pois. M. G. Bonnier annonce qu’il a reçu un grand nombre de lettres lui signalant des localités atteintes. La généralisation de la maladie a été favorisée parce que l’on a eu un été pluvieux. Mais de l’avis des forestiers, la maladie paraît peu grave; elle a attaqué surtout les pousses supplémentaires.
- Les basaltes du Cantal. — M. Pierrre Marty adresse une note sur la flore fossile d’une partie du Cantal et sur l’àge des basaltes de cette région. Ces basaltes sont contemporains de l’hipparion, c’est-à-dire du miocène supérieur.
- La coloration du raisin. — M. G. Bonnier présente une note de M. Ph. Malvezin sur la coloration du raisin. Duclaux a émis l’avis que le raisin blanc contenait une matière colorante et que, sous l’action d’une certaine diastase, cette matière colorante se transformait et colorait en rouge le raisin. M. Malvezin a réussi à démontrer
- expérimentalement l’exactitude de l’hypothèse de Duclaux en transformant artificiellement le raisin blanc en raisin rouge.
- Les caractères anatomiques des végétaux et la classification. — M. G. Bonnier résume une communication de M. Legault sur les géraniacés. D’après les recherches de l’auteur, l’anatomie des plantes peut être appliquée avec succès à leur classification, ce que nient la plupart des botanistes descripteurs. En effet, deux espèces de géraniums ou d’un genre voisin, qu’il est presque impossible de distinguer par leurs caractères extérieurs, sont susceptibles d’être différenciés par l’examen d’une coupe de leurs feuilles au microscope.
- Les eaux radioactives et goitrigènes. — M. Maquenne analyse un travail de M. Repin sur les eaux goitrigènes. Partant de cette constatation que les eaux goitrigènes deviennent inoffensives après avoir effectué un long parcours dans des tuyaux ou séjourné dans des rései’voirs, l’auteur remarque que, dans des conditions semblables, les eaux radioactives perdent leurs propriétés. Une liaison entre la propriété goitrigène et la richesse radioactive existe donc peut-être. L’auteur a en conséquence étudié, au point de vue radioactif, une eau notoirement goitrigène. Cette eau a été trouvée riche en principes radioactifs mais pas plus riche que l’eau de Contrexéville qui n’est pas goitrigène. Ch. de Villedkuil.
- p.190 - vue 194/647
-
-
-
- ========== -'...................... ......
- UN PORTRAIT DE BOTANISTE PAR FRANÇOIS CLOUET
- Ce portrait appartient à l’Histoire des Sciences puisqu'il représente un naturaliste delà Renaissance; mais, quand nous n’aurions pas cette raison d’en parler ici, les problèmes soulevés et discutés à celte occasion par son inventeur M. Moreau Nélaton1 sont si curieux qu’il nous eût paru néanmoins intéressant de faire, par une incursion exceptionnelle dans un domaine un peu étranger à nos études ordinaires, connaître la question à nos lecteurs.
- La célébrité des Clouet est grande; mais elle a pris (du moins dans le public) une sorte de caractère symbolique. On leur attribue vaguement tous ces beaux crayons qui représentent la Cour de François F1', Henri 11 et Charles IX. En réalité, jusqu’à ces derniers temps, on ne savait absolument rien de précis ni sur eux ni sur leurs œuvres. Pour aucun de ces dessins, pour aucune des peintures correspondantes, le véritable auteur n’était connu avec certitude. Avant cette année, un seul tableau dans le monde, un portrait de Charles IX du Musée de Vienne, était signalé comme portant la signature de Clouet. Encore une erreur évidente de date dans l’âge attribué à Charles IX sur l’inscription de cette peinture (20 ans au lieu de 15 en 1565) pouvait-il motiver quelque suspicion. D’où la valeur historique considérable du tableau entré récemment au Louvre par l’initiative de M. Moreau Nélaton, un François Clouet parfaitement signé et portant cette inscription : Fr. Janetiï1 3 4 Opus. Pe. Quttio amico singulari Ætatis suæ XLIII, 1562 : le portrait par conséquent de son intime ami Pierre Quthe.
- Quel était ce Pierre Quthe, on l’a beaucoup cherché. Le fait qu’il est représenté la main sur un livre où s’étalent des plantes (voy. fig.) avait aussitôt donné l’idée d’un botaniste. Mais on ne connaissait aucun botaniste de ce nom. Et, d’ailleurs, on devait noter que le livre en question n’était pas, selon toute apparence, un herbier, mais un ouvrage représentant des peintures de fleurs5 : ce qui n’impliquait pas nécessairement la profession de botaniste. Enfin M. P. Dorveaux a donné le mot de l’énigmeL Pierre Quthe était un « maître apothicaire et épicier »s
- 1 Etienne Moreau Nélaton. Les Clouet, peintres officiels des rois de France, à propos d’une peinture signée de François Clouet. — Emile Lévy, 1908. Le volume comprend une admirable série de photographies de l’œuvre des Clouet, peintures et dessins.
- 2 Janet ou Jehannet était, on le sait, devenu le surnom habituel, le sobriquet familial des Clouet.
- 3 Ces ouvrages étaient très à la mode : dessinés avec un soin charmant, très réalistes, et souvent en même temps très heureux de composition, très artistiques, ils sont bien connus des amateurs de livres qui n’hésitent pas à les payer quelque-lois fort cher.
- 4 Bulletin des sciences pharmacologiques, juillet 1908; La France médicale, 25 juin 1908.
- 5 Ce rapprochement, qui nous semble singulier, tient à ce que les apothicaires du moyen âge avaient la spécialité de vendre des épices et cela pas seulement en France, mais dans
- parisien fameux de la seconde moitié du xvie siècle, le propriétaire d’un jardin botanique qui partageait avec ceux de Nicolas Rasse, Nicolas Houcl, Jacques Gohory, etc., une notoriété universelle, le voisin et l’ami de François Clouet. Né en 1519 et établi rue Saint-Àvoye, il était, par exemple, signalé en 1578 comme possédant la plante de Méchoacan, alors une grande nouveauté et comme « ayant enrichi notre France d’une infinité de simples rares, exquis et doués de singulières vertus ». On le voit, en 1588, élu juge des marchands. On connaît un de ses fils qui lui succéda, etc.
- Voilà donc une œuvre signée par Clouet qui pourra servir de point de départ aux inductions et aux rapprochements futurs. M. Moreau Nélaton, par une étude très délicate et très fine, arrive, en outre, à lui attribuer avec de très grandes probabilités quelques autres œuvres, notamment des portraits de François 1er, Henri II et Charles IX et, tirant des archives les livres de comptes des rois correspondants, il exprime de leur apparente aridité assez de substance vivante pour nous faire à peu près voir en chair et en os ces artistes de la Cour des Valois à la fois si célèbres et si inconnus : pour nous les faire voir, si le qualificatif n’étonne pas trop ici, bien pittoresques.
- D’abord, le père de François Clouet, Jehannet Clouet, était un étranger. Cela ressort d’une pièce de novembre 1541 où François Ier, après le décès de son « peintre et valet de chambre très expert », renonce à exercer sur ses biens le droit d’aubaine comme il l’aurait pu, « ledit défunt étant étranger et non natif né originaire de notre royaume » et attribue' à son fils, avec sa succession, l’hérédité de sa charge. Mais de quel pays venait ce Clouet ? De Flandre, a-t-on répondu autrefois sans hésiter, la parenté de l’art français et de l’art flamand, à l’exclusion de toute autre, semblant bien admise. On peut se demander aujourd’hui (bien que M. Moreau Nélaton, en historien prudent, ne le fasse pas) si les Clouet devenus plus tard tellement français par le style, n’auraient pas été d’origine italienne. La peinture de François Clouet ressemble à celle d’unMoroni; un ami intime qui figure à son décès, Jean Scipion, porte un nom quelque peu italien ; et surtout divers dessins venant sinon de lui, du moins de son entourage, portent des annotations où l’accent italien à travers la déformation des mots, ressort de la façon la plus plaisante : « le né rouze..., les seveux gry noir..., le né ung petit rouze et un petit plus magre ». L’hypothèse est au moins à signaler pour taquiner les nationalistes de l’art français qui, récemment encore, prétendaient nier toute influence italienne sur nos artistes ou plutôt réduire cette influence à une décadence et il n’est pas interdit, pour s’imaginer le
- toute l’Europe : ou le trouve, par exemple, dans les corporations de Florence (Pcrrens, llist. de Florence, I, 204).
- p.191 - vue 195/647
-
-
-
- UN PORTRAIT DE BOTANISTE PAR FRANÇOIS CLOUET =
- 192
- vieuxClouet, de penser aux italiens de l’entourage de Concini, et plus tard à Lulli.
- En quoi consistait à la Cour le rôle de ce peintre-valet de chambre ? Les comptes royaux le mettent bien en lumière. C’était un véritable artisan, comme un peintre en batiments attaché à la maison royale, un artisan chargé de peindre des coffres, de peindre des fleurs de lis sur des bannières et sur les cotes d’armes des hérauts d’armes, de peindre des enseignes et de « noircir et vernir leurs lances », de passer au noir un chariot d’armes, etc. En meme temps, il faisait à l’occasion, les portraits de familles, qui tenaient alors lieu de ce que sont pour nous les photographies.
- Les souverains du xvie siècle étaient fréquemment séparés de leurs enfants ou de leurs proches ; les séjours lointains se prolongeaient, les mariages se faisaient par procuration. Néanmoins (la correspondance de Philippe II en témoigne curieuse-ment, comme celle de Catherine de Médicis), les princes qu’on se représente le moins en bons papas ou bonnes ni a m ans, t e -liaient à rester au courant de la vie de leurs enfants. Alors on s’envoyait des portraits, volontiers reproduits à plusieurs exemplaires. Pour réaliser le « cliché fondamental », le peintre avait droit à une seule séance de son modèle, il faisait alors un crayon « d’après le vif ». Puis, d’après ce crayon, lui ou ses ouvriers « tiraient des épreuves », dessins ou peintures. Au bout de quelques années, si le modèle n’avait pas pu ou voulu reposer devant le peintre, on retouchait de chic sur ce dessin les traits caractéristiques (comme de braves gens ajoutent encore un ruban de la Légion d’honneur tardif sur un portrait moderne) et le cliché maquillé continuait à servir. On dirait d’ailleurs que ce rôle de portraitiste tenait moins de place dans la vie de l’artiste
- que celui de peintre d’enseignes : car les comptes, où figurent sou par sou tous les travaux décoratifs, ne parlent jamais des portraits (ou faut-il supposer que ceux-ci étaient pris à forfait, comme payés par les émoluments fixes de la charge ?).
- Un mot encore seulement sur le rôle singulier du « peintre habituel » quand le roi de France mourait. Vite on le mandait alors au Palais pour mouler la tète et les mains du défunt; après quoi, il fabriquait une « effigie » du roi en cire peinte avec cheveux et barbe naturels, plaçait cette tète de cire sur un mannequin d’osier habillé et façonnait, pour les lui appliquer successivement, dans le cours de la cérémonie funèbre à laquelle l’effigie était destinée, deux paires de mains dans des postures différentes : l’une aux mains jointes, l’autre tenant le sceptre royal et la main de justice. Les comptes nous montrent ainsi François Clouet touchant cent sols pour payer « huit livres de cire jaune, huile d’olive et coton » destinées à prendre le masque de François 1er; plus 50 livres pour huit jours employés avec trois aides à faire la tête de cire et les deux paires de mains, plus 6 sols pour la terre à potier du moule, plus « 11 sols pour un sac de plâtre pour faire le creux dudit modèle, plus 9 livres pour le poil dont a été faite la barbe et les cheveux de ladite effigie », plus 10 sols « pour le mastic dont a été attachés la dite barbe et les cheveux », etc., etc. Il a même touché 50 sols pour avoir « noirci le coffre auquel était le corps dudit feu roi ». Ce badigeonnage de mannequins funèbres et de cercueils, fussent-ils royaux, semblerait aujourd’hui, je crois, une besogne un peu singulière à un peintre. L. De Launay.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiure, rue de Fleurus, 9.
- Le botaniste Pierre Quthe, tableau de Clouet (1562).
- p.192 - vue 196/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1840.
- 29 AOUT 1908.
- LES GRANDS PONTS NATURELS DE L’UTAH
- Toujours à Tallïïl des merveilles naturelles si extraordinairement colossales des Etats-Unis, le Scientific American vient de nous révéler l’existence de jnon la naturels qui paraissent excéder en dimensions tous ceux ([uc l’on a pu citer jusqu’à présent.
- Us sont situés dans le sud-est de TUtali sur les pentes des Montagnes Bleues (comté de San Juan), loin des routes fréquentées, dans un pays peu accessible; ou en compte une douzaine dont plusieurs n’ont que quelques mètres, mais voici ce qu’on sait des trois [dus plus grands : le moindre est déjà beaucoup plus ample que les
- classiques ponts naturels du- l'rebisch-thor (Saxe), du pont d’Arc (Ardèche), du Baoune del Biel (Lozère) et de la Virginie (large de 28 m., haut de 65 m.); on l’appelle pont d’Edwin et il mesure 63 m. d’ouverture sur 57 m. de hauteur (fig. 2) ; le pont Caroline a 76 m. d’ouverture et son arcade 56 de haut; enfin le grand pont Augusta a 97 m. 60 d’ouverture, 106 m. de hauteur, et un chemin passe sur un tablier large de 9 à 10 m. Tous trois se trouvent
- 36e aimée. — ÎJ semestre.
- 13. — 193
- p.193 - vue 197/647
-
-
-
- 194 —.....- L’AVÈNEMENT DE LA TURBINE EN NAVIGATION
- dans des ramifications du Canon blanc, affluent du en calcaire intercalé dans une formation de grès, Colorado et en travers de thalwegs desséches, toute et ils demeurent les témoins d’une érosion intense
- la région ayant cessé d'être pluvieuse. Ils seraient aujourd’hui entièrement disparue. A. Stkkyai
- L’AVÈNEMENT DE LA TURBINE EN NAVIGATION
- Dans uüo de ses informations du numéro du 29 février 1V)08, La Nature luisait ressortir les immenses difficultés renconlrées pur les ingénieurs mari limes pour obtenir de grandes vitesses sur les navires modernes. La puissance des machines nécessaires, leur poids, leur consommation ne croissent pas proportionnellement à la vitesse : ta progression est beaucoup plus rapide, et si à ce problème du poids à transporter on ajoute celui de l’encomr hrement toujours très important à bord d’un navire où la place est limitée, on voit que la solution ne manque pas d’être compliquée. Aussi les architectes et ingénieurs navals ont-ils songé de bonne heure à employer à bord la machine qui rend de si grands services à notre industrie moderne : la turbine à vapeur.
- L’histoire de son développement en navigation est presque uniquement celle de la turbine Parsons, et il faut reconnaître que tous les essais qui ont conduit à l’admirable progrès réalisé ces dernières années ont été faits en Angleterre. Il sortirait de notre cadre de donner ici la technique de la turbine Parsons. Nous rappellerons seulement à nos lecteurs qu’elle se compose d’un certain nombre de roues à aubes d’une forme spéciale montées sur l’arbre de la machine et recevant l’impulsion de la vapeur par l’intermédiaire d’un organe particulier appelé distributeur. Ces roues tournent , en entraînant l’Indice dans leur mouvement. Les premiers essais des turbines marines furent faits par Parsons en 1894 sur un tout petit batiment de 44 tonneaux: de déplacement et de 50 m. de longueur, le Turbinia. Son hélice entraînée par les aubes de la turbine à une vitesse de '1800 tours par minute lui donna une vitesse de 20 nœuds. Lé résultat était très en dessous des prévisions de l’inventeur: l’hélice tournant trop vile faisait le vide autour d’elle et son rendement était défectueux. Parsons se remit au travail, modifia ses turbines de façon à étager l’action de la vapeur dans plusieurs machines actionnant chacune un arbre différent, et, dès 1898, le Turbinia, complètement remanié, donnait une vitesse de 52 nœuds1. Le principe de l’application de la turbine était trouvé et on en avait déduit les enseignements indispensables : réaliser des appareils à rotation suffisamment lente pour que les hélices aient un bon rendement; marcher toujours aux environs du régime de travail normal de la machine pour en utiliser toute la force, enfin, disposer d’une turbine spéciale pour la marche arrière. Ces principes étaient faciles à appliquer aux navires de commerce qui gardent toujours la même allure, aussi les applications en furent-elles rapides. La société la Clyde les mettait en vigueur dès 1901 sur do petits navires à passagers faisant le service de la Manche : le King-Edivard de G50 tonneaux filant 21 nœuds sous l’action des 3500 chevaux de ses turbines, le Quecn-Alexandra un peu plus grand et un peu plus rapide, 750 tonneaux et 21",5, et enfin le The Queen de 1750 tonneaux et 23;;ùœuds. En 1 905, la Société du Midland Railwav étend le principe delà turbine à des navires de tonnage un peu plus forts (5000
- 1 Le Turbinia figura à l’exposition de 1900. Il était amarré à quai à hauteur du palais des armées de terre et de mer.
- tonneaux), Ie Londonderry et le Mauxmann qui tirent des essais comparatifs très brillants avec leurs frères jumeaux Aulriin et Donègal iminis de machines alternatives. Le Londonderriji et le Mauxmann atteignirent 22 nœuds aux essais, tandis que les deux autres navires ne purent dépasser 20 nœuds et demi. Ce résultat était dù au meilleur rendement des turbines, les deux catégories de navires étant munies de machines ayant la même puissance nominale et du même type de chaudières. En même temps on remarqua que pour la marche à pleine vitesse qui est l’allure normale des paquebots, la consommation de charbon était moindre pour les turbines que pour les machines à piston, que les vibrations si incommodes pour les passagers, et toujours défectueuses pour la conservation de la coque, étaient pratiquement milles avec les turbines, entin que la machine était sensiblement plus légère1. L’expérience était donc concluante en faveur des turbines.
- Aussi la compagnie Cunard décida-t-elle immédiatement de les employer à bord de ses paquebots géants Lu-silania et Maurelania qui, en soutenant pendant toute la traversée de l’Atlantique la vitesse remarquable de 24 nœuds et quelques dixièmes, lui permirent de reprendre aux allemands le trophée du meilleur lévrier des mers : le blue ribbon de l’Atlantique. Le dernier venu des grands paquebots allemands, le Kronprincessin-Cecilie n’a pu approcher, même de loin, les merveilleux résultats des deux nouveaux Cunarders. Nous donnons, à titre documentaire, un tableau des tonnages et des vitesses des paquebots modernes les plus rapides (Tableau n° 1).
- L’inspection de ce seul tableau montre à quel degré de perfection a atteint l’art naval moderne qui permet de loger à bord des puissances aussi formidables. En 1840, des navires de 2000 tonneaux et de 750 chevaux de force allaient du Havre à New-York en 15 jours; soixante ans après on fait le même trajet en 4 jours et quelques heures, mais la puissance des machines a centuplé et le tonnage des navires est 20 fois plus fort.
- A bord des navires de guerre, la progression fut la même bien que les difficultés à vaincre aient été beaucoup plus grandes que sur les paquebots. Un cuirassé ou un croiseur marchent, en elfet, la plupart du temps à allure réduite et ne donnent leur vitesse maxima que pendant des temps très courts. Or, dans ces conditions, les turbines ont un rendement très médiocre et consomment beaucoup. On a tourné la difficulté en dotant les navires de turbines spéciales leur permettant de faibles allures et appelées turbines de croisière. Au moment, du besoin, des turbines de grande puissance viennent donner le renfort nécessaire à l’obtention des grandes vitesses. Comme pour la marine marchande, les applications furent d’abord localisées aux petits bâtiments : torpilleurs et contre-torpilleurs et les premiers essais furent faits en Angleterre sur le Viper et le Cobra qui purent, grâce aux turbines, disposer de machines ayant une puissance supérieure de 25 pour 100 à celle de leurs similaires
- 1 Les machines du Londonderry pèsent 575 tonnes, celles du Donegal 730 tonnes. <
- p.194 - vue 198/647
-
-
-
- - L’AVÈNEMENT DE LA TURBINE EN NAVIGATION ===== 195
- à machines alternatives et dépassèrent 50 nœuds aux essais. Aujourd’hui toutes les grandes puissances navales ont adopté la turbine sur les bâtiments légers de leurs escadres; nous ne nous y attarderons pas et mentionnerons seulement que le dernier record de la vitesse appartient au destroyer anglais le Tarlar qui, en janvier 1908, a soutenu pendant deux heures consécutives la vitesse formidable de 30 nœuds. Ce merveilleux coureur déplace 700 tonneaux et ses turbines à vapeur fortement surchauffée développent 20 000 chevaux à toute puissance.
- Une étape correspondante à celle des essais du Lon-
- allures et on se convainquit que, pour des vaisseaux munis de ce genre de machines, la vitesse normale de route ne devait pas descendre au-dessous de 12 à 14 nœuds pour être économique.
- C’est de ces principes que l’Amirauté anglaise est partie pour établir les plans de son Dreadnouglil, cuirassé d’escadre de 18 000 tonnes, qui a fourni aux essais une vitesse de 21",2 pour une puissance de 23 000 chevaux de l’ensemble de ses turbines. La vitesse de route de 14 nœuds lui est donnée par un groupe de machines de 10 000 chevaux environ. Les autres grandes puissances maritimes ont suivi cet exemple, l’Allemagne la première,
- Tableau n° 1. — Paquebots rapides modernes.
- Navire Date Nationalité Tonnage Puissance Vitesse de marche moyenne RENDANT LA TRAVERSÉE
- Kaiser-Wilhelm 11 . . . 1902 Allemand. 26 000 tonneaux. 58 000 chevaux. 25",15 (23,7 aux essais).
- La Provence ...... 1906 Français. 19160 — 50 000 — 22",15 (22,8 aux essais).
- Iironprincessin-Cecilie . 1907 Allemand. 27 200 .• — 45 000 — 23",40 (23,85 aux essais).
- Lusitania 1907 Anglais. 37 000 — 68 000 — 24", 12 (25,10 aux essais).
- Maure tania 1907 Anglais. 58 000 — 70 000 — 24”,20 (25,75 aux essais).
- Tableau n" 2. — Essai de 1’ « Amethyst » et de la « Topaze » (1905).
- Navires Vitesse manima obtenue ( Distance que peuvent parcourir les navires avec leur approvisionnement normal de 750 TONNES DE CHARRON
- Amelhysi . . Topaze . . . (turbines) 25",75 (pistons) 22",1 Vitesse 10" 5500 milles 7500 — Vitesse 12" 4300 milles 4500 — Vitesse 15" 5600 milles 2770 — Vitesse 20" 5100 milles 2150 — Vitesse 22" 2400 milles 1700 — Vitesse 25'>,5 1400 milles Néant.
- Tableau nu 3. — Grands cuirassés munis de turbines à vapeur sur cale ou à flot en 19081.
- 1 Navires et Types Nombre de navires I)U type Nationalité Tonnage Puissance DES MACHINES Vitesse prévue Achèvement
- Dreadnouglil .... 1 Angleterre 18 000 tonneaux. 23 000 chevaux'. 21" 1907
- (Cuirassé)
- Inflexible 5 — 17 500 — 45 000 — 25" 1908
- (Croiseur cuirassé) Téméraire 3 18 500 — 25 000 — 21" 1909
- (Cuirassé) *
- Saint-Vincenl].... 3 — 19 000 — 98 000 — 21" 1910
- (Cuirassé)
- Danton 6 France 18 000 tonneaux. 20 000 chevaux. 19" 1910
- (Cuirassé)
- Àj (votés en 1907) . . 6 — 21 000 — 50 000 — 19" 1912
- (Cuirassés)
- Cuirassés des program-
- mes 1906-1907 . . . 8 Allemagne 19 000 tonneaux. 25 000 chevaux. 21" 1911
- donderrtj pour la marine marchande, a marqué pour la marine de guerre la généralisation de son emploi pour les bâtiments de fort tonnage : ce sont les essais comparatifs des croiseurs anglais Amelhysi (turbines) et Topaze (machines à piston). Ces croiseurs de 110 mètres de longueur déplacent 5000 tonneaux et devaient donner 21",5 aux essais. Le tableau n° 2 résume ces essais et montre clairement la supériorité des turbines.
- Les essais aboutirent aux mêmes conclusions que ceux du Londonderry en ce qui concerne la légèreté des machines, les vibrations qu’elles provoquent, et la vitesse réalisable. Us mirent en outre en évidence le caractère indispensable des turbines de croisière pour les petites
- avec une série de 4 petits croiseurs de 4000 tonnes environ actuellement en essais ou en achèvement et qui doivent atteindre 24 nœuds aux essais. La France n’a encore que quelques torpilleurs ou destroyers munis de turbines, mais ses grands cuirassés en construction en seront tous pourvus. Notre tableau 5 montre quelle extension considérable prend la turbine sur les grands navires de combat et permet de dire que, dès aujourd’hui, on peut la regarder comme la machine type des vaisseaux de guerre. P- U.
- 1 Les renseignements sur les Hottes américaine et japonaise lie permettent pas de prévoir quelle part y sera laite à la turbine.
- p.195 - vue 199/647
-
-
-
- RESTAURATION ET NETTOYAGE DES STATUES
- De toutes les œuvres d’art, les statues qui décorent nos monuments ou qui ornent les places et les parcs de nos villes sont les œuvres les plus exposées à souffrir. Elles doivent subir non seulement les injures du temps, mais encore celles des hommes ; et les hommes, qu’ils soient conscients ou non, sont de terribles destructeurs. Contre les causes de destruction lente, dues à l’action naturelle des intempéries et du climat de nos régions, le chimiste ne peut qu’émettre des avis et donner des conseils.
- Mais, à ces altérations d’origine naturelle, presque inévitables, viennent aussi s’ajouter les dommages causés par la malveillance; ils se manifestent le plus souvent sous la forme de taches faites à la faveur de la nuit, et, comme de pareils actes de vandalisme se commettent généralement quand la statue est encore dans toute sa fraîcheur, l’opinion publique réclame la réparation immédiate des dommages.
- Quelle que soit d’ailleurs l’habileté des vandales, la chimie est toujours parvenue jusqu’ici à réparer le mal ; pourtant, il ne faut pas croire que la tâche soit aisée.
- L’un des plus beaux exemples de restauration est fourni par le laineux groupe de la Danse, par Carpeaux, à Paris. C’est, comme on sait, un des quatre motifs qui ornent la façade de l’Opéra depuis 1809. Rarement une sculpture fut autant discutée que celle-ci :
- et une longue d’interprétation qui furent considérés comme subversifs. A tous ces griefs se mêlaient des
- Fig. 2. — Slalue de Shakespeare, par Ollo Lossing, Weimar (Allemagne).
- on accusait l’artiste de s’ètrc écarté du programme tracé par l’architecte Charles Garnier, d’avoir donné à son groupe des dimensions exagérées qui rompaient l’harmonie de l’ensemble, d’avoir négligé l’exécution matérielle des détails, enfin, et surtout, de s’èlre permis un genre
- Fig. 1. — La Danse, par Carpeaux (28 août 18G9).
- questions de politique et de morale offensée qui exaltèrent les esprits au suprême degré, si bien que, le 28 aoiît 1869 au matin, quelques jours après la découverte du groupe, il fut trouvé maculé par le contenu d’une bouteille d’encre qu’on y avait jeté pendant la nuit (tig. 5). C’était fort heureusement de l’encre ordinaire, c’est-à-dire au tannate et au gallate de fer. La restauration fut relativement facile et rapide. Le 2 septembre suivant, c’est-à-dire cinq jours après l’attentat, le groupe avait recouvré toute sa fraîcheur primitive.
- La restauration fut faite par Charles Garnier lui-même et par deux de ses collaborateurs : M. Sabathier, ingénieur et excellent chimiste, et M. Esquiron qui, en s’occupant de la fabrication de ciments "et du blanchiment de libres textiles et de tissus, avait eu l’occasion d’expérimenter plusieurs décolorants à base d’hypochlorite d’aluminium.
- On ne pouvait songer à employer les acides ordinaires qui tous attaquent le calcaire, le groupe étant taillé dans la pierre calcaire dure d’Échaillon (Isère) qui peut prendre un poli comparable à celui du marbre. On ne pouvait compter que sur le chlore, soit libre, soit employé sous la forme d’un hypochlorite ou d’un chlorure abandonnant facilement une partie de son chlore. Les essais faits sur des échantillons de pierre identique à celle du monument montrèrent que tous ces corps, ou bien laissaient des taches très effacées sans doute, mais indélébiles, ou donnaient naissance à de l’acide chlorhydrique attaquant la pierre. La disparition fut obtenue en faisant une bouillie épaisse qui renfermait de l’hypochlorite de calcium (chlorure de chaux), de l’hypochlorite de sodium et un très
- p.196 - vue 200/647
-
-
-
- RESTAURATION ET NETTOYAGE DES STATUES
- grand excès d’alumine hydratée; celle-ci agissait à la fois comme neutralisant de l’acide chlorhydrique formé, en conservant à la pâle une réaction alcaline, et comme absorbant mécanique (par capillarité) des corps formés
- Fig. 5. — La Danse, par Carpeaux (façade de l’Opéra, Paris).
- Etat actuel.
- par suite des réactions h Cette bouillie fut appliquée deux fois seulement. La restauration fut complète et on peut voir, en comparant les figures 1 et 3, que les dommages causés par le temps en trente-neuf années sont beaucoup plus graves que ceux causés par la malveillance.
- La restauration fut moins aisée pour le monument, en marbre de Carrare et granit, élevé à Munich à la mémoire du grand chimiste Liebig (fig. 4), qui, le 0 novembre 1883, c’est-à-dire quelques mois après son inauguration, fut trouvé couvert de plus de trois cents taches noires.
- Le malfaiteur n’était pas un ignorant: il avait employé un mélange d’azotate d’argent (pierre infernale) et de permanganate de potassium, et, par un raffinement incroyable, avait pris soin, en trempant le pouce, sans doute, dans la solution des deux sels mélangés, de faire quatorze taches extrêmement foncées et très régulières sur le visage du personnage; il y avait aussi de longues rayures faites au pinceau, des gouttes obtenues par aspersion avec le même instrument; enfin, probablement dérangé par l’arrivée d’un passant, le malfaiteur avait vidé sur la statue le contenu du récipient contenant la dissolution.
- La restauration fut confiée aux chimistes von Pelten-kofer, Baeyer et Zimmerman, et conduite si méthodiquement et avec une si parfaite entente 2 que le 22 décembre de la même année, quarante-six jours après l’attentai, le monument « était rétabli dans toute sa pureté et dans toute sa beauté primitives ».
- 1 Le nouvel Opéra de Paris, par Ch. Garnier, 2 vol. 1878 et 1881.
- 2 Berichle der Deulschen Chemischen Gesellschaft, 1884.
- 197
- Le nitrate d’argent-s’était réduit à l’état d’argent métallique noir et le permanganate de potassium à l’état d’hv-drate de bioxyde de manganèse brun. Ces corps, qui avaient pénétré à plusieurs millimètres de profondeur, furent transformés en sulfures au moyen de sulfbydrate d’ammoniaque ; puis cès sulfures lurent dissous, le sulfure d’argent aisément, le sulfure de manganèse plus difficilement, dans une dissolution de cyanure de potassium. Aucun des corps employés n’attaque le carbonate de chaux, soit directement, soit par les corps pouvant se former ultérieurement par suite des réactions. 11 convient de remarquer en passant que l’acide carbonique est plus fort que l’acide cyanhydrique (acide prussique) et que celui-ci par conséquent n’attaque pas le marbre. L’acide carbonique de l’air attaque au contraire les cyanures alcalins, très toxiques, en dégageant de l’acide cyanhydrique (acide prussique) à odeur d’amandes amères, très toxique aussi, ce qui obligea les opérateurs à prendre de grandes précautions contre les empoisonnements pour eux-mêmes (port de gants, de lunettes, etc.) et pour le public.
- Pendant la durée des essais de laboratoire, qui fut de quatorze jours, on entoura le monument d’une palissade en planches jointives permettant de chauffer l’enceinte intérieure ainsi formée; en effet, l’hiver approchait, on pouvait craindre ses rigueurs; d’ailleurs, d’une façon générale, une élévation de température augmente la vitesse des réactions. Les dissolvants précités furent appliqués sous forme de pâte faite de ferre à porcelaine pulvérisée.
- Fig. i. — Statue de Liebig', à Munich.
- L’histoire de la statue de Shakespeare, par Otto Les-sing, à Weimar (Allemagne), est un peu différente. Cette statue (fig. 2). est aussi en marbre de Carrare. Un malin de février 1905, elle fut trouvée horriblement et habilement maculée. Les malfaiteurs s’étaient servis, d’une
- p.197 - vue 201/647
-
-
-
- 198_ RESTAURATION ET NETTOYAGE DES STATUES
- part, d’un mélange de goudron de gaz et de goudron de bois ou de carbolineum 1 ; d’autre part, d’une couleur rouge à l’huile, faite de minium et d’un pigment de couleur verte. Les différentes parties de la statue, et notamment les ornements symboliques, avaient reçu une couche épaisse de ces divers produits donnée au pinceau ; son aspect était celui du plus violent et du plus incohérent bariolage. Pour comble de malheur, on avait voulu réparer le dommage, mais on s’y était pris maladroitement : on avait essayé d’enlever les taches au moyen de pétrole, d’essence de térébenthine et de chlorure de chaux. Le remède était pire que le mal : les couleurs, l’huile et le vernis avaient pénétré profondément dans le marbre, les taches s’étaient agrandies sans diminuer aucunement d’intensité et la plupart avaient une surface miroitante du plus laclieux effet. Quand le I)1' Franz Schmidt, chimiste assermenté du commerce à Hambourg, fut appelé enfin, deux mois après l’attentat, pour entreprendre la restauration, le monument paraissait irrémédiablement perdu. Il a été restauré cependant, mais avec les plus grandes difficultés et une énorme dépense d’argent et de temps. C’est seulement en mai 1907, après plus de deux ans de travaux méthodiques et ininterrompus, qu’il a recouvré son aspect primitif.
- M. Schmidt a résumé ces travaux dans une brochure 2, en y ajoutant quelques conseils, les uns à l’intention des chimistes chargés de semblables restaurations, les autres s’adressant aux profanes chargés de donner les premiers sains au monument en attendant l’arrivée des spécialistes.
- On commença d’abord par un nettoyage au savon. Tous les moyens de blanchiment essayés, même avec le plus grand soin, y compris l’eau oxygénée en solution éthérée, échouèrent. Les divers dissolvants des corps gras et des résines essayés sur des échantillons de marbre de même provenance que celui de la statue, révélèrent un inconvénient grave : divers alcools, l’acétone, le toluène, employés dans des pâtes d’argile, exerçaient bien une action dissolvante, mais avaient aussi le fâcheux effet d’étaler les taches sur leurs bords et de les agrandir. M. Schmidt employa alors le beurre dont les parties les plus fluides agissent comme un excellent dissolvant et dont les parties les plus fermes agissent à l’égard de celles-ci par attraction capillaire et empêchent la tache de s’étaler.
- L’application du beurre se fit au mois de mai 1905, qui se montra particulièrement froid; bien que le monument eût été entouré d’un double rideau de toiles, le beurre était trop ferme; on lui communiqua une fluidité suffisante en lui incorporant de l’alcool méthylique (esprit de bois) et l’attraction capillaire nécessaire par l’addition de craie finement pulvérisée. L’évaporation lente de l’alcool dans ces conditions exerçait sur les taches une succion énergique très efficace. Douze à seize heures d’application suffisaient en général pour qu’ensuite la couleur noire fît place à une couleur brun clair ou jaune foncé là où il n’y avait que du goudron. Puis la pâte de beurre, raclée au moyen d’ébauchoirs en bois, fut remplacée par une pâte faite de terre à porcelaine et d’alcool méthylique, et suivie d’un lavage à l’eau de savon aiguisée d’ammoniaque. Le même traitement fut renouvelé jusqu’à ce qu’aucun affaiblissement des couleurs ne fût plus perceptible; après quoi, il fut renouvelé encore, mais en remplaçant l’alcool méthylique successivement par l’acé-
- 1 Huile lourde de goudron, riche en créosote, spécialement employée pour l’imprégnation des bois et la conservation des traverses de chemins de fer.
- 2 Die Reinigung des Shakespeare-Denkmah in Weimar, par le Dr F. Schmidt, Bôhlan, Weimar, 1907.
- tone, le toluène et l’épichlorhydrine1 ; le tétrachlorure de carbone2, nouveau dissolvant usuel, se montra peu efficace.
- Toutes les matières grasses et résineuses, ainsi qu’une bonne partie du minium et du pigment vert, furent ainsi enlevées, mais il restait encore de grandes quantités de ces derniers corps. Comme c’étaient des composés métalliques pouvant être transformés en sulfures, puis dissous au moyen de cyanure de potassium comme on l’avait fait pour la statue de Liebig, M. Schmidt pensa à enlever les dernières traces de matières organiques en les détruisant au moyen de permanganate de potassium : celui-ci devait, par réduction, donner du bioxyde de manganèse précipité dans la pierre, mais qui pouvait disparaître ensuite au cours du traitement appliqué pour enlever le minium et le pigment vert. La statue fut donc badigeonnée d’une solution concentrée de permanganate de potassium; à vra dire, à ce moment, elle apparut plus endommagée qu’elle ne l’avait jamais été.
- Le traitement énergique ne fut pas très efficace; une première application ne laissa apprécier le progrès fait que par comparaison avec des taches laissées à dessein comme témoins ; il fut renouvelé plusieurs fois en chauffant la pierre et la dissolution de permanganate, et en augmentant sa concentration; enfin, il fut arrêté quand les taches ne montrèrent plus aucun éclaircissement. On était alors vers la fin de la belle saison, en 1906; il était à craindre que l’hiver ne vînt compromettre le succès du la restauration. Pour éviter une interruption qui eût été désastreuse, M. Schmidt recourut encore une fois au traitement par l’épichlorhydrine; cette fois, l’action subséquente du permanganate fut décisive et il ne resta plus qu’à dissoudre avec du sulfure de carbone, un peu du soufre qui avait été laissé par le traitement au sulf-hydrale d’ammoniaque, et à bien rincer à l’eau claire plusieurs fois pour faire disparaître l’efflorescence des sels qui s’étaient formés et accumulés profondément dans la pierre au cours de tous ces traitements.
- On peut résumer comme suit les premiers soins à donner aux statues maculées par malveillance. Il faut tout d’abord faire appeler un spécialiste, puis se garder d’employer un décolorant ou un dissolvant quelconque quelle que soit la maculation. Avec un ébauchoir en bois tendre, on doit gratter rapidement et grosso modo les substances en les conservant avec soin pour que le spécialiste puisse, par leur examen et leur analyse, être plus rapidement renseigné sur la nature du traitement à appliquer ; après quoi, avec une lance et en opérant sous une pression aussi forte que possible, on arrose abondamment la statue avec de l’eau; la violence du jet chasse les particules qui sont restées et l’eau, pénétrant abondamment dans la pierre, dilue les ingrédients destructeurs en diminuant leur action s’ils sont solubles; s’ils ne le sont pas, elle agit par capillarité pour s’opposer à ce que la pénétration des matières grasses et résineuses se poursuive; l’évaporation subséquente de l’eau refoule même ces matières au dehors si elles ont déjà pénétré. On peut reprendre ensuite le grattage plus minutieusement et à loisir. Le même traitement s’applique aux monuments en métal.
- Eugène Lemaire,
- Ingénieur des Arts et Manufactures.
- 1 L’épichlorhydrine, C3 H5OCl, n’est pas un dissolvant usuel des huiles et résines; on la prépare en traitant par la potasse caustique la dichlorhydrine dissymétrique CH2 OH. CH Cl. CH2 Cl, produit d’addition obtenu en traitant l’alcool allylique CH2: CH. CH2 OH par le chlore.
- 2 Voy. le n° 1806 du 4 janvier 1908.
- p.198 - vue 202/647
-
-
-
- 199
- SERVICE MARITIME POSTAL
- A l’occasion du renouvellement de la concession du service maritime postal entre le Havre et New-York qui expire le 21 juillet 1911, le Conseil général du Finistère et Ja Chambre de Commerce de Brest ont demandé que le nouveau service eût son point d’attache à Brest : il nous a paru intéressant de faire une étude comparative sur les facilités qu’olfre actuellement le port de Brest et celles que présentera le port du Havre après achèvement des travaux projetés, pour des paquebots de fort tonnage, tels que ceux alfectés au service sur les États-Unis et d’en donner les résultats à nos lecteurs.
- Nous pensons qu’en 1911, les travaux actuellement en cours d’exécution au Havre seront terminés : on aura à cette époque :
- Une passe extérieure de 550 mètres de largeur creusée à la cote (— G.00) ;
- Une entrée de 200 mètres de largeur de même profondeur que la passe extérieure et comprise entre deux musoirs fondés respectivement aux cotes (—12.50) et (-12.70);
- Un avant-port à la cote ( — G.00);
- Un quai de marée de 500 mètres de longueur, bordé d’un terre-plein de G5 mètres de largeur et présentant à son pied une souille creusée jusqu’à la cote (—9.00) sur 50 mètres de largeur au plafond;
- Une écluse à sas de 2-41 mètres de longueur utile, donnant accès de l’avant-port dans le bassin de l’Uure, ayant les seuils de ses deux tètes arasés à la cote (— 4.50) et offrant une largeur libre de 50 mètres entre des murs à parements verticaux.
- On y trouvera, en outre, toutes les installations déjà existantes et conservées sans modification : le bassin de l’Eure cependant sera approfondi à la cote (—4.00) jusqu’à 20 mètres de distance du quai servant actuellement aux opérations des grands paquebots envisagés.
- Nous savons, du reste, d’après l’étude que nous avons faite du régime des marées au Havre, que l’avanl-port et le quai de marée seront toujours accessibles dans le voisinage de la haute mer, à des paquebots d’un tirant d’eau même supérieur à celui des navires actuellement projetés en France; ces navires, accostés le long du quai, pourront y poursuivre leurs opérations commerciales sans aucune interruption.
- L’écluse de la Floride sera praticable dans les mêmes conditions sous la seule réserve que la largeur nécessaire au passage du navire ne dépassât pas 50 mètres.
- Ces mêmes navires pourront séjourner dans le bassin de l’Eure accostés, soit directement à quai, soit le long de chalands intercalés entre eux et le mur de quai; leurs opérations seront toujours faciles.
- En ce qui concerne la réparation des navires, le port du Havre présentera les mêmes facilités qu’aujourd’hui et possédera, en 1911, une forme de'radoub de 500 mètres de longueur qui pourra recevoir des paquebots de dimensions encore beaucoup plus grandes que celles des géants de la Ci0 Cunard, le Lusiiania et le Mauretania.
- A Brest, d’autre part, le port de commerce creusé à la cote (— 7,00) est accessible en haute mer, mais les navires dont le tirant d’eau atteint ou dépasse 7 mètres, ne peuvent y séjourner et doivent retourner en rade pendant les basses mers.
- Les opérations commerciales ne sont donc possibles que par transbordement et sont fortement gênées par la boule pour les paquebots à grand tirant d’eau.
- ENTRE PARIS ET NEW=YORK
- Il v a bien, dans ce port, une forme de radoub de 225 mètres de longueur; mais sa largeur qui n’est que de 25 mètres au pied des bajovers, à la cote du plan d’al-tinage, est considérée dès à présent comme insuffisante.
- Enfin, l’industrie privée locale offre peu de ressources tant pour l’entretien que pour les grosses réparations. Le port du Havre est, à cet égard, bien mieux partagé, mais ce n’est pas encore là son incontestable supériorité; il jouit sur Brest d’un avantage énorme, parce que les navires venant de l’Atlantique, peuvent y entrer sans aucune difficulté, même en temps de brume : les indications que peut donner la sonde sont, en effet, très précises et l’atterrissage se l'ait toujours dans les meilleures conditions.
- Il n’en est pas de même à Brest : les navires venant de l’Atlantique doivent, avant de s’engager dans les passes brestoises, reconnaître l’île d’Ouessant, dont les abords exigent toujours une grande prudence en raison des courants de marée portant, tantôt vers la chaussée de Sein, tantôt vers la chaussée des Pierres Noires qui limitent la route de Brest au sud et au nord.
- La navigation est particulièrement difficile pendant les temps de brume ou « temps bouchés », fréquents dans ces parages ; les instructions nautiques prescrivent, dans ces circonstances, d’attendre une éclaircie pour approcher du rivage, par des fonds de 100 à 120 mètres.
- Celte situation est déplorable, quoique de grands progrès aient été réalisés dans l’éclairage et le balisage des côtes; et malgré l’espoir que l’on peut fonder sur l’emploi des signaux sonores sous-marins, l’atterrissage sera toujours très délicat en temps brumeux pour les paquebots transatlantiques marchant à grande vitesse.
- Si l’un d’eux voulait regagner la Manche après avoir fait escale à Brest, il ne pourrait utiliser le passage du Four, entre l’archipel d’Ouessant et la côte, en raison de l’insuffisance des fonds et de la violence des courants de marée ; il devrait donc faire le tour par l’ouest d’Ouessant, ce qui lui imposerait un long détour.
- Il résulte de tout ceci que la route de New-York à Brest peut être parcourue en 125 heures par des paquebots marchant à 24 nœuds, mais que la brume peut augmenter très notablement le temps nécessaire à la traversée.
- De New-York au Havre, la roule un peu plus longue ne peut être franchie à la même vitesse qu’en 150 heures 15 minutes, ce qui nous donne un premier écart de
- 7 h. 15 min. en faveur de Brest.
- - Par contre, il faut aux Irains les plus rapides 2 h. 5/4 pour franchir la distance du Havre à Paris, alors que le plus court trajet de Brest à Paris, par Rennes, exige
- 8 h. 1/2. — Nous trouvons un second écart, de 5 h. 5/4 en sens inverse du précédent.
- On voit donc que, dans les circonstances les plus favorables, la durée du voyage de New-York à Paris ne serait réduite que de 1 b. 1/2 par le passage à Brest. Encore en serait-il rarement ainsi : il résulte, en effet, des observations faites pendant que la Compagnie transatlantique pratiquait cette escale, que la durée moyenne du voyage par Brest a été supérieure à celle du voyage par le Havre.
- En résumé, on peut affirmer que, tant au point de vue des conditions d’accès qu’au point de vue des facilités offertes aux navires faisant le service postal sur les États-Unis, le port du Havre présentera en 1911 des avantages nettement marqués sur celui de Brest. E. Depouilly.
- p.199 - vue 203/647
-
-
-
- 200
- LE FLYING-FISH DE M. HENRI FARMAN
- Ap rès le n° 1 qui a vu les premiers exploits de | lise cette solution, et l’appareil qui en est pourvu HenriFarman, et le n° 1 bis, gagnant du prix Armen- bénéficie de cet avantage même au détriment du
- gaud, M. Henri Farman a fait construire un nouvel appareil totalement différent de ces deux premiers types, et qui constitue un acheminement vers la simplification, vers la vitesse.
- Le principe sur lequel reposent les deux systèmes d’appareils demeure le même ; mais, dans le cellulaire, la présence des doubles plans superposés reliés par des entretoises et des tirants apporte une résistance à l’avancement qu’il est intéressant de supprimer.
- L’adoption d’un plan simple réa-
- poids. Le nouvel engin, en effet, est beaucoup plus
- , lourd que les précédents, et cependant, si les prévisions sont exactes, il doit voler mieux, c’est-à-dire plus haut et plus vite.
- : Nous avons pu
- voir l’engin à la dernière période de sa construction dans les ateliers I des frères Voisin
- à Billancourt; il ; se présente sous
- ; l’aspect d’un
- squelette gigantesque imité de la faune préhistorique, et l’on i sent, devant celle
- j carcasse à la-
- | quelle il manque
- seulement le moteur et les quel-
- Fig. 2. — Le moteur Renault frères, le carter supérieur enlevé.
- p.200 - vue 204/647
-
-
-
- LE FLY1NG-F1SH DE M. HENRI FARMAN .—..—---: 201
- ques mètres d'étoffe qui lui permettront de prendre I L’appareil repose sur deux roues placées à l’avant, l’air, que l’on est en présence d'une machine sé- directement sous le moteur. L’essieu de ces roues rieuse, laite pour fendre l’air, pour inspirer confiance. I appartient à un système indéformable lait de tubes
- Fig. 5. — Le squelette du Flying-Fish.
- d’acier dont les extrémités supérieures sont encore
- Le châssis, en bois de frêne, est la copie d’un corps de poisson harmonieusement fuselé. Quatre perches réunies à l’avant par la plaque d’aluminium qui servira de support à l’arbre de l’hélice, vont en s’éloignant jusqu’à la partie centrale dans laquelle prennent place le pilote et le moteur. Puis elles reprennent une direction convergente vers l’extrémité où elles se rejoignent deux à deux sur une sorte de sabot de bois plein qui peut s’appuyer sur le sol sans inconvénient au moment des atterrissages. Ce châssis mesure 14 mètres de longueur ; il est entretoisé de montants de bois et de tirants d’acier qui en font une poutre d’une rigidité et d’une solidité parfaites.
- reliées entre elles par des fus d acier. Ce bâti se termine de chaque côté du corps de l’appareil par un solide tube d’acier vertical entouré d’un fort ressort à boudin. L’ensemble de l’appareil repose sur ces deux ressorts par l'intermédiaire de deux semelles fixées à sa partie supérieure. Dès que les
- roues touchent le sol, le choc se trouve donc complètement amorti, et l’aéroplane n’en reçoit plus qu’une très faible partie. Une troisième roue suspendue comme les deux premières a été placée vers l’arrière.
- A l’avant, le Flying-Fish est pourvu de trois plans sustenta-teurs de chaque côté et ayant chacun 2 m. 65
- Fig. i. — Le moteur d’aviation Renault frères. Vue extérieure.
- p.201 - vue 205/647
-
-
-
- 202 : ^ ^ CHAUFFAGE ET CUISSON ÉLECTRIQUE DANS LES HOTELS
- de longueur et 1 mètre de largeur. L’envergure totale de ces plans atteint 0 m. 50. Chacun d’eux est constitué par un cadre rectangulaire en bois légèrement relevé vers les extrémités libres et présentant, en coupe, la forme assez imitée de l’aile de l’oiseau. Deux plans d’étoile superposés recouvrent celte carcasse, incurvée suivant une ilèche de 1/12, et fuselée dans la coupe. Le fuseau est donc la figure géométrique que l’on retrouve aussi bien dans l’ensemble de la construction que dans chacune de ses parties.
- À l’arrière sont également disposés deux plans semblables mais de longueur un peu moindre : 2 mètres seulement ; le dernier de ces plans, qui est le plus rapproché de l’extrémité, est mobile autour de son axe et sert d'équilibreur de profondeur. Le cadre de ces plans est entretoisé de fuseaux de bois ; en vue d’en diminuer le poids sans nuire à la solidité, les planchettes d’avant et d’arrière ont été évidées de distance en distance. Il est monté sur un tube métallique traversant le châssis de part en part ainsi que le montre notre tigure et qui lui sert d’axe. Près du châssis, la planchette constituant le bord transversal de chaque plan porte un levier capable de parcourir un arc ; l’angle d’attaque de chacun de ces plans peut donc être modifié au début de l'expérience. Ce dispositif permet d’étudier la meilleure position à donner aux plans pour produire l’enlèvement et la sustentation. Enfin les trois plans avant ne sont pas placés directement l’un derrière l’autre ; le n° 2 est un peu plus bas que le n° 1 et le n° 5 plus bas encore que le n° 2.
- Tout à fait à l’arrière se trouve le gouvernail vertical, cellulaire, appelé à donner la direction dans le sens horizontal ; il est monté sur un pivot vertical fixé sur le sabot et prolongé sur la partie dorsale du Flying-Fish et jusque vers le milieu de la longueur par un empennage triangulaire fait de même étoffe que les plans. Enfin l’ensemble du corps de l’appareil est encore recouvert d’étoffe ; mais, en avant de la nacelle, l’étoffe est remplacée par des plaques de mica permettant au pilote de voir devant lui.
- Une nouveauté a été introduite dans la commande des plans stabilisateurs. Le gouvernail, constitué par un volant semblable à celui des autos, est monté verticalement sur le bâti; il est mobile dans le sens horizontal pour actionner, par une commande
- LE CHAUFFAGE ET LA CUISSON
- Le chauffage électrique est en général assez cher, et, pour ce motif, on ne l’emploie seul que très rarement. Il y a cependant certains cas où les circonstances sont telles, que le chauffage électrique est moins onéreux que le chauffage par le charbon.
- Ceci a lieu par exemple à l’hôtel Moserboden et à celui de la station « Eismeer )) du chemin de fer de la Jungfrau.
- Le motif principal de l’emploi de l’électricité pour le chauffage et la cuisson, a été la difficulté du transport
- rigide et un levier, le gouvernai] horizontal; normalement le volant agit sur l’empennage vertical.
- Le Flying-Fish est équipé avec un nouveau moteur construit spécialement pour l’aviation par la Société Renault frères. Ce n’est pas un moteur extra-léger, les constructeurs de Billancourt ayant surtout cherché à obtenir la régularité dans le fonctionnement. Il lait 55 chevaux normalement et pèse 150 kilogrammes. Ses huit cylindres à ailettes sont disposés en Y, il ne comporte pas de volant. Les deux groupes de quatre cylindres sont disposés de telle sorte que chacun des mandons du vilebrequin soit commandé par deux bielles; l’arbre manivelle est alors de dimensions très réduites et d’un poids minime. Les pistons sont du même modèle que ceux des moteurs pour voitures, mais allégés. Toutes les soupapes sont commandées par un arbre à cames unique pris dans la masse ; celles d’échappement placées au-dessous de celles d’aspiration pour obtenir une plus forte compression, sont commandées par un renvoi. La suppression du carburateur n’a pas été envisagée, le faible gain de poids qui résulterait de cette élimination étant largement compensée par une consommation exagérée ; d’ailleurs, la régularité du fonctionnement pourrait laisser à désirer. Les constructeurs se sont contentés d’en diminuer le poids en le construisant en aluminium. L’allumage se fait par une toute petite magnéto très légère et très robuste et le refroidissement par circulation d’air. Cette circulation est assurée par deux ventilateurs très légers qui font aspiration dans une chambre formée par le moteur lui-même et un carter en tôle qui le recouvre. L’air extérieur, obligé de pénétrer dans celte chambre, passe à travers les ailettes des cylindres et, les entourant complètement, les refroidit sur toute leur surface.
- Ce moteur commande directement l’hélice qui est faite de deux branches en aluminium de 2 m. 50 de diamètre et de 1 m. 40 de pas.
- Le Flying-Fish pèse 650 kilogrammes monté, c’est-à-dire y compris le poids de l’aviateur. Sa surface portante est de 24 mètres carrés ; chaque mètre de toile est donc appelé à soutenir un poids de 27 kilogrammes environ.
- Un appareil vaut surtout par celui qui l’utilise ; il est fort probable que celui dont nous venons de parler, placé sous la direction de M. Henri Farman, fera des merveilles. Lucien Fournier.
- ÉLECTRIQUE DANS LES HÔTELS
- du combustible et, par suite, le prix élevé qu’atteint le charbon dans ces endroits.
- D’un autre côté, ces deux hôtels pouvaient disposer d’énergie électrique à un prix relativement bas ; il faut ajouter à cette considération la commodité de l’emploi du courant électrique, non seulement pour les hôtes qui n’ont qu’à fermer un interrupteur pour allumer les poêles, mais aussi pour l’hôtelier qui réalise une forte économie sur le personnel; l’entretien des poêles qui
- p.202 - vue 206/647
-
-
-
- : UN INSTRUMENT DE MUSIQUE DU FOUTA-D1ALON = = 203
- dans ces régions sont, allumés tous les jours, est très important, tandis que l’entretien des poêles électriques est pour ainsi dire à peu près nul.
- A l’hôtel Moserboden, on emploie l’électricité pour le chauffage et la cuisine et le courant est le même que le courant d’éclairage. 11 est fourni par une petite centrale hydro-électrique avec deux turbines Escher Wyss de 140 chevaux chacune et on transmet la force à l’hôtel en courant continu à 120 volts.
- L’installation de la cuisson comprend deux cuisines. La plus petite contient une chaudière pour les soupes; une autre pour les ragoûts; une chaudière spéciale pour cuire les pommes de terre et une cuisine de table.
- La chaudière pour la soupe a une capacité de 67 litres et consomme au maximum 2 kilowatts; mais, comme les résistances sont divisées en trois groupes, on peut réduire la consommation au tiers ou aux deux tiers.
- Si on remplit cette chaudière avec de l’eau chaude provenant d’une canalisation spéciale, on arrive à l’ébul-liI ion en 50 minutes.
- La chaudière pour les pommes de terre a une capacité de 45 litres. Le couvercle est en fer fondu; il s’assujettit avec des boulons de pression et porte une soupape de surêté, de sorte que la cuisson des pommes de terre se fait à la pression de 1,5 atmosphère.
- Le chauffage se fait au bain-marie par le double fond et les parois que l’on remplit avec de l’eau de la canalisation d’eau chaude et les résistances de cette chaudière sont disposées comme on l’a dit précédemment par trois. La consommation maximum est seulement de 1 kilowatt et l’ébullition se fait en 10 minutes.
- La cuisine de table est en fer forgé ; la plaque supérieure est fondue; elle comprend quatre foyers de 500 millimètres de diamètre, chacun consommant 1,5 kilowatt et quatre foyers plus grands de 220 millimètres consommant chacun un kilowatt.
- La grande cuisine comprend une cuisine de table analogue à celle qui est décrite ci-dessus et qui consomme en tout 16,2 kilowatts. Elle comprend aussi huit foyers, mais elle possède en plus deux petits fours de 5 kilowatts chacun, dont les résistances sont disposées de telle façon qu’elles chauffent à la partie supérieure et à la partie inférieure. Un four principal et plus important, une étuve, des grils et des poêles sont également chauffés par l’électricité; de sorte que, dans l’installation de l’hôtel, on ne consomme pas un seul kilogramme de charbon.
- Pour griller le café on emploie un brûleur de 2 kg de capacité, qui consomme un kilowatt et qui est nui par un électromoteur. Pour le service de la cuisine, de la buanderie, des salles de bains, on a disposé une installation spéciale avec une canalisation d’eau chaude.
- On obtient celte eau cbaude au moyen d’un appareil composé de quatre chaudières disposées par deux horizontalement, de façon que l’eau froide entre dans les deux chaudières inférieures et s’y réchauffe jusqu’à un certain degré pour passer ensuite dans les deux chaudières supérieures où le chauffage se termine ; l’eau se rend ensuite dans la canalisation.
- Chacune de ces chaudières contient 12 tubes de chauffage à l’intérieur et l’appareil complet, dont la capacité est de 405 litres, consomme environ 56 kilowatts.
- En moyenne, l’hôtel dépense par heure 225 litres d’eau chaude à 90° C., ce qui représente une consommation d’énergie électrique de 24 kilowatts à l’heure.
- Le chauffage des chambres est également fait par l’électricité. Dans la salle à manger est installée une cheminée électrique qui comprend 28 éléments de chauffage à surface plane.
- Toutes ces cheminées ou calorifères renferment des résistances de chauffage divisées en trois groupes pour que l’on puisse régler la température selon les circonstances. Eugène H. AYuiss.
- UN INSTRUMENT DE MUSIQUE DU FOUTA-DIALON
- Le nom d’ « appareil de musique » conviendrait sans doute mieux que celui d’ « instrument » à ce singulier tambour a cordes (dioulou-iama) employé par les indigènes du Fouta-Dialon et dont nous empruntons la description et l’image à un récent article de notre collaborateur le Dr Maclaud (!’Anthropologie, 1908, t. XIX, p. 271, sq.).
- Le dioulou-iama se compose, comme le montre la figure ci-contre, d’une cavité cylindrique A, creusée à même le sol, de préférence dans de l’argile compacte, et mesurant de 40 à 50 centimètres de diamètre, sur autant de profondeur. Au-dessus de ce trou est tendue une peau de mouton p, dont les poils ont été préalablement rasés et qui est maintenue à sa périphérie par de solides crampons de bois fichés dans le sol. D’autre part, à une distance convenable de la cavité, on a enfoncé une tige l de bois flexible, recourbée en arc de façon qu’une cordelette c, faite en fibres de palmier, joigne verticalement l’extrémité libre de cette tige à la rondelle n, découpée dans un débris de calebasse qui fixe la cordelette au centre de la peau de mouton.
- L’appareil étant ainsi disposé, l’artiste a deux moyens de s’en servir. Ou bien il frappe la corde tendue avec une baguette, ou bien il frotte la corde entre ses doigts enduits d’une résine spéciale, et, suivant le procédé employé, il obtient des sons graves dont la sonorité est
- renforcée par la caisse de résonance, ou des sons rauques et saccadés dont l’acuité s’accroît avec la vitesse du mouvement de friction. Les virtuoses savent d’ailleurs combiner à leur fan-
- taisie ces deux jeux et s’en servent pour obtenir, nous dit le Dr Maclaud, de véritables hurlements, assez semblables à ceux de la sirène.
- Ce tambour à cordes — un lointain ancêtre du violon —
- mzmmm
- « Tambour à cordes»
- sert à la fois à faire peur aux oiseaux, qui dévastent les récoltes, et plaisir aux'' jeunes gens qui désirent danser. Marcel B.
- p.203 - vue 207/647
-
-
-
- 204
- LE PHARE EN BÉTON ARMÉ DU DÉTROIT DE MALACCA
- (COLONIES ANGLAISES)
- L'application du béton armé s’est considérablement développée dans ces dernières années1, tant aux constructions civiles qu’à certains travaux maritimes, tels que : murs de quai, apponte-ments, etc.... Mais son emploi pour la construction des phares est encore, à l’heure actuelle, très limité. Nous avons, dans un précédent numéro de La Nature (Ie1' octobre 1904), indiqué les dispositions adoptées pour la construction d’une tour de phare construite en Russie, à Nicolaielî. Mais celte construction, quoique fort intéressante, s’appliquait
- résistance. En présence de cette corrosion due à l’eau de nier et pour éviter le retour de pareils inconvénients, il était donc de toute nécessité d’avoir recours à une matière moins attaquable à l’eau de mer. Telle est la principale raison qui a conduit à employer, pour la construction de la tour, le béton armé au lieu du métal.
- Description du phare. — Le pylône en béton armé qui sert de support à l’appareil optique se compose (fig. 5), à la base, d’un pylône formé de 17 pieux en béton armé, enfoncés dans le sol et disposés comme suit. Au centre un pieu de section carrée de 0,61 m. de côté autour duquel sont disposées concentriquement deux séries de huit pieux : l’une suivant un cercle de 2,98 m. de rayon et l’autre exté-, rieure, suivant un cercle de 6,10 m.
- de rayon. Les huit pieux du cercle intérieur ont une section carrée de 0,45 m. de côté et ceux du cercle extérieur, également de section car-
- Fig. 1. — Eslucadii provisoire pour la construction du phare.
- à un ouvrage établi en terre lerme.
- Une autre installation, également en béton armé
- gouvernement colonial anglais, et il s’agit, dans ce
- phare construite en pleine mer, dans un endroit exposé à de forts courants et à des tempêtes violentes. C’est de cette installation intéressante à différents points de vue que nous avons l’intention de dire quelques mots.
- Le phare en question sert à signaler un haut fond situé dans le détroit de Malacca à environ 15 milles de la côte par 10° E. de longitude et 2° 55' N. de latitude. Il remplace un phare métallique représenté par la figure 4 et qui, lui-même, avait remplacé, en 1874, un feu flottant. Ce pylône métallique a dù être remplacé d’abord parce que la hauteur du plan focal de l’appareil optique qui ne se trouvait qu’à une hauteur de 16,68 m. au-dessus du niveau de la mer était insuffisante pour permettre le signalement du banc à une distance suffisante, ensuite parce que les pieux métalliques entrant dans la construction de la tour étaient, comme il arrive presque toujours dans les mers tropicales, corrodées par l’eau de mer et avaient perdu leur
- 1 Voy. : article de M. Rabut dans le n° 1811 de La Nature.
- rée, ont 0,61 m. de côté. Ces pieux en béton enfoncés dans le sol à une profondeur moyenne de 8 m. sont renforcés par quatre barres longitudinales en fer entourées tous les quinze centimètres par des fils métalliques comme le montre la figure 2. Afin d’alléger le poids de ces pieux on a ménagé, pendant leur moulage, un vide suivant leur axe longitudinal.. Ces pieux arasés à la hauteur de 1,20 m. au-dessous du niveau des hautes mers de vive eau sont contreventés à leur partie supérieure par une série de barres radiales et transversales, qui, primitivement, devaient être en béton armé, mais que, par suite de considérations toutes locales, on a remplacé par des poutres en fer.
- Ce premier pylône de base est prolongé jusqu’au
- p.204 - vue 208/647
-
-
-
- LE PHARE EN BÉTON ARME DU DETROIT DE MALACCA
- 205
- premier étage de la tour par un seeond pylône de 6,40 m. de hauteur et formé de 17 colonnes en béton armé disposées dans le même ordre que poui le pylône de base. Saul’ la colonne centrale qui a toujours 0,61 m. de côté, les autres ont une section carrée uniforme de 0,45 m. de côté. Des eon-trevenlements formés de pièces en béton armé, les unes radiales, les autres transversales, relient ces colonnes verticales au milieu de leur hauteur ainsi qu’à leur partie supérieure. Un dallage en béton armé repose sur ce contreventement supérieur et sert de plancher au Ie1' étage de la tour. Une galerie extérieure disposée en encorbellement entoure ce premier étage et sert de point d’appui aux échelles latérales permettant l’accès de ce premier étage.
- Du premier au troisième étage la tour, toujours de forme octogonale, est constituée à chacun de ses angles par des colonnes en béton armé formant le prolongement des colonnes inférieures. L’espace entre ces colonnes est rempli, comme le montre la ligure 5,
- Fig. 4. Ancien
- phare métallique.
- Fig. S.
- Vue du phare en béton armé.
- Fig. 3. — Flotteur amenant un pieu en béton armé.
- pour une paroi en béton de 0,10 m. d’épaisseur renforcée par des montants verticaux également en béton armé. Des fenêtres sont ménagées dans ces parois, ainsi que des portes permettant l’accès de la galerie extérieure au premier étage. Quant à la colonne centrale en béton armé de 0,61 m. de côté, elle est également prolongée jusqu’au dallage servant de couverture au deuxième étage.
- Au premier étage on trouve le dépôt d’huile pour l’éclairage du phare, ainsi que deux réservoirs en béton armé ayant chacun une capacité de 4500 litres et destinés à recevoir l’eau de pluie recueillie sur le dallage formant la couverture du deuxième étage et amenée par des conduites à ces réservoirs. Une cuisine et une salle à manger y sont également disposées. Au deuxième étage auquel on accède par un escalier intérieur, se trouvent les dortoirs pour les hommes de garde, ainsi qu’un bureau et une pièce réservée pour les visiteurs.
- Le dallage en béton armé de 0,11 m. d’épaisseur formant la couverture du deuxième étage et supporté par, un système de contreventement analogue à ceux des étages inférieurs, est prolongé de manière à former une galerie extérieure de 1,20 m. de largeur.
- Au niveau de ce dallage et à une distance de 7,52 m. de l’axe de la tour, partent huit colonnes en béton armé inclinées, de 0,50 m. de côté et renforcées par quatre barres de fer de 25 mm. de
- p.205 - vue 209/647
-
-
-
- 206
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- diamètre entourées tous les 0,15 m. par des lils métalliques de 4,8 mm. de diamètre. Ces colonnes inclinées se prolongent sur une hauteur verticale de 9,15 m. jusqu’à la chambre de service où elles se terminent suivant un octogone de 2,82 m. de rayon. La colonne centrale de 0,61 m. de côté qui se prolonge jusqu’au sommet de la tour est creuse à partir du 5e étage de manière à permettre la descente du contrepoids de l’appareil optique. Son diamètre intérieur est de 0,50 m.
- Entre le troisième étage et la chambre de service les colonnes inclinées en béton armé sont reliées ensemble, ainsi qu’avec la colonne centrale, au moyen de deux séries de contreventemcnts formés de pièces radiales et transversales en béton armé.
- On accède à la chambre de service au moyen de trois échelles en 1er qu’on voit sur la ligure 5.
- Un contreventement radial et transversal en béton armé relie les colonnes inclinées au niveau de la partie inférieure de la chambre de service et sur ce dernier repose un dallage de 0,10 m. d’épaisseur prolongé extérieurement de 1,20 m. de manière à former une galerie extérieure.
- Des piliers d'angle verticaux en béton armé de 0,50x0,25 m. prolongent dans la chambre de service les colonnes inclinées sur une hauteur de 5,44 m. qui est celle de cette chambre de service. Des dalles en béton armé de 0,10 m. d’épaisseur remplissent l’intervalle laissé entre les montants verticaux et sur le sommet de cette même chambre de service est disposé un dallage en béton armé auquel est lixée la lanterne dans laquelle se trouve l’appareil optique dont le plan local se trouve à une hauteur de 28,21 m. au-dessus du niveau de la haute mer.
- Modes de construction. — Etant donnée l’intensité des courants qui atteignent aux marées de vive eau des vitesses de 4 nœuds et, surtout, en présence des coups de vent qui, pendant la mousson, soulèvent des vagues d’une hauteur dépassant 5 mètres, renfoncement des pieux devant servir de base au pylône n’a pas été sans présenter certaines difficultés.
- Avant tout travail, on a commencé par construire une estacade temporaire en bois (fig. 1) formée de pieux enfoncés dans le sol au moyen de sonnettes disposées sur des chalands et dont le plancher était arrosé à 1,50 m. au-dessus des hautes mers. Sur un des côtés de cette estacade on construisit une cabane pouvant servir d’abri aux ouvriers ainsi qu’à l’oulil-
- C{gTN
- ACADÉMIE I
- lage nécessaire à la construction du pylône définitif.
- Pendant la construction de cette estacade temporaire, les pieux en béton armé devant servir de base à la tour étaient préparés sur. la terre ferme dans des châssis en bois représentés figure 2. Ces pieux, une fois terminés, étaient amenés par flottage jusqu’à l’endroit où devait être construit le phare distant de 15 milles du rivage; Puis (fig. 5) soulevés au moyen d’élindes fixées à l’eslaeade provisoire, ils étaient disposés verticalement à l’endroit même où ils devaient être enfoncés. Maintenus ensuite par des guides en bois fixés à l’estacade provisoire, ces pieux étaient enfoncés au moyen d’injections d’eau comprimée faites à la base des pieux. On pouvait, de la sorte, et sans difficulté, enfoncer ces pieux dans le sable qui constitue la partie supérieure du banc, à une profondeur moyenne de 4,50 ni. en trois ou quatre heures, profondeur qui était celle prévue. Mais, par suite de l’intensité du courant et de la résistance que leur offrait l’estacade provisoire, des érosions du sol se sont produites pendant le cours des travaux, faisant craindre un déchaussement des pieux. On prit donc le parti de doubler la profondeur d’enfoncement de ces pieux et de la porter à 8 m. Dans ce but les pieux en béton armé furent allongés sur place de ce supplément de longueur au moyen de cadres en bois disposés dans ce but. Puis, après la prise complète du béton, ces pieux furent enfoncés au moyen de jets d’eau à la profondeur moyenne de 8 m. correspondant au niveau d’une couche rocheuse résistante. Des essais ont montré qu’au quatrième coup d’un mouton pesant 2,5 t. et tombant d’une hauteur de 1,20 m. l’enfoncement du pieu était seulement de 14 mm., celui exigé par le cahier des charges étant de 25 mm.
- Toutes les autres pièces en béton armé, constituant le pylône au-dessus de sa base, ont été fabriquées sur place suivant les méthodes ordinaires et les dispositions employées ne présentent rien de particulier. On a eu seulement soin d’arroser le béton pendant sa durée de prise.
- Le poids total du phare est d’environ 997 tonnes et la durée de sa construction a été de 14 mois. 11 a été éclairé le 12 janvier 1908. t
- Les travaux ont été entrepris par le Colonial Ferro-concrete sijndicate sous la direction de M. John Craig, ingénieur résident et de M. À. Murray, directeur des travaux des Slraits-setllemenls1.
- R. Bonnin.
- >î/§}5 J
- ’S SCIENCES ‘
- Séance du 24 août 1908. — Présidence de M. Bouquet de la Grye.
- Le blanc du chêne. — M. Prillieux présente une Note de MM. Grillon et Maublanc sur la maladie qui vient de se manifester sur les chênes et qui paraît avoir reçu d’un consentement tacite mais unanime le nom de blanc du chêne. Cette maladie est due à une moisissure blanche qui envahit les jeunes pousses et les feuilles des chênes. Les feuilles attaquées sur les jeunes rameaux se dessèchent
- et tombent; la végétation souffre notablement. Le champignon de la moisissure est un oïdium; il reste à savoir si l’on est en présence d’une maladie déjà constatée en France ou d’une maladie importée récemment qui a trouvé des circonstances climatériques très favorables à son extension rapide. Or on sait qu’on est resté en France 1 Figures extraites de l’Engineering Review (juin 1008).
- p.206 - vue 210/647
-
-
-
- LE REGLAGE DES FUSILS DE CHASSE — .... 207
- pendant bien des années sans observer les périthèces de l’oïdium de la vigne qui ont permis de le rapporter au genre unciuuln. On a pensé que l’oidium du chêne est identique à l’oïdium de l’aulne. De plus des hêtres voisins de chênes envahis ont été atteints par la moisissure. On a donc supposé qu’il s’agit d’un champignon importé. Mais cette question ne peut être actuellement résolue parce qu’il faut avoir observé la forme de fructification pour pouvoir opérer une détermination plus précise.
- Le deuxième crépuscule. — M. Esclangon adresse une iN'ote indiquant les résultats des observations auxquelles
- il s’est livré depuis six ans sur le phénomène du deuxième crépuscule. Pour l’auteur, ce phénomène est constitué par l’apparition dans les nuages d’une lueur rouge, puis d’une lueur jaune et enfin d’une lueur bleu-verdâtre, lorsque le soleil est à 5° au-dessous de l’horizon. M. Esclangon a pris les dispositions nécessaires pour réunir des matériaux permettant de calculer la hauteur des nuages ainsi colorés. 11 a trouvé pour les nuages rouges une altitude de l(i km, pour les nuages jaunes, une altitude de 40 à 50 km, et enfin, pour les nuages bleus, 150 kilomètres. Cu. de Villedeuil.
- LE RÉGLAGE DES FUSILS DE CHASSE
- L’ouverture de la chasse esL annoncée. Les chasseurs vérifient leurs armes, préparent leurs munitions et joyeux rêvent prouesses et carnages. J’en connais pourtant qui restent un peu mélancoliques, à l’approche de la date fatidique : ils chassent, mais contraints par les exigences mondaines : munis d’une arme excellente, équipés, tel Tartarin, ils vont par monts eL par vaux, épuisant consciencieusement leurs munitions, mais leur gibecière reste vide; ils ne comptent pour la remplir que sur l’obligeance ironique des amis plus adroits. Car ils sont mauvais tireurs, et résignés, ils disent : on naît bon tireur, on ne le devient pas.
- Ils ont tort, il n’y a pas de mauvais tireur. Et je le démontre. Ou du moins je vais vous répéter la démonstration fort convainquante qui m’en a été laite par un ingénieux armurier de province, M. Mousseaux.
- Vous tirez mal : c’est que votre arme n’est pas laite pour vous, qu’elle ne vous va pas. Une arme, comme un vêtement, doit s’adapter avec précision à la conformation physique de (pii l’utilise. Prenez un fusil qui n’a pas été fait pour vous, suivant que vous aurez le cou long ou ramassé, les bras longs ou courts, le torse large ou étroit, vous serez forcé, pour viser, d’incliner la tète et de tendre les bras dans une position qui ne vous sera pas naturelle, vos muscles se contracteront, vous viserez mal et manquerez le but.
- En quoi consiste une visée? A placer l’œil exactement dans le prolongement de la ligne médiane de la bande du fusil et à amener celle-ci rapidement sur le but à atteindre. Cette operation sera singulièrement facilitée si, lorsque le tireur met en joue, ce simple mouvement amène exactement la ligne médiane de la bande dans la position correcte de la visée, sans déplacement latéral de la tète, sans contraction des épaules. Ce sera une visée automatique, et automatiquement, de tireur maladroit, vous serez devenu un tireur, sinon excellent, tout au moins fort honorable.
- Pour parvenir à ce résultat, il suffit de déterminer exactement la forme de crosse qui convient à chaque personne. C’est ce que fait M. Mousseaux; il a imaginé à cet effet un dispositif qui est un véritable conformaleur de fusil ; il a réalisé pour les
- armes, ce que l’on fait chez les chapeliers pour donner aux coiffures la forme exacte de la tête.
- Dans le fusil tel qu’il vous est livré par l’armurier au moment de l’achat, la crosse est toujours placée dans le plan vertical qui passe par la bande de l’arme. Elle fait un angle plus ou moins prononcé avec la direction des canons. C’est en déviant le plan de la crosse à droite ou à gauche du plan vertical de la bande, en modifiant l’angle delà crosse avec le canon, et aussi sa longueur que l’on parvient à adapter exactement le fusil a la conformation du tireur.
- Voici comment procède M. Mousseaux et comment il détermine avec précision les éléments nécessaires pour modifier les crosses des fusils qui lui sont soumis. Il utilise un fusil conformaleur, employé depuis longtemps du reste par divers armuriers. Dans cette arme, la crosse comporte deux parties mobiles, articulées l’une sur l’autre au moyen de deux rotules ; elles permettent de rejeter son plan, à droite ou à gauche, d’augmenter ou de diminuer son angle avec le canon. Une pièce mobile permet d’augmenter ou de diminuer la longueur de la crosse. Une autre pièce mobile permet d’en faire varier la hauteur.
- Le mécanisme est celui d’un excellent fusil de chasse. A cette arme, M. Mousseaux a cu l’ingénieuse idée d’adjoindre un tube réglable, qui s’introduit à l’intérieur de l’un des canons et le transforme en canon de carabine Flobert, de 6 mm de calibre. On peut alors exécuter en chambre, avec des balles peu coûteuses, une série de tirs réduits par lesquels on détermine la forme de l’arme la plus convenable pour l’amateur.
- On le fait épauler, les yeux fermés, dans la position qui lui est le plus naturelle; puis, il exécute dans cette position un tir sur une petite cible. L’armurier se rend compte si son client tire à droite ou à gauche, trop haut ou trop bas. 11 modifie les éléments de la crosse jusqu’à ce que le tir soit bien groupé, bien régulier, et bien au but.
- 11 a alors sur le fusil conformaleur tous les éléments qu’il doit connaître pour modifier la forme de l’arme à régler. Pour les relever et les reporter avec précision, M. Mousseaux a imaginé une règle spéciale que l’on aperçoit sur notre figure n° 2.
- A l’une de scs extrémités, elle comporte 2 cou-
- p.207 - vue 211/647
-
-
-
- 208
- LE RÉGLAGE DES FUSILS DE CHASSE
- lisses graduées a et b, traversant respectivement les bagnes c et d. Ces 2 bagues glissent le long de la règle qui est cylindrique et porte aussi une graduation k' ; une l'ente rectiligne percée dans la règle permet le passage des coulisses a et b.
- Pour prendre la longueur de la crosse, on se sert
- Tous ces éléments étant connus, on pourra régler votre i'usil avec précision et vous garantir, si l’arme est précise, des résultats des plus agréables à votre amour-propre.
- Signalons, pour terminer, les services (pie peut rendre au tireur lui-même, le tube réglable qui a
- Fig. 1. — Réglage d’un fusil de chasse.
- des deux coulisses a et b, que Ton utilise comme un pied à coulisse ordinaire.
- Pour mesurer de combien la plan de la crosse doit être dévié à droite ou à gauche, la règle reçoit vers l’avant la bague / ; celle-ci est munie d’un anneau o qui s’engage dans la bouche des canons ; la règle se trouve exactement alors dans la direction de la bande de l’arme. Notre figure 1 la montre dans cette position. On engage alors sur elle, à l’arrière,
- servi à lui l’aire exécuter ses tirs réduits. 11 lui permettra de s’exercer chez lui ; une pièce de quelques mètres de profondeur étant sul'lisante pour exécuter sans danger des tirs avec des balles Flobert, de G mm. À la chasse même, il pourra l’utiliser et transformer instantanément son I'usil en une excellente carabine de petit calibre.
- En résumé, M. Mousseaux, en analysant d’une façon fort intelligente les données habituelles de son rné-
- Fig. 2. — K° 1. Tube transformant le fusil eu carabine.
- N° 2. Appareil mesurant les déviations da la crosse dans le plan vertical. — N° 3. Mesure des déviations dans le plan horizontal.
- une autre bague qui reçoit un cadre rectangulaire vertical. Les montants verticaux de ce cadre portent chacun une coulisse graduée; on peut, grâce à cette disposition représentée sur le schéma, déterminer exactement la position de la crosse dans le cadre et, par suite, sa déviation à droite ou à gauche du plan médian.
- tier d’armurier, a conçu un appareil qui semble appelé à rendre de grands services aux tireurs, et dont les résultats seront, sans aucun doute, fort appréciés. R. Villers.
- ].e Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiliie, rue de Fleuras, 9.
- p.208 - vue 212/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1841.
- 5 SEPTEMBRE 1908..
- EXPOSITION INTERNATIONALE DES APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ/
- DE MARSEILLE
- L’Exposition Internationale ouverte actuellement à Marseille, a eu pour but de grouper les multiples applications de l’électricité. Sous l’impulsion d’un Comité supérieur institué à Marseille, et puissamment aidée par les patronages oi'iiciels les plus précieux et par un Comité de propagande à Paris, l’Exposition prit rapidement les allures d’une très importante manifestation scientifique qui lui permit de recueillir de nombreuses adhésions d’exposants de Paris et de l’étranger; et, dès lors, le succès acquis lui assura
- lièrement, des installations du Midi de la France et de l’Italie. Elle permet d’embrasser d’un coup d’œil le développement très rapide — puisqu’il ne date que de quelques années — de l’utilisation des forces hydrauliques de la région des Alpes. La maquette du projet de transport de l’énergie du Bhône à Paris est fort remarquée : l’usine, située à Cénissiat (Ain), produirait 240000 kilowatts transmis par une canalisation à 120000 volts. A côté de ces différents plans, le matériel de ligne : pylônes: isolateurs,
- Intérieur du Palais de l’Énergie.
- a réalisation intégrale du vaste programme qu’elle s’était tracé.
- Elle est installée dans le parc du Prado d’une superficie de plus de 25 hectares. L’Exposition proprement dite, comprend, o palais principaux : le Palais de l’Energie, le Grand Palais et le Palais de la Traction et des Mines, auxquels il faut ajouter quelques constructions annexes, telles que la Maison Moderne, où se trouvent réunies les applications aux usages domestiques, le Palais de l’Agriculture, le « Mas » modernisé, ferme provençale où la puissance électrique est adaptée aux besoins agricoles, un poste de télégraphie sans fil en fonctionnement, etc. L’ensemble couvre une surface de plus de 15000 m.
- Le Palais de l’Énergie renferme une exposition importante de maquettes et plans de transports à distance de la puissance électrique et, plus particu-36e aimée. — 2e semestre.
- parafoudres, etc., très largement représenté, marque les progrès considérables réalisés ces derniers temps par les constructeurs, et la meme réflexion s’applique aux appareils de tableaux : disjoncteurs, interrupteurs, etc., dont quelques-uns constituent de véritables bijoùx. L’emploi de condensateurs, tels que ceux exposés par M. Moscicki, semble devoir se généraliser aussi bien comme parafoudres. que pour parer au décalage de phase, dans les réseaux alternatifs.
- Plusieurs maisons de câbles exposent, mais nous devons une mention toute particulière à la Société Berthoud-Borel qui, journellement et sous les yeux du public, procède, dans son stand, à d’intéressants essais d’isolement au moyen d’un appareil nouvellement breveté, produisant des différences de potentiel de 500000 volts, courant continu, entre
- 14. — 209
- p.209 - vue 213/647
-
-
-
- 210 =::. EXPOSITION INTERNATIONALE DE L’ELECTRICITE
- les deux, torons d’un même câble distants de 12 mm. seulement.
- Le groupe des moteurs occupe une très vaste surface du Palais de l'Énergie. De toutes puissances, de toutes dimensions, continus avec ou sans pôles de commutation, alternatifs triphasés ou monophasés, ces moteurs, dans leur ensemble, donnent une idée assez exacte de l’état actuel de la science électrique dans le domaine force motrice. Les principales maisons françaises et beaucoup d’étrangères exposent les modèles les plus variés. Nous citerons au hasard : la Société Alsacienne de constructions mécaniques, Fabius llenrion, les ateliers Thomson-Houston, Sic-mens-Schuckert, rAllgeineinc-Electricitaets Gesell-schaft, Œrlikon, ÀlioLli, Brown-Boveri, Bergmann, Boucherot, etc. Enlin, l’Exposition d’ÉIectro-Métal-lurgie présente de l’intérêt en ce sens, qu’elle fournit des renseignements exacts sur bon nombre de ces industries nées d’hier, mais qui ont déjà révolutionné les anciens procédés chimiques.
- Le Grand Palais abrite les applications de l’éclairage; d’un côté, les lustres, parmi lesquels il en est de très gracieux, de l’autre, les lampes : lampes à incandescence à filament métallique qui abondent, lampes à arc dont quelques-unes destinées à de l’alternatif 25 périodes, lampes à vapeur de mercure avec verre en quartz. Le développement relativement considérable du groupe : horloges électriques et transmission des signaux à distance est à noter; il y a là, semble-t-il, un vaste champ d’utilisation pour les appareils électriques, à peine encore exploité. Passant sur l’électricité médicale que représentent seules quelques installations de rayons X et un procédé de traitement des maladies nerveuses par champ magnétique, nous signalerons les ozoniseurs qui, bien que nouvellement créés, ont déjà pris une large place dans l’hygiène moderne : quelques modèles très pratiques figurent dans divers stands.
- Les appareils de mesure et plus particulièrement les compteurs, fournissent une exposition très complète et très intéressante, et nous citerons spécialement les compteurs à dépassement et les compteurs à paiement préalable.
- L’enseignement de l’électricité est représenté par une trentaine d’écoles françaises et étrangères qui exposent des plans d’études, modèles exécutés par les élèves, etc. On peut y puiser des détails curieux sur l’organisation des écoles allemandes.
- Enfin une intéressante exposition rétrospective trouve place dans une galerie du Grand Palais. Là également, et dans une vaste salle bien isolée, est installée la Bibliothèque technique qui a réuni les publications françaises et étrangères, livres et périodiques ayant trait à l’électricité.
- Dans le Palais de la.Traction et des Mines, la Compagnie P.-L.-M. a exposé le chasse-neige et les trucks-moteurs employés sur sa ligne de Ghamonix, ainsi qu'un redresseur Auvert-Ferrand transformant en continu, de l’alternatif à 25 périodes pour l’alimentation des trahis. De très précis renseignements
- sont fournis par les chemins de fer Italiens qui tiennent à honneur de conserver l’avance qu’ils ont prise dans la question de traction par courant alternatif. Le groupe des tramways est très bien représenté, tant par le matériel de voie et de ligne aérienne, que par des modèles de voitures de différents réseaux : Est-Parisien, Bordeaux, Compagnie Générale Française de Tramways, Gênes, etc., et, en particulier, un train contrôle à unités multiples du réseau de Nice. Pour les Mines, quelques baveuses, perforatrices, locomotives, et treuils d’extraction constituent les seuls appareils exposés.
- Enfin, tout l’intérêt du groupe de l’Agriculture est concentré sur le « Mas » où les appareils en fonctionnement donnent aux visiteurs une excellente leçon de choses. Placées dans leur cadre propre, les multiples opérations effectuées dans cette ferme véritablement modèle, laissent entrevoir le rôle considérable que la puissance électrique est appelée à jouer dans toute exploitation agricole. Les très nombreuses applications aussi bien à la maison même qu’aux industries annexes : laiterie, huilerie, irrigations, etc., permettent à chaque agriculteur de choisir avec discernement, suivant sa spécialité, les appareils les mieux appropriés et dont l’adoption deviendra de plus en plus la condition sine qua non du relèvement de la prospérité de l’agriculture.
- L’Exposition est pourvue d’une importante distribution d’énergie électrique. Le courant triphasé à 5000 volts, fourni par les Compagnies de la Ville, est envoyé du tableau central à 12 postes de transformation répartis dans le parc et qui fournissent, tant pour le service des exposants que pour l’éclairage, une canalisation en double : l’une de courant continu à 110 volts, l’autre de l’alternatif à 110/190 volts.
- Les illuminations présentent un aspect féerique — elles exigent 1200 kilowatts — et l’on a tiré les plus heureux elfets de l’opposition entre les lampes à incandescence de différentes teintes et les lampes à vapeur de mercure. Des portiques lumineux à couleurs changeantes et les fontaines lumineuses, demandant 500 kilowatts, complètent l’installation qui comprend 500 lampes à arc et plus de 50 000 lampes à incandescence. Parmi les attractions, pour la plupart électriques, nous citerons en particulier : un aéroplane, des balançoires électriques basées sur un principe nouveau, — les nacelles, au lieu d’osciller autour d’un point fixe, sont suspendues à un chariot mobile, à 12 mètres de hauteur, qui leur imprime un mouvement d’une amplitude considérable, — un trottoir roulant circulaire, à deux vitesses, éclairé par 6000 lampes à couleurs changeant continuellement, etc.
- Telles sont, très brièvement résumées, les principales caractéristiques de cette manifestation qui groupant, pour la première fois en France depuis 1881, toutes les applications de l’électricité a donné lieu, par sa nature même, à une Exposition très variée bien qu’absolument spécialisée. Georges Tardï.
- p.210 - vue 214/647
-
-
-
- 211
- LES YEUX DE LA MONTAGNE
- Parler des yeux de la montagne semble, au premier abord, pure fiction de poète et, si les « yeux de la montagne » évoquent quelque souvenir, c’est surtout celui de la jolie poésie que Théophile Gautier leur a consacrée :
- On trouve dans les monts des lues de quelques toises,
- Purs comme des cristaux, bleus comme des turquoises....
- KL ce sont les yeux bleus, au regard calme et doux,
- Par lesquels la montagne en extase contemple,
- Forgeant quelque soleil dans le tond de son temple,
- Dieu, l’ouvrier jaloux!
- Mais, bien avant les poètes, l’imagination populaire avait déjà l'ait, et dans les pays les plus divers, une semblable comparaison, qui se trouve dès lors présenter quelque intérêt pour l’histoire de la science.
- C’est ainsi qu’on la voit exprimée par la langue même des Arabes qui n’a qu’un mol, Ain, pour traduire à la fois œil et source. En Phénicie les Ain sont innombrables et ce sont bien, en effet, comme le remarquait Ary Renan, des prunelles noires regardant le ciel, ces bassins arrondis, aux bouillonnements limpides, où apparaissent soudain les eaux qui, suivant l’expression biblique, sont « au-dessous de la terre ».
- Dans une région toute différente, les montagnards des Carpathes appellent tous leurs petits lacs circulaires, des yeux de la mer (Morskie oko en slovaque, Meer augen en allemand).
- Enfin, s’il fallait en croire un récent et très ingénieux commentateur d’Homère, ce serait encore la même idée que le vieux chanteur grec aurait traduite, sous une forme un peu différente, dans l’Odyssée, il y a quelque vingt-sept siècles et l’histoire des Cyclopes, où nous ne voyions jadis qu’un conte de ma mère l’oie, une histoire d’ogre ou de Petit Poucet, une hâblerie de marin voulant détourner une concurrence commerciable possible1, ou encore une description de mineurs avec leur lampe pendue au chapeau, serait, dans l’Odyssée, le développement un peu plus long de la même image. Les Cyclopes, ce sont, en effet, littéralement en grec, les yeux ronds; leur pays est la contrée des yeux (Opikiaen grec, ou Oinolriaen langue sémitique) : c’est-à-dire une région, comme celle, par exemple, des champs phlégréens dans la campagne napolitaine, où d’innombrables cratères circulaires avec leur cône central ont pu être assimilés par l’imagination d’un poète à des yeux entourés de leur sourcil. Je ne donne pas la démonstration comme tout à fait convaincante2 * *; mais elle est bien curieusement déduite et offre cet intérêt de nous montrer dans Homère un précurseur de nos géologues voleanistes, comme on a pu reconnaître en lui l’ancêtre de nos spéléologues 5. «
- On connaît la théorie générale dont M. Bérard s’est fait l’apôtre; pour lui, l’Odyssée n’est qu’un Bædekcr phénicien de l’an 850 avant Jésus-Christ, où se trouvent décrites, avec un mélange d’imagination et de fantaisie, les principales curiosités naturelles de la Méditerranée. Dès lors, celte phrase si simple :•« Le géant Polyphèmc ne ressemblait pas à un homme mangeur de blé, mais à
- 1 Ou sait qu’un navire phénicien, suivi par les Romains dans un voyage aux îles de l’Étain, préféra se jeter à la côte plutôt que de leur laisser apprendre la roule.
- 2 Voy. le bel ouvrage de Victor Bérard, Les Phéniciens
- et l'Odyssée. Armand Colin, tome II.
- 5 N° 1548, 24 janvier 190.5.
- un pic chevelu des hautes montagnes, qui apparaît seul à l’écart des autres », devient la description scientifique d’une hutte volcanique. Le bruit des voix et la fumée que les compagnons d’Ulysse entendent d’abord, puis les rochers qui les bombardent : autant de phénomènes éruptifs. Nous pouvons ainsi identifier tous les tableaux ; Ulysse débarque au Nord-Ouest de Naples, dans la jolie petite île de Nisida, dont les jaunes falaises s’encadrent si bien dans le paysage de la baie de Raies ; il trouve Polyphénie dans ce que les guides appellent maintenant la grotte de Séjan et les rochers que lui jette le géant à son départ, ce sont les Aiguilles de Nisida.
- Et voyez alors la jolie conséquence qui en découle. Homère nous dit que le Cyclope est fils de Poséidon. Traduisez : « le volcanisme est produit par la mer ». Voici donc le vieil aède qui se prononce dans l’éternelle discussion entre géologues sur l’origine toujours mystérieuse du volcanisme ; il est pour Fouqué et Daubrée contre de Lapparent; les éruptions sont, suivant lui, amenées par une introduction des eaux marines dans les fissures de la terre, amenant, au contact des roches ignées, des explosions. S’il ne s’agissait d’une théorie aussi sérieusement documentée, on serait tenté de dire avec Molière : « La belle langue que le grec, et que de choses en peu de mots! »
- De même pour la descente aux enfers, la Nekya, qui, dans le texte primitif, a commencé par être une simple évocation de thaumaturge. Il y a longtemps qu’on a placé ce pays des morts au fond de la baie de Pouzzoles, à la Solfatare, à l’Averne, et Slrabon pensait déjà y retrouver les eaux froides du St yx et du Cocyte, le fleuve de feu du Pynphlégélhon. Sauf les rivières qui sont, paraît-il, « interpolées », la philologie moderne croit confirmer cette assimilation. I/Averne lui-même, YAornis, ou lac sans oiseaux, ne serait que la traduction grecque par calembour d’un aorn sémitique, qui voudrait dire pays des pins parasols; et l’on sait le rôle joué par ces pins dans les paysages napolitains ; il y aurait là une de ces interprétations fantaisistes d’un nom incompris, comme on en trouve tant sur notre carte de l’état-major.
- La sibylle de Eûmes aurait donc opéré exactement au point où un Napolitain déguenillé vous offre aujourd’hui d’aller chercher en rampant quelques morceaux de soufre et l’on peut insérer dans son édition d’Homère un instantané du Pyriphlégélhon.
- Ainsi les théories ont fait un de leurs tours de roue. Nos pères avaient été très fiers de démolir les antiques légendes des auteurs grecs ou latins et nous les rétablissons ; on ne parlait plus qu’avec un sourire d’Hérodote, de Pausanias ou de Titc-Livc ; on démontrait, preuves en mains, que la guerre de Troie, Homère ou Romulus étaient également apocryphes; on retirait tous ses drames à Shakespeare, toutes leurs toiles à Yélasquez ou à Rembrandt ; aujourd’hui nous pensons toucher la photographie de Sésosfris, le masque d’or d’Agamemnon, la pierre noire de Romulus ; les palais de Minos ou de Darius nous sont familiers. La foi scientifique doit être très prudente ; mais le scepticisme doit être également très réservé. Rien n’est tout à fait impossible et rien n’est absolument démontré.... Ce qui ne signifie pas que, jusqu’à nouvel ordre, il faille, en voyant des lacs circulaires ou des cratères, supposer avec les poètes que les montagnes ont réellement des veux. A. Latour.
- p.211 - vue 215/647
-
-
-
- 212
- LA DISPARITION DU GOULOT DE LA GARE SAINT-LAZARE
- Le nouveau pont d’Asnières
- Il a une triste réputation, le goulot de la gare Saint-Lazare ! Son impopularité est presque égale à eelle du service téléphonique. La hâte des voyageurs ne lui pardonne pas les arrêts interminables, les retards fréquents qu’il provoque.
- Ses 0 malheureuses voies ne suffisent plus à assurer le service chaque jour plus chargé de la gare Saint-Lazare.
- La Compagnie de l'Ouest a compris qu’il était urgent de remédier à l'encombrement dangereux des abords de cette gare : elle a élaboré un vaste programme d’améliorations ipii est aujourd’hui en pleine exécution. Les voyageurs du parcours Asnières-Paris peuvent en suivre les diverses phases et constater la rapidité des travaux qui s’accomplissent sur ce trajet sous l’habile direction de en chef. Widmer et llabut et de JL l’ingénieur J. Dreyfuss. Sous peu, le goulot ne sera plus qu’un mauvais souvenir. .
- a gare Saint-Lazare a été la victime de cet étrange phénomène, observé dans tous les pays, qui déplace vers l’Ouest le centre de
- une extraordinaire rapidité. Le mouvement des voyageurs, en conséquence, s’est accru dans des proportions considérables,
- s a n s
- augmenter
- Fis. 1.
- Construction d’au cuisson en bélon armé : lo coffrage.
- 1. les ingénieurs
- (ju on ait pu a capacité de la gare située en plein centre de Paris, dans un quartier luxueux où toute expropriation est impraticable. Sur les G voies du tunnel des Balignolles, viennent converger les trains des grandes lignes de Normandie, et les trains de banlieue, de Versailles, Saint-Germain, Asnières , Bécon-les-Bruyères, la Garenne-Bezons, Colombes, etc. La circulation sur les mêmes troncs communs de trains sans arrêts, de trains aux stationnements multipliés,-et de trains de service faisant le va-et-vient entre la gare et le dépôt des Batignollcs, ou les re-
- mises de Clichy, ajoute encore aux difficultés de
- l’exploitation. La Compagnie de l’Ouest s’est proposé, tout d’abord de séparer aussi complètement que possible les lignes de banlieue des grandes lignes et de faciliter la circulation des machines et du matériel vide entre la gare et les dépôts. Dans ce but, 2 voies principales nouvelles seront établies entre Paris Saint-Paris, en ces dernières années, s’est développée avec Lazare et Bécon-les-Bruyères, ce qui permettra de
- Fig. 2. — Montage d’an caisson en béton armé; à gauche, enrobement d’un caisson déjà terminé.
- gravité des grandes villes. La banlieue Ouest de
- p.212 - vue 216/647
-
-
-
- DISPARITION DU GOULOT DE LA GARE SAINT-LAZARE
- 213
- séparer complètement la ligne de Paris Saint-Germain de celle du Havre, par Poissy. En outre, la création d’un groupe auxiliaire de 2 voies de service entre le tunnel des Batignolles et les remises de Clichy, complété par un passage souterrain réunissant ce groupe auxiliaire au dépôt des machines de Batignolles, facilitera le va-et-vient des rames de matériels vide et des machines. Le projet conçu par la Compagnie, comporte aussi dans l’avenir, l’agrandissement de la gare Saint-Lazare et l'électrification des lignes de banlieue : mais, étant donnée la situation créée par le rachat de l'Ouest, nul ne peut prédire le sort réservé à cette partie du projet.
- Les travaux actuellement en cours, présentent de
- d’une remarquable célérité. Le béton armé y a joué un rôle essentiel.
- Voici, tout d’abord, les caractéristiques essentielles du nouveau viaduc : il est établi parallèlement à l’ouvrage actuel et à une très faible distance de celui-ci. Il a le même nombre de travées : 5 dont une de 50,91 m., 5 de 52,76 m., une de 51,55 m. Ces piles seront exactement dans le prolongement de celles de l’ancien viaduc.
- La partie essentiellement originale de ce pont est la fondation de ses piles : on s’est attaché à ne remuer le sol qu’à très faible profondeur, de façon à ne pas affouiller les piles du viaduc existant,. On a commencé par draguer le fond de la Seine, de manière à l’approfondir d’environ 2 m. et à le rendre horizontal à l’emplacement de la pile. On a ensuite battu, au moyen d’une sonnette à vapeur, 50 pieux en béton frelié, à section octogonale de 0,50 m. de diamètre, et 7 m. de longueur. Ces pieux sont enfoncés de 6 m. dans le fond de la rivière. On vient alors coiffer leur tête d’une carcasse de caisson, en
- Fig. i. — Enroulage des frett.es d’un pilotis.
- nombreux points extrêmement intéressants. On comprendra aisément les difficultés de tout ordre qu’il a fallu vaincre, pour créer en plein Paris, sous de lourds immeubles et sous les rues les plus fréquentées, un certain nombre de voies ferrées nouvelles, sans endommager les constructions, sans jamais interrompre la circulation à la surface du sol, et aussi sans jamais troubler le mouvement incessant des trains qui sillonnent la tranchée des Batignolles. Nous reviendrons prochainement sur les travaux qui s’exécutent sous la rue de Rome et le square des Batignolles.
- Nous nous proposons seulement aujourd’hui de décrire les travaux du nouveau viaduc qui, en ce moment, surgit de la Seine, à l’approche d’Asnières, et supportera les 2 voies nouvelles dont nous venons de parler.
- Les habitués du trajet Asnières-Paris n’ont pu manquer d’être frappés par la rapidité avec laquelle ce pont s’est créé; il y a juste un an, rien n’apparaissait encore sur la Seine. Aujourd’hui le tablier est construit, et l’on prépare les opérations du lancement. C’est qu’en effet, la construction s’est effectuée par des procédés tout nouveaux, et
- Fig. 5. — Montage de l’armature d’un pilotis.
- béton armé; puis dans ce caisson, on coule du béton et, sans avoir eu besoin de recourir à tout l’appareil compliqué des cloches à plongeur et de l’air comprimé, on a une fondation de pile extrêmement solide et rapide sur laquelle on édifiera aisément la pile elle-même.
- Le caisson en béton armé se construit sur la riVe; nos figures montrent les diverses phases de son montage ; on établit d’abord un coffre, en bois aux dimensions voulues; on y dispose les barres métalliques qui constitueront l’armature, on coule le béton et on laisse durcir 6 semaines environ. On a soin de le munir d’un fond provisoire en bois que l’on calfate comme celui d’un bateau. On revêt, en outre, la paroi d’un enduit extérieur en ciment pour la^ rendre étanche. Le moment venu, on abandonne le
- p.213 - vue 217/647
-
-
-
- '214 =
- L’AÉROPLANE DES FRÈRES WRIGHT
- caisson sur un plan incline pour le mettre à flot et .l’amener en place. C’est alors .un batcaii de 10 mètres de longueur, 5 mètres de largeur, 4 mètres de hauteur et 1 mètre de tirant d’eau.
- Son déplacement es t de 50 tonnes.
- Guidé par des amarres, il est conduit par un remorqueur au-dessus de son emplacement définitif, entouré d’une estacade à laquelle on le suspend provisoirement, au moyen de vérins : des scaphandriers le débarrassent de son fond provisoire; puis on l’échoue sur la tête des pilotes. L’opération dure 12 minutes seulement.
- Le béton est alors coulé, dans l’eau calme à l’intérieur du caisson, au moyen d’un grand tube métallique. 11 enrobe les têtes des pieux et monte jusqu’au niveau supérieur du caisson, qui est un peu en contre-bas du
- (23,76)
- ‘23,20
- Béton ordinaire
- !• i! Ü
- r i’ a ;....................
- ii h ü
- Il II II !|
- Il l! H h
- {[ Il II II i
- Fig. G. — Coupe transversale d’une pile du nouveau viaduc d’Asnières.
- niveau d’êtiage. | M. Rabut et à
- Le caisson a été muni, au moment de son échouage, de hausses métalliques ; une fois la fondation faite, on épuise l’eau à l’intérieur de ces hausses et l’on construit à sec la première assise de maçonnerie.
- Nos ligures 4 et 5 montrent la construction des pieux en béton frelié : on enroule d’abord du fil de fer en hélice sur un mandrin en bois, on dégage alors la spirale du mandrin; on l’enfile sur des baguettes longitudinales, on écarte les spires à la distance voulue, on fixe à l’extrémité inférieure un sabot conique, et l’on coule le béton.
- On voit quelle est la simplicité de cette méthode nouvelle de fondation des ponts : elle concilie à la fois, la rapidité, la sécurité et l’économie; elle fait le plus grand honneur à son auteur collaborateurs. À. Tkolleh.
- L’AÉROPLANE DES FRÈRES WRIGHT
- Le succès des expériences de l’aéroplane des frères Wright au champ, de courses des Hunaudières, près du Mans, a eu pour résultat de retourner complètement l’opinion française, en ce qui concernait les deux aviateurs américains. Alors que le gros public, imitant en cela la plupart des spécialistes et des gens compétents, considérait il y a quelques mois encore les frères Wright comme de simples bluffeurs1, les deux inventeurs sont aujourd’hui l’objet de l’enthousiasme général; on pourrait même penser que cet enthousiasme dépasse un peu la mesure, puisque nous n’en sommes qu’au début des expériences et qu’il reste encore la plus grande partie du programme à remplir.
- Les premières tentatives des deux Américains paraissent remonter à l’année 1900. Pendant trois ans, reprenant la suite des recherches de l’Allemand Lilienthal (1891-1896) et de l’Anglais Pilcher (1897-1899), ils exécutèrent de longues expériences de vol plane dans les . dunes de Kitty Hawk (Caroline du Nord). L’appareil qu’ils employaient alors ressemblait beaucoup dans ses grandes lignes à leur appareil actuel. C’était un aéroplane biplan qu’ils avaient établi sur les conseils de l’aviateur américain Chanute et qu’on a souvent désigné depuis sous le nom d’aéroplane type Chanute2; il ne possédait pas de queue, mais seulement un gouvernail de profondeur à
- 1 Yoy. n° 1831 du 27 juin 1908, p. 54.
- 2 Cet appareil dérive du cerf-volant cellulaire Margrave aujourd’hui bien connu.
- l’avant et un gouvernail de direction à l’arrière. Il reposait à sa partie inférieure sur deux patins qui lui permettaient de glisser sur le sol au moment de l’atterrissage.
- Avec une inlassable patience, les frères Wright exécutèrent d’abord, du haut d’une colline des centaines de glissades descendantes, face au vent. Peu à peu ils acquirent de l’expérience, leurs réflexes se formèrent, et ils purent se risquer à faire quelques véritables vols planés; ils commençaient à apprendre leur métier d’oiseau. Enfin, en 1903, ils avaient acquis assez d’adresse pour pouvoir esquisser des voiles et faire du véritable vol à voile. C’est ainsi qu’ils arrivèrent, par un vent de 12 m., à rester 72 secondes en Pair sans avancer de plus de 30 mètres1.
- Ils jugèrent alors que leur entraînement était assez avancé pour leur permettre d’essayer le vol mécanique et le 17 décembre 1903 ils commencèrent à voler avec un aéroplane biplan, ayant 50 m2 de surface, 12 m. d’envergure, pesant 338 kg et muni d’un moteur à pétrole de 16 chevaux qui actionnait deux hélices arrière. Pour se lancer, ils montaient leur appareil sur un chariot qui roulait sur un monorail incliné. Ils arrivèrent ainsi à parcourir environ 260 m. à Kill-Devil-Hills (au Sud de lvitty Hawk) contre un vent de 9 m. Convaincus cette fois que le problème était résolu et qu’ils pourraient voler partout avec un moteur suffisamment puissant, ils
- 1 C’est l’expérience réalisée récemment dans le laboratoire par M. Marcel Desprez avec un oiseau artificiel.
- p.214 - vue 218/647
-
-
-
- L’AÉROPLANE DES FRÈRES WRIGHT
- 215
- regagnèrent Dayton (Ohio) leur ville natale4 et construisirent un nouvel appareil qu’actionnait un moteur de ‘25 chevaux de leur propre fabrication.
- C’est avec cet aéroplane, pesant en ordre de marche 420 kg, qu’ils exécutèrent en 1904 et 1905 près de Dayton, dans la prairie de Springfield, une série de parcours circulaires qui ont été rappelés dans une récente information de La Nature (Voy. n° 1838 du 15 août 1908).
- L’expérience, si patiemment acquise par les frères Wright, était telle, qu’ils n’eurent jamais d’accident grave pendant toute la série de leurs essais.
- Les frères Wright se rendirent en Europe pendant le courant de 1907 pour essayer de traiter avec divers gouvernements, mais l’opinion publique avait été si
- Orville, réussit du premier coup un vol circulaire de l'"45s. Depuis, il a répété presque chaque jour, aux Ilunaudières, des vols semblables qui ont été interrompus le 13 août par un léger accident à l’atterrissage. L’appareil avait exécuté ce jour-là un parcours de 8"' 15s dans lequel il avait décrit sept cercles complets.
- Cet accident a déterminé l’expérimentateur à se transporter au polygone d’Auvours où il dispose d’un terrain beaucoup plus étendu. Wilhur Wright y continuera son entraînement, jusqu’à ce qu’il se trouve en état de remplir les conditions qui lui ont été imposées parle syndical Lazare Weillcr pour la cession de scs brevets et de leur exploitation en France.
- Ces conditions sont les suivantes : l’aéroplane devra
- '. — foujift de l’aéroplane suivant. X, X.
- Fig. 1. — Aéroplane Wright 1t>07.
- i.P
- Fig. 3. — Aéroplane Wright 1903.
- Fig. 5.
- A, axe du gouvernail de profondeur; a, articulation; G, câble du gouvernail de direction; c, câble du gouvernail de profondeur; F, surface iixe ; G, G’, gouvernails de direction ; g, gouvernail de profondeur; K, A, K4 A,, câbles de gauchissement ; A', câble auxiliaire commandant le câble Iv; L, longerons avant; /, longerons arrière ; M, montants avant; m, montants arrière; P, commande du gauchissement ; P', commande du gouvernail de direction ; P", commande du gouvernail de profondeur; Q, frein du tambour T; Q', frein du tambour T'; 11, poulie; S, surface supérieure ; s, surface inférieure ; T, T' T”, tambours des câbles A', G, c.
- prévenue contre eux, que toutes leurs tentatives échouèrent. Il fallut, pour ébranler le scepticisme presque général, l’adjudication d’aéroplanes faite le 1er février 1908 par le ministre de la Guerre des Etats-Unis2, la publication, dans le courant du mois d’avril, de nouveaux brevets pris par les frères Wright, les nouvelles expériences exécutées par eux au mois de mai, à Kill-Devil-Hills et enfin l’annonce que les aviateurs américains avaient traité avec un syndicat français et allaient faire des essais en France. Ces essais sont ceux du champ de courses des Ilunaudières et du polygone d’Auvours.
- La première tentative eut lieu le 8 août. Wilbur Wright qui montait seul l’appareil, en l’absence de son frère
- 1 Les frères Wright, fils d’un pasteur de Dayton, s’étaient étaldis dans cette ville comme fabricants de cycles.
- 2 Voy. n° 1831 du 27 juin 1908, p. 54.
- exécuter, à quelques jours d’intervalle, deux vols de 50 km effectués par un vent moyen de 6 m. Il devra emporter deux personnes en tout (ou le lest équivalent) avec des approvisionnements suffisants pour parcourir 200 km. Le prix fixé est de 500 000 francs.
- On peut s’étonner que l’inventeur américain ait actuellement besoin de refaire son entraînement, mais cela tient à ce que, dans leurs derniers essais du mois de mai aux Etats-Unis, les frères Wright concouraient tous les deux au maniement de l’aéroplane. Les commandes ayant dû être modifiées pour qu’un seul pilote puisse suffire à diriger la machine, il faut à Wilbur Wright une nouvelle éducation pour lui permettre de redevenir parfaitement maître de son nouvel appareil.
- Nous allons maintenant donner la description de l’aéroplane Wright d’après les dessins originaux des frères
- p.215 - vue 219/647
-
-
-
- 216
- L’AÉROPLANE DES FRÈRES WRIGHT
- Wright (fig. 1, 2, 4 et 5). L’appareil se compose de deux grandes surfaces portantes, S et s superposées parallèlement l’une à l’autre et présentant une certaine courbure d’avant en arrière. Leur convexité est tournée vers le haut et le sommet de la courbe est très rapproché de l’avant. L’envergure est de 12,50 m., la largeur des plans sus-tentateurs de 2 m., leur distance verticale de 1,80 m. et leur surface totale de 50 m2 (comme dans l’appareil de 1903). Les surfaces portantes sont formées de toile parfaitement lisse tendue sur un cadre constitué par deux longerons avant et arrière, L et /, que réunissent un
- s’abaisser, entraînant avec lui les montants m voisins et par suite le coin arrière droit de la surface s. Mais l’abaissement de ce dernier produit, sur les câbles K, et une traction qui relève le coin arrière gauche de la surface s, le montant correspondant m et par suite le coin arrière gauche de la surface S.
- On obtiendra donc par un simple mouvement de la poignée P le gauchissement des surfaces portantes vers le bas, du côté droit, et vers le haut, du côté gauche, c’est-à-dire que ces surfaces se courberont davantage à droite en môme temps qu’elles s’aplatiront à'gauche. Si l’aéro-planc est en marche, sa partie droite, qui opposera plus de résistance à l’air, tendra donc à se relever tandis que la partie gauche baissera. On a ainsi un moyen efficace de rétablir instantanément l’équilibre latéral compromis. Ce résultat s’obtient du reste sans grand effort; car, si la résistance de l’air s’oppose à l’abaissement de la partie
- Fig. G. — L’aéroplane Wright au champ de course des Iluuaudières.
- certain nombre de traverses courbes. Des montants avant et arrière M et m relient verticalement les deux surfaces. Des tendeurs en fil d’acier, disposés en diagonale entre les montants et les longerons, raidissent tout cet ensemble et en font une poutre en treillis à la fois très solide et très légère. La matière première employée, en dehors du molcur et de la voilure, est le sapin d’Amérique (,spnice).
- En avant, se trouve un gouvernail de profondeur horizontal g. Deux gouvernails verticaux de direction, susceptibles de s’orienter en sens contraire G et G', sont placés respectivement en arrière et en avant de l’aéroplane. En outre, dans certains cas, les inventeurs ont prévu l’emploi d’une surface verticale fixe F destinée à freiner les mouvements latéraux. Tout l’appareil repose sur deux patins qui permettent le glissement sur le sol tout en maintenant la partie inférieure de l’aéroplane à 40 cm de ce dernier (fig. 1 et 2). Le gouvernail de profondeur avant est commandé par l’intermédiaire du levier à poignée P" et du câble sans fin c. Les gouvernails de direction sont actionnés par la poignée P' et le câble croisé C.
- Enfin le gauchissement des surfaces est commandé par la poignée P agissant par l’intermédiaire du câble k' et de la poulie R sur le câble K.
- Voici comment se produit ce gauchissement qui est la principale caractéristique de l’appareil Wright.
- Toute l’ossature verticale avant de l’aéroplane est rigide ainsi que la cellule centrale, mais à droite et à gauche de cette cellule, les longerons arrière, grâce à dos articulations a, peuvent se déformer vers le bas ou vers le haut entraînant ainsi le gauchissement des surfaces S et s.
- Supposons que le pilote en agissant sur la poignée P tire sur la partie droite du câble K et du câble auxiliaire k, le coin arrière droit de la surface supérieure S va
- Fig. 7. — L’aéroplane Wright en plein vol aux Hunaudières.
- droite, elle favorise au contraire le relèvement de la partie gauche par la main de l’aviateur.
- Remarquons toutefois qu’en augmentant la courbure des surfaces à droite, on augmente la résistance à l’avancement de ce côté, ce qui tend à faire tourner l’aéroplane du môme côté. On combattra cet effet en agissant sur la poignée P' du gouvernail de direction (sans parler de l’action possible de la surface fixe F). Les frères Wright ont rendu celte manœuvre facile en plaçant l’un à côté de l’autre les leviers P et P' de gauchissement et de direction qu’ils peuvent ainsi actionner en meme temps d’une seule main (fig. 5).
- En résumé la conduite de l’aéroplane proprement dit consiste, pour le pilote assis entre les leviers P" à gauche,
- p.216 - vue 220/647
-
-
-
- L’AÉROPLANE DES FRÈRES WRIGHT
- P et P' à droite, à agir en temps utile sur le levier P" du gouvernail de profondeur pour maintenir son équilibre verlical, sur les leviers P et P' de gauchissement et de direction pour maintenir son équilibre transversal, sur le levier P' pour assurer sa direction.
- 217
- seulement, ce qui leur assure, un rendement très satisfaisant.
- L’appareil en ordre de marche avec le pilote ne pèse que 450 kg.
- Cet appareil diffère, on le voit,.notablement des aéro-
- Dans la pratique, l’appareil se comporte à peu près comme une bicyclette décrivant en direction une sorte de sinusoïde horizontale plus ou moins accentuée, mais il décrit en outre dans le sens vertical, sous l’action du gouvernail de profondeur, une autre sinusoïde, si bien que sa marche ressemble un peu à celle d’une bicyclette qui parcourrait une montagne russe, avec des oscillations naturellement très atténuées, et qui dépendent du degré d’habileté du pilote.
- Tel est l’aéroplane représenté sur les dessins originaux des inventeurs (fig. 1, 2,4, 5). L’aéroplane, actuellement au Mans, ne diffère de l’appareil primitif que par la substitution d’un gouvernai biplan au gouvernail monoplan de profondeur g, et la substitution d’un gouvernail de direction arrière également biplan aux gouvernails G et G' (Yoy. la photographie figure 6). Le • premier est placé à 3 mètres en avant et le second à 2m,50 en arrière de la poutre armée.
- Le siège du pilote, installé entre les leviers de manœuvre, et celui du passager sont reportés un peu à gauche, de façon que le tout s’équilibre convenablement avec le moteur.
- Celui-ci, établi entre les deux surfaces portantes, est un moteur à 4 cylindres, de 25 chevaux (108 d’alé-
- sage et 100 de course) avec radiateur en
- cuivre. Il pèse 90 kg tout compris, soit 3IS,6 par cheval *. L’arbre moteur, qui est horizontal, transmet par chaînes son mouvement à deux arbres parallèles surélevés qui'portent les deux hélices. Celles-ci sont en bois, relativement grandes (2m,80 de diamètre) et tournent en sens inverse à 450 tours
- 1 Ce moteur, dessiné par les irères Wright, a été construit par la maison française Bariquand et Marre.
- Fig. 9. — Wilbur Wright.
- planes français par l’absence de queue; il en diffère encore plus par le, mode de lancement. .
- Les inventeurs américains effectuent, en effet, le lancement en plaçant leur appareil sur des petits chariots courant sur un monorail de 24 mètres de long, comme ils le faisaient déjà en 1903. S’il y a du vent, l’aéroplane s’enlève lui-même face au vent; s’il n’y a pas de vent, un poids tombant d’un pylône de quelques mètres de haut, entraîne rapidement l’aéroplane sur le monorail par l’intermédiaire d’un câble et d’une poulie de renvoi. Une vitesse de départ de 10 à 12 mètres par seconde est suffisante.
- in réalité, les frères Wright ont très peu modifié leur appareil primitif, celui qui leur servait en 1902 ou 903 à faire du vol plané, et sur lequel ils installèrent, pour la première fois, un moteur à la fin de 1903. Nous reproduisons d’ailleurs (fig. 3) leur appareil de 1905, d’après les dessins mêmes exécutés par eux en Amérique. On retrouve dans cet appareil tous les éléments essentiels de l’aéroplane actuel. 11 est à remarquer toutefois que, dans l’appareil de 1905, l’aviateur au lieu d’être assis était couché à plat ventre sur un petit chariot qui commande le mouvement du câble K de gauchissement. Le pilote pouvait donc utiliser les déplacements latéraux de son propre poids pour rétablir l’équilibre latéral, ainsi que faisaient les premiers aviateurs et notamment Lilienthal. L’expérience a montré aux frères Wright qu’il était inutile de combiner ce procédé avec le gauchissement des surfaces, celui-ci suffisant seul pour assurer l’équilibre latéral.
- Que faut-il penser maintenant de leur appareil comparé aux appareils des aviateurs français?
- p.217 - vue 221/647
-
-
-
- 218 .—......-T- : LA NAVIGATION SUR LE NIGER
- Ce qui frappe tout d’abord, c’est la facilité avec laquelle Wilbur Wright manie son appareil, avec lequel il s’élève, s’abaisse, évolue dans tous les sens. Il donne réellement l’impression d’un oiseau. Au contraire les aviateurs français montant des appareils biplans, semblent toujours craindre de s’enlever; pendant longtemps on ne les a guères vus s’élever à plus de 2 ou 5 mètres du sol ; leurs évolutions sont difficiles et ils dérivent malgré eux dès qu’il y a le moindre souffle de vent.
- On a prétendu à ce sujet que l’aisance d’allure de Wilbur Wright était uniquement due à son éducation antérieure, à ce qu’il était, disons le mot, un acrobate faisant du monocycle, alors que ses concurrents ne connaissent que la bicyclette. Il n’est pas douteux que le long entraînement de Wright ne lui soit utile, mais il semble non moins certain qu’il dispose, pour rétablir son équilibre, d’un moyen, le gauchissement, qui a fait jusqu’ici défaut à la plupart de ses concurrents.
- On a reproché aux Wright leur système de départ, en prétendant que le procédé des aviateurs français (roues de bicyclette fixées sous le châssis) était bien supérieur et permettait de s’enlever partout.
- Au fond les deux systèmes sont pratiquement aussi défectueux l’un que l’autre. Les Wright ont besoin d’un dispositif approprié. Les aviateurs français ont besoin d’un terrain fait exprès où ils puissent rouler dans tous les sens avant de s’enlever; la preuve en est dans les plaintes qu’ils ont fait entendre au sujet de l’interdiction du champ de manœuvres d’Issy, si incommode cependant à tant de points de vue. Le polygone d’Auvours leur semble au contraire interdit, en raison de la nature particulière du sol sablonneux. En fait ni les uns ni les autres n’ont résolu le problème du départ d’une façon satisfaisante.
- On a reproché encore aux Wright certaines dispositions de leur appareil notamment la commande par chaînes. Il
- semble cependant, étant donnée la plasticité de la chaîne, que ce soif le seul organe de transmission approprié à une carcasse aussi déformable que celle d’un aéroplane. La chaîne semble valoir le cardan ou les engrenages sur le châssis en acier d’une automobile; a fortiori est-elle au moins équivalente aux autres systèmes sur un châssis en bois plus ou moins flexible. Bien loin de constituer, comme on l’a dit, une disposition barbare, c’est au contraire une disposition des plus scientifiques.
- Il serait, semble-t-il, plus raisonnable de reprocher aux Wright la complication de leurs commandes qui force actuellement Wilbur à faire un nouvel apprentissage. Le système français, qui consiste à commander le gouvernail de direction par la rotation d’un volant d’automobile et le gouvernail de profondeur par le déplacement de la douille du volant, paraît au contraire d’un maniement plus facile et ne prête à aucune confusion. 11 rend l’éducation de l’aviateur bien plus rapide.
- Par contre, on ne saurait trop louer les Wright de la sagesse parfaite avec laquelle ils ont su employer de grandes hélices tournant lentement; celles-ci donnent, en effet, bien plus aisément un bon rendement. C’est parce qu’ils ont su, dès le début, s’engager dans cette voie, l’amélioration du rendement, et laisser de côté l’allègement excessif du moteur qu’ils ont pu voler les premiers.
- L’emploi de moteurs relativement lourds et par suite capables de marcher de longues heures, leur permettra de faire plus facilement de longs parcours, et probablement de conserver pendant un certain temps encore l’avance qu’ils possèdent actuellement. Rien ne les empêche du reste d’étudier la solution si importante et si négligée du problème de l’équilibre automatique, et rien ne les empêchera non plus d’utiliser les moteurs extralégers quand ceux-ci seront définitivement sortis de la période des essais. Sauvage.
- LA NAVIGATION SUR LE NIGER1
- Nos immenses territoires soudanais, en raison des distances et du prix des transports sur les routes, ou pour mieux dire sur les pistes, ne peuvent être mis en valeur que par l’établissement de voies de pénétration économiques. Le problème à résoudre est double. D’une part, il faut, partant de la côte, atteindre le Niger. C’est à quoi tendent les 5 voies ferrées de l’Afrique occidentale française : 1° la ligne qui va de Ivayes, sur le Sénégal, à Koulikoro, sur le Niger et qui d’ici peu sera jointe à Dakar par Thiès; 2° la ligne de Konakry (Guinée) à Kouroussa, sur le Niger, actuellement en voie d’exécution; 3U la ligne du Dahomey, en construction également. D’autre part, il faut utiliser le Niger comme voie commerciale. 11 n’y a ici qu’à suivre, avec tous les perfectionnements dus à notre civilisation, l’exemple que, depuis des siècles, nous donnent les indigènes : de tout temps le Niger a été une voie de commerce. 1/œuvre est commencée et cet article a précisément pour but de faire connaître les résultats déjà obte-
- 1 Les trois photos de cet article nous ont été obligeamment prêtées par le lieutenant de vaisseau Le Blévcc.
- nus. Malheureusement les caractères hydrographiques et le régime du Niger ont été et sont encore la cause de graves difficultés.
- Le Niger ou Dioliha, avec scs 5967 kg, dont 2845 en terre française, est, en temps de crue, un fleuve magnifique et imposant, qui noie les campagnes sur plusieurs kilomètres de largeur et qui donne parfois l’impression d’une mer1. Mais son régime est très irrégulier. Pendant un tiers de l’année, à des époques variables suivant les points, d’immenses bancs de sable encombrent son lit et, dans le chenal navigable, on ne trouve parfois pas plus de 20 cm de fond. En outre, comme la plupart des fleuves africains, le Niger est divisé en plusieurs biefs par des rapides dus à la présence de plateaux de grès. De Bamako à Koulikoro (71 km), on rencontre 10 barrages rocheux, parmi lesquels les deux redoutables rapides de Sotuba et de Kénié. À Kénié, le passage n’a pas plus de 40 m. de large; les eaux s’y
- 1 A Koulikoro, vers la fin de septembre, moment du maximum de la crue, le Niger roule 4800 m5 par seconde. En avril, aux plus basses eaux, il tombe à 60 m3.
- p.218 - vue 222/647
-
-
-
- —----------~------------- LA NAVIGATION
- précipitent en tourbillonnant à la vitesse de 6 m. à la seconde. C’est pour celte raison que la voie ferrée, qui avait atteint le lleuve à Bamako, a été, en 1905, poussé jusqu’à Koulikoro. One seconde série de seuils rocheux s’étend, sur 047 km, d’Ansongo à la frontière de la Nigeria. À Lobezanga le chenal est réduit à une largeur de 15 mètres.
- À la suite de la reconnaissance sommaire faite en 1890 par le lieutenant de vaisseau Hourst, le gouvernement général de l'Afrique occidentale française se rendit compte de la nécessité de procéder à la lois à une étude précise de la rivière et à des travaux de balisage et de dérocliement. Depuis février 1903 fonctionnent concurremment une mission hydrographique et un service de balisage. La mission hydrographique a été dirigée, de février 1905 à lévrier 1907, par le lieutenant de vaisseau Le 111 é-
- SUR LE NIGER —_____________________________219
- l’organisation d’un service régulier de navigation entre Koulikoro et Tombouctou (900 kilomètres).
- L’honneur de cette première utilisation du Niger revient à M. Roume, gouverneur général de l'Afrique occidentale française, dont l’initiative cl l’activité ont été si précieuses pour le développement do notre grande colonie africaine. C’est lui qui, en janvier 1904, décida-la création du Service de navigation. Le fonctionnement en a commencé le Ie1' juillet 1905.
- A l’heure actuelle, le service est assuré par les deux vedettes à vapeur et à hélice le Bené Caillié cl le Jules Davoust, par le vapeur à roues arrière le Maye, par la chaloupe-remorqueur Y Ibis, par 5 pirogues postales la Biche, Y Antilope et la Gazelle destinées au transport du courrier aux basses eaux, enfin par quelques chalands en bois. En outre, ont
- Fig. 1. — Carie de la région nigérienne.
- vec. Cet officier de haute valeur, secondé par des collaborateurs distingués, les enseignes de vaisseau Bunge, Lcfranc et Millot et le lieutenant d’artillerie coloniale Clerc, a accompli une œuvre, à la fois scientifique et pratique, de premier ordre. Une carte détaillée du Niger est en voie de publication. Elle comprendra 6 atlas de 50 cartes chacun. Les cartes générales sont au 1 : 20 000e, les plans particuliers (barrages, seuils, endroits dangereux) au 1 : 2000e. La construction de ces cartes repose sur un certain nombre de bases relevées astronomiquement, sur une grande triangulation au théodolite, sur une triangulation secondaire, des levés de détail et de nombreuses lignes de sonde. C’est un travail définitif1. Toutefois, le principal résultat obtenu a été
- 1 A l’exposition de cartographie, organisée par l’Office colonial à la galerie d’Orléans du 1er au 50 juin 1908, on pouvait voir plusieurs cartes, plans et photographies prêtées par la mission hydrographique du Niger. Yoy. notre article des Annales de géographie (15 juillet 1908).
- été commandés récemment à Paris : à M. Guilloux le vapeur à roues le Bonnier et à M. Brulé les canots le Fabre et le Turenne, munis de moteurs à explosion.
- Les trois principaux types en service méritent quelques explications. Ils ont en effet été établis en vue de répondre aux exigences particulières de la navigation sur le Niger. Celles-ci imposent, en môme temps que des chaudières robustes et des machines puissantes, un tirant d’eau très faible. Pourtant on n’a pas adopté le fond plat, afin que les navires puissent au besoin couper les bancs de sable transversaux qui sont presque à Heur d’eau.
- Les deux vedettes, longues de 16,50 m., larges de 3,30 m., ne tirent en pleine charge que 0,35 m. Elles sont construites en tôle d’acier. La chaudière, du type Bigot à retour de flamme, et pouvant marcher à l’eau salée, a 23 m2 de surface de chauffe pour 0,834 m2 de surface de grille. Les deux machines eompound développent à toute puissance
- p.219 - vue 223/647
-
-
-
- 220 - . = LA NAVIGATION SUR LE NIGER
- 70 chevaux et, par le moyen de deux hélices, donnent une vitesse de 15 km à l’heure. Les hélices ont été mises soigneusement à l’ahri des accidents que pourraient causer les hancs de sahle ; elles sont engagées dans un évidement delà coque et protégées en dessous par une cuillère métallique. Construites par MM. Claparèdes frères, à Argenteuil, les vedettes ont coûté chacune 98 800 fr. Rendues sur le Niger elles sont revenues à 44 210 francs.
- Le Mage, long de 57,80 m. et large de 7 m., tire 0,40 m. et, avec 120 tonnes de chargement 0,92 m. Il ne peut servir qu’aux hautes eaux. 11 porte 2 chaudières Bigot (surface totale de chauffe 104 m2, pour une surface de grille de 2 m2) et une machine compound développant 200 chevaux. Les roues, d’un diamètre de 4 m., tournent de chaque côté dans un évidement de la coque à l’extrême arrière; les pales mobiles peuvent être déplacées le long des rayons suivant le tirant d’eau. 294 passagers peuvent y embarquer (250 indigènes sur le pont inférieur,
- 18 passagers de troisième, 12 de seconde, 14 de première sur le pont supérieur).
- Le Mage, construit parM. Guil-loux, dans les chantiers de MM. Berlin, à Bezons, a coûté 158 500 fr. Mais le transport à Koulikoro en 185 caisses a occasionné une dépense, vraiment excessive, de 157 572 fr., ce qui met le prix de revient du navire à 275 872 fr.
- La chaloupe-remorqueur Ylbis n’a coûté par contre qu’une somme minime (29 596 fr.). C’est qu’elle avait été construite par la Compagnie du Niger-Soudan, puis abandonnée à la suite d’un naufrage. Le service de navigation a fait l’acquisition de l’épave et a fait réparer les 2 machines compound et remplacer la chaudière Field, hors d’usage, par une chaudière Bigot (50 m2 de surface de chauffe pour 1 m2 de surface de grille). Les machines développent, au total 80 chevaux; chacune actionne 2 hélices attelées en tandem, h’Ibis,qui est essentiellement un remorqueur, peut porter des installations démontables à l’usage des passagers.
- Le Service de navigation fonctionne, sur 900 km, de Koulikoro, terminus du chemin de fer de Ivayes, à Kabara, qui sert de port de Tombouctou, située à 7 km du fleuve. Les départs ont lieu aux deux extrémités tous les 15 jours. Les principales escales sont : Ségou, Sansanding, Barkabougou, Diafarahé et Mopti. La durée du voyage est très variable, sui-
- vant le sens du trajet, le navire et l’état des eaux.
- Sous peu, deux nouveaux services seront organisés, entre Kouroussa et Bamako (412 km) et entre Kabara-Tombouctou et Ansongo (555 km). Ce dernier permettra de ravitailler économiquement nos postes du Tchad par la route Gao-Zinder.
- Quand le fleuve sera entièrement balisé et déroché, des navires automoteurs, tirant au maximum 0,50 m., pourront circuler toute l’année. Mais actuellement il faut employer les chalands du 15 avril au 1er juin entre Mopti et Tombouctou et du 15 mars au 1er juin de Koulikoro à Mopti.
- Les navires comportent 4 classes. En première, seconde et troisième, la nourriture et une couchette sont fournies à bord des vapeurs ; mais sur les chalands on doit pourvoir soi-même à sa nourriture et à son couchage. Les billets de quatrième classe, réservés aux indigènes, ne donnent droit qu’au
- passage. Lés tarifs, peu élevés, ont été acceptés sans réclamations, même par les indigènes. On paye en première 0 fr. 20 par kilomètre, en seconde 0 fr. 15, en troisième 0 fr. 10, en quatrième 0 fr. 05. De la sorte, le voyage de Koulikoro à Tombouctou (900 km) coûte en première 180 fr., en seconde 155 fr., en troisième 90 fr. et en quatrième 45 francs.
- D’après les dernières statistiques que nous ayons eues en main, le Service de la navigation a transporté en une année 772 voyageurs, réalisant ainsi une recette de 50 925 francs.
- Le transport des marchandises a donné lieu à de nombreuses réclamations. On comprend que l’établissement d’un tarif de frêt soulève bien des difficultés que, seule, l’expérience permettra de vaincre. Jusqu’ici les transports de denrées ont été peu considérables. Ce résultat est dû tant à l’insuffisance actuelle du matériel qu’à l’élévation des tarifs et à la mauvaise classification dés marchandises.
- Et pourtant le commerce prend, dans la région nigérienne, une extension que rien ne faisait prévoir. Le Soudan produit en abondance des grains, des peaux, des laines, du riz, des arachides, en attendant le coton et le karité. L’essor de la production des peaux et des laines a été qualifié de prodigieux par M. Le Blévec dans son rapport de 1907. Rien qu’à Koulikoro, le mouvement des céréales a atteint 6000 tonnes.
- Fig. 2. — Montage du Mage.
- p.220 - vue 224/647
-
-
-
- LA NAVIGATION SUR LE NIGER
- 221
- A la descente, il y a eu jusqu’ici peu de lret (1012 tonnes seulement en une année, constituées par le ravitaillement dés postes militaires et des cercles administratifs et les approvisionnements en vins, conserves et légumes des particuliers). Par
- s’est servi, non du service ofliciel, mais d’une maison de commerce, qui ne taxait la tonne kilométrique de première catégorie qu’à 0 lr. 25 au lieu de 0 fr. 40. Pour une tonne, de Koulikoro à Tombouctou, c’est 155 fr. au lieu de 560.
- contre, à la montée, le trafic a atteint pour une année 500 tonnes, quantité presque quadruple de la préeédenle. Ce fait est du aux marchandises d’exportation, mil, riz, karité, peaux, laines, etc., pour lesquelles un tarif de laveur a été consenti; elles représentent 80 pour 100 des transports.
- Le total général reste évidemment faible avec 402 tonnes. C’est ce qui explique l’insuffisance des résultats financiers obtenus. D’après les dernières statistiques qui nous soient connues, les recettes ont été, pour une année, de 82 688 fr. (voyageurs 50025 fr., marchandises 51 765 fr.). La même année la dépense a été de 264041 fr. La balance accuse un
- déficit de 182 255 francs. 11 faudra de toute nécessité abaisser certains tarifs et mieux répartir les marchandises en catégories. Actuellement, il existe 4 classes, payant respectivement, par tonne kilométrique, 0 fr. 40, 0 fr. 25, 0 fr. 10 et 0 fr. 05, la dernière classe étant celle des denrées d’exportation.
- Pour les deux premières classes, les prix sont exagérés. 11 est facile de s’en rendre compte. La première catégorie, par exemple, paye 560 fr. par tonne de Koulikoro à Tombouctou (000 km), ce qui correspond à 1676 fr. de Bordeaux à Dakar (4100 km), alors que le fret entre ces deux ports ne coûte pas plus de 15 fr. par tonne. Les tarifs adoptés sur le Niger sont de véritables tarifs prohibitifs.
- que toutes les grosses maisons de commerce se sont constitué une flottille de chalands, et non seulement elles transportent leurs propres marchandises, mais encore elles font une concurrence victorieuse au service de navigation. En 1006, celui-ci n’a pas eu une tonne de fret. Bien plus, le commandant directeur de l’artillerie, ayant à expédier du matériel,
- On a demandé de nouveaux tarifs : 0 fr. 25, 0 fr. 18, 0 fr. 12 et 0 fr. 06 par tonne kilométrique, suivant la catégorie. La diminution pour les deux premières classes serait fort appréciable; d’autre part, il y aurait une légère augmentation pour les deux dernières. Mais c’est que les marchandises des troisième et quatrième catégories, surtout ces dernières, ne payent point actuellement les frais du transport et que, d autre part, il n’y a pas, dans le Soudan nigérien, assez de marchandises riches pour faire la compensation. C’est mémo la raison pour laquelle les deux premières classes ont été à l’origine exagérément surtaxées.
- On a réclamé aussi des modifications dans le classement. Pourquoi l’absinthe, si nuisible sous le climat tropical, n’était-elle pas dans la première catégorie? Et pourquoi les machines agricoles et industrielles, dont on devrait favoriser l’importation, n’élaient-elles pas dans la troisième?
- y a aussi une marchandise qui demanderait un traitement spécial : c’est la houille. 11 y a 4 ou 5 ans le prix en était exorbitant au Soudan. Depuis, il est vrai, il a diminué, parce que les grands navires trouvent aujourd’hui du fret de retour pour la descente du Sénégal. Mais il faudrait appliquer à la houille le tarif spécial de faveur. L’importation du charbon doit être encouragée énergiquement, car la mission hydrographique a constaté que le Niger s’appauvrissait de jour en jour.
- En attendant le reboisement, il faudrait au moins pouvoir protéger les arbres, en défendant absolument leur destruction.
- Pavjl Pri vat-Deschanel.
- Quel a été le résultat de cet état de choses ? C’est
- Fig. 4. — liupides de Kénié.
- p.221 - vue 225/647
-
-
-
- 222
- CHRONIQUE
- Les archives algériennes. — M. Jonnart vient clc prendre, en vue d’organiser les archives algériennes, toute une série de mesures auxquelles on ne saurait trop applaudir. Soit avant la conquête, soit au cours de celle-ci, soit après, l’hisLoire de l’Algérie présente, en ell'et, un intérêt considérable et cependant il était jusqu’ici à peu près impossible de l’écrire sérieusement à cause du désordre ou de l’absence des documents. Ceux-ci sont pourtant très nombreux, mais dispersés dans les divers services de l’administration centrale, ou bien dans les archives des préfectures, sous-préfectures, communes, bureaux militaires des affaires indigènes, ils ont souvent été par surcroît l’objet de destructions faites à peu près au hasard, lorsque les locaux alléchés à leur conservation se trouvaient trop encombrés; enfin, ils sont à la fois peu ou pas classés, incomplets et parlant presque inaccessibles. M. Jonnart vient de remédier à cet étal de choses par un arrêté où il confie le service des archives algériennes à M. R. Busquct, ancien -élève de l’École des Chartes, qui comporte à la fois la réorganisation des archives du gouvernement général et l’incorporation à ces archives des documents historiques plus ou moins bien conservés à travers la colonie. Dorénavant les documents épars dans tous les services seront centralisés dans un dépôt unique, et la destruction des papiers inutiles entourée de garanties prudentes; d’autre part, une en-
- quête permanente, dirigée par l’archiviste du gouvernement fera découvrir et, suivant les cas, inventorier sûr place ou transférer à Alger les pièces d’un réel intérêt. Éntin, une collection officielle de textes historiques sur l’Algérie sera publiée par les soins d’une Commission où seront appelés les représentants les plus importants de l’administration et de l’érudition. Si ces belles réformes ne restent pas lettre morte, M. Jonnart aura rendu un service signalé à ses administrés et aux hommes d’étude.
- Barrages de réservoirs à crête mobile. — On
- est en train de construire, sur le fameux canal de drainage de Chicago, deux barrages destinés à créer une retenue fournissant de la force motrice hydraulique : ces barrages sont construits d’une façon toute particulière. Leur crête est laite d’une sorte de charpente d’acier affectant la forme d’un secteur de -45° et de 7,80 m. de rayon; ils sont montés comme à charnière au sommet de la partie fixe en béton du barrage. Ils peuvent donc être abaissés complètement dans un mouvement de rotation vers l’arrière, et au niveau du sommet de la portion fixe de la digue : dans cette position, ils laissent se former un déversoir qui entraîne les bois flottés qu’on lance couramment dans le canal. Ensuite, ils se relèvent et rétablissent la chute avec toute sa hauteur.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séances des 24 et 3i août 1908. — Présidence de M. Bouchard.
- Le parasitisme de la morille. — M. Gaston Bonnier présente une Note de M. Matruchol sur la constitution de îa morille. On sait maintenant que les morilles peuvent être obtenues à partir de la germination des spores, c’est-à-dire de ces petits grains qui forment une poussière à la surface du chapeau des champignons. On sait aussi (jue M. Molliard a trouvé le moyen de cultiver les morilles en leur donnant pour support des débris de pommes. Sur les morilles cultivées, comme sur les morilles sauvages, il existe une sorte de petit tubercule qui relie le champignon aux racines d’arbres sur lesquels il est parasite. Cette découverte montre que les morilles ne vivent pas seulement sur les détritus organiques mais aussi sur les racines vivantes.
- Les graines à l'intérieur des fruits. — M. Bonnier résume encore des recherches entreprises dans son laboratoire de Fontainebleau, par M. Lübimenko, de l’Université de Saint-Pétersbourg, au sujet du développement des graines à l’intérieur des fruits (haricots ou pois par exemple). L’auteur montre que la composition de l’air de l’intérieur des fruits diffère de celle de l’atmosphère, car l’on y trouve 2 à 0 pour 100 d’acide carbonique. La proportion notable de ce gaz paraît être une des conditions nécessaires du développement des graines.
- Culture de prothalles de fougères. — M. G. Bonnier expose enfin le résultat dos travaux de Perrin touchant la culture pure des prothalles de fougères. M. Perrin a réussi à faire des cultures pures de ces prothalles. De plus, il a déterminé avec précision les conditions dans lesquelles ces cultures donnent à la fois des organes mâles et femelles, et celles dans lesquelles elles ne produisent que des organes unisexués.
- Décès. — M. le Président exprime les regrets que causent à l’Académie la mort de M. Henri Becquerel et celle de M. Mascart.
- Le blanc du chêne. — M. Prillieux donne connaissance d’une lettre qu’il a reçue de M. Bouclier, le fondateur de la Société de Mycologie, traitant de la forme à périthèces du champignon qui produit le blanc du chêne. D’après l’auteur, celte forme a très probablement été déjà observée il y a plus de 00 ans par Mérat aux environs de Paris, et désignée par lui sous le nom d’Erysqdie Quercus. M. Bouclier, pendant sa longue carrière, n’a observé que rarement l’oïdium sur les feuilles ch', chêne. Les arbres atteints formaient des taches ; jamais il 11’avait vu l’oïdium produire ces épais revêtements pulvérulents qui ont couvert les feuillages des chênes cette année dans toute la France. Quant à la forme Ergsiphe Quercus, signalée par Mérat, elle n’a encore jamais été revue depuis.
- Différenciation de trypanosomiases. — M. Laveran présente une Note de MM. Thiroux et d’Anfreville sur la différenciation du trypanosoma gambiense et du trypano-soma Pecaudi. Le premier est l’agent de la maladie du sommeil; le deuxième est l’agent d’une maladie qui sévit sur les chiens principalement sans atteindre l’homme. En examinant le sang de malades atteints de la maladie du sommeil, on avait trouvé des trypanosomes dont la forme s’écartait considérablement de celle du trypanosoma gambiense et se rapprochait de.celle du trypanosoma Pccaudi. On pouvait donc se demander si les deux trypanosomes étaient identiques. D’après les expériences des auteurs la question doit être résolue négativement. M. Laveran expose ensuite les résultats d’un travail qu’il vient d’exécuter sur les trvpanosomes. congolensc et
- p.222 - vue 226/647
-
-
-
- ..HENRI BECQUEREL ——.....- .......----- 223
- diniorplion. Il avait annoncé qu’un animal immunisé contre le premier pouvait être infecté à l’aide du second ; il vient de vérifier le lait sur un veau. De plus il a constaté que l’immunisation contre le trypanosome congo-lense ne modifie pas l’intensité de l’inlection par le trypanosome dimorphon. Il est donc extrêmement vrai-
- semblable que les deux organismes sont différents. Mais pour pouvoir être rigoureusement affirmatif il faudrait pouvoir répéter l’expérience en sens inverse, ce qui est difficile parce qu’il est rare qu’un animal puisse être immunisé contre le trypanosome dimorphon.
- Cu. DE VlLLEDEUIL.
- HENRI BECQUEREL
- Le Secrétariat perpétuel des Sciences physiques semble porter malheur à ceux qui l’obtiennent. Après de Lapparent qui l’a occupé juste un an, Henri Becquerel y sera resté six semaines seulement. Celte perte imprévue est d’autant plus regrettable, que l’illustre savant, encore en pleine force de Page, avait produit, dans ces toutes dernières années, scs plus beaux travaux. Quoiqu’il eut encore à peine 56. ans, étant né en 1852, sa carrière scientifique avait déjà reçu d’ailleurs toutes les consécrations possibles : chaires à l’Ecole Polytechnique et au Muséum, l’Institut à 56 ans, le Secrétariat perpétuel de l’Académie des Sciences et surtout le prix Nobel qui, en 1905, associa universellement son nom au nom glorieux de Curie.
- 11 appartenait à une remarquable famille scientifique où, depuis trois générations, on se suit à l’Institut de père en fils (Antoine-César, 1788-1878; Edmond mort en 1891 et Henri) et où une quatrième génération semble déjà prête à continuer cette belle tradition. Lui-même avait, du vivant de son père, remplacé à l’Académie Berthelot, élu secrétaire perpétuel. Dans des conditions semblables, la haute culture scientifique, l’instinct et l’habitude de l’ex-périmenlalion ne sauraient manquer de se féconder et de se développer, aussi bien par une éducation commencée de bonne heure en un milieu propice, que par un naturel atavisme. Henri Becquerel trouva en quelque sorte dans son patrimoine héréditaire le germe des travaux qui ont assuré sa réputation : ceux par lesquels, en 1896, il découvrit la radioactivité, puis débrouilla, dans le rayonnement du radium, les trois catégories de rayons a, [5, y. La place nous manque ici pour parler de ses mémoires antérieurs sur le pouvoir rotatoire magnétique des corps (1875-1879), l’influence magnétique de la terre sur le plan de polarisation de la lumière solaire (1880), les radiations invisibles infra-rouges (1885-1884), et même pour résumer les recherches par lesquelles, en 1897, il contribua, en même temps que Cornu, à préciser les expériences de Zeeman relativement à l’influence d’un champ magnétique sur une source lumineuse et a faire modifier la première théorie trop simple de Lorentz. Nous préférons insister sur la question capitale de la radioactivité, en montrant d’abord comment a été logiquement préparée la découverte, puis en rappelant tout son intérêt philosophique.
- Depuis longtemps, le premier des Becquerel, Antoine, auquel on doit l’initiation à l’électro-
- chimie, le thermomètre électrique, la balance électromagnétique, etc., avait abordé incidemment un de ces sujets compliqués, volontiers laissés de côté par les travailleurs trop méthodiques et précis qui désirent marcher sûrement pour aboutir à jour fixe : problèmes dont l’obscurité même promet tôt ou tard, quand les phénomènes sont arrivés à maturité, de sensationnelles et suggestives découvertes. 11 s’était attaqué à la phosphorescence, qu’il expliqua d’abord par l’électricité. Dans cette dynastie de savants, les travaux se sont continués de père en fils, sur les mêmes produits conservés au même laboratoire. Plus lard, son fils Edmond Becquerel, qui a, rappelons-le en passant, trouvé le premier procédé de photographie des couleurs, continua l’étude des rayons phosphorogéniques ht crut pouvoir les assimiler aux rayons lumineux. Parallèlement à Niepce de Saint-Victor qui a été, dans toutes ces questions, un remarquable précurseur, il commença l’examen de toute cette série de substances, comme les sulfures alcalino-lerreux, le diamant, la fluorine, l’aragonite, qui deviennent lumineuses sous l’action des rayons solaires et, étudiant d’autre part la fluorescence, la considéra comme produite par des radiations ultra-violettes. Dès 1885, Henri Becquerel reprit cette question de la phosphorescence et étudia l’absorption de la lumière par les composés de l’uranium. L’idée lui vint donc tout naturellement, le jour où Roentgen fit sa mémorable découverte, d’étudier à cet égard les sels de l’uranium. 11 observa alors qu’une lamelle de sulfate double d’uranium et de potassium, posée sur le papier noir enveloppant une plaque photographique, impressionnait cette plaque : c’est-à-dire que les sels d’uranium émettent des rayons actifs traversant le papier noir. 11 vit ensuite que ces rayons traversent de même des lamelles minces d’aluminium, de cuivre, etc. Puis il montra que le phénomène est spontané et ne se rattache à aucune cause excitatrice connue, qu’il se prolonge sans affaiblissement appréciable pendant un temps très long, enfin que ces radiations, différentes des radiations lumineuses, ne subissent ni la réflexion, ni la réfraction, mais déchargent à distance les corps électrisés. Dès lors, la question était mûre pour la découverte de Curie qui finit par isoler, dans les sels d’uranium, un corps particulièrement radioactif, le radium. Enfin, en 1898 et 1899, Becquerel étudia, en même temps que Giesel, Meyer et Schwcidlcr, le rayonnement du radium. 11 aboutit finalement à distinguer, au moyen du champ ma-
- p.223 - vue 227/647
-
-
-
- 224 j HENRI BECQUEREL _
- gnétique, trois catégories de rayons : les rayons a électrisés positivement et assimilables au bombardement de particules ayant les dimensions de l'atome,' les rayons Jî électrisés négativement, dus à des par-; ticiües 1000 fois plus petites que l’atome d’hydrogène parlant avec une vitesse supérieure à 250 000 kilomètres à la seconde, enfin les rayons y attribués à une déformation brusque et non périodique de l'éther lumineux.
- L’intérêt de ces travaux est suffisamment montré par le mouvement d’idées extraordinaire, qu’a provoqué la découverte du radium et par la révolution qui en est résultée dans toutes les théories sur la constitution chimique des corps. Dans un autre ordre d’idées purement physique, on peut ajouter encore quelques brèves observations.
- D’innombrables mouvements, dont l’origine première est surtout dans notre grand foyer d’activité, le soleil, traversent incessamment l’espace : les uns perceptibles à nos sens, les autres ignorés de nous ' jusqu’au jour où leur transformation naturelle ou voulue en des radiations d’une autre nature, ou leur influencesur des radiations observables nous lés font connaître.
- Parmi tous ces mouvements, on a naturellement étudié d’abord ceux pour lesquels il s’est développé, créé jjj§y chez l’homme un instrument d’observation plus parfait, la vue. Et le fait même que les sensations correspondantes nous sont si précieuses pour connaître le monde extérieur prouve sans doute que ce genre de mouvements, susceptibles de produire une sensation lumineuse, sont à la fois capables d’exciter le plus grand nombre des corps (tous ceux qui ne nous apparaissent pas noirs) et de les exciter très diversement suivant leur nature et suivant les cas. Mais, indépendamment de nos autres sens qui nous décèlent des vibrations calorifiques, sonores, etc., une sensibilité vague et qui semble s’affiner avec les progrès de la nervosité, nous averlit déjà qu’il existe des radiations auxquelles notre œil ni nos autres sens ne sont accommodés. La conquête progressive de ces radiations d’abord ignorées est de nature à nous éclairer peu à peu sur la constitution de la matière et de l’éther, la nature de la force, etc., c’est-à-dire sur les problèmes physiques qui, pratiquement comme théoriquement, nous intéressent avant tout. Quand on
- veut aborder ce champ d’observations, il faut trouver chaque fois l’artifice nécessaire pour transformer en manifestations lumineuses susceptibles de mesure, des radiations qui, sous leur forme directe, nous échappent ou restent confuses.
- On peut considérer comme un premier pas fait dans ce sens la découverte de la photographie, dont tout le monde n’a pas apprécié d’abord l’immense portée et dont l’explication réelle demeure encore si incomplète. 11 a été trouvé là un certain nombre de corps, tels que le bromure d’argent, qui, au lieu de rélléchir la lumière, de l'absorber, de la transformer en chaleur, etc., comme l’immense majorité des éléments le font, transforment une partie de la force vive reçue en réactions chimiques : force vive
- dont la forme vibratoire à longueur d’onde trop cou r le, dépassan t Lui tra-violel, est souvent imperceptible à notre œil. Ultérieurement, les tra-e Becquerel, etc., ont fait autres substances encore plus particularisées (du moins en tant qu’elfet notable) qui émettent (ou restituent) ces radiations spéciales, dont les particularités ont surtout étonné parce que nous avons l’habitude de tout rapporter au cas essentiellement subjectif de notre sensibilité. Ces radiations, qui mettent extrêmement longtemps à se dégager et dont le déga-gement s’accompagne d’un changement au moins apparent dans la constitution moléculaire des corps par lesquels elles sont émises, il n’est pas interdit de penser qu’elles ont, elles aussi, une première origine solaire, mais qu’elles ont trouvé une occasion de s’emmagasiner d’une manière quelconque avec une persistance extrême, comme, à des degrés divers, la simple radiation lumineuse persiste dans la rétine, ou rend plus ou moins longtemps lumineux des corps inlluencés, fugitive dans le spath, durable dans les sulfures, comme aussi réchauffement produit par un rayon de lumière dure un temps variable, etc., etc.... Un entre là dans le vaste champ si attirant de l’inconnu, elle nom de Henri Becquerel restera attaché à une des principales étapes accomplies au xixe siècle pour prendre possession de ce domaine. L. De Lauxay.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiure, rue de Fieufus, 9.
- Henri Becquerel.
- p.224 - vue 228/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1842.
- 12 SEPTEMBRE 1908.
- LES GALLAS AU JARDIN D’ACCLIMATATION
- Le Jardin d’Àcclimalalion nous a accoutumés depuis quelques années à une série d’exhibitions ethnographiques fort bien combinées et qui ont obtenu un grand succès de la part du public. 11 est fort à souhaiter qu’elles continuent et que ce succès lui-mème se confirme et s’accroisse. Trop longtemps on a pu caractériser le Français comme un être qui ne connaît pas la géographie, et si ce trait, fâcheux et juste, était en partie excusé par le fait qu’on a peu de raisons de s’intéresser à autrui lorsqu’on est bien chez soi, il faut avouer qu’il n’allait pas sans inconvénients : il aurait particulièrement risqué de
- en quelques mots les principales caractéristiques dew ces dallas, qu’on aurait bien tort de prendre pour des primitifs ou même simplement pour des sauvages.
- Si souvent que de nos jours encore on donne à l’Afrique le nom de « Continent noir » c’est là une appellation tout à fait erronée : sans parler, en effet, des blancs Arabes et Berbers, ni des jaunes comme les Bushmen et les Hottentots, il s’en faut bien que ses autres habitants puissent se réunir indistinctement sous la seule épithète de nègres. Déjà, aux temps les plus reculés où puisse nous faire remonter la
- i
- La caravane des Gaîlas au Jardin d’AccIimatation.
- nous faire accuser d’étroitesse d’esprit. Nous n’en sommes plus là heureusement; nous commençons, au moins par la pensée, à sortir volontiers de chez nous, et nous voyons qu'il y a beaucoup de choses à apprendre. Ceux de nos lecteurs qui ont déjà pu aller voir les Gallas seront certainement de notre avis ; un peu de la vie du fameux ancien « Continent mystérieux » leur est apparu au spectacle de ces beaux guerriers à teint clair, mélange, semble-t-il, de traits nègres et de traits sémites, fiers de regard, sûrs de démarche, hardis cavaliers dont les fantasias brillantes éblouissent, lorsque, lancés au galop de leur chevaux nerveux et petits, ils volent à travers la grande pelouse du parc et lancent prestement au passage leur longues sagaies légères sur la ciblé de bois. On nous saura certainement gré de donner ici
- 36e année. — 2e semestre.
- préhistoire africaine (à peine esquissée), la diversité ethnique était fort grande sur le sol africain, et pareillement, sans aucun doute, la diversité de civilisation : des nègres, hauts et noirs, au Nord ; des Négrilles, nains à peau brune, au centre ; des Bushmen, petits et jaunes, au Sud, constituaient vraisemblablement le plus ancien fond ; sur celui-ci de nombreuses vagues envahissantes vinrent ensuite déferler tour à tour, modelant peu à peu, brassant le milieu ethnique, pour l’amener à l’état où nous le trouvons aujourd’hui : l’élément chamitique d’abord (la race méditerranéenne du savant italien Sergi),puis à des époques diverses, fort disputées, mal connues, les Éthiopiens, les Berbers, les Sémites, venus de l’autre côté de la mer Rouge, etc. De nos jours on peut en somme reconnaître sept grands groupes dominants
- 15. — 225
- p.225 - vue 229/647
-
-
-
- 226 ====== LES GALLAS AU JARDIN D ACCLIMATATION
- dans le milieu complexe résultant de ce travail séculaire, groupes qui constituent de réelles unités, à la fois géographiques, linguistiques et, en partie, anthropologiques. Ce sont : 1° les Arabo-Berbers (Sémito-Chamites) ; 2° les Ethiopiens (Kouchito-Chamites) ; 5° les Eoulah Sandé ; -4° les Négrilles (Pygmées); 5° les Négritiens (Nègres Soudano-Gui-nôens); 6° les Bantus; 7° les Hottentots Bushmcn1.
- C’estparmi les Ethiopiens que se rangent les Gallas, qui en représentent meme (avec les Bedjas) le type le plus pur 2 : leur taille est assez élevée (1,67 m. en moyenne d’après Deniker), leur teint brun clair, avec des reflets rouges, un peu cuivrés, leur tête allongée, leurs cheveux frisés, plus bouclés que ceux des Arabes, moins crépus que ceux des Nègres; leur visage est souvent fort beau, aristocratique et fin, le corps et le port pleins d’élégance et de noblesse, tons traits d’une supériorité physique évidente, reflet visible d’une réelle distinction mentale, qu’il faut sans doute attribuer à une forte dose de sang sémite.
- Ces Gallas habitent à l’Ouest de la grande presqu’île des Somalis, dans l’espace compris entre la rivière Djouba, le lac Rodolphe et le mont Kénia, dans une vaste région plus grande que la France, où ils forment un ensemble de 7 à 8 millions d’individus, groupés en une multitude de tribus nomades et guerrières, aussi variées que possible entre elles sous tous les rapports : constitutions politiques, systèmes religieux, mœurs, mais en général marquées d’un amour commun pour les plaisirs et les peines de la vie guerrière.
- L’organisation de la famille est chez eux toute patriarcale, comme dans la plupart d’ailleurs des sociétés africaines, et la femme, nettement inférieure à son mari, y est pour beaucoup un instrument de travail que l’on se procure en payant, non sans avoir d’abord accompli tous les rites obligatoires du mariage, c’est-à-dire scellé le contrat religieuse-
- t
- 1 Voir à ce sujet, et sur tout ce qui concerne l’ethnographie et l’anthropologie africaine, l’excellent manuel de notre savant collaborateur M. J. Deniker, Races et peuples de la terre. Paris, Schleicher, 1900, p. 491 et suivantes.
- 2 En toute vérité, il faut bien dire que les Gallas du Jardin d’Acclimatation ne paraissent pas confirmer ce que nous venons de dire. Mais la pureté de type n’est guère, il ne faut pas l’oublier, un article d’exportation, et les troupes qui nous arrivent en Europe sont souvent composites. Dans le cas présent, les individus forment un ensemble assez hétérogène, et où quelques-uns se présentent avec d'évidents caractères de « sang mêlé », qui semblent allester la présence dans le nombre de quelques Somalis, où le croisement de sang arabe et de sang éthiopien altère fortement la pureté du type. Nous avons vainement essayé, soit en anglais, soit cri arabe, d’interwiever quelques-uns do ces Gallas ; mais nous n’avons rien obtenu de satisfaisant sur le point qui nous intéresse, soit qu’ils n’aient pas compris nos questions, soit, ce qui nous paraît plus probable, qu’ils se retranchassent derrière une sorte de « secret professionnél ». L’un d’eux nous a bien dit nettement qu’il^était originaire du Somaliland, mais le terme est si vague qu’il est vraiment impossible d’en rien conclure. Tout ce que nous disons dans ce court article est donc vrai des Gallas en général, mais peut être faux de tel ou tel des individus de la troupe du Jardin.
- ment. L’essentiel delà cérémonie consiste ici, comme dans bien d’autres cas aussi, en line communion, les deux futurs époux buvant tour à tour à la même tasse, remplie jusqu’aux bords de lait de chamelle, et qùi est ensuite brisée pour ne plus servir. La cérémonie du divorce est en quelque sorte symétrique de la précédente, et de même que celle-ci consistait en l’établissement d’une sorte de lien mystique, image du lien réel des époux, celle-là se pratique par la rupture du même lien, symbolisé par une liane cpii réunit le mari et la femme tournés dosà dos, rupture et position rappelant quelque peu ces jolies scènes où Molière fait rompre la paille entre Marinelte et Gros René. Seulement ici ce ne sont pas les intéressés eux-mêmes qui accomplissent le geste de libération : le chef demande à chacun des conjoints s’il désire renoncer à l’union et c’est lui qui, sur leurs réponses concordantes, brise la liane d’un coup du fer aiguisé de sa lance : les époux se séparent en chantant et courent se mêler à une danse et à des jeux qui ne manquent pas de rehausser la fête et qui sont d’ailleurs, comme il est naturel, tout analogues à ceux qui suivent la cérémonie du mariage.
- Les rites de funérailles donnent également lieu à des usages pleins d’intérêts; nous signalerons le plus curieux, qui n’est pas sans présenter quelque ressemblance avec des coutumes encore connues aujourd’hui en Europe et pratiquées notamment par les Corses, usage à la fois religieux et esthétique et qui devra certainement attirer l’attention lorsqu’on entreprendra un jour d’étudier les formes primitives de l’épopée : dès que le mort, entouré de ses parents et de ses amis, est étendu dans son cercueil ouvert, et que, pour la dernière fois, on s’est penché sur son corps, un des notables de la tribu s’avance, et, rappelant à mots rapides la vie du défunt, il lui reproche les fautes qu’il a commises; sur quoi un interlocuteur surgit aussitôt, qui ne manque pas de présenter ardemment la thèse contraire et qui, réfutant d’abord tous les griefs avancés par l’accusateur, se livre au plus brillant éloge de son ami décédé, comme si ces certificats derniers devaient assurer à son âme délivrée un meilleur accès dans ce monde d’au delà où elle est censée devoir bientôt entrer.
- Ceux de nos lecteurs qui iront voir les Gallas au Jardin d’Acclimatation n’auront certes pas la chance — nous l’espérons du moins ! — d’assister à aucune de ces intéressantes cérémonies, mais nous croyons que la description sommaire que nous venons d’en donner suffira à leur faire considérer ces hommes autrement que comme de grands enfants. Ce développement des rites matrimoniaux ou funéraires, sans parler de tant d’autres que nous pourrions citer, implique en effet — qu’on ne s’y trompe pas — un état remarquable de civilisation, et il suffira au promeneur du moindre regard jeté sur les armes, les vêtements ou les parures des Gallas du jardin, de la moindre conversation en anglais avec eux, pour se pénétrer profondément de cette idée que devant lui se tiennent de vrais hommes, c’est-à-dire des hommes
- p.226 - vue 230/647
-
-
-
- MUSÉE COMMERCIAL — DÉNUDATION DES ROCHES DURES 227
- de la sociélé el non des hommes de la nature, des hommes qui demain, — un demain tout proche sans nul doute! — seront à chercher comme amis, à craindre comme adversaires. Ce qu’il y a de plus
- mystérieux dans ce vieux continent africain si longtemps méprisé, ne serait-ce pas la ilamme qui brille dans le regard de ses habitants, inquiétante peut-être?... Marcel Blot.
- UN MUSÉE COMMERCIAL JAPONAIS
- Le ministère du Commerce Japonais, en vue de créer à Tokio, avec succursales dans les principales villes industrielles de l’empire, un Musée du Commerce, a chargé les agents consulaires japonais dans tous pays, de réunir des échantillons d’objets et marchandises manufacturés. Des missions spéciales parcourront l’Europe et l’Amérique dans le môme but. Le gouvernement Nippon estime que ce musée sera d’une assistance efficace pour les industriels indigènes, en leur offrant des modèles dont ils pourront s’inspirer, el contribuera puissamment au développement du commerce extérieur du Japon, qui commence à importer en Europe et aux Etats-Unis d’énormes quantités d’objets manufacturés, etc. Reste à savoir si
- le musée commercial répondra à l’espoir de ses fondateurs. L’œuvre ne manque pas de précédents fâcheux. On se rappellera le cas du National Commercial Muséum fondé à Philadelphie il y a une quinzaine d’années, et qui coûta des sommes énormes. La direction se vit bientôt dans l’impossibilité de tenir à jour les collections. Dès lors, le musée ne remplissait plus sa mission, et les personnes intéressées (fabricants et commerçants) cessèrent de le visiter. Une tentative, faite par le ministère du Commerce Autrichien, n’a pas l'encontre plus de succès. Mais l’esprit méthodique dont les Japonais ont donné tant de preuves, au cours de la guerre de Mandchourie, peut leur valoir le succès là où les au Ires échouèrent.
- LA DÉNUDATION DES ROCHES DURES
- A propos de notre article sur les cités fantastiques des Mauvaises Terresi, plusieurs lecteurs nous ont demandé comment la dénudation destructrice des roches siliceuses dures, comme les formations volcaniques, pouvait s’exercer matériellement au point d’en enlever des épaisseurs considérables, tout en laissant subsister des témoins aussi élevés et aussi singuliers que la Tour du Diable du Wyo-ming.
- On se figure assez aisément comment la déflation, ou action du vent violent (abrasion éolienne) entraînant des particules contondantes de sable, qui font office de poudre d’émeri, réussit à dégrader des pierres rela-
- 1 Voy. n° 1774, du 25 mai 1907.
- tivement tendres ou peu cohérentes comme les grès (à Oupliz-Tsiké, par exemple, en Transcaucasie1
- (fig. 2); au Cap Blanc, dans le Sahara2, au Transvaal), et comme certains granits tendres dans le Sahara, l’Espagne (fig. 1, n° 5), le Portugal, le Limousin, le Transvaal (fig. 1, nos 1 et 2)3 ; comment la corrosion ou action chimique des eaux (extérieures ou souterraines) chargées d’acide carbonique dissout les gypses et par-
- 1 Voy. n° 1637,
- 8 octobre 1904.
- 3 Voy. n° 1740, 29 septembre 1906.
- 3 Voy. sur ce sujet mon ouvrage (sous presse) : La • Côte d'Azur Russe, cbap. xix et les travaux de J. Brunhes, E. Philippi, J. NYal-ther. Voy. aussi J. Vai.lot, Études 'pyrénéennes (II ; destruction des pics granitiques, l’Ardiden). Paris, Lecbevalier, 1887, in-8°.
- Fig. 1. — 1. Déflation du granit à Chuniespoort (Transvaal). 2.-Piliers de granit d’Alkmaar (Transvaal).
- 3. Déflation du granit entre Avila et l’Escurial (Castille).
- p.227 - vue 231/647
-
-
-
- DÉNUDATION DES ROCHES DURES
- 228
- vient à perforer et meme à ronger tant de parois et murailles calcaires de cavernes et de canons; — comment les infiltrations d’eaux pluviales, entre des assises perméables et des couches d’argile im-
- Fig. 2. — Déflation dos grès d’Oupliz-Tsiké.
- perméables, finissent, par délayer la surface supérieure de celles-ci et par provoquer le glissement, l’écroulement, l’émiettement de masses énormes de terrains privés d’un support trop amolli. Mais on conçoit moins facilement, la disparition à peu près totale, le découpage en minces aiguilles isolées, de ces pierres siliceuses volcaniques, si réfractaires par leur composition chimique à la morsure de la corrosion, et si résistantes au choc du marteau, qu’elles semblent devoir défier l’assaut de toutes les forces naturelles connues.
- En France même, il existe un petit massif montagneux, souvent cité ici pour l’étrange beauté de ses sites, qui fournit à souhait la réponse à la question ainsi posée : c’est celui des porphyres permiens de l’Estérel (Var et Alpes-Maritimes), entre Saint-Raphaël et Cannes1. Sur tous les sommets aigus et dans tous les ravins déchiquetés, si admirablement colorés en rouge de l’Estérel, on est partout frappé par la multiplicité des fissures verticales qui divisent la roche en d’irréguliers polyèdres; ceux-ci n’ont certes pas la figure géométrique des prismes du basalte; mais, quoique de contours beaucoup plus grossiers, ils ont la même origine : ce sont des fentes de retrait produites parle refroidissement des coulées éruptives. Or, de même que les calcaires, compactes aussi par structure, mais tronçonnés par les retraits de dessiccation ou de compression, présentent par toutes leurs failles, diaelases et joints de stratification, une foule de lignes ou plans de moindre résistance, de même les porphyres de l’Estérel, une des roches les plus dures que l’on connaisse, ont offert dans leurs craquelures naturelles une foule de points d’attaque, favorables pour l’agent destructeur
- 1 Voy. nos 996, 2 juillet 1892; 1207, 18 juillet 1896; 1507, 18 juin 1898.
- par excellence, l’eau. Comme pluie ou comme torrent, celle-ci a été le réel dégradateur, démolisseur, on peut le dire, de l’Estérel, et les trois vues ci-contre, prises au hasard parmi les innombrables exemples pareils, dont abonde le massif, le démontrent éloquemment, ha montagne du Cap-Roux (453 m.), un des principaux sommets, donne (lig. 4) les deux aspects qui caractérisent toutes les cimes de l’Estérel: en haut, des falaises à pic toutes hachées de cassures verticales, entre lesquelles la pluie s’insinue, entraînant de menus débris organiques, végétaux ou pierreux, qui font office de coins, provoquent l’agran-
- Fig. 5. — EsLcrcl. Roc du Pigeonnier.
- dissement de la fente, amènent tôt ou tard un éclatement et abattent, l’un après l’autre, sur les pentes, les polyèdres de roches prédestinés à cette désagrégation par le réseau des cassures entre-croisées ; — de là proviennent, au pied des escarpements, les débris tombés, s’étalant en immenses talus uniformément
- p.228 - vue 232/647
-
-
-
- DENUDATION DES ROCHES DURES
- = 229
- inclinés à 55° (pente normale des éboulis) ; ces manteaux de pierre plus ou moins grossiers s’appellent des clapiers: sur eux aussi les fortes pluies, les gros orages exercent une action modificatrice profonde :
- et il n’est pas dit que, sapée par les crues, cette base ne sera pas emportée un prochain jour, entraînant la chute de toute la colonne.
- C'est ce qui est déjà survenu pour une autre belle
- Fig. 4. — Eslércl. Sommet et clapiers du Cap-Houx.
- le ruissellement entraîne les menus cailloux et, de proche en proche, occasionne des déplacements locaux ou généraux de l’éboulis qui,' peu à peu, descend au fond des thalwegs où les torrents finiront par le réduire en sable. Ces torrents eux-mèmes s’attaquent aussi directement à la roche porphyriquc en place : par exemple l’élégante colonne dite roc du Pigeonnier (fig. 5), montre nettement comment le ruisseau des
- pointe de l’Kstérel, l’obélisque du Mal Infernet (fig. 5) : jadis le torrent;, avant d’ètre approfondi à son niveau actuel, a coulé quelque temps en deux branches autour de l’aiguille, qu’il avait préalablement isolée ; puis, continuant la sape des lissures, il lit choir le haut de l’Obélisque, qui gît maintenant au pied en une grande dalle entourée de fragments plus petits ; l’éhoulcment paraît même avoir obstrué l’un des
- Fig. 5. — Eslérel. Obélisque du Mal Inlernet.
- Aiguilles a creusé son lit parmi les fissures verticales préexistantes ; l’obélisque est resté debout comme fragment très homogène de porphyre ; sa partie supérieure a même une forme hexagonale de régularité presque basaltique ; mais, à sa base, et à gauche, une fissure oblique s’élargit vers la rivière
- deux bras de rivière et c’est à droite de notre vue que le cours d’eau continue désormais son lent mais sûr approfondissement. Tels sont, pris absolument sur le vif, les procédés mécaniques employés par les eaux ruisselantes ou courantes pour la désagrégation des plus durs terrains. K.-À. Martel.
- p.229 - vue 233/647
-
-
-
- 230
- AVIATION — QUELQUES PLANEURS
- L’avialion a pris naissance dans la théorie pure ; quelques hardis pionniers osèrent seuls se livrer à des expériences de vol avec le vent comme seule force motrice. Ces hommes étaient dans le vrai, mais leurs dangereuses expériences ne firent que peu d’adeptes et il fallut attendre la mise au point du moteur à explosions, qui apportait une nouvelle puissance permettant de suppléer à l’absence de vent, pour que le plus lourd que l’air prît son essor. La vitesse est alors devenue la condition sine qua non du pla-nemcnt et il ne peut en être autrement tant que les appareils n’auront pas atteint une certaine hauteur. Parvenus dans les régions où les vents ascendants souillent avec régularité, le moteur ne sera plus indispensable et le planemcnt pourra être obLenu. Actuellement le problème de l’aviation se pose donc ainsi : construire des appareils capables de s’élever assez haut dans l’atmosphère où ils planeront ensuite en utilisant presque exclusivement la force du vent.
- Tout planeur doit être parfaitement stable. Celle stabilité n’est possible que si l’appareil se tient parfaitement d’équilibre dans le sens longitudinal, dans le sens latéral et dans la direction. Voici un petit jouet, facile à construire, qui réalise ces trois conditions.
- Prenez une feuille de papier A PCD (fig. 1) dont les dimensions soient dans le rapport approximatif 15 à 10. Pliez-la en deux dans
- le sens de la largeur suivant le
- pointillé 1, puis la moitié 1 BD 1 en deux; rabattez 2BD 2 sur 1 2 2 1 et pliez encore en deux. Rabattez enfin le tout, qui sera devenu 15 5 1 sur la première moitié de la feuille ; vous obtiendrez alors une surface plane Al IC sur laquelle la moitié soumise à ses pliages respectifs occupera la position 4 1 1 4. Pliez ensuite ce plan dans le sens longitudinal suivant EF par conséquent, de manière à former un dièdre ; enfin constituez un gouvernail à ce dièdre par un nouveau pli GI1 que vous dirigerez successivement sur les deux plans du dièdre, afin de lui donner une direction indépendante de chacun des plans. Vous obtiendrez alors un planeur parfait qui, tenu par le gouvernail et abandonné à lui-même, parcourra 5 à 0 m. en conservant parfaitement son équilibre. On obtient un plus long parcours en incurvant un peu l’extrémité antérieure des ailes comme le montre notre figure. Le centre de gravité de ce jouet est situé en G, à quelques millimètres en arrière de l’épaisseur produite par la demi-feuille pliée; vérifîez-le sur la pointe d’un crayon. Naturellement la longueur du trajet parcouru dépend de la hauteur de chute; lancé d’un deuxième étage, il atteindra facilement 20 m. par temps calme. Voilà un bon planeur.
- Parlons dés autres, de ceux de l’année, qui ont
- pris Pair ou qui se disposent à le faire. On en compte une centaine en France, autant à l’étranger; tous ne sont pas connus, heureusement ! Nous ne décrirons que les principaux.
- Ellehammer. — L’un des plus intéressants parmi les aéroplanes étrangers. Il est formé de trois places superposées dont la surface totale est de 57 m2. Le poids de l’appareil est de 125 kg seulement, non compris le pilote. Le moteur appartient à un type spécialement construit par l’inventeur; il pèse 54 kg pour 50 chevaux et actionne, à raison de 400 tours par minute, une hélice à 4 branches en aluminium. Cet appareil est particulièrement remarquable parce qu’il tend à réaliser l’équilibre automatique, problème des plus passionnants en aviation ; pour cela l’auteur, par des moyens connus de lui seul, abaisse son centre de gravité qui est placé normalement à 1,50 m. au-dessous du centre de résistance des plans; d’autre part, pendant le vol, ce centre de résistance est situé sur la même trajectoire que l’axe de l’hélice. Enfin, le gouvernail de profondeur est également pourvu d’un jeu automatique. Cet appareil aurait effectué, paraît-il, plus de 200 vols dont le principal, qui eut lieu le 1er janvier 1908, fut de 175 m. .lusqu’ici aucune confirmation officielle n’existe.
- Gaslambide-Mengin. — Le planeur Gastambide-Mengin, qui a réussi ses premières envolées récemment, est un monoplan constitué par un corps quadrangulaire de 7 m. de longueur, sur lequel sont amorcés les 4 bras porteurs des 2 ailes de 10 m. d’envergure et 24 m2 de surface. Une queue de forme triangulaire, de 2,50 m. de longueur, termine l’appareil. Le poids total, y compris celui de l’aviateur, est de 400 kg; l’enlèvement a lieu lorsque la vitesse sur le sol atteint 40 km à l’heure. L’hélice, placée à l’avant, est en prise directe sur le moteur Antoinette de 50 chevaux. Dans cette position, le rendement du propulseur, qui souffle directement sur l’appareil, est moins bon, mais la simplification de transmission qui en résulte paraît assez avantageuse pour compenser la perte de rendement subie. En projection horizontale, les ailes ont la forme d’un trapèze de 5 m. de hauteur et dont les bases ont respectivement 1,70 m. et 5 m.
- La première sortie du monoplan eut lieu le 8 février; il s’éleva à 4 et 5 m. de hauteur, puis le lendemain il effectua des vols de 100 à 150 m. Le 14 février, après avoir effectué un trajet de 60 m'.'à 7 m. de hauteur sur la pelouse de Bagatelle, son pilote voulut éviter un bouquet d’arbres; la manœuvre fut exagérée et le planeur, après avoir touché le sol, se renversa. Après avoir été réparé l’appareil a effectué de nouvelles manœuvres assez
- p.230 - vue 234/647
-
-
-
- AVIATION — QUELQUES PLANEURS =:---------—-----231
- réussies les 20 et 21 août. On dit que la Société Antoinette qui l’a construit vient de le mettre à la réforme; il sera remplacé par un autre modèle.
- Kapférer. — Tout en consacrant une bonne partie de son temps au dirigeable Ville de Paris qu’il a piloté avec une sûreté de main incomparable,
- formé de deux plans disposés en croix
- Le poste de l’aviateur est placé entre les 2 grandes ailes et l’ensemble du bâti est tendu de papier parcheminé spécial et verni ensuite, sauf la cabine recouverte de feuilles de mica. Tout à fait eu avant du châssis, on a disposé une plaque d’aluminium sur laquelle se fixe le moteur qui actionne une hélice à 4 branches. 2 roues à l’avant, montées sur une suspension élastique et une roue à l’arrière, supportent l’engin. Sur la membrane des ailes est également tendu un papier parcheminé qui remplace avantageusement l’étoile de coton.
- Le moteur sort des établissements HEP; il appartient au type 7 cylindres de 55 chevaux et actionne une. hélice de 4 branches de 2,10 m. de diamètre. En ordre de marche, l’appareil pèse 400 kg et la surface des plans totale porteurs est de 50 m2 ; sa
- vitesse d’enlèvement est de 50 km à l’heure. Ce planeur possède, en outre, le très grand avantage de pouvoir être rapidement démonté ; le moteur lient à la plaque d’aluminium par 4 boulons seulement et les ailes sont montées sur des boites métalliques un peu comme les rémiges des ailes des oiseaux ; on les enlève avec la plus grande facilité. Les prochaines expériences de M. Kapférer se feront à Bue, sur le terrain de M. Robert Esnault-Pelterie.
- René Gasnier. — Aéroplane tout nouveau, avec deux plans porteurs superposés de 10 m. d’envergure m2 de surface totale. Le gouvernail est placé à l’avant; il sert à communiquer à l’appareil la direction dans les deux sens : vertical et horizontal. À l’arrière, se trouve un plan stabilisateur de 5,50 m2 de surface. L’aéroplane mesure 9 m. de longueur et il pèse 400 kg. son moteur est un Antoinette de 40 chevaux, à 8 cylindres; l’hélice est placée à l’arrière des plans porteurs.
- Cet appareil se dispose à faire ses prochains débuts ; la vitesse nécessaire à son enlèvement est d’environ 50 km à l’heure.
- Red Wing. — C’est un appareil américain, auquel s’intéresse beaucoup, dit-on, le professeur Graham Bell. 11 est constitué par 2 plans de soie superposés et arqués transversalement, ainsi que le montre fort bien notre photographie. Le plan supérieur est un peu plus long que le plan inférieur; il mesure 15 m. d’envergure et le second 11 m. Leur surface totale est de 55 m2 et ils sont réunis par une armature de montants maintenus par des haubans. A l’arrière, l’appareil se termine par une queue horizontale surmontée d’un gouvernail vertical et, en avant, a été placé le gouvernail horizontal
- M. Kapférer na cependant cessé de pra tiquer l’aviation.
- Le dernier modèle d’aéroplane construit par cet ingénieur est du type Langiey ; il est constitué par une carène de section quadrangu-laire mesurant 6,50 m. de longueur, terminée par une simple poutre de 5,40 m. porteuse du gouvernail. La carène est llanquée à droite et à gauche de deux paires de grandes ailes diédriques de 10,85 m. d’envergure.
- 2 ailes plus petites, en avant des premières, permettent de modifier l’angle d’attaque ; tout à fait à l’arrière, est assujetti le gouvernail
- Fiif. -2. — Avialeur Ellehammer.
- et 50
- p.231 - vue 235/647
-
-
-
- 232 =========== AVIATION — QUELQUES PLANEURS
- dit de profondeur. Le pilote prend plaee entre les deux surlaces, ainsi (pie le moteur qui est un moteur Curtiss à 8 cylindres, faisant 1800 tours et à refroidissement par l’air, l’hélice est à ‘2 branches.
- L’appareil monté pèse 258 kg. Les premiers essais du Red Wing eurent lieu le 9 mars; ils ne donnèrent aucun résultat; mais le 12 mars, la machine ayant été transportée sur un lac gelé qui favorisa son lancement, et montée par M. Baldwin de Toronto, s’éleva à une hauteur de 5 à 6 m. en elleetuant un parcours total, mesuré en ligne droite, de 90 m. A la descente l’appareil fut quelque peu endommagé.
- Auff'm-Ordt. — Les premiers essais de l’appareil de M. Clément Auffm-Ordt ont eu lieu à Bue sur le champ d’expériences de M. Esnault-Pellerie.
- Les deux ailes, qui constituent la partie susten-tatrice de ce planeur, présentent une particularité assez curieuse. Au lieu d’étre représentées chacune par un plan unique et rigide, elles sont faites de deux portions de plans ; la première comporte deux plans assemblés suivant un angle aigu au sommet de l’appareil et formant une sorte de toiture fixe. Cette partie centrale se prolonge à droite et à gauche de l’appareil par les deux ailes, à peu près horizontales, montées" sur un cadre transversal; elles sont articulées en leur milieu et peuvent osciller autour de la naissance du cadre, c’est-à-dire de l’axe longitudinal de l’appareil. L’inventeur dispose donc là d’une sorte de balancier automatique à l’aide duquel il espère obtenir un équilibre transversal parfait. La surface totale de ces plans est de 20 m2 et leur envergure de 8 mètres.
- Le châssis sur lequel sont montés ccs plans est porté par trois roues ; il se prolonge à l’arrière par une simple perche haubanée qui se termine par une cellule stabilisatrice à quatre faces ; le gouvernail de profondeur est placé à l’intérieur de cette
- cellule. Eniin, tout à fait à l’arrière, se trouve le gouvernail de direction mobile autour de son axe vertical.
- Le système propulseur est représenté par un moteur BEP de 55 chevaux placé à l’avant et actionnant l’hélice à deux branches qui a 2,50 m. de diamètre. L’appareil pèse 500 kg, aviateur compris. Jusqu’à présent, il n’a effectué que des essais sur le sol.
- Goupy. — Le planeur Goupy se rapproche! du type Ellehammer par les trois plans superposés qui constituent ses surfaces portantes. Les premiers essais de planement sans moteur eurent lieu avec des appareils à plans multiples, le système a été ensuite abandonné par la presque totalité des chercheurs ; le dispositif repris par M. Goupy mérite donc l’attention.
- Le corps du planeur ressemble à ceux de tous les appareils sortant des ateliers des frères Voisin qui l’ont construit ; c’est une poutre fuselée de section quadrangulaire mesurant 9,50 m. de longueur et qui repose sur trois roues, deux à l’avant et une à l’arrière. Dans la cabine du pilote se trouve un moteur Renault à 8 cylindres faisant 50 chevaux et commandant une hélice de 2,50 m. de diamètre tournant à l’avant.
- Les trois plans du système porteur sont distants de 0,95 m. les uns des autres; ils mesurent 7,50 m. d’envergure et 1,60 m. de largeur; leur membrure est faite exactement comme celle du Flying-Fish d’Henri Farman que nous avons récemment décrit. La voilure est en étoffe caoutchoutée. Le stabilisateur, placé à l’arrière de la poutre, se compose de deux plans superposés de 4 m. de longueur et
- 1,60 m. de largeur; il reçoit le gouvernail horizontal de 5,75 m. de longueur et 0,75 m. de largeur. Enfin, sur le sabot de la poutre s’élève l’axe vertical autour duquel se meut le gouvernail de direction. La surface totale des plans est de 45 m2 et le poids
- Fig. S. — Aéroplane René Gasnier.
- p.232 - vue 236/647
-
-
-
- AVIATION — QUELQUES PLANEURS ... 233
- de l’appareil moulé est de 500 kg. La première sortie de ee planeur 11e saurait tarder.
- Berlin. — Après avoir débuté dans l’élude du plus lourd que l’air par la construction d’un hélicoptère, M. Berlin et son collaborateur M. bouline se sont décidés à transformer leur appareil primitif en un autre, à la ibis hélicoptère et aéroplane.
- L’hélicoptère était constitué par un châssis portant le moteur, spécialement construit par les inventeurs, qui actionnait deux hélices horizontales servant au soulèvement et à la sustentation, et une hélice de traction. Le moteur, qui lait 120 chevaux, est à huit cylindres horizontaux ; il comporte plusieurs particularités inédites encore secrètes.
- A la suite de la transformation qu’il a subie, l'appareil se trouve pourvu de deux ailes sous chacune desquelles se trouvent deux autres plans plus petits formant gouvernail de profondeur. L’arrière a
- vitesse de boitement de 80 à 00 km à l’heure.
- Avec cet appareil, l’inventeur battit le record en hauteur de toutes les machines volantes dans la journée du 8 juin. Ayant tout d’abord elfectué deux vols successifs de 500 et 500 m., il se disposa ensuite à faire sa troisième envolée. Elle fut impressionnante, l’engin s’élevant constamment et filant à une vitesse d’environ 80 km à l’heure eut bientôt quitté le champ d’expériences. A proximité du village de Toussu-le-Noblc, l’aviateur hésita à le franchir; il dirigea sa direction vers le sol et descendit un peu trop brusquement, ce (pii lui valut une légère luxation de l’épaule droite; l’appareil fut également endommagé. Ce magnifique vol eut lieu sur une longueur de 1200 m. et à la hauteur de 50 m.
- Le monoplan, qui est actionné par un moteur BEP de 50 chevaux, est entièrement tendu de toile caoutchoutée ; l’hélice à 4 branches a un rendement
- reçu une longue queue horizontale pourvue d’un plan sous-ventral, sorte de quille, et qui se prolonge par le gouvernail vertical de direction. A l’avant se trouve l’hélice de traction.
- De l’hélicoptère, l’engin n’a conservé qu’une hélice sustentatrice de 2 m. de diamètre à laquelle on demande seulement d’alléger l’appareil de 150 kg. A bientôt les essais.
- Robert Esnaull-Pellerie. — La construction et l’aménagement de l’importante et très moderne usine créée par M. Robert Esnault-Pelterie à Billancourt, n’a pas empêché le jeune inventeur de continuer ses travaux sur le planement. Le nouvel appareil qu’il a mis en chantier est encore un monoplan assez semblable à celui de l’année dernière, mais moins élevé, et plus court. Les ailes so'nt mobiles dans tous les sens par un système de commande spécial placé sous la main du pilote; de plus, un frein hydro-pneumatique a été ajouté en vue des atterrissages.
- En ordre de marche, le planeur pèse 550 kg; la surface totale des plans étant de 17 m2, chaque mètre carré porte donc 20 kg, ce qui nécessite une
- de 84 pour 100. Toutes les commandes intéressant les divers organes sont dissimulées dans le corps cylindrique ou dans l’épaisseur des ailes; l’appareil se termine par une quille surmontée d’un plan vertical. Les expériences viennent de reprendre; l’inventeur emporte avec lui un réservoir contenant 55 litres d’essence qui lui permettront d’exécuter des vols de 4 heures consécutives.
- Albert Bazin. — M. Albert Bazin est l’auteur d’un appareil à ailes battantes, tendant, par conséquent, à imiter le vol des oiseaux rameurs. 11 se compose d’une carène fusiforme contenant le mécanisme et le pilote et portant, de part et d’autre, deux plans entoilés, épais à l’avant et articulés en leur milieu. Nous sommes donc en présence d’un véritable aéroplane dont les ailes, rigides à la naissance, se terminent par une section mobile. Ces ailes ont 14 m. d’envergure, 8 m. de longueur et 22 m2 de surface. Le poids total, en ordre de marche, est de 170 kg et le moteur, à trois cylindres, fait 12 chevaux. Le mouvement du moteur est transmis, démultiplié, aux ailes mobiles, par deux manivelles
- p.233 - vue 237/647
-
-
-
- 234
- AVIATION — QUELQUES PLANEURS
- agissant sur deux balanciers solidaires de ces ailes pour réaliser le coup d’aile descendant. Deux brides de caoutchouc, antagonistes du mouvement précédent, tirent sur les ailes pour la remontée. L’ampli-
- verni. Trois roues : deux à l’avant et une à l’arrière, portent l’ensemble.
- On a ménagé, dans l’angle arrière de chaque aile, une échancrure qui est occupée par un aileron mo-
- Fig. 7. — Aviateur Aull'ni-Ordt.
- tude des battements est de -40° au maximum et leur durée peut varier de 0,8 à 1,6 à la seconde.
- Une queue horizontale assure l’équilibre longitudinal ; elle est actionnée par le déplacement, d’avant en arrière, du centre de gravité du pilote, déplacement qui concourt ainsi avec le « coup de queue » pour obliger l’appareil à plonger ou à se relever. Le mouvement des épaules et du torse raidit également l’une ou l’autre aile et assure ainsi l’équilibre latéral.
- Cet appareil a été expérimenté à l’aide d’un cable tendu entre deux pylônes ; les essais en liberté n’ont pas encore eu lieu.
- Wright. — Nous ne reviendrons pas sur l’appareil et les expériences du célèbre aviateur américain;
- bile monté sur un axe horizontal. Ces ailerons sont destinés à assurer l’équilibre latéral dans les virages, suivant qu’ils se placent dans le plan des ailes ou qu’ils forment un angle avec elles pour introduire une résistance.
- Le Blériot Vlll est équipé avec un moteur Antoinette de 50 chevaux placé à l’avant de la poutre servant de corps au planeur ; il actionne une hélice à quatre branches llexibles de 2,20 m. de diamètre.
- Cet appareil a permis à l’inventeur d’effectuer de nombreux vols, notamment le 17 juin : 600 ni.; le 18 juin : 12 vols de même longueur à 4 m. de hauteur. Ces prouesses lurent renouvelées par la suite, et enfin, le 17 juillet il atteignait 10 nu de hauteur. M. Blériot est certainement l’un des plus sérieux parmi les inventeurs que lente la navigation aérienne par le plus lourd que l’air.
- Après le n° Ylll, M. Blériot a construit le pla-
- Fig. S. — Le planeur Goupy.
- nous lions bornerons à renvoyer à l’article détaillé qui a été publié dans le précédent numéro.
- Blériot. — Le nouvel appareil de M. Biériot porte le il0 8. C’est dire que l’inventeur travaille la question sans désemparer, et, ceci soit dit en passant, le succès a récompensé ses efforts.
- Fig. 9. — Le olaneur Berlin.
- Le corps fuselé du Blériot Vlll a 10 m. de longueur; il porte, à l’avant, deux ailes de 11,20 m. d’envergure et 22 m2 de surface totale; les deux gouvernails, horizontal et vertical, sont à l’arrière. Le tout est recouvert d’un papier parcheminé et
- neur Yül bis qui fut victime d’un accident et il met la dernière main en ce moment au Vlll ter. Tous ces appareils sont pourvus du même moteur; c’est la raison pour laquelle ils portent le même numéro. Ils se ressemblent d’ailleurs dans la forme générale ; mais le nouveau modèle présente une particularité relative à la commande des ailerons et sur laquelle nous devons attirer l’attention. Dans les appareils précédents ces ailerons étaient d’une manœuvre très difficile par vent un peu fort; afin de supprimer cet inconvénient, M. Blériot les a équilibrés par rapport à leur point d’oscillation, c’est-à-dire qu’au heu d’être mobiles sur leur axe placé à leur base supérieure, cet axe a été porté au milieu de leur surface; ils oscillent donc sur un axe central. On les manœuvre alors sans aucune gêne par les vents violents. Ces ailerons sont appelés à donner l’équilibre latéral quelles que soient les conditions atmosphériques. Une nouvelle forme de planeur, le Blériot IX, est également en chantier, mais comme cet appareil ne pourra être terminé dans un laps de temps suffisamment rapproché, nous ne pouvons encore en parler.
- De tous les aviateurs actuels, M. Blériot est cer-
- p.234 - vue 238/647
-
-
-
- AVIATION — QUELQUES PLANEURS r=_=____________235
- tainement l’un des rares pour qui l’aviation soit une science et non un sport.
- Ferber-Levasseur: — On attend avec quelque impatience, dans le monde de l’aviation, la sortie du monoplan que le capitaine Ferber a construit en collaboration avec M. Levavas-scur.
- Le nouvel appareil se présente sous l'aspect d’un énorme planeur aux ailes raccourcies, d’un nouveau Flying-Fish, plutôt. Ces ailes, faites d’une solide armature en bois de frêne recouverte de toile de lin vernie, sont arrondies aux extrémités et fortement concaves ; le rendement aéro-dynamique de ces plans est assurément supérieur à celui des surfaces planes. Le corps longitudinal porte, à l’arrière, les plans stabilisateurs horizontaux et verticaux. L’appareil repose sur une roue porteuse unique derrière laquelle se trouve un balancier transversal terminé par deux petites roues. La suspension a également fait l’objet d’une étude spéciale; elle est munie d’un amortisseur à comprimé destiné à mettre l’appareil à l’abri
- par contre 2,50 m. de largeur, ce qui porte sa surface à 20 m2 environ. Ces plans sont réunis par des bois profilés. Le gouvernail horizontal, orientable en tous sens, est situé à l’avant; à l’arrière se
- ;t*;V 'W ; I *f ''' 'f ~ >
- Ü'
- m
- air
- des
- Fig. 10. — L’aéropiano Albert Bazin.
- trouve un plan fixe, rectangulaire, de 5 m2 de surface. Le moteur développe une puissance de 50 chevaux ; l’hélice a 2,05 m. de diamètre ;
- chocs trop brusques au moment de l’atterrissage.
- Pour ses premières sorties l’appareil, monté par le capitaine Ferber, sera pourvu d’un moteur Antoinette de 60 chevaux à 8 cylindres. On remplacera ensuite ce moteur par un autre de 100 chevaux à 16 cylindres et un passager prendra place dans le corps du nouveau monstre aérien. Le poids de l'engin sera d’environ 500 kg que seront chargés de soulever et de porter les 25 m2 de surface totale. La vitesse d’enlèvement prévue est de 60 km à l’heure.
- Zens. — La partie sustentatrice de l’aéroplane Zens est formée de deux surfaces superposées, non parallèles, en papier du Japon collé sur une armature en bois. Le plan supérieur a 8,50 m. d’envergure et 1,20 m. de largeur; sa surface est de 10 m2. Le plan inférieur, de même envergure, a
- elle a donné aux essais 155 kg de traction à 1150 tours; son pas est variable entre 1 m. et 1,60 m.
- L’appareil est monté sur quatre roues : son enlèvement nécessitera une vitesse approximative de 14 à 15 m. à la seconde : il pèse 500 kg en ordre de marche avec le pilote à bord. À signaler une innovation encore tenue secrète : le plan supérieur, légèrement courbe, est mobile dans le sens horizontal et dans le sens vertical : de plus il peut prendre une troisième position destinée à faciliter les virages. Blanc. — Après avoir construit un appareil d’études en collaboration avec M. Barlatier,
- moteur qu’il mit en chantier l’an dernier. L’appareil est à deux ailes portantes de 14 m. d’envergure constituées par deux maîtresses poutres entretoisées par des poutrelles. Ces ailes ont 55 m2 de surface totale et elles pèsent 60 kg. La poutre principale qui
- M. Blanc vient de terminer le modèle d’aéroplane à
- p.235 - vue 239/647
-
-
-
- 236 .. '...~ AVIATION — QUELQUES PLANEURS
- ibrme le corps de l’appareil a 9,50 ni. de longueur; elle porte un empennage lait de plusieurs petits plans disposés en croix. Un moteur HEP de 55 chevaux actionne l'hélice à deux branches de 2 m. de diamètre. Le poids total de l’appareil non monté est de 200 kg. Les premiers essais ont dû être interrompus.
- lioesch-Seiuv. — Le nouvel appareil que M. Edmond Seux construit en collaboration avec MM. ltoesch diffère quelque peu de celui que nous avons présenté l’an dernier à nos lecteurs.
- C’est un bi-plan entièrement en bois prolilé
- Fig. 13. — Élévation de l’aéroplane Iloeseli-Seux.
- de section ovale très allongée avec -40 m2 de surface totale. Les hélices sont placées à l’arrière, mais la transmission à courroie a été abandonnée, MM. Roesch ayant imaginé une transmission par pignon d’angle d’un modèle spécial avec butées à billes qui, nous assure M. Seux, joint à l’avantage d’une grande souplesse celui d’une transmission presque intégrale de la puissance du moteur aux hélices. L’appareil pèsera environ 525 à 550 kg, y compris l’aviateur; la partie mécanique : moteur, transmission et hélices, entre pour 150 kg seulement dans ce poids.
- Les inventeurs espèrent employer un moteur de 50 à 55 chevaux seulement, afin de démontrer ainsi qu’avec un appareil bien étudié et muni de deux hélices, ce qui double la surlacc propulsive, il n’est pas nécessaire de disposer de 50 ou 00 chevaux.
- D’après les dessins que nous publions nos lecteurs reconnaîtront quela forme générale de l’appareil a peu varié; les plans ont toujours la meme forme : double courbe concavo-convexe dans les deux sens.
- Les dessins sont suffisamment clairs pour nous éviter de nous étendre sur ce nouveau planeur.
- Revue sommaire, avons-nous dit, très sommaire même, du plus lourd que l’air, malgré l’étendue prise par cette étude. Nos lecteurs nous sauront gré de ne pas leur parler de tous les appareils. On en
- cite encore de si nombreux, en effet. Jugez-en plutôt.
- Etrich et Wels auraient réussi en Bohême des vols de 220 m. Le lieutenant Bardelet, en Corse, entre également dans la lice. De Pischolf, déjà connu, le comte de la Yaulx, Vuia, Roc (Anglais), Julian Eelipe avec un hélicoptère, le lieutenant
- — L’aérojilane Koosch-Seux vu eu plan.
- Coanda, du 12e régiment d’artillerie prussien, le professeur Süring de l’observatoire météorologique prussien. M. Bollée, le constructeur d’automobiles, M. Salviotti avec un ornithoptère, Ilerring, de New-York, J. F. Scott, de Chicago, Dunn, Cody, Moore-Brabazon en Angleterre, et combien d’autres encore, travaillent le passionnant problème du plus lourd que l’air avec d’autant plus d’activité que la
- solution définitive parait plus proche.
- Elle paraît proche, en effet, celle solution, mais l’est-elle en réalité? Tant que le facteur vitesse interviendra seul, elle, ne sera pas atteinte, la vitesse n’étant réalisable actuellement que par le moteur, organe mécanique dont l’arrêt subit toujours possible causerait la chute irrémédiable. 11 faut, de toute nécessité, qu’une force naturelle, qui est le vent, intervienne pour apporter la sécurité. Les premiers aviateurs ne comptaient que sur le vent; ceux de notre époque ne comptent que sur l’hélice. Ceux qui viennent ne.feront réellement œuvre utile qu’en s’inspirant des travaux des maîtres et de ceux des disciples. Lucien Fournier.
- p.236 - vue 240/647
-
-
-
- ------------------------------
- MACHINE A NETTOYER LES POISSONS
- Les grèves ouvrières contribuent, plus qu’on ne le pense généralement, aux progrès de la mécanique. Menacés trop souvent d’une interruption de travail, les chefs d’industrie accueillent avec empressement toute invention qui peut diminuer l’emploi de la main-d’œuvre. À cette catégorie d’inventions appartient celle qui nous occupe ici.
- C’est à la suite de grèves répétées d’ouvriers pêcheurs de la Virginie, qu’un inventeur américain, M. E.
- G. Deloe, conçut le projet de construire une machine capable d’écailler et de nettoyer le poisson. Il s’engagea dans une pêcherie, étudia la façon dont les ouvriers s’y prenaient pour préparer le poisson, nota leurs gestes, que l’habitude rendait automatiques, et se mit à l'œuvre. Après trois années d’études et d’expériences, il présente enfin une Cleaning-rnachine fort ingénieuse qui, au dire des industriels qui en ont fait l’essai, est appelée à rendre de grands services dans les pays où la pêche est organisée sur une vaste échelle.
- Le modèle que représentent nos photographies, comporte une table de distribution munie de pochettes qui se meuvent sur une courroie sans lin, et sont disposées par rang de dix. Deux enfants, qui se tiennent à l’arrière de la machine, s’occupent à prendre les poissons entassés dans une caisse et à les placer dans ces pochettes. Aussitôt qu’une rangée
- est garnie, le mouvement imprimé par la manivelle la fait avancer rapidement, et sa place est prise par une nouvelle rangée vide où les distributeurs rangent dix nouveaux poissons.
- Dans leur mouvement en avant, les pochettes projettent les poissons entre des réglettes qui se resserrent sur eux et les maintiennent fortement. Une
- planche, où les dix museaux viennent se heurter, assure un alignement parfait.
- Cette planche s’abat, et les poissons, retenus maintenant par des crampons fixés sur un tambour tour-
- teaux . Ceux-ci sont longs de 75 centimètres. Grâce à un ingénieux dispositif, la pointe du couteau pénètre dans le corps du poisson un peu en arrière des ouïes, trace le long du ventre une ligne légèrement courbée et revient à son point de départ en passant par la naissance de la queue. Elle découpe ainsi dans le ventre une bande étroite qui entr’ouvre la cavité intestinale. Le mouvement de montée de la manivelle qui fait marcher toutes les parties de la machine amène les dix poissons sous les couteaux, et le mouvement de descente met ces couteaux en action. Continuant leur route, les dix poissons qui viennent d’être ouverts entrent en contact avec un autre mécanisme, qui gratte et nettoie la cavité. Les crampons se desserrent automatiquement, et les poissons, coupés et nettoyés, tombent sur le devant de la machine, tandis que les entrailles sont dirigées dans un autçe récipient.
- L’inventeur a perfectionné son système en y adaptant un enregistreur automatique, qui compte les poissons traités. 11 modifie ses modèles selon les désirs de l’acquéreur, les uns fendant et nettoyant le poisson en tranchant la tète ou sans la trancher, les autres ouvrant le poisson par le dos, et non plus par le ventre. Le modèle reproduit sur ces pages peut préparer de 10000 à 18 000 poissons par heure. Un autre modèle peut couper et nettoyer de •40000 à 50000 poissons dans le même laps de temps. Y. Forbin.
- nant sur un axe, sont exposés à l’action des eou-
- Fig. 1. — Aspect, de la machine à nettoyer les poissons.
- Fig. 2. —Les dix poissons vont entrer en contact avec les couteaux automatiques.
- p.237 - vue 241/647
-
-
-
- 238
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du y septembre 1908.
- Géologie de l'Algérie. — M. Douvillc présente une Note de M. Joleaud sur la tectonique des environs de Constanline. L’auteur signale l’existence d’une série de plis et relève une nappe de charriage. Un grand pli formé par les marnes et les marno-calcaires du crétacé de l’éocène inférieur et moyen a été chassé vers le sud sur les terrains de même âge, mais de faciès différent, qui occupent la partie nord des monts de Constantine. M. Joleaud explique, en outre, le chevauchement du trias sur des assises plus récentes, par la simple hétérogénéité des masses sédimentaires soumises alternativement à l’action de l’érosion et des poussées tangentielles.
- Météorologie solaire. — M. Deslandres présente un Mémoire résumant ses recherches sur la météorologie solaire. Dans une communication du 17 août dernier sur l’enregistrement des phénomènes de l’atmosphère solaire, il a rappelé qu’en 1894 il a montré le parti qu’011 peut tirer de raies brillantes et noires du spectre pour déceler sur le disque entier les vapeurs de l’atmosphère solaire et les couches diverses de ces vapeurs. L’atmosphère supérieure du soleil peut être observée avec facilité parce qu’elle émet une radiation qui lui est propre et qui peut être isolée. On est mieux armé à l’égard de l’atmosphère supérieure du soleil qu’à l’égard de l’atmosphère supé-
- Présidence de M. Bouchard.
- rieure de la terre. M. Deslandres a étudié les formes des vapeurs de l'atmosphère solaire ainsi que les mouvements dont elles sont le siège. Les facules révèlent un mouvement tourbillonnaire analogue à celui de nos cyclones. 11 a constaté que, sur de larges étendues, la raie caractéristique est sinueuse ; on se trouve en présence de grandes vagues de l’atmosphère, vagues plus ou moins fortes. Lorsque l’on examine l’image des couches moyennes et supérieures on aperçoit quelquefois un filament noir. Ces lils sont le siège de mouvements tourbillonnaires rapides à axe horizontal analogues aux tourbillons que, dans la météorologie terrestre, on désigne sous le nom de couloir de grains. Quelquefois ces filaments vont d’une facule à une autre.
- L’âge des basaltes du Cantal. — M. Michel Lévy communique un nouveau travail de M. P. Marty, sur l’âge des basaltes du Cantal. L’auteur a déjà étudié la nappe de basalte qui couvre le plateau de hagarde à une altitude de 1000 m. ; il a démontré que, contrairement à l’opinion admise, cette nappe appartient au miocène supérieur à hipparion gracile et non au pliocène. Aujourd’hui M. Marty montre l’autonomie de certaines nappes de basalte du Cantal et entreprend de les dater paléontolo-giquemenl. Ch. de Yiu.edeuil.
- E. MASCART
- Ce fut, parmi les physiciens, et tout particulièrement dans le groupe plus restreint des électriciens, un sujet de profonde tristesse lorsque se répandit de proche en proche la nouvelle que M. Mascart était gravement atteint. Lui, dont la claire intelligence, mise sans compter au service du bien, rendait constamment d’inappréciables services, lui dont la robuste santé avait entretenu la lointaine jeunesse, pouvait nous être enlevé ; il pouvait être ravi aux œuvres qu’il avait fondées et auxquelles il était resté nécessaire; il pouvait être ravi aussi à la belle famille qu’il avait vue croître autour de lui, et dont il était le patriarche vénéré. Par avance, nous mesurions l’immense vide qu’il laisserait en nous quittant. Nous savions sa ferme volonté de résister jusqu’au bout aux attaques du mal qui le minait; nous savions qu’il supporterait vaillamment la souffrance physique comme il avait, dans d’autres temps, supporté la douleur de voir les vides se faire auprès de lui, et que, pour les siens, pour le bien qu’il pouvait faire encore, il entretiendrait en lui l’étincelle de vie. Puis nous avons appris que tout espoir était perdu, et qu’après avoir combattu autant que ses forces le lui permirent, il se résignait stoïquement à l’inexorable destin.
- Ainsi s’éteignit, le 26 août dernier, cette intelligence si active et si bonne, restée intacte et pleinement consciente sous les assauts du mal ; ainsi nous fut enlevé un maître dont l’influence sur la génération actuelle des physiciens fut bienfaisante, et lui survivra longtemps.
- Eleuthèrc-Elie-Nieolas Mascart naquit à Quarouble (Nord) en 1857. Brillant élève de l’École normale supérieure, il fit un stage très bref dans les Facultés de province, et revint bientôt à Paris. Nommé directeur du Bureau central météorologique en 1871, Professeur au Collège de France, où il succéda à Régnault en 1872, membre de l’Institut en 1884, ses années de plus grande activité scientifique se partagèrent nécessairement entre les devoirs de sa chaire, ceux de la lourde direction qu’il avait assumée à la suite de l’organisation créée par Le Verrier et son action dans les diverses Commissions de l’Académie des sciences.
- L’enseignement fut sa première préoccupation; il y excella par la clarté, l’élégance, l’érudition profonde; et, ce qui n’est pas donné à tous les savants, il sut enseigner aux profanes. Dès le lendemain de sa mort, les journaux rappelèrent que, lorsque A. Thiers, auquel rien de ce qui est humain ne devait être étranger, voulut se renseigner sur la science physique, ce fut le jeune et déjà brillant professeur qui lui fut désigné par scs "maîtres comme le plus apte à remplir cette tâche délicate. Elle l’était en effet, car le célèbre homme d’État apportait à ces études les habitudes qu’une longue pratique de la politique et de la diplomatie avait ancrées en lui comme une seconde nature. Il se défendait, comme si on eût voulu le tromper; et, lorsque Mascart lui enseignait les lois de F optique en les expliquant dans le sens de la théorie des ondulations, Thiers recherchait les arguments de la
- p.238 - vue 242/647
-
-
-
- :===“~ ~ E. MASCART ..—Z^ZI— 239
- théorie newtonienne, afin de pouvoir, à la leçon suivante, combattre son professeur. Mais celui-ci était armé et ne se laissait pas aisément démonter. Thiers en garda pour lui une sincère estime. Cet enseignement occasionnel 11e fut qu’un hors-d’œuvre dans la carrière de Mascarl, mais l’anecdote est bonne à retenir, car elle est caractéristique de la souplesse et de l’universalité de son intelligence, aussi bien que des tendances diverses des hommes suivant les habitudes de leur esprit.
- Les recherches proprement dites furent, pour Mascart, l’œuvre de la jeunesse. Tour à tour l’optique et l’électricité furent ses sciences de prédilection, et il a apporté à chacune d’elles d’importantes contributions, à une époque déjà lointaine, que les immenses progrès réalisés dans ces dernières années ont fait trop oublier.
- Des études d’analyse spectrale, faisant une suite immédiate aux recherches classiques de Kirchholfet Bunsen occupèrent Mascart dès l’année 1862. Le spectre ultraviolet du soleil était alors mal connu, puisqu’on avait fixé, et encore avec une approximation grossière, la position de 80 raies seulement. Mascart reprit cette étude, et dessina un spectre contenant déjà 700 raies. Plusieurs d’entre elles lurent identifiées avec des raies métalliques de spectres d’étincelles. Cette coïncidence était utile à établir à cette époque où les spectres chimique, lumineux et calorifique étaient envisagés comme indépendants.
- Puis Mascart fit ressortir les relations entre les groupes de raies d’un même métal, notamment entre les triplets du magnésium; et, s’il fut réservé aux méditations ultérieures d’autres physiciens d’en tirer toutes les conséquences qu’elles comportaient, au moins ces études avaient-elles posé déjà très nettement le problème des relations entre la constitution des corps et les raies de leur spectre d’émission.
- Ces premières études avaient été faites par la méthode du prisme. Peu après, Mascart appliqua le réseau aux mêmes recherches, afin de déterminer exactement les longueurs d’onde. Ce travail lui valut le prix Bordin de l’Académie des sciences; et Fizeau, chargé du rapport, le caractérisait dans les termes suivants’ : « En résumé, le Mémoire n° 1 est certainement le travail le plus approfondi et le plus satisfaisant qui ait été fait depuis Fraunhofer, relativement aux longueurs d’onde des divers rayons qui composent la lumière. De l’avis de tous nos commissaires, ce travail révèle chez son auteur des connaissances théoriques distinguées et une grande habileté expérimentale. » N’oublions pas que la première note sur ces recherches fut publiée par Mascart alors qu’il avait 27 ans ; le jugement de la Commission de l’Académie était dès lors plein de promesses.
- C’est dix ans plus tard qu’après avoir effectué des études diverses, et imaginé un nouvel interféro-mètre, Mascart aborda une importante série de recherches sur la réfraction et la dispersion dans les gaz, liées, par des points délicats de la théorie, à la constitution de la matière. Il montra que l’indice
- varie non proportionnellement à la pression, mais suivant la densité du gaz, c’est-à-dire qu’il s’accorde, en fonction de la pression, avec les écarts de la loi de Mariottc. Au point de vue des températures, les recherches étaient encore insuffisantes; elles laissaient ouverte la question, qui ne fut définitivement résolue qu’une quinzaine d’années plus tard.
- Une recherche connexe sur la variation de l’indice de l’eau avec la pression et la température fut exécutée à la même époque. L’effet d’une compression ou décompression brusque modifiant la température de l’eau put être mis en évidence, on put alors en déduire uue valeur correcte de la grandeur du changement adiabatique.
- D’intéressantes recherches sur la réflexion métallique sur l’optique physiologique, sur la dispersion en général occupent celle première période de l’activité de Mascart comme chercheur. Mais aussi, il abordait des expériences d’un ordre encore plus élevé. 11 se posait, dès l’année 1872, la question de savoir si le mouvement simultané d’une source lumineuse et de l’observateur est perceptible, en d’autres termes, si le mouvement absolu dans l’éther peut être révélé par l’observation. Le résultat fut, comme tous ceux des expériences ultérieures, complètement négatif; or, si la théorie avait été exacte, les changements auraient excédé cent fois la limite de précision des mesures.
- Les recherches qu’effectua Mascart dans le domaine de l’électricité sont de genres très divers : détermination des distances explosives en fonction du potentiel, et mesure de ce dernier; élude de l’état électrique de l’air en temps ordinaire ou pendant une période orageuse; études sur les machines dynamos, etc. C’est en vue de ses recherches sur l’électricité atmosphérique qu’il créa F électromètre qui porte son nom, et qui s’est beaucoup répandu pour les observations analogues.
- Il est une expérience peu connue de Mascart, dans laquelle il a été un lointain précurseur : c’est celle de la condensation de la vapeur atmosphérique sous l’action de l’ozone. On savait déjà que l’air pur peut être largement sursaturé de vapeur d’eau, et Coulier avait montré que l’équilibre se rétablit instantanément sous l’action des poussières. En obtenant le même résultat au moyen de l’ozone, gaz à décomposition rapide laissant des ions libres, Mascart avait touché du doigt une expérience fondamentale d’une science aujourd’hui très proliférante.
- Les aptitudes très particulières que possédait Mascart comme professeur devaient tout naturellement le conduire à publier ses cours. Scs Leçons sur l'électricité et le magnétisme rédigées d’abord en commun avec son ami, le vénéré M. Jouberl, eurent un grand succès; il publia seul une deuxième édition. A cette œuvre, aujourd’hui classique, vint se joindre bientôt un non moins remarquable Traité d'optique. Enfin, unissant les compétences du physicien à celles du météorologiste, il composa un ouvrage étendu sur le Magnétisme terrestre.
- p.239 - vue 243/647
-
-
-
- 240
- E. MASCART
- Le célèbre Congrès d électricité réuni à Paris en 1881 s’était occupé essentiellement des unités électriques, qui lurent fixées par une entente internationale dans la Conférence de 1884. En vue de cette conférence, MascarL lit une mesure nouvelle de l’équivalent électrochimique de l’argent, et, en commun avec MM. Benoit et de Nervillc, une détermination de la valeur de l’ohm, que les recherches ultérieures ont montré remarquablement approchée.
- Mais surtout ces réunions achevèrent de révéler en Mascart un homme dont l’intelligence claire et rapide pouvait rendre les plus grands services dans les assemblées. Elles grandirent sa réputation à l’étranger, où, dès lors, il compta de nombreuses amitiés, et, parmi les plus précieuses, celle d’Helmhollz et de Lord Kelvin. Cette dernière lui fut chère par-dessus tout; elle dura presque autant que sa vie, puisque c’est seulement au cours de l’hiver dernier que le grand maître de Glasgow nous fut enlevé.
- A l’Académie, dont il fut le président, Mascart était très écouté ; la netteté parfois un peu brusque mais toujours bienveillante de scs déclarations, son indépendance absolue, la lucidité avec laquelle il voyait toutes choses lui donnaient une autorité incontestée. 11 lit alors de sa vie une deuxième part; après avoir donné largement sa mesure comme chercheur, comme savant, comme professeur, en un mot comme technicien, il se montra un administrateur de premier ordre, menant de front vingt préoccupations diverses, groupant les efforts et les fécondant.
- Mais, si l’administration tint une place très large dans les occupations de sa pleine maturité, Mascart n’avait point attendu cette période de la vie pour montrer de grandes capacités d’organisateur. En 1870, déjà, il avait quitté sa jeune famille et s’était rendu à Bayonne, où, utilisant ses connaissances en chimie, il avait pris la direction d’une fabrique de cartouches dans laquelle aucun accident ne fut jamais signalé. La guerre terminée, Mascart fut créé chevalier de la Légion d’honneur ; il devait atteindre plus tard, dans l’Ordre national, la dignité de grand-officier.
- Les hommes qui ont toujours vécu dans les laboratoires ne savent pas, en général, combien il faut
- de ponctualité, avec quel soin il faut organiser sa vie pour pouvoir faire l'ace de tous les côtés à la fois. Mascart sut le faire, et ne négligea aucun devoir, parce qu’il avait le sentiment profond des responsabilités. On le savait; on connaissait ses multiples compétences, et il devint tout naturellement, pour les choses scientifiques ou techniques, un conseiller très écouté. L’iniluence qu’il s’acquit ainsi par une voie toute naturelle fut mise largement par lui au service de la chose publique. Mais aucune association peut-être n’eut sa constante sollicitude au même degré que la Société internationale des électriciens. U s’était attaché dès le délait à ce groupement si vivant des savants et des industriels; il
- en avait été Lame, le conseiller et le protecteur; et comprenant tout le bien qui pourrait en résulter, il provoqua la création des deux établissements que cette Société dirige : le Laboratoire central et l’École supérieure d’électricité. Jusqu’à son dernier jour, il leur a témoigné le plus vivant intérêt, et c’était une de scs joies de les voir grandir et prospérer au delà des plus belles espérances.
- L’extrême diversité des aptitudes de Mascart lui valut de nombreuses délégations aux conférences internationales d’électricité ou de météorologie. Depuis 1902, il avait remplacé, au sein du Comité international des poids et mesures, son regretté collègue et ami A. Cornu.
- Si Mascart put embrasser un domaine si étendu, prendre, dans de nombreuses commissions, une place prépondérante et jouer un rôle très actif, c’est qu’il était doué d’une puissance de travail surprenante, secondée par une extraordinaire rapidité do conception. C’est aussi qu’il trouvait, au sein d’une famille heureuse, le calme cl le bienfaisant repos. Et si, aujourd’hui, nous désirons présenter à la noble compagne de sa vie nos sentiments de sympathie respectueuse, nous voulons y joindre l’expression de reconnaissance de tous ceux qui savent combien l’activité de M. Mascart fut utile, de quel sillon profond elle reste suivie.
- Cn.-Én. Guillaume.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiure, rue de Fieurus, 9.
- E. Maseaut.
- p.240 - vue 244/647
-
-
-
- la nature.
- N° 1843.
- 19 SEPTEMBRE 1908.
- ÉCOLES D’AIGUILLEütS^POUR CHEMINS DE FER
- La Compagnie des chemins de 1er anglais du Créai Western Raihvay, pour augmenter lecoel'licient de sécurité de sespassengers, créa, il y a quelques années, une école proressionnelle spéciale pour les aiguilleurs de son réseau. La première de ces écoles lui ouverte, au milieu d’un centre des plus actifs, à Paddington; des institutions du même genre lurent établies ensuite successivement à Bristol, Cardilï et Chester. Cette Compagnie vient de fonder, tout dernièrement, une nouvelle école d’aiguillage et de signaux à Birmin-
- rnent dits, les apprentis aiguilleurs; 2° les simples auditeurs, qui sont recrutés parmi les divers services de la Compagnie. Les premiers sont tenus de suivre, et cela d’une manière assidue, tous les cours de l’école, dont le programme scolaire se divise en deux sections : l’instruction générale et l’instruction professionnelle. Quant aux seconds, ils sont dispensés de l’enseignement général, que ces agents sont censés posséder; mais ils prennent l’engagement de fréquenter tous les cours spéciaux. A la tin de chaque
- gham, sous le nom de « Raihvay signalliug School » ; elle l’a établie sur des hases aussi parfaites et complètes que possible, avec un matériel et des appareils de démonstration très perfectionnés, et elle a prolité de cette circonstance pour rédiger un programme d’enseignement particulièrement raisonné. Du même coup, la direction de la Compagnie a décidé que l’enseignement de l’aiguillage et des signaux ne serait pas exclusivement donné aux aiguilleurs, mais qu’il serait étendu à toute une catégorie d’agents du service actif de l’exploitation, et aussi à certains « raihvay clerks », employés dans les bureaux, désireux de posséder des connaissances techniques et pratiques.
- L ecole est fréquentée par deux catégories d elèves : 1° les étudiants réguliers, les professionnels propre-
- 36e aimée. — 2e semestre.
- période scolaire, le corps enseignant délivre, à la suite d’examens, des diplômes qui, pour les aiguilleurs, leur permettent d’être commissionnés ou de passer d’une classe inférieure dans une catégorie supérieure, et ,qui, pour les employés quelconques, donnent à ceux-ci des avantages spéciaux et favorisent leur avancement.
- La Compagnie, en ouvrant toutes grandes à beau-coups d’employés les portes de son école d’aiguillage et de signaux, a certainement eu pour mobile — c’est d’ailleurs ce qui nous a été affirmé — de créer une brigade volontaire d’agents qui, en cas de grève des services de l’aiguillage, lui permettrait de mobiliser, dans quelques heures, tout un groupe d’employés spéciaux, qui pourraient assurer le fonctionnement des cabines, sémaphores et appareils divers, sans
- 16. — 241
- p.241 - vue 245/647
-
-
-
- 242 PLOMBS DE CHASSE —
- lesquels il n’est pas possible d’assurer la; marche régulière des trains et de donner toutes garanties de sécurité aux voyageurs. Cela est fort habile, et cette sage mesure réclame les félicitations du public.
- Parmi les éléments qui composent le programme technique de cette intéressante école, nous remarquons des notions de mécanique générale et l’étude complète du mécanisme et du fonctionnement des divers systèmes de signaux et d’aiguillages employés sur les chemins de fer anglais, mais plus particulièrement — cela s’explique — de ceux employés par le « Créât Western Railway ». Il existe, à l’école, des appareils de démonstration et des modèles en réduction permettant d’expliquer les manœuvres d’aiguillages et le fonctionnement des signaux sur les voies les plus fréquentées.
- Le modèle que montre notre illustration est une réelle merveille du genre. Il se compose d’une table en bois, mesurant environ 20 mètres de longueur et 6 mètres de largeur, sur laquelle se trouve installée, en réduction, une gare d’embranchement — jmiction — avec une véritable toile d’araignée de voies, se croisant dans tous les sens et s’enchevêtrant les unes dans les autres. Des convois minuscules avec locomotives, fourgons et wagons sont lancés dans toutes les directions; trains de petite vitesse, convois de marchandises, omnibus, express, rapides y circulent et permettent de faire solutionner par les élèves et les auditeurs les problèmes que soulèvent les cas les plus divers et les situations les plus particulières.
- Cette école est considérée, à juste titre, d’ailleurs, comme une institution particulièrement nécessaire. Le métier d’aiguilleur devient, en effet, d’année en année, de plus en plus important. Les responsabilités qui incombent aujourd’hui aux agents exerçant cette profession font frémir, à l’idée que la fausse ma-
- LE NUMÉROTAGE DE
- À la suite de l’article dans lequel je tentais de préconiser la rectification susceptible de faire de la série des plombs de Paris une série rigoureusement métrique, j’ai reçu, des directeurs de l’importante maison Parent et Leroy, l’annonce du fait accompli dans ce sens. En 1903, la Chambre syndicale des armuriers de Paris décida,, en effet, comme l’avaient fait les chasseurs allemands, d’adopter l’intervalle de 0,25 mm du diamètre d’un grain au diamètre suivant; mais la réforme a exigé, comme toujours, une période de transition, qui n’a pris fin, dans
- BASE NAVALE ANGLAISE =========
- hœuvre d’un simple bras de levier peut provoquer des catastrophes terribles, entraînant la mort d’un grand nombre de personnes.
- Les compagnies ne sauraient trop surveiller l’éducation technique de cette catégorie d’agents, surtout depuis que les postes d’aiguillages et de signaux ont pris l’importance nouvelle qui leur a été attribuée depuis quelques années.
- A ce propos, disons qu’il existe, sur le « London and Northwestern Railway », une cabine-vigie qui commande électriquement 268 leviers, et dont le rayon d’action s’étend à une distance de 5 kilomètres.
- Mais les qualités professionnelles ne suffisent pas, il faut que les hommes, appelés à occuper des emplois aussi délicats, soient à la fois sains de corps et d’esprit. Aussi la Compagnie du « Great Western Railway » qui semble, dans la circonstance, avoir tout prévu, exige-t-elle, avant d’admettre les agents comme élèves ou auditeurs, qu’ils soient préalablement soumis à un examen médical des plus sérieux. Cette condition ne s’applique pas, d’ailleurs, aux candidats seulement, puisque des médecins spéciaux surveillent et observent élèves et auditeurs, pendant toute la durée de leur présence à lecole, de manière à s’assurer de la stabilité de leur cerveau, à vérilier leurs qualités ophtalmiques et à rechercher s’ils sont vraiment d’une sobriété constante.
- Après tant de sages précautions, il est aisé de comprendre les motifs de la sécurité des voyageurs sur les chemins de fer ; le petit nombre d’accidents que l’on constate dans ce pays, où les voies ferrées sont plus nombreuses que partout ailleurs, s’explique parfaitement. A la vitesse toujours croissante des trains, il faut opposer des soins de plus en plus attentifs et intelligents. Les écoles d’aiguillage et de signaux sont des institutions répondant parfaitement à cette nécessité. Will Darville.
- PLOMBS DE CHASSE
- la région de Paris, que l’an dernier. Depuis 1907, la fabrique parisienne ne livre plus, en effet, que des plombs de la série métrique. Les fabriques de Marseille et Angers ont conservé leur ancien numérotage ; mais comme il faut marcher avec le progrès, elles suivront le mouvement, que les chasseurs leur imposeront un jour, à moins qu’elles préfèrent l’activer en prenant les devants; ce serait évidemment la solution la plus sage et la plus raisonnable ; nous espérons pouvoir l’enregistrer prochainement.
- Cii.-Ed. Guillaume.
- LA BASE NAVALE ANGLAISE DE GIBRALTAR
- Le rocher de Gibraltar, situé au Sud de l’Espagne et qui limite à l’Est la baie d’Algésiras, domine, au Nord, l’entrée du détroit du même nom, tandis que Ceuta, possession espagnole, le domine au Sud. Pris d’assaut, en 4704, par l’amiral anglais Sir George Rook, avec une Hotte de 45 navires et 2000 hommes
- de débarquement, ce rocher, malgré différents sièges successifs en 1727, 1771 et 1783, est resté définitivement possession anglaise.
- Ainsi maîtresse de l’entrée de la Méditerranée et, par suite, des grandes voies maritimes qui, depuis l’ouverture du canal de Suez, relient la mère-patrie
- p.242 - vue 246/647
-
-
-
- BASE NAVALE ANGLAISE ===:::——-------= 243
- avec ses colonies des Indes, avec l’Australie et ses autres possessions d’Extrême-Orient, il était tout indiqué que l'Angleterre fit du rocher de Gibraltar un point stratégique de première importance. Aussi a-t-elle transformé la montagne en une véritable forteresse où des galeries, creusées dans les lianes du rocher, sont armées de canons dominant, d’un côté, la mer et, de l’autre, tou le la partie du terri-loire espagnol se trouvant au Nord de Gibraltar et par où, en cas de conllit, une armée pourrait venir tenter l’assaut du rocher.
- Mais si Gibraltar devait être un point stratégique de première importance, il fallait aussi qu’il lût une base navale de premier ordre, où les navires de guerre pussent, en cas de conllit, trouver un refuge ainsi que toutes les ressources nécessaires pour leurs réparations. Il fallait aussi que, tant en temps de guerre qu’en temps de paix, ces navires pussent se ravitailler en charbon et que cette îjase navale eût des emplacements suffisants pour un dépôt de charbon, ainsi que les engins nécessaires pour son chargement dans les navires.
- Aussi est-ce en vue de répondre à ces besoins impérieux que le Gouvernement anglais achève de construire un port où toutes les conditions dont nous venons de parler sont remplies dans les limites du possible.
- C’est de cette base navale seulement dont nous voulons dire quelques mots dans cet article, car en ce qui concerne la forteresse en elle-même qui, comme nous venons de le dire, est creusée dans le rocher, les dispositions défensives sont tenues secrètes; aucun renseignement n’est rendu public et la visite en est formellement interdite.
- Le rocher de Gibraltar (fig. 1), d’une longueur d’environ 4 kilomètres et d’une largeur de 1100 mètres dans sa partie la plus large, se termine au Nord, par une falaise à pic (fig. 4), sur une plaine basse
- dont une partie sert de terrain neutre entre la possession anglaise et le territoire espagnol. Une roule relie la ville de Gibraltar avec la petite ville espagnole de Linea, distante de 2 kilomètres et construite à la limite du territoire espagnol.
- Le rocher est constitué par une crête se dirigeant du Nord au Sud et dont la hauteur de 415 mètres,
- près de sa limite Nord, atteint 424 mètres au-dessus du niveau de la mer, à O’IIara llill. Un mût de signaux est placé sur le sommet de cette crête. Le rocher s’incline à l’Est et à l’Ouest vers la mer par des pentes abruptes, et c’est au pied du versant Ouest que se trouve la ville de Gibraltar, dont la population se compose de 27 500 habitants, y compris 6000 hommes de garnison. Au Sud de la ville et au
- ampamento
- - ' vî ' ,'^V S Cü'.
- Itmare'fe \
- X ¥ "n ;
- \ ’^r \ -------JJ..
- àe Gibraltar
- 0 jtm
- Cj?,
- Fig. 1. — Le rocher et le port de Gibraltar.
- p.243 - vue 247/647
-
-
-
- 244=======^"---— BASE NAVALE ANGLAISE
- pied du rocher se trouvent le jardin public, les casernes, l’hôpital de la Marine, ainsi que différentes autres installations dépendant de l’Arsenal.
- A partir de U’ilara llill la erête du rocher s’abaisse brusquement jusqu’au plateau du Moulin à Vent, qui se trouve à une hauteur de 110 mètres au-dessus de la mer et sur lequel sont construites des casernes et la prison militaire. Puis, enlin, à partir
- de ce plateau, le terrain s’abaisse à nouveau brusquement jusqu’au plateau d’Europe, qui lui-même se termine, à sa partie Sud, par le cap du même nom et sur lequel est construit un phare, dont le plan local est à 48 mètres au-dessus du niveau de la mer et dont la portée est de 18 milles. Ce phare est muni de signaux de brume.
- Antérieurement aux travaux entrepris par le Cou- . vernement anglais, le port de Gibraltar se composait d’un simple mole de longueur insigniliante, appelé Vieux Môle, construit au Nord de la ville et faisant suite aux i'ortilications qui relient au Nord le rivage avec le rocher. Vers 1895, le Cou vernement anglais, poussé par l’opinion publique qui voyait l’urgence de rétablissement d’une base navale à Gibraltar, mit à l’étude la construction d’un port de refuge à l’Ouest du rocher et, par un bill du Parlement.
- En 1897, les travaux furent approuvés suivanL les dispositions indiquées figure 1, et les travaux commencèrent.
- Le port de Gibraltar se compose d’une digue Sud, enracinée au rivage, se dirigeant vers le Nord-Nord-Ouest e t d’une longueur de 1250 mètres. C’est sur cette digue que sont installés les principaux dépôts de charbon destiné au ravitaillement des navires de guerre. Dans le prolongement de cette digue, mais séparé d’elle par une passe de 180 mètres de largeur et suivant une direction s’inclinant vers le Nord, est construit un brise-lame détache de 820 mètres de longueur. Au Nord de ce brise-lame et séparé par une passe de 200 mètres d’ouverture, se trouve une digue qui, construite parallèlement au rivage, se relie perpendiculairement à une dernière digue
- d'une longueur de 650 mètres, reliée elle-même au Vieux Môle par un viaduc. Ces deux dernières digues, qui occupent la partie Nord du port, sont destinées à recevoir les navires de commerce; des darses y sont disposées à cet effet et des hangars à charbon sont installés sur ces digues. Des phares sont construits sur les musoirs de ces digues.
- A l’extrémité Sud du port, entre le rivage et la digue, on construit actuellement trois formes de radoub, dont la plus grande pourra recevoir les plus grands navires de construction récente.
- Sur le terre-plein qui fait face à la ateliers pour navires,’une darse ainsi qu'une cale pour leurs réparations et un môle avec hangars servant de dépôt de charbon.
- Dans la partie Sud du port et dans le voisinage de la digue, la profondeur d’eau à basse mer varie entre 10 et 14 mètres, et dans la partie Nord cette profondeur est de 8 à 9 mètres. Dans la passe Sud, la profondeur à basse mer est de 10 mètres et dans la passe Nord de 11 mètres.
- Dans les marées de vive eau, la mer monte de 1 mètre et dans les marées de morte eau de 0 m. 70.
- Onze coffres, disposés à l’intérieur du port, parallèlement aux digues, servent d’attache aux navires de guerre.
- A l'Ouest de la passe Sud se trouve le mouillage principal des navires de guerre, où la profondeur d’eau dépasse 40 mètres sur fond de sable.
- Les travaux du port de Gibraltar, qui sont estimés à 150 millions de francs et qui, comme nous
- l’avons dit, seront terminés dans un temps très prochain, ont été très vivement attaqués il y a quelque temps.
- Par suite de sa position à l’intérieur de la baie d’Algésiras et distant seulement de 10 kilomètres au maximum du territoire espagnol qui l’entoure, on a fait remarquer qu’en cas de conflit, étant donnée la portée de l’artillerie actuelle, il était à craindre que le port de Gibraltar devienne inhabitable pour une flotte venant y chercher un refuge
- p.244 - vue 248/647
-
-
-
- BASE NAVALE ANGLAISE . . .......-.....— 245
- ou s’y réparer, malgré la puissance de l'armement de sa forteresse. Nombre de personnescompétentes, parmi lesquelles nous devons citer le major général John Crease, de l’armée anglaise, avaient montré, dès 1884, le danger qu’il y avait de construire un port de reluge à l’Ouest de Gibraltar et que sa vraie position était à l'Est du rocher, entre la baie de Catalan et la pointe d’Europe où, alors, il serait complètement à l’abri de toute attaque d’une artillerie ayant ses batteries placées en un point quelconque du territoire espagnol.
- En présence de ces observations de réelle valeur et à la suite de différentes motions, dans le même sens, laites au Parlement en 1901 et 1902, le Gouvernement anglais s’émut et envoya, cette même année, une mission ayant pour but d’étudier la question sous ses différentes laces : d’abord la possibilité de construire un port de refuge sur le coté Est
- mis de côté la construction de ce port, et étant donnée l’importance stratégique et commerciale de Gibraltar, il ne serait pas impossible que, dans un temps plus ou moins éloigné, on adjoignît au port actuel de l'Ouest un second port sur le coté Est du rocher.
- Le rocher de Gibraltar, complètement aride, n’est recouvert d’aucune terre végétale, sauf en quelques endroits très rares. Aucune culture maraîchère n’y est donc possible. Toutes les denrées doivent venir de l’extérieur. De plus, on n'y trouve aucune source, et l’eau destinée à l’alimentation des habitants et de la garnison ne peut être obtenue qu’au moyen d’appareils distillaloires ou au moyen de réservoirs servant à recueillir l’eau de pluie qui tombe sur le rocher. Mais comme une partie de cette eau de pluie coule sur les lianes du rocher et se perd à la mer et qu’une autre partie s'infiltre dans le rocher, on a dù s’ingénier pour trouver le moven de diminuer,
- du rocher, ensuite la dépense que nécessiterait son établissement, et enfin la durée probable de la construction.
- Le capitaine Tizard, de la marine royale, et M. William Shield, ingénieur civil, chargés de cette mission, conclurent à la possibilité de construire, sur le côté Est du rocher de Gibraltar, un port de refuge à l’abri de toute attaque venant du territoire espagnol ; que les dépenses de construction de ce port seraient de 162 millions de francs environ et que la durée de la construction pourrait atteindre dix années. Ce port Est, représenté sur la figure 1, devait être relié à la ville de Gibraltar par un tunnel traversant le rocher de l’Est à l’Ouest. Des formes de radouh et des ateliers de réparation devaient également y être construits.
- Ce projet, malgré ses avantages incontestables comme base navale, resta lettre morte. Il avait le tort de venir trop tard, les travaux du port Ouest étant trop avancés pour pouvoir être abandonnés. Toutefois, l’Amirauté anglaise n’a pas complètement
- dans les limites du possible, ces pertes inévitables. Parmi ces dispositifs, il en est un qu’il nous parait intéressant de signaler et qu’on voit sur la figure 4, qui représente une vue du rocher sur son versant Est, au-dessus du village des Catalans. La grande tache blanche qu’on remarque sur la figure et qui ressemble à une plaque de blindage, n’est autre chose qu’une plaque de tôle galvanisée, de près de 40 000 mètres carrés de superficie, qui recouvre le rocher, auquel elle est fixée au moyen de pieux enfoncés dans le sol. L’eau de pluie tombant sur cette tôle est recueillie dans une rigole ménagée à la partie inférieure et dirigée ensuite vers des réservoirs construits sur. le versant Ouest du rocher, au moyen d’un tunnel de 600 mètres de longueur creusé dans le rocher. La dépense de cette installation a été d’environ 750000 francs. On a pu, de la sorte, augmenter d’environ 55 pour 100 le cube d’eau qui aurait été recueilli sur la même surface sans ce revêtement en tôle.
- R. Bonnin.
- p.245 - vue 249/647
-
-
-
- 246
- LES BALLONS DIRIGEABLES
- Les ballons dirigeables jouent de malheur. Le système semble traverser une période critique qui, au dire de quelques-uns, pourrait lui être latale. L’avenir du plus léger que l’air serait-il réellement compromis? D’ailleurs peut-il devenir aussi brillant que ses fervents nous l’ont dépeint? Ces questions se sont posées au lendemain de la perte de Pairie et elles se présentent de nouveau à l’esprit de ceux, qui,'comme nous, se sont contentés d’enregistrer les opinions des techniciens, de se réjouir des succès obtenus et de déplorer les échecs. La lin du Zeppelin IV semble fortifier les convictions des pessimistes du plus léger que l’air. Que reproche-t-on aux dirigeables? D’ètrc coûteux, peu maniables, encombrants. Malgré la puissance propulsive que le moteur communique à l’engin il n’en reste pas moins soumis à l’iniluenee aveugle du vent qui l’aide à franchir de longues distances et l’oblige à ralentir son allure, suivant les cas, ou même l’empêche de quitter le sol.
- Tout cela est vrai, mais ce qui l’est plus encore, c’est la nécessité absolue dans laquelle il se trouve d’atterrir à proximité d’un hangar, les coups de vent, les tempêtes étant toujours à craindre; on ne peut songer, cependant, à joncher le territoire ou même les régions frontières seulement, de parcs à ballons coûteux. En admettant même qu’il existât dix, vingt, trente abris de ce genre, rien n’indique qu’un ballon désemparé ou chassé par le vent pourra s’y réfugier à temps ; neuf fois sur dix il devra atterrir où il pourra, à ses risques et périls. Si réellement les dirigeables n’ont que cette porte de salut, leur mort est proche. Les machines volantes seront-elles plus favorisées par les éléments? C’est possible, cependant, en ces matières, il est bon de ne pas professer l’exclusivité : le plus léger et le plus lourd que l’air trouveront certainement leur emploi.
- République. Le dirigeable français République vient d’être livré à l’armée. Il succède à Patrie dont il n’est qu’un modèle légèrement agrandi. Le fait d’avoir pu construire sur commande un navire aérien de cette importance, comme on construit un cuirassé, doit être signalé, car il caractérise bien l’état de la question en France. Alors que partout ailleurs, on en est encore aux études, nous consta-
- tons que nos ateliers sont capables de produire à coup sûr. Ajoutons cependant que les résultats pourraient être plus brillants, et même qu’ils devraient l’être, sans pour cela pousser l’indiscrétion jusqu’à rechercher les causes de cette sorte de statu quo que l’on maintient sans raison apparente. République a 61 m. de longueur, soit 1 m. de plus que Patrie et 10,80 m. de diamètre au lieu de 10,50 m. La capacité se trouve, de ce fait, portée à 5700 m3 au lieu de 5150 de Patrie. Pour tout ce qui concerne les plans lixes et mobiles, l’empennage, les ailerons latéraux qui ne sont autre chose que des gouvernails de profondeur, l’empennage d’arrière, les dispositions admises pour Patrie ont été conservées, de sorte que le nouveau dirigeable se présente tout à fait sous le même aspect que son prédécesseur. Afin de dégager le moteur, on a cependant rendu la nacelle un peu plus spacieuse ; le ventilateur a été placé sous la plate-forme ovale du ballon et il est commandé par une courroie; en cas d’arrêt du moteur, on peut le manœuvrer à bras afin de maintenir à l’aérostat la permanence de la forme, du moins pendant un certain temps. Le réservoir d’essence est disposé sous la nacelle et l’échappement du moteur se l'ait à l’arrière sous une triple protection [de treillis métallique. La première sortie eut lieu le 24 juin; le ballon exécuta, sans défaillance, le programme tracé à l’avance, qui comportait un voyage d’une demi-heure au-dessus de Moisson, la Roche-Guyon, en décrivant un 8. Les hélices tournaient à 700 tours, régime inférieur à leur vitesse normale. La hauteur fut maintenue entre 80 et 100 m. avec une dépense de 10 kg de lest seulement. Il est bon d’ajouter que le poids du lest enlevé était de 820 kg; dans ces conditions la durée des trajets peut être considérable. Le poids total du dirigeable se décompose approximativement ainsi : matériel 2700 kg, engin d’arrêt 90 kg, eau 56 kg, essence 100 kg, 4 passagers et instruments 500 kg, lest 820 kg.
- Les deux autres sorties, des 29 et 50 juin, furent suivies, le 5 juillet, de celle de recette par le génie militaire, pendant laquelle République évolua durant 2 heures consécutives, de 9 heures à 11 heures du matin, par 500 m. d’altitude au-dessus des villages
- Fig. 1. — Première sortie du République, à Moisson, 2i juin 1908. Nacelle vue arrière.
- p.246 - vue 250/647
-
-
-
- LES BALLONS DIRIGEABLES ...-..... - = 247
- avoisinant Moisson et à raison de 42 km à l’heure. Enfin le 51 juillet le dirigeable quittait définitivement son hangar pour se rendre au parc de Chalais-Meudon d’où il sera ensuite dirigé sur son port d’attache : Belfort probablement. L’étape de 55 km qui sépare Moisson de Mcudon a été franchie en 1 '* 12m ; 50 kg de sable ont été utilisés sur les 570 kg qu’emportait la nacelle.
- Les ateliers de Moisson ont aussitôt commencé la construction d’un nouveau dirigeable du même modèle, qui s’appellera Liberté et dont les dimensions seront un peu supérieures à celles de République : longueur 67 m., volume 4200 m3; son moteur fera 90 chevaux .
- Nous possédons actuellement trois dirigeables : Lebaudy, Ville de Paris et République qui sont en état de prendre l’atmosphère du jour au lendemain.
- Zeppelin IV. Une fois de plus le comte Zeppelin a'été victime de la fatalité; son dirigeable, le Zeppelin IV, après avoir accompli le plus long parcours aérien qu’aucun engin de ce genre ait jamais tenté, est anéanti au moment même où il se révélait comme le plus puissant des ballons modernes.
- L’iime si fortement trempée de l’inventeur a dû éprouver une de ces secousses devant lesquelles toute volonté se brise: mais le comte est un de ces hommes que les revers n’abattent jamais ; toute sa carrière d’inventeur est là pour en témoigner. Ses premières éludes sur la direction des ballons datent de 1870, époque à laquelle il pose le principe de la rigidité de l’enveloppe et de la très grande capacité. 11 attend vingt ans avant de se mettre à l’œuvre, puis il s’y consacre sans répit, sans défaillance malgré les railleries qui l’accueillent, malgré les déboires qui l’accablent. Successivement, il construit trois dirigeables dont le dernier seul peut révéler les qualités que l’inventeur en attendait. Le Zeppelin IV naît ensuite sans que pour cela le comte soit parvenu à s’attirer les sympathies de ses concitoyens. Tout à coup, il apparaît dans les airs au-dessus du lac de Constance, plane au-dessus de la Suisse et, enfin, effectue le parcours triomphal que l’on connaît, puis meurt en pleine gloire.
- Le Zeppelin IV a été conçu comme ses devanciers en vue de la réalisation pratique de deux grands principes : la rigidité de l’enveloppe et le grand volume. On sait que cette rigidité est obtenue à l’aide d’une carcasse d’aluminium que recouvre une étoffe de ballon ordinaire et dans l’intérieur de laquelle sont disposés un certain nombre de cloisons formant 18 chambres qui reçoivent chacune des ballons séparés communiquant entre eux. 11 mesure 156 m. de longueur, 15 m. de diamètre et son volume atteint 15 000 m3.11 porte deux nacelles distinctes pourvues chacune d’un moteur Daimler de 110 chevaux actionnant 2 paires d’hélices à 5 branches disposées latéralement à la carène. L’enveloppe est flanquée, au droit de chaque nacelle, de deux séries de plans en forme de persiennes mobiles et étagées; ces plans servent de gouvernail de profondeur. L’empennage arrière diffère de celui des ballons antérieurement construits ; notre photographie montre d’abord un empennage vertical placé tout à fait à l’extrémité, puis, de chaque côté du cône terminant le cylindre, deux séries de plans formant un angle déterminé et portant, de plus, deux plans verticaux qui paraissent être en connexion avec l’empennage vertical d’arrière.
- Étant données les dimensions du colosse, il devrait disposer d’une force ascensionnelle de près de 15000 kg ; mais on n’assure qu’en réalité elle ne dépassait pas 5000 kg qui représentent non seulement le poids du lest et celui de l’essence, mais encore celui de toute la partie mécanique, y compris le moteur, les propulseurs, ainsi que celui du personnel.
- Retraçons brièvement la carrière du Zeppelin IV.
- La première ascension eut lieu le 19 juin; le fonctionnement défectueux des moteurs l’interrompit après 20 minutes. Les représentants du gouvernement, entre autres le ministre de la Guerre, étaient présents, croyant assister au départ pour le voyage sensationnel de 400 km que le comte s’était engagé à accomplir.
- Le 25 juin, à 150 m. de hauteur, 1 e Zeppelin IV évolua pendant 2h15m; il emportait 2000 kg d’essence et 800 kg d’eau en vue probablement du raid
- Fig. 2. — Le dirigeable République, vue arrière.
- p.247 - vue 251/647
-
-
-
- 248 : ..: ...v LES BALLONS DIRIGEABLES
- attendu, qu’il ne chercha cependant pas à exécuter. Le 29 juin, on essaya un nouveau système de direction ; le ballon put s’élever sous l’action de ses gouvernails de profondeur, sans jeter de lest par conséquent, jusqu’à 250 m.; après s’être posé sur le lac en lace de Romanshorn, il reprit sa route, effectua plusieurs évolutions et descendit à 6U 30m sur le lac à 5 km de Halle. On annonça une vitesse moyenne de 50 km, 600 à l’heure.
- Le 1er juillet, le dirigeable battit le record que détenait son prédécesseur ; il s’éleva à 8 heures du matin pour rester dans les airs pendant 12 heures consécutives, en évoluant au-dessus de Schaffhouse, Râle, Lucerne, Zurich, Winterthür, Romanshorn, Rregenz et rentra au hangar de Frederichshafen après avoir effectué un parcours de 579 km à 400 m. de hauteur. Le comte Zeppelin était à bord, ainsi que le professeur allemand llergesell.
- Le surlendémàin trois autres ascensions de peu de durée lurent.également très réussies.
- Le 14 juillet, le dirigeable entreprenait le ; fameux voyage de 24 heures attendu depuis longtemps. L’itinéraire fixé par l’État-Major allemand était le suivant : départ à 5 heures de
- pointe demeura accrochée pendant que plusieurs des compartiments étaient éventrés; les nacelles s’enfoncèrent dans le lac, un des gouvernails de gauche était mis en pièce et une hélice gravement endommagée. Cette fois les dommages furent énormes. On rentra péniblement le colosse alin de procéder aux réparations.
- Le comte ne se décourage pas. En trois semaines les dégâts sont réparés et de nouveau le plus grand des dirigeables va tenter la magistrale randonnée que lui demande l’État-Major allemand. Cette fois le Zeppelin IV quitte le lac, la Suisse, descend le cours du Rhin, gagne Strasbourg, Mayence, et atterrit sur le fleuve dans une anse paisible. Le même jour, après avoir renouvelé sa provision d’essence, il reprenait l’air, passait au-dessus de
- Fifr. 5. — Sur le lac de Constance.
- Les essais du nouveau dirigeable du cônile Zeppelin.
- Fig. 4.— Le Zeppelin IV.
- l’après-midi, prendre la direction de Bâle, de là, suivre le cours du Rhin jusqu’à Mannheim et évoluant au-dessus de Strasbourg et de Karlsruhe, décrire une courbe qui viendrait couper la ligne première à Karlsruhe et retour au hangar par Stuttgart.
- Vers 2 heures le Zeppelin s’élevait au-dessus du lac; il prit la direction de Constance, et, aussitôt après avoir quitté la ville, on le vit virer et rentrer à Friedrichshafen. D’après le télégramme expédié par le comte Zeppelin lui-même une aile du ventilateur du système refroidisseur se brisa. L’avarie, peu grave, fut réparée le jour même et le lendemain le mastodonte se disposait à partir de nouveau.
- Il quitta son hangar vers 11 heures remorqué par un vapeur remplaçant le canot automobile qui, jusque-là, avait été employé pour le sortir. L’arrière était encore sous la protection de son abri quand un coup de vent subit le jeta contre le hangar. La
- Mayence à 11 heures du soir, au-dessus de Mannheim à 1 heure trois quarts, puis se dirigeait sur Stuttgart qu’il atteignait à 6h20‘“ du matin. On pouvait escompter le retour sur le lac de bonne heure dans la matinée, mais près d’Echterdingen une panne du moteur se produisit et l’on dut atterrir en plein champ pour procéder aux réparations, comptant repartir vers 6 heures du soir. Vers 2 heures de l’après-midi, un vent d’orage se mit à souffler, et causa, croyons-nous, la rupture d’une canalisation d’essence près du moteur en marche pendant que le ballon était arraché du sol. En quelques instants l’immense récipient d’hydrogène explosait. Plusieurs versions différentes ont été données; elles nous semblent peu plausibles. Peut-être connaîtrons-nous la vérité un jour, à moins que les personnes présentes, affolées, n’aient pu elles-mêmes la déterminer.
- L’œuvre du comte Zeppelin est anéantie. L’homme aussi, car il perçoit encore l’écho des ovations enthousiastes qui l’ont accueilli à son passage au-dessus des plus humbles bourgades allemandes. Mais l’élan national dont il a pu constàter la sincé-
- p.248 - vue 252/647
-
-
-
- = LES BALLONS DIRIGEABLES
- 249
- rité ne s’arrête pas. Les souscriptions affluent, et plusieurs millions de marks lui sont offerts pour lui permettre de réparer le malheur. Quelle que soit la forme donnée aux manifestations par une foule brutale dans sa joie, l’inventeur conserve toutes nos sympathies, toute notre admiration, car il personnifie l’énergie indomptable, celle qui lasse le destin.
- Gross 11. — Le major Gross, aidé de l’ingénieur Jiasenach, a commencé en mai la construction d’un nouveau dirigeable destiné aux aérostiers prussiens. Les journaux allemands ont peu parlé de ce ballon; emprunlons-leur les quelques renseignements qui suivent. Le Gross n° 2 mesure GG m. de longueur et 11 m. de diamètre au maître-couple; son envc-
- une tête » perpendiculairement dans la forêt. Sérieusement endommagé il fut cependant remis en état en peu de jours et le 11 juillet il reprenait l’atmosphère, manœuvrait au-dessus de Tegel à •400 m. d’altitude et effectuait, l’essai d’un système de signaux militaires inventé par le major Sperling. G’est tout ce que nous savons de lui.
- llaiiu. — Ce dirigeable construit en 1905 n’a pas encore fait ses preuves. 11 est caractérisé par l'absence de ballonnet compensateur et de carcasse rigide. Pour maintenir la permanence de la forme, l’inventeur, le comte Almerico da Sclrio, a imaginé une carène élastique ventrale constituée par un fuseau longitudinal en lames de caoutchouc de Para. Ce
- Fig. b. — Le dirigeable Réjniblhiue à sen départ pour Clialais-Mcudon.
- loppe serait tendue sur une armature en tubes d’acier montée sur une plaque concave en aluminium dissimulée à l’intérieur du ballon ; il procéderait dans une certaine mesure du principe de l’enveloppe rigide. La nacelle, de 5 m. sur 2, également faite en tubes d’acier, est fixée à la carcasse du ballon par d’autres tubes; elle porte deux moteurs indépendants de 75 chevaux actionnant chacun une hélice à trois branches en aluminium placée entre la nacelle et le ballon. Deux ballonnets compensateurs assurent la permanence de la forme, ce qui indique, d’autre part, que la rigidité ne serait pas exclusivement due à l’armature métallique. Le 30 juin, le ballon effectua deux sorties que l’on dit intéressantes, mais le 1er juillet, après s’être dirigé au-dessus du bois de Grüseewald, on le vit « piquer
- caoutchouc se dilate et se contracte suivant les nécessités. Un double réseau de suspentes soutient la nacelle et porte en même temps une série de plans mobiles permettant au dirigeable de s’élever sans jeter de lest et de descendre sans perte de gaz.
- Les quelques modifications qu’il a subies récemment ne portent pas sur le principe. Des cordons élastiques ont remplacé les lames de para et des plans horizontaux et verticaux ont été fixés à l’arrière de la nacelle. Un moteur Antoinette de 50 chevaux a remplacé l’ancien moteur de 12 chevaux; il actionne l’hélice placée, ainsi que dans le ballon Gross, entre la nacelle et le ballon. Cet engin ne peut être considéré que comme un modèle d’expériences, il mesure, en effet, 1200 m3 seulement. Néanmoins les essais pourront être intéressants à suivre.
- p.249 - vue 253/647
-
-
-
- 250 .= LA LEGENDE DES NATTES
- Un assez grand nombre d'autres dirigeables sont à l’étude en ce moment; nous n’en parlons que pour mémoire, nous réservant de les présenter en détail à nos lecteurs lorsqu’ils seront construits. C’est ainsi que l’on annonce comme prochaine la sortie d’un nouveau dirigeable italien dû à la collaboration de trois officiers : le major Morris, le capitaine Rical-doni et le lieutenant Crocco. En Suisse, plusieurs ingénieurs auraient proposé au gouvernement fédéral la construction de dirigeables militaires. Le génie militaire russe travaille aussi à un dirigeable du genre Patrie qui pourrait transporter cinq passagers. Aux Etats-Unis le Ministre de la Guerre aurait commandé un dirigeable capable de rester deux heures en l’air, transporter deux personnes, 50 kg de lest et faire de ‘25 à 58 km. à l’heure. D’autre part, le NuUi-Secundus 1908 serait terminé; peu de modifications auraient été apportées au premier modèle dont on se serait contenté d’alléger le gréement et de donner plus de rigidité au bâti. M. Louis Ca-pazza, l’aéronaute bien connu, met dit-on la dernière main à la construction d’un dirigeable très original qui s'appellera le Bayard-Clément; nous attendrons les essais pour le décrire. 11 a été question également d’un nouveau modèle de dirigeable d'armée étudié par M. Julliot pour le compte du gouvernement français et qui serait plus puissant que République, désigné sous le nom de dirigeable de forteresse. De ce côté encore, nous devons nous tenir sur la réserve, bien que la description générale' de ce navire aérien ait déjà été publiée. L’Allemagne attire encore notre attention avec le Parseval II dont on dit seulement qu’il mesure 58 m. de longueur et
- 9,40 m. de diamètre, la nacelle peut se déplacer pour l’aire varier la position du centre de gravité. Moteur : 100 chevaux. La Société Siemcns-Stuckert achève aussi un auto-ballon du type non rigide. Enfin, signalons encore chez nos voisins de l’Est, la constitution très significative d’une Société analogue au Flottenverein (Luftilottenverein), dont le but est de fournir aux inventeurs les moyens de travailler au perfectionnement des dirigeables. L’Allemagne, en ellet, veut une Hotte aérienne « susceptible d’assurer la protection de ses sujets à l’étranger et capable de la maintenir au premier rang des puissances ». L’empire de l’air!
- 11 est de fait que les. Allemands, malgré les insuccès et les coups du sort qui accablent leurs productions, semblent plus enthousiastes que n’importe quel autre peuple. Leur sentimentalisme s’est épris de la littérature simili-scientifique; l’ouvrage de M. Rudolf-Martin relatif à la guerre aérienne a excité l’enthousiasme populaire à un tel degré que les Anglais, visés dans le roman, se sont crus obligés de prendre peur! Songez donc : une Hotte de navires aériens peut transporter, en une demi-heure, 550000 hommes de Calais à Douvres; donc en une heure c’en est fait de l’Angleterre ! Ce sont là de purs enfantillages. Le temps n’est pas encore venu où les nations seront aux prises dans les airs, où les auto-ballons, puisqu’on veut les désigner ainsi, concurrenceront les paquebots. La traversée de l’Atlantique, pas plus que les voyages au pôle Nord, ne relèvent du domaine des moyens aériens dont nous disposons actuellement.
- Laissons cela pour plus tard. Lucien Foïjrnieu.
- LA LÉGENDE DES NATTES
- Notre confrère et ami M. Bellet exposait dernièrement ici l’histoire technique — si curieuse ! — de la fabrication des nattes de Chine, du Japon et du Tonkin1. Le hasard de recherches nous a fait rencontrer un autre aspect curieux de la question.
- Dumoutier — dans son savant ouvrage posthume, plein de richesses éparpillées, les Cultes Annamites2 — signale qu’au-dessous du culte officiel dépendant directement de l’empereur, au-dessous également des cultes buddhiques et taoïstes, et par conséquent pour ainsi dire hors de portée de l'Empereur de Jade, ancien oiseau rouge changé en divinité suprême, puérile et forte, il existe dans la pensée annamite tout un monde d’êtres surnaturels, anciens hommes devenus des sortes de saints ou de héros. Parmi ces génies, si beaucoup sont d’anciens guerriers, si d’autres ont brillé par des vertus pieuses, un plus grand nombre peut-être appartiennent à une classe non pas inconnue, mais beaucoup moins développée dans nos folklores. Cette classe comprend les génies des corporations et des métiers, c’est-à-dire les divinisations des industriels qui soit ont inventé, soit ont introduit des
- 1 Voy. n° 1836, 1er août 1908, p. 134.
- 2 Publié dans la Revue Indo-chinoise, 1905, t. III, nos 4 à 11 ; Compte rendu très soigné dans Y AnLhropolorjic,ryl906, t. XVII, p. 463-469.
- moyens nouveaux d’exploiter les richesses de la nature.
- Un trait singulier et commun frappe à la lecture de toutes leurs légendes, et montre en même temps de quelle façon et jusqu’à quel degré les croyances mythologiques peuvent dépendre de conditions historiques et géographiques. La presqu’île indo-chinoise n’a jamais connu, semble-t-il, de grandes civilisations indigènes, mais, située à l’Orient de l’Inde éclatante et religieuse, et au Sud de la Chine prospère et volontiers guerrière, elle a servi sans cesse de terrain aux conquêtes de l’esprit et des armes. Suivant la règle aussi des peuples habitués à ces aventures mais ne les aimant pas, un particularisme assez net, une sorte de nationalisme obscur, s’y sont développés contre les vainqueurs, qui apportaient la civilisation, et ont imprégné toutes les légendes. Celles qui racontent l’origine des arts sont pour ainsi dire toutes anti-chinoises, parce que ce sont justement les Chinois qui ont appris les arts ou les métiers à l’Indo-Chine. Aussi, par une de ces fictions patriotiques qui sont comme de pieux mensonges, elles ne célèbrent que des victoires, remportées dans le domaine économique. L’histoire du patron des nattes de jonc est caractéristique de celte manière.
- « If se nomme, dit Dumoutier1, Pham-Dôn..., originaire
- 1 Rev. Indo-chinoise, p. 692-693.
- p.250 - vue 254/647
-
-
-
- EXPÉDITION ASTRONOMIQUE DU MONT REVARD ::..—— 251
- du village de Thanh-nhan..., et vivait soiis le règne de Thien-phuc, de la dynastie des Ile (981 à 1000).
- « 11 avait obtenu aux examens le titre suprême de Trang-ngyên et occupait de hautes fonctions à la cour du roi.... Un jour, comme il revenait de remplir une mission en Chine, il s’arrêta dans le Chàu de (iuê-làm (aujourd’hui Keuei-lin de la province du Kouang-si) au village de Ngoc-lio et l'ut surpris de voir les habitants de ce village se livrer exclusivement à la confection des nattes de jonc; c’était là leur seule ressource, car les environs très marécageux ne produisaient rien autre chose que du jonc. 11 songea que cette industrie pourrait peut-être tirer de la misère un grand nombre de familles annamites qui habitent des territoires pauvres, et il observa de quelle façon s’y prenaient les Chinois pour faire des nattes. Le procédé lui parut si facile qu’au bout de trois jours il le possédait entièrement; il reprit donc son chemin et revint rendre compte à son roi de sa mission.
- « 11 se rendit ensuite dans son village et se mit à explorer les environs à la recherche du jonc des marais; il n’en trouva pas; il parcourut alors le pays sans plus de succès et désespérait d’en rencontrer, quand il arriva sur le bord de la mer, dans la province de Nam-dinh. 11
- aperçut alors de vastes étendues de terres inondées, impropres à la culture et recouvertes d’un jonc dont les tiges étaient plus hautes qu’un homme debout; çà et là de maigres villages abritaient une population de pêcheurs, dont la mer était la seule ressource. 11 alla vers ces pauvres gens et leur dit : « Voulez-vous que je vous « enseigne le moyen de convertir tous ces joncs inutiles « en barres d’or? » Et comme tout le monde le regardait ébahi, il leur expliqua la fabrication des nattes. Il se trouvait alors au village de llaï-thiên ; les habitants comprirent admirablement ce qu’il leur disait et se mirent au travail.... Ils réussirent et tous devinrent riches. Pham-l)on mourut ministre des rites, le roi d’Ânnam lui décerna des honneurs posthumes magnifiques, et proclama les services qu’il avait rendus au royaume. Le village de llaï-thiên prit le deuil, et voulant reconnaître ainsi le service qu’il lui avait rendu en le dotant d’une industrie lucrative, il lui érigea un temple qui est devenu l’un des plus puissants de la région, et plaça sur l’autel la tablette du ministre, qui fut proclamé et qui est resté depuis lors le patron des fabricants de nattes de jonc.... »
- C’est ainsi qu’on écrit l’histoire.... C’est ainsi qu’on devient un Dieu!... Marcel Blot.
- L’EXPÉDITION ASTRONOMIQUE DU MONT REVARD
- La qualité essentielle des images télescopiques esl la netteté sans laquelle la vision des petits détails est impossible. Cette netteté dépend principalement de deux facteurs : la perfection de l’objectif et l’étal de l’atmosphère. 11 est donc indispensable, lorsqu’on a enfin obtenu un objectif aussi parfait que possible, chose difficile, d’utiliser cet instrument dans les meilleures conditions atmosphériques. Une atmosphère agitée par le vent, en équilibre instable par suite de températures inégales, produit des images ondulantes, lloues, dans lesquelles il est impossible de distinguer les moindres détails.
- Le relief du sol, la nature du climat, la disposition des batiments et la situation de l’observatoire jouent également un rôle important dans la qualité des images.
- Un grand nombre d’observatoires ont été établis en dés lieux jouissant d’une vue admirable, mais dans une situation défectueuse : au bord d’une plaine, par exemple, juste sur la pente d’une vallée; au sommet de petits monticules ; près des bois ou sur des pics escarpés. Certains de ces établissements sont moins favorisés, au point de vue de la qualité des images, que certains observatoires des villes où, malgré les poussières et l’illumination due aux lumières artificielles, le calme atmosphérique est souvent plus grand.
- Ainsi donc, parmi les situations si diverses dans lesquelles on peut placer un instrument astronomique d’une certaine importance, il semble qu’il en existe de plus favorables, pour lesquelles le nombre des nuits calmes et claires est plus élevé que par ailleurs. De là à rechercher ces situations, il n y a qu’un pas, et l’expédition astronomique
- du mont Revard en est un exemple tout récent.
- M. R. Jarry-Desloges, dont nous avons déjà cité les travaux ici même1, voulant profiter de l’opposi-lion de la planète Mars, en 1907, pour se rendre compte de visu de l’état de la question martienne, a installé au mont Revard, près d’Aix-les-Bains (latitude Nord : 45° 40'55"; longitude Est : 5° 58'25"; altitude 1550 mètres), un observatoire temporaire de juillet à septembre 1907.
- Cet observatoire se composait d’une coupole métallique de 5 mètres de diamètre, 4m,90 de hauteur, spécialement construite en vue d’un démontage et d’un transport faciles. Comme elle devait être placée à des altitudes élevées, et, par suite, exposée à des vents très violents, M. Jarry-Desloges a combiné l’ossature de manière qu’elle pût résister aux plus fortes tempêtes; elle a subi, d’ailleurs, au Revard, de nombreuses et violentes bourrasques sans aucune avarie.
- Cette coupole abritait un réfracteur monté équa-torialement, de 0ni,29 d’objectif et de 3m,50de distance focale. L’objectif, construit par Merz, a été remarquablement réussi au point de vue de la taille. Ce n’est qu’après les essais les plus sévères qu’il a été définitivement adopté.
- Le pied équatorial, à latitude variable, permet la mise en station rapide de l’instrument à l’endroit choisi. Les pièces, facilement démontables, peuvent être aisément transportées à bras d’homme. Le tube, fait en alliage d’aluminium, a 5 millimètres d’épaisseur, 0m,29 de diamètre et ne pèse que 27 kilogrammes. Sa flexion a été reconnue inférieure à
- 1 Voy. n° 1822, du 25 avril 1908 : La disj)arilion de l’anneau de Saturne.
- p.251 - vue 255/647
-
-
-
- 252 ===== EXPEDITION ASTRONOMIQUE DU MONT REVARD
- 1/10® de millimètre dans la position horizontale, l’instrument étant muni de son objectif.
- Un second objectif de O111,57 de Schær a servi à prendre un certain nombre de dessins. Sa distance locale est de 4"‘,40 environ. Il est d’une excellente exécution.
- M. Jarry-Desloges s’est donc spécialement attaché à réunir des objectifs aussi parfaits que possible : « L’objectif, dit-il, est lame de l’instrument. S’il n’est pas de tout premier ordre, les Uns détails planétaires seront difficilement perceptibles, on même complètement invisibles, et encore, si l’on arrive à les voir, souvent ils seront aperçus sous des apparences erronées....
- « Malheureusement, les objectifs de tout premier ordre sont excessivement rares, et ils le deviennent de plus en plus à mesure que leur diamètre augmente.
- «... Ce qui est certain, ajoute M. Jarry-Desloges,
- Au Revard, les réfracteurs de 0m,37 et de 0111,29, par suite des circonstances atmosphériques, n’ont jamais pu être utilisés à toute ouverture. Le diaphragme de 0m,21 est, celui, qui a fourni les meilleurs résultats. De l’ensemble des observations, il ressort qu’un diaphragme iris se manœuvrant de l’oculaire est indispensable pour tout objectif de dimension supérieure à0"“,24. Mais il est inutile que la plus petite ouverture soit inférieure à O11',18, ce (pii simplifie la construction.
- M. Jarry-Desloges, à la suite de considérations qui ne peuvent trouver place ici, estime que notre atmosphère défectueuse ne permet pas d’utiliser avec avantage, pour l’étude des surfaces planétaires, une ouverture d’objectif supérieure à 0m,21, même à 1550 mètres d’altitude, par les soirées de calme absolu.
- Les objectifs monstres de 0m,70 ou 0m,80 et plus,
- Fig. 1.- — La coupole installée sur le plateau du Revard, à 1350 mètres d’altitude.
- — et, nous sommes entièrement de son avis, — c’est qu’en notre xxe siècle, il est presque impossible de trouver, dans les six parties du monde, un artiste capable de bien tailler rapidement un grand objectii. Les plus habiles d’entre eux (ils sont peu nombreux et on peut les compter sur les doigts de la main) n’y arrivent à peu près qu’à la suite de tâtonnements sans fin, un labeur écrasant et après y avoir passé des années, bien heureux encore quand ils y arrivent, ce qui est rare ! »
- Cette conclusion, qui exprime malheureusement l’état de la question, devrait être pour les constructeurs un encouragement en vue de les amener à perfectionner, dans la plus large mesure possible, la partie optique des instruments astronomiques. Beaucoup n’y prêtent pas une attention suffisante et trop souvent sur un instrument bien construit figure une optique défectueuse. Cette conclusion s’applique aussi bien aux grands instruments des observatoires qu’aux lunettes d’amateurs.
- placés au niveau de la mer ou presque, devraient être ainsi complètement inutilisables pour l’étude de la surface des planètes.
- C’est avec un objectif de 0m,21, de très bonne qualité, que Schiaparelli a découvert les canaux de Mars. Il semble qu’il avait précisément là l’instrument nécessaire à cette étude.
- En raison de la difficulté d’installer de grands instruments à de hautes altitudes, et surtout de les réussir optiquement, M. Jarry-Desloges estime que, nous n’avons donc qu’un espoir limité de connaître plus complètement les détails des surfaces planétaires. « Il est vrai, dit-il, que l’on s’est engagé jusqu’ici dans une voie sans issue. Ce n’est pas de très grands instruments qu’il faut, mais de meilleures conditions atmosphériques. Ce n’est pas aux environs des grandes villes, mais sur les plateaux élevés et sur des sommets convenablement choisis qu’il faudra établir les observatoires. »
- Dans les environs des Tropiques, par 5000 mètres
- p.252 - vue 256/647
-
-
-
- EXPÉDITION ASTRONOMIQUE DU'[MONT REVARD -. 253
- d’altitude (où l’on rencontre des bourgades), dans l’Amérique du Sud, sur les hauts plateaux du Tilibèt, l’atmosphère atteint une pureté vraiment fabuleuse. C’est à ces altitudes qu’il faudra
- observatoires découvertes.
- Les observatoires de mesures et autres, qui ont besoin de longues séries de nuits d’observation, gagneront à être installés dans les régions désertiques ou semi-désertiques, sous les Tropiques, sur les grands plateaux élevés entre 1500 mètres ou 2500 mètres.
- Les observations laites au mont Revard, par M. Jarry-Desloges, assisté avec zèle par M. G. Fournier, ont porté principalement sur la planète Mars, puis sur la Lune, Jupiter,Saturne et Mercure. On a utilisé au mieux toutes les nuits claires et réuni un très grand nombre d’observations.
- Comparés aux photographies de Mars obtenues en Amérique par M. Lovvell, les dessins du mont Revard ont montré une similitude des détails importants qui. prouve leur exactitude.
- 17 canaux ont été dessinés, dont un semble nouveau.
- L’ensemble des observations a permis d’établir deux planisphères de la planète qui peuvent figurer parmi les meilleurs. La genèse de la vision de certains canaux est particulièrement curieuse.
- Sur la Lune, les observations ont porté sur les cratères Messier, Linné, le fond du cirque Platon,
- les taches d’Hélicon, points dans lesquels on a signalé des changements probables, provenant, à n’en pas douter, de la variation de l’éclairement résultant de
- la hauteur variable du Soleil.
- L’observation des cratères Messier (lig. 5), a révélé l’existence d’apparences ou de phénomènes bizarres d’un haut intérêt. Certaines taches apparaissent, s’étalent puis disparaissent. Des dessins, pris d’heure en heure, du douzième au dix-septième jour de la Lune, seraient nécessaires pour élucider la cause de ces formations. L’éclairement solaire joue également ici un rôle important.
- Le cratère central du tumulus de Linné est on ne peut plus visible, sauf pendant cinq jours, à chaque lunaison. Son diamètre a paru varier du simple au double.
- U nous est impossible de nous étendre davantage sur les travaux de cette expédition. M. Jarry-Desloges les a reproduits dans un bel ouvrage : Observations des surfaces planétaires (1907).
- L’auteur continue actuellement l’œuvre entreprise, non plus au mont Revard, mais en plusieurs stations de France et d’Algérie. 11 recherche, en vue de l’opposition très favorable de la planète Mars de l’année prochaine, les sites qui lui permettront d’utiliser au mieux l’excellent matériel astronomique qu’il a réuni. Eji. Toucuut.
- Fig. 2. — Observations de la planète Mars, laites à l’Observatoire du Mont Uevard. Dessins de M. 11.'Jarry-Desloges. Dessins de M. G. Fournier.
- 28 juillet, 9“ 25 août, 8h40"'.
- 18 août, 8b 20"'. 9 septembre, 7h0"‘.
- Fig. ô. — Variations d’aspect des deux cratères lunaires Messier, d’après les observations laites au Mont Revard.
- 14 août, 25 août, 10" 50'".
- 22 juillet, 911 io"1. 25 août, 11"0”.
- p.253 - vue 257/647
-
-
-
- 254
- L’ARBRE-ECURIE DES BAHAMAS
- L’archipel des Bahamas est éloigné dos grands chemins de la navigation. C’est dire que Nassau, l’une des plus petites capitales du Nouveau Monde, est rarement visitée par les touristes. En lait, qu’iraient-ils y chercher? Les confidences des exilés haïtiens et dominicains qui viennent y conspirer contre leurs gouvernements respectifs ?
- Héberger les révolutionnaires des deux républiques noires et pécher les éponges, voilà les deux principales ressources de l’archipel. Les montagnes, et, partant, les sites pittoresques, brillent par leur absence.
- Quand les Nas-sauviens vous auront fait admirer leur fameux silk-Iree, vous n’aurez plus qu’à vous rembarquer vers une
- région plus attrayante. Cet arbre-à-soie, de la famille des acacias, peut être considéré comme le doyen de la nature végétale aux Antilles.
- Une tradition veut que Christophe Colomb s’abrita sous son ombrage; on se souvient, en effet, que l’île San Salvador, la première terre aperçue par l’intrépide Génois après sa traversée de l’Atlantique, fait partie du
- Le doyen de la flore des Antilles.
- groupe des Bahamas, ou Lucayes, — et c’est d’ailleurs une assez faible raison !
- Mais voici un fait dûment prouvé : quand des aventuriers anglais établirent, en 1629, un comptoir à Nassau — ce furent les débuts de la puissance coloniale anglaise,
- — les gigantesques cloisons dressées contre le tronc par le prolongement des racines servirent de box à leurs chevaux. On peut en déduire •pie l’arbre avait terminé déjà sa croissance, et qu’il passait déjà pour un vénérable doyen. 11 continua à ser-» vir d’écurie pendant deux siècles et demi. Chaque samedi, jour de grand marché, les paysans des environs attachaient leurs baudets sous ses branches massives, entre ses murailles naturelles. Mais l’heure vint où les habitants de Nassau s’aperçurent que, par un tel usage, ils profanaient ce témoin de leur histoire. L’arbre-à-soie fut désormais protégé par une double chaîne. Si les indigènes viennent encore faire la sieste ou deviser sous son épais feuillage, l’enceinte circulaire est maintenant interdite pour leurs bêtes de somme. V. F.
- CHRONIQUE
- La photographie des ondes électriques. —
- La photographie des ondes électriques vient d’être réalisée par un ingénieur allemand, M. ltieder. D’après la Revue générale des sciences, il ne s’agit pas de photographie directe des ondes; on n’a pas encore découvert de corps impressionnable par ces radiations spéciales, comme l’est le bromure d’argent, par exemple, par les radiations lumineuses. M. Riedcr s’est proposé seulement de photographier les étincelles que le passage des ondes fait naître entre les particules de limaille d’un cohéreur de télégraphie sans fil; il est parvenu dans cette voie à d’intéressants résultats. 11 prend une plaque de verre sur laquelle il inscrit un signe, au moyen d’une solution de‘ laque; avant que celle-ci ne soit tout à fait sèche, on la' saupoudre d’aluminium pulvérulent, on la met au contact d’une plaque photographique à grande sensibilité, et l’on renferme le tout à l’intérieur d’un châssis protégé contre l’entrée des rayons lumineux. Ayant soumis ce système à l’action d’un train d’ondes électriques, M. Rieder observa que le signe en question se reproduisait d’une façon parfaite sur la plaque photographique. La poudre d’aluminium a joué ici le rôle de cohéreur, mais à l’inverse de ce qui se passe pour les cohéreurs habituels, il n’est ici nullement nécessaire de décohércr, c’est-à-dire de détruire l’agglomération des particules métalliques par
- des chocs imprimés à l’appareil. Autre remarque intéressante : on constate un accroissement des effets en recouvrant d’une feuille métallique le côté postérieur de la plaque de verre. Après ces expériences préliminaires, M. Rieder procéda à la construction d’un appareil spécial, avec lequel il obtint, sur une plaque photographique, des enregistrements à 70 m. de distance. Son dispositif paraît constituer un excellent moyen de révéler et d’enregistrer le passage d’ondes électriques, lorsqu’il aura reçu les perfectionnements nécessaires.
- L’abatage hydraulique dans les mines. — On a expliqué récemment ici les services que l’abatage hydraulique peut rendre dans les terrassements; le procédé a pris naissance dans l’exploitation des placées aurifères, au moyen de ce que les Américains appellent des monitors, d’où sort un jet énorme de 20 à 25 cm de diamètre sous une pression considérable. On a perfectionné étrangement ces monitors depuis quelque temps, notamment en les munissant latéralement d’un deflector : c’est line plaque qui ressemble à celle dont on munit les tuyaux d’arrosage pour étaler le jet. Ici, il s’agit d’opposer une résistan'ce, dans telle ou telle direction, à la colonne liquide ; il se produit une réaction sur celle-ci, et comme le monilor, dans sa partie extrême, est monté sur un point universel, il se déplace et s’incline en sens inverse
- p.254 - vue 258/647
-
-
-
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- 255
- du plan dans lequel on a amené la plaque dite dejleclor. Un a maintenant imaginé un dispositif qui permet la commande à distance d’un de ces puissants ajutages : l'ingénieur en chef de la mine Lagrange, en Californie, assure la commande du dellector au moyen d’électro-aimants. De la sorte, point besoin d’homme à côté du jet; or, ces jets sont fort dangereux par eux-mêmes, à cause de leur violence; d’autre part, on peut les placer presque au pied des falaises à attaquer, sans redouter que des éboulemenls aient des conséquences funestes pour le personnel ouvrier.
- La tuberculose et les Peaux-Rouges. — On
- avait affirmé déjà, à plusieurs reprises, que la tuberculose, principalement en sa forme pulmonaire, causait d’elfroyahles ravages parmi les tribus de l’Amérique du Nord. Nous possédons maintenant des données précises sur la marche envahissante du fléau que l’on a justement appelé la « peste blanche ». Le l)r C. Woods llulehinson, qui fut attaché pendant G ans à plusieurs réservations de la côte du Pacifique, a dressé sur ce sujet une statistique navrante. De l’Alaska au Mexique, la mortalité causée parmi les populations autochtones par la tuberculose entre pour 55 pour 100 dans le nombre total des décès, tandis qu’elle ne sévit qu’au taux de 12 pour 100 parmi l’élément blanc habitant les mômes régions. 11 cite une statistique dressée par le Dr James Wallier, médecin attaché pendant 10 ans à la réservation de llosehud (Dakota), où sont internés près 5000 Sioux. La phtisie y causa, durant cette période de 10 ans, 42 pour 100 des décès. Or, il est utile de rappeler que les Sioux représentent, au point de vue physique, une
- <#5s
- ACADÉMIE E
- Séance du 14 septembre 1908.
- Le planement des oiseaux. — M. Appell présente une note de M. Esclangon sur les conditions du planement des oiseaux dans l’air. M. Marcel Deprez a démontré dernièrement que le planement de l’oiseau s’explique dans l’hypothèse d’un courant d’air ascendant. M. Esclangon, prenant en considération cette particularité que les données de la météorologie 11e révèlent pas l’existence de courants d’air de ce genre, a étudié de nouveau les conditions du planement. 11 a reconnu que des variations dans la vitesse des courants atmosphériques peuvent suf-lire pour permettre le planement.
- Legs à l’Académie. — M. le Président annonce que, suivant avis transmis par M. Jean Becquerel, M. Henri Becquerel a laissé à l’Académie des sciences une somme de 100 000 fr. en confiant à l’Académie le soin de fixer l’emploi des arrérages de cette somme. M. le Président exprime la gratitude de l’Académie et constate le haut témoignage de confiance fourni par le donateur ainsi que sa connaissance du véritable intérêt de la science. 11 est impossible, en effet, de connaître les encouragements que l’Académie devra distribuer dans l’avenir; par suite il est essentiel qu’elle reste libre d’employer, au mieux des besoins qui se manifesteront, les sommes provenant de libéralités. Après avoir également insisté sur ce point, M. Darboux demande que la lettre de M. Jean Becquerel soit insérée dans les Comptes rendus.
- Le diagnostic de la tuberculose. — M. Bouchard présente ensuite une note de MM. Moussu et Mantoux, sur les avantages qu’offre un procédé de diagnostic de la tuberculose récemment indiqué par M. Mantoux. Ce procédé consiste à injecter dans l’épaisseur du derme une
- des plus belles branches de l’espèce humaine. En outre, à l’encontre de tant d’autres tribus, les Sioux de la Rosebud Agcncy vivent dans le bien-être. Ils possèdent des maisons confortables, des troupeaux, et le Gouvernement leur distribue d’abondantes rations d’aliments de premier choix. Une autre statistique intéressant 11 réservations établit un pourcentage de 50 et de 00 pour 100 à l’actif de la même maladie dans la mortalité. Au Fort Seward (Alaska), un chirurgien militaire a étudié une petite tribu de la région. Sur les 117 Indiens qui la composaient, 24 personnes (soit 25,0 pour 100) étaient atteintes de tuberculose pulmonaire avancée, tandis que la proportion des autres malades étaient de 12 pour 100 pour ceux qui souffraient de phtisie au premier degré, de 10,2 pour 100 pour les victimes d’autres formes de la tuberculose. Ainsi, sur 117 adultes que comptait la tribu, 48 pour 100 étaient atteints de tuberculose. Ils avaient eu 512 enfants, dont 172, soit 55 pour 100, étaient morts, presque tous de maladies tuberculeuses. Les maladies dites d’enfants (rougeole, coqueluche, oreillons, petite vérole volante) ne sont pas moins redoutables pour les Indiens. Une épidémie de rougeole, importée par l’enfant d’un colon dans la vallée de la Columbia (Orégon), anéantit en quelques semaines toute une tribu. Ouand l’influenza fit son apparition en Alaska (1889-1890), elle fit des ravages terribles parmi les Indiens, dont un tiers fut enlevé. Il va sans dire que le bilan de la petite vérole est encore plus atterrant. Et l’on peut dire en principe que toutes les tribus qui refusèrent de se laisser vacciner durant les cinquante dernières années furent balayées par le fléau.
- Nï&>
- S SCIENCES
- - Présidence de M. Bouchard.
- quantité extrêmement faible de tuberculine, une fraction de milligramme. Cette injection provoque, au bout de quelques heures, l’apparition d’une plaque œdémateuse qui disparaît sans traces sur les sujets indemnes de tuberculose, mais qui au contraire laisse subsister une trace de réaction chez les sujets atteints de tuberculose môme latente. Chez les sujets qui ont subi préalablement une injection de tuberculine sous la peau, la réaction 11e se produit pas. Les auteurs insistent sur la rapidité et la commodité du procédé qui a, en outre, l’avantage de rendre impossibles les supercheries.
- Les altérations des noyaux des cellules. — M. Joannès Chatin expose ses recherches sur le noyau des cellules, qui longtemps a été un organe énigmatique. 11 montre par quelles altérations nucléaires s’annoncent la décrépitude, puis la mort de la cellule. Ces dégénérescences nucléaires sont d’autant plus dignes d’attention qu’elles s’observent dans la cellule végétale comme dans la cellule animale.
- L’évolution de la tuberculose. — M. Chauveau résume une note dans laquelle MM. Rodet et Delanoé étudient les causes des variations que l’on constate dans l’évolution de la tuberculose. D’après les idées généralement admises la résistance des sujets joue un rôle prépondérant dans les inégalités d’évolution observées. Les auteurs se sont préoccupés de rechercher quelle action exerçait réellement la virulence des bacilles. Ils ont recueilli les bacilles d’animaux infectés et ont constaté qu’il y avait un parallélisme entre cette virulence et l’évolution. D’après leurs conclusions le facteur virulence prime le facteur résistance. Cu. de Yilledeuie.
- p.255 - vue 259/647
-
-
-
- 256
- LE PORTRAIT STÉRÉOSCOPIQUE ANIMÉ
- L’appareil employé dans les cabinets de physique sous divers noms, entre autres celui de zootrope, pour démontrer la persistance des impressions sur la rétine, a été perfectionné par M. Reynaud, il y a une trentaine d’années (voy. n°296 du Ie1’lévrier 1 879) ; on le trouve dans le commerce sous le nom de praxinoseope. Plus tard l’inventeur combina son appareil avec la lanterne à projection (voy. n° 999 du 25 juillet 1892) et, devançant le cinématographe, il montrait sur un écran, au théâtre Grévin, des scènes animées très amusantes ; seulement, au lieu d’être photographiées, elles étaient entièrement dessinées et peintes à la main.
- Ces scènes animées ne pouvaient évidemment pas lutter avec celles du cinématographe, aussi l’inventeur a-t-il cédé la place à celui-ci; mais il n’a pas cessé de perfectionner son praxi-noscope et aujourd’hui il l’adapte au portrait stéréoscopique, de façon à donner une image en relief et animée de la personne représentée.
- Un sait combien il est difficile de saisir la véritable expression de figure, celle qui donne la caractéristique du sujet. Le plus souvent on est photographié dans une pose apprêtée, avec un sourire forcé, on donne une sensation de gêne qui est presque inévitable avec le traditionnel « ne bougez plus ! » On est figé dans une expression immuable qui est rarement la plus favorable. Aussi, consultez vingt personnes portraiturées, surtout les dames, vous n’en trouverez pas deux qui soient satislaites ; elles trouveront généralement leurs amies bien réussies, mais elles-mêmes jamais. En fait, quand nous considérons notre prochain, ce n’est pas une expression unique que nous voyons, mais une série d’expressions qui se juxtaposent et que l’œil confond, ce que ne fait pas l’objectif photographique, et c’est cet ensemble d’expressions qui nous donne la véritable physionomie. 11 est donc tout indiqué de faire le portrait cinématographique et on aura une impres-
- Sléi'éo-Cinéma Iteyuaud donnant le portrait stéréoscopique animé.
- sion encore plus nette de la réalité en ajoutant le relief stéréoscopique. Pour cela, M. Reynaud a combiné un nouveau praxinoseope dans lequel les images successives, prises avec l’écartement voulu pour satisfaire aux lois de la stéréoscopie, sont placées respectivement à droite et à gauche, à l’intérieur de deux couronnes tournant ensemble autour d’un axe horizontal. Des miroirs plans sont disposés au centre, comme dans le praxinoseope primitif, mais avec une disposition nouvelle qui, déplaçant latéralement les images, permet de les observer normalement à l’aide d’un jeu de prismes stéréoscopiques ; on peut aussi les projeter
- sur un écran en remplaçant ces prismes par deux objectifs. Déplus, les deux séries d’images sont disposées de manière à se présenter succès s i v e m e n t aux yeux sans que, pour chaque œil, la vision cesse detre continue. Cette disposition a l’avantage de doubler le nombre des poses au point de vue cinématographique.
- Dans sa forme pratique, le stéréo-cinéma comporte les organes essentiels indiqués ci-dessus; ils sont supportés par un pied, et l’axe qui porte les couronnes est mis en mouvement à la
- main au moyen d’une manivelle. Un support spécial, à hauteur variable, porte les oculaires et peut, au moyen d’une glissière et d’un bouton de serrage, se placer à distance voulue pour la mise au point.
- M. Reynaud se charge de faire lui-même le négatif, soit à l’atelier, soit à domicile suivant les cas, et avec l’appareil stéréo-cinéma, il livre des positifs sur bandes de papier fort qui se placent très facilement à l’intérieur des couronnes. 11 suffit alors d’orienter l’appareil devant une fenêtre, ou une lampe, pour bien éclairer les images, et de tourner la manivelle pour avoir la reconstitution vivante de la personne représentée. G. M.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiumî, rue de Fleuras, 9.
- p.256 - vue 260/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1844
- 26 SEPTEMBRE 1908.
- DEUX NOUVELLES VOIES FERRÉES EN AFRIQUE
- Les voies ferrées se multiplient rapidement en Afrique; et nous avons déjà parlé ici de quelques-uns des nouveaux chemins de 1er qui s’attaquent de divers côtés au Continent Noir. Nous en voudrions aujourd’hui signaler deux qui sont intéressants à bien des égards, et pour les nouveaux courants de transport qu’ils permettent, et pour les conditions dans lesquelles ils ont été établis.
- Le premier est celui qu’on avait désigné d’abord sous e nom de Chemin de fer de Souakim, mais que l’on appelle maintenant beaucoup plus logiquement Chemin de fer de Port-Soudan, un port spécial ayant été établi .sur la mer Rouge pour lui servir de tète de ligne, à quelque distance de Souakim. L’entrée du port de Souakim
- la voie d’eau; à Assouan, au bout de 3GÜ km, elles retrouvaient le rail, et arrivaient de la sorte à Alexandrie, où elles s’embarquaient lorsque, comme c’était le cas le plus ordinaire, elles allaient sur les marchés extérieurs. Pour parcourir un peu plus de 2000 km, elles devaient donc subir deux transbordements. Entre Berber ou Atbara (ce dernier point étant en réalité celui où les marchandises pouvaient choisir leur direction) et la côte de la mer Rouge, il n’y avait tout au contraire que 500 km; mais les marchandises devaient être expédiées à dos de chameaux, et c’est là un mode de transport particulièrement lent, mal commode et en fait coûteux. Le Gouvernement avait bien abaissé les tarifs sur le che-
- Fig. 1. — Le campement des travailleurs de la ligue de l'orl-Soudan.
- est en effet étroite et dangereuse, encombrée de récifs et de bancs de sable, tandis que Port-Soudan, situé à une cinquantaine de kilomètres au nord, offre une baie large, sure et profonde comme tirant d’eau. C’est du reste Souakim que l’on a utilisé presque uniquement pour le débarquement du matériel durant la construction, Port-Soudan n’étant pas encore en état de recevoir navires ou cargaisons.
- Cette ligne est destinée à mettre en relations Berber, le Haut Nil et le Soudan Anglais, avec la mer Rouge et les pays étrangers, ou môme Alexandrie ; on peut s’étonner cju’on ait cru uliie de créer cette voie, étant donné que l’on avait établi une ligne relativement directe pour relier le Soudan au reste du monde civilisé. Jusqu’à présent, les marchandises en provenance du Soudan descendaient par rails de Kartoum à Berber, puis continuaient par la ligne ferrée reliant Berber, ou plus exactement Atbara, à Wadi-Halfa; en ce point, elles devaient prendre
- 36e année. — 2e semestre.
- min de fer parallèle au Nil, mais les transports revenaient encore trop cher et le mouvement était faible. Sans doute, les marchandises expédiées par Port-Soudan sont chargées à bord de bateaux qui franchissent ensuite le Canal de Suez, et elles ont, par suite, à payer leur part des taxes de ce canal ; mais elles trouvent des bateaux tout disposés à accorder des frets réduits quand ils ont de la place à bord. L’économie assurée par cette nouvelle voie est considérable. A noter spécialement que le maïs arrivant sur la mer Rouge par ce chemin de fer est sur de se vendre avec un bénéfice énorme. Bans le sens de l’importation, les prix des poutrelles en fer ou du ciment, parvenant à Kartoum, diminuent au moins d’un tiers, du fait du changement de la voie de transport. Il ne faut pas perdre de vue que la voie d’eau est toujours coûteuse; c’est pour cela que l’Administration a presque complètement abandonné et laissé sans entretien les deux lignes partant, d’une part de Wadi-Halfa, et de
- 17. - 257
- p.257 - vue 261/647
-
-
-
- 258 ....DEUX NOUVELLES VOIES FERRÉES EN AFRIQUE
- l’autre, de Àbu-llatned, pour permettre aux marchandises de prendre ensuite le lleuve dans la région de Dongola. La longueur totale de la nouvelle ligne ferrée est de
- A IV G
- 0\ L A
- Tsuwed
- UEST
- r-Swakopnfiuncf
- Cajxricoi
- lFRICAIN
- Pretoria
- lurent
- Bloemfontein
- 'PôrÜNatal
- COLONIE DU CAP
- D / £ N=
- i-------------1-------------1-------------1
- O Soo 2000 iSoc
- Fig. 2. — Le chemin de fer d’Olavi.
- 550 km; en quittant Port-Soudan, elle s’attaque au haut plateau qui court parallèlement à la côte, et qui n’a pas moins de 900 m. d’altitude au-dessus du niveau de la mer; après s’èlre ainsi dirigée d’abord vers le nord, la voie prend une direction sud-ouest, à travers une région désertique absolument sans eau, qu’elle a dù traverser sur plus de 80 km; et elle arrive finalement à la rivière Atbara, en un point qui se trouve à une trentaine de kilomètres au-dessus du confluent de ce cours d’eau avec le Nil. Elle franchit l’Atbara, puis se raccorde, au bout de 2 km environ, avec l’ancienne ligne de Wadi-llalfa à Kartoum. Les points principaux du parcours sont Khor Okwat, Khor Adit, Khor Baramey, lvbor Arab et lvbor llundi. La cote maxima atteinte est de 920 mètres à S in k al, au kilomètre 147; on arrive en cet endroit par une rampe très raide qui est de 1/100; beaucoup plus loin, entre Sinkat et Atbara, la rampe ne dépasse pas 1/125; la courbe maxima qu’on ait adoptée a un rayon de 500 mètres. Nous devons dire que cette ligne lancée audacieusement et rapidement, à travers une contrée malaisée, est à l’écartement de 1 m. 0G ; les rails employés sont du type Yignole, leur poids au mètre courant est de 55 kg jusqu’à Sinkat et seulement de 25 kg au delà. Sur une longueur de 80 km à partir de Port-Soudan, les traverses sont en bois de Jarrah; mais, au delà, elles sont d’acier. Les ponts ont dù être particulièrement multipliés sur cette ligne, quoique cela paraisse étrange au premier abord, et, bien entendu, principalement dans la montée vers le plateau : il y a notamment 42 ouvrages de plus de 50 m. d’ouverture; on les a constitués d’éléments homologues, pour faciliter la construction. Nous devons remarquer que toute la ligne a été posée en 14 mois seulement, au milieu de conditions locales difficiles. L’eau faisait défaut, et il fallait la porter aux chantiers d’avancement en la prenant aux deux terminus. Mais rétablissement de la voie s’est effectué presque uniquement en parlant de Port-Soudan; en ce point, on avait installé une vaste usine de distillation d’eau de mer, pour alimenter les locomotives et machines diverses, et aussi les chantiers de maçonnerie des ponts et autres.
- La main-d’œuvre même a été difficile à se procurer. Durant six mois, on se contenta des Arabes nomades de la région de Souakiin, mais ils ne faisaient que de très mauvais travailleurs, surtout pour les terrassements; on dut finalement faire venir des équipes de travailleurs Soudanais, dont beaucoup avaient fait leur apprentissage dans l’établissement des lignes ferrées d’Egypte ou du Soudan. D’ordinaire, une fois les travaux bien en train, on avançait à raison de 1500 à 1400 m. par jour pour la pose des rails. On devait assurer le campement et le ravitaillement des hommes au fur et à mesure de l’avancement.
- Aujourd’hui, la ligne est en exploitation courante dans de bonnes conditions; la traction des trains est assurée par des locomotives lourdes ou légères, suivant qu’on se trouve dans la section à forte rampe ou non ; une bonne partie des wagons à marchandises sont d’une capacité en lourd de 25 tonnes et tout en acier; l’ensemble du matériel est monté sur bogies. On espère que le trafic va rapidement se développer et assurer la mise en valeur effective du Soudan.
- La seconde ligne à connaître est celle dont vient de s’enrichir une colonie allemande d’importance économique assez modeste, mais qui a fait parler beaucoup d’elle ces temps derniers ; il s’agit du chemin de fer d’Otavi, dans le Sud-Ouest africain, Dans cette possession, ensanglantée récemment par la révolte des llerreros, le Gouvernement avait déjà établi une petite ligne assez modeste, à l’écartement de 0 m. 60 seulement,
- MÉDITE RR$N Ei
- Nefoud~ Go/l , , Persiqut
- Grand
- LE CA]
- Assiout
- Médim
- .Assoui
- Libye ^y-'i/foros&o
- Caisuuetc'/pQ Lad i-Alfa
- tf \pésert de
- Karma/f \/Vub/e
- portas oudai
- IARA
- •Kassala
- SOUDAN A
- O Soo 2000
- Fig. 5. — Le chemin de fer du Nil à Porl-Soudan.
- et reliant le port de Swakopmund à l’agglomération de Windhoek, située à 1600 m. d’altitude, et chef-lieu administratif de la colonie. Mais la société bien connue Arthur Koppel a voulu mettre en valeur les riches gise*
- p.258 - vue 262/647
-
-
-
- ^z=:-=r-—L’ÉLECTRICITÉ
- mcnls cuprifères d’Otavi ; et pour cela il fallait établir une ligue ferrée de 580 km de développement, pour relier Olavi au port de Swakopmund. Les travaux ont été exécutés rapidement, en dépit des difficultés matérielles, et de l’impossibilité presque absolue qu’on avait d’abord de se procurer de la main-d’œuvre; le Gouvernement de la Colonie sentait bien, en effet, les services que lui rendrait une voie ferrée dans cette portion du pays, étant donné qu’aulrement tous les transports devaient se faire par charrettes à bœufs et sur des pistes bien peu praticables; et des primes furent accordées aux constructeurs pour hâter la mise en exploitation des sections successives.
- Le tracé part de Swakopmund, et suit d’abord une direction sensiblement parallèle à celle du petit chemin de fer de Windhoek dont nous parlions tout à l’heure ; mais, à partir de Rœssing, il tourne dans le nord-ouest; on monte à peu près continuellement et l’on arrive d’abord à Ouguati, à 177 km de Swakopmund; on passe ensuite par Karibib, à 198 km plus loin, et l’on atteint Oinaruru, puis on poursuit jusqu’à Tsuwed. Les rampes sont assez normalement de 15 pour 1000, et elles s’élèvent parfois à 123 pour 1000. Le point culminant est à 1565 m. au-dessus du niveau de la mer. 11 n’a pas fallu construire sur celle ligne moins de 110 ponts, dont le plus important, lancé sur le Khan, près d’Usakor, comporte 5 travées de 20 m. chacune. On a partout adopté ici les traverses d’acier, qui résistent aux insectes, au contraire des traverses de bois, au moins de bois ordinaire; les rails, naturellement en acier, ne sont que de 15 kg au mètre, mais il faut songer que la voie a seulement un écartement de 0 m. 00. Cela semblera peu sans doute à beaucoup de nos lecteurs; d’autant que cette ligne, construite primitivement- pour ne servir qu’au trafic des
- L’ÉLECTRICITÉ
- Il fut un temps — c’était le bon vieux temps, assure-t-on — où le pressurage des raisins s’effectuait en cadence, avec accompagnement de musique sous les pieds des vignerons. Et le vin était bon, car l’alchimie n’était pas encore une science....
- Actuellement le meme travail se fait à l’aide de pressoirs dont la forme diffère suivant les régions, et que les bras des vigoureux ouvriers agricoles mettent en action. À son tour le moteur humain voit son étoile pâlir, car 1!électricité vient de prendre possession de ce domaine, et comme elle y fait merveille, son implantation définitive ne saurait tarder. Le pressoir devient alors une véritable usine où la préparation du vin est traitée industriellement ; pour faire un bon vigneron, il sera bientôt nécessaire d’être un ingénieur.
- Notez bien que le travail mécanique et automatique n’exerce aucune influence néfaste sur le produit ; il n’y a donc pas lieu de redouter l’extension des procédés nouveaux. Tout au plus peut-on regretter le départ pour l’usine, où ils confectionnent les machines qui les ont chassés, des ouvriers qui étaient appelés à vivre aux champs. À cela nul remède.
- Depuis longtemps il existe des moteurs capables d’actionner un pressoir; pourquoi donc l’entrée en
- AU PRESSOIR -— 259
- mines, est ouverte maintenant à tous les transports. Les locomotives que l’on emploie peuvent remorquer un convoi de 80 tonnes à raison de -40 km à l’heure; et c’est fort joli pour une ligne à voie étroite; certaines machines peuvent môme traîner 100 tonnes sur les rampes de 20 pour 1000, mais à 15 km seulement. Le matériel comporte déjà plus de 220 wagons à marchandises et des voitures mixtes pour voyageurs. (Notons que les indigènes sont transportés dans des wagons à marchandises qu’on munit de banquettes, à un tarif extrêmement réduit; pour les Européens, le tarif kilométrique est de 0 fr. 125 ou de 0 fr. 075, suivant la classe.)
- L’établissement de ce chemin de fer a été rendu difficile, d’abord parce qu’ou avait à traverser, sur une bonne partie du tracé, un désert ou l’on ne rencontrait que des herbes et des broussailles, et où l’eau faisait presque totalement défaut. D’autre part, le port de Swakopmund n’avait que des apponteinents tout à fait insuffisants pour le débarquement du matériel ; et enfin les travailleurs indigènes fuyaient les chantiers durant toute l’insurrection. On avait été obligé d'amener 200 à 300 Européens, qui revenaient fort cher; des Italiens auxquels on avait eu recours ne donnèrent point satisfaction, parce qu’ils réclamaient constamment des augmentations de salaires. Finalement, les indigènes revinrent, quand quelques expériences leur eurent montré qu’ils étaient convenablement traités et payés, et d’anciens révoltés fournirent une excellente main-d’œuvre.
- Ce chemin de fer d’Otavi, dont le coût d’établissement n’a pas dépassé 37500 fr. du kilomètre, transporte déjà plus de 9000 tonnes de marchandises par mois, un millier de blancs, et environ 1500 indigènes.
- Daniel Bellet.
- AU PRESSOIR
- service de cet auxiliaire s’esl-elle fait attendre? C’est que la question est plus complexe qu’on le suppose ; il ne suffit pas, en effet, d’exercer une pesée sur le raisin, il faut aussi et surtout réglementer celte pression qui doit varier avec la résistance opposée par le marc cl suivant la qualité du vin. De plus, il y avait lieu de redouter, comme préjudiciable au vin, les odeurs dégagées par les moteurs à essence ou à pétrole.
- Le développement de l’électricité ne pouvait manquer d’attirer l’attention sur cette force motrice que l’on produit à peu près partout actuellement. Et si divers constructeurs ont pu songer à atteler un moteur électrique au pressoir, il est bon d’ajouter que l’emploi n’en est devenu pratique qu’après de longues études. L’électricité complète donc purement et simplement les installations mécaniques les plus récentes en remplaçant le travail des bras, qui était excellent, par un autre tout aussi régulier, mais beaucoup plus économique.
- Les divers constructeurs de pressoirs électriques ont envisagé la solution d’une manière différente, en se basant autant que possible sur la manière de traiter le vin qui est particulière à chaque vignoble. Nos lecteurs comprendront qu’il nous soit impossible de leur présenter tous les appareils nouvellement
- p.259 - vue 263/647
-
-
-
- L’ÉLECTRICITÉ AU PRESSOIR
- 260 r
- imaginés, bien qu’ils soient encore fort peu nombreux:; nous en avons seulement retenu deux : l'auto-Déclic-Champenok (lig. 1) qui fait merveille en Champagne et /’Aulomalic (lig. o) applicable également à la cidrerie. La mécanique de ces appareils est suffisamment curieuse pour nous permettre de la montrer dans ses grandes lignes.
- L'Auto-Déclic-Champenois (lig. fi) est monté sur un bâti fixé au sommier supérieur du pressoir et portant l’axe a d’une roue dentée B actionnée par le pignon b. Celte roue a reçu en e un axe autour duquel peut osciller un levier C; à l’extrémité libre de ce levier sont articulées deux bielles G et Il commandant une roue à ro-ehets. Les mouvements du levier C sont limités d’une part par la pièce à butée d contre laquelle il est maintenu par le ressort E et par sa position extrême qui est celle de centre de la roue B.
- Lorsque ce levier se rapproche du centre, il lui est impossible de revenir à sa position première, car son rochet F est engagé dans l’une des dents i j k de la pièce d.
- Les deux bielles G et II sont donc actionnées par ce système et translorment le mouvement circulaire de la roue B en un mouvement alernatif des rochets 1J qui agissent snr la roue lx et lui impriment un mouvement rotatif à droite ou à gauche suivant la position qu’ils occupent et qui peut être modifiée par les poignées qu’ils portent. La roue K peul servir d’écrou de pressoir ou bien commander l’écrou par l’intermédiaire d’engrenages. Enfin un équipement de pignons dentés N 0 P commandé par le levier à main M met directement en relation, si cela est utile, les roues B et K, celte dernière portant également une denture L.
- Il est facile de se rendre compte du fonctionnement de l’appareil. Pendant la rotation de la roue B,
- le levier C étant maintenu contre la pièce d, le tourillon I) décrit une circonférence qui produit, par l’intermédiaire des bielles G et 11 et des rochets I J la rotation de la roue K. Si la résistance de la matière à presser vient à croître, les bielles Iransmet-lent celle résistance au levier G et le ressort E lléchit jusqu’à ce (lue le rochet E vienne s’engager devant la première dent de la pièce d. La circonférence décrite par l’axe I) est plus petite que précédemment et la course des rochets 1 J modifiée pour ralentir
- l’entrainement de la roue K. Progressivement l’axe D atteint le centre de la roue I); lorsqu'il occupe celte position les rochets demeurent immobiles et la roue K s’arrête automatiquement. On ramène le levier à sa position première en agissant sur le rochet E.
- Dans le cas où il serait utile d’actionner la roue écrou K à une vitesse rapide, on agit sur le levier M qui intercale le pignon N 0 entre B et L : le pignon P peut également entrer en prise par la manœuvre (opposée à la précédente) du levier M, il donne un entraînement en sens contraire.
- L’appareil qui peut être mû à bras d’hommes, aussi bien qu’à l’aide d’un moteur électrique accouplé à la poulie R, réalise parfaitement les conditions de vitesse variable, dépréssion progressive et d’arrêt automatique indispensable à l’extraction du jus de raisin.
- Les mêmes résultats sont obtenus avec VAutomatic (fig. 4) dont le mécanisme est cependant différent. Le moteur électrique M actionne le plateau P qui entraine une bielle articulée en B et reliée par son autre extrémité à un levier L. La rotation du plateau est donc transformée par la bielle B en mouvement oscillatoire auquel obéit le levier L. Mais l’amplitude de ces oscillations sera d’autant plus grande que le point d’attaque du levier par la bielle sera plus
- Fig. 1. — « Auto-Déclic » Champenois.
- p.260 - vue 264/647
-
-
-
- L’ÉLECTRICITÉ AU PRESSOIR
- 261
- éloigné du point 0 placé sur le prolongement de l’axe du moteur. Si l’extrémité de la bielle était placée en ce point, celle-ci décrirait un cône de révolution dont le point 0 serait le sommet et qui annulerait les dépla- /
- céments du levier L. Par conséquent /
- de serrage pour lequel la vitesse est moindre. C’est alors que le ressort se déplace brusquement vers la f gauebe d’une quantité calculée précé-
- j dominent par un déclic non représenté 1 sur noire dessin. Le point d’articulation | de la bielle et du levier se rapproche
- Fig. 2. — Le chai'iül-iiioleui' aefiomianl le pressoir.
- plus le point d’attache de la bielle et du levier seront éloignés de 0, plus les oscillations auront d’amplitude et plus la vitesse, transmise à l’écrou de serrage par un encliquetage S, le pignon 11 et la roue dentée K, sera grande.
- Un ressort T maintient le bras dans la position de la ligure qui cor-r e s p o n d à 1 a grande vitesse.
- Lorsque la pression augmente l’effort résistant tend à s’opposer au mouvement de la roue E. Le pignon R, roulant alors sur la roue, tend le ressort et amène ainsi le levier dans une position donnant une vitesse moindre. Il existe donc à chaque instant une position d’équilibre et une vitesse déterminée qui correspondent à l’effort exercé sur le marc.
- A la fin de la première phase de l’aspiration, il convient de donner à l’appareil un nouveau régime
- du point 0 et la vitesse du mouvement est diminuée.
- L’arrêt automatique, réglable pour une pression limite, est obtenu par l’intermédiaire de deux contacts électriques faisant partie du circuit du moteur et coulissant dans un petit tube horizontal parallèle
- au ressort et raccompagnant dans ses déplacements.
- Dès que le ressort
- rs o atteint son allon-
- - - # mj£0L -v gement maxi-
- mum, une butée fixe immobilise un des contacts, le courant est alors interrompu et le moteur s’arrête. La reprise, également automatique, s’effectue à l’aide d’un petit appareil constitué par un cylindre porteur de plots et dans lequel se meut un piston garni de contacts. Ce piston ne peut descendre que lentement et n’arrive à rétablir le passage du courant qu’au bout d’un temps déterminé et réglable à volonté.
- L’ « Automatic ».
- p.261 - vue 265/647
-
-
-
- 262
- UN CURIEUX MICROSCOPE =
- Le fonctionnement de cet ingénieux appareil est donc parfaitement automatique; les périodes de repos succédant à celles de serrage permettent à l’appareil de se prêter aux caprices de la masse à
- Fig. A. — Fonctionnement de F « Automatic ».
- presser. Il exige une force motrice peu élevée : de un quart à trois quarts de cheval suivant le diamètre des vis auxquelles il est destiné.
- Il est intéressant de constater que les' fondions jusqu’ici dévolues à des manoeuvres, peuvent être accomplies électriquement. Cependant on peut faire à ces appareils le reproche de nécessiter d’ahord et avant tout la présence d’une usine productrice du courant. On trouve dans l’industrie, il est vrai, des groupes moteurs utilisables, mais la plupart sont des installations fixes ne convenant pas très bien aux besoins du vigneron. Le constructeur de /’Automatic a alors imaginé ce que nous pourrions appeler le chariot-moteur (fig. 2). Ce chariot porte
- un moteur à essence qui actionne, au moyen d’un arbre horizontal, un broyeur de pommes ou un fou-loir de vendanges. À ce moteur est également accouplée une petite dynamo distribuant le courant à l’appareil de serrage et à une lampe à arc de 148 bougies qui assure l’éclairage de l’installation pour le travail de nuit. Ce chariot, d’un déplacement facile, est à même de desservir successivement différents pressoirs appartenant soit à une même installation, soit à plusieurs viticulteurs. C’est une petite usine ambulante qui peut très bien faire le service d’une collectivité.
- Peu à peu, nos lecteurs sont à même d’en juger, le courant électrique envahit toutes les industries, tous les chantiers, les exploitations agricoles elles-mêmes. Et le mouvement, qui s’accentue chaque jour, ne tardera pas à faire de l’agriculture une vaste industrie n’ayant plus besoin de bras. Le « retour à la terre » sera une formule surannée, la machine
- Fig. 5. — Fonctionnement de F « Auto-Déclic » Champenois.
- s’implantant dans les plus petites fermes, chez les plus modestes cultivateurs ; notre génération sera la dernière qui aura vu le geste auguste du semeur.
- René Doncières.
- UN CURIEUX MICROSCOPE
- Rien de plus paradoxal en apparence que le nouveau microscope. Dans le but d’obtenir un plus fort grossissement des objets à examiner on opère... dans les ténèbres. Kl le pouvoir de grossissement, grâce à l’artifice employé, est double de celui des microscopes ordinaires.
- Comment expliquer le prodige? On sait, depuis Wol-laston, que dans le spectre solaire, au delà du violet, il existe des radiations particulières que l’œil est incapable de saisir, auxquelles le thermomètre est insensible, mais
- dont l’activité chimique est puissante et qui peuvent par suite impressionner une plaque photographique. Les rayons ultraviolets ont en outre la propriété d’être, en grande partie, absorbés par les lentilles et prismes en verre, mais de pouvoir traverser les lentilles et prismes en quartz.
- Le nouveau microscope, par conséquent, n’a que des lentilles et prismes en quartz. Il est d’ailleurs semblable par sa disposition et sa construction au microscope composé ordinaire. L’éclairage est fourni par une lampe élec-
- p.262 - vue 266/647
-
-
-
- i L’ALFA
- 263
- Iriquo dont l’arc jaillit entre deux, pôles de cadmium ou de magnésium. Les ondes lumineuses visibles et invisibles sont séparées. Ces dernières, qui occupent dans le spectre la région de rultra-violet, courtes, rapides, de même nature, sont projetées dans le microscope au lieu et plaça1 des ondes de lumière blanche.
- Dans ces conditions, le nouveau microscope peut donner des grossissements de 40 000 diamètres, c’est-à-dire doubles des grossissements obtenus jusqu’ici. C’est que les radiations ultra-violettes invisibles ne sont pas chaudes, connue les rayons lumineux et qu’il devient possible, par suite, de les concentrer, sans inconvénient sur un point déterminé. Il faut signaler ensuite leurs qualités photographiques particulières. « Cette lumière, dit Y Atlantic Monthly, dans la description qu’il donne du nouvel
- appareil, est singulièrement pénétrante. Elle révèle, par des différences très marquées sur une plaque photographique, les plus légères différences d’épaisseur ou de densité des substances qu’elle traverse. Chaque cellule, chaque parcelle d’un tissu est séparée du tissu voisin par des enveloppes ou cloisons qui ont plus de consistance que la masse. Or grâce aux radiations ultra-violettes, plus actives que celles de la lumière blanche, toutes les parties internes peuvent être distinguées et délimitées.
- « La lumière ultra-violette permettra de suivre l’évolution complète d’un germe vivant.
- « Ainsi, avec le nouveau microscope, il devient possible d’étudier un bacille typhique dans une solution où il se développe normalement, et d’en faire l’objet d’une observation constante. » N. Eau.ii:.
- L’ALFA
- Dans tout le nord de l’Afrique, les hauts plateaux et quelques vastes plaines se couvrent d’une herbe buissonneuse et courte, que les Arabes nomment Alfa. En Algérie, on en rencontre dans la subdivision 'de Bel-Abès, dans le Tel et jusqu’au
- Pour la cueillette, l’indigène n’a qu’à arracher les feuilles dont nous venons de parler et à les réunir -par bottes. En Tripolitaine, cette tâche incombe aux Berbères et aux Arabes métissés; en Algérie, on y emploie également les Espagnols qui fournissent un
- Fig. 1. — Usine à comprimer l’alfa.
- Sahara. Les djebel tripolitains en lournissent aussi l’Europe. On verra plus loin que l’industrie en fait un emploi dont l’importance croît de jour en jour avec une surprenante rapidité.
- Cette slipa lenacissima, de la famille des graminées et du groupe des agrostidées, est une plante vivace ; sa tige très droite, haute de 1 mètre, porte des feuilles semblables à celle de la sparte.
- L’alfa pousse à l’état sauvage sur les collines aux versants unis et dans les plaines, pourvu que la région reçoive une petite quantité d’eau pluviale. En avril, les champs se veloulent rapidement sous la poussée des tiges florales, et, quelques jours après, ils s’émaillent de fleurs comme les genêts en nos prairies; puis les fruits mûrs tombent en juillet; enfin les feuilles, d’abord plates, prennent des formes cylindriques, se recourbent, se hérissent de poils : c’est à ce moment qu’il faut récolter l’allâ.
- Alors les vastes solitudes s’animent. Les Arabes apparaissent avec leurs chameaux qui serviront au transport de la plante industrielle vers les ports de la côte, et avec leurs troupeaux de chèvres qui brouteront les champs récoltés.
- labeur bien supérieur; deux ou trois fois plus de gerbes.
- Les moissonneurs qui se sont trop hâtés et ont devancé le moment précis de la maturité perdent 2 à 5 francs par 100 kg, parce que les herbes n’étaient pas assez hautes. Ceux qui arriveront en retard subiront une perte analogue, parce qu’ils trouveront les tiges trop sèches et trop cassantes.
- Avant de former les bottes, on laisse sécher l’alfa sur place pendant une durée qui varie de trois à huit jours, selon l’intensité de la chaleur.
- Ensuite, on le ligotte en paquets volumineux, en prenant le soin de rejeter les gaines des feuilles qui ont été arrachées par erreur, car les bottes non triées subiraient une dépréciation considérable sur le marché.
- L’opération du bottclage terminée, la récolte est entassée dans d’immenses besaces en filets, qui mamelonnent les champs comme des meules doubles et dont on charge les chameaux accroupis. Lorsque la bête se relève pour le départ, elle disparaît presque entièrement sous la charge verte qui pend de ses flancs jusqu’à terre. Durant plusieurs journées, elle chemine de son allure lente et balancée
- p.263 - vue 267/647
-
-
-
- 264
- L’ALFA
- vers les ports où se trouvent les usines à vapeur qui servent à comprimer les herbes, de manière à faciliter rembarquement par la diminution du volume.
- La compression se maintient grâce à des cercles de 1er qui enserrent les balles de 145 à 160 kg.
- Ainsi disposé pour l’exportation, l’alfa se vend de 10 à 15 francs les 100 kg, suivant la qualité, c’est-à-dire suivant la longueur et la flexibilité.
- Depuis quelques années, on a constalé la disparition de ce produit sur différents points de l’Algérie : la cause en est que les indigènes l’ont arraché pendant des périodes pluvieuses, ce qui ébranle la racine dans le sol amolli.
- Ce dommage, joint à l'augmentation continuelle de l’utilisation de la plante dans l’industrie, a forcé
- fection de paniers, de couffins ou de nattes. Pendant les années de sécheresse, les Arabes en faisaient aussi la nourriture momentanée de leurs bêtes. Mais la découverte de ses riches propriétés pour la fabrication du papier a donné subitement un essor prodigieux à ce produit qui s’achemine presque exclusivement vers l’Angleterre. Aujourd’hui, les moindres embarcadères du littoral, depuis le Maroc jusqu’à l’Egypte, sont fréquentés par des vapeurs adaptés à l’usage du transport des balles herbeuses. Plusieurs ports même se sont créés de toute pièce pour servir de débouchés aux régions productrices, tel celui de lloms à 80 kilomètres de Tripoli, sur l’emplacement duquel rien n’existait il y a trente ans.
- Si la France laisse les usines anglaises accaparer tout l’alla de ses colonies, ce n’est pas à la paresse de nos industriels qu’il faut l’imputer, c’est aux conditions même qui nous sont défavorables : les ingrédients supplémentaires, c’est-à-dire la bouille, la soude et le chlorure de chaux, nécessaires au papier d’alfa, reviennent trop cher dans notre pays
- Fig. 2. — Caravane de chameaux qui vont chercher l’alia.
- les Arabes de tenter quelques repeuplements artificiels, soit par la. replantation directe, soit parle semis. La graine bien mûre, jetée d’octobre à novembre, c’est-à-dire au commencement des pluies, donnera son jeune plant au printemps de la seconde année. Le nouveau champ ne fournira sa première récolte que douze ans après, mais sans plus s’interrompre pendant cinquante ou soixante ans. Plus rapide, le procédé de la transplantation se pratique au moyen de touffes que l’on pique à 50 centimètres les unes des autres.
- Pour donner une idée du développement considérable de ce commerce africain, nous n’avons qu’à nous "reporter aux statistiques de la province d’Oran : En 1865, l’exploitation demeurait au-dessous de 12 000 quintaux; elle atteignait 610000 quintaux, huit ans après; aujourd’hui elle dépasse un million et demi. Le seul port de Tripoli, malgré sa déchéance, en fournit encore 50000.
- La vogue de l’alfa date de la deuxième moitié du siècle récemment écoulé1. Auparavant on n’en connaissait aucune utilisation industrielle : tout au plus quelques milliers de touffes servaient-elles à la con-
- 1 Yoy. n° 56, 7 Février 187 î, p. 110.
- Fig. 5. — Campement d'Arabes pendant la cueillette de l'alfa.
- et rendent la concurrence impossible. Tandis que ces substances sont grevées de taxes énormes, la pâte à papier entre en franchise, et nos manufacturiers auraient avantage à l’acheter toute prête en Angleterre. Dans ces conditions, il est évident qu’on ne trouverait aucun intérêt à développer chez nous l’emploi de l’alfa, à moins de modifier les tarifs douaniers et de créer une navigation spéciale.
- Les Anglais d’ailleurs n’ont pas encore pu employer la plante africaine sans la mélanger à de vieux chiffons, parce que la fibre en est trop courte. Ils fabriquent ainsi un produit de qualité secondaire, mais économique, appelépapier anglais dansle commerce européen. En rouissant cette fibre, ils parviennent aussi à confectionner des étoffes, mais le mélange avec d’autres plantes est également nécessaire et le linge ainsi produit résiste mal au blanchiment; il se perce rapidement de trous nombreux.
- Nous terminerons par un aperçu de la fabrica-
- p.264 - vue 268/647
-
-
-
- L’ALFA
- 265
- tion du « papier anglais » dans les usines d’outre-Manche.
- La première opération consiste à désagréger la plante après l’avoir soigneusement triée et coupée en morceaux de 5 à 4 centimètres. Pour cela on la
- noirâtre, d’abord desséchée par des essoreuses, en moins d’un quart d’heure, est blanchie avec du chlorure de chaux dissous dans de l’eau. Un dernier lavage la rend toute prête à subir le traitement dans des machines qui l’étaleront en feuilles.
- jette dans un lessiveur rotatif où elle se trouve soumise à un mouvement régulier, à une chaleur très élevée et à la soude caustique, pendant six
- La découverte de procédés de lessivage à froid et de combinaisons où les ingrédients supplémentaires ne seraient plus utilisés fait journellement de grands
- Fig. 5. — Marché de l’alla à Homs.
- heures. 11 se forme dans l’appareil un liquide noir que l’on extrait au moyen d’une pompe à vidange.
- L’alfa qui, de ce lessiveur, sort en fibres bien séparées les unes des autres, est lavé, puis broyé par des meules qui le réduisent en pâte. Cette pâte
- progrès. Lorsque l’application pratique en sera définitivement établie, notre industrie papetière en subira une très importante transformation, au grand détriment de nos rivaux d’Angleterre, trop heureux jusqu’ici. de Mathuisièulx.
- p.265 - vue 269/647
-
-
-
- 266
- LES SUCCÉDANÉS DE LA SOIE
- Les questions de mode, les goûts du public peuvent contribuer dans une très large mesure à la création d’industries nouvelles ou à l’évolution des anciens procédés de fabrication. C’est ainsi par exemple que le penchant des consommateurs pour les choses sinon luxueuses, du moins paraissant l’être et néanmoins très bon marché, a permis le succès des industries des succédanés de la soie. Or, si l’étrangeté apparente des procédés d’obtention de soies artificielles — sortes de soies synthétiques, plutôt que succédanés — et le succès financier des usines ont contribué;! faire connaître l’industrie nouvelle, il n’en est pas de même pour différents succédanés proprement dits de la soie.
- Dans tous les cas, c’est le colon qui sert de matière première ; mais au contraire de ce qui a lieu dans le cas des soies artificielles, c’est le coton déjà filé que l’on transforme en lîls plus brillants. O11 peut distinguer parmi les nombreux traitements auxquels les fibres sont soumises, d’une part les procédés de mercerisage où la cellule est profondément modifiée, et d’autre part ceux où les tils sont simplement recouverts d’une sorte de pellicule lisse : ce sont les procédés de brillantage.
- C’est à Merecr, chimiste anglais, que l’on doit la découverte du « mercerisage » du coton; en 1852 il reconnut, ayant filtré par hasard une solution de potasse caustique sur un tissu de coton, que les fibres se rétrécissaient, devenaient hyalines, un peu plus brillantes, beaucoup plus solides, et avaient plus d’affinité pour les matières colorantes. Après avoir excité un vif intérêt, la découverte de Mercer fut complètement inutilisée : la perte apparente résultant du rétrécissement ne compensait pas, au point de vue commercial, les qualités acquises.
- Deux teinturiers français établis à Crefeld, MM. Thomas et Prévost, devaient beaucoup plus tard, en 1890, assurer le succès industriel du mercerisage en employant, concurrement avec l’action d’une lessive caustique, celle de la tension. Les fils, obtenus avec des colons de première qualité (dite « longues soies ») sont d’abord gazés par passage à plusieurs reprises dans la flamme d’un brûleur Bunsen, dans le but de brûler tous les duvets dépassant la surface de chaque fil. Les écheveaux, tendus mécaniquement, sont ensuite traités pendant 5 à 10 minutes par une solution de soude caustique à 50° Baumé ; la masse s’imprègne et il y a formation d ’ alcali-cellulose-, de plus, le coton étant en quelque sorte gélatinisé, et la tendance à se rétrécir produisant une violente tension, les fibres se redressent, et leurs contours deviennent beaucoup plus réguliers (fig. 1), de sorte que l’aspect finalement obtenu est bien supérieur en brillant à celui produit par e mercerisage sans tension.
- On rince alors à l’état tendu pour éviter le rétrécissement, l’alcali-cellulose se transforme en hydro-cellulose stable qui constitue le coton mercerisé. On supprime la tension, on enlève les écheveaux du métier, on les lave à l’eau acidulée pour éliminer l’alcali restant, ensuite à l’eau chaude, puis à l’eau froide jusqu’à complète neutralité.
- Après séchage, on obtient un coton ayant absolument le même éclat que la soie inférieure dite « schappe )) fabriquée par peignage et filature des déchets de soie.
- Le mercerisage se fait à l’aide de machines spéciales qui depuis quelques années ont été très perfectionnées et rendues absolument automatiques; on peut rattacher les derniers modèles à deux types principaux. Dans l’un (Métiers Dolder, von Siiskind), les écheveaux sont placés
- Fig. 2. — Schéma île la machine à merceriser. (Système Dolilor.)
- entre deux guindres a et b (fig. 2) fixées sur des plateaux clavelés sur l’arbre c mobile autour de son axe comme le barillet d’un revolver. Après quelques minutes, l’équipage mobile fait un sixième de tour, en même temps l’ergot d glisse dans une coulisse fixée au bâti de façon que b s’éloigne de a, l’écheveau est alors tendu, puis déroulé sous l’action du cylindre a mû en e par une chaîne Galle. On conçoit que, tournant ainsi par périodes alternant avec des repos, l’éçlieveau placé en a b soit successivement soumis à l’action de la soude contenue dans le bac inférieur g, à l’action du rouleau expresseur h garni de caoutchouc et fixé au bâti par des ressorts, enfin à faction de l’eau de lavage arrivant en i, recueillie et évacuée en h, puis revienne à la position primitive où les rouleaux sont rapprochés pour permettre d’enlever l’écheveau mercerisé et de le remplacer par un autre. Les plateaux de la machine supportant six éléments semblables à celui en a b, toutes les parties du métier sont constamment en activité; il suffit d’un seul ouvrier remplaçant sans cesse les écheveaux au fur et à mesure qu’ils viennent se présenter devant lui.
- Dans les autres machines automatiques (types llalin, llaubold, etc.), l’écheveaj*-est placé entre deux cylindres horizontaux (a et b, fig. 5). Sous l’action d’une came centrale mue mécaniquement, faisant un tour par cycle d’opération et commandant par des dispositifs mécaniques assez simples tous les mouvements du métier, le contrepoids c s’abaisse en éloignant le cylindre b, ce qui tend l’écheveau. En même temps, l’équipage mobile g k roule de gauche à droite sur le rail r, lequel s’élève de sorte que le bac g, rempli de lessive sodique, vienne imbiber le coton déroulé dans le liquide sous la commande du cylindre a (fig. 4). Après quelques minutes,, le rail s’abaisse, le cylindre caoutchouté h exprime l’excès de soude, le chariot g k roule à gauche et le réservoir k reçoit l’eau de lavage amenée par le tube perforé i. Enfin, les rouleaux se rapprochent, ce qui permet de remplacer les fils mercerisés par de nouveaux (fig. 3).
- p.266 - vue 270/647
-
-
-
- UNE EXPÉRIENCE DE COURS DE CHIMIE ========== 267
- l’eau acidulée, puis à
- a centrifugeuse et séchés. On
- Les éclievcaux sont alors l’eau ordinaire, essorés à obtient linalement ces superbes cordonnets à broder que l’on vend dans les merceries sous le nom de « simili », « soie végétale », « luciole », etc... et une infinité de noms divers, à l’exception de leur nom de famille : le coton. Cet usage fait que l’on ignore généralement ce que c’est que le mercerisage et le coton mercerisé, malgré l’importance du produit et de sa fabrication. Outre l’emploi dans la broderie, les ouvrages de dames, on utilise beaucoup le mercerisé dans le tissage des étoffes pour ameublement, pour robes, etc. Pour la lingerie, les doublures, on emploie le coton mercerisé « en pièces », c’esl-a-dire après tissage et à l’aide de rames à tension analogues à celles employées dans les apprêts.
- 11 est à remarquer que le succès des cotons mercerisés est très légitime et répond aux nombreuses qualités du produit. Non seulement leur brillant est de bon aloi et résiste parfaitement au blanchiment, au lavage, mais le mercerisage facilite la teinture, et surtout il est l’un des rares traitements chimiques appliqués aux textiles qui loin de les altérer, en augmente la qualité : le fil de coton est plus solide après qu’avant mercerisage. Enfin le coût du traitement est peu élevé ; le prix des cotons dits (( jumels » (originaires d’Egypte), les seuls que l’on mercerisé parce qu’ils acquièrent un brillant supérieur, est de 5 à 10 francs le kilogramme selon la grosseur des (ils, il n’est augmenté par suite du mercerisage que de 0 fr. 75 à 1 franc.
- Le brillantage du colon se distingue du mercerisage en ce que la transformation de la libre est seulement apparente, et en ce que l’éclat supérieur est beaucoup moins solide. Aussi, malgré les recherches de nombreux inventeurs, les procédés n’ont obtenu qu’un bien moindre succès. Ils consistent essentiellement à faire dérouler le fil de coton dans un récipient contenant une sorte de vernis capable de donner un enduit brillant. Dans les procédés Jacob, lleberlein, Boursier (1890 à
- ceux employés dans la fabrication des soies artificielles.
- Mais les dépôts ainsi obtenus n’adhèrent pas très fortement à la surface des fils, la mince pellicule se détachant par frottement, lors des lavages; pour augmenter la solidité, M. Prud’homme proposa d’employer une solution de cellulose dans le réactif cupro-ammoniacal, servant aussi à là fabrication des soies artificielles par les procédés Despeissis et Pauly. Non seulement il se dépose une
- Coupe des éléments de la machine Jlalm première position.
- couche de cellulose par évaporation du solvant; mais ce dernier attaque légèrement la surface des fibres, et il y a ainsi union beaucoup plus intime entre le support et la couche qui le recouvre.
- Le principe devait être appliqué plus intégralement encore par Cross, Bevans et Briggs (brevets anglais de 190 7) le fil esL traité, non par une solution cellulosique, mais par un liquide capable, pendant le court moment de contact avec le bain, d’attaquer superficiellement la cellulose, de façon que la couche brillante soit entièrement formée aux dépens du fil. Le bain est composé soit de sulfure de carbone émulsionné dans la soude caustique et il y a dans ce cas formation de viscose, soit d’acide eL d’anhydride acétique additionné de chlorure d’acélyle, et la cellulose se dissout alors à l’état d’acétate de cellulose ; on régénère ensuite la cellulose par des bains convenables acides ou alcalins.
- Connue on le voit, il y a d’étroits rapports entre les procédés de fabrication des soies artificielles /ç____/ et ceux de brillantage du coton, ces der-
- niers ont profilé et profiteront des progrès
- réalisés dans l’industrie des fibres artifi-Fig. I. - Machine Ilahn pendant la période de mercerisage. cielles. Aussi est-il logique de supposer que
- l’emploi d’un solvant tel que le sulfure de carbone par exemple, donnant, malgré son bon
- 1896), on emploie une solution de nitro-cellulose dans un mélange d’éther et d’alcool; c’est le collodion qui sert à fabriquer les soies artificielles de Chardonnet. Le solvant étant très volatil, la pellicule se forme immédiatement après la sortie du bain, on la fixe en traitant le fil par des bains de dénitrage, de lavages, analogues à
- marché, un enduit brillant et solide permettra aux industries du « brillantage » de prendre un développement parallèle à celles des fabrications de fils et tissus mercerisés et de soies artificielles.
- A. Ciiaplet.
- UNE EXPÉRIENCE DE COURS DE CHIMIE
- Nos lecteurs connaissent l’importance pratique qu’ont prise actuellement le carbure de calcium et l’acétylène. Aussi une part importante doit-elle être faite à ces corps dans les cours de chimie. A ce sujet, un auteur allemand, M. lvnecht, signale une expérience qui permet de montrer d’une manière simple la synthèse du carbure de calcium et de l’acétylène. Dans un morceau de charbon de bois, on creuse à l’aide d’une (( fraise » une petite cavité dans laquelle on dépose un morceau de calcium
- métallique de la grosseur d’un pois ; on chauffe à l’aide d’une petite flamme de chalumeau, le calcium s’enflamme avec une belle lueur jaune orangé et disparaît aussitôt dans les pores du charbon avec lequel il s’est combine. Après refroidissement, on trouve une masse dure de carbure de calcium, facile à séparer du charbon tendre qui l’entoure et qui réagit régulièrement au contact de l’eau, en donnant un dégagement normal d’acétylène qu’on peut recueillir.
- p.267 - vue 271/647
-
-
-
- 268
- LA STÉRILISATION INDUSTRIELLE DES EAUX POTABLES
- par les procédés Otto et Marmier-Abraham
- Le récent concours d’épuration et de stérilisation des eaux potables organisé par la Ville de Taris vient d’attirer d’une manière toute spéciale l’attention des savants et des municipalités sur les procédés d’ozonation.
- Nous avons déjà eu l’occasion d’entretenir nos lecteurs de l’ozone et des questions qui s’y rattachent; ils ont pu suivre pas à pas les progrès accomplis.
- Nous nous proposons d’indiquer brièvement dans ce qui va suivre en quoi consisten t les procédés Otto et Marmier-Abraham, présentés par la Compagnie générale de l’ozone à ce concours et quels sont les résultats qui ont été obtenus.
- L’installation réalisée par la Compagnie générale
- de générateurs. La figure 1 représente en coupe le premier de ces dispositifs qui est la copie rigoureuse d’un des éléments de l’usine municipale de stérilisation de la Ville de Nice oit sont appliqués les procédés Otto.
- Ce disposi li J est caractérisé par l’emploi d’un é m u 1 s e u r 11, sorte de giffard dans lequel l’eau et l’ozone entrent une première fois en contact et d’une colonne à gravier S, qu’on peut comparer à un filtre non-immergé à très grand débit.
- L’eau sortant de l’émulscur ruisselle sur les cailloux contenus dans la colonne en rencontrant un courant d’air ozonéO qui vient en sens inverse, c’est-à-dire qui circule do bas en haut.
- ,, Le système Olto est, donc caractérisé par un dou-
- Fig. 1. — Premier dispositif pour la mise en contact, de l'eau et de l’ozone; Ëmulseur et colonne à gravier combinés.
- (Usine de la Compagnie générale de l'Ozone, Ville de Paris, à Saint-Maur.)
- Troisième groupe d’essais. — Analyses exécutées à Saint-Maur. — Eau filtrée additionnée de 15 OjO d’eau de Marne brute.
- DATES des prélèvements. EA1J 1 Bactéries par cm3. ÎRUTE B. coli. SORTIE DE Bactéries par ein3. ,’ÉMULSËl'R 11. coli. SORTIE DE Bactéries par cm3. LA GALERIE B. coli.
- 5 septembre 1907, 7 b. 50 s » ll.C. (1) )) 0 (1) )) 0 (4)
- 6 — midi )) Ü.C. (1) )) 0 (4) )) 0 (4i
- 7 — 5 b. 30 s » B.C. (1) » 0 (4) )) 0 (4)
- 9 — 11 li. 30 m 44.800 lî C. (1) oC> 0 (4) 5 0 (4)
- 10 — 11b. » m )> B.C. (1; » 0 w (4) » 0 (4)
- Il — 11 li. » m )) B.C. (2i n 0 )) 0 (4)
- 12 — 11 h. » m )) B.C. (2j » 0 (4) )) 0 (4)
- 13 — 11 b. 50 m )) B.C. (5) )> 0 (i) » 0 (4)
- 14 — 11 h. » m » B.C. (3) » 0 (4) » 0 (4)
- 0 B. coli 0 B. coli
- Moyennes )) )) » dans 720 cc. )> dans 720 cc.
- OZONE par m3 d’eau.
- S1’-1,13 1,25 1,17 1,25 1,13 1,40 1,29 1,38 1,4-2
- 1,26
- (1) 1 Bacille coli dans 40 cc. — (2) 1 B. coli dans 20 cc. — (5) 1 B. coli dans 10 cc. — (4) Pas de B. coli dans 80 ce.
- de l’Ozone à l’usine de la Ville de Paris à Saint-Maur comprenait : 1° une batterie d’ozoneurs du système Otto ; 2° deux dispositifs pour la mise en contact de l’eau à stériliser et de l’ozone produit par la batterie
- ble contact, dans l’émulseur d’abord, dans la galerie à graviers ensuite.
- L’eau est amenée à l’appareil (fig. 1) par une canalisation D suivant le sens indiqué par la flèche.
- p.268 - vue 272/647
-
-
-
- STÉRILISATION INDUSTRIELLE DES EAUX POTABLES
- 269
- Elle arrive dans l’émulseur B et provoque une aspiration énergique dans la canalisation d’air ozone sur laquelle est montée une vanne de réglage G et un indicateur de débit E. L’eau's’échappe ensuite à l’aide d’un déversoir et ruisselle sous forme de pluie sur les graviers; elle tombe à la partie inférieure de la colonne, passe par un joint hydraulique dans le compartiment G d’où elle est évacuée par la conduite 11. L’excès d’air ozone, après avoir passé par le bac de l’émulseur, est amené par une canalisation en grès à la partie inférieure de la colonne. Il remonte à travers les cailloux et s’échappe finalement, débarrassé de toute trace d’ozone, par la cheminée A. Une ouverture F fermée par une glace permet de voir ce qui se passe dans la
- manomètre différentiel. Ce dispositif permet de mesurer la diiférence de pression à droite et à gauche du diaphragme. Connaissant la section de l’orifice d’écoulement de ce dernier, il est aisé de déduire le volume du gaz qui passe par unité de temps.
- Nous recommandons cet indicateur de débit à
- Fig/ 2. — Deuxième dispositif Otto : l’Emulseur seul assume la dissolution sous pression de l’ozone (l’hot. prise à Fusine de la Compagnie générale de l’Ozone, Ville
- galerie. Pendant les expériences du concours il fallait mesurer non seulement le volume d’eau, ce qui était facile, mais encore le volume d’air ozoné, ce qui était moins commode.
- M. Otto y est arrivé à l’aide de l’indicateur de débit E. Cet appareil est constitué par un simple diaphragme d’une section déterminée, intercalé sur la conduite d’air ozoné, muni d’un système de tubes de verres, remplis d’un liquide coloré et formant
- ceux de nos lecteurs qui peuvent avoir des expériences à faire avec des gaz tels que le chlore, l’acide chlorhydrique, etc., dont le débit ne peut se mesurer que difficilement.
- Une installation simplifiée a été réalisée à l’usine de Saint-Mau r, avec un émulseur seul, c’est-à-dire agissant sur l’eau, par simple dissolution de l’ozone sous pression, sous action subséquente de la colonne à graviers. La figure 2 représente ce dispositif ; la coupe en montre nettement le fonctionnement.
- L’eau à traiter est amenée par la canalisation A dans l’émul-seur B.
- L’air ozoné est aspiré à travers la conduite C dont une vanne ü permet de régler le débit.
- L’excès d’air ozoné n’ayant pas réagi est récupéré par la canalisation E. L’eau ozonée s’écoule finalement par un déversoir protégé par une cage vitrée.
- Le premier des dispositifs que nous venons de décrire a permis d’étudier l’action de l’émulseur seul, l’action de la galerie seule et l’action de l’émulseur et de la galerie combinés.
- Nous rappellerons que l’emploi de la colonne à graviers seule caractérise le procédé de MM. Marinier et Abraham.
- dans l’eau à stériliser, de Paris, à Saint-Maur.)
- p.269 - vue 273/647
-
-
-
- 270 _________ ENSEIGNEMENT moderne de la chimie
- Celte colonne est donc un organe commun aux deux systèmes expérimentés.
- Quels ont été les résultats obtenus?
- 11 a élé nettement établi qu’en employant des doses d’ozone convenables on peut arriver à stériliser d’une manière absolue les eaux les plus polluées.
- Notre tableau (p. !268) concerne les expériences les plus caractéristiques laites avec de l’eau de Marne filtrée à grande vitesse.
- Ces chiffres établissent que l’action de l’émulseur seul est parfaitement suffisante pour assurer une bonne stérilisation dans des conditions pratiques normales.
- Quant à la stérilisation absolue, les essais officiels ont montré qu’elle pouvait être obtenue soit au moyen de l’émulseur combiné à la galerie Marmier-Abraham, soit avec celle-ci seule.
- 1)' GABiukl Sinclair.
- L’ENSEIGNEMENT MODERNE DE LA CHIMIE
- Il vient de paraître un ouvrage qui mérite mieux qu’une simple note bibliographique; car il constitue une véritable révolution dans renseignement classique de la chimie; et, comme cette révolution nous paraît infiniment utile, comme il est à souhaiter que son effet se vulgarise, nous tenons à la signaler avec quelques développements. L’ouvrage dont il s’agit est intitule : Leçons sur le carbone, la combustion, les lois chimiques 1. 11 forme le cours professé, pour la première fois, cet hiver à la Faculté des Sciences de Paris par M. Henri Le Chate-lier, qui a succédé, comme on le sait, au regretté Moissan. La révolution à laquelle nous applaudissons est double; elle consiste, d’une part, à présenter la chimie, sous une forme synthétique comme on le fait depuis longtemps pour la physique, comme l’ont fait déjà pour elle-même quelques travaux spéciaux destinés moins aux élèves qu’aux maîtres, en insistant sur les caractères généraux et les lois et réduisant la part de la documentation; d’autre part, à faire intervenir fréquemment le coté industriel et pratique, de manière à montrer aux étudiants le contre-coup des phénomènes étudiés. C’est là une double tendance qui nous paraît à encourager, non pas seulement en chimie, mais dans une foule d’autres sciences et que, personnellement, s’il est permis de se citer soi-même, nous avons, dans la mesure de nos forces, essayé d’appliquer également à la géologie. Plus encore peut-être que les autres branches de l’enseignement, la chimie a eu longtemps à souffrir d’une affreuse aridité, qui tenait sans doute en partie à son peu d’avancement, mais aussi, il faut l’avouer, à la paresse des professeurs; car il est évidemment beaucoup plus facile et plus sûr de débiter un catalogue de faits expérimentaux, depuis longtemps enregistrés dans de nombreux manuels, que d’essayer de les grouper pour leur donner une interprétalion générale, exposée aux controverses. Mais quiconque lira ces leçons sur le carbone, où le carbone a été simplement choisi pour servir d’exemple et d’illustration à une méthode générale, pourra se rendre compte à quel point la chimie, par la méthode nouvelle, gagne de vie, d’intérêt, devient suggestive et passionnante. M. Le Chatc-licr était bien placé par scs nombreux travaux originaux, pour développer cc côté théorique de son enseignement. Mais, en même temps, sa carrière d’ingénieur des mines, où il a eu constamment à résoudre des questions industrielles, lui a permis (ce qui est assez exceptionnel dans l’enseignement universitaire) de mêler, comme nous le disions plus haut, la pratique à la théorie, de manière à garder sans cesse ce point d’appui dans la réalité qui est trop souvent négligé ou dédaigné (on France du moins) et qui, en
- 1 1 vol. in-8°. Dunod cl Final, Paris. Prix : 12 francs.
- chimie surtout, est pourtant d’une évidente nécessité. Habitué par là à vérifier la valeur des faits ou des théories, il a pu, dans un cours de Sorbonne, appeler l’attention sur la défiance avec laquelle on devait admettre tant de prétendues observations faites, sur des corps sans intérêt, en vue d’obtenir une place ou un grade. « La moitié au moins des corps décrits dans les grands traités de chimie n’ont jamais existé ». Il a pu aussi parier avec un sourire de ces modes passagères qui attribuent une importance essentielle à l’emploi de certaines formes de langage, comme aujourd’hui les ions et les électrons, ou mettre en relief les entorses systématiques données aux anomalies qui gênaient pour certaines lois, comme la loi de Duiong et Petit.
- Quoi qu’en disent ceux qui mettent leur vanité à enfermer la science dans un isolement de mandarins, le contact do l’industrie avec la science est fécond (à la condition bien entendu qu’il ait pour effet de rendre l’industrie scientifique), et le savant gagne à se trouver mêlé un peu à la vie réelle, comme il gagne à connaître les progrès généraux des sciences contiguës à la sienne. En industrie, on no saurait se contenter d’une idée séduisante correspondant à une jolie approximation. L’esprit critique est indispensable. Il l’est encore pins en science pure, où tant de gens s’endorment avec confiance sur la parole de leurs prédécesseurs et, au risque d’inspirer d’abord un peu trop de scepticisme aux étudiants qui ont pris l’habitude d’entendre formuler des dogmes, il est bon, surtout pour ceux d’entre eux qui doivent entreprendre des recherches futures, de leur apprendre à douter souvent et à vérifier toujours.
- Nous ne pouvons analyser en détail un livre qui fourmille d’idées et de rapprochements imprévus, et où chaque fait cité est une occasion pour développer une idée générale. Il suffit d’en lire la table des •matières pour voir à quel point il diffère des autres ouvrages de chimie sur le carbone. Cela apparaît également par l’aspect du texte où, systématiquement, les formules ont élé éliminées, où les chiffres et les faits des aide-mémoire tiennent peu de place, où il n’est pas question de procédés d’analyse, où il n’est pas donné d’énumération de composés, etc. L’auteur est parti de cette idée très juste qu’un enseignement oral ne doit pas reproduire ce que l’on trouve dans tous les dictionnaires, mais former des esprits et leur fournir une direction. Tous ceux qui ont subi avec ennui l’exclusif exercice de mémoire que constituait l’ancienne chimie minérale, lui sauront gré d’avoir bien voulu vulgariser des idées qui, dans d’autres ouvrages comme ceux de Van’l Holf par exemple, étaient d’un accès un peu ardu et de leur avoir ajouté tant de vues personnelles. L. De Launay.
- p.270 - vue 274/647
-
-
-
- 271
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 21 septembre 1908.
- Décès. — L’Académie enregistre un nouveau deuil. M. Dominique Clos, correspondant de la section de botanique, est décédé à Toulouse.
- Le changement de coloration des grenouilles. — M. Bonnier communique une Note dans laquelle l’auteur étudie le rôle du système nerveux sur les changements de coloration que l’on observe sur la grenouille. On a mis en évidence diüerentes causes qui provoquent le passage d’une couleur claire à une couleur foncée, telles' que chaleur, lumière, etc. De gros chromoblasles, logés dans l’épaisseur du derme, peuvent lancer des pseudopodes et peuvent les rétracter. Ce sont ces pseudopodes qui produisent les changements de couleur.
- Le traitement des trypanosomiases. — M. Laveran dépose une Note sur le traitement des trypanosomiases par l’émétique de sodium et l’atoxyl. 11 rappelle qu’il est déjà parvenu avec M. Thiroux à des résultats importants, en ce qui concerne le traitement des rats et des cobayes atteints du surra. Ces résultats ont été l’objet d’une Note présentée en novembre 1907 ; ils ont été obtenus à l’aide d’une médication mixte par l’atoxyl et le trisulfure d’arsenic. 11 confirme les guérisons signalées à cette époque. Des médecins anglais, ayant préconisé plus récemment l’emploi de l’émétique de sodium pour le traitement des trypanosomiases, il a entrepris avec M. Thiroux une nouvelle série d’expériences sur des animaux infectés avec le trypanosome du surra et le trypanosoma gambiensc. Avec l’émétique seul ils ont obtenu 3 cas de guérison sur 13 animaux traités; mais avec des injections alternées d’aloxyl et d’émétique le succès s’est élevé à 6 animaux sur 13. Or, le trypanosoma gambiensc est l’agent de
- — Présidence de M. Bouchard.
- la maladie du sommeil; il convient donc d’essayer le traitement sur l’homme.
- L'atmosphère des planètes. — M. Deslandres analyse une Note de M. Lowel sur le spectre des planètes. Cet astronome dispose à Flagslaff (Arizona) d’un observatoire placé dans une situation tellement favorable qu’il n’en existe pas de semblable. L’observatoire se trouve, en efï'el, à une altitude de 2700 m. dans une région désertique où l’air est extrêmement sec et l’atmosphère d’une pureté admirable. D’après ses expériences le spectre de l’atmosphère des grosses planètes présente une large bande déjà signalée d’ailleurs qui croît avec la distance des planètes au Soleil. De plus il a pu mettre en évidence l’existence de la vapeur d’eau dans l’atmosphère de Mars, de Jupiter et de Saturne. Enfin, dans les spectres des atmosphères d’Uranus et de Neptune il a trouvé les bandes de l’hydrogène renforcées, ce qui indique que ces atmosphères renferment de l’hydrogène libre.
- Effets de /’intoxication tabagique. — M. Dastre résume un travail de M. Robinson relatif à l’effet de l’intoxication tabagique sur la gestation. L’auteur montre que cette intoxication n’a pas d’action sur la gestation de la chienne, de la chatte, de la jument, mais qu’elle est nuisible chez la lapine et le cobaye. L’action des poisons n’est pas uniforme dans les espèces animales. Tandis que le lapin mange sans inconvénient un poids de belladone susceptible de tuer plusieurs hommes, une petite quantité de tabac peut produire chez certaines espèces un trouble de gestation, alors que cette quantité serait insuffisante pour provoquer un effet chez d’autres espèces.
- G». DE VlLLEDEUlL.
- LE FUSIL ÉLECTRIQUE
- Un fusil dans lequel 011 11’emploie aucun projectile est bien fait pour donner le maximum de sécurité aux familles, en rendant tout accident impossible; inutile d’ajouter qu’il ne s’agit pas d’une arme de guerre ou de chasse! C’est plutôt un jouet, mais destiné à un jeu utile, car, malgré l’absence de projectile, il peut parfaitement servir à tirer à la cible : on va comprendre comment.
- Le fusil, qui peut être quelconque et avoir môme un canon en bois, est monté sur un socle (fig. 1) et peut prendre différentes inclinaisons dans tous les sens ; la mire et le guidon sont les mêmes que dans tous les fusils et le tireur épaule et vise comme d’habitude. Tous les mouvements faits par l’arme sont communiqués, par une tige rigide, qui lui est fixée perpendiculairement et traverse le socle, à une sorte de pantographe qui les traduit fidèlement et les transmet à une tige T terminée par une aiguille A. Au-dessous de celle-ci se trouve une cuvette C (fig. 2), renfermant des alvéoles isolées électriquement les unes des autres; à chacune d’elles
- aboutit un fil conducteur aboutissant à la planchette B.
- D’après ces dispositions, on comprend qu’il est facile de déterminer la fermeture d’un circuit électrique par l’introduction de l’aiguille À dans l’une des alvéoles de la cuvette G. C’est là le principe du système. Une manette fixée sur le socle permet d’armer le fusil, c’est-à-dire d’éloigner l’aiguille À de la cuvette C ; quand on appuie sur la gâchette, après avoir visé, on opère le déclenchement des ressorts qui les poussent brusquement l’une vers l’autre, et l’aiguille A va se loger dans l’alvéole qui correspond à la position donnée au fusil par le tireur.
- De la planchette B partent autant de fils, formant un câble qui aboutit à la cible placée à une distance quelconque, généralement 20 à 25 mètres, en face du fusil. Celle-ci (fig. 5) est percée de 25 trous, dont 19 .sont disposés sur les cercles concentriques et 4 sur les côtés pour indiquer les hors cible; derrière chaque trou se trouve une petite lampe à incandes-
- p.271 - vue 275/647
-
-
-
- 272
- LE FUSIL ÉLECTRIQUE -
- cence et, en outre, au trou central, une sonnerie. Le lilament de chacune des lampes a l’une de ses
- rectiiier son tir et arriver à faire mouche, si on est bon tireur. Un frein à air F (lig. 2) règle le contact de façon que le circuit, une ibis fermé sur une lampe, persiste pendant quelques secondes pour qu’on ait le temps de constater le résultat obtenu.
- Le fusil électrique est actuellement installé à Paris dans un certain
- Fig. 1. — Le iusil électrique sur son socle.
- Fig. 2. — Détails de la lige du panlographe et de la cuvette.
- extrémités reliée à un fil commun, allant à l’un des pôles d’une pile placée dans le socle de l’appareil; l'autre extrémité est reliée par l’intermédiaire de l un des iils du câble à l’une des alvéoles de la cuvette C.
- L’aiguille À, faisant elle-même partie du circuit ainsi formé, déterminera l’allumage d’une lampe chaque fois qu’elle pénétrera dans l’une des alvéoles. Le réglage de l’appareil consisté à disposer le fusil et la cible de telle sorte que quand la ligne de visée passe par le centre de celle-ci, l’aiguille
- ment l’alvéole centrale de la cuvette G; une fois ce résultat obtenu, on fixe le socle et la cible définitivement et toutes les autres positions se trouvent exactement repérées, de telle sorte que les 25 trous de la cible correspondent respectivement à chacune des 25 alvéoles de la cuvette ; on peut, d’après les résultats indiqués sur la cible,
- nombre d’endroits publics tels que le Jardin de Paris, les music-lialls, etc....
- Dans ce cas un système spécial n’en permet le fonctionnement qu’après l’introduction d’une pièce de 10 centimes; comme il n’y a pas de champ de tir réservé, on voit généralement les promeneurs s’écarter avec elfroi quand ils aperçoivent un tireur en position, ils ne s’expliquent pas qu’on permette de telles imprudences ! S’ils lisaient La Nature ils seraient rassurés.
- Le concessionnaire de l’invention, M. Carion, a installé un de ses appareils dans une école où il est très apprécié et l’exemple serait à suivre pour permettre de donner aux enfants, sans aucun risque d’accident, l’habitude du tir. G. Chalmarès.
- Le Gérant : P. Masson.
- À rencontre sûre-
- Fig. 5. — Cible : 1, fond de la boite avec lames de contact;
- 2, lampes à incandescence ; 5, plaque recouvrant les lampes.
- Paris. — Imprimerie Laiiure, rue de Fleurus, 9.
- p.272 - vue 276/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1845.
- 3 OCTOBRE 1908
- LA BILLE BRINELL ET L’ESSAI DES METAUX
- Les méthodes d’essai des matériaux ont fait des progrès bien remarquables, depuis un quart de siècle environ, grâce surtout à la Commission internationale qui a pris le problème en main, et dont la formation a été due à des initiatives françaises; mais les procédés employés pour mesurer, par exemple, la résistance à la compression sont souvent compliqués; on est forcé de préparer (en les prenant dans la masse de métal à éprouver) des éprouvettes, des pièces d’essai, dont la préparation meme est relativement coûteuse.
- On se sert aujourd’hui couramment d’une méthode fort ingénieuse, qui est connue sous le nom de méthode de la bille Bri-nell, et qui permet de déterminer la dureté d’un métal ; dans ce but, on oblige, par une pression énergique, une bille d’acier à pénétrer, pour ainsi dire, dans le métal, et l’on prend des mesures pour évaluer la cavité sphérique provoquée par la pression. Tout naturellement, on établit le « facteur de dureté » en se basant et sur la dépression et sur la valeur de la
- pression exercée. Cette bille d’essai peut s’employer sur des pièces ou sur des outils finis, sans les détériorer de façon réellement visible; on l’utilisera à l’épreuve des plaques de blindage ou des projectiles, des rails ou des parties de machines, etc.
- Nous allons mieux faire comprendre l’usage et le fonctionnement de l’instrument, en mettant sous les yeux du lecteur une machine construite suivant le principe de la méthode de Brinell, et qui permet de faire aisément des essais de dureté. Elle sort des ateliers Jackman and C°, de Londres et Glasgow.
- Elle se fait en réalité en deux types principaux, dont l’un est destiné aux essais sous très forte pres-36e année. — 2e semestre.
- L’appareil d’essai à bille Brinell.
- sion, tandis que l’autre répond à des pressions bien plus modestes. Dans le premier type, on peut exercer un effort de 3 à 50 tonnes, avec enregistrement exact de la pression donnée effectivement ; dans ce cas, la bille qui vient appuyer sur le métal est de 19 mm de diamètre. Dans l’autre cas, elle a seulement 10 mm, et les pressions sont comprises entre 500 et 3000 kilogrammes. D’une façon générale, la machine consiste en un cylindre hydraulique dans lequel se déplace un piston ; c’est l’cx-trémité inférieure de celui-ci qui est munie de la bille en acier dur k. La pièce de métal, l’objet quelconque à essayer, est disposé en s, sur un support qui est solidaire d’une manette, dont la rotation l’amène à la hauteur convenable; de plus, ce support comporte une petite plaque qui s’incline plus ou moins dans un sens ou un autre, de manière qu’un objet irrégulier puisse toujours venir présenter une surface absolument horizontale sous la bille, au moment de ce qu’on peut appeler la prise de l’empreinte. La pression voulue à
- exercer sur le piston hydraulique est obtenue à l’aide d’une pompe à main, et le manomètre à cadran, qui est en haut de la machine, indique la pression obtenue en kilogrammes. (Que l’on remarque ce détail, de même que le calibrage des billes en millimètres, ce qui est caractéristique pour des machines provenant d’usines anglaises). Avant l’épreuve, la surface métallique, sur laquelle doit venir porter et presser la bille, est toujours limée soigneusement ou usinée de façon à se présenter absolument unie. Une fois le support (mettons le porte-objet) relevé jusqu’à ce que la pièce à essayer touche la bille, on ferme la soupape v, ce qui supprime la libre communication
- 18. - 273
- p.273 - vue 277/647
-
-
-
- 274 =r—......... CHRONIQUE — LE THE AU JAPON
- entre le cylindre de presse el le réservoir à huile ; puis, à l’aide de la petite pompe à main que l’on aperçoit montée sur le côté d’une des machines, on assure la pression nécessaire, et l’on fait descendre la bille, qui déprime en conséquence la surlace du métal.
- Quand la pression voulue a été obtenue de la sorte, un piston supérieur peut être mis en mouvement; il porte une sorte d’étrier, que l’on voit très nettement dans la ligure, et qui est lesté de deux contrepoids p fort apparents eux aussi; il descend et vient immobiliser l’index du cadran manométrique, et aussi maintenir invariable la pression acquise. La durée de celte impression dépend de la nature du métal.
- Puis on supprime la pression, on ouvre la soupape v, et l’on abaisse enfin le support s pour dégager la pièce essayée. Comme la communication est rétablie entre le cylindre et le réservoir à huile, un ressort spiral, qui se trouve à l’intérieur du cylindre, force le piston à remonter dans sa position primitive, ce qui fait naturellement retourner le liquide dans le réservoir. Le piston n’a point de garniture,
- mais il est fort exactement ajusté, et ses mouvements se font presque sans frottement.
- On a prévu toutes les fuites d’huile : le liquide va se rassembler dans un petit récipient disposé au pied de la machine, grâce à un tube que l’on aperçoit sur la figure. On pourra ensuite reverser celte huile dans le réservoir.
- En lait, l’étrier lesté des poids p et le piston dont il est solidaire, permettent de ne point dépasser la pression qu’on a pu fixer à l’avance ; on a disposé un petit cylindre en communication directe avec le cylindre principal ; on tare la machine en munissant les bras de contrepoids des poids correspondants à la pression voulue, et c’est ainsi que le piston, l’étrier el le dispositif d’arrêt sont mis en marche, et descendent au moment précis où la pompe a donné cette pression.
- Pour mesurer le diamètre de la dépression sphérique causée à la surface du métal, on se sert d’un petit microscope qui se vend avec la machine ; on obtient le diamètre à 1/20 millimètre près; et la dureté correspondante est fournie par une table dressée spécialement dans ce but. Daniel Bellet.
- CHRONIQUE
- Une horloge géante. — C’est à New-York, bien entendu, qu’existe ce monstre, dont les dimensions sont en proportion avec celles des gigantesques sky-scrapers de la ville.
- Installée dans un but de publicité, elle possède un cadran lumineux de 12,35 m. de diamètre. L’aiguille des heures a 4,30 m. de long et son contrepoids 2,58 m. Son poids est de 220 kg. L’aiguille des minutes a 0,10 m. de long, et son contrepoids 2,70 m.
- Son poids est de 291 kg. Les heures sont indiquées par d’énormes traits noirs (1 m. 08x0in. 00) se détachant sur le fond blanc du cadran. Chaque, minute porte une lampe électrique.
- Les aiguilles des minutes sont mues par un rouage puissant que déclenche toutes les demi-minutes le mouvement du balancier. Le poids moteur de ce rouage pèse 075 kg. Il est remonté toutes les semaines et délile 94 m. de corde.
- LE THÉ AU JAPON
- On signalait dernièrement dans cette revue la minutie du cérémonial suivant lequel doit s'effectuer la dégustation du laro, cette liqueur chère aux Hawaïens1. Le fait n’est pas extraordinaire. Tous les peuples, toutes les civilisations possèdent ainsi quelque breuvage qui leur est plus particulièrement cher, qui souvent leur apparaît même connue sacré, et dont la consommation se fait suivant des règles si bien définies qu’elles constituent un véritable rituel.
- Sans sortir de notre monde occidental, le fait de boire le vin n’allait pas chez les anciens sans un caractère religieux : il était servi seulement à la fin des repas; la première part en était offerte aux dieux ; la coupe qui servait à le prendre circulait à la ronde, étant d’une forme qui variait selon les personnes et les circonstances ; le roi qui présidait au festin déter-
- minait le nombre des rasades; enfin, si chez les Romains, la femme fut longtemps privée du droit de boire le vin, ce fut évidemment bien plus par une interdiction de nature religieuse que par vertu ou par hygiène. Moins religieuse à coup sûr, mais non moins réglée, fut ensuite au moyen âge la fameuse messe des buveurs, aussi célèbre que celle de Yâne ou que celle des joueurs. Cette missa po-taloribus ou missa gulonis s’ouvrait par une parodie de la vraie messe : « Introibo ad allare Bacchi, ad eum qui lœlificat cor hominis » ; venait ensuite un « Confileor reo Bacçho omnipolanti, et reo vino coloris rubei... » jusqu’à ce qu’enfin, après des oraisons, une prose, un évangile rabelaisiens, congé fût donné aux buveurs par un : « Ite, bursa vacua )).
- Les rites de la bière eurent en Allemagne un développement non moins grand et non moins bouffon, dont on retrouve des descriptions à travers
- 1 Yoy. n“ 1839, du 22 août, p. 179, Le laro des Hawaïens.
- p.274 - vue 278/647
-
-
-
- - ............ . ......LE;THÉ
- toute la littérature d’outre-Rliin et des traces jusque dans le Faust; il suffit de rappeler ici la dure loi du « Prosit! » qui lut parfois si fâcheuse pour ceux d’entre nous qui ont été étudiants à léna ou à Leipzig. Dans la France d’aujourd’hui elle-même, l’ouverture d’une vieille bouteille poudreuse ne va pas sans quelques usages où des esprits érudits ont pu s’ingénier à retrouver d’anciens tabous.
- Toutefois, toutes les coutumes auxquelles nous venons de faire une brève allusion, ne sont plus que des formes atténuées, des souvenirs lointains, on dirait presque des survivances, d’usages beaucoup plus anciens, comparables, sinon identiques, à d’autres que l’on peut observer chez tous les peuples qu’étudie l’ethnographie, Australiens, Américains, Africains, Polynésiens, etc. Aussi c’est aux vieilles et conservatrices civilisations de l’Extrême-Orient qu’il faut s’adresser si l’on veut savoir ce que le plaisir de boire en commun a pu donner chez des peuples ayant dépassé les stades de la culture primitive, et qui sont arrivés de bonne heure à une vie de société très affinée, très policée, qui les rend tout proches de nous : la cérémonie du thé, l’illustre cha-no-yu1 des Japonais, en est véritablement l’exemple typique1 2.
- Le thé est une plante essentiellement orientale; exclusivement cultivé jusqu’à ces derniers temps en Chine, au Japon, en Inde, etc., il semble connu et employé en Chine depuis les époques les plus reculées, s’il faut du moins en croire le témoignage des chroniques qui en attribuent la première utilisation à un empereur mythique, nommé Ching-Nong, un des bienfaiteurs de l’humanité, inventeur de l’agriculture et de la médecine, qui passe pour avoir vécu vingt-sept siècles avant le Christ3. Son origine au Japon est loin d’être aussi ancienne. Il passe pour y avoir été introduit en l’an 805 de notre ère, par un saint buddhiste nommé Dengyô Daishi. A ce moment le thé était depuis longtemps le breuvage favori des buddhistes du continent, qui l’employaient, paraît-il,
- 1 C’csi-à-dire le thé (cha) et l’eau (yu) (étymologie cjni nous est indiquée par notre ami M. C. — i, professeur à l’Université de Kyoto).
- 2 Ce n’est pas à la légère que nous comparons et que nous jugeons équivalentes nos sociétés d’Occident et les sociétés
- d’Extrême-Orient, notamment la société japonaise. Lorsqu’on parle du « brusque réveil des Japonais », de leur « soudain
- accès à la vie moderne », on tend trop souvent, consciemment ou non, à se figurer un passage miraculeux « de l'an-
- tienne barbarie à la civilisation » comme si, avant ces quarante dernières années, ils n’avaient été que des « sauvages » ! C’est un reste amusant de cette antique erreur suivant laquelle les hommes traitent de « barbares » les peuples qu’ils ne connaissent pas. En fait, l’instantané de la révolution japonaise de 68 ne doit pas plus tromper que notre révolution française de 80. Le progrès des connaissances tend à montrer avec une clarté croissante que, depuis peut-être quinze siècles, les civilisations d’Extrême-Orient et d’Occident — entre les-, quelles on croit aussi apercevoir des communautés d’origine
- — ont suivi un développement parallèle ; le fait qu’elles s’ignoraient à peu près totalement explique fort bien que ces
- deux développements n’aient pas toujours marché du même
- train, qu’il y ait eu des retards et des avances, mais il ne
- saurait masquer le parallélisme : quand s’est produit le con-
- tact entre elles, ces civilisations n’étaient pas comparables,
- AU JAPON : -=7~^===z 275
- pour se tenir éveillés au milieu des dévotions nocturnes : .on raconte qu’un fils de rajah hindou, vivant au vie siècle et venu en Chine pour y enseigner la bonne parole du Duddha, après avoir passé de longues et nombreuses années dans des prières et des veilles sans fin, une nuit enfin céda au sommeil; il dormit jusqu’au matin, et lorsqu’il s’éveilla, plein de colère contre sa paresse, il arracha l’une après l’autre ses paupières paresseuses et les jeta sur le sol; mais chacune d’elles se transforma aussitôt et donna naissance à un arbuste merveilleux, le thé, dont les feuilles possèdent une vertu plus forte que le sommeil4.
- Malgré cette origine buddhiste, dont il ne semble pas qu’il y ait de raison de douter, le thé, dès ses débuts au Japon, fut vivement encouragé par les empereurs, qui semblent l’avoir fort prisé. Cependant les progrès de sa culture demeurèrent extrêmement lents jusqu’au xne siècle. Une nouvelle intervention des religieux buddhistes se produisit alors : un certain abbé Myoe, ayant obtenu de nouvelles graines en Chine, les sema aux environs de Kyoto, à Togano-o, puis à Uji, qui est demeurée depuis le principal centre de son industrie et de son commerce. Dès lors le goût du thé s’était définitivement implanté dans le monde de la cour impériale et parmi l’aristocratie; la cérémonie du thé commençait à s’esquisser; mais c’est seulement au cours des siècles suivants qu’elle va devenir une véritable institution nationale, en même temps que le goût de l’infusion se répandra jusque dans les plus basses classes de la société. De nos jours l’importance commerciale du thé est devenue considérable : en 1906 par exemple le chiffre de la production dépassait 58 millions de kilogrammes, dont environ 20 000 000 destinés à F exportation5 * * * *.
- La cérémonie du thé a une importance considérable dans l’esprit du peuple japonais, y compris les artistes, les poètes, les penseurs même. On a pu
- comme on le croit trop, à un homme et à un enfant, c’étaient deux adultes. De ce point de vue, on lira avec un vif intérêt les trois volumes de M. de La Mazelière sur le Japon, Paris, Plon, Nourrit et Cio, édit.
- 3 Marco Polo, qui a visité la Chine à la fin du xm° siècle, ne fait nulle part mention du thé ; mais des documents chinois, parfaitement historiques, montrent que la production en était déjà très considérable (plus de 7 800 000 kg pour deux provinces citées).
- 4 Le fils du rajah est évidemment tout mythique, son nom seul suffirait à l’indiquer : Daruma ou Dharma, c’est-à-dire, en sanskrit, la loi, la doctrine.
- 5 Longtemps tout commerce avec l’étranger a été interdit aux Japonais; la première exportation moderne de thé date de 1853; c’est une dame Oura, de Nagasaki, qui s’était risquée à la faire, par contrebande; son envoi était de 27 livres! Pour donner une idée de la production du thé et du rang qu’y tient le Japon, voici les cbilfres relatifs aux divers pavs producteurs pour la même année 1906 :
- Chine............. 286 020 000 kilogrammes.
- Indes............... 108 960 000 —
- Ceylan................ 78 088 000
- Java.................. 13 106 000 —
- Natal, etc. . . . 844 000 —
- p.275 - vue 279/647
-
-
-
- 276
- LE THE AU JAPON
- signaler à juste titre que des écrits nombreux, des controverses ardentes se sont produits à son sujet et que l’élite pensante du Japon s’est à un certain moment partagée en deux groupes suivant l’attitude observée envers le cha-no-yu *. Les uns accusaient la vieille coutume d’être essentiellement méprisable et efféminée; elle aurait exercé la. plus lâcheuse influence sur le génie artistique du Japon, et, en confondant trop souvent l'archaïsme avec la beauté, en faisant aussi tourner les préoccupations des esthètes dans un cercle mesquinement domestique, elle aurait brisé les ailes à la grande création. Les autres, au contraire, lui attribuaient une action profondément salutaire; pour eux c’est le cha-no-yu qui a maintenu la finesse de l’art japonais, qui l’a conduit au raffinement subtil, à la jolie recherche des commodités et des menues beautés quotidiennes, qui l’a « empêché de quitter l’étroit sentier de la pureté et la simplicité, pour s’engager sur la large voie d’une joie de mauvais ton ! » Comme on le voit, l’Occident n’a pas le privilège des critiques d’art inconciliables ! Nous n’avons pas d’ailleurs à trancher de la valeur esthétique ou sociale de la cérémonie du thé, et nous nous contenterons d’en retracer l’histoire.
- Tout d’abord il faut observer que le caractère d’archaïsme, que l’on loue ou que l’on blâme en elle suivant les camps, est relativement tout moderne. 11 n’est apparu que dans la dernière période d’une longue évolution, qui peut se représenter schématiquement par les trois périodes suivantes : 1° Stade médico-religieux ; — .2° stade de luxe; — o° stade esthétique.
- buddhistes de la secte des Zen, qui l’employaient comme nous l’avons dit pour se tenir éveillés, c’est-à-dire en somme comme drogue, mais qui le consommaient sans nul doute suivant des rites
- établis. 11 ne peut
- i ,
- Autre « ligure de la cérémoni du thé.
- . .r. ' "
- Tout au début le chà-no-yu se réduit à la pure et simple consommation du thé par certains prêtres
- 1 Voir notamment les chapitres qu’y consacre M. Chamberlain dans son charmant et précieux ouvrage Thiiigs jajumesc, Londres.
- line
- « ligure » de la cérémonie du thé
- être vraiment question de « cérémonie » que plus tard, lorsqu’au début du xme siècle un premier nom d’aristocrate se mêle à l’histoire du thé.
- Le prince Minamoto-no-Sanetomo, shogun du japon de 1205 à 1218, avait eu une jeunesse fort dissipée, qui faisait scandale. Un sage abbé bud-dhiste, nommé Eisai, essaya de lui faire passer le goût immodéré qu’il avait pour le vin et, pour lui inculquer une bonne doctrine et de meilleures habitudes, il composa une sorte d’essai qu’il intitula : La salutaire influence du thé comme boisson. 11 y expliquait, dit M. Chamberlain, de quelle façon le thé « règle les cinq viscères et chasse les esprits mauvais », et donnait les règles pour bien faire l’infusion et pour la boire, cérémonial tout religieux dont la partie essentielle était un dîner, accompagné d’un service buddhiste au cours duquel les participants honoraient leurs ancêtres au bruit du tambour et à l’odeur de l’encens brûlant.
- On en resta là pendant près d’un siècle, puis la mode nouvelle commençant à « faire fureur », on ne tarda pas à entrer dans une phase où le luxe le plus éclatant devait se donner libre carrière.
- À cette époque, dit M. Chamberlain, les daimyos qui quotidiennement prenaient part à la cérémonie reposaient sur des couchettes couvertes de peaux de tigre ou de léopard.
- Les murs des vastes appartements où s’assemblaient les botes avec leurs invités étaient surchargés non seulement de peintures religieuses, mais d’étoiles lourdes et somptueuses, aux pieds ou
- p.276 - vue 280/647
-
-
-
- LE THE AU JAPON
- 277
- aux flancs desquelles s’entassaient ou pendaient des vases de métaux précieux, des épées dans des fourreaux splendides. Des parfums choisis, de rares poissons, d’étranges oiseaux étaient brûlés ou consommés avec des plats sucrés
- trouve réglé
- et des vins. Mais là n’était pas encore beau de la fête : les thés que l’on servait à chacun des convives étaient de marques différentes cl c’était un j eu obligatoire pour chacun de deviner la provenance exacte du breuvage qui remplissait sa coupe chaque vainqueur à ce jeu de société devenait possesseur d’un des objets exposés autour la salle, mais, par un beau trait de gentillesse, jamais il ne l’emportait lui-même ni ne le conservait pour soi : tous ces gains princiers étaient offerts un à un aux danseuses et aux cantatrices qui assistaient en foule à la fête. De vastes fortunes furent ainsi dissipées. Mais aussi les arts profitaient de cette folie luxueuse, puisque chacun se faisait un point d’honneur d’offrir à ses hôtes les plus beaux souvenirs.
- La splendeur du jeu atteignit à son comble lorsqu’à la fin du xve siècle, le prince Yoshimasa, « une sorte de Laurent de Médicis japonais », abdiqua la dignité de Shogûn, pour se livrer entièrement aux plaisirs du cha-no-yu, dans un.vaste palais qu’il possédait à Kyoto, en compagnie de ses amis les abbés Shuko et Shinno, qui furent avec lui les fondateurs des rites actuels.
- Alors et pendant le cours du xvie siècle, le don d’un service à thé était le plus beau cadeau qu’on pût faire à un ami; des guerriers, des nobles quit-
- taient l’épée pour la théière, et le prince Hideyoshi s’illustra en 1594 par la plus grande et la plus somptueuse « partie de thé » que le monde ail encore vue : tous les buveurs de thé du Japon, convoqués par décret, s’étaient assemblés dans le bosquet de pins que le prince possédait à Kilano près de Kyôlo, chacun ayant apporté les plus précieux ustensiles; le prince, dit-on, but à toutes les tasses.
- Mais tant de grandeur contraignit bientôt à une réaction ; ce fut, pendant la fin du xvie siècle, une véritable réforme qui commença, réforme à la fois gastronomique, esthétique et religieuse, dont le Luther fut le moine buddhistc Sen-no-nkyû.... Depuis et jusqu’à aujourd’hui, le cha-no-yu est devenu très simple, à la portée des plus modestes bourses, mais en restant • comme aux premiers jours très méticuleux et, pour employer le vrai mot, très rituel. Tout s’y les attitudes, les gestes, paroles, la place des personnages, la nature du thé, qui doit être en poudre et non en feuilles, et de telle ou telle variété suivant toute une série de cas bien définis, la manière de le boire, solennelle et lente. Et même le primitif caractère religieux est encore si bien conservé que les enthousiastes du thé,
- sremome du thé.
- ne manquent pas de s’affilier à la secte Zen des buddhistes et se font un titre de gloire lorsque, de l’abhé de Daitokuji à Kyoto, ils ont pu obtenir les diplômes qui marquent leurs progrès.
- Marcel Elût.
- p.277 - vue 281/647
-
-
-
- 278
- LE GAZ ET L’ÉLECTRICITÉ
- Parmi les divers modes d’éclairage et de chauffage actuels les plus hygiéniques sont assurément ceux qui reposent sur l’emploi de l’électricité. Ils ont en effet le grand avantage de ne déverser dans l'atmosphère des habitations aucun gaz irrespirable ou délétère. Cependant M. Lèvres, une notabilité du monde scientifique anglais, vient de prétendre que ce raisonnement simpliste est inexact, au moins en ce qui concerne l’éclairage. 11 a fait des expériences au cours desquelles il a comparé l’atmosphère de chambres éclairées au gaz et à l’électricité, et il aboutit à cette conclusion paradoxale que la supériorité hygiénique appartient à l’éclairage au gaz. Ses arguments, qu’il y a le plus haut iijtérèt à réfuter, peuvent se résumer ainsi :
- On sait que dans une pièce occupée par plusieurs personnes,’ l’air est rapidement vicié par l’acide carbonique de la respiration et par des exhalaisons organiques mêlées de vapeür d’eau1 et qui, se déposant sur les parois, meubles et tentures des pièces, y entretiennent la mauvaise odeur de renfermé ; le 14 février 1908, M. Jaurès a, sous ce rapport, demandé une meilleure aération de la Chambre des députés; il y a 20 ans, Brown-Séquard et d’Arsonval (C. 11. Acad, des Sc., 9 janvier 1888) pensaient même que l’air expiré contient un très puissant agent toxique, le « poison pulmonaire b; une partie de l’acide carbonique s’amasse dans le bas de- la pièce, une portion des émanations gagne le haut de la chambre; or, supposons, dit M. Lewes, des brûleurs à gaz disposés à la partie supérieure de cette chambre ; les émanations dégagées s’échauffent au contact de ce brûleur, les germes sont détruits en partie par les gaz chauds qui s’échappent de la flamme; l’air chaud atteint rapidement le plafond et s’y diffuse à travers le plâtre et les murs, laissant incorporées dans leurs porcs, les particules organiques non détruites.
- Avec l’éclairage électrique, au contraire, ce déplacement rapide des produits de la respiration, vers le plafond, n’a plus lieu. Les impuretés organiques restent flottantes dans l’atmosphère qui est bientôt altérée. Le même défaut du reste s’observe avec des brûleurs à gaz trop éloignés du plafond; car le refroidissement des produits pendant leur trajet vers ce plafond annule l’action ascendante du brûleur et le rôle du plafond même.
- Les prétentions de M. Lewes sont évidemment aussi favorables à tout autre éclairage par combustion, au pétrole, ou à l’alcool, par exemple.
- M. Lewes passe ensuite au chauffage par le gaz, qui s’est remarquablement développé en Angleterre en ces vingt dernières années.
- Il existe bien des types de poêles à gaz ; on peut les répartir en trois groupes :
- 10 Les appareils sans conduits de dégagement déchargeant dans l’air les produits de la combustion.
- 2° Les appareils à chaleur rayonnée, dans lesquels on chauffe les corps réfractaires jusqu’à l’incandescence ; la chaleur est renvoyée dans la pièce, tandis que les gaz brûlés s’échappent par un conduit de dégagement.
- 5° Les appareils à chaleur rayonnée, et conduits de dégagement par lesquels on fait passer les produits de la combustion, avant de les évacuer à travers la cheminée, dans des tuyaux où ils abandonnent, à l’air de la pièce, une notable proportion de la chaleur qu’ils emportent et qui, sinon, serait inutilement perdue. Ce sont en somme des appareils à récupération.
- 1 Yoy. D' Henriet, Revue générale des sciences, juin 1907.
- Ces deux derniers types sont, toujours selon M. Lewes, fort recommandables au point de vue hygiénique : la chaleur rayonnante n’élève pas directement la température de l’air de la salle, mais se communique d’abord aux planchers, aux murs et aux meubles qui cèdent ensuite une partie de leur chaleur à l’air en contact; ainsi les parois de la salle sont plus chaudes que l’air qui s’y trouve; dans ces conditions, elles rayonnent leur chaleur vers les personnes occupant la pièce; si l’air, au contraire, était plus chaud que les parois, la chaleur du corps rayonnerait vers les murs; et ce serait peu agréable et peu hygiénique. Quant au premier type de poêle fort répandu, peu encombrant, très économique, et donnant un chauffage très rapide, il est extrêmement malsain; en peu de temps l’atmosphère est complètement empoisonnée par l’oxyde de carbone, l’acide sulfureux, etc., que dégage la combustion du gaz d’éclairage. Rappelons aussi que pour 1 mètre cube de gaz brûlé, il se forme 1 demi-mètre cube de gaz acide carbonique qui n’est pas précisément un poison, mais dont l’excès rend l’air irrespirable1. Aussi M. Lewes assure-t-il qu’on ne saurait conseiller l’usage de tels appareils que pour des chambres à qui suffit un chauffage intermittent de quelques instants.
- Pour terminer, le professeur Lewes fait remarquer avec raison que les appareils de cuisine au gaz ne se distinguent pas des appareils de chauffage sans conduits de dégagement, sauf en ce qu’ils dégagent plus d’oxyde de carbone; ils sont donc plus dangereux encore, et il est nécessaire, lorsqu’on les emploie d’une façon continue, de les installer au-dessous d’une hotte aboutissant à une gaine de ventilation.
- A cette dernière conclusion de M. Lewes on ne peut que souscrire formellement (car, dans les appareils économiques, le maximum de chauffage est obtenu avec le minimum de tirage, de dépense par conséquent; mais le défaut d’air et la combustion lente transforment l’acide carbonique en oxyde de carbone) ; quant au surplus de ses opinions il importe au plus haut degré de les combattre, et d’empêcher qu’elles soient prises en considération.
- Et d’abord il n’est nullement prouvé que la chaleur dégagée par les brûleurs à gaz entre ces brûleurs et les plafonds suffise à détruire les germes et les microbes nocifs ; on sait que pour tuer les bactéries dangereuses de l’eau il faut faire bouillir celle-ci pendant 10 ou 20 minutes, ou la porter à 115-12002! Jusqu’à 40° elles se propagent à l’aise. Et si la température aux plafonds des appartements atteignait ce chiffre, comment pourrait-on séjourner dans la pièce? On sait qu’une température hygiénique ne doit pas dépasser 16 à 17° (18°, 19° pour les chambres des malades). Combien de nos appartements, lieux de réunion, cliniques, etc., s’élèvent au-dessus de 20°, parfois jusqu’à 25° ! Ensuite il n’apparaît pas que le nombre des microbes de la respiration soit si considérable; d’après les expériences de Straus et Dubreuilh, les voies respiratoires épureraient les microbes au point de n’en expirer qu’un seul sur 600 aspirés!3 De telle sorte que le péril, ou tout au moins l’inconvénient de ce chef, est singulièrement plus restreint que celui
- 1 Voy. Boxjean, Revue pratique d’hygiène municipale, novembre 1907.
- 2 V. Ogier et Bonjean, Traité d’hygiène de Rrouardel et Mosny, fascicule II, p. 439.
- 5 Y. E. Bodin, Les Ractéries (Encyclopédie des aide-mémoire), p. 41.
- p.278 - vue 282/647
-
-
-
- =--------t-t- -..................— LE GAZ ET
- résultant du déversement, dans l’almosphèro des pièces ou salles, des produits de la combustion du gaz. Ceci est le très gros et très réel danger de l’emploi de ce mode d’éclairage et de chauffage. 11 est on ne peut plus fâcheux que M. Lewes cherche à le faire méconnaître.
- Au début de 1907, le D'Henry Besniera très judicieusement montré une fois de plus à la Société de médecine publique1 comment les intoxications faibles, mais continues, par le gaz d’éclairage (non pas à l’état de fuite, mais par l’effet même de sa combustion) déterminent les plus graves troubles morbides « et surtout un certain degré d’anémie, qui résulte de l’altération des globules sanguins par l’oxyde de carbone du gaz d’éclairage*. » Et cela même à doses très réduites de gaz brûlé et dilué dans l’air respiré. C’est ce qu’il faut appeler les intoxications lentes ou insidieuses contribuant à « l’influence anémiante qu’exerce la vie dans les grands centres » (Vieille). El le D‘ Lelulle a ajouté que « la question extrêmement importante de l’intoxication lente, par le gaz d’éclairage, n’est malheureusement pas encore assez connue du public. » Elle diffère de celle de la viciation qu’elle amplifie en s’y superposant.
- La combustion incomplète du gaz d’éclairage (et de chauffage) constitue, en effet, une cause de céphalalgies, troubles des sens, palpitations cardiaques, nausées, vertiges, désordres mentaux, pertes de mémoire, tuberculose même qui peuvent atteindre une irrémédiable acuité surtout chez les nerveux et les surmenés. Or, tous les appareils employés sont impuissants à assurer la combustion intégrale du gaz; entrez dans une cuisine, une blanchisserie, un petit atelier, une élude, une salle d’audience ou de spectacle, montez surtout au sommet d’un escalier éclairé au gaz, vous percevrez la plupart du temps une odeur âcre, sui gencris, qui vous prend à la gorge et finit par vous serrer les tempes, si elle est trop forte. 11 y a là un élément qui s’ajoute certainement aux effets de l’oxyde de carbone3 (puisque ce dernier n’a pas d’odeur) et des autres «poisons de l’air» (Gréhanl).ll ne paraît pas qu’on ait suffisamment recherché en quoi cela consiste? C’est particulièrement avec les fourneaux à gaz, chauffe-bains, becs papillons et becs ordinaires à verre que le fait se vérifie. Les becs à manchons extra-lumineux et surtout le système dit gaz renversé, présentent cet inconvénient à un bien moindre degré, parce qu’ils assurent une combustion plus complète.
- line preuve irréfutable existe de la réalité de ces constatations: c’est que, dans les locaux publics, où l’électricité a remplacé le gaz, les céphalalgies, migraines, étourdissements, dyspepsies, sont plus rares chez les hôtes habituels de ces locaux. Je ne citerai comme exemple que la grande salle d’audience du tribunal de commerce de la Seine, encombrée, certains jours, de plusieurs centaines de personnes, juges, agréés et plaideurs; avant 1899, date de l’installation de l’électricité, l’atmosphère en était intolérable, irrespirable, dans les longs jours d’hiver, bien plus qu’en été; depuis cette date, un soulagement des plus salutaires a été apporté par la bienfaisante lampe à incandescence. La toxicité a
- 1 Revue d’hygiène, t. XXIX, 1907, p. 137.
- Yoy. aussi La Nature, n° 1748, p. 205 (Supplément).
- 5 Sur les intoxications par l’oxyde de carbone et des poêles mobiles, v. Dr Cartaz, La Nature, n° 1656, 18 février 1905, p. 178 cl n° 1748, 24 nov. 1906, Supplément, p. 205. De faillies traces d’oxyde de carbone amènent la mort par décomposition du sang. V. Leclerc de Pulugny et Boui.it, Traité d'hygiène, faseic. VII, p. 123-189. .1.-B. Baillière, 1908.
- ÉLECTRICITÉ :.....................................279
- disparu; il ne subsiste que la viciation, qu’un bref courant d’air corrige aisément.
- Pour revenir à la théorie de M. Lewes, on a lu plus haut qu’elle incorpore les germes dans les pores du plafond sans les détruire; donc ils peuvent s’y propager et il n’y a aucun progrès, bien au contraire, pour l'assainissement des intérieurs.
- Enfin ce n’est pas la combustion du gaz qui peut dimi»-nuer la proportion d’acide carbonique expiré1 (18 litres par heure, pour un homme sain) ni directement (puisqu’il est incombustible) ni même indirectement puisque sa densité le précipiterait plutôt sur les planchers, bien loin de l’élever vers les plafonds et les brûleurs dès qu’il atteindrait à la proportion asphyxiante de 5 à 6 pour 100 ! Donc le rôle hygiénique de ceux-ci paraît complètement illusoire !
- Les mêmes objections s’appliquent au pétrole dont l’éclairage chauffe encore beaucoup plus que le gaz et développe le maximum d’acide carbonique.
- Quoi qu’on en ait pu dire2, Paris a échappé, au début de 1907, à un véritable péril public, lorsque l’opposition du Conseil d’hygiène de la Seine réussit à faire échouer devant le Conseil municipal (à une majorité certes trop faible) le projet relatif au gaz à l’eau3. Le gaz à l’eau, en effet, peut contenir jusqu’à 50 et 40 pour 100 d’oxyde de carbone, au lieu deO à 15 (ou 8 à 10) pour 100 dans le gaz de houille.
- Le gaz d’éclairage et de chauffage (comme toutes les flammes d’ailleurs) nous prend beaucoup .trop d’oxvgène et nous livre une très nuisible proportion de résidus non brûlés et d’oxyde de carbone; c’est pourquoi, au lieu de la santé par l’air purifiant, il nous octroie l’intoxication, la neurasthénie, l’anémie; on ne saurait faire état des quelques germes qu’il peut calciner. L’ampoule électrique, au contraire, ne change pas les proportions de notre air respirable. La cause est entendue en dernier ressort; et le temps se chargera de l’exécution de ce jugement, qui facilitera l’assainissement si difficile des atmosphères confinées4. C’est seulement dans l’application des éclairages publics à l’air libre et, pour l’usage intérieur, dans la réalisation d’appareils assurant la disparition intégrale des sous-produits de combustion, que le gaz conserve ses meilleures chances de survivance. Il faut rappeler (et déplorer en même temps) qu’en Angleterre surtout (et ceci n’est sans doute pas étranger à l’argumentation de M. Lewes) quantité d’hôtels et de maisons particulières éclairent au gaz à bec libre (papillon' les chambres à coucher, ce qui est funeste au suprême degré. Les dortoirs de lycées et chambrées de casernes, les escaliers n’ont que trop souvent ce défaut. Sans exagérer la théorie, - controversée, du sommeil la fenêtre ouverte, on sait qu’il faut recommander de dormir dans des chambres sans feu et surtout sans gaz ; le bonnet de coton de nos pères et de nos troupiers est, pour la tête, le meilleur poêle des nuits d’hiver! Je pourrais citer un
- 1 Yoy. Dr Henriet, Revue générale des Sciences, n° 12 de 1907.
- 2 Notamment Pli. Dei.ahaye au 32e Congrès de la Société technique de l’industrie du gaz en France (le Havre, 20-25 juin 1905).
- 3 Voy. La Nature, n° 1783, 27 juillet 1907, p. 131.
- 4 Yoy. Albert Lévy, Les atmosphères confinées, Bul. de la Soc. des ingénieurs civils, janvier 1907, etc. — Yoir aussi la description de l’appareil Magnié, par MM. Albert Lévy et Pécoul, pour révéler la présence de l’oxyde de carbone et aussi de l’acide carbonique, dans La Nature du 28 octobre 1905, n° 1692.
- p.279 - vue 283/647
-
-
-
- 280 LA TURBINE A VAPEUR ET LES NAVIRES MIXTES
- savant belge fort connu, qui, employant dans toutes les pièces et du haut en bas de sa demeure, le chauffage et l’éclairage au gaz, s’était acclimaté insensiblement à la chaleur torride et nauséeuse d’un véritable élouffoir ; au bout de plusieurs années de ce détestable régime, il était parvenu à un dérangement de santé si complet que tout travail lui était devenu presque impossible ; par ordre •médical, il a dû modifier de fond en comble l’éclairage, le chauffage, la ventilation de toute son habitation. — Un autre, français celui-ci, qui a jadis passé douze années professionnelles dans la déprimante atmosphère du gaz, ne trouve plus de soulagement à la neurasthénie qu’il y a contractée, que dans la vie à l’air libre des mois d’été. La séquestration hivernale et le voisinage du moindre bec de gaz libre lui font une céphalalgie à peu près permanente : « sa tête ne respire plus », dit-il ; cl plusieurs fois le jour, même par les gelées, il lui faut ouvrir sa fenêtre pour renouveler son oxygène. 11 est bien connu d’ailleurs qu’au printemps, l’extinction de tous les chauffages et éclairages ramène dans les familles le bon équilibre de la santé. Selon M. A. Rey : « les mois d’hiver ont une morbidité comparable à celle du reste de l’année et dont
- l’intoxication par l’oxyde de carbone est en grande partie responsable1 ».
- Bref, à l’air confiné des respirations humaines, il est nécessaire pour l’hygiène publique que l’on cesse d’adjoindre les résidus toxiques d’un éclairage et d’un chauffage éminemment préjudiciables. Ainsi que l’alcool, le gaz, mal employé, est un des ennemis de la santé humaine.
- Pour le chauffage surtout, on n’a pas encore réfuté les si graves objections relatives à l’impossibilité d’éviter dans les constructions les plus soignées, dans les systèmes les moins dangereux (calorifères et même feux de bois), la fissuration des corps et conduites de cheminées ; à moins d’une ventilation spéciale, à peu près irréalisable en hiver, il n’est guère de foyer qui ne propage dans les divers étages d’un immeuble à travers les tuyaux de tirage plus ou moins crevassés, les méfaits de l’oxyde de carbone et de ses succédanés! C’est pourquoi le chauffage de l’avenir doit être recherché dans des procédés économiques de circulation (et non pas de radiations) d’eau chaude et de vapeur d’eau, ou d’électricité2, procédés qui, malheureusement, demeurent encore beaucoup trop coûteux! E.-A. Martel,
- Auditeur au Conseil supérieur d'hygiène publique.
- LA TURBINE A VAPEUR ET LES NAVIRES MIXTES
- La Nature a publié, dans un de ses derniers numéros, un article intéressant sur les progrès réalisés, dans ces dernières années, pour l’application de la turbine à vapeur à la propulsion des navires. Une dernière évolution fort importante qui est en train de se réaliser aura, sans aucun doute, pour résultat d’accentuer encore l’application de la turbine à la navigation, j C’est de cette dernière évolution que nous avons l’intention de dire quelques mots1.
- Mais, auparavant, il nous semble utile de rappeler brièvement le mode de fonctionnement de la turbineàvapeur, fonctionnement sur lequel nous
- nOUS sommes déjà assez Fig. 1. — Turbine de
- longuement étendus dans
- divers articles précédemment parus dans La NatureV
- On sait que, pour obtenir un bon rendement de la turbine à vapeur, la vitesse de rotation périphérique de celle-ci doit être dans un certain rapport avec la vitesse d’écoulement de la vapeur qui, en venant agir sur les aubes de la turbine, donne à celle-ci et
- 1 Yoy. Arlicle de M. Parsons dans les mémoires de VInstitution of Naval Architecls (avril 1908).
- - Yoy. n08 du 24 oct. 1903; 16 janvier 1904; 9 avril 1904.
- à son arbre moteur, son mouvement de rotation. Celte vitesse de rotation de la turbine varie, suivant
- le cas, entre le tiers et la moitié de la vitesse d’écoulement de la vapeur. Or, celte vitesse d’écoulement dépend, de son côté, de la différence de pression existant entre celle d’admission, c’est-à-dire celle de la chaudière et celle d’échappement , c’est-à-dire celle du condenseur. Elle est en général très grande et peut atteindre de 900 à 1200 mètres par seconde. Pour rester dans les limites du rapport de vitesse que nous venons d’indiquer, on est ainsi amené à faire tourner l’unique roue mobile de la turbine à un nombre de tours considérable dépassant souvent 20 000 tours à la minute. C’est la disposition bien connue de la turbine de Laval (fig. 1). Avec d’aussi grandes vitesses, pour transmettre l’énergie de la turbine aux appareils de réception, soit dynamos, soit tout autre genre d’appareils, une transmission par engrenages s’impose avec toutes ses complica-
- 1 Yoy. Dr A. Bonnard, La santé par le grand air, Pans, J.-B. Baillière, 4906. Éloquent et persuasif plaidoyer en faveur des œuvres du grand -air (espaces libres, colonies de vacances, etc.). — 2 Yoy. n° 4824, 9 mai 4908.
- Laval à une seule roue.
- p.280 - vue 284/647
-
-
-
- ========= LA TURBINE A VAPEUR
- tions cl les pertes de rendement qui en résultent.
- Dans le but de diminuer cette vitesse périphérique de la turbine à vapeur et de la rendre d’une application plus pratique, on a recours au procédé suivant. La vitesse périphérique delà roue mobile d’une lur-
- ET LES NAVIRES MIXTES - .. . ..........: 281
- un certain nombre d’étages la chute de pression totale entre celle de la chaudière et celle du condenseur, en faisant agir dans chacun des étages la vapeur ainsi détendue, sur une seule roue mobile, on obtiendra, de la sorte, une turbine à vapeur com-
- bine à vapeur dépendant, comme nous venons de le dire, de la vitesse d’écoulement de la vapeur qui, elle-même, est fonction de la différence de pression entre celle de la vapeur entrant dans la roue mobile et celle sortant de cette même roue, si on divise en
- posée d’un nombre de roues égal au nombre d’étages, mais où la vitesse de chacune des roues et, par conséquent, de l’arbre moteur, sera notablement réduite. On obtiendra, par cette disposition, le type de turbine à vapeur à roues multiples, représenté
- Installation des turbines^;: bord du Manxman. Puissance 8500 cliovnux. Vitesse 2ô nœud:
- p.281 - vue 285/647
-
-
-
- 282 --- LA TURBINE A VAPEUR ET LES NAVIRES MIXTES
- par les turbines Parsons el Rateau, dont nous avons décrit le fonctionnement dans les nos du 2-4 ocl. 1905 et du 16 janv. 1904 de La Nature. La ligure 4 représente la disposition d’une turbine Parsons appliquée à la propulsion des navires. On voit en À la turbine à roues multiples de marche avant et, en 11, la turbine également à roues multiples, pour la marche arrière.
- Malheureusement, malgré cette diminution de la vitesse de rotation des roues mobiles, duc à la multiplicité de ces roues, celle-ci est encore trop élevée pour être adaptée aux propulseurs hélicoidaux. 11 faut donc une sorte de compromis et sacrifier en
- rendement total de l’ensemble du mécanisme, turbines et hélices, diminue notablement cl l’emploi de la machine à vapeur à piston à triple ou quadruple expansion, reprend ses avantages, mais, toutefois, avec certains inconvénients inhérents à ce type de moteur.
- On sait que le rendement économique d’une machine à vapeur, de quelque type qu’elle soit, est d’autant plus grand que la pression d'échappement,, c’est-à-dire celle du condenseur, est plus faible. Ainsi, si une machine à vapeur reçoit à l’admission de la vapeur à la pression de 10 kg absolus el laisse échapper cette vapeur à la pression atmosphérique,
- partie le rendement des turbines, si l’on ne veut pas obtenir un grave mécompte sur les hélices.
- Pour faire tourner plus lentement les hélices, il faut multiplier le nombre des roues mobiles, diviser la turbine en plusieurs corps en cascade. D’autre part, pour permettre aux hélices d’atteindre une pareille vitesse de rotation, il faut les reporter sur plusieurs arbres et augmenter leur surface de telle sorte que le diamètre périphérique devienne plus grand que le pas. Mais ces modifications diminuent le rendement des hélices comme celui des turbines.
- 11 y a donc une limite de vitesse au-dessous de laquelle l’emploi delà turbine ne devient plus pratique et celte limite de vitesse paraît être voisine de 16 nœuds à l’heure.
- Pour des vitesses supérieures à cette limite, l’emploi de la turbine à vapeur, à côté d’autres avantages, donne un excellent rendement, supérieur même à celui des machines à piston. C’est ce qui explique son développement rapide sur les navires à grande vitesse, parmi lesquels nous citerons le steamer Queen de la Cie du South Eastcrn railway, les steamers Londondery et Manxman (fig. 2) du Midland railway et, surtout, les deux grands transatlantiques de la C° Cunard, Lusitania et Mauretania, qui donnent une vitesse de marche entre Liverpool et New-York, de 25 nœuds en développant une puissance de 66 000 chevaux.
- Mais au-dessous de cette vitesse de 16 nœuds, le
- la consommation ihéorujue de vapeur par cheval-heure sera de 6,80 kg, tandis que si cette même vapeur échappe dans un condenseur où la pression sera de 0,1 kg, cette consommation sera réduite à 5,80 kg, d’où bénéfice de 44 pour 100.
- Or, dans une machine à vapeur à piston, à double, triple ou quadruple expansion, les cylindres à basse pression ne donnent qu’un faible rendement, par suite des frottements plus grands et, surtout, des condensations de vapeur considérables. Le rendement individuel du cylindre à basse pression, ne dépasse guère 55 à 40 pour 100.
- De plus, pour les mêmes causes, si la consommation de vapeur par cheval-heure diminue bien avec l’accroissement du vide au condenseur, celte diminution est limitée et cesse de croître lorsque le vide du condenseur atteint une pression correspondant à une colonne de mercure de 0m,65 (0,13 kg). La machine à vapeur à triple ou quadruple expansion, ne permet donc pas de tirer parti complètement du vide au condenseur qu’il est possible d’obtenir, grâce aux perfectionnements actuels et, par suite, de transformer entièrement en travail mécanique, l’énergie contenue dans la vapeur qui se détend de la pression de la chaudière au vide produit dans le condenseur.
- Avec la turbine à vapeur, au contraire, le rendement croît régulièrement avec l’accroissement du vide et cela jusqu’aux dernières limites de vide qu’il est possible d’obtenir pratiquement. De plus, avec la
- Fig. i. — Turbine Parsons à roues multiples.
- p.282 - vue 286/647
-
-
-
- LES BRIQUES SILICO-CALCAIRES =
- 283
- turbine à basse pression, c’est-à-dire celle où la vapeur agit entre la pression atmosphérique et le vide du condenseur, les frottements de la vapeur dans les aubes, qui sont proportionnels à la densité de cette vapeur, se trouvent notablement diminués. Son coefficient de rendement est élevé et il est possible d’obtenir le cheval-heure avec une consommation de vapeur relativement peu élevée (12 kg pour une pression d’amont de 1 kg et une pression d’aval de 0,08 kg).
- Donc, en résumé, d'un coté, impossibilité avec la machine à vapeur à triple ou quadruple expansion, d’utiliser entièrement l’énergie contenue dans la vapeur et, de l’autre, avec la turbine à vapeur, possibilité d’absorber cette perle d’énergie inutilisée par la machine à piston.
- La solution pratique du problème consistait donc à utiliser la machine à triple ou quadruple expansion dans les limites de ce qu’elle peut faire utilement, c'est-à-dire entre la pression de la chaudière Cl une pression de 0,50 kg et à y adjoindre une turbine à vapeur à basse pression, transformant en travail mécanique la partie restante de l’énergie de la vapeur, que cette machine à vapeur ne peut transformer.
- C’est celte dernière solution à l’élude depuis quelque temps déjà, qu’on applique en ce moment à un certain nombre de navires mixtes de fort lon-naaemnais marchant à des vitesses modérées variant entre 15 et 16 nœuds, classe de navires très nombreux comprenant tous les cargo-boals, dont le nombre va chaque jour en croissant.
- Par celle adjonction de la turbine à vapeur à la machine à piston permettant l’utilisation plus complète de l’énergie de la vapeur, il est possible, avec la même consommation de charbon, d’accroître la vitesse de marche ou bien, ce que beaucoup d’armateurs trouvent préférable, de ne pas augmenter la vitesse, mais de profiler de la meilleure utilisation de la vapeur pour diminuer le poids de la machine, celui des chaudières, ainsi que celui du charbon contenu dans les soutes, au profit du fret à trans-
- porter. D’où meilleure utilisation du navire. Cette combinaison permet, de plus, de supprimer les turbines de marche arrière.
- Il est bon de rappeler que, depuis quelques armées déjà, cette combinaison de la turbine à vapeur avec la machine à piston est appliquée à un grand nombre de machines à vapeur à marche intermittente, telles que celles qui servent à monter les cages dans les puits de mine, ainsi que celles qui actionnent les trains de laminoirs, les pilons, etc. M. Daleau a même adjoint à (elle combinaison des deux moteurs un appareil dit « accumulateur de vapeur » que nous avons décrit dans le n° du 12 mars 1904 de La Nature et qui transforme en un flux régulier l'écoulement intermittent de la vapeur qui passe de la machine primaire à piston dans le moteur secondaire qui est la turbine.
- La ligure 4 montre la combinaison de ces deux types de moteurs, telle qu’elle est appliquée sur le Laurentic de la Cie While Star marchant à la vitesse de 16 nœuds, construit par MM. Harland et \\olf, de Belfast, pour le service entre Liverpool et Montreal.
- Deux machines à piston à triple expansion et quatre manivelles actionnent chacune un arbre d’hélice, l’un à bâbord, l’autre à tribord. Entre les doux est installée une turbine à basse pression actionnant l’arbre d’hélice central. La vapeur, à la pression de 14 kg, se détend d’abord, dans chacune des machines à mouvement alternatif jusqu'à la pression de 0,50 kg, puis pénètre dans la turbine à basse pression pour s’échapper ensuite dans le condenseur dont le vide correspond à une colonne de mercure de 0m,71 (0,05 kg). La puissance développée par les deux machines à piston est de 6500 chevaux à la vitesse de 100 tours par minute et celle développée par la turbine est de 2000 chevaux à la vitesse de 520 tours par minute, soit une puissance totale de 8500 chevaux; L’augmentation de puissance ainsi obtenue par l’addition de la turbine basse pression est de 14 pour 100 et la consommation de vapeur par
- R. Bonxix.
- cheval-heure est de 5,10 kg.
- LES BRIQUES SILICO-CALCAIRES
- Partout la brique est devenue un matériau essentiel dans la construction ; tantôt elle s’impose parce que la pierre de taille fait absolument défaut dans la région; tantôt on y recourt parce qu’elle assure une économie très sensible. En dépit d’ailleurs des services qu’elle rend, cette brique, faite d’argile généralement cuite, n’est pas sans avoir des inconvénients assez sérieux ; c’est ainsi qu’elle ne présente pas une résistance à l’écrasement très élevée, alors pourtant qu’elle pèse assez lourd, surtout quand il s’agit de briques susceptibles de porter des charges un peu fortes ; ses qualités ne sont pas toujours uniformes, étant données les différences de cuisson qui peuvent facilement se produire; cette cuisson est à la fois lente, compliquée et coûteuse. Au reste, il ne manque pas de régions où la terre à briques fait
- défaut; mais nous insisterons assez peu sur cette dernière considération : on voit, en effet, se développer considérablement l’industrie de la brique silico-calcaire à côté même des usines à briques ordinaires. En France, où pourtant cette fabrication n’a pas pris l’importance qu’elle a en Allemagne, la puissante usine à briques d’argile de Rosendael s’est mise à produire également des briques silico-calcaires. Si nous ajoutons à cela qu’il existe dès maintenant au moins une usine allemande, à Nie-derlehme, qui fabrique quotidiennement 500000 briques silico-calcaires, on comprendra que ce sont bien les qualités particulièrement avantageuses de ces nouvelles briques, leur bel aspect (qui permet de les laisser sans enduit dans la plupart des constructions) auxquels on doit leur succès.
- p.283 - vue 287/647
-
-
-
- 284 _ =-v: LES BRIQUES SILICO-CALCAIRES
- Il y a déjà plus de 25 ans que le principe de celte sorte de pierre artificielle a été imaginé par un technicien allemand, Michaelis, ainsi que le rappelait récemment M. E. Leduc, dans une étude des plus remarquables publiée sur l’industrie silico-cal-caire. Il avait songé à fabriquer des agglomérés de chaux et de sable, nous entendons de silice, où des silicates se formaient et venaient donner à l’ensemble une résistance mécanique notable. Son nom a été quelque peu oublié, parce qu’il ne sut ou ne put pas amener son invention au succès pratique. Mais les divers procédés que l’on emploie maintenant pour assurer la production des silicates de chaux procèdent tous du principe fécond qu’il avait trouvé. La condition nécessaire pour la réaction poursuivie est que le mélange de sable siliceux et de chaux soit
- des déchets siliceux comme les mâchefers des chaudières, certains laitiers, les sables ayant servi au doucissage des glaces, ou ceux des fonderies, même les scories résultant de la combustion des ordures ménagères.
- Pour ce qui est de la chaux à incorporer dans le mélange, elle doit être aussi grasse que possible, pour faciliter la réaction de la silice sur la chaux; il faut obtenir une bonne proportion de chaux réelle. H importe de plus, essentiellement, que celte chaux se réduise en poudre aussi impalpable que possible, afin que les grains de sable en soient mieux enrobés et mieux attaqués ; et c’est pour cela qu’il faut du calcaire très pur, de la chaux fine donnant une poudre plus fine au foisonnement.
- La fabrication des briques silico-ealeaires se fait
- Fig. 1. — L’introduction des briques drus les autoclaves.
- cuit à la vapeur, et sous une certaine pression. On a essayé de laisser le durcissement du mélange, du mortier préparé, se faire à l’air, mais l’on n’a eu que des résultats piteux. De même, l’emploi de la vapeur à 100° seulement ne donne que des briques de peu de valeur.
- Il y a d’autres conditions à observer, notamment dans le choix des matières premières qui servent à la fabrication des briques silico-calcaires. C’est ainsi que le sable doit être fort peu calcaire ou argileux. M. Leduc a fait, au laboratoire du Conservatoire des Arts et Métiers, des essais qui ont pleinement confirmé les conclusions auxquelles étaient arrivés les praticiens à cet égard; il a reconnu, en effet, que 10 pour 100 d’argile ou de carbonate de chaux ajoutés à du sable siliceux pur, comme en donne le sol de Fontainebleau, réduisaient la résistance des briques de plus de 50 pour 100. Cela n’empêche pas du reste de pouvoir utiliser à cette fabrication
- sur une très grande échelle en Allemagne ; mais aussi aux Etats-Unis, en même temps que, sur une échelle moindre, en Angleterre, en Hollande, en Suisse, en Italie; en France, les usines de ce genre commencent de se multiplier, on en trouve au Havre et aux environs de Paris, à Reims, à Dunkerque, dans les Landes, où le sable convenable ne manque point. Nous signalerons tout particulièrement, pour le fait qu’elle transforme en matériaux de construction de simples déchets de fabrication, l’installation de la Raffinerie Say; on fait d’excellentes briques avec les mâchefers des nombreux générateurs.
- Pour produire des briques silico-calcaires, il faut d’abord préparer le mélange de sable et de chaux. D’une manière générale, on s’arrange de façon à avoir le sable à sa portée et à ce qu’il ne coûte pas cher ; c’est pourquoi on évite autant que possible d'être forcé de le laver coûteusement s’il contient trop d’argile; on le passe toujours à la claie, car il faut y
- p.284 - vue 288/647
-
-
-
- LES BRIQUES SIL1 CO-CALCAIRES .....::=rz 285
- éviter les grumeaux. Quand on emploie des mâchefers, on doit les broyer, naturellement. La chaux est cuite dans un four un peu quelconque. Mais le mélange des deux ingrédients peut se faire dans des conditions bien différentes. Finalement, il faudra que les briques, une fois le moulage fait, ne contiennent pas la moindre parcelle de chaux non éteinte, car l’hydratation se produirait toujours à un moment donné, et cela suffirait pour faire éclater le bloc le mieux comprimé ; mais on peut malaxer sable et chaux avant ou après que la chaux a été éteinte.
- Dans certaines usines, on éteint tout d’abord et complètement la chaux dans des chambres ou réci-
- pients spéciaux, ce qui la fait se réduire d’elle-même en poudre fine. Dans d’autres, on mélange immédiatement la chaux venant d’être fabriquée avec le sable qui formera la substance principale des briques; ce sable a toujours une certaine humidité, et comme la chaux vive a été broyée en poudre avant celte mise en contact avec le sable, l’humidité de celui-ci suffit pleinement à l’hydrater, à l’éteindre; à condition qu’on laisse les deux matières en contact pendant 48 heures à peu près, dans des magasins-silos à ce destinés. Enfin, suivant une troisième méthode, on met bien le sable en contact avec de la chaux vive et pulvérisée; mais on ne compte pas seulement sur l’humidité naturelle de la matière sableuse pour assurer l’hydratation ; on lance de la vapeur sous pression dans la masse, enfermée dans
- un appareil à enveloppe de vapeur. Cétte combinaison est du reste coûteuse. De toute façon, on prépare le mortier à l’aide d’appareils mélangeurs, de meules verticales, etc., le malaxage aussi complet que possible étant d’une absolue nécessité.
- La transformation en briques de ce mortier ne nous retiendra pas longtemps. Sans doute, elle demande à être faite soigneusement, mais il existe une foule de presses mécaniques ou hydrauliques qui donnent d’excellents résultats; l’important est que la pression soit très élevée, car M. Leduc a bien prouvé que c’est là une des conditions essentielles d’une bonne fabrication. Pour la cuisson, on peut dire que la formule définitive en est trouvée mainte-
- nant. Les briques sont empilées sur des wagonnets et enfournées immédiatement, car un commencement de dessiccation à l’air libre retarde le durcissement sous l’action de la vapeur ; c’est un avantage par rapport aux briques d’argile, qui sont empilées un certain temps à l’air avant de pouvoir être cuites. Les briques, ainsi enfermées dans un grand cylindre autoclave, sont soumises à l’action de la vapeur d’eau, sous une pression de 8 à 10 kg, et généralement durant une dizaine d’heures. On arrive à une grande économie de combustible en entourant l’autoclave d’une enveloppe calorifuge, en envoyant dans un second autoclave la vapeur du premier, quand on vide celui-ci après cuisson d’un chargement de briques. Aussitôt après cette cuisson, les briques peuvent être employées à la construction.
- Fig. 2. — Le malaxage et le moulage à l’usine Say.
- p.285 - vue 289/647
-
-
-
- 286 ACADÉMIE DES SCIENCES
- Nous ne passerons pas en revue les diverses usines se livrant à cette fabrication des briques silico-cal-caires ; mais, dans l'installation tout à fait remar-
- t .n
- Élévation d'une installation pour la fabrication de briques silico-calcaires.
- quable de la Raffinerie Say, nous verrions, par exemple, le dosage du sable et de la chaux (fournie dans la proportion de 10 pour 100 à peu près) se faire automatiquement ; tandis qu’à l’usine de Nogent-sur-Marne, ce sont les différentes opérations assurant le démoulage des briques qui s'effectuent automatiquement. 11 est intéressant d’ajouter que cette vraie pierre artificielle que constitue le mélange silico-calcaire peut se mouler en blocs d’un volume bien supérieur à celui d’une brique. C’est ainsi qu’à Rosendael, on fait des blocs d’appareillage qu’on colore à la demande ; il en est de même dans une fabrique près de la Haye. À Liverpool. il existe même une usine qui produit des blocs de matière silico-calcaire atteignant des poids de 15 tonnes! Ici, une opération unique donne le moulage sous pression, en même temps que l'attaque du sable par la chaux
- sous l’influence de la vapeur d’eau. En effet, dans un moule percé d’une multitude de petits trous, on verse le mélange de sable et de chaux vive pulvérisée. Le moule, muni d’un couvercle boulonné, est descendu dans un autoclave en partie enterré dans le sol et où on fait le vide, pour y envoyer ensuite de l’eau et de la vapeur. L’extinction de la chaux détermine une pression formidable, et l’on obtient finalement un bloc de pierre artificielle aussi compacte et aussi résistante qu’on peut le désirer.
- Cette matière, quel que soit son mode de fabrication, est indécomposable même; à l’eau de mer; sa résistance moyenne à l’écrasement est plus de 180 kg par centimètre carré, et elle peut atteindre
- Fig. *
- l'ian d'une installation pour la t'abricalion de briques silico-calcaires.
- jusqu’à 475 kg. Elle résiste admirablement aux gels et dégels successifs. On comprend que, dans ces conditions, pareil matériau doive être de plus en plus apprécié. P. de Méiukl.
- ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 28 septembre 1908.
- L'oïdium du chêne. — M. Bureau adresse une Note sur l’oïdium du chêne, fl a pu constater que certaines espèces étaient indemnes, que d’autres n’étaient attaquées que partiellement et qu’enfin d’autres étaient entièrement ravagées. L’auteur a classé à ce point de vue les diverses espèces en trois catégories.
- Recherches de parthénogenèse. — M. Pelage expose comment, en parlant de considérations sur l’action des acides et des bases sur les colloïdes, il a été admis que les ions pouvaient exercer une action parlliénogénétiquc. 11 a donc soumis des œufs d’oursins à l’action de charges électriques grâce à un dispositif fort simple d’ailleurs et a constaté que ces œufs donnaient naissance à des larves. Parlant des oursins minuscules dont il a annoncé la formation en décembre 1907, et qui résultaient de larves obtenues par une autre voie, il annonce que ces oursins ont atteint aujourd’hui 12 et 18 mm, sans les piquants, ce qui permet de croire qu’ils atteindront leur entier développement.
- La sixième campagne géodésique. — M. Michel Lévy présente une Note de M. Paul llelbronner, sur les travaux accomplis dans les hautes régions des Alpes Françaises ; la campagne a comporté deux séries d’opérations : 1° Achèvement du programme tracé pour l’exécution
- — Présidence de M. Bouchard.
- d’une grande chaîne de précision en Savoie s’étendant depuis le lac Léman jusqu’au Goléon et au Thahor sur une longueur de 150 km : cette chaîne, dont 20 stations étaient le fruit de la campagne 1907, s’est terminée en juin et juillet 1908 par les observations aux sommets àç Bel lâchât (2488 E.-M.), du Cheval Noir (2854 E.-M.), du Grand Perron des Encombres (2828 E.-M.), du Mont Brequin (3194 E.-M.), du Goléon (5429 E.-M.) et du Thabor (3181 E.-M.). Le mauvais temps les a considérablement contrariées et de dangereux orages faillirent enlever à plusieurs reprises le campement; en particulier il fallut onze jours pour terminer le travail au sommet du Goléon. 2° Dans la deuxième série (août et début de septembre), M. llelbronner a exécuté un réseau primaire en haute Maurienne pour préparer la continuation de ses triangulations complémentaires. Il a stationné dans ce but à : la Pointe de la Sana (5450), le Grand Roc Noir (3540) coté à tort sur la carte de l’Etal-Major comme inférieur à la Pointe du Yallonet, la Pointe de Ronce (5020 E.-M. italien) non cotée sur la carte française quoique sommet culminant frontière à l’Est du Col du Mont Cenis, la Pointe de Ckarbonnel (5760), la Pointe de VAlbaron (5650) appelée à tort Pointe de Clialanson sur l’Élat-Major, la Pointe de Méan Martin (3526 E.-M.), la Levanna Occidentale (3607
- p.286 - vue 290/647
-
-
-
- LES GOUFFRES DE LA FORÊT D’ORLÉANS ====== 287
- E.-M.), le Signal du Muni Iseran (3241 E.-M.). Plusieurs stations secondaires ont également été exécutées.
- Sismographe enregistrant à distance. — M. Bigour-dan présente la description d’un nouveau sismographe enregistreur imaginé par le prince Galilzine, membre de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Eet appareil appartient au type des pendules dits horizontaux avec lesquels on peut atteindre facilement des oscillations de 40 secondes, de sorte que, sous des dimensions réduites, il équivaut à un pendule ordinaire de plusieurs centaines de mètres de long. Quand une première secousse l’a déplacé, son oscillation propre s’ajoute à l’ell'et des secousses
- suivantes du sol et il est alors très difficile de reconnaître les véritables mouvements du sol. On remédie en partie à ces inconvénients au moyen d’un amortisseur magnéto-électrique. Mais l’amortissement diminue la sensibilité. On la regagne au moyen d’un multiplicateur électrique. Une bobine d’induction, portée par le pendule, se déplace avec lui dans le voisinage d’un aimant permanent. Tout déplacement du pendule, et par conséquent de la bobine, provoque dans cette bobine un courant induit qui passe dans un galvanomètre enregistreur. On peut ainsi amplifier tous les mouvements du pendule.
- Clt. DE VlI.LEDEUIl..
- LES GOUFFRES DE LA FORÊT D’ORLÉANS
- L’hydrologie de l’Orléanais offre un intérêt fout particulier à l’élude, en raison des circulations souterraines qui s’y opèrent et qui se traduisent par des phénomènes variés. Dans un récent article1, nous avons décrit ceux qui
- A la suite de pluies abondantes et continues, certains goulfres deviennent ëmissifs, c’est-à-dire que l’eau jaillit comme d’une source, en donnant naissance à une rivière. En se reportant à la carte ci-jointe on peut voir que,
- 'TENA
- "YOlereai
- S S /
- L O /
- >unn
- 7 f'i//'* ” iviarujfi*wsi-\ v,
- j
- ,S4TieP* Cossolç le G? Çèssole
- ) "} r ‘cha-u / '
- df ('hcvilùi é />^____
- * " jf Mi'm fort
- / Cl-sS'Et
- Chcvill
- Emplacements des gouffres de la forêt d’Orléans.
- ont pour siège le Calcaire de Beauce; aujourd’hui nous nous occuperons de ceux qui se produisent dans les argiles subordonnées aux sables burdigaliens de l’Orléanais.
- Une première série d’excursions nous faisait connaître, en mars 1907, les gouffres de la Forêt d’Orléans situés dans les cantons de Mézières et des Diableaux.
- Dernièrement, M. Lucien Johanet, d’Orléans, a bien voulu nous envoyer le relevé des autres goulfres de la forêt et des observations qui concordent absolument avec les nôtres; c’est leur ensemble que nous allons exposer.
- On doit distinguer dans la Forêt d’Orléans deux catégories de gouffres : ceux qui émettent de l’eau et ceux qui en absorbent.
- 1 Paul Combes, fils. L’hydrologie du Val d’Orléans. Cosmos, n" 11(54, 18 mai 1907, pp. 543-546, 3 figures.
- dans la partie de la Forêt d’Orléans qui nous intéresse, il n’y a que les gouffres compris dans le groupe II qui donnent de l’eau. Nous croyons que c’est en raison de sa proximité avec le groupe I, car c’est seulement quand les gouffres du groupe 1 sont pleins que le groupe II devient émissif.
- L’eau arrive aux gouffres par des rigoles ou des fossés. Tous, sans exception, se rencontrent dans les régions où la marne blanche miocène se trouve en contact immédiat avec la terre végétale.
- Ils ont la forme d’une cuvette qui varie de 5 à 30 m. de diamètre. Au fond, se trouve l’entonnoir vertical qui oscille entre 5 et 25 m. de -profondeur. En temps de repos et de sécheresse, on ne voit pas l’entonnoir, qui est dissimulé par des amas de feuilles mortes. Mais immé-
- p.287 - vue 291/647
-
-
-
- 288 = CURIEUSE DÉFORMATION D’UN CACTUS GÉANT
- diatement après une crue, on le distingue parfaitement.
- Le groupe I dit « les Orfosscs-Mouillées » est le plus important et celui qui renferme les plus grands gouffres; ces derniers sont accompagnés de marécages tourbeux et de terrains mouvants dangereux à la marche. Ils sont une quinzaine, reliés entre eux par des couloirs profonds mais à ciel ouvert, puis par des couloirs souterrains.
- M. Johanet nous avisait le 1 1 mars dernier que tous les gouffres étaient pleins par suite des pluies persistantes et que le groupe 11, devenu émissif, donnait naissance à la rivière de Beauce : « la lie trêve ».
- La Retrève, suivant le régime des gouffres, est intermittente. Elle a un régime torrentiel et a une largeur de 20 m. en moyenne. Elle doit emplir dix gouffres avant de pénétrer dans la plaine de Beauce, à Cercoltes et Gidy; nous ne pouvons mieux la comparer qu’à la Vogue,
- rivière torrentielle que nous avons étudiée en septembre 1907 à Montmirail (Marne).
- Le groupe de gouffres le plus important est le groupe III (Sainte-Croix). 11 n’existe pas de gouffre là où il y a du sable ; ils sont tous dans les fissures de la marne blanche miocène et leurs eaux coulent au contact du « Calcaire de Beauce » ; lorsque les gouffres sont pleins, les puits de la région se remplissent.
- On peut voir par ces quelques renseignements, encore incomplets, combien l’étude des cours d’eau souterrains offrent d’intérêt; nous avons affaire, pour le cas présent, à un régime mixte, intermittent, différent des régimes qui s’établissent dans les contrées calcaires, et dont certainement il y a peu d’exemples en France.
- Paul Combes, fils.
- Alluclié au Muséum.
- CURIEUSE DÉFORMATION D’UN CACTUS GÉANT
- Un de nos lecteurs de Californie, M. Jolm A. Spring, a l’attention de nous communiquer un document photographique d’un réel intérêt. Cette déformation d’un cactus cereus géant, relevée dans la vallée du Rin-con, à 18 milles au Nord-Est de Tucson (Arizona), aurait été étudiée par plusieurs botanistes californiens qui ne seraient pas d’accord sur son explication scientifique. Certains ont, il est vrai, formulé l’hypolhèse qu’elle avait été causée par l’intervention d’insectes, qui en déposant leurs œufs, dans une fissure produite [au sommet de la plante par le bec d’un oiseau auraient arrêté le développement en hauteur, et provoqué cette ramification qui donne au cactus l’aspect d’un gigantesque ostensoir. Pour vérifier cette explication, il eût fallu trancher l’excroissance et la disséquer, mais les habitants de la vallée ne permettraient pas qu’on touchât à leur phénomène.
- Se riant des exigences de la science, ils leur préfèrent les quelques sous que leur procurent les visites de touristes. Ils prétendent d’ailleurs que les insectes ne sauraient être mis en cause ; d’après eux, l’auteur responsable serait la foudre, qui frappa jadis la cime du géant, arrêta la montée de la sève, et provoqua la déformation.
- Bien que le cas illustré par notre photographie soit sans doute unique, on constate en Arizona, comme dans le Nord du Mexique, des déformations non moins curieuses chez les cereus géants. Tantôt, c’est une brandie qui enveloppe de ses spirales le tronc resté normal. Tantôt,
- des groupes de branches, disposées de façon symétrique sur la tige, les unes tournées vers le ciel, les autres vers le sol, donnent à la plante l’aspect d’un monstrueux
- lampadaire.
- Ces cereus atteignent quelquefois des tailles phénoménales. On en a mesuré, dans la vallée du (iila, qui avaient 18 m. de hauteur. Us rendent d’immenses services aux Indiens, surtout par leurs fruits, dont ils font cuire la pulpe, en l’additionnant de cassonade (panoctia) ; il en résulte une confiture dont ils emplissent des pots de terre et qu’ils vendent sur les marchés des villages. D’autre part, en vieillissant, la matière charnue et aqueuse de la tige se dessèche et pèle, laissant se détacher à la longue ies baguettes ligneuses, d’une essence aussi légère que résistante, qui constituent la partie rigide du tronc et qui fournissent alors des lattes idéales pour la construction des toits, d’excellentes cannes-à-pêche ou des gaules pour la cueillette des fruits. Enfin, naguère encore, les Apaches avaient recours aux cactus géants pour se transmettre des signaux nocturnes quand ils guerroyaient avec les Mexicains ou avec les Américains : ils n’avaient qu’à mettre le feu à un des bouquets de longues épines résineuses qui parsèment la tige pour la transformer en quelques secondes en une torche gigantesque.
- V. Foiusin.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lauure, rue de Fleurus, 9.
- p.288 - vue 292/647
-
-
-
- LA NATURE. — N’ 1846.
- 10 OCTOBRE 1908.
- LES ANNONCES LUMINEUSES SANS SOURCE LUMINEUSE
- La désignation, quoique paradoxale, correspond tout à fait à la réalité de cette invention très curieuse et originale, dont le nom commercial est Fiat Lux ; le lait est que les dispositil's imaginés par un jeune ingénieur, M. Sage, et construits maintenant par la Société fondée pour exploiter ses brevets, ne réclament l’emploi d’aucune source lumineuse : tout en mettant sous les yeux du public les annonces lumineuses par lesquelles on désire attirer son attention. Mais naturellement, cette lumière est bien quelque part. C’est tout uniment la lumière ambiante que
- pement croissant de la publicité lumineuse à notre époque, et la dépense de courant qu’elle entraîne quand elle est assurée par des lampes électriques. D’autre part, au point de vue technique, on trouve là, comme dans les inventions bien comprises, l’application très simple d’une idée essentiellement pratique. Dans les appareils Fiat Lux, on utilise à la lois la propriété de réflexion de miroirs plans ou courbes, et surtout la propriété de réfraction que possèdent les prismes ; on y met à contribution ces Verres Soleil, ces Prismes Luxfer, dont il a été ques- .....
- Los diverses dispositions des annonces lumineuses, avec indications du passage des rayons :
- 1. Dispositif triangulaire, a cadre, b prismes, c miroir, d verre. — 2. Dispositif inverse. — 3. Annonce double. 4. Autre dipositif d’éclairage par en haut. — 5. Annonce à plat, avec prismes en b, verre transparent en a.
- capte l’appareil, qu’il ramasse et rassemble en la concentrant, si l’on nous permet ces expressions; et ce peut être aussi bien la lumière répandue de tous côtés par les lampes électriques disposées sur la voie publique, celles que donnent les appareils brillants d’un magasin, que la lumière du jour, même au fond d’un passage en apparence fort sombre. Dans ce passage où il ne semble pas flotter de lumière surabondante, il s’en faut, l’annonce Fiat Lux devient lumineuse, s’accuse de la façon la plus curieuse : dans une devanture de magasin, un appareil du même genre donnera l’impression d’une inscription illuminée spécialement par quelque appareil d’éclairage ad hoc.
- 11 va de soi que la combinaison est fort intéressante par son côté pratique, étant donné le dévelop-30e aunéc. — 2e semestre.
- tion à plusieurs reprises ici, et dans lesquels des prismes captent précisément la lumière pour la diriger ensuite sur les points où l’on a besoin d’éclairement : on sait qu’une pièce munie de verres Soleil, par exemple, est plus claire quand la porte est fermée que quand elle est ouverte. Du reste, il a fallu étudier une foule de combinaisons, et l’inventeur a déjà construit et mis en service les appareils les plus divers, répondant à tous les besoins de l’annonce, de l’inscription diurne ou nocturne ; nous les avons à peu près tous fait fonctionner, et les avons appréciés personnellement.
- Prenons un appareil destiné à être placé dans une devanture, et à devenir lumineux en recevant la lumière de l’extérieur ou celle qui rayonne plus ou moins de lampes électriques, de becs de gaz se
- 19. — 289
- p.289 - vue 293/647
-
-
-
- 290 _ - ANNONCES LUMINEUSES SANS SOURCE LUMINEUSE
- trouvant en rangée sur le devant et dans le haut de la devanture. Le dispositif se présentera, en section, sous la forme triangulaire, son corps étant constitué par une boite métallique; en avant, formant le grand côté vertical du triangle rectangle, voici une plaque de verre, de couleur ou non, sur laquelle l’inscription, l’annonce, peut elle-même se présenter ou non en couleur; derrière la plaque, est une plaque à prismes parallèles. L’hypoténuse du triangle, le côté oblique, est constitué d’une plaque de verre mince, simplement protectrice ; les rayons lumineux la traversent et vont frapper directement le verre à prismes ; d’autres la traversent également, tombent sur le miroir, et se rélléchissent de façon à atteindre eux aussi la plaque de prismes. Voici donc une série de rayons lumineux qui sont collectés et amenés à éclairer l’inscription par transparence. On est stupéfait, en présence d’un appareil, de voir dans quelles excellentes conditions se fait cette captation des rayons lumineux : l’inscription devient absolument éclatante, et l’on ne peut pas croire qu’il n’y a pas dans la boîte une source de lumière artificielle. On a, pour nous, monté un appareil, comportant seulement une assez grande lettre, à la hauteur d’un cinquième étage, dans une cour; et d’en bas, à deux heures de l’après-midi, on avait la sensation de voir une de ces lettres lumineuses qui se montrent maintenant un peu partout.
- Il est bien évident qu’à cette hauteur, il ne faudrait pas compter sur la lumière éparse et provenant des mille sources qui, le soir, éclairent nos boulevards, pour rendre lumineuse une lettre ou une inscription placée à un cinquième ; mais il en est tout différemment si vous placez l’inscription à bonne hauteur. Au surplus, on pourrait, dans certaines conditions, utiliser de la sorte la lumière envoyée un peu de tous côtés par les réclames lumineuses véritables.
- On peut diminuer les dimensions des boîtes, en n’employant pas un seul miroir réfléchissant, mais des miroirs échelonnés qui présentent en plan une faible largeur totale. On construit des appareils destinés à être accrochés extérieurement et où le miroir n’est plus normal à la plaque de prismes, mais bien à 45°, par rapport à cette plaque. Nous avons vu de ces appareils au fond d’une cour dominée par des bâtiments à 6 étages, et ils étaient curieusement lumineux, bien que posés le long du mur. Rien de plus simple, d’ailleurs, que de les établir à double l'ace et de les placer perpendiculairement à la façade des magasins, suivant une disposition qui nous vient originairement de la Chine, et qui a fait fortune partout.
- On construit d’autres appareils de façon un peu diflérenle, toujours avec le même résultat heureux. Ils comportent une boîte métallique dont le couvercle supérieur se présentera avec une légère inclinaison, et sera fait d’un verre mince destiné unique-
- ment à se laisser traverser par la lumière diffuse ; dans la boîte, est une plaque à prismes montée à 45° par rapport à la verticale avec les prismes en haut, tandis que le fond de la boîte supporte un miroir un peu concave et disposé avec une certaine obliquité ; un autre miroir garnit la paroi arrière et verticale de la boîte, dont le devant est lait de la plaque de verre où se trouve l’inscription. On s’explique la concentration de tous les rayons lumineux pénétrant par le verre supérieur sur la plaque d’annonce.
- Du reste, on ne nuit pas à l’effet de celle-ci en plaçant également une inscription sur la plaque de verre d’en haut. Pour installer et faire fonctionner l’appareil, non plus dehors, mais dans une vitrine, il suffit de tourner les prismes vers le bas.
- On peut obtenir un bon résultat, simplement par réflexion de la lumière dans un miroir : la boite aura, en coupe, la l'orme d’un triangle rectangle, mais elle se présentera au spectateur, à une certaine hauteur, par un de ses côtés verticaux, qui sera fait d’un verre transparent ; l’autre côté de l’angle droit portera l’inscription, disposée de façon à pouvoir se laisser traverser par la lumière ; les rayons lumineux viendront se réfléchir dans le miroir placé suivant l’hypoténuse du triangle; et l’inscription se montrera à travers le verre transparent avec une luminosité remarquable, pour peu que de la lumière arrive à la partie supérieure de la boite.
- On exécute encore des appareils très simples, composés d’un châssis métallique où sont encadrées trois plaques de verre parallèles, et se superposant par suite. En avant est, comme de juste, la plaque qui supporte l’annonce, peinte, émaillée, etc., qu’il s’agit de rendre lumineuse ; en dessous se trouve le verre à prismes, et par derrière enfin, un verre protecteur. Point de miroir, comme on voit ; mais les prismes sont tournés vers la lumière, si bien qu’ils la reçoivent sur leurs facettes, et ils jouent le rôle d’un condensateur de lumière au bénéfice de l’éclairement de l’inscription, même quand le tout est pendu devant un mur. Un pareil dispositif est naturellement bon marché, et il devient lumineux dès qu’on l’incline de manière qu’il reçoive convenablement la lumière. Terminons enfin par les inscriptions pour corridors obscurs. La disposition est un peu analogue à celle que nous venons de voir ; mais le verre prismatique ne donne vraiment de bons résultats que s’il est constitué de petites pyramides à 5 ou 4 faces; de plus, en arrière, il y a un miroir formant surface réfléchissante, qui se trouve en d (fig. 5), à la place du verre transparent, au fond d’un corridor. Une inscription de ce genre se lit parfaitement en s’accusant en lumière.
- Tout cela est fort ingénieux, comme nous le disions, et l’intérêt, de ces appareils, c’est qu’ils donnent des résultats surprenants, en dépit ou à cause de leur simplicité. Daniel Belj.et.
- p.290 - vue 294/647
-
-
-
- 291
- LES PHÉNOMÈNES GLACIAIRES DANS L’ALASKA
- Dans la zone arctique la glace entre pour une part relativement importante dans la constitution du sol. En de nombreuses localités, si. on gratte les graviers, les sables ou les limons qui forment les couches superficielles du terrain, on rencontre, à la place de roches, des lits de glace parfois très épais, dont l’ancienneté est attestée par les conditions même de leur gisement. Les graviers et les limons qui surmontent la glace renferment, en effet, des restes de mammouth, de rhinocéros et d’autres mammifères de la faune quaternaire, dont la présence prouve l’antériorité du dépôt sous-jacent. Cette glace est donc fossile et un dernier vestige des appareils qui ont occupé ces régions lors des paroxysmes glaciaires.
- 11 y a une douzaine d’années, le regretté baron de Toll découvrait à 1 ’île Liacholf, dans l’archipel de la Nouvelle Sibérie, une muraille de glace fossile, longue de plus de 50 km et surmontée de dépôts caractéristiques, laquelle est évidemment un reste des glaciers pléis-tocènes.
- Précédemment, en 1818, sur la côte Nord de l’Alaska, on avait signalé, au bord de la mer, une falaise de glace recouverte d’une couche d’argile renfermant d’abondants ossements de mammouth, de rhinQcéros, de rennes, etc., que couronnait une nappe de tourbe.
- A l’Est de la baie Kotzebue un nouveau gisement de glace fossile a été tout récemment rencontré par M. Ernest de Koven-Leffingwell, géologue de l’expédition Mikkelsenqui vient d’explorer ces parages1 2. D’après les observations de ce naturaliste, l’ilc Flaxman, qui appartient à l’archipel côtier situé entre les embouchures delà Colville et du Mackenzie, parait entièrement constituée par delà glace fossile. Cet ilôt, long de 48Q0 m. et large de 800, est, comme la côte voisine, occupée par une toundra, la plaine moussue dépouillée d’arbres, parsemée de laquets et de marais, caractéristique des bords de
- 1 Eiikest du Koven-Leffingwell, Flaxman Island, a glacial remuant, in The Journal of Geology, XVI, I, 1908.
- 2 Los 4 ligures sont d’après les clichés du prof. Ralph S. Tarr.
- l’océan Arctique. Or, le talus de cette plaine au-dessus de la plage montre, en dessous de la nappe végétale superficielle, une couche de glace, qui, en certains endroits, atteint une hauteur de 6 m. Sa puissance est évidemment beaucoup plus considérable, car nulle part on n’aperçoit la base de ce singulier dépôt. En second lieu cette nappe de glace s’étend dans l’intérieur de l’île, comme on le voit dans de petits ravins creusés par les eaux dans l’épaisseur du talus côtier.
- La glace de l’île Flaxman a toutes les apparences de la glace de glacier. De plus de très abondants blocs erratiques, de nature très diverse, se trouvent disséminés par la toundra-, quelques-uns même
- sont encore engagés dans la glace. Aussi M. de Koven-Leffingwell considère-t-il cette glace comme antérieure au dépôt de drift qui la recouvre, et regarde-t-il l’île Flaxman comme un « glacier mort » de l’époque pléistocène. Lors du paroxysme glaciaire, de puissants glaciers enveloppaient une chaîne de montagnes située à une cinquantaine de kilomètres de la côte dans l’intérieur du continent, et c’est un fragment de ces appareils qui s’est conservé à l’île Flaxman grâce à la nappe de matériaux détritiques et de végétaux dont il est couvert.
- On sait que lorsqu’un glacier « meurt » ou est stagnant, sous l’action de la fusion sa surface se couvre de débris par suite de la mise en liberté progressive des matériaux de transport qu’il renferme. Plus tard, sur cette couche détritique s’établit une végétation plus ou moins développée suivant le climat et la longueur de la période de stagnation du glacier : des mousses dans les régions de l’Extrême Nord et dans nos pays, des futaies dans celles des régions tempérées où en raison de sa puissance la glaciation s’allonge jusqu a de très basses altitudes.
- Ainsi dans l’Alaska méridional, plusieurs glaciers situés sur le versant sud du Saint-Elie, le Malaspina, le Lucia, l’Atrevida, stagnants depuis une très longue période, portaient tout récemment encore, sur leur
- Fig. 1. — Le glacier de Marvine en crue repoussant ses moraines frontales et détruisant la lorêt2.
- p.291 - vue 295/647
-
-
-
- 292 ===== PHÉNOMÈNES GLACIAIRES DANS L'ALASKA
- extrémité inférieure, de superbes forets. Jamais en traversant ces bois, on ne pouvait se douter qu’ils reposaient sur la glace, masquée qu’elle était par la végétation et par le revêtement .morainique qui la supporte et dont la puissance atteint 5 m. à 4,50 m.
- Brusquement cette situation a pris lin en 1900. À cette date, une crue s’est manifestée subitement sur les appareils qui occupent les versants sud et ouest du Saint-Elie. Tandis que le magnifique glacier llubbard qui débouche dans la baie du Désenchantement, n’éprouvait qu’une très faible progression, d’autres, tout voisins, qui étaient « morts » pour ainsi dire depuis une cinquantaine d’années, subissaient des modifications considérables. Sous
- de progression faisait rouler devant lui (fig. 1 et 4). Tant et si bien qu’un lit de souches et de branches a dû se former dans l’épaisseur des dépôts moraini-ques. Témoin de ces scènes de destruction devant les glaciers Maslaspina et Àtrevida, le professeur Ualpli S. Tari* en a donné une description vivante1, appuyée sur des photohraphies du plus haut intérêt qu’il a eu l’amabilité de nous autoriser à reproduire.
- Ces observations sur la destruction de la forêt par des glaciers en crue sont d’une très grande importance pour l’interprétation des dépôts glaciaires pléistocènes. En ellet, lorsque entre deux nappes d’alluvions morainiques de cette époque, on ren-
- Fig. 2. — Panorama du glacier llubbard dans la baie du Désenchantement.
- la poussée des masses de glace qui arrivaient d’amont, leur extrémité inférieure a commencé à travailler et à progresser : tel un monstre endormi qui se réveille. Aussi bien, agitée par les divers mouvements qui se manifestaient dans sa masse, la glace détruisait le revêtement morainique et la forêt qui l’avaient couverte si longtemps. Les matériaux s’éboulaient dans des crevasses, comme en avant du front des glaciers ; en même temps, les arbres entraînés par le glissement du sol qui les portait culbutaient. Les uns tombaient dans les fentes du glacier et finalement arrivaient sur son lit au milieu de la moraine profonde, tandis que les autres s’écroulaient devant le front de l’appareil où ils étaient bientôt enfouis sous les éboulements de blocs et de graviers de la moraine frontale que le glacier dans son njouvement
- contre un lit de débris végétaux, on voit dans sa présence la preuve de l’existence d’une phase interglaciaire. On conclut qu’après le dépôt de l’alluvion inférieur, le glacier a subi un recul considérable et prolongé pendant lequel une puissante végétation s’est établie et développée sur le territoire abandonné par la glace, puis qu’ultérieurement une progression du glacier a amené la destruction de la forêt poussée sur la terre ferme et le recouvrement de ses débris par une seconde nappe morainique. Enfin de la présence des restes d’une flore tempérée au milieu de dépôts glaciaires on a conclu à lexistence de varia-
- 1 The Malaspina Glacier, in Bull, of lhe American Geo-(jraphical Society, XXXIX, 5, mai 4907 ; The Second Expédition lo Yakulal Bay, Alaska, ia Bull, of lhe Geographi-cal Society of Philadelphia, janv. 1907.
- p.292 - vue 296/647
-
-
-
- PHÉNOMÈNES GLACIAIRES DANS L’ALASKA
- 293
- lions climatiques correspondant à ces prétendues oscillations glaciaires. Les observations du profes-
- présenter le même faciès que le Malaspina. La présence de débris végétaux au milieu de dépôts glaciaires n’implique donc pas nécessairement une variation climatique. Forêts et glaciers ont pu exister en même temps et dans les mêmes localités comme cela se produit de nos jours en Alaska.
- Un troisième lait très important est signalé par le professeur Tarr. C'est l’activité des torrents glaciaires issus du Malaspina à la suite de la crue brusque éprouvée par cet appareil en 1906. Le revêtement morai-nique qui protégeait l’extrémité du glacier ayant en grande partie disparu, la fusion est devenue très active et de gros cours d’eau sont apparus de tous côtés sur le front du glacier, ici renversant la forêt riveraine, là construisant de larges cônes de déjection, partout recouvrant les alluvions glaciaires de dé-
- Fig. 3. — Front du glacier llubhard.
- seur Tarr au glacier de Malaspina prouvent que des dépôts ligneux peuvent naître au milieu d’alluvions glaciaires, non point à la suite d’une diminution considérable de la glaciation, mais, au contraire, par le lait d’une aggravation de ce phénomène succédant à une longue période de stationnement et qu’en second lieu ces dépôts ligneux jalonnent les points de stationnement des glaciers.
- Notons que les bois qui couvrent les extrémités inférieures des glaciers de Malaspina, de Lucia et d’Àtrevida sont constitués par les mêmes essences que la forêt riveraine.
- Peut-être dans nos régions tempérées les fronts des glaciers pléis-locènes portaient-ils également des futaies comme les appareils àlas-kiens actuels, notamment les nappes de glace qui pots torrentiels qui seront à leur tour surmontés par
- ont recouvert le plateau Suisse et qui devaient d’autres dépôts morainiques lorsque le glacier aura
- Fig. 4.
- Le glacier d’Atrevida en crue attaquant la iorêl qui entoure son Iront.
- p.293 - vue 297/647
-
-
-
- 294 = SUR L’ÉTAT ACTUEL DE L’ÉLECTROMÉTALLURGIE DU FER
- avancé plus loin. Cette observation nous paraît d’autant plus digne de remarque que la présence d’allu-vions torrentielles entre deux dépôts morainiques est également considérée comme la preuve de l’existence de phases interglaciaires, de reculs considérables de la glaciation.
- Nous ne nions pas l’existence de phases intergla-
- ciaires ; les faits mis en lumière par le professeur Tarr nous suggèrent simplement la pensée que peut-être dans quelques localités tout au moins les dépôts interglaciaires n’ont pas été engendrés par des phénomènes d’une aussi grande ampleur qu’on se plaît à le dire.
- Chaules Rabot.
- SUR L’ÉTAT ACTUEL DE L’ÉLECTROMÉTALLURGIE DU FER
- Bien des voyageurs traversant les noires cités qu’enrichit actuellement l’industrie métallurgique ont rêvé d’une époque où les combustibles actuels feraient place à la houille blanche. Souvent, au cours de ces dernières années, on a prétendu que ce rêve devenait une réalité et on même proclamé la déchéance de tous les fours et
- métallurgie du fer et ce qu’il est permis d’en espérer.
- On a beaucoup discuté sur le rôle qu’il fallait attribuer à l’électricité dans la fabrication du fer. Disons d’abord que nous n’envisageons pas ici la préparation électrolytique ; l’électrosidérurgie, au contraire de l’électrométallurgie de l’aluminium par exemple, n’est pas basée sur l’élcc-
- Fiff. 1
- .JÇMorjsI'- çi..
- Four Relier pour la préparation purement électrique de l’acier.
- A, haut fourneau électrique où s’effectue la réduction du minerai;
- B, four d’affinage; mnpq, électrodes en charbon.
- appareils empruntant directement au charbon l’énergie nécessaire à la transformation du minerai en fer ou en acier. Nous nous proposons dans cet article de déterminer brièvement la créance qu’il faut accorder à ces assertions et de préciser le rôle que joue actuellement l’électricité dans la sidérurgie. Nous examinerons successivement les fours en usage, leurs principes, leur nombre et leur importance, les méthodes employées, les résultats obtenus, comparant les nouveaux produits à ceux jusqu’ici exclusivement en usage, au double point de vue du prix de revient et de la qualité ; ceci nous conduira à déterminer les raisons qui limitent le champ de l’électro-
- trolyse ; c’est de courants alternatifs qu’elle reçoit sa puissance. Toutefois certains ont prétendu que les qualités supérieures des produits obtenus étaient dues à des décompositions facilitées par le passage de ces courants ; les vibrations résultantes aideraient à certaines réactions chimiques éliminant les impuretés. Cette opinion est aujourd’hui abandonnée; les avantages de l’électricité dans la question qui nous occupe sont dues à la transformation de son énergie en énergie calorifique et les différents systèmes de fours peuvent se classer d’après la manière dont leurs auteurs ont cherché à réaliser cette transformation.
- Les uns utilisent tout simplement la chaleur mise
- p.294 - vue 298/647
-
-
-
- - 295
- —SUR L’ÉTAT ACTUEL DE L’ÉLECTROMÉTALLURGIE DU FER
- en jeu par la résistance qu’oppose le métal au passage du courant, la charge est répartie dans des canaux de section très étroite servant de communication entre de larges cuvettes ; c’est le principe du four Gin', l’acier s’échauffe dans les canaux; l’épura-
- reçoit que la chaleur rayonnée par l’arc lui-même et les parois ou la voûte.
- Hérault (fig. 6) dispose les deux électrodes en charbon perpendiculairement au bain à quelque distance l’une de l’autre et très près de la scorie qui
- Coupe suivant ah.
- Fig. 2. — Le four Rüchling-Rüdenhauser pour charge de 5000 tonnes (courant alternatif : 15 périodes — 5000 volts).
- A, enroulements inducteurs; B, enroulements induits;
- C, canaux de chauffe; D, zone centrale de chauffe; E, plaques métalliques facilitant le passage du courant dans la masse en fusion N,, N», tuyères soufflant de l’air pour abaisser la température dos enroulements; II, transformateur.
- lion et l’affinage se font dans les cuvettes ; l’inéga-lilé de température assure un mouvement constant dn bain.
- Ferranti puis Kjellin cherchent à produire réchauffement du bain par des courants induits; le four se compose alors d’un bloc de maçonnerie percé d’un trou en son milieu et présentant une rigole circulaire disposée autour de l’ouverture centrale ; cette dernière est traversée par un noyau de fer entourée d’une bobine où passe le courant primaire; il naît dans le bain un courant d’induction, lequel suffit à le porter à la température voulue. Au circuit primaire est transmis un courant de 90 ampères et 5000 volts.
- D’après M. Kjellin, ce courant produit, dans la charge métallique qui compose le circuit secondaire, un courant de 5000 ampères et de 7 volts.
- Le plus grand nombre des inventeurs, à la suite de Mois-san, ont utilisé la haute température de l’arc électrique.
- Slassano (fig. 8 et 9) fait pénétrer dans le four voûté où se trouve le métal deux électrodes en charbon, inclinées vers le bain de telle façon que l’arc jaillisse un peu au-dessus de sa surface, le métal ne
- recouvre le métal. Un arc jaillit entre une électrode et ce dernier; le courant traverse l’acier sous la scorie et retourne par un second arc à l’autre électrode.
- Girod (fig. 5) et l’usine d'Allevard ont supprimé une électrode en charbon et placé dans la sole du four une ou plusieurs pièces métalliques; une seule électrode en charbon est placée perpendiculairement au bain suivant l’axe de la cuve qui forme le four, l’arc jaillit par exemple de l’électrode au bain, traverse le métal et ressort par les pièces métalliques placées dans la sole.
- Tandis qu’à Allevard on se contente d’une plaque d’acier reliée à une électrode placée hors du four, Girod a disposé dans la sole une série de pièces polaires.
- Relier a bien gardé plusieurs électrodes, mais les place dans des cuves différentes communiquant entre elles par un canal intérieur.
- Certains constructeurs ont combiné plusieurs des principes précédemment exposés : tels Rôchling-Rôdenhauser (fig. 2, 4, 5). Le four de forme ovale présente en son intérieur deux larges ouvertures dans chacune desquelles trouvent place une armature, une bobine primaire et une bobine secondaire ; un
- g. 3. — Schéma du four Girod à 1 électrode. — 1, bain métallique ; 2, Électrode ; 3, pièces polaires refroidies par un courant d’eau ; 4, pisé en dolomie.
- p.295 - vue 299/647
-
-
-
- 296
- SUR L’ÉTAT ACTUEL DE L’ÉLECTROMÉTALLURGIE DU FER
- courant d’induction naît dans le bain autour de chaque ouverture; de plus les bobines secondaires sont reliées à deux plaques situées aux extrémités du petit axe du four, et en matière conductrice à haute température, un courant passe alors de l’une à l’autre à travers le métal.
- Tels sont les principaux systèmes de fours en marche à ce jour. Quant à leur nombre, il dépasse déjà le chiffre de 35, répartis entre les différentes régions d’Europe et le Canada.
- Ces fours sont destinés à des usages différents. On sait, en effet, que la transformation du minerai en acier présente actuellement plusieurs stades : la fusion au haut-fourneau produit la fonte ; celle-ci est ensuite décar-burée et affinée soit dans une cornue Bessemer ou Thomas par du vent soufflé, soit au four Martin en présence de riblons de fer ou de minerai; enfin les aciers fins sont fabriqués dans des creusets chauffés extérieurement et en partant de matières pures qu’on maintient à l’abri de l’air. Dans les cornues la chaleur est
- d’affinage de la fonte ont été pratiqués dans des fours électriques; on est .parvenu à y fabriquer toutes les nuances d’acier; si l’électrosidérurgie doit s’imposer des limites, la raison en est dans des faits d’ordre purement économique. La fabrication de la fonte n’y est praticable que dans des conditions tout à fait particulières : le rendement du haut fourneau étant énorme (90 à 95 pour 100), il faut pour qu’une usine lui préfère le four électrique, qu’elle soit située près du minerai, loin du coke et que le prix de revient de l’énergie électrique y soit très faible. Ainsi l’on estime que le kilowatt-an doit y coûter
- Fig. 5. — Une coulée d’acier avec le four Rôchling.
- fournie par la combustion des impuretés de la fonte chargée liquide ; dans les fours par la combustion de gaz produits dans des gazogènes, combustion qui s’effectue au contact des matières chargées, elles-mêmes ou autour des creusets. Étant donnée cette situation de la métallurgie du fer, il convient de se poser les questions suivantes : le four électrique peut-il suppléer chacun de ces appareils? Son emploi est-il économique? Est-il avantageux au point de vue de la qualité des produits ?
- A la première question on doit répondre par l’affirmative ; Stassano, Iveller, Héroult ont réussi à réduire directement le minerai; tous les procédés
- moins de 52 francs, si le prix du coke est à la même station de 55 francs la tonne; il se.trouve actuellement des installations produisant la fonte au Canada à Welland et Sault-Sainte-Marie ; aux Etats-Unis à Baird et. en France à Livet.
- On peut admettre que.dmne façon générale dans nos régions le four électrique, né peut actuellement, remplacer le haut fourneau ; son rôle doit: se borner à l’affinage de la fonte; c’est par suite avec la cornue,' le four Martin ou le creuset qu’il peut entrer en concurrence; mais pour se rendre compte' de;la place exacte qui lui revient;, à côté de cés appareils, il convient d’èxaminerles.diverses méthodes de fabrication employées actuellement en électrosidérurgie. — Il faut distinguer le procédé direct et le procédé mixte. ; ' ! .
- Dans le premier on charge suivant les cas, comme au four Martin, de la fonte et du minerai, de la
- p.296 - vue 300/647
-
-
-
- SUR L’ÉTAT ACTUEL DE L’ÉLECTROMÉTALLURGIE DU
- FER == 297
- Fig. 6. — Four oscillant Iléroult.
- Fi"-. 7. — Usine de la « Société électro-métallurgique française », à Saint-Michel.
- p.297 - vue 301/647
-
-
-
- 298 = SUR L’ÉTAT ACTUEL DE L’ÉLECTROMÉTALLURGIE DU FER
- fonte et des riblons ou des riblons seuls ; on fait fondre le mélange, on y ajoute, pour l’aiïiner puis l’épurer, de la chaux et des alliages appropriés : finalement on y fait les additions nécessaires à l’obtention d’une nuance d’acier déterminée (manganèse, chrome, tungstène, molybdène, etc.).
- Dans le second, on commence par faire la fusion au four Martin et à la cornue Thomas ; on verse le métal liquide au four électrique et c’est là qu’on l’épure, le désoxyde et lui donne la teneur voulue en éléments étrangers.
- Ce simple exposé suffît à montrer la supériorité que l’on accorde à la fabrication puisque
- où l’on n’abandonne pas les anciennes méthodes, on juge bon de leur juxtaposer la nouvelle toutes les fois du moins qu’on veut fabriquer des aciers de grande qualité ; c’est qu’en effet l’acier électrique vaut n’importe quel acier fabriqué au creuset (jusqu’ici considéré comme le plus pur et de beaucoup le plus cher). La raison en est dans les circonstances suivantes, conséquences de l’emploi de l’énergie électrique :
- 1° Température très élevée qui produit un meilleur brassage du bain, d’où plus grande homogénéité, et rend le laitier plus fluide, ce qui facilite les réactions entre celui-ci et
- le métal du bain; les impuretés telles que le soufre et le phosphore s’éliminent plus complètement, surtout si l’on utilise au cours de l’opération plusieurs laitiers spécialement composés ; on a remarqué de plus que la haute température du four facilite non seulement l’épuration, mais encore la désoxydation du bain ; on obtient finalement un produit pur et particulièrement résistant même en partant de matières de qualité inférieure.
- 2° L’absence des gaz au contact dn bain; or •ceux-ci, et non seulement l’oxygène qui rend le fer rouverin, mais encore l’hydrogène et l’azote sont néfastes aux qualités du métal.
- 11 résulte de ces considérations que.
- 4° La fabrication au creuset est appelée à disparaître dans un avenir prochain, puisqu’il existe un nouveau procédé moins coù-» teux donnant des produits au moins égaux.
- 2° Pour la fabrication des aciers spéciaux et des aciers fins, l’emploi du four électrique est indispensable. Suivant le prix de revient respectif de la houille noire et de la houille blanche on emploiera le procédé direct ou indirect.- Dans la régiop des Alpes, en Suède, on fait en général la fusion et P affinage au four électrique. Dans les bassins de la Loire, de la Saar ou de la Ruhr on fait l’affinage seul par
- Fig. 8. — Four électrique tournant Slassanù de 200 chevaux. Coupes longitudinale et transversale.
- p.298 - vue 302/647
-
-
-
- LE TIGRE MANGEUR D’HOMMES
- l’éleclricilé, réservant la fusion au four Martin comme à Kemschcid, à la cornue Thomas comme à Yolklingen.
- Nous empruntons à l’article publié par M. Combes dans la Revue de Métallurgie du 1er janvier 1905, les chilfrcs suivants qui permettent de se rendre compte de l’importance économique de T électrosidérurgie.
- Pour fondre et affiner une charge de 2500 kg, il faut consommer 400 chevaux pendant 7 heures au maximum, soit 2000 kilowatts-heure; pour affiner la même charge fondue, il faut 300 kilowatts-heure.
- On peut admettre que le kilowatt-heure coûte: 1° avec la force hydraulique, 0 fr. 008 à 0 fr. 01 ; 2° avec machines à vapeur à triple expansion, 0 fr. 05 à 0 fr. 06 ; 5° avec gazogènes et moteurs à gaz, 0 fr. 05 à 0 fr. 04; 4° avec gaz de haul fourneau et moteurs à gaz pauvre, 0 fr. 02 environ.
- 11 en résulte des dépenses par tonne de :
- 1° 6 fr. 40 à 8 fr. ; 2° 40 à 48 fr. ; 5° 24 à 32 fr. ; 4° 16 fr. environ dans le cas où l’opération complète se fait au four électrique, et de :
- 1° 0 fr. 96 à 1 fr. 20; 2° 6 fr. à 7 fr. 20; 3°
- 5fr.60à4fr.80;
- 4° 2 fr. 40 environ dans le cas où la fusion est faite auparavant dans un autre appareil.
- Si l’on ajoute aux frais de dépense d’énergie électrique, ceux qu’occasionne l’usure des électrodes (d’après Iléroult 1 fr. 10 par tonne), on voit combien est faible la dépense supplémentaire exigée par le
- 299
- four électrique pour convertir des matières à 70 fr. la tonne en un acier aussi pur que l’acier au creuset, pour lequel on employait d’ordinaire des matières premières valant 180 fr. la tonne au moins.
- De ces données qui se rapportent au procédé Iléroult, il convient de rapprocher les communications de M. llochling; il affirme que moyennant une dépense de 5,75 marks (environ 4 fr. 70), il convertit une tonne d’acier Thomas liquide en un acier de première qualité.
- Telle est la situation actuelle de l’électrosidé-rurgie; elle ne s’élend actuellement qu’aux aciers dont le prix de vente est assez élevé pour justifier l’excès de dépense précédemment indiqué. Pour le moment elle ne s’applique pas à la grosse industrie, à la fabrication des fers de construction ou des
- rails et vient tout au plus en question pour la production des aciers demi-lins : canons, blindages, etc. Elle aura cependant pour conséquence d’augmenter con-sid érahlement l’importance des petits centres m é t a 11 u rgiques actuels à qui le voisinage des chutes d’eau procure une énergie électrique peu coûteuse. Étant donnés les progrès récents, il n’est peut-être pas téméraire d’espérer un prix de revient du cheval-an assez bas pour que, en considération de leur supériorité incontestable, les produits du four électrique puissent concurrencer les aciers courants eux-mêmes1. G. Arkou.
- Fig. 9. — Four Slassano de 200 chevaux-vapeur, installé dans l’usine de construction d’artillerie du Ministère de la Guerre Italien.
- LE TIGRE MANGEUR D’HOMMES
- De 1900 à 1904, dit une revue de Calcutta (Modem review), il n’y a pas eu dans les Indes moins de 4000 hommes qui ont été dévorés par les tigres surtout pendant les périodes de famine où les tigres viennent alors dans la plaine à la recherche de l’eau. Comme ils sont affamés, ils sont d’autant plus dangereux. Le nombre des morts d’hommes causées par les tigres s’élève à 57 pour 100 du nombre total de morts d’hommes causées par les autres animaux sauvages. Cette destruction justifie toutes les mesures à prendre pour T-extermination des tigres.
- Tous les tigres, croit-on, ne sont pas mangeurs d’hommes, mais une fois qu’ils ont goûté à l’homme, ils semblent être comme les anthropophages, qui sont, très gourmands de cette nourriture de choix. Là où le bétail
- est abondant, l’homme est assez rarement la victime du tigre. Mais dès que le tigre est mangeur d’hommes, il devient très rusé et capable d’échapper aux pièges des plus habiles chasseurs. On affirme qu’un tigre de l’Inde méridionale a tué 200 hommes et qu’un tigre de l’Ilima-laya en a tué plus de 500. Si extraordinaire que puisse paraître le fait, on a cité le cas d’un tigre qui, tenant un bouvillon dans la gueule, aurait franchi une haie épineuse de 6 pieds de largeur. Dans l’Inde méridionale, on trouve des tigres qui ont parfois 14 pieds de longueur; il ne faut donc pas s’étonner que de pareils animaux, vigoureux et féroces, soient extrêmement redoutables. N. Lallié.
- 1 L’usine Rôchling a produit cette année plusieurs milliers de tonnes d’acier électrique pour rails.
- p.299 - vue 303/647
-
-
-
- 300
- LA FORTIFICATION DU CHAMP DE BATAILLE
- Tout dernièrement, la fortification de campagne était peu en faveur dans la plupart des armées et le nombre des outils mis à la disposition des troupes d’infanterie avait été généralement réduit à un chiffre dérisoire.
- Fig. 1. — Fantassins allemands construisant dos masques.
- C’est qu’alors la fortification était considérée comme utile seulement dans la défensive et cette dernière, en principe, était condamnée : seule, l’oflensive énergique et rapide était prônée comme pouvant assurer le succès. On reprochait aux travaux de défense d’ancrer le soldat au terrain organisé, de tuer sa bravoure et son esprit offensif, de le fatiguer outre mesure par le travail qu’exige la construction des ouvrages et, par suite, de diminuer ses forces au moment de la bataille. U faut ajouter que les travaux que l’on exécutait à celte époque étaient trop souvent longs et compliqués à établir.
- Les récents événements de la guerre russo-japonaise ont fait justice de ces préventions : on a dû reconnaître que l’on avait fait fausse route et que non seulement la défensive exigeait l’emploi de la fortification, mais aussi que, dans bien des cas, l’attaque elle-même ne pouvait s’en passer : en organisant, en renforçant, au fur et à mesure de ses progrès, les accidents du sol et les points d’appui qu’elle pouvait rencontrer et, au besoin, en suppléant à l’absence de ces derniers par des ouvrages établis de toutes pièces. Il devenait évident qu’il n’était plus possible de s’exposer à découvert au feu de l’ennemi
- Fig. 2. — Construction d’un masque par deux fantassins français.
- sans risquer d’être complètement annihilé ou détruit : le fantassin devait dès lors attaquer avec son fusil et, en même temps, se défendre avec son outil.
- Il en résulte que les principes sur lesquels était basé l’emploi de la fortification de campagne ont dû être révisés ; en France et en Allemagne, en particulier, de nouvelles instructions à ce sujet ont été récemment publiées. Dans les deux pays, il est admis que la fortification est un moyen et non un but : moyen de protection contre les projectiles et moyen d’économie de forces, elle ne doit jamais diminuer l’esprit d’offensive de l’infanterie ni entraver son aptitude au mouvement; il ne faut jamais s’y cramponner sans nécessité tactique et ne pas hésiter, s’il y a lieu, à renoncer à sa protection, à aban-
- donner des installations déjà créées pour en recommencer de nouvelles ailleurs. En un mot, l’infanterie ne doit user de la fortification que dans la mesure où celle-ci est capable de lui faciliter sa mission.
- Au cours des différentes phases du combat, les lirail-
- M/w/m
- Fig. 5, i, 5 el G. — 5. Tranchée pour tireur assis. — l. Tranchée pour tireur à genoux. — 5. Tranchée pour tireur ilehoul. — (5. Tranchée allemande enterrée.
- leurs qui se portent à l’attaque rencontrent des fossés, des sillons, des haies, des murs, des bois, des maisons, etc. ; tantôt ce seront des abris qu’il pourra être utile de perfectionner et de renforcer, tantôt ce seront des obstacles qui arrêteront la marche et qu’il faudra franchir ou détruire. 11 est donc indispensable que l’infanterie au combat soit munie des outils nécessaires à l’exécution des travaux indispensables et urgents, de sorte que partout on a été amené à adopter des outils portatifs et légers qui se portent sur le sac ou accrochés au ceinturon : suivant leur destination ces outils se divisent en outils de terrassement (pelles et pioches) et en outils de destruction (pics, haches, serpes, scies, cisailles). À la suite de la guerre de Mandchourie, le nombre des outils portatifs a été quadruplé en France et certains pensent que la mesure est encore insuffisante et
- ;'6,C'o!
- wwm’Wwwmz?///?.??,
- Fig. 7, 8, 9 el 10. — 7. Tranchée allemande on lorrain dur. —
- 8. Tranchée allemande en lorrain moyennement dur. —
- 9. Tranchée-abri allemande renforcée. •— 10. Tranchée allemande pour tireur à genoux.
- qu’un outil devrait être affecté à chaque homme, pour éviter à celui-ci d’avoir recours à l’outil du voisin ou d’être réduit à l’impuissance. Actuellement, la compagnie d’infanterie française est pourvue des outils suivants :
- p.300 - vue 304/647
-
-
-
- TORPILLE AÉRIENNE ----301
- 112 bêches, 32 pioches, lh liaches ou hachellcs, 1(> serpes, 4 cisailles, 1 scie articulée, soit un total de 181. En Allemagne, chaque compagnie est dotée de : 10 pics-hachettes, 100 pelles, 10 haches ou hachettes.
- Pendant la marche offensive, c’est l’avant-garde qui exécutera les premiers travaux de fortification, dès qu’elle sera au contact de l’ennemi, en organisant les points d’appui qu’elle aura pu occuper. Les colonnes qui suivent, pendant leur marche d’approche, plus souvent à travers champs que sur les routes, n’auront la plupart du temps qu’à créer des pistes dans les bois, à y ouvrir des débouchés, à improviser des points de passage sur les cours d’eau, détruire les obstacles, etc., au moyen des outils et moyens de destruction dont elles disposent.
- Mais, dès que le feu est ouvert, que le combat est engagé, la situation change : instinctivement, les hommes cherchent à s’abriter, isolément ou par groupes. Les abris rencontrés n’offrant pas toujours une protection suffisante, les occupants s’empressent d’en augmenter la longueur s’ils sont trop courts, la hauteur s’ils sont trop bas, l’épaisseur si les halles les traversent trop facilement. Si le terrain ne présente pas de couverts naturels et que l’on soit forcé de s’arrêter, il faudra improviser l’abri qui manque : on se contentera alors d’un simple masque rudimentaire en terre, offrant déjà une protection appréciable et susceptible d’être perfectionné si l’arrêt est assez long. Voici comment l’exécution de ce masque est envisagée, aussi bien en France qu’en Allemagne : les tirailleurs, marchant généralement par groupes de deux (camarades de combat), se couchent au moment de l’arrêt ; tandis que l’homme de droite ouvre immédiatement le feu, celui de gauche, à l’aide de sa pelle, creuse un trou à sa droite et constitue un bourrelet de terre cachant au moins sa tête (fig. 1 et 2). Ce premier résultat obtenu, il se glisse dans le trou commencé, s’abrite derrière le bourrelet et ouvre le feu à son tour, tandis que son camarade de droite abandonnant le fusil pour la pelle, exécute le même travail. Faisant ainsi alterner le feu et le terrassement, réunissant leurs bourrelets entre eux et si possible à ceux des groupes voisins, nos deux camarades de combat s’enfoncent peu à peu; le masque s’élève et s’élargit, la protection augmente au fur et à mesure. Si l’arrêt est suffisamment long, les tirailleurs pourront arriver à con-
- struire une tranchée pour tireur assis (fig. 3) en une heure environ. Le masque pour tireur couché et la tranchée qui en dérive ont le caractère de retranchements individuels, particulièrement utilisables dans l’offensive : commencés par les tirailleurs, ils sont terminés ou complétés par les troupes de réserve.
- Quand il est nécessaire d’occuper plus solidement le terrain, le travail est plus important et ne peut guère s’exécuter sous le feu. On emploie dans ce cas la tranchée pour tireurs à genoux (fig. 4) et si l’on a le temps, on transforme celle-ci en tranchée pour tireur debout (fig. 5). Il y a lieu d’ajouter que l’on obtient cette dernière par élargissement et approfondissement des précédentes, de façon qu’à n’importe quel moment du travail, l’ouvrage puisse être utilisé et fournir un bon abri.
- En Allemagne, les différents types de tranchées varient suivant les conditions dans lesquelles on se trouve ; la figure G représente une tranchée complètement enterrée : les terres provenant de la fouille ont dû être réparties au loin ou transportées dans un bas-fond pour ne pas déceler la présence de l’ouvrage. 11 y a lieu de remarquer le peu de relief des tranchées des figures 7, 8, 9, 10: en effet, il est nécessaire de dissimuler le plus possible la présence des travaux; au besoin, on recouvre le talus extérieur de mottes de gazon, de chaume, de branchages, etc., afin de lui donner l’aspect du terrain environnant. Quand le sol est rocheux ou gelé, il est impossible de creuser la terre; les Japonais, dans le second cas, ont employé avec succès des sacs à terre, remplis même de foin, de cailloux, que les combattants transportaient avec eux et derrière lesquels ils trouvaient un abri provisoire. Les Allemands ont suivi cet exemple et doté leur infanterie d’un certain nombre de sacs à terre.
- Au sujet des épaisseurs traversées par les projectiles, rappelons qu’une balle de fusil traverse 0,75 m. de sable, 1 m. de terre ordinaire, 2,50 m. de neige tassée, 1 m. de sapin, 0,60 m. de chêne, 0,02 m. d’acier ordinaire et 0,30 m. de gravier en sacs.
- Les tranchées ont peu de chose à craindre de l’artillerie qui n’est guère en mesure d’atteindre les occupants que lorsqu’ils se découvrent pour tirer et ne peut détruire les travaux qu’au prix d’une consommation phénoménale de munitions. L. G.
- UNE TORPILLE AÉRIENNE
- Il ne s’agit pas d’un engin guerrier, mais d’un ballon dirigeable dont la construction s’est quelque peu inspirée de celle de la torpille marine. Ce ballon a été imaginé par M. Grosclaude; à vrai dire, il n’innove rien : il repose sur un principe établi depuis longtemps. Mais il a précisément le mérite de remettre en évidence une idée fort juste, qui a peut-être été un peu négligée jusqu’ici par les aéronautes français ; d’autre part, il faut un certain courage à un inventeur pour consacrer ses efforts à la navigation aérienne par plus léger que l’air, alors que l’aviation offre à moins de frais, à moins de difficultés, et même de dangers, un si beau champ à l’activité des chercheurs. Nous croyons donc intéressant de résumer brièvement les caractéristiques essentielles du ballon de M. Grosclaude.
- On sait que dans les aéronefs du type Patrie ou Ville <le Paris, l’hélice propulsive est fixée à la nacelle : il
- saute aux yeux que ce n’est pas la logique qui a dicté cette disposition ; mais qu’elle a été seulement imposée par la difficulté de placer l’hélice en tout autre endroit. Il est, à première vue, plus rationnel, d’appliquer le mouvement de propulsion au ballon, plutôt qu’à la nacelle qui n’est qu’un organe accessoire, et même gênant, au point de vue du mouvement en avant. Si l’on serre le problème de plus'près, on se rend compte aisément, que la position idéale à donner à l’axe de l’hélice serait celle de la résultante des actions de l’air sur les differentes parties de l’aérostat. C’est ce qu’a voulu réaliser M. Grosclaude, en plaçant son hélice dans l’axe même de l’enveloppe du ballon. Remarquons de suite que la résultante des actions de l’air ne s’applique pas exactement suivant cet axe : en raison du rôle des organes accessoires, agrès, nacelle, elle passe par un point situé entre le centre du ballon et la nacelle. Mais M. Grosclaude rapproche tellement sa
- p.301 - vue 305/647
-
-
-
- 302
- QUELQUES POINTS D'AVIATION
- nacelle de l’enveloppe que l’on peu! admettre que la résistance de l’air s’effectue sensiblement suivant l’axe du ballon.
- 11 dispose donc son hélice propulsive à la pointe avant de son dirigeable, et cela, par un moyen fort simple, mais sur lequel il tient à garder le secret pour l’instant.
- Cet emplacement de l’hélice rappelle immédiatement le ballon de Severo d’Âlbuquerke, qui en 1902 eut la lin tragique que l’on sait. Ce souvenir est par lui-même peu encourageant. Mais la forme de l’hélice de M. Gros-claude est toute différente de celle de Severo, de même la manière dont elle est fixée au ballon est absolument distincte de celle qu’employa le malheureux Brésilien.
- Le propulseur, ou mieux le tracteur Grosclaudc est d’une conception fort originale : il se compose d’ijne carcasse conique très légère, en aluminium, elle est sectionnée en 2 parties A et B laissant entre elles un espace d’environ 0,50 m. La partie postérieure reste immobile :
- Ainsi le ballon se trouvera entraîné par cette hélice toute spéciale, qui fera vraiment l’office d’une vis, vissant dans l’air. Cette conception qui rappelle la torpille marine apparaît comme fort séduisante.
- Les essais faits jusqu’aujourd’hui semblent prouver que l’hélice a un bon rendement. Quels seront les résultats des expériences définitives sur un aérostat en vraie grandeur? 11 est bien difficile de les prévoir. La disposition du système propulseur semble nettement supérieure à celle des aéronefs habituels.
- Mais cet avantage paraît acquis au prix de graves inconvénients : l’extrême proximité de la nacelle et du ballon crée de perpétuels dangers d’explosion, et aggrave le langage de l’aéronef. La présence d’un moteur électrique au contact même de l’enveloppe ne peut manquer d’éveiller aussi les inquiétudes. Sans doute l’hydrogène qui s’échappera sera repoussé vers l’arrière, par le mouvement même du ballon. Néanmoins il est bien imprudent de jouer avec le feu à proximité d’une masse
- C
- A, hélice; lï, pai'üu immobile du iraclcur;
- C, enveloppe du dirigeable;
- 1), moteur électrique ; E, groupe élcelrogène ;
- Croiseur aérien
- système Grosclaudc.
- G, II, poids mobile pour régler l’équilibre du ballon; I, gouvernail.
- mais la partie antérieure est mobile autour de son axe et porte de la base au sommet 2 surfaces hélicoïdales, faites d’une solide toile fortement tendue. Ce cône porte-hélices reçoit son mouvement d’un moteur électrique calé sur son axe et actionné par un groupe électrogène placé dans la nacelle.
- explosible comme celle de l’hydrogène contenue dans l’enveloppe.
- Voilà un ballon bien périlleux, mais M. Grosclaudc espère parer à toutes ces causes de danger, et bientôt sillonner les airs dans son originale torpille.
- A. Tkollek.
- QUELQUES POINTS D’AVIATION
- Au moment où la question de la navigation aérienne et spécialement celle de l’aviation ou du plus lourd que l’air passionne de plus en plus le public, il peut être intéressant de faire connaître quelques indications fournies par l’étude théorique à l’aide des formules et principes de la mécanique rationnelle.
- 1° La première question à envisager est celle de l’étendue de la surface planante en rapport avec le poids à enlever. Pour un moteur d’une force donnée, la puissance susfcntatrice augmente indéfiniment avec la surface, mais comme l’accroissement de la surface produit une augmentation du poids total, il ne faut pas augmenter la voilure au delà d’une certaine limite.
- Le maximum d’effet utile a lieu quand le poids de la voilure atteint le tiers du poids total, ou, ce qui revient au môme, la moitié du poids mort (moteur,
- appareils et surcharge). On peut d’ailleurs agrandir la voilure jusqu’à peser environ les 8/10 du poids mort, sans diminuer l’effet utile de plus de 4 pour 100.
- Par contre si la voilure se réduit en dessous des 4/10 du poids mort, l'effet utile décroît rapidement. Ceci peut expliquer les mécomptes fournis par des appareils d’une envergure trop faible.
- 2° L’utilité des grandes surfaces doit s’appliquer également aux ailes de l’hélice propulsive qui agissent sur l’air de la même façon que les surfaces planantes susten-latrices.
- Il y aurait donc heu de donner aux hélices une surface plus grande qu’on ne l’a fait jusqu’à présent, en augmentant le nombre, la largeur et la longueur des ailes.
- Quant à ce dernier point, l’avantage des grands diamètres reconnu dans la théorie classique des hélices de
- p.302 - vue 306/647
-
-
-
- ACADÉMIE DES SCIENCES — LA LUMIÈRE ET LES PLANTES = 303
- navires, a été signalé en 1905 par le colonel Renard, en môme temps que l'importance d’un choix judicieux du pas de l’hélice.
- 5° Le refoulement de l’air (ou recul) vers l’arrière, produit par la rotation de l’hélice, constitue une force perdue que l’on peut utiliser. Dans ce hul il faudrail, contrairement à la plupart des aéroplanes, mettre l’hélice à l'avant,et en dessous des surfaces planantes afin que le cône d’air refoulé violemment par l’hélice vienne frapper le dessous de la voilure et contribuer à la sustentation.
- S’il s’agit d’un aéroplane biplan, il conviendra de supprimer une partie de la voilure inférieure en regard de l’hélice, pour éviter une pression vers le bas par le re-
- foulement d’air. En raison de la disposition ci-dessus il y a lieu d’employer deux hélices, placées à droite et à gauche du pilote. C’est d’ailleurs le meilleur moyen d’assurer la stabilité longitudinale.
- 4° La grande vitesse de rotation est nuisible, entre divers inconvénients elle provoque des pertes dues à l’action centrifuge et à l’entraînement et l’agitation de la masse d’air. Il faut abandonner les petites hélices animées d’une vitesse étourdissante et adopter des hélices (jumellées) de grand diamètre, à larges ailes (4 ailes), tournant avec une lenteur relative.
- Je publierai sous peu mes calculs justifiant ces diverses conclusions. E. Puayon,
- Garni, aoûl 1008. Ingénieur.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 5 octobre 1908. —
- Comètes visibles en 1908. — M. le général Bassot annonce que M. Javelle vient de retrouver la comète de Tempel qui n’avait pas été aperçue depuis 1891, bien que, depuis cette époque, elle aurait dù être visible deux fois. La position de l’astre dans le ciel ne diffère que de 18’ en déclinaison de la position calculée. Actuellement la comète augmente d’éclat, elle s’approche de son périhélie. M. Bigourdan annonce, d’autre part, qu’une comète suivie à l’Observatoire de Paris dans les derniers jours d’août présentait le 31 août une queue qui couvrait un arc de 15' sur la voûte céleste. Puis le 1er septembre la queue avait disparu et le noyau s’était affaibli. Des changements énormes et d’une rapidité accoutumée se sont donc produits dans la configuration de cet astre.
- La planète Jupiter. — M. Bigourdan présente ensuite une Note de M. Comas Sola, directeur de l’observatoire de Barcelone sur les taches de Jupiter. Depuis Cassini, on connaissait une grande tache rouge sur le disque de Jupiter. M. Comas Sola a découvert une autre tache qui est'grise. Bien que situées sur un même parallèle, la tache rouge et la tache grise tournent avec des vitesses inégales. D’où il arrive qu’elles viennent en conjonction, ce qui prouve qu’elles sont à des distances différentes de la planète. On conclut qu’il y a sur la planète Jupiter de grands courants permanents de vitesses différentes.
- La jeune girafe du Jardin des Plantes. — M. Bouvier présente une Note de M. Trouessart sur une jeune girafe capturée aux environs de Tombouctou. Cet animal a aujourd’hui fi mois et mesure 2,50 m. de hauteur; il a été élevé par la femme du donateur, de telle sorte qu’il est familier. Son pelage est semé de taches polygonales espacées ; sa lèvre supérieure est très développée et forme
- Présidence de M. C.-E. Picard,
- spatule. M. Trouessart a comparé les caractères de la girafe du Jardin des Plantes à ceux,des'différentes espèces décrites; il pense qu’elle se rapproche de la girafe du Kordofan.
- Les microbes du tube digestif. — Les idées nouvelles qui se font jour sur le rôle des microbes de l’intestin relativement aux matières albuminoïdes, ont déterminé M. Metchnikof à entreprendre d’isoler les divers microbes du tube digestif et d’étudier les propriétés de chacun. Les plus nombreux de ces microbes sont : le bacillus perfungens de Welch, le bacillus nitrificus de Bienstock et le bacillus sporogenes de Klein. Le premier seul est pathogène, mais tous élaborent des toxines qui sont actives et nocives. Les cultures mélangées et filtrées, puis injectées dans les veines sont plus toxiques que les cultures isolées.
- Mutation par la culture. — M. lieckel signale un cas remarquable de mutation — c’est-à-dire de changement subit et permanent obtenu sur un végétal — au moyen de la culture. Le solanum maglia est un végétal dont les racines portent de très petits tubercules séparés par de longues distances. Ces tubercules ne sont pas comestibles. Non seulement ils sont amers, mais ils sont toxiques. En cultivant ce végétal dans une terre ayant reçu une fumure appropriée, il se transforme en une plante qui porte des tubercules beaucoup plus gros, analogues à la pomme de terre, tout à fait comestible. La mutation est importante au point de vue de la question de l’origine de la pomme de terre. Celle-ci passe, en effet, pour une importation d’Amérique, alors que le solanum maglia est très répandu. De plus, il faut encore remarquer que cette espèce sauvage ainsi modifiée est très résistante.
- Clt. DE VlLUîDEUIL.
- LA LUMIÈRE COLORÉE ET LES PLANTES
- C’est aujourd’hui une thèse courante qu’aucun organisme vivant n’est à lui seul responsable de ce qu’il est : ni sa forme, ni ses propriétés ne résultent de sa seule activité, mais elles s'expliquent par tout le concours des circonstances où se développa sa lignée et de celles où lui-même se con-
- stitua; en un mot, l’état où se trouve un être est la conséquence du conflit, de la réaction entre ses propres forces intérieures et les forces extérieures qui tendent à le modifier sans cesse, il est à la fois et par nature fonction de l’état immédiatement antérieur et du milieu dans lequel s’opère sa croissance.
- p.303 - vue 307/647
-
-
-
- 304^=:======: LA LUMIÈRE ET LES PLANTES
- L’un des grands buts de la biologie est .d’étudier ce milieu où se modèle la vie, d’y distinguer les divers types d’activité qui le composent, et de noter l’importance et la fonction propre de chacun. Parmi ces facteurs de l'évolution, les radiations lumineuses doivent jouer sans doute un rôle important et leur étude, qui n’est guère avancée d’ailleurs, donnera un jour des enseignements aussi profitables dans la théorie que dans la pratique. Les recherches suivantes, effectuées à la station de climatologie agricole de Juvisy par MM. Loisel et Flammarion, sont un simple exemple, une illustration, de ce qu’on peut chercher dans cette voie, mais elles n'apportent pas encore de résultats précis aux horticulteurs.
- À la station de climatologie agricole de Juvisy, M. Camille Flammarion poursuit, avec son préparateur M. Loi-sel, les recherches, commencées naguère avec l’aide de M. Georges Mathieu, dans le but d’étudier l’action qu’exercent les diverses radiations sur les plantes.
- Chaque année, il varie les sujets et après les sensitives, les bégonias, les laitues, les pensées, les fraisiers, il vient, cette fois, de faire pousser des chênes, des fougères et des haricots, dans quatre serres entièrement vitrées sur toutes leurs faces, l’une de verre transparent blanc, la seconde de verre rouge, la troisième de verre vert et la quatrième de verre bleu foncé. Les vitres, d’un monochromatisme presque parfait, avaient été préalablement examinées au spcctroscope et, vu l’impossibilité de rencontrer dans le commerce des verres violets, les expérimentateurs durent se contenter d’un bleu voisin.
- Ces quatre serres disposées l’une à côté de l’autre, dans des conditions météorologiques identiques, étaient aérées afin d’uniformiser la température.
- Les constatations effectuées avec les chênes, et les fougères confirmèrent, d’une façon générale, les résultats précédemment obtenus : à savoir que, sous l’influence des radiations rouges, les végétaux croissent avec une grande rapidité tandis que, dans la lumière bleue, ils ne subissent guère de changement. Ainsi les chênes, soumis à Faction des rayons rouges, acquirent une hauteur quatre fois plus grande que
- ceux poussés en lumière verte. Vers la fin de février 1907, les feuilles des chênes, semés le 6 mars précédent dans la serre blanche, avaient jauni complètement; quelques feuilles seulement des arbustes de la serre rouge possédaient cette teinte alors que ceux des serres verte et bleue avaient encore un feuillage d’un joli vert. En octobre 1907, les colorations respectives des Feuilles de chênes étaient demeurées les mêmes.
- D’autre part, MM. Flammarion et Loisel ont mis en évidence quelques faits nouveaux concernant le transport des albuminoïdes chez les A'égétaux. Ils semèrent des haricots dans des pots qu’ils laissèrent en plein air jusqu’à l’accomplissement de la fécondation. Puis ils les répartirent en nombre égal dans les diverses serres.
- Le même jour, ils prélevèrent des petites gousses qui mesuraient alors 2 cm de longueur environ et dont l’analyse fournit les chiffres suivants : Azote total, -4,5 pour 100 de matière sèche; azote albu-minoîdal, 0,276 pour 100 de matière sèche.
- Un second prélèvement effectué un mois après, lors du complet développement des donna les résultats ci-dessous :
- SERRE.
- Blanche. Bouge. Verte. Bleue.
- Azote total . . . . 5,11 6,06 6,52 6,82
- Azote albuminoïdal . 4,55 4,76 4,85 5,41
- Ces nombres permettent de conclure que, sous tous les verres colorés, la proportion d’azote augmente plus que sous le verre incolore et que cet accroissement s’élève d’autant plus que les radiations sont moins aptes à agir sur la fonction chlorophyllienne. En outre, la récolte fut normale dans les serres blanche et rouge (malgré l’étiolement des plantes dans cette dernière) et faible dans celles verte et bleue. Quoi qu’il en soit, ces intéressantes expériences que MM. Flammarion et Loisel poursuivent encore, fourniront sans doute, dans l’avenir, de très utiles renseignements pratiques.
- Jacques Boyer.
- Le Gérant : P. Masson.
- Bégonias ayant subi l'action de quatre lumières différentes.
- gousses,
- Paris. — Imprimerie Laiiure, rue de Fleurus, 9.
- p.304 - vue 308/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1847.
- 17 OCTOBRE 1908.
- LES NOUVELLES MESURES DE L’EMPIRE CHINOIS
- Parmi les réformes que le gouvernement du Céleste Empire poursuit avec un soin, une méthode, un souci du progrès et de l’évolution pacifique, dignes de lixer toute l’attention de l’Europe, celle des mesures n’est ni la moins importante ni la moins symptomatique.
- jusqu’ici, les mesures employées en Chine présentaient la plus étonnante diversité; il existait bien quelques unités
- impériales, sanctionnées par des lois, et par là même jouissant d’une certaine prépondérance; mais chaque province, chaque ville, possédait encore ses mesures particulières; et, dans une même ville, tailleurs, charpentiers ou arpenteurs se servaient d’unités différant entre elles de notables quantités.
- Or il y a exactement un an, un télégramme venu de Pékin annonça que l’Empereur avait, par un décret du 9 octobre, donné l’ordre à son Ministre du Commerce de préparer la réforme des poids et mesures ; et bientôt après, quelques-uns des représentants diplomatiques de la Chine en Europe et en Amérique
- recevaient les instructions nécessaires à la poursuite d’une enquête sur les divers systèmes de mesures, alin de permettre au gouvernement de s’en inspirer en vue de la transformation projetée.
- Un événement d’une telle importance ne pouvait laisser indifférents les cercles les plus intéressés à cette réforme, d’une portée très considérable pour toute la suite du développement du commerce extérieur de la Chine ; et c’est pleinement conscients de cette idée, que cent commerçants anglais adressaient, dans le courant de l’hiver dernier, une pétition au 36e année. — 2e semestre.
- Ministre de Chine à Londres, pour attirer son attention sur les avantages que retirerait son pays s’il mettait ses mesures en harmonie avec celles de la nation avec laquelle il entretient les relations les plus abondantes. Le système britannique avait, en outre, une avance sur tous les autres, par le fait que les douanes chinoises ont été confiées, comme on sait, depuis un demi-siècle, à des fonctionnaires
- britanniques, qui
- Tableau des mesures de longueur de l’Empire chinois et de leurs équivalents métriques (D’après le Bulletin du Ministère du Commerce de Chine.)
- chargé de s’enquérir, auprès
- devaient tout naturellement servir d’intermédiaire à son acclimatation.
- Mais d’autres influences avaient devancé celle de la pétition. Des conseils amicaux, favorables au système métrique, avaient été présentés au gouvernement chinois, qui, au surplus, avait envisagé dès le début la possibilité lointaine de son adoption, facilitée par le fait que les systèmes chinois, pour divers qu’ils fussent, étaient déjà, comme la plupart de ceux de l’Orient, fondés en grande partie sur la division décimale. Et, pour préparer de longue main cette réforme, Son Excellence Liou She Shun, Ministre de Chine à Paris, avait été du Bureau international des Poids et Mesures, des conditions auxquelles la Chine pourrait être mise en possession d’étalons métriques.
- Des instruments de mesure furent ainsi envoyés à Pékin au commencement de cette année, accompagnés de rapports et d’instructions que le gouvernement chinois fit publier dans le Bulletin du Ministère du Commerce ; enfin, il y a peu de jours, le projet de loi soumis à la Commission des Réformes, et devenu peut-être, à l’heure actuelle, * 20. — 305
- p.305 - vue 309/647
-
-
-
- 306 ~- = LES NOUVELLES MESURES DE L’EMPIRE CHINOIS
- le texte même de la loi nouvelle, est parvenu en Europe.
- Nous devons la communication de cet important document, ainsi que de sa traduction, à la grande amabilité de M. Tsai-Fou Tang, secrétaire de la Légation de Chine à Paris. La ligure ci-jointe est le lac-similé de la page relative aux unités de longueur, conformément au tableau que l’on trouvera plus loin.
- La première colonne à droite est le titre du tableau; les quatre suivantes correspondent à ses quatre premières lignes ; la sixième est le titre du Journal officiel, porté dans le pli extérieur du papier. Les quatre dernières enlin, achèvent le tableau des mesures de longueur.
- Le contenu du document est intéressant à plus d’un titre. Le gouvernement chinois, conscient des difficultés d’une réforme radicale dans un empire aussi prodigieusement grand et divers, a voulu procéder avec une sage prudence. Il a donc renoncé, pour le moment, à abandonner complètement les anciennes mesures pour leur en substituer de nouvelles, et il s’est donné pour première tache d’unifier et de régulariser le système actuel, en lui apportant seulement les modifications indispensables, combinées de manière à faciliter la réforme future. Or le sens dans lequel cette réforme devra se produire ressort avec une certitude à peu près complète des deux éléments suivants de l’imilication actuelle :
- 1° Les unités du système chinois sont exprimées par leurs rapports numériques aux unités métriques de même espèce, de telle sorte qu’en fait, les étalons métriques deviennent les étalons fondamentaux des mesures chinoises ;
- 2° L’unité de longueur est prise, par définition, exactement égale â 32 centimètres.
- Ces deux éléments de la réforme donneront une satisfaction très vive aux partisans du système métrique, et une petite désillusion aux signataires de la pétition ci-dessus mentionnée.
- : Voici la teneur complète du document dont une partie a été reproduite plus haut, dans sa forme authentique.
- L’original ne contient que les indications portées dans les colonnes 1 et 3 ci-dessous; les autres indications sont données pour faciliter l’intelligence du tableau.
- Mesures Unifiées de l’Empire chinois avec leurs équivalents métriques.
- LONGUEURS
- Hao ..... . 0,0001 ............... 0,n,000032
- Lî..............0,001............. 0»,00032
- Fun ............0,01.................. 0“,0032
- Tchen .... 0,1............ . üm,032
- Tchi....(unité;................... 0“,32
- Pou . 5 tchis......... lm,60
- Tchan ...... 10 tchis........ 3‘“,20
- Li.............. 300 pous . ... 576m,00
- SUPERFICIES
- Hao. . . . 0,001. . . 0“,006144 = 0 tchis2
- Lî . ... 0,01 . . . 0»,06144 = 60 tchis2
- Fun. . . . 0,1. . . 0a,6144 6 tchans2
- Mo .' . . . (unité) . . 6% 144 En outre 1 . . . 0\025Ü 240 UAl’ACITÉS = 00 tchans2
- Pou carré . = 25 tchis2
- Tsô . . . . . . 0,001 . . 0‘,0103
- Ko. . . . . . . 0,01 . . 0l,1035
- Cheng . . . . . 0,1 . . 1 ‘,0355
- To. . . . . . . (unité) .... . . 10‘,355
- Ho. . . . . . . 5 tos . . 51',7734
- Chi . • • . . . 10 tos MASSES . . 103‘,55
- Hao . . . . . 0,0001 0",0037301
- Li. . • • . . 0,001 0e,037301
- Fini . . . . . 0,01 0»,37301
- Tsien. . . . . 0,1 5», 7301
- Lian. . . . . (unité) 37e,301
- King. . . . . 16 lians 5966,810
- Les rapports entre les mesures de même nature étant en majorité décimaux, le même facteur de réduction s’appliquera invariablement à la transformation aux unités métriques du même ordre de grandeur. Ce facteur est particulièrement simple pour les mesures de longueur; et, si l’on veut adopter pour certains usages la division binaire du Tchi, on arrivera directement au centimètre.
- Le sort de la deuxième étape des réformes paraît peu douteux. Dans un avenir peut-être proche, les équivalents numériques inscrits dans la loi serviront à effectuer le passage aux unités métriques. Pour les longueurs, la transformation sera immédiate; pour les capacités, une tendance très naturelle ramènera au litre sans la moindre résistance ; pour les masses enfin, la division par le facteur 6, usuel en même temps que 10 dans tout l’Orient, conduira si près de l’hectogramme que l’écart rentrera dans les tolérances ordinaires.
- L’adoption du nouveau système représente un progrès certain par rapport aux mesures anciennes de l’Empire chinois; pour chaque espèce d’unités, l’ordonnance est déjà presque aussi parfaite que dans le système métrique, et il ne manque plus que la cohésion si précieuse des unités des diverses grandeurs. Mais le recul n’est plus possible; la question ne se posera plus du choix entre le système métrique et un autre de ceux qui existent encore à la surface du globe. C’est vers le premier qu’un pas décisif a été fait, le reste n’est plus qu’une affaire de temps.
- On peut donc enregistrer dès maintenant, pour le système métrique, un triomphe de plus; des statistiques tendancieuses comptaient déjà les 430 millions d’êtres humains qui constituent FEmpire chinois comme gagnés au système britannique. C’est bientôt à la statistique opposée qu’ils apporteront leur foiv midable appoint. Ch.-Ed. Guillaume.
- p.306 - vue 310/647
-
-
-
- AURORE
- Après celle décrite dans le ii° 1821 du 18 avril 1908, et tout récemment le 1 i septembre, une très remarquable aurore boréale a été encore observée le 29 septembre au soir. Nous avons été plusieurs ibis témoins de ce magnifique phénomène.
- Dès la nuit venue, le ciel au Nord s’illuminait d’une très vaste clarté, indéfinissable dans ses limites; point d’arc lumineux à l’horizon, le ciel paraissant illuminé simplement comme il l’est avant le lever de la Lune. Mais sur ce fond jaunâtre, d’assez vifs l'ayons jaillirent vers 8h 50, de part et d’autre du Nord magnétique, et, légèrement inclinés, ils semblaient converger vers un point qui eût été dans cette direction, mais très au-dessous de l’horizon. Avec de grandes alternatives d’éclat, ces rayons ont persisté jusqu’à 10 heures. Aucune palpitation n’était perceptible, les variations avaient toujours une assez longue durée pour chacun des aspects et les changements dans ceux-ci provenaient, non d’un mouvement de translation des régions lumineuses, mais de leurs extinctions et réap-
- BORÉALE
- paillions plus ou moins voisines. Cependant certains rayons, atteignant jusqu’à 25° de hauteur, avaient une prédilection à se reformer au même emplacement, à l’Ouest de la queue de la Grande Ourse.
- En connexion avec ce beau phénomène, une perturbation magnétique importante a été enregistrée. M. Th. Moureaux, directeur de l’observatoire du parc Saint-Maur, a bien voulu nous en communiquer les éléments. Cette grande perturbation a débuté le 29 septembre à 1 10 du matin et a pris de suite une forte intensité; la déclinaison qui avait augmenté de 45' entre 4 heures et 51' 50 a diminué rapidement de 55' entre 5h50 et C"50. Puis une seconde phase d'agitation très forte s’est produite dans l’après-midi de 2 heures à 7 heures, c’est-à-dire peu de temps avant le début visible de l’aurore boréale et toute la nuit du 29 au 50, quoique déjà un peu affaiblies, les variations du champ magnétique terrestre ont été encore très vives et soutenues; la perturbation a persisté pendant toute la journée du 50. Lucien Rudaux.
- USINE HYDROÉLECTRIQUE DE TUILIÈRES
- Dans quelques mois, la plus importante usine fait frémir, ont été fortement ancrées sur le rocher,
- hydroélectrique de France, celle de Tuilières, sera Elles supportent un tablier sur lequel est installé
- en mesure de distribuer du courant dans un rayon de plus de 100 km, à la tension^encore peu connue en France, de 55 000 volts. Cette magnifique usine a été établie directement sur la Dordogne, à 16 km en amont de Bergerac, au débouché du canal latéral à la Dordogne, de Monzac à Tuilières. La rivière a été barrée au moyen d’un ouvrage d’art d’une hardiesse inouïe. Neuf piles de 54 mètres de hauteur au-dessus de l’eau et d’une légèreté qui
- le système de manœuvre et d'équilibrage, des vannes : celles-ci sont constituées par des caissons à double paroi glissant, ou mieux roulant verticalement, sur des galets. Les photographies montrent ces vannes complètement relevées. Une pile, pour laquelle on a éprouvé de certaines difficultés par par suite d’une poche de glaise dans la roche, émerge de l’eau et sera bientôt terminée.
- L’eau, retenue par le barrage, passe d’abord par
- p.307 - vue 311/647
-
-
-
- 308 _________ US]NE HYDROÉLECTRIQUE DE TU1L1ÈRES
- une première grille, dépose ses boues dans un vaste bassin, traverse une seconde grille plus serrée et alimente les turbines. Celles-ci, au nombre de 9, ont une puissance chacune de 2700 chevaux, sous 9 mètres de chute. Elles sont à axe vertical portant
- tension de 55 000 volts au moyen de transformateurs et canalisée dans deux directions, bordeaux
- d’un côté à 100 km et Périgueux et Angoulême de l’autre, respectivement à 45 et 120 km. Les lignes sont supportées par des pylônes métalliques de 11 à
- dans son prolongement les alternateurs qui, vu leurs dimensions, ont dû être complètement construits sur place par la Compagnie française Thomson-Houston.
- L’usine hydraulique est complétée par une usine à vapeur de 6000 kilowatts de turbines Curlis et alternateurs Thomson-Houston, destinée à fournir la puissance nécessaire au moment des heures les plus chargées, et à seconder l’usine hydrau-
- 12 m. de hauteur : l’un des conducteurs repose sur un isolateur situé à la partie supérieure du pylône, les deux autres sont des isolateurs fixés sur une traverse horizontale, formant avec le premier un triangle équilatéral de 1,75 m. de côté.
- Nous donnerons plus de détail dans quelque temps sur cette installation eyelopéenne qui appartient à la Société l’Énergie Electrique du Sud-Ouest, mais nous n’avons pas voulu attendre l’inaugura-
- lique pendant les crues de la Dordogne. Deux groupes de chaudières munies de chargeurs automatiques de charbon, d’économiseurs Green et de sur-chauffeurs, peuvent produire chacun 50 000 kg de vapeur à l’heure.
- L’énergie électrique ainsi produite est élevée à la
- tion qui ne saurait larder maintenant, pour donner à nos lecteurs une idée d’ensemble de cette conception hardie qui est appelée à modifier considérablement les conditions vitales du Sud-Ouest de la France, dépourvu jusqu’ici de grandes distributions d’énergie. Gaston Roux.
- p.308 - vue 312/647
-
-
-
- 309
- LA FECONDATION DES ORCHIDÉES
- Dans un précédent article1, nous avons traité de la fécondation des plantes par les insectes, d’une façon générale. La vaste famille des Orchidées est celle qui offre, sons ce rapport, les adaptations les plus curieuses, aussi croyons-nous devoir lui consacrer une étude spéciale.
- La conformation et la situation relative des organes, dans la Heur des Orchidées, rendent la fécondation impossible, chez la grande majorité des espèces, sans le secours des insectes. A défaut de cette intervention, dans la nature, ou de la fécondation artificielle, dans nos serres, les plantes ne produiraient pas de graines.
- Ainsi, la Vanille, transplantée du Mexique, son pays d’origine, à la Réunion, exige là, pour fructifier, la main de l’homme, l’insecte fécondateur n’ayant pas été introduit, en même temps que la plante, dans notre colonie. Ce fut Morren qui, en 1857, démontra que la fécondation de la Vanille pouvait être produite par un procédé artificiel,
- Fig. 5
- Fig. 1. Disposition des diverses parties de la fleur d’une Orchidée (Orchis pyra-midalis). Détail : A, Fleur vue de côté : les sépales et'pétales sont enlevés, le labellc est fendu en deux dans le sens de sa longueur, l’une des parois de la partie supérieure du nectaire est coupée; B, Fleur vue de lace : sépales et pétales enlevés sauf le labelle ; a, anthère ; xs, stigmates ; r, roslelluin ; /, labclle ; n, nectaire ; C, Les deux pollinies, attachées au disque visqueux en forme de selle ; D, Inflexion des pollinies due au premier mouvement du disque. — Fig. 2. Tête et. trompe d’un Acontia luclnosa, avec sept paires de pollinies à'Orchis pijramidalis attachées à la trompe. — Fig. 3. a, Masse pollinique d’Orchis mascula, venant, d’être attachée au crayon ; b, la même après l’abaissement.. Mg. 4. Orchis pyramidaUs. — Fig. 5. Caleana major B. Br. — Fig. (1. Cataselmn saccaturn. Détail : fia, vue latérale de la fleur; fiô, lace antérieure de la colonne; fie, pollinie, face inférieure; a, anthère; an, antennes, /, labclle; pd, pédicelle de la pollinie.
- encore en usage aujourd’hui. Pour pouvoir suivre le détail des rouages compliqués que la nature a mis en œuvre, pour arriver à son but, tel que l’a exposé
- Darwin dans son admirable livre1, il est indispensable que le lecteur connaisse la structure et la position des organes reproducteurs, dans la grande famille qui nous occupe.
- L’enveloppe florale des Orchidées se compose, normalement, de six pièces, disposées sur deux rangs : trois cxlé-rioures ou sépales, trois intérieures ou pétales. Le pétale médian, nommé labelle, diffère des deux autres par sa forme et sa dimension. 11 af-fectedes contours extrêmement variés et, dans certains genres, sa hase se creuse en sac ou éperon, qui atLeint parfois de très grandes dimensions et au fond duquel s’accumule le nectar. Quelquefois, il s’opère des soudures entre les pièces du pé-rianthe dont le nombre se trouve ainsi diminué en apparence (Cy~-pripedium). Le labelle sert, pour ainsi dire, de
- Fig.41
- mais un noir,
- nommé Edmond, avait déjà fait cette observation, en 1817, et la méthode2 qu’il avait indiquée est
- 1 Voy. n° 1814, du 29 février 1908.
- 2 De Lanessan. Les plantes utiles des colonies françaises, Paris, Imprimerie nationale, 1886, p. 67.
- débarcadère aux insectes qui viennent visiter la fleur, c’est sur lui qu’ils se posent.
- Le plus souvent, chez les Phanérogames, les éta-
- 1 Ch. Darwin. De la fécondation des Orchidées par les insectes, etc., traduction Rérolle. Paris, Reinwald, 1870.
- p.309 - vue 313/647
-
-
-
- = LA FÉCONDATION DES ORCHIDÉES
- 310
- mines, ou organes males, contenant la poussière fécondante (pollen), sont bien distinctes du pistil, organe femelle, ordinairement couronné par un appendice plus ou moins visqueux (stigmate), sur lequel doit tomber le pollen pour assurer la fécondation. L’organe femelle occupe habituellement le centre de la Heur, il surmonte l’ovaire, tandis que les étamines sont rangées tout autour. Chez les Orchidées, par suite de l’avortement de certaines pièces, l’organe mille est réduit à une seule étamine, soudée au stigmate; cette réunion de l'anthère et du stigmate, en colonne, ou gynostème, est un des principaux caractères des Orchidées. De plus, les grains de pollen, au lieu d’être libres, sont soudés entre eux, en petites masses granuleuses, réunies elles-mêmes entre elles par une matière gélatineuse, de façon que le contenu d’une même loge de l’anthère ne forme, lorsqu’il est mis en liberté, qu’une seule masse appelée pollinie; chaque pollinie se prolonge, à la hase de l’anthère, en un petit filet gélatineux (caudicule), qui vient s’attacher sur une petite partie du stigmate nommé rétinade. Si, avec la pointe d’une épingle, on enlève le rétinade, on entraîne, en même temps, l’ensemble des deux pollinies et c’est ce que fait l’insecte qui introduit sa trompe dans la fleur, pour y chercher le nectar accumulé dans l’éperon.
- Le rétinade joue un rôle de première importance dans la pollinalion. 11 est recouvert d’un repli, semblable à une poche, auquel on a donné le nom de bnrsiciile ; il fait saillie, à l’entrée du nectaire, si bien qu’il est presque impossible d’introduire un objet dans le canal sans le toucher. Or, ce bursicule se rompt au contact le plus léger et sa lèvre s’abaisse alors facilement, mettant ainsi en liberté deux petits disques visqueux sur lesquels sont attachés les cau-dicules. Telle est la viscosité de ces disques du réti-nacle, qu’ils adhèrent fortement à tout ce qu’ils touchent et cette matière visqueuse forme, au bout de quelques minutes, une masse aussi dure que du ciment. Aussi, lorsque l’insecte retire sa tête, il entraîne avec lui les pollinies et leurs disques basilaires visqueux, fortement attachés à son corps ou à sa trompe (fig. 1 et 2).
- Supposons maintenant que l’insecte, ainsi chargé, s’envole et se pose sur une autre ileur ; si la pollinie, avec son disque, restait sur la trompe dans la position verticale qu’elle occupe tout d’abord, on comprendra, à l’examen de la tigure 1, qu’elle serait tout simplement poussée, sur cette autre fleur, dans son ancienne place : l’une des loges de l’anthère. Mais, par un ingénieux mécanisme, le disque, petit et insignifiant, en apparence, est doué d’un pouvoir de concentration tel, que dans l’espace de trente secondes, en moyenne, la pollinie s’abaisse, en décrivant un arc d’environ 90° vers la pointe de la trompe, de sorte qu’après avoir accompli son trajet, d’une Heur à une autre, l’insecte présentera sa trompe, garnie de pollinies, de façon que le gros bout de la pollinie viendra frapper précisément la
- surface du stigmate. N’v a-t-il pas là une adaptation merveilleuse?
- Pour se rendre compte du phénomène, il suffit d’introduire la pointe d’un crayon dans la cavité 11 orale, ainsi qu’on peut le voir dans la figure 5.
- Comme le fait remarquer Darwin, il n’est aucune plante, peut-être même aucun animal, chez qui les organes soient mieux adaptés les uns aux autres et qui, dans son ensemble, soit plus en harmonie avec d’autres êtres organisés, très éloignés dans l’échelle de la nature, que les Orchidées. 11 résume ainsi les traits principaux de cette harmonie : le sépale et les deux pétales supérieurs forment un capuchon qui protège l’anthère et le stigmate contre les intempéries; le labelle est souvent muni de deux crêtes proéminentes, s’étalant au dehors comme l’ouverture d’un piège; ces crêtes sont destinées à guider la trompe de l’insecte, comme le petit instrument dont on se sert quelquefois pour enfiler une aiguille. Le nectar, logé au fond d’un long éperon, ne peut être aspiré qu’avec lenteur de façon que la matière visqueuse, formant la partie inférieure du disque contenu dans le rétinade, ait le temps de devenir dure, sèche et adhérente comme nous l’avons expliqué plus haut, et détermine ainsi ces mouvements précis des pollinies, leur permettant de venir frapper exactement les surfaces du stigmate.
- On peut suivre, dans l’exposé minutieux de l’illustre naturaliste anglais, les procédés, variés, suivant les espèces, à l’aide desquels sont obtenues les diverses inflexions des pollinies et on partage l’admiration qu’il éprouve : « Un poète, écrit-il, pourrait imaginer que les pollinies, dans leur voyage, d’une fleur à l’autre, sur le corps d’un papillon, prennent volontairement, et avec empressement, dans chaque espèce, l’attitude précise qui seule leur permettra de réaliser leur désir et de perpétuer leur race1. »
- Le plus grand nombre des espèces de nos Orchidées indigènes exigent absolument, pour fructifier, le concours des insectes. Celles à très longs nectaires sont habituellement fécondées par des papillons, tandis que celles à courts nectaires, le sont par des abeilles ou par des mouches. Darwin a compté 24 espèces de papillons, dont il donne les noms, qui portaient attachées à leur trompe, des pollinies appartenant à YOrchis pyramidalis, l’une de nos plus jolies espèces indigènes, calciphile, à fleurs très odorantes (fig. 4).
- Outre les Orchidées indigènes, à sa portée, Darwin a étudié les modés de fertilisation de plusieurs espèces appartenant à 45 genres exotiques. La diversité des combinaisons réalisées, presque toujours en vue du croisement entre fleurs distinctes, semble inépuisable.
- Quelques espèces présentent les particularités les plus étranges. Dans le Masdevallia fenestrata (fig. 8) les trois sépales sont toujours réunis et ne s’ouvrent jamais. Deux fenêtres, petites, ovales et latérales,
- 1 Ch. Darwin. Loc. cil., p. 92.
- p.310 - vue 314/647
-
-
-
- LA FÉCONDATION DES ORCHIDÉES
- 311
- Fig. 7.
- Angræeum sosqaipedale.
- p.311 - vue 315/647
-
-
-
- 312 .._ : -.~ LA FÉCONDATION DES ORCHIDÉES
- situées dans le haut de la lleur et opposées l’iine à l’autre, donnent seules accès dans cette lleur; la présence de ces deux petites fenêtres montre bien à quel point il est important que les insectes puissent y pénétrer.
- Dans le genre Caleana, d’Australie, le labelle est très irritable : lorsqu’un insecte s’y pose, il s’abat brusquement contre la colonne, enfermant sa proie, comme dans une boîte (üg. 5).
- L'Angræcuni sesc/uipedale est une des Orchidées les plus frappantes qui aient excité l’admiration des voyageurs à Madagascar. Ses grandes Heurs, à six rayons, ressemblent à des étoiles formées d’une cire blanche comme la neige. Un nectaire vert, semblable à un fouet, et d’une longueur surprenante (0,275 mm), contient à son extrémité, un très doux nectar; il faut donc, pour l’atteindre, que certains papillons, à Madagascar, aient une trompe d’une longueur exceptionnelle. Les pollinies ne sont enlevées que lorsque ce gros papillon a essayé d’aspirer à l’aide de cette trompe majuscule la dernière goutte de nectar, et si cette espèce de papillons venait à s’éteindre à Madagascar, il en serait de même de YAngræ-cum (fîg. 7).
- La fleur du Catase-tum saccatum (ûg. 6) offre l’aspect le plus étrange. Une couleur sombre et cuivrée, avec des taches orangées; une ouverture béante dans un grand labelle bordé de franges, deux cornes ou antennes, dont l’une est simplement pendante et l’autre déjetée en dehors, tels sont les traits qui impriment à cette fleur bizarre un cachet sinistre, « reptilien ».
- Le rôle de ces antennes est tout à fait curieux : par un mécanisme spécial, l’excitation produite sur elles par le contact de l’insecte, détermine l’expulsion violente de la pollinie qui se trouve lancée en avant, avec élasticité. Quelques personnes ayant touché des fleurs de Catasetum, dans leurs serres, auraient été frappées au visage par les pollinies. « L’utilité d’une expulsion aussi violente serait d’appliquer le coussin doux et gluant du disque sur
- le thorax velu de quelque gros hyménoplère ou sur le dos sculpté d’un scarabée cherchant sa nourriture sur les fleurs L »
- Les Catasetum, presque seuls dans l’immense famille des Orchidées, nous montrent des formes où les sexes sont séparés et ces formes sont si diflé-rentes dans une même espèce, qu’elles ont été décrites et figurées séparément comme des plantes distinctes : les fleurs môles sous le nom générique de Catasetum, les fleurs femelles, sous celui de Monacanthus et enfin les fleurs hermaphrodites sous le nom de Myanthus. Schomburgh a, le premier, observé les trois sortes de fleurs sur la même plante2.
- De pareilles adaptations semblent fantastiques à qui ne les a pas constatées par soi-même. Nous voyons une fleur attendre patiemment, ses antennes tendues en avant, dans une position bien calculée, signal, dès qu’un insecte inti'o-duira sa tête dans la cavité du labelle, et, comme pour rendre plus évident le but poursuivi, le Monacanthus, qui est la forme, femelle, n’ayant point de
- pollinies à lancer, est dépourvu d’antennes. Dans les formes môle et hermaphrodite, les pollinies sont repliées sur elles-mêmes, comme des ressorts, prêtes à être lancées, instantanément, dès (jue les antennes auront été touchées.
- Nous avons dit, plus haut, que, dans nos serres, la Vanille ( Va-nilla plani folia) (lîg. 9) doit être fécondée artificiellement. Cette opération est assez délicate : on n’a pas des semaines entières à sa disposition, comme pour la majeure partie des Orchidées. Ici, les fleurs, éphémères, ne durent que quelques heures et si le moment est manqué on ne peut plus s’y reprendre. Il faut saisir l’instant, très court chez la Vanille, où les organes sont disposés à la fécondation \
- L’un des genres les plus connus, les plus populaires est le Sabot de Vénus (Cypripedium Cal-ceolus), cette perle de nos Alpes et de nos Pyrénées françaises (fig. 10). Le genre Cypripedium diffère de tous les autres genres de la famille, plus que deux
- 1 Cn. Dauwih. Loc. cil., p. 223.
- 2 Voy. D. Bois. Les Orchidées. Manuel de l’amateur, Paris, Baillière, 1893, p. 108.
- 5 Voy. Comte du Büvsson. lu Journal VOrchidopkile, 1884, p. 230.
- p.312 - vue 316/647
-
-
-
- LA FÉCONDATION DES ORCHIDÉES
- —~ 313
- Orchidées quelconques ne diffèrent l’une de l’autre. Il semble, dit Darwin, que cet unique représentant actuel de la tribu des Cypripédiées, aujourd’hui très disséminée, ait survécu comme un souvenir d’un étal primitif et plus simple de la grande famille des Orchidées.
- —'"J Les Cypripedium n’ont pas de rélinacle; cet organe n’étant que l’un des trois stigmates normaux transformé, on les trouve ici tous les trois, mais soudés ensemble. Par contre, la seule anthère qui soit parfaite chez toutes les autres Orchidées est ici rudimentaire et représentée par une singulière proéminence en forme de bouclier. Il y a deux anthères fertiles, qui font partie d’un verticille plus intérieur et que divers rudiments représentent chez les Orchidées ordinaires. Le labelle replié par les bords, imite assez bien un sabot, ce qui a valu au genre le nom de Cypripedium.
- Le mode de fertilisation de notre Sabot de Vénus, dans la nature, a été observé et décrit par H. Müller, de Lippstadt1 et reconnu conforme à celui décrit par Darwin : la pollination s’efleclue par deux espèces d’abeilles, du genre Andrena. Les insectes pénètrent dans le « sabot », mais le plissement des bords les empêche d’en sortir autrement qu’en remontant le long de la colonne, jusqu’aux petits orifices situés près des anthères qu’ils frôlent ainsi forcément dans leurs parcours.
- Même après les mécanismes que nous venons de décrire, le
- 1 H. Müller. Verhandlung d. Nat. Verein. Jahr. XXV, lit, Folgc V. li. d., p. 1.
- Fig. 9.
- Vanilta plainfolia.
- p.313 - vue 317/647
-
-
-
- 314
- LA FECONDATION DES ORCHIDEES
- procédé auquel le Coryanlhes macrantha doit sa pollination va nous paraître plus étonnant encore (fig. 41).
- Le labelle de cette Orchidée est creusé en un grand godet, dans lequel des gouttes d’une eau presque pure, sécrétée par deux cornets situés au-dessus, tombent continuellement; quand le godet est à demi plein, une gouttière permet à cette eau de s’écouler d’un côté. La base du labelle est située au-dessus du godet et se creuse elle-même en une sorte de chambre dans laquelle donnent accès deux ouvertures latérales. Des essaims de grosses abeilles viennent visiter les gigantesques Heurs du Coryan-thes, non pour en aspirer le nectar, mais pour ronger les éminences charnues placées au-dessus- du godet. Les abeilles, dans leur hâte, se font tomber l’une l’autre dans le liquide contenu dans le godet; alors leurs ailes, mouillées, ne leur permettant plus de s’envoler, elles sont forcées de sortir par la gouttière qui sert de trop-plein. Le D1 Crùger voyait une « procession continuelle » d’abeilles sortant ainsi de ce bain forcé. Le passage est étroit, et la colonne en ferme la voûte, de sorte qu’une abeille, en s’y frayant un chemin, frotte le dessus de son corps, d’abord contre la surface visqueuse du stigmate, puis contre les glandes visqueuses des masses polliniques qu’elle emporte, attachée à elle, en sortant du bain. Quand l’abeille, ainsi chargée, vole à une autre Heur, quelle tombe dans le godet, poussée par ses compagnes, puis sort par la gouttière, la masse pollinique touche nécessairement d’ahord le stigmate, s’attache à lui et le féconde. On comprend maintenant l’usage des différentes parties de la Heur : les cornets sécrètent un liquide qui s’amasse dans le godet, empêche les abeilles de s’envoler et les force à sortir par la gouttière, et là, elles frottent, en passant, les masses polliniques, visqueuses, et le stigmate visqueux convenablement placés sur leur trajet1.
- A défaut de nos propres observations, seule l’autorité d'un observateur véridique comme Darwin peut nous détourner de la pensée que nous sommes ici dans le domaine de la haute fantaisie.
- Telles sont, à grands traits, les combinaisons géniales que la sélection naturelle a réalisées chez les Orchidées. Elles semblent bien converger vers un but déterminé : la fécondation croisée et justifier la conclusion de l’illustre naturaliste anglais, que : « la nature a horreur de la fécondation de soi
- par soi, perpétuelle;........ conformément
- à la croyance générale des éleveurs de nos races domestiques, les alliances entre parents ont quelque chose de nuisible et quelque grand avantage inconnu résulte de l’union, entre individus séparés, pendant de nombreuses générations. »
- Émile Gadeceau.
- 1 Cn. Darwin. Loc. citp. 265.
- Fig. 10.
- Cypripedium Calceolus.
- p.314 - vue 318/647
-
-
-
- Fig. 11.
- Coryanthes macrantha.
- p.315 - vue 319/647
-
-
-
- 316
- LA FABRICATION DES VIOLONS
- 11 y a, au sujet du violon, une querelle des anciens et des modernes, ceux-ci défendant la lutherie actuelle, ceux-là soutenant que rien ne peut approcher la pureté de son des instruments dus à l’école italienne, ou à l’école allemande, et vieux do trois siècles. Pour trancher la question, une Revue spéciale, le Monde Musical, organise en ce moment une épreuve au cours de laquelle des violons anciens seront joués comparativement avec des violons modernes ayant de 10 à 25 ans de facture. Ainsi espère-t-on vérifier si l’écart de prix considérable qui existe entre un Stradivarius, un Amali, par exemple, et tel violon moderne de l’école française, est justifié par la différence de qualité1.
- 11 ne nous appartient pas d’entrer dans le débat, mais nous avons cru intéressant d’examiner à ce propros la fabrication des instruments à cordes, fabrication qui est plutôt un art qu’une industrie, et dont les procédés doivent plus à la tradition, peut-être, qu’à l’initiative. D’ailleurs, il se vend en France environ 50 000 violons par an (chiffre énorme si l'on songe que les violons, loin de s’user, s’améliorent, au contraire, en vieillissant...); il est donc permis de penser que la question est d’ordre général.
- Un violon comprend : la table (en L, fig. 2), ou plate-forme supérieure de l’instrument; le fond opposé à la table; le manche, avec sà tête, ou volute (K, fig. 2) ; les éclisses, qui forment les côtés de la boîte sonore (I, fig. i); Y âme, petite pièce de bois qui réunit la table au fond; le chevalet, sur lequel reposent les cordes, tendues au moyen des chevilles; la louche, contre laquelle les doigts de la main gauche appuient la corde pour ne laisser vibrer que la longueur voulue; le cordier, qui réunit les cordes à leur base, et le boulon où s’attache le cordier.
- Depuis les grands maîtres de l’école italienne jusqu’à nos jours, la nature des bois employés n’a pas varié : le manche, la tête, les éclisses et le chevalet se font en érable ; la table et l’âme, en sapin
- 1 11 n’est pas rare qu’un amateur demie jusqu’à 60000 francs d’un violon ancien authentique, ou supposé tel.
- épicéa; les chevilles, la touche, le cordier et le bouton sont en ébène. Cependant, certains luthiers font parfois les chevilles en palissandre. Le choix des bois, surtout de ceux destinés à la confection de la table, a une très grande importance. 11 faut que leur étal-de siccilé soit absolu, par conséquent, qu’on les ail laissés longtemps vieillir. Nous avons vu des approvisionnements d’érables et d’épicéas ayant plus de quinze années de chantier.
- Dès le début, nous voyons donc se manifester 1’influence de l’âge, du temps, qui plus tard augmenteront encore la valeur marchande du violon, proportionnellement aux années. Le grain du bois
- a aussi son importance : les tables les plus recherchées sont celles dont les fibres sont fines, régulières, et à écartement parallèle. Quant au fond, il se fait généralement en deux pièces, jointes à la colle, el dont l’opposition de sens' fait miroiter sous le verni les ondes des bois. Disons enfin, que si la préférence des maîtres anciens s’est portée sur l’érable, c’est parce-que cette essence est à la fois très résistante et très légère.
- Voilà les matériaux rassemblés ; maintenant commence une mise en œuvre délicate et patiente.
- L’ouvrier ébauche d’abord, puis creuse à la gouge la face intérieure des plateaux de bois; il termine son travail avec un minuscule rabot et vérifie, avant l’assemblage des pièces, la régularité des épaisseurs, au moyen d’un compas spécial. Il découpe le bois, d’un canil dont il se servira encore pour incruster sur la table et le fond les 2 filets d’ébène qui, avec les gorges, donnent au violon un aspect de légèreté, d’élégance vraiment remarquable. Enfin, il pratique les ouvertures, qui sont les ouïes de l’instrument, et qu’on appelle, à cause de leur forme, des jf. Cette opération ne laisse rien à l’arbitraire, car la place de ces ff, leur longueur et leur largeur ont une influence réelle sur la valeur musicale de l’instrument. On le voit, la table et le fond qui jouent le rôle principal dans la transmission du son doivent recevoir les soins les plus minutieux de l’ouvrier luthier.
- L’agencement de la barre d'harmonie n’est pas,
- "fi - K . ? * «K
- p.316 - vue 320/647
-
-
-
- LA FABRICATION DES VIOLONS
- non plus, indiilêrenle. C’est une sorte d’arrêté (L, fig. 2) qui consolide intérieurement la laide, et dont les dimensions et la position peuvent agir également sur les qualités vibratoires.
- Ces travaux préparatoires terminés, le violon se monte au moyen de moules, ou gabarits. Selon les copies que l’on veut obtenir : Stradivarius, Guarnerius, Amati..., on comprend que les gabarits puissent avoir des formes différentes. Toutefois, l’aspect général change peu, et le procédé d’assemblage reste le même. On colle d’abord les tasseaux destinés à réunir les éclisses, qui sont au nombre de G : deux concaves latérales, pour donner passage à l’archet; deux convexes en liant, cl deux autres convexes en bas. On en entoure le moule (1, fig. 1), en s’appliquant à ce que les tasseaux placés à l’endroit, destinés à recevoir le manche, et ceux placés au bas du violon où vient se fixer le cordier, soient particulièrement résistants. Ces derniers, en elfet, doivent supporter le poids de la tension des cordes, soit une centaine de kilogrammes. Lorsque les tasseaux et les éclisses adhèrent solidement les uns aux autres, on y ajoute le fond.
- On remarque (0, fig. 2) les contre-éclisses, ou petites bandelettes de sapin placées entre les tasseaux et les coins, et dont le rôle est d’augmenter sur le fond et la table la surface d’assemblage. On enlève ensuite le moule, et l’on fixe la table; le coffre du violon est formé.
- 11 reste à ajouter le manche, dont la volute a été sculptée auparavant : la fabrication de la volute est une opération essentiellement à part, et relevant plutôt de la sculpture que de la lutherie. C’est ainsi que le parent d’un grand luthier, Lupot, fut un sculpteur très distingué, dont les christs ont, aujourd’hui encore, une grande valeur. Lorsque la volute est terminée, le manche est préparé pour être ajusté avec le coffre du violon, qui est alors pour ainsi dire achevé : il ne reste plus qu’à le vernir. Le vernissage se fait à l’huile. Il est considéré comme une des opérations les plus difficiles et les plus
- 317
- délicates. La préoccupation constante des luthiers est d’appliquer sur les violons un verni tout à la fois résistant, léger et transparent. Certaines couleurs s’allient mieux à l’onde du bois; mais dans cet ordre d’idées, on peut dire que chaque mailre-lulhier a sa préférence, son tour de main bien personnel. Un violon reçoit ainsi en moyenne 10 à 12 couches de verni.
- Enfin, on le monte de ses cordes au moment de le livrer à l’exécutant; les cordes sont au nombre de 4 : le mi, ou chanterelle, qu’on fait en hoyau, en acier, ou en soie; la deuxième, ou la, et la troisième, ou ré, pour lesquelles on utilise seulement le boyau; et la quatrième, ou sol, qu’on fait en boyau filé, c’est-à-dire entouré d’un mince fil d’argent.
- Telles sont, dans les grandes lignes, les différentes
- phases de la fabrication d’un violon; les altos, les violoncelles, les contrebasses s’établissent, toutes proportions gardées, dans des conditions analogues. Toutefois, il convient de répéter en terminant, que malgré des procédés apparemment identiques, les résultats sont variés à l’infini, l’habileté de l’ouvrier demeurant un facteur de grande importance.
- En définitive, il y a le violon commercial, et il y a le violon artistique : c’est le talent du luthier qui fait les différences. Et cela est si vrai, que M. Àcoulon, le directeur de la maison Jérôme Thibouville-Lamy et Cie, qui nous a documenté le plus aimablement du monde, nous citait l’exemple de violons très bon marché, pour lesquels une réparation anodine eût coûté deux ou trois fois le prix de l’instrument neuf : Industrie.... —lutherie.... Cela est si vrai, encore, que, d’une toute petite pièce, qui semble insignifiante, l’âme, dépend souvent la qualité d’un violon, et que, selon que ce méchant bout de bois aura été bien ou mal logé entre la table et le fond, l’ouvrier aura produit tout juste un crincrin acide et pleurnicheur, ou ce prodige d’expression que les musiciens ont appelé : le roi de l’orchestre. Jacques Larmaxjat.
- p.317 - vue 321/647
-
-
-
- LE NOUVEAU CODEX
- Une nouvelle édition du Codex medicamenlarius Gallicus vient de paraître. Elaboré par une commission composée de médecins, pharmaciens, vétérinaires, chimistes, voire môme de fonctionnaires étrangers à la pratique de la médecine et de la pharmacie, paraphé des signatures du Président de la République et de trois de nos ministres, ce recueil est le document légal. Toutes les préparations officinales doivent être, à dater du 15 septembre dernier, conformes aux données du Codex. Peut-être le délai accordé aux pharmaciens pour se mettre en règle avec les modifications introduites dans cette nouvelle édition est-il un peu court; entre le moment de la publication et le terme de rigueur, il ne s’est écoulé que cinq ou six semaines. Je pense qu’on ne leur imposera pas l’obligation de jeter à la rue les réserves de teintures, de sirops, qu’ils avaient en magasin et qui sont préparés d’après les anciennes formules.
- Légalement, tout remède qui ne figure pas dans le Codex est réputé remède secret, à moins que, suivant les dispositions du décret du 50 mai 1850, il n’ait été reconnu par l’Académie de médecine et inscrit à son Bulletin. 11 est difficile, à notre époque, d’accorder la loi avec les exigences de la thérapeutique moderne et pour qu’il n’v ait nulle infraction à cette législation, il faudrait que le Codex renouvelât ses éditions presque tous les ans, comme les almanachs.
- Le Codex (le mot signifie livre, tablettes) est un recueil de formules rédigées par des commissions spéciales où médecins et pharmaciens sont en majorité et qui doit servir de règle aux pharmaciens pour la préparation des médicaments. En France, toute teinture, tout sirop, toute pommade doit, prise dans n’importe quelle officine et sur n’importe quel point du territoire, être uniforme et cela est, je dois le dire, d’une façon à peu près constante. Mais il faudrait aller plus loin et uniformiser, par des accords internationaux, les divers formulaires des pays étrangers. C’est un vœu qui pourrait bien ne pas rester toujours platonique, puisque la rédaction du nouveau Codex s’est inspirée dans une très large mesure des desiderata de la conférence de Bruxelles.
- C’est en 1748 qu’un arrêt du Parlement de Paris arrêta les bases du Codex en prescrivant aux apothicaires de n’avoir à débiter que des médicaments inscrits dans ce recueil et ce sous peine d'amende. C’était la première fois que le législateur venait unifier les formules de la pharmacie et en rendre la pratique exécutoire sous une forme définie.
- Bien avant cette date il existait des recueils de formules. A l’époque où les apothicaires partageaient avec les épiciers, les estassonniers la vente des simples et des produits exotiques et plus tard les produits complexes de composition plus ou moins bizarre, chacun faisait à sa guise et empruntait aux vieux auteurs, des formules qu’on se transmettait de génération en génération. Quand les apothicaires se réunirent en corporation on vit, dans plusieurs villes, des sociétés se préoccuper d’établir la liste des drogues et des médicaments dont ils devaient être pourvus. Auxvie siècle, les apothicaires de Bourgogne, à Beaune, à Châlons inséraient dans les statuts de leur corporation la nécessité d’établir une pharmacopée unique. Déjà, à celte époque, d’après ce que rapporte le Dr Baudot à Beaune en 1012, on prescrivait de tenir fermées et sous clefs les drogues vénéneuses.
- La première pharmacopée générale remonte à ce moment; le l)1 René Bauderon publiait en 1588 un ouvrage qui représente le plus ancien Codex français. L’auteur y donnait une énumération des drogues employées dans la thérapeutique, le mode de préparation des médicaments et leur usage. L’ouvrage fut réédité à Lyon en 1048 et une troisième édition, annotée par de Yergy, parut en 1080.
- A partir de ce moment, dans toutes les provinces, les corporations publièrent des pharmacopées que l’autorité publique venait sanctionner et rendre plus ou moins obligatoires. C’est en 1748 que l’arrêt du parlement rendit la pharmacopée uniforme pour le pays tout entier. La première édition du Codex parut en 1810; la seconde en 1857. Toutes deux étaient rédigées complètement en latin. En 1800 parut la troisième édition, rédigée en français, mais avec le nom latin des substances. La dernière édition remonte à 1884; un supplément avait été publié en 1895. Mais on n’a qu’à parcourir les journaux de médecine depuis ces vingt dernières années et je pourrais ajouter plus justement les journaux politiques, pour voir combien s’imposait la nécessité d’une revison de la pharmacopée. Chaque année voit éclore une série de produits sortis des laboratoires de chimie, les uns efficaces et dont la vogue sera durable, les autres qui doivent être employés aussitôt parus, justifiant la boutade de ce médecin thérapeute qui disait : « Hâtez-vous d’en prendre pendant qu’il guérit ». Le médecin doit faire, pour le malade, son profil de ces découvertes de la science; à côté de la quinine le seul médicament fébrifuge que nous possédions jadis, que de nouvelles drogues bonnes et d’un emploi facile; pour remplacer l’opium, que d’avantages à pouvoir donner le chloral, le sulfonal et tant d’autres anesthésiques et calmants. L’opothérapie a donné des surprises heureuses et les sérums antidiphtériques, antivenimeux, antitétanique avaient quelque droit, je pense, à figurer sur la liste des médicaments légaux.
- Je n’irai pas indiquer ici les variantes apportées dans les formules, donner la liste des 791 produits supprimés, non plus que de ceux ajoutés au nombre de 150. Parmi les premiers il en est, comme la vieille thériaque de nos aïeux qui avait disparu depuis longtemps des officines. Une remarque au sujet des suppressions; la Commission a décidé que tout médicament inscrit dans une édition quelconque du Codex conservait une existence légale. Il n’en est pas de même des formules et quand l’une a été modifiée, c’est celle inscrite dans la dernière édition qui est officielle. Ce sont là des détails qui n’intéressent que médecins et pharmaciens; mais pour ceux qui regrettent les vieilles préparations des pharmacopées anciennes, ils pourront se reporter à ces âges reculés et demander au pharmacien de leur choix de vouloir bien leur préparer, tels cette antique thériaque et nombre d’électuaires, d’huiles médicinales, de sirops. Je les engage cependant à se contenter des médicaments inscrits dans cette pharmacopée récente ; la liste en est assez longue pour répondre à tous leurs besoins, sinon à toutes leurs espérances. Je ne demanderais pour mon compte qu’une petite addition à la prochaine édition, c’est d’imposer l’obligation pour les produits toxiques, de ces flacons de forme bizarre, que La Nature a signalés (voy.n0 1708, p. 191) et qui préviendraient mieux que l’étiquette rouge ou l’étiquette poison, chez le plus distrait, toute erreur et tout accident.
- I)1 A. Cartaz.
- p.318 - vue 322/647
-
-
-
- 319
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 12 octobre 1908. —
- Les déplacements du pôle et les tremblements de terre. — M. de Montessus de Ballore adresse une Noie dans laquelle il entreprend d’étudier si les variations de latitude peuvent être considérées comme exerçant une influence sur les tremblements de terre. On sait que les astronomes ont réussi à montrer que le pôle loin d’ètre immobile décrit une courbe par suite de laquelle il subit des déplacements de 15 à 20 mètres. Ce phénomène ne peut guère s’expliquer sans admettre que la terre n’est pas un corps absolument rigide, aussi est-il naturel de penser qu’il n’est peut-être pas sans action sur les séismes. M. de Montessus de Ballore déduit de l’élude d’un des derniers séismes que le déplacement du pôle et le mouvement du sol n’ont pas une relation établie.
- Le traitement de la tuberculose. —À la suite d’expériences favorables sur des cobayes, MM. Lannelongue, Achard et Gaillard ont été conduits à préconiser l’essai du sérum antituberculeux sur l’homme. Trois médecins d’hôpitaux, MM. Combv, Legry et Lenoir, ainsi qu’un médecin de sanatorium, M. Kuss, ont entrepris les essais et les ont poursuivis pendant une année sur des enfants et des adultes atteints de lésions de diverses formes. Le sérum employé est tiré d’ànes soumis à l’action d’une toxine extraite de bacilles tuberculeux, par chauffage à 120°, précipitation par l’acide acétique et redissolution dans le carbonate de soude. Les doses habituelles ont été de 5 centimètres cubes, parfois 10 à 12, et sont restées inférieures proportionnellement à celles qui avaient été tolérées par les cobayes. Les résultats obtenus par chacun des quatre médecins sont analogues et fort encourageants : innocuité des injections, absence de précipitation de l’évolution des maladies, de toute réaction lâcheuse, soit pulmonaire, soit générale, de provocation à l’hémoptysie, influence très favorable dans quelques cas, favorables dans d’autres cas, indifférente ou douteuse dans quelques autres cas. De l’avis de M. Lenoir, il conviendrait, maintenant que l’innocuité est un fait acquis, au lieu de choisir des malades dont les crachats présentaient tous le bacille, de s’adresser à des sujets peu atteints. De plus, il serait bon d’augmenter les doses et de rendre les injections plus fréquentes. O11 pourrait soigner les malades sans les hospitaliser, chaque fois que le milieu dans lequel ils vivent serait reconnu satisfaisant.
- L'électricité terrestre et les séismes. — M. Wolf présente une Note de M. Nodon relative aux variations des charges électriques dë la terre et à la relation qui peut en résulter au point de vue des mouvements du sol. M. Nodon met en évidence des variations brusques et énormes de la charge électrique de la terre au moyen d’un éleclromèlre à feuille d’aluminium parfaitement
- Présidence de M. Bouchard.
- isolé et placé sous une cage de Faraday en communication avec le sol. Il a pu constater ainsi, par exemple le 2 octobre à 8 heures du matin, une perturbation considérable qui a duré toute la matinée et a coïncidé avec le passage au méridien central du soleil d’une région d’activité et avec un cyclone à la Guadeloupe. D’autres résultats partiels ont été ainsi obtenus. L’auteur pense que l’activité du soleil influe, non point directement sur les séismes, mais en provoquant de brusques et importantes perturbations de la charge électrique de la terre.
- Plantes de Madagascar. — M. Edmond Perrier dépose une Note de MM. Cos tan lin et Poisson sur des plantes presque sans feuilles de Madagascar. De l’une, les indigènes tirent une substance médicamenteuse, l’autre est
- O # 7
- précieuse pour la construction parce qu’elle n’a pas de parasite. Ces deux plantes forment deux espèces nouvelles auxquelles ont été donnés les noms de Catala et Geayia. Une troisième plante étudiée est une malvacée; elle est ligneuse et son bois est si dur qu’on peut en fabriquer des clous que l’on enfonce dans le bois.
- La chlorophylle dans les plantes. — M. Edmond Perrier résume ensuite une Note de M. Bone sur une propriété des actinies. On sait que l’existence de la chlorophylle dans certains animaux, après avoir été admise, est devenue suspecte, parce qu’on avait reconnu que pour quelques-uns la chlorophylle provenait d’algues. Or, la présence de la chlorophylle est liée à la propriété de décomposer l’acide carbonique en mettant en liberté l’oxygène. M. Bone a constaté que les actinies exposées aux rayons solaires, lorsqu’on leur fait arriver de l’acide carbonique, le décomposent en dégageant de l’oxygène. Cette propriété est nécessairement due à un pigment animal qui fonctionne comme un pigment végétal. De plus, pourvues d’acide carbonique dans ces conditions, les actinies peuvent vivre pendant longtemps sans recevoir du dehors aucune nourriture.
- Conditions à satisfaire en radiographie. — M. Edmond Perrier analyse enfin une communication de MM. Rieflel et Ménard sur les précautions à prendre pour obtenir des radiographies utilisables par les chirurgiens. Ils montrent des épreuves d’une main, d’un'doigt, d’un bassin obtenues dans diverses positions de l’ampoule et du membre. Ces épreuves montrent que l’on peut ainsi avoir des apparences de lésions. Aussi, pour que des épreuves soient utilisables pour le diagnostic médico-chirurgical, convient-il que chaque région soit examinée suivant une technique rigoureuse basée sur l’anatomie, d’où orientation anatomique du sujet ; centrage anatomique de la région à radiographier, enfin développement du cliché en se guidant sur l’apparition successive des détails anatomiques.
- Cu. DE VlLLEDEUIL.
- LA ROUE AUTOMOTRICE
- On l’a nommée aussi le « mouvement perpétuel » au Concours Lépine où elle figurait dernièrement et où elle a intrigué beaucoup de visiteurs par sa marche mystérieuse; marche très lente, il est vrai, mais apparente cependant : un tour en 10 à 15 minutes environ. Comme le montre notre gravure (lig. 1) le système, construit et breveté par M. Ray-
- mond Guillot, consiste en un disque, de matière quelconque : ébonite, zinc, verre, etc., aussi homogène que possible, percé en son centre d’un large trou au travers duquel passe, sans le toucher d’aucune part, un axe en bois ou en fer. Le disque est maintenu dans une position perpendiculaire à l’axe par des cordelettes ou ficelles en chanvre, au nombre
- p.319 - vue 323/647
-
-
-
- 320
- LA ROUE AUTOMOTRICE :
- de 12 ou 15, qui passent sur sa circonférence et vont s’attacher par leurs extrémités aux deux bouts de l’axe. Celui-ci pivote sur des tourillons à pointes, ou à billes, de façon à diminuer le frottement le plus possible. La partie inférieure du disque trempe dans une cuve contenant de l’eau. Un tel système tourne indéfiniment... c’est-à-dire tant qu’il trempe dans l’eau. Ce n’est donc pas le « mouvement perpétuel », bien au contraire, puisqu’il fonctionne par suite de L évaporation du liquide dans lequel il trempe et qu’il y a par conséquent usure continuelle. Voici, en effet, comment les choses se passent ; on le comprendra mieux en se reportant à la figure 2. Supposons un axe X Y monté sur deux tourillons ; en son milieu une large douille 1) laisse passer, sans la toucher, une tige pesante AB soutenue par des ficelles en chanvre. Si on fait tremper la partie B dans l’eau,. la ficelle se contractera et fera prendre à la tige la position représentée en pointillé; l’équilibre sera rompu et la tige basculera. C’est alors l’extrémité A qui viendra tremper dans l’eau, tandis que la licelle
- mis deux, perpendiculaires l’une à l’autre (lîg. 3). On a alors le mouvement de rotation assuré ; mais il sera plus sûr encore, en multipliant le nombre des tiges, et c’est ainsi qu’on en arrive au disque représenté ligure 1. U y a un excenlrement constant, comme l’indique en l’exagérant la ligure 4, et le disque tourne toujours dans le même sens. La
- vitesse est fonction de la rapidité d’évaporation du liquide sur les cordes qui sortent de la cuve : elles se déten-dent d’autant plus vite qu’elles sont plus rapidement sèches. On peut évidemment remplacer l’eau par de l’alcool ou de l’éther; on peut aussi trouver d’autres substances que les lils de chanvre qui se contracteront ou se détendront davantage et plus vite. Enfin on peut obtenir les mêmes résultats sans liquide en utilisant des différences de température par suite desquelles les fils métalliques se dilateront d’un côté et se contracteront de l’autre. Le principe est toujours le même : provoquer l’excentrement continu du disque. C’est, pour le moment, tout ce que revendique l’inventeur. Quant aux applications
- X B Y séchera et s’allongera, l’autre sera mouillée et se raccourcira en faisant remonter la tige en sens inverse; l'équilibre sera de nouveau rompu et ainsi de suite. Mais un tel système fonctionnera plutôt comme un balancier, qui pourrait peut-être servir à faire fonctionner une horloge d’un nouveau genre et dont la régularité serait probablement très contestable.
- On peut imaginer qu’au lieu d’une tige, on en ait
- possibles, nous n’en voyons pas jusqu’à présent; c’est simplement un objet de curiosité dans lequel on met en relief certaines influences physiques ; peut-être un jour ou l’autre trouvera-t-on le moyen de lui faire produire un travail utilisable.
- G. CllALMARÈS.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiure, rue de Fleurus, 9.
- p.320 - vue 324/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1848.
- ÊiBIBUGïHÈQUÉSj
- -----------'-&!
- v
- &
- -\|»4Î
- L’ACOUSTELE DAGEI
- 24 OCTOBRE 1908.
- Les problèmes de la recherche de l’eau deviennent de plus en plus critiques! Les sourciers à baguettes s’agitent en grand nombre, prétendant tous les avoir résolus. La science pure refuse toujours de les croire. Les praticiens utilitaires voudraient bien établir la réelle efficacité de leurs procédés ou capacités, mais ne peuvent pas encore la reconnaître, en raison des résultats contradictoires obtenus ou des enfantillages exprimés. Que penser, en effet, d’un hydropathe qui véritablement réussit cinq fois sur sept dans ses prévisions et rend ainsi de signalés services, mais qui est incapable de fournir une défini lion claire de sa manière de faire (ou du moins qui s’y dérobe) et qui en outre prétend deviner, à l’aide d’une baguette électriquement combinée en métaux divers, le sexe des œufs, — la nature des remèdes à prescrire aux malades, — les gisements de minerais, — les trésors, etc.?
- C’est ainsi que nous recevions il y a peu de mois d’un correspondant de Palencia (Espagne) une lettre curieuse et déroutante à la lois : entre ses mains la baguette divinatoire détermine miraculeusement la place des courants souterrains, leurs direction, profondeur, changements de sens, etc., et cela même quand il se trouve en voiture, en chemin de fer, au dernier étage d’une maison; il ne compte plus ses succès, mais souffre de plus en plus des atteintes portées, par cette sensibilité spéciale, à son système nerveux avec céphalalgies, douleurs dans la colonne vertébrale, et infirmités indéterminées et inconnues dues aux émanations continues électiques et magnétiques des courants, à tel point qu’il a dû quitter* son domicile sous lequel passaient de trop violents courants !
- 36e aimée. — 2e semestre.
- Jusqu’ici nous le croyons volontiers sur parole. Mais notre jugement définitif demeure, comme avec tous les sourciers, suspendu, quand le même correspondant nous énonce « qu’en général les courants sont parallèles et équidistants (en moyenne de 4 à 5 m.) avec une grande régularité, mais sans se rejoindre sur plusieurs kilomètres d’étendue. A Lourdes et à Bordeaux l’espacement des courants n’est que de 5 m. et demi. À Bayonne de 4 m. ».
- Ceci, en effet, est trop peu conforme aux caprices, aujourd’hui connus, des circulations souterraines aussi bien des nappes (terrains détritiques) que des réseaux de cassures (terrains fissurés) pour qu’il soit permis de l’admettre.
- Bref la question des sourciers n’avance sérieusement point d’un pas.
- Plus scientifique, parce qu’elle est simplement basée sur les lois physiques de la propagation du son, est l’application de l’acous-tèle de Daguin. Elle a fait l’objet d’une note de MM. Diénert, Guillert et Mar-sec, à l’Académie des sciences, le Ie1'juin 1908 et, quand les constructeurs de l’appareil, MM. Ducretet fils et Roger, sont venus nous en parler, nous leur avons indiqué plusieurs endroits (à circulation souterraine connue) où il serait intéressant de l’expérimenter. En attendant, leurs premiers renseignements méritent au moins d’être publiés.
- L’appareil est basé sur le principe de Vacoustèle Daguin ou cornet analyseur des sons. Ce n’est autre qu’un cornet acoustique, muni à l’intérieur et à sa partie inférieure d’un petit cône, dont la base est tournée vers le sommet étroit du cornet acoustique. M. Diénert y a fait ajouter une double enveloppe, une gaine spéciale, qui recouvre le cornet intérieur,
- 21. — 321
- Aeoustèle Daguin.
- p.321 - vue 325/647
-
-
-
- L’ACOUSTÈLE DAGU1N — CHRONIQUE
- 322
- pour empêcher l’air extérieur de produire du bruit eu venant souiller contre les parois de l’instrument.
- Ce bruit couvrirait celui que l’on cherche à distinguer dans le sol et qui provient du mouvement des eaux souterraines.
- « Pour utiliser l’appareil, on creuse un trou de 20 à 50 cm dans le sol, ou on le place dans l’eau d’un récipient posé bien à plat sur le sol; on enfouit légèrement la base de l’instrument et on porte aux oreilles les embouchures des tubes de caoutchouc. Le bruit de l’eau souterraine ainsi entendu est continu et donne l’impression de celui du vent dans une forêt. Il est particulièrement intense lorsque l’eau tombe dans une galerie. L’air de la galerie résonne et facilite en la renforçant la propagation de l’onde sonore.
- « Ce phénomène a été particulièrement observé au Puits-Boltin près de Yilleneuve-sur-Yonnc. Sur une galerie de captation située à 2 m. au-dessous du sol à Noë, on entend encore parfaitement le bruit souterrain en se portant sur le sol à 50 m. de chaque côté de la galerie.
- « L’acouslèle Daguiu, ainsi modifié, peut servir pour retrouver les furets égarés dans les terriers. »
- Grâce au concours du Service des Eaux de la ville de Paris, dans les parages de l’aqueduc de l’Avre, entre Vaucrcsson et Garches, des expériences ont pu être faites sur 4 points différents au mois de septembre.
- « 1° En face Vaucresson, au poste (11965 + 5), dans un puits à 60 m. de profondeur, arrive une source débitant 10 litres à la minute : elle descend par un tuyau, le tuyau est coupé à 80 cm au-dessus du fond; sa hauteur verticale de chute est de 50 m. environ.
- « À ce premier endroit, l’acoustèle a perçu le bruissement sourd formé par l’écoulement de l’eau
- et cela jusqu’à un éloignement latéral de 160 m.
- « 2U Au poste (11971 +65), l’eau se trouvait à 44 m. de profondeur, source débitant 12 litres à la minute, et descendant par un tuyau coupé à environ 1 m. du fond du puits, avec une hauteur de chute de 25 m. environ.
- « L’une des deux expériences faites a décelé des infiltrations dans le sol; la chute des gouttelettes donnait dans l’appareil l’impression d’un son de cloche.
- « 5° Au point (IL -982) un puits avait 26 m. de profondeur; mais, à proximité de la route, le bruit des voitures empêchait de percevoir l’écoulement de l’eau. Près de la gare de Garches au point (H -992) le regard se trouve à 5 m. de profondeur : il n’y a pas de chute, mais un petit barrage produisant un clapotis a été très bien perçu par l’appareil. Une personne étant descendue dans le regard l’acoustèle transmit le bruit du sifllet et des coups de pieds qu’il était impossible de percevoir directement avec l’oreille. »
- 11 est à désirer que ces expériences soient continuées et que l’on contrôle avec soin les données (pie fourniraient les travaux entrepris d’après les indications de l’acoustèle.
- Mais il faut remarquer que, quant à présent, l’appareil n’est efficace qu’en présence d’eaux souterraines courantes, ou du moins se déplaçant assez pour produire un son : donc, pour les nappes d'eau phréatiques des terrains sableux il ne semble pas qu’il puisse être mis en service, pas plus d’ailleurs que la baguette des sourciers qui, elle aussi, requiert de l’eau courante.
- Mais si le problème intégral est loin d’être résolu, il ne faut pas renoncer à l’étudier et il convient d’encourager ceux qui s’v dévouent.
- E.-A. Martel.
- CHRONIQUE
- Un électro-aimant gigantesque. — L’industrie électrique met aujourd’hui à notre disposition des champs magnétiques déjà fort intenses; mais les savants les trouvent encore insuffisants. Il serait, en effet, du plus haut intérêt scientifique de pouvoir soumettre la matière à l’effet d’électro-aimants extrêmement puissants et étudier les conséquences de leur action. L’action des champs magnétiques sur les sources lumineuses a déjà révélé un phénomène remarquable; Zeemann, à qui est due cette découverte, a montré que la période des vibrations lumineuses émises par la source était modifiée. Si l’on examine cette lumière au speclroscope, on remarque, dans le speefre, que là où existait une raie unique, dans les circonstances normales, il en apparaît parfois après l’intervention du champ magnétique, deux, trois et quelquefois même davantage. C’est dire que le magnétisme a eu une influence profonde sur la constitution intime du corps lumineux. D’après ies théories
- physiques modernes, c’est l’atome même qui a été modifié par cette action. Quelle ampleur ne prendraient pas des phénomènes de cet ordre, si nous disposions de moyens d’action suffisants sur la matière. Nous pénétrerions d’emblée dans un monde tout nouveau, qui nous réserve à coup sur les découvertes les plus surprenantes. Mais la réalisation d’un électro-aimant suffisant n’est pas sans présenter de grandes difficultés : la plus importante, sans aucun doute, est d’ordre financier. D’après les calculs approximatifs de M. Perrin, pour un électro-aimant dont le champ atteindrait 1 million de gauss, la dépense ne serait pas inférieure à 2 ou 3 millions de francs. Au récent Congrès international du froid, tenu à Paris, M. Perrin a fait adopter le vœu que les nations s’unissent pour la construction d’un tel appareil. Nous souhaitons que la voix de M. Perrin soit entendue, et que notre arsenal scientifique s’augmente bientôt de ce puissant outil d’investigation. A. T.
- p.322 - vue 326/647
-
-
-
- §0$/.^ — -----------— ^23
- TÉLÉPHONIE SANS FIL
- Après la télégraphie sans lil il était tout indiqué .que les savants et les chercheurs se missent à la conquête du téléphone sans fil. La Nature a tenu ses lecteurs au courant des ellbrls divers tentés dans ce sens1 depuis quelques années et l’on a pu se rendre compte que, malgré l’analogie apparente, les difficultés du problème étaient bien plus considérables pour la téléphonie que pour la simple télégraphie sans lil. On emploie bien dans les deux cas des ondes déterminées par une manifestation électrique, mais la qualité des ondes employées pour transmettre un son unique de durée variable, ce qui est le cas pour le télégraphe sans fil, n’est plus du tout la même s’il s’agit de sons de tonalités variables, ce qui est le cas de la téléphonie sans fil.
- Je viens de dire que la télégraphie sans fil comportait la perception d’un son. C’est qu’en effet l’oscillation hertzienne produite par les étincelles longues ou brèves de l’appareil émetteur aboutit actuellement à un écouteur téléphonique, et non plus à l’appareil enregistreur du vieux télégraphe comme dans les débuts du télégraphe sans fil. L’oreille perçoit simplement les sons brefs et longs qu’on traduit en lettres et en mots d’après l’alphabet Morse.
- Sans vouloir entrer dans des considérations trop techniques, il peut être intéressant pour nos lecteurs de connaître ce qui rend les ondes hertziennes employées par la T. S. F. impropres à la transmission des sons émis par la voix humaine.
- Ces ondes sont, on le sait, le résultat des vibrations que lait naître la décharge, sous forme d’étincelles, d’un appareil électrique.
- Ces vibrations correspondent à des étincelles brèves ou longues, c’est-à-dire à une seule étincelle ou à une série d’étincelles se succédant sans interruptions. Elles sont donc elles-mêmes brèves ou longues, et c’est ainsi que leurs combinaisons reproduites dans l’appareil écouteur, y forment les signes de l’alphabet Morse.
- Mais chacune de ces étincelles provoque une oscillation ou mieux un train d’oscillations dont l’amplitude va en décroissant, et les trains d’oscillations émis par une étincelle longue ne sont pas soudés les uns aux autres; il existe entre chaque train un intervalle pendant lequel la voix humaine ne peut plus produire l’effet électrique qui permettrait sa transmission.
- Les ondes hertziennes ne pouvaient donc convenir à la téléphonie et la difficulté, pour résoudre le problème résidait dans la découverte d’un procédé permettant de produire des vibrations sans solution de continuité et dont l’amplitude restât sensiblement constante.
- Ce procédé a été trouvé par le savant anglais Du-ddell—qui ne songeait d’ailleurs nullement à la téléphonie sans fil. Il consiste en un arc voltaïque
- 1 Voy. nos 17(50, du 16 lévrier 1907; 1770, du 27 avril 1007 ; 1798, du 9 novembre 1907 ; 1823, du 9 mai 1908.
- qui, en raison du son qui accompagne son émission, a été baptisé Arc chantant.
- Un autre savant, danois cette ibis, Pulsen, eut l’idée de produire l’arc chaulant de Duddell dans de l’hydrogène au lieu de le produire à l’air libre et put, sous celte forme, l’appliquer à l’émission de vibrations telles (pie les demandait la téléphonie sans fil1.
- Ces vibrations sont, non plus décroissantes, mais parfaitement régulières et continues, et par conséquent tout à fait propres à servir de véhicule aux sonorités en général.
- Le principe de la téléphonie sans fil était donc trouvé. 11 restait à passer du domaine de la théorie à celui de la pratique.
- Des expériences exécutées par M. Pulsen lui-même assez récemment, mais dans des conditions où il semble que le contrôle a été insuffisant, il paraît ressortir que cet inventeur a communiqué à une distance d’environ 550 km. En dehors de ces essais, il en a été fait d’autres par les Sociétés Telefunken et de Forest avec des appareils basés sur l’invention de Pulsen.
- Ces essais exécutés en Italie, en Allemagne et en France même devant les délégués des ministères de la Guerre et de la Marine ont donné de bonnes communications à 12 km sur terre et à 20 sur mer.
- Dès qu’on cherchait à se faire entendre plus loin, on se heurtait à la difficulté d’augmenter dans de suffisantes proportions la tension électrique sans brûler le microphone devant lequel on parlait.
- Depuis plusieurs mois déjà, la commission instituée par le ministre de la Marine pour étudier les problèmes de la télégraphie sans fil, et dont j’ai eu l’occasion de retracer ici même les importants travaux, avait entrepris de chercher la solution pratique du problème de la téléphonie sans fil.
- Les toutes premières expériences auxquelles quelques-uns de ses membres se sont livrés du haut de la tour Eiffel, il y a deux mois environ, leur ont donné des résultats extrêmement encourageants, très supérieurs même, on peut le dire, à ce qu’ils se croyaient en droit d’attendre.
- Les sons émis du poste de la tour, et qui consistaient en paroles, chants et sons de corne, ontélé entendus avec la plus grande netteté aux postes écouteurs ordinaires de la télégraphie sans fil installés au mont Valérien (10 km), Villeneuve-Sainl-Georges (25 km) et enfin à Dieppe, éloigné de la tour de 150 km.
- Ces résultats sont des plus intéressants. Ils ne nous permettent peut-être pas d’affirmer que le problème de la téléphonie sans fil est définitivement et complètement résolu. Cependant, si on considère (|ue les essais en question ont été faits en plein jour et entre points séparés par des terrains très mouvementés, c’est-à-dire dans des conditions peu favorables à un bon développement des ondes, on peut
- 1 Vov. il" 1776, du 8 juin 1907.
- p.323 - vue 327/647
-
-
-
- 324
- CHAUFFAGE DES FOURS PAR L’ÉLECTRICITÉ
- alïirmer que le progrès réalisé est considérable. Les ol’ticiers qui dirigent ces expériences sous la haute
- 1. — Schéma montrant l’installation d’un poste île téléphone sans lil.
- Self
- nmw-
- Rhéostat
- Courant continup X Source l J
- Microphone
- 'ÏUr-
- Se/f
- IzZ Terre
- direction du contre-amiral Gaschard, sont les lieutenants de vaisseau Collin, Jeance, et l’ingénieur des constructions navales Mercier.
- Les appareils donts ils se sont servis sont basés sur l’emploi de l’arc chantant de Pulsen. Les expériences qui se continuent actuellement permettront encore de les perfectionner. La partie originale de ces appareils qui appartiennent en propre à la marine réside :
- 1° Dans le microphone spécial employé;
- 2° Dans l’utilisation particulière de l’arc chantant et les conditions spéciales de sa production.
- Ces dispositions sont, comme on le pense bien, strictement confidentielles et ne peuvent être reproduites ici.
- Le schéma ci-contre donne une idée de l’installation d’un poste émetteur de téléphonie sans lil.
- Le microphone qui en est la partie délicate et principale, peut être placé sur l’excitation des inducteurs, ou sur le circuit primaire, ou encore sur l’un des électros de l’arc. L’appareil récepteur
- est, comme je l’ai déjà dit, le même que celui de la télégraphie sans lil, avec détecteur électrolytique.
- On peut donc dire qu’on approche de la solution de la téléphonie sans lil. Mais il serait tout à lait prématuré de croire que ce moyen de communication est prêt à être mis à la disposition du public. Bien des questions restent à éclaircir et à résoudre, notamment celle delà dilfusion des ondes en vertu de laquelle une conversation pourrait être entendue par toutes les oreilles munies d’un écouteur de T. S. F.,
- Ante/nne
- Microphone
- Terre
- Microphone
- !. — Dispositions dill'éreutes du microphone dans un poste de téléphone sans lil.
- et celle non moins importante du brouillage que produiront les chocs d’ondes émises en même temps de points différents. Sauvai un Jodhdax,
- Capitaine de frégate de réserve.
- $§TN^^Ï,§}J
- LE CHAUFFAGE DES FOURS DE BOULANGERIE PAR L’ELECTRICITE
- Le chaulfage électrique a lait, ces dernières années, de très sérieux progrès ; et rien ne marque mieux les étapes successives parcourues dans cette voie que l’emploi croissant d’appareils à consommation e o n s t a m m eut plus élevée. C’est ainsi que l’on est passé de l’utilisation des réchauds, des chaulie-pieds qui n’exigent pas même un hecto-xvatt, à l’usage courant des appareils de cuisine, des poêles d’appartement dont les chiffres d’énergie absorbée oscillent entre 200 watts et 2 kilowatts et La Nature
- Fig. i. — Grille chauffante, système Le ltoy.
- citait dernièrement l’exemple de deux hôtels qui ont recours uniquement à l’électricité pour leur chaulïage'
- et leur cuisine. Voici maintenant que l’on envisage la réalisation, dans des conditions pratiques, du four de boulangerie électrique. Àvraidire, depuis quelque t e m p s déjà, des essais avaient été tentés pour substituer, au mode de cuisson actuel, le chaulfage par l’électricité. Ses
- avantages bien connus dont les principaux sont la propreté absolue, le. réglage exact de la température, l’économie et la
- p.324 - vue 328/647
-
-
-
- CHAUFFAGE DES FOURS PAR L’ÉLECTRICITÉ
- rapidité du travail, la suppression de suie cl de ramonage, l’absence de danger d’incendie l’auraient déjà l'ait adopter d’une manière générale si le prix de l’énergie électrique d’une part, des détails de construction d’autre part n’étaient venus limiter à de rares exceptions les exemples de fours chauffés électriquement. Mais, actuellement, ces deux difficultés sont considérablement aplanies, sinon résolues d’une façon complète.
- Le prix du kilowatt a, en effet, baissé un peu partout et, dans les régions déplus en plus nombreuses, où la puissance est fournie par les chutes d’eau, il arrive à des chiffres très avantageux surtout lorsque — comme c’est le cas le plus fréquent dans la boulangerie — le courant est employé la nuit. Les sociétés hydroélectriques, disposant alors d’un excédent de puissance inutilisée, ont tout intérêt à livrer du courant, même à très bas prix, car cela leur représente toujours un gain et 1 c u r p e r m c t d ’ augmenter , dans de notables proportions, le coefficient de rendement de leur exploitation. Dans ces conditions beaucoup de sociétés fournissent le kilowatt à 0,10 fr. pendant la nuit.
- D’un autre côté, les perfectionnements apportés aux radiateurs électriques ont réduit la consommation de ces appareils et en même temps l’expérience a indiqué les modifications à réaliser pour augmenter leur robustesse; de sorte que, maintenant, l’on construit des grilles chauffantes susceptibles de fonctionner à très haute température sans crainte d’avaries.
- Une intéressante preuve pratique des services que peuvent rendre ces appareils est donnée actuellement à l’Exposition d’électricité de Marseille, où un four électrique de boulangerie, installé dans le v Mas modernisé », marche sans discontinuer depuis les premiers jours de mai. Ce four a pour dimensions : 1,92 m. de hauteur sur 1,47 m. de largeur et 1,56 m.
- 325
- de profondeur ; il comporte deux chambres de cuisson superposées de forme ronde, à sole fixe en dalles réfractaires. Chacune d’elles, d’une hauteur de voûte de 25 cm, reçoit la chaleur d’une grille de chauffe formée par une armature en fer sur laquelle sont montés, également répartis, des éléments spéciaux du système Le Roy (de Paris). La grille est logée dans un espace vide de 10 cm de hauteur ménagé sous la sole et fermé par une plaque de tôle facilement enlevable pour permettre delà retirer lorsqu’il y a lieu de la vérifier. La chambre de cuisson est chauffée à la fois par le rayonnement de la grille
- sur la sole et par Pair — échauffé au contact des résistances portées au rouge — qui vient y affluer par un espace annulaire la faisant c o m m u il i q u e r avec la chambre de la grille. La température est indiquée par un pyromèlrc à cadran système De-maze. Enfin, un dispositif permet d’y envoyer de l’eau, afin de déterminer de la buée, au moment de l’enfournement des pâtons. La chambre de cuisson supérieure sert plus spécialement à la pàlisserie, tandis ipie l’inférieure, comprise entre deux grilles, atteint une température plus élevée et est utilisée pour la boulangerie.
- Ce four a donné d’excellents résultats. La marche discontinue depuis 5 mois n’a déterminé ni accident, ni arrêt pour cause de réparations. Les essais répétés ont établi que la puissance nécessaire pour cuire de 80 à 100 kg de pain variait de 15 à 16 kilowatts, ce qui représente seulement — si l’on admet la base de 0,10 fr. — 1,50 fr. à 1,60 fr. par fournée.
- Le chauffage des fours de boulangerie par l’électricité semble donc devoir entrer dès maintenant dans le domaine de la pratique où les précieuses qualités qui le caractérisent lui assureront bientôt, sans aucun doute, le plus brillant avenir.
- Georges Tardy.
- p.325 - vue 329/647
-
-
-
- LA SÉROTHÉRAPIE DANS LES NÉPHRITES
- Pour combattre les diverses manifestations des maladies du rein et du symptôme qui en traduit l’existence, l’albuminurie, pour empêcher, prévenir ou enrayer, quand ils surviennent, les accidents graves d’urémie qui en sont la conséquence, les médecins ont eu recours au régime lacté exclusif. On obtient avec cette diète des succès parfois surprenants. Mais le régime lacté ne suffit pas toujours; alors et seulement depuis quelque temps, on établit le régime déchloruré. Plus de sel dans les aliments, pas la pins petite dose de ce condiment pour rendre la nourriture plus sapide et plus appétissante; et grâce à ce régime, l’albuminurie disparaît. Mais quand elle ne guérit pas, que faire? Hélas, contre des lésions chroniques, anciennes, le médecin est souvent impuissant. On ne peut refaire des organes profondément lésés, on se contente de combattre tant bien que mal les svmptômes prédominants.
- Voici cependant qu’une méthode thérapeutique, dérivée de toutes les acquisitions modernes, donne l’espoir d’agir encore avec succès, alors que régime lacté, régime déchloruré ou tout autre traitement n’agissent plus. C’est à l’organothérapie, à l’opothérapie qu’on a songé. Des essais avaient été tentés par divers médecins. Le professeur Diculafoy, le premier, si mes souvenirs sont exacts, entreprit de faire des injections sous-cutanées de ce qu’il appelait la nëphvine. C’était un extrait glycérine de substance corticale du rein de bœuf. 11 obtint des résultats très favorables. Un de ses malades, entre autres, depuis cinq jours dans le coma revint à la vie et guérit. J’ai parlé ici môme des tentatives faites par Renaut, de Lyon, avec l’ingestion de macération de rognons de porc. On est allé plus loin, et c’est à la sérothérapie, un peu différente de l’opothérapie, qu’on demande la guérison de ces graves maladies.
- Les D" Vitzou et Turbure, de Bucarest, ont imaginé de combattre les accidents d’autointoxication produits par l’insuffisance rénale, tels qu’on les observe dans le mal de Bright et les autres variétés de néphrite par des injections de sérum sanguin pris dans la veine rénale d’un animal, c’est-à-dire dans le sang ayant traversé le rein.
- Le professeur Teissier de Lyon vient de méthodiser, si je peux m’exprimer ainsi, cette pratique de la sérothérapie, en réglant les conditions de prise du sérum, et les observations qu’il vient de communiquer à l’Académie de médecine témoignent d’une façon des plus heureuses et des plus précises que l’on aura avec cette médication nouvelle un moyen de combattre efficacement chez un certain nombre de malades, l’évolution progressive des dégénérescences rénales et des accidents si redoutables de l’urémie. Entre tous les faits qu’il publie je prends le premier cas auquel cette méthode a été appliquée.
- On amène dans le service de mon ami Teissier, à I’Ilôtel-Dieu de Lyon, un jeune adolescent atteint de néphrite aiguë, vraisemblablement suite de scarlatine. Depuis quelques jours l’enfant était en pleine anasarque, avait une céphalée intense, des vomissements ; les urines étaient rares, chargées d’albumine avec un coefficient urotoxique de 310; bref, il y avait là réunis tous les
- signes d’une urémie grave et toutes les craintes d’une issue fatale à brève échéance. On fait aussitôt sous la peau de l’abdomen une injection de 20 centimètres cubes de sérum de la veine rénale; Dès le soir même, il y avait une détente; à partir du troisième jour, les urines étaient redevenues abondantes avec une dose insignifiante d’albumine, bref, en quelques jours, l’enfant était sur pied, guéri.
- J’ai cité ce fait pour montrer quelle action réellement puissante possède ce sérum. Il y a, pour le recueillir, certaines précautions spéciales à prendre sur lesquelles je n’insiste pas; ce sont des points intéressant seulement le médecin. Qu’il me suffise de dire que le sérum est pris chez la chèvre; le choix de cet animal a été fixé parce qu’il est d’un prix assez abordable, qu’il est rarement atteint de tuberculose et surtout parce que son sérum sanguin est d’une toxicité minime et qu’il a un pouvoir hémolytique très faible, deux fois moindre que celui du sang artériel. Sa teneur en chlorure de sodium et en calcium est à peu près égale à celle du sang artériel. De plus, il ne contient pas de ferment capable de faire fermenter le glucose. En le recueillant avec toutes les précautions antiseptiques usitées en pareil cas, on est sûr d’avoir un produit parfait. Il est mieux cependant de ne pas l’employer trop frais ; ses propriétés biologiques ne, sont pas atteintes par le vieillissement.
- Il est difficile de pouvoir interpréter d’une façon précise le mode d’action de ce sérum. On ne peut émettre que des hypothèses, mais les faits cliniques et les résultats thérapeutiques sont là des mieux établis, et cela suffit au malade. M. Teissier pense que le sérum peut avoir une action stimulante sur l’activité des épithéliums du rein et provoquer de ce fait un réveil de la diurèse. Il doit en même temps exercer une action neutralisante sur les toxines sécrétées par les revêtements plus ou moins altérés des conduits du rein. Peut-être, comme le croit le distingué professeur, le sérum jouit-il d’une action antitoxique indirecte; en introduisant dans l’organisme des albumines normales, il chasse les loxalbumines retenues dans les tissus et favorise leur élimination et leur destruction en réveillant l’action défensive du foie. Ce ne sont que des hypothèses qui trouveront un jour ou l’autre leur justification. Pour le moment, il faut se contenter de savoir que le praticien a en mains une méthode inoffensive qui peut s’appliquer avec succès à toutes les formes de maladies du rein s’accompagnant de phénomènes toxiques, et le succès sera d’autant plus certain que les néphrites seront d’origine plus récente, c’est-à-dire les formes aiguës comme dans la scarlatine ou l’état puerpéral. Ce n’est pas à dire que l’on n’aura pas quelquefois des cas rebelles même à ce traitement. On a cité, à la suite de l’opothérapie, des échecs de la méthode, des accidents toxiques.
- Aucune thérapeutique n’est infaillible, et le sérum diphtérique lui-même a donné parfois des mécomptes, mais dans les néphrites qui résisteront à toute autre médication, j’imagine que tout malade acceptera cette nouvelle méthode qui fait honneur aux médecins roumains et lyonnais. Dr À. Cartaz.
- p.326 - vue 330/647
-
-
-
- 327
- LES THOS, MANS ET MEOS, NOS ALLIÉS AU TONKIN
- La situation semble de jour en jour s’aggraver au Tonkin, et les derniers courriers d’Extrême-Orient contiennent à ce sujet des informations suggestives.
- L’agitation, qui s’était d’abord localisée dans quelques centres, gagne du terrain, s’étend tout le long de la frontière sino-tonkinoise, de Moncay à Laokay, et s’infiltre sournoisement au cœur même du Delta, à Bac-Ninh, à Nam-Ninh, à Hanoï.
- Le danger a paru si sérieux que le gouvernement a prescrit l’envoi de nombreux renforts en Indo-
- Lcs montagnards nomades, Mans ou Meos, continuèrent à incendier les forêts pour enrichir les terres destinées à leurs plantations de manioc, ceux-ci refoulés sur les crêtes les plus élevées, ceux-là restant perchés à 600 m. d’altitude.
- Les mercanlis chinois, suivis de leurs cercueils en bois imputrescible, vinrent du Quang-ïong, et derrière les soldats français et les tirailleurs tonkinois du Delta, installèrent un peu partout leurs échoppes, leurs comptoirs et leurs fumeries d’opium.
- Chine, et que les résidents ont fait appel aux montagnards Thos, Mans et Meos de la Haute région pour les aider à chasser des territoires militaires les pirates chinois qui s’y sont abattus comme de véritables vols de sauterelles.
- En effet, les hautes vallées du fleuve Rouge et de la rivière Claire qui sont plus spécialement menacées à l’heure actuelle par les insurgés, ont été jadis le théâtre de luttes terribles entre les Chinois et les Annamites qui se disputaient la possession d’un sol fertile et de voies stratégiques et commerciales du plus haut intérêt. La conquête française mit un terme à ces guerres ruineuses pour les habitants de cette malheureuse région. Mais les races, qui s’étaient entre-choquées pendant des siècles, restèrent accrochées, pour ainsi dire, aux terres qu’elles avaient conquises dans les divers courants de leurs migrations.
- Chacune conserva le sol qui convenait à son tempérament, à son genre d’existence, à ses habitudes.
- L’Annamite, commerçant, ouvrier, domestique ou mandarin, resta dans les grands centres des vallées de pénétration.
- Les Thaïs, agriculteurs, s’allièrent aux paisibles Nhungs, et firent fouiller par leurs grands buffles gris les rizières de la plaine.
- 10) haut, à gaucho : Officier français sortant d’une audience accordée par le général Yuan-Slii-Kai, accompagné de deux officiers d’infanterie chinoise; à droite : soldats de l’infanterie chinoise s’exerçant au maniement d’armes à l’européenne; en bas : soldats chinois et tirailleurs tonkinois dans un poste de la frontière chinoise en 1900.
- Ila-Giang, petite ville bâtie sur les rives mêmes de la Rivière Claire, devint, en quelques années, le centre le plus important de toute la région ; son expansion fut favorisée par les autorités françaises qui y établirent un immense marché- couvert où vinrent bientôt s’approvisionner les habitants des villages les plus éloignés. C’est là que se coudoient, dans le bariolage pittoresque de leurs costumes, toutes les tribus dispersées des deux côtés de la frontière.
- Ici, des Mans font sonner les grelots et sautiller les houppes de leurs vestes rouges ornées de broderies et de sapèques.
- Non loin, sont installées des Meos, rudes monta-
- p.327 - vue 331/647
-
-
-
- 328
- THOS, MANS ET MEOS, NOS ALLIÉS DU TONKJN
- gnards au teint mat, conservant, sous le turban blanc, la queue nationale du Céleste Empire; de grosses guêtres de feutre marron enroulent leurs jambes nerveuses; leurs femmes sont souvent jolies et remarquables par leur petite camisole blanche très ajustée sur laquelle se détache un grand col marin blanc ou bleu.
- Çà et là, sont assis de vrais Chinois de Canton, luisants et obèses, tenanciers du jeu de bac-quouan, cher aux Annamites, ou de la loterie pourtant interdite des trente-six bêtes. C’est encore eux qui détiennent les éventaires surchargés de gâteaux très sucrés, de charcuterie épicée et de canards rôtis el laqués.
- Plus loin, rient et crient des Yunnannais, grands diables vêtus de courts sarrongs bleus doublés d’ouate, aux larges manches; leur tête
- sues, sur la poitrine, des caractères en drap rouge indiquant leur compagnie.
- Puis passent de grêles Annamites, vêtus d’étolfes kaki, sales et décolorées; les femmes déambulent, bras ballants, traînant dans un dandinement de canard blessé leurs savates de cuir aux liants talons. Elles sont coiffées d’un ridicule et énorme chapeau de paille ressemblant à ces pains de gruyère qui
- En haut, à gauche : Une escouaclé-;th; tirailleurs tonkinois en reconnaissance sur_la Rivière Claire ; à droite : Officier affichant une proclamation appelant les tribus Mans à la lutte contre les pirates chinois; en bas : Officier interrogeant, à l’aide d’un sergent de tirailleurs interprète, deux espions yunnannais arrêtés.
- est couverte d’une calotte de drap sans visière surmontée d’un gros bouton de tresse rouge. Ce sont de rusés maquignons, maîtres en l’art de truquer et de vendre leurs petits chevaux trapus et pleins de sang. Quelques soldats chinois du poste frontière de Bac-Bao, viennent à Ha-Giang acheter des ballots de sel et des allumettes qu’ils feront passer en contrebande.
- On les distingue à leurs vestes bleues où sont cou-
- ornent les devantures de nos épiceries parisiennes.
- Côte à côte sont accroupis les Thos ou Thaïs reconnaissables à leur longue lévite bleue, serrée à la ceinture sur la culotte bouffante de même couleur; ils vendent de la salade, du maïs, des patates douces, du riz et des noix d’arec.
- Enfin, jetant la note gaie de leurs pimpants uniformes, les tirailleurs tonkinois, venus du Delta, vont en bandes turbulentes, tout fiers des rubans rouges qui voltigent derrière le chignon coquettement relevé sous le chapeau plat.
- Toutes ces races maintenues sous notre ferme administration semblent ainsi vivre dans une parfaite intelligence. Cependant cette bonne harmonie est toute superficielle; qu’une guerre éclate de l’autre côté de la frontière, comme celle qui met aux prises réformistes et traditionalistes, qu’un sorcier ambitieux prêche la révolte, qu’un conflit imprévu sur-
- p.328 - vue 332/647
-
-
-
- THOS, MANS ET MEOS, NOS ALLIÉS DU TONKIN — ---: 329
- gisse, cl soudain toutes les vieilles haines renaissent, les plaies mal fermées se ravivent, et l’on voit toutes ces tribus si paisiblement unies au marché d’Ila-(îiang, se jeter de nouveau les unes
- race se mettait en marche vers eux, à la tète d’une formidable armée, pour exterminer les Annamites. 11 n’en fallut pas davantage pour exciter le fana-
- tisme de ces crédules montagnards.
- En haut, à gauche : chef Man du village de Coc-llau et son fils; à droite : type de femme Man Coc. En bas, à gauche : femmes Meos; a droite : une femme chinoise et deux femmes Mans Yaos.
- contre les autres. Il y a deux ans à peine, toutes les cases du village Meo de Yen-Lao furent, un beau matin, surmontées des drapeaux jaunes, insignes de la guerre sainte. Un sorcier yunnannais était venu, la nuit, annoncer aux habitants qu’une reine de leur
- Le lendemain, huit Annamites étaient massacrés sur un sampan de la Rivière Claire; l’effervescence gagna rapidement du terrain ; tous les Meos désertèrent le marché d’Ha-Giang et gagnèrent la brousse pour marcher sur le Delta.
- p.329 - vue 333/647
-
-
-
- 330 = VENTILATION ET RÉFRIGÉRATION DU TUNNEL DU SIMPLON
- L’arrestation de l’audacieux sorcier et l’envoi d’une compagnie de tirailleurs en reconnaissance dans les villages Mcos, purent arrêter cette petite insurrection locale si caractéristique.
- C’est qu’en effet, proche est encore l’époque oit les Thos, les Mans et les Meos, désarmés et disséminés, étaient forcés de plier sous l’implacable régime des mandarins que l’empereur d’Annam envoyait dans la Haute Région pour gouverner ses habitants.
- Les Annamites ne sont plus les maîtres, mais les montagnards ont conservé, au fond de leur cœur, le désir de se venger un jour de leurs anciens tyrans.
- Ces tribus ont d’ailleurs voué une haine aussi profonde, aussi tenace, aux Chinois, qui, jadis, groupés sous les étendards des Pavillons Jaunes ou Noirs, envahissaient soudain leurs villages et enlevaient sans pitié les femmes et les enfants pour les vendre comme esclaves sur les marchés humains du Sse-Tchoucn.
- Et c’est pourquoi, Thos, Mans et Mèos nous considèrent comme des libérateurs, et nous furent, en toutes circonstances, de précieux et fidèles alliés.
- C’est grâce à leur concours, qu’au moment de la conquête des Hautes Régions, nous pûmes chasser de Bao Lac et repousser en Chine, les pirates chinois qui s’étaient établis en maîtres dans le pays.
- 11 n’est donc pas étonnant qu’à l’heure grave où Annamites et Chinois semblent d’un commun accord menacer notre influence en Indo-Chine, les montagnards se soient rangés de notre côté et combattent avec nous. Et déjà les journaux du Tonkin signalent les heureux effets de celte alliance, car ils annoncent que les Mans de la région de Coc-Rau, dans la vallée de la Rivière Claire, ont livré une série de combats meurtriers aux réformistes insurgés du Céleste Empire auxquels ils ont, en quelques jours, tué près de 150 hommes, fait 70 prisonniers et capturé plus de 100 fusils à tir rapide! Louis nn Cantilly.
- LA VENTILATION ET LA RÉFRIGÉRATION DU TUNNEL DU SIMPLON
- I. — VENTILATION
- Le 1er juin 1906, on ouvrait à la circulation des trains le tunnel du Simplon, dernier tronçon de la voie de chemin de fer qui relie Brigue, sur le versant Suisse, avec Domo-Dossola, qui, lui-mème, sert de jonction entre les deux tronçons de la ligne internationale Paris-Lausanne-Milan.
- Le tunnel du Simplon a une longueur de 19 804 m. et traverse des couches situées à une profondeur de 2155 m. au-dessous du niveau du sol. Son percement a présenté des difficultés sérieuses et qui n’ont pu être vaincues que grâce à l’habileté des ingénieurs de l’entreprise Brandt, Brandau et Cie. Ces difficultés provenaient d’abord, des irruptions d’eaux chaudes et froides, dont le volume, réuni presque en entier sur le versant sud, s’est élevé à plus de 1200 litres par seconde et, ensuite, de la température très élevée des roches traversées, température qui a dépassé, en certains endroits, 54° C. supérieure de beaucoup à celle prévue et qui rendait extrêmement pénible le travail des ouvriers.
- Nous ne reviendrons pas sur les divers modes de construction fort intéressants adoptés pour lutter contre les irruptions d’eau, ceux-ci ayant déjà été décrits dans différents articles parus dans La Nature. Nous ne nous occuperons ici que des dispositions employées pour diminuer l’influence néfaste des hautes températures des roches traversées, en assurant le renouvellement et le rafraîchissement de l’air des galeries du tunnel, dispositions qui, seules, ont permis d’assurer la bonne marche des travaux. Nous nous aiderons, pour cela, d’un travail très intéressant et très complet publié sur ce sujet par M. Mer-mier, ancien ingénieur au tunnel du Simplon et nous compléterons ainsi les renseignements que nous avons déjà publiés dans les ncs du 24 déc. 1904
- et 21 janvier 1905 de La Nature sur la ventilation d’autres souterrains.
- Le tunnel du Simplon a été, comme on le sait, construit en creusant deux galeries parallèles (fig. 1). L’une, du côté Est, a été mise au profil définitif du tunnel à voie unique; l’autre, la galerie parallèle, est restée provisoirement à l’état de galerie de hase. Actuellement elle sert à l’évacuation des eaux et sera elle-même ultérieurement élargie lors de l’établissement de la deuxième voie. Des transversales obliques (fig. 2), ayant environ 6 m2 de section, établissent tous les 200 m., la communication entre les deux galeries écartées de 15,90 m. d’axe en axe, écartement qui, après l’achèvement des deux tunnels, sera porté à 17 m.
- Pour le percement des deux galeries parallèles, les galeries d’avancement ont été établies à la hase du profil. Pour achever le premier tunnel à voie unique on a percé une galerie de faîte, puis on a procédé aux abatages successifs, en commençant par ceux de la voûte. Le tunnel à voie unique, ainsi élargi, a été ensuite revêtu sur toute sa longueur d’une maçonnerie qui a été établie en commençant par les piédroits et en terminant par la voûte.
- Quant à la galerie parallèle sa section primitive de 6 m2 a été portée à 7 ou 8 m. par un abatage à la main suivant de près le front d’attaque.
- Les galeries d’avancement et les transversales ont été percées mécaniquement au moyen de perforatrices rotatives à eau sous pression, du système Brandt, les autres attaques du rocher ayant été faites à la main.
- Ventilation pendant les travaux. — Etant admises ces dispositions pour la construction de l’ensemble du tunnel, il s’agissait de ventiler et de
- p.330 - vue 334/647
-
-
-
- VENTILATION ET REFRIGERATION DU TUNNEL DU SIMPLON
- 331
- rafraîchir l’air chaud de ces galeries. Dans ce but, on lançait un courant d’air dans la galerie parallèle (lig. 2) en ayant soin de fermer son portail d’entrée B. Toutes les transversales, sauf les dernières du côté du front d’attaque, étant fermées par des cloisons ou des portes C, le courant d’air pénétrait dans le tunnel définitif par la dernière transversale 1), en retournant à l’air libre par le portail A après avoir traversé les différents chantiers d’élargissement et de maçonnerie. Quant aux fronts de taille F qui se trouvaient souvent à une assez grande distance en avant de la transversale 1) et qui ne pouvaient être atteints par le courant primaire, on les ventilait au moyen de dispositions spéciales dont nous parlerons plus loin.
- Comme les trains de matériaux à traction à vapeur circulaient à l’aller et au retour dans la galerie principale élargie, l’évacuation des fumées et des gaz, provenant des locomotives, était facile, le courant d’air les dirigeant direciement vers la sortie.
- Le courant d’air destiné à la ventilation était produit, aux deux tètes du tunnel de Brigue et d’Isellc, au moyen de ventilateurs installés dans un batiment, spécial près du portail. Ceux-ci étaient actionnés par des moteurs hydrauliques utilisant, du côté Suisse, la force motrice du Rhône et, du côté Italien, celle de la Biveria.
- L’installation de chacune des deux tètes se composait (fig. 3 et 4) de deux ventilateurs semblables à force centrifuge et axe horizontal actionnés directement par une turbine Girard. Les ventilateurs de 5,75 m. de diamètre sont munis de 7 ailes courbes d’une largeur de 0,80 m. à la base et de 0,30 m. à la circonférence, plus 7 ailettes intercalées entre les premières. Le diamètre de l’œillard
- à 30 m5 d’air à la seconde. Toutefois, par suite des pertes qui se produisent par les transversales et par les canaux d’évacuation des eaux sous les cloisons, ainsi que par l’ouverture des portes, à la distance de 9 à 10 km du portail, ce volume d’air se trouvait généralement réduit à 20 m3 environ.
- Par la manœuvre de portes disposées à cet effet ces ventilateurs peuvent réaliser divers modes de ventilation. Ainsi, en ouvrant les portes ace (fig. 5) et en fermant les portes b d f, chacun des ventila-
- i
- Fig. 2. — Schéma du mode de ventilation pendant les travaux
- est de 1,55 m. et la vitesse maximum est de 400 tours par minute donnant une vitesse périphérique de 78,55 m. par seconde.
- L’air refoulé par ces ventilateurs traverse un caisson en bois (fig. 2) débouchant dans un puits vertical ouvert sur le plafond de la galerie parallèle et par lequel il pénètre dans cette galerie qui, comme nous l’avons dit, est fermée à son entrée.
- Chacun de ces ventilateurs débite, à la vitesse de 350 tours à la minute, 25 m3 d’air par seconde sous une pression de 250 mm d’eau. Mais en portant la vitesse à 400 tours, ils peuvent arriver à débiter 55
- leurs refoule l'air dans la galerie parallèle. Réciproquement en ouvrant les portes b d f et en fermant les portes a c e il peut aspirer l’air de cette meme galerie parallèle.
- De plus, les deux ventilateurs de chacune des têtes du tunnel peuvent fonctionner en série, mais alors en doublant la pression dans le premier cas et la dépression dans le second, c’est-à-dire en débitant 25 m3 d’air à la seconde avec une pression ou une dépression de 500 mm d’eau.
- Avec un débit de 25 m3 à la seconde la vitesse du courant d’air dans la galerie parallèle est de 5 m. à 5,50 m. à la seconde et dans la galerie de base du tunnel à élargir elle est de 4 m. Quant aux sections où stationnent des trains en chargement, par suite de la réduction de la section libre due aux wagons, aux boisages, etc., la vitesse de l’air y atteignait 6 m. par seconde, maximum de vitesse que peuvent supporter les ouvriers. De plus, à ces vitesses considérables, les poussières des déblais sont transportées au loin et gênent les équipes situées à l’aval. Avec de telles vitesses on a dû remplacer les lampes de mineurs par des lanternes fermées.
- Une question se posait. Le volume prévu de 25 m3 à la seconde pouvait-il suffire pour rendre habitables des galeries où travaillent simultanément 1000 ouvriers, effectif qui se trouve doublé lors du changement des postes, où se trouvent une vingtaine de chevaux et où on consomme 500 kg de dynamite par 24 heures?En admettant qu’un homme qui travaille consomme 40 litres d’air par minute, qu’une lampe
- p.331 - vue 335/647
-
-
-
- 332
- VENTILATION ET REFRIGERATION DU TUNNEL DU SIMPLON
- de mineur peut être comptée pour un homme et un cheval pour trois, un calcul très simple montre que le cuhe d’air nécessaire devrait être au maximum de 5 m3 par seconde. Les 25 m5 refoulés dans le tunnel étaient donc de beaucoup supérieurs à ce qui était nécessaire pour rendre habitables aux
- Plan des ventilateurs.
- ouvriers les galeries. Mais en envoyant ce gros cube d’air, on avait surtout en vue l’abaissement de la température de l’ambiance qu’on supposait devoir s’élever à 40 ou 42°. Malheureusement cette température de -40° du rocher s’est trouvée notablement dépassée et la ventilation proprement dite, malgré qu’elle ait atteint son maximum d’elï'et, n’a pu suflire pour abaisser, en certains endroits, l’air des galeries et on a dû avoir recours, comme moyen complémentaire, à la réfrigération par pulvérisation d’eau fraîche.
- Au point de vue de la pureté, des expériences faites dans différents chantiers ont montré que l’air des galeries bénéficiait de ce gros volume d’air. Ainsi, du côté d’Iselle, la proportion d’acide carbonique contenu dans l’air variait entre 0,50 et 7,55 pour 1000 et, du côté de Brigue, entre 0,7 et A,80 pour 1000.
- versant Italien et l’autre du versant Suisse, rencontre qui eut lieu le 24 février 1905, avec un cube d’air de 55 m., envoyé du côté de Brigue, et une température extérieure de 17°,2, la température de l’air près de maçonnerie de la voûte atteignait 51",5. Du côté d’Iselle avec un cube d’air de 27 m. par seconde, une température extérieure de 17°,7, celte même température de l’air à la voûte était de 29°.
- Restait une dernière question, celle de savoir si la pression produite par chacun des ventilateurs et qui, comme nous l’avons dit, était fixée à 250 mm d’eau, était suffisante pour refouler 25 m3 d’air à travers des galeries arrivées à leur plus grand développement. c’est-à-dire réparties sur 10 km de galerie parallèle, 1 km de galerie de base du tunnel définitif et 9 km de tunnel terminé. Or, en se basant sur les coefficients de frottement de l’air contre les parois de 0,07 pour les parois nues et de 0,027 poulies parties revêtues de maçonnerie, chiffres établis par M. Murguc et vérifiés ensuite au Simplon, le calcul montre qu’une pression d’eau au ventilateur de 168 mm était suffisante et que celle de 250 mm prévue tenait suffisamment compte des imprévus. Dans ce cas la force effective motrice nécessaire pour lancer 25 m3 d’air sous une surcharge de 250 mm
- K d 4- (r
- &
- r r w h
- km
- Fis. 5.
- ja l : b a. \iAy
- Positions diitérentes des portes des ventilateurs.
- Quant à la température voici quelques-uns des résultats obtenus. Peu de temps avant la rencontre des deux galeries d’avancement, l’une venant du
- est de 151 chevaux et, comme les ventilateurs peuvent marcher à 400 tours, on les a accouplés à des turbines de 200 chevaux. Il y a donc, à chaque tête du tunnel, une puissance motrice de 400 chevaux au service de la ventilation.
- Revenons maintenant à la ventilation des chantiers d’avancement. Nous avons dit que, par suite de la position des fronts de taille qui, dans chacune des galeries d’avancement, se trouvent le plus souvent à une assez grande distance en avant de la dernière galerie transversale, il était impossible que ces fronts de taille soient atteints par la ventilation primaire et que des dispositions spéciales devraient être prises pour leur ventilation. Ce sont de ces dispositions complémentaires dont nous allons parler.
- p.332 - vue 336/647
-
-
-
- VENTILATION ET REFRIGERATION DU TUNNEL DU S1MPLON
- 333
- Pour aérer ces chantiers, d’attaque des galeries d’avancement, on reprend l’air de la ventilation principale (lig. 2) et on l’amène par des conduites métalliques jusqu’aux chambres de
- travail. Dans ce but cel air est aspiré “.............
- dans la galerie parallèle quelques mètres avant la dernière transversale, puis refoulé dans une conduite en tôle, ouverte aux deux bouts, au moyen d’un injecleur d’eau alimenté par la conduite à haute pression des perforatrices (75 atm. de pression)
- (lig. h). L’eau de l’injecteur est ensuite évacuée au moyen de siphons indiqués sur la ligure, de telle sorte qu’il n’est envoyé au front d’attaque que de l’air relativement sec. La pression de l’air à quelques mètres en aval de l’injecteur est de 204 mm
- ....... ~
- plis de glace olfrant à l’air de la ventilation une surface totale réfrigérante de 50 m2. Malheureusement l’cllèt utile de ce réfrigérant devenant pour ainsi dire
- Fis. 6.
- Installation des injeeteurs pour la ventilation secondaire des chantiers d’avancement.
- Fiy. 7. — Installation du wagon réfrigérant à glace.
- d’eau et avec un tuyau de 0,20 m. de diamètre et de 150 à 200 m. de longueur, on pouvait obtenir aisément un débit d’un demi-mètre cube d’air à la seconde au front de taille. Pour les premiers kilomètres ce débit suffisait pour l’aérage du chantier d’avancement, mais lorsque la température du rocher devint plus élevée et qu’il devint nécessaire de porter le débit à un mètre cube par seconde avec une distance de transport de l’air dépassant 90 m., il devenait indispensable d’établir un deuxième injecleur.
- En cas déplus grands débits d’air on s’est servi de conduites de 0,50 à 0,40 m. de diamètre et lorsque la distance de transport d’air atteignait 4Q0 m. on fut amené à placer 4 injeeteurs successifs et, même, dans certains cas, jusqu’à 7 injeeteurs absorbant alors une puissance totale de 200 chevaux.
- Gomme on le voit, ce dispositif possède une grande élasticité. De plus, si la conduite qui amène l’eau motrice est bien isolée de manière à éviter un trop grand échaulfement de cette eau, il permet de refroidir notablement l’air du front d’attaque. Dans le but d’augmenter encore cel avantage, on a intercalé sur la conduite
- nul au bout de deux heures de service, il était nécessaire de le remplacer par un autre, de telle sorte qu’il fallait amener par 24 heures dans chaque galerie d’avancement douze wagons réservoirs. La ligure 7 représente la disposition adoptée pour substituer un wagon à l’auLre sans interrompre la ventilation du chantier. Cet appareil de réfrigération de l’air a fonctionné régulièrement pendant quelques mois du côté de Brigue, mais en présence des difficultés de manœuvre et de l’encombrement des wagons réservoirs, l’emploi de la glace a été finalement supprimé.
- On a également tenté de supprimer les injeeteurs et de les remplacer par deux petits ventilateurs mis en série et marchant à la vitesse de 2500 tours à la minute, actionnés par de petites turbines Pelton d’une puissance de 10 chevaux. Après quelque temps de marche, ces ventilateurs ont été abandonnés et on est revenu à l’emploi de l’injecteur.
- Grâce à cel le ventilation secondaire, on a pu oblc-
- Inslallalion des ventilateurs
- ut de la porte de fermeture de la galerie principale.
- de la ventilation secondaire un réservoir tubulaire à glace destiné à refroidir très sensiblement l’air à son passage. Ce réservoir qui était placé sur un truek se composait de 515 tubes verticaux de 0,04 m. de diamètre et de 0,7 88 m. de longueur mu-
- nir dans la zone où la température du rocher dépasse 50°, un abaissement de température de 26°,0 au chantier d’avancement pendant la perforation et de 25°,fi pendant le marinage et cela à une distance de
- p.333 - vue 337/647
-
-
-
- 334
- ACADEMIE DES SCIENCES
- LE « TABULUM »
- !),5 km île l’enlrée. Les résultats sont importants et montrent qu’il est possible aujourd’hui de lutter d’une manière effieacc contre la chaleur souterraine, une des plus grandes difficultés du percement des longs tunnels alpins.
- Ventilation pendant Vexploitation. — Nous venons d’indiquer dans ce qui précède les différents procédés nus en œuvre, pendant les travaux de percement du tunnel de Simplon, pour ventiler et rafraîchir l’air des galeries et celui des chantiers d’avancement.
- 11 nous reste, avant de terminer, à dire quelques mots sur le mode de ventilation adopté postérieurement pour aérer l’air du tunnel à voie unique lorsque celui-ci a été ouvert à la circulation des trains le 1er juin 1906, mode de ventilation qui du reste n’est qu’une simple modification de celui employé pendant les travaux, les mômes ventilateurs servant à cette occasion.
- Voici, dans ce cas, le mode de fonctionnement adopté pour ces ventilateurs. Les deux entrées du tunnel à voie unique sont fermées au moyen de rideaux en toile pouvant être relevés rapidement au moment du passage des trains. Dans ce but, comme le montre la figure 8, le rideau peut s’élever ou s’abaisser, à la façon d’une herse, par l’intermé-
- diaire de chaînes passant sur des poulies mises en mouvement par une dynamo d’une puissance de 15 chevaux.
- Les deux ventilateurs de Brigue étant associés en quantité refoulent l’air dans le tunnel, tandis que ceux d’Iselle, accouplés également en quantité, aspirent ce môme air, en produisant une dépression qui réduit le travail à produire par les ventilateurs de Brigue. Quelques-unes des transversales sont laissées ouvertes et permettent à la galerie parallèle de bénéficier de la ventilation, dans la mesure, tou-lois, que permet la faible différence de pression existant entre les deux têtes de tunnel. Par suite de cette association en quantité des deux ventilateurs le volume d’air refoulé et aspiré, par chacune des tètes, peut atteindre un maximum de 50 ni. par seconde circulant dans le tunnel à une vitesse moyenne de 2 m. par seconde.
- Dans un prochain article nous parlerons de la réfrigération de l’air du tunnel par pulvérisation d’eau fraîche, mode de refroidissement qui, comme nous l’avons dit, a du être adjoint à la ventilation, celle-ci, malgré le gros cube d’air envoyé, ayant été reconnue insuffisante pour abaisser suffisamment la haute température de l’air en contact avec les roches traversées. B. Bonmx.
- ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du 19 octobre 1908. — Présidence de M. Bouchard.
- Allas des constructions navales. — M. Darboux dépose un nouveau fascicule de l’ouvrage commencé par l’amiral Paris à l’effet de perpétuer le souvenir des différents types de vaisseaux de la marine militaire. L’amiral Paris fut directeur du musée de marine du Louvre de 1872 à 1894. 11 consacra à la construction de modèles de vaisseaux exposés dans les vitrines de ce musée et à la publication de son atlas de constructions navales, non seulement des efforts inlassables, mais encore toutes ses ressources personnelles. L’Académie s’est chargée de continuer la publication; MM. de Bussy et Berlin ont fourni les matériaux du fascicule actuel. M. Berlin a accepté la tache de préparer seul le fascicule suivant.
- Toxicité de l’urine. — M. Bouchard résume un travail qu’il a exécuté en collaboration avec M. Ballhazar, relativement à l’effet de la chaleur sur la toxicité de l’urine. ' Ils ont expérimenté sur de l’urine fraîche et normale. Ils ont constaté qu’en chauffant cette urine jusque vers 50° sa toxicité diminue. La diminution du pouvoir toxique est 3/10. Indépendamment du chauffage, le contact de l’air atténue très vite la toxicité de l’urine par suite d’oxydation. L’urine recueillie sous huile, de manière à ne pas avoir été exposée à l’air, est lou-j ours beaucoup plus toxique.
- Culture de plante parasite isolée. — M. (!. Bonnier présente une Note de M. Molliard qui a réussi à cultiver une plante parasite sans le végétal qui lui sert de support. Les expériences ont porté sur les cuscutes, connues des paysans sous le nom de teigne, et qui ravagent les luzernes. La cuscute se développe dans un tube de verre et fleurit
- rapidement à condition de la nourrir avec de l’eau sucrée.
- Élimination organique de Vazote. — M. A. Gautier présente une Note de M. Maillard sur les coefficients numériques de l’élimination de l’azote. Au moyen de 60 expériences faites sur de jeunes soldats, M. Maillard a reconnu qu’une notable partie (6 pour 100) de l’azote est rejetée sous la forme d’ammoniaque. I/urée représente 81 pour 100 du poids de cet azote. Lorsque l’homme travaille, le poids total de l’azote ne varie pas; l’acide phosphorique excrété augmente dans ce cas.
- Les guêpes du Congo. — M. Bouvier présente une Note de M. Roubaud sur les guêpes solitaires du Congo. Jusqu’ici on ne connaissait pas d’intermédiaire entre les guêpes solitaires et les guêpes vivant en société dans les guêpiers. L’une des trois familles décrites par M. Roubaud comble la lacune. L’une des guêpes du Congo attache à on mur ou à un arbre une cellule de pisé ; y pond un œuf, y dépose une chenille paralysée par une piqûre, referme la cellule et s’éloigne définitivement. La seconde des guêpes ne ferme pas immédiatement la cellule. Elle reste dans son voisinage, et au moment où la larve va avoir achevé de dévorer la chenille, elle renouvelle la nourriture puis clôt la cellule et s’envole sans retour. La troisième espèce 11e clôt jamais la cellule et nourrit la jeune larve « à la becquée » avec de petites boulettes. Lorsque cette larve a achevé sa transformation elle trouve donc la guêpe pondeuse occupée à construire une cellule. Peut-être y travaille-t-elle avec elle. Il y aurait donc un commencement de vie en société.
- Cii. de Yjlledeuil.
- p.334 - vue 338/647
-
-
-
- ENCORE LE « TABULUM »
- Je signalais dans La Nature (n° 1829, 18 juin 1908, p. 21) sous le titre une survivance préhistorique, le tabuluni, l’existence prolongée jusqu’à nos jours d’un ancien instrument agricole, décrit autrefois par Yarron sous le nom de tabuluni et remontant selon toute vraisemblance à une antiquité antérieure au monde latin lui-même : cet instrument est un assez grand plateau de bois, recourbé à une extrémité de façon à permettre un attelage facile, et dont la face inférieure porte des silex taillés, d’ailleurs tout modernes, mais dont l’aspect est très proche de celui des lames néolithiques. Sur la foi de M. Morel, je disais que le seul lieu où se fabriquent aujourd’hui les tabulums est un village de l’Asie Mineure, Bounjourkli, entre Sonia et Magnésie. J’ajoutais que l’instrument de Bounjourkli est expédié et employé dans les îles de l’Archipel, en Thessalie, en Syrie, et jusqu’en Bulgarie.
- Depuis que j’ai écrit cette petite note, d’obligeants lecteurs de La Nature, que je liens ici à remercier vivement, ont bien voulu me faire parvenir des renseignements complémentaires sur le tabuluni. 11 en ressort d’une façon très nette : 1° que l’aire d’emploi du tabuluni est beaucoup plus vaste que ne l’avait indiqué M. Morel dans le Bulletin de la Société (Vanthropologie, et même que l’aire, déjà agrandie, que je délimitais moi-même en ajoutant la Bulgarie aux régions citées par cet auteur; 2° que l’attribution, faite par M. Morel, à Bounjourkli, de la fabrication exclusive du tabulum, est évidemment erronée. Répandu dans un très grand nombre de points de la région circumméditerra-néenne, le tabulum doit y être labriqué sur place, ou à proximité, en des lieux à déterminer.
- M. Jacquot, juge honoraire à Grenoble, très au courant de toutes les choses tunisiennes et algériennes, et dont nos lecteurs ont pu apprécier les notes qu’il nous a envoyées à leur sujet, me signale d’abord qu’il est question du tabulum dans les Comptes Rendus de VA. F. A. S. (Oran, 1888, 1er pt., p. 207) et ce à propos du livre de M. Cartail-lac : L'âge de la pierre en Afrique ; il est dit, en elfe!, dans la discussion qui s’engage au sujet de ce livre : « On trouve dans le Sud de la Tunisie un appareil à dépiquer l’orge qui pourrait conduire à des appréciations erronées ; il consiste en une planche à la surface inférieure de laquelle sont incrustés des silex destinés à écraser les épis ; parmi eux on trouve toutes les formes et quelques-unes évidemment néolithiques, recueillies par les indigènes sur des stations préhistoriques, fréquentes dans le pays. »
- M. Jacquot confirme personnellement cette observation en écrivant : « L’instrument décrit est d’un usage courant en Tunisie et on peut en voir tous les jours un certain nombre dans la rue affectée aux forgerons et aux maréchaux, à Tunis. » Mon correspondant a d’ailleurs fait en juillet 1907 une communication à ce sujet à la Société d’ethno-
- graphie dauphinoise. On lira avec intérêt ce texte qui n’est pas encore paru, mais dont l’auteur a bien voulu m’adresser la copie.
- « El harilla, herse agricole tunisienne. — Il y a quelques mois, un de nos collègues de la Société nous entretenait de silex taillés d’origine Nord-Africaine qui seraient fréquemment apportés dans nos ports de mer métropolitains avec des cargaisons de céréales provenant soit de Tunisie, soit d’Egypte. El notre collègue nous parlait à cette occasion de certaines charrues primitives encore en usage dans les pays barbaresques.
- « Je n’avais jamais vu ces charrues qui, certainement, n’existent pas en Algérie. Mais j’ai pu en apercevoir plusieurs spécimens cette année, à Tunis même, dans des boutiques du quartier des forgerons (près de la porte qu ouvre sur le boulevard de Bab-el-Menara).
- « Ces instruments portent le nom de karilta, qui doit être une corruption du mot charretle[l\
- « En réalité la karilta est un traîneau large de 50 à 55 cm., long d’environ 0,70 m. et légèrement relevé à l’avant, qui est terminé presque en pointe. Un dirait une gigantesque semelle de sabot, un peu élargie vers le tiers antérieur et épaisse de 5 à 5 cm. Ce traîneau est consolidé par 2 traverses fixées à la surface supérieure et perpendiculaires au sens de la longueur. A la traverse antérieure sont fixés deux anneaux destinés à fixer les traits de l’attelage. Cette traverse est au tiers antérieur; l’autre est clouée presque tout à fait à l’arrière.
- « Une série de lames en fer sont fixées sous le traîneau, à l’endroit où la partie horizontale va se relever en bec à l’avant. Ces lames ont de 10 à 15 cm. de long et de 5 à 10 cm. de largeur sur à peu près 5 mm d’épaisseur; elles sont encastrées dans le bois suivant leur partie mince, parallèlement entre elles et sur 2 rangs, dans le sens du traîneau. Il y en a 0 ou 7 par rangée. Six autres lames plus fortes sont réparties systématiquement 2 à 2 le long des grands côtés de la karitta et une septième est placée à l’arrière, tel un gouvernail.
- « Entre les deux rangées de lames de l’avant et la lame arrière et entre les six grandes lames latérales il y a 20 à 25 lignes de 6 à 7 silex, non taillés mais choisis très approximativement de la même grosseur; ils sont encastrés dans le plancher du traîneau et saillant de 2 à 5 cm. A défaut de silex, l’ouvrier se contente de fragments d’une autre pierre dure.
- « La karitta coûte approximativement 12 francs.
- (( Ce véhicule ne peut être qu’une herse. C’est bien l’instrument ou l’outil le plus primitif qu’il m’ait été donné de voir et il doit remonter à une haute antiquité. »
- Le capitaine de Pontbriand (Tunis) confirme de son côté les dires de M. Jacquot :
- « A Tunis même je connais plusieurs fabriques de ces traîneaux, uniformément construits en acacia, et garnis de silex, et aux portes mêmes de la ville, le dépiquage se fait avec cet instrument. »
- Mais ce n’est pas tout : le tabulum, ou la karitta, est employé également en Espagne ; c’est ce que prouvent les lettres que j’ai reçues de MM. Desmarets, membre de la Société des ingénieurs civils de France (papeterie d’Odet, par Quimper), Arthur Batut (En-laure, près Labruyère, Tarn), J. Colletti (à Segorlu, près de Valence).
- p.335 - vue 339/647
-
-
-
- 336
- LE « TABULUM »
- « Il n’esl pas besoin d’aller si loin, dit M. Desinarels, pour voir fonctionner le tabulum. Pour ma part je l’ai trouvé, en 1904, aux environs de Saragosse, en vue des Pyrénées. Le lléau est inconnu dans celte région et je crois qu'on n’y a qu’une vague idée des machines à battre; par contre, j’ai vu aux portes de Saragosse la piste circulaire servant à dépiquer les céréales.
- « Dans ce pays l’instrument s’appelle la trilla; il est traîné par deux mules et j’en ai sous les yeux une carte postale, rapportée de Saragosse. On y voit, sur l’instrument primitif, le conducteur accompagné d’un petit garçon.
- « La trilla se construit souvent avec des dents en acier, faites de lames de scies ; mais les silex sont préférés de beaucoup et très employés. Quatre roues très petites servent à ménager les taillants quand la trilla roule directement sur le sol.
- « La trilla coupe la paille en tronçons de 8 à 10 cm. Pour séparer le grain on choisit un jour de vent, ce n’est
- des mules ne résisteraient pas longtemps à son usage.
- « C’est pour broyer la paille sur l’aire en même temps qu’on en sépare le grain, que l’on se sert depuis un temps immémorial en Aragon du trillo de ptedra (herse de pierre). Rien d’étonnant à ce que son usage se soit maintenu jusqu’à nos jours. Les hache-paille ne peuvent, en effet, les remplacer. Ce n’est pas de la paille hachée que réclament les animaux. Elle serait presque aussi ruineuse pour leurs dents que la paille entière. C’est la paille broyée, cette paille que prépare si bien le trillo de piedra et qui donne, au toucher, la même sensation onctueuse que de la laine en rame. »
- « Cet instrument agricole, ajoute M. Collelti, est employé couramment en Espagne.
- « Il est construit en bois et hérissé de fer ou de pierres.
- « Cette photographie représente un tabulum attelé de deux ânes, le conducteur est assis sur une chaise placée i sur l’instrument. L’opération se fait comme en Bulgarie
- pas rare dans cette région, et l’on remue la paille a la pelle, en la projetant en l’air. ))
- M. Batut écrit de son côté :
- « À 100 km à peine de la frontière française, au pucblo de Nueno, district et province de lluesca, dans le Haut Aragon (Espagne), on fabrique sous le nom de trillo de piedra des appareils en tout semblables à celui décrit par M. Delsaux, composés d’un plateau de bois sous lequel on fixe des silex taillés. On remplace quelquefois, dans les fermes éloignées du lieu de fabrication, les silex taillés par des lames de fer. Mais le travail exécuté par ces dernières est moins parfait.
- (( L’usage de cet appareil primitif n’est pas, si l’on y regarde de près, aussi extraordinaire qu’il le paraît au premier abord. Dans une grande partie de l’Aragon, le manque absolu de fourrages oblige les agriculteurs à nourrir uniquement de paille et d’un peu d’orge les animaux employés à la culture. Cette paille, par suite de la nature du sol et de la sécheresse de l’atmosphère au moment des battages, est tellement dure que les dents
- sur une aire circulaire, construite en terre battue mélangée de paille.
- - « La paille hachée en petits morceaux, est en grande partie employée à la nourriture des animaux et mélangée avec l’orge. »
- Les renseignements fournis par mes lecteurs, résolvent donc la question du tabulum dans le sens que j’indiquais au début. J’ajouterai que ces renseignements dépassent l’intérêt archéologique; ils permettent, en effet, de comprendre le mécanisme de ces survivances préhistoriques qui paraissent si étranges : elles sont en lait expliquées par les conditions géographiques, économiques ou sociales du milieu. On devrait presque dire qu’il n’y a pas en réalité survivance, mais, en présence des mêmes circonstances qu’au-trefois, adaptation analogue. Joseph Deesaux.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lauuriî, rue de Fleurus, 9.
- p.336 - vue 340/647
-
-
-
- 31 OCTOBRE 1908.
- LA NATURE. - N" 1849.
- LA GRUE DE SAUVETAGE DES CHEMINS DE FER D’ORLÉANS
- Nous avons signalé ici, en leur temps, les grues très puissantes et certainement fort intéressantes, au point de vue absolu, que possèdent les compagnies de chemins de 1er américaines. Il y a là tout un parc à matériel des plus curieux, dont on ne trouvait jusqu’ici aucun équivalent dans les réseaux européens ; les Américains, en cas d’une collision, d’un déraillement, d’un accident quelconque, ayant tenu à pouvoir envoyer rapidement sur les lieux des appareils de levage susceptibles de soulever et de déplacer les lourds wagons qui sont employés con-
- sent, se contentait-on d’envoyer sur le lieu d’un accident ce qu’on appelait le wagon de secours, avec son jeu de crics mus à bras, pour le soulèvement des wagons ou machines. On sait quels résultats excellents, mais un peu lents, donne l’emploi des crics. Mais le trafic, en se développant, entraîne forcément un chiffre absolu un peu plus élevé d’accidents; et, d’autre part, les besoins de ce trafic intense exigent que l’on rende aussi rapidement que possible les voies à la circulation ; de côté et d’autre on se préoccupe donc, en Europe, de compléter le
- La grue du réseau d’Orléans eu service.
- stamment sur leurs lignes ferrées, et aussi les énormes locomotives qui sont d’un usage non moins courant.
- Il faut dire que l’immobilisation du capital considérable que représentent ces engins de levage est malheureusement fort justifié aux États-Unis, par la fréquence des accidents de chemins de fer qui s’y produisent. Il est prouvé que l’insécurité de leurs voies ferrées dépasse tout ce qu’on peut imaginer.
- On comprend que cette fréquence des accidents justifie la possession d’un matériel important, pouvant gagner rapidement tel point du réseau auquel appartient l’engin de sauvetage. Heureusement les conditions sont toutes différentes sur les réseaux anglais ou français. Aussi, jusqu’à pré-3Ge auuée. — 2e semestre.
- matériel des chemins de fer par des grues de forte puissance, analogues plus ou moins aux engins américains dont nous avons parlé.
- Une des plus intéressantes nous semble être celle que vient de se faire construire la Compagnie des chemins de fer d’Orléans. Cet appareil a une puissance maxima de soulèvement de 50 tonnes; il est bien évident que cela ne lui permet pas de soulever à bout de bras, et à elle seule, une des grosses locomotives du réseau, mais cela la met à même de la faire pivoter sans peine successivement par chacune de ses extrémités; et, avec l’aide de quelques crics de renfort, les besognes les plus difficiles se feront rapidement. La photographie que nous reproduisons, et que nous devons à l’obligeance delà Compagnie,
- 22. — 337
- p.337 - vue 341/647
-
-
-
- 338 z:—7, - ----- : CHRONIQUE 7:::=:
- est là pour montrer qu’une locomotive d’un type modeste n’est pas du moins une charge pour effrayer cet appareil de soulèvement ; à plus forte raison, les wagons ordinaires, qui n’atteignent point ce poids de 50 tonnes.
- La grue est montée sur une plate-lorme, rappelant beaucoup un grand wagon à voyageurs par sa disposition générale; elle est portée par deux bogies à deux essieux chacun, le poids total de l’appareil est de quelque 70000 kg; il a fallu s’arranger de manière qu’elle n’infligeât pas une charge exagérée aux voies sur lesquelles elle devait circuler. On s’est ainsi fixé à cette charge de 17 500 kg par essieu que nous avons vu pratiquer pour les grosses locomotives modernes. Bien entendu, quand elle soulève une charge de 50 tonnes au bout de sa volée, elle imposerait une charge exagérée aux rails, vis-à-vis des points où portent scs roues, et à l’aplomb de ses essieux par conséquent. Aussi l’appareil possède-t-il des organes de calage intermédiaires : ce sont des jambes à coulisse, au nombre de cinq, dont deux à chaque extrémité; elles peuvent venir appuyer sur un lit de bords de rails, disposés sur une plate-forme faite de madriers en chêne. La plate-forme est calée elle-même sur les bogies. On peut aussi recourir à un calage, comme le montre la photographie ci-jointe. De toute manière, on arrive à répartir convenablement la charge sur une surface assez large.
- Cette grue est à vapeur. Elle comporte, pour la génération de la vapeur, une chaudière Field, à 8 kg de pression. Le moteur qui utilise ce fluide est à deux cylindres de 205 millimètres de diamètre, calés à 90°. Grâce à des embrayages convenables, il peut commander à volonté deux treuils différents, suivant la besogne à faire, c’est-à-dire la charge à lever.
- Le treuil le plus puissant est naturellement celui qui n’agit pas tout à fait au bout de la portée de la grue; il est à 5 brins mouflés, et il peut soulever, en long ou en travers, une charge des tonnes prise à une distance maxima de 4,90 m. L’allure de soulèvement est alors de 0,025 m. à la seconde. En
- réduisant la charge à 25 tonnes, il peut agir à une distance de 7,50 m. Sous des angles de 20, de 40 ou de 60°, il tire en travers (pour dégager des voies, par exemple) des poids de 25, de 17 ou de 15 tonnes. Quant au treuil auxiliaire, il peut soulever 11 tonnes à une allure de 0,20 m. par seconde. Tous deux sont munis d’un frein asservi, ce qui donne une très grande sécurité: c’est qu’en effet, avec ce système, tout arrêt du moteur met le frein en action, et celui-ci n’est desserré que par la marche arrière du moteur. Les câbles de soulèvement sont en acier clair d’une résistance parfaite.
- Nous ajouterons que la grue, sans être automobile, peut se déplacer en se halant sur un point fixe, grâce à un treuil à vapeur; cela facilite les manœuvres durant des travaux de sauvetage. À noter que les traverses extrêmes de la plate-forme de la grue, traverses portant les dispositifs d’attelage, peuvent s’enlever complètement : cela a ce résultat intéressant que la grue peut s’approcher davantage du point où l’on doit fixer le crochet de soulèvement. L’appareil n’est pas automobile, au contraire de ce qui se passe ordinairement pour les instruments analogues américains. On a pensé que, au cas d’un accident, on avait toujours besoin d’envoyer au moins un wagon de secours en même temps que la grue de sauvetage; d’autre part, elle est normalement complétée par un wagon satellite qui sert, en cours de marche, à supporter le bout de sa volée étendue et abaissée. 11 y a donc là de quoi former un train; et, dans ces conditions, on préfère donner à remorquer le tout à une locomotive ordinaire de puissance relativement faible ; le convoi peut du reste se déplacer sans inconvénients à une allure de 60 à 70 km. à l’heure et arriver vite sur le lieu du sinistre, la grue se plaçant soit sur la voie libre (s’il y a deux voies), soit sur une voie de fortune, soit même en bout sur la voie sinistrée. Pendant le voyage, on met sous pression la chaudière de la grue.
- Cet appareil a déjà rendu des services, et notamment sur le réseau de l’État français, qui ne possède point de matériel de ce genre. Daniel Bellet.
- CHRONIQUE
- Les bactéries lumineuses. — La production de lumière par des organismes vivants, est un phénomène extrêmement répandu ; tout le monde connaît la luminescence de certains scarabées, tout le monde a lu la description du spectacle magnifique de la mer phosphorescente, dû à des animalcules microscopiques. La viande, en légère décomposition, le bois pourrissant, les feuilles mortes émettent également de la lumière. C’est à une bactérie, le baderiumphosphoreum, qu’est due cette action. M. Molisch, professeur à l’Université de Prague, a consacré à ce phénomène une étude que résume la Revue générale des sciences; il. a constaté que le baderium phosphoreunï était d’une diffusion très générale ; on le trouve dans toutes les glacières, dans tous les dépôts de
- viande de boucherie. Les œufs conservés dans l’eau salée, les pommes de terre cuites prennent aisément cette luminescence caractéristique, soit spontanément, soit au contact de viande de boucherie. On l’observe encore sur les poissons de mer, les cadavres d’animaux marins, etc. Quant au mécanisme intime qui donne naissance à ces radiations, il reste encore mystérieux. M. Molisch a réalisé des cultures de bactéries lumineuses. Il a pu ainsi constituer des ampoules présentant une luminescence continue pendant des mois entiers; ce sont de véritables lampes froides, n’émettant aucun rayon calorifique. On sait que c’est là le rêve des savants qui étudient les questions d’éclairage. Peut-être un jour les bactéries leur fourniront-elles la solution du problème et créeront l’éclairage idéal.
- p.338 - vue 342/647
-
-
-
- ----= — --^-= 339
- LA NOUVELLE GIRAFE DU MUSÉUM
- ET LES DIFFÉRENTES VARIÉTÉS DE L’ESPÈCE
- Pendant longtemps la Girafe a été considérée comme un type tout à lait isolé dans la nature, et constituant à elle seule une famille distincte du groupe des Ruminants. Cette famille s’est accrue-d’abord de plusieurs formes fossiles, de l’époque tertiaire, qui avaient, en général, des proportions beaucoup plus trapues et plus normales que la Girafe actuelle (Sivatherium, Bramatherium, Ur-rn i allie ri u m,
- Helladolherhim,
- Palœotragus, etc.); puis on a découvert, vivant encore dans l’Afrique centrale, le genre Okapi (Okapia), qui se rapproche beaucoup plus de ces formes éteintes, notamment de V Helladolhe-rium, que de la Girafe. Enfin, depuis que l’exploration de l’Afrique est devenue plus complète et plus scientifique, on a reconnu que la Girafe elle-même présentait, suivant les régions qu’elle habite, des différences très notables et que les naturalistes modernes sont convenus de considérer comme caractérisant des sous-espèces.
- C’est de ces variétés locales que je voudrais dire ici quelques mots, car plusieurs d’entre elles diffèrent beaucoup, par leur apparence, des Girafes que nous voyons d’ordinaire dans les jardins zoologiques et qui proviennent, presque toutes, de la llaute-Égypte, ou des régions voisines de l’Abyssinie.
- On sait que la Girafe habite toute l’Afrique au sud du Sahara ; mais il s’en faut de beaucoup qu’elle soit également répartie dans cette vaste étendue : on peut faire en Afrique des centaines de lieues sans apercevoir une seule Girafe. Cette espèce ne se plaît que dans les steppes ou plaines découvertes parsemées de buissons et de petits bouquets de mimosées,
- particulièrement d'Acacia girafæ, arbre ainsi nommé précisément parce que la Girafe fait sa principale nourriture de ses feuilles élégamment découpées. C’est là qu’on la rencontre par petites troupes ou par couples isolés (fig. 2).
- Il faut avoir vu la Girafe au milieu de ces arbres, qui croissent d’ordinaire isolés et assez clairsemés, pour comprendre la raison des taches polygonales qui
- donnent à l’animal un aspect si caractéristique. Il yea là un mimétisme protecteur très accusé, mais qui ne s’explique bien que lorsqu’on connaît le port et la disposition des branches de l’Acacia girafe1. Ces rameaux, feuillus seulement à leur extrémité, sont blanchâtres et se recourbent ou se bifurquent à angle plus ou moins ouvert, de manière à former des figures polygonales, exactement comme les raies blanches qui séparent les taches foncées de la robe de la Girafe. Il en résulte que, lorsque celle-ci est derrière un de ces arbres, son pelage se confond, dans l’éloignement, avec les branches de l’arbre qu’elle est en train de brouter, et qui la dissimule parfaitement.
- Ce fait est si bien connu des chasseurs que, pour apercevoir les Girafes, ils sont forcés d’user d’un subterfuge. Ils font monter l’un d’eux au sommet d’un arbre : l’homme ainsi placé, et muni au besoin d’une lorgnette, inspecte au loin le sommet, toujours un peu aplati, des Acacias, et ce sont les têtes des
- Girafes qui dépassent et qui, tout en broutant, se
- 1 11 lie faut pus confondre cet arbre avec celui que nous nommons vulgairement « Acacia » en Europe et qui est en réalité le liobinia pseudacacia de Linné.
- Fig. 1. — Jeune girafe du Soudan Occidental (Tombouctou), actuellement au Muséum. (Photographie do M. Sauvinet, assistant au Muséum.)
- p.339 - vue 343/647
-
-
-
- 340 .:.. =v-’..’ : NOUVELLE GIRAFE AU MUSÉUM
- déplacent lentement, qui trahissent la présence de ces animaux. C’est ce que montre nettement notre figure 2, où l’appareil photographique, braqué par l’observateur du haut de son perchoir, a mis ce mimétisme en évidence par suite de la présence d’une ou deux branches d'Acacia très rapprochées de l’objectif, et qui figurent un polygone tout à lait semblable à celui des taches de la Girafe.
- Ces taches, d’ailleurs, n’en ont pas moins une apparence et une couleur très variables suivant la région qu’habitent les Girafes.
- En allant du Nord au Sud, dans l’Afrique orientale — et mettant à part, pour y revenir bientôt, la Girafe du Soudan Égyptien, qui nous est mieux
- vieux mâles qui méritent bien le surnom de « chameau-léopard », présentent un aspect rude et sauvage que nous ne sommes pas habitués à voir aux Girafes de nos jardins zoologiques. On peut en juger par la description imagée qu’en donne l’explorateur Edouard Foà, mort si prématurément il y a peu d’années, en parlant d’un mâle adulte qu’il venait d’abattre dans les plaines du Barotzé, sur la rive gauche du Zambèze :
- « Sur tout le corps, le fond de la robe, alezan brûlé ou noisette rougeâtre, presque noir sur le dos; les taches, plus foncées que le fond, à peine perceptibles sur les lianes, invisibles sur le dos, plus distinctes sur les membres; le ventre un peu
- Fig. 2. — Aspect des contrées de l’Afrique oii l’on l'encontre des girafes. Mimétisme de la girafe : les branches de l’Acacia au premier plan figurent un polygone connue les taches du pelage de la girafe (photographie prise du haut de l’arbre).
- connue — on rencontre d’abord la Girafe du Somali (Girafa camelopardalis reticulata), dont le pelage est certainement le plus élégant de tous. Ici, il semble qu’il n’y ait pas de taches, mais une robe uniforme d’un bel alezan clair, par-dessus lequel on aurait jeté un blet blanc à larges mailles, formé d’un cordonnet très lin. En d’autres ternies, l’espace qui sépare les taches est si étroit, que, dans l’éloignement, l’animal semble d’un châtain clair uniforme et sans taches (fig. 5).
- Bien différentes sont les Girafes qui habitent les régions plus ou moins montagneuses du Kiliman-jaro et de la contrée des Grands Lacs jusqu’au Zambèze. Ici les taches sont foncées, presque noires, surtout chez les vieux mâles, et largement séparées sgr un fond d’un fauve plus ou moins foncé : ces
- plus clair; l’entre-jambes café au lait ou isabelle; le poil très rude, brillant au soleil comme du cuivre rouge; la peau épaisse sur le dos et les épaules (trois centimètres et demi), et excessivement lourde, aussi pesante que celle du Rhinocéros.... L’aspect général est rude : il évoque la force, la lutte de tous les jours, plutôt que la délicatesse élégante ; l’animal exhale une forte odeur de musc.... Quanta la taille, elle ne mesurait pas moins de 5 m. 225 ». Un ignore à quelle sous-espèce se rattache cet animal, Foà n’ayant pu rapporter ni la peau, ni le crâne.
- On connaît mieux les variétés qui vivent au Nord des Grands Lacs : j’en citerai deux. La Girafe du lac Baringo (Girafa camelopardalis Rothschildi), que l’on désigne quelquefois sous le nom de « Girafe à cinq cornes » présente, en effet, ce nombre de protu-
- p.340 - vue 344/647
-
-
-
- NOUVELLE GIRAFE AU MUSÉUM
- 341
- bérances sur son crâne. Outre les deux cornes habituelles et la corne frontale impaire située en avant des autres, il en existe une deuxième paire en arrière, formée par la saillie exagérée des bosses occipitales (lig. 5). Ces cornes occipitales rappellent les formes fossiles telles que le Sivatherium et YUrmiathe-rium. La Girafe du Kilimanjaro (Girafa cam. tippelskirchi) n’est pas moins remarquable par la forme, déchiquetée sur les bords des ladies noires qui ornent son pelage et qui sont en outre profondément échancrées en forme d’éloile ou de feuille de platane; son crâne est aussi pourvu de cornes occipitales, moins développées cependant que chez la précédente (lig. 4).
- Les sous-espèces de l’Afrique australe et du
- premiers jours d’octobre 1908. 11 n’est pas sans intérêt de dire un mot de celles qui l’ont précédée dans cet établissement.
- C’est pour la première fois, le 30 juin 1827, qu’une Girafe vivante, don du vice-roi d’Égypte à Charles X, fut amenée à Paris. Ce fut un événement historique, et jamais le Jardin n’avait vu défiler devant la rotonde des Grands Herbivores une foule aussi nombreuse et surtout aussi élégante. Pendant toute une saison ce fut le spectacle à la mode; les dames portèrent des coilfures et des peignes « à la Girafe ». Cet animal était une femelle qui mourut en décembre 1845.
- Depuis cette époque, douze autres Girafes, provenant toujours du Soudan Égyptien, ont habité la
- l<’ig. 5. — Girafe du Somali tuée par M. le Baron Maurice de Rothschild.
- Congo se distinguent par la présence de taches, plus ou moins foncées, jusque sur le bas des jambes, tandis que dans toutes les variétés du Nord, ces taches ne dépassent pas le genou en avant, le jarret en arrière (Girafa cam. congoensis, G. cam. ango-lensis,G. cam. capensis).
- Les Girafes du Soudan, bien qu’on en ait distingué trois sous-espèces -— G. cam. typica du Soudan oriental, G. cam. antiquorum du Kordofan et G. cam. peralta de la Nigérie anglaise (ancien Sokoto) — se ressemblent en ce que toutes trois présentent des taches bien séparées et d’un châtain clair, sur un fond plus pâle, ce qui les différencie nettement à la fois de la Girafe du Somali et de celles du Kilimanjaro et des Grands Lacs.
- C’est à ce groupe que se rattache la jeune Girafe qui vient d’arriver au Jardin des Plantes dans les
- Rotonde, ensemble ou isolément. En avril 1855, on n’en vit pas moins de trois à la fois : deux mâles et une femelle. En février 1856, un jeune mâle naquit de cette femelle après une gestation de 444 jours. Ce jeune individu vécut jusqu’en septembre 1859, soit plus de trois ans et demi. Le dernier spécimen que la ménagerie ait possédé, était un mâle mort le 9 avril 1880. Il y a donc plus de 27 ans que le Jardin des Plantes en était privé. Le prix élevé de ces beaux animaux, les difficultés de leur transport, en rendent l’acquisition fort onéreuse : un couple de Girafes vaut actuellement près de 25000 francs.
- La jeune Girafe (fig. 1) qui vient d’arriver à Paris est un mâle âgé seulement de neuf mois et demi et dont la taille ne dépasse pas 2 m. 50, ce qui a rendu son transport plus facile. C’est un don de M. Combe Morel, rédacteur des Postes et Télégraphes,
- p.341 - vue 345/647
-
-
-
- 342 .NOUVELLE GIRAFE AU MUSÉUM
- en mission sur le Haut-Sénégal-Niger, qui l’a achetée aux indigènes alors qu’elle n’avait encore que quelques semaines. Mais ce qui la rend surtout intéressante, c’est qu’elle a été capturée dans la région de Tombouctou (exactement à 500 km N. N. E. de Tombouctou) ; c’est très certainement la première fois qu’une Girafe provenant du Soudan occidental, c’est-à-dire de l’extrême limite Nord-Ouest de l’habitat de l’espèce, est amenée en Europe. Si l’on jette les yeux sur une carte de l’Afrique occidentale française, on se rendra compte du long voyage de près de deux mois que l’animal, enfermé dans une caisse capitonnée que sa tête seule dépassait, a dû accomplir par terre, par eau, par mer ou par chemin de fer : de Tombouctou à Rayes, de Rayes à Saint-Louis, de Saint-Louis à Dakar où elle a été embarquée, puis de Dakar à Bordeaux où, après deux ou trois jours de repos, elle a pris enfin le chemin de fer pour Paris. Nous avons eu la satis-iaction de la recevoir en bonne santé, malgré les fatigues inséparables d’un semblable voyage, et à l’heure actuelle elle déploie toute la gaîté qui convient à un jeune animal de cette espèce.
- Étant donnée la région, encore si mal connue au point de vue de sa faune, dont cette Girafe est originaire, l’étude de ses caractères présentait un grand intérêt. Il s’agissait de savoir si la Girafe du Soudan occidental, ou comme on disait autrefois de la Sénégambie, se rattachait à l’une des sous-espèces déjà décrites, ou si elle constituait une forme nouvelle. Au premier abord, on pouvait supposer qu’elle se rapprochait de la Girafe de Nigérie (G. cam. pe-ralla) ; l’examen auquel nous nous sommes livré donne un résultat assez différent.
- C’est surtout de la Girafe du Soudan oriental que la Girafe de Tombouctou paraît se rapprocher, et je n’hésite pas à la réunir à la sous-espèce
- désignée sous le nom de G. cam. typica.
- Comme celle-ci, elle, présente, sur un fond blanc, des taches polygonales, espacées, d’un châtain clair;
- plusieurs de ces taches, notamment à la hase du cou, sur l’épaule et sur les lianes, présentent à leur centre un œil ou tache pâle bien apparente. Sur le haut des membres, les taches gardent leur forme polygonale tout en diminuant de diamètre; elles s’arrêtent au genou et au jarret. Le chanfrein et le museau sont d’un châtain uniforme, les joues blanchâtres avec des taches punctiformes sur les côtés de la face ; le sommet de la tête, en arrière des cornes, est châtain avec des taches plus foncées.
- La forme de la tête est très particulière : le chanfrein est fortement busqué, ce qui contraste avec le museau, aplati en spatule d’une façon plus manifeste encore que chez les autres Girafes. La corne frontale impaire ne forme qu’une saillie tout à fait rudimentaire : on sait que cette saillie ne se développe qu’avec l’âge.
- En résumé, cette jeune Girafe, bien que très voisine de celle du Soudan Égyptien, présente, dans la forme de son crâne, certains caractères qui se retrouvent chez la Girafe du Rordofan et peut-être aussi chez celle de la Nigérie anglaise ; mais les spécimens de cette dernière région que possède le Jardin de la Société Zoologique de Londres n’ont pas le museau déprimé ni le chanfrein busqué qui caractérise celle-ci.
- De cette étude, il est permis de conclure que, si réellement ces trois formes du Soudan doivent être maintenues comme sous-espèces distinctes, elles constituent, tout au moins, un petit groupe à part, bien distinct à la fois des Girafes de la région du Rilimanjaro ou des Grands Lacs, et de celles qui habitent l’Afrique au sud du Zambèze, l’Angola et le Congo.
- E. Trouessart,
- Professeur au Muséum.
- Fig. 4. — Partie de la peau (épaule) de la girale du Kiliinanjaro, montrant, les taches en forme de feuille de platane. (Photographie de M. Sauvinel.)
- p.342 - vue 346/647
-
-
-
- 343
- LES PETITES MARINES DE LA MÉDITERRANÉE ET DE LA MER NOIRE
- L'inquiétante agitation qui se produit autour de la péninsule balkanique peut à la longue amener des hostilités entre quelques-unes des puissances, empires, royaumes d’importance diverse, principautés, dont les intérêts opposés cherchent à se satisfaire de la façon la plus contradictoire.
- Si cette conflagration se produit, le rôle des marines militaires dont quelques-unes des puissances en jeu sont munies, sera sans doute important, et l’occasion est propice d’exposer aux lecteurs de La Nature les grandes lignes de la situation où se trouvent à cet égard les nations qui ont vue sur le bassin oriental de la Méditerranée et la mer Noire, ou du moins celles qui sont directement intéressées aux événements actuels. Il ne saurait être question ici r; de l’Italie qui ne rentre pas dans cette catégorie et dont l’état naval est si important, que son étude allongerait outre mesure cet article.
- L'Erzherzog KarI,E. Friedrich et E. Ferdinand Max lancés en 1904 sont des navires de 10600 tonnes seulement avec 119 m. de long ayant tous donné aux essais une vitesse supérieure à 20,5 nœuds. Ils portent une artillerie formidable pour leur faible déplacement. Elle est composée de 4 pièces de 240 mm accouplées dans deux tourelles d’extrémité, de 12 pièces de 190 mm, de 24 pièces légères, 2 tubes lance-torpilles sont placés sous le pont cuirassé.
- L’IJabsburg, TArpad et le Babenberg datent de 1900, jaugent 8500 tonnes avec 107 m. de longueur. Leur vitesse est de 19,5 nœuds. Leur arme-
- Fig. 2. — Le croiseur-cuirassé Sankt Georg. (Autriche.
- Mais l’Autriche rentre exactement dans notre cadre, et un coup d’œil jeté sur sa flotte sera d’autant plus intéressant, que le degré de puissance navale qu’elle a su acquérir est à peu près ignoré du public, et que cet essor maritime a été préparé et dirigé avec un tel esprit de suite, une telle sagacité, une si bonne méthode, que la marine austro-hongroise serait, en cas de conflit, sans doute possible, maîtresse de la mer dans le bassin oriental de la Méditerranée.
- La caractéristique de la flotte autrichienne, dont l’organisation est d’ailleurs calquée sur celle de la flotte allemande, est, avec la perfection de la discipline, l’admirable appropriation des unités qui la composent au rôle qu’elles auraient à jouer.
- L’Autriche possède actuellement à flot et prêts à combattre 9 cuirasses modernes répartis en 5 groupes de 3 unités identiques.
- ment comporte : 5 pièces de 240 mm en deux tourelles, 12 de 152 mm, 22 pièces légères et tubes sous-marins.
- Les 3 unités suivantes, Budapest, Wien, Monarch, ont été lancées en 1896. Ce sont de grands monitors très capables d’ailleurs de prendre le large et d’y rendre les mêmes services que les cuirassés en raison de leur belle vitesse avoisinant 18 nœuds, de leur excellente protection et de leur puissante artillerie composée de 4 pièces de 240 mm en deux tourelles, de 6 pièces de 150 mm et de 14 pièces légères avec 4 tubes lance-torpilles. Ces bâtiments déplacent 5600 tonnes. Leur longueur est de 97 m.
- A ces 9 bâtiments viendront prochainement se joindre 3 autres dignes d’être comparés aux plus puissants monstres qui se construisent actuellement un peu partout.
- Ils porteront les noms de Erzherzog Franz Ferdinand, Zrinyi et Badetzki. Le premier de ces cuirassés a été lancé ces jours derniers à Trieste, et le dernier le sera très prochainement.
- Avec ces navires les ingénieurs des constructions navales autrichiens ont de nouveau résolu le problème de faire porter à un très faible déplacement une puissance énorme. En effet, les nouveaux cui-
- p.343 - vue 347/647
-
-
-
- 344
- LES PETITES MARINES
- rassés ne. jaugeront pas plus de 14268 tonnes. Cependant on peut affirmer qu’ils seront en quelque manière plus puissants que les Dreadnought anglais et que nos futurs Danton qui jaugent 18 et 19 000 tonnes, et ils soutiennent la comparaison avec les Nelson anglais qui sont de 20 000 tonnes. Ils seront en effet supérieurs par la vitesse qui sera de 20 nœuds contre 18 pour les Nelson et 19 pour les Danton.
- Ils porteront 4 canons de 505 mm, 8 de 230 mm, 20 de 100 mm, 8 pièces légères et 5 tubes lance-torpilles immergés. La force totale de leurs machines sera de 20 000 chevaux.
- Toute leur grosse artillerie sera renfermée dans six tourelles où les pièces seront accouplées.
- 11 faut noter, pour être exact, que ? si l’Amirauté Autrichienne a pu faire porter un armement aussi puissant j à des coques de déplacement si faible c’est que la nécessité ne s’impose point pour ses bâtimenLs d’aller cou- j rir les océans où la mer est dure !
- noms de Iironprinz Rudolf et Kronprmzessin Stéphanie.
- Trois croiseurs cuirassés appuieraient cette flotte dans ses opérations. Le Kaiser Karl IF et le Maria Theresia déplacent respectivement 0150 et 5200 tonnes et donnent 20 nœuds. Leur armement consiste en 2 pièces de 240 mm et 8 de 150 mm.
- Le Sankt Georg est de 7300 tonneaux et 22 nœuds. Il date de 1903. Les 2 pièces de 240 mm dont il est armé sont placées toutes deux dans une tourelle avant. Il porte encore 5 pièces de 190 mm et 4 de 150 mm.
- Deux croiseurs protégés de 4000 tonnes et 19 nœuds, 5 autres plus petits, 19 contre-torpilleurs,
- Fig. 4. — Cuirassé Assar-i-Tewfick. (Turquie.)
- et où les qualités nautiques restent de première importance. La partie de la Méditerranée où ils doivent agir est plus clémente, et on a pu sacrifier quelque peu de ces qualités pour porter plus de canons. Mais il n’est pas sûr que cette manière de voir ne produira pas un jour ou l’autre quelque mécompte.
- Les trois derniers cuirassés autrichiens seront prêts à entrer en ligne respectivement en 1910, 1911, 1912. A ce moment l’Autriche, au point de vue naval, ne craindra la comparaison avec aucune puissance maritime en Méditerranée.
- A la flotte de cuirassés très modernes que je viens d’énumérer il faut ajouter encore 2 unités de 12 000 tonnes déjà anciennes mais qu’une refonte complète, presque une reconstitution, mettent au rang des adversaires redoutables. Elles portent les
- Fig. 3. — Croiseur protégé Medjidieli. (Turquie.)
- 52 torpilleurs de lrc classe, 6 sous-marins commandés en 1907 et 8 canonnières cuirassées complètent cette énumération d’une flotte redoutable.
- Le budget naval autrichien pour 1907 était de 68 millions et demi, en augmentation de 9 millions sur celui de 1906.
- 678 officiers et 15 000 hommes d’équipage manœuvrent cette flotte. 6 unités comprenant 5 cuirassés et 1 croiseur cuirassé armés toute l’année, forment l’escadre active, actuellement placée sous le commandement du contre-amiral Ziégler. C’est celle dont les journaux annonçaient ces jours derniers le départ imminent pour une destination officiellement inconnue.
- Une escadre de réserve exactement semblable à la première est tenue armée à effectifs réduits et serait prête à prendre la mer en quelques heures.
- La Turquie. — Si le coup d’œil que nous venons de jeter sur la flotte autrichienne donne l’impression d’une force imposante, bien en mains et conçue dans un but très défini, il n’en sera pas de même si nous regardons vers son adversaire possible : la Turquie.
- Les Turcs sont cependant d’excellents marins. Ils ont montré par ailleurs, en maintes circonstances,
- p.344 - vue 348/647
-
-
-
- LES PETITES MARINES
- 345
- sur mer comme sur terre, le courage et la ténacité dont ils sont doués. Il n’y a donc aucune raison pour qu’il n’existe pas un jour une marine de guerre turque qui sache se faire respecter.
- Mais pour le moment il faut reconnaître qu’elle n’existe pas. L’apathie, l’imprévoyance, la corruption qui régnaient dans l’administration qui vient de disparaître ont fait leur œuvre néfaste en cette matière comme en bien d’autres, et malgré les sommes importantes qu’elle a consacrées à sa marine, la Turquie ne possède plus que des vestiges de la belle Hotte qu’elle a eue autrefois.
- Cependant un effort a été fait ces années der-
- ,fW». - , .....
- torpilleurs et torpilleurs composée de 28 unités bien conçues qui aurait, sous la direction d’un officier français, acquis une instruction et un entraînement la mettant à même de rendre des services effectifs.
- Les renseignements sur le budget naval turc manquent absolument, ce qui n’étonnera pas les gens au courant des habitudes financières du pays. On croit savoir cependant que les effectifs (théoriques) comportent des chiffres fabuleux. Il y aurait des soldes prévues pour 6 vice-amiraux, Il contre-amiraux, 208 capitaines de vaisseau, 289 capitaines de frégate, 400 officiers subalternes et 30 000 marins ! La Grèce a pris dans le conflit en cours une attitude conciliante. Mais l’exubérance des Crétois pourrait l’entraîner, elle aussi, dans la ronde guerrière. Elle disposerait sur mer des 3 petits cuirassés Hydra, Spetzaï et Psara de 4800 tonnes, construits en France en 1890. Malgré leur âge ces bâtiments, très bien conçus et solidement établis, sont encore en état de rendre d’excellents services. On songe d’ailleurs à les refondre. Un programme naval assez important est en cours d’exé-
- Fig. 5. — Croiseur-École des aspirants Amiral-Miaoulis. (Marine-Royale de Grèce.)
- nières pour redonner un peu de vie à ce corps désorganisé.
- Deux vieux cuirassés le Messoudieh de 9100 tonneaux et le Assar-i-Tewfick de 4600 tonneaux, datant de 1874 et 1868, ont été refondus en 1901 et remis au ton moderne, le premier à Gênes, le second à Kiel. Ce dernier a même failli, par suite des énormes retards apportés au paiement des sommes convenues pour ce travail de réfection, ne jamais revoir les rives du Bosphore.
- Deux croiseurs protégés de 3500 tonneaux, l'Abdul Hamid et ÏAbdul Medjidieh, construits, le premier en Angleterre, le second aux États-Unis, complètent la liste peu brillante des navires dont la Turquie dispose pour tenter une croisière.
- A la rigueur on peut encore faire état de 4 petits cuirassés de 89 m. de long, qui, construits en 1864 (!), ont été refondus en 1805. Mais leur manque de vitesse les rend impropres à tout autre service que celui de la défense des détroits, et encore !
- On dit quelque bien d’une flottille de contre-
- culion, Il comprend 3 croiseurs cuirassés de 5 à 6000 tonnes, 18 contre-torpilleurs de 300 tonneaux et 25 nœuds, sur lesquels 8 ont déjà été livrés.
- Le budget naval de 1908 se monte à 7 550 000 fr. L’effectif est de 4300 officiers et marins.
- La Bulgarie, qui vient de proclamer son indépendance, a voulu se donner un état naval qu’autorise l’étendue appréciable de ses côtes de la mer Noire où se trouvent les deux ports de Varna et de Bourgas.
- Le tsar Ferdinand a confié la constitution de sa marine à un officier français, le commandant Pichon dont la mission s’est terminée il y a deux ans.
- Il a doté la Bulgarie d’un petit croiseur le Nadiedja, construit à Bordeaux, et de 6 excellents
- p.345 - vue 349/647
-
-
-
- 346
- NOUVELLE THÉORIE DES CYCLONES
- torpilleurs de 100 tonneaux et 26 nœuds. La Bulgarie consacre à sa marine la somme de 1 171 000 francs pour 1908. Les effectifs s’élèvent à 36 officiers et 1098 marins.
- La Roumanie, placée symétriquement à la Bulgarie par rapport au Danube, possède une force navale plus importante. Pour la police du fleuve elle emploie 4 canonnières cuirassées de 680 tonneaux; 1 croiseur protégé de 1400 tonneaux et 6 torpilleurs surveillent les côtes de la mer Noire.
- Le budget est de 1 527 000 francs pour 1907
- et les effectifs de 129 officiers et 2000 matelots.
- Là encore on a commencé l’exécution d’un programme de constructions navales où l’on voit 6 mo-nitors pour la défense du Danube, 3 contre-torpilleurs de 27 nœuds, 6 torpilleurs, 3 sous-marins, 2 navires poseurs de mines. Le tout coûtera 22 millions.
- 11 me reste à souhaiter, en terminant celte étude, que tout l’appareil guerrier que je viens de passer en revue reste cette fois encore au repos. Sauvaire Jourdan,
- Capitaine de frégate de réserve.
- UNE NOUVELLE THÉORIE DES CYCLONES
- L’ile de la Réunion peut revendiquer une large place dans l’histoire des cyclones. C’est un observateur de cette île, un savant, Joseph Hubert, qui, le premier, dès 1818, reconnut le double mouvement de ces météores; c’est un ancien chef du service des ports de l’ile, M. Rridet, qui a réuni et codifié les instructions dont se servent les marins pour échapper à la destruction, lorsqu’ils sont engagés dans le terrible tourbillon.
- Il a été proposé de nombreuses théories des cyclones. Les uns en placent l’origine à la surface de la terre; les autres à la partie supérieure de l’atmosphère ; mais on n’a jamais expliqué la marche elle-même du météore.
- Le chef actuel du service des ports de la Réunion, M. J. Bertlio, propose aujourd’hui une nouvelle théorie, dite de l'élimination, et qui semble être une contribution importante à nos connaissances.
- On sait que le cyclone est un vaste tourbillon, une trombe à axe vertical, figurant un tronc de cône dont la base minimaest celle qui balaie la terre. Autour de l’axe vertical central existe un espace, également tronconique, où l’air est absolument calme, tandis que le pourtour est parcouru par des vents furieux, tournant plus ou moins circulairement. Cette disposition rappelle l’espace qui se forme au milieu d’un vase plein d’eau qu’on fait tourner vivement, espace vide d’eau, mais plein d’air calme.
- Sans entrer dans l’énoncé des anciennes théories, nous nous contenterons d’exposer celles de M. J. Bertho, supposant que cet article ne sera lu que par ceux des lecteurs de La Nature déjà au courant de la question.
- Rappelons d’abord que, par suite de l’inégal échauf-fement de l’atmosphère dans les régions tropicales et dans les latitudes élevées, il s’établit, de chaque pôle vers l’équateur, un double courant aérien, qui rase la surface du globe et constitue les vents alizés.
- L’excès d’air arrivant ainsi entre les tropiques et s’échauffant, s’élève dans les régions supérieures et se déverse, sous forme d’un vent contre-alizé, en regagnant les pôles. Ce courant aérien existe à une hauteur considérable au-dessus du sol.
- À cause de la rotation de la terre, le sens des alizés et des contre-alizés n’est pas celui d’un méridien ; l’alizé souffle du N.-E. ou du S.-E. suivant l’hémisphère considéré. C’est au contact du courant aérien supérieur avec la masse tranquille de l’atmosphère, que M. Bertho place l’origine des cyclones. Sous les tropiques, l’air ascendant, dans les conditions ordinaires, se déverse d’une vitesse égale dans le courant supérieur; mais que, pour une raison quelconque, le déversement se fasse brusquement en un point donné, il s’y formera un vide virtuel, vers
- lequel se dirigeront les masses atmosphériques, latérales et inférieures, et le tourbillon sera produit.
- 11 s’étendra sur les côtés jusqu’à une certaine distance; inférieurement, l’attraction des molécules diminuera avec l’éloignement, ce qui explique la forme en cône renversé du cyclone.
- On s’en rendra bien compte en se rappelant la trombe déjà citée qui se forme dans un vase plein d’eau animé d’un mouvement rotatoire.
- Il se produit donc un appel d’air vers la base supérieure du cône (ou tronc de cône) et cet air, arrivé dans le courant aérien supérieur, s’y déverse et prend également la direction du Sud (sauf la déviation que nous avons déjà expliquée).
- De toutes parts, autour de l’axe du cyclone, les masses d’air affluent pour remplacer celles qui ont été éliminées à la partie supérieure. C’est là la cause de la constance des vents dans le cyclone, à la partie inférieure.
- Quant au mouvement de translation du météore, l’auteur l’explique aisément par sa théorie ; ce mouvement n’est pas propre au cyclone, qui ne fait que suivre son sommet supérieur, lequel est entraîné vers le sud par le courant aérien dans lequel il est englobé.
- Les changements de direction de la trajectoire ont pour cause, non seulement la rotation de la Terre, mais encore les circonstances multiples que le météore rencontre dans sa course : continents, montagnes d’une part, changements atmosphériques, de température, etc., autres courants avec lesquels celui que nous suivons vient en contact, etc., etc.
- La rencontre d’un autre courant peut même, parfois, contrarier la marche du premier et le faire disparaître, à moins que la fusion des deux ne fasse recommencer la course éperdue, fait qui se constate souvent.
- Nous avons dit que l’axe du cyclone était vertical; mais on conçoit que, dans le mouvement de translation, le frottement éprouvé détermine à la base du météore des résistances qui font osciller l’axe de diverses façons. La hauteur de celui-ci va d’ailleurs sans cesse en diminuant, puisque le courant aérien retombe sur le sol vers les pôles. A ce moment, le cyclone s’évanouit.
- La théorie ainsi exposée rend donc bien compte de toutes les conditions du météore, conditions jusqu’ici restées inexpliquées en partie ; elle a encore l’avantage d’expliquer une foule d’observations de détail, qui seraient trop longues à exposer dans cet article. Elle constitue ainsi une base solide sur laquelle pourront désormais reposer toutes les hypothèses que peut susciter l’étude de ces terribles phénomènes. C. de Cordemoy.
- p.346 - vue 350/647
-
-
-
- 347
- SIR JOHN EVANS (1823-1908)
- Sir John Evans, mort à la fin de mai J908, a été un des plus grands archéologues de l’Angleterre, et l’on peut ajouter de la génération moderne. Ce fut aussi un type de savant bien anglais, menant de front, sans d’ailleurs les mélanger, une activité scientifique considérable et une non moins importante activité industrielle. Né en 1823, sir J. Evans s’était d’abord, après des éludes à Oxford, destiné au monde des affaires, et il entra en effet dès 1840 dans la grande entreprise de papeterie fondée par son oncle J. Dickinson, dont lui-même ne cessa de s’occuper jusqu’à 1883. Déjà, d’ailleurs, il était passionné pour les recherches archéologiques. Après quelques essais, il débuta en 1864 par un travail magistral sur les monnaies de l’ancienne Grande-Bretagne, ouvrage qui lui valut le- prix Allier d’Hauteroche, décerné par l’Institut de France : l’auteur y démontrait avec maîtrise comment les plus anciennes monnaies britanniques dérivent des belles monnaies de Philippe de Macédoine. Vin-
- rent ensuite son monumental travail sur les Ancient Stone Implements, Weapons and O moments of Gréai Britain, 1872 (Anciens outils de pierre, armes et ornements de Grande-Bretagne), puis The Ancient Bronze Implements, Weapons and Ornaments ofGreat Britain and Ireland, 1881 (Outils, armes, ornements de bronze en Grande-Bretagne et Irlande), à quoi il faut ajouter une quantité de mémoires archéologiques.
- Sir John Evans possédait certainement, au témoignage de lord Avebury dans Man, la plus belle collection particulière d’antiquités qui soit en Angleterre, et peut-être dans le monde : monnaies, ornements d’or, objets de bronze, instruments de pierre, etc.
- Il est à peine besoin de rappeler en finissant que sir John Evans a laissé un digne successeur en son fils Arthur Evans, qui s’est particulièrement illustré ces dernières années par d’admirables découvertes en Crète. Joseph Delsaux.
- LE CHEMIN DE FER DE TANANARIVE A LA COTE ORIENTALE DE MADAGASCAR
- L’ouverture récente d’un nouveau tronçon du chemin de fer qui doit réunir Tananarive à la côte Est de Madagascar, permet de se rendre aujourd’hui de la côte au chef-lieu de la colonie en deux jours, au lieu de trois. Commencée en 1900, cette ligne sera vraisemblablement terminée au début de 1909. Elle a pour point de départ du côté de la côte Brickaville, qui n’est pas un port maritime, mais se trouve sur une voie lluviale à peu de distance de la mer. De Brickaville, le chemin de fer sera prolongé au Nord jusqu’à Tamatave, ainsi que l’a promis M. Augagneur, gouverneur général de Madagascar; ce tronçon pourra être achevé en 1911. L’ile sera ainsi dotée d’une voie de communication indispensable à son développement économique.
- Dès la conquête achevée, M. le général Galliéni s’était rendu compte que la mise en valeur de Madagascar ne pouvait être assurée que par la création de moyens commodes de pénétration et il fit faire de suite des reconnaissances en vue de l’établissement d’un chemin de fer. Plusieurs directions furent proposées, qui toutes devaient finalement aboutir à la capitale de l’Imérina, Tananarive, mais ce fut la direction Tamatave-Tananarive qui, bientôt, fut reconnue présenter les conditions les plus avantageuses. Les premières études relatives à la recherche du meilleur tracé de Tananarive à la côte orientale furent faites en 1896 par le colonel Marinier et le commandant Goudart, qui proposèrent d’emprunter la vallée de la Sahantandra, pour arriver à la plaine du Mangoro, puis celle de la Sahanjonjona, pour monter en Imérina. Une mission du génie, dirigée parle commandant, depuis colonel Roques, étudia ce projet en détail, en 1907-1908, et conclut à son adoption. Après diverses négociations avec certaines sociétés pour l’entreprise de cette ligne, on préféra recourir à la construction directe; c’est alors que la
- loi du 14 avril 1900 autorisa les travaux et l'emprunt nécessaire. Le colonel Roques fut nommé directeur du chemin de fer, et le capitaine du génie Junck directeur des travaux.
- Le projet adopté par le Parlement consacrait la proposition, présentée par la colonie, d’utiliser provisoirement de Tamatave à la Vohilra, le canal des Pangalanes, alors en construction, ce qui permettait de réduire de 110 km la longueur de la ligne à construire. L’origine dé la ligne avait été fixée, par la loi de 1900, à Aniverano, au confluent de la Ria-nila; mais on dut reporter ce point de départ à 15 km en aval sur la Vohitra au confluent de la Rongo-Rongo, parce qu’on s’aperçut qu’aux basses eaux, les bateaux ne pouvaient pas remonter jusqu’à Aniverano. On donna à cette station le nom de Brickaville, en souvenir de Charles Bricka, ancien directeur des travaux publics des colonies, qui avait beaucoup contribué à faire adopter le projet de chemin de fer. Provisoirement, on va donc par le canal des Pangalanes de Tamatave à Andevorante, qui est un port de la côte, et l’on remonte par l’Iharoka et la Vohitra à la station terminus du chemin de fer, en attendant qu’une ligne soit faite de Tamatave à Aniverano.
- L’aspect général de la voie peut être présenté, comme le fait très exactement remarquer M. le capitaine de Renty, sous la forme de deux rampes énormes, dont l’une aboutit au fleuve Mangoro et l’autre aux plaines de l’Imérina et ayant respectivement 78 km et 52 km de long. La première conduit la ligne à 980 m. d’altitude et la seconde à 1470 m
- Aussi la voie projetée avait-elle été de suite divisée en deux parties, la première allant de Brickaville au Mangoro (167 km), la seconde comprise entre ce fleuve et Tananarive (104 km).
- La première partie fut divisée en dix lots de Ion-
- p.347 - vue 351/647
-
-
-
- 348 ; LE CHEMIN DE FER DE TANANAR1VE
- gueur inégale, nombre qui fut porté ensuite à onze, le onzième allant de Brickaville à Aniverano.
- De Brickaville, le tracé suit la rive droite de a Vohitra. On passe au pied des mamelons où a été installée l’ambulance d’Antanambao, et on atteint Aniverano, qui est resté le point central de ravitaillement et d’exploitation du chemin de fer; là se trouvent réunis les ateliers, les dépôts de matériel et les services administratifs.
- Une première section de la ligne, d’Aniverano au col de Tangaina, sur la crête des monts Betsimisa-raka, longue de 142 km, franchit de nombreux mouvements de terrains parallèles à la côte, qui vont en s’étageant jusqu’à la plaine du jyiangoro. Pour pouvoir franchir ces replis successifs sans avoir à en subir les diverses dénivellations, la voie remonte sur sa rive droite la ligne d’eau qui les coupe tous et qui est constituée par la Vohitra, puis par son affluent, la Sahantandra, dont les vallées pittoresques décrivent de nombreux méandres.
- La voie présente une succession de rampes et de paliers, selon que les eaux ont dû former des chutes et des cascades pour se frayer un passage, ou qu’elles coulent sans vitesse d’un obstacle à un autre.
- La ligne commence à monter dès qu’on a laissé Aniverano; elle s’élève de 590 m. sur une longueur de 40 km environ. Puis on atteint une grande montée pour laquelle on a été obligé d’admettre des rampes de 30 mm pendant 5 km. L’ascension continue jusqu’au sol de Tangaina, dont l’altitude est de 980 mètres.
- L’un des ouvrages les plus considérables de la section a été le tunnel Galliéni, long de 790 m., qui a été creusé à travers la haute chaîne du
- Vonga-Vonga afin d’éviter de suivre la longue boucle de la Vohitra, entre Fanasana et Sandraka-zoména, que comportait le projet primitif; on a pu, grâce à ce « chemin de rats », comme disaient les travailleurs indigènes, réduire le tracé de 7 km. Le tunnel a été attaqué à ses deux extrémités, au moyen d’une galerie d’avancement de 2 m. de hauteur, située à la partie supérieure de la section dn tunnel; des abatages successifs ont donné ensuite à la galerie son profil définitif. On a rencontré d’abord
- un terrain sans consistance, et ensuite du gneiss et des micaschistes compacts. Il a fallu deux ans pour ouvrir ce tunnel.
- La ligne rencontre à Anala-mazaotra, un peu avant le col de T a n g a i n a, la route carrossable qui va de Mahat-sara, près d’An-devorante, à Ta-nanarive.
- Du col de Tangaina à la Sahan-jonjona, on traverse la plaine du Mangoro et des vallées adjacentes, et l’on franchit ce fleuve par un pont de 100m. d’ouverture. La plaine du Mangoro s’étale à 500m. au-dessous des points les plus bas de la chaîne de l’An gave qui borde, à l’Est, le plateau de l’Imé-rina. Pour exécuter ce changement de niveau, assez brusque, la voie emprunte une brèche que l’affluent du Mangoro, la Sahanjonjona, puis l’Isafotra, affluent de celle-ci, ont creusée dans l’épaisseur delà muraille; elle s’élève alors en serpentant jusqu’au col de l’Ankofiky où prend naissance un affluent de l’Ikopa. Le tracé descend cet affluent jusqu’à l’Ikopa, le long duquel il chemine pour venir aboutir au pied de la colline de Tananarive. Les deux passages les plus difficiles sont les cols de l’Ankofiky et d’Antani-fotsy qui permettent l’accès des hauts plateaux.
- Le premier tronçon, de Brickaville à Sandrantsi-
- Fig. i. — Une tranchée rocheuse du chemin de 1er de Madagascar.
- p.348 - vue 352/647
-
-
-
- LE CHEMIN DE FER DE TANANAR1VE
- 349
- bona, d’une longueur de 30 km, lut inauguré le 1G octobre 1902. À la lin de 1903, 48,200 km étaient exploités et, le 15 février 1904, la première locomotive franchissait le tunnel de la boucle de Mashérv, qui fut appelé tunnel Galliéni. Le 1er novembre 1904, le général-gouverneur présidait l’inauguration du tronçon de 102 km allant jusqu’à Famovana, avant le col de Tangaina. Au commencement de 1905, le rail touchait Moramanga (149 km), et le 17 avril, le tronçon de Moramanga à Anjiro a été ouvert à l’exploitation. La première partie de la voie, jusqu’au Mangoro, est actuellement terminée.
- dépassa ce qu’un aurait pu espérer. L’effectif des travailleurs, qui était de 2000 en janvier 1901, monta à 12000 en janvier 1902. Descendu à 5000 en avril 1903, il remonta à 20000 à la fin de la même année. En 1904 et 1905, il s’éleva jusqu’à 15 000 et 16 000. Cependant le rendement de cette main-d’œuvre indigène a été très irrégulier; il subit l'influence de la chaleur et la pluie. Rien n’a été ménagé pour assurer le bien-être des ouvriers; on a créé à proximité de chaque chantier des postes médicaux bien pourvus de médicaments.
- Pour la construction de ce chemin de fer, la colonie aura disposé d’une somme de 63 millions. Au 31 décembre 1906, les dépenses totales d etablissement dépassaient 52 ; mil-: lions. A ce moment, 149 km
- étaient déjà entrés en exploitation ; le matériel roulant comprenait 9 locomotives, 14 wagons à voyageurs et 39 wagons à marchandises. Le rendement obtenu faisait déjà bien augurer de l’avenir. Les recettes totales pour
- Fig. 2. — Entrée du tunnel Galliéni.
- Les chantiers sont ouverts dans la deuxième partie, du Mangoro à Tananarive. L’ouverture des travaux du 17e lot, qui s’étend sur une longueur de 37,676 km, entre Sambaïna et la route de Tananarive à Fiana-rantsoa, a été autorisée par un décret du 5 octobre 1907.
- Enfin, un décret du 15 janvier 1908 a autorisé l’ouverture des travaux du 18e lot et des travaux d’infrastructure de la gare
- de
- Le chemin de fer de Madagascar a
- Tananarive. une voie de
- 1 m. Les rails employés sont du type à patin pesant 25 kg au mètre courant; ils reposent sur des traverses en bois du pays, noyées dans une couche de ballast de roche concassée. Le profil de la ligne est celui d’un vrai chemin de montagne; bien que la pente limite ait été primitivement fixée à 25 mm, elle a dû être portée, pour franchir deux passages difficiles, jusqu’à 30 et même 35 mm.
- La question de la main-d’œuvre paraissait devoir être l’une des plus difficiles à résoudre ; les essais d’introduction de travailleurs étrangers ne réussirent pas, mais l’abondance de la main-d’œuvre malgache
- Fig. 5. — La Vol lit ru à Manaralsandry.
- les 149 km exploités s’étaient élevées, en 1906, à 921 550 francs.
- Mais il ne faudra pas, pour assurer la mise en valeur de Madagascar, s’en tenir au chemin de fer de Tamalave-Tananarivc, il faudra ouvrir de nouveaux débouchés dans d’autres parties de l’ile. Il entre dans le programme de M. Au gagneur de construire un vaste réseau de routes destinées à mettre les régions du haut plateau, riches en riz et en bétail, en communication avec la voie ferrée, de façon à assurer tout à la fois à ces régions l’écoulement de leurs produits et à la ligne elle-même les éléments d’un trafic rémunérateur.
- Gustave Regelsperger.
- p.349 - vue 353/647
-
-
-
- 350
- LES MÉFAITS DE LA LUMIÈRE ULTRA-VIOLETTE
- Rappelons ce que l’on enlend par ces mots de lumière ultra-violette. On sait que toute lumière visible comporte une infinité de rayons, de colorations et par suite de longueurs d’onde différentes, allant de 0,8 p. pour les rayons rouges, à 0,4 p. pour les rayons violets (on désigne par p, le millième de millimètre, ou micron). Mais les sources lumineuses peuvent émettre des rayons de longueur d’onde moindre encore; ce sont les rayons ultra-violets; ils n’impressionnent pas la rétine; mais ils agissent très vivement sur une plaque photographique, et c’est là un moyen de révéler leur existence.
- Si cette lumière invisible ne provoque aucune sensation, il n’en résulte pas qu’elle soit sans action physiologique; et l’on peut se demander si elle n’a pas sur l’œil un effet nuisible. On en a l’appréhension instinctive lorsqu’on songe aux lampes à vapeur de mercure, sources particulièrement abondantes de rayons ultra-violets; on a peine à admettre que leur éclairage, si antinaturel, soit conforme aux règles d’une saine hygiène. D’autre part, il a été démontré que dans les cas d’aveuglement produits par la réflexion de la lumière solaire sur la neige des sommets montagneux, les coupables étaient les rayons ultra-violets.
- Dans ces conditions, n’est-il. pas à craindre que l’action continue des rayons ultra-violets émis par nos sources de lumière usuelles, ne présente de sérieux dangers? MM. Fritz Schanz et Cari Stockhausen ont cherché à élucider la question : ils ont étudié les lampes électriques à arc et à incandescence. Les premières émettent abondamment la lumière ultra-violette; les deux physiciens attribuent à ce fait la cause des ophtalmies bien connues que provoquent souvent les lampes à arc. Bien plus, après avoir montré que les rayons ultra-violets rendent fluorescent le cristallin, ils estiment que ce phénomène peut, à la longue, rendre le cristallin opaque et provoquer ainsi la cataracte, cette terrible infirmité de la vieil-
- lesse. Les lampes à incandescence à filaments métalliques sont aussi des sources de lumière ultra-violettes; moins riches, il est vrai. Elles présentent donc aussi des dangers, au point de vue de l’hygiène de l’œil.
- 11 est juste de dire que le verre des globes ou des ampoules absorbe une notable partie de la lumière ultra-violette. MM. Schanz et Stockhausen ont même imaginé un verre de composition spéciale, le verre Euphos, d’une couleur jaune verdâtre, qui arrête complètement ces radiations.
- Mais, dira-t-on, la lumière solaire, l’idéal de tous les éclairages artificiels, n’est pas dépourvue de rayons ultra-violets. Un physicien allemand, M. Vœge, vient même de démontrer qu’elle était beaucoup plus riche en rayons de ce genre, que les lampes à arc ou à incandescence. Devons-nous en conclure que les dangers signalés par MM. Schanz et Stockhausen sont imaginaires et leurs précautions puériles? Nullement. La lumière solaire est riche en rayons ultra-violets ; mais aussi, il est périlleux de la recevoir directement. Nul œil humain n’est capable de regarder fixement *le globe solaire, il est logique d’attribuer aux radiations ultra-violettes une partie des efl'els désastreux qui en résulteraient. La lumière qui atteint notre rétine a été réfléchie et difl'usée au préalable de mille manières. Elle ne contient plus qu’une faible proportion d’éléments dangereux. Au contraire, avec les sources de lumière artificielles, très souvent nous recevons directement les rayons émis, et leur action continue peut, dès lors, être néfaste.
- La conclusion de ces études, à notre avis, est la suivante : il importe de disposer nos lampes électriques de façon qu’il soit impossible de fixer le regard sur l’arc ou le filament brillant ; et dans nos ins I alla lions intérieures, il faut recourir le plus possible à l’éclairage indirect, par réflexion et diffusion de la lumière sur .de larges surfaces. A. Trolleu.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 26 octobre 1908. — Présidence de M. Emile Picard puis de M. Bouchard.
- Phénomènes cométaires. — M. Deslandres annonce que M. Rabourdin a réussi à obtenir de belles photographies de la comète de Moorehouse, actuellement visible, en se servant du grand télescope de l’Observatoire de Paris, quoique ce magnifique appareil, faute d’être pourvu d’un pointeur, se prête mal à de semblables travaux. Ces photographies ont été obtenues avec une pose de quelques minutes. D’un jour à l’autre on peut constater des changements d’aspect importants.
- Propriété du fer. — M. Maquenne résume un travail de M. Jules Wollf sur le rôle que peut jouer le fer dans la fixation de l’oxygène atmosphérique sur certains phénols. L’énergie de ce métal est telle, sous forme de ferro-cyanure colloïdal, qu’en milieu faiblement alcalin 1 gr. de fer active 325 litres d’oxygène en moins d’une heure. De plus il semble y avoir une relation étroite entre ces phénomènes et certaines actions diastasiques oxydantes. Jusqu’à présent on avait attribué au manganèse seul, depuis les travaux de M. G. Bertrand, un rôle prépondérant dans ces phénomènes d’oxydations, mais il est hors de doute aujourd’hui, après les travaux de l’auteur, que le fer possède un pouvoir bien plus considérable.
- Le transport des amandes de noix de coco. — M. Bonnier présente une Note de M. Dvbowski, donnant la description d’un procédé qui permet d’empêcher l’altération des fragments d’amande de noix de coco qui, sous le nom de Copra, sont importés en Europe pour servir à l’extraction d’une matière grasse très utile. La France importe chaque année plus de 110 000 tonnes de Copra; on voit dès lors l’importance d’avoir un produit exempt de moisissures. Cette importance s’explique d’autant mieux, que la matière grasse des Copra est de plus en plus recherchée pour l’alimentation. Le procédé consiste à traiter sur place les fragments d’amande par l’acide sulfureux.
- Nouveau monoiéléphone. — M. Violle dépose une Note de M. Henri Abraham, décrivant un nouveau monotéléphone précieux à cause de son extrême sensibilité qui laisse entrevoir une application féconde aux communications sans fil, dont il permet d'augmenter la portée et la sécurité. L’appareil est réalisé en remplaçant dans un téléphone de modèle quelconque, la membrane de tôle par une petite lamelle de fer qui couvre juste l’électro-aimant et qui est- portée par deux fils d’acier que l’on tend plus ou moins fortement, suivant la note que doit
- p.350 - vue 354/647
-
-
-
- NOUVELLE MÉTHODE DE PASTEURISATION - —= 351
- rendre l’appareil. Comme dans le monotéléphone Merca-dier, une résonance intense se produit lorsque le courant qui excite le téléphone a exactement la même période que les vibrations propres de l’appareil. Dans ces conditions la sensibilité du mono téléphone Abraham est beaucoup plus grande que celle des meilleurs récepteurs
- téléphoniques, et cette sensibilité au moment de la résonance semble devoir rendre de grands services.
- Élection. — M. Van Tieghem, doyen de l’Académie des sciences, est élu Secrétaire perpétuel en remplacement de M. de Lapparent. Ch. de Villkdkuil.
- NOUVELLE MÉTHODE DE PASTEURISATION
- La bière, on le sait, est une boisson essentiellement altérable. Et cependant, aujourd’hui, on la transporte par énormes quantités dans tous les pays et même sous les tropiques. C’est grâce à la pasteurisation que cette expansion est devenue possible. Ce procédé s’étend aujourd’hui à d’autres liquides que la bière. 11 joue un rôle de plus en plus important dans l’élaboration des vins. Aussi le perfectionnement que nous allons décrire nous semble-t-il présenter un vif intérêt.
- On pasteurise la bière en la portant à une température variable entre 60 et 100° centigrades, afin de tuer tous les micro-organismes qui en provoqueraient l’altération rapide. Plus les transports sont longs, plus la température de pasteurisation devra être élevée.
- Or, l’excès considérable de pression produit dans ce procédé par la détente du liquide chaude, et le dégagement d’une partie de son acide carbonique, présente évidemment de sérieux inconvénients. Non seulement la saveur de la boisson s’altère, mais souvent les récipients se brisent, produisant de sérieux dégâts.
- Le procédé généralement suivi pour pasteuriser la bière d’exportation est le suivant :
- On bouche soigneusement les bouteilles remplies de bière, puis on les porte dans un bain d’eau ouvert à la température voulue, ensuite on les refroidit. Il va sans dire que, pour permettre à la bière de se détendre, les bouteilles ne doivent pas être remplies complètement. Néanmoins, l’excédent de pression produit dans la bouteille (entre 8 et 12 atmosphères) occasionne fréquemment la rupture du vase.
- D’autre part, le liquide dans les bouteilles incomplètement remplies est violemment secoué pèndant les transports, l’acide carbonique se dégage, s’accumule à la partie supérieure, s’échappera aussitôt que l’on débouche. On comprend donc sans peine que la bière en bouteille soit bien plus pauvre en acide carbonique que le liquide venant immédiatement du fût, d’autant plus que les bouchons imparfaitement étanches laissent s’échapper, en raison de la pression si élevée, une partie du gaz.
- 11 était donc naturel de chercher à stériliser la bière dans le fût même de transport. La première tentative a été laite en 1901 par une maison berlinoise. Vu l’impossibilité d’employer des fûts en bois, on s’est servi de luis en fer spécialement préparés. Dans le même ordre d’idées, on a conseillé récemment d'employer des fûts en fer émaillé, emballés dans une matière isolante, à l’intérieur de fûts en fer ondulé.
- La bière transportée dans ces fûts était jusqu’ici pasteurisée suivant le même procédé que la bière en bouteille, c’est-à-dire qu’on la chauffait dans le fût en ménageant un espace libre, juste suffisant à sa détente. Comme ce procédé, pour des causes variées, ne donnait pas de résultats bien satisfaisants, on munit les fûts, pendant la ,, , Fig. 2.
- L. . Coupe transversale de la chaudière
- pasteurisation, de pasteurisation.
- d’un détendeur spécial. Cependant, même avec cet artifice, on n’échappait pas encore absolument aux inconvénients précités.
- Un procédé perfectionné, récemment breveté par . M. Friedrich MoenninghofF, à Elberfeld, permet de pasteuriser la bière sans exposer les récipients au danger des excès de pression, le liquide néanmoins reste toujours soumis à la pression de 4 à 5 atmosphères nécessaire pour retenir l’acide carbonique renfermé par la bière. Aussi la boisson traitée suivant ce nouveau procédé ne présentera-t-elle aucun arrière-goût dû à la pasteurisation. Voici comment l’on procède :
- Après avoir introduit les fûts dans la chaudière, au moyen de wagonnets roulant sur rails, on ferme la paroi antérieure et l’on fait entrer de l’eau jusqu’à la partie supérieure des fûts. La pression de 4 à 5 atmosphères admise dans la chaudière agira tant sur les parois extérieures des fûts, que sur la bière et les parois intérieures des récipients ; aussi la pression sera-t-elle identique à l’intérieur et à l’extérieur de ces derniers. Ainsi, il ne peut y avoir aucun excès de pression. L’échauffement s’opère par des serpentins fermés, que traverse un courant de
- Fig. 1. — Appareil à bouclier les récipients stérilisés.
- p.351 - vue 355/647
-
-
-
- 352 =========== NOUVELLE MÉTHODE DE PASTEURISATION
- vapeur; la bière chauffée montera dans un entonnoir C, d’où elle retombera dans le récipient pendant le refroidissement subséquent.
- La circulation d’eau nécessaire pour un échauf-fement et un refroidissement uniformes est assurée par une pompe électrique. Pour effectuer le refroidissement une fois la stérilisation effectuée, celte
- une valeur très légèrement supérieure à la pression atmosphérique. On fera fonctionner alors la bouteille d’air comprimé et les bouchons s’enfonceront dans les fûts, sans que la moindre molécule d’air atmosphérique ait pu y pénétrer. Après avoir vidé l’eau, les lïïts seront transportés dans les salles d’emballage. Ce procédé s’applique non seulement aux
- Fig. 3- — Vue de l’installation pasteurisante.
- pompe refoulera l’eau chauffée à travers les serpentins fermés du réfrigérateur. Le refroidissement s’opère d’abord avec de l’eau de source, puis avec de l’eau salée.
- Il reste maintenant à boucher les fûts à l’intérieur même de la chaudière de stérilisation, et c’est là
- bouteilles, comme le montrent nos figures, mais aussi aux fûts. Le procédé décrit acquiert une importance particulière pour le traitement des boissons dites désalcoolisées, dont l’usage se répand de plus en plus. Comme en effet les bouteilles employées pour ces dernières sont déjà, à l’état froid, soumises
- Fig. 4. — Coupe longitudinale de l'installai ion pasteurisante.
- A, rel'roidisseur; 11, chaudière de pasteurisation; C, Entonnoir de détente; D, pompe de circulation E, bouteille d'acide carbonique comprimé; F, serpentin de vapeur; G, serpentin de refroidissement.
- que nous trouvons la partie la plus ingénieuse du procédé. Or, les lùts sont disposés dans la chaudière de telle façon qu’au-dessus de l’ouverture de chacun d’eux se trouve un cylindre renfermant un bouchon ; tous ces cylindres sont reliés par des canalisations à une bouteille d’acide carbonique liquide par exemple, ou d’air comprimé. Une fois le refroidissement terminé, la pression à l’intérieur de la chaudière- et des fûts se trouvera ramenée à
- à un excédent dépréssion de plusieurs atmosphères, cet excédent augmente de beaucoup pendant la pasteurisation, amenant fréquemment la rupture de la bouteille, à moins qu’on n’applique, comme c’est le cas dans le procédé Moenninghoflf, une contre-pression convenable. AlfrEd Gradenwitz.
- Le Gérant : P. Massox.
- Paris. — Imprimerie Laiicre, rue de Fleurus, 9.
- p.352 - vue 356/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1850,
- - 7 NOVEMBRE 1908.
- LE PRIX D'AVIATION DE « LA NATURE »
- Nous fondons un prix de 10 000 francs, le prix d’aviation de La Nature. Il sera gagné par le premier aviateur qui accomplira, en France, sur terrain varié, un trajet aérien de 100 kilomètres, mesurés en ligne droite sur la carte, et parcourus en moins de 2 heures. Nous avons chargé la Ligue Nationale aérienne de décerner ce prix, et d'en fixer les conditions d'exécution, que nous ferons connaître dans notre prochain numéro.
- L’homme qui le premier lança une barque sur les Ilots a fait de tout temps le juste émerveillement des poètes. Que dire de la révolution analogue qui s’accomplit sous nos yeux, de cette lutte superbe où l’homme, vainqueur déjà de la terre et de l’eau, prétend conquérir le domaine des airs? Révolution prodigieuse, qui est appelée à remanier de fond en comble toutes les conditions de la vie, individuelle et sociale, à moditier les relations des nations, sous leur forme pacifique comme sous leur forme guerrière. L’homme devient oiseau; un jour prochain, nous verrons l’être humain planer au-dessus des cités et des champs !
- On a le droit, on a le devoir, en France, de s’enorgueillir particulièrement de cet essor, puisque la conquête des airs est, à l’image de tant d’autres, une découverte toute française, au moins dans ses principes. Depuis les Montgolfier jusqu’aux Voisin et aux Blériot, le nombre est sans fin chez nous de ceux qui ont dépensé sans compter leur génie et leur fortune pour une des plus grandes tâches que l’Humanité ait jamais entreprises!
- Ici, à La Nature, un lien plus étroit encore nous intéresse aux destinées de l’aéronautique. Notre revue a été fondée par des aéronautes, et nous pouvons dire que toujours nous avons été à l’avant-garde de la presse scientifique en ce qui concerne ces problèmes passionnants. Il appartenait donc à notre rédaction, tout imbue du souvenir de notre fondateur Gaston Tissandier — un des précurseurs les plus audacieux du dirigeable — de participer largement à l’admirable mouvement qui de tous côtés se manifeste dans notre patrie afin d’encourager les essais des inventeurs. On sait combien coûtent, non seulement de peines et de fatigues, mais aussi d’argent toutes ces hardies tentatives — et l’on comprend qu’il y a pour chacun, dans la mesure de ses moyens, un véritable devoir à venir en aide à ceux qui se dévouent, corps et âme, à une œuvre d’où jailliront la prospérité nationale, la grandeur du pays.
- Les efforts isolés sont vains ; groupés et associés, ils sont tout puissants.
- L’Allemagne nous a donné, au lendemain de la catastrophe du Zeppelin, une impressionnante
- leçon ; improvisant en quelques jours une ligue riche aujourd’hui de 7 millions et menaçante pour notre suprématie aérienne, jusqu’ici incontestée.
- Cet exemple doit être suivi : le triomphe de la locomotion aérienne sera non l’œuvre de quelques-uns, mais le fruit de la collaboration de tous.
- C’est ce qu’a bien compris la Ligue Nationale Aérienne, la jeune organisation fondée, il y a quelques semaines seulement, grâce à l’initiative énergique de M. René Quinton. Faire appel à tous les concours, depuis les plus influents jusqu’aux plus modestes, concentrer toutes les bonnes volontés, mobiliser le maximum de ressources, et les organiser de façon à fixer en France le mouvement intense d’essais et d’études qui s’y est développé, tel est le but de la Ligue Aérienne. Elle a su réunir déjà, autour de son actif président, un groupe de savants illustres, d’hommes d’action, de donateurs généreux. Les ressources aflïuent de toutes parts, sous forme de prix, de dons ou de cotisations. Sous peu, la Ligue disposera d’un budget de 500 000 francs et elle accomplira de grandes choses; elle fondera des concours, dotés de prix en espèces, qui stimuleront l’émulation et l’initiative des inventeurs, qui apporteront la lumière sur tous les points encore obscurs de la technique aérienne.
- Nous étions certains d’exprimer les sentiments de tous nos lecteurs, en assurant la Ligue de notre plus ardente sympathie, en participant personnellement à son œuvre.
- Nous sommes persuadés que tous ceux qui liront ces lignes, jugeront aussi de leur devoir de coopérer activement à cette œuvre de solidarité nationale. Envoyez votre cotisation à la Ligue; créez-lui des adhérents dans votre entourage, prêchez d’enthousiasme la nécessité d’un effort général. Et vous verrez, sous peu, les hommes-oiseaux sillonner les routes aériennes de notre pays. La Nature.
- La Ligue nationale Aérienne a son siège 27, rue de Rome, à Paris. — Les conditions d’adhésion sont les suivantes : membre adhérent 5 francs ; membre à vie 100 francs; membre bienfaiteur 200 francs; membre fondateur de prix 1000 francs. (Le membre Fondateur de prix a un prix couru sous son nom.)
- p.353 - vue 357/647
-
-
-
- 354
- LA DÉSINCRUSTATION DES PAILLES
- La texture spéciale des pailles de céréales, leurs tissus lignifiés et leur forte teneur en cellulose ne sont pas sans nuire considérablement à leur parfaite utilisation dans l’alimentation du bétail.
- La cellulose, dans les pailles, se trouve à l’état particulier de cellulose incrustée et cette cellulose incrustée est non seulement d’une faible valeur nutritive et d’une digestibilité minime, mais sa présence augmente le travail de la digestion au point de diminuer la valeur des rations auxquelles ces pailles sont adjointes.
- 11 y avait là des faits particuliers de nature à justifier les recherches précises établies en vue de chercher le moyen de dêsincruster les pailles pour modifier leur contexture et transformer la cellulose incrustée en cellulose digestible.
- Kellner, le premier, réalisa d’intéressantes expériences; la paille de seigle fut désagrégée par un traitement analogue aux méthodes suivies en papeterie, c’est-à-dii’e consistant par l’attaque sous pression d’une solution de soude caustique, de carbonate, de sulfure, d’hyposullite de soude. Les résultats de la désincrustation se montrèrent nettement favorables; la digestibilité de la paille fut doublée par le traitement; la paille désagrégée se comportait dans l’alimentation du bétail comme l’amidon; 100 parties d’amidon pouvaient être remplacées par 06 parties de substance organique digestible de la paille traitée, alors que, pour la paille de seigle naturelle, il eût été nécessaire d’employer plus de 350 parties de substance organique digestible. En résumé la valeur d’utilisation de la paille désagrégée — si l’on tient compte de la valeur nutritive et de la digestibilité — est de 8 à 9 fois celle de la paille naturelle.
- À la suite de ces expériences concluantes le professeur Lehmann, de Goettingue, entreprit de nouveaux essais sur une grande échelle.
- La paille, découpée au hache-paille, était additionnée dans un cuiseur, de deux volumes d’une solution à 5 pour 100 de soude caustique, puis chauffée 6 heures à 4 ou 5 atmosphères; on obtenait ainsi un produit légèrement alcalin parfaitement accepté du bétail, d’une digestibilité de 56 à 61 pour 100 alors que la digestibilité de la paille naturelle oscille entre 54 et 40 pour 100.
- Des expériences d’alimentation réalisées sur des moutons montrèrent la valeur de cet aliment et déterminèrent plusieurs industriels à tenter la fabrication de ces pailles désagrégées.
- C’est principalement l’industrie sucrière qui semble destinée à bénéficier de cette nouvelle technique ; les sucreries voyaient aussi la possibilité de mettre en œuvre
- les pailles des cultures intensives qui les entourent ordinairement et d’utiliser ainsi leur matériel et leur personnel en dehors du délai restreint de la campagne sucrière, le débouché de ces pailles désincrustées existe également par suite de l’existence de nombreux bœufs d’engrais dans les fermes avoisinantes.
- La sucrerie de Steinilz a établi, sur ces données, une « fabrique de paille désincrustée » qui donne financièrement de remarquables résultats.
- A Sleinitz la technique opératoire est la suivante : un hache-paille mû par un moteur de 6 chevaux découpe la paille qu’un élévateur à courant d’air, mû par le même moteur, emmagasine dans un grenier; de là, la paille hachée est conduite par des tubes cylindriques dans les « cuiseurs », sortes de récipients sphériques d’un diamètre de 5 m. Ces cuiseurs sont mobiles autour d’un axe horizontal et une transmission spéciale permet de leur donner toutes les demi-heures un quart de tour. La vapeur surchauffée arrive par un des tourillons et sort par l’autre grâce à un échappement automatique. '
- Dans l’intérieur du cuiseur se trouve un serpentin percé de trous pour l’arrivée de la lessive de soude, deux orifices permettent le remplissage et la vidange, des tubulures raccordent le cuiseur au bac à soude et permettent le soutirage de l’eau à la fin de l’opération.
- On introduit dans chaque cuiseur 1400 kg de paille hachée, puis la quantité de lessive de soude à 5 pour 100 nécessaire ; on chauffe 4 heures à 4 atmosphères, puis 6 heures à 6 atmosphères. C’est pendant cette dernière partie de l’opération, que se produit la neutralisation de la soude par, les composés humiques qui prennent naissance, le produit prend alors une saveur appréciée du bétail.
- On retire du cuiseur 2100 kg environ d’une masse humide distribuée directement aux animaux domestiques.
- La fabrique de Steinitz a coûté 17 800 francs d’installation et peut subvenir à l’approvisionnement de 600 à 700 bœufs; le prix de revient du traitement est voisin de lfr,77 par 100 kg de paille traitée.
- Les essais d’alimentation ont été poursuivis sur des bœufs à l’engrais, des bœufs de trait et des vaches laitières ; ils ont été très encourageants et le bénéfice de la désincrustation de la paille a pu être évalué à 2f‘,70par quintal de paille.
- En pareille matière tout dépend, en définitive, des conditions économiques : main-d’œuvre, coût du charbon, etc..., il n’en est pas1 moins vrai que ces nouveaux procédés sont de nature à contribuer puissamment à une utilisation plus rationnelle des pailles dans l’alimentation du bétail. Paul Difflotu.
- UN NOUVEAU SYSTÈME DE CHEMIN DE FER ÉLECTRIQUE
- Mus qu'on ne serait tenté de le croire, les chemins de 1er sont susceptibles de modifications intéressantes. Le monorail Brennan est une des nouvelles formes actuellement à l’étude; le système ultra-rapide Kearney, dont nous allons parler, en est une autre, moins révolutionnaire que la précédente, et, qui, pour cette raison, pourrait être
- tentée sans grands frais sur un parcours important.
- La voie est constituée par deux rails placés l’un au-dessus de- l’autre, et les voitures sont pourvues de quatre groupes, de deux roues chacun, disposés au-dessous et au-dessus. Le frottement sur le rail supérieur est à peu près nul pendant les repos ; en marche rapide, il n’existe pour ainsi dire plus, sauf
- p.354 - vue 358/647
-
-
-
- NOUVEAU SYSTEME DE CHEMIN DE FER ELECTRIQUE
- 355
- dans les courbes et lorsque la vitesse est au-dessous d’une certaine limite. Après de nombreux -essais, l’inventeur a été amené à reconnaître que la sécurité que présente le système, aussi bien que les résultats économiques qu’entraînerait ce nouveau mode de transport, dépendent précisément de l’emploi des roues directrices supérieures, qui parcourent leur rail sans introduire la moindre résistance dans la marche. Ce rail peut donc être supporté par un dispositif très simple, beaucoup moins coûteux à établir que celui nécessité par les deux voies latérales.
- Pour obtenir le rendement maximum, la voie sera construite de telle sorte que la distance comprise entre deux stations consécutives présente, sur la moitié environ de sa longueur, une pente suffisante pendant laquelle la voilure acquerra sa vitesse maximum, 80 km à l'heure, par exemple. La voie remonte ensuite suivant une rampe un peu inférieure à la précédente, et la voiture arrive à des-tina-
- et les voyageurs descendent et montent sans bousculade, avantage évidemment très précieux. De plus les stations étant établies aussi près que possible du sol, les voies d’accès se trouvent réduites à leur plus simple expression, ce qui n’est pas le cas dans les chemins de fer souterrains que nous connaissons.
- Le système Kearney est applicable aussi bien aux transports aériens qu’aux transports souterrains. Installé au-dessus du sol, le prix d’établissement des lignes peut être ramené à un taux bien inférieur à celui que représente l’installation de nos chemins de fer métropolitains, par exemple. La construction de la voie est réduite à celle d’une solide charpente, sur laquelle repose le rail inférieur, surmontée d’une autre, plus légère, portant le rail supérieur. En réalité une double voie de ce système se présente dans les mêmes conditions qu’une voie unique d’un système à trolley. Enfin, ce squelette métallique peut encore être utilisé, en cas de besoin, comme support de fils télégraphiques et de câbles téléphoniques.
- Si les prévisions de l’inventeur sont exactes, et rien n’indique qu’elles ne puissent l’être, le système, qu’il préconise apporterait une solution très économique au problème de ce que nous appellerons la dissémination des fou-
- Uon,
- en vertu de la vitesse acquise, qui s’éteint à l’arrivée. 11 en résulte une sérieuse économie de courant électrique, puisque les moteurs, qui actionnent directement chaque roue, ne recevront du courant que pendant la période du lancement, soit sur la moitié du parcours. Les démarrages étant très doux, les voyageurs ne ressentiront aucun des effets de la vitesse et l’arrêt des trains se produira également sans secousses. On pourrait objecter qu’une rampe de 1,7 pour 100, telle que l’inventeur compte l’établir, mettra les voyageurs dans une position peu confortable; il y a lieu, observe le promoteur du système, de remarquer que la vitesse combattra victorieusement les effets dus à la présence du plan incliné.
- Les. stations étant éloignées de 1000 m., par exemple, la voie descendra suivant la pente de 17 pour 100 sur une longueur de G00 m. que les voitures parcourront en 24 secondes; celles-ci perdront ensuite la vitesse acquise en remontant les 400 m. de rampe à 14 pour 100, et s’arrêteront à la station entre deux quais : l’un pour l’embarquement des voyageurs, l’autre pour la sortie. Aussitôt que le train est arrêté, les portières s’ouvrent automatiquement de chaque côté de la voiture,
- le F»- T ‘.,3
- grès, peu de clio-ses ont été faites, jUMjii'à ce jour, pour faciliter le déplacement rapide des populations des villes qui,en quittant les grands centres, sont obligées de se grouper dans d’autres, plus petits il est vrai, mais aussi peu hygiéniques. Le système de tramways de pénétration n’a apporté qu’une solution toute théorique au problème ; les voyageurs se rendant à leur travail ou qui, le soir, rentrent à leur domicile, perdent un temps considérable pour effectuer les trajets à cause, précisément, de la lenteur des moyens de communications. Les grandes vitesses étant réalisées sur les petites comme sur les grandes distances, l’ouvrier peut se choisir une résidence éloignée de 15 ou 20 km de son travail, habiter, en somme, la pleine campagne au lieu des tristes bourgades avoisinant les grandes villes. A la condition, toutefois, que le transport demeure économique. Le système Kearney est une solution très acceptable qui mérite une étude consciencieuse. René Üoncîères.
- p.355 - vue 359/647
-
-
-
- 356
- LA VALLÉE DE BETHMALE (ARIÈQE)
- En notre temps .fiévreusement progressif et inélüe-tablement modificateur, où les plus curieux débris des mœurs passées s’estompent dans l'épaississant brouillard des souvenirs d’antan, il est toujours opportun de signaler ceux qui persistent encore intacts et aisément visibles.
- L’un des plus attirants est cette vallée de Bethmale dans l’Ariège, dès longtemps connue et appréciée des ethnographes, mais qui fut, on peut le dire, vraiment révélée aux Parisiens il y a peu d’années, par le bel opéra ® d’Alfred . Bruneau, Messidor. Ce qu’on vit alors sur notre grande scène nationale" de musique, ces costumes, chatoyants de couleurs et singuliers de formes, ces usages pastoraux maintenus dans l’isolement de la montagne, cette peuplade fermée, en quelque sorte, intangible .à la civilisation moderne, on peut le contempler en pleine France, entre Toulouse et Foix, à trois heures de Saint-Girons !
- fait croire à l’épithète Vallis-Mala, nullement adéquate à la réalité des choses. Son terrain de gneiss granitoïde aisément désagrégeable, et la pluviosité du climat assurent la fertilité des champs et la fraîcheur des prairies, grâce à la douceur des pentes. Aucun village ne s’appelle Bethmale, nom réservé à la vallée et au lac très poissonneux qui la termine sur les hauteurs, environné de sept autres petits laquels. Le chef-lieu est Ayet et les autres agglo-
- l)ans la vallée de Bethmale.
- Eu haut : Le cimetière. Eu bas : Groupe de lilletles.
- Une brochure, devenue rare1, a fait connaître, il y a vingt ans, tout ce qu’on sait des Belhmalais, en résumé ceci : dans l’ancien pays de Couserans, le torrent de Balamet arrose le frais val de Bethmale, non loin de la pyramide du Mont-Vallier (2859. m.), long de 14 km., large de 7 et couvrant 4621 hectares. Les parchemins du xvne siècle écrivent Yalmale, et l’indigène dit encore Bammale, ce qui a
- 1 Abbé David Gau d’Uhuan, vallée de Bethmale (Ariège), in-8°, 45 p. avec deux photographies de Félix Régnault (dont l’une est reproduite ci-contre, tig. 3). Toulouse, A. Régnault et fils, éditeurs, 1887.
- mérations Arrien, Villargcix, Arel, Tournac, Samortein.
- Les Bethmalais n’ont pas d’histoire, sauf deux inscriptions funéraires romaines, et leur révolte de 1848 contre un maire imposé par le gouvernement provisoire et qui n’était point des leurs : ce jour-là 500 jeunes hommes armés de hâtons descendirent à Castillon, aux cris de « notre ancien maire ou la mort », réclamer le chef destitué, qu’il fallut leur rendre triomphant. Mais les légendaires récits ne manquent point!
- D’architecture et d’art nulle trace non plus, sauf les grands retables à L'espagnole des églises d’Ayet et d’Arrien. Le paysage est sans grand attrait, comme la plupart de ceux du granit. Mais ce qui, de nos joux-s, rend Bethmale unique en France, c’est le costume des habitants (1855 en 1886).
- Pour l’homme, une œalotte rouge et bleue brodée de soie et pailletée d’or, le tricot blanc à liséré de velours et tout semé d’arabesques, le gilet blanc, la chemise à Col brodé, l’étroite culotte et les guêtres à jarretières de soie; enfin les fameux sabots à pointes recourbées comme les poulaines du moyen âge.
- Pour les femmes, une cornette de lin sous une
- p.356 - vue 360/647
-
-
-
- LA VALLEE DE BETHMALE
- 357
- coiffe rouge très ornée, serrée par un ruban de velours, une veste aux avant-bras découverts, une courte jupe à très petits plis, un grand foulard à ramages couvrant les épaules, et, brochant sur le tout, le tablier très historié à larges rubans de soie; le sabot si recourbé est constellé de clous de cuivre figurant divers dessins; on en grave artistemcnt les brides de 1er. Quant aux couleurs elles sont sans règle1, sauf certaine préférence pour un ensemble rouge, et sau f aussi l’espèce à'vni forme des filles d’Arricn, simplement noir et vert, mais d’un grand effet par sa pureté et la beauté de ses broderies.
- Pour les enfants la coiffure est spéciale, la calotte ou cascarinel chargé de.rubans, paillettes et boutons polychromes.
- C’est localement et dans la maison même que les Bethmalais font leurs
- Dans la vallée de Belhmale.
- En haut : La procession du dimanche. En bas : Types de Bethmalais.
- hardes. Les collectionneurs ne sauraient se les procurer qu’en achetant un complet usagé. Aussi commencent-ils à disparaître; lés riches familles de Toulouse engagent les Bethmalaises comme nourrices, qui, vendant leur défroque aux curieux de la ville, ramènent au village les modes dites parisiennes (?). Déjà ce n’est plus guère que le dimanche que'tout Belhmale est en habit local, trop mêlé de canotiers, vestons et costumes tailleurs (fig. 5); encore visible cependant plus souvent et plus nombreux que les vrais atours de la Forêt Noire et de la vallée d’Ossau, qui na sortent plus guère qu’à Pâques et à l’Assomption. Qu’on se hâte donc si l’on veut voir ces curieuses assemblées à leur déclin, et surtout à la sortie de la messe d’Ayet ou d’Arrien.
- Cau d’Urban nous a dépeint le Bethmalais comme « berger par vocation, chasseur par accident, agriculteur pour l’entretien de la famille seulement », sans aptitude
- p.357 - vue 361/647
-
-
-
- 358 - ...... LES GALETS DANS LE CHARBON DU NORD
- pour le commerce, dépourvu d’ailleurs de tous éléments d’échange, superstitieux et ami du merveilleux. Émigrant à regret, il vit sur lui-même, gardant force anciens usages, par exemple la capture simulée de la fiancée avant le mariage, et parlant un gascon influencé de catalan.
- Mais tout cela s’éloigne à grands coups d’aile et bientôt sans doute il ne sera plus vrai de dire avec Gâu d’Urban : « Le travail des champs incombe aux femmes; l’homme le dédaigne par fierté et par crainte d’une fatigue à laquelle ne le dispose guère l’oisiveté de ses habitudes nomades.... Satisfait de sa condition, le Bethmalais ne cherche
- pas à la modifier par les améliorations du progrès moderne et, peut-être, cet homme est-il heureux parce qu’il pense l’être. » En juillet 1907, pour obtenir le groupement photographique de la dizaine de fillettes ci-contre (fîg. 2), il ne m’en coûta pas moins de 0,50 fr. par tête, sous prétexte que c’était « pour tirer des cartes postales ». Telle est l’infiltration du progrès. Et cependant j’ai trouvé grand charme encore, et la saveur d’un milieu ignoré, dans ces longues théories de femmes en cornettes blanches, inclinées sur les croix du cimetière, ou descendant la longue rampe de l’église au village. E.-À. Martel.
- LES GALETS DANS LE CHARBON DU NORD
- : La quantité de problèmes que pose encore la question scientifique la plus. étudiée et en apparence la mieux connue, est à la fois décourageante pour ceux qui exigent en tout des solutions nettes, précises, définitives et, au contraire, pleine de charme pour ceux que fascine la recherche de l’inconnu. On croit, par exemple, savoir comment s’est formée la houille, et pourtant, lorsqu’on veut serrer de près son origine, on éprouve un grand embarras. Un très intéressant travail récent de M. Ch. Bar-rois est consacré à un point de détail, à l’occasion duquel toute la théorie de la houille se trouve remise sur le tapis : celui des galets que renferme parfois le charbon du Nord, de leur origine et de leur transport. On trouvera là, en même temps, un exemple de l’ingéniosité avec laquelle, par des observations bien faites et méthodiquement conduites, on peut reconstituer cette physionomie du passé, cette paléogéographie, qui est un des buts de la géologie.
- Les galets sont très abondants dans nos terrains liouil-lers du Plateau Central et de la Loire. Certains lambeaux houillers y sont même exclusivement formés de blocs accumulés de toutes tailles et de toutes formes dans des conditions telles qu’il est bien difficile de ne pas songer à l’hypothèse glaciaire, souvent reprise à ce propos et jamais démontrée encore. Les couches houillères du Nord sont, au contraire, très pauvres en poudingues aussi bien qu’en galets aberrants. Les sédiments y sont généralement très fins : ce qui n’a pas permis, jusqu’ici, de reconnaître leur origine et le sens de leur transport, comme l’a fait si minutieusement M. Fayol à Commentry, dans l’Ailier. Nos connaissances sur la géographie de cette époque, dite westphalienne, où se sont déposés les importants lits de houille de cette région, sont, en résumé, assez vagues. M. Stainier a pu récemment soutenir que tous les bassins houillers parallèles de Dinant, de Namur et de la Campine belge avaient appartenu à une même immense nappe, seulement subdivisée par des plissements pendant le cours même de la période houillère. C’est assez dire que l’on ignore où se trouvaient les rivages de cette grande dépression, qui a recueilli les sédiments fins, au milieu desquels, fort heureusement pour nous, s’est concentrée la houille. Où était le continent du Nord que M. Gosselet a appelé, pour le début du carbonifère (dinan-tien), le « massif de Brabant »? où le continent du Sud que l’on imagine caché sous le bassin de Paris ? En fait
- on l’ignore. 11 y a donc un grand intérêt à étudier les galets que l’on rencontre parfois dans ces terrains pour essayer de les identifier avec quelques-unes des roches en place, auxquelles ils auraient pu être arrachés et découvrir ainsi la position du rivage érodé, le sens du transport, etc.
- Si nous disons d’abord deux mots des poudingues proprement dits, ou accumulation de galets, que renferme notamment le bassin houiller d’Eschweiler, on voit que ces couches de galets sont le remaniement d’anciens cordons littoraux et que leurs matériaux sont venus des rivages immédiatement voisins, formés par les bords asséchés de la formation houillère même. Tout autre est le cas des galets isolés que l’on a d’abord observés dans certaines veines de houille belges et que M. Barrois a spécialement étudiés pour la veine du Nord d’Aniche, explorée à ce propos par M. Plane. Quand on examine cette veine du Nord, on constate qu’elle s’est formée sur un schiste rempli de radicelles, ayant donc constitué un ancien sol de végétation. Le dépôt du combustible a cessé quand les eaux plus claires, plus ouvertes, plus libres, ont succédé aux eaux dormantes à débris flottés, au fond desquelles la houille s’était formée : il s’y est déposé une argile fine, transformée en schiste.
- On trouve, dans la houille, des galets, les uns complètement roulés, sphériques ou ellipsoïdaux (schiste et grès houiller, gneiss à mica blanc) ; d’autres arrondis ou émoussés ; d’autres parallélipipédiques ; d’autres enfin manifestement cassés après leur dépôt. Ces galets sont en moyenne au nombre de 1 par 100 m2. La houille qui les entoure est très pure. La façon dont les galets s’y présentent isolés semble accuser une chute directe dans une vase molle et non un transport immédiat; on les trouve reposant sur une pointe ou sur un angle. Par endroits, ils sont accumulés d’une façon remarquable. Jamais on n’y observe de stries glaciaires; mais on y remarque les preuves évidentes d’une longue altération à l’air avant leur dépôt dans l’eau. Comme composition, on trouve en résumé que 86 pour 100 de ces roches proviennent du remaniement des assises inférieures des formations houillères du bassin du Nord même; 12 pour 100 d’un massif archéen étranger, encore inconnu, qui devait être situé au nord; 2 pour 100 du massif siluro-cambrien du Brabant, auquel appartenaient peut-être ces terrains ar-chéens. Les conséquences que l’on peut en déduire pour
- p.358 - vue 362/647
-
-
-
- USINES MUNICIPALES DE STÉRILISATION :..... ... — 359
- la géographie de l’époque houillère et la formation de la houille sont donc les suivantes.
- Tout d’abord on peut affirmer qu’il existait, à l’époque où s’est déposée celte veine de houille, plus ou moins loin vers le nord, une terre ferme où affleuraient à la fois des couches houillères exondées d’une phase antérieure et des couches encore plus anciennes. L’affleurement houiller devait être beaucoup plus étendu en superficie : les galets archéens ou siluriens ne paraissant pas avoir fait un plus long voyage que les galets houillers, voyage qui aurait pu expliquer leur proportion différente par une usure plus ou moins avancée. Les roches houillères de ce continent y étaient déjà devenues cohérentes, s’étaient même clivées et probablement plissées ; elles avaient subi une altération superficielle très intense (qui prouve un long séjour à l’air), etc.
- Quant au mode de transport et de mise en place, très énigmatique, il est impossible de songer à un charriage direct par des torrents qui, pour amener des blocs dont le poids atteint 120 kg, auraient érodé la houille, sur laquelle on est forcé de supposer qu’ils auraient coulé. Entre les nombreuses hypothèses proposées et dont le nombre suffirait à prouver la difficulté du problème, il n’en est que deux sérieusement soutenables : le charriage par des glaces flottantes et celui par des troncs d’arbres. La question des glaces flottantes se rattache à la discussion toujours pendante au sujet du glaciaire de l’époque carbonifère ou permienne. Après une belle résistance, les anciens géologues classiques ont très généralement fini par admettre l’existence d’une période glaciaire paléozoïque permienne étendue à tout l’hémisphère austral : glaciation qui aurait passé « sur une pénéplaine à relief très
- adouci, nullement alpestre, pour laquelle le refroidissement serait dù à un abaissement général de la température du globe plutôt qu’à des conditions topographiques locales et sur laquelle la végétation serait devenue très abondante malgré un climat froid. » Mais, pour l’hémisphère boréal, la bataille dure toujours entre les géologues; et les adversaires du glaciaire s’appuient sur les caractères de la flore, sur ceux des insectes, pour nier la possibilité que les forêts carbonifères aient pu exister à proximité de glaciers. Il est à remarquer toutefois, que les caractères supposés glaciaires dans le Plateau Central se trouvent tout à fait à la base des formations charbonneuses de cette région. Ailleurs, Newberry a supposé également que les glaces flottantes auraient apporté les galets au début du westphalien, avant la formation de la bouille; après quoi, les arbres auraient poussé sur eux. D’autres ont reculé un peu plus ce glaciaire avant le début du carbonifère; etc. Quoi qu’il en soit, M. Barrois, après discussion, écarte cette théorie. Pour lui, les galets du houiller du Nord ont d’abord fait partie d’un cordon littoral. Puis, de ce cordon ils ont été apportés par transport dans le bassin houiller à un moment où s’y accumulaient des sédiments grossiers. (C’est à ces deux premières phases que d’autres ont proposé de substituer un transport glaciaire). Après quoi, ces sédiments ont formé un sol de végétation, dans lequel les arbres ont enlacé les galets de leurs racines; et c’est ainsi que la chute de ces arbres, puis le flottement d’une souche chargée de galets les a distribués dans la veine. Après quoi, des actions mécaniques postérieures ont encore eu pour effet de les concentrer comme de les disloquer. L. De Launay.
- LES USINES MUNICIPALES DE STÉRILISATION DE DINARD ET DE NICE
- Nous avons décrit dans un précédent numéro1 les procédés de la Compagnie Générale de l’Ozone, tels qu’ils ont été expérimentés au concours organisé par la Ville de Paris à l’usine municipale de Saint-Maur.
- Il s’agissait là d’études théoriques en quelque sorte, faites en vue de l’alimentation future de la capitale.
- Mais sans attendre Paris, plusieurs villes, et non des moins importantes, ont fait entrer l’ozone dans la voie des applications pratiques. Nous citerons en première ligne Dinard et Nice.
- 1 Voy. n° 1844, du 26 septembre 1908, p. 268.
- Des installations importantes ont été réalisées ou sont en voie de réalisation dans d’autres villes,
- en particulier à Cosne, Chartres, Armentières, Su-lina (Roumanie), Indret, Avran-ches, etc. Nous décrirons succinctement aujourd’hui celles de Dinard et de Nice.
- L’usine municipale de Dinard a été établie par la Compagnie Générale de l’Ozone près d’un grand réservoir naturel taillé dans le granit et appelé Carrière Robert. Ce réservoir reçoit, d’une part, des eaux de sources, d’autre part, des eaux de surface, provenant d’étangs et qui passent, avant d’être mé-
- p.359 - vue 363/647
-
-
-
- 360 ===== USINES MUNICIPALES DE STÉRILISATION
- langées aux eaux de sources, par un filtre clarilicateur rapide.
- Ce filtre, dont la figure 1 donne une vue d’ensemble, est caractérisé par le passage de l’eau dans
- actionné par un groupe moteur alternateur à haute fréquence A.
- L’eau, avant traitement, aune saveur désagréable et une couleur jaune très caractéristique; elle contient en abondance des bacilles pathogènes. Après traitement, ainsi que l’a constaté le 1)' Bo-
- Fig. 2 et 5. — Coupes de l’usine municipale de stérilisation de la carrière Robert, à Rinard.
- plusieurs compartiments formant dégrossisseurs. L’eau circule dans ces compartiments de bas en haut. Le nettoyage s’effectue d’une manière très simple en inversant le courant d’eau et en faisant fonctionner le filtre de haut en bas.
- Les figures 2, 3 et 4 montrent, en coupes et en plan, la partie de l’usine réservée aux appareils de stérilisation.
- L’eau à stériliser est puisée sur une pompe F commandée par un moteur électrique E (fig. 4). Cette eau vient du grand réservoir taillé dans le granit. Elle est envoyée dans l’émulseur C et ruisselle ensuite sur les cailloux de la colonne D. Après stérilisation, elle tombe dans une citerne absolument étanche où une pompe spéciale, qui n’est pas figurée sur nos dessins, la prend et la refoule dans les réservoirs d’alimentation de la Ville.
- L’ozone est fourni par un générateur B qui est
- din, l’éminent professeur de bactériologie de la Faculté des sciences de Rennes, l’eau ne contient plus aucun microbe pathogène, elle a une belle teinte bleue et elle a perdu toute odeur désagréable.
- L’usine de Binard est faite pour , traiter jusqu’à 500 000 litres d’eau par jour. Une nouvelle usine, plus importante, est en voie de construction.
- A Nice, où sont appliqués les procédés Otto, l’installation est incomparablement plus importante.
- La figure 5 donne une vue générale de l’usine qui a été établie pour le traitement des eaux amenées par le canal de Sainte-Thècle.
- Le débit de l’usine peut atteindre 22 500000 litres par jour. L’usine fonctionne nuit et jour sans interruption. Elle est alimentée par du courant triphasé à 10000 volts fourni par la Société l'Énergie électrique du littoral méditerranéen. La tension du courant est
- p.360 - vue 364/647
-
-
-
- USINES MUNICIPALES DE STÉRILISATION = 361
- abaissée dans l’usine à 220 volts. Une partie de l’énergie est utilisée pour le pompage et le relèvement de l’eau. L’autre partie est employée pour actionner les alternateurs à haute fréquence qui alimentent les ozoneurs.
- L’eau à traiter est suffisamment claire pour n’avoir pas besoin de subir une fibration préalable. Les rapports officiels, que nous avons sous les yeux, et qui sont signés par MM. les firs Balestre, pro-
- Au point de vue bactériologique, rien n’est plus frappant que de constater, par des cultures sur plaques de gélatine, les résultats obtenus : la figure 6 reproduit la photographie de deux plaques ensemencées, l’une avec de l’eau brute, l’autre avec de l’eau ozonée. Les colonies microbiennes contenues dans l’eau brute se sont développées sur la première plaque; la seconde est absolument indemne.
- L’alimentation de Nice va être complétée par
- fesseur agrégé, directeur du bureau d’hygiène de Nice, Beunat et Pilatte, établissent nettement l’excellence des résultats obtenus.
- L’eau contient, avant l’ozonation, environ 2000 germes par centimètre cube; on y trouve en abondance du coli-bacille et autres espèces pathogènes. Après ozonation, toutes les espèces pathogènes ont disparu; le nombre des germes indifférents qui restent est inférieur à 10 par centimètre cube. On a ainsi une eau plus pure que la meilleure des eaux de source.
- l’amenée, à l’usine municipale de stérilisation, d’eau de Yésubie filtréé, qui sera également soumise à l’ozonation et qui. complétera le volume d’eau de Sainte-Thècle quelquefois insuffisant. La ville de Nice aura ainsi, assuré en permanence, un contingent de 260 litres d’eau pure par seconde.
- Ce chiffre, quelque énorme qu’il puisse paraître, deviendra rapidement insuffisant. 11 sera augmenté par l’appoint que les sources de Vegay, qu’il est question de capter, fourniront dans quelques années.
- Ces eaux seront probablement ozonées pour éviter
- p.361 - vue 365/647
-
-
-
- L’HISTOIRE DES CHRYSANTHEMES
- 362
- d'avoir recours à des zones de protection et de surveillance de plusieurs milliers d’hectares. Suivant les théories de l’éminent professeur Courmont, toute surveillance est en effet impossible sur une aussi grande surface, et mieux vaut épurer l’eau après captation.
- L’usine de Nice est la première et la plus importante usine d’ozonation d’Europe. Le mérite de l’avoir réalisée revient à un des maîtres de l’industrie électrique française, M. Postel-Vinay, et à M. Otto.
- Mais il ne faut pas oublier le nom du promo-
- teur de l’entreprise, le professeur Balestre, qui a abandonné aujourd’hui ses fonctions à l’Université
- de Montpellier pour prendre la direction du bureau d’hygiène de Nice.
- Les considérations qui précèdent montrent l’importance, tous les jours plus considérable, que prennent les questions d’alimentation des grandes agglomération s en eau potable. 11 est certain que, dans bien des cas, la méthode de stérilisation électrique, basée sur l’emploi de l’ozone, peut donner la solution cherchée. I)1' Gabrie.i, Sinclair.
- A. — Eau Imilo. B. — Eau ozouéc.
- Fig-. 6. — Résultat du traitement par l’ozone : photographie de deux plaques de culture ensemencées : (A) avec de l’eau brute, (13) avec de l’eau ozonée.
- L’HISTOIRE DES CHRYSANTHEMES
- L’Exposition d’horticulture d’automne qui se tient du 6 au 15 novembre, donne cette année une rétrospective du Chrysanthème qui promet d’être fort intéressante. A ce propos, on lira sans doute avec intérêt quelques mots sur l’histoire de cette Heur.
- Pendant longtemps, les Chrysanthèmes ne furent connus en France que par les dessins échevelés des œuvres d’art japonaises, et l’on était presque disposé à croire qu’il fallait les considérer comme des œuvres d’imagination des Nippons ou des Chinois. Ce n’est qu’en 1764 que, de Chine, on en rapporta quelques pieds en France, où ils ne paraissent pas avoir excité la moindre curiosité, tant leur port était modeste et leur abord étriqué. En 1789, cependant, un négociant marseillais en cultivait quelques pieds et, dès 1790, ils faisaient partie des collections du Muséum.
- En 1819, on introduisit un autre Chrysanthème qui venait, non de Chine comme le précédent, mais de l’Inde. Ses capitules, à l’aspect de pompons minuscules, pa&sèrent, eux aussi, presque inaperçus.
- Cependant, un grand amateur de plantes, le capitaine Bernet, de Toulouse, commença à montrer que l’espèce était perfectible et en obtint plusieurs variétés.
- Vers 1862, le célèbre naturaliste voyageur Robert Fortune rapporta les véritables Chrysanthèmes du Japon; il n’en possédait pas moins de cinq variétés, dont l’aspect inaccoutumé et les tons agréables firent sensation.
- L’inertie des horticulteurs fut, dès lors, secouée, et les plus malins llairèrent en elles de brillantes plantes d’avenir. Ils se mirent à « travailler » les nouvelles venues, et, reprenant les espèces chinoises et indiennes, les croisèrent si bien avec elles qu’aujourd’hui, dans les variétés obtenues par milliers, il est presque impossible de reconnaître leur origine.
- Les débuts, on le comprend bien, ne furent pas très rapides. Les Chrysanthèmes fleurissaient surtout à l’arrière-saison, mais souvent trop tard, de telle sorte que, surprises par les gelées automnales, les graines n’avaient pas le temps matériel d’arriver à maturité ; la descendance était perdue ! Il fallut donc faire, tous les ans, une savante sélection dans les variétés, c’est-à-dire éliminer à la fois celles qui fleurissaient trop tôt — on ne tenait pas, et avec raison, à obtenir des plantes d’été — et celles qui fleurissaient trop tard, pour la raison que j’ai dite plus haut.
- Ce choix n’est pas en somme très difficile — c’est l’enfance de l’art pour les horticulteurs — mais il exige du temps.
- Lorsqu’il fut terminé, les Chrysanthèmes purent prendre l’extension que l’on sait et qui date d’une vingtaine d’années.
- Si peu artiste que l’on soit, il semble difficile de ne pas être séduit par le charme des Chrysanthèmes, encore que ce charme soit un peu mélancolique en raison de leur époque de floraison et de l’emploi que nous en faisons à la Toussaint pour orner la tombe de nos chers disparus. Bans quelles autres Heurs
- p.362 - vue 366/647
-
-
-
- L’HISTOIRE DES CHRYSANTHEMES —- 363
- pourrait-on trouver des teintes aussi variées et aussi agréables?
- Il y en a de mauves, de blanches, de rosées, de violacées, de brunes, de jaunes, etc., chacune de ces dénominations contenant des milliers de variantes.
- Ce ne sont pas toutefois des tons vifs et éclatants, mais des tons adoucis, un peu éteints comme le soleil qui les éclaire et dont elles paraissent cire un chaud reflet. Les roses ne sont pas frais ainsi que ceux de la reine des fleurs, mais comme passés; les écarlates sont des rouges rompus; les jaunes et les bruns ont des tons d’automne; les verts — rares d’ailleurs — y sont indéfinissables et plutôt blafards. Quant au bleu, que l’on nous promet tous les ans, il refuse de se montrer, bien qu’on affirme — sans preuves — qu’il existe au Japon. Comme l’a fait remarquer de Cherville, les Chrysanthèmes possèdent la faculté, dont ils devraient bien nous communiquer la recette, de ne pas trop s’enlaidir en vieillissant. Quand leur robuste inflorescence arrive au terme de sa durée, sa couleur, en s’altérant, en modifie évidemment la physionomie ; en persistant dans les ligules du pourtour, la teinte vieil or tourne au jaune vif dans les languettes du centre, au rose dans les couleurs de pourpre; c’est une autre fleur charmante; celle des Chrysanthèmes a le bien rare avantage de s’éteindre dans toute sa gloire.
- Certains Chrysanthèmes sont panachés, mais le cas est plus rare : la variation porte plutôt sur la teinte générale de l’inflorescence que sur chaque fleuron en particulier.
- Et que dire de leurs formes? Elles plaisent surtout par leur allure non compassée comme celle des horribles dahlias doubles, mais échevelée, leurs languettes recourbées d’une façon capricieuse ; l’ensemble reste cependant harmonieux malgré le laisser-aller de leur architecture.
- Un heau désordre, comme on l’a dit, est un effet de l’art....
- A la richesse du coloris et à l’harmonie de la forme, les Chrysanthèmes joignent l’avantage unique d’apparaître à l’automne, alors que nous n’avons presque plus d’autres fleurs, et d’être très rustiques.
- La plupart peuvent se cultiver en pleine terre pendant l’hiver : lorsque le froid devient par trop rigoureux, une simple toile tendue au-dessus d’eux suffit à les protéger. En outre, les fleurs détachées du pied peuvent se conserver en bouquets pendant quinze jours ou même un mois si l’on a soin de renouveler l’eau dans laquelle elles baignent. On voudrait les voir, ou plutôt les sentir, plus odorants, mais on ne peut pas tout avoir....
- Dans les jardins ou en pots, les pieds de Chrysanthèmes servent beaucoup à l’ornementation ; on les taille à volonté et l’on en fait des dômes, des corbeilles, des houles, des pyramides, etc. Il est même étonnant que nous, qui avons l’habitude de nous
- ébaubir sur tout ce qui est exotique, nous n’ayons pas encore imité ce qui se passe chez les Nippons.
- Au Japon, où l’on a très vif le culte des Chrysanthèmes, des forains fabriquent des mannequins de grandeur naturelle avec de l’argile et piquent à la surface des Chrysanthèmes détachés en les arrangeant de manière à simuler un corsage, une robe, une ceinture et des étoffes à ramages. Ces mannequins sont disposés de manière à simuler des scènes animées.
- Les gens du peuple viennent voir ces exhibitions pour une modique somme. Au Japon, d’ailleurs, le Chrysanthème est la fleur nationale, et un jour de l’année est destiné à fêter la « fleur d’or », ainsi que l’exprime l’étymologie de son nom.
- Le Chrysanthème est peut-être le plus heau fleuron de l’horticulture. Il n’y a pas d’exemples de fleurs qui, en si peu de temps, aient donné lieu à autant de variétés, variétés qui diffèrent souvent les unes des autres d’une manière relativement considérable : il suffit de comparer, par exemple, les Chrysanthèmes à pétales plans et les Chrysanthèmes à pétales tubuleux, les Chrysanthèmes jaunes — la couleur originelle — et les Chrysanthèmes roses, pour voir dans quelles larges limites on est arrivé à modifier la ou les variétés primordiales. Les succès obtenus dans cette culture tiennent, non seulement à une tendance naturelle de la plante, mais aussi à l’habileté de plus en plus grande de nos horticulteurs.
- Les principes sur lesquels repose l’obtention des variétés de Chrysanthèmes sont les mêmes que ceux des autres fleurs de nos jardins.
- Le principal est la sélection. Supposons que, dans un semis, nous ayons constaté la présence de quelques capitules nous semblant avoir une tendance à prendre des pétales frangés sur le bord, et supposons que nous voulions développer ce caractère. Nous ne prendrons que les semences desdits capitules et nous les sèmerons. Dans la récolte, il est infiniment probable que nous aurons : 1° des Chrysanthèmes non frangés ; 2° des Chrysanthèmes pas plus frangés que ceux dont nous sommes partis ; o° des Chrysanthèmes plus frangés que ceux-ci. Nous détruirons alors les Chrysanthèmes des deux premières catégories et nous ne garderons que ceux de la dernière, dont nous sèmerons des semences. Dans la nouvelle récolte obtenue, nous procéderons encore de même, et ainsi, peu à peu, le caractère « frangé » augmentera et finira par arriver au point que nous désirions obtenir.
- Un procédé encore plus efficace pour avoir des variétés nouvelles consiste à avoir recours à Vhybridation ou croisement. On prend du pollen, je suppose, sur une variété rouge, on en féconde des fleurs d’une variété blanche; les nuances obtenues donnent, l’année suivante, des variétés roses. En théorie, c’est très facile. Mais, en pratique, les choses ne vont pas toujours très bien, car les étamines, comme celles
- p.363 - vue 367/647
-
-
-
- 364
- L’HISTOIRE DES CHRYSANTHEMES
- de toutes les composées, sont cachées dans le tube des corolles, et on a toutes les peines du monde à les atteindre. Mais, avec de la patience....
- Une autre cause de la variation des Chrysan-
- comme l’on dit, par mutation. Vous pensez bien que lorsque pareille aubaine échoit à un horticulteur, il n’a garde de la laisser perdre : il recueille jalousement les semences de la variété nouvelle et
- Fig. 1. — Chrysanthèmes Japonais.
- 1, 1, 1. Incurves divers. — 2. Incurve plumeux. — 5. Récurve. — 4. Tubuleux. — 5. Chevelu.
- thèmes est la mutation. Semons toutes les semences d’un même capitule dans un même terrain. Il pourra arriver qu’un des pieds — pour des raisons que l’on ignore — différera du tout au tout de ses frères . il aura été créé par variation brusque ou,
- les cultive avec soin, car, l’année suivante, il a bien des chances d’obtenir toute une nichée de plantes semblables. On arrive encore à améliorer et à modifier les variétés de Chrysanthèmes en les greffant les unes sur les autres. Bien conduite, cette
- p.364 - vue 368/647
-
-
-
- L’HISTOIRE DES CHRYSANTHEMES ...-.:.:_-_- 365
- pratique arrive à donner de merveilleux résultats.
- Quant aux capitules gigantesques, que, depuis quelques années, on voit dans les expositions et à la devanture des lleuristes, il ne faut pas croire qu’ils appartiennent à une race spéciale : ce sont plutôt
- quelques feuilles et on coupe les boutons au fur et à mesure de leur apparition en n’en laissant subsister qu’un seul. Sous l’action d’un engrais très concentré, le capitule, nourri plus que de coutume, devient gigantesque et atteint parfois la dimension
- Fig'. 2. —- Chrysanthèmes : Cultures européennes,
- 1. C. Ordinaire. — 2. Plane rayonnant. — 5. Pompon. — i. Alvéolé. — 5. Tubuleux. — 0. Demi-tubuleux. — 7. Incurve. — S. Récurvc.
- des inllorescences anormales, monstrueuses, obte-nues par une méthode spéciale de culture. On met les pieds en serre froide, espacés les uns des autres et tout près du vitrage. On ne laisse subsister que
- de la tête humaine, tandis que les pétales trop longs pour se soutenir eux-mêmes, retombent gracieusement de toutes parts comme les cheveux d’une nymphe éplorée. Henri Coupin.
- p.365 - vue 369/647
-
-
-
- 366
- BATEAU DE SAUVETAGE A VAPEUR
- La chose est encore très rare, bien que peut-être beaucoup de nos lecteurs ne s’en doutent point : d’une manière générale, les bateaux de sauvetage destinés à porter secours aux naufragés (et qu’il ne faut pas confondre avec les bateaux servant à renflouer les navires mêmes, après des avaries, des échouages, etc.) sont encore presque exclusivement mus à bras et à rames : c’est tout au plus si l’on ose les doter d’un morceau de toile, leur faire porter une petite voilure sur leur mâture élémentaire. Pour ce qui est de la voilure, en parlant d’un type nouveau de bateau de sauvetage, le bateau Henry, nous avons expliqué que les formes classiques pratiquées jusqu’ici en la matière, et particulièrement l’absence de haute quille, r «Aidaient la navigation à voiles très précaire. Quanta l’adoption d’un moteur, on redoutait un peu l’installation d’une chaudière et d’une machine à vapeur à bord d’une embarcation de dimensions très faibles, les tout petits moteurs à vapeur, en particulier, ne donnant qu’un rendement très faible; d’autre part, il fallait toujours un engin de propulsion, hélice, roues, et si les roues à aubes semblaient absolument impossibles, par suite des chances d’avaries
- Comté d’Essex, en Angleterre. 11 est du reste destiné à la Colonie de Lagos, et il rendra des services précieux sur ce littoral où, la barre aidant, les accidents sont fréquents.
- Dans sa construction, on n’a pas voulu faire les choses à demi, et le Molesey peut marcher à une vitesse considérable pour une embarcation de ce genre, en même temps qu’il offre cette particularité d’être doté de deux hélices : cela n’augmente pas seulement son allure, cela lui donne une facilité d’évolution très grande et spécialement utile ici. Pour répondre aux inconvénients que l’on attribue à la présence d’hélices à l’arrière d’une coque de bateau de sauvetage, on a disposé les propulseurs dans un tunnel, ainsi que cela se fait couramment pour les bateaux à faible tirant d’eau, tunnel situé évidemment dans l’axe de la coque, et permettant aux ailes des propulseurs de ne pas atteindre même le niveau inférieur de la quille. L’avant et l’arrière de l’embarcation sont défendus des coups de mer par deux tambours analogues à ceux qu’on trouve dans les lifeboals à rames. La longueur de la coque à la ligne de flottaison est de 17,57 m. pour une largeur de
- Bateau de sauvetage Molesey.
- quand on aborde le bateau à secourir, l’hélice elle-même n’était pas considérée comme sans danger; elle pouvait s’engager assez aisément, pensait-on, soit dans les épaves flottant autour du bateau naufragé, soit dans les câbles, grelins qui tombent à l’eau dans les opérations de sauvetage.
- Aussi, sur les côtes anglaises ou hollandaises, a-t-on eu recours, pour un certain nombre de bateaux de sauvetage, à la propulsion hydraulique, au moyen de puissants jets d’eau refoulés extérieurement par des pompes, et agissant sur le milieu environnant suivant le principe du fameux tourniquet hydraulique des cours de physique. Mais le rendement de ce mode de propulsion n’est pas excellent ; et comme certains constructeurs (tel M. Decout-Lacour de La Rochelle, pour le bateau Henry) n’ont pas hésité à doter des bateaux de sauvetage d’hélices ordinaires actionnées par des moteurs à explosions, il semble, d’une façon générale, qu’on soit sur le point de recourir à la propulsion mécanique pour ce genre d’embarcation. Nous n’avons pas besoin de dire que cela rend les opérations beaucoup plus rapides, plus sûres pour les sauveteurs comme pour les naufragés, et bien moins fatigantes pour les équipages des bateaux de sauvetage.
- Le lifeboat à vapeur dont nous voulons parler aujourd’hui s’appelle le Molesey, et il sort des chantiers de MM. Forrestt, constructeurs de navires à Yvcnhoe, dans le
- 5,80 m. et de 4,57 m. au fort; à pleine charge, le tirant d’eau est de 1,0G m. La coque est faite d’acier galvanisé, et partagée en 21 compartiments étanches, ce qui lui donne une flottabilité très sûre, même en cas d’avarie : il est évident que la sécurité a pu être d’autant mieux assurée et les machines d’autant plus facilement installées, que la coque est relativement grande par rapport aux bateaux de sauvetage ordinaires. Soutes, compartiments à provisions, chaufferie et chambre des machines pourraient être envahis par l’eau, le bateau flotterait encore. Un treuil à vapeur est disposé à bord et rendra de grands services. On peut remarquer que l’embarcation est dotée d’une petite mâture lui assurant une certaine mobilité au cas d’avarie à sa machine. A l’arrière, est un puits où l’homme de barre s’installe et a en main toute la commande du bateau.
- La chaudière est du type Yarrow à tubes d’eau, fonctionnant à tirage forcé, avec chambre de chauffe fermée; la machinerie comporte deux engins compound, avec cylindres de 178 et 580 mm., pour une course de 205; ce petit bateau marche facilement à une allure de 10 1/4 nœuds, bien que naturellement on n’ait pas pu songer à en faire un marcheur, pour lui laisser les qualités nécessaires à une embarcation de sauvetage, qui doit offrir une solidité et une stabilité absolues par les plus mauvais temps. Daniel Bellet,
- p.366 - vue 370/647
-
-
-
- 367
- NOUVEAU MODE DE PROPULSION DES BATEAUX SOUS-MARINS
- Il est en ce moment question de l’application aux bateaux sous-marins des chaudières accumulatrices, comme mode de propulsion en plongée.
- La marine française a en construction un sous-marin de -450 tonnes de déplacement, qui sera mû par ce procédé; les plans de ce bateau sont dus à M. Maurice, ingénieur en chef du génie maritime.
- Les chaudières accumulatrices n’ont été que fort peu employées jusqu’à présent et seulement sur quelques lignes de tramways à parcours restreint.
- A Paris même, le tramway qui fait le service de l'Etoile au pont de Neuilly, est remorqué par une locomotive sans foyer du système Francq. Cette machine donne d’excellents résultats.
- En principe, on sait que la chaudière accumulatriee est constituée par un cylindre de haute résistance rempli d’eau presque entièrement (dans les locomotives Francq il y a 1800 litres d’eau et 280 litres de vapeur pour une contenance totale de 2080 litres) ; l’eau est chauffée à la température de 200°, ce qui donne à la vapeur une pression de 10 atmosphères. La source de chaleur étant alors supprimée, la chaudière est susceptible de fournir pendant un certain temps de la vapeur sous pression capable d’alimenter un moteur.
- il est facile de comprendre tout le parti que l’on peut tirer de ce système de chaudières accumulatrices pour la propulsion des sous-marins en plongée.
- Avec les ressources actuelles de la métallurgie, il est possible île construire des chaudières résistant à 25 et 50 atmosphères, pression qui sera atteinte facilement par un surehaufl'age de la chaudière lorsque le sous-marin est en émersion. Ce chauffage peut se faire au moyen de brûleurs à pétrole, que l’on éteint instantanément, et le sous-marin peut plonger avec une réserve d’énergie beaucoup plus certaine que celle que lui donnent les accumulateurs électriques employés jusqu’à présent.
- La chaudière accumulatriee ne présente pas du reste
- les nombreux inconvénients des accumulateurs électriques.
- D’abord, ainsi que Font prouvé depuis longtemps les essais faits sur les tramways, elle a un très bon rendement thermique, du moment qu’elle est bien protégée des pertes de chaleur par une enveloppe calorifuge convenablement faite.
- Ensuite elle ne dégage aucun gaz corrosif ni délétère, ce qui est un des grands inconvénients des accumulateurs au plomb.
- Enfin, quoi qu’on fasse, le moteur à vapeur est un de ceux qui présentent le plus de sécurité au point de vue régularité et souplesse.
- Avec l’emplacement dont on peut disposer dans un sous-marin de fort tonnage, comme ceux actuellement en chantiers, il est possible d’installer des chaudières accumulatrices de grand volume et capables de supporter de hautes pressions.
- C’est ainsi que les calculs de notre marine font prévoir la possibilité de donner au nouveau sous-marin un rayon d’action en plongée, beaucoup plus considérable que celui admis avec les batteries d’accumulateurs électriques, dont le rendement était comme toujours fort mauvais et la recharge très longue.
- 11 résulterait de l’emploi de la chaudière accumulatriee une grande simplification de la partie mécanique du sous-marin. Pour la propulsion électrique, il faut en effet :
- Un moteur à vapeur ou à gazoline pour la charge; une dynamo et une batterie d’accumulateurs très encombrante, très lourde et dégageant des vapeurs acides dangereuses.
- Pour la propulsion par la vapeur, il suffit de la chaudière accumulatriee et du moteur à vapeur. .
- 11 semble donc qu’il y ait beaucoup à attendre des essais qui vont être faits prochainement de notre nouveau sous-marin à vapeur. René Cuamplv.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 2 novembre 1908. — Présidence de M. Picard.
- Les roches d'Auvergne. — M. Lacroix présente une Note consacrée à l’étude des projections du Massif Central et notamment du Mont Dore. Il monlre que les pierres ponces que l’on y rencontre se rapportent à des types très différents, rhyoliles et trachyles. If a reconnu en outre que les éruptions rhyolitiques ont eu une grande importance au début de l’aclivité éruptive.
- Découverte de la houille à Madagascar. — M. A. Caudry expose qu’au début de mars 1908 le commandant Colcanap envoyait à M. le professeur Boule de petits reptiles et des empreintes de plantes provenant d’explorations géologiques faites à Madagascar. Parmi celles-ci se trouvaient des glossopteris qui appartiennent à l’étage permien. M. Boule pensa qu’il y avait une présomption sérieuse qu’une formation charbonneuse se trouvât au-dessous du terrain qui avait fourni les reptiles, comme il arrive dans l’Afrique du Sud. Il écrivit au commandant Colcanap qui, entreprenant de nouvelles recherches dans
- le sens indiqué, vient de découvrir des couches de houille d’une épaisseur de 0,25 m. à 0,30 m. d’épaisseur. Il a envoyé une caisse d’échantillons de cette houille. Ainsi que le remarque M. Caudry, il est curieux qu’une richesse importante ait été révélée par des découvertes purement paléontologiques.
- L’heure à bord des navires. — L’attention de l’Académie a déjà été appelée sur Futilité qu’aurait pour la navigation, à quelques centaines de kilomètres des côtes de France et même dans la Méditerranée, l’émission de signaux conventionnels par les appareils de la tour Eiffel à l’effet de transmettre aux navires l’heure de Paris. Dans le but de rendre cette transmission plus aisée, MM. Tissot et Pellin ont combiné un récepteur extrêmement sensible. Pour obtenir cette sensibilité, les inventeurs ont introduit dans leur appareil un détecteur nouveau qui est solide au lieu d’un détecteur électrolytique. Cu. 1)E VlLLEDEUll..
- p.367 - vue 371/647
-
-
-
- 368 ----—---------- ----------------------------------
- NOUVEAU SYSTÈME DE CHAUFFAGE PAR LA VAPEUR
- De Ions les systèmes aujourd’hui employés pour distribuer une chaleur douce et régulière dans les appartements, celui à vapeur et à basse pression est justement considéré comme le plus parlait.
- Dans les maisons neuves les installations s’effêc-tuent en même temps que la construction elle-même ; on emploie alors le chauffage direct qui se fait à l’aide de radiateurs déposés dans les angles des pièces à chauffer, dans les vestibules, les couloirs, les galeries. Ces appareils seraient extrêmement pratiques s’ils n’étaient si encombrants. Passe encore dans les vestibules, les entrées, où, en général, on ne cherche pas à accumuler les objets d'ameublement; mais, dès que le radiateur a pris place dans une pièce, il devient un auxiliaire aussi gênant qu’indispensable en tenant la place d’un meuble que l’on ne sait plus où loger.
- Et puis, le tuyautage n’est pas sans être disgracieux, puisqu’il est apparent au moins sur une certaine longueur. Enfin, inconvénient plus grave encore, la présence d’une source de chaleur contre un mur n’est pas sans entraîner des dégradations très rapides ; les peintures se noircissent et s’effritent en fort peu de temps.
- Pour parer à ces inconvénients, on a essayé de coffrer les radiateurs dans les murs, des plaques de métal perforées étant placées en guise d’écran devant l’appareil destiné à chauffer la pièce. Au point de vue esthétique, c’était là un réel progrès; mais le rendement calorifique du radiateur se trouvait diminué à un tel point, que l’on fut amené à augmenter les surfaces chauffantes, c’est-à-dire, en fin de compte, à hausser le prix des installations.
- Cependant il y avait mieux à faire ; la cheminée étant, par destination, affectée à la source calorifique d’une pièce, ne pourrait-on l’utiliser?
- La maison Gérard-Becuwe a alors imaginé un nouveau système d’une grande simplicité et qui nous apparaît comme constituant la solution définitive du problème.
- On utilise les cheminées existantes, mais en remplaçant les rétrécis en faïence par d’autres, métalliques, se prêtant à recevoir par estampage toutes sortes de décors. L’espace vide compris entre
- les tôles forme une cavité dans laquelle circule la vapeur.
- La face extérieure de ces appareils chauffe, ainsi que les radiateurs, par radiation directe, tandis que la partie postérieure exerce la même action sur l’air amené par des orifices ménagés à cet effet sur les côtés de la cheminée, à hauteur des plinthes. Cet air chaud est rejeté dans la pièce par d’autres ouvertures semblables disposées sur la tablette de la cheminée.
- Le chauffage se trouve donc porté au maximum, et sans que cet avantage soit déprécié par un appareil encombrant et disgracieux.
- L’installation de rétrécis métalliques ne comporte aucun changement dans l’aspect ou la construction des cheminées, sauf l’addition facultative d’une trappe obturant le tuyau de fumée. On peut donc faire du leu, si on le désire, comme dans une cheminée ordinaire lorsque la température n’est pas suffisamment basse pour l’emploi du chauffage par la vapeur, ou même simultanément avec ce mode de chauffage. La trappe s’oppose à la déperdition de chaleur par le conduit de fumées ; mais le rideau abaissé est suffisant dans la plupart des cas pour remplir cette fonction. De plus, pour obtenir une installation tout à fait confortable, la tuyauterie alimentant ces appareils peut être dissimulée dans une gaine ménagée à cet effet ; les robinets de commande sont seuls apparents et placés au mur sur le côté de la cheminée.
- Les joints de tuyaux se font aux emplacements des robinets, au droit desquels se trouvent des plaques amovibles permettant de les visiter lorsque cela est nécessaire.
- De cet exposé il ressort nettement qu’un progrès décisif vient d’être réalisé dans l’application du chauffage à la vapeur; le nouveau procédé supprime, en effet, tous les inconvénients que l’on reprochait aux radiateurs et maintient tous leurs avantages. Lucien Fournier.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Lauure, rue de Fleurus, 9.
- Nouvelle cheminée Gérard-llecuwe pour le chaullage à vapeur.
- p.368 - vue 372/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1851.
- = 14 NOVEMBRE 1908.
- L’HÉLICOPTÈRE DE M. KIMBALL
- Dans les milieux scientifiques américains, on parle I que qui sert à modifier son angle horizontal, depuis quelque temps d’une machine volante d’un | Les matières qui entrent dans sa construction
- l'iy. 1. — Vue d'ensemble de l'hélicoptère, inonlrmil ses multiples hélices.
- système tout nouveau, imaginé par un jeune ingénieur, M. Wilhur 11. Kimhall, qui lut pendant plusieurs années l’assistant de M. Alexandre Graham-Bell, le célèbre inventeur du téléphone. Quelques essais préliminaires ont eu lieu sur un champ de courses abandonné, près de Morris-Park (New-Jersey). M. Thomas Edison, admis à y assister, aurait déclaré, en parlant de l’hélicoptère deM. Kim-hall, que c’était, selon lui, le flyer de l’avenir. C’est une raison de plus pour nous de lui consacrer un moment d’attention.
- En principe, la machine consiste en un cadre léger pourvu de 24 petites hélices de bois disposées sur un plan horizontal et mues simultanément par un moteur unique. Elles exercent leur action sur l’air de haut en bas. La machine comporte, en outre, un gouvernail à unités multiples pour la direction, et une aile obli-
- 30e aimée. — St- semestre.
- sont exclusivement le bois, l’aluminium et les fils métalliques utilisés par les facteurs de pianos. À distance, elle présente l’aspect d’une gigantesque toile d’araignée, impression que corrige l’apparition du chariot et de ses roues de bicyclette. Comme on peut s’en rendre compte par nos illustrations, la
- machine ne com-porte pas de plans, comme celles des frères Wright et de M. Henri Farman ; elle ne porte qu’une pièce de toile, que l’inventeur appelle une « surface négative » parce que l’air la frappe par en haut, et non par en bas. Elle ne sert d’ailleurs qu’à maintenir l’équilibre automatiquement.
- M. Ivimball a bien voulu renoncer, en faveur du correspondant de La Nature à Philadelphie, au mutisme dans lequel il s’était enfermé depuis ses premiers essais, et faire quelques confidences à M. H. D. Jones.
- 24. - 369
- p.369 - vue 373/647
-
-
-
- LES PÊCHERIES DE PERLES DU GOLFE PERSJQUE
- 370
- C’est en aidant M. Alexandre Graham-Bell à manœuvrer un cerf-volant basé sur un dispositif nouveau (à cellules multiples), que lui vint l’idée de construire une machine volante. Ces expériences, exécutées dans le Prospect-Park de Brooklyn, eurent de brillants résultats; le kyte marcha contre le vent en emportant un poids considérable. Un moment, M. lvimball conçut le projet de transformer directement ce modèle en machine volante, en y adaptant un moteur et une hélice. Après quelques tentatives, il renonça complètement au système des cellules et imagina un modèle dont les multiples héliees produisaient à la fois le mouvement de marche et le mouvement ascensionnel.
- Secondé par deux habiles ouvriers mécaniciens, il entreprit bientôt la construction d’un modèle de marche, dans un hangar qu’il avait loué à Linden (New-Jersey). L’indiscrétion professionnelle des reporters le contraignit à prendre des mesures sévères pour défendre le secret de ses travaux ; des chiens d’humeur féroce montèrent la garde autour de l’atelier. Une fois terminée, la machine fut transportée par sections à Morris-Park, où ont eu lieu, comme nous l’avons indiqué, quelques essais préliminaires, en présence de M. Bell et de M. Edison.
- En réponse aux questions de notre correspondant,
- M. Kimball a franchement exposé les avantages et les désavantages que son hélicoptère possède sur les aéroplanes déjà classés. La construction de sa machine lui a coûté 50000 francs, tandis que les deux aéroplanes des frères Wright n’ont coûté chacun que le quart de cette somme, et que M. Farman a dépensé 50 000 francs pour construire la machine qu’il exhiba en Amérique. Mais l’hélicoptère ne pèse que 460 livres (mesures américaines), contre 800 et 1110 livres que pèsent respectivement les aéroplanes Wright et Farman.
- Un des grands avantages de l’hélicoptère est qu’il prend son vol lentement, tandis que l’aéroplane Wright ne peut quitter le sol qu’à l’aide de la vitesse de 40 kilomètres à l’heure, imprimée par la chute des poids du pylône. L’ascension se fait graduellement; mais l’inventeur a la conviction qu’il pourra s’élever aussi haut, et voler aussi rapidement que ses émules.
- Telles sont les déclarations que M. Wilbur B. Kimball a bien voulu faire à notre correspondant. Le lecteur n’aura pas manqué de remarquer que l’aviateur de Morris-Park porte le même prénom que celui des frères Wright qui vient de nous émerveiller de ses audacieux exploits. Souhaitons que l’analogie ne s’arrête pas là. Y. Founix.
- LES PÊCHERIES DE PERLES DU GOLFE PERSIQUE
- Les perles Unes se pêchent en Australie, dans le Honduras britannique, en Californie, en Nouvelle-Calédonie, à Panama, au Pérou, dans l’Afrique portugaise orientale, au Yénézuéla, à Zanzibar, et enfin dans le golfe Persique.
- Les pêcheries du golfe Persique ont beaucoup diminué d’importance. On ne rencontre plus que quelques bancs le long du littoral persan, à Thor, près de Bouchir, à Ras Nabaud, à Murghu, à Bostanch, puis le long de l’Arabie entre Koheit et El Katar, et autour d’ilots comme Cheik Cliaïb, llinderabasi, lveis, Farour. Néanmoins, cette industrie si spéciale occupe encore, pendant la saison — du 1er juin au Ie1' octobre —, 8000 à 10 000 bâtiments. D’une façon générale les bateaux qui travaillent le long de la côte sont petits et ne portent que 5 à 15 hommes; tandis que les autres, les grands, pêchent dans tout le golfe, partout où il y a chance que cela rapporte, et comportent un équipage de 20 à 50 hommes. Dans l’ensemble, ce sont certainement 250 000 à 500 000 hommes qui se consacrent à cette pêche durant la saison chaude et calme. Sur ce total, les Arabes forment les 4 pour 100; on trouve ensuite des métis arabes, et enfin des nègres de la côte d’Afrique orientale, qui sont des esclaves et sont le plus souvent employés comme plongeurs. La Perse n’arme en propre que peu de bateaux, mais elle fournit une bonne partie des équipages.
- Les bâtiments qui partent s’approvisionnent pour une croisière de quatre mois ; parfois ils reviennent de temps à autre dans un port pour vendre leurs perles. D’une maniéré générale la pêche se fait par des fonds variant
- entre 5 et 10 mètres, cette dernière profondeur étant rarement dépassée, et occasionnant déjà par elle-même un assez grand nombre d’accidents ; les bateaux se mettent à l’ancre pendant des jours et des jours en un même point, en laissant filer à l’eau une corde munie d’une grosse pierre. Les procédés de pêche par plongée se conservent avec une déplorable fidélité aux traditions : après s’être graissé le corps, bouché le nez avec une pince en os ou en corne et les oreilles avec de la cire d’abeille, chaque plongeur prend pied sur une pierre attachée au bout d’une corde ; on le descend ainsi en dévidant la corde ; arrivé sur le fond, il entasse dans un filet ou un panier emporté avec lui tous les mollusques qui sont à sa portée, et il se fait remonter. On prétend que les meilleurs plongeurs demeurent 2 à 5 minutes sous l’eau, ce qui nous laisse tout à fait sceptique. Jusqu’à présent les indigènes se sont nettement refusés à faire usage du scaphandre. L’équipage de chaque bateau forme une sorte de société en participation pour se partager le produit de la pêche : un cinquième constitue la part du bâteau — c’est-à-dire de ses propriétaires, tandis que le reste solde les dépenses d’équipement et d’approvisionnement, puis se répartit entre les plongeurs et les tireurs de cordes. Ce produit est essentiellement variable suivant les jours et les bancs.
- Les pêcheurs vendent les perles recueillies à des courtiers spéciaux qui sont presque tous Arabes ou Hindous; ceux-ci les envoient à Bombay. On évalue à 50 millions par an la valeur des perles achetées dans le golfe Persique. P. 1>E M.
- p.370 - vue 374/647
-
-
-
- 371
- LES ARGAS
- Les journaux quotidiens ont relaté la désagréable aventure de cet instituteur de province qui, pendant plusieurs années, lut attaqué chaque nuit, lui et sa famille, par un ennemi inconnu qui lui suçait le sang jusqu’à l’anémie. Finalement, il fut obligé d’abandonner la maison d’école qu’il habitait, afin qu’on pût la nettoyer et la débarrasser de ces dangereux parasites, qui n’étaient pas des Punaises, comme il avait dû le supposer tout d’abord, mais des Argas.
- Qu’est-ce donc que ces Argas dont on avait peu parlé jusqu’ici, au moins comme parasites de l’homme, dans notre pays à climat tempéré?
- 11 existe plusieurs espèces d’Argas. Ce sont des Acariens de la famille des lxodidés, et l’espèce dont il est question ici, Y Argas bordé (Argas reflexus Fabricius), est la seule espèce que l’on connaisse en France. Toutes les autres habitent les pays chauds, sur les deux continents.
- L’Argas bordé est un Acarien à peu près de la taille de la Punaise des lits, c’est-à-dire de 5 millimètres de long à Page adulte ; les milles sont un peu plus petits que les femelles. Le corps est ovale, le dos plat avec des téguments finement chagrinés et une bordure mince, un peu relevée, formée par des plis radiés, ce qui lui a valu son nom. On remarque, en outre, dessus et dessous, des fovéoles, ou fossettes, appelées patelles, disposées concentriquement et diminuant de taille du centre à la périphérie : c'est ce qui donne à la peau, lorsqu’on examine l’animal à la loupe, cet aspect pustuleux qui l’a fait comparer à celle d’un crapaud. La bouche, ou rostre, est à la face ventrale, complètement cachée quand on voit l’animal de dos : ce rostre comprend trois parties : une paire de palpes, purement tactiles; une paire de chélicères, ou mandibules, très mobiles, armées de deux ou trois crochets en dents de scie; enfin un hypostome ou lèvre inférieure en forme de langue, ou de dard, à extrémité obtuse, mais portant sur sa face inférieure de fortes dents à pointe dirigée en arrière et simulant une râpe. Lorsque F Acarien attaque pour sucer le sang, les chélicères percent la peau, puis l’hypostome, enfoncé comme un harpon dans la plaie, maintient solidement le parasite jusqu’à ce qu’il soit repu. Enfin l’Argas est muni de quatre paires de pattes assez grêles et terminées par une double grifïe recourbée, qui lui permet de grimper sur les surfaces verticales.
- Chez l’animal à jeun la couleur est d’un gris jaunâtre; le dessin plus foncé que montre notre figure est dû à l’estomac que l’on voit, par transparence, chez l’acarien repu et plein de sang, formant une large plaque d’un brun violacé, bordée de festons qui indiquent les cæcums de F appareil digestif.
- Les jeunes, ou larves, sont presque orbiculaires, de 2 millimètres de long, avec le rostre découvert et les pattes, relativement plus longues que chez l’adulte, au nombre de trois paires seulement.
- L’Argas bordé a d’abord été signalé dans les
- colombiers où il attaque surtout les jeunes Pigeons ; mais on le trouve aussi dans les poulaillers. En Roumanie, on dit avoir vu les larves sur le Cheval. 11 est probable que l’espèce est répandue dans toute l’Europe.
- Ces Acariens sont nocturnes et passent le jour dans les trous de mur, sous les boiseries ou dans les rainures du parquet, et c’est là que la femelle dépose ses œufs; c’est seulement la nuit qu’ils viennent sucer le sang de leurs victimes. Il est facile de les surprendre en allumant une bougie : ils restent alors immobiles et se laissent écraser sans chercher à fuir. Ils ne se cachent pas dans les matelas comme les Punaises.
- Lorsqu’ils attaquent l’Homme, c’est presque toujours dans des chambres ou mansardes situées au voisinage d’un colombier, et par suite d’une des deux causes suivantes : ou bien les Pigeons ont été détruits et ne leur offrent plus leur nourriture accoutumée, ou bien les Acariens se sont reproduits en telle quantité qu’ils sentent le besoin d’envoyer des colonies dans toutes les directions.
- On cite le cas de ce domestique qui habitait, à la campagne, une mansarde très proprement tenue et qui, malgré tou tes ses recherches, ne pouvait arriver à savoir où se cachaient, pendant le jour, les ennemis qui l’attaquaient toutes les nuits. On finit par découvrir que les Argas entraient par l’étroit tuyau ménagé pour le passage d’un cordon de sonnette, et en grimpant à la file le long de ce cordon qui traversait le colombier voisin.
- 11 faut savoir, d’ailleurs, que ces Acariens peuvent supporter un jeûne indéfiniment prolongé. On a pu en conserver, pendant plusieurs années, sans nourriture, dans des tubes de verre hermétiquement fermés. Au bout de ce temps ils étaient encore parfaitement vivants et se remettaient à piquer dès qu’on leur rendait la liberté.
- Dans les colombiers, les Argas s’attaquent surtout aux jeunes Pigeons dont ils peuvent causer la mort, en les épuisant par la perte de sang, lorsqu’ils sont très nombreux. Sur l’homme, leur piqûre ne semble pas plus dangereuse que celle des Punaises.
- Cependant, les espèces exotiques, notamment l’Argas de Perse (vulgairement « Punaise de Mia-na») et l’Argas de Savigny, qui habite l’Egypte, ont été accusés d’inoculer différentes maladies, à l’exemple des Cousins du genre Anopheles. Cette accusation semble tout à fait gratuite.
- M. le D1' Brumpt, médecin de la mission du Bourg de Bozas à travers l’Afrique Centrale, a cherché à s’en rendre compte par l’expérience directe. 11 s’est fait piquer, à plusieurs reprises, par l’espèce qui est excessivement commune dans le pays Somali, probablement l’Argas de Savigny. Il se fit même piquer par des Acariens qui avaient précédemment sucé le sang d’un Somali atteint de fièvre tierce : il n’éprouva aucun symptôme de cette maladie, et constata que les Hématozoaires du paludisme étaient
- p.371 - vue 375/647
-
-
-
- 372 ----LA FABRICATION MÉCANIQUE DU VERRE A VITRES
- détruits en trois jours dans l’estomac des Argas.
- Le l)1' Brumpt ajoute : « La piqûre de l’Àrgas n’est nullement douloureuse. Dès qu’il a enfoncé sa trompe dans la peau, on voit se produire une aréole rouge, large de 4 à 10 millimètres.... Pendant la succion, qui dure environ une demi-heure, l’animal reste complètement immobile.. .. Quand la succion est terminée, il se détache, et la petite plaie saigne - pendant quelques minutes.
- Au centre de l’aréole inllammatoire, se trouve une petite goutte de sang extravasé qui se résorbe en quelques jours.... Les cicatrices sont peu prurigineuses ; ' elles persistent plus d’un mois et disparaissent sans laisser de pigmentation, sauf s’il y a eu des lésions de grattage....»
- Au bout de 5 à 10 jours, l’Acarien a digéré son repas et il éprouve le besoin de piquer de nouveau.
- Ainsi donc, dans les cas où l’on a prétendu que la fièvre paludéenne ou la dysenterie avaient été inoculées par les Argas, il y avait simple coïncidence et nullement relation de cause à effet.
- Comment se préserver de ce dangereux parasite? Tout d’abord, les mesures préventives sont les plus efficaces, d’autant mieux que l’animal est, fort heureusement, moins répandu et d’un transport moins facile que les Punaises, puisqu’il ne cherche pas à se cacher dans les vêtements ou la literie.
- Il faut éviter de coucher dans une chambre voisine d’un colombier ou d’un poulailler, et, pour plus de sûreté, il serait à désirer que l’une comme l’autre de ces installations ne soient jamais contiguës aux chambres d’habitation, mais construites isolément, à l’autre extrémité du jardin. Pour protéger les Pigeons et les volailles conter les Argas, la première
- des conditions est d’entretenir dans les locaux que ces Oiseaux habitent, la plus grande propreté, de n’y laisser s’accumuler ni excréments, ni plâtras.
- Si les Argas menacent d’envahir la maison d’habitation, les mêmes précautions de propreté seront applicables, sans attendre que les Acariens se soient
- installés et aient eu le temps de pulluler. Nous avons indiqué les endroits où ils se réfugient pendant le jour. Tous les moyens employés contre les Punaises réussissent contre les Argas : poudre de py-rèthre projetée à l’aide du soufflet dans toutes les fentes des parquets, des boiseries et des tapisseries; lessivage à l’eau bouillante, etc. Dans les cas invétérés, comme celui de notre instituteur, il ne faut pas hésiter à déménager tous les meubles et à remettre à neuf l’appartement en passant les murs au lait de chaux; on attendra quelque temps avant de repeindre et retapisser, et l’on recommencera au besoin les lessivages des planchers et des carrelages à quinze jours d’intervalle. Une cage contenant de jeunes Pigeons, placée dans la chambre pendant la nuit, pourra servir d’épreuve : si les Pigeons ne sont pas attaqués, on aura lieu de supposer que tous les Argas sont détruits.
- Mais il ne faut pas oublier que les œufs des Acariens résistent à une température de 140°, et il faudra se tenir en garde contre la réapparition des jeunes après une trêve de courte durée. On reviendra donc par précaution, de temps en temps, aux moyens indiqués. Dans les pays chauds, ou en voyage, on se met à l’abri des attaques des Argas en plaçant les quatre pieds du lit dans des assiettes remplies de pétrole ; il va sans dire que ce moyen est applicable sous tous les climats. E.-L. Tuouessart,
- Professeur au Muséum.
- Argas bordé, femelle : au milieu, de grandeur nafureüe ; à gauche, face dorsale; à droite, face ventrale (grossies).
- Rostre d’Argas bordé (fortement grossi).
- LA FABRICATION MÉCANIQUE DU VERRE A VITRES
- S’il est une fabrication difficile et dans laquelle l’habileté manuelle ne semblait pas pouvoir être remplacée aisément par des procédés mécaniques, c’est bien celle du verre à vitres. Pourtant un Américain, M. Irving W. Colburn, vient d’imaginer une machine qui fabrique automatiquement du verre à vitres de toute épaisseur et de toute largeur ; et son
- procédé est exploité industriellement depuis quelques mois par la Colburn Machine Glass Co, dans une usine qu’elle possède à Franklin (Pennsylvanie).
- Pour bien montrer le grand progrès qui vient d’être réalisé et les difficultés considérables que l’inventeur a dû vaincre, il convient, avant de décrire
- p.372 - vue 376/647
-
-
-
- = LA FABRICATION MÉCANIQUE DU VERRE A VITRES 373
- la nouvelle machine, de rappeler quelques-unes des propriétés du verre fondu.
- L’idée qui a dû venir tout d’abord à ceux qui ont cherché à fabriquer mécaniquement le verre à vitres est celle de faire passer le verre pâteux entre deux cylindres formant laminoir ou d’écraser la masse pâteuse sur une table, entre deux règles formant rebords, au moyen d’un cylindre; c’est ce dernier procédé qu’on emploie pour fabriquer les glaces. Malheureusement, on n’obtient ainsi qu’un verre translucide, dont la surface est dépolie; dans son voisinage, en effet, le verre est fissuré dans tous les sens et, pour obtenir une surface polie, il faut faire disparaître cette couche superficielle par usure au moyen de substances abrasives.
- Cette opération, très longue et très coûteuse (et aussi très incertaine quant au résultat final si la plaque de verre renferme des soufflures n’apparais-
- ment impossible de lui conserver sa largeur (en supposant que l’épaisseur restât constante) comme on l’a pensé en la tirant latéralement de part et d’autre dans son plan, par exemple avec des agrafes qui saisiraient ses bords dès qu’elle émerge du bain.
- Cependant, c’est une variante du procédé par étirage qui est employée dans la machine Colburn, mais ici les agrafes mobiles, de réalisation si difficile, sont remplacées par deux sphères en argile réfractaire demeurant à la même place et disposées aux deux extrémités de la lame de verre. Ces sphères qui plongent entièrement dans le verre fondu et qui sont placées très près de sa surface, sont animées d’un mouvement de rotation très rapide et tel que, du côté de la lame, leur surface se déplace de bas en haut. Ce mouvement a pour effet d’entraîner verticalement et vers la lame de nouvelles masses de verre fondu, de soulever verticale-
- l'ig. 1. — Vue d’ensemble de la machine à fabriquer le verre à vitres.
- sant qu’au dernier moment), est pratiquée pour les glaces; elle fait quelquefois diminuer l’épaisseur de la plaque de verre de plus de moitié : elle est donc impraticable pour le verre à vitres qui doit rester un produit peu coûteux.
- Pour faire le verre à vitres, on pourrait peut-être, semble-t-il, enfoncer dans un bain de verre fondu un bloc de terre réfractaire présentant une étroite fente verticale par laquelle le verre liquide jaillirait; il se solidifierait dans les parties supérieures. Ce procédé a été essayé, mais l’expérience a prouvé que, dès que le verre fondu a touché la terre réfractaire, il présente des rayures qui modifient profondément l’état de sa surface elle rendent inutilisable.
- L’étirage pur et simple d’une lame de verre, tirée de bas en haut d’un bain de verre fondu, ne donne pas de meilleurs résultats car le verre fondu, comme tous les corps visqueux, a tendance à se rétrécir quand il est soumis à une traction; si on opérait ainsi, la lame de verre s’étirerait presque immédiatement en fil. Il est d’ailleurs pratique-
- ment les bords de cette lame, de la pousser en... quelque sorte. Ce mouvement combat donc la tendance au rétrécissement; selon qu’il est plus ’hli moins rapide, et selon aussi que la lame est tirée plus ou moins fort, cette lame de verre est plus ou moins épaisse. Avec une même grosseur de sphère on peut obtenir toutes les épaisseurs usuelles du verre à vitres, de 1,5 à 6 millimètres, mais avec d’autres sphères on pourrait obtenir des épaisseurs plus fortes encore.
- Par le moyen qui vient d’être indiqué, on obtient bien un verre transparent et à surface parfaitement polie, mais ce verre présente encore des défauts : de petites surépaisseurs alternant assez régulièrement avec des parties amincies. Ces irrégularités sont sans importance pour la résistance du verre, mais ont l’inconvénient de réfracter différemment les rayons lumineux et de déformer les images des objets vus par transparence ; le verre à vitres soufflé présente aussi de semblables défauts, mais à un degré moindre. Ces irrégularités sont dues surtout
- p.373 - vue 377/647
-
-
-
- 374 ———r: LA FABRICATION MÉCANIQUE DU VERRE A VITRES
- à ce que les bords très rapprochés et très irrégu-tiers dû bassin duquel sort la lame de verre, rayonnent très inégalement leur chaleur sur cette lame et cela au moment même où sa solidification commence; comme la lame est légèrement tendue, tirée par en haut comme on le verra plus loin, ses parties restées les plus molles s’allongent plus que les autres et s’amincissent quelque peu. M. Colburn a remédié très simplement à cet inconvénient en disposant parallèlement, de part et d’autre de la lame,'doux cylindres horizontaux en argile réfractaire qui plongent un peu dans le verre fondu et tournent d’un mouvement lent de dedans en dehors.
- Ces cylindres sont réchauffés dans leur partie opposée à la lame par des courants de gaz chauds
- plasticité convenable sur un cylindre de renvoi horizontal sur lequel elle lait un quart de tour et qu’elle quitte dans une direction horizontale ; de là, elle passe sur une table d’entraînement sans fin, à laquelle font suite d’autres tables analogues placées, l’une à la suite de l’autre, dans un grand four à recuire. 11 est essentiel, en effet, comme on le sait, que tous les objets en verre soient refroidis très lentement pour ne pas se pulvériser totalement comme les lames bataviques quand une partie vient à s’en détacher.
- Du bassin collecteur au cylindre de renvoi, la lame de verre s’élève verticalement de 4 m,50 ; l’effort vertical de traction qui est exercé sur elle par ce cylindre et par la table d’entraînement est de 42 kilogrammes par mètre de largeur.
- Fig. 2. — Vue du mécanisme extérieur de la machine à fabriquer le verre à vilres.
- qui viennent les frapper; ils jouent un deuxième rôle, très important : ils écrément en quelque sorte la surface du bain tout autojir de la lame et la débarrassent des poussières qui y flottent ; ces poussières, si elles étaient entraînées par la lame, produiraient sur la surface du verre des stries et des rayures du plus mauvais effet.
- De part et d’autre de la lame sont des boîtes métalliques (water-jackets) traversées par un courant d’eau froide et destinées à empêcher que la chaleur des cylindres et du bain de verre ne rayonne sur les parties hautes de la lame et sur tout le mécanisme supérieur.
- La lame en s’élevant passe ensuite entre plusieurs rangées horizontales de brûleurs à gaz, qui sont réglés de façon que la lame arrive dans un état de
- Le four à recuire se termine à son autre extrémité par une table à découper extérieure sur laquelle se déplace une bande ininterrompue de verre froid à bords plus ou.moins réguliers; un ouvrier débite cette bande en longueurs de 4m,50 à 2 mètres.
- La figure 4 montre l’ensemble de l’installation : à gauche, se trouve le four de fusion, du type des fours à bassin, pouvant contenir 410 tonnes de verre fondu et pouvant en fondre 12 tonnes par journée de 24 heures; immédiatement à sa droite, se trouve la machine proprement dite dont le détail est donné par la figure 2 ; on voit le bassin collecteur, d’où sort la lame, communiquant avec le four de fusion; à droite, se trouve le four à recuire de 42 mètres de longueur, auquel fait suite, tout à fait à l’extrême droite, la table de découpage.
- p.374 - vue 378/647
-
-
-
- LA FABRICATION MÉCANIQUE DU VERRE A VITRES 375
- La figure 2 montre l’appareillage extérieur de la machinerie dont toutes les pièces mobiles sont mues par un même moteur. Les explications qui précèdent montrent, en effet, que la vitesse relative de ces différents organes doit rester rigoureusement constante. Des regards et une ouverture très large disposée au droit de la lame entre le dessus du bassin collecteur et les premiers brûleurs, permettent de surveiller la marche de l’opération.
- Quand la largeur de la bande de verre est réglée à 1m, 10, son déplacement linéaire sur la table à découper est de lm,40 par minute pour la vitre dite de simple épaisseur; elle est de lm,20 pour la vitre dite double. Une pareille machine n’exige comme
- Mais la supériorité du nouveau procédé sur le soufflage, n’est point tant dans son économie que dans le très grand progrès hygiénique qu’il réalise. Le métier de souffleur de verre, qui s’exerce devant des fours chauffés au rouge-blanc, exige de l’adresse, une force musculaire peu commune et la possession d’un appareil respiratoire en parfait état; il ne peut être exercé que par des individus jeunes et robustes, et encore il tue son homme en quelques années. Sans doute, le soufflage à l’air comprimé, imaginé par MM. Appert et appliqué depuis une vingtaine d’années déjà dans leur verrerie de Levallois-Perret remédie à cet inconvénient, mais il laisse subsister, bien qu’en l’atténuant beaucoup, le danger de la
- Fig. 5. — Verre à vitres fabriqué mécaniquement.
- personnel qu’un contremaître surveillant, un ouvrier coupeur et deux gamins. A eux quatre, sans fatigue, ils font le même ouvrage qu’une équipe de 40 souffleurs, cueilleurs, gamins, coupeurs et éten-deurs de manchons, travaillant péniblement autour d’un four à creusets par le procédé du soufflage. L’ouvrage est aussi beaucoup mieux fait et la production de groisil (verre cassé des déchets, chutes et pièces manquées) est beaucoup moindre. Enfin, alors que les dimensions du verre à vitres soufflé sont limitées par le poids du manchon de verre qu’un homme peut commodément manier au bout d’une canne de fer très lourde, la machine peut produire du verre de toute largeur, de toute épaisseur, de toute longueur.
- transmission des maladies contagieuses, par suite de l’usage en commun des cannes à souffler. En effet, malgré sa commodité, le soufflage à l’air comprimé est moins souple que le soufflage à la bouche; aussi, dans les cas pressants, pour ne pas manquer une pièce par exemple, l’ouvrier n’hésite pas à souffler avec ses poumons. Ce danger est radicalement supprimé dans la nouvelle machine et si, comme il faut le souhaiter, son emploi se généralise, on verra bientôt disparaître ces maladies des verriers, qui ont été prises longtemps pour des maladies professionnelles et qui ne sont qu’une forme évoluée des maladies contagieuses les plus
- banaIes- E. Lemaire,
- Ingénieur des Arts et Manufactures.
- p.375 - vue 379/647
-
-
-
- 376
- espaça
- EN BULGARIE — L’ISKER ET TIRNOVO
- La Bulgarie est un pays d’actualité. La proclamation récente du prince Ferdinand comme tsar des Bulgares, puis les menaces de guerre entre la Bulgarie et la Turquie ont attiré très vivement l’attention sur ce pays; mais ce n’est pas, bien entendu, de la question d’Orient qu’il va s’agir ici, c’est uniquement de quelques phénomènes hydrologiques qui, en dehors de leur intérêt scientifique sur lequel nous allons insister, prêtent un grand attrait pittoresque à la région nord du pays.
- Les gorges de l’Isker, que suit, depuis quelques années, la ligne de chemin de fer de Sophia à Boutschouk et Bukarest, peuvent être comparées à nos gorges du Tarn, auxquelles certains voyageurs les préfèrent même,
- aspects variés tenant à la nature des terrains traversés, sont fréquentes dans les pays montagneux, l’explication en est souvent facile si on se reporte à l’histoire géologique et tectonique de la contrée. Souvent on peut se rendre compte que l’approfondissement progressif d’une vallée principale, dans
- Fig. 1. — Défilé de l’Isker.
- laquelle les eaux avaient commencé à se jeter lorsque la topographie était encore toute différente de la topographie actuelle, a entraîné le creusement correspondant de l’affluent par une sorte de long sciage continu. Ici il ne semble pas que la vallée
- Fig. 2. — Défilé de l’Isker, à Luitibrod.
- et les boucles de la Iantra à Tirnovo, la vieille capitale bulgare du moyen âge, ont dû former un superbe décor pour les cérémonies du couronnement et la déclaration de l’indépendance qui vient d’y avoir lieu1.
- Le phénomène géologique, qui caractérise les gorges de l’Isker est le suivant. Au Nord de Sophia, les eaux de l’Isker, au lieu de s’écouler normalement sur le flanc sud des Bal- Fis-
- kans où elles ont pris naissance, prennent une direction imprévue qui recoupe transversalement du Sud au Nord la chaîne montagneuse.: Partant de la cote 500, l’Isker entaille, par des gorges profondes, une chaîne de 4400 à 1500 mètres, et va ressortir, dans le Plateau Danubien, à environ 200 mètres d’altitude. .
- Quand on se trouve en présence de gorges semblables, qui, avec des proportions diverses et des
- 1 Voir, pour les détails, L. De Launay. La Bulgarie d'hier cl de demain (llaelicltc). . .
- . — Défilé de l’Isker près du monastère Téhéripiche.
- principale, à savoir le Danube, se soit affaissée sensiblement; le point d’arrivée est resté à peu près fixe; mais c’est le point de départ qui a dû s’enfoncer peu à peu, forçant ainsi les eaux, qui avaient commencé à descendre suivant une pente normale par-dessus les Balkans, à se frayer un passage de plus en plus encaissé et profond à travers eux. Cet enfoncement présumé du bassin de Sophia dans un temps géologiquement récent est confirmé par toute une série d’autres phénomènes correspondants : limites brus-
- p.376 - vue 380/647
-
-
-
- = EN BULGARIE — L’ISKER ET TJRNOVO -.... 377
- ques et rectilignes caractéristiques d’un bassin d’ef- j stable; enfin mouvements du même genre constatés londrement; ceinture de roches éruptives et de sour- ! à l’autre extrémité Est de la même chaîne sur les
- Fig. 4. — Los gorges de l'Isker. Traverséerdes calcaires' secondaires.
- Fig. 5. — La boucle de la Ianlrn, près Tirnovo.
- ces thermales ; réactions sismiques qui différencient limans de Varna (dont nous aurons peut-être à re-aussitôt la région de Sophia du Balkan généralement parler un jour), etc., etc. Ailleurs, dans le Balkan
- p.377 - vue 381/647
-
-
-
- 378 : PSYCHOLOGIE ANIMALE : LA
- contrai, j’ai signalé autrefois cette particularité curieuse que la ligne de partage des eaux se trouve sensiblement en arrière vers le nord par rapport à la ligne décrétés. Tous les affluents du Danube naissent en arrière de cette ligne de crêtes, qu’ils traversent par des dépressions plus ou moins profondes, comme si un mouvement de bascule avait ici relevé le sud des Balkans par rapport au nord. Le rapprochement de ces divers phénomènes, qui chacun individuellement pourraient avoir une autre explication, conduit à les interpréter tous ensemble comme indices de mouvements généraux ayant amené un déplacement vertical avec gauchissement de la région sud des Balkans par rapport à la région Nord et ayant ainsi continué jusque dans le pléistocène (dernière phase presque actuelle du tertiaire), les effets de compression, par lesquels le Balkan s’est trouvé refoulé et plissé entre le massif du Rhodope et le Plateau Danubien pendant les temps géologiques antérieurs.
- Pittoresquement, l’effet de ce sciage, qui a produit les gorges de l’Isker, a été très différent suivant la nature des terrains traversés ; et, comme ceux-ci présentent, sur la largeur des Balkans, toute une coupe géologique depuis le gneiss et le carbonifère jusqu’au crétacé, on voit défiler, en suivant la gorge, les tableaux les plus changeants. Mais la belle partie de la route est celle où l’on rencontre les calcaires secondaires, tantôt disposés par strates horizontales
- MUSIQUE ET LES CHIENS —.....................:
- formant des escarpements aux teintes oranges ou rouges qui alternent avec le vert des pentes herbeuses plus adoucies (fig. 4), tantôt redressés en bancs verticaux, en récifs tout à fait extraordinaires (fig. 2). On a là notamment de bien singuliers bancs de calcaire verticaux jetés en travers de la vallée avec des airs de filons. Ailleurs, ces calcaires sont perforés de grottes et présentent toutes les érosions étranges, toutes les disparitions et les réapparitions de rivières qui peuvent faire le bonheur d’un spéléologue.
- Une fois la chaîne traversée, l’Isker coule paisiblement à travers le grand plateau de calcaires crétacés qui, dans la direction de l’Est, s’étend vers le champ de bataille historique de Plevna et vers Tirnovo. A Tir-no vo, la Iantra offre, par un phénomène qu’on peut retrouver sans aller si loin, dans la vallée de la Seine en aval de Paris, des boucles successives, où une rive escarpée contraste avec une autre rive abaissée et aplanie (fig. 5). C’est sur un tel escarpement que se dresse la vieille ville restée orientale, dont l’importance fut telle jadis que, dernièrement, des fouilles faites sur une colline n’ont pas découvert m'oins de dix-sept églises byzantines. Là, un Français, Baudouin, comte de Flandre et premier empereur latin de Constantinople, fut mis à mort, jeté du haut d’une tour, les membres rompus et livré aux bêles féroces dans les conditions les plus romanesques.
- L. De Launay.
- PSYCHOLOGIE ANIMALE : LA MUSIQUE ET LES CHIENS
- On a remarqué plus d’une fois toute l’imprudence de ceux qui prétendent assigner des limites à une science et lui tracer en quelque sorte une ligne qu’elle ne doit pas franchir. « On se rappelle, écrit quelque part Tvlor, la remarque de Comte, dans son cours d’astronomie, sur la limite nécessaire de notre connaissance des étoiles : « Nous arrivons, dit-il, à déterminer leur forme, leur « distance, leur grandeur et leur mouvement, tandis que « nous ne saurions jamais connaître leur composition chi-« mique ou leur structure minéralogique. » Si ce philosophe, continue l’auteur de la Primitive culture, avait assez vécu pour voir l’application de l’analyse spectrale à ce même problème, sa doctrine désespérante sur la nécessité d’ignorer eût peut-être fait place à des vues plus encourageantes. »
- Il faut remarquer que Comte ne parlait pas à la légère. Si on lui avait demandé d’où provenaient ces impossibilités prétendues, un raisonnement très simple et d’apparence très juste eût sans doute été sa réponse : « Nous ne connaissons la chimie et la minéralogie des corps terrestres que parce que nous en possédons des échantillons : comment obtenir des échantillons de la matière des étoiles? » A cette démonstration, les faits ont répondu simplement qu’à défaut de corps inaccessibles, on pouvait arriver à leur connaissance par ce qui en est le signe.
- Une fin analogue de non recevoir s’est longtemps élevée contre une toute. jeune science, dont l’objet paraissait chimérique — et reçoit aujourd’hui de l’expérience quotidienne une réponse semblable. Nous voulons parler de lu psychologie animale. (( Comment — disait-on et disent même encore des esprits distingués — connaître la pen-
- sée de l’animal? Celle-ci est, comme toute pensée, uniquement intérieure, et, si nous pouvons réfléchir sur ce qui se passe en nous-même, nous n’avons aucun moyen d’atteindre à la vie mentale d’êtres d’une autre espèce. » Je voudrais au contraire montrer, par un exemple emprunté à de récentes recherches, qu’il existe des signes de cette pensée inaccessible, et de quelle sorte ils sont.
- On a observé depuis fort longtemps que certains phénomènes physiologiques accompagnent des états de l’esprit : ainsi l’idée d’un fruit, le souvenir d’un plat font venir ce que l’on appelle « l’eau à la bouche », déterminant une sécrétion des glandes salivaires pareille à celle que produit la présence réelle du fruit ou du plat. Le fait n’est pas propre à l’homme : un cheval auquel on montre de l’avoine, un chien auquel on présente de la viande salivent, comme nous, au souvenir de la nourriture. L’association créée de la sorte, entre l’idée d’un excitant et un acte physiologique, forme un couple très caractérisé, c’est-à-dire, par exemple, que chez le cheval la salivation produite par la vue de l’avoine ne se produirait pas en présence de la viande présentée au chien. On peut donc conclure très aisément de cette sécrétion salivaire à la connaissance, chez l’animal essayé, de tel ou tel objet. Des expériences de M. Zeliony, publiées dans le Journal de médecine de Kharkow et fort bien résumées par Mlle A. Drzevina dans la Revue des Idées (octobre 1908), montrent combien peuvent être féconds les enseignements tirés de l’étude de ces signes.
- M. Zeliony, élève du savant russe Pawlow, voulait étudier la sensibilité musicale du chien, savoir de quelle façon et jusqu’à quel point cet animal est apte à recon-
- p.378 - vue 382/647
-
-
-
- - .—..._--------.L’INDUSTRIE
- naître les différents sons, etc. Pour y arriver il a pris un chien, porteur d’une fistule de la glande parotide, fistule munie d’une éprouvette graduée qui permettait de compter le nombre de gouttes de salive qui s’écoulent. Puis il a nourri le chien avec de la poudre de viande, et, chaque fois, en même temps qu’il donnait la poudre, il a fait résonner un instrument de musique déterminé : il se créait de la sorte pour le chien une association entre la salivation provoquée par la poudre de viande et l’audition de l’instrument musical, association qui ne manque pas de persister si l’on se dispense de donner de la poudre de viande et si l’on joue simplement de la musique. M. Zeliony a donc réalisé un couple comme celui dont je parlais plus haut, mais avec cette différence que l’un des éléments de ce couple — la musique — est très variable, très mesurable, et va permettre, par la mesure de ses variations, de déterminer exactement la valeur de la sensibilité auditive des chiens.
- Cette sensibilité est vraiment exquise. M. Zeliony a pu voir, par exemple, qu’il suffit de diminuer d’un quart de ton la hauteur du son par lequel le réflexe à été créé, pour que pas une goutte de salive ne soit secrétée. Même
- L’INDUSTRIE
- L’industrie allemande a réalisé, dans ces dernières années, des progrès énormes, dont il peut être intéressant de faire ressortir, sommairement, les traits généraux et les causes, comme l’a fait M. Y. Cambon dans un mémoire récent de la Société des Ingénieurs civils. Quelques chiffres tout d’abord pour préciser les progrès en question. De 1895 à 1906, la production des combustibles minéraux a passé de 90 à 225 millions de tonnes; celle de la fonte de 5 à 12,5 millions; celle des matières colorantes, entre 1899 et 1906, de 100 à 150 millions de francs; celle des sucres a doublé depuis 1890; la construction des appareils électriques est montée à une production annuelle de 1 milliard de francs; enfin le commerce général a passé de 35,5 milliards en 1901 à 31 en 1907. Les causes principales immédiatement visibles de ce phénomène sont l’impulsion résultant de l’unification germanique et des succès militaires de 1870, avec l’augmentation rapide de la population qui, en cinquante ans, a plus que doublé (de 50 à 62 millions d’habitants) ; mais il en est d’autres moins apparentes, qui ont peut-être influé tout autant.
- En premier lieu, le mouvement est un mouvement scientifique; les grands savants de l’Allemagne en ont été le point de départ, et le culte pour l’instruction, la diffusion de l’enseignement technique, le rôle attribué aux chercheurs scientifiques, dans les établissements industriels y contribuent pour beaucoup. La suprématie dans les industries chimiques (matières colorantes, produits pharmaceutiques, etc.), le développement de l’industrie électrique, les progrès de la métallurgie sont fortement influencés par cette immixtion de la science dans la pratique et de la pratique dans la science, qui se fait si lentement dans d’autres pays. Chaque grande usine a son savant attitré, uniquement occupé à faire des recherches pour la maison et intéressé dans le bénéfice de ses découvertes. On prend chaque jour un nombre énorme de brevets, rigoureusement vérifiés par le Paten-tamt, garantis par le gouvernement et source fréquente de fortune, etc.... Puis on peut mentionner l’influence de l’Etatisme, qui, envisagé d’une manière absolue, a sans
- ALLEMANDE - . . . ...379
- chose si l’on modifie le timbre du son sans changer sa hauteur, si l’on joue du violon, par exemple, au lieu du piano.
- On devine de suite quelle sûreté de touche un tel procédé permet d’atteindre dans l’étude : c’est en fait, par l’intermédiaire de réactions physiologiques, une véritable analyse spectrale des sensations de l’animal qui se trouve réalisée. La méthode n’est d’ailleurs pas, on le conçoit, applicable uniquement aux sensations auditives, mais aussi à celles du goût, du tact, de la vue, etc. Et il est bien entendu que de tels signes, permettant l’étude des sensations chez l’animal, ne sont pas les seuls qui donnent accès vers sa vie mentale. D’autres permettent ou permettront un jour la connaissance de mécanismes psychologiques plus compliqués, mais celui qu’on vient d’indiquer suffit à montrer par quels détours on arrive à aborder des domaines en apparence hors de portée de la recherche scientifique.
- Il est donc bien difficile de tracer des limites à la science et il faut se méfier du raisonnement, qu’un peu d’habileté permet d’employer à toutes fins, mais qui risque à chaque fois d’être démenti par les faits. Dr Dkspijïix.
- ALLEMANDE
- doute les inconvénients les plus graves, les plus désastreux ailleurs, mais qui, dans la pratique actuelle de l’Allemagne, avec la discipline militaire habituelle à la population et facilement subie par elle, avec l’intérêt fondamental porté par le gouvernement à la grande industrie, a exercé, jusqu’à nouvel ordre, une influence heureuse. La liberté individuelle n’a rien à voir ici. Si le gouvernement juge, par exemple, que la construction d’habitations trop éloignées des villages peut empêcher les enfants d’aller à l’école régulièrement, il défendra purement et simplement cette construction. L’Etat entre délibérément dans des syndicats destinés à faire hausser le prix des matières premières les plus indispensables, lorsqu’il les produit ou extrait lui-même. Mais, en revanche, la bureaucratie s’applique avec un zèle et une ponctualité exemplaires à remplir son office vis-à-vis du public; et le pouvoir central met en jeu tous les moyens, y compris la pression militaire et diplomatique, pour assurer des débouchés au commerce; le chef du gouvernement lui-même n’hésite pas à se faire, dans une certaine mesure, le commis-voyageur de ses industriels. Les moyens de transport, les chemins de fer, les gares, les ports sont développés, dotés avec un véritable luxe qui touche à la prodigalité. On peut joindre à cela que le commerce et l’industrie sont populaires, que chacun s’y intéresse, que les maisons de banque, au lieu d’employer leurs capitaux en émissions de fonds d’Etats étrangers, les placent dans l’industrie, aisément suivies en cela par leur clientèle. Les commerçants à leur tour, avec un esprit de plus en plus américanisé, se débattent énergiquement contre la concurrence, usent de la réclame et de la publicité jusqu’à l’excès, entretiennent dans tous les pays du monde une armée de commis-voyageurs qui vont partout solliciter la clientèle. Tout, dans ce tableau, ne serait pas à imiter en France, et quelques-uns de ces caractères sont tellement opposés au tempérament français, que leur introduction dans notre pays serait nuisible plus qu’utile ; mais d’autres sont à retenir et, notamment, l’organisation des écoles techniques, avec le rôle de la science dans l’industrie, pourraient inspirer chez nous quelques perfectionnements. P. S.
- p.379 - vue 383/647
-
-
-
- 380
- LES PORTS CHARBONNIERS ANGLAIS ET LEUR OUTILLAGE
- L’exportation de la houille est une des plus importantes branches du commerce extérieur ou commerce maritime — shipping trade — de l’Angleterre. Ce pays est placé, au point de vue de la production du charbon et de son expédition à l’étranger, dans, des conditions tout à fait spéciales, particulièrement
- Fig;. 1. — Groupe de grues installées sur un quai de port anglais
- favorables. La .houille est de qualité excellente. Les’ mines produisent des quantités considérables. Un réseau de canaux, et un système de chemins de fer, fort bien combinés, permettent le transport rapide et économique des.charbons, depuis les puits d’extraction jusqu’aux quais d’embarquement.
- L’Angleterre et l’Ecosse, à elles seules, produisent les deux cinquièmes de la consommation totale de la houille dans le monde entier, c’est-à-dire environ 200 millions de tonnes, en chiffres ronds, par an.
- Cardiff exporte pins de charbon que n’importe quel autre port du globe; c’est le premier port charbonnier du monde. Avec Cardiff, Newcastle sur la Tyne, Glascow sur la Clyde, Liverpool sur la Mersey, Londres, Sunderland, llull, et les autres ports d’exportation, les Iles britanniques vendent annuellement pour une moyenne de 725 millions de francs de charbon tous les ans; elles doivent cette situation privilégiée à la richesse des gisements et à leur position dans je voisinage de la mer. Mais à ces avantages naturels, il faut en ajouter d’autres, parmi lesquels se placent en première ligne l’augmentation constante du tonnage des steamers charbonniers et le perfectionnement, non interrompu, de l’outillage des ports exportateurs.
- La rapidité du chargement et du transport maritime de la houille sont réclamés comme une nécessité commerciale; ils s’imposent aujourd’hui comme une des exigences les plus formelles de la défense nationale. Ces conditions sont communes à toutes les nations maritimes ; mais elles ont, en Angleterre, encore plus que partout ailleurs, un caractère tout particulier de gravité. L’accroissement du tonnage des navires qui transportent le charbon, l’amélioration des appareils de levage des ports et l’augmentation de leur puissance sont des facteurs d’une grande importance, pour l’Angleterre qui, en dehors de l’immense clientèle qu’il lui faut satisfaire, doit alimenter sa flotte militaire, éparpillée sur toutes les mers du globe.
- Il est maintenant établi qu’il y a une grande économie à faire le transport des charbons sur de grands vapeurs ; aussi avons-nous vu successivement les cargo-boals de 2000 tonneaux remplacés par des steamers de 4000 tonneaux, puis de 5000 tonneaux, qui ne tarderont pas à être concurrencés partout par des charbonniers de 8000 à 10000 tonneaux.
- A navires marchands gigantesques, il faut des grues titanesques. Les appareils de levage voient s’accroître leur puissance en raison directe de 1 importance du tonnage des nouveaux bateaux. Le charbonnier de 8000 tonnes ne peut attendre long-
- p.380 - vue 384/647
-
-
-
- LES PORTS CHARBONNIERS ANGLAIS ET LEUR OUTILLAGE :== 381
- temps dans les ports. 11 demande à être chargé et déchargé rapidement; il faut que les quantités considérables de charbon qu’on met dans ses lianes, y
- l’embarquement de la houille et des minerais, des appareils immenses, des grues géantes. Nos illustrations donnent une idée très exacte de la force de
- soient introduites en l'espace de quelques jours et que, le voyage accompli, elles soient extraites aussi vile que possible.
- Les ports expéditeurs anglais emploient, pour
- ces imposantes machines, qui, montées sur de massives assises, reposent leurs robustes pieds métalliques sur le sol. Ces puissants appareils de levage obéissent avec une docilité remarquable à la
- p.381 - vue 385/647
-
-
-
- 382
- UN NOUVEAU TÉLAUTOGRAPHE
- main de l’homme ; un simple geste du mécanicien — manœuvre de levier ou pression sur un bouton — suffit pour que ces masses énormes et pesantes se mettent en marche, qu’elles soulèvent un wagon entier de 10,15 ou 20 000 kilogrammes de charbon, et qu’elles l’enlèvent comme un panier de pommes ou d’oranges.
- La partie supérieure pivote sur place et le wagon, suspendu au bout de chaînes aux forts maillons, vient déverser tout son contenu dans la cale du vapeur. Cètte opération a duré moins de temps qu’il n’en faut pour la décrire. Une matinée a suffi pour enfouir, sans le moindre effort apparent, un train tout entier de charbon de terre ou de minerais dans les vastes flancs du cargo-boat moderne. Un temps considérable a été gagné; le prix de revient du chargement a été fortement diminué, et le navire de 5000, de 8000 tonnes et plus, qui représente un capital considérable, pourra, puisqu’il attend moins longtemps dans le port, augmenter le nombre de ses voyages.
- La rapidité du chargement n’a pas que des avantages commerciaux; au point de vue du ravitaillement de la marine de guerre, elle a un intérêt encore plus grand. Les cuirassés modernes sont des gar-gantuas; ils mangent des quantités considérables de houille, que l’on a, d’ailleurs, fort justement baptisée le pain noir des machines. La marine de guerre britannique consomme pour 52 millions de francs de houille par an, alors que la flotte militaire allemande en brûle pour un peu plus de 16 millions et que les divers vaisseaux de guerre français réclament, pour leur approvisionnement de combustibles, environ 11 millions de francs. Les dernières manœuvres navales de la marine anglaise dans la mer du Nord, ont demandé un approvisionnement de 70 000 tonnes de houille, qui n’a pas coûté moins de 1 800000 francs; il aurait fallu, pour le porter, 4750 wagons, soit un train de 43 kilomètres de longueur.
- Le chargement rapide de quantités de charbon
- aussi importantes justilie la nécessité des puissants appareils de levage, dont il est question ici; il explique aussi les motifs pour lesquels les Anglais les considèrent, non seulement comme des auxiliaires indispensables au point de vue commercial, mais encore comme de véritables instruments de la défense nationale. Aussi les grues que représentent nos illustrations, se rencontrent-elles sur les quais des ports de guerre et dans les docks ou parcs de ravitaillement ainsi que dans les arsenaux. Si le cargo-boat marchand ne peut pas attendre son chargement de houille, c’est une question de vitalité pour le navire de guerre de ne jamais manquer du pain noir qui s’engloutit dans ses entrailles.
- Le chargement rapide des vapeurs transporteurs de charbon n’est qu’un jeu ; la vitesse obtenue par ces vapeurs atteint des moyennes souvent incroyables ; quant au transbordement en mer de la houille, prise sur le charbonnier et mise à bord du navire de guerre, il donne des résultats prodigieux. L’escadre britannique de la Manche s’est livrée dernièrement à des manœuvres de ravitaillement en pleine mer, qui ont permis de constater qu’il était facile, grâce aux appareils employés et à la méthode des manœuvres, d’embarquer plus de 1100 tonnes de charbon à bord d’un cuirassé, sans arrêt aucun, à raison de 249 tonnes à l’heure. Ceci est fort remarquable ; mais le record est détenu par le « battleship Implacable », qui, en 1907, en vue deMalte, reçut 1050 tonnes de charbon en 2 h. 40 m., soit à raison de 594 tonnes à l’heure.
- Les opérations de ce genre sont admirables ; nous demeurons émerveillés devant de pareils résultats. Les mineurs anglais qui, en 1259, ouvrirent la première fosse de Newcastle, ne se doutaient certes pas de l’importance que prendrait leur industrie; les ingénieurs d’alors ne songèrent pas non plus que des appareils lèveraient, un jour, comme une plume, les lourds wagons de charbon.
- Will Dahvillé.
- UN NOUVEAU TÉLAUTOGRAPHE
- Chacun sait que les appareils désignés sous le nom de télautographe sont destinés à la transmission, non de signaux reconstituant la pensée, mais l’expression même de cette pensée : l’écriture. Le premier télautographe est le pantélégraphe de l’abbé Caselli. D’autres se sont fait jour depuis, mais sans succès. C’est vraiment dommage, car il serait extrêmement intéressant de pouvoir transmettre l’écriture elle-même afin d’authentifier une conversation téléphonique ou même un acte notarié en le signant à distance.
- Le nouveau télautographe présenté récemment au public officiel, industriel et commercial de Nantes a été imaginé par M. flerjonneau, l’inventeur d’un système de photo-télégraphie que nous avons décrit et sur lequel les nouvelles se sont faites très rares. Le télautographe serait basé sur le même principe. Gros comme une machine à écrire, il comporte un mécanisme intérieur actionné par
- un mouvement d’horlogerie et un cylindre extérieur parcouru par un style. Pour la transmission,* le cylindre reçoit une feuille de papier métallique qui, dans la réception, est remplacé par un papier chimiquement préparé. La conversation à transmetire est écrite avec une encre isolante sur le papier métallique enroulé ensuite sur le cylindre et les deux appareils correspondants sont mis en marche. Le style parcourant le papier métallique oblige le courant à faire retour à la pile tant qu’il y a.contact entre les deux pôles représentés par le papier et le style; mais dès que ce dernier rencontre l’écriture isolante, le courant est dirigé sur le poste récepteur qui agit sur la composition chimique du papier aux endroits déterminés et reproduit l’écriture. En somme, le nouveau procédé n’est qu’une simple transformation mécanique de l’appareil électro-chimique Caselli, moins encombrant il est vrai, puisque le synchronisme de ce dernier appareil était
- p.382 - vue 386/647
-
-
-
- ACADÉMIE DES SCIENCES — TÉLÉPHONE SANS FIL = 383
- obtenu à l’aide de deux pendules de 2 m. de hauteur, alors que celui de M. Berjonneau est réalisé par un système vraisemblablement analogue à celui qu’il a imaginé pour son pholotélégraphe. Les expériences effectuées sur deux lils téléphoniques de Pornic bouclés à Quimper ont donné, paraît-il, d’assez bons résultats.
- Les lélautographes sont des appareils extrêmement
- intéressants ; malheureusement, jusqu’ici, ils n’ont pu se prêter à un service régulier à cause des influences subies par les lignes télégraphiques ou téléphoniques, de la lenteur du procédé, et surtout à cause de la nécessité d’employer des papiers spéciaux à la transmission et à la réception. Peut-être M. Berjonneau vaincra-t-il ces difficultés. Nous le souhaitons vivement. L. F.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 9 novembre 1908. — Présidence de M. Picard.
- Un squelette préhistorique. — M. Emile Rivière a étudié un squelette préhistorique de femme adulte trouvé entier dans un abri sous roche au Moustier (Dordogne), en 1905, et qui serait plus ancien que le squelette de l’Iwmme fossile de Menton (1872).
- Une rivière souterraine. — M. À. Gaudry présente une Note de M. Martel sur la rivière souterraine de la grotte de la Grange (Ariège). A G km au N.-O. de Foix existe une grotte dans laquelle se perd un petit ruisseau. M. Martel a suivi cette grotte qui d’abord sur une longueur de 200 m. 11e contient que peu d’eau. Mais ensuite la rivière a 2 à 3 m. de largeur et est profonde. M. Martel a pu la remonter en s’aidant d’un bateau de toile démontable et a dù s’arrêter devant un barrage de stalagmites. L’enfoncement a lieu dans le Sénonien. L’auteur a observé des animaux cavernicoles.
- Utilisation thérapeutique de l'étincelle de haute fréquence. — M. d'Arsonval présente une Note de M. Foveau
- de Courmelles. On savait déjà que les nævi, les lupus, les cancroïdes', cèdent aux étincelles de haute fréquence comme aux radiations du radium. Dès 1898, l’auteur a différencié l’action lumineuse de l’effluve et l’action révulsive amenée par l’étincelle de haute fréquence. Aussi l’a-t-il appliquée à des taches noirâtres et jaunâtres de la peau, sur lesquelles les radiations du radium avaient été inefficaces. Ces taches criblées d’étincelles de 2 cm à travers l’électrode à verre bleu inventée par l’auteur, cédèrent à trois applications de cinq minutes de durée. Ces tissus s’irritèrent, durcirent en croûtes et s’éliminèrent. La peau est ensuite blanche et lisse.
- Décès. — M. le Président annonce la mort de M. Ditte et exprime la douleur que celte mort cause à l’Académie.
- Election. — Il est procédé à l’élection d’un membre dans la section d’anatomie et zoologie, en remplacement de M. Giard. M. llenneguy est élu par 37 voix contre 15 données à M. Houssav. Ch. de Yuxedeuil. •
- UN NOUVEAU SYSTEME DE TELEPHONIE SANS FIL
- k>
- Recepteur
- La question de la téléphonie sans fil à longues distances est actuellement à l’ordre du jour. Après
- les expériences si heureuses d’inventeurs français et américains, le système de M. Majorana, directeur de l’Institut Postal-télé graphique Royal, à Rome, vient de subir lui aussi l’épreuve de la pratique. Grâce à lui, 011 a pu communiquer avec une clarté parfaite entre le fort de Monte-Mario dominant la ville de Rome et le sémaphore du port d’Anzio, c’est-à-dire à une distance supérieure à 60 kilomètres. Des expériences ultérieures seront faites très prochainement entre Monte-Mario et les navires croisant dans la mer Tyrrhé-nienne, et si ces expériences étaient couronnées de succès (ce dont on ne doute guère), on réunirait la ville de Rome par la radio-téléphonie avec la Sardaigne, distante de plus de 500 kilomètres.
- Quant aux dispositifs dont se sert M. Majorana, son générateur d’ondes électriques
- Transmetteur
- fri'
- (fig. 2 et 5) est du type Poulsen : il comporte essentiellement un arc voltaïque, éclatant entre deux électrodes de carbone et de cuivre respectivement. Cet arc est produit entre les pôles de deux puissants aimants, au sein d’une atmosphère réfrigérante d’hydrogène dont l’action est activée par une circulation d’eau de refroidissement.
- Ce générateur est
- intercalé, à la station de transmission, dans un circuit oscillatoire comportant un condensateur C et le primaire d’un transformateur de Tesla T, à tension extrêmement élevée (fig. 2).
- Le secondaire de ce transformateur est relié, par l’un de ses pôles, avec l’antenne qui rayonne dans l’espace les ondes électriques engendrées par le dispositif, et, par l’autre pôle, avec la terre, à travers un microphone spécial M à jet d’eau. Ce microphone (fig. 5) constitue l’une des parties les plus importantes et les plus originales du nouveau système.
- Eau
- p.383 - vue 387/647
-
-
-
- 384
- TELEPHONE SANS FIL
- Oji sait, en effet, qu’une des plus grandes difficultés, dans les expériences de téléphonie sans fil jusqu’ici laites, consistait à trouver un appareil permettant de reproduire les variations de courants dues à la voix de l’opérateur, par des modifications correspondantes des ondes électriques lancées dans l’espace. 11 était impos-
- l’électricité et par conséquent les ondes rayonnées par l’antenne.
- Le récepteur, comme le font voir le schéma de la figure 5 et la générale, reproduit à la figure 4, ne diffère que peu de celui d’une station radio-élégraphique ordinaire.
- sible, en raison des tensions de courant si élevées dont on se servait et qui les brûleraient certainement, d’utiliser les microphones employés dans la téléphonie ordinaire à fils conducteurs. Aussi M. Majorana s’est-il ingénié à imaginer un microphone nouveau, exempt de ces inconvénients et qui permettrait l’emploi de courants d’une intensité et d’une tension à peu près illimitées. Ce microphone (fig. 5) est basé sur le principe suivant, qui est aussi simple qu’élégant.
- Un mince jet d’eau tomb( entre deux bandes métalliques, derrière une membram vibrante qui lui imprime des im n-lations rythmiques; aussi l’examen au microscope fait-il voir la décomposition de ce jet en une série de gouttelettes innombrables, se succédant à des distances minimes. Comme l’une des bandes métalliques est reliée à l’antenne, à travers le secondaire du transformateur, et l’autre à la terre, les ondes acoustiques correspondant aux conversations tenues devant le jet d’eau modifieront la résistance au passage de
- Récepteur.
- Les ondes recueillies par l'antenne agissent, à travers un transformateur P, sur un détecteur thermo-électrique E, composé de deux métaux en contact, lesquels, sous l’influence des ondes qui les frappent, s’échaufferont plus ou moins fortement, produisant ainsi des modifications de courants en correspondance avec les ondes électriques et, par là, avec la voix de la personne parlant à la station de transmission. Ces variations de courant seront reproduites dans le récepteur téléphonique R.
- Un système spécial de syn-onisation d’une grande simplicité, dont les détails n’ont pas encore été rendus publics, permet d’assurer le secret des communications et l’accord parfait entre les appareils transmetteur et récepteur, nécessaire pour une communication téléphonique bien distincte. Dr Alfred Gradenwitz.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiuue, rue de Fleurus, 9.
- p.384 - vue 388/647
-
-
-
- LA NATURE. — N° 1852.
- 21 NOVEMBRE 1908.
- LE DIRIGEABLE BAYÀRD-CLEMENT
- Nous avons déjà dû constater, et avec une satisfaction non contenue, que les constructeurs de ballons dirigeables français sont en avance de plusieurs années sur leurs concurrents étrangers, parce qu’ils peuvent établir à coup sûr un navire aérien qui s’enlèvera, évoluera dans tous les sens et reviendra à son point de départ, et cela dès la première sortie. Le type Lebaudy se construit en série; le type Ville-de-Paris est placé dans la meme situation avantageuse puisque le Bayard-Clément qui vient de sortir sera suivi prochainement d’un autre, la V ille-de-Bor-deaux, puis d’un troisième le Colo-nel-Benard, calqués pour ainsi dire sur celui qui est à Verdun. On peut donc affir-mer dès maintenant, que, chez nous, la question des ballons dirigeables est tout à fait au point et que la flotte aérienne française peut s’augmenter sans cesse d’autant de bonnes unités qu’on le voudra. Aucune nation étrangère n’en est là.
- Le Bayard-Clémenl a été construit pour le compte deM. Clément, l’industriel connu du monde entier, par la Société Astra qui a pris la succession des Établissements Ed. Surcouf à Billancourt. Il comporte certains perfectionnements que les expériences faites par la Ville-de-Paris ont suggérés et qui sont relatifs à l’empennage, aux procédés de direction dans le sens vertical, de propulsion, et même aux conditions d’habitabilité.
- D’après les photographies, et surtout le dessin, que nous publions, on voit que le ballon est fusiforme. Sa longueur totale est de 56,25 m. et le plus grand diamètre de 10,58 m.; il cube 3500 m.; l’enveloppe, faite comme celle de tous les dirigeables français et dont la surface est de 2250 m®, pèse 805 kg. Le ballonnet occupe la partie ventrale : c’est une doublure du ballon divisée en deux poches 36e aimée. — ïù semestre.
- par une cloison verticale étanche. L’air est envoyé au ballonnet par une manche unique adaptée à la sortie du ventilateur, mais cette manche est cloisonnée, de sorte que, par la manœuvre d’un appareil spécial fixé sur le ventilateur on peut, à volonté, envoyer de l’air dans l’un ou l’autre compartiment. Chaque fraction de ballonnet est pourvue d’une soupape automatique s’ouvrant lorsque la pression intérieure atteint 50 mm d’eau. Le ballon porte
- également deux soupapes automatiques à gaz, placées en dessous et àl’arrière, s’ouvrant pour une pression de -40 mm. Enfin l’empennage, toujours conçu sur le principe des petits ballons placés en croix sur la partie arrière, a été simplifié. Les huit ballonnets cylindriques de la Ville-de-Paris, accouplés deux à deux, sont remplacés par quatre autres constitués chacun par un cône allongé terminé par une partie légèrement ovale. Les deux ballonnets de flanc sont un peu plus volumineux que les autres afin d’augmenter la surface d’appui sur l’air surtout pendant les montées et les descentes. De plus la partie conique diminue la résistance introduite dans le système par les calottes sphériques précédemment imaginées.
- La nacelle se présente sous un aspect beaucoup plus léger, et, disons-le, beaucoup plus moderne que celle de la Ville-de-Paris. Les longerons en bois ont été remplacés par des tubes d’acier très résistants et très légers, réunis par des raccords portant les bossages auxquels sont fixés les fils tendeurs. Elle mesure 28,50 m. de longueur et \ ,50 m. dans les autres dimensions. C’est donc une poutre carrée qui demeure à l’état de squelette à l’avant et à l’arrière, mais dont la partie centrale a été aménagée en vue d’offrir un confort suffisant pour supporter
- 25. - 385
- Fig. 1. — Le Bayard-Clémevl passant au-dessus de La Madeleine.
- p.385 - vue 389/647
-
-
-
- 386 — -—: - LE DIRIGEABLE BAYARD-CLÉMENT
- des voyages importants. 11 existe deux compartiments : un pour le moteur et son mécanicien, l’autre pour le pilote et les passagers. Le premier occupe l’avant. Tous deux sont pourvus d’un plancher métallique et les côtés sont fermés par des tôles d’aluminium; des portes permettent l’entrée et la sortie. Le pilote étant chargé de la conduite du navire doit pouvoir surveiller sa route; dans ce hut le plancher qui lui est réservé dans ce que nous appellerons volontiers la cabine des passagers, est surélevé de 60 cm : ses yeux dominent donc le paysage et la partie mécanique du dirigeable. Devant lui, à hauteur des mains, sont fixés les appareils de manœuvre. Le gouvernail vertical s’élève tout à fait à l’arrière de la poutre ; il est formé de deux plans parallèles tendus sur des tubes d’acier ; sa surface totale est de 18,2 m-. À l’avant, et à une distance aussi rapprochée que possible du centre de poussée est assujetti le gouvernail horizontal constitué par trois plans parallèles superposés également tendus sur des cadres tubulaires mesurant 1 m. de largeur et 5,58 m. de longueur. Les deux plans inférieurs sont évidés en leur milieu à cause des commandes qui s’effectuent de la place du pilote par des câbles d’acier très souples et très résistants.
- Il y a lieu d’observer que le réseau de fils métalliques reliant les pattes d’oie à la nacelle paraît très léger, ce qui n’exclut nullement la solidité; les fils sont imperceptibles à une certaine distance, de sorte que la nacelle semble indépendante du ballon.
- Naturellement le moteur est un Bayard-Clément construit spécialement en vue du travail qu’il est appelé à fournir. 11 fait 105 chevaux et actionne, par démultiplication, l’hélice placée à la pointe avant de la poutre. Cette hélice mesure 5 mètres de diamètre et elle tourne à 580 tours, elle est construite en bois et ses pales sont rigides, contrairement à celle de la Ville-de-Paris. Cela ne veut nullement dire que l’on ait abandonné le système établi pour ce dernier dirigeable puisqu’une nouvelle hélice du même genre est en chantier et
- prendra prochainement la place de la première. Le dirigeable étant alternativement propulsé par des hélices différentes, les constructeurs pourront étudier la force de traction réciproque de chacune d’elles et des comparaisons qui seront faites, on tirera des conclusions dont s’inspirera l’étude des hélices futures. L’effort de traction de la première hélice, celle en bois, a été reconnu égal à 320 kilogrammes en marche, non au point fixe.
- Les premiers voyages effectués par le Bayard-Clément ont révélé un sérieux progrès sur les autres dirigeables. Si nous nous reportons aux expériences exécutées en 1905 avec le Le ban d y nous remarquerons que le plus grand trajet accompli fut le voyage de Toul à Nancy et retour, soit 50 kilomètres environ. En ligne droite la plus longue étape fut celle de la Ferté-sous-Jouarre au camp de Chûlons, soif 100kilomètres en oh. 25 m. Les autres randonnées à l’actif des dirigeables, que nous rappellerons en cette circonstance, sont celles de Chalais à Fontainebleau par Patrie (140 km), de Chalais à Verdun par Patrie (240 km), en 6 h. 45 m., de Sartrouville à Coulommiers et retour (140 km), par la Ville-de-Paris, et enfin le 15 janvier 1908 de Sartrouville à Verdun (260 km), par la Ville-de-Paris. Or, la première sortie du Bayard-Clément a eu Paris pour objectif; le dirigeable a évolué avec beaucoup de hardiesse et d’aisance au-dessus de la Ville-Lumière. Pour son troisième voyage il a choisi Compiègne. Parti de Sartrouville à 11 h. 15 du matin, il était au-dessus de Gouvieux à 12 h. 15, de Creil à 12 h. 59, de Pont Saint-Maxence à 12 h. 50, de Compiègne à 1 h. 28, de Pierrefonds à 2 b. 02, du Bourget à 5 h. 26, puis passait les fortifications de Paris à 3 h. 52, suivait la direction : place de la République-Trocadéro-Àuteuil et rentrait au hangar à 4 h. 8. Le parcours total est de 210 kilomètres qui ont été franchis en 4 h. 55 m., soit à une vitesse moyenne de 45 kilomètres à l’heure. Etant donnée la présence d’un vent d’est de 25 kilomètres à l’heure, il est très admissible d’a-
- Fuseau de déchirure
- Patin' K L M N O P
- Patin
- Fi". 2. — A, ballon. B, ballonnets. C, Ballonnets d’empennage. I), soupape- à gaz. E, Soupapes à air. F, Manche du ventilateur.
- <!, hélice. Il, déinultiplicateur. I, équilibreur. .1, radiateur. K, moteur. E, mécanicien et ses outils.
- M, ventilateur, son registre et commande d’air aux ballonnets. N, guidc-ropes. O, pilote. I*, passagers. Q, gouvernail vertical.
- B, réservoir d’eau. S, volants de direction.
- p.386 - vue 390/647
-
-
-
- LA GRÊLE ET LES LIGNES ÉLECTRIQUES
- 387
- Fijï. ?>. — l.c Hayard-Clnnenl pl son hangar.
- jouter que le nouveau dirigeable peut taire aisément 50 kilomètres à l’heure lorsque les conditions atmosphériques ne lui sont pas trop défavorables, et il les a atteints pendant cette longue promenade. Mais il importe de retenir par-dessus tout, ainsi que nous
- l’a fait observer M. Kapférer lui-même, que le voyage s’est effectué sans aucune dépense de lest. Six personnes étaient à bord.
- Attendons-nous à de nouvelles et plus brillantes prouesses. Lucien Fournier.
- LA GRÊLE ET LES LIGNES ÉLECTRIQUES
- Nos lecteurs se souviennent d’une communication de M. Fagniez relative à l’influence d’une ligne électrique sur un orage à grêle, parue dans le compte rendu de l’Académie des sciences du 10 août (Voy. n° 1838, p. 175). L’orage a sévi sur une longueur de 14 km environ et sur une largeur approximative de 2 km, et M. Fagniez a remarqué que sa direction a correspondu à une ligne d’énergie électrique qui fonctionnait depuis moins d’un an, et où circulait un courant triphasé à 43000 volts. L’orage avait suivi une direction toute différente de celle qu’on observe habituellement, les dégâts les plus importants se sont produits dans le voisinage immédiat de la ligne pour cesser à 800 ou 1000 m. de chaque côté.
- Il y a dans les observations de M. Fagniez toute une série de coïncidences qui donnent à penser que l’orage a pu être attiré et dirigé par la ligne. On saisit aisément foule l’importance d’un pareil fait; à notre époque, où les lignes électriques à haute tension se multiplient sur tout le territoire, il serait fort utile que les observations systématiquement conduites pendant plusieurs années permissent de se rendre un compte exact de l’action des lignes électriques sur les orages et de jeter quelque lumière sur le problème si obscur encore de l’électricité atmosphérique. Ces gouttelettes seront dans un champ électrique puissant et il est possible qu’elles subissent là un phénomène d’évaporation électrique.... S’il y a une éva-
- poration véritable, on peut très bien concevoir la formation de grêlons par le mécanisme de la machine à glace. D’ailleurs, l’eau évaporée sera constamment condensée sur de nouveaux ions, dont la production est constante et la chute des grêlons s’effectuant, le phénomène se reproduira.
- « Pour juger cette théorie, ajoute M. Broca, des expériences sont nécessaires dans les conditions mêmes de la pratique; il faudrait que les industriels ayant des installations puissantes à haut voltage, fissent des expériences pour savoir si l’eau électrisée se refroidit, ce qui est la condition même du phénomène. »
- Dans l’état actuel de nos connaissances, est-il possible d’expliquer l’attraction des nuages orageux par une ligne électrique? M. Broca, dans le Bulletin de la Société astronomique, propose une intéressante théorie.
- « La perte d’énergie par défaut d’isolement, dit-il, pour les hautes tensions, est loin d’être négligeable. Pour 50000 volts, elle est d’environ 1 kilowatt par kilomètre. Une grande partie de cette énergie est dépensée par ionisation de l’air et cette ionisation peut donner lieu à des phénomènes multiples. Tout d’abord, la vapeur d’eau forme autour des ions des vésicules liquides. Les gouttelettes ainsi formées sont attirées autour du corps électrisé constitué par le câble de transmission et forment autour de lui un nuage qui étendra au loin le champ électrique.
- p.387 - vue 391/647
-
-
-
- L’INDUSTRIE DU CHICLE
- Le cliiclé c’est le « Chewing-gum », la pâle à chiquer que mâchent sans relâche les fortes mâchoires des Américains et que souvent aussi mastiquent les dentures semées d’or des Américaines.
- Aujourd’hui cette habitude est tellement répandue dans les États-Unis qu’elle a amené la création de toute une exploitation et cette dernière a pris un
- En effet, les Compagnies se livrant à l’exploitation du cliiclé sont obligées chaque année de recruter un certain nombre d’indigènes auxquels elles font signer un contrat de six mois. Elles doivent les amener et les rapatrier à leur Irais.
- Le travail dans les forêts étant pénible, le choix des hommes se trouve limité et il ne faut pas se montrer très difficile sur la qualité morale de ceux que l’on emploie. Aussi faut-il surveiller étroitement les hommes embauchés jusqu’au moment do l’embarquement, car beaucoup cherchent à s’enfuir dès qu’ils ont reçu l’acompte qu’ils exigent sur leurs salaires à la signature de l’engagement.
- L’exploitation comprend : un camp principal établi au bord d’une rivière ou à proximité de la mer et se composant de quelques baraquements en bois, à l’usage du directeur, de la comptabilité, de l’hôpital, du magasin de provisions et du magasin de dépôt.
- D’autres postes de moindre importance sont disséminés dans la forêt et
- Fig'. 1. — Bassine pour la cuisson du cliiclé.
- tel développement qu’elle constitue aujourd’hui l’Industrie du chiclé pour laquelle a même été organisé un trust. C’est principalement dans l’Amérique Centrale, dans les vastes forêts tropicales du Guatemala, du Honduras, du Honduras Britannique et de la Péninsule du Yucatan (Mexique), que sont exploités les bois nécessaires à cette production.
- J’ai pu suivre, durant mes récents voyages d’exploration dans cette dernière contrée, les multiples phases fort intéressantes de cette industrie.
- Cette exploitation n’est pas sans présenter d’assez grandes difficultés par suite de l’éloignement des régions où se trouvent les arbres producteurs, des moyens de transport irréguliers et coûteux, des conditions climatériques très pénibles, même dangereuses, des pluies torrentielles qui transforment les chemins en fondrières, du nombre et de la cherté des bêtes de charge qu’il faut amener, et du recrutement peu commode des travailleurs dans un pays où les indigènes sont en très petit nombre et où il faut non seulement importer d’autres régions la main-d’œuvre nécessaire, mais même engager celle-ci à des conditions spéciales.
- Fig. 2. —. Blocs de cliiclé.
- reliés entre eux par de simples sentiers où passent quotidiennement les muladas, trains de mules portant le maïs et les haricots nécessaires à l’alimentation des chicléros ou rapportant au magasin les blocs de chiclé prêts à être expédiés. Ces postes sont tout à fait rudimentaires, composés de couchettes formées de bâtons placés les uns à côté des autres et recouvertes d’un toit de feuilles de palmier (fig. 5).
- Le premier travail est la recherche des zapotes, arbres droits et immenses, dont le suc produit le chiclé. Ce choix doit êlre fait très minutieuse-
- p.388 - vue 392/647
-
-
-
- L’INDUSTRIE DU CH1CLE
- 389
- ment et réclame une assez longue pratique, car tous ces arbres ne sont pas également bons pro-
- des conditions climatériques, car le liquide coule en plus ou moins grande quantité, suivant l’état d’humidité, la sève étant plus abondante et par suite l’écoulement plus considérable pendant la saison des pluies. Le suc ainsi recueilli est porté au poste où on le tamise et où on lui lait subir une première préparation qui nécessite une cuisson assez longue dans de grandes bassines en cuivre.
- Pendant celte opération (lig. 1), on remue constamment la matière à l’aide d’un gros bâton jusqu’à ce que le liquide prenne une certaine consistance. On en forme des blocs que l’on laisse ensuite se refroidir et se durcir. Avec des fers on marque les initiales du
- Cliideru amené à l'hôpital.
- docteurs. Une fois le choix fait, on procède à l’extraction. Les indigènes doivent monter presque au faîte de l’arbre en s’aidant de leurs pieds et d’une corde, ce qui demande une grande habitude et n’est pas sans présenter un certain danger.
- Arrivés en haut (lig. 4), ils commencent des incisions laites en biais, se terminant les unes dans les autres, ou encore en hélice et linissant presque au pied de l’arbre. A l’extrémité de la
- Fig., 5. — Camp de Chicleros.
- dernière incision, ils placent le bout d’une feuille de palmier qui forme rigole et laisse couler le liquide dans une sorte de sac. 11 faut tenir compte également
- Fig. i. — Zapote avec des incisions eu hélice.
- poste où ils ont été récoltés et la date à laquelle ils ont été préparés.
- Ces blocs (fig. 2) sont ensuite mis dans des sacs et expédiés à dos de mule au camp principal qui, à son tour, les envoie par vapeur à Belize et de là aux États-Unis pour être vendus au cours fixés par le trust. Les manufactures leur font subir, pour les présenter à la consommation, les dernières préparations et le chiclé parfumé et découpé en petites tablettes est mis en vente. Aux États-Unis, on en trouve partout, on vous en offre même dans les chemins de fer, cela comme une chose courante, avec les journaux, les bonbons, les cigares et les fruits.
- Comte Maurice de Périgny.
- p.389 - vue 393/647
-
-
-
- 390
- LA MATIÈRE ET L’ÉTHER
- Les théories de la physique soûl, depuis quelques années, dans un état d’ébullition qui rappelle le début du xix° siècle. Il devient d’autant plus difficile de se tenir au courant qu’une langue nouvelle se crée sans cesse. Nous croyons répondre à un désir général en donnant ici quelques articles de coordination aussi brefs que possible sur les questions les.plus actuelles : matière et espace; ions et électrons; série des radiations et radioactivité; désintégration de la matière, etc.... Celle mise au point de connaissances théoriques aujourd’hui indispensables nous permettra ultérieurement de faire mieux connaître au jour le jour les progrès de la physique moderne en les rendant plus aisément accessibles à nos lecteurs. Nous commencerons par la notion fondamentale de la matière et de l’éther : ce « substratum », auquel s’appliquent tous les phénomènes, et dont la connaissance plus précise est à vrai dire le but principal de nos investigations1.
- J.a matière nous est familière et, parce que ses propriétés apparentes nous sont connues dès l’enfance, elles nous semblent naturelles. Mais toute la physique nécessite l’intervention d’un autre milieu : l’éther; et celui-là, que nous devons imaginer, forger de toutes pièces, nous étonne quand on nous en parle pour la première fois. Nous ne pouvons pas à vrai dire affirmer que l’éther existe d’une réalité « objective » ; mais tout se passe comme s’il existait; et toutes les propriétés quelque peu compliquées, que nous sommes amenés à lui attribuer, entraînent des conséquences logiques qui se vérifient expérimentalement. Cela est suffisant pour justifier une conception dont l’idée première remonte à Descartes. Voici comment on y arrive.
- Il est de toute évidence que la matière proprement dite ne remplit pas l’espace; et ce n’est pas seulement dans les espaces interstellaires, c’est dans l’intérieur d’un corps quelconque, du plus vulgaire, que l’on est amené par les voies les plus diverses à imaginer, entre les particules matérielles de dimensions finies, quelque chose d’autre qui n’est pas le vide. 11 répugne à notre esprit d’admettre une action à distance à travers le vide absolu : vide qu’il est d’ailleurs aussi impossible de définir physiquement avec précision qu’il est impossible en psychologie de définir la distance même ou l’espace. Cependant, en dehors môme de l’attraction universelle, la lumière, notamment, se propage dans ce que nous appelons le vide; et, quand elle traverse un corps matériel, elle le fait presque indépendamment des molécules matérielles qui contribuent seulement à la retarder, dans leurs interstices où son mouvement vibratoire doit être transmis par l’élasticité de l’éther. La notion de l’éther a été d’abord conçue pour rendre compte des phénomènes lumineux; elle s’est ensuite adaptée aux phénomènes électriques. On est bientôt amené ainsi à se représenter que jamais une particule matérielle n’en touche rigoureusement une autre; toujours, entre elles, il y a de l’éther, qui permet les torsions, les dilatations, les transparences, les conductibilités, etc. Qu’esl-ce que cet éther? Nous dirons tout à l’heure qu’on peut voir en lui
- 1 Saisissons cette occasion pour recommander le très beau livre de M. Lucien Poincaré sur la Physique moderne et son évolution (lfibl. de philosophie scientifique). Voir aussi, dans la même série, les livres si pleins d’idées originales, si suggestifs du Dr Gustave Lebon sur VEvolution de la matière et Y Evolution des forces.
- une forme initiale, ou, inversement, un évanouissement de la matière, l’éther et la matière étant supposés identiques par leur principe dans les théories dynamistes. Mais ce n’est là qu’une hypothèse et, avant d’établir tout à l’heure ce rapprochement hypothétique, il faut d’abord insister, au contraire, sur les différences essentielles qui séparent l’éther de la matière, qui font, dans tout le domaine expérimental, leurs caractéristiques réciproques.
- La matière est, en principe, discontinue dans son essence et composée de particules pouvant prendre des mouvements réciproques. En mécanique, en physique, on a été depuis longtemps amené à la supposer subdivisée en molécules : molécules que les chimistes, à leur tour, ont trouvé nécessaire de sectionner en atomes (agencés suivant des groupements polyédriques). Ces particules matérielles, susceptibles de se déplacer avec des vitesses souvent très grandes et sur les mouvements desquelles est fondée la théorie cinétique de Bernouilli, ne peuvent, par contre, supporter de tensions et ne sauraient agir l’une sur l’autre que par l’éther interposé. Essayons de nous représenter leurs dimensions. Diverses expériences prouvent qu’au-dessous de 50 millionièmes de millimètre d’épaisseur, les propriétés de la matière dépendent de son épaisseur, sans doute parce qu’on ne rencontre plus alors que quelques molécules : ce qui a conduit à supposer que les dimensions linéaires des molécules devaient être de cet ordre de grandeurs. D’après la théorie cinétique des gaz, il peut y avoir, dans un centimètre cube de gaz, 20 millions de milliards de molécules qui, chacune, sur un parcours d’un millimètre, reçoivent 10 000 chocs. Mais, dans un bon vide moderne, les quelques molécules subsistantes ont un libre parcours atteignant quelques centimètres. L’énergie cinétique de ces molécules est proportionnelle à leur température. La vitesse moyenne d’une molécule d’hydrogène à 0 degré et à la pression ordinaire est de 1850 m. à la seconde.
- L’éther est tout différent de la matière. Dans une première approximation, on doit l’envisager comme un ensemble, un « plénum » homogène, partout semblable à lui-même, auquel on a parfois attribué une continuité, qui n’est exacte que par contraste avec la discontinuité absolue de la matière, mais qui, elle-même, est susceptible d’une division en électrons et ions sur laquelle nous reviendrons : l’électron formant, dans les idées actuelles, le trait d’union nécessaire, l’intermédiaire obligé entre ces deux entités, la matière et l’éther, dont l’action réciproque implique une substance commune. L’éther, contrairement à ce qui se produit pour la, matière, ne se déplace pas (ou ne le fait que dans des conditions de tourbillonnement toutes spéciales) ; il est éminemment propre à manifester des tensions, des états d'effort, des vibrations, des ondulations, à tel point que l’on a pu le définir purement et simplement : « ce qui' ondule », ou encore « un milieu, dans lequel quelque chose de périodique se propage sans qu’il soit nécessaire d’admettre que ce soit un mouvement ». Cet éther, à la notion duquel il faut s’accoutumer peu à peu, doit être envisagé comme un fluide, à la fois de masse négligeable, puisqu’il ne ralentit pas d’une manière sensible le mouvement des astres et pourtant d’une élasticité énorme puisqu’il propage la lumière avec une vitesse de 500 000 km par seconde. Il nous est impossible de le couper, de le déplacer mécaniquement, de même que nos forces ne nous
- p.390 - vue 394/647
-
-
-
- : .... , : LA MATIÈRE
- permettent pas de modilier les atomes matériels dans leur structure intime. 11 faut ajouter de suite, pour aller au-devant d’une erreur grossière que l’on pourrait être tenté de commettre sur cet élément impondérable, qu’il n’est en aucune façon invisible ni dénué de densité. L’éther est, en réalité, la seule chose que nous voyons (l’éther sous sa forme supposée de centres électrisés), puisque la lumière est une simple ondulation de cet éther, à peu près indépendante de la matière, quelle qu’elle soit, dans laquelle elle semble se manifester (gaz, liquide ou solide). Les beaux calculs de Fresnel, continués par les expériences classiques de Fizeau, ont montré que la lumière se propage uniquement dans l’éther : le milieu matériel transparent pouvant cependant, comme nous allons le voir, exercer une légère action d’entraînement sur la vitesse de la lumière par sa vitesse propre. En outre, l’éther a une densité supérieure à celle de tous les corps connus et une rigidité très supérieure à celle de l’acier.
- Précisons un peu ces notions. Que se passe-t-il quand nous voyons, dans notre speclroscope, une raie attribuable à l’hydrogène sur un rayon lumineux provenant d’une étoile lointaine? 11 faut imaginer que, sur l’étoile, à cette distance énorme de nous, l’éther englobé dans un atome d’hydrogène a subi une excitation lumineuse qu’on explique aujourd’hui par la production d’électrons, de particules électrisées. Du fait de cette électrisation, une tension s’est produite dans l’éther, sous la forme de courants alternatifs analogues à ceux des expériences de Hertz, changeant de sens un quatrillion de fois par seconde. L’induction énorme due à ces alternances fréquentes détermine d’autres courants dans les parties voisines de- l’éther isolant et élastique, et c’est ainsi que l’onde lumineuse, douée des propriétés caractéristiques de l’hydrogène, s’est propagée, dans tous les sens, avec une vitesse de 500 000 km par seconde à travers toute l’immensité de l’éther; elle est venue enfin, à un instant déterminé, exercer sur notre rétine la sensation, à laquelle nous attribuons le nom de voir.
- Nous avons supposé jusqu’ici, pour plus de simplicité, entre la matière et l’éther, une indépendance qui n’est pas exacte. En fait, la matière et l’éther réagissent sans cesse l’un sur l’autre1, et on peut seulement retenir que ces réactions sont petites par rapport aux phénomènes propres à l’un ou l’autre des deux milieux. On a déjà une première preuve de cette action quand on voit qu’un rayon lumineux, passant dans un milieu matériel en mouvement, subit l’influence de la vitesse propre à ce milieu sur sa propre vitesse ; de même le fait seul que la vitesse de la lumière dans le vide est supérieure à ce qu’elle est dans n’importe quel corps transparent. L’émission et l’absorption montrent la matière provoquant des ondes dans l’éther ou absorbant celles qui en arrivent. . Mais des expériences journalières bien plus simples et qui nous semblent toutes naturelles, le prouvent aussi. Nous tirons le bout d’une barre de fer, et toute la barre vient à notre appel. Les molécules distinctes qui la composent ont donc réagi l’une sur l’autre et n’ont pu le laire que par l’intermédiaire de l’éther. Nous tordons un ressort d’acier; ce qui se tord, c’est l’éther interposé entre des atomes indéformables et seulement susceptibles
- 1 Nous reviendrons sur les expériences de M. Jean becquerel *1 ui a étudié ces rapports de la matière pondérable et des électrons à la température de l’hydrogène liquide où l’agitation thermique plus faible entraîne moins de perturbations dans les mouvements intra-atomiques.
- ET L’ÉTHER r——:n=": —-= 391
- d’ètre déplacés. En fait, dès qu’on serre d’un peu près les phénomènes, on s’aperçoit que la plupart des propriétés communément attribuées à la matière sont celles de l’éther juxtaposé ou interposé, et l’on est conduit à supposer une sorte de frottement entre l’éther et la matière qui établit, entre les deux milieux, une solidarité: l’éther recevant, autour des particules matérielles, un accroissement de tension. L’étude que nous ferons ultérieurement des ions et des électrons qui sont à la fois des électrisations de l’éther et des fractions de la matière, permettra de mieux le comprendre et nous montrera la matière envisagée comme un éther tourbillonnant.
- Ajoutons aussitôt que la notion de l’éther, si indispensable à toutes nos théories d’optique ou d’électricité, n’explique pas encore tout dans un autre ordre d’idées. On a vainement cherché, jusqu’ici, à lui rattacher, autrement que par des conceptions extrêmement discutables, celte force, essentielle entre toutes, qui constitue l’attraction universelle. Là, en effet, la propagation apparaît, dans la limite de nos observations, instantanée; elle traverse, non seulement tous les corps, mais les ondulations mêmes de l’éther, lumière et électricité, sans en être aucunement influencée. Elle ne subit ni réflexion ni réfraction. 11 peut entrer dans le champ d’action d’une masse n’importe quelles particules, l’action exercée sur chacune d’elles reste la même que si elle était seule, etc. On a, il est vrai, depuis Newton, supposé, par une approximation grossière, que l’étlier subissait dans les corps une raréfaction, par suite de laquelle un mouvement tendait à se produire vers lui, des parties les plus denses aux plus raréfiées et l’on a ainsi assimilé cette force à un accroissement de tension qui se produirait dans l’éther, arrivant, par exemple, autour de la terre, à représenter 5000 fois, l'effort de traction nécessaire pour rompre l’acier le plus dur. Mais, malgré ces tentatives d’interprétation, il ne semble pas que l’éther explique mieux la gravitation que la matière n’expliquait l’optique. On est alors tenté de se demander si, comme l’éther pénètre la matière et englobe les particules matérielles, il n’y aurait pas, entre les électrons discontinus dont se compose l’éther, un éther au second degré, encore plus subtil, plus impondérable, plus dense, plus rigide, dans lequel la transmission des vibrations arriverait à se faire avec une vitesse telle qu’elle nous semblerait instantanée, et sur lequel l’inlluence, non seulement de la matière mais de l’éther, serait si faible qu’elle ne se décélérait pas à nos expériences. Cette idée, qui peut sembler bizarre, est au contraire conforme à la tendance logique qui nous pousse à envisager l’univers comme produit par une série d’intégrations successives : chaque parcelle reproduisant, avec des différences de dimensions qui sont surtout frappantes pour nos organes défectueux, la constitution même de l’univers, en sorle que, dans un atome, il y a un monde en miniature.
- Enfin, nous mentionnerons encore une hypothèse originale, récemment émise par M. Olivier Lodge avec cette hardiesse de pensée qui caractérise souvent les savants anglais. C’est de matière qu’est fait le cerveau, par le moyen, par l’intermédiaire duquel nous pensons. M. Lodge s’est demandé pourquoi l’éther ne serait pas, lui aussi, l’instrument d’une autre forme de pensée; pourquoi même, dans une certaine mesure, celle-ci n’agirait pas sue la notre, comme l’éther intervient clans nos sensations habituelles et il n’a pas craint de faire allusion à ce propos aux rapports mystérieux entre le physique et le psychique. L. De Launay.
- p.391 - vue 395/647
-
-
-
- 392 -
- CONCOURS DE CERFS-VOLANTS
- Un titre s’olfrait avec insistance à notre plume, en abordant ce sujet : Y Ancêtre de Taéroplane. Et peut-être se trouvera-t-il des
- v~
- l’après-midi, le spectacle oll'ert au public accouru en foule de Londres et des grandes villes anglaises, put satisfaire les plus difficiles : 123 cerfs-volants de toutes grandeurs et de toutes formes s’espaçaient dans le ciel à des hauteurs variées. Certains planaient majestueusement à plus de 1200 mètres d’altitude, tandis que d’autres — les amuseurs de la bande ! — voltigeaient çà et là en exécutant de curieuses évolutions. Malheureusement, les caprices du vent gâtèrent la lêtc, et l’accalmie qui succéda à une forte brise, força les oiseaux de toile
- " ’ Vu V “•"’liÿ1
- Orl-volant
- d’uni ai ils.
- lecteurs pour nous reprocher de ne point l’avoir employé. Le cerf-volant n’est-il pas le premier objet que l'homme ait lancé à la conquête de l’air? N’a-t-il pas précédé de vingt-deux siècles 1 invention de l’aérostat? Et, pour serrer
- L'envolée d'un ccrl-volant gigantesque.
- et de papier à redescendre sur le gazon. Cependant, on avait pu juger à l’œuvre un gigantesque man-lifler haut de 20 pieds, capable d’emporter un homme dans les airs, et que
- Lancement d'un aérojdane-miuiulure.
- l’actualité de plus près, les aviateurs qui nous émerveillent actuellement de leurs exploits ne commencèrent-ils pas leurs patientes recherches en lançant dans les airs des cerfs-volants de leur invention?
- Un intérêt précis s’attache donc au concours de kyles qui s’est tenu récemment sur la prairie de Wimbledon-Com-mon, dans la banlieue de Londres. Nos photographies donnent une idée de la variété des cerfs-volants qui figurèrent dans le concours. Plusdedeux cents kytes-flyers avaient répondu à l’appel des organisateurs. Vers trois heures de
- Quelques-uns des cerfs-volants du concours.
- 12 personnes ne purent retenir qu’en épuisant leurs forces, quand il s’envola dans la brise.
- Ces concours de cerfs-volants, rares chez nous,
- p.392 - vue 396/647
-
-
-
- CONCOURS DE CERFS-VOLANTS
- 393
- sont assez communs dans certains pays, en Chine, au Japon, et, depuis quelques années, aux Elats-Unis. J’accorde le premier rang à l’Empire du Milieu, car il est hors de doute que le cerf-volant naquit en Chine, dont il est resté le sport national. Les annales chinoises en attribuent l’invention à llan-Sin, fameux général qui vécut deux siècles avant l’ère chrétienne. Réfugié dans une ville après une bataille malheureuse, il imagina de
- particuliers. Ce qui n’était qu’un jeu innocent pour les Célestes devint pour les belliqueux habitants de l’archipel un véritable tournoi. Garnissant d’éclats de verre les queues de leurs cerfs-volants, les n joueurs s’exerçâient à trancher en l’air les cordes des cerfs-volants de leurs adversaires.
- Il y aurait beaucoup à dire sur l’importance que ces jouets ont acquise, au cours des siècles, dans la vie des Japonais. Des rivalités acharnées divisent villes et villages, dont les habitants voudraient passer pour les meilleurs lanceurs de cerfs-volants de l’archipel. Le record semble appartenir à Nagasaki, où une fête de trois jours, qui a lieu en avril, et qu’on appelle la Ski-yen-jai (lilléra-
- L'ü
- Iriphin.
- Un appareil aux formes compliquées.
- faire des signaux à l’armée de secours en lançant en l’air un oiseau de papier retenu par un fil. Une tradition veut que l’ingénieux guerrier ait conçu l’idée du cerf-volant en voyant fuir devant la brise un canot chargé de voiles.
- Le cerf-volant lit bientôt son appa-
- Un kyle au repos.
- rition au Japon. Obéissant à leur esprit national, les Nippons façonnèrent l’invention selon leurs goûts
- Les deux ailes d’une machine volante.
- lement l’assemblée du papier volant), réunit des milliers de curieux sur les trois esplanades alfectées aux concours.
- On sait la variété des cerfs-volants japonais. 11 en est qui sont grands comme des façades de maison, tandis que d’autres ont les dimensions d’une libellule. On les considère connue l’emblème de l’ambition; et les familles ne manquent pas d’en lancer le jour de la naissance d’un nouveau-né. La grandeur et l’ornementation varient selon l’état de fortune des parents. Dans les familles riches, le «cerf-volant de la naissance » prend des proportions
- p.393 - vue 397/647
-
-
-
- CHRONIQUE
- 394
- énormes, avec une queue qui peut avoir une longueur de 100 à 150 mètres!
- Né en Chine, le jouet gagna bientôt la Corée, la Birmanie, le Tibet (où il est devenu un objet du culte lamânique), les Indes. À quelle époque lut-il introduit en Europe? Il devait être déjà d’un usage général quand il conquit ses premiers lauriers scientifiques en 1749, avec l’Écossais Alexander Wilson, qui s’en servit pour étudier, à l’aide d’un thermomètre, la chaleur ambiante des altitudes aériennes. Et l’on sait que, trois ans plus tard, Benjamin Franklin à Philadelphie, Jacques de Bornas en France, l’utilisèrent simultanément pour étudier l’électricité de l’air.
- Près d’un siècle et demi devait s’écouler avant que le cerf-volant lit sa rentrée, et combien brillante, dans le monde scientifique ou industriel. Presque à la même époque, un Américain, M. William A. Eddy, de Bayonne (New-Jersey), et un Australien, M. Lawrence Margrave, modifiaient radicalement la l’orme du cerf-volant, en empruntant le principe de la transformation l’un aux Javanais, l’autre aux Japonais. Dans les deux cas, la queue était supprimée. Et ce fut une vogue insensée aux Etats-Unis, où le cerf-volant à double cellule de M. Margrave, et le cerf-volant malais de M. Eddy, furent tout d’abord introduits.
- La place nous manque pour consacrer une description technique aux deux appareils. Au reste, ils sont maintenant en vente dans tous les bazars. Qu’il suffise de rappeler que leur vogue coïncida avec la guerre hispano-américaine, et qu’ils servirent à proclamer jusqu’au fond des nues la gloire des armes de la grande république. Présent à New-York quand l’amiral Dewey, le vainqueur de Manille, lit son entrée triomphale, je fus émerveillé du nombre de drapeaux et d’emblèmes patriotiques qui, soulevés par des chapelets de cerfs-volants, flottaient dans les airs à des altitudes parfois considérables.
- Politiciens, industriels, savants, furent prompts à saisir les avantages de ces kytes perfectionnés. Pendant les périodes d’élections, on les chargea d’inonder l’air de pancartes aux lettres gigantesques qui proclamaient au-dessus des villes les vertus civiques des candidats. Durant la campagne prési-
- dentielle de 1900, les deux grands partis, Bépubli-cains et Démocrates, employèrent si assidûment ce procédé de réclame, qu’ils dépensèrent en bloc un demi-million de francs à acheter des kytes et à payer d’experts kytes-flyers.
- Les fabricants eurent bientôt recours au même procédé pour leur réclame commerciale. Les artili-ciers s’en servirent pour faire éclater des fusées au plus liant des airs. Et les photographes obtinrent d’admirables photographies panoramiques en maniant, à l’aide d’une communication électrique, ou même d’un simple fil, l’appareil eonlié à un cerf-volant.
- Enumérerai-je tous les usages auxquels il a dù se plier? M sert aux pêcheurs pour jeter leur hameçon au large sans qu’ils aient eux-mêmes à quitter le rivage, et aussi aux sauveteurs, pour établir un va-et-vient avec un navire en perdition. 11 peut remorquer un canot ou tramer une bicyclette. Et l’on sait les immenses services qu’il rend à la météorologie. A l’Observatoire de Blue-Ilill, près Boston (États-Unis), on a perfectionné à ce point les kytes du type cellulaire, qu’ils peuvent emporter des instruments enregistreurs jusqu’à l’altitude de 5000 mètres!
- Nous avons eu l’occasion de parler dans La Nature du kyte du colonel S. Baden-Powell, capable d’enlever un homme et de lui permettre de surveiller les mouvements de l’ennemi dans un rayon très étendu. Depuis le mois de septembre dernier, les navires de guerre anglais sont dotés de kytes analogues, appelés à rendre sans doute des services signalés, soit pour épier les mouvements de la flotte marine, soit pour découvrir l’approche d’un sous-marin ou l’existence d’une mine sous-marine.
- Le premier cerf-volant assez puissant pour enlever une personne fut construit par un jeune Américain de Boston, M. Daniel Bice. Et ce fut sa femme qui eut la gloire d’accomplir la première ascension, quand, en octobre 1902, elle se laissa enlever pardessus les maisons de sa ville natale. Le kyte a fait de grands progrès, depuis lors. Et les services qu’il commence à rendre dans le domaine de la télégraphie sans lil nous induisent à croire que sa carrière est loin d’être terminée. Y. Foiibin..
- c*§'5nS,'$MS§Ï>
- CHRONIQUE
- Les puits magnétiques. — L’armature métallique des puits foncés à grande profondeur présente toujours un magnétisme plus ou moins accentué, qui peut parfois atteindre des valeurs très considérables. Le Scicniifîc American nous en donne un exemple : le IV' Lane, géologue de l’état de Michigan, a observé, sur l’armature d’un puits à Grailing, un magnétisme si intense qu’il fallait, dit-il, toute la force d’un homme pour relever le ruban d’acier destiné aux mesures. Le puits avait 780 m. de profondeur, et le ruban ne pesait que 12 kg. Bien entendu, l’aiguille aimantée est fortement déviée dans
- le voisinage d’un tel puits. On s’explique aisément l’apparition de ce magnétisme si l’on se souvient que les objets en fer ou en acier, allongés et maintenus verticaux, s’aimantent aisément sous l’action du champ magnétique terrestre s’ils sont soumis à des frottements, des chocs, des torsions. La direction du champ magnétique terrestre, sous les latitudes élevées est en effet très voisine de la verticale. Ainsi, à Paris, elle fait un angle de 04° avec l’horizon. Il est à noter que le magnétisme de ces puits diminue graduellement et souvent disparaît complètement au bout de quelques années.
- p.394 - vue 398/647
-
-
-
- 395
- LA VENTILATION ET LA REFRIGERATION DU TUNNEL DU SIMPLON
- II. RÉFRIGÉRATION
- Nous avons, dans un précédent article1, indiqué comment, en envoyant dans les galeries du tunnel en construction du Simplon, un gros cube d’air, il avait été possible de maintenir la composition normale de l’élément respirable et, en même temps, d’abaisser, dans une certaine mesure, la température
- de l’air dans ces ni è m e s galeries. Mais, pour conserver à cet air une température voisine de 50° (maximum que peuvent supporter, sans trop de difficulté, les ouvriers), lorsque la température du rocher atteint 50° et o 4°, comme au Simplon, il devient nécessaire d’adjoindre à celle ventilation un autre élément de réfrigération et de mettre en œuvre un nouveau procédé.
- Ce procédé consiste à refouler dans le tunnel de l’eau froide dans une conduite spéciale isolée et à diviser celle-ci en très fines particules au moyen de pulvérisateurs installés dans les chantiers. Par son mélange avec l’air ou par son contact avec la roche, celte eau enlève
- , i 1 , y3.oo-H°#t............*o,5o
- de la chaleur et la conduit ensuite au dehors par les canaux d’écoulement de la galerie parallèle.
- L’eau de réfrigération prise, du côté de Brigue, au Rhône, est amenée, après filtrage, aux salles des machines où elle est refoulée dans le tunnel au
- moyen de deux pompes centrifuges pouvant débiter chacune 80 litres par seconde à la pression de 22,5 atmosphères. Des turbines de 300 chevaux de puissance chacune actionnent directement ces pompes.
- L’eau, ainsi refoulée, est amenée de la salle des machines aux appareils de pulvérisation du tunnel par une conduite en tôle de 253 mm de diamètre, enveloppée sur toute sa longueur, afin d’éviter réchauffement de l’eau pendant son trajet, d’une couche isolante de charbon de bois de 66 mm d’épais-
- 1 Voy. n° du 24 octobre 1908.
- seur entourée elle-même d’une enveloppe métallique de 400 mm de diamètre.
- Quant aux branchements secondaires qui relient la conduite maîtresse avec les pulvérisateurs elle est
- Fig. 2. — Pulvérisateur Peler.
- formée de tuyaux de 100 mm de diamètre sans isolant de charbon.
- Les pulvérisateurs sont de deux sortes. L’un appelé Weslfalia (lig. 1) se compose d’une sorte de lance en cuivre dans laquelle l’eau, dirigée par des
- ailettes en spirale, prend un mouvement de rotation avant de sortir par un orifice de 3 mm avec une vitesse de 70 m. par seconde. L’eau, en sortant, prend des directions divergentes et, à une distance de deux ou trois mètres de l’orifice, les gouttelettes forment une gerbe d’eau pulvérisée.
- Un autre pulvérisateur plus puissant, étudié par M. Peter (lig. 2), est basé sur le même principe que le précédent, mais on y a adjoint un deuxième espace hélicoïdal donnant une gerbe périphérique qui vient s’ajouter à celle centrale.
- Les pulvérisateurs Westfalia sont, le plus généralement, disposés, comme le montrent les figures 3 et 4, par groupes de 21 jets placés en quinconce et s’étendent sur une longueur de 10,50 m. On juxtapose, dans certains cas, deux de ces groupes en
- Fig. 5. — Disposition îles pulvérisateurs dans les galeries.
- p.395 - vue 399/647
-
-
-
- 396 - "VENTILATION ET RÉFRIGÉRATION DU TUNNEL DU S1MPLON r
- formant ainsi un rideau d’eau pulvérisée de "20,50 m. d’étendue. En aval de ees jets sont disposés des écrans en forme de jalousies qui arrêtent les gouttelettes d’eau qui pourraient être entraînées par le courant d'air dans les chantiers voisins.
- Dans quelques-unes des galeries où cette disposition des pulvérisateurs eût pu être une gêne pour la circulation des wagonnets, on a disposé ceux-ci sur un côté de la galerie (fig. 5) et des gardiens ferment le robinet d’amenée d’eau au moment du passage des trains.
- Ce dispositif de pulvérisateur ne pouvait être employé dans les galeries d’avancement où a lieu une circulation très active des wagonnets. Dans ce cas, la réfrigération a été obtenue au moyen de tuyaux en acier de 50 mm de diamètre longeant les parois des galeries et
- percés tous les 50 centimètres de petits trous dirigés vers le rocher (lig. 7). Cette eau, qui tombait sur la conduite de ventilation secondaire, réfrigérait en même temps l’air amené par cette conduite.
- La quantité d’eau de réfrigération envoyée dans le tunnel, pendant les travaux, a été, en moyenne, de 60 litres par seconde. Sa température initiale aux filtres était de 5°,5 et, à la sortie des pulvérisateurs, elle variait entre 11°,55 et 17°, après un parcours de 10 km dans les galeries.
- Pendant les travaux de percement du tunnel on a distribué, dans les galeries, les pulvérisateurs de la manière suivante, chaleurs de l’été, alin de rafraîchir l’air envoyé par les ventilateurs dans la galerie parallèle, on installait un pulvérisateur Westfalia dans le caisson en bois reliant ces ventilateurs avec la galerie parallèle. Un ou deux groupes de pulvérisateurs Peter étaient placés dans la galerie parallèle vers le milieu de sa longueur. Puis, des tubes percés (fig. 7), destinés à asperger les
- Pulvérisateurs eu IbnctioHnement.
- Fig'. 5. — Pulvérisateurs disposés sur le coté de la galerie.
- Pendant les grandes
- parois du rocher, étaient installés dans cette même galerie parallèle un peu en avant de la dernière transversale, dans le but de rafraîchir l’air au moment où celui-ci, introduit par les injecleurs dans les tubes de ventilation secondaire, va rafraîchir les chantiers d’avancement. De plus, comme nous l’avons vu, ces chantiers d’avancement sont réfrigérés par des tubes d’aspersion semblables. Dans la galerie de base du tunnel définitif et en avant des chantiers de galerie de faite et d’abatage étaient placés des groupes de pulvérisateurs Westfalia et des appareils semblables étaient installés près des chantiers de maçonnerie. Enfin, des pulvérisateurs Peter rafraîchissaient l’air dans la partie terminée du tunnel à l’endroit alfecté à la manœuvre des trains.
- Une question fort intéressante était de savoir quelle était la quantité de chaleur enlevée, par suite de cette réfrigération combinée, dans la zone du tunnel où la température du rocher dépasse 50°.
- Un certain nombre d’expériences ont été faites,
- dans ce but, par M. Mermier.
- Dans une galerie d’avancement dont le front d’attaque se trouvait à 8430 m. de l’entrée et où la température du rocher était de 53°,8, avec un volume d’air de 0,96 m3 amené dans le chantier par seconde par la ventilation seco.ndaire à la température de 5°,8 et avec un volume total d’eau de réfrigération de 9,6 litres par seconde à la température moyenne de 7°,4 lancé dans la. galerie d’avancement par les pulvérisateurs et les perforatrices, on a obtenu par mètre carré de parois du rocher et par heure une absorption de chaleur de 516 calories, c’est-à-dire une quantité de chaleur suffisante pour élever 1 kg d’eau de 0 à la température de 316°.
- En prenant l’ensemble des chantiers d’avancement, d’abatage et de maçonnerie, lorsque le front
- p.396 - vue 400/647
-
-
-
- VENTILATION ET RÉFRIGÉRATION DU TUNNEL DU S1MPLON
- 397
- d’attaque se trouvait à 8580 m. de l’entrée et que la température du rocher était de 55°, l’expérience a donné le résultat suivant. Avec un volume d’air introduit, par seconde, dans le tunnel de 24,05 m3 à la température de 20°,5 et un volume d’eau de réfrigération de 60 litres à la température de 5°,85, on a obtenu, pour l'ensemble des chantiers, une absorption chaleur de 55,8 calories par heure et mètre carré des parois du rocher.
- Dans ce cas la réfrigération par l’eau froide était obtenue par un grand pulvérisateur placé dans la galerie parallèle, par cinq tubes percés dans la galerie d’avancement, par un groupe de pulvérisateurs avec 42 jets dans le chantier d’abatage et, enfin, par un groupe de pulvérisateurs à 16 jets dans le chantier de maçonnerie.
- Du coté d’Iselle, par suite des sources d’eau froide rencontrées vers le kilomètre 4,4 à partir de l’entrée, un abaissement sensible de température de la roche s’était produit cl on pouvait espérer que la venlila-
- n’a guère été utilisée, du côté d’Iselle, que sur une longueur de 245 m., c’est-à-dire dans la zone la plus difficile et dont la durée de perforation a dé-
- lançant. une gerbe d’eau direction de la voûlo.
- Fig. 7.
- Tulie d’aspersion des piédroits.
- Réfrigération du tunnel par l’eau froid au début de l'exploitation.
- tion primaire pourrait suffire sans adjonction de réfrigération par l’eau froide. Mais, comme d’un autre côté, il y avait à prévoir une élévation de température de cette roche en se rapprochant de l’attaque du côté de Brigue où la roche atteignait une température de 54°, on prit, néanmoins, le parti, comme à Brigue, de faire une installation de réfrigération par l’eau froide. A cet effet, on s’est servi, comme eau de rétrigération, des sources d’eau froide (42°C.) mises à jour dans le tunnel au kilomètre 4,4. Après les avoir captées on les a refoulées vers les chantiers dans des conduites de 255 mm au moyen de pompes centrifuges actionnées par une turbine Pelton, actionnée elle-même par l’eau à haute pression des perforatrices. Unelocomobile à condensation pouvait, en cas de besoin, venir en aide aux turbines Pelton. Des groupes de pulvérisateurs et de tubes percés étaient installés dans la galerie, mais ces appareils, quelque peu improvisés, avaient un rendement inférieur à ceux du côté de Brigue. Du reste, la réfrigération par l’eau froide
- Réfrigération du tunnel pendant l'exploitation. Lorsque le tunnel a été entièrement terminé et livré à la circulation des trains, on pouvait se demander s’il y aurait utilité à juxtaposer à la ventilation dont nous avons parlé dans le précédent article, la réfrigération par l’eau froide. Comme au début on avait admis la traction des trains par dos locomotives à vapeur, on crut plus prudent d'instalhr à titre définitif la réfrigération par l’eau froide cl à fixer à 50 litres par seconde la capacité de cette inslal-
- Forchetto • Fossette
- Valle
- - Conduite de la perfbrotion
- A
- A l É m
- s/s
- s n V"
- — J
- ___________ Température, du rucher pendant la constructions
- .......... .... ,, ____ „ _______ suivant- les prévisions.
- --------________.. ---- de l'air dans le tunnel le 28 Auriiipoy
- Fig. 9. — Coupc géologique du massif du Simplou cl courbe des températures.
- lation. Quatre groupes de pulvérisateurs Westfalia de chacun six jets espacés de 2 mètres et placés à 5 mètres au-dessus de la voie et dirigés vers la voûte étaient répartis entre le lui. 8,680 et 9,680 (fig. 6 et 8). Trois tubes d’aspersion (fig. 7) de 200 mètres
- p.397 - vue 401/647
-
-
-
- 398 : _- : —_ — ACADÉMIE DES SCIENCES
- de longueur chacun et placés à 5 mètres de hauteur contre les piédroits, ont été répartis entre les lui. 8,211 et 10,239. Ces tuhes rafraîchissaient une surface de 5600 m2 de paroi chaude. Ces différents pulvérisateurs sont alimentés par la conduite 255 mm de diamètre et par les pompes centrifuges qui avaient servi pendant la construction. La traction électrique ayant, pour un certain nombre de trains, remplacé la traction à vapeur, l’utilité de ces appareils de réfrigération a été notablement diminuée. Aussi n’a-t-on conservé que les tubes d’aspersion (lig. 7) et l’air du tunnel se maintient à une température qui ne dépasse nulle part 27° à 28° (fig! 9). Aux endroits où le rocher avait une température dépassant 50°, la température de l’air est aujourd’hui de 20° à 22° et même sous l’action de la grande ventilation et des appareils réfrigérants elle ne s’élève qu’à 18°. On remarque sur la figure 9 l'élévation de température de l’air du tunnel à mesure que l’on avance vers l selle.
- Ce fait est dû à ce que l’air destiné à la venti-
- lation qui va de Brigue à Iselle absorbe de la chaleur dans son trajet et, par conséquent, s’échauffe. Mais il est présumable qu’avec le temps et sous l’action d’une ventilation énergique constante, cette température s’abaissera progressivement.
- Il résulte des expériences que nous avons relatées plus haut que, lorsque la température du rocher atteint un chiffre élevé, la ventilation seule, quelque énergique qu’elle soit, ne permet pas d’obtenir un abaissement suffisant de la température de 1 air des galeries et qu’il faut y adjoindre la réfrigération par l’eau froide. Ce résultat très important trouvera son application dans nombre d’autres cas où les conditions hygiéniques priment toutes les autres, notamment dans les tunnels métropolitains. Il semble donc que, dans ce cas, c’est bien à la combinaison des deux procédés de ventilation et de réfrigération par l’eau froide qu’il faudra avoir recours comme l’a déjà proposé Thierry1 et comme nous l’avons indiqué nous-même dans divers articles publiés sur ce sujet2. B. Bonnin.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du î fc> novembre 1908. — Présidence
- L'utilisation de l'azote atmosphérique. — M. Müntz présente une Noie sur rulilisation de l’azote atmosphérique pour la préparation de matières azotées destinées à la culture. L’un des procédés employés pour faire enlrer l’azote libre en combinaison consiste à le fixer sur le carbure, de calcium à l’état, de cyanamidc que l’industrie commence à livrer à l’agriculture. MM. Müntz et Nollin ont recherché quelle, était la valeur agricole de ce produit. D’une part ils ont mesuré le surcroît de récolte qu’il donne, et d’autre part ils ont comparé les effets produits avec les effets que donnent les engrais azotés habituels. Enfin, ils ont examiné son aptitude à nitrifier, cette aptitude pouvant servir de mesure à l’activité fertilisante. De l’ensemble de leurs investigations, tant de celles pratiquées dans le laboratoire que de celles effectuées sur le terrain, dans diverses régions de la France et sur diverses cultures, il résulte que la cyanamide de calcium constitue un engrais azoté très efficace dont les effets sont sensiblement égaux à ceux du sulfate d’ammoniaque.
- Un nouvel alcaloïde. — M. A. Gautier résume un travail de M. Bonduy sur un nématode de l’intestin du cheval, le sclérostome du cheval. Il en a extrait une substance huileuse jaunâtre qui cristallise au bout de quelque temps et qui exerce une action très intense sur les globules du sang du cheval et de quelques animaux. Celte substance est un alcaloïde qui se rapproche, par ses propriétés, des toxines les plus dangereuses.
- Fabrication de pierres précieuses. — M. Lacroix présente une Note de M. L. Paris sur la fabrication de pierres colorées. L’alumine fondue additionnée d’un peu de chrome peut se solidifier sous forme de cristal. C’est ainsi que Verneuil a préparé le rubis de synthèse. Mais il est impossible d’incorporer dans les cristaux d’alumine
- de M. Emile Picard puis de M. Bouchard.
- d’autres substances que le chrome. En cristallisant, l’alumine rejette les matières étrangères. M. L. Paris a obtenu de belles pierres ayant la couleur du saphir, en ajoutant à l’alumine fondue 1 à 2 p. 100 de chaux et de magnésie afin de l’empêcher de cristalliser. Celte matière conserve alors les colorants bleus et se solidifie en donnant de oeaux cristaux.
- Un parasite des pyrales de la vigne. — M. Bouvier présente une Note de M. Sicard, sur la disparition d’une partie des pyrales de la vigne en 1908, dans la région de Montpellier. Cette disparition est due à un parasite qui est la larve d’une certaine mouche. La larve parasitaire se loge dans le corps de la larve de pyrale dont elle dévore les tissus. La larve parasitaire évolue à l’intérieur de la larve de la pyrale et s’v transforme en chrysalide. M. Sicard estime que 00 pour 100 'des larves de pyrale ont péri cette année dans la région de Montpellier.
- La radioactivité du sol. —M. d’Àrsonval analyse une communication de M. Bordas sur la radioactivité de certains sols. L’auteur, ayant appris qu’en des points du Chili des fragments de verre abandonnés sur le sol devenaient violets, a eu l’idée de rechercher s’il ne fallait pas chercher l’explication du phénomène dans la radioactivité du sol. Des expériences systématiques ont donc été faites. Des fragments de verre ont été laissés sur le sol et placés sur des maisons. Seuls, les premiers ont subi un changement de couleur. Des plaques photographiques enfermées dans du papier noir et devant lesquelles on avait placé une petite plaque métallique découpée, puis logées dans une caisse, ont été posées à quelque distance du sol ;
- 1 Etude sur le métropolitain de Paris, par J.-B. Timumy.
- 2 Revue scientifique, 31 août et 9 novembre 1907.
- p.398 - vue 402/647
-
-
-
- - LES SOUPAPES ÉLECTRIQUES A ALUMINIUM ======== 399
- d’autres ont été enfouies dans le sol. Les dernières seules ont été impressionnées, surtout la partie non protégée par la plaque métallique.
- Les conditions d’une bonne diction. — M. d’Àrsonval analyse ensuite un travail de M. Marage sur l’articulation. Pourquoi est-il difficile de saisir les phrases que chante l’artiste? Au moyen de son appareil de photographie de la voix, M. Marage constate que pour cet artiste, le tracé d’une gamme chantée sur A ne présente pas de groupement. Le cinématographe permet de constater que, pendant l’émission des différents sons, la bouche n’a pas changé de forme. Or, une voyelle bien émise, exige pour chaque note un changement dans la forme de la bouche et conséquemment à une forme donnée de la cavité buccale. Si cette condition n’est pas remplie, la voyelle existe plus ou moins. Si beaucoup d’artistes ont une mauvaise diction, c’est parce qu’ils n’ont point pris la peine nécessaire pour en acquérir une bonne.
- Épidémie de fièvre jaune à Saint-Nazaire. — M. Chan-temesse lit un mémoire sur l’épidémie de fièvre jaune qui a sévi à Saint-Nazaire à la fin de septembre. Parti de La Havane le 11 septembre, le paquebot La France arrivait à Saint-Nazaire le 24. 11 n’y avait eu à bord aucune maladie contagieuse pendant la traversée; le paquebot était admis à débarquer ses passagers. Aucune règle de police sanitaire n’a été violée. L’épidémie a sévi sur des hommes du bord et n’a atteint, indépendamment d’eux, qu’un marin d’un vaisseau voisin; elle ne s’est pas étendue à terre. La cause a d’ailleurs pu être établie, car on a capturé dans le bateau des moustiques qui y avaient pénétré à La Havane. Dans nos climats ces moustiques meurent assez rapidement. L’auteur a pu reconnaître que le moustique de nos pays ne peut transporter la fièvre jaune d’un malade à un homme sain. Aussi l’épidémie s’esl-elle rapidement éteinte, comme il était arrivé en 18(51 dans une épidémie ayant pareillement éclaté à Saint-Nazaire. Ch. nu Vili.kukuii..
- LES SOUPAPES ÉLECTRIQUES A ALUMINIUM
- L’aluminium jouit, au point de vue électrique, d’une propriété fort curieuse. Si l’on plonge deux électrodes d’aluminium dans certains liquides conducteurs appropriés, et que l’on fasse passer un courant dans le circuit ainsi constitué, on constate qu’il cesse presque instantanément, tant que la tension reste inférieure à 400 volts. Les deux plaques d’aluminium se sont recouvertes d’une couche d’oxyde non conducteur qui s’oppose au passage du fluide électrique. Si l’on augmente la tension électrique (toujours au-dessous de 400 volts), le courant passe à nouveau quelques instants, pour disparaître encore presque aussitôt, et l’épaisseur de la couche non conductrice s’augmente. Mais lorsque l’on dépasse la tension de 400 volts, que l’on appelle la tension critique pour l’aluminium, la pellicule d’oxvde se brise définitivement, livrant passage au courant électrique. Puis, si l’on abaisse la tension au-dessous de la valeur critique, la pellicule se reforme et le courant est arrêté.
- Ainsi automatiquement ce simple dispositif de deux lames d’aluminium arrête fout courant de tension moindre que 400 volts, et laisse passer les courants de tension supérieure.
- On conçoit aisément les applications auxquelles peut prêter ce phénomène : dans un réseau de distribution électrique par exemple, si l’on relie l’une des électrodes d’aluminium à un fil de transport,
- ‘ l’autre électrode étant à la terre, on voit que, automatiquement, dès que la tension sur la ligne dépassera 400 volts, fout ou partie du courant passera entre les deux plaques d’aluminium et s’écoulera vers la terre. Supposons que l’on se soit imposé 400 volts comme limite supérieure de la tension admissible sur le réseau, on voit que ce dispositif constituera une véritable soupape de sûreté ; il fonctionnera exacte-
- ment comme la soupape d’une machine à vapeur qui se soulève et laisse échapper la vapeur, dès que la pression à l’intérieur de la chaudière dépasse la limite de sécurité.
- En réalité, la tension admise sur les réseaux électriques, aujourd’hui si nombreux sur notre territoire, est bien supérieure à 400 volts. Mais il suffit de disposer en série un nombre suffisant d’électrodes en aluminium, séparées les unes des autres par une couche d'électrolyte, pour donner à la soupape le degré de résistance voulue. Ainsi, avec 11 éléments en série, la soupape ne fonctionnera que pour des tensions supérieures à 4000 volts. Les électriciens fondent beaucoup d’espérances sur ce système de protection.
- On saitqueles longues lignes de transport d’énergie dont ils ont sillonné nos régions industrielles, sont exposées à bien des dangers. L’un des plus graves est celui des surtensions ; bien des causes peuvent le provoquer. C’est la manœuvre inhabile, ou trop brusque, des appareils reliés au réseau, par exemple et surtout la foudre. Les plus graves conséquences en sont à redouter pour les machines de l’usine, et pour la ligne; par suite aussi pour les consommateurs qui se trouvent à la merci de ces quelques fils si fragiles.
- On comprend aisément que le dispositif à plaques d’aluminium que nous venons de décrire brièvement, puisse lutter contre ces surtensions. Aux États-Unis il a donné, semble-t-il, d’excellents résultats. On l’essaye actuellement en France sur le réseau de la Société « Énergie Électrique du Littoral Méditerranéen ».
- Notons que, si l’emploi de ces appareils se généralise, c’est un nouveau débouché qui se crée par là même pour l’industrie de l’aluminium, si développée aujourd’hui en France.
- A. Trotxkr.
- p.399 - vue 403/647
-
-
-
- LE SOLÉNODON DE SAINT-DOMINGUE
- Je ne crois pas commettre une exagération en parlant du solénodon comme du plus rare mammifère du Nouveau Monde. De lait, on a cru quelque temps que l’espèce était éteinte. A lui seul, il compose tonte la faune indigène des Antilles, en tant que mammifère, car certaines espèces d’oiseaux, et de nombreux insectes, semblent avoir pour habitat; exclusif les ludes Occidentales. Le seul animal qu’on pourrait lui donner pour compagnon est l’agouti. Mais ce rongeur à la chair si savoureuse n’est probablement pas indigène aux Antilles. En tout cas, il ne leur est pas spécial, puisqu’il ne diffère, ni par la taille, ni par la coloration, des espèces qui abondent en Côte-Ferme. Tous les autres mammifères qu’on rencontre dans ces îles sont des animaux domestiques marrons, descendus d’individus importés d’Europe depuis la conquête espagnole. Tels, les bœufs et les cochons sauvages de l’Ile de la Go-nave.
- Le solénodon, lui, a une place à part. 11 se présente sous deux variétés, très peu différentes, et spéciales, Tune à Elle de Cuba, l’autre à 1 ’ î 1 e d’Haïti. Long de 50 à 60 centimètres, il aurait l’aspect d’un rongeur, d’un rat (dont il possède la queue dénuée de poil), n’était la longueur et la mobilité de son museau, qui est une véritable trompe. C’est un insectivore, et c’est aussi un fouisseur, comme l’indiquent ses pattes massives, armées d’ongles puissants, longs, légèrement recourbés. Le poil long et rude, l’œil petit et à peine saillant, complètent le signalement de cet étrange animal, auquel on découvrira vraisemblablement toute une lignée d’ancêtres aux proportions plus imposantes, quand on entreprendra l’étude de la faune fossile des Antilles.
- Ses mœurs sont peu connues. Pendant un assez long séjour dans la partie méridionale de Saint-Do-mingue, j’eus plusieurs fois l’occasion d’entendre parler de ce mystérieux animal, que les indigènes qui se piquaient de connaissances zoologiques décrivaient comme « le rat autochtone des Grandes Antilles ». C’est même sous ce qualificatif qu’il figure dans les manuels scolaires en usage dans la République de Santo-Romingo. Je m’étais juré de capturer vivant un couple de solénodon qui avait élu do-
- micile dans les fondations de l’Arsenal de Jaemel, vieille forteresse construite au xvne siècle par les Français sur le sommet d'une colline qui surplombe la ville. Après plusieurs nuits de guel, je dus renoncer à l’entreprise, accusé que j’étais de lever secrètement les plans de cette citadelle ouverte à tous les vents !
- Plus heureux que moi, un membre du clergé haïtien, prêtre d’origine française, put capturer une femelle, qui donna bientôt naissance à trois petits. Malheureusement, elle les dévorait aussitôt, et mourait elle-même trois jours plus tard.
- En coordonnant les renseignements recueillis sur place, je crois pouvoir tracer une courte monographie du solénodon. 11 ne sort de son terrier que la nuit, pour s’attaquer aux troncs en vétusté, qu’il
- éventro à l’aide de ses puissantes pattes, et dont il explore les débris du bout de sa trompe, qu’il peut rendre rigide ou flexible à volonté. Sa marche est gauche et lourde ; quand il tente d’échapper à la poursuite d’un chien, le spectacle est à la fois grotesque et pitoyable. 11 décrit une série de zigzags, et avec un mouvement d’amble qui projette son corps à gauche et à droite, et retarde sa fuite. S’il rencontre une pente sur sa route, il se met en boule à la façon du hérisson, et se laisse rouler jusqu’en bas. A bout de souffle, il s’enterre la tête dans un trou, reste immobile, et se laisse capturer sans plus de résistance.
- On comprendra qu’une espèce aussi mal armée pour la lutte était condamnée à disparaître, avec l’introduction du chien et du chat dans son habitat. C’est bien ce qui s’est produit. Le solénodon est devenu si rare, à Cuba comme dans l’île d’Haïti, que peu de collections zoologiques en possèdent un exemplaire. Le Muséum d’Histoirc Naturelle de New-York a dû organiser à grands frais une expédition qui, sous la direction de M. Hyatt Verrill, a passé six mois dans les montagnes de Santo-Domingo à la recherche du petit mammifère. Elle ne réussissait qu’à capturer trois spécimens, qui succombaient bientôt à la captivité. Jacques d’Izier.
- Le Gérant : P. Masson.
- Paris. — Imprimerie Laiiure, rue de Fleurus, 9.
- p.400 - vue 404/647
-
-
-
- la NATURE. — N° 1853.
- - 28 NOVEMBRE 1908.
- LE NOUVEAU PORT D’ALEXANDRIE
- Le port d’Alexandrie est en voie de devenir un des centres commerciaux les plus actil's de la côte méditerranéenne de l’Afrique septentrionale. Sa situation géographique est très favorable à son développement, puisque la ville est placée sur la langue de terre qui sépare le lac Maryouth, ou Maréolis, de la mer. Cette admirable position avait frappé Alexandre, qui, en l’an 550 avant l’ère chrétienne, chargea l’architecte Dinocratès d’y construire une ville, berceau de la grande cité à laquelle les Ptolémées donnèrent une extension plus grande, et dont ils firent leur capitale, en même temps qu’une des importantes métropoles intellectuelles et commerciales du monde.
- 11 ne nous appartient pas de faire ici l’historique de l’antique cité ; mais nous pouvons rappeler qu’elle
- l’outillage, son augmentation et son perfectionnement en conformité avec les besoins nouveaux. L’exemple de la prospérité d’Alexandrie demande à être suivi; nous y trouvons des leçons dont il faut tirer prolit. Les nations qui ne veillent pas avec un soin méticuleux à la transformation de leurs ports maritimes et négligent de leur donner des outils nouveaux, commettent une faute grave et s’exposent, pour un avenir très prochain, à de sérieux déboires.
- Le point de départ de la prospérité nouvelle d’Alexandrie fut marqué par la construction du canal Mahmoudieh, que Mehemet-Ali lit creuser en 1822, pour amener vers le port méditerranéen les barques du Nil. L’exécution de ce projet a donné d’excellents résultats; mais c’est surtout la série de
- r:
- F*
- eut des sorts très divers, et qu’après avoir été un foyer de civilisation et d’art très lumineux, de décadence en décadence, de chute en chute, la prospère et brillante ville de jadis devint une malheureuse et triste agglomération de quelques milliers d’habitants. C’est dans cet état de pauvreté que, lors de la campagne d’Égypte, Bonaparte, en juillet 1798, trouva Alexandrie, lorsqu’il s’en empara.
- La situation a changé depuis du tout au tout, comme on le verra plus loin ; la ville ainsi que le port se sont développés, dans la dernière période du xixe siècle, avec une rapidité prodigieuse, grâce aux travaux intelligemment ordonnés que nous allons décrire. Les ouvrages, faits successivement, ont donné un essor considérable âu port, dont le commerce et le transit ont suivi, de 1879 à 1907, une marche toujours ascendante. Cet exemple nous prouve, une fois de plus, le rôle important que jouent, dans la situation commerciale d’un port, l’amélioration de 30e année. — 2° semestre.
- travaux, faits depuis 1895, qui a été le facteur principal de la fortune commerciale et de l’état florissant du port égyptien.
- M. Malaval, un Français, Ingénieur en chef des Ports et Phares d’Égypte, qui, depuis de nombreuses années, travaille à l’amélioration du port d’Alexandrie, nous a fourni des renseignements très précis sur la transformation des quais et bassins, et sur la construction des nouveaux ouvrages ; il nous a résumé, avec la modestie habituelle aux travailleurs sérieux, l’œuvre importante qui a été accomplie par lui sous la direction de l’Amiral Sir MassieBlomfield, d’abord, et du Capitaine Robinson ensuite. Les difficultés vaincues par M. Malaval font honneur à la science du corps des Ponts et Chaussées de France, dont cet ingénieur faisait partie, avant d’aller en Égypte.
- Les améliorations, accomplies depuis 1895, ont eu pour objet d’agrandir les quais à charbon et d’en augmenter le nombre ; de construire, sur la côte, à
- 26. — 401
- p.401 - vue 405/647
-
-
-
- LE NOUVEAU PORT D’ALEXANDRIE
- 402 =
- proximité du village de Gabbary, des ({liais à petite profondeur, où les « mahonnes » chargées de pétrole viennent accoster facilement; de bâtir des magasins pour recevoir le pétrole. 11 a été construit également des quais et aménagé des emplacements importants pour décharger et mettre en dépôt les bois de construction et autres, qui, avec la houille et les huiles minérales, sont les marchandises favorites du trafic de ce port.
- Ces travaux considérables ont coulé des sommes importantes ; mais ils ont produit les meilleurs résultats. Les statistiques douanières en donnent la preuve. Le tonnage total des navires, à l’entrée et à la sortie, est passé de 2 600 000 à 6 700 000 tonneaux. L’augmentation du trafic du port a suivi un accroissement normal et constant de 10 pour 100, pendant les quatre dernières années. Les marchandises importées, en 1907, représentaient 5 millions
- riences, employer, pour asseoir les divers ouvrages, des procédés donnant toute sécurité, d’autant que les sondages indiquaient, à la suite de la couche vaseuse, une couche d’argile, compacte et dure, de 4 m. d’épaisseur, avec le rocher calcaire tendre de la région à 27 m. au-dessous du niveau de la mer. 11 utilisa, en perfectionnant graduellement les modes d’application, un système, très simple, consistant à charger la masse vaseuse par une énorme épaisseur de sable et de pierres, de manière à la faire glisser d’elle-même. On a remblayé l’emplacement avant d’y exécuter les travaux; mais, au bout de quelque temps, des quantités considérables de sable et de pierres ayant été jetées, la vase, sous l’action du poids, a du abandonner la place, et il a été alors possible de draguer tous les remblais et d’établir des maçonneries sur des fondations solides. Les divers travaux, exécutés jusqu’à présent, ont
- M êtres
- Port Abri oourMahonnes
- NORD
- LE MEX
- ÇUAIS DEGABARRÏV
- Fig-, 2. — l’Jiui général du nouveau porl d’Alexandrie.
- de tonnes; elles avaient une valeur de 604 millions de francs; quant aux objets exportés, ils ligurent dans les statistiques douanières pour 1 100 000 tonnes et 504 millions de francs.En vingt ans, les importations ont triplé et les exportations ont plus que doublé.
- Cette situation llorissante est due — cela est incontestable — à l’importance des travaux exécutés pour l’augmentation des quais et accostages, et à la construction des brise-lames et ouvrages de protection qui ont rendu plus facile l’accès du port et donné une sécurité plus grande aux bassins. Ces travaux ont été exécutés dans des conditions souvent difficiles ; car il a fallu asseoir toutes les maçonneries et les blocs volumineux de pierres sur le fond du port, qui est généralement formé de vase sur une épaisseur de 12 à 15 m. Cette vase est apportée par le canal Mahmoudieh, et les vents régnants du nord-ouest empêchent les eaux boueuses de se diriger vers le large.
- M. Malaval a dû, après toute une série d’expé-
- eoùté une quarantaine de millions de francs. Cette somme a permis de payer 900 000 m3 de terrassements ; 520 000 m3 de dragages ; 6000 blocs de jiierre naturelle pesant chacun de 800 à 1500 kg; 50000 blocs en pierre artificielle, sorte d’aggloméré ou de béton de cailloux, sable et ciment. À ces quantités, il convient d’ajouter plus de 6000 m5 de maçonneries extérieures diverses pour quais, jetées ou brise-lames, et environ 44000 m2de dallages en ciment.
- 11 reste encore quelques ouvrages à Unir pour compléter le programme général; en 1909, lorsqu’ils seront achevés, le port d’Alexandrie aura une surface d’eau abritée de 754 hectares avec 5800 m. de quai à grande profondeur, et 4962 m. de quais à petite profondeur. Les premiers sont destinés aux paquebots et cargo-boats à vapeur, ainsi qu’aux grands voiliers, qui font communiquer Alexandrie avec l’Europe et les diverses nations du monde ; contre les seconds viennent s’accoter les chalands
- p.402 - vue 406/647
-
-
-
- LES MÉTAMORPHOSES D’UNE COMÈTE
- 403
- et les « mahonncs », ces gracieuses barques du Nil, qui, par le canal Mahmoudieh, relient le port avec l’Egypte commerçante. Chaque navire agissant dans la mesure de ses forces, et la somme des petites barques s’ajoutant à celle des grandes unités, toute cette navigation collabore d’ensemble à la prospérité du port, où elle trouve des bassins hospitaliers et un outillage toujours prêt.
- Tous ces facteurs réunis font que, par exemple, l’importation des houilles, qui n’était que de 511000 tonnes en 1884, atteint actuellement plus d’un million de tonnes. Le commerce des pétroles, des huiles, des ciments, de la chaux et du plâtre sont devenus particulièrement ilorissants ; quant à celui des bois de construction, qui était de 7 millions en 1884, il arrivait, en 1907, à près de 54 millions.
- Les magasins, docks et entrepôts couvriront, dans quelques mois, une surface totale de 160 000 m2 ; ils seront entourés de dépôts et d’emplacements di-
- vers, représentant une superlicie totale de 500 000 m2. Des voies ferrées circulent dans tous les sens ; des trains nombreux apportent aux navires et remportent vers le Caire et les autres villes d’Egypte les divers produits ([uc ne peuvent transporter les barques arabes et les chalands de la navigation fluviale.
- 11 a fallu cinquante années pour l'aire d’Alexandrie une immense cité et un port important. La ville couvre aujourd’hui une superlicie de 100 km2; elle compte environ 240000 habitants, avec 45000 étrangers, parmi lesquels on compte 6000 Français. Comme les temps sont changés! Où retrouver la petite ville conquise par Bonaparte ! Comme nous sommes encore plus loin de l'antique Alexandrie avec ses mœurs frivoles! Les jetées et les quais sont aujourd’hui envahis par les marchandises du commerce et les produits de l’industrie. Les sirènes des vapeurs ont remplacé les chants que les jolies musiciennes de jadis jouaient sur des llùtcs à double roseau. Will Dakmli.k.
- LES MÉTAMORPHOSES D’UNE COMÈTE
- La comète Morehouse (1908 C)
- La troisième comète de 1908 peut être classée parmi les plus extraordinaires que l’on ait vues jusqu’ici. Non pas que son éclat ait été de ceux qui impressionnent les foules et font date dans l’histoire — c’est à peine si, dans le public, on a su son existence — mais par l’intérêt scientifique qu’elle a présenté et par les transformations étranges et rapides dont elle a été le siège.
- Nous avons déjà, ici même (Informations, nos 1845 et 1850) rendu compte de la découverte de cette comète, des éléments de son orbite et du moyen de la trouver au ciel. Nous n’y reviendrons donc pas, désirant surtout insister sur les particularités visuelles, photographiques et spectroscopiques qu’elle a révélées.
- Les premières observations faites à l’observatoire Yerkes, en Amérique, le 2 septembre (lendemain de la découverte) par M. Frost; à Nice par M. Giaco-bini; à Marseille, par M. Borrelly; à Besançon, par M. Chofardet, puis dans la plupart des observatoires d’Europe et d’Amérique, décrivent cette comète comme Une nébulosité de 15" à 20" de diamètre, avec noyau mal défini et une queue incertaine, l’éclat total étant trouvé entre la 9° et la 11e grandeur.
- Une première orbite fut calculée, indépendamment, en Allemagne par M. H. lvobold, et en Amérique par Crawford, avec trois observations distantes de un jour. Elle laissa espérer que la comète, en s’approchant du Soleil et de la Terre, pourrait devenir très belle. Mais les observations ultérieures, qui ont permis un calcul beaucoup plus exact de l’orbite, et, d’autre part, les modifications internes de la comète, n’ont pas justifié cet espoir.
- En fait, la comète, le 5 septembre, était notée de
- 9e grandeur ; le 15, elle apparaissait de 8e à M. Borrelly, à Marseille, qui remarquait une queue de plus de 1° de longueur; le 20 septembre, M. Thiele, à Copenhague, la voyait à l’œil nu et la queue s’étendait sur un degré et demi. Vers le 50 septembre, elle avait un peu diminué (7e grandeur) et le 1er octobre elle parut considérablement affaiblie.
- M. Bigourdan, astronome à l’observatoire de Paris, lit connaître à l’Académie des Sciences (séance du 5 octobre) cette modification soudaine de l’aspect de la comète. « Le 50 septembre, dit-il, elle était accompagnée d’une queue bien visible, opposée au Soleil, d’au moins 15' de long...; l’éclat de cette queue ne diminuait pas régulièrement à partir de la tète : on voyait par places des régions plus brillantes, des accumulations de matières diffuses.... Mais le lendemain, 1er octobre, à 10 h. 24 m., cette queue avait disparu. La tête de la comète parut moins brillante aussi... ».
- Cet aspect du 1er octobre s’explique par la figure 2. La queue, au contraire, est plus développée que les jours précédents, mais elle est plus étalée, moins brillante, et à l’œil nu a pu être suffisamment affaiblie pour faire croire à une disparition; Il faut tenir compte, en outre, de l’éclat de l’atmosphère, à Paris, qui masque les faibles objets. ;
- Le 5 octobre, M. Borrelly, à Marseille, note la comète comme superbe, avec plusieurs queues en éventail à l’opposé du Soleil.
- M. Félix de Roy, à Anvers, à l’aide d’un télescope de 8 pouces, dit que des changements très apparents ont été constatés dans l’aspect de l’astre. Le 14 octobre, la queue présentait du côté sud un jet accessoire courbe qui s’était porté au Nord en diminuant d’éclat le 15. Ce jour-là, la queue laissait voir à
- p.403 - vue 407/647
-
-
-
- 404 .—- LES MÉTAMORPHOSES D'UNE COMÈTE
- mi-longueur une condensation très apparente (se reporter à la figure 5). M. Félix de Roy donne dans la Gazette Astronomique d'Anvers un dessin pris le 15 octobre. Il montre une queue rectiligne avec jets courbes d’un côté de la queue.
- Si l’on peut encore comparer la forme générale de ce dessin avec la photographie, les intensités sont inversées dans FesquissedeM.de Roy, la queue rectiligne étant la plus intense. La photographie surpasse de bien loin le plus parfait dessin.
- Ainsi donc,
- l’observation di-
- , v. par M.
- rccte nous revele
- dans cet astre une
- petite comète, passant de la Ilu à la 6° grandeur,
- devenant juste visible à l’œil nu (très facilement dans
- une jumelle) et éprouvant des changements assez
- considérables. La queue atteint un degré ou deux.
- Quelle différence avec le résultat photographique ! L’œil est impuissant à saisir des formes aussi pâles, il a F excuse de n’être pas sensible aux radiations de faible longueur d’onde qui agissent avec tant d’efficacité sur le bromure d’argent et qui abondent dans cette comète. Enfin la plaque sensible totalise Faction des radiations, l’œil n’en éprouve qu’une impression, sensiblement constante.
- Nous ne • savons pas voir les comètes, et la, photographie, seule, peut nous donner une idée de ces corps.
- La vision oculaire permettait de reconnaître une queue de l°à 2° de longueur!
- Les photographies en ont montré une de 17°, soit 5-4 fois le diamètre apparent de la Lune! Cel immense panache atteignait au minimum entre 4-0 et 50 millions de kilomètres de longueur !
- Nous reproduisons ici, grâce à l’obligeance de
- M. Camille Flammarion, directeur de l’observatoire de Juvisy, quelques-unes des photographies de la comète prises par M. F. Quénisset, à cet observatoire. L’équatorial de 0,24 m. a reçu, pour la circonstance, un certain nombre d’appareils spéciaux. En outre de l’objectif Vien-net de 0,16 m., d’une grande perfection optique, installé à demeure, on a monté diverses chambres photographiques : objectif Yoigllànder de 15 cm de diamètre et 565 mm de distance focale (avec lequel les figures 1 à 4 ont été obtenues); [objectif de Stein-heil; une chambre avec prisme objectif avec laquelle M. le comte de la Baume Pluvinel, assisté de M. Bal-det, a obtenu de très beaux spectres, etc.
- La lunette principale (0,24 m.) suit le noyau de la comète, que l’on maintient à la croisée des fils du micromètre. Tous les instruments fixés après cette lunette ont le même mouvement qu’elle, et la comète se trouve ainsi immobilisée par rapport aux plaques sensibles des divers appareils photographiques. Comme la comète a un mouvement propre,
- les étoiles laissent sur les clichés des traînées égales et parallèles au déplacement de la co-d’autant plus longues que l’opposition a été plus prolongée et le mouvement de l’astre chevelu rapide.
- La nécessité de maintenir la comète à une croisée de fils oblige regarder constamment dans la lunette. Pour de longues expositions, qui ont atteint, à Juvisy, jusqu’à 6 heures, c’est un travail assez pénible. Grâce à une heureuse entente entre MM. Baldet et Quéiiisset, la besogne a pu être partagée, les observateurs se relayant et, à
- Fig. 1. — l'holographie de la Comète Morehouse obtenue à l'Observatoire de Juvisy, F. Quéiiissel, le 29 septembre 1908, de 9 b. 15 m. à 12 b. 55 m. Exposition : 5 b. 20 m.
- Fig. 2. — I.a Comète, le 1" octobre, de 10 b. 48 m. à 12 b. 55 m. Exposition : 2 b. 7 m. (La brillante étoile devant laquelle la comète passe a donné lieu à un halo photographique.)
- p.404 - vue 408/647
-
-
-
- LES METAMORPHOSES D'UNE COMETE .—: 405
- l’heure présente, la colleclion des clichés de la comète pris par l’observatoire de Jnvisy dépasse le nombre de 120, en 55 ou 40 nuits. En outre, on a obtenu 20 photographies du spectre. C’est là un magnifique
- Fig. 3. — La Comète, le 15 octobre, de 8 h. £0 ni. à 9 h. 51 ni. Exposition : 1 h. 11 in.
- résultat. La prise des clichés n’étant pas encore actuellement terminée, puisque la comète est toujours visible, il ne faut pas songer, pour le moment, à entamer la discussion des matériaux recueillis. 11 est certain que M. Flammarion la mènera aussi loin que possible, lorsque la visiteuse céleste aura laissé, sur son compte, les témoignages les plus nombreux et les plus variés.
- Pour le moment, les photographies prises montrent que des changements nombreux et rapides se sont produits au sein de cette comète. Le fait n’est pas nouveau, et la comète Brooks, notamment le 17 octobre 1893, avait déjà montré des changements de forme caractéristiques et avait même abandonné une partie de sa propre matière.
- Ces modifications se produisent en des temps très courts : M. Quénisset a pu obtenir des clichés à une heure ou même à une demi-heure d’intervalle qui révèlent d’importantes différences. Certaines déformations se produisent à l’arrière du mouvement comme si la comète se mouvait dans un milieu résistant non homogène.
- Par son faible éclat, la comète exige des poses longues, mais c’est une personne désagréable qui bouge et se déforme lorsque l’objectif est ouvert, il y a donc des parties assez nettes, d’autres floues dans son
- portrait. La figure 4 est instructive à ce point de vue, les condensations du milieu et de la fin de la queue donnant bien l’impression d’avoir été soufflées loin du Soleil, pendant l’exposition, par la force répulsive de la lumière solaire.
- Ces diverses considérations donnent un regain d’actualité à l’idée émise, il y a un an, par M. Peslandres, directeur de l’observatoire de Meudon, qui proposait, au moyen d’une entente internationale, d’obtenir l’enregistrement continu des formes et des spectres cométaires. Ce programme serait facilement réalisable et sans frais très considérables, — vu la rareté des comètes — par la collaboration de plusieurs observatoires répartis sur les deux hémisphères et munis d’instruments identiques.
- Avec une telle organisation, la comète actuelle aurait pu, en quelque sorte, être suivie, heure par heure, depuis le jour de sa découverte jusqu’au moment où elle disparaîtra dans les profondeurs de la nuit sidérale. Emettons le vœu que cette coopération fonctionne au jour, bien prochain sans doute, où la comète de Halley sera annoncée. Le xx'1 siècle doit bien cela à cette messagère historique.
- En attendant, M. Deslandres donne l’exemple et a confié à M. Louis Rabourdin le télescope de i m.
- Fig. 4. — La Comète, le 16 octobre, de 6 h. 40 m. à 8 h. 50 m. Exposition : 2 h. 0 ni. (L’exposition a été interrompue pendant 10 minutes, ce qui explique l'intervalle sombre an milieu du trait figurant les étoiles.)
- de l’observatoire de Meudon; ce télescope a déjà fourni d’excellentes photographies de nébuleuses et d’amas d’étoiles. L’instrument va être complété en vue de ces nouveaux travaux par l’adjonction
- p.405 - vue 409/647
-
-
-
- 406
- LA DIOPTRIE
- d’accessoires indispensables (lunette pointeur, etc.).
- Les photographies spectrales, prises à Juvisy par MM. le comte de la Baume Pluvinel et F. Baldet, sont du plus haut intérêt. Les épreuves ont été obtenues à l’aide d’une chambre munie d’un objectif de 0,08 m. et de 0,50 m. de foyer et d’un prisme de 20° 18'. Ce même appareil avait servi pour photographier le spectre de la comète 1902 b et de la comète Daniel (1907 d) : ces divers speclres sont donc comparables. Les plaques employées pour les comètes Daniel et Morehouse sont des Wratten.et Wainwright au pinacyanol. Il existe des dillêrences Irès profondes entre les spectres de ces deux comètes. La comète Daniel avait un spectre continu intense, s’étendant du rouge à l’ultra-violet, avec trois condensations principales très marquées, dont deux correspondaient à des bandes du spectre des hydrocarbures et une à la 5° bande du cyanogène. Dans la comète Morehouse, aucune trace du spectre continu, mais sept images monochromatiques bien distinctes de la comète, dans les régions bleue,
- violette et ultra-violette du spectre. Donc, cette comète doit avoir une teinte générale bleue. Elle ne semble pas réfléchir de lumière solaire.
- Absence, en outre, des raies des hydrocarbures — donc exception à la règle générale — et, par contre, le spectre complet du cyanogène, ce qui est assez anormal, car, en général, la bande X 388 est seule représentée. Enfin, dans celte comète, et les comètes 1902 b et Daniel, on trouve une radiation X 597 dont la nature est inconnue.
- Sur tous les spectres pris après le 14 octobre, à Meudon, MM. Deslandres et Bernard ont trouvé un spectre continu s’étendant jusqu’à une grande distance dans la queue.
- Dans une lettre récente, le professeur Barnard disait que la comète Morehouse était l’une des plus intéressantes qu’il ait observées. Souhaitons que les matériaux réunis sur cet astre, dans les divers observatoires, apportent enfin un peu de lumière sur la question encore si mystérieuse des comètes.
- Em. Touciikt.
- LA DIOPTRIE
- La convergence ou la divergence d’une lentille peut être évaluée suivant deux modes inverses; l’an consiste à indiquer la valeur de la distance focale de la lentille convergente, ou celle de la lentille complémentaire dans le cas d’un système divergent; l’autre prend pour base d’appréciation la puissance de la lentille, c’est-à-dire le taux de sa convergence ou de sa divergence, ou encore l’inverse de sa distance focale.
- Chacun des deux systèmes présente des avantages et des inconvénients. Le premier permet, pour les lentilles convergentes, une détermination immédiate de la caractéristique numérique, par la mesure de la distance à laquelle se forme l’image d’un point éloigné. L’autre est plus satisfaisant pour l’esprit, car il fait croître la valeur de la caractéristique en môme temps que la lentille est plus puissante, contrairement à ce qui se produit dans le premier système. Mais il y a plus : si l’on superpose, sur le même faisceau, deux lentilles minces très rapprochées, leurs puissances s’ajoutent, et la caractéristique de l’ensemble sera numériquement égale à la somme des caractéristiques des deux lentilles prises isolément. Si, au contraire, on part des distances focales, la détermination de la position du foyer du système composé nécessitera un petit calcul, consistant à revenir aux puissances, à les additionner, puis à en déduire, par le retournement, la distance focale. Des exemples numériques feront mieux comprendre tout à l’heure combien, au contraire dans le système des puissances, les calculs prennent une forme simple.
- La définition des propriétés d’une lentille par la valeur numérique de sa distance focale est la première en date. Elle a pris naissance à l’époque *où, grâce à la prépondérance de la science française, la toise de France et ses subdivisions étaient les unités ordinaires des mesures scientifiques ; et, comme le pouce du pied de Roy constituait une unité commode, il fut adopté dans bien des pays, pour la mesure des distances focales. C’est ainsi que l’on établit une échelle de numéros, qui a survécu à la réforme métrique, et que beaucoup de gens emploient
- encore sans savoir en aucune façon ce qu’elle signifie.
- On s’étonne bien un peu de voir une personne affligée d’une extrême myopie se servir de verres n" 2, alors qu’un défaut très modéré de l’œil conduit à employer des lunettes n° 50. D'instinct, on sent qu’il en devrait être autrement, mais on accepte l’antique usage.
- Plus récemment, on a voulu appliquer, au numérotage des verres, le principe plus rationnel de l’expression do leur puissance; et, comme la nouvelle échelle a été créée depuis la réforme métrique, c’est au mètre qu’elle a été rapportée. Une lentille dont la distance focale est de 1 m. est dite posséder une puissance de une dioptrie, par laquelle le sens de ce terme se trouve fixé.
- Une lentille dont la distance focale est de 25 cm possédera une puissance de k dioptries, et l’on voit immédiatement que, si l’on accole deux lentilles dont les puissances sont respectivement de 5 et de 5 dioptries, on constituera un système dont la puissance est de 8 dioptries, c’est-à-dire sa distance focale de 0,125 m.
- Les puissances s’ajoutent non seulement positivement, mais d’une façon tout à fait générale avec leurs signes, c’est-à-dire algébriquement. Si nous superposons deux lentilles qui forment ensemble un dioptre de puissance nulle, leurs puissances respectives devront être égales et de signes contraires. On convient d’attribuer le signe plus aux lentilles convergentes ; les lentilles divergentes complémentaires auront les mêmes puissances numériques, mais elles seront négatives. Grâce à cet ensemble de conventions, la détermination des verres correcteurs devient tellement simple, que chacun pourra en fixer le numéro sans aucune initiation préalable.
- Supposons, par exemple, un myope dont la vue distincte n’atteigne pas au delà de 50 cm. Son œil sera assimilable à un œil normal auquel, dans l’état de complète détente de l’accommodation, on aurait superposé une lentille de 50 cm de distance focale, c’est-à-dire de 2 dioptries positives. La correction sera donc obtenue avec 2 dioptries négatives.
- Un presbyte ou un hypermétrope qui ne peut regarder
- p.406 - vue 410/647
-
-
-
- CHRONIQUE
- ... 407
- sans effort un objet situé à moins do I ni., devra être corrigé au minimum de 5 dioptries positives1 pour voir sans fatigue à 25 cm, c'est-à-dire pour lire, sans gène aucune, un texte de corps moyen.
- Un système aussi simple et aussi rationnel que celui de la dioptrie, fondé, de plus, sur les seules mesures en usage dans la grande majorité du monde civilisé, ne pouvait pas manquer de se répandre rapidement. Les oculistes l’ont, en effet, adopté pour la plupart, et même dans les lycées, les problèmes de l’optique élémentaire sont aujourd’hui posés en parlant de la dioptrie. On a ainsi substitué, aux énoncés compliqués ou vagues d’autrefois, des indications brèves et immédiatement saisies, exactement, comme, dans les problèmes d’électricité, on a pu, par l’emploi des unités nouvelles, fixer dans l’esprit de chacun, par la puissance des mots d’un sens précis, une foule de notions exactes au travers desquelles les lions élèves se débrouillent aujourd’hui plus aisément que les savants il y a moins d’un demi-siècle.
- Pour juger sainement de l’état auquel en est arrivée la réforme du numérotage des verres d’optique, il faut connaître la proportion des verres demandés, parles c o n so mm a teurs, dans l’un ou l’autre des deux systèmes. Afin d’obtenir une indication précise à ce sujet, je me suis adressé à la puissante Société des lunetiers, dont les directeurs ont bien voulu me communiquer les indications suivantes : la production totale annuelle, par cette société, des verres numérotés en dioptries est de 7 millions de paires; 2 millions de paires sont encore numérotées d’après l’ancien système. La- répartition par pays est la Suivante : l’Angleterre, les États-Unis, la Hollande et les Etats de l’Amérique du Sud demandent exclusivement, des dioptries, la Suisse en grande majorité; l’Allemagne, la France et la Russie achètent en quantités comparables des verres numérotés en pouces et en diop-
- tries; enfin, le gros contingent du numérotage en pouces est consommé, en Espagne, en Italie et en Portugal. Mais, à la Société des lunetiers, comme dans toutes les grosses associations de producteurs, on est intimement persuadé des grands avantages du numérotage en dioptries, et on ne fournit des verres établis en numéros anciens que lorsqu’ils sont expressément demandés. Encore a-t-on toujours soin de coller, à côté de l’étiquette en pouces, une étiquette en dioptries.
- L’action combinée des écoles et des fabricants viendra certainement un jour à bout de la routine, et fera disparaître ainsi les derniers vestiges d’un numérotage compliqué, anliralionnel, et fondé sur des mesures surannées et partout illégales. Le diagramme donné ci-dessous 1 permettra aux personnes restées attachées, par uni1 vieille habitude, aux numéros anciens, de rechercher la
- correspondance en dioptries, et les engagera peut-être à accepter franchement ces dernières.
- 11 serait très désirable aussi de voir introduire le système nouveau dans une école de médecine de l’Etat où, comme j’ai pu le constater récemment, l’enseignement de l’oculistique ignore complètement la dioptrie, et dont les ('lèves emportent, dans leur pratique médicale, l’échelle laborieusement acquise des numéros. Un tout petit effort d’un professeur trop fidèle voitos (t'n])ii(|ue :l vieilles habitudes épargnerait, à des jeunes gens pleins de bonne volonté, une anomalie qui leur coûte du travail, surcharge inutilement leur mémoire, et les mettra bientôt en désaccord avec tous leurs confrères, ainsi qu’avec la désignation des produits commerciaux dont ils auront à prescrire l’emploi. Il suffira sans doute d’avoir mentionné cette survivance d’autrefois pour la voir disparaître prochainement, .le souhaite très sincèrement que cet article ait un aussi heureux effet.
- Ou.-En. Goitxaume.
- 0 1 2 3 4 5 6 7
- Dioptries
- Diagramme do conversion de l'ancien numérotage de au syslèrnc des dioptries.
- CHRONIQUE
- Un disque en papier pour couper le bois. —
- La Nature a signalé plusieurs fois à l’attention de ses lecteurs le curieux phénomène de la scie sans dents; elle a indiqué que, lorsque la vitesse du disque est suffisante, du fer peut pénétrer aisément dans l’acier fort dur, du cuivre même peut entamer de l’acier. Le -Scientific American signale un autre phénomène du même ordre : on découpe dans une feuille d’un numéro quelconque de notre confrère un disque de 0,30 m., on le colle sur une bobine de bois qui permettra de la fixer sur l’axe
- 1 En effet, pour mettre à 25 cm la vision distincte d’un œil accommodé à l’infini, il faut lui superposer un verre de 4 dioptries ; l’accommodation à 1 m. équivaut à 1 dioptrie, qui doit être retranchée.
- d’un petit moteur électrique, un moteur de ventilateur par exemple : lorsque le courant passe, le moteur entraîne, avec une vitesse de 2000 tours par minute, le disque de papier, et celui-ci, grâce à la force centrifuge, garde sa forme plane. Si l’on approche un crayon, il est entamé. Mais un léger flottement de la feuille empêche la coupure d’être très nette. 11 faut coller le disque de papier sur un disque de carton de diamètre moindre qui suffit, alors, à assurer la rigidité de l’ensemble. Dans ces conditions, la coupure est parfaite. Quant au bord de la feuille, il ne montre aucune trace d’usure ni de fatigue.
- 1 L’équivalence est : 1 pouce = 0,02707 ; 1 dioptrie = n° 36,94.
- p.407 - vue 411/647
-
-
-
- 408
- LA CLUE DE DALUIS (ALPES-MARITIMES)
- Pour continuer nos révélations sur les merveilles inconnues de l’arrière-pays de la Provence1, nous figurerons cette fois le fond de la due du Yar à Paluis.
- tielles par ce procédé me donne en Provence et en pays fiasque des résultats aussi heureux qu’inattendus. : il est vrai qu’il présente en général des difficultés et obstacles souvent presque insurmontables, et qu’il est encore fort peu d’alpinistes ou técéfistes qui s’adonnent allègrement à l’exploration des cours d’eau, par le moyen . des immersions pouvant se prolonger des journées entières. Ce n’est cependant point si malsain qu’on pourrait le croire, à la double condition de ne pas demeurer trop longtemps immobile et mouillé au cours de la promenade, et de se sécher et changer prestement dès que l’on arrive au gîte ou à l’étape.
- Or, la due de Daluis précisément est à la ibis une des plus belles et des plus faciles que l’on puisse ainsi visiter au fil de l’eau ; mais seulement
- 1. —Cascade du milieu, vue de la roule
- Depuis longtemps le guide Joanno a décrit et conseillé, avec raison, l’admirable parcours qui consisle à visiter en deux jours les gorges du Cians (l’inférieure dans le calcaire crétacé, la supérieure dans les schistes rouges permiens), Beuil,
- Péone, Guillaumes, la Clue de I)a-luis, Pont deGueydan et Entrevaux.
- Depuis longtemps aussi il existe, entre Guillaumes et Daluis, une excellente route, que l’on suit trop rarement, longeant la rive droite de l’indescriptible entaille, que le Yar moyen s’est pratiquée dans les schistes rouges permiens et que l’on nomme clue de Daluis.
- Mais ce qui n’a tenté encore que peu ou même point de curieux, c’est la visite de cette due par le bas, dans le lit resserré du fleuve.
- Yoici quatre ans que l’étude des rivières torren-
- 1 Voy. n° 1020 : Gorges du Cians et du Yerdon; n° 1712 : Grand canon du Yerdon; n° 1836 : Les Puils-aux-Étoiles.
- Fig. 2. — Vue de la route.
- guère plus d’un mois par an (août-septembre), à l’époque du débit minimum, quand la fonte des neiges est à peu près achevée dans la haute montagne, et avant que les pluies d equinoxe aient de nouveau gonflé le torrent. 11 faut aussi que le temps soit sûr, sans
- p.408 - vue 412/647
-
-
-
- — LA CLUE DE DALUIS...........:........— 409
- orage en perspective, car, à la moindre pluie, le Var I nuage à tonnerre les conduirait à la noyade ; pour-monte de plusieurs mètres dans le fond de la cassure I quoi aussi, il ne saura jamais être question d’un
- Fig'. 5. — Au fond de la Clue de Daluis.
- qui, en un certain point, ne mesure pas 0 mètres de largeur. C’est pourquoi les habitants de Daluis osent à peine y aller pêcher, sachant que le plus petit
- sentier dans ces profondeurs ; il abîmerait tout et serait à refaire après chaque pluie! Mais tout excursionniste valide, qui ne sera point atteint d’hy-
- p.409 - vue 413/647
-
-
-
- 410
- LA CLUE DE DALU1S
- drophobie peut, par* beau temps et sans risque aucun, se faire ici une idée de ce que sont ces étranges randonnées dans le lit même des cours d’eau. Nulle part à Daluis, au fond de la Via Mala rouge, le Yar n’atteint, aux basses eaux, un mètre de profondeur. En choisissant bien les gués (il faut franchir le ileuve 40 fois) on n’arrive même à ne se mouiller que jusqu’à mi-cuisse, réel plaisir dans la courte période torride où la chose est faisable.
- Les 15 et 14 septembre 1900, mon ami M. A. Janet et moi, nous avons été absolument surpris de l’aisance exemplaire de la course; nous l’avons exécutée de Daluis même (distant de 5 km de l’issue de la gorge), suivant d’abord le large lit du Yar, caillouteux et brûlé par le soleil jusqu’à la porte de sortie du défilé, puis remontant celui-ci pendant 5 km jusqu’en vue du pont des Roberts et le redescendant, pour voir deux fois, et en ses deux sens, l'indescriptible spectacle et regagner notre point de départ. Entre des murailles pourpres de 200 m. de hauteur (et non pas 500 à 400 m. comme on le dit couramment), la rue d'eau se rétrécit et s’élargit alternativement de fi à 100 m. de largeur ; en plein midi on y est à la délicieuse fraîcheur d’une ombre presque continue, aussi la végétation n’est-elle point proscrite dans ces gouffres sans effroi ; vers le milieu, la plus ample dilatation de la gorge se creuse, sur la rive gauche, d’une sorte de ravine par où s’abat une bondissante cascade ; une autre est plus loin vers l’entrée d’amont.
- L’intensité de la couleur est aveuglante comme aux porphyres de l’Estérel ou à la cime volcanique du grand
- Kazbeck, au Caucase ; près de la sortie une paroi est, au contraire,, toute bleue. Si l’on n’a pas encore décrit ce fond de due parce qu’on ne le fréquente pas, il faut ajouter aussi qu’on ne saurait pas davantage l’expliquer après l’avoir admiré. C’est trop insolite et trop peu semblable à quoi que ce soit. La vue d’en haut, de la route hardie qui suit la rive droite (de 80 à 150 m. au-dessus) n’en peut donner idée, si magnifique qu’elle soit déjà, et d’ailleurs plusieurs tunnels l’interrompent trop ; mes clichés ci-contre, faisant voir la gorge sous les deux aspects, en sont la preuve et démontrent comment il faut s’arranger de façon à les voir l’un après l’autre. Pour cela on quittera la
- voilure (en venant de Guillaumes) un peu après la sortie pour descendre (dès que les escarpements le permettent) dans la plaine alluviale du Yar et gagner le bas même du défilé. J’ajoute qu’il suffit alors d’en parcourir 5 km sur 5, jusqu’à l’amont de la plus étroite partie, ce qui requiert 5 heures aller et retour.
- L’examen de la due de Daluis m’a conduit aux utiles observations suivantes, sur les irrégularités des courbes d’équilibre des cours d’eau.
- En matière d’érosion par l’eau courante, nul ne conteste plus que l’intensité de l’alfouillement dépende à la fois et solidairement de la vitesse d’écoulement et de la nature des roches attaquées; on reconnaît que l’inégalité de résistance des divers terrains d’un thalweg peut faire obstacle à l’établissement régulier d’un profil continu ; et il est même admis que les schistes tendres, par exemple, sont affouillés plus rapidement que les couches stratifiées des calcaires ordinaires.
- Or l’étude des rivières torrentielles, effectuée, non pas par à peu près, depuis les rives ou berges, mais avec précision dans leur lit même, au milieu de l’eau et des manifestations variées qui entravent son travail, permet de bien confi rmer la première de s trois propositions ci-dessus, de généraliser considérablement la seconde et de tenir la troisième pour tout à fait inexacte.
- Dans le grand canon du Yerdon (calcaires du Jurassique supérieur) la pente est de 7,55 m. pour 1000 m. sur 21 km (de 605 m. à 450 m.), et le profil du lit très irrégulier (depuis les rapides en forme de Fi», i. - in éiroii. cascatelles jusqu’aux bassins
- profonds de plusieurs mètres). De même, le Yar moyen, en zones calcaires et crétacées, est à la pente de 8 m. pour 1000 m. du confluent de la Yaire (pont de Gueydan, ait. 550 m.) à celui de la Yésubie (ait. 140 m., distance 48 km), et son profil en long est très tourmenté.
- À Daluis au contraire, dans les épais schistes rouges permiens argileux, tendres et très fissiles (étudiés par M. Léon Bertrand), j’ai trouvé, pour 5 km de longueur (entre 650 m. et 750 m. d’altitude), une pente de 20 m. pour 1000 m., et un profil en long remarquablement uniforme : nulle part, l’eau n’a plus de 1 m. de profondeur; les marmites de géants, rapides, perforations, ébou-
- p.410 - vue 414/647
-
-
-
- LA CLUE DE DALU1S
- 411
- lis, etc., y font presque absolument défaut; le contraste avec les accidents habituels au calcaire est tout à lait saisissant : malgré leur moindre dureté, la plus grande homogénéité des schistes a abouti, de façon presque paradoxale, à une pente plus raide, c’est-à-dire à un creusement moindre que dans les calcaires immédiatement voisins.
- Memes remarques pour les deux gorges du Cians, du reste beaucoup plus torrentielles encore ; l’inférieure, dans les calcaires jurassiques et crétacés, s’abaisse de 900 m. (b50 m. à 550 m. d’altitude) pour 8 km, soit 95 pour 1000; la supérieure, dans les mêmes schistes rouges permiens (pie Daluis, descend de 600 m. (1150 m. à 550 m. d’altitude) sur 8 km aussi, soit 75 pour 1000.
- Ainsi, le profil en long des dues du Var et du Cians est de deux et demie à trois fois plus accentué dans les schistes que dans les calcaires, contrairement à ce que l’on enseigne actuellement.
- On ne saurait, d’aucune manière, et pour considérer un tel résultat comme exceptionnel, invoquer des causes spéciales topographiques ; dans les dues en question toutes choses sont égales par ailleurs : leur situation dans le bassin moyen du cours d’eau, leurs distances de la source et de la mer, l’analogie dtilours débits et dcleurs crues (Vcrdon, G m3 à 1400 m3 par seconde; Var, 5,5 nv à 1500 m3; Cians, 5,5 m3 à 1900 m3), leurs altitudes moyennes aux environs de 500 m., etc. les rendent aussi comparables qu’il est permis de l’exiger.
- La véritable explication est double et très simple : d’abord les calcaires, fissurés en grand, se débitent en volumineuses masses, dont les débris, entrechoqués et fragmentés dans leur transport, accroissent d’autant la force mécanique contondante de l’eau courante; ensuite le calcaire est, bien plus que le schiste, sensible à l’attaque chimique, ou corrosion, de l’eau toujours un peu chargée d’acide carbonique. La rapidité d’évolution d’un lit calcaire est donc beaucoup plus considérable qu’on ne l’a cru jusqu’ici :
- dans notre seconde exploration au fond du grand canon du Yerdon, nous avons, M. Janet et moi (août 1906),constaté des modifications surprenantes,aussi nombreuses que profondes, réalisées par les crues d’une seule année. J’ajouterai que les rapprochements suivants s’imposent ;
- Le I)r J. W. Spencer a prouvé (1900-1905) qu’au Niagara, le recul de la chute canadienne est dû, non pas uniquement à la sape régressive des schistes et grès tendres du pied de la cataracte, mais encore à l’érosion directe des calcaires durs et fissurés du sommet de la chute.
- Le professeur L. deMarchi a accumulé les preuves, dans un travail (1905) sur les cours d’eau des collines Euganéen-ncs (près Padoue), des irrégularités extrêmes des profils en long et en travers des cours d’eau, selon que les terrains traversés sont homogènes ou hétérogènes.
- Enfin, de toutes nouvelles études sur le lit et les crues du Nil démontrent aussi combien la courbe du fond de ce tleuve est encore loin de son aplanissement.
- Tout cela concorde singulièrement pour établir : 1° que les schistes, même tendres, peuvent résister à l’érosion plus longtemps que les calcaires durs et fissurés ; 9° que les cours d’eau y acquièrent un profil en long bien moins accidenté, même s’il est plus rapide ; 5° que les bosses, imposées à la courbe idéale d’équilibre (encours de régularisation) des cours d’eau par la diversité des terrains, sont plus fortes et plus persistantes encore qu’on ne le pense, et constituent une règle plutôt qu’une exception ; 4° et qu’en conséquence l’approfondissement, en amont des bosses surtout, se poursuit toujours très activement, ce qui empêche, accessoirement et absolument, de croire à l’arrêt actuel du creusement des vallées. Il importerait de tenir compte de ces particularités, pour la pratique et la technique des barrages, digues, quais, piles de pont, batardeaux, fondations d’usines hydrauliques, écluses, etc., et autres ouvrages exposés à l’action érosive des cours d’eau. E.-A. Martei,.
- p.411 - vue 415/647
-
-
-
- UN PUISSANT BATEAU-POMPE
- Les autorités du port de Gènes ont fait construire aux chantiers de MM. Merryweathcr and Sons, à Greenwich, et viennent d’en recevoir, un navire capable de naviguer en haute mer et de rendre le double service de renflouer les bâtiments échoués et d’éteindre les incendies.
- Dans ce dernier rôle, le San Giorgio, c’est le nom qui lui a été donné, sera fort utile aux petites villes bâties sur la côte autour de Gènes. La puissance du jet de ses pompes lui permettra, en effet, de combattre utilement les incendies jusqu’à une distance importante du rivage.
- Le San Giorgio porte deux puissantes pompes horizontales qui peuvent être mises en action indiffère m ment pour vider les cales d’un navire envahi par l’eau ou pour refouler l’eau jusqu’à 12, lances à incendie d’où elles s’échappent de la façon que montrent nos gravures.
- Si le foyer à atteindre est situé trop loin ou trop haut pour la portée de ces 12 lances, on peut utiliser deux jets seulement, dont chacun a 75 millimètres de diamètre et s’élève à une hauteur de 66 mètres. Dans les deux cas la quantité d’eau déversée est de 9000 litres par minute.
- Ce bâtiment est jusqu’à présent le seul de son espèce. Il existe bien un peu partout et notamment à New-York, sur l’Hudson, des remorqueurs très bien installés pour combattre les incendies. Le nombre des bâtiments de sauvetage s’accroît éga-
- I lement tous les jours, mais l’idée ingénieuse de I réunir ces deux éléments a été appliquée pour la
- première fois par MM. Merryweathcr.
- Le San Giorgio est construit tout entier en acier galvanisé. Sa longueur est de 25 mètres avec 5m,20de largeur. Il porte deux chaudières destinées à fournir la vapeur nécessaire la propulsion aussi bien que celle nécessaire aux pompes. Ces chaudières, remplies d’eau froide, peuvent être mises sous pression en 20 minutes, et un réchaulfeur à pétrole y maintient la vapeur sous pression suffisante pour que le bâtiment soit pratiquement toujours prêt à appareiller et à fonctionner quelques minutes après que l’ordre en a été donné.
- Chaudières, machines propulsives et engins de sauvetage et d’incendie, tout- a été installé en double sur le San Giorgio, de sorte qu’en cas d’avarie d’une partie quelconque du matériel, le navire sera toujours en état de rendre les services pour lesquels il a été construit.
- Il y a peut-être là un bon exemple à suivre pour un certain nombre de nos ports.
- Au point de vue du sauvetage, il est certain qu’un navire du type du San Giorgio ou de tel autre à étudier, stationné à Brest, ou à l’embouchure de la Loire et de la Gironde par exemple, ou à proximité des parages où se produisent le plus grand nombre des sinistres maritimes que voient nos côtes, rendrait des services inappréciables. Cette
- \
- <3
- Fig. % — Le San Giorgio fonctionnant comme bateau-pompe.
- p.412 - vue 416/647
-
-
-
- ACCUMULATEURS ÉLECTRIQUES MODERNES ———413
- organisation de secours a été très bien comprise à l’étranger, et il s’est créé un peu partout des Socié-
- étant sensiblement le même que celui qui convient pour combattre les incendies, ces bâtiments à deux
- lés qui exploitent l’idée et de façon fort rémunératrice, je crois.
- Le matériel employé pour le sauvetage des navires
- fins se construiraient à peu de frais et seraient dans nos ports d’une utilité incontestable.
- Sauvaihe Jouhdan,
- Capitaine du l'i'égalc do réserve.
- ACCUMULATEURS ÉLECTRIQUES MODERNES
- Lorsque l’on se reporte à une vingtaine d’années en I apportés, modifiant complètement les dimensions et les arrière on constate, avec quelque étonnement, que l’ac- j rendements des appareils, dans celle de l’électrochimie
- Plaques d’accumulateurs modernes.
- cumulateur d’alors différail bien peu de l’accumulateur moderne. Tandis que, dans toutes les branches de l’électricité, des perfectionnements considérables ont été
- l’accumulateur est resté à peu près stationnaire. Cependant scs applications se sont grandement multipliées et son emploi industriel ou domestique s’est rapidement
- p.413 - vue 417/647
-
-
-
- 414 ======== ACCUMULATEURS ELECTRIQUES MODERNES =
- vulgarisé, en dépit de son prix élevé, de son entretien difficile et de son encombrement important.
- En dehors de l'accumulateur au nickel d’Edison, qui lit grand bruit il y a 5 ans et dont on ne parle plus maintenant, on ne tenta que de rares et timides efforts pour sortir de la voie ordinaire du plomb. Le zinc, le cadmium, les liquides, les gaz n’ont pas donné les résultats que l’on en attendait. Le nombre considérable de brevets pris chaque année sur les accumulateurs se rapportent à des dispositifs de plaques plus ou moins ingénieux pour développer la surface éleclrolysée, retenir la matière active, augmenter la porosité et combattre le durcissement de la substance active.
- Nous nous bornerons à passer en revue les perfectionnements apportés depuis quelques années par les deux Sociétés principales qui exploitent les accumulateurs en France : la Société pour le travail électrique des métaux, et la Société de l’accumulateur Tudor.
- L’expérience a démontré qu’à chaque genre d’application devait correspondre un type de plaque déterminé. Suivant les cas, la légèreté, la puissance massique, la décharge rapide et la charge lente ou l’inverse, le rendement et la durée des batteries sont autant d’éléments dont il faut tenir compte pour faire choix de tel ou tel système de plaques.
- Accumulateurs T. E. M. — Les accumula leurs de la Société pour le travail électrique des métaux peuvent se diviser en trois classes bien distinctes : 1° les plaques Sirius; ‘2° les plaques mixtes; 3“ les plaques à oxyde rapporté.
- La plaque Sirius est une plaque à oxyde rapporté en plomb pur et à grande surface. La matière active est formée aux dépens du support, selon le procédé Planté. On part d’une plaque coulée et munie par conséquent de sa prise de courant, de ses crochets de suspension, etc., elle possède exactement les dimensions que doit avoir la plaque terminée. A l’aide d’une machine spéciale, de fines nervures sont formées sur la plaque : elle possède par suite toutes les qualités d’homogénéité du plomb laminé. On peut obtenir ainsi de très grands développements de surface.
- Pans d’autres cas, la plaque de plomb coulé ou laminé est taillée à l’aide de fraises circulaires. Suivant l’application on vue, on emploie donc l’un ou l’autre de ces types de plaques et l’épaisseur est déterminée par la puissance massique de la durée que l’on veut obtenir.
- La plaque mixte est une plaque également en plomb pur et à surface assez développée, mais moindre que dans les plaques précédentes. La matière active n’est plus formée aux dépens du support, mais rapportée. En faisant varier les profils et par suite la proportion de matière active introduite, on obtient des plaques de capacité spécifique plus ou moins grande. Ces plaques sont caractéristiques par une longue durée. La chute de la matière active rapportée ne survient qu’après un temps assez long et la plaque continue son service comme plaque à grande surface.
- La plaque à oxyde rapporté, caractérisée par un support coulé en alliage de plomb inattaquable et possédant des alvéoles de grandeur et de forme variables suivant le cas. La matière active est introduite par un empâtage dans ces alvéoles. C’est ce type de plaques qui permet d’obtenir les capacités spécifiques les plus élevées.
- En ce qui concerne les plaques négatives, on sait que ces plaques ne se dégradent qu’au bout d’un très long usage. Mais la difficulté est d’obtenir des négatives dont
- la capacité ne diminue que peu en fonction du temps. La Société pour le travail électrique des métaux a résolu le problème à l’aide de ses négatives à plomb cristallin obtenues soit en partant du chlorure de plomb d’après le procédé bien connu, soit en partant des oxydes de plomb, d’après des procédés nouveaux.
- Les supports de ces plaques négatives sont différents selon qu’il s’agit d’éléments à plus ou moins grande capacité spécifique.
- Le montage des éléments se fait de la lagon suivante : dans les éléments avec bacs de verre les plaques sont suspendues directement sur les bords du bac par des crochets qu’elles portent à leur partie supérieure. Dans le cas des bacs en bois plombé, les plaques sont toujours suspendues sur des dalles de verre qui dépassent un peu le bord supérieur du bac. Les queues des plaques de même polarité sont réunies par des boulons munis d’écrous. Des tubes de verre séparent deux plaques consécutives et les rangées de tubes sont maintenues verticales au moyen de lames en verre réunies de distance en distance par des cavaliers de plomb. Le liquide est recouvert, d’une couche d’huile lourde de pétrole qui arrête les projections vésiculaires d’acide pendant la charge.
- Dans les éléments type traction 1908, les plaques sont montées sur des tasseaux en ébonite et dans des bacs en ébonite; les séparateurs sont également en ébonite.
- Les éléments type Marine sont absolument hermétiques, les gaz seuls peuvent s’échapper; les plaques positives, isolées des négatives par des séparateurs en ébonite, sont enveloppées dans des toiles d’amiante préparées d’une lagon spéciale.
- Accumulateurs Tudor. — La Société de l’accumulateur Tudor a récemment introduit un système de plaques dénommé « Caslen Plate » pour les négatives, et sur lequel elle fonde de grandes espérances. La matière active négative très poreuse, est maintenue entre deux demi-plaques de plomb, percées d’une multitude de petits trous : les demi-plaques sont assemblées par des rivets venus de fonte.
- Grâce à cette disposition, la matière active n’a plus besoin d’ôtre aussi comprimée et est de ce fait, plus poreuse. Par conséquent', l’action électrolytique se propage dans une épaisseur plus grande et intéresse, par suite, une pins grande fraction de la matière active. On sait, en effet, que dans les accumulateurs ordinaires, l’action électrolytique pénètre de quelques dixièmes de millimètre seulement dans la matière active, par suite de la diffusion très longue à se produire du liquide élec-Irolylique dans la masse, vu sa faible porosité. La principale cause de diminution de capacité des négatives provient du durcissement de la pellicule externe de la matière par suite de sulfatation ou de modification de la structure moléculaire.
- Les plaques positives ont une certaine analogie avec les plaques mixtes des accumulateurs T. E. M. dont nous avons parlé plus haut.
- La suspension des plaques Tudor dans les bacs en verre ou en bois plombé est à peu près la même que celle des plaques T. E. M., mais les connexions sont faites au moyen de lames de forme trapézoïdale, soudées au chalumeau à hydrogène ; d’autre part, le liquide n’est pas recouvert d’huile comme dans les T. E. M.
- Caractéristiques. — Le débit massique, la capacité massique et le rendement varient beaucoup suivant la nature des opérations auxquelles sont destinés et sou-
- p.414 - vue 418/647
-
-
-
- ACADÉMIE DES SCIENCES " .... .....: 415
- mis les accumulateurs. Le tableau ci-dessous résume I des applications colossales et de la révolution économique les conditions moyennes des principaux cas : | et industrielle qui résulterait de la découverte de l’ac-
- Type il accumulateurs. Mode de charge. par kg en a Normal. Débit d’électrodes mpères. Temporaire. Pur disponible par kg de eu Prolongée. -sauce à la décharge poids total watts. Temporaire. Durée de la décharge normale en heures. Énergie utilisable correspondante par kg de poids total eu watts-heures. Rendement moyen correspondant.
- Extra-léger (T. E. M. ) Lente. . . . ï S 5 10 10 10 30 0,75
- A grande capacité (Eulnien, etc.). . Lente. . . . 1 8 5 10 5-5 20-25 0,70
- A oxyde rapporté (Faure, Laurent- Lente. . . . 2,5 5-6 5 4 0-8 5-5 12-15 0,70
- <c'y) ' (Demi-rapide. 1 1 Lente ou 2,5 0-6 5-4 C-8 5-1 8-10 0,00
- Planté moderne demi-rapide. •5-4 0-8 4-5 8-10 5-4 10-12 0,70
- f Rapide . . . 4-5 8-10 4-6 8-12 1,5-3 4-5 0,05
- Si l'on compare ces résultats avec ceux que l’on obtenait il y a 20 ans, on verra que les accumulateurs sta-lionnaires sont à peu près dans les mêmes conditions. Seuls les accumulateurs extra-légers, à charge rapide, pour traction, ont fait quelques progrès. En présence
- cumulateur robuste, léger et de grande puissance massique, il est à souhaiter qu’un Mécène groupe un jour, autour de lui, un certain nombre de savants et d’industriels pour réaliser cet outil merveilleux.
- Gaston Houx.
- ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 23 novembre 1908. - Présidence de M. Emile Picard puis de M. Bouchard.
- Manuscrite de Georges Cuvier. M. Darboux présente un catalogue des manuscrits du fonds Cuvier conservés à lai bibliothèque de l’Institut, que M. Henri Dehé-rain vient de publier. Ce catalogue donne l’inventaire des notes d’histoire naturelle, d’histoire des sciences qui formèrent la matière des livres de Cuvier, des cours qu’il professa au Muséum et au Collège de France, ainsi que des éloges qu’il prononça devant l’Institut. Il contient aussi, classées par ordre chronologique et sommairement analysées, les lettres des savants qui furent en relations avec Cuvier. Grâce au travail de M. Dehérain, ces documents importants pour l’histoire des sciences sont désormais utilisables.
- Bourgeonnement des Annélides. — M. llenneguy présente une Note de M. A. Michel résumant des recherches ellêctuées au laboratoire zoologique de Naples sur le bourgeonnement des Annélides. Il a pu expérimenter sur le sacco cirrus, animal très important à cause de son type archaïque. Parmi les phénomènes de reproduction de parties du corps, il mentionne l’apparition d’une tète supplémentaire complète avec yeux et antennes, sur le côté de l’animal. Celte tète manifestait son indépendance par des mouvements propres. Les faits d’apparition de tètes supplémentaires sont rares et l’on a eu bien rarement l’occasion de suivre le développement.
- Manifestation physiologique de la race géographique. — M. Daslre présente une Note de MM. Carnot et Mer tier relative à une particularité de la greffe du cancer sur les souris. Cette greffe réussit fort bien lorsque l’on expérimente sur des souris de la localité, quelle que soit l’espèce de ces souris. Mais si l’on expérimente sur des souris provenant d’une localité éloignée, on a un déchet
- très considérable. Ainsi la race biologique n’exerce pas d’influence sur le résultat de la greffe, alors qu’au contraire la race géographique exerce une influence prépondérante. On se trouve donc en présence d’une manifestation physiologique mystérieuse d’une cause que l’on n’invoque habituellement qu’en sociologie.
- La comète de Morehouse.— MM. Quénisset et Baldel adressent une Note sur les phénomènes dont la comète de Morehouse leur a paru le siège. I)u 17 septembre 1908 au 0 novembre suivant ils ont pris 90 photographies. Ils ont vu que des masses gazeuses très lumineuses s’éloignaient de la chevelure avec des vitesses énormes de 14 km à 58 km par seconde. En outre, ils ont constaté que ces masses avaient une vitesse accélérée. Les queues brillantes étaient souvent enroulées l’une autour de l’autre en spirale. De son côté, M. Deslandres, en collaboration avec un astronome de l’observatoire deMeudon, a étudié le spectre de la queue de cette comète. Déjà il avait trouvé, dans le spectre d’une comète visible en 1907, trois raies complètement inconnues; il a retrouvé cès trois raies dans le spectre de la comète de Morehouse. Déplus, il a constaté dans la queue l’existence de différences considérables de vitesses dans le sens de la ligne allant de l’astre à l’observateur. Cette particularité semble révéler l’existence de deux matières s’éloignant du soleil avec des vitesses différentes.
- Élection. -~ Il est procédé à l’élection d’un membre dans la section de physique pour combler la vacance qu’avait créée la nomination de M. II. Becquerel au poste de secrétaire perpétuel. M. Bouty est élu par 57 voix contre 9 données à M. Villard et 8 à M. Branly.
- Clï. DE VlI.IF.DEUlL..
- p.415 - vue 419/647
-
-
-
- E.-T. HAMY
- 416 —
- Nous avons à peine besoin de dire quelle perte est pour nous la disparition de notre éminent collaborateur, M. E.-T. llamy, professeur au Muséum et membre de l’Institut. En lui se retire le plus illustre et le plus qualifié représentant de l’anthropologie et de l'ethnographie françaises, (pii fut pendant trente ans le centre officiel de tous les travaux publiés dans ces deux directions : c’est à lui qu’il faut rapporter, comme à son principe, la valeur des ouvrages produits par les explorateurs, et celle des collections réunies au cours de leurs voyages.
- Jules-Théodore-Ernest llamy, né à Boulogne-sur-Mer en 1842, aide naturaliste en 1872, fut tout d’abord le réorganisateur, en 1880, de ce musée d’ethnographie du Troca-déro qui, malgré ses incessants efforts, végète depuis trente ans faute de crédits, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1890, professeur depuis 1892 au Muséum d’histoire naturelle, où il recueillait la succession de toute une lignée de grands travailleurs et de penseurs élevés, archiviste de cette institution, ce qui lui permettait d’habiter la vieille et vénérable maison de Bulfon, membre libre de l’Académie de médecine depuis 1903, et enfin président de la Société de géographie, il était, par ces situations, plus à môme que n’importe qui de rendre les plus éminents services aux postes dont il n’avait pas craint d’accepter la charge. D’ailleurs, d’une érudition très large et très sûre, d’une intelligence très clairvoyante, surtout éminemment assimilatrice, il possédait cette sorte de flair si rare qui lui permettait de découvrir de l’intérêt jusque dans les travaux en apparence les plus ingrats et de faire brillamment valoir de menus détails que d’autres, moins habiles, auraient pu tenir pour insignifiants. Plus d’une de ces amusantes chroniques qu’il a bien voulu donner ici — car il était de ces savants qui ne dédaignent de plaire au grand public en lui montrant même de petits côtés de la science — est la belle manifestation de cette tendance.
- D’ailleurs il avait prouvé, dès ses débuts dans la carrière scientifique, de quelle solidité il était capable dans plusieurs œuvres vraiment savantes :
- les deux admirables volumes des Crania ethnica, publiés en collaboration avec de Quatrefages, puis les magistraux mémoires sur Y Anthropologie du Mexique (1884, 90, 91) sont des ouvrages de premier ordre, classiques dans le beau sens du mot.
- Le Précis de paléontologie humaine, donné en 1870 à la suite de la seconde édition de Y Ancienneté de l'homme par Ch. Lyell, est de son côté une excellente mise au point, dans un but de vulgarisation, de l’état où la préhistoire se trouvait alors, grâce aux efforts de Lorlet. On peut la lire encore avec le plus grand profil. Enfin des travaux comme les Décades Americanæ, consacrées à l’archéologie et à l’ethnographie américaines (1883-1899) comme les Origines du musée d’ethnographie (1880), tableau historique des elforts produits par ses prédécesseurs, et auquel il faut espérer qu’on donne bientôt une suite, montrant quels ont été les progrès réels accomplis sous sa direction, comme les Éludes historiques et géographiques (1896), etc., complètent fort heureusement le bagage scientifique de llamy; sous leur apparence fragmentaire, en dépit du manque absolu de liaison visible entre les sujets traités, ils représentent admirablement ce que fut la réalité des préoccupations intellectuelles et scientifiques de ce savant; réunissant sous des formats commodes les articles disséminés par lui dans les nombreux périodiques où il collaborait, ils permettent d’éviter de laborieuses recherches bibliographiques, et de juger en toute connaissance la valeur de son œuvre.
- Faut-il ajouter qu’une loyauté hors de doute, une bonté jamais mise en question — deux qualités dont tous ceux qui l’ont approché pourraient citer bien des traits — se joignaient à cette rare puissance de travail et à cette intelligence lucide et ferme, pour faire de notre éminent collaborateur l’une des plus caractéristiques figures de la science française et en particulier du Muséum?
- Marcel Blot.
- Le Gérant. : P. JIassox. Paris. — Imprimerie Laiiire, rue do Fleurus, 9.
- E.-T. IIamy (1842-1908).
- p.416 - vue 420/647
-
-
-
- LA NATURE
- TRENTE-SIXIÈME ANNÉE — 1908
- DEUXIÈME SEMESTRE
- __Ùk0--
- w
- Mptutmiqfâp
- 'e>-
- INDEX ALPHABÉTIQUE
- A
- Abatage hydraulique dans les mines, ‘254.
- Accumulateurs électriques modernes,
- 413.
- Acides phosphoriques (Le poids moléculaire des), 79.
- Acouslèle Daguin (L’), 521.
- Aéroplane des frères Wright (I/), 214.
- Aéroplane en Angleterre (L’), 1.
- Aéroplane : le « flving-fish » de M. Karman,
- 200.
- Aéroplanes militaires aux Etats-Unis, 54.
- Aérostats (Hydrogène pour), 159.
- Afrique (Deux nouvelles voies ferrées en), 257.
- Age du renne (L’art pendant K), 08.
- Aiguilleurs pour chemins de for (Ecole d’), 241.
- Alaska (Les phénomènes glaciaires dans K), 291.
- Alcaloïde nouveau, 598.
- Alexandrie : nouveau port, 401.
- Alla (L’), 265.
- Algérie : Archives, 222.
- Algérie (Géologie de K), 258.
- Allemagne : l’industrie, 379.
- Alméria (L’embarquement des minerais au port d’), 00.
- Alpages (L’eau pure des), 51.
- Annelides : bourgeonnement, 415.
- Annonces lumineuses sans source lumineuse, 289.
- Annot (Les grès d’), 103.
- Arbre à beurre de la Côte d’ivoire, 4.
- Arbre écurie des Bahamas (L’), 254.
- Argas (Les), 571.
- Association géodésique internationale (Les travaux de F), 50.
- Astronomie : quelques poslulata, 162.
- Aubrac (Plantes fossiles de F), 126.
- Aurore boréale, 307.
- Australie (Vignes et vins d’), 145.
- Automobiles (Dynamomètre pour), 114.
- Supplément au 11“ 1855 de La Nature
- Automobile en Amérique (L’industrie; de F), 154.
- Autriche : marine, 543.
- Auvergne (Rocher d’), 567.
- Avertisseur électrique à détonation pour voies ferrées, 33.
- Aveugles (Le sport chez; les), 144. Aviation : quelques planeurs. 250. Aviation (Quelques points d’), 302. Aviation : le prix de La Nature, 555. Azote atmosphérique : utilisation, 398. Azote (Elimination organique de F), 334.
- B
- Bacilles tuberculeux chlorés, 95. Bactéries lumineuses, 358.
- Bahamas (L’arbre écurie des), 254. Ballons dirigeables (Les), 246.
- Barrages de réservoirs à crête mobile,
- 222.
- Barrages et stations hydroélectriques en Allemagne, 167.
- Barrage métallique (Construction et rupture d’un), 22.
- Basaltes du Cantal, 190, 258.
- Bateau de sauvetage à vapeur, 560. Bateau pompe puissant, 412.
- Bateaux sous-marins (Nouveau mode de propulsion des), 367.
- Batellerie fluviale et santé publique, 142. Becquerel (Henri), 223.
- Bethmale (La vallée de), 556.
- Bille Brincll et Fessai des métaux (La). 273.
- Bison (La défense du), 55.
- Bose (Le phénomène de), 95.
- Bouquet des vins, 47.
- Boussole topographique Berget, 96. Boulangerie : chauffage des fours par l’électricité, 324.
- Briques silico-calcaires, 285.
- Bulgarie ; l’Isker et.Tirnovo, 570.
- du 28 Novembre 1908.
- c
- Cadavres (Etudes radiographiques de), 14.
- Cadran solaire : héliochronomètre Gibs, 15.
- Calcaire (Roches pédonculaires du), 65.
- Canal impérial chinois, 117.
- Catalyse, 47.
- Cellules (Les altérations des noyaux des), 255.
- Cerfs-volants (Concours de), 592.
- Champignons cultivés par les fourmis, 95.
- Charbons du Nord (Galets dans les), 558.
- Charcot (La seconde expédition), 125.
- Chauffage des fours de boulangerie par l’électricité, 324.
- Chauflage et cuisson électrique dans les hôtels, 202.
- Chautlage par la vapeur (Nouveau système de), 508.
- Chemin de fer du Nyasaland, 102.
- Chemins de fer (Ecoles d’aiguilleurs pour), 241.
- Chemin de lei électrique, 554.
- Chemin de fer suspendu de Berlin, 127.
- Chênes (Maladie ervplognmkiue des), 176, 190, 206, 222, 286.
- Chiclé au Mexique (Le), 588.
- Chien de trait dans l’armée (Le), 101.
- Chiens (La musique et les), 578.
- Chimie (L’enseignement moderne de la), 270.
- Chimie (Une expérience de cours de), 267.
- Chine : les nouvelles mesures de l’Empire, 505.
- Chlorophylle dans les plantes, 519.
- Chrysanthèmes (L’histoire des), 502.
- Clo'uct (Portrait de botaniste par), 191.
- Codex (Le nouveau), 518.
- Comètes, 550.
- Comètes visibles en 1908, 503.
- Comète Morehouse, 403, 415.
- Conducteur (Superposition d’oscillations dans un), 175.
- 27
- p.417 - vue 421/647
-
-
-
- 418 ........................... =
- Constructions navales (Atlas des), 554.
- Conservation de la matière (Sur la loi de), 122.
- Convolula (Mémoire des), 95.
- Coqs à longue queue du Ja|ion, 97.
- Corindon et de l’émeri pour le travail des métaux (Emploi du), 82.
- Corse (Géologie de la), 79.
- Côte d’Ivoire (L’arbre à beurre de la), 4.
- Courants (Variations des éléments des!, 79.
- Crépuscule (Le second), 144, 207.
- Cricket (Comment on fabrique une balle de), 102.
- Cuivre (Progrès de la métallurgie du), 84.
- Cuvier : manuscrits, 415.
- Cyclones (Nouvelle théorie des), 54G.
- D
- Dahomey : Extension de la culture du manioc, 78.
- Daluis (La due de), 408.
- Danemark : marine, 149.
- Diction (Conditions d’une bonne), 599. Diplodocus au Muséum (Le), 65. Dioptrie (La), 406.
- Dirigeable Bayard-CIément, 385. Dynamomètre pour automobiles, 114.
- E
- Eau pure des alpages (L’), 51.
- Eau saine dans l’armée (L’), 20.
- Eaux minérales américaines, 125.
- Eaux radioactives et goitrigènes, 190. Egypte (Les momies d’animaux en), 42. Elasticité vasculaire, 47.
- Électricité au Capitole (L’), 48. Électricité au pressoir (L’), 259. Electricité et gaz, 278.
- Electricité : Exposition de Marseille, 209. Electro-aimant gigantesque, 522. Electro-métallurgie du fer (Sur l’état actuel de 1’), 294.
- Electrons positifs, 63.
- Éléphant et vingt hommes (Às'saut de force entre un), 30.
- Élévateur automatique pour madriers, 176.
- Étincelle de haute fréquence : utilisation thérapeutique, 583.
- Etna : éruption de 1908, 14, 15.
- Étoilés artificielles (Les), 158.
- Europe (Population d’), 63.
- Evans (Sir John), 547.
- Exploration arctique, 47.
- Exposition internationale des applications de l’électricité à Marseille, 209.
- F
- Eer (Le spectre de llamme du), 15. Fer (Propriété du), 550.
- Fièvre jaune à Saint-Nazaire, 599.
- INDEX ALPHABÉTIQUE :
- « Flip-llap » à l’Exposition franco-britannique (Le), 152.
- « Flying-lish » de M. Farman (Le), 200.
- Fortilication du champ de bataille (La), 500.
- Fougères (Cultures de prothallcs de),
- 222.
- Fourmis éleveurs de champignons, 95.
- Frigorigène : Voir Froid.
- Froid : machine à glace, frigorigène Au-diffren, 11.
- Fusils de chasse (Le réglage des), 207.
- Fusil électrique, 271.
- G
- Galets dans les charbons du Nord, 558.
- Gallas au Jardin d’Acclimalation (Les), 225.
- Gare Saint-Lazare (Disparition du goulot de la), 212.
- Gaz dissous dans un alliage, 126.
- Gaz et électricité, 278.
- Gaz de la haute atmosphère (Les), 126.
- Géodésie : la sixième campagne géodé-sique, 286.
- Giard (Alfred), 177.
- Gibraltar (La hase navale anglaise de), 242.
- Girafe du Jardin des Plantes (La), 305.
- Girafe du Muséum (La), 339.
- Glace (Le frigorigène Audilfren, nouvelle machine à), 11.
- Globules rouges des mammifères (La formation des), 75.
- Gouffres de la foret d’Orléans, 287.
- Coulfre de Proumeyssac (Dordogne), 39.
- Graines à l’intérieur des fruits, 222.
- Grèce (Géologie de la), 158.
- Grèce : marine, 543.
- Grêle et lignes électriques, 587.
- Grêle (Influence d’une ligne électrique sur un orage à)> 175.
- Grenouilles (Les changements de coloration des), 271.
- Grotte du Portel (Ariège), décoration préhistorique, 15.
- Groupes électrogènes (Le réglage des), 47.
- Grue de sauvetage des chemins de fer d’Orléans, 337.
- Guêpes du Congo, 334.
- Guthe (P.), 191.
- H
- llamy (E. T.), 415.
- llawaï (Les lépreux des), 129.
- Hawaï : le taro, 179. llawaï : le volcan du Mauna-Loa, 17. Héliochronomètre Gibs, 15. Hélicoptère Kimball, 369.
- Hélium (Mines d’), 14.
- Hématozoaire (Découverte d’un), 126. Hémorrhagies nasales, 79.
- Heure à bord des navires, 367. Horloge géante, 274.
- Horloge mystérieuse (A propos de 1’), 92.
- Hôtels : chaulfage et cuisson électrique, 202.
- Houille à Madagascar (La), 367.
- Houille (Les constituants immédiats de la), 75.
- Hydrocarbures gazeux (Décomposition des), 99.
- Hydrogène pour aérostats, 159.
- Hydrogène sulfuré (La toxicité de P), 117.
- I
- lie volcanique (Naissance d’une), 172. Injections d’eau de mer en thérapeutique (Les), 174.
- J
- Jouets princiers, 159. Jupiter (La planète), 303.
- L
- Lampes à vapeur de mercure, 158.
- Legs Becquerel à l’Académie, 255.
- Le l’orlel (Ariège) : décoration préhistorique, 15.
- Lépreux des Hawaï (Colonie de), 129.
- Levures (Le rôle des), 79.
- Liquides de l’organisme (La concentration des), 63.
- Lumière colorée et les plantes (La), 503.
- Lumière dans un milieu interstellaire (Dispersion de la), 143.
- Lumière sur la végétation (Inlluence de la), 166.
- Lumière ultra-violette (Les méfaits de la), 350.
- Lune (Carte de la), 126.
- M
- Machine à glace : voir glace.
- Madagascar : chemin de fer de Tanana-rivc à la Côte), 347.
- Madagascar (La houille à), 567.
- Madagascar (Plantes de), 519.
- Madriers (Élévateur automatique pour), 176.
- Magnésium : les combinaisons organo-magnésiennes, 178.
- Magnétisme : puits magnétiques, 394.
- Magnétisme terrestre (Variation séculaire du), 65.
- Malacca (Phare en béton armé du dé-troit de), 204.
- Maladie du sommeil au Congo français (La mission d’étude de la), 62.
- Maladies contagieuses et batellerie, 95.
- Manchons à incandescence (Fabrication des), 23.
- p.418 - vue 422/647
-
-
-
- Manioc au Dahomey (Extension de la culture du), 78.
- Mans et Meos au Toukin, 327.
- Marines de la Méditerranée et de la mer Noire (Les petites), 343.
- Marines du Nord de l’Europe, Danemark, Suède, Norvège, 149.
- Maroc (La mission hydrographique du), 183.
- Martinique (La catastrophe de la), 79.
- Mascart(E.), 238.
- Matière et éther, 390.
- Mauna-Loa (Le volcan du), 17.
- Mémoire des Convoluta, 95.
- Mesures de l’empire chinois (Les nouvelles), 505.
- Métalloïdes : spoetroscopie, 47.
- Métaux (La bille Drinnell et l’essai des), 273.
- Microbes du tube digestif, 303.
- Microscope pour l’examen des viandes (Trichinoscope), 113.
- Microscope (Un curieux), 202.
- Mine de houille moderne (La), 58.
- Mines (Abatage hydraulique dans les), 254,
- Mise eu marche automatique Doué, 49.
- Momies d’animaux en Égypte, 42.
- Monotéléphone, 550.
- Mont Renard (Expédition astronomique du), 251.
- Morille (Parasitisme de la), 222.
- Moteurs à explosion : mise en marche automatique Doué, 49.
- Moteurs à gaz pauvre, 131.
- Moteurs à paralïino pour sous-marin, 44.
- Musée commercial japonais, 227.
- Musique du Fouta-Djalon (Instrument de), 203.
- Musique et les chiens (La), 378.
- .Mutation par la culture, 303.
- N
- Nattes (La légende des), 250.
- Nattes de Chine, du Japon et du Tonkin, 134.
- Navigation (Anciens instruments de), 108.
- Néphoscope Arsimis, 112.
- Né pli ri le (La sérothérapie dans les), 516. New-York à vol d’oiseau, 148.
- Niger (La navigation sur le), 218.
- Noix de coco (Transport des amandes de), 550.
- Norvège : Marine, 149.
- N'yasaland (Chemin de fer du), 102.
- O
- Obus lumineux (Réglage du tir des canons en mer et les), 26.
- Oiseaux (Planemenl des), 46, 255. Orchidées (La fécondation des), 309. Orléans (Les gouffres de la forêt d’1, 287.
- Ostréiculture (Carte de 1’), 63.
- INDEX ALPHABÉTIQUE
- P
- Pailles (La désincrustation des), 554. Papier : disque pour couper le bois, 407. Parchemins altérés par le feu (Restauration des), 87.
- Parthénogenèse, 286.
- Pasteurisation (Nouvelle méthode de),
- 551.
- Patagonie (Les fossiles de), 15.
- Peaux Rouges et tuberculose, 255. Peintures des cavernes : Le Porlcl (Ariègc), 15.
- Pendule astronomique des Açores, 171. Pendule électrique sans lien materiel, 110.
- Perles : pêcheries du golfe Persique, 370. Perséulose, 126.
- Pétrins mécaniques (Les), 180.
- Phare en béton armé du détroit de Ma-lacca, 204.
- Phonocinémalographe, 99.
- Photographie, 163.
- Photographie de la voix, 6.
- Photographie des ondes électriques, 25 4. Photographie des sons, 63.
- Photomètre à lecture directe, 55. Phototélcgraphie : Mésaventures, 75. Pièges à gibier de la boucle du Niger, 116.
- Pierres précieuses : fabrication, 598. Piquants (La défense des plantes par les), 57.
- Planemenl des oiseaux, 46, 255. Planemenl (Théorie générale du), 106. Planètes (L’atmosphère des), 271.
- Plante parasite isolée (Culture de), 534. Plantes et lumière colorée, 503.
- Plantes introduites (Les), 171.
- Plantes : leur défense par les piquants. 37.
- Plante sans feuilles, 144.
- Plaques extra-rapides Lumière, plaques autochromes, 163.
- Plombs de chasse (Le numérotage des), 170, 242.
- Pluie : des moyens de faire pleuvoir, 5. Pluie et insectes, 125.
- Poissons (Machine à nettoyer les), 237. Pôle et les tremblements de terre (Les déplacements du), 319.
- Ponts naturels de l’Ulah, 193.
- Ports charbonniers anglais cl leur outillage, 380.
- Postes : services maritimes entre Paris et New-York, 199.
- Pressoir (L’électricité au), 259. l’roumeyssac (Le gouffre de), 59. Puits-aux-éloiles des Alpes-Maritimes, 140.
- Pyrales de la vigne (Parasite des), 598.
- R
- Race géographique (Manifestation physiologique de la), 415.
- Radioactivité du sol, 398.
- Radiographie (Conditions à satisfaire en), 319.
- Radiographies de cadavres, 14.
- Raisin (Coloration du), 190.
- —-.............-...............~ 419
- Renne (L’art pendant l’âge du), 68. Rivière souterraine, 383.
- Roches dures (La dénudation des), 227. Roches pédonculaires du calcaire, 63. Roue automotrice (La), 519.
- S
- San Francisco (Les enseignements de la catastrophe de), 28.
- Sang : coagulation dans les tubes capillaires, 15.
- Sciage d’une maison avec le lit hélicoïdal, 187.
- Séismes et électricité terrestre, 319.
- Séro-appendiccs (Les), 143
- Sérothérapie dans les néphrites (La), 326.
- Signaux sous-marins et sécurité de la navigation, 119.
- Silicium (Spectre du), 144.
- Simplon (La ventilation et la réfrigération du tunnel du). I. Ventilation,330. 11. Réfrigération, 595.
- Sismographe enregistrant à distance, 287.
- Sluicc (Au fond d’un), 111.
- Soie artificielle (La), 38.
- Soie (Les succédanés de la), 266.
- Soleil comme force motrice (L’énergie du), 27.
- Soleil : météorologie, 238.
- Solénodon de Saint-Domingue (Le), 400.
- Sondage (Lu nouvel appareil de), 84.
- Sons (Photographie des), 63.
- Soupapes électriques en aluminium, 399.
- Sous-marins (Moteur à paraffine pour), 44.
- Spectre et température, 65.
- Speclroscopie des métalloïdes, 47.
- Squelette préhistorique, 582.
- Statues (Restauration et nettoyage des), 196.
- Stéréoscopique animé (Le portrait), 256.
- Stérilisation de Dinard et de Nice (Les usines de), 359.
- Stérilisation industrielle des eaux potables, 268.
- Suède : Marine, 149.
- Survivance préhistorique : le tahulum,
- 21.
- Synthèse organique : les combinaisons organo-magnésiennes, 178.
- T
- Tabac: effet de son intoxication, 271. Tahulum (Le), 21.
- Tahulum (Encore le), 555.
- Taille des races d’Europe, 63.
- Taro des Hawaïens (Le), 179. Télautographe, 582.
- Télémécanique, 126.
- Téléphone (Mono-), 550.
- Téléphonie sans fil, 523, 583.
- Thé au Japon (Le), 274.
- Thorax : développement de sou périmètre, 47.
- Thos au Tonkin (Les), 527.
- Tigre mangeur d’hommes (Le), 299. Tomates (Maturation des), 95.
- p.419 - vue 423/647
-
-
-
- 420
- Tonkin (Constructions militaires dans le Haut-). 81.
- Tonkin : LesThos, Mans ci Méos, 327.
- Torpille aérienne (La), 301.
- Transmutatiou des métaux, 175.
- Tremblements de terre (Les déplacements du pôle et les), 319.
- Tremblements de terre et constructions, 46.
- Trichinoscope (Le), 113.
- Trypanosomiases (Différenciation de),
- 222.
- Trypanosomiases (Le traitement des), 271.
- Tuberculose animale : sérums, 14.
- Tuberculose et Peaux Rouges, 255,
- Tuberculose (Évolution de la), 255.
- Tuberculose (Le diagnostic de la), 255.
- Tuberculose (Traitement de la), 319.
- Tuilières (Usine hydroélectrique de), 307.
- Tunieiers par rapport aux mollusques (Les), 79.
- Turbine à vapeur et les navires mixtes (La), 280.
- Turbine en navigation (I/avènemcnl de la), 294.
- Turbot (L'élevage du), 5.
- INDEX ALPHABÉTIQUE
- Turin : incendie de la bibliothèque, restauration des parchemins, 87. Turquie : Marine, 343.
- U
- Urine (Toxicité de U), 554.
- Utah : grands ponts naturels, 193.
- V
- Végétation (lnllueuce de la lumière sur
- ia), 166.
- Végétaux et la classilication (Caractères anatomiques des), 190.
- Verre à vitres : fabrication mécanique, 372.
- Verre pilé et ses applications (Le), 2.
- Ycsce (Nocivité des graines de fausse), 143.
- Viandes (Le trichinoscope pour l’examen des), 113.
- Vide dans les laboratoires et l’industrie chimique (Le), 79.
- Vignes et vins d’Australie, 145.
- Vignoble dans la mer, 64.
- Vins (Rouquet des), 47.
- Vins (Procédé d’examen rapide des), 126. Vinification (L’acide malique dans la), 126.
- Violons (La fabrication des), 316. Vitesses sur rails et sur route, 186.
- Voix (Photographie de la), 6.
- Volcan du Mauna-Loa, 17.
- Y
- Veux île la montagne (Les), 211. Yun-Nan (Les monuments du), 124.
- Z
- Zinc (Action catalytique du), 47.
- p.420 - vue 424/647
-
-
-
- LISTE DES AUTEURS
- PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
- Aci.oque (A.) — La défense des plantes par les piquants, 37.
- — Les plantes introduites, 171.
- Arnou (G.). — Sur l’état, actuel de l’électro-métallurgie du fer, 294.
- Bellet (I).). — Nattes de Chine, du Japon et du Tonkin, 134.
- — Deux nouvelles voies ferrées en Afrique, 257. — La bille Brinnell et l’essai des métaux, 273. — Les annonces lumineuses sans sources lumineuses, 289. — La grue de sauvetage des chemins de fer d’Orléans, 337. — Bateau de sauvetage à vapeur, 566.
- Berget (A.). — Une nouvelle boussole topographique, 96.
- Bi.ot (Marcel). — Des moyens de faire pleuvoir, 5. — La défense du bison, 55. — Le Diplodocus au Muséum, 65. — Influence de la lumière sur la végétation, 166. — Instrument de musique du Fouta-Dialon, 203. — Les Gallas au Jardin d’Acclimatation, 225. — La légende des nattes, 250. — Le thé au Japon, 274.— E.-T. Hamy, 416.
- Bonnin (R.). —Phare en béton armé du détroit de Malacca, 204. — La baie navale anglaise de Gibraltar, 242. — La turbine à vapeur et les navires mixtes, 280. — La ventilation et la réfrigération du tunnel du Simplon. I. Ventilation, 350. — II. Réfrigération, 395.
- Bouc lois (11.). — Cadran solaire : l’hélio-chronomètrc Gibs, 15.
- B. (A. de la). — Progrès de la métallurgie du cuivre, 84.
- Boyek (J.). — Fabrication des manchons à incandescence, 23.
- — Un vignoble dans la mer, 64. — Élévateur automatique pour madriers, 176. — Sciage d’une maison avec le fd hélicoïdal, 187. — La lumière colorée et les plantes, 305.
- Cantiu.y (L. de). — L’arbre à beurre de la Côte d’ivoire, 4.
- — Constructions militaires dans le Haut Tonkin, 81. — Le chien de trait dans l’armée, 161. — Les Thos, Mans et Meos, nos alliés au Tonkin, 327.
- Caiitaz (Dr A.). — Les injections d’eau de mer en thérapeutique, 174. — Le nouveau Codex, 318. — La sérothérapie dans les néphrites, 326.
- Chalmarès (G.). — Le fusil électrique, 271. — La roue automotrice, 329.
- Champly (R.). — Nouveau mode de propulsion des bateaux sous-marins, 367.
- Chaplet (A.). — Les étoffes artificielles, 138. — Les succédanés de la soie, 266.
- Combes fils (C.). — Les gouffres de la forêt d’Orléans, 287.
- Cordemoy (C. du). — Une nouvelle théorie des cyclones, 346.
- Coupin (H.). — L’histoire des chrysanthèmes, 362.
- Darvii.lé (W.). — Comment on fabrique une balle de cricket, 102.— Le «llip-ilap» à l’exposition franco-britannique, 152.
- — Écoles d’aiguilleurs pour chemins de fer, 241. — Les ports charbonniers anglais et leur outillages, 380. — Le nouveau port d’Alexandrie, 401.
- De Launay (L.). — Les momies d’animaux en Égypte, 42. — La mine de houille moderne, 58. — Un portrait de botaniste, par Fr. Clouet, 191. — Henri Becquerel, 222. — L’enseignement moderne de la chimie, 270. — Les galets dans les charbons du Nord, 358. — En Bulgarie : l’Isker et Tirnovo, 376. — La matière et l’éther, 590.
- Dei.saux (J.). — Une survivance préhistorique : le tabulum, 21. — Éncore le « Tabulum », 535. — Sir John Evans, 547.
- Depouilly (E.). — Service maritime postal entre Paris et New-York, 199.
- Despi.ein (D'j. — Psychologie animale : la musique et les chiens, 378.
- Dessol (A.). — Moteur à paraffine pour sous-marin, 44.
- Detœuf (A.). —La soie artificielle, 58.
- Difflotii (P.). — La désincrustation des pailles, 554.
- Doi.ly (A.). — Le néphoscope Arsimis, 112.
- Doncières (R.). — L’électricité au pressoir, 259. — Un nouveau système de chemin de fer électrique, 354.
- Escard (J.). — Emploi du corindon et de l’émeri dans le travail des métaux, 82.
- Fabre (L.-Â.). — L’eau pure des alpages, 51.
- Féry (Ch.). — Photomètre à lecture directe, 35. — Pendule électrique sans lien matériel, 110.
- Fleurelle (E. de). — Les monuments du Yun-nan, 124.
- Forbin (Y.). — L’aéroplane en Angleterre, 1. — Assaut de force entre un éléphant et vingt hommes, 30. — L’électricité au Capitole, 48. — Les coqs à longues queues du japon, 97. — La colonie de lépreux des Hawaï, 129. — New-York à vol d’oiseau, 148. — La naissance d’une île volcanique, 172. — Le taro des Hawaïens, 179. — Machine à nettoyer les poissons, 227. — L’arbre écurie des Bahamas, 254. — L’hélicoptère de M. Kimball, 369. — Concours de cerfs-volants, 392.
- Fournier (L.). — Photographie de la voix, 6. — Mise en marche automatique Doué pour les moteurs à explosion, 49.
- — A propos de l’horloge mystérieuse, 92. — Théorie générale du planement, 106. — Les pétrins mécaniques, 180.
- — Le cc Flying-fish » de M. II. Farman, 200.— Aviation quelques planeurs, 230. — Les ballons dirigeables, 246. — Nouveau système de chauffage par la vapeur, 568. — Nouveau télautographe, 382. — Le dirigeable Bayard-Clément, 385.
- G. (L.). — La fortification du champ de bataille, 500.
- G. (P.). — L’avènement de la turbine eh navigation, 194.
- Gadeceau (E.). — La fécondation des orchidées, 309.
- Gradenwitz (Dr A ). — L’énergie du soleil comme force motrice, 27. — Un chemin de fer suspendu pour Berlin, 127.
- — Nouvelle méthode de pasteurisation, 351. — Nouveau système de téléphonie sans fil, 385.
- Greiiant (N.). — Toxicité de l’hydrogène sulfuré, 117.
- Guillaume (Cii.-Ed.). — Le numérotage des plombs de chasse, 170. — E. Mascart, 238. — Le numérotage des plombs de chasse, 242. — Les nouvelles mesures de l’Empire chinois, 305. — La dioptrie, 406.
- Hébert (A.). — Synthèse organique : les combinaisons organo-magnésiennes et leur emploi, 178.
- Izier (J. d’). — Le sport chez les aveugles, 144. — Le solé-nodon de Saint-Domingue, 400.
- Lafitte (J.-P.). — Alfred Giard, 177.
- Lali.ié (N.). — Une nouvelle machine à glace : le frigorigène
- p.421 - vue 425/647
-
-
-
- LISTE DES AUTEURS
- 422
- Audiffren, 11. — L’induslrie de l’automobile on Amérique, 154. — Un curieux microscope, 262.
- Larmanjat (J.). — Vitesses sur rails et sur routes, 186. — La fabrication des violons, 516.
- Latour (A.). — Les yeux de la montagne, 211.
- Lemaire (E.). — Le verre filé et ses applications, 2. — La restauration des parchemins altérés par le feu, 87. — Restauration et nettoyage des statues, 196. — La fabrication mécanique du verre à vitres, 572.
- Livry (R. de). — Les enseignements de la catastrophe de San-Francisco, 28.
- Maclaud (Dr). — Deux pièges à gibier de la boucle du Niger, 116.
- Mareschal (G.). — Le tricbinoscopc, 115. — Photographie : les nouvelles plaques extra-rapides Lumière ; nouveau traitement des plaques aulochromcs, 165.— Le portrait stéréoscopique animé, 256.
- Martel (E.-A.). —Le gouffre de Proumeyssac, 59. — L’art pendant l’âge du renne, 68. — Les puits aux étoiles des Alpes-Maritimes, 141. — La dénudation des roches dures, 227. — Le gaz et l’électricité, 278. — L’acouslèle Daguin, 521.— Lavallée de Bclhmalc, 556. — La Clue de Daluis, 408.
- Matiiuisieulx (de). — L’alfa, 265.
- Miîriel (P. de). — L’embarquement des minerais au port d'Almcria, 66. — Grands barrages et stations hydroélectriques en Allemagne, 167. — Los briques silico-calcaires, 285. — Les pêcheurs de perles du golfe Pcrsique, 570.
- O RADÉ (D'j. — batellerie fluviale et santé publique, 142.
- Périgny (Comte M. de). — L’induslrie du Chiclé, 588.
- Prayox (E.). — Quelques points d’aviation, 502.
- Privat-Deschanei, (P.). — La vigne et les vins d’Australie, 145.
- — La navigation sur le Niger, 218.
- Rabot (Eh.). — Les phénomènes glaciaires dans l’Alaska, 291.
- Regelsperger (G.) — Extension de la culture du manioc, 78.
- — La mission hydrographique du Maroc, 185. —Le chemin de 1er de Tananarivc à la côte orientale, de Madagascar, 547.
- Doux (G.) — Usine hydro-électrique de Tuilièrcs, 507. — Accumulateurs électriques modernes, 415.
- Ruraux (,!.). — Aurore boréale, 507.
- Sallior (P.). — Le volcan de Mauna-Loa, 17. — L’industrie allemande, 579.
- Sauvage. — Adjudication d’aéroplanes militaires aux Etats-Unis, 54. — L’aéroplane des frères 'Wright, 214.
- Sauvaire-Jourdan. — Le réglage du tir du canon en mer et les obus lumineux, 26. — Signaux sous-marins et sécurité de la navigation, 119. — Los petites marines du Nord de l’Europe, Danemark, Suède, Norvège, 149. — Téléphonie sans (il, 525, — Les petites marines de la Méditerranée et de la mer Noire, 543. — Puissant bateau-pompe, 412.
- Sinclair (Dr G.). — L’eau saine dans l'armée, 20. — La stérilisation industrielle des eaux potables, 268. — Les usines de stérilisation de Dinard et de Nice, 359.
- Steryal (A.). —Les grands ponts naturels de l’Ulah, 193,
- Tardy (G.). — Exposition internationale des applications de l’èlectricilc à Marseille, 209. — Le chauffage des fours de boulangerie par l’électricité, 524.
- Taris (E.). — Les moteurs à gaz pauvre, 131.
- Tiioulet (,1,). — Anciens instruments de navigation, 108.
- Touciiet (E.). — L’expédition astronomique du mont Renard, 251.— La Comète Morchouse (1908 c), 405.
- Troi.ler (à.). — Mésaventures phototélégraphiques, 75. — Le ville dans les laboratoires et l’industrie chimique, 79.— Le phonoeinémalographe,99. —Quelques postulait! astronomiques, 162. — La disparition du goulot de la gare Saint-Lazare, 212. — Une torpille aérienne, 301. — Les méfaits de la lumière ultra-violette, 350. — Les soupapes électriques à aluminium, 399.
- Tkoukssart (E.). — La nouvelle girafe du Muséum et les différentes variétés de l’espèce, 339. — Les Argas, 371.
- Yilledeuil (Ch. de). — Académie des Sciences, 14, 46,63, 79, 95, 126, 143, 158, 175,’ 190, 206, 222, 238, 255, 271, 286, 503, 319, 534, 550, 567, 383, 598, 415.
- Ville as (Robert). — Avertisseur électrique à détonation pour voies ferrées, 33. — Jouets princiers, 159. — Le réglage des fusils de chasse, 207.
- Weiss (E.-IL). Dynamomètre pour automobiles, 114. —Chauffage électrique dans les hôtels, 202.
- Zürciier (Pu.). — Les grès d’Annof, 103.
- p.422 - vue 426/647
-
-
-
- TABLE DES MATIERES
- N. B. Les articles de la Chronique, imprimés dans ce volume en petits caractères, sont indiqués dans cette table en lettres italiques.
- I. — ASTRONOMIE.
- Quelques postulala astronomiques (A. T.)..............102
- I,'expédition astronomique du mont Renard (Km. Touchet). 23 1
- La comète Morehouse, 1908 c (E. Touchet)..........403
- Carte de la Lune......................................120
- Météorologie solaire..................................238
- lé atmosphère des planètes............................271
- Comètes visibles en 1908............................. 303
- V,o planète Jupiter...................................303
- Phénomènes comélaires.................................330
- Comète Morehouse......................................415
- II. - SCIENCES PHYSIQUES.
- 1. — Physique.
- Fabrication des mandions à incandescence (I. Boyer) . 23
- L’énergie du soleil comme force motrice (A. Gradenwitz). 27
- Photomètre à lecture directe (Ch. Fkiiv).......... 35
- La plionocinématographe (A. Troi.ler)................ 99
- lin curieux microscope (N. La lue)................202
- Les méfaits de la lumière ultra-violette (A. Trou.eu). 350
- La matière et l’éther (L. De Launay)................ 390
- La dioptrie (Ch.-Ed. Guillaume)......................406
- Epreuves radiographiques de cadavres................. 14
- Le phénomène de Dose................................. 95
- 7,o loi de la conservation de la matière est-elle exacte? 112
- Les gaz dissous dans un alliage...................120
- La dispersion de la lumière dans le milieu interstellaire............................................145
- Les lampes à vapeur de mercure.......................158
- Conditions à satisfaire en radiographie..............319
- La radioactivité du sol..............................598
- Disque en papier pour couper le, bois................407
- 2. — Électricité.
- Avertisseur électrique à détonation pour voie ferrée
- (Robert Vii.lers)....................................... 35
- L’électricité au Capitole (Y. Forbin)...................... 48
- Mésaventures pliototélégrapliiques (A.-T.)................. 75
- Pendule électrique sans lien matériel (Ch. Féry) . . . 110
- Exposition internationale des applications de l’électricité
- à Marseille (G. Tardy)...................................209
- L’électricité au pressoir (R. Doncières)...................259
- Téléphonie sans fil (Sauvaire-Jourdan).....................523
- Nouveau télautograplie (L. F.).............................582
- Nouveau système de téléphonie sans fil (A. Gradenwitz). 583
- Soupapes électriques à aluminium (A. T.)...................399
- Accumulateurs électriques modernes (G. Roux) .... 413
- Le réglage des groupes électrogènes........................ 47
- Le spectre et la température............................... 63
- Corpuscules électrisés éléments de la matière ... 63
- Variations des éléments des courants....................... 79
- Télémécanique............................................. 126
- Influence d’une ligne électrique sur un orage à grêle. 175
- Superpositions d'oscillations dans un conducteur. . 175
- La photographie des ondes électriques...............254
- Electro-aimant gigantesque..........................522
- Nouveau monotéléphone...............................550
- La grêle et les lignes électriques..................587
- 3. — Chimie.
- Le vide dans les laboratoires et l’industrie chimique
- (A. Tuolleii)'..................................... 79
- Toxicité de l’hydrogène sulfuré (N. Obérant)..........117
- Synthèse organique : les combinaisons organo-magné-
- siennes (A. Hébert)................................178
- L’enseignement moderne de la chimie (L. De Launay). . 270
- Nouvelle méthode de pasteurisation (I)1' A. Gradenwitz). 551
- Mines d'hélium........................................ 14
- Spectre de flamme du fer.............................. 15
- Le bouquet des vins................................... 47
- Action catalytique du zinc............................ 47
- Phénomènes de, catalyse............................... 47
- Speclroscopie des métalloïdes......................... 47
- Les constituants immédiats de la houille.............. 75
- Le rôle des levures................................... 79
- Poids moléculaire des acides phosphoriques .... 79
- Décomposition des hydrocarbures gazeux................ 99
- Procédé rapide d'examen des vins......................120
- L'acide maligne dans la vinification..................126
- Un nouveau sucre......................................126
- Spectre du silicium...................................144
- Transmutation de métaux...............................175
- Une expérience de cours de chimie.....................207
- Propriété du fer......................................570
- Utilisation de l'azote atmosphérique..................598
- Un nouvel alcaloïde................................. 598
- Fabrication de pierres précieuses.....................398
- 4. — Photographie.
- Plaques extra-rapides Lumière, plaques autocliromcs
- (G. Maresciial)..........................................105
- Le portrait stéréoscopique animé (G. M.).................256
- La photographie des sons................................. 05
- III. - SCIENCES NATURELLES.
- 1. — Météorologie. — Physique du globe. Géodésie.
- Les travaux de l’association géodésique internationale
- (J.-L.)............................................. 50
- Une nouvelle boussole topographique (A. Berget). . . 96
- Le néphoscope (A. Dolby)...............................112
- L’acoustèle Daguin (E.-A. Martel)......................521
- Une nouvelle théorie des cyclones (C. de Cordemoy). . 346
- Variation séculaire du magnétisme, terrestre. ... 65
- Les gaz de la haute atmosphère.........................120
- Le deuxième crépuscule........................ 144, 207
- p.423 - vue 427/647
-
-
-
- 424
- TABLE DES MATIÈRES
- I,a sixième campagne géodèsique.....................286
- Sismographe enregistrant à distance.................287
- Aurore boréale......................................507
- Les déplacements du pôle et les tremblements de lt rre. 519
- L’électricité terrestre et les séismes..............519
- Les. puits magnétiques..............................594
- 2. — Géologie. — Minéralogie.
- Le volcan du Mauna-Loa (P. Sallioh)................. 17
- Les grès d’Annot (Pu. Zürcher)......................105
- La naissance d’une île volcanique (Y. Foiuiin)......172
- La dénudation des roches dures (E.-A. Martel). . . . 227
- Les galets dans les charbons du Nord (L. On Launay). . 558
- L’éruption de l'Etna en 1908.................... 14, 15
- Les roches pédonculaires du calcaire................ 65
- Catastrophe de la Martinique........................... 79
- Géologie de la Corse................................... 79
- Géologie de la Grèce...................................158
- /-hes basaltes du Cantal.................................190
- I Géologie de l'Algérie. . ..............................258
- \Jiasaltes du Cantal....................................258
- -Les roches d’Auvergne................................567
- Découverte de la houille à Madagascar...............567
- L’histoire des chrysanthèmes (IL Coupin)............362
- La maturation des tomates........................... 95
- Plantes fossiles du massif de l'Aubrac..............126
- Nocivité des graines de fausse vesce................143
- Une plante sans feuilles............................144
- Maladie cryplogamique du chêne......................176
- La maladie des chênes...............................190
- La coloration des raisins...........................190
- Caractères anatomiques des végétaux cl la classification..............................................190
- Le blanc du chêne.................................206
- Le parasitisme de la morille........................222
- Les graines à l’intérieur des fruits................222
- Culture de prolhalles de fougères...................222
- Le blanc du chêne.................................222
- JA oïdium du chêne.................................286
- Mutation par la culture.............................305
- Plantes de Madagascar.............................. 519
- I^a chlorophylle dans les plantes...................519
- Culture de plante parasite isolée...................554
- Bactéries lumineuses................................338
- Transport des amandes de noix de coco...............570
- 5. — Géographie.
- 3. — Zoologie. — Paléontologie.
- Assaut de force entre un éléphant et vingt hommes
- (Y. Forbin)......................................
- La défense du bison (M. Blot)......................
- Le Diplodocus au Muséum (M. Bi.ot).................
- Les coqs à longue queue du Japon (Y. Foriun).......
- Machine à nettoyer les poissons (Y. Forbin)........
- La nouvelle girafe du Muséum et les différentes variétés
- de l’espèce (E. Trouessart)......................
- Pêcheries de perles du golfe Persiquc..............
- Les Argas (E. Trouessart)..........................
- Psychologie animale : la musique et les chiens (l)r Dès-
- plein)......................................... . •
- Le solénodon de Saint-Domingue (V. Forbin).........
- JA élevage du turbot...............................
- Fossiles de Patagonie..............................
- Carte de L ostréiculture...........................
- La formation des globules rouges des mammifères.
- Les tuniciers par rapport aux mollusques...........
- Champignons cultivés par les fourmis...............
- La mémoire des Convoluta...........................
- La pluie et les insectes.............................
- Le planement des oiseaux...........................
- Le changement de coloration des grenouilles. . . .
- Recherches de parthénogenèse.......................
- Le tigre mangeur d’hommes..........................
- La jeune girafe du Jardin des Plantes..............
- Les guêpes du Congo............................ .
- Un parasite des pyrales de la vigne................
- Bourgeonnement des Annélides.......................
- Manifestation physiologique de la race géographique................................................
- 30
- 55
- 65
- 97
- 227
- 339
- 370
- 371
- 578
- 400
- 3
- 15
- 63
- 75
- 79
- 95
- 95
- 123
- 255
- 271
- 286
- 299
- 303
- 334
- 598
- 415
- 415
- 4. — Botanique.
- L'arbre à beurre de la Côte d’iA'oire (L. de Cantilly). . 4
- La défense des plantes par les piquants (A. Acloque) . 37
- Un vignoble dans la mer (.1. Boyer)..................... 64
- Extension de la culture du manioc au Dahomey (G. Re-
- belsperger).............................................. 78
- La vigne et les vins d’Australie (P. Privat-Desciianel) . 145
- Influence de la lumière sur la végétation (M. Blot). . 166
- Les plantes introduites (A. Acloque) . . ...............171
- Un portrait de botaniste par Fr. Clouet (L. De Launay) . 191
- L’alla (De Matiibisieulx)...................................265
- La lumière colorée et les plantes (J. Boyer)............305
- La fécondation des orchidées (E Gadeceau)...............309
- La désincrustation des pailles (P. Difeloth)................354
- Le gouffre de Proumcyssac (Dordogne) (E.-A. Martel). 59
- La colonie de lépreux des Hawaï (V. Forbin)..........129
- Les Puits aux Étoiles des Alpes-Maritimes (E.-A. Martel). 140
- New-York à vol d’oiseau (Y. Forbin)......................148
- La mission hydrographique du Maroc (G. (Regelsperger). 155 Les grands ponts naturels de l’Utah (A. Stehyal) . . . 193
- La navigation sur le Niger (P. Privat-Desciianel) . . . 218
- L’arbre écurie des Bahamas (V. F.).......................254
- Deux nouvelles voies ferrées en Afrique (D. Bei.let). . 257
- Les gouffres de la forêt d’Orléans (P. Combes fils). . . 287
- Les phénomènes glaciaires dans l’Alaska (Ch. Rabot). . 291
- Les nouvelles mesures de l’Empire Chinois (Ch. Eu.
- Guillaume)............................................305
- Chemin de fer de Tananarive à la côte occidentale de
- Madagascar (G. Regelsperger)..........................347
- La vallée de Bethmale (E.-A. Martel).....................556
- En Bulgarie : l’Isker et Tirnovo (L. De Launay). . . . 376
- Les ports charbonniers anglais et leur oulillage (\Y. Dar-
- villé)................................................580
- La Cluc de Daluis (E.-A. Martel).........................408
- Exploration arctique..................................... 47
- Nouvel appareil de sondage............................... 84
- Chemin de fer du Nyasaland...............................102
- Le canal impérial chinois............................... 117
- La seconde expédition Charcot............................125
- Les eaux minérales américaines...........................125
- Archives algériennes.....................................222
- Musée commercial japonais. ..............................227
- Rivière souterraine......................................585
- 6. — Archéologie. — Ethnographie.
- Préhistoire.
- Des moyens de faire pleuvoir (M. Blot)................ 5
- Une survivance préhistorique : le tabulnm (J. Dklsaux). 21 Les momies d’animaux en Égypte (L. De Launay). . . 42
- L’art pendant l’àge du renne (E.-A. Martel)........... 68
- Deux pièges à gibier de boucle du Niger (Dr Maglaud) . 116
- Les monuments du Yun-nan (E. de Fleuuellk) .... 124
- Le Taro des llawaiens (Y. Forbin).....................179
- Instruments de musique du Fouta-Dialon (M. Blot). . 203
- Les yeux de la montagne (A. Latour)............... . . . 211
- Les Gallas au Jardin d’Acclimatation (M. Blot) .... 225
- La légende des nattes (M. Blot).......................251
- Le thé au Japon (M. Blot)...............................274
- Les Tlios, Mans et Mcos, nos alliés au Tonkin (L. me
- Cantilly)............................................527
- Encore le « labulum » (J. Dei.saux). .................335
- L’industrie du chiclé (Comte de Périgny)...............588
- p.424 - vue 428/647
-
-
-
- :.., t ......................-......TABLE
- Décoration préhistorique, grotte du Porlel..........
- Les populations d’Europe............................
- Squelette préhistorique.............................
- 7. — Médecine. — Hygiène. — Biologie.
- Photographie de la voix (L. Fournier)...............
- L’eau saine dans l’armée (Dr G. Sinclair)...........
- L’eau pure des alpages (L.-À. Fabre)................
- La mission d’étude de la maladie du sommeil au Congo
- français.........................................
- Le trichinoscope (G. Marescral).....................
- Batellerie fluviale et santé publique (Dr Ouaué). . . .
- Le sport chez les aveugles (J. d’Izier).............
- Les injections d’eau de mer en thérapeutique (l)r A.
- Cartaz)..........................................
- La stérilisation industrielle des eaux potables (I)1' G.
- Sinclair)........................................
- Le gaz et l’électricité (F.-A. Martel)..............
- Le nouveau Codex (l)r A. Cartaz)....................
- La sérothérapie dans les néphrites (l)r A. Cartaz). . . Les usines de stérilisation de Di nard et de Nice (!)' G.
- Sinclair)........................................
- Les sérums des animaux tuberculeux.....................
- Coagulation du sang dans les tubes capillaires. . .
- L’élasticité vasculaire.............................
- Le développement du périmètre thoracique .... La concentration des liquides de Vorganisme. . .
- Hémorrhagies nasales................................
- Propriétés des bacilles tuberculeux chlorés.........
- Dissémination des maladies contagieuses par la batellerie ...........................................
- Découverte d’un hématozoaire........................
- Les séro-appendiccs.................................
- Eaux radioactives et goitrigènes....................
- Différenciation de trypanosomiases..................
- ]ai tuberculose et les Peaux-Rouges.................
- Le diagnostic de la tuberculose.....................
- Les alterations des noyaux des cellules.............
- L’évolution de la tuberculose.......................
- Le traitement des trypanosomiases...................
- Effets de l'intoxication tabagique..................
- Les microbes du tube digestif.......................
- Le traitement de la tuberculose.....................
- Toxicité de l’urine.................................
- Elimination organique de l'azote....................
- Utilisation thérapeutique de l’étincelle de haute fréquence .............................................
- Les conditions d’une bonne diction..................
- Epidémie de fièvre jaune à Saint-Nazaire............
- IV. - SCIENCES APPLIQUÉES.
- 1. — Mécanique. — Industrie.
- Le verre lilé et ses applications (E. Lemaire)........
- Une nouvelle machine à glace : le frigorigène Audiffren
- (N. Lallié)........................................
- Cadran solaire : l’héliochronomètre Gibs (H. Boügeois).
- La soie artificielle (A. Detœuf)......................
- Mise en marche automatique Doué pour les moteurs à
- explosion (L. Fournier)............................
- A propos de l’horloge mystérieuse (L. Fournier) . . . Comment on fabrique une balle de cricket (YV. Darvillé).
- Les moteurs à gaz pauvre (E. Taris)...................
- Nattes de Chine, du Japon et du Tonkin (D. Bellet). .
- Les étoffes artificielles (A. Ciiarlet)...............
- Le « Flip-flap » à l’Exposition franco - britannique
- (W. Darvillé)......................................
- Jouets princiers (B. Yillers).........................
- Elévateur automatique pour madriers (J. Boyer) . . .
- Les pétrins mécaniques (L. Fournier)..................
- Le réglage des fusils de chasse (B. Yillers)..........
- MATIÈRES ' .............— 425
- Les succédanés de la soie (G. Ciiarlet)...............266
- Les annonces lumineuses sans source lumineuse (1). Bellet)...................................•..............289
- La fabrication des violons (J. Larmanjat)..............316
- La roue automotrice (G. Chalmarès).....................319
- Le cbaulfage des fours de boulangerie par l’électricité
- (G. Tardy)..........................................324
- Nouveau système de chauffage par la vapeur (L. Four-
- mer) .............................................. 368
- La fabrication mécanique du verre à vitres (E. Lemaire). 373
- L’industrie allemande (P. S.)..........................379
- Une horloge géante.....................................274
- 2. — Mines. — Métallurgie.
- La mine de houille moderne (L. De Launay).............. 58
- L’embarquement des minerais au port d’Almeiria (P. de
- Mériel)............................................. 56
- Emploi du corindon et de l’émeri dans le travail des
- métaux (J. Escard).................................. 82
- Progrès de la métallurgie du cuivre (B. de la B.) . . . 84 La bille Brinell et l’essai des métaux (D. Bellet) . . 275 Sur l’état actuel de l’électrométallurgie du fer (G. Arnou). 294
- Au fond d’un sluice.....................................m
- L’abatage hydraulique dans les mines...................254
- 3. — Art militaire. — Marine.
- Le réglage du tir du canon en mer et les obus lumineux (Sauvaire Jourdan).................................. 26
- Moteur à paraffine pour sous-marins (A. Dessol) . . . . 44
- Constructions militaires dans le Haut Tonkin (L. de Can-
- UY)-................................................ 81
- Anciens instruments de navigation (J. Tuoulet). ... 108
- Signaux sous-marins et sécurité de la navigation (S*u-
- vaire Jourdan).........................................jpj
- Les petites marines du nord de l’Europe, Danemark,
- Suède, Norvège (Sauvaire Jourdan)......................149
- Le chien de trait dans l’armée (L. de Cantilly) .... 161
- L’avènement delà turbine en navigation (P. C.). . . . 194
- Le fusil électrique (G. Chalmarès).......................271
- La turbine à vapeur et les navires mixtes (B. Bo.n.mx) . 280
- La fortification du champ de bataille (L. G.)............300
- Les petites marines de la Méditerranée et de la mer
- Noire (Sauvaire Jourdan)...............................545
- Bateau de sauvetage à vapeur (D. Bellet).................366
- Nonvt au mode de propulsion des bateaux sous-marins
- (B. Champly)...........................................567
- Puissant bateau-pompe (Sauvaire Jourdan).................412
- Nouvelle pendule astronomique des Açores. . . . . 171
- Allas des constructions navales...........................554
- L’heure à bord des navires...............................567
- 4. Art de l’ingénieur. — Travaux publics.
- Les enseignements de la catastrophe de San Francisco
- (B. de Livry).......................................... 28
- La restauration des parchemins altérés par le feu
- (E. Lemaire)........................................... $7
- Grands barrages et stations hydroélectriques en Allemagne (P. de Mériel).......................'...............167
- Sciage d’une maison avec le fil hélicoïdal (J. Boyer). . 187
- Bestauration et nettoyage des statues (E. Lemaire) . . 196
- Chauffage et cuisson électrique dans les hôtels (E.-li.
- Weiss)...................................................202
- Phare en béton armé du détroit de Malacca (B. Bonnin). 204 La disparition du goulot de la gare Saint-Lazare (A. Trol-
- ler).................................................... 212
- La base navale anglaise de Gibraltar (B. Bonnin) . . . 242
- Les briques silieo-calcaires (P. de Mériel).................283
- Usine hydraulique de Tuilières (G. Boux)....................307
- Ventilation du tunnel du Simplon (B. Bonnin). .... 330
- Réfrigération du tunnel du Simplon (B. Bonnin). . . . 595
- Nouveau port d’Alexandrie (YV. Darvillé)....................401
- DES
- 15
- 63
- 383
- 6
- 20
- 51
- 62
- 113
- 142
- 144
- 174
- 268
- 278
- 318
- 526
- 359
- 15
- 15
- 47
- 47
- 63
- 79
- 95
- 95
- 126
- 143
- 190
- 222
- 255
- 255
- 255
- 255
- 271
- 271
- 505
- 519
- 334
- 534
- 585
- 399
- 599
- 2
- 11
- 15
- 58
- 49
- 92
- 102
- 151
- 134
- 138
- 152
- 159
- 176
- 180
- 207
- p.425 - vue 429/647
-
-
-
- 426 : ....... — TABLE
- Construction et rupture d'un barrage métallique . . Les constructions et les tremblements de terre . . . Barrages de réservoirs à crêtes mobiles.............
- 5. — Chemins de fer. — Automobilisme. Cyclisme.
- Un chemin de 1er suspendu pour Berlin (1)'' A. Gra-
- DENWlTz).........................................
- Dynamomètre pour automobiles (E.-li. Weiss) .... L’industrie de l’automobile en Amérique (N. Lali.ié). .
- Vitesse sur rails et sur roule (J. Larmanjat).......
- Ecoles d’aiguilleurs pour chemins de 1er (\Y. Darvillé). La grue de sauvetage des chemins de 1er d’Orléans
- (D. Bellet) .....................................
- Un nouveau système de chemin de 1er électrique (A. Doncières)..........................................
- 6. — Aéronautique.
- L’aéroplane en Angleterre (V. Forbin)...............
- Adjudication d’aéroplanes militaires aux Elals-Unis (Sauvage) ..............................................
- Théorie générale du planement (L. Fournier).........
- Le « llying-lish » de M. 11. Farman (L. Fournier) . . .
- L’aéroplane des frères Wright (Sauvage).............
- Aviation: quelques planeurs (L. Fournier)...........
- Les ballons dirigeables (L. Fournier)...............
- Une torpille aérienne (A. Trou.eu)..................
- MATIÈRES
- Quelques points d’aviation (E. Prayon).................502
- Le prix d’aviation de « i,a Nature »...................355
- L’hélicoptère de Kimball (V. Forbin)...................369
- Le dirigeable lîayard-Clément (L. Fournier)............385
- Concours de eerfs-volanls (J. b’Izier).................392
- Planement des oiseaux.................................. 46
- Hydrogène pour aérostats.............................. 159
- V. — NÉCROLOGIE. - DIVERS.
- Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences (Cn. de Yili.edeuil), 14, 46, 63, 79, 95, 126, 145, 158 175,190, 206, 222, 238, 2\5, 271. 286, 503, 319, 534,
- 350, 367, 383............................... 598, 415
- Le numérotage des plombs de chasse (Cii.-Ed. Guu.-
- laume)..............................................170
- Alfred Giard (J.-P. Laeitte)...........................177
- Service maritime postal entre Paris et New-York (E. 1)b-
- bouilly)............................................199
- Henri Becquerel (L. 1)e Launay)........................223
- E. Mascart (Cn.-En. Guillaume). .......................238
- Le numérotage des plombs de chasse (Ch.-Ki*. Guillaume).................................................242
- Sir John Evans (J. Delsaux)............................347
- E.-T. llamy (JL Blot)..................................416
- Legs à CAcadémie.......................................255
- Manuscrits de G. Cuvier................................415
- DES
- 22
- 46
- 222
- 127
- 114
- 154
- 186
- 241
- 557
- 555
- 1
- 54
- 106
- 200
- 214
- 230
- 246
- 301
- FIN DUS TABLES
- p.426 - vue 430/647
-
-
-
- ERRATA
- grêle et les lignes électriques (n° 185*2, du 21 novembre 1008, p. 587).
- Une erreur de composition a rendu incompréhensible une partie de cet article. Voici comment il faut rétablir le texte : à la 24e ligne de la lro colonne, après la phrase « U serait fort utile que des observations.... permissent.... de jeter quelque lumière sur le problème si obscur encore de l'électricité atmosphérique » ; il faut intercaler les 15 lignes qui terminent l’article. « Dans l’état actuel de nos connaissances, est-il possible d’expliquer, etc. »
- Paris. — Imprimerie L.uiuuis, rue de Fleurus, 0.
- p.427 - vue 431/647
-
-
-
- p.n.n. - vue 432/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’Ecole des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : /20» Boulevard SainGGermain, Paris (VIe)
- La reproduction des illustrations de * La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1828 — 6 JUIN 1908
- INFORMATIONS
- ><
- SUPPLÉMENT
- L’aviation. — L’aviation devient décidément un sport; les adeptes en sont chaque jour plus nombreux. Déjà l'on voit poindre des matchs aériens qui peut-être se transformeront bientôt en courses véritables. Treize aviateurs s’exercent actuellement à battre les records de Delagrange et Farman : en tête naturellement Delagrange et Farman. Le premier vient de réussir à Rome un vol superbe de plus de i5 minutes. Le second, à Gand, malgré un veut très fort, a pu se maintenir quelques instants au-dessus du sol, puis enlever avec lui sur plus d’un kilomètre un deuxième passager. M. Esnault-Pelterie continue à Bue ses tentatives de l’an dernier, ; M. Bleriol, sous peu, reprendra ses essais, M. Voisin, dans quelques jours, expérimentera un triplan ; les appareils Kapferer, Gastembide et Mengin, de Pischof, Kœchlin, Boussoii-Borgnis. Bertin Auffin-Ordt, Zens, comptent affronter prochainement les aérodromes parisiens.
- Le nivellement général de la France. — Les opérations topographiques relatives au nivellement général de la France se, poursuivent avec activité sous la savante direction de M. Lallemand, Ingénieur en chef des Mines. La campagne 1907 a comporté 4918 kilomètres de cheminement; 161, ont été consacrés à la jonction du réseau français et du réseau italien; 190, au nivellement de précision du canal du Midi; 99, au nivellement des voies navigables entre la Belgique et Paris; 522, au relevé de profils de torrents alpestres; enfin, les autres cheminements ont été consacrés au développement normal du programme de nivellement général qui enserre la France entière dans un réseau dont les mailles se resserrent chaque jour davantage. Les observations, poursuivies depuis 1885, ont mis en évidence le phénomène suivant : à Marseille, le niveau moyen de la mer d’après les résultats fournis par le marégraphe, coïncidait en 1895, avec le zéro normal du nivellement général delà France. 11 s’était relevé progressivement jusqu’en 1906, où il a atteint l’altitude de 22 mm. Aujourd’hui, il est à nouveau en voie de décroissance. Le niveau moyen des mers sur nos côtes a subi, pendant la période 1890-1900, un exhaussement progressif suivi d’un abaissement depuis cette époque. Cet abaissement s’est poursuivi en 1907.
- Le réseau téléphonique de Pékin. — La Chine est en train de se transformer ; de même que l’on y construit des voies ferrées où se fait une circulation intense de voyageurs ; de même que Pékin commence d’avoir un service de nettoyage des rues, de même, la capitale de l’Empire possède maintenant son réseau téléphonique. On y compte déjà 1700 abonnés, et il paraît qu’il se développe très rapidement.
- Le tungstène dans les mineraisl — Notre confrère Engineering and Mining Journal affirme que le procédé suivant réussit fort bien pour la reconnaissance du lungstène dans un minerai. On commence par traiter le minerai concassé et broyé, de manière à séparer les parties minérales lourdes de la gangue ; puis on fait
- bouillir le concentré dans de l’acide chlorhydrique, durant 20 à 3o minutes, et naturellement dans un récipient de verre. Cinq minutes avant la fin de l'ébullition, on ajoute de l’acide nitrique, dans la proportion d’un quart du volume d’acide chlorhydrique. S’il y a du tungstène, il se formera un précipité jaune canari de trioxyde de tungstène, précipité qui adhérera un peu au vase. On vérifiera que c’est bien du tungstène en essayant de le dissoudre dans de l’ammoniaque : la dissolution sera la preuve cherchée.
- L’électricité dans le nord de la France. — L’agglomération industrielle qui s’étend entre Lille, Roubaix et Tourcoing, est une des plus importantes qui soit dans le monde entier. Or, elle est restée jusqu’à ces derniers temps, privée de distribution électrique importante. Les usines génératrices d’électricité s’y réduisaient à de faibles unités, alimentant des établissements isolés ou des régions de périmètre réduit. Cette situation paradoxale a disparu aujourd’hui ; l’immense ville que constitue, en réalité, l’ensemble des trois cités et de leurs dépendances, est aujourd’hui desservie par une gigantesque entreprise de distribution électrique l'Energie électrique du Nord. La station centrale est à Wasquehal, près de Roubaix; sa puissance sera sous peu de 35 000 chevaux-, vapeur fournis par 7 alternateurs qu’alimentent des turbines à vapeur. Ces groupes turbo-alternateurs fournissent du courant triphasé à 5o périodes et à 10000 volts. Ce voltage, employé pour transporter l’énergie, est abaissé par des transformateurs aux points d’utilisation.
- La couleur dans l’œil du peintre. — On s’est souvent demandé dans quelle mesure l’interprétation si différente que deux peintres donnent d’un même spectacle tient à un phénomène physique qui se passe réellement, objectivement, dans leur œil. Suivant la plaisanterie courante, y a-t-il des gens qui voient mauve? Le docteur Fortin a donné, à ce sujet, quelques observations intéressantes dans le New- York Herald. Prenant un fond orangé, sur lequel x’êpose un objet couvert d’un papier de soie, 011 sait que le jeu des complémentaires fait paraître l’objet vaguement bleu. C’est le phénomène qui fait ressortir en bleu nos veines sur le fond jaune-rouge de la chair et qui fait tourner au rouge des troncs d’arbre sombres, vus à travers la brume sur des pi'és d’un vert intense. Or notre œil n’est pas une chambre noire, mais une chambre rouge et dont le rouge peut varier suivant les individus. Nous ajoutons, de ce fait, à toutes les couleurs que nous observons une proportion variable de bleu-vert comme si nous venions de regarder à travers un verre orangé. Suivant que la choroïde de l’œil est plus ou moins pigmentée, elle doit absorber plus ou moins aisément les rayons bleus ; et c’est peut-être pourquoi les peintres du midi aux yexix noirs ont une autre peinture que les peintres du nord aux yeux bleus, même lorsqu’on les suppose transportés dans le même milieu. De même, un tableau nous apparaîtra tout différent suivant son ambiance et
- 1
- p.2x1 - vue 433/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- suivant la manière dont, non pas seulement lui-même, mais aussi l’œil du spectateur est éclairé (latéralement ou par en haut, etc.). Ajoutons, pour lie pas exagérer que, dans la traduction par l’artiste, il entre aussi, pour une bonne part, d’habitude prise à la suite d’expériences suggérées par l’instinct ou l’éducation, dans lesquelles, à un moment donné, un résultat d’interprétation a été obtenu qui a satisfait l’idéal de l’artiste ou simplement celui de son public. On se crée ainsi une interprétation personnelle des couleurs comme une écriture ; et, dans les deux cas, avec une nécessité physique qui peut renseigner sur des particularités profondes du tempérament, il entre aussi beaucoup de graphisme conventionnel.
- Le cinématographe d’art. — On fait souvent une opposition entre l’art théâtral et le cinématographe ; cet instrument, aujourd’hui-si populaire, est volontiers considéré par certains, comme exclusif de toute préoccupation artistique. Pour ceiix qui connaissent la genèse d’une bande cinématographique (Voir l’article de M. Mareschal, La Nature, 11“ 1800, -Ï5 novembre 1907), rien n’est plus inexact. Mais que dire aujourd’hui? Très prochainement nous verrons dans les théâtres cinématographiques, dédier les bandes représentant des scènes composées par des auteurs connus et non des moindres; on cite même dès maintenant certains noms d’académiciens. Les acteurs seront les meilleurs de nos comédiens parisiens. On s’est plaint beaucoup, ces derniers temps, des tournées qui privent la Comédie-Française de ses artistes les plus en renom au prolit des capitales étrangères. Désormais, tout sera changé; nous garderons nos distingués comédiens et tragédiens. Nous ne les exporterons plus que sur films cinématographiques.
- Le combustible liquide dans la marine de guerre anglaise. — Un mouvement des plus intéressants se fait actuellement dans la Marine de guerre anglaise, en vue de l’adaptation de toutes les chaudières au chauffage au moyen du pétrole. Dans ce but, on a doté le Dreadnought de cales lui permettant de prendre à bord, pour ses chaudières, 5oo tonnes d'huile minérale; de son côté, Y Edward VII a tous ses foyers installés pour ce même mode de chauffage, ce qui ne l’empêche pas de pouvoir chauffer à la houille de façon normale. On dote tous les croiseurs et cuirassés d’installations analogues, au furet à mesure qu'ils rentrent aux arsenaux pour les visites réglementaires. Et l’on a créé à Portsmouth des réservoirs à combustible liquide qui peuvent en contenir 20000 tonnes.
- Les phosphates. — L’industrie relativement récente des phosphates est une de celles quia fait, dans ces dernières années, les progrès les plus rapides, comme le montrent les chiffres suivants relatifs à la consommation mondiale :
- Années Tonnes
- 1850................................................. 15.000
- 1860................................................. 50.000
- 1870................................................ 175.000
- 1880.....................................- . . . 600.000
- 1890.............................................. 1.400.000
- 1900.............................................. 2.750.000
- 1906 ............................................ 3.600.000
- 1907 ............................................-4.637.000
- La production de manière suivante :
- 1906 et de 1907 s’est répartie de la 1907 1906
- Amérique. . . Algérie-Tunisie l’acifiquc . . . France . . . . Autres pays. .
- en milliers de tonnes
- 1.917 2.052
- 1.365 1.060
- 300 250
- 375 425
- 280 255
- Les gisements d’Amérique sont ceux de la Floride, de la Caroline du Sud et du Tennessee. En Algérie, on connaît assez la région de Gafsa et, accessoirement, celle de Tebessa. La production française est répartie entre des gîtes assez nombreux, Somme, Oise, Boulonnais, etc. Dans le Pacifique, on a mis en exploitation, depuis assez longtemps la petite île de Christmas au sud de Jav et l’Océan Island. On a récemment annoncé la découverte d’autres îles à phosphates dans la même partie du monde. Le prix des phosphates est naturellement variable avec la teneur. Si l’on prend les phosphates algériens à 55-Go pour 100, on voit que leur prix
- moyen par tonne était de 84 l’r. en 1908, de 87 en 1906, de .42 en 1907. Les phosphates de la Floride à plus haute teneur de 78-80 ont valu : 5a l’r. en 1908, 60 en 1906, 80 en 1907.
- La population des travailleurs du canal de Panama. — Durant l’année 1907, il est arrivé 71 000 personnes dans l’Isthme, et il en est parti 44°°o; le nombre des travailleurs du canal, en comprenant aussi les employés, a été en moyenne de 39380 personnes, dont 10700 blancs et le reste poirs. La mortalité de ces deux catégories a été respectivement de 16,3o et de-49 pour 1000.
- Une ferme à kangourous. — C’est un élevage nouveau qui a été tenté par deux Anglais, M. Payne et Jack Wallace, à Batli, en Angleterre. Voici douze mois que fonctionne leur établissement, qui semble prospérer et démontrer que les kangourous s’accommodent aussi aisément de la captivité que du climat de l’Angleterre. Cette ferme occupe une superficie de plus d’un hectare et demi, entièrement entourée d’une haute muraille ; on y trouve une soixantaine d’animaux d’espèces variées et généralement rares. Les élèves se vendent très bien, il est souvent de mode d’en peupler partiellement certains parcs particuliers.
- Les galères de Némi. — Depuis 1898, on sait l’existence des deux galères de Tibère au fond du lac Nemi et des plongeurs en ont rapporté des ornements divers en bronze, ivoire, bois précieux. Mais on voudrait faire plus et extraire les navires eux-mêmes, dont la valeur archéologique serait inappréciable. Opération délicate, pour laquelle on a fait divers projets, tous difficiles à exécuter en raison de la vétusté des navires qui fait craindre leur émiettement dès qu’on y touchera, et même dès qu’ils subiront le contact de l’air. Le dernier projet de l’ingénieur Malfatli, actuellement étudié par la Commission administrative, est au moins original. 11 consisterait à vider complètement le lac, ce qui coûterait 3oo à 480 000 fr. pour en retirer les épaves avec toutes les précautions nécessaires. Mais à qui appartiennent-elles : au propriétaire du lac, don Enrico Ruspoli, ou à l’Etat (ne fut-ce que comme héritier présumé de l’empereur Tibère) ? La question juridique, délicate, occupe avant tout les juristes.
- L’aviculture en Allemagne. — S’il faut en croire la Revue Avicole, la princesse impériale d’Allemagne s’intéresse tout particulièrement à l’élevage des volailles. Elle vient, paraît-il, de faire construire une basse-cour modèle, aménagée avec tous les perfectionnements modernes et où l’on s’occupera, sous la direction d’une personne compétente, des croisements de races, de la ponte et de l’engraissement. Jusqu’à présent, les volailles de choix étaient fournies à l’Allemagne par l’étranger. Déjà, les éleveurs allemands, grâce à l’établissement de la Kronprinzessin, espèrent que bientôt d’authentiques poulets d’Empire pourront rivaliser, sur les tables les mieux servies, avec les poulardes de la Bresse et les chapons du Mans.
- La langue anglaise en Irlande. — D’après M. D’Ar-bois de Jubainville, commentant dans la Revue celtique (XXIX, 1908, p. 89) un mémoire de M. H. Osthoff, de Heidelberg, en 1881, 1 534876 personnes en Irlande parlaient irlandais et sur ce nombre 31960a ne savaient pas l’anglais. Aujourd’hui (1907) le nombre des Irlandais qui parlent leur langue nationale est réduit de plus de moitié, soit 620189 dont seulement 20953 ignorent l’anglais. Une ligue gaélique s’est d’ailleurs formée pour réagir contre cet abandon de l’ancien parler du pays, ayant à sa tête un savant celtisant bien connu, le Dr Douglas Hyde.
- Daltonisme acquis et temporaire. — Le Professeur Best a donné récemment, dans Umschau, des indications assez curieuses sur un cas particulier de ce daltonisme, de cette sorte de cécité aux couleurs, qui se produit assez fréquemment après une exposition trop prolongée des yeux à l’éclat de la neige. Il s’agissait d’un alpiniste, médecin lui-même, qui, à la suite de deux jours d’excursion au milieu de champs de neige, se trouva incapable de percevoir ni le rouge ni le vert. Les fanaux verts ou rouges d’un train lui semblaient uniformément jaunes, alors que la sensation au bleu ou au jaune demeurait absolument intacte.
- p.2x2 - vue 434/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Mécanique
- Appareil à couper les moulures. — Les spécialistes l’appelleront presse à petits bois; mais la désignation que nous employons est pins claire pour les profanes ; et justement ces profanes peuvent avoir intérêt à se servir de ce petit dispositif.
- Quand on veut couper, tronçonner une tige, une baguette de bois, une tringle, une moulure, celle-ci flotte et bat durant le travail, et l’on risque fort de la voir se casser; tout au moins l’opération est-elle rendue difficile. Cette presse, ou plus exactement ces mâchoires permettent d’immobiliser complètement et rapidement la tringle ou la moulure. Une des mâchoires est fixe, dis-
- Appareil à couper les moulures.
- posée sur un établi, et on y pince l’un des bouts de la tringle; on place ensuite aux deux points convenables, le long de la tringle, d’une part la seconde mâchoire qui, elle, est mobile, et de l’autre le guide. Celui-ci s’ajuste aisément à frottement, tandis qu’une vis à pression permet de le maintenir en place lui-même sur le bord de l’établi. La mâchoire mobile se fixe de même manière ; mais le serrage de son organe mobile de préhension (comme pour l’autre mâchoire disposée à poste fixe) est assuré par un pas de vis sur lequel on agit par l’intermédiaire d’une manivelle. Tout cela est en fonte malléable vernie noire; c’est robuste quoique léger, et tout à fait pratique. — L’appareil se trouve chez M. Markt, 107, avenue Parmentier, à Paris.
- Presse et serre-joint rationnels. — Nous les trouvons du reste réunis en un seul appareil,- qui est de transport très facile, mais robuste, ingénieux, de fonctionnement rapide, puissant et sûr. Qu’on ne s’étonne pas de tous ces qualificatifs louangeux : on va pouvoir juger tout de suite de leur légitimité.
- Nous nous trouvons en présence d’une mâchoire métallique double, l’une des mâchoires étant essentiellement déplaçable au moyen d’un pas de vis qui est sous la dépendance d’une manivelle. Le point d’appui du pas de vis est donné par une sorte de monture, contenant un écrou à sa partie supérieure; cette pièce est fixée par des vis à la portion antérieure, ou du njoins extrême, d’un montant en bois très dur, qui forme châssis pour le serre-joint. A noter que lavis décommandé est à filet carré ; elle est fort résistante, la tête de cette vis vient
- Presse et serre-joint rationnels.
- pénétrer dans un logement où elle rencontre du métal antifriction, ce qui assure des frottements aussi réduits que possible. Il n’y a pour ainsi dire pas d’usure. Le glissement de la mâchoire mobile est réglé dans les meilleures conditions, parce que cette mâchoire comporte inférieurement, et de chaque côté, des griffes glissant dans des rainures pratiquées sur chaque joue de la pièce de bois dont nous avons parlé.
- Mais à noter aussi que, pour réduire autant que possible le déplacement qu’il faut imposer à la mâchoire mobile, la seconde mâchoire est elle-même dotée d’une certaine mobilité. Elle comporte une queue qui est solidaire d’elle ; et on peut la fixer dans des positions diverses le long du montant de bois, en entrant cette queue dans tel ou tel des trous à tenon ménagés dans la surface
- du montant. Nous pourrions ajouter qu’imprégnation et séchage soigné mettent le montant de bois à l’abri de toutes les déformations. — En vente, 107, avenue Parmentier.
- *>> Appareils
- Appareil à sécher les fruits. — Le séchage des fruits qui s’opère en Amérique, particulièrement dans la Californie, et aussi en Allemagne, est encore peu pratiqué en France, sauf en ce qui concerne certaines spécialités. Cependant les produits du verger aussi bien que ceux du potager pourraient être utilisés bien mieux qu’ils le sont généralement, en vue de la fabrication de conserves très économiques. Dans les campagnes, dans certaines campagnes, plutôt, on sèche cependant quelques fruits : pommes, poires, cerises, prunes; mais le procédé n’a rien de sérieux, la chaleur du four, après cuisson du pain, dans les ménages où le pain se fait encore à la ferme, desséchant souvent outre mesure les fruits qui se raccornissent et perdent une grande partie de leurs qualités.
- Un séchage bien compris doit simplement enlever une forte proportion de l’eau que contient le fruit. Dans le but d’obtenir ce résultat M. Yermorel a imaginé les évaporateurs, appareils très simples de différents modèles constitués par une sorte de boîte en bois, rectangulaire ou carrée, que l’on dispose sur un fourneau spécial ou même sur un fourneau de cuisine, et qui contient un certain nombre de cadres ou claies, sur lesquels on place les produits à sécher.
- Naturellement la température ne doit pas dépasser une certaine limite, 90 degrés au maximum, afin de ne pas porter les fruits à la cuisson. Les fruits de la claie inférieure, qui sont les plus rapprochés du foyer sèchent les premiers.
- Lorsque le degré de dessiccation des fruits contenus dans ce cadre est obtenu, un système de levier permet de soulever la pile des châssis et celui du bas est retiré et se trouve automatiquement remplacé par celui qui venait au-dessus. On garnit le châssis vide de fruits frais et il est remis au-dessus de la pile. Il s’établit ainsi un roulement entre les divers châssis dont les fruits se dessèchent progressivement au fur et à mesure qu’ils se rapprochent du foyer. La chaleur de ce dernier se répartit uniformément sur toute la surface des claies.
- Les fruits doivent subir une préparation avant le séchage; ceux à pépins : pommes, poires, seront pelés, coupés en tranches, rondelles ou quartiers. Les pêches seront également pelées tandis que les prunes, les cerises, les figues, sont disposées telles quelles sur les claies. On conseille d’éclaircir les grappes de raisin qui seraient trop compactes, en enlevant quelques grapillons qui sont ensuite placés à côté des grappes. Les claies remplies de fruits pelés nouvellement garnies seront mises tout d’abord juste au-dessus du foyer afin de diminuer leur jaunissement.
- Ajoutons enfin que les produits du potager : petits pois, haricots verts, choux-fleurs, carottes, etc., etc., peuvent également être conservés de la même manière, après avoir subi le traitement préalable qui convient le mieux à la préparation de chacun d’eux.
- La durée de l’évaporation varie avec les produits : en règle générale les fruits coüpés sont séchés en cinq à six heures ; si on veut les laisser entiers, il faudra compter deux fois plus de temps environ. La dessiccation des raisins est plus délicate et plus longue que celle des fruits ;
- Appareil
- à sécher les fruits.
- p.2x3 - vue 435/647
-
-
-
- elle dure de deux à trois jours. — Pour tous renseignements concernant la dessiccation des fruits et légumes et les évaporateurs, s’adresser à M. Y. Yermorel, constructeur, à Yillei'ranclie (Rhône).
- Lève-tonneau « Le Pratique ». — Ce nouvel appareil n’est pas destiné à soulever des fûts pleins; il ne doit entrer en service que pour lever des tonneaux lorsqu’ils sont presque vides, pour terminer la mise en bouteilles, alors que le niveau du liquide atteint presque la hauteur du robinet.
- Il se compose d’une tige filetée, terminée par une poignée, et que peut parcourir un tourillon mobile armé de deux greffes. Enfin l’extrémité opposée à la poignée
- Lève-tonneau « Le Pratique ».
- et emmanchée dans une planchette qui sert à 1 appuyer sur le sol ou contre tin mur.
- Il faut toujours avoir soin de placer la tige filetée dans l’axe du fût; on amène ensuite les detix griffes en prise avec le bord extérieur des douves et on tourne la poignée. La tige filetée oblige le tourillon à monter et le tonneau se soulève peu à peu, très doucement sans qu’il en résulte aucun dommage pour le liquide. — Le lève-tonneau Le Pratique est en vente, xoi, Grande-Rue de la Guillolière, à Lyon.
- L’avertisseur d’incendie « LeTherma ». — Le principe de cet avertisseur, imaginé par M. Janiain, est le' suivant : si l’on enferme dans un espace hermétiquement clos contenant de l’air, une boîte de baromètre anéroïde, le ressort qui constitue cet appareil est soumis, non plus à l’influence des variations de la pression atmosphérique, mais à celle des variations de la pression de l’air renfermé dans l’esjxace clos. Supposez que la température de l’instrument s’élève, la pression de l’air intérieur augmente, le ressort anéroïde se comprime.
- M. Jamain a eu l’ingénieuse idée d’utiliser les mou-
- Avertisseur d’incendie « Le Therma ».
- vemenls dus à la compression ou à l’extension de la' boîte anéroïde pour commander un ressort qui appuie constamment sur elle et qui vient fermer un contact électrique dès que la température atteint une limite déterminée d’avance.
- Le contact électrique en se fermant, fait fonctionner une sonnerie ou tout autre signal avertisseur.
- Le Therma présente l’avantage d’avoir des organes d’une grande simplicité; en outre, les pièces qui la' constituent sont à l’abri de toutes les causes d’oxydation ou d’usure : poussière, humidité, etc. ; car l’enveloppe métallique hermétiquement fermée empêche toute corn-.
- munication avec l'extérieur. L’avertisseur présente donc toutes garanties, et peut être placé en tout lieu, sans crainte de mauvais fonctionnement.
- I.e 'Therma peut être réglé pour toute température, avec une très grande précision. Il est peu encombrant et se branche aisément sur un circuit ordinaire de sonnerie; dans les grandes installations, il est utile d’employer comme appareil avertisseur, au lieu de sonnerie, un tableau à voyants qui permet de reconnaître instantanément l’appareil qui vient de fonctionner.
- On conçoit aisément les grands services que peut rendre un tel appareil. Sa grande sensibilité permet même de l’utiliser à bien d’autres emplois qu’à celui d’avertisseur d’incendie : il pourra servir dans les hôpitaux ou dans les réunions à prévenir que la température de telle salle atteint une valeur dangereuse pour l’hygiène.
- On pourra construire sur le même principe des avertisseurs à minima à l’usage par exemple des horticulteurs, qui seront ainsi prévenus des baisses subites de température. — L’appareil est en vente chez M. Haxnm, 15, rue de la Banque, à Paris.
- *> Divers <*
- Ligature pour tuyaux. — Le comptoir général de mécanique et de précision vient de mettre en vente une nouvelle ligature pour tuyaux tout à fait ingénieuse, tant par sa simplicité que par la modicité de son prix de revient.
- Cet appareil connu sous le nom de collier extensible « Looping the loop » permet de s’adapter à tous les tuyaux de n’importe quel diamètre. Il se compose d’une âme en acier recouverte d’un ressort à boudin dont les
- Ligature pour tuyaux.
- spires se touchent. A l’une des extrémités du collier se trouve une pièce d’acier formant arrêt pour un écrou à oreille se vissant directement sur le ressort à boudin. Dans ces conditions, en serrant ou desserrant plus";ou moins l’écrou à oreille, on arrive à adapter le collier suides tuyaux d’un diamètre quelconque.
- Sa mise en place et son enlèvement sont sûrs, simples et l'apides, rendant ainsi d’énormes services aux automobilistes et chauffeurs. — On trouve ce collier au Comptoir général de Mécanique et de Précision, 119, rue Saint-Maur.
- Timbre-dateur automatique. — Voici un remarquable instrument qui semble appelé à rendre de très réels services. C’est un timbre-dateur automatique à plusieurs usages.
- En déplaçant le levier que l’on aperçoit sur notre figure, de façon que son aiguille vienne se déplacer dans l’une des encoches N, P, I ou O, on peut réaliser à volonté, l’une des combinaisons suivantes :
- Chaque fois que l’on appuie sur la poignée de l’appareil, on imprime : x° soit la suite naturelle des nombres entiers ; 20 soit la suite naturelle des nombres pairs ; 3° soit la suite naturelle des nombres impairs ; 4° soit
- constamment le même nombre.
- ’ Une autre combinaison permet enfin d’imprimer la suite naturelle des nombres, mais en répétant chaque nombi'e deux fois de suite, ce qui peut être précieux en bien des cas. — L’objet est en-vente aux ateliers Fournier-For-quignon, 36, rue des Petites-Ecuries, à Paris.
- p.2x4 - vue 436/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- L’hydrogenèse ou production artificielle des sources. — Une publication1 de lecture un peu déroutante vient de nous fournir sur ce grave sujet des opinions en somme assez contradictoires. Il est fort singulier, en effet, de prétendre à la fois que, partout à la surface du globe, les sources diminuent ou s’enfouissent, et que les reboisements n’ont pas d’influence sur leur conservation et leur régularisation.
- C’est cependant ce que fait M. Dessoliers, sous prétexte qu’il existe « de vastes surfaces boisées d’où n’émerge aucune source et que, d’autre part, de puissantes sources jaillissent dans des régions dépourvues de toute végétation forestière. » Il nie donc « l’heureuse influence des forêts sur les sources en tous lieux. » Et en même temps, il proclame la réduction des sources et des cours d’eau pérennes, qui approfondissent graduellement leurs lits, extérieurs ou souterrains. Sur ce second point il n’y a qu’à opiner de même. Sur le premier, il est vrai que dans les steppes à forêts de Russie, M. Oto-Izky a constaté que le niveau des eaux phréatiques est plus bas sous bois qu’en plaine découverte (jusqu’à 4 ou 5 m. parfois). Mais M. Henry a établi que, si la forêt affaiblit les suintements superficiels (c’est-à-dire les dessèche au grand profit de l’hygiène), elle prolonge l’humidité en profondeur. Il est clair que les forêts consomment beaucoup d’eau. Mais aussi elles attirent la pluie et, par leurs racines, en conduisent une notable part dans le sous-sol profond. Par leur couvert elles atténuent l’évaporation qui, au Sahara, selon M. Dessoliers, est 28 fois plus forte que la chute de pluie! L’auteur invoque l’exemple de Vaucluse, pour prouver que les plateaux stériles et nu's fournissent beaucoup d’eau! Oui, mais capricieusement (4,5 m3 à 1 Contributions diverses à l'hydrogenèse, par H. Dessoj.iers, ire partie, in-40, 88 p. et 4 pi.» Alger, imprimerie algérienne.
- i5o m3 par seconde pour Vaucluse) et avec des risques, de contamination, dont M. Dessoliers ne tient nul compte et que la forêt atténue singulièrement.
- En Tunisie, le régime des pluies n’aurait point changé depuis les Romains. C’est peut-être là une hasardeuse affirmation, qu’on ne peut discuter utilement. En revanche, il est fort exact que les anciens maîtres du bassin méditerranéen possédaient, en fait d’hydrologie artificielle, d’irrigation et de captage d’eau, des talents qu’ont perdus nos ingénieurs modernes. Aussi M. Dessoliers demande-t-il avec raison que l’on revienne (surtout en Algérie et Tunisie), au « procédé antique delà suralimentation des terrains perméables, à l’aide des eaux de ruissellement de la saison pluvieuse ». Les inondations des surfaces sableuses, des barrages, étangs, bassins d’absorption, tranchées, décapages de terrains fissurés permettraient cet emmagasineraient dans les sous-sols détritiques, d’où il ne s’écoulerait ensuite que lentement, au fur et à mesure des besoins : en plusieurs places, on pourrait même utiliser ce qui subsiste des travaux romains, pour reconstituer de réelles sources artificielles. Théoriquement l’idée est excellente : en pratique, sa réalisation présentera des difficultés (mais non des impossibilités) qui varieront avec la nature des terrains et les accidents de la topographie.
- En vérité, le moyen suggéré est à retenir et d’application possible sans doute en maintes localités, au pxûx d’études préliminaires des plus soigneuses. Mais, de toute manière, on ne saurait souscrire à la proscription des forêts; ni contester leur rôle condensateur, épurateur, régulateur! Plus que jamais au contraire, à notre époque où le déboisement fait presque criminellement rage en France, il faut proclamer de plus fort en plus haut, que la forêt est une des plus précieuses richesses de la nature, une des sauvegardes de l’humanité !
- HYGIENE ET SANTE
- La destruction des mouches. — 11 n’est pas besoin d’avoir vécu dans le fond du Midi, pour apprécier le degré d’importunité de cette bestiole désagréable qu’est la mouche. Dès qu’apparaissent les premiers rayons de soleil printanniers, les voilà qui bourdonnent; isolées, en petits groupes, comme un détachement d’éclaireurs, elles commencent à fouiller votre appartement, jusqu’à ce que l’essaim grossissant forme une cohorte noire importune, rageuse et qui vous exaspère. C’est un véritable fléau et, pour peu que vous ayez dans votre voisinage, des écuries, un dépôt d’immondices quelconques, les mouches viennent s’abattre par milliers dans votre cuisine et dans toutes les pièces du logis.
- Dans un rapport extrêmement intéressant présenté au Comité d’hygiène du Counly Council de Londres, les docteurs Shirley Murphy et Hamer ont étudié plusieurs points fort intéressants de la diffusion de cet insecte malfaisant. L’enquête à laquelle ils se sont livrés est des plus intéressantes; il s’agissait de savoir si le Comité d’éducation était en droit de s’opposer à l’établissement de dépôts de déchets, de détritus ou de fumiers au voisinage de ses écoles. Il n’y a pas de doute que les étables, les écuries, les dépôts d’engrais ou de fumiers favorisent la reproduction de la mouche à un degré supérieur à une maison propre, et nettoyée d’une façon régulière. Mais jusqu’à quelle distance peut se produire la diffusion des mouches ? Théoriquement, il n’y a pas de limites; mais en fait il en existe, et voici les preuves fournies par ces expérimentateurs.
- Pendant les chaudes journées de l’été de 1907, ils ont noté avec précision le nombre de mouches qu’on pouvait trouver dans le voisinage de douze établissements tels que étables, écuries, dépôts d’engrais, manufacture de jambons, clos d’équarrisseur et fabrique de catgut.
- On établit des postes d’observation dans des immeubles, aussi ressemblants que possible, par leur distribution, leur mode de construction, les uns des autres,
- habités par des ouvriers et dans des conditions de propreté relative et à distance égale de chacun de ces douze dépôts, c’est-à-dire les uns à 5o yards, les autres à 200 yards (soit près de 200 m., le yard mesurant 91 cm). Les mouches, qu’il eût été difficile de compter au vol ou au passage, étaient recueillies sur des papiers imprégnés d’une substance adhésive, miel et résine ; toutes les deux heures, les papiers étaient changés dans tous les postes et on avait ainsi un chiffre approximatif.
- Or, à une distance de i5o et même de 200 m., l’influence d’un de ces dépôts d’immondices ou de fumiers, sur l’apparition des mouches dans l’immeuble, était des plus évidentes. Au voisinage immédiat les logements deviennent presque inhabitables et pour peu qu’ils soient mal tenus et sales, la propagation des insectes y est encore plus prononcée qu’ailleurs. J’avoue qu’il n’est pas besoin de l’enquête minutieuse à laquelle se sont livrés les deux hygiénistes anglais pour s’assurer de ce fait. Il suffit d’entrer dans une ferme du vieux temps et il en existe encore de nombreux échantillons, où l’étable est voisine du logis ; les mouches y sont légion. L’espèce la plus commune, la musca domestica, est celle qu’on rencontre en majorité dans ces captures; mais il y avait aussi un grand nombre de mouches liomolomyia canicu-laris, qui ressemblent à la mouche ordinaire et quelques échantillons de la mouche bleue, le calliphora vomitoria, mouche plus dangereuse que les autres.
- Beaucoup de maladies peuvent être transmises par ces vilaines petites bêtes qui se promènent partout, sur le plat servi sur la table, sur les rideaux de votre lit et surtout dans les endroits les plus sales et les plus retirés. La cuisine et les cabinets d’aisances les attirent et le Dr Murphy cite à ce propos une petite histoire assez drôle, dont je ne garantis en rien la véracité. Un voyageur se plaignait, dans un hôtel américain, de ne pouvoir aller aux water-closets sans être importuné par la multiplicité des mouches. Allez-y à l’heure du dîner, lui
- p.2x5 - vue 437/647
-
-
-
- HYGIENE ET SANTE
- conseilla un sommelier philosophe ; en entendant la cloche de la table d’hôte, les mouches changent de résidence.
- Je disais que les mouches peuvent être les agents propagateurs de certaines maladies ; ce l’ait a été prouvé, j’en ai parlé jadis, pour la tuberculose, la lièvre jaune, la malaria, la dysenterie. Il faut donc à tout prix les faire disparaître et les détruire dans la plus large mesure possible. Voici, à cet égard, un procédé très simple, qui a donné entre les mains de son inventeur de très bons résultats. Le D' Delamarre, médecin-major à Saint-Denis, conseille l’emploi du formol en solution au dixième. On remplit quelques assiettes de celle solution et on les pose dans la pièce envahie par les mouches, sur des tables, sur des chaises, sur le sol. Vingt-quatre heures après, ces assiettes et la zone environnante sont remplies de mouches et de moustiques empoisonnés ; ceux qui n’ont pas été sidérés sur place vont tomber à quelque distance. Aucun papier tue-mouches, aucune préparation mouchivore destinée à les engluer ne donne pareille hécatombe. Il snflit de renouveler les solutions tous les deux jours. A l’hôpital où se sont faites les premières expéidences, on plaçait des assiettes un peu partout ; chaque crachoir, à la tête du lit du malade, était rempli à moitié de la même solution. A partir du jour où on installa ces nouveaux tue-mouches, les malades purent dormir tranquilles; mouches et moustiques étaient condamnés.
- Imaginez-vous à quel chiffre de victimes on est arrivé en une journée? la salle cubait environ 5ao in., chaque
- jour on y a récolté 4°°° mouches, soit en dix jours 40000. La proportion est respectable. Que chacun chez soi se livre à pareille chasse et l’on sera sous peu délivré en grande partie de ces insectes désagréables.
- J’ai dit que les moustiques étaient, comme les mouches, attirés et tués par le formol ; mais il faut les attirer. Le moustique n’est pas comme la mouche, à vous agacer durant le jour; il est noctambule et pour le faire tomber dans le piège, il est bon de mettre au milieu de l’assiette contenant le formol, une petite veilleuse en verre;. Gardez-vous, jiour les uns comme pour les autres, de mettre du sucre ou du miel sur le bord de l’assiette, les insectes iront sucer le sucre et n’iront pas sur le formol.
- Puisque je parle de la destruction des moustiques, signalons en passant un moyen d’en détruire les larves. Il serait, au dire de M. de Puyberneau, chef du service de santé au Gabon, plus efficace que le pétrolage, parce qu’il est plus durable. Il faut prendre (ce qui dans nos pays, n’est pas à la portée de tous) des, feuilles de cactus épineux, opuntia vulgaris\ on les hache menus, et on les malaxe dans l’eau de façon à loi-mer un mucilage épais que l’on projette à la surface des mares, pièces d’eau, où vont pondre les moustiques. La plus grande partie du mucilage s’étale à la surface de l'eau et forme, comme le pétrole, une couche isolante qui empêche les larves de venir au contact de l’air. Le mucilage pénètre dans leurs trachées et détruit par asphyxie les insectes naissants. Cactus et formol, nous voici armés pour la lutte contre l’ennemi dans les temps chauds. I)1' A. C.
- RECETTES ET PROCEDES UTILES
- Vernis à l’alcool pour emploi à l’extérieur. — Evidemment un vernis à l’huile est meilleur, mais enfin la recette que voici est assez satisfaisante. On fait dissoudre 60 grammes de gomme benjoin, 3o grammes de san-daraque et autant de gomme animi dans un demi-litre d’alcool; on filtre ensuite soigneusement, et l’on ajoute finalement un huitième de litre de bonne huile claire d’œillette.
- Commande flexible pour outil d’alésage. — Quand on utilise une barre pour aléser ou percer, il est commode d’avoir une commande flexible pour éviter tout coincement. Pour cela, on ajoute à la barre ou au foret un petit cylindre A. Un ressort R enroulé très serré recouvre les deux pièces de part et d’autre du joint et on le soude à chaque extrémité.
- Le ressort doit être bien ajusté et naturellement enroulé
- Commande flexible pour outil d’alésage.
- dans le sens convenable pour avoir une tendance à serrer le noyau quand le métal résiste à l’outil. Les extrémités des deux pièces sont prévues convexes, de sorte que la flexibilité du ressort permet aisément une déviation sensible dans l’alignement de la barre et de l’arbre de commande.
- Ciments pour porcelaine. — Une des formules que nous voulons citer consiste simplement à faire dissoudre 120 grammes de gomme-laque en écailles, couleur orange pâle, dans 90 grammes d’alcool très fort. La laque doit être pulvérisée avant d’être ajoutée à l’alcool ; mais, comme la dissolution ne s’en fait néanmoins que fort lentement, on doit enfermer le tout dans une bouteille bien bouchée, puis laisser dans un endroit tiède, pour n’employer que quand on aura constaté la dissolution parfaite de la laque. On peut, en second lieu, pulvériser du verre aussi finement que possible, et tamiser à travers de la soie, pour ne recueillir que la poudre extrêmement fine qui traversera : on mélangera et broiera intimement avec du blanc d’œuf. Nous n’avons pas besoin de dire que ce ciment ne résiste pas à la chaleur.
- Papiers et cartons imperméables. — Pour rendre les feuilles de cellulose imperméables, on les traite par un mélange chaud d’asphalte, de térébenthine et d'une solution de colle forte dans l’huile de lin, ou encore d une solution de résine dans un mélange de pétrole, d'Ionie de lin et de paraffine. Un autre procédé consiste à tremper les articles en papier, d’abord dans une solution d’un savon résineux, puis dans un bain de chlorure de zinc chaud. On exprime, on sèche, on passe au bain de paraffine et on termine par un vigoureux calandrage.
- Enfin, on peut obtenir un carton imperméable en comprimant à une forte pression un grand nombre de feuilles de papier préalablement trempées dans l’acide nitrique.
- Pâtes à polir. — Voici quelques recettes de pâles à polir données par le Chemisch-Technische Fabrikant : i° Noir, i3o parties, graphite 200 parties, potasse 10 parties, eau 600 parties, glycérine 60 parties. 20 Vaseline, 400 parties, graphite 5oo parties, noir de fumée 100 parties. 3° Huile minérale 36o parties, graphite 600 parties, cérésine 40 parties. 4° Cérésine 90 parties, colophane blonde 60 parties, graphite 100 parties, noir 100 parties, essence de térébenthine 65o parties.
- Désétamage électrique des débris de tôle. — Ou
- sait que l’étain est un métal fort cher, que l’on se garde de laisser perdre. On le récupère avec soin sur les vieilles tôles étamées, telles que boîtes de conserves, etc. Le procédé électrique suivant peut offrir un certain intérêt.
- On opère dans des cuves en fer. Des paniers contenant les débris sont suspendus dans le bain (côté anode) composé d’une solution de soude : l’étain s’oxyde et se dissout pour se déposer ensuite à la cathode.
- L’étain est spongieux et tient du plomb. On doit l’affiner. Courant de 260 à 3oo ampères sous 1 à 1,2 volt.
- Préparation du vinaigre de poires. — Le jus de
- certaines poires américaines très mûres contient proba-blement, d’après M. Gore, suffisamment de sucre pour donner du vinaigre, pourvu que les méthodes de fermentation employées fournissent le maximum d’acide acétique possible. Pour cela, à partir du sucre, il faut produire le maximum d’alcool par une fermentation avec des levures sélectionnées, puis transformer cet alcool en vinaigre par les procédés ordinaires. Le vinaigre obtenu est d’excellente qualité ; sa composition est analogue à celle du vinaigre de cidre; cette nouvelle origine du vinaigre était intéressante à signaler.
- 6
- p.2x6 - vue 438/647
-
-
-
- BOÎTE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîto aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Le
- frigorigène Audifîren est constrviil par les établissements Singrün, d’Epinal.
- Communications. — A propos de l'horloge mystérieuse. — Nous avons reçu un grand nombre de lettres nous apportant diverses solutions expliquant le fonctionnement de Y horloge mystérieuse. Prochainement nous consacrerons un petit article à ces solutions dont quelques-unes sont réellement originales. Que nos correspondants reçoivent dores et déjà nos remerciements.
- Les enveloppes gommées. — A propos de nos récentes notes sur l’invention des enveloppes (n°i8a5,du 16 mai 1908), M. Lametz, de Metz, nous raconte l’amusante anecdote suivante : « Au commencement des enveloppes gommées lancées dans le commerce par le fabricant anglais Brewes, on signalait de divers côtés les inconvénients des enveloppes indépendantes des lettres, et les murs des grandes villes furent alors couverts d’affiches illustrées, représentant le prétoire d’un tribunal dont le président, tenant en main une lettre qui avait été envoyée par la poste, dans une enveloppe, disait : « Sans date certaine, procès perdu! » Suivait la réclame d’un inventeur qui vendait du papier à lettre avec enveloppe d line seule pièce, donc portant toujours l’empreinte du cachet donnant la dale. » — Quelqu’un de nos lecteurs posséderait-il une des affiches ? Il serait peut-être intéressant de la publier, à titre de curiosité ancienne, et aussi comme illustration à la fois des procédés de réclame et de l’histoire des inventions !
- Renseignements. — IY G., à Paris. — Un appareil
- pour air chaud s>e trouve chez M. Colin (ancienne maison Charrière), 6, rue de |l’Ecole-de-Médecine. A peu près tous les spécialistes pour la gorge et le nez l’utilisent; nous ne le croyons pas très en usage pour les affections cutanées.
- Z. V., à Lyon. — Une bonne huile ordinaire bien pure vous donnera le résultat.
- G. 1>., à Rouen. — Voyez le n° 1825, du 16 mai 1908, en Variétés l’article : l’emploi des plaques autochromes en voyage.
- M. G. Gautès, à Noiretable. •— Nous ne possédons pas l’adresse demandée, mais vous l’obtiendrez vraisemblablement de l’auteur du livre, 5, rue Bonaparte, Paris.
- M. Yarofé. — Vous trouverez à la table du supplément de ce semestre l’indication de recettes pour obtenir la coloration des œufs.
- M. E. de Champeaux, à Paris. — Nous ne connaissons pas de destructeur spécifique de l’insecte dont vous parlez, mais vous pourriez essayer contre lui les divers moyens indiqués dans nos recettes pour détruire les insectes en général.
- M. A. Pierre, à la Ferlé Saint-Aubin. — Pour la destruction des insectes en général vous trouverez des renseignements coordonnés dans le livre de Lafont La lutte contre les insectes (Masson et Cie, ?.fr,5o) ou vous pourrez essayer des moyens indiqués dans nos recettes.
- M. B., à Paris. — La liste des travaux relatifs aux rayons N est considérable; vous la trouverez exhaustive jusqu’à 1907, dans Y Année psychologique de 1907, chez Masson et C"1 (i5 francs) à la suite d’un article de Pié-ron qui résume clairement la discussion et conclut à la non-existence de ces radiations. — Sur les autres sujets que vous indiquez, il n’existe pas à notre connaissance de travaux élémentaires.
- M. de Chefdebien. — Nous 11e possédons, à notre vif regret, aucun renseignement sur la question que vous nous soumettez. Une agence de brevets d’inventions pourrait vous documenter aisément.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- fondations tubulaires à grande profondeur : D. Lebois. — La tourbe et ses usages industriels : Pierre de Mériel. — La grue et les Pygmées dans l’Égypte ancienne : P.-Hippolyte Boussac.
- — Nouveau treuil pour labourage : René Doncièues. — Cylindres et disques de phonographes : G. M. — Un cyclone aux États-Unis : V. Forbin.
- Supplément. — Le soixantenaire de la Société des Ingénieurs Civils. — Corps étrangers de l’estomac. — Consolidation du tunnel de l’East River. — Le nombre « sept » et l’âge du bronze. — Sur la teneur en phosphore des lécithines végétales.
- — Voyageurs transatlantiques, etc. — Les méfaits d’un acarien de l’orge, — Les dahlias-cactus.
- Un problème de Vévolution : la théorie de la récapitulation des formes ancestrales au cours du développement embryonnaire, loi biogénétique fondamentale de Hae-ckel, par L. Vialleton, professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier. 1 vol. in-8°. Coulet et fils, Montpellier. Masson et Cie, 1908, Paris. Prix : 6 fr. 5o.
- Le livrée de M. Vialleton est une critique de ce qu’Haeckel a appelé la loi biogénétique fondamentale et que l’on énonce en disant que les stades de l’onto-genèsé reproduisent ceux de la phylogénèse, c’est-à-dire qu’au cours de leur développement, les individus récapitulent les formes ancestrales. M. Vialleton montre aisément combien la conception simpliste d’Haeckel est dangereuse et qu’elle doit être abandonnée; il penche plutôt quant à lui vers les doctrines d’Hertwig. Toutes les personnes qui s’intéressent aux questions de transformisme et de biologie générale
- liront avec un vif intérêt ce travail. A vrai dire, il
- 1
- nous paraît que l’auteur outrepasse la portée réelle de ses critiques : en réfutant Haeckel, nous ne croyons pas autant que lui qu’il réfute la loi de récapitulation, il en détruit seulement une conception par trop rudimentaire, quoique très répandue.
- L’œil, hygiène, maladies, soins, traitement, par le Dr Valade. 1 vol. in-16, 112 pages. Librairie Larousse, s. d., Paris. Prix : 1 franc.
- Après de brèves et claires notions sur l’anatomie et les fonctions de l’œil, la plus grande partie de cet ouvrage est consacrée aux maladies, à la thérapeutique ' et à l’hygiène de l’œil. Le livre est conçu d’une façon pratique, vraiment pour l’ùsage, et pour l’usage de tout le monde, simple, lisible, utile.
- Annuaire général et international de la photographie, chez Plon-Nourrit et Cle, 8, rue Garancière, Paris.
- 1 vol. in-8°. Prix : 6 francs.
- Il est inutile aujourd’hui de faire l’éloge de cette remarquable et luxueuse publication. On y trouvera, comme chaque année, d’utiles recettes, de précieux renseignements, d’artistiques illustrations, et des articles originaux parmi lesquels nous citerons : la photographie aérienne par cerf-volant (Em. Wenz), les restitutions photographiques (capitaine Saconney), lés phénomènes pseudo-photographiques (Dr Niewen-glowski).
- Smithsonian institution. United States national Muséum. Contributions front the U. S. N. Ilerbarium. Vol. X, part. 6. The Cyperaceae of Costa-Rica by G. B. Clarke, p. 439-471 > in-8°. Vol. X, part. 7. Studies of tropical
- p.2x7 - vue 439/647
-
-
-
- American ferns n° i, by Will. R. Maxon, p. 472-5o3 -f VIII, in-8°, Washington, Government printing office.
- Construction pratique et application de bobines d'induction dites de Ruhmkorff', par H. de Graffigny, ingénieur civil. Chez H. Desforges, quai des Grands-Angustins, Paris, i vol. in-12 broché de 180 pages avec 83 illustrations. Prix : i,r,5o.
- La bobine d’induction a reçu, en ces dernières années, de fort nombreuses applications : rayons X, ondes hertziennes, production de courants à haute fréquence, électrothérapie, allumage des moteurs à explosion, etc. Elle a été l’objet de savantes études techniques; la brochure de M. de Graffigny résume ce qu’il faut savoir pour utiliser la bobine d’induction, et même pour la construire soi-même.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5ora,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FOltCE 1)E 0 A 9 ÉTAT 1)E CIEL PLUIE EN MILLIMETRES OBSERVATIONS GÉNÉBALES
- Lundi 25 mai 1908. . 12", 0 S. S. W. 2. Couvert. 4,5 Couvert; pluie à 3 h. et de 13 h. 50 à 19 h. 30.
- Mardi 20 12°,5 S. S. W. 2. Couver!. 0,1 Couvert; un peu de pluie à 5 h.
- Mercredi 27 13°,5 N. li. 1. Très nuageux. » Hosée ; nuageux.
- Jeudi 28 14°,0 N. lï. 2. Beau. )> Dosée; très nuageux de 11 h. à 19 h.; Beau avant et après. Hosée ; pluie de 10 h. 40 à 11 h. et de 13 h. à 14 h. 55.
- Vend l'edi 29 15°,1 N. E. 3. Beau. 1,1
- Samedi 50 11°,6 Calme. Couvert. 3,8 Brouill. de 250 111. à G li.; ros. ; écl. après 21 h.; pl. de 23 à 24 h.
- Dimanche 31 10°,9 S. 1. Couvert. 0,2 Petit e. pluie à 0 h. 40: très nuageux.
- MAI 1908. — SEMAINE DU LUNDI 25 AU DIMANCHE 31 MAI 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 22 au 3i mai. —- Le 22. Faible dépression sur la France. Pluies en France : Paris, i3 mm; Bordeaux, Limoges, Charleville, 10; Nantes, 5. Temp. du matin : Hernosand, 6°; Paris, 9; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : 90 (normale : 14°, 1 )- -— Le 23. Pression supérieure à 765 mm sur l’O. et le Centi'e de la France; dépressions sur le golfe de Gênes, 755, et l’Islande, 747. Pluies sur le N. et l’O.; en France : Marseille, 1>7 ; Lyon, 33; Limoges, 22; Besançon, 19. Temp. du matin : Besançon, 20; Paris, 10; Palerme, 23; Puy de Dôme, — 1; Pic du Midi, —10; moyenne à Paris : io° (normale : 14V2). — Le 24. La dépression d’Islande avance au S. : Valentia, 756; dépression sur l’Autriche et le N. de lTtalie; hautes pressions sur Algérie, Espagne, O. de la France. Pluies sur le N. et l’O. ; en France : Belfort, 17; Charleville, 6; Nice, 4; Biarritz, 3; Cherbourg, 2. Temp. du matin : Belfort, 3; Paris, p; Alger, 19; Puy de Dôme, o; Pic du Midi, 4; moyenne à Paris : 120,1 (normale : i4°,3). — Ze 25. Basses pressions sur Baltique, Pologne, Islande (Seydisfjord, 741); hautes sur mer Noire, Laponie, S. de la France, Espagne. Pluies sur le Centre et l’O.; en France : Besançon, 17; Nancy, 16; Brest, 3; Paris, 1. Temp. du malin : Arkangel, 4; Paris, 12; Alger, 19; Puy de Dôme, 3; moyenne à Paris : i2°,4 (normale : 140,4)• — Le 26. Aire anticylonique du centre du continent aux Açores : Gascogne, Horta, 768-769; basses pressions sur le N.-O. de l’Europe, de Baltique à Islande (Seydisfjord, 746). Pluies sur le N.-O. et la Baltique ; en Fi'ance : Charleville, 8; Besançon, 5; Paris, 4; Le Havre, Nantes, 1. Temp. du matin : Arkangel, 5; Paris,
- i3 ; Alger, 18 ; Puy de Dôme, 6 ; Pic du Midi, 3 ; moyenne à Paris : i3°,3 (normale : 140,5). — Le 27. Hausse continuant sur la France et les Iles-Britanniques : Manche, 775; Lyon 771. Seydisfjord, 753. Pluies sur le N. de l’Europe; en France.: Charleville, 3; Nancy, 1. Temp. du matin : Arkangel, 3; Paris, 14 ; Alger, 18 ; Puy de Dôme, 6; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : i5°,6 (normale : 14°>6). —7>e 28. Hautes pressions générales : maximum 777 sur le N.-O., minimum 761 sur lTtalie S. Pluies très rares, en quelques stations de Scandinavie N. et Autriche. Temp. du matin : Arkangel, o; Paris, i5; Alger, 21; Puy de Dôme, 6; moyenne à Paris : i4°,3 (normale : i4°,8). — Le 29. Baisse de pression sur le S., légère dépression sur le golfe de Gênes, l’Espagne (Madrid, 754); Christiania, 777. Pluies sur quelques stations Allemagne et Italie N. Temp. du matin : Lyon, 10; Paris, i3; Alger, 2r; Puy de Dôme, Pic du Midi, 2; moyenne à Paris : i3°,7 (normale : i4°,9). — Ze 3o. Extension dp'la.dépression espagnole sur France, Iles-Britanniques, Pays-Bas. Hautes pressions sur le N. du continent, 776. Pluies sur l’O.; en France : Nancy, 18; Dunkerque, 7; Nice, 5; Nantes, Cherbourg, 1. Temp. du malin : Arkangel, 3; Paris, 12; Alger, 25; Puy de Dôme, 5; moyenne à Paris : i6°,9 (normale :
- 15°). Le 3i. Pression inférieure à 760 sur Péninsule Ibérique, O. de la France, Irlande; sur l’E. fortes pressions : Riga, 772. Pluies sur l’O.; en France : Paris, Perpignan, Biarritz, 2; Marseille, 1. Temp. du malin : Bodoe, 7 ; Paris, 7 ; Nice, 23 ; Puy de Dôme, Pic du Midi, 1; moyenne à Paris : 200 (normale : 15°, 1 ). — Phases de la Lune : Nouvelle Lune le 3o, à 3 h. 24 ni. du ni.
- p.2x8 - vue 440/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et
- j
- de leurs Applications
- aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l'École des Mines et à l'École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La NatureJ> doit être adressé aux bureaux du journal : >20, Boulevard Saint-Germain, Paris (Vïe)
- n
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- i
- N# 1829 — 13 JUIN 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Les méfaits d’un aérolithe. — Les survivants de S équipage de l’Éclipse, voilier de 1469 tonnes, qui se rendait de Newcastle à San Francisco, ont fait le récit suivant à leur arrivée à Honolulu. Le voyage durait depuis 85 jours, lorsque, par un temps calme, de brusques éclairs sillonnèrent l’air, en même temps qu’un tracas de grosse artillerie retentissait au-dessus des têtes des marins. Soudain, un aérolithe frappa le faîte du grand mât, qui éclata en morceaux. Poursuivant sa course, il perçait le pont, le faux pont et la quille, et s’enfonçait dans la mer avec un sifflement sinistre. A en juger par le diamètre du trou percé sur le pont, le météore était un peu plus gros qu’une tête d’homme. Un commencement d’incendie fut rapidement éteint. Mais les malheureux marins ne réussissaient pas à aveugler la voie d’eau. Après avoir manœuvré leurs pompes pendant quatre jours, sans prendre une heure de sommeil, ils se réfugiaient dans leurs canots et abandonnaient le navire, qui sombrait presque immédiatement. Le capitaine Lassen résolut de gagner les Sandwich, la terre la plus rapprochée. Mais ce voyage de 900 milles marins, effectué dans des embarcations ouvertes, devait être marqué par de lamentables incidents. Exposés à la chaleur torride, les malheureux naufragés souffrirent dès les premiers jours d’une soif intolérable. Pour toute ration journalière, ils n’avaient que deux gobelets d’eau par homme. Quelques biscuits servaient à tromper leur faim. Le treizième jour après le naufrage, trois hommes (sur seize) succombèrent aux privations. Leurs cadavres furent dévorés par les requins qui faisaient escorte à la flottille. Quatre jours plus tard, les survivants apercevaient une île, qu’ils n’atteignaient que le lendemain. Des indigènes les accueillaient avec bonté et les transportaient dans leurs chaumières. Enfin, un voilier les conduisait à Honolulu. C’est la première fois, croyons-nous, qu’un astéroïde ait été la cause directe d’un naufrage.
- Sur la teneur en arsenic de la source Max, à Durkheim. — La source Max, à Durkheim, est celle où Kirchoff et Bunsen ont découvert le cæsium et le rubidium'au moyen de l’analyse spectrale. Ces eaux sont, paraît-il, remarquablement riches en arsenic, bien que l’analyse de Bunsen n’en fasse pas , mention. Elles renferment 17,4 milligr. d’anhydride arsénieux par litre. Abandonnées à l’air, elles déposent un sédiment où l’arsenic se rassemble et qui, d’après le débit de la source,, peut contenir a kg d’arsenic pour 24 heures. (V.
- Nouveau filament de lampe à incandescence. —
- Deux inventeurs américains, MM. Mac Ouat ^et Lorenz, viennent de faire breveter un procédé nouveau en. la'matière'. Leur méthode consiste à recouvrir un filament de carbone d’un mélange de silicium et d’un ou plusieurs métaux. On immerge le filament dans une .solution ,de sucre, qui contient en état de suspension, silicium et métal ou métaux ; on fait sécher, puis on porte le filament
- "VI
- ainsi enduit à l’état d’incandescence dans un gaz inerte. Il paraît que, grâce à cette hante température, le silicium se combine avec les métaux en formant des siliciures.
- Rats et lumière électrique. — Pour la seconde fois, la ville allemande de Charlottenburg vient d’être privée de lumière électrique, par la faute et aux dépens d’un rat. L’animal avait sauté au milieu des barres omnibus du tableau de la station génératrice, et comme conséquence, un court-circuit et une interruption du service d’éclairage se sont produits durant une demi-heure.
- Triage électro-magnétique de la houille. — Le
- triage électro-magnétique est couramment appliqué aux minerais ; l’idée de l’employer pour épurer les houilles sales est plus originale. Il n’en est pas moins vrai que, par suite de la teneur en oxyde de fer des impuretés, il semble, au moins théoriquement, possible de diminuer ainsi la teneur en cendres du charbon. Disons théoriquement; car l’opération est trop coûteuse pour être bien pratique. Cependant M. Prost, qui a fait, à ce sujet, des expériences, dont il rend compte dans la Revue universelle des Mines, remarque que ce nettoyage à sec pourrait être employé pour certaines houilles à coke belges qui perdent au lavage leurs propriétés agglutinantes et ne peuvent donc pas être lavées. On augmenterait, dans ce cas, à la fois, la valeur du coke obtenu et la quantité des houilles susceptibles de donner du coke.
- Le service d’aérostation militaire aux États-Unis.
- — Le Ministère de la Guerre des Etats-Unis a formé une division aéronautique dans son Signal Corps, et il l a dotée de plusieurs ballons. Actuellement, ce nouveau service se fait construire par le capitaine Thomas S. Baldwin, qui en est l’inventeur, un petit dirigeable à deux personnes d’équipage, destiné à former des équipes pour la conduite des dirigeables. Son moteur de 3o chevaux doit lui donner une vitesse d’au moins 24 km à l’heure.
- Contre l’encombrement des trains. — Une des
- Compagnies de chemins de fer qui exploitent la région londonienne, le District Railway, se préoccupe d’améliorer la situation résultant de l’affluence des passagers à certaines heures de la journée, notamment à la sortie des banques et des magasins. A titre d’essai, elle a formé un train de 7 h. 33 du soir, qui est le plus long train électrique du monde à unités multiples. Long de i5o m., il est composé de 9 voitures et compte 5 moteurs. Deux watmen sont attachés à son service. Sa capacité de transport est de 1000 passagex’s. Après avoir traversé les quartiers les plus populeux, il est coupé en deùx trains qui se suivent à deux minutes d’intervalle.
- Moteur à gaz de grande puissance. — On vient de procéder en Belgique à d’intéressants essàis sur Am groupe électrogène à gaz pauvre d’une puissance, indiquée de 1000 chevaux. Ce moteur à gaz est du système Letombe ; le gaz pauvre est fourni par un gazogène
- I sr
- p.2x9 - vue 441/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- chargé avec du coke ordinaire. La puissance effective disponible sur l’arbre du moteur a été trouvée égale à 7o5 chevaux-vapeur. La dépense en coke brut a été de 0,608 kg par cheval-heure effectif. Des essais ont été faits pour déterminer la surcharge que pourrait supporter le moteur. On a trouvé que l’on pouvait dépasser de 3o pour 100 la charge moyenne. Ces résultats sont intéressants à signaler, comme caractéristiques du mouvement qui tend à répandre de plus en plus les moteurs à gaz pauvre, à augmenter leur puissance et à en faire de véritables concurrents des machines à vapeur de toute dimension.
- La nouvelle frontière Congo-Cameroun. — Une
- convention franco-allemande, signée à Berlin le 18 avril dernier, a remanié la frontière entre la colonie française du Congo et le Cameroun allemand et abrogé la convention du i5 mars 189.4 qui la déterminait. Ce remaniement est la suite des travaux des deux missions de délimitation du commandant Moll et du capitaine Cottes. Notre carte permet de se rendre compte que si d’un côté la France conserve ses positions essentielles et réalise même sur d’autres points d’importants accroissements
- Tchaxl 1
- vX TERRITOII A) \\ DU TCHA
- Çq [ Il
- ilaL '
- * vV^5^»J3ouss a
- •wt-w Frontière d après la convention de 1894
- Territoires cédés à /a France-||jg| Territoires cédés sill à l’Allemagne, /
- Binder
- NIGERIA
- ANG
- H A R
- CAMERO
- N& M
- Douala
- cois
- Kribi
- GUINEE
- spagnoleJ
- Ouessa
- 500 Km.
- Carte de la frontière Congo-Cameroun,
- de territoire, l’Allemagne obtient en même temps des rectifications de frontière et des compensations donnant satisfaction à ses intérêts. Le prolongement territorial, que le Cameroun présentait vers l’est dans l’angle formé par le Chari et le 10e parallèle, est amputé au profit de la France qui gagne ainsi une route plus courte entre Bousso et Laï, en dehors de la zone infestée par la tsé-tsé, propagatrice de la maladie du sommeil. D’autre part, nous gardons Binder qui, bien qu’en territoire français, avait été occupé par les Allemands; une banlieue plus étendue nous est donnée autour de Lamé. Nous conservons aussi Koundé dont la banlieue est même élargie, et, avec cette localité, la plus grande partie du territoire que, d’après le traité de 1894, nous ne pouvions garder sans donner une compensation à l’Allemagne, Koundé étant situé à plus de 10 minutes de degré à l’ouest du méridien x5° Greenwich. Au nord de Koundé, le territoire acquis à la France s’accroît en outre d’un triangle comprenant le cours supérieur des rivières Mambéré et Nana qui confluent à Carnot. Au sud, la substitution de limites naturelles à des limites artificielles, étend notre territoire congolais jusqu’aux rivières N’tem, N’kom et Aïna, nous faisant acquérir ainsi un territoire riche et très peuplé. De son côté, l’Allemagne reçoit un petit territoire au nord de Biparé. Elle acquiert à l’est du 15° longitude Greenwich un triangle
- qui comprend une partie du cours du Logone occidental et de son affluent la Mambéré, Baïbokounet Ouantounou restant français. Entre la Sangha et la Ngoko, elle obtient, au nord et au Sud des limites anciennes, deux territoires qui lui donnent accès à ces deux cours d’eau sur une étendue plus grande. Enfin elle garde Missoum-Missoum où s’était produit, on le sait, un conflit regrettable. D’une façon générale, lès échanges faits ne sont certainement défavorables ni pour l’un ni pour l’autre des contractants. Notre établissement définitif à Binder et nos communications plus directes entre Bousso et Laï nous mettent par exemple en possession des têtes de routes par lesquelles les pays d’élevage du nord pourront approvisionner en bétail la région de Carnot et de la Sangha.
- Le concours de chronographes de l’Automobile-Ciub de France. — La fabrique de montres bisontine vient de remporter un très beau succès au concours de chronographes de F Automobile-Club de France. L’Automobile-Club avait décidé d’acheter en 1908 trois montres chronographes avec dédoublantes et ratra-pantes et compteurs de 60 minutes. Les conditions imposées aux concurrents étaient très dures. C’étaient celles imposées par le règlement de Besançon aux chronomètres de poche simples de première classe, augmentées des épreuves complémentaires spéciales aux pièces compliquées. Au total cinquante jours d’observation à la température ordinaire, à l’étuv.e, à la glacièi'e et avec mise en marche des aiguilles de chronographe. Le nombre de points minimum obtenu devait être de 200, chiffre qui n’est atteint généralement que par les chronomètres simples et sans complication de tout premier ordre. Les prix offerts pour les trois montres classées en tête de liste — montres à boîtier d’argent avec étui bois — étaient respectivement 1000, q5o et 900 francs, 4 chronographes ont subi brillamment les épreuves imposées. 4 autres suivaient sans avoir répondu entièrement aux exigences du programme mais avec cependant des marches excellentes. Le premier classé, sorti des ateliers de L. Leroy et G0, a obtenu 234 points 4. Le second, également de cette maison bien connue par ses brillants succès dans la chronométrie de marine et de poche, a atteint 224 points 4- Le troisième de la maison Lipmann frères a enregistré 2i5 points 1 et le quatrième de chez les fils de Favre-Heinrich a coté 208 points 4- Ces l'ésultats sont extrêmement brillants. D’autant plus que les appareils chronographiques avec dédoublante et rattrapante, c’est-à-dire deux aiguilles chronographiques marchant indépendamment l’une de l’autre, demandent pour fonctionner d’une façon parfaite un soin tout spécial qui en fait de véritables chefs-d’œuvre. La remise à zéro précise constitue en particulier un tour de force mécanique. Ce qui donne un particulier relief aux résultats de ce concours c’est que la fabrique bisontine sembla de longues années incapable de lutter avec Genève pour la précision. En 1906 encore on ne relève dans les concours de chronomètres sans complications que 4 pièces ayant obtenu plus de 200 points sur le maximum de 3oo! En 1906, un effort considérable, largèment soutenu en 1907, a permis à nos constructeurs de regagner l’avance des Genevois et nous voyons avec le concours de l’Automobile, la confirmation de ce fait qu’aujourd’hui la montre de précision de Genève et celle de Besançon marchent à égalité sur la piste du progrès.
- La culture et l’industrie du jute. — D’après le Mois colonial et maritime (mai 1908, p. 336), le commerce du jute a pris, depuis quelques années, une extension considérable. L’Angleterre, l’Allemagne, l’Amérique,'l’Autriche et l’Italie emploient de grandes quantités de ce textile qu’elles font venir du Bengale, où se cultive la majeure partie du jute employé dans le monde. En France, l’industrie du jute occupe et fait vivre près de 3oooo personnes, et, de 82 o56 tonnes en 1898, les quantités de jute importées et mises en consommation sont montées à 118911 tonnes en 1902, 72000 en 190!, 87 164 en 1904 et 97 366 en 1906.
- Le chemin de fer de Shanghaï à Nankin. — Le
- 4 avril a été ouverte officiellement la ligne de chemin de fer de Shanghaï à Nankin. La durée du trajet est de sept heures, au lieu de trente qu’il fallait jusqu’ici pour effectuer le même frajet par bateau à vapeur sur le Yang-Tze-Kiang.
- p.2x10 - vue 442/647
-
-
-
- ----->
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Mécanique
- Tour d’amateur. — Il peut parfaitement servir à un professionnel, car il est très complet et robuste; mais ses dimensions sont naturellement réduites, et, de ce fait, il deviendrait insuffisant pour un grand nombre de pièces que. doit aborder le professionnel.
- Ce qui précisément fait l’intérêt de cet outil, c’est qu’il ne pèse pas plus de i3 kg, qu’il a une longueur totale de 63 cm, et que cependant sa longueur entre pointes atteint 3o cm, et surtout il comporte toutes les installations perfectionnées qu’on peut exiger d’un appareil de
- Tour d’amateur.
- ce genre. Comme on peut le constater, il se monte de façon très simple sur un établi quelconque, et son jeu de trois poulies donne le moyen de commander la rotation du plateau à trois allures différentes : ces trois gradins du cône ont respectivement 38, 63 et 87 mm. L’arbre est creux, il est fait en acier et son diamètre est de 9 mm. La contre-pointe est munie d’un levier sur le côté du chariot, et de plus elle peut être actionnée par un pas de vis. Le tour est accompagné d’un mandrin à trois mor-daches et d'un plateau rectifié. — Nous avons rencontré ce tour dans la maison Markl, de l’avenue Parmentier, à Paris.
- ^ Nouveau contrôleur enregistreur de vitesse (système Zimmermann). -— Les contrôleurs' enregistreurs de vitesse sont des appareils d’une utilité incontestable pour les automobiles aussi bien que pour les voilures à traction animale. On reproche aux automobilistes, souvent à tort, de se livrer à des excès de vitesse; or rien n’indique que ces reproches soient fondés, car il est très difficile, sinon impossible d’estimer, même approximativement, la vitesse à laquelle roule un véhicule. Un
- Fig. 1. — Le mécanisme du contrôleur enregistreur.
- appareil contrôleur est donc indispensable. De même, pour ce qui concerne les voitures de livraison, qu’elles soient 'à traction mécanique ou animale, il est utile de pouvoir se rendre compte, à la fin de la journée, du travail qu’elle a effectué, car ce travail est celui du conducteur que l’appareil surveille j avec une fidélité toute mécanique, exempte de défaillances.
- Actuellement beaucoup de ces appareils se disputent les faveurs de l’automobilisme; cette production intense
- indique bien qu’aucun d’eux, jusqu’à présent, 11’a su s’imposer, soit à cause de la multiplicité des organes qui les composent, ce qui les rend trop facilement déréglables, soit parce qu'ils donnent des indications fugitives. Pour qu’un appareil de ce genre soit réellement pratique, il lui faut être simplement construit et capable de dire à tout instant : à telle heure le conducteur s’est arrêté, il s’est remis en marche à telle heure, il a fait telle vitesse.
- M. Zimmermann nous a présenté un appareil de ce gçnre qui semble répondre tout à fait à ees nécessités. Il est enregistreur automatique, et la bande de papier, sur laquelle s’inscrivent les indications, porte en regard du tracé schématique des vitesses et des arrêts celui du temps. Il suffit donc, en fin de journée, de comparer les sinuosités des deux graphiques pour être instantanément renseigné sur le travail accompli par le véhicule (fig. a).
- L’apparei) se compose de deux parties : un mouvement d’horlogerie nécessaire pour l’inscription du temps et un mouvement mécanique actionné par la roue du véhicule en marche. Le barillet moteur du mouvement d’horlogerie peut marcher pendant cinq jours consécutifs ; il commande la montre placée à l’angle gauche supérieur de l’appareil et actionne en même temps deux rouleaux entraîneurs du papier blanc qui se déroule à la vitesse de 90 mm à l’heure sous les deux crayons.
- Le crayon horaire, celui qui inscrit les heures sur le papier, trace une ligne brisée régulière et ininterrompue ; la distance entre les sommets de deux angles consécutifs est de 3 mm et cette distance correspond à deux minutes. Pour faciliter la lecture, le tracé des heures est représenté par une ligne droite de 3 mm de longueur réunissant
- Fig. 2. — Les graphiques enregistrés automatiquement sur la bande de papier de l’appareil.
- les sommets de deux angles et les demi-heures par une autre ligne droite tronquant l’angle en son milieu. Ces traces sont obtenues par l’intermédiaire d’une roue à rochet et d’un autre à dents qui agissent sur le levier porteur du crayon. La roue à dents est en partie visible sur notre photographie derrière les deux crayons.
- Sur la même bande de papier, qui est large de deux centimètres, un deuxième crayon enregistre les vitesses. La transmission s’effectue de l’essieu de la roue avant sur une roue à denture concave agissant sur les leviers utiles. La trace laissée sur le papier est constituée par des lignes droites et des zigzags irréguliers. Lorsqu’un kilomètre a été parcouru le crayon trace une ligne transversale; l'intervalle compris entre deux de ces droites représente donc un kilomètre parcouru. Ces indications étant placées en face de celles laissées par le crayon horaire, le temps mis à parcourir un kilomètre apparaît instantanément. Plus les traits verticaux sont rapprochés, plus la vitesse a été grande.
- Analysons, pour bien fixer les idées, la fraction de bande que nous reproduisons. On voit que 'l'arrêt du déjeuner s’est prolongé jusqu’à 1 h. 44. La ligne kilométrique, comprise entre deux extrémités opposées de deux traits verticaux, continue son ascension, interrompue par deux arrêts jusqu’à 2 h.-12 èt. le kilomètre commencé à 1 h.- 46 est parcouru. La voiture a pris ensuite une vitesse régulière pendant les deux kilomètres suivants, qui ont été parcourus en 6 minutes, puis le kilomètre suivant, interrompu par un arrêt de 6 minutes, est terminé à 2 h. 28 exactement. Un nouveau kilomètre n’a pu être effectué qu’à 2 h. A4, ayant été coupé de trois arrêts. L’emploi du temps du conducteur est donc photographié
- 11
- p.2x11 - vue 443/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- minute par minute et il est impossible à ce conducteur de s’arrêter ou de faire de la vitesse sans que le papier en porte la trace. Le diagramme que nous venons d’analyser a été pris sur une voiture de livraison et les arrêts correspondent aux temps employés à livrer les marchandises.
- Remarquons que les arrêts n’influencent pas la marche kilométrique, tout kilomètre commencé, interrompu par des arrêts, est enregistré absolument dans les mêmes conditions que s’il ne comportait pas d’arrêt, le crayon, traçant une ligne horizontale, repart de la même hauteur pour continuer son ascension.
- Nous n’insisterons pas sur le côté technique de l’appareil; la description des organes de commande nous entraînerait trop loin et ne présenterait, d’ailleurs, qu’un intérêt secondaire. Ajoutons cependant que le contrôleur est complété par un totalisateur de chemin parcouru allant jusqu’à io ooo kilomètres ; les chiffres constituant le total appai'aissent dans une rangée de quatre trous pratiqués dans la joue antérieure de l’appareil. On obtient, par simple soustraction du total de la veille, le nombre de kilomètres parcourus dans la journée.
- Ce contrôleur enregistreur de vitesse, applicable à toutes sortes de véhicules, est l’un des plus intéressants que nous connaissions; il est construit par la Société anonyme des contrôleurs-enregistreurs de vitesse, 7, rue d’Argout, Pai’is.
- Ce système de machines peut être également construit pour servir dans les établissements importants et les blanchisseries; le principe reste le même, mais alors la commande s’effectue mécaniquement par une courroie. — Les machines à laver Karin sont en vente chez M. Ed. Guichard, 5, boulevard de Strasbourg, Paris.
- Divers
- La béquille de sûrete pour voitures à 2 roues. -
- C’est un louable esprit de charité envers les animaux qui a guidé M. Edeline, l’inventeur de cet appareil. 11 s’agit, en effet, d’éviter les trop nombreux accidents dont
- Ctg'TNi. Appareils
- Une nouvelle machine à laver le linge. — Le lavage mécanique du linge pénètre très difficilement dans les ménages ; on lui préfère toujours le travail manuel, cependant bien long et aussi nuisible au linge fin que celui qu'effectuent les bonnes machines. C’est le résultat d’une routine invétérée dont les ménagères finiront par s’affranchir lorsqu’elles seront persuadées qu’elles y ont tout intérêt ; mais les réformes s’opèrent très lentement, en France surtout.
- La nouvelle laveuse Karin, importée des pays du nord où, paraît-il, elle est très i*épandue, ne comporte axxcun
- Fig. 1. — Intérieur de la machine. Fig. 2. — La machine Karin.
- organe compliqué. Elle se compose d’un cuvier en chêne dont le fond et les parois intérieures sont cannelés. Axx centre une hélice amovible, formée d’ailettes disposées en croix, est montée sur un axe vertical placé aix centre dix cuvier, et actionné à la base par un jeu de pignons et une crémaillère. Un levier agit sur ce mécanisme par l’intermédiaire d’un arbre vertical; l’hélice est alors animée d’un mouvement oscillatoire et l’action des ailettes produit une mousse rapide et abondante de lessive. On commence par verser de l’eau chaude dans le cuvier, puis on y ajoute de la lessive, ou carbonate, ou du savon. On dispose ensuite le linge entre les ailettes de l’hélice en distribuant les pièces suivant leur grandeur, on ajoute du savon, on ferme le couvercle, puis on balance le levier, lentement d’abord, pxxis un peu plus vite, pendant cinq minutes environ. Il ne reste plus qu’à enlever le linge et à essoi*er.
- Naturellement il est indispensable de ne pas mettre une trop grande quantité de linge à la fois dans la machine ; il faut également éviter de le tasser, sans quoi il se roulerait en boule et ne se nettoierait plus. :
- Fig. 1. — Voiture attelée munie de la béquille.
- sont victimes les chevaux attelés à de loxxrdes voiture» ou tombei’eaux à 2 roues.
- Cette béquille, placée à l’avant du véhicule, est constituée par xine petite roue dont le support est à télescope avec un fort ressort à l’intérieur.
- La mai-che d’une voiture à 2 roues produit des vibrations sur la dossièi'e dxx clxéval, et parfois des à-coups tei’ribles qui peuvent atteindre jusqu’à plus de 1000 kg. Dans le cas présent, la béquille i*eçoit une partie des chocs, les amortit grâce axx l'es-sort placé à l’intérieur, et soulage d’autant le cheval. Si l’animal, sur un terrain gras, ou gelé, ou encore dans une descente, glisse, il ne peut tomber, car il est re-tenu par la béquille, et ainsi il n’est plus exposé à êti'e écxuisé sous le poids du chargement de la voiture.
- En tout cas, on lui épargne de pénibles blessures. Le conducteur bénéficie également d’un certain nombre d’avantages qui ne sont pas négligeables. Il n’est plus exposé à être précipité hors de son siège, puisque la voiture ne peut basculer en avant.
- L’appareil est construit de telle sorte qu’une manivelle
- F'g- 2-
- La béquille de sûreté.
- que l’on tourne dans un sens ou dans l’autre, permet dans les montées ou les descentes, et pour que la roue touche toujours le sol, d’allonger ou de raccourcir h; télescope et de tendre ou de détendre le ressort.
- La béquille de sûreté est consti'uite par son inventeur M. Henri Edeline, 108-110, rue de la Réunion, Pai’is, XN". '
- -É~î2~iàfr
- p.2x12 - vue 444/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- L’horlogerie suisse à l’étranger. — Ou vient de publier les statistiques officielles de l’exportation et de l’importation de l’horlogerie suisse pour l’année 1907. Les statisticiens de l’autre côté du jura travaillent, on le voit, un peu plus vite que les nôtres. Un coup d’œil sur leurs tableaux s’impose par ce temps de crise industrielle. Donnons ce coup d’œil et comparons la situation actuelle avec ce qu’elle était il y a trente ans, au moment d’une de nos Expositions universelles.
- En 1878, la statistique horlogère suisse n’existait pas encore officiellement. Aussi est-ce un peu arbitrairement que Claudius Saunier, rapporteur de la Classe d’horlogerie, estimait la production totale helvétique à une soixantaine de millions de francs, celle de la France étant évaluée à 64 millions, et celle de l’Angleterre à 16 millions.
- Pour établir ces chiffres, Saunier avait eu beaucoup de mal et il se plaint dans son l’apport du « mauvais vouloir que ses investigations ont rencontré un peu partout. » Je crois que de nos jours on aurait autant de mal que Saunier, si l’on voulait essayer de se rendre
- exportées depuis i885 et le prix moyen de ces trois types de montres, depuis la même époque.
- Les chiffres du haut correspondent au nombre de montres exportées. Ils représentent des centaines de mille. Ceux du bas, correspondent aux prix moyens de chaque catégorie de montres. Ils représentent des unités. Les montres d’or parties du chiffre de 441 884 en 1885 sont passées à celui de 900628 en 1907, après avoir-dépassé légèrement le million en 1906.
- Les montres d’argent qui étaient exportées en 1885 au nombre de 1781001, ont atteint le chiffre de 3 i3g 25-2 en 1907. Enfin les montres de métal dont on avait exporté seulement 56i 274 en i885 sont passées au chiffre de 4620285 en 1907. Au point de vue de la valeur, 1907 présente un petit recul sur 1906, à cause du fléchissement du nombre des montres d’01*.
- Ce fléchissement paraît bien être la conséquence de la démocratisation continue dè l’horlogerie.
- Les prix ont été presque continuellement en baissant pour les trois sortes de montres depuis 1885 jusqu’en 1900. A cette date les efforts des fabricants ont amené
- 1885
- 1886
- 1887
- 1888
- 1889
- 1890
- 1891
- 1892
- 1893
- 1894
- 1895
- 1896
- 1897
- 1898
- 1899
- 1900
- 1901
- 1902
- 1903
- 1904
- 1905
- 1906
- 1907
- Quantités :en centaines de mille. ==.OrArgent Métal
- w ,N‘'w+>WVJ^,Wkx;0-»fvJW4NC/'0>**4COC£>a-*rOCO.CsCnO«-JCOC£>©-*hOCO.t»CnOîMOOC£>©--t>OCO.tNGna>
- f r
- ^ : J ÎS,
- r * ‘ 9
- -i- \ "a» :«e
- 4-
- -f- * A 9
- & CJi
- 4 SL •
- —f ) •
- +.
- 1 s 1 ** ?
- ..5 -i-Y v< a ^5 4 R-i
- n- n -i— > r -
- J «s. A \ r*
- J **
- 'sa
- 1 )— TXT
- ,1 i* rT’
- / ''*1 '^1 -i
- l 1 N
- <j P'i
- \ 1 \\ S
- Or°'f'05CBc>i5jsCDCOC5 Prix
- hOtv0rorON>C0COCOC0CO4s4s4N^^.CnCncnCncna»a5O5O)©v4viv4vjvi0D0505CDC0CDCO
- QhO^GîCDOhOjNOCDOrojN^CDOhO^OCDOfOjNCDCOOhOjNaiCDOfOjNCDCDON)
- .Or-----Argent ...Métal
- compte du chiffre total de la production française horlogère, et même de la valeur du commerce extérieur en cette pai-tie.
- En Suisse, par contre, les chiffres du commerce extérieur sont établis avec la précision que comporte un art dan® lequel les unités de mesures sont le cinquantième de millimètre et le centième de seconde! Pour 1907 le total des exportations suisses en montres finies, mouvements, boîtes, fournitures, ébauches, outils et pendules "à été exactement de 149796388 francs. Disons tout de suite que les horloges, pendules et outils n’entrent dans ce gros- chiffre que pour une part extrêmement faible, pas même 1 200000 francs! Et que ce formidable total s’applique à peu près exclusivement à la montre finie ou non finie.
- En 1907 nos voisins ont jeté sur les marchés étrangers 8 66oi65 montres or, argent ou métal complètement terminées ; alors qu’en 1885, première année de publication des statistiques, ils n’en avaient exporté que 2734 i56. Bien que les prix aient très considérablement baissé durant ces 2 3 ans, la valeur des montres finies de 1907 atteignait encore près de 122 millions et demi de francs, alors qu’en 1885 c’était seulement un peu plus de 71 millions de francs que l’étranger avait payés à la Suisse pour son approvisionnement.
- Le graphique qui accompagne cette note a été dressé pour donner une idée générale du développement énorme de l’industrie horlogère suisse, et d’après les tableaux officiels.
- Il comporte six renseignements différents : le nombre dos mojntres (complètement finies) or, argent et métal
- une entente en vertu de laquelle la baisse a été enrayée pour la montre or dont la valeur d’exportation s’est sensiblement relevée.
- Les effets de l’entente-ont été beaucoup moins importants pour la montre d’argent et, pour la montre métal, c’est à peine s’ils se sont fait sentir.
- Les prix resjiectifs des montres finies en or, argent et métal exportées étaient en 1885 de 66 fr. 15, de-20 fr. 40 et de 11 fr. 90. Ils sont aujourd’hui de 57 fr. 74, de 12 fr. 75 et de 6 fr. 58.
- Le graphique met en lumière l’influence des Expositions sur le commerce général. Deux expositions ont eu lieu pendant la période qu’embrassent nos statistiques, celle de 1889 et celle de 1900. A la suite de chacune le graphique montre un fléchissement sérieux des quantités exportées. C’est un cas particulier d’un phénomène économique dont le caractère général a été souvent signale. Nous n’avons parlé jusqu’ici ni des mouvements démontrés sans boîte ni des montres compliquées, comme les chronographes, les répétitions, etc. Us ont suivi le mouvement général de baisse des valeurs. La valeur moyenne des pièces compliquées en particulier est tombée en 1907 à 98 francs., alors que l’an dernier elle était encore à 119 francs.
- La fabrication mécanique a permis à l’industrie horlogère suisse de prendre ce développement extraordinaire. C’est grâce à elle que nos voisins d’outre-Jura sont restés les grands fournisseurs de l’univers entier pour toutes les qualités depuis l’extrême précision jusqu’à ce qu’on appelle le « bon courant », c’est-à-dire l’ordinaire!
- L. Reverchon.
- p.2x13 - vue 445/647
-
-
-
- HYGIENE ET SANTE
- La température du corps et les exercices. — Le
- thermomètre est le meilleur indicateur de la santé; ses fluctuations en hausse indiquent un manque d’équilibre de l’organisme du fait d’un processus morbide quelconque et éveillent l’attention sur l’imminence d’une maladie. Rien de plus ‘répandu aujourd’hui que l’usage de cet instrument : c’est précis, exact, et la hausse therfwomé-trique vous indique qu’il faut surveiller le sujet.
- Mais il faut‘bien savoir que la température du corps est sujette à des variations considérables, dans des conditions toutes physiologiques. Bien des facteurs peuvent amener ces modifications, en général très passagères et non plus durables, comme dans la maladie. L'âge, le sexe, la race, l’alimentation, la température extérieure peuvent faire varier le taux de la température, mais de tous le plus important est le travail musculaire. La contraction des muscles doit être mise en première ligne comme source de chaleur animale : l’exercice, de quelque .nature qu’il soit, provoque un excès de combustion organique et une augmentation de chaleur. Mais dans quelle proportion la température centrale peut-elle augmenter du fait d’un travail mécanique intense ou prolongé ? Les opinions sont un peu divergentes.
- La température normale du corps (prise à l’intérieur) est en moyenne de 36°,79 centigrades. C’est au moins ce que donne le résultat de 343 observations faites par les physiologistes Pemtrey et Nicol. Ce chiffre qu’on peut qualifier de normal est facilement dépassé dès qu’on se livre à un travail physique quelconque; après une marche très ordinaire on voit une élévation de quelques dixièmes de degré. Jurgensen a noté une température de 37°,8 après avoir scié du bois; Mosso, 38°,8 après une marche dure et pénible ; Forel, 3g0,2 après une ascension en montagne. Les mêmes remarques ont été faites chez les animaux ; Richet a relevé le chiffre de 410 centigr. chez un chien après un violent combat.
- Ces chiffres déjà fort significatifs peuvent être notablement plus élevés dans quelques cas particuliers.
- M. Flack, professeur de physiologie à London College Hospital, a examiné un certain nombre de coureurs et a noté des différences fort curieuses.
- Chez un sujet jeune (ils étaient tous à peu près du même âge), après une course de 200 yards (un peu moins de 200 mètres), on trouve (température interne) 38°,2; chez un autre, 38°,3 ; chez un troisième, après une course d’un demi-mille, 3g°. Un cinquième coureur donne une l'ois 3g°,4 (ioa°,8o Fahr.) après une course d’un mille; une seconde fois environ 400 (io3°,6o Fahr.) après une course de trois milles (mille anglais, 160g mètres).
- Chez des joueurs de l'oot-baïl rugby, par un temps frais, mais ensoleillé, les mensurations prises de dix minutes à une demi-heure après la fin de la partie, ont donné des chiffres qui oscillent, suivant les sujets et suivant le laps de temps écoulé entre le moment de l’examen et la cessation de l’exercice, entre 38°,G et 40°.
- Dans lin cas qui semble être tout à fait exceptionnel, la température, prise (chez le même sujet) après une course de un mille, a donné io2°,8o Fahr. (3g°,6 centigr. ) ; après une course de trois milles io3°,8o Fahr. (40° centigr.), et enfin après une course de trois milles io5°Fahr. (soit près de 410 centigr.). Ce sujet avait, avant la course, une température de 1010 Fahr., un peu plus de 38°, tout en jouissant d’une excellente santé. La température de 410, après la course de trois milles, mit un assez long temps à redescendre à la normale; quatre heures après elle était environ de 38° et le lendemain de 37°,6. A remarquer que le coureur est toujours, malgré cette ascension thermique passagère, en parfait état de santé.
- Les variations, comme 011 le voit, sont assez importantes d’un sujet à l’autre et peuvent, dans quelque cas, prendre lçs allures de véritables températures fébriles. Donc usez, si vous voulez, du thermomètre, mais sachez au préalable quelle est votre moyenne normale pour n’être pas effrayé par une ascension insolite et passagère.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Glaçage du linge. — On nous a demandé à plusieurs reprises des formules d’empois et compositions pour ce glaçage du linge qui se pratique presque toujours au repassage (et n’est pas du reste sans amener une usure plus rapide du linge par cassure). En voici quelques-unes : i° Faire un mélange de 3o parties de cire de carnauba blanchie, de 20 p. de blanc de Meudon et de 12 de savon blanc. — 20 Préparer l’empois à glacer par dissolution, dans 60 p. d’eau, de 4 P- de gomme arabique, de 5 de borax, de 6 de glycérine, et de 3 de blanc de baleine. — 3° On peut encore se servir d’un empois ordinaire auquel on ajoute par demi-litre une tablette de paraffine; du reste, pour obtenir la paraffine, on la fait fondre tout d’abord, et au bain-marie, pour l’additionner d’essence de citronnelle : pour un kilo de cette paraffine on met 100 gouttes d’essence. On la coule dans un couvercle de boîte en fer-blanc enduit légèrement d’huile (comme on fait pour les caramels), et l’on découpe une tablette de la grandeur d’une gauffrette à peu près.
- Contre le durcissement des cuirs de pompes. —
- Quand un cuir de pompe s’est durci, ce qui peut être dû à l’action des eaux, et ce qui a naturellement des inconvénients sérieux pour le fonctionnement de l’appareil, il faut mettre ce cuir tremper dans de l’huile de ricin jusqu’à ce qu’il en soit complètement pénétré. Et si la rigidité ne disparaît pas, on traitera le cuir avec un composé fait de quatre parties de la meilleure huile de lin qu’on pourra se procurer, deux parties d’hüile d’olive, une d’essence de térébenthine, deux d’huile de ricin, 1/2 seulement de cire d’abeille et 1'4 de poix.
- Il va sans dire que la préparation doit passer au feu;
- on la met sur feu doux, dans un récipient de terre, et, quand elle bout, on y laisse tremper le cuir. Le cuir le plus épais est complètement pénétré au bout de moins d’un quart d’heure.
- Sur une cause d’altération du platine. — Il y a déjà longtemps, nous avions signalé (Voir La Nature, n° 1178 du 28 décembre i8g5), dans l’altération des cornues de platine employées à concentrer industriellement.l’acide sulfurique, la formation sur le métal d’un dépôt renfer’ mant plus de i,5 pour 100 de platine et dû à l’attaque des cornues par les produits de combustion et de volatilisation des foyers.
- On sait du reste que les objets en platine s’altèrent plus rapidement quand ils sont chauffés dans la partie réductrice des flammes. Deux auteurs, MM. Heraeus et Geibel viennent de montrer que cette altération tient à ce que l’hydrogène passe à travers le creuset et peut fournir, par réduction des substances chauffées, des composés capables d’altérer le platine. Cette diffusion de l’hydrogène à travers le platine a été mise en évidence en chauffant dans la partie réductrice d’une flamme un creuset de platine complètement fermé et communiquant avec un tube manométrique ; on a constaté ainsi dans l’intérieur du creuset un accroissement de pression dû au passage de l’hydi’ogène à travers les parois de platine. L’action réductrice de cet hydrogène diffusé a été vérifié dans quelques cas particuliers : l’oxyde de fer, chauffé dans les conditions indiquées, renferme du fer métallique ; le sulfate de magnésie se transforme en sulfure et le sulfate de soude en sulfite. Ce sont ces produits de réduction qui amèneraient plus ou moins rapidement l’altération du platine.
- p.2x14 - vue 446/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. —1 M. Gomes, à Lisbonne'. — Vous trouverez les renseignements les plus complets au sujet des aimants dans Y Annuaire de i Electricien, de MM. Hos-pitallier et Roux, édité à la librairie Masson.
- M. Millier, à Rouen. — Pour les appareils de chauffage électrique, veuillez vous adresser a M. Goisot, 10, rue de Bélidor, à Paris.
- M. Alazard, Paris. — Rien n’est plus délicat, à notre avis, que l’achat de moteurs ou dynamos d’occasion; nous ne saurions voüs conseiller aucun fournisseur spécial.
- M. Guérin, à Blaye. — Il est bien difficile de vous indiquer son usage pour la force produite de jour par l’usine électrique que vous nous citez. Sa puissance est trop faible pour pouvoir l’utiliser à une production électro-chimique quelconque. Le meilleur emploi qui puisse en être fait serait sans doute d’alimenter quelques moteurs ou machines agricoles. Mais ceci dépend essentiellement des conditions locales que nous ne connaissons point.
- C. M., Covilha* (Espagne). — Le liquide des accumulateurs s’immobilise simplement en en imbibant du coton de verre.
- M. Pinard, Paris. — Des fabriques de ligues torré-liées, utilisées comme succédanés de café, existent en Algérie, à Bougie, Fort-National, Dra el Mizan. Des essais ont été faits à Bougie sur la préparation du cale de figues jiar MM. Doloz, ingénieurs; Philip, propriétaire et Malbos, pharmacien. — Nous n’avons pas les adresses
- que vous désirez ; peut-être pourriez-vous les obtenir en vous adressant à M. le Directeur de l’Office du gouvernement général de lAlgérie, 5, galerie d’Orléans, Palais-Royal, Paris.
- M, F. Verdier, à Saint-Gervais, par Blois. — Nous vous remercions de l’envoi de votre photographie. Le phénomène est très beau, mais n’a rien d’extraordinaire ; il est dans les limites normales de hauteur atteinte par les rosiers croissant sur treillis.
- M. L. Zuber, à Rixheim. — Contre les cancrelats : mettre de la chaux vive dans les lieux qu’ils fréquentent.
- M. Tarakdjian, à Ibrahimé-Charkich. — Nous ne connaissons pas d’appareils, spécialement destinés à la protection contre la poussière.
- M. H. Pol, à Paris. — Cirages pour chaussures jaunes ou noires : vous trouverez de nombreuses indications dans nos recueils de Recettes et Procédés utiles (Masson et Cie, 5 vol.) ou dans les recettes de La Nature.
- Mme Z. M, E., à Courtrai. — Teinture du chêne en vert : nous croyons que le meilleur procédé serait d’employer une couleur à l’huile, très fluide, à la couleur voulue.
- M. J. M. P. H., à Paris. — Il existe de nombreux vernis applicables à des cannes de jonc, mais qui possèdent la propriété de les solidifier, nous n’en connaissons pas, à notre vif regret.
- M. Jacob, à Valenciennes. — Nous avons vainement essayé de reconnaître les insectes que vous nous avez envoyés et qui nous sont arrivés presque complètement écrasés.
- Mlle Lise Ph., à Bucarest. — Fleurs stérilisées : Mme Rochet, 199, rue Saint-Denis, à Paris.
- M. H. Blanchet, à Arras. — Les fraisiers remontants à gros fruits signalés dans le n°1718 du 28 avril 1906 se trouvent chez M. Louis Gautier, rue de Maltot, à Caen (Calvados).
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- L’aéroplane en Angleterre : V. Forbin. — Le verre filé et ses applications : E. Lemaire — Elevage du turbot. — L’arbre à beurre de la Côte d’ivoire : Louis de Cantilly. — Des moyens de faire pleuvoir : Marcel Bi,ot. — La photographie de la voix : Lucien Fournier. — Une nouvelle machine à glace : Norbert Lallié. — Académie des sciences; séances des 25 mai et ior juin 1908 : Ch. de Yilledeuil. — Un nouveau cadran solaire : Henry Bougeois.
- Supplément. —- Aviation. — Nivellement général de la France. — Electricité dans le nord de la France. — La couleur dans l’œil du peintre. — Cinématographe d’art. — Combustible liquide dans la marine de guerre anglaise, etc. — Hydrogenèse ou production artificielle des sources. — Destruction des mouches.
- Société d’Histoire naturelle d’Autun. 20° bulletin. Autun, Dèjussieu, Paris, Masson et Ci0, 1907. 1 vol. in-8°. XXXII-232 p. Prix : i5 francs.
- Signalons dans ce volume les travaux suivants : sur les Nuraghes de Sardaigne, par le vicomte de Chaignon ; Florule raisonnée du Brionnais, par G. Ormezzano, E. Chateau,, Dr X. Gillot; Anatomie des Equisetum, par Queva ; Poissons de Saône-et-Loire, par S. Gen-soul, etc.
- Ergebnisse und Forschritte der Zoologie, herausgegeb, Von Dr J.-W. Spengel. Ier Bd. 2e Hft. Iena. Gustav Fischer, 1908, p. 239-4°?-, 38 fig. 8° ieret 2e Hft. : 10 Mk.
- Le second fascicule de la belle publication dirigée par le savant professeur Spengel est consacré spécialement aux amphineùres,-dont la rédaction a été confiée à M. H.-Fl Nierstrasz, d’Utrecht.
- Manuel pratique du Conférencier-Projectionniste, par G. Michel Coissac. i vol. inr-ifi, 234 p-, y3 fig. Paris,
- 5, rue Bayard. Prix : 2 francs. Manuel élémentaire et commode des connaissances indispensables.
- Annuaire des Eaux minérales. Stations climatiques et sanatoriums de la France et de l’Etranger. Edition 1908, publiée par le Dr G. Morice, directeur de la « Gazette des Eaux ». Paris, Maloine, 1908. Prix : 1 fr. 5o.
- La maison fleurie, par F. Faideau. i vol. in-16, 112 pages-Larousse et C‘°, Paris. Prix : o fr. 90.
- On trouvera dans ce petit livre d’excellents principes de décoration florale à portée de tous : vestibules, appartements, fenêtres, balcons, jardins, etc.
- Catalogue international des principales publications périodiques du monde, par Emile Guarini, professeur à l’École d’Arts et Métiers_de Lima. In-8 de 76 pages. H. Dunod et E. Pinat. Prix : 3 francs.
- M. Em. Guarini a inventorié 4o63 revues et journaux qu’il a classés par continent, par pays et par spécialité.
- Routine et progrès en agriculture, par R. Dumont, i vol. in-16, 224 pages. Librairie Larousse, s. d. Prix: 1 fr. 80.
- Le titre un peu prétentieux ne doit pas tromper : le livre de M. Dumont n’est heureusement pas un discours sur les beautés du progrès et les ennuis de la routine ; c’est un tableau excellent, plein de renseignements très précis, de ce que doit savoir un agriculteur intelligent, désireux de tirer de ses terres et ses troupeaux le maximum de rendement.
- Les rouilles des céréales, par M. Étienne Foex, maître de conférences de pathologie végétale à l’École nationale d’agriculture de Montpellier. Librairie Coulet et fils éditeurs à Montpellier. 1 vol. in-8°, 1908. Prix : 2fr,5o. ’
- p.2x15 - vue 447/647
-
-
-
- m
- BIBLIOGRAPHIE
- Constructions rurales, par J. Danguy. i vol. in-16, 5oo pages. (Encyclopédie agricole). Baillière et lils, 1908, Pai •is. Prix : broché, 5 francs; cartonné, 6 francs.
- L’ouvrage de M. Danguy se divise en deux parties : la première relative aux principes généraux de la construction, appliqués aux bâtiments ruraux; la seconde ayant pour objet la description de chacune des constructions de la ferme. Il a suivi l’ordre des travaux, en commençant par le gros œuvre (terrassements, maçonnerie, charpentes en bois ou métalliques, et aux •couvertures). Vient ensuite le petit œuvre (enduits,
- • çarrelages, pavages, menuiserie, serrurerie, peinture, vitrerie), La deuxième partie est plus spécialement consacrée aux constructions rurales suivant leur affectation.
- La fabrication des liqueurs, par J. de Brevans, chimiste principal du Laboratoire municipal de la ville de Paris, préface par Ch. Girard, directeur du Laboratoire municipal. 3e édition, 1908, 1 vol. in-16 de 56i pages, avec 96 figures. Librairie J.-B. Baillière et fils, à Paris. Prix : cartonné, 4 francs.
- Cet utile ouvrage qui est venu combler une grave lacune dans la littérature technique en est à sa 3e édition. C’est dire le succès qu’il a obtenu : succès que légitiment la compétence de l’auteur et la clarté du style.
- Installations téléphoniques. — Notions spéciales d’électricité, description et fonctionnement des appareils, montage des postes d’abonnés et des postes centraux, par J. Schils, inspecteur des Postes et des Télégraphes. In-8 dé ‘270 pages, avec 187 fig. H. Dunod elE. Pinat, Paris. Prix: cart. 4 fr. 5o.
- Ce livre est destiné à rappeler aux agents chargés du montage, de l'entretien et de. la surveillance des installations téléphoniques, les notions élémentaires d’électricité et de magnétisme, la description et l’installation des appareils.
- La technique pratique des courants alternatifs, à l’usage des électriciens, contremaîtres, monteurs, etc., par
- Giuseppe Sartori, ingénieur, professeur à l’Institut technique supérieur de Milan. 2e édition française, traduite de l’italien, revue et complétée par J.-A. Montpellier, rédacteur en chef de Y Electricien. Tome I : Exposé élémentaire et pratique des phénomènes du courant alternatif. Grand in-8“ de X-5o6 pages, avec 255 fig. H. Dunod et E. Pinat, Paris. Prix : broché i5 francs; cartonné 16 fr. 5o.
- L’ouvrage dont M. Montpellier a fait une traduction française a pour but d’exposer l’Electrolechnique d’upe manière élémentaire. Les électriciens y trouveront l’explication de tous les phénomènes relatifs aux courants alternatifs, présentés au point de vue purement physique; et, par conséquent, faciles à comprendre.
- Les industries insalubres, établissements classés, par Fr. Coreil, et L. Nicolas. In-8 de YIII-778 pages. H. Dunod et-E. Pinat, éditeurs, 49, quai des Grands-Augustins, Paris VIe. Prix : i5 francs.
- Les ouvrages traitant des industries insalubres sont relativement rares. Il n’en existe aucun de récent. Chaque jour pourtant, on voit s’accroître le nombre et la nature des industries insalubres. C’est pourquoi MM. Coreil et Nicolas se sont efforcés de réunir dans un ouvrage tous les documents et renseignements relatifs aux établissements désignés sous le nom d’établissements classés : législation, formalités préalables à l’ouverture; inconvénients des industries insalubres et moyens de s’en préserver ; réglementation des établissements ; dispositions législatives concernant l’hygiène et la sécurité des travailleurs; décrets, ordonnances, etc.
- Filtres à sable non submergé, par Louis Baudet, député. In-8 de 46 pages, avec 7 planches. H. Dunod et E. Pinat. Prix : 1 fr. 5o.
- Bulletin des séances de la Société française, de physique. Année 1907, 4e fascicule. Au siège de la Société, 44, rue de Rennes.
- ---O
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o
- Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 1er juin 1908 . -19°,8 S. S. E. 2. •Nuageux. 1,2 Rosée ; halo à 9 h.; nuag.; tonn. au S. VV. à 18 h. 13 ; pluie.
- Mardi 2 17° 8 S. 2. Beau. » Rosée ; peu nuageux.
- Mercredi 5. ..... 2-2°,1 E. S. E. 0. Beau. » Rosée ; peu nuageux.
- Jeudi 4. . 22°,4 E. S. E. 0. Beau. » Rosée ; peu nuageux ; éclairs à l’E. à 22 h.
- Vendredi 5. .... . 19°,6 N. N. W. 3. Peu nuageux. )) Rosée ; brume ; nuageux.
- Samedi 6 14°,1 W. N. W. 1. ' Peu nuageux. 0,0 Rosée; brume; nuageux; pluvieux à 15 h.
- Dimanche 7 .... . 10°,2 N. 4. Couvert. » Rosée ; très nuageux.
- Du Ier au 7 juin. — Le ior. Pression atmosphérique assez uniforme, voisine de 760 sur 10. et le N.-E. de l’Europe; deux minima : Gascogne, Arkangel, 756. Pressions supérieures à 765 sur l’E. et les parages de l’Islande. Pluies sur l’O. et le N. de l’Europe; en France : Pic du Midi, a5 mm; Cherbourg, 12; Bordeaux, 7; Le Havre, Perpignan, 5. Température du matin : Bodoe, 70; Paris, 20; Marseille, 23; Puy de Dôme, 12; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : ao°,9 (normale : i5°,2). — Le a. Même situation atmosphérique; extension des pressions de l’Islande sur la Scandinavie, 771. Pluies sur l’O. de l’Europe; en France : Cherbourg, 22; Le Havre, 15 ; Rochefort, i4 ; Charleville, 11 ; Perpignan, 3; Paris, 1. Temp. du matin : Arkangel, 2; Paris, 18; Naples, 24; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : 20°,8 (normale : i5°,3). — Le 3. Pression générale élevée : un peu inférieure à 760 sur péninsule Ibérique et Méditerranée O., supérieure à 765 sur Allemagne et Scandinavie (771). Pluies rares en Europe (Iles-Britanniques, E. de la Russie). Temp. du matin : Arkangel, 2 ; Paris, 22; Palerme, 24; Puy de Dôme, 17; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : 23°,8 (normale : i5°,4b — Le 4- Hausse de pression sur l’Islande, 765, et sur le Centre et l’E. de l’Europe; dépression sur la Lapouié, 755. Quelques chutes de pluie sur l’O. et le Centre du continent ; en France : Biarritz, 25 ; Boulogne,
- 18; Belle-Ile, 14 ; Dunkerque, 1. Temp. du matin : Arkangel, 3; Paris, 22; Nice, 23; Puy de Dôme, i5; Pic du Midi, 3 ;_ moyenne à Paris : 24°, 1 (normale : i5°,5). — Le 5. Zone de basse pression du S.-O. au N.-E. do l’Europe : minima vers Arkangel et le S. de la Scandinavie, 750; pression élevée à l’O. : Irlande, 769. Pluies sur le N. et l’O.; en France : Perpignan, 7; Le Mans, 6; Biarritz, 4; Dunkerque, 2; Boulogne, 1. Temp. du matin : Arkangel, 2 ; Paris, 20; Palerme, 25; Puy de Dôme, 16; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : i7°,6 (normale : i5°,6). — Le 6. Baisse générale de pression, sauf sur la France, 760 et les Iles-Britanniques, 769; tempête du N. sur la Baltique (Riga, 743).- Pluies générales sur le Centre; en France : Biarritz, 37; Toulouse. 27; Besançon, Belfort, 3. Temp. du matin : Helsingfors, 3; Paris, 14; Trieste, 25; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : i2°,5 (normale : T5°,7). — Le 7. Aire anticyclonique des Açores sur la Gascogne et l’Angleterre : maximum àValentia, 770; dépressions sur l’Islande, le golfe de Gênes, la Finlande. Pluies sur le Centre et le N. ; en France : .Besançon, i5; Biarritz, 12; Perpignan, 10; Dunkerque, 3 ; Bordeaux, 1. Temp. du matin : Saint-Pétersbourg, 4; Paris, 10; Malte, 24; Pny de Dôme, —1; Pic du Midi, —5; moyenne à Paris : il0,8 (normale : i5°,8). — Phases de la Lune : Premier Quartier le 7, à 5 h. 5 m. du matin.
- p.2x16 - vue 448/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l'École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne a La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : >20, Boulevard Saint-Germain, "Paris (VIe)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N* 1830 — 20 JUIN 1908
- SUPPLÉMENT
- INFORMATIONS
- Le record de la hauteur en aéroplane. — Il vient d’être réalisé par M. .Esnault-Pelterie. Lejeune aéronaule, dont La Nature a récemment décrit l’ingénieux moteur, a pu, en effet, au moyen de son aéroplane monoplan, effectuer un parcours aérien de i5oo m. à une hauteur de 40 m. au-dessus du sol. La descente a été un peu brusque et M. Esnault-Pelterie a reçu d’assez sérieuses contusions.
- Un nouveau prix d’aviation. — M. René Quinton vient d’instituer un nouveau prix d’aviation, dans des conditions fort originales. L’étude du vol des oiseaux a montré que ceux-ci peuvent utiliser la force du vent pour s’élever, se maintenir et se déplacer dans l’air, sans dépenser aucune force ni battre des ailes. M», Quinton offre un prix de 10000 francs au premier aéroplane, qui, moteur éteint, pourra se soutenir dans l’air 5 minutes, sans descendre de plus de 5o mètres.
- Papier métallique. — Pour combattre l’humidité qui règne dans les maisons de Calcutta, surtout pendant la saison des pluies, quand l’eau ruisselle sur les murs des chambres les mieux protégées, un architecte a eu l’idée de tapisser les murailles avec un papier imperméable, fabriqué avec de la poussière de cuivre, et d’une épaisseur variant entre 0,0012 et 0,0006 de pouce. Cette composition emppche le suintement des murailles. On peut rapprocher de cette information celle que contenaient les comptes rendus de.la dernière séance de la Royal Society. M. le professeur Thomas Turner a présenté à ses savants collègues des échantillons de feuilles d’or, d’argent et de cuivre, l’endues transparentes par un procédé fort simple. Soumise à une température de, 25o° C., une feuille, d’argent acquiert une translucidité qui tourne à la transparence parfaite quand la chaleur a été portée à 4000. La feuille de cuivre, ainsi traitée, tamise une lumière d’un vert brillant. Et l’on peut voir à travers une feuille d’oy qui fut soumise à une température de 55o°. Il est probable, d’après M. Turner, qu’on fabriquera avant peu des vitres d’or et d’argent pour les luxueuses demeures des millionnaires du Nouveau Monde.
- Une cause possible de déraillements. — Elle est signalée seulement comme cause possible par le correspondant de Scientific American qui la cite, et il demande qu’on étudie la question pour constater ce qu’il peut y avoir de réel dans ses craintes. M. Peebles insiste sur ce fait que, fréquemment, on en arrive à attribuer la cause première d’un déraillement’ général à ce que le tender est sorti des rails. Il peut y avoir à cette sortie divers motifs, des raisons de construction, etc. ; mais il se pourrait aussi que cela résultât souvent de la nature du chargement du tender, qui est fait en grande partie d’un liquide; ce liquide peut se mettre à vibrer, à se déplacer, et il ne faut pas oublier qu’il offre un moment d’inertie considérable. La période d’oscillation est régulière, et il est parfaitement possible que les chocs et les poussées
- •Ÿ
- latérales successives arrivent à avoir une influence dangereuse sur la stabilité du tender.
- L’eau distillée dans l’usinage des pièces métalliques. — Lors d’une récente réunion de l’Institution of Mechanical Engineers de Grande-Bretagne, on a cité l’exemple fort intéressant d’un fabricant d’automobiles qui a eu l’idée de remplacer l’eau ordinaire par de l’eau distillée pour l’arrosage de refroidissement, de lubrification des instruments d’usinage, rabotage, fraisage, etc.
- Il assure que, de la sorte, il arrive à donner à ses instruments et outils une vie au moins 5 fois et parfois 10 fois plus longue. L’eau de condensation des machines à vapeur, quand elle n’est pas salie par des entraînements, . procurerait les mêmes avantages.
- Croiseur japonais à turbines. — Le nouveau croiseur cuirassé japonais Ibuki, qui est en achèvement dans les chantiers de Kure, au Japon, sera doté de turbines américaines Curtis, tandis que le navire identique appelé le Kurama possédera des machines altei'natives ; les deux turbines que l’on construit pour VIbuki, dans les ateliers de la Fore River Shipbuilding Co, sont destinées à développer normalement une pqjg.§ah|,e de 2.4 000 chevaux, tout en pouvant supporter ù^’surcharge qui porterait la puissance maxima à 27 oôpmhëvaux. On compte ainsi donner au navire une vites’se approchant de 23 noeuds.
- Le cuivre en 1907. — D’après la Metalgesellschaft, la production mondiale du cuivre en 1907 a enregistré, pour la première fois depuis quinze ans, une diminution par rapport à l’année précédente :71a 800 tonnes contre 717800 en 1906 et 6g3 900 en 1905. La baisse vient uniquement des Etats-Unis qui ont passé de 4^0 000 à 421 400 tonnes, et de l’Amérique du Sud, qui décroît progressivement: 80000 en igoS; 63 000 en 1906; 57000 en 1907. Des quatre régions productives de cuivre aux Etats-Unis, c’est surtout la plus importante, le Montana, qui a subi la baisse:’ io3aoo tonnes en 1907 contre 136200 en 1906. L’Àrizona a fléchi de 119400 à 118 100. Le Lac Supérieur (Michigan) a un peu monté de xoi 600 à 106 200, ainsi que l’Utah (de 22 5ooà 35 800). L’Europe (Province d’Huelva, Mansfeld, etc.) a monté de 137600 à 142900; le Japon de 43 4°° à 4^000 et l’Australie de 29 5oo à 3a 5oo.
- Le chemin de fer de Tananarive. — Le tronçon de la voie ferrée de Tananarive à la côte Est, s’étendant de Moramanga à Anjiro, a été livré à l’exploitation leT7 avril. L’ouverture de cette section permet désormais d’effectuer en deux jours, au lieu de trois, le trajet de Tamâtave à Tananarive.
- Les chemins de fer en Algérie. — D’après les statistiques établies pour 1907 par le gouvernement général de l’Algérie, l’ensemble des recettes des réseaux algériens a présenté, en 1907, malgré la mise en application
- 3
- p.2x17 - vue 449/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- des tarifs unifiés et, réduits, une progression constante aboutissant à une augmentation de 1617296 francs sur les recettes de l’année précédente. Depuis dix ans la progression a été de 72 pour 100 des recettes.
- La population du Kamerun. — D’après le Mouvement géographique (7 juin 1908), la population africaine non autochtone du Kamerun (Libériens, Nigériens, Sierra Léonais, etc.) comprend environ 56oo individus, pratiquant divers métiers, ouvriers ou soldats. La population indigène,, très dispersée et vivant surtout dans les forets, atteindrait de son côté au total approximatif de 216 720 individus.
- Importation d’œufs de pingouins. — C’est un des avantages de l’époque où nous vivons que nous savons varier à l’infini les plaisirs de la table. Grâce à la rapidité des transports, nous pouvons savourer les fruits des tropiques, ou même, comme nous le signalions récemment, ceux des Antipodes. La dernière venue parmi les nouveautés alimentaires nous est fournie par la colonie du Cap, qui importe depuis quelques semaines sur les marchés européens des œufs de pingouins, entrés depuis longtemps dans le menu des colons de l’Afrique australe. Notre photographie permet de comparer la grosseur de ces œufs à celle des œufs de
- de la régie une augmentation de 1724990 francs, soit 5 pour 100. La production des allumettes se répartit suivant les types :
- Allumettes ordinaires............21 milliards
- — soufrées à frottoirs . . i3 —
- — suédoises............. 2 —
- — lisons.............. 0.869
- — cire..................1 i.5
- — amorces chimiques . . 3 —
- Total...........41 > ^ 6 9 —
- milliards d’allumettes, pour la l’abri-
- Soit plus de 41 cation desquelles il a fallu
- 4 343
- 844 871
- 31 427 12412 224 127 70 257 3o 400 5i 057
- bois.
- mètres cubes de kilog. de soufre.
- de sesquisulfure de phosphore.
- — de phosphore rouge.
- — de chlorate de potassium.
- — de colle forte.
- — de gomme du Sénégal,
- de bougie lilée.
- De gauche à droite : œufs de poule, de pingouin, de pluvier.
- poule et de pluvier. Ils sont, dit-on, bien supérieurs à ceux-ci par leurs qualités nutritives. De digestion moins pénible, ils se recommandent aux estomacs débiles. On les recueille par grandes quantités sur tous les îlots semés le long des rivages de l’Afrique australe. A Cape-town, à Durban, ils se vendent à raison de six pour un shilling (1 fr. 25). Il va de soi que leur valeur a augmenté avec le transport. Les trois milliers d’œufs de pingouin importés par le dernier paquebot se sont vendus un shilling pièce, à Londres, où tous les anciens coloniaux se les sont disputés.
- La découverte de l’Amérique par les Chinois. —
- On avait déjà enlevé depuis longtemps à Christophe Colomb la gloire de sa découverte pour la reporter aux
- Normands. Mais voici que les Chinois auraient eux-mêmes précédé les Wikings de trois siècles. D’après le Monde Moderne, une vieille chronique chinoise parlerait d’un pays nommé Fusang ou Fusu, situé à environ. 65oo milles à A . . de l’Asie. Une re f ion de voyage, éc. . en 5o2 par un bonze nommé Hui-Shen et conservée dans les archives de la dynastie Lyang, raconte, dit-on, qu’en 458 cinq prêtres bouddhistes allé ren t prêcher la doctrine de Brahma dans ce Fu-, sang, que tous les détails de leur description portent à assimiler avec le Mexique. Il subsiste d’ailleurs au Mexique des traces très anciennes de civilisation chinoise, notamment une stèle représentant un brahmine vêtu de ses ornements et un Boudha, assis les jambes croisées sur un trône porté par deux lions; plus une statue élevée au village de Madalena en l’honneur d’un jiersonnage qui, d’après la tradition, serait venu d’un pays lointain vêtu d’une longue robe pour enseigner une religion inconnue et qui se nommait du nom à sonorité chinoise de Wi-shi-pecocha. Ainsi donc, voilà une découverte de plus à l’actif des Chinois. Attendons-nous maintenant, quand la préhistoire sera plus avancée, à apprendre qu’aux temps de l’àge de pierre, ce sont eux aussi qui ont découvert l’Europe.
- La population de l’Espagne en 1906. — D’après la Géographie (1908, p. 298) la population de l’Espagne au 3i décembre 1906 était de 19 565 908 habitants. Des quarante-huit provinces du royaume la plus peuplée est celle de Barcelone (1 i32 826) ; viennent ensuite celles de Valence (849 3io) et de Madrid (832 328), puis Coruna (La Corogne) (692 25o), Oviedo (663 352), Murcie (630009), etc.
- Carte de Mongolie. — D’après le Mouvement géographique, le gouvernement chinois aurait décidé l’envoi, en Mongolie, de dessinateurs chargés de dresser une carte de cette région.
- La consommation des allumettes. — D’après les renseignements publiés par la Direction des manufactures de l’État, la consommation des allumettes en 1907 a augmenté par rapport à l’année précédente de deux milliards d’allumettes, ce qui représente pour les recettes
- L’arrivée des hirondelles. — Les premières hirondelles sont arrivées cette année quelques jours plus tard qu’en 1907. Le tableau suivant, donné par le Bureau central météorologique, indique, pour quelques-unes des stations d’observation, l’écart observé à cet égard entre les années 1907 et 1908 :
- Arrivée des hirondelles. 1907 00 O O
- Parc Saint-Maur .... 2 avril . i3 avril
- Sainte-lïonorine-du-Fay. r r — i5 —
- Paramé 4 — 29 —
- Montflours 10 — 28 —
- Le Ripault. . . . . . . 7 - 12 —
- Vernoux (Ardèche) ... 6 — i5 —
- Perpignan 3 — 7 ”
- En (somme, le retard moyen semble d’une dizaine de jours, mais avec d’importantes variations locales.
- p.2x18 - vue 450/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- *»> Appareils <<*
- Appareil à filtrer Pair. — La Nature a déjà décrit divers appareils pour l’enlèvement des poussières dans les appartements, soit par le vide, soit par l’air comprimé. Mais ces appareils avaient avant tout pour but le nettoyage des lapis, tentures, rideaux, etc. L’appareil que nous allons décrire a pour but de supprimer une des nombreuses sources de poussières qui viennent contaminer l’atmosphère de nos appartements. En hiver les
- — Le filtre d’air.
- calorifères, les bouches de chaleur déversent dans nos chambres, tin flot continu de poussières désagréables et dangereuses. Le filtre à air représenté ci-contre doit les arrêter au passage. Cet appareil qui s’adapte facilement aux bouches de chaleur (fig. 2), est formé d’une boîte sans fond ni couvercle (fig. 1); elle renferme plusieurs
- Un filtre d'air placé sur une bouche de chaleur
- minces plaques d’ouate ignifugé, perforées de trous (fig. 3), ces plaques très rapprochées et parallèles sont disposées de façon que les trous de chacune d’elles soient en chicane avec ceux de la plaque précédente et de celle qui suit. L’air traverse ainsi tout l’appareil et, passant librement par les trous de chaque plaque, est projeté en
- jets 'très divisés sur les parties pleines de la plaque suivante abandonnant sur chacune" d’elles une partie des poussières agrippées par les filaments du coton; enfin l’air sort purifié et sans avoir perdu dé sa chaleur.
- L’appareil pourra même servir à filtrer complètement l’air des appartements, la batterie filtrante sera placée en avant d’un ventilateur électrique sous l’influence duquel tout l’air de la pièce traversera les chicanes d’ouate en leur abandonnant ses poussières. — L’appareil se trouve chez Mi Combemale, 44 bis, avenue de Chatillon, au prix de 35 à 45 francs suivant les dimensions.
- La machine à glace « La Rayonnante ». — Nous ne rappellerons pas ici les services que notre civilisation moderne attend de la glace. Tout le monde sait que la consommation en est chaque jour croissante, et que cette substance est bien près d’être considérée comme de première nécessité. Dans les villes on se la procure aisément et à bon compte. Mais à la campagne, il n’en est plus de même et cependant elle y est tout aussi utile, notamment dans la plupart des industries agricoles.
- Sans doute, on fait grand usage dés appareils nommés glacières, mais ce sont des étuves maintenant à basse température les objets qu’on y place. Pour obtenir de gros blocs de glace, on est en général obligé de recourir à une installation dispendieuse, parfois dangereuse.
- M. Schaller a imaginé une machine à glace oui évite ce grave inconvénient et qui
- Machine à glace.
- nous a paru fort pratique.
- Celte machine, en effet, en 20 ou 3o minutes transforme en briques de glace bien régulières de 2 à 3 centimètres d’épaisseur, les quantités d’eau réparties dans les moules dont elle se compose.
- La longueur et la largeur de ces moules varient selon le numéro des machines; le réfrigérant employé peut être quelconque, mais l’emploi de l'azotate d’ammoniaque mélangé par parties égales à
- 1 eau fraîche, est à recommander. L’azotate d’ammoniaque présente, en effet, l’avantage de se reconstituer indéfiniment, sans rien perdre de ses propriétés ; il suffit , après lisage, d’évaporer la dissolution sur feu doux, le sel se retrouve presque en totalité après dessiccation.
- Le mode d’emploi est le suivant : le batteur dont est munie la glacière étant placé au fond de la machine, on fixe la plaque; on place les moules préalablement remplis d’eau fraîche, et munis de leurs couvercles. Par l’entonnoir on introduit le mélange d’azotate d’ammoniaque et d’eau fraîche, et I on met le batteur en mouvement pendant une demi-heure environ. L’eau est alors complèle-tement gelée dans les moules. On effectue le démoulage en trempant dans de l’eau légèrement attiédie; on retire les blocs de glace, on les place au-dessus les uns des autres, et ils se soudent instantanément en un bloc unique, parfaitement homogène. — La Rayonnante est fabriquée en différentes grandeiirs par M. Schaller, 332, rue Saint-Honoré, Paris. Prix d’une machine produisant 1200 à i5oo gr. de glace à l’heure : 45 francs.
- *»> Divers
- Pour installer un hamac. — Un hamac est une des
- choses les plus agréables dont on puisse disposer à la campagne, pour se reposer pendant les journées chaudes. Mais on rencontre parfois certaines difficultés pour accrocher les deux bouts du hamac, les arbres ne se présentant pas toujours à bonne distance pour fournir les deux points d’appui solides qui sont indispensables.
- Il n’est pas possible de les l'emplacer par de simples pieux fichés en terre, car le poids de la personne qui se coucherait dans le hamac exercerait un effort oblique d’arrachement, auquel les pieux ne résisteraient point. C’est pour cela qu’on a inventé des dispositifs assez coûteux, qu’on vend dans les magasins spéciaux, et qui répondent à ce besoin. A chaque bout du hamac, on dispose un trépied fait de tiges de bois solides, qui viennent se réunir dans une monture en cuivre et fonte de fabrication relativement compliquée : l’un des pieds obliques s’incline en dessous du hamac, pour empêcher le mouvement de rapprochement auquel pourraient obéir autrement les deux trépieds, si l’on ne s’y opposait pas de cette manière. Du reste, pour diminuer l’effort que doivent supporter les pieds obliques dont nous venons de
- p.2x19 - vue 451/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- parler, et pour éviter que les deux extrémités du hamac ne tendent à se rapprocher sous l’influence du poids du corps, on dispose longitudinalement et horizontalement, d’un trépied à l’autre, une tige de bois rond d’assez gros diamètre qui prend appui sur la tête de chacun des trépieds. C’est comme une contre-fiche, qui solidarise le tout, et empêche complètement les trépieds de s’abattre ou leur membrure de fléchir.
- Il est pratiquement bien difficile de construire^ un dispositif de ce genre, à cause des montures où les têtes des pieds viennent se réunir. Yoici, au contraire, un dispositif plus simple, et qui rend de grands services. Il a été spécialement étudié par un correspondant du Work, pour monter un hamac dans une pièce où l’on ne peut fixer des crochets dans les murailles ; par suite, le bas des trépieds vient appuyer et se fixer dans un plancher ; mais la combinaison est tout aussi aisée à employer dans un jardin, en remplaçant les vis qui immobilisent le bas de ces pieds par des tiges, des broches que l’on enfonce dans le sol. Ici les trois jambes sont taillées carrément dans le bois, et on leur donne un équarrissage de 5 cm au moins, qui leur permet d’offrir une résistance suffisante, à condition qu’elles soient taillées dans le fil du bois, et faites de bon bois. Naturellement, la jambe qui forme arc-boutant et qui vient obliquement et partiellement en dessous du hamac, doit présenter une solidité particulière. Les deux autres jambes se réunissent par
- Q.
- Pied pour hamac et détails.
- leur partie supérieure taillée en biseau, et elles sont assemblées de façon fixe, pour plus de simplicité. Comme on peut le voir dans la figure de détail, qui montre l’arrière de la portion supérieure du trépied, ces deux pièces obliques ne sont pas seulement solidarisées entre elles : elles sont, de plus, fixées par des vis à une pièce en bois dur A, qui est montée en avant de la tête du trépied. Les vis rattachent les pieds obliques à ce bloc de bois, prennent appui par leur tête sur une plaque de métal de cuivre épais ou de fer, qui se trouve placée derrière la tête du dispositif. On aperçoit très nettement les deux vis B et la pièce métallique C. Celle-ci a un autre but que de donner appui aux têtes des vis : elle supporte l’effort exercé par le Crochet que nous montrons isolément en dessous, et auquel vient se fixer la corde de retenue du hamac : comme ce crochet est destiné à supporter un poids relativement considérable, si l’on ne prenait pas la précaution de répartir son effort sur le bois, par cette plaque de garde interposée, on pourrait peut-être le voir fendre ce bois. Comme de juste, son extrémité postérieure forme rivet sur la plaque. Pour plus de sécurité, on peut également disposer en avant une petite plaque de garde sur la pièce de bois A, autour du trou par lequel passe la tige du crochet.
- L’arc-boutant du trépied est articulé au moyen d’une robuste charnière, au bas de la pièce de bois A, et c’est ce que laisse voir très nettement la figure; bien entendu la partie supérieure de l’arc-boutant est taillée obliquement, car il faut qu elle s’applique sous le bas de la pièce A, de telle façon que cet arc-boutant prenne une inclinaison favorable. Yoici donc un kde nos trépieds
- constitué, et nous en ferons un second en tout semblable ; ils pourront se replier suffisamment pour être d’un transport assez facile. Quand ils sont ouverts, pour les immobiliser et éviter ce rapprochement auquel nous faisions allusion tout à l’heure, on munit chacune des jambes d’une ferrure comme celle .que nous montrons dans la fig. 5 ; cette ferrure comporte, dans sa portion coudée et inférieure, (dont l’inclinaison s’accommode à l’inclinaison des jambes) un trou dans lequel on peut faire pénétrer, soit une vis à ailette qu’on vissera dans un plancher, soit une broche qu’on fait entrer dans le sol. Pour plus de précautions, on peut rattacher la tête de chaque trépied à une forte fiche de fer enfoncée obliquement dans le sol, à une certaine distance, en arrière du trépied.
- Pique-nique Thermos. — La Nature a signalé, en son temps, l’ingénieuse bouteille Thermos. Ce récipient, on s’en souvient, est muni d’une double enveloppe; dan», l’espace annulaire, ménagé entre les a parties de celte enveloppe on a fait le vide ; et l’intérieur de la bouteille est alors parfaitement à l’abri de toute variation de température. On peut y conserver des boissons, chaudes, ou froides, à volonté.
- Le même principe vient d’être appliqué au pique-nique Thermos; mais ici, on a considérablement augmenté les dimensions de l’appareil, et l’on peut y intro-
- duire un véritable repas, qui se conservera chaud ou froid presque indéfiniment. Il n’est pas besoin d’insister longuement pour montrer les services que cet objet peut rendre aux touristes et automobilistes.
- Les dimensions relativement considérables de l’objet ont créé des difficultés de construction que l’on imagine aisément. Mais le constructeur les a fort élégamment surmontées.
- L’ouverture du récipient étant beaucoup plus grande que pour la bouteille Thermos, on a employé un dispositif spécial à ressort pour maintenir le bouchon et empêcher la pression d’avoir prise sur Jui. — Le pique-nique Thermos est en vente chez M. Marcel Meyer, i8‘, rue Grange-Batelière, Paris.
- Pour conserver les raisins frais. — Voici un petit dispositif qui sera, sans doute, bien accueilli, par les personnes soucieuses de ne présenter sur leur table que des fruits irréprochables.
- Ce sont de simples bouteilles carrées, d’une forme très commode pour l’usage auquel elles sont destinées. On peut aisément les disposer par rangées, sur une sorte de rayon constitué par deux planches parallèles. La partie élargie de la bouteille reposera sur ces deux planches. L’installation s’improvise facilement et économiquement. — Les bouteilles sont vendues chez Méténier, 17, rue Tronchet. Prix, 20 fr. le cent. .
- p.2x20 - vue 452/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- Les alcaloïdes vermifuges du grenadier. — Le
- grenadier (Punica granatum), dont tout le monde connaît les fruits à la fois astringents et acidulés, possède dans son écorce, surtout dans celle de sa racine, des propriétés vermifuges, qui étaient autrefois très employées.
- Pline et Dioscoride parlent de ce remède, dont l’usaige était vulgaire du temps de Caton le Censeur. Tombé peu à peu dans l’oubli, il a repris quelque faveur au commencement du siècle dernier, grâce à Buchanam et à Cornez. Comme toutes les plantes médicinales usitées en nature, le grenadier se montre d’une activité très inégale; la fidélité de ses effets dépend d’un certain nombre de conditions extérieures. C’est ainsi que les propriétés vermifuges sont développées à un plus haut degré chez les individus qui croissent dans les pays plus chauds, et si l’on veut obtenir leur maximum d’énergie il faut employer l’écorce de la racine des jeunes arbres, récoltée au printemps avant la floraison.
- C’est surtout contre le tænia et le botriocéphale que le grenadier se montre particulièrement efficace.
- Au lieu d’administrer simplement l’écorce comme autrefois, la thérapeutique moderne préfère employer les alcaloïdes vermifuges qu’elle contient : leur taux d’activité est connu et il est par suite plus facile de les doser. Des quatre alcaloïdes de l’écorce du grenadier, deux sont inertes et sans valeur médicinale; les deux autres, la pelletiêrine et Visopelletiérine, sont doués à un égal degré des mêmes propriétés physiologiques.
- On a surtout recours à la pelletiêrine : c’est un produit soluble dans l’alcool, dans l’éther ou dans 20 fois son poids d’eau. Fortement alcaline, elle forme avec les acides des sels, dont les principaux sont le sulfate, l’azotate et le tannate de pelletiêrine.
- Son administration ne va pas sans quelques désordres dans l'organisme : prise à l’intérieur à la dose de 4 à 6 décigrammes, elle détermine des troubles de la vue,, de la lourdeur des paupières, et ces phénomènes s’accompagnent souvent de crampes ou de fourmillements dans les muscles des membres.
- Ses propriétés anthelminthiques ont été mises en lumière par les résultats obtenus en clinique, et aussi par des expériences directes sur des tænias, dues à M. Y. Schrœder. Ces expériences ont porté sur le tænia serrata, espèce qui parasite le chat.
- Les vers sortis de l’intestin d’un chat récemment tué furent placés dans un milieu artificiel (renfermant 1 pour ïoo de sel marin et x pour 100 de carbonate de chaux), qui leur permet de continuer à vivre pendant plusieurs jours. L’addition à ce milieu d’une solution de pelletiêrine à 1/10 000 seulement tue les tænias en dix minutes.
- Dans les expériences cliniques, on a obtenu la mort et l’expulsion du tænia par l’emploi du sulfate de pelletié-rine à la dose de 3 centigrammes : dose probablement encor-e supérieure à celle réellement nécessaire pour tuer le pai’asite.
- Comme l’action de l’alcaloïde s’exei’ce directement sur le ver, il est nécessaire qu’il arrive dans l’intestin grêle avec un minimum d’absox’ption par l’estonxac ; on obtient ce résultat en l’associant par moitié à de l’acide tannique, qui forme avec lui une combinaison difficilement détnxite par le suc gastrique.
- En dehors de leur emploi spécifique contre les helminthes, les alcaloïdes vermifuges du grenadier peuvent être aussi utilisés dans les cas où le praticien a intérêt à provoquer une congestion du fond de l’œil, dans le vertige de Menière, par exemple. A. Aci.oque.
- HYGIÈNE ET SANTE
- Pansements au baume du Pérou. — Le baume du Pérou fut, dans la pharmacopée ancienne, un produit fort estimé, dont l’emploi est tombé en désuétude. C’est le produit du Myroxylon Pereiræ ou Peruiferum, de la famille des légumineuses, grand arbi’isseau qu’on trouve dans l’Amérique du Sud.
- Dans un vieil ouvrage du xvne siècle, dédié au médecin du Grand Roi, Fagon, M. Pomet, marchand droguiste, rue des Lombards, à l’enseigne de la Barbe d'Or, décrit ainsi le baume du Pérou. « Nous vendons à Paris de trois sortes de baumes, sous le nom de baume du Pérou, savoir : le blanc que l’on appelle baume d’incision; celui en coque qui est appelé baume sec et le baume noir qui est appelé baume de lotion. » Ces variétés correspondaient aux divers modes d’extraction de la résine de l’arbre ; le baume qu’on recueille sur des chiffons' et qui a subi l’action de l’e'au bouillante diffère tout à fait par sa couleur et même, par sa composition de la résine que laisse exsuder spontanément l’arbuste.
- Dans son traité des di'Ogues, Pomet a bien établi cette distinction; il ajoute qu’on se sert beaucoup du baume de lotion, « tant à cause de son agréable odeur que paiæe qu’il est admirable pour les playes. C’est pourquoi divers particuliers s’en sei'vent pour les nouvelles blessui’es. » D’après certains auteurs, le baume du Pérou entrait dans la composition du baume du Commandeur, dont les propriétés antiseptiques et cicatrisantes étaient fort prisées jadis.
- Les Drs Montais et Beurier ont entrepris de vulgariser l’usage de ce baume pour les pansements de petite chirurgie, poixr les plaies ; les résultats très heureux qu’ils ont obtenus sont de nature à entraîner la conviction. Du reste on sait que dans la dernière guerre, les Japonais l avaient utilisé sur ixne grande échelle, en y ajoutant, pour prévenir le tétanos, de l’antitoxine tétanique.
- Pour se servir du baume du Pérou, le meilleur pro-cédé à suivre est celxii qu’indiquent nos confrères. Laver la plaie avec la solution saline, dite sérum artificiel, ou à l’eau bouillie si on n’a pas sous la main ce sénim qui? disons-le, n’est pas difficile à préparer. Une fois la plaie bien débaimassée des corps étrangers, des débris de vêtements, des impuretés quelconques, on imprègne la plaie du baume qui est à moitié liqxxide, puis on recouvre de couches de gaze, d’ouate stérilisée et d’une bande. Le baume, en léger excès, imprègne et agglutine les difféi'entes pièces du pansement; au contact de l’air il se dui'cit et forme alors une sorte de coque résineuse, ferme et souple. Le pansement n’adhère aucunement à la plaie ; il adhère seulement à la peau environnante par sa viscosité.
- La sensation donnée par le contact de ce baume sur la plaie à vif est fort peu douloureuse; il y aune légère cuisson au début qui dure peu. La cicatrisation de la plaie se fait sans à-coup et sans suppuration. Il faut se garder de changer trop souvent le pansement; il doit être x’are si la plaie a été soigneusement désinfectée au début. Les. coupures, les écrasements de doigts guéi'is-sent à merveille sous cette enveloppe de résine. Mais son efficacité est moindre dans les plaies anciennes, qui ont déjà suppui'é; là, au contraii'e, il faudra renouveler le pansement à peu près tous les jours sous peine d’inflammation vive ou de complications.
- Le baume du Pérou est un stimulant et un balsamique; il contient de la cinnaméine ou éther benzyl-cinnamique qui, par oxydation à l’air, donne naissance à de l’acide cinnamique. Les anciens avaient reconnu que toutes ces résines avaient une action salutaire sur la guérison des plaies ; ils faisaient, à leur insu, uxie sorte de demi-antisepsie, et je crois qu’en y joignant les pratiques modernes de l’asepsie préalable, l’usage de cette préparation est à recommander. Dr A. C.
- p.2x21 - vue 453/647
-
-
-
- RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations faites à l’Observatoire du Parc-Saint-Maur, en mai 1908, par M. Th. Moureaux.
- Sauf un léger refroidissement du i3 au i5, la température s’est tenue élevée du icr au ai, l’excès sur la normale dépassant 5° pendant les trois derniers jours de cette période. Après de forts orages et de grandes pluies, un abaissement considérable est survenu brusquement du 21 au 2a; le thermomètre, qui marquait 26°,6 le 21 à 12 heures, tombait à 90 le lendemain à la même heure, soit une diminution de i7°,6 en 24 heures. Comparée à la normale de 3o ans, i2°,89, la moyenne s’élève à 14°’97> nombre tout à fait exceptionnel, qui n’a été égalé qu’en 1892. Les gelées blanches sont assez fréquentes en mai dans la banlieue de Paris, et, depuis 1901, on en a observé tous les ans sauf en 1908; cette année, le thermomètre sur le sol n’est pas descendu une seule fois à o°. Il est tombé 87ram,6 d’eau, hauteur qui n’a été dépassée, en mai, que l’année 1898 (94"'“,6) ; on a noté 18 jours de pluie, dont 9 ont donné moins de 2mm d’eau; par contre, les journées du 12 et du 21, en ont fourni à elles seules 46™*",6. Comme la température et la pluie, la pression barométrique est en excès marqué.
- Pression barométrique (ait. 5om,3). — Moyenne des 24 heures, 758"“,89; minimum absolu, 747“'",5 le 6 à 2h2o“; maximum absolu, 771““,2 le 18 à 8hom; écart extrême, 2 3m,n,7.
- Température : Sous l’abri : moyenne des minima, io°%o3; des maxima, 20°,42 ; du mois, i5°,22 ; des 24 heures, i4°,97; minimum absolu, 5°,o le 24; maximum absolu, 28°,4 le 21. Amplitude diurne, moyenne du mois, io°,39; la plus faible, 3°,i le 22; la plus grande, i7°,4 le 21. — Sur le sol gazonné, moyenne des minima, 7°,G2 ; des maxima, 37°,i3; minimum absolu, i°,8 le 24; maximum absolu, 49°, 1 le 2. — Dans le sol gazonné, moyennes du mois; profondeur, o“,3o : à 9 heures, i4°,o4; à 21 heures, i4°,44; profondeur, o“,65 : à 9 heures, ia0,7i; à 21 heures, i2°,73; profondeur 1 mètre : à 9 heures, ii°,58; à 21 heures, 11°,68. — De la Marne : moyenne le malin, i5°,62; le soir, i6°,i6; minimum, n°,oo le ier; maximum, 190,00 le 21.
- Tension de la vapeur : moyenne des 24 heures, 9“"',66; minimum, 5ra 111,7 le i3 à 14 heures; maximum, i5mm,8 le 21 à 8 heures.
- Humidité relative : moyenne des 24 heures, 77,3; minimum 38 le ior à 17 heures; maximum 100 le 3o de 5 heures à 7 heures.
- Nébulosilé : moyenne du mois (6 h. à 21 h.), 6,63; moyenne diurne la plus faible, 0,4 le 18; la plus grande, 10,0 les 10, 12, 22, 26, 26.
- Insolation : durée possible, 471 heures; durée effective, 186 heures en 26 jours; rapport, 0,39.
- Pluie : total du mois, 87““,6 en 56h,2.
- Nombre de jours : de pluie, 18; de pluie inappréciable, 3; de rosée, 19; de brouillard, 1; d’orage, 6; d’éclairs, 2; de halos, 7; de brume, 2.
- Electricité atmosphérique : moyenne des 24 heures (18 jours), 91 volts; moyenne diurne la plus grande,
- i43 volts.le 7; la plus faible, 54 volls h; 2; amplitude diurne, 0,37; amplitude nocturne, o,53.
- Fréquence des vents : calmes, 16.
- N.......37 S. E . . . 21 W .... 4,
- N. N. E. . 42 S. S. E . . 3o W. N. W . 18
- N. E . . . 65 S......64 N. W . . . 24
- E. N. E . . 39 S. S. W. . 118 N. N. W . 3i
- E........3o S. W. . . 99
- E. S. E . . 16 W. S. W . 53
- Vitesse du vent en mètres par seconde : moyenne des 24 heures, 3"‘,o9 ; moyenne diurne la plus grande, 61",» le i5; la plus faible, i"',2 le ier; vitesse maximum eu i5 minutes, iom,6 le 6, de i2h3om à i2h45u‘ par vent W. S. W.
- Hauteur de la Marne : moyenne du mois, 3“,o4; minimum, 2m,64 le 5; maximum, 3“,7i le 14.
- Comparaisons aux valeurs normales : baromètre, + imm,8o; température, + 2°,o8; tension delà vapeur, -f- 2mm,02; humidité relative, +7,4; nébulosilé, + i,o5; pluie, + 42""“,3; jours de pluie, + 5.
- Taches solaires : on a suivi 11 taches ou groupes de taches en 2 5 jours d’observation.
- Perturbations magnétiques : faibles, les 1, 2, 23; modérée les 10-11; assez forte, les 25-26.
- Radiation solaire (Pyrhéliomètre d’Angstrôin). — Les observations les plus remarquables sont les suivantes : Q = 1cal, 19 le 2 à îa^SS"; ica,,20 le 7 à i2h44m; ital,25 le 6 à i3h36“; 1 + 28 le i3 à i2h 54".
- Floraisons : Le 2, lupuline, fraisier des bois; le 3, marronnier commun, laurier noble, lunaire; le 4, cerisier de Sainte-Lucie, boulon d’or, diciitra speclabilis ; le 5, géranium à feuilles rondes, lilas commun, lilas blanc; le 6, pommier de plein vent (reinette de Canada), daphné pontica ; le 8, chamerisier, narcisse des poètes, érable champêtre, herbe à Robert, cognassier; le 9, érable sycomore, germandrée; le 10, lilas de Perse; le 12, saxifrage mignonnetle, glycine, muguet, iris germanique; le 13, sorbier des oiseleurs, pivoine en arbre, fusain à larges feuilles, arbre de Judée, sureau à grappes; le 14, épine blanche, weigelia, barbeau vivace; le i5, arum; le 16, cytise faux ébénier, ancolie, spirée ; le 17, belle d’onze heures, sceau de Salomon; le 18, vipérine, thym, fumeterre, rhubarbe ; le 19, lychnis des champs, chèvrefeuille; le 20, leucanthemum des prairies, réséda des chemins; le 21, épine rose double, sorbier hybride; le 22, polémoine, julienne, pivoine herbacée; le 23, alisier des bois, framboisier, épine-vinette; le 25, pimprenelle, coloneaster ; le 26, verveine vivace, rose de Bengale; le 27, seringa, sauge des prés, fusain verruqueux; le 28, geum iirbanum, buisson ardent, scabieuse colombaire, hémérocalle jaune; le 29, coquelicot, sureau commun, sureau à feuilles panachées; le 3o, acacia blanc, églantier; le 31, sauge officinale, douce-amère, nerprun.
- Arrivée des martinets le 4- Premier chant de la huppe le 2; de la tourterelle le 6; du coucou le 8. Les hannetons ont été absolument rares cette année.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Errata. — N° 1810, ier février 1908. L’article sur : Les pêcheries des cotes du Sénégal, de M. A. Gruvel, ayant paru après le départ de ce dernier pour la Mauritanie, il s’est produit dans les légendes des ligures quelques erreurs. M. Gruvel nous les signale et nous nous empressons de les rectifier. Fig. 1. Au lieu de plage de Port-Etienne, lire : Pêche à la senne sur les côtes du Sénégal. — Fig. 2. Un ancien fort à Bissao (Guinée portugaise). -- Fig. 3. Au lieu de « Port Etienne », lire : Un appontement à Bissao. — Fig. 4- Flottille de bateaux de pêche sur le petit bras du fleuve à Saint-Louis.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — L’avertisseur-détonateur est construit par MM. Cousin et Cie, 2, rue de Florence, Paris.
- Renseignements. — M. Baffrey, New-York. — Il n’a pas paru, à notre connaissance, d’étude détaillée sur les murs du quai de Rotterdam. L’article publié dans La Nature à ce sujet est le résultat d’observations personnelles à la suite d’une visite approfondie de ce port.
- M. A. E., à Tolosa. — Destruction des cafards : saupoudrer de poudre de pyrèthre de bonne qualité les endroits visités par les insectes.
- M. A. Rivet, à Constantinople. — Vous trouverez des renseignements sur le lignite dans l’ouvrage de J. Escard Le- carbone, ses industries, chez Dunod et Pinat, 49> 11U1U des Grands-Augustins, Paris.
- M. Souldaire, à Moissac. —Plantes grasses • Vilmorin-Andrieux, 4, quai de la Mégisserie, Paris.
- p.2x22 - vue 454/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- M. X., à Marseille. — Nous n’avons pas de renseignements exacts au sujet de la voyante dont vous nous parlez; c’est d’ailleurs une question bien en dehors de notre compétence.
- M. Alazard, à Paids. — Nous n’avons pas de moyens de nous procurer les renseignements demandés ; mais vous les obtiendrez sans doute facilement de notre confrère la Technique sanitaire, avenue Michel-Ange, Bruxelles, ou à la Gazette des Eaux, 60, rue Mazarine, Paris.
- Abonné 34o5-aoi6., à Montevideo. — Nous vous conseillons le Traité de physique élémentaire, de Di'ion et Fernet, édité par M. Masson et Ci<!.
- M. Delafond, à Mexico. — Comme vous pourrez vous en assurer en vous reportant à l’article qui fait le sujet de votre demande, vous verrez qu’il s’agit non pas d’un appareil, mais d’un dispositif industriel, que chacun peut réaliser; nous ne pouvons donc vous donner d’adresses.
- M. R. Gouverneur, à Ailly-sur-N. — Le meilleur procédé contre les cafards est le dépôt de chaux vive dans les lieux où ils fréquentent.
- Cercle de la Jeunesse, à Alais. — L’adresse du cadran solaire est donnée dans l’article même : MM. Pilkington and Gibbs, à Preston, Angleterre.
- M. G. M., à Pau. — Nous ne croyons pas qu’il y ait aucun fondement scientifique au précepte que vous citez ; c’est une de ces nombreuses prescriptions qui remontent à l’époque où la pratique de la vinification n’était guère établie que sur des règles empiriques et dont il rx’y a pas lieu de tenir compte.
- JT V., à La Desirade. — Patinage du plâtre : voyez le Manuel Roret, Bronzage des métaux et du plâtre, Paris. Mulo, 12, rue llautefeuille, i fr. a'5.
- M. A. Delebecque, à Gand. — Dégraissage de la laine : s’il s’agit de tissus ou de petites quantités de laine brute,
- employer des lessives d’eau chaude et de savon; s’il s’agit d’une opération industrielle, le procédé qui semble le meilleur est celui des terres absorbantes, terre d’infusoires, terre argileuse, craie, etc. Vous le trouverez exposé avec détail dans le livre de P. Ragous, Déchets industriels (Dunod, 49» quai des Grands-Augustins, Paris, 12 fr. 5o), p. 193.
- M. Blouirt, à Barra-do-Pirahy (Brésil). — Veuillez vous adresser à la machine à écrire « Mignon », 33, rue Yivienne, Paris.
- M. de Ville-d' Avray, à Cannes. — L’adresse a été donnée dans l’article : M. Bajac, constructeur, à Liancourt (Oise).
- M. A. Duval-Pichet, à Paris. — Pardon! La pesanteur et la vitesse du vent ont une composante qui permet à un planeur non pourvu de moteur de s’élever et de progresser contre le vent. Votre exemple d’une feuille de papier dans une rivière est mauvais, parce que l’objet est plus léger que le fluide, ce qui n’est pas le cas dans le plus lourd que l’air. Relisez attentivement la note publiée dans la Correspondance, relative à l’expérience qui permet au cerf-volant de venir se placer, contre le vent, à la hauteur de l’expérimentateur. La question de la vibration des ailes des oiseaux n’est pas tranchée; je crois qu’il ne faut voir là-dedans qu’une question de souplesse. La souplesse est une loi mécanique naturelle trop peu étudiée et qui nous réserve bien des surprises. Je me propose de faire prochainement, de concert avec M. Malécot, quelques expériences qui pourront apporter un peu plus de clarté scientifique aux affirmations contenues dans cet article, lesquelles, d’ailleurs, sont certainement exactes. Et je ferai part à nos lecteurs des résultats obtenus. L. F.
- M. Alazard, Paris. — Pour les petites turbines et les jietits moteurs électriques, vous pourrez, croyons-nous, vous adresser à M. Richard-Heller, 18, cité Trévise.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Le volcan du Mauna-Loa : P. Sallïor. — L’eau saine dans l’aimée : D1' G. Sinclair. — Une survivance préhistorique : le Tabtilum : Joseph Delsaux. — Fabrication des manchons à incandescence r Jacques Boyer. — Le réglage du tir du canon en mer et les obus lumineux : Sauvaire Jourdan. — L’énergie du Soleil comme force motrice : D1' Alfred Gradenwitz. — Les enseignements de la catastrophe de San Francisco : R. de Livry. — Les travaux de l’Association géodésique internationale. — Assaut de force entre un éléphant et vingt hommes : V. Forihn.
- Supplément. — Méfaits d’un aérolithe, — Nouveau filament de lampe à incandescence. — Rats et lumière électrique, etc. — Horlogerie suisse à l’étranger. — La température du corps et les exercices.
- Manuel d'archéologie préhistorique, celtique» et gallo-romaine, par J. DécuELETTE; tome Ier : Archéologie préhistorique. In-8 de 748 p. et 249 fîg. A. Picard, édit., 1908, Paris. Prix : i5 francs.
- Voici un ouvrage de haute valeur et de capital intérêt. Complétant jusqu’à l'heure actuelle le Préhistorique de Mortillet et le tome Ier des Antiquités nationales de S. Reinach, qui dataient tous deux de 1889, Y Archéologie préhistorique de M. Déchelette nous donne le manuel très détaillé, parfaitement mis au point et merveilleusement documenté, de tout ce qui concerne les mystérieux âges de la pierre : nous espérons avoir la place de consacrer un article résumé à cet excellent vade-mecum des préhistoriens ; on y trouve exposé et discuté, avec autant de science que de clarté, tout ce qui concerne le paléolithique, le néolithique, les dolmens et monuments mégalithiques. Il est rare d’avoir à signaler un livre aussi remarquable et instructif.
- J J éducation intellectuelle, morale et physique, par Herbert Spencer. Traduit de l’anglais par Marcel Guy-miot. Schleicher frères, 1908, Paris. 1 vol. in-8°, 2 85 p. Prix : 2 francs.
- On lira ce livre avec intérêt. Quelque discuté et discutable que soit SjDencer, on ne peut l’ignorer, et cet opuscule sur l’éducation devait être traduit en français. On y trouvera cette même ardeur convaincue qui anime ses travaux, ce ton de logique qui impose, cette facilité à croire scientifique tout ce qu’il pense, dédaigneux des pensées contraires, et cette hauteur de l’esprit qui irait jusqu’à faire aimer l’insupportable.
- Les villes d'art célèbres, Tunis et Kairouan, par Henri Saladin. H. Laurens, 1908, Paris. 1 vol. petit in-40, 144 P- de 110 grav. Prix : broché 4 francs ; relié, 5 francs.
- M. Saladin, l’auteur du classique Manuel d’art Musulman, est le meilleur guide qu’on puisse rêver pour une excursion en Tunisie, dont il fut des premiers explorateurs archéologiques. Il étudie en maître les deux capitales de la Tunisie, la politique et la religieuse, et en fait connaître à la fois les monuments et les artistes.
- Les tremblements de terre de la région de Québec, par Mgr. J.-C.-K. Laflamme, Ottowa. Tir. à p. des Trans. of the roy. Soc. of Canada (vol. I, pt IV, X), 1908, in-8°, p. i57-i83.
- Monographie soigneuse des séismes, observés dans la région de Québec de 1637 à 1907. L’auteur montre qu’on ne peut guère observer au Canada que des tremblements de terre « de laboratoire », mais leur étude n’est pas moins intéressante du fait qu’ils sont peu dramatiques.
- Nouveau manuel du fabricant de couleurs. — Laques, couleurs minérales, peintures préparées. — Peintures vernissées. — Aquarelle. — Pastels. — Encaustiques, etc., par Ch. Coffignier. Un volume in-8°. Tignol, Paris. Prix : 10 francs.
- Dans cet ouvrage, essentiellement pratique, l’auteur a étudié d’abord les procédés généraux de fabrication, puis la préparation de chaque couleur, enfin son emploi : broyage, peintures préparées, vernissées, elc.
- p.2x23 - vue 455/647
-
-
-
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5ora,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET EORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PI.UIK EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi S juin 1908 . . il0,0 N. E. 0. Nuageux. » Rosée ; presque couvert ; halo et parhélios.
- Mardi 9 14°,2 N. N. W. 2. Couvert. » Rosée ; très nuageux.
- Mercredi 10 10°,1 S. W. 1. Peu nuageux. 0,0 Rosée; brume; un peu de pluie à 15 h. 10; nuageux.
- Jeudi 11 11°,9 N. E. 2. Couvert. » Rosée ; brouillard de 400 m. à 0-7 h.; peu nuageux.
- Vendredi 12 17°,1 E. 0. Peu nuageux. 0,0 Rosée; halo: gouttes à 19 h. 40; peu nuageux.
- Samedi 15 15°,0 N. E. 0. Très nuageux. » Rosée ; halo ; nuageux.
- Dimanche 14 15°.5 S. S. W. 3. Couvert. 0,0 Rosée; gouttes à 12 h. 15; éclaircies.
- JUIN 1908. — SEMAINE5 DU LUNDI 1" AU DIMANCHE 14 JUIN 1908.
- La courbe supérieure indique La nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 8 au 14 juin. — Le 8. Hautes pressions sur l’O. *et le Centre de l’Europe (Bretagne, 769 mm), dépressions sur l’Italie et l’Ecosse. Pluies sur le N. et l’E. ; en France : Gap, 8 mm; Nice, 6; Marseille, 5. Temp. du matin : Belfort, io°; Alger, 22; Puy de Dôme, 3 ; Pic du Midi, —4; moyenne à Paris, i2°,7 (normale : i5°,9). — Le 9. De l’Atlantique à la Russie, pressions supérieures à 765; Brest, 772; Islande, (Seydisfjord), 7Ô2. Pluies sur le N. et l’E. Temp. du matin : Seydisfjord, 5; Paris, 14 ; Alger, 18; Puy de Dôme, 3; Pic du Midi, 2; moyenne à Paris : i5°,5 (normale : 16°). —Le 10. Même situation; moyenne en Bretagne (773). Pluies sur les Pays-Bas. Temp. du matin : Bodoe, 8; Paris, 16; Alger, 21 ; Puy de Dôme, 6; Pic du Midi, 1; moyenne à Paris : 16°,6 (normale : i6°,i). — Ze 11. Baisse sur les Iles-Britanniques et la mer du Nord; maximum barom. sur la Bretagne, 770. Pluies sur le N.-O. de l’Europe et quelques stations d’Allemagne. Temp. du matin : Seydisfjord, 70 ; Paris, 12; Alger, 20; Puy de Dôme, 9; Pic
- du Midi, 3; moyenne à Paris : i7°,i (normale : i6°,2). — Le 12. Baisse lente sur l’O., maximum sur le Centre : 770; minimum sur l’Islande, 743. Pluies rares, quelques stations des Iles-Britanniques et de la Russie S. Temp. du matin : Paris, 17; Alger, 20; Puy, de Dôme, 12; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : 190,9 (normale : Id°>3) — Ze i3. Basses pressions sur le N.-O. : Ecosse, 748; Irlande, 705; hautes pressions sur le S. et l’E.; Lem-berg, 768. Pluies sur le N.-O. Temp. du matin : Seydisfjord, 4°; Paris, i5; Malte, 20; Puy de Dôme, 12; Pic du Midi,, 7; moyenne à' Paris : i8°, t (normale : i6°,4). — Le 14. Dépression sur le N. et l’O.; centre vers Christiansund, 741; Yarmouth, ; Cherbourg, 739; Odessa, 767. Pluies sur la Scandinavie et les Iles-Britanniques. Temp. du matin': Schields, 90; Paris, i5; Toulouse, 24; Puy de Dôme, 14 ; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i5°,7 (normale : ï6°,5). — Phases de la Lune : Pleine Lune le 14, à 2 h. 4 ui. du soir.
- p.2x24 - vue 456/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l'École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout CO qui concerne « Lâ Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, Paris JW}
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N# 1831 — 27 JUIN 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Congrès de Guéret. — Du 10 au i3 juillet 1908 se tiendront simultanément à Guéret : la 4° session de l’aménagement des montagnes et la de l’arbre et de l’eau, fusionnées en un congrès unique. Pour tous renseignements, s’adresser à M. P. Garrigou-Lagrange, u3, avenue Foucaud, Limoges.
- Un curieux mode de mise en place d’un pont métallique. — On y a eu recours en Suède, sur le Nordre-Elf, près de Gothenburg. Il s’agissait de monter la travée fixe d’un pont tournant, travée ne représentant pas moins de 84 mètres de long ; et l’on avait renoncé à procéder au moyen d’une passerelle de service, parce que la voie d’eau à franchir offrait une profondeur de plus de n,5o m. On a employé le flottage (ce qui est connu), mais avec pivotement, c’est-à-dire qu’une seule extrémité dupont flottait en s'appuyant sur des chalands, tandis que l’autre tournait sur la rive. Le tablier avait été entièremént monté sur un échafaudage établi sur cette rivé,' parallèlement au cours d’eau ; l’extrémité qui devait porter à terre après lancement reposait sur un pivot en fonte, installé dans l’axe de la culée. Vers l’autre bout du tablier, la rive avait été échancrée, on y avait ménagé une sorte de petit port où pénétrèrent trois chalands lestés ; puis on déplaça légèrement l’extrémité libre du tablier et on l’amena au-dessus des chalands. Rien ne fut plus facile ensuite que de faire porter ce bout du tablier sur les chalands, en délestant ces derniers, ce qui les amenait à remonter. Quand les chalands eurent pris leur charge, on attela sur eux un remorqueur, et celui-ci fît décrire un quart de cercle environ au tablier tournant sur son pivot de rive, jusqu’à ce que le bout libre et extérieur se trouvât au-dessus de la pile en rivière. On délesta les chalands, et le pont vint s’appuyer sur cette pile.
- Utilisation médicale des phares d’automobiles. —
- C’est un médecin de la petite ville américaine de Rome, dans l’Etat de New-York, qui, dernièrement, en a eu l’idée. Il avait été appelé brusquement pour opérer en toute hâte une appendicite : le malade se trouvait en pleine campagne, à une vingtaine de kilomètres de tout lieu habité, et, arrivé à 6 heures du soir et plus, le praticien se voyait obligé d’opérer en ayant, pour tout appareil d’éclairage, une ou deux lampes à pétrole : ce qui était un peu insuffisant pour une opération délicate. Il fît approcher son auto d’une fenêtre, puis installa dans la pièce où il devait opérer, et près du malade, un des phares de sa voiture, auquel le gaz était amené du générateur du véhicule par un petit tube en caoutchouc, un drain dé bonne longueur : le tout fonctionna à la grande satisfaction du médecin, et aussi du malade, chez lequel l’opération réussit pleinement.
- Stations à deux étages pour le métropolitain de New-York. — Un ingénieur américain, M. Bion J. Arnold, propose actuellement de modifier les stations du subway de New-York. On offrirait les quatre voies existantes
- aux stationnements des trains express, c’est-à-dire directs, desservant certaines gares du subway, tandis que le service des ti'ains omnibus se ferait à un second étage ménagé dans ces stations : généralement, la hauteur sous voûte ou sous poutre, dans les gares, est suffisante pour qu’on puisse réaliser cette transformation sans difficultés ni dépenses exagérées. Cela aurait pour résultat d’augmenter de beaucoup la capacité, le débit des deux voies de trains express, car de cette manière on ne verrait plus, comme cela se passe maintenant, un train express ralentir et attendre à l’entrée d’une station parce que le train précédent est encore à quai embaiv quant ou débarquant ses voyageurs. Deux trains du même sens pourraient être, au moins partiellement, en même temps en stationnement. On est convaincu que l’on augmenterait ainsi de 5o pour 100 la puissance de débit du subway.
- Les chutes de neige en avril. — On sait que les chutes de neige ont été, en avril, fréquentes et abondantes sur toute la France : les plus importantes se sont produites du 19 au 20 et du 24 au 25; aucune région n’a été épargnée : à Saint-Raphaël, sur la Côte d’Azur, il y avait, le 6 avril au matin, une couche de 5 centimètres d’épaisseur. En Angleterre également, d’après le Bureau central météorologique, la neige a été exceptionnellement abondante. Dans la journée du 25, une véritable tempête de neige a sévi sur les comtés du Centre et du Sud, formant en 24 heures une couche dont l’épaisseur a été rarement dépassée, même pendant les mois d’hiver. A Oxford, la hauteur de la neige atteignait 43 centimètres dans la soirée du 25 ; dans la série d’observations qui remonte à i853, on ne trouve qu’une seule chute plus importante, celle des i3-i4 février 1888. Dans une partie du Hampshire, l’épaisseur de la couche de neige a même atteint 60 centimètres.
- Les œufs à Paris. — D’après le Journal de l’Agriculture, la consommation des œufs à Paris s’accroît sans cesse, mais le commerce parait s’en déplacer. En 1907, les quantités introduites se sont élevées à 35 792 669 kg, en augmentation de 535 000 kg sur l’année précédente. La moitié à peine a été vendue aux halles centrales; les apports, en effet, n’y ont été que de 17447051 kg. Sur cette dernière quantité, les œufs de provenance française comptaient pour 69 pour xoo, et ceux de provenance étrangère poui' 3i pour 100. Les apports étrangers ont été en accroissement sensible sur ceux de l’année 1906 (i5 pour 100 environ); ils se sont élevés à 5 334ooo kg, qui se répartissent ainsi : Russie, 4 ix5 610 kg; Autriche-Hongiûe, 564860; Bulgarie, 494120; Egypte, 114 3oo; Italie, 45 170. L’ensemble des ventes aux halles centrales a été inférieur de 791 654 kg à celui de l’année précédente; cette réduction a porté exclusivement sur les œufs français, les provenances étrangères s’étant accrues de.822 820 kg. Il paraît pxa>-bable que ce mouvement s’accentuera encore, car les
- t
- I 25 ^
- 4
- p.2x25 - vue 457/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- importations d’œufs en France ont pris un nouveau développement depuis le début de l’année en cours.
- La chasse en Allemagne. — La chasse illustrée donnait récemment des chiffres qui attestent l’importance de la chasse en Allemagne. On ne compte pas moins de 600000 chasseurs dans tout l’Empire, soit 1 pour 100 de la population totale. Les revenus que le Trésor retire des permis s’élèvent à 6 millions de marks, le poids du gibier tué annuellement atteint à 25 millions de kilogrammes, sa valeur à 25 millions de marks. On tue chaque année 23 5oo cerfs, i3 5oo daims, 190000 chevreuils, 14000 sangliers, 4 millions de lièvres, 5ooooo lapins, 4 millions de perdxûx, i5 000 cailles, sSo 000 faisans, 40000 canards sauvages, 80000 bécassines, 65 000 bécasses, x3oo outardes et 2 millions de grives. On peut ajouter que la taille des bois de cerfs et de daims rapporte un million de marks aux ouvriers qui s’y consacrent.
- L’instruction primaire en France depuis 1829. —
- D’après une récente communication à la Société de statistique de Paris, faite par M. Levasseur, le nombre des écoles primaires en France s’est accru régulièrement de 1829 à 1902 en passant par les étapes suivantes : 3o 536 en 1829, 52779 en 1837, 70671 en 1866, 71 547 en I^77> 85 2.32 en 1902 ; la suppression des écoles congréganistes l’a fait fléchir à 81 653 en 1906-1907. Pour les écoles de garçons et écoles mixtes, les chiffres extrêmes sont 314^0 en i832 et 62425 en 1906-1907; pour les écoles de filles : 10672 et 33 220 aux mêmes dates. Le nombre des instituteurs et des institutrices suit une progression en général plus rapide que celle des écoles : au total il passe de 59 735 en 1837 à 151 914 en 1906-1907. Pour les élèves, progression ininterrompue de i834 (3 164000) à 1889 (5 623ooo), puis fléchissement jusqu’en 1900-1901 (5 527 000) et relèvement ensuite (5 585 000 en 1906-1907). Enfin, au point de vue des résultats généraux de l’enseignement primaire on remarque : x° Augmentation du nombre des conscrits sachant lire : 42 pour 100 en 1827; 96,6 pour 100 en 1905. 20 Augmentation du nombre des conjoints ayant signé leur acte de mariage : de 1854 à 1905, cette proportion s’est élevée de 69 à 97 pour 100 pour les époux, de 53 à 96 pour 100 pour les éjjouses. 3° Nombx'e croissant des certificats d’études piûmaii'es : on en a délivré 218014 en 1907 contre 57 336 en 1880. Ajoutons qu’il y a également progression des dépenses de 1’enseignement pi'imaire. La dépense totale, non compris les dépenses de constiuiction et installation d'écoles, était de 29 millions et demi en 1855, 58 millions en 1869, 116 millions et demi en 1881 et 181 millions en 1906.
- Guerre aux rats. — Nous avons parlé déjà de cette ligue internationale qui ne se propose rien moins que la desti*xxctiûn de dangereux et coûteux parasites, tels que les rats, les souris et les mouches. L’Association organise sa campagne activement, et de nombreux inventeurs se sont déjà fait insciâre pour le concours qui fera connaître le meilleur moyen de détruire les rongeurs. La ligue se préoccupe de trouver une utilisation industrielle pour les peaux de rats. Elle raisonne justement qxxe la destruction dé l’espèce fei-ait des progrès plus rapides si lexxrs dépouilles acquéraient une valeur commerciale. On peut rappeler à ce propos que les Chinois ont résolix depuis longtemps cette partie de la question. Ils ne se contentent pas de manger le rat à toixtes les sauces, mais ils tannent sa peau et en coixfectionnent de nombreux articles de vêtement. Par exemple, les paysans de Mandchourie s’enveloppent les oreilles, pendant l’hiver, dans de petits sacs confectionnés avec des peaux de rats. Cette coutume fut adoptée par l’armée japonaise, pendant la deraière gxxerre. Les coiffures des soldats étaient munies d oreillères en cuir de rat avec le poil en dedaixs. Ce dispositif aurait, dit-on, l’avantage de protéger l’oreille contre le froid, sans l'assourdir.
- Les chevaux aux Etats-Unis. — Le commerce des .chevaux aux Etats-Unis a subi des variations iinpor-tantes pendant ces 25 dernières années. D’aboi'd trèe^' actif, il s’est progressivement ralenti, de sorte qu'en 1897 on n’avait importé aux États-Unis que 94 étalons et juments pour l’élevage, bien que l’importation de chevaux pour l’élevage se fasse en franchise de tarifs douaixiex's. Pendant les dix dernières années, le chiffre impoi’té s’est accru constamment : 1376 têtes en 1901 et de 1902 à 1905 la moyenne est de 2285 têtes; les quatre pays principaux importateurs sont : la Fi*ance, l’Angle-
- tex-re, la Belgique, l'Allemagne; la France occupe le premier rang, ainsi qxxe le nxontre le tableau suivant ;
- 181)8 1899 1900 1901 1902 1903 1904
- France. . . 28 118 347 492 1206 1142 919
- Angleterre. 33 143 176 499 592 594 479
- Belgique. . )) 7 52 90 163 122 308
- Allemagne . 14 29 41 121 157 232 281
- Les caimossiers anglo-noiunands et les chevaux de traits français sont très estimés, mais on ne peut suivre exactement le chiffre d’importations françaises par les documents de la douane, car ce mouvement d’animaux se fait surtout par la voie anglaise.
- Les récoltes des Etats-Unis. — En ce moment où la ci’ise financière américaine fait subir son contre-coup en Europe, on se préoccupe beaucoup de savoir ce que seront les récoltes de 1908, récoltes dont les quelques chiffres suivants permettront d’apprécier l’importance.
- 1907 Moyenne 1902-1906
- millions de millions de
- * dollars. dollars.
- Maïs I 337 1 068
- Blé 534 / 477
- Avoine 335 287
- Orge 102 62
- Seigle . 23 18
- Pommes de terre. . 184 x5x
- Foin 744 547
- Coton 578 551
- Tabac 76 58
- Total (avec divers). 3 984 3 267
- Actuellement, la récolte de blé pour 1908 est évaluée à 688 millions de boisseaux contre 634 en 1907 et 713 en 1906. Le tableau jmécédent rnontrq qu’elle est loin d’occuper, comme on le croit souvent, là premièi*e place dans la pi'oduction agricole américaine.
- La couleur verte des sauterelles. — En comparant les extraits éthérés de divers orthoptères, et notamment des sauterelles, avec xxne solution éthérée de chlorophylle axx poixxt de vue de leurs 'diverses'réactions, on a pu constater que la couleur verte de ces animaux n’est pas due à la chlorophylle ainsi qxie l’avaient annoncé certains auteurs.
- L’embarquement du charbon à bord des navires de guerre. — Toxxt dei'nièx'ement, une des escadres allemandes a fait des expéi'iences d’embarquement de chai'bon; le meillexxr résultat a été obtenu à bord du Wettin, où l’on a chargé 42à tonnes en 1 heure, la moyenne régulière se tenant du reste au chiffre," ^eau-coup plus modeste de 185 tonnes. Pour le Witïelback, le maximum a été moins élevé, sexilement 358 t. ; mais la moyenne a pu atteindre 222 t. Toxit cela néanmoins est modeste à côté de résxxltats auxqixels on est. arrivé sur des navires de guerre anglais. A bord du King Edward VII, le fameux cuirassé, on est parvenu à embarquer 1180 t. en 4hàm, ce qui donnait plxxs de 288 tonnes à l’heure.
- Une nouvelle plante sucrée. — Elle vient d’êtx’e étudiée de très près par un savant spécialiste argentin, M. Eugène Autraix. Cette plante, originaire du Para-gxxay, est appelée dans le pays Caa Ehé, et on lui a donné le nom savant d’Eupatôrium Rehaudianum ; son nom iixdigèné signifie herbe sucrée, désignation qu’elle mérite bien. Cette toute petite plante, qui n’atteint guère qxxe 10 centimètres de haxxteur, pousse dans les prairies élevées qui bordent le fleuve Amambai. Si l’on met dans la bouché le moindre brin de tige de cette plantule, on est" tout étonné de ressentir xxne saveur sucrée intense ; un fragment de feuille de quelqxxes rnilli-mètx'es carrés donnera au palais pendant plus d’une heure une sensation sucrée; avec quelques feuilles, on sucrera une graàîde tasse de café. Le pouvoir sucrant est beaucoup plxxs marqué qxxe celui du sucre ordinaire, et il y a là certainement une substance que seule la chimie peut reconnaître. Les recherches nécessaires dans cette voie n’ont pas encore été poxxrsuivies, tout simplemeixt parce que le Caa Ehé n’est encore introduit que tout accidentellement dans les centres civilisés. Toutefois, d’après les essais qui ont été faits par diverses personnes, il semblerait qxxe la matière donnant la sensation sucrée dans cette plante, serait: le principe sucré de la racine de l'églisse. On serait arrivé, de plus, à considérer la plante en question comme appartenant plutôt au genre Stevia qu’au genre Eupatorium.
- p.2x26 - vue 458/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- <t§TN&* Photographie
- Le montage des diapositives. — Les diapositives, ou épreuves positives sur verre destinées au stéréoscope et à la projection, risqueraient trop de voir la surface de gélatine qui porte l’image se rayer et se tacher au contact des doigts si on ne la protégeait par un verre blanc de même format. Pour maintenir celui-ci en place contre celui qui supporte l’image, on borde l’ensemble tout autütmr avec du papier noir gommé qu’on trouve tout préparé dans le commerce. Un fabricant a même préparé tout récemment des nécessaires où les bandes de papier sont coupées d’avance à la grandeur voulue.
- Fig. i. — Nécessaire A. P. pour le montage des diapositives.
- I, points blancs; 2, bandes blanches; 3 et 4, bandes noires.
- Comme on doit coller, d’après les décisions du Congrès, un point blanc dans l’angle par lequel la vue doit être prise entre les doigts, pour être présentée dans son sens exact sur l’écran de projection, on trouve ces petits disques gommés dans le nécessaire ainsi que des bandes blanches destinées à recevoir le titre. Les boîtes sont faites pour 100 diapositives (fig. i)et contiennent donc 200 bandes noires pour les grands côtés, 200 pour les petits côtés, 100 points blancs et 100 bandes blanches; le tout enduit de gomme pure qui peut être mouillée sans incon-
- Fig. 2.
- Pince pour le montage à sec des diapositives.
- vénient avec la langue. Il y a des boîtes pour tous les formats depuis 45X107 jusqu’à i3xi8. Mais certains photographes préfèrent ne pas employer de bandes humides, notamment pour les épreuves autochromes en couleur, où un excès d’eau peut donner des taches vertes par infiltration sous la couche. Pour ceux-là MM. Lumière ont fait faire des bandes de papier portant un enduit qui devient adhérent sous l’influence de la chaleur; une pince spéciale, qui se chauffe sur une lampe à alcool (fig. 2), permet de faire adhérer la bande mise à cheval sur les bords du verre. Ce montage à sec se fait très rapidement et l’adhérence est instantanée. — Les nécessaires A. P. pour montage par bandes gommées, et les pinces pour montage par voie sèche se trouvent chez tous les fournisseurs de produits photographiques.
- Automobilisme
- Houe automobile Bajac. — Cette houe multiple à 6 rayons, construite par les établissements Bajac de Liancourt, constitue une nouvelle et intéressante application
- du moteur à explosion aux machines agricoles. L’instrument comporte un châssis en cornière d’acier A resserré à l’avant et supporté par 4 roues. Celles d’avant sont directrices, les roues d’arrière motrices.
- A l’avant est installé un moteur Gnome B de 10 chevaux à 2 cylindres à 4 temps fonctionnant soit à l’alcool carburé, soit à l’essence, par un simple changement de carburateur. Les soupapes d’admission et d échappement sont commandées, l’allumage est électrique par accumulateurs, bobine et bougies. Un graisseur mécanique garantit la lubrification.
- Le refroidissement des cylindres est assuré par une circulation d’eau dans leur enveloppe, une pompe à engrenages refoule cette eau dans un refroidisseur radiateur à ailettes C. Le volant D du moteur est muni intérieurement d’un embrayage à cône de friction disposé de façon à ne donner aucune poussée latérale sur les collets de l’arbre et un manchon d’entraînement élastique réunit le cône d’embrayage à l’arbre de la boîte de vitesse qui fait suite au moteur.
- Ce carter E contient 2 trains baladeurs à engrenages droits, l’un pour la marche avant, l’autre pour la marche arrière, celui-ci avec réduction de vitesse de 1 à 3. L’arbre intermédiaire commande au moyen d’un train à vis sans fin le différentiel contenu dans le même carter.
- L’arbre brisé de ce différentiel commande chaque roue
- Détails de la houe automobile Bajac.
- motrice par pignon à engrenage droit. La vitesse maximum en marche avant est de 0,600 m. à la seconde et en marche arrière de 0,200 m.
- La direction se fait par avant-train F avec essieu pivotant, un renvoi à chaîne Galle G, reporte au milieu de la machine la commande de cette direction H, la disposition est telle que la machine peut être dirigée par un aide à l’avant comme pour les semoirs, ou si le travaille permet, par le conducteur placé à l’arrière qui a sous la main tous les leviers de commande du moteur et des débrayages.
- Ce conducteur suit à pied l’appareil, surveille le travail des rasettes et peut régler en conséquence l’allure du moteur. A l’extrémité d’un sillon, la machine doit pivoter entièrement sur une des roues, celle-ci prenant au retour le même sillage qu’à l’aller. Le différentiel facilite beaucoup ce mouvement.
- Cet appareil est destiné à tous les travaux de» sarclage dans les plantations en lignes. Il opère comme les houes ordinaires. De j>lus, il a l'avantage d’une marche régulière et supprime les piétinements des animaux sur les jeunes plants.
- Il y a donc tout lieu de supposer que ce premier essai donnera toute satisfaction ; le moteur à explosion va commencer à remplacer dans nos champs comme sur nos routes le moteur à avoine.
- Divers
- Théière nouvelle. — La théière représentée ci-contre est d’une disposition fort originale. Elle est munie à l’intérieur au tiers de sa hauteur, d’une passoire qui occupe la moitié de son diamètre.
- p.2x27 - vue 459/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- La figure i représente la théière posée horizontalement. On y place les feuilles de thé en B, et l'on y verse l’eau chaude comme dans une théière ordinaire, en A;, le liquide vient baigner les feuilles de thé et 1 iniusion s'opère. Lorsqu’on la juge poussée assez loin, on replace la théière verticalement (fig. 2); ce simple mouvement suffit à soustraire le thé à l’action de l’eau chaude, comme le montre nettement la figure 2, et l’on peut alors verser la boisson.
- Si l’on juge le thé trop faible, on replace à nouveau
- Fig. 1 et 2. — Les deux positions de la théière.
- Pendant et après l’infusion.
- pendant quelques instants la théière dans la position horizontale et l’infusion reprend.
- On peut donc ainsi régler à volonté la force du breuvage, et éviter aisément qu’il ne s’imprègne de théine, tanin, etc., produits toxiques, dangereux pour l’estomac et le système nerveux.
- Cette théière se fait en porcelaine aux prix de 3'r,j5 suivant la taille, et en métal argenté à 45 francs. — Elle est vendue chez Kirby, Beard et C°, 5, rue Auber, Paris.
- Canalisations en verre à joints métalliques. —
- Les canalisations pour l’adduction des eaux à l'intérieur des maisons se font à peu près uniquement au moyen de conduites en plomb. Celles-ci, à côté de certains avan7 tages dont le plus réel est la commodité que de tels tuyaux offrent pour les installations, en raison de la plasticité grande du métal, présentent divers inconvénients.
- D’un coût élevé, elles sont d’une solidité relative, si bien qu’elles cèdent parfois sous la pression de l’eau, et ne donnent pas toutes les garanties désirables au point de vue de l’hygiène. Tout le monde connaît en effet le goût fâcheux que prennent certaines eaux, après un séjour plus ou moins prolongé à l’intériexir des tuyaux de plomb.
- Ces diverses défectuosités, que l’on ne savait jusqu’ici empêcher, peuvent être évitées. Il suffit pour cela de recourir aux installations combinées tout récemment par un architecte parisien à l’esprit aussi avisé qu’ingénieux, M. Elie Leduc.
- Rompant résolument avec tous les errements anciens,
- Fig. 1. — Détails d’un joint métallique.
- M. Leduc utilise pour l’établissement des canalisations intérieures des maisons, des tubes de verre de diamètre et d’épaisseur variables suivant les circonstances. L'a matière employée est le verre à bouteille, dit demi-blanc; les tubes ont en général une épaisseur de. deux millimètres et demi, suffisante pour toutes les pressions moyennes ; ils sont un peu plus épais, a l’occasion, mais jamais beaucoup plus cependant, une épaisseur trop grande, en raison de la faible, conductibilité du verre pour la chaleur, pouvant les exposer à des ruptures.
- L’installation du système est fort simple. La canalisation est formée d’une série de tubes en verre de longueurs variables, suivant les nécessités locales, reliés bout à bout au moyen d’un manchon et d’un écrou de serrage en laiton. A cet effet, chaque tube porte à l une de ses extrémités un épaulement surmonté d’une rondelle de caoutchouc, d’amiante ou de cuir sur laquelle vient s'appuyer le tube suivant.
- Le contact parfait et solide entre ces diverses pièces est obtenu au moyen d’une douille métallique munie d’un filet de vis l’intérieur de laquelle pénètre une autre pièce métallique formant écrou avec la première.
- Une garniture de caoutchouc, d’amiante ou de cuir, maintenue entre deux rondelles en laiton est interposée entre les deux pièces du joint métallique et en assure la complète étanchéité.
- Le système on le voit est des plus simples. Il est, de plus, d’installation aisée, les tubes de verre, non moins
- que les conduites en plomb, se prêtant à épouser toutes les formes des constructions, et il est économique, le prix de revient desdits tubes et des joints métalliques servant à les relier étant sensiblement inférieur à celui des tuyaux de plomb de force convenable. Enfin, de telles installations sont encore parfaitement hygiéniques, et, ce qui ne nuit à rien, élégantes d’aspect.
- Les nouvelles canalisations en verre, dont l’on 'peut dès à présent voir une installation réalisée par les soins de M. Farochon, architecte, dans les bureaux sis, 5, rue Duroc, de « l’Association Valentin Haüy pour le bien des Aveugles (fondation de La Cizeranne) », se prêtent aussi bien à la conduite des eaux chaudes que des eaux froides, voir même à celle de liquides susceptibles d’attaquer les métaux, tels que les acides. En ce qui concerne les applications industrielles dû nouveau système, ce dernier point n’est pas sans présenter un réel intérêt. — Pour tous renseignements complémentaires, s’adresser à M. Elie Leduc, architecte, 44, rue Gassendi, à Paris.
- Maillet perfectionné. — Il ne semblerait pas, au premier. abord, qu’un simple maillet de bois puisse mériter d’être décrit, étant donné qu’il ne paraît pas devoir présenter de perfectionnements notables sur les maillets faits jusqu’à ce jour. Et pourtant ce maillet d’ébéniste, qui est de fabrication américaine et se trouve dans les magasins Markt, a bien ses particularités ingénieuses et avantageuses.
- Tout d’abord il est en bois extrêmement dur : soit en hic-kory, cette sorte de noyer d’Amérique qui présente tant de qualités et qui est trop peu connu et trop peu utilisé couramment en Europe; soit en gaiac, un bois qu’on a employé dès longtemps dans la construction navale, mais qui peut trouver de bien autres usages.
- Qu’on remarque la forme rationnelle du maillet; l’inclinaison de ses faces frappantes par rapport à son axe longitudinal,
- Maillet perfectionné.
- fait que ces faces viennent toujours agir normalement au manche de l’outil ou à la surface sur laquelle on veut asséner le coup.
- Enfin, noter le mortaisage, l’évidement si vous voulez, du manche : cela a pour but et pour effet de donner une excellente prise aux doigts de l’ouvrier qui se sert du maillet. Du reste, cet évidement ne vient pas affaiblir le manche de façon dangereuse et ne risque pas d’entraîner de ruptures. La main tient ce manche tout près du corps du maillet, et le choc ne peut agir à la rupture sur lui. — S’adresser à M. Markt, 107, avenue Parmentier, à Paris. ,
- 28
- p.2x28 - vue 460/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- Les bains au japon. — Un récent numéro de la Gazette des eaux donne des renseignements pleins d’intérêt sur l’importance des bains dans la vie quotidienne des Japonais et sur la façon dont on les prend.
- Au dire de notre confrère, les Japonais ont un véritable culte pour la propreté ; hommes, femmes, enfants, de toutes les classes de la société, prennent journellement un bain chaud; et le mot culte doit d’ailleurs être employé à la lettre, car la propreté corporelle est véritablement chez eux considérée comme une prescription religieuse ; elle a sans doute son origine avant tout dans le désir d’observer cette prescription, bien plus que dans le souci de la pure hygiène. Il est bien évident que ce souci est maintenant passé au premier plan et il se manifeste par une passion pour l’eau chaude aussi vive que celle de certains occidentaux (trop peu nombreux) pour l’eau froide du tub. Le passage suivant du Dr Seaman, dans son livre Sur le vrai triomphe des Japonais, est à ce point de vue bien suggestif : « Chaque soldat prenait un bain avant d’aller au l'eu et se rendait, par ce moyen, aussi chirurgicalement propre que possible. Dans les casernes, au Japon, il se baignait chaque soir, et pendant les marches à travers la Mandchourie, il prenait au moins deux bains. Sur le iront, il s’ingéniait encore pour se laver aussi souvent que possible.. »
- Les bains, ajoute notre confrère, sont pris à une température fort élevée, entre 4o° et 4^°- Publics ou privés, ils sont généralement composés d’une large cuve en bois, traversée par un tuyau de cuivre, qui amène l’eau chaude d’une chaudière chauffée au charbon de bois. Chaque matin cette cuve est soigneusement vidée, rincée, puis remplie d’eau froide, ensuite le foyer de la chaudière est allumé, afin que l’eau soit bien chaude le soir. Tantôt, dans les grandes villes, chaque maison a sa salle de bains, tantôt, dans les villages ou les bourgades, il y a un établissement commun. A Tokio, il y a environ noo installations 'balnéaires publiques, où 400 000 personnes viennent se baigner chaque jour.
- Le bain est pris le soir, après le travail, et les Japonais en profitent pour changer de linge et de vêtements. En été, les personnes oisives prennent souvent trois ou (piatre bains. Les baigneurs, revêtus d’un kimono spécial, se groupent d’abord autour de la piscine, remuant l’eau avec de larges pelles en bois pour la rendre uniformément chaude, puis ils se glissent lentement dans l’eau, d’où la tête seule émerge, tandis que le maître baigneur entonne une vieille complainte, reprise en chœur. Le bain est toujours très rapide : sitôt que trois minutes sont écoulées, tous les baigneurs sortent de l’eau et vont s’habiller.
- Recherche de la comète de Halley. — En raison le l’importance qui s’attache à la fameuse comète de Halley, tant par ses nombreuses apparitions histo-
- riques que par l’intérêt que présente, au point de vue de la mécanique céleste, l’étude de son orbite, il est utile de la suivre aussi longtemps que possible lors de son prochain retour, c’est-à-dire de la découvrir aussi loin que possible du Soleil. De cette façon, on possédera un arc relativement étendu de 1 immense orbite qu’elle décrit autour du Soleil. Il est donc important de connaître, dès à présent, les circonstances de son prochain passage au périhélie, qui aura lieu en mai 1910.
- La révolution de cette comète est de 76an6,o8. Ce sera évidemment la première fois qu’elle sera étudiée, si elle est fidèle au rendez-vous, avec les puissants instruments modernes, et photographiée. Lors de son précédent retour, en i835, la photographie n’était pas encore née, et si, dès i83g, Daguerre obtint une silhouette de la Lune, ce n’est guère qu’en 1882 que l’on produisit, pour la première fois, l’image d’une comète avec de nombreux détails.
- Aujourd’hui même, la photographie des comètes, même télescopiques, est extrêmement facile : elle est pratiquée dans tous les observatoires d’astrophysique. L’étude photographique et spectroscopique de celte comète pourra réserver des surprises. En vue de sa redécouverte, M. O.-C. Wendell a calculé, et reproduit dans Popular Astronomy (février 1908), les éphémérides déduites des éléments publiés par Pontécoulant et donnés dans la Connaissance des Temps. Ces éphémérides sont reproduites ci-après. La dernière date de la liste, 16 mai 1910, est l’instant calculé par Pontécoulant pour le passage au périhélie. Il est possible que les éléments de Pontécoulant soient légèrement modifiés par les travaux actuellement en cours, comme ils viennent de l’être à la suite des admirables recherches de MM. Cowell et Crommelin, en raison des perturbations . subies par la comète lors de sa dernière traversée du système solaire ou à son retour; toutefois, si les positions ci-dessous ne peuvent pas être admises comme/ figurant rigoureusement la place de la comète aux différentes dates, du moins doit-on considérer ces valeurs comme représentant très suffisamment l’orbite apparente de la célèbre visiteuse céleste.
- JÎPIÏEMÉRIDES DE LA COMÈTE DE HALLEY
- Millions de kilomètres
- Dates. Ascension droite. Déclinaison. Du Soleil. De la Terre.
- 1908 Janv. 1 ' 6 h. 21 ni. 4-10° 55' 1.511 1.168
- — Avril 1 5 h. 50 ni. + 12° 41' 1.218 1.245
- — Juill. 1 6 h. 15 m. -h 14° 5' . 1.120 î .268
- — Oct. 1 6 h. 58 m. 4- 15° 0' 1.014 1.006
- 1909 Janv. 1 5 h. 45 in. -e 12° 14' 905 761
- — Avril 1 J h. 59 m. -h 14° 42' 785 840
- — Juill. 1 5 h. 56 ni. -h 17® 2T 656 801
- —• Oct. 1 6 h. 4 111. + 17° 41' 515 475
- 1910 Janv. 1 2 h. 55 ni. 15° 0' 551 254
- — Mars 1 1 h. 9 ni. +10° 52’ 252 525
- — Mai 16 0 li. 44 m. 4- 16° 52' 105 151
- HYGIÈNE ET SANTE
- Désinfection des livres. 1— La contagion par les livres est une chose bien démontrée ; j’en ai donné les preuves (voy. Là Nature, 10 août 1907) fournies par des recherches et des expériences des plus précises. Un livre qui traîne sur un lit de malade, un ouvrage dont les pages sont maculées par la salive d’un tuberculeux, peuvent facilement transporter chez un second lecteur les germes de la maladie. Et plus que. jamais les livres se prêtent d’écolier à écolier, de voisin à voisin; on se passe le traité d’histoire, le dictionnaire ou le roman du jour. On a des librairies circulantes, des bibliothèques où les livres se prêtent, sans qu’on puisse évidemment savoir entre quelles mains ils tomberont. Les microbes a Hachés à la feuille de papier sont tenaces, et les expériences que je citais, faites à la demande des libraires
- hongrois, montraient qu’après des délais variant de 20 à 100 jours et plus, suivant l’espèce microbienne, on retrouvait l’agent nocif.
- La désinfection d’un livre était regardée jusqu’ici comme dés plus difficiles et des plus illusoires et le conseil de tous les hygiénistes est de jeter au feu le livre qui a été entre les mains d’un'maladé atteint de maladie transmissible. Quand il s’agit d’un livre sans grande valeur, d’un journal, d’une revue, tous faciles à remplacer et sans trop de frais, l’autodafé est légitime et doit être prescrit. Mais quand il s’agit d’ouvrages rares, de volumes importants, on comprend qu’on y regarde à deux fois. Le passage à l’étuve à de hautes températures abîme le livre, détériore la reliure, les feuillets et ne donne pas une désinfection complète.
- p.2x29 - vue 461/647
-
-
-
- m
- HYGIÈNE ET SANTE
- M. Miquel avait conseillé l’aldéhyde formique, mais il fallait, pour être sûr d’un bon résultat, soumettre en quelque sorte feuille par feuille à l’action des vapeurs.
- D’après les renseignements communiqués à l’Académie par le Dr Championnière, on pourrait désomnais compter sur une désinfection absolue, avec le procédé Berlioz. Ce procédé consiste à soumettre les objets à la chaleur de l’étuve à 90 ou g5° dans laquelle on vaporise un liquide générateur d’aldéhyde formique et éthylique. En plaçant sur la marge du livre ou dans la profondeur, sur la marge adhérente, des cultures des bacilles les plus virulents, tuberculose, colibacille, diphtérie, etc., le passage à l’étuve amenait une destruction parfaite ; les ensemencements, après un séjour de deux heures, restaient absolument négatifs. Pour avoir une preuve décisive, M. Championnière a fait avec M. Berlioz l’expérience suivante ; cela se passait tout récemment, le 11 janvier. Ils ont pris un gros volume de i3oo pages et au beau milieu du volume, soyons précis, à la page 5i3, on a souillé tout le feuillet de pus ; une autre page voisine a été imprégnée de matières fécales. Puis on a prélevé, après séchage, une portion de chacune des feuilles pour servir de témoin. Le livré a été placé dans
- l’étuve où il a subi pendant deux heures et quart une température moyenne de 83°. Or, l’ensemencement de la bande souillée, aussi bien de la marge adhérente que de la marge externe a été pour les deux pages souillées, absolument négative.
- Ces expériences, tout à fait démonstratives, ont été répétées et avec le même succès, dans divers laboratoires.
- Un détail important était de savoir si ce long séjour à l’étuve, au sein de vapeurs, n’altérait pas le.papier ou la reliure. Bien des ouvrages sont imprimés sur du papier assez altérable; les reliures ou la peau qui sert de soutien sont généralement fort mal impressionnées par la chaleur ou l’humidité. Les livres soumis à cette désinfection ont besoin d’un léger protecteur, il faut protéger la peau ou la couverture avec une feuille de papier écolier ou de papier à lettre. Dans ces conditions l’ouvrage n’est pas altéré et quelle que soit son épaisseur, quelque soit le degré de contamination, il sort de l’étuve pur, net et intact. Des livres anciens sont sortis victorieux de l’épreuve. M. Berlioz semble avoir réalisé d’une façon complète le problème de la désinfection des livres; il est à désirer qu’on mette à prolit ses intéressantes recherches. Dr A. C.
- RECETTES ET PROCEDES UTILES
- Pour effacer les tatouages. — D’après la revue L éducation physique, on enduit la partie de peau tatouée avec une solution concentrée de tanin ; puis à l’aide d’un jeu d’aiguilles, on fait des piqûres serrées sur la surface de peau que l’on désire décolorer, introduisant ainsi sous elle une certaine quantité de tanin. On frotte alors la peau avec un crayon de nitrate d’argent, on laisse agir jusqu’à ce que le dessin apparaisse en noir foncé. Puis on essuie. Il se forme une croûte qui tombe d’elle-même au bout de quinze jours, ne laissant qu’une cicatrice blanche. Il faut, bien entendu, n’employer ce moyen que sur des surfaces très petites : l’emploi en grand déterminerait une inflammation pénible et même dangereuse.
- Le forçage des plantes par les bains d’eau chaude. — M. G. T. Grignan signale ce procédé dans la Revue horticole, et le déclare employé depuis deux ou trois ans en Allemagne. Le principe, très simple, consiste à tremper dans l’eau chaude, pendant quelques heures, les tiges des arbres ou arbrisseaux qu’on veut forcer; leur floraison, paraît-il, est avancée ainsi de plusieurs jours. Une étude détaillée du procédé, faite par le prof. D' H. Molisch, de Prague, dans YOEsterreichische Garteii Zeitung, de Vienne, indique d’ailleurs qu’il paraît y avoir pour chaque espèce végétale un optimum, de température, qu’il convient de déterminer par des essais comparatifs (3o° pour le noisetier, le lilas, 35 ou 40 pour le bouleau blanc, etc.). Il y a également une époque spécialement favorable, les mois décembre-janvier. On notera de plus que l’action du traitement est locale et porte seulement sur les rameaux qui ont été plongés dans l’eau chaude, les parties laissées à sec n’étant nullement modifiées. Enfin, d’après Molisch, le bain d’air chaud et humide produirait d’aussi bons résultats que le bain d’eau chaude, cependant plus commode et moins coûteux. D’après lui, l’avance obtenue par ce procédé sur des lilas traités en décembre a été de 8 à 10 jours.
- Poules nourries de poisson.— Voici peut-être un essai à faire : dans les fermes à volaille du Jutland et des régions côtières anglaises, on augmente beaucoup, paraît-il, la faculté productrice des pondeuses en les nourrissant des déchets de poisson et de tourteaux dont on a extrait l’huile de foie de morue ; cette alimentation n’altérerait en rien la saveur des œufs, mais accroîtrait considérablement leur nombre.
- Essais des vernis. — Le Dr A. P. Laurie a étudié tout particulièrement les peintures et vernis au point de vue pratique ; et il a trouvé notamment un procédé qui lui a donné de bons résultats pour essayer la ténacité et la durée des vernis. Il étend d’abord le vernis, comme on le ferait d’une peinture, sur une plaque de verre ; puis, quand ce vernis est sec, il le soumet à la pression
- croissante qui s’exerce sur lui par l’intermédiaire d’une pointe mousse en acier. Rien de plus simple que d’être constamment au courant de l’intensité de la pression qui se fait sentir de la sorte ; on recourt à des ressorts en spirale dont la puissance est connue. On arrête l’expérience au moment où la pointe trace sur la surface du vernis un trait qui ne peut plus ensuite s’effacer ; et le coefficient de dureté de ce vernis est donné par le chiffre même de la pression à ce moment. Pour donner une idée de la valeur de la méthode, et de celle des vernis, nous dirons que, par exemple, le vernis cassant à l’alcool se laisse rayer, c’est-à-dire entamer, cède en un mot, sous une pression de 100 grammes se faisant sentir sur une pointe d’acier de 1 millimètre de rayon ; les vernis à l’huile faits avec des gommes molles cèdent sous des pressions comprises entre 3oo et 5oo gr. ; tandis qu’il ne faut pas moins de 900 à 1200 gr. pour les mêmes vernis à l'huile, mais préparés avec des gommes dures. Du reste, la nature de la rayure faite sur le vernis, varie essentiellement suivant le vernis sur lequel on opère. Les vernis qui contiennent un excès de résine et qui sont préparés avec des gommes molles de dissolution facile, donnent de petits éclats sous la pointe; tandis que, pour ceux qui sont faits avec des gommes dures, la pointe produit une véritable déchirure. Si l’on expose d’abord un vernis quelconque aux agents atmosphériques, pendant l’hiver, il ne donne plus bientôt qu'une surface cassante qui cède à la pointe mousse, dans tous les cas, sous une simple pression de 100 gr. Aii contraire, l’exposition à l’air durant l’été ne fait qu’améliorer les vernis, qui sont sans doute sensibles principalement aux effets de la gelée.
- Obturations partielles des conduites d’eau. — Il
- est le plus souvent fort malaisé de localiser une obstruction partielle dans une conduite d’eau. On peut se fabriquer un audiphone, tout simplement une baguette de bois sans nœuds, que l’on appliquera successivement aux divers points de la canalisation, en ouvrant, successivement aussi, les robinets divers qui peuvent donner issue à l’eau : on aura peut-être alors la chance d’entendre l’eau, en tel ou tel point, frotter et faire un bruit caractéristique sur le corps qui se serait logé dans la canalisation et ferait obstacle à sa libre circulation. Le bout de bois transmet le moindre frottement avec une netteté incroyable. S?il s’agit d’une accumulation graduelle de vase, de matières en suspension, il y a beaucoup de chances pour qu’il ne se produise aucun frottement appréciable ; et dès lors on n’aui’ait que la ressource d’ouvrir successivement les robinets en divers points, pour constater la vitesse d’écoulement de l’eau, celle-ci devant être plus faible là où l’on se trouve au delà de l’obstruction partielle.
- p.2x30 - vue 462/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCEDES UTILES
- L’Eucalyptus comme bois de mine. — Pour les Lois de mine on emploie généralement le pin et le sapin à cause de leur légèreté et de leur élasticité, mais la durée est moins grande qu’avec le hêtre ou le chêne. Quand on traite les bois au goudron créosolé, la durée est augmentée de n à 16 mois. Le traitement le meilleur est l’application successive de trois couches de goudron en laissant sécher chaque fois. L’économie résultante rachète au delà le prix du goudron, car le bois ainsi traité est absolument imperméable, par conséquent imputrescible. On a employé avec succès les bois d’eucalyptus pour faire des traverses de chemins de fer, ce qui a conduit les mines de Californie à l’utiliser : d’ailleurs ce bois fibreux, léger et imputrescible résiste très bien au travail imposé aux bois de mine. On a alors eu 1 idée de planter en Californie l’eucalyptus partout où il était inconnu ; il pousse très vile et peut être utilisé rapidement. Les compagnies de chemins de fer en ont planté beaucoup. Cette question est fort importante, car les Etats-Unis consomment par an trois fois plus de bois qu’il n’en pousse pendant le même temps.
- Photographie des machines. — Les photographies de machines sont difficiles à réussir, car les parties polies
- et sombres laissent apercevoir faiblement les détails. Il faut souvent compter sur la retouche. Si on règle la pose pour les parties brillantes, les parties en couleur foncée manque d’exposition et réciproquement.
- On peut préparer les parties brillantes afin d’éviter ces inconvénients en les soumettant à des vapeurs de sel ammoniac qui recouvrent les surfaces d’un dépôt effaçant le brillant.
- Si le sel ammoniac est bien neutre, il ne se produit aucune action chimique sur le métal et le dépôt s’enlève facilement avec un chiffon sec sans aucune adjonction d’huile ni d’autre produit.
- Emploi de l’acide citrique pour stériliser l’eau. —
- D’après le Dr Riegel, de l’armée Autrichienne, l’acide citrique constitue un produit excellent pour stériliser l’eau; dans une solution contenant o,6 pour ioo d’acide citrique, 5 pour ioo de sucre de canne, les germes du choléra sont tués en moins de i5 minutes; le bacille du typhus en 24 heures. L’action des rayons solaires accélère, d’une façon remarquable, l’effet de la solution : le germe du choléra périt en 5 minutes, celui du typhus en 1 h. 1/2. Voilà donc un procédé de purification des eaux fort simple et fort économique.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondaqce de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. — M. A. Chabert, à Paris. — Nous transmettons votre lettre à notre collaborateur médical, qui examinera la question et la traitera s’il est possible.
- M. Mancel, à Gabès. — Pour la réparation de votre kodak, le plus simple et le moins coûteux est de vous adresser au fabricant, 5, avenue de l’Opéra, Paris.
- M. de Lasalle, à Cette. — 1° Nous ne connaissons pas d ouvrage spécial aux compteurs à gaz. — 20 Nous répondrons ultérieurement à votre demande qui nécessite quelques recherches.
- Abonné 2707, à Vannes. — Nous ne connaissons pas de composition comme celle que vous cherchez; le re-
- mède serait beaucoup plus, croyons-nous, dans le choix de matériaux de première qualité, bien secs, et ne présentant plus de chances de travailler apx’ès la fabrication.
- M. Chalinière, à Montauban. — Allumette électrique : M. Godefroy, 74, Cours de Vincennes, à Paris.
- M. le Dr Moracci, à Bastia. — i° Sur la fabrication de la glace, voyez : Manuel du limonadier, glacier, etc., librairie Mulo, 12, rue Hautefeuille, Paris, 3 francs. — 2° La glace faite avec de l’eau‘distillée serait évidemment préférable à toute autre au point de vue hygiénique.
- M. Jullien, à Lyon. — Enduits phosphorescents : voyez La Nature, 1908, t. I, p. 182 du Supplément (Recettes).
- M. Marge, à Crespy-en-Valois. — Nous ne connaissons pas de moyen spécial de détruire les chauves-souris, à moins de les tirer à coups de fusil.
- M. IL., aux Ricordières. — La suspension électrique a été décrite en 1907, t. I, n° 1754, Suppl, p. 43; elle se vend chez Baron, 65, r.ue Sainte-Anne, Paris.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Avertisseur électrique à détonation pour voies ferrées : Robert-VirrERS. — Photomètre à lecture directe : Ch. Féry. — La défense des plantes par les piquants : A. Aceoque. — La soie artificielle : A. Detoeuf. —Le gouffre de Proumeyssac (Dordogne) : E.-A. Martee. — Les momies d’animaux eh Egypte : L. De Launay. — Moteur à paraffine pour sous-marin : A. Des-soe. — Académie des sciences ; séances des 9 et i5 juin 1908 : Ch. de VileedEuil. — L’électricité au Capitole : V. Forbin.
- Supplément. —- Record de la hauteur en aéroplane. — Un nouveau prix d’aviation. — Papier métallique, etc. — Les alcaloïdes vermifuges du grenadier. — Pansements au baume du Pérou.
- L'éclairage électrique économique. Les nouveaux modes d’éclairage électrique : arc, incandescence, vapeur de mercure, par A. Berthier, ingénieur. In-8 de 270 pages, avec io5 fig. H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, 49, quai des Grands-Augustins, Paris, VIe. Prix : broché, 9 francs; cart. xo fr. 5o,
- La découverte dû Dr Auer de Welsbach, qui a révolutionné l’éclairage au gaz, puis celle de l’acétylène ont eu pour contre-coup imprévu d’inciter les partisans
- de l’éclairage électrique à modifier les anciennes méthodes pour pouvoir soutenir victorieusement la lutte. M. A. Berthier a, dans cet ouvrage, passé en revue les combinaisons les plus récentes, en s’attachant plus spécialement à celles qui présentent le meilleur rendement et assurent l’éclairage le plus économique. Cette étude comprend cinq parties principales : la première expose les notions générales relatives à l’éclairage et à la photométx’ie ; la seconde est consacrée aux nouvelles lampes à arc à air libre ou en vase clos ; la ti’oisième est relative aux progrès de l’incandescence ; la quatrième traite la question de la lampe à vapeur de mercure ; enfin la cinquième partie comprend une étxide compai'ative.des divers modes d’éclairage électrique.
- L’identification des récidivistes, identification, photographie judiciaire, signalement, portrait parlé, anthropométrie, dactiloscopie, les fiches, par Edmond Loca.rd. 1 vol. in-8°, 4ï7 p- Maloine, 1908, Paids. Prix : 10 francs.
- Ce remarquable ouvrage expose les diverses méthodes employées par les polices des principaux États civilisés pour identifier les récidivistes, c’est-à-dire les criminels ayant déjà subi une condamnation. On ÿ
- p.2x31 - vue 463/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- W$
- trouve à côté des procédés classiques de Bertillon, les systèmes nouveaux qui, à l’aide des empreintes digitales, rendent possible la reconnaissance des coupables, dans le cas même où ces traces étaient invisibles et où l’on a dû les révéler. L’auteur examine en outre divers plans d’unification de tous les systèmes par l’adoption en- tous pays d’un type de fiche internationale, absolument nécessaire pour opposer un frein assuré aux bandes internationales devenues si redoutables de nos jours, et presque toujours impunies.
- Dans la Belgique africaine, par J. Flamme, in-8°, Bruxelles, Lesigne, éditeur.
- Intéressant journal de voyage très bien illustré,
- faisant apprécier les grands travaux de la pénétration . belge au Congo. L’okapi n’y est pas oublié.
- Der Frosch, par le I)r Fkied. IIkmpelmann. Leipzig. W. Klinkhardt. 1908. 1 vol, in-8°, 201 pages. Prix : 4 mk. 80 broché, 5 mk. 70 relié.
- Monographie fort soigneusement faite de la grenouille, traitant la morphologie, la physiologie, la biologie, la systématique, la géographie,' la paléontologie et la phylogénie du batracien. Nombreux dessins d’après nature et schémas, bibliographie très abondante. Ce volume est le premier d’une série de monographies où seront étudiés tour à tour les différents animaux d’Europe.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o
- Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT Dü CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 15 juin 1908 . 14V N. W. 0. Nuageux. » Rosée ; halo ; peu nuageux.
- Mardi 16 16°,9 S. E. 0. Pluie. * 16,1 Rosée; presque couvert: orage et pluie.
- Mercredi 17 18° 2 S. 5. Très nuageux. 0,0 Très nuageux ; gouttes à 20 h. 55.
- Jeudi 18 14°,7 E. N. E. 2. Couvert. 10,9 Couvert: pluie dans la soirée à partir de 15 h. 30.
- Vendredi 19 16°,2 N. E. 1. Pluie. 10,6 Couvert; pluie entre 6 h. 50 et 10 11.
- Samedi 20 15°,0 N. N. E. 3. Couvert. 14,9 Presque couvert; pluie entre3 h. 40 et 16 h.
- Dimanche 21 12°.8 N. N. K. 2. Pluie. 15.4 Couvert: pluie de 4 h. à 8 h. et de 17 h. à 22 h. 50.
- JUIN 1908. — SEMAINE DU LUNDI 15 AU DIMANCHE 21 JUIN 1908.
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du i5 au 21 juin. — Le i5. Dépressions vers Bodoe, 743 mm et l’Islande; fortes pressions sur l’E. et près des Açores. Pluies générales et abondantes sur. l’O. de l’Europe; en France : Gap, 4 mm; Cette, 3; Lyon, Nantes, Charleville, 1. Température du matin : Sey-disfjord, 3° ; Paris, 14 ; Alger, 24; Puy de Dôme, 14 ; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : 180,1 (normale : i6°,5). — Le 16. Dépression sur le Nord et l’O. de l’Europe : N. de l’jùcosse, 745; Shields, 752; Gascogne, 756; Russie et Baltique, 769. Pluies sur le N. et l’O.. de l’Europe; en France : Biarritz, 5; Bordeaux, 3; Lorient, Le Mans, 2; Paris, x. Temp. du matin : Seydisfjord, 3°; Paris, 17; Besançon, 24 ; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, 3; moyenne à Pains : i9°,6 (normale : i6°,6). — Ze 17. Zone de pression inférieure à 760 du S.-O. au N. de l’Europe : minima de 752 à,Bodoe et 754 sur le N. de la France ; fortes pressions en Russie (Moscou, 771). Pluies orageuses sur toute la France : Calais, 22; Le Mans, 20; Nantes. ï5; Toulouse,. 14; Nice, 12 ; orage violent dans la. région parisienne. Temp. du matin : Christian-sund, 90; Paris, 18; Alger, 24; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : 180 (normale : i6°,7). — Le 18. Relèvement de la pression sur l’O.; baisse en Algérie et Islande (757); N.-E. de la France, 764; Russie, 770. Pluies sur l’O. de l'Europe; en France :
- Clermont-Ferrand, 22; Nancy, 15 ; Biarritz, Dunkerque, 7; Limoges, 6. Temp. du matin : Seydisfjord, 40; Paris, i5; Ajaccio, 24; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, o ; moyenne à Paris : i5°,'9 (normale : i6°,8). — Le 19. Yaste zone de basse pression sur l’O. et le N. de l’Europe : minima sur la France : (7^4) et l’Ëcosse (7(12). Pluies abondantes : Biarritz, 20; Bordeaux, Linn , ,
- .15 ; Paris, 12; Nancy, n. Temp. du matin : Bodoe, Paris, 16; Palerme, 26; Puy de Dôme, 11; Pic du Miui, — 1 ; moyenne à Paris : i7°,9 (normale i6°,9). — Le 20. Dépression sur la Baltique, l’Allemagne et la France; relèvements sur les Iles-Britanniques et l’Algérie (765). Pluies abondantes; en France : mont Yentoux, 4^; Limoges, 37: Lyon, 28 (orages violents); Toulouse, 24; Paris, 14. Temp. du matin : Bodoe, 7; Paris, i5; Puy de Dôme, 4; Pic du Midi, —6; moyenne à Paris : i4°>4 (normale : 170). — Le 21. Amélioration au N.-O. de l’Europe : aire anticyclonique du S.-O. des Iles-Britanniques ' à la Suède (766) ; passage des basses pressions vers l’E. du continent ; Kiev, 755. Pluies sur le N. et l’O.; en France : Cette, 4° ! 'Biarritz, 29; Paris, 19; Rochefort, 16; Nice, 10. Temp. du matin : Feroë, 9; Alger, 22; Puy de Dôme, 5; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : 160 (normale , : 17°). — Phases de la Lune : Dernier Quartier le 21, à 5 h. 35 m. du matin.
- p.2x32 - vue 464/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- L. DE LAUNAY
- DIRECTION
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « Lâ Nâtlire » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, "Paris (VP)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l'indication d’origine.
- N° 1832 — 4 JUILLET 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Le huitième concours Lépine. — Le concours Lépine (jeux, jouets, articles de Paris, inventions nouvelles, industries diverses), aura lieu du 11 septembre au 4 octobre, aux Tuileries. Rappelons que, comme d’habitude, le Comité d’organisation adresse un pressant appel à tous les ouvriers des industries sans distinction, que le prix d’admission est à la portée des bourses les plus modestes, et que de nombreux prix en espèces, objets d’art, médailles et diplômes, sont accordés aux lauréats. D’ailleurs, le règlement du concours est adressé sur demande faite au siège de la Société des petits fabricants et inventeurs Français, 187, rue du Temple, à Paris.
- Cuir artificiel. — Un chimiste anglais, M. John Campbell, vient de faire breveter un procédé pour fabriquer du cuir avec des matières premières peu coûteuses, parmi lesquelles on peut citer les algues marines, les poussières de tapis, les poils de chèvre, la mousse, certaines gommes. La fabrication comporte un secret qui relève de la chimie, et que M. Campbell, comme on pouvait s’y attendre, se garde bien de révéler. Sa prétention n’est pas d’offrir un produit supérieur aux cuirs naturels, mais bien un article coûtant infiniment moins que ces cuirs et se prêtant en outre à de plus nombreux usages. Enumérons les plus curieux. Avec son cuir artificiel, M. Campbell fabrique des semelles et des talons pour les bottes des agents de police et des facteurs, des cadres de tableaux, des courroies de transmission pour machine à vapeur, des billes en imitation d’agathe, des balles de golf, des échiquiers, des peignes, et mille autres objets. Semelles et talons ont été expérimentés par les administrations de la Poste et de la Police : après neuf mois d’usage, les chaussures étaient encore en bonne condition. L’avenir industriel de ce produit ininflammable paraît être son application à la )jbrication des cloisons, revêtements et planchers en mitation de marbre et de bois des îles. En employant ;des algues de diverses provenances, et, notamment des algues du Japon, l’inventeur produit des marbres d’une étonnante variété de couleur et de dessin. En variant le degré de fluidité de la composition, il peut, soit la verser à même sur le sol d’une chambre, où elle prend l’apparence et la dureté d’un revêtement de marbre, soit lui donner la souplesse du linoléum.
- Nouvelle drague à succion. — Elle a été construite sûr les plans de M. Lindon Bâtes, et elle présente un réel intérêt à plusieurs égards. C’est une drague à couteaux tournants dérocheurs, disposés à l’orifice du tuyau ou, plus exactement, des deux tuyaux d’aspiration, qui ont 0,48 m. de diamètre. Ces couteaux, en acier au manganèse de 0,022 m. d’épaisseur, sont montés au nombre de 12 sur une sorte d’anneau tournant. Ils ont t,io m. de haut, et l’anneau coupant a un diamètre de i,65 m. Il faut deux machines donnant ensemble 200 chevaux, et
- trois machines de j5o, les unes pour commander les couteaux, les autres pour actionner les pompes aspira-trices. La puissance de cet engin est d’au moins 7650 m3 par journée de 24 heures, et atteint parfois i3ooo m3. Elle travaille’ sur le canal Erié pour la rectification projetée de celui-ci.
- Nouveau pont sur l’East River. — Deux ponts sont déjà eù service sur ce bras de mer, mettant en relation Manhattan avec les agglomérations qui lui font face; de plus, deux autres de ces ouvrages sont en construction. Mais, comme le pont assez récemment mis en service, pas plus que le tunnel creusé entre Brooklyn et le centre de New-York, ne semblent point avoir diminué le mouvement qui se faisait par d’autres voies, on en conclut que les communications qui seront plus ou moins prochainement établies ne satisferont point pleinement aux besoins du public. Et c'est pour cela que l’on poursuit actuellement des sondages en vue de l’établissement d’un cinquième pont, dont on commencera la construction dès que cela sera possible. O11 l’édifiera à l’est du vieux pont de Brooklyn, et tout à côté de lui.
- Les accidents de chemins de fer aux États-Unis.
- — La sécurité sur les voies ferrées américaines laisse déplorablement à désirer; et une comparaison rapide avec les chemins de fer anglais permet bien d’en juger, étant donnée l’intensité de la circulation sur les lignes anglaises, où il passe annuellement 1240 millions de voyageurs, au lieu des 800 millions des voies américaines, qui présentent pourtant un développement 7 fois supérieur. Dans une année, en Grande-Bretagne (nous prenons 1906), 58 voyageurs ont été tués et 63i blessés, dans 239 collisions ou déraillements. Aux ^tats-Unis, pendant ce temps, il se produisait i3 455 accidents du même genre, tuant 146 personnes et en blessant 6o53. Les chiffres correspondants, pour les employés des Compagnies, ont été respectivement de i3 et 140 en Grande-Bretagne, et de 879 et 7483 aux États-Unis.
- L’exploitation aurifère au Transvaal. — D’après des tableaux récents publiés par la Chambre des mines de Johannesburg, la comparaison entre l’état actuel de l’industrie aurifère au Transvaal et son état il y a un an s’établit par les chiffres suivants relatifs à avril 1907 et avril 1908 :
- avril 1907. avril 190S.
- Nombre de pilons . . 853o 8875
- Broyage par pilon et par 24 heui'es. . . 5 t. 52 5 t. 95
- Tonnage broyé dans le mois...... 1 317 022 1 466 365
- Teneur par tonne en francs. ...... 42,65 40, i5
- On saisit ici sur le vif l’augmentation dans le nombre
- p.2x33 - vue 465/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- des pilons, dans le broyage journalier par pilon et dans le tonnage broyé : augmentation d’autant plus frappante qu’elle se traduit à peu près constamment et progressivement de mois en mois. La diminution dans la teneur en or, qui est elle aussi progressive, pourrait être, si on n’y réfléchissait pas, interprétée en sens inverse de la réalité, comme un recul. Elle correspond au contx-aire au progrès le plus considérable, à savoir la diminution des frais d’exploitation qui permet l’utilisation de minerais de plus en plus pauvres. Cette réduction des frais est extrêmement frappante en ce moment. La mine Robinson a récemment abaissé ses frais d’exploitation jusqu’à x5 francs par tonne et vient en conséquence d’annoncer qu elle allait pouvoir mettre en exploitation, avec un bénéfice de xo francs par tonne, tout ce large filon, jusqu’ici méprisé comme trop pauvre, qu’on appelle le Main Rerf. La démonstration de son exploitabilité, faite jusqu’ici seulement sur un quart de ce filon, suffirait à prolonger de 6 ans la vie de la mine.
- Le progrès agricole en Danemark depuis 50 ans.
- — D’après des renseignements récemment fournis à la Société nationale d'agriculture (io juin) par M. lisse-rand, le Danemark, grand à peine comme la Bretagne, a un commerce international qui atteint plus d’un milliard; en 1901, il a exporté 29421 chevaux, 122666 têtes de gros bétail, 11 v millions de kg de viande de boucherie et de porcs salés, 79 4°° 000 kg de beurre; — son effectif de bétail, d’après ïe dernier recensement, est de 487000 chevaux, 1840000 têtes bovines, 877000 moutons, 1457000 porcs, 11 553 000 poules. L’exportation des œufs frais se monte pour 1906 à 4^8 millions de pièces. La superficie des terres arables est de 2 858 366 hectares, contre 4I9°°° hectares de landes. La superficie cultivée (337 cultivateurs pour 1000 hectai'es) se répartit actuellement comme suit : 4r>5 pour 100 de céréales, sarrasin, pois, vesces, féveroles, 34,5 pour 100 de trèfle et de pi-airies temporaires, 9 pour 100 de prés naturels, 5 pour 100 de racines et de pommes de terre, 3,2 pour xoo de fourrages annuels.
- Le nombre des serins à Paris. — Nous ne garantissons pas ces chiffres, qui sont donnés dans la Revue Avicole sans indication de sources..D’après cette revue, il y aurait actuellement plus de 100000 serins à Paris, ce qui représente une consommation quotidienne de 11 000 francs de mouron : des terrains spécialement appropriés à la culture de cette plante ont d’aillexxrs dû être aménagés entre Suresnes et Courbevoie. Pour l’Europe entièx'e, le nombre des serins de tous plumages et de toutes valeurs s’élèverait à 3 millions.
- La cité des poules. — D’api-ès la revue VIndustrie laitière, il existe en Califoi-nie, à 75 kilomètres environ de San-Francisco, une ville peixplée de 6000 habitants et d’un million de poules : c’est Petaluma. L’élevage et le commerce des Volailles fait l’uniqixe richesse du pays. Chaque famille exploite les poulaillers qui, par milliers, ont été dressés sur le flanc des collines environnantes. Les plus pauvx-es possèdent quelques douzaines dé poules seulement, mais les plus riches propriétaires élèvent jusqu’à 10000 et i5ooo individus à la fois dans leurs « ranchs ». L’une des fermes modèles de Petaluma pexxt contenir 100000 pensionnaires. Tout y est aménagé avec le plus grand soin : appareils incubateurs, coxxveuses, infirmeries perfectionnées s’y trouvent. La Cité des Poules a exporté 120 millions d’œufs en 1907.
- La production de café au Brésil. — L'a production de café au Brésil n’était en 1867 ejue de 5ooooo sacs. Les chiffres suivants donnent sa moyenne dans les derniers temps par période de quatre ans :
- i885 à 1889..........2001 894 sacs.
- 1889 à 1893..........2 941 3x5 —
- 1893 à 1897......... 3 473 946 —
- 1897 à 1901......... 6 35o 000 —
- 1901 à 1905..........8 o33 755 —
- 1906 à 1909..........9468 340 —-
- Celte augmentation énorme met aussitôt en évidence la difficulté à laquelle s’est nécessairement heurté le gouvernement brésilien dans la tentative de « valorisation » qui lui a imposé la charge d’un stock considérable de sacs sans moyen pratique pour s’en défaire.
- La production de la vanille dans le monde. — Le
- chiffre, quoique minime, est intéressant à noter. D’après une revue allemande de chimie, il s’élève au total de 475 tonnes anglaises (la tonne anglaise est de 1016 kg) qui se répartissent ainsi :
- T alxiti 120 tonnes.
- Mexique x 00 —
- Les Comores . 80 —
- Les Seychelles 65 —
- Madagascar et Nossi-Bé. . 5o —
- Bourbon 40 —
- Ceylan et Java «\ 7 —
- Guadeloupe et Max-tinique. . . 6 —
- Fidji et Zanzibar 4 —
- Maxxi-ice 3 —
- La bière en Italie. — D’api-ès la Revue scientifique, la fabrication et la consommation de la bière croissent rapidement en Italie, de-même d’ailleurs que l’importation. C’est ce que montrent les chiffres sxxivants :
- Années Importation Fabrication Consommation
- 1890-1891 156224 H1 94286 H1 25o 5ro H1
- 1906-1907 359921 —• 100453 — 460374 —
- Le périple de Néchao. — Le roi Néchao II régnait en Egypte, dans les dernières années du vixe siècle et dans les premièx'es du vx®. Pharaon de cette mauvaise époque de l’histoix'e épyptienne où les maîtres de la vallée du Nil étaient assez dédaigneusement traités comme de simples satx-apes par les i'ois de Babylone, il serait sans doute fort oublié aujourd’hui sans la singu-lièi*e mention qu’en fait Hérodote. D’après lui, Néchao, cherchant sans doute des débouchés nouveaux à son commerce, trop fortement concurrencé sur la Méditerranée, aurait lancé des matelots phéniciens à la recherche, de terres nouvelles ; ceux-ci, partis du golfe d’Arabie, auraient toujours voyagé en vue des côtes d’Afrique et, après bien des mois, ils sei'aient enfin, suivant les termes qu’emploie M. Maspero dans son Histoire ancienne des peuples de l’Orient, arx'ivés à un certain endroit où «ils virent avec stupeur que le soleil sembla modifier son cours et ne cessa plus de se lever à leur droite : ils avaient, continue M. Maspei'o, doublé la pointe méi-idionale de l’Afx-ique et ils commençaient à remonter vers le Nord. La troisième année, ils franchirent les colonnes d’Hercule et ils rentrèrent au port ». On ignorait jusqu’ici l’exacte valeur historique de ce récit d’Hérodote, recueilli évidemment de prêtres égyptiens et dont lui-même avait « parlé sans ti-op y ci'oire». Yoici cependant qu’une fois de plus une découverte archéologique vient confirmer les notes de voyage du pèi'e des histoi’iens et montrer qu’il n’était ni si crédule ni si mal informé qu’on l’a quelquefois dit. M. Moret, pro-fesseur à l’Ecole des Hautes Etudes, communiquait, en effet, le 26 juin à l’Académie des Insci-iptions et Bçlles-lettres un document qui ne laisse là-dessus aucun doute. C’est une inscription, gravée sur un volumineux scarabée de pierre, lequel, recueilli à Bubastis en 1898, par M. Bouriant, le x-egi-etté directeur de l’Ecole du Caire, vient seixlement d’être étudié, à la suite de la remise que M. P. Bouriant fils vient d’en faire au musée Guimet. L’inscription relate le retour de la flotte, l’heureuse réussite du voyage. D’ailleurs, un autx-e document, qui appartient encore aux collections de M. P. Bouriant, confirme ce pi-emier témoignage ; c’est un deuxième scarabée, plus gros encore que le px-emier, et dont l’inscription n est pas moins significative. Le texte, qui doit en être, croyons-nous, communiqué à l’Académie, le 3 juillet, et que nous avons eu la bonne fortune de lire en traduction, est même singulièrement alléchant : il y est question, en effet, d’un récit du voyage dont la rédaction est ordonnée par' le roi au chef de l’expédition, soit qu il s’agisse seulement, comme nous croyons savoir que le pense M. Moret, d’un écrit assez bref, soit, comme on nous le dit d’auti-e part, que les termes employés dans l’inscription promettent en réalité un livre. Quoiqu’il en soit, et dxit-on ne jamais retrouver ce récit d’un voyage cii'cumafricain au début du vi® siècle, le fait du voyage semble bien désormais hors de doute. Ajoutons toutefois que sur un point Hérodote semble avoir été mal informé : c’est en pai’lant de matelots phéniciens ; les inscriptions de Bubastis montrent clairement que tout au moins leux-chef était un Egyptien.
- p.2x34 - vue 466/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- *>> Optique <«*
- Un dispositif de télévision. — Il ne s’agit pas ici -d’un appareil susceptible de transporter les impressions lumineuses à grande distance, en empruntant l’auxiliaire de l’électricité, comme dans le récent procédé de M. Ar-inengaud.
- L’appareil que nous allons décrire, imaginé par Tin inventeur américain, M. Dana Dudley, à Wa-fcefield, Mass., repose sur un principe optique fort simple et ne comporte qu’un système de miroirs ingénieusement combiné; sa portée du reste, n’est pas très considérable, en raison des absorptions de lumière par les miroirs réfléchissants. L’appareil est doublé le plus souvent d’un téléphone (remplacé par un tube .acoustique dans le cas des distances très petites), et fournit .ainsi une solution de ce problème tant de fois discuté : rendre visibles les unes aux autres les personnes communiquant par le téléphone. D’une façon analogue aux réseaux téléphoniques, l’on combine facilement un certain nombre d’appareils individuels en système collectif ; les communications entre les abonnés du système s’effectuent
- , , . Fig..i.
- Image réfléchie transmise à l’observateur par le tube récepteur.
- D’une façon analogue, ce même dispositif permet de transmettre l’image de tout objet placé en face de l’ouverture.
- 11 est bon de disposer devant cette dernière, une lunette ou un oculaire simple, bien que ceci ne soit pas de rigueur pour les petites distances. La boîte de l’appareil est munie d’un dispositif assurant les transmissions acoustiques, c’est-à-dire, soit d’un téléphone et microphone (les conducteurs étant placés le long des tubes), soit d’un tube acoustique, introduit simplement dans les conduites du système.
- Pour permettre les communications visuelles de part et d’autre d’un point central, l’on munit le point de bifurcation d’un miroir rotatif qui, pouvant être assez éloigné de l’appareil de réception, doit être actionné d’une façon quelconque. On se sert à cet efl’et, soit d’un simple dispositif mécanique, soit, dans le cas d’installations un peu étendues, d’un procédé électrique.
- Des dispositifs analogues seront nécessaires pour projeter l’image réfléchie d’un objet suivant différents
- à partir d’une station centrale. D’autre part, ce système .j se prête à la transmission à distance de documents illus- j très qui seront contemplés ou lus directement à la station ! d’arrivée. D’une façon analogue, il est susceptible d’ap- i plication pour toutes sortes de dispositifs d’alarme de j signaux. '
- Il comporte un tube principal d’où partent des tubes d’embranchement se rendant vers les diffé- ; rentes parties du bâtiment. A chaque point de bifurca- r tion, l’on dispose des miroirs d’une inclinaison appro- ! priée, projetant l’image suivant la direction des tubes; à toute inflexion ou courbure de ces derniers se trouve > placé un miroir analogue. Lorsque l’angle formé par j deux tubes est constant, on peut donner au miroir une inclinaison fixe ; dans le cas contraire, il convient de le munir d’un ajusteur d’angle.
- Les extrémités des tubes comportent des appareils de transmission ou de réception, au moyen desquels les images réfléchies <ît projetées suivant les tubes sont dirigées dans un plan horizontal vers l’œil de l’obsei'vateur. Cet appareil se compose d’une boîte, susceptible de rotation autour d’un pivot : à l’intérieur on a disposé un miroir qui reçoit les images projetées suivant le tube, et les transmet à l’observateur.
- Fig. 2. — L’appareil de télévision Dana Dudley.
- tubes partant d’un même point de bifurcation, et se rendant vers la station de réception de différents abonnés au système.
- Le tube principal traversant le toit de la maison porte .à son sommet une calotte rotative pourvue d’un miroir incliné et qui est également actionnée par voie mécanique ou électrique.
- Par une rotation imprimée à l’axe, on fait tourner cette calotte en un cercle complet, embrassant toutes les directions de l’horizon. On cherche ainsi, dans l’espace, les rayons lumineux issus du système, avec qui on veut se mettre en communication. La rotation des calottes est assurée par une crémaillère à pignon actionnée par l’électricité.
- Pour faire communiquer un observateur donné avec un certain nombre de tubes optiques, l’inventeur a construit un connecteur électrique spéoial. Un miroir incliné disposé sur un bloc glissant est déplacé à l’intérieur du tube principal vers une position se trouvant en face de l’ouverture du tube voulu.
- Les conducteurs desservant les connecteurs et ajusteurs électriques, se rendent vers une station centrale
- p.2x35 - vue 467/647
-
-
-
- aménagée sur le modèle des centrales .téléphoniques et d’où, sur un appel téléphonique au autre, 1 on établit la communication demandée. Dans-certains cas, il convient d’installer, à côté de ces grandes' centrales, des stations privées desservant l’ensemble des conduites d’un bâtiment, comme c’est le cas des systèmes téléphoniques étendus.
- Le dispositif décrit en dessus se• prête' également à être employé pour donner des signaux, et notamment pour les avertisseurs d’incendie et le service des signaux nautiques.
- Pompes <*
- Nouvelle pompe à bras. ~J- C’est une pompe à double effet d’un fonctionnement très sur et exigeant un faible effort de commande.
- Le corps cylindrique -est horizontal; il est pourvu en bas de l'orifice d’aspiration et en haut de l’orilice de
- refoulement. Un axe B Te-itraverse dans le sens transversal : il est terminé par un bras de levier A auquel on communique un simple mouvement. de va-et-vient. Ce mouvement est transmis par l’axe à un*levier. D terminé par une sorte de rotule encadrée entre deux épaulements que porte la tige reliant les deux pistons. Ce piston est muni de manchettes en cuir interchangeables. Lorsque le levier pousse les deux pistons vers la gauche, par exemple, la soupape M4 se soulève et livre passage à l’eau, la soupape N4 restant sur son siège. Dans le mouvement contraire la soupape M, se ferme et l’eau est refoulée par Nt. Le piston opposé agissant de même, mais à contre-temps du premier, on voit que la pompe est réellement à double effet.
- En adoptant un clapet de retenue sur la crépine et un réservoir d’air sur la bride supérieure, cette pompe peut facilement aspirer jusqu’à 5 à 6 mètres et refouler jusqu’à i5 à 20 mètres. —- Cette nouvelle pompe à bras est en vente.chez MM. Orenstein et Ivoppelv 3i, rue de Londres, à Paris.
- slv Photographie
- Le fixage et l’hyposulfite* d’ammoniaque.-— Tous les photographes connaissent l’emploi universel de l’hy-posulfite i de- soude pour le fixage des clichés., Tous savent aussi qu’un lavage soigné est nécessaire pour débai'rasser le cliché négatif et les épreuves positives de toute trace d’hyposulfite et des sels formés pendant le fixage qui, si ils restaient dans ,1a couche de gélatine, seraient une cause de détérioration lente mais sûre. Aussi depuis longtemps a-t-on cherché un autre mode de fixage.'A plusieurs reprises, et récemment encore dans diverses Revues spéciales à la photographie, on a vanté les mérites de l’hyposulfite .d’ammoniaque et on a recommandé son emploi.* .Ses qualités seraient : grande rapidité du fixage ; grande solubilité, qui rend l’élimination rapide et facile par des' lavages sommaires ; conservation à l’état limpide;.- n’occasionnant jamais de taches ni de stries colorées, dans la couche de gélatine.
- Malheureusement, d’après un long et minutieux travail, auquel viennent de se livrer MM. Lumière, toutes ces qualités ne compensent pas le grand défaut auquel n’avaient sans doute pas pensé ceux qui ont recommandé l’emploi de ce sel. Ce défaut consiste dans la formation d’un sel double d’ammonium et d’argent qui est très instable et noircit facilement ; il en résulte qu’il faut éliminer très complètement ce sel et, pour y arriver il faut des lavages au moins aussi longs, sinon plus, que pour éliminer l’hyposulfite double de sodium et d’argent qui se forme avec l’emploi de l’hyposulfite de soude. Donc aucun avantage, mais plutôt un inconvénient, puisque le sel qu’on risque de laisser dans la couche de gélatine est plus instable. Il y a encore de beaux jours pour l’hypo-sulfite de soude! Mais, à son sujet, nous croyons qu’en général on exagère beaucoup les lavages et, surtout en été où l’eau n’est pas très fraîche. Il y a intérêt à les abréger. Au bout de i5 à 20 minutes à l’eau courante, ou bien, dans le même temps, en changeant l’eau 6 fois, on aura éliminé de la couche de gélatine d’un cliché à peu près tout ce qu’on peut en éliminer ; les traces de sel qui restent sont très tenaces ; elles sont en si petite quantité qu’elles risquent peu d’abîmer ultérieurement l’image. Pour les papiers, les lavages doivent être plus soignés parce qu’il y a, outre la couche de gélatine, la pâte du papier qui est imprégnée de sel; mais c’est plutôt en exerçant une pression sur eux, entre chaque lavage, qu’en prolongeant ceux-cî, qu’on arrivera à une élimination complète.
- **> Divers
- Moulin à sucre. — Le moulin à sucre que nous allons décrire permet de pulvériser, suivant les besoins, le sucre cassé à la mécanique couramment vendu dans le commerce. Ce sucre fraîchement vendu en poudre aura un avantage fort appréciable sur celui que l’on vend généralement : il ne sera pas souillé de toutes les poussières qui voltigent dans les magasins ou dans nos appartements.
- L’appareil se présente sous la forme d’un moulin à poivre. Sur le côté du corps du moulin, se trouve une hélice
- Fig. 1.
- Le moulin à sucre.
- Fig. 2.
- Le même démonté pour montrer le mécanisme.
- nickelée qui actionne, en tournant de gauche à droite, un cylindre en acier, hérissé de nombreuses aspérités rappelant celles d’une râpe. Les morceaux de sucre sont introduits dans le moulin par le couvercle, dont la fermeture est à baïonnette ; au-dessous du couvercle est un fort ressort faisant pression sur les morceaux de sucre. Ceux-ci en contact avec les râpes du cylindre se pulvérisent pour ressortir sous le moulin en poudre.
- C’est très simple, très propre, et chacun suivant ses goûts, pourra sucrer ses aliments. Cet appareil se trouve chez les constructeurs, les fils de J. Pérille, 100, boulevard Richard-Lenoir, au prix de 3 fr. 5o.
- p.2x36 - vue 468/647
-
-
-
- CLASSIFICATION ET TERMINOLOGIE DES TEMPS PRÉHISTORIQUES
- Par Édouard PieTTE (Voir, dans le même numéro, l’article sur Y Art pendant V âge du renne, p. 68-74)
- ÈRE
- GROUPE
- W
- U
- M
- <
- Z
- U
- 03
- H
- <
- D
- a
- D
- O
- 03
- D
- a
- M
- a
- o
- U
- £
- H
- Z
- TEMPS
- SOUS-GROUPE
- 03
- Z
- *0
- O
- O
- H
- 1—1
- -03.
- J
- a
- D
- O
- S
- O
- a
- o
- H
- w
- Z
- “ s
- o
- <
- J
- o
- 06
- CJ
- Z <
- 03 _
- U g
- I—II H
- < S Z Ctf
- LU
- H
- <
- D
- a
- PERIODE
- SYSTEME
- ALLUVIALE
- OU AMYGDALE ETHIQUE ALLUVIONS ANCIENNES SABLES ET GRAVIERS,
- GRANDS INSTRUMENTS AMYGÜALOÏDES TAILLÉS A ÉCLATS
- SUR LES DEUX FACES
- AGE
- SÉRIE --- SECTION
- CALIDA1RE interglaciaire Elephas antiquus, Rhinocéros Merckii, Hippopotamus major.
- Au début et à la fin de cet âge, Y elephas primigenius (mammouth) a vécu en France.
- FRIGIDAIRE
- CRUTES DE NEIGE
- EXTENSIONS ET GRANDES OSCILLATIONS GLACIAIRES,.
- Elephas primigenius, Rhinocéros tichorhinus, Hippopotamus amphibius.
- ÉPOQUE
- ÉTAGE
- Dénomination tirée d’un l'ail général caractéristique.
- Dénomination tirée du nom d’une localité où l’étage est bien développé.
- DE LA PRÉDOMINANCE DE
- VELEPHAS ANTIQUUS
- CHELLÉSIENNË
- DE REFROIDISSEMENT NON ENCORE TRÈS INTENSE
- ACHE0L1ENNE
- ÉOLIENNE OU FRIGORAIRE
- FROIDS RIGOUREUX
- Vents impétueux soulevant la poussière et formant des dépôts sans stratification apparente jusque dans les profondeurs des cavernes. Lœss, sables et limons.
- A partir de la fin du mos-térien, diminution et retrait des glaciers, non sans temps d’arrêt ni oscillations. Hyœna spelœa, Ui'sus spe-lœus, Elephas primigenius, Rhinocéros tichorhinus, Cervus iarandus (renne), Équidés.
- Climat sec.
- Aux approches de l’époque lorthétienne les grandes espèces actuellement éteintes disparaissent de l’Europe occidentale et des pluies plus fréquentes causent des inondations qui déposent des lits papyracés de limon.
- NIPHET1QUE
- se rattache à la période amygdalli-lliique par ses grands silex taillés sur les deux faces. S’en distingue par ses grands râcloirs, ses pointes de forme spéciale, l’abondance de ses équidés et par la présence de rennes déjà nombreux, indices d’un climat rigoureux.
- GLYPTIQUE OU DES BEAUX-ARTS
- PETITS INSTRUMENTS EN SILEX, DE FORMES TRÈS VARIÉES, APPROPRIÉES AUX USAGES AUXQUELS ILS SONT DESTINÉS.
- Représentations de céréales. Rares sépultures.
- On trouve des stations de cet âge sur le trajet des anciens glaciers pyrénéens.
- Feux entretenus avec des matières animales.
- DE LA DERNIERE GRANDE
- EXTENSION GLACIAIRE.
- On ne trouve pas ses sédiments sur le trajet des anciens glaciers pyrénéens.
- DE LA SCULPTURE
- MOSTERIENNE
- PAPALIENNE
- DE LA GRAVURE
- AVEC VESTIGES
- d’espèces éteintes
- GOURDANIENNE
- DE LA GRAVURE
- SANS VESTIGE D’ESPÈCES ÉTEINTES * NOMBREUX HARPONS EN BOIS DE RENNE
- LORTHETIENNE
- J
- 03
- JD
- S
- <’
- D
- O
- H
- Z
- UJ
- o
- -03
- U
- 03
- U
- <
- Z
- U
- 03
- 1
- a
- D’HUMIDITE
- FROIDE
- FAUNE ACTUELLE
- Avec très nombreux. débris de Cervus elaphus et de Sus.
- Déplacement des peuples et des espèces animales sous l’influence d’un changement de climat.
- Inhumation de squelettes humains décharnés et colorés en rouge.
- MÉTABATIQUE OU DE TRANSITION .
- Persistance de nombreux instruments en silex de l’âge glyptique.
- Abondance des harpons perforés, plats, en ramure dq cerf éiaplie. Petits tas de blé. Inondations. — Lits papyracés de limon.
- Feux entretenus avec des matières animales.
- DES GALETS COLORIES
- EXTENSION DE LA VÉGÉTATION ARBORESCENTE A LA FIN DE CETTE ÉPOQUE.
- A SYRIENNE
- DE CLIMAT TEMPÉRÉ
- FAUNE ACTUELLE
- NÉOLITHIQUE
- OU DE LA PIERRE POLIE
- Immigration des peuples néolithiques dans la Gaule.
- Feux de bois.
- CALCEUTIQUE. DU BRONZE PROTOSIDÉRIQUE
- PREMIER ÂGE DU FER
- COQUILLIERE
- NOMBREUSES MEULES INDIQUANT LA CÙLTURE DES CÉRÉALES. RECONSTITUTION DES FORÊTS.
- Inondations,
- Limon feuilleté.
- PÉLECYQUE
- OU DES HACHES EN PIERRE POLIE
- ARISIENNE
- ROBENHAUSIENN'E
- p.2x37 - vue 469/647
-
-
-
- HYGIENE ET SANTE
- 'Les tisanes purgatives toxiques. — Sous le nom de tisanes purgatives, on vend souvent des composés de plantes, feuilles ou fleurs, les unes à action plus ou moins laxative, les autres destinées à aromatiser l’infusion. Il entre dans la confection de ces tisanes toutes sortes de produits, follicules de séné, bractées de tilleul, , de la gentiane, du chiendent, de la chicorée, bref un ensemble de produits soi-disant rafraîchissants auxquels le séné donne l’appoint de Faction purgative. Par malheur on trouve parfois dans ces mélanges hétéroclites des végétaux qui ont des propriétés toxiques. Le Dr Houssaye vient d’en avoir la preuve en donnant ses soins à une rand’mère et à sa petite-fille prises d’accidents graves empoisonnement, après avoir absorbé une infusion d'une tisane décorée d’un nom ronflant et douée, d’après la réclame, de vertus purgatives. L’effet purgatif était réel, mais il s’accompagna chez les deux malades de •symptômes-des plus,graves, conjurés heureusement par des vomissements spontanés et provoqués. Notre confrère eut tout de suite'la pensée que la tisane en question était la cause de l’empoisonnement et il ne se trompait pas. L examen des matières rejetéès, l’examen du paquet de tisane montra des débris de feuilles de tous genres, et plus distinctement du fenouil, du tilleul, du séné, du sureau et des fleurs de genêt.
- Les fleurs de genêt sont récoltées el utilisées souvent en raison de leurs vertus purgatives ; mais il faut savoir qu’il y a genêt et genêt. Tous contiennent des substances très actives, mais à des doses fort dissemblables. Ces substances très utilisées en thérapeutique sont la scopa-rine et la spartéine. Ce dernier alcaloïde est donné avec succès dans certaines affections cardiaques, mais on le dose par milligrammes. Or, tandis que le genêt à balais Ispartium scoparium) ne contient qu’une faible proportion de cette substance toxique, le genêt d’Espagne ! spartium junceum) en contient des doses beaucoup plus élevées. La spartéine et la scoparine sont de véritables
- poisons, quand ils ne sont pas maniés avec la prudence nécessaire. Le fait de prendre une plante pour une autre, et même en prenant la moins toxique, d’en donner des doses trop fortes, expose à des accidents graves. Il suffit d’une infusion de sept à huit grammes de genêt d’Espagne dans un litre d’eau pour provoquer des phénomènes toxiques.
- Une autre espèce de genêt, le genêt des teinturiers (ginesta tinctoria), ainsi nommé parce qu’il sert surtout dans cette industrie, en fournissant avec ses” racines et ses sommités fleuries une belle couleur jaune, est également doué de propriétés médicinales, moins actives que les autres. Le suc des fleurs est purgatif à la dose de vingt grammes ; une infusion d’une once par litre est également purgative. Les graines agissent comme l’émétique. Bref toutes les variétés de ces plantes, fort jolies, fort décoratives sur la lisière des bois, sur les coteaux incultes, sont toutes dangereuses. Le mieux serait de se priver de leur usage thérapeutique en tant que tisane à tout venant.
- Dans le cas particulier de M. Houssaye, les fleurs de genêt trouvées dans la mixture étaient des fleurs de genêt d’Eepagne, le jdus toxique. Il faut croire qu’il y a eu erreur dans le mélange et qu’au lieu de joindre aux autres plantes un peu de genêt à balais on a pris le genêt d’Espagne : une fois desséchées, les fleurs n’ont plus des dissemblances faciles à apprécier par le premier venu. Comme le signale notre confrère, il y aurait lieu de regarder d'un peu près à la vente, si facile, de produits semblables. Mais il faut tenir compte des erreurs et toutes les réglementations du monde ne peuvent empêcher qu’elles ne puissent se produire. Le mieux est, quand on a besoin de nettoyer les voies digestives, de recourir à des produits moins complexes et plus anodins. Depuis le sulfate de soude classique jusqu’à l’antique huile de ricin, la liste est longue de substances actives et non dangereuses. Dr A. C.
- RECETTES ET PROCEDES UTILES
- ><
- Soudure pour l’aluminium. — Une nouvelle soudure pour l’aluminium vient d’être brevetée par Carleton Ellis, à Boston. Résistante et de longue durée, son point de fusion est assez bas. Elle consiste en un alliage d’étain, de zinc, d’aluminium et de manganèse. Le manganèse est ajouté en petite quantité et ne sert qu’à améliorer la texture de l’alliage tout en augmentant la durée du joint soudé.
- On petit également y ajouter du chrome. Le mélange suivant a les proportions convenables : étain lo parties, zinc 7 p., aluminium 0,75 p., manganèse o,10 p.
- Gélatine à cacheter. — On obtient un produit excellent, susceptible de remplacer la cire à cacheter, en appliquant la recette suivante :
- Former un mélange de 200 parties de gélatine, 600 parties d’eau, 3o parties de glycérine et 200 parties de matière colorante. La gélatine est mise à gonfler dans i’eau ; puis, après gonflement, elle est dissoute sous Faction de la chaleur. Les autres ingrédients sont ajoutés et mélangés, puis on coule dans des moules de forme convenable. Pour l’emploi, on fond au bain-marie et on fait 1 application.
- La terre à foulon ; son application au blanchiment ides huiles. — On sait que la terre à foulon est une «orte d’argile qu’on emploie pour dégraisser les draps ; .celle qui provient d’Angleterre est la plus renommée. Aussi, les Etats-Unis important une grande quantité de terre à foulon d’origine anglaise, un auteur américain, M. Parsons, a étudié les propriétés de cette matière
- pour préciser les qualités que la terre à foulon d’origine américaine devra posséder, si elle veut concurrencer avantageusement sa rivale. Les propriétés de la terre à foulon varient beaucoup avec sa provenance. La couleur est très variable et va du blanc au noir ; la densité varie de 1,7^ à 2,5o; elle tombe en poudre dans l’eau et est généralement non plastique ; sa dureté, son acidité sont très variables. La terre à foulon possède un pouvoir absorbant très grand pour beaucoup de substances, spécialement pour certaines couleurs dissoutes dans l’eau ou l’huile : d’où son application dans la fabrication des lainages, comme succédané de la poudre de talc, dans le blanchiment des huiles et graisses d’origine animale ou végétale. Une terre à foulon, si elle veut concurrencer Je produit anglais, devra blanchir et filtrer aussi bien, ne pas absorber une plus grande quantité d’huile et ne pas donner le goût ou d’odeur permanente.
- Verre conducteur de l’électricité. — Dans certains cas, il est commode d’avoir un verre conducteur de l’électricité ; la meilleure composition pour obtenir un verre conductible est la suivante :
- En fondant une partie de borax calciné avec quatre parties de silicate de soude, on obtient un verre 5oo fois plus conducteur que le verre ordinaire. Il est imperméable aux rayons ultraviolets, il ne présente j>as de fluorescence sous l’influence des rayons cathodiques cl, finement pulvérisé il peut être incorporé au cuivre pur : il est plus dur que le verre ordinaire et fond à une température plus basse.
- p.2x38 - vue 470/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Galvanisation de fleurs naturelles. — Pour donner Heurs par galvanoplastie une gaine métallique reproduisant jusqu’aux détails les plus délicats du tissu, il faut tout d’abord les rendre conductrices. M. Bourquin préconise le procédé suivant; dissoudre du nitrate d’argent dans de l’eau ou de l’alcool chaud. Enduire la (leur de cette solution et l’exposer au soleil. Par une réaction bien connue, l’argent se dépose en poudre line. La mince enveloppe métallique ainsi obtenue suflit à rendre possible le traitement galvanique ultérieur.
- Pour lutter contre la rouille dans une chaudière
- — Afin d’empêcher les progrès de la rouille dans une chaudière, un bouilleur, on peut préparer un enduit à consistance crémeuse, au moyen de chaux fraîchement éteinte et d’eau, le tout additionné d’un peu de colle pour aider à l’adhérence de l’enduit sur le métal. On donne la première couche en appuyant bien la brosse, pour que l’enduit pénètre parfaitement dans les dépressions du métal (que l’on a gratté à vif auparavant). On laisse sécher, et l’on donne une autre couche, mais légère.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les II faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. — M. liomey, à Lille. — Nous croyons nous rappeler, à la suite d’une excursion faite autrefois, qu’il existe en effet une carte assez grande de la forêt de Phalempin, mais nous ne saurions vous renseigner exactement. Il faudrait voir chez Tallandier, libraire, rue Faidherbe, à Lille, ou aux bibliothèques des gares de Lille et de Phalempin.
- M. de Lasalle, à Celte. — Vous trouverez des renseignements sur la construction et le fonctionnement des
- compteurs à gaz dans un chapitre de l'ouvrage de MM. Borias et Fréchou sur les usines à gaz, paru chez Béranger, rue des Saints-Pères. Il n’existe pas à notre connaissance d’ouvrage spécial sur ce sujet. Il est certain que si le niveau dans un compteur à gaz est trop élevé, l’appareil enregistre plus de gaz qu’il n’en a été réellement consommé. Mais, il faut tenir compte de ce fait que l’eau s’évapore assez rapidement dans un compteur à gaz; et, dès que le niveau descend au-dessous du trop-plein, c’est le consommateur qui est favorisé, l’appareil enregistrant moins de gaz qu’il n’en passe réellement. Tous les compteurs portent une vis fermant l’orifice du trop-plein. Vous pourriez peut-être exiger que celte vis soit ouverte devant vous pour constater que le niveau de l’eau dans votre compleur ne dépasse pas cette limite.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Mise en marche automatique Doué pour les moteurs à explosions : Lucien Fournier. — L'eau pure des Alpages : L.-A. Fabre. — Adjudication d’aéroplanes militaires aux États-Unis : Sauvage.
- — La défense du bison : Marcel Blot. — La mine de houille moderne : L. De Launay. — La mission d’études de la maladie du sommeil au Congo français. — Académie des sciences ; séance.du 22 juin 1908 : Cu, de Viluedeuil. — Un vignoble dans la npir : Jacques Boyer.
- Supplément. — Congrès de Guéret. — Un curieux mode de mise en place d'un pont métallique. — Utilisation médicale des phares d’automobiles. — Guerre aux rats. etc. — Les bains au Japon.
- — Recherche de la comète de Halley. — Désinfection des livres.
- L'homme selon la science, par Louis Buchner. Paris. Schleicher. Sans date. 1 vol. in-8°. Prix : a francs.
- Nous avouons ne pas sentir l’intérêt des travaux de Buchner, mais il est clair que le succès les justifie et témoigne avec évidence qu’ils correspondent à une mentalité définie et très répandue. Etablir ce qu’est Y homme selon la science, montrer tout à la fois, et en quelque deux cents pages, son passé, son présent, son avenir, c’est ce qu’a voulu faire Fauteur du présent livre, et c’est une entreprise où seul le génie peut sauver de l’outrecuidance. Nous ne pouvons dire en conscience que le but soit atteint, mais, quand même et peut-être à cause de cela même, l’ouvrage mérite d’être lu : si l’on y ajoute les travaux populaires d’Haeckel, on se rendra, croyons-nous, parfaitement compte du danger que présente ce qu’on appelle les idées générales lorsque, au lieu de donner des cadres provisoires à la foule des faits particuliers, elles prétendent se suffire par elles seules, et quelles présentent pour des certitudes des schémas simplistes et grossiers; il est vrai que ceux-ci sont couverts du pavillon scientifique, mais on devra peut-être répéter un jour de la science ce qu’on a dit autrefois de la liberté : elles ne sont responsables ni des crimes ni des sottises qu’on commet en leur nom.
- Cours de philosophie positive, par Auguste Comte, t. III. Paris. Schleicher. 1908. r vol. in-8°, 446 pages. Prix ; 2 francs.
- Nous avons déjà signalé la précieuse réédition de l’œuvre capitale où Comte a fixé les théories de la première période de sa vie intellectuelle, et qui, pour beaucoup de ses admirateurs ou de ses disciples, est restée son œuvre essentielle. Le présent volume traite particulièrement de la chimie et de la biologie. Ces deux parties, malgré des erreurs de faits dues à l’état de la science et aussi à certains préjugés de l’auteur, sont également intéressantes par la puissance organisatrice et systématique de l’esprit de Comte. Dans la , partie biologie on lira notamment avec intérêt le chapitre qui a trait à la classification des formes vivantes, celui sur la biologie, en général, et ces curieuses pages où Comte, trop étroitement croyons-nous, rattache toute la psychologie à la biologie.
- Les grands médecins du xix° siècle, par Georges Darem-berg. Paris, Masson et C‘°, 1907, 1 vol. in-8°, 2S2 p. Prix : 4 francs.
- Il semble que ce livre posthume de\Daremberg ait été dans sa pensée une préface à une Histoire de la médecine au xixe siècle, qu’il projetait d’écrire. Après une brève introduction, où il oppose, sans
- . indulgence, mais avec intérêt, le médecin du milieu du xix° siècle au médecin contemporain, l’auteur raconte, suivant ses propres termes, « l’histoire des grands médecins dont il a fréquenté les personnes ou les œuvres pendant 40 ans. » Ce sont les créateurs de la bactériologie, Pasteur et Duclaux; les fondateurs de la médecine expérimentale, Jenner et Claude Bernard; les créateurs de l’anatomie pathologique, Cruveilhier, Virchow, Donné; les créateurs de la pathologie interne, Duchenne de Boulogne et Charcot; les cliniciens, Andral en lutte épique avec Broussais, Behier; Giraud-Teulon, l’oculiste ; Littré enfin, historien de la médecine. Quoique bien des noms illustres manquent à la liste, par sa pénétration, sa clarté et souvent par sà puissance d’émotion sympathique, l’ouvrage de Darem-berg constitue le plus vivant et le plus exact tableau de la médecine d’hier et abonde en précieux enseignements.
- Maladies des plantes cultivées : I. Maladies non parasitaires, par - G. Delacroix. Paris, J.-B. Baillière et
- p.2x39 - vue 471/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- fils, 1908. 1 vol. in-18. xii~43i p. Prix, broché : S francs; relié, 6 francs (Encyclopédie agricole).
- Sous la modestie de son litre, le livre posthume de Delacroix est un ouvx*age de premier ordre, à la fois un véritable traité théorique de pathologie végétale et, en ce qui concerne le traitement des maladies, un guide précis pour l’agriculteur. Le présent volume contient trois parties : x° généralités sur la maladie et sur la pathologie végétale en particulier ; notions de tératologie. — a0 Maladies non parasitaires : blessures, action des agents météoriques (chaleur, lumière foudre), action du milieu extérieur (sol, eau, poisons, maladies de cause complexe ou incertaine). — 3° Généralités sur les maladies de
- nature parasitaire : parasitisme et symbiose; parasitisme en général; modes de défense de la plante contre le parasite ; création de variétés résistantes ; traitement des maladies des plantes en général. Le second volume, qui doit paraître prochainement, traitera des bactéries et des maladies bactériennes des végétaux, des maladies produites par les champignons, des parasites phanérogames. Nous aurons certainement, lors de sa publication, à revenir sur l’ensemble de l’ouvrage. Signalons, ce qui nous semble une nouveauté dans la collection dont fait partie l’ouvrage de Delacroix, un précieux développement accordé à la partie bibliographique, dont les éléments sont choisis et distribués avec beaucoup d’esprit critique et de méthode.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES 1)U MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 22 juin 1908 . 13°,7 N. N. E. 2. Couvert. 0,0 Très nuageux; pluvieux à 15 h. 30.
- Mardi 23 14°,0 N. N. W. 2. Couvert. 0,5 Rosée; très nuageux; pluie de 22 h. 15 à 23 h.
- Mercredi 2t 15°,4 N. 2. Nuageux. » Rosée ; peu nuageux.
- Jeudi 25 15°,8 N. N. E. 3. Couvert. 0,0 Rosée; très nuageux le m.; beau le s.; gouttes à 5 h. 45.
- Vendredi 26 16°,8 N. N. E. 3. Beau. )> Rosée ; brume ; beau.
- Samedi 27 15°,2 N. E. 3. Couvert. » Rosée; très nuageux jusqu’à 10 h.; beau ensuite.
- Dimanche 28 17°.9 E. N. E. 3. Peu nuaeeux. » Rosee; brume; beau.
- JUIN 1908. — SEMAINE DU LUNDI 22 AU DIMANCHE 28 JUIN 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10;.les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent . courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer), courbe plus mince, thermomètre à labn à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du 11 mai au 28 juin. — Le 11. Fortes pressions du S.-O. du continent au N. de la Russie : Stockholm, 771; Brest, 767; dépression assez profonde dans les parages de l’Islande, et sur l’Autriche et la mer Noire. Pluies dans quelques stations du N. et du S. de l’Europe; en France : Lyon, 14 mm; Charleville, 10; Paris,,7; Biarritz, 7; Nancy, 1. Température du matin : Haparanda, io°; Paris, 14; Alger, 11; Puy de Dôme, 5: Pic du Midi, —2; moyenne à Paris : x3°,3 (normale : 17°, » )-— Le a3. Press, barom. : Stockholm, 773; Brest, 768 ; dépression sur l’Islande et la mer Noire. Pluies dans quelques stations du N.-O. et du S. ; en France : cap Béarn, 10; Belfort, 9; Lyon, 8; Toulouse, 7; Nice, 3 ; Biarritz, 5. Temp. du matin : Moscou, 9; Paris, 14; Alger, 21; moyenne à Paris : i7°,i (normale : i7°,2), — Le 24. Press, barom. très élevée sur les Iles-Britanniques, mer du Nord, Baltique et Finlande ; dépression sur la mer Noire, 703. Pluies dans quelques stations du N. et de l’E.; en France : Belfort, x4; Lyon, 8; Nancy, 4. Temp. du matin : Seydisfjord, 70; Pax'is, i5; Alger, *2 ; Puy de Dôme, 8 ; Pic du Midi, 2; moyenne à Paris : 8°,4 (normale : i7°,2). — Le 25. Abaissement de la
- pression sur le N. et le S.-O.; fortes pressions sur l’Angletei’re et l’Irlande : Yalencia, 773 ; Sud de la Russie et mer Noire, 754. Pluies rares. Temp. du matin : Seydisfjord, 1 ; Paris, 16 ; Alger, 21; Puy de Dôme', n ; Pic du Midi, 3 ; moyenne à Paris : 190 (normale : 179,3). — Le 26. Pressions élevées sur l’O. (au-dessus de 770); basses pressions sur l’E, Pluies en quelques stations de Scandinavie et Russie. Temp. du matin : Bodoe, 8°; Paris, 17; Alger, 21; Puy de Dôme, 12; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i9°,5 (normale : 17°,4). — Le 27. Press, atmosph. : Shields, 774; Dunkex'que, 771; Moscou, 755. Pluies très rares. Temp. du matin : Bodoe, 9; Paris, 16; Alger, 22; Puy de Dôme, t5; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : i8°,5 (normale : i7°,5). — Le 28. Même situation, légère baisse sur l’O. : France, Écosse, 765 à 770; Moscou, 753. Pluies sur le N. et l’E.; en Finance : Toulouse, 10; Biai'ritz, 8; Limoges, 2. Temp. du matin : Bodoe, 8; Paris, 18; Puy de Dôme, 16; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : 2O0,9 (normale : i7°,5)-— Phases de la Lune : Nouvelle Lune le 28, à 4 h* 4i m> du soir.
- p.2x40 - vue 472/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, Paris (VJ*)
- La reproduction des illustrations de * La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1833 — II JUILLET 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Congrès international des applications de l’électricité. — A l’occasion de l’Exposition internationale des applications de l’électricité, à Marseille, un Congrès se tiendra dans cette ville, du 14 au 20 septembre 1908, ayant pour objet l’examen des problèmes techniques, commerciaux et administratifs que la pratique a fait naître dans ces dernières années. Pour l’adhésion au Congrès et pour tous renseignements, s’adresser au trésorier du Congrès international des applications de l'électricité, 63, boulevai'd Haussmann, à Paris.
- Le Grand Prix de l’Automobile Club. — A l’heure où nous mettons sous presse, le Grand Prix de l’Automobile Club de France vient de se disputer sur le circuit de Dieppe. Voici 3 ans déjà que cette épreuve a été organisée pour la première fois et a remplacé, comme on le sait, la coupe Gordon-Bennet. Une -épreuve des plus intéressantes, inaugurée cette année, est la coupe des voiturettes ; il en sortira peut-être la solution de ce problème, ardemment étudié aujourd’hui : celui de la voiture de tourisme à bon marché. Signalons, que le règlement de la course a été de nouveau modifié cette année; en 1906, la condition essentielle imposée aux concurrents était celle du poids minimum ; aucun véhicule n’était admis à la course si son poids dépassait 1000 kg. En 1907, autres conditions : on impose une consommation maxima en ne mettant à la disposition des concurrents que 3o litres d’essence pour 100 km. Cette année le règlement du Grand Prix impose à tous les moteurs un alésage de 155 mm. Tous les moteurs seront à 4 cylindres. Pour la coupe des voiturettes, les véhicules doivent posséder soit un moteur monocylindrique de 100 mm d’alésage, soit un moteur polycylin-drique ayant une surface totale de pistons équivalente. La longueur de course des pistons, la vitesse de rotation de l’arbre sont laissées libres. Les voiturettes ont à accomplir 462 kilomètres, les voitures concourant pour le Grand Prix 770 kilomètres. Nous reviendrons prochainement sur les résultats de l’épreuve dont on sait que la Mercédès allemande est sortie victorieuse.
- L’arsenic et la viticulture. — Les traitements arsenicaux semblent aujourd’hui attirer la faveur de la viticulture : l’arsenic est l’ennemi d’une foule d’insectes redoutables pour les vignobles. Mais s’il est dangereux pour ces parasites, il ne l’est pas moins pour l’homme. N’y a-t-il aucun risque à enduire de produits aussi nocifs les grappes qui un jour nous donneront le vin? La question est, on le voit, fort intéressante et aussi assez angoissante. M. Dugast, directeur de la station agronomique d’Alger, a cherché à la résoudre; chose curieuse, il n’a pu encore lui trouver de réponse décisive. C’est que l’arsenic se trouve souvent dans le vin et pour des causes fort diverses, indépendantes du traitement qu’a pu subir la vigne. Il faudrait donc, avant tout, être sûr de n’étudier que des vins à l’abri de ces causes d’intoxi-
- cation. Citons les principales : pour le nettoyage des futailles, on utilise l’acide sulfurique du commerce, riche en produits arsenicaux. Certains viticulteurs emploient comme engrais le superphosphate, riche lui aussi en composés arsenicaux. Ne parlons pas de la malveillance ; mais la négligence ou une erreur d’un ouvrier est aussi une cause fréquente d’introduction de l’arsenic dans le vin. Yoilà une bien sinistre énumération. Mais heureusement, il n’en faut pas conclure que le vin est un liquide toxique ; les impuretés dangereuses qu’il peut contenir s’éliminent à la longue, c’est ce que prouvent de rassurantes expériences qui démontrent que l’arsenic se dépose progressivement dans les lies. Mais on voit que cette question de l’arsenic mérite encore quelque attention de la part des viticulteurs et des hygiénistes.
- Le développement du port d’Anvers. — D’après un rapport qui vient d’être publié par le Foreign Office, en dix années le tonnage du port d’Anvers a augmenté de 4 765 000 tonnes ; le nombre des navires a par contre un peu diminué, ce qui souligne la tendance bien nette des navires de gros tonnage à devenir de plus en plus nombreux :
- Tonnage moyen
- Années Nombre des navires Tonnage par bateaux
- 1898 5.198 6.416.000 1.234
- 1899 5.6-20 6.842.000 1 . 262
- 1900 5.244 6.692.000 1.296
- 1901 5.209 7.5 x r.000 I . 442
- 1902 5.607 8.425.000 1. 5o3
- i9°3 5.761 9.132.000 1.585
- 1904 5.852 9.400.000 1.606
- 190 5 6.o34 9.85i.000 i.632
- i9°6 6.495 to.888.000 1.675
- 1907 6.284 11.181.000 1 -779
- Le pavillon anglais en 1907 comptait dans ce mouvement pour 5.653.000 tonneaux, le pavillon allemand pour 2.895.000 tonneaux.
- Le manganèse et les vins. — D’après M. Paturel (Société nationale d’agriculture, 10 juin), le manganèse, en déterminant, dans les vins, une décomposition plus complète du sucre et une production plus élevée d’alcool, de glycérine et d’acide acétique, jouerait un rôle important dans la vinification. Et, d’autre part, on pourrait déduire, selon le même auteur, des expériences faites par Berthelot, Bertrand'et Mârtinaud, qu’il joue également un rôle notable dans la production du bouquet-
- Association des turbines et des machines alternatives. — Comme il est bien manifeste que la turbine à vapeur a certains petits défauts que l’on ne rencontre point dans la machine à mouvements alternatifs, la « Dominion Line » est entrain de se faire construire, pour le service de Montréal, deux navires qui seront munis de trois propulseurs, dont deux seront commandés par des machines à piston à triple expansion, tandis que
- 6
- p.2x41 - vue 473/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- le troisième sera actionné par nue turbiné. C’est la vapeur d’échappement des cylindres à basse pression des machines alternatives, qui passera dans la turbine; elle aura, en en sortant et en arrivant au condenseur, une pression absolue de 0,14 kg seulement par centimètre carré. Pour les manœuvres et la marche arrière, on se servira seulement des machines à pistons avec évacuation directe de la vapeur d’échappement au condenseur. Le nombre des révolutions sera respectivement de 85 et de 23o pour les deux: types d’engins.
- Un nouveau canal projeté aux États-Unis. — Un
- enthousiasme véritable se manifeste, à l’heure actuelle, aux Etats-Unis, en faveur des canaux, sous le prétexte que les voies d’eau tout exceptionnelles qui relient les Grands Lacs entre eux et la mer rendent des services signalés. C’est ainsi qu’on a dressé le projet d'une voie d’eau intérieure qui réunirait Barstable Bay, au nord de Cape Cod, dans le Massachusetts, avec Beaufourt Inlet, dans la Caroline du Nord. Le tracé suivrait le Long Island Sound, puis le Raritan Canal, la Delaware, le canal de la Chesapeake à la Delaware, la rivière Elisabeth, Coanjock Bay, Albemarle Sound, et la rivière Neuse. Que l’on remarque qu’il s’agit plutôt d’un canal côtier, et qu’à ce point de vue il n’est guère comparable aux vraies voies d’eau intérieures. D’ailleurs, il n’est pas démontré que les navires de commerce se hasarderont dans ce canal, que l’on prétend pourtant faire large, en agrandissant la section de plusieurs des voies qu’on veut utiliser.
- Les automobiles à Londres. — D’après la Revue municipale (1908, p. 180) il existe actuellement à Londres 28975 véhicules automobiles, dont 18952 voitures à vovageurs, 1882 à marchandises et camions et 8141 motocycles. On estime à un million de francs le total des droits à percevoir sur l’ensemble de ces véhicules, conformément à la taxe décidée récemment par le Conseil de Comté.
- La navigation intérieure en 1906. — D’après les statistiques récemment publiées par le ministère des Travaux Publics, le poids total des marchandises embarquées sur les voies de navigation intérieure s’est élevé pour l’année 1906 à 34143673 tonnes contre 34030467 tonnes en 1905, soit, en faveur de 1906, une différence de n3 206 tonnes. Cette augmentation a porté exclusivement sur les transports effectués par les fleuves et rivières, tandis que les transports par canaux accusent une légère diminution de 1,9 pour 100. L’augmentation du tonnage des embarquements effectués sur l’ensemble du réseau ressort en définitive à o,3 pour 100. — En comparant les résultats des années précédentes avec ceux de 1906, on constate que les transports effectués par les voies navigables consistent toujours, pour la plus grande partie, en marchandises lourdes et encombrantes et que la part proportionnelle du tonnage de chacune d’elles varie peu d’une année à l’autre.
- Le chemin de fer de la Nigeria. — On doit savoir qu’il existe déjà une voie ferrée de 1,06 m. partant de Lagos, passant par Abeokuta et arrivant à Ibadan : elle est en train de se continuer, par Iwo, Oshogho et Ikerun, jusqu’à Ilorin. Mais on va poursuivre cette voie de communication sur Jebba, puis de là sur Zungeru; aussi bien, dans cette seconde partie de la ligne, on compte établir la voie de façon bien plus légère, et la traversée du Niger se fera par le moyen d’un bac. Enfin, on a décidé également de construire une autre voie qui partira de Baro, sur le Niger, et qui gagnera Bida, Zungeru, Zaria et Kano.
- La création de réserves forestières au Canada. —
- En présence de la dévastation des forêts, qui se poursuit depuis longtemps déjà au Canada sous prétexte d exploitation des richesses naturelles, le Gouvernement Canadien vient de décider de transformer en réserves forestières 60 millions d’hectares de terres couvertes de forêts. Cela comprend en réalité toutes les terres boisées de la Colombie britannique, à l’exception des terrains loués actuellement à des exploitants.
- Le trafic sur le Rhin. — Nous avons donné, à différentes reprises, des indications sur le mouvement énorme de transport de marchandises, qui se fait par les divers
- ports du Rhin ; mais il est curieux de montrer que le tiers à peu près de ces transports par eau (dus aux conditions tout exceptionnelles qu’offre une voie de navigation profonde et permettant de grandes vitesses) a la Hollande comme pays de destination ou d’origine. C’est même ce qui contribue aussi à donner à celte navigation le rôle extraordinaire qu’elle présente. En année moyenne, le Rhin a servi à expédier sur Rotterdam ou à amener de ce port i3 millions 1/2 de tonnes de marchandises diverses; et pour l’ensemble des autres ports néerlandais, on trouve le total de 3 millions de tonnes environ. La Belgique compte pour près de 5 millions de tonnes dans cette navigation fluviale.
- Nouveau pont mobile à Rotterdam. — Cet ouvrage a pour objet de donner accès aux terrains situés sur la rive droite de la Meuse, entre le bassin Delfshaven et Schiedam ; il traverse le Schiemond près de l’écluse de Ruigeplaal. Et l’on a adopté ici le système Seherzer, qui ne comporte point d’axe fixe, mais un mouvement combiné de roulement et de basculement. Ce système semble donner d’excellents résultats partout oxi il a été employé, et notamment à Harlem. Le roulement-basculement se fait sur des secteurs placés à l’extrémité des poutres, d’un côté de la passe à franchir; ces jantes roulent sur des rails rabotés en acier coulé, fixés dans des poutrelles qui se trouvent noyées dans le béton de la culée. La manœuvre se fait électriquement : des moteurs agissent, par l’intermédiaire d’engrenages, sur deux poutres horizontales à crémaillère qui reçoivent un mouvement de déplacement longitudinal et le communiquent à l’axe de rotation du pont. Du reste, le tablier mobile est partagé suivant son axe en deux parties symétriques, réunies par des boulons en temps normal, mais pouvant être séparées et manœuvrées isolément en cas de besoin, d’avarie par exemple.
- La consolidation des maçonneries à l’injecteur.
- — C’est d’injections de ciment que nous voulons parler. On les a appliquées avec plein succès à une pile de pont tournant situé sur le canal de la mer du Nord à la Baltique, pile que le choc d’un navire avait partiellement disloquée. On fit boucher sous l’eau, par des scaphandres, les joints principaux qui s’étaient produits dans la pile ; puis on appliqua partoxit des toiles à voiles solidement maintenues. On plaça enfin des tuyaux devant servir à l’injection du ciment dans le corps de la pile. On injecta de la sorte 14 mètres cubes de mortier de ciment tamisé, sous une pression de 4 atmosphères.
- Le piochage mécanique des empierrements des routes. — Quand on veut recharger une route, il est absolument nécessaire (pour obtenir un bon résultat), de la piocher superficiellement avant d’y étendre l’empierrement. Le plus souvent, en France, on se dispense de cette opération préliminaire, parce que, effectuée à la main, elle coûte fort cher. On ignore à peu près chez nous les piocheuses mécaniques employées à cet usage en Allemagne, en Angleterre et ailleurs. L’instrument piocheur se compose généralement d’un bloc qui porte un certain nombre de pioches d’acier, et qu’on fait tourner sur lui-même, pour amener les pioches au contact du sol ; cet appareil se monte ordinairement à l’arrière ou à l’avant d’un cylindre, dont la machine fournit la force motrice. Or, le piochage à la main coûte couramment 3o centimes du mètre carré, alors que le piochage mécanique, tout compris, ne revient pas à plus de 18 à 20 centimes. Il est d’ailleurs mieux fait, plus régulier et peut être plus profond.
- Conduites d’eau flexibles. — Elles présentent une très grande résistance, et pourtant .peuvent se placer au fond de l’eau, comme des câbles électriques, sans craindre les dénivellations du sol; elles offrent donc un très grand intérêt pour la traversée de fleuves, de bras de mer, etc. Elles ont été inventées par la maison connue Feften et Guilleaume. Le tube intérieur est en plomb ; mais il est recouvert d’un matelas élastique fait de plusieurs couches d’un tissu épais. Par-dessus, est l’armature proprement dite, qui ne peut de la sorte meurtrir le plomb. Cette armature est formée de fils d’acier profilés, enroulés en spirale, et engagés les uns dans les autres, de façon à constituer une surface lisse et pleine. On peut, au besoin, protéger ces fils métalliques des corrosions à l’aide d’un tressage de jute ou d’un autre textile enduit de bitume.
- p.2x42 - vue 474/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- c$5sS. .'Eclairage
- Support de lampe électrique. — Voici un dispositif 1res simple, qui rendra certainement de grands services. On sait combien il est souvent difficile d’éclairer à sa juste fantaisie la partition posée sur un piano. Dans le cas des pianos ordinaires, les candélabres situés au devant de la caisse, portant des bougies ou des lampes à pétrole, sont à peu près également incommodes, surannés, peu maniables; dans le cas des pianos à queue, la lampe, placée à côté de la partition, donne un éclairage frisant, qui est inégal et fatigant. L’idéal serait évidemment dans les deux types
- Fig. Fig. 2.
- lampe sur le haut de l’instrument, permette d’en amener la lumière en avant de la musique, avec toute facilité d’en régler la position exacte. Un coup d’œil jeté sur les figures i à 3 montre que le problème â été fort bien résolu par M. Linzeler, dans sa lampe pour piano. La partie essentielle de l’appareil est l’ensemble formé par les deux tiges TT', la pièce EE' et la tige creuse C. Les deux tiges TT', sont fixées d’une part sur le socle S et de l'autre maintenues par les bras de la lyre L, qui assure leur rigidité; leurs extrémités supérieures T' sont élargies et chacune présente une cavité conique où vient s’emboîter l’extrémité correspondante, elle-même conique, de
- la pièce EE'. Celle-ci, d’autre part, est traversée en son milieu par le tube C qui peut y glisser à frottement doux et dont l’intérieur contient les fils conducteurs F qui, par les bras B, B', vont porter F électricité à l’ampoule. Il est ainsi possible de régler la hauteur de la lampe, puisqu’il suffit de faire voyager le tube C, et en même temps de la déplacer horizontalement, en faisant pivoter l’axe EE'. On arrivera donc en toute certitude à obtenir exactement l’éclairage désiré, et il suffira de serrer légèrement les vis ou écrous E, E', faisant serrage sur les axes d’articulation ou sur la tigé coulissante, pour immobiliser l’appareil dans la position obtenue. Nous croyons bien que cet. ingénieux appareil, exécuté
- d’ailleurs avec un goût charmant, en un beau bronze qui en fait une jolie lampe de salon, sera fort apprécié : on voit par les figures a et 3 un double exemple des commodités qu’il |réalise. — Chez M. Linzeler, 9, rue d’Argenson.
- Alimentation
- Centrifugeuse Bruno. — Parmi les procédés d’analyse que la réglementation officielle laisse au choix de l’expert chimiste en matière de fraudes des denrées alimentaires, les méthodes par centrifugation de MM. le Dr Bordas et Touplain, chimiste, publiées en 1907 par le Journal officiel, sont aujourd’hui de plus en plus employées. Cependant, si les principaux laboratoires de l’Etat ont définitivement adopté ces méthodes si pratiques en raison de la rapidité des résultats, les petits laboratoires étaient malheureusement, jusqu’ici, obligés d’y renoncer, car ils hésitaient à se procurer des appareils coûteux dont le prix d’achat ne pouvait être amorti
- Fig. 1. — Centrifugeuse Bruno.
- qu'en plusieurs années. D’une part, en effet, les petits centrifugeurs à main sont insuffisants comme dimensions et comme vitesse et, d’autre part, les appareils de grand modèle, nécessitant l'emploi de moteurs d’une certaine puissance, sont d’un prix trop élevé.
- Aussi croyons-nous rendre service aux experts chimistes en leur signalant la nouvelle centrifugeuse construite par M. Bruno, ingénieur agronome, chimiste, chef du laboratoire central de répression des fraudes au Ministère de l’Agriculture. Les dimensions de l’appareil et sa vitesse de rotation (2000 tours à la minute) sont conformes aux prescriptions : officielles, et il fonctionne avec un moteur électrique de 1/6 de cheval seulement. Et, bien qu’il ait été construit spécialement pour la recherche des fraudes des denrées alimentaires par les méthodes officielles d’analyse, on peut également l’uti-
- Essoreuse.
- liser pour toutes les recherches et tous les travaux qui nécessitent l’emploi de la centrifugation (analyse des urines, etc.); introduit dans les laiteries, fromageries et fabriques de beurre, il permettra d’apprécier rapidement, par le dosage du beurre et de la caséine, la valeur et le rendement des laits achetés.
- L’appareil se compose d’une marmite en fonte dont la masse est destinée à éviter les vibrations dues à la vitesse de rotation; au centre de cette marmite, une colonne centrale T venue de fonte avec elle, porte deux cuvettes en acier : l’une à sa partie supérieure, l’autre à la base, sops la marmite. La colonne est percée dans son axe pour recevoir l’arbre qui supporte les tubes G, et dont les roulements sont montés sur billes. A la base se trouve une poulie E mise en relation avec une autre poulie B en relation avec le moteur électrique.
- p.2x43 - vue 475/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- La formation et la séparation dos précipités s’opèrent très rapidement. An moyen d’un réactif approprié (alcool à 65° acidilié au millième par l’acide acétique), on forme tout d’abord au sein du liquide un coagulum de beurre et de caséine. Ce coagulum est séparé du liquide puis traité par l’éther qui dissout le beurre et laisse, comme résidu, la caséine que l’on pèse. Ces opératious : formation, séparation par filtration et séchage du coagulum avant son traitement par l’éther, sont très longues (12 heures environ); la centrifugeuse Bruno, complétée par l’essoreuse, donne la possibilité de faire en peu de temps de nombreux dosages avec la plus grande exactitude et sans le secours d’aucun filtre. — La centrifugeuse Bruno est construite par M. A. Manoncourt, ingénieur, 76, boulevard Saint-Germain, Paris.
- Outillage
- Serre-joints universel. — On sait combien sont indispensables, dans tous les travaux de menuiserie, d’ébé-nislerie, de charpente, et dans les ouvrages de montage au moyen de la colle, les instruments de serrage et de pression qu’on appelle des serre-joints, ou parfois aussi, et plus pittoresquement, des sergents. En général leurs deux mâchoires servant à assurer la pression sont parallèles, et cela est gênant dans bien des cas où il faut faire agir au contraire la pression sur deux surfaces qui ne sont pas parallèles. C’est pour remédier à ce défaut, qu’un inventeur américain dont nous ne connaissons pas le nom, mais qui est représenté en France parla Maison Markt, a imaginé le serre-joints que nous appelons uni-
- Serre-joii.ts universel.
- versel, précisément parce qu’il présente cette particularité et cet avantage que ses mâchoires s’ajustent aux angles les plus divers.
- Les deux mâchoires présentent une forme identique, elles sont traversées de façon identique aussi, et en deux points de leur longueur, par des sortes de douilles en acier, normales aux plus grandes faces de la mâchoire, et chaque douille contient un écrou. Comme du reste la douille peut tourner dans son logement, il en résulte que l'on est à même de donner au pas de vis une orientation à peu près quelconque. Dans ces écrous à douille, on peut faire pénétrer des sortes de longues vis, de tourillons à manche permettant leur rotation facile. Du reste, ces vis sont à pas de vis à droite par une extrémité, et à pas de vis à gauche par l’autre. Si donc on introduit chaque longue vis dans les écrous-douilles correspondants des deux mâchoires, on a la possibilité de rapprocher ces mâchoires et d’effectuer un serrage. Mais, par suite de la rotation des écrous dans leur douille, on pourra arriver à incliner plus ou moins les mâchoires, comme l’indiquent les figures que nous avons fait dessiner, et pour répondre à l’inclinaison variable des faces des pièces à serrer l’une contre l’autre. On obtient d’ailleurs un serrage fort énergique. — L’appareil se trouve chez M. Markt, 107, avenue Parmentier, à Paris.
- r
- ctgTNi, Médecine
- Trousse Cartier pour l’analyse des urines. — Tout le monde, sait que l’analyse des urines donne, au point
- de vue médical, les indications les plus précieuses. C’est un mode de diagnostic simple, rapide et très sûr, dont l’emploi est des plus recommandés. En général, on s'adresse, pour cette opération, à un médecin ou à un pharmacien. Mais dans les habitations écartées, fermes ou châteaux, à la campagne, la chose n’est pas toujours aisée, les hommes de l’art habitent souvent fort loin, et l’on hésite à aller s’adresser à eux lorsque cette démarche
- Fig. 1. — La trousse fermée.
- ne paraît pas absolument nécessaire. Il est donc particulièrement utile, dans ces conditions, de pouvoir exécuter soi-même cette analyse.
- Tel est le but que s’est proposé M. Cartier, en créant la trousse que nous allons décrire. Cette trousse renferme les réactifs et les instruments qui permettent à
- Fig. 2. — La trousse ouverte.
- tous d’exécuter l’analyse avec simplicité, rapidité et précision.
- La trousse se présente sous le format d’un portefeuille ; elle offre au médecin, qui voudrait l’utiliser au cours de ses déplacements, l’avantage d’un petit volume.
- Les réactifs, enfermés dans de fmtites ampoules, permettent d’obtenir le dosage de l’albumine et du Sucre en
- Fig. 3. — Différents appareils contenus dans la trousse : compte-gouttes, éprouvettes et réactifs.
- quelques minutes, avec une approximation très suffisante pour le diagnostic. Les indications fort simples portées sur le couvercle de la trousse mettent le dosage à la portée de tous. Le réactif pour l’albumine est le réactif Tanret; pour le glucose, le réactif H. S. a été choisi.
- La trousse contient en outre une éprouvette, un tube gradué et un compte-goutte. Le tout est élégamment rangé et d’une façon fort commode.
- Nul doute que cette simple pochette ne rende de très grands services. — Elle est en vente chez M. Cartier, ingénieur, 7, nie Denis-Poisson, Paris. Prix : 10 francs.
- 44 m-
- p.2x44 - vue 476/647
-
-
-
- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- JUILLET-AOUT-SEPTEMBRE 1908
- Les heures sont données en temps moyen civil de Paris compté de o à 24 heures à partir de minuit.
- I. — SOLEIL
- L’équinoxe d’automne se produira le y.3 septembre, à i r heures. Vers cette époque de l'année, les jours et les nuits ont une durée sensiblement égale.
- Le maximum d’activité solaire est arrivé il y a plus de deux ans déjà. Cependant, quoique cette activité soit dans la période décroissante, il y a parfois un regain d’énergie solaire et de belles taches sont encore visibles, lin mai, on a pu en voir à l’œil nu. Ce fait prouve que l’on doit toujours continuer, avec la plus grande assiduité, l’observation de l’astre qui nous éclaire.
- La Commission solaire de la Société astronomique de France, pi’ésidée par M. H. Deslandres, a édité, à cet effet, des publications qui sont d’un grand secours aux amateurs d’observations solaires.
- Observer le matin, en septembre, avant l’arrivée du jour, la lumière zodiacale.
- II. — PLANÈTES
- Les deux cartes publiées au n° 1808 du 18 janvier permettent de suivre la marche des planètes sur le ciel et de les trouver.
- Mercure traverse les Gémeaux, le Cancer, puis le Lion. Le 9.6 juillet, il atteindra sa plus grande élongation occidentale, à 190 44r du Soleil. On pourra le trouver dans l’aurore, 5 ou 6 jours avant ou après cette, date. Le 96 juillet, précisément, il sera en conjonction avec l’étoile variable Ç des Gémeaux, à 91 heures, à o°io' Nord.
- Vénus, le 6 juillet, sera en conjonction inférieure avec le Soleil. Elle deviendra ensuite étoile du matin et, le 15 septembre, à 10 heures, atteindra sa plus grande élongation, à 4b0 à l’Ouest du Soleil. Elle sera alors facilement visible en plein jour. Le diamètre de Vénus, de 60",4 le 5 juillet, passera à le 6 août, à 27",8 le
- 5 septembre et à 21" à la fin de ce dernier mois.
- Le plus grand éclat de la planète se produira le 8 août.
- Mars, en conjonction avec le Soleil le 22 août, est inobservable.
- Jupiter, dans la constellation du Lion, sera en conjonction avec le Soleil le 17 août. Il est donc pratiquement inobservable.
- Saturne, dans les Poissons, est la planète la mieux située pour l’observation. Il arrivera en opposition le 3o septembre. A partir de juin il se lèvera de plus en plus tôt. • ’
- Lé diamètre équatorial, de 17",5 le 5 juillet, atteindra 18'',5 le 6 août et I9",2le5 septembre. L’anneau présente maintenant sa face australe éclairée. Nous le verrons s’ouvrir de plus en plus jusqu'en 1915. Voici les éléments principaux de l’anneau de Saturne :
- HAUTEUR HAUTEUR
- GRAND AXE PETIT AXE DE LA TERRE DU SOLEIL
- DATES EXTÉRIEUR EXTÉRIEUR SUR L’ANNEAU SUR l’aNNEAU
- 5 juillet... 40",1 5",5 7° 55' 5° 11'
- 6 août.. . . 42",3 5",7 7° 47' 5°59'
- 7 septembre . 44",0 5",4 6° 59' 6° 8’
- La contemplation de cette planète, même avec de faibles instruments, est toujours captivante. Elle soulève les problèmes les plus intéressants de la mécanique par l’équilibre extraordinaire des millions dé corpuscules constituant l’anneau; mais, pour faire des observations utiles de cette planète, il faut une lunette d’au moins o,n, 108 d’objectif. Un excellent objectif de om,i6 ou de o111,19 peut permettre de suivre les détails de la surface ou de l’anneau, etc.
- h’Annuaire astronomique, publié par M. Flammarion, renferme toutes les données pour l’observation des satellites de cette curieuse planète.
- Uranus, bien bas sur l’horizon, sera en opposition le 7 juillet. Dans les instruments de moyenne puissance, il présente un minuscule disque bleuâtre de de diamètre environ.
- On le trouvera facilement à l’aide des éphéinérides suivantes :
- DATES
- 5 juillet . . G août. . . 5 septembre
- ASCENSION DROITE DÉCLINAISON DIAMÈTRE
- 19 li. 5 111. -23° V 4",0
- 19 h. 0 111. —25° 10' 4",ü
- 18 b. 57 111. —23° 14' 3".9
- Neptune, en conjonction avec le Soleil, le 7 juillet, pourra être recherché dans la seconde partie de la nuit, en septembre, aux positions ci-après :
- DATES ASCENSION DROITE DÉCLINAISON DIAMÈTRE
- 5 septembre . 7 h. 11 m. -+• 21° 40' 2",2
- 25 — 7b.l3m. -4-21° 37' 2”,2
- Petites planètes. — La planète Junon sera en opposition avec le Soleil le 4 juillet. On la trouvera, malgré son éclat un peu faible, en utilisant les positions suivantes :
- DATES ASCENSION DROITE DÉCLINAISON GRANDEUR
- 2 juillet. . 18 b. 50 m. — 4° 44' 9.4
- 10 — 18 )i. 45 m. — 5° 2' 9.4
- 18 — 18 h. 36 m. — 5° 30' 9.4
- 26 — 18 h. 30 m. — 6° 3' 9.4
- 3 août.... 18 b. 25 111. — 6° 43' 9.4
- 11 — 18 b. 21 m. — 7° 27' . 9.4
- 19 — • 18 b. 18 m. — 8° 14' 9.5
- 27 — 18 b. 17 m: — 9° 2' 9.5
- III. — PHENOMENES DIVERS
- Conjonctions :
- Le 9 août, à 21 h., Uranus en conjonction avec la Lune, à 0° 24' Nord.
- Le 5 septembre, à 1 11., Jupiter en conjonction avec a Lion, à 0° 22' Sud.
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Cette liste ne coiptient que les occultations d’étoiles jusqu’à la 6e grandeur.
- DATES ÉTOILE OCCULTÉE GRANDEUR COMMENCEMENT FIN
- 12 juillet . . 24 Sagittaire. 5,9 21 li. 56 1H. 22 li. 21 m.
- 16-17 — x2 Verseau. 4,3 23 h. 7 m. 0 h. 11 m.
- 23 — 1272. B. A. C. 6,0 2 b. 28 m. 5 li. 26 111.
- 8 août. . . 4 Sagittaire. 5,4 18 b. 53 1 n. 20 h. 7 111.
- 11 — 9 Capricorne. 5,5 20 h. 27 ni. Appulse à 0',5 du bord S.
- 9 septembre. T2 Verseau. 4,3 20 b. 5 ni. 21 b. 4 m.
- 11 50 Poissons. 4,6 4 h. 25 ni. 5 b. 5 m.
- 16 — s Taureau. • 3,6 1 h. 42 m. 2 b. 51 m.
- 17 — 0 Taureau. 5,0 4 li. 21 ni. 5 il. 43 m.
- 99 Ç3 Balance. 6,0 18 b. 16 ni. Appulse à 0',2 du bord N.
- 29 — Ç‘ Balance. 5,8 19 b. 13 ni. 20 h. 0 m.
- Étoiles filantes. — Il existe, en cette époque de l’année, un très grand nombre de radiants d’étoiles filantes.
- La pluie des Perséides est une des plus riches. Elle commence vers le 20 juillet, le radiant étant alors près de l’étoile 0 Cassiopée, atteint son maximum du 9 au 14 août (radiant voisin de r\ Persée), et diminue d’intensité jusqu’au 21 août, le radiant s’étant alors déplacé dans la Girafe.
- Cette année, l’observation des Perséides sera contrariée par l’éclat de la Lune, qui sera pleine le 12 août, à 5h 8‘“. Seuls, les météores brillants seront observables. La précision et aussi la qualité des observations s’en ressentiront, vu l’absence des faibles étoiles de repère, masquées par l’éclat de la Lune.
- Du 25 au 31 juillet, étoiles filantes lentes et longues. Radiant vers ô Poisson austral.
- Étoiles variables. — Minima de l’étoile variable Algol (§ Persée).
- 10 juillet (0 b. 16 m.) ; 50 (1 h. 56 m.). — 1" août (22 h. 45 m.) : 22 (0 b.
- 25 m) ; 24 (21 h. 15 111.). — 13 septembre (22 h. 53 m.) ; 16 (19 h. 42 m.).
- A partir de septembre, suivre avec soin l’étoile Mira Ceti (0 de la Baleine) dont le maximum aura lieu vers le
- 11 octobre prochain. Cette étoile oscille entre les grandeurs 3,3 et 8,5, mais souvent le maximum d’éclat dépasse ou bien reste en dessous de 3,3. A la fin de 1906, le maximum a atteint la 2e grandeur.
- Voir dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes les éléments de l’observation d’un très grand nombre d’étoiles variables. Em. Touchet.
- 45 1
- p.2x45 - vue 477/647
-
-
-
- VARIETES
- L’homme primitif dans l’Amérique du Nord. —
- Depuis plus de 60 ans universellement controversée, cette question vient d’être exposée et étudiée en détail par M. Aies Hrdlica sous le titre de « Skeletal remains sug-gesling or attributed lo early man in North America1 ».
- Depuis les ossements humains de la N‘lo-Orléans (1844) jusqu’à ceux du Nebraska ( 1894-1906), 14 trouvailles (notamment le crâne de Calaveras en Californie, 1866, et les os de Trenton, 1879-1899) ont alimenté les discussions sur l’homme fossile américain. Très justement M. Hrdlica opine que le degré de minéralisation d’un os n’est pas un critérium suffisant de son ancienneté relative : des conditions locales spéciales retardent ou accélèrent cette
- 1 Bureau of american ethnology. Bulletin n" 33. Washington 1907.
- minéralisation, au point que de très antiques ossements peuvent être à peu près exempts de fossilisation, tandis que de fort récents peuvent en avoir subi une déjà très marquée (ajoutons qu’il en est de même du revêtement par les stalagmites dans les cavernes, qui n’est pas du tout un facteur chronologique). L’auteur a refait l’examen circonstancié des ossements fournis parles 14 localités en question et en donne la plus consciencieuse et critique description. Sa conclusion est formelle : tous leurs caractères « témoignent contre leur ancienneté géologique et pour l’étroite affinité ou l’identité avec les os des Indiens modernes. » L’anthropologie attend encore la preuve de l’homme fossile américain. Peut-être sera-t-elle fournie par les alluvions du Missouri et du Mississippi.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- La fausse badiane. — Les médecins ont assez souvent recours à la teinture de badiane, en raison de ses propriétés carminatives pour stimuler l’appétit. C’était iine des formules favorites du regretté professeur Potain. Sans passer par les médecins, bien des gens usent de cette plante en infusion; elle a un goût aromatique, un parfum agréable. C’est que la badiane a la même saveur,, la même odeur que l’anis vert ; elle a même une odeur plus fine, plus suave, et c’est pour cela qu’on l’a appelée l’anis étoilé. Le produit est donc recommandable, mais il faut prendre garde aux erreurs possibles, et des cas d’empoisonnement observés par le Dr La-marque, de Bordeaux, en sont la preuve.
- Un jeune homme qui avait absorbé dans la soirée une infusion de badiane fut pris, dans la nuit, de vomissements, de crampes, de sueurs froides, d’un état général mauvais qui dura plus de vingt-quatre heures. Et à quelques jours de distance, mêmes accidents, avec des formes encore plus graves, chez deux femmes qui avaient fait infuser quelques étoiles de badiane pour un verre d’eau avant d’aller se mettre au lit.
- Quelques accidents analogues ont été signalés par d’autres médecins. Ils seraient du reste fréquents, au dire du Dr Montel, de Saïgon, en Extrême-Orient. L’usage des infusions de badiane y est très répandu et les cas d’empoisonnement sont loin d’être rares.
- Que les buveurs d’infusion d’anis étoilé se rassurent ;
- la vraie badiane n’est pas toxique, mais il existe plusieurs variétés de badianiers et à côté de la badiane vraie, llli-cium anisatum, il existe d’autres magnoliacées, les fausses badianes, qui contiennent dans leurs graines des produits des plus toxiques. Une espèce, entre autres, l’Illicium re-ligiosum, très répandue au Japon où elle est cultivée en grand sous le nom de Si Kimi, donne une huile essentielle d’où on retire de l’eugénol, du safrol, un acide shikimique, un hydrocarbure, le shikimol. Les semences renferment la shikimine, un poison très violent qui agit comme la picrotoxine et tue les animaux à" des doses de 1 à 2 centigrammes.
- Dans les épiceries indigènes de la Chine, des Indes, du Japon et de nos colonies voisines de l’Indo-Chine, la confusion est fréquente ; peu versés dans les connaissances botaniques, les vendeurs mélangent parfois la fausse badiane avec la vraie ou substituent l’une à l’autre d’où les empoisonnements. La même confusion a dû s’établir en France pour les cas relevés à, Nancy et à Bordeaux. Si les fruits ressemblent à ceux de la badiane même, leur odeur n’est pas aromatique, mais désagréable, nauséeuse et la saveur en est âcre. Il suffit d’y regarder d’un peu près pour éviter ces accidents et les buveurs d’infusions d’anis, pour éviter tout mécompte, feront bien d’avoir recours, pour faciliter leur digestion, aux infusions d’anis vert.
- D' A. C.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- >
- Les papiers hygroscopiques. — On nous a demandé parfois la recette et le tour de main pour fabriquer ces petites figurines en papier, ou encore ces feuilles de papier buvard ou autre qui changent de coloration suivant l’état de l’atmosphère. D’une manière générale, on leur communique cette propriété de changer de couleur suivant la quantité d’humidité qui va être absorbée par eux, en les imprégnant d’une solution de chlorure de cobalt. Si l’on veut éviter les tâtonnements, on peut étendre sur le papier, que l’on plissera ensuite, disposera comme bon semblera, une solution faite de 10 gr. de gélatine, et de 1 gr. de chlorure dans 100 gr. d’eau; ou bien encore les mêmes proportions mais avec substitution de chlorure de cuivre au chlorure de cobalt. Enfin on peut faire une dissolution, dans 200 gr. d’eau, de 20 de gélatine, de 26 de chlorure de cuivi’e, d’un gr. seulement de chlorure de cobalt, et de 75 gr. d’oxyde de nickel.
- Encre bronzée. — Dans 120 grammes d’eaü environ, on fait dissoudre i5 gr. de gomme arabique; et on laisse en contact un certain temps, en brassant et secouant de temps à autre, pour que tout fonde bien. On se procure, d’autre part, i5 gr. de bonne poudre de bronze, 5 gr. de miel, et l’on triture dans un mortier en versant peu à peu sur ces substances une trentaine de gouttes d’alcool à brûler. On finit le broyage ou le mélange dans le mortier en versant peu à peu la solution gommeuse. Si par hasard cette encre était trop épaisse, on l’éclaircit avec de l’eau ; du reste, on l’applique plutôt avec un pinceau en poils de chameau qu'avec une plume.
- Enlèvement des taches sur les souliers bruns. —
- On fait une pâte avqc un peu de chlorure de chaux cl d’eau, et l’on en couvre les taches. Il ne faut pas laisser plus d’une heure ou deux, et on enlève ensuite avec un chiffon.
- p.2x46 - vue 478/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Adresses. — Les pompes à vide Leblanc sont con-slruiles par la Société Westinghouse, 4L rue de l'Arcade, à Paris. —La boussole topographique est construite par M. Vion, 38, rue de TureimeJ à Paris.
- Renseignements. — M. A. Chabert, à Paris. — Nous vous remercions de votre lettre; notre collaborateur médical en prend bonne note, il attendra la réponse du conseil d’hygiène, et, suivant ce qu’elle sera, rédigera une note sur le sujet qui a déjà d’ailleurs été traité dgns nos colonnes.
- M. L B., à Marseille. — En dehors des guides proprement dits (Joanne ouBœdeker), vous trouverez; précisément ce que vous cherchez dans Petites villes d’Italie, par André Mavrel, deux volumes in-12 (à 3fr,5o) que vient de publier la librairie Hachette. Ils décrivent d’exacte et charmante manière ces curieuses cités, dites
- secondaires, mais d’un captivant intérêt, qu’on nomme Lucques, Pistoia, San-Gimignano, Pérouse, Assise, Orviélo, Yilerbe, etc., en même temps que les plus classiques célébrités de Milan, Pavie, Vérone, Padoue, Bologne, Ravenne, etc. Deux livres d’attrayante lecture.
- M. Michaux, à Etrechy. — Tous nos remerciements pour votre intéressante communication.
- M. Mallet, à Bièvres. — Sur les turbines, consultez ; G. Belluzo, Les turbines à vapeur et à gaz. H. Desl'orges, 29, quai des Grands-Augustins, Paris, 20 francs; A. Berthier, Les nouvelles machines thermiques, même édit. ; vous trouverez dans ce dernier ouvrage qui date de 1908, une abondante bibliographie de la question.
- MUe Cliauchard, à Paris. — Pour le développement du périmètre thoracique, veuillez vous adresser à l'auteur de la note à l’Académie, M. Marage, 14, rue Duphot, Paris.
- M. P., à Paris. — Tulipes de Haarlem : Vous trouverez tous les renseignements désirables dans le catalogue Oignons à fleurs de Hollande, envoyé gratuitement sur demande par les établissements Huister Duin, à Noordwyk, près Haarlem (Hollande).
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Le « Diplodocus » au Muséum. — L’embarquement des minerais au port d’Alméria : Pierre de Mériel. — L’art pendant l’âge du renne d’après Piette : E.-A. Martel. — Chronique. — Mésaventures phototélégraphiques ; A. T. — L’extension de là cidture du manioc au Dahomey ; Gustave Regelsperger. — Académie des sciences; séance du 29 juin 1908 : Ch. de Vil-ledeuil. — Le vide dans les laboratoires et l’industrie chimique : A. Troller.
- Supplément. — Huitième concours Lépine. — Cuir artificiel. — Nouvelle drague à succion. — Nouveau pont sur l’East River. — Exploitation aurifère au Transvaal, etc. — Tisanes purgatives toxiques.
- Aide-mémoire de thérapeutique, par G. M. Debove, G. Pouchet, A. Sallard. Paris, Masson et Cie, 1908. 1 vol. in-8°, 790 p. Prix, cartonné : 16 francs.
- Le titre, un peu trop technique, risque de cacher la réelle utilité de ce livre. Quoique, en effet, il ait été écrit avant tout pour les médecins et qu’il ait surtout pour but de parer aux défaillances de mémoire, inévitables dans l’exercice de la pratique journalière, il dépasse de beaucoup ce public restreint et est en fait accessible à tout lecteur instruit. Le classement alphabétique permet de trouver instantanément tous les renseignements cherchés.
- Glossaire des noms topographiques du Sud-Est de la France, par Daniel Mourral, in-8°, 124 p. Grenoble, Drevet.
- Nous recommandons ce curieux vocabulaire à ceux qui cherchent le sens des mots géographiques issus des patois locaux et que, si souvent on défigure, faute de les comprendre ; adret, versant du midi; hubac, versant du nord; autaret, sommité, hauteur; banne, rocher, falaise; chabrière, pâturage de chèvres; doire, ruisseau;, glaiza, montagne marneuse; lauze, roche plate utilisée pour les toits, etc. Par centaines les significations de ces noms génériques noua sont ainsi révélés.
- États-Unis : Department of commerce and labor, bureau of fisheries, dernières publications : The fishes of Alaska; sonie observations on salmon and, trou-t in Alaska; culture of the Montana grayling; the distribution offish and fish egges during the fiscal year 1907 ; fishes of West Virginie. Washington government printing office.
- Comparaison graphique des principaux éléments météorologiques pour Vannée 1906, par G. Eiffel. Fascicules de 12 pl. complétant l’atlas de 1906 (Voy.
- n° 1819, du 4 avril 1908, Bibl.) et relatives aux températures, pluies et en vent.
- États-Unis : (idem). Report of the superintendent of the Coast and geodetic survey, showing the progresses of the work from July 1, 1906 to J une 3o, 1907. 1 vol. in-40, A62 p. Washington government printing office 1907.
- Au surplus du rapport annuel, le présent volume contient entre autres travaux nouveaux un mémoire sur les mouvements sismiques en Californie (1906), et la suite du précieux Manuel des marées de M. K. A. Harris.
- Chimie und Biologie der pflanzlichen Sekrete, par A. Tschirch, professeur à l’Université de Berne. 1 vol. in-8°, 95 p. Leipzig. Akademische Verlags-gesellschaft, 1908, sans prix marqué.
- Nouveau guide du parfumeur, par Durvelle (J.-P.), chimiste-parfumeur. (Parfums naturels et parfums synthétiques). Deuxième édition. Paris, H. Desforges, 1908. 1 vol. gr. in-18 avec figures, 1908. Prix : broché 5 fr. ; relié 6 francs.
- L’ouvrage se divise en deux parties: la première sur les parfums naturels, la seconde sur les parfums artificiels et synthétiques. Les uns et les autres forment l'objet de descriptions nettes et précises, comprenant l’origine, les emplois, les falsifications, etc. Plusieurs chapitres sont consacrés aux teintures et cosmétiques récemment créés ou modifiés d’après les dernières découvertes de la science.
- Ballons dirigeables et aéroplanes, par A. Berget. Paris. Librairie universelle, in-18, 276 pages et grav. Prix.: 3tr,5o.
- Excellent résumé historique et technique du ballon et de ses problèmes depuis la montgolfière jusqu’à la Ville de Paris.
- Géologie, par Stanislas Meunier.- i vol. in-8° de 988 p., avec i5o fig. Paris, Vuibert et Nony, 1908. Prix : i5 fr.
- Ce livre d’enseignement destiné, selon son sous-titre, « aux élèves des écoles d’agriculture et de l’Institut agronomique, aux candidats à ces établissements,
- p.2x47 - vue 479/647
-
-
-
- »
- BIBLIOGRAPHIE
- aux aspirants aux grades universitaires, aux agronomes, aux ingénieurs, aux industriels, aux coloniaux, et aux amateurs de sciences naturelles » complète la série des précédents ouvrages didactiques du sympathique professeur du Muséum. Après l’architecture de la terre, l’auteur examine son étoffe, c’est-à-dire sa minéralogie, sa lithologie, sa paléontologie; et enfin la géologie générale. Sans s’arrêter aux discussions de théories et d’hypothèses, ce livre, avant tout pratique, a choisi la forme d’un utile manuel des notions acquises et basées sur les faits.
- Jlandbuch der Pharmakognosie, par A. Tschirch. Leipzig. Chr. Herm. Tauchnitz, 1908. i,e livraison, 64 p.
- in-4°, 2 marks. L’ouvrage complet doit comprendre 3o livraisons à 2 marks.
- Cette publication nouvelle sur la pharmacie, à la fois savante et populaire, semble s’annoncer comme pleine d’intérêt. La première livraison contient une courte introduction historique, un chapitre sur les drogues en général, puis une quarantaine de pages d’une excellente étude de la culture des plantes médicinales. L’illustration toute photographique est très bien choisie et très abondante. La livraison contient quelques pages extraites d’une livraison future et consacrées à la botanique pharmacologique qui montrent que la partie spéciale et technique sera traitée avec le plus grand soin.
- I
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o
- Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES 1)U MATIN TIIERMOMÈT1IE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 29 juin 1908 . 19°,5 N. E. 2. Beau. » Rosée ; Beau.
- Mardi 50 19°,2 N. E. 2. Beau. » Rosée; halo; peu nuageux; éclairs au S. W. dans la soirée.
- Mercredi l"juillet. . 18°,9 N. E. 2. Très nuageux. 0,7 Rosée ; orageux toute la matinée, avec averses.
- Jeudi 2 18°,6 N. E. 1. l'eu nuageux. )) Rosée ; très peu nuageux.
- Vendredi 3 19°,3 N. E. 2. l’eu nuageux. )) Rosée ; halo; peu nuageux.
- Samedi 4 15°,0 N. N. E. 2. Couvert. )) Rosée; Brume le m. ; couvert jusqu’à 9 h.; beau ensuite.
- Dimanche 0 18°.1 E. 0. Beau. » Rosée ; nuag. le m.; couv. après-midi ; T. de 15 h. 20 à 1(5 h. 50.
- JUIN-JUILLET 1908. — SEMAINE DU LUNDI 29 JUIN AU DIMANCHE 5 JUILLET 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 A 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0„ au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 29 juin au 5 juillet. - Le 29. Aire de pression supérieure à 765 mm sur tout le N.-O. de l’Europe et les parages de l’Islande (Norvège, 772). Dépression sur la Finlande; violente tempête sur la Baltique. Pluies sur la moitié N.-E. de l’Europe; en France : Lorient, 14 mm; Limoges, 2. Temp. du matin : Bodoe, 70; Paris, 19 ; Livourne, 26; Puy de Dôme, 15 ; Pic du Midi, 4; moyenne à Paris : 2i°,4 (normale : i7°,6). — Le 3o. Même situation : N.-O. de l’Europe, 770; O., 765; Moscou, 756. Pluies sur l’E. de l’Europe; quelques orages en France avec pluies faibles. Temp. du matin : Kuopio, 7; Paris, 19; Perpignan, 24; Puy de Dôme, i5; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : 2i°,9 (normale : 17°,6). — Le ier. Pression générale très élevée : au-dessus de 770 au S., 772 sur la mer du Nord, mais Moscou, 753. Quelques pluies sur le N. et l’O. ; en Franco : Le Havre, 11; Limoges, Besançon, 4. Orages : Roche-fort, Bordeaux, Lyon, Paris. Temp. du matin : Kuopio, 70; Paris, 19; Perpignan, 23; Puy de Dôme, i3; Pic du Midi, 5; mpyenne à Paris : 21°,4 (normale : I7°,i). — />e 2. Ecosse, 772; Biarritz, 768; Moscou, 750. Pluies sur le N. ; en France : Clermont, 10; Le Mans, 9; Paris, Limoges, 1. Temp. du matin : Saint-Pétersbourg, 7 ;
- Paris, 19; Marseille, 22; Puy de Dôme, 11 ; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : 22°,3 (normale : 17°,7). — Le 3. Ecosse, Islande, 770; Cherbourg, ,768 ; Marseille, 763 ; dépression sur la Russie, la Scandinavie, l’Europe centrale. Pluies sur le N.-E. de l’Europe; en France : orages à Nantes et Lyon, 17 mm. d’eau. Temp. du matin : Saint-Pétersbourg, 8°; Paris, 19; Marseille, 25; Puy de Dôme, 16; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : 2i°,7 (normale : i7°,8). — Le 4. Baisse lente : sur nos régions, 762; Ecosse, 767. Dépression vers Saint-Pétersbourg, tempête sur la Baltique. Pluies abondantes sur le N.; en France, orages nombreux : Gap, 23; Nantes, 6; Limoges, 1. Temp. du matin : Haparanda, 5; Paris, i5; Perpignan, 24,; Puy de Dôme, i5; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : x8°,4 (normale : i7°,8). — Le 5. Pression uniforme voisiné de 762 sur l’O. ; Islande, Ecosse, péninsule Ibérique, supérieure à 765 ; Saint-Pétersbourg, 752. Pluies sur presque toute l’Europe; en France (orages) : Perpignan, 20; Pic du Midi, 9; Clermont, 1. Temp. du matin : Paris, 18; Brindisi, 25; Puy de Dôme, 11; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i8°,6 (normale : 17°j9)- — Phases de la Lune : Néant.
- p.2x48 - vue 480/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : tac, Boulevard Saint-Germain, Varie (VJ")
- La reproduction des illustrations de * La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non Illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1834 ~ 18 JUILLET 1908
- SUPPLÉMENT
- INFORMATIONS
- L’interdiction de l’absinthe en Suisse. — Par
- •29.3675 voix contre x34 49° (soit une majorité déplus de 89000 voix), le peuple suisse a admis le principe de l’interdiction de la fabrication et de la consommation de l’absinthe sur toute l’étendue du territoire helvétique. La loi entrera en vigueur dans deux ans. L’exemple est trop remarquable et il serait trop désirable que la lutte s’engageât partout avec le même succès contre ce poison, pour qu’on ne soit pas heureux de le faire connaître.
- Le jet de sable pour l’essai des matériaux. — On
- sait combien de services rend le jet de sable, entraîné par un puissant courant d’air, pour décaper les métaux, les maçonneries; M. Burchartz s’est dit que l’on pourrait employer logiquement le rodage causé par le frottement des particules sableuses à reconnaître la contexture, la résistance de matériaux. L’usure produite par le jet est naturellement proportionnelle à la dureté des surfaces soumises à l’épreuve, et aussi à leur homogénéité ; c’est-à-dire que l’on procède ainsi comme à une dissection des matériaux essayés ; les parties les plus dures demeureront en saillie, les fibres s’accuseront en relief, les pores plus ou moins abondants et plus ou moins larges seront révélés. M. Burchartz a combiné un appareil ingénieux pour appliquer le principe; il projette du sable absolument sec sur une surface à essayer, tournant régulièrement, et garantie par une plaque métallique qui permet au sable d’arriver seulement en un point déterminé.
- Phénomènes souterrains au Missouri.
- — Dans le comté de Gamden (Missouri) près Decaturville un puits fut creusé en 1869 à 57 m. de profondeur; on y trouve de l’eau douce qui bout en sécheresse; à 3o m. une caverne dé x mètre de haut fut rencontrée.
- Quand le puits est sec et que le vent est du nord, le puits souffle un violent courant d’air.
- A 16 1cm. du nord, à Ashley Creek, se trouve une « vallée de cavernes » baptisée ainsi dès 1818 par Schvolcraft : on pense que les grottes, très nombreuses, y engouffrent et propagent le vent à de grandes distances (?).
- Sur le plateau d’Ozarlc l’eau s’absorbe dans quantité de sink-holes, dont beaucoup forment de petits lacs, parfois réunis par une arcade naturelle (vallées inachevées). A Sinking Creek (Shoumon County), un cours d’eau parcourt une gorge formée par l’effondrement d’une chaîne de sink-holes, il y passe (avec 12 m. de profondeur) sous une roche qu’on peut franchir en bateau. Plus au sud, des sources qui sont peut-être les plus grandes du monde, ramènent au jour tout le drainage souterrain de cette caverneuse région (Edw. M. Shepard. Underground water of Missouri. U. S. G. S., Water-Supply, n° 195, 1907.
- Catastrophe dans les mines de Russie. — Les
- accidents par explosion de poussières ou de grisou prennent dans tous les pays des proportions inusitées, qui tiennent évidemment aux conditions nouvelles dans lesquelles les exploitations s’enfoncent. Le 4 juillet, à Yonsowka, dans le Sud de la Russie, une explosion a fait environ 400 victimes.
- L’incendie des puits de pétrole de Boryslaw. -
- Un phénomène singulier vient de se produire aux puits de pétrole de Boryslaw en Galicie. On affirme que la foudre, tombant sur un de ces puits au cours d’un orage violent, y a mis le feu ; après quoi, le feu s’est rapidement communiqué aux puits voisins et semble impossible à éteindre. Quatre puits de pétrole ont été brûlés et i5oo réservoirs de pétrole brut détruits (soit une production actuelle de 200000 réservoirs). Les incendies de puits de pétrole ne sont pas rares pour d’autres causes accidentelles; mais celle-ci est plus imprévue et particulière.
- Naissances et décès en 1907. — Le Journal officiel
- Pont naturel de Sinking Creek (Missouri).
- a publié un premier rapport du service de la statistique générale de la France au Ministère du Travail sur le mouvement de la population pendant l’année 1907. Les faits enregistrés dans ce l’apport sont vraiment désolants, en ce sens qu’ils accusent une tendance de plus en plus nette vers le déclin de la population. On sait que, pendant la première moitié du xixe siècle, les nais-
- 7
- p.2x49 - vue 481/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- sauces annuelles surpassaient les décès, en moyenne de i5oooo unités et que cet excédent dépassait encore iooooo pendant la période de i85o à 1880, l’excédent de décès ne se produisant que dans les années de grandes guerres. Les résultats ont été tout à fait différents pendant les trente dernières années. De 1890 à 1900, les décès ont dépassé six fois les naissances ; pour la période décennale 1896-1905, la moyenne des excédents de naissances n’a plus été que de 34 000, et cet excédent est tombé à a6 65i en 1906. Il semble bien qu’on ne doive pas encore s’arrêter là, car, voici que, pour l’année 1907, il n’y a plus excédent de naissances, mais excédent de décès, résultat navrant dû à la fois à deux causes : augmentation des décès, diminution des naissances. La comparaison des deux années est donnée d’ailleurs dans le tableau suivant :
- Excédent
- Aimées. Naissances. Décès. des naissances, des décès.
- 1906 806,847 780,196 26,65i »
- 1907 773,907 793,889 » i9>92°
- D’autre part, le mouvement de dépopulation, naguère confiné dans quelques régions, tend avec netteté à se généraliser de plus en plus. En 1907, les décès ont surpassé les naissances dans 58 départements, alors que les nombres correspondants étaient de 45 en 1906, de 44 en 1905, de 36 en 1904 et en 1903, et de 3o seulement en 1902. En fait la perte globale pour cette année s’élève à 46 571 habitants, dont 3-2 878 par le fait de la diminution des naissances et i3 693 par l’augmentation du nombre des décès. Quel remède apporter à ce lamentable état de choses ?
- Les États-Unis dans le monde. — Sous le titre « Un inventaire national » La Revue scientifique publie de curieuses statistiques, empruntées à la revue américaine the American Review of Reviews qui ont pour but de montrer la place des Etats-Unis dans le monde.
- Surface en milles carrés Population . . .
- Céréales (husltcls; blé (ici.) ....
- Tabac (livres;. .
- Colon (halles;. .
- Fer (tons) . . .
- Pétrole (barils; .
- Cuivre, (livres).
- Or (val. en (loi 1.
- Argent (ici.). . .
- Soufre (tons;. .
- Charbon (id.). .
- Phosphate (ici). .
- Broches de métiers à coton Chemins -dé fer (en milles)
- Monde El nts-Unis 0/0
- 50.050.000 5.026.000 5.9
- J .050.000.000 86.000.000 5.2
- 3.285.000.000 2.592.520.000 78.8
- 5.062.000.000 654,087.000 20.7
- 2.210.000.000 698.000.000 31.1
- 18.578.000 13.546.000 71.3
- 61.000.000 25.780.000 42.2
- 260.000.000 162.600.000 62.5
- 1.597.000.000 918.000.000 57.5
- 404.000.000 89.620.000 22.1
- 106.835.000 57.914.000 7)5.5
- 852.644 298.859 35.8
- 1.220.000.000 455.000.000 57.4
- 3.632.000 1.978.000 54.4
- 122.880.000 26.000.000 21 »
- 570.000 225.000 39.5
- •Ainsi les États-Unis, avec une superficie qui n’est pas le seizième de la superficie totale du monde, occupent une situation économique prépondérante, faite sans doute pour inquiéter la vieille Europe. Reste à savoir il est vrai si cette situation peut durer. Les Américains sont confiants dans l’avenir ; ils ont des terres immenses encore inexploitées et la surface de leurs terrains houil-lers est huit fois plus grande que celle des terrains houillers de la vieille Europe (Etats-Unis, 340000 milles carrés, Europe, 42000, dont 14400, pour l’Angleterre, l’Allemagne et la France, et 2 5 000 pour la Russie). Naturellement l’auteur de l’article américain n’hésite pas pour lui à proclamer que l’Europe chercherait en vain à lutter sur le terrain du commerce contre le développement de l’industrie et de l’agriculture américaines.
- Le delta du Pô. — Ciel et Terre résume une fort intéressante étude de la Revue géographique italienne de décembre 1907, publiée squs la signature autorisée du professeur Mario Baratta, et relative aux récents changements qui se sont produits dans la configuration du delta du Pô. Déjà, en 1898, le professeur Marinelli avait montré combien le delta s’était accru pendant le xixe siècle; mais un examen nouveau était nécessaire et des plus utiles au point de vue de la construction projetée d’un canal de jonction du Pô à l’Adriatique. La superposition des cartes de la région de i8()3 et 1904, qu’a opérée M. Baratta, est des plus suggestives. Elle montre combien les modifications du sol sont importantes : d’une
- part, l’action des dépôts du fleuve est frappante, et d’autre part, il en est de même de l’action destructrice de la mer. Chaque année, le delta s’est avancé de 70 à 80 m., et à la Bocca délia Pilla, l’avance a même atteint 1600 m. en 11 ans, soit i36 m. par an ! La portion nord du delta que forment les plus faibles déversoirs du Pô, semble au contraire en diminution, l’accroissement se faisant donc plutôt vers le sud, aux bouches de la Pila et des Toile.
- L'agrandissement du Port de Marseille. — Nos
- ports de commerce se trouvent, on le sait, dans une situation d’infériorité navrante vis-à-vis des grands port étrangers. Marseille, même, avec son mouvement de 8 millions de tonnes, est bien en arrière de Hambourg et Anvers. Cependant, sa situation sur la Méditerranée est absolument privilégiée, au débouché de la Vallée du Rhône, et à proximité des centres industriels hydroélectriques des Alpes. Pour conserver à notre grand port sa suprématie Méditerranéenne, un certain nombre de travaux ont été projetés ; on exécute actuellement un canal reliant le port au Rhône. Le Ministre des Travaux publics, de plus, a récemment déposé un projet comportant la création d’un nouveau bassin de 640 m. de long, sur 5oo de large : sa profondeur sera de 11 m., il pourra ainsi recevoir les plus grands navires qui d’ici longtemps sillonneront la Méditerranée : le tirant d’eau maximum admis sur le canal de Suez n’est encore, en effet, que de 8,53 m. Il est vrai que dans 5 ans, il atteindra 9 m. et que, sans doute, on ne s’arrêtera pas là. Les travaux prévus à Marseille se chiffreront à 32 millions. Mais, pour bien faire, il resterait encore à assurer d’une façon parfaite, le raccordement de Marseille avec nos grandes voies de communication intérieures, au préalable améliorées pour en faire de véritables routes intei’nalionales.
- Statistiques relatives au commerce des objets d’alimentation en Europe. — Nous avons relevé pour la France, l’Allemagne et F Angleterre, quelques statistiques relatives à l’exportation et l’importation des objets d’alimentation au cours de ces dernières années. Les chiffres que nous allons citer peuvent donner lieu à d’utiles réflexions. En 1885 et 1886, la France a importé de ces objets, une moyenne de 14^5 millions, exporté 743 millions, ce qui correspond à un déficit de 712 millions, pour notre production nationale; en Allemagne ce déficit atteignait 677 millions, en Angleterre, 35o7 millions. En 1899-1900, le déficit pour la France tombe à i65 millions, tandis qu’en Allemagne, il s’élève à 2043 millions, en Angleterre à 53g5 millions. En 1906-1907, le déficit s’est légèrement augmenté en France, el s’élève à 241 millions; en Allemagne il a presque doublé et atteint le chiffre énorme de 4688 millions ; en Angleterre, il reste stationnaire à 5333 millions. On voit que la France, grâce à l’équilibre parfait de son industrie et de son agriculture, se suffit à peu près à elle-même. L’Allemagne et l’Angleterre, au contraire, ont un besoin absolu du concours d’autres pays. Ajoutons que les Etats-Unis sont parmi ceux qui contribuent le plus à l’alimentation de l’Europe. Il a été bien souvent question, en ces derniers temps, de conflits européens; que l’on songe aux chiffres que nous venons de donner, et l’on comprendra les énormes difficultés que certains pays pourraient éprouver à soutenir une guerre, du seul fait, cependant capital, de leur ravitaillement en vivres. L’Angleterre aujourd’hui ne résisterait pas un mois au blocus continental.
- Machines à vapeur et moteurs à gaz. — M. Em-
- merson Doxvson, qui est fort expert en matière de moteurs à gaz, affirme que, d’après des essais méthodiques faits par lui, la machine à vapeur, pour un même travail disponible, exige un nombre de calories plus de deux fois supérieur à celui dont se contente le moteur à gaz ; nous entendons, comme de juste, à gaz pauvre. En tout cas, il évalue la perte sèche de la machine à vapeur à 1020 calories, sur les X120 qu’on lui donne pour fournir 100 calories de travail disponible sur l’arbre. Tandis que la perte n’est que de 4^*5 calories sur 525 pour le moteur à gaz pauvre : io5 disparaissent par radiation, 126 s’en vont dans la réfrigération, 177 dans les gaz d’échappement. De ce chef, même pour le moteur à gaz, il y a encore bien des économies à poursuivie.
- 50 fe
- p.2x50 - vue 482/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- *>, Mécanique -a
- Tour à meuler à meules interchangeables. — Peuplant bien longtemps, on s'en est terni en France, et même en Europe, aux elulssis les plus simples, les plus rustiques, et, il faut bien le dire aussi, les moins solides, pour installer les meules. Au reste, on était loin de tirer parti de celles-ci comme on l’aurait dû ; aujourd’hui, au contraire, la meule tend à prendre une place prépondérante dans les ateliers rie construction métallique, et autant pour le travail et le façonnage que pour le polissage; et ce qu’on appelait uniquement jadis le meulage. Pour répondre à cet usage, il est bon de disposer d’un eliàssis aussi solide que possible, assurant à l'ensemble du dispositif de meulage une stabilité telle, que la commande par courroie se fasse dans les meilleures conditions; et aussi d’une installation qui permette de monter
- Tour à meuler à meules interchangeables.
- les cordes tendues, lui imprimer un mouvement de rotation de droite à gauche en le laissant d’abord rouler doucement sur le sol, puis en augmentant progressivement le mouvement de rotation avec rapidité comme au diabolo. C’est à ce moment que pour lancer én l’air le bolide, le balancement de droite à gauche et de haut en bas sera exagéré, et les baguettes tendues pour le projeter en l’air. Le joueur pour recevoir le bolide se placera dans le sens du diamètre du disque de telle sorte qu’il pénètre facilement entre les cordes bien tendues sur les baguettes tenues très verticalement. Mais si le
- Fig. i.
- Le bolide et les baguettes qui servent à le manier.
- Fig. a.
- Fillette jouant au bolide.
- nu de démonter' rapidement une meule pour la remplacer au cas d'usure, ou au cas d’une modification dans le travail à exécuter.
- C’est pour remplir ces desiderata que l’on a inventé le tour à meuler dont nous donnons ci-joint une ligure; il sort d’une des grandes usines américaines, la maison Croodell Pratt, et on le trouve dans les magasins Markt, de l’avenue Parmentier, à Paris. Comme on le voit tout de suite, la machine est très massive, précisément pour fournir celte stabilité indispensable en la matière ; l’arbre, qui peut porter deux meules, une à chaque bout, tourne dans des paliers ajustables munis de graisseurs perfec-lionnés. Dans la ligure (pie nous reproduisons,, aucune meule n’est en place; mais on voit tout de suite la position qu’elles doivent occuper. Elles se serrent entre des disques et des écrous: en acier trempé qui assurent toute solidité, et- donnent une précieuse rapidité de montage. Lit poulie de commande, de faible diamètre, est calée au milieu de l’arbre, et la disposition en est telle que les ouvriers circulant autour de la machine ne sont guère exposés à venir en contact avec la courroie.
- *>> Jeux -c,* ^
- Le bolide. — C’est un nouveau jeu d'adresse inspiré du diabolo qui eut tant de succès l’an dernier et que grands- et petits jouaient à ln mer, au jardin ou simplement dans la rue, à la grande peur des paisibles promeneurs, préoccupés de ne pas le recevoir sur la lète! Le bolide, car son nom l’indique, aura probablement le même inconvénient que son prédécesseur, mais pour les joueurs habiles, il se prêtera à des combinaisons multiples où L’adresse et le coup d'œil seront contaminent en éveil.
- Comme le montre la ligure i, il est constitué par mr grand disque creux en métal avec de chaque côté mie petite joue séparée du disque par une gorge. C’est donc sur chacune de ces deux gorges que passent les cordes de soie, fixées au bout des deux baguettes plates tenues en mains. Pour jouer, les baguettes doivent être tenues de façon que les cordes soient bien parallèles et non croisées. Le bolide pris à terre entre
- bolide liasse par côté et n’est reçu que par une seule corde, il peut garder son équilibre, tel un giroscope, et le joueur peut alors à volonté le recevoir alternativement de chaque côté extérieur des cordes, ce qui devient alors d’une réelle adresse, et permet de varier les combinaisons à l’inlini. Enfin le bolide peut être joué par plusieurs personnes, divisées en deux équipes comme
- Fig. 3. — Combinaison des jeux de bolide et de tennis.
- au tennis. Le filet est interrompu en son milieu par un passage formé d’un tremplin. Dans ce cas le bolide sera lancé en longueur en lui imprimant un très grand mouvement de rotation ; lorsqu’il est en action, le laisser sortir de ses cordes en abaissant, l’une des baguettes près du sol, l’autre maintenue très élevée et tendue. Le bolide abandonnera alors les cordes, roulera à terre où il prendra une nouvelle force et franchira le tremplin pour être reçu par l’un des joueurs du camp opposé qui le relancera à son tour. Des matchs peuvent donc se combiner où l’adresse, l’agilité, le coup d’œil et la force entrent en jeu. — Le bolide est en vente chez Pan et Cie, 24, rue des PeLites-Ecuries.
- **> Divers
- Nouvel encrier. — Tout le monde sait que dans un encrier débouché, l’encre s’altère rapidement et se transforme en une bouillie épaisse et d’un usage très
- p.2x51 - vue 483/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- désagréable. On le sait, et néanmoins on oublie régulièrement de fermer son encrier, lorsqu’on a fini de s’en servir, au moins lorsqu’il s'agit d’un encrier ordinaire. Car avec celui qui est représenté ci-contre, cette négligence devient impossible ; le récipient est en effet muni d’un couvercle spécial, oscillant autour d’une charnière; sa partie arrière constitue contrepoids et tend constamment à le maintenir soulevé : c’est, direz-vous, juste le contraire de ce que l’on veut réaliser; mais en même temps ce contrepoids appuie contre une tige qui forme
- de midi indique les minutes de o à 3o, la grande aiguille marque les secondes et cinquièmes de secondes.
- L’appareil que nous venons de décrire n’est pas Je seul de ce type, il existe déjà de nombreux autres sphyg-
- Le sphygmomètre Lip.
- levier à 2 branches et oscille autour de 2 petits pivots en verre lixés à l’embouchure de l’encrier. La partie an-térieüre de la tige peut servir de support au porte-plume. L’ensemble de l’appareil est calculé de façon que le poids d’un porte-plume ordinaire suffise à relever la deuxième branche du levier et par suite à rabaisser le couvercle et à maintenir l’encrier parfaitement fermé.
- Ainsi, lorsqu’on a le porte-plume à la main, le couvercle de l’encrier est naturellement soulevé ; dès que l’on a placé le porte-plume à sa position de repos, l’encrier se referme par là même. Tout oubli est donc impossible; l’ensemble du dispositif est mobile et peut se placer sur n’importe quel encrier.—En vente à la maison i\ovi, 5, rue Saulnier, Paris. Prix : 2 fr., franco a,5o fr.
- Nouveau bec de cane. — Il ne s’agit pas d’une serrure de sûreté ; ce bec de cane simple, de forme réduite et peu encombrante est destiné aux portes intérieures de nos appartements. Il présente l’avantage de se poser indifféremment sur toutes les poi’tes, quel que soit leur
- genre de fermeture : qu elles se ferment à droite ou à gauche, en tirant ou en poussant ; autrement dit, le même bec peut être posé et fonctionner normalement dans les quatre positions que nous venons d’indiquer. L’organe essentiel de ce dispositif est un ressort, double spirale en acier exti'a-dur, dit corde de piano : ce ressort n’est pas trempé et par suite ne se casse pas.
- Ce bec de cane que ses inventeurs ont dénommé « l’Idéal » apparaît donc comme fort commode. — Il est en vente chez MM. Proriol et Chalandon, 72 bis, Grande-Rue Saint-Roch, à Saint-Etienne.
- Le sphygmomètre Lip. — Ce chronomètre de précision est destiné spécialement aux médecins; il permet de constater rapidement et sans calcul le nombre des battements du pouls par minute. L’appareil comporte, outre les 2 aiguilles d’une montre ordinaire, une aiguille spéciale que l’on met en mouvement, en appuyant sur le poussoir du remontoir, au moment de compter les pulsations. A la 20e pulsation, on arrête l’aiguille en pressant à nouveau sur le poussoir. On lit alors sur le bord du cadran le nombre indiqué par cette aiguille AB. C’est le nombre des pulsations à la minute (soit 72 dans le cas de la figure). L’observation faite, on ramène l’aiguille au zéro, en pressant une 3° fois le poussoir. L’appareil est, en même temps, un chronographe compteur : il permet de faire des observations qui se trouvent automatiquement enregistrées en minutes, secondes, et cinquièmes de secondes. Le petit cadran placé au-dessous
- momètres ; mais celui-ci est le premier qui calcule automatiquement le nombre des pulsations à la minute. — Eu vente chez Lipmann, 96, boulevard de Sébastopol, Paris, et chez les principaux horlogers.
- Petit appareil à boucher « La Radieuse ». — Ce
- petit appareil à boucher les bouteilles est intéressant dans le cas d’un petit travail débouchage, et peut rendre service là où une machine à boucher compliquée ne s’impose pas.
- Etabli suivant une disposition déjà connue, il est conçu de manière que le bouchon, au lieu d’être brusquement poussé dans le goulot de la bouteille, comme dans les machines actuelles, y soit amené par roulement et compression au moyen de deux mâchoires établies à cel effet.
- L’appareil se présente comme une paire de tenailles (fîg. 1) dont les mâchoires seraient constituées par deux parois semi-cylindriques pour recevoir un bouchon.
- Fig. 1.
- Détails de l’appareil à boucher.
- Fonctionnement
- L’on ferme donc cette pince avec les- deux leviers A 15 après avoir mis le bouchon dans les deux cavités semi-cylindriques C C' destinées à le recevoir, le piston D qui se meut dans le cylindre ainsi fermé en étant sorti.
- Pour enfoncer le bouchon, l’on présente alors l’appareil verticalement sur la houteille (fig. 2) et avec la main ou une petite tapette en bois, l’on donne un petit coup sec sur le piston D, on fait ainsi pénétrer le bouchon dans la bouteille.
- Le bouchon, qui auparavant aura été trempé dans leau chaude ou le vin pour l’assouplir, se trouvera par la pression des deux leviers débarrassé de toutes ses impuretés; le bouchage sera plus régulier et.en outre, avantage appréciable, le bouchon ne s’altérera pas. — L’appareil, dont le poids est de 700 gr., se trouve chez A. Jacquot fils, 14, rue Bergeaud, à Toulouse.
- p.2x52 - vue 484/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- Le crude ammoniac. Son emploi en agriculture.
- — Le crude ammoniac encore appelé ci'ud ammoniac ou crud d’ammoniaque, tire son nom du mot anglais crude qui signilie indigeste, imparfait, mal dirigé. C’est un corps renfermant de l’ammoniaque sous une forme spéciale et mal définie.
- Le crude ammoniac estun sous-produit delà préparation du gaz d’éclairage qui renferme un certain nombre de corps susceptibles de faire l’objet d’extractions industrielles et qui peut, en outre, recevoir plusieurs applications agricoles intéressantes.
- Le gaz d’éclairage, protocarbure d’hydrogène provenant de la distillation de la houille, renfenne, à l’état naturel, une assez grande quantité d’impui-etés représentées par de l’acide sulfhydrique, des sulfhydrates d’ammoniaque, des composés cyanogénés, etc. Il exige, au sortir des cornues et après l’abandon de la plus grande quantité des goudrons dans le barillet, une double épuration physique et chimique.
- Recueilli tout d’abord dans une série de tubes en U renversés, dits jeu d’orgue, refroidis par un courant d’eau, le gaz se débarrasse de ses carbures les plus lourds, notamment de sa naphtaline. Cette première action épurante est complétée par un lavage à l’eau dans une colonne de coke pour retenir les sels ammoniacaux et achevée par le condensateur à choc de Pelouze et Audouin qui, en forçant les goudrons entraînés à l’état vésiculaire à traverser sous pression une tôle finement perforée, permet de les réunir et de les agglomérer en rompant les globules.
- Mais le gaz d’éclairage renferme encore un certain nombre d’impuretés, représentées par des éléments gazeux incombustibles ou odorants qu’il faut absolument faire disparaître ; c’est alors qu’intervient l’épuration chimique, qui s’obtient en faisant passer le gaz dans de grandes caisses garnies de claies superposées, sur lesquelles on a répandu un mélange de sesquioxyde de fer et de sulfate de chaux convenablement divisé par de la sciure de bois. Le sulfate de chaux et les produits ammoniacaux se combinent entre eux pour donner du sulfate d’ammoniaque; et, en présence du sesquioxyde de fer, l’acide sulfhydrique se transforme en sulfure de fer, en eau et en soufre libre. Au fur et à mesure de sa formation, le sulfure de 1er arrête les composés cyanogénés avec lesquels il se combine pour donner des sulfocyanures et des sulfocyanates de fer. Enfin, il y a également formation d’une certaine quantité de cyanures. Il est nécessaire, au bout d’un certain temps, de nettoyer les épurateurs chimiques et de les garnir à nouveau. La matière réductrice épurée sortie des caisses d’épuration constitue le crude ammoniac.
- Le crude ammoniac est de composition assez complexe; il renferme, avec des matières inertes provenant de la sciure de bois : du ferrieyanure de fer (bleu de Prusse), des sulfocyanures de fer et d’ammoniaque, des sels ammoniacaux (sulfate d’ammoniaque) et du soufre libre. Dans une intéressante brochure publiée tout récemment sur le crude ammoniac, M. L. Bargeron, ingénieur agronome, se reposant sur un grand nombre d’analyses exécutées par plusieurs chimistes, assigne à ce produit une composition variairt entre les limites suivantes :
- Eau................................io à 2Ô pour ioo
- Ferrocyanurè ferrique ....... 5 à i5 —
- Ammoniaque libre ......... o à 2 —
- Sulfate d’ammoniaque .............o,5 à 5 —
- Sulfocyanogène (en combinaison avec
- l’ammoniaque......................o,5 à 7 —
- Ferrocyanure ferroso-ammoniaque . o,5 à 3 —
- Cyanure d’ammoniaque. . . . . . . o,5 à 1 —
- Soufre libre. . ................ao à 45 —
- A cela, il faut encore ajouter de la chaux libre ou de l’oxyde de fer non transformé, de petites jrroportions de sulfures et même parfois des sulfites solubles et insolubles, ainsi que des doses minimes de goudron.
- L’analyse précédente nous montre les affectations industrielles que le crude est susceptible de recevoir; on peut, avec lui, envisager l’extraction du sulfate d’ammoniaque, du bleu de Prusse, du soufre précipité et du soufre pur.
- Enfin, et considération importante sur laquelle nous voulons nous appesantir d’une façon toute spéciale, le crude, depuis quelques années, a été employé en culture soit comme engrais, soit comme agent destructeur de parasites végétaux et animaux.
- A cause de son prix peu élevé et de sa teneur en azote,, le crude ammoniac constitue un engrais des plus avantageux; mais son emploi est subordonné à un certain nombre de conditions qu’il s’agit de faire ressortir.
- La présence dans le crude de composés cyanogénés nuisibles à la végétation rend le cultivateur tributaire de certaines précautions. M. Muntz a constaté que, répandu peu après sa sortie des épurateurs chimiques sur des cultures de céréales ou sur des prairies, même à la dose très réduite de 2 pour 100 d’acide sulfocya-nique, ce déchet industriel grille les plantes et provoque leur rapide disparition. Heureusement que ces effets toxiques sont relativement éphémères et qu'ils ne persistent guère au delà d’un mois ou d’un mois et demi. Sous l’influence de l’aération et de l’oxydation de la masse, les composés chimiques nuisibles se transforment et passent à l’état de produits anodins. On devra donc, pour l’usage de cette matière fertilisante, bien se pénétrer des principes suivants qui, en pratique, ont une importance capitale :
- i° L'engrais ne sera jamais répandu en couverture sur des plantes en végétation, ni incorporé aux sols prêts à être ensemencés ;
- 20 On le répandra sur un sol nu et au moins un mois avant les semailles.
- En sus, il faudrait, selon Muntz, limiter autant que possible son emploi aux terres calcaires, siliceuses ou silico-argileuses, à la condition que ces deux dernières renfei'ment un peu de chaux, et l’exclure complètement des terres fortes. Cette réserve de la part du savant chimiste, tient probablement à ce que le crude aurait été employé trop peu de temps avant les semis.
- Des expériences récentes dues à M. Paul Hoc, professeur spécial d’agriculture à Château-Thierry, paraissent prouver que le crude convient à tous les sols, mais que dans les terres fortes il faut toujours l’épandre de très bonne heure. Ces particularités s’expliquent fort bien si on tient compte de la moins grande perméabilité des terrains argileux.
- Le crude, une fois incorporé au sol, s’oxyde et se décompose ; ses principes ammoniacaux s’engagent alors dans des combinaisons d’une faible fixité qui viennent alimenter la nitrification. Toutefois, cette nitrification ne se produit qu’avec une extrême lenteur.
- M. Guillin, directeur du laboratoire de la Société des agriculteurs de France, s’est livré, à ce sujet, à des recherches de laboratoire et à des expériences culturales comparatives des plus intéressantes. Il a reconnu que le crude ammoniac se comportait assez mal pendant la première période de l’expérimentation ; mais avec le temps et surtout avec une température plus élevée, le ferment nitrique a fini par avoir raison de l'engrais. La conséquence pratique de cet état de choses est facile à déduire : il faudra affecter le crude à certaines plantes comme les betteraves, les pommes de terre, la vigne, le sarrasin, qui sont en pleine végétation en juillet, août et septembre, c’est-à-dire pendant les mois les plus chauds de l’année.
- A cause de sa richesse en cyanures et surtout en sulfocyanures, le crude détermine la destruction immédiate des plantes sur lesquelles il est répandu presque aussitôt après sa sortie des épurateurs chimiques. Cette propriété, considérée tout d’abord comme fâcheuse, reçut, par la suite, des applications agricoles d’une haute portée.
- p.2x53 - vue 485/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- Un certain nombre de praticiens sagaces songèrent à utiliser la toxicité de l’engrais pour provoquer la disparition des plantes nuisibles qui se développent avec une aussi grande intensité dans les jardins ou dans les champs. Les premiers essais se limitèrent aux allées de jardins. Les résultats obtenus Jurent si concluants que l’usage du crude ne tarda pas à se généraliser et à s’étendre à la grande culture.
- MM. Muntz, Launay, Guerrapain, Hoc, ont obtenu une destruction radicale du chiendent, de la Jolie avoine, de l’avoine à chapelet, de l’agrostidè, etc., par l’emploi du crude.
- Plus récemment, en 190S, un de nos parents, M. Eugène Gilbert, cultivateur à Villers-Cottei’ets, dans l’Aisne., estima qu’il était possible de se servir du crude pour obtenir la disparition du chardon. On arriverait au résultat cherché en répandant une trentaine do- grammes de matière au pied de chaque plante. Si les chardons étaient un peu vieux, il faudrait avoir soin de les couper avant de leur appliquer le toxique. Les Irais de traitement ne seraient pus, parait-il, beaucoup, plus élevés que s’il s’agissait d’un échardonnage ordinaire. Enfin, dans certains cas, le crude deviendrait un insecticide des plus puissants.
- M. Direz, directeur d-e la sucrerie de Piorrefonds, serait arrivé, grâce au crude, à sortir victorieux d'e la lutte entreprise contre les larves du tau-pin et le blanule moucheté qui sévissaient avec une intensité toute» particulière dans les cultures bétteravières appartenant à l’usine précitée.
- D’un autre côté, MM. Hoc et Guerrapain ont pu, en appliquant le même insecticide a dos dOses variant entre 12 et a-5e kg à l’are suivant les terrains, dans divers vignobles du -département de l’Aisne, limiter l'extension de taches phylloxéniques et meme faire disparaître à peu près complètement le phylloxéra des endroits traités.
- Le crude ammoniac, matière assez peu connue jusque dans ces derniers temps, présente donc, comme-on peut s’en rendre compte par cette courte notice, un intérêt agricole d’une importance indiscutable. Avec lui, les cultivateurs, les jardiniers, les viticulteurs, etc., peuvent envisager la fertilisation économique de leurs terres, et, dans quelques cas particuliers, la destruction d’un grand nombre de parasites végétaux et animaux qui constituent malheureusement trop souvent de sérieux obstacles à la réalisation de certaines cultures.
- Ai.bert Yu.coq.
- Rôle de l’eau dans les tremblements de terre. —
- M. G. Agameinnone vient de publier dans (Ciel et Terne le résumé d’une conférence qu’il avait faite en septembre dernier, devant le Congrès sismologique international de la Haye. En voici les principaux passages. « 11 faut appeler l’attention dès savants sur If immense rôle que, dans certaines régions, et surtout dans les régions montagneuses, jouent lès eaux souterraines et sur l’oeuvre de destruction qu’elles accomplissent sous nos pieds.
- « Elles seraient la cause première et permanente du manque d’équilibre des strates terrestres, ce qui produirait de temps en temps les phénomènes sismiques; Y Amo,: affluent du Tibre, qui. vient des montagnes de Subiacoi et passe à Tivoli, reçoit de nombreuses sources.
- O» peut évaluera 12 m?- par seconde le débit de toutes les sources que reçoit l’Aniene, de Tivoli au Tibre. Or, ces eaux tiennent en dissolution une quantité plus ou moins considérable de sels minéraux arrachés par leur action chimique aux entrailles du; sol. Les: Acqmr Aibide, d’un débit de plus de 3 m5 par seconde-, transportent, à elles seules, presque 100 000 m5 de matières: solides par an; on- reste peut-être en, dessous de la, vérité en admettant que toutes les autres eaux accomplissent u® travail! d’excavation semblable, il en résulte le chiffre énorme de 200 000 m5 par a» pour l:es cavités: qui sont creusées, çà et là, tout le long du parcours: dès eaux souterraines. »
- Dans les variations d’équilibre des strates terrestres:, on ne peut négliger cette érosion continuelle des roches qui' mine petit à petit les assises du sol et les force à. chercher une nouvelle position. Il s’agit d’un abaissement de peu dfim,portance, et si l’érosion s’est produite à une grande profondeur, en général on, n’aura pas de manifestations sensibles: à la surface. Seulement, si L’érosion se faisait près du sol, l’abaissement dont il est
- question pourrait engendrer les dépressions en forme d’entonnoir bien connues, appelées aulines.
- On peut; supposer aussi que des roches traversées par île nombreuses fissures reposent sur une couche imperméable d’argile, par exemple. L’eau s’accumulant dans ces crevasses, sous l’influence de la forte pression hydrostatique qu’elle acquierl, fait effort pour s’échapper à la jonction des deux systèmes d’assises, et ravine la partie supérieure de l,a couche d’argile quideviènl pâteuse et ne peut plus résister an poids qu’elle supporte.
- Quelle que soit la façon dont se produisent ces vides souterrains, il est certain que l’énorme pression des strates supérieures tend toujours à les combler-, soit lentement, soit tout à coup, soit par une série de soubresauts-.
- Dans- l'a nature, ces choses se passent d’une manière fort compliquée; il y a notamment; aussi à considérer les glissements de bancs sur leurs inférieurs inclinés et lubrifiés par» dès eaux souterraines.
- Or, quelle que soit la cause du manque d1’équilibre dans: lte sous-sol, les mouvements dès strates pourront s’accomplir ou d’une façon tout à fait insensible et graduelle, et; alors nous avons les bradysismes ; ou petit à petit, et dans ce cas nous aurons affaire à de faibles et nombreuses secousses; ou enfin tout à coup, et alors nous sommes en présence d'iin tremblement de terre, plus ou- moins notable, dont l’intensité dépend dè la valeur de l’abaissement des strates et de la masse du terrain qui est entré en mouvement.
- A l’appui de ce mode d'envisager les phénomènes sismiques, j’ai fait quelques calculs.
- En 1901, un petit; éboulement eut lieu à 200 m. de 1 Observatoire de Rocca di Papa, dont les instruments furent affectés d’une manière assez sensible. Des troubles de lu même importance eurent lieu à- l-’occa-s-ibti d’une secousse d’une étendue fort; restreinte, dans le bassin inférieur de l Anio, à une quinzaine de kilomètres; j’ai voulu calculer quelle masse rocheuse aurait été nécessaire pour que, en- tombant d’une hauteur dè 10 cm à la distance de r5 km de l’Observatoire, elle pût produire s-ur les mêmes instruments Time perturbation semblable à celle qu’ils éprouvèrent à la suite de l’ébou-lement sus-indiqué. D’après ce calcul, il suffirait d’une, masse rocheuse ayant la forme d’un prisme à base carrée dè 600 m. de côté et dè 100 m. seulement de hauteur.
- Un calcul semblable entrepris pour un banc calcaire près de Spoleto, de 7 km- de long sur 5 de large et ayant une épaisseur de aSo nu, montre que sa chute, pour une hauteur de xo cm également-, amènerait uixe secousse suffisamment violente pour que la ville de Spoleto en soit ruinée de foin! en comblé et que les instruments de Rocca di Papa, quoique à une distance dè 100 km, soient affectés bien- plus fortement qu’à l’occasion de la secousse dans le bassin de l’Anio et de l’éboulèment dont il a été question.
- Une conséquence très intéressante qui découlé dé cette hypothèse sur. la cause des secousses sismiques,,c’est que leur centre d’ébxîa-nlèment peut se trouver très rapproché' dé la surface du sol.
- Certes, l’érosion produite par les: eaux souterraines ne peut pas servir à expliquer tous les phénomènes sismiques.
- lEn- premier lieu, il faut admettre les tremblements dé terre d’origine; volcanique.
- Puis il y a le refroidissement graduel de notre planète, lequel est la cause principale de la formation dés montagnes, parce que l’écorce terrestre, devenue trop grande pour le noyau qui la supporte, doit, pour y rester appliquée, se contr-aeter de temps à autre et se plisser sur elle-même.
- Et il faut aussi rappeler les énergiques réaietions chimiques que les eaux de mer, surtout, pénétrant en abondance par les abîmes., peuvent susciter dans les entrailles du globe.
- L’eau peut être regardée, jusqu’à un certain point, comme le sang qui circule dans TiUtérieur du globe, dont il entretient la vie, en élaborant dàns son sein différents phénomènes, qui en provoquent bien d’autres que, spectateurs impuissants, nous observons à la surface et qui devraient sans doute cesser, ou au moins diminuer notablêment, si pour un instant on pouvait concevoir là possibilité d’empêchor l’accès de l eau dans Tintérièxte dé la Terre.
- p.2x54 - vue 486/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- ><
- Le daltonisme et la peinture. — Le professeur Angeluccî de Naples possède une collection qui doit être unique en son genre; mais il sera, je crois, bien facile aux amateurs et dans tous les pays du monde, d’en réunir une similaire ; c’est une collection de tableaux dus à des sujets daltoniens.
- Le daltonisme, on le sait, est le terme consacré pour indiquer la cécité des couleurs, bien qu’en réalité le nom ne fût applicable au début qu’à la cécité pour le rouge. Signalée par .Joseph lluddart dans une lettre qu’il écrivait à Priestley en janvier 1777, l’achromatopsie fut éUidiée par Dallon (1794) qui lui-même était aveugle pour le rouge, d’où le nom de daltonisme. Depuis ces premières recherches nombre de travaux ont été publiés sur ce sujet.
- La nature de l’achromatopsie a été expliquée par llelmholtz d’une façon très simple. Partant de la théorie physique des trois couleurs fondamentales, le savant physiologiste admettait qu’il doit exister dans la rétine trois espèces d’éléments pour la perception des couleurs, les uns pour le rouge, les autres pour le vert, les troisièmes pour le violet el le bleu. Que certains éléments soient lésés ou modifiés dans leurs fonctions par une affection quelconque, locale ou générale, il existera un trouble de la perception des couleurs partielle, si un seul élément est lésé, comme le daltonisme pour le rouge, le plus commun, ou achromatopsie totale, rouge, vert et bleu si les éléments sont tous privés de leur fonction. Disons toutefois que cette théorie, très séduisante, n’a pas été admise par tous les ophtalmologistes."
- Les troubles résultant de la cécité des couleurs ont une importance capitale pour tous les employés de Compagnies de transports maritimes fluviaux ou terrestres. Les signaux sont fournis, pendant le jour, par des disques rouge, vert, blanc; la nuit, par des feux de même couleur. Une interprétation erronée de ces signaux peut être la cause d'accidents des plus graves : aussi depuis longtemps n’admet-on comme mécaniciens, pilotes, limoniers ou autres conducteurs de machines ou de bateaux que des hommes ayant l’intégralité du sens des couleurs. C’est un défaut assez répandu puisque, d’après les enquêtes faites dans différents pays, 5 à 6 pour 100 des sujets examinés, commettaient des erreurs plus ou moins fortes dans l’appréciation des couleurs et 1 à -i pour 100 étaient des daltoniens complets. Le Dr Favre qui avait jadis examiné, à ce point de vue, tous les employés de la Compagnie P.-L.-M. estimait qu’il y avait en France près de trois millions de personnes plus ou moins aveugles pour les couleurs.
- Pont* en revenir aux peintres, ce défaut, lorsqu’il existe chez eux, a des conséquences qui ne sont plus redoutables comme chez les employés de chemins de fer; mais elles sont déplorables au point de vue de l’art. Le peintre daltonien voit la nature d’une autre façon qu’elle n’existe en réalité ; il donne à ses tableaux une gamme de tons et de coloris qui ne répond pas à la réalité. Les tableaux que le Dr Angelucei a collectionnés montrent dans tous leurs détails les défauts systématiques des peintres affligés de cette perte du sens des couleurs et la lutte que, conscients de leur manque de vision, ils soutiennent pour l’atténuer et le rendre moins apparent. Je prends quelques exemples donnés par ce
- professeur d’après les œuvres qu’il a recueillies chez des artistes italiens.
- Le premier tableau de sa collection est d’un artiste atteint de cécité au maximum pour le rouge et le vert au point qu’il confond les deux couleurs. Il a exécuté le portrait d’une paysanne romaine de grandeur naturelle. L’auteur, dit M. Angelucei, dans la note qu’il a publiée sur ce sujet dans le recueil d’ophtalmologie, s’y montre un maître dans l’art du dessin et de la technique, mais pas dans l’emploi des couleurs. Les parties ombrées du visage et du cou qui constituent plus de la moitié du tableau, sont rendues avec des teintes vertes, ainsi que les parties ombrées de la chevelure et du drap qui recouvre la tête. Dans les parties éclairées du visage, c’est le rouge qui domine même sur la blancheur éclatante du linge. Les parties ombrées verdâtres semblent plates et se détacher trop en arrière des parties rougeâtres éclairées.
- Un oculiste célèbre, Liebreich, diagnostiqua un jour, à l’exposition de Lpndres, le daltonisme chez un peintre, à la seule vue du tableau que l’artiste avait exposé. Le tableau représentait une place de village avec un marché de bétail. Les toits des maisons et les bœufs étaient peints en rouge du côté éclairé et en vert du côté obscur. Vérification laite, le peintre était en effet atteint d’achro-matopsie. Un autre tableau de la collection Angelucei représente une étude soignée d’une tête de vieillard de grandeur naturelle. Le défaut du sens de coiffeur est très visible dans les cheveux et; la barbe. Le gris est rendu à coups de pinceau verdâtres, d’intensité lumineuse différente; seul, sur le sommet de la tête un toupet de cheveux qui avance vers la lumière est rendu avec des coups de pinceau rougeâtres. Le visage est aussi exécuté avec des teintes rouges dans les parties éclairées. L’examen du sens chromatique de cet artiste montre qu’il ne distingue ni le rouge ni l’orange ; il appelle bleue la couleur violette et s’il regarde avec attention, il la trouve rouge et verte.
- Ce trouble visuel explique l’abus qui se fait de la couleur violette. Je sais bien que cette teinte rehausse l’ensemble chromatique et qu’elle a été adoptée par des artistes dont la perception des couleurs est parfaitement normale; mais, chez les daltoniens, elle est la règle. Faut-il croire que les impressionnistes sont, pour le plus grand nombre, affligés de daltonisme ; ce serait une étude intéressante à faire que celle de la vision, d’autant que l’achromatopsie n’est pas le seul des troubles visuels qui puissent modifier la pureté d’un dessin, la composition d’un tableau.
- Des modifications de la réfraction, comme l’astigmatisme, des opacités partielles des milieux transparents, survenus par maladie ou par les progrès de l’âge, doivent influencer beaucoup les effets de la perspective et sa traduction par l’artiste. Un artiste célèbre par la ressemblance de ses portraits, vit avec l’âge ses peintures critiquées; il faisait le cou trop long et la face trop ovale. Liebreich qui l’examina constata que la presbytie était venue se joindre à un astigmatisme ancien et produisait pour le peintre une déformation artificielle qu’il traduisait fidèlement dans ses tableaux. L’examen de la vision et surtout du sens chromatique serait, on le voit, aussi utile, quoique à des points de vue différents, chez les élèves des Ecoles de Beaux-Arts que chez les mécaniciens et les pilotes. Dr A. Cxrta.z.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- ><
- Argenture du verre. — Le procédé n’est pas très commode à pratiquer, mais on peut toujours l’essayer. 11 faut d’abord nettoyer parfaitement la plaque de verre, et, dans ce but, on la rince avec de l’acide nitrique; puis on la lave à l’eau distillée, pour la placer ensuite sur sa lcanche de manière à ce qu’elle s’égoutte, cependant sans sécher. Il faut que toute la surface demeure humide : si une partie semblait ne pas prendre l’eau, c’est qu’elle serait graisseuse, el il serait dès lors nécessaire de la
- laver avec de l’eau et de la soude. Quant à la solution pour argenter, on la prépare en faisant dissoudre environ 3 grammes de nitrate d’argent dans 3o grammes d’eau distillée, où l’on ajoute goutte par goutte de l’ammoniaque fort, jusqu’à ce que le précipité qui se forme au début soit presque complètement, mais pas totalement dissous. On filtre à travers de l’amiante ou de la laine de verre, dans un entonnoir de'verre, et l’on doit obtenir unproduil.de filtration représentant 46 grammes.
- HjTâTlîfr
- p.2x55 - vue 487/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- On fait, d’autre part, dissoudre, 0,75 gr. de sel de Sei-gnette dans 3o gr. d’eau distillée, et l’on chauffe jusqu’à ébullition.
- Contre la pourriture sèche du bois. — Autant qu’il est possible de lutter contre cette action des fun-gus, qui se fait sentir surtout sur le bois exposé à une température humide et tiède sans renouvellement d’air, dans le bois recouvert d’un revêtement plus ou moins étanche, on fera bien de commencer par débarrasser par frottement extérieur la surface du bois des champignons qui l’ont envahie. Puis on passe plusieurs couches d’acide sulfurique et d’eau, et l’on assure une circulation d’air aussi abondante que possible. Il va de soi qu’il ne faut
- pas hésiter à sacrifier les bois quand ils sont profondément atteints.
- Pour fixer une bande de caoutchouc sur une poulie métallique. — Cela peut être utile pour certaines poulies de courroies. En tout cas, on peut arriver facilement au but. On chauffe d’abord la jante de la poulie en la plaçant par exemple sur une chaudière à vapeur ; on applique alors la solution de caoutchouc, et on place la bande de caoutchouc sur cet enduit, l’opération requérant au moins deux personnes pour bien appliquer la bande. On lie alors solidement avec une corde, de façon que la bande ne puisse bouger durant la dessiccation de la solution formant ciment.
- BOÎTE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d'abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. — M. Gaudibert, à Paris. — Nous trouvons précisément, dans le dernier fascicule de Y Annuaire de la Société météorologique de France, la réponse à votre question, relative à l’histoire de l’échelle centi-
- grade du thermomètre : le thermomètre de Celsius était en effet gradué de o à 100, le point o correspondant à l’ébullition de l’eau, le point 100 à la fusion de la glace. A qui faut-il attribuer le retournement de l’échelle? On croyait jusqu’ici que c’était à Stromer, qui releva en 1747 les températures extrêmes d’Upsal. Dans le travail analysé par Y Annuaire et qui est paru sous la signature de M. Bernstein dans la Meteorologische Zeitschrift, l’auteur montre que Linné avait déjà employé, plusieurs années auparavant, des thermomètres où les points o et 100 étaient définis suivant la méthode actuelle.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Constructions militaires dans le Haut-Tonkin : Louis be Cantllly. — Emploi du corindon et de l’émeri naturels et artificiels pour le travail des métaux et les recherches métallographiques : Jean Escarb. — Chronique. — Les progrès de la métallurgie du cuivre : R. be la B. — La restauration des parchemins altérés par le feu : Eugène Lemaire. — A propos de l’horloge mystérieuse : Lucien Fournier. — Académie des sciences; séance du 6 juillet 1908 : Ch. be Villebeuil. — Une nouvelle boussole topographique : Alphonse Berget.
- Supplément. — Congrès international des applications de l’électricité. — Grand Prix de l’Automobile Club, etc. — L’homme primitif dans l’Amérique du Nord.
- 1
- F asymétrie de la figure et son origine, par le Dr R. Liebreich. Paris, Masson et Cio, 1908. 1 br. in-8°, 22 p., 14 fig. Prix : 2 francs.
- Cette petite brochure est très intéressante. On sait, en effet, que le célèbre criminaliste italien Lombroso (voir son livre L’homme criminel) et ses partisans, particulièrement Max Nordau (Dégénérescence) considèrent l’asymétrie de la figure — c’est-à-dire la non ressemblance de la partie droite avec la partie gauche — comme une malformation, un stigmate, un signe de dégénérescence, qui trouve son pendant dans le développement inégal de l’intelligence, et qu’on doit par conséquent s’attendre à rencontrer avant tout parmi tous les individus socialement déclassés, malades, imbéciles, criminels-nés, etc. L’auteur de cet ouvrage pense au contraire et semble bien prouver, par des comparaisons de crânes anciens.et par des observations effectuées sur les vivants de différentes races, que
- l’asymétrie est la forme normale de la figure et a toujours existé. On la voit aussi bien sur les crânes de toutes les époques, depuis au moins le néolithique, que sur les têtes de tous les pays, Europe, Asie, Afrique, etc. D’après M. Liebreich, cette asymétrie, qui apparaît comme un signe caractéristique de l’espèce humaine, est due avant tout à la position normale de l’enfant lors de sa naissance. — Nous ne songeons pas à contester l’observation de M. Liebreich, qui semble exacte, mais qu’elle soit toute contradictoire aux thèses de Nordau et de Lombroso cela ne nous paraît pas aassi clair qu’à lui. Qu’une asymétrie constante, mais assez faible, normale, soit un trait de l’homme moyen, en quoi cela empêche-t-il qu’une asymétrie irrégulière, plus forte, anormale, caractérise l’homme anormal ? Ilfaut dire probablement qu,e ce n’est pas l’asymétrie en général, mais telle asymétrie en particulier, qui est caractéristique du déclassé physique et social, et cela en somme ne nie pas l’idée de Lombroso et de Nordau, mais la précise seulement, en épure et en souligne la vérité essentielle, ce qui n’est pas précisément la même chose. M. Liebreich dit lui-même que l’absence d’asymétrie du visage, c’est-à-dire sa symétrie parfaite est pathologique, mais ce n’est pas comme il croit, du moins à nos yeux, une réfutation de Lombroso : c’en serait bien plutôt une confirmation, puisque le pathologique serait dans le cas présent tout écart, dans le sens du plus ou du moins, à partir de l’asymétrie'normale définie. Il y a là, avant tout, une question de mesures. Nous ne voulons pas dire d’ailleurs que la thèse de Lombroso soit vraie, mais seulement que les arguments de M. Liebreich contre elle ne convainquent pas, ce qui d’ailleurs n’enlève rien à la justesse des faits observés par lui.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- En raison des congés du 14 juillet, nous avons été contraints d’ajourner notre .Bulletin météorologique. La livraison de là semaine prochaine comprendra deux bulletins complets et rien ne manquera ainsi dans la collection météorologique hebdomadaire. Il n’y aura qu’un retard de huit jours pour un des bulletins,.
- p.2x56 - vue 488/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout CO qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, Paris (W)
- La reproduction des illustrations de • La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N0 1835 - 25 JUILLET 1908
- SUPPLÉMENT
- INFORMATIONS
- La comète d’Encke. — Celte célèbi'e petite comète aura fait parler d’elle à l’apparition actuelle. Nous avons annoncé dans le n° 1812 du i5 février dernier sa redécouverte, faite par M. Max Wolf, à l’Observatoire d’Heidelberg, sur un cliché pris dans la nuit du ier au 2 janvier. Le professeur Weiss, de Vienne, dans les Astro-nomische Nachrichten, n° 4^51, a publié les résultats de plusieurs calculs d’où il semble conséquences que les sujets comélaires reconnus sur les clichés du Dr Max Wolf à partir du 2 5 décembre 1907, et qui furent d’abord pris pour la comète d’Encke, ne se rapportent réellement pas à un seul corps (comme le Dr Ebell le pensait), mais à deux corps différents, qui pommaient bien provenir de la désintégration de la comète d’Encke, laquelle se serait séparée en deux fragments, comme le fait a déjà été observé pour la comète de Biéla. Les photographies du 25 décembre et du 2 janvier auraient été de l’un de ces corps, celles des i3 et 19 janvier de l’autre. Mais depuis, le 27 mai, M. Woodgate, à l’Observatoire du cap de Bonne-Espérance, a retrouvé la comète d’Encke par 2h59mi6s d'ascension droite et 70 29' de déclinaison australe, très près de la position calculée par M. Ka-minski. L’erreur en ascension droite n’est que de 5m 14% et en déclinaison de 33'. La comète ou les fragments cométaires découverts à Heidelberg n’ont donc rien de commun avec la comète d’Encke, qui, une fois de plus, a été fidèle au rendez-vous assigné par le calcul.
- Le dirigeable Zeppelin. — Après un retentissant voyage aérien qui a duré environ 12 heures, après avoir couvert près de 400 km, le dirigeable Zeppelin se trouve arrêté par un accident d’une certaine gravité. On sait que pour ce ballon, dont l’enveloppe est en aluminium et de très grandes dimensions, l’atterrissage sur la terre ferme offre d’énormes difficultés et de graves dangers ; aussi lui a-t-on construit sur le lac de Constance un hangar flottant, s’orientant dans la direction du vent. Le i5 juillet, l’aérostat se préparait à quitter son garage, pour exécuter une randonnée sensationnelle au-dessus de l’Allemagne du Sud, et visiter Strasbourg et Stuttgart; un bateau remorqueur, se mettait en devoir de la hâler en dehors du dock, lorsque les câbles de remorquage se brisèrent; le ballon vint alors se heurter avec violence contre les parois de son garage ; conséquences : déchirure de l’enveloppe métallique, rupture du gouvernail, avaries graves au propulseur. Le ballon a dû être dégonflé, il est hors de service pour plusieurs jours. On ne peut s’empêcher de comparer cette catastrophe à celle du Patrie ; elle en fait exactement le pendant. Elle survient après un voyage triomphal qui avait soulevé l’enthousiasme allemand ; de même, le Patrie fut anéanti quelques heures après son remarquable parcours Paris-Yerdun et au moment où l’on attendait de lui de nouvelles merveilles. Dans les deux cas, l’on a éprouvé d’une façon douloureuse, les graves difficultés qui s’opposent à l’emploi de ces navires aériens; elles se ré-
- sument en ceci : comment, lorsque ces engins sont en stationnement, les préserver des secousses destructrices du vent? Pour la navigation maritime, on a construit des ports à cet effet; il faudra songer à créer des ports pour préserver du naufrage nos vaisseaux aériens.
- Le navire d’Oseberg. — On connaît depuis longtemps la coutume particulière et grandiose, très répandue en Norvège à l’époque des Yikings, d’après laquelle les morts étaient enterrés dans un navire ou dans un bateau, enfoui lui-même à son tour et recouvert d’un tumulus ; ces funérailles luxueuses semblent surtout avoir été pratiquées dans les districts voisins du fjord de Christiania où elles ont en effet laissé des traces nombreuses. Toutefois ces sépultures, quand elles étaient explorées, 11e livraient guère jusqu’ici que des objets très détériorés : les canots de petite dimension, d’un usage fréquent pour l’accomplissement du rite, se trouvaient détruits dans la terre, et seules leurs proportions et leurs formes demeuraient attestées par la survivance des rivets qui avaient servi à en joindre les pièces ; dans d’autres cas, plus heureux, on allait jusqu’à recueillir des fragments de coque. M. Gabriel Gustafson, le directeur du musée d’antiquités de Christiania, vient d’entretenir, dans sa plus récente séance, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres d’une découverte du même genre, mais dont la beauté — on pourrait dire la splendeur — laisse loin en arrière tous les mérites des précédentes : c’est un véritable navire, de 21 mètres de long sur 5 de large, parfaitement conservé, avec tous ses agrès et un riche mobilier funéraire, que l’on est en train d’exhumer dans un tumulus situé sur le territoire de la ferme d’Oseberg, près Tonsberg, à 4 kilomètres de la mer.
- Dès les premiers jours, la trouvaille s’est imposée comme la plus riche qu’on ait encore faite dans ce genre : l’étrave et l’étambot du navire étaient dès l’abord, apparus, couverts d’ornements sculptés, puis on trouvait chaque jour des antiquités de toute beauté, souvent de types inconnus jusqu’ici, et de la plus imprévue élégance. Le navire a servi de sépulture à une femme, vraisemblablement noble et riche, accompagnée dans la tombe par deux servantes, dont on a retrouvé les squelettes, et entourée d’une quantité d’ustensiles féminins, outils servant à filer et à tisser, écheveaux, cire. Il faut d’ailleurs ajouter à ceux-ci une foule d’autres objets, notamment un chariot à quatre roues, quatre traîneaux, plusieurs lits, des linteaux, une meule, des ustensiles de cuisine, des baquets et des seaux, des caisses en bois de chêne, contenant des ustensiles et des objets divers, des restes d’étoffes, des plumes, et jusqu’à de l’édredon provenant de couvertures et d’oreillers maintenant détruits, une tige ronde avec inscription runique, des avirons, une ancre et d’autres instruments nautiques, enfin des ossements de chevaux, de bœufs, de chiens, sans doute sacrifiés lors des obsèques.
- 57g
- 8
- p.2x57 - vue 489/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- Ajoutons que M. Guslal'son, qui travaille activement à nettoyer et à préparer toutes ces pièces de façon à assurer leur conservation et leur exposition prochaine dans la collection d’antiquités de l’Université de Christiania, estime que le navire peut être daté très approximativement, en raison du style de ses ornements et de quelques autres circonstances, et remonterait à son avis à peu près à l’an 800 de notre ère. Nous reviendrons d’ailleurs sur cette admirable découverte, dont nous espérons pouvoir montrer des photographies à nos lecteurs.
- A travers les marécages du Dakota. — Nous avons déjà eu l’occasion de constater combien vive est la lutte que se livrent aux Etats-Unis les grandes Compagnies de chemins de fer. Sans se laisser jamais intimider par l’énormité des dépenses, elles semblent prêtes à tout, dès qu’il s’agit d’améliorer leur service et de « sauver du temps ». Ainsi, le Northern Pacific procède, depuis la fin de l’hiver, à la construction d’un pont d’acier, long de ia3o ni. et haut de 54 m., dont la seule utilité serait, nous affirme-t-on, de permettre à ses trains de traverser des marécages près de Valley-City (Dakola-du-Nord), d’éviter une pente rapide, et de gagner de ce fait six minutes. Peu importe que cette économie de temps se traduise par une dépense de 7600000 francs! Quand la
- jeu régulier des saisons. Il pense que les changements-d’aspect de la surface solaire peuvent entrer pour une-part dans la cause de ces variations atmosphériques. Et l’on observe précisément, en effet, vers le milieu d’avril, une diminution du nombre et de la surface des taches solaires, dont la date coïncide avec celle de l’abaissement de température, tandis qu’inversement les hautes températures coïncident au contraire avec un accroissement dans l’étendue de ces mêmes taches. En ce qui concerne le mois d’avril 1908, le parallélisme, déjà observé en 1883, 84, 86, 91, 95, 1903, o5, a été particulièrement net : l’activité solaire, c’est-à-dire, dans l’espèce, l’étendue des taches, assez intense du 5 au 13, et du 16 au 17, s’est considérablement affaiblie à partir-du 18, puis elle est entrée en recrudescence le 27 et le 28. La température a suivi exactement la même marche.
- Les chemins de fer en 1906. — Une statistique récente donne des chiffres intéressants sur le progrès des chemins de fer mondiaux en 1906. On a construit cette année-là. 27964 km, soit un accroissement de 3,r pour xoo, dont 10076 aux Etats-Unis, 6288 en Europe, 23oo en Chine, ce qui est particulièrement intéressant à noter, quoique, depuis ce moment, une l'ecxuxdeseence de xénophobie ait ralenti cet essor. Si l’oix compare les parties du monde enlx’e elles, on troixve, pour l’Amé-
- Pont du Northern Pacific Railway en construction à
- Compagnie pourra annoncer à ces gens pressés que sont les Yankees qu’elle leur sauve six minutes sur les cinq jours de trajet entre les rives de l’Atlantique et celles du Pacifique, elle se sera taillée une réclame efficace. Et l’on peut être sûr que la Compagnie rivale, l’Union Pacific, cherche déjà par quels moyens elle pourra modifier ses horaires, même si le résultat doit lxxi coûter 10 millions !
- Une maison gigantesque. — Ce sei’a, sans aucun doute, la maison la plus haute du monde entier, car elle atteindra 280 m. Elle va être construite à New-York, pour l'Equitable Life Society. Elle comptera 62 étages. Le bâtiment px’incipal comportera 34 étages, et sa hauteur sera de 148,65 m. Il sera surmonté d’une tour carrée, de 28 étages et de i3i,35 m. de hauteur. L’architecture sera de style Renaissance, les ouvertures seront encadrées de pilastres corinthiques ou doriens. Cette décoration savante suffira-t-elle pour donner à cette gigantesque bâtisse un caractère esthétique? Il est permis d’en douter. En tout cas, la construction de ce « gratte-ciel » coûtera 5o millions de francs.
- Le refroidissement du mois d’avril. — On se souvient que la deuxième quinzaine d’avril 1908 a été marquée par un abaissement anormal de la température, aboutissant, du 19 au 21, à des chutes de neige presque générales en France. Un phénomène analogue s’était produit en 1903 à la même date, et, d’autre part, si l’on examine pour nos contrées les tempéi'atures quotidiennes d’avril pendant un certain nombre d’années, on observe qxxe le fait d’un refroidissement est presque constant à cette époque, quoique avec une amplitude moindre. M. H. Memery essaie, dans VAnnuaire de la Société météorologique de France (mai 1908), d’expliquer ces anomalies, qui ne lxxi paixiissent pas dépendre du seul
- travers les marécages du Dakota.
- rique, 473 096 km dont 361 579 dans les Etats-Unis. L’Europe ne possède que 316093 km de chemins de fer, soit 4^000 km de moins que les Etats-Unis. L’Asie possédait en 1906 87 958 km de voies ferx-ées, l’Australie 28 5io km, l’Afx'ique 28 193. Pour le chiffre total des voies feri-ées par pays, les Etats-Unis d’Amérique tiennent la tète. Puis viennent : l’Allemagne avec 57376, la Russie d’Europe avec 56 670, la Finance avec 47 142, les Indes orientales anglaises avec 46642, l’Autriche-Hongrie avec 41 227., la Grande-Bretagne et l’Irlande avec 37 107, etc. Par rapport à l’étendue du pays, c’est la Belgique qui est le plus favoi'isée : 25,4 1cm par 100 kilomètres carrés, la Saxe avec 20,3 km, le grand duché de Bade avec 14,5 km, l’Alsace-Lorraine avec x3,6. Aux Etats-Unis le rapport est de 3,9 km par xoo kilomètres carrés. Par rapport au chiffre de la population, c’est la colonie australienne dix Queensland qxxi vient en tête avec t 13 km de voies fexu’ées pour 1000b habitants. Les frais d’établissement ont atteint en moyenne en 1906, en Europe, 325 000 fr. par kilomèti*e contre 160000 fr. par kilomètre dans les auti’es paxûies du monde.
- Le prix de revient des signaux automatiques de chemins de fer. — Si noixs en croyons le rapport publié par la Undergroxmd Electric Railway C°, de Londres, qui exploite plus de 65 1cm de voies xhétropolitaines dans cette ville, les signaux automatiques, s’ils donnent une gi'ande sécui'ité, ne sont jxas sans coûter cher. Il en faut une dizaine par kilomètre de ligne, et chaque semaine ils sont mus 960000 fois, par suite de l’intensité de la circulation sur les lignes'considérées. Par kilomètre de voie, le coût hebdomadaire d’entretien et de fonctionnement de ces signaux s’élève à 65 fr. par kilomètre de voie, à 6,55 fr. par signal, et à un peu plus de 5 centimes par ti’ain-kilomètre.
- p.2x58 - vue 490/647
-
-
-
- ijo
- SCIENCE APPLIQUEE
- Mécanique
- Nouveau fer à braser et à souder. — Ce nouveau fer a été imaginé clans le but de faire partie de la trousse des automobilistes ; il pourra néanmoins être utilisé à l’atelier. Le 1er est démontable ; il peut donc servir à tous les travaux de soudure à l’étain ; dans ce cas, l’appareil remplit les fonctions d’une lampe à souder ordinaire, avantageuse en ce sens qu’elle est de dimensions très réduites, à température réglable et que sa flamme est d’une lixilé absolue.
- Avec elle on obtient très rapidement des températures
- leur sensibilité; mais si les oscillations deviennent plus fortes, les taquets entrent en contact avec les segments; il en résulte un frottement progi’essif et additionnel freinant le déplacement angulaire du couvercle F et, par suite produisant un amortissement des fortes oscillations.
- L’action apportée par cet appareil est loin d’être brutale, car sous un choc brusque les ressorts s ouvrent d’abord très légèrement dans le voisinage de l’extrémité attaquée par les taquets en prenant pour point d'appui la couronne de la boîte. Le ressort se referme ensuite progressivement de lui-même. — L’amortisseur Sphinx est construit, 3, rue du Pas-de-la-Mule, à Paris.
- Nouveau fer à braser et à souder.
- •élevées nécessaires au .brasage grâce à la présence d’une pompe dissimulée dans le manche qui permet de pousser la pression. On remarque que le fer est pourvu d’un dispositif articulé à l’aide duquel l’appareil est mis en position de chauffage ; la cuvette sert à l’allumage. En temps normal, ce dispositif est. replié sur l’appareil et ne tient aucune place. Lorsque l’on veut se servir du fer, on a donc tout sous la main, avantage appréciable, car chacun sait que, en règle générale, chacune des parties nécessaires pour procéder à une soudure sont à des endroits différents et leur rassemblement nécessite une chasse pas toujours fructueuse. Cet appareil est donc réellement très pratique à tous les points de vue. Il est construit par M. Guilbert, 39, rue des Archives, à Paris.
- Automobilisme
- Amortisseur « Sphinx ». — L’amortisseur Sphinx est un appareil à friction ne demandant aucun entretien et se réglant automatiquement suivant la charge imposée aux véhicules.
- 11 se compose d’une boîte A, lixée au châssis, compre-nant trois couronnes concentriques C, G1, C2. Trois lames de ressorts circulaires D, D1, D3, garnies de cuir sont appliquées contre la paroi intérieure de chacune de ces couronnes. La boîte A est fermée par un couvercle F muni d’un bras G; dans l’intérieur de ce couvercle font saillie trois taquets en acier cémenté I, I1, I2, qui
- Fig. 1.
- L’intérieur de l’amortisseur. Le couvercle de l'amortisseur.
- viennent se loger, avec un jeu déterminé et de grandeur croissante, entre les extrémités des ressorts et les couronnes. Enfin le bras G est relié par une bielle et une rotule à l’essieu M.
- Lorsque le châssis s’éloigne ou se rapproche de l’essieu, le couvercle F tourne autour de la boîte A avec ses taquets I, I1, I2. Tant que les oscillations sont de faible amplitude, les taquets jouent sans rencontrer les extrémités des segments, en laissant aux ressorts toute
- Appareils
- Appareil électrique pour sécher les cheveux. —
- De tous temps, la coiffure de la femme a donné libre cours à l’imagination fertile des artistes coiffeurs, mais, jamais, comme aujourd’hui, la coquetterie de la coiffure n’a été aussi répandue, ni aussi suivie. Aussi le travail du cheveu et l’arrangement de la coiffure ont-ils nécessité l’emploi et l’étude d’appareils appropriés spéciaux. Indépendamment des outils journellement employés, il est des appareils bien connus destinés à sécher rapi-
- L'appareil muni de son tube.
- 2 et 3, Vues de l’appareil avec le tube-démonté.
- dement les cheveux. Car, si chez l’homme, ce séchage à l’aide de lotion à alcool est rapide, l’abondante chevelure de la femme, met après un schampoing 2 à 3 heures à sécher naturellement, et encore 20 minutes avec les appareils à gaz ordinaires.
- Mais l’électricité devait une fois de plus trouver une application nouvelle inattendue, et c’est le séchage par ventilateur électrique qui devait remplacer heureusement le sécheur à gaz ordinairement utilisé. Dans cet ordre d’idées, l’appareil que nous allons décrire semble appelé à rendre de réels services.
- Cet appareil est constitué par un ventilateur électrique dont les ailes sont enfermées dans un carter de métal en forme de colimaçon. A sa sortie, se trouve un tube flexible canalisant l’air qui lui est envoyé par les ailettes du ventilateur, cet air est projeté sxir la chevelure. Sur le cê)lé du carter, une ouverture est jaratiquée pour l’entrée de l’air aspiré par le ventilateur. Cet air, en passant par cette ouverture, est chauffé par une rampe de gaz qui la contourne intérieurement en forme de couronne.
- Le moteur électrique relié à une prise de courant ordinaire est à 3 vitesses dont la maximum est de 1800 tours à la minute. Enfin, l’appareil monté sur un pied de forme très élégante, repose sur une planchette qui s’élève à volonté, tel un tabouret de piano.
- Le tube mobile est retenu au carter du ventilateur par une charnière, ce qui permet de le relever pour le
- 59
- p.2x59 - vue 491/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- rabaisser sur le ventilateur, comme le montre l’une de nos figures, dans ce cas l’air envoyé est projeté avec une force beaucoup plus grande (fig. 2 et 3).
- Grâce à ce séchage extrêmement rapide, après le sehampoing, les cheveux pourront être immédiatement ondulés et coiffés.
- Cet appareil est d’un emploi très simple et peu encombrant. — Sous le nom de «Electric Venesta » il se trouve dans les anciens établissements Ch. Poincet, 53, rue Sainte-Anne, Paris.
- Chauffage
- Nouvelle petite chaufferette. — Elle est du type de ce qu’on appelle les « chaufferettes japonaises » ; c’est-à-dire qu’elle peut servir à chauffer les mains, mais tout aussi bien le creux de l’estomac ; on y fait brûler un petit charbon à combustion lente et régulière, donnant une chaleur fort suffisante pour le but qu’on vise. La caractéristique de ces chaufferettes, c’est un récipient métallique percé de trous un peu de tous les côtés, et généralement enveloppé d’une étoffé empêchant le contact direct d’une surface métallique portée à une trop haute température. Néanmoins, dans toutes les petites chaufferettes que nous connaissons, le charbon est libre de se déplacer dans le récipient; et cela n’a pas seulement linconvénient de l’exposer à des heurts qui le brisent et le mettent hors d’état de durer, et de brûler aussi longtemps qu’il l’aurait fait s’il avait consacré son intégrité; il résulte de ces déplacements que le charbon vient en contact direct avec un point de l’enveloppe de métal, et
- Nouvelle petite chaufferette.
- par suite chauffe mal l’ensemble de la chaufferette, en causant localement une trop forte élévation de température. ;
- Précisément, dans la petite chaufferette que nous présentons aujourd’hui au lecteur, on a ménagé, à l’intérieur de l'appareil, et comme le laisse voir l’arrachement que présente la figure, une sorte de logement cylindrique où l’on a le moyen de glisser le charbon cylindrique; des évidements latéraux permettent à l’air d’avoir suffisamment accès au charbon pour que la combustion se fasse bien. On voit en A le charbon, et en B l’enveloppe support. Celle-ci est montée elle-même dans un cadre qui la maintient sensiblement immobile, dans l’intérieur de la chaufferette. On peut sortir ou rentrer le tout en enlevant le couvercle E. Cette petite chaufferette a été inventée aux Etats-Unis par M. Pli. Stein, 220, West Santa Clara Street, à San José, en Californie.
- Jouets
- La canne diabolique. — Cette nouvelle canne n’est diabolique que par son nom : elle permet de, jouer au diabolo. Donc les deux bâtons traditionnels, vissés l’un au bout de l’autre constituent la canne proprement dite. Elle se termine par une boule, assez volumineuse il est vrai, formée par les deux demi-sphères du diabolo vissées l’une sur l’autre. On a ainsi un matériel de diabolo complet auquel on ajoute la ficelle traditionnelle. Après avoir dévissé et démonté la boule on retourne les deux
- hémisphères sur leur tige centrale qui comporte la poulie à gorge indispensable, on démonte la canne en ses deux parties que l’on réunit par la ficelle et la partie peut commencer.
- Pour les amateurs de bilboquet il suffira de laisser la
- 1, Jeu de diabolo; 2, Montage des deux hémisphères; 3, La canne diabolique; Bilboquet.
- pomme de la canne dans sa forme normale et d’adapter une ficelle à l’ensemble comme le montre notre dernière figure; on jouera au bilboquet avec le bout ferré delà canne. — L’inventeur de la canne diabolique est M. E. Langlois, 92, rue d’Amsterdam, à Paris.
- Divers
- Canne accoudoir. — La canne accoudoir est une-invention très utile aux gens paresseux; elle leur permet le repos en quelque lieu qu’ils se trouvent. Elle est à rallonge et porte une planchette qui se place horizontalement et sur laquelle, étant assis ou debout, on place les coudes. Surmontée d’une ombrelle, la canne accoudoir offre un abri contre les rayons du soleil en même temps qu’elle permet une pose nonchalante. Très pratique pour les pêcheurs à la ligne à qui elle offre un siège non à dédaigner pendant les longues stations au bord des rivières. L’inventeur affirme que sa création
- Canne accoudoir.
- f
- n’est ni plus lourde ni plus encombrante qu’une canne ordinaire; n’exagérons pas : la présence d’une planchette, de rallonges et de contre-fiches maintenant la planchette lui enlève certainement un peu de légèreté; néanmoins elle est très pratique lorsqu’on la trouve à destination, surtout pour une dame qui est parvenue à convaincre son mari de la grande utilité de l’instrument. — La canne accoudoir est en vente chez M. Vieillerole, 112, rue de Rivoli, à Paris.
- p.2x60 - vue 492/647
-
-
-
- VAR] ÉTÉS
- L’alcool de bois. — En raison du développement de l’automobilisme, la consommation des combustibles liquides s’accroît sans cesse. Aussi on peut escompter une hausse persistante des prix des huiles minérales. L’alcool industriel entrera alors en scène pour les concurrencer. Quel avenir lui est réservé en tant qu’alcool de bois? La question n’est pas sans intérêt.
- L’alcool de bois provient de la distillation à sec du bois, e’est-à-dîre en le chauffant à l’abri de l’air. Le charbon de bois mis de côté, les vapeurs de distillation sont refroidies et condensées; puis le liquide, qui en résulte, est décomposé en ses. divers éléments, dont l’un est l’alcool de bois.
- Il y a une cinquantaine d’années, un chimiste découvrit que la sciure de bois, après avoir bouilli un certain temps dans un acide un peu fort, donne naissance à une production de sucre susceptible de se transformer par la fermentation en alcool. Mais le rendement en alcool est ainsi des plus faibles. Depuis lors on a proposé d’autres procédés analogues. Le seul qui semble avoir une certaine valeur est celui d’un chimiste suédois, Simonsen. Il consiste à soumettre à une haute température et une forte pression une solution d’acide sulfurique contenant le quart de son poids de sciure de bois.
- Des variantes de ce procédé ont été successivement essayées avec plus ou moins de succès, notamment par le chimiste allemand Classen. De perfectionnement en perfectionnement, Classen a fini par le rendre pratique et commence à l’exploiter aux Etats-Unis.
- Il s’agit d’abord d’établir la production de l’alcool comme l’annexe d’une scierie mécanique, afin d’utiliser des déchets, sciures et rognures presque sans valeur. On compte une tonne de déchets pour ü8 ni5 environ de bois travaillé; c’est dire de quelles quantités de déchets on dispose pour la production de l’alcool. Au reste, le procédé est relativement simple et les résultats déjà obtenus dans une usine de l’Etat de Mississipi aux Etats-Unis prouvent qu’il peut être mis en œüvre sur une grande échelle.
- Les déchets du sciage, réduits en sciure ou en brin-drilles de la grosseur d’un crayon, sont humidifiés et placés dans un grand cylindre intérieurement garni de plomb afin de résister à l’action de l’acide employé durant l’opération. Une solution aqueuse d’acide sulfurique à 3 pour ioo y est introduite, dans la proportion d’une part de solution pour trois parts de bois humide. Le cylindre est animé d’un mouvement de rotation afin de faciliter le mélange ; puis rapidement chauffé à la température de i5o° centigrades, ce qui correspond à une pression de vapeur de 5 kg.-Cette température est maintenue pendant une heure environ.
- Ce traitement a pour effet de réduire des deux tiers le volume primitif du bois et lui donne une teinte bnx-nûtre. On laisse la vapeur s'échapper et l’acide est con-
- servé pour une autre opération. La masse pâteuse du bois est soigneusement lavée à l’eau, de façon à en extraire tout le sucre qui s’est formé. Cette solution est alors traitée à la chaux, afin de nexitraliser les traces d’acide qu’elle renferme, puis légèrement chauffée. La fermentation commence aussitôt et est pratiquement achevée au bout de 8 heures. C’est en cela même que la méthode Classen a une supériorité marquée sur toutes les autres méthodes précédemment essayées et abandonnées ; car, en procédant autrement, il est difficile de provoquer la fermentation qui est très lente et n’est même pas complète au bout de plusieurs jours.
- La fermentation terminée, la solution est distillée et l’alcool est purifié suivant les procédés ordinaires. L’alcool éthylique obtenu ne diffère point de l’alcool extrait du grain, de la pomme de terre ou de la mélasse. Le rendement est élevé ; il est de no litres d’alcool pur par tonne de bois et il est sensiblement le même pour tous les bois utilisables. Les résidus sont le bois lui-même, qui peut servir à fabi'iquer du charbon et les sous-produits de distillation, de l’acétone, de l’acide acétique et du goudron.
- Avec les résidus de bois, comprimés dans des machines à briquettes, on fait un excellent combustible sans aucun agglutinant. Mais jusqu’à présent cette application n’a pas été exploitée.
- Récemment encore le traitement des sapins et bois tendres donnait seul de bons résultats, On considérait comme impossible l’utilisation des bois durs, parce que le tanin qu’ils contiennent, sous l’influence de l’acide sulfurique donne naissance à un composé faisant obstacle à la fermentation. M. Classen a trouvé le moyen d’obvier à celte difficulté en neutralisant les effets de l’acide ta-nique avec des sels de fer et de chaux avant la fermentation. Ainsi il ouvre une voie nouvelle pour l’utilisation des déchets de bois dur, jusqu’ici sans emploi pour la production de l’alcool.
- Les applications industrielles des procédés Classen ne sont pas assez anciennes pour qu’on puisse très exactement déterminer les prix de revient de l’alcool de bois, mais il paraît certain que ce prix ne dépassera pas le prix de l’alcool de grain. Et comme la matière première dont on extrait l’alcool de bois n’a en réalité aucune valeur, il sera capable de concurrencer tous les autres alcools.
- L’unique usine, dit le Popular Mechanics, établie aux Etats-Unis, ne fonctionne que depuis six mois et avec des intermittences. On dit cependant qu’elle fonctionne actuellement d’une façon satisfaisante. La Société qui exploite le procédé Classen a l’intention d’installer cinq nouvelles usines. Ainsi la quantité d’alcool de bois produite prendra bientôt une certaine importance, mais elle ne pourra que rester, d’ici longtemps, une petite fraction de tout l’alcool de provenances diverses. Norbert Lallié.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Un thé économique. — On fait en France une très large consommation de thé ; sans arriver au chiffre des Anglais et . des peuples d’Orient, le goûter, la soirée voient généralement dans nombre de maisons apparaître le service à thé. Boisson très hygiénique, à condition de n’en pas abuser et qui convient merveillexxsement dans les affections catarrhales respiratoires, dans la grippe et ses séquelles, quand le malade a besoin d’être un peu remonté.
- Il est une feuille aromatique qui peut avantageusement remplacer le thé, j’entends au point de vue économique, car l’arome en est essentiellement différent; c’est la feuille d’eucalyptus. Notre confrère le Dr Cavalier-Benezet la préconise dans le régiment dont il a la garde comme service de santé et ses soldats l’ont adoptée avec plaisir, non seulement quand ils étaient à l’infirmerie, mais en guise de boisson hygiénique. On sait du reste que depuis plusieurs années l’infusion d’eucalyptus a été répandue en Bretagne par l’Œuvre des abris du marin
- pour combattre l’alcoolisme. En janvier 1904, on donna un peu par hasard, quelques doses d’infusion d’eucalyptus chaude et sucrée. Les marins trouvèrent la boisson à leur goût, car en six semaines les Abris en avaient distribué 18000 tasses. L’hiver suivant, le chiffre fut quadnxplé et la tâsse d’eucalyptus est demandée d’une façon régulière.
- Le suci'e à pai*t, la feuille ne coûtant à peu près îûen, cette boisson est un véritable thé économique. Mais il faut pour qu elle soit acceptable que l’infusion soit bien faite. Cinq à six feuilles de moyenne grandeur sont jetées dans un litx’e d’eau bouillante, laissez infuser le temps que l’eau soit assez l'efroidie pour être bue; surtout ne faites pas de décoction ni d’infusion trop prolongée ; la boisson deviendrait âcx'e, amère et très désagréable. Ne mettez pas non plus ti'op de feuilles et vous aurez un succédané du thé, aromatique, doué de certaines propriétés thérapeutiques et dont le bon mai-ché permet l’adoption partout. Dr A. C.
- p.2x61 - vue 493/647
-
-
-
- RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations faites à l’Observatoire du Parc-Saint-Maur, en juin 1908, par M. Th. Moureaux.
- La température moyenne de juin dépasse la normale de i°,-j.8, et l’excès porte piûncipalement sur les premiers et les derniers jours du mois; les périodes du 6 au 9 et du 18 au 23 sont relativement froides, et le thermomètre, qui s’était élevé à 3i°,5 le 4, avec une moyenne diurne de 24°,21, tombait le 8 à 5°,8 seulement; le 21, l’écart entre les extrêmes diurnes n’est que de 3°. La pluie, 69"'“,6, présente un excès notable sur la normale de juin, 53ram,9 ; elle est tombée presque exclusivement le 16 (i6ram) et du 18 au 21 (5iram); les hauteurs d’eau recueillies pendant chacun de ces cinq jours sont toutes supérieures à iomm; il n’y a eu que 7 jours de pluie dans le mois. La pression barométrique est faiblement en excès.
- Le 16, après une période de beau temps qui persistait depuis le 2, un violent orage est survenu le soir, pendant qu’une trombe ravageait la région comprise entre Saint-Maur et Paris. Cette trombe, qui paraît s’être formée vers Vitry-sur-Seine, a pris la direction du N. N. E. par Alfortville, Charenton, Créteil, Joinville, Vincennes, Montreuil, etc., causant de grands dégâts sur son passage; de nombreux arbres ont été tordus ou déracinés, notamment à Charenton vers le confluent de la Marne, et surtout dans le bois de Vincennes. A i8h 20"1, au moment où la trombe passait à 5 ou 6 kilomètres à l’Ouest de l’Observatoire, le vent a tourné subitement de l’E. à l’W. par le S., et le baromètre, déjà très agité, subissait une hausse brusque de 2mm,8 ; de i8'‘20 à i8,! 4om, les grondements du tonnerre étaient incessants, et, par un ciel très sombre, il est tombé une pluie torrentielle de iomm..
- Le 3o, de 6 heures à 9 heures, halo; à 7 heures, halo ordinaire, avec parhélie de gauche, arc circonscrit, traces du grand halo, et arc circumzénithal.
- Pression barométrique (ait. 5om,3). — Moyenne des 24!beures, 758mm,66; minimum absolu, 747inm>9 le 16 à 1 %°"‘; maximum absolu, 766““,4 le 10 à 11 heures; éciffljtjextrême, i8mm,5.
- iSfcpératxire : Sous l’abri : moyenne des minima, 12°,Œt dos inaxima, 28°,58 ; du mois, 180,10 ; des 24 heures, 170,qByèîinimum absolu, 5°,8 le 8; maximum absolu, 3Moyenne diurne la plus élevée, 24°,21 le 4; la plus H|iB|B, ii°,98 le 7. Amplitude diurne, moyenne du mbis, ic^gpà ; la plus faible, 3°, 1 le 21; la plus grande, i60,^ le ïL — Sur le sol gazonné, moyenne des minima,^ xo0,®; des maxima, 45°,26; minimum absolu, 2°,8 le 8' maximum absolu, 53°,8 le i5. — Dans le sol gazonné, moyennes du mois ; profondeur, om,3o : à 9 heures, i7°,66; à 21 heures, 180,20; profondeur, om,65 : à 9 heures, x6°,47; à 21 heures, i6°,49; profondeur 1 mètre : à 9 heures, x5°,35; à 21 heures, i5°,42. — De la Marne : moyenne le matin, I9°,78; le soir, 20°,24; minimum, T 7°,02 le ier; maximum, 23°,00 le 3o.
- Tension de la vapeur : moyenne des 24 heures, xxram,25; minimum, 5ram,5 le 7 à 17 heures; maximum, i6mra,4 le 16 à 18 heures.
- Humidité relative : moyenne des 24 heures, 75,3;
- minimum 36 le 4 à 16 heures ; maximum, 100 en 3 jours.
- Nébulosité : moyenne du mois (6 h. à 21 h.), 5,31; moyenne diurne la plus faible, 0,0 le 26; la plus grande, 10,0 les 18 et 2i.
- Insolation : durée possible, 481 heures; durée effective, 236h 1 en 26 jours ; rapport, o,49-
- Pluie : total du mois, 69"'““,6 en 3i\4.
- Nombre de jours : de pluie, 7 ; de pluie inappréciable, 7; de rosée, 24; de brouillard, 1; d’orage, 2; d’éclairs, 2; dé halos, 6; de brame, 6.
- Fréquence des vents : calmes, *7-
- N. . . . . 76 s. E . . . 21 W . • * » 9
- N. N. E. . 129 s. S. E . . 35 W. N W . I 9.
- N. E . . . 106 s. * • 2 2 N. W 2 1
- E. N. E . . 40 s. S. W. . 3i N. N. W . 77
- E . ... . 31 s. w. . . 59
- E. S. E . . 18 w . s. w. 16
- Vitesse du vent en mètres par seconde : moyenne des 24 heures, 3m,4o; moyenne diurne la jxlus grande, 5m,6 le 25; la plus faible, i“,x le 8; vitesse maximum en x5 minutes, g’*1,4 Ie h, de 17 heures à i7h i5m par vent N. N. E. Le 16 à x8h20m, fort coup de vent.
- Electricité atmosphérique : moyenne des 24 heures (24 jours), 90 volts; moyenne diurne la plus grande, 137 volts le 10; la plus faible, S2 volts le 3; amplitude diurne, 0,54; amplitude nocturne, 0,52.
- Hauteur de la Maine : moyenne du mois, 2”,77; minimum, 2m,4i le 27; maximum, 3m,45 le 16.
- Comparaisons aux valeurs normales : baromètre, + on"n,74 ; température, —i°,a8 ; tension delà vapeur, -j- imm,23 ; humidité relative, —j— 2,6; nébulosité, —0,40; pluie, -j- i5mm,7; jours de pluie, —6.
- Taches solaires : on a suivi 11 taches ou groupes de taches en 28 jours d’observation.
- Perturbations magnétiques : Très faibles, les 3, 4, 18, 19, 20, 24, 26, 27.
- Radiation solaire (Pyrhéliomètre d’Angstrôm). — 86 observations en 14 jours. Les plus remarquables sont : Q = Ie"1', 192 le 4 à nhSSm; î011,242 le 29ài2h3im; ical,245 le 17 à 13h 58m; xc,",264 le à i3h i3m.
- Floraisons : Le Ier, cornouiller, érigeron, deutzia scabra; le 2, rose des quatre saisons, sureau à feuilles de chanvre, pivoine odorante; le 3, muflier, valériane, clematis erecta; le 4> digitale; le 6, genêt d’Espagne, eschscholtzia; le 7, potentille rampante; le 9, mauve, œillet des poètes; chrysanthemum partheriium ; le 10, lavande, filipendule; le 12, mélilot; le 14, héraclée, nigelle; le 15, fragaria stérile; le 16, coquelourde, galega oflicinalis, hémérocalle fauve; le 17, symphorine ; le 18, croix de Jérusalem, violette marine ; le 20, melor-gène; le 21, tilleul commun;Te 22, troène, pois vivace; le 23, bourrache; le 24, morelle, chèvrefeuille des bois; le 25, jasmin, vigne de plein vent; le 26, pavot, lis blanc, sumac de Virginie; lë 27, ceanothus ; le 29, chardon Marie; le 3o, millepertuis, delphinium vivace.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- >
- Entretien des ustensiles en aluminium. — Ils ne
- sont pas aussi répandus qu’on l’avait espéré jadis, parce qu’ils ont bien des inconvénients ; mais on les utilise cependant, et il est par conséquent nécessaire de les maintenir en bon état. Il faut laver chaque ustensile dans de l’eau chaude où l’on a fait dissoudre une bonne quantité de savon, puis le bien essuyer et le placer quelques minutes à vide sur un fourneau qui ne soit pas trop chaud, de manière qu’il sèche complètement et rapidement. On doit éviter de mettre dans un récipient d’aluminium, de la lessive, des cendres, des alcalis, de la soude, de la potasse, de l’ammoniaque, toutes choses qui attaquent le métal et le noircissent ; et il serait bon
- même de ne faire bouillir dans une casserole d’aluminium que de l’eau qui aurait déjà bouilli ailleurs. Si cela est indispensable, on peut frotter l’intérieur d’un récipient d’aluminium avec unç poudre minérale comme de la bxûque spéciale, et l’extérieur pourra se nettoyer à l’aide des brillants que l’on trouve partout.
- Colle pour ébonite. —- Pour cimenter des morceaux d’ébonite l’un à l’autre, on emploie un ciment fait de gélatine et d’acide acétique. Il faut se procurer de l’acide acétique aussi fort que possible, en recouvrir juste la gélatine que l’on désire dissoudre, laisser digérer une nuit, et ensuite, faire fondre à feu doux.
- p.2x62 - vue 494/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Daus la boîte aux lettres, la Rédaction publie les laits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. jËn raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. — M. M. Dumaine, à Pierrefitte-sur-Seine. — i° Pour faire disparaître les taches de sparadrap : les cires, résines et constituants divers du sparadrap se dissolvent dans l’alcool et surtout dans l’éther; par suite, quand des taches de sparadrap se sont produites sur des vêtements par adhérence particulière des cires et résines aux tissus, mettre ceux-ci à
- baigner et frotter dans de l’alcool ou de l’éther ; pour cette opération, prendre bien garde au feu, et s’abstenir de fumer. — a0 Nous ne voyons pas de quel oiseau vous voulez parler, peut-être un de nos lecteurs le re-connaîtra-t-il à la description que vous en donnez ? « Un petit oiseau a fait son nid à ma fenêtre, entre la vitre et la jalousie. Le nid est composé surtout de feuilles sèches et de mousse ; l’oiseau est très fluet, gris roux, avec un bec très fin, très pointu ; il chante par roulades comme un serin, mais avec un timbre plus strident. Mon jardinier l’appelle une araignée. »
- M. Decq, à Spa. — Pour l’appareil à vide Leblanc, veuillez vous adresser à la Société Westinghouse, 45» rue de l’Arcade, à Paris.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro Les coqs à longue queue du Japon : Y. Forbin. — Chronique. — Le phonocinématographe : A. Troelkr. — Comment on fabrique une balle de cricket : W. Darvielé. — Le chemin de fer du Nyasaland. — Les grès d’Annot (Basses-Alpes) : Pu. Zurcher.
- — Théorie générale du planement : Lucien Fournier. — Anciens instruments de navigation : J. Thoueet. — Pendule électrique sans lien matériel : Cu. Féry. — Au fond d’un sluice.
- — Le néphoscope Arsimis : A. Douuy.
- Supplément. — Interdiction de l’absinthe en Suisse. — Catastrophe dans les mines de Russie. — Incendie des puits de pétrole de Boryslaw, etc. — Le crude ammoniac. — Son emploi en agriculture. — Rôle de l’eau dans les tremblements de terre.
- — Le daltonisme et la peinture. — Argenture du verre, etc.
- Annales de l'Institut National agronomique, ia série, I. Vil, fas. I. Paris. J.-B. Baillière et fils. Librairie agricole de la maison rustique. 1908. 1 vol. in-8°, ao3 pages.
- Dans ce fascicule : biographies de MM. Hermann Laurent, G. Delacroix, H. de Sauvage, professeurs
- défunts de l’Institut ; monographies des fermes de Sainte-Suzanne (Aisne) et du Manet, à Montigny-le-Bretonneux (Seine-et-Oise) ; études sur le commerce de la jmmme de terre de primeur de Jersey et de Bretagne ; sur les vignobles de la péninsule Ibérique ; notice sur les cercles d’études agricoles.
- Die Ausgrabungen der Alcropolis 1885-1890, par P. Cavvadias et G. Ivarveran, avec i3 pl. in-folio. Athènes, typographie Estrée, 1906. Prix : 60 francs.
- Historique des fouilles de l’Acropole depuis i833, particulièrement de celles qui ont été exécutées de 1885 à 1890 et qui on fait retrouver les fondements du premier Parthénon et des édifices du vi° siècle, construits par Pisistrate, détruits paè les Perses en 480, — avec le mur de Thémislocle, — et les vingt statues archaïques des prêtresses de Minerve d'un art à la fois si parfait et si rudimentaire. On sait quel prodigieux intérêt offrent ces précieuses trouvailles qu’un texte allemand (doublant le texte grec) nous raconte dans cet intéressant fascicule.
- 3&D
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- >-
- Du 6 au juillet. — Le 6. Pression voisine de 763 mm sur l’O. de l’Europe; fortes pressions à travers l’Atlantique d’Ecosse aux Açores (771); dépressions sur la Russie : Pêtersbourg, 752, et sur Gênes. Pluies sur le Centre et le N.-E. ; en France : orages sur l’O. et le S. : Limoges, 19 mm; Belfort, 7; Brest, 6; Lyon, Perpignan, 2. Temp. du matin : Arkangel, 4; Paris, 16; Alger, 22; Puy de Dôme, 8; moyenne à Paris : i8°,7 (normale : i7°,9). — Le 7. Baisse sur la mer du Nord et les Iles-Britanniques, rninima sur la Baltique et le S. de la Norvège (755) et le golfe de Gênes (758); fortes pressions sur la Gascogne et l’Islande (770). Pluies sur l’E. et le S.; en France (orages) : Châteaudun, 46; Toulouse, 45; Nice, Le Mans, 13 ; Lyon, 9. Temp. du matin : Arkangel, 5; Paris, 16; Alger, a5; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 3 ; moyenne à Paris : i8°,2 (normale : 180). — Le 8. Dépression sur les Iles-Britanniques : Yalenlia, 755 ; fortes pressions sur le S.-O. de la France et l’Espagne du Nord : La Corogne, 767. Pluies sur le N. et 10.; en France : Biarritz, 6; Clermont, 4; Nancy, 3. Temp, du matin : Seydisfjord, 7; Paris, 16; Alger, 26; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 7 ; moyenne à Paris : iS°,3 (normale : 180). — Le 9. Extension sur la mer du Nord de la dépression des Iles-Britanniques : Shields, 752; fortes pressions sur la Gascogne et le N. de l’Espagne : La Corogne, 769. Pluies sur le Centre et l’O. de l’Europe; en France : Cherbourg, 5; Brest, 4; Dunkerque, 2; Paris, 1. Temp. du matin : Seydisfjord, 5°; Paris, 15 ; Alger, 28; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : 17°,4 (normale : i8°,i). — Le, 10. Dépression à l’O. des Iles-Britanniques : Yalentia, 746; Eyon, 766. Pluies sur le Centre et le N.-O. ; en France : Charleville, 4: Dunkerque, 2; Besançon, 1. Temp. du matin : Iles Feroé, 8°.; Paris, 17; Alger, 25; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : 190,9
- (normale : i8°,t). —Ze 11. Dépression sur la mer du Nord, la Norvège, les Iles-Britanniques : Ecosse, 75o; Iles Scilly, 752; absence générale de fortes pressions. Pluies sur le N. et l’E. Temp. du matin : Bodoe, 9; Paris, 19; Alger, 24; Puy de Dôme, 18; Pic du Midi, 9; moyenne à Paris : 22°,9 (normale : i8°,i). — Ze 12. Situation troublée sur toute l’Europe : dépressions profondes sur la mer du Nord (Skudesness, 746), et sur la Gascogne (Bordeaux, 75i); pressions un peu supérieures à 760 sur le S.-E. du continent. Pluies sur le N. et l’O.; en France : Rochefort, 8; Biarritz, 5; Paris, 4-; Le Mans, 2. Temp. du matin : Seydisfjord, 70; Paris, 18; Puy de Dôme, i5; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i9°,4 (normale : i8°,2). — Ze i3. Basse pression sur l’O. et le N., de l’Europe; minimum sur la mer du Nord, 75o; hausse sur la Gascogne : Biarritz, 762. Orages et fortes pluies sur toute la France : Cette, 4° 5 Calais, 32; Toulon, 24; Le Havre, 20; Paris, 6. Temp. du matin : Seydisfjord, 7; Paris, 16; Païenne, 25; Puy de Dôme, 5; Pic du Midi, —2. —Le i5. Dépression sur le N.-O. de l’Europe : Christiansund, 749. Pressions supérieures à 765 sur l’O. de la France et le N. de l’Europe. Pluies sur l’O. et le N.; en Fx’ance : Charleville, 14 ; Nancy, 12; Rochefort, 7; Le Havre, 4; Paris, 2. Temp. du malin : Seydisfjord, 6°; Paris, 14 ; Alger, 23; Puy de Dôme, 5 ; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : i4°,8 (normale : i8°,2). — Ze 16. Basse pression sur le N.-O. : Norvège et Ecosse, 751 ; fortes pressions sur le S.-O. : Biarritz, 769. Pluies sur le N. et l’O. ; en France : Lyon, 6; Calais, 5; Cherbourg, 3; Nantes, 1. Temp. du matin : Christiansund, 10; Paris, 14 ; Perpignan, 20; Puy de Dôme, 6; moyenne à Paris : i6°,2 (normale : i8°,3). — Ze 17. Dépression sur l’O. et le N. de l’Europe : Shields, 742; Dunkerque, 751 ; péninsule Ibérique, 765. Pluies abondantes sur la Manche; en France : Cherbourg, 25;
- p.2x63 - vue 495/647
-
-
-
- CHRONIQUE MÉTÉOROLOGIQUE
- Dunkerque, 20; Charleville, io; Paris, 9; Nantes, 7. Temp. du malin : Bodoe, 10; Paris, i5; Païenne, a5; Puy de Dôme, 10; Pie du Midi, 8; moyenne à Paris : t5°,4 (normale : i8°,3). — Le 18. Déplacement vers le S.-E. de la dépression britannique ; Dunkerque, jüo ; Nice, y6o; hausse sur le N.-O. : Irlande, 764. Mauvais temps sur toutes nos côtes. Pluies abondantes sur tout l’O. de l’Europe; en France : Besançon, 37; Marseille, 18; Le Mans. 13 ; Toulouse, 8; Paris, 6. Temp. du matin : Iles Feroé, 90; Paris, i5; Malle, 25; Puy de Dôme,
- 5; Pic du Midi, —2; moyenne à Paris : i4°,6 (normale : i8°,3). — Le 19. Relèvement de la pression sur l’O. et le N. : Irlande, 770; Bretagne, 766; dépression sur ]<> N. de Fllalie, 749. Pluies sur l’O. et le S. de l’Europe; en France : Paris, 18 (orage); Biarritz, 10; Limoges, 8; Lyon, Nice, (>. Temp. du matin : Belfort, 12; Paris, i5; Alger, 24; Puy de Dôme, 6; Pic du Midi, — 3; moyenne à Paris : it>°,7 (normale : x8°,3). — Phases de la Lune : Premier Quartier, le 6 à 8 h. 34 m. du soir; Pleine Lune, le i3 à 9 h. 57 m. du soir. 1
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 15 juillet 1908 . 15°.9 E. N. E. 1. Beau. » Rosée; brume; peu nuageux; halo à 17 h.
- Mardi 7 15°,(5 W. S. W. 2. Couvert. 0,0 Rosée; très nuageux; gouttes à 19 h. 20 m. 50 s.
- Mercredi .8 15°,8 S. W. 2. Couvert. 0,0 Rosée; très nuageux; halo à 14 h.; goutles à 20 h. 55.
- Jeudi 9 15°, 2 W. S. W. 3. Nuageux. 1,0 Pluie de 0 h. 50 à 0 h. 50 et vers 11 h. 30; nuageux.
- Vendredi 10 17°,2 S. S. W. 2. Peu nuageux. » Rosée; peu nuageux le m.; beau le soir.
- Samedi 11 19°,0 S. 2. Beau. » Rosée ; nuageux de 10 h. à 1(5 h.; beau avant et après.
- Dimanche 12 18°,4 S. 1. Orage. 10,7 Fort orage de 5 h. à 8 h. avec pluie et grêle.
- Lundi 13 15°,8 S. S. W. 5. Couvert. 0,4. Très nuageux; pluie à 14 h. 20 ni. 40 s.
- Mardi li 14°,5 S. S. W. 2. Couvert. 2,5 Rosée ; très nuag.; pluie par intervalles ; orage de 16 h. à 1(5 h. 40
- Mercredi 15 15°.8 S. W. 2. Couvert. » Très nuageux.
- Jeudi 1(5 llc,0 S. 2. Couvert. 0,3 Rosée; couvert; petite pluie à 7 h. 45 et de 17 h. 45 à 18.
- Vendredi 17 14°,9 S. S. w. 3. Couvert. 13,(5 F. pl. de 2 h. 15 à 5 h. 50 et par int. le s.; T de 1(5 h. 35 à 16 h. 40
- Samedi 18 14°,8 W. S. W. 2. Couvert. 19.0 Très nuag.; pluie par inlerv.; forte de de 18 h. 40 à 19 h. 50.
- Dimanche 19 ... . 14°.9 N. 3. Couvert. 0.0 Très nuageux; gouttes à 15 h. 15.
- JUILLET 1908. — SEMAINES DU LUNDI 6 AU DIMANCHE 19 JUILLET 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- 64 m-
- p.2x64 - vue 496/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : ne, Boulevard Saint-Germain, Paris (Vl*/
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d'entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1836 — 1" AOUT 1908
- SUPPLÉMENT
- INFORMATIONS
- ><
- Nécrologie. — Alphonse Péron. — C’est une perte cruelle pour la science géologique que la mort de M. Péron, membre correspondant de l'Institut, décédé le 2 juillet. Né en i834, après des études à Saint-Cyr, Alph. Péron a consacré la partie officielle de sa vie à la carrière militaire (Crimée, Algérie, guerre de 1870) et le temps que lui laissait celle-ci à des travaux de géologie et de paléontologie. On lui doit notamment : Notice sur la géologie du canton de Saint-Fargeau (i865); plusieurs notes importantes sur la géologie des environs de Reims et de la Champagne (1870); un Essai d’une description géologique de l'Algérie ( 1883, couronné par l’Institut); des Notes pour servir à l’histoire du terrain de craie dans le Sud-Est du bassin anglo-parisien (1887); les Ecliinides fossiles de l'Algérie (1876-1891, en collaboration avec Cotteau et Gauthier) ; Descriptions des Invertébrés fossiles des terrains crétacés de la région Sud des Hauts plateaux (1889-1893); Ammonites du crétacé supérieur de l’Algérie (1897). Tous ces travaux, en particulier ceux qui se rapportent à l’Algérie sont aujourd’hui classiques.
- Le dirigeable « République ». — Au moment où la carrière du Zeppelin se trouve interrompue par l’accident que nous avons relaté, le ballon République reprend ses ascensions momentanément suspendues par quelques opérations de retouche et de mise au point. Il a été nécessaire, pour assurer d’une façon parfaite, l’équilibre longitudinal du ballon, de déplacer légèrement la nacelle vers la pointe du dirigeable ; on a également augmenté le pas des deux hélices. Ces travaux ont exigé quelques semaines, et ont privé les Parisiens, à la revue du 14 Juillet, de l’apparition espérée du dirigeable au-dessus de la plaine de Longchamps. Le ballon semble aujourd’hui parfaitement au point et prêt à exécuter k son tour, de superbes randonnées. . *
- ' La traversée des rues à Paris. — On sait que la circulation des voitures de toute sorte à Paris a pris une intensité, par endroits, fort inquiétante pour les malheureux piétons. Pour leur permettre de traverser les rues en toute sécurité, on va construire en certains points particulièrement fréquentés, des passages souterrains. Le premier sera creusé aux Champs-Elysées : la descente s’y fera en pente douce de façon à en permettre l’accès aux voitures d’enfants. Si l’essai réussit, d’autres passages analogues seront créés, rue du Havre, carrefour Montmartre, etc.
- Bolide remarquable. — Le 27 mai 1908, rapporte la Gazette astronomique d’Anvers, un beau météore, plus brillant*que Vénus, a été observé simultanément par MM. C. Birkenstock, à Anvers et Félix de Roy, à Bor-gerhout-les-Anvers (Belgique), et par M. Nijland, à Utrecht (Hollande). L’heure de l’apparition était i2ll27ra98, temps moyen de Greenwich, d’après M. Nijland. La distance des stations Anvers-Utrecht étant de
- 1 to km environ, on a pu calculer les éléments du bolide avec une assez grande précision. Deux calculs effectués par des méthodes différentes par MM. Birkenstock et G. Van Biesbroeck, ont donné les résultats suivants :
- Hauteur du point d’apparition . 1 r 5 kilomètres.
- Hauteur du point de disparition. 62 Longueur de la trajectoire ... 114 — ’
- Vitesse à la seconde.............14,25
- Apparition au zénith de Steen-bergen, Rozendael (Hollande).
- Disparition au zénith de Wavre (Belgique).
- Inclinaison de la trajectoire sur
- l’horizon.................... 28°
- Le point de disparition a été mieux observé que le point d’apparition, ainsi que cela arrive ordinairement, et la longueur de la trajectoire est assez incertaine.
- L’École pratique coloniale du Havre. — Cette école, inaugurée le 10 juillet par le ministre du Commerce et de l’Industrie a été fondée sous les auspices de l’Association Cotonnière Coloniale, avec l’appui du Ministère du Commerce, du Gouvernement général de l’Afrique Occidentale Française, de la Municipalité et de la Chambre de Commerce du Havre. Elle se propose, ce qui est une fort utile innovation en France, d’organiser un enseignement pratique ayant pour but la mise en valeur de notre patrimoine colonial. L’enseignement qui y sera donné pendant une période d’un an, aura particulièrement trait au coton, et comprendra : la connaissance pratique du coton et des principaux produits coloniaux ; leur culture, leur commerce et leurs applications industrielles ; l’égrenage et le compressage du coton, et en général la préparation industrielle des produits pour leur exportation ; les méthodes pratiques de cultures vivrières et potagères ; la géographie coloniale pratique et la topographie; des notions générales sur l’histoire, le développement et l’administration de notre empire colonial; des notions d’électricité pour la production de la lumière et la transmission de la forcé ; l’hygiène coloniale et 1 assistance médicale aux Colonies.
- Le plus grand télescope du monde. — La Gazette astronomique d’Anvers, dans son numéro 7, rapporte que la Carnegie Institution de Washington a décidé la construction ‘d’un télescope monstre de 100 pouces de diamètre (2,5o m. environ) à miroir de verre argenté. Le professeur Rilehey a été chargé de l’exécution de la partie optique. La machine destinée à la taille du verre est presque terminée, et un bâtiment à l’épreuve du feu et à température constante a été construit pour la recevoir. Le bloc de verre, fondu avec un plein succès à Saint-Gobain, pèse 4^00 kilogrammes.
- La couleur des éclairs. — La Revue néphologique reproduit, d’après Knowledge, une intéressante note de
- 9
- p.2x65 - vue 497/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- M. Spencer C. Russel sur la couleur des éclairs.. L’auteur, dans une communication présentée à la Royal Meteorological Society, a annoncé avoir l'ait une statistique d’après les observations relevées de iqo3 à 1907 sur les couleurs ou séries de couleurs pour chaque orage ou pour des éclairs isolés. Il a ainsi réuni des observations d’éclairs en branches de 57 orages et 78 observations d’éclairs en nappes. Il en résulte que, pour les éclairs en branches, le rouge est la couleur la plus fréquente, et qu’elle est suivie de près par le bleu. L’orange et le vert se présentent rarement. Le blanc est la couleur la plus fréquente pour les éclairs en nappes, le rouge et le jaune suivent immédiatement. Lorsque la grêle se manifeste au cours d’un orage, il semble f avoir prédominance d’éclairs bleus. D’observations anciennes faites par M. G. F. Symons, en 1857-1859, il résultait, d’après un classement en éclairs en branches et en nappes que, pour ces derniers, la couleur la plus fréquente était le blanc, puis le jaune, le bleu et le rouge, tandis que pour les éclairs en branches, l’ordre était presque renversé. Il semble donc y avoir une certaine analogie entre les observations de M. Symons et celles récentes de M. Russel. Il n’est pas douteux que ces observations sont très délicates et laissent une grande part à l’interprétation personnelle; mais il serait intéressant, au moment où nous sommes en pleine saison orageuse, de noter' avec soin les remarques que l’on pourrait faire sur la couleur des éclairs, d’autant plus que ces études ne nécessitent aucun instrument et n’entraînent aucune fatigue.
- Le Bourgou, graminée saccharifère du Niger. —
- M. Auguste Chevalier, dans une de ces missions en Afrique, a décrit une graminée des régions marécageuses de la zone du Niger moyen, le Panicum stagninum, désigné dans le pays sous le nom de Bourgoü. Les noirs de la région pulvérisent cette plante et la traitent par l’eau chaude pour en extraire une liqueur sucrée destinée aux usages alimentaires ou à la fabrication de boissons fermentées. Le liquide sucré constitue le lvoundou-hari, boisson habituelle des musulmans de Tombouctou, qui doit être consommée fraîche, car elle fermente très vite. Elle valait au marché de Tombouctou 5o centimes les i5 litres, il y a quelques années. Ce liquide est sirupeux, de couleur caramel foncé, d’un goût d’abord sucré, puis âcre, désagréable pour ceux qui n'y sont pas habitués. Concentré, il donne une sorte de mélasse que l’on débite comme le nougat en petits morceaux connus sur les marchés africains sous le nom de lvatou. Exposé à l’air, le liquide fermente rapidement et même la fermentation acétique se produit de très bonne heure. On peut, avec du soin, préparer avec cette graminée une liqueur fermentée assez agréable et rappelant un peu le cidre fin de saison. MM. Perrot et Tassilly ont effectué l’étude clinique de cette plante; ils ont trouvé que le Bourgou contenait 10 pour 100 de saccharose et 7 pour 100 de sucres réducteurs, genre glucose. Ces données sont intéressantes, car elles permettent de prévoir pour nos colonies africaines, l’exploitation sur place de plantes pouvant fournir du sucre qui pourrait ainsi entrer dans la consommation courante de ces contrées.
- Quelques réactions dans la lumière ultra-violette.
- — Nos lecteurs connaissent la lampe électrique au mercure qui fournit un grand nombre de radiations ultra-violettes ; il était intéressant, au point de vue chimique, de voir l’effet que produisaient ces radiations sur certains corps ou sur certains mélanges gazeux déjà étudiés dans les conditions habituelles. C'est ce qu’on a fait assez récemment en employant cette lampe à mercure comme, source lumineuse et, comme vases à réactions, des récipients en quartz, le verre ne laissant pas passer les radiations ultra-violettes. On a constaté que l’action de ces radiations sur l’eau, donnait de petites quantités d’eau oxygénée ; l’eau oxygénée elle-même est rapidement décomposée. Le mélange d’oxyde de carbone et d’eau donne naissance dans ces conditions à des traces d’acide formique ; les mélanges gazeux d’oxyde de carbone avec l’oxygène, l’eau, l’hydrogène subissent une certaine contraction. Le gaz tonnant (mélange d’hydrogène et d’oxygène dans les proportions de l’eau) est réduit de 3o pour 100; le mélange d’acide chlorhydrique et d’air se contracte de 7,8 pour 100. Enfin, l’acide chlorhydrique sec est peu ou pas décomposé.
- Les nitrates dans les légumes, les fruits, les viandes. — Un auteur américain, Richardson, a constaté, ainsi que l’avaient déjà fait Berthelot et André, que les-nitrates se trouvent dans les plantes à tout moment de leur végétation et particulièrement au début. Dans les parties mûres, telles que les graines et les fruits, il 11’y en a que de petites quantités ; quelquefois cependant on en trouve une grande proportion, comme dans les betteraves et les navets. La quantité de nitrates trouvée dans les légumes est du même ordre de grandeur, mais plutôt pins grande, que celle existant dans les viandes salées. Une personne soumise à un régime consistant en légumes frais consommera plus de nitrates qu’une personne soumise à un régime mixte, légumes et viandes salées. L’absorption de légumes frais équivaut à une quantité de 1 à 2 grammes de salpêtre ou nitrate de potasse par jour.
- Le réseau ferré de la Chine. — M. Ch. Rabot donne dans la Géographie, un extrait du Calendrier-Annuaire de l'observatoire de Zi-Ka-wei, une liste des voies ferrées exploitées en Chine, en 1907 : i° Le Transsibérien à partir de Mandjouria, première station établie sur le territoire chinois, sur lvharbine et Yladivostock, avec embranchement de lvharbine sur Kouangchengtzé ; — 20 ligne de la Mandchourie méridionale de la gare japonaise de Tchang-Choum à Dalny [(713 km, six embranchements d’une longueur totale de 140 km) ; — 3° ligne du Nord. Peking-Moukden (821 km, cinq embranchements) — 4° Péking-lvalgan. 201 km, 53 km seulement en exploitation jusqu’à Nan-Kiou; — 5° Péking-Uankéou. 1214 km, trois embranchements d’une longueur totale de 48 km;
- — 6° ligne sur Taiyuan-fou. S’embranche sur la ligne précédente au sud de Chen-kia-tchouang, 240 km; — 70 ligne de Tao-lvow à Tsingwachen, i5o km ; — 8° ligne de Chengchow à Kail'eng (ligne Péking Hankéou), 65 km; — ligne du Chan-tong. De Tsing-tao à Tsi-nan-fou, 4^5 km ; — io° ligne de Wusung à Chinkiang, vers Nanking par Chang-Hai. 242 km; — 110 ligne des charbonnages de Pingsiang à Chuchow Hun par Liling, 80 km; — 12° Ligne de Swalow à Chaochowfu, 39 km;
- — i3“ ligne de Canton à Sam Shui, 4° km. Il y avait, en outi'e, en construction en 1907 les tronçons Nankéou-Chatao (22 km), Chengchow à Honanfou (120 km), la section Chin-kiang à Nanking (69 km), sur la ligne Wu-sung-Nanking, une voie reliant Wutru à Kasliing, et en outre, entre cette dernière ville et Hangchow, la ligne de Sunning (80 km), entre Ivungyifow et Samkahoi près-de Kwonghai; celles de Canton à Kowloon (194 km) et à Whampoa (16 km), enfin le chemin de fer du Yunnan. Les travaux de ce dernier sont poussés très activement. D’après le Mouvement géographique, le rail est posé sur une longueur de 83 km et n’est arrêté que par la construction d’un viaduc métallique de 160 mètres. Au delà de cette lacune, la voie est presque complètement terminée sur un tronçon de 90 km. Tout compris, la longueur de la ligne en voie d’achèvement atteint 238 km. On espère que le rail pourra arriver à Mongtsé en septembre ou octobre, et que des mesures seront prises pour l’exploitation immédiate de ce premier tronçon, qui allégerait sensiblement les charges de l’entreprise, en attendant que le chemin de fer arrive à Yunnan-Sen.
- Un précurseur de la carte postale illustrée. —
- Nous en trouvons la mention, avec figures à l’appui, dans un récent numéro du journal mensuel le Collectionneur de timbres-poste. D’après l’auteur de l’article, l’invention fut faite au début du xvnT siècle, à Augsbourg, dans l’intérieur d’une communauté protestante et dans un but de propagande : les habitants d’Augsbourg qui appartenaient à la confession luthérienne, un moment protégés par Gustave-Adolphe, avaient été pour la plupart contraints à l’abjuration ou à l’exil, et les cartes signalées par le collectionneur avaient pour but de tenir en communion ceux qui avaient préféré ce dernier sort : petites feuilles volantes contenant de petits écrits, satiriques ou autres, et des dessins à la glorification de Gustave-Adolphe, elles ne circulaient pas comme aujourd’hui à découvert, mais sous enveloppe. L’usage en devint très rapidement assez répandu pour qu’on en vendît jusque dans les foires. Il est inutile d’ajouter que les cartes d'Augsbourg sont devenues aujourd’hui une rareté, et que les collectionneurs se les disputent fort cher.
- p.2x66 - vue 498/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- ><
- *d> Photographie <*
- Appareil photographique auto-clack. — L’appareil très portatif, toujours prêt à fonctionner, est celui qu’on dénomme généralement jumelle à magasin ; mais beaucoup d’amateurs lui préfèrent la forme folding, avec châssis séparés, qui offre plus de ressources, permet
- Fig. 1. — Appareil à moitié ouvert.
- l'emploi de plaques de diverses natures et d’objectifs de divers foyers. Les appareils de ce genre sont munis d’un soufflet qui permet de varier le tirage suivant l'objectif employé ; il en résulte qu’il faut que l’avant, portant l’objectif, coulisse sur une glissière, et c’est là •qu'est le plus souvent le point défectueux de ce genre
- Fig. 2. — Complètement ouvert pour le court foyer.
- d’appareils. Si la glissière prend du jeu, ou même souvent à l’état neuf, il n’y a pas parallélisme entre le plan de l’objectif et la surface sensible; à la rigueur avec de faibles ouvertures, cela peut ne pas avoir un grand inconvénient, mais on emploie aujourd’hui des objectifs à grande ouverture pour lesquels une mise au point rigou-
- Fig. 3. — Ouvert pour le foyer long.
- reuse est nécessaire. L’aulo-clack, fabriqué parla maison Reitzschel, a remédié à cet inconvénient, commun à
- beaucoup d'appareils de cette classe, de façon très heureuse, en ajoutant des étais automatiques, qui, quand 1 appareil s'ouvre, viennent se placer d’eux-mêmes fen position pour immobiliser l’avant de l’appareil. Celui-ci
- bascule tout seul quand on appuie sur le bouton qui le maintenait fermé ; il n’y a qu’une légère pression à produire ensuite pour entendre le bruit caractéristique que produit l’enclenchement des pièces qui lui donnent une rigidité absolue. Une fois ouvert, il est au point pour l’infini : un bouton molleté et une échelle graduée permettent la mise au point pour les objets plus rapprochés. Si on dévisse la lentille d’avant de l’objectif, on tirejle soufflet complètement et on est au point sur l'infini pour la lentille arrière de foyer double. Cette .disposition est très avantageuse quand on veut avoir, à une assez grande échelle, l’image des objets éloignés; c’est une grande ressource pour le paysage,. Le verre dépoli est muni d’un abat-jour qui permet de se passer du voile noir; il est maintenu en place sur son cadre par un verrou qu’il suffit de tirer pour le libérer; on peut ainsi le retourner facilement, ce qui est utile quand on veut faire une mise au point rigoureuse pour les plaques autochromes qui sont mises à l’envers dans les châssis.
- L’obturateur, du système compound, permet l’emploi de différentes vitesses et la pose à volonté sans aucune secousse.
- Replié l’appareil est très plat et très portatif. C’est le véritable appareil du touriste joignant à des ressources multiples la rigidité nécessaire pour obtenir des résultats parfaits. — L’appareil se trouve chez A. Schmand, îoo, rue Amelot, Paris.
- .'Electricité <«*
- Indicateur de pertes à la terre. — Il est très important, dans une installation d’éclairage électrique, de pouvoir se rendre compte facilement et instantanément des pertes de courant qui peuvent se produire, à la terre, par suite d’un défaut d’isolement des conducteurs qui constituent le secteur de distribution.
- Le dispositif que nous allons décrire a l’avantage d’être très simple, il est peu coûteux et très sensible.
- En un point quelconque de la ligne, on place, en tension entre les deux fils conducteurs, deux lampes de cinq bougies commandées chacune par un interrupteur
- T
- Indicateur de pertes à la terre.
- unipolaire, comme le montre la gravure ci-jointe. Le fil qui réunit ces deux lampes est relié à la terre d’une façon permanente, par exemple par un tuyau de canalisation d’eau, ou par une tige métallique profondément enfoncée dans le sol.
- L’appareil est ainsi terminé et ne comporte, comme on le voit, que deux interrupteurs, deux lampes et quelques mètres de fil de petit diamètre.
- Il nous reste à voir comment il fonctionne.
- Supposons que l’isolement de la ligne soit parfait et qu’elle n’ait aucune perte à la terre. Si nous donnons le courant aux lampes, par la manœuvre des deux interrupteurs ii, celles-ci rougiront faiblement et également, puisqu’elles sont en tension sur un circuit dont le potentiel est égal à celui d’une des lampes. Si nous ne ma-
- p.2x67 - vue 499/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- nœuvrons qu’un seul interrupteur aucune des deux lampes n’éclairera. Mais supposons maintenant qu’il y ait une perte à la terre sur l’un des conducteurs de la ligne, le positif par exemple, et voyons ce qui va se passer :
- Un partie du courant du fil de ligne positif passant à la terre en un point quelconque de la ligne, il en résultera que la lampe reliée à ce fil perdi'a une grande partie de son pouvoir éclairant ; au contraire la lampe reliée au fil négatif se trouvera recevoir par le fil de terre T une communication; pur la terre avec le fil positif de la ligne et son intensité lumineuse augmentera. Il suffit d’une perte à la terre de quelques centièmes d’ampère, pour produire une très forte inégalité d’éclairement entre les deux lampes ; la lampe qui éclaire le moins est branchée sur le conducteur qui est à la terre en un quelconque de ses points. Si donc pous avons la précaution de déterminer les pôles des fils reliés aux lampes témoins, nous saurons immédiatement quel est le feeder défectueux et nous pourrons le retrouver facilement sur tout le circuit.
- Si maintenant nous manœuvrons successivement les interrupteurs de façon à ne donner le courant qu’à un seul d’entre eux et que les filaments des lampes ne rougissent pas, nous en conclurons que les isolements de la ligne sont très bons. S’il en était autrement, l’une des lampes deviendrait plus ou moins incandescente, car elle recevrait, par la terre, le courant du conducteur auquel elle n’est pas directement reliée : ainsi, la lampe -f- devenant incandescente, quand on manœuvre son interrupteur seul, indiquera une perte à la terre du feeder — et inversement, la lampe — indiquera par son incandescence même très faible une perte à la terre du feeder -j-. Pour apprécier l’état d’incandescence des lampes, il faut les placer dans un endroit obscur ou les examiner la nuit, car la lumière du jour empêche de juger si le filament rougit très faiblement.
- Ce petit dispositif économique décèle donc les pertes à la terre et indique sur quel fil elles se produisent. Il constitue un appareil de sécurité très facile à installer sur toute distribution électrique.
- **> Automobilisme <-&
- Miroirs pour autos. — Il s’agit ici d’une combinaison de miroirs permettant au conducteur de voir les voitures qui sont placées devant lui, mais cachées à sa vue par un obstacle quelconque. Les chauffeurs sont mal placés pour juger des obstacles mobiles que la circulation amoncelle devant eux ; ils occupent la droite de la voiture et tout véhicule en avant les empêche d’apercevoir ceux qui viennent en sens inverse ; s’ils prennent de la vitesse pour contourner un lourd fardier, par exemple, ils risquent de se heurter contre un véhicule tenant régulièrement sa droite si la chaussée est un Disposition des miroirs, peu étroite. Pour éviter cet inconvénient, l’inventeur du système fixe sur la gauche de la voiture et tout à fait en haut une glace À qui embrasse tm champ aussi étendu que
- Fig. 2. — Le fonctionnement des miroirs.
- possible. Cette glace est légèrement concave et elle projette son ensemble visuel sur une. autre B placée à hauteur des yeux du chauffeur. Celui-ci, tout en étant tranquillement assis sur son siège, est donc placé dans
- des conditions à peu près identiques à celles d’un conducteur d’omnibus. Dans bien des cas, peut-être 99 fois sur 100, le système ne.sera d’aucune utilité ; mais si, grâce à lui, on évite un accident, on lui saura gré de sa présence. D’ailleurs, les deux glaces ne sont ni très coûteuses ni encombrantes.
- On peut encore adjoindre à ces deux glaces une troisième C placée plus bas que celle que consulte le conducteur : elle donnera l’image, non plus de la vie en avant, mais de ce qui se passe en arrière. Pour cette raison nous croyons qu’il est prudent de la placer hors de la vue du chauffeur; les voyageurs seuls pourront la consulter sans inconvénient pour satisfaire leur curiosité. — Les miroirs pour autos sont en vente chez M. C. Arpin, a3, rue Michel-Lecomte, à Paris.
- Mécanique
- La machine à écrire Junior. — Parmi les nombreuses machines à écrire que nous avons déjà examinées ici, la Junior, que représente la gravure ci-contre, est celle qui occupe le minimum d’encombrement; elle a la forme d’une boîte à cigares de 0,27 m. de long sur o,i2 m. de large et o,o5 d’épaisseur. Elle est donc très plate et facile à loger dans une valise, ce qui la rend pratique pour les voyageurs. Les touches font manœuvrer un Barillet qui porte les letti'es, chiffres et signes nécessaires ; deux touches spéciales D, placées sur le côté, permettent dépasser d’un ordre de signes à l’autre instantanément; le barillet peut s’enlever facilement et
- Fig. 1, — Vue avant du mécanisme de la machine Junior.
- être remplacé en quelques minutes par un autre portant des caractères d’un style différent : italique, cursive, etc. Le mécanisme de cette machine est très ingénieux; les touches correspondent à des plaques rangées l’une à côté de l’autre en deux séries M et N (fig. 1). Chaque touche fait abaisser une de ces plaques qui, par sa position, est plus ou moins voisine du barillet; en même temps elle actionne une pièce B qui, par une série de leviers, fait pivoter le secteur à crémaillère SS. Celui-ci actionne le pignon qui fait tourner le barillet; mais ce. même pignon agit sur une crémaillère droite C C (fig. 2) qui vient buter sur la plaque qui a été abaissée; on limite ainsi la rotation du barillet et la lettre qui doit s’imprimer se trouve en regard du papier; à ce moment, la touche arrivant au bas de sa course pousse le barillet en avant et l’impression se fait. Les touches supplémentaires placées en D ont pour effet de soulever le
- Fig. 2, — Vue arrière du mécanisme.
- barillet, de façon que l’une ou l’autre série des signes qu’il porte à sa circonférence se trouve dans la position d’impression; c’est ainsi qu'on passe dès minuscules aux majuscules avec l’une de ces touches et de celles-ci aux chiffres ou ponctuation, en appuyant sur l’autre.
- L’encrage se fait au moyen de deux petits rouleaux imprégnés d’encre d’aniline, placés sur les côtés. Un timbre avertit l’opérateur quand la ligne est sur le point d’être terminée. La Junior possède du reste tous les organes de réglage de marge, d’interligne, etc., qu’on rencontre sur toutes les bonnes machines à écrire. Elle a surtout l’avantage d’être bon marché (75 francs) et très portative. — La machine à écrire Junior se trouve à la Compagnie Réal, ^3, boulevard de Strasbourg.
- p.2x68 - vue 500/647
-
-
-
- VARl ÉTÉS
- La poste par pigeons au Congo français. — Un
- essai de poste par pigeons est en ce moment tenté au Congo français. Le télégraphe ordinaire doit, dans ce pays neuf et peu peuplé,, traverser d’immenses espaces où son entretien et sa conservation sont difficiles. Fréquemment coupé par les indigènes — ou même par les éléphants, qui détruisent méthodiquement nos lignes en déracinant les poteaux sur de longs parcours — il est sans cesse menacé de brusques interruptions et, d’autre part, les frais de réparation et d’exploitation d’une ligne sont loin d’être converts par les recettes du service. .On est donc limité à un très petit nombre de lignes, qui exigent un nombreux personnel et on laisse sans lien télégraphique des régions entières, intéressantes au point de vue commercial. — Quant à la télégraphie sans lil, elle fonctionne mal dans une région où l’air saturé d'humidité est en outre chargé d’électricité.
- La poste par pigeons remédierait à ces défauts en doublant nos lignes et en établissant des communications avec les régions abandonnées.
- Nous avons créé, ù Brazzaville, un colombier, qui, dans notre pensée, devait être identique à ceux delà métropole comme fonctionnement et rendement. Bien des objections nous ont été opposées à l’origine. On a signalé, par exemple, le danger des oiseaux de proie ; mais, sous les tropiques, l’oiseau de proie au vol lent et pesant se nourrit surtout des nombreux rongeurs qui pullulent dans la brousse, et de pêche ; en fait, il fait bon ménage avec nos courriers ailés au vol rapide et n’essaient même pas d’assiéger le colombier.
- On ù craint aussi que le pigeon ne puisse pas vivre sous les tropiques, parce que c’est un oiseau des' zones tempérées. Cependant la présence sous l’équateur de nombreux pigeons, et notamment du pigeon vert, était d’un bon augure pour nos messagers. L’expérience nous a donné raison. Ceux-ci arrivés tout jeunes (ils avaient de 2 à 5 mois en quittant la France) ont surmonté la crise de l’acclimatement et à l’heure actuelle se reproduisent comme en France.
- Notre colombier de Brazzaville est absolument coip-pàrable à ceux qu’on rencontre à Lille, Roubaix, Tourcoing, etc., dont les élèves sont dressés et entraînés d’après les mêmes principes et dont on peut attendre les mêmes services.
- La seule difficulté qu’on doive attendre dans une organisation de ne genre vient non des pigeons mais des hommes. La création, l’utilisation d’un colombier nécessitent des connaissances techniques un peu spéciales faciles à acquérir cependant. M. Many, le chef de notre premier colombier congolais, est attaché au laboratoire du docteur Martin, chef de la mission de la maladie du sommeil. Son éducation scientifique ti'ès comjdète et son initiative ont permis de résoudre les problèmes variés qui se présentaient dans des conditions toutes nouvelles.
- A l’heure actuelle le rayon d’action du colombier de Brazzaville serait représenté par un cercle de 600 km de diamètre dont la ville serait le centre ; de tous les points du cercle on peut en moins de 4 heures envoyer un message à Brazzaville, si on a pris la précaution d’emporter un pigeon.
- La poste par pigeons, plus souple que la télégraphie ordinaire, permet en effet de [relier à ses colombiers l’explorateur qui s’enfonce dans la brousse —l’atelier temporairement installé dans la campagne, la plantation isolée — dans un rayon de 200 km autour du colombier. Si nous installons un certain nombre de colombiers suffisamment rapprochés entre eux pour échanger facilement leurs messagers, les dépêches voyageront de relai en relai et franchiront de la sorte 1000 km par jour.
- Il y a deux ans nous avons procédé à une intéressante expérience de poste par relai : considérant la France comme une colonie fictive, nous avons invité les colombiers français situés sur deux parcours ouest et est à échanger quelques pigeons. Deux dépêches écrites par le Ministre des colonies sont parties à travers la France portées de colombiers en colombiers et revenaient à Paris en moins de trois jours après avoir effectué chacune un parcours de près de 3ooo km.
- Cet essai de la poste par relais a été le point de départ de l’application faite au Congo : nous avons maintenant à Brazzaville un excellent colombier. On va en créer de nouveaux dont les zones d’action se juxtaposeront. La poste ainsi comprise permettra des relations rapides en tous sens et à très peu de frais.
- Nos lecteurs ïious poseront une question : avec quel aléa faut-il compter quand on se’sert des pigeons? Un pigeon ne s’égare pas et ne s’attarde pas dans un rayon de 200 km autour de son gite. La proportion de 2 pour 100 représente les chances de pertes par cas de force majeure, dans une colonie comme le Congo, sur un parcours de 200 km. Si une dépêche portée de relai en relai successivement par cinq pigeons franchit 1000 km elle a 90 chances sur 100 d’atteindre sa destination. Le message, écrit en deux expéditions confiées chacune à un pigeon, arrivera toujours. Dans ces conditions la poste par pigeon offre autant de garanties que la poste ordinaire.
- On nous dira encore qu’un pigeon peut franchir d une traite 1000 km et qu’en espaçant nos colombiers de 200 1cm seulement nous nous maintenons très au-dessous de ce que peut donner la poste par pigeons. Nous répondrons qu’avec des colombiers très rapprochés les chances de pertes sont nulles et qu’en outre les échanges de pigeons entre postes voisins sont singulièrement facilités. Or plus ces échanges sont fréquents, et plus le rendement de la ligne s’accroît : un colombier qui a i5 de ses élèves momentanément internés dans deux postes voisins peut recevoir trente dépêches.
- Notre tentative a été faite sous les auspices et avec les subsides de la Société de Géographie. Mais nous avons été aidés dans une très large mesure par l’administration de la guerre et le ministre des colonies qui ne nous ont marchandé ni l’appui moral ni l’aide matérielle.
- Nos expériences ont été suivies de près par les Belges nos rivaux en colonisation : nous croyons savoir que la colonie du roi Léopold sera à brève échéance dotée d’une poste par pigeons qui se reliera à la nôtre. Le Congo français aura eu tout au moins la priorité dans la réalisation d’une idée vraiment pratique. Reynaud.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Où passer nos vacances : à la montagne ou à la
- mer? - Voici les vacances : les collèges et les écoles ferment leurs portes et petits et grands, las de traduire Homère et Tacite, avides de humer l’air et de courir en liberté vont fuir la grande ville. C’est le moment de l exode général des Parisiens. Pendant que les étrangers affluent sur nos boulevards, tous ceux qui peuvent se donner un congé, si court soit-il, s’empressent de partir. Il suffit de passer un samedi dans une gare quel-0 conque pour se faire une idée de la foule qui s’évade chaque semaine et va prendre à sa façon un repos hebdomadaire.
- Mais où aller sé reposer et prendre ses vacances :
- à la montagne ou à, la mer? Rien de plus simple, à mon avis, pour les gens qui n’ont que le souci de respirer de l’air pur, de changer d’atmosphère, de vivre pendant quelques jours en dehors du train accoutumé et horripilant des “affaires, du bureau. Choisissez ce qui vous plaît le mieux. Aimez-vous les ascensions, les promenades à travers les grands bois, les horizons grandioses des montagnes couronnées de neiges, les cascades, les vallées; allez à la montagne. Etes-vous au contraire un fervent de la natation, de la pêche ; êtes-vous un de ces contemplatifs qui aimez le repos calme sur la plage, suivant du regard le flot toujours changeant, courez à la mer et les plages ne manquent pas. De la pointe extrême
- p.2x69 - vue 501/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- du Nord, à Malo-les-Bains, jusqu’aux frontières de l’Espagne, nos côtes offrent sur ce front de centaines de lieues les coins les plus sauvages, les plus déserts à côté des plus mondains, des plus animés.
- La question ainsi posée est simple, pure affaire de goût. Mais il y a les enfants, la santé de l’un et de l’autre réclame des soins spéciaux. Il faut alors, pour prendre une décision, d’autres considérations que le sentiment personnel.
- La mer et la montagne sont, au point de vue climatologique, fort differentes. Toutes deux ont un facteur de santé primordial, la pureté de l’air, mais à la mer l’air est toujours plus humide. De plus, la pression atmosphérique est uniforme au chiffre de 760 à 766 millimètres. Du fait de l’humidité de l’air les brouillards sont plus fréquents, la pluie est également plus fréquente. Cette climatologie un peu spéciale s’adresse donc à des sujets qui ont besoin de stimulants. La jjrésence de matières salines et de principes iodés dans l’air justilie la préférence que l’on accorde à la mer pour les lymphatiques et Dieu sait s’ils deviennent nombreux parmi les jeunes de 3 à 10 ans, surtout dans les classes peu fortunées. La mer les régénère en quelques semaines. Des enfants sortis des hôpitaux de Paris dans des conditions dç maigreur, de pâleur presque effrayants, reviennent transformés après un séjour de deux ou trois mois à l'hôpital de Berck.
- D’une façon générale, le séjour des plages doit être interdit aux sujets trop nerveux, mais encore y a-t-il lieu à bien des restrictions à cet égard. Des enfants nerveux, des sujets neurasthéniques se trouvent parfois admirablement de vacances sur les plages de Bretagne ; ils y reprennent l’appétit, les forces et dorment mieux qu’à Paris. C’est souvent un essai à tenter, au moins pour ceux dont la nervosité n’atteint pas les limites extrêmes.
- Cette influence salutaire de la mer sur l’état lymphatique est telle qu’on a depuis des siècles conseillé à des malades bien plus gravement atteints, non plus la vie au bord de la mer, mais le voyage sur mer. La cure pélagienne, par opposition à la simple cure maritime dans une bourgade côtière, a été recommandée par les praticiens les plus expérimentés. Daremberg trouvait que dans la tuberculose peu avancée, on assurait ainsi au malade l’application de l’hygiène thérapeutique la plus
- complète. Le grand calme, la régularité de ‘l’existence l’absence d’occupations et de préoccupations sont des plus salutaires. L’air de la mer est bon parce qu’il est pur; aussi a-t-il une action merveilleuse sur les êtres chétifs qui ont été enfermés pendant longtemps dans les villes.
- A la montagne, vous trouvez un air aussi pur, mais vous y trouvez les variations les plus étendues de L pression barométrique, suivant l’altitude à laquelle vous allez séjourner. De 5oo à 1000 et au-dessus, vous voyez diminuer la pression et l’on sait que cet abaissement a une influence des plus actives sur le cœur et le poumon, les centres de l’activité respiratoire, qu’il amène en peu de temps une augmentation notable du taux de l’hémoglobine, du nombre des hématies; que c’est un facteur important de la guérison des anémies, surtout de celles qui sont dues au surmenage. .
- L’air des montagnes est moins humide qu’à la mer ; dans le bas des vallées, il est certainement de 10 à 20 pour xoo au-dessous de l’air du littoral, hygrométrique-ment parlant. Dans les cols, sur les montagnes ou dans les vallées élevées, comme celle de Chamonix, l’air est sec. C’est ce qui explique les bons effets qu’en éprouvent les asthmatiques, les essoufflés, les catarrheux. Pour les nerveux, la montagne est bonne, pour les arthritiques qui redoutent à juste titre l’humidité de l’air, mais à la condition de ne pas monter trop haut et de n’y monter que d’une façon graduelle. Dans les zones moyennes de 5oo, 700 et 1000 mètres, on a l’avantage, avec un air pur, de trouver l’air embaumé des forêts de sapins.
- La luminosité solaire, dans la saison estivale (je ne parle pas de l’hivernale où les conditions sont tout à fait différentes), est à peu près égale dans la montagne, si l’on se trouve dans une région entourée de glaciers et à la mer. Mais si la montagne est nue ou boisée l’insolation est plus marquée à la mer en raison de la réflexion des rayons à la surface miroitante des vagues.
- Avec des différences qui ne sont bien appréciables que pour de vrais malades la montagne et la mer se valent pour rendre des forces aux affaiblis, pour réparer les fatigues d’une année de travail dans l’atmosphère empestée de la ville. Comme conclusion, je vous dirai, sauf en cas de maladie, prenez conseil un peu de votre médecin, beaucoup de vos goûts et de vos préférences.
- D- A. C.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. — M. Nekam, à Budapesth. — Les mots wolfram et tungstène sont synonymes. L’adresse du journal anglais Nature est : MM, Macmillan, Saint-Martin’s Street, London W. C. — Pour l’achat de parasites, veuillez vous adresser à MM. Deyrolles fils, 46, rue du Bac. — Les glacières Audiffren sont fabriquées par les établissements Singrün, à Epinal.
- M. G. de M., à Pau. — Bleuissement des fleurs d’hortensias : un procédé a été indiqué dans La Nature, n° 1781, i3 juillet 1907, p. 54 du Suppl. : il consiste à rempoter les plantes vers le mois d’août, et à les arroser tous les deux ou trois jours, durant les six à dix semaines qui précèdent la floraison, avec une solution de 10 grammes d’alun d’ammoniaque dans un litre d’eau. — Vous trouverez d’ailleurs sans nul doute un bon ouvrage sur les Hortensias à la librairie Horticole, 84 bis,, rue de Grenelle, à Paris.
- M. de Charencey, à Nauvay. — Installation de cadran solaire dans un parc : la Maison Château, 125, boulevard de Grenelle, à Paris, par exemple, se chargerait certainement de vous installer un cadran solaire. Pour le cadran que nous avons décrit (n° 1828), on vous en ferait certainement un réglé sur le méridien de Paris, en vous adressant à MM. Pikington and Gibbs, opticians, Preston, Grande-Bretagne.
- M. P. Espanet, cercle de Vieu-Franc.— Nous 11’avons pu donner satisfaction à votre, demande de .faire suivre votre lettre : nous avons en effet vainement feuilleté la collection de La Nature à la date que vous indiquez, nous n’avons pas trouvé le type d’hélice dont vous parlez; dans les années voisines, le seul qui en approche est l’hélice de M. Pichon, chez M. Laurent, 49» boulevard Sébastopol, Paris (n° 1720, du 12 mai 1906), mais encore l’écart du type et l’écart de la date sont si grands que nous n’en sommes pas du tout certains. Veuillez préciser si possible !
- M. Artès-Dufour, à Alger. Pour les couveuses, veuillez vous adresser à M. Roullier-Arnoult, à Gambais (Seine-et-Oise). Nous ne connaissons pas de traité consacré spécialement à l’amiante.
- M. Labo-Grivot, à Créteil. — Le relais téléphonique n’existe pas encore, malgré les nombreux efforts tentés pour le réaliser.
- M. Feriez, à Paris. — Adressez-vous à la Société d’Eclairage intensif, procédés Denayrouse, 2, rue Hyppolyte Lebas.
- M. Sanchez, à Santa-Lucia. — Pour les ouvrages sur la recherche des gisements de fer, vous trouverez ce que vous désirez à la librairie Béranger, rue des Saints-Pères, à Paris.
- • M. Grillen, à Alexine (Russie). — Le meilleur moyen est d’employer le chalumeau oxhydrique ou oxyacétylé-nique. Ces instruments ont été décrits dans La Nature, n0s 1783, 27 juillet 1907 et 1908, 3i août 1907. —Pour vous procurer ces appareils, adressez-vous à la Société de l’air liquide, 45, rué Saint-Lazare, à Paris, ou à MM. Javal, 26, rue Cadet.
- p.2x70 - vue 502/647
-
-
-
- i
- BOITE AUX LETTRES
- m
- M. S. M., à X. — Vos observations sur l'emploi des .irenades pour l’extinction des feux de cheminées sont assurément fort justes, mais le procédé est aujourd’hui j un usage courant et nous ne pensons pas qu’il y ait vraiment à y revenir. Vous trouverez d’ailleurs des renseignements sur ce sujet dans l'ouvrage de M. Michotte. fAude théorique et pratique de Vincendie. Ses causes, sa prévention, son extinction, chez Dunod et Final, quai des Grands-Auguslins, Paris.
- M. Peters, à Lisbonne. — Il n’existe pas encore, à nuire connaissance, d’ouvrages traitant le sujet de l’incinération des gadoues.
- M. Troussier. — En l’absence de tout instrument astronomique, la méthode du gnomon pour trouver le plan méridien nous semble susceptible de donner des résultats suffisamment approximatifs. Après avoir correctement tracé la courbe d’ombre, vous déterminerez soigneusement son axe de symétrie : pour cela vous rechercherez une série de points, deux à deux équidistants de la trace du gnomon sur le plan horizontal : vous tracerez les cordes qui les joignent deux à deux; l axe est perpendiculaire en leur milieu à chacune de ces cordes, vous aurez ainsi la direction du plan méridien. Connaissant la latitude du lieu et le plan méridien, vous pourrez, ou construire vous-même un cadran solaire, ou uliliser un..cadran solaire portatif.
- M. L. Clauzel, à Marseille. — Fixatifs pour écriture
- à la machine : vous pourriez demander à la maison Lel’ranc et Cio, 18, rue de Valois, à Paris.
- M. le J)r Taille fer, à Cliâleauneuf. — Il n’existe pas encore, à notre connaissance, de moyens pratiques permettant de supprimer la fumée pour les foyers domestiquas habituels. Le seul remède serait en effet d’assurer une combustion complète du charbon ; on peut y parvenir dans les foyers importants comme ceux des machines à vapeur; mais les moyens employés sont inapplicables dans le cas des foyers habituels.
- M. Bèrard, à Paris. — Le signal d’alarme tel que vous le décrivez, n’est pas encore appliqué sur les chemins de fer français. Mais il existe un système analogue sur une ligne anglaise. Sur l’utilité du coupe-vent, les avis sont partagés. Il n’y aurait aucun intérêt à produire l’électricité au moyen des roues des wagons ; la force nécessaire serait toujours empruntée à la locomotive et les variations continuelles de la vitesse des roues rendraient la solution du problème très délicate.
- M. Moucherai, à Moscou. — M. Eschalier, inventeur de la sthénose, 9, rue des Fleurs, à Lyon.
- M. Grapin, à Chabris. — Maison fabriquant les cal-canettes : Galante, 75, boulevard Montparnasse, à Paris.
- M. Ed. Gille, à Paris. — Appâts pour poissons : le mélange d’argile, de blé cuit, de vers de terre et de farine, de tourteau de chènevis et de sang caillé, est uix des meilleurs.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Le tricliinoseope : Microscope à projection pour l’examen rapide des viandes : G. Mareschae. — Dynamomètre pour automobiles v E.-H. Weiss. — Deux pièges à gibier de la boucle du ISiger : D' Maclaud. — Toxicité de l’hydrogène sulfuré : Nestor Gréhant. — Les signaux sous-marins et la sécurité de la navigation : Sauvaire Jourdan. — Chronique. — Les monuments du Yun-ÎS'an : E. de Feeureeee. — Académie des sciences; séances des i3 et 20 juillet 1908 : Ch. de Vieledeuie. — Un chemin de ter suspendu pour Berlin : Dr Aevred Gra-
- DENW1TZ.
- Sup/ilé/nent. — Le dirigeable Zeppelin. — Une maison gigantesque. — Le refroidissement du mois d’avril, etc.
- La conquête minérale, par L. de Launay, professeur à l'Ecole des Mines. Paris. E. Flammarion. 1908. 1 vol. in-18. (Bibliothèque de philosophie scientifique). Prix : 3fr,5o.
- Le nouveau livre de M. L. de Launay intéressera, croyons-nous, tous ceux qui veulent se faire une idée de l’industrie minière ou qui cherchent la solution des innombrables problèmes économiques, techniques, sociaux, politiques, historiques, posés à l’occasion de la richesse minérale. On parle souvent des mines dans le public, mais avec une très imparfaite connaissance du sujet. Si l’on veut savoir ce qu’est une mine, comment on l’exploite, discuter la nature spéciale de sa propriété et l’intervention de l’Etat dans sa direction ; si l’on désire connaître les conditions de danger, de salubrité dans lesquelles travaille l’ouvrier de la mine, on l apprendra ici en quelques pages rapides, où tous les détails arides ont été laissés de côté, tandis qu’on s’est efforcé de mettre en lumière les idées nouvelles, originales, les perfectionnements récents, les tendances futures.
- D’autre part, écrivant dans cette biblio thèque de philosophie scientifique qui a déjà-'tant de .beaux succès à son actif, l’auteur a tout naturellement été amené à insister avant tout sur le côté philosophique de. son sujet ; c’est ainsi qu’il montrp, 'au cours des âges, le rôle industriel, économique, social, de la richesse minérale; il indique l’évolution subie, aussi bien dans la conception de sa propriété ou dans les idées relatives à sa mise en valeur plus ou moins rapide, que dans son mode de découverte ou d’exploitation, et dans les répercussions de tous genres entraînées par son industrie. Enfin il montre, à travers l’histoire de tous les temps, depuis l'homme préhistorique jusqxi’aux guerres récentes, comment cette richesse minérale a
- contribué, pour unç. part importante, aux mouvements et aux conflits des races, au peuplement des continents nouveaux et aux batailles par lesquelles on se les est disputés, de telle sorte que tous ces trésors inertes du sous-sol, agissant comme un ferment mystérieux de vie, sont en réalité de très puissants facteurs du caractère, de l'industrie, des arts, de l’agriculture, de la richesse, de la puissance et de l’histoire entière des sociétés.
- Le Problème de l’aviation : sa solution par l’aéroplane. In-8°, par Armengaud jeune, chez Delagrave. Paris. Prix : 2fr,5o.
- Voici un petit volume qui sera le bienvenu auprès de tous ceux qu’intéressent l’aviation, qui voudraient se consacrer à son étude et collaborer à ses progrès, mais qu'effrayent les formules ardues dont s’hérissent d’autres ouvrages. M. Annengaud a écrit pour eux un résumé très savant, et néanmoins très attrayant et d’une clarté parfaite : il y condense d’une façon très méthodique les éléments essentiels de la question. Après avoir rappelé brièvement les premiers' essais consacrés à la direction des ballons, il .énumère les tentatives diverses des premiers pionniers de l’aviation : Lebris, Lilienthal, Pilter, Santos-Dumont. Il entre ensuite dans l’examen technique du problème, étudie brièvement le vol des oiseaux et aborde, sous une forme élémentaire accessible à tous, l’exposé et la discussion de la théorie de l’aéroplane. Suit un exposé des conditions empiriques de l’aviation : essais des expérimentateurs, rôle des éléments ambiants, électricité atmosphérique. Nous signalons deux tableaux synoptiques qui rendront de grands services, le premier comporte l’ensemble des formules applicables à la construction de l’aéroplane, l’autre, les schémas des différents aréoplanes. L’ouvrage se termine en indiquant les perfectionnements à apporter à l’oeuvre aujourd’hui réalisée, et les espérances légi— times qu’elle fait naître dès maintenant.
- Aérodynamics,: par M. Lanchester, chez Archibald, Constable, Londres.
- M. Lanchester résume dans cet ouvrage, sous une forme simple et élémentaire, nos connaissances actuelles siàr le mouvement d’un corps dans un fluide, et sur les phénomènes que ce mouvement provoque dans le flui|de. Il expose les lois qui régissent ces phénomènes e|o les applique aux problèmes de l’aviation. M. Lanchçsler a fait œuvre extrêmement utile en condensant] ainsi les principaux travaux théoriques
- p.2x71 - vue 503/647
-
-
-
- WK,
- fe1
- BIBLIOGRAPHIE
- susceptibles de guider les recherches pratiques des aviateurs modernes.
- La vie du droit et l’Impuissance des Lois,, par Jean Cruet, avocat à la Cour d’Appel. Paris. E. Flammarion. i vol. in-18. Prix : 3fr,5o (Bibliothèque de philosophie scientifique).
- Le livre de M. J. Cruet présente une innovation fort intéressante : c’est la première fois, croyons-nous, au moins dans un ouvrage consacré au grand public, qu’un juriste renonce à cette conception dogmatique du droit d’après laquelle toute la vie sociale s’organise et se meut sous l’empire absolu des lois. L’auteur, plus réaliste, voit avant tout et avec raison dans la genèse du droit une question de fait, et il s’en rapporte
- aux règles de la méthode scientifique pour examiner si le droit, cessant d’être « coutume » pour devenir « texte », a changé de caractère comme il a changé <l<> forme. Selon lui, la loi ne lixe le droit qu’en apparence et, si elle dissimule sa vie spontanée, il n’est pas vrai qu’elle la supprime. Le droit vit en effet, c’est-à-dire évolue, par la jurisprudence, puisque, malgré lui, le juge transforme insensiblement les textes pour les adapter à la mouvante complexité du milieu social ; il vit également par les mœurs, auxquelles la jurisprudence et la loi sont contraintes plus ou moins vite de s’adapter. On voit par ces quelques mots tout l’intérêt de ce livre, une fort attrayante tentative pour appliquer les méthodes expérimentales aux phénomènes juridiques.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES UU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 20 juillet 1908. 15°,8 N. N. W. 4. Couvert. » Couvert jusqu’à 15 n.; peu nuageux ensuite.
- Mardi 21. 13°,9 N. 2. Très nuageux. » llosée ; très nuageux.
- Mercredi 22 i4°;g N. E. 2. Très nuageux. » Rosée; nuageux ; beau après 18 h.
- Jeudi 25 14°,3 N. N. E. 1. Beau. » Rosée; halo; très peu nuageux.
- Vendredi 24 10°,0 N. N. E. 2. Beau. » Rosée ; bruine ; peu nuageux de 11 h. à 16 h.; beau avant et aj îvs.
- Samedi 25 18u,5 Calme. Peu nuageux. » Rosée; brume; nuageux.
- Dimanche 26 17°.0 N. N. W. 2. Peu nuageux. » llosée ; nuageux.
- JUILLET 1908. — SEMAINE DU LUNDI 20 AU DIMANCHE 26 JUILLET 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 20 au 26 juillet. - - Le 20. Aire de forte pression sur les Iles-Britanniques et l’O. de la France, moyenne en Irlande, 770 mm; basses pressions sur 1 Europe centrale, la Méditerranée (Breslau, Livourne, 756). Pluies générales et abondantes ; en France : Besançon, 61 mm; Lyon, 23; Clermont, i5; Toulouse, 6; Charleville, 3. Température du matin : Paris, 14°;-Alger, 23; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, — 1; moyenne à Paris : i6°,i (normale : i8°,3). — Le 21. Pression supérieure à 765 sur les Iles-Britanniques et la France; dépression sur l’Allemagne et la Baltique. Pluies générales et abondantes; en France : Besançon, 4°1 Belfort, 20; Nancy, 11; Lyon, 7; Charleville, 2. Temp. du matin : Bodoe, n ; Paris, 14; Alger, 23; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i5° (normale : i8°,3). Ae 22. Régime anticyclonique sur nos régions : N. de la Françe, 769; dépression sur le S.-O. de la Russie et 1 Islande. Pluies sur le N. et le Centre de l’Europe. Temp. du matin : Bodoe, 10; Paris, i5; Malte, 25; Puy de Dôme, 12; Pic du Midi, 4i moyenne à Paris : i5°,6 (normale : i8°,3). — Le 23. Pressions supérieures à 765 sur le N. de la France, les Pays-Bas, la Scandinavie; dépression
- vers les Iles Feroé, qf>i. Pluies sur l’E. et le N.-O. de l’Europe. Temp. du matin : Seydisfjord, 90 ; Paris, i3; Athènes, 26: Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : 170 (normale : 18°,4)• — Le 24. Maxima sur la Bretagne, 767, et Arkangel, 770 ; dépressions au S. des Iles Feroé et sur le S.-E. du continent. Pluies dans le N.-O. et l’E. de 1 Europe. Temp. du matin ,: Paris, 16; Alger, 24; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 7; inoyenne à Paris : i8°,3 (normale : i8°,4). — Le 25. Baisse générale sur l'O, : Ecosse, 754 ; entrée de la Manche, y Sg ; aire anticyclonique sur la Scandinavie et le N. de la Russie (Finlande, 773). Quelques pluies sur les Iles-Britanniques, l'Allemagne et le S. de la Rtissie. Temp. du matin : Seydisfjord, 8 ; Paris, 19; Alger, 26 ; Puy de Dôme, i3; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : 210 (normale : 18°,4)• —- Le 26. Pression générale élevée, supérieure à 765 dans l’O. et à 770 au N.-O. Légère dépression vers Odessa, 756. Pluies sur le S. de la Russie. Temp. du matin : Stornoway, 12; Paris, 17; Alger, 24; Puy de Dôme, i3; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : 21®,5 (normale : i8°,4). — Phases de la Lune, Dernier Quartier le 20, à 12 h. 11 m. du soir.
- p.2x72 - vue 504/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications
- DIRECTION
- aux Arts et à l’Industrie
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : no, Boulevard Saint-Germain, Paris (W)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- I
- N° 1837 — 8 AOUT 1908 SUPPLÉMENT
- INFORMATIONS
- Le spectre de la Nova de Persée à son dernier développement. — On n’a pas oublié l’apparition brillante d’une étoile de première grandeur, à la lin du mois de février 1901, dans la constellation de Persée. Dans les Astçonomische Nachrichten, n° 4'-O2, le professeur Hartmann, de l’Observatoire astrophysique de Potsdam, l'end compte des résultats déduits des photographies du spectre de cette variable, photographies obtenues au cours de l’année dernière. La plus intéressante conclusion qui se dégage de ces photographies spectrales est qu’il semble que cette étoile est arrivée à un état spécial dans lequel les gaz lumineux de son atmosphère sont dans des conditions identiques à celles réalisées dans les nébuleuses.
- L’étude des traînées de météores. — Le professeur Trowbridge, dans la Monthly Weather Rewiew, rappelle l’utilité qui peut résulter de l’observation très soignée des traînées laissées par les étoiles filantes, en vue de la détermination des courants atmosphériques des très hautes altitudes. Ces traînées se produisent généralement entre 72 et io5 1cm au-dessus du sol. L’auteur pense que les conditions atmosphériques particulières de ces hautes régions sont spécialement favorables à la production de ces traînées météoriques, et il croit que des observations soignées pourraient apporter la lumière sur la nature de ces conditions spéciales.
- La science en ballon. — A la dernière séance de la Commission scientifique de l’Aéro-Club de France, M. Orner Decugis a fait le compte rendu d’une ascension à grande hauteur, effectuée le 3 juillet 1908. L’altitude maxima, vérifiée, a été de 535o m; le thermomètre a marqué — 120 et Thygromètre 270 de sécheresse. Le Dr Creuzon a relaté les expériences qu’il a faites, en compagnie du Dr Jacques Soubies. Les observateurs ont étudié le « mal en ballon », qui a commencé à partir de 4o5o m., sur un des passagers ; il y a été remédié facilement, grâce à l’oxygène pur, débité par le détendeur du Dr Guglielminetti ; la pression artérielle n’a pas été influencée régulièrement par l’altitude ; les aéronautes ont enregistré une diminution notable et progressive de la force musculaire. La sensibilité cutanée/ mesurée avec le compas de Weber, a diminué dans une faible proportion; enfin, l’ouïe, mesurée avec le diapason de Bonnier, a été également peu modifiée. Ces expériences seront prochainement reprises au cours de nouvelles ascensions à grande hauteur qui seront faites par la Commission physiologique de l’Aéro-Club.
- Chemins de fer électriques pyrénéens. — Une loi
- récente vient de déclarer d’utilité publique et de concéder à la Compagnie des chemins de fer .du Midi, dans la région pyrénéenne, un certain nombre de lignes nouvelles, qui seront à traction électrique. Elle décide également l'électrification de plusieurs lignes actuellement en exploitation par la vapeur, et prévoit ultérieurement
- l’électrification d’un nouveau groupe de lignes. C’est là le premier programme d’électrification systématique de voies ferrées qui jusqu’ici ait été réalisé en France. Les lignes nouvelles sont les suivantes : i° Une ligne à voie normale d’Auch à Lannemezan ; 20 Une ligne à voie étroite de Castelnau-Magnoac à Tarbes; 3° Une ligne à voie normale d Arreau à Saint-Lary. L’énergie nécessaire sera fournie par une usine hydro-électrique à construire dans la vallée de l’Oule. Les lignes à électrifier de suite sont celles de Montrejeau à Luchon, de Lannemezan à Arreau, de Tarbes à Bagnères-de-Bigorre et la section de Montrejeau à Tarbes sur la ligne Tou-louse-Bayonne. Enfin les lignes à électrifier ultérieurement sont celles de Lourdes à Pierrefitte, de Pau à Bedous, du Buzy à Laruns, et la section de Tarbes à Pau sur la ligne Toulouse-Bayonne.
- L’électrification des chemins de fer bavarois. —
- Le gouvernement bavarois a fait voter récemment un crédit de 7 millions de marks pour l’électrification de la petite ligne de chemin de fer Salzbourg-Reichenhall-Berchtesgaden. Mais ce n’est là que la première étape d’un vaste programme qui prévoit l’électrification de toutes les lignes du royaume. Pour assurer le service, après cette transformation, la quantité moyenne d’énergie nécessaire par jour sera de 3 400 000 kilowatt-heures. La puissance moyenne totale des usines qui la fourniront sera de 142 000 chevaux-vapeur. Et l’on estime que, en 1920, il faudra disposer d’une puissance moyenne de 200000 chevaux; et que par moments cette puissance devra atteindre le maximum de 600000 chevaux. Les chutes d’eau bavaroises, dans leur état actuel, ne pourraient assurer qu’une puissance de 3oo 000 chevaux. Mais, on espère que, moyennant un certain nombre d’aménagements, on obtiendra la puissance voulue. Bien entendit, ce gigantesque programme ne sera pas réalisé d’emblée; on commencera par transformer les lignes les plus voisines des chutes, pour étendre ensuite progressivement aux autres lignes le bénéfice de la traction électrique. C’est exactement la même tactique que; celle adoptée sur nos chemins de fer du Midi qui poursuivent méthodiquement, en ce moment, l’électrification de leurs lignes pyrénéennes.
- Les rayons X et l’archéologie. — Pourquoi les archéologues n’utilisent-ils pas les rayons X au cours de leurs recherches? C’est sans doute qu’ils n’y ont jamais songé, car ils peuvent en espérer de très grands services. M, O. Passionista le démontre dans YElettri-cista. Grâce aux rayons X, il serait possible de déterminer le contenu des cassettes, coffrets, en carton, bois, os, cuir, etc., sans les ouvrir et sans abîmer l’enveloppe; ils seraient les auxiliaires précieux pour contrôler l’authenticité de certains objets, mettre en évidence les truquages habilement dissimulés, confondre les fabricants de faux antiques. Le matériel nécessaire est au-
- xo
- p.2x73 - vue 505/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- jourd’hui peu encombrant et facilement transportable; attendons-nous à le voir entrer sous peu dans l’arsenal de l’archéologue.
- A la conquête d’un record. — Les compagnies allemandes de navigation se préparent à disputer aux compagnies anglaises le bitte ribbon qu’elles détinrent pendant plus de dix ans, et qui leur fut enlevé l’an dernier avec le lancement du Maureiania et du Liisitania. Une compagnie hambourgeoise a donné ordre à ses ingénieurs de mettre à l’étude les plans d’un transatlantique plus colossal encore que les nouveaux navires anglais. Sa longueur sera de 263 mètres, avec vin déplacement de 33ooo tonnes. Les machines, où les deux systèmes du piston et de la turbine seront combinés, fourniront une force de 70 000 chevaux. La vitesse devra être supérieure à celle des plus rapides navires de la Cunard Company.
- Le béton armé au bois. — Celte combinaison, qui semble bizarre, mais qui est parfaitement logique, a été adoptée pour les appontements que l’on construit à San Francisco; en fait, le bois ne joue pas le rôle d’une armature comme le métal dans le béton armé ordinaire; mais l’association du bois et du béton se présente sous la forme d’une véritable maçonnerie. Chaque pile, sur laquelle vient reposer l’appontement métallique, est composée de 3 pilotis en bois que l’on bat à grande profondeur; 011 les entoure ensuite d’un cylindre de 1,20 m. de diamètre, fait de douves de sapin cerclées de fer. On bat ce cylindre de manière qu’il descende de 3 à 4 m. sous le niveau du sol immergé. O11 en pompe l’eau, et aussi les vases fluides, jusqu'à 1 m. au-dessous de ce sol ; puis on glisse dans l’intervalle laissé entre les pilotis et le cylindre, une sorte d’autre chemise faite de métal déployé. On termine en remplissant de béton tout l’espace interstitiel. Le jour où le cylindre de bois disparaîtra, rongé par les tarets, l’enveloppe de béton préservera complètement les pilotis, qui ont seuls le rôle essentiel de soutiens pour l’appontement.
- Le plus grand pont africain. — C’est le pont pour route et chemin de fer actuellement en construction à Khartoum sur le Nil Bleu. Il réunira Halfaga, le terminus soudanais de la voie ferrée du Nil, à Khartoum, situé sur l’autre rive du fleuve ; l’important embranchement qui se dirige vers Port-Soudan et Soualcin se trouvera ainsi soudé à l’artère principale. Le pont comporte 7 travées égales de 66,65 m de portée, 4 travées d’approche de 12 à 3z m., une travée mobile de 34,07 m. Le tablier portera une voie de 1067 m., une chaussée de 6,40 m. et un trottoir de 3,35 m. posé à l’extérieur des consoles. Le poids total de l’ouvrage atteindra 5ooo tonnes.
- Hôpital flottant. — Une compagnie s’èst fondée à Londres dans le but de créer ce qu’elle appelle un floating hydropathic establishment. Elle a fait l’acquisition d’un grand yacht à vapeur du prix de 3 millions de francs, qu’elle transformera en maison de santé, où seront admises les personnes souffrant de maladies nerveuses, ainsi que les convalescents relevant de maladies non contagieuses. Le yacht pourra recevoir 220 passagers, sans parier du corps médical et des infirmiers. Les quatre ponts seront reliés ensemble par plusieurs ascenseurs. Tous les systèmes d’hydrothérapie (bains russes ou turcs, bains de vapeur, etc.) seront installés à bord. Les passagers y trouveront, en outre, un gymnase, un petit théâtre et une salle de concerts. La pension sera de 5o francs par jour, tous frais compris. Les constructeurs du navire ont cherché avant tout à assurer sa stabilité, aux dépens de sa rapidité. Abazzia, sur l’Adriatique, sera son port d’attache : il rayonnera de ce point pour faire des croisières sur la Méditerranée, mais sans jamais trop s’éloigner de la côte, afin de trouver rapidement un abri en cas de gros temps. Les passagers pourront se faire débarquer, et quitter définitivement le navire, le jour qu’il leur plaira. Voilà un nouveau système de cure qui se recommande à l’attention de nos neurasthéniques.
- Fabrication des épingles. — On en a parlé si souvent, que nous hésitons quelque peu à y revenir. Cependant, tout en citant d’abord une fabrique de Birmingham
- qui fabrique couramment 37 millions d'épingles par semaine, nous annoncerons, d’après la presse spéciale anglaise, la création d’un outillage nouveau à Springfleh] qui permet de produire 3oo épingles à la minute; c’est cinq fois plus que la production normale des machines existantes. De plus, l’outillage est complété par une machine à encarter les épingles, à les enfoncer dans une bande de papier, qui en enfonce simultanément 3o dans la carte.
- L’acclimatation du renne en Terre-Neuve. — La
- tentative d’acclimatation du renne domestique de Laponie dans les régions septentrionales de Terre-Neuve, organisée par le gouvernement de la colonie pendant l’automne de 1907, semble devoir être couronnée de succès. Le troupeau a supporté vaillamment les rigueurs de l’hiver, et ces terribles blizzards (tempêtes de neige) qui rendent la région à peu j^rès inhabitable. Le seul incident grave qu’on ait eu à déplorer fut l’attaque d’une petite bande de rennes par les chiens à demi sauvages que les trappeurs attellent à leurs traîneaux, et qui sont renommés pour leur férocité. Un mâle, qu’ils avaient cruellement déchiré, fut refcueilli par le Dr G-renfell, le chef de la mission, qui réussit à recoudre ses blessures et à le remettre sur pieds. La brave bête se prêta avec patience et intelligence aux longues et douloureuses opérations. L’automne prochain, une partie du troupeau sera transportée dans le Labrador. Si cette nouvelle acclimatation réussit comme la première, les destinées de la vaste péninsule en seront profondément modifiées, car les moyens de transport y font à ce point défaut que-de nombreuses missions organisées pour explorer l’intérieur, durant ces dix dernières années, se virent contraintes de regagner la côte.
- Mouvement de la population aux Indes. — Le
- Livre Bleu que publie le gouvernement des Indes indique un fléchissement de la natalité pour les années 1906-1907. La proportion des naissances a été de 37,8 par-millions'd’habitants dans les régions où fonctionne l’état-civil, contre 3g, 13 pour 1905, et 38,41 comme moyenne des cinq années précédentes. La mortalité a été supérieure à la natalité dans la région de Bombay, ce qui s’explique par la persistance de la peste et d’autres épidémies. Les statistiques dressées intéressaient 226125682 habitants, soit les 97 centièmes de la population totale. On a enregistré parmi eux 7 853 33o décès en 1906 (contre 8117771 en 1905). Le même document constate que les Hindous sont moins enclins que les races européennes aux maladies mentales. La proportion des aliénés n’est que de 2,95 par 10000 habitants dans le Bengale, alors qu’elle est de 34,71 en Angleterre.
- Le coût d’une guerre. — Chargé par l’État-Major Allemand de calculer ce que coûterait une guerre continentale, le général Blume, qui fait autorité en la matière, a consigné ses conclusions dans un rapport dont un journal berlinois publie quelques extraits. Nul doute qu’ils n’intéressent bon nombre de nos lecteurs. L’armée allemande mettrait en campagne 47^0000 soldats, dont l’entretien coûterait, munitions y comprises. 7500000000 francs pour une année. A ces sept milliards et demi, il convient d’ajouter plus de dix autres milliards, si l’on calcule les pertes qu’entraînerait l’arrêt de la vie industrielle de la nation. Naturellement, toutes les puissances engagéès dans cette guerre auraient à supporter des dépenses analogues. Or, si l’on prend en considération les traités d’alliance contractés depuis quelques années, y compris l’Entente Cordiale et le Compromis Anglo-Russe, on peut supposer que les puissances belligérantes seront an nombre de quatre ou de cinq. Et l’on en peut conclure, à l’aide d’une simple multiplication, qu’une pareille guerre coûterait à l’Europe un minimum de 3o milliards de francs en espèces sonnantes, sans faire* entrer dans ce chiffre fantastique—- mais non fantaisiste — les pertes résultant de la stagnation des affaires, indemnités de guerre, pensions aux blessés, etc. Quaqt aux chiffres des victimes, l’expert militaire allemand prend pour base les statistiques de la dernière guerre d’Extrême-Orient, où les armées japonaises perdirent, en morts et en blessés, 20 pour 100 de leurs effectifs. Chacune des grandes puissances engagées perdrait environ 900000 tués ou blessés!
- p.2x74 - vue 506/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Mécanique
- Traction mécanique des bateaux. — Plusieurs modes de traction mécanique des bateaux ont déjà été proposés; l’électricité même intervient soit directement, soit par l’intermédiaire de trolleys. 11 ne semble pas que l’un ou l’autre des procédés se soit imposé d’une manière absolue, c’est pourquoi le problème demeure entier.
- Un inventeur ingénieux, M. Ernest Lorin, vient d’imaginer une nouvelle solution très simple et dont la mise en jxratique est facilement réalisable. Il utilise un tracteur automobile, construit exactement comme une voilure automobile ordinaire, mais pourvu à l’arrière d’un treuil monté sur un châssis spécial et comportant des dispositifs destinés à limiter l’effort de traction et à obéir à la direction qui lui est imprimée par le câble le reliant au bateau remorqué.
- Sur la berge des canaux on disposerait, de loin en loin, des poteaux auxquels viendrait s’amarrer le tracteur à l’aide de grifï'es qu’il porte à l’avant, comme des antennes.
- Enfin, le moteur du tracteur sert d’abord à la
- ctg'ssi. Horlogerie
- La montre-boussole du capitaine Vincent. — Cette montre, tout à fait semblable, comme dimensions et comme mécanisme, à une montre ordinaire, est un instrument de précision très simple, portatif et essentiellement pratique. Elle est surtout destinée aux officiers en campagne, aux explorateurs et leur permet de mesurer les angles, de se décliner, trouver l’heure, s’orienter, se diriger, et elle tient lieu de montre astronomique, de calendrier, de cadran solaire, de boussole de déclinaison, de boussole d’orientation, de boussole directrice et de goniomètre. Le cadran émaillé affecte la forme d’une cuvette à rebord et fond plat ; il comporte trois cercles concentriques. Le premier est divisé en 3r jours, le deuxième en 24 heures et le troisième en 60 minutes et 120 demi-minutes. Les divisions du premier cercle indiquent le quantième du mois, elles sont marquées en chiffres arabes de couleur rouge, celles des deuxième et troisième cercles indiquent la mesure du temps et servent à vérifier l’exactitude de l’heure ou à la trouver si la montre est arrêtée. Les heures du matin sont tracées en chiffres arabes de x à 1,1 et celles du soir en chiffres
- Le tracteur mécanique pour bateaux.
- \Poteau
- 'Griffes
- Elévation
- progression et ensuite à la traction sur le câble par un système d’embrayage approprié.
- On se l’end facilement compte du fonctionnement d’un tel système. Le bateau étant l’elié au treuil par son câble, l’auto-tracteur part en avant se rattacher à l’un des poteaux par ses griffes ; pendant ce temps le câble s’est déroulé. On embraye alors le treuil sur le moteur de l’auto dont le restant de la mécanique est débrayé, et celui-ci tire sur le câble amenant à lui le bateau à une vitesse facilement réglable. Parvenu à la hauteur du tracteur, le bateau continue sa marche en raison de la vitesse acquise pendant un temps suffisant pour permettre au tracteur de quitter son poteau d’attache et d’aller se fixer au poteau suivant sans que l’arrêt du chaland ait pu se produire.
- L’inventeur a également envisagé le cas où le treuil serait placé sur le bateau lui-même, et actionné par un moteur à alcool, à pétrole, à vapeur ou au gaz pauvre alimenté par un gazogène spécial. Le l’ôle de l’automobile serait alors simplement réduit à celui de transporteur du câble.
- D’autre part, le moteur, placé sur le bateau, pourrait également actionner dii’ectement une dynamo qui transmettrait le courant au tracteur, lequel serait actionné électriquement.
- On voit que diverses combinaisons peuvent êti’e réalisées par l’emploi de ce dispositif auto-tracteur qui aurait pour principal avantage de permettre une vitesse bien supéx’ieux’e à celles que l’on a obtenues jusqu’ici. — L inventeur du nouveau mode de traction des bateaux est M. Ernest Lorin, à Doulaincourt (Haute-Mai’ne).
- romains également de 1 à ix. Les minutes sont aussi indiquées en chiffres ai’abes.
- Le centre du cadran est occupé par une x-ose des vents dont la ligne Nord-Sud concorde avec celle de midi-minuit. Un plan en couleurs représente la durée des nuits aux époques de changement de saison. L’indigo couvre le cadran entre VIII heures du soir et 4 heures du matin; il indique le solstice d’été, époque de l’année où les nuits sont les plus courtes. Le bleu-cobalt couvre les parties du cadran enti-e VI et VIII heures du soir et 4 et 6 heures du matin ; il correspond aux équinoxes du printemps et de l’automne, époques de l’année où les jours, sont sensiblement égaux aux nuits. Enfin le ton le plus clair, azui’é, couvre les parties du cadran entre IV et VI heures du soir et 6 et 8 heures du matin ; c’est le solstice d’hiver, époque des plus longues nuits. Ce plan en couleurs a pour but de faii’e ressortir, suivant les saisons, les heures de la journée où il est possible de se décliner, de trouver l’heure et de s’orienter au moyen du soleil.
- Enfin, la montre comporte un petit cadran à secondes situé pi’ès de l’heure de midi et une boussole ayant son axe au centre du cadx’an et son aiguille aimantée montée sur la tige des aiguilles de la montre. L’aiguille aimantée peut parcourir un limbe, tracé sur le rebord du cadx’an, divisé en 36o degrés, de façon que la ligne 36o°-i8o° cori’esponde à la ligne Nord-Sud de la rose des vents. Ces degrés donnent, avec l’aiguille aimantée, le moyen de se décliner, de mesurer l’angle d’une direction et de trouver la direction coi-respondant à un angle donné.
- L’aiguille des jours fait le tour du cadran en 3i jours;
- p.2x75 - vue 507/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- lorsque le mois est d’une durée inférieure, on fait sauter û. l’aiguille, en arrivant à la fin du mois, les jours nécessaires. Un levier d’arrêt, très léger, permet d’immobiliser l’aiguille aimantée lorsqu’on ne s’en sert pas.
- Le boîtier de la montre-boussole est semblable il celui d’une montre ordinaire. Les deux cuvettes sont adaptées aux lunettes par un système à pression qui supprime les onglets et charnières. Diverses dispositions ont dû être adoptées pour que l’appareil de visée, dont nous parlerons plus loin, puisse tourner librement sur tout le
- pourtour de la montre. De même, également pour faciliter la mise exacte au degré de visée de l’alidade, la lunette du côté du cadran est divisée en 72 parties égales chacune de ces parties correspondant à une division de cinq degrés du limbe. Enfin un petit cer-
- . , cle rouge, situé La montre-boussole disposée pour une visee. sur cuvette en
- verre et sur l’axe du canon des aiguilles, indique l’endroit précis où l'on doit poser le style, logé dans le boîtier qui renferme la montre, destiné à la recherche de l’heure. L’appareil de visée, constitué par une alidade à pinnules en aluminium est destiné à assurer la marche lorsque la direction à suivre a été déterminée. Il est fixé au dos de la montre et peut tourner librement autour d’un pivot central. Un système à friction en assure
- l’immobilité pendant la visée. Sa partie supérieure épouse la forme du dos de la montre et ses deux extrémités sont repliées à angle droit de manière à emboîter la montre. Les pinnules, en cuivre oxydé, dont l’une a la forme d’un cran de mire et l’autre celle d’un guidon, sont enchâssées dans les deux extrémités de l’alidade ; elles sont amenées à la position de visée au moyen d’un système à ressort qui permet de les éle-vre et les abaisser à volon-
- Montre-boussole dans son boîtier.
- té. Enfin, pour faciliter la mise exacte au point de l’appareil de visée, le milieu des deux extrémités repliées de l’alidade est marqué d’un repère, complété par cinq divisions de un degré, situées de chaque côté de ce repère sur le bord intérieur. La montre est enfermée dans un boîtier, avec tige et bélière, destiné à la rendre très portative. Il permet de lire les heures, de se décliner et de s’orienter sans qu’il soit nécessaire de sortir la montre.
- A l’intérieur se trouve suspendu à un petit crochet à ressort le style destiné à faciliter la recherche des heures et la clé à remontoir.
- Cet appareil, extrêmement intéressant, permet de résoudre un certain nombre de problèmes que l’explorateur et l’officier en campagne sont obligés de se poser à chaque instant presque. Nous ne pouvons insister sur ces diverses solutions qui font partie d’ailleurs d’un guide que le capitaine Vincent a eu soin de tracer et qui donne toutes les instructions nécessaires. Ces instructions accompagneront chaque montre-boussole qui est actuellement en construction. — L’inventeur est M. le capitaine Vincent, 149e régiment d’infanterie, à Epinal.
- L’alidade de visée.
- Jouets
- Aéroplane minuscule. — Voici un jouet facile à construire, et qui permettra de se rendre compte aisé-
- ment des principes essentiels de l’aviation, Nous devons les indications qui suivent à un de nos lecteurs, M. Phi-lippon, à Polignac (llaute-Loire). Prenez un morceau de bois sec de 10 centimètres de long sur 2 de large. Donnez-lui la forme du corps d’un oiseau, puis munissez l’arrière d’un gouvernail en carton (fig. 1 et 3). Taillez une paire d’ailes dans du carton mince, mais rigide et bien poli. Choisissez l’une des formes ci-dessous, les meilleures après expérience (fig. 5 et G). La queue doit être
- t
- <_>
- 2
- 3
- 5
- 6
- 7 *0*0 vu de côté.
- large, plus ouverte que les ailes et aussi plus légère : découpez dans le même carton un V très ouvert que vous garnirez de papier léger sur les deux faces. Le plan de la queue fera avec celui des ailes un angle de quelques degrés (angle d’attaque). Il faut une symétrie parfaite, sans quoi, on n’obtiendrait jamais un vol en ligne droite malgré que le gouvernail fût droit.
- Lancez votre appareil en le saisissant par le corps. Empêchez-le de se cabrer ou de plonger en piquant des punaises (fig. 2) sur la tête ou le corps suivant le cas. Quand l’équilibre est atteint, à la moindre impulsion, votre aéroplane filera en ligne droite sur i5 ou 3o mètres, davantage si vous êtes sur un lieu élevé. Sa large queue jouant le rôle d’une deuxième paire d’ailes, lui assure un équilibre latéral parfait et un atterrissement très doux. Pour obtenir un vol allongé, il faut charger beaucoup la tête.
- Divers
- En-cas sportif. — Il est certainement des sports où l’en-cas sera tout à fait à sa place : la pêche à la ligne, par exemple, la peinture également; mais si l’on désirait s’en servir pour éviter les rayons du soleil en jouant au foot-ball ou en partie de chasse, le parasol serait plutôt encombrant. En promenade, par exemple, il ne peut être que très utile, car il laisse la libre disposition des deux mains.
- C’est une sorte de toiture fixe attachée aux épaules et qui garantit aussi bien du soleil que de la pluie. L’étoffe est tendue sur une armature constituée
- par quatre paires de tiges principales qui s’ouvrent et se ferment aussi facilement que celles d un parapluie. Replié, l’appareil est beaucoup moins encombrant que ceux qu’il tend à remplacer. En somme, l’inventeur veut détrôner parapluie et ombrelles dont l’usage est, il est vrai, bien incommode. Les travailleurs 1 adopteront à la campagne, mais les flâneuses lui préféreront encore, je crois, l’antique ombrelle qui permet de si gracieux gestes! — L’en-cas sportif est construit par M. Henry Bauër, 3, rue d’Abbeville (place Lafayette), à Paris.
- p.2x76 - vue 508/647
-
-
-
- VARIETES
- Les bières, cidres et vins sans alcool. — L’expression de bière, cidre ou vin sans alcool, porte en soi une contradiction puisque ces boissons résultent de la fermentation alcoolique d’un moût sucré; quoi qu’il en soit, elle a été acceptée dans les pays de langue allemande parce qu’en cherchant à développer la consommation de ces boissons, on y a voulu combattre l’alcoolisme que peut provoquer l’abus des boissons dites hygiéniques ; toutes, en effet, renferment nonnalement des quantités notables d’alcool et ne sauraient être prises régulièrement sans danger ; tel est l’avis du moins de certains antialcoolistes. A vrai dire, en Allemagne et en Suisse, où ces boissons ont eu beaucoup de succès, elles ne sont guère consommées que par ceux qui, auparavant, étaient déjà sobres et se contentaient de boire de l’eau ; elles satisfont, en effet, très peu le goût des gens habitués au vin ou à la bièi'e, bien que les fabricants se soient efforcés de réaliser le bouquet et l’arome de ces boissons, celui de l’alcool en moins, bien entendu; c’est ce que signifient les noms de certaines marques qui prétendent rappeler certaius vins bien connus : Burgunder ulkoholfïeier Traubensaft, Tokayer Traubensafl, etc.
- La contradiction citée plus haut, explique le nombre considérable des procédés qui ont été proposés ou qui sont employés pour obtenir ces boissons ; presque tous se ramènent cependant à deux procédés généraux : ou bien on enlève l’alcool, généralement par distillation fractionnée et sous pression réduite, d’une boisson fermentée préparée par les procédés ordinaires, ou bien on fait un moût qui est stérilisé1, puis soumis à une fermentation spéciale après avoir été ensemencé avec une culture sélectionnée. On choisit une fermentation qui ne soit pas accompagnée d’une production d’alcool et qui développe un arôme déterminé, celui d’une bière ou d’un vin d’origine connue.
- Il est impossible cependant qu’il y ait identité complète de saveur, puisque le bouquet dépend de multiples conditions locales et de la fermentation elle-même. A ce point de vue, le premier mode de fabrication est un peu supérieur au second ; il a l’inconvénient cependant d’enlever à la boisson la majeure partie de sa valeur nutritive, perte qui est souvent compensée par une addition de sucre faite après coup; de plus, le chauffage à une température, même très peu élevée, laisse toujours un goût de cuit assez désagréable.
- Ces boissons, si elles ne restent pas sucrées, sont beaucoup moins nutritives que celles qu’on prépare avec le jus des fruits et qui portent des noms plus ou moins fantaisistes tels que : Poma, Cerilbrause, Pfirsichperle, Sinalko, Alkonone, Jugendquelle ? ! Quelques-unes de ces limonades, gazeuses ou non, peuvent d’ailleurs être obtenues, partiellement ou totalement, sans recourir aux fruits ; on trouve dans le commerce des essences de fruits dont font couramment usage les limonadiers, confiseurs et fabricants de confitures, et qui rappellent très exactement la saveur des fruits ; mélangées en proportions convenables avec un colorant approprié, un sirop de sucre et des acides acétique, citrique et tartrique, ces essences donnent des boissons absolument identiques à celles qu’on prépare avec les fruits mêmes. Comme ces boissons sont après tout aussi saines que les autres et que rien ne peut les en distinguer à l’analyse et à la dégustation, le gouvernement allemand a décidé d’en permettre la vente, à condition que leur composition et leur mode de fabrication soient déclarés. C’est vers ce système d’ailleurs, complété par une surveillance dé la fabrication, que tend, dans tous les pays, la réglementation
- relative aux produits que fournit aujourd’hui l’industrie lorsqu’ils sont analogues aux produits naturels : la démarcation entre les deux genres de produits devient en effet, de jour en jour, plus difficile et le produit dit artificiel l’emporte quelquefois d’ailleurs sur le produit naturel. Comme le montre le Dr O. Mezger, qui depuis deux ans a étudié systématiquement et analysé ces boissons, elles ne sont pas absolument exemptes d alcool; la présence de ce corps est inévitable; elle résulte de ce que le maniement de liquides sucrées ne peut guère se faire sans qu’une fermentation alcoolique se produise, Toutefois, en général, la proportion est insignifiante : il y en a moins deo,5 pour xoo, et il est facile aux fabricants de la faire descendre au-dessous de i pour 100. Quelques produits de qualité inférieure en contiennent cependant des quantités comparables à celles qu’on trouve dans les petites bières. E. L.
- Le papier de tourbe. — Afin de conjurer la crise du papier, on cherche de tous côtés des succédanés à la pâte de bois. Le papier de chiffon est devenu une rareté ; en Algérie et en Tunisie, on trouve la cellulose dans l’alfa; en Birmanie, les Anglais exploitent le bambou dans le même but. Dans les Etats-Unis d’Amérique, on cultive le maïs, dont l’écorce extérieure est bonne pour la fabrication des papiers communs opaques, et on commence à faire du papier de tourbe.
- Une usine près de Capac, dans l’État de Michigan, traite la tourbe si habilement que deux heures après son extraction des marais, cette tourbe est transformée en papier qui est même, dit-on, de qualité supérieure au papier de bois pour les empaquetages. Une tonne-de ce papier peut être produite au prix de 5o francs environ la tonne, alors que le papier de bois du même genre coûterait de ia5 à i5o francs.
- Les premiers essais pour fabriquer du papier avec la tourbe furent faits, il y a déjà quelques années, à Cel-bridge, en Irlande, mais ils donnèrent de médiocres résultats. Ce n’est que très récemment aux Etats-Unis, que les machines ont été assez perfectionnées pour devenir réellement pratiques. La première papeterie de Capac a été établie sur le bord d’un immense marais. Un large hangar de 3oo mètres de long y a été constimit. A l’une des extrémités, la tourbe est amenée dans des wagonnets, remplis au marais. A l’extrémité opposée, au bout de deux heures, cette même tourbe sous forme de papier séché, roulé, est prête à l’expédition et chargée dans des charrettes. La machine à sécher n’a pas moins de quarante et un énormes rouleaux chauffés qui terminent le séchage de la pâte en vingt minutes.
- En raison des substances huileuses que renferme la tourbe, ce papier.est imperméable. Il n’est pas attaqué par les insectes. Les fourrures et lainages enveloppés dans le papier de tourbe sont à l’abri des mites.
- Lorsque les chimistes auront réussi à décolorer la tourbe, on aura du papier blanc de tourbe. A l’heure actuelle, le papier de tourbe est de couleur brun foncé.
- Le papier de tourbe pourrait être pour l’Irlande une source de richesse ; sa fabrication donnerait de la valeur à d’immenses marais qui sont le désespoir des agriculteurs. Il en serait de même dans plusieurs régions de la France où les tourbières ne rapportent plus rien. Actuellement on ne peut guère tirer de ces tourbières que des mottes à brûler. Ce combustible dégage d’épaisses fumées, par suite est peu employé, peu demandé et est d’une vente très peu avantageuse. N. Lallik.
- HYGIÈNE ET SANTE
- Traitement des brûlures graves. — Les brûlures superficielles et légères sont guéries vite et facilement avec les pansements les plus variés ; mais il n’en est pas de même quand la destruction des tissus est profonde,
- quand ce sont des brûlures au 3e ou 4e degré, comme on les désigne dans le langage chirurgical. Il ne s’agit plus là d’une phlyctène plus ou moins étendue, avec soulèvement de l’épiderme; le derme est atteint, les par-
- p.2x77 - vue 509/647
-
-
-
- m
- HYGIENE ET SANTÉ
- lies sous-jacentes peuvent l’être à des degrés variables et alors la guérison de ces plaies demande un temps prolongé ; des escarres se forment, qui s’éliminent avec une lenteur désespérante, et si les brûlures sont nombreuses et étendues, entraînent par l’abondance de la suppuration, malgré les désinfectants, un épuisement du malade.
- Le D' Raymond Petit préconise contre ces brûlures graves et profondes, un pansement nouveau, tout à fait original et qui mérite d’être connu en raison des résultats remarquables qu’il a donnés tant au point de vue de la réparation rapide des plaies que de l’absence de réaction générale si fréquente à la suite des brûlures de ce genre. M. Petit utilise le> sérum de cheval et voici comment il applique son pansement.
- Il commence d’abord, quelle que soit la brûlure, à faire un nettoyage aussi sérieux, que possible des téguments avec l’eau bouillie, le savon, puis on arrose avec de l’eau oxygénée étendue d’eau et enfin on lave toute la plaie avec de l’eau salée au titre isotonique stérilisée. Ces précautions antiseptiques étant prises, on étale sur les parties atteintes des compresses imbibées de sérum de cheval chauffé. On recouvre avec de la gaze, du taffetas chiffon et un peu d’ouate ; le pansement est renouvelé tous les jours ou tous les deux jours suivant l’étendue de la plaie et le degré de profondeur des tissus atteints. A chaque changement du pansement, la plaie est lavée à l’eau salée stérilisée.
- Les effets de ce pansement sont remarquables ; quand on traite une brûlure du second degré, après évacuation antiseptique des phlyctènes, on est surpris de la rapi-
- dité de la guérison. Dans les brûhires plus profondes, l’élimination des escarres est hâtée et la cicatrisation s’effectue déjà quand avec d’autres pansements la séparation des parties mortifiées est à peine commencée. Chez un sujet brûlé aux quatre membres, au ventre et à la poitrine, on put juger, par l’emploi simultané de pansements divers sur chaque plaie de la supériorité du pansement avec le sérum de cheval. Une brûlure fut pansée à l’acide picrique, une autre, à l’eau boriquée une troisième à l’eau stérilisée, toutes furent en retard sur celle qui recevait le sérum.
- A quoi est due cette action vivificatrice du sérum ? Pour M. Petit, les symptômes graves locaux ou généraux sont dus à une intoxication par les poisons qui se produisent dans les tissus mortifiés et parles poisons microbiens ensuite. Il importe donc de chercher à réduire au minimum cette production de poison et de chercher tout en écartant l’infection microbienne à conserver le plus possible d’éléments cellulaires puisque la destruction de chacun d’eux est une source de fermentation toxique. Le lavage préalable à l’eau oxygénée et à l’eau salée entraîne la plus grande partie des germes ; le sérum de cheval, dont les propriétés chimiotaxiques font affluer les leucocytes, viendra comme un liquide conservateur favoriser le retour à la vie des cellules qui ne sont j:>as atteintes. Dans ce bain physiologique elle reprennent vie et aident à la réparation de la plaie.
- Quelle que soit la théorie sur le mode d’action de ce sérum, ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il paraît guérir mieux et plus rapidement que tout autre corps médicamenteux.
- D* A. C.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Pour percer un trou dans du fer. — On n’a pas
- toujours sous la main des poinçons, forets et outils spéciaux nécessaires pour percer un trou dans le fer. Voici un procédé qui permet de s’en passer et qui est basé sur une réaction chimique bien connue. Nous le citons d’après la Construction Moderne. On commence par mouler un bâton de soufre, auquel on donne la forme et la dimension que doit avoir le trou. Puis on chauffe au rouge blanc la barre ou la lame de fer à l’endroit qu’il s’agit de perforer. On applique alors à cet endroit le bâton de soufre, et il entre, à proprement parler, comme dans du beurre, le trou ayant exactement la forme du bâton. Ce phénomène s’explique très facilement par la formation immédiate de sulfure de fer.
- Entretien des statues en plâtre dans les jardins.
- —- Les statues ou motifs allégoriques en plâtre employés souvent pour la décoration artistique des jardins ont le grave défaut de se détériorer rapidement à la gelée, à la pluie et à l’humidité. Voici, d’après la Construction moderne, un moyen fort simple de les rendre insensibles aux intempéries : il suffit de les enduire d’une couche légère de silicate de potasse. Les solutions de silicate de potasse se trouvent chez tous les marchands de couleur. Avec une couche de cet enduit, les statues deviendront aussi dures que de la pierre. Evidemment les saletés et les végétations se poseront quand même sur ces plâtres durcis; mais au printemps, quelques soins insignifiants les feront disparaître : on fabriquera une bouillie épaisse d’amidon de blanchisseuse et par un beau soleil, on l’étendra sur la statue. Les saletés de toutes sortes adhéreront à la colle, qui en séchant, s’écaillera et s’enlèvera le plus aisément du monde, la statue apparaîtra alors comme neuve, et on pourra la rincer à l’eau pure.
- Liquide barométrique. — Triturer et pulvériser ensemble-8 gr. de camphre, 4 gr. de nitrate de potasse et autant de salpêtre avec 2 gr. de muriate d’ammoniaque ; on facilite la mise en poudre par addition de quelques gouttes d’alcool. Puis dissoudre dans 60 gr. d’alcool et mettre dans une bouteille de mélisse vide. Fermer avec un morceau de vessie qu’on perce d’un coup d’épingle. Par temps sec et beau, les particules
- solides se réunissent au fond; si le temps doit changer, elles tendent à monter graduellement en troublant le liquide d’en haut; des étoiles se forment. A l’approche des grands vents, des masses solides montent et forment une feuille épaisse en haut du liquide, celui-ci prenant apparence de fermentation.
- Alliage plastique adhérent au verre, à la porcelaine et aux autres métaux. — On conçoit aisément les services que peut rendre un tel alliage. En voici la recette, d’après la Revue de Chimie industrielle. Faire dissoudre du sulfate de cuivre dans de l’eau : on précipite ensuite le cuivre, par des rognures de zinc pur très divisé qu’on lave à plusieurs eaux. Puis on mélange ensuite 20 à 3o parties de ce cuivre en poudre avec de l’acide sulfurique concentré en quantité suffisante pour former une bouillie épaisse : on ajoute 70 parties de mercure, en agitant censtamment le mélange dans un mortier de fonte ou de porcelaine. Plus la proportion de cuivre sera forte, plus l’alliage sera dur. Quand l’amalgame est parfaitement achevé, on lave à l’eau bouillante, afin d’éliminer jusqu’aux dernières traces d’acide sulfurique et on laisse refroidir. Pour faire usage de ce j3ro-duit comme mastic, on le chauffe jusqu’à ioo°; on le broyé dans un mortier de fer chauffé préalablement à i5o°. L’alliage prend alors la consistance de la cire et peut servir de ciment pour réunir les pièces métalliques ou autres.
- Pour fixer le fer dans la pierre. — On se trouve très bien d’employer un alliage de 2 parties de plomb et 1 p. de zinc. Cet alliage est préférable au plomb pur.
- Enlèvement des taches de graisse sur l’ivoire. —
- Le besoin se fait sentir de ce. procédé, principalement pour les manches de couteaux de table, et on comprend pourquoi. Le mieux est de tremper ou plus exactement de laisser tremper, le manche du couteau une nuit et un jour dans de très bonne térébenthine; ensuite on frotte avec du blanc d’Espagne pulvérisé. Naturellement il ne faut pas que la térébenthine s’introduise dans le manche, là où est scellée la lame, parce qu elle pourrait parfaitement dissoudre au moins partiellement la résine employée pour ce scellement.
- p.2x78 - vue 510/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction public les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d'abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Communications. — Dans notre n° x835 du 2 5 juillet dernier nous avons rendu compte d’une communication de M. Paul Martin au Congrès des Sociétés savantes, portant sur la vitesse des gouttes de pluie et ssur l’inconvénient qui en résulte pour les insectes. M. le général Journée nous fait remarquer qu’il a traité cette question et dans des te<rrnes identiques en 1892, En se reportant à La Nature du 27 février 1892, p. 208, on y trouvera, en effet, indiqués les résultats et les conclusions que nous avions résumées d’après la Communication de M. Martin. M. le général Journée a sur M. Martin une
- priorité évidente et que nous signalons bien volontiers.
- Renseignements. — M. P. A., à Paris. — L’idée de Berlhelol n’a jusqu’ici été reprise par personne. C’était, du reste, une boutade plutôt qu’une prophétie.
- M. le Dr Peyronnet de Lafonvielle, à Marmande. — Il faut tenir compte de ce que l’acétylène se décompose d’elle-même à la température de 780°. U est donc inutile, dans votre expérience, de faire intervenir le rôle catalytique du fer.
- Destruction des insectes nuisibles. — La station entomologique de la Faculté des Sciences de Rennes fournit gratuitement tous les renseignements concernant les moyens à employer pour détruire les insectes nuisibles. Il suffit d écrire à M. F. Guitel, professeur à la b acuité des Sciences de Rennes en lui envoyant le nom ou un échantillon de l’insecte à détruire.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- La colonie des lépreux des Hawaï : V. l'oniiiN. — Les moteurs à gaz pauvre : Etienne Taris. — Nattes de Chine, du Japon et du Tonltin : Daniel Berlet. — Les étoiles artificielles : A. Cha-rlet. — Les Puits-aux-Etoiles des Alpes-Maritimes : F. Maher.
- — batellerie fluviale et santé publique : Dr Ouadé. — Academie des sciences ; séance du 27 juillet 1908 : Ch. de Villedeuil.
- — Le sport chez les aveugles : Jacques d’Izier.
- Supplément. — Nécrologie; Alphonse Péron. — Le dirigeable « République ». — bolide remarquable. — Ficole pratique coloniale du Havre, etc. — La poste par pigeons au Congo frança s.
- — Ou passer nos vacances : à la montagne ou à la mer?
- La construction en béton armé, guide théorique et pratique, par C. Kersten. Traduit d’après la 3° édition allemande, par Poinsignon, ingénieur E. C. L. 2 vol. in-8 (?3-i4) se vendant séparément. Ire Partie : Calcul et exécution des formes élémentaires. Volume de iv-194 pages avec 119 figures. 1907. Prix : 6 francs. II0 Partie : Applications à la construction en élévation et en sous-sol. Volume de vn-280 pages, avec 497 figures. 1908, chez Gauthier-Villars. Paris. Prix : 9 francs.
- L’importance considérable prise en ces dernières années par le béton armé justifie la publication française de l’utile ouvrage de Kersten. Les ingénieurs y trouvèrent les calculs, les renseignements théoriques et pratiques qui pourront leur être nécessaires pour la préparation et l’exécution de leurs travaux.
- Manuels de l’histoire de l’art, publiés sous la direction de À. Marcel. I. La peinture, des origines au xvie siècle, par Louis Hourticq. Paris. Librairie Renouard. H. Laurens. 1908. 1 vol. in-8°, 5oo pages, 171 grav. Prix : broché, 10 francs; relié, 12 francs.
- Le grand public, et c’est une chose très heureuse, s’intéresse chaque jour plus vivement à l’histoire des arts, et les encyclopédies destinées à le satisfaire se multiplient. Le plan de celle que dirige M. Marcel, de la Bibliothèque Nationale, est particulièrement bon : elle doit en effet comprendre 2 vol. pour la peinture,
- 1 pour la gravure, 1 pour la musique, 2 pour la sculpture, 2 pour Y architecture, 1 pour les arts du métal, 1 pour les arts de la terre, 1 pour les arts du bois, 1 pour les arts textiles. Si à cette liste s’ajoutait un volume synthétique, sans doute d’ailleurs très difficile à écrire, montrant les rapport de ces arts entre eux, et tentant d’établir une histoire de l’art dans son ensemble, nous oserions dire que ce serait parfait. — Le présent volume de M. Hourticq fait bien augurer des suivants : un texte nourri, serrant toujours d’assez près la technique pour échapper aux dissertations
- oratoires, mais plein d’ailleurs de sensibilité et de finesse, des images abondantes et bien choisies, évitant le trop connu et le trop rare, des bibliographies sobres, mais riches.
- Glossaire allemand-français des termes d'anatomie et de zoologie, par Raphaël Blanchard. Paris. Asselin et llouzeau, 1908. 1 vol. in-8° vn-298 p. Prix : 8 francs.
- Ce volume de notre éminent collaborateur est certainement appelé à rendre les plus grands services à toutes les personnes qui doivent lire des ouvrages ou des articles de médecine ou de zoologie en allemand. L auteur ne 1 a pas lait, en effet à la manière d’un simple dictionnaire; il a tenu — et c’est là la grande originalité et la grande utilité de son travail — à donner pour chacun des termes français et allemand son synonyme latin.
- Traité de la culture fruitière, bourgeoise et commerciale, par Ch. Baltet. 4e édit. Paris, Masson et Cie, 1908."
- 1 vol. in-12, 726 p. Prix : 6 francs.
- Il est à peine besoin d’insister sur les mérites de l’ouvrage, pour ainsi dire classique, de Ch. Baltet. Cette quatrième édition, remaniée au point qu’elle constitue un livre nouveau, contient, mais avec un développement plus considérable, les mêmes matières que les précédentes : Culture fruitière (terrains, situations, variétés, plantations, culture, récolte, emballage, emploi) des Abricotier, Amandier, Cerisier, Châtaignier, Cognassier, Cornouiller, F'iguier, Fraisier, Framboisier, Groseillier, Néflier, Noisetier, Noyer, Pêcher, Plaqueminier, Poirier, Pommier, Prunier, Vigne ; viennent ensuite des observations générales et des préceptes clairs et complets sur : l’organisation et l’exploitation des plantations fruitières ; la plantation des arbres ; l’entretien des plantations ; les maladies, parasites, animaux nuisibles.
- The zoology of lakes Amatitlan and Atitlan, Guatemala, With Spécialreference to ichthyology, par S. E. Meek.' Chicago. U. S. A. 1908. 1 br. in-8° p."159-206. (Field Columbian Muséum publ., n° 127. Zool. sériés vol VII, n° 6.)
- Leland Stanford junior University publications. Uni-versity sériés n° 1. Lnheritance in Silkworms L, par Vernon L. Kellogg, Stanford University, California, publ. par rUniversity. 1908. 1 vol. in-40, 89 p.
- Le présent fascicule, le premier des publications de l’Université Stanford (Californie), dû à la plume du très distingué professeur d’entomologie, V. L. Kellogg, fait bien augurer de ceux qui doivent suivre. En étudiant les phénomènes d’hérédité chez les vers à soie,
- 1 auteur pense, et sans doute légitimement, pouvoir
- p.2x79 - vue 511/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- Wït;
- arriver à préciser certaines des lois encore si mal connues qûi régissent ce phénomène; le présent mémoire 11e donne pas dans ce sens de bien grands résultats, mais les faits qu’il apporte sont intéressants en eux-mêmes et donnent bonne espérance dans les recherches ultérieures, actuellement en cours.
- Renseignements divers aux amateurs photographes. Conseils pratiques aux touristes et oüiciers en campagne, par G. Lanqukst, 5e édition, en vente chez l’auteur, x, rue Gay-Lussac, Pai-is. Prix : 2 francs.
- Annuaire des photographes professionnels pour 1908 (2e édition). Paris, aux Bui'eaux de la Photo-Revue, 118 bis, rue d’Assas. 1 vol. Prix : broché, ifr,5o.
- Liste générale des photographes professionnels de Paris, des Départements, des Colonies et de l’Etranger (Belgique et Suisse) rangés en 5 listes territoriales pour la commodité des recherches.
- Notions générales sur la télégraphie sans fil, par R. ok Valbheuze. 1 vol. in-8° raisin, 170 pages, a’’ édition, à l’Eclairage électrique, 40, rue des Ecoles, Paris.
- Le procédé Ozobrome, par E. Coustet. Paris. Ch. Mendel, 1x8, rue d’Assas. Une brochure de la Bibliothèque de la Photo-Revue. Pi’ix : 60 centimes.
- Celte brochure inléi'essera les amateurs de photographie : l’ozotypie avait déjà supprimé certaines difficultés des procédés par dépouillement, mais elle laissait subsister deux inconvénients : l’obligation pour l’opérateur de sensibiliser son papier la veille de l’emploi, et l’impossibilité d’obtenir.des agrandissements dii'ects. L’ozobi’omie les fait disparaître; elle met les méthodes pigmentaires à la portée de tous les amateurs.
- Notre globe, sa constitution, son histoire,-par E. Bruckek. Ch. Delagrave, édit., in-18. Prix : 3f,',5o.
- ><
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES '
- Lundi 27 juillet 1908. 10°,0 N. 2. Deau. )) Rosée ; peu nuageux.
- Mardi 28. ISM N. E. 2. Beau. 8,9 Ros.; p. 11. jus. 10 II.; couv. eus.; or. et ni. de 11 h. 35 à 12 h. 55.
- Mercredi 29 14°, 9 N. N. W. 3. Couvert. 0,9 Couvert ; piuie de 4 h. 50 à G h. 50 et à 10 h. 45.
- Jeudi 50 16°, 5 N. 5. Couvert. » Très nuageux le matin ; peu nuageux le soir.
- Vendredi 31 17°,1 N. N. W. 0. Beau. » Rosée ; brume ; nuageux.
- Samedi 1" août . . . 13°,2 N. 1. Beau. » Rosée; brouillard; peu nuageux.
- Dimanche 2 13°.4 N. N. E. 2. Beau. » Rosée, beau.
- JUILLET-AOUT 1908. — SEMAINE DU LUNDI 27 JUILLET AU DIMANCHE 2 AOUT 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à iO; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée. »
- Du 27 juillet au 2 août. — Le 27. Régime anticyclonique sur l’O. et le N. de l’Europe : au-dessus de 765 mm sur nos régions; 772 sur la Russie N. Quelques pluies en Allemagne et en Russie. Température du matin : Arkangel, 12°: Paris, 17; Perpignan, 25; Puy de Dôme, 14 ; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : 20°,6 (normale : i8°,3). — Le 28. Pression générale supérieure à 765 (Irlande, 771; Bretagne, Finlande, 769). Quelques pluies sur l’E. Temp. du matin : Seydisfjord, 9; Paris, i5; Nice, 26; Puy de Dôme, 14 ; Pic du Midi, 10; moyenne à Paris : i6°,8 (normale : i8°,3). — Le 29. Press, atmosph. : Iles-Britanniques, 774; E. delà France, 768; légères dépressions sur l’Islande, 759. Pluies sur l’O. de l’Europe; en France : Charleville, 21 mm; Le Mans, 15 ; Pai’is, 10; Besançon, 4. Temp. du matin : Feroé, i2° ; Paris, 15 ; Alger, 25; Puy de Dôme, Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i6°,9 (normale : i8°,3). — Le 3o. Aire supérieure à 765 sur l’Europe : Bretagne, 774; Seydisfjord, 748; Christiansund, 762. Quelqùes
- pluies sur l’O. Temp. du matin : Bodoe, 12; Paris, 17; Livourne, 25; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, 4; moyenne à Paris : 200 (normale : i8°,3). — Le 3i. Bretagne, 772; Charleville, 767 ; Ilaparanda, 751. Pluies sur la Scandinavie et le S. de la Russie; en France : Clermont-Ferrand, 6 mm; Perpignan, 5; Cette, Marseille, 3. Temp. du matin -. Féroé, 10; Paris, 17; Nice, 26; Puy de Dôme, x5; Pic du Midi, 4l moyenne à Paris : 170,4 (normale : i8°,3). —Le Ier août. Irlande, 772; Pai’is 770; Belfort, 768. Pluies sur la Scandinavie. Temp. du matin : Christiania, Paris., .13°; Trieste, 25; Puy de Dôme, 11 ; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i6°,4 (normale : i8°,3). — Le 2. Baisse de pression sur le S--0. : Iles-Britanniques, 770; dépressions sur la Russie (Saint-Pétersbourg, 756) et l’Islande Q55). Pluies sur la Scandinavie, l’Allemagne, la Russie. Temp. du matin : Bodoe, 12; Paris, x3 ; Alger, 24; Pic du Midi, 8; Puy de Dôine, 6; moyenne à Pai’is : i5°,4 (normale : i8°,2). — Phases de la Lune, Nouvelle Lune le 28, à 7 h. 26 m. du matin.
- p.2x80 - vue 512/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- E.-A. MARTEL
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du,journal : 12c, Boulevard Sainl-Germain, Varie (VJ”)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l'indication d’origine.
- N° 1838 — 15 AOUT 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Nécrologie : Alfred Giard. — La mort de M. Giard, membre de l’Académie des Sciences, est une perte irréparable à la fois pour l’enseignement supérieur et pour les sciences biologiques, où il jouissait d une autorité incontestée en France et à l’étranger. Nous essaierons, dans notre prochain numéro, de montrer comment se justifie celte autorité et de faire voir la signification et la portée de l’œuvre de M. Giard. Rappelons dès maintenant qu’Alfred Giard, né en 1846, après être sorti de l’Ecole normale supérieure, avait d’abord professé l’histoire naturelle à la Faculté des Sciences et à la Faculté de Médecine de Lille, puis en 1887, après avoir siégé quatre ans à la Chambre des députés, comme représentant de la première circonscription de Valenciennes, il était devenu, à la Sorbonne, titulaire de la chaire de zoologie et chargé du cours sur l’évolution des êtres organisés. M. Giard était directeur du laboratoire biologique de Wimereux.
- Quatrième Congrès préhistorique de France. —
- Le I-Y® Congrès préhistorique de France, se tiendra cette année à Chambéry (Savoie), du 24 au 3o août. Pour tous renseignements, s’adresser à M. M. Baudoin, 21, rue Linné, Paris.
- Un don au Muséum de la Ville de Nîmes. — Notre collaborateur M. Mingaud, conservateur du Muséum de la Ville de Nîmes, nous informe qu’un don fort important vient d’être fait à cet établissement. Il s'agit de la remarquable’ collection géologique d’Emilien Dumas, généreusement offerte par la fille et le gendre du savant chercheur. On sait qu’Emilien Dumas (1804-1870) est Fauteur de a la Statistique géologique, minéralogique, métallurgique et paléontologique du département du Gard, en trois gros volumes, accompagnés de planches et servant de texte explicatif à une carte. Pendant 40 ans, il s’est consacré à l’étude de la constitution géologique du département du Gard. Il avait ainsi réuni une collection des,plus complètes, tant au point de vue de la géologie proprement dite, que de la paléontologie animale et végétale et de la minéralogie. ,
- La machine volante des frères Wright. —
- M. W. Wright vient d’exécuter près du Mans, avec son célèbre appareil, une série de vols des plus réussis. Les spectateurs paxnni lesquels figuraient les personnalités les plus marquantes de l’aviation ont été enthousiasmés par l’aisance et la souplesse avec lesquelles Wright manœuvre son appareil. Par là même se trouvent levés tous les doutes, qui subsistaient chez certains, sur la véracité des sensationnelles, mais mystérieuses expériences des Wright à Dayton en 1904-1905. Il est indiscutable aujourd’hui qu’ils ont conquis, bien avant Farman et Delagrange, le record des parcours aériens. Leurs essais ont commencé en 1900, en 1902 ils réussissent leurs premières glissades aériennes sur un aéroplane sans moteur. En 1903, ils adaptent un moteur à
- leur appareil et couvrent, le 17 décembre, 266 m., en 59 secondes. En septembre 1904, ils réussissent leur premier virage et exécutent un circuit complet. Eu novembre 1904, vol de 4 km en 5 minutes. Le 26 septembre mjoS, ils parcourent 17961 m. en 18ni 9® : le 29 septembre 19 570 m. en i9m55s; le 3 octobre 24 535 m. en 25m5s;le 4 octobi-e .33 456 m. en. 33“ 1 ys ; le. 5 octobre 38q56 m. en 38m 3S. Les frères Wright suspendent alors leurs essais, pour se livrer à une série de négociations dans le but de vendre leur appareil; elles ont été relatées dans l’article : Adjudication d’aéroplanes aux Etats-Unis (La Nature, n° i83i, 27 juin 1908). Elles ont fini par aboutir à un traité conclu avec un groupe de sporlsmen - français : MM. .Wright s.e sont engagés à effectuer 2 vols de 5o kixx au moins, en enlevant à bord 2 personnes au-moiixs, le pilote et un passager; cette condition l'emplie, ils abandonnent conli*e 5oo 000 francs le droit de consti'uction de leur appareil en France.
- Un prix d’aviation. —D’après le Times, le Gouvernement Russe vient d’offrir un prix de 125 000 francs pour un concours de machines volantes à dispxxter à Saint-Pétersbourg entre le icr juillet et le i5 août 1909.
- La navigation intérieure en Aîlemagne. — Le rapport du Comité des houillèi'es d’Essen poxxr 1907 signale l’augmentation considéixxble dxi tonnage des .marchandises ti’ansportées en Allemagne par voie d’eau : le trafic total a passé de ir milliards 5 de tonnes kilométriques (1900) à i5 milliards (1905), tandis que le trafic des voies fermées passait .de 36 milliards 9 à 44 milliards 6, le réseau des voies ferrées ayant augmenté de io5 pour 100 pendant ces cinq années, et celxxi des voies navigables étant axi contraire resté à peu près le même; — Parmi, diverses autres questions intéressant spécialement le bassin, houiller de Doi'tmund,. le rapport signale d’autre part la constitutioix, en juillet 1907, d’uile Association. formée à Constance et ayant pour bxxt d’obtenir l’exécution des travanx nécessaires pour rendre le Rhin navigable jusqxi’axx lac du même nom. Il y a également à l’étude .un jrrojet de création d'un grand, réseau de canaux en Wurtemberg, qui consisterait à relier le. Néclcar au Danube par un canal de 112 km traversant le Jura de Souabe à Konigsbronn (496 m.); on réunirait d’autre part le Danube au lac de Constance par un canal de io3 km, passant à l’altitude maxirna de 575 m.; la chaîne de partage des eaux de l’Europe se trouverait franchie en ces deux points. La dépense prévue par ces deux canaux n'excéderait pas 200 millions de marks (25o millions de francs). Signalons encore, soit à l’étude, soit en coxxrs d’exécution, l'augmentation de la largeur prévue pour les écluses dxx Rhein-Herne-Canal, augmentation qui aurait pour effet de permettre l’accès sur le Rhin atxx chalands de 1200 tonnes, les plus avantageux pour le transport de la hoxxille et des minerais, mais dont l’idée est combattue par la crainte de détourner, au profit de Rotterdam, xxne partie du trafic des ports
- p.2x81 - vue 513/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- allemands de la met' du Nord, — projet de canalisation de la Ruhr, — amélioration des conditions de navigabilité du Rhin au Binger-Loch, etc.
- Elargissement du canal de Kiel. — Le canal de Kiel est arrivé aujourd’hui à son maximum de rendement : il 11e suffit plus à assurer le traite qui lui est destiné; et surtout, il n’est plus en harmonie avec les' dimensions des grands navires modernes. Sa transformation est décidée et un crédit de i5 millions de marks a été voté par le Reichstag pour les expropriations et les projets préliminaires. Voici, d’après les Annules des Travaux Publics de Belgique, quelques données sur les travaux projetés. Les écluses seront aménagées en vue du passage de navires de 3oo m. de long; elles mesureront 45 m. de large et 33o m. de long. Le mouillage du canal sera de 11 m. sous le niveau de flottaison moyen. Quelques courbes du canal seront rectihées et portées à un rayon plus grand. Le nombre des garages sera augmenté, et leur espacement réduit à 10 km. Le projet prévoit la construction d’un certain nombre de ponts tournants, et d’un nouveau port de commerce à Kiel. Le devis estimatif des dépenses s’élève à 221 millions de marks.
- Les compteurs électriques. — Il est assez mal vu, en général, cet appareil inquisitorial que les Sociétés électriques installent à domicile pour relever les consommations de courant. On l’accuse volontiers de mille méfaits : il marque trop, il tourne trop vite. Ce n’est pas un témoin désintéressé, mais le réprésentant partial d'un fournisseur avide. Ce sont là des reproches le plus souvent injustes : il est certain que le compteur électrique est un appareil compliqué, à la marche un peu fantasque. Le client, qui n’est pas électricien, en saisit mal le fonctionnement, d’autant plus que les modèles sont très divers. Mais, en général, il a tort de se plaindre d'un appareil, qui n’enregistre pas toute sa consommation. Les compteurs les plus employés actuellement sont simplement de petits moteurs électriques : si le courant qui les traverse est trop faible, ils ne démarrent pas et vous vous éclairez aux frais de la Compagnie. Il y a là une situation dont les Sociétés électriques s’inquiètent assez vivement en ce moment : car l’apparition des lampes à incandescence nouvelle, qui ne consomment que très peu de courant, l’a singulièrement aggravée. Telle installation dont le compteur avait été établi pour un chiffre donné de kilowatt-heure, ne consommera plus que la moitié ou le tiers du courant prévu. Le compteur ne démarrera pas, et la consommation ne sera pas enregistrée, e‘t sans doute, le client se plaindra encore.
- L’industrie minérale du Midi de la Russie. —
- D’après le Comité pour T étude des questions d’intérêt commun des mines et usines du Midi de la Bussie, on peut donner les chiffres suivants pour la production des dernières années, avec les prévisions pour 1908 (chiffres en millions de pouds : le poud valant 16,38 kg). Combustibles (houille, anthracite) dans le bassin du Donetz : 1897, 414 millions de pouds; — 1901, 671 ; — 1903,707; —1904, 195; — 1905-1906,799; - 1906-
- 1907, 1001 ; — 1907-1908, 1211. En 1907, on a produit : houille 882; anthracite 118 et coke 148. Les usines métallurgiques de la même région ont occupé, en 1907 : 5a 644 ouvriers (contre 64781 en 1906) et produit, avec 34 hauts fourneaux en marche : io5 millions de pouds de, fonte, 76 d’acier et fer fondu, 65 de fers et aciers marchands. L’extraction des minerais de fer de Krivoirog a passé de 176 à 209 millions de pouds celle des minerais de Ivertch de 18 à 10, celle du sel gemme de 27 à 3i.
- Le prix de la vie ouvrière en Allemagne et en Angleterre. — Une enquête récente, que résume Y Economiste français, permet de comparer le coût de la vie ouvrière dans les deux pays qui se disputent actuellement le commerce d’exportation. Les ouvriers des deux pays n’ont pas les mêmes habitudes. L’anglais vit mieux, mange du pain de froment pur, du bœuf et du mouton, tandis que l’allemand se nourrit surtout de pain de seigle et de porc. Si un ouvrier anglais allait s’établir en Allemagne et conservait autant que possible les mêmes conditions d’existence, il augmenterait ses dépenses d’un cinquième, tandis que l’ouvrier allemand les réduirait de moitié en allant vivre en Angleterre. La
- vie est sensiblement plus coûteuse en Allemagne-qu’en Angleterre. En attribuant un chiffre 100 aux prix correspondants d’Angleterre, le bœuf coûte 122 en Allemagne, le mouton 137, le porc ia3, le sucre 119, le charbon 124, le pétrole 126; les pommes de terre seules sont au-dessous de 100 (88). Il est vrai que les loyers anglais sont un peu plus chers : 4rr>65 à 5‘‘,6o par-semaine pour 3 chambres contre 4“>35 à 5f‘,9o. Néanmoins l’ouvrier allemand, paraît, en raison du protectionnisme, engager la lutte dans des conditions d’infé-rioi'ité, surtout dans l’Allemagne du Sud où la vie est la plus coûteuse; mais, s’il dépense plus, il gagne moins : ce qui permet aux industries de soutenir la lutte. Il serait, tout en lui créant une situation matérielle encore-plus défectueuse, curieux de pouvoir faire une comparaison analogue avec la France.
- Les antiquités de l’Arizona et du Nouveau Mexique. — M. Walter llough décrit dans le bulletin 35 du Bureau of American Ethnology (Smithsonian Institution, Washington, 1907) l’ensemble archéologique qui se trouve dans les deux étals de l’Arizona et du Nouveau Mexique, sur le bassin supérieur de la rivière Gila, et sur celui de la Sait River. Ces ruines, cataloguées par l’auteur au nombre de 174, sont principalement des pueblos, c’est-à-dire qu’elles se rattachent, par le style architectural et par le plan. d’installation, au type aujourd’hui classique des établissements Zufiis et Hopis, si admirablement étudiés par Cushing, mislress M. Coxe Steve-mon, Fewkes. etc. Géographiquement, elles sont situées au Sud de ceux-ci, et se trouvent px-écisément sur le trajet pai couiui en x53q par Marcos de Niza (premiex-explox-aleur de la région Sud-Ouest des Etats-Unis actuels), et, en i54o, parle fameux Fi'ancisco Yasquez Coronado, qui, à la tête d’une thnxpe d’aventuriers espagnols, fit le voyage de Culiacan (Mexique) aux sept cités de Cibola (Zuîiis). Tout porte à ci’oire que, dès-avant l’expédition de Coronado, celle région intermédiaire n’était déjà plus habitée et présentait le même aspect ruiné qu’elle ollre aujourd’hui : ce sei'ait en effet, d’api'ès M. W. Hough, aux lois de sa pi'opre évolution et non à aucune intervention étrangère, pas même de la race blanche, que cette civilisation doit d’êtr-e aimivée à sa fin. Les ruines que I on ti'ouve aujoui'd’hui sur son ancien teri'itoire permettent d’ailleurs de reconstituer en partie cette civilisation : elle se rattache somme toute aux types entre lesquels elle seiwait de moyen terme géographique. Le mode dominant d’habitation est le pueblo, de pierre ou de terre, pi'ésentant seulement des dimensions plus petites et une façon plus simple qu’au ..Mexique ou que chez les Zufiis et Hopis actuels; en même temps que ces pueblos, les mêmes habitants possédaient aussi dans certains points des cliff-houses (maisons de falaises) qui montrent les caractères d’une même civilisation; il faut y ajouter encore des constructions religieuses de diverses formes, mais toutes également analogues à celles qui sont connues déjà. Eixfin, les objets de parure et d’habillement, les ustensiles domestiques, les outils de pierre, de coquille, d’os, de bois, les tissus, la vannerie, la poterie, les jouets qui ont été recueillis au milieu des l'uines, concourent à la même conclusion et montrent à la fois, comme les vestiges ai'chitecluraux : i° l’existence d’une réelle unité de culture dans le domaine des deux bassins de la Gila et de la Sait; 20 la liaison étroite de cette culture à celles, plus brillantes mais apparentées, du Mexique et du Nord de l’Arizona et du Nouveau Mexique.
- A la recherche du rhinocéros blanc. — On connaît le projet formé par M. Théodore Roosevelt de partir pour l’Afrique centrale dès la fin de son mandat, c’est-à-dire au printemps de 1909. Le Président a arrêté son itinéraii-e. Il se rendra directement d’Amérique à Mon-bassa, pénétrera dans l’Ouganda, et reviendra en Europe par la voie du Nil, après un séjour dans la région de Khai'toum. Grand chasseur autant qu’ardent adepte des sciences naturelles, M. Roosevelt veut étudier sur le vif les mœurs des grands fauves africains. En faisant entrer l’Ouganda dans son itinéi’aire, il a principalement pour but d’acquéi'ir un ou plusieurs spécimens d’un pacliy-derme dont l’espèce est presque complètement éteinte, au dire des derniers explorateurs de cette région : celle du rhinocéros blanc, dont une petite bande a été signalée ces temps dei'niei’s dans l’enclave de Lado. Fort peu de muséums possèdent des spécimens de cette rare vaiûété.
- p.2x82 - vue 514/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- Électricité <«*
- L’économiseur électrique Weissmann. — Malgré les grands progrès réalisés en ces dernières années, grâce à l’emploi des lampes à lilament métallique, l’éclairage électrique par lampes à incandescence reste, -au point de vue théorique, très imparfait. Cela signifie que le rendement lumineux des ampoules à incandescence est aujourd’hui encore très faible; et que de l’énergie qui leur est transmise sous forme électrique, une très minime partie nous est restituée sous forme de lumière. Cela signifie aussi qu’il y a là un champ fort étendu où les efforts des savants, des chercheurs, des industriels peuvent se donner carrière.
- Il convient de signaler, dans cet ordre d’idées, l’économiseur Weissmann, qui permet, dans le cas d’une
- Schéma de montage de l'économiseur
- distribution d’électricité par courants alternatifs, de réaliser de notables économies dans l’éclairage.
- Cet appareil repose sur la remarque suivante : M. Weissmann, a observé que le fonctionnement des lampes électriques de bas voltage est beaucoup plus économique, à intensité lumineuse égale, que celui des lampes ordinaires fonctionnant au voltage normal des secteurs, soit i io volts. Le fait s’explique aisément : le rendement d’une lampe est d’autant meilleur que la température de son filament est plus élevé ; or, M. Blondel a signalé, il y a
- Fig. 2. — L’économiseur.
- plusieurs années déjà, que pour atteindre des températures élevées, il ne faut pas que la section du filament soit inférieure à une certaine limite. En vertu des lois fondamentales de l’électricité, pour pouvoir donner aux filaments cette section indispensable, il faut abaisser la tension du courant qui leur est distribué.
- Tel est le rôle de l’économiseur Weissmann : c’est un petit transformateur, de dimensions réduites ; il abaisse la tension du courant de no à 20 volts, il s’intercale entre l’interrupteur et la lampe.
- Ce dispositif, dans le cas des lampes ordinaires à filament de carbone, donne des résultats fort intéressants : l’économie réalisée est d’environ 40 pour 100. Mais; avec les nouvelles lampes à filament métallique, son emploi est plus avantageux encore. La consommation de ces lampes, sans doute, est déjà très faible, 1 watt environ par bougie; mais, lorsqu’elles sont construites pour fonctionner à 110 volts, leur filament est très long, extrêmement ténu et d’une grande fragilité; de plus, il est
- impossible, précisément à cause de la finesse qu’il faudrait donner au filament, d’obtenir de lampes d’intensité lumineuse courante : i5 bougies, 10 bougies, on n’a que des foyers lumineux intenses, d’une puissance exagérée pour un éclairage d’intérieur et d’une consommation dispendieuse.
- A basse tension, au contraire, on a des lampes dont le filament est gros, court et par suite très résistant, dont l’intensité lumineuse peut n’être que de i5, 10, 5 bougies et même moins. L’économiseur Weissmann permet donc d’utiliser rationnellement et avantageusement les remarquables propriétés des lampes nouvelles.
- Donnons un exemple des économies qu’il assure : un grand établissement des Champs-Elysées était éclairé, au moyen de lampes à filament de carbone ; on leur substitua des lampes à filament de tungstène munies d’économiseur, la consommation avait été dans la 2e décade de janvier 1908 de 13 954 hectowatts, dans la 3e de 14486; avec l’installation nouvelle, elle tombe dans la 2“ décade de février à 6382 hectowatts, dans la 3e (9 jours), à 4417, dans la ire décade de mars à 5286.
- L’appareil est très peu encombrant, et se dissimule aisément. Il rendra de grands services sur les secteurs fournissant du courant alternatif, à Paris, ce sont le secteur des Halles, celui de la rive gauche, celui des Champs-Elysées. — L’économiseur Weissmann est en vente à la Société des Perles électriques Weissmann. 218, faubourg Saint-Honoré, Paris.
- *> Divers «c*
- Nouvelle table de jardin. — Rien de plus agréable à la campagne, que les repas au grand air. Mais comme il est difficile, souvent, de les organiser! Il faut transporter, à grand’peine, hors de l’appartement, la lourde table de la salle à manger, ou bien improviser une table de fortune, d’une inquiétante fragilité.
- La table, représentée ci-contre, vous délivrera de ce souci; elle est pliante, et aisément transportable; on l’emmène avec soi en voilure, en automobile; elle ne
- Nouvelle table de jardin.
- tient que très peu de place; on la relègue dans un coin d’appartement où elle peut rester facilement inaperçue. Mais une fois dépliée, que de services elle peut rendre ; elle mesure 2 m. de long sur 0,70 de large et 0,10 m. d’épaisseur, repliée, elle ne mesure plus que 1 m. X 0,70 m., et 0,10 m. d’épaisseur.
- Il existe également une table.du même modèle, mais de plus faibles dimensions qui peut être particulièrement utile en voyage par exemple ; elle mesure repliée o,5o m. X o,45 m., et o,o5 m. d’épaisseur; dépliée, elle a 1,45 rode long et 0,70 m. de haut. — Ces 2 tables sont vendues chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg; la irc coûte 3o francs; la 2e en noyer ciré, 29fr,5o.
- Préparation des conserves. — Bouchage Éclair. —
- Tout se transforme; les confitures, qui pendant des siècles furent le triomphe de nos mères, tendent à disparaître devant des procédés nouveaux de conservation des fruits ; nous voulons parler des conserves stérilisées ; on les obtient en plaçant les fruits dans des boîtes hermétiquement fermées et portées, dans une étuve, à une température suffisante pour détruire les microbes. Les fruits gardent ainsi leur saveur d’une façon parfaite; par le même procédé, on peut préparer des con-
- p.2x83 - vue 515/647
-
-
-
- JsSSV
- SC1ENCE APPLIQUEE
- serves de légumes. Mais la complication des appareils à employer, et surtout la difficulté d’avoir un système de bouchage hermétique, empêchent ce procédé de se répandre dans les ménages.
- Le bouchage Eclair a été imaginé précisément pour remédier à cet inconvénient; il consiste en une capsule de laiton, avec joint en caoutchouc, que l’on fixe sur le récipient au moyen d’un ressort en acier.
- Pendant l’ébullition, le couvercle se soulève sous la pression intérieure, l’air s’échappe, le vide se fait.
- Après refroidissement, vous pouvez retirer le ressort, la pression atmosphérique suffira pour maintenir le couvercle et assurer le plus hermétique des joints.
- Les fabricants du bouchage Eclair ont établi également des appareils très simples, des bouilleurs pour effectuer la stérilisation.
- Mais ces appareils ne sont pas indispensables et l’on peut y suppléer par tout autre système. Le bouchage et les bouilleurs « Eclair » sont en vente à la Société Anonyme des Etablissements Weissenthanner, 8, rue Voltaire, à Montreuil-sous-Bois (Seine).
- doigts civilisés et qu’il importait de faire disparaître. La nouvelle pince ligurée ci-contre, semble bien destinée — du moins c’est le ferme espoir du philanthrope qui l’a inventée - à reléguer dans l’archéologie ce mauvais pastiche de la nature dont nous usions jusqu’ici; elle prétend faire succéder un instrument vraiment scientifique à un outil très empirique : elle permet de tenir — sans aucun effort! —un morceau de sucre, un morceau de glace, un bonbon, etc. Il suffit d’appuyer sur le bouton A, qui se trouve à une de ses extrémités pour faire ouvrir les griffés B qui sont situées à l’autre, puis, lorsque
- Pince à sucre scientitique
- l’objet désiré est une fois saisi, d’arrêter la fircssion en A : un fort ressort, caché à l’intérieur du tube T, remet aussitôt l’appareil dans sa position première et assure la prise définitive. Celte pince, que son auteur qualifie d’idéale, et qui représente sans nul doute un progrès important, se vend en nickel argenté, pour 5 francs, chez. Kirby, Beard and C°, 5, rue Auber, Paris.
- Pistolet d’alarme pour cyclistes. — Le chien est l’ami de l’homme, mais non de la bicyclette, ni surtout des engins mécaniques modernes qui, sous prétexte de tourisme, viennent troubler la paisible solitude de nos routes antiques. Le chien, défenseur de la tradition, se
- précipite courageusement au-devant des intrus, et provoque ainsi de fréquents et terribles accidents dont il est la première victime. Voici
- ... . .un moyen de tenir en
- Fig. i.—Le pistolet et son support. , . .
- s , 1 respect ce brave animal,
- et sans lui faire de mal. C’est un pistolet, qui fait beaucoup de bruit; mais, rassurez-vous, ne peut provoquer aucune blessure; ses projectiles sont de simples bouchons de liège, dissimulant une amorce de poudre. On place le bouchon au bout du canon, on abaisse la dé-
- — Un motocycliste faisant usage du pistolet.
- Porte-verre pour siphon. — Il n’y a pas de petits perfectionnements dans l’art du bien-être ; nous en sommes sans cesse à la recherche et nous ressemblons chaque jour davantage à ce romain — qui n’est fias dans Plutarque — lequel ne pouvait supporter un oreiller rempli de feuilles de roses parce que l’une d’elles faisait un pli.
- Voici qu’un inventeur s’est ému de tout l’ennui qu’il y a dans les pique-nique, ou dans les parties au jardin, d’apporter séparément les verres et les bouteilles, perte de temps à coup sûr fâcheuse à une époque où l’on ne veut plus seulement boire frais, comme faisait Panurge, mais boire vite.
- Il a trouvé la solution élégante en fixant directement les verres sur une légère armature de métal, elle-même accrochée sur les siphons d’eau de seltz, et d’ailleurs aussi bien utilisable pour d’autres récipients.
- Porte-verre pour siphon.
- tente, le chien vient frapper une tige à percussion centrale qui fait détoner l’amorce. Le liège se pulvérise et ne peut faire aucun mâl. L’explosion est violente, et suffira à mettre en fuite une bande entière de chiens.
- Pour inoffensive qu’elle soit, cette arme a un aspect redoutable qui pourra parfois la rendre précieuse, en face d’adversaires plus dangereux et moins sympathiques que le chien. — Le pistolet d’alarme est vendu chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg; son prix est de 4f,,5o. Le cent de bouchons-amorce coûte 4 francs.
- Pince à sucre scientifique. —- La pince à sucre dont nous nous servons'tous est évidemment un outil très primitif. Calquée sur la position de l’index et du pouce, lorsque ceux-ci remplissent le même office, elle se compose de deux tiges plates réunies par une partie courbe qui sert de ressort, et cette disposition, qui assure à vrai dire une prise solide, est néanmoins assez défectueuse, parce qu’elle exige une pression forte des doigts sur les tiges cle la pince, pression fatigante pour des
- Jusqu’ici, a bien voulu nous expliquer cet homme ingénieux, lorsqu’on se servait d’un siphon, on était obligé de tenir son verre d’une main, et de l’autre on appuyait sur le levier du siphon; presque toujours — le verre étant trop loin, ou trop près, ou trop incliné, ou pas assez — on perdait à la fois du temps et du liquide, puisqu’on répandait ou faisait jaillir une partie de celui-ci, souvent au détriment ou à l’ennui des personnes adjacentes. Il est clair qu’avec le nouveau porte-verre pour siphon tous ces dangers sont évités : les quatre verres sont maintenus calés à l’inclinaison utile dans la monture, et, pour s’en servir, il suffit de presser sur le siphon de la manière ordinaire ; pas une goutte ne se perd ; lorsque le verre est plein, on fait tourner la monture et on présente au jet nouveau le verre suivant, tandis que le premier est transmis à sa juste destination. Il n’y a pas de petits perfectionnements dans l’art du bien-être. — Chez MM. Kirby, Beard et C°, 5, rue Aube, Paris. Prix (siphon, verres, monture en nickel argenté) : 35 francs.
- p.2x84 - vue 516/647
-
-
-
- CHRONIQUE
- G
- L’anéantissemenl du dirigeable Zeppelin. — On a
- pu lire dans les quotidiens tous les détails de la catastrophe tragique où a péri, après un voyage superbe, le ballon du comte Zeppelin. Le 4 août, à 711 15 du matin, le dirigeable quittait son hangar du lac de Constance, passait au-dessus de Bâle à q'1 23 ; au-dessus de Strasbourg a midi; de Mannheim à a'145. À proximité de Mayence, survint une panne de moteur qui força l’aérostat à s’arrêter et à descendre sur le Rhin pour réparer. Après quelques heures d’arrêt, le ballon reprend sa marche vers le Nord, passe à Mayence, y l'ait demi-tour, reprend la direction du Sud, et oblique vers Stiittgart. Là, nouvelle panne, qui force le dirigeable à atterrir vers 8 heures du matin et à camper sur la terre ferme, en rase campagne, maintenu par 2 compagnies de grenadiers. Un coup de vent violent, l’arrache aux mains des soldats ; à moitié dégonflé déjà, il retombe à terre; son immense carcasse métallique heurte violemment le sol, et ce choc provoque une explosion qui, en quelques secondes, anéantit l’appareil. Le triomphe du dirigeable, avait soulevé en Allemagne, un indescriptible enthousiasme, où se mêlaient d’orgueilleux défis et de belliqueuses aspira-iions. Ce désasti’e a provoqué un véritable deuil na-1 ional.
- Nous ne voulons pas insister davantage sur cette leçon de modestie, ni rappeler à notre tour les exploits de la flottille des dirigeables militaires français. De la cata-slrophe dès maintenant se dégagent un certain nombre .renseignements qui ne peuvent manquer de profiter aux aéronautes de tous pays ; il convient tout d’abord de cendre justice à l’héroïque persévérance du comte Zeppelin. Pendant plus de 20 ans, il a consacré tous ses efforts à la navigation aérienne; il y a englouti toute sa fortune ; il a vu triompher des idées toutes différentes des siennes; il a persisté néanmoins dans la voie choisie par lui et il est parvenu à réaliser le plus beau voyage aérien qui ait été jusqu’ici accompli. Il a fait mieux encore : par la seule force de l’exemple, il a su communiquer à ses compatriotes sa foi énergique et active et assurer ainsi à l’aéronautique allemande, de précieux appuis moraux et financiers qui garantissent ses triomphes futurs. Il y a là pour tous les Français un sujet d’utiles réflexions.
- Mais revenons à la randonnée du Zeppelin. Le dirigeable s’est maintenu dans l’air, bien près de 24 heures. Sans les accidents survenus aux moteurs, tout laisse supposer qu’il aurait victorieusement bouclé son majestueux circuit. En tout cas. il détient, et de très loin, le record de la distance parcourue. C’est là un très beau succès, et qui dénote des qualités particulièrement appréciables au point de vue militaire, le seul pratiquement important jusqu’ici. Le Zeppelin était un ballon à grand rayon d’action; à vrai dire, cette qualité lui était imposée par sa constitution même, par la nécessité de revenir camper en son hangar du lac de Constance ; tout atterrissage étant pour lui redoutable. Mais la même nécessité paraît bien s’imposer à nos dirigeables; c’est donc un indiscutable avantage que de pouvoir étendre le champ de ses investigations, et de ne pas se restreindre à une zone d’exploration relativement exiguë autour d'une place forte. Le Zeppelin réalisait le type du grand croiseur aérien; son but est nettement offensif; nos dirigeables ne prétendent encore qu’au rôle défensif "de torpilleur ou de sous-marin. Du reste, c’est l’Etat-Major allemand lui-même, qui a mis en évidence l’intérêt militaire qui s’attache, en guerre de campagne, aux dirigeables à grand rayon d’action;, si le grand voyage du Zeppelin avait réussi, le gouvernement allemand était décidé à consacrer une somme de 100 millions de marks à la construction de xoo dirigeables du même type et des hangars destinés à les abriter. Bien plus, 25 hangars, gares pour mieux dire, sont déjà construits ou en contraction, sur divers points du territoire allemand.
- Au point de vue technique, quelles sont les qualités qui ont permis au dirigeable allemand de conquérir le l ecord de la distance ? On sait comment il est constitué : il comporte une énorme carcasse en aluminium de i5,2o m. de diamètre maximum, sur 184,70 m. de long, elle est formée de méridiennes maintenues transversalement au moyen de cerceaux rendus rigides par des rais analogues à ceux d’une roue de bicyclette ; elle se trouve ainsi divisée en un certain nombre d’alvéoles où l’on peut intro-
- duire autant de petits ballons élémentaires. Une chemise en coton recouvre le tout pour constituer la carcasse dont la forme générale est ainsi tout à fait indépendante du degré de remplissage des ballons proprement dits. Ceux-ci communiquent entre eux afin que la pression et la force ascensionnelle soient les mêmes partout. Les hélices, disposition fort rationnelle, sont placées, non pas à la nacelle, mais de part et d’autre du ballon, à une certaine hauteur au-dessus de la nacelle, de façon que la résultante de leur action propulsive, soit directement opposée à celle de la résistance de l’air sur l’aérostat.
- La qualité essentielle d’un dirigeable, c’est sa vitesse propre ; car, on le sait, le dirigeable ne mérite ce nom que si sa-vitesse est supérieure à celle du. vent. En relevant les horaires du Zeppelin, on trouve une vitesse moyenne de 12,20 m. à la seconde ; il y a, en effet, 115 km à vol d’oiseau entre Bàle et Strasbourg; ils ont été parcourus en 2*1 37. Le temps était fort calme ; dans des conditions analogues, le Pairie avait atteint plus de 14 m. à la seconde. Le Zeppelin ne paraît donc pas à ce point de vue présenter une supériorité très nette. S’il a pu aussi aisément réussir son périple, c’est évidemment à son immense capacité qu’il le doit; c’est elle qui a assuré la longue durée de son ascension, en lui permettant d’emporter lest et essence en quantité suffisante, sans compter un équipage de 12 personnes.
- Mais à quel prix, cet avantage assurément considérable a-t-il été acquis? Le Zeppelin, affligé, de par sa carcasse métallique, d’un poids mort énorme, exige des moteurs puissants, une force ascensionnelle considérable, et ces dimensions gigantesques qui n’ont pas peu contribué à sa perle. Rappelons que le Patrie n’avait que 60 m. de long au lieu de 134. La carcasse elle-même, doit présenter le maximum de légèreté, et conséquence nécessaire, le maximum de fragilité. Aussi a-t-elle cédé au premier choc. Si l’on se souvient, au contraire, des nombreux atterrissages de Patrie et des ballons analogues, de leurs rentrées au hangar, sur terre ferme, par des temps souvent difficiles, on ne peut nier leur éclatante supériorité.
- Comment s’est produite la catastrophe du Zeppelin ? est-ce une étincelle jaillie des moteurs, qui a fait détoner l’hydrogène s’échappant de l’enveloppe ? est-ce le choc violent sur le sol, qui a porté au rouge les armatures métalliques ? on ne peut encore le préciser. Il serait même fort possible que le désastre ait été provoqué par une décharge électrique entre la carcasse métallique et le sol, jouant chacun le rôle d une armature de condensateur. Il y a là, en effet, pour les ballons de ce type, une cause perpétuelle de péril. En tout cas, les témoignages sont unanimes pour affirmer que l’anéantissement a été consommé en quelques secondes. On ne peut s’empêcher de comparer cette fin à celle du Patrie-, le Patrie arraché aux mains des soldats qui le maintenaient, a continué, même désemparé, à voguer pendant des jours entiers, faisant preuve d’une vitalité autrement robuste que celle du Zeppelin.
- Bref, il ne reste à l’actif du Zeppelin que sa grande capacité; or il ne serait pas difficile d’augmenter la capacité des dirigeables du type Patrie-, une augmentation très faible des dimensions linéaires du ballon, donne en effet un accroissement de volume considérable, sans accroître beaucoup la section transversale, et par suite la résistance à l’avancement, sans exiger donc une trop notable augmentation de la force propulsive.
- On peut donc affirmer que les dirigeables du genre Patrie, plus maniables, plus résistants, moins coûteux et surtout moins dangereux que le Zeppelin, peuvent prétendre à un rayon d’action au moins égal.
- Nous espérons donc voir bientôt notre flotte aérienne s’augmenter d’un certain nombre de ces grands croiseurs. Une dernière réflexion s’impose : l’expérience de tous les dirigeables a prouvé que le campement en rase campagne, était pour eux impraticable : dans l’état actuel de l’aéronautique, l’aéronef maintenu sur le sol, par grand vent, c’est le navire jeté au récif. Il faut donc, comme le réclamait récemment M. le commandant Bouttiaux, que le développement de notre flotte aérienne s’accompagne de la création de ports d’accès facile, répartis judicieusement sur le territoire, et où nos dirigeables puissent trouver en tout temps, une atmosphère paisible et un refuge certain. A. Troller.
- p.2x85 - vue 517/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Essai du lait. — Voici un procédé fort simple et fort ingénieux pour apprécier la richesse microbienne d’un lait et partant son degré de pureté. Il est dû à M. Vau-din, pharmacien, et est employé d’une façon courante à l’œuvre des gouttes de lait du Dr Dufour à Fécamp. Peut-être, depuis que son auteur l’a fait connaître, ce procédé d’examen s’est-il généralisé dans les dispensaires et les maternités..
- Un lait recueilli sans soins de propreté, dans une étable sale, sans lavage préalable de la main du trayeur, du pis de la vache, sans un nettoyage absolu au préalable du vase dans lequel il est recueilli, un tel lait ne peut manquer d’être plus chargé de colonies microbiennes que celui qui aura été tiré avec tous les soins de propreté nécessaires et mis à l’abri des poussières et de toute contagion. Or, l’essai du lait par le procédé de M. Vaudin permet de reconnaître dans quelles conditions le lait a été recueilli, car il indique très nettement l’abondance ou l’absence de bactéries.
- Voici comment il faut opérer : dans un flacon de 100 centimètres cubes, à large ouverture, vous introduisez. à l’aide d’un compte-gouttes, 5 gouttes d’une solution au millième, naturellement bien stérilisée, de
- carmin d’indigo sec. Puis vous remplissez le flacon du lait à examiner, vous bouchez le flacon d’une façon hermétique (bouchage à l'émeri ou avec du liège paraffiné). La liqueur prend une teinte bleuâtre à la lumière diffuse, vous la mettez de côté et l’examinez au bout de quelques heures.
- Les microbes que le lait renferme à l’origine étant aérobies réduisent l’indigo; la coloration disparaît graduellement avec plus ou moins de 'rapidité suivant la richesse plus ou moins forte en germes du liquide et suivant la facilité de leur multiplication. Après’un repos de quelques heures,, la teinte bleuâtre s’efface complètement. S’agit-il d’un lait souillé impur, la coloration reste permanente pendant près de 48 heures.
- Cette petite opération bien simple n’indique pas la teneur des matières grasses sucrées, la présence de telle ou telle bactérie : elle donne simplement l’indication que le lait a été ou non recueilli dans de bonnes conditions, qu’il n’a pas été souillé de matières impures dès sa sortie de la mamelle de la vache. Un détail important c’est de se procurer du carmin d’indigo bien pur et de pi’éparer une solution bien pure également, ce quj ne constitue pas une bien grande difficulté. Dr A. C.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Conservation de la volaille tuée. — Aussitôt tuée, la volaille est plumée et vidée ; on en essuie parfaitement l’intérieur avec un linge bien sec et on l’enveloppe dans une serviette. On l’y laisse jusqu’à ce qu’elle soit refroidie, on la met ensuite dans un vase en terre vernissée et l’on verse par-dessus une quantité de beurre fondu suffisante pour la recouvrir d’environ 5 centimètres, puis on met le tout au frais. La volaille ainsi conservée pendant 10 à i5 jours est aussi bonne, sinon meilleure, que le jour où on l’a tuée. Le beurre fondu utilisé ainsi n’est pas perdu; il peut servir pour tous les usages de la cuisine. — Le gibier fraîchement tué peut se conserver de la même manière.
- Piles à liquide immobilisé. — D’après M. Brandt, dans la Revue Annalen der. Electrotechnic, voici comment l’on doit opérer pour construire une pile à liquide immobilisé : ceux de nos lecteurs qui utilisent de ces piles pour l’automobilisme liront avec intérêt les détails suivants : Dissoudre 280 gr. de chlorhydrate d’ammoniaque, 80 gr. de chlorure de zinc, 20 gr. de sulfate d’ammonium et 20 gr. de glycérine dans de l’eau distillée et échauffée à environ 400 C. et imbiber de cette solution du coton de verre, tel que celui que l’on emploie souvent pour constituer des filtres.
- Remplir de ce coton de verre, en bourrant fortement, l’espace vide compiûs entre les cylindres de zinc et de charbon, ainsi que l’espace vide entre la paroi intérieure du récipient et la face extérieure du cylindre en zinc. Ne pas laisser, entre les deux cylindres, un écartement supérieur à io-i5 mm.
- Après avoir rempli les vides de coton de verre, verser encore sur ce verre une certaine quantité de la solution ci-dessus et avoir soin d’employer une électrode en charbon entourée du mélange dépolarisant de bioxyde de manganèse et de graphite.
- Pour fermer l’élément, employer un couvercle en carton-pâte portant les ouvertures convenables pour le passage des électrodes et d’un petit tube en verre de 5 mm de diamètre intérieur, destiné à l’échappement des gaz. Enfin, appliquer sur le couvercle un mélange fondu de caoutchouc et de colophane, de poix, etc.
- Dépolissage du verre. — Il s’agit d’un véritable dépolissage, et non pas de l’application d’un enduit à la surface de vitres pour leur donner grossièrement l’appa-
- rence du verre dépoli, et les rendre opaques. On frotte tout simplement la surface du verre au moyen d’un morceau de marbre en jetant constamment, entre le marbre et le verre, delà poudre d’émeri fine et largement mouillée d’eau. On peut aussi remplacer le marbre par un morceau de verre un peu épais, collé à la colle-forte sur un morceau de bois. Il importe de promener plaque de marbre ou plaque de verre suivant un mouvement circulaire à la surface du verre à dépolir.
- Patine verdâtre. — Cette patine ne s’obtient que d’une façon un peu compliquée, mais elle est recommandée comme produisant un très heureux effet. On commence par argenter galvanoplastiquement le métal auquel on veut la donner, puis on passe à la peau de buffle et l’on polit. A ce moment, on place l’objet dans une solution de potasse ou de lessive, j>our enlever tout dépôt graisseux; on rince, on passe au bain de cyanure connu, et on rince de nouveau. Il faut maintenant appliquer une composition qui est l’agent actif, et qui doit recouvrir le métal, par conséquent l’objet, d’une couche d’iodure d’argent. La solution est faite au moyen de 45 grammes d iode et autant d’iodure de potassium dans un quart de litre d’eau chaude; on ajoute ensuite assez d’eau pour donner un volume total d’un demi-litre. On prépare cette dissolution dans un récipient de porcelaine, puis on vide dans un vase en terre; la solution doit être appliquée aussi chaude que possible; mais, en la réchauffant, il faut bien éviter qu’elle ne bouille. En réalité l’application de ce liquide se fait par immersion de l’objet, à traiter, cela durant une à deux minutes, l’objet devant être constamment remué, pour que l’attaque se fasse bien également. Quand on a obtenu la coloration, la nuance voulue, ce qui se sait à l’usage, on rince à l’eau chaude, puis on polit au buffle. Au reste, la transformation désirée et la patine ne s’obtiennent réellement que par exposition à la lumière : l’iodure d’argent formé devient d’abord jaune, puis vert; et finalement il prend une teinte légèrement ardoisçe qui est fort agréable. .
- Pour boucher, les trous de la fonte. — Employer un alliage de 6 parties de plomb, 2 p. d’antimoine, 1 p-de bismuth. Cet alliage possède la curieuse propriété de se dilater par refroidissement. Il se prêtera donc fort bien à la réparation des trous dans les pièces en fonte.
- p.2x86 - vue 518/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Erratum. — Le prix de la machine à écrire Junior n’est pas de "75 francs, comme nous l’avons écrit dans notre n° i836, mais de q5 francs.
- Renseignements. — M. A., à Paris. — Si réellement l’aigle des Alpes peut s’élever en planant par temps calme, de même si l’hirondelle peut planer pendant j00 mètres dans les mêmes conditions, c’est que des forces autres que celle du vent interviennent. Suchanek a, à ce sujet, une théorie tout à fait intéressante. Il prétend, d’après les travaux allemands de Jacob, que l’oiseau vivant n’a qu’une densité de o,5, alors qué le même oiseau étouffé a aussitôt une densité de 0,7. Cela est-il exact ? Quant aux ailes plus grandes de l’oiseau qui plane par rapport à celles de l’oiseàu qui rame, le fait est
- inexact. Votre formule lv=Ldoit être remplacée par
- celle-ci K =
- S 1/2
- pTp' Puisque
- les surfaces sont comme les
- carrés et les masses comme les cubes. C’est ainsi qu’on obtient pour la surface proportionnelle des ailes les chiffres suivants : 0,2 à o,5 pour les animaux de faible vol, tels que poules d’eau, cailles, perdrix; 0,6 pour les passereaux, hirondelles, bécasses et tous les rameurs; 0,7 pour les oiseaux à la fois rameurs et planeurs dont le type est le corbeau; 0,8 pour les planeurs : milan, vautour, condor, etc. A ce sujet veuillez consulter Le vol des oiseaux de Marey (Masson, éditeur) page 82. Le moustique n’est pas comparable à l’oiseau, puisque c’est un animal à sang froid alors que l’oiseau fonctionne dans un laboratoire de 4a°- Pourriez-vous nous donner le renseignement bibliographique sur l’expé-
- rience de Lebris (i856)? Certes d autres savants se sont occupés de la question, mais non au point de vue de l’aviation pratique ; nous sommes les premiers à le reconnaître et à faire état de leurs travaux qui servent de base aux expériences actuelles.
- M. Rama. — Nous ne connaissons pas d’ouvrage spécial sur ce sujet; mais vous trouverez l’exposé des principaux phénomènes de l’optique dans le Traité de physique élémentaire de Fernet, à la librairie Masson, 120, boulevard Saint-Germain.
- M. Guérin, à Lunéville. — L’ouvrage Aérodynauiics, est en anglais.
- M. Préaud, h Saint-Germain-en-Laye. — Vous trouverez des baromètres enregistreurs chez M. J. Richard, 10, rueMelingue; chez Maxant, 64, rue deSaintonge; chez Perillat, 20, rue Clavel ; Grivolas, 324, rue Saint-Martin.
- M. II. K. — Nous ne possédons pas de renseignements sur les proportions à observer dans le mélange de poudre de lycopode et de poudre de chasse.
- M. Debary, à Ostende. — Vous pourriez peut-être vous adresser à la maison Potin, à Paris.
- M. le Dr Polo, à Nantes. — En supposant les conditions que vous indiquez, c’est-à-dire un homme de 80 kg, ayant une longueur de jambes de 90 cm, faisant des pas de 85 cm et allant à la vitesse de 5 km à l’heure, on obtiendrait approximativement les résultats suivants : i° travail accompli en une heure : 41 174 kilogram-mètres ; 20 travail au kilomètre : 8354 kilogrammètres ; calories dépensées au kilomètre : 97.
- M. G. Lamort, à Sierch. — Pour les Orchidées rustiques de concours, veuillez vous adresser à la librairie Horticole, 84 bis, rue de Grenelle, Paris, et pour le travail de Janet, au siège de la Société zoologique de France, Hôtel des Sociétés savantes, i3, rue Serpente, Paris.
- M. G. Bloch, à Paris. — Il n’existe pas de guide, ni de catalogue, des collections drfMuséum d’histoire naturelle, mais dans les galeries dont vous parlez, les objets exposés sont accompagnés de notices clairement faites qui suppléent en partie à cette fâcheuse absence.
- BIBLIOGRAPHIE
- 3A
- 0
- Sommaire de notre précédent numéro
- La vigne et les vins d’Australie : Paul Privat-Deschanel. —-New-York à vol d’oiseau : Y. Forbin. — Les petites marines du nord de l’Europe; Danemark, Suède, Norvège : Sauvaire Jourdan. —: Le « Flip-Flap » à l’Exposition franco-britannique : Will Darvillé. — L’industrie de l’automobile en Amérique : Norbert Laeeié. — Académie des sciences ; séance du 3 août 1908 : Ch. de Vileedeuil. — Jouets princiers : R. Villers.
- Supplément. — Chemins de fer électriques pyrénéens. — Electrification des chemins de 1er bavarois. — Les rayons X et l’archéologie, etc. — Bières, cidres et vins sans alcool. — Le papier de tourbe. —- Traitement des brûlures graves. — Entretien des statues en plâtre dans les jardins, etc.
- Antiquities of the Upper Gila and Sali river Valley s in Arizona and New Mexico, par W. Hough. Washington. Government printing Office. 1907. 1 vol. in-8°, 96 p. (Smith. Inst. Bureau of American ethnology, Bull. 35).
- On trouvera dans les informations de ce numéro le résumé de ce mémoire, fort important au point de vite des relations entre les civilisations mexicaines, Zufii et Hopi.
- Les dépôts marins, par le Dr L. W. Collet. Paris. O. Dôin. 1908. 1 vol. in-x8, 325 pages. Prix : 5 francs (.Encyclopédie scientifique, Bibliothèque d'océanographie physique).
- Le volume de M. Collet est le premier paru, d’une bibliothèque d’océanographie physique, dirigée par
- M. J. Richard, et qui doit en comprendre sept, étudiant l’océanographie physique en général (histoire, introduction à son étude) la profondeur et les limites des mers, les dépôts marins, l’eau de mer (propriétés physiques, propriétés chimiques), les mouvements de la mer (marées, houle, vagues), les courants marins, la circulation générale des océans. La monographie de M. Collet est basée sur le beau volume de Murray et Renard, Deep sea deposits, dont elle est un excellent résumé, enrichi et tenu au courant de tous les travaux qui ont paru depuis. On y trouvera notamment, après une introduction historique : i° une étude d’ensemble des différents fonds marias (classification : dépôts littoraux, terrigènes, pélagiques); 20 l’étude des formations d’origine chimique (manganèse, glauconie, concrétions phosphatées, philipsites, zéolithes, carbonate de chaux, silice d’origine organique); 3° formations d’origine volcanique et céramique ; 4° formations coralliennes ; 5° quelques formations intéressantes des sédiments anciens (oolithes, etc.), le tout suivi d’un abondant index bibliographique qui augmente encore la grande valeur de l’ouvrage.
- Zootechnie générale, production et amélioration du bétail, par P. Difeloth. Paris. J.-B. Baillière et fils. 1909. 1 vol. in-18, 444 pages. Prix : 5 francs; relié, 6 francs (Encyclopédie agricole).
- Nous avons déjà signalé plusieurs des excellents ouvrages publiés par M. Diffloth dans 1 ’Encyclopédie agricole. Celui-ci ne le cède en rien aux précédents par l’intérêt. Voici ce qu’on y trouvera : I. Principes
- p.2x87 - vue 519/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- m.
- m*
- généraux (domestication, importance de la production animale, fonctions économiques); II. Individualité et variations ; III. Alimentation ; l'Y. Précocité ; Y. Vitesse, fond; VI. Hérédité; VU* Méthodes de reproduction ;
- " VIII. Sélection; IX. Exploitation et encouragements.
- IJ accumulateur au plomb ordinaire et allotropique, par G. Rosset, chez Béranger, à Paris.
- L'étude des accumulateurs est, plus que jamais, à l’ordre du jour de la technique électrique. On conçoit aisément les services immenses que rendrait un accumulateur léger et économique. M. Rosset consacre à l’accumulateur au plomb, une étude scientifique approfondie où les industriels pourront puiser l’idée de nombreux perfectionnements. "M. Rosset expose tout
- d’abord une théorie nouvelle des piles, en harmonie avec les derniers progrès de la science; puis il met en évidence tin état allotropique du plomb, susceptible d’un emploi intéressant; il étudie ensuite en détail l’accumulateur traction; puis les propriétés générale* des alliages de • plomb et d’antimoine pour grilles d’accumulateurs. Une partie de l’ouvrage est consacrée à l’examen rationnel d’un certain nombre de questions d’ordre pratique ; et un dernier chapitre donne la description rapide de quelques couples .électriques dont il a été beaucoup pai'lé, accumulateurs plomb-zinc, nickel, piles à gaz, etc. Ce livre, fruit d’études personnelles, apporte à l’étude de l’accumulateur une utile contribution de faits nouveaux; il est appelé ù rendre de grands services.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN thermomètre VENT DIRECTION ET FOKCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE en MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 3 août 1908 . . 15°, 0 N. E. 2. Beau. » Rosée; beau.
- Mardi 4 15°, 8 N. E. 1. Beau. » Rosée; brume; beau.
- Mercredi 5 17°,0 s. s. w. 1. Couvert. 8,1 Couvert; pluie dans la soirée; tonnerre entre 13 h. et 16 h.
- Jeudi 6 ' 14°,0 E. N. E. 2. Couvert. 12,5 Pluie jusq. 5 b. et entre 13 et 19 h.; tonnerre entre 15 et 16 b. 30.
- Vendredi 7. .... . 15°,2 N.-N. E. 2. Couvert. » Faible brouillard ; rosée ; couvert.
- Samedi 8. ..... . 15°,4 N. N. W. 2. Couvert. ï) Rosée ; 1res nuageux.
- Dimanche 9 . . . . . 14°,8 S. S. E. 0. Nuageux. » Rosée ; nuageux.
- AOUT 1908. — SEMAINE DU LUNDI 3 AU DIMANCHE 9 AOUT 1908.
- Lundi
- Mardi |. Mercredi . | Jeudi | Vendredi
- mmKmÊmxmxamBmmm
- ? 555555555553 55S5~5555bbb ^5555555^555 ?5S55555B5535îb5ErB"™!?ain m 555555555555bSSSSSbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb55555555555555555555555555551
- S«i5ïh5555 5555”^—*i
- BBBB'BMBBBr,B'BBBB%M^ .BViyBBiBiaiMByr ^BVVBBBBBBBBl BB^ ’«•«•** «WflBBPl''wflBB BBBBBBBBBBI BBw '^BBB BBIBIMMF'^BHBBIB BBBBBBBBBBI
- i mui —— —————— —————— ———jjmjj ^ —— S55 SS55SSSSS555 bbbbbbbbbbbb
- I 5555555555555555555MH5BIHMHHMHHMBBBiMfBMHMHmBMBBINMM.B5 MM M 55 M 55 H ÏTbh
- I KBBB’B BBOlBBB BBB BBF1BHBBBBBBB BBBBBBBBBBBB BBpiBBir.BkWBnB BBBB'JB BiIBBilB I WM VifU MBV'MàSSjWmWJÊ ÿUBVJk'HHBBB MMMBBMMBMMMM BBSBB^BBV.BK'B BBB B BB HklBBlklB I B^BB^BBriBBriBB'JBa^flfl^BBBBBBBBBBBIBBBBIXBriBBriBBP.tnBl BBBfMB BBBBBB i ^Hnr.BBrBB’r.BBT.aBù.flBak.'nBBBvbbtbbrvTdkiBBkvBBwrjHn bbiYbba’»
- 1 *EE jS5^.Sb jBb smmm’****- 'bbbbbbbbbbbb - :mmf -.mm ' »aiL: bb,^ mbm ^brl bbi.' mm.-'
- IBIBBBBBBBBBIBBBBBBBkJBBBB^. BBC BK7- . BBB BBB BBB BBB HMB «MB BBBBBB BBB BBB JBB BBBBBB BBB BBB BBB BBB BjjjjB BBBBBBBBBBBB BBB BBBBBB BBB BBBBBBBBBBBB
- !BBBBBBBBBBBB555555BBBBBB"!Eb5BBBBBBBBB555555BBB555555555555
- IBBBBBBBBBBBB BBBBBBBBBBBB BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBB
- ! “* “ g" gjgg 555553 S5SS SS^SES 5555555555SS555555555555 15SSSSBSSSBBB BBBBBBBBBBBBBBBBBSBBmSBB3B3BS5S53BSSBBBBBBB3BSSB
- La courbe supérieure indique, la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du. milieu, indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbé en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 3 au 9 août. — Le 3. Persistance sur PO. de l’Europe du régime anticyclonique avec vent d E. et beau; temps.: maximum sur les Iles-Britanniques, 773; dépression sur la Russie (Saint-Pétersbourg, 75'3) et entre l'Islande et, la Norvège. Pluies sur le N. et l’E. du continent; en France : orage à Nice, 1 mm d’eau. Température du matin : Varsovie, n°; Paxùs, 13 ; Alger, ?5 ; Pic du Midi, 7 ; Puy de Dôme, 5 ; moyenne à- Paris : i6°,2 (normale : j.8°,2). — Le 4- Baisse générale : pression supérieure à 765 sur le Centre et l’O. (Valentia, 770) ; dépression sur le.N.-E. du continent (Riga, 749)0 Seydisfjord, 753. Pluies sur le N. Temp. du matin : Seydisfjord, 9; Paris, 16; Alger, 24; Puy de Dôme, ri; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i9°,8 (normale : i8°,2). — Le 5. Continuation de la baisse : Moscou, 746; Irlande, 765. Pluies sur les Iles-Britanniques, l’Allemagne, la Russie. Temp. du matin : Stornoway, 12; Paris, 17; Alger, 21 ; Puy de Dôme, 14; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : i6°,i (normale : i8°,2). — Le 6. Centres de dépression sur Nancy, 755, et Moscou, 747; Valentia, 769. Pluies et orages sur presque toute la
- France-. Temp. du matin : Feroé, 11 ; Paris, 14 ; Alger, 27; Puy de Dôme, 5; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : i5°,9 (normale : i8°,2). — /m-7. Pression»basse sur l’E. et le S. : Moscou, 753; Nicè, 757; Irlande, 771. Pluies sur l’O. ; en France : Le Havre, Cette, 21 mm; Paris, Charleville, 11; Perpignan, Marseille, 10. Temp. du malin : Belfort, 11; Paris, 15 ; Alger, 28; Puy de Dôme, 6: Pic du Midi, o; pioyenne à Paris : i6°,3 (normale : i8°,i). — Le 8. Maximum barométrique en Irlande, 771 ; Brindisi, 755; Islande, 746. Pluies sur le N. et l’O.; en France : Marseille, Limoges, 2; Besançon, 4; Belfort, 6; Nancy,,.32. Temp. du matin : Seydisfjord, 9; Paris, i5; Brindisi, 28; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 2; moyenne à Paris : 170 (normale : 18°; 1 ). — Le 9. Pression supérieure à 765 sur le S. des Iles-;.Britanniques, la France, les Pays-Bas ; Ilermanstadt, 753. Pluies sur la Scandinavie et l’Autriche. Temp. du matin : Seydisfjord, 7; Paris, i5; Alger, 25; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, U moyenne à Paris : i8°,i (normale : 180). — Phases de la Lune, Premier Quartier le 5, à 9 h. 49 m. du matin.
- p.2x88 - vue 520/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l'École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : jsc, Boulevard Saint-Germain, Paris (YZ*)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d'entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1839 — 22 AOUT 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Phénomènes de Panneau de Saturne. — Le Dr Max
- Mundler, de Mundenheim, auquel on doit la communi-catiou récente d’observations de points lumineux sur l’anneau de Saturne, rappelle dans les Astronomische Nachrichten, n° 4247> qu’il a noté le i5 janvier, alors que les images étaient excellentes, deux points brillants semblables à de petites étoiles dans l’anse orientale de l’anneau. Ces points divisaient l’anse en trois parties d’égale longueur. Un point semblable était visible au milieu de l’anse occidentale et un quatrième, moins distinct et plus douteux, était perceptible juste à la pointe de l’anse. On rapprochera ces observations de celles que nous avons précédemment rapportées à propos de la disparition de l’anneau de Saturne dans le n° 1822, du 26 avril dernier.
- Petites planètes de la famille de Jupiter. — Décidément la zone des petites planètes, que l’on a cru longtemps être comprise rigoureusement entre Mars et Jupiter, semble devoir s’étendre de part et d’autre de ces limites. On connaissait déjà trois astéroïdes (Hector, Patrocle et Achille) ayant une distance moyenne au Soleil et une période voisine de celles de Jupiter. L’aphélie de ces corps est plus éloigné que Jupiter. On vient de découvrir une nouvelle petite planète (CS, 1908) dont les éléments sont analogues aux trois astres précédents.
- L’utilité des paratonnerres. — On a souvent mis en doute l’efficacité des pai’atonnerres. Un Hollandais, M. Van Gulik, a fait la statistique des chutes de foudre survenues en Hollande de 1882 à 1906; on peut en conclure que les paratonnerres assurent réellement la protection des édifices. La statistique a été faite en relevant les indemnités payées par les compagnies d’assurances ; elle se résume en ceci : sur les maisons non protégées, la foudre allume 1 fois sur 2 lincendie, sur les maisons protégées au contraire, 1 fois sur i3 seulement.
- L’avantage du réchauffage de l’eau d’alimentation pour les locomotives. — On a publié récemment des détails intéressants sur l’application du réchauffage de l’eau d’alimentation des locomotives dans l’exploitation des chemins de fer de l’Etat égyptien. On aurait constaté que cette opération préalable assure une économie de plus de 21 pour 100 sur la consommation de charbon. C’est naturellement la vapeur d’échappement qu’on emploie pour ce réchauffage, et l’eau arrive de la sorte à la chaudière à une température fort avantageuse de plus de 120°. On ajoute que les économies réalisées ainsi permettent d’amortir les dépenses d’une installation de ce genre en une seule année.
- Le voyage d’essai de 1’ « Indomitable ». —- La
- marine et la nation anglaises sont justement fières de l’exploit accompli par le croiseur-cuirassé Indomitable, qui ramenait des fêtes de Québec le prince de Galles et sa suite. Le navire, qui faisait là son premier voyage au |
- long cours, n'a mis que cinq jours et demi pour se rendre de Québec à Cowes, dépassant le record du Lusitania, le plus rapide transatlantique en existence, soit 25,01 nœuds, en fournissant une vitesse moyenne de 25,13 nœuds, chiffre qui lui vaut le record du monde, en tant que navire de fort tonnage. Si l’on ne considèi'e que le trajet de rivage à rivage, on constate qu’il a accompli la traversée de l’Atlantique de la pointé de Belle-Isle (Terre-Neuve) à Fastnet-Rock (côte méridionale d’Irlande), en deux jours dix-neuf heures. Cette distance est de 1684 milles marins. Comme le navire rencontra du brouillard et du gros temps à la sortie du Saint-Laurent et à l’entrée de la Manche, et qu’il dut conséquemment ralentir sa marche par deux fois, on est amené à constater qu’il effectua la plus grande partie de la traversée de l’Océan à une vitesse de 26 nœuds. Le résultat est d’autant plus remarquable que Y Indomitable est une unité lourde, avec son formidable armement, qui comprend 8 pièces de 12 pouces, par comparaison avec le Dread-nought, qui compte 10 pièces de ce calibre. Rappelons ses dimensions et caractéristiques : Longueur 176 m., largeur 26 m., force 4IOO° chevaux, déplacement
- 17250 tonnes, machines 4 hélices à turbine. Le croiseur avait embarqué à Québec 3ooo tonnes de charbon. Dès qu’il eut dépassé les côtes de Terre-Neuve, il établit avec l'Amirauté, à Londres, des communications par la télégraphie sans fil qu’il conserva jusqu’à son arrivée à Cowes. Un détail intéressant, qui montre l’esprit de solidarité qui règne dans la marine anglaise, est que les officiers bravèrent constamment la chaleur des chambx’es de chauffe pour encourager chauffeurs et mécaniciens et leur prêter main forte au besoin. Le prince de Galles en personne voulut lancer une vingtaiixe de pelletées de charbon dans les foyers.
- Les variations du prix des terres. — Un travail l'écent de M. Saulnier dans Y Economiste Français précise, pour toute la France, les variations de valeur delà pi'opriété rurale depuis i85i, Dans l’ensemble, comme le savaient déjà tous ceux qui se sont occupés de ces questions, il y a lieu de distinguer deux périodes absolument conti’adictoires : i° jusqu’à 1879, augmentation plus ou moins forte, mais à peu près générale; 20 de 1880 à xgo5, baisse presque universelle l'amenant finale-mentla moyenne aux prix de i85x; après quoi, depuis 1905, se pi'oduit un enrayement momentané de la baisse. Si on considère la moyenne de la France, l’hectare .qui valait 5oo fr. en 1790, 800 en 1821, 1275 en 1851, est montéà i83o en 1879 et retombé à 1264 en 1905. Mais ces chiffi'es trop généraux sont à peu près sans valeur et il faut préciser par des exemples. Si nous considérons d’abord la pre-mièx'e période de i85i à 1879, on voit la valeur vénale de la terre augmenter de 141 pour 100 dans l’Ailier, de 129 pour 100 dans l’Aveyron et l’Aude, 107 pour 100 dans les Landes, etc., etc. D’une façon généi-ale, les départements qui profitent le plus sont ceux où l’amé-
- 12
- p.2x89 - vue 521/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- lio-ration des méthodes de culture et le défrichement sont les plus sensibles. Le progrès est au contraire presque nul dans les pays auparavant les plus favorisés par leur proximité de Paris comme Seine-et-Oise (8,8), Seine-et-Marne (4,5), l’Eure (4,1); cependant, on voit encore un département riche comme Seine-Inl'érieure gagner 89,5 pour 100. L’amour de la terre et les compétitions qui en résultent sont poussés d’autant plus aisément à l’exagération qu’on semble ne rien risquer avec une valeur sans cesse croissante. Apx'ès 1880, au contraire, la baisse commence, à quelques très rares éxceptions près comme la Bretagne, les Landes ou le Cantal, relativement faible dans la Sarlhe (i5 pour 100), l’Ailier (18 pour 100), la Nièvre (26 pour 100), atteignant 35 pour 100 dans l’Aisne, 37 pour 100 dans le Calvados, 41 poux' 100 dans l’Eure, 4^,8 pour 100 dans Seine-Inférieure, 48,1 pour roo dans l’Yonne, 67 pour 100 dans l’Aude (ces exemples répartis sur toute l’étendue de la liste). Quelles en sont les causes : réaction contre là hausse exagérée, émigration vers les villes résultant du nouveau système de service militaire, diminution de la natalité dans les campagnes, donc manque de main-d’œuvre et pénurie de fermiers; enfin concurrence mondiale qui, au début, trouva les cultivateurs français sans
- projection qui conserve les surfaces. D’après ces calculs, il évalue à 5y5 mm la hauteur moyenne de l’eau qui tombe chaque année sur toute l’Europe. Cette hauteur est de 807 mm pour l’Afrique, 607 pour l’Asie, 47^ pour l'Australie, 631 pour l’Amérique du Nord, 1424 pour l'Amérique du Sud. La quantité totale de l’eau qui parvient à la surface du sol atteint environ pour l’ensemble des terres du globe 112 000 kilomètres cubes par an, près des trois quarts de celte quantité provenant de l’évaporation sur le continent.
- Du danger des maisons hautes. — On ne pense pas à tout. Et, vraiment, ce serait se montrer d’une exigence tyrannique que de demander à un architecte d’être en même temps un météorologiste. Mais, s’il est un reproche bien fondé qu’on puisse adresser aux constructeurs de ces maisons géantes qui montent à l’assaut du ciel new-yorkais, c’est celui-ci : ils ont transformé la ville en un labyrinthe de canons où la moindre brise souffle des vents de tempête. Le phénomène s’explique de lui-même : les hautes maisons n'engendrent pas le vent, certes, non ! Mais elles en concentrent la force dans un espace restreint. Balayée par les vents du Nord et les brises du large, privée de la protection d’une enceinte
- Du danger des maisons hautes.
- capacité pour lutter et sans entente. Toutes ces causes accumulées ont atteint leur paroxysme dans d’anciens pays riches comme la Normandie et la Gascogne. Depuis 1905, la baisse a encore continué dans 35 départements ; elle semble arrêtée dans les autres; le relèvement des prix, l’amélioration des cultures, le développement des syndicats agricoles sont probablement les motifs de cette amélioration.
- La main-d’œuvre à Panama. — D’après Y Officiel, à la date du 3i juillet, le personnel aux gages de la Commission du canal de Panama se composait de 35 000 personnes, dont 9000 individus de race blanche (Européens ou Américains du Nord). Les Espagnols et les Italiens -entraient pour 17 pour 100 dans la composition de ce groupe. On y comptait aussi 200 femmes, la plupart de nationalité américaine, mariées à des employés du Canal, et employées elles-mêmes dans les bureaux. Le salaire moyen de ces femmes était de 375 francs. Le nombre des ouvriers ou manœuvres était d’environ 35 000, dont x 1 000 occupés axxx excavations, et 5ooo employés plixs spécialement à la manœuvre des di'agues.
- La pluie dans le monde. — M. Brückner signale dans Meleorologische Zeitschrift (1908) les travaux de Fritsche ayant pour but de déterminer la quantité totale de pluie qui tombe en moyenne annuelle sur les continents. Cet auteur est parvenu à ses fins en planimétrant des cai’tes pluviométi'iques établies dans un système de
- de collines, New-York ne fut jamais xxn objet d’envie même pour Chicago, la Windy-City, où, semble-t-il, viennent mourir toutes les queues de cyclone. Mais les vents pouvaient se répartir sur une aire illimitée, quand les maisons gardaient encore des élévations modestes. Maintenant, les immeubles de 20 à 3o étages, alignés dans les îuxes de la basse ville sans autres solutions- de continuité que les carrefoxxrs, les traixsforment en étroits défilés où le veixt se précipite avec fui-ie. Comme ces rues se prolongent en avenues parallèles que Bi’oadway, tracée en diagonale, coupe à angles aigus, il en résulte qxxe les sommets de ces angles, points d intersection des courants d’air qui balaient Broadway et ces avenues deviennent les centres de tornados dont notre instantané exprime pittoresquement la violence.
- L’influence des travaux maritimes sur le régime des côtes. -— Les ingénieurs maritimes ne peuvent pas toxxjours arriver à prévoir bien effectivement le troxxblc que peut causer tel ouvrage dans le régime d'une côte. Depuis qu’on a exécuté presqxxe complètement les tra-vaux du port de Douvres, dont il a été question ici, des variations extraordinaii'es se sont produites dans les courants de marée, pi'ès de l’entrée sud. Autrefois ces courants se dirigeaient à peu près parallèlement à la côte ; aujourd’hxxi, ce sont des tourbillonnements en tous sens, au lieu de deux couinants alternatifs et sensiblement réguliers.
- p.2x90 - vue 522/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- ><
- Automobilisme
- Appareil à vulcaniser les réparations de bandages en caoutchouc. — On doit savoir l’intérêt qu’il y a de vulcaniser le caoutchouc pour lui donner de la résistance ; par suite, il serait désirable de pouvoir faire subir cette action à tous les ciments, tous les emplâtres caoutchoutés que l’on emploie pour les bandages, et aussi les chambres à air des bicyclettes, et principalement des automobiles. Pour obtenir la vulcanisation, il faut soumettre le caoutchouc à l’action de la chaleur, et généralement c’est impossible j>our les petites réparations en question. Aussi, afin d’arriver à satisfaire à ce désidératum, une maison américaine, représentée à Paris par MM. Markt, a-t-elle combiné un appareil curieux qu elle appelle le vulcanisateur Unique, et qui donne de très bons résultats.
- Nous n’entrerons pas dans les détails de la réparation en elle-même, qui- se fait à l’aide d’un ciment portant également ce nom d’Unique ou Unie en anglais, suivant des principes généraux assez connus, et qui, en tout cas, ne sont pas ce qui nous intéresse dans l’appareil et dans la méthode. On nettoie l’endroit coupé, éclaté, fissuré, au moyen de toile, de ciment; on découpe un
- La lampe à vulcaniser en place et vue isolément.
- morceau de caoutchouc d’un type particulier qu’on vend avec la trousse. S’il s’agit d’un pneumatique, on lui donne la courbure voulue en le gonflant autant qu’on le peut; pour une chambre à air, on la dispose en double à la surface d’un pneumatique qui donne ainsi la rondeur convenable à la portion que l’on va réparer. Au reste, avant réparation, et si l’enveloppe ou la chambre à air sont humides ou trop froides, on les réchauffe partiel-iement par application de la petite lampe, de la manière que nous allons indiquer pour la vulcanisation même. On intercale toujours une feuille de papier pour empêcher les faces de la lampe (que nous pouvons appeler le vulcanisateur) de coller sur les surfaces et les ciments traités.
- Cet organe essentiel est une petite lampe en cuivre à essence, inexplosible, et qui fonctionne par gazéification de l’essence ; pour arriver à ce résultat, on chauffe son petit tube supérieur, tout uniment à l’aide d’une allumette, et en présentant ensuite celle-ci à la hauteur des petits trous supérieurs ; l’allumage se produit et la lampe brûle aussi longtemps qu’on le veut. Tout naturellement, il ne fallait pas songer à lui faire chauffer directement le caoutchouc, car on aurait risqué de le brûler, et Ton a eu recours à un volant de chaleur et à une masse métallique qui est largement en contact avec le caoutchouc, et ne peut pourtant pas lui transmettre une élévation de température trop forte, grâce aux précautions prises. En effet, la lampe se dispose, au moyen de griffes fort ingénieuses, au bas d’une chambre de chauffe métallique, curieuse elle-même. C’est une sorte de récipient à quatre faces courbes ; ces courbes sont de rayons divers, afin de pouvoir répondre aux courbures différentes des bandages ; la chambre vient s’appliquer par une de ses faces sur le bandage à traiter, et on la
- maintient dans cette position au moyen d’une bride, sur les extrémités de laquelle s’enfilent et viennent serrer des écrous à oreilles. La figure que nous donnons ici fait très bien comprendre la disposition. La chambre ne peut glisser verticalement, par suite des oreilles qu’elle présente elle-même. La lampe placée au bas de cette chambre, va en élever rapidement la température; du reste, le tirage peut être modifié et la température réglée, grâce à l’opercule qui est en haut de la chambre, et qu’on peut ouvrir plus ou moins en le faisant tourner horizontalement. De plus, l’appareil est muni d’un petit thermomètre soigné, gradué de 120 à i5o°, et il est recommandé de surveiller l’opération de manière que la température ne dépasse jamais i35°; au bout de 3o minutes la vulcanisation est terminée. Au reste, si la température venait à monter trop vite, on aurait toujours la possibilité de retirer un instant la lampe, la masse métallique conservant longtemps sa chaleur. Tout cela est fort ingénieusement combiné, et semble donner de très bons résultats au point de vue pratique.
- Outils
- Outil universel. — Cet outil, que son constructeur nomme « l’Utilitas », semble avoir été établi spécialement pour les cyclistes -tt les automobilistes ; il réunit, sous un faible volume, les plus nécessaires des outils de mécanique, et ce sont de robustes outils : une paire de cisailles, 2 bonnes lames à métaux, un tournevis, une
- Outil universel et son étui.
- tenaille, une clef anglaise, un marteau, un arrache-clous, une vrille, un poinçon et un décimètre.
- La longueur de l’outil est de o,25 m., son poids de 5oo grammes. Il s’enferme dans un étui de cuir fort élégant. — En vente chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg. Prix, en acier nickelé, 22 francs.
- Clous système Peschel. — Tout le monde sait qu’il faut un art véritable pour enfoncer un clou convenablement; l’opération déjà délicate, quand il s’agit d’objets en bois, devient très difficile dans le cas d’une paroi en pierre ou en brique : le corps du clou trop faible pour supporter l’effort du marteau, et la réaction du mur, se plie ou se courbe : la pointe dévie sur son corps résistant, elle refoule ou elle s’émousse. Ces difficultés proviennent évidemment de ce que la forme et les dimensions du clou n’ont pas été rationnellement déterminées en vue du but à atteindre.
- M. Peschel donne aux clous à enfoncer dans les murs une disposition nouvelle qui semble bien devoir écarter les difficultés que nous venons d’indiquer; il remplace la pointe par une face coupante de sorte que le clou agit comme le poinçon d’une machine à percer. Le trou où
- p.2x91 - vue 523/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- doit se fixer le clou se forme ainsi plus aisément : le corps du clou résiste davantage au fléchissement, enfin
- Clou P esche).
- POYf
- Inconvénients des pointes ordinaires.
- la pierre et le bois éclatent moins facilement.— Ces clous sont en vente chez M. Richard Heller, 18, cité Trévise.
- Divers
- Appareil à casser la glace. — Rien n’est plus agréable, pendant les chaleurs, que de boire frais et cette satisfaction nous est facilitée par la profusion de la glace articielle, qui est livrée à la consommation en énormes blocs cubiques et bon marché. Les dimensions de ces blocs, par contre, en rendent l’usage souvent incommode : il faut les casser en menus morceaux, l’opération n’est pas toujours aisée ; les résultats en sont le plus souvent dépourvus d’élégance.
- En général, on a recours à une pointe ou à une aiguille que l’on enfonce avec un marteau; inutile d’insister sur les inconvénients de ce moyen de fortune.
- L’appareil que nous présentons ici cherche à les supprimer. C’est bien encore une pointe de métal A qui jouera le rôle essentiel, mais à la tige cylindrique B terminant la pointe, est soudé un ressort à boudin C lequel se meut dans un tube D qui laisse passage à sa sortie à la pointe.
- Ce tube est fermé par une masse pleine E Fig. i. formant poignée et qui joue simplementle rôle de marteau, l’on comprend facilement d’ailleurs par la coupe ci-contre que, lorsque le ressort sera comprimé sous la pression delà masse E, celle-ci frappera la tige
- Fig. 2 et 3. Emploi de l’appareil.
- et pointe A B qui brisera la glace en multiples morceaux. — L’appareil est en vente chez MM. Plan et Cie, 24, rue des Petites-Ecuries.
- Ventilateurs. — Les figures ci-jointes représentent deux nouveaux modèles de ventilateurs, l’un est mû par une petite lampe à alcool et l’autre par la seule pression de l’eau d’un robinet quelconque à l’exemple du petit moteur à eau que nous avons déjà eu l’occasion de décrire.
- Le ventilateur à eau baptisé « La Tempête » est sim-
- plement constitué comme une pompe : l’eau arrive par un tuyau de caoutchouc branché à un robinet quelconque, passe par les aubes d’une petite turbine ordinaire, et ressort après un tour complet à l’autre extrémité et peut être employée à d’autres usages. Les ailes du ventilateur dont le diamètre est de 35 cm montées sur le même arbre que la turbine, tournent ainsi à la vitesse de 1000 à 1200 tours par minute, avec une dépense de 5o litres par heure seulement. Il n’est donc
- Fig. 1. — Ventilateur à alcool.
- Ventilateur à eau.
- plus besoin ni de piles, d’accumulateurs ou de courant électrique. Là ou la pressiou d’eau n’existe pas, la force nécessaire peut être donnée par un réservoir placé à 2 ou 3 mètres au-dessus du ventilateur. Le prix de cet appareil du poids de 3 kg est de 60 francs.
- Le modèle à alcool, dit « Automotor » est également fort simple et a sur le précédent et sur les ventilateurs à prise de courant d’électricité l’avantage de se placer n’importe où. Dans le socle se trouve le récipient d’alcool à brûler : il peut contenir un quart de litre et se remplit par le bouchon A. La mèche une fois allumée se règle par le bouton B et l’air du piston se trouve chauffé au bout d’une minute environ. Un léger entraînement donné au volant du moteur met alors les 2 pistons en marche et le moteur tourne bientôt à la vitesse de 800 à 1000 tours à la minute, Si l’on éteint la lampe le moteur, naturellement, s’arrête.
- Suivant les 'modèles dont la consommation varie de 0,01 à 0,02 l’heure, le prix de cet appareil est de yB el 120 francs avec des hélices de 28 et 37 cm. — Ces 2 ventilateurs sont en vente chez M. Plan et C'”, 24, rue des Petites-Ecuries.
- Couvert de voyage. — Voici un objet qui sera le bienvenu des excursionnistes amateurs des repas improvisés sur l’herbe; c’est à la fois un tire-bouchon, un couteau et une fourchette, et voici comment : il se sépare en deux, d’un côté le couteau et le tire-bouchon, de l’autre la fourchette; après usage, on remonte le tout, et l’ensemble n’a pas plus de 0,09 m. de long.
- En vente chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg. Prix : ifr,75.
- Bibelot Utile. — En cette saison d’excursion, de voyages, d’imprévu, il est bon d’emporter sur soi bien des objets que le hasard ne mettra pas toujours sur votre route, au moment où ils vous seront nécessaires; et l’on aime à les trouver sous une forme pratique et peu encombrante. C’est le cas du bibelot représenté sur notre dessin.
- Malgré son petit volume (0,09 m. de long, 0,01 m. de large, o,oo3 d’épaisseur) il se prête à de nombreux usages : il comporte tout d’abord une excellente lime à ongle, un tournevis, et un côté taillé au canif ; grâce aux encoches qui y ont été ménagées, il peut servir d’arrache-clous, de pince coupe-fil de fer champagne, de coupe-cigare. Enfin un décimètre a été gravé sur une des lames. — Cet objet est en vente chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg. Prix, en acier nickelé : ifr,25.
- p.2x92 - vue 524/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- .<—
- Les « Pipes-lines ».— Les pipes-lines sont des conduites spéciales employées en Amérique pour le transport des liquides, huiles et eau : la première fut construite en 1862 par L. Hutchinson, à New-York, sur une longueur de 6 km. Dans les premières conduites de ce genre établies, les tuyaux étaient mal joints, ce qui donnait des fuites nombreuses. La première ligne qui fonctionna véritablement fut établie en i865 par llarley,
- Vers l’année 1876, ce moyen de transport des liquides se développa avec rapidité pour le pétrole et les compagnies d’extraction, qui se développaient à ce moment, s’unirent à la puissante Société la National Transit C°, de sorte que les pipes-lines atteignirent une longueur de 4800 km.
- La ligne qui va de Morgantown à Philadelphie a 600 km de longueur et 6 à 8 pouces de large. Celle du Kansas à Whiting a 900 km en tube de 9 pouces de diamètre : elle réunit les puits du Kansas et de l’Indiana avec les radineries très importantes du Standard Oil Trust à Whiting; elle peut écouler environ 22700 hectolitres de pétrole brut par jour et possède i5 stations de pompes à refoulement.
- De 1878 à 1882 on construisit des nouvelles conduites pour amener le pétrole des centres de production à l’océan Atlantique et au Pacifique sur les bords desquels s’étaient établies de grandes radineries.
- La ligne de New-York traverse l’Hudson sous un revêtement protecteur et les lignes de Batson, Saratoga et Sous-Lake dans le Texas sont munies de tuyaux de compensation qui égalisent les diverses tensions produites par les changements de température.
- La partie de la ligne qui est comprise entre deux stations est soumise à un surveillant appelé « linesman ».
- Le nettoyage de la conduite, chargée de paraffine ou de boue se fait de temps en temps au moyen d’un appareil spécial appelé « straper » ou « Go devil » : on l’introduit dans le tuyau et on l’envoie à la vitesse du liquide avèc un mouvement de rotation automatique qui produit un bruit spécial qu’on entend de l’extérieur, ce qui permet de suivre sa marche facilement.
- Outre les lignes principales, il existe tout un réseau de lignes secondaires de jonction et de secours, de 2 pouces appartenant surtout aux propriétaires de mines. En 1891 la longueur totale estimée était de 40000 km; en 1904 on arrivait à 90000 km; le transport annuel était de i5 millions de tonnes de pétrole brut; les pertes par le feu et les fissures sont insignifiantes.
- Chaque station comporte une chaudière et deux pompes pour donner la pression suffisante, une cabine télégraphique et deux ou plusieurs réservoirs. Chaque pompe possède 28 soupapes d’admission et 3 soupapes de pression, à chaque coup elle élève toutes les 7 secondes le pétrole brut. Les caisses des soupapes sont
- divisées en petits compartiments, munis de soupapes en métal. Le transport des liquides par ce procédé est véritablement économique et pratique.
- Eugène H. Weiss.
- La pêche et l’industrie des poulpes. — Le poulpe fait l’objet d’une pêche très active sur tout le littoral de la Tunisie, où il donne lieu à une industrie curieuse et relativement peu connue, dont Sfax, Djerba et Zarzis sont les principaux centres. De 1904 à 1906, l’exportation des poulpes originaires de cette région a atteint 369 206 kg (3o5 325 francs).
- Ces mollusques sont capturés à l’aide de la foène et des filets, mais, plus généralement par des procédés plus spéciaux. Sur les plages basses, on trace d’étroits chemins creux, de plusieurs centaines de mètres de longueur, dont les bords sont formés de pierres simplement posées les unes près des autres sur le sol, ou de petits pieux ou de branches de palmiers disposés en lignes de la même façon. Les poulpes venant s’abriter dans ces retraites, on les capture à marée basse. En certains endroits, on remplace les pierres par de longues files de gargoulettes, placées à même, sur le fond ou attachées à des cordes. Les poulpes recherchent ces abris où ils logent facilement leurs corps membraneux, laissant à peine sortir leurs tentacules prêts à saisir la proie. La poterie est percée à sa base et parfois sur sa panse, de petits trous, par lesquels, avec le moindre piquant, on provoque la sortie de l’animal. On ne compte pas moins de 10000 pièges de cette nature, tendus autour de Djerba. Ailleurs, on pêche le poulpe en attachant une femelle soit à une pierre fixée dans l’eau, soit à une corde tenue à la main, les poulpes mâles qui accourent bientôt de toutes parts se laissent harponner à l’aide d’un simple crochet.
- Aussitôt après la pêche, qui se pratique surtout en hiver, le poulpe est battu violemment, pendant un temps-relativement long, de façon à le faire périr, et aussi à amollir ses chairs ; puis on le comprime violemment sur le sol pour lui faire dégorger la plus grande partie de l’eau qu’il contient et on le dessèche enfin, complètement, en le suspendant à une corde tendue au soleil. Cette dessiccation enlève à l’animal les deux tiers de son volume primitif.
- La pêche et l’industrie des poulpes alimente un important commerce d’exportation qui a ses débouchés en Grèce proprement dite, aux Cyclades, aux Sporades et en Crète où ces animaux sont consommés en grand nombre au moment du carême pascal qui dure quarante-six jours, et du petit carême de la vierge, qui en dure quinze. Le poulpe sec y est vendu 2 francs l’ocque (i,2 5o kg). Il peut se conserver une année entière et même au delà. Henri Blin.
- HYGIÈNE ET SANTE
- Les chats et la peste. — Depuis deux ans la peste sévit avec rage dans les Indes anglaises; j’ai publié récemment quelques chiffres officiels de la mortalité dans quelques-unes des principales villes. Malgré tous les moyens mis en œuvre, malgré la sérothérapie employée avec larges mesures, on arrive avec peine à circonscrire le fléau.
- Il est cependant, au dire d’un chirurgien anglais, un moyen bien simple d’assurer la prophylaxie de cette terrible maladie. La peste se propage par le rat, ou du moins par la puce du rat; le fait a été mis en évidence et démontré d’une façon absolue par les expériences et les recherches de Simond. La puce agit comme le moustique qui transporte d’un sujet malade à un sujet sain le microbe de la fièvre jaune ou l’agent du paludisme. La puce porte la peste du rat à l’homme et comme les deux bestioles, rats et puces, foisonnent et pullulent à plaisir, la dissémination se fait avec une aisance des plus
- simples. Supprimez le rat, vous supprimez la peste ; c’est ce qu’a démontré le lieutenant-colonel Buchanan, chirurgien exerçant à Amraoti dans les Indes.
- La destruction du rat par les pièges ou les poisons est un leurre et cependant où vous ne trouvez pas de rats, il n’y a pas de foyers pesteux. Vous avez, dit M. Buchanan, un moyen très simple de supprimer les rats ou du moins de les faire fuir, c’est d’avoir des chats. Et voilà ce gracieux félin devenu l’agent de prophylaxie locale et internationale contre une des maladies les plus redoutables. Mais il ne suffit pas d’un chat de-ci de-là, il en faut dans toutes les villes, dans toutes les bourgades. La démonstration la plus nette de cette protection par les chats est la suivante. Airla est un village à mi-route entre Nagpur et Kalmeshwar, distantes l’une de l’autre de treize milles environ. La peste sévit avec violence dans ces deux villes, la première vit la mortalité frapper 22000 habitants, la seconde 2000. Or, quand la
- p.2x93 - vue 525/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTE
- pesle faisait rage à Nagptir, les habitants s'enfuirent à Kalineslnvar, et, quand le fléau survint à Kalmeslnvar, ceux-ci prirent la roule de Nagpur. Dans ces deux exodes, nombre de voyageurs infectés traversèrent Airla et cependant on ne signala dans ce village aucun cas de peste. C’est que, dit M. Buchanan, il n’y avait pas de rats dans le village et qu’il y avait beaucoup de chats.
- Cette première observation des plus nettes suggéra au médecin anglais, l’idée d’ifne enquête dans son district et d’un recensement des chats dans les 1000 villes ou villages qui composent ce district de Berar. Il trouva que dans les 145 villages possédant 5o chats et plus pour ioo maisons, on n’avait jamais constaté un cas de pesle; dans ceux qui n’avaient que 20 à 5o chats, on avait signalé quelques cas ; mais le plus grand nombre des foyers existait dans les villages possédant moins de ?.o pour 100 des ennemis des rats. Le chiffre des chats relevé dans ce département est d’environ 33 000 pour 800000 habitants.
- Le district de Berar a eu, en 1907, environ 5ooo cas de peste et d’après l’enquête dirigée par M. Buchanan ou ses assistants, la plupart des cas se sont présentés dans les maisons qui ne possédaient pas de chat. Poxir être exact, on a constaté quelques cas de maladie dans des habitations où les chats se trouvaient en nombre suffi-
- sant pour écarter les rats; mais les malades atteints ont pu contracter la pesle dans \me autre maison ; un rat contaminé a pu venir crever dans le voisinage ou dans l’intérieur même de la maison. Les rares exceptions constatées n’infirment pas les résultats de cette enquête curieuse.
- L’Hindou répugne à détruire lui-même le rat bien qu’il semble reconnaître, et de date fort ancienne, que c’est l’agent disséminateur de la peste. Un vieux livre hindou, le Shushrat, dit que lorsqu’il ste fait une invasion de rats dans un village, il faut fuir dans la jungle aussi vite que possible. Et d'instinct, confiants dans cette vieille tradition, les Hindous cherchent à se protéger avec les chats. Il n’y a, semble-t-il, pour assurer la prophylaxie contre la peste, qu’à populariser la défense par le chat; chose facile, car l’animal est sacré chez les Hindous et nul d'entre eux ne s’aviserait d’en tuer un. L’indigène est du reste un peu hostile, de par les traditions religieuses, à l’inoculation du sérum antipesteux aussi bien que de la vaccine. Le chat est un gentil compagnon, gracieux, d’un entretien peu coûteux et si les services qu’il peut rendre contre la peste sont vraiment aussi précis que l’indique M. Buchanan, il n’y a pas à hésiter, multipliez les chats et gardez-les avec soin dans les demeures. D‘ A. Cartaz.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Réparation des figures de cire. — 11 se produit parfois des craquelures dans les figures ou les objets de cire; nous ne prétendons pas qu’on arrive, quand on 11’est pas du métier, à faire disparaître complètement ces avaries, mais on peut du moins les masquer assez bien. On prépare une composition faite de 3 parties de cire blanche que l’on fait fondre avec une partie de lard clarifié ; pour éviter que cette matière ne fonde au soleil {si l’objet à réparer y est exposé), il faut ajouter quelques gouttes de baume du Canada. Bien entendu, on ajoutera plus ou moins de'lard si l’on trouve le mélange trop dur ou trop mou ; et I on additionne également d’un peu de couleur en poudre pour obtenir la teinte de la cire là où l’on veut réparer les craquelures. On polit la surface avec un morceau d’os bien lisse et convexe ; on peut auparavant passer sur cette surface un peu de couleur en poudre, à l’aide d’un pinceau en poils de chameau, si la nuance ne semble pas satisfaisante.
- Noir pour os OU bois. — Le prototype de ce noir est celui qu’on emploie pour les dominos ; les dés ; et, si vous avez des dés ou des dominos dont les points se soient plus ou moins décolorés, vous pourrez repasser un peu de ce noir pour rendre la visibilité aux points. Pour l’os, il vaut mieux se servir de laque noire qu’on rend fluide en la passant au feu, et qu’on applique au moyen d’un pinceau en poils de chameau, ou plutôt en poils de sanglier ou de porc. Il faut peu de laque, et l’appliquer à l’abri de la poussière et dans une pièce tiède. Pour le bois, on se contentera d’un noir fait de 180 grammes environ de gomme-laque en écailles orange, dissoute dans un demi-litre d’alcool de bois, avec addition d’une quantité suffisante de noir d’aniline pour donner la coloration voulue.
- Alliage imitant l’or. — On fait fondre un mélange de 100 parties de cuivre et de 6 p. d’antimoine. A fusion complète, on ajoute une petite quantité de magnésium. On élimine les scories par addition de cendres de bois et de spath fluor.
- Vitesse des scies mécaniques. — L’emploi des scies mécaniques, soit circulaires, soit à rubans, nécessite des précautions. C’est ainsi qu’il y a une proportion à observer, et dont on se préoccupe trop rarement, entre la longueur du ruban, le diamètre des poulies où il passe et la largeur de la lame. De plus on peut dire d’une manière générale que, si une scie circulaire peut tourner à la vitesse périphérique de 2700 mètres à la minute, il est bon de s’en tenir au maximum à une vi-
- tesse linéaire de 1800 mètres pour les scies à rubans, par suite des flexions qu’elles subissent continuellement.
- Couleur à l’eau pour organes mécaniques. — 11
- s’agit naturellement de surfaces qui ne sont pas exposées aux agents atmosphériques, et cette couleur peut s’utiliser aussi pour le bois ; on obtient, suivant qu’on le veut, une coloration ardoisée (qui est la plus employée) ou une coloration terre-cuite. Pour la première, on se procure 1800 gr de blanc de zinc bien sec, puis autant de craie bien pulvérisée; d’autre part, il faut 900 gr. de dextrine brune, 225 d’alun, autant de noir de fumée, et 60 gr. d’outremer ou d’un colorant bleu à base de chaux. On mélange bien à sec, et l’on passe à travers un tamis; puis, au moment de l’emploi, on additionne de la quantité voulue d’eau froide. Pour avoir une couleur terre-cuite, on remplace bleu et noir de fumée par 45o gr. de terre de Sienne brûlée.
- Formation de nuages sur les surfaces vernies. —
- II arrive trop souvent qu’il se forme ce qu’on nomme parfois des efflorescences ou des nuages sur les surfaces récemment vernies, ou sur celles qui le sont déjà depuis un certain temps : cela peut tenir dans le premier cas à une sorte de refroidissement, le vernis étant appliqué sur une surface plus froide que l’atmosphère environnante ; ou bien c’est le résultat de l’action de certains gaz sur le vernis. On arrive parfois à faire disparaître le trouble superficiel du vernis en frottant avec un mélange d’huile et de vinaigre, puis à sec. Comme le trouble qui se manifeste est dû quelquefois à ce qu’une première couche de vernis n’était pas durcie complètement quand on a étendu la seconde, il est nécessaire de toujours bien laisser sécher une couche avant d’étendre l’autre; on doit éviter aussi de vernir dans une pièce où se produisent des courants d’air, et où il arrive de l’air qui ne soit pas bien pur.
- Pour empêcher les courroies de glisser. — La
- recette est recommandée par un praticien qui dirige un atelier où l’on emploie beaucoup de courroies marchant à grande vitesse et à forte charge. Il se sert uniquement de l huile qu’on utilise pour le graissage des cylindres, qui est de la vaseline brute. Pour l’appliquer au graissage des courroies, on la fait fondre complètement, et on la laisse tomber en un mince jet sur la surface travaillante de la courroie. Une faut en mettre d’abord que très peu ; on renouvelle l’application tous les deux ou trois jours, jusqu’à ce que la courroie devienne bien souple et saturée d’huile. Bien entendu cette huile ne s’oxyde pas, ce qui est un grand avantage.
- p.2x94 - vue 526/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boite aux. lettres, la Rédaction publie les laits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Bile répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la coiTespondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans nn délai de dix à quinze jours.
- Adresses des fabricants de pétrins. — Kustner frères, n et x3, rue des Quali-e-Chemins, à Aubervil-liers ; — Cornet fils, 27, 119, rue Pelleport, Paris; — Lamoureux et fils, Joinville (Haute-Marne); — Veuve Jean Garin, La Vallée-aux-Bleds (Aisne); — L’incomparable elle Méridional, M. E. Mahot, à Ham (Somme);
- — Alexandre, 7, boulevard Voltaire, Paris; —Jiorbeck, E. Favrais, 162, rue du Château, Paris; — Peter Kup-per, à Aix-la-Chapelle; — Werner et Pfleiderer, 1 bis, boulevard Magenta, Paris; — Plewa, Waltgasse, 78-80, Vienne (Autriche).
- Renseignements. — Club Catolico, Montevideo! — Vous trouverez les jumelles que vous désirez chez Clermont-Huet, 1 14, rue du Temple, Paris.
- M. Troussel, Petit-Quevilly. — Pour avoir une solution incongelable, ajouter à l’eau 12 à )5 pour 100 de glycérine. Y ajouter également du carbonate de soude, afin de neutraliser la glycérine si elle est acide.
- ---O
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Le chien de trait dans farinée : Louis de Cantilly. — Quelques postulata astronomiques : A, T. — Photographie : G. Mares-Chal. — Influence de la lumière et la végétation : Marcei. Blot. — Les grands barrages et les stations hydro-électriques en Allemagne : Pierre de Mériel. — Le numérotage dis plombs de chasse : Cn.-l n Guillaume — Les plantes introduites : A. Acloque. — La naissance d’une île volcanique : V. Forbin. — Les injections d’eau de mer en thérapeutique : Dr A. Cartaz. — Académie des sciences; séance du 10 août 1908 : Ch. de \illeueuil. — Elévateur automatique pour madriers : Jacques Boyer.
- Supplément. — Quatrième Congrès préhistorique de France, etc.
- Les villes d'art célèbres : Blois, Chambord et les Châteaux du Blésois, par Fernand Bournon, ancien archiviste de Loir-et-Cher. Paris. H. Laurens. 1908. x vol. petit in-4°, 101 gr. Prix : broché, 4 francs; relié, 5 francs.
- M. Fernand Bournon, ancien archiviste du département de Loir-et-Cher, était parfaitement qualifié pour traiter le sujet du nouveau volume de la collection des villes d’art. Tout en apportant des renseignements et des aperçus nouveaux, voire même inédits, sur l’histoire et les ai'chitectes de ces châteaux célèbres entre tous, l’auteur a réussi à présenter un récit agréable à lire, où prennent place les épisodes variés et dramatiques, dont cës monuments ont été le théâtre. Outre la description de la ville de Blois, de son château et de celui de Chambord, cette intéressante monographie comporte dès notices sur Chaumont, Cheverny, Beau-regard, Ménars, Talcy et Bury.
- Le Nuove Lampade Elettriclie an incandescenza, par C. Mantica, chez A. Cordani, 7, via Solferino-Milan. Description et fonctionnement des nouvelles lampes avec l'elevé d’observations de laboratoire.
- The taxonomy of the Muscoidean flies, including descriptions of new généra and. species, par Cix. H. T. Townsend. Washington. Smithsonian institution.
- 1 bl'och. in-8°, 138 p. (Smiths. Miscell. Collect., pt. of vol. LI).
- Field Muséum of Natural LListory. Animal report of the director to the board of trustées for the ye ar 1907. Chicago, 1908. 1 vol. in-8°, p. 109-212. (Field M. of N. H. publ. 128, Rpt. séxdes, vol. III, n° 2.)
- Mission scientifique au Dahomey, par Henry Hubert. Paris, E. Lai'ose, 1908. 1 vol/ in-8°, 568 p. illustré, x carte. Prix : i5 fi'ancs.
- Dans ce très remarquable ouvrage, qui a valu à son
- auteur un prix de la Société de Géographie, M. IL Hubert, administrateur adjoint des colonies, docteur ès sciences, a voulu faire, avant tou*, une sorte d’inventaire méthodique, de description coordonnée, de notre colonie du Dahomey, envisagée au point de vue de la géographie physique, de la géologie, et de la minéi’alogie, d’où trois grandes divisions principales du livre, qui constituent chacune des monographies faites avec une clarté très grande et un soin tout scienti-lique et sont appelées à rendre les plus grands services. En tête de l'ouvrage un aperçu géographique général, suivi d’une bonne bibliographie des ouvrages et des cartes, sert d’introduction à ces travaux plus techniques ; à la fin, sous le titre général relations biogéographiques, l’auteur donne de courtes mais fort utiles notions sur la répartition des espèces végétales typiques, les grandes zones botaniques, sur la répartit ion des espèces animales, et une esquisse ethnographique. L’ensemble constitue un ouvrage de grande valeur, et un excellent point de départ à toutes l’echei’ches futures relatives au Dahomey.
- L annuaire international de Vacétylène pour 1908, à F Office Central de l’acétylène, 104, boulevard de Clichy, Paris. Prix de l’exemplaire : 2 francs.
- Smithsonian exploration in Alaska in 1907 in search of pleistocene fossil vertébrales, par Cn. W. Gxlmore. Washington. Smithsonian institution. 1908. 1 vol. in-8°, 38 p., i3 pl. (Smithson. Miscell. Collect., pt. of vol. LI).
- Rapport à la suite d’une campagne paléontologique en Alaska, par Shagway, Dawson, Fort Yukon, et la vallée du Yukon; à la suite du l'apport, une élude mettant au point les connaissances jusqu’ici acquises sur la faune pléistocène de l’Alaska, représentée certainement par les espèces : Elephas primigenius, Equus (sp?) Alce (sp ?) Rangifer (sp?) Ovibos (sp?) Symbos tyrelli, Bison crassiformis, JJ. occidentalis, B.alleni, Ursus{sp?) Castor [sp?), l’auteur déclare que, jusqu a plus ample informé, il faut rester sceptique au sujet d Elephas Columbi, de Maminut America-num (signalé par Obalski) et de Bison prisais.
- Essai sur l'art français dans les monuments civils, par O. Justice. In-12. Pai’is. Oudin, 3 francs.
- Agréable et curieux volume sur les châteaux de Fi’ance et leur histoire esthétique et architecturale.
- Essays on évolution (1889-1907), par Ed. Bag. Pouuton. Oxford. Clarendon Pi'ess. 1908. x vol. in-8°, XLYIII, 480 p. Prix : 12 shillings.
- Ce fort intéressant volume du professeur de zoologie de 1 Université d Oxford est le recueil, après revi-
- p.2x95 - vue 527/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- sion et augmentation, d’articles publiés à diverses occasions sur des sujets en rapport avec les doctrines de l’évolution. L’auteur est nettement transformiste, mais il se prononce avec non moins de netteté contre nombre de doctrines récentes, qui se réclament cependant aussi du transformisme. C’est ainsi qu’il nie à peu près complètement la valeur explicative des faits de mutation, qui serait si grande pour de Yries et Bateson; à vrai dire, M. Poulton va même jusqu’à nier les faits de mutation eux-mêmes : pour lui, il faudrait voir notamment dans les résultats obtenus par de Vries sur l’OEnothera Lamarckiana non pas des tenta-
- tives faites par la plante pour créer de nouvelles espèces, mais la dislocation d’une fausse espèce, d’une espèce hybride, en ses composants. Divers autres points de vue assez étranges, auxquels se plaît l’auteur, n’empêchent pas d’ailleurs qu on lise avec intérêt, prolit, et plaisir, les fortes éludes qu’il consacre aux questions les plus variées : mendélisme, théories de l’évolution, hérédité, mimétisme, sélection naturelle, notion d’espèce, etc., etc. S il ne faut pas y chercher des idées réellement neuves, on y trouve souvent la solide critique d’idées anciennes ou récentes, plus ou moins légèrement admises.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 10 août 1908. . 15°, y S. 1. beau. » Rosée ; peu nuageux.
- Mardi 11 15°,0 N. 3. Beau. » Rosée ; halo il 16 h.; peu nuageux.
- Mercredi 12 12° y N. VV. 1. Beau. » Rosée ; halo à 14 h ; nuageux.
- Jeudi 13 10°.8 S. 1. Peu nuageux. » Rosée ; très nuageux.
- Vendredi 14 13°,1 S. S. W. 2. Très nuageux. » Rosée ; très nuageux.
- Samedi 15 12°, 9 N. E. 3. Couvert. 0 Rosée; couvert de 6 h. à 9 h.; très nuag. jusq. 18 h. ; beau eus.
- Dimanche 16 11°, 5 N. N. E. 2. Beau. » Rosée; peu nuageux.
- AOUT 1908. — SEMAINE DU LUNDI 10 AU DIMANCHE 16 AOUT 1908.
- Lundi | Mardi | Mercredi | -leudi | Vendredi l Samedi | Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent. : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du xo au 16 août. -— Le xo. Forte baisse barométrique sur le N.-O. de l’Europe : centre de dépression près des Feroé (748) ; Shields, 754; Dunkerque, 761. Pluies sur le N.-O. elle S.-E. de l’Europe. Température du matin : Paris, 160; Lésina, 23; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : 2O0,i (normale : 18°).
- __ Le 11. Relèvement de la pression sur tout l’O. :
- Irlande, Bretagne, 770; le centre de dépression des Feroé est passé au S. de la Norvège, 755. Beau temps général. Temp. du matin : Seydisfjord, 5; Paris, 15 ; Alger, 26; Puy de Dôme, 12; Pic du Midi, 9; moyenne à Paris : i5°,4 (normale : 17°,9). — Le 12. Fortes pressions sur les Iles-Britanniques et la France; Iidande, 772; Lyon, 768; dépression sur la Scandinavie, l’Allemagne et le Sud de la Russie. Pluies sur le N.-O. de l’Eui'ope. Temp. du matin: Feroe, 70; Paris, x3; Alger, 23; Pic du Midi, 10; Puy de Dôme, 6; moyenne à Paris : i3°,4 (normale : i7°,9)- — Le x3. Baisse sur l’O. de l’Europe : minimum en Danemark, 75r ; pressions supérieures à 768 sur la Bretagne et le S.-O. des Iles-Britanniques. Pluies sur le N. de l’Europe. Temp. du matin : Belfort, 70; Paris, 11 ; Alger, 3x; Pic du Midi, 11 ; Puy de Dôme, 6; moyenne à Paris : x3°,8 (normale :
- 17°,8). —Le 14. Basses pressions sur le S. de l’Europe, l’Allemagne, la Hollande : minima près de Groningue et de Nice, 755; 765 à l’extrême N. du continent. Pluies sur l’Autriche, les Pays-Bas et le S. de la Scandinavie ; en France : Dunkei'que, 2 mm d’eau; Biarxntz, Toulouse, 1. Temp. du matin : Iles Feroé, 8; Paris, x3; Alger, 29 ; Puy de Dôme, 11 ; Pic du Midi, 8; moyenne à Pai’is : i5°,6 (normale : 17°,8). — Le i5. Hausse sur la Norvège et les Pays-Bas : Chiûstiansund, 767; dépression sur le S. de la France et le Centre de la Russie : Marseille, 756; Mernel, 755. Pluies sur l’E. et le Centre de l’Europe. Temp. du matin : Kuopio, 10; Paris, x3; Brindisi, 26; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : i5°,2 (normale : 17°,7) — Le 16. Extension vers le S. des fortes pressions du N.-O. : Pas-de-Calais, 765; Ecosse, 768; basses pressions au S. et à l’E. : Moscou, 752. Pluies sur le S. de l’Europe; en France, pluies abondantes en Pi’ovence : Croisette, 82 ; Marseille, 23; Gap, 17. Temp. du matin : Arkangel, 11; Paris, 12 ; Alger, 25 ; Puy de Dôme, 5 ; Pic du Midi, 1 ; moyenne à Pains : i5° (normale : 17°,7)- — Phases de la Lune : Pleine Lune le 12, à 5 h. 8 m. du matin.
- p.2x96 - vue 528/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, Varis (VI*/
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non, illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1840 •— 29 AOUT 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Structure de la couronne solaire. — Le professeur Hansky discute, dans les Mitteilungen der Nikolai-llauptstenuvarte zu Pulkova, les résultats obtenus pendant l’éclipse de igo5, par l’expédition de l’observatoire de Pulkova, à Alcosèbre, en Espagne. Les principales conclusions sont que la couronne était du type du maximum. Elle était divisée en 8 jets symétriquement placés par rapporta l’axe du Soleil, Il est probable que la forme et la direction de ces jets dépendent des protubérances au-dessus desquelles ils ont été vus. Les centres d’émission, situés souvent près des taches, ne doivent pas coïncider avec elles. Les jets des protubérances sont des projections de matière animées de vitesses voisines de 200 km par seconde. Au contraire, la matière coronale au-dessus des protubérances est animée d’une vitesse si faible qu’il est impossible de la dégager des erreurs d’observalion. Celte vitesse ne doit pas excéder 3o km par seconde.
- Nébulosités dans la Voie lactée. — Le professeur Barnard prépare actuellement une carte photographique de la Voie lactée. Il décrit dans les Astronomische Nachrichten quelques résultats déjà obtenus. Sur les clichés pris à l’observatoire du Mont-Wilson, pendant l’été de igo5, avec le télescope Bruce de l’observatoire Yerkès, on reconnaît des masses de nébulosités en de nombreux endroits. Plusieurs de ces masses ont déjà été enregistrées sur des clichés pris antérieurement, mais elles apparaissent bien plus distinctement sur les clichés pris sous le ciel pur du Mont-Wilson. Le professeur Barnard décrit un certain nombre de ces nébuleuses, particulièrement une très remarquable environnant Messier 8, et se propose d’y revenir plus complètement d ici peu.
- Les remparts du Mont Saint-Michel. — Par décret en date du 17 juillet, les anciens remparts du Mont Saint-Michel, dits remparts de la ville, tels qu’ils sont figurés sur le plan du 14 janvier 1908, sont affectés au service des Beaux-Arts. Déjà un décret du 20 avril 1874 avait affecté au même service l’ancienne abbaye avec ses dépendances, puis en 1879 commune du Mont Saint-Michel s’était désistée en faveur de l’Etat de toute prétention à la propriété de l’enceinte de la ville, sous réserve de certains droits. Le nouveau décret a pour objet la conservation de ces remparts : classés dorénavant comme monuments historiques, on ne pourra plus y toucher pour quelque motif que ce soit, sans l’avis de la commission des monuments historiques.
- Un cours sur l’industrie de la viande. — La revue (Jhygiène de la viande et du lait signale que, sur la proposition du professeur Robert Wallace, de l’Université d’Edimbourg, principal du Collège d’agriculture de l’Est de l’Ecosse, on vient de décider de créer à ce Collège un cours nouveau consacré à « l’industrie de la viande ». C’est le premier cours de ce genre qui existe en Grande-
- Bretagne. Les leçons seront faites par MM. Loudon et Douglas, dont les écrits font autorité dans la matière, et commenceront l’hiver prochain. Le programme comprendra : une étude historique du développement du commerce des viandes : la construction des abattoirs; les maladies des animaux de boucherie ; la conservation et les préparations de la viande, avec des notions de chimie et de bactériologie ; la conservation par le froid (théorie et pratique); enlin, les lois et règlements concernant le commerce de la viande. L’Association des maîtres bouchers d’Edimbourg a manifesté beaucoup d’intérêt pour la création de ce cours et y a contribué par une souscription. C’est une innovation qu’il faut souhaiter de voir imitée.
- Le coton en République Argentine. — Le Bulletin de VOffice colonial publie à ce sujet un rapport du consul de France à Buenos-Ayres, d’où nous extrayons les données suivantes. Le coton est cultivé depuis longtemps en Argentine dans les provinces de la Rioja, Cata-marca, Cordoba, Conicula, et les territoires du Chaco et des Misiones, les plus belles qualités provenant de la Rioja et de Catamarca, tandis que les plus fortes quantités proviennent du Chaco où la culture s’étend rapidement. Pour l’ensemble de la République, on estime à 7000000 de kilos la récolte de l’année, production fournie par 4644 hectares de culture. Une forte partie de cette récolte est exportée, le reste utilisé sur place pour la fabrication de fil, de couvre-pieds et de coton hydrophile ; d’autre part, il faut signaler une assez faible importation du coton dans la République : 62682 kilos, représentant i5ooo piastres (la piastre estimée à 2 fr. 20).
- Le commerce extérieur du Brésil. — Le commerce extérieur du Brésil est monté, en 1906, à 2 milliards de francs, dont 831 millions à l’importation et i326 à l’exportation. Ces exportations qui dépassent donc de 5oo millions les importations, se composent, pour moitié de café, et pour un tiers de caoutchouc ; les autres substances dont les principales sont les peaux, le cacao, le coton, etc., n’entrent au total que pour environ 20 à 25 pour 100. Voici d’ailleurs les chiffres :
- Milliers de tonnes. Millions de francs.
- 1905 1906 igo5 1906
- Café 619 837 536 691
- Caoutchouc .... 36 35 374 345
- Peaux et dépouilles d’animaux. . . . 42 43 47 6t
- Yerba maté . . 41 58 31 46
- Coton. ...... 24 3r 27 4t
- Cacao 21 25 26 U
- Tabac 20 s3 21 9.3
- Sucre 37 85 10 I 2
- Or (kilogr.) .... 3898 4548 10 12
- Ces chiffi'es mettent en évidence l’importance capitale, pour ce pays, de la question du café et la gravité écono-
- i3
- hETôtî»
- p.2x97 - vue 529/647
-
-
-
- il
- INFORMATIONS
- inique de l'intervention élatisle qui a eu pour résultat de mettre outre les mains du gouvernement 8 millions de sacs de calé sans empêcher les jirix de tomber de 20 pour 100, de 4b le* à 85 fr. le sac de 5o kilogrammes.
- L’ancienneté de la tuberculose. — M. P. Bartels décrit dans Archiv fur Anthropologie (1907), un squelette d’adulte, probablement masculin, trouvé à Heidelberg en compagnie d’instruments de silex et de poteries, permettant de le dater de l’époque néolithique : ce sque-lente présente, d’après l’auteur, tout un ensemble de caractères extrêmement nets qui permettraient d’affirmer que l’homme auquel il a appartenu était atteint d’une tuberculose osseuse chronique, avec carie des corps vertébraux. La longue évolution que suppose l’état des os permettrait d’autre part de croire que le malade a été soigné : quoi qu’il en soit de cette dernière supposition, c’est certainement le plus ancien cas de tuberculose connu jusqu’ici. ,
- Les Cassitérides et l’Empire colonial des Phéniciens. — On a déjà beaucoup écrit sur l'identification des Cassitérides, ces laineuses îles de l’étain, citées par Strabon et par Diodore de Sicile, et dont on a voulu voir la place quelquefois en Galice, quelquefois en Cornouailles, et même dans l’île de Wight. M. Louis Siret, l’archéologue bien connu, qui reprend la question dans un récent fascicule de Y Anthropologie, n’admet aucune de ces interprétations et il s'efforce de démontrer, par tout un système de preuves impossible à discuter ici, que l’expression « Iles Cassitérides » signifie les exploitations d’étain alluvionnaire en Bretagne et en particulier dans les îles du Morbihan. Puis il retrace les divers routes qui, sous des maîtres successifs, ont livré accès vers ces îles et, de là, vers la Cornouailles et l’Irlande. Ce sont : i° la route phénicienne, purement océanique, parcourue vraisemblablement dès une époque antérieure à la fondation de Gadir (Cadix, fondée par les Tyriens vers 1100), celle-ci ayant été nécessitée sans doute par le déclin de la puissance phénicienne en Espagne, où elle était dépossédée par les Celtes. Il y aurait eu trois époques dans l’Empire phénicien sur l’Atlantique : d’abord celle de l’hégémonie sidonienne, correspondant à la découverte, des richesses métalliques de l’Occident et occupant à peu près le premier tiers du deuxième millénaire avant le Christ, —puis l’hégémonie tyrienne, au moment de la fondation de Gadir, — enfin l’établissement de la prépondérance carthaginoise sur les côtes occidentales grâce à l’exploration du voyageur llimilcon, au début du v° siècle.— 20 La route grecque : elle résultait naturellement de l’extension de la marine et du commerce grecs jusqu’à l’extrémité occidentale de la Méditerranée, extension remontant au moins au début du dernier millénaire av. J.-C. et beaucoup plus indépendante qu’on ne l’a cru du commerce phénicien : cette indépendance serait même absolue en ce qui concerne l’étain, et la roule grecque serait surtout une route de terre, passant par Marseille et Corbilo (à l’embouchure de la Loire) suivant les vallées du Rhône et de la Loire. L’ouverture de cette route coïncide pour M. Siret avec l’invasion celtique détruisant la domination phénicienne sur l’intérieur de l’Espagne, et l’apogée de son activité avec celle de la domination carthaginoise (ve siècle). — 3° La route romaine, plus tardive que les précédentes, passe par Narbonne et par la Garonne. Son exploitation est d’ailleurs très réduite, et le commerce de l’étain n’a plus beaucoup d’importance. — En somme, l’exploitation du commerce de l’étain aurait été, entre les Sido-niens qui en marquent le début et les Romains qui en marquent la fin, surtout avidement disputée entre les Grecs d’une part, les Phéniciens, puis les Carthaginois de l’autre, chacun des concurrents ayant sa route et ses ports, qu’il cherchait le plus possible à tenir cachés et inaccessibles à l’autre.
- Les tarets et la créosote. — Un ingénieur italien, M. Beduzzi, a fait des expériences sur la protection des bois à la mer contre l’attaque des tarets, simplement au moyen d’injections de créosote; il les a publiées dans le Giornale del Genio Civile. Il affirme que le taret ne pénètre point dans les parties du bois bien injectées; s’il se trouve au pourtour d'un pilotis une zone formant cuirasse continue, injectée de créosote à bonne dose, le taret ne la traversera point. Il n’est pas nécessaire .que celte injection pénètre profondément.
- A la recherche de la Rose noire. — L’exposition ouverte le 4 juillet au Jardin botanique tle llegent’s Park ne contenait pas moins de 2000 différentes variétés de roses. L’un des directeurs du Jardin, M. Ilawes, constata, dans son discours d’inauguration, que la grande famille des roses s’était augmentée de 4^0 membres en l’espace de trois ans. Malheureusement, parmi ces 45o variétés nouvelles, ne figure pas encore la rose bleue, que tant de spécialistes ont vainement cherché à produire depuis nombre d’années. D’après M. Ilawes, ce résultat si ardemment recherché ne saurait tarder. On peut déjà admirer à l’exposition une rose presque noire, dont le rouge très foncé a des reflets bronzés. La transition du noir au bleu n’est plus qu’une question de temps. A signaler une campagne que poursuit depuis quelques mois la Société des « Amis de la Rose », en vue d’obtenir du Parlement britannique une loi qui protégerait les intérêts des producteurs de variétés nouvelles. Assimilés aux inventeurs industriels, ils pourraient prendre des brevets pour toute nouvelle variété obtenue par hybridation.
- Philologie biblique. — S’il faut en croire une récente statistique publiée par la Bible Society (New-York), la Bible a été traduite, à cette date, en 412 langues non européennes. En 1880, ces traductions n’étaient encore qu’au nombre de 238. L’œuvre se poursuit avec persévérance, car il existe des centaines de races ou de tribus qui ne possèdent pas encore de traduction des Ecritures. Par exemple, sur les i5o langues qui se parlent dans les Indes, 92 ont échappé jusqu’ici aux efforts des traducteurs. Dans l’archipel Malais, on estime à une centaine le nombre des dialectes qui attendent leur traduction. La Nouvelle-Guinée, l’Afrique, l’Amérique du Sud, ne sont pas mieux partagées. La traduction présente parfois des difficultés presque insurmontables. On cite une tribu de la Haute-Nigérie, celle des Nupés, dont les explorateurs et les missionnaires se déclarent impuissants à apprendre la langue. On y compte un grand nombre de mots qui ont chacun jusqu’à huit significations différentes, selon la différence d’accentuation. Et ce sont autant de nuances qui échappent à l’oreille d’un Européen. La partie du monde la plus favorisée est bien l’Amérique du Nord, où les tribus les moins importantes possèdent désormais des Bibles traduites dans leur dialecte.
- Le bilan des inventeurs. — Le contrôleur général des patentes du Royaume-Uni publie son 25° rapport annuel, qui nous fournit des chiffres intéressants. Le nombre des demandes de brevets a été de 29 040 pour 1907, en diminution sur l’année 1906, durant laquelle furent enregistrées 3o o3o demandes. 56o demandes de brevets furent formulées par des femmes. Le rapport constate que l’activité des inventeurs tend à décliner. Le nombre des brevets relatifs à l’automobilisme a diminué dans la proportion de 35 pour 100, par rapport à l’année 1906. Par contre, les succès remportés par les machines volantes depuis quelque temps semblent avoir stimulé l’énergie des inventeurs. Les brevets relatifs à la navigation aérienne ont été deux fois plus nombreux qu’en 1906, et cinq fois plus nombreux qu’en igo5.
- Les feux de forêts au Canada. — Le mois de juillet, si pluvieux en Europe, a été marqué dans le Nouveau Monde par une sécheresse exceptionnelle. Aussi, signale-t-on de nombreux districts des incendies de forêt, causés dans la plupart des cas par les étincelles échappées des cheminées de locomotives. La plus importante de ces conflagrations semble être celle qui a ravagé la province de Québec, des deux côtés de la voie de l’Inter-Colonial Railway. Le feu a dévoré 3o milles carrés de forêt, six gares, une vingtaine de villages, et quantité de maisons ou fermes isolées. La circulation des trains fut complètement interrompue pendant 36 heures.
- Une nouvelle voie ferrée le long du Saint-Laurent. — Il existe depuis longues années un chemin de fer qui suit là rive nord du Saint-Laurent, de Québec à Montréal; mais, sur la rive sud, la ligne dépendant du Grand Trunk and Intercolonial est trop dans l’intérieur des terres pour desservir la contrée avoisinant le fleuve. Et c’est pour cela que l’on est en train de construire une voie entre Point-Levis, qui se trouve en face de Québec, et Pierreville; de là, une section déjà construite suit vers Saint-Lambert, qui est en face de Montréal.
- p.2x98 - vue 530/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- ><
- *t>
- 'Électricité
- Pile rechargeable Silicia. — La pile Silicia se distingue, au milieu des nombreux types de piles aujourd’hui en usage, par un certain nombre de particularités intéressantes qui permettent d’en attendre, en automobilisme notamment, de réels services. Elle a une force électro-motrice élevée 2 volts a ; sa résistance intérieure est très faible; sa constance est bonne. Ses différents organes ont été étudiés de façon à être très aisément remplaçables ; en emportant quelques accessoires de rechange, on est sûr d’être à l’abri de la fâcheuse panne d’allumage. En outre, la pile peut jouer le rôle d’accumulateur et se recharger sur une source quelconque de courant électrique continu, sous un régime d’un demi-ampère environ.
- Elle se compose d’un récipient A, en cellulose comprimée et laquée ; on remarque à la partie supérieure 3 ouvertures : la tubulure centrale B1 livre passage, à travers un bouchon de caoutchouc, à l’aggloméré positif F ; la tubulure B2 fermée également par un bouchon de caoutchouc, est traversée par un tube étranglé à sa partie inférieure; il laisse s’échapper les gaz tout en s’opposant aux projections de liquide à
- Pile rechargeable Silicia.
- l’extérieur. Enfin la tubulure B5 laisse passer l’extrémité du zinc qui forme l’électrode négative.
- L’aggloméré positif est formé d’une électrode centrale en argent platiné dans les modèles extra-légers, en charbon dans les modèles courants; autour de cette âme est tassé un mélange en poudre fine de charbon de cornue et d’oxyde plombique salin malaxé dans de l’alcool contenant en dissolution de la cellulose nitrique; après dessiccation, l’oxyde salin est transformé en grande partie en bioxyde Pb O2 par l’action ultérieure d’un bain d’acide azotique dilué. L’élément négatif est un crayon de zinc. Le liquide excitateur de l’acide silicique, ou de l’acide sulfurique à i5° Beaumé. — Cette pile est en vente 8, rue de Château-Landon.
- Ce moulin est constitué par un disque animé P enfermé dans un carter et tournant dans un bain d’huile. Le métal à soumettre à l’essai X est placé à la partie supérieure du carier et repose sur le disque P ; un poids connu le charge constamment. Ce poids Q est placé à l'extrémité D du balancier B C D fixé en B et agit sur le métal au point C. Le rapport BC à BD étant de i à n la charge supportée par l’éprouvette X est bien déterminée. Le levier BCD est maintenu en équilibre, lorsqu’il n’est pas chargé en D, par un autre levier GFE, chargé d’un contrepoids R, et fixe au point F, par l’intermédiaire d’un étrier IL
- Le disque est mis en rotation par une dynamo et peut tourner de 5oo à 3200 tours à la minute; au fur et à mesure que l’usure se produit le point D du levier descend amplifiant l’usure d’une quantité proportionnelle aux longueurs des bras de levier et une vis micrométrique L permettra la lecture au centième de millimètre et au millième de millimètre près. Cette lecture est facilitée par l’introduction d’un galvanoscope comme l’indique notre figure schématique. De plus, afin d’éviter les causes d’erreur provenant des vibrations les balanciers sont maintenus dans une immobilité parfaite par des amortisseurs à l’huile. La température est également maintenue constante par une circulation d’eau entourant le carter de la machine et des thermomètres permettent de vérifier les différences de température à l’entrée et à la sortie de l’eau. On contrôle aussi la vitesse ainsi que le courant de la dynamo afin de calculer le t travail demandé par le frottement.
- Le disque est fait en acier très dur ; il mesure 320 mm de diamètre; l’éprouvette a 4 cm de longueur et i cm de diamètre, mais la partie frottante est réduite de telle sorte que sa surface soit de 25 mm2. La charge qu’elle peut supporter jjeut atteindre 15o kg par centimètre carré. Une expérience bien comprise doit durer 5o heures; elle correspond à io millions de révolutions du disque. Le moulin d’usure permet donc de déterminer quelle est la pression spécifique maximum de deux métaux l’un sur l’autre ; il a sa place indiquée dans les laboratoires à côté des machines Frémont, Guillery, Brinnel, etc. — Le moulin d’usure est construit aux usines Derihon, à Loncin-lès-Liège, Belgique.
- *> Divers
- *>> Jlppareils -c*
- Un moulin d’usure. — Il existe dans les laboratoires des usines métallurgiques divers appareils servant à déterminer l’élasticité des métaux, leur résistance à la traction, au choc, à la dureté, qui rendent de réels services aux ingénieurs. Par contre les coefficients de frottement que l’on a pu déterminer sont demeurés jusqu’ici à peu près sans défense contre les erreurs ; c’est pourquoi on ne leur accorde qu’une confiance très relative.
- Pour tout ce qui concerne le frottement des métaux on ne connaît qu’un facteur qui intervient : la dureté ; et encore y a-t-il lieu de le considérer à sa juste valeur qui est très faible puisque les alliages antifrictions, qui sont très mous, s’usent moins que les bronzes durs. L’étude directe du frottement est donc une nécessité qui s’impose. M. Derihon a conçu un appareil qu’il a appelé moulin d’usure et qui semble devoir donner toute satisfaction aux expérimentateurs.
- Pour se raser vite : l’accélérateur. — Le petit instrument que voici semble au premier abord assez étrange et il faut avouer que nous l’avons essayé avec beaucoup de scepticisme. Nous devons à la vérité de reconnaître que c’était à tort et qu’il est fort appréciable, puisqu’il permet de gagner sérieusement du temps sur celui que beaucoup de personnes consacrent chaque jour à se faire la barbe.
- Gamme le montre la figure, il consiste simplement en une petite plaque bombée (d’une matière qui rappelle assez bien l’ivoire et qu’on a baptisée xylonite), avec un manche qui permet de la tenir facilement.
- On se savonne le visage de la manière habituelle, mais moins longtemps, puis on passe l’accélérateur sur le savon frais, en appuyant doucement; en quelques secondes, le savon est contraint de pénétrer dans le poil, et la barbe la plus revêche se trouve amollie à point; le rasoir glissera ensuite d’une façon charmante et rasera agréablement l’opérateur en la moitié du temps habituel. Enfin, après s’être rasé, on passe le même outil, nettoyé, sur la figure, et l’on affermit ainsi la peau à laquelle on donne une aussi ai-
- Moulin d’usure
- Emploi de l’accélérateur.
- p.2x99 - vue 531/647
-
-
-
- niable douceur qu’avec les poudres habituelles. D’ailleurs on peut étendre cet usage et employer l’accélérateur comme instrument de massage, il remplace ainsi fort avantageusement la main, un peu dure et inégale. — Chez lvirby Beard and C°, 5, rue Auber, Paris. Prix : 3 fr. 5o.
- Cafetière automatique « la Nectare ». — Encore un nouvel appareil pour la préparation du cale, fort ingénieux comme ceux que nous avons déjà décrits, et présentant en outre un perfectionnement supplémentaire. Cette cafetière est, en effet, absolument automatique. Vous y mettez le café en poudre, vous y versez l’eau ,froide et vous allumez la mèche d’une lampe à alcool, vous n’avez plus alors qu’à attendre, lorsque le café est
- prêt, il se verse de lui-même dans votre tasse.
- Voici exactement comment il convient de procéder : l’appareil comporte un réchaud et une cafetière proprement dite ; on sépare la cafetière du réchaud ; on la débouche en amenant le petit cran pratiqué à son couvercle devant une sorte de bouton d’arrêt et on l’enlève. A l’intérieur du couvercle se trouve une boîte perforée dans laquelle on met le café. Puis on verse l’eau froide dans le tube central de la cafetière. Un même tube adhérent à la boîte à café prend place dans le précédent et lorsque l'eau a atteint l’ébullition, elle remonte dans ce tube et vient infuser le café. Le liquide passe directement d’un autre petit tube dans la tasse où il sera consommé.
- Bien entendu, au moment de l’ébullition on éteindra le réchaud ; il suflira d’abaisser un couvercle muni d’une tige qui passe en dehors de la cafetière. — Cette cafetière coûte 5 fr. 5o et est vendue chez Renaut, 45, boulevard de Strasbourg, Paris.
- Cafetière automatique « la Nectare ».
- Brûloir à café fonctionnant à l’alcool. — Le constructeur qui a combiné ce petit appareil économique et pratique, a contribué pour sa modeste part à la solution d’un problème d'un intérêt national. Nous voulons parler
- de l’utilisation industrielle de l’alcool, seul remède, possible à l’alcoolisme grandissant. Il a donc fait oeuvre utile, etnous croyons devoir le signaler : son appareil est un brûloir à café ordinaire, mais établi de façon à fonctionner au moyen d’un petit ré-Le brûloir à café. chaud à alcool, qui rempla-
- cera avantageusement les feux de bois désagréables et malsains utilisés en général pour cette opération. Le prix d’un appareil complet, pour une contenance de 8oo gr., est de 5 fr. 5o. — Il est construit par MM. Tardy frères, 97, rue Marengo, Saint-Etienne (Loire).
- Couteau trousse à 10 pièces. — Encore un objet réunissant, sous une forme pratique et portative, un
- Couteau trousse à 10 pièces.
- véritable petit arsenal, utile au touriste et au sportsman : ciseau, lame de couteau, canif, serpette, tournevis, couteau à conserves, scie, tire-bouchon, poinçon, vrille,
- anneau de suspension. — En vente chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg. Prix : 8fr,5e.
- Tapis de jeu. — Les joueurs enragés, qui même en chemin de fer, ne peuvent renoncer à leur distraction favorite, apprécieront, sans doute, ce tapis si facile à transporter et qui enroulé peut tenir dans une poche de pardessus.
- Il est en vente chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg, Paris. Prix : 6 fr. 5o.
- Pince fixe-voilette. — Nos lectrices apprécieront sans doute cette petite invention qui nous semble d’un caractère fort pratique.
- Il n est pas toujours aisé de fixer les voilettes au chapeau, surtout si la voilette se trouve un peu courte ; et le cas doit être fréquent avec les immenses chapeaux à la mode.
- La pince représentée ci-contre se lixe au chapeau, elle
- Pince fîxe-voilette.
- comporte à cet effet une épingle de nourrice. Vous soulevez le ressort qui consitue la pince proprement dite, vous engagez sous lui les extrémités de la voilette ; vous les fixez ensuite et d’une façon définitive, en abaissant le ressort qui les maintient comme dans un petit étau. Cela vous dispense de fixer votre voilette au moyen d’un nœud, qu’il n’est pas toujours facile de faire. — La pince fixe-voilette est en vente chez P. Renaut, 43, boulevard de Strasbourg. Prix : 1 fr. 45.
- Jlutomobilisme
- « Serro-presse-glaces ». — En voiture, en chemin de fer, en automobile, rien de plus désagréable que le bruit des glaces, mal ajustées dans leurs feuillures : les trépidations leur impriment une série de vibrations rapides qui donnent naissance à un bruissement strident et continu, insupportable aux oreilles délicates. Le remède est, du reste, bien simple. Il suffit d’interdire tout mouvement au châssis dans lequel la glace est mastiquée; et l’on a imaginé à cet effet diverses sortes de presse-glaces. La plupart fonctionnent par serrage d’un
- Fig. 1. Fig. 3.
- boulon à simple tige filetée ; ils ont l’inconvénient [de se desserrer pendant la marche de la voiture.
- L’appareil qui va être décrit est fort simple, et insensible à la trépidation. Il comporte (fig. x), une vis, se déplaçant dans un écrou, placé à l’intérieur d’un manchon; ce manchon est fixé à la feuillure ; au moyen de la vis, on serre le châssis contre la feuillure : grâce à xm ressort disposé à l’intérieur du manchon ; la vis devient indesserrable par la trépidation. La figure a montre un appareil construit sur le même principe, mais à levier et non plus à vis ; ici encore un ressort intérieur s’oppose aux effets de la trépidation et assure la parfaite immobilité de la glace. — Ces serre-glace ont été imaginés et sont consti'uits par M. Zajec, 28, rue des Acacias, Pai’is. Prix du seri’e-glace à vis ; 1 fr. 76. Pi’ix du sei're-glace à levier ; 2 fr. 25.
- p.2x100 - vue 532/647
-
-
-
- VARIETES
- La culture maraîchère à Dakar. — Devenu aujourd’hui le siège du gouvernement de l’Afrique occidentale française, Dakar prend une importance de jour en jour croissante. Sa rade est la plus vaste et la plus sûre que l’on rencontre sur toute la côte, de Cadix au Cap, et, par sa situation géographique, en même temps que par sa sécurité, elle est un point de relâche qui s’est imposé aux principales lignes de navigation de la côte occidentale et de l’Amérique du Sud. Des travaux considérables y ont été entrepris, dans le but de créer, à côté du port de commerce, un port de guerre et un point d'appui de la flotte.
- Avec un tel développement de la ville et de la station maritime, il fallait songer à assurer à Dakar un approvisionnement régulier en denrées de consommation et, particulièrement, en légumes frais. Il y a à pourvoir, en effet, tout à la fois aux besoins d’une ville qui compte aujourd’hui près de a5oo habitants de race blanche, et au ravitaillement des paquebots. Les noirs eux-mêmes, qui sont au nombre d’environ 18 ooo, prennent goût aux légumes européens. Dans ces conditions, l’extension de la culture maraîchère à Dakar s’impose comme une nécessité en même temps que celte industrie peut devenir, si elle est bien dirigée, très lucrative pour les jardiniers qui s’y livreront.
- Des conseils et des encouragements furent donnés aux jardiniers indigènes, grâce à l’heureuse initiative prise par M. Yves Henry, inspecteur de l’agriculture de l’Afrique occidentale française. Il organisa des visites de potagers et des concours de légumes. Des primes furent données aux potagers les mieux cultivés et les plus productifs, et, dans les concours, des récompenses furent accordées aux exposants des plus beaux lots. En même temps, on fournit aux jardiniers noirs des indications relatives à l’amélioration des procédés de culture et à la production de légumes nouveaux dont on leur distribua des gi’aines.
- Le résultat de ces encouragements fut que la superficie cultivée en légumes aux environs de Dakar s’accrut dans une forte proportion; de 2 hectares environ qu’elle avait été entre 1902 et 1905, elle était passée à 8 hectares et demi à la fin de 1906. Les potagers sont groupés tout le long des deux routes de Ouakam et de Bel-Air. En même temps que l’étendue de la superficie cultivée était quadruplée, le prix des légumes sur le marché s’abaissait sensiblement et devenait plus accessible aux acheteurs. La production étant devenue suffisante pour permettre à certaines agences de navigation de s’approvisionner en grande partie sur place, les noirs se spécialisèrent dans la production de certains légumes communs, dont ils trouvèrent un débouché facile. C’est ainsi qu’on put voir un indigène vendre à un paquebot de passage un lot de légumes pour une valeur de 5oo francs.
- Ces premiers résultats obtenus peuvent être regardés comme n’étant qu’une faible partie de ceux auxquels on doit arriver plus tard. Les efforts doivent tendre, aujourd’hui, comme l’indique M. Yves Henry (Rapport agricole pour l’année 1906), vers deux objectifs : accroître et assurer la continuité de la production, l'améliorer et la rendre variée.
- Tout l’angle compris entre les routes de Ouakam et de Bel-Air serait susceptible d’être consacré à la culture maraîchère. C’est une région semi-marécageuse, dont l’altitude varie de 2 à 10 m. Les terrains sont, pour la plupart, de nature sablonneuse; au point de vue du régime hydraulique, ils présentent toutes les variations, depuis l’humidité continue jusqu’à la sécheresse relative. A part quelques terrains couverts d’eau toute l’année, ceux qui sont simplement humides s’assèchent progressivement après l’hivernage et deviennent eux-mêmes propres à la culture.
- Ce qu’il faudrait assurer surtout, c’est la continuité de la production. Comme, dès le mois de mai, les trous d’arrosage, forés à même le sol s’assèchent, les noirs sont portés, pour ce motif, à restreindre la surface cultivée et ils ne conservent plus à ce moment que quelques légumes très courants. Bientôt, les cultivateurs se dispersent dans les villages de la presqu’île ou jusque dans le Baol ou le Cayor pour préparer les lougans de mil et d’arachide, et ils ne reviennent dans la banlieue de Dakar pour les travaux de jardinage qu’en novembre.
- Il serait opportun d'obtenir des indigènes la continuation de la culture des légumes de mai à novembre, qui est la période la plus pénible à passer pour les Européens. Ainsi que l’ont démontré les essais faits dans la station agronomique de Hann, on peut, avec quelques soins, obtenir des légumes même pendant celte saison.
- Pour ce qui est de l’insufhsance de l’eau, le remède pourrait consister dans l’installation de moulins à vent qui amèneraient l’eau contenue dans des réservoirs ; on pourrait même fournir cette eau par abonnements aux indigènes.
- Mais la culture pendant l’hivernage exige des soins spéciaux et délicats que les noirs ignorent. Il faut notamment soustraire les plantes aux insectes et combattre les effets de la violence des pluies. Il est donc nécessaire d’instruire les indigènes des conditions dans lesquelles peut se faire la culture pendant l’hivernagè, si l’on veut éviter des échecs qui les décourageraient totalement. Aussi serait-il nécessaire d’installer une station de culture maraîchère où l’on enseignerait aux indigènes les procédés de jardinage durant les diverses saisons et la culture de légumes et de fruits qu'ils, ignorent et qu’il serait utile de propager.
- Gustave Regelspergek.
- RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations faites à l’Observatoire du Parc-Saint-Maur, en juillet 1908, par M. Th. Moureaux.
- La pression barométrique est en léger excès.
- La température s’est tenue au-dessous de la moyenne du x3 au 23, tandis que la période du Ier au 12 et la dernière semaine correspondent à des températures relativement élevées; toutefois, ks maxima diurnes ne sont pas très remarquables, et une seule fois dans tout le mois, le 11, le thermomètre a dépassé faiblement 3o°; la moyenne du mois i8°,i3, est à peine inférieure à la normale.
- Il est tombé 58mra d’eau en xo jours; les pluies orageuses du 17 et du 18 en ont fourni à elles seules 32mm,6, soit plus de la moitié de la hauteur totale.
- On a observé 7 orages; celui du 28, survenu à iih35m, a été accompagné d’un coup de vent avec hausse brusque du baromètre, d’une pluie torrentielle (6mra,7 en une heure) et d’un fort abaissement de la température : entre io'‘3om et 12'heures, le thermomètre est descendu de 9°,3.
- Bien qu’il ne se soit rencontré aucun jour sans nuages, la nébulosité est sensiblement normale, ainsi que l’insolation.
- La température de la Marne, après s’être élevée jusqu’à 24°,9 le 4, a rétrogradé au-dessous de 200 du 19 au 24 et est même descendue à i8°,7 le 21 ; elle remonte à 2i°,7 à la fin du mois.
- Pression barométrique (ait. 5om,3). — Moyenne des. 24 heures, 758““,55; minimum absolu, 745““,7 le 12 à iéh5om; maximum absolu, 766““,5 le 3o à 8h3o“; écart extrême, 20œm,8.
- Température : Sous l’abri : moyenne des minima, i3°,i5; des maxima, 23°,61 ; du mois, i8°,38 ; des 24 heures,. i8°,i3; minimum absolu, 8°,6 le 23; maximum absolu, 3o°,4 le 11. Moyenne diui-ne la plus élevée, 22°,87 le 11 ; la plus faible, i4°,6o le 18. Amplitude diurae, moyenne du mois, io°,4h : la plus faible, 4°»3 le 29 ; la plus grande, i6°,5 le xi. — Sur le sol gazonné, moyenne des mini-
- p.2x101 - vue 533/647
-
-
-
- RESUME METEOROLOGIQUE
- ma, xo°,93; îles maxima, 44°»9° î minimum absolu, 6°,ï Je 2 3 ; maximum absolu, 53°,8 le 11. — Dans le sol gazonné, moyennes du mois ; profondeur, om,3o : à 9 heures, i8°,9i); à ai heures, 19°,4o; profondeur, om,65 : à 9 heures, i8°,2o; à 21 heures, 180,16; profondeur 1 mètre : à 9 heures, 17V26; à 21 heures, i7°,29. — De la Marne : moyenne le matin, ai°,33; le soir, 22°,o8; minimum, i80_7o le 21 ; maximum, 24°,q5 le 4.
- Tension de la vapeur : moyenne des 24 heures, nmm,36; minimum, 7'“m,4 le i5 à 12 heures; maximum, i8mra,5 le 12 à 16 heures.
- Humidité relative : moyenne des 24 heures, 74,8; minimum 35 le 2 à i3 heures et le 3 à 14 heures; maximum, 100 le 24 de 3 heures 4 5 heures.
- Nébulosité : moyenne du mois (6 h. à 21 h.), 5,71; moyenne diurne la plus faible, 1,2 le 2; la plus grande, 10,0 le 29.
- Insolation : durée possible, 485 heures ; durée effective, 236h 7 en 3o jours; rapport, 0,49.
- Pluie : total du mois, 58“"n,o en 20h 1.
- Nombre de jours : de pluie, 10; de jiluie inappréciable, 3; de rosée, 21; de brouillard, 1; d’orage, 7; de grêle, 1 ; de halo, 4; de brume, 5.
- Fréquence des vents : calmes, 6.
- N. . . . . 81 S. E . . . 8 AV ... . 28
- N. N. E. . 64 S. S. E . . 4 W. N. AV . 7
- N. E . . . 84 S 29 N. AV . . . 3o
- E. N. E . . 53 S. S. W. . 124 N. N. AV . 86
- E . . . . • *7 S. W. . . 77
- E. S. E . 7 W. S. W . 29
- Vitesse du vent 3n mètres par seconde : moyenne d
- 24 heures, 3““,64 ; moyenne diurne la plus grande, 7“,8 le 19; la plus faible, i“',3 le 2.4; vitesse maximum en i5 minutes, i 1 “l,7 le 19, de 17 heures à 17'* 15“l par vent N.
- Electricité atmosphérique : moyenne des 2.4 heures (24 jours), 101 volts; moyenne diurne la plus grande, 178 volts le 7 ; la plus faible, 66 volts le i3; amplitude diurne, o,36; amplitude nocturne, 0,48.
- Hauteur de la Marne : moyenne du mois, 2"',08; minimum, 1“',5o le 6; maximum, 2“,64 le 2.
- Comparaisons aux valeurs normales : baromètre, -|-omm,55; température, —o°,o9; tension delà vapeur, -j- o’“m,39 ; humidité relative, -J-2,3; nébulosité, -}-o,23; pluie, -j- 5mm,6; jours de pluie, — 3.
- Taches solaires : on a suivi i3 taches ou groupes de taches en 26 jours d’observation.
- Perturbations magnétiques : Faibles, les 17 et 25 ; assez fortes, les 15 et 16.
- Radiation solaire (Pyrhéliomètre d’Angslrôm). — 34 observations en 14 jours. Les plus remarquables sont : Q—j'ai ^Sq 1Q ^ jjh jgm. 1«>i;264 le i5 à io'“47"‘; ic,1,29i le 9 à i3 heures.
- Floraisons : Le 2, spirée de fortune; le 3, œnothère, tabac commun; le 4» yucca lilamentosa, clématite commune; le 8, passerose; le 9, gaura, saponaire; le 12, harpalium ; le 15, fenouil, mélisse; le 16, eupaloire à feuilles de chanvre, hélianthus multillorus; le 17, leucan-themum lacustre, verge d’or, tilleul argenté; le 18, bouillon blanc, chrysanthème d’été; le 20, mauve d’Alger; le 23, absinthe, souci; le 24, bocconia microcarpa; le 26, bardane ; le 28, phlox vivace, althœa; le 3o, hélianthus cucumerifolius, echinops ; le 31, tanaisie. — Exfoliation des platanes le 25.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- ><
- Conservation des peaux de lapins. — Nous empruntons cette recette à la Revue avicole : Lorsqu’on veut conserver les peaux de lapins, il faut les mettre pendant 24 heures dans de l’eau fraîche. On les racle ensuite avec un couteau et on les étend sur une planche en les clouant aux extrémités. On trempe ensuite les peaux dans un bain contenant une livre d’alun et une demi-livre de sel de cuisine dans 9 litres d’eau pendant 4 à 5 jours. On étend alors la peau sur une planche à l’ombre et on la dégraisse en la saupoudrant du côté du poil avec de la cendre tamisée. Ce procédé peut s’employer pour toutes les peaux que l’on veut conserver.
- Pigeons infidèles à leur pigeonnier. — D’après le Progrès agricole, pour habituer les pigeons à un colombier, il faut les laisser pendant une semaine ou deux, parfois même plus (comme c’est le cas pour les pigeons voyageurs) enfermés dans le colombier, auquel on adapte une petite volière devant les trous de vol, pour permettre aux pigeons d’examiner les alentours, tout en restant prisonniers. Pour les attirer, le sel est très bon, et l’on recommande de tenir une queue de morue à leur disposition. Voici encore une formule qui donnera probablement aussi de bons résultats.
- 6 parties de sel,
- 5o parties d’argile,
- 1/4 d’assa fœlida,
- 2 parties graines d’anis,
- 2 parties graines de carvi,
- 2 parties graines de cumin.
- Bien mélanger tous ces ingrédients et ajouter une ijuantité d’eau suffisante pour permettre le moulage en briques. L’huile d’aspic est également bonne, mais son usage est interdit, comme attirant les pigeons des colombiers voisins.
- Utilisation du gland de chêne. — Les fruits du
- chêne, séchés au four, débarrassés de leur écorce et
- moulus, sont une excellente nourriture pour les volailles, les vaches, les chevaux et surtout les porcs, qui en sont friands. La farine de glands engraisse rapidement les oiseaux de basse-cour et les animaux de la ferme et leur donne, en outre, une chair d’excellente qualité.
- La conservation des viandes crues. — D’après le Monde Moderne, le tableau suivant indique la durée normale de conservation des viandes crues exposées à l’air, dans un endroit frais et hors de portée des insectes :
- Le cerf et autres bêtes L’été. L’hiver.
- fauves 4 jours 8 jours
- Le sanglier 6 — 10 —
- Le lièvre 5 — 6 —
- Le lapin 2 — 4 -
- Le faisan 4 - 10 —
- Le coq de bruyère.... 6 — 14 —
- La perdrix 2 6 —
- Le bœuf et le porc. . . . 3 — 6 —
- Le veau et l’agneau . . . 2 4 —
- Le dindon, le canard, l’oie. 2 6 —
- Le chapon 3 — 6 —
- Les poulets 2 4 —
- Les pigeonnaux 2 — 4 -
- Quand le temps est doux ou à la pluie, les viandes se
- gardent quelques jours de moins.
- Encres pour machine à écrire. — Pour obtenir des encres de machines qui ne soient pas hygroscopiques, et qui n’aient pas non plus de tendances à trop épaissir par la chaleur, on conseille de recourir à l’huile de ricin; comme colorants, on emploie des couleurs d’aniline, et la publication National Druggist conseille de bien broyer et mêler la couleur avec de l’acide oléique avant de l’employer à la préparation de l’encre. Pour de l’encre rouge, on prend i5 parties de rouge de Bordeaux, autant de rouge d’aniline, qu’on traite, comme il vient d’être dit, avec 45 p. d’acide oléique brut, et on ajoute assez d’huile de ricin pour faire 1000 p. ; puis on chauffe à une température qui ne doit pas dépasser une trentaine de degrés G. On peut au besoin augmenter la proportion du colorant pour foncer la nuance. — Pour une encre bleu foncé, on prend 5o p. de bleu d’aniline, autant d’acide oléique, et assez d’huile de ricin pour donner 1000 p. — Enfin, pour une encre violette, 3o p. de violet d’aniline, 5o p. d’acide et 920 p. d’huile de ricin.
- ^JÔ2]^
- p.2x102 - vue 534/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Adresse relative aux appareils décrits. — Les appareils pour le réglage des fusils de chasse sont construits par M. Mousseaux, armurier au Mans.
- Communications. — Poudre de chasse et poudre de lycopode : Nous recevons de M. Isidore Maranne, pharmacien chimiste, à Allanche (Cantal) à qui appartient l’idée de mélanger la poudre de lycopode à la poudre de chasse, les renseignements suivants qui complètent les indications données dans notre numéro du 11 janvier
- 1908 (Recettes et procédés) : « La quantité de poudre de lycopode à employer n’est pas lixée d’une façon mathématique. Son rôle n’étant que comme desséchant de la poudre de chasse, en même temps que celle-ci produit moins de fumée, la proportion à employer peut varier avec la poudre utilisée. En générai une petite pincée pour la charge d'une cartouche donne de bons résultats. C’est au chasseur à essayer par tâtonnement la quantité qui lui donnera le meilleur résultat. L’essentiel est de bien mélanger les deux poudres avant de charger la cartouche. » — Tous nos remerciements à M. Maranne pour ces renseignements qui seront fort appréciés des chasseurs.
- Renseignements. — M. J. M. B., à Bilbao. — Ther-molactodensimètre, butyromèlre : vous pourriez vous-adresser chez Gaulin, 170, rue Michel-Bizot, Paris.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Alfred Giard : Jean-Paul Lafitte. — Le taro des Hawaïens : V. F. — Les pétrins mécaniques : Lucien Kouiinier. — La mission hydrographique du Maroc : Gustave Regelspeuoeh. — Vitesses sur rails et sur route : Jacques Larmanjat. — Sciage d’une maison avec le fil hélicoïdal : Jacques Boyer. — Académie des sciences; séance du 17 août 1908 : Cii. de Ville-deuil. — Un portrait de botaniste par François Clouet : L. de Launay.
- Supplément, — Phénomènes de l’anneau de Saturne. — Utilité des paratonnerres. — Voyage d’essai de F « lndomitable ». — Du danger des maisons hautes, etc. — Les « pipes-lines ». — La pèche et l’industrie des poulpes. — Les chats et la peste. — Réparation des figures de cire, etc.
- Etude sur la vallée lorraine de la Meuse, par J. Vidal de la Blache, capitaine breveté au 20° bataillon de chasseurs à pied, docteur de l’Université de Paris. 1 vol. in-8 carré (23 X 14) i3 figures dans le texte, 8 cartes et planches hors texte. Armand Colin. Paris. Prix : broché, 4 francs.
- La vallée lorraine de la Meuse est le type d’une vallée de capture, dernier témoin d’un réseau de rivières lorraines et champenoises orienté vers la Belgique à une époque où la dénudation n’avait pas ravagé le Plateau lorrain et ses abords tant au profit du bassin parisien que des bassins du Rhin et du Rhône. L’auteur essayé de reconstituer, dans les limites où l’état actuel des formes topographiques et des dépôts d’alluvion permet de le faire, le bassin dont la vallée lorraine de la Meuse est le reste. Il montre ensuite que l’agglomération exclusive des maisons dans les villages a été motivée par l’extrême localisation des sources à certains niveaux géologiques. C’est une intéressante contribution à ces études de géographie physique appuyées sur la géologie qui deviennent fort heureusement à la mode dans la jeune Université.
- Cours d’analyse quantitative des matières minérales, par A. Meurice, ingénieur-chimiste, professeur et directeur de l’Institut de Chimie pratique de Bruxelles. Grand in-8 de 83o pages, avec 62 figures. H. Dunod et E. Pinat. Paris. Prix : cartonné, 3o francs.
- L’auteur traite successivement de l’analyse des combustibles, des gaz, des eaux d’alimentation de chaudières, des calcaires, chaux, ciments; mortiers1, produits réfractaires, sables, des minerais divers, des alliages, du soufre, du graphite, des terres rares, du vanadium, du tantale, de l’uranium,- etc. Son ouvrage d’une forme essentiellement pratique, fruit d’une
- longue expérience, prendra place dans la bliblio-thèque des chimistes auprès de la Docimasie d’ADOLiuiE Carnot, malheureusement encore inachevée, après les ouvrages classiques de Krezenius, Rivot, etc.
- Les Merveilles de l'électrochimie, son avenir au Pérou, par Emile Guahini, professeur à l’Ecole d’arts et métiers de Lima. In-8 de i5a pages, avec 99 figures. IL Dunod et E. Pinat. Paris. Prix : 5 francs.
- Monographies des^principales marques d’automobiles, par René Champly. IL Dunod et E. Pinat. Paris.. Série de volumes. Prix : •>/r,5o.
- Quatre de ces monographies sont déjà jiarues relativement aux voitures Prima, Aster, Delahaye, Sizaire et Naudin.
- Les nouveaux laboratoires d’Etat pour la répression desfraudes, par George-A. Lf. Roy, directeur du Laboratoire municipal de Rouen. Grand in-8 de 98 pages. H. Dunod et E. Pinat. Paris. Prix : 3 francs.
- Les Inventions industrielles à réaliser, recueil de 65o questions à résoudre pour répondre aux besoins actuels de l’industrie, par Hugo Michel, ingénieur de l’Oflice allemand des brevets, traduit de l’allemand, par Louis Duvinage, ingénieur civil. 2e édition française, modifiée et complétée. In-8°de 42 pages. H. Dunod et E. Pinat. Paris. Prix : 2 francs.
- L’auteur de cette brochure, M. H. Michel, ingénieur émérite du « Reichs-Patent-Amt » (Office de l’empire allemand), a eu l’idée originale d’y-coordonner 65o problèmes d’inventions, émanant de l’élite des praticiens des pays industriels les plus divers. M. Michel a cru devoir proposer la solution de ces problèmes à l’esprit inventif universel.
- Les stations lacustres d’Europe aux âges de la pierre et du bronze, par Robert Munro. Adaptation française par le Dr Paul Rodet. i vol. grand in-8° avec 81 figures dans le texte, 35 planches et un frontispice. Schleicher frères. Paris. Prix : 12 francs.
- Le célèbre ouvrage de Robert Munro a été traduit, complété et mis à jour par le D1 Paul Rodet. Abondamment illustré de dessins originaux, il donne un aperçu des mœurs et des habitudes des hommes, déjà très civilisés, de la lin de la période de la pierre polie et de l’âge du bronze et constitue, croyons-nous, la seule publication d’ensemble sur les stations lacustres européennes.
- Le .chauffage des habita tions, étude théorique et pratique des procédés et appareils employés pour le chauffage des édifices, des maisons, des appartements, par G. Debesson, ingénieur civil. In-8 de xvi-660 pages,
- p.2x103 - vue 535/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- •v?<£i|A
- avec 711 figures. 11. Dunod et E. Pinat. Paris. Prix : broché, 25francs; cartonné, 2Gtr,5o.
- Le chauffage et la ventilation figurent au premier rang parmi les questions que les ingénieurs et architectes ont à résoudre pour répondre aux prescriptions de l’hygiène et aux exigences du bien-être moderne. Longtemps les méthodes de chauffage ont été rudimentaires. On peut même dire que c’est seulement depuis un quart de siècle qu’ont été créés les appareils réellement pratiques. Mais il n’existait pas encore, en France, d’ouvrage comparant entre eux les systèmes les plus récents. L’ouvrage de M. Debesson
- décrit toutes les méthodes de chaufïage en usage on France, les conditions qu’elles doivent remplir, les types imaginés par les principaux constructeurs. D’utiles comparaisons sont faites aussi avec les appareils étrangers.
- Rapport sur une mission scientifique en Perse. Nouvelles archives des missions scientifiques, par L. J. Olmer. Paris. Ernest Leroux. In-8°.
- Ce rapport décrit les <U verses industries de la Perse (nourriture, textiles, céramique, teinture, industries d’art, etc.).
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 17 août 1908. . 12°,1 N. N. E. 2. Deau. » Rosée ; peu nuageux.
- Mardi 18 12tf,3 N. E. 2. Couvert. » Rosée; halo à 6 h.; nuageux le m.; beau le s.
- Mercredi 19 12°,8 N. N. E. 2. Peu nuageux. » Rosée ; nuageux ; éclairs au S. le soir.
- Jeudi 20 19°,2 E. 2. Peu nuageux. 0,0 Tr. n.; le m.; 11. le s.; halo à 12 h.; goût, à 21 h.; or. de 20 à 2lh.
- Vendredi 21 18°,1. S. S. W. 2. Couvert. 0,1 Petite pluie vers 4 11.; très nuageux éclairs à l’E! à 21 h.
- Samedi 22 15°,6 S. W. 3. Deau. 1,2 Rosée; nuag.; gouttes par intervalles; averse à 18 h. 30.
- Dimanche 23 «°,0 S. S. W. 2. Couvert. 0,3 Rosée; petites averses entre 11 h. 30 et 15 h.; couvert.
- AOUT 1908. — SEMAINE DU LUNDI 17 AU DIMANCHE 23 AOUT 1908.
- | Lundi I Mardi [ Mercredi [ Jeudi [ Vendredi | Samedi | Dimanche |
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10, les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du 17 au 23 août, — Le 17. Fortes pressions sur tout le N.-O. de l’Europe : Iles Feroe, 770 mm; Dunkerque, 766; dépressions sur la Russie et les Açores : Moscou, 75r. Pluies sur le Danemark et en Bretagne : Brest (orage) 22 mm; Nantes, 3. Température du matin : Iles Feroé, 90; Paris, 12; Alger, 25; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 4; moyenne à Paris : i4°,8 (normale : i7°,6). — Le 18. Pressions élevées sur le N.-O. : Ecosse, Iles Feroe, 774; Paris, 766; zone de pression inférieure à 760 du Nord de la Scandinavie à la mer Noire. Pluies sur le S.-O. de la France : Limoges, Bordeaux, 5; Biarritz, 4- Temp. du matin : Christiansund, 11; Paris, 12; Alger, 25; Puy de Dôme, 9; moyenne à Paris : i5°, 1 (normale : i7°,5). — Le 19. Même situation : Ecosse, 770; Moscou, 750. Pluies en quelques stations des Iles-Britanniques et de la Russie. Temp. du matin : Bodoe, 9; Paris, 13 ; Brindisi, 26; moyenne à Paris, i7°,6 (normale : 170,5). — Ae 20. Baisse de pression sur l’O. : Brest, 757; pressions supérieures à 765 sur les Iles-Britanniques et le Centre du continent. Pluies à l’E. et à J’O. ; en France : Ouessant, 20; Lorient, Gap, 12; Le Havre, 3. Temp. du matin : Uleaborg, 7; Paris, 19; Alger, 27; Puy de Dôme, 19; Pic du Midi, 9; moyenne
- à Paris : io°,5 (normale : i7°,4)- — Ae 21. Dépression assez profonde sur l’O. de l’Europe : Iles Scilly, 751 ; pression uniforme à 764 sur le Centre et le S. du continent. Pluies sur l’E. et l’O. de l’Europe; en France, nombreux orages : Bordeaux, 25; Limoges, 18; Le Havre, 10; Nancy, Brest, 3. Temp. du matin : Sey-disfjord, 8; Paris, 18; Alger, 27; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i9°,9 (normale : i7°,3). — Le 22. Hausse sur l’O. de l’Europe : fortes pressions sur le S.-E., 766; Slornoway, 755. Pluies sur l’O.; en France, nombreux orages : Lyon, 21; Toulouse, 20; Biarritz, 12; Nancy, 8; Cherbourg, 7. Temp. du matin : Sey-disfjord, 7; Paris, jo; Alger, 26; Puy de Dôme, 10; moyenne à Paris : i6°,5 (normale : i7°,2). — Le 23. Aire de pression supérieure à 765 sur la péninsule Ibérique et l’O. de la France : La Corogne, 771 ; Biarritz, 768 ; dépression sur la Scandinavie. Pluies sur le N. et l’O. de l’Europe; en France : Marseille, Boulogne, 10; Besançon, 9; Le Havre, 3; Nantes, 2; Paris, 1; orages à Nice et Lyon. Temp. du matin : Seydisl'jord, 5; Paris, 14; Alger, 25; Puy de Dôme, 7; Pic du Midi, —1; moyenne à Paris : i5°,2 (normale : I7°,2). — Phases de la Lune : Dernier Quartier le 18, à 9 h. 34 m. du soir.
- p.2x104 - vue 536/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l'École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, "Paris (W/
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1841 — 5 SEPTEMBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Le huitième satellite de Jupiter. — Les observations suivies de l’objet céleste découvert près de Jupiter par M. Melolte, astronome à l’observatoii’e de Greenwich, ont confirmé l’hypothèse que l’on se trouvait en présence d’un nouveau satellite de la planète géante. Ce corps a été photographié d'autre part à l’ob- , servatoire Lick, et par M. Max Wolf, à Heidelberg. 11 est de très faible éclat, de seizième grandeur, légèrement plus brillant que le septième satellite. Dans Knowledge (mai 1908), on trouve le détail des mesures de position relativement à Jupiter faites du 27 janvier au 2.3 mars. Ces positions peuvent être satisfaites dans l’hypothèse que ce nouveau satellite a un mouvement rétrograde. Les coordonnées du pôle de son orbite plane sont : Ascension droite = 334°4; Déclinaison = + 56°44' ; Distance de Jupiter = o°,24 d’une unité astronomique (distance de la Terre au Soleil), soit 36 millions de kilomètres. Le mouvement moyen diurne autour de Jupiter est de 0V266, il correspond à une durée de révolution de 4 années ! ! ! Le professeur George Farbes suggère, d’ans notre confrère anglais Nature, que ce satellite pourrait bien être la grande comète de Lewell, qui, vers le 23 août 1779, s’approcha très près de Jupiter, et qui n’a pas été retrouvée depuis.
- Les météores de la comète de Halley. — M. F.-W. Denning écrit dans notre confrère anglais Nature que les Aquarides, étoiles filantes provenant de la constellation du Verseau, peuvent être observées à partir de x heure du matin, de la fin d’avril jusqu’au 7 mai. Le radiant de ces météoi’es a pour coordonnées : Ascension droite = 3370; Déclinaison = — 20. Mais des obseiwa-tions nouvelles sont nécessaires pour déterminer la position exacte de ce radiant,' et le maximum de la pluie. Si cette chute d'étoiles filantes est réellement en connexion avec la grande comète de Halley, comme on attend le retour de celle-ci en mai 1910, les années qui vont suivre vont sans doute montrer une plus grande activité de cet essaim, bien que l’on n’ait pas noté de chutes abondantes lors des précédents retoux's de la comète en 1759 et en 1835. Mais, comme lors de ces apparitions les météores étaient alors juste visibles avant le lever du soleil, il est possible qu’ils aient échappé à l’observation. Les asti'onomes devi'ont donc porter leur attention sur ce point.
- Coups de foudre sur un puits de pétrole. — Nous avons signalé en son temps (n° 1834) les incendies pi'o-voqués par un violent orage qui, le 27 juin dernier, ont frappé les puits de pétrole de Boryslaw, le grand centre pétrolifère galicien, ou plutôt ceux de Tustanowilz, district voisin sur lequel s’est reportée l’activité de Boryslaw après l'épuisement des anciens puits. Ces incendies, au bout de deux mois, ne sont pas encore tous éteints, et l’on peut voir à Tustanowitz tel puits dont le jet, haut de i5 mètres, brûle toujours comme une gigantesque
- torche, bien qu’aujourd’hui on puisse commencer à utiliser une certaine fraction de son débit filtrée par les terres voisines, avec un déchet dans la valeur du pétrole causé par son échaufîement. Le phénomène d’un puits de pétrole frappé par la foudre, qui peut tout d’abord sembler surprenant, est constant à Boryslaw, où il n’y a pas moins de 5 puits foudroyés chaque année. La cause en est, paraît-il, dans l’obligation administrative de couvrir en tôle toutes les installations. Ces sui’faces métalliques communiquent avec le système, également métallique, des tubages, déterminant, en temps d’orage, une sorte de bouteille de Leyde qui provoque tout naturellement les coups de foudre.
- Production du fer en France, 1907. — La production de la fonte de fer en France, pour 1907, se décompose comme suit :
- Tonnes métriques.
- Fer de fonderie.................. 651 700
- Fer de forge............................ 673887
- Fonte Bessemer............. 122046
- Fonte basique ................... 1 988 343
- Spiegel, ferro, etc.............. 162975
- Total................ 3 588 949
- En 1906 les productions correspondantes s’élèvent à ............... 3 3i9o32
- Différence en faveur de 1907 . . . 269 917
- Les mouvements ont été les suivants :
- Fer et acier :
- 1906 1907
- J» ni. T. m. Différence.
- Importations. . 235962 241 177 -j- 5 2i5 Exportations. . 513 627 703129 -j-189602
- Les chiffres de 1907 compi'ennent, aux exportations, i36ooo tonnes de pi'oduits étrangers, tx'availlés dans des établissements français.
- Minerai de fer :
- 1906 1907
- r. m. T. m. Différence.
- Importations. 2 0i5o6x 1 999293 — 16768 Exportations. 1758693 2147265 +388672
- Le blé en Allemagne. — Un journal du soir, généralement fort bien renseigné, signalait récemment l’excellence de la récolte de blé en Allemagne, ajoutant que non seulement celle-ci n’aux'ait pas besoin d’importer, mais qu’elle pourrait céder de cette céréale à l’étranger. Le Journal de VAgriculture fait fort justement observer que l'information est eimonée et nous croyons utile, pour l'emettre les choses au point, de donner à notre tour la statistique qu’il emprunte au Statistiches Jalirbuch fur des deutsc-he Reich 1908. La récolte s’est chiffrée ofli-
- p.2x105 - vue 537/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- ciellement : pour le seigle, en 1907 à 9757859 tonnes, en i()u6 à 96-15738, en iqo5 à 9606827; pour le froment, en 1907 à 34793-24 tonnes, en 1906 à 3 939 563, en 1905 à 3699882. L’importation a atteint : pour le seigle, 608267 tonnes en 1907, 648472 en 1906, 572 186 en 1905; pour le froment, 24^4846 tonnes en 1907, 2008082 en 1906, 2 287 587 en 1905. « Nous admettons volontiers, dit le correspondant du Journal de VAgriculture: que, grâce à une bonne récolte, l’Allemagne n’irnporlera pas de seigle en 1908-1909 et en exportera même, mais elle continuera à importer du froment. Comment peut-on prétendre qu’un pays, consommant année moyenne 5 millions et demi de tonnes de froment et en produisant seulement année moyenne 3 600 000, se trouvera du jour au lendemain en mesure d'exporter? »
- Geysers éteints du Wyoming. — A 5 kilomètres de City, dans le lit de la rivière Shoshone, en Wyoming, il y a de nombreuses sources thermo-minérales jaillis-
- II va de soi que Londres est la ville qui possède le plus d’automobiles (23 838). Manchester et Liverpool la suivent de loin avec 3144 et 2.402 voilures respectivement. Glascow n’en compte que i582. Signalons la fondation de plusieurs ligues qui réclament la réfection des routes et la création d’une administration centrale analogue à nos Ponts et Chaussées. L’entretien des routes est actuellement à la charge des communes et assemblées régionales.
- L’homme fossile en Afrique du Sud. — M. Boule commente dans Y Anthropologie un travail de MM. Meu-nell et Chubb paru en octobre 1907 dans le Geological Magazine, et qui semble de quelque importance pour la préhistoire africaine. On sait, en elïet, que si l’Afrique du Sud est très riche en pierres taillées, on n’y avait trouvé jusqu’ici que des gisements de surface, fait d’autant plus embarrassant que l’âge de pierre a duré, dans ces contrées, jusqu’à nos jours. Les pièces étudiées par les au-
- Geysers éteints du Wyoming.
- sant des crevasses du calcaire. L’une sort violemment, sous une pression considérable. Elle est sulfureuse. Dans les abords immédiats les crevasses rocheuses émettent de l’hydrogène sulfuré et le calcaire est très altéré. Les dépôts geysériens ou thermo-minéraux (limestones) abondent, et bien au-dessus du niveau de la rivière actuelle, ainsi que les cimes de geysers éteints. La principale a la forme d’un cratère vidé de 21 mètres de diamètre, sur 12 de profondeur, avec un bassin d’eau chaude. Un autre semblable et plus petit est voisin. (Y. T. A. Fisher. Geology and Water ressources of lhe Bighorn Basin (Wyoming) U. S. Geol. S. — Prof, paper, n° 53, 1906, p. 61.)
- Les conquêtes de l’automobilisme. — Malgré le mauvais état des roules dans certains districts des Iles-Britanniques, le motorisai y progresse d’une façon remarquable. Au 3o septembre igo5, le nombre des véhicules automobiles enregistrés (y compris les motocyclettes) était de 74o38 pour l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Ecosse. D’après le Daily Mail, qui s’est documenté auprès des maires et des conseils de canton, le nombre de ces véhicules était de 144702 au 3i juillet .dez-nier, dont 82 912 automobiles et 61 790 motocyclettes.
- leurs cités — pierres taillées et ornements d’animaux fossilisés — présentent un pi*ogrès sensible sur cet état de choses : elles proviennent, en effet, des dépôts de l'emplissage d’une cavei’ne, située à environ i5o milles (le mille = 1609 m.) au Nord de la rivière Kapie, azi Nord-Ouest de la Rlzodésia. Quoique toute la faune de cette caverne comprenne seulement des espèces actuellement vivantes — sauf cependaizt un rhinocéi-os qui paraît inconnu —et quoiqu’il soit à peu près impossible de déterminer autrement l’âge î-éel de ces pièces trouvées en cavei-ne, les auteurs affirment avec une grande assurance que ce gisement est « très ancien ».
- Les ponts à voûtes articulées. — Les Alleiziands se montrent.de pkis en plus favorables aux articulations des voûtes, aux naissances et à la clef, pour les ponts en béton, ai-mé ou non. Ils estiment que la continuité et l’en-casti-ement y sont iri’éalisables eu égai’d aux effets de la température et du retrait. On vient encore d’appliquer cette combinaison à un pont-imzte construit sur la Moselle, entre Sauvage et Metz. Les arches, qui ont 3o, 3.j et 36 mètres d’ouverture, sont munies d’articulations du système Ivopke, constituées par des voussoirs en béton lâche, prenant contact par des surfaces cylindi-iques.
- -€ 106 j&-
- p.2x106 - vue 538/647
-
-
-
- I
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Mécanique
- Perceuse à rochet perfectionnée. — Nous avons déjà eu occasion de signaler ces perceuses; mais nous sommes obligés d’y revenir, au fur ei à mesure qu’on y apporte des perfectionnements nouveaux, qu’on imagine des combinaisons mécaniques qui seraient intéressantes par elles-mêmes, et en dehors des applications qu’on peut en faire. L’appareil qu’il s’agit aujourd’hui de faire connaître et de démonter au profit de nos lecteurs, sort d’une fabrique américaine qui produit les variétés les plus diverses d’outils destinés au travail des métaux aussi bien que du bois, la maison Armstrong, qu’il ne faut point confondre avec les fameuses usines anglaises, dont la spécialité est tout autre.
- Le but du constructeur a été de fabriquer un article solide, compact, c’est-à-dire tenant peu de place, de maniement sûr et rapide, agissant dans tous les sens ; toutes les parties en sont taillées dans de l'acier en barre, ou tout au moins elles sont obtenues par estampage de flans en acier; les organes les plus exposés à l’usure sont faits d’acier à outil. Si l’on se reporte à la vue d’ensemble que nous en donnons, et aussi à la coupe qui représente la portion active de l’outil, on comprendra aisément le fonctionnement essentiel de celui-ci. Un manchon fileté extérieurement et intérieurement permet de bloquer en place l’anneau solidaire du manche de
- l’instrument, sur lequel l’ouvrier va faire levier pour faire tourner la portion inférieure de 1 outil formant porte-outil; tout na tu r elem en l, cette portion inférieure comporte à son pourtour une denture de rochet; la section figurée ici par le dessinateur montre le creux de ces dents. L’espèce de linguet qui doit venir prendre appui sur cette denture de manière à faire tourner d'une fraction de tour le porte-outil, et aussi la mèche, est constitué par une petite tige î-onde, en acier, munie à sa partie extrême et extérieure d’une sorte de tète moletée. C’est qu’en effet, cette .tige, dont l’extrémité est en biseau, précisément pour entrer dans la denture du rochet, est susceptible de tourner librement dans le logement qui lui est ménagé, obliquement et latéralement au manche de l’outil. De cette façon, et en agissant sur la tête moletée, on peut amener le biseau dans tel ou tel sens;- pour que la rotation du porte-outil et de l’outil se fasse elle-même dans un sens ou dans le sens exactement contraire. On aperçoit d’ailleurs un ressort à boudin qui pousse constamment sur un épaulement ménagé le long de la tige ronde, et force par suite le biseau de cette tige à pénétrer dans les roues de denture du rochet.
- On comprend qu’un des avantages de celte perceuse est d’être instantanément réversible. Il est aisé de saisir, d’autre part, que la tête moletée qui est à la partie supérieure de l’instrument, et qui se continue par un manchon fileté extérieurement, permet de fournir un point d’appui constant à l’outil et une butée à la mèche, au fur et à mesure qu’elle s’enfonce. C’est donc l’organe d’avancement, disposé d’une façon toute spéciale. Tout est parfaitement étudié pour un bon fonctionnement, pour une manoeuvre aisée, et on remarquera que, dans le collier formé par le prolongement du bras de levier, un trou d’huilage a été ménagé, qui permet de graisser parfaitement le rochet. — La perceuse à rochet est en vente chez Markt, 107, avenue Parmentier, Paris.
- Machine élévatoire. Pompe automatique Gelly. —
- Cet appareil élévatoire n’est autre qu'un bélier hydraulique perfectionné. On connaît ces ingénieuses machines, elles sont d’origine fox't ancienne, néanmoins fort remarquables, aujourd’hui encore, par la simplicité et le
- petit nombre de leurs organes; elles empruntent leur force motrice uniquement à la pesanteur : elles la puisent, partie à une chute d’eau, partie à la pression atmosphérique. Et ainsi elles peuvent élever une fraction plus ou moins considérable de l’eau débitée par la chute dans un réservoir situé au-dessus du niveau d’amont de cette chute. Il n’y a pas à faire intervenir de main-d’œuvre, il suffit de tourner un robinet : la machine agit seule et sans interrujxlion. La machine Gelly présente, par rapport au type classique de bélier, de serieux perfectionnements et de grands avantages. Voici comment elle fonctionne :
- En A est le niveau d’amont de la chute utilisée pour fournir à la machine sa force motrice ; en E est le niveau d’aval. En U se trouve le réservoir où il faut élever l’eau. La prise d’eau en A se fait par le robinet R : supposons-le ouvert; l’eau s’écoule en suivant le tuyau B, la chambre M, la conduite B' pour tomber au niveau inférieur P. Mais sa vitesse d’écoulement, d’abord lente, augmente rapidement, et bientôt le clapet D, qui était d’abord resté ouvert, est repoussé par la veine liquide et se ferme. L’eau cherche son passage ailleurs, elle repousse la soupape F, pénètre dans la cloche .1, dans la cloche G et le tuyau T.
- , En même temps, l’eau qui était contenue dans le
- tuyau B' continue à s’écouler grâce à la vitesse acquise, le vide se fait en M et B' ; mais la pression atmosphérique, agissant en P, ramène alors l’eau en arrière, provoque l’ouverture du clapet D, ferme le clapet D' et soulève la soupape T.
- Ceci suppose, bien entendu, que la hauteur des clapets au-dessus du niveau P reste inférieure à la hauteur de la colonne d’eau qui fait équilibre à la pression atmosphérique. En pratique, il ne faut pas utiliser de hauteurs de chute supérieures à 8 mètres. En tout cas, l’eau poussée brusquement en avant rentre en partie dans la cloche t, et dans le tuyau d’élévation. Le même phénomène se reproduit ainsi périodiquement de 20 à 3o fois à la minute et continue jusqu’à ce que l’on ferme le robinet.
- Remarquons que l’eau élevée dans le réservoir U provient en partie de l’eau qui coule en A, en partie de celle qui coule en P; on peut aisément, si on le désire, séparer ces deux sortes d’eau. On peut faire mieux encore : par l’adjonction de deux cylindres avec pistons, l’employer comme pompe à deux eaux et utiliser, par exemple, une eau motrice impure pour élever l’eau potable d’une source ou d’un puits.
- Nous n’essayerons pas de donner une théorie physique de cet appareil : les savants, aujourd’hui encore, 11e sont pas d’accord sur la théorie du bélier hydraulique ; mais la machine fonctionne, c’est là le point important. Et elle fonctionne avec un rendement très satisfaisant ; surtout, elle n’entraîne que fort peu de dépenses.
- La pompe Gelly peut évidemment servir non seulement comme pompe, mais aussi comme compresseur d’où et par suite comme source de force motrice.
- Ces pompes peuvent être construites pour des débits variant depuis 5 jusqu’à 60000 litres à la minute. — S’adresser à la Société des pompes automatiques Gelly, 19, rue Bergère, à Paris.
- p.2x107 - vue 539/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- L’exploitation du granit par l’air comprimé. — On
- emploie depuis quelque temps aux carrières de granit de Mount-Airy (New-Connecticut, État-Unis) un procédé assez original pour détacher très rapidement et très économiquement d’énormes bancs de pierres qui peuvent ensuite être débités par les moyens ordinaires.
- Le granit, qui est très dur et très homogène, se taille
- indifféremment dans tous les sens; il se présente dans la car-\C rière sous la forme
- j d’un amas de dimen-
- \ sions considérables
- > qui constitue le flanc
- d’une colline à pente ! très douce. On pro-
- ; fite de ces deux cir-
- ' constances pour
- opérer de la façon suivante. Au milieu du morceau A B C D qu’on se propose de détacher, on perce, au fleuret ou à la barre à mines ordinaire, un trou vertical O de 2 à a,5o m. de profondeur selon l'épaisseur maxima des blocs qu’on veut tailler dans la suite. Le fond du trou est élargi en forme de poche P, en y faisant exploser une demi-cartouche de dynamite qui pulvérise la roche dans son voisinage immédiat sans fissurer les parties de roche plus éloignées. On charge ensuite ce trou d une poignée de poudre noire et on tire la mine; au lieu de pulvériser la roche, la poudre noire, qui est un explosif progressif, produit une fissure à peu près horizontale tout autour du trou. On agrandit progressivement cette fissure en y faisant exploser des charges de plus en plus fortes de poudre noire. Bien entendu, à chaque fois, le trou est convenablement bourré de façon que les gaz provenant de l’explosion restent enfermés et puissent exercer leur action. On suit les progrès de la fissure en frappant la roche tout autour du trou et en reconnaissant la nature et la hauteur du son ainsi produit.
- Quand la fissure, de forme à peu près circulaire EFG, a atteint un rayon d’une trentaine de mètres, on adapte le conduit de refoulement d’un compresseur d’air dans le trou O, on fait un joint étanche au ciment et on refoule progressivement de l’air comprimé dans la cavité souterraine. La fissure s’étend alors régulièrement dans toutes les directions en suivant un plan à peu près horizontal: en quelques heures, elle se propage sur un rayon de 5o à 70 mètres autour du trou central. On suit les progrès de son avancement en écoutant le bruit que fait la roche ; on perçoit des craquements caractéristiques qui suffisent aux ouvriers pour savoir à quelle distance du sol se trouve la fissure. Une action trop rapide de l’air comprimé, ou une pression trop élevée, tendent à rapprocher cette fissure de la surface. L’opération se termine tout naturellement d’elle-même quand la fissure atteint la surface en A B et que l’air comprimé peut s’échapper à l’extérieur.
- La pression de l’air doit être comprise entre 9 et 10 kilogrammes par centimètre carré. On n’obtiendrait pas un plan de séparation horizontal si on l’employait plus tôt, même sous pression plus forte.
- Le banc,. couvrant quelquefois plus d’un hectare, qu’on a détaché par ce moyen tient encore au sol par sa partie supérieure G D et quelquefois par les côtés. Pour l’en détacher complètement et tailler des blocs, il suffit de pratiquer des coupures verticales par les moyens ordinaires. E. Lemaire.
- Divers
- Tue-mouches élégant. — Il existe des moyens, pour ainsi dire scientifiques, de se débarrasser des mouches, mais ils exigent beaucoup de patience et d’application, et par suite ne sont pas à la portée de tous. Ët surtout, ils ne sont pas applicables partout. Force est donc de se contenter des antiques procédés qui consistent à prendre au piège et à exterminer le plus grand nombre possible de ces désagréables parasites.
- Nous signalons, parmi les systèmes ingénieux imaginés à cet effet, celui que son auteur a dénommé mou-chivore. C’est un piège automatique. 11 consiste tout d’abord en un plateau sur lequel on place l’appât qui attirera les mouches. Ce plateau est mobile, un mécanisme d’horlogerie, dissimulé dans une boîte métallique qui- sert de support à l’instrument, lui imprime un
- mouvement de rotation lent et continu. Les mouches se trouvent ainsi amenées insensiblement sous le piège proprement dit; c’est une petite tour en fin treillage métallique, elle renferme deux nasses. Les mouches prises sous cette prison veulent s’envoler, pénètrent à travers les deux nasses et ne peuvent plus sortir. Le mécanisme intérieur reste en mouvement pendant 10 h.
- Le mouchivore est efficace, mais son aspect est dépourvu d’esthétique; la vue d’un piège à mouches esl plutôt répugnante; le constructeur, pour y remédier, a combiné un petit moulin, qui, sans constituer un motif décoratif de haute valeur, a au moins l’avantage de complètement dissimuler aux vues le supplice des mouches embastillées. — L’instrument est en vente chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg. Px-ix du mou-chivoi'c : 4fr,5o. Prix du moulin : 3fr,go.
- Une lampe à souder minuscule.
- Une lampe à souder minuscule. — L’appai’eil est curieux, et par ses faibles dimensions, qui ne l’empêchent point de donner une température fort élevée, et aussi par la façon fort simple dont il est constitué, tout particulièrement le dispositif en bunsen qui lui permet de donner la haute température indispensable en l’espèce. C’est un outil américain, que nous avons fait fonctionner chez MM. Markt, à Paris, et que l’on pourra ti'ouver chez un détaillant quelconque en lui donnant l’indication de cette maison.
- Il faut dire d’abord que le diamètre de cette lampe est seulement de 5 cm pour une hauteur de 11 sans sa cheminée, et de 16 avec sa cheminée. Elle forme réservoir à essence, et de. ce réservoir part une mèche traversant le bouchon à pas de vis que montre la figure. Ce bouchon est du reste étanche, et la lampe peut s’employer dans n’importe quelle position. On commence par l’incliner légèi’einent, puis on place une allumette ordinaire allumée sous le conduit coudé, non encore coiffé de la petite cheminée métallique ; cette faible chaleur suffit à commencer la vaporisation de l’essence, qui se continuera ensuite grâce à la chaleur accumulée et entretenue par la combustion même, jusqu’à épuisement de la provision d’essence contenue dans le corps de la lampe. Api’ès allumage, on coiffe le tube métallique, et comme celui-ci est fendu de longs évidements suivant quatre génératrices, il en résulte que l’air extérieur arrive comme dans un bunsen et assure une combustion complète, qui donne lelévation de température voulue. Celle-ci est telle que, sous le jet de flamme bleue sortant du bunsen, en 2 minutes, un fer à souder moyen est porté au l'ouge; en 4 minutes, il en est de même d’une tige d’acier doux de 10 mm, et en 8 minutes, d’une tige de cuivre de i5 mm. Tout en ne contenant que 10 centillitres d’essence, cette curieuse et ingénieuse petite lampe, d’ailleurs l’obuste, en dépit de sa constitution très simple, peut biuxler 2 h.
- p.2x108 - vue 540/647
-
-
-
- VARIETES
- Le Sabak. — Le Sabak est un engrais naturel, originaire de l’Egypte, et appelé à jouer dans l’agriculture un rôle important comme matière fertilisante.
- Quelcpies analyses récentes, que nous avons eues à faire de ce produit, nous ont conduit à prendre à son sujet certains renseignements. Ce sont eux que nous présentons, brièvement, à nos lecteurs.
- Le sabak est intéressant pour deux raisons : on peut, en effet, l’étudier au double point de vue agricole et historique. Nous l’étudierons d’abord au point de vue agricole.
- Le sabak est extrêmement répandu en Egypte. La plupart des villages, d’origine ancienne, sont construits sur des monticules entièrement constitués par du sabalc, lequel présente, en couches stratifiées, de composition et de couleurs différentes, la trace des générations qui se sont succédé, depuis des siècles, dans la haute Egypte. Les temples, édifiés sur les points les plus élevés, ont des assises particulièrement riches en sabak.
- Chimiquement ce produit présente la composition
- suivante1 :
- Potasse (K2O)................ i,3o pour ioo
- Acide phosphorique (P2O3) . . o,86 —
- Chaux (CaO)................3,12 —
- Magnésie (MgO).............2,00 —
- Fer (Fe203)................ 6,3o —
- Acide sulfurique (SO3) .... o,5o —
- Sa teneur en azote est de :
- Azote nitrique................0,22 pour 100
- Azote ammoniacal............. traces
- Azote organique............6,32 —
- Azote total2...........0,54 —
- A défaut de fumier de ferme, le sabak constitue donc un engrais précieux pouvant être employé comme lui, au moment des labours. En particulier le sol égyptien, qui est riche en potasse et pauvre en azote, serait avantageusement amélioré par l’addition d’un engrais local, qui lui donnerait, à bon compte, les éléments qui lui manquent. Et, pour dissiper une légende trop accréditée, disons, en passant, que l’Egypte ne doit pas sa fécondité périodique au limon déposé par les crues du Nil. Le limon3, en effet, apporté régulièrement parles déboisements du fleuve, ne possède pas, par lui-même, de propriétés fertilisantes ; il est aussi stérile que la terre de la vallée dont il a la même composition, et cela se comprend. Les crues du Nil agissent, comme celles du Niger, par l'énorme quantité d’eau qu’elles répandent sur le sol desséché et dont la présence est indisjiensable au départ de toute culture. Leur efficacité correspond à celle d’un arrosage intensif, sans qu’il soit nécessaire, pour expliquer leur action bienfaisante, de faire intervenir, de leur part, le moindre élément chimique fertilisant.
- Le sabak, mélangé à ce limon, en fait une terre complète, possédant toutes les propriétés d’une bonne terre arable et susceptible d’être cultivée à la façon de nos meilleurs sols européens.
- Si maintenant nous quittons le domaine de l’agriculture pour nous transporter dans celui de l’histoire, le sabak cesse d’être une denrée alimentaire à l'usage des plantes débiles, ou des graines avides de vivre, et devient, pour nous, un document aussi respectable que le sphinx et les Pyramides dont il est contemporain : du haut de ces monticules, sur lesquels s’élève souvent un temple, 41 siècles (il y en avait 40 au temps de Napoléon) nous séparent du temps où commencèrent à s’accumuler, sur le sol, les éléments qui devaient le constituer; éléments multiples où, parmis l’humus et les brins de paille entassés, on retrouve, parfois, des fragments de poteries, des débris de verroterie, témoins d’une vie intime, ayant été celle d’un peuple, aujourd’hui disparu, dont la terre a repris la cendre et l’oubli le nom.
- 1 Moyenne de dix analyses (partie soluble dans l’acidè chlorhydrique).
- 2 Lé fumier de ferme frais contient, en moyenne, 0,6 pour 100 d’azote.
- 3 Ce limon, très ferrugineux, contient de ï5 à 20 pour 100 de fer.
- L’aphorisme scientifique rien ne se perd, rien ne se crée, se trouve une fois de plus confirmé. L’avenir se repaît des cendres du passé, et la succession incessante et fatale des modifications qui relient ce qui fut à ce qui sera constitue ce qui est.
- Les blés d’aujourd’hui sont le renouvellement des blés d’autrefois. A travers la suite ininterrompue des siècles, les épis ont succédé aux épis. Les éléments empruntés par ceux-là à la terre des Pharaons le sont pour ceux-ci à la terre du Khédive, et l’on retrouve aujourd’hui, après tant de siècles écoulés, d’une part dans les principes nutritifs du sabak, d’autre part, dans la force germinative du grain de froment, la même affinité atomique associée à la même énergie assimilatrice.
- G. Loucheux.
- La maladie des feuilles du platane. — Au commencement de la belle saison, vers les mois de mai et juin, on put remarquer que les platanes des promenades d’un grand nombre de villes de la banlieue parisienne perdaient la presque totalité de leurs feuilles et présentaient un aspect dénudé. Cet accident fut attribué par beaucoup de personnes à un excès de chaleur. L’explication paraissait d’autant plus rationnelle que tous les organes foliacés atteints, et encore adhérents à leur support, se trouvaient dans un état complet de dessiccation. Il s’agit en réalité d’une affection parasitaire causée par un champignon inférieur, dont l’extension est due à certaines circonstances atmosphériques, notamment à l’humidité et à la chaleur. En examinant attentivement une feuille tombée, on s’aperçoit qu’elle est couverte de grandes taches desséchées, irrégulières, de coloration brunâtre, qui se localisant tout d’abord sur les nervures, finissent par gagner
- Une feuille de platane malade.
- les pétioles. La gravure jointe à cette note, donnera une idée suffisamment précise des principaux caractères présentés par les feuilles.
- Les nervures sont le siège du mal; elles portent sur leur partie inférieure de petits points noirs qui ne sont autre chose que les agglomérations des conidies du champignon parasite, le (xkeosporium nervisequum. Au moment de la maturité, un grand nombre de spores s’échappent au dehors et, en présence de l’eau, germent en produisant des tubes ramifiés et cloisonnés.
- Suivant leur âge, les platanes résistent différemment à la maladie. Les arbres volumineux et de grande taille souffrent, d’une façon générale, beaucoup plus que les arbres à dimension plus réduite et surtout que les arbres d’avenue soumis à une taille périodique.
- Il n’existe pas de méthodes de traitement pratiquement applicables. L’affection n’a pas, d'ailleurs, de très graves conséquences pour les arbres qui en sont atteints. A la suite de la chute des feuilles, il se produit une nouvelle végétation, et, au bout de quelque temps, les platanes reprennent leur aspect normal. Albert Vilcoq.
- p.2x109 - vue 541/647
-
-
-
- HYGIENE ET SANTE
- L’alimentation des vaches et la qualité du lait. —
- Une bonne nourrice doit, si elle veut assurer la santé parfaite de son nourrisson, s’astreindre à supprimer de son alimentation bien des choses; pas trop de fruits, pas de mets épicés, pas de sauces relevées. Elle doit aussi être d’une sobriété modèle; le vin en excès, les boissons alcooliques de tout genre ont un fâcheux retentissement sur le système nerveux de l’enfant. Les statistiques de mortalité infantile des pays ravagés par l’alcoolisme sont là pour le prouver. Le lait de la nourrice se ressent tout de suite de ses écarts alimentaires, et plus ils sont fréquents et répétés, plus la qualité du lait se modifie et plus la santé du bébé s’altère.
- Ce qui est vrai pour la nourrice humaine l’est également pour les nourrices bovines dont le lait sert à l’alimentation des tout jeunes enfants, Il n’y a pas à craindre avec la vache des écarts immodérés et des fantaisies de boissons nuisibles. Mais, dans quelques régions, dans les saisons où le fourrage fait défaut, le maître d’étable fait intervenir toutes sortes de produits qui nourrissent l’animal, mais modifient sensiblement la qualité du lait. Voici un fait des plus probants à l’appui de cette influence d’une alimentation autre que le fourrage classique ou le pâturage en plein champ. Le Dr Mocquot, d’Appoigny, a relevé dans sa consultation de nourrissons des différences de poids très notables chez des enfants nourris au biberon. Il avait remarqué qu’à l’époque du printemps, les enfants élevés artificiellement présentaient fréquemment des troubles digestifs : diarrhée, vomissements et, comme conséquence, amaigrissement rapide; chez quelques-uns c’était simplement un arrêt de croissance sans accidents digestifs. Or ces modifications dans l’état sanitaire se produisaient juste au moment où les betteraves étaient données en larges proportions aux vaches nourricières.
- La betterave est par elle-même un aliment sain, elle contient du sucre en grande quantité qui ne peut que favoriser la production d’un lait abondant et sain. Mais trop souvent la pulpe est fermentée, déjà altérée; au lieu d’un produit sain, c’est un aliment défectueux. Les médecins d’enfants ont signalé depuis longtemps l’altération des qualités du lait sous l’influence de nourriture avec des pommes de terre germées, des drèches, des tourteaux; non seulement le lait prend, comme la viande, un goût mauvais, mais il peut avoir des propriétés toxiques.
- Pour en revenir aux observations faites à ce propos par M. Mocquot, voici les relevés des poids de huit enfants d’âge varié nourris, les uns par leur mère, les autres artificiellement :
- Poids au 20 février Poids au 20 mars Différence
- 1° 4 7 5° 5 33o -j- 58o
- 2° 6 3oo 6 95o + 65o
- 3° 11 200 11 600 + 4oo
- 4° 8 65o 9 000 -j- 35o
- 5° 8 600 8 200 — 400
- 6° 7 55o 7 400 —- i5o
- 7° 9 70° 9 65o — 5o
- 8° 10 700 10 55o — 15o
- Dans cette petite statistique les deux premiers enfants sont nourris au sein; les six autres sont nourris artifi-
- ciellement. Les enfants nourris au sein ont vu leur poids continuer à augmenter régulièrement ; deux des enfants nourris au biberon ont eu aussi un accroissement de poids, et c’est là un détail qui justifie les remarques de notre confrère, c’est que les vaches dont le lait était utilisé pour ces deux enfants, nos 3 et 4, étaient isolées et ne mangeaient que du fourrage. Les quatre autres bébés 5, G,. 7 et 8 prenant le lait de vaches nourries avec des betteraves ont subi une perle de poids au lieu d’avoir une augmentation. La modification de la qualité du lait semble donc nettement dans ce cas la cause de celte diminution dans la croissance mensuelle.
- La gale du ciment. — Les dermatologisles ont signalé un certain nombre d’affections cutanées d’origine professionnelle qui ont des caractères bien particuliers.
- Tel est le cas de la dermatose qu’on a étudiée chez les ouvriers en ciment; rare autrefois, elle est devenue assez fréquente depuis une dizaine d’années où les travaux en ciment ont pris une notable extension. Les constructions de tout genre en ciment armé qui se font maintenant partout ont multiplié les occasions de cette maladie professionnelle, que les ouvriers ont dénommée la gale du ciment.
- C’est une éruption qui se produit le plus communément aux mains, aux avant-bras, sur la poitrine quand les ouvriers travaillent le torse nu, et parfois au visage. Elle affecte la forme de petites papules de la grosseur d’une tête d’épingle qui s’agrandissent du fait des grattages provoqués par le prurit intense qu’elles provoquent. Elle ressemble de tous points à la gale vraie, sauf le sillon caractéristique du siège du sarcopte parasite; comme elle, elle s’observe dans les espaces interdigitaux, dans les plis cutanés. Si les papules sont nombx'euses, il peut se produire une véritable poussée d’eczéma; l'exagération des sécrétions cutanées, de la sueur pendant les temps chauds provoque facilement et l’apparition de la maladie et les complications.
- Celte dermatose est causée par le maniement du ciment dont la composition permet de se rendre compte de là venue facile de ces irritations. Le ciment est un composé de carbonate de chaux, de silice, de fer et d’alumine et suivant les provenances, suivant sa vitesse de prise, de certaines quantités d’acide sulfurique qui varient de i à 5 pour ioo. Toutes ces substances chimiques peuvent, sur une peau ramollie par le contact de l’eau, souvent déjà excoriée, provoquer aisément la gale spéciale; l’humidité est en effet la cause primordiale de cette dermatose.
- La lésion, hâtons-nous de le dire, n’est pas grave; quelques jours de repos avec des lotions calmantes, une pommade à l’oxyde de zinc suffisent pour amener la disparition de la maladie. Pour remédier à ces inconvénients, certains entrepreneurs font enduire d’un corps gras les mains et les ' avant-bras, quelques-uns fournissent des gants de toile, mais ce qu’il faudrait surtout recommander, c’est une propreté plus grande à l’issue du travail. Au moment du déjeuner, à la fin de la journée les ouvriers devraient procéder à un lavage minutieux, à une toilette des ongles, pour éviter le séjour de parcelles de ciment, sécher bien à la serviette ; ils éviteraient ainsi plus aisément cette dermatose professionnelle. Dr A. C.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- >
- Préparation des papillons pour collections. —
- Nous envisageons seulement la difficulté en présence de laquelle on se trouve, quand ces papillons se sont desséchés avant qu’on ait eu le temps de les préparer sur la planchette de liège. Il faut un moyen de leur rendre leur souplesse. Pour cela, il suffit généralement de les prendre au moyen de brucelles, de petites pinces, et par les afles repliées ; puis de plonger le corps dans de l’eau bouillante, mais en prenant bien garde à ne point immerger les ailes à leur base; ensuite on expose durant quelques minutes les ailes à la vapeur. On peut
- aussi placer les papillons durant 24 heures sur du sable humide, le corps de la bestiole entrant dans une dépression faite dans ce sable, on ajoute quelques gouttes de sublimé corrosif au sable ; et l’on opère dans une boîte sur laquelle on a étendu une flanelle mouillée.
- Les insectes semblent encore rigides après cela, mais si l’on pique une épingle ad hoc dans le thorax, qu’on place la pointe des brucelles à la base des ailes ouvertes et qu’on laisse leur ressort agir, à leur jonction avec le thorax, cela ouvre et étale les ailes convenablement.
- p.2x110 - vue 542/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux. lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. — M. J. Rittener, à Genève. — i° Nous ignorons si en France on trouve de Valundum. Mais il en est fabriqué en Amérique par la Norton co-rundum C°, à Niagara Falls. — L’alundum a toutes les propriétés du corindon ou alumine cristallisée pure. Il vaut le saphir de Ceylan comme matière rodante à 1/100 près. On le fabrique en grandes masses, mais on peut le réduire par le broyage en fragments de toutes dimensions. — 20 On fabrique certainement en France l'alumine par calcination de l’alun ammoniacal. La direction de la Revue de Métallurgie connaît certainement des adresses de fabricants, et vous pourriez vous y adresser (chez Dunod et Pinat, 49> quai des Grands-Auguslins, Paris). Vous pourrez également demander chez Poullenc frères, 92, rue Vieille-du-Temple, Paris.
- M. J. M., à Angoulême. — Pour tous renseignements sur l’hydrogène liquide, adressez-vous à la Société de l’air liquide, 25, rue Saint-Lazare. — La force ascensionnelle d’un gaz dépend évidemment de sa pression et diminue si la pression augmente; elle est en effet égale à la différence enlre le poids du récipient qui le contient, supposé plein d’air, et le poids de ce même récipient plein du gaz en question; il faut, bien entendu, diminuer cette valeur du poids des agrès, nacelle, accessoires, aéro-nautes, etc. — Pour la puissance approximative d’un moteur à gaz, on peut appliquer la formule suivante :
- P (en chevaux) = R. PTO,
- 9000
- R désignant le rendement organique du moteur S, la
- section de son piston en centimètre carré, G sa course en mètres, Pm la pression moyenne effective en kilogramme par centimètre carré, N le nombre de tours par-minute.
- M. Richard, à Cambrai. — Les aciers au vanadium ont été étudiés en France par M. L. Guillet, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, rue Saint-Martin.
- Libreria Academica, Madrid. — Sur les maladies du châtaignier, le mieux est de consulter l’excellent petit livre de notre collaborateur M. H. Blin : Manuel pratique de la culture du châtaignier, Paris, Mulo, 12, rue Hautefeuille. Prix : 1 fr. 5o.
- M. Le Beuf, à Bayonne. — Voyez dans le n° 1837 de La Nature (8 août 1908), p. 159, une communication de M. le général Sebert, à l’Académie des sciences, sur la préparation de l’hydrogène pour aérostats par le procédé qui vous intéresse.
- M. Defer, à Paris. — Le vernis pour cuivre des machines électriques a souvent la composition suivante : sulfure de carbone, 1 partie; benzine 1 p. ; essence de térébenthine, 1 p. ; alcool méthylique, 2 p. ; copal dur, 1 partie. Pour les soudures, voyez les recettes de Y Électricien, par Hospitalier, chez Masson et Cie.
- M. le lieutenant Bordenave. — 11 existe plusieurs formule^ de vernis imperméables pour le bois, mais toutes sont à base de gomme laque, produit coûteux, et ne répondant pas aux conditions qui vous sont imposées.1
- M. X., à Paris. — M. Maurice Huchery, commis des affaires indigènes à Tombouctou, vient justement de faire parvenir à Y Office colonial un travail intitulé : Guide pratique du commis des affaires indigènes de l’Afrique occidentale française qui se rend au Soudan, dans lequel il a groupé des renseignements fort utiles et qu’il serait difficile de se procurer ailleurs ; vous pourriez le consulter aux bureaux de l’Office, galerie d Orléans, Palais-Royal, Paris.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Les grands ponts naturels de l’Ltah : A. Stéryal. — L’avènement de la turbine en navigation : P. G. — Restauration et nettoyage des statues : Eugène Lemaire — Service maritime postal entre Paris et New-York : E. Depouilly. — Le Flying-Fish de M. Henri Farman : Lucien Fournier. — Le chauitage et la cuisson électrique dans les hôtels : Eugène H. Weiss. — Un instrument de musique du Fouta-Dialon : Marcel B. — Le phare en béton armé du détroit de Malacca : R. Bonnin. — Académie des sciences; séance du 24 août 1908 : Ch. de Ville-deuil. —- Le réglage des fusils de chasse : R. Villers.
- Supplément. -— Structure de la couronne solaire, etc.
- La machine locomotive, manuel pratique donnant la description des organes et du fonctionnement de la locomotive, à l’usage des mécaniciens et des chauffeurs, par Ed. Sauvage, ingénieur en chef des mines. 1 vol. petit in-8°, 5e édition. Prix : 5 francs.
- La première édition de cet ouvrage date de 1894, l’auteur en publie aujourd’hui la cinquième. C’est assez dire le succès de ce petit livre très pratique, qui a aussitôt trouvé sa place dans tout la personnel de nos chemins de fer. Cette édition a été complètement remaniée pour tenir compte des perfectionnements apportés à la construction des machines. La question de la surchauffe, notamment, a été traitée à neuf.
- Le passé, le présent et l’avenir de la télégraphie sans fil, par Emile Guarini, professeur des Arts et métiers à Lima. In-8°de 192 pages, avec 366 figures. H. Dunod et E. Pinat. Paris. Prix : 4 francs.
- Le but de ce travail est de décrire brièvement tout ce qui peut aider à effectuer des essais de télégraphie sans fü dans les pays neufs, tels que le Pérou, où réside actuellement M. Guarini.
- La classification palethnologique, par A. de Mortillet. Album petit in-8° de 12 planches, 117 figures. Schlei-cher frères. Paris, 1908. Prix : 2fr,5o.
- Ce petit recueil de M. A. de Mortillet rendra certainement les plus grands services. Abordable à tous, accompagné de dessins clairs et fidèles représentant les meilleurs types de chacune des époques de l’âge de pierre, du bronze et du fer, c’est un excellent aperçu de la marche suivie, dans la voie du progrès, par les habitants de notre sol depuis les plus anciennes manifestations connues d’un travail intelligent jusqu’à l’avènement de Charlemagne.
- la force et la lumière à la ferme et dans la petite industrie, par L. Preux. Yol. de 184 pages, chez Vuibert et Nony. Paris. Prix : 2tr,5o.
- Memento pratique destiné surtout à l’enseignement primaire supérieur et à l’enseignement professionnel ; rendra de grands services à tous ceux, qui, sans connaissances spéciales, sont forcés néanmoins d’utiliser l’électricité : cultivateurs, petits industriels, etc.
- Le Paganisme contemporain chez les peuples celtolatins, par P. S if billot. Paris. O. Doin. 1908. 1 vol. i 18, 400 pages. Prix : 5 francs (Encyclopédie scientifique. Bibliothèque d’Anthropologie).
- Nous avons déjà signalé la belle tentative d’Encyclo-
- . pédie scientifique, dirigée par le Dr Toulouse. Le
- p.2x111 - vue 543/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- présent volume inaugure d’une façon fort brillante la section de cette encyclopédie qui constitue la Bibliothèque d’Anthropologie et qui est dirigée par le D‘ G. Papillault. Nous ne manquerons pas d’en signaler les volumes à mesure de leur publication. Dans celui-ci, l’éminent directeur de la Revue des traditions populaires entreprend de montrer tout ce qui — dans notre civilisation occidentale, si ancienne, depuis si longtemps chrétienne —subsiste de façons de penser, de pratiques, etc., nettement antérieures au christianisme, purement païennes en un mot. Celte recherche des survivances païennes au milieu des peuples cello-
- latins fournit, comme on peut croire, à l’excellent auteur du Folklore de France, l’occasion d'une véritable exploration du folklore de toute l'Europe Occidentale. Peut-être pourra-t-on ne pas toujours être d’accord avec M. Sébillot sur ses notions de paganisme et de survivance, sur la valeur qu’il attribue à tel ou tel fait, mais son livre n’en restera pas moins un précieux catalogue sommaire des idées populaires de notre vieux monde, amusant à lire comme les contes de Perrault, et dont la place est nécessairement marquée dans la bibliothèque des curieux, sans parler de celle des traditionistes et des anthropologues.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES BU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 24 août 1908. . 15u,0 S. S. W. 4. Très nuageux. 0,0 Rosée; très nuageux; gouttes à 13 h. 10.
- Mardi 15 16u,4 S. 3. Couvert. 1,5 Rosée ; halo ; quelques averses.
- Mercredi 26 13°,9 S. S. W. 2. Couvert. » Rosée; très nuageux.
- Jeudi 27 15°,0 S. S. W. 4. Couvert. 9,1 Couvert; pluie une partie du temps.
- Vendredi 28 14°,2 S. S. W. 3. ('.ouvert. 2,7 Couvert; quelquefois des gouttes; pluie de 18 h. 50 à 19 h. 10.
- Samedi 29 . . ... . 15°,3 S. S. W. 4. Couvert. 3,7 Couvert ; averses entre 16 h. et 20 h.; halo.
- Dimanche 30 10°, 6 S. S. W. 2. Beau. 0,0 llos.; p. nuag.: pl. line Tap.-midi; halo à 10 h.; T. à l’\V à 15 h. 20.
- AOUT 1908. — SEMAINE DU LUNDI 24 AU DIMANCHE 30 AOUT 1908.
- 5555555555555555555555555555555555^55555 555555
- MKjmm;. mmwrmmm mmc mh^ibh air mm’p 1
- ummwsu r!aa5Srâ5&555M ****** mmrAmmmm&M mm mmvm
- mmr.mMmÏAmrmmmSmmmmmrAmmrAmmmmmmm mm.mmTjmmmmmràmmnmmrAm
- [m mmr mmri hhbt «ar. mm-^ UZa
- l'ÀmmKj mmr a 1
- g mTjmmmmmjmm I
- IsEssssssssssI
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Le; courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la merJ; courbe plus boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Les courbes du milieu indiquent mince, thermomètre à l’abri à
- Du 24 «m 3o août. - - Le 24. Pression barométrique élevée sur l’Espagne et le S. de la France, basse sur le N. du continent; minima près de l’Ecosse et en Finlande : 750 mm. Pluies sur le N. et l’O. de l’Europe; en France : Boulogne, 3i mm; Charleville, 12; Brest, 3; Nantes, 1. Température du matin : Seydisfjord, 40 ; Paris, i5; Alger, 25; Pic du Midi, 7; Puy de Dôme, 6; moyenne à Paris : 170,4 (normale : 170,1 ). — Le 25. Baisse de pression sur le N.-O. de l’Europe; minimum nu N. de l’Irlande : Malin Head, 745 ; fortes pressions sur la péninsule Ibérique. Pluies sur le N.-E. et le N.-O. de l’Europe; en France : Dunkerque, 6; Nantes, 4; Cherbourg, 3; Ouessant, 2. Temp. du matin : Arkangel, 5; Paris, 16; Alger, 25; Puy de Dôme, 7; Pic du Midi, 6;"moyenne à Paris : i7°,4 (normale : 17°). — Le 26. Minimum barométrique déplacé vers l’E. : Skudesness, 747 ; pression supérieure à 765 dans le S.-O. de la France. Pluies sur le N. et l’O de l’Europe; en France : Dunkerque, 4; Nancy, 3; Paris, Rochefort, 2. Temp. du matin : Arkangel, 7; Paris, 14; Alger, 25; Puy de Dôme, 7; moyenne à Paris : i6°,3 (normale : i6°,9). — Le 27. Dépression avec très mauvais temps sur les Iles-Britanniques, la mer du Nord et la Manche; minimum entre l’Ecosse et les Iles Feroé, 735. Vent en tempête du S.-O. au Helder, mer démontée sur le Pas-de-Calais et la côte S. de Bretagne. Pluies sur le N.-O. de l’Europe; en France : Cherbourg, 12; Brest, 9; Boulogne,
- 2. Temp. du matin : Thorshawn, 70 ; Paris, i5; Alger, 24; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i5°,9 (normale : 16°,8). — Le 28. Situation atmosphérique troublée sur le N.-O. de l’Europe par une dépression ayant son centre aux Iles Feroé (732) : Norvège, 740; îles Scilly, 75o. Tempête du S.-O. sur la Scandinavie; mer très houleuse sur la Manche et les côtes de Bretagne. Pluies sur le N.-O.; en France : Nancy, 11; Paris, Nantes, 9 ; Rochefort, 4- Temp. du matin : Seydisfjord, 5; Paris, 14 ; Alger, 25 ; Puy de Dôme, 12-Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : i5°,9 (normale : i6°,9). — Le 29. Centre de dépression sur les îles Feroé, 784; maximum sur le S. de l’Italie, 765. Mauvais temps du S.-O. de la Manche à la Baltique. Pluies sur le N. et l’O. ; en France : Cherbourg, 10; Charleville, 8; Limoges, 6; Paris, 3. Temp. du matin : Islande, 5; Paris. j5; Alger, 26 ; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris, i5° (normale : i6°,6). — Le 3o. Relèvement rapide de pression sur le N.-O.; centre de dépression, Christiansund, 739; Biarritz, 765; Brest, 763. Pluies sur le N. et l’O. de l’Europe; en France : Toulouse, 22; Limoges, 19; Lyon, 10; Cherbourg, 8; Paris, 5. Temp. du matin : Haparanda, 7; Paris, 11 ; Alger, 3o; Puy de Dôme, 6; Pic du Midi, 1; moyenne à Paris : 13°,5 (normale : 16°,5). — Phases de la Luné : Nouvelle Luine le 26, à 11 h. 8 m. du soir.
- p.2x112 - vue 544/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, Paris (VP/
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1842 — 12 SEPTEMBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- M. Alluard. — Nous apprenons la mort de M. Al-luard, décédé à Clermont-Ferrand dans sa g3e année. Ancien professeur de physique à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand, on lui doit la création, en 1876, du premier observatoire de montagnes sur le sommet du Puy de Dôme. Cet observatoire a servi de modèle à tous cexxx qui lui ont succédé et a ainsi puissamment contribué aux progrès de la science météorologique.
- Une ligue française aérienne. — Il vient de se fonder une Ligue française aérienne. Elle aura à sa tête le distingué biologiste, M. Quinlon, le savant Marcel Desprez et les personnalités les plus marquantes de la navigation aérienne. Son but est de grouper en un faisceau unique et puissant toutes les bonnes volontés, actuellement éparses, qui s’intéressent à la navigation aérienne. Elle pourra ainsi apporter, à l’effort de nos aviateurs et de nos constructeurs de dirigeables, un précieux concours moral et matériel qui jusqu’ici leur a, trop souvent, fait défaut. On ne peut qu’applaudir à la formation de cette Ligue, qui, sans nul doute, donnera à la science aéronautique française un nouvel et brillant essor.
- Recensement céleste. — Le Daily Mail annonce que M. Iv. Franklin-Adams, l’astronome bien connu, qui est en même temps lun des directeurs de la Compagnie Lloyd, aura terminé en octobre son atlas photographique céleste, commencé il y a quatre ans. Interviewé par notre confrère, l’astronome donne les détails suivants sur celte œuvre colossale. Elle comprendra l’énumération de plus de 23 millions d’étoiles. M. Franklin-Adams avait divisé le firmament en 212 carrés de 190 de côté, qu’il a photographiés, à l’aide de plaques spéciales, de son observatoire de Mervel-Hill, situé dans les environs de Godal-ming. Pour photographier les constellations australes, il se rendit en Afrique du Sud, où il séjourna cinq mois. Cet observatoire est l’un des mieux outillés qui appartiennent à des particuliers. Son installation a coûté 5ooooo fr. Les lentilles de l’astrographe, ou télescope photographique, ont coûté i25ooo fr. ; leur fabrication nécessita quatre années d’essais préliminaires et trois années de manipulations. Il reste encore à prendre une trentaine de plaques pour que l’ceuvre soit terminée. Elle sera vendue à son prix de revient, soit environ 63o fr.
- Les ancres des navires et les câbles télégraphiques. — La Commercial Cable Cy s’est plaint récemment au gouvernement des Etats-Unis des déprédations causées aux câbles sous-marins par les bateaux de pêche. Pendant les trois derniers mois, cette Compagnie a dépensé 525ooo fr. pour la réparation des câbles qui avaient été interrompus par les ancres traînantes. Chaque jour presque, pendant le mois de mai, on signalait l’interruption de un ou deux câbles à une distance de moins de 75 km des côtes, et cela du fait des ancres des bateaux de pêche. La Compagnie demande que la zone
- côtière dans laquelle sont immergés tous les câbles transatlantiques soit interdite aux vapeurs de pêche. Ces i3 câbles, dont xo appartiennent à l’Amérique, 2 à l’Angleterre, 1 à la France, représentent une valeur totale de un demi-milliard de francs.
- La télégraphie sans fil en Amérique. — La United Wireless Telegraph C° se propose d’établir onze nouvelles stations radiotélégraphiques pour le service des navires sillonnant l’océan Pacifique. La plus importante de ces stations, qui disposera d’une énergie de 5ooo watts, sera installée à Kelchikan (Alaska) ; sept autres seront disséminées sur des navires elles trois autres sur des points, non encore déterminés, de la côte de l’Amérique du Nord. ‘
- Les brevets anglais. — La nouvelle législation anglaise relative aux brevets d’invention, votée l’an dernier par le Parlement, vient d’entrer définitivement en vigueur. Elle présente une telle importance pour les inventeurs de tous pays que nous croyons devoir en signaler les dispositions essentielles. Il ne suffira plus désormais d’avoir obtenu en Angleterre la reconnaissance d’un brevet pour que ce brevet soit valable et couvre les droits de son propriétaire. Il faut en outre qu’il soit mis effectivement en valeur, dans le Royaume-Uni, dans le délai maximum de 4 ans, après sa déclaration de validité. Pour tous les brevets existants, les inventeurs qui ne se sont pas mis en mesure de les exploiter sur le territoire britannique, directement ou par concession de licences, sont définitivement déchus de leurs droits. Celte loi a été édictée dans le but de sauvegarder l'Angleterre du flot, chaque jour croissant, de l’importation industrielle allemande et américaine et d’assurer à la main-d'œuvre anglaise un travail qui commençait à lui faire défaut.
- La coalite. — Nous avons déjà parlé de cette question (n° 1822). D’après M. Parr, dans Y Engineering and Mining Journal (résumé par la Revue de métallurgie), cette substance a été l’objet d’expériences faites par l’Université de l’Illinois sur des charbons de la vallée du Mississipi et ayant pour but de déterminer la transformation opérée dans le charbon finement pulvérisé, porté à une température de 260°. A cette température, le thermomètre placé dans la poussière de charbon dénote, en effet, une élévation de température subite qui se maintient quelques minutes et qui accuse un changement d’état. Il y a alors : perte de matières volatiles, 19 poux 100; gain de carbone, 18,5zJ pour 100. En renouvelant l’expérience, non plus dans un milieu oxydant, mais dans de l’azote, la perte de matières volatiles a été de 10 pour 100 à 2Ôo°, montant à 28 pour 100 à 35o°. Le pouvoir caloi’ifique du charbon a passé, par la transformation en coalite, de 5,87 à 5,76 dans le premier cas (25o°) et 4,79 dans le second (35o°). La combustion de la coalite avec une absence de fumée presque complète, qui fait son principal intérêt, doit résulter de l’accrois-
- p.2x113 - vue 545/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- semenl de la proportion de carbone. La perte de poids du charbon pendant le traitement provient du départ des matières volatiles plus que des matières combustibles. La finesse des grains joue un rôle très important.
- Les métaux précieux dans l’eau de mer. — Nous avons déjà, à diverses reprises, parlé de cette question intéressante. Des analyses de M. Luther Wagoner, publiées dans les 2Vans, of the Amer. Institute of Min. engineers (1907), ont donné, sur des prises d’essai faites dans les fonds de l’Atlantique, des quantités appréciables d’or et d’argent, toujours plus fortes aux grandes profondeurs que sur les côtes : jusqu'à 267 mil. d’or et iq63 mil. d’argent à l’Est du banc Georges; ailleurs i45 mil. d’or et 1014 d’argent dans la baie de Delaware, ou 135 d’or et 377 d’argent au Sud-Est du banc Georges. La teneur varie dans la proportion de x à 3o.
- Nouveaux districts cuprifères. — La forte hausse que la spéculation américaine réussit actuellement à réaliser pour le cuivre et les valeurs cuprifèi'es donne de l’intérêt à l’accroissement considérable de production qui va bientôt se produire pour ce métal. Les anciens grands producteurs, qui avaient fortement réduit leur extraction à la suite de la crise américaine, recommencent, en effet, à travailler à plein, après avoir, semble-t-il, écoulé leurs stocks à la spéculation. Et, d’auù'e part, de tous côtés, commencent ou vont commencer à produire des districts nouveaux qui s’étaient éqxiipés au moment de la dernière hausse. On cite la fonderie de Washoe (Voy. n° 1833, l’article : Progrès de la Métallurgie du Cuivre) comme battant actuellement tous les records dans la production du cuivre à raison de 10000 tonnes de cuivre par mois. Les mines prétendent, pour la plupart, avoir obtenu une réduction très sensible dans leurs frais qui sont de 8 cents par livre anglaise (0,90 fr. par kg) à la Calumet and Hekla (Lac Supérieur), de 9 1/2 à l’Anaconda (Montana). Parmi les grands districts nou-veaux on cite celui de Bingham dans l’Utah qui, prétendon, pourrait donner 40000 tonnes au prix de 0,75 fr. à 0,80 par kg et, dans le Nevada, les quatre mines du district d’Ely (Eurêka, Ruth, Cumberland-Ely et Giroux) dont on attend 3oooo tonnes de cuivre par an en 1909. Dans les mines Ruth et Eurêka, on aurait reconnu plus de 10 millions de tonnes à tenexir de 2,2 à 2,6 pour 100 de cuivre, pouvant donner 10 pour 100 de concentrés à 17,5 pour 100 à Eurêka. On y prévoit 3o à 32 fr. pour le traitement d’une tonne de concentrés avec un rendement de 95 pour 100 de cuivre. Le minerai de ces mines contient 2,20 fr. de métaux précieux par tonne, dont on espère extraire 1 franc.
- Premier Congrès international de sauvetage. — Un
- Congrès international de sauvetage vient d’avoir lieu à Francfort-sur-le-Mein. On peut citer, parmi les groupes de questions étudiées : sauvetage dans les villes, dans les campagnes, dans les transports terrestres, dans les transports maritimes, côtiers et fluviaux, dans les sports, dans l’industrie minière, dans les incendies, dans la montagne, etc. Le prochain congrès se réunira à Yienne en 1913.
- Les études glaciaires dans les Alpes françaises au Congrès international de géographie de Genève.
- — Les glaciers sont, en été, la principale source d’alimentation des cours d’eau des Alpes; aussi bien le programme de la Mission d’Etudes des grandes forces hydrauliques des Alpes, organisée par la Direction de l’Hydraulique et des Améliorations agricoles, comprend-il la mise en observation de ces appareils. En raison de l’abondance des écoulements liquides auxquels ils donnent naissance, il importe de traiter les glaciers comme des réservoirs d’eau, c’est-à-dire d’étudier leur capacité et leurs variations de volume. A cet effet,, une brigade composée de jeunes membres de l’Université de Grenoble, MM. Georges Flusin, maître de conférences et Charles Jacob, préparateur, assistés d’un conducteur des Ponts et Chaussées, a exécxité le lever au 10000e de plusieurs des principaux glaciers du Dauphiné : glaciers Noir et Blanc (1904) ; glaciers des Grandes Rousses (1905-1906); glaciers du Mont-de-Lans et de la Girose (1906-1907). La campagne de igoSportei’a sur le glacier de la Selle ; en même temps des reconnaissances préli-minaires seront opérées, en vue de pouvoir commencer en 1909 des sondages glaciaires qui permettront de connaître approximativement le volume de glace et par
- suite d’eau contenue dans ces réservoirs naturels. La reproduction réduite de la carte des glaciers Blanc et Noir qui a été publiée ici même a permis à nos lecteurs de juger de l’intérêt des travaux de MM. Flusin et Jacob. Tout récemment, l’œuvre poursuivie dans les Alpes sous le patronage de la direction de l’Hydraulique agricole vient de recevoir un précieux témoignage d’estime. A la suite d’une communication faite par M. Charles Jacob sur les recherches de la brigade glaciaire dauphinoise au Congrès international de Géographie réuni ces jours derniers à Genève, le professeur Forel, l’éminent glaciériste suisse, et le professeur Brückner, de l’Université de Yienne, qui font autorité en pareille matière, ont loué hautement les travaux exécutés en Dauphiné et signalé, en exemple aux autres pays, l’œuvre accomplie sur les glaciers français, grâce à l’initiative éclairée de M. Dabat, directeur de l’Hydraulique et des Améliorations agricoles.
- Production houillère future des Etats-Unis, r- La
- production des charbons dans le monde a dû atteindre, en 1907, approximativement io5o millions de tonnes métriques. La Fédération des Etats-Unis d’Amérique con-tribxie à cette masse pour bien près de 40 pour 100, avec une [production de 42^ millions de tonnes métriques. M. Henry S. Fleming, secrétaire de la Bituminous Coal Trade Association des Etats-Unis, s’est demandé à combien pourrait monter la production houillère des Etats-Unis, en 1950, si la progression persiste au même taux. Il arrive à un chiffre colossal, représentant une fois et demie la production mondiale de 1907, soit à environ x5oo millions de tonnes. Dès 1915, la pi'oduction excéderait 56o millions de tonnes. Bien des causes peuvent exercer leur influence sur le taux de la progression et les chiffres ci-dessus sont purement hypothétiques. Depuis que les événements ont contredit les évaluations de Yévons, sur la production houillère future du Royaume-Uni, on se montre, non sans raison, très, circonspect en ces matières. Ces chiffres n’en indiquent pas moins une tendance extrêmement intéressante à ne pas perdre de vue. Si ces perspectives se réalisaient, il faudrait en 1915, aux Etats-Unis, environ 1 400000 mineurs, au lieu des 626000 qui leur suffisaient en 1905, tandis que les 44° 000 wagons opérant le transport du charbon en 1905, devraient être plus que doublés.
- Hécatombe d’éléphants. — Il serait temps que les autorités coloniales africaines prissent des mesures sérieuses pour empêcher le massacre systématique des quelques bandes d’éléphants qui errent encore en liberté dans la brousse du Continent Noir. Si l’on n’y met bon ordre, on sera tout surpris d’apprendre, d’une année à l’autre, que l’éléphant africain n’existe plus. Il y a 25 ans, les chasseurs du Far-West croyaient à l’existence d’innombrables troupeaux de bisons, alors que l’espèce était à la veille de disparaître. Le pachyderme africain aura-t-il le même sort? On peut le craindre en lisant le Bulawayo Chrohicle, quand il publie le récit d’une partie de chasse organisée en Rhodésie par une dizaine de sportsmen boers. En moins de huit jours, ils abattirent 81 éléphants et en capturèrent vivants 7 autres, dans une région marécageuse située à 75 km de Salis-bury. Dans ce colossal carnet figuraient 53 mâles, dont les défenses produisirent environ une tonne d’ivoire. A lui seul, le chef de l’expédition, M. Yiljoen, de Zeerust, mit à mort une cinquantaine d’éléphants, dont vingt en l’espace d’une heure. Quand le récit ajoute qu’il faillit être tué par une de ses victimes, qui le désarçonna et écrasa sa monture, on se surprend à regretter que la patte vengeresse ait frappé le cheval, non le cavalier. Malheureusement, les chasseurs ont rapporté la nouvelle que des bandes nombreuses s’étaient formées dans cette région de la Rhodésie, qui, fatalement, va devenir le rendez-vous des massacreurs de grands fauves.
- Les scarabées apocryphes de Néchao. — Décidément on ne saurait trop exagérer le scepticisme pour les découvertes sensationnelles, dans les sciences ouvertes à tous comme l’archéologie et la préhistoire, où les faussaires, les mauvais plaisants et les brouillons ont trop beau jeu. On se souvient des scai'abées de Néchao, présentés dernièrement à l’Académie des Inscriptions et qui démontraient le fameux périple de l’Afrique par les Egyptiens au temps de Néchao. Leur fausseté absolue vient d’être prouvée.
- p.2x114 - vue 546/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- ><
- Mécanique
- La silbétype Çhambonnaud. — Cette machine est destinée à remplacer la sténographie, qui présente comme principal inconvénient de n’être lisible que pour la personne qui l’écrit. Lorsqu’un sténographe préposé à la réception des dernières nouvelles, dans l’administration d’un journal par exemple, a le téléphone à l’oreille et griffonne en sténographie ce que lui dicte son correspondant, il faut ensuite qu’il se relise lui-même et traduise en clair, pour le typographe, les signes que lui seul sait comprendre. Il y a là une perte de temps considérable; s il pouvait passer ses feuillets directement au typographe, ou à une personne quelconque qui les traduirait en clair, le discours, ou les nouvelles, arri-
- La silbétype.
- vaut à la dernière heure pourraient être imprimés presque en même temps que reçus. Il y a déjà des machines à sténographier qui impriment des signes très nets qui peuvent être lus par toute personne initiée à la sténographie, mais M. Çhambonnaud s’est donné pour but de supprimer les signes sténographiques et d’employer une écriture abrégée, en caractères ordinaires, qui peuvent être lus par tout le monde. Pour arriver à ce résultat il emploie l’écriture phonétique.
- Par des analyses très longues, sur un très grand nombre de mots de diverses langues européennes, l’inventeur a été amené à distinguer 6 à 8 groupes d’éléments phonétiques que, pratiquement, il a pu ramener à 4- Le nombre total des éléments dont on peut avoir besoin pour former la grande majoi'ité des syllabes phonétiques fréquentes a été ramené lui-même à 3a, soit 8 dans chaque groupe. L’ordre des groupes a été réparti judicieusement de telle sorte que ceux qui se ressemblent soient voisins l’un de l’autre ; par exemple : chou voisin de jou, et co voisin de go. De cette façon, s’il y a erreur elle n’est pas grave et on lira tout de même auchourd’hui pour aujourd'hui et gomis pour commis. La machine a été ensuite combinée pour que les doigts les plus agiles soient ceux qui travaillent le plus souvent. La forme des touches elles-mêmes a été l’objet d’une étude toute spéciale ; la machine en comporte 16, dont 8 noires et 8 blanches, plus 4 touches complémentaires qui déterminent le groupement des autres. L abaissement des touches actionne des leviers, au bout desquels sont des caractères typographiques ordinaires qui viennent s’imprimer sur une bande de papier sans fin, d’environ un centimètre de large, cette bande avance automatiquement, sans mouvement d’horlogerie, par suite de l’abaissement même des touches.
- L’apprentissage du clavier se fait en quelques jours,, son maniement demande plus longtemps et ce n’est que par la pratique qu’on arrive à écrire aussi vile que la parole. L’écriture phonétique est celle des enfants qui n’ont pas encore appris l’orthographe, exemple : le kri tur sin pli fye e tun ok si lyer in dis pan sa hl pour lo m du fer (l'écriture simplifiée est un auxiliaire indispensable pour l’homme d'affaires).
- Elle supprime par conséquent un très grand nombre de lettres et on comprend que, quand on est bien fami-
- liarisé avec le clavier et qu’on travaille avec les deux mains, on puisse arriver à une grande rapidité, si l’appareil a été bien combiné pour cet office. C’est le cas de la silbétype de M. Çhambonnaud que nous avons vue fonctionner dernièrement; une dictée faite à la vitesse de la conversation ordinaire a été reproduite aussitôt sur la bande de la machine et la lecture en était très compréhensible. -— Pour tous renseignements écrire à M. Çhambonnaud, 45, avenue de la République, Paris.
- Horlogerie
- Un nouvel échappement en horlogerie : l’échappement à hélice. — On sait que l’échappement type des montres et des pièces d’horlogerie soumises à des trépidations, à des oscillations, à des changements de position, et partant non susceptibles d’utiliser le pendule comme agent de régularisation, est l’échappement à ancre.
- Il suffit d’ouvrir une montre, même de qualité très ordinaire, pour voir un échappement à ancre. Les pen-
- Echappement à hélice. — I. Vue de face; 2. Vue de côté; 3. La roue d'échappement vue de face et de champ ; 4. La fourchette vue de face et de côté; 5. Les rampes hélicoïdales.
- 5
- dules de bateaux, de salles de machines en sont également munies.
- L’ancre est l’agent de liaison entre le balancier circulaire réglé par le spiral et la roue d’échappement, dernier mobile du mouvement.
- Au congrès de chronométrie, M. Rodanet a donné une
- p.2x115 - vue 547/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- indication très précise du rôle et du fonctionnement de cet échappement, dont l’invention est due à 1 anglais Mudge, et qui donne aujourd’hui des résultats de précision extraordinaire dans les chronomètres de poche.
- Ce qui caractérise actuellement les trois pièces de l’échappement à ancre, c’est que les axes de ces trois pièces sont parallèles, étant plantés perpendiculairement dans les platines ou ponts.
- Chaque fois que, par le jeu du système, une dent de la roue d’échappement se trouve dégagée de son repos, cette roue avance sous l’impulsion du ressort moteur. Dans son mouvement, une de ses dents agit par son plan incliné sur le plan incliné d’une des branches de la fourchette de l’ancre et cette fourchette, par son autre extrémité, donne l’impulsion au balancier circulaire en frappant un petit doigt de rubis solidaire de ce balancier.
- MM. Martinet Roux, de Montbéliard, ont eu l’idée de disposer la fourchette ou ancre d’une façon différente. L’axe de cette ancre au lieu d’être parallèle aux axes du balancier et de la roue est planté perpendiculairement au plan formé par ces deux derniers.
- Il résulte de cette disposition nouvelle une très grande simplification dans la construction et une grande robustesse de l’ensemble.
- Le défaut de l’échappement à ancre est d être délicat.
- Notice dessin montre que, au contraire, l’échappement de MM. Martin et Roux est solide et sans complication, partant très sûr.
- La roue d’échappement est en A. Elle reçoit le mouvement du ressoi't moteur par un pignon ordinaire.
- Au lieu d’avoir des dents taillées en tête et dans le prolongement de son plan, elle les a taillées de champ, alternant en dessus et en dessous, et de lorme trapézoïdale.
- L’ancre se compose simplement d’une petite fourche B, terminée d’un côté par un petit bouton X et dont les deux branches viennent se reposer alternativement sur les dents supérieures et les dents inférieures de la roue
- A. L’oscillation de cette ancre ou fourchette se fait donc dans un plan perpendiculaire à celui de la roue A.
- Quant à l’impulsion au balancier circulaire D, elle s’obtient par l’intermédiaire des deux rampes hélicoïdales C disposées sur le pourtour du renflement de la tige de D.
- Le bouton X est animé d’un mouvement oscillatoire de haut en bas et de bas en haut, mouvement qui lui est communiqué par le déplacement des branches de l’ancre
- B, sous la pression des inclinés des dents supérieures et inférieures de la roue d’échappement A.
- Dans ce mouvement d’oscillations, X agit tantôt sur une, tantôt sur l’autre des rampes hélicoïdales C et donne par suite l’impulsion au balancier circulaire D.
- Le résultat du fonctionnement est identiquement celui de l’échappement ordinaire à ancre. Seulement, dans celui-ci, le bouton d’impulsion du balancier se trouve sur l’axe de ce balancier tandis que dans l’échappement à hélice il se trouve sur l’ancre elle-même.
- Il n’y a dans cet ensemble aucune pièce délicate comme dans l’échapjjement à ancre. Et on n’a besoin d’aucune précaution pour empêcher des accidents comme le renversement qui, malgré tout, se produit quelquefois dans l’échappement à ancre et arrête la montre instantanément.
- J’ai eu l’occasion de voir fonctionner récemment cet échappement pendant plusieurs semaines sur des pendules marines dites de chambres de chauffe, pour lesquelles l’administration accorde une tolérance de marche assez forte. Le réglage de ces pièces a été amélioré dans de très fortes proportions par la seule substitution du nouvel échappement à l’ancien.
- Dans ces pièces, comme dans les horloges en forme de tambour qui ont des ressorts très forts, les échappements ordinaires se comportent ordinairement assez mal. L’emploi dans ces pièces de l’échappement à hélice semble tout indiqué.
- On pourrait, au premier abord, croire que le déplacement de la fourchette ou ancre de son repos sur les petits côtés des trapèzes constitués par les dents de la roue d’échappement est beaucoup plus dur que dans l’échappement à ancre ordinaire, le frottement paraissant plus considérable. .Mais un examen attentif montre qu’il doit y avoir en réalité très peu de différence de frottement dans l’un et l'autre cas.
- Il semble dans ces conditions que l'échappement à
- hélice soit appelé à rendre de bons services aussi bien dans la montre que dans la pendule.
- De sa conduite dans les pièces de chambre de chauffe, on peut augurer qu’il remplacerait avantageusement 1 é-chappement à ancre au moins dans toutes les montres ordinaires. Et Dieu sait si l’on en produit au cours d’une année !
- Divers
- La canne porte-crayon. — Ce n’est pas tout à fait une nouveauté, mais, bien que plusieurs personnes connaissent et emploient la canne porte-crayon depuis longtemps, nous croyons pouvoir la signaler ici, le nombre de ceux qui l’ignorent étant encore beaucoup plus considérable. C’est une canne toute ordinaire, aussi
- i
- Canne-crayon. — 2. Canne-crayon, le crayon étant enlevé.
- élégante, aussi modeste qu’on veut et dont la poignée est percée d’un tube en longueur qui permet d’y tenir en permanence le crayon. Dans le type que nous avons entre les mains et qui se vend pour 40 fi’, chez lvirby, Beard, 5, rue Auber, Paris, la canne est en rotin, et la monture du porte-crayon en argent. Cette monture est arrangée de façon à ce que le frottement légèrement dur maintienne le crayon serré et qu’on ne puisse pas le perdre.
- Porte-crayon automatique. —- Ce nouveau système de pox'te-crayon est fort ingénieux. Il se présente sous l’aspect d’un cylindre de cuivre argenté terminé à une extrémité, comme le montre notre figure, par une partie mobile. En tenant l’objet de façon à ce que cette partie mobile soit située en haut, et en appuyant légèrement dessus, le crayon sort de lui-même du tube à la partie inférieure; si, au contraire, le crayon est sorti et qu’on
- Fig. 2.
- veuille le rentrer, on l'enverse le porte-crayon, de façon à mettre la parti mobile en bas et on appuie sur celle-ci. La coupe de notre figure 1 fait comprendre facilement le mécanisme de cette rentrée et de cette sortie où l’action d’un ressort se combine avec celle de la pesanteur. La pièce qui porte directement le crayon est en effet munie d’une légère saillie qui glisse dans une fente pratiquée dans le tube intérieur au porte-crayon lui-même et qui, à chacune des extrémités de sa course, se cale dans une encoche spéciale de cette fente. C’est la pression exercée sur la partie mobile qui, par l’intermédiaire d’un ressort, agit sur le tube porteur de la fente et décale le crayon, le laisse libre de glisser pour sortir ou pour rentrer suivant la position initiale. — On trouve ce porte-crayon chez Kirby, Beard and C°, 5, rue Auber, Paris.
- p.2x116 - vue 548/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- L’éclairage des grands espaces. — La lutte du pétrole, du gaz, de l’acétylène et de l’électricité. —
- Le développement de l’éclairage électrique par lampes à arc a eu une répercussion assez remarquable sur les autres systèmes d éclairage intensif. Le bec Auer et les autres types à manchon incandescent sont nés de la rivalité entre le gaz et l’électricité. Mais, le bec Auer lui-même a suscité une concurrence imprévue de la part de l’alcool et de l’huile minérale. L’éclairage à incandescence par le pétrole a pris une extension extraordinaire en Suède, en Russie, et, d’une façon générale, dans tous les pays producteurs d’huile. En sorte que, dès maintenant, la lutte est redevenue indécise, au moins en ce qui touche à l’éclairage des espaces libres et des usines. On établit aujourd’hui couramment des lampes à pétrole de 800 à 15oo bougies, c’est-à-dire comparables aux plus puissants arcs électriques. Si l’électricité demeure sans rivale, par la commodité qu elle procure à domicile, son installation (et il en est exactement de même pour le gaz) exige une usine et un personnel. Sur ce terrain, le pétrole l’emporte aisément. Il suffit, pour alimenter les plus grosses lampes, de posséder un réservoir à air ou à acide carbonique comprimé, dont la détente envoie le liquide sous pression jusqu’à l’orifice où il s’enflamme. La capacité du réservoir et la quantité de pétrole employée limitent seules la durée de l’éclairage, lequel s’éteint donc automatiquement. Quant à l’air comprimé, une pompe à bicyclette suffit à le produire. On voit combien tout cela est simple, comparé à une dynamo, à un moteur et à tout l’appareillage électrique.
- A titre d’exemple, on peut citer le phare de Ras-el-Tin, près d’Alexandrie, qui possède une lampe de ce type. Il en existe d’ailleurs une foule d’autres dans le même cas, en Suède, en Norvège, en Danemark, en Amérique, au Chili, etc. Des villes, comme iaschkent, des compagnies de chemins de fer, dans tous les pays, ont adopté l’éclairage au pétrole.
- Les manchons qui conviennent, absolument analogues aux manchons Auer, sont naturellement plus forts et plus gros. Leur durée est égale à celle des autres manchons à gaz. Quant au prix de revient, avec le pétrole à or,,3o le litre (prix courant en province et prix maximum à l’étranger), il s’élève à ofr,io environ par heure pour 800 bougies. Cette intensité est celle des globes électriques des grands boulevards à Paris. Le même éclai-i*age reviendrait à ofr,224 avec le gaz à orr,20, à ofr,32 avec le courant électrique à ofr,5o le kilowatt-heure. Il y a de quoi donner à réfléchir aux petites municipalités, soucieuses d’éclairer leurs rues à peu de frais et qui ne disposent ni du gaz, ni d’une chute d’eau. Combien y en a-t-il en France, à qui le problème précédent s’est posé sans réponse ou qui ont fait de coûteuses expériences avec l’acétylène, par exemple?
- L’éclairage à l’acétylène, qui offre un intérêt indéniable, en raison du pouvoir éclairant de la flamme, n’est cependant guère à conseiller. Il a des dangers qu’on n’a pas fait disparaître absolument, l’odeur du gaz et celle des résidus laissés par le carbure sont désagréables; enfin, l’encrassement des conduites, celui des becs et leur fragilité, la surveillance des générateurs et la malpropreté des diverses opéi'ations de charge, de curage et d’entretien, tout cela forme un ensemble qui vient malheureusement diminuer, dans une forte proportion, l’intérêt qu’on a été, à l’origine, tenté d’accorder au gaz nouveau.
- Il résulte, de cette rapide discussion, que les inventions nouvelles n’arrivent pas aisément à s’implanter sur le terrain déjà conquis par d’autres. Les premières venues manifestent une vitalité subite, à l’apparition de rivales imprévues, et, en fin de compte, tout le monde profite du pi’Ogrès réalisé en un seul point du vaste domaine de la science. C’est là une solidarité spéciale qui porte un autre nom : la concurrence. E. Takis.
- L’olive de mer. — Les études récentes de la flore sous-marine, poursuivies par diverses sociétés scientifiques, ont appelé l’attention des botanistes sur certaines espèces de plantes rares ou peu connues.
- L’intérêt que présentent ces études réside surtout
- dans rulilisation possible de la plante elle-même ou de son fruit, lorsque la récolte en est facilitée par la marée qui fait échouer ces végétaux sur le îùvage.
- De temps à autre, à la suite d’une forte tempête, la Méditerranée rejette, sur les côtes algériennes et tunisiennes, un fruit très curieux, l’olive de mer, que l’on trouve aussi, parfois, sur les côtes provençales, où elle est désignée sous le nom d’aoitba de mar. Ce fruit est produit par une plante peu commune, la posidonie (Po-sidonia caulinii), qui appartient à la famille botanique des zostéracées. La posidonie est une des trois seules espèces qui existent de la flore phanérogamique, en Europe. C’est une plante vivace, à feuilles rubanées, mesurant un centimètre de large sur près d’un mètre de long. Ce qui fait considérer cette plante comme peu commune, c’est bien moins sa présence même parmi les espèces qui composent la flore sous-marine que la difficulté de se procurer ses fruits ; car en réalité, elle abonde sur les fonds méditerranéens, où elle constitue, entre deux et cinq mètres de profondeur, de superbes prairies sous-marines. Lorsque la mer est calme, l’échouage de cette plante ne se produit pas ou bien plus rarement; mais parfois, la tempête en arrache les feuilles et elle forme, sur le rivage, des amas connus sous le nom de paille de mer, dont on se sert comme litière pour le bétail, ou pour garnir les paniers d’emballage ou bien encore comme engrais.
- La posidonie, comme les fucus, varechs et autres plantes marines, est riche en sels alcalins, et elle fournit alors des composts qui, après fermentation et mélange avec d’autres matières putrescibles, apportant de l'azote et de l’acide phosphorique, constituent un bon engrais pour la fumure des teri'es, engrais qui a, en outre, la propriété d’entretenir dans celles-ci une certaine fraîcheur, et de donner du corps aux sols légers, en y favorisant, par la décomposition des matières végétales, la formation de l’humus.
- La particularité remarquable chez la posidonie réside dans la rareté des fleurs et des fruits, que l’on appelle olives de mer; la posidonie ne fleurit pas régulièrement chaque année. Mais, par les années de fructification, quand le flot rejette sur le rivage un grand nombre de fruits, on voit les populations voisines de la côte méditerranéenne les recueillir avec soin, car ils constituent un aliment très apprécié. La pulpe ne contient pas de matière grasse ; le fruit de la posidonie n’a d’analogie avec l’olive d’olivier que par la forme. Par contre, l’amande farineuse dont il est composé est formée entièrement d’amidon, ressemblant beaucoup à l’amidon de maïs, et que les Arabes savent fort bien utiliser. Ils en extraient une farine grisâtre, dont ils font des sortes de gâteaux et du jjain.
- L’amande de l’olive de mer ne renferme aucun principe nuisible. Les animaux qui la consomment engraissent rapidement. Dans la région de Monaslir, les indigènes font servir à cet usage les olives de mer, et ils en obtiennent d’excellents résultats.
- La valeur alimentaire de la farine fournie par l’amande de l’olive de mer n’a pas encore été détei'minée par l’analyse, mais cette farine soumise à un blutage, comme les farines de céréales, acquerrait sans doute plus de qualité et permettrait de l’utiliser dans l’alimentation de l’homme, en la faisant accepter tout comme le pain de blé et de seigle.
- Toutefois, M. Marcille, chimiste principal au Laboratoire de Tunis, qui a analysé le fruit, a trouvé dans l’amande, pour 100 parties de matière sèche : 0,60 pour 100 de matières grasses, 0,64 pour 100 de matières azotées, 8g,56 pour 100 de matières non azotées et 2,70 pour 100 de cellulose.
- La posidonie, bien qu’étant connue comme une des trois seules espèces de phanérogames existant en Europe, n’avait pas encore été signalée dans les ouvrages didactiques, au point de vue des particularités assez curieuses qu’offre son fruit. Eu égard au parti que l’on peut tirer de ce fruit, la plante qui le produit n’est pas la moins intéressante parmi celles qui constituent la flore sous-marine. Henri Blln.
- p.2x117 - vue 549/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- La cure d’air en bateau-mouche. — Je montrais, il y a quelques jours, les avantages comparés de la mer et de la montagne pour rétablir la santé des valétudinaires, pour réparer les forces des surmenés de tous genres. Mais la montagne et la mer ne sont pas aux portes de Paris ; il faut, pour les atteindre et pour y séjourner, des loisirs, de l’indépendance et surtout la bourse garnie. Je sais bien qu’avec les billets circulaires, les pensions à prix peu élevé, nombre de ménages qui ont à compter peuvent encore s’assurer le plaisir de passer quelques jours ou quelques semaines dans les Alpes, le Jura, l’Auvergne ou sur une de nos côtes normandes ou bretonnes.
- Mais ce ne sont pas seulement les gens riches ou de fortune modeste qui sont atteints par l’anémie, par la fatigue et qui ont besoin d’un air pur pour se refaire. Combien plus nombreux se trouvent, dans la classe ouvrière, chez les petits commerçants, chez le modeste bourgeois, les sujets à qui la cure d’air serait nécessaire. On conduit l’enfant malingre et chétif dans le square le plus proche; le dimanche on le mène dans les grands parcs de Paris, si rares eu égard au chiffre de la population, et c’est tout. A coup sûr, les quelques heures passées hors du logis, au grand air, sont déjà un changement utile pour ces poumons assoiffés d’oxygène. Mais c’est bien peu, et puis dans ces jardins, dans ces squares, que de poussière, quelle cohue, quelle agglomération ; on y a tout juste -un peu plus d’air que dans la chambre étroite et mal éclairée de bien des appartements.
- Notre confrère Albert Deschamps a pensé que, pour ces déshérités de la fortune, il y avait quelque chose à faire, et qu’on pouvait leur assurer une cure d’air, plus salubre et plus efficace que la promenade quotidienne dans un jardin de la capitale. Les grandes villes construites sur les bords d’un fleuve, Paris et Lyon, par exemple, ont, dit-il, à leur portée un procédé de cure d’air extrêmement commode et très économique, le bateau-mouche. Le bateau-mouche (le nom est d’origine lyonnaise) n’a pas, qne je sache, beaucoup servi comme
- moyen de thérapeutique. C’est, à Paris comme à Lyon et comme ailleurs, un moyen de locomotion et de promenade fort agréable. Un de mes amis, financier fort occupé du matin au soir, n’hésite pas dans les soirs d’été à prendre le bateau pour aller passer la nuit dans sa propriété de Saint-Cloud. Le voyage est long, mais c’est pour lui un moment de repos complet; il respire un air pur, se délasse de ses occupations et arrive, me disait-il, à une heure tardive, mais avec un bon appétit et la sûreté de passer une nuit calme et tranquille. Il trouve une différence bien marquée quand, par suite de mauvais temps ou de retard dans l’heure du départ, il prend le chemin de fer.
- Le séjour sur un bateau fournit tous les éléments de la vie en plein air; on y respire à l’aise un air pur sans poussière, on peut se livrer à un exercice de déambulation si le bateau n’est pas tçop encombré par les voyageurs, bref, on réalise une cure d’air agréable. En se plaçant à l’avant du bateau, la ventilation plus grande oblige à multiplier les inspirations, à les faire plus amples et plüs larges; on développe ainsi, par un mécanisme réflexe et qui se produit d’une façon instinctive, la cage thoracique et on fait pénétrer dans toutes les alvéoles des poumons un air plus pur et plus salubre que celui des rues, des ruelles et des courettes.
- Le procédé est économique : pour dix centimes, vous traversez tout Paris, pour quelques sous vous descendez jusqu’à Saint-Cloud. On peut donc, en allant et venant, ou en faisant un certain nombre de voyages successifs, séjourner pendant un certain nombre d’heures au grand air et faire de l’aérothérapie vraie. Certainement, trois, quatre heures de bateau-mouche ne vaudront pas pour un anémique, un nerveux, un convalescent, le même nombre d’heures passées au bord de la mer, en pleine forêt ou à 600 m. d’altitude. Mais c’est mieux cpie rien, et la cure d’air par les bateaux-mouches mérite d’être encouragée par les praticiens, d’être pratiquée par les citadins qui ne peuvent se déplacer et de venir en petite place, pour les enfants et les écoliers, à côté des colonies de vacances D1' A. C.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- ><
- Contre l’épaississement de l’encre. — Le plus souvent, l’épaississement anormal des encres à écrire contenues dans un encrier, tient à la formation de végétations dans l’encre ; et, pour prévenir cet inconvénient, il suffit de verser quelques gouttes d’acide phénique dans le liquide; le thymol réussit beaucoup moins bien. Pour verser l’acidé phénique pur, on doit le liquéfier en mettant la bouteille qui le contient dans de l’eau chaude.
- Pour détruire les poux des plantes. — Pulvériser la plante à plusieurs reprises avec un liquide fait de : 1 litre de nicotine riche, 1 à 2 kg de savon noir, 1 kg de carbonate de soude, 1 litre d’alcool à brûler, et 100 litres d’eau. Il faut faire dissoudre le savon dans l’alcool, et lasoude dans l’eau.
- Pour reconnaître si du caoutchouc est bien vulcanisé. — On se contente de mettre en contact deux surfaces faites du caoutchouc à essayer : il ne doit point y avoir adhérence. D’autre part, si l’on fait un trou dans le caoutchouc, au moyen d’une pointe de crayon par exemple, le trou doit se refermer tout de suite; enfin on prend une languette de caoutchouc qu’on étire presque jusqu’au point où elle va se rompre, et quand on 1 abandonne à elle-même, elle doit retourner à son état primitif à peu près instantanément.
- Serviettes magiques. — Tout le monde connaît les serviettes magiques qui, par un frottement suffisamment énergique, donnent un brillant excellent au métal. Pour les préparer, on prend une étoffe de pure laine, qu’on trempe jusqu’à saturation dans un bain fait de 4 gr. de savon de Marseille dissous dans 20 gr. d’eau, et additionné de 2 gr. de tripoli en poudre. On laisse ensuite
- sécher l’étoffe. Au bout d’un certain temps d’usage, il faut renouveler le bain, comme de juste.
- La destruction des cafards. — Un des meilleurs moyens pour détruire les blattes ou cafards est de leur tendre des pièges que l’on organise en exploitant leur passion pour la bière. On en imbibe des torchons que l’on dispose dans les endroits fréquentés par ces parasites, ils se réunissent sur les torchons par centaines et on les écrase. On peut aussi introduire, dans les fissures par où ils passent, de la pommade sulfureuse à 8 pour 100; cette substance les fait disparaître de la maison.
- Colle pour le montage des photographies. — On
- mélange graduellement 45° grammes de la meilleure dextrine avec de l’eau froide, jusqu’à obtenir une pâle épaisse : il est essentiel que la dextrine soit de toute première qualité. Il est également essentiel que l’eau ne soit versée que peu à peu si l’on veut éviter la formation de grumeaux; du reste, on doit opérér d’abord sur un peu de dextrine, que l’on délaiera bien, avant d’ajouter d’autre dextrine, puis un peu d’eau,' et ainsi de suite. Quand la pâte est bien homogène, on la dilue avec une préparation faite de 3oo gr. d’eau additionnés de 4 à 5 gr. d’huile de wintergreen. On fait alors bouillir le tout. La mixture prend l’apparence d’une gomme claire et on la verse dans un pot où on la laissera avant emploi, et couverte, durant 24 heures.
- Nettoyage des éponges. — Rien ne s’encrasse aussi facilement qu’une éponge. Pour la nettoyer, la laisser s’imprégner de vinaigre pendant plusieurs heures. Rincer- ensuite plusieurs fois à grande eau, en la changeant chaque fois. Employer de préférence l’eau bouillie.
- p.2x118 - vue 550/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- La conservation des fruits dans la saumure. —
- D’après un rapport du consul britannique à Naples, cité par le Gardeners’ Chronicle, 1 Italie exporterait actuellement une grande quantité de cerises conservées de la façon suivante. On les soumet d’abord à des vapeurs d’acide sulfureux, puis on les emballe dans des tonneaux avec une saumure très concentrée. Ces fruits sont exportés principalement aux Etats-Unis, où ils font concurrence aux fruits locaux, n’étant Soumis à aucun droit d’entrée. On les trie à l’arrivée; la première qualité est employée à aromatiser diverses liqueurs fabriquées en Amérique ; la deuxième qualité sert à faire des conserves à l’eau-de-vie, et le reste est employé à différents usages en confiserie. Le commerce de ces fruits a pris un développement considérable depuis quelques années; il représentait une somme de 69 5oo francs en 1904; en 1907, le chiffre s’est élevé à y53 000 francs.
- Pour déceler la margarine. — On prend quelque 60 grammes de lait bien frais qu’on place dans une bouteille à large goulot, et I on plonge celle-ci dans un récipient d’eau bouillante. Quand le lait est bien chaud, on y ajoute une petite cuillerée de beurre et l’on remue avec un bout de bois jusqu’à ce que la matière grasse, donnée comme du beurre, soit bien fondue. Alors on retire la bouteille de l’eau chaude, pour la placer au contraire dans de l’eau glacée. Mais on continue de remuer jusqu’à ce que la prise de la matière graisseuse se fasse. Si la solidification se produit sous forme granuleuse, par petites particules graisseuses distribuées dans toute la masse du lait, c’est qu’on se trouve bien en présence de beurre. Si au contraire le tout prend en un morceau et peut être sorti du lait au bout du bâton servant à remuer, c’est qu’on a affaire à de la margarine.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, daus la mesure du possible, aux .demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- *
- Errata. — A propos de notre article nécrologique sur Henri Becquerel, le Dr Gustave Le Bon nous fait remarquer avec raison que Becquerel avait commencé par croire démontrée l’identité des radiations de l’uranium avec des émissions phosphorescentes. C’est le Dr Le Bon qui a le premier attiré l’attention sur leurs anomalies. La division en rayons a, (3, y est due à Rutherford.
- Renseignements. — M. le D' Barbulée, à Paris. — Nous ne pouvons vous renseigner sur la cause exacte des accidents que vous nous signalez, dont l’un, au moins, paraît dû à des défectuosités dans le mode de construction ; il faudrait faire, dans chaque cas, une
- enquête ou- une expertise approfondie, pour se prononcer en connaissance de cause.
- M. Caron, à Riom. — Nous ne connaissons pas sur les bicyclettes à rétropédalage d’autres ouvrages que ceux que vous nous citez.
- M. G. de M., à Antibes. — Moulins de mer, de 1 île de Céphalonie : vous trouverez l’explication détaillée du phénomène dans E.-A. Martel, L'Evolution souterraine, Paris, Flammarion (3fI,5o), p. ij6, et dans Spelunca,nos a3-24, 2° sem. 1906, p. 133 (chez M. Lucien Briet, à Charly, Aisne. Prix : 5 francs).
- M. Durai, à Cliftas (Arizona). — Vous pourriez vous adresser utilement à la maison Pathé frères, avenue du Polygone, à Yincennes, qui vous renseignera sur tous les points et vous fournira d’excellents appareils transportables.
- M. Azala, à N. (Ecuador). — L’adresse relative au frigorigène Audiffren a déjà été donnée dans la boîte aux lettres du n° 1828, c’est ; Etablissements Singrün, à Epinal (Vosges, France).
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro Exposition internationale des applications de l’électricité de Marseille : Georges Tardy. — Les yeux de la montagne : A. Latour. — La disparition du goulot de la gare Saint-Lazare ; le Nouveau pont d’Asnières : A. Troller. — L’aéroplane Wright : Sauvage. — La navigation sur le Niger : Paul Privat-Deschanel. — Académie des sciences; séance du 3i août 1908 : Ch. de Villedeuil. — Henri Becquerel : L. De Launay. Supplément. — Coups de foudre sur un puits de pétrole. — Production du fer en France, 1907. — Le blé en Allemagne. — Geysers éteints du Wyoming, etc. — Le sabak. — Maladie des feuilles du platane. — Alimentation des vaches et qualité du lait. — Gale du ciment.
- L'automobile et les armées modernes, par Et. Taris, ancien élève de l’Ecole polytechnique. 1 vol. de 35o p. Chez Dunod et Pinat, Paris.
- La guerre moderne exige la mobilisation non seulement de tous les hommes valides, mais aussi de toutes les ressources d’un pays. L’automobile, née d’hier, et si florissante en notre pays, ne peut donc manquer de jouer dans la guerre future un rôle important. M. Taris s’est proposé de définir la part exacte qui doit revenir à l’automobilisme parmi les éléments qui interviendront dans la conduite des opérations. Chiffres en mains", il montre les services que l’on peut en attendre au point de vue des communications, des transports, du ravitaillement. Il analyse le fonctionnement des services de l’arrière dans une armée, et il prouve quelle simplification et quelle rapidité de transport les automobiles assureront dans la conduite des convois. Il puise ses preuves dans l’exemple des armées étrangères et dans les expériences faites en France aux
- grandes manoeuvres dernières. Il passe ensuite à l’élude détaillée du matériel automobile, cherchant à mettre en évidence les perfectionnements encore nécessaires pour en faire un matériel vraiment militaire, c’est-à-dire simple, robuste, et aisément maniable. Ce livre, fort documenté et instructif, sera lu utilement par tous ceux qu’intéressent les problèmes de la défense nationale, par tous ceux aussi qui s’intéressent aux progrès de l’industrie automobile.
- Construction et réglage des moteurs à explosions, manuel pratique de construction d’un moteur à explosions, calculs généraux, recherches des dimensions et de la meilleure forme à donner aux pièces ; mise au point d’un moteur construit, par Louis Lacoin, i vol. grand in-16, de 4^4 pages, renfermant 180 gravures, reliure toile pleine, tête rouge. Bibliothèque Omnia, 20, rue Duret, Paris. Directeur, L. Baudry de Saunier. 12 fr.
- Comment un moteur d’automobile doit-il être construit? Comment doit-il être réglé pour donner le maximum de puissance? Sous le titre : Construction et réglage des moteurs à explosions, M. Louis Lacoin, l’ingénieur réputé pour toutes les questions techniques de l’automobile, vient de publier à la Bibliothèque Omnia, que dirige notre confrère Baudry de Saunier, un ouvrage remarquable sur ce sujet si délicat. L’ingénieur aussi bien que le simple amateur trouveront là des renseignements de haute valeur qu’aucun auteur n’avait encore donnés et qui assureront à l’ouvrage un retentissant succès.
- Répertoire général des marques et spécialités plioto-
- - graphiques et cinématographiques pour 1908, par
- p.2x119 - vue 551/647
-
-
-
- Ch. Mendel, aux bureau de la Pholo-Revue, 118, rue d’Assas. Paris. Brochure de 114 pages sur 2 colonnes. Prix : 3fr,5o.
- Conseils aux amateurs d'électricité pour la fabrication des piles, sonneries, accumulateurs, allumoirs, appareils de sûreté, etc., par G. Huche, 5° édition. Paris. Charles Mendel, éditeur, 118 bis, rue d’Assas. Prix : 1 franc.
- Le Petit Electricien. Recueil des expériences que I on peut exécuter avec les piles et bobines de Ruhmkorff : lumière électrique, allumoirs, sonneries, téléphones,
- galvanoplastie, etc., par F. Beuumann (40 édition). Une brochure de 90 pages avec figures et plans de pose. Paris. Charles Mendel, éditeur, rue d’Assas, 118 bis. Prix : 1 franc.
- Note sur la condensation, par Maurice Leblanc. Chez Gauthier-Villars, Paris.
- Nos lecteurs connaissent les remarquables condenseurs imaginés par M. Leblanc. Le savant ingénieur résume en une instructive brochure, les intéressantes recherches qui l’ont conduit à la conception et à la construction de ces appareils.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5ora,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE UE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 31 août 190S. . 10u,7 S. S. W. 2. lteau. 0,3 Rosée; nuageux; petites averses entre 21 h. 45 et 2t h.
- Mardi 1" septembre. 13°,1 S. S. W. 2. beau. 2,3 Très nuageux ; quelques averses.
- Mercredi 2 13°,0 S. W. 2. Nuageux. 9,6 Pluie à div. rep. entre 9 h. et 17 h. ; un coup de tonnerre à 12 h. 2oJ
- Jeudi 3 y°.7 S. S. W. 2. beau. 7,4 Rosée ; pluie de 13 h. 40 à 21 h. 40.
- Vendredi 4 15°,5 S. S W. 2. Couvert. 2,5 Presque couvert; halo; averses dans la soirée.
- Samedi 5 10°,6 N. 3. beau. » Rosée; nuageux; lalo.
- Dimanche 6 .... . 7°.9 S. 2. beau. » Rosée ; petit brouillard à 0 h. ; beau.
- AOUT-SEPTEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 31 AOUT AU DIMANCHE 6 SEPTEMBRE 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du 3i août au 6 septembre. — Le 3i. Dépression à TO. des Iles-Britanniques, fortes pressions sur le Sud-E. de l’Europe. Pluies sur le N. et l’O. : Dunkerque, 26 mm; Biarritz, 8; Clermont, 6; Lorient, 5. Temp. du matin : Arkangel, 4°; Paris, n; Toulouse, i3; Alger, 24; P11 y de Dôme, 3; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : 13°,5 (normale : i6°,5). — Le ier septembre. La dépression persiste sur les Iles-Britanniques, son centre est à Slnelds (739 mm). Violente tempête sur les côtes de Bretagne, la Manche et le Pas-de-Calais. Pression élevée sur le Centre et le S. du continent. Pluies sur le N. et FO. de l’Europe : Cherbourg, i3 mm; Lorient, 11; Besançon, 6; Paris, 2. Temp. du matin : Arkangel, 5°; Paris, i3; Toulouse, i5; Alger, 23; mont Ventoux, 8; Pic du Midi, 4; moyenne à Pai’is : i4°,8 (normale : if>°,4). — Le 2. Relèvement rapide de la pression à l’O. de l’Europe; la dépression se dirige vers le Danemark (743 mm); une autre se forme à Gênes (756 mm). Pluies sur le N. et l’O. : Dunkerque, 19 mm; Charleville, 6 ; Belfort, 3; Paris, 1. Temp. du matin : Belfort, io°; Paris, i3; Toulouse, i5; Alger, 25; Puy de Dôme, 3; Pic du Midi, 2; moyenne à Paris : i4°>8 (normale : i6°,3). — Le 3. Dépression nouvelle sur le S.-O. de l’Irlande, celle du Danemark s’éloigne vers le N.-E., mer agitée. Pluies dans le N.-O. de l’Europe : Belfort, 12 mm; Pa-
- ris, 10 ; Brest, 9; Dunkerque, 2. Temp. du matin : Charleville, 8°; Paris, 10; Toulouse, 19; Alger, 24; Puy de Dôme, 4; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : I2°,4 (normale : i6°,8). — Le 4. Dépression sur le S.-E. de l’Angleterre et le N. de la France. Relèvement rapide de la pression en Ecosse. Pluies sur le N. et l’E. de l’Europe : Brest, 28 mm; Le Havre, 14; Belfort, i3; Paris, 7; Dunkerque, 6. Temp. du matin : Paris, x6°; Clermont, 17; Alger, 34; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i8°,i (normale : i6°,i). — Le 5. Relèvement rapide de la pression à l’O. de l’Europe, 771 mm en Bretagne. Dépression au N.-E. (Arkangel, 736). Pluies dans le N. et l’O. de l’Europe : Besançon, 38 mm; Nantes, 8; Dunkerque 3; Paris, 2. Temp. du matin : Charleville, 9; Paris, 11 ; Toulouse, i5; Alger, 24 ; Puy de Dôme, 6; Pic du Midi, 3 ; moyenne à Paris : 160. — Le 6. Abaissement rapide de la pression barométrique dans l’O. de l'Europe, elle reste supérieure à 765 mm sur le Centre et le S.-E. Dépression sur la Scandinavie et le N. de la Russie (739 mm). Pluies sur le N. de l’Europe. Temp. du matin : Uleaborg, 6; Paris, 9 ; Clermont, 10; Toulouse, i5 ; Madrid, 20; Alger, 22; Puy de Dôme, 11; Pic du Midi, 8; moyenne à Paris : i2°,5 (normale : i5°). —Phases de la Lune, Premier Quartier le 3, à 9 heures du soir.
- p.2x120 - vue 552/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications
- aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « Lü Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 120, Boulevard Saint-Germain, Paris (VI9)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1843 - 19 SEPTEMBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Le triomphe de l’aviation. — La dernière semaine marquera dans les Annales de l’aviation. O. Wright, le frère de Wilbur, a réussi, au fort Myers, aux Etats-Unis, une série de vols splendides, battant et de très loin, tous les records du monde. Le 9 septembre, il a exécuté un premier vol de 57“3i\ à 45 m. de hauteur, à une vitesse moyenne de 60 km. à l’heure. Le même jour, il en accomplissait un second d’une durée de 63“ i5‘. Le lendemain, nouvelle envolée de 65m 52S; puis O. Wright s’enlève pendant 6 m. avec un passager. Le jour suivant, nouveau record de 70“ 3oJ. Devant de tels résultats, on peut espérer que le plus lourd que l’air aura bientôt fait la conquête définitive de l’atmosphère. Durant cette même semaine, Delagrange a réussi un vol de 29“ 53s 4/5 le 6 septembre. C’est le record pour la France. De son côté, W. Wright augmente progressivement la durée de ses envolées ; il a atteint les 20 minutes. Pour mesurer le chemin parcouru depuis quelques mois. Rappelons qu’au 13 janvier dernier, la performance de Farman, bôpclant le kilomètre, dans son vol de t“ 28% fit sensation.
- Le dirigeable République. — Après une série d’essais au-dessus de Paris, le dirigeable Républiqué vient de clôturer sa saison par un superbe voyage de Chalais-Meudon à Compiègne et retour. Le parcours a été de 200 km, accomplis en 6 heures 1/2 à une vitesse de 3o à 35 1cm. L’altitude moyenne s’est maintenue entre 3oo et 4°° m- Le maximum de hauteur atteint au retour a été de 65o m. Le dirigeable qui est resté gonflé 110 jours, va être dégonflé. Qu’adviendra-t-il de lui désormais ? Il est à craindre qu’il ne reste longtemps inactif, remisé en quelque hangar. C’est ainsi que le Ville de Paris dort depuis de longs mois, inutilisé dans son hangar de Verdun. Que se passerait-il en cas de mobilisation? Les étoffes caoutchoutées, si fragiles, qui constituent l’enveloppe de nos dirigeables ne risquent-elles pas de s’altérer irrémédiablement, ainsi abandonnées à elle-même? Dans ce cas, on pourrait éprouver de très graves mécomptes, au moment de réveiller nos aéronefs de leur trop longue léthargie. Il serait bon que l’administration militaire disposât de crédits suffisants pour mobiliser régulièrement toute notre flottille aérienne.
- Comète de Halley à son prochain retour. — Le
- D1' Holetschek, de Vienne, donne, dans les Astronomische Nachrichten, n° 4^54, les résultats de ses recherches sur les conditions probables d’éclat de cette célèbre comète lors de son prochain retour. Il s’est servi des récents calculs de MM. Cowell et Crommelin, de l'Observatoire royal .de Greenwich, et compare les positions de la comète ainsi calculées, à celles de son dernier retour. Vers la fin du mois de mars 1909, la comète sera éloignée de nous de la distance de Jupiter. Sa distance à la Terre, au mois d’octobre suivant, sera de 3,27, celle du Soleil étant prise .'pour unité. La distance de la comète au Soleil, au même moment, sera de 3,48 environ. MM. Co-
- well et Crommelin trouvent que la distance périhélie sera plus grande que lors des précédents retours. Le passage au périhélie arriverait le 8 avril 1910. La conclusion du Dr Holetschek est que la comète de Halley deviendra en toute probabilité visible à l’œil nu à partir de l’automne de 1909 et, sans doute, pourra être trouvée à l’aide des instruments d’optique avant la fin de la présente année.
- Télégraphie sans fil en Suisse. — Le département de la guerre Suisse a fait installer 3 stations de télégraphie sans fil, l’une sur le Righi, une autre au sommet du Gothard, et la troisième à Dailly, près de Saint-Morilz. Elles ont fonctionné d’une façon très satisfaisante. Elles ont fourni, en outre, la preuve que les Alpes, exercent une véritable attraction sur les messages provenant des autres stations européennes. Ainsi, les messages Marconi émis par les steamers traii s atlantique s ou par les stations terrestres, viennent impressionner les stations du Righi et du Gothard ; ce phénomène est particulièrement net par les temps de tempête, et dans les premières heures du jour. Il est même arrivé r ou 2 fois de voir ces télégrammes parvenir aux stations suisses, alors qu’entre elles, celles-ci ne pouvaient échanger aucune communication.
- Concours de jouets 1908. — Commencé modestement, il y a huit ans, dans une des salles du Tribunal de Commerce, sous le haut patronage de M. Lépine, préfet de police, ce concours est devenu aujourd’hui un événement parisien. L’inauguration a été faite vendredi dernier, aux sons de la musique de la garde républicaine, par M, Cruppi, ministre du Commerce, entouré d’un grand nombre de personnalités du monde politique et industriel. C’est aux Tuileries, dans la salle du Jeu de Paume, comme l’an dernier, que la Société des petits fabricants et inventeurs français a installé les objets qui lui ont été envoyés ; mais le succès toujours croissant a rendu ces locaux insuffisants et on a dû y ajouter deux immenses tentes, qui devront probablement être agrandies l’an prochain. Le succès de ces concours est en effet considérable et on le comprend quand on pense qu’ils offrent à tous ceux qui ont une idée quelconque l’avantage de pouvoir sans frais, et avec une garantie provisoire, la faire connaître pour chercher l’aide nécessaire à son exploitation. Aussi y trouve-t-on les objets les plus variés, les inventions les plus étranges et les plus naïves. On a vu, par l’exposé que nous avons fait des concours précédents, que beaucoup de jouets nouveaux, d’inventions concernant des objets de ménage, de bureau, etc..., ont eu un grand succès, et quelques-uns même ont fait la fortune de leur inventeur. On les retrouve ceux-là dans l’annexe qui constitue une exposition des créations anciennes et qui n’est.pas la partie la moins intéressante à visiter : elle constituera un enseignement et un encouragement pour les débutants. Les autres salles sont consacréés les unes aux créations
- p.2x121 - vue 553/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- nouvelles soumises au concours et auxquelles un jury spécial attribuera des prix; les autres à la vente des objets déjà en exploitation. Cette année naturellement, c’est l’aviation qui a donné lieu au plus grand nombre de créations : aussi les cerfs-volants, les aéroplanes, les ballons dirigeables sont-ils en abondance; la navigation, l’automobile ont aussi leur part. A côté de cela les jeux inspirés par le célèbre diabolo tiennent une place importante; puis les jouets mécaniques et les inventions de toutes sortes, quelques-uns même très scientifiques, qui n’ont souvent aucun rapport avec le jouet, mais qui n’en présentent pas moins un grand intérêt. Nous nous proposons, dans une série d’articles, d’examiner en détail chacune des véritables nouveautés qui méritent d’être signalées.
- Transport de force en Espagne. — Les transports d’énergie électrique se multiplient dans toute l’Europe; et les tensions adoptées pour le courant suivent une progression des plus rapides. Le record actuel pour l’Europe est celui du transport de force de Jancin à Séville, dont l’installation, effectuée par la Société Oer-likon, vient de se terminer. La tension est de 5a ooo volts, pour une longueur de ligne de ia5 km. Ajoutons que ce record va être battu sous peu en France par l’usine électrique de la Thuilière construite sur la Dordogne pour alimenter un transport de force qui atteindra Bordeaux. La tension adoptée sera de 55 ooo volts.
- La circulation sur les métropolitains de New-York. — A New-York les transports en commun ont à faire face à un mouvement de voyageurs qui passe toute imagination. Du 3o juin 1906 à pareille date en 1907, les métropolitains souterrains, à ciel ouvert et aériens ont transporté plus d’un milliard et demi de voyageurs, tandis que les « ferries » faisant le service entre New-J'ersey et New-York en ont convoyé 80 millions. Dans la grande métropole américaine comme dans toutes les capitales, chaque jour se produit le matin un afflux énorme de voyageurs de la périphérie vers le centre des affaires et dans la soirée un mouvement inverse, et partout, à ces heures-là, il y a encombrement, congestion, pour employer le vocable anglo-saxon si expressif, mais ce qui complique à New-York le problème de la mise en route de cette foule, ce sont les fameux « gratte-ciel », les skys-scrapers. Ces colossales bâtisses renferment chacune la population d’une ville, 10000 à 12000 employés ou artisans. Aussi bien la journée finie, des flots de 10000 ou 12000 hommes se précipitent en même temps vers les stations des métropolitains les plus voisines. C’est alors une cohue indescriptible que le rapport consulaire anglais auquel nous empruntons ces renseignements qualifie de terrifiante. Et dire que nous nous plaignons d’attentes de quelques minutes à notre métropolitain, sans être exposé à des coups de la part de voyageurs pressés.
- Intérêts français dans la Campine belge. — Nous avons déjà eu l’occasion de signaler plusieurs fois le grand bassin houiller nouveau de la Campine belge. Parmi les concessions instituées en 1906, il y a lieu, d’après le Comité des Houillères, de signaler les suivantes comme représentant plus ou moins exclusivement des intérêts français : Concession Beeringen-Coursel, de 49^0 hectares, où sont intéressées la Société métallurgique de Pont-à-Mousson, la Société des aciéries de l’Est, la Société métallurgique de Micheville, la Société métallurgique de la marine et de nombreux actionnaires d’Anzin; puis la Concession Sainte-Barbe de 2170 hectares, en très grande partie à la Société des Mines de Béthune.
- L’industrie roumaine de pétrole en 1908. — La
- production roumaine de pétrole n’a pas accusé en 1908 l’augmentation sur laquelle on avait compté. Dans le premier semestre 1908, on a produit environ 576668 tonnes contre 56o 064 dans la même période de l’année précédente, c’est-à-dire 3 pour 100 d’accroissement seulement. La cause en est, paraît-il, dans la crise monétaire qui a bouleversé l’Europe centrale et occidentale à la suite de la crise américaine et qui a eu pour résultat d’amener les principales entreprises pétrolifères à réduire le programme de leurs travaux. Les principaux producteurs sont : Steaua Romana, 167919 tonnes dans le premier semestre 1908; Regatul Roman,
- 97845 t. ; Concordia, 82768 t. ; Romano-Americana, 61 954 tonnes.
- Les dragages d’or en Russie. — L’emploi des dragues pour l’extraction de l’or alluvionnaire a ses enthousiastes et donne, en fait, des résultats remarquables dans certains pays, comme nous aurons l’occasion de le dire bientôt plus en détail. Ailleurs, et il n’est pas inutile de le signaler, on a eu des échecs complets. Tel est le cas en Russie, d’après un travail de M. Bogovin, dans Y Engineering and Mining Journal. 11 y avait, en 1907, 4° dragues en fonctionnement qui ont extrait environ t 135 kg d’or et 200 kg de platine. Le plus grand tonnage a été fourni par la drague des usines Poutiiov de Saint-Pétersbourg qui, en 175 jours de tra-vail, a lavé 160000 in3 donnant io3 kg d’or. Pour les 3a dragues de l’Oural, on a, en 2837 heures de travail, lavé 120000 m5 et extrait 41 kg d’or. Mais, au total, les frais d’exploitation ont dépassé le prix de l’or extrait; ce qu’on attribue à ce que la construction des dragues est généralement trop faible et leur capacité insuffisante.
- La chasse en Ouganda. — Nous signalions récemment ûn massacre d’éléphants perpétré dans la Rho-désie, en exprimant l’espoir que des mesures efficaces seraient prises pour arrêter, pendant qu’il en est encore temps, l’extermination de l’espèce. Depuis la construction du chemin de fer de l’Ouganda, qui permet d’atteindre celte région éminemment giboyeuse en moins de 24 heures, alors qu’un voyageur mettait des mois pour traverser l’Afrique orientale anglaise avant la mise en service de cette ligne, l’Ouganda tend à devenir rapidement le rendez-vous des amateurs de grandes chasses. Il s’est même fondé depuis peu à Nairobi une maison anglaise, celle de MM. Newland, Tarlton et C°, qui organise les caravanes des chasseurs, leur fournit guides et porteurs, et leur procure à l’avance une sportsman's licence, qui coûte i25o francs pour l’année et donne droit au titulaire d’abattre un certain nombre d’animaux appartenant à des espèces spécifiées. Ainsi, un nemrod européen ou américain n’a qu’à débarquer à Nairobi sans se préoccuper des opérations préliminaires : dès le lendemain, il peut se mettre en route pour la jungle et se mesurer avec les grands fauves africains. La compagnie se porte garant qu’il ne reviendra pas bredouille. Le coûteux permis de chasse devient superflu quand les chasseurs ne s’attaquent qu’aux carnassiers et aux reptiles. L’affluence toujours croissante des sportsmen a même donné naissance à une industrie peu banale : à Nairobi, les chasseurs professionnels indigènes, les shikaris, vous garantissent à forfait une fructueuse chasse au lion dans les trois jours ! Ajoutons qu’une saison de chasse dans celte région coûte de 2000 à 3ooo francs par mois, sans parler du coût du permis et de l’achat des fusils et munitions !
- La Vénus de Milo et la Vénus de Nauplie. — De
- temps à autre, l’histoire déjà bien longue de la Vénus de Milo s’enrichit d’un nouveau chapitre, soit qu’un archéologue ait inventé une nouvelle explication de l’attitude de la déesse, soit qu’une découverte ait fait croire qu’on venait de retrouver un document authentique sur sa statue. C’est ainsi qu’on a mené assez grand bruit ces temps derniers autour d’une statuette en terre cuite, trouvée récemment à Nauplie et en qui la presse grecque, suivie par une grande partie de la presse française, a cru voir une copie ancienne de la Vénus de Milo. M. Salomon Reinach a pu dernièrement montrer à l’Académie des Inscriptions, une photographie de cette statuette et il faut se rendre à l’évidence qu’il n’y a, en réalité, aucune analogie de style entre les deux oeuvres, l’analogie même de leurs attitudes étant beaucoup moins frappante que les différences : la Vénus de Nauplie tient un miroir à la main gauche et ramasse sa draperie de la main droite; aussi, tandis que la statue de Milo regarde au loin, celle de Nauplie a la tête inclinée vers le miroir. Une fois de plus, le secret de la Vénus de Milo échappe donc aux archéologues, en même temps que la trouvaille de Nauplie semble appointer un démenti au système de quelques-uns d’entre eux qui proposaient de voir la statue du Louvre sous l’aspect d’une Vénus au Miroir. Rappelons enfin l’opinion, déjà souvent exprimée par M. Reinach, que notre Vénus prétendue serait en réalité une Amphitrite et qu’elle tenait, de son bras gauche étendu, un sceptre ou un trident.
- -€! 122~jfr
- p.2x122 - vue 554/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- »
- *> Eclairage
- L’étalon à acétylène Féry. r— Les étalons de lumière ordinairement employés (Carcel, lampe au pen-tane de Vernon-Harcourt, bougie à l’acétate d ainyle de llefner, lampe à incandescence électrique sous voltage ou puissance constants) présentent tous le même inconvénient, leur couleur trop rouge rend les mesures extrêmement difficiles avec les sources actuelles (lampe à arc, becs à incandescence à gaz ou à combustibles liquides). La flamme de l’acétylène est beaucoup plus blanche, aussi a-t-on songé à l’utiliser comme étalon;
- nous citerons pour mémoire l’excellent étalon à acétylène de M. Violle.
- M. Féry emploie un brûleur A avec extrémité en stéalite percée d’un petit trou donnant une flamme mince et allongée (fig. i). Une lentille C donne de cette flamme une image renversée et d’égale grandeur sur une plaque métallique P percée d’une ouverture rectangulaire. Immédiatement derrière cette ouverture est une deuxième lentille de foyer double de la première. La flamme est protégée contre les courants d’air par une cheminée métallique M. La plaque P est noircie et porte un petit trait horizontal blanc H auquel doit affleurer l’extrémité de l’image de la flamme ; cette dernière a alors une longueur de 25 mm et le diaphragme découpe dans la partie centrale une hauteur de 8 mm environ ; cette portion est celle qui présente le maximum d’éclat et, d’après nos mesures, une variation de 2 mm en plus ou en moins dans la hauteur de la flamme n’introduit pas une erreur supérieure à 1 pour 100 dans la valeur de l'étalon.
- La figure 2 montre la marche des rayons. Soit ADB la partie utile de la flamme ; chaque point tel que A envoie un cône lumineux d’angle w qui, après réfraction à travers G et C', donne un cône d’angle a et de sommet A', de même à B et à D correspondent des cônes de même angle et de sommets B' et D'. Chacun de ces cônes est homogène et ses sections normales sont d’éclairement uniforme. A partir de E, ces différents cônes se superposent, et à l’intérieur du cône MEN les différents
- Fig. 2.
- points d’une section normale reçoivent de la lumière de tous les points ADB. L’éclairement de cette section est inversement proportionnel au carré de sa distance au sommet de chacun des cônes constituants, c’est-à-dire à D'. La région enveloppante comprise entre B'R, A'P et MEN est une zone de pénombre.
- La hauteur du diaphragme est réglée pour que cet étalon vaille exactement 2 bougies. On pourra objecter la faible intensité de cet étalon, mais il faut remarquer immédiatement que rien n’empêche ici, contrairement à ce qui se produit avec les étalons ordinaires à flamme, de se rapprocher très près de la lampe. En effet, on admet qu’avec une carcel, dont la hauteur est de 40 mm, l’angle sous lequel est vu la flamme devient négligeable à partir de 1 m. ; ici, le diaphragme qui fonctionne comme source d’émission n’a qu’une hauteur de 8 mm, on
- pourra donc se placer à 20 cm, ce qui permet, avec un banc de 3 m., de pholométrer des sources atteignant près de 400 bougies, alors qu’avec une Carcel on ne pourrait dépasser 40 bougies. Il faut encore noter en passant que dans la pratique on se place souvent à moins de 1 m. d’une Carcel, souvent à o,5o m. ; vu sous le même angle, l’étalon Féry pourrait alors servir à mesurer des foyers de 1680 bougies. Alimenté avec une bouteille d’acétylène dissous munie d’un détendeur régulateur et dont le tuyau de caoutchouc adducteur peut être étranglé plus ou moins par une pince, cet étalon est bien le plus simple, le plus robuste, le plus facile à régler et le plus commode à tous points de vue parmi ceux dont nous avons eu l’occasion de nous servir.
- r> Mécanique
- Un mode de serrage ingénieux des mèches. — Il
- s’agit naturellement d’un dispositif de mandrin; et pourtant nous avons déjà eu l’occasion de signaler à diverses reprises des types variés de mandrins porte-mèche, qui nous .paraissaient donner satisfaction. Nous y revenons cependant, parce que ces mandrins peuvent répondre à des besoins quelque peu divers, et surtout que, ici particulièrement, et d’une façon générale, les combinaisons imaginées pour assurer le serrage des mèches dans ces appareils, constituent des applications intéressantes de combinaisons mécaniques pouvant trouver des applications variées. Nous recommanderons l’examen des deux gravures que nous mettons sous les yeux du lecteur, et qui figurent deux phases de serrage du mandrin portant le nom sonore de Union Czar. En réalité les mâchoires sont au nombre de trois, ce qui permet naturellement un excellent centrage ; elles viennent entourer et serrer la queue de la mèche par leur extrémité, et elles présentent, par l’autre bout, un filetage sur lequel vient glisser et agir le manchon de serrage. La rotation du manchon fait donc ouvrir les mâchoires, ou au contraire ramène les unes contre les autres leurs extrémités pour serrer la mèche, suivant le sens de la rotation. Les parties mobiles sont du reste mises complètement à l’abri de la poussière, de façon à ne pas pouvoir s’encrasser. — L’appareil se vend, chez Markt, 107, avenue Parmentier.
- Disque protecteur pour toupies. — Les toupies sont des machines destinées au travail du bois ; elles sont constituées par un axe vertical, portant des fers de forme qui, par leur rotation rapide, donnent au bois une forme en creux.
- Ces machines sont fort dangereuses pour les ouvriers qui les conduisent et peuvent provoquer de graves accidents. L’ouvrier tient le bois et l’appuie contre le fer de la toupie; si ses doigts glissent et viennent au contact des fers de la toupie, il peut être grièvement blessé.
- On a essayé de mettre des supports protecteurs fixés sur la table; mais ces supports sont gênants pour le travail de l’ouvrier. Yoici un nouveau protecteur constitue pai un anneau en Disque pour toupies, tôle; il est fixé directement sur
- l’arbre et s’arrête au moindre contact; il offre donc de précieuses garanties de sécurité. Son réglage est facile et se fait à n’impoxte quelle hauteur.
- Un mode de serrage ingénieux des mèches.
- p.2x123 - vue 555/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- En vissant les outils, le protecteur est serré de façon que l’excentrique qui est vissé dans l’intérieur pour servir au déplacement de l’anneau extérieur, pour le faire monter ou le faire descendre, soit tourné en haut. Quand la machine est en marche, le protecteur suit le même mouvement, mais il s’arrête subitement au moindre contact. — Chez A. H. Schiitte, 20, rue des Petits-Hôtels,
- *»> Jouets
- Ballon en papier. — Le jeu de ballon a conquis, en ces dernières années surtout, une très vive popularité. En voici une variante qui a le mérite, tout d’abord, d’ètre extrêmement économique ; et qui en outre ne pourra manquer d’exciter une légitime curiosité.
- Le classique ballon en cuir y est remplacé par un simple ballon de papier, résistant sans doute, néanmoins très mince ; c’est du papier japonais parcheminé, fort léger. Notre figure 1 montre l’aspect du ballon tel que le fournit son fabricant, c’est un simple chiffon de papier fait de fuseaux sphériques juxtaposés. Un trou
- Fig. 1.
- Le ballon plié.
- Fig. 2.
- Le ballon gonflé.
- unique y a été ménagé. On souffle légèrement dans ce trou et voilà le ballon gonflé ; et sans autre précaution, il est prêt pour le jeu. Naturellement, le globe gonflé d’air ne présente pas d’élasticité, et ne se prête qu’au lancé à la main; chose curieuse, il ne se dégonfle jamais ; vous avez beau frapper de toute votre force sur cette mince enveloppe sphérique, elle garde invariablement sa forme; au contraire même, plus on frappe, plus elle semble se gonfler. Le jeu à la main, avec ce ballon léger, donne lieu à mille combinaisons amusantes. Les parents, regardant jouer leurs enfants, pourront rechercher l’explication physique de ce curieux phénomène d’autogonflement. — Ces ballons sont en vente chez Mathieu, 29, rue de Valois. Le paquet de 10 ballons est vendu or,',65.
- *»> Divers <«*
- Avertisseur électrique contre les cambriolages.
- De nombreux appareils existent déjà sous cette dénomination, mais leurs imperfections ont décidé la Chambre syndicale des bijoutiers, joalliers et orfèvres de Paris, à organiser un concours ayant pour sujet « les moyens de prévention contre les cambriolages, et l’étude d’un appareil rendant de réels et pratiques services. » C’est l’appareil classé premier que nous décrivons aujourd’hui. Il est dû à M. L. Hamm, ingénieur électricien.
- L’avertisseur se compose essentiellement d’un fil invisible A en soie ou coton, tendu dans le local et plus particulièrement autour de l’appareil ou meuble à préserver. Le fil est relié à un mécanisme de contact électrique qui fonctionne dès que ce fil se trouve cassé ou simplement touché.
- Le mécanisme de contact est enfermé dans une boîte de 14 X 9X6 et se compose de différentes pièces fixes et d’une pièce mobile B qui joue le rôle principal. Dans l'une de ses deux positions extrêmes, cette pièce mobile B, en contact avec l’une des pièces CouD, ferme le circuit d’une ou plusieurs sonneries ; ces sonneries sont placées dans les endroits où l’alarme doit être donnée. Placée au contraire dans la position intermédiaire, sans aucun contact, le circuit se trouve interrompu.
- Si donc au moyen d’un fil très fin tendu à travers le local à 20 ou 3o centimètres du sol, on maintient la pièce B au moyen d’un porte-mousqueton I dans la position intermédiaire, il n’y aura ni contact, ni sonnerie. Mais si le fil est légèrement touché, la pièce mobile se relève et s’enclanche dans le crochet supérieur C ; elle produit immédiatement le contact, et fait ainsi retentir
- la ou les sonneries d'alarme. Si au contraire, au lieu d’être simplement heurté, le fil est cassé, la pièce mobile n’étant plus retenue tombera de son propre poids pour reposer sur le contact inférieur D qui déterminera lui aussi les appels.
- Si, d’autre part, le cambrioleur-s’avisait, ayant évité les fils, ce qui est déjà peu probable, de couper ceux de l’avertisseur partant des bornes F F', d’autres fils dissimulés dans la muraille peuvent entrer dans la boîte par l’ouverture G derrière la planchette et prendre contact avec les vis HH'. De même, le couvercle E qui coulisse, ouvert seulement de quelques millimètres donnera aussi l’alarme, si en cherchant à l’ouvrir on a l’intention d’empêcher les contacts intérieurs de se produire.
- Tous les cas ont donc été envisagés : en outre, cet avertisseur peut se brancher en dérivation sur des contacts de sonneries existantes. Il peut aussi allumer des
- A
- Fig. 1. — L’appareil ouvert. Fig. 2. — Plan d’une pièce.
- Fig. 3. — Disposition électrique de l’appareil.
- lampes électriques ou provoquer le fonctionnement de trompes ou sirènes.
- La figure 1 montre l’appareil ouvert, le couvercle E coulissant baissé et la joue droite de la boîte enlevée pour en montrer les organes intérieurs. La figure 2 est le plan d’une pièce percée de quatre fenêtres b et de deux portes c. En d le coffre-fort préservé par le fil f retenu aux murs en g et e par des crochets et relié à l’appareil avertisseur a. Entrant par l’une quelconque des ouvertures le cambrioleur franchira le fil qu’il heurtera, s’il ne le brise, et la sonnerie retentira.
- La figure 3 montre la disposition électrique de l’appareil.
- L’audace des cambrioleurs ne connaissant plus de bornes, les avertisseurs seront utilisés partout, non seulement chez les bijoutiers, joaillers et orfèvres qui en ont demandé l’étude, mais aussi dans les banques, musées, églises, partout où des valeurs, objets précieux, œuvres d’art se trouvent enfermés. — L’appareil est en vente chez M. L. Hamm, ingénieur-constructeur, [5, rue de la Banque.
- Porte-loupe. — Voici un petit dispositif extrêmement simple,, et néanmoins assuré de rendre de très réels services. La loupe est sertie dans une monture métallique, articulée sur un petit cylindre ajouré: Ce cylindre forme ressort, et peut s’adapter aux porte-
- plume, crayons, compas, pinceaux, thermomètres médicaux, instruments de dissection, etc.
- Placé sur un crayon et mise en poche, cette loupe en se rabattant forme pince et empêche le crayon de tomber. Bref, ce très simple dispositif se prête comme on le voit à une foule d’usages. Il est en vente chez Mathieu, 29, rue de Valois, à Paris. Prix d’une loupe simple : ir,,5o; achromatique, 2tr,75.
- p.2x124 - vue 556/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- Les chapeaux dits « de Panama ». — Le chapeau de Panama, comme il fallait s’y attendre, ne se fabrique nullement à Panama ; le siège de son industrie est en Colombie, au Pérou et tout spécialement en Equateur. La Revue scientifique donne sur cette indusli'ie d’intéressants détails.
- La matière pi'emière, désignée sous le nom de « paille toquilla » provient d’un palmier sauvage de 2 à 3 m. de hauteur, le Carludovica palmala Ruis ; ce sont les feuilles qui la fournissent. On les plonge tout d’abord, pendant quelques instants, dans de l’eau en ébullition, à laquelle on ajoute parfois, pour obtenir une paille plus blanche, le jus de quelques citrons. Au sortir de l’eau, on les suspend à l’ombre, puis on achève leur dessiccation au soleil. On a ainsi des brins de 55 à 60 cm. de longueur, sur i à 2 mm de largeur qui restent suspendus au pétiole de la feuille. C’est sous cette forme qu’est vendue la paille toquilla aux artisans qui en feront d’élégants couvre-chefs.
- Les prix de celle paille sont très variables; mais ils
- n’interviennent que pour une très faible part dans le prix du chapeau, car celui-ci n’exige que a3o gr. de paille. Le coût élevé des chapeaux de Panama provient de la difficulté de leur confection ; un ouvrier travaillant 6 heures par jour, emploie 6 à 7 jours à faire un chapeau ordinaire d’une valeur de 5 fr., deux semaines pour un chapeau de 6fr,5o à i5 fr., et jusqu’à un mois et demi pour un chapeau fin d’une centaine de francs environ.
- Les chapeaux les plus renommés sont ceux de Monle-cristi, ils surpassent tous les autres comme finesse, légèreté et perfection de travail. Le Montecristi ordinaire se vend de iafr,5o à 20 fr., le demi-fin de 25 à 40 fr., le fin de 5o à 25o fr. et plus. Après le Monle-cristi vient le Santa-Elena, moins fin, mais remarquable par la blancheur et la pureté de la paille, la régularité et la solidité du tissu, la finesse des bords.
- On a exporté en 1905, 609167 chapeaux de Panama; chiffre en augmentation très sensible sur les années précédentes, et qui a dû s’accroître encore dans les derniers exercices.
- RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations faites à l’Observatoire du Parc-Saint-Maur, en août 1908, par M. Th. Moureaux.
- La température moyenne du mois, i6°,38, est de i°,35 au-dessous de la normale ; l’excès négatif est particulièrement soutenu du 11 au 19, et le i3 au matin, le thermomètre sous abri est descendu à 6°,8. La température n’a pas atteint une seule fois 3o°, le maximum absolu du mois, survenu le 20, étant de 290,7; une fois seulement, le 20, la moyenne diurne s’est élevée au-dessus de 20°. Depuis 1873, la température la plus haute observée en août a été de 35°,7, en i8g3 et en 1899, tandis que pendant le mois si pluvieux d’août 1878, le maximum absolu n’a pas dépassé 27°,9; le nombre le plus faible de toute notre série, 26°, 1, se rapporte à août 1896.
- Les vents du Nord-Est sont dominants jusqu’au 20, et ceux de Sud-Sud-Ouest dans la dernièi'e décade. La hauteur totale d’eau recueillie n’est que de 39mm,5, dont aomm,6 dans les journées du 5 et du 6, la normale étant de 54mm,4- Cette pluie se répartit sur 10 jours seulement; il n’est pas tombé d’eau du 7 au 20, soit pendant 14 jours consécutifs. Comme en juillet, la pression barométrique est un peu supérieure à la normalé. L’insolation et la nébulosité ne présentent rien de particulier ; on n’a observé aucun jour sans nuages, et le ciel est resté couvert du 27 au 29.
- La hauteur de la Marne, sensiblement constante pendant tout le mois, est très voisine de la normale 2m,i3; sa température, comme celle de l’air, est inférieure à la moyenne générale d’août
- Pression barométrique (ait. 5om,3). — Moyenne des 24 heures, 758mm,36; minimum absolu, 749“m,4 le 6 à 3h3ora; maximum absolu, 766”“,4 le 3 à 6h3om; écart extrême, i7“ra,o.
- Température : Sous l’abri : moyenne des minima, x i°, i3; des maxima, 2 2°,o4 ; du mois, i6°,58 ; des 24 heui'es, x6°,38|; minimum absolu, 6°,8 le i3; maximum absolu, 29°,7 le 20. Moyenne diurae la plus élevée, 22°,33 le 20; la plus faible, i3°,38 le 3o. Amplitude diurne, moyenne du mois, io°,9i ; la plus faible, 3°,8 le 27 ; la plus grande,
- 17°,8 le 4- — Sur le sol gazonné, moyenne des minima, 8°,71 ; des maxima, 42°,08; minimum absolu, 40,1 le 17 ; maximum absolu, 52°,9 le 21. — Dans le sol gazonné, moyennes du mois ; pi’ofondeur, om,3o : à 9 heui’es, 17°,57; à 21 heures, 170,96; px-ofondeur, o”\65 : à 9 heui’es, i7°,42; à 21 heui-es, i7°,37; profondeur. 1 mèti’e : à 9 heures, i6°,93; à 21 heux'es, i6°,93. — De la Manie : moyenne le matin, i9°,83; le soir, 2o°,36; minimum, 17°.68 le 3i ; maximum, 2i°,8o le 3.
- Tension de la vapeur : moyenne des 24 heui'es, ioram,25; minimum, 6rara,i le 12 à 14 heures-i5 heures; maximum, i5mm,7 le 20 à 23 heui'es.
- Humidité relative : moyenne des 24 heures, 75,5; minimum, 36 le 3 à 16 heures; maximum, 100 en 10 jours.
- Nébulosité : moyenne du mois (6 h. à 21 h.), 5,48; moyenne diunie la plus faible, o,x le 3; ciel complètement couvert les 27 et 29.
- Insolation : dui'ée possible, 44^ heures ; dui’ée effective, 2 2 5h9 en 28 jours; rapport, o,5x.
- Pluie : total du mois, 39“'“,5 en 251i8.
- Nombre de jours : de pluie, 10; de pluie inappréciable, 3; de l'osée, 24; de brouillard, 3; dWage, 4; d’éclairs, 2; de grêle, 1 ; de brume, 2; de halo, 8.
- Fréquence des vents : calmes, 6.
- N. . . S. E . . . 3 W . . . . 19
- N. N. E • • 79 S. S. E . . 3 W. N. W . x6
- N. E . . . 112 S 38 N. W . . . 32
- E. N. E • 44 S. s. w.. 123 N. N. W . 43
- E . . . • • 19 s. w. . . 108
- E. S. E . . 5 w. s. w. 34
- Vitesse du vent en mètres par seconde : moyenne des 24-heures, 3ra,4o ; moyenne diurne la plus gi'ande, 5m,2 le 24; la plus faible, om,9 le 9; vitesse maximum en i5 miixxxtes, 8ra,9 le 7, de 11 heures à nhi5m par vent N.
- Electricité atmosphéi'ique : moyenne des 24 heui’es (23 joxxrs), g5 volts; moyenne diurne la plus gi'ande, i5o volts le 13 ; la plus faible, 65 volts le 24 ; amplitude diurne, o,52; amplitude nocturne, 0,67.
- Hauteur de la Max’ne : moyenne du mois, 2D1,07; minimum, x“',84 le 3; maximum, 2m,24 le xi.
- Comparaisons aux valeurs normales : bax'omèti'e, -j-omiu,65; température, — x°,35 ; tension delà vapeur, — omm,72; humidité relative, -{-1,2; nébulosité, -j-0,17; pluie, — i4mm,9 ; jours de pluie, — 2.
- Taches solaires : on a suivi i5 taches ou groupes de taches en 24 jours d’observation.
- Perturbations magnétiques : Faibles, les 11, 12, x3; assez foi’tes, les 9, 19 et 21.
- Radiation solaire (Pyrhéliomèti’e d’Angstrônx). — 22 obsei'vations portant sur 8 jours seulement. Les plxxs l’emai'quables sont : Q= iC!*1,163 le 4 à 911 56m et le 11 à i2h37m; ical,i8i le 5 à ioh42m; xcal,2oo le 18 à i2h57m; ioal,264 le 3 à 1211 42“.
- Floraisons : Le 3, statice limonium ; le 6, pei’sicaii'e du Levant; le 9, polygonum cuspidatum ; le 12, sedunx telephium; le i5, anémone japonica; le 16, aster bleu hâtif; le 23, cataleptique de Vii'ginio; le 25, hémérocalle du Japon; le 27, denlelaii’e.
- Les derniers martinets ont été vus le 9.
- p.2x125 - vue 557/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Contre l’artério-sclérose. — Les médications proposées pour combattre l’artério-sclérose sont nombreuses : les iodures et les préparations iodées en forment la base. Le mieux est, pour les malades qui ont tendance à voir leur système vasculaire se modifier avec l’âge, de prendre les dispositions nécessaires pour éviter, autant que faire se peut, la formation du tissu fibreux et la crétification prématurée. De tous les moyens, le plus sûr et le plus efficace est le régime, suppression des boissons alcooliques, régime végétarien sinon absolu, mais dans une large mesure, repos moral, exercices physiques modérés, etc. Quand le mal est produit, il faut bien le combattre ; j’ai parlé jadis de l’effet heureux des courants de haute fréquence. Mais bien des sujets sont rebelles, par peur, par crainte ou par troubles réels provoqués par l’électricité, à cette méthode théi'apeutique. En voici une plus simple, due à un médecin de Saint-Etienne, le D1 Scheiïer.
- D’après notre confrère, la prédisposition à l’artério-sclérose serait due à un trouble dans la minéralisation de l'organisme et ce trouble consisterait en un défaut de silice, d’où production plus facile du tissu fibreux (ou scléreux), facilité de fixation des carbonates de chaux dans les parois des vaisseaux, ce qui produit la calcification, l’athérome. Le manque de ce produit minéral favoriserait aussi la production des toxines, d’où nouvelle cause d’affaiblissement de l’organisme. Je n’insisterai pas sur cette théorie d’ordre biologique, mais ce que l’on peut affirmer c’est que le traitement, s’il ne donnait pas les résultats observés déjà sur nombre de malades, est en tout cas d’une innocuité absolue.
- Les effets de l’ingestion du silicate de soude sont des plus nets. Quand il y a hypertension artérielle on con-
- state, après ï5 à 20 jours de traitement régulier, un abaissement de la tension et un retour à la normale. Dans les crises d’angine de poitrine, dans la dyspnée d’effort, les effets sont remarquables à condition bien entendu de ne pas s’adresser à des cas désespérés. Les malades accusent une sensation de mieux, une augmentation des forces, bref il se produit une transformation complète.
- Comment doit s’administrer ce médicament ? On trouve dans le commerce le silicate de soude à l’état anhydre et à l’état sirupeux. C’est le second qui doit être employé; on se servait, dans mon jeune temps, du silicate de potasse pour faire des bandages pour fractures, pour coxalgie, je ne me serais guère douté que ce sirop de silice ferait un jour les délices de ceux que nous appelions alors des athéromateux. Le silicate de soude sirupeux (à 35°) est miscible à l’eau en toutes proportions ; il faut l’étendre d’une grande quantité d’eau pour le diluer avant de l’administrer. Faire, par exempte, une solution au dixième, 20 grammes pour 200 gr. d’eau distillée. Pour rendre l’ingestion facile on peut l’aromatiser avec de la menthe, du citron ; mais le mieux est de le prendre au repas dans de l’eau, du lait ou un peu de vin.
- La dose utile est de 1 à 3 grammes de silicate, soit 1 à 4 cuillerées à café de la solution au dixième, à conr tinuer pendant 1 mois. Après ce temps, il est utile de suspendre la médication qu’on reprendra plus lard si besoin est, ou à litre préventif, si les résultats se maintiennent au delà de cette période. La médication est simple, sans danger; elle me paraît utile à essayer dans les cas trop nombreux où l’on a à réagir contre celte altération du système vasculaire.
- Dr A. Cartaz.
- —O
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Destruction des nids de guêpes. — On sait que les guêpes construisent leurs nids soit en creusant le sol (nids souterrains), soit en les suspendant à des branches d’arbres ; quelquefois aussi elles s’installent dans les anfractuosités des murs ou dans les creux des vieux arbres. Nous empruntons à la Revue horticole les procédés suivants qui permettent de détruire aisément les nids de ces divers types. i° La destruction des nids souterrains peut se faire avec chance de réussite, lorsque, le soir venu, les guêpes sont toutes rentrées ; on verse alors dans le nid, par son orifice, une certaine quantité d’essence minérale, que l’on tamponne immédiatement au moyen d’un chiffon ou d’étoupes imbibées de pétrole; puis, on recouvre le tout d’une assez épaisse couche de terre mouillée, pour empêcher l’évaporation de l’essence. La benzine, l’essence de térébenthine, le sulfure de carbone jouissent des mêmes propriétés asphyxiantes. Une partie de sulfure de carbone additionnée de deux parties d’eau, le tout intimement mélangé ensemble, forme un mélange dont le pouvoir asphyxiant est encore suffisant. Toutefois, ces liquides sont dangereux à manier, le sulfure de carbone surtout. On ne saurait trop recommander de n’en pas approcher avec une lumière, car ces liquides émettent des vapeurs plus dangereuses que la poudre, qui s’enflamment à distance et forment avec l’air un mélange détonnant. 20 Pour les nids aériens, on les flambe parfois, ou, ce qui vaut mieux, on asphyxie leurs habitants en faisant brûler du soufre en dessous, car l’ouverture se trouve à la partie inférieure du nid.
- Enduits pour murs humides. — On fait dissoudre 3o parties d’étain dans 40 p. d’acide chlorhydrique, et l’on ajoute ensuite 3o p. de sel ammoniac. On prépare séparément une poudre composée de 5o p. de grès en poudre, 20 p. d’oxyde de zinc, i5 p. de veri’e broyé, 10 p. de marbre en poudre et 5 p. de magnésie calcinée.
- Avec ces matières bien mélangées et le liquide préparé d’abord, on fait une pâte, à laquelle on peut du reste ajouter le ou les colorants que l’on désire. Cela constitue finalement un enduit pâteux qui forme un excellent revêtement pour les murs humides.
- Nettoyage et préparation des coquilles nacrées.
- — Pour les nettoyer et les polir, on fait un mélange, à parties égales, d’acide chlorhydrique et d’eau, et l’on y met tremper la coquille (on sait que l’acide chlorhydrique n’est pas autre chose que ce qu’on appelle vulgairement esprit de sel). Il se produit une effervescence qui traduit en réalité l’attaque du carbonate de chaux recouvrant la nacre; et, au bout d’un quart d’heure généralement, on peut retirer la coquille et la laver à l’eau douce, en la frottant à l’aide d’une vieille brosse à dents.
- Impressions pour aveugles. — La Braille Printing Company d’Edimbourg s’est mise à faire des livres pour aveugles dont les pages sont en feuilles d’aluminium ; naturellement, les caractères y sont imprimés en creux, suivant la disposition bien connue. Mais cette matière est très légère, tout en étant pratiquement indestructible, et les pages peuvent être nettoyées bien facilement, ce qui est fréquemment nécessaire, puisque les aveugles promènent leurs doigts à la surface des pages pour reconnaître les caractères.
- Nouveau ciment résistant. — Sur de la caséine bien lavée et nettoyée, on verse 12 1/2 parties d’huile de lin bouillie et autant d’huile de ricin; on met sur le feu jusqu’à ébullition, on remue vigoureusement, et l’on ajoute une petite quantité d’une solution aqueuse saturée d’alun; on enlève du feu, et, au bout d’un instant, on verra se séparer au fond et monter à la surface un liquide laiteux qu’on décantera ; au résidu, on ajoutera 120 p. de sirop de sucre candi et 6 p. de dexlrine.
- p.2x126 - vue 558/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Vêtements huilés. — Ce que nous avons en vue, ce sont ces vêtements, imperméables appelés cirages par les marins ; faits de toile, souvent de toile à voile, parfois d’une étoffe de coton, on les rend imperméables par le traitement que nous allons indiquer. On prend de la très bonne huile de lin brute, et on l’étend sur le vêtement, l’étoffe, en sè servant d’un tampon de flanelle que l’on imprègne aussi peu que possible de celte huile. Il faut naturellement promener le tampon soigneusement sur toute la surface à traiter. On pend ensuite les vêtements dans un endroit frais et ventilé, où ils soient à l’abri du soleil ; il faut bien deux à trois semaines pour que la dessiccation soit chose faite, et on recommence l’opération deux autres fois suivant la même méthode. Avec l’huile bouillie cela va plus vite, mais les vêlements ont plus de chances de « coller ». Une légère addition de plombagine améliorerait le résultat, mais on ne peut l’employer que si la coloration n’a pas d’importance.
- Quand un vêtement commence à « coller », on peut lui rendre ses qualités primitives, en le mettant d'abord tremper 24 heures dans une solution forte de soude ordinaire et de savon mou; on le place ensuite à plat sur une table et on le brosse vigoureusement avec une brosse de chiendent; on rince à l’eau douce, on pend dans un courant d’air, et on traite à l’huile quand l’étoffe est bien sèche.
- Conservation de la teinture d’iode. — Ôn recommande beaucoup d’additionner les solutions alcooliques d’iode de 2 parties de borax pour chaque partie d’iode, afin d’empêcher la formation d’acide dans ces solutions ; cette addition aurait même la vertu de faire disparaître l’acide formé. On sait que celui-ci a une action très nuisible sur les téguments où l’on applique la teinture d’iode, entraînant des desquammations et des excoriations souvent douloureuses.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Erratum. — Nous avons donné dans notre n° 1841 du 5 septembre, une adresse inexacte de la Société l’Air liquide; son siège est 43, rue Saint-Lazare, Paris.
- Adresse relative aux appareils décrits. — L appareil pour le portrait stéréoscopique animé se trouve chez M. Raynaud, 58, rue Rodier, Paris.
- Renseignements. — M. Despommiers, à Carnac. — Nous n’avons pas d’autre adresse de M. Deloe que celle donnée dans notre dernier numéro.
- M. Bertrand, à Thonon. — Les leçons d’électrotechnique générale ne peuvent être lues que par des personnes possédant déjà une éducation mathématique et scientifique élevée. La désincrustation des conduits de votre chauffe-bain est une opération délicate ; nous vous conseillons de recourir à un spécialiste, et à l’avenir, d épurer votre eau avant de la laisser circuler dans les conduits.
- MM. Chenal et Douilhet, à Paris. — Vous trouverez dans le n° 1774» s5 mai 1907, un article sur le passage à la chaux des tunnels métropolitains, au moyen d’appa-
- reils vaporisants; dans le n° 1813 du 22 février, la description d’une machine à badigeonner reposant sur le même principe, et enfin dans le Supplément du n° 1828 du 2 mai 1908, la description du vaporisateur de peinture Grube.
- M. le marquis d'Urre, à Constantinople.—: Nettoyage du velours taché d’eau : mouiller l’étolîe à l’envers, l’exposer au-dessus d’un fer bien chaud, sans l'y laisser toucher; puis faire sécher à l’air libre.
- M. Lizeray, à Compans. — Pour recoller les objets en marbre : former un mélange de 2 parties de cire, d’une de résine, avec 2 parties du même marbre pulvérisé. Réunir au moyen de ce ciment les parties à rejoindre. Il faut que le marbre soit bien sec et le ciment légèrement amolli par la chaleur. On rebouche les fentes des marbres avec de l’eau de colle mélangée d’albâtre en poudre( d’ardoise ou d’ocre suivant la couleur du marbre. Polir ensuite à la ponce, au tripoli, au blanc d’Espagne.
- M. Georges, à Amsterdam. — Nous ne pouvons vous donner aucun renseignement à ce sujet.
- M. Tissier, à Paris. — Nos plus vifs remerciements pour les très intéressants renseignements que vous nous communiquez.
- M. L. D. M. — Nous ignorons absolument à quel ouvrage vous faites allusion et nous ne l’avons pas retrouvé dans notre bibliographie; nous craignons que vous ne fassiez erreur, d’autant plus que le sujet est tout à fait en dehors de notre domaine !
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro Les Gallas au Jardin d’Acclimatation : Marcel Clôt. — Un musée commercial japonais. — La dénudation des roches dures : E.-A. Martel. — Aviation; quelques planeurs : Lucien Fournier. — Machine à nettoyer les poissons : .V. Forbin. — Académie des sciences; séance du 7 septembre 1908 : Ch. de Villedeuil. — E. Mascart : Ch.-Ed. Guillaume.
- Supplément. — Une ligue française aérienne. — Nécrologie : M. Alluard. — Les ancres des navires et les câbles télégraphiques. — Les métaux précieux dans l’eau de mer. — Les scarabées apocryphes de Néchao, etc. — L’éclairage des grands espaces. — L’olive de mer. — La cure d’air en bateau-mouche. — Contre l’épaississement de l’encre. — Serviettes magiques.
- Traité complet d’analyse chimique appliquée aux essais industriels, par J. Post et B. Neumann. 20 édition française entièrement refondue, traduite d’après la 3e édition allemande, par le Dp L. Gautier. Tome Ier, 2° fascicule. Chez A. Hermann, à Paris. Prix : 10 francs.
- Le nouveau fascicule de cet important ouvrage est relatif au gaz d’éclairage, au carbure de calcium et à l’acétylène, au pétrole, aux huiles de graissage, de goudron, à la paraffine, la cire minérale et l’ozocérite, à l’asphalte, aux graisses et huiles grasses, à la glycérine, aux bougies, aux savons. Chaque chapitre a été traité par un technicien d’une compétence toute spéciale : l’ensemble constitue une mine de renseignements qui sera précieuse non seulement pour les chimistes, mais pour les industriels en général.
- Instructions sur le montage des installations électriques, suivies des décrets du 11 juillet 1907. Chez Berger-Levrault, imprimeur à Nancy.
- Ce manuel a été rédigé par les Services électriques d’un groupe très important d’associations de propriétaires d’appareils à vapeur. C’est dire avec quelle compétence il a été composé. C’est un guide dont la précieuse expérience sera nécessaire à tous ceux qui voudront entreprendre une installation électrique. Il
- p.2x127 - vue 559/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- a en outre l’avantage d'être réduit à un format de très faibles dimensions, d’être éminemment portatif.
- Téoria sobre la locomotion aéra, par A. Robles Domin-guez, chez J. Lara, à Mexico.
- Moral instruction and training in schools, report of an international inquiry. London. Longmans Green and C°. 1908. 2 vol. in-8°. lxviii-538 p. etxxvn-375. Prix : 5 shillings le volume.
- Les questions d’éducation sont trop à l’ordre du jour pour que nous ne signalions pas brièvement ces deux gros volumes très consciencieux, résultat d’une
- vaste enquête internationale et dont chaque chapitre a été rédigé par d’éminents spécialistes des Universités européennes, américaines, australiennes, etc.
- Conférences d’hygiène et de puériculture, par le Dr Mek-cier, professeur l’École de Médecine de Tours. A. Poinat, 1908, Paris. 1 vol, in-8°, 164 pages. Prix : 2 francs.
- Sous son titre modeste, ce Recueil de conférences est en réalité tout un petit précis, d’hygiène pratique, sous une forme concise et attrayante, et où sont traitées, tour à tour : l’hygiène de l’individu, l’hygiène des collectivités, l’hygiène de l’individu malade, l’hygiène sociale et l’hygiène du nourrisson.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION' ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 7 sept. 1908. . 8U,8 Câline. lieau. » Rosée ; beau ; petit brouillard à (> h.
- Mardi 8 U°,o S. S. W. 2. Peu nuageux. » Rosée ; quelques nuages le malin et le soir.
- Mercredi 9 12°,4 S. S. W. 2. lieau. » Rosée ; nuageux.
- Jeudi 10 9°,0 S. s. w. 1. Beau. 0,6 Rosée; peu nuag. .jusq. 9 b.; tr. iiuag. eus.; halo solaire; Pluie.
- Vendredi 11 8°,2 S. £.' Nuageux. 2,8 Nuageux ; halo à 15 b.; pluie avec grêle de 14 b. 40 à 14 h. 55.
- Samedi 12 8°,2 S. 1. Très nuageux. 4,1 Pluie de 2 b. 50 à 5 b. 45; très nuageux.
- Dimanche 15 5°.4 S. S W. 2. Beau. » Première gelée blanche ; beau.
- SEPTEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 7 AU DIMANCHE 13 SEPTEMBRE 1908.
- Mardi
- Mercredi
- Jeudi
- Vendredi
- Samedi
- 5553533^.55555^ m5li3555553353mm mhm55 eh
- _.m mm.mr.mm mmmmw immmmmmm MUmm,,
- 333533333**5555m555mo553m*£535m mwEssB?!! 53553355553553533555355555553555m55m5S
- i5£5^£535355S35S
- S53m55S
- r WWMfck'M*
- SSSSSSEES3SS EEESESEEESSEEEESEESEESEE SE3ESSSSSSESSEESSSSESSSS SSSSSEESESSESESEESSSSSEEj
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du 8 au i3 septembre. — Le 8. Dépression assez profonde sur les Iles-Britanniques : Irlande, 748; pression élevée sur le Centre et le S. du continent, ainsi qu’en Islande. Pluies sur le N. de l’Europe. Température du matin : Seydisfjord, 3°; Paris, i5; Alger, 23; Puy de Dôme, i5; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : x8°,6 (normale : i5°,5). — Le 9. Centre de dépression sur le N. de l’Angleterre (740). Pluies sur le N.-O. de l’Europe; en France : Cherbourg, Brest, Nantes, 2 mm. Temp. du matin : Seydisfjord, 4°; Paris, 12; Puy de Dôme, 17; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i4°,8 (normale : 15°,45). — Le 10. Hausse de pression sur les Iles-Britanniques: Skudesness, 741; pression uniforme, voisine de 763 sur toute la moitié S. du continent. Pluies sur le N. et l’O. de l’Europe; en France : Biarritz, 15 ; Clermont, 12; Besançon, Brest, Boulogne, 2. Temp. du matin : Seydisfjord, 3; Paris, 9; Alger, 29; Puy de Dôme, 6; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : n°,9 (normale : i5°,3). — Le 11. Pression uniforme, voisine de 760, sur le Centre et l’O. du continent; minimum en
- Scandinavie : Carlstadt, 740, Pluies sur le N. et l’O. de l’Europe; en France : Lyon, Toulouse, 3;; Biarritz, 16; Marseille, i5; Le Havre, 8; Cherbourg, 3. Temp. du matin : Seydisfjord, 1; Paris, 8; Alger, 2g; Puy de Dôme, 3; Pic du Midi, — 4; moyenne à Paris : io°, 1 (normale : i5°,2). — Le 12. Hausse sur l’O. de l’Europe : Yalentia, 765 ; Brest, Biarritz, 763 ; dépression au voisinage de l’Islande : Seydisfjord, 753. Pluies sur le N. et l’O.; en France : Le Havre, Charleville, 16; Cherbourg, 8; Paris, 7; Nantes, Besançon, 4. Temp. du matin : Thorshaon, 6; Paris, 8; Alger, 23; Puy de Dôme, t ; Pic du Midi, —5; moyenne à Paris : 9°,2 (normale : i5°,i). — Le i3. Continuation de la hausse à l’O. : Bretagne, 771 ; basses pressions sur le N. et l’E., Seydisfjord, ySi. Pluies sur le N. et l’O., en France : Belfort, Biarritz, 9; Dunkerque, 6; Lyon, 2. Temp. du matin : Charleville, o; Paris, 4! Pic du Midi, —9: moyenne à Paris : io° (normale : i4°,9). — Phases de la Lune, Pleine Lune le 10, à o h. 32 m. du soir.
- p.2x128 - vue 560/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à T Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être
- E.-A. MARTEL
- ^.\Ancien Président de la Commission centrale igi de la Société de Géographie.
- du journal : 120, Boulevard Saint-Germain, Paris (W)
- La reproduction des illustrations de * La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs. La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N" 1844 — 26 SEPTEMBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- L’aviation. -— L’approche de la mauvaise saison semble redoubler le zèle de nos aviateurs, et la semaine qui vient de s’écouler a vu encore de superbes envolées. Un fort grave accident est survenu malheureusement à l’aviateur américain Orville Wright, le 17 septembre, au cours d’expériences dans lesquelles il enlevait avec lui un passager, le lieutenant Selfridge, une hélice de l’appareil se brisa ; l’aéroplane déséquilibré fut précipité sur le sol d’une hauteur de 2 5 m. Le lieutenant est mort quelques heures après la chute,
- O. Wright a une jambe brisée, et est condamné au repos pour 4° jours au moins.
- Wilbur Wright, au Mans, a réalisé le 16 septembre, un vol de 3gm i8s 2/5, s’adjugeant ainsi le record français; le 17 septembre il couvre 36 km, en 32 min. Le 21 septembre, il bal tous les records du monde dans un vol de ih3im255 couvrant 90 km environ. Delagrange, le 17 septembre, réussit une envolée de 3o'n27‘, battant sa dernière performance qui n’était que de 23” 53®. Enfin Farman se prépare à reprendre ses expériences au Camp de Châlons.
- Aurore boréale. — Notre collaborateur M. Lucien Rudaux nous signale que le 14 septembre, entre 8 et 9 heures du soir, il a aperçu de son observatoire de Donville (Manche) une aurore boréale. C’est un phénomène qui mérite toujours d’être signalé dans nos régions.
- (Yoy. n° 1821, 18 avril 1908). La lueur peu étendue, mais par instants très intense, se montrait sous la forme d’un sommet d’arc surbaissé, mal délimité, dont la base était masquée par une épaisse bande de nuées. Aucun rayon vertical n’a été visible, mais la clarté jaunâtre de l’aurore boréale a subi de grandes et parfois rapides variations, jusqu’à l’extinction complète à certains moments.
- Le tétrachlorure de carbone. — Ce corps n’offre rien de nouveau : la chimie théorique le connaît depuis très longtemps. Mais il paraît aujourd’hui sur le point de faire ses débuts dans la vie industrielle ; où il peut jouer un rôle important. En particulier, il pourra apporter à l’industrie de la houille blanche une aide considérable. Voici comment : nos établissements hydroélectriques, chaque jour plus nombreux, cherchent dans l’électro-chimie, un champ d’activité rémunérateur; la fabrication de la soude, qui, comme on le sait, alimente une industrie énorme, pourrait parfaitement s’effectuer par la voie électrolytique, en décomposant le chlorure de sodium ou sel marin. Malheureusement, ce procédé donne naissance à d’énormes quantités de chlore libre, dont l’industrie ne peut se débarrasser, dans les conditions actuelles. Faire de ce chlore du tétrachlorure de carbone, telle est peut-être la solution de l’avenir. Le tétrachlorure est un dissolvant des corps gras, au même
- titre que le sulfure de carbone, la benzine, l’essence de pétrole. Mais il ne présente pas la dangereuse inflammabilité de ces produits. Il trouverait un emploi tout indiqué, dans l’industrie des huiles, dans le dégraissage des laines, et des déchets de laine et de coton.
- Le bison domestiqué. — Nos lecteurs sont au courant de la « Question du bison » et plus d’une fois, nous
- en avons signalé ici l’importance et les péripéties. Voici une fort curieuse photographie qui nous est communiquée par M, Harold Baynes, le très sympathique secrétaire de Y American Bison Society, et qui, mieux que de longs discours, montre qu’il n’y a pas seulement dans le désir de sauver le bison une marotte d’archéologues (de telles prétendues marottes cachent souvent d’ailleurs des pensées fort respectables, quoique peu compréhensibles pour le grand public), mais un réel intérêt humain. Les deux jeunes bisons représentés ici ont été élevés par les soins de M. Baynes lui-même, qui les a nourris à la bouteille — nous allions dire au biberon — dès le plus jeune âge, et qui a pu les domestiquer, sans d’ailleurs diminuer en rien leur robustesse, puisque l’un d’eux a pu vaillamment tenir tète, en bataille, à un jeune et fort taureau de même âge.
- L’incendie de l’Hôtel des Téléphones. — Un
- incendie a détruit, dans la nuit du 20 au 21 septembre, l’Hôtel des Téléphones de la rue Gutenberg, privant ainsi Paris de toute relation téléphonique avec la province et l’étranger, et supprimant l’usage du téléphone à 19000 abonnés. La répercussion d’un tel désastre
- Attelage (le jeunes bisous domestiques.
- p.2x129 - vue 561/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- sur le commerce, l’industrie, les opérations financières, est immense, et d’autant plus grave qu'on ne peut y remédier, même partiellement, en répartissant les services de l’Hôtel de la rue de Gutenberg entre les autres bureaux centraux téléphoniques de Paris, quitte à surcharger ceux-ci momentanément. Il faudra, en attendant la construction d’un nouvel hôtel, édifier des bureaux provisoires qui ne pourront être mis sur pied avant 2 mois. C’est là le résultat d’une situation dont bien des techniciens avaient déjà signalé le danger : il est • inadmissible, en effet, que dans un centre comme Paris, les relations téléphoniques extérieures soient toutes centralisées en un seul bureau, sans aucun organe de secours, en cas d’accident, toujours à prévoir, pour des installations aussi fragiles que les installations téléphoniques. Dans ces conditions, il a suffi d’une étincelle pour isoler Paris du monde entier. La disposition fâcheuse de l’Hôtel de Gutenberg avait aussi provoqué bien souvent de sinistres prophéties : on sait que 4 multiples y sont superposés, un à chaque étage : qu’un incendie éclate dans l’un de ces meubles, où passent, comme l’on sait, des milliers de conducteurs électriques, et nécessairement la catastrophe s’étend aux trois autres, si on n’a pu limiter à temps le désastre. Quant aux causes précises du sinistre, il est impossible de se prononcer dès maintenant : l’installation du système dit à la batterie Centrale (Voy. La Nature, n° 1761, a3 février 1907) n’y est peut-être pas étrangère ; elle fait circuler, dans les câbles du bureau, une énergie électrique beaucoup plus considérable que par le passé : il se peut qu’en un point défectueux, un échauffement anormal se soit produit, ou qu’une étincelle ait éclaté, formant court-circuit entre deux conducteurs et enflammant la parafline. Il est probable que cette catastrophe aura pour conséquence un remaniement complet des services téléphoniques parisiens; Paris y gagnera peut-être enfin une organisation à la hauteur des exigences de la clientèle et comparable à celle des autres capitales.
- Production minérale du Japon. — L’importance bien naturelle attribuée au Japon rend intéressante sa production minérale; la voici pour l’année 1907 avec, en regard, la production correspondante de 1906, d’après les statistiques du Ministère de l’Agriculture et du Commerce japonais :
- 1900 1907
- Nature des produits. Unités. Qusinlité<. Quantités.
- Or..................Momnié(*). . 794.585 755.708
- \rgent . ...... » 20.161.481 25:519.189
- Cuivre.............. Kin (2) . . . 58.740.257 65.061.157
- Ponte de fer .... Kwainmc(3). 10 536.061 11.610.995
- Acier.............. » 855.484 1.225.025
- Plomb...............Kin . . . . 4.570.708 5.090.240
- Etain.............. » 59.880 50.074
- Antimoine ralliné . . » 545.210 ?
- — sulfureux. » 160.780 ?
- Mercure .................. » 610 912
- Pyrites. ...... Kwamme. . 9.597.250 9.620.278
- Fer chromé......... » 414.750 1.509.928
- Manganèse.......... » 1.911.2,70 2.772.250
- Minerai d’arsenic . . Kin .... 10.512 7.710
- —• de zinc. . . Kwamme . . 5.795.095 4.154.982
- — phosphoreux. » 857.340 ?
- Graphite ...... Kin..................... 235.089 119.826
- Charbon ...... Tonne . . . 12.974.274 13.716.488
- Tourbe............. » 71.574 63.550
- Pétrole. ...... Koku (4). . . 1.378.21 1 1,773.197(:i)
- Poix............. Kin................... 644.158 810.000
- Soufre............. » 45.722.221 47.515.538
- P) Monnné
- 50.
- (-) Kin = Monnné 160, soit gramme GOO.
- (») Kwamme = Monnné 1.000, soit kilogramme 3.750. (1 ) Koku = Gallon 39.703 ou litres 180.592.
- (B) Par évaluation.
- Les reptiles au Bengale. — On mande de Bénarès au Daily Mail que, dans la seule province de Bengale, les serpents et bêtes féroces ont causé la mort de 12700 personnes pendant l’anné 1906. De 1882 à 1906, plus de 3oo 000 Bengalais sont morts dans les mêmes conditions. On remarque que le nombre des grands fauves tend à diminuer, tandis que celui des serpents venimeux augmente dans des proportions alarmantes. Ce phénomène tient à la tendance des autorités, qui encouragent plus efficacement la poursuite des fauves que la destruction des seiypents. Le montant des primes distribuées aux chasseurs de tigres, de panthères, de chiens sau-
- vages, etc., a été de 6166 roupies en 1906, lundis que les destructeurs de serpents 11’ont reçu que 3oo roupies. La disproportion est d’autant plus regrettable que, pour une personne tuée par un fauve, on en compte 7 qui meurent du venin des serpents, tandis que, parmi le bétail, on compte une mort causée par la morsure d’un reptile pour 10 morts causées par les carnassiers. On peut en conclure que les autorités du Bengale attachent plus de prix à la vie des bestiaux qu’à celle de l’homme. Sur un crédit total de 6472 roupies employé à la destruction des dangereux hôtes de la jungle, elles n’ont consacré que la vingtième partie à l’extinction des reptiles, les plus redoutables ennemis de l’espèce humaine dans les Indes.
- L’Industrie du plomb aux Etats-Unis. — La Rerue de Métallurgie a donné, d’après W. B. Ingalls, un historique très complet et, par là très intéressant, de l’industrie du plomb aux Etats-Unis depuis 1621 jusqu’en 1906. Il suffira, pour donner une idée de la façon dont est conçu cet historique année par année de donner ce qui est d’actualité (1906). Réouverture d’un grand nombre des anciennes mines arrêtées depuis 10 à 3o ans, notamment çelles d’Eureka et Cerro gordo. La première raffinerie de plomb par électrolyse est installée près de Chicago. La majeure partie de l’Industrie manufacturière du plomb aux Etats-Unis passe sous le contrôle de TÀmerican Smelt Refin, C), etc.
- La fortune mobilière du monde. — D’après une statistique de M. Neymarck, les valeurs mobilières négociables dans le monde entier rejjrésenteut une valeur de 732 milliards, dont la plus grande partie appartiennent en propre aux nationaux des grands pays suivants : Grande-Bretagne, i3o milliards ; Etats-Unis, 110 ; France, q5 à 100; Allemagne, 60 à rjH>\ Russie, 20 à 2a; Autriche-Hongrie, 20 à 22; Italie, 10 à 12, etc. Sur les 100 milliards de valeurs appartenant à des Français, 20 milliards sont des fonds d’Filat étrangers et 10 milliards des titres étrangers de diverses natures. Le revenu annuel de ces 100 milliards est de 4 milliards et demi. La valeur des titres mobiliers négociés sur le marché de Paris en 1907 montait à i5o millions.
- Les Indiens du Canada. — La dépêche, en date du 4 septembre courant, qui annonce d’Ottawa que deux tribus de la Colombie Britannique se sont déclaré la guerre, lire son importance de ce fait que l’événement a eu lieu pendant le printemps de 1907, et que la nouvelle n’est parvenue aux autorités de la province que dix-huit mois plus tard. Voilà qui peut donner une idée de l’immensité du Dominion, et aussi de la difficulté des communications dans ces solitudes, où de vastes étendues de pays sont encore inexplorées. Les deux tribus dont il est ici question habitent les bassins des rivières Nelson et Liard, qui s’étendent entre le lac de l’Esclave et les Montagnes Rocheuses. Une bataille rangée se livra au confluent de ces rivières ; les morts furent au nombre d’une vingtaine. L’Indien qui apporta la nouvelle au Fort-Yermillon, poste de la Compagnie d’Hudson, ajouta qu’un missionnaire catholique, probablement de nationalité canadienne, avait trouvé la mort en essayant d’empêcher le combat.
- L’opium à Madagascar. — Un tout récent décret interdit sur le territoire de Madagascar les fumeries d’opium et les réunions de plusieurs personnes pour fumer l’opium. Une telle mesure de préservation publique ne peut qu’être énergiquement approuvée.
- L’échange de colis postaux entre la France et les Etats-Unis. — Une convention fort intéressante vient d’être conclue à Washington entre la France et les Etats-Unis pour l’établissement d’un système régulier d’échange des colis postaux, ce qui mettra fin au défectueux système qui avait cours jusqu’ici. A l’exception d’un certain nombre d’objets prohibés (correspondance personnelle, animaux vivants ou morts, poisson, etc.), des colis de toute nature peuvent être expédiés à condition de ne pas excéder le poids de 2 kg, la longueur de ï,o5 m. et la circonférence de 1,80 m. La taxe au départ de France est de 2 francs. On trouvera d’ailleurs au Journal officiel du 14 septembre 1908 le texte in extenso de la convention qui définit tous les détails et points litigieux.
- p.2x130 - vue 562/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Eclairage
- Appareil photométrique pour l’étude des becs renversés. — On sait combien s’est répandu, pour l’éclairage des appartements et des magasins, l’emploi des becs à incandescence par le gaz, du système dit « renversé ». Pour l’étude photométrique de ces becs, la mesure de l’intensité lumineuse horizontale ne suffit pas, les quantités de lumière émises dans l’hémisphère inférieur et notamment aux environs de la verticale étant généralement celles qui produisent le plus d’effet utile.
- Fig. i. — Le banc photométrique.
- Un grand nombre d’appareils ont déjà été imaginés qui permettent la mesure photométrique sous différents angles, ils étaient souvent encombrants et d’un emploi peu commode. Celui que nous allons décrire est de faibles dimensions et peut être placé sur un banc photométrique ordinaire, son emploi est d’une extrême sim-
- Horizontal*
- Fig. 2.
- plicité et les mesures s’effectuent avec toute la rapidité possible. Son principe est dû à M. Raveau, physicien au Laboi'atoire d’essais du Conservatoire des Arts et Métiers où il est employé d’une façon courante. Le modèle que nous allons décrire et qui est celui en usage dans le laboratoire de la maison Frémont est légère-
- Fig. 3. — Coupe verticale de l’appareil.
- ment différent de celui du Conservatoire.
- Soit un banc photométrique A (fig. i) sur lequel sont placés, à poste fixe, la lampe étalon B et le bec renversé C. Les rayons émis verticalement par C sont réfléchis successivement sur deux miroirs m et m' et renvoyés horizontalement sur le photomètre P. Le système des deux miroirs peut tourner solidairement autour de l’axe BC; si l’on fait tourner ce système d’un angle de io° en avant du plan de la figure, on recevra sur le photomètre les rayons émis par le bec renversé sous un angle de io° avec la verticale. On pourra ainsi mesurer les intensités du bec vu sous des angles quelconques. Compris entre la verticale et l’horizontale et
- cela de chaque côté du plan de la figure. 11 suffit de connaître une fois pour toutes la distance cm/»' et le coefficient d absorption de l’ensemble des deux miroirs, ce dernier étant déterminé par la comparaison entre deux mesures horizontales successives, l’une directe sans utiliser l’appareil, l’autre par l'intermédiaire de ce dernier. Les mesures se font comme à l’ordinaire en déplaçant le photomètre jusqu’à l égalité d’éclairement des deux plages. On peut alors tracer la courbe (fig. a) représentant les intensités dans les différentes directions et calculer l’intensité hémisphérique moyenne.
- La figure 3 est une coupe verticale de l’appareil. Ln axe creux B peut tourner dans un palier A supporté par les colonnes E E' et un patin en fonte P qui s'adapte sur le banc. Un cercle divisé C est fixé à la colonne L et l’arbre creux porte un index I. Deux flasques en tôle D sont solidaires de 1 axe B et tournent avec lui, elles sont entreloisées et supportent les miroirs m et Enfin, un contrepoids R sert à équilibrer la partie mobile.
- Nouveau bec de gaz à incandescence I’ < Indéréglable ». — On sait combien il est difficile de régler d’une façon parfaite un bec à incandescence; ce réglage est, cependant, essentiel pour obtenir, avec ce système, l'éclairage maximum pour le minimum de dépense. Mais comme il dépend essentiellement de la pression du gaz dans les canalisations, on comprend qu’il ne soit pas
- aisé de le réaliser d’une façon constante. Dans le bec que nous allons décrire, on a cherché à éliminer cette difficulté, en créant un dispositif qui assure une pression absolument constante à l’orifice du bec. Celte pression, du reste, est toujours très faible. L’appareil comporte un régulateur proprement dit A qui modéré la pression, un injecteur B sur lequel est vissé le chalumeau formé lui-même de cônes superposés D, le brûleur et enfin une cloche E qui recouvre l’appareil et dont l’orifice est calculé de façon à réaliser, dans le rapport voulu, le mélange d’air et de gaz. L’échauffexnent de la masse métallique du système sert à dilater le mélange gazeux. Le gaz, grâce à ce dispositif, ne fuse pas vigoureusement à l’arrivée, comme dans la plupart des autres becs, il se mélange à l’air dans les chambres coniques, et il s’y échauffe assez pour acquérir néanmoins, à la sortie du bec, une pression qui le rende insensible à l'action des causes extérieures. Le bec donne ainsi une pression parfaitement constante ; et, par suite, une lumière stable et un bon rendement. — Il est en vente à la Société générale d’éclairage, 22, rue deTurbigo, Paris.
- ctg'ïsi. Jouets
- L’anneau diabolique. — Ce jouet, malgré l’apparence de son nom, n’a rien de commun avec le célèbre diabolo. L’anneau de caoutchouc qu’il lance à travers l’espace, ne rappelle nullement ce projectile dangereux, que dans nos jardins publics, enfants et jeunes gens lancent à des hauteurs vertigineuses, à la grande terreur des promeneurs inoffensifs. L’anneau diabolique n’est autre que l’antique « Jeu de Grâce », ingénieusement modernisé. Chaque joueur s’arme d’une seule baguette et d'un anneau en caoutchouc. La baguette est représentée sur
- p.2x131 - vue 563/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- la figure ci-dessous ; elle porte à son extrémité une petite fourche en métal, sur laquelle vient se placer l'anneau; de plus, elle est munie d’une poignée mobile, glissant sur toute sa longueur. On place donc l’anneau dans la
- Le jeu de l'anneau diabolique.
- fourche, on fait glisser la poignée mobile le long de la baguette et on la remonte pour y accrocher l’anneau dans sa gorge. Il suffit alors de tirer sur l’anneau, en le maintenant avec le pouce de façon à le rapprocher le plus possible de la poignée fixe: on soulève légèrement le pouce, et l'anneau est projeté en l’air. Le partenaire doit recevoir l’anneau et le lancer à nouveau.
- Ce jeu amusant exige quelque habileté; c’est là une condition indispensable pour entretenir l’intérêt des joueurs. L’anneau du diable sera, sans aucun doute, fort apprécié de la jeunesse. — 11 est en vente chez Mathieu, •29, rue de Valois, Paris Prix depuis 2.r‘,95, jusque 8fr,75.
- Divers
- Porte-mine pratique. — Le porte-mine, autrefois d’un usage universel, trouve aujourd’hui des concurrents redoutables dans les porte-plumes à réservoir de toute sorte que l’on rencontre dans le commerce. Il pré-
- 1. Le porte-mine Ii, et son bouchon taille-mine A.
- 2. Cqjnment l’on taille la mine.
- 3. Manœuvre du porte-mine.
- 1 3
- sente cependant sur eux l'indiscutable avantage du bon marché. Il faut ajouter que les fabricants s’ingénient à le perfectionner de toute manière. Ainsi le porte-mine représenté ci-dessous comporte quelques dispositions spéciales qui le rendent fort pratique. D’abord, il est muni d’un taille mine, ce petit accessoire dispense du souci d’avoir constamment un canif sur soi. Il est contenu dans la partie mobile A, qui sert de tête au portemine. La mine s’introduit dans le porte-mine par l’ouverture B; on replace alors le taille-mine, qui va servir maintenant de poussoir; une simple pression, en effet, sur l’extrémité du porte-mine fait sortir la mine, au fur et à mesure de son usure. — Cet objet est en vente chez Mathieu, 29, rue de Valois, Paris. Prix : 1fl',75.
- Douche-fontaine. — Cet appareil, peu encombrant, se place aisément dans tout cabinet de toilette. Il présente, en outre, l’avantage de donner à la minute, à volonté, de l’eau froide, tiède ou chaude, et d’être ainsi facilement utilisable en toute saison. Il fonctionne par le simple allumage d'une lampe à alcool. En voici le mécanisme : l’eau d'un réservoir P, s’écoule et vient au contact du double fond F, chauffé par la lampe à alcool où elle prend la température voulue ; grâce à la pression de l’eau qui le surmonte, elle sort en jet par l’orifice R.
- En A esl un réservoir qui facilite l’échaulfement répudier de l’eau.
- Le débit est de 1 litre à la minute environ. Le contenu du réservoir esl d’une dizaine de litres. L’appareil a été
- Vue et coupe de la
- douche - fontaine.
- construit de façon à éliminer les dangers d'explosion. — Il est en vente chez Valentini et Bonjour, 1, rue Saint-André, à Lyon. Prix : 80 francs.
- Caisse d’épargne. — L’épargne a été appelée, à juste litre, une vertu nationale française. 11 existe chez nous mille moyens ingénieux qui en développent le goût chez les enfants et les grandes personnes. Voici un petit coffret fort bien combiné, qui pourra lui aussi contribuer à celte œuvre utile. Séduisant d’aspect, muni d un mécanisme quelque peu ingénieux, il semble fait pour attirer à lui ces menues offrandes, qui peu à peu s'accumulent et se transforment en un capital rondelet. Il est fait en tôle d’acier d’une seule pièce ; le parallélogramme de base peut pivoter autour d'une charnière ; une serrure intérieure GIIK sans saillie le maintient immobile; on n’y louchera, bien entendu, que lorsque le moment sera venu d’entrer en possession des trésors enfouis dans le coffre. Sur le dessus de la caisse esl disposée une ouverture à glissière AB commandée par une targette mobile : on y introduit les pièces de mon-
- Fig. 1 — Vue extérieure. Fig. 2. — Vue intérieure.
- naie; cette ouverture est mobile, et n’apparaît qu’au moment d'y glisser la pièce : normalement elle reste dissimulée sous la paroi supérieure du coffre. Poulies commerçants qui désireraient utiliser un coffret de ce genre comme caisse, ce dispositif sera précieux, car il les mettra à l’abri du vol classique par la baguette engluée.
- L’orifice F, qu’on aperçoit sur le côté droit permet l’introduction des billets de banque roulés. — L’objet est en vente chez Mathieu, 29, rue de Valois, à Paris. Prix : 8rr,75.
- Pince coupe-œufs. — Le mécanisme de cette pince se comprend de soi. C’est la pression exercée par les doigts dans les anneaux qui servent à la tenir qui détermine l’enfoncement dans la coquille de l’œuf des pointes
- Pince coupe-œuf.
- acérées dont est garni l’intérieur de ses [branches. On obtient ainsi une ouverture de l’œuf nette et propre, bien circulaire, et l’on ne risque pas de casser maladroitement la coquille ou de se tacher. — Chez Kirby, Beard and C°, 5, rue Auber, Paris.
- p.2x132 - vue 564/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Les éruptions alimentaires. — Un lecteur de La Nature nous raconte qu’il ne peut manger du poisson de mer sans avoir, le même jour ou le lendemain, le corps couvert de rougeurs et me demande comment on peut éviter ce désagrément.
- Les éruptions d’origine alimentaire sont fréquentes, plus encore peut-être que celles qui surviennent à la suite de l’ingestion de certains médicaments, lesquelles ne sont pas rares cependant. Un sujet prend un cachet d’antipyrine pour combattre une migraine pénible, deux heures après la prise du cachet, il ressent des démangeaisons atroces sur tout le corps et se découvre la plus belle éruption d’urticaire qu’on puisse rêver. Chez un autre, un cachet de salol, ou même de quinine, quelques gouttes d’une liqueur arsenicale, l’absorption d’un peu de calomel, provoquent une éruption soit d’urticaire, soit de forme scarlatineuse. J’ai publié à maintes reprises des exemples de ces symptômes bizarres,
- Il en est de même pour les aliments ou pour mieux dire pour certains aliments. Nombre de personnes ne peuvent manger du homard, de la langouste, voire des écrevisses sans avoir de l’urticaire. Les moules, alors même qu’elles sont des plus fraîches et ne contiennent pas de façon appréciable la substance toxique dite mytilo-toxinc, ont aussi celte propriété désagréable de provoquer des irritations du tégument. Et avec les poissons, quantité d’autres aliments tels le gibier, la viande de porc, les sauces épicées. Les fruits les plus savoureux ont eux aussi une action irritante pour la peau chez bien des personnes. Je connais pour ma part deux hommes et une dame, d’âge plutôt respectable qui, depuis leur plus tendre enfance n’ont jamais pu avaler une fraise sans être, au sortir de table, pris de prurit et de cloques urlicariennes.
- A quoi lient celte susceptibilité ? Notez qu’il s’agit en réalité d’une foi*me légère d’intoxication alimentaire. Les poissons, la viande, les fruits sont d’une fraîcheur à nulle autre pareille et cependant l’éruption se produit, mais elle se produirait bien plus rapide, et bien plus intense si les aliments étaient un peu avariés (viandes faisandées, produits de conserve datant de loin comme fabrication, etc.). 11 y a des degrés dans cette répercussion d’une infection intestinale sur les téguments. Un de mes amis ne peut manger du poisson de mer à Paris sans être pris d’une éruption, mais à la mer, il peut impunément manger celui qui vient d’être pêché. Une jeune femme prétend que, si elle a pris un bain de mer, elle peut, sans crainte d’urticaire, se risquer à goûter du homard il l’américaine, qui lui vaut à Paris l’éruption la plus désagréable possible.
- J’imagine que le bain de mer ne joue jxas un rôle bien important dans cette immunité et qu elle est due vraisemblablement à la fraîcheur plus grande du poisson, à un état général meilleur, du fait du grand air, a une suractivité des mutations nutritives qui neutralisent les effets toxiques du crustacé. Un maître en dermatologie, le professeur Gaucher soutient, avec raison à mon avis, que toutes les affections cutanées, mêmes celles qui paraissent nettement de cause externe, même les parasitâmes sont soumises à l’influence de la constitution et de l’état diathésique.- Rien de plus vrai; le même aliment, le même plat est ingéré par divers convives sans effet nocif pour la plupart; un seul ressent des malaises, se voit frappé d’une éruption. Il faut bien admettre une prédisposition particulière, une idiosyncrasie, comme disaient les médecins du vieux temps. Celte prédisposition peut tenir à bien des causes, altération du foie, des reins, mauvais état du système nerveux, simple perturbation passagère des fonctions digestives; c’est un point à chercher. Tous les êtres humains ne sont pas également sensibles à l’action des médicaments; ils ne doivent pas l’être davantage à l’action des toxines alimentaires. Et les personnes que je vois souvent et qui, depuis des années, ne peuvent manger de fraises sous peine d’ètre le lendemain rouges comme des écrevisses, ont sûrement une sensibilité toute particulière, car le foie, les reins et tous leurs organes semblent être et je crois pouvoir dire sont en parfait état. J’ai parlé il y a quelques années de
- l’intolérance jjour les œufs ; l’ingestion d’un pauvre petit œuf provoquant une crise de colique hépatique. Depuis, j’ai relevé dans les publications médicales nombre de faits semblables et cependant il n’est guère, le lait et le pain à part, d’aliment plus répandu que l’œuf.
- La conclusion à tirer pour notre aimable lecteur, c’est qu’il fera bien de s’abstenir de poissons, c’est le remède le plus sûr; rien ne vaut en pareille matière la prophylaxie rigoureuse. Si les accidents ne sont pas constants et que la gourmandise soit plus forte que la crainte de l’urticaire, il faut ne prendre que les poissons les plus frais et les moins susceptibles de se gâter, n’en manger que l’hiver ou dans des saisons peu chaudes, où la chance d’altération soit moins prononcée. II est rare, ajouterai-je, que les exanthèmes survenus sans indigestion soient bien graves; ils doivent cependant être traités comme les intoxications alimentaires sérieuses. Il faut favoriser l’élimination des produits toxiques par des purgatifs légers, par des boissons diurétiques, le régime lacté, quelques antiseptiques intestinaux. Le prurit provoqué sera calmé par des lotions avec de l’eau coupée de vinaigre ou d’eau de Cologne, et même quelques grands bains amidonnés. D' A. C.
- La tuberculose pulmonaire depuis vingt ans. —
- D’après des documents officiels prussiens récemment étudiés parM. Armaingaud devant l’Académie de Médecine ('voir Bull. Acad, médec., 1908, t. IX, p. i3 et Reçue d’hygiène, août 1908, p. 693) il semble certain que la tuberculose pulmonaire a très sensiblement diminué dans les vingt dernières années, passant de 3i décès pour joooo habitants (1886) à 17 pour 10000, et cela semble indiquer qu’il est possible, dès à présent, à une nation civilisée, de réduire en 20 ans les ravages de la tuberculose de 43 pour ioo. Il est particulièrement intéressant de faire connaître, d après M. Armaingaud, les moyens qui ont été mis en œuvre en Prusse pour arriver à ce résultat et qu’il serait à souhaiter de voir imiter chez nous.
- Contrairement aux documents allemands, M. Armaingaud ne croit pas qu’il faille attribuer une part importante de ces résultats à l’influence des sanatoriums populaires, qui lui paraissent avoir été en réalité pour peu de chose dans la diminution de la mortalité phtisique, et dont le véritable rôle d’ailleurs est bien plus que tout autre chose, un instrument de cure, d’assistance et de soins aux tuberculeux pauvres, mais non de lutte contre la maladie elle-même. En fait, de 1886 à 1896 (avant la réelle influence des sanatoriums) la mortalité tubei'culeuse s’est abaissée de 29 pour 100, et de 1896 à 1906 (péi’iode de multiplication des sanatoriums) elle s’est abaissée seulement de 22,5 pour 100.
- Pour M. Armaingaud, c’est surtout à l’hygiène générale et à l’hygiène préventive que le succès enregistré doit être attribué. Leur action bienfaisante ne se traduit pas seulement en Prusse d’ailleurs, mais dans toutes les capitales : en effet, tandis qu’à Berlin la mortalité tuberculeuse s’abaissait de 33 pour 100 en 24 ans (1881-1904) pendant le même temps elle fléchissait de 55 pour 100 à Vienne, de 23 à Londres, de 41 à New-York, de 22 à Pai'is. M. Armaingaud ne croit pas du tout, en effet, qu’il faille conclure des débats qui ont eu lieu en 1905-1906 (Commission permanente de préservation de la tuberculose; ministère de l’Intérieur) à l’impossibilité radicale de savoir si la mortalité tuberculeuse diminue ou augmente. Quoi qu’il en soit, il est particulièrement intéressant de constater la décroissance de la tuberculose chez les enfants; elle prouve que les enseignements faits au public sur le rôle bacillifère du lait 11’ont pas été vains, et témoigne vivement en faveur des progrès accomplis par la puériculture. La faiblesse du chiffre témoignant de la faiblesse de la diminution obtenue à Paris dans la diminution de la mortalité tuberculeuse prouve d’autre part à la fois qu’il n’y a pas lieu de désespérer de la situation et aussi qu’il y a lieu de suivre l’exemple donné par l'étranger et d’agir avec vigueur pour le développement de l'hygiène sociale et de 1 hygiène individuelle.
- 133 |sft»
- p.2x133 - vue 565/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- Le bois cérame. — La décoration en bois naturel des intérieurs est sans contredit l’une des plus riches. Malheureusement les panneaux massifs sont d’un prix très élevé, et les alternances d’humidité et de sécheresse produisent souvent des déformations, voire même des ruptures ; les panneaux ordinaires en plaqué, sous l’influence de l’humidité, sont sujets à se gondoler et à se décoller. Un nouveau procédé, le bois cérame, semble remédier à ces inconvénients, tout en étant d’un prix de revient relativement très bas. Le bois cérame n’est autre
- chose que du bois plaqué, par un procédé spécial que nous allons décrire, sur un support en ciment, plâtre aluné ou autre matière analogue. On réalise ainsi des panneaux d’un aspect décoratif identique à celui des pan-
- _________________________ neaux ordinaires et pré-
- Ciment TS'd'z'-1sentant sur ces derniers
- Pcrtiana - - : J555i-53- de nombreux avantages.
- Ci m tnt__ ________—
- Metàl/iquc -----—' ,l!^ TT
- 8o;s
- Fig. i. — Coupe d’un panneau Fig. a. — Forme
- de bois cérame. des plaquettes de bois.
- Le bois, tranché en feuilles minces comme pour le plaquage ordinaire, est collé à la colle de pâte sur une table parfaitement plane en ciment anglais (plâtre aluné).
- A l’aide d’une sorte de rabot dont la lame présente à peu près la forme d’un soc de charrue, on trace sur la surface libre des sillons parallèles, normalement à la direction des fibres ; le bois se trouve ainsi soulevé sous une épaisseur de quelques dixièmes de millimètre, comme on le voit sur la figure a. On coule alors, à la surface de la plaque, une mince couche de ciment métallique (mélange d’oxyde de zinc et de chlorure de zinc en solution) en ayant soin à l’aide d’une brosse de le faire bien pénétrer dans l’angle des sillons. On laisse la prise se faire, puis on met une couche épaisse (6 à i5 mm environ suivant les cas) de ciment Portlar.d. Quand ce dernier a fait prise, on retourne le panneau avec la table sur laquelle il est collé, on'imbibe d’eau celte dernière; le plâtre aluné se laisse traverser par l’eau et le panneau se
- décolle. La figure i montre une coupe du panneau terminé. La présence du ciment métallique est indispensable pour isoler le bois du Porlland, ce dernier pouvant à lu longue produire des taches. En outre, si l’on emploie des bois teintés artificiellement, les traces de chaux libre qui existent toujours dans le ciment Porlland, attaqueraient la teinture et la détruiraient.
- Lorsque les panneaux en ciment Portland doivent être disposés sur des cloisons en plâtre, il faut les isoler avec des tasseaux ou des cadres en bois, une réaction pouvant se produire entre les deux matières au contact et amener des boursouflements. La résistance mécanique des panneaux en ciment est généralement très suffisante; lorsqu ils sont de grandes dimensions ou doivent présenter une solidité particulière (dessus de tables par exemple) le ciment peut être armé avec une toile de fer noyée dans la masse.
- Ces panneaux résistent si bien à l’humidité qu’on peut les laver avec une éponge légèrement mouillée.
- Dans le cas où le panneau doit être placé dans un endroit parfaitement sec, on peut le faire en plâtre aluné. La présence de la couche de ciment métallique n’a plus alors d’utilité. Dans ce cas la table servant au collage peut être en une matière quelconque imperméable, l’iinhibition se faisant à travers le panneau lui-même.
- Les panneaux fabriqués sont enchâssés dans des cadres moulurés et servent à faire des lambris, des plafonds, etc. On peut associer, pour les constituer, des'bois d’essences différentes et réaliser des panneaux composés et des sortes de marquetteries du plus bel aspect. Le bois, fixé mécaniquement sur toute sa surface, ne peut ni se soulever ni se décoller. Comme nous l avons dit plus haut, le point essentiel est d’employer des matières ne se dilatant jms (et à ce point de vue nous préférons le Portland au plâtre aluné), d’avoir des bois parfaitement secs et de conduire l’opération assez rapidement pour ne pas donner à ce dernier le temps de s’imbiber à fond et de gonfler, car ultérieurement il en résulterait des efforts dangereux sur les fibres. L’avenir seifl dira si toutes ces conditions peuvent être remplies à un degré suffisant et si l’usage du bois cérame justifie les espérances qu’il a fait naître. E. Lanciuït.
- --->
- <
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- La désinfection des objets de toilette. — Il est
- souvent utile, indispensable même de désinfecter les objets de toilette. Cette nécessité se fait sentir, dans les écoles, les casernes, etc., dans les familles mêmes, partout où des êtres humains sont réunis pour vivre en commun. Pour parvenir au but, et détruire les germes qui peuvent contaminer ces objets, on ne peut recourir à la chaleur de l’ébullition qui les altérerait. 11 faut employer des solutions antiseptiques agissant à froid.
- La Gazette des hôpitaux recommande une solution ainsi composée :
- Formol commercial............... 4° grammes.
- Alcool à 900....................56o
- Eau.............................4°o —
- ou les solutions de lusolorme à 5 pour 100 qui, par un contact de 6 heures, suffisent pour assurer la neutralisation et la stérilisation des brosses chargées de staphylocoques ou de bacilles d’Eberth. On peut encore utiliser l’eau oxygénée à 5 pour 100; il suffit de couper l’eau oxygénée chirurgicale de deux tiers d’eau et de laisser en contact 1 heure pour assurer la désinfection. Non seulement les brosses sont désinfectées, mais encore nettoyées par ce procédé. On voit qu’en utilisant soit le lusoforme, soit l’eau oxygénée, on peut arriver à stériliser tous les objets de toilette. C’est une mesure qui devrait être prise dans les familles, après et même pendant chaque maladie contagieuse.
- Roue à couper le verre. — Un correspondant d’un journal technique anglais donne le moyen suivant de préparer une roulette à couper le verre. On se procure d’abord un morceau de craie de Paris, d’une grandeur suffisante pour qu’on y puisse tailler la roulette plate, à laquelle on donnera la forme d’un disque dont le pourtour serait taillé lui-même en double biseau; pour un diamètre de 12 mm environ, il suffira que la roulette ait une épaisseur de 3 mm environ. On perce un trou en son centre pour y mettre un pivot, et on la termine aussi complètement que possible, parce qu’elle ne pourra plus être retouchée après le traitement que nous allons indiquer. Le manche est formé d’un gros fil de cuivre, dans l’extrémité duquel on donne un trait de scie de largeur convenable, pour que la roue y jniisse pénétrer librement; on perce de plus le bout du fil de cuivre d’un double trou qui donnera passage au petit pivot qui fixera la roulette en la laissant tourner au bout de cette sorte de manche. Quand on s’est assuré que tout est bien disposé, on démonte la roue de craie, puis on la place dans un creuset qu’on lute avec un mélange en parties égales de sable fin et d’argile et l’on met le tout dans un feu de charbon de bois. On pousse jusqu’à la température du rouge blanc, en maintenant à cette chaleur durant trois heures. On peut laisser refroidir, et la roulette une fois remontée résistera à la lime et rendra le service qu’on en attend.
- p.2x134 - vue 566/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Trempe des petits ressorts. — On commence païen durcir le métal: et, dans ce but, on les chauffe au rouge brillant sur du charbon de bois, en envoyant de l'air au moyen du chalumeau; on peut aussi les tenir dans une flamme de bec de gaz, de toute manière ensuite on les plonge dans l'huile, et ils doivent alors être assez durs pour résister à la lime. Afin de faire disparaître d’autre part leur fragilité, on les passe à la toile d’émeri, puis on les place sur une plaque de fer et on les maintient au-dessus d’une flamme de gaz jusqu’à ce qu’ils prennent une belle teinte bleue. Ils commencent d’ailleurs par passerai! jaune paille, puis au brun, au rouge, au pourpre et enfin au bleu; immédiatement on doit les plonger dans l'eau.
- Vernis pour cuir de livres. — On prend un litre et demi d’esprit de vin, a5o gr. de sandaraque, 60 gr. de gomme mastic, a5o également de gomme laque en écailles, puis 60 de térébenthine de Venise. Le vernis ainsi composé doit s’appliquer très légèrement avec une brosse en poils de chameau. On le polit ensuite quand il est sec au moyen d’un tampon fait avec de la ouate bien fine, et sur lequel on a laissé tomber un peu d’huile d’olive. On commence par frotter légèrement, puis, au fur et à mesure que le vernis s’échauffe, on frotte plus vigoureusement.
- Liquide à nickeler. — Il peut s’employer pour tous les métaux, à ce que nous dit la publication allemande Mekaniker. Dans 20 litres d’eau, on fait dissoudre un kilogramme de sulfate de nickel, puis 725 gr. de tartrate d’ammonium neutre et enfin 5 gr. d’acide tan-nique dissous dans de l’éther. Du reste les diverses substances que nous venons de mentionner doivent être mises d’abord dans le quart seulement de l’eau, aussi chaude que possible; on filtre la solution ainsi obtenue, et on n’ajoute qu’ensuite le x-este de l’eau. Le liquide doit être absolument neutre.
- Pour boucher les fractures dans les marbres. —
- Nous songeons plutôt aux marbres colorés, car on ne réussit pas aussi bien avec les marbres blancs; mais on comprendra que, par assimilation, on pourrait s’inspirer du procédé que nous allons indiquer. On se procure de la gomme laque en écailles brune, et on la met, pour la ramollir, dans un plat de fer que l’on chauffera doucement au gaz : il ne faut naturellement pas pousser le feu, car on risquerait de brûler la laque. Quand elle est bien fondue, on la mêle avec une spatule en laiton, et
- l’on emploie, pour lui donner la nuance voulue, les couleurs en poudre qu’utilisent ordinairement les peintres en bâtiments. L’addition d’un peu de potée d’étain en poudre durcira le ciment ainsi préparé, et en même temps éclaicira sa nuance. On verse la composition sur une plaque de marbre, puis on y découpe des lames qu’011 roule en forme de crayons. C’est avec les crayons que l’on remplira les cavités et fractures, en chauffant le marbre à l’endroit convenable pour que la masse à base de laque devienne plastique et s’applique dans la dénivellation.
- Pour remettre à neuf le vernis des meubles. —
- On peut se servir dans ce but d’une composition faite de 1/8 litre à peu près respectivement d’huile rectifiée d’ambre, d’huile d’olive et d’excellente térébenthine; on y ajoutera au besoin 6 à 7 gr. d’essence de lavande, mais cela n’a guère d’action supplémentaire. On applique avec un chiffon doux, puis on frotte avec un autre chiffon, naturellement bien propre.
- Utilisation des vieux rubans de machines à écrire.
- — On peut tout simplement recueillir la quantité d’encre encore considérable qu’ils contiennent, quand ils sont devenus inserviables pour la machine, et celle encre est excellente. Dans ce but il suffit de couvrir le ruban d’eau tiède, de maintenir au chaud, de filtrer et de mettre en bouteille, la teneur en colorant s’augmentant d'autant qu’on laisse évaporer un peu de liquide.
- Composition pour imiter la pierre. — La composition suivante peut être appliquée comme une peinture, sur le bois, les métaux, la brique, etc. Prendre 13,6 kg de blanc d’Espagne, 9,7 kg de grès, 453 gr. de mica, 3,175 kg de silice ou d’alun. Pulvériser finement ces matières et les mélanger à l’état sec. On ajoute ensuite le mélange suivant chauffé un peu au-dessous de l’ébullition : vernis gras i,36o kg, térébenthine 2,27 kg, colle de peau 9,7 kg, eau 9,7 kg et l’on mélange intimement. On emploie l’alun pour l’intérieur, la silice pour l’extérieur. Sa composition s’applique au moyen d’une brosse.
- Enduit préservateur pour les livres. — Cet enduit est utile surtout dans les climats tropicaux, où une foule d’insectes sont tout prêts à dévorer les livres et leur reliure. On enduit les couvertures, à l’intérieur et à l’extérieur (et l’on en étend une bonne couche qu’on renouvellera tous les 2 ans), d’une mixture faite de 3o grammes de sublimé corrosif, d’autant d’acide phé-nique et d’un litre d’alcool de méthylène.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Adresses des appareils décrits. — h”Auto-déclic-Champenois, M. Marmonnier fils, usines Corne-dé-Cerf, à Lyon. — L’Automatic, MM. Simon frères, constructeurs, à Cherbourg. — Le fusil électrique est en vente chez M. Garion, 3 bis, cité d’Hauteville, à Paris.
- Renseignements. — M. Laureau, à Paris. — C'est par erreur évidemment que l’on vous a présenté la sirène de mer du musée Straecke, à Ostende, comme un poisson capturé il y a 5o ans dans les mers du Japon. Il s’agit sans nul doute d’une pièce truquée, probablement d’ailleurs d’origine japonaise, et très digne en même temps de figurer dans un musée. Vous trouverez dans La Nature, n° 12.5g, 17 juillet 1897, p. io3 sq, une étude avec des photographies sur un olijet semblable qui fut présenté à la Salpêtrière en 1897.
- M. Vicira du Silva, à Lisbonne. — Le toboggan est décrit dans le Larousse, le mot est canadien et dérive de l’américain odabagan, traîneau.
- M. Boitard. — Il n’existe pas, à notre connaissance, de bateaux à palettes triangulaires; du reste, cette
- forme serait défavorable, étant donnée sa faible surface d’appui.
- M. Darbour. Château de Boujbruit. —- Nous vous serions obligé de bien vouloir préciser l’appareil dont il s'agit et les critiques que vous formulez contre lui.
- M. le D' Bribozia, à Namur. — Le gaz ammoniac ne se combine que difficilement à l'oxygène et est beaucoup plus léger que l’air.
- M. Georges, à Zeist. — Nous vous remercions de votre avis.
- M. St-Javelle, à Nice. — Pour le nettoyage des cadres dorés, battre ensemble : blancs d’œufs, 96 gr et eau de javelle, 32 gr; nettoyer le cadre avec une brosse douce trempée dans ce mélange, puis donner une couche du vernis dont se servent les doreurs sur bois. Pour le nettoyage des objets dorés, employer une solution d’ammoniaque et frotter avec un linge doux.
- M. King, à Avignon. — Les débris de liège s’agglomèrent avec de l’asphalte et s'utilisent pour le dallage. On peut aussi employer le goudron des usines à gaz dans la proportion de 87 pour 100 de sciure et i3 pour 100 de goudron.
- M. /. llegsch, à Thann. — Pour lutter contre la mousse, il suffit de faire passer sur les terrains envahis une forte tondeuse, par un temps très sec et très chaud ; les rayons du soleil détruisent en peu de jours les racines des mousses qui se tiennent presque à fleur de terre.
- p.2x135 - vue 567/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précèdent numéro
- Ecoles d'aiguilleurs pour chemins de fer : Will Darvillé. — Le numérotage des plombs de chasse : Cu.-Fn. Guillaume. — La base navale anglaise de Gibraltar : 11. Bonnin. — Les ballons dirigeables : Lucien Fournier. — La légende des nattes : Marcel Blot. — L’expédition astrouomique du Mont Revard : Em. Touciiet. — L’arbre-écurie des Bahamas : V. F. — Académie des sciences; séance du 14 septembre 1908 : Cil. de Villedeuil. — Le portrait stéréoscopique animé : G. M.
- Supplément. — Le triomphe de l’aviation. — Comète de Halley à son prochain retour. — Le dirigeable République, t te. — Les chapeaux dits « de Panama ». — Contre l’artèrio-sclérose. — Destruction des nids de guêpes, etc.
- Handbuvh der Pliarmakognosis, par Tsuhikch. Leipzig. 1908. Herm. Tauchnitz, le fascicule : 2 marks, fascicules 2, 3, 4, de celle publication déjà signalée et qui doit en comprendre 3o.
- Essais de torsion. Les essais de torsion considérés comme moyens de sélection des métaux, relations entre la torsion et la traction, par P. Biuïuil, chef de la Section des métaux du Laboratoire d’essais du Conservatoire des Arts et Métiers. Béranger, édit., à Paris.
- M. Breuil indique pour les essais des métaux des règles nouvelles d’un grand intérêt, mais qui exigent encore de nombreuses vérifications.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 14 sept. 1908 . 5ü,l Calme. Beau. 0 Gelée blanche; petit brouillard à 6 h.; beau.
- Mardi 15 6°, 7 S. 1. Beau. 0,3 Gelée blanche; beau jusq. 13 II; nuageux eus.; averse à 21 h.
- Mercredi 16 10°, 1 S. W. 1. Nuageux. » Itosée; halo; nuageux.
- Jeudi 17 10°,5 S. £. Beau. B lîosée ; beau.
- Vendredi 18 13°,9 E. S. E. 2. Beau. » Jioséc ; beau.
- Samedi 19 13°,6 S. E. 1. Beau. )> Ilosée ; beau.
- Dimanche 20 15°.9 S. S. E. 2. Beau. » Itosée; beau le m.; 1res nuaaeux le s.
- SEPTEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 14 AU DIMANCHE 20 SEPTEMBRE 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 14 au 19 septembre. — Le 14. Une aire de pression supérieure à 770 mm s’étend sur la France et l’Autriche. Dépressions sur le N.-O. de l’Europe et le Centre de la Russie (Seydisfjord, Moscou, 745 mm). Pluies sur le N. de l’Europe, beau temps en France. Temp. du matin : Clermont, 4°; Paris et Nantes, 5; Toulouse, 9; Alger, 23; mont Yentoux, 8; Puy de Dôme, 7; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : n°,4 (normale : i4°,8). — Ae i5. La pression baisse sur le N.-O. de l’Europe ; fortes pressions sur l’Italie (77 1 mm). Dépressions sur l’Islande et le N. de l’Europe (Saint-Pétersbourg, 743). Pluies dans le N. de l’Europe, beau temps en France. Temp. du matin : Paris et Clermont, 70; Toulouse, 16 ; Alger, 22; Puy de Dôme, 11 ; mont Aigoual, 6; Pic du Midi, 3 ; moyenne à Paris : i4°,5 (normale : i4°,7). — Le 16. La pression se relève sur l’O. du continent. Aire supérieure à 770 mm sur le golfe de Gascogne (Biarritz, 771). Pression basse au N.-O. des Iles-Britanniques et sur le N. de la Russie. Pluies sur le N. et l’O. de l'Europe : 17 mm à Dun-querke; 1t à Nancy; 2 à Limoges; 1 à Cherbourg. Temp. du matin : Uleaborg, 20; Paris, 1 o ; Clermont, i3; Toulouse, 16; Alger, 29; mont Aigoual, 8; Puy de Dôme, 7; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : i3°,3 (normale : 14°,5). — Ae 17. Profonde dépression sur l’Islande
- (73o mm à Reijkiavick). Pression élevée sur le S. du continent. Pluies dans le N. ; beau temps en France. Temp. du matin : Haparanda, 20; Paris, 11; Toulouse, 13 ; Alger, 28; Puy de Dôme, 12; mont Aigoual, 12; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i5°,8 (normale : 14°,41. — Le 18. La dépression persiste sur l'Islande (Seydisfjord, 737 mm) et s’étend jusqu’à la Manche (îles Scilly, 7^9 mm). Fortes pressions sur le N. et le Centre du continent. Maximum sur la Baltique : 772 mm. Pluies sur le N. et le Centre de l’Europe; en France, sur le littoral de l’Océan seulement : 10 mm à Biarritz; 8 à Nantes. Temp. du matin : Uleaborg, —1°; Clermonf, 10; Paris, 14 ; Toulouse, 16; Alger, 26; Puy de Dôme, 16; mont Yentoux, 11; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i8°,9 (normale : 14°>2)- — Le 19. Pression barométrique très élevée sur tout le continent : 777 mm sur la Baltique; 778 en Allemagne; 766 sur le Centre de la France; basses pressions refoulées au large des Iles-Britanniques (îles Valencia : 760 mm). Pluies dans le S. de la Russie et sur les Iles-Britanniques. Beau temps en France. Temp. du matin : Moscou, 5°; Vienne, 8; Paris, 14 > Bordeaux, 16; Alger, 24; Puy de Dôme, 12; mont Aigoual, 9; Pic du Midi, 4; moyenne à Paris : i9°,4 (normale : i4°,i). — Phases de la Lune : Dernier Quartier le 17, à 10 h. 42 m. du matin.
- H* 1 136
- p.2x136 - vue 568/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- fout ce qui concerne « L,3. Nâtiire » doit être adressé aux bureaux du journal : nc, Boulevard Saint-Germain, "Paris (VJ”/
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1845 — 3 OCTOBRE 1908
- INFORMATIONS
- ><
- SUPPLÉMENT
- Découverte d’une nouvelle comète. — La troisième comète de l’année (1908 c) a été découverte par M. Mo-rehouse, astronome à l’observatoire Yerkès, à Williams Bay (Etats-Unis), le ier septembre dernier. Sa position était alors la suivante :
- Ascension droite —5 II. 20 nu; Déclinaison = -hGG01o'
- dans la constellation de la Girafe. Elle présentait une assez longue queue et son éclat était de la dixième grandeur environ. Déplacement rapide. M. H. Kobold a calculé l’éphéméride suivante qui permettra de la trouver en reportant les diverses positions ci-dessous sur une carte.
- DATES ASCENSION DHOITE DÉCLINAISON
- 22 septembre (minuit de Berlin). 0 h. 0 m. + 76° 32’
- 24 — — 23 h. 17 111. + 76° 18’
- 26 — — 22 h. 35 ni. h- 75° 32'
- 28 — — 21 h. 5G m. -1- 74° 12'
- 30 — — 21 li. 22 m. -t- 72° 22'
- Le 22 septembre, elle était voisine de l’étoile y, Céphée. Le passage au périhélie aura lieu le 24 décembre 1908 et l’éclat va en augmentant. Il pourrait se faire que cette comète devînt très belle. A l’observatoire de M- Flammarion à Juvisy, M. Quénisset a constaté photographiquement l’existence de plusieurs queues très divergentes, la plus longue ayant 5° de longueur et présentant des irrégularités remarquables. Ce nouvel astre paraît donc susceptible de devenir très intéressant. Yu sa forte déclinaison boréale, la comète est actuellement visible toute la nuit.
- Les prix d’aviation. — L’Àéro-Club de France publie une nouvelle édition des prix et règlements d’aviation à disputer cette année sous son patronage. Ce sont d’abord la coupe internationale Michelin (20 000 fr. par an ; au total 160600 fr.), le grand prix Michelin de 100000 fr. Puis la coupe Archdeacon (objet d’art valant 25oo fr.), le prix Montefiore-Friant (a5oo fr. et un portrait au crayon de l’aviateur), le pxnx de la Commission d’aviation (5ooo fr.), le prix de la hauteur dite des 25 m. (25oo fr.), le prix des 200 m. de la Commission d’aviation, le prix Tiûaca (5oo fr.), le Concours d’indicateur d’horizontale (5oo fr.), etc. L’Aéro-Club a déjà versé aux aviateurs : grand-prix Deutsch-Archdeacon (5oooo fr.), prix Ar-mengaud (10000 fr.), prix des 100 m. (i5oofr.), prix des 200 m.., etc.
- Les surprises de la télégraphie sans fil. — Un
- habitant de Brunswig vient d’observer un curieux phénomène que signale la Revue Umschau. Il possède un laboratoire qu’éclaire une lampe électrique. Or, il constatait avec surprise sur cette lampe, des variations successives d’éclat qui correspondaient très nettement à des signaux Morse. Du reste, ces variations d’éclat étaient accompagnées d’affaiblissement et de renforcement du son que fait entendre toujours l’arc de la lampe ; et l’on sait qu’une oreille un peu exercée saisit aisément
- un signal Morse constitué par une succession de sons longs et courts. En prêtant attention, le correspondant de Umschau parvint donc facilement à déchiffrer ces signaux d'un ordre spécial et il reconnut qu’il écoutait ainsi la correspondance émise par un poste radiotélégraphique éloigné de 3 km, qui opérait au moyen de trains d’ondes herziennes non amorties. Ainsi, sans antenne, sans appareil spécial, par la simple observation d’une lampe à arc ordinaire, il arrivait à intercepter les messages de poste. On voit qu’il ne faut pas encore compter sur le seci'et des communications par télégraphie sans fil.
- Téléphonie sans fil en Italie. — D’importants essais de téléphonie sans fil viennent d’être exécutés en Italie sous la direction du savant professeur Majorana. Les deux stations correspondantes étaient placées au poste radiotélégraphique de Monte-Marco et au sémaphore d’Anzio, soit à une distance réciproque de 60km environ. La transmission de la parole fut très nette. Le système employé repose sur l’emploi d’un microphone hydraulique actionné par un train persistant d’ondes électriques. Si nous rapprochons ces résultats de ceux qu’ont obtenus déjà M. de Forest en Amérique, et surtout M. Poulsen au Danemark et le lieutenant de vaisseau Collin en France, on peut en conclure que la solution définitive de ce délicat problème est proche.
- La pêche au téléphone. — C’est en Norvège quelle vient d’être inventée. Un microphone, dont le rôle est d’amplifier les sons sous-marins, est enfermé dans une mince boîte d’acier étanche à l’eau. Il est en relation constante, par des fils métalliques, avec un récepteur téléphonique installé sur le bateau de pêche. On assure qu’avec cet appareil, le pêcheur est toujours averti de l'approche du poisson. Chaque espèce, ajoute-t-on, donne dans l’instniment un son particulier. Ainsi, l’arrivée du hareng est signalée par une espèce de sifflement; la morue avertit de son arrivée dans le voisinage par une sorte de grognement.
- Utilisation du cerf-volant. — Nos lecteurs se souviendront peut-être que La Nature décrivit, il y a deux ans, avec photographies à l’appui, le kyte ou cerf-volant imaginé par le colonel Cody, grâce auquel un officier de l’armée anglaise put s’élever en l’air et observer les mouvements de l’armée « ennemie » au cours de grandes manœuvres. L’instrument vient de faire de brillants débuts dans la marine de guerre, pendant les récentes manœuvres navales au large de Portsmouth. Le cuirassé Res’enge, assisté par deux torpilleurs, lança à plusieurs reprises un kyte qui enleva le colonel Cody, puis différents officiers, à une altitude de 700 m. environ. De celte hauteur, il fut aisé de téléphoner au navire nombre d’observations intéressantes concernant les évolutions de la flotte ennemie. Nul doute que ces cerfs-volants ne rendent d’importants services en temps de guerre navale.
- 18
- p.2x137 - vue 569/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- Une mission pour un aéronaute. — Un des plus importants journaux des Indes, le Pioneer, publie un étrange article signé d’un nom très respecté <5%ns la péninsule, M. H. R. Alimad, un Anglo-Indien qui fut le précepteur de l’héritier présomptif de Bhopal. Dans les montagnes d’Amarkantak (Provinces Centrales), non loin des sources du Narbada et du Son, se dresse une antique fortei'esse appelée Rani Bakaoli. Les légendes locales s’accordent à dire que les radjahs hindous du pays y cachèrent, lors de l’invasion musulmane, d’énormes quantités de bijoux et de pierres précieuses. Pour mieux défendre ces trésors contre la rapacité des conquérants, ils firent détruire des travaux de drainage établis par leurs prédécesseurs, si bien que les vallées avoisinantes se transformèrent rapidement en lacs de boue gluante. L’accès du vieux fort devint impossible. Au cours des siècles qui suivirent, des aventuriers tentèrent vainement d’y pénétrer. Les récits populaires veulent que plusieurs expéditions se perdirent corps et biens en voulant franchir la large ceinture de boue mouvante. Mais voici un fait plus précis. Le gouverneur du Bengale, Sir Richard Temple, tenta, il y a quelques années, d’atteindre le Rani-Bakaoli. Son éléphant faillit disparaître dans l’océan de boue, et il dut renoncer à l’entreprise. Or, il se forme actuellement à Calcutta une compagnie qui se projjose d’acquérir un ballon dirigeable, grâce auquel il deviendrait possible de franchir l’insurmontable obstacle et de descendre à l’intérieur du fort, qu’il serait alors facile d’explorer. Le maharadjah de Rewa, de qui dépend le district d’Amarkantak, est un prince très ouvert aux idées occidentales. Il a promis son concours à l’entreprise. Yoilà, certes, une mission peu banale qui peut tenter un de nos intrépides aéro-nautcs.
- Gisements de manganèse dans l’Inde. — L’Inde a pris, dans ces dernières années, une très grapde importance comme producteur de manganèse et oh la considère même comme devant passer avant le Caucase dans la production mondiale. On sait combien la question du manganèse a pris une importance capitale en métallurgie et combien l’arrêt des mines du Caucase pendant les troubles russes avait jeté de trouble dans cette industrie. D’où l’intérêt de la question. Les minerais de l’Inde présentent, sur les minerais russes, l’avantage d’être plus durs, plus compacts, de se casser facilement sans poussière. D’après la Revue de Métallurgie, la plus grande partie de la production indienne est formée de psilomélane. La pyrolusite quoique existant dans les gisements de Pâli et de Goa n’a pas été exportée jusqu’ici. On cite, comme mines, celles de Yiza-gapatam, situées près d’un port de mer qui, depuis 10 ans, fournissent un minerai phosphoreux pour traitement basique, à teneur moyenne; les mines importantes du district de Nagpur aux environs de Kamptee, qui donnent du minerai riche, mais trop siliceux ; les gisements de Ramtek, Munsur, Kachurwahi, Manegaon ; les mines récemment ouvertes de Bhandara et Balaghat.
- Constitution intime des calcaires — Il y a, pour la fabrication des chaux et des ciments, un grand intérêt à pouvoir apprécier d’avance l’homogénéité des calcaires utilisés. M. Leduc a imaginé une méthode consistant à attaquer le calcaire par un acide de concentration déterminée agissant pendant un temps également déterminé (Bull, du Labor. d’essais du Conservatoire des Arts et Métiers). Des photographies montrent les différences d’aspect très frappantes qui Se produisent suivant que le calcaire est compact, renferme des veines argileuses, qui donneraient de la poussière, ou des parties plus cal-caii’es, dont résulterait de la chaux libre à la cuisson.
- L’architecture au Japon. — On signale de Tokio le retour d’une Commission d’architectes qui, sous la direction de M. J. Tolceda, un architecte japonais de grande réputation, a passé plusieurs mois aux Etats-Unis pour y étudier les procédés de construction des skys-scrapers. L’ère des maisons géantes serait-elle sur le point de s’ouvrir dans la capitale du Mikado ? Ce serait passer sans transilion d’un extrême à l’autre, car les maisons à étages y sont l’exception. Les immeubles modernes construits à l’européenne, et qu’occupent les administrations publiques, les banques et autres importantes institutions, ne dépassent guère une hauteur de 20 m. Le plus haut édifice du pays, une pagode boud-
- dhiste, n'a que 65 m. de hauteur. Yoilà qui est bien modeste, par comparaison avec les 200 mètres de certains immeubles de New-York! M. Tokeda est l’un des architectes chargé d’élaborer les plans du nouveau Palais du Parlement, pour la construction duquel les Chambres japonaises ont prévu un crédit de 60 millions de francs, et qui sera entièrement édifié avec des charpentes d’acier et de la pierre. Les planchers seront en ciment armé.
- Contre les papillons. — Depuis plusieurs années, le gouvernement Autrichien cherchait un moyen pratique de détruire les nuées de papillons blancs dont les larves ont ruiné une immense région agricole dans le Nord de la Bohême. Encouragés par la promesse d’une importante subvention, les inventeurs avaient soumis un certain nombre de projets que les autorités rejetèrent comme étant ou inefficaces ou trop coûteux, D’après les journaux de Prague, le Ministère de la Guerre autrichien a poursuivi avec succès des expériences de nature à intéresser les pays exposés à des invasions semblables. L’appareil employé se compose d’un puissant réflecteur électrique et d’une pompe à air aspirante. Attirés par l’intensité de la lumière, les papillons s’amassent autour du phare, et le courant d’air produit par la machine les attire dans un réduit où il devient possible de les détruire par milliers.
- La folie en Angleterre. — Ce n’est pas qu’en France que l’on voit grandir le nombre des aliénés et se multiplier les asiles. Le dernier recensement de la Commission Anglaise nous révèle les chiffres suivants. En 1907, il y a eu en Angleterre 126084 aliénés dont 58 335 hommes et 67749 femmes. 10000 sont soignés dans des maisons de santé privées, n5ooo dans les asiles publics et on compte environ un millier d’aliénés criminels. L’accroissement du nombre des fous est d’environ 2000 sur l’année précédente. Les causes probables sont l’alcoolisme dans 14 à 22 pour 100 des cas, suivant la classe sociale des malades; l’hérédité dans 18 pour 100 des cas chez, l’homme et 27 pour 100 chez la femme ; les causes morales, dans 27 pour 100 des cas chez l’homme, 33 pour 100 chez la femme. Ces derniers chiffres s’appliquent aux fous internés dans les maisons de santé particulières. Dans les asiles publics, il s’abaisse à 16 pour 100 chez l’homme et 22 pour 100 chez la femme. Dans le cours de l’année 1907, 8000 malades ont été rendus à leur famille comme guéris.
- La hausse du prix de la vie. — Un intéressant travail fait par l’Assistance publique montre que, de 190a à 1908, le prix de la vie a augmenté à Paris dans les proportions énormes de 18,6 pour 100, ce qui représente pour ce budget 2 millions 1/2 d'augmentation. Cette augmentation énorme se retrouve dans le détail de tous les achats, comme le montrent les quelques chiffres suivants : viande (le kg) C‘,20 au lieu de of,',95, soit 27 pour 100; vin rouge (le litre) ofr,26 contre ofr,23, soit i3 p. 100; charcuterie, 38 p. 100; riz, 100 p. 100 (0,48 contre 0,24); charbons, 5 p. 100; coke, 12 p. 100; objets de pansement (gaze, mousseline, etc.) 5i p. 100; savon blanc, 5o p. 100; draperies, 58 p. 100.
- Un dispositif ingénieux de commande des chaînes de dragues à godets. — Il importe beaucoup que, sur une drague, la chaîne à godets puisse s’arrêter de fonctionner, afin d’éviter un effort trop considérable qui ferait rompre le mécanisme, si un godet vient à rencontrer sous l’eau un obstacle anormal, un corps qu’il ne puisse soulever, une roche qu’il soit incapable de débiter. Pour la drague Alfonso Penna, qui vient d’être construite à Greenock pour le port de Rio, on a adopté dans ce but un dispositif très bien compris. Les routes dentées commandant le tambour d’entrainement de la chaîne à godets, portent une jante amovible : celle-ci peut tourner librement autour d’un noyau central clavelé sur l’axe de rotation. Mais, d’ordinaire, l’entraînement de la jante, et par suite des dents, est obtenu par frottement : contre le noyau central, on peut faire presser un certain nombre de sabots métalliques fixés à la partie intérieure de la jante dentée. Il y a donc là un embrayage élastique, et si un godet rencontre un de ces obstacles dont nous parlions, l’effort exagéré fait glisser les sabots : les roues continuent à tourner, mais n’entraînent plus la chaîne à godets. On est donc averti d’avoir à dégager le godet.
- p.2x138 - vue 570/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- ><
- *>> Physique
- Une petite illusion. — Dans les comptes rendus de l’Académie Royale de Belgique, nous trouvons rappelée sous ce titre, une vieille expérience du physicien Plateau. Elle remonte à 25 ans déjà, elle est néanmoins fort •curieuse ; car elle montre avec quelle facilité, dans le domaine des faits, l’esprit peut s’égarer, à la suite d’un raisonnement d’apparence rigoureuse, mais non contrôlé par l’expérience. Voici la description de l’appareil très simple employé par Plateau : il se compose d’un tube capillaire ba, ayant i,5 mm de diamètre intérieur et •d’un second tube cd, de 3 mm de diamètre environ ; une
- portion de celui-ci est étirée, puis recourbée de manière à présenter un effilement assez étroit pour pouvoir s’engager dans l'ouverture supérieure du tube ba\ la disposition est celle indiquée sur la ligure. Le système est fixé au-dessus dune large capsule AB, contenant de l’eau à quelques centimètres de hauteur, l’extrémité b du tube ba plonge dans le liquide ; celle du tube cd, se trouve à quelques millimètres au-dessus du niveau.
- Dans ces conditions, que va-t-il se passer ? Le liquide, par capillarité, monte dans le tube ab et s’y maintient à une certaine hauteur au-dessus du niveau dans la capsule, 3 ou 4 cm par exemple. L’extrémité d, du tube CD, est nettement au-dessous, du niveau de l'eau dans le tube ab. On se trouve, en apparence, au moins, dans les conditions du siphon : le tube cd devrait siphonner l’eau du tube ab. On aurait alors réalisé le mouvement perpétuel, et en effet cette combinaison a déjà tenté bien des chercheurs. Naturellement, l’expérience ne confirme pas cette déduction, et l’on n observe aucun mouvement de liquide dans ce pseudo-siphon.
- **> Chimie <-«*
- Ballon-réserve pour liquides aseptiques. — Dans tous les laboratoires de bactériologie et de chimie, il est nécessaire de pouvoir conserver intacts et en réserves des liquides aseptiques. C’est là un petit problème, assez délicat à résoudre. M. L. Gaucher, professeur à
- l’Ecole de pharmacie de Montpellier, propose dans ce but un ballon qu’il a spécialement étudié, qui est fort simple et rendra, sans aucun doute, de grands services. Chaque fois que l’on y puise une partie du liquide qu’il contient, l’air qui pénètre à l’intérieur du récipient est forcé de se filtrer au préalable sur un tampon de coton.
- Notre figure montre ce ballon : il est entièrement en verre sans bouchon; toutes les parties sont soudées entre sert au remplissage ; il est assez large pour permettre le dégagement de l’air pendant cette opération, et faciliter le lavage : à l’intérieur du ballon pénètre le siphon BAD, muni de l’ampoule A. C’est cette ampoule qui joue le rôle essentiel dans l’appareil : elle est remplie de ouate. Si l’on veut vider une partie du liquide contenue dans le ballon, on place en C un bouchon traversé par un petit tube de verre dans lequel on souffle : sous l’action de la pres-
- sion ainsi créée, le liquide s’écoule par l’orifice B. Lorsque la pression cesse de s’exercer à l’intérieur, le liquide qui reste contenu dans le tube AB, se partage en 2 colonnes, l’une qui continue de s’écouler par B, l’autre qui entre dans le ballon dans le sens AD. Ceci, grâce à l’air qui, par l’ampoule A, pénètre dans l’appareil. Impossible qu’un appel d’air se produise en B ; les rentrées d’air ne peuvent donc se faire que par les filtres A et C. On ferme l’orifice B avec un peu de paraffine, et le ballon est à nouveau parfaitement à l’abri de tout germe susceptible d’en altérer le contenu.
- 'Électricité
- Les bulles de savon lumineuses. — C est une jolie expérience, très simple à reproduire. Elle est indiquée par M. Bergman, dans son livre le Petit Electricien. Elle comporte l’usage de 2 piles au bichromate, et l’une de ces petites lampes électriques de 4 à 5 volts aujourd’hui si répandues.
- Dans un verre, on prépare de l’eau savonneuse addi-
- tionnée de glycérine. On monte la petite lampe sur les 2 piles, disposées en tension, et on la place sur un coquetier, par exemple, reposant sur 2 livres comme le montre notre dessin, de façon à permettre l’arrivée des fils par dessous. On mouille les bords du coquetier avec le liquide glycériné et l’on gonfle la bulle dont la lampe occupera le centre. Ceci fait, il ne reste plus qu’à faire passer le courant, la lumière traversant la même lame d’eau savonneuse y produit des irisations d’un agréable effet.
- Mécanique
- Clef universelle. — Cette clef à têtes mobiles interchangeables se remarque par sa simplicité ; elle coin-
- Fig. 1. — Détails de la clef. Fig. 2. — La trousse fermée.
- prend seulement un manche M muni d’une échancrure dans laquelle s’engage la tête mobile T. L’assemblage
- Fig. 3. — La trousse ouverte.
- se fait par une bride A, coulissant le long du manche. A la clef, esCjointe une série de têtes mobiles de
- p.2x139 - vue 571/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- divers calibres, correspondant aux emplois les plus usuels. Le tout est réuni en une petite trousse qui ne pèse que 3oo gr. Evidemment, il ne faut pas demander à cet outil, des travaux de force auxquels il ne résisterait pas ; mais il sera très suffisant pour des cyclistes par exemple. — U est en vente chez Mathieu, 29, rue de Valois, Paris. Prix : 6tr,75.
- Rondelles Pénau. — Quand on craint le desserrage d’un écrou et qu’on 11e veut pas employer le moyen souvent insuffisant du contre-écrou, pour éviter ce desserrage on a souvent recours à des rondelles Grover, mais celles-ci ont l’inconvénient de former un blocage et de ne pas avoir assez d’élasticité.
- La rondelle Pénau que représente la figure est en acier découpé et au contraire, d’une grande souplesse, elle crée une articulation à mouvement gras et pression constante, elle remplace le ressort à boudin.
- Elle se fait en série depuis les . diamètres de boulons d de 4 & 12
- i<?------------*1 mm, D varie de 14 à 3i, l’épaisseur
- Rondelle Pénau. de 6/10 à 15/io de millimètre, et la pression supportée va de 3 à i5 kg en moyenne. — Cette rondelle se trouve chez tous les agents de vente d’accessoires et pièces détachées.
- *l> Divers
- Une boîte magique. — C’est un petit truc de prestidigitation, fort simple lorsqu’on le connaît, et très facile à répéter. Le mystère de la boîte magique consiste dans l’apparition et la disparition subite, en apparence inexplicable, de certains objets, ou la substitution d’un objet à un autre. Voici comment on peut, fort aisément, construire une boîte de ce genre. Vous prenez une boîte carrée en carton ou en métal, la moitié d’un de ses côtés est occupée par une glace sans tain ; d’autre part, en diagonale est disposée une autre glace sans tain, qui
- PoïET
- Fig. I. Fig. 2.
- La boite magique. Plan de la boîte magique.
- partage ainsi la boîte en 2 parties A et B. Dans chacun des compartiments est installée une lamjm électrique L, Lr En A et en B, on disposera, par exemple, 2 objets semblables, 2 cages à oiseaux, l’une vide, et l’autre habitée. Les spectateurs sont en avant de la boîte ; si la lampe L est allumée, la lampe Lj éteinte, on verra la cage vide; si subrepticement, et vous le pouvez faire facilement sans que les spectateurs s’en aperçoivent, vous tournez un commutateur, la lampe L s’éteint, Lj s’allume et aussitôt vous voyez un oiseau apparaître, comme par enchantement, dans la cage vide. Bien entendu, on peut imaginer sur ce principe, une foule d’autres combinaisons amusantes.
- Nouveau bouchon automatique « Le Tutélaire ».
- — Ce nouveau bouchon imaginé par le D1' Percheron, représenté en vue extérieure surlafig. i,est destiné à la fermeture hermétique des flacons de lait employés dans l’appareil bien connu sous le nom de « Tutélaire » de l’ingénieur L. Contant, pour la pasteurisation du lait à domicile.
- Ce bouchon a la propriété, lorsque le flacon est soumis à l’action de la vapeur d’eau, dans l’étuve de stérilisation, de laisser d’une part s’échapper les vapeurs laiteuses qui se forment, et d’autre part, d empêcher l’air ou l’eau d’entrer dans le flacon. C’est donc un dispositif un peu semblable à celui des valves de pneumatiques. Ce bouchon supprime ainsi toute manipulation, soit pendant l’opération de la pasteurisation, soit pendant le réchauffement des flacons avant l’usage; l’on 11’a plus à s’inquiéter, comme par le passé, d’ouvrir ou de fermer les flacons.
- Le bouchon est constitué par un bourrelet métallique A (lig. 2) en forme d’étrier et qui s’adapte sur le rebord du flacon au moyen de 2 rampes hélicoïdales rappelant la fermeture à baïonnette, il se ferme donc par un petit mouvement de torsion de gauche à droite. Au centre de l’étrier passe une pièce creuse D appelée bou-
- Fig. 1. Fig. 2.
- Bouchon hermétique pour bouteilles de lait.
- ton double. Sur ce boulon double se fixe une grande rondelle de caoutchouc F qui repose directement sur le flacon, y adhère, après l’opération de chauffe, sous le simple effet de la pression atmosphérique et assure ainsi une étanchéité parfaite. Dans la partie creuse du bouchon, se meut un petit tube à ailettes C, ouvert au haut, fermé dans le bas par une paroi percée en son centre; cette paroi est obturée d’ailleurs par une petite rondelle de caoutchouc G. Enfin dans ce tube, se place un ressort à boudin E serré par la calotte B elle-même percée en son centre et vissée sur le bourrelet.
- Lorsque les vapeurs laiteuses se forment, elles soulèvent la rondelle G et le tube à ailettes G retenu par le ressort, et s’échappent par l’ouverture de la calotte B.
- Au contraire, l’air ou l’eau, entrant par la calotte ne peuvent pénétrer dans le flacon; ils sont arrêtés par la rondelle G que pousse d’ailleurs au fond de sa cavité, le ressort, aidé lui-même par la pression extérieure. Ce bouchon ainsi combiné assure donc la fermeture absolument hermétique du flacon pendant les diverses manipulations de la pasteurisation du lait. — Ce bouchon destiné spécialement aux flacons de l’appareil « le Tutélaire », se trouve, 16, Cour des Petites-Ecuries, son prix est de i fr.
- Compteur automatique. — Cet appareil rendra, semble-t-il, de réels" services aux mémoires surchargées; lorsque l’on compte des objets, par exemple, tout le monde sait quelle tension d'esprit est nécessaire pour éviter les erreurs ; si le travail se prolonge quelque temps, il devient extrêmement fatigant. Le petit appareil représenté ci-contre supprime cette fatigue et cette tension d’esprit, en rendant les oublis impossibles. Il comporte un mécanisme renfermé dans un boîtier en nickel de la dimension d’une montre ; lorsqu’on appuie sur la poussette A, celle-ci agit sur une roue dentée qui fait apparaître dans une petite ouverture vitrée la suite des 9 premiers nombres ; lorsqu’on a ainsi appuyé 9 fois sur la poussette, une came fait avancer d’un cran une deuxième roue dentée, la roue des dizaines, qui elle-même, lorsque le nombre arrive à 99, fait tourner d’un tour, la roue des centaines. De petites vis placées derrière le compteur servent à remettre celui-ci au zéro. Et ainsi, on est certain de totaliser exactement, et sans efforts. — L’appareil est en vente chez Kirby, Beard et Ci0, 5, rue Auber, Paris. Prix de 20 à 28 fr. suivant le modèle.
- Compteur automatique.
- p.2x140 - vue 572/647
-
-
-
- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- osT
- OCTOBRE-NOVEMBRE-DECEMBRE 1908
- Les heures sont données en temps moyen civil de
- I. — SOLEIL
- Le solstice d’hiver aura lieu, le 22 décembre, à 6 heures. Cette époque de l’année est caractérisée par les jours les plus courts pour notre hémisphère. A ce moment, le Soleil a atteint sa plus grande latitude australe et se rapprochera ensuite de plus en plus de l’équateur.
- On continuera avec soin l’observation des taches et des facules.
- II. — PLANÈTES
- Les deux cartes publiées au n° 1808 du 18 janvier permettent de suivre et de trouver les planètes sur le ciel. Les indications suivantes seront également fort utiles.
- Mercure, d’octobre à décembre, traverse les constellations de la Vierge, de la Balance et du Sagittaire. Le
- 4 octobre, il atteindra sa plus grande élongation du soir, à 25° 25' à l’Est du Soleil et le i3 novembre sera à sa plus grande élongation du matin, à 190 10' à l’Ouest du Soleil. On pourra assez facilement découvrir Mercure,
- 5 ou 6 jours avant ou après ces dates, en s’aidant d’une jumelle de préférence.
- Mercure sera en conjonction inférieure avec le Soleil le 28 octobre, à 16 heures et en conjonction supérieure le 24 décembre, à 5 heures.
- Les observations de cette planète se font généralement en plein jour, car alors elle est bien plus élevée sur l’horizon qu’au moment du crépuscule ou de l’aurore.
- Les meilleures images sont souvent obtenues vers le moment du lever du Soleil.
- Le diamètre apparent de Mercure sera de 6",8 le 5 octobre; de 9",8 le 25; de 5",2 le 26 novembre et de 4",6 le 26 décembre.
- Vénus s’éloigne de plus en plus de la Terre et son diamètre diminue assez rapidement. De 20",4 le 5 octobre, il n’est plus que de 12",6 le 26 décembre. Vénus traverse les constellations du Lion, de la Vierge et de la Balance, son éclat dans le ciel du matin la fait immédiatement reconnaître.
- Cette planète, par suite de son déplacement rapide, se l’approchera de divers astres et donnera lieu à plusieurs conjonctions intéressantes à observer, dont voici la liste :
- 1° Vénus en conjonction avec p Lion (gr. 3,8) le 12 octobre, à 20 heures, à 0°6' Nord. Phénomène à observer le 15, dans l’aurore.
- 2° Vénus en conjonction avec Jupiter, le 14 octobre, à 4 heures, à 0°36' Sud. Phénomène [très remarquable, magnifique rapprochement céleste.
- 3° Vénus en conjonction avec 0 Vierge (gr. 4,0), le 17 novembre, à 16 heures, à 0° 8' Nord.
- 4° Vénus en conjonction avec g Balance (gr. 5,7), le 9 décembre, à 0 heure, à 0°10' Sud.
- 5° Vénus en conjonction avec v2 Scorpion (gr. 4,5), le 25 décembre, à 14 heures, à 0° 11 ' Sud. • »
- Mars, très près du Soleil, et n’offrant encore qu’un diamètre de 4” environ est pratiquement inobservable.
- Jupiter, dans la constellation, se lève de plus en plus tôt et peut être observé dans la seconde partie de la nuit. Il atteindra sa quadrature occidentale le 6 décembre.
- L’étude du mouvement apparent des quatre principaux satellites pourra être faite avec les petites lunettes. L’observation des éclipses et occultations que produisent ces satellites est fort instructive et l’on en trouvera la liste complète dans la Connaissance des Temps.
- En observant Jupiter le 26 novembre, de 5h8m à 5h55“; le 14 décembre, de o1'20“ à i'‘2im; le 21 décembre, de 1h 51m à 2h 43m, et le 28 décembre, de 4h I9m & 5h 2m, on constatera la disparition des satellites I, II et III, placés devant ou derrière la planète, et la visibilité du IYe satellite seulement.
- Saturne est la planète la mieux située pour l’observation, l’opposition ayant eu lieu le 3o septembre. La
- Paris compté de o à 24 heures à partir de minuit.
- quadrature orientale arrivera le 2 5 décembre. Diamètre équatorial, le 5 octobre, 19",4 J Ie b novembre, 19",o; le 6 décembre, 18", 2.
- Voici les éléments principaux de l’anneau de Saturne d’octobre à décembre :
- HAUTEUR HAUTEUR
- DATES GRAND AXE EXTÉRIEUR PETIT AXE EXTÉRIEUR DE LA TERRE AU-DESSUS DU plan de l’anneau DU SOLEIL AU-DESSUS DU PLAN DE L’ANNEAU
- l" octobi’e . 44",4 4",8 6’ 9' 6° 30’
- 2 novembre. 43", n 5° 11' 6° 58’
- 4 décembre. 41", 5 5",5 4° 50' 7° 27’
- !8 — 59",8 o'',6 5° 7’ 7° 48’
- L’observation utile des détails de la surface ne peut être tentée avec des instruments inférieurs à 20 cm de diamètre. Mais une petite lunette de 6 à 7 cm d’objectif permet de reconnaître le curieux anneau qui entoure celte planète.
- L’Annuaire astronomique de M. Flammarion contient les dates des élongations des cinq principaux satellites et un graphique permettant de fixer approximativement leur position par rapport à la planète.
- Uranus, dans le Sagittaire, atteindra sa quadrature orientale le 0 octobre. On le trouvera aux positions ci-après :
- DATES ASCENSION DROITE DÉCLINAISON DIAMÈTRE
- 5 octobre. . 18 b. 57 m. — 23° 14’ 5",8
- 0 novembre. 19 b. 0 m. — 25° 9' 5",7
- (î décembre 14 li. 0 m. — 23° 0' 5”,7
- Neptune, au Sud de 6 Gémeaux, positions suivantes : est observable aux
- DATES ASCENSION DROITE DÉCLINAISON DIAMÈTRE
- 5 octobre . 7 b. 15 m. + 21° 56' 2 ”.2
- 6 novembre 7 b. 15 m. 21° 56’ 2"m
- (> décembre 7 b. 11 m. -H 21° 59' 2",5
- Neptune apparaît comme une faible étoile de 8e à 9e grandeur. La quadrature occidentale aura lieu le 10 octobre.
- III. — PHÉNOMÈNES DIVERS
- Éclipse de Lune par la pénombre. — Cette éclipse se produira dans la nuit du 7 au 8 décembre. Le bord lunaire, au Nord, sera affaibli par la pénombre, mais restera constamment visible ne pénétrant pas à l’intérieur du cône d’ombre. Voici les éléments de celte éclipse :
- Entrée dans la pénombre. . . 19 b. 48 m. le 7 décembre.
- Milieu de l’éclipse....22 h. 48 m. le 7 —
- Sortie de la pénombre .... 01). 21 ni. le 8 —
- Éclipse annulaire et totale de Soleil. — Le a3 décembre aura lieu une éclipse annulaire et totale de Soleil. La plus grande durée de la phase totale sera de ora i6s et la plus grande durée de la phase annulaire de om 37“.
- La phase totale se produira pour l’océan Atlantique Sud, passant très près des îles Thompson. L’éclipse annulaire sera visible de l’Uruguay, de la République Argentine et du Chili.
- L’éclipse est visible comme partielle du cap de Bonne-Espérance, de l’Amérique du Sud et de toute la calotte polaire australe.
- Conjonctions. — -On a vu plus haut les curieuses conjonctions de la planète Vénus avec diverses étoiles et avec Jupiter.
- Le 50 octobre, Uranus en conjonction avec la Lune, à 19 h., à 1°5' Nord.
- Le 5 novembre, Saturne en conjonction avec la Lune, à 9 b., à 2° 42' Nord.
- Le 50 novembre, Vénus en conjonction avec Mars, à 25 h., à 1° 17' Nord.
- Le 2 décembre, Saturne en conjonction avec la Lune, à 14 h., à 2° 5' Nord.
- Le 21 décembre, Vénus en conjomtion avec la Lui:e, à 1 b., à 0°56'Sud.
- p.2x141 - vue 573/647
-
-
-
- BULLETIN ASTRONOMIQUE
- Occultations d’étoiles par la Lune. — Celle liste ne contient que les occultations d’étoiles jusqu’à la 6e grandeur.
- DATES lÎTOir.K OCCOLTSË CKAXDEUR COMMENCEMENT ns
- 3 octobre. . X* Sagittaire. 5,4 21 b. 34 m. 22 b. 58 111.
- 11 — 5724 Lalande. 5,9 22 b. 54 ni. 24 h. 0 111.
- 15 — 1 Gémeaux. 4,4 5 b. 24 ni. 0 11. 58 111.
- 16 — 2258 B. A. C. 5,9 1 h. 7 m. 2 h. 13 m.
- 09 — 7 Sagittaire. 5,8 18 b. 23 m. Appulse à 0',2 du bord N.
- 29 — 9 Sagittaire. 0,0 18 li. 29 m. 19 ii. 18 m.
- •J) cr novembre. X Capricorne. 5,4 20 li. 54 m. 21 h. 29 ni.
- 4-5 —, 50 Poissons. 4,6 25 li. 28 m. 0 h. 33 m.
- 9 — s Taureau. 5,0 20 b. 55 m. 21 b. 24 111.
- 10 — 0 Taureau. 5,0 21 h. 56 m. 22 h. 29 m.
- 30 — t1 Verseau. 5,8 20 h. 12 m. Appulse à 0\1 du bord S.
- 30 — x2 Verseau. 4,5 20 h. 59 111. 22 h. 0 m.
- 5 décembre. 5724 Lalande. 5,9. 17 b. 20 m. 18 h. 27 111.
- 8 — u Taureau. 5,2 5 b. 47 m. 0 h. 55 ni.
- 8-9 — 1 Gémeaux. 4,4 25 b. 9 m. 0 h. 23 m.
- 14 — i Lion. 5,5 2 b. 47 m. 4 li. 1 111.
- Étoiles filantes. — Plusieurs essaims impartants sont observables d’octobre à décembre : ,
- l)u 18 au 20 octobre, chute des Orionides. Radiant vers v Orion.
- Du 15 au 18 novembre, averse des Léonides. Maximum vers le 14 novembre. Radiant voisin de Ç Lion.
- Du 17 au 23 novembre, averse des Bié/ules. Radiant vers y Andromède. Du 23 novembre au 12 décembre, averse des Géminides. Radiant vers Castor. Maximum de la chute du 10 au 12 décembre. (En 1907, ce radiant était très actif le 14 novembre).
- Étoiles variables. — Le II octobre, maximum de Mira Ceti (o Baleine), variable de 3,3 à 8,5.
- Minima de l’étoile variable Algol ((3 Persée).
- 4 octobre (0 b. 33 ni.); 6 (21 li. 22 m,). 20 (23 b. 3 m.); 29 (19 b. 52 ni). — 10 novembre. (0 h. 45 in.); 18 (21 b. 34 m.); 21 (18 h. 25 m.).— 8 décembre (23 h. 17 m.) ; 11 (20 h. 0 m.); 29 (1 b. 0m.); 51 (21 h. 50 m.).
- On trouvera dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes les éléments pour l’observation d’un très grand nombre d’étoiles variables. Em. Touchet.
- VARIÉTÉS
- Utilisation des sarments de vigne comme fourrage. — Ce n’est guère que depuis i8t)3, année de grande disette fourragère, en France, que l’emploi des sarments de vigne comme fourrage a été sérieusement conseillé, et c’est seulement en 1894 que l’on a eu une idée assez précise du rôle des sarments comme aliment du bétail.
- Les expériences faites depuis cette époque ont démontré que le foin et la paille peuvent être remplacés complètement par les sarments qui peuvent être consommés à l’état vfcrt de novembre à mars et à l’état sec d’avril à octobre. Ce mode d’utilisation est préférable à l’ensilage, qui, jusqu’à présent, n’a pas donné de résultats encourageants. D’après une analyse faite à la station agronomique de l’Est, la composition des sarments récoltés au moment de la taille est la suivante : par 100 kg de sarments, à l’état frais, 78 d’eau; 3,10 de matières azotées, 1 r ,93 de matières hydrocarbonées ; o,51 de matières grasses; 5 de cellulose; 1,46 de cendres. Après dessiccation à l’air : i3 d’eau; 12,28 de matières azotées; 47>17 de matières hydrocarbonées; 2 de matières grasses; 19,76 de cellulose et 5,79 de cendres.
- Cette composition montre que les sarments de vigne, secs et bien broyés, fournissent un aliment au moins égal au foin de bonne qualité et supérieur à la paille de blé. La coupe des sarments étant faite chaque jour ou tous les deux jours, ceux-ci peuvent être consommés quelques semaines après les vendanges, dès que l’aoûte-ment des bois est assuré. Pratiquement, la valeur alimentaire des sarments de vigne est intermédiaire entre celle du foin et de la paille.
- Pour que l’emploi en soit rationnel, il est nécessaire que les sarments soient broyés frais et non à l’état de bois sec ; que ce broyage soit fait avec soin et que la ration soit complétée par des aliments plus nutritifs (foin, luzerne, avoine, etc.), suivant l’espèce de bétail à nourrir. Les feuilles de vigne augmentent la qualité et la valeur alimentaire du mélange. Pour le broyage, on se sert de broyeurs spéciaux, analogues aux broyeurs d’ajoncs, qui vont vite en besogne et celle-ci est parfaite. Dans des expériences faites en France, on a associé avec avantage, aux sarments très finement broyés, de la mélasse verte, dans la proportion de 4° kg environ pour 100 kg de sarments.
- On a obtenu de très bons résultats dans l’alimentation des bêtes de trait et des vaches laitières.
- En 1900 et 1901, M. F. Yassillière, professeur d’agriculture de la Gironde, a employé, à son domaine de Condesse, en Armagnac, les sarments taillés sur souches chaque jour, et sectionnés au sécateur pour éliminer les
- bois de plus de 8 à 9 millimètres de diamètre. Les sarments, broyés en même temps que de la paille, formaient un mélange foulé au pied dans des caisses en brique cimentée, de 2 mètres cubes, et arrosé, entre temps, avec de l’eau salée, à raison de 5o litres par mètre cube. Après fermentation, ce mélange avait une légère odeur vineuse plaisant aux animaux ; on le distribua concurremment avec des tourteaux et de l’avoine.
- Après quatre mois d’expériences suivies avec attention, M. Yassillière a pu conclure que la substitution au foin des sarments récoltés au jour le jour, coupés au hache-paille et fermentés pendant 48 heures avant leur distribution, peut se faire sans provoquer aucun trouble dans les fonctions des animaux et la nature des produits, et il estime que ce qui s’est passé au domaine de Condesse peut se réaliser également sur tous les domaines viticoles où l’on entretient du bétail. Pour 14 têtes de bétail représentant un total de 7170 kg de poids vif, et en admettant que 120 kg de. sarments équivalent à 100 kg de foin, l’économie réalisée en 4 mois, par la substitution du premier de ces aliments au second, a atteint 1080 francs.
- Un agriculteur de Vauvert (Gard) a employé avec succès la ration suivante pour les chevaux et mulets, très friands de cette nourriture : 9 kg de sarments, 2,600 kg de son de repasse, et 8 kg d’avoine. Un broyeur prépare la provision de la journée, pour 7 bêtes de travail. On attribue aux sarments la valeur de 1 l'r. les 100 kg, représentant les frais de broyage, dépense insignifiante. Ce même agriculteur a donné à 20 vaches, en ration journalière : 10 kg de sarments très finement broyés et 2 kg de son de repasse.
- M. Giret, à Béziers, a donné à ses chevaux et mulets : 8 kg de sarments broyés, 4 kg d’avoine et 2 kg de foin.
- A Cadillac (Gironde) M. Denizet a employé, pour des bœufs de labour de forte taille : 25 kg de sarments broyés, 8 kg de foin, 4 kg de son et i,5oo kg de tourteaux.
- Pour obtenir de meilleurs résultats de l’ensilage des sarments, et procurer à l’exploitation des réserves alimentaires capables de suppléer à l’insuffisance des récoltes de fourrages, il conviendrait d’apporter plus de soin à l’opération même de l’ensilage en ne traitant que des sarments fraîchement coupés et finement broyés et en les tassant bien régulièrement par couches, en exerçant une pression de 800 kg par mètre carré, au minimum. Dans ces conditions, et sous l’influence de la fermentation, les fibres se ramollissent et la digestion de cet aliment est facilitée.
- En résumé, l’emploi des sarments de vigne permet de réaliser une économie très notable dans l’affouragement du bétail. Henri Blin.
- p.2x142 - vue 574/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Adresses relatives aux appareils décrits. — Pour la machine à essayer suivant la méthode Brinell, s’adresser à MM. J. W. Jackman and C°, Engineers, 3g, Victoria Street, Londres S. W.
- Communications. — Un de nos abonnés dont nous n’avons pu lire la signature nous objecte que la ligure 4, p. 245 du n° 1843 est à l’envers. C’est là une erreur. La vue est parfaitement orientée. Ce que l’on voit à droite est, non pas le détroit de Gibraltar, mais le terrain extrêmement plat de la zone neutre, vers la Linea. La Pointe d’Europe n’a nullement cette forme abrupte : nous l’avons vérifié sur place. La position de Y impluvium artificiel empêchait d’ailleurs toute méprise possible. Trop souvent on croit que l’abrupt du roc de Gibraltar fait cap sur la mer : il n’en est rien, c’est du côté du continent qu’est tournée sa grande falaise!
- Renseignements. — M. Cardobo, à Lisbonne. — pour lé petit moteur économique, veuillez vous adresser à M. Molénat, 66, rue Ramus, à Paris.
- Mme Ragueneau, à Orléans. — Pour le nettoyage des cadres dorés, voyez la Boîte aux lettres de notre précédent numéro. Nous y donnons la recette à employer.
- M. Jarry, Saint-Germain-des-Prés. — Nous avons transmis votre lettre.
- C. B., à S. H. F. — L’ouvrage Aérodynamics n’a pas encore été traduit en français ; et il n’existe pas d'ouvrage analogue français. Vous trouverez quelques renseignements sur la question dans les ouvrages sur l’aviation de M. Armengaud, chez Delagrave, de M. Tatin, chez Dunod et Pinat. Pour une étude plus approfondie
- de la mécanique des fluides, il vous faudrait consulter des Traités de mécanique et les Mémoires originaux.
- M. de Saint-Ferriol, à Uriage. — La Société du carburateur universel, 4. rue Daniel, à Asnières ; M. Petiot, 63, rue de la République, à Lyon, pourront vous fournir, croyons-nous, des appareils répondant à votre desideratum.
- M. Vasselin, à Paris. — Pour produire de l’ozone en laboratoire, le meilleur procédé est d’employer l’appareil Berthelot, que vous trouverez en vente, chez tous les constructeurs d’appareils de laboratoire : Thur-neyssen, 58, rue Monsieur-le-Prince ; Fontaine, 18, rue Monsieur-le-Prince, etc.
- M. G. IV., h Arras, — Pour détruire les cloportes, on utilise la répugnance qu’ils ont pour la lumièi'e. Là où ils existent, on sème des substances légères et très divisées sous lesquelles, ils se retirent dès que se montre le jour : feuilles de chou, salades, mousse et surtout balais de bouleau. On visite ces pièges de temps à autre et l’on écrase les cloportes qui s’y trouvent. Contre les punaises, le moyen le plus efficace est de faire brûler du soufre dans la pièce infestée, en ayant soin de maintenir celle-ci fermée pendant 36 heures au moins après l’opération.
- M. Doyen, à Paris. — Les marques que vous nous citez ont toutes une excellente réputation.
- Commandant Tassoni, à Milan. — Les sacs pour-chargement des châssis photographiques en plein jour se trouvent dans toutes les bonnes maisons de fournitures photographiques, notamment chez Gaumont, 5g, rue Saint-Roch, Paris ; Poulenc, 19, rue du 4-Septembre; Schrambach, i5,rue de la Pépinière. Le prix des plaques autochromes Lumière, étiquette violette, format 8X16 est de 3 francs la douzaine. Le format 8X r4 n’existe pas couramment.
- M. Canivel, à Las Palmas. — Nous vous recommandons la série des Recettes et procédés utiles de M. Tissandier, édités par la librairie Masson.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro Deux nouvelles voies ferrées en Afrique : Daniel Bei.i.et. — L’électricité au pressoir : René Doncières. — Un curieux microscope : N. Lallié. — L’alfa : de Mathuisieulx. — Les succédanés de la soie : A. Ciiaplet. — Une expérience de cours de chimie. — La stérilisation industrielle des eaux potables par les procédés Otto et Marmier-Abraham : Dr Gabriel Sinclair.
- — L’enseignement moderne de la chimie : L. De Launay. — Académie des sciences; séance du 21 septembre 1908 : Cu. de Villedeuil. — Le fusil électrique : G. Chalmarès.
- Supplément. — Aviation. — Aurore boréale. — Le bison domestique. — Production minérale du Japon. — Les reptiles au Bengale. — L’opium à Madagascar, etc. — Eruptions alimentaires.
- — La tuberculose pulmonaire depuis vingt ans. — Le bois cérame. — Désinfection des objets de toilette, etc.
- Pour sauver la chasse en France, par M. A. de Lesse, ingénieur-agèonome. 1 vol. in-16. Hachette et Cie. Paris. Prix : broché, 75 centimes.
- Voici un petit ouvrage dont l’intérêt bien français apparaît dès la première page. La chasse en France est fort compromise. Encore quelques années, et il y aura sur le territoire de la chasse populaire plus de chasseurs que de gibier.... Cette brochure définit la meilleure voie à suivre pour enrayer le mal et y remédier efficacement.
- Mille et un secrets d ateliers. Recettes et procédés nouveaux et pratiques, jiar Marcel Bourdais, 8° édition. Editée par la Revue de l’Horlogerie-Bijouterie, i5, rue Réaumur. Paris. Prix : 4 francs.
- Ce recueil de 47° pages de formules et d’indications pratiques, de reoetles d’ateliers, est destiné
- principalement aux horlogers, bijoutiers, graveurs, orfèvres, opticiens, armuriers, doreurs, argenteurs, bronzeurs, nickeleurs, vernisseurs, fabricants et réparateurs de cycles, etc. Il sera utile à tout ceux qui ont à se préoccuper d’une réparation ou d’un nettoyage.
- On the Température and Structure of the Sun, par O. Ltjmmek, jiublié par le Philosophical Society of Washington.
- Cette conférence du distingué physicien allemand résume ses remarquables travaux sur l’émission de la lumière par les corps rayonnants ; appliquant au Soleil les lois qu’il a découvertes expérimentalement, il en tire des conclusions des plus intéressantes sur la température de cet astre et aussi sur sa constitution.
- Nouveau Manuel complet du blanchiment, du blanchissage et du dégraissage, par George Petit, ingénieur civil. 2 volumes ornés de 112 figures dans le texte. Encyclopédie Roret, chez Mulo, 12, rue Haulefeuille, à Paris. Franco contre mandat-poste. Prix : 7 francs.
- Blanchiment et blanchissage constituent deux opérations bien différentes. Cependant, comme elles présentent entre elles certains points communs, tels que le traitement des mêmes produits, l’emploi de procédés ou d’appareils similaires et enfin le but d’arriver à donner aux produits finis le même degré de blancheur, il est bon d’avoir réuni en un seul ouvrage leur théorie et leur description. — La première Partie comprend l’étude des différentes fibres
- p.2x143 - vue 575/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- %£
- yi
- textiles que l’on soumet au blanchiment, soit à l’état de fils, soit à 1 état de tissus, et la manière de les reconnaître. — La seconde Partir fournit, après les notions fondamentales de la chimie, l’étude des divers produits chimiques mis à contribution dans le blanchiment. — Dans la troisième Partie, on aborde le blanchiment proprement dit avec toutes les opérations et les nombreux appareils qu’il comporte, et l’on expli-
- que comme les procédés qu’il met en œuvre varient suivant la nature de la libre formant les fils ou les tissus : colon, lin, chanvre, laine, soie, etc. — La quatrième Partie est consacrée au blanchissage. — Enlin, dans la cinquième Partie, est étudié le dégraissage et le détachage en limitant les opérations auxquelles il peut donner lieu aux seuls cas qui peuvent se présenter dans le blanchiment et le blanchissage.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 21 sept. 1908 . 16°, 2 N. W. 2. l'luie. Rosée; couvert; pluie de 7 h. à 17 h. 13.
- Mardi 22 9°, 1 Calme. Très nuageux. 0,0 Brouillard le matin; très nuageux; gouttes à 19 h. 50.
- Mercredi 23 15°.0 S. 1. Couvert. 4,0 l'luie le matin et le soii- ; couvert.
- Jeudi 21 12IJ.9 S. S. W. 3. Couvert. 2,8 l'luie cesse à 2 h. et de 19 h. 20 à 22 h.; couvert.
- Vendredi 25 12°, 7 S. S. W. 0. Couvert. » Très nuageux le m.; nuageux le s.; brouillard à 9 h. et it 21 h.
- Samedi 26 10° 0 S. 2. Nuageux. LG Rosée ; très nuageux le ni.; uuag. le s.; pluie de 10 h. à 13 h. 45.
- Dimanche 27 11°. 1 S. S. W. 2. Couvert. i.i Rosée ; brouillard à 6 lu: pluie île 15 h. 30 à 21 1).
- SEPTEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 21 AU DIMANCHE 27 SEPTEMBRE 1908.
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10 ; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courtes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 20 au 27 septembre. — Le 20. La pression reste élevée sur tout le continent : 779 mm en Russie ; 774 A Berlin; 769 à Prague. Baisse légère sur l’O. de l’Europe (îles Scilly, 759 mm). Pluies sur le N. et l’O. de l’Europe. Orages en Bretagne. Temp. du matin : Saint-Pétersbourg, 5°; Belfort, 10; Paris, 16; Toulouse, 20; Alger, 29; Puy de Dôme, 14 ; mont Yentoux, 7; Pic du Midi, 4; moyenne à Paris : i9°,6 (normale : 14°)• — Ze ai- Pressions assez faibles sur les Iles-Britanniques et la Méditerranée, élevées sur l’O. de la France et la Baltique. Pluies sur l’O. de l’Europe : 41 mm d’eau à Bordeaux, 38 à Toulouse, 27 à Port-Vendres, i3 à Biarritz, 2 à la Hague. Temp. du matin : Moscou, 5°; Nantes, 10; Paris et Besançon, 16; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 10; moyenne à Paris : 14°-1 (normale : i3°,8). — Le 22. La pression baisse sur l’O. de l’Europe. Pressions élevées sur la Russie et la Scandinavie (Riga, 774 mm). Pluies sur l’O. de l'Europe; 24 mm d’eau à Paris; 8 à Brest, Dunkerque, Nice; 4 à Clermont-Ferrand. Temp. du matin : Paris, Limoges, 90 ; Nantes, i3; Marseille, 16; Alger, 24: Puv de Dôme, 10; mont Yentoux, 5; Pic du Midi, —1; moyenne à Paris : i3°,5 (normale : i3°,7). — Le 23. Zone de pression basse sur l’O, de l’Europe (minima, îles Scilly, 757 mm). L’aire anticyclonique persiste sur la Russie et la Scandinavie. Pluies sur l’O. de l’Europe : 14 min à Nantes, 11 à Lorient; 1 à Toulouse, Boulogne, Nancy. Temp. du matin : Uleaborg, 40; Belfort, 11; Paris, 15 ; Alger, 23; Puy dë'Dôme, 9; mont Yentoux, 7; Pic du Midi, 2; moyenne à Paris : i5° (normale : i3°,5). — Le 24. Légère dépression sur les Pays-
- Bas et le Nord de la France (Bruxelles, 758 m n). La pression monte en Irlande et Gascogne, se maintient élevée en Scandinavie et Russie. Pluies sur l’O. de l’Europe : 3a mm à Nancy; i3 à Limoges; 11 à Biarritz; 5 à Paris. Temp. du matin : Haparanda, 4°; Lyon, Bordeaux, 11; Paris, i3 ; Marseille, 17; Alger, 24; Puy de Dôme, 3; Pic du Midi, 1; moyenne à Paris : 14° (normale : i3°,4). —Le a5. Une dépression se forme sur les Iles-Britanniques (Yalencia, 753 mm). La pression se maintient sur le S. et l’E. de l’Europe. Pluies sur l’O. de l’Europe : 7 mm à Perpignan; 6 à Cliarleville; 5 à Marseille; 2 au Havre et à Paris. Temp. du matin : Arkangel, 3°; Belfort, 8; Lyon, 10; Paris et Bordeaux, i3; Alger, 26; mont Ventoux, 5; Pic du Midi, 0; moyenne à Paris : 14°’9 (normale ; i3°,2). — Le 26. La dépression des Iles-Britanniques se déplace vers le N. Pressions élevées sur le Centre de la France et la Russie (Moscou, 770 mm). Pluies sur l’O. de l’Europe : 40 mm à Nice; 19 à Gap; 9 à Charleville; 7 au Havre; 3 à Brest. Temp. du matin : Moscou, o°; Paris, 10; Perpignan, 12; Nantes, 14; Alger, 24; Puy de Dôme, 6; Pic du Midi, 1 ; moyenne à Paris : i2°,2 (normale : 13°, 1 ). — Le 27. Dépression sur l’O. des Iles-Britanniques (minim. Yalencia 754 mm) et sur le Danemark. Fortes pressions au S. et à l’E. Pluies sur le N.-O. de l’Europe et le S. de l’Italie : 14 mm à Brest, 5 à Paris. 1 à Nantes et à Boulogne. Temp. du matin : Haparanda, 40-> Paris, ii°; Toulouse, 220; Puy de Dôme, 70; Pic du Midi, 5°; moyenne à Paris, i3°,2 (normale, i2°,9). — Phases de la Lune : Nouvelle lune le 25 à 3 h. 8 m. du soir.
- p.2x144 - vue 576/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- fOUt ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : >*c, Boulevard Saint-Germain, Paris (VJ*)
- La reproduction des illustrations de * La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1846 — 10 OCTOBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- L’aviation. — Après quelques jours d’inactivité apparente, employés à modifier son appareil, W. Wright a repris au Mans le cours de ses expériences. Le 3 octobre, il a exécuté, avec un passager, un vol de 55m3a6 i/5; la vitesse réalisée fut d’environ 6o,6oo km., avec un seul aéronaute, elle avait été dans les essais précédents de 62,600 km.
- Ainsi la présence d’un passager n’a entraîné qu’une différence de vitesse insignifiante. La principale des transformations apportées à l’appareil a été la suivante : les hélices ont été remplacées par de nouvelles, dont les palettes ont une largeur double des premières. De son côté, Farman a repiûs également ses essais au camp de Châlons, ’et l’éussi de remarquables envolées, couvrant kilomètres
- en 44m 32S.
- Électrocution par courants à basse tension. — L’Industrie électrique signale un accident mortel survenu récemment et dû à des courants électriques à basse tension. On ne saurait trop attirer l’attention de tous sur le danger que présentent les distributions électriques même à basse tension, et sur la nécessité de prendre de minutieuses précautions, même dans le cas de courants généralement admis comme inoffensifs. « Un maçon de l’usine à gaz de Marseille, dit notre confrère, était occupé à la réparation d’une toiture entièrement métallique (tôles ondulées galvanisées sur charpente en fer). Cet ouvrier était chaussé d’espadrilles humides. Une ligne à courants triphasés, à 190 volts à 25 périodes par seconde, passe à environ 1 mètre au-dessus de la toiture, et il se trouvait qu’un des fils de ce réseau était accidentellement à la terre. Probablement en voulant se baisser pour passer en dessous de cette ligne, le maçon a touché avec la tête le fil inférieur. IL est tombé électrocuté. Quelques minutes après, son manœuvre le trouvait étendu sur le toit ; il portait sur le haut du front une trace de brûlure légère de 1 centimètre de large et 5 centimètres de long. Les tractions de la langue et la respiration artificielle appliquées de suite vigoureusement n’ont produit aucun résultat. » Le fait brutal est donc celui-ci : un homme a été électrocuté avec un courant alternatif d’une tension de 190 volts à 25 périodes par seconde, appliquée entre un fil appuyant sur son front et une tôle sur laquelle il reposait par des pantoufles humides.
- Le viaduc de Wiesen (Suisse). — Sur la ligne de chemin de fer de raccordement, en construction entre
- Davos et Filisur, on exécute actuellement un travail gigantesque que montre notre figure; le viaduc de Wiesen que nous voyons s’élever sera en pierre ; l’arc du
- pont a une ouverture de 55 mètres, une hauteur de 90 mèti'es;de plus, il y aura six autres arcs de 20 mètres d’ouverture.
- Cette ligne reliera directement Davos avec les chemins de fer de l’Albula qui, de Wiesen, mènent dans l’Enga-dine.
- 19
- p.2x145 - vue 577/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- Une belle randonnée de sous-marins. — Le sous-marin Emeraude vient d’accomplir un raid remarquable. 11 a parcouru en 80 heures, une distance de ia83 km, à une vitesse régulière de 9 nœuds, sans le moindre incident. Ce sous-marin, construit par M. Maugas, jauge 390 tonneaux : il détient actuellement le record de la navigation sous-marine. D’autres sorties analogues vont être tentées incessamment avec les submersibles Pluviôse, Germinal, Ventôse.
- L’étude de quelques alliages. — Un certain nombre d auteurs ont étudié, il y a peu de temps, divers alliages métalliques dont ils ont donné la composition et les propriétés. L'examen des alliages de bismuth et de cuivre a montré que ces deux métaux 11e donnent pas de combinaisons délinies. Si ces deux métaux fournissent des cristaux mixtes, la composition de ceux-ci ne varie qu’entre des limites très étroites et l’on se trouverait en présence de deux séries de cristaux mixtes s’étendant, l’une de 100 à 99,5 pour 100 de cuivre, l’autre de 100 à 99,5 pour 100 de bismuth. Les alliages de zinc et de cadmium fournissent un exemple assez rare de deux métaux miscibles en toutes proportions ne formant ni combinaisons, ni cristaux mixtes. L’étude comparative des alliages du potassium ou du sodium avec l’aluminium, le magnésium, le zinc, le cadmium, le bismuth, l’étain et le plomb, a permis de constater : i° que la miscibilité du potassium avec les différents métaux mis en œuvre est plus faible que celle observée pour le sodium ; 20 que les métaux se combinant au sodium donnent aussi des composés délinis avec le potassium ; 3° que les composés fournis par le sodium fondent plus bas que ceux formés avec le potassium. Il y a exception cependant pour les combinaisons avec le bismuth; 4° que les composés de sodium et de potassium ne présentent pas le plus souvent la même formule ; 5° que, dans les différents composés avec le sodium et le potassium, le nombre d’atomes de sodium est toujours plus grand que celui d’atomes de potassium, exception faite pour les alliages avec le bismuth et le zinc.
- Revêtement des convertisseurs. — Le bon revêtement des convertisseurs est une question difficile dans l’application du traitement Thomas pour les minerais de fer phosphoreux. Un travail de M. Dangel, résumé dans la Revue de Métallurgie, montre l’état de la question. En principe, le revêtement est constitué d’une masse basique réfractaire formée d’un mélange de dolomie calcinée, broyée et mélangée avec une certaine proportion de goudron, qui sert de mortier. La dolomie doit contenir le moins possible de silice, d’alumine et d’oxyde de fer. La teneur en oxydes métalliques et en silice de la dolomie crue ne doit pas dépasser 4 pour 100. Un moment, on a employé de la magnésie, mais celle-ci coûte trop cher. On a également essayé la chaux comme matière à la fois réfractaire, basique et très économique; mais elle a le défaut double d’être hygrosco-pique et de fournir des silicates très fusibles. La dolomie doit d’abord être calcinée : ce qui, pour éviter l’absorption d’eau presque immédiate, est fait dans l’usine même. Puis on la broie et onia mélange avec du goudron, provenant de la distillation sèche de houille, obtenu comme sous-produit des fours à coke ou à gaz. Le mélange dolomitique employé pour les fonds se compose de i3 à i5 pour 100 de goudron, le reste étant la dolomie en grains de grosseur 5 à 8 mm mélangés avec moitié de poudre fine. On opère un damage mécanique avec l’appareil Versen. Après damage, les broches sont retirées hors des trous et remplacées par des baguettes en bois ou des tubes en papier. Pour le revêtement, on n’emploie plus guère le damage qui était pénible, mais on se sert de briques en dolomie façonnées suivant la forme du convertisseur : briques composées d’un mélange de magnésie broyée plus finement que pour les fonds avec 6 à 8 pour 100 de goudron, le tout comprimé dans une presse hydraulique à 3oo-35o atmosphères. Ces briques ont 4o-25-i5 de dimensions. Le revêtement est construit après refroidissement préalable de la cornue, puis cuit de manière à le faire prendre en une masse étanche. Un bon revêtement peut supporter i5o à 180 charges, ce qui correspond à la durée de trois fonds.
- Production du naphte en Allemagne. — La production du naphte fait de rapides progrès en Prusse,
- dans la province de Hanovre. Elle s’est élevée l’année dernière à 106379 tonnes contre 81 35o en 1906, et 78869 en iqo5. La Prusse y participe pour 80 255 t. en 1907 contre 59196 en 1906 et 57741 en îqoS. La valeur de la production totale, en 1907, était de 8820000 francs contre 6295000 en 1906, et 6 5o8 000 en 1905.
- Les abrasifs et le corindon. — M. de Romeu a traité, dans la Revue générale des Sciences, celte question qui a été récemment ici l’objet d’un article (n°i833). Il distingue les anciens abrasifs naturels, quartz, grès, silex, meulières, tripoli, émeri, corindon, signale les divers gisements du corindon dans les syénites ou peg-matites à corindon comme dans le Canada et l’Oural, dans les anorthosiles (Oural, Californie), dans les terrains métamorphiques (Connecticut, Ceylan). L’industrie du corindon est particulièrement développée au Canada, dans le comté d’IIastings. Le Canada a atteint, en 1903, 1170 tomxes de corindon. Quant aux abrasifs artificiels, ce sont le corindon artificiel (Niagara-falls), le carbo-rundum localisé à Niagara-falls et dont le défaut est la fragilité (800 fi-ancs la tonne à l’usine), la diamantile, le coi'indon provenant des déchets de l’aluminothermie, l’acier broyé que l’on fabrique en grand à Pittsburg pour la taille des piex'res.
- Chez les Pigmées de l’Ouganda. — La mission anglaise chargée de la délimitation de fi’onlièi'es entre le Congo Belge et l’Ouganda vient de rentrer à Londx-es après avoir passé vingt mois dans la région la plus sauvage de l’Afrique, durant lesquels elle perdit cinq de ses membres, tués dans des x’encontres avec les indigènes. Son effectif fxxl encore diminué par d’autx'es incidents. Ainsi, comme un des canots du capitaine E. Jack longeait la rive occidentale du Lac Albert, un hippopotame eix fxxreur reixversa l’embarcation, et deux soldats furent noyés. Si la mission fut reçue amicalenxent par plusieurs tinbus, elle eut souvent à se frayer xin chemin eix se servant de ses ai'mes. La jungle était presque toujours si dense que rien ne décelait la pi'ésence des ennemis, sixxon la pluie de flèches empoisonnées qu’ils faisaient tomber sur la colonne. Le rapport définitif de la mission promet d'êti’e du plus haut intérêt, à fen juger par les informations vei'bales recueillies de la bouche d’un de ses membres par uix jouxmal londonien. Dans la forêt de Semliki, l’expédition enti'a en contact avec des tribus de petits nègres qui ne soupçonnaient même pas l'existence de la race blanche. Ces pygmées, d’humeur guerrière, vivent dans la partie la plus dense de la grande forêt équatoriale, qui est absolument inx-passable, sauf par d’étroits sentiers défendus par des estacades. Des épieux à la pointe empoisonnée, plantés dans la forêt aux abords des villages, complètent utilement ce système de défense. Quand la faim les presse, les habitants se noux’rissent de chair humaine. Ils hésitent à manger leurs propres enfants, mais les échangent conti’e les enfants des villages voisiixs. Celte horrible pratique est loin d’être générale. Encoi’e les misérables n’y ont-ils recours qu’en cas d’extrême disette. Les commissaires signalent l’existence d’une race qui habite la l'égion montagneuse entre les lacs Albert et Albert-Edward, et est gouvernée par un clan de sorcières, qui se lèguent le pouvoir de mère en fille. Elles se pi'étendent ti'ès versées dans la pratique des sciences occultes et se montrent hostiles à la pénétration européenne, qui amènerait rapidement leur déchéance. Aussi, ne manquèrent-elles pas d’exciter leurs compatriotes et sujets à s’opposer par tous les moyens aux progrès de l’expédition. La sorcière en chef rendit visite au campement des Anglais, qui purent constater que leur redoutable ennemie était douée d’un extérieur fort agréable et d’une intelligence bien au-dessus de la moyenne. Grâce à une heureuse coïncidence, la jeune sorcière jouit désormais d’une influence considérable. Elle avait annoncé à son peuple qu’elle se rendait chez les Anglais pour leur jeter un sort qui les contraindrait à évacuer le pays. Et, effectivement, le chef de la colonne ordonnait le lendemain de sa visite de lever le camp et de regagner la côte! Enfin, les explorateurs signalent une étrange tribu qui, pour se mettre à l’abri des attaques des lions, très nombi'eux dans la région, s’est réfugiée sur les eaux du lac Albert-Edward, où elle s’est construite de véritables villages flottants sur des radeaux.
- p.2x146 - vue 578/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- csst
- c^Ni. Optique
- Mesure du foyer des verres de besicles divergents. — On sait combien est difficile la mesure de la distance focale d’un verre divergent. Or cette détermination exacte j>résente tin intérêt capital pour les verres de besicles ; un verre ne présentant pas la puissance indiquée par l’oculiste, non seulement ne pourra apporter l’amélioration de la vue escomptée, mais pourra encore amener, par un usage prolongé, de nouveaux troubles visuels. La méthode que nous allons décrire permet de mesurer rapidement la distance focale d’un verre divergent avec toute la précision désirable; elle a été indiquée par M. lia veau.
- Sur un banc d’optique on dispose une plaque verti-
- cale percée d’un petit trou O fortement éclairé: ce trou est au foyer d’une lentille convergente G, le faisceau parallèle qui en sort tombe sur une deuxième lentille convergente C' qui donne une image O' sur l’écran P. Or, si sur le trajet du faisceau parallèle allant de C à C' on interpose à la fois une lentille convergente M et une lentille divergente M', de distances focales différentes, mais placées à une distance telle l’une de l’autre que leurs foyers coïncident, le faisceau restera parallèle à la sortie et l’image se formera toujours en O'.
- Il suffira donc de placer entre C et G' un verre convergent M de distance focale connue, de placer derrière le verre divergent M' et de rapprocher ou d’éloigner ce dernier jusqu’à ce que l’image apparaisse nette sur l’écran, La distance focale (vulgairement le foyer) de M' est égale à celle de M diminuée de la distance MM'.
- *
- "Electricité
- Moulin à café électrique. — Voici une nouvelle et élégante application de l’électricité : le moulin à café mû par un petit moteur électrique. Evidemment, ce n’est pas au modeste moulin à café des ménages que l’on a
- songé à appliquer ce perfectionnement, qui serait alors par trop coûteux. 11 est destiné aux épiceries, même modestes, où il épargnera au serveur un travail physique, souvent pénible. L’appareil comprend un mécanisme pour moudre, enfermé dans une carcasse en fonte que surmonte un entonnoir en tôle nickelée, un broyeur pulvé-Moulin à café électrique. riseur en acier, réglable pour les différentes moutures du grain; un engrenage par vis sans fin, à vis d’acier et roue en bronze phosphoreux ; un moteur électrique de 1/8 de cheval. L’ensemble est monté sur un solide socle à tiroir récepteur. Le poids total est de 3o kg. Cet appareil peut moudre de 5 à io kg de café à l’heure. Il est en vente à la Compagnie Watt, 74, rue de Paradis, Marseille.
- Serrurerie
- Clé forée. — Signalons au sujet des clés forées une idée ingénieuse de M. Jules Denit, nous en avons vu la réalisation au dernier Concours Lépine. On sait qu’il arrive assez souvent qu’elles se bouchent quand on les porte
- dans la poche comme c’est le cas habituel; or, s’il s’agit d’un passe-partout on risque parfois de coucher à la belle étoile faute d’avoir de quoi enlever les ordures accumulées dans le canon. Rien ne serait plus simple si ce canon traversait de part en part la tige de la clé; une allumette,
- poussée au besoin par une seconde, suffirait à faire le nettoyage, et même il se ferait simplement en soufflant à l’une des extrémités. La solidité ne serait pas diminuée, car c’est précisément à la partie de la clé où s’exerce le principal effort que correspond toujours le trou actuel des clés forées. — S’adresser à M. Jules Denis, 80, rue de l’Amiral-Roussin, à Paris.
- c£§->& Divers
- Un manteau de pluie économique. — Nous ne recommanderons pas ce manteau pour son élégance ; mais il nous a paru néanmoins posséder de curieuses qualités; fait d’un tissu spécial, imperméable, qui lui
- .• / /
- lîn manteau de pluie économique.
- donne l’aspect d’un papier parcheminé gris bleu, il peut se rouler et se mettre dans la poche ; il servira également de couverture appréciée des amateurs de camping et son prix n’est que de Il peut assurément
- rendre des services aux excursionnistes. — Il est en vente à la maison Bader, au Locle (Suisse).
- Le chapelet maritime. —- Il s’agit d’un appareil de sauvetage, insubmersible, d’une forme originale : c’est un chapelet de cylindres remplis de capok, ou laine végétale, matière insubmersible et presque incorruptible,
- et'fort légère. Le poids de l’appareil tout entier est de 1400 à 1600 gr. ; son grand avantage réside précisément dans sa souplesse qui permet de l’adapter aisément à toutes les constitutions, et d’éviter facilement la gêne dans les mouvements que provoquent souvent d’autres appareils, gilets ou ceintures. Nos figures montrent la manière de le disposer. — L’appareil est en vente chezMai-trugue, 52, rue de la Garenne, à Courbevoie. Prix : fr.
- p.2x147 - vue 579/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- Le Partout. — Il s'agit d’un petit accessoire des appareils téléphoniques. Rien n’est plus utile, lorsqu on téléphone, que de trouver à portée de la main, un morceau de papier sur lequel on puisse aisément prendre quelques notes. Mais l’appareil est en général placé
- en quelque endroit d’accès incommode, où rien n est disposé pour permettre d’écrire commodément. M. Brail-lard a imaginé, pour remédier à cette lacune, une sorte de petit pupitre, fort peu encombrant et qui s installera aisément en tout endroit. Il se compose d un châssis métallique, articulé sur un support qui se fixe au mur. Un rouleau est disposé au-dessous du châssis, onle garnit de papier qui vient se tendre sur le châssis. Vos notes prises, vous déchirez la partie de la feuille qui
- — Le Partout sur une table.
- Fig. 3.
- vous est utile et en tirant sur la bande de papier, on garnit le châssis à nouveau. Nos figures montrent que l’appareil peut s’employer dans des positions fort diverses, se pliant, par suite, à toutes les exigences du local téléphonique. — Le Partout est en vente chez M. Braillard, n, rue Marsollier, Paris. Prix, avec rouleau, crayon et chaînette, 12,60 fr.
- Le Wondergraph. — Ce jouet fort curieux exécute, mécaniquement pour ainsi dire, une infinité de dessins des plus variés et le plus souvent d’aspect fort élégant. Imaginez un pignon tournant autour d’un axe vertical, l’on rend solidaire de ce pignon une bielle faite simplement d’une mince tige de fer, pointue à l’une de ses extrémités. Cette pointe s’engage dans un petit trou
- Le Wondergraph.
- ménagé à l’avance sur le pignon tandis que l’autre extrémité vient s’appuyer librement sur un support en bois. Or, cette bielle porte une pièce de bois, que l’on peut faire glisser à volonté tout le long de la tige, et qui supporte elle-même un porte-plume articulé sur elle. Si le pignon tourne, il en résulte, on le conçoit, un mouvement de va-et-vient pour la bielle qui se traduit, pour, la plume, par un mouvement assez complexe, lequel s’enregistre sur une feuille de papier, disposée comme le montre notre figure. Et l’on voit apparaître une série de courbes gracieusement infléchies, s’étoilant autour de cercles centraux, et dessinant les combinaisons les plus variées; pour changer le dessin, il suffit
- de changer de si peu que ce soit, la disposition de la bielle ou celle du porte-plume; le nombre des dessins que l’on peut obtenir est donc infini. L’appareil peut être mieux qu’un jouet, il peut servir aussi de guide aux artistes décorateurs, à qui il suggérera parfois des motifs élégants et originaux; c’est une sorte de kaléidoscope graphique. — Pour la vente en gros, s’adresser à M. A. Weill, 6, rue du Port-Mahon, Paris.
- Électro-aimants pour oculistes. — Rien n’est plus douloureux que la présence de particules étrangères dans l’œil, et bien souvent, rien n’est plus difficile que leur extraction. Dans le cas de particules de fer, cas très fréquent notamment dans les établissements métallurgiques et miniers, il est tout indiqué de recourir au magnétisme. L’aimant ordinaire présente de multiples inconvénients. Il a donc fallu imaginer des appareils plus compliqués, mais d’un maniement plus sûr. En voici un type : il comporte une colonne-support, un
- Fig. 1 et 2. — Détails et emploi de l’appareil.
- électro-aimant et les prises de courant. La colonne est en fonte et creuse, elle est munie d’un pupitre sur lequel le patient peut s’appuyer et maintenir sa tète aussi immobile que possible. L’aimant se compose d’un noyau en fer et d’un enroulement magnétisant. Une des extrémités du fer est conique; elle est surmontée d’une pointe dévissable par où s’exerce l’attraction magnétique. L’aimant est rendu très mobile au moyen de billes en acier. La colonne est munie d’une fiche de contact; de plus, à son pied se trouve un interrupteur inverseur, relié à la prise de courant et que l’opérateur manœuvre jdu pied au moyen d’une pédale. Il peut ainsi, suivant les besoins, produire ou anéantir le magnétisme, ou enfin changer la polarité de l’aimant. — L’appareil est construit par les ateliers de construction Œrlikon, près de Zurich (Suisse).
- Le grottomètre. —- Le grotlomèlre est en réalité un curvimètre de grandes dimensions. On sait comment fonctionne le curvimètre, employé couramment par tous ceux qui ont l’habitude de lire les cartes : l’appareil sert à relever la longueur d’une ligne quelconque tracée sur la carte. Le gr-otto-mètre servira de même à prendre des mesures, mais des mesures réelles, il peut compter, en effet jusqu’à 18 m., ce qui lui donne de suite une grande supériorité sur les mètres pliants ou à rubans que l’on emploie d’habitude en pareille circonstance. L’instrument comprend essentiellement, une roulette que l’on fait rouler sur la ligne à mesurer ; cette roulette est montée sur un arbre qui porte une roue dentée de même diamètre qu’elle, et celle-ci engrène avec un cadran gradué qui se déplace devant un index; on peut lire aisément sur la division du cadran les longueurs mesurées en mètres et décimètres; sur la roulette on lira les centimètres et millimètres. x,e grottomètre.
- L’appareil peut se monter sur un manche quelconque, et l’on mesure ainsi commodément les longueurs difficilement accessibles, une ligne sur un plafond par exemple : il a surtout l’avantage de donner avec une précision très suffisante dans la pratique, la longueur de lignes courbes. — Le grottomètre est en vente à la maison Bader, au Locle (Suisse).. Prix : 7 francs.
- p.2x148 - vue 580/647
-
-
-
- VARIETES
- tableau des fours électriques
- actuellement en activité ou en construction, pour la fabrication de l’acier ou de la fonte.
- Systèmes. Usines. Chevaux. Charge en kg.
- rrance . . ( La Praz . . . Société Electrométallurgique Française .... 400 2.800
- ( Saint-Juérv . Soc. des II1’ F*, Forges et Acier, du Saul-du-Tarn. — —
- Allemagne . Ilemseheid. . Slahlwerke Lindcnbcrg — ( 1.500 ? 500
- t Autriche. . ( Kapfenberg . Gehrüder Iîohler — 2.500
- Héron II (Judcnburg. . Damier et C° . — 2.000
- \ Suisse. . . Schalï'hausen. G. Fischer 540 —
- jSuède. . . Kortlors. . . Aktieholaget Héroults Eleklriska Stal — 4.500
- ' Etats-Unis . t Svracuse . . Halcomh and C° 5.000
- ( Baird.... ISolde Electric Stal C° 5.000 —
- ^ Canada . . ( Welland. . . ( Saull-Slc-Marii 5.000 250 —
- Suède. . . ( Gysinge . . . Metallurgiska Aktieholaget. — 240
- 1 Goldsmethiitlo — 1.000 8.500
- i ( Essen .... Fried. Krupp 1.000 8.500
- 1 Allemagne . ; Gleiwitz. . . Oherschlcsische Eisenindustric 240 1.500
- J ( Yülldingen. . Rochlingsche Eisen- und Stahlwerke — 500
- Kjellin < Luxembourg Dommeldange Le Gallais, Metz et C° 150 700
- J Suisse. . . Gurtnellcn. . Allgem. Kalziumcarhidgenossonsrhalî — 550
- [Autriche. . ^ Kladno . . . Poldihiitte 750 4.000
- Yolklahruck . ,1. Brauns Sohne 150 400
- Angleterre . Shelïield . . Yickers Son et Maxim 400 1.500
- \ Espagne . . Araya. . . . Yidua de Urigosla et Iliva — 1.500
- ( 5.000
- Rëchling-Rodenhauser Allemagne . Yolklingen. . Rochlingsche Eisen- und Stahlwerke — ) 700
- ( 500
- Allcvard France. . . Allcvard. . . Société Anon. des Forges et liants Fourneaux. 500 5.000
- Girod France. . . Uginc. . . . Société Anonyme Électrométallurgique .... 500 5.000
- K ('lier | France. . . ( Unieux . . . ^ Livct .... Hollzcr et C° 2.000 —
- / - ( 2 de 5.000
- Slassatio nlalie . . . \ Turin .... I Fond Tcrmo-clettrici Slassano — ) 2 de 1.000 ( 1 de 400
- j r Arsenal — —
- ^ Allemagne . Bonn .... Donner FriisciTahrik 250 1.000
- Schneider France. . . Creusol . . . Le Creusot . — —
- Gin Allemagne . Essen. . . . Fried. Krupp — —
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- La scoliose des écoliers. — La colonne vertébrale, chez un enfant ou un adulte bien conformé, doit être droite avec une légère courbure à la région cervicale et une en sens opposé dans la région lombaire. Toute modification à cet état constitue une difformité légère. Il n’en est pas de plus fréquente chez les jeunes enfants et les adolescents que la scoliose, c’est-à-dire la courbure latérale du rachis avec un aplatissement plus ou moins prononcé du corps des vertèbres. D’après les statistiques faites sur les écoliers Allemands 25 pour ioo des jeunes élèves présenteraient cette déviation. Je ne sais quelles proportions on pourrait trouver chez les écoliers Français, mais la scoliose y est assez fréquente. Les parents s’en aperçoivent à ce que une des épaules semble remontée et l’autre abaissée ; mais chez les petits pensionnaires qui ne sont pas soumis tous les jours à l’investigation maternelle, la déviation peut être très prononcée.
- Les causes de la scoliose sont multiples : on en a signalé des cas chez des nouveau-nés, chose rare. La névralgie sciatique s’accompagne parfois de scoliose, due à une contracture du muscle sacro-lombaire et à une position déhanchée prise par le malade pour sou-
- lager sa douleur. Mais ce sont là des formes exceptionnelles. La scoliose des adolescents a été attribuée à une attitude vicieuse prise pour écrire, à la tendance à l’écriture penchée. On est parti de là pour préconiser l’écriture droite. M. Lagrange qui s’est fait connaître par des recherches intéressantes sur l’hygiène scolaire et sur la physiologie musculaire ne croit pas que l’attitude penchée, qu’il s’agisse d’écriture ou d’un travail similaire, soit la cause de cette déviation du rachis. Pour lui la cause essentielle est l’obligation de garder trop longtemps l’immobilité dans la position assise ou dans la position debout. Rien de plus pénible que l’immobilité rigide, absolue ou à peu près, même dans la position assise. Gomme le fait observer M. Lagrange, on peut répéter sans fatigue des mouvements altei'na-tifs d’élévation et d’abaissement des bras, même avec une certaine vitesse, pendant un temps infiniment plus long qu’on ne pourrait tenir le bras horizontalement tendu dans l’immobilité absolue. Marchez pendant une heure, vous serez moins las qu’en restant fixe et immobile pendant io minutes. Les sentinelles |ont le besoin impérieux de bouger, de faii’e vingt pas et le repos n’est pas chez elles absolument rigide.
- p.2x149 - vue 581/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTE
- Dans l'immobilité, les muscles de la région dorso-lombaire sont obligés de se maintenir en état de contraction permanente, sans un intervalle de détente. Dans la marche, la course, ils ont un grand eiï.ort pour soutenir les memes pièces du squelette, mais cet effort n’est pas constant; il y a des périodes de relâchement. Le buste peut être droit, mais il n’est pas raide ; il ne faut pas même qu’il soit trop droit si l’on veut s’éviter un surcroît de fatigue et la marche en flexion soulage on ne peut mieux par une distribution plus égale de l’effort sur les différents muscles.
- Dans la position assise, le corps droit, sans appui, les muscles dorso-lombaires sont soumis à un effort presque aussi grand et aussi fatigant que dans la position debout. L’enfant qui est obligé, à l’école ou à l’atelier, de rester assis de longues heures éprouve une telle fatigue qu’il cherchera à pallier d’une façon quelconque à cette tension musculaire. S’il ne peut se lever, s’appuyer, changer de position, il cherchera à se soulager en prenant une attitude de défense; c’est l’attitude lianchée, dans laquelle un des membres inférieurs se met au repos, en se fléchissant à demi, tandis que l’autre exagère son extension, utilisant ainsi l’action mécanique des ligaments croisés du rachis. L’effort musculaire est supprimé, mais cette attitude imprime à la colonne vertébrale une position qui est précisément celle de la scoliose. Au début le redressement est facile
- et se fait de lui-même; mais si la fatigue se renouvelle, si le sujet est prédisposé par un tempérament lymphatique, par des maladies antérieures, la déviation s établit insensiblement et ne disparaît que lentement. L’enfant prend instinctivement l’habitude de se mettre dans la position fautive, il y trouve un soulagement; il est tout naturel qu’il s’abandonne à incliner le corps sur uu côté. L’habitude se prend et se garde et peu à peu se produit une lésion difficilement curable, caractérisée par la raideur des ligaments, la rétraction des muscles et dans les formes avancées par la déformation des vertèbres. Si l’écolier va au collège avec un lourd paquet de livres, ce. poids unilatéral favorise encore la position hanchée. M. Mesnard avait montré qu’avec des poids très modérés, deux kilogrammes placés dans une main pendante, on voit s’abaisser l’épaule correspondante et se relever l’épaule opposée. Si le poids est plus lourd, la différence de position des deux épaulés est des plus accusées. L’influence du poids vient augmenter la modification de la statique déjà causée par la fatigue.
- Il faut donc, pour combattre la scoliose, en premier lieu, le repos, puis une sorte de rééducation de la tenue en modifiant l’habitude et l’attitude vicieuses. Ne fatiguez £>as l’enfant, variez dans les écoles les heures de classe, de repos et de jeux pour éviter une déformation disgracieuse et qui peut retentir fâcheusement sur le développement des organes thoraciques. D' A. G.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Blanchissage du ,linge taché. — Il arrive souvent que le linge soit taché de matières colorantes diverses, que la lessive la plus énergique ne parvient pas à faire disparaître. Pour y remédier, M. Viguier, pharmacien à Bergerac, nous communique la recette suivante : faire 3 solutions.
- i° Permanganate de potasse
- ^Eatx....................... q. s. pour
- i° Hyposulfite de soude...............
- Eau....................... q. s. pour
- 3° Acide chlorhydrique du commerce. . Eau. . . t.............. q. s. pour
- 2 gr. xoo c. c. i5 gr. too c. c.
- 8 gr. IOO c. c.
- On laisse tremper pendant 5 à 6 minutes la partie tachée dans la ire solution. On la plonge ensuite dans le mélange de la 2e et 3e solution (mélange fait juste au moment où l’on doit s’en servir) jusqu’à’ décoloration du permanganate et par suite disparition de la tache, rSais sfans excéder ro minutes, car l’étoffe au delà d’un temps plus long pourrait être attaquée. Enfin, on rince à grande eau. Si une première opération ne suffit pas on recommence le traitement en suivant l’ordre. On obtient ainsi, mais sur les étoffes blanches seulement, d’excellents résultats. Les taches d’encre de toute couleur vieilles ou récentes, les taches provenant de colorants à Base d’aniline ne résistent pas à ce procédé. De même*les telles de mouches qui souillent souvent les étoffes de prix, le sang, la peinture, etc., etc., rien ne résiste à ce mode de nettoiement. La durée d’immersion dans le permanganate et le mélange d’hyposulfite et d’acide chlorhydrique est proportionnelle à lâ*grandeur et à l’intensité de la tache. Ne pas oublier de rincer à grande eau, aussitôt l’opération terminée.
- Enlèvement de la rouille par électrolyse. —
- M. Reed, dans Iron Age, pouv dérouiller une pièce de fer ou d’acier, conseille de la placer comme cathode dans un bain acidifié par 2yspour xoo d’acide sulfurique. L’anode sera en-plomb. Il y a réduction de la rouille, probablement à l’état de protoxyde soluble dans les acides.
- Encre violette. — Faire dissoudre x5 gr. de violet de méthyle dans x5o gr. d’alcool rectifié ;'après dissolution complète, additionner de plus de xoo gr. d’eau, puis faire chauffer au bain-marie jusqu'à disparation complète de l’alcool : à ce moment, on ajoute suffisamment d’eaxx pour retrouver le volume primitif. On a préparé, d’autre part, une dissolution de 6o gr. de gomme arabique dans
- 25o d’eau distillée, et on la verse dans la première préparation, à laquelle il faut encore ajouter quelques gouttes d’acide phénique.
- Contre les nids de guêpe. — Voici un procédé simple qui nous est indiqué par un de nos lecteurs, M. Gautier, de Cailly. On prend txne carafe à mouches, ce qu’on appelle vulgairement un gobe-mouches, on la remplit d’eau de savon, ou d’un mélange d’eau de savon et d’acide quelconque, et la nuit venue, on la pose sur l’orifice px’incipal du guêpier. Au jour, les insectes, sortant du nid, se précipitent dans le piège et y péiûssent dans le liquide corrosif. Une difficulté séi'ieixse peut pai’fois se présenter, lorsque l’orifice du nid est conti’e un xxiur ou un arbre, et qu’il est alors impossible de le coiffer avec la carafe. Dans ce cas, on arrosera copieusement le sol, et on y plantera obliquement un bâton quelconque que l’on fera pénétrer jusqu’au guêpier. On retirera ce bâton, et l’on aura constitué un nouvel orifice que l’on recouvrira de la carafe, tandis que l’on bouchera l’ouverture pivimitive.
- Peinture pour fer forgé. — On obtient une peinture très élastique et pi’Otégeant parfaitement le métal, en suivant la recette que voici. On mélange 12 kg de bon noir d ivoire avec 9 litiges de térébenthine ; on passe au broyeur ou entre des . cylindres, pour arriver à une homogénéité parfaite. On éclaii’cit ensuite avec 4 litres et demi de vernis élastique à l’or couleur et avec i3 litres de térébenthine. Il faut passer le mélange plusieurs fois au broyeur, car il est essentiel que la peinture soit de consistance aussi fine que possible. On passe l’enduit sur les objets en fer forgé, soit au trempé, soit au moyen d’un chiffon.
- Gravures gondolant dans leur cadre. — Il ariûve parfois, quand elles ont été encadrées avant d’être complètement sèches, que les gravures gondolent plus ou moins dans leur encadrement et sous la vitre qui les î-ecouvre. En pareil cas, il faut les sorîir et les appliquer sur une table bien plane, la face en bas. On les mouille alors au l’evers, à l’aide d’une éponge humide, puis on les retourne la face en l’air, on les fixe sur la table au moyen de punaises à dessin, et on les laisse sécher.
- Pour cuivrer l’aluminium. — Faire un bain avec 3o parties de sulfate de cuivre, autant de crème de tartre, et 25 p. de soude dans 1000 p. d’eau. On plonge les objets à cuivrer dans ce bain, après, naturellement, les avoir bien nettoyés.
- p.2x150 - vue 582/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Daus la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnes. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Erratum. — Dans notre n° du 26 septembre 1908, une erreur s’est glissée dans l’adresse de la Société générale d’éclairage qui fabrique le nouveau bec de gaz à incandescence « l’indéréglable ». Il faut lire : 22, rue Turgot, et non 22, rue de Turbigo.
- Communications. — Nous avons reçu de M. Lhomme, 'directeur du journal la Papeterie, la lettre suivante, au sujet de l’article VAlfa paru dans notre numéro du 2 i septembre. « La concurrence n’est pas impossible en France pour la fabrication du papier d’alfa. Les papeteries du Marais et de Sainte-Marie, la maison Outhenin-Chalandre, etc., font couramment des papiers d’alfa. Les pâtes à papier n’entrent pas du tout en franchise en France et ce ne serait pas à souhaiter. Les droits varient de ofr,5o à 2 francs par 100 kg suivant les sortes. Contrairement à l’opinion de l’auteur, il est certain qu il y aurait au contraire un très grand intérêt à employer l’alfa en France et cette question d’ailleurs a été maintes fois traitée dans les revues de papeterie par des fabricants compétents. La libre de l’alfa n’est pas trop courte pour faire de beaux papiers et les papiers d’alfa sont bien loin d’être des papiers de qualité secondaire comme le prétend M. de Mathuisieux, excessivement loin même, car les papiers d’alfa pour impression sont considérés comme papiers de luxe et leur moelleux, leur souplesse en font des papiers recherchés, mais chers. Vous pourriez facilement voir des échantillons de papiers d’alfa des maisons citées plus haut. Comme papiers anglais, la maison Jules Breton, 245, rue Saint-Martin, vous en montrera des échantillons de toute beauté. La dénomination de papiers anglais ne s’applique pas, croyons-nous, uniquement aux papiers d’alfa, et ces derniers sont toujours chers. En ce qui concerne le traitement de 1 alfa il y aui'ait beaucoup à dire, car il varie un peu suivant chaque usine, mais à notre connaissance il n’est pas employé de lessiveur rotatif par principe, pour éviter de rouler la fibre. Les lessiveurs employés sopt 'généralement du type appelé « vomitif boiler » vertical'et fixe. Il serait regrettable de voir traiter l’alfa comme matière première de mauvaise qualité au (point de vue papeterie au moment où de divers côtés, on s’efforce de l’employer
- en France et de mettre en valeur par là, les richesses végétales de l’Algérie. »
- Renseignements. - M. Serres, à Paris. — La Revue de métallurgie est éditée à la librairie Dunod et Pinat. 49, Quai des Grands-Augustins, Paris.
- M. lirimbois, à Liège. — La plupart des grandes maisons d’automobiles ont créé des dispositifs de mise en marche automatiques, nous vous signalerons ceux de la maison Berliet, à Lyon; Renaut frères, à Billancourt (Seine) ; Saurer, à Arbon (Suisse).
- M. Brun, à l’Ile-Maurice. —Votre machine défibreuse automatique est ingénieuse, mais sa description n’intéresserait qu’un nombre bien limité de nos lecteurs.
- M. Dumas, à Larba. — Nous avons transmis votre lettre à la maison Markt, 107,. avenue Parmentier, Paris.
- M. Berthier, à Para. — Nous n’avons pas pour l’instant, de plus amples renseignements sur le lin du Brésil.
- M. Ferreira, à Lisbonne. — Vous trouverez les ouvrages traitant les sujets que vous nous indiquez à la librairie Dunod et Pinat, 49, qua^des Gi’ands-Auguslins, Paris.
- M. Odier, à Genève. — La machine à écrire en question a été déci’ite dans notice n° x8o3, du i5 décembre 1907.
- M. Clausen, à DortmuxW. — Nous avons transmis votre lettre aux établissemeixts Daydé-Pillé, à Creil. Elle leur est certainement parvenue.’ Nous ne pouvons faim d’auti'es démarches.
- M. Ii. Mortier* à Paris. — Le meilleur moyen de lutter contre les vipères est ’de peupler de hérissons |J.es endroits infestés.
- Mme de la Villardière, à la Frelle. — Le pi-oblème de la décalcarisation des eaux pour usages industriels est ti'ès délicat. Il nous serait impossible de vqus. indiquer ici xxne formule donnant pleine sécui'ité. Le mieux est de soumettre le cas à un ingénieur compéten^.
- M.• Lemonnier, à Paris — Nous vous recommaillions l'ouvrage bicycles et bicyclettes de M. Carlo Roui'let, dans la collection : Encyclopédie scientjfique des Aide-‘mémoire Léauté. L’ouvrage est édité cjj’ez Masson, soif prix est de 3 francs.
- M. M. B. Cercle du Progrès, à Beaune. — La forme d’œuf que vous nous signalez, évidemment anormale, n’est pas nouvelle; c’est une déformation sinon fréquente, du moins connue”et que nous ne croyons pas fort,'intéressant de signaler. Tous nos remerciements néanmoins pour voire aimable initiative.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- La bille Bi’inell et l’essai des métaux :-.Daniel Bex.iæt. —r Le the au Japon : Marcel Blot. — Le gaz\et. l’électricité : E.-A. Martel. — La turbine à vajxeur et les navires mixtes : R. Bon-nin. — Les briques silico-calcaires : P. de Mériel. —Académie des sciences; séance du 28 septembre 1908 : Ch. de Vxx.ledeuil. — Les gouffres de la forêt d’Orléans Paul Combes, fils. — Curieuse déformation d’un cactus géant* : V. Forbiijv'.;.
- Supplément. — Découverte d’une nouvelle comète. —- Les prix d’aviation, — Surpi’ises de la télégraphie sans fil, — Téléphonie sans fil en Italie. — Une mission pour un aéronautei — Constitution intime des calcaii’es, — Architecture au Japon, etc. — Utilisation des sarments de vigne comme fourrage.
- La valeur de l’art, par Guillaume Dubufe. t vol. in-18. Ernest Flammarion, éditeur, 26, rue Racine. Paris. Prix : 3fr,5o.
- Ce que représente l’art chez les divers peuples, les asmi-alioirf dont il est la synthèse, les besoins qu’il ti’aaiiit, le^léments qu’il fournit à l’étude des civilisations, telles sont quelques-unes des questions abordées dans cet ouvrage.
- • A'1
- Les Annales de la marine Nantaise (des origines à i83o), ouvrage publié par le « Pays d’Arvor », chez Héron, 10, rue Dubois, à Nantes.
- Elégant volume où sont relatés, sobrement, les glorieux exploits des corsâmes nantais.
- Traitement des résidus photographiques, par L. Mathet. — Une brochure de la bibliothèque de la Photo-Revue. Charles Mendel, éditeur, Pai'is. Pi'ix : ofr,6o.
- Les travaux de MM. Davanne et Girai'd ont mis en lumière cette vérité qu’une image photographique ne renfeiune, une fois terminée, qu’une quantité ti’ès mi-
- -€ 151
- p.2x151 - vue 583/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- Wï.
- nime des métaux précieux mis eu œuvre pour son exécution. C’est ainsi qu’une épi'euve positive au chlorure d’argent ne contient gxxère que 3 à 5 pour ioo du sel d’argent introduit dans la couche sensible, le surplus se retrouvant presque intégralement dans l’eau de dégorgement et dans le bain de fixage. On se rend compte immédiatement de l’économie qui peut être réalisée en extrayant des différents bains, ainsi que
- des déchets et des épreuves manquées, les matières d’or, d’argent et de platine qu’ils renferment. Dans cet opuscule, M. Mathet indique la marche à suivre pour le traitement des résidus suivant leur origine ou leur nature ; il donne les moyens les plus pratiques de récupérer les métaux précieux qu’ils contiennent et dont le produit peut dédommager amplement le photographe de son temps et de sa peine.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 28 sept. 1908 . 15°,4 S. S. W. 1. Couvert. 2,3 Couvert ; pluie de 17 h. 15 à 19 h. 15.
- Mardi 29 16°,8 Calme. Couvert. » Couvert jusq. 9 h.; puis peu nuag.; Beau à partir de li h.
- Mercredi 50 12°,3 E. 1. Beau. » llosee ; pas trace de nuage.
- Jeudi 1" octobre . . 12u,0 E. S. E. 0. Beau. 0 Rosée; léger Brouillard à G B ; pas trace de nuage.
- Vendredi 2 11°,2 Calme. Beau. W Rosée ; léger Brouillard à G B.; pas (race de nuaue.
- Samedi 5 120,0 E. N. E. 1. Beau. » Rosée : Brume ; pas trace de nuage.
- Dimanche 4 11°.9 E. S. E. 0. Couvert. » Rosée; Brouillard de 200 m. à 7 B.: Beau ensuite.
- SEPTEMBRI-OCTOBRE 190P. — SEMAINE DU LUNDI 28 SEPTEMBRE AU DIMANCHE 4 OCTOBRE 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du 28 septembre au 4 octobre. — Le 28. La pression monte sur l’O. de l’Europe; 765 mm en France et en Suisse. Dépression au large des Iles-Britanniques et sur le N.-E. du continent. Pluies sur le N. et le Centre de l’Europe : 11 mm à Nantes; 8 au Havre; 5 à Brest; 4 à Paris. Temp. du matin : Haparanda, 3°; Lyon, 13 ; Paris, i5; Alger, 22; Puy de Dôme, 9; mont Ventoux, 7; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : 170,3 (normale : 12°,8). — Le 29. Pressions élevées sur toute l’Europe (maximum, Prague, 772 mm). Pluies dans le N. de l’Europe et en Irlande : 2 mm à Paris ; x à Belfort et à Brest. Temp. du matin : Belfort, 13° ; Clermont, 14 ; Toxxlouse, 16; Paris, 17; Alger, 22; Puy de Dôme, i5; mont Ventoux, 9; Pic du Midi, 8; moyenne à Pai'is : i8°,2 (normale : i2°,6). —: Le 3o. Les pressions élevées persistent sur tout le continent (Breslau, 776 mm); une dépression apparaît en Islande (743 mm). Pluies en Russie; en France, beau temps. Temp. du matin : Saint-Pétersbourg, 20; Nancy, 11; Paris, 12; Clermont, 17; Alger, 22; Puy de Dôme, i5; mont Ventoux, 11 ; Pic du Midi, 7; moyenne à Paris : i7°,2 (normale : i2°,5). — Le Ier octobre. Les px'essions élevées persistent sur le continent (Prague, 774 mm; France, 765 mm). Une dépression passe dans l’extrême Nord (Bodoe, 749 mm). Pluies dans le N. de l’Europe et sur les Iles-Britanniques. En France : beau temps. Temp. du matin : Arkangel, 3; Belfort et Clermont, 10; Paris, 12; Toulouse, 16; Puy
- de Dôme, i5; mont Aigoual, 12; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i7°,4 (nox'male : i2°,3). — Le 2. Fortes pressions sur toute l’Europe, mer du Nord et Norvège comprises. La dépression dix N. de la Scandinavie s'éloigne vers le S.-E. (Ai’kangel, 742 mm). Pluies sur le N. dxx continent et l’O. des Iles-Britanniques. En France : beau temps. Temp. du matin : Arkangel, 20; Belfort et Paris, 11 ; Toulouse, 16; Alger, 21; Puy de Dôme, 14; mont Ventoux, 9; Pic du Midi, 7; moyenne à Pai’is : i7°,2 (normale : i2°,2). — Le 3. Pressions élevées sur tout le continent : Prague, 771 mm; Paris : 767 mm. Deux faibles dépressions l’une sur l’Islande etla Norvège (Bodoe, 756 mm), l’autre sur les Açoi’es. Fortes pluies en Norvège et en Russie. En France, beau temps. Temp. du matin : Belfort, io°; Paris, 120; Lyon, 13°; Toulouse, 170; Alger, 2i°; Puy de Dôme, 160; Pic du Midi, 6°; moyenne à Paris : 170 (normale : 120). — Le 4- Les pressions élevées persistent sur l’O. et le Centre de l’Europe : 772 mm de l’Est de la France. La dépression de l’Islande se déplace légèrement vers le S.-E. Pluies sur le Nord de l’Europe : en France, beau temps. Temp. du matin : Arkangel, o° ; Clermont, 8°; Paris, 180; Toulouse, i3°; Nice, 180; Palerme, 21°; Puy de Dôme, 14°! Ventoux, io°; Pic du Midi, 4°; moyenne à Paris : i6°,2 (normale : ix°,9). — Phases de la lune : Premier quartier, le 3 à 6 h. 23 m. du matin.
- p.2x152 - vue 584/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- fout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, "Paris (VIe)
- La reproduction des illustrations de * La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l'indication d’origine.
- N° 1847 - 17 OCTOBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Nécrologie : Alexis Hansky. — Le professeur Alexis Hansky, noyé dans la mer Noire en juillet de cette année, avait accompli à l’Observatoire de Pulkowa des recherches très remarquées sur la physique solaire. Ses premiers travaux dans cet ordre d’idées remontent aux observations effectuées en 1896 à Novaya Zemlya, au .moment d’une éclipse totale. Le tragique accident qui est venu à 36 ans mettre une fin prématurée à une carrière scientifique qui s’annonçait comme très brillante, s’est produit comme M. Hansky s’occupait de l’installation d’un nouvel observatoire à Simeise (Crimée) dont la direction lui était confiée en même temps que celle de Pulkowa.
- Les Observatoires du Mont Blanc. — Une Société vient d’être constituée, avec un bureau de directeurs désigné parmi les membres de l’Académie des sciences, pour continuer d’une façon systématique les travaux commencés par feu M. Janssen et par M. Yallot au Mont Blanc. Les deux observatoires Janssen et Yallot sont désormais placés sous la direction unique de M. Vallot, qui abandonne son observatoire à la nouvelle société. Les membres de celle-ci se recrutent dès à présent par voie de souscription, qui doivent être adressées au secrétaire, M. le comte de la Baume-Pluvinel, 9, rue de la Baume, Paris.
- La vente de l’opium. — Un décret, en date du ier octobre, réglemente comme suit la vente, l’achat et l'emploi de l’opium et de ses extraits : i° l’importateur d’opium, sous une forme quelconque, est tenu de prendre au bureau de douane du lieu d’introduction un acquit à caution indiquant les quantités importées et l’adresse des destinataires, acquit à caution qui devra être rapporté dans un délai de trois mois, revêtu d’un certificat de décharge de l’autorité municipale du lieu de résidence des destinataires; de plus l’importateur est tenu de tenir un registre spécial, exclusivement affecté à la vente de l’opium et de ses extraits. — 2° La vente de l’opium, soit importé, soit indigène, ne peut être faite par l’importateur ou par le producteur que soit à des commerçants en gros, à des industriels ou à des chimistes, pour le transformer en opium officinal ou pour en extraire les alcaloïdes, soit à des pharmaciens pour le traitement des maladies de l’homme ou des animaux, et ce sous certaines conditions énoncées tout au long dans le décret. Aussitôt après la livraison, l’acheteur en inscrit l’importance sur le registre spécial à l’opium qu’il doit tenir de la même façon que; l’importateur. Aucune revente ne peut être opérée par lui qu’au profit de l’une des personnes et sous les conditions spécifiées ci-dessus. Le décret assimile d’ailleurs à la venté faite à un industriel ou à un chimiste la cession d’opium brut à un pharmacien qui entend fabriquer lui-même l’opium officinal ou les alcaloïdes qu’il emploie. L’opium brut livré dans ces conditions ne peut jamais être revendu par le pharmacien, l’opium officinal et ses extraits ne pouvant être vendus
- par les pharmaciens que pour l’usage de la médecine. En dehors de ce cas, toute cession d’opium ou de ses extraits, même à titre gratuit, au profit de personnes autres que celles ci-dessus désignées ou à ces personnes, mais pour un emploi autre que l’un de ceux ci-dessus spécifiés, est interdite et entraîne l’application des peines prévues à l’article ier de la loi du 19 juillet 1845, consistant en une amende de 100 à 3ooo francs et un emprisonnement de 6 jours à 3 mois. De même, la détention et l’emploi prohibés d’opium, en consentant l’usage d’un local ou par tout autre moyen, sont strictement interdits.
- L’aviation. — Nouvelle pi’ouesse, nouveau record à l’actif de M. Wright. Le 6 octobre, malgré un vent par instants assez violent, avec un passager à son bord, il se maintient dans les airs ih4“26s i/5.
- Hôtel pour dirigeables et aéroplanes. — La conquête de l’air que laissent entrevoir les envolées retentissantes des frères Wright, sera, sans doute, un jour effectivement réalisée. Que deviendront alors les conditions de la vie humaine? Un architecte de Philadelphie, M. Gui King, s’est posé la question, et pour 11e pas être pris au dépourvu par la révolution qui s’annonce, il a prévu, pour un immeuble actuellement en construction, l’accès par la voie aérienne : il a ménagé à la partie supérieure de l’hôtel une terrasse de 100 m. de long sur autant de large ; elle permettra l’atterrissage des aéroplanes ou des dirigeables.
- La correspondance télégraphique. — D’après des renseignements statistiques qu’a recueillis le gouvernement allemand et que publie Y Electricien, les nombres de télégrammes échangés dans les principaux pays seraient les suivants :
- Angleterre. . . 94 000 000 de télégrammes par an.
- Etats-Unis. . . 65 5oo 000 — —
- France .... 58 000 000
- Allemagne. . . 52 5oo 000 — —
- Les recettes sont évaluées à : 76235000 francs pour l’Angleterre; 139925000 francs pour les Etats-Unis. Le chiffre plus élevé obtenu en Amérique provient de ce que les lignes étant beaucoup plus étendues, le prix moyen est supérieur : 2,10 fr. et 0,80 fr. par télégramme l'espectivement. Le coût moyen en France est de 0,60 fr. ; en Allemagne, les recettes totales atteignent 41 4g5 000 francs; en France. 36 670000 francs.
- Origine des loups dans les creusets de hauts fourneaux. — Une étude de M. Osann, que résume la Revue de Métallurgie, a donné des résultats intéi'essants. Les loups ne répondent pas à une composition déterminée, mais sont toujours moins riches en carbone et en phosphore que la fonte obtenue simultanément. E11 même temps, il se produit des amoncellements de graphite. Il semble que le graphite se forme quand, pour une cause quelconque, un refroidissement a lieu dans la fonte qui s’est accumulée dans le creuset. Ce graphite
- 20
- p.2x153 - vue 585/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- tend ii monter ; mais, le refroidissement venant de l’extérieur, le fer se solidifie à sa périphérie, et les cristaux de graphite, gênés dans leur mouvement ascensionnel, se mélangent avec lui et avec les débris de briques. Au milieu du haut fourneau, ils montent au contraire librement et s’échappent aux trous de culée ou de scories. Quand la scorie est très peu fluide, il sont retenus sous elle et s’infiltrent dans les fentes du fond, en même temps que du fer liquide : d’où une déformation qui peut faire sauter les cercles.
- Projets de canaux entre le Neckar, le Danube et le lac de Constance. — On sait que la question des voies navigables intérieures est fort étudiée en Allemagne. Le Comité de la navigation entre le Neckar, le Danube et le lac de Constance vient de publier un mémoire sur les voies navigables actuelles dans le Würtemberg. Il conclut à la nécessité des travaux suivants : x° Canalisation du Neckar; 20 construction d un canal du Neckar au Danube, entre les villes de Necka-rerns et Laningen; 3° construction d’un canal latéral au Danube entre Kelheim et Ulm ; 40 construction d’un canal entre Ulm et le lac de Constance. La dépense totale s’élèverait à 410 millions de francs.
- L’industrie chinoise du fer et de l’acier. — C’est une des phases de ce réveil de la Chine, aujourd’hui bien réel et sur lequel nous aurons plus d’une fois à revenir. Elle est signalée par M. Hull, vice-consul général îles États-Unis à Hankow, qui appelle l’attention de ses compatriotes sur les établissements métallurgiques de lianyang, établis près de Hankow, Leur fondateur fut le vice-roi Tchang Khy Tung. Ces usines exploitent une véritable montagne d’excellent minerai située à proximité, la houille existe en abondance à 35o km de là, et arrive par bateau. Le matériel est extrêmement moderne et comporte les derniers perfectionnements. Un grand nombre de machines sont mues électriquement. Le personnel comprend 345o travailleurs chinois, 20 ingénieurs et électriciens étrangers. L’établissement compte actuellement deux haut-fourneaux de 25o tonnes un troisième de 3oo tonnes est en construction.
- La production quotidienne du lait dans le département de la Seine. — D’après la statistique du service vétérinaire sanitaire (Rapport 1907), citée dans la Revue laitière, les vacheries de Paris et de sa banlieue (Seine) produisent chaque jour 217902 litres de lait, soit :
- Paris................. 49 o35 litres.
- Banlieue.............. 167867 —
- Les arrondissements qui en produisent le plus sont le 15° (Grenelle), 8g58 litres; le 170 (Clignancourt), 4262; le 190, 35o4- D’autre part, parmi les 76 communes du département de la Seine, Boulogne lient la première place avec 11 707 litres de lait ; viennent ensuite Levallois-Perret, 7660; Ivry, 6843 ; Saint-Maur, 5942 ; Courbevoie, 5610. Les vacheries du département de la Seine sont soumises à l’inspection des seize vétérinaires de section, qui sont chargés de veiller à l’exécution de la loi de 1898, sur la déclaration obligatoire des maladies contagieuses, et de celle de 1904, sur la tuberculination des vaches suspectes de tuberculose. Ces vacheries sont au nombre de 1176, qui comptent plus de i5ooo vaches soignées par 3154 personnes, dont 2190 originaires de l'Auvergne.
- Le camphre à Formose. — D’après la Revue scientifique, citant le Moniteur officiel du commerce du i3 août 1908, les exportations totales de camphre de Formose, en 1907, se sont élevées à 4 121 566 pounds (pound=i 453 grammes), sur lesquelles 2452933 pounds prirent la direction du Havre, de Londres et de Hambourg, 1 635 3oo pounds celle de l’Amérique et 33 333 pounds celle de Madras' Sur ce chiffre global, 1 079 733 pounds furent embarquées sur des steamers de l’endroit à Kee-lung, pour être transbordées à Kobe. Ainsi, aucune quantité de camphre n’était destinée définitivement au Japon. Du fait de l’établissement du monopole en 1907, on a constaté une augmentation importante dans la production du camphre. Les statistiques accusent 5388918 pounds contre 4o4°838en 1906. D’après les chiffres les plus récents, la production de l’huile de camphre a presque doublé l’année dernière; elle a atteint 6 710 390 pounds,
- contre 36io645 pounds en 1906. Jusqu’ici toute l’huile de camphre a été expédiée sur Kobe pour y être raffinée ; mais une somme de 70000 liv. st. est inscrite dans le budget de l’année fiscale commencée en avril 1908 pour couvrir les frais d’établissement d’une raffinerie à Tai-koku, la capitale de Formose, et, à l’avenir, le camphre subira sur place sa préparation. On dit qu’une nouvelle méthode de distillation a été découverte, et que, par son emploi, aussi bien que par la diminution des frais de transport, on pourra faire des économies importantes.
- La marmelade d’abeilles. — L’habitude de manger des insectes n’est pas répandue en Europe, et l’on cite comme de pures exceptions individuelles, l’exemple de certains savants qui se régalaient d’araignées, mais d’autres peuples les apprécient au contraire beaucoup. C’est ainsi qu’une revue japonaise d’agriculture publie l’analyse d’une marmelade, dont la finesse est, paraît-il. très appréciée au Japon, et qui consiste en une conliture de larves et de jeunes mouches d’une variété d’abeilles sauvages, préparée à la sauce de soya dans la province de Shinano. au Japon, et exportée dans ce pays en boîtes scellées de fer blanc.
- La stérilisation de l’eau chez les Grecs. — La Gazette des eaux nous apprend, d’après la Chronique médicale, que, déjà, les anciens Grecs préconisaient l’usage de l’eau stérilisée. A^oici, en effet, ce qu’enseignait Rufus d’Ephèse au premier siècle de notre ère : « Les eaux des fleuves et des étangs sont toutes mauvaises, excepté celles du Nil. Les eaux de rivière qui traversent des terrains malsains... les eaux stagnantes... celles qui passent dans le voisinage des bains publics... toutes ces sortes d’eau sont nuisibles. La meilleure eau est celle que l’on fait bouillir dans des vases en terre cuite, puis refroidir, puis chauffer de nouveau avant de la boire. » Ce précepte cl’hygiène s’adressait d’ailleurs aussi bien aux gens bien portants qu’aux malades et on le recommandait aux armées : « Pendant les expéditions et dans les camps, il faut creuser des trous successivement depuis le point le plus élevé jusqu’à la partie la plus basse, jeter dans ces trous de la terre douce et grasse, celle dont on fait les poteries et les faire traverser par l’eau ; l’eau laissera dans ces fosses tout ce qu’elle a de mauvais. » On se demande comment, ajoute fort judicieusement notre confrère, les anciens, connaissant le filtrage et la stérilisation de l’êau, qu’ils appliquaient à celle des rivières les plus limpides, pouvaient boire sans précautions l’eau du Nil, que nos microscopes nous permettent en effet de déclai'er saine, mais qui est, en apparence, la plus suspecte de toutes, tellement vaseuse, tellement jaune qu'un verre d’eau du Nil ressemble à un verre de Sauterne chargé de dépôt !
- Le sort du « Cullinan ». — Nos lecteurs se souviendront d’une description du « Cullinan », parue dans la Nature, à l’époque où l’énorme diamant, offert au roi Édouard par les Boers, fut confié à la taillerie de MM. Asscher, à Amsterdam. La pierre fut fragmentée en deux pièces pesant respectivement 1700 et 1000 carats. C’est la plus petite de ces pierres qui est maintenant prête à être montée. La taille l’a réduite à 33o carats, ce qui n’empêche qu’elle est actuellement le plus gros diamant taillé en existence. Le « Cullinan II » a la forme d’un brillant rond. Il n’a aucun défaut, et son éclat, légèrement bleuâtre, est d’un éclat incomparable. Son volume a permis de lui donner des centaines de facettes qui multiplient les jeux de lumière. Il est difficile de lui assigner un prix, bien que les connaisseurs parlent d’une vingtaine de millions de francs. La plus grosse pierre, le « Cullinan I », qui pèsera environ 600 carats, ne sera prête que dans deux mois. Moins épaisse que la plus petite, elle ne sera pas taillée en forme de table, mais bien en forme de pendant. Sa pureté est parfaite, et, en raison même de son volume, son éclat sera supérieur à celui du « Cullinan II ». Parmi les éclats, on cite un diamant pesant une centaine de carats, et dont la valeur, après la taille, sera de 65oooo francs.
- Le mouvement perpétuel. — Il est encore nombre d’inventeurs qui s’acharnent à la recherche du mouvement perpétuel ; c’est ainsi qu’en Angleterre, 5?6 brevets ont été pris à ce sujet en ces cinquante dernières années. La proportion annuelle est encore aujourd’hui de 10 à 12 par an.
- p.2x154 - vue 586/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- ><
- % I
- 7 V.
- *> Automobilisme
- Démonte-pneu Eurêka. — Tout le monde sait les dilficultés que l’on éprouve à démonter les pneus d’automobile. Voici un appareil qui semble susceptible de fournir dans cette opération une aide très efficace. Il se compose d’un crochet IK, servant pour le démontage, et d’un autre LM pour le remontage. Un tube B porte
- Comment on démonte un ppeu.
- inventeurs. Cette année, les nombreux vols et crimes sensationnels de ces derniers mois semblent avoir eu une influence sur l’esprit des chercheurs et on remarquait un grand nombre d’appareils plus ou moins compliqués, destinés à empêcher l’effraction des portes ou à avertir des tentatives faites à cet effet. Pour le moment nous indiquerons seulement deux petits verrous de poche qui répondent bien à ce qu’on a appelé la petite inven-
- Fig. i et 2. — Le verrou Custos.
- une pièce CDEFG qui peut coulisser de bout en bout et dont le côté droit CD s’utilise pour remonter le bandage tandis que l’autre partie sert au démontage. Cette pièce peut être fixée sur le tube, percé à cet effet de plusieurs trous, au moyen d’une goupille qui la maintient à la place voulue.
- Voici maintenant comment l’on utilise l’appareil : pour le démontage, on sort à l’aide d’un levier le talon hors de la jante, celle-ci étant maintenue en place à l’aide du crochet IK ; la partie K pénètre sous la jante et I s’accroche à la jante.
- Un peu plus loin, on introduit le bras D sous l’enveloppe de manière que le galet roule contre le bord de la jante.
- La lanière de cuir A étant fixée autour du moyeu, on fait faire un tour complet à l’appareil et, sans aucun effort, on retire l’enveloppe de la jante quelque résistance qu’elle offre.
- Pour le remontage : on fait entrer dans la jante un bout du talon que l’on maintient en place à l’aide du
- Remontage d’un pneu.
- crochet LM dont le côté L appuie contre l’enveloppe et le côté M maintient la prise en s’appuyant sur un rayon. On introduit le bras E sous l’enveloppe de manière que le bord de la jante pénètre dans l’encoche F. Le talon reposant sur le galet G et passant contre le galet E, il n y a plus qu’à tourner l’appareil, dans la direction où se trouve le galet G, autour de la jante. — L’appareil est en vente chez J. Haensler-Greusset, i, rue Paul Saunière, Paris.
- Le Démonte-pneu.
- Serrurerie <«*
- Verrous et clés. — En dehors des jouets le Concours Lépine est ouvert, comme nous l’avons dit, à tous les
- lion, dont la caractéristique est de répondre à un besoin, tout en restant aussi simple qu’ingénieuse.
- Le Custos (fig. i et 2) se compose de deux petites plaques de fer, l’une A munie de deux becs et d’une fente; l’autre B, formant clavette, destinée à entrer dans ladite fente et percée de trous où l’on peut mettre une goupille. Le tout est très petit et peut facilement se placer dans la poche d’un gilet, de sorte qu’on peut toujours s’enfermer même dans une pièce n’ayant ni clé, ni verrou, mais dont la porte est seulement munie d’une serrure et de sa gâche.
- Le mode d’emploi est des plus simples : on introduit, après avoir ouvert la porte, les deux becs de la plaquette A dans le trou de la gâche et on referme la porte ; on enfonce alors à fond la clavette B dans la rainure et on met la goupille dans le trou le plus proche. Les bords de la fente étant taillés en biseau on peut toujours avoir un de ces trous très rapproché de la clavette en essayant celle-ci dans les deux sens. La serrure et la gâche ainsi réunies forment un bloc qui les rend absolument inséparables et la pince-monseigneur la plus puissante cassera la porte plutôt que de les séparer.
- L’Idéal (fig. 3 et 4) procède du même principe et peut également se mettre en poche ; il est différent quant à la forme. C’est une tige filetée terminée par un petit crochet qu’on introduit dans le trou de la gâche ; un man-
- Fig. 3 et ,4. Le verrou Idéal
- clion A coulissant librement sur la tige, porte deux bras qu’on appuie l’un sur la serrure, l’autre sur la gâche et on les fixe dans cette position au moyen d’un écrou à oreilles B qui se visse sur le haut de la tige. — Ces appareils coûtent 1 fr. Le Custos est fabriqué par M. Camus, 122, boulevard de Belleville, Paris, et Y Idéal par la Compagnie Paris-Chauffage, 9, rue de Verneuil.
- Fermeture de sécurité. — Ce système est destiné aux portières des voitures de chemin de fer ou d’automobiles et a pour but d’empêcher leur ouverture inopinée. Bien qu’il y ait généralement des verrous extérieurs, il arrive encore assez souvent des accidents et on ne saurait prendre trop de précautions ; les meilleures sont celles qui se prennent automatiquement. La fermeture représentée ci-contre, imaginée par M. Chapu, a pour
- Htë 155 Iffr
- p.2x155 - vue 587/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- but d’éviter que la elanche d’une portière puisse être manœuvrée de l’intérieur soit en s appuyant contre elle, soit par inadvertance ou toute autre cause involontaire.
- À cet effet la poignée a été rendue tout à fait indépendante de la serrure (voy. fig.) ; elle coulisse par son propre poids et, en temps normal, ne peut rien actionner. Mais elle est terminée par une partie plate, en forme d’un tournevis qui, quand on l’a soulevée, sans la faire tourner, vient s’engager dans une fente semblable à une tête de vis que porte la pièce qui fait manœuvrer le pêne de la serrure.
- Celui-ci n’est donc solidaire de la poignée que dans une position bien déterminée de cette dernière et il est impossible de le faire manœuvrer sans le vouloir expressément, — M. Chapu, 16, boulevard de Strasbourg, Paris.
- g>> Jouets
- Le flip-flap. — Nos lecteurs connaissent le flip-llap qui a eu tant de succès à l’exposition franco-britannique de Londres. Il a été mis en jouet par M. Jeannet qui est parvenu à le rendre d’une manière très saisissante de vérité.
- Deux grands bras en métal ajouré oscillent de droite et de gauche, en sens inverse l’un de l’autre, en décrivant un arc de cercle de i8o° chacun. Les bi'as sont parfaitement équilibrés et maintenus au bâti par une maisonnette placée entre eux contenant le mécanisme dont voici la description :
- Sur le barillet A est fixé un bouton de manivelle qui
- fait mouvoir une crémaillère B engrenant avec un pignon C calé sur l’axe de l’un des pylônes ou bras DD'. Un autre pignon E engrenant avec E' de l’autre bras fait basculer ce dernier en sens contraire. Le jouet marche d’une façon parfaite ; les bras prennent un instant de repos à la suite de chaque oscillation et ils peuvent être immobilisés par une manette" F qui arrête le système.
- Le mécanisme entraîneur est enfermé dans une coquette maisonnette placée entre les deux bras et les axes sont supportés, d’autre part, par deux pylônes assujettis sur le socle du jouet. C’est une curieuse pièce de mécanique simplifiée qui marche très régulièrement et sera bien vue des enfants. — M. Jeannet habite io, rue Edgar-Quinet, à Bécon-les-Bruyères.
- *> Divers
- Le lien d’amour. — Le lien d’amour est tiré du serpentin qui fit fureur il y a quelques années, il remplit le même but, mais se présente d’une manière moins brutale et beaucoup plus élégante. Fait en papier très léger et de couleurs diverses il offre l’aspect d’une chaîne très gracieuse qui se déploie, en lançant l’enveloppe qui en renferme une quinzaine de mètres. C’est un accessoire très gracieux qui trouve sa place dans
- toutes les réunions : cotillons, cortèges de carnaval, etc. Son bon marché exceptionnel le met à la portée de toutes les bourses et il n’est déplacé dans aucune société.
- Le lien d’amour.
- Au début du lancement.
- Les jeunes gens et les enfants peuvent en abuser sans crainte n’étant pas exposés à recevoir sur la figure,
- Le lien d’amour après le lancement.
- comme cela a lieu avec les serpentins, un bloc lancé pat-une main maladroite. — Le lien d'amour est en vente chez M. Ernest Davot, 3, cité Riverin, Paris.
- Plaquette Sanitas. — On a souvent attiré l’attention sur les dangers que présente le téléphone, au point de vue hygiénique. Dans les cabines publiques surtout, le même appareil sert successivement à une foule de personnes et devient rapidement un véritable nid de germes souvent dangereux. Deux sortes de dangers sont à redouter, ceux qui proviennent du transmetteur, et ceux qui sont dus aux récepteurs ; ce sont évidemment ces derniers les plus redoutables puisqu’il est impossible d’éviter le contact prolongé des récepteurs ; pour les microphones transmetteurs, on peut toujoui-s s’en éloigner légèrement et, du reste, ils sont chaque jour désinfectés. Pour préserver le visage du contact avec un téléphone plus ou moins souillé, on a donc imaginé une sorte d’enveloppe mobile que chacun peut porter sur soi, et réserver exclusi- Plaquette montée vement à son usage personnel. C’est une sur un appareil, plaquette qui s’adapte aux récepteurs de toutes dimensions et de tous modèles. On peut l’appliquer et l’enlever sans effort, par une légère pression sur
- Plaquettes Sanitas.
- le ressort dont elle est munie. — La plaquette Sanitas est en vente chez M. J. Fabre, route d’Arles, à Salon (Bouches-du-Rhône). Prix (en métal argenté) : 3fr,5o.
- p.2x156 - vue 588/647
-
-
-
- RÉSUME METEOROLOGIQUE
- Observations faites à l’Observatoire du Parc-Saint-Maur, en septembre 1908, par M. Th. Moureaux.
- La pression barométrique est encore, comme les deux mois précédents, un peu supérieure à la normale.
- La température, i4°,48, est très variable dans le cours du mois : basse pendant la première quinzaine, plus élevée pendant la seconde. La période du 10 au 14 est particulièrement froide, avec des minima très faibles, le thermomètre étant descendu à 3°,3 le 14 ; au contraire, du 18 au 20 et du 28 au 3o, la moyenne diurne est en excès d’environ 5° ; l’amplitude de la variation diurne a atteint jusqu’à 19° le i5. On a noté 3 gelées blanches, les 13, 14 et 15 ; les gelées blanches ne sont d’ailleurs pas absolument rares en septembre, mais c’est la première fois, depuis l’origine des observations en 18741 qu’on en observe avant le 16.
- Il tombe en moyenne 5omm de pluie en septembre ; celte année, on en a recueilli 72mm,i en 14 jours, répartis principalement du ior au 4 et dans la troisième décade; la journée du 21 en a fourni à elle seule 24““,2 en 1oh4om.
- Le ciel a été relativement clair, la durée totale de l’insolation étant de 196 heures au lieu d’une moyenne de 157; on a noté 4 jours très beaux, les 7, 14, 19 e! 3o, et 2 jours seulement avec ciel complètement couvert, les 21 et 23.
- La hauteur de la Marne, sans variations appréciables pendant tout le mois, est absolument normale, 2m,i.
- Pression barométrique (ait. 5om,3). — Moyenne des 24 heures, 759““,20; minimum absolu, 749“”,5 le iGr à 3h3om; maximum absolu, 767mm,3 le 14 à 9 heures; écart extrême, 17“”,8.
- Température : Sous l’abri : moyenne des minima, 90,27; des maxima, 20°,38 ; du mois, i4°,82 ; des 24 heures, i4°,48; minimum absolu, 3°,3 le 14; maximum absolu, 27°,9 le 18. Moyenne diurne la plus élevée, 19°,71 le 20; la plus faible, 90,44 Ie 1a- Amplitude diurne, moyenne du mois, 11°, 11 ; la plus faible, 4°>o le 23 ; la plus grande, i9°,o le i5. — Sur le sol gazonné, moyenne des minima, 6°,4 î ; des maxima, 35°,58; minimum absolu, — o°,9 le i3 ; maximum absolu, 44°j8 le 4- — Dans le sol gazonné, moyennes du mois ; profondeur, o^o : à 9 heures, i5°,46; à 21 heures, 15°,77 ; profondeur, om,65 : à 9 heures,
- 15°,71; à 21 heures, 15°,68 ; profondeur, 1 mètre : à 9 heures, i5°,64; à 21 heures, i5°,63. — De la Marne : moyenne le matin, i6°,8o; le soir, 170,26; minimum, jS°,6y le 15; maximum, i8°,25 le 9.
- Tension de la vapepr : moyenne des 24 heures, 9“"“,86 ; minimum, 6ram,o le 14 à 6 heures; maximum, i5mm,4 le 28 à 18 heures.
- Humidité relative : moyenne des 24 heures, 81,6; minimum, 3i le 17 à 16 heures; maximum, 100 en 20 jours.
- Nébulosité : moyenne du mois (6 h. à 21 h.), 4,98; ciel clair les 7, 14, 19, 3o, sans aucune trace de nuages les 7 et 3o ; ciel complètement couvert les 21 et 23.
- Insolation : durée possible, 376 heures; durée effective, 195h7 en 28 jours; rapport, 0,52.
- Pluie : total du mois, 72""", 1 en 5o’‘2.
- Nombre de jours : de pluie, 14 ; de pluie inappréciable, 1 ; de rosée, 16; de gelée blanche, 3 ; de brouillard, 6; d’orage, 1 ; de grêle, 2; de brume, 2; de halo, 6.
- Fi réquence des vents : calmes, 21.
- N . 24 S. E . . . Su W 20
- N. . N. E. 8 S. S. E . . 5o W . N. W . 11
- N. E . . 6 S. 119 N. W i3
- E. N. E . . 3 s. S. W. . 172 N. N. W . 3
- E . 6 s. W. . . i38
- E. S. Ê . . 39 w . S. W . 35
- "Vitesse du vent en mètres par seconde : moyenne des 24 heures, 2m,78 ; moyenne diurne la plus grande, 7m,8 le xcr; la plus faible, im,i le 14; vitesse maximum en i5 minutes, i2m,8 le Ier, de i2h3ora à i2l'45m par vent S. W.
- Electricité atmosphérique : moyenne des 24 heures (26 jours), 100 volts; moyenne diurne la plus grande, 166 volts le 16; la plus faible, 47 volts le 3; amplitude diurne, o,65; amplitude nocturne, 0,99.
- Hauteiir de la Marne : moyenne du mois, 2m, 13 ; minimum, i“,92 le 2; maximum, 2m,3i le i3.
- Comparaisons aux valeurs normales : baromètre, -j- omm,7i ; température, —-o°,34; tension delà vapeur, —omm,i8; humidité relative, -j— 1,1; nébulosité, —0,29; pluie, -f- 22mm,2; jours de pluie, -|- 2.
- Taches solaires : on a suivi 16 taches ou groupes de taches en 26 jours d’observation.
- Perturbations magnétiques : Faibles, les 9-10, 17, 28; assez fortes, les 4-5, 16; très fortes, les 11-12, 29, 3o.
- Floraisons : Le 5, helianthus rigidus; le 11, lielianthus orgyalis ; le 16, veronica speciosa ; le 20, aster œil-de-Christ; le 29, aster blanc.
- VARIÉTÉS
- L’ « aliment pur » au Congrès de Genève (8 au
- i2 septembre 1908). — La Société universelle de la Croix blanche de Genève a entrepris de mener à bien une excellente campagne dont la première étape vient d’être franchie avec un vif succès. Depuis quelques années, les fraudes alimentaires sont à l’ordre du jour, et l’on se préoccupe un peu partout des moyens propres à les réprimer. Il convient que cette répression soit exercée le plus tôt possible avec une sûreté parfaite, car l’audace malfaisante de certains falsificateurs s’accroît chaque jour au détriment de l’hygiène publique et aux dépens du commerce honnête. Toutefois, le but à atteindre n’est pas aussi aisé qu’on peut le penser au premier abord : l’aliment commercialement pur, bon et marchand, n’est qu’exceptionnellement l’aliment « naturellement pur ». La plupart des comestibles sont manufacturés pour être propres à la consommation et à la vente, et pour pouvoir être transportés : il existe par conséquent des manipulations licites, sinon indispensables : la distinction entre ces dernières et les falsifications, toujours absolue en principe (et dans l’intention de celui qui opère les unes ou les autres), devient beaucoup plus délicate en fait. Aussi, le législateur chargé
- d’arrêter les textes répressifs des fraudes alimentaires ne peut-il se mettre à l’ouvrage sans avoir fait opérer cette distinction par des gens compétents. Les premiers qui devaient être consultés étaient les représentants du commerce loyal en contact direct avec le consommateur, connaissant les goûts du public, sachant au moyen de quels pi'océdés on peut les satisfaire. Le but du Congrès de Genève fut donc de mettre les commerçants et les industriels à même d’exposer et de défendre devant les théoriciens, leur conception pratique et marchande des aliments piirs : les rapporteurs chargés de présenter aux assemblées générales les desiderata des groupements nationaux furent habituellement choisis parmi les représentants des syndicats des producteurs ou désignés par eux.
- La délégation française, sous la présidence du professeur Bordas, assisté de M. Eug. Roux, comme secrétaire général, et de M. Franche, comme secrétaire général adjoint, avait « préparé son Congrès » avec une ardeur qui fut récompensée ; car dans un grand nombre de cas, les définitions proposées par les rapporteurs français, c’est-à-dire celles qui semblaient le plus conforme à nos intérêts, furent adoptées par l’Assemblée
- p.2x157 - vue 589/647
-
-
-
- VARIETES
- générale. Les séances plénières du Congrès de Genève eurent lieu du 8 au 12 septembre.
- La première assemblée générale eut lieu le 9 septembre sous la présidence de M. Philippe Dunant, président du Congrès, puis de M. Bordas. On s’occupa d’abord du vin, qui fut défini « le produit de la fermentation alcoolique complète ou incomplète du raisin frais ou du jus de raisin frais ».
- On distingua les vins mousseux naturels des vins gazéifiés. Ensuite, au cours de la discussion sur les alcools, le Congrès décida de conserver au mot « Cognac » sa signification bien spéciale d’eau-de-vie du vin naturel des Charentes. La préoccupation d’éviter toute confusion sur le sens des mots, d’établir des définitions étroites, s’est maintenue pendant toute la durée des travaux. Une pi'oposition adoptée sans discussion dit : « A seul droit à la dénomination d’un cru, d’un pays ou d’une région, le vin qui en provient exclusivement. » Donc, le champagne allemand n’existe plus.
- La fin de la première journée fut consacrée à la définition des produits suivants : vinaigres, cidres et poirés, bière et liqueurs.
- Le xo septembre, les débats commencent par une intéressante et longue discussion sur la définition du lait. Deux textes sont en présence, celui de la fédération internationale de laiterie, et celui de la délégation française. Ce dernier l’emporte après quelques amendements, et le Congrès adopte la définition suivante : « Le lait est le produit intégral de la traite totale et ininterrompue d’une femelle laitière, bien portante, bien nourrie et non surmenée. Il doit être recueilli proprement et ne pas contenir de colostrum. La dénomination de lait tout court ne s’applique qu’au lait de vache. »
- Après échange de vues, on arrête successivement les définitions du beurre, au sujet duquel M. Roux propose de distinguer les beurres purs et les beurres additionnés (beurre salé, par exemple); du fromage, des œufs (œuf frais et œuf conservé); des huiles et des graisses. « La différence entre les huiles et les graisses comestibles consiste dans le fait que les premières sont fluides et les secondes sont concrètes à la température de i5° ». L’huile d’olive étant définie, l’huile extraite des fruits de l’olivier, toutes les huiles sont caractérisées d’après ce type. A la suite d’une discussion concernant les conserves alimentaires, le Congrès décide que celles-ci ne doivent contenir aucune substance altérée, ou aucung substance organique ou chimique susceptible de modifier la valeur alimentaire du produit. Le saindoux est considéré comme le produit de la fusion des parties grasses du porc, sans addition d’aucune sorte, l’humidité n’en doit pas dépasser 1 pour 100.
- A la première séance du 11, l’Assemblée s’occupe d’abord des cacaos et chocolats. La question du cacao en poudre a donné lieu à une intéressante discussion portant principalement sur la légitimité de l’emploi des carbonates alcalins : Il est décidé que les poudres et pâles de cacao ayant subi une manipulation chimique ne pourront être qualifiées de pures, mais devront être appelées cacaos solubilisés.
- La définition des produits de la confiserie est ajournée à une autre session; celle des confitures est adoptée comme suit : « La confiture pure est le produit qui résulte de la cuisson des fruits, du jus des fruits, avec du sucre de canne ou de betterave. »
- Au cours de l’étude des sucres, une longue définition du glucose ayant donné lieu à discussion n’est maintenue qu’à titre de vœu. Les miels, les sirops, les cafés et leurs succédanés, occupent ensuite l’attention des congressistes. Le café-boisson est exclusivement « le liquide préparé avec de l’eau bouillante et de la graine de café torréfiée et moulue. »
- La dernière discussion importante fut celle concernant les farines et les produits de la boulangerie. La dénomination de fayine sans autre qualificatif désigne exclusivement la farine de froment ; elle ne peut contenir accidentellement qu’une toute petite quantité de sable provenant des pierres qui n’ont pu être enlevées (i5 à 3oo gr. par quintal), et une petite quantité de farine de céréales poussant avec le blé. Le pain fabriqué avec une autre farine que celle du blé doit porter le nom de la farine employée ou prédominante. Les diverses questions des pâtes alimentaires, des fécules exotiques, des produits de la pâtisserie n’ont pas donné lieu à des discussions intéressantes.
- En principe, le Congrès de Genève devait s’occuper en même temps que des définitions concernant les aliments, des définitions concernant les principaux produits pharmaceutiques. Cette partie, d’ailleurs très vaste, des études, a été l'emise à une autre session, malgré les travaux préparatoires déjà considérables de la délégation française. La seule question intéressant les pharmaciens, et qui a été discutée, est celle des eaux minérales, qui ont été l’objet de plusieurs définitions; le Congrès a distingué les eaux gazéifiées des eaux naturellement gazeuses.
- Si l’on ajoute à cette énumération un certain nombre de questions d’intérêt secondaire, qui ont été examinées et solutionnées au cours des séances, on peut voir que le Congrès a fourni beaucoup de bonne besogne en peu de temps.
- Les définitions adoptées sont généralement catégoriques et claires. La consultation des industriels et des commerçants a donc donné le résultat qu’on en attendait. Aux savants et aux juristes d’en tirer maintenant tout le parti nécessaire, afin que dans le plus bref délai possible, une législation libérale pour le commerce honnête, protège la santé publique en se montrant impitoyable pour les fraudes caractérisées.
- Francis Marre.
- Expert-chimiste près la Cour d’Appel de Paris.
- La fièvre jaune à Saint-Nazaire. — Nos lecteurs ont pu suivre dans les journaux quotidiens l’histoire des quelques cas de fièvre jaune signalés ces jours derniers à Saint-Nazaire. Ils savent que la maladie a été importée à Saint-Nazaire par le paquebot La France, arrivé le 26 septembre, et qui, venant des Antilles, avait touché le 10 de ce même mois à Fort-de-France où la fièvre jaune sévit. Plusieurs décès se sont produits à 1 arrivée en France, qui ont soulevé une vive émotion dans le public de Saint-Nazaire, et suscité d’acerbes critiques contre le service de santé du port, critiques que nous n’avons pas d’ailleurs à examiner et qui semblent dans leur principe assez contestables, puisque le Stegomya L^aciata, moustique véhicule de la maladie, exige pour vivre et pour nuire des conditions de température non réalisées en France. Toutefois, les quelques cas observés à Saint-Nazaire comportent une leçon que nous ne devons pas manquer de signaler ici, et nous ne saurions mieux faire à ce propos que de reproduire les déclarations faites à un rédacteur du Temps par le Dr Chantemesse, à la suite de son enquête sur place :
- « Ce qui devait être fait réglementairement à l’arrivée du bateau, dit M. Chantemesse, a été fait. Ce qu'il aurait fallu faire, le règlement de 1896, rédigé avant que l’on connût le mode de transmission de la fièvre jaune par les moustiques, ne le permettait pas. Il faut donc reviser ce règlement. Nous nous en étions déjà préoccupés au conseil d’hygiène.
- « Aux termes du règlement actuel le navire doit être admis à la libre pratique si aucun cas de fièvre jaune ne s’est produit pendant la traversée et si cette traversée a été de plus de neuf jours. La France était partie le 11 et était arrivée le 24 ; donc le délai obligatoire était largement dépassé. Il faudra étendre ce délai.
- « On aurait pu faire sulfurer le bateau, mais le règlement n’autorisait pas cette mesure. Faudra-t-il prévoir que tous les navires venant des régions où la fièvre jaune sévit seront sulfurés? Il y a là un point à examiner.
- « Il est certain que si La France avait été sulfurée, cette explosion de fièvre jaune ne se serait pas produite, ou aurait été très limitée, car les moustiques qui, en piquant, injectent le virus de la maladie auraient été détruits.
- J’ai constaté la présence ds ces moustiques sur Lm France. J’en ai même rapporté. »
- Il faut à ce moustique, pour qu’il vive, une haute température, celle du 43e parallèle nord ou sud. Quelques-uns auront été importés sur La France, dans des bagages ou dans des caisses de fruits. Ils auront trouvé un coin de navire suffisamment chaud. A l’arrivée du bateau, la température était assez élevée ; elle n’a pas été la nuit, à ce moment, au-dessous de 23°. C’est à ce concours de circonstances que M. Chantemesse attribue les cas de fièvre jaune qui ont pu se produire. Ils engagent à renforcer les précautions à prendre. C’est dans ce sens qu’il conclura.
- p.2x158 - vue 590/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCEDES UTILES
- Remède anglais contre la grippe. — 11 nous est indiqué par le Journal de Pharmacie et de Chimie. En Angleterre, tout le monde, au début d’un accès de grippe, emploie la teinture de quinine ammoniacale. C’est en elfet un des meilleurs moyens de couper un accès de grippe à son début, ou tout au moins d’en modérer la durée. Voici la façon de préparer cette mixture :
- Sulfate de quinine........ 20 grammes.
- Ammoniaque à 10 pour 100 . . 100 cm3.
- Alcool à 60 pour xoo......900 cm5.
- Mélangez l’ammoniaque à l'alcool, ajoutez le sulfate de quinine, agitez jusqu’à solution, laissez reposer trois jours, puis filtrez.
- Nettoyage du marbre. — Pour enlever les taches sur le marbre, faire une crème épaisse avec de la chaux
- vive et une lessive forte; laisser 12 heures sur la surface à nettoyer, puis laver. O11 peut aussi préparer un liquide plus compliqué en mélangeant 120 gr. de savon mou avec, autant de craie, 3o gr. de soude (hydrate de sodium), et i5 gr. de sulfate de cuivre en poudre; tous ces ingrédients devant bouillir ensemble un quart d’heure. On frotte et on étend à chaud sur le marbre au moyen d’un morceau de flanelle attaché au bout d’un bâton ; on laisse 24 heures en place, on lave et l’on polit.
- Vernis doré rustique. — Improvisé pour ainsi dire avec des matériaux bon marché, il donne néanmoins de bons résultats : on mélange tout simplement un peu de laque japonaise noire avec un vernis à l’huile commun. On obtient une teinte ressemblant suffisamment à une coloration dorée pour des travaux grossiers.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être 'répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Communications. — Les « papillons blancs » de Bohême. — Notre collaborateur M. A. L. Clément, professeur d’entomologie agricole au Luxembourg, nous fait observer fort justement que notre information Contre les papillons (n° 1845, 3 oct. 1908, Supp. p. i3o) prête à une confusion. On se rappelle, en effet, qu’il y est question de papillons blancs dont les invasions sont combattues par l’emploi de la lumière électrique. Un tel procédé suppose évidemment qu’il s’agit de papillons nocturnes. Or, la dénomination « papillon blanc », semble au contraire désigner, c’est du moins son sens courant, des Piérides, ou papillons du chou, c’est-à-dire des lépidoptères très nuisibles aux crucifères et à d’autres plantes, que l’on voit voler partout en été, et qui sont des papillons diurnes. A moins, dit M. Clément, qu’il ne s’agisse du Liparis chrysorrhæa, qui est blanc en effet et nocturne, et dont la chenille vit sur les arbres fruitiers? Les invasions du Liparis sont connues : elles ont pris notamment ces dernières années un développement tel en Amérique du Nord, qu’on y fait venir d’Europe des quantités considérables de cirons dans l’espoir d’en obtenir des parasites qu’on cherche à multiplier et à acclimater pour enrayer le fléau. Peut-être quelqu’un de nos lecteurs d’Autriche pourra-t-il nous aider à éclaircir la question qu’a bien voulu poser M. Clément et que pour notre part il nous est impossible de résoudre ?
- Renseignements. — Airae A. Durand, à X. — Nous ne connaissons qu’une forme d’emploi thérapeutique de la sève : c’est celui de la sève de pin, qui est utilisée contre la bronchite et les catarrhes des voies respiratoires, sous forme de sirop ou de fumigation.
- M. llostalier, à Saint-Dizier. — Dans l’industrie des crayons, pour amalgamer la plombagine, on la réduit d’abord en poudre très fine, et 011 la mélange avec de l’argile très pure; la pâle ainsi formée sèche et prend de la consistance.
- M. Marchai, à Huelva. — Parmi les moteurs qui semblent convenir à votre but, nous citerons les moteurs Antoinette, 10, rue des Bas-Rogers, Puteaux; Aster, 76, rue de la Victoire, Paris. — Il a été publié divers travaux sur l’assèchement des marais recouverts périodiquement d’eau salée, par les Annales de Vhydraulique agricole, éditées par le ministère de l’Agriculture, a3, rue Vaneau, Paris.
- M. le Comte G. de R., à Yilverde. — Nous ne connaissons ni à Paris ni en province de maison fabriquant des moteurs susceptibles d’être mus par un chien. Mais vous pourriez peut-être faire faire cet appareil directement par un menuisier un peu habile.
- M. Royer, à Reims. — Voyez la Boîte aux lettres de notre n° 1844 du 26 sept., vous y trouverez les adresses des différents constructeurs de pressoirs électriques.
- M. L. Troussier, à Noirmoutiers. — i° Annuaire astronomique et météorologique de Camille Flammarion, paraît régulièrement chez E. Flammarion édit., 26, rue Racine, Paris, où vous trouverez celui de 1908 (ilr,5o). — 20 Manuel d'observations lunaires : à notre connaissance un tel ouvrage n’existe pas ; il n’existe que des monographies importantes et fort intéressantes, mais qui sans doute ne répondent pas du tout au but mentionné.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Les annonces lumineuses sans source lumineuse : Daniel Bellet. — Les phénomènes glaciaires de l’Alaska : Charles Rabot. — Sur l’état actuel de Pélectrométallurgie du fer : G. Arnou. — Le tigre mangeur d’hommes : N. Lallié. — La fortification du champ de bataille : L. G. — Une torpille aérienne : A. Trol-lbr. — Quelques points d’aviation : E. Prayon. — Académie des sciences; séance du 5 octobre 1908 : Ch. de Villedeuil.— La lumière colorée et les plantes : Jacques Boyer.
- Supplément. — Aviation. — Eleetrocution par courants à basse tension. — Etude de quelques alliages. — Revêtement des convertisseurs, etc. — Scoliose des écoliers.
- Guide Manuel pratique de l’ouvrier électricien, par H. de Graffigny, ingénieur électricien. 3e édition
- entièrement refondue et mise à jour, t volume de 520 pages avec 341 figures explicatives. Prix : 6fr,5o.
- Les villes d’art célèbres : Cologne, par Louis Réau. H. Laurens, Paris, 1908. 1 vol. in-40, i38p., iiygrav. Prix : broché, 4 francs; relié, 5 francs.
- Le livre de M. Réau est une étude très sincère, très savante, et très sûre d’une des « villes d’art » les plus intéressantes du monde. Très longtemps véritable capitale de la civilisation allemande, aujourd’hui encore métropole de l’Allemagne rhénane, Cologne doit son charme tout particulier et son intérêt au mélange d’influences qui devait résulter infailliblement de sa position entre l’Allemagne orientale, la France et les Pays-Bas. M. Réau débrouille fort clairement ces influences.
- Jfè 159 8SF
- p.2x159 - vue 591/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- Les peuples aryens d'Asie et d'Europe, par M. S. Zabo-rowski. Paris. O. Davis, 1908. 1 vol. in-18. Prix : 5 francs (Encyclopédie scientifique. Bibliothèque d'anthropologie).
- Nous reviendrons à loisir sur cet important travail du savant professeur de l’Ecole d’anthropologie. M. Zabo-rowski a voulu faire une mise au point de la question qu’il appelle aryenne et que nous avouons préférer appeler indo-européenne. Inutile de dire que, suivant tout le mouvement scientifique contemporain, l’auteur rejette absolument l’hypothèse d’une origine pamirienne (et d’ailleurs d’un point quelconque de l’Asie centrale)
- pour tous les peuples de langues aryennes. Les chapitres où il critique celte explication, un peu romantique et très désuète — chapitres qui seraient trop longs et d’un développement inutile s’ils s’adressaient à des gens de science — constituent une vulgarisation particulièrement bonne des travaux de ces dernières années. M. Zaborowski esquisse, en outre, un tableau intéressant de la civilisation protoaryenne. Somme toute, malgré quelques points contestables à notre avis, où la documentation est relardaire malgré l’absence d’une bibliographie, ce livre fait pour le grand public sera pour lui très instructif.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5ora,3o). Bureau central météorologique de France.
- VENT PLUIE EN MILLIMÈTRES
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 5 octobre 1908 12°,0 N. E. 1. Drouillard. » Rosée; brouillard jusqu a 11 h.;eouv. jusq. 13 h.; beau ensuite.
- Mardi G 10u,0 N. E. 2. Nuageux. » Rosée; couvert à G h.; beau ensuite.
- Mercredi 7 G0,2 Calme. Beau. » Rosée; beau; brouillard à 21 b.
- Jeudi 8 9°,0 Calme. Drouillard. » Rosée; brouillard jusqu’à 8 b.; beau ensuite.
- Vendredi 9 9°,5 . S. S. E. 2. Beau. » Rosée ; beau.
- Samedi 10 12°,9 S. S. W. 0. CoYivert. 12,8 Rosée; eouv. jusq. 17 b.; nuag. après; pluie de 8 b. à 13 b. -10.
- Dimanche 11 G0.G S. 0. Beau. » Rosée ; brouillard à 6 b. et dans la soirée: beau.
- OCTOBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 5 AU DIMANCHE 11 OCTOBRE 1908.
- Lundi l Mardi l Mercredi Jeudi [ Vendredi
- * 5™" mbbir
- Smmmm^^ImSm mmmmm^. tHrjà'HBnaiiiBBMnBiBi
- I 5SS5S7 «5Sb
- I fc,'»MMrUBiRaMMBMMniM».ma»r-'l*.MMM*
- I IBIKvM MMM BHB MMM MBBB
- I BBBMBIII BBBBBB aBBit'IBBB B I MMMMM BBBt'BBB E R MMM MM RBBB.'IBB B R MMM BB Bi BT MM Ri^MM B MMMMW BBBBBBB I BBBBVJBBIMBBO^ I
- IBBr.BB.RBBBM>k. < BRBiD
- BMMrBMMfclMBBHB MMMM»-^ BR
- SS5r«55535£5 5S5*5555S5£3
- RBr.RIBBBBBBIk. MMM BBBBRIBBBB k.'r^IBBBBBBBBW'BrBBflBBBIBaB
- iBBBBlIBBBBBBBBBBBHBDBBBB MMMBJMMMMMMMM gg»»* MMM MMM MBBM MMM MMMMMM MMM MMMMMMMMMMMM
- 155533555535553555535555555555555555555555555555SHSSmEmmS^n555555555555555553555555 •bhib BBBBBBBBMB 555555555555 555555555> *5» ' ‘555555555555555S5555S555
- MM BBNBBiSbB BBBRinMBB'/^S BBURIti. -----------------------111MB f
- =l=====i======s==s===i=^==-^2=r^S"E5r=Eî]=="=SA“=="=“z=ES=ïS=“i===EE3iî2iÊ3=Tï=^=i
- ISSSSSSS5SSSSSSSBBBBBBBBBBBBBBJflBi'JBBBBBJIBBflBBBt'BBBBBRWlEBBBBBBBMHBBBBaflaBBBBirilBBIBaBB I bbbbbSbbSb bSbMBBBBIBBBB BBBBBfl BBBBV.B BFJBBBB BBBEVfl B.1BEVBBBB MMW BViBBBBBBB BRMBi MMM BB'MBBB MMM I 253 MMM MMM MMM 5555555mm MMM MBBBBM'fli.MBriMM'MMBfl MMMMÜiM MUMMpMBBB MM BR MT JMMMMMMMMMM MMM BR M MMM MMBB
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du S au 11 octobre. — Le 5. Hausse de pression sur tout le N.-O. de l’Europe : îles Feroé, Pays-Bas, E. de la France, 769 mm; centre cyclonique près de Saint-Pétersbourg (739), avec très mauvais temps du N.-O. sur toute la Baltique. Pluies sur le N. de l’Europe. Température du matin : Moscou, o°; Paris, 10; Alger, 21 ; Puy de Dôme, i5 ; Pic du Midi, 5 ; moyenne à Paris : i4°,8 (normale : 11°,7). — Le 6. Hautes pressions générales : O. et Centre de l’Europe, 765; Allemagne, 774. Pluies sur la Scandinavie et la Russie. Temp. du matin : Kuopio, o°; Paris, 10; Alger, 21; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : i3°,5 (normale : n°,6). — Le 7. Même situation atmosphérique : Autriche, 775; dépressions près de l’Islande et près des Açores. Pluies, assèz rares, sur les Iles-Britanniques et la Norvège ; neige sur la Russie du N. ; continuation de la sécheresse en France. Temp. du matin : Moscou, —i°; Paris, 6; Alger, 22; Puy de Dôme, 12 ; Pic du Midi, 5 ; moyenne à Paris : ii°,9 (normale : 11 °,4)• — Le 8. Même situation atmosphérique : centre anticyclonique vers Hermanstadt, 775; dépression au large de l’Irlande, 755. Pluies sur le N-de l’Europe. Temp. du matin : Arkangel, i°; Paris, 9; Biarritz, 22 ; Puy de Dôme, 11 ; Pic du Midi, 5; moyenne à Paris : i4°,3 (normale : ii°,r). —- Le 9. Baisse géné-
- rale sur l’Europe, malgré une zone supérieure à 763 du S. de la Suède à la Méditerranée (maximum : Hermanstadt, 771); profonde dépression au voisinage de l’Islande (Reijkiavik, 727); Açores, 770. Pluies sur le N.-O. de l’Europe et en France à la pointe de Bretagne. Temp. du matin : Clermont-Ferrand, 5° ; Paris, 9; Biarritz, 22 ; Puy de Dôme, 11 ; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : i4°,8 (normale : il0,1). — Le 10. Extension de la baisse du N.-O. de l’Europe vers le S.-E. Scandinavie et N. de la France, 760; Islande, 73o; pressions supérieures à 765 sur le S.-E., les Açores et la péninsule Ibérique. Pluies sur l’O. de l’Europe; en France : Le Mans, 21 mm d’eau; Bordeaux, 19; Lorient, 6; Brest, Le Havre, 4- Temp. du matin : Arkangel, o°; Paris, 11; Alger, 22; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 6; moyenne à Paris : n°,7 (normale : io°,9). — Le 11. Relèvement rapide de la pression sur l’O. ; aire supérieure à 770 sur la France et la Suisfee (Clermont, 772); basses pressions sur la Scandinavie et la Finlande. Pluies sur le N. et l’O. de l’Europe. Temp. du matin : Puy de Dôme, 3°; Pic Midi, — 1 ; moyenne à Paris : n°,7 (normale : io°,8). — Phases de la Lune : Pleine Lune le 9, à 9 h. 12 m. du soir.
- <iêô>
- p.2x160 - vue 592/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l'École des Mines et à l'École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 120, Boulevard Saint-Germain, Paris (VJ*)
- La reproduction des illustrations de * La Nature » est interdite, à moins d'entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1848 — 24 OCTOBRE 1908
- SUPPLÉMENT
- INFORMATIONS
- Exposition d’horticulture. — La Société Nationale d’Horticulture de France tiendra son exposition d’automne consacrée aux chrysanthèmes, aux fruits, aux fleurs, aux industries et aux beaux-arts horticoles, du vendredi 6 au dimanche i5 novembre inclus, dans les serres du CourS-la-Reine, à Paris. Une exposition rétrospective du chrysanthème, comprenant tout ce qui touche à cette fleur, depuis ses origines, ainsi qu’une exposition de toutes les variétés antérieures à 1896.
- Les images de Moser. — C’est une vieille expérience de physique, qui n'a pas été, croyons-nous, l’objet d’un travail récent et qu’il serait pourtant curieux d’interpréter maintenant dans les idées modernes. Moser avait observé que deux corps, placés très près l’un de l’autre dans l’obscurité la plus complète, impriment leur image l’un sur l’autre. Les images paraissent quelquefois au bout de 10 minutes. Ainsi l’on voit assez souvent les mots et les chiffres gravés dans la boîte des montres, se peindre renversés sur la cuvette qui recouvre les rouages. Moser avait attribué alors ces images, ainsi que divers autres phénomènes'du même ordre, à des radiations obscures, dont l'intensité diminuerait rapidement avec l’obliquité, de manière que les rayons sortant normalement auraient seuls une action sensible. Fizeau, ayant repris ces expériences, montra qu’elles se réalisaient seulement quand la surface polie était recouverte par cette imperceptible couche de substances organiques qui se dépose toujours pendant l’exposition à l’air et qu’elles échouaient quand on avait eu soin d’éliminer ces substances. On admit alors qu’il se produisait une sorte de volatilisation avec attraction moléculaire. Etant donné ce que nous savons aujourd’hui sur les radiations susceptibles de traverser les métaux, il est infiniment probable que l’explication approximative dont on s’est contenté longtemps est insuffisante, et nous serions curieux de savoir si on a donné récemment dé ce phénomène si remarquable une interprétation nouvelle. Le rôle des matières organiques notamment pourrait être rapproché de celui qu’elles ont en photographie.
- Emploi des minéraux rares. — La Revue de métallurgie résume, d’après M. Walter Giessen, les conditions industrielles actuelles de quelques minéraux rares. Par exemple, le thorium employé pour les manchons des becs à incandescence vient du Brésil et un peu des Etats-Unis. Les Etats-Unis et l’Australie fournissent les minerais de tantale (tantalite et colombite) recherchés pour les filaments des lampes électriques suivant le procédé Siemens èt Halske. Le zirconium, extrait sous la forme de zircone et de gadolinite, sert également dans l’éclairage (lampes Wedding et Nernst). Le vanadium, fourni en grande partie par les Etats-Unis et le Mexique, contribue à la qualité des aciers employés en France pour les châssis d’automobiles. L’uranium dont on extrait le radium vient, on le sait, de Joachimsthal
- en Bohême. Le molybdène est maintenant très employé dans la fabrication d’aciers spéciaux pour outils rapides ou pour armes; il facilite letirage du nickel et donne aux fils une plus grande résistance. On en fait venir d’Australie, où le Queensland peut donner 20 tonnes de minerai, du Canada (70 à 80 tonnes); il existe également des gisements en Scandinavie. Le prix est encore très élevé, environ 8.25 fr. le kilogramme pour un minerai à 95 pour xoo. Le tungstène qui a été l’un des premiers recherché parmi ces petits métaux, vient aussi du Queensland, où, après avoir exporté un millier de tonnes seulement de wolfram (tungstate de fer et de manganèse) en dix ans, de i8g5 à iqoâ, on en a exporté 1800 tonnes en 1906; puis des Etats-Unis qui ont produit 750 t. de wolfram en 1905, 1000 t. en 1906; du Cornwall ; de la Bolivie (60 à 70 t. par an; du Canada et des Indes. Le prix, très variable, a oscillé, en 1905, de i25o à 25oo fr. la tonne à raison de 60 pour 100 d’acide tungslique. En 1907, on a atteint 2000 à 2125 francs. Dans ces derniers temps, 011 a fait diverses tentatives de reprises sur des mines de wolfram et de scheelite dans le Cumberland, aux mines de Carrok, dans la chaîne d’Eskdale, etc.
- L’électrification des lignes de banlieue sur le réseau de l’Ouest.— Nous décrivions récemment les travaux en cours aux environs de Paris pour dégager l’accès chaque jour plus encombré de la gare Saint-Lazare. Les voies nouvelles actuellement en exécution, ne suffiront pas à assurer le service de la banlieue ouest de Paris, devenue aujourd’hui une agglomération continue, véritable prolongement de la capitale. L’électrification seule permettra de résoudre le problème, en augmentant la capacité des lignes. Un avant-projet de la Compagnie de l’Ouest est soumis, en ce moment, à l’enquête d’utilité publique : il comporte l’électrification des deux futures voies de Saint-Germain et d’Argenteuil, rendues indépendantes des grandes lignes par les travaux en cours. Elles aboutiront, à Saint-Lazare, à une gare souterraine dotée de 180 m. de quais, desservis par 6 voies. La traction se fera par courant continu, à une tension de 600 à 65o volts. Le courant proviendra d’usines génératrices fournissant du triphasé, à haute tension, transporté par câbles souterrains, jusqu’à des stations de transformation réparties le long des lignes. Le service prévu comptera 10 à 20 trains par heure, et même 24 aux heures d’allluence. Quant à la dépense, elle se montera pour la voie, les ateliers et dépôts, le matériel roulant, les sous-stations et les lignes haute tension à 49 millions de francs.
- Un règlement sur la circulation aérienne. —
- Décidément, les États-Unis vont de l’avant. Nous signalions récemment cet architecte qui prévoyait dans un bâtiment en construction une terrasse pour aéronefs. La Ville de Kissimmee (Floride), elle aussi, a voulu parer à toutes les éventualités, et a promulgué une
- 21
- p.2x161 - vue 593/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- ordonnance réglementant la circulation aérienne : les limites aéronautiques de la ville y sont lixées à une hauteur verticale de vingt milles ; toute personne possédant un appareil aérostatique est tenue de payer une taxe : elle est de 20 dollars pour un ballon captif, 3o dollars pour un ballon libre, 5o dollars pour un dirigeable, 100 dollars pour un aéroplane, i5o dollars pour un hélicoptère et 3oo dollars pour un ornithoptère. Ce règlement, évidemment définitif, prévoit une augmentation de la taxe selon la capacité de transport, augmentation qui ira jusqu’à 400 pour 100 au-dessus de 1000 passagers. Pour encourager le transport des marchandises par voie aérienne, la municipalité s’engage à ne pas taxer pendant i5 ans les transports de marchandises aériens. Des règles très sévères sont édictées sur la hauteur minima de circulation des véhicules aériens, interdiction est faite de tamponner fils électriques, poteaux, maisons. Les appareils avertisseurs sont de rigueur : li'ompes, cloches ou sifflets. Du reste, pour faire surveiller l’exécution de cette longue ordonnance, la Ville achètera, dès que la chose sera possible, un aéroplane qui, sans aucun doute, sera le premier des aéroplanes de police.
- Le phylloxéra dans le canton de Vaud. — ha Journal officiel signale que le phylloxéra continue à faire des ravages inquiétants dans le canton de Vaud, qui est, comme on sait, le canton le plus viticole de la Confédération helvétique. Le dernier rapport officiel publié par le service des travaux anti-phylloxériques montre, en effet, par la statistique suivante, les progrès du fléau constatés l’année dernière :
- 1907. 1900.
- Foyers et éclaboussures . 3 o83 2 133 m2
- Ceps phylloxérés .... 128 352 74882 —
- Superficie détruite. . . . 249775 195801 —
- On voit ainsi qu’en 1907 le nombre des foyers phyl-loxériques est de près d’un millier supérieur au chiffre de 1906, et que l’an dernier la quantité des ceps atteints a presque doublé. —D’autre part, en 1904, 81 communes étaient contaminées; en igo5, ce chiffre s’est élevé à 92 ; en 1906 à 94- L’année dernière il a monté à 104. Sept de ces communes étaient phylloxérées pour la première fois. Ajoutons que si les progrès constatés en 1907 s’observent presque sur toute la totalité du vignoble vaudois, même dans les districts les moins atteints jusqu’à présent, la situation s’est plus particulièrement aggravée dans les territoires de Morges, Lausanne, Vevey, Orbe et Yver-don.
- Le cuivre dans les huîtres. — Un auteur américain, M. Willard, vient de faire l’analyse d’un grand nombre d’huîtres de provenances diverses, et il y a constamment rencontré des quantités de cuivre plus ou moins grandes et variant de o,oo5 à 0,170 pour 100 de la matière sèche, ce qui constitue, somme toute, une proportion extrêmement faible par rapport à la matière fraîche telle que nous l’absorbons, et ce qui écarte toute idée de danger d’intoxication par le cuivre dans cette alimentation. De ces faits, cependant, il ressort que le cuivre semble être un constituant normal des huîtres.
- Le briquetage des minerais de fer. — La Revue de métallurgie vient de résumer l’état de celte question intéressante, qui jjermet l’emploi de nombreux minerais trop menus pour être traités au haut-fourneau, tels que les produits de grillage des pyrites, les résidus de séparation magnétique, les poussières de gaz, les hématites brunes pulvérulentes, etc. Dans le procédé Schumacher (1907), on ajoute une petite quantité de chaux vive et de quartz finement moulu, qu’on mélange sous forte pression et fait durcir à la vapeur. La compression se fait dans des presses analogues aux presses à briques de laitiers, mais quatre fois plus lourdes et donnant une pression quatre fois plus forte, de 3oo à 400 kg par centimètre carré, en débitant 12000 briquettes de 4 à 8 kg suivant le minerai, en dix heures. Pour le purple-or, on ajoute 5 pour 100 de chaux vive et 3 pour 100 de farine de quartz. Une installation passant 40000 briquettes en vingt heures coûte 275000 fr. Le prix de revient est de 2,78 fr. dans le cas du purple-or, 1,91 pour des concentrés tels que ceux de Gellivara. Le procédé de l’usine d’Ilsede, inauguré également en 1907,
- consiste à mélanger dans la proportion voulue les trois produits du lavage des minerais qui sont des conglomérats calcaires d’hématite brune : soit des pisolithes exemptes de chaux, des sables formés de grains calcaires avec fines particules d’hématite et enfin des sehlamms argileux très fins. Le mélange est chauffé, puis comprimé à 3oo kg. A la Deutsche Brikettierungs Ges., on emploie un liant produisant un silicate de chaux frittant au rouge sans se désagréger. Enfin, à la Soc. Scoria à Dortmund, le liant est du laitier granulé soumis à la vapeur d’eau sous pression.
- La résistance au feu des sky-scrapers. — Un des
- immenses bâtiments américains dont nous avons parlé ici à plusieurs reprises, bâtiments dont la charpente d’acier est protégée par des revêtements réfractaires, a subi récemment de façon victorieuse l’épreuve du feu. 11 s’agit du Tribune Building de Chicago, au dix-huitième étage duquel éclata un incendie qui fut par lui-même d’une violence rare. Le feu n’avait pas été signalé à ses débuts; et, quand on put commencer de le combattre, il avait pi'is déjà des proportions redoutables ; il avait éclaté dans des magasins d’approvisionnements qui se trouvaient à cet étage. Mais les dispositions adoptées par l’architecte firent qu’il resta localisé dans trois pièces, bien que la chaleur fût assez intense pour détruire des revêtements d’amiante disposés sur des canalisations d’eau, qui furent portées au rouge. Encore le feu n’avait-il passé d’une pièce à l’autre que parce que des ouvertures étaient ménagées dans les cloisons réfractaires séparant les trois pièces ; mais ces cloisons demeurèrent intactes, de même que toutes les poutres des planchers, sous leur revêtement réfractaire également, et bien que les parquets eussent brûlé.
- L’industrie persane. — D’après un rapport de M. 01-mer publié dans les Nouvelles Archives des Missions scientifiques, on peut noter quelques faits intéressants sur cette industrie qui n’a encore rien de moderne. Les sucreries, verreries, usines à gaz, fabriques d’allumettes, filatures, qu’on avait essayé de créer ont échoué et, en fait d’usines telles que nous les entendons, on peut seulement citer à Téhéran une usine d’électricité, une briqueterie, une scierie mécanique et quelques filatures de coton. Mais quelques produits anciens du pays gardent leur marché, quoique l’indolence du fabricant ne travaillant jamais que sur commande le mette entièrement entre les mains des courtiers juifs et arméniens qui font, eux, ces commandes à leurs risques et traitent seuls avec l’acheteur et quoique, d’autre part, l’habitude de tout falsifier nuise aux débouchés. Citons, par exemple, la soie dont on exporte chaque année pour 7 millions, dont 6 5oo 000 en France et dont on fabrique des tissus à Yezd et Kachan; les tapis de haute lisse distingués en tapis turcomans en laine, très serrés, à dessins simples et à fond ronge brique ou terre de Sienne, très estimés ; tapis de Kerman en laine de chèvre ; tapis de prière de Tabris en soie ou en laine; tapis du Beloutchislan à dessins simples sur un fond de carmin foncé, etc. Les briques émaillées, les poteries vernissées, les faiences sont de vieilles industries persanes. Celle des faïences est complètement tombée, sauf à Nain où l’on trouve une bonne argile kaolinique. Le bleu de cobalt vient de la mine de Kachan, près de Khonsar, où l’on exploite une asbolane. Il est à noter qu’à Téhéran, il existe plusieurs fabriques importantes de fausses poteries anciennes à l’usage des étrangers. Les seules mines de Perse un peu exploitées sont celles de plomb argentifère à Bibi Chekr Banou près de Téhéran, celle d’hématite rouge d’Amol dans le Mazanderan, et un petit gîte de cuivre natif aux environs de Méched. Il y a des gisements de pétrole usités pour la consommation locale dans l’Arabislan, du côté de Chouster.
- Les morts par anesthésie en Angleterre. — Le
- Secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur anglais, en réponse à une demande d’un membre du Parlement, a donné le relevé des morts par anesthésie survenus dans les cinq années de 1901 à 1906. Le nombre des morts (dans la pratique hospitalière ou privée) s’est élevé à 133 en 1901; 148 en 1902; 146 en 1903 ; 156 en 1904; 155 en 1905 ; 183 en 1906. Il semble qu’il y ait une progression régulière due, selon toute vraisemblance, au nombre de plus en plus considérable des interventions chirurgicales.
- p.2x162 - vue 594/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Automobilisme <^î/§}3
- L’anti-catastrophe. — Les écrasements par les voitures automobiles, les omnibus et les tramways sont assez nombreux pour que chacun s’évertue à trouver un système qui les rende impossible ; il y en a déjà beaucoup qui ont été proposés, mais aucun n’a été adopté, sauf lelîlet protecteur qui, dans certains pays, est imposé
- aux tramways pour cueillir le passant au lieu de l’écraser; on ne l’a jamais adapté aux voitures ni même aux omnibus automobiles. M. Bressonnet a présenté au dernier concours Lépine un petit modèle de voiture sur lequel était monté un système protecteur que nous ne croyons pas très pratique, mais qui mérite cependant d’être signalé à cause de son originalité. Il consiste à installer devant chaque roue, une autre roue munie aussi d’un pneumatique, mais ne louchant pas tout à fait le sol et tournant en sens inverse des roues de la voiture au moyen d’une transmission par chaîne. Il résulterait de cette disposition qu’un corps tombant devant la voiture devrait être l'epoussé. C’est bien possible; mais mettre huit roues à une voiture c’est peut-être un peu excessif, et il est à craindre que cette idée ne trouve pas beaucoup de partisans dans le monde automobile.
- Avertisseur pour automobile. — Dans les encombrements qui se produisent forcément dans les villes un peu importantes, et partout où une circonstance quelconque attire beaucoup de monde, on voit les conducteurs de voitures automobiles, très affairés, étendre à chaque instant un bras hors de la voilure pour avertir celui qui peut être derrière, qu’on va arrêter, ralentir ou tourner. C’est précisément dans ces moments-là que le conducteur a besoin de ses deux bras pour manœuvrer
- Fig. i.
- L’avertisseur déployi Fig. 2.
- L'avertisseur refermé
- les différents organes de la voiture et MM. Taine et Renard ont pensé qu’il serait plus prudent d’employer un organe qui se manœuvre avec le pied en même temps que le frein, puisque c’est toujours au moment où l’on ralentit que l’avertissement devient nécessaire. Ils ont construit à cet effet un éventail qui se fixe sur l’arrière de la voiture à un endroit très apparent. Un câble relié à la pédale du frein fait ouvrir l’éventail quand on appuie sur celle-ci et il se referme automatiquement dès qu’on cesse d’appuyer. — L’avertisseur se trouve chez MM. Taine et Renard, 8, rue Blanche, Paris.
- Cyclisme ^g*
- Tambourin avertisseur pour vélo. — La bicyclette, trop silencieuse, nécessite un système quelconque d’avertisseur; longtemps on a eu un grelot, puis ensuite la trompe avec poire en caoutchouc. Mais on la remplace souvent par un timbre automatique qui sonne au moyen d’une transmission appliquée contre la roue d’avant et qu’on peut embrayer ou débrayer à volonté en tirant sur une ficelle. Depuis quelques mois le tambourin, semble
- devoir remplacer tout cela, à cause de sa grande simplicité et de son extrême bon marché (ofr,g5). Sa construction très ingénieuse mérite d’être signalée; comme le montre notre gravure (fig. i) un caoutchouc tordu est tendu suivant un diamètre et maintient la baguette du tambour dans une position telle que, quand l’appareil
- Fig. i.
- Le tambourin avertisseur.
- Fig. 2. — Le tambourin monté sur la roue d'avant d’une bicyclette.
- est monté (fig. a) sur l’un des bras de la fourche de la roue d’avant, son extrémité ne rencontre pas les rayons de celte roue. Mais une ficelle qui traverse la monture du tambour est attachée au caoutchouc (fig. i); on comprend que si on tire sur celle-ci, le caoutchouc cédera ; l’extrémité de la baguette viendra alors rencontrer les rayons et, en échappant de chacun d’eux, déterminera le battement du tambour. — Le tambourin avertisseur se trouve dans tous les bazars et chez tous les marchands d’accessoires de vélos.
- Nouvelle suspension de selle pour cycle. — Le
- pneumatique ne constitue pas sur les pavés et les mauvaises routes, une suspension suffisamment élastique pour procurer au cycliste tout le confort désirable ; aussi a-t-on imaginé un grand nombre de systèmes de fourches plus ou moins élastiques. Pour la roue d’avant c’est assez simple, mais c’est plus compliqué pour la roue d’arrière et beaucoup préfèrent rechercher dans la suspension de la selle l’amortissement des chocs. M. P.
- Pâtre a imaginé un support qui s’ajoute au système de suspension inhérent à la selle et qui peut se substituer à la potence de la bicyclette.
- Elle est formée d’un guide dans lequel coulisse le tube qui porte la selle à une de ses extrémités et se termine à l’autre extrémité par une traverse en forme de T renversé; aux deux bouts de cette tra- Suspension élastique Liberty, verse sont attachés deux forts
- ressorts fixés par leur autre extrémité à la potence qui entre dans le tube du cadre. Les ressorts agissent par extension et amortissent tous les cahots ; ils protègent les ressorts de la selle qui n’ont plus qu’un travail insignifiant ; enfin la réaction du cycliste sur l’ensemble de la machine étant très adoucie par la suppression des chocs brusques que produit le corps en étant soulevé et en retombant sur la selle à chaque cahot, il en résulte une usure moindre de toutes les pièces. — L’appareil se trouve chez M. Pâtre, 117, boulevard de Grenelle. Prix : iS francs.
- i$»&> Divers
- Le friscobil. — M. Maillard a imaginé un certain nombre de jouets et de jeux tous basés sur le même
- p.2x163 - vue 595/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- principe : celui du lancement d’une bille qui peut s’agrémenter de plumes et se tenir comme un petit volant. L’appareil de lancement est une pince à deux branches
- Le friscobil.
- Fig. i.
- formant ressort et pourvues aux extrémités de deux renfoncements permettant à la bille ou à la balle de s’y loger. Cette balle ou cette bille sont violemment projetées au loin lorsque l’on serre les deux branches de la pince entre le pouce et l’index.
- Les enfants peuvent très bien se servir de cette pince dans leurs jeux de billes ordinaires, au lieu de les lancer avec le pouce comme ils le font : la visée est plus précise.
- Si l’on attache la bille par une ficelle avec la pince on peut se servir de l’instrument comme d’un appareil de tir sur des soldats, des animaux découpés, etc. — M. Maillard habite 79, rue des Gravilliers, à Paris.
- L’étau idéal. — En général les étaux sont fixes et c’est l’ouvrier qui se déplace pour travailler dans les meilleures conditions possibles. M. P. Gloaguen a eu
- l’idée d’appliquer la genouillère au montage de l’étau, de façon qu’on puisse lui faire prendre une position quelconque instantanément. C’est principalement pour les cordonniers qu’il a fabriqué ses premiers appareils sur lesquels il fixe des formes à chaussure. Le mode d’immobilisation de la genouillère est obtenu de façon très simple au moyen d’une mâchoire p o rtant une double articulation sur laquelle vient passer la courroie L qui sert également à fixer la chaussure sur sa forme. En tirant avec le pied passé dans la boucle que forme cette courroie à la partie inférieure, on serre fortement les deux parties de la mâchoire et la rotule est tout à fait immobilisée. — L’étau se trouve chez M. P. Gloaguen, 9, rue des TYois-Bornes, Paris.
- La grille réversible. — Quand on fait du feu de houille ou du feu de coke, rien n’est plus désagréable et
- Fig. 1. — Position normale.
- plus difficile que de vider la grille toutes les' fois que le feu est éteint, pour procéder à un nouvel allumage. On ne peut y arriver qu’en employant les mains, car une pelle s’introduit difficilement dans le coke.' La grille
- représentée ci-contre facilite considérablement l’opération, car elle est montée sur deux tourillons qui permettent de la l'etourner complètement sans la sortir de
- Fig. 2. — Position renversée.
- la cheminée. L’emplacement des tourillons a été calculé de façon que le centre de gravité soit assez en arrièi'e pour que la grille ne puisse pas basculer accidentellement quand elle est chargée; il faut exercer une pression assez forte sur le bord extérieur pour obtenir ce résultat. La figure 1 représente la grille dans sa position normale et la figure 2 la montre basculée. — Paris chauffage, 9, rue de Verneuil, Paris.
- Le brise-vent. — Le nom ne répond peut-être pas très exactement au service rendu par l’appareil, qui ne brise pas le vent, mais empêche les parapluies de se retounier et de se briser par le vent. On sait avec quelle facilité.une telle aventure se produit, le remède est très simple : il consiste à assujettir les baleines (qui sont généralement en acier) à la tringle par un point intermédiaire, entre l’extrémité où elles pivotent et l’extrémité libre (fig. 2). Gela se fait très facilement au moyen de la petite pièce représentée figure 1 qui est dénommée « brise-vent ». Ce sont des bras métalliques articulés sur un anneau fendu daiïs lequel on introduit la tringle du parapluie ; ensuite on agrafe chaque extrémité à l’une des
- Fig. 1. Fig. 2.—Le brise-vent
- Le brise-vent. monté sur un parapluie.
- baleines. Cela constitue autant d’étais qui viennent s’opposer au retournement du parapluie; il est rendu absolument impossible par l’addition de ce petit accessoire très simple qui peut rester en place, car l’appareil coulisse sur la monture quand on ferme le parapluie. Quand celui-ci est usé, on peut enlever l’appareil pour le monter sur un autre, mais comme il ne coûte que quelques sous, cela n’en vaut pour ainsi dire pas la peine. — Le brise-vent se trouve dans tous les bazars et marchands de parapluie. En gros, chez M. Jacques et C‘°, 35, rue Chapon.
- Tampon humecteur. — On n’aime pas beaucoup à lécher les timbres-poste, ni les enveloppes; on a, il est vrai, la ressource de les faire lécher par son voisin, mais celui-ci ne s’y prête pas toujours. C’est pourquoi on a imaginé des humecteurs. Celui-ci est de très petites dimensions de façon à pouvoir être mis facilement dans la poche. Il est formé d’un petit cube de feutre qu’on fait tremper, une fois pour toutes, dans l’eau pendant 6 heures; ensuite on remplit le manche avec de l’eau et on revisse la poignée. A l’état de repos le feutre est complètement rentré dans sa monture; pour l’üsage on l’en fait légèrement sortir en pi’essant sur la poignée et on peut alors le passer sur les parties gommées destinées à être collées. — Le tampon humecteur se trouve chez M. Mathieu, galerie de Valois, Palais-Royal, Paris.
- p.2x164 - vue 596/647
-
-
-
- VARIETES
- Le Congrès de la Route. — Le premier Congrès de la Route s’est tenu à Paris du n au 18 octobre derniers. Organisé sur l’initiative de M. Barthou, ministre des Travaux Publics, ce Congrès a réuni les délégués de tous les grands pays, du monde ; même les nations étrangères, comme les États-Unis et le Japon, y avaient envoyé des délégations officielles. En dehors des représentants des gouvernements et des associations . d’automobile ou de tourisme, on remarquait par leur assiduité aux séances et leur activité dans les travaux des sections de nombreux ingénieurs belges, anglais et allemands. Il est facile de s’imaginer de quel intérêt puissant furent ces tournois d’éloquence technique entre les maîtres de la science, d’ailleurs méconnue, qui consiste à construire et à entretenir les routes.
- La Commission d’organisation avait remarquablement rempli sa tâche. Les travaux arides des sections étaient adroitement coupés par des excursions intéressantes, qui permirent aux congressistes d’aller se rendre compte sur place des résultats obtenus au moyen des nouvelles méthodes sur les chaussées des environs de Paris.
- Une exposition d’appareils d’arrosage, de balayage, de goudi’onnage et de revêtements divers était annexée au bâtiment des Tuileries affecté aux séances. Un service de renseignements et un catalogue renfermant une courte notice sur chaque objet exposé rendaient particulièrement aisée la mise au courant des adhérents les moins compétents et la documentation de tout le inonde.
- Le Congrès était divisé en deux sections : l’une devait s’occuper, de la construction et de l’entretien des routes, l’autre de la circulation et de l’exploitation. Mais des liens étroits unissaient les travaux de ces deux sections puisque la construction et l’entretien doivent être adaptés à la circulation, qui est bien la plus grave cause d’usure à considérer. En des séances plénières, organisées dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, l’accord entre les deux sections fut par deux fois réalisé.
- Si un Congrès de la Route a été réuni, c’est parce que la route souffre actuellement d’un mal nouveau, dû à la circulation automobile : aussi notre ministre des Travaux Publics a-t-il voulu consulter les ingénieurs, qui sont les médecins compétents pour traiter la route. Le Comité d’organisation avait provoqué la rédaction d’un certain nombre de rapports qui devaient servir de base pour les discussions ; des rapporteurs généraux, chargés de se documenter dans les rapports préalables, formulèrent des conclusions et des vœux qu’ils présentèrent à chacune des réunions de sections.
- Nous n’entrerons pas ici dans le détail des diverses motions votées par le Congrès, mais il en est cependant qui doivent être particulièrement retenues. Une première constatation a permis de circonscrire le mal dont nos routes paraissent. souffrir et qui provient du surmenage imposé par la circulation automobile : toutes les routes ne sont pas détériorées d’une manière sensible par les autos, mais seulement une faible partie de notre réseau de pierre ; on peut l’évaluer à 2000 km ènviron! Aussi, la route actuelle suffira-Uelle encore bien longtemps à la circulation dans beaucoup de régions ; par contre, il convient d’adopter des méthodes nouvelles de construction et d’entretien sur les chaussées très fréquentées par les autos.
- Quelles peuvent être ces innovations ? Quelques rapporteurs ont proposé le retour au pavé, ce qui n’apparaît précisément pas comme une innovation. Mais il s’agit d’une manière nouvelle de pavage, utilisant des pavés de petite dimension, posés sur fondation solide (béton, ou ciment armé, ou lit de grosses pierres et de sable). Le bombement des routes, indispensable à l’assèchement, mais nuisible à la circulation, sera réduit au minimum ; dans les routes que l’on construira désormais, les courbes seront à grand rayon, les déclivités de valeur moyenne, les virages relevés (mais sans excès).
- La question la plus importante soumise au Congrès était relative à la nature du revêtement; il est évident que la plupart des reproches adressés à la route actuelle concernent le macadam ou le pavage, et les industriels ne manquent pas qui proposent àujoui'd’hui, soit des pavages perfectionnés/soit le mode de traitement du macadam par les goudrons ou les huiles minérales. Sans doute le pavage neuf, en bon état, est une solution
- excellente, mais son défaut est d’être coûteuse; c’est pourquoi la ire section du Congrès n’a pas cru devoir insister sur l’emploi de ce l’evêtement de luxe, jusqu’ici destiné aux traversées des villes populeuses, ou des abords immédiats des grandes agglomérations. D’ailleurs, rien ne nous permet d’affirmer que le pavé sera nécessaire lorsque les revêtements goudronnés ou tar-macadamisés seront connus davantage.
- Le goudronnage, tel que nous le pratiquons en France, consiste à répandre sur la route déjà construite et à faire pénétrer dans le macadam, le plus profondément possible, du goudron de houille sortant des usines à gaz. Les hydrocarbures contenus dans le goudron se combinent aux matériaux de la route et forment des asphaltes corm-plexes très compacts, lorsque les conditipns de prise sont réalisées ; ces conditions consistent, comriie dans beaucoup de réactions chimiques, dans le mélange intime, la chaleur et le contact de l’air. Les résultats obtenus dans tous les pays avec ce procédé, d’invention française, ne permettent plus de douter aujourd’hui des avantages qu’il accorde : non seulement il procure des routes meilleures, mais il prolonge assez la durée de l’empierrement-pour compenser le prix qu’il coûte et même au delà.
- De nombreux appareils goudronneurs figuraient à l’exposition : les industriels allemands et français ont obtenu pour cette spécialité un grand succès. (Durey-Sohy, Lassailly, Vinsonneau en France; Breining en Allemagne).
- Les délégués anglais se sont presque tous montrés partisans du l’evêtement appelé le tarmacadam. Ce système diffère du goudronnage en ce qu'il utilise le goudron au moment même de la confection de la route. Les pierres destinées à la construction sont préalablement chauffées et mélangées au goudron en proportions définies, au moyen de machines spéciales. Au sortir de ces mélangeurs, dont le type varie avec chaque fabricant de tarmacadam, les pierres sont absolument noires, on les fait s’égoutter, puis on les met en tas à l’air libre. Lorsque l’on juge que le goudron est suffisamment oxydé, on construit la route avec des matériaux enrobés de coaltar; un cylindrage énergique assure la prise ainsi qu’un sablage en plusieurs couches.
- Quelquefois on introduit des pierrailles goudronnées de faible dimension pour que la cohésion soit plus complète. On terminé par un sablage et un goudronnage de surface. L’attachement des ingénieurs anglais à cette méthode et les résultats obtenus sur les roules du comté de Nottingham, ont fort engagé le Congrès à diriger l’attention sur le tarmacadam, dont l’importation en France n’est faite que depuis quelques mois. Bien qu’il soit impossible de se prononcer encore sur la manière dont le procédé anglais se comporte sur nos routes, on peut dire que le tarmacadam est destiné à rendre de très bons services sur les chaussées fréquentées par de nombreuses automobiles. Une variante du tarmacadam consiste à remplacer les pierrailles par des laitiers de hauts-fourneaux ; on appelle alors les matériaux obtenus des tarmacs.
- Tandis que le goudronnage coûte en moyenne ofr, 10 le mètre carré, le tarmacadam ou le tarinac revient toujours de ofr,3o à ofr,6o par mètre carré; mais ces derniers procédés ont une plus longue durée.
- On peut dire que la question de la poussière n’a jamais existé pour les techniciens, car elle est liée indissolublement à la question de l’usure, donc de la construction et de l’entretien des chaussées empierrées. C’est pourquoi les moyens de supprimer la poussière sont dus et ne pouvaient être dus qu’aux ingénieurs de la route, et non aux hygiénistes.
- Les congressistes dont la tâche était relative aux transports sur route, ont fait une excellente besogne en signalant aux constructeurs et organisateurs de transports que l’intérêt de la route était presque toujours d’accord avec l’intérêt propre de l’exploitant : un véhicule qui s use peu est le plus souvent un véhicule qui use peu la route, car la réaction de la route sur le véhicule est exactement égale à l’action du véhicule sur la route. C’est pourquoi la roule n’a pas à craindre lé développement des transports automobiles; seuls prendront de l’extension les systèmes de véhicules qui ne causeront pas de dommages sérieux à la route. Elément passif dans l’industrie des transports, le sol de la
- p.2x165 - vue 597/647
-
-
-
- VARIETES
- chaussée rend intégralement les coups qu’il reçoit; c’est pourquoi toute réglementation draconienne serait superflue et gênerait peut-être le développement de l’automobile industrielle, sans procurer aucun avantage à nos routes. Il suffisait donc, pour l’instant, de placer les bornes dans un esprit très large ; c’est ce que le Congrès fit en adoptant les voeux suivants :
- « i° Les véhicules automobiles peuvent rendre des services pour le transport en commun des personnes, sans dommage appréciable pour la route, à condition de ne pas dépasser 18 km à l’heure pour la vitesse moyenne, et a5 km à l’heure pour la vitesse maximum en palier, et de réduire le poids de l’essieu moteur au strict minimum sans jamais dépasser 4 tonnes pour l’essieu le plus lourd. Le poids par centimètre de largeur de jante ne doit pas dépasser i5o kg. »
- « 20 Les transports industriels, au moyen de voitures à moteur détonant, ne peuvent être une cause de dommage pour la route, à la condition de se maintenir dans les limites suivantes pour la vitesse et le poids ::
- « Pour des vitesses moyennes de 16 km et pour des vitesses maxima de a5 km en palier, le poids en charge de l’essieu le plus lourd ne doit pas dépasser 5 tonnes.
- « Dans tous les cas, la pression des bandages par centimètre de longueur de génératrice ne doit pas dépasser i5o kg. »
- Le Congrès a décidé la création d’une Association permanente internationale des « Congrès de la Route. » Une Commission permanente est déjà chargée de la rédaction des statuts de cette nouvelle Association et de l’organisation du prochain Congrès de la Route qui se tiendra à Bruxelles en 1910. E. Girard aulx.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Le fluorure de calcium. — Les sels de fluor entrent dans la composition du squelette animal ; la proportion en est faible, vis-à-vis des phosphates et des carbonates, mais elle est très appréciable. Aussi semble-t-il étonnant que dans les affections où se produit une déminéralisation du tissu osseux, la thérapeutique n’ait pas songé à remédier à cet état de nutrition en donnant avec les phosphates de chaux une légère proportion de fluorure. M. Brissemoret, qui a fait de ce sel une étude pharmacologique très complète, montre que le rôle physiologique du fluorure de calcium est très nettement déterminé. C’est, dit-il, un ciment précieux qui, en soudant les particules de carbonate et de phosphate de chaux, partie principale de la composition des os, communique à ces os la solidité et la dureté qu'ils n’auraient pas sans son adjonction. C’est pour assurer la résistance de l’émail des dents à l’usure que la nature accumule les fluorures terreux autour de ces organes.
- Chaque jour notre organisme élimine, avec les autres sels, une quantité de 3 à 5 milligrammes de fluorure de calcium. Cette perte correspond à l’état normal, mais dans les maladies du système osseux, dans les troubles nutritifs qui s’accompagnent de phosphaturie, de perte d’éléments minéraux, le déchet est bien plus considérable. Où pouvons-nous trouver l’apport nécessaire pour combler ce déficit ? ce sont les produits alimentaires et notamment les eaux de boisson qui le procurent. Certaines eaux minérales en contiennent des proportions élevées, par rapport à la teneur de l’eau pure et l'introduction, par un traitement régulier hydrominéral, d’une certaine quantité de ce sel est au bout de quelque temps fort appréciable.
- Les thérapeutes d’autrefois avaient trouvé, peut-être à leur insu et sans y trop penser, les moyens de subvenir aux pertes incessantes ou excessives par certains médicaments. Le sirop d’oeufs, dont on ne trouvera certainement pas la formule dans le nouveau Codex, était une préparation d’œufs battus avec addition de sel marin qui introduisait dans l’économie une petite quantité de fluor, de même le sirop de lait de Robinet. Actuellement la thérapeutique se sert directement du sel chimique, qu’on trouve en abondance dans la nature sous le nom de spath fluor et qui n’a besoin que d’être purifié et préparé pour les besoins de la pharmacie Le fluorure de calcium est un sel à peu près insoluble dans l’eau pure ; aussi doit-on l’administrer mélangé à des poudres minérales, carbonate de chaux, de manganèse ou phosphates, à la dose de 1 à 2 centigrammes par jour, à prendre comme la plupart de ces poudres, dans un cachet, au moment du repas.
- Les indications de l’emploi de ce sel sont le défaut de minéralisation du squelette, arrêts de croissance chez l’enfant ou l’adolescent, maladies du système osseux chez l’adulte, ostéomalacie, ostéoporose, phosphaturie. Conjointement avec les phosphates, il facilitera la réparation des fractures et la solidification du cal. Les maladies lentes à dénutrition profonde, anémies graves, tuberculose, sont justiciables de cette thérapeutique.
- Il est un point tout à fait intéressant dans les recherches de M. Brissémoret sur l’utilité du fluorure de calcium, c’est la valeur de ce sel pour arrêter les pro-
- grès de la carie dentaire. Il a eu l'occasion de le prescrire souvent contre la carie des dents et toujours avec un certain succès. Si on ne guérissait pas la carie, on enrayait sa progx'ession et avec l’aide du dentiste, on pouvait sauver cet organe, suivant le précepte : guérissez, n’arrachez pas. Chez un jeune homme qu’il a suivi de près pendant plusieurs années l’attaque des dents par les divers agents de la carie se poursuivait régulièrement. Sous l’influence du fluorure administré pendant i5 jours par mois, à la dose de 5 milligr. par jour, on put observer,après six mois, une amélioration des plus nettes.
- Traitement du lumbago. — Affection peu grave, mais assez douloureuse et fort gênante, le lumbago est dû à une petite déchirure musculaire de la masse sacro-lombaire. Vous vous baissez pour un détail quelconque, comme ramasser une épingle, vous voulez vous redresser, une douleur vive vous arête et vous force à rester incliné, le corps plié en deux. Pour quelques médecins il s’agit d’une sorte de rhumatisme de la colonne vertébrale, favorisé dans son apparition par un faux mouvement; pour d’autres c’est une véritable entorse des ligaments vertébraux. Ce qu’il y a de sûr, c’est que les arthritiques, les rhumatisants ont facilement le tour de rein; mais ce qu’il y a de sûr aussi, c’est que le traumatisme seul peut provoquer cet accident. Les ouvriers qui produisent un violent effort pour soulever un fardeau connaissent bien cette lésion ; il lui donnent le nom fort significatif de la pince.
- Un bon remède et facile à employer par le premier venu est le suivant qu’il me semble avoir eu l’occasion d’indiquer; c’est de prendre un fer à repasser et de l’appuyer aussi chaud qu’on peut le supporter sur la région douloureuse, en laissant interposés entre le fer et la peau, la chemise ou le gilet de flanelle. Faites un véritable repassage doux et méthodique pendant quelques minutes, puis recouvrez les reins d’une couche d’ouate imbibée d’un liniment calmant et légèrement rubéfiant, baume tranquille additionné d’un peu d’essence de térébenthine, mélange de chloral et d’huile d’amandes douces ou d’un cataplasme laudanisé et immobilisez avec une bonne couche d’ouate et une ceinture de flanelle.
- Un grand bain chaud, une séance de courant faradique, une forte transpiration au moyen de l’infusion de jaborandi ont quelquefois un succès rapide et décisif. Yoici un procédé thérapeutique qui a donné au D1' Gen-glaire les meilleurs résultats. Il injecte dans la région musculaire qui est le siège de la douleur la solution suivante :
- Stovaïne......................x centigramme.
- Salicylate de soude...........2 centigrammes.
- Eau distillée bouillie .... 1 cm3
- Dans les cas les plus douloureux, affirme-t-il, trois injections de ce genre ont suffi pour calmer la souffrance. Les lumbagos purement traumatiques sont peut-être moires vite soulagés que les lumbagos nettement d’origine .rhumatismale ; chez les premiers il faut quelquefois renouveler les piqûres pendant 4 ou 5 jours. Si le fer chaud, le massage et les liniments térébenthines ne vous donnaient pas, en cas de lésion de ce genre, le calme demandé, essayez de cette injection. Dr A. C.
- p.2x166 - vue 598/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCEDES UTILES
- Tuyaux de bois résistants. — Il a été question à plusieurs reprises ici des services que peuvent rendre les tuyaux de bois, les troncs d’arbres creusés, comme canalisations d’eau. Une compagnie américaine, la Michigan Pipe C°, de Bay City, dans le Michigan, a perfectionné cette pratique très suivie aux Etats-Unis, et voici comment. Elle revêt extérieurement de ciment la canalisation de bois, que l’eau subit à préserver intérieurement ; parfois elle se contente de pièces de bois formant des sections de conduite d’une seule pièce. Mais elle a fait breveter également un système dans lequel chaque bout de conduite est constitué un peu à la manière d’un tonneau, de douelles droites de pin blanc bien sec, d’une longueur de 2,40 m. Ces douelles sont travaillées à la machine, de façon à présenter latéralement une double languette ou une double rainure pei’-mettant l’assemblage solide des douelles voisines. Le tout est taillé de manière que l’assemblage puisse se faire convenablement par rapport à leur courbure, et au diamètre du tuyau à former. Quand une section de conduite est montée, on la cercle, on en serre et maintient
- les éléments au moyen d’un fil d’acier ou d’une bande de même métal qu’on enroule en spirale. Aux extrémités de chaque section est taillée une mortaise ou un tenon circulaire, qui vient se prendre dans le tenon ou la mortaise de la section voisine. On étend ensuite du béton autour de cette conduite, en y noyant par conséquent le fil ou la bande métallique, et le tout constitue un ensemble absolument homogène, oiîrant une résistance extraordinaire dans tous les sens. Bien entendu, cette conduite de bois n’est guère susceptible de laisser geler l’eau qu’elle transporte.
- Le sulfate d’aluminium comme incombustibili-sant. — On recommande cette substance comme pouvant rendre de vrais services en la matière, parce que, une fois élevée à une haute température, elle laisse un résidu infusible et non conducteur de la chaleur qui protège les cellules du bois.
- Non seulement ce revêtement empêche la propagation et la production de la flamme, mais il arrête même l’incandescence du bois.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Erratum. — n° 1847, 17 octobre, Supplément, p. 160, bibliographie, col. I, lig. 2 au lieu de : O. Davis, il faut : O. Doin; idem, col. II, lig. 10, rétablir une virgule entre les mots : retardataire et malgré.
- Adresses relatives aux appareils décrits. —
- Roue automotrice, pour renseignements s’adresser à M. Raymond Guillot, 6, villa Dezegher, rue Bardinet, Paris (XI V“). — Annonces lumineuses sans source lumineuse (n° 1846, 10 octobre 1908, p. 289) : Société Fiat Lux, 8, place de la Madeleine.
- Communications. — Nous recevons de M. Grosclaude, l’inventeur de la torpille aérienne, que nous avons décrite dans notre avant-dernier numéro, la lettre suivante:
- « Dans la chronique que vous avez bien voulu me consacrer dans votre n° 1846 de La Nature du 10 oct., vous faites ressortir très justement les dangers d’explosion pouvant résulter des deux faits suivants : i° Proximité trop grande du moteur sous la masse d’hydrogène. 20 Inflammation possible par les étincelles des collecteurs de la dynamo-motrice placée à l’avant du ballon. Voulez-vous me permettre de vous signaler les modifications que, d’accord avec mon constructeur spécialiste, j’avais déjà résolu d’apporter à cet égard : La nacelle, à son extrémité postérieure, sera allongée de 2 ou 3 m. au delà de la masse du ballon et sous cette saillie sera suspendu rigidement une sorte de cage entourée de toile métallique, dans laquelle le moteur sera enfermé avec son mécanicien. Le moteur sera donc loin du ballon; il sera de plus isolé de ce dernier et par le plancher de la nacelle et par la toile métallique. Tous risques d’explosion seront donc évités de ce côté. Quant aux étincelles de la dynamo, vous savez qu’il n’y a rien de plus aisé que de les rendre inofîensives au moyen d’un dispositif spécial, sorte de gaine en toile métallique, d’un usage déjà très répandu. Au reste, il se peut qu’aux essais je trouve avantage à supprimer les dynamos et que je transmette la force motrice du moteur à l’hélice par une cardan. »
- Les précautions que prévoit M. Grosclaude pour faire disparaître tout danger d’explosion sur son aéroiîef, nous sembleùt très judicieuses : en particulier, celles qui se rapportent à la protection de la dynamo. Des expériences ont été faites récemment, dans diverses mines, pour étudier le fonctionnement des dynamos dans des atmosphères grisouteuses ; et l’on a reconnu que, par l’emploi'des toiles métalliques, on pouvait éviter lout danger d’explo-
- sion provoqué par les étincelles de la machine. Le cas d’un ballon dont le moteur peut être accidentellement plongé dans un mélange explosif d’air et d’hydrogène, nous paraît fort analogue, et nous ne doutons pas que des précautions semblables ne fassent disparaître tout péril.
- Renseignements. — II. B., au Médoc. — Procédé tout analogue à ce qui se fait pour le papier ; vous pourriez écrire à la Compagnie anglaise mentionnée Braille Prin-ting C°, à Edimbourg, Ecosse. — Pour vous procurer des feuilles d’aluminium en toute épaisseur, écrire aux fonderies, laminoirs, etc., 16, rue de la Folie-Méricourt, à Paris, ou à MM. Boas Rodrigues, 67, boulevard de Charonne.
- W. R. G. — Si vous songez à une installation de fabrication de briques silico-calcaires, consultez plus spécialement M. Leduc, chef de section au Laboratoire d’essais du Conservatoire des Arts et Métiers, rue Saint-Martin, à Paris. — Le brevet est tombé dans le domaine public, du reste les méthodes diffèrent sensiblement. Pour l’usine Say, ce matériel a été fourni par la maison Dalbouze-Brachet. On fait 1000 briques à l’heure. Ateliers Sur-couf, I2Ô, rue de Bellevue, Billancourt.
- M. Courtonne, à Barcelone. —. Nous vous remercions pour votre communication que nous avons transmise à notre correspondante.
- M. le chevalier Rozwadowshi, à Glinna (Galicie). — Vous trouverez des dragues à moteur dans les maisons suivantes : Brûlé, 31, rue Boinod, Paris; Compagnie française de navigation et de constructions navales, 5o, boulevard Haussmann, Paris.
- M. G. II. T., à Territet. — Veuillez consulter l’ouvrage suivant : Fumisterie, chauffage et ventilation, par Aucamus. Chez Dunod et Pinat, 49> quai des Grands-Augustins, Paris.
- M. Lassalle, à Bayonne. — Nous avons transmis votre lettre.
- M. Lebègue, à lïyères. — La plupart des pâtes actuelles à cirer les chaussures s’emploient sans mouillage, par simple application. Vous les trouverez dans toutes les bonnes cordonneries.
- M. Maire, à Paris. — Voyez notre recette dans le présent numéro sur le noir brillant pour cuir.
- M. Giboz, à Paris. — Pour souder des pièces d’aluminium, on fait subir aux parties des différentes pièces que l’on veut réunir l’opération ordinaire de l’étamage ; mais au lieu d’employer l'étain pur, on emploie un alliage d’étain et d’aluminium. Pour les pièces qui devront'être façonnées après soudure, on composera cet alliage de 45 parties d’étain et 10 d’aluminium.
- M. Lesaffre, La Madeleine. — Veuillez vous adresser à M. Müntz, professeur à l’Institut national agronomique, 16, rue Claude-Bernard, Paris.
- « 167
- p.2x167 - vue 599/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro
- Les nouvelles mesures de l'Empire chinois : Gh.-Ed. Guillaume.
- - Aurore boréale : Lucien Ruuaux. — Usine hydroélectrique de
- - Tuilières : Gaston Roux. — La fécondation des Orchidées : Emile Gadi;ceau. — La fabrication des violons : Jacques Lar-manjat. — Le nouveau codex : D1' A. Cartaz. — Académie des sciences; séance du 12 octobre 1908 : Ch. de Villeiieuil. — La roue automotrice : G. Chalmarès.
- Supplément. — Nécrologie : Alexis Hansky. — Les observatoires du Mont Blanc — La vente de l’opium. — Aviation. — Hôtel pour, dirigeables et aéroplanes, etc.. — L’ « aliment pur » au Congrès de Genève. — Remède anglais contre la grippe, etc.
- La téléphonie sans fil et la télégraphie sans fl, par A. Bkktujer, 1 vol in-8° avec 104 fig., 1908. Chez H. Desforges, 29, quai des Grands-Augustins, Paris. Prix broché : 5 fr.
- Voici le résumé de la table des matières de cet ouvrage : Le problème de la transmission de l’énergie à distance sans fil. — Téléphonie et télégraphie par ondes électromagnétiques. — Production dés ondes.
- — Transmission des ondes. — Réception des ondes.
- — Systèmes industriels. — Expériences de télégraphie et de téléphonie sans fil. Ce livre est clairement rédigé et bien documenté.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN TIIERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 12 oct. 1908. . 7°,1 E. S. E. 0. Beau. » liosée ; Brouillard; beau le mutin; nuageux le soir.
- Mardi 13 10°,9 Calme. Couvert. » Rosée; brume; nuageux.
- Mercredi 1 1 8°,0 Calme. Beau. p Rosée; brouillard; peu nuageux.
- Jeudi 13 8U,8 E. N. E. 2. Beau. p Rosée; brouillard; beau.
- Vendredi 16 9°,1 E. S. E. 0. Beau. p liosée ; beau.
- Samedi 17 12°,9 S. E. 1. Couvert. 0,0 Rosée; nuageux; gouttes à lob. 30; léger brouillard.
- Dimanche 18 9°.l Calme. Brouillard. p Couv. le m.; puis nuag ; beau ap. 18 b.; rosée; brouillard le m.
- OCTOBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 12 AU DIMANCHE 18 OCTOBRE 1908.
- Lundi | Mardi [ Mercredi | Jeudi [ Vendredi | 1 Samedi | Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu 'ndiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 12 au 18 octobre. — Le 12. Modification de la pression atmosphérique sur 10. de l’Europe : dépression au large et à l’O. des Iles-Britanniques et sur le golfe de Gascogne; fortes pressions sur le S.-E. du continent : Hermanstadt, 773 mm. Pluies dans quelques stations du N.-O. de l’Europe; en France, pluies à l’extrême Sud : Marseille, i3 mm; Cette, 5. Temp. du matin : Arkangel, i°; Paris, 7; Alger, 21 ; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : i3° (normale : io°,6). —Le 13. Dépression au S.-O. de l’Irlande (758); hautes pressions sur le Centre et le S.-E. : Lemberg, 774. Pluies rares : Bodoe, 21; Rome, 9; Livourne, 2; Cette, 21 ; Marseille, Nice, 3. Temp. du matin : Arkangel, o° ; Paris, 11; Alger, 22; Puy de Dôme, 7; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : i3°,6 (normale : io°,4)- —: Le 14. Pressions basses au large des Iles-Britanniques (Stornoway, 755) et au N. de la Russie (Arkangel, 753); aire anticyclonique sur presque tou! le continent : Lemberg, 773. Pluies dans quelques stations du N.-O. de l’Europe et du N. de l’Italie ; en France : Cette, 14 ; Nantes, 1. Temp. du matin : lïaparanda, 3°; Paris, 8; Alger, 22 ; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 2; moyenne à Paris : i2°,9 (normale : io°,2). Le i5. Relèvement rapide sur le N.-E. et le N.-O.; pression supérieure à 765 de l’Europe centrale à la Scandinavie (Haparanda,
- 769). Baisse sur le littoral de l’Océan : 760; dépression sur l’Islande (Reijkiavik, 743)- Pluies rares en Europe; en France : Biarritz, 6; Nantes, 2; Bordeaux, 1. Temp. du matin : Arkangel, o°; Paris, 9; Malte, 22; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 1 ; moyenne à Paris : i3°,8 (normale : To°,i). — Le 16. Situation atmosphérique analogue : zone de basses pressions sur l’Atlantique et l’extrême O. de l’Europe (Valentia, 754); anticyclone sur le Centre et le N. du continent (Kuopio, 774)- Pluies dans quelques stations, du N.-O.; en France : Cette, 36; Ouessant, 8; Brest, 2; Nantes, 1. Temp. du matin : Kuopio, 3°; Paris, 9; Alger, 19; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, o; moyenne à Paris : i3°,6 (normale : 9°,9).
- — Le 17. Situation analogue : basses pressions en Irlande; sur nos régions, 764; Haparanda,. 779 ; Arkangel, 778. Pluies dans quelques stations du N. et de l’O,; en France : Limoges, 11 ; Nantes, 8; Brest, 7; Cette, 2. Temp. du matin : Arkangel, —2; Paris, i3 ; Malte, 23; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, o; moyemie à Paris : i4°,6 (normale : 90,8). — Le 18. Hausse extrême sur le N. : Saint-Pétersbourg, 784; Finlande, 786; Valentia, 759. Pluies sur le N.-O. Temp. du matin : Kuopio, —4! Paris, 9; Malte, 20; Puy de Dôme, 10; Pic du Midi,
- — 1 ; moyenne à Paris : i2°,6 (normale : 9°,6). — Phases de la Lune : Dernier quartier le 17, à 3 h. 44 m, du m.
- p.2x168 - vue 600/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 12c, Boulevard Saint-Germain, Paris (W)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d'entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1849 — 31 OCTOBRE 1908
- ^SUPPLEMENT
- 'A
- \r\l.
- • C*î
- Nécrologie. — Alphonse Boistel. —Alphonse Boistel, qui vient de mourir, était officiellement professeur de droit commercial à l’Université de Paris, mais c’était en plus un naturaliste très distingué, à qui l’on doit notamment une Flore des lichens qui fait encore autorité et que connaissent bien tous les collectionneurs de plein air. M. Boistel s’occupait également de géologie et, très assidu aux séances de la Société géologique de France, il en était devenu président en 1906. Il connaissait particulièrement bien la géologie de la région parisienne et le tertiaire de divers points de la France : c’est ainsi qu’il publia une étude sur le tertiaire du Bugey. On lui doit aussi, en dehors de diverses petites notes, d’avoir entrepris et presque terminé la mise en place et la révision de tous les fossiles tertiaires des collections du laboratoire de géologie de la Sorbonne.
- A.-W. Howitt.— La mort récente du Dr A.-W. Howitt, survenue peu de temps après celle de son collaborateur le Dr Lorirner Fison, prive les ethnographes d’un de leurs plus remarquables travailleurs. Howitt a notamment contribué à la connaissance des peuples inférieurs par deux ouvrages capitaux, ayant trait à l’Australie, et qui sont devenus classiques : Kamilaroi and Kurnai et The native races of South-East Anstralia. On lui doit aussi un grand nombre de petits articles ou études, publiés dans les recueils de diverses sociétés savantes, et notamment pari e Journal of the Antliropological Insti-tute (Londres).
- Le Grand-Prix de PAéro-CIub. — L’Aéro-Club de France vient de décider, pour 1909, l'organisation d’une course d’aéroplanes. Le premier prix sera de 100000 fr. Les conditions ne sont pas encore définitivement arrêtées ; mais on sait que la course aura lieu de ville à ville, à travers les plaines de Champagne ou de Beauce. Nombreux sont actuellement les prix fondés pour l’aviation; le montant des sommes qui leur sont affectées dépasse aujourd hui 1 million de francs.
- Concours météorologique international. — La
- Société météorologique allemande organise un concours international doté d’un prix de 3ooo marks (3y5o fr.). Ce prix sera décerné à l’auteur du meilleur ouvrage, rédigé en allemand, anglais ou français, sur les observations météorologiques faites dans les ascensions internationales. S’adresser, pour les conditions du concours, à M. Hellmann, Berlin. W. 56, Schinkelplatz 6.
- Transmission électrique à haute tension. — La
- ligne de transmission électrique, qui transporte l’énergie depuis les grands rapides de Muskegon jusqu’à Croton (Etats-Unis, Etat de Michigan), fonctionne depuis quelques semaines sous l’énorme tension de 110 000 volts. Autrefois le voltage était seulement de 70000 volts. Cette ligne détient aujourd’hui dans le monde entier le record de la tension. Le fait est intéressant à signaler, à un moment où l’on parle beaucoup en France du transport de
- .5 's'srirA.V’
- la force du Rhône à Paris ; entreprise qui exigerait une tension de 100000 volts. On voit qu’il y aura un précédent, et les études s’en trouveront sans aucun doute facilitées.
- Signaux en mer en temps de brume. — Un ouvrier de l’arsenal de Cherbourg, M. Debrix, vient d’imaginer un système de signaux fort ingénieux et qui semble destiné à rendre, en temps de brume, de grands services à là navigation. M. Debrix utilise la différence de vitesse des ondes électriques et du son. Supposons un navire perdu au large dans la brume. Le capitaine fait émettre simullanément une onde herzienne au moyen d’un poste radiotélégraphique du navire, et une onde sonore au moyen de la sirène L’onde électrique vient agir sur un appareil spécial, disposé dans un phare, par exemple, ou sur tout autre point du littoral. L’appareil comportera un cadran gradué sur lequel peut se déplacer une aiguille qui, en temps normal, est au zéro. L onde herzienne émise par le navire arrive à l’appareil, l’aiguille se met aussitôt en mouvement; et le guetteur présent est ainsi averti qu un navire est au large, et qu un son va parvenir au poste. Il prête l’oreille, et dès qu’il entend la sirène, il arrête le mouvement de l’aiguille, en appuyant sur un bouton disposé à cet effet. Le nombre de degrés marqués par l’aiguille permet de déduire la distance du navire au poste; le guetteur la transmet radiotélégraphiquement au capitaine avec la désignation du poste. Il suffit de deux postes fixes communiquant avec le navire pour permettre à celui-ci de connaître sa position et de poursuivre sa route sans danger.
- Braconnage électrique. — Sur le canal de Teltow, en Allemagne, existe, on le sait, une organisation de halage électrique pour les bateaux; un ingénieux fripon en a profilé pour perfectionner d’une façon remarquable
- I art antique de la pêche à la ligne. Voici comment il procédait : au fil de transport électrique, il attachait l’extrémité d’un fil métallique dont l’autre bout plongeait dans le canal. Tout le poisson dans un rayon de 10 m était instantanément paralysé, et pouvait être aisément recueilli.
- La Société aérienne Zeppelin. — Le montant des souscriptions allemandes pour la construction de dirigeables types Zeppelin s’est élevée jusqu’ici à 7.500.000 fr. et l’on croit que ce chiffre sera encore dépassé. Grâce à ce capital, le comte Zeppelin a formé une société qui se chargera de la construction des nouveaux dirigeables. Il a acquis, près de Friedrichshafen, un vaste terrain pour 4^5.000 fr. On va y installer des ateliers où 8 dirigeables pourront être mis à la fois en chantier; 200 ouvriers y seront employés. Puis on établira une usine à hydrogène; peut-être même une usine d’aimninium viendrai elle aussi s’ériger dans le voisinage. Le ballon actuellement projeté comptera i36 m. de longueur,
- II m. de diamètre; il jaugera i2.i5o m3 et pourra transporter, pendant 24 heures, 9 ou 10 passagers. Ajou-
- 22
- p.2x169 - vue 601/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- Ions qu’un dirigeable Zeppelin ancien modèle a repris depuis quelques jours une série d’ascensions d’essais.
- La superficie des colonies françaises. — Nous empruntons cet intéressant tableau au Mois colonial :
- Afrique occidentale : kilomètres carres.
- Sénégal............................ 191. C00
- Guinée française........................ 238.928
- Côte d’ivoire.......................... 325.228
- Dahomey................................. 97.220
- llaut-Sénègal-Niger.................... 782.736
- Mauritanie............................. 893.696
- Territoire militaire du Niger .... 1.583.842
- 3.913.250
- Congo français et dépendances •
- Gabon.................................. 512.812
- Moven-Congo............................ 441.076
- Oubanghi-Chari......................... 400.000
- Tchad. ................................ 580.000
- 1.733.888
- Réunion........................................ 2.500
- Madagascar et Dépendances.......................... 585.535
- Mayotte et Dépendances............................... 2.168
- Côte française des Somalis......................... 120.000
- Etablissements français do l’Inde. .................... 515
- I ndo-Chine :
- Cochinchine............................. 56.964
- Cambodge............................... 175.450
- Annam................................. 159.890
- Tonkin ................................ 119.750
- Laos................................... 290.000
- Ivouang-Tchéou-Ouan...................... 1.000
- 805.054
- Saint-Pierre et Miquelon............................... 241
- Guadeloupe..................................... ' 1.780
- Martinique............................................. 987
- Guyane.............................................. 68.240
- Nouvelle Calédonie et Dépendances.................... 18.653
- Etablissements français de l’Océanie............... 506.452
- Total.. .... 7.557.259
- On a d’autre part :
- France .......................................... 536.465
- Algérie........................................ 2.899.971
- Tunisie.......................................... 120.000
- Total...... 3.556.434
- Le commerce du Maroc en 1907. — D’après un document dressé par la délégation de l’emprunt marocain à Tanger, tandis qu’en 1906 le mouvement commercial et maritime du Maroc, tant pour les huit ports ouverts à la navigation que pour la frontière algérienne, s’était élevé à 84526964 fr., c’est à peine s’il a atteint, en 1907, 77 millions. Cette somme se répartit comme suit :
- France...............34.883.135 francs.
- Angleterre...........25.428.561 —
- Allemagne............... 9.983.318 —
- Espagne.............. 3.1x6.145 —:
- Belgique................ 1.476.641 —
- Italie.................... 446.088 —
- Soient les proportions : Finance, 45 pour 100; Angleterre, 32,o5 pour 100; Allemagne, 12,98 pour 100.
- Les vaccinations antirabiques à l’Institut Pasteur.
- Les Annales de l'Institut Pasteur donnent la statistique suivante relative aux travaux du service antira-
- bique en 1907 :
- Per-mmes traitées ..... 786
- Morts . ............... 3
- Mortalité pour 100......... o,38
- L’art chez les Boschimans. — On commence, d’une façon sérieuse, à étudier les arts, si curieux souvent, des peuples primitifs ou peu avancés en civilisation. C’est ainsi que le gouveniement de la colonie de l’Orange River vient de charger M. J. P. Johnson, de Johannesburg, d’étudier les sculptures et les peintures effectuées par les Boschimans de ce territoire et de faire un rapport consécutif à son étude. D’autre part, M. Johnson est déjà membre de la Commission chargée par le gouvernement du Transvaal de faire un travail semblable sur les œuvres artistiques indigènes qui existent dans cette colonie.
- Le blé dans le monde. — Nous empruntons ces chiffres à la Revue scientifique, qui les cite elle-même d’après une publication anglaise, le Dornbusch's List. Ils donnent l’estimation approximative de la l’écolte du
- blé, dans le monde, en 1908, comparée à celles de 1907 et 1906. Les chiffres sont en milliers de quarters (le quarter est équivalent à 290 litres 78) :
- France ...........
- Russie............
- Hongrie...........
- Angleterre. ...
- Autriche..........
- Italie ..........
- Allemagne.........
- Espagne .........
- Roumanie..........
- Bulgarie..........
- Turquie.........
- Belgique .....
- liollaixde........
- Suisse............
- Danemark..........
- Suède.............
- Grèce.............
- Serbie ...........
- Portugal..........
- Etats-Unis. . . . .
- Canada............
- Argentine.........
- Indes.............
- Turquie d’Asie . .
- Japon.............
- Algérie et Tunisie . Egypte............
- Total de l’Europe . . .
- Total de l’Amérique . .
- Total de l’Asie . . . .
- Total de l’Afrique . . .
- Total de l’Australasie .
- Total du monde entier .
- 1908 1907 1906
- 37.000 64.000 17 5oo 6.750
- 6.500 17.5oo
- 17.500 x 2.000
- 6.000 4.000
- 3.500 i. 800
- 65o 5oo 5oo 600 700 x. 5oo 55o 83.000 15.000
- 26.500 26.600
- 4.000 2.000 4.000 1.000
- 202.500
- 128.500 35.600
- 5.5oo 16.000
- 388.100
- 46.000
- 63.500 x5.xoo
- 7.000 6.000 2 r.000 16.000 12.000 5.3oo 3.000 3.000 1,85o 700 5oo 5oo 600 700 1.000 700 79.000
- 10.500 25.800 38 200
- 3.5oo 2.000
- 5.300 1.000
- 207.300 118.95o
- 42.200 6.800 7.000
- 40.000 63.ooo 24.700 7.58o 7.420 20.200 18.000 i5.ooo 13.900 5.200 4.000 x. 75o 700 5 00 5oo 600 700 1.5oo 600 92.000 x 2.5oo
- 19.500
- 89.500 4.000 2.800 5.000 1.000
- 229.6x0 127.2ÔO 49.3oo 6.600 9.000
- 382.a5o 421.760
- D’après cette statistique, la France interviendrait cette année pour 107.500.000 sur une production mondiale de 1.108.090.000 hectolitres.
- Un canal à travers le Jutland. — L ingénieur Alfred Christensen a soumis au Gouvernement danois le pi'ojet d’un canal à travers la portion septentrionale du Jutland : il utiliserait, pour diminuer les travaux de creusement pi’oprement dits, le Fjord de Liim, qui s’enfonce pi’ofondément dans les tenues. Cette voie offrirait un tirant d'eau de 8 m., et l’auteur du projet est convaincu qu’elle attirerait la plus grande partie du trafic entre la Baltique et la Mer du Nord. Cette opinion nous laisse fort sceptique, étant donné le succès tout relatif du Canal Empereur Guillaume.
- Compagnies de navigation chinoises. — Les
- Chinois commencent de se lancer de plus en plus dans les exploitations industrielles, dont l’exemple leur a été donné par ceux qu’ils appelaient jadis les Diables d’Oc-cident. Voici qu’il vient de se fonder une association de commerçants chinois et siamois, qui ont créé une compagnie de navigation maritime au capital de plus de 5 millions et demi de frav.es : elle est destinée à faire le commerce et les transports entx*e Hong-Kong, Singapore et Bangkok, et à concurrencer les services du Lloyd de l’Allemagne du Nord.
- Effet du gaz d’éclairage sur la corrosion des tuyaux en fonte mis en terre. — On sait que, dans les villes, le gaz d’éclairage est conduit par des tuyaux de fonte, raccordés entre eux d’une façon plus ou moins parfaite, enterrés à une profondeur plus ou moins considérable et qui l’amènent sous les rues aux endroits où il doit être utilisé. Un chimiste américain, M. Dudley, a effectué, sur la corrosion plus ou moins rapide de ces tuyaux, une série d’expériences comparatives faites avec différentes terres prises en divers endroits de la cité de Nashville, la terre agissant seule ou étant saturée de gaz d’éclairage. Dans la premièi’e séxûe, les résultats montrent que la coi'rosion est due au chlore contenu dans la terre; dans la seconde séiue, on constate très nettement que le gaz exei'ce une action îœtardatrice sur la cori’osion du métal, cette action pouvant diminuer la corrosion de moitié.
- p.2x170 - vue 602/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- *> "Electricité <*
- L’anti-rat d’hôtel. — C’est le cambrioleur élégant qu’on a dénommé rat d’hôtel dans la société moderne; il s’attache aux pas des riches voyageurs et ne manque pas l’occasion de s’introduire dans leur chambre pour dérober les objets précieux. Un système avertisseur facile à installer instantanément sur une porte, une fenêtre, une ouverture quelconque, voire une malle ou une valise, pourra donc rendre service aux voyageurs. Il est très simple, comme on va le voir. Dans une boîte on a
- une sonnerie et une pile sèche ; un fil souple se termine par une pince de blanchisseuse B, en bois, dont les mâchoires couvertes d’une feuille de cuivre à leurs extrémités correspondent aux deux bouts du fil souple. Quand les mâchoires se touchent, là sonnerie fonctionne.
- Pour arrêter celle-ci, il suffit d’introduire entre les mâchoires une fiche isolante C, morceau d’os, de carton, de bois, etc. Une punaise P attachée à cette fiche, une autre à la pince, composeront tout le système protecteur. 11 suffira, en effet, d’enfoncer les punaises de chaque côté de la porte, pour que la fiche soit enlevée quand on ouvrira celle-ci, et la sonnerie fonctionnera. On a même
- L’installation do l’anti-rat d’hôtel.
- Fig. 2.
- adjoint au système une de ces petites lampes électriques de poche, qui s’allume aussitôt que l’effraction est produite.
- Ce petit appareil, dont le principal mérite est la grande simplicité et la sûreté de fonctionnement, peut rendre service non seulement aux voyageurs, mais aussi à une foule d’autres personnes comme, par exemple, les boutiquiers, pour protéger leur tiroir-caisse. C’est le système de contact le plus simple à installer que nous connaissions. — L’appareil se trouve chez M. Mathieu, 29, rue de Valois,, Paris.
- Photographie <«*
- Examen des photographies en couleurs. — Les
- plaques autochromes ne donnent qu’une seule épreuve
- Fig. 1. — Appareil Poulenc pour regarder les autochromes.
- qui doit être regardée par transparence; pour qu’un examen dans ces conditions donne toute satisfaction, il
- faut arrêter toute lumière ambiante, c’est-à-dire entourer l'image à examiner d’un large encadrement. L’éclat des couleurs et la beauté de l’image sont d’autant plus grands que l’œil percevra moins de rayons de lumière blanche n’ayant pas traversé l’épreuve. Plusieurs appareils ont été imaginés pour répondre à ces conditions. L’un des plus simples, d’origine anglaise, qu’on trouve chez M. Poulenc, se compose de deux planchettes s’ou-
- 4
- l'ig. 2. — Le même montrant la glace M.
- vrant comme un livre (fig. 1 et 2) : sur l’une est fixée un miroir M, sur l’autre est pratiquée une fenêtre E, de la largeur des épreuves à examiner, munie de coulisses destinées à les recevoir, ainsi qu’un verre dépoli qui
- Fig. 3.— Appareil Louis Schrambach avec glace à 4Û0 A.
- tamise et diffuse la lumière. Une étoffe noire réunit les deux planchettes.
- En plaçant l’appareil ouvert devant une fenêtre, ou une lampe munie d’un abat-jour, et en regardant dans
- Fig. 4 et !>. — Diverses positions du cadre.
- le miroir, on voit l’image bien protégée de toute lumière ambiante. Afin de pouvoir servir pour les épreuves en hauteur et en largeur, la fenêtre et ses coulisses sonl supportées par un disque C qui peut tourner dans la planchette.
- Un autre modèle construit par M. Louis-Schrambach est destiné à l’examen direct par transparence, le miroir ne servant qu’à renvoyer la lumière sur l’épreuve; pour
- p.2x171 - vue 603/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- augmenter encore la quantité de lumière réfléchie, le constructeur a muni intérieurement de glaces A (fig. 3) inclinées à 4^° les bords de la fenêtre qui porte les coulisses destinées à recevoir l’image. Cette fenêtre est munie d’un système d’accrochage rapide qui permet de la mettre dans les deux sens (üg. 4 et 5), largeur et hauteur. Les appareils de ce genre sont indispensables à tous ceux qui font de la photographie sur plaques autochromes, car les images qu ils obtiennent gagnent ioo pour joo à être ainsi examinées.
- Mécanique <«*
- La Clé « Sans-Rivale ». — La clé anglaise doit pouvoir s’adapter à tous les écrous, mais encore faut-il qu’ils lui soient accessibles. Or, dans une voiture automobile ou même une simple motocyclette, les nécessités de la construction obligent souvent à loger un écrou dans un coin, ou derrière une pièce fixe où aucune clé anglaise ne pourra l’atteindre. De plus, malgré les Congrès, on n’a pas uniüé la dimension des écrous employés dans la construction et il faudrait de nombreuses clés, à canon ou autres, pour n’ètre jamais pris de court. M. Carie, avec son système, permet de répondre
- La « Sans-Rivale ».
- à toutes les exigences, sans augmenter outre mesure le poids des instruments à emporter dans sa sacoche. Il consiste à avoir seulement des têtes de clés A, B, D, E, etc. (fig. i) qui peuvent s’adapter exactement sur des écrous de dimensions diverses; elles ont toutes un carré de même dimension sur lequel on peut adapter soit une clé à cliquet directement, si l’écrou lui est accessible, soit une rallonge R, soit une clé à canon ou une clé anglaise ordinaire. C’est en somme une sorte d’intermédiaire entre l’écrou et l’instrument qu on possède pour opérer le serrage. — La clé se trouve chez MM. Carie et fils, 29, rue d’Alsace, à Courbevoie.
- **> Optique
- Lorgnon rétro. — Nous ne trouvons pas d autre mot pour caractériser de façon générale ce genre de lorgnon qui permet de voir derrière soi, tout en lais-
- Wffli
- Fig. 1. — Lorgnon permettant de voir derrière soi.
- sant voir en avant sans empêcher les verres de remplir leur office de verres convergents, de verres divergents, soit même simplement de verres fumés. L’un de ces appareils a élé imaginé parle commandant Soulié de Cessac, qui l’a baptisé périscope. Il se compose d’un lorgnon ordinaire (fig. x et 2) sur les extrémités duquel on a monté, à pivot, deux petits miroirs circulaires. Quand le lorgnon est sur le nez, on oriente par tâtonnement ces
- miroirs, jusqu’à ce que, en regardant un peu de côté, on y aperçoive l’image des objets qui sont derrière soi. Un autre constructeur, M. Yinay, a résolu la question de façon plus simple en argentant l’extrémité A (fig. 3) de chaque veri'e. Il est vrai que si ce mode de construction est plus simple et plus économique, parce qu’on ne change rien à la monture du lorgnon, il diminue un peu la surface utile des verres, tandis que, dans l’autre système, elle reste entière, le champ visuel arrière étant en supplément.
- Quoi qu’il en soit, nous avons pu nous rendre compte qu’avec l’un ou l’autre on acquiert assez rapidement l’habitude de voir derrière soi quand on le désire, et c’est souvent fort utile. Les sourds, notamment, quand ils sont dans la rue, peuvent ainsi être avertis de la présence d’une voilure qu’ils n’entendent pas venir; les cyclistes peuvent, avant d’obliquer à gauche, se rendre compte s’ils ne risquent rien ; le professeur peut sur-
- Le lorgnon périscope
- Fig. 3. — Disposition avec verres partiellement argentés en A.
- veiller sa classe, tout en faisant sa démonstration au tableau; enfin, chacun peut approprier à ses besoins particuliers cette précieuse faculté d’avoir un œil derrière la tête. — Le lorgnon rétro se trouve à la manufacture du Périscope, 60 bis. rue Guillaume-Puy, à Avignon. Prix : 3 francs. Le lorgnon à verres argentés se trouve chez M. Yinay, opticien, 60, rue Lafayelte, Paris. Prix : ifr,9.5.
- *> Divers
- Pince « Duplex » pour vêtements. — Pour suspendre les vêtements autrement que par des crochets, de façon qu’ils ne prennent pas de mauvais plis, cette pince paraît très pratique. Elle se compose de deux planchettes garnies de feutre, ou de flanelle, à l’intérieur; deux ressorts métalliques tendent à les rapprocher l’une de l’autre à la façon d’une pince; elles forment ainsi une mâchoire fortement serrée et qui retient solidement tout objet qu’on y a introduit. Pour qu’on puisse
- Pince « Duplex » pour vêtements.
- faire facilement cette introduction, on tourne.la partie supérieure par le crochet de suspension et une sorte d’excentrique A, en bois, vient agir sur le ressort et maintient la mâchoire ouverte; elle se l'eferme ensuite en tournant en sens inverse. Les deux gravures ci-dessus montrent l’effet produit par cette manœuvre. — La pince « Duplex » se trouve chez M. G, Arpin, 23, rue Michel-le-Comte, Paris.
- p.2x172 - vue 604/647
-
-
-
- VARIETES
- Les sérums~précipitants. — Ou sait combien ont été féconds, depuis une vingtaine d’années, les travaux entrepris à la suite de Pasteur pour l’ulilisalion des sérums. La sérothérapie est devenue toute une branche de la médecine, que l’on peut croire appelée à des développements fort imprévus. Voici maintenant que les propriétés biologiques des sérums deviennent utilisables d’une façon fort curieuse, dans le domaine des fraudes alimentaires ! Nous empruntons à la Revue industrielle du 17 octobre, l’exposé qui suit.
- On sait que les procédés ordinaires de la chimie analytique permettent aisément de déterminer les différentes substances qui entrent dans la composition d’un corps, mais que — e* notamment en matière alimentaire — ils sont trop souvent d’une parfaite impuissance à reconnaître les fraudes. Voici, par exemple, deux produits alimentaires, d’aspect, de poids, de saveur semblables : l’un est un extrait de viande, obtenu naturellement, c’est-à-dire par un traitement approprié de chair animale, l’autre est aussi un extrait de viande, mais arliliciel, un véritable produit chimique, reconstitué par voie de synthèse. Ils présentent tous deux la meme composition élémentaire ; cependant l’un est un produit de valeur, et l’autre n’est qu’un pastiche de celui-ci, une fraude, un faux. Comment les différencier ? La chimie y est impuissante, puisqu’elle peut bien montrer la composition des deux produits, mais ne saurait rien indiquer sur les origines de leurs éléments. Mais c’est ici précisément qu’intervient le procédé biologique dit des sérums précipitants, qui va déceler la faute : 1 un des extraits provient du traitement de matières organisées, i’aulre de matières inorganiques: le sérum, qui, lui aussi, est un produit de la vie, va découvrir celui des deux extraits qui a eu un passé d’être livant, et dénoncer l’autre. Voici comment :
- On prend un animal quelconque, un lapin par exemple, et, pendant plusieurs jours de suite, on lui fait des injections sous-cutanées du sang ou du sérum (c’est-à-dire, comme on sait, de la substance liquide du sang, milieu de culture naturel des microorganismes sanguins) d’un autre animal, d’une poule, d’un cheval, d’un homme, etc. On a donc semé dans le système circulatoire du lapin ainsi traité un sang étranger, et il doit sans doute en résulter quelque modification dans le contenu primitif de ce système. C’est celte modification qui se traduit dans le sérum précipitant.
- Supposons, en effet, que nous ayons injecté au lapin de base du sérum de poule; nous pourrons prélever sur lui un sérum modilié, qui est le sérum précipitant. Disposons maintenant dans trois éprouvettes des sangs d’animaux différents, sang de cheval dans la première, sang dé bœuf dans la seconde, saug de poule dans la troisième. Versons dans chacune de ces trois éprouvettes quelques gouttes de notre sérum ; voici ce que nous observerons : aucun trouble dans les deux premières, troub e net au contraire, précipité dans la dernière, c’est-à-dire dans celle qui contient de ce même sérum de poule qui fait partie de notre sérum d’essai. Et c’est bien une règle générale et non pas 1 effet d’une coïncidence, puisque si nous avions pris du sérum précipitant lapin-cheval, au lieu de notre sérum lapin poule, c’est dans l’éprouvette remplie de sang de cheval que se serait produit le précipité; le même phénomène se serait produit dans l’éprouvette à sang de bœuf si nous avions pris du sérum lapin-bœuf, etc.
- On voit de suite quelle portée considérable ce procédé biologique du sérum précipitant est appelé à prendre dans la découverte des fraudes alimentaires. La Revue industrielle en donne un excellent exemple d’après un cas cité dans la feuille hebdomadaire L Opinion : « Un extrait de viande, de la marque « Puro » très répandu en Allemagne, h est fabriqué qu avec de la glycérine, du salpêtre, de l’acide borique et des blancs d’œufs sans qu’il y entre la moindre parcelle de viande. Or, les analyses chimiques ordinaires n’avaient pas permis de reconnaître la fraude. En effet, l’albumine provenant du blanc d’œuf donne exactement les mêmes réactions que l’albumine qui se trouve dans les sangs et les tissus d’un bœuf. C’est par le sérum précipitant seul qu’on a pu établir que toute viande était étrangère à la fabrica tion de l’extrait « Puro ». — L’addition d'un sérum précipitant de bœuf, de cheval, de mouton ne provoquait
- pas l’apparition d’un précipité qui se formait au contraire dès qu’on ajoutait du sérum précipitant « blanc d’œuf ».
- Ce n’est pas tout d’ailleurs. La réaction « biologique » semble encore appelée à résoudre un des problèmes de médecine légale qui a été jusqu’ici des plus embarrassants. On sait combien de fois, dans des causes célèbres, la justice s est trouvée embarrassée, et même absolument impuissante, à décider si des taches, relevées sur les vetements d’un inculpé d’assassinat, étaient de sang humain ou de sang animal. À la rigueur, si les taches sont récentes, leur examen microscopique permet de faire cette distinction à l’aspect de la forme des globules rouges, quoique d’ailleurs il y ait encore là de fréquentes incertitudes. Mais le procédé échoue totalement lorsque les taches sont de date ancienne. La difficulté est tournée au contraire par l’emploi du sérum précipitant. Il suffit, en effet, de laver la tache avec de l’eau, de filtrer cette eau de lavage de façon qu’elle redevienne claire, et de l’essayer avec du sérum précipitant « homme », c’est-à-dire du sang provenant d’un animal vacciné avec du sang d’homme : s’il y a précipité, la lâche est faite de sang humain; elle est de sang animal s’il n’y a pas de précipité.
- Il serait peut-être prématuré de compter dès à présent sur l’emploi courant du sérum précipitant, mais il y a là certainement un principe très heureux et qui se montrera particulièrement fécond. Ce ne sera sans doute pas la plus merveilleuse conséquence de ces recherches entreprises sur les sérums voici à peine un quart de siècle, et dont les résultats sont encore bien loin d’être tous prévus. Dr Desplein.
- L’écriture chez les nègres. — Parmi les inventions humaines, l’écriture est de celles dont l’origine reste aujourd’hui le plus mystérieuse. Le problème, depuis longtemps discuté, et à tous les points de vue (psychologique, historique, géographique, etc.), renouvelé, sinon dans son essence du moins dans les plus importants détails, parles progrès de l’archéologie méditerranéenne (Egypte, Crète, Chypre, etc.), et par ceux de l’ethnographie (écriture des Américains, etc.), reste encore parfaitement irrésolu. Une découverte récente, vraiment sensationnelle, modifie quelque peu cet état de la question, et si elle n’autorise pas encore de conclusions termes, elle permet du moins de serrer de plus près les difficultés, en même temps qu’elle fournit des résultats partiels, mais positifs. Nous voulons parler d’un système d’écriture nègre, d’origine récente, de création originale, signalé dernièrement par le missionnaire M. Gôliring, dans un volume de la publication allemande Ber Evan-gelische Ileidenbote (t. LXXN, 1907) et dont M. Van Gennep commente tort heureusement l’intérêt dans un fascicule de sa jeune et remarquable publication (Revue des études ethnographiques et sociologiques,mars 1908).
- Pendant longtemps on n’a connu en Afrique aucun type d’écriture appartenant en propre à un peuple nègre : les alphabets égyptien (démotique), phénicien, grec, copte, latin, hébreu, éthiopien, arabe, lybique ou berbère. tous usités à des époques diverses, sur le territoire africain, avaient pu ou peuvent encore servir à des individus ou à des populations nègres, mais sans leur appartenir, sans avoir été inventés par eux.
- Toutefois, on savait, depuis une soixantaine d’années, qu’il existe au moins une exception à cette règle et qu’en une région les nègres avaient franchi sur la route de la civilisation celle capitale étape qui consiste en l’adoption d’un système destiné à assurer la permanence des idées. En 1849, un officier américain, le lieutenant F.-E. For-bes, collaborant avec le missionnaire Edwin Norris, avait signalé l’existence d’une écriture alphabétique indigène, chez les Vaï, peuple de l’Afrique occidentale, qui occupe à proximité des côtes une bande de territoire allongée entre la République de Liberia et la colonie de Sierra Leone. (Fokbes, Despatch communicating the discovery of a native written characier. Londres, 1849.) Depuis le travail de Forbes, et après ceux de S.-YV. Ivoelle (1849-1 854), M. Maurice Delafosse avait repris et mis au point la question de l’écriture Vaï, dans un article de premier ordre, paru voici neuf ans dans Y Anthropologie (t. X, 1899). Il confirmait les renseignements
- ^ 173jj-
- p.2x173 - vue 605/647
-
-
-
- VARIETES
- donnés par Forbes, et montrait de nouveaux faits pleins d’intérêt : par exemple, il indiquait que l’alphabet Vaï est encore employé de nos jours, servant d’une manière courante à la tenue des livres, à la correspondance privée, amicale ou commerciale, à la tenue de journaux de voyage, à la notation de contes populaires, de fables, de légendes, tandis d’ailleurs que ce qu’on pourrait appeler les fonctions élevées de la vie sociale, par exemple la rédaction des ouvrages religieux, s'effectuaient en écriture arabe. M. Delafosse envisageait d’autre part la question de l’alphabet Yaï: il réfutait — à mon avis peut-être à la légère — une tradition indigène rapportée par Forbes et, attribuant l’invention du système à une sorte de commission, formée de huit personnages dont les noms ont été conservés, il tendait à admettre que l’invention, plus ancienne que Forbes ne l’avait cru, remonterait à la fin du xvii0 siècle (je ne vois pas qu’il y ait d'ailleurs incompatibilité absolue entre cette vue et celle de Forbes, ;\ condition d’interpréter celle-ci); enfin il indiquait des analogies nombreuses, et au moins curieuses, entre les types alphabétiques Yaï et les types de l’alphabet berbère, ce qui impliquait la possibilité d’une imitation dans la création du système nègre.
- Le type d’écriture signalé par M. Gôhring souligne l’intérêt du précédent et en dépasse lui-même la portée. Il appartient à la région de Bamurn, dans le Kamerun allemand, c’est-à-dire à peu de distance relativement du pays Yaï. Mais il diffère notablement du système Vaï, tant par ses caraclères propres que par ce qu’on connaît de son histoire : l’écriture bamurn est, en effet, syllabique et non alphabétique; elle est entièrement originale, c’est-à-dire que les signes qu’elle emploie ont été inventés de toutes pièces, sans aucune imitation d’un système d’écriture déjà existant; on connaît enfin exactement la date et les circonstances de sa création. Cette histoire est des plus intéressantes et des plus instructives.
- « La région de Bamurn, dit M. Yan Gennep, dans le bel article que j’ai déjà cité, est actuellement gouvernée par un jeune roi, Njoya, doué de beaucoup d’initiative. Il s’était fait remarquer déjà à plusieurs reprises par des innovations intelligentes, et c’est sur son ordre et sous sa direction qu’a été combinée la nouvelle écriture. Sous le règne de son père vini'ent, dans le Bamurn, un certain nombre de marchands haoussa, qui apportèrent avec eux des livres écrits en arabe : cette vue éveilla l’intérêt du jeune Njoya, alors âgé de seize ans. Il acheta très cher sept de ces livres....
- « Il eût semblé naturel que le jeune Njoya apprît simplement l’écriture arabe, pour la répandre, après son avènement, dans ses Etats. Mais il se refusa, en partie par orgueil, en partie par xénophobie, à adopter cette écriture étrangère, de même que plus tard il ne voulut pas de l’écriture européenne....
- « Il réunit un certain nombre de ses soldats et ordonna à chacun « d’inventer un signe spécial pour chaque mot monosyllabique, et, pour les mots polysyllabiques, autant de signes différents que le mot contiendrait de syllabes. » Il compara tous les signes ainsi obtenus entre eux, « les simplifia ou les compliqua à son idée ».
- « L’écriture une fois fixée, le roi en organisa l’enseignement ; il acheta aux missionnaires des ardoises et se mit à instruire en personne ses sujets. Pour les exercer, il échange avec eux des lettres. Vers le milieu de 1907, il y avait déjà dans la capitale... plus de 600 indigènes capables de lire et d’écrire. En outre, le roi a commencé des archives ; il inscrit les recettes et les dépenses sur des livres spéciaux, etc. »
- J’ai tenu à citer ce texte tout au long. En dehors de l’aperçu vraiment frappant qu’il nous ouvre sur l’activité déployée en Afrique dans le sens de la civilisation, en
- dehors aussi des renseignements pleins de valeur qu’il fournit sur le mécanisme psychologique et social de l’invention d’un système d’écriture, il a un intérêt immédiat pour l’histoire même de tout système d’écriture. En effet, s’il est évident que l’idée d’employer l’écriture a été inspirée à Njoya par la vue de livres étrangers, il ressort du texte ci-dessus, et aussi des planches publiées d’écriture bamurn, que cette écriture a été inventée de toutes pièces, nullement imitée : ce fut une véritable création.
- Comment s’est faite celle-ci? Absolument sans aucun modèle, chacun des inventeurs a-t-il tiré de son cerveau, vierge de toute idée de signes, les signes nouveaux? C’est, a priori, improbable, et l’enquête faite sur place, parM. Gôhring, à la demande de M. Van Gennep, prouve, en fait, que cela n’est pas. D’autre part, M. Van Gennep établit d’une façon lumineuse que beaucoup des signes syllabiques bamurn sont des idéogrammes : ils représentent à la fois des sons et des idées ; ce ne sont pas seulement des notai ions de phonèmes, mais aussi des symboles.
- Mais l’existence de tels symboles ne date pas de la création d’un système d’écriture : dans le courant de l’évolution sociale, ils sont de beaucoup antérieurs à la date où un tel système se réalise. En Afrique notamment, il existe de tels signes symboliques, idéogram-matiques, sur toute l’étendue du territoire, et l’existence sur la côte occidentale en est particulièrement spécifiée pour le Dahomey par M. Delafosse (article cité, p. 294): , • . -
- « Les Dahoméens possèdent bien une sorte de système hiéroglyphique ou symbolique au moyen duquel ils avaient relaté sur les murs de quelques palais, à Abomé et à Cana, les fastes de leur histoire, mais on ne peut considérer ces symboles comme constituant un alphabet ; c’est plutôt une suite de tableaux en relief, plus ou moins grossiers, rappelant les faits qu’ils représentent. On en trouve ainsi un peu partout dans toute l’Afrique, notamment dans l’Afrique méridionale* ... Mais nulle part ces symboles ne semblent être employés par les indigènes pour se communiquer les uns aux autres leurs pensées ; nulle part en tout cas ils ne constituent un système d’écriture proprement dit. »
- Or, que de tels idéogrammes symboliques se retrouvent dans l’écriture syllabique de Bamurn, qu’est-ce à dire, sinon que, du jour où la nécessité est apparue aux indigènes de « se communiquer les uns aux autres leurs pensées », c’est par une réflexion sur ces signes symboliques, d’une valeur tout à la fois historique, magique el religieuse, qu’ils en ont tiré les modes de notation cherchés? Effort de réflexion considérable, dont ils ont bien raison de dire, selon le mot de M. Gôhring, qu’ « il a fallu beaucoup penser », effort qui ne représente pas moins que l’idée, apparemment simple, mais en réalité géniale, de faire des mots et de leurs symboles des valeurs phonétiques !
- Ni l’étude de M. Gôhring, ni celle de M. Van Gennep ne sont définitives. Le seraient-elles, qu’elles ne résoudraient pas en son entier le problème de l’écriture, car il resterait bien des questions anciennes, et il en surgirait de nouvelles. Mais, dans l’état actuel de la documentation et des discussions, ces études constituent un pas en avant très notable, d’autant plus précieux, qu il est dû à une circonstance toute exceptionnelle, puisque cette écriture de Bamurn réalise, suivant l’heureuse expression du dernier de ces auteurs, « un cas remarquable d’expérimentation en matière ethnographique ». Et je ferai observer que si, dans ce domaine, l’expérimentation est prodigieusement rai'e, on voit qu’elle peul être singulièrement féconde ! Joseph Delsaux.
- <
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Noir brillant pour cuir. — A 10 parties de mélasse et 5 p. de noir de fumée, on mélange soigneusement et intimement 1 partie de noir d’os aussi fin que possible. On chauffe d’autre part, jusqu’à fusion presque complète, une partie de gutta-percha coupée en tout petits morceaux, et l’on ajoute 1 p, 1/2 d’huile d’olive et 1/2 p.
- de stéarine, lentement, et jusqu’à mélange complet l’on maintient la fusion. On jette cette composition sur la première et l’on remue bien, en additionnant de 2 p. de gomme Sénégal dissoute dans de l’eau chaude. On peu! parfumer avec un peu d’essence de lavande, et l’on enferme dans une boîte en fer-blanc.
- HÉ 174 fe-
- p.2x174 - vue 606/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTE
- Contre la grippe. — Voici l'automne, avec ses temps brumeux, le brouillard, la pluie, la chute des feuilles et la mélancolie des longues soirées; voici bientôt l'hiver et son cortège annuel de rhumes, de bronchites et de grippe. Heureux ceux qui peuvent fuir ces régions brumeuses et passer ces mois tristes et sombres au pays du soleil. Pour nous qu’attachent à leur foyer domestique les alfaix'es, les nécessités de la vie, méfions-nous de cette sournoise qui, chaque année, vient nous frapper plus ou moins brutalement, méfions-nous de la grippe. Je vous renvoie, pour s’en garer, aux moyens que j’ai préconisés ou à ceux que j’ai indiqués, donnés par divers thérapeutes.
- Pour combattre et réduire les périodes de fièvre et de dépression physique, le Ross conseille l’emploi de l essence de cannelle et de préférence à celle provenant des feuilles celle extraite de l’écorce qui est beaucoup plus active. On donne dans un demi-verre d’eau (je crois qu’une tasse d’infusion ferait aussi bien) dix gouttes d’essence de cannelle toutes les deux heures jusqu à ce que la température tombe à la normale. Quand toute lièvre a disparu, on donne encore dix gouttes d’essence
- ti'ois fois dans le joui- qui suit la défervescence. Traitement bien simple, vous en conviendrez ; d’après l’auteur, s’il est institué dès le début de la grippe, on a des chances d’enrayer la fièvre dans les douze heures et de supprimer la dépression physique si pénible qui caractérise les atteintes de cette maladie. Nos aïeux connaissaient les propriétés excitantes et stimulantes de la cannelle; celte écorce entrait, en effet, dans une foule de poudres et d’électuaires de la pharmacopée ancienne.
- Avant l’ère des pansements antiseptiques, quand un blessé était pris de symptômes de fièvre, le vin chaud additionné de teinture de cannelle était un bon agent thérapeutique : il vaut mieux compter aujourd’hui sur la propreté du pansement et de la blessure. N’oublions pas, du reste, que l’hippocras était un vin additionné de cannelle ; est-ce en souvenir des dieux de l'Olympe qu’on en sert encore dans maints cabarets des régions hispano-orientales; peut-être. En tout cas, si vous êtes grippé, prenez l’essence de cannelle et vous guérirez, j’espère, aussi vite que les malades de notre confrère américain. Dr A. C.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Communications. — Les papillons blancs de Bohême. (Voir La Nature, n° 1845, 3 octobre Supp. p. i3o, et 1847, 17 octobre. Supp. p. i5q). — Nous avons reçu de M. W. Senft, à Peseux (Neuchâtel), Suisse, une lettre très intéressante, qui semble trancher la question posée par M. Clément au sujet de ces papillons dont le genre et l’espèce (et même le groupe familial) prêtaient à discussion. Voici la lettre de M. Senft, à qui nous adressons nos vifs remerciements : « Il ne s’agit ni du papillon des choux, ni du Liparis chrysonoea, comme le suppose votre correspondant, mais bien d’un papillon blanc grisâtre, avec de petites taches noires irrégulières, et connu sous le nom de Nonne (Liparis monacha). Ce papillon est nocturne en effet, et sa chenille s attaque surtout aux pins et aux sapins, mais pas exclusivement. En Saxe et en Silésie aussi, en Lusace (Goerlitz, Zittau, Lobau) des forêts entières en ont été ravagées (les arbres, complètement dégarnis de leurs aiguilles, finissent par périr). C’est en vain que, l’année passée déjà, lés communes ont essayé de combattre ce fléau en distribuant des primes aux chasseurs de papillons. Quelques communes ont cherché à empêcher les chenilles de monter aux arbres en enduisant les troncs, à une certaine distance du sol, d’un peu de goudron, mais cette opération, très coûteuse, puisqu’elle est à recommencer chaque année, et que chaque arbre doit y passer, ne s’est pas montrée efficace. Ceux qui ont tenté de lutter contre le mal en ont été pour leurs frais, et l’on estime maintenant que le meilleur parti à prendre, c’est de ne rien faire du tout, vu les dépenses qu’entraînerait cette lutte contre l’impossible. On espère que la nature finira par y pourvoir elle-même, en suscitant un ennemi à ce papillon. Une sorte de guêpe, que les Allemands appellent Schlupfwespe, et qui, je crois, dépose volontiers ses œufs dans les chenilles elles-mêmes et les fait périr ainsi, pourrait peut-être mettre un terme aux ravages de la nonne. Mais, en attendant qu’elle veuille bien s’en mêler, la situation est des plus gravés. Les forêts olfrent un aspect lamentable, et déjà ces insectes commencent à s’abattre sur les arbres à feuilles caduques, les tilleuls, par exemple, comme s’ils voulaient étendre à ceux-ci leurs ravages. » On remarquera que notre correspondant ne fait pas allusion à l’emploi de la lumière électrique contre le Liparis monacha.
- Ce n’est évidemment pas à dessein, puisqu’un de nos aimables correspondants, M. E. Franger, ingénieur
- E. C. P., à Pau, tout en désignant comme M. Senft le Liparis Monacha, confirme d’autre part notre information primitive en ce qui concerne les moyens de le combattre. Voici le passage essentiel de cette communication, reçue quelques jours après la précédente : « Le Liparis Monacha se multiplie quelquefois d’une façon effrayante dans les bois de sapins et de pins dont sa chenille dévore les feuilles, causant ainsi la mort des arbres. C’est dans les forêts de la Bavière, de la Bohême, et aussi de la Suède, que les ravages causés parla Nonne ont été le plus considérables, s’étendant sur des milliers d’hectares. Cependant ce papillon a déjà fait des apparitions dans les forêts de sapins du Jura et des Vosges, sans toutefois y causer de grands dégâts. Les appareils imaginés, depuis plusieurs années déjà, en Bavière, pour la destruction du papillon consistent en une puissante lampe électrique placée devant un ventilateur qui aspire les papillons attirés par la lumière et les envoie contre des grillages métalliques où ils périssent. Un seul appareil peut, en une seule nuit, détruire plusieurs mètres cubes de papillons. — Ces apparei ü sont actionnés par de puissantes locomobiles. »
- Moteurs à chiens. — A propos des moteurs à chiens, qui ont fait l’objet d’une de nos dernières correspondances, un de nos lecteurs nous signale que la maison Piller, 24, rue Alibert, la maison Garin, à Cambrai, vendaient, il y a quelques années, des roues à chiens. Ces roues donnaient, avec un chien de grosse taille, une force de 1/4 de cheval et fonctionnaient bien.
- Renseignements. — M. H. de S., au Parc Saint-Maur. — Vous trouveriez sans nul doute la revue anglaise Nature dans une librairie étrangère, par exemple Le Soudier, boulevard Saint-Germain, Galignani, rue de Rivoli, Didier, rue de la Sorbonne, etc. L’adresse à Londres est : chez Macmillan and C°, Saint-Martin’s Street, London, W. C.
- M. Fouché, à Tarbes. — Le compte rendu détaillé du Congrès du froid n’est pas encore paru. Mais il a été publié, au moment du Congrès, un résumé des rapports que vous poui’rez, sans doute, vous procurer au Secrétariat général du Congrès du Froid, 10, rue Denis-Poisson. Demandez également le compte rendu autrichien, il est rédigé en français et vous y trouverez, in extenso, d’intéressantes études sur les méthodes modernes de production du froid artificiel. Voyez aussi l’ouvrage de M. Marcliis, sur le Froid Industriel, chez Dunod et Pinat.
- M. Acliard, à Marseille. — Vous trouverez des renseignements dans les ouvrages suivants : Fabrication du papier, par Cross et Bévan, Fabrication de la cellulose, par M. Schubert. Ces deux volumes sont publiés chez Béranger, i5, rue des Saints-Pères, à Paris.
- p.2x175 - vue 607/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro L’acoustèle Daguin : R.-A. Martel. — Uu électro-aimant gigantesque : A. T. — Téléphonie sans fil : Sauvaire Jourdan. — Le chauffage des tours de boulangerie par l’électricité : Georges Tardy. — La sérothérapie dans les néphrites : l)r A. G. — Les Thos, Mans et Meos, nos alliés au Toukin : I.ouis de Can-tilly. — La ventilation et la réfrigération du tunnel du Sitn-plon : R. Bonnin — Académie dos sciences; séance du 19 octobre 1908 : Ch. de Villedeuil. — Encore le « Tabulum » : Joseph Delsaux.
- Supplément. — Exnosition d’horticulture. — Emploi des minéraux. — Electrification des lignes de banlieue dans le réseau de l’Ouest, etc. — Congrès de la route. — Le fluorure de calcium. — Traitement du lumbago.
- Parasites et maladies parasitaires des oiseaux domestiques, par L. G. Neumann. Paris. Asselin et liouzeau. 1908. i vol. in-8°, 23o p. Prix : 3 francs.
- L’ouvrage de M. Neumann, très complet et conçu dans un esprit pratique, sera fort utile aux vétérinaires. On y trouvera : parasites de la peau, du tissu conjonctif et des muscles, de l’appareil digestif, du foie, de l’appareil circulatoire, de l’appareil respiratoire, de l’œil et de l’oreille, etc. Dans la mesure du possible, les oiseaux parasites sont étudiés un à un, ce qui facilite grandement l’emploi du livre pour les recherches et les diagnostics : poule, pintade, dindon, faisan, paon, pigeon, canard, oie, cygne, etc.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 19 oct. 1908. . 11» s E. S. E. 2. Couvert. » Itoséc ; couvert jusqu’à 16 h.; beau ensuite.
- Mardi 20 3°.2 E. 3. Couvert. p Rosée ; peu nuageux.
- Mercredi 21 2° 6 E. 2. Pluie. 0,8 Gelée blanche; pluie de 6 h. à 7 h. 50; très nuageux.
- Jeudi 22 — 0° 7 N. E. 3. Beau. p Gelée blanche; beau.
- Vendredi 23 — 0° 3 N. N. E. 2. Beau. p Gelée blanche; quelques nuages à 16 h.
- Samedi 24 — 2° 4 N. N. E. 0. Peu nuageux. 2,4 Gelée blanche : brouillard le matin ; pluie le soir.
- Dimanche 23 1° 9 N. 3. Très nuageux. P Pluie jusqu’à 2 h. et après 21 11.: couvert.
- OCTOBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 19 AU DIMANCHE 25 OCTOBRE 1908.
- Z
- O
- en
- CO
- lu
- ce
- a
- | Dimanche |
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 19 au 24 octobre. — Le 19. Vaste anticyclone sur presque toute l’Europe; maximum près de Riga, 786 mm; Danemark, 776; Vienne. 771; dépression à l’O.- de l’Irlande : Valentia, 755. Pluies sur l’O. de l’Europe et le S. de la Russie; neige en Galicie; en France (mm d’eau) . Cherbourg, 9; Lorient, 8; Biarritz, 5. Température du matin : Lemberg, —3°; Paris, 2; Alger, 19; Puy de Dôme, 10; mont Mounier, — 1; moyenne à Paris : io°.5 (normale : 9°,5 . — Le 20. Près, atmosph. : Riga, 784: Prague, 776; Nord de l’Irlande, 753. Pluies sur l’O. de l’Europe; en France : Biarritz, Toulouse, 12; Cherbourg, 8; Bordeaux, 3; Nantes, 1. Temp. du matin : Varsovie —6°; Paris, 5; Malte, 21; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, —2; moyenne à Paris, 70,5 (normale ; 90.3). — Le 21 Zone de pression voisine de 760 de l’O. au S. de l’Europe : Iles-Britanniques, 759; Sardaigne. 758; hautes pressions sur le N., le Centre et l’E. : Moscou, 782. Pluies sur l’O. et le S.; neige au Centre; en France : Limoges, 16; Clermont, 7; Le Mans, 6; Bordeaux, 5; Marseille, 3. Temp du matin ; Moscou, —8°: Paris, 3; Alger, 19; Puv de Dôme, 5; Pic du Midi, —3; moyenne à Paris : 3°,8 (normale : 90,1). — Le 22. Extension vers l’O. des fortes pressions du N., avec vents forts de l’E. .et abaissement notable de tempéra-
- ture : Dunkerque, 772; Skudesness, 780; Finlande, 785 ; légère dépression sur la Méditerranée, et plus profonde vers l’Islande. Pluies orageuses très abondantes sur l’O. et le S.-O. de la France : Biarritz, 72 ; île d’Aix, 32 ; Rochefort, 27; Bordeaux, i5; Cherbourg, i3. Neige dans l’E. de l’Allemagne. Temp. du matin : Moscou, — 70; Paris, — 1 (première gelée); Biarritz, i5; Puy de Dôme, 5; Pic du Midi, —4; moyenne à Paris : 2°,4 (normale : 90). — Le 23. Pression supérieure à 770 sur la moitié N. de l’Europe; 788 sur le Centre de la Russie; dépression vers l’Islande : Seydisfjord, 753 ; Algérie, 756. Quelques pluies sur le Centre de 1 Europe; en France, ondées dans les Charentes et le Roussillon. Temp. du matin : Moscou, —8°; Paris, — 1 ; Alger, 19; Puy de Dôme, 2; Pic du Midi, —4î moyenne à Paris : 2°.6 (normale 8°,8). — Le 24. Dépression sur toute la Méditerranée : Sardaigne, 751 ; anticyclone sur le N. et l’E. de l’Europe : Moscou, 786. Pluies sur l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie. Temp. du matin : Belfort, — 6°; Paris, —2; Perpignan, 13 ; Puy de Dôme, —4: Pic du Midi, —5; moyenne à Paris : 3°,6 (normale ; 8°,7). — Phases de la Lune : Nouvelle Lune le 25, à 6 h. 56 m. du matin.
- 176
- p.2x176 - vue 608/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- \
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l'École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 120, Boulevard Saint-Germain, Parit {VP
- ' La reproduction des illustrations de « La Nature » est Interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l'obligation de l’indication d’origine.
- N° 1850 — 7 NOVEMBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- La comète Morehouse (1908 c), dont nous avons signalé la découverte" dans le n° 18 »5 du 3 octobre 1908. n’a pas atteint l’éclat que l’on prévoyait tout d’abord. Mais elle est devenue visible à 1 œil nu et on peut encore la trouver facilement avec une jumelle. Elle présente une tête assez brillante, sans condensation bien définie et une longue queue qui a atteint, sur les photographies^ jusqu à 17°, soit 34 fois la largeur apparente de la Lune. La comète, le 17 octobre, éLait dans le prolongement des étoiles yô Cygne, à une demi-fois leur distance. Le a5, elle était voisine de y Lyre ; le 7 novembre elle sera près de e Aigle, le icr décembre au Sud-Ouest de X Aigle, puis, peu à peu, se rapprochera de l’horizon Ouest, rendant les observations de plus en plus difficiles. On pourra encore la rechercher en novembre, à l’aide des positions suivantes :
- DATES ASCENSION DROITE DÉCLINAISON ÉCLAT
- 1er novembre 18 h: 58 m. -t-22" 0' 5.5
- i 5 — 18 h. 55 111. -e 16° 48' 5,4
- 9 — 18 h. 53 m. -H 12°. 1' 5,2
- 13 -- 18 h. 52 in. V 7° 45' 5,0
- 17- — 18 h. 51 m. 3°-55' 4,9
- 21 — 18 h.; 51 m. -+- 0° 27' 4,7
- 25 — 18 h. 51 m. — 2° 40' 4,6
- 29 — 18 h. 50 m. — 5° 32' 4,5
- 3 décembre 18 h. 50 m. — 8° 10' 4,4
- 7 . — 18 h. 40 m. - lu0 37' 4,3
- La comète arrivera à son périhélie le décembre, mais elle s’éloigne de la Terre depuis le r5 octobre. L’éclat figurant ici est calculé en fonction de l’éclat du -jour de la,découverte. Les observations des 3, 14 et 24 septembre ont permis de déterminer l’orbite provisoire ci-dessous : •
- T = Passage au périhélie = 1908, décembre 25,8116 ct = Longitude du périhélie = 171° 3g' 44 />7 ££ — Longitude du nœud ascendant = io3° 11'56",y i — Inclinaison = 1400 11' 7",4 log Q= Logarithme de là distance périhélie = 1, 975278.
- Cette comète est certainement l’une des plus extraordinaires que l’on ait vues jusqu’ici par les déformations que sa queue a éprouvées,, et qui ont été mises en évidence par les photographies. A l’Observatoire de M. Flammarion, à Juvisy, M. Quénissèt a obtenu une longue série de clichés qui montrent des transformations véritablement curieiises,' d’un jour à l’autre, et même d’une heure à l’autre. .Nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur cet astre: dont le spectre, actuellement, paraît réserver des surprises. . '
- La comète Tempeï-Swift. — Cette comète, dont la période est de 5 ans, 678, et qui n’avait pu être observée -à son dernier retour, vient d’être retrouvée, le 29 septembre, à l’Observatoire de Nice, par M. Javelle, à l’aide du grand équatorial de 0,76 m., près de l’étoile 0 des Gémeaux. Cette position s’accorde très exactement avec l’éphéméride établie par M. Maubant, astronome à l’Observatoire de Paris. M. Giacobini a pu l'observer.
- à Nice, à partir du 2 octobre, avec l’équatorial coudé de 0,40 m. Elle apparaissait comme une nébulosité de forme elliptique, de très faihle éclat. sans noyau et sans condensation, de une demi-minute à une minute de diamètre. Le 3 octobre, elle a paru légèi'ement augmentée d éclat. ;
- On pourra la rechercher, à l’aide d’un instrument de moyenne puissance, aux positions ci-après :
- DATES ASCENSION DROITE DÉCLINAISON
- 1“ novembre. 8 h. 45 m. -h 24° 35’
- 5 .— 8 h. 55 111. 4- 23°,29'
- 9 — 9 h. 3 m. + 2 :° 25'
- 13 — 9 b. 10 m. -+- 21° 23'
- 17 — 9b. 17 in. + 20° 25'
- 21 — 9 h. 22 m. 4 1e 0 21'
- 25 — ’ 9 h. 27- m. 4-1 K» 37'
- 3 décembre 9 h. 3 . m. 4-17° 6'
- 7 — 9 li. 34 m. 4- 15° 27'
- 11 — 9 h. 34 m. 4-15° 52'
- 15 — 9 h. 34 m. 4- 15° 22’
- 19 — 9 b. 52 m. 4-14° 57'
- 23 — 9 b. 30 m. 4-14° 37'
- 27 — 9 h. 27 m. 4- 14° 20'
- 51 — 9 h. 23 m. 4- l.° 8'
- Préparation du chloroforme par électrolyse. -
- Depuis quelque temps, on a réussi à produire le chloroforme par électrolyse en se plaçant dans des conditions analogues à celles dans lesquelles on obtient industriellement l’iodoforme. A une solution contenant, pour 100 parties d’eau, 5o parties de chlorure de calcium hydraté, on ajoute de l’alcool, dans la proportion de 6 gr. par litre; on chauffe entre 58° et 63°, et on fait passer le courant sous une tension de 3 à 4 volts et avec une densité de 4 ampères par décimètre carré. Dès la fermeture du circuit, le chloroforme distille; on le recueille en amenant sa vapeur dans de 1 alcool d’où on le sépare par addition d’eau. Les quantités indiquées sont celles qui paraissent donner le meilleur rendement. On peut remplacer le chlorure de calcium par du chlorure de potassium ou de sodium. Bien entendu, ces opérations doivent se faire dans des appareils appropriés. Il y a là une nouvelle application industrielle intéressante de l’électrochimie.
- Les voyages aériens de Farman et Blériot. —
- Farman vient d’accomplir les premiers voyages en aéroplane qui aient été jusqu’ici réalisés. Pour la première fois, un aviateur a osé quitter l’aérodrome dont il connaît parfaitement la géographie atmosphérique, pour se lancer à travers champs dans l’inconnu. Le 29 octobre, Farman fait une première tentative, en se rendant à Cuperly. Le lendemain, il effectue le trajet de 27 km qui sépare le Camp de Châlons de Reims. Cette magnifique prouesse fut accomplie à une hauteur moyenne de 5o m., à une vitesse de 70 km à 1 heure. Marchant sur les traces de Farman, M. Blériot, enfin récompensé de ses courageux efforts, accomplit au-dessus de la Beauce un voyage de 28 km, en monoplan.
- 23
- p.2x177 - vue 609/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- Le dirigeable « Clément-Bayard ». — Notre flotte aérienne vient de s augmenter d’une unité. Jeudi dernier, les Parisiens ont pu voir évoluer au-dessus de la capitale le nouveau dirigeable Clément-Bayard, piloté par MM. Surcouf et Kapferer. L’aéronef mesure 60 m. de long, avec diamètre maximum de io,5o m. ; il cube 35oo m. La nacelle en tubes d’acier a 28 m. de long. Le moteur de 120 chevaux actionne une hélice en bois de 5 m. de diamètre. L’enveloppe du ballon porte à l’arrière un empennage cruciforme de 4 ballonnets de formes spéciales, rappelant celui du dirigeable Ville-de-Paris.
- Les dirigeable italien. — Toutes les nations travaillent avec ardeur le problème des dirigeables mili-
- taires. L’Italie se signale parmi les pays les plus actifs en matière d’aréonautique. Son premier dirigeable,
- construit par les capitaines Crocco et Ricealdini, se livre actuellement à des évolutions dans les environs de Rome, sur le lac de Bracciano; nos figures montrent la silhouette de ce ballon, dont la physionomie diffère sensiblement de celle de scs concurrents français' et allemands.
- L’aérostation militaire en Russie. - Le Ministère de ,1a guerre russe vient de créer une section aéronautique spéciale avec dirigeables. Une somme de millions de francs a été affectée à la construction d’aéroplanes et de dirigeables. Actuellement, plusieurs moteurs spéciaux sont en construction dans des usines françaises, et sous peu, seront montés sur les nouvelles aéronefs russes. -
- Le ciment de laitier en Amérique. — La production de ciment de laitier aux Etats-Unis a passé de 478000 tonnes en 1904 à 1735000 en 1905 et 2076000 en 1906. Ce qui représente environ 4>5 pour 100 de la production totale de ciment Portland dans le pays. L’Universal Portland Cernent C°, qui a de nouvelles usines à Buflinglon et à Universal produira vraisemblablement 6 000 000 t. en 1908, soit le i/5 de la production totale du ciment Portland.
- Les bateaux en ciment armé. — Voilà un nouvel emploi, parmi tant d’autres, pour le ciment armé. Les bateaux et corps flottants, faits de ciment armé, commencent à se répandre, en Italie surtout. Les essais, d’abord timides, ont porté sur de petites embarcations et des pontons-garages. On s'est attaqué ensuite à des pièces plus importantes, témoin le chaland Liguria de 16,5o m. de long sur 5,5o m, de large actuellement en service dans le port de Gênes. De telles constructions sont un peu plus lourdes que les constructions analogues en bois, mais beaucoup plus résistantes. On a exécuté également en béton armé une série de supports destinés à un pont de bateaux sur le Pô. On étudie en outre la question du cuirassement en béton armé des navires de guerre.
- Les usages du mica en France. — En
- 1906, la France a importé 9487 tonnes de mica, dont 4,9I venant des Indes, 3127 du Canada et 1543, paraît-il, d’Egypte (?). Le mica en plaques, utilisé pour les appareils de chauffage, vient surtout de Madras. Pour les emplois électriques comme isolant, le mica doit surtout ne contenir aucunes parcelles métalliques afin d’éviter les courts-circuits.
- La maladie des oliviers en Italie. — Les
- cultivateurs d'Italie ont à souffrir beaucoup des ravages de ce qu’on appelle le ver de 1 olivier, et le Gouvernement a accordé une subvention importante pour des recherches visant à trouver un remède contre ce mal. A l’état de mouche, cet insecte infecte parfois tous les jeunes fruits. On arrive en ce moment à des résultats assez hexireux dans la lutte contre ce « ver », à l’aide d’un composé inventé par M. de Cillis sous le nom de dachicida. Il y entre 65 parties de mélasse, 3r p. de miel, et enfin 2 p., respectivement, de glycérine et d’arséniate de soude. On dilue avec 9 p. d’eau pour 1 p. de la composition, et on lance en pulvérisations sur les arbres. Il faut renouveler jusqu’à 5 et 6 fois par,saison.
- Orangers et Citronniers en Algérie. ~
- D’après une communication du Gouverneur général de l’Algérie (Feuille d’informations du Ministère de l’Agriculture), l’Algérie a reconnu, après une série de lourdes épreuves, qu’èlle ne pouvait pas songer à étendre son vignoble et qu’il était nécessaire de rechercher d’autres cultures qui puissent, sans concurrencer les produits français, trouver dans la métropole des débouchés susceptibles de compenser les aléas auxquels est exposé le marché des vins-. En un temps relativement court, les agriculteurs algériens ont constitué de vastes plantations d’agrumes, qui représentent aujourd’hui 842700 Orangers et Citronniers et 407 000 Mandariniers. De nouvelles plantations sont en voie de création sur de nombreux points, et la colonie qui, en 1892, ne produisait guère que pour sa consommation, a pu devenir exportatrice. Les envois en France se sont élevés, en. 1907, à 21 198 quintaux. Pour les 5 premiers mois de 1908, les envois de Citrons et d’Orangers ont atteint 3o 974 quintaux, conti’e 14 685 pendant la période correspondante de igo7.cLes chiffres, sont plus satisfaisants encore en ce qui concerne les mandarines. Les envois d’Algérie atteignent, en effet, 37867 quintaux en 1907, sur une importation globale de 67000 quintaux. Durant les 5 premiers mois de 1908, le chiffre d’importation, en France, est de 55 807 quintaux contre 24 222 pendant la période correspondante de 1907. "
- p.2x178 - vue 610/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- • <$»& Mécanique ^
- Support Lefèbvre pour drille. •— Le drille est un appareil bien connu et qui fait partie de l’outillage de tout amateur de mécanique (fig. i). Quand on a beaucoup de trous à percer dans le métal, surtout si celui-ci est dur et épais, cela ne manque pas d’être assez fatiguant et on regrette de ne pas avoir à sa disposition une perceuse à plateau; mais c’est généralement un outil assez cher et encombrant. M. J. Lefèbvre a inventé un support (fig. a) amovible qui complète le drille et le transforme instantanément en perceuse (fig. 3); Comme le représente notre gravure, une mâchoire à vis permet
- Support Lefebvre pour drille.
- Fig. I. — Le drille ordinaire. Fig. 2. •— Le support Lefebvre.
- Fig. 3. — Le drille monté sur le support.
- de fixer ce support au coin d’un établi ou d’une table quelconque. Un plateau mobile est soulevé par un levier qu’on manœuvre à la main ou au pied en y attachant une corde. Le drille est fixé au support par sa partie inférieure qui vient s’engager dans une pince munie d’un écrou de serrage, et, en outre, par sa partie médiane au moyen de sa propre poignée qu on dévisse et qu’on passe dans le trou ménagé à la partie supérieure du support ; pu la revisse ensuite sur le drille. L’ensemble ainsi constitué est très robuste et rend tous les services qu’on pourrait demander à» une perceuse ordinaire. Il permet de percer rapidement et sans fatigue du fer allant jusqu’à i,5 centimètre d’épaisseur avec une précision absolue. Les petites dimensions de cet outillage permettent de le placer facilement dans le nécessaire des automobiles ou même dans le sac d’outils d’un ouvrier travaillant en ville. — M. J. Lefèbvre, mécanicien, i, plàce Beaugrenelle, Paris. Prix du support: 8f'3o.
- Jouets
- Culbuteur à billes. •*— Le socle de ce jouet porte des alvéoles numérotées dans lesquelles tombent les billes les unes après les autres. Ces billes sont placées dans un chargeur supporté par deux montants verticaux; entre ces montants deux personnages culbuteurs reçoivent chaque bille, tournent autour de leur axe et finalement la déposent dans un entonnoir fixé au socle de l’appareil.
- Le> chargeur est formé de plans inclinés contrariés. L’appareil étant chargé, on appuie sur le bouton A qui oblige la came C à laisser échapper une bille; celle-ci descend les plans inclinés et vient se loger dans la tête du premier personnage qui fait alors un demi-tour et
- dépose sa bille dans la tète de celui qui est au-dessous, lequel, exécutant le même mouvement, la laisse tomber dans l’entonnoir E. Le poids de cette bille actionne alors un levier qui, par une tige verticale dissimulée dans l’ûn des montants, actionne la came C pour l’obliger à livrer le passage à une autre bille. Chaque bille vient se placer sur un des trous numérotés permettant le comptage des points. C’est là un jouet bien original et très amusant basé sur le déplacement du centre de gravité de chaque personnage, qui peut tourner autour de son axe avec la plus grande facilité. Les têtes sont creusées en forme d’entonnoirs, mais le fond porte une encoché qui maintient la bille en place pendant la demi-rotation et ne la laisse échapper qu’au moment précis
- où la tête se place juste au-dessus de la deuxième. Il faut donc beaucoup de précision dans la construction de ce jouet si simple pour réaliser les conditions d’équilibre indispensables.
- Dans le cas où le bouton qui commande la came viendrait à disparaître pour une raison quelconque, le jouet n’en demeure pas moins utilisable. Il suffit, en effet, pour le mettre en marche, de placer à la main une bille dans l’entonnoir inférieur : la came est actionnée comme nous l’avons montré et les autres suivent sans interruption. — Ce jouet est une production de M. Gas-selin, /\i, rue Victor-Hugo, à Puteaux.
- Le bil-coquet — Jeu très élégant et très sportif. C’est un lance-balle d’une forme entièrement nouvelle qui comprend un tube cylindrique fait de fils d’acier maintenus à une poignée que l’on tient de la main gauche et qui se termine par une partie conique permettant de recevoir facilement la balle.
- On lance celle-ci, placée dans le tube, à l’aide d’un bâtonnet que l’on introduit entre les brins métalliques et auquel on imprime un mouvement brusque de bas en haut. La balle suit et se trouve projetée à une grande hauteur.
- Les joueurs la reçoivent et la lancent à tour de rôle. Le bil-coquet possède encore l’avantage d’être très robuste et, par conséquent, n’expose pas les joueurs à interrompre la partie pour cause d’avarie de matériel ; il ne comporte, en effet, aucune pièce mobile.
- Le maître de natation. — Le maître de natation, le professeur si vous préférez, n’est pour rien dans le jouet dont le nageur seul, l’élève, est intéressant. Combien de mouvements n’est-ôn pas parvenu à faire exécuter par des automates ? Il semblait que la série fût close! C’était une eri'eur, car la natation avait résisté jusqu’ici à l’ingéniosité des chercheurs.
- Le problème a été résolu par M. Gasselin qui solutionne de la manière la plus ingénieuse les difficultés mécaniques. Le nageur est fait de deux plaques de tôle renfermant un parallélogramme de fils de fer qui actionne
- p.2x179 - vue 611/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- les bras et les jambes du sujet. Celui-ci repose sur la • table par quatre galets qui lui permettent de se mouvoir dans tous les sens; une roue prenant appui sur la table
- actionne le parallélogramme qui commande les membres du nageur et lui fait exécuter des mouvements aussi précis que ceux exigés par l’art de nager. Une boucle fixée au dos du sujet permet l’eniraînement à la ticelle, que celle-ci soit tirée à la main par un enfant ou qu’elle soit rendue solidaire du maître-nageur animé d’un mouvement tournant par un mécanisme quelconque.
- Ajoutons que les objets présentés par M. Gasselin ne sont pas encore dans le commerce ; leur construction ne commencera que dans quelque temps et la vente n’en aura pas lieu avant le printemps prochain. M. Gasselin habite 42, rue Yictor-llugo, à Puteaux (Seine).
- Le bilboquet brisé. — Nouveau bilboquet aussi difficile à jouer que le bilboquet ordinaire, mais plus intéressant en ce sens que lorsque la boule est parvenue à se fixer sur la pointe, deux côtés s ouvrent et le joueur voit apparaître, dans deux cases ménagées à cet effet, deux dés qui lui donnent un nombre de points.
- Il ne suffit donc plus, pour gagner une partie, de
- Fig. 1. Fig. 2.
- réussir le jeu ordinaire du bilboquet après un nombre déterminé de tentatives; il faut aussi que le nombre de points marqué par les dés soit supérieur à celui obtenu par les autres joueurs. En somme, c’est un jeu de bilboquet complété par un jeu de zauzibar réunissant les qualités d’adresse du premier et le hasard dû au secoud. — L’inventeur est M. Vaillant, i5, rue Jules-César, à Paris.
- Divers
- Le « du moelleux ». — Cet appareil est destiné à donner de la souplesse au système d’enrênement des
- Fig. i. — Le « du moelleux ».
- chevaux de voiture. Il est contenu dans une boîte métallique de quelques centimètres de longueur, qui se loge facilement dans la sellette, comme une boîte à éperons dans le talon d’une botte. Comme le montre notre gra-
- vure, le crochet qui sert à accrocher la bride s’attache à un ressort à boudin R (fig. i) enroulé sur un tambour; en outre, un système de crémaillère empêche les retours brusques en arrière. Le mécanisme fournit donc un point d'attache élastique permettant aux muscles de l’encolure de jouer, d’osciller, d’exécuter leur mouve-.ment de va-et-vient, car il cède et se déplace progres-
- Fig. 2. — Fonctionnement de l’appareil.
- sivement sous l’effet des tractions que lui imprime le cheval, jusqu’à une limite déterminée par construction; quand cette limite est atteinte, le point d’attache est ramené successivement à sa position initiale grâce aux crans d arrêt formant crémaillère.
- L’emploi de ce dispositif donne à l’animal au repos un port de tête correct sans le fatiguer, ni l’énerver; il empêche l’emballement et donne une grande facilité pour conduire correctement sans abîmer la bouche du cheval. — Cet appareil se trouve chez M. Mathieu, 29, rue de Valois (Palais-Royal, Paris).
- Caisse enregistreuse de poche. — Ce petit appareil, qui a la grosseur d une montre extra mince et se met par conséquent très facilement dans le gousset du gilet, est destiué à marquer les dépenses et à les totaliser automatiquement. Les cadrans supérieurs 1, 2, 3 (fig. 1) indiquent les francs et le cadran inférieur 4. les centimes. Chacun d eux est constitué par un disque plein portant les chiffres de 1 à 9 pour les francs et de 5 à g5 (de cinq en cinq) pour les centimes. En bas de chaque cadran se trouve une échancrure où apparaissent les chiffres à mesure qu’on les marque. Pour cela, on introduit la pointe d’un stylet, attaché par une chaînette à la bélière, dans les encoches d’une couronne mobile entourant chaque disque, après avoir choisi en regard le chiffre
- Caisse enregistreuse de poche.
- à marquer. On tourne de gauche à droite jusqu’à ce qu’on éprouve une résistance : c’est à ce moment que le chiffre choisi apparaît dans l’échancrure. Le mécanisme intérieur consiste en une série d’engrenages qui rendent les cadrans solidaires les uns des autres, de telle sorte que les chiffres inscrits se totalisent Par exemple, quand on a marqué g5 au cadran des centimes (nc< 4L si ôn ajoute 5, eu faisant tourner la couronne d’une division, on voit apparaître 1 dans le cadran des unités de francs (u° 3), les autres (1 et 2) resteront au zéro. Pour connaître à la fin de chaque jour le montant de ses dépenses, on n’est donc plus obligé de les inscrire sur un carnet pour être astreint à les additionner ensuite; om n’a qu’à consulter sa caisse enregistreuse de poche. .
- Dans l’exemple choisi sur là gravure ci-contre, la dépense a été de 4i‘>tr,85. La remise à zéro se fait très simplement en plaçant le stylet dans une encoche ménagée à cet effet. — Chez M. Mathieu, 29, rue de Valois, Paris.
- Le maître de natation.
- p.2x180 - vue 612/647
-
-
-
- VARIETES
- L’invention du téléphone. — Une récente interview avec Grahain Bell, publiée par le périodique américain Great Thoughts, fournil sur l'invention du téléphone quelques détails qui méritent d’être rapportés.
- Graham Bell raconte qu’un peu avant l’invention du téléphoue il poursuivait des recherches dans deux directions tout à fait différentes : d un côté, la transmission des sous musicaux en vue de la télégraphie multiple, d’un autre côté, des expériences avec la capsule mano-métrique de Kœnig et le phonautographe de Léon Scott, appareils bien connus pour l'inscription des vibrations de la parole. Son intention était d’étudier les formes des vibrations produites par les voyelles et les consonnes dans 1 espoir de pouvoir faire lire aux enfants sourds la parole sur les vibrations, puisqu’il leur était impossible de les entendre. Au cours de ces expériences, il mit à prolit l’idée que lui suggéra le Dr Clarence J. Blake, de Boston, spécialiste distingué pour les oreilles, d’employer une oreille humaine prise à un cadavre; et il obtint de très beaux tracés de vibrations sonores sur une plaque de verre enfumé. Ce fut précisément l’emploi de 1 oreille humaine qui 1 amena à l’idée du premier téléphone. Il eut ainsi la conception de ce qu’on appelle, en électricité, des courants ondulatoires. Il en vint à penser qu’un courant ondulatoire pouvait êt»e produit par les vibrations d’une armature de fer en face d’un éleciro-aimant, si ces vibrations correspondaient aux vibrations de l air pendant rémission du son.
- En 1874, Graham Bell, se trouvant chez son père à Brantford, dans l’Ontaiio, imagina un moyen de déterminer dts vibrations avec la voix dans une armature de fer, en fixant cette armalure au centre d une membrane tendue. Cette conception théorique prit une forme pratique, l’année suivante. L’iiwention devenue définitive entra bientôt dans l’usage commercial.
- La première expérience à longue distance, couron née de succès, eut lieu en août 1876. La même année, la première conversation fut tenue sur la ligne télégraphique de Boston à Cambridge-Port, dans le Massachusetts, puis de Boston à New-York. Actuellement on parle par téléphone à i5uo milles de Washington à Madison.
- Le téléphone parut d’abord une chose extraordinaire et ce fut seulement 1 autorité du témoignage de lord Kelvin, qui put vaincre l’incrédulité avec laquelle le public anglais accueillit l’invention.
- Graham Bell prétend que le téléphone n’est encore qu’à letat rudimentaire. Vieille déjà de trente années, l’invention est aujourd hui exactement au même point qu’à la première heure. Les perfectionnements qu’on a apportés ne concernent pas le téléphoné proprement dit. Le progrès consisterait à simplifier tous les appareils annexes.
- Graham Bell estime qu’on aura la téléphonie sans fil dans un avenir prochain. Et il va jusqu’à soutenir cette opinion qui peut paraître paradoxale : « On me considère généralement, dit-il, comme un électricien, mais, en réalité, j’ai inventé le téléphone à cause de mon ignorance en électricité. Un électricien n’aurait jamais songé à faire les expériences que j’ai tentées. L’idée de.créer par 1 action de la voix humaine sur une plaque métallique un courant électrique utilisable aurait paru ridicule à un praticien en éleetrité. Quelqu un qui aurait été purement électricien n’aurait jamais imaginé le téléphone. Il réclame une connaissance précise de la nature du sou et du mécanisme de la parole. J’étais initié à ces phénomènes dès mon enfance. Je m’y intéressais pour ainsi dire, par raison d’hérédité. Mon père Alexandre Melville Bell a été professeur de diction à Edimbourg et correcteür de discours. Mon grand-père, le professeur Alexandre Bell, de Londres, a exercé la même profession, qui fut ainsi continuée dans ma famille par trois générations. Mon père est très connu en Ang eterre comme Fauteur de Standard Elocuiionist, recueil de morceaux choisis qui a eu de nombreuses éditions et est encore employé. » N. Lallié..
- Nouvelles recherches sur la reproduction et la culture des éponges. — La spongieulture est encore
- une industrie nouvelle, qui est appelée à donner, après quelques tâtonnements, de sérieux bénéfices à ceux qui sauront tirer parti des observations et recherches scientifiques faites en vue de l’exploitation commerciale. Depuis un certain nombre d années, les éponges font défaut sur le marché, et on n’a pu encore les remplacer par d’autres succédanés.
- Les éponges constituent la richesse du golfe de Gabès, et c’est par une culture raisonnée et intensive que l’on parviendra à développer celle richesse et à faire de l’éponge l'objet d’un fructueux commerce.
- Depuis 1 année 1906, époque à laquelle nous exposions les résultats des premières expériences de culture faites sur les côtes tunisiennes, les éludes sur la biologie, la multiplication et 1 exploitation des éponges se sont poursuivies activement sur l'initiative de M. le Dr Allemand-Martin, membre de l’Institut de Carthage et sous-directeur du laboratoire maritime de Sfax.
- Les récentes recherches de ce savant distingué, autant que modeste, jettent un jour nouveau sur la biologie de l’éponge et particulièrement en ce qui concerne la reproduction artiheielle, elles mettent en vive lumière les résultats que l’on pourrait obtenir, au moyen d’une méthode de culture scientifique et pratique, précisément pour accroître la production de l’éponge et subvenir aux besoins du commerce.
- M. le Dr Allemand-Martin s’est attaché à déterminer la biologie de 1 Ilippospongia equina elaslica, l’espèce plus particulièrement recherchée par le commerce; ses efforts, parfois pénibles, ont été couronnés de succès.
- Au point de vue pratique, le premier but atteint fut la détermination d’une réglementation de la pèche des éponges, permettant la conservation et la production des bancs qu'une exp'oilalion à outrance, souvent par des procédés qu'on devrait interdire, avait en partie détruits. Celte réglemenJation repose sur la biologie de l’éponge : suppression de la pêche au moment oùl’éponge abandonne les corps reproducteurs.
- La reproduction se fait par œufs, qui se développent sur place et donnent naissance à des larves. Celles-ci se détachent des canaux intérieurs de l'animal,, sortent et, après avoir vécu quelque temps d’une vie errante, tombent sur le fond et s’y fixent.
- Dès lors, l’éponge se développe, et, en deux ans, acquiert le volume réclamé par le commerce : 3o cm de circonférence. L’essaimage des larves commence en mars, atteint son maximum en mai et finit en juin.
- L’élude des conditions favorables à la vie des éponges a amené M. le Dr Allemand-Martin à déterminer la vitalité de ces dernières et à reprendre, sur des données scientifiques, les expériences de Lamiral. C’est ainsi qu il a pu, à la température de i5°, transporter en bac» bans une eau constamment renouvelée, des sujets sur différents points de la côte tunisienne, très éloignés du lieu d’origine, et les y élever en de parfaites conditions, résultat fort intéressant en ce qu’il montre la possibilité d’accroître les milieux de culture de l’éponge.
- Il restait un autre problème, plus important encore, à résoudre, eu égard à la culture commerciale de l’éponge par un procédé artificiel : la multiplication par fragmentation. M, le Dr Allemand-Martin, après de nombreux essais, a pu résoudre ce problème.
- Une éponge, fraîchement pêchée, est coupée avec précaution en fragments Ceux-ci sont fixés surdes supports en terre cuite, permettant la circulation continue de 1 eau et donnant au sujet la demi-obscurité nécessaire à la cicatrisation ; le tout est immergé. Cinq ans après, chaque morceau s’est développé et a acquis le volume convenable pour le commerce.
- Ou voit, dès lors, que la reproduction par fragmentation, devenue aujourd’hui un fait acquis, grâce aux laborieuses et patientes études poursuivies au laboratoire maritime de Sfax, par M. le Dr Allemand-Martin, va donner unenouvelle impulsion à la culture des éponges et, par cela même, contribuer à l’accroissement delà production, ainsi qu’au relèvement du commerce deséponges.
- La spongieulture trouvera dans la thèse de M. le Dr Allemand-Martin, les principes scientifiques sur les-
- p.2x181 - vue 613/647
-
-
-
- VARIETES
- quels doit reposer son entreprise. L’auteur de cette remarquable découverte conseille de faire, et fera lui-même, la culture à la fois par essaimage et par fragmentation, de sorte que, dès la deuxième année, on pourra commencer les récoltes dues au premier procédé, et, dès la cinquième année, chaque, procédé donnera sa récolte particulière.
- 'On doit attacher une très grande importance aux conditions de température, car les insuccès des entreprises faites jusqu’à ce jour doivent être attribués à des conditions que l’on n’avait point déterminées et que, par
- I
- suite, on ne pouvait point réaliser. 1) après M. Gineslous, qui a communiqué à l’une des dernières séances de l’Institut de Carthage les résultats obtenus par M. le D" Allemand-Martin, ces conditions seraient difficilement réalisables sur la côte nord du bassin méditerranéen occidental, et cette nouvelle industrie devrait êli-e pratiquée dans les mers tunisiennes, où elle aurait les plus grandes chances de réussir.
- Il y a là, non seulement une conquête de l'homme suit la nature, mais encorne une nouvelle source de richesse due aux recherches scientifiques. Henri Blin. O
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- i
- ;La compresse d’alcool, — Pour combattre les phénomènes douloureux provoqués par les affections gastro-intéstinales, on a recours aux embrocations huileuses et aux compresses chaudes. Le vieux cataplasme était un remède souverain, dans toutes les familles, pour calmer les coliques et les douleurs de ventre; à défaut de cataplasme et comme thérapeutique plus rapide, on a recours en pareille circonstance à l’application de serviettes chaudes, de boules, de sacs en caoutchouc remplis d’eau chaude.
- Il y a, d’après le D' Esmonnet, quelque chose de mieux; c’est la compresse d’alcool. On prend de la tarlatane, de la gaze pliée en cinq à six épaisseurs et de la dimension voulue pour recouvrir la région sensible. On l’imbibe d’alcool rectifié puis après l’avoir exprimée, sàns la sécher complètement, on l’applique sur l’abdomen en recouvrant de taffetas chiffon et d’une ceinture de flanelle. La compresse est maintenue en place pendant une heure environ et remise le lendemain. Il est bon de surveiller la peau, plus sensible chez les uns que chez les autres ; après trois ou quatre jours en général, il faut supprimer l’alcool, le remplacer par de l’eau chaude ou par une légère embrocation de vaseline simple, qui évitera l’irritation trop vive du tégument.
- Cette thérapeutique fort simple est, parait-il, très efficace dans maintes formes de dyspepsie, quand le travail de la digestion est pénible, douloureux, ou s'accompagne deformation de gaz, comme la dyspepsie flatulente.
- Le cassis contre le rhumatisme. — Dans la liste des médicaments ou végétaux qui figuraient autrefois dans la pharmacopée française se trouvait le cassis ; il est supprimé dans le nouveau Codex. C’est juste à ce moment qu’un médecin bien connu par ses travaux sur lès affections du coeur fait ressortir les bons effets qu’on en peut obtenir dans les manifestations rhumatismales légères ou subaiguës. Ne croyez, pas qu’il s’agisse de la liqueur faite avec les fruits de ce groseillier noir et dont là ville de Dijon peut revendiquer les marques les plus réputées. Il s’agit des feuilles en infusion, comme on prend une tisane.
- Dans les vieilles pharmacopées, dans l’Officine de Dorvault, dans le traité de Merat et de Lens, on parle des
- propriétés astringentes et diurétiques des feuilles. Le Dr lluchard, qui a eu l’occasion d’en faire usage pour un de ses parents souffrant beaucoup de rhumatismes;, n’a trouvé que dans un seul recueil, et encore d’une façon sommaire, le Traité des plantes indigènes, dé Cazin, mention de celte propriété antirhumatismale. Cependant, c’est de notion populaire en Russie et dans bien des coins de la France, que la feuille de cassis soulageait les douleurs. Je me souviens, souvenir de ma plus tendre enfance, qu’une vieille cuisinière mettait toujours en préparant la liqueur de cassis, quelques feuilles à macérer avec les fruits, soutenant que cela donnait à la liqueur plus de parfum et plus de vertus. Quelles vertus, je l’ignore. Non seulement elle mettait des feuilles dans la liqueur, mais elle en fabriquait des infusions : là s’arrêtent mes souvenirs. Etait-ce pour combattre les douleurs? pour favoriser la diurèse? je n’en sais rien. Mais cela prouve tout simplement que ce remède bien simple est de connaissance ancienne.
- Le D‘ lluchard pensa que le cassis (le ribes nigrum). contenait peut-être de l’acide salicylique, comme, ceç-i taines plantes réputées contre le rhumatisme. M. Chevallier a analysé des feuilles sans y reconnaître cet acide; il en a extrait une huile essentielle qui se dédouble en donnant naissance à de l’acide quinique et à une oxydase très énergique. Quel que soit le principe contenu dans ces feuilles, quel que soit leur mode d’action, par augmentation de la diurèse ou élimination plus facile des principes azotés, les feuilles de cassis soulagent lés rhumatisants. A mon avis les feuilles fraîches, que l’on ne peut malheureusement avoir toute l’année, doivent, avoir plus d’action que la feuille sèche. La saison passée,! il faudra se contenter de celles-ci, recueillies au printemps et séchées avec soin. Pendant une année environ, la malade démon amiHuchard prit régulièrement tous les soirs une infusion et les douleurs rhumatismales dont elle souffrait depuis de longues années disparurent si bien qu elle jugea inutile d’aller aux eaux comme elle le faisait de.? puis onze années consécutives. Ne croyez pas, chers lecteurs, si vous êtes affligés de rhumatismes, que tous vous trouverez dans cette feuille aromatique la guérison de vos maux ; mais le remède est si simple que vrai? ment je vous conseille de l’essayer. Dr A. G.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Pour localiser des crevaisons dans un pneumatique. — On a la ressource d’envoyer de la fumée dans le pneumatique : elle sort par la moindre fissure, cùmme on sait. Dans ce but, on fait l’appel d’air de la pompe de gonflement au moyen d’un tube aspirant dans l’enceinte où se produit la fumée ; celle-ci pourra être obtenue en brûlant dans une lanterne un pèu de térébenthine sur un morceau de ouate, ou encore une boulette de brai déposée sur un petit morceau d’amiante. Si l’on veut avoir de la fumée sans feu, en dépit du proverbe, on a la ressource de faire passer l’air aspiré, d’abord à travers une bouteille où se trouvera de l’ammoniaque très fort, puis dans un autre récipient où l’on aura mis de l’acide chlorhydrique très concentré. Il se produit
- une réaction chimique qui donne du chlorure d’ammonium; celui-ci n’a pour ainsi dire t pas d’odeur, mais sé manifeste par une fumée.intense. i
- Peinture blanche pour marches d'escalier. — On
- sait que cette peinture est faite pour donner l’impression de marches en pierres; l’illusion n’est pas complète, mais l’effet est agréable. On peut composer une espèce de couleur à la détrempe au moyen de chaux, de caséine et de colle-forte en dissolution dans dé l’eau, avec addition.d’un blanc se dissolvant lui-même dans l’eau. On peut faire également une dissolution de laque blanche ou de copal de Manille avec.du blanc de zinc, dans de l’alcool de bois. : .1 . i
- p.2x182 - vue 614/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Daus la boite aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Communications. — Les images de Moser. — A propos de notre récente information sur les images de Moser (V. n° 1848, 24 oct. 1908), M. Lavenarde, qui tient à Paris un atelier de réparation d’horlogerie, nous adresse l’intéressante communication qui suit : « Il y a de cela une dizaine d’années, un ouvrier horloger, en ouvrant le magasin de son patron, constata avec surprise que les fonds des boîtes de montres exposées dans la vitrine étaient l’eproduits avec tous leurs détails à l’intérieur de la glace de la devanture. La distance des montres était d’environ 0,20 m. à o,3o m. La nuit, nuit d’hiver, avait été particulièrement glaciale et la vitre givrée ». Le phénomène a certainement une parenté avec celui des images de Moser. D’autre part, notre correspondant ajoute, à propos des images observées sur les boîtiers de montres, les lignes suivantes : « Les mots, chiffres et dessins que chaque jour je constate reproduits à l’intérieur des montres qui passent par mes mains sont visibles sous la première cuvette et non sous celle qui recouvre le rouage. C’est au contraire l’image des dessins extérieurs de cette dernière qui s’imprime sur le fond poli et intérieur de la premièx'e cuvette, lorsque le peu d’épaisseur de ce fond assure son frottement ou sa pression sur les dessins de la deuxième (et dans le cas seulement de pression ou de frottement léger des deux surfaces). Aussi, d’après M. Lavenarde, les phénomènes observés dans les boîtiers de montres, 11’auraient pas pour cause lés actions à distance signalées par Moser, mais de simples phénomènes de frottement.
- \'M. Jacquot, de Grenoble, nous écrit qu’il existe, au musée d’Annecy, une machine volante essayée, il y a quelque 4o ans, et qui fut abandonnée après l’échec de sa première tentative ; l’aéronef était allé tomber dans le, lac où son conducteur faillit se noyer. Nous serons fort reconnaissants à ceux de nos lecteurs d’Annecy qui
- voudront bien nous donner une description exacte de cette machine : la sommaire description que nous en donne M. Jacquot, d’après ses souvenirs, nous permet de croire que l’engin présente un sérieux intérêt, au moins historique.
- La lèpre aux îles Hawaï. — Dans un article relatif aux îles Hawaï, et en particulier à l’île de Molokaï (n° 1836, ic* août), notre collaborateur, M. V. Forbin, parle de la vie et de la mort héroïques du père Damien, qu’il appelle un « religieux français d’origine. » M. Ch. de Waele, à Gand, veut bien nous faire observer qu’il y a là une erreur : « Le père Damien, de son vrai nom Joseph de Yeusler, naquit à Tremeloo près de Diest (Belgique flamande) le 3 septembre 1840, et mourut à Molokaï le i5 avril 1889. Il se fit moine à Louvain, fit son noviciat à Issy (Paris), s’embarqua à Brême pour les îles Sandwich. Je crois bien, au surplus, que soi) frère s’en alla remplacer l'illustre martyr volontaire, il y a de cela quelques années. Ces notes biographique^ sont transcrites d’une revue flamande (Biekorf\ nfa 7) 1890), éditée par les frères de Plancke, n° 1, rue Saintej-Claire, à Bruges. » Tous nos remerciements à notre bienveillant critique et correspondant. }
- '.. j
- Renseignements. — M. Brimbois, à Liège. —Toutes les manivelles sont actuellement établies, en vue de la suppression des accidents causés par le retour du moteur. On peut en trouver chez les fabricants de pièces détachées : Malicet et Blin, io3, avenue de la République, à Aubervilliers.
- M. 4. L., à Namur. — Le procédé courant pour le blanchiment des cheveux est l’emploi de l’eau oxygénée.
- M. Vincent, à Paris. — Nous n’avons rien publié sur ce sujet.
- M. Brignon, à El Kantara. — Nous ne sommes pas compétents pour résoudre la question que vous nous posez : vous pourriez vous adi’esser utilement, croyons-nous, à M. Lhomme, directeur du journal La Papeterie, 9, rue Lagrange, à Paris.
- M. Godard, à Blois. — Voyez l’ouvrage : Machines dynamo-électriques de S. Thomson, chez Béranger, 15, rue des Saints-Pères, à Paris. Prix : i5 francs.
- BIBLIOGRAPHIE
- , ; Sommaire de notre précédent numéro
- La grue de sauvetage des chemins de fer d’Orléans : Daniel, Bel-• let. — Chronique. — La nouvelle girafe du Muséum et les différentes variétés de l’espèce : E. Trouessart. —Les petites inarines de la Méditerranée et de la mer Noire : Sauvatre Jourdan. — Une nouvelle théorie des cyclones : C. de Cor-demoy. — Sir John Evans (1823-1908) : Joseph DelsauX’. —
- Le chemin de fer de Tananarive à la côte Orientale de Madagascar : Gustave Regelsperger. — Les méfaits de la lumière ultra-violette : A. Troller. — Académie des sciènces; séance d'ii 26 octobre 1908 : Ch. de Villedeuil. ‘— Nouvelle méthode de pasteurisation : Alfred Gradenwitz.
- Supplément. — Nécrologie. — Le grand prix de l’Aérô-Cfub, etc.
- .'jnf ; !: ...' ' .
- Hygrométrie du bâtiment. Les origines de l’humidité dans les constructions anciennes ou nouvelles, et du >' moyen radical dé la combattre, par G. Knapen, archi-: tecte-expert. Imprimerie Nÿs, 3, rue de l’Ecuyer.
- Bruxelles. : : ... , • .: • c •
- ( L'humidité est, à coup sûr, ,1a cause la plus grave i . d’insalubrité pour nos habitations, et il fàpt recon-; naître, qn^ les moyens préventifs habituellement em-... ployés ponr la combattre ne sont que des palliatifs ! insuffisants. M. Knapen s’est livré à une élude scien-:
- tifique de la question ; il a analysé les conditions physiques qpl régissent les phénomènes hygrométriques .dans les matériaux, dé, construction, et ces travaux:
- sont résumés dans l’intéressante brochure ci-dessus-Ajoutons que M. Knapen a été ainsi conduit à un système tout nouveau d’assèchement rationnel et d’assainissement des constructions, système qui va être mis en oeuvre pi’ochainement dans un certain nombre de nos édifices publics. Nous relèverons enfin1, dans la brochure de M. Knapen, une remarque fort juste : l’humidité de l’atmosphère a, dans les conditions de la vie humaine, une place aussi importante que la température et la pression barométrique; il est regrettable que les tableaux de variations atmosphériques de nos observatoires ne nous donnent pds chaque jour le degré hygrométrique.
- Air liquide, oxygène, azote, par G. Claude, lauréat de l’Institut. Chez Dunod et Pinat. Paris. 1 vol. de 400 p. avec illustrations. Prix : i5 francs.
- Les applications nouvelles de l’air liquide se multiplient, les progrès dans la technique de cette curieuse et remarquable industrie sont rapides. Il appartenait à M. Claude, qui a joué un rôle si important au point de vue scientifique et industriel, dans l’histoii’e 4e l’air liquide, de nous donner une mise au point de la question. Il le fait avec une clarté remarquable, une originalité de style et un talent de narrateur qui rendent la lecture de cet ouvragé singulièrement attachante. C’est d’abord l’historique des découvertes qpi ont amené la liquéfaction de tous les gaz connus, et qijie viennent de couronner tout récemment les magnifiqpes
- p.2x183 - vue 615/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- travaux du professeur K. Ounes sur l’hélium liquide. Il u’est pas de roman plus passionnant, plus émouvant par ses péripéties diverses que celui de la lutte livrée, pendant tout un siècle, par toute une armée de savants, à la matière rebelle. M. Claude, en mêlant habilement l’exposé scientifique, les anecdotes historiques et les souvenirs personnels, sait communiquer à ses lecteurs les nobles émotions des héros du drame. Nous passons ensuite à la technique de la liquéfaction industrielle de l’air et à l’exposé des recherches personnelles de M. Claude; puis aux intéressantes propriétés de l’air liquide, et enfin à la plus importante de ses applications : la séparation de l’air en ses éléments, l’oxy-
- gène et l’azote. L’ouvrage, d’un bout à l’autre est d’un vif intérêt ; on y reconnaît la marque d’un maître de la vulgarisation.
- Ueber die Bastarde von Hélix Hortensis Millier und Hélix nemoralis. L, par An. Lang. Ién'a. Gustav.Fischer. 1908. 1 vol. grand in-40, 11 /| p. avec pl. Prix : i5 marks.
- Ce mémoire du savant professeur de Zurich est consacré à l’étude d’un hybride, artificiellement obtenu, entre deux espèces voisines de gastéropodes. C’est une très remarquable contribution à la zoologie expérimentale.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude
- 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- " OBSERVATIONS ' 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET' FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉBALES
- Lundi 26 oet. 1908. . 2»,2 S. E. 2. Très nuageux. 1.6 Pluie le matin ; nuageux.
- Mardi :7. ..... . 7“ 4 S. E. 5. Nuageux. 0,2 Pluie à 6 h., nuageux. '
- Mercredi 28 10° .0 S. S. E. 2. Très nuaaeux. » Dosée ; ti es nuageux de 6 h. à 8 h.; beau ensuile.
- Jeudi 29 . 5» 0 Calme. l’eu nuageux. t> Dosée ; beau.
- Vendredi 30.... . 5° 8 S. S. E. 0. Deau. » Gelée blanche ; léger brouillard le matin et le soir; beau.
- Samedi 51 -i#.4 S: E. 0. l’eu nuageux. » Dosée ; halo à 10 h.; beau.
- Dimanche 1" nov. . . 5°.4 E. N. E. 1. Beau. D Dosée ; brume ; beau.
- OCTOBRE-NOVEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 26 OCTOBRE AU DIMANCHE Tr NOVEMBRE 1908.
- Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches itiférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l’abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée. •
- Du 25 octobre au ier novembre. — Le 25. Situation atmosph. troublée sur le S.; Méditerranée occidentale, 751 ; Moscou, 786. Neiges et pluies sur le N. et 10.; en France : Nice, 35: Le Havre, 7 ; Dunkerque, Marseille, 4î Paris, 3. Temp. du matin : Nancy, — 4°î Paris, 2; Alger, 17; Puy de Dôme, —5: Pic du Midi. — 11 ; moyenne à Paris : 3°,2 (normale : 8°,5). — Le 26. Baisse rapide sur l’O. de la France : Le Mans, 753. Aire anticyclonique des îles Feroé et de l’Ecosse à la Russie : Moscou, 785. Pluies et neiges sur le N. et l’O.; en France, pluies presque générales : Lp Havre, 11 ; Rochefort, 10 ; Le Mans, 9; Dunkerque, Bordeaux, 7*. Biarritz, 5. Temp. du matin : Moscou, —3°; Paris, 2; Alger, 17; Puy de Dôme, —6; Pic du Midi, —9; moyenne à Paris : 5°,9 (normale : 8°,4). — Le 27. Dé pression sur les Iles-Britanniques ,entrée de la Manche, 758); fortes pressions sur le N. et l’E. : Kharkof, 781 Pluies sur le N. et l’O.; en France : Rochefort, 23; Bordeaux, 11; Nice, 9; Cherbourg, 4: Brest, r. Temp. du matin : Kharkof, —3°; Paris. 7; Alger, 17; Puy de Dôme. 3: moyenne à Paris ; 7Ô,9 (normale : 8°,2). — Le 28. Hausse de la pression sur l’O. de l’Europe : Kief, 778 ; Carlsruhe, 774, Bretagne. 765. Dépression entre les 4çores et l lrlande : Yalentia, 758. Pluies sur les Iles-Britanniques et le N.-O. de la France : Brest. 9; Cherbourg, 7 ; Le Havre, 4 '» Nantes, 3. Temp; du matin :
- Arkangel. —— 3° ; Paris, 10 ; Alger, 20; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 1; moyenne à Paris : ii°,8 (normale : 8°).
- — Le 29. Baisse de pression sur le N. et au voisinage dé l’Islande, avec zone supérieure à 765 de la France à la Russie : Kief, 777. Pluies sur quelques stations de la Norvège et des Iles-Britanniques. Temp. du matin ; Arkangel, —3°; Paris, 5; Alger, 20; Puy de Dôme, 9; Pic du Midi, 3; moyenne à Paris : io°.9 (normale : 7°,9).
- — Le 3o. Minimum important au large de 1 Irlande : Valentia, 75o; fortes pressions de la Scandinavie à la Méditerranée. Pluies sur le N.-O. de; l’Europe. Temp. du matin ; Arkangel, —6°; Paris, 4; Alger, 20; Puy de Dôme, 10; moyenne à Paris : 90,5 (normale 70,3). — Le 3i. —Dépressions très profondes dans les parages de 1 Islande et des Açores (74^) ; hausse sur le S.-O. des lies-Britanniques et la Bretagne : Yalentia, 761 ; Brest, 765 : pays du Nord. 775. Pluies sur quelques stations du N.-O. Temp. du matin : Moscou, —5°; Alger, 20; Puy de Dôme, 7, Pic du Midi, o; moyenne à Paris : io°,3 (normale : 7°.6). — Le ic‘ novembre. Pression en général élevée, supérieure à 775 sur le Centre de -la Russie; Valentia, 760; Biarritz, 763. Pluies sur les Ilf>s-Britan-niques, la Scandinavie et le S. de .la Russie. Temp. du matin : Moscou, — 120; Paris, 5; Alger, 21 ; Puy de Dôme, 10: moyenne à Paris 8° (normale : 70.4)- — Phases de la Lune : Premier Quartier le ier, à 2 h. 25 m. du soir.
- p.2x184 - vue 616/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- Professeur à l’École des Mines et à l'École des Ponts et Chaussées.
- E.-A. MARTEL
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- *Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 120, Boulevard Saint-Germain, Paris (VV)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des artic'es non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1851 — 14 NOVEMBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Avis de l’Administration. — L’échéance du 3o novembre étant l’une des plus chargées de l’année, nous prions instamment MM. les abonnés, dont l’abonnement se termine avec le numéro du 3o novembre (n° 1853), de nous faire parvenir, soit par leur libraire, soit directement, le montant de leur renouvellement avant cette époque. Une quittance, pour une même durée que l’abonnement précédent, sera, à Paris et dans les départements, présentée dès les premiers jours de décembre aux abonnés qui, préférant ce mode de recouvrement, n’auront pas, avant le Ier décembre, renouvelé ou donné ordre contraire. — Tout abonné à La Nature peut, en renouvelant son abonnement pour une année entière, recevoir les Tables décennales (3 volumes, 1873 à 1882 — i883 à 1892 — 1892 à 1902), au prix de 18 francs au lieu de 26 francs.
- Nécrologie. Alfred Ditte. — On annonce la mort de M. Alfred Ditte, professeur à la Sorbonne, membre de l’Académie des Sciences (section de chimie) depuis 1897, en remplacement de Schutzenberger. Ce savant distingué n’avait pas eu la chance de rencontrer une de ces découvertes qui rendent un nom célèbre. L’Institut avait récompensé en lui la persévérance du labeur. Il laisse de très nombreux mémoires sur des expériences de chimie minérale, parfois intéressants, ailleurs moins originaux. Citons notamment les cristallisations de stannates, borates, vanadates, tantôt par voie sèche, tantôt par voie humide, l’étude de l’acide vanadique qui en a fait connaître trois variétés, la décomposition des aluminates, base d’une préparation industrielle de l’alumine, l'étude du sulfure de mercure interprétant certains points de la fabrication du vermillon, etc. Dans un ordre d’idées plus théorique, il avait continué les recherches de Henri Sainte-Claire Deville sur la dissociation, l’appliquant à celle des acides sélenliydrique et tellurliydrique. Enfin, comme l’explique la notice sur ses titres scientifiques imprimée pour sa candidature à l’Institut, des « idées préconçues lui avaient fait aborder l’étude de la décomposition des sels par les liquides, pensant pouvoir les rattacher aux phénomènes de dissociation. Cette idée générale lui avait servi de guide pour plus de cinquante mémoires qui contiennent l’examen de faits choisis dans presque toutes les régions de la chimie et destinés à montrer que les lois qui régissent les équilibres sont les mêmes, quels que soient d’ailleurs les dissolvants employés. Étudiant ainsi les décompositions par l’eau pure, par les dissolutions salines, par les liquides incandescents, il en avait déduit une explication des circonstances dans lesquelles avaient dû, suivant lui, prendre naissance certains minéraux naturels, comme l’apatite et la wagnérite ; ce qui l’avait dirigé dans les cristallisations précédemment mentionnées ».
- L’image latente en photographie. — Chacun sait qu’un cliché photographique exposé au soleil doit être ensuite révélé, développé. La sensibilité à la lumière
- des substances employées à cet effet est tout à fait distincte de leur capacité de développement. Ainsi l’iodure, plus sensible à la lumière que le bromure, est moins facile à développer, à cause de sa plus gi’ande insolubilité (d’où l’emploi des mélanges iodo-bromurés). D’autre part, pour la même substance (iodure ou bromure d’argent), on observe, par une exposition trop prolongée à la lumière, un affaiblissement de la sensibilité pouvant conduire à une inversion de l’image, qui constitue ce qu’on appelle la solarisation. Il y a là toute une série de faits du plus haut intérêt, qui sont encore assez mal débrouillés scientifiquement. D’après un mémoire de M. Trivelli, analysé par la Revue Le Radium, on doit admettre qu’il existe deux composés sous-hàlo-génés de l’argent, désignés par les lettres a et (3 : sous-chlorures, sous-bromures ou sous-iodures. L’action de la lumière sur le bromure d’argent, par exemple, produit d’abord du sous-bromure a, donnant naissance à des germes, sur lesquels se condense, au moment du développement, l’argent réduit par le l’évélateur. C’est ainsi que l’image apparaît. Mais le sous-bixnnure oc est lui-même sensible à la lumière, plus sensible que le bromure et à d’auti'es longueurs d’onde. La sui’-expo-sition tx'ansfoxune donc les parties déjà impressionnées en sons-bi'omuï'e p, moins bromé encore, qui, lui, n’est plus capable de foui-nir des germes développables et ne réagit plus au î-évélateur. Ce corps inerte p ne se produit que là où le composé a avait commencé par se produii’e et sa vitesse de formation dépend de la quantité de composé a déjà formée, c’est-à-dii'e de l’éclairage préalable de la plaque. Comme les x*éactions photochimiques se font seulement à la suxrface des grains de bi'omui'e, il airrive vite, par l’exposition px-olongée à la lumière, un moment où tous les grains ont été trans-foxunés en sous-bromures a et ne peuvent plus que passade la forme a à la forme p. Le révélateur agit alors de moins en moins; la plaque est solarisée. Mais il se peut alors que le composé p soit, à son tour, sensible à la lumière et, par une exposition encore plus longue, donne, soit un nouveau composé capable de fournir des germes, soit même de l’argent libre. La plaque î-ede-vient alors sensible à la lumière, après" avoir momentanément cessé de l’être.
- Les séries spectrales. — On sait que les longueurs d’ondes con-espondant aux diverses x-aies spectrales d’un corps quelconque présentent certaines relations numéi'iques, que l’on a analysées à diverses reprises afin d’en déduire un enseignement sur la constitution de la matière, ainsi que sur le caractère de l’excitant lumineux utilisé pour la pi'oduction du specti'e. Les travaux de M. W. Ritz (Voir le Radium, i5 octobre 1908) conduisent à l’interprétation suivante des raies spectrales. Il y aui’ait, dans l’atome, un champ magnétique gx'ossièrement assimilable à celui qui serait créé par des aimants élémentaii'es mis bout à bout en nombre
- p.2x185 - vue 617/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- variable. Le courant lumineux, constitué, dans la théorie de Lorentz, par des électrons en mouvement, autrement dit par des particules portant une charge électrique constante, déterminerait des vibrations de Télectron dans le champ magnétique intérieur à l’atome : d’où la production de raies. Et la position des pôles magnétiques à l’intérieur de l’atome déterminerait la loi de la série spectrale correspondante.
- La scie sans dents. — Il a déjà été parlé ici de cette question (n° 1817). O11 sait qu’un disque d’acier doux tournant à grande vitesse sert aujourd hui couramment à couper une barre d’acier dur. Comment agit-il On a émis à ce sujet toutes sortes d’hypothèses. Mais des expériences de M. E. W. llarbord, provoquées par l’Engineer et dont on trouvera le détail, avec photographies à l’appui, dans la Revue de métallurgie d’octobre 1908, paraissent nettement trancher la question. Le disque, tournant à grande vitesse et touchant constamment le même point du bloc, y provoque un échauf-fement poussé jusqu’à la fusion, tandis que, sur lui-même, l’action calorifique est faible parce que les divers points de sa circonférence sont successivement influencés et que, dans les intervalles de leurs contacts, ils sont refroidis par l’air- O11 a opéré avec un disque en acier doux à 0,17 pour 100 de carbone sur une barre à 0,28 pour 100 de C. Quand on fait ensuite l’examen micrographique du disque, on y voit un simple bourrelet d’une épaisseur égale à deux fois celle du disque, mais constitué par le même acier doux que celui-ci, sans aucune trace de modification dans sa structure ni particules métalliques plus dures arrachées à la barre (auxquelles on avait quelquefois proposé d attribuer une influence). Au contraire, dans la rainure de la barre entamée par le disque, on observe un changement manifeste qui s’atténue à mesure qu’on examine l’acier plus profondément : le tout d’ailleurs sur une très faible épaisseur de un quart de millimètre. Dans le fond de l’entaille il s’est produit une structure perlitique, un mélange d’oxyde parfaitement fondu et de fines particules d’acier agglomérées. Plus bas, la perlite disparaît peu à peu, en se mélangeant d’abord de ferrite qui finit par dominer exclusivement dans la zone inaltérée.
- Le premier chemin de fer aérien dans les Alpes.
- — C’est le chemin de fer de Kohlerer, près de la ville
- Fig 1. — Chemin de fer aérien du Tyrol ; croisement de deux trains.
- de Bozen, dans le Tyrol autrichien. Ce mode de locomotion, assez répandu en Amérique, était resté jusqu’ici inconnu en Europe; l’emploi des wagonnets aériens était
- réservé au transport des matériaux. Les voyageurs qui pratiqueront ce nouveau chemin de fer éprouveront, à coup sûr, quelque émotion à se sentir lancés dans le vide
- Fig. 2. — Une rampe du chemin de fer aérien.
- à grande vitesse. Ils en seront récompensés par un panorama magnifique sur les vallées alpestres.
- Diamants en Rhodésie. — On annonce la découverte en Rhodésie, dans le district de Bembesi, d’un nouveau gisement diamantifère, qui, par sa section, serait le plus grand du inonde entier. Un puits de 3o m. y a rencontré la « terre bleue » contenant des diamants.
- La houille en Chine. — Le rapport de l’attaché commercial britannique à Pékin donne d’intéressants détails sur cette question. Les mines de houille sont nombreuses en Chine; il en existe en Mandchourie, exploitées par la Compagnie des Chemins de Fer du Sud-Mandehourien : le charbon, d’excellente qualité, est actuellement absorbé presque en totalité par le service du chemin de fer. Dans le Chan-Si, on trouve des gisements très riches ; les trois mines de la Chinese Engineering and Mining Company, au Nord-Est de Tien-Tsin, ont produit en 1906 près d’un million de tonnes. La Compagnie des Mines de Shantung extrait iGSooô tonnes de charbon. Dans le Kiang-Si, on trouve une centaine de mines, encore exploitées par les méthodes les plus primitives. Près de la frontière du Yunnan, existent également de riches gisements que mettent actuellement en valeur les ingénieurs allemands; la richesse en est évaluée à 3oo millions de tonnes.
- Cimetière mycénien à Céphalonie. — On annonce la découverte à Mazarate, dans l’île de Céphalonié, de tout un vaste cimetière de l’époque mycénienne. Les tombes, au nombre de plusieurs centaines, se trouvent dans des grottes souvent considérables. On a supposé que les sépultures d’une même grotte avaient pu appartenir à une même tribu. Une seule tombe contient jusqu’à neuf individus, sans doute de la même famille.
- L’aviation et le Parlement. — Le mouvement provoqué en France par les progrès de l’aviation a trouvé son écho au Parlement, où s’est formé un groupe, dans le but d’encourager la nouvelle locomotion. Un crédit de 100000 francs sera inscrit cette année au budget des travaux publics, et destiné à favoriser le développement de la nouvelle industrie-.
- p.2x186 - vue 618/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- *•> fouets
- Animaux en bois, articulés et pyrogravés. — Le
- -dessinateur Garan d’Ache a introduit dans le jouet un genre nouveau qui a eu beaucoup de succès >: les animaux en bois découpé. Ce fut, il y a trois ans, une révélation pour les petits inventeurs qui ont repris l’idée en y ajoutant une note de leur cru. Au dernier concours Lépine, plusieurs exposants montraient également des animaux en bois, mais au lieu de les façonner d’un seul bloc dans une pose quelconque, ils ont eu le talent de leur donner l’apparence de la vie en articulant la tête,
- PofiJ
- Animaux articulés.
- les membres, la queue. Le jouet y gagne, car l’animal est susceptible de prendre toutes les poses possibles rappelant celles de l’anipial en chair et en os. Un levrier bien découpé, c’est-à-dire dont les proportions «ont bien gardées, se mettra en course ou restera assis sur le derrière, tournera la tête, et cela avec autant de grâce que s’il était vivant. Pour compléter l’illusion, le
- constructeur a décoré les sujets à la pyrogravure et
- - Le corbeau et le renard. Le loup et la cigogne.
- •obtenu des effets très artistiques. Ce dernier travail pourrait être exécuté par l’enfant qui trouvera dans cette occupation un passe-temps, très agréable.
- Un autre exposant a imaginé, dans le même genre,* non plus des animaux isolés, mais des scènes tirées des fables de La Fontaine : Le Corbeau et le Renard, Le Loup et la Cigogne, etc. Il y a là une nouvelle idée parfaitement exécutée et appelée à un succès certain.
- Les animaux articulés sont façonnés par M. Blin, i3o, rue Amelot, Paris, et les Fables de La Fontaine, également articulées et pyrogravées, par M. Yirion, à Montigny-sur-Loing (S.-et-M.).
- Le jongle-balle. — Le jongle-balle est un jouet qui tient à la fois de ces nouveaux bilboquets à balles que l’on fait actuellement et des lance-balles. Il est constitué par un châssis cylindrique en laiton courbé suivant un demi-cercle et ouvert à chacune dçses deux extrémités. On le tient par les deux poignées lixées au treillis et, après avoir introduit une ou plusieurs balles, il s’agit de jongler en obligeant les balles à s’élever aussi haut que possible en l’air et à rètomber par l’autre Le jongle-balle. extrémité du jouet. Des parties à
- plusieurs personnes peuvent même s’organiser si l’on se sert du jouet uniquement comme de lance-balle ; les balles sont envoyées et reçues les unes après les autres par chaque joueur. — L’inventeur du jongle-balle est M. Arrigon, n, avenue de la République, à Yincennes,
- Mitrailleuse jouet- — Petite merveille que l’on peut mettre dans les mains d'un enfant sans aucune crainte et qui plaira certainement : elle fait beaucoup de bruit et pas de mal.
- Notre dessin montre comment elle se présente. On engage le pouce de la main droite dans une sorte de ressort spirale pendant que deux autres doigts tiennent la boucle qui remplit les fonctions de gâchette. On tire en rapprochant la gâchette du pouce jusqu’à ce que le coup parle et on repousse cette même gâchette à fond de course. Un nouveau projectile s’introduit automatiquement dans le canon et on peul tirer à nouveau. Et ainsi une vingtaine de fois de suite sans recharger l’arme. Les projectiles sont de petits disques de papier épais; donc, aucun danger de ce côté ; cependant il ne faudrait pas tirer à bout portant sur la ligure de quelqu un, le projectile étant lancé avec une certaine force.
- Toutes les rondelles de papier sont logées dans le canon supérieur qui contient un ressort à boudin appuyant constamment sur la colonne de balles. Le canon inférieur est celui de lancement; il est solidaire de la gâchette, avance et recule selon la pression des doigts. Les spires qui entourent le pouce se terminent par une tige cylindrique capable de glisser dans le canon de l’arme sans lrottemenl appréciable. Si on éloigne les deux doigts du pouce, c’est-à-dire la gâchette de la crosse jusqu’à ce que l’on soit arrivé à fond de course —un arrêt l’indique à la main — on permet à un projectile de tomber dans la culasse de 1 arme ; la petite rondelle de papier se présente de champ et si l’on rapproche les doigts, le piston chasse doucement cette rondelle jusqu à l’extrémité du canon... qu’elle obture parfaitement. Rien ne part!
- Répétez le mouvement précédent pour permettre l’introduction d’une nouvelle rondelle. Que se passera-t-il:’ Poussée par la tige de fer comme la précédente, elle remplira l’office de piston dans le tube, comprimant l’air qui, à un moment donné, chassera la première rondelle en produisant un bruit sec, puis elle viendra à son tour prendre la place libre afin d’obturer le canon et le tenir prêt à partir. Ce n’est donc pas, ainsi que cela se passe dans toutes les armes jouets ou sérieuses, le projectile introdui t qui part lorsque I on actionne la gâchette, mais le précédent.
- Cette jolie mitrailleuse tire son origine des fusils de sureau fabriqués par les enfants eux-mêmes, et qui les amusent tant. Elle est d’une fabrication très soignée et n’occasionne pas de ratés, dès que l’on a pris le tour de main nécessaire. Il est indispensable, en effet, pour permettre au projectile de tomber dans le canon, d’éloigner les doigts : pouce d’une part, index et annulaire d’autre part, jusqu’à ce que l’on atteigne le cran d’arrêt. Le rapprochement de ces mêmes doigts se fera également dans la direction rectiligne, sans quoi les rondelles de papier se placeraient de travers dans le canon et ne rempliraient plus leur fonction de piston. — Cette mitrailleuse est construite par M. Blavette, 62, rue d Allemagne, à Paris.
- Jeu de la comète. — La comète est une flèche terminée par un volant à l’une de ses extrémités et par une
- La mitrailleuse jouet.
- Jeu de la comète.
- étoile de caoutchouc à l’autre extrémité. On la lance à l’aide d’une fourchette comme le montre noire figure et
- p.2x187 - vue 619/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUEE
- le partenaire la reçoit sur une fourchette semblable à celle qui sert au lancement. On peut faire décrire de très grandes et gracieuses courbes à cette flèche nouvelle surtout lorsque la manière de la lancer a été bien obtenue. C’est un jeu de plein air auquel dû peut s’entraîner seul et jouer ensuite à plusieurs. Il présente autant d’intérêt que le volant dont il a tout à fait 1 aspect d’ailleurs, sauf en ce qui concerne la tige et l’étoile de caoutchouc formant contrepoids. Cette étoile, susceptible de tomber sur la tête d’un passant, ne peut occasionner de blessure, ses pointes cédant au moindre choc. Il est donc aussi inoffensif que le volant le plus simple.
- Toby, éléphant savant. — Un tambour A, fermé à ses deux extrémités, est monté sur un axe B terminé par une roue pleine C à chaque extrémité ; ces roues sont légèrement plus grandes que le tambour. A l’une des
- Fig. i et 2.
- Détails du mécanisme.
- extrémités du cylindre se trouve le ressort moteur D et à l’autre un échappement E qui transmet son mouvement de va-et-vient à la tige F et au modérateur G
- formé d’un fil de fer H enroulé en spirale autour d’un axe I muni d’un volant J.
- Le tambour demeure constamment immobile pendant que tournent les deux plateaux extrêmes qui entraînent l’ensemble. A la tige F, qui traverse le cylindre on fixe une des pattes de l’éléphant, l’autre étant attachée à un point fixé au cylindre autour duquel elle peut cependant osciller. Cette tige F communique à l’animal des balancements d’autant plus grotesques qu’ils se produisent pendant que le système avance. On peut remplacer l’éléphant par tout autre sujet articulé et l’obliger Fig. 3. — L’éléphant savant, à se balancer dans des poses
- variées sans qu’il risque de tomber en avant ou en arrière, le volant servant en même temps de contrepoids. — L’éléphant savant a été imaginé par M. Jeannet, io, rue Edgar-Quinet, à Bécon-les-Bruyères.
- Looping bill. — Les jeux ou jouets basés sur ce principe ont pris assez d’extension pour que les inventeurs s’ingénient à les perfectionner en les rendant plus attrayants. Au concours Lépine, plusieurs appareils de ce genre ont été présentés ; nous n’en avons retenu que le looping-bill parce qu’il nous a semblé le plus intéressant et aussi un des mieux construits.
- Ainsi que la plupart de ceux que l’on trouve dans les cafés, on l’actionne en abaissant une manette qu’on abandonne ensuite à elle-même ; une bille est lancée dans une voie qui la dirige en haut de l’appareil. De là, la bille tombe dans une alvéole et sort dans une rangée de cases différem-
- ment numérotées ou bien dans une case unique placée au-dessus de la rangée et qui est la case gagnant avec le plus grand nombre de points ; naturellement cette dernière est plus difficilement atteinte que les autres. Dans le cas où la bille serait lancée avec trop de force, elle traverse l’espace vide sans tomber dans une case et pénètre dans une nouvelle voie qui la ramène à son point de départ. C’est une bille perdue.
- Chaque joueur peut lancer plusieurs billes les unes après les autres afin de constituer un total de points, à opposer à ceux obtenus par les partenaires. — Le Looping bill est construit par M. Richer, 79, rue Lecourbe, à Paris.
- Divers
- Le porte-plume à réservoir « The Post ». — L’usage des porte-plumes à réservoir est devenu universel, et le fait s’explique aisément par leur commodité, qui est tout à fait certaine à condition de ne pas chercher par trop le bon marché. Toutefois, l'usage n’en est pas toujours sans inconvénient : les personnes qui emploient couramment ces ustensiles savent, par exemple, combien leur remplissage et leur nettoyage sont ennuyeux. Le procédé de remplissage le plus courant est en effet l’emploi du compte-goutte qui est fragile, d’un maniement désagréable, et qui occasionne presque à coup suides taches, tout au moins aux doigts. Le nettoyage exige, d’autre part, le plus souvent, qu’on démonte le porte-plume, ce qui est également délicat et salissant. Il est vrai qu’on remédie à ce dernier inconvénient par l’emploi d’une encre spéciale, mais c’est én somme remplacer un ennui par un autre, puisqu’il n’est pas commode d’être obligé de se servir d’une encre déterminée, qu’on n’est pas toujours certain de trouver à volonté, et qui en tout cas est toujours assez coûteuse. L’ingénieux dispositif du porte-plume « The Post » semble résoudre d’une façon parfaite ces deux difficultés du remplissage et du nettoyage; du moins, l’essai que nous avons pu en faire, durant un temps, il est vrai, assez court, nous a-t-il donné toute satisfaction. Ce porte-plume supprime toute espèce de démontage, et tout emploi de compte-goutte.
- Un rapide examen de la figure ci-jointe et les quelques mots qui suivent vont suffire d’ailleurs à faire comprendre par quels moyens ces progrès réels sont réalisés.
- Le porte-plume se compose de trois pièces : le porte-plume lui-même, un chapeau protégeant la plume C, et un second chapeau C' à l’autre extrémité. Le porte-plume est une véritable seringue, comprenant un corps CR, et un piston dont la tige T glisse à frottement dur dans le collier B ; la plume est d’ailleurs semblable à toutes les plumes du même xisage, à ceci près que chacune des deux petites pièces en caoutchouc entre lesquelles elle est pincée, porte une fente F donnant accès à l’intérieur du corps de la seringue. Le mécanisme se comprend dès lors aisément. Pour remplir le porte-plume, on prend soin d’abord de faire rentrer complètement la tige T dans le cylindre, et plaçant le porte-plume verticalement ou obliquement au-dessus d’un encrier, en faisant plonger la plume jusqu’aux fentes F, on relève lentement la tige : l’appareil est chargé en une seconde. Yeut-on savoir si le porte-plume, après un certain temps, contient encore de l’encre et combien ? Une légère pression exercée à l’extrémité de la tige T, pousse celle-ci et, en l’arrêtant au moment où l’encre peide en F, on est aussitôt renseigné. Le nettoyage se fait non moins aisément : il suffit, en effet, de faire manœuvrer le piston en trempant la plume dans de l’eau propre. Au début, il est bon de prendre quelques précautions dans le maniement du porte-plume ; il faut notamment s’habituer à manier le piston avec douceur, et éviter la brusquerie : on risquerait en effet, faute d’une certaine légèreté de main, de faire sortir l’encre violemment et de l’envoyer en jet sur la table où l’on opère. — Le porte-plume The Post, qui se vend à Paris, chez E. Lidon and C°, 62, rue Tiquetonne, comporte 6 modèles, de prix variant entre i2fr,75 et 35 francs, suivant le type;
- p.2x188 - vue 620/647
-
-
-
- VAR1 ÉTÉS
- L’odeur humaine. — La Chronique médicale vient d’ouvrir une enquête sur une question posée par un de ses coiTespondants, l’odeur des Anglais, odeur sui generis qu ils présentent en débarquant de leur île. Je ne sais si nos voisins d’outre-Manche possèdent une odeur spéciale qui permet de les reconnaître à la descente du paquebot, à leur passage dans les trains du Nord, d’aucuns l’affirment. Il m’a semblé que tous les gens qui venaient de traverser la mer, surtout par temps de brume, de brouillard ou de pluie, avaient leurs vêtements imprégnés d’une odeur assez peu définissable, et je ne l’eusse pas appliquée d’une façon toute particulière aux Anglais.
- Ce qu’il y a de sûr, c’est que tous les hommes, dans tous les peuples, possèdent une odeur personnelle, plus ou moins prononcée suivant les sujets, mais elle existe. C’est encore plus marqué quand on oppose des races différentes. Le nègre, le jaune ont pour l’Européen une odeur tout à fait caractéristique qui affecte plus ou moins désagréablement notre odorat. La réciproque est vraie ; le blanc exhale un parfum qui n’a rien d’agréable pour le sens olfactif des Asiatiques. Les nègres, les Chinois trouvent que nous sentons le cadavre, que notre odeur est fade. Le Dr Matignon, qui a étudié à fond les mœurs et l’hygiène des Chinois et des Japonais, trouve que ces derniers, qui sont admirablement propres, sentent très fort pour notre odorat. Je ne parle pas, ajoute-t-il, des femmes japonaises ; leur odeur naturelle est masquée par une odeur artificielle due à l’huile de camélia dont la chevelure est enduite et qui est des plus désagréables pour un odorat occidental.
- D’après Hervé et d’autres anthropologistes, les nègres ont une odeur des plus marquées, odeur de bouc, et les chiens lancés jadis à la poursuite des esclaves en Amérique, avant l’abolition de l’esclavage, ne confondaient jamais les traces du nègre avec celles d’autres humains.
- M. Matignon dit que les pays d’Orient ont leur odeur propre tellement caractéristique, qu’un de ses amis, qui fut quelques années au ministère des affaires étrangères, lui racontait qu’en pénétrant dans le cabinet du ministre il pouvait diagnostiquer l’arrivée de la valise de Pékin ou de Tokio uniquement par l’odeur qui se dégageait de la pièce, émanant de la correspondance diplomatique qui avait séjourné pendant la traversée dans la valise avec d’autres paquets provenant de Chine.
- A côté de cette odeur de race il y a l’odeur individuelle, à peine ou pas du tout appréciable chez la plupart, très prononcée chez d’autres. Si légère soit-elle, le chien la reconnaît et suit ou retrouve son maître. Question, direz-vous, d’odorat d’une perfection rare. Certains êtres humains sont doués d’un sens olfactif qui se l'approche, comme subtilité, de celui delà gent canine et ils perçoivent avec une finesse remarquable, les odeurs, imperceptibles pour d’autres, dégagées par leurs semblables, odeur tantôt agréable, tantôt des plus pénibles et je ne parle pas, bien entendu, des odeurs dues à des troubles pathologiques.
- Il est des femmes qui exhalent une odeur qui ferait ci’oire à un parfum répandu sur la chevelure ou le corps, odeur de vanille, de violette, de réséda. Quelques saintes
- ont eu ce gracieux privilège et l’histoire religieuse nous en donne la liste, odeur de roses, de lis, d’encens. Los amoureux doivent trouver aux saintes de leur cœur l’odeur suave et préférée. Par contre, les sorciers exhalaient des odeurs de soufre, de brûlé, l’odeur de l’enfer.
- Pour ne pas rester dans le domaine des légendes très jolies, mais sujettes à caution, les hommes ou femmes à chevelure rousse, à blond ardent, ont une odeur forte. Ambroise Paré avait noté ce détail dans le style imagé de l’époque : « la puanteur vient surtout aux rousseaux tavelés. » Les êtres à pigment foncé, les bruns, ont une odeur différente des blonds. Le Dr Galopin, quia fait des odeurs delà femme une étude approfondie, reconnaît que les blondes ont souvent une odeur d’ambre, de musc; les femmes à cheveux châtains sentent la violette. Telles étaient, s’il faut en croire les chroniqueurs anciens, Agnès Sorel, Diane de Poitiers, Madame de Maintenon.
- L’odeur varie de qualité et d’intensité suivant les heures de la journée, suivant les conditions morales du sujet, suivant l’état de son système nerveux, suivant les mille et une conditions variables de la vie. Les hystériques ont souvent une odeur de violette, et cette odeur change s’il survient dans leur état psychique ou physique une modalité différente.
- A quoi est due cette odeur personnelle de certains sujets? Beaucoup d’observateurs croient qu’il s’agit là d’une impression dégagée du costume. C’est souvent le cas ; mais il y a une odeur tout à fait indépendante du costume, car chez les nègres, les Hindous, les coureurs japonais, le costume est des plus rudimentaires et l’odeur est forte. Il s’agit évidemment d’une modification spéciale de la sueur et des sécrétions cutanées par l’état général du sujet; elle peut devenirplus active sous l’influence de la lumière, d’excitations de tous genres. L’odeur exhalée par les malades, et surtout dans certaines maladies, est quelquefois des plus caractéristiques, mais en général elle n’est pas bonne.
- Pourquoi des êtres humains ont-ils une odeur agréable ? je ne crois pas que les physiologistes aient trouvé une réponse plausible. Il est vrai que ces odeurs, bonnes ou mauvaises, ne sont pas, dans la plupart des cas, bien développées et par conséquent ne sont perceptibles que par un petit nombre de privilégiés, mais elles existent chez tout être humain; la piste de son maître suivie par le chien à toute distance et à travers de nombreux obstacles est là pour le prouver. Si nous ne percevons pas, à moins de circonstances spéciales, l’odeur émanée de nos semblables, c’est à l’imperfection de notre sens olfactif que nous devons nous en prendre. Le sauvage, celui dont Fenimore Cooper, Gustave Aymard et d’autres nous ont conté les prouesses et que nous tentions d’imiter dans nos jeux d’enfance, nous est à ce point de vue infiniment supérieur. Quelques aveugles acquièrent avec la finesse du sens du toucher un odorat plus subtil et plus délicat que dans la normale. Heureux sont-ils quand l’odeur est agréable, ce qui n’est pas le cas le plus ordinaire. Pour la majorité des humains l’odeur est indifférente, puisqu’ils ne la perçoivent pas, et je ne pense pas que nous devions envier pour cela le sens olfactif si parfait de notre ami le chien. Dr A. C.
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- Le traitement du rhumatisme par les piqûres d’abeilles. — C’est une croyance populaire, dans maintes régions de la France et d’autres pays, que les piqûres d’abeilles constituent un remède souverain contre. les manifestations du rhumatisme articulaire aigu et subaigu. D’où est née cette croyance, justifiée, comme on le verra, par des faits authentiques, probablement d’un accident comme celui survenu à M. de Gasparin. Un aoiculteur ou un simple passant aura été piqué par un de ces insectes et a vu céder une douleur qui le gênait depuis longtemps. C’est en effet le cas de M. de Gasparin, tel que le rapportait, il y a cinquante ans, le Dr Desjardins dans V Union médicale. Un rhumatisme articulaire le tenait dans un état de souffrance continue et il avait
- en vain employé les eaux d’Aix et de Saint-Laurent, lorsqu’il fut un jour piqué fortement par une guêpe au poignet droit. Le bras, qui était très douloureux, enfla immédiatement, mais la douleur disparut de même. En voyant cet heureux résultat, le malade se fit piquer volontairement sur d’autres points du corps et le rhumatisme fut guéri.
- Il serait difficile de savoir à quelle époque ce nouveau traitement a pris rang en thérapeutique; l’apiculture remonte aux temps les plus anciens et il est vraisemblable que l’accident arrivé à cet apiculteur a dû se produire dans d’autres circonstances. Un professeur de l’Université d’Oxford, le Dr Ainley Walker, poursuit depuis quelques mois une enquête sur ce sujet, et les
- p.2x189 - vue 621/647
-
-
-
- m
- HYGIÈNE ET SANTE
- renseignements qu’il a recueillis de la bouche de médecins ou de malades témoignent d’une action certaine du venin d’abeilles pour le soulagement des douleurs de rhumatisme. Il ne s’agit donc pas là d’une simple croyance, digne de figurer dans le folklore thérapeutique ; des documents précis donnent la preuve de l'efficacité de ces piqûres.
- Un de nos confrères français, le l)r Lamarche, de Saint-Marcellin, donne un fait personnel qui ne laisse place à aucun doute. Plusieurs de ses clients lui avaient assuré avoir usé de ces piqûres avec succès après avoir essayé d’autres traitements sans résultats. Lui-même est sujet au rhumatisme musculaire, aux névralgies rhumatismales ; comme il est apiculteur, il se fit piquer et ne souffre, dit-il, plus jamais de ses douleurs. Il essaya ce moyen dans un cas de sciatique extrêmement douloureux et chronique et la malade qui, depuis plusieurs mois, passait ses nuits à gémir, fut soulagée immédiatement après une séance de cinq piqûres et guérie au bout de quelques séances.
- Dans l’enquête poursuivie par M. Walker, il y a, à côté de quelques faits précis, beaucoup d’indications par ouï-dire. Des médecins lui rapportent que c’est une croyance très répandue aux Etats-Unis, en Angleterre, dans le Cornwall, dans le Shropshire et d’autres comtés. D’autres relatent des cas de rhumatisme guéris par ce procédé, cas plus probants, car ils en ont été témoins. Les journaux d’apiculture français et anglais en ont publié également de nombreux exemples : c’est un malade couché depuis plusieurs semaines qui peut se lever et marcher après cinq ou six piqûres, un autre qui voit disparaître une névralgie tenace et rebelle à tout traitement.
- Le Dr Burton, de Birmingham, vient d’en donner dans le British Journal une preuve personnelle toute récente. Il souffrait depuis trois mois d'une sciatique fort douloureuse que soulageaient à peine les bains de vapeur. Il fit l’essai de piqûres d’abeille, huit en tout, et dès le lendemain il pouvait marcher sans douleur et sans boiterie.
- Un témoignage précis a, du reste, été fourni depuis longtemps par le D‘ Téré qui exerce à Marbourg, dans la Styrie. En 1888, ce médecin publiait dans un journal autrichien, la Wiener medizinische Presse, une série d’observations des plus nettes à l’actif de ce mode de traitement. Depuis cette époque, il a continué à traiter nombre de malades par cette méthode, et le chiffre de ses observations s’élève aujourd’hui à plus de 700. Ces résultats imposent la confiance et montrent que la question peut sortir du domaine des légendes pour entrer dans la réalité de la pratique. Est-ce à dire que tous les rhumatismes vont bénéficier de ces piqûres ? Hélas, ce serait à souhaiter, pour qui connaît la misère douloureuse de ces pauvres malades. Mais n’en soulagerait-on que quelques-uns, ce serait déjà beaucoup.
- D’après les remarques du D1 Téré la douleur, à la suite des piqûres, est plutôt vive; mais si l’on a la précaution de retirer de suite l’aiguillon de la plaie, elle disparaît assez vite. En 8 ou 4 heures l’effet
- irritant a cessé pour faire place à du gonflement œdémateux qui s’étend tout autour du point piqué. Ce gonflement s’accompagne d’une sensation légère de brûlure et de démangeaison et ne s’efface guère avant le troisième ou quatrième jour. Après une série de trois ou quatre séances de piqûres, le malade acquiert une immunité réelle qui persiste environ six mois et le laisse indemne d’irritation ou de gonflement pour de nouvelles inoculations. C’est du reste une remarque que font tous les apiculteurs, qui arrivent à ne plus ressentir les coups d’aiguillon de leurs élèves. Il faut chez les rhumatisants une série de piqûres, variables en nombre et en séides, pour amener l’immunité nécessaire. Parfois une seule séance suffit : chez un malade traité à Marbourg, huit piqûres amenèrent la guérison immédiate, le malade put retourner à son travail dès le lendemain. La plupart du temps, il faut, dans les cas anciens, recourir à des centaines de piqûres. Le D1' Téré, apôtre convaincu de cette méthode, affirme que la guérison ne dépend que de l’intelligence et de la persévérance du malade; on peut ajouter de sa patience, car le traitement est réellement douloureux au moins pendant les premiers temps, bien que, chose curieuse, les rhumatisants ressentent à la piqûre des douleurs moins vives que le premier venu.
- Il serait intéressant de déterminer quel est l’agent modificateur dans le venin des abeilles ? Est-ce le principe actif découvert par Phisalix? Est-ce simplement l’acide formique qu’on peut isoler dans ce liquide ? Le D‘ Lamarche croit à cette dernière hypothèse et il l’a justifiée en introduisant chez des malades, au lieu de venin d’abeilles, de l’acide formique en injections sous-cutanées. Une femme atteinte d’un rhumatisme aigu de l’épaule qui interdisait le plus petit mouvement a été guérie en deux séances par des injections de 1 gr. d’acide formique.
- Le professeur Walker ne serait pas éloigné d’accepter cette opinion s'il était bien démontré, comme plusieurs de ses correspondants le lui ont affirmé, qu’après l’absorption de formiates ou d’acide formique ils avaient vu disparaître des douleurs tenaces et pénibles. Je pense que la guérison est due plutôt à l’introduction, à doses successives et continues, d’une toxine spéciale contenue dans ce venin, neutralisant les toxines infectieuses qui sont la cause du processus rhumatismal.
- Quelle que soit l'interprétation de ces faits, ce qu’il y a de sûr c’est que les piqûres d’abeilles ont dans certains cas, je n’oserais pas dire tous, bien que le Dr Téré semble en avoir la conviction, donné des résultats thérapeutiques décisifs, alors que les traitements habituels laissaient les malades sans soulagement. Il faut cependant savoir que les piqûres de ces insectes ont occasionné parfois des accidents graves; je ne sais si notre confrère autrichien en a observé quelques-uns. Mais contre un mal aussi sérieux et aussi ' rebelle à bien des agents internes ou externes, ou peut courir quelques chances; le tout sera de n’employer le remède qu’à bon escient. D' A. Cartaz.
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Dans la boîte aux lettres, la Rédaction publie les laits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Communications. — Les pétrins mécaniques. — (Yoy. n° 183g du 22 août 1908), MM. Werner et Pflei-derer, ingénieurs-constructeurs, nous font observer que le pétrin mécanique représenté par notre figure 10, insérée dans notre article sur les Pétrins mécaniques, est construit par eux-mêmes et non par la maison Bor-beck. Une erreur s’est en effet glissée dans la rédaction de la légende; le pétrin Borbeck est celui représenté par notre premier cliché, ainsi que la légende l’indique d'ailleurs, tandis que le pétrin, figure 10, appartient aux constructeurs Werner et Pfleiderer.
- .La grue de sauvetage des chemins de fer d’Orléans. — Cet appareil, que nous avons décrit dans notre n° 1849 du 3i octobre, a été construit par MM. Caillard et Cio, 20, rue de Prony, Paris.
- La baguette divinatoire des sourciers. — Nous recevons sur cette question si controversée la lettre suivante de M. LLurtault, architecte-paysagiste, à Chartres : « J’ai lu avec intérêt votre article sur les sourciers. Quoique je n’aie aucune confiance, je constate avec étonnement que lorsque je prends une baguette de n'importe quel bois en forme de V (le laurier amande m’a paru beaucoup plus sensible), la baguette tourne dans mes mains et malgré moi, toutes les fois que je passe au-dessus d’un courant d’eau, soit visible, soit invisible. Ma montre que je tiens par sa chaîne se balance, alors que là où il n’y a pas de courant elle ne bouge pas. Que je sois en chemin de fer, le même phénomène se reproduit sans que je puisse m’en expliquer la raison. Plus le
- p.2x190 - vue 622/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- courant est fort, plus lu baguette tourne vigoureusement et plus lu montre se balance. H n’y a là aucune supercherie, mais un fuit inexplicable. Il serait désirable qu’en présence d’un phénomène qui n'est plus contestable et dans le seul but de faire avancer la question, un certain nombre de personnes se réunissent pour faire des expériences sur un même terrain et par divers procédés. Exemple : Je suppose que la baguette et la montre indiquent un endroit où il y aurait un écoulement, ne serait-il pas possible de contrôler, au moyen d’autres appareils tel que celui de M. Daguin, si réellement il y a un courant ? »
- Renseignements. — M. Gilbrin, à Paris. — Le procédé que vous proposez pour faciliter les travaux de la traversée souterraine de la Seine par le tunnel métropolitain serait absolument impraticable. Les injections de mortier ne s’opèrent qu’autour de souterrains déjà construits, pour renforcer des parois métalliques ou en maçonnerie. Mais il faut que cette forme primitive existe ; l’injection de mortier a alors pour résultat de combler les excavations qui ont pu se produire à l’avancement et qui peuvent exister entre l’exlra-dos de l’ouvrage construit et le terrain environnant. Mais injecter par avance, à grande distance, du mortier, ou du ciment, dans le terrain à travailler, la chose est absolument impossible. Par quels moyens guider ces injections ? Et si l’on admet que l’on veuille ainsi solidifier tout le cube de terrain correspondant au futur tunnel, où logerait-on la masse de ciment injectée ? 11 faudrait au préalable qu’il existe des vides.
- M. J. Nathanaël, à Bahia. — Vous trouverez les objets nécessaires à rétablissement d un cabinet de physique et de chimie dans les maisons suivantes . Ducretet, 75, rue Claude-Bernard; Alvergniat-Chabaud, 58, rue Monsieur-le-Prince ; Fontaine, 18, rue Monsieur-le-Prince; Poulenc, 19.2, boulevard Saint-Germain. Pour les manuels de chimie et physique à 1 usage de 1 enseignement secondaire, nous vous conseillons le Manuel de Chimie, de Troost et Péchard, le Traité de Physique Elémentaire, de Fernet et Faivre-Dupaigre, chez Masson, 120., boulevard Saint-Germain. Voyez le Précis de minéralogie, de Lapparent, à la même librairie.
- M. Georges Olbrich nous signale que, dans 1 article de M. Agamemnone sur le rôle de l’eau dans les tremblements de terre (n° i834)ilcs idées principales avaient été empruntées à un article de lui au dernier Congrès sismologique de la Haye.
- M. Loyecque, à Paris. — Nous n’avons rien encore publié relativement à la construction de véritables aéroplanes miniature. Nous comptons le faire dans un très prochain numéro. Voyez cependant dans le n° 1862, du 12 (Septembre, l’article : Quelques planeurs. Vous y trouverez la description d un petit planeur fait avec une feuille de papier; dans le n° 1837, du 8 août, dans la Science appliquée nous avons décrit également un aéroplane minuscule. . .
- M. Rivaud, à Paris. — Les moteurs d’aviation les plus réputés sont actuellement les moteurs Antoinette, rue des Bas-Rogers, à Puteaux; les moteurs Renaut,
- i39, rue du Point-du-Jour, à Billancourt; Robert-Ksnault-Pelterie, 169, rue de Silly, à Billancourt.
- M. Cattoud, à Juiz de Para. — Voyez les 2 vol. parus sur la gravure dans l’Encyclopédie Roret, chez Mulo, rue llautefeuille, Paris.
- M. Laidrich, à llankow. — Il n’existe pas, à notrg-connaissance, d’ouvrage traitant spécialement de l’arsenic. Vous trouverez dans l’ouvrage de M. Ue Launay, Traité des gîtes métallifères, un chapitre relatif à ce corps, avec une bibliographie complète. Béranger, éditeur > i5, rue des Saints-Pères, Paris.
- Club Catolico, Montevideo. — L’emploi du bec Auer permet de diminuer dans la proportion de 5 à 1 environ la consommation de gaz exigée par les becs ordinaires, pour un même pouvoir éclairant. Ces becs sont fabriqués par la Société Auer, rue Saint-h argeau, Paris.
- M. Iloudarl, à Mareuil. — Les cartes postales illustrées se fabriquent généralement par le procédé dit de la pliotocollographie (report de la photographie sur gélatine puis tirage analogue au tirage lithographique). On n’utilise pas de vernis, sauf pour recouvrir parfois les cartes postales une fois tirées.
- M. G. Cosson, à Bruxelles. —Voyez les ouvrages suivants : Pratique de la phoiotypogravure américaine, de W. Cronenberg, chez Gauthier-Villars, 55, quai des Grands-Auguslins, Paris. La phototypie pour tous, de Laynaud, chez Gauthier-Villars. Encyclopédie Roret, photographie sur métal, papier et verre, chez Mulo, rue llautefeuille, Paris.
- M. L. d’O., à Constantinople. — Nous n’avons rien publié de spécial sur les téléphones haut-parleurs, et nous ne connaissons pas d’ouvrage qui leur soit consacré. Mais vous trouverez des renseignements sur ces appareils dans les bonnes maisons de téléphones. Société industrielle des téléphones, 25, rue du 4-Septembre. Ateliers Thomson-Houston, rue de Yaugirard, Paris.
- M. Ferreira, à Lisbonne. — Veuillez nous rappeler votre question. Pour le coupage des tôles au chalumeau oxy-acétylénique, voyez notre n° 1783, du 27 juillet 1907. pour plus amples renseignements vous pourriez vous adresser à MM. Boas, Rodrigues et Cic, 67, boulevard de Charonne, à Paris ou à la Société des gaz comprimés, 43, rue Saint-Lazare, Paris.
- M. Jolidon, à Asnières. — Vous trouverez, croyons-nous, les meules que vous désirez, aux établissements Marckt, 107, avenue Parmentier, Paris.
- M. R. Chacnod, à Apples. — M. Delsaux vous remercie vivement de votre communication relative au tabulant. Mais les textes que vous citez (Amos, I, 3 ; Isaïe, xxvm, 27, xli, 15) ne lui paraissent pas pleinement démonstratifs : s’agit-il de traîneaux garnis de pointes de fer ou de pointes de silex ? Là est toute la question, que ces textes, du moins dans la traduction française, ne permettent pas d’élucider. Cependant le témoignage par la Bible de l’existence du labulum en Palestine n’a rien a priori d’impossible, bien au contraire! Peut-être pourriez-vous regarder ce que dit le texte hébreu à ce sujet, ou découvrir d’autres passages plus explicites ! Nous nous ferions un plaisir de publier les résultats de vos recherches s’ils sont probants.
- BIBLIOGRAPHIE
- : Sommaire de notre précédent numéro Le Prix d’Aviation de « La Nature ». — Désincrustation des pailles : P. Difflotii. — Un nouveau système de chemin de fer électrique : René Doncières. — La vallée de Bethmale (Ariège) : E.-Al Martel. — Les galets dans le charbon du Nord : L. De Launay. — Les usines municipales de stérilisation de Dinard et de Nice : Dr Gabriel Sinclair. — L’histoire des chrysanthèmes : Henri Coupin. — Bateau de sauvetage à vapeur : Daniel Bellet. — Propulsion des bateaux sous-marins : R. Champly. '— Académie des sciences; séance du 2 novembre 1908 : Ch. dé Villedeuil. — Nouveau système de chauffage par la vapeur : Lucien Fournier.
- Supplément. — Les voyages aériens de Farjnan, etc.
- Ce qu’il faut savoir d'hygiène, par les D,s R. Wurtz et IL Bourges. Paris, Masson et Ci0. 1908. 1 vol. in-16. Prix : 4 francs.
- Le moment est à coup sûr admirablement choisi pour la publication de ce précieux petit livre, qui vient vraiment combler une lacune. Jamais on n’a tant parlé d’hygiène en France, et depuis la loi de février 1902, destinée à protéger la santé publique, jamais les questions d’hygiène n’avaient si justement passionné le grand public, Cependant ce même public manquait d’un précis clair ,eL pratique lui apportant lès réalités de la science, débarrassées des hypothèses de la théorie et du dur langage des techniciens. C’est ce que réalise le volume de MM. Wurtz et Bourges. En écartant systématiquement les termes par trop scientifiques ou techniques, en multipliant les figures et les croquis afin d’abréger les descriptions, en traitant seulement et d’une façon très concrète les questions d’hygiène qui se posent chaque jour dans la vie courante : conditions hygiéniques du milieu naturel
- p.2x191 - vue 623/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- (atmosphère et sol), façon de rendre une habitation salubre, de régler rationnellement l’alimentation, d’assurer le développement physique du corps, de mettre l’organisme à l’abri des maladies transmissibles, etc.), les auteurs ont su rendre intéressant tout ce qui touche à l’observation des règles qui sauvegardent la santé, et ce bon livre est une sorte de bonne action.
- Pierres et matériaux artificiels de construction. Encyclopédie scientifique du Dr Toulouse, i vol. de 3oo pages. Chez O. Doin Pa ris.
- Les matériaux de construction artificiels deviennent de plus en plus nombreux; et apportent, dans l’art de
- bâtir, des ressources d’une précieuse variété. M. Gran-ger les étudie dans l’ordre suivant : i° Pierres artificielles obtenues par cuisson : terre cuite, grès, porcelaines, verres. — a0 Pierres artificielles obtenues par hydratation suivie de carbonatation ou de silicatisation : le plâtre, le ciment, les briques silico-calcaires. — 3° Pierres artificielles agglomérées par réaction chimique sans hydratation. — 4° Pierres artificielles agglomérées par des produits organiques : asphalte, pierres en liège, etc., etc.
- Almanach de la Société des Agriculteurs de France. 19° année, 1909. 162 p. Librairie Plon, 8, rue Garan-cière, Paris. Prix : a5 centimes.
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o
- Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 1 HEURES DD MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 2 nov. 1908. . . 5°,0 E. 2. Couvert. » Gel. bl.; couv. jusq. 18 li.; beau eus.; brouillard dans la soirée.
- Mardi 3 ..... .. — 1°,9 E. 1. Beau. » Gelée blanche; brouillard jusqu’à 7 h.; beau.
- Mercredi -i 4°,2 E. N. E. 2. Couvert. » Gel. BL; couv. le ni.; beau le s.; brouillard dans la soirée.
- Jeudi 5. ...... . 0U,0 N. E. 2. Beau. 0 Gelée blanche ; petit brouillard jusqu’à 7 lu; beau.
- Vendredi 6 — 2°,0 N. E. 2. Beau. » Gelée blanche; givre; beau.
- Samedi 7 — 1°.8 N. E. 2. Beau. D Gelée blanche ; beau.
- Dimanche 8 — 0°,8 N. E. 2. Couvert. » Gelée blanche; très nuageux; halo lunaire. ...
- NOVEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 2 AU DIMANCHE 8 NOVEMBRE '908.
- Lundi | Mardi | Mercredi l Jeudi | Vendredi [ Samedi j Dimanche
- La courbe supérieure indique la nébulosité de Où 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la nier); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l’abri à boule mouillée.
- Du 2 au 8 novembre. — Le 2. Légères dépressions au S. de l’Irlande, 760 mm. en Gascogne et à la pointe de Bretagne, 759; anticyclone sur le Centre et TE. de l’Europe : Moscou, 776. Pluies sur les Iles-Britanniques et la Norvège. Temp. du matin : Moscou, — ir°; Paris, 5; Alger, 21 ; Puy de Dôme, 8; Pic du Midi, 1 ; moyenne à Paris : 4°.4 (normale : 7°,3). — Le 3. Zone de pression un peu basse entre 10. de l’Europe et les Açores; fortes pressions sur le Centre et l’E. : Valentia, Biarritz, 758; Lemberg, 771. Pluies sur le N.-O. Temp. du matin : Moscou, —8°; Paris, —2; Alger, 20; Puy de Dôme, 5; Aigoual, 3; moyenne à Paris : 2°,6 (normale : 70,2). — Le 4- Baisse générale : profonde dépression sur le N. de la Russie : Saint-Pétersbourg, 748; fortes pressions sur le S.-E. de l’Europe et de l'Islande à l’Ecosse (771). Pluies sur la moitié N. de l’Europe; quelques averses au S. des Cévennes. Temp. du matin : Haparanda, —7; Paris, 4; Alger, 20; Puy de Dôme; 4: Pic du Midi, o; moyenne à Paris : 40,5 (normale ; 70). — Le 5. Fortes pressions sur les Pays-Bas et le N.1 de la Fi'ance : Dunkerque, 767 ; Danemark, 768. Basses pressions sur la Méditerranée et le N. de la Russie : Cagliari, 757; Arkangel, 748. Pluies sur le N. de l’Eu-
- rope ; neige sur le S.-O. de la Russie ; averses dans le Midi de la France. Temp. du matin : Uleaborg, — xo°; Paris, o ; Alger, 20; Puy de Dôme, 4; moyenne à Paris : 3°,7 (normale 6°,8). —Le fi. Aire dé pression supérieure à 785 sur la Norvège,‘ la mer du Nord, les Pays-Bas, Cagliari, 757; Arkangel, 746. Pluies sur la Scandinavie et T Allemagne ; averses ; dans le Roussillon : Port Vendres, 53 mm; Perpignan, 29. Temp.; du, matin : Moscou, — ii°; Paris, — 2; Alger, 19; Puy de Dôme, 4; Pic du Midi, — 2: moyënne à Paris : 20,2 (normale : 6°,7). — Le 7. Dépression à 'TO. de la France : Bros!. 756; Arkangel, 749; fortes pressions sur l’Europe Centrale : Prague, 770. Pluies sur les Iles-Britanniques et le S. de la Russie. Temp. du matin : Arkangel, — 1.70; Paris, — 1 : Biarritz, 13 ; Puy de Dôme, 4; Pic du Midi, — 4; moyenne à Paris : i°,6 (normale : 6°,6). — Le 8. Dépression sur le golfe de Gascogne (743) et baisse générale sur tout le continent. Neiges et pluies sur le N. elle S. de l’Europe; en France : Nice, 17; Nantes, i5; Marseille, 12; Lyon, 11. Biarritz, 4. Temp. du matin : Moscou, — i 2° ; Paris, — 1 ; Alger, 21 ; Puy de Dôme, l\\ Pic du Midi,— 7. — Phases de la Lune : Pleine Lune le 8, à 8 h. 7 m. du malin.
- p.2x192 - vue 624/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « La Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 120, Boulevard Saint-Germain, Paris (VP)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des articles non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1852 — 21 NOVEMBRE 1908
- INFORMATIONS
- SUPPLÉMENT
- Avis de l’Administration. — .L’échéance du 3o novembre étant l’une des plus chargées de l’année, nous prions instamment MM. les abonnés, dont l’abonnement se termine avec le numéro du 3o novembre (n° i853), de nous faire parvenir, soit par leur libraire, soit directement, le montant de leur renouvellement avant cette époque. Une quittance, pour une même durée que l’abonnement précédent, sera, à Paris et dans les départements, présentée dès les premiers jours de décembre aux abonnés qui, préférant ce mode de recouvrement, n’auront pas, avant le ior décembre, renouvelé ou donné ordre contraire. — Tout abonné à La Nature peut, en renouvelant son abonnement pour une année entière, recevoir les Tables décennales (3 volumes, 1873 à 1882 — i883 à 1892 — 1892 à 1902), au prix de 18 francs au lieu de 26 francs.
- L’éclairement solaire et la fumée. — La Revue néphologique, dans une étude de M. Otto Behre sur l'éclairement solaire, montre que la fumée qui s’élève, pendant la saison froide, d’innombrables cheminées, et qui contient une grande quantité de matières non brûlées, produit une diminution considérable de l’éclairement solaire. L’effet de cés fumées ressort clairement d’observations faites dans la région de Londres. Des stations dirigées du Sud-Ouest au Nord-Est, et distantes d’un petit nombre de kilomètres les unes des autres ont, comme heures de Soleil : Kew, 1399 heures (3i pour 100) ; centre de Londres, 1027 heures (23 pour 100) ; Greenwich, 1227 heures (27 pour 100). Le centre de Londres a donc 372 heures (8 pour xoo) de Soleil de moins que Kew, et 4 pour 100 de moins que Greenwich qui se trouve à l’Est. Durant les mois d’hiver, le déficit d’éclairement solaire s’élève jusqu’à 11 pour 100. La forte diminution des heures de Soleil de Kew à Londres centre, et l’augmentation de Londres centre à Greenwich s’expliquent par la direction des vents. Les vents dominants, ceux d’Ouest, atteignent d’abord Kew, s’étendent au-dessus de Londres et conduisent la fumée et la poussière vers Greenwich, où ils enlèvent encore une partie de l’éclairement solaire que Greenwich devrait recevoir. A Hambourg, d’après onze années d’observations, on a conclu que, en moyenne, pendant 108 jours (3o pour 100) par an, le Soleil ne luit pas. En toutes saisons et surtout en hiver, l’air est rempli de multiples flocons noirs de toutes dimensions. Aussi, à Hambourg, il n’y a que 28. pour 100 de l’éclairement possible tandis que le chiffre correspondant pour Berlin atteint 37 pour 100. En moyenne, à Hambourg, le Soleil luit pendant 1236 heui’es, contre 1672 à Berlin.
- L’agitation moléculaire et le mouvement Brownien. — On connaît, le mystérieux mouvement spontané dont sont animés certains éléments microscopiques et qu’on nomme mouvement brownien. Un intéressant travail de M. Perrin précise un peu les conditions du phé-
- nomène. Prenant une émulsion de gomme gutte dans l’eau et l’examinant au microscope, l’auteur y constate l’existence de granules parfaitement sphériques, animés du mouvement brownien. Cette émulsion, une fois centrifugée, perd ses granules microscopiques, bien qu’elle consei’ve sa teinte jaune; mais, par l’éclairage latéral, on y découvre encore des granules ultra-microscopiques de forme sphérique et de dimension uniforme. M. Perrin s’est attaché à étudier la répartition de ces granules dans la liqueur, et a reconnu que leur nombre croissait en progression géométrique à mesure que l’on descend, c’est-à-dire suivant la loi d’un gaz en équilibre sous l’action de la pesanteur. Par un raisonnement subtil, il en a conclu que l’énergie cinétique moyenne d’un granule de colloïde est égale à celle d’une molécule visible dans un gaz parfait, et il suppose, dès lors, avec M. Gouy, que le mouvement brownien est la conséquence des chocs moléculaires produits dans les fluides contre les particules en suspension.
- Le premier Salon de l’Aéronautique. — Nous verrons, cette année, pour la première fois, un salon de 1 Aéronautique. Il constituera une des attractions du prochain Salon de l’Automobile qui doit se tenir fin novembre. L’exposition de l’aéronautique comprendra une section rétrospective très intéressante.
- La conservation des poteaux télégraphiques aux Etats-Unis. — La destruction rapide des forêts américaines fait l’objet de très graves préoccupations pour les autorités des Etats-Unis. L’industrie du papier, l’industrie électrique sont de terribles consommateurs d’arbres. Une récente circulaire signale qu’il faut 19 ans pour produire un arbre susceptible de faire un poteau télégraphique de 10 m. de haut. La durée normale d'un tel poteau n’excède pas i5 ans. Le service des forêts recommande, pour parer à cette prompte mise hors d’usage, l’emploi d’agents préservateurs : la créosote ou le chlorure de zinc, par exemple. Le premier de ces corps a l’avantage d’être insoluble dans 1 eau. On pourrait ainsi prolonger la vie d’un poteau de 20 ou ans. Ce serait déjà un léger palliatif, mais combien insuffisant!
- Nouvelle catastrophe dans les mines allemandes.
- — Après les catastrophes de Reden et de Carolinen Glück, les mines de houille allemandes viennent d’en subir une nouvelle plus terrible qui a fait au moins 364 morts. C’est au puits Radbod à Hainm, en West-phalie. Les sauveteurs quittaient venus si généreusement offrir leurs services à Courrières n’ont'pu obtenir aucun résultat et, par une décision hardie, l’administration allemande a fait noyer la mine pour éteindre le feu, sans craindre de rendre ainsi tout sauvetage comme toute enquête future impossibles.
- Les charbonnages de Kyoushou au Japon. — En
- 1906, le Japon a produit i3 millions de tonnés de charbon, dont 79 pour 100 pour l’île de Kyoushou. Les prin-
- 25
- p.2x193 - vue 625/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- cipaux charbonnages de l’ile sont Chiku-ho, qui a donné plus de 6 millions de tonnes en îqoà ; Muke (i 3oo ooo t.), Takashima, à n km de Nagasaki, qui donne le meilleur charbon du Japon.
- Le dirigeable espagnol « Torrès-Quevedo ». —
- L’Espagne, elle aussi, cherche sa voie du côté des dirigeables. L’ingénieur Torrès-Quevedo et l’aéronaute
- Fig. [. — Le dirigeable espagnol.
- Kindelan viennent de construire le dirigeable dont notre figure montre la curieuse physionomie. Il commence
- Fig. 2. — Le moteur du dirigeable espagnol.
- actuellement ses essais dans le parc aérostatique militaire de Guadalajara. Il sera muni en outre d’appareils radiographiques.
- Or à Madagascar. — Un terrain aurifère vient d’être découvert près de Tamatave. Les espérances à fonder sur cette découverte seraient d’une certaine importance.
- Moteurs à explosions alimentés à la naphtaline.
- — La fameuse fabrique allemande Gasmotorenfabrik Deutz est en train de construire des moteurs à explosions, à combustion interne, comme disent les Anglais, pour marcher à la naphtaline solide. On sait que cette matière se vend fort bon marché, qu elle constitue un sous-produit souvent gênant de la fabrication du gaz d’éclairage; elle fond d’ailleurs à 790 C. Ce combustible ou ce carburant, comme on voudra le désigner, étant solide, on munit ces moteurs d’un réservoir cylindrique spécial, où fond le produit sous l’influence de la chaleur perdue provenant de l’échappement et de l’enveloppe d’eau du cylindre. L’air arrivant pour être carburé est du reste réchauffé, lui aussi, pour qu’il ne se produise pas une prise en masse de la naphtaline. Il faut jusqu’à présent assurer la mise en marche et Réchauffement du début au moyen d’un hydrocarbure liquide ordinaire.
- Le tour du monde en 40 jours. — Depuis le célèbre « Tour du Monde eù 80 jours », de Jules Verne, les moyens de communication ont fait de singuliers progrès. Aujourd’hui, le même voyage peut être aisément réalisé en 40 jours, et sans le moindre tour de force : c’est ce qui résulte de l’itinéraire suivant : partir de New-York le samedi par le Lusitania ; on débarque à Plymouth le jeudi suivant, et l’on gagne Londres que l’on peut quitter le soir même pour Berlin; on en repart le vendredi soir et l'on arrive à Moscou le dimanche matin. On sera à
- Vladivostock le jeudi de la semaine suivante ; on en re-partix'a le samedi soir suivant pour débarquer à Tsu-raga au Japon, le lundi. On prendra le train pour Yokohama, et là on montera dans un steamer de la Ca-nadian Pacific ; appareillant le même jour, on sei'a à Vancouver 12 joux-s après. Puis, par Saint-Paul et Chicago on l'egagnera New-York, où l’on pourra arriver le jeudi matin après moins de 40 jours de voyage.
- La méthode japonaise de désinfection. — La Revue d'hygiène signale cette méthode, très efficace et très expéditive, d’api*ès la Zeitschrift füv Jlygiene. Au moment où leur armée quittait la Mandchourie pour regagner le Japon, les Japonais eurent besoin d’une méthode de désinfection très rapide qui pei'mît de traiter une grande quantité de vêtements et notamment de foun-ures, pendant que les hommes se nettoyaient avant l’embarquement. Contraint de délaisser les procédés ordinaires qui eussent été trop longs, on obtint des résultats ti'ès satisfaisants en opérant comme suit. De la vapeur d’eau sous pression était envoyée dans une chambre où se trouvaient les vêtements à traiter, jusqu’à ce que la tempé-ratui'e eût été poiùée à 6o°; l’air de la chambre est eu même temps évacué par un orifice spécial placé pi'ès du sol, de manière à pei'metti'e une cii’culation assez active de la vapeur dans toutes les parties du local et une saturation convenable des vêtements. On fait alors pénétrer l’aldéhyde formique avec le courant de vapeur dans la chambre à désinfection; dix minutes plus tard, l’opération est terminée; au total, chaque opération ne demandait pas plus d’une demi-heux'e. Les chambres à désinfection utilisées offraient de 3o à 45 m3 (avec une hauteur de 2, xo m. au plus) ; leurs parois étaient organisées de manière à être mauvaises conductx'ices de la chaleur. Les objets à désinfecter étaient placés sur des étagères ou suspendus. On envoyait l’aldéhyde formique dans le courant de vapeur sous forme do spray, à l’aide d’un pulvéï'isateur spécial. La vapeur était émise à la pression de 6 atmosphères. On usait 22 cm3 de la solution de formol à 40 pour 100 par mètre cube, et cette quantité était pulvérisée en une minute envii'on. De nombiœuses expériences bactéi'iologiques témoignèi'ent en faveur de l’efficacité réelle de la méthode, telle qu’elle fut employée aux stations de Dairi et de Ninoshima ; la désinfection s’opérait même sous cinq épaisseurs d’étoffes.
- Construction d’un tunnel au Canada. — Les îela-tions commerciales entre les Etats-Unis et le Canada se sont développées rapidement depuis quelques années. Leurs échanges sont maintenant repi'ésentés par une somme annuelle de 1400 millions de francs. Des deux côtés, on se préoccupe d’améliorer encore ces relations en facilitant les communications. Dans ce but, le Michigan Central Railway a décidé de construire un tunnel au fond de la rivièi’e Sainte-Claire qui est le déversoir du lac Huron dans le lac Erié. La pi'emière section, construite à Détroit, a été remorquée le long de la rivière et immergée au point terminus américain, à une
- profondeur de 24 m, Ce tunnel reliera la ville américaine de Détroit à la ville canadienne de Windsor. A l occasion de la mise en chantier de cette œuvre gigantesque, on peut faire observer que ie l’éseau ferré des Etats-Unis s’allonge chaque année, depuis dix ans, de 7000 km en moyenne. Le directeur d’une Compagnie importante; M. Yoakum, a calculé que ce réseau se sera augmenté de 88 000 km d’ici dix ans, et que les employés de chemins de fer et leurs familles représenteront alors le cinquième delà popxxlation, soit vingt millions d’âmes.
- p.2x194 - vue 626/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Photographie
- Pelliculage facile des clichés. — Bien qu’on fabrique de bonnes pellicules, la plupart des photographes préfèrent encore le cliché sur verre qui a bien des avantages. Ses deux principaux inconvénients sont l’encombrement et le poids, en outre l’impossibilité de tirer à volonté à l’envers, ce qui est indispensable dans le procédé au charbon par simple transfert et pour l’impression aux encres grasses par la collographie.
- Aussi, de nombreux procédés ont-ils été indiqués dans lesquels, après avoir détaché la pellicule du verre, on remplace celui-ci par un autre support en celluloïd ou en gélatine. Voici un procédé beaucoup plus simple et à la portée de tout le monde, dans lequel on conserve la pellicule sans aucun support; elle est bien assez solide pour pouvoir, étant maniée avec précaution, servir à de nombreux tirages. Ce procédé a été indiqué dernièrement par M. L. Pigeon qui, pour son stéréoscope à miroir bissecteur, a besoin de tirer l’une des épreuves à l’envers. Le cliché sec est immergé dans le bain suivant :
- Eau................................. xoo gr.
- Formol du commerce................... 20 —
- Carbonate de soude cristallisé. ... 5 —
- Après 15 ou 20 minutes, il est retiré et essuyé sommairement en appliquant dessus une feuille de papier à filtrer, qui ne laisse pas de peluches comme le papier buvard, puis on le laisse sécher. C’est généralement assez long, plus d’une journée est nécessaire., mais il ne faut pas trop activer ce séchage. On trouvera sur le cliché sec un peu de poussière blanche de carbonate de soude qu’on essuiera avec une touffe de coton.
- Pour séparer la gélatine du verre, il n’y a qu’à la couper à environ 2 cm des bords. Si elle ne se détache pas d’elle-même, on la soulèvera tout autour avec l’angle d’une carte de visite, puis en tirant par un des coins elle se détachera sans difficulté.
- Elle reste bien plane et peut être conservée dans une boîte, avec de nombreuses autres, en mettant un verre dessus pour les maintenir. On peut toujours ultérieurement reconnaître l’endroit de l’envers, car le côté qui adhérait au verre reste brillant, tandis que l’autre est mat.
- Jouets
- Canon à détente pneumatique. — Tous les canons lanceurs de projectiles imaginés jusqu’à présent ne se prêtaient qu’à un pointage illusoire, la direction étant détruite par les divers systèmes de lancement. Celui que M. Gasselin a imaginé remédie à cet inconvénient, fl est monté sur un socle portant, dans des alvéoles, les projectiles et la tige qui sert à armer le ressort inté-
- Fig.'T. — Coupe du cauon pneumatique.
- rieur. Ces projectiles sont perforés suivant leur axe longitudinal ainsi que la culasse. La visée peut donc se faire d’une manière très précise; en plaçant l’œil devant le trou de la culasse on aperçoit la cible. Le pointage terminé, il suffit de presser la poire de caoutchouc pour produire le déclanchement. Cette commande pneumatique laisse donc le canon dans sa position de pointage et les tirs demeurent parfaitement réguliers.
- Pour armer le canon, dans l’intérieur duquel se trouve un ressort à boudin, on introduit un projectile
- et on appuie fortement à l’aide d’un bâtonnet de charge. Le pointage devra être fait, non en plaçant l’œil très près de la culasse, mais assez loin, sans quoi on découvrirait toute la cible : il faut s’éloigner jusqu’à ce que l’on n’aperçoive que le trou pratiqué dans la toile qui sert de cible. On actionne alors la détente, et le projectile part.
- Comme ce canon est appelé à être mis en batterie aussi bien dans un salon que dans un jardin, M. Gasselin
- Fig. 2. — Le canon pneumatique et sa cible.
- a pensé qu il était prudent d’empêcher les projectiles d’aller frapper, après avoir atteint la cible, les objets environnants. Dans ce but il a construit une cible formé à l’avant d’une toile simplement suspendue par sa partie supérieure et trouée au milieu. Cette toile masque une sorte de sachet dans lequel sont reçus les pi'ojectiles ayant atteint le but, c’est-à-dire qui ont passé par le trou. Les autres, en frappant la toile s amortissent entièrement et tombent directement sur le plancher.
- Le canon peut servir à tirer aussi bien sur des soldats de plomb que sur une cible; c’est un jouet intéressant pai'ce qu’il est précis en même temps que très robuste. Et les exercices de tir habitueront l’enfant à viser juste. S’adresser à M. Gasselin, 42, rue \ictor-Hngo, Puteaux.
- Le girobolo. — Le girobolo est un disque formé d’une partie conique centrale entourée d’une couronne. Le cône est en métal et la couronne porte des alvéoles occupées par de petites surfaces de cuir maintenues par un des. côtés seulement. L’appareil de lancement est un bâtonnet pourvu d’une poignée. On tient le bâtonnet de la main di'oite et on tire sur la poignée de la main gauche après avoir placé le disque à l’extrémité libre du bâtonnet en lui imprimant un léger mouvement de rotation pour l’obliger à se tenir d’équilibre. Lancé en tirant sur la poignée, les sui'faces de cuir cèdent sous la pression de l’air et se comportent comme les ailettes d’une hélice,
- augmentant ainsi, à chaque instant, la vitesse du disque.
- Le disque vu en plan et en élévation.
- Lorsqu’il l'etombe, les ailettes sont sollicitées par l'air dans le sens opposé, et elles continuent à imprimei' le même mouvement de rotation au disque. Observons que ce mouvement de rotation s’effectue toujours dans le même sens, puisque les ailes changent de direction au moment où le disque, parvenu à une cei’taine hauteur, commence à descendre. On le reçoit sur le bâtonnet qui sert à le lancer de nouveau et autant de fois que le permet l’habileté des joueurs. C’est un jeu de plein air très amusant. — Le girobolo est en vente chez M. Delabeye, 138, boulevard Richard-Lenoix\ à Paris.
- p.2x195 - vue 627/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- Hygiène 'S'C'Sfc
- Appareil saturateur d’humidité et aspirateur de poussières. — On sait que l’humidité, dans les proportions convenables, est un élément nécessaire à la bonne hygiène de nos appartements. L’excès, sans
- doute, en est dangereux; mais la sécheresse absolue de l'atmosphère où nous respirons n’est pas moins néfaste. Or dans tout local chauffé, l’air se dessèche, pour ainsi dire, mécaniquement, et instinctivement l’on cherche à y remédier : telle est l’origine de l’emploi du récipient d’eau placé sur le poêle ou la cheminée. Mais c’est là un procédé bien sommaire, et en général inefficace, la surface d’évaporation est trop faible pour ramener le degré hygrométrique à la valeur réclamée par les hygiénistes.
- Le petit appareil représenté ci-contre fournit une solution élégante du problème. 11 est peu encombrant ; il ne mesure que o,35 m. de longueur, sur o,35 de hauteur et o,i3 m. d’épaisseur ; et cependant il suffit à créer la surface d’évaporation nécessaire. Il contient une cuvette C dissimulée dans sa partie inférieure ; quelques feuilles Fig. 2. — Le Bellaria vu de lace, d’amiante L de fabrication
- brevetée, baignent parleur extrémité inférieure dans la cuvette, aspirent l’eau par capillarité, et transmettent leur humidité à l’air ambiant .
- La surface totale de ces feuilles est de i m2.
- L appareil, que son inventeur a nommé Bellaria, a un autre avantage : celui de fixer les poussières qui viennent au contact de l’amiante ; dans un local chauffé à la vapeur par exemple, le Bellaria, placé devant la bouche de chaleur, absorbera les poussières AB, qui, on le sait, se Fig. 3. — Vue arrière de l’appareil, dégagent de cet orifice, en
- abondance et de façon fort désagréable. La durée des feuilles d’amiante, lorsqu’elles sont convenablement entretenues, est presque indéfinie. — L’appareil est en vente chez A. Weill, 8, rue Pastourelle. Prix complet : i7n,5o.
- Divers
- Chaufferette-réchaud. — Voici revenue la saison froide : certains de nos lecteurs nous sauront gré de leur signaler une chaufferette d’un fonctionnement très simple, et qui pourra leur rendre des services multiples.
- L’appareil a la forme d’un tabouret recouvert d’une plaque de cuivre poli, dont le rôle est de transmettre la chaleur d’unè simple petite veilleuse à huile. L’huile, on le sait, a un pouvoir calorifique de combustion énorme ; il en faut donc très peu pour alimenter la veilleuse, et celle-ci a été construite de façon à réaliser une combustion parfaite, ne laissant perdre que lé minimum des calories disponibles dans l’huile. On pourra ainsi avoir sous les pieds une chaleur douce, bien constante et régulière, et il suffit d’une allumette pour mettre instantanément l’appareil en fonctionnement.
- Le réchaud qui contient la chaufferette pourra rendre mille services ; une chaufferette ne s’utilise guère d’une
- •••VMSVt
- PO/FT
- façon continue une journée entière; le réchaud sera donc disponible assez souvent; vous pourrez en profiter pour y faire chauffer de l’eau, pour maintenir à une température bien constante vos boissons d’hiver, etc.
- L’appareil peut être utile non seulement aux gens
- sédentaires, mais même aux sportsmen; les automobilistes apprécieront vivement ses services, soit comme chaufferette, soit comme réchaud. Ce réchaud notamment a été construit de façon que l’huile ne puisse jamais s’en échapjjer, on n’a donc rien à craindre des chocs qui pourraient le renverser, l’huile ne se répandra pas, et vous n’aurez pas à redouter ses horribles taches. — L’appareil est en vente chez Renaul, 43, boulevard de Strasbourg, Paris.
- Rasoir mécanique de sûreté. — Depuis l’époque fort récente où nous avons décrit le premier rasoir de sûreté, une vogue inouïe s’est attachée à ces appareils. Les modèles s’en sont multipliés d’une façon extraordinaire, et il faudrait tout un volume pour décrire aujourd’hui tous les types en usage, dont la plupart sont excellents. Celui qui est représenté ci-contre nous a paru se distinguer par un dispositif, qui assure une grande rapidité dans l’emploi de l’appareil. On sait que la plupart des rasoirs de sûreté comportent un jeu de fines lames d’acier, soi-
- gneusement affûtées à l’avance; on prend l’une d’elles et on la fixe dans une sorte de pince qui ne laisse passer que l’extrémité tranchante. Sur une longueur d’un demi-millimètre à peine. La lame se présente sur la peau toujours sous le même angle, et ne peut produire aucune coupure. Dans le rasoir Prima, la branche supérieure de la pince est articulée par une charnière sur la branche inférieure, et les deux parties sont rendues solidaires l’une de l'autre au moyen d’un tenon rectangulaire qui peut s’engager dans une ouverture rectangulaire de même forme aménagée dans la branche supérieure. Au tenon, est fixée une tige qui s'engage dans la poignée du rasoir, elle est commandée par un ressort puissant que l’on manœuvre au moyen du poussoir qui est à l’extrémité de la poignée.
- Supposez le. l'asoir fermé, vous pressez sur le bouton et tournez de façon à dégager le tenon de son logement, la pince s’ouvre et vous disposez la lame. Par la manœuvre inverse, on bloque la lame d’une façon parfaite. — Le rasoir Prima est fabriqué par la Manufacture Française d’armes et cycles de Saint-Etienne. Prix : i.fi francs.
- Fig. 3.
- Le rasoir et sa boîte.
- p.2x196 - vue 628/647
-
-
-
- VARIÉTÉS
- Le chant des poteaux télégraphiques. — Il n’est personne qui n’ait entendu le chant des poteaux télégraphiques. Dans le silence de la campagne, appliquez votre oreille contre un poteau et très souvent vous percevrez nettement une succession continue de notes parfois harmonieuses, parfois stridentes. Se doute-t-on qu’il y a là un précieux indice météorologique ? M. Cunisset-Carnot a fait, à ce sujet, une curieuse observation qu’il relate dans sa Vie à la campagne du Temps, « J’ai remarqué, dit-il, que toutes les fois que ce chant s’élevait par le beau temps, il y avait un changement radical dans un maximum., de 3o heures après l’observation. Yoici 2 ans 1/2 environ que j’ai commencé à faire attention à ce phénomène, et pas une seule fois le changement de temps n’a manqué de suivre, un peu plus, un peu moins complet, allant de l’averse au gros coup de vent, à la forte pluie et même à la tempête. Mais toujours il est survenu dans le même délai, je crois être sûr qu’il est plus ou moins considérable suivant que les poteaux ont chanté plus ou moins fort. »
- Quelle est donc la cause du phénomène? La première pensée est de l’attribuer au vent, dont le souille ferait vibrer le fil télégraphique comme la corde plus ou moins tendue d’un immense, violon. La vibration se transmet au poteau qui l’amplifie. Mais l’explication est, sans doute, trop simple, en tout cas elle ne paraît pas concorder parfaitement avec l’observation. « Il est aisé de se rendre compte, dit M. Cunisset-Carnot, i° que souvent les poteaux chantent sans qu’il y ait un souille d’air, 20 au contraire, que parles vents les plus violents, vents qui font souffler les fils, les poteaux peuvent rester absolument muets. Donc ce n’est pas le vent qui fait chanter les poteaux. »
- A quoi alors attribuer ce singulier concert? Comme M. Cunisset-Carnot, nous posons la question à nos lecteurs, heureux de signaler les observations qui pourront contribuer à éclairer cet intéressant problème. A. T.
- Utilisation du fumier pour l’éclairage des fermes.
- •— Les conditions de l’Economie rurale, à l’époque ac-
- tuelle, obligent le cultivateur à faire flèche de tout bois, à utiliser, pour l’exploitation rationnelle de son domaine, toutes les matières dont il peut disposer.
- La science peut intervenir très utilement dans les améliorations et les innovations dont l’agriculture doit bénéficier. L’éclairage des fermes au moyen des substances produites par l’exploitation agricole même, offrirait, à de multiples points de vue, un réel intérêt.
- On a songé à. tirer du fumier un gaz d’éclairage, et des expériences ont déjà été faites dans ce sens par M. le D' Calmelte, directeur de l’Institut Pasteur, de Lille, qui s’est particulièrement signalé dans l’étude de cette question.
- Indépendamment de l’acide carbonique, le fumier dégage de l’ammoniaque et de nombreux carbures d’hydrogène gazeux brûlant avec une flamme éclairante. Une tonne de fumier en produit de grandes quantités,
- Il suffirait donc d’enfermer le fumier de manière que les vapeurs qu’il dégage soient obligées de passer par un conduit spécial, les amenant dans un récipient rempli d’eau acidulée. Ce récipient, recouvert d’un gazomètre, servirait de magasin à gaz et ce gaz pourrait être conduit, delà, à l’aide de tuyaux, par toute la ferme et dans toutes ses dépendances.
- Outre l’économie incontestable du luminaire, le fermier trouverait, grâce à l’eau acidulée du récipient laveur, l’avantage de recueillir là une grande quantité d’ammoniaque qui se volatilise dans l’atmosphère, et il pourrait utiliser cet ammoniaque comme engrais liquide, en laissant précipiter les sels ammoniacaux.
- Il y a certainement, dans cette innovation dont il faut souhaiter la mise en pratique, grâce à des procédés en permettant la réalisation facile, simple et peu coûteuse, une belle application de la chimie à l’utilisation industrielle d’un produit obtenu dans toutes les fermes, et un moyen d’initier le cultivateur à ces réactions chimiques qui, se produisant dans le tas de fumier, lui en révèlent la composition intime et le parti que l’on peut tirer des éléments constitutifs de ce précieux engrais.
- Henri Blin.
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Contre les maladies de la vigne. — On signale de divers côtés une augmentation sensible des maladies de la vigne. M. J.-M. Guillon, inspecteur de la viticulture, donne à ce sujet des indications dans le Journal d’agriculture pratique :
- « Le mildiou et l’oïdium ont fait cette année d’importants dégâts, ce qui nous a permis de rechercher par une enquête minutieuse les raisons pour lesquelles certains vignobles avaient été mieux préservés que d autres. En mettant de côté les parcelles non traitées contre les maladies cryptogamiques, il est facile de constater que, dans l’immense majorité des cas, les échecs sont dus à des traitements appliqués à des dates mal choisies. On oublie trop que les traitements n’arrêtent pas les maladies déjà apparues, mais qu’ils empêchent les invasions suivantes en s’opposant à la germination des spores. En ce qui concerne spécialement le mildiou, voici, en année ordinaire, les époques les plus favorables de sulfatage pour bien protéger le vignoble :
- « Ier : traitement. Du i5 au a5 mai, suivant l’état de la végétation et les circonstances météorologiques. — 2° traitement. Du 8 au i5 juin, immédiatement après la floraison. Un des plus importants. — 3° traitement. Du i01'au 10 juillet, avant la véraison. —4° Iraitemexit. Du icr au i5 août. Ce dernier traitement, léger et rapide, est destiné uniquement à préserver les jeunes pousses, afin d’assurer un, parfait aoûtement du bois.
- « Dans les années humides, comme 1908, un sulfatage supplémentaire sera nécessaire, entre le 2e et le 3° traitement, c’est-à-dire du i5 juin au 10 juillet. L’époque
- en sera fixée par l’abondance de l’humidité du sol et de l’air, et la végétation plus ou moins exubérante. »
- L’emploi des coquilles d’œufs. — La Revue avicole rappelle fort justement qu’on a tort de considérer la coquille d’œuf comme un déchet. Dans les fermes où l’œuf se consomme en grande quantité, on la jette au fumier sans autre souci. En fait, ces coquilles, formées de calcaire pur savamment précipité, sont un remède et presque un aliment pour les animaux de la ferme. 11 est excellent de les mêler à l’alimentation des poulets, des jeunes porcs ou des veaux. Il suffit pour cela de piler les coquilles et de les mêler aux aliments. L’agriculture ne devrait pas laisser perdre cette ressource, mais au contraire rechercher les coquilles d’œufs qui se perdent en ville, et en particulier chez les confiseurs et pâtissiers, où il s’en fait une grande consommation.
- L’emballage des fleurs de Dahlia. — Le procédé suivant est indiqué dans le journal américain The Dahlia News. Cueillir les fleurs le matin, avant qu’elles aient reçu les rayons du soleil. Employer des boîtes de carton fort, ayant 3o cm de large, 1 m. de long, u5 cm de profondeur. On étale d’abord à l’intérieur une feuille de papier paraffiné, puis on pose la première fleur à plat, tournée vers le haut, dans le coin à gauche, et on la recouvre d’une bande de papier paraffiné ; la deuxième fleur est placée contre la première et recouverte également d’une bande de papier paraffiné. On continue ainsi jusqu’à ce que tout le fond de la boîte soit garni de fleurs, en évitant de laisser de la place vide, ainsi que
- p.2x197 - vue 629/647
-
-
-
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- de trop serrer les fleurs les unes contre les autres. On superpose de la sorte deux ou trois couches de fleurs. Il faut que toutes les fleurs se touchent, niais en étant séparées par une bande de papier paraffiné, et la boîte doit être parfaitement remplie, pour éviter tout ballottement.
- Huile pour graisser les armes. — On recommande naturellement les huiles qui ne sont pas susceptibles de s’oxyder ou de résinifier, et qui sont libres d acides. Aussi le mieux en la matière est de recourir soit à l’huile de vaseline pure et blanche, d’une densité de 0,870, soit à l’huile d'os pure et blanche.
- Préparation des peaux de lapin. — La Défense agricole et horticole signale pour les peaux de lapins un apprêt à l'huile qui semble particulièrement recommandable aux amateurs désireux de se défaire à bon prix de cette marchandise. L’opération est facile : la bête dépouillée et la peau retournée le poil à 1 intérieur, on la remplit de paille pour la tendre et la rendre ferme, et on la fait sécher dans un endroit sec et chauffé. On enduit ensuite la peau avec de l’huile de colza, en ayant
- soin de bien l’imprégner; puis, pour lui donner la souplesse nécessaire, on prend une corde de la grosseur du doigt, de 5o à 60 centimètres de longueur, dont on fixe les deux extrémités bien solidement de manière à avoir à sa disposition un espace de 3o à 4° centimètres. La corde forme ainsi un demi-cercle dans lequel on imprime à la peau un mouvement régulier de va-et-vient en la tenant par les extrémités. Tout en faisant cette opération, il faut continuer à imbiber la peau avec l’huile, pour éviter qu’elle ne se déchire. Quand la peau est souple et que l’huile y a bien pénétré, on l’enduit une dernière fois au moyen d’une brosse douce, puis on l’entoure d’un linge pendant vingt-quatre heures ; alors seulement on la fend d’un bout à l’autre et on enlève les débris de chair qui pourraient encore y adhérer. Pour dégraisser la peau ainsi préparée on enduit de plâtre en poudre le poil que l’on frotte jusqu’à ce que le plâtre ait pénétré jusqu’au cuir; on en fait autant du côté du cuir, puis on bat la peau pour enlever la poudre. Pour terminer, on recommence avec de la sciure de bois ce qui a été fui ( avec le plâtre ; on nettoie bien. Les peaux sont dès lors bonnes à être livrées au commerce.
- RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations faites à l’Observatoire du Parc-Saint-Maur, en octobre 1908, par M. Th. Moureaux.
- La pression barométrique moyenne, en octobre, est de 756mm,9x. Cette année, elle atteint 760”“,94, hauteur qui n’a été dépassée que trois fois depuis 1874, en 1879, 1890 et 1897; de plus, elle est restée d’une remarquable uniformité pendant tout le mois : la différence entre les extrêmes, de a8““ en moyenne, et qui peut atteindre jusqu’à 4'imra, comme en i885, est seulement de iamm,4, chiffre de beaucoup le plus faible de toute la série.
- Malgré une période de froid survenue brusquement le 19, se prolongeant jusqu’au 26, et pendant laquelle on a observé 3 jours de gelée, les 22, a3 et 24, la température moyenne du mois, ii°,23, est en excès de i°,4'2 sur la normale; cet excès résulte exclusivement des maxima, dont un assez grand nombre sont exceptionnellement élevés : ainsi, le thermomètre a dépassé 200 à douze dates différentes, et le maximum absolu, 26°,4 le ier, n’a été égalé qu’une seule fois depuis 35 ans, le
- 8 octobre 1900.
- Octobre est fréquemment le mois le plus pluvieux : en 1907, on a recueilli 124“'" de hauteur d’eau; cette année, avec 20'““,4 seulement, il est jusqu’ici le plus sec après janvier, qui n’a donné que i3mm,i. La sérénité du ciel a été remarquable, le soleil ayant brillé pendant 202 heures réparties sur 29 jours. Les vents d’entre S. et E. sont nettement dominants, et la proportion des calmes est exceptionnelle.
- Le 21, les jardins étaient encore bien fleuris, et dans le voisinage de l’Observatoire, on a cueilli, le 12, une orappe de lilas de Perse en seconde floraison; mais, dans la nuit du 21 au 22, bien que la température ne se soit abaissée qu’à — i°, le thermomètre sous abri s’est tenu au-dessous de o° depuis 2 heures jusqu’à 7 heures, et, l’air étant calme et le ciel pur, on a observé —6°,4 sur un sol gazonné bien découvert : toutes les fleurs ont été détruites par cette première gelée de la saison.
- Pression barométrique (ait. 5om,3). — Moyenne des 24 heures, 760““,94; minimum absolu, 754mm,6 le 26 à 3h45m; maximum absolu, r]6jmm,o le 11 à 9 heures; écart extrême, i2mra,4-
- Température : Sous l’abri : moyenne des minima, 6°,25; des maxima, i7°,66;du mois, xi°,95; des 24 heures, 1 ï°, a3 ; minimum absolu, —2°,5 le 24; maximum absolu, 26°,4 le i01'. Moyenne diurne la plus élevée, 17°,45 le Ier; la plus faible, 2°,5i le 22. Amplitude diurne, moyenne du mois, 1 i°,4i ; la plus faible, 4°,o le 19 ; la plus grande, i6°,i le 7. — Sur le sol gazonné, moyenne des mini-ma, 20,75; des maxima, 28°,36; minimum absolu, — 7°,3 le 24; maximum absolu, 4o°,2 le 4. — Dans le sol gazonné, moyennes du mois ; profondeur, om,3o : à 9 heures, i2°,58; à 21 heures, i2°,74; profondeur, om,65 : à 9 heures, i3°,6o; à 21 heures, x3°,5i ; profondeur, 1 mètre : à
- 9 heures, i4°,o6; à 21 heures, i4°,oi. — De la Marne : moyenne le matin, i4°,22; le soir, i4°,47; minimum, 90,70 le 27; maximum, i'7°,75 le 2.
- Tension de la vapeur : moyenne des 24 heures, 8uim,7 3 ; minimum, 2ram,9 le 22 à 14 heures ; maximum, i4mm,2 le 5 à 17 heures.
- Humidité relative : moyenne des 24 heures, 85,4 > nimum, 40 le 22 à 14 heures; maximum, 100 en 23 jours.
- Nébulosité : moyenne du mois (6 h. à 21 h.), 2,82; ciel clair les 1,2, 3, 7, 9, 15, 22, 3o; maximum diurne, 8,6 le 25.
- Insolation : durée possible, 333 heures; durée efïecr-tive, 202 heures en 29 jours; l’apport, 0,61.
- Pluie : total du mois, 20“"“,4 en 23h 3.
- Nombre de jours : de pluie, 6; de pluie inappréciable, 2; de gelée, 3; de gelée blanche, 5; de rosée, 2.3; de brouillard, 16; de halo, 1 ; de brume, 5.
- Fréquence des vents : calmes, 56.
- N. . . . • 17 S. E . . . 97 AV ... . 2
- N. N. E. . 38 S. S. E . . 80 AV. N. AV . • 0
- N. E . . . 55 S 78 N. AV . . . 1
- E. N. E . 62 S. S. w.. 40 N. N. W . 7
- E . . . . S. AV. . . 7
- E. S. E . • 96 AV. S. AV . 2
- A’ilesse du vent en mètres par seconde : moyenne des 24 heures, 2'“,06; moyenne diurne la plus grande, 5m,o le 25; la plus faible, oTO,6 le 3i; vitesse maximum en i5 minutes, 8m,9 le 22 de i4u45m A i5 heures par vent N. E.
- Electricité atmosphérique : moyenne des 24 heures (20 jours), 109 volts; moyenne diurne la plus grande, i51 volts le 18; la plus faible, 79 volts le i5; amplitude diurne, 0,46; amplitude nocturne, 0,74.
- Hauteur de la Marne : moyenne du mois, 2m,oF; minimum, ira,8ole 26; maximum, am,34 le Tr.
- Comparaisons aux valeurs normales : baromètre, + 4mm,o3; température, + i0,4a; tension delà vapeur, + omm,9o; humidité relative, +0,2; nébulosité, —3,27; pluie, —4°mm>2 ; jours de pluie, —9.
- Taches solaires : on a suivi 10 taches ou groupes de taches en 29 jours d’observation. Le soleil a paru dépourvu de taches du 14 au 20 et le a5.
- Perturbations magnétiques : Faibles, les 1, 4, 5, 6; modérée, le 3i ; assez forte, le 12-13.
- Floraisons : Le 7, topinambour.
- Quelques rares hirondelles ont été aperçues dans la première décade du mois; on n’en a plus vu aucune après le 10. — Le 19, à 6h4om, bande de canards sauvages se dirigeant au Sud-Ouest, et le 20, bande d’oies sauvages se dirigeant au Sud.
- Un sismographe photographique de Milne a été installé à l’Observatoire en septembre. Le i3 octobre, l’appareil a enregistré, de 5h 20” à 8hiom (t. m. de Greenwich) une série de troubles dont le plus important s’est produit de 6 heures à 6h 1“, et qui paraissent dus à un tremblement de terre signalé à Mexico.
- p.2x198 - vue 630/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS — Daàs la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d’abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Question. — On nous demande s’il existe un traité de cuisine végétarienne. Si oui, nous serions heureux d’en recevoir le titre, avec indication de la librairie.
- Renseignements. — M. Martin, à Joinville. — Pour l’acoustèle Daguin, veuillez vous adresser à la maison Ducretet, y5, rue Claude-Bernard, Paris.
- Abonné 35i3-35o5, Dinan. — Dans notre numéro du 27 avril 1907, vous trouverez un article de M. Millochau sur la température du Soleil, avec une description détaillée des expériences faites au Mont-Blanc. La question de chronologie géologique n’a jamais été tranchée. Voyez, à cet égard, la Géologie de Lapparent.
- M. A. Pisoshi, à Racacinxi. — L'Agami ou oiseau trompette a été décrit dans La Nature par M. Oustalet,
- n° 1027, du 4 février 1893, p. i52. Vous pourriez vous reporter à cet article, qui toutefois ne parle pas de sa domestication en France, sujet sur lequel nous ne possédons d’ailleurs pas de renseignements.
- M. L. Thévenin, à Lockport. — Annonces lumineuses : maison Fiat Lux, 8, place de la Madeleine, Paris.
- M. G. S., à Saint-A. — Il nous est impossible de vous fixer une durée précise pour le maintien sous charge de vos éléments d’accumulateur. Cette donnée, qui dépend essentiellement de la nature des plaques, doit vous être indiquée par votre fournisseur. En tout cas, il est bon pour un accumulateur d’alterner aussi souvent que possible les charges et les décharges. Votre compteur, dans les conditions que vous nous indiquez, ne peut être influencé.
- M. Hurand, par Betz. — Vous trouverez les objets que vous cherchez chez MM. Glaenger et Perreaud, 1, avenue de la République, Paris; chez H. Hamelle, 21, quai de Valmy, ou chez Labbé, 208, rue Saint-Maur.
- M. Cazaux, à Pau. — Le petit moteur économique se trouve chez M. Molenat, 66, rue Ramus.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précédent numéro L’hélicoptere de M. Kimball : Y. Foubin. — Les pêcheries de perles du golfe Persique : P. de M. — Les Argas : E.-L. Trouessart, — La fabrication mécanique du verre à vitres : E. Lesiaire.—En Bulgarie, l’Isker et Tirnovo : L. De Launay.
- — Psychologie animale, la musique et les chiens : D1' Desplein.
- — L’industrie allemande : P. S. — Les ports charbonniers anglais et leur outillage : Wïll Darvillé. — Académie des sciences; séance du 9 novembre 1908 : Ch. üe Villedeuil. — Un nouveau système de téléphonie sans fil : Dr Alfred Gra-DKNWITZ.
- Supplément. — Nécrologie, Alfred Ditte. — Image latente en photographie. — Séries spectrales. —- Diamants de Rhodésie.
- — Lai scie sans dents, etc. — L’odeur humaine. — Traitement du rhumatisme par les piqûres d’abeilles.
- Récréations mathématiques et problèmes des temps anciens et modernes, par W. Rouse Ball. 2e partie : Questions de géométrie, de mécanique, carrés magiques, problèmes des tracés continus, etc. 2° édition française, traduite d’après la 4e édition anglaise, par J . Fitz-Patrick. Chez A. Hermann, rue de la Sorbonne, Paris. Prix : 5 fr.
- On trouvera, dans ce volume, comme dans le précédent, une série nombreuse de problèmes màthéma-titjues, récréatifs et ingénieux; leurs énoncés sont toujours simples et clairs, inspirés en général par l’observation de faits d’expérience courante : les jeux de toute sorte, la mécanique la plus simple en ont été la source principale ; la finesse, la subtilité des déductions qu’ils provoquent, et qui, parfois, conduisent atOt confins des mathématiques les plus élevées, est un véritable charme. Ajoutons que point n’est besoin d’une haute culture mathématique, pour suivre la plupart des problèmes si habilement réunis par M. Rouse Bail ; la géométrie et l’arithmétique élémentaires y suffisent le plus souvent.
- La théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes. La télégraphie sans fil, par H. Poincaré. Collection Scientia, chez Gauthier-Villars. Paris. 3°éd.Prix: 2 fr.
- Ce petit opuscule du grand savant, exposé lumineux d’une question fort complexe, est un modèle achevé de vulgarisation. Sa manière fait songer, en bien des endroits, aux célèbres ouvrages d’Arago, L’auteur, après avoir rappelé brièvement la théorie de Maxwell, et l’identité qu’elle établit entre la lumière et l’électricité, décrit les expériences qui ont confirmé d’une façon éclatante cette manière de voir : les travaux de l’illustre Hertz, ceux de Blondlot, Garbasso et Zchuder, de Righi et de
- Bose, il les condense en un remarquable chapitre sur la synthèse de la lumière. Les deux derniers chapitres sont consacrés à la plus intéressante application des ondes hertziennes, à la télégraphie sans fil. Depuis l’apparition de l’ouvrage, qui date, croyons-nous, de 1898, bien des faits nouveaux sont venus enrichir nos connaissances dans ce domaine de la physique ; M. Poincaré en a tenu compte dans cette nouvelle édition.
- Experimental Zoology. Part. I Embryogeny, par Hans Przibram. Cambridge. University Press. 1908, 1 vol. in-8°. vin-156 p., 16 planches. Prix 7 sh. 6 d.
- Cette traduction anglaise de l’ouvrage de l’éminent savant de l’Université de Vienne comprendra cinq parties : Embryogénie, Régénération, Phylogénie, Vitalité, Fonctions. Le présent volume traite seulement du premier développement de l’organisme, abstraction faite du problème de l’hérédité et de plusieurs autres questions qui seront, reprises dans les suivants. On trouve donc dans, celui-ci : formation et structure de Bœuf, divisions successives aboutissant aux premiers feuillets, mécanisme dé la différenciation qui suit ces stades primitifs (Cnidaires, Cténophores, Echino-dermes, Vers, Mollusques, Prochordés, Vertébrés)* influence des facteurs extérieurs sur ce développement (agents chimiques, humidité,, diversité du milieu, pressions, pesanteur, électricité, etc.), le tout suivi d’une très riche bibliographie, et constituant la plus solide mise au point des résultats partiels acquis jusqu’ici par la zoologie expérimentale.
- Etude du retour par la terre des courants industriels, expériences exécutées entre Lancey et Grenoble en 1906-1907. 1 vol. de i5o pages avec fig. Chez Allier frères, 26, cours Saint-André, Grenoble.
- Le seul titre de cet ouvrage suffit à en indiquer toute l’importance : la possibilité du retour par la terre des courants industriels, en assurant une économie très considérable sur les conducteurs employés au transport d’énergie, permettrait un nouvel et remarquable développement de l'industrie électrique. Des expériences très précises, très ardues ont été entreprises, à l’instigation du Comité d’Electricité, pour déterminer si l’emploi du retour par la terre peut provoquer des effets nuisibles sur les lignes environnantes. Ces travaux, savamment préparés, admirablement conduits sous la direction de M. Barbillion, directeur de l’Institut Électrotechnique de Grenoble, font l’objet delà brochure que nous analysons. Il a été établi que l’in-
- p.2x199 - vue 631/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- duction produite par un transport de force unifilaire sur une ligne à double fil était négligeable ; sur les lignes à simple fil, telles que les lignes télégraphiques, l’influence d’un grand transport à courant continu de i5o ampères, avec parallélisme de 1000 1cm est nulle si la ligne est à plus de 5 km du transport. Les effets dus à la forme des terrains sont analysés. De tout cela il résulte que ce genre de transport serait peut-être possible dans certains cas ; mais un supplément d’études est nécessaire portant de préférence sur de très longues lignés.
- Coast Erosion and Foreshore Protection (Erosion des côtes et défense des plages), par John S. Owens, and
- Gekai.d O. Case. — The S1. Bride’s Press. — 2/j. Bride Lane. Fleet. St. London. Prix : 9fr,2Ô.
- La question de la défense des côtes contre les érosions de la mer, déjà traitée dans différents articles de La Nature et dont s'occupe en ce moment une commission royale instituée par le gouvernement anglais, a pris, dans ces dernières années, une importance très grande. L’ouvrage que MM. Owens et Case, qui ont fait de cette question une étude toute spéciale, viennent de publier, mérite l’attention des ingénieurs. Ils y trouveront, étudiés d’une manière très complète, les causes des érosions des côtes et les divers moyens employés pour la protection des plages (murs de mer et épis).
- BULLETIN METEOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Màur, altitude 5oœ,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 9 nov. 1908. . — 2°,9 N. N. E. 2. Beau. » Gelée blanche ; beau.
- Mardi 10 — 5°,9 N. E. 2. Beau. » Gelée blanche; beau ; halo; brume à 21 b.
- Mercredi 11 .... . — 1°,7 S. S. E. 2. Couvert. 0,0 Gelée blanche; couv.; pluv. à 15-17 b.; faible brouillard à 21 b.
- Jeudi 12 8°,9 S. S. W. 3. Pluie. 4,0 Pluie le matin et l’après-midi ; couvert; brouillard de 15 h. à 18 b.
- Vendredi 13 MM S. 2. Pluie. 5,0 Pluie le 111 ; 1res nuag le m.; nuag. le s.; faible brouillard à 21 h.
- Samecli 14 8°,0 S. S. E. 2. Couvert. 7,8 Rosée ; couverl ; pluie de 12 b. 40 à 17 b.
- Dimanche 15 4“ 3 N. E. 2. Couvert. 0,0 Couvert ; brouillard ie'nv.; quelquefois de la bruine.
- NOVEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 9 AU DIMANCHE 15 NOVEMBRE 1908.
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les flèches inférieures, la direction du vent. Les courbes dû milieu indiquent : courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbe en pointillé, thermomètre à l'abri à boule mouillée.
- Du 9 au i5 novembre. — te 9. Dépression sur la Méditerranée : Ajaccio, 745; Marseille, 747; hausse sur l’O. et le S. : Allemagne, Pays-Bas, 762. Pluies abondantes sur le S. de la France : Cap Sicié, 47 mm; Marseille, 25 ; Lyon, 16 ; Nice, 12. Température du matin : Uleaborg,—-180; Paris, -—3; Alger, 19; Puy de Dôme, b; Pic du Midi, —7; moyenne à Paris : o°,4 (normale : 6°,3). — Le xo. Hausse sur la moitié S. du continent, pression supérieure à 765 sur l'Allemagne et l’Autriche (Breslau, 768). Neiges et pluies sur le N. et le S. de l’Europe; en France ; Biarritz, 4 : Toulouse, Perpignan, 2 ; Marseille, Lyon, 1. Temp. du matin : Moscou, — 160; Paris, —6; Alger, 14 ; Puy de Dôme, o; Pic du Midi,
- — 7; moyenne à Paris : —2°,2 (normale : 6°,i). — Ze 11. Dépression assez profonde à l’O. des Iles-Britanniques : Irlande, 75i; Ouessant, 761; fortes pressions de la Gascogne à la Russie : Kharkof, 775. Pluies sur le N. et PO.; en Fraticë1 : Marseille, 7; Biarritz, 6; Lorient, 4'> Le Mans,1 j: Temp. du matin : Kharkof,
- — 160 ; Paris, —2; Biarritz, i:5"; Puy de Dôme, o ; Pic du Midi, —3; moyenne à Paris : 20 (normale : 6°). — Le 12. Profonde dépressipn dans les parages dë l'Islande : Seÿdisfjord, 748 ; fortes pressions d’Espagne en Russie : Praguè, 770. Rluies dans le N. et l’O. ; en France :
- Cherbourg, 6; Lorient, 5; Brest, Paris) Nantes, 3. Temp. du matin : Kharkof, — 170; Paris, 9; Alger, 16; Puy de Dôme, 3 ; moyenne à Paris :To°,i (normale : 5°,9). — Le i3. Même situation : Seÿdisfjord, 745; 765 de la Scandinavie à la péninsule Ibérique; Pluies dans quelques stations du N.-O. de l’Europe; en France : Le Havre, 13 ; Cherbourg, n; Brest, Nantes, 3; Paris, 2. Temp. du matin : Arkangel, —i6°; Paris, n; Alger, 16 ; Puy de Dôme, 7 ; Pic du Midi, o ; moyenne à Paris : io°,8 (normale : 5°,7). — Le i4T Même situation; (màxi-mum près d’Helsingfors, 781. Pluies sur le N.-Q. ; en France : Dunkerque, 12; Nantes, 6; Nancy, 4.;. 'Paris, Cherbourg, 2. Temp. du matin ; Moscou, — 190; Paris, 8; Alger, 16; Puy de Dôme, 8 ; moyenne à, Paris : 8°,8 (normale : 5°,6). — Le i5. Hausse sur le Centre et 10. : Riga, 787 ; Berlin, 779 ; Irlande, 768; dépressions dans les parages de l’Islande et de la péninsule Ibérique. •Pluies sur l’O. et le Centre; en France : Le Havre, 22; Clérmont-Ferrand, 14 : Le Mans, Paris, 8; Perpignan, 5. Temp. , du matin : Kharkof, —21; Paris, 5 ;; Alger, 19 ; Puy de Dôme, 1 ; moyenne à Paris : 7°,i (normale : 5°,5j. — Phases de la Luné : Dernier Quartier le 15, à 11 h. 5o m. du soir; „ :
- p.2x200 - vue 632/647
-
-
-
- LA NATURE
- Revue des Sciences et de leurs Applications aux Arts et à l’Industrie
- DIRECTION
- L. DE LAUNAY
- E.-A. MARTEL
- Professeur à l’École des Mines et à l’École des Ponts et Chaussées.
- Ancien Président de la Commission centrale de la Société de Géographie.
- Tout ce qui concerne « L,a Nature » doit être adressé aux bureaux du journal : 120, Boulevard Saint-Germain, "Paris (VIe)
- La reproduction des illustrations de « La Nature » est interdite, à moins d’entente spéciale avec les éditeurs.
- La reproduction des artle'es non illustrés est soumise à l’obligation de l’indication d’origine.
- N° 1853 — 28 NOVEMBRE 1908
- SUPPLEMENT
- INFORMATIONS
- Avis de l'Administration. — L’échéance du 3o novembre étant l’une des plus chargées de l’année, nous prions instamment MM. les abonnés, dont l’abonnement se termine avec le numéro du 3o novembre (n° i853), de nous faire parvenir, soit par leur libraire, soit directement, le. montant de leur renouvellement avant cette époque. Une quittance, pour une même durée que l’abonnement précédent, sera, à Paris et dans les départements, présentée dès les premiers jours de décembre aux abonnés qui, préféx'ant ce mode de recouvrement, n’auront pas, avant le Ier décembre, renouvelé ou donné ordre contraire. — Tout abonné à La Nature peut, en renouvelant son abonnement pour une année entière, recevoir les Tables décennales (3 volumes, 1873 à 1882 — i883 à 1892 — 1892 à 1902), au prix de 18 francs au lieu dè 26 francs. . . ; : • '• ' _
- Les lauréats du prix Nobel. — On annonce que le prix Nobel sera cette année attribué en médecine à MM. Metchnikof et Ehrlich, en chimie au professeur Rutherford et en physique au professeur Max Plânk, de Berlin. Les travaux de Metchnikof sont bien connus. Né eh Russie près de Kharkof en 1845, professeur de zoologie à Odessa, s’établissant à Messine en 1882, appelé huit ans plus tard à Paris par Pasteur dont il devint le collaborateur et l’ami, il a fait quelques-unes de ses belles découvertes à l’Institut Pasteur. Le principal de ses travaux est la découverte de la phagocytose, où il a montré le rôle du globule blanc, ce défenseur de l’organisme hûmain qui, dans les profondeurs des cellules, défend la vie humaine contre l’infection. Depuis, M. Metchnikof s’est consacré à l’étude de certaines maladies infectieuses et à des recherches qui ont attiré une vive attention (non sans provoquer parfois quelques sourires) sur la lutte contre la vieillesse. Il aime la vie et craint la mort avec passion. Les théories, fréquemment exprimées à ce sujet, ont eu un retentissement philosophique. Le docteur Ehrlich, directeur de 1 Institut de thérapeutique expérimentale de Francfort, a continué quelques-uns'des travaux de Metchnikof et fait des observations remarquables dè la flore microbienne. M. Max Plank est professeur à l’Université de Berlin. Quant à M. Rutherford, troisième savant anglais du nom, c’est un chimiste de Manchester, âgn de trente-sept ans seulement, dont les théories hardies sur la transmutation et les travaux sur le radium sont justement célèbres. C’est lui qui, en 1903, découvrit 'l’émanation dégagée dans l’air par les sels radifères. Nous donnons, ci-après, un récent travail dé lui sur les particules a. ' ,
- Les particules a du radiutn. — Ôn sait que le rayonnement spontané du radium comprend 3 espèces de rayons bien distincts : les rayons a formés de particules électrisées positivement, animées d’une vitesse 10 à 20 fois inférieure à celle de la lumière, et constituant un faisceau très peu déviable par l’aimant; les rayons [3, formés de particules électrisées négativement, très
- déviables par l’aimant, analogues aux rayons cathodiques, enün les rayons y, insensibles à l’action de l’aimant, pénétrants, semblables aux rayons X. La nature des particules a est restéeassez mystérieuse. S’agit-il d’atomes d’un élément chimique connu ? Sont-elles faites au contraire d’une substance spéciale et nouvelle ? Depuis 3 ans les principales recherches poursuivies dans le domaine de la radioactivité ont eu pour but de répondre à ces deux questions. M. Rutherford, dans le journal anglais Nature, fait connaître le résultat de ses recherches à ce sujet. Il a tout d’abord vérifié que les diverses espèces de matières radioactives comme : radium, actinium, thorium, émettent des particules a, identiques d’une matière à 1 autre : la vitesse initiale des particules, seule, varie suivant la substance radiante, oscillant entre 22 5oo et 16000 km à la seconde. Par des méthodes trop complexes pour être décrites ici, il a calculé le nombre de particules a émises en 1 seconde par 1 milligramme de radium en équilibre radioactif; il l’évalüe à i36 millions. Enfin, il a déterminé la masse et la charge électrique de ces particules. Il en conclut que les particules a, lorsque leur charge positive est neutralisée, sont des atonies d’hélium-, hypothèse qu’il avait déjà émise en 1908, mais qui, se trouve aujourd’hui fortement appuyée par les résultats concordants des expériences, nouvelles. Rappelons que les théories actuelles attribuent la radiation spontanée du radium à une véritable explosion de l’atome de radium, projetant à l’extérieur des particules positives et négatives qui proviennent de sa désagrégation. Ainsi, on aboutit, suivant l'hypothèse de Rutherford, à cette conclusion remarquable; que l’atome d’hélium ne serait qu’un fragment de l’atome de radium.
- La télégraphie sans fil et la détermination de la longitude en mer. — La question de la détermination des longitudes en mer est des plus importantes : elle est liée directement à la sécurité de la navigation. On sait comment s’opère aujourd’hui cette observation : des chronomètres précis et parfaitement réglés permettent de conserver à bord pendant un certain temps l’heure d’un premier méridien. En la comparant à l lieure du lieu, déduite d’observations astronomiques, on en conclut la longitude. Dès l’apparition de la télégraphie sans fil, on songea à substituer aux chronomètres emportés à bord, des signaux émis par des stations ràdiotélégra-phiques, à une heure déterminée, et que recevraient tous les navires en mer. Tant que le rayon d’action des ondes hertziennes resta inférieur à 3oo milles, cette solution apparut comme irréalisable. Il eût fallu pour couvrir de signaux l’Océan, par exemple, une trentaine de stations réparties le long des côtes, et à coup sûr il en serait résulté .de la.confusion dans les transmissions. Aujourd’hui les essais faits à la tour Eiffel semblent prouver que cette magnifique station sera, sous peu, susceptible d’agir sur l'Atlantique tout entier. Ce serait rendre à la navigation de tous les pays un signalé ' service que de profiter de ïa
- *[Ü>
- 26
- p.2x201 - vue 633/647
-
-
-
- INFORMATIONS
- m
- puissance de la tour pour envoyer à un moment précis, l’heure de Paris à tous les navires en mer. Comme l’indique M. Bouquet de la Grye, l’émission de ces signaux serait faite à minuit, heure à laquelle la transmission est le plus facile, et elle consisterait en 5 tops espacés d’une seconde de temps. La commission de télégraphie sans fil de l’Académie des sciences, sur le rapport de M. Bouquet de la Grye, s’est ralliée au vœu suivant du Bureau des Longitudes : « Le Bureau émet l’avis qu’un service de signaux horaires soit installé à titre d’expérience, le plus loi possible, à la tour Eiffel, dans le but de servir à la détermination des longitudes ».
- Les observations lunaires. — Le Bulletin astronomique (juillet 1908) contient un article de M. Em. Tou-chet sur la comparaison des observations lunaires. Notre collaborateur a été amené à s’occuper de cette question à la suite d’observations entrepx-ises à l’Observatoire de M. Maurice Farman, à Chevreuse. Parmi les causes qui modifient l’aspect des objets lunaires, la principale est, assurément, l’éclairement variable du Soleil, causé de bon nombre de changements signalés par les sélénographes. D’une façon générale, il semble bien que, toutes les conditions météorologiques et instrumentales restant les mêmes, lorsque des conditions identiques d’éclairement se reproduiront, on devra revoir les mêmes détails. Ces détails seront perçus sous une perspective différente suivant la position de l’observateur par rapport à la Lune. Un changement réel sera la dernière hypothèse que l'on devra formuler pour expliquer une modification d’aspect, de forme ou de teinte. La difficulté, très importante, que l’on rencontre dans la comparaison des dessins d un même objet ou d'une même région lunaires pris par divers observateurs est, évidemment, l’absence d’un moyen simple d’évaluer l’éclairement au moment de l’observation. M. Em. Touchet propose de remplacer, dans les observations et dessins lunaires, l’âge de la Lune, qui conduit parfois à des erreurs de plus de 140 séléno-centriques, par la longitude sélénographique du terminateur, telle qu’on la lirait sur une carte de la Lune au moment de l’observation. Cette longitude se calcule à l’aide de l’une des deux formules suivantes :
- Avant la pleine Lune : L = l — \ — 90° ;
- Après la pleine Lune : L' = 1 — À — 2700 ; dans lesquelles L ou L'représentent la longitude sélénogra-phiquecherchée(L', longitude du terminateur décroissant), / la longitude moyenne de la Lune et X la longitude du Soleil. L’application de cés formules n’exige pas plus de temps que le calcul de l’âge de la Lune. Elle a l’avantage de définir la position du terminateur avec une erreur inférieure à 1/4 de degré, pour le point où celui-ci coupe l’équateur lunaire. La libration en latitude, vers les pôles, peut introduire une assez grande différence. Mais, pour les latitudes lunaires élevées, le nombre des observations est très restreint.
- La formule précédente a été appliquée à un très grand nombre de photographies et d’observations. La vérification a toujours été très satisfaisante. Elle a même permis, à diverses reprises, de reconnaître des erreurs de dates dans plusieurs publications. On trouvera dans la Connaissance des Temps tous les éléments pour le calcul de l (depuis 1895) et de X. L’auteur engage donc vivement les sélénographes à mentionner, dans toutes leurs observations, à la suite de la date et de l’heure, la longitude sélénographique du terminateur-. Celte indication permettra un classement immédiat des données recueillies par les astronomes qui s’occupent de la question des changements survenus à la surface de la Lune et mettra mieux en évidence la part importante qui revient à l’éclairement solaire dans la plupart des changements signalés.
- Les flottes anglaise et allemande. — On sait avec quelle activité l’Allemagne pousse la construction de sa flotte et la substitution de bâtiments modernes ultra-rapides à ses anciens vaisseaux. Le développement subit de la marine germanique inquiète vivement l’Angleterre, dont la suprématie sur mer pourrait se trouver singulièrement menacée par ces constructions intensives. La revue Engineering, connue pour sa compétence en matière navale, se livre à un intéressant inventaire des deux flottes, au point de vue des bâtiments modernes, du type Dreadnought, que nos lecteurs connaissent Lien. — L’Angleterre a en service actuellement le prototype
- de ces vaisseaux, terminé eu 1907. Trois autres, le Bel-lérophon, le Téméraire, le Superb mis en chantier i'es-pectivement le 3 décembre 1906, le ior janvier et le 6 février 1907 seront en service pour l’été 1909. Trois nouveaux, le Collingwood, le Saint- Vincent, le Van-guard, ont été commandés cette année ; on estime qu’ils seront achevés pour l’été 1910. Enfin, un huitième, le Foudroyant, voté par le Pai’lement en juillet dernier, ne pourra entrer en ligne de compte qu’au commencement de 1911. Il faut ajouter à ces 8 bâtiments puissants dont disposera l’Angleterre en 1911, 4 grands croiseurs du type Invincible, et enfin a grands cuirassés FAgamemnon et le Nelson, semblables au Dreadnought pour la puissance de leur artilleiûe, mais ne filant que y 8 nœuds 1/2 au lieu de ai. — L’Allemagne de son côté a mis en chantier, en 1907, 4 vaisseaux du type Dreadnought qui seront achevés pour l’été 1910. Trois autres, commandés il y a quelques mois, sei'ont terminés en 1911. Enfin, les plans de deux nouveaux sont achevés et, sans aucun doute, les bâtiments sei'ont commandés soxxs peu. Ils pourront entrer en service au commencement de 1912. A cette époque, l’Allemagne possédera en outre 3 croiseurs du type Invincible. Ainsi, en 19U, elle pourra opposer aux 14 vaisseaux modernes anglais, 12 bâtiments lioxnogènes d’uue valeur au moins égale. Les deux pays sei'ont sur le pied d’égalité. On conçoit que cette situation inquiète l’Angleterre, qui a toujours eu à la base de sa politique navale le principe d’avoir une flotte supérieure aux flottes réunies des deux pays les plus puissants après elle. Il faut donc s'attendit à voir sous peu l’An-gleteriœ mettre en chantier de nouveaux Dreadnùught. Elle a, sur l’Allemagne, l’avantage d’une construction plus rapide : 2 ans et 3 mois, au lieu de 2 ans 3/4 ou 3 ans. Elle peut, par suite, pour 1911, rétablir sa supériorité numérique. Ajoutons que la ci-ise de chômage dont souffi'e cruellement l’industi'ie anglaise pousse plus vivement encore le Royaume-Uni dans la voie des grandes constructions navales.
- Un intéressant sondage atmosphérique. — Il a
- été effectué par le professeur Hergesell vers la fin de juillet, à bord du croiseur-école Victoria-Louise, dans la région des alizés près des Canaries ; le ballon a atteint l’altitude de 21 800 m. C’est le point exti'ême auquel soit pax'venu jusqu’à ce jour un de ces aérostats, lancé de la mer.
- Le cours du caoutchouc- — Tous ceux, et ils sont de plus en plus nombreux, qui s’intéressent aux cours du caoutchouc pour avoir trop souvent des pneus à remplacer, avaient vu avec satisfaction la baisse de l’an dernier, par laquelle le Para fin et pur de l’Amazone (soit la première marque brésilienne), avait été ramené de 14 francs le kilo en janvier à 9lr,2Ô en décembre 1907 ; en févider 1908 on était même tombé à 7f,',55 à Bordeaux contre i5lr,8o en mai igoÔ, soit une baisse de moitié. Quelques-uns des acheteurs avaient pu se faire l’illusion que cette baisse serait durable, étant attribuée à une surpi-oduction dans laquelle on faisait jouer un grand rôle aux plantations nouvelles de Ceylan, des Etats Malais, etc. Il faut aujourd’hui se rendre compte que la baisse était uniquement due à la crise améiûcaine et à l’arrêt subit qu’elle a déterminé dans un certain nombre des industries où l’on emploie le plus de caoutchouc, notamment dans l’automobile. Outre la cessation des achats, cette crise avait provoqué une panique financière parmi les maisons du Brésil exportati’ices du caoutchouc, qui, habituées au crédit américain, avaient été brusquement obligées de vendre à tout prix pour se procurer de l’argent. Aujourd’hui, la crise paraît achevée et les cours 'remontent progressivement. Parmi les raisons de hausse, on signale maintenant la diminution de production qui va résulter au Congo belge de la réorganisation de la colonie, c’est-à-dire, pour appeler les choses, par leur nom, de la°suppression de l’esclavage, dont le premier signe était pour les noirs le travail forcé au caoutchouc. L’indigène qui produisait 60 tonnes de caoutchouc par mois est tombé à 18. En revanche,011 a organisé des plantations de divers côtés, mais le caoutchouc cultivé fournit en tout 1200 tonnes sur 70000 tonnes de producr tion mondiale et il faudra du temps pour que cet état se modifie. Ajoutons, d’après un article de M. Payen dans Y Économiste français, que les cours du caoutchouc ont toujours été très variables : 5 fr. en 1861, 10 fr. en 1870, Sfr. en 1878, i5 fr. en 1882, xi fr. en 1890, 7 fr. en 1891.
- p.2x202 - vue 634/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- *> Photographie <«*
- Cuves à développement Kodak. — La Société Eastman a été la première, il y a quelques années, à construire, pour ses pellicules en rouleau, la cuve à développement automatique. Si on peut faire quelques réserves au sujet de cette méthode, quand il s’agit d un ruban portant des images dont les temps de pose peuvent être très différents, il n'en est plus de même quand on a des clichés séparés, sur verre ou sur pellicule. Dans ce cas on peut toujours, en effet, faire une sélection et grouper les clichés qui ont été faits à peu près dans les mêmes conditions de lumière et de vitesse d’obturateur ; ou bien, si on ne peut le faire, faute de renseignements, il est toujours facile, à un moment donné, de retirer, pour les traiter à part, ceux qui ne se développent pas suffisamment dans le bain adopté. Aussi pensons-nous que les nouvelles cuves entièrement métalliques que vient de créer la Société Eastman pourront rendre service aux photographes. Il y en a deux modèles différents. L’un, pour pellicules séparées, se compose d’une boîte cylin-
- poi*r
- Fig. I. Cuve et support pour pellicules.
- Cuve et chargeur pour plaques
- drique A (fig. i) qui peut être fermée hermétiquement par un couvercle à bayonnetle muni d’un caoutchouc assurant l’étanchéité. Une pièce B comporte 12 compartiments entourés d’un anneau C dans lesquels on met les pellicules P pliées en deux dans le sens de la longueur,
- sans former de pli bien entendu.
- Quand, dans l’obscurité du laboratoire, on a ainsi disposé les pellicules à développer, on saisit la pièce B par un crochet, on la plonge dans la boîte A où on a versé au préalable le révélateur et on ferme le couvercle. On peut alors sortir au jour et on agite la boîte dans tous les sens pour égaliser l’action révélatrice du bain. Au bout d’un temps déterminé d’avance, et qui varie suivant le bain qu’on aura adopté, on rentre dans le laboratoire pour examiner les images et se rendre compte s’il y a lieu d’arrêter l’opération. Les lavages et le fixage peuvent être effectués dans la même cuve.
- Le second modèle (fig. 2) est destiné aux plaques. Le principe est le même : la cuve A ferme hermétiquement ; on y introduit le panier B après l’avoir chargé de
- plaques mises dos à dos, par deux dans chaque rainure. Pour faciliter cette opération dans l’obscurité du laboratoire, on a disposé un chargeur C, en bois, qui se place sur le panier (fig. 3). La partie F du chargeur, porte une fente par laquelle peut passer le groupe de deux plaques D mises dos à dos. Elle peut coulisser sur sa monture, de telle sorte qu’en appuyant alternativement sur les boutons E et E’ on la fait avancer chaque fois de la quantité nécessaire pour que la fente soit exactement au-dessus d’une rainure; on passe ainsi sûrement et facilement de l’une à l’autre, et on introduit les plaques dans le panier sans difficulté. Le cadran qui se trouve sur l’une des faces de la boîte est un simple memento sur lequel on marque l’heure à laquelle on devra cesser le développement, ce qui est utile surtout quand 011 emploie à la fois un certain nombre de cuves contenant un révélateur agissant lentement.
- *>> Serrurerie <*
- Serrures électriques Mulot. — Le « cordon » des concierges est bien démodé et on le remplace, soit par un système pneumatique, soit par un système électrique. Ce dernier est d’une installation plus simple et plus durable parce qu’il évite les tubes en caoutchouc ; il suffit de bien entretenir la pile. M. Mulot construit deux serrures qui répondent à des buts différents. L’un est destiné aux portes d’enlrée d’immeubles; la porte s’ouvre d’elle-mème quand 011 appuie sur le bouton de la sonnette; mais, pour la nuit, un commutateur laisse fonctionner la sonnette seule et c’est le concierge qui doit appuyer sur un boulon placé dans sa loge pour ouvrir la porte. Le mécanisme est très simple; le pêne de la serrure n’est pas modifié, mais la partie de la gâche contre laquelle il s’appuie en C est mobile et peut pivoter en Y (fig. 1). Quand son extrémité D vient buter contre la pièce B elle est fixée dans sa position normale et le pêne, qui vient s’appuyer en C, maintient la porte fermée. Si on envoie le courant dans la bobine A, elle attire la pièce B qui bascule et libère la pièce C qui cède sous l’action d’un ressort dont la porte est munie.
- Dès que le courant ne passe plus,
- C Fig- 1 •
- Serrure électrique d’immeuble.
- Fig. 2.
- Verrou de sûreté électrique.
- l’armature B reprend sa position et la pièce C, ramenée par un ressort à sa position normale, se trouve de nouveau calée contre elle en D.
- Le second système de serrure est destiné à former verrou de sûreté qu’on peut faire fonctionner à volonté à distance. Par exemple, un malade peut, de son lit, condamner sa porte ou la laisser libre. Ainsi que le montre la gravure (fig. 2), il faut disposer de deux boutons, l'un O pour l’ouverture, l’autre F pour la fermeture. Le pêne du battant de la porte n’est pas modifié, c’est la gâche seule qui, comme dans la serrure précédente, est modifiée. La partie G contre laquelle s’appuie le pêne est mobile en VV. Deux armatures D et E correspondent aux deux bobines A et B, indépendantes l’une de l’autre ; elles sont actionnées respectivement par les boutons O et F. Pour tenir la porte fermée, l’extrémité H de la pièce C est calée par l’armature D. Quand on a attiré celle-ci, elle reste contre l’électro
- 203
- p.2x203 - vue 635/647
-
-
-
- SCIENCE APPLIQUÉE
- même quand le courant ne passe plus, parce que l’arma-, lure E, sollicitée par un ressort, vient se placer au-dessus d’elle et la maintient dans cette position; c’est le cas que représente notre gravure. La porte peut alors être ouverte tant qu’on ne change pas ces dispositions. Pour les modifier, et revenir à la position de fermeture, il suffira d’appuyer sur le bouton F ; la bobine B attirera l’armature E et libérera l’armature D qui calera de nouveau la pièce CH, ramenée en arrière par son ressort. On a prévu le cas où le noii-fonctionnement du système électrique maintiendrait la porte fermée ; dans ce cas, il suffirait, de l’intérieur de la pièce protégée, d’appuyer sur la tige S, qui dépasse un peu de la serrure, pour abaisser l’armature et libérer la pièce Cil sans le secours de l’électricité. — Les serrures électriques se trouvent chez MM. Mulot frères, 4[> rue Beaunier, Paris.
- Électricité <«*
- Pile sèche àutorégénératrice. — La pile électrique est un champ de recherches particulièrement fréquenté par les inventeurs : si l’on songe au peu de progrès réels accomplis dans cette voie depuis Volta, Daniell et Bunsen, on comprendra aisément que ce chapitre de la science où tout est encore à faire attire les chercheurs. La pile que nous allons brièvement décrire n’est pas encore appelée à révolutionner la science et l’industrie électriques; car elle ne met en jeu aucune réaction, aucun phénomène qui n’aient été déjà parfaitement étudiés. Mais ils n’avaient pas encore été pratiquement utilisés.
- C’est une pile sèche réduite au plus petit volume possible comme les piles sèches déjà connues.
- Elle emploie l'électrolyte ordinaire des piles sèches. Le sulfate de mercure additionné d’oxyde de mercure sert de dépolarisant, l’oxyde de mercure reconstituant le sulfate au fur et à mesure qu’il s’épuise et empêchant l’hydrogène de se déposer au pôle positif ; les électrodes sont le charbon au pôle positif, le zinc ou l’argent platiné au pôle négatif. Les constantes de cette pile montrent qu elle possède une force éleçlromotrice d’une constance remarquable : ainsi dans le type Duranta mis en circuit sur une résistance de io ohms, on constate que la force électromolrice, après avoir atteint tout au début la valeur de 1,7 volt, se fixe aux environs de 1 volt, où elle se maintient pendant plusieurs jours pour ne, descendre qu’au bout de 53 jours à 0,7 volt; la capacité est de 102 ampères-heures; la pile, épuisée, se rétablit d’elle-même après quelques heures de repos et peut fournir de nouveau un service d’une certaine durée. 11 y a donc là un ensemble de qualités qui dénotent un progrès sérieux que nous tenions à signaler, car l’étude des piles a été trop longtemps négligée, et il semble bien qu’il y ait beaucoup à faire dans cette voie que les chercheurs ont abandonnée depuis de longues années.
- La pile que nous venons de mentionner paraît apte à rendre des services en automobilisme ; elle peut aussi être très utile pour faire fonctionner ces lampes électriques portatives dont le succès précisément est lié à la découverte d’une pile d’une durée suffisante, malgré un faible volume. D’autres applications enfin sont tentées dans le domaine de la télégraphie et de la téléphonie où, comme on le sait, l’industrie des piles trouve aujourd’hui son principal débouché. — La pile sèche autorégénératrice se trouve chez M. AV. Iveil, 3o, rue Beaubourg, dont nous avons signalé en son temps, le dynaphor, intéressante tentative d’utilisation de la pile thermo-électrique.
- îp> Jeux <#
- Le billard polir tous. — Ce nom de billard pour tous, donné par l’inventeur à son nouvel agencement, rend exactement ce qu’on peut en attendre. Il comprend un fond de billard en étoffe que l’on fixe sur n’importe quelle table; quatre attaches en bois tourné, portant chacune un marqueur à cadran ainsi qu’une petite coupe pour recevoir les enjeux, se posent aux angles de la table sur laquelle elles sont fixées par une sorte de crochet. Ces attaches maintiennent quatre bandes de toile
- qui rempliront les fonctions de bandes du billard. La tension des bandes est réglable à l’aide de pinces d’arrêt, de sorte que, si les bandes paraissent ne pas rendre suffisamment, il est toujours possible de les tendre.
- Voilà donc un jeu de billard improvisé sur lequel
- Le billard pour tous.
- s’amuseront très bien les enfants, les jeunes gens et même les papas. Il n’est peut-être pas aussi précis qu’un Brunswick, mais, dans la plupart des cas, il sera aussi prisé. — Le billard pour tous est en vente chez M. Louis Blay, 4?> boulevard Saint-Jacques, à Paris.
- Le jeu de tonnelet. — C’est une modification apportée au jeu de jardin bien connu, rendu beaucoup moins encombrant afin de pouvoir être posé sur une table pour amuser plusieurs bambins.
- En haut d’un chemin de roulement genre montagnes russes, a été placé un système de retenue qui immobilise, de champ, un jeton de un centimètre et demi de diamètre environ. Le joueur dégage le jeton qui dévale la pente en roulant sur sa tranche et atteint une plate-
- Le jeu du tonnelet.
- forme percée d’ouvertures dans lesquelles il peut pénétrer. Cette plateforme constitue le couvercle du petit jeu de tonnelet et chacune des ouvertures communique avec des cases numérotées. Le jeton, pénétrant dans une des fentes supérieures, prend donc une valeur qu’il indique en tombant dans la case correspondante. Chaque joueur peut lancer cinq jetons, par exemple, qui lui donneront un total de points à opposer à celui obtenu par les autres joueurs. Souvent le jeton passe à côté d’une ouverture et reste sur la plateforme; dans ce cas, il est perdu pour le joueur. — Le jeu de tonnelet a été inventé par M. Richer, 79, rue Lecourbe, à Paris.
- Divers
- Caloriphile abdominal. — Pour les personnes à qui l’hiver est inclément, ce curieux appareil constituera peut-être une cuirasse efficace contre les courbatures, rhumatismes, coliques, douleurs et autres infirmités de la saison. C’est un récipient en métal léger, d’une forme spéciale pour bien s’adapter au creux de l’estomac.
- On peut y verser un demi-litre d’eau chaude environ, et l’on a ainsi une excellente compresse, facile à appliquer et à maintenir. Si la chaleur est vraiment un remède contre les maux que nous venons de citer, le caloriphile rendra de grands services par la simplicité et la commodité de son emploi. — Il est en vente chez Renaut, 43, boulevard de Strasbourg. Prix : 3fr, 7 5.
- -jji~2Ô4~|jF
- p.2x204 - vue 636/647
-
-
-
- VARIETES
- L’or et les produits miniers des colonies françaises. — M. J.-M. Bel, ingénieur civil des mines, a fait cette année une conférence à ce sujet à l’Office colonial. Nous extrayons les intéressantes données qui suivent de son texte publié dans un récent fascicule du Bulletin de l’Office colonial.
- Les colonies aurifères -de la France sont' la Guyane, Madagascar, 1 Afrique occidentale française, l’Indo-Chine, la Nouvelle-Calédonie. Si la production de cet ensemble ne donne pas un chiffre élevé dans la production mondiale — le total atteignant à peine 20 millions de francs — elle représente environ les deux tiers de la production minérale de nos colonies françaises dont elle est par conséquent la principale richesse minérale.
- L’industrie aurifère est dominante en Guyane, où elle représente en 4 >3 permis d exploiter, une surface de 201 124 hect. (1906) et où elle occupe 5ooo ouvriers sur 3oooo habitants. La production, à peu près stationnaire, y atteignait 3388 kg en 1906, soit une valeur de
- 9 146692 francs, valeur qui doit atteindre en réalité de de 12 à i5 millions, la différence étant représentée par ce qui échappe au contrôle du fisc. On peut estimer que l’emploi de meilleures méthodes d’exploitation, la création d’un véritable système industriel de transports et l’abaissement des droits fiscaux, qui paraissent très exagérés, donneraient un développement beaucoup plus grand à l’industrie aurifère de la Guyane.
- La marche de la production est au contraire nettement croissante à Madagascar où, de 1118 kg en 1901 elle est passée à 2017 en 1906 (6 o5o 295 francs) et où elle paraît destinée à dépasser la Guyane. La surface concédée est de 221 io5 liect., répartis entre 385 concessions en activité.
- En Indo-Chinc, la production était de 27 kg en 1904 (or, 18 kg; argent, 9), soit une valeur totale de 61 646 fr., produits par un personnel de 332 ouvriers sur une concession unique de 212 hect.; cette même concession aurait fourni 240000 francs en janvier 1908.
- Les renseignements fournis sur l'Afrique occidentale (Haut Sénégal-Soudan, Côte d’ivoire) sont assez vagues: il semble bien qu’on doive y trouver des éléments d exploitation fructueuse, mais tous les gisements sont seulement encore dans la jfiiase préalable des reconnaissances. Jusqu’ici la Côte d’ivoire n’a donné (en 1906) qu’une production de 4,225 kg (ii 832 francs) et la Guinée française 13,667 kg (34 160 francs).
- On pourrait aussi mentionner la Nouvelle-Calédonie, où la découverte de quelques filons dans la vallée du Diahot avait donné des espérances, mais jusqu’ici la production est nulle.
- En ce qui concerne les autres produits minéraux, le premier rang parmi nos colonies revient pour les substances communes, à la Nouvelle-Calédonie (nickel) et à l’Indo-Chine (charbon).
- En Nouvelle-Calédonie, une formation serpenti-neuse contient les gisements de nickel et de cobalt. L’importance en est très nettement démontrée par la baisse considérable du nickel, tombé de 8 et
- 10 francs le kilogramme à 4 francs, et par l’augmentation de sa consommation, 3o fois plus considérable qu’il y à 35 ans. La production en minerai de nickel (1906) est pour cette colonie de 130689 tonnes, soit 3 855 324 francs et 7000 t. de nickel, fourni par le travail de i573 ouvriers sur 12 224 hect. (34 concessions). La production en cobalt était à la même date de 2487 t. (minerai), soit 394267 francs (90 pour 100 de la production mondiale) sur ii5i5 hect. (59 concessions, 263 ouvriers). Celle du chrome donnait, en 1905, 53 368 t. (minerai), ou 8700205 fr. (921 hect., 6 concessions, 687 .ouvriers) : les deux tiers de cette dernière production vont aux Etats-Unis (fabrication de sels de chrome destinés à la tannerie). Le charbon, dont les gisements gont d’une importance problématique, n’est pas encore exploité, pas davantage que le fer, ni que l’antimoine, le manganèse, le pétrole, le plomb argentifère, qui ont été signalés ; le cuivré par contre y entre en exploitation active et semble appelé à un très sérieux développement.
- L’Indo-Chine se présente avec un avenir minier qui semble non moins beau que le précédent. L’industrie houillère y arrive au premier rang, avec un affleurement de charbon liasique s étendant sur une longueur de i5o km dans la région de Dongtrieu au Tonkin, et d’autres bassins secondaires, qui constituent un ensemble important. L’exploitation toutefois n’en est encore que tout à ses débuts, mais on peut déjà noter qu’en 1906 les mines de Hongay, qui sont les principales, ont produit 2.47960 tonnes de charbon et 90788 t. de briquettes, et, en 1907, 249921 t. de charbon et 92904 de briquettes. A côté de la houille, il faut signaler des gisements d’étain alluvionnaire, que l’on commence à exploiter, du zinc, du cuivre, du plomb argentifère, de l’antimoine, et aussi, semble-t-il, du cobalt et du mercure, ainsi que de très importants gisements de fer.
- Après ces deux colonies, on ne peut guère parler jusqu’ici que pour mémoire de Madagascar (cuivre, charbon récemment découvert), de l’Afrique occidentale (fer, calcaires bitumineux), des Antilles, du Congo français (cuivre, étain, charbon?) dont les richesses, qui ne semblent pas d’ailleurs négligeables, commencent à peine à être explorées.
- Orages et grêle pendant la saison chaude. —
- D’après une étude publiée dans le Bulletin des séances de la Société nationale d'agriculture et résumée dans la revue de la Société météorologique, voici les principaux résultats à retenir d’une série d’observations d’orages recueillies pour toute la France pendant les quatre années 1903, 1904, iqo5 et 1906. Le tableau donne, pour chacune de ces années, le nombre total de bulletins d’orages parvenus pendant les six mois chauds (mai à octobre inclus), le nombre de ces bulletins sur lesquels on a signalé de la grêle, et enfin le rapport de ces deux nombres.
- Nombre de cas
- Saison chaude d’orages, de grêle Rapport
- iqo3 .... 27.929 2.281 0.081
- 1904 . . . . 26.071 2.026 0.078
- 1905 .... 27.916 2 . I O I 0.076
- 1906 .... 21 .2.54 00 0.088
- Total . . . io3.170 8.285 Moyenne. 0.080
- Sur 100 observations d’orages pendant la saison chaude, 8 seulement mentionnent de la grêle. Ce rapport, qui varie évidemment un peu d’un point à un autre, conserve cependant la même valeur moyenne pour toutes les grandes régions de la France. Comme on n’observe guère, dans aucune station de noire pays, plus d’une trentaine d’orages par an, on voit que le nombre annuel de chutes de grêle en un même point ne dépasse point en moyenne 2 ou 3. La grêle est donc un phénomène très rare pour un point donné, et on doit émettre les plus grandes réserves sur toutes les données relatives à ce phénomène qui ne résulteraient pas d’une statistique comprenant un très grand nombre d’années. En hiver, la proportion de la fréquence de la grêle à celle des orages est généralement plus grande qu’en été et surtout beaucoup plus variable suivant les régions. Sur les côtes de la Manche, par exemple, et notamment dans les îles anglo-normandes, la fréquence de la grêle en hiver peut devenir plus grande en valeur absolue que celle des orages. Il faut ajouter que, dans ces statistiques, on a fait figurer tous les cas de grêle indistinctement, que celle-ci ait été forte ou faible, qu’elle ait produit ou non des dégâts. Les tableaux statistiques publiés tous les ans, depuis iqo3, par le Bureau central météorologique, donnent séparément, pour chaque jour de l’année, le nombre des observations d’orages et de grêle qui sont parvenues de chaque département. Les lacunes que présentaient certains départements diminuent chaque année.
- Ces statistiques permettront donc, d’ici peu de temps, d’étudier en détail la répartition des orages et de la grêle dans les différentes régions de la France.
- p.2x205 - vue 637/647
-
-
-
- HYGIÈNE ET SANTÉ
- La désinfection du linge.— L’époque des vendanges est passée, c’était autrefois le moment de la lessive. Deux fois par an au printemps et à l’automne, nos grand’mères procédaient à cette opération avec une véritable solennité. J’ai vu, dans mon jeune âge, le linge de la maisonnée, étalé sur les cordeaux enroulés autour des arbres de la promenade, tout le monde affairé si le temps faisait mine de se gâter et, le soir, le repas monstre des lessiveuses qui avaient grand gosier et fort estomac. Dans ce temps-là, les ménages avaient dans les armoires des réserves superbes de linge ; il y en avait pour des années et comme les lessives se faisaient sans addition de produits chimiques trop mordants, les beaux draps, les belles serviettes se conservaient presque de père en fils. Cette lessive très classique et qui se fait encore dans maintes régions, assurait la conservation du linge, un nettoyage complet; mais donnait-elle une désinfection parfaite ? Le linge de corps subit déjà une altération plus grande que le linge de maison; mais lorsqu’il a servi à des malades, lorsqu’il a séjourné dans le lit d’un sujet atteint d’une maladie contagieuse, peut-on croire qu’il est, après le lessivage ordinaire, suffisamment purifié pour éviter tout transport de microbes dans l’entourage? On peut répondre affirmativement; le lessivage comme il est pratiqué dans les ménages, avec des eaux savonneuses concentrées, à une température de ioo° et plus, puisque l’eaxi est chargée de sel de soude, pendant plusieurs heures, assure une désinfection réelle.
- Les expériences de Jolie ont prouvé qu’une solution de savon au centième, renfermant 67 pour 100 d’acides, 10 pour 100 d’alcali, tue en 12 heures le bacille typhique. Avec une immersion prolongée dans de l’eau chaude contenant de la cendre et du savon le résultat est des plus nets. La lessive, le coulage, pour mieux dire, dti linge blanc, est parfait; mais quand il s’agit de linge de couleur, quand il s'agit de tissu de laine ou de soie, on risque, en portant la lessive à une température de plus de 35 à 4°° d’altérer les tissus et de détruire les couleurs. Il faut avoir recours à un procédé mixte, c’est celui que conseille le Dr Langlois et qui est employé dans quelques établissements de blanchisserie. On plonge le linge dans une solution de savon de Marseille contenant 1 kg de savon et 1 kg de sous-carbonate de soude pour environ xoo litres d’eau; on chauffe à 3o° pendant
- une grande heure. O11 sort le litige pour le mettre dans une solution ammoniacale au soixantième que l’eu chauffe à 3o° pendant un quart d’heure. Cette double opération suffit à assurer la désinfection, sans altérer les tissus à lessiver.
- Que les ménagères continuent donc à suivre leurs pratiques anciennes ; les lois de l’hygiène sont respectées. Mais il y a un point sur lequel nos aïeules n’avaient pas de notions pratiques suffisantes pour assurer l’immunité des laveuses. A la lessive, elles 11e craignaient rien, mais c’était avant, qu’elles risquaient une contamination possible, dans le cas de scarlatine, variole ou tout autre maladie contagieuse. C’est dans le triage du linge, dans le compte des pièces à remettre au blanchissage que les risques sont réels. On 11e connaissait pas ce danger jadis, mais actuellement il faut s’en préoccuper. Aussi ai-je conseillé, comme les hygiénistes l’ont eux-mêmes enseigné, de plonger les pièces de linge suspect, c’est-à-dire de linge ayant servi à des malades, dans des solutions de sulfate de cuivre. A l’hôpital Pasteur on emploie la solution suivante :
- Crésylol...........
- Carbonate de soude
- Savon noir.........
- Eau................
- Le crésylol a l’inconvénient d’une odeur assez, forte et tenace. M. Langlois conseille le lusoforme à la dose de
- 10 grammes par litre avec addition de carbonate de soude et de savon noir.
- Ces divers agents chimiques donneront le résultat demandé. Pour donner au personnel des blanchisseries des garanties complètes, M. Langlois avait demandé au Conseil d’hygiène d’adopter, pendant le triage du linge, l’arrosage, l’aspersion avec de l’eau pure. Ce mouillage emqxêehe la dissémination des germes nocifs; mais
- 11 n’est pas des plus pratiques, car en général, le triage
- et le compte du linge se font au domicile privé. Il suffirait, pour satisfaire les desiderata de l’hygiène, de se livrer à cette mesure quand il s’agirait de linge sûrement contaminé et encore dans ce cas mieux vaut le plonger dans la solution de sulfate de cuivre et le renfermer immédiatement dans un sac, comme ceux du service de la désinfection de la Ville. Dr A. C.
- 5 grammes 5 " —
- 3 —
- 1000 —
- ><:
- RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Procédé pour conserver les catalogues. — Les
- appareils relieurs à ficelle abîment les catalogues ; ceux-ci ne tardent pas à se déchirer, les ficelles se brisent. Les relieurs à ressort ne valent pas mieux, ils lâchent
- toujours totalité ou partie des brochures qui leur sont confiées. M. le Dr Neveux, médecin du service d’assistance médicale indigène de l’Afri-que occidentale française, nous communique le procédé de classement suivant :
- Prendre des intérieurs de biblorhaptes (on les trouve au détail dans toutes les papeteries et aux bazars, au prix de o,5o fr. L’achat du bi-blorhapte lui-même est inutile.
- O11 trace sur une planchette des traits au crayon correspondant à l’écartement des hroches ; on y met les catalogues à plat, et, à l’endroit indiqué par les lignes, on les perfore au moyen d’un emporte-pièce. Les catalogues entrent alors facilement dans les broches. « L’emporte-pièce que j’emploie, dit le Dr Neveux, a 1 mm de diamètre et m’a coûté
- 0,75 fr. aux Forges de Vulcain. » Il suffit de quelques légers coups de marteau pour percer, sans les abîmer, les catalogues les plus épais.
- Blanchissage du linge taché. — A propos de notre recette du n° 1846 (10 octobre 1908), M. H. Desmaisons, pharmacien à Arvillers-en-Santerre (Somme), nous signale que, dès 1898, il a indiqué un procédé, par l’emploi du permanganate de potasse, qui permet de nettoyer parfaitement les papiers, gravures, dentelles, linges, portant des taches difficiles à faire disparaître par les moyens habituellement employés, principalement pour les taches dites de rouille. On plonge le corps à nettoyer dans une solution à 2 pour 100 de permanganate de potasse et on laisse quelques minutes, selon la nature et l’importance de la tache, puis on rince à l’eau et on trempe dans une solution d’acide citrique à 5 pour 100 environ; du reste, avec ce procédé, la concentration des solutions n’a pas grande importance, celle-ci ne pouvant attaquer ni le linge ni le papier, ce qui n’a pas lieu avec les procédés au chlore ou à Y acide chlorhydrique. Il suffit ensuite d’un lavage à l’eau pour éliminer les sels.
- Encre chromographique noire. — Prendre 6 à 7 gr, de noir d’aniline soluble dans l’eau, puis 60 gr. d’espril de bois, autant d’eau et le double de glycérine. On fait tiédir, et même chauffer, sans ébullition, jusqu’à dissolution complète du colorant.
- p.2x206 - vue 638/647
-
-
-
- BOITE AUX LETTRES
- AVIS. — Daus la boîte aux lettres, la Rédaction publie les faits d’un intérêt général qui lui sont signalés par ses abonnés. Elle répond également, dans la mesure du possible, aux demandes de renseignements qui lui parviennent accompagnées d’une bande d'abonnement. En raison de l’abondance de la correspondance et des recherches souvent nécessaires, il ne peut être répondu que dans un délai de dix à quinze jours.
- Renseignements. — M. Briquet, à Sedan. — Veuillez vous adresser à M. Glaenzer, 35, boulevard de Strasbourg, Paris.
- M. R. Bricq, à Nancy. — Nous vous signalons la Chimie industrielle de Chabrié, de publication toute récente, éditée par la librairie Masson.
- M. Campioni, Milan. — Nous ne connaissons pas d’ouvrage spécial sur les chemins de fer aériens. Nous croyons qu’en vous adressant à la Revue des chemins de fer et tramways, éditée chez MM. Dunod et Pinat, 49>
- quai des Grands-Auguslins, et en précisant l’objet de vos recherches, vous pourrez trouver d’utiles indications.
- M. Marchai, à lluelva. — Les moteurs à pétrole se divisent en : i° moteurs à essence pesant de o,68o kg à o,73o lcg au litre, exemple: moteurs d’automobiles, en majorité ; 2° moteurs à pétrole lampant pesant de 0,790 kg à 0,880 kg le litre, exemple : moteurs Diesel (type marin) ; 3° moteurs à huile lourde pesant plus de 0,880 kg au litre. Parmi les moteurs à pétrole lampant, nous ne voyons guère que le Diesel qui ait donné réelle satisfaction et pour des puissances assez considérables. Sur la question des droits, nous n’avons pu réunir encore les renseignements que vous nous demandez. Dès que nous les aurons, nous vous les communiquerons. Vous pourriez peut-être vous adresser de votre côté à la maison Saut-ter-llarlé, 26, avenue de Suffren, qui construit les moteurs Diesel pour la marine française.
- BIBLIOGRAPHIE
- Sommaire de notre précèdent numéro Le dirigeable Bayard-Clément : Lucien Fournier. — La grêle et les lignes électriques. — L’industrie du chiclé : Comte Maurice ue Péiugny. — La matière et l’éther : L. De Launay. — Concours de cerls-volants : Y. Forbin. — Chronique. — La ventilation et la rétrigération du tunnel du Simplon : R. Bonnin. — Académie des sciences ; séance du iG novembre 1908 : Ch. de Yilledeuil. — Les soupapes électriques à aluminium : A. Trol-ler. — Le solénodon de Saint-Domingue : Jacques u’Izier.
- Supplément — L’éclairemeut solaire et la fumée. — Le premier Salon de l’Aéronautique. — Conservation des poteaux télégraphiques aux lîtats-Unis — Nouvelle catastrophe dans les mines allemandes. — Le dirigeable espagnol « Torrès-Quevedo », etc. — Utilisation du fumier pour l’éclairage des termes. — Le chant des poteaux télégraphiques.
- Troisième Congrès préhistorique de France. Àutun, 1907. Paris. Schleicher frères. 1908. In-8°, io44p-> planches et ligures. Prix r 20 fr. Le volume renferme 80 mémoires.
- I. Préhistorique général et paléolithique. — M. A. Uutot annonce la fin de la question des éolithes. Mais la question est d’autant plus loin de sa solution, que, pour.beaucoup d’auteurs, la plupart de ces soi-disant éolithes sont dus à des actions naturelles. Le Dr Paul Girod estime que l’abbé Breuila tort de placer l’Aurigna-cien avant le Solutréen. A la Ferrassie (Dordogne), le Dr Capitan et M. Peyrony trouvent la succession suivante : Acheuléen probable, Mouslérien, Aurigna-cien (selon la thèse de l’abbé Breuil), Solutréen. M. Gustave Chauvet, pense que les boules en pierre moustériennes de la Charente devaient avoir diverses destinations (frondes, boules de jeu, etc.). Par une étude anatomique, le Dr H. Martin cherche à prouver qu’à l’époque moustérienne on savait désarticuler la région tibio-tarsienne du renne! M. E. Hue et
- . M. CniRi.s pensent avoir trouvé les restes d’un chien mous'térien à,la" grotte de Châteaudouble (Var).
- II. ; Néolithique. -— M. Rutot compare entre eux les néolithiques de France, Belgique et Scandinavie. MM. Arnon et Bertiiier décrivent le Champ de la Justice près Autun et ses menhirs alignés. D’après la station néolithique et le capfagè romain en bois de la source thermale de Grisy (Saône-et-Loire), MM. Debourdeau et Camusat croient que, depuis l’époque néolithique, cette vallée « a subi un affaissement progressif assez sensible ».
- III. Mégalithes. — M. Emile Rivière énumère les .menhirs de Seine-et-Oise. M. Schaudel reprend la ..question des pierres à cupules et surtout celle de la fameuse pierre aux pieds, au-dessus de Lanslevillard (Savoie), à 3ooo m. d’alt., qu’il croit creusée intentionnellement, Mais dans l’article suivant, M. H. Marlot énonce précisément que les pierres à bassins d’Uchon
- (Morvan) sont de pure érosion! Les menhirs des Côtes-du-Nord par le D‘ Marcel Baudouin précèdent les importantes remarques de F. Y. Dickins sur les mégalithes du Japon, où le professeur Gowland a étudié plus de 4°° dolmens et lumulus (1897-1898) : au Japon, le préhistorique serait plus récent qu’en Occident(?) > les dolmens lie dateraient que du 11e ou 111e s. av. J.-C.; ils sont plus perfectionnés qu’en Europe ; il y en aurait même de taillés dans le genre de ceux que M. Martel a trouvés au Caucase occidental; certains renferment de vrais sarcophages; la civilisation mégalithique aurait donc marché d’Ouest en Est contrairement à celle du bronze. « En fait de dolmens, le Japon représente le bout du monde. » Cette étude est capitale. Une conférence de M. A. L. Lewis a montré les beaux mégalithes d’Angleterre (Stonehenge, Avebury, Dartmoor, etc.). M. A. de Paniagua cherche à faire considérer les dolmens comme des temples et non des tombeaux : leurs trous servaient de passage aux hiérophantes (?)
- IV. Les camps et enceintes préhistoriques ont été le principal sujet traité au Congrès (p. 535 à 786 et 997 à 1037; 23 mémoires consacrés à ceux de France et de Portugal). Cette question est entièrement renouvelée, avec les Alpes-Maritimes comme point de départ, et considérablement étendue depuis trois ans par le Dr Guébhard, dont la conférence, illustrée de 98 belles ligures, clôt le volume.
- V. E âge des métaux a provoqué dix mémoires, notamment la période de la Tène en Suède par A. Montelius, le nouveau puits funéraire de Trousse-poil (Vendée) par MM. Baudouin et Lacouloumkre, et la barque antique monoxyle (un seul tronc d’arbre) du musée d’Autun, par M. Tabariès de Grandsagne.
- Lectures de mécanique. La mécanique enseignée par les auteurs originaux, par E. Jôuguet, ingénieur des mines, t. I : La naissance de la mécanique. Paris. Gauthier-Villars. 1908. 1 vol. in-8°, vm-206 pages,
- 85 fig. Prix : 7fr,5o.
- On a été longtemps à n’apprendre des sciences que leurs résultats acquis (ou réputés tels) .sans s’inquiéter des moyens par où l’humanité est arrivée à cette con-. naissance. On s’aperçoit heureusement aujourd’hui que l’histoire d’une science présente le plus haut intérêt, aussi bien en soi-même, en tant qu histoire, qu’en tant qu’elle permet de mieux comprendre la valeur des connaissances acquises. Par exemple, dans ce qu’on pourrait appeler, pour parler le langage des naturalistes, la crise d’affolement que traverse la physique moderne, il serait de toute impossibilité de rien comprendre, si l’on ignorait tout des théories d’hier et d’avant-hier, c’est-à-dire si l’on rejetait le
- p.2x207 - vue 639/647
-
-
-
- BIBLIOGRAPHIE
- point de vue historique. C’est de même que M. Jouguet, ancien professeur de l’Ecole des mines de Saint-Etienne, a entrepris de montrer l’évolution de la mécanique. Heureusement inspiré, il a sans cesse laissé la parole aux auteurs originaux, en reliant leurs textes • par une analyse et un commentaire perpétuels très, bien faits. Son livre sera lu avec intérêt et servira de complément aux beaux travaux de Mach et de Duhem. Ajoutons qu’il ne faudrait pas chercher dans ce volume . ce que, à la rigueur des termes, promet le titre . : M. Jouguet raconte en vérité la naissance de la mécanique moderne, faisant l’histoire des idées d’Aristote , à Euler, c’est-à-dire lés premiers pas, l’fânfance de la mécanique; pour raconter véritablement-la naissance
- de cette science, il aurait fallu remonter beaucoup plus haut qu’Aristote, et faire toute une enquête, à la fois daps le monde classique et dans le domaine des peuples non civilisés. Nous ne reprochons pas à M. Jouguet de ne pas avoir fait ce travail (qui de-
- ! manderait plusieurs années, et dont la réussite n’èst pas certaine a priori) mais il était bon d’indiquer qu’une période pré-scientifique a préparé l’éclosion de la science, et que celle-ci ne s’est pas produite par génération spontanée, dans le cerveau même d’un homme de génie.
- Les idées de M. Poilourd sur les i nsports automobiles. In-8° de 46 pages. II. l)unod et E. Pinat. Prix : if',5o.
- BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
- Observations de M. Th. Moureaux (Parc Saint-Maur, altitude 5om,3o). Bureau central météorologique de France.
- OBSERVATIONS 7 HEURES DU MATIN THERMOMÈTRE VENT DIRECTION ET FORCE DE 0 A 9 ÉTAT DU CIEL i PLUIE EN MILLIMÈTRES OBSERVATIONS GÉNÉRALES
- Lundi 16 nov. 1908 . 2° 0 E. 0. > Couvert. 0,0 Gelée 1>1.; faible brouitlar.l ; bruine dans la soirée ; couvert.
- M a rdi 17 l.°0 S. 2. | Couvert. 1,6 Couv.; pluie de 18 b. 15 à 19 h. 15 : laible brouill. dans la soirée.
- Mercredi 18 1°.4 w. 0. ï Beau. » Gelée blanche ; brouillard jusq. 9 b.; beau le ni ; presq. couv. le s.
- Jeudi 19 7°,0 S. S. W. 5. s Couvert. 9,3 l’luie entre 8 b. et 18 h.; couvert.
- Vendredi 20 1°.0 S. 1. j Beau. » Gelée blanche ; brouillard à 8-9 h ; beau le ni.; presq. nuag. le s.
- Samedi 21 Gu.2 N. W. 5. , Beau. 0,9 Gelée blanche; pluie de 1 h. -15 à 2 b. 50; peu nuageux.
- Dimanche 22 •7° 8' S. S. W. 3. Pluie. 'g 15,7 Pluie de 1 b. 5 1 à 12 b. et de 1S h. à 22 h.; couvert.
- NOVEMBRE 1908. — SEMAINE DU LUNDI 16 AU DIMANCHE 22 NOVEMBRE 1908.
- Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche |
- La courbe supérieure indique la nébulosité de 0 à 10; les (lèches inférieures, la direction du vent. Les courbes du milieu indiquent ; courbe épaisse, les pressions barométriques (baromètre ramené à 0, au niveau de la mer); courbe plus mince, thermomètre à l'abri à boule sèche; courbé en pointillé, thermomètre à l'abri û boule mouillée* . .. :
- Du 16'.au 22novembre. — Le .16. Fortes pressions de l’O. à TE. de l’Europe : maximum près de Lemberg, 783; Nancy, 769; Brest, 768; dépression vers Bodoe, 741, et sur l’Espagne, et l’Algérie. Pluies sur le N. et l’O.; en France : Cette, 37 mm; Port-Vendres, 27; Biarritz, Toulouse, 7; Clermont-Ferrand, 4- Temp. du matin : Hermanstadt, — 160 ; Paris, 2 ; Marseille, i5; Puy de Dôme, 2 ; moyenne à Paris : 3°.8 (normale : 5°,3). — Le 17. Pression : Valentia, 771; Bretagne, 770; anticyclone sur l’Autriche et le S. de la Russie : Odessa, 778 ; profonde dépressi°n sur Ie N. : Bodoe, 730, avec violente tempête d’O. sur l’Ecosse et la Scandinavie. Pluies sur l’O. et le N. de l’Europe; en France : Perpignan, 38; Cette, 36; mont Aigoual. 12; Limoges, 5; Bordeaux, 4. Temp. du matin : Kief, —90; Paris, 4’> Alger, 18; Puy de Dôme, o; Pic du Midi, —5; moyem.e à ,Paris : 6°,2 (normale .: 5°,2). — Le 18. Aire de forte pression de l’O. à l’E. : Bretagne, Balkans, 775-, profonde dépression sur le N. avec tempête sur la Baltique. Pluies sur la Scandinavie, les Pays-Bas, l’Italie. Temp. du matin : Moscou, io°; Paris, 1 ; Alger, 18: Puy de Dôme, o; Pic du Midi, —6; moyenne à Paris : 5° (nor-malè : 5°, 1). — Le 19. Vaste dépression au N. : Arkan-gel, 743 ; Gascogne, 770. Pluies sur le N. et PO. de
- t liurope ; eu France : Cherbourg, Dunkerque, 4 '> Havre, 3 ; Brest, 1. Temp. du matin : Helsingfors, —8°; Paris, 7; Alger, 18; Puy de Dôme, —3; Pic du Midi,
- — 6; moyenne à Paris : 6°,9 (normale : 5°). — Le 20. Hausse sur l’O. : Gascogne, 770; dépressions sur le N.-E. (Saint-Pétersbourg, 744) et sur le golfe de Gênes. Pluies sur presque toute 1 Europe.; en France : Besançon, Limoges, 11 ; Paris, 9 : Bordeaux, Nantes, 7; Lyon, 1. Temp. du matin : Puy de Dôme, <—4°! Pic du Midi,
- — 12; moyenne à Paris : 4°.3 (normale : 4°>9)- — Le 21. Basses pressions sur presque tout le continent : Moscou, 748; Sud du Danemark, 749; Rome, 755; j65 sur l’O. de l’Europe. Pluies presque générales ; en France : Bordeaux, Limoges, Nancy, 3; Besançon, 2; Paris, Brest, 1. Temp. du matin : Uleaborg, —x6°; Paris, 6;
- < Alger, i3; Puy de Dôme, —4; Pic du Midi, — 3; moyenne à Paris : 70 (normale : 4°>7)- — Le 2 ». Profonde dépression près des îles Feroé, 733: violente tempête d’O. sur les Iles-Britanniques et nos côtes de la Manche et de l’Océan. Pluies sur le N. et 10 ; en Francë, générales : Limoges, 14; Nantes, Paris, 10; Belfort, 6; Lyon, Brest, 4- Temp. du matin : Moscou,
- — 180 ; Paris, 8 : Biarritz, i5 ; Puy de Dôme — 1; moyenne à Paris : io°,3 (norm. : 4°,6). — Phases delà Lune : Néant.
- p.2x208 - vue 640/647
-
-
-
- LA NATURE
- TRENTE-SIXIÈME ANNÉE — 1908
- DEUXIÈME SEMESTRE
- TABLES DU SUPPLÉMENT
- INFORMATIONS — SCIENCE APPLIQUÉE — HYGIÈNE ET SANTÉ — RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES — VARIÉTÉS — DIVERS
- I. — INFORMATIONS.
- Abeilles (marmelade d’).....................................154
- Abrasifs et corindon........................................146
- Absinthe : interdiction en Suisse.............................. 49
- Aéi'olithe (méfaits d’un)................................... 9
- Aéronautique : hôtel pour dirigeables et aéroplanes.........153
- Aéronautique : le premier salon.............................193
- Aéronautique : règlement sur la circulation aérienne (États-Unis). 161 Aéronautique : une mission pour un aéronaute (Rani Bakaoli). 138
- Aérostation militaire aux États-Unis............................ 9
- Aérostalion militaire en Russie................................178
- Algérie : orangers et citronniers . . . ....................178
- Alimentation : statistique de son commerce en Europe ... 50
- Allemagne : aviculture....................................... 2
- Allemagne : la chasse....................................... 25
- Allemagne : le blé . ...................................105
- Allemagne : la navigation intérieure........................ 81
- Allemagne : prix de la vie ouvrière......................... 82
- Alliages.......................................................146
- Alluard...................................................... 113
- Allumettes : consommation en France............................ 18
- Alpes françaises : les études glaciaires....................114
- Amérique : découverte par les Chinois....................... 18
- Angleterre : coût de la vie ouvrière........................ 82
- Angleterre la folie............................................138
- Anvers : développement du port................................. 41
- Archéologie : antiquités de l’Arizona et du Nouveau Mexique. . 82
- Archéologie : cimetière mycénien de Céplialonie................186
- Archéologie et rayons X...................................... 73
- Archéologie . galères de Némi................................... 2
- Archéologie : les Cassitérides et l’empire coloniàl des Phéniciens. 98
- Archéologie : le navire d’Oseberg.............................. 57
- Archéologie : le périple de Néchao......................54, 114
- Archéologie : Vénus de Milo et Vénus de Nauplie.............122
- Architecture au Japon..........................................138
- Arizona et Nouveau Mexique : antiquités........................ 82
- Arsenic : en viticulture......................... ,......... 41
- Arsenic : teneur de la source Max à Durkheim................ 9
- Astronomie ; recensement céleste...............................113
- Aurore boréale................................................ 129
- Automobilisme : automobiles à Londres.......................... 42
- Automobilisme : concours de ehronographes...................... 10
- Automobilisme : le grand prix de l’Automobile-Club............. 41
- Automobilisme : statistique des voitures.....................106
- Automobilisme : utilisation médicale des phares.............. 25
- Aviation......................................................... 1
- Aviation et le Parlement (L’)................................186
- Aviation : la ligue française aérienne.........................113
- Aviation : la Société aérienne Zeppelin........................169
- Aviation : le grand prix de l’Aéro-Club........................169
- Aviation : prix du gouvernement russe.......................... 81
- Aviation : prix Quinlon......................................... 17
- Aviation : prix de l’Aéro-Club de France.....................137 *
- Aviation : record de la hauteur.............................. 17
- Aviation : voyages aériens de Farman et Blériot..............177
- Aviation : Wilbur et Orville Wright .... 121, 129, 145, 153
- Aviculture : en Allemagne........................................ 2
- Avril : refroidissement pendant ce mois......................... 58
- Ballon (La science en).......................................... 73
- Bateaux en ciment armé..........................................178
- Bengale : les reptiles..........................................130
- Béton armé en bois.............................................. 74
- Bible : nombre des traductions............................... 98
- Bière : en Italie............................................. 34
- Bison domestiqué............................................... 129
- Blé dans Te monde...............................................170
- Blé en Allemagne................................................105
- Boistel (A.)....................................................169
- Bolide remarquable.............................................. 65
- Boryslaw : incendie des puits de pétrole..................... 49
- Boschimans : l’art............................................. 170
- Bourgou, graminée saccharifère du Niger......................... 66
- Braconnage électrique...........................................169
- Brésil : commerce extérieur.............................- . . 97
- Brésil : le café . . . ......................................... 34
- Brevets en Angleterre...........................................113
- Café : production au Brésil. .................................. 34
- Calcaires, constitution intime................................. 138
- Campine belge (intérêts français dans la) ........ . 122
- Camphre : à Formose.............................................154
- Canada : construction d’un tunnel . ............................194
- Canada : création de réserves forestières....................... 42
- Canada : feux de forêts. ...................................... 98
- Canada : les Indiens........................'................130
- Canal à travers le Jutland..................................... 170
- 27
- Supplément au n° 1853 de La Nature du 28 novembre 1908. -4§| 209
- p.2x209 - vue 641/647
-
-
-
- TABLE DU SUPPLEMENT
- Canal : aux États-Unis......................................
- Canal de Kicl : élargissement...............................
- Canal, voir Panama.
- Canaux entre le Neckar, le Danube et le lue de Constance . .
- Caoutchouc : cours..........................................
- Carbone (Tétrachlorure de)..................................
- Carte postale illustrée, histoire...........................
- Cassilérides et empire colonial des Phéniciens..............
- Céphalonie : cimetière mycénien.............................
- Cerf-volant utilisé en marine. . ...........................
- Charbon : embarquement à bord des navires de guerre . . .
- Chasse en Allemagne.....................................
- Chemin de fer : accidents aux Etals-Unis ...................
- Chemin de 1er aérien dans les Alpes (Premier)...............
- Chemin de fer bavarois (électrification)....................
- Chemin de fer : cause possible de déraillements.............
- Chemin de fer : contre l’encombrement des trains............
- Chemin de fer de la Nigeria.................................
- Chemin de fer : de Sanghaï à Nankin.........................
- Chemin de fer de Tanauarive.............................•
- Chemins de fer : électrification des lignes de banlieue sur
- l’Ouest..................................................
- Chemins de fer électriques pyrénéens........................
- Chemins de fer en Algérie...................................
- Chemins de fer en 1900......................................
- Chemins de fer le long du Saint-Laurent.....................
- Chemins de fer : prix de revient des signaux automatiques .
- Chemins de fer : réseau chinois.............................
- Chevaux : aux États-Unis............................• • •
- Chine : compagnies de navigation. . ................. . . •
- Chine : industrie du fer et de l’acier ...................
- Chine : la houille........................................
- Chine : réseau ferré....................................
- Chinois : découverte de l’Amérique..........................
- Chloroforme : préparation par électrolyse...................
- Chronographes : concours de l’Automobile-Club...............
- Ciment de laitier en Amérique...............................
- Cinématographe d’art........................................
- Coalite......................-........................
- Colis-postaux entre France et États-Unis....................
- Colonies françaises : superficie............................
- Comète d’Encke..............................................
- Comète de Halley....................................405,
- Comète Morehouse (1908 c)........................... 437,
- Comète Tempel-Swift.........................................
- Compteurs électriques.......................................
- Concours Lépine.............................................
- Conduites d’eau flexibles...................................
- Congo-Cameroun : nouvelle frontière . ......................
- Congrès international de géographie de Genève. ...•••
- Congrès international de sauvetage..........................
- Congrès international des applications de l’électricité.....
- Congrès préhistorique de France (IVe).......................
- Convertisseurs, revêtements ................................
- Corindon et abrasifs ................................... • • •
- Côtes : influence des travaux maritimes sur leur régime. . .
- Coton en République Argentine...............................
- Couleur dans l’œil du peintre (La)..........................
- Creusets des hauts fourneaux : origine des loups.
- Cuir artificiel.............................................
- Cuivre dans les huîtres.....................................
- Cuivre en 1907 .............................................
- Cuivre : nouveaux districts cuprifères en Amérique.....
- Cullinam, sort de ce diamant................................
- Dakota : chemin de 1er à travers les marécages..............
- Daltonisme, acquis et temporaire............................
- Danemark : agriculture depuis 50 ans....................
- Décès en 1907...............................................
- Déraillements : une cause possible..........................
- Désinfection : méthode japonaise . . ......................
- Diamants en Rhodésie........................................
- Diamants : le sort du Cullinam................. ...
- Dirisreable Bayard-Clémcnt..................................
- Dirigeable espagnol.........................................
- Dirigeable italien. ... .......................
- Dirigeable République...................................0o,
- Dirigeable Zeppelin............... .........................
- Ditte (Alb.)................................................
- Drague à godets : dispositif de commande des chaînes. .
- Drague à succion............................................
- Eau distillée dans l’usinage des pièces métalliques.........
- Éclairs : leur couleur......................................
- École pratique coloniale du Havre...........................
- Électricité : dans le Nord de la France.....................
- 42
- 82
- 154
- 202
- 129 66 98
- 186
- 157
- 26
- 26
- 37
- 186
- 73
- 17
- 9
- 42
- 10
- 17
- 161
- 73
- 17 58 98 ' 58 66 26
- 170
- 153 186
- 66
- 18
- 177 10
- 178 2
- 113
- 130 170
- 57 T'1 177
- 177 82 33 42 10
- 114 114
- 41
- 81
- 146
- 146
- 90
- 97
- 1
- 133
- 33 162
- 17
- 114
- 154
- 58 2
- 34 49 17
- 194
- 186
- 154
- 178 194 178 121
- 57
- 185
- 138
- 33
- 17
- 05
- 65
- 1
- Éleclrocution par courants à basse tension...................145
- Eléphant : sa disparition........................................114
- Epingles, statistique de la fabrication...................... 14
- Espagne : population en 1906 ................................ 74
- Etats-Unis : accidents de chemins de fer..................... 33
- Etats-Unis : aérostation militaire................................ 9
- États-Unis dans le monde......................................... 30
- États-Unis : les chevaux......................................... 26
- Etats-Unis : les récokes......................................... 26
- Etats-Unis : production houillère future.........................114
- États-Unis : projet du canal..................................... 42
- Eupalorium Rebaudianum........................................... 26
- Exposition d’horticulture....................................161
- Fer et acier en Chine ...........................................154
- Fer : production française 1907 ................................ 105
- Folie en Angleterre..............................................138
- Forêts : création de réserves au Canada...................... 42
- Fortune mobilière du monde.......................................130
- Fumée et éclairement solaire.....................................193
- Gaz d’éclairage : elfet sur la corrosion des tuyaux en fonte. . 170
- Geysers de Wyoming...............................................106
- i.iard (A.).................................................. 81
- Guerre (Le coût d’une)........................................... 74
- llansky (A.).....................................................153
- Hirondelles : leur arrivée....................................... 18
- Hôpital flottant................................................. 74
- Ibmille en Chine.................................................186
- Houille : production future des États-Unis.......................114
- Houille : triage électro-magnétique........................ • • 9
- Howitt (A. W.).................................................. 169
- Huîtres : cuivre qu’elles contiennent............................162
- Images de Moser..................................................161
- Indes : mouvement de la population............................... 74
- Indiens du Canada................................................130
- Instruction primaire en France depuis 1829 ..................... 26
- Inventeurs, leur bilan........................................... 98
- Irlande : la langue anglaise...................................... 2
- Italie : la bière................................................ 34
- Japon : architecture.............................................138
- Japon : charbonnage de Kyoushou............................... . 193
- Japon : croiseur à turbines...................................... 17
- Jute : culture et industrie...................................... 10
- Japon : méthode de désinfection................................. 194
- Japon : production minérale......................................130
- Jouets : concours de 1908..............................." . . 121
- Jupiter, huitième satellite..................................... 105
- Jupiter : petites planètes....................................... 89
- Kamerun : population............................................ 18
- Kangourous : ferme pour leur élevage .................... 2
- Lait : production quotidienne dans la Seine ....... 154
- Lampe à incandescence : nouveau filament (Mac Ouat, Lorenz). 9
- Locomotive : réchauffage de l’eau d’alimentation................. 89
- Lumière ultra-violette (Réactions en)......................... . 66
- Lune : observations lunaires................................... 202
- Machines alternatives, associées à des turbines ....... 41
- Machines à vapeur et moteurs à gaz........................... 50
- Machine volante des frères Wright.......................‘ . . 81
- Maçonneries : consolidation à l’injecteur....................... 42
- Madagascar : or................................................ 194
- Maison gigantesque............................................... 58
- Mai-ons hautes : leurs dangers................................... 90
- Manganèse : action sur les vins.............................. 41
- Manganèse dans l’Inde........................................... 158
- Marine : ancres des navires et câbles télégraphiques .... 113
- Marine : combustible liquide dans la marine de guerre anglaise. 2 Marine : compagnies de navigation chinoises.- ....... 170
- Marine : croiseur japonais à turbines........................ 17
- Marine : embarquement du charbon................................ 26
- Marine : flottes anglaises et allemande......................202
- Marine : record de longueur des paquebots.................... 74
- Marine : signaux en temps de brume.......................... 169
- Marine : utilisation du cerf-volant............................ 137
- Marine : voyage d'essai de 1’ « Indomitable »................. . 89
- Maroc : commerce en 1907 .................................... 170
- Marseille : agrandissement du port......................... 50
- Médecine : utilisation des phares d’automobiles.............. 25
- Métaux précieux dans l’eau de mer............................114
- Météores (Étude des traînées de)................................ 73
- Météorologie : concours international ................. 169
- Métropolitain de New-York : stations à deux étages. .... 35
- Métropolitains : circulation à New-York .......... 122
- Mica : usages en France. ................................ 178
- Mines : catastrophe en Allemagne................................. 193
- Mines : catastrophe en Russie................................ 49
- ^g| 210
- p.2x210 - vue 642/647
-
-
-
- TABLE DU SUPPLEMENT
- Minorais do fer : briquetage.............................
- Minéraux rares, leur emploi.......................
- Missouri : phénomènes souterrains........................
- Molécule! : voir Mouvement brownien.
- Mongolie : carte.........................................
- Mont Blanc : Observatoires...............................
- Mont Saint-Michel : les remparts classés..........: . . .
- Morts par anesthésie en Angleterre.......................
- Moteur à explosion à la naphtaline.......................
- Moteur à gaz de grande puissance.........................
- Mouvement brownien et agitation moléculaire..............
- Mouvement perpétuel, statistique des brevets.............
- Naissances et décès en 1907 .............................
- Naphtaline pour moteurs à explosion......................
- Naphte : production allemande. ..........................
- Navigation intérieure en Allemagne.......................
- Navigation intérieure en 1906 ...........................
- Néchao (Le périple de)...................................
- Nécrologie : Alluard. . . ....................... . . . .
- Nécrologie : A. Boistel, A. W. llowitt...................
- Nécrologie : A. Ditte....................................
- Nécrologie : Albert Giard................................
- Nécrologie : A. llansky..................................
- Nécrologie : Alphonse Péron..............................
- Neige : chutes en avril..................................
- Némi (Galères de)........................................
- Nigeria : chemin de 1er. . . ............................
- Nîmes : don de la collection Dumas au Muséum. . . . .
- Nitrates dans les légumes, fruits et viandes.............
- Nivellement général de la France.........................
- Nouveau Mexique et Arizona : antiquités..................
- Nova de Persée : spectre à son dernier développement .
- Observatoire du Mont Blanc...............................
- Œufs à Paris.............................................
- Oliviers : maladies en Italie............................
- Opium, à Madagascar......................................
- Opium : la vente réglementée.............................
- Or : à Madagascar........................................
- Or : au Transvaal........................................
- Or: dragages en Russie...................................
- Orangers et citronniers en Algérie.......................
- Oseberg : découverte d’un navire.......................
- Ouganda : la chasse....................................
- Ouganda : les Pygmées..................................
- Panama : la main-d’œuvre...............................
- Panama : population des travailleurs du canal ....
- Papier métallique......................................
- Papillons en Bohême....................................
- Paratonnerres : leur utilité...........................
- Paris : la traversée des rues..........................
- Pêche au téléphone. . •.........................
- Peron (Alphonse).......................................
- Perse : l’industrie....................................
- Petaluna, la cité des poules...........................
- Pétrole : coup de foudre sur un puits..................
- Pétrole : Incendie des puits de Boryslaw...............
- Pétrole : en Roumanie 1908.............................
- Phéniciens et Cassitérides.............................
- Phosphates : statistique depuis 1850 ..................
- Photographie : l’image latente..................
- Phylloxéra dans le canton de Vaud......................
- Pingouins : Importation de leurs œufs..................
- Plante sucrée..........................................
- Plomb : son industrie aux Etats-Unis...................
- Pluie dans le monde....................................
- Pô : le delta..........................................
- Pont africain, le plus grand...........................
- . . 162 . . 161 . . 49
- . . 18 . . 153
- . . 97
- . . 162 . . 194
- . . 9
- . . 193 . . 154 . . 49
- . . 194
- . . 146
- . . 81 . . 42
- 3 4, 114 . . 113 . . 169 . . 185
- . . 81 . . 153
- . . 65
- . . 25
- . . 2
- . . 42
- . . 81 . . 66 . . 1
- . . 82 . . 73
- . . 153
- . . 25
- 178 . 130 . . 153
- . . 194 . . 33
- 122 . . 178
- . . 57
- . . 122 . . 146
- . . 90
- . . 2
- . . 17
- . 138
- . . 89
- . . 65
- . . 137 . . 65
- . . 162 . . 34
- Pont métallique de Gothenburg : mode de mise en place . • 25
- l'ont mobile nouveau à Rotterdam............................. 42
- Pont sur l’East River........................................ 35
- Ponts à voûtes articulées....................................106
- Poteaux télégraphiques aux États-Unis...........................103
- Poules, la cité des poules, Petaluna. ....................... 34
- Préhistoire : homme fossile en Afrique du Sud................100
- Préhistoire : la tuberculose................................. 08
- Prix de la vie (Hausse du)................................... 138
- Prix des terres, variations......................... 89
- Prix Nobel : lauréats........................................202
- Pygmées de l’Ouganda.......................................... 146
- Radium (Les particules de) ... ..............................201
- Rage : vaccinations à l’institut Pasteur..................... 170
- Raui Bakaoli (Une mission pour un aéronaute)................. 138
- Rats : procédés de destruction............................... 26
- Rats et lumière électrique...................................... 9
- Rayons X et archéologie........................................ 75
- Renne : acclimatation en Terre-Neuve......................... 74
- Republique Argentine : le coton............................ • 07
- Rhin : trafic................................................ 42
- Rhinocéros blanc............................................. 82
- Roses noires................................................. 08
- Rotterdam : pont mobile nouveau.............................. 42
- Routes : piochage mécanique des empierrements. ..... 42
- Russie : industrie minérale dans le Sud...................... 82
- Sable pour l’essai des matériaux (Jet de) ... ............... 49
- Saturne : phénomènes de l’anneau............................. 89
- Sauterelle : leur couleur verte ............................. 26
- Scies sans dents........................................ 186
- Serins : leur nombre à Paris................................. ^4
- Sky-scrapcrs : leur résistance au feu................. 162
- Soleil : éclairement solaire et la fumée.....................493
- Soleil : structure de sa couronne............................ 07
- Sondage atmosphérique........................................202
- Sous-marins : randonnées de VEmeraude . ,....................146
- Spectres : séries spectrales.................................485
- Stérilisation de l’eau chez les Grecs........................154
- Suisse : interdiction de l’absinthe.......................... 49
- Tarets et créosote............................................... 98
- Télégraphie : importance de la correspondance par télégramme 455
- Télégraphie sans fil : en Amérique...........................413
- Télégraphie sans fil : en Suisse.............................424
- Télégraphie sans fil et longitude en mer.....................201
- Télégraphie sans fil : ses surprises.........................137
- Téléphone (La pêche au).........................................137
- Téléphones (Incendie de l’Hôtel des)........................... 129
- Téléphonie : le réseau de Berlin............................. 4
- Téléphonie sans fil en Italie. .................................437
- Télescope : le plus grand du monde (Carnegie Institution). . 65
- Tétrachlorure de carbone ... 429
- Topographie : le nivellement général de la France............ 4
- Transmission électrique à haute tension...................... 169
- Transport de force en Espagne...................................422
- 105
- 49 422
- 98
- 2
- 485
- 162
- 18
- 26
- 130
- 90
- 50 74
- Transvaal : l’or.................................
- Tuberculose : son ancienneté.....................
- Tungstène : présence dans les minerais...........
- Turbines : associées à des machines alternatives.
- Vanille : production mondiale....................
- Vénus de Miloet Vénus de Nauplie.................
- Viaduc de AViesen (Suisse).......................
- Viande : cours sur son industrie.................
- Vins : rôle du manganèse.........................
- Viticulture : emploi de l’arsenic . .............
- Voie lactée : nébulosités...................... . .
- AViesen (Suisse), viaduc.........................
- AVyoming : geysers détruits......................
- 33 98
- 1
- 41
- 34 422 445
- 97
- 41
- 41
- 97
- 145
- 106
- II. - SCIENCE APPLIQUEE
- Aéroplane minuscule............................................ 76
- Amortisseur Sphinx............................................. 59
- Animaux en bois, articulés et pyrogravés.......................187
- Anneau diabolique..............................................151
- Anti-catastrophe.............................................. 163
- Auto-clack : appareil photographique........................... 67
- Avertisseur d’incendie le Therma. . . 4
- Avertisseur pour automobile . . . . . . 463
- Ballon en papier................................................ 124
- Ballon réserve pour les liquides aseptiques.......................139
- Bateaux : traction mécanique ..................................... 75
- Bec de cane l’Idéal............................................... 52
- Béquille de sûreté pour voitures à deux roues................... 12
- Bibelot utile..................................................... 92
- p.2x211 - vue 643/647
-
-
-
- TABLE DU SUPPLÉMENT
- Bilboquet brisé................................
- lîil-coquct......................................
- Billard pour tous..............................
- Bloe-noles pour téléphone : le Partout.........
- Boîte magique..................................
- Bolide (Le)....................................
- Bouchage des bouteilles : appareil la Radieuse.
- Bouchon automatique « le Tutélaire »...........
- Boussole : voir montre
- Brise-vent.....................................
- Bulles de savon lumineuses.....................
- Café : brûloir à l’alcool......................
- Café : moulin électrique.......................
- Cafetière automatique « la hectare »...........
- Caisse enregistreur de poche...................
- Caloriphilc abdominal. ........................
- Cambriolage : avertisseur électrique...........
- Cambriolage : [’anti-rat d’hôtel...............
- Canne accoudoir................................
- Canne diabolique................................
- Canne porte-crayon...............................
- Canon à détente pneumatique....................
- Caoutchouc : appareil à vulcaniser les bandages
- Centrifugeur Bruno.............................
- Chapelet maritime..............................
- Chaufferette japonaise. .........................
- Chaufferette réchaud. ...........................
- Cheveux : appareil de séchage électrique. . . .
- Clés et verrous. ..............................
- Clef forée.......................................
- Clef universelle.................................
- Clé « Sans rivale »............................
- Clichés photographiques : pelliculage............
- Clous Pesehel....................................
- Coiffure : appareil de séchage pour les cheveux .
- Comète (Jeu de la)...............................
- Compteur automatique.............................
- Conserves : bouchage Eclair....................
- Conserves : pique-nique Thermos..................
- Couteau trousse à 10 pièces......................
- Couvert de voyage..............................
- Culbuteur à billes.............................
- Cuves à développement Kodak......................
- Cyclisme : nouvelle suspension de selle..........
- Cyclisme : pistolets d’alarme....................
- Cyclisme : tambourin avertisseur.................
- Dessin : le Wondergraph..........................
- Diapositives : montage...........................
- Douche fontaine..................................
- « Du moelleux »................................
- Éclairage : étalon à acétylène Ferry.............
- Économiseur électrique Wcissmann.................
- Écrous : rondelles Penau.........................
- Électro-aimant pour oculiste...................
- Eléphant savant, Toby.......................... .
- En-cas sportif...................................
- Encrier.............•..........................
- Étau idéal.....................................
- Fer à braser et à souder.......................
- Fermeture de sécurité............................
- Filtre pour l’air..............................
- Fixage à l'hyposulfite d’ammoniaque............ ,
- Flip-flap......................................
- Friscobil (Le)...................................
- Fruits (Appareil à sécher les fruits)............
- Gaz : bec à incandescence l’indéréglable . . .
- Girobolo.........................................
- Glace : appareil pour la casser................
- Glace : machine « la Rayonnante »..............
- Granit : exploitation par l’air comprime. . . .
- Grille réversible..............................
- Grottomètre....................................
- Hamac : procédé d’installation.................
- Horlogerie : échappement à hélice..............
- Houe automobile Bajac..........................
- Humidité : saturateur et aspirateur de poussières
- Incendie : avertisseur le Therma...............
- Indicateur de pertes à la terre................
- Jongle-balle (Le). . ........................ .
- Lampe à souder minuscule.......................
- Lampe électrique : support.....................
- 180
- 179 204 148 140
- 51
- 52 140
- 164
- 139
- 100
- 147
- 100
- 180
- 204 124
- 171 60 60
- 116
- 195 91 43
- 147
- 60
- 196 59
- 155
- 147
- 139
- 172 195
- 91 59
- 187
- 140
- 83 20
- 100
- 92
- 179
- 205 163
- 84
- 163
- 148 27
- 132
- 180 123
- 83
- 140
- 148
- 188 76 51
- 164 59
- 155 19 36
- 156
- 165
- 3 131
- 195 92 19
- 108
- 164
- 148
- 19
- 115
- 27
- 196
- 4 67
- 187
- 108
- 43
- Lentilles divergentes : mesure du foyer.....................
- Lien d’amour................................................
- Litige : machine à laver Karin..............................
- Looping bill. . ............................................
- Lorgnon rétro......... • .................................
- Loupe (Forte-)..............................................
- Machine à écrire : silbétype Chambonnaud....................
- Machine à écrire Junior.....................................
- Maillet perfectionné........................................
- Maître de natation..........................................
- Mandrins : serrage des mèches.......................... . . .
- Manteau de pluie économique....................•............
- Meules interchangeables.....................................
- Miroirs pour autos..........................................
- Mitrailleuse jouet..........................................
- Montre-boussole du capitaine Vincent........................
- Mouches : lue-mouches.......................................
- Moulin à sucre..............................................
- Moulin d’usure..............................................
- Moulures (appareil à couper les)............................
- Mouvement perpétuel : expérience de Flateau.................
- Œufs (pince coupe-).........................................
- Outil universel.............................................
- Berceuse à cochet perfectionné. ............................
- Photographies en couleurs, procédé d’examen.................
- Photométrie : appareil pour l’étude des becs renversés . . .
- Pile rechargeable Silieia...................................
- Pile sèche autorégénératrice................................
- Pince à sucre scientifique..................................
- Pince coupe-œufs............................................
- Pince « Duplex » pour vêtements.............................
- Pique-nique Thermos.........................................
- Pistolet d’alarme pour cyclistes............................
- Pneumatiques : démontoir Eurêka.............................
- Pompe à bras Orenstein et Koppel.......................... . .
- Pompe automatique Gelly.....................................
- Porte-crayon automatique....................................
- Porte-loupe.................................................
- Porte-mine pratique.........................................
- Porle-plume « The Post »....................................
- Porte-verre pour siphon.....................................
- Presse et serre-joints rationnels...........................
- Raisins frais (pour conserver les)..........................
- Rasoir : accélérateur.......................................
- Rasoir mécanique de sûreté..................................
- Rondelles Penau.............................................
- Séchage des fruits..........................................
- Selle de vélo, nouvelle suspension..........................
- Serre-joints rationnel......................................
- Serre-joints universel......................................
- Serro-presse-glace..........................................
- Serrures électriques Mulot..................................
- Silbétype Chambonnaud.......................................
- Siphon : petite illusion, expérience de Plateau.............
- Soudure : lampe minuscule...................................
- Sphygmomètre Lip............................................
- Sténographie : machine à sténographier........................
- Support Lefèvre pour drille.................................
- Table de jardin . . .................................
- Tambourin avertisseur pour vélo.............................
- Tampon humecteur............................................
- Tapis de jeu................................................
- Téléphone : plaquette Sanitas............................... •
- Télévision : dispositif Dana Dudley . ......................
- Théière nouvelle............................................
- Timbre dateur automatique...................................
- Tirelire : caisse d’épargne.................................
- Tonneaux : lève-tonneau le Pratique............•............
- Tonnelet (Jeu de)...........................................
- Toupies : disque protecteur.................................
- Tour à meuler à meules interchangeables.....................
- Tour d’amateur..............................................
- Traction mécanique des bateaux..............................
- Tuyaux : ligaturé............................ • ............
- Tuyauterie : canalisation en verre à joints métalliques. . . .
- Uroscopie : trousse Cartier.................................
- Ventilateurs................................................
- Verrous et clés.............................................
- Vitesse : contrôleur enregistreur Zimmermann................
- Voilette (pince fixe-)......................................
- Wondergraph (Le)............................................
- 147
- 156
- 12.
- 188
- 172
- 124
- 115 68 28
- 179
- 123 147
- 51 68
- 187 75
- 108
- 38
- 99
- 3
- 139 152
- 91
- 107
- 171
- 131 99
- 204 84
- 152
- 172 20 84
- 155 36
- 107
- 116
- 124
- 132
- 188
- 84 5
- 20
- 99
- 196
- 140 5
- 163
- 3 44
- 100
- 205 115 139
- 108
- 52 115 179
- 85 165
- 164 100
- 156 35
- 27
- 4
- 132
- 4
- 204
- 125 51 11 75
- 4
- 28 44 92.
- 155
- 11
- 100*
- 148:
- -il 212 I&»
- p.2x212 - vue 644/647
-
-
-
- TABLE DU SUPPLEMENT
- III. - RECETTES ET PROCÉDÉS UTILES
- Alliage adhérent au verre, etc............
- Alliage imitant l’or......................
- Aluminium : cuivrage......................
- Aluminium, entretien......................
- Aluminium : soudure.......................
- Argenture du verre........................
- Armes : huile de graissage................
- Aveugles (Impressions pour)...............
- Bois : contre la pourriture sèche.........
- Baromètre : liquide barométrique ....
- Cafards, destruction......................
- Caoutchouc : fixage sur poulie métallique .
- Caoutchouc vulcanisé : essai..............
- Catalogue : procédé de conservation . . . Chaudière : lutte contre la rouille ....
- Ciments pour porcelaine.....................
- Ciment résistant..........................
- Cire (réparation des figures de)..........
- Colle pour ébonile........................
- Colle pour montage de photographies . . . Commande flexible pour outil d’alésage . . Conduite d’eau : obturation partielle . . . Coquilles nacrées, nettoyage et réparation . Couleur à l’eau pour organes métalliques . Courroies : pour les empêcher de glisser • Cuir des pompes : contre le durcissement .
- Désétamage électrique de la tôle..........
- Désinfection des objets de toilette.......
- Ébonite : collage.........................
- Encre bronzée.............................
- Encre chromographique noire...............
- Encre : contre son épaississement.........
- Encres pour machines à écrire.............
- Encre violette............................
- Enduits pour murs humides.................
- Éponges, nettoyage........................
- Fer : fixage dans la pierre . ............
- Fer forgé, peinture.......................
- Fer : percement d’un trou.................
- Fleurs de dahlia : emballage..............
- Fleurs naturelles : galvanisation.........
- Fonte : bouchage des trous................
- Fruits conservés dans la saumure..........
- Gland du chêne, utilisation...............
- Gravures gondolant dans leur cadre. . .
- Grippe, remède anglais....................
- Guêpes : destruction des nids.............
- Guêpes : destruction des nids.............
- Huiles pour graisser les armes............
- Huiles : blanchiment par la terre à foulon . Incombuslibilisant : le sulfate d ammonium
- Ivoire : taches de graisse................
- Linge : glaçage.................... . . . •
- Linge taché, blanchissage.................
- 78
- 94
- 150
- 62
- 38
- 55 198 126
- 56 78
- 118
- 56
- 119
- 206
- 39 6
- 126
- 94
- 62
- 118
- 6
- 30
- 126
- 94
- 94
- 14
- 6
- 134
- 62
- 46
- 206
- 119
- 102
- 150
- 126
- 118
- 78
- 150
- 78
- 197 39 86
- 119
- 102
- 150
- 159
- 126
- 150
- 198 38
- 168
- 78
- 14
- 206
- Liquide barométrique...........................
- Livres, enduit préservateur....................
- Machines à écrire : utilisation des vieux rubans
- Marbre, bouchage des fractures.................
- Marbre, nettoyage..............................
- Margarine : pour la déceler....................
- Nickelage par liquide..........................
- Noir brillant pour cuir........................
- Noir pour os ou bois...........................
- Nuages sur les surfaces vernies................
- Œufs : emploi des coquilles....................
- Papiers et carions imperméables ...............
- Papiers hygroscopiques.........................
- Papillons : préparation pour collection . . .
- Parasites des plantes : destruction............
- Pâtes à polir..................................
- Patine verdâtre............................... •
- Peaux de lapin : conservation et préparation. Peinture blanche pour marches d’escalier . .
- Pierre artificielle............................
- Pigeons infidèles au pigeonnier................
- Piles à liquide immobilisé.....................
- Plantes, forçage par l’eau chaude..............
- Platine : cause d’altération...................
- Pneumatiques : localisation des crevaisons. .
- Poules nourries de poisson.....................
- Ressorts, trempe...............................
- Rouille enlevée par électrolyse................
- Scies mécaniques : vitesse.....................
- Serviettes magiques............................
- Statues en plâtre : entretien..................
- Soudure pour l’aluminium.......................
- Souliers bruns, enlèvement des taches..........
- Taches de graisse sur l’ivoire.................
- Taches sur souliers bruns......................
- Tatouages, effacement..........................
- Teinture d’iode, conservation..................
- Terre à foulon pour le blanchiment des huiles .
- Tuyaux de bois résistants......................
- Vernis à l’alcool pour emploi à l'extérieur. .
- Vernis des meubles, remise à neut..............
- Vernis doré rustique...........................
- Vernis (Essais de).............................
- Vernis pour cuirs de livres.................
- Verre : argenture..............................
- Verre conducteur de l’électricité..............
- Verre : coupage ...............................
- Verre : dépolissage............................
- Vêtements huilés...............................
- Viandes crues : conservation...........- • •
- Vigne (Contre les maladies de la)..............
- Vinaigre de poires.............................
- Volaille : conservation .... ...
- . . 78
- . . 135
- . . 135 . . 135
- . . 159
- . . 119
- . . 135
- . . 174
- . . 94
- . . 94
- . . 197
- . . 6 . . 46
- . . 110 . . 119
- . . 6 . . 86 102, 198 . . 182 . . 135
- . . 102 . . 86 . . 50
- . . 14
- . . 182 . . 30
- . . 135
- . . 150
- . . 94
- . . 118 . . 78
- . . 58
- . . 46
- . . 78
- . . 40
- . . 30
- . . 127
- . . 38
- . . 168 . . 0 . . 135
- . . 159
- . . 30
- . . 136-
- 38
- 154
- 86
- 127
- 102
- 197
- 6
- 86-
- IV. - HYGIÈNE ET SANTÉ.
- La destruction des mouches (Dr A. Cahtaz) . . • . • • •
- La température du corps et les exercices (Dr A. G.).........
- Pansements au baume du Pérou (Dr A. C.) • •••••• •
- Désinfection des livres (Dr A. C.)........• •...............
- Les tisanes toxiques purgatives (D1' A. C. )............. •
- La fausse badiane (Dr A. C )................................
- Le daltonisme et la peinture (Dr A. C.).................. •
- Un thé économique (D1' A. C.)........................ • ^
- Où passer nos vacances: à la mer ou à la montagne / (D1 À. G.:.
- Traitement des brûlures graves (Dr A. C.)...................
- Essai du lait (l)r A. G.)...................................
- Les chats et la peste (Dr A. C.).....................• • •
- L’alimentation des vaches et la qualité du lait (IP A. C).. . .
- 5
- 14
- 21
- 29
- 46
- 55
- 61
- 69
- 77
- 86
- 93
- 110
- La gale du ciment (Dr A. C.)...............................
- Les cures d’air en bateaux-mouches (IP A. G.) . . . . . .
- Contre l’artério-sclérose (IP A. G.).......................
- Les éruptions alimentaires (Dr À. G.)............... • •
- La tuberculose pulmonaire depuis vingt ans (D1 A. G.) . .
- La scoliose des écoliers (IP A. C.)........................
- Le fluorure de calcium (IP A. C.)..........................
- Traitement du lumbago (Dv A. C.)...........................
- Contre la grippe (IP A. C.)................................
- La compresse d’alcool (IP A. C.)...........................
- Le cassis contre le rhumatisme (IP A. G.). . . • • • • • Le traitement du rhumatisme par les piqûres d abeilles. . La désinfection du linge (IP A. C.).........................
- 119
- 119
- 120 135 153 149 107 167 175 182 182 189 200
- p.2x213 - vue 645/647
-
-
-
- TABLE DU SUPPLEMENT
- V. - VARIÉTÉS
- I.'hydrogenèse ou production artificielle des sources......... 5
- L’horlogerie suisse à l’étranger (L. Reverchon)............... 13
- I.cs alcaloïdes vermifuges du grenadier (A. Acloquk) .... 21
- Les bains au Japon............................................ 39
- I/homme primitif dans l’Amérique du Sud. . ................... 46
- Le crude ammoniac (A. Yilcocq)................................ 53
- Rôle de l’eau dans les tremblements de terre..................... 54
- L’alcool de bois (N. L.ali.ié)................................. . 61
- La poste par pigeons au Congo français (Reynaud).............. 69
- Le papier de tourbe (N. Lallié)............................... 77
- Les bières, cidres et vins sans alcools....................... 77
- L’anéantissement du dirigeable Zeppelin (A. Troi.i.er) ... 85
- La pèche et l’industrie des poulpes (11. Run)................. 93
- Les pipes liues (E.-1I. Weiss)................................ 93
- La culture maraîchère à Dakar (G. Regelsreiiger)..............101
- La maladie des feuilles du platane (A. Vu.coco)...............109
- Le sabak (G. Loucheux)........................................ 109
- L’olive de mer (11. Rux)......................................117
- L’éclairage des grands espaces (E. Taris).....................117
- Les chapeaux dits de Panama...................................T25
- Le bois cérame (E. Langi.et)..................................134
- Utilisation des sarments de vigne comme fourrage (II. Bi.in). 142
- L’aliment pur au congrès de Genève (F. Marre).................157
- La lièvre jaune à Saint-Nazaire...............................158
- Le congrès de la route (E. Girardault)........................165
- Les sérums précipitants (I)r Desplein)............................173
- L’écriture chez les nègres (J. Delsaijx)......................173
- L’invention du téléphone (N. Lai.lié)............................181
- Nouvelles recherches sur la reproduction et la culture des
- éponges (II. Bi.in)............................................181
- L’odeur humaine (l)r A. C.).......................................189
- Le chant des poteaux télégraphiques (11. Bus).................197
- L’or et les produits miniers des colonies françaises..........205
- Orages et grêle pendant la saison chaude......................205
- VI. — DIVERS
- Résumé météologique (Tu. Mourkaux). 22, 62, 101, 105, 157, 198 jj Bulletin astronomique (E. Toeciiet)...................45, 14-
- Fl.\ DES TABLES DE SUPPLÉMENT
- p.2x214 - vue 646/647
-
-
-
- ERRATA
- Page 160, col. 1, lig. 2.
- Au lieu de : O. Davis. Il f,nul : 0. Doin.
- l’agc 100, col. II, lig. 10.
- Il faut : une virgule entre retardataire et malgré.
- Paris. Imprimerie I.aiii i.i:, rue île Fte.urus, ‘J.
- p.2x215 - vue 647/647
-
-