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Précis historique et expérimental des phénomènes électriques
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- H I S TORIQUE
- ET EXPÉRIMENTAL
- DES
- PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES.
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- AVERTISSE MENT.
- Les Amateurs qui délireront fe procurer des Appareils? fembiables à ceux que je décris dans cèt Ouvrage, pourront s’adrefler à M. Roulandy Démonftrateur de Phyfique en l’Univerfitc $ il leur donnera même des Leçons particulières fur la ma-
- îiièjtè de les préparer & de faire les Expérience»' dans fon Cabinet de Phyfique , rue S. Jacques , près S. Yves , maifon de l’Univerfité.
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- PRÉCIS
- HI S TORIQUE
- ET EXPÉRIMENTAL
- DES
- PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES,
- Par M. Sigaud dè LA Fond , Profiteur de Phyfique expérimentale , Membre de la Société Royale des Sciences de Montpellier ; des Académies d'Angers 3 de Bavière, de Valladolid, de Florence, de Saint-Pétersbourg.
- SECONDE ÉDITION,
- Revue & augmentée.
- , in-8°-, avec Figures , broché t
- / *A PARIS,
- RUE ET HOTEL,SERPEN
- M. DCC. LXXXV.
- Avec Approbation, & Privilège du Roi.
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- P RÉ F A CE.
- Si on juge de l'importance <fùne Science par la multitude des Savans & des Amateurs, qui la cultivent, on en trouvera peu en. Phyfique qui foit aulïi recommandable que celle qui fait l’objet de cet Ouvrage, Depuis , 1771 , époque à laquelle je publiai la delcription des nouvelles machines dont nous faifons ufage, il elt peu d’A-
- blables., à*en juger , & par le nombre de celles que j’ai fait faire , & par un nombre encore plus grand qui s’eft. répandu juf-ques dans les Provinces les. plus éloignées. Il n’eft donc aucune partie de la Phyfîque qui foit plus cultivée que l’ële&ricité^ & conféquemment aucune partie dont les découvertes doivent intéreflèr davantage les Phyficiens & les Amateurs., Nqus avons donc cru bien mériter des uns des autres en raflèmblant daosunfeul çprps d’ouvrage toutes les. recherches faites en ce aiij
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- vj PRÉFACÉ.
- genre depuis l’origine jufqu’à ce jour, & en préïentânt il nos Leéleurs la 'marche de l’efprit humain dans ce genre de travail.
- Nous rie nous foin mes point aftreints à fuivre l’ordre chronologique dès découvertes , ou à tes prêfenter fuivarit l’ordre des tenis qui les virent naître. Cette méthode , toute cxaflré quelle paroiiïè , ne peut être facilement faille de ceux qui ne çonnoilfent point encore les objets qu’on leur préferite. 11 n’en eft pas de l’Hiftoire eïes Sciences.comme de l’Hiftoire en général. Les découvertes ne s’enchaînent pas comme les faits , '& le hafard qui les produit ne les prëfente pas toujours à la portée dé tout le monde. Nous avons donc cru rendre notre Ouvrage plus facile à lire, & pltis inftrùflàf eri même tems, en le diftri-buant par ordre des matières, & en pré-fentanten raccourci, dans chaque Article, la chaîne des découvertes qü il renferme. Ainlî, ce ne fera point l’Hiftôire quinous guidera nàns Tçxpofition des faits & des phénomènes ëleàriques ; mais ces faits
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- eux-mêmes , ces phénomènes , qui amèneront l’hiftoire de nos travaux. On verra dans chaque Article l’époque de la découverte dont il fera queftion, la marche de l’efprit humain dans cette recherche, 6c fouvent ce quil relie encore à faire pour nous fatisfaire complètement fur cet objet.
- Nous avons diftribué cet Ouvrage en cinq Sections principales. Nous avons renfermé dans la première tout ce qui concerne nos progrès en éleélricité, 6c expofé fon origine jufqu’à l’époque de l’expérience de Lcyde.
- En traitant dans le premier Article des corps fufceptiblcs de contraéler la vertu éleétrique, nous avons obfervé que la dit tribution de ces corps en deux clalfes générales, en idio-éleclriques 6c en an électriques , quoiqu’univerfellement reçue des Phylîciens éleétrifans , n’eft point cxaûe, en ce qu’il n’y a aucun corps qui ne foie réellement fufceptible de contraéler la vertu éleélrique par voie de frottement ; mais nous avons confervé malgré cela cette
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- vaj PRÊT ACE. diftribution, & pour ne nous point écarter des idées les plus fumes , & en même tems parce qu’on peut effectivement con-ferver encore cette divilion lorfqu’il n’eft queftion que à!électricitépojitivc , puifque les corps qu’on appelle an-électriques ne s’éleCtrifent point pofitivement, mais négativement par voie de frottement.
- Nous avons raffemblé dans le fécond Article tout ce qui nous a paru important de connoître pour nous mettre au fait des différent appareils électriques dont on a fait ufage jufqu’à préfent , & nous faire faifir en même tems les différèns degrés de perfection qu’ils n’ont acquis que fuc-eeflivement.
- J’ai fait un Article à part des dondue-teurs , non qu’il faille les féparer des appareils dont ils font partie , mais parce que j’ai voulu fixer fur eux l’attention du LeCteur , en' lui faifant part des nouvelles recherches de M. Volta à ce fujet.
- L’Article fuivant renferme la fuite hif-toriqué des prdniers phénomènes élec-riques , jufqu’à l’époque de l’expérience
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- PRÉFACE. ix
- de Leyde. En parlant de la propagation de la matière électrique , on verra que je n’ai pas craint d’avouer l’erreur où j’étois auparavant fur la manière félon laquelle cette propagation s’opérait ; j’ai cru devoir ce témoignage à la vérité , & je me ferai toujours honneur d’abandonner mon opinion lorfque je ferai perfuadé qu’elle eft erronée.
- La fécondé Section fe borne à l’expo-fition de l’expérience de Leyde Sc de la théorie de M. Franklin. J’ai travaillé ce dernier Article avec d’autant plus de complaisance , que cette fublime théorie a éprouvé bien des contradictions, & de la part de ceux qui étoient faits pour la produire , & de la part du plus grand nombre qui la décréditoient fans l’entendre. J’avouerai de bonne-foi quelle fe préfente au premier afpeCt fous une forme paradoxale ; quelle peut révolter en ce moment l’efprit du LeCteur ; car il ne s’y agit pas .moins que de prouver qu'une bouteille fortement chargée d’éleclricité , & propre a faire éprou\ er la commotion la plus violente,
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- PRÉFACE.
- ne contient pas pouf cela une plus granàe dope d‘électricité que celle qu'elle contenoil avant d'être éUclrifée : mais fi le Le&eUr veut fufpendre fon jugement, fuivre avec attention le développement de cette pro-pofition, lés preuves fur lefquelles ce fait important eft appuyé, les nouvelles expériences que j’ai ajoutées à celles dont l’Auteur, M. Franklin, s’étoit fervi pour confirmer fon opinion, j’ofe aflurer qu’il n’y a aucun fàit en électricité qui lui pareille aulli certain & auflî bien démontré ; & il trouvera dans cet Article la démonftration la plus complette de l'électricitépofitiyc &i de l’électricité négative, qui fait ta bafe de toute la théorie du Doftcur Franklin.
- J’ai compris dans la troifîème Seétion l’analogie de la matière éleétrique avec la matière du tonnerre & avec le magnétifme. La première dcces analogies eft une découverte des phiscurieufes Sc-des plus intéreflântes en faitd’éleftricité, dont la gloire appartient encore au'Doéteür Franklin, & dont les lùitèS.lüi aSureritlês titres les mieux fondés à larecohnôiiTancfc publique ; puifque cette
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- PRÉFACE. xj
- découverte l’a conduit à nous procurer les moyens les plus certains de nous garantir des funeftes effets de la foudre. C’eft encore ici que les Adverfaires de M. Franklin fe font élevés contre lui, & ont fait d’inutiles efforts polir déprécier fon travail ; mais l’expérience , plus fûre que les rai-fonnemens les plus captieux & les plus féduifans , eft venue à fon fecours, & a juftifié complètement fa théorie. Nous invitons le Lecteur à lire avec attention l’Article troifième de cette Section, dans lequel nous traitons des moyens de détourner la foudre. Si nous devons à ce fujet, à M. Franklin, la reconnoiflànce la mieux acquife , nous ne fommes pas moins redevables au zèle & aux connoif-fances de ceux qui fe font appliqués à per-feétionner ce moyen, & particulièrement à M. Barbier de Tinan, Commiflàire des Guerres à Strasbourg; qui nous a donné, à la fuite de l’excellent Ouvrage de l’Abbé Toaldo qu’il a traduit, des Obfervations on ne peut plus lumineufes & fatisfai-fantes à ce fujetv
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- La quatrième Seétion renferme différentes applications qu’on peut faire avan-tageufement du fluide électrique. On verra dans le premier Article fon application à l’économie animale ; un précis hiftorique des travaux les plus certains, des, Phyficiens en ce genre ; quelques obfervations importantes fur cette pratique » & la manière de faire éprouver & de borner la commotion électrique à telle partie du corps qu’on voudra commouvoir. J’ai déjà publié ce moyen en 1771, dans une Lettre imprimée que j’adreflài alors à M. de Caiifan , ancien Intendant de Minorque , & mon Correfpondant à l’Académie de Montpellier. On verra qu’il eft fondé fur la théorie de M. Franklin concernant la bouteille de Leyde. Les Articles fuivans comprennent les applications de l’éleétri-cité à la végétation & à certaines opérations chymiques ; c’eft ici que les obfervations ne font point aufli nombreufes que nous le délirerions., & qu’on rie peut, trop exhorter les Phyficiens & les Amateurs à fe livret à ce genre de travail.
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- PRÉFACE. xiij
- La cinquième & dernière SeCtion eft une efpècede fupplément aux précédentes. Nous y avons raflèmblé nombre de phénomènes particuliers , tous dignes de l’attention du Phyficien , & la plupart propres à exciter fa curiolité. Nous avons parlé dans le premier Article de l’éleCtri-cité dans le vuide - dans le fécond , de la -vertu électrique de certains poillbns , tels que la torpille, l’anguille de Surinam, & nous y avons fait voir que Tclcctricité de ces fortes d’animaux avoit l’analogie la plus caraétérifée avec la bouteille de Leyde ; dans le troifième, de la vertu éleélrique de la tourmaline ; dans le quatrième, de \’éU:3rophorc , nouvelle découverte de ce fiècle , qui nous prouve qu’il y a certains corps qui confervent plus opi-niâtrément que d’autres la vertu électrique qu’on excite en eux. Nous nous femmes un peu étendus fur cet Article, non parce qu’il eft nouveau, mais parce qu’il préfentc des phénomènes éleCbpques bien fînguliers, te qui confirment , comme l’a très-bien démontré M. Ingen-Houfe, la théorie de
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- *rv PRÉFACE.
- Franklin. On verra après l’expolition. des principes que cet ingénieux Phyftcien établit, que \'éleclrophorepeut être regardé comme une véritable bouteille de Leyde , dont l’armure peut s’enlever- Le dernier Article eft entièrement çonfacfé à des expériences de fuir agrément, bfaus y parlons de deux éfpècés (le machines éleSri-, ques de poche, en ce qu’on peut facilement les porter dans fa poche- L’une fut inventée par le Doéleur Canton, l’autre nous eft parvenue par M. Ingen-Éouf^, Sc cette dernière a cet avantagé fut celle de Mi Canton, quelle produit des effets bien plus eoqfidérables & qu’elle eft fufccptible d'être perfectionnée au point de pouvoir faire des expériences éleiftfiqueE 4e c°ut gepre. Cet Article comprend enfi§re quelques expériences'particulières dç la commotion éleétrique , dont les applications auront de quoi fatisfaire h-1 swioêté Leéicur.
- Nous ne nous étendrons point fur les changement, & les additions que nous avons cru devoir faireàçpt Ouÿrage-Ceufc qui auront lu la première Edition, jugeront
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- préfaTb. xv
- de leur importance, & nous approuveront fans doute d’avoir développé d’une manière plus làtisfailànte, dans la première Section, les propriétés des corps an-éleciriques ; d’avoir décrit dans la deuxième la machine éleétrique négative à taffetas, imaginée par M. de Walckiers , avec les ehangemens que M. Rouland y a faits ; & de nous être plus étendus , dans la troifième Section , fur les foudres afetndantes , qui-contrarient l’opinion commune fur ces fortes de phénomènes., beaucoup plus fté-quens qu’on n’oferoit l’imaginer. Nous avons cru, en parlant des moyens de le garantir desfuneftes effets de la foudre, devoir fixer l’attention publique fur une pratique auffi pernicieufe, qu’elle n’eft que trop conftnune, fur ie fon des cloches dans les.orages , moyen qui pourrait quelquefois être utile, s’il étoit dirigé par des gens inftruits qui fauroient faifir les circonf-tances dans lefquelles on pourrait l’employer, & qui devient prefque toujours fatal par l'ignorance de ceux auquel on en abandonne l’ufage.
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- xvj P A è è.
- En parlant dans la quatrième Se&ion de l'application de l’éledricitéà l’écottb-mie animale ,' nous n’avons point palfë fous ;filence l’entreprife • hardie de M. le Dru. Nous avons parle dè fa méthode d’é-lcdrifer ceux qui fe confient à fes foins. Sans blâmer une méthode que le fuccès-fêmbleaccréditerentrefes heureufes mains, nous avohs cru devoir prévenir nos Lecteurs des- dangers dont elle pourvoit être foivie entre les mains de gens qui ne con-noîtroient pas bien la manipulation, de fon Auteur. Nous avons auffi parlé des travaux de M. Achard, célèbre Chimifte de Berlin, fur la fubftitution de l’éledricité à l’incubation des œufs. T elles font, en peu de mots, les principales additions faites à cet Ouvrage. Nous laiflbns au Eefteur à apprécier la valeur des changement & eor-redions que nous avons jugé à propos de faire à plufieurs Articles.
- PRÉCIS
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- FAUTES
- Qu’il ejl abfolument nêcejfaire de corriger avant de lire cet Ouvrage*
- 'P Age il, ligne 24, ftriéte , li/èr ftriéfc.
- Page 48, ligne 25, d’une plus grand, life\ d’un plus grand.
- Page 52 , ligne 5 , qui fait la traverfe, life\ qui la traverfe*
- Page 5 4 j ligne 5, ils font arrêtés , lïfe\ elles font arrêtées.
- Page 5 8 , ligne 4 , pofé où foutenu , life£ fou-tenu.
- Page 66 y ligne. 20 , décifive, life% décrives*
- Page 71 ligne 4, pieds, life% lignes.
- Page 83, ligne 7, les unes, life\ les uns.
- Page 9.6, ligne zj , mouvoit, life% mouvoir*
- Page 5)9, ligne 17, planète , /i/êç platine.. .
- Page ijo, ligne 24 ,, l’intérieure, life\ L’intérieur.
- Page 151, ligne 15., de faire, Hfe\ à faire.
- Page 15.9, ligne z6, de le , life% de la*
- A *
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- PageriSç, ligné ri y pour dilpérfer, S/% pou# la difperfer, .........,
- Page n6y ligne 19, de ces, life\ de fes.
- Page 229, ligne 11 & ix, & de la fenfibiliv té ou de Ficmarioriy life£ & à la fenfibilité ou à l’irritation.
- Page 2:43 yligne ï Jy l'extérieure, life{ l’exté-
- . rieur.
- Page z45, ligne iB, l’extérieure, life\ l’exté-rie.uÊ, ‘ :
- Page 17I » lîgne 18 , en angles , life\l angles.
- Page 285, ligne 14 , qui ell furchargée > lifi£ qui eft dépouillée.
- Page 29.2, ligné y, âuffi , Hfè[ ici.
- Page 295, ligne 25, furelle, life\'Air elles.
- Pag* 3°?> tigne H» précédemment, life\ prudemment.
- Page 569!, ligne 1 + èxaét, life^ exaéte.
- P âgé -5 4 ï, ligne 5, étoit eiirrée, hfe\ étoir entré.
- page • 34j, ligne vÿ, lui ait, lïfe\ lui eut.
- Ibidem y ligne derrnere , de defloUSy lïfe^ de deflus.
- Page 371 y ligne 24, le Journal de Septembre, life? le Joutnal de Phyfique' pou* le Aiois de Septembre.
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- Page 371, ligne 15 ; qui a rècaeifli i /I/e^ âiiii lequel il à recueilli.
- Page 5‘74, ligne 89 8c demi, life^èc demie.* Page ü&i tigne 9, de la la, lifc de fa.
- Page 393 , ligne 1 , ces , ces deux:, lîfé^ 'ces - deux, i
- Page 412 , ligne 11, elle paflera , tife\ il pafieta.' Ibidem y iïgfie 12, elle éclatera , life%if éclatera.* Ibidem, Z/^/ze 17 , elle allumera, UfeÇ'ît' atîur
- 430, /z^tzé 22 , & lente de fa charge £ lifet 8c lente décharge.
- Page 436, /i£/z* 16, fix pointes, /i/qr cinq pointes.
- Page 43 7, ligne 5 , qant, #/qr quant.
- Page 484, /zg'/ze 27 , il y a cinq à fix ans , ajou~ te\, à compter de l’époque de la première édi-j tion de cet Ouvrage en 178#.
- Page 494, ligne 11, elle , HJe% il.
- Page 499» !‘g"‘ »J > a Plus> lifel la plus-Page 548 , ligne 9 , - , lifa 7.
- Ibidem , ligne 10, 1 *, life%
- Ibidem , ligne 15,1 1 , life% 1
- Ibidem y ligne 17 , 3 5, lifi\ 3 ?•
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- Page j 50 ; ligne 24 ; des Physiciens, lifeç ds Phyficien.
- Page 552, ligne 28 , celle-ci, life\ celui-ci. Page 581, i la marge, corps conducteurs, lifaç corps non-conducteurs.
- Page s 85, ligne 14, plus petit ./i/êjr plus petite. Page 587, ligne 1 , & a eu , life^ & il y a eu. Page 592, ligne 1, machines à feu, /i/ëj machines.
- Page ioi, ligne 22, a boule, Æ/qr la boule.
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- PRÉCIS
- H I S T .O R I Q U E
- ET EXPÉRIMENTAL
- des phénomènes électriques,
- Oins attachés i la nomenclature des faits, qu’à préfenter avec ordre les phénomènes électriques , nous ne fuivrons l’hiftoirê de leurs découvertes qu autant que èette méthode nous paroîcrâ commode pour faire connoître les progrès de r*efprit humain dans une matière aüfli importante & aultî digne de 1 attention du Phylîcien.
- Malgré les recherches les plus fiiivies, malgré les travaux de plusieurs célèbres Phyficiens, qui le font particulièrement occupés de dët.objet» il faut convenir que les phénomènes électriques font encore trop ifolés , & n’ont point une liàifoit àtfefc intime entr’eux pour qu’on puifle les unir en un véritable corps de'doctrine, & établir un fyftême général. On ne peut les raflembler que
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- par dallés, les multiplier, fuivre leurs analogies* en déduire dés conféquences , & en faire des applications plus ou moins utiles, plus ou tçtoins agréables ; & c’eft le but que nous nous propofons dans cet Ouvrage.
- Pour mettre tout l’ordre qu’on peut délirer dans Dmiîon de une matière aufli diffnfe , nous le diviferons en cinq Serions principales : chacune renfermera certains faits mémorables dignes de faire époque dans l’Hiftoire de l’Eleéfcricité.
- La première Se&ion remontera jufqu’à l’origine de cette découverte. Nous y donnerons une idée générale de l’éle&ricité, & nous y comprendrons les travaux des Phyliciens jufqu’à l’époque fa-meufe de l’expérience de Leyde.
- La fécondé expofera le développement de cette expérience, 8c la théorie fublime du Dodteur Francklin.
- La troifième renfermera tout ce qui concerne l’analogie de la matière éleârique avec la matière de la foudre 8c le magnétifme.
- La quatrième traitera des différentes applica-; tions du fluide éleétrique.
- La cinquième formera une efpèce de fupplé-ment, dans lequel nous traiterons de différens phénomènes , de nouvelles découvertes, de quelques méthodes récentes, que nous croyons devoir féparèr du corps de l’Ouvrage.
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- fc 'l s i» rt i n O M i N E S .i t E c t» >
- SECTION PREMIÈRE.
- Dd Vorigine. Ù des progrès de t*Electricité jufqida l* époque de V expérience de Ley dc.
- CjEtte époque n’eft pas riche en faits, mais elle n’en eft pas moins intéreflante. Nous y rrai* terons de la vertu éle&rique, de la manière de l’exciter dans les corps, des moyens qu’on peut employer favorablement pour augmenter fon in-, tenir té , 8c des premiers phénomènes électriques.
- Ce ne fut, à la vérité, qu’avec le rems , ôc à )a fuite de bien d’autres recherches, qu’on parvint à découvrir les moyens d’augmenter cette vertu : mais nous avons cru devoir les renfermer dans cette SeCtion, pour éviter de revenir fur nos pas, & en rnème-tems pour rendre plus- facile l’intelligehce des expériences dont il y fera queftion.'
- Nous la diviferons donc en quatre Articles.
- Le premier traitera de la vertu éleCtrique & ceft!ev!^“0^e des corps fufceptibles de cette vertu.
- Le fécond, des appareils éleétriques.
- Le trpifième, des conducteurs. -Le quatrième, des premiers phénomènes électriques jufqu’à l’époque de l’expérience de Leyde.
- A a
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- t>!
- éajv £ L E C T RÎ;
- Article Premier^
- De là venu électrique ù des corps fufcep- 1 tiblcs d'électricité.
- T 1
- ndecfe l'éicc* I—** É îL e gt r. i c i t £ eft un fluide univerfelle- 1 incité. ment répandu dans les corps. Egalement diftribué entr’eux , il y demeure dans une efpèce d’inertie ,
- . qui l’empêche de manifefter fa préfence. Mais fl, pat un procédé quelconque, on vient à rompre cet équilibre, à accumuler fur un corps une quantité furabondante de ce-fluide, ou à enlever à un corps une portion de fa quantité naturelle d’électricité , alors la vertu éledrique fe décèle & fe manifefte par une multitude^d’efFets différens , tous dignes de l’attention du Phyflcien.
- Moyen Le frottement eft , de tous les moyens connus rem» èie&ri- jufqu’à préfent, le plus propre à rompre cet é'qui-<iUC’ libre , à accumuler fur un corps une nouvelle dofe d’éledricité, ou à enlever à un corps une portion de fon éledricité naturelle. L’adion du foleil fuffit quelquefois pour produire le premier de ces deux effets. Un fluide qui ne mouille point * tel quelle mercure, produit la même chofe , en le verfant dans un vaiffeau de verre bien net & bien fec, dont on le retire enfuite, fans toucher à la partie frottée du vaiffeau, pour le renverfeç
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- ET DES C O R P S illC T R.' f
- dans un autre. Un vent fec , dirigé fur la furfàce de certains corps, leur communique également la même vertu. Mais tous ces moyens font moins puiflans , & produifent des effets bien moins fe'n-fibles que ceux qui naiffent d’un frottement convenable.
- Prefque toutes les connoifiances humaines font origîne obfcures dans leur principe , & ne laiffent point ^trc[ee>déco11' preffentir alors toute l’importance qu'on pourroit y attacher. 11 en fut ainfi de la vertu électrique ; elle ne fe manifefta d abord , & elle ne futlong-tems connue que par de fimples attrapions.
- Thalès, qui vivoit fix cens ans avant l’ère chrétienne , connoifïoit ce phénomène dans Y ambre jaune, autrement dit le fuccin ou le karabé. Il fut même fi émerveillé de lui voit attirer des corps légers, après qu’il avoit été convenablement frotté , qu’il imagina que cette fubftance étoit animée.
- Mais cette erreur étoit trop groflière pour fe perpétuer -, & nous ne connoifîons aucun Philofophe de l’Antiquité qui y foit tombé. Théophrajle j qui vivoit trois cens ans après Thaïes, parle de ce même phénomène avec le plus grand étonnement,
- .& remarque que cette vertu attraPive n’appartient point exclufivement à l’ambre jaune ; qu’elle fe décèle également dans le lyncurium, qu’on foup-; qonne être la tourmaline , dont nous parlerons vers la fin de cet Ouvrage. Cette fubftance , dit-il A,
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- dans fon Traité des Pierres , a également la prt> priété d’attirer non-feulement des pailles & dé petits morceaux de bois, mais encore des frag-mens de mine de fer ou de cuivre, lorfqu elle eft convenablement frottée. Pline 3 Strabon x Diofcoride 3 Plutarque 3 & plusieurs autres an-» ciens Philofophes, parlent de ce phénomène cju’on avoir encore découvert de leur tems dans 1 èjayet ; mais comme il le fut primitivement dans l'ambre jaune, que les Grecs nommoient électronles Latins défignèrent cette propriété fous le nom éieleclrum, & les François fous celui & électricité* D’où l’on voit que ce mot, originairement institué pour défigner une fubftance, lignifie chez; nous une propriété non-feulement de cette fubftance mais encore de toutes celles qui paroiflent douées de cette vertu $ & on comprend en général fous le nom d’électricité 3 tous les phénomènes dépendans de cette propriété.
- UUbJn^ de (^‘Joi<lue ^P0(llie de cette découverte remonte à fîx cents ans, & au-delà de lere chrétienne* ce né fut cependant que vers la fin du dernier fiée le que les Phyficiens s’en occupèrent par ti-» entièrement j mais leurs travaux fe bornèrent à la recherche de différentes fubftances douées de cette même vertu. On dut aux foins & à l’mduftrie de Guillaume Gilbert, Médecin Anglais-, les premières découvertes en ce genre. Elles font
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- I T DES CORPS É LE CT R? J
- torifîgnées dans un Traité latin qu’il publia fur l’aimant. On y lit que le diamant , le faphir, l’améthyfte , l’opale, la pierre de Briftol, l'aigue-marine ., le cryftal, acquièrent également, par le frottement, la propriété d’attirer des corps légers. On y lit encore que le verre , fur-tout celui qui eft clair 8c tranfparent, jouit de la même vertu ; 8c qu’il en eft de même de toutes les matières vitrifiées, telles que le verre d’antimoine. Ce célèbre Phyficieri reconnut aufli cette propriété dans plufieurs fubftances fpatheufes, dans les bélemnites : il la reconnut dans le foufre , le maftic, la gomme laque teinte de différentes couleurs , dans la réfine folide , le fel gemme, le talc , l’alun de roche. La réfine , ajoute-1-il, ne poffède cette vertu que dans un petit degré, 8c le fel gemme , le talc & l’alun de roche n’en paroiffent doués que lorfque l’atmofphère eft très-, pure , très-claire, & exempte d’humidité.
- Elle lui parut donc plus forte dans certains corps que dans d’autres, 8c même très - foibîe dans quelques-uns. Ce fut aulfi pour la découvrir plus facilement dans ces derniers, qu’il imagina le procédé fuivant j & il eft on ne peut plus fimple 8c plus ingénieux.
- Il prit une aiguille de Tefpèëe de celles donc on fe fert pour les bouffoles , 8c il la pofa fur un pivot. Son poids étant alors foûtenu, elle étoit A 4
- Moyen qu’il imagina pouc découvrir 1» vercu éU-ftri-que dans cér-
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- beaucoup plus mobile que tout corps léger api puyé fur une table ou fur un plan quelconque.-De là , pour peu que le corps frotté fût doué de vertu électrique , elle devenoic néceflairement fenfible, & mettoit en mouvement l’aiguille, auprès de laquelle on l’approchoic, Ce fut par ce moyen qu’il découvrit cette propriété dans plufieurs corps dont il fait mention, de dont le dénombrement deviendrait inutile.
- Travaux de Les fuccès de Gilbert excitèrent l’attention des 4d ÇimtntQ, Phy fîciens fur ce phénomène , qui devenoit d’autant plus intéreSànt, qu’il fe généralifoit davantage. Les Membres de la célèbre Académie de Florenceconnue fous le nom del Çimento.* furent les premiers.qui fe livrèrent à cette recherche, tandis que Boy le s’en occupoit en Angleterre. Ils augmentèrent le catalogue que Gilbert avoir dreffé. On lira avec plaifa le détail de leurs travaux dans un excellent Ouvrage qu’ils nous ont lailfç , & que le célèbre Mujfenbrceck a commenté , fous Je titre de Tentamiaa FlorenùnaK dçs Tpïjfi* ^ ^avans du dernier fiècle relièrent fort çiens depuis éloignés du butŸ auquel ils pouvoient atteindre çemenTd/cë afc facilement, ceux du dix-huitième iiècle furent beaucoup plus loin , & crurent, dès 1730, avoir découvert tous les corps fufceptibjes de çont'raéler la vertu , électrique par voie de frottement. Us nous apprirent que prefque tç>u.s les
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- -corps, à l'exception d’un très-petit nombre, étoient fufceptibles de cette propriété; que toutes ' les pierres précieufes tranfparentes, demi-tranf-. parentes ou opaques; que plusieurs pierres communes , telles que les bélemnites ; que tous les cryftaux; que toutes les réfines terreftres pures ou mêlées avec des terres, comme le bitume de Judée , le foufre, l’arfénic rouge ; que les fels, tels que l’alun, le fel gemme ; que les verres de toute efpèce , colorés ou non colorés, & même ceux qui font chargés de métaux , comme le verre d’antimoine, les porcelaines ; que quantité de végétaux delTécbés j? tels que l’encens , le maftic , la réfine du bois, de gayac , la poix , le fuere cryftallifé , &c ; que quantité de parties animales, telles que les plumes , les poils , les cornes, les os, l’ivoire, la baleine , le parchemin, le poifion à coquille , la foie, la cire, &c. étoient tous éleétrifables par frottement. Ils n’exceptèrent que quelques animaux dont le corps n’eft point couvert de plumes ou de poils ; les métaux , les demi-métaux , &c quelques pierres, telles que l’albâtre, la pierre de Lydie , le caillou, &c. : de forte qu’ils rangèrent fous deux clafies tous les corps qui font partie des trois règnes de la Nature, en les confidérant relativement à l’éle&ricité. Ils nommèrent idio* électriques ceux de la première plafle, ceux qui contra&ent la vertu éle&rique par le moyen du frottement ; & iis appelèrent
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- io De xà vertu i iicîr; électriques ceux de la fécondé clafl~e, ceux qui ne paroiflent point contrader cette même vertu, par cè procédé.
- On ne peut trop leur favoir gré des travaux immenfes qui les ont conduits à ce but, à travers les dégoûts d’une multitude d’expériences minu-tieufes, & on ne peut trop regretter en même-tems les peines qu’ils ont prifes , & le tems qu’ils ont facrifié à perpétuer une erreur accueillie fur lafoi des premiers Phyficiens éledrifans, & malheureu-fement appuyée fur une expérience trompeufe. découverte!k ^ étoit réfervé aux travaux d’un célèbre Phy-
- leiativemenc ficien de Vienne en Autriche , à M. l’abbé d’exciter u Herbert, de découvrir cette erreur , & de nous
- vertu éleâri- '
- que des corps, prouver qu’il n’eft aucun corps fufceptible de frottement, qu’il ne le foit en même-rems de, contrader la vertu éledrique. Il étoit encore réfervé à un autre Phyficien non moins habile 9 à M. l’abbé Hemmcr > Profefleur de phyfique expérimentale , & Garde du Cabinèt dé Machines de 5. A. E,, à Manheim , de confirmer cette vérité importante par une expérience auflifimplequ’in-génieufe, qu’on trouvera décrite dans le Joürnkl de Phyfique3 pour le mois de Juillet iySo. ' Quoique cet Ouvragt#précieux foie entre'les mains de tous les Phyficiens', nous croyons devoir faire connoître ici l’appareil imaginé 'par l’abbé Hetnmer, pour conftater ttne vérité qu’<Jn ne peut trop bien faifir. :vr
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- A, B, (plan, i , fig. 8.) eft une plaque de laiton bien polie , & dont lçs angles font très-arrondis j elle a deux à trois pouces de longueur & de largeur ,'fur un quart de ligne d’épaifleur; elle eft terminée fur deux de fes côtés par des rebords d’une ligne ou environ de hauteur, & également bien arrondis.
- Cette plaque eft foudée à une virolle K , pour être maftiquée fur une tige de cryftal M , & fondement montée fur une bafe de bois attachée à une table.
- C, D, E, eft un ruban quon fait pafïèr & frotter à plufieurs reprifes fur la plaque A, B , & elle donne enfuite des lignes plus ou moins fcnfibles d’éle&ricité. On parviendra à l’éle&rifer plus puiflamment encore, li on la frappe légèrement, & plufieurs fois de fuite avec une queue de renard ; c’eftie moyen le plus favorable que nous puilfioris Employer pour éle&rifer les Elec-trophores, dont nous parlerons vers la fin de cet Ouvrage. ”****• ••
- La machine que nous venons de décrire, dont on peut changer la forme, mais dont il convient fur-tout d’augmenter les dimenfions pour en tendre les effets plus manifeftes, eft le premier eflai d’un Phyficien très-ingénieux , qui prouve , par cette expérience , que les corps qu’on regarnit jufquici comme incapables de contrader la
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- il D I l A VERTU é L E Ç T R« vertu Electrique, par le moyen du frottement » la contractent néanmoins , & d’une manière afTez fenfible. Mais doit-on conclure avec lui que. la divifion des corps en corps idio-é/eclriques 8c en corps an-électriques foit abfolument fauffe ? C’eft «ne^ queftion qui mérite notre attention, & que nous allons mettre dans tout fon jour.
- ^Première Dans le fait, tous Jes corps s’éleétrifent plus fur cette dc-oti moins puiffamment par frottement, on n’en peut douter d’après l’expérience que nous venons de rapporter. Ils font donc tous idio-électriques ; aucun, à proprement parler , ne peut être'regardé comme an-électrique, comme incapable de contracter cette vertu par voie de frottement ; puif-que ceux-là mêmes qu'on n’avoir pu éleCtrifer jufqu’alors par cette méthode, s'éleChifent très* bien lorfqu’ils . font favorablement difpofés à. cet effet, lorfqu’ils font ifolés. , comme l’exige le favant Profelfeur de, Manheim. La divifion, des corps, relativement à la vertu éleCtrique ,.divifioa généralement reçue *de tous les Phyficiens élec-trifans, eft donc abfolument-faufle, c’e.ft-ià pré-cifément le point de la queftion*
- Elle eft faulfe dans lé fens ftriCt^-, danslefens félon lequel elle a été établie ; mais elle ne l’eft .point, & on peut encore en faire ufage , en y -attachant l’idée qui lui convient, seconde Remarquons en effet que fi tous les corps coa»
- CoiSiratiaa» - * *
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- ET DES éORPS ELIOT H* IJ'
- rraCtent la verra électrique par voie de frottement , ils ne la contractent point tous de la même manière. Ceux qu’on appelle communément idio-•leclriques, acquièrent par ce moyen une quantité furabondante de fluide électrique , & font, comme nous5 le ferons remarquer par la fuite , pojitivement éleclrifés , ou éleclrifés en plus. Au contraire , ceux qu’on défigne fous le nom d’<z/z-éleclriques perdent par le frottement une portion dé leur électricité naturelle , & ils font négativement éleclrifés j ou éleclrifés en moins. Ces deux efpèces de corps, les idio-éleclriques & les an-électriques s font donc dans deux états bien dif-férens d’éleCtricité , états particuliers que nous développerons, & que nous ferons connoître dans le cours de cet Ouvrage.
- Il fuit de là qu’en ne confidérant que l’électricité pofitive, cette furabondance d’éleCtricité que nous accumulons dans les appareils dont nous faifons ufage pour nos expériences ordinaires, on peut conferver la divifion reçue , & appeler corps idio-éleclriques ceux auxquels on a donné cette dénomination jufqu’à ce jour , & nommer an-éleclriques ceux qu’on défignoit fous ce nom ,-en les regardant , non comme on l’a fait jufqu’à puéfent, comme des corps incapables de s’élec-trifer par frottement , mais comme des corps incapables d'acquérir, parce moyen, une quantité
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- »4 Db 1A brTU ilICTftS furabondante de fluide électrique, & qui ne dôlH nent dés lignes d’éledricité qu’à raifon de la quantité de fluide éledrique qu’on leur enlève en les, frottant. 7^
- Troîfièmc II eft encore à rematquer, par rapport à ces Obfervanon. ^ ^ue s»ÿs ne peuvent s’élèdrifer pofîti-
- vetnent, par frottement, s’ils ne peuvent acquérir par ce moyen une dofe furabondante d’éledri-cité, il font fufceptibles d’en acquérir par une autre voie , par communication 3 & rien ne contrarie ici les idées généralement reçues à leur égard $ car perfonne n’ignore qu’ils s’éledrifent très-bien , qu’ils acquièrent une quantité plus ou moins grande de fluide éledrique, lorfqu’on les plonge dans la fphère d’adivité d’un corps fura-bondamment chargé de cette matière. C’eft même à cette propriété, qui leur convient parfaitement, que nous devons la facilité de faire commodément la plupart de nos expériences fur l’éledricité* On en fera intimément perfuadé, lorfqu’on con-noitra bien nos appareils éledriques , & qu oit réfléchira fur leur ftrudure.
- Quatrième Une autre remarque qui ne nous paroît pas
- «va ou. moins importante, relativement aux corps que nous nommons idio-élcclriques, c’eft qu’ils s’é-ledrifent également par communication. Les effets de la bouteille de Leyde, que nous expo-ferons dans la ttoifième S_edion , en fourniront
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- * T U 2 S CORPS ilECTR. If «ne preuve inconteftablè : mais ils diffèrent des çorps an-électriques , de ceux qui ne reçoivent une furabondance de fluide électrique que par communication , en ce que ceux-ci tranfmettent avec la plus grande facilité l’éleétriçite qu’on leur communique , à d’autres corps fufceptibles de la recevoir comme eux par voie de communication y tandis que les corps idio-éleclriques confervent & retiennent celle qu’ils reçoivent par cette même voie j & c’eft une propriété fin-gulière dans les corps idio-éleàriques, dont on a fu tirer le *plus grand parti.
- Cette différence bien entendue entre ces deux efpèces de corps, a fait donnerpar quelques-uns aux corps an-électriques le nom de conducteurs de Vélectricité 8c aux corps idio-électriques celui de non-conducteurs ; 8c quoique ces dénominations nous paroifTent très-exaétes , nous n’en ferons point ufage , pour nous fervir par-préférence des dénominations les plus accréditées.
- Nous obferverons encore, par rapport aux corps cinquième idio-éleclriques, qu’ils ne le font point tous au obfetVM,‘MU même degré. Les expériences du D. Gilbert, que nous avons rapportées ci-deflus , en fourniflent fuffifamment la preuve : mais comme il importe a celui qui veut fe livrer à l’étude de l’éledricité ; de connoître les corps qui font les plus propres à. répondre à fes défirs , nous obferverons qu’on
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- t>BLA VERTU iltCtkî donne la préférence, & quon range à la tête des corps idio-électriques toutes les pierres pre-cieufes tranfparentes, demi-tranfparentes ou opa-' ques , telles que les diamans , les faphirs , 1 ef-carboucle , l’opale , l’améthyfte, &e. j viennent enfuire les fubftances, qu’on préfère néanmoins pour l’ufage ordinaire de ces fortes d’expériences , les cryftaux , les glaces , les verres de toute ef-pèce, & toutes les fubftances vitrifiées , telles que la porcelaine, &c. 11 y a néanmoins un choix à faire entre ces dernières. Lés cryftaux d’Angleterre font en général plus idio-éleünques que les nôtres 5 8c c’éroit une obfervation importante à faire, lorfque nous ne connoiffions point encore les nouveaux appareils dont nous ferons mention plus bas , & que nous étions obligés de nous fervir de globes ou de cylindres qu’on faifoic tourner rapidement fur leur axe : mais depuis que nous avons fubftitué des plans de glace à ces fortes de vaifteaux , le choix des cryftaux nous devient indifférent à cet égard./
- On a cru pendant quelques années , & nous1 avons nous-mêmes donné dans cette erreur, que les glaces d’Angleterre étoient préférables à celles que nous tirons de nos Manufactures ; qu’elles1 étoient plus idio-électriques : mais l'expérience nous a appris que nos glaces foufflées de Cherbourg ne leur cédoienc en rien. Elles n’ont que
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- le feul défavantage d’être très-minces, & confé-quemment de s’échauffer promptement entre les couffins ; alors l’éleâricité devient plus languif-fante : mais on la rappelle facilement avec un peu d’amalgame j & cet inconvénient ne fe fait remarquer que dans les cireonftances où on eft obligé de foutenir pendant long-tems la rotation de la glace, ce qui arrive aflèz rarement.
- Les glaces de Saint-Gobin font plus épaifles & foutiennent mieux l’effort de la rotation ; mais elles font ordinairement moins idio-éleclriques-J’en ai cependant trouvé qui ne le cédoient en rien aux glaces de Cherbourg, & qui étoienc idio-électriques au fuprême degré : mais elles font rarement douées de cet avantage $ ce qui dépend de leur qualité & des proportions des matériaux qui entrent dans leur compofition. Plus il y entre en effet de chaux métallique, moins on y fait entrer d’alkali, & plus la glace eft fùfcep-tible d’éle&ricité. Malgré l’état de combinaifon dans lequel les fels alkalis fe trouvent dans les glaces, & en général dans les fubftances vitrr-fiées , il paroît qu’elles font d’autant plus1 fuf-.ceptibles d’être attaquées par l’humidité, que ces fels entrent en plus grande proportion dans leur compofition. Je ne fuis pas le premier qui air fait cette obfervation. Le célèbre Wait-{ recommande particulièrement pour l’éle&ricicé , les
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- ‘ï* Du i a v i â t üit ïCT-K verres dans lefquels il entre peu de fels, & qui ont été long-tems expofés à l’aéfcion d’un grand feu. Il penfoit donc que ces fels confervoient encore la faculté d’attirer l’humidité de l’air. Or , nous verrons par la fuite que rien ne nuit plus à la produ&ion des phénomènes éledriques que l’humidité qui règne dans l’atmofphère, & particulièrement celle qui s’attache aux appareils.
- Quoique tous les appareils aétuels foient faits avec des plans de glace , & qu’on n’emploie plus ni globes ni cylindres de verre dans la conftruc-tion de ces fortes de machines , il feroit important néanmoins de connoître les efpèces de verres les plus idio* électriques. Ils font plus propres à ifoler , & ils reçoivent en même-tems une plus forte électricité,, lorfqu’il s’agit de la leur tranf-mettre par voie de communication. Plufieurs. célèbres Phyficiens éle&rifans , font grand cas du verre bLanc de Bretagne ; d’autres préfèrent le ,vecre jaune de Bohème. Le célèbre Holmun recommande particulièrement les verres communs colorés tirant fur le jaune , fur le verd ou fur le noir. L’expérience démontre en effet que le gros verre noir, dont on fait les bouteilles à Sève* .eft puiiTamment éle&rique. M. Bo%e fait un cas particulier des ballons de verre qui ont fervi dans les Laboratoires de Chymie, à diftiller des acides minéraux, & qui, par ce moyen, ,pnt été
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- txpôfés pendant long-tems à l’aétion d’un feu très-violenti
- L’opinion de M. Bo%e me paroît affez bien, confirmée par une obfetvation que je tiens de feu. M. le Marquis de Courtan’vaux. Il m’a affûté que lorfqu’il faifoit ufage de globes pour faire, des expériences fur l’éle&ricité , & que le globe qu’il avoit fait monter ne lui paroiffoit point affez fortement éleélrique ^ il lui procuroit cet avantage , en le faifant féjourner pendant un jour ou deux dans un four, & que cette expérience lui avoir réuffi plufieurs fois fur différens globes qu’il-avoit fournis à cette épreuve*
- On doit ranger dans la fécondé claffe des corps, idio-électriques , plufieurs pierres , telles que les, plâtrés » les bélemnites , &c. les réfines terreftres. dures, foit quelles foient pures , foit qu’elles foient mêlées de terres , comme le de,
- Judée, le foufre, ôcc., la plupart des fels, tels, que l’alun, le fel gemme, &c..
- Viendront après les végétaux defféchés , tels que les bois, les cordes de chanvre , les fils de lin, le coton , le papier, les feuilles des arbres » vertes ou lèches, les réfines qui découlent des arbres, telles que l’encens » la gomme élémi » lorfqu’elle eft ancienne, la poix , le fucre cryf-tallifé, &c.
- Quoique nous, ne donnions aux végétaux que
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- le dernier rang dans la fécondé claffe des fub-ftances idio-éleçtriques , & qu’effedivement, à les confidérer dans l’écat où on les trouve , ils ne méritent que cette place , on peut néanmoins les rendre plus fufceptibles de cette vertu par des moyens particuliers. Le Père Ammerfin nous àflute que le bois defleché au four, au point de noircir, fans cependant être brûlé, devient quelquefois fufceptible d’une plus forte éledricité que le verre : mais il veut qu’outre cette déification indifpenfable , on ait foin de le faire frire dans l’huile. Il recommande en outre que l’huile qu’on veut confacrer à cet ufage foit ficcative. Si on veut cependant éviter cette dernière opération , qui pourrait devenir incommode , lorfqu’il s’agirait de frire des morceaux de bois d’une certaine longueur, il fuffira de les couvrir d’unç enveloppe qui ne puilfe permettre à l’humidité de les pénétrer. Il eft probable que le Père Ammerjîn a été plus heureux que ceux qui ont fuivi après lui fa méthode. On eft bien parvenu, à la vérité , par fon procédé , à augmenter la vertu idio-éleclriqut de quelques morceaux de bois : mais perfonne n’affure, comme lui, qu’on l’ai.t augmentée au point de rendre un morceau de bois ainfi préparé plus idio-électrique que le verre. Il y a plus,' nous avons obfervé, & même plufieurs fois , que ces fortes de bois ne confervoient point long-
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- Ü T DES COUPS iê le. I C T Ri if’ tems la vertu qu’on leur communiquoit par le i deflechement le plus exad, & après les avoir fait | frire avec foin dans l’huile la plus ficcative.
- On doit enfin ranger dans la dernière clafle des corps éledrifables par frottement, les différentes parties des corps tirés du règne animal dont nous avons fait mention ci-deffiis. Si la plupart de ces fubftances donnent quelquefois des lignes mani-feftes d’un pouvoir idio-électrique plus puiflant que plufieurs de celles que nous avons rangées dans la fécondé clafle , on ne peut en tirer le même parti, & les employer aufli commodément que ces dernières pour l’ufage ordinaire des expériences ÿ 8c c’eft la raifon pour laquelle nous ne les mettons qu’au dernier rang parmi les fubftances idio-électriques. La foie mérite cependant, parmi celles-ci , une diftindion particulière : elle eft plus idio-électrique que les autres , 8c c’eft un avantage pour la commodité des expériences qu’on fe propofe de faire.
- Il eft certains corps , & je l’ai remarqué dans sixième le quatrième volume de mes Elémens de Phyfique obfcrvaU01 théorique & expérimentale, mais le nombre en eft très-petit, ou pour parler plus corredement, il en eft très-peu de connus jufqu a préfent, qui paroiflent faire une claflè à part. Ce font certains poiflons, à la tête defquels on doit ranger la torpille, qui donnent, fans être frottés, 8c fans
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- Vi 'Di IA Vï RT vit E C T R*.
- être plongés dans la fphère d’adivité des cbrjî# éledrifés, dés lignes non-équivoques d’une électricité permanente & naturelle. Nous en parlerons dans un article féparé , à la fin de cet Ouvrage.
- Avant de terminer cet article , nous croyons ' devoir faire obferver quelques diftindions qu’on a voulu introduire en differens tems relativement à la vertu éledrique.
- i- Feu M. Dufay , l’un des premiers Physiciens qui fe foit appliqué, en France , à faire des expériences & des recherches fur l’éledricité , crut
- que cette vertu étoiteffentiellement différente dans certains corps ; qu’il exiftoit dans la Nature deux efpèces d’éledricité, qu’il diftingua en électricité yitreufe , & en électricité réfineuje.
- Voici en peu de mots, ce qui lui donna Heu d’établir cette diftindion. Ayant frotté un tube de verre pour le rendre éledrique, & pour lui faire attirer des corps légers , il frotta dans le même-temps un morceau de gomme copal i 8c l’ayant rendue éledrique, il s’apperçut qu’elle attirait les corps légers que le tube repoufïoit, 8c alternativement. Or, comme cette expérience lui réuffit çonflfamment de la même manière, chaque fois qu’il la répéta , il en conclue que l’éledricité de la gomme étoit différente, 8c même oppofée à celle du tube. Il éprouva la même chofe lorf-qu’il élçdrifa du foufre de différentes fubftances
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- ïéfineufes, & qu’il compara leurs effets à ceux du tube de verre éleétrifé.
- M. Dufay fe crut donc en droit de diftinguer deux efpèces d’éleétricité : l’une qu’il nomma yi-treufe ou vitrée, & qui appartient à toutes les fubftances vitrifiées, & à la plupart des corps que nous avons rangés dans la claffe des idio-électriques ; l’autre qu’il appella réjineufe , & qui, fuivant ce célèbre Académicien, eft propre au foufre, aux gommes & aux réfines de toute efpèce.
- Si M. Dufay fe trompa dans cette diftinétion,' puifqu’il n’exifte effectivement qu’une feule & unique efpèce d’éleétricité , comme nous le démontrerons , lorfque; nous expoferons les effets de celle qu’il appeloit réjineufe, en parlant de la découverte de M. Volta, cette diftinétion n’étoit cependant pas fans, fondement. Des effets auffi oppofés que ceux qui fe manifeftoient entre l’é-leétricité des fubftances nitrifiées & celle des fubftances réfineufes, démontraient manifefte-ment que ces fubftances étoient dans des états bien différens d’éleétricité : mais ils ne démontraient point, à la vérité , que le fluide éledrique ou la matière éle&rique fût effentiellement différente dans ces deux efpèces de fubftances. L’abbé Nollet j contemporain de M. Dufay, avoit bien fenti cette dernière vérité $ & tout perfuadé qu’il était des faits fur lefquels cette diftinétion étoic
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- établie , il ne put fe déterminer à admettre deùS efpèces dele&ricité. Les progrès de la fciençe netoient point encore allez avancés pour qu’ils pulTent l’un & l’autre découvrir la caufe de ces phénomènes furprenans : & il fe paflfa bien des années avant qu’on fût à portée d’en rendre raifon.
- Si cependant M. Dufay , qui ne fe fervoit que du tube de verre pour faire fes expériences ; fur l’éleéfcricité , eût imaginé de les répéter avec un tube de verre ou de cryftal dépoli, c’eft-à-dire , fimplement douci , il eût obfervé que ce tube étant frotté fe fut comporté de la même manière que les fubftances réfineufes éleétrifées fe comportent relativement à un tube de verre ordinaire; & fans pouvoir encore affigner la caufe de cette différence , il eût au moins compris que fa diftin&ion étoit faulTe. Mais l’explication de ce phénomène tenoit à de nouvelles découvertes réfervées à des tems plus éloignés. Il falloir que le hafard nous procurât d’abord la connoidance des effets de la bouteille de Leyde, & qu’on parvînt enfuite à connoître le méchanifme de cette expérience. Il falloir qu’on eût découvert auparavant que fi on peut augmenter la quantité naturelle d’éleéfcricité qui réfide dans les corps, on peut également leur enlever une portion de l’éle&ricité qui leur eft propre. Il falloit en un mot qu’on connût ce que nous appelons, d’après
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- B* SES CORfSilîCU.
- le D. Francklin 3 électricité pofitive j & électricité négative3 qui ne font point, comme nous le démontrerons ailleurs, deux efpèces différentes d’éleéfricité, mais bien deux états différens d’é-^e&ricité, dans lefquels tous les corps peuvent fe trouver.
- L’erreur de M. Dufay ne venoit donc ni de fa manière de voir , ni d’aucune prévention pour un fyftëme qu’il eût adopté'. Il étoit même mieux fondé à admettre deux efpèces différentes d’éle&ricité que ne le font plufieurs Phyficiens aéluels , qui reconnoiffent, depuis quelques années , deux nouvelles efpèces De l’élec-' d’éledfcricité , différentes, difent-ils , dans leur relie & arci-origine ou dans leur manière de naître & de fe produire, ainfi que par l’intenfîté de leurs effets : l’une , qu’ils appellent naturelle ; 8c c’eft celle, fuivant eux, qui s’excite d’elle-même , fans notre participation , dans l’atmofphère terreftre par des caufes qui nous font encore inconnuesj l’autre, qu’ils nomment artificielle ; 8c c’eft celle que nous produifons à volonté par le frottement de certains corps ou par quelqu’autre préparation particulière.
- Mais fi l’on réfléchit fur cette diftin&ion , on verra combien peu elle eft fondée fur la nature de la chofe, puifque ceux qui l’admettent con-
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- %6 ' D E I A V I R T V & I E C T tti viennent eux-mêmes unanimement que l’éleétn-cité , qu’ils appellent naturelle, celle qui s’excite dans ratmofphère, qui produit la foudre& quantité d’autres météores qu’il faut néceflfairement rapporter au même principe , eft de même nature, & ne diffère de celle qu’ils appellent artificielle que par fon intenfité & la grandeur de fes effets. Cette diftin&ion eft donc tout-à-fait inutile, pour ne pas dire défe&ueufe , puifqu’elle pourrait induire en erreur ceux qui ne faifiroient point avec affez de précifion le fondement fur lequel elle ferait appuyée. Nous lie reconnoîtrons donc qu’une feule efpèce d’éleéfcricité , unique dans fon principe , un feul fluide éleétrique universellement répandu dans l’univers matériel, fufcepcible d’être accumulé plus ou moins abondamment dans les corps , ou d’en être enlevé félon différentes proportions, & par des moyens que nous indiquerons dans la fuite. Mais pour être plus à portée de faifir ces moyens, il faut avoir une idée fuffi-fante des principaux appareils dont on fait ufage dans ces fortes de recherches. C’eft le fujet de l’article Suivant.
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- Des Appareils électr.
- *7
- Àrtici/e IL
- Des Appareils électriques.
- ^^Üoique depuis nombre d’années la plus grande partie des Physiciens éledrifans ait renoncé aux anciens appareils , & ait adopté la nouvelle machine éledrique faite d’un plan de glace mobile fur fon axe , nous croyons devoir donner une idée des premiers , & de la manière félon laquelle ils fe font fucceflivement perfedionnés à mefure que nos connoilTànces fe font accrues. Ce détail, qui fera fuccind, fera fans doute plaifir à ceux qui viendront après nous, &c qui ne retrouveront peut-être plus aucun veftige de ces anciens appareils.
- On fit ufage pendant long-tems, & on fe fert Des tubes encore très-favorablement pour quantité d’expé-de vcrrc’ •riences, d’un fimple tube de verre de trois a quatre pieds de longueur , & de douze à quinze lignes de grofleur, qu’on frotte avec la main ,
- & un morceau de papier fec. On en tireroit encore un meilleur parti, & il s’éledriferoit plus puiflamment, fi on le frottoir , &c toujours du même côté, ou mieux dans le même fens avec un morceau de chamois.
- Pour conferver un tube de cette efpèce en bon ManiJre d*
- les coufeiver.
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- 1$ Des AppA&riitf état, & propre à produire tout l’effet qu’on efli peut attendre, il ne faut pas le laiffer expofé aux intempéries de l’air , ni fe charger des corps étrangers , & des mal- propretés qui voltigent & g flottent continuellement dans l’atmofphère. Il faut le renfermer dans un- tiroir, ou mieux le garder dans un étui de carton garni de flanelle.
- Hauxsbée fut le premier qui, dès le commencement de ce fiècle, fe fervit d’un tube de cette efpèce pour faire fes expériences ; & il imagina qu’elles feroient encore plus fenfibles, en employant un vaiffeau de verre qu’on pût frottée origine des plus commodément qu’un tube. On peut fixer à cette époque l’origine des globes électriques , quoiqu a proprement parler elle doive remonter un peu plus haut, puifqu’Orro de Guericke, dont nous parlerons ailleurs , s’étoit fervi , plufîeurs années auparavant, d’un globe de foufre pour répéter ces fortes d’expériences.
- A l’exception de plufîeurs expériences très-curieufes faites dans le vuide, Hauxsbée ne tira pas de fon globe de verre tout le parti qu’il en efpéroit ; & on voit, par le détail des expériences qu’il a confignées dans les TranfaCtions philofo-phiques, qu’il en revint à fon tube, comme à un appareil plus fimple , quoique plus pénible à frotter.
- Ce fut fans doute cet inconvénient, la fatigue
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- i l Ë C T R. I Q t! ï S.' lÿ
- «jù’on éprouve à frotter un tube pendant quelque tems, & la perfuafion bien fondée qu’un globe arciftetnent monté devoir produire beaucoup plus d’effet qu'un tube , qui engagèrent, en 1730 , M. Bofe , célèbre Profefleur de Philofophje à Wittemberg , à abandonner le çube , & à fe fervir d’un globe de verre. 11 ne fut cependant pas le premier qui eût profité de l’idée de M. Hauxsbcc. M. Haufen , Profeffeur de Phyfique à Léipfic, avoir déjà employé cette méthode avec le plus grand fuccès. Il faifoit tourner fon globe horizontalement par le moyen d’une roue. On trouvera la defcription de fon Appareil au commencement de fes Ouvrages, publiés par les foins de M. Gottfchcd, fous le titre : Nov. Profp. in Hift. Eleclricitatis. M. Wolf fit même copier, quelque tems après, la machine de M. Haufen, s’en fervir très-avarttageufement:mais ce furent les expériences curieufes que M. Bofe publia, qui déterminèrent les Phyficiens à fe fervir de globes. On fut encore cependant quelques années en f rance fans imiter cette pratique ; & l’abbé Notice fut un des premiers qui l’employa avec le plus grand fuccès. Plein de génie , fur-tout pour la conftruétion des machines, il en conftruifit une à laquelle il donna la plus grande folidité, toute l’élégance poflible , & toutes les commodités qu'on pouvoit délirer dans une machine de cette
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- il fc itS
- " Dès À p p A efpèce. En voici la defcription telle qüij 1%. donnée lui-même dans fon Ouvrage intitulé : EJfai fur l'électricité des corps. *
- Description A, B , a , b, ( Pl. i , Fig. ï. ) font deux ne éieatique pièces de bois de chêne qui ont chacune fept pieds Noilet. de longueur , & quarrées , fur trois pouces de face ;
- elles portent l’une & l’autre trois montans C, D,E, Cj dj equi font alTemblés haut & bas , à neuf pouces de diftance entre eux, par des tra-verfes, dont deux F, G, excèdent de quatre à cinq pouces de chaque côté , pour donner de l’empattement à la machine.
- Les quatre montans longs, favoir C, D, c, d, portent en haut deux pièces H , I, h9 ij qui ont quatre pieds huit pouces de longueur, & qui forment, avec les traverfes des montans, une efpèce de chaflis , qui a en dedans quatre pieds deux pouces de longueur , & neuf pouces de largeur.
- Les deux montans E, e , aflfemblés en haut par une traverfe qui excède d’environ treize pouces d’un côté feulement M N ( Fig. i ) , portent aulîi deux pièces K , L , qui s’alfemblent dans les deux montans du milieu D, </, [Fig. i ).,
- Sur ces deux dernières pièces, pu établit une table chantournée, repréfentée ( Fig. 3 j &, pour lui donner plus de folidité, on foutient la traverfe excédente M N ( Fig. x ) par une confole O.
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- ÉLECTRIQUES.
- I Au bas de ce bâti, on peut pratiquer entre Ées quatre grands montans , deux fonds â fept ou huit pouces de diftance l’un de l’autre, 8c remplir cet efpace par un tiroir j qui fervira à placer "les tubes , les barres de fer & autres inf-Itrumens dépendans de la machine.
- I On élèvera aufli dans le milieu, de part 8c d’autre , un montant Y Z, qui empêchera les 'pièces H I, h i, de plier fous le poids de la roue5 & on pourra, fi on veut, remplir les angles des quarrés avec des pièces de bois découpées , qui ferviront d’ornemenr.
- v Les deux pièces H I, h i 3 portent au milieu deux efpèces de focles entaillés pour recevoir l’axe de la roue, 8c cet axe eft retenu de chaque côté par deux coquilles de cuivre ( Fig. 4 ). La première eft noyée dans le bois, & l’autre s’applique par-deffus, & s’arrête par le moyen de deux longues vis de fer qui traverfent le focle & la pièce H I , & qui fe ferrent fortement avec des écrous.
- La coquille fupérieure doit être percée au milieu , pour recevoir de l’huile quand il en eft befoinv
- La partie de l’axe qui tourne dans chaque paire de coquille , doit être bien arrondie 8c bien adoucie, & l’extrémité de cette partie, du côté de l’eflieu , doit avoir un épaulement, afin que la roue fe contienne toujours dans fa place.
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- Les bouts de l’axe , qui -reçoivent les manivelles , font des quarrés vifs, dont chaque coté a neuf,à dix lignes , & le levier de chaque manivelle a environ dix pouces de longueur.
- Les globes font montés entre deux poupées a pointes ( Fig. f J, dont une , celle qui porte la-pointe fixe , eft arrêtée à demeure fur la tablette ; l’autre » qui porte la pointe à vis, gliffe dans une rainure à jour, & s’arrête par le moyen d’une greffe vis qui lui fert de queue.
- La tablette , ainfi chargée de fon globe , fe place fur la table chantournée ( Fig. 3 ), fur laquelle elle fe meut en avant & en arrière, pour tendre les cordes autant qu’il en eft befoin. EUe eft guidée par deux tringles de bois P p , Q q 3 qui entrent dans les deux entailles R r, ( Fig. 5 ) % & elle s’arrête par une greffe vis S, qui traverfe la tablette de la table. C’eft pour cela qu’on a’ fait la rainure T & l’ouverture quarrée V ( Fig. 3 ), qui laiflent la liberté de tourner l’écrou X de la. poupée à vis ( Fig. 5 ). <
- Quand il fera queftion de faire tourner deux globes à la fois, il faudra en avoir un fécond-monté de la même manière que celui de la ( Fig» 5 ), qu’on placera fur la même tablette ( Fig» 3 ) » en faifant paffer la vis S par la rainure T j & alors on placera la corde comme il eft reptéfenté ( Fig. 6). . ... <.
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- Ï1 Faut que la corde foit'de boyau , s’il eft poflîble , & qu’elle n’excède pas la groffeur d’une médiocre plume à écrire.
- 11 faut avoir attention que les gorges de la grande roue 8c des poulies foient creufées en angle , mais en angle un peu émoulfé ou arrondi dans le fond, de manière que la corde foit un peu pincée.
- On voit, d’après la defcription de cette ma- obfcrva_ chine , qu’on peut imprimer au globe qu’elle t1^^1reC-eue- ' fait mouvoir un mouvement de rotation alfez rapide j & rien n’empêche même d’augmenter encore la rapidité de cette rotation, en augmentant le diamètre de la roue. Celles des machines de l’abbé Nollet avoient ordinairement quatre pieds : mais je les avois augmentées d’un pied , & j’y trouvois non - feulement l’avantage d’une plus grande rapidité , mais encore plus de facilité a les faire mouvoir. Elles avoient, en terme d’Ou-vrier , plus à'abattage.
- Pour faire ufage de la machine de l’abbé Nollet il falloir emprunter le fecours de deux perfonnès : l’une occupée à la roue, & la fécondé à frotter le globe avec les deux mains, comme il eft re-préfenté par la figure même de fa machine. Mais en profitant de l’invention de M. 1Winkler > en adoptant un couflinet pour frotter le globe , il De i'inven-étoit facile de fe palfer de l’une de ces deux per- cn“:.du couf'
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- 34 Des Ailiint) fonnes. J’avoue qirèn fuivant ftridement la pratique de M. Winkler , on n’en tiroir pas toujours un bon parti. Le couffinet, fixé fur une planchje qu’on élevoit ou qu’on abaiffoit au befoin au-deflbus du globe , & d’une manière proportionnée à. Ton diamètre , ne fe prêtoit point aux inégalités de la rotation de celui-cij inégalités qui font quelquefois très-fenfibles , vu la difficulté de trouver des globes parfaitement ronds , & de pouvoir enfuite corriger ce défaut par la manière de les monter. Un globe de cette efpèce ne pou-voit donc être frotté que très-irrégulièrement par un couffinet fixe 5 & l’effet de ce frottement ne pouvoit produire qu’une électricité très-languif-fante.
- Ce fut fans contredit cette raifon qui empêcha l’abbé Nollet d’admettre cette méthode, & qui l’engagea même à la décréditer. Ajoutez encore à cela que ce célèbre Phyficien avoit la ^ain on ne peut plus propre à frotter un globe, & à exciter pui/Tamment la vertu éle&rique ; qualité qui n’eft point donnée à tout le monde. Pour peu, en effet, que la tranfpiration de la main foit abondante , 3c qu’elle vienne à augmenter, comme cela arrive communément par la chaleur qu’excite le frottement , la fridion ne produit prefque plus d’effet, & l’éledricité languit dans l’appareil. Auffi étoic-on obligé, en fuiyant cette
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- ^pratique, en frottant le globe avec les mains, <le fe les frotter de moment à autre avec de' la craie, du blanc d’Efpagne, ou toute autre matière propre à abforber les parties de la tranfpi-ratibn, & à les defléçher. Mais il étoit facile de parer à tous ces inconvéniens, & de rendre le couffinet de M. Winkler auffi & même plus favorable à ces fortes d’expériences , que la main la plus propre à cet effet. Il ne $’agifloit que de le rendre flexible à l’aide d’un reflort, & dé le dif-pofer de manière que , cédant aux inégalités de la rotation du globe , il pût le frotter uniformément fur toute fa furface j & ce fut à quoi je parvins dès 1754. Voici la forme que je donnai alors à mon couffinet, & que je lui ai toujours eonfervée avec le plus grand fuccès , tant que je me fuis fervi de machines à globes.
- Mon couffinet , fait de peau ou de bafane , étoit rempli de crin, plus fouvent de fon bien fec. Il étoit appliqué fur une platine de métal A B ( PL 1 j Fig. 7 ) un peu bombée, pour que le couffinet fe prêtât mieux à la convexité du globe. Gette platine étoit attachée fixément à une queue de métal, faifant reflort a b , coudée en b , & rivée fur une tige de fer c d. Cette tige , percée & taraudée vers le haut, recevoit &c laiflbit pafler une vis de preffion C , ' dont le bout / s’appliquoit contre la queue à reflort,
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- la pouflôit à volonté, pour augmenter la preffion du couffinet contre le globe. On voit au-déffous* une queue de fer g. C’eft par le miniftère de cette dernière qu’on appliquoit le couffinet à la machine. Cette queue étoic reçue dans une rainure pratiquée à la tablette qui portoit le globe, & elle y étoit fixée à frottement par un écrou qu’on viffoit par-deffous..
- Depuis que l’abbé Noilet eut imaginé la conf-truétion de l’appareil que nous venons de décrire, fufqu’en 1770, qu’on commença à renoncer aux globes , tous les Phyficiens de France s’en tinrent à cette machine. Les uns la firent exactement copier; d’autres la modifièrent à leur Jaçon : mais ces différentes modifications ne changeant rien à fa ftruCture fondamentale, & ne la rendant pas meilleure , nous croyons devoir nous dif-penfer d’en faire mention. Nous dirons feulement que le plus grand nombre des Amateurs la trouvant trop volumineufe , & quelques-uns trop difpendieufe, fe contentèrent de la faire copier en petir ; & on vit alors une multitude de petites machines électriques, mais dont des effets, proportionnés à leur volume, ne pouvoient contenter que ceux qui vouloient feulement s’amufer d’éleCtricité.
- * Les Angiois, plus induftrieux , furent néanmoins fe garantir de l’embarras qu’entraîne nécef-
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- fairement après elle une machine auflî volumi-| neufe , fans' lui rien faire perdre de fa bonté , qui I confîfte dans la rapidité avec laquelle on fait tourner un globe d’un certain diamètre. Ils parvinrent à eh faire tourner très-rapidement , & dé très-gros , dans des montures affez petites ÿ & pour cet effet, ils imaginèrent de changer la forme de la roue. Au lieu d’une roue qui mène Une corde, ils firent une roue dentée , dont les dents engrènoient dans les ailes d’un pignon * ou d’une vis fans fin , appliquée fur l’axe du globe, ou d’un cylindre qu’ils fubftituoient quelquefois au globe. MuJJenbroeck fait un cas fingu-lier de ces fortes de machines ; & on conçoit facilement qu’elles ne le doivent point céder en bonté à celle de l’abbé Nollet. On peut les conf-truire de deux manières : le globe ou le cylindre peut être difpofé dans une fituation horizontale, comme dans la machine de rotation de l’abbé Nollet, où il peut fe mouvoir verticalement, félon la méthode d'Adams* J’ai une petite machine de cette dernière efpèce dans mon Cabinet , qui fait des effets affez fenfibles : mais comme la pofition du globe ou du cylindre ne change rien à la ftru&ure fondamentale dé la machine, & n’influe en rien fur fa bonté, je me bornerai 9 pour éviter la prolixité,, à décrire l’une de ces deux machinescelle qui eft faite d’un cylindre qui fe C i
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- 3* D E s - A P P A R I I t meut horizontalement. Je prends cette defcrip? tion dans l’Ouvrage de Mi^jjenbrçeçk ; elle eft faite d’après une machine de ce genre , dont il vante les effets.
- à Dans une efpèçe de tambour creux A ( PU 1, Fig. i ), eft une vis fans fin à trois filets , dont l’arbre fe voit en E. Cette vis eft mife en mouvement par une roue d’entée, dont l’axe eft Taillant en B. Cet axe étant tourné circulairement par la manivelle B C D, communique un mohr vement de rotation très-rapide à la vis fans fin , fie conféquemment au cylindre de verre auquel cette vis eft adaptée.
- Toute la machine eft folidement atacbée fut une table, à l’aide des vis L , M. Sur la bafe de cette machine eft établi un reffort d’acier H, auquel eft attaché un confluer de cuir Q. Par, le moyen de la vis K» on peut bander ou débander lé reffort, & par conféquent appuyer plus ou moins le couffihet contre le cylindre de verre qu’il doit frotter. Ce cylindre étant mu circulal-rement, fit étant frotté par le çouflinet G, devient fortement éleftrique. Dans la b<afe de cette machine gliffent deux Tègles de cuivre SR, SR, qu’on fixe par les vis T T. Sur ces. deux premières règles s’élèvent deux autres règles S X, S Y , qui en portent deux autres X Z, Y à, à chaque extrémité defquelles pendent des
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- f l. B C T R I Q V B S.4 3*
- fils de foie bleue , qui fufpendent uu tube de cuivre O Pi A la partie antérieure O de ce tube eft fixé un double fil de cuivre doré, applati à fes extrémités N. Ce fil , tout foible qu’il foit, eft extrêmement élaftique, & reçoit l’éle&ricité du cylindre qu’il touche. A l’autre extrémité P du tube O P eft un petit trou fait pour fufpendre des fils ou des chaînes qu’on peut conduire à dif-férens endrpits , félon le befoin.
- Quoique les machines que nous venons de Mac décrire foient plus que fuffifanees pour toutes les expériences qu’on peut tenter en fait d’électricité , il peut néanmoins fe trouver des circonf-tances où il ferait important de fe procurer une quantité plus abondante de fluide électrique. La machine que M. Nairne> célèbre Artifte Anglois, a imaginée & exécutée pour le Grand-JDuc de Tofcane , & dont il a donné la defcription dans les Tranfactions phitofophiqu.es du 9 Décembre 1773 , eft fans contredit plus propre que toute autre à produire cet effet & à remplir toutes les vues du Phyficien éleétrifant, s’il ne craint point de fe fervir d’un vaiffeau de cryftal. Elle a cet avantage fur toutes les autres machines , fans en excepter même celles que nous décrirons plus bas , que , fans être trop volumineufe, elle peut produire de très-grands effets j & nous en indi-C 4
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- queroûs la raifon, après avoir donné.une idée, fuffifanre de cette ingénieufe machine,
- A la place du globe , M. Nairne a fubftitué. un cylindre de verre de douze pouces de diamètre s 8c de dix-neuf pouces de longueur, fans y comprendre les deux goulots qui le terminent de part & d’autre.
- Xe couffin ou le frottoir porte quatorze pouces de longueur & cinq de largeurj il eft creufé- de manière qu’il embralfe la convexité dn cylindre J il eft fotitenu 8c appliqué contre ce cylindre par deux reflorts de bois, montés fut deux petits; cylindres folides decryftal, horizontalement, placés 8c fixés au-delïous du cylindre : par ce moyen , le frottoir ou le couffinet eft ifolé. Cette machine eft mue cirçulairement par une roue dè vingt-quatte à trente pouces de diamètre. ,
- Le conducteur de cette machine, fait de bois recouvert d’étain, porte cinq pieds de longueur, 8c douze pouces ou un pied de diamètre. Il effi foutenu par deux fupports de. cryftal foIidesj.il; eft terminé du côté du cylindre par une pointe , qui puife l’éle&ricité que ce cylindre fournit j il eft terminé à fon extrémité oppofée par une tige, d’airain, qui tient au bout de cecondu&eur. Cette tige eft elle-même terminée par une. boulç de même métal, /
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- JliCT.ilQïï ISÎ *4T.
- La boule qui reçoit 1 eledricité ou l'étincelle de ce conducteur, eft également d’airain, montée fur un tube de même matière. Ce tube femeut fur un fupport, au - pied duquel eft attachée une chaîne. Celle-ci traîne fur le pavé, & vient fe joindre à une /autre chaîne attachée au couffin. Dans cette difpofition, l’éle&ricité du conducteur pofitive, & tout-à-fait femblable à celle que Sus excitons dans les conducteurs de ,nos machines ordinaires.
- Avec cette machine, ajoute M. Nairne, j’ai fouvent tiré des étincelles à douze , treize, Sc même treize pouces & demi du conducteur. J’ai vu, ajoute-t-il encore , la matière éleCtrique s’élancer jufqu’à quatorze pouces , mais rare-; ment , à la vérité. Voilà donc , fans contredit, l’appareil le plus propre à produire de plus grands effets, & dont on peut encore augmenter l’énergie , en donnant plus de longueur au cylindre de verre, toutes chofes égales d’ailleurs. La diftance en effet à laquelle l’étincelle peut s’étendre , dépend de l’éloignement des corps étrangers propres à intercepter cette étincelle. Or, plus le cylindre s’étend loin, plus fa monture, ou les pôles qu’on y adapte pour le faire tourner, font éloignés de fon milieu , où répond la pointe du conducteur qui' reçoit l’éleCfcricité de ce cylindre , & plus ietinçelle pourra fe porter au loin fur les corps
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- '4* Dis Appareils qu’on préfentera pour la recevoir à l'extrémité oppofée du condudeur.- Oh peut donc, pour ainfî dire , augmenter à volonté l’efficacité de cette machine : mais nous obferverons dans un moment que les avantages qu’on retire de ces fortes de machines, ne dédommagent pas des rifques qu’on encourt chaque fois qu’on en fait ufage.
- Machine du Avant de terminer ce qui concerne ces J|(pèces ** Gordon. ^ mac|^nes # nous crCyons devoir faire obWrver > qu’il n’eft point néceffaire que le globe ou le cylindre tourne circulairement dans le même fens comme on pourroit peut-être le foupçonner d’après la conftru&ion ordinaire de ces machines. Le Père Gordon , Savant Bénédi&in Ecolïois, en avoit fait une très-fimple, & à l’imitation de laquelle j’en ai vu plufieurs qui produiraient d allez grands effets. Ce n’étoit précifément qu’un cylindre de verre emboîté dans deux calottes de bois , qui. fe montoit entre les deux poupées d’un petit tour, & qu’on faifoit mouvoir avec un archet. Son mouvement écoit alternatif , & il frottoit fur un couffinetà la méthode de Winkler. C etoit fans contredit le plus fimple & le moins embarraffant de ces fortes d’appareils. Winkler lui-même étoit perfuadé, long-tems avant le P, Gordon , que cette efpèce de rotation étoit très-propre à exciter la vertu éledrique; car il avoit employé avec fuccès la perche du Tourneur , 6c
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- pour faire mouvoir de haut en bas un cylindre,
- & pour frotter un tube.
- Laiflànt de côté le volume embarraflant d’une . ob/er?*'
- tions fur les
- machine de rotation, puifqu’en fuivant la mé-thode angloife , en faifant mouvoir le globe , ou le cylindre , par le moyen d’un engrenage , on peut facilement parer à cet inconvénient, ne parlons que des défauts effentiels qu’on peut juftement reprocher à ces fortes de machines.
- i ?. Il eft de fait qu’une machine à globe eft lîngulièrement fufceptible des impreffions de l’humidité, & que, malgré les différens moyens qu’on a fucceflivement imaginés pour y remédier, il eft nombre de circonftances dans l’année, où ôn ne peut faire ufage d’un globe électrique.
- Je m’en fuis fervi pendant l efpace de plus de quinze ans , & j’ai toujours éprouvé cet inconvénient , même en faifant ufage de globes enduits intérieurement d’une fubftance réfineufe, comme on l’avoir propofé pour fouftraire le globe aux trop vives impreffions de l’humidité. Je ne dirai tien de l’obftacle qu’oppofe aux effets de l’électricité une multitude de Spectateurs , fur-tout pendant les chaleurs de l’été ; quoique plus fen-fible fut les globes , cet obftacle fe fait encore remarquer avec nos nouveaux Appareils, & con-féquemment cette obfervation ne doit influer que pour peu de chofe au détriment des anciens
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- 44 Du Appareils Appareils. Mais il en eft autrement de l’obfer-vation fuivante. Elle doit être d’un grand poids auprès d’un Phÿfîcien prudent qui ne veut point s’expofer ni expofer fes Auditeurs à un accident d’autant plus funefte, qu’on ne peut le prévoir ni s’en garantir.
- z°. Il eft de fait , & on convient généralement que les globes , les cylindres, &- en général tous les vaifleaux de verre ou de cryftal , dont on peut fe fervir pour conftruire une machine éleétrique, font fufceptibles d’une détonnation fpontanée, qui les brife par éclats , & qui porte ces éclats avec une rapidité extrême à de très-grandes diftances. Cet accident eft rare , & nous en convenons volontiers ; mais il eft pofliblfi).& il s’eft fait obferver plulieurs fois. En fautril davantage pour nous rendre circonfpe&s fur l’ufage de ces Appareils, & même pour les profcrire. d’autant plus volontiers , qu’on peut leur en fubf-tituer d’autres plus commodes, & même beau* coup meilleurs, & qui ne font point expofés au .même inconvénient, comme nous Tobferverons plus bas ?
- Le premier accident de ce; genre , dont nous ayons connoiftance;, arriva à Lyon le 8 Février 1750 entre les mains du Père Beraut, de l’Oratoire. Son globe étoit à la vérité fêlé , & cette fêlure fut peut-être l’occaüon prochaine de
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- cette détonnation > qui fe manifefta , après les premiers tours qu’il lui fit fubir , par une efpèce de bruit de déchirement ; car c’eft ainfi que le Père Bernut s’en explique dans un Mémoire qu’if lut, quelques jours après, a l’Académie de la même Ville. Ce bruit de déchirement, dit-il, fut fuivi d’une explofion violente, qui brifa le globe en plufieurs parties $ 8c ces débris furent portés avec la plus grande rapidité dans la falle où la machine étoit établie.
- Mais un globe entier &c non fêlé eft encore expofé à cet accident. Nous lifons en effet dans la première partie des Lettres de l’abbé Nollet fur l’éleétricité, qu’un globe de cette efpèce avoir détonné entre les mains de M. Bofe , à Witcem-berg} un autre entre celles de M. le Cat, à Rouen, un troifième à Rennes , monté fur la machine de M. le Préfident de Robin ; un quatrième à. Naples, appartenant à-M. Sabàtelli ; & qu’un globe d’Angleterre avoir eu le même fort entre fes propres mains à Paris.
- On ne peut imaginer que cet accident puiffe être occafionné par la raréfaction que l’air, renfermé dans l’intérieur du globe , acquiert par la chaleur que le frottement lui imprime, 8c qu’on puiffe s’en garantir, comme quelques-uns le proposèrent dans le tems, en perçant un trou, pénétrant dans l’intérieur du globê, fur l’une
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- 4« Des Àppareies des calottes de bois dans lefquelles il eft monté* L’expérience démontre l’inutilité de cette précaution. En 1761 je faifois tourner un globe bien Conditionné, bien monté , percé vers un de fes pôles, & qui me fervoit depuis plufieurs an-néeSi A peine eut-il fait cinq à fîx tours, qu’il éclata avec la plus grande violence * & que les débris s’en répandirent à une très-grande diftance dans ma falle. Je remarquai, comme le Père Beraut l’avoit obfervé avant moi , que la plus grande quantité de ces débris , ceux qui étoient les plus atténués , s’étoient portés dans le plan de l’équateur du globe : mais un morceau entré autres , un éclat d’une certaine grapdeur, s’étoit porté avec tant de violence vers l’un des angles de mon cabinet, qu’il avoit coupé une corde qui y fufpendoit un gros aimant chargé d’un poids d’environ iz livres.
- Dès obfervations de cette efpèce démontrent plus que fuffifamment l’avantage des couflînetS pour frotter les globes ou les cylindres, lorf-qu’on veut fe fervir de ces fortes de machines. Bien m’en prit en 1761 , où nous ne eonnoif-fions point alors d’autre conftruéfcion de machine éle&rique, d’avoir fuivi cette pratique , toute décréditée quelle étoit. Ces obfervations démontrent encore la préférence qu’on ne peut refufer a nos nouveaux Appareils, dont nous allons don-
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- ner la defcription. Si les glaces peuvent fe fendre dans l’opération , comme il eft arrivé quelquefois , elles ne détonnent point j & on n’a point à en redouter les éclats. Se brifâflent-elles pat morceaux, ce qui ne paroîc point probable, le peu de rotation qu’on leur fair fubir ne donnerait point allez de force centrifuge à ces débris pour les rendre dangereux.
- Nous ne connoiflons en France ces ptécieufes origine des machines, que depuis l’année 17(39. Dès 1756, pareils, cependant, j’avois fait percer un plan de cryftal, de l’efpèce de ceux dont on fe fert pour drefîer les defferts. Je l’avois fait monter fur un axe ,
- & je le faifois tourner pat le moyen d’une roue de 30 pouces.
- Je n’eus pas à la vérité l’induftne de l’affujétir & de le faire tourner entre quatre couflinets : je conviens même que cette idée ne mé fût jamais venue. Je m’étois contenté de le faire frotter par un couflïnet vertical & à reflort, de quatre pouces de longueur fur dix-huit lignes de largeur, & je me rappelle très-bien que ce plan faifoit alors plus d’effet qu’un excellent globe de cryftal de fept pouces de diamètre que je faifois tourner par la même roue.
- Un accident que je n’avols pas prévu me fit abandonner cette machine , & je ne penfai pas même à chercher un moyen d’y remédier. Je me
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- propofois un jour de forcer les effets de leleéttk cité , je preffai plus fortement, pour cela , le couffinet contre le plan. Sa direction n’etoit point abfolument verticale; & le reffort lè preffant inégalement vers la furface du verre qu’il frottoir, & qui n’étoit point abfolument plane , le verre éclata dans l’opération , & me blefla. J’en revins alors à mon globe , non cependant fans regretter très-fort la pratique que j’abandonnois.
- Ce ne fut que plufieurs années après que j’appris que Ramfden , célèbre Opticien Anglois , avoit perfectionné cette machine, & avoit mis le plan de verre à l’abri du même inconvénient Un de mes amis , M. l’abbé Boriot j bien avan-tageufement connu de tous les Savans, fit venir un appareil de cette efpèce, & je fus on ne peut plus furpris de l’effet que je lui vis produire , tout éloigné qu’il étoit de celui que nous obtenons actuellement de femblables machines que nous avons fingulièrement perfectionnées. Celle de Ramfden étoit faite d’un plan de glace d’un pied de diamètre feulement, qui fe mouvoit entre quatre couffinets , à l’aide d’une manivelle appliquée fur fon axe. U étoit facile de concevoir qu’une glace d’un- plus grand diamètre devoir produire plus d’effet , toutes chofes égales d ailleurs. J’en fis d’abord conftruire de femblables ; & ayant feulement augmenté les dimenfions *- du
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- condudeur, & difpofé plus favorablement les couffins , je me procurai des machines qui four-nifloient une éledricité plus abondante. Je tournai enfuire mes vues fur l’arbre. Il étoit fait de bois : mais malgré les précautions que je prenois pour me procurer du bois bien fec , il étoic toujours fufceptible des impreffions de la féche-refle & de l’humidité , & fouvent il caffoic la glace. Je ne trouvai d’autre moyen de parer à cet inconvénient , qu’en y fubftituant un arbre de cuivre : mais comme les métaux font d’ex-, cellens condudeurs, & attirent, fi on peut s’exprimer ainfi, l’éledricité delà glace à une affez grande diftance , il étoit a craindre que la machine ne produisît point avec un arbre de cette efpèce tout l’effet qu’elle pouvoir produire. U y avoit à craindre qu’elle ne fe déchargeât fut l’arbre, au lieu de fe porter fur les corps qu’on préfente communément à une certaine diftance du condudeur, fur-tout fi ceux-ci ne font point auffi propres que le métal à recevoir l’Electricité par voie de communication. Je donnai donc à la bafe de l’arbre le moindre diamètre poflible , pour l’éloigner davantage des couffins, tic je fis recouvrir la portion de l’arbre comprife dans le chaffis, dans lequel la glace eft montée, avec deux calottes de bois à queue & vernies pardeflus. Ce moyen me réuffit afiez bien , & il
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- faut que l’éle&ricité foie extrêmement abondante^ pour quelle s’échappe & qu’elle fe porte fur l’arbre pendant la rotation de la machine , dont voici la defeription , telle que je l’ai déjà donnée > à quelques change mens près , dans lé fécond volume de ma Defeription & Ufage d’un Cabinet de Pkyfque. Je la préfère à toutes celles que j’ai connues de cette efpèce. Je' n’en excepte pas même celle de M. le Marquis de Courtanvauxi dont la glace a quatre pieds de diamètre , ni celle de M. le Duc de Chaulnes ,/dont la glace eft de cinq pieds. Ces deux dernières, à la vérité , font beaucoup plus d’effet que la mienne, & font montées avec tout l’àrt poflible. Mais la proportion de ces effets ne fuit point celle des glaces , qui deviennent d’un prix exceffif, & augmentent néceffairement les dépenfes de la monture. Ajoutez, à cela qu’il faut un appartement deftiné a ces feules machines , pour que leut atmofphère qui s’étend très-lôin ne foit point abforbée par les corps ambians. eîûr,- .La plus forte de ces deux excellentes machines ; «.celle de M. le Duc de Chaulnes 9 fournit, dans les tems les plus favorables , des étincelle*-qui fe portent à 2 a pouces de diftance , d’après le rapport de M. le Duc. Je lui en-ai vu tirer, 'niais dans un tems moins favorable , qui S'étendaient à la diftance de 16 pouces. Suppoïbns-les
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- de il pouces. La mienne, dont le diamètre dé | la glace n’eft que de deux pieds , donne des étin-v' celles qui vont à la diftance de 9 pouces, pareillement dans le tems le plus favorable à ces fortes d’expériences. Or , les zones des deux glaces frottées par les couffins , abftraétion faite de la hauteur de ces couffins, qui tourne à l’avantage de là plus grande , font entre elles comme les quarrés des diamètres de ces glaces * lefquels font dans le rapport de 1 à 5. Les zones frottées font donc entre elles dans le rapport de 4 à 15,8c dans un rapport réellement plus éloigné , puifque les couffins de la machine de M. le Duc de Chauines font proportionnellement ^plits hauts que les miens , tandis que les étincelles ne font que dans le rapport de 9 â 22. D’où il fuit mahifeftémënt que la mienne produit proportionnellement plus d’effet ; & quoique cët effet foie notablement différent de celui des deux grandes màchines que je viens d’indiquer, il eft plus que fuffifaiït pour exécuter toutes les , expériences que le Phyficien fe propofe de faire ,
- & ma machine a l’avantage d’être peu volumi-neufè, peu difpendieufe , & très-facile à manier.
- A B , ( plan. 3 , fi g. V » ) eft une petite table j folide de 18 pouces de hauteur, 39 pouces de longueur, & de 24 pouces de largeur.
- • Sur l’une des extrémités de cette table eft D a
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- folidement établi le chaffis GDI, de $6 pouces de hauteur , pris depuis fon arafement, jufqu’au-deflpus du cintre. Les côtés de ce chaffis font' arrondis auffi exadement qu’il eft poffible. Il eft*' arrêté fous la table par une cheville c qui feœ la traverfe, & qui eft reçue dans un écrou qui fe .vifle en-deffous $ & outre cela par deux autres chevilles d d , qui entrent dans la tablette du chaffis , & dans deux tenons qui traverfent cette tablette.
- La pièce de derrière du chaffis n’eft affemblée avec fon entablement que par deux vis à oreilles e c, & elle tient par le haut à la pièce de devant par le cintre D. Celui-ci eft aflujetti aux deux pièces par des chevilles /, dont on ne peut voir que celle de derrière.
- On remarque vers le milieu, & poftérieure-jnent au chaffis , un fupport à jour E F ,- qui foutient le. prolongement de l’atbre, pour qu’on puifle éloigner fuffifammeni la manivelle G ; précaution indifpenfable pour quelle ne dérobe point, dans fa rotation, une portion de l’électricité que la glace fournit.
- H K eft un plan de glace circulaire de 24 pouces de diamètre , percé à fon centre, & monté entre deux platines de cuivre revêtues intérieurement de deux lames de] plomb , & de deux morceaux de drap , qui s’appliquent immédiatement
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- fur la glace. La platine antérieure eft percée , & porte un écrou qui fe monte fur une vis , prife fur le corps de l’arbre L M. La platine poûé-’rieure tient à l’arbre. On voit féparément cet arbre {figure 3. )
- On remarque vers le haut & vers le bas du chaflis , quatre couffins ovales de fix pouces de longueur, fur trois pouces de diamètre. Le fond ou la bafe de ces couffins eft fait d’une lame de cuivre de cinq pouces de hauteur, & deux 8c demi de largeur. Ils font garnis de crin, & d’une peau connue dans le commerce fous le nom de Bafane. Chaque plaque de cuivre porte deux tenons de même métal, qui s’enchâffent dans une échancrure faite fur la hauteur des quatre fup-ports de bois , qui tiennent en haut 8c en bas aux deux montans du chaffis.
- Les couffins de derrière font pouffes vers la glace par des refforts à boudin qu’on preffe par des vis g g. Nous avons fait graver à part {fig. 4 ) un couffin & la vis qui le preffe, pour qu’on puiffe, à la feule infpedion de la figure , fe former une jufte idée de cette méchanique.
- On remarque fur la longueur de la table deux colonnes folides de cryftal N & O de 16 pouces de hauteur. Ces colonnes font maftiquées dans des pieds de bois tournés P & Q. Ces pieds portent des tenons à vis qui trayerfent la table-3
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- elle eft ouverte à cet effet de deux trous ovales d’environ trois pouces de longueur fur deux de largeur, afin de laiffer à ces queues la facilité de fe mouvoir félon la longueur & la largeur de la’ table fous laquelle êil* font arrêté*/ 8c fixétrpar des écrous en bois.
- Les colonnes d* cryftal font furmontées de deux boules de cuivre h 8c i, de deux pouces de diamètre , 8c ces boules portent le conducteur R S T. Celui-ci eft un tube de cuivre de deux pieds de longueur, & de trois pouces 8c demi de groffeur, terminé de part & d’autre par des boules de même métal , de quatre pouces de diamètre. La boule m eft traverfée par un arc de cuivre R m T, terminé à chaque extrémité par deux gros godets de cuivre de quatre pouces de groffeur, dans chacun defquels font implantées trois pointes de cuivre , qui n'excèdent que de deux lignes , ou environ , les bords de ces godets. Ces pointes font deftinées à foutirer la matière électrique de la glace H K , & à la tranf-porter au conducteur.
- La boule h eft furmontée d’une groffe vis qui fe monte dans la boule m : la boule i ne porte qu’une efpèce de cheville de cuivre qui entre dans le conducteur.
- La boule L qui termine ce dernier eft fur-montée d’un gros anneau de cuivre , deftiné à
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- i I B C. T. R. ï Q UE S.
- recevoir les tiges qui établirent une communica-» tion entre le premier condu&eur & les deux autres V V, V V {fig. z. ).
- Ceux-ci font de fer-blanc battu , mais dont les Veuilles font foudées avec art, & de manière que les foudures ne lailTent aucune afpérité fur la furface extérieure. Je les faifois auparavant de morceaux de bois rapportés, creux en-dedans à pour les alléger, & recouverts d’une feuille d’ér tain : mais ceux de fer-blanc , lorfqu’ils font bien faits, méritent la préférence. Ils ont chacun lîx pieds de longueur fur huit pouces de diamètre, & font terminés à chaque bout par des portions de fphère.
- Ces deux conduéteurs font fufpendus au plancher , par des cordons de foie qui les embralfent & qui les éloignent du plafond & des murs de la falle à quatre pieds au moins de diftance. Ils font réunis entre eux par des tiges de métal o o> o o j courbées fur la grofleur de ces conduéteurs, & qui font au milieu de leur longueur une efpèce d’anfe p > p > pour y fufpendre différens corps* Ces tiges fe terminent aufli par des boules de métal d'un pouce de diamètre. 11 règne, felcm la-hauteur des deux côtés intérieurs du chailis qui porte la glace , deux lames de cuivre , in-cruftées dans l’épailfeur du bois, & percées pour lailfer palier l'arbre & les vis qui prelfent les
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- ÿS Dis Conducteur, iî couffins. Ges lames font difpofées de façon qu’eHetf I communiquent avec une autre lame qui traverfe | en-deffous la tablette, & fe termine en-dehors i par un anneau r , auquel on attache ,• lorfqu on le juge à propos , une chaîne r x , dont l’ufage eft d établir une communication entre les couffins & le réfervoir commun. Nous ne dirons rien ici 1 de Tinlhument quon voit au bout de la table , ni du tabouret {fig. $ ) qui fert à établir les perfonnes qu’on veut éleétrifer. Nous en parlerons ailleurs , à mefure que les circonftances l’exigeront. Nous n’infifterons même pas fur les dif-pofitions néceffaires aux dernières parties de l’appareil que nous venons de décrire } cet objet mérite un article à part , & c’eft le fujet du fuivant.
- Article III.
- Des Conducteurs.
- >• O N entend par conducteurs, en fait d’éle&ri-cité, des corps propres à recevoir la venu éle&ri-que d’un globe ou d’nne glace qu’on trotte, & à la tranfmettre à d’autres corps, qui s eleéfcrifenc comme eux par voie de communication. Or, il fe préfente ici deux objets à confidérer: i°. de quelle manière il faut difpofer ces fortes de
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- T E U fe. S.
- Des Couduc
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- 'corps, & en général tous les corps an-électriques, pour recevoir convenablement l’Eleâricité ; 2°. quelle eft la meilleure forme qu’on puiffe donner aux Conducteurs, pour qu’ils fe chargent plus puiflamment de fluide , & qu’ils procurent à un appareil toute l’énergie qu’il puiffe
- L’Eleétricité communiquée à un corps , fe 0rigine ^ tranfmet de ce corps à tous ceux avec lefquels ifoiemeas. il communique, & qui font fufceptibles comme lui de recevoir cette vertu , & de la communi quer. De-là on conçoit que fi un corps de cette efpèce étoit pofé fur une table, ou fur un autre corps de même efpèce, l’éleétricité qu’il recevrait fe tranfmettroic , par fon miniftère , à la table,
- & de celle-ci au plancher ou au carreau fur lequel elle ferait pofée , pour fe diftribuer & fe perdre dans le globe terreftre, que nous appelons le réfervoïrcommun de la. matière éleclrique.De-là il ferait impoflible d’accumuler fur ce corps une quantité furabondante de matière éleétrique , & conféquemment de le mettre dans le cas de donner des figues de leleétricité qu’on lui communiquerait inutilement. Il faut donc le difpofet de manière qu’il puiffe la conferver. Or, on parvient à cet effet en l’ifolant, c’eft-à-dire, en le fufpendant à des corps, ou en l’appuyant foc des corps qui ne puiffent point tranfmetcre
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- j* Dis Conducteur s: lele&ricité, qu’ils reçoivent eux-mêmes par voie de communication. De-là on conçoit, par ce que nous avons déjà obfervé dans le premier Article, que ce corps doit être pyfLæs foutent* par des corps ïdio- électriques , puifque s’ils ont la faculté de recevoir par communication cette vertu , ils n’ont point celle de la tranfmettre à d’autre corps contigus.
- Le hafard fit connoître cette admirable propriété des corps idio-éleclrique?, & apprit que , s’ils recevoient l’éleéfcricité par voie de communication , ils n’étoient point alors conducteurs , & voici ce qui donna lieu à cette importante découverte.
- M. Gray ayant deflein de tranfmettre la vertu cledrique à une corde d’une certaine longueur > & d’un poids allez confidérable , imagina de la fufpendre à de petits fils de foie. Son intention en cela étoit de la fufpendre à des corps très-fins , pour qu’ils ne lui enlevaient qu’une très-petite portion de i’éleétricité qu’il lui tranfmettroir, & le fuccès répondit très-bien à fon attente. La corde s’éleétrifa parfaitement, & elle donna des lignes fenfibles de fon éle&ricité. Mais l’un de ces fils s’étant rompu fous le poids de la corde, & M. Gray n’ayant point alors de foie foüs fa main, il imagina de fubftituer à fa place un fil de métal auffi fin. Il prit un fil de cannetille *
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- Dis Conducteurs. j9 un de ces fils dont on enveloppe certaines cordes d’inftrumens : mais il ne put alors éle&rifer fa corde , il vit très-bien que ce changement dépendent de celui qu’il avoir introduit dans la fufpenfion de cette corde.
- Petfuadé de cette vérité, 8c réfléchiffant fur la nature de ces deux efpèces de corps , dont l’un étoit idio-électrique , 8c l’autre an-électrique, cet habile Phyficien en conclut que pour éle&ri-fer ces derniers, il falloit les fufpendre ou les fou-tenir fur des corps idio-éleclrique s, & voilà l’origine de ce qu’on appelle, en éledricité , ifolemenc.
- On conçoit de* là que fi , pour ifoler un corps an-électrique , il efi indifférent de le fufpendre à des cordons de foie, ou de l’établir fur des fuppprts de verre ou de toute autre matière idio-électrique , il eft néanmoins important j 8c fur-tout lorfqu’il s’agit de l’éleébrifer fortement, de choifir parmi les corps idio-électriques ceux qui pofledent plus éminemment cette vertu.
- On s’en tint pendant long-tems à de fimples cordons de foie. M. Dufay fit en France toutes ifoioir <fc fes expériences avec de femblables ifoloirs. Lorf- M‘ D ^ay' qu’il vouloir éleétrifer une perfonne, il fe fervoit d’une efpèce de plateau de balance fait de bois,
- & liifpendu par fes angles à quatre gros cordons de foie. Or, on conçoit combien un pareil ifoioir, quelque propre qu’il foit à cet effet,
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- Go Des C osbüctsu rsC devient incommode par les mouvemens continuels dont il doit être agité.-
- Ce fut ce qui engagea le P. Gordon à changer «Ma forme de cet appareil. Il imagina de faire conftruire un chaflis de bois établi fur quatre pieds, Ï1 tendit dans ce chaflis des cordons de foie, qui y formèrent une efpèce de réfeau , fur lequel il établifloit une planche , fuffifamment grande pour qu’une perfonne put fe tenir deflus, & être éloignée de plufieurs pouces des bords du chaflis. On goûta fort ce nouvel ifoloir , & plufieurs Phyficiens le préférèrent à celui de.M. Dufay. On imagina même de le difpofer de manière que, les cordons de foie fe trouvant lacés dans le chaflis , on pût les tendre & les bander fortement, par le moyen d’un petit treuil à crans, établi à l’un des angles du chaflis.
- Mais en réfléchiflant que tout corps idio-élec-trique eft propre à ifoler, on imagina qu’il feroit encore plus commode de faire monter , & d’établir fur des mafles folides de cire , de poix, de réfine, 8c autres matières femblables , les perfonnes qu’on voudroit éle&rifer. On fondit ^ Gâteaux donc plufieurs de ces matières enfemble, qu’on combina de manière à procurer une folidité convenable à la malle , & on les coula dans des efpèces de cailles d’une certaine étendue j & on forma par ce moyen de nouveaux ifoloirs, aux-.
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- Des Conducteur 6t
- quels on donna le nom de gâteaux électriques. Ils furent en vogue pendant long-tems adoptés de tous les Phyliciens éleétrifans. On ne peut difconvenir en effet qu’ils ne méritaient alors la préférence qu’on leur donnoit , fur tout s’ils étoient faits avec toutes les précautions requifes.
- i°. Si les matières qui entroient dans leur compofition étoient bien épurées de fubftances étrangères qui s’y trouvent aflez fouvent mêlées, & qui font pour la plupart an-électriques. z°. S’ils étoient fuffifamment épais j car l’expérience démontre , & nous devons cette obfervation au célèbre Watfon , que la matière éleétrique pénètre jufqu a la profondeur de deux pouces & quatre dixièmes les réfines , ainfi que les mélangés de cite & de réfines. $°. Si on avoit foin de les garder long-tems avant d’en faire ufage ; l’expérience en effet démontre encore que ces fortes de matières ifolent très-mal , lorfqu’elles font récemment fondues.
- Malgré toutes ces précautions , ces fortes d’i-foloirs font toujours incommodes.
- . Çe font de grottes maffes peu faciles à manier. Elles s’amollifTent pendant les chaleurs de l’été, ôc cèdent fous les pieds des perfonnes qui montent de flus : pendant l’hiver , ces matières font friables, & quelquefois fe brifent fous le poids qu’on leur fait porter. On doit donc préférer
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- Des Conducteurs; f pour ces forces d’ufages des fupports de glace** de cryftal ou de verre, fuivant les circonftancési de Dès 1749, je fubftituai un fupport de cette efpèce au gâteau de réfine dont je m’étois fervi jufqu’alors 5 & n’étant point à portée de me procurer des malles de verre telles que je les aurais defirées, je me fervis de cols de bouteilles que je maftiquois par un bout aux quatre angles d’une planche * & par l’autre dans de petites malles de bois qui leur fervoient de pied, 8c je faifois monter fur cette planche les perfonnes que je •voulois ifoler. Plus à portée par la fuite'de me fatisfaire fur cet objet, je pris d’abord de ces grôlïès malles de verre noir * de ces lifioirs dont o: pour liffec des bas de foie*, & ils i'fô-
- loient on ne peut mieux. Ce ne fut qu’après avoir vu en 1769 les petits pilliers de cryftal qui foutenoiént l’ifoloir dans la machine électrique de Ramfden , dont j’ai parlé plus haut , que je me déterminai à en faire faire de fenibla-blesj & il paroît que depuis cette époque on s’eft généralement fervi de ces fortes de fupports. 11 y avoit déjà long-tems que j’avois employé le même moyen pour ifoler le principal condu&eur de mes màchines éleétriqués, 8c que j’avois abandonné les fufpenfoirs dé foie que* je ne trouvois point allez folides, ou au moins alfez fixes. Celui de ma machine à globe n’étoit à la
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- , Des Conducteurs: 4\
- vérité qu’en fer-blanc , mais il étoit folidement foutenu , 8c ifolé par une colonne de cryftal; 8c de plus, je l’avois arme d’une pointe de fer fort aiguë , que j’approchois vers l’équateur de mon globe , 8c je trouvois que cette méthode valoir incomparablement mieux que celle de lai(ler pendre de ce conducteur fur le globe, des petits fils de métal qui diflipoient aflèz communément la matière éledrique qu’ils recevoienr ,
- 8c la difttibuoient en forme d’aigrettes, donc nous parlerons plus bas , fur les montures de ce globe, 8c dé-là (fans le réfervoir commun par le bâti de la machine.
- Il eft bon d’obfërver ici que les Anglois, qui ont adopté'cette méthode d’ifoler-, fe font en- perfeaioa
- „ 1 • dans ccs ap-
- core mieux comportés que nous à cet égard, 8c pareils, ont rendu leurs ifolemens plus parfaits que les nbtresi Ils favent, 8c nous né l’ignorons cependant pas plus qu’eux, que fi le verre eft le corps le plus idio-éleclrique, 8c eonféquemment le plus propre à ifoler ceux qu’en veut éledrifer par communication , il eft en meme tems plus fujet que là cire 8c que tous les corps réfineux à eontrader 8c à retenir l’humidité qui règne habituellement dans l’atmofphère. Or , cette humidité , qui s’attache à Tifoloir , nuit on ne peut plus aux effets de l’éledricité. Elle établit une éfpèce de communication entre les. corps qu’oa
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- 64 Des CoMDücTms; , veut éleCfcrifer , & le réfervoir commun. Dè-ll ces corps s eleCtrifent moins bien, ou au moins il ne s’accumule point fur eux une quantité auflî abondante d’éleCtricité} elle fe diflipe en partie par cètte Communication. Pour obvier à cet inconvénient , les Anglois ont ingénieufement imaginé d’enduire d’une couche de cire fondue tous les piliers , toutes les colonnes de verre , de cryftal, qu’ils emploient dans leurs ifolemens. Moins fufceptibles j par ce moyen , de fe faifir de l’humidité de l’air, ils en deviennent plus propres a l’effet auquel ils-font deftinés. Nous goûtons très-fort cette méthode , nous en voyons la perfection , & cependant nous ne l’imitons que très-rarement. Je le dis a la honte des Phyficiens François , & à la mienne même j car je ne fuis pas plus exempt qu’un autre de ce reproche ; il feroit à defirer qu’on fuivit généralement cette pratique , & nos phénomènes électriques en acquerraient plus d’intenfîté. ion» S’il eft important de bien ifoler un conduc-er- teur, & en général tous les corps auxquels on unfe propofe de communiquer la vertu éleCtriquç par voie de communication, il ne l’eft pas moins de donner aux conducteurs tine forme arrondie ôc bien unie. Il eft de la plus grande importance doter de leurs furfaces toutes les afpérités qui pourraient- s y trouver, & fur-tout d’éviter qu’il
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- Des Conducteurs."' nty ait à leurs extrémités des parties anguleufes, 6c à plus forte raifon des pointes. C’eft le défaut qu’avoient anciennement les conducteurs, lorfqu on fe fervoit de barres de fer quarrées , qu oiî foutenoit avec des. cordons de foie. La matière électrique faifoit effort pour s’échapper, & s’échappoit effectivement , comme nous en parlerons plus bas, par ces parties anguleufes , par ces afpérités. De-là il étoit impoflïble de communiquer à. un corps , $é de lui faire garder toute la quantité d eleCtricité qu’on pou voit lui cômmuniquer. C’eft la raifon pour laquelle nous nous fervons pour conducteurs- de cylindres de métal bien polis, & arrondis à leurs extrémités. C’eft encore pour la même raifon que nous avons fupprimé les chaînes dont on fe fervoit originairement pour tranfmettre l’éleCtricité du premier conducteur aux autres , ou à d’autres corps qu’on vouloir éleétrifer ; 6c que nous avons fubftitué à leur place des tiges de métal tournées en ferme d’S romaine , pour s'articuler les unes aux autres , 6c terminées par des boules de même métal. C’eft pour la même raifon qu’en parlant des grands conducteurs de fer-blanc que nous unifions dans la plupart de nos expériences avec le principal conducteur, nous avons recommandé que ces conducteurs fulTent foudés avec art, & qu?il E
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- te Des Cohddctïus.
- n’y eût aucune afpérité fur leurs foudures exté-1
- rieures.
- Des Amen- La forme des conducteurs n’eft donc rien moins &vo«bies1US<îa’indi®rente, lorfqu’on veut qu’ils produifent duaeirs.COU'touc l’effet quon en peut attendre : mais quelles doivent être leurs dimensions , leur furface, leur étendue , pour les amener au degré de perfection auquel ils puiflent atteindre ? Cette question a été originairement traitée avec tout le foin poffi-ble par l’abbé Nollet , & autant qu’elle étoit fufceptible d’être foumife à l’expérience. Elle le fut dans le même tems par M. le Monnier ; & quoique les résultats de ces deux Phyficiens foient différens , il paroît qu’on pourrait néanmoins les concilier enfemble. Mais fans nous occuper de ce foin , nous croyons qu’il fera plus intéref-fant pour nos Lecteurs , & pour éviter toute prolixité , de ne leur préfenter ici que les ré-fultats des expériences qui nous ont paru les plus dccifivo* fur cette importante matière. Il y avoir déjà long-tems qu’on étoit perfuadé que la furface d’un conducteur contribuoit plus que fa maffeà le rendre fufceptible d’accumuler la vertu électrique; ceft-à-dire , que la mafle de deux conducteurs étant là même, celui qui avoir le plus de furface recevoir davantage d’éleCtricité. De-’là cet ufagede faire les conduCteurs de feuilles
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- Des Conducteurs. 67 tîe méçal mince, & de les plier en forme de cubes. On foupçonnoit parte cela depuis long-rems que la longueur étoic la plus favorable de coures les dimenfions qu’on pouvoir donner a un conducteur. On favoit que la corde d’un cerf-volant ele&rique qu’on lance dans l’atmofphère, donne des étincelles très-courtes à la vérité, mais de la plus grande énergie. Oe , certe corde ne porte cependant qu’une petite mafte, une furface aflez peu étendue ; mais elle eft d’une longueur qui n’eft point comparable a celle de nos plus .grands conducteurs. Voilà ce que l’induCtian & l’obfervation femblpienr avoir confirmé. Il étoit réfervé à M. Volta, alors célèbre Profefleur de Découverte Phyfique à Côme , & actuellement à Pavie, de fui cet objet, conftater cette vérité par des expériences qui ne lailfent rien à defirer. Voici de quelle manière il s’en explique lui-même dans une Lettre qu'il écrit à M. de Sauffure , ôc qui fe trouve inférée dans l’excellent Journal de Phyfique de l’abbé Rosier pour le mois d’Avril 177p.
- 11 eft démontré, dit-il, & tous les Phyficiens conviennent, que la capacité des conducteurs n’eft point enraifon de leur maffe, mais en rai fon de leur volume & de leur furface. L expérience curieufe que le Dodeur Franklin a faite d’une chaîne amoncelée dans un vaifleau de métal éleCtrifé, qui, lorfqu on la fait forric ôc qu’on la déploie , augmente la ca-£ a
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- parité du conducteur, & qui, Forfquon la fait rentrer , le ramène à fa première capacité ,' & encore mieux les expériences du puits éleCtrique donc vous avez été le premier à donner une ana-iyle ingénieufe {i-), nous font voir clairement que iele&ricité ne fe déploie que fur la furfocë extérieure des conducteurs. C’eft pour cette rai-ion , que pour réunir la capacité à la commodité dans les conducteurs , nous leur donnons une Nforme de cylindres , ou 'de fphères cteufes, parce qu’il ne fetviroit de rien de les foire maflîfs. lin général , on cherche à fe procurer des conducteurs de beaucoup de vol rime, ou de furfoce....
- Mais perfonne, à ce que Je fâche, continue •M. Volta, n’a encore remarqué que de deux conducteurs de furfoce égale, celui qui eft le plus étendu en longueur jouir d’une plus grande capacité , que celui qui l’eft en grofïèur ou en largeur ; ou Ü quelqu’un en a déjà fait l’obferva-tion, ce n’ëft que fuperficiellement , & fans, la mettre dans le Jour qu’elle mérite. La différence cependant eft très-confidérable. Quelques expériences relatives à la&ion des atmofplières électriques m’ont mené à cette découverte , & me mettent dans lé cas d’établir les propofitiohs fui-vantes, favoir : que la gtoffeur d’un Conducteur
- ( i ) Dijfertatio de EleSrkitatc, Genev, 17 661
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- Des Conducteurs. 69 influe beaucoup moins que fa longueur fur fa. capacité ; que la figure fphérique eft celle qui lui eft la moins avantage ufe ; que la cylindrique l’eft beaucoup plus ; que. même quant aux cylindres ,. fi on. né peut pas regarder abfolument comme inutile de leur donner un très-grand diamètre » comme on le fait ordinairement, l’avantage qu’on retire de l’augmentation de cette dimenfion eft. au moins très-petit, 8c incomparablement moindre que celui qu’on obtiendroit, en leur donnant un équivalent de furface en longueur ; en urç mot ». qu’il importe peu qu’un conducteur foie très-gros-, mai^ beaucoup qu’il foit très-long.
- Pour prouver cès alertions par des expériences décifives , j’ai pris trois cylindres de bois , dont, le premier avoit un pied de. long, 8c quatre, pouces de diamètre ; le fécond avoit le double de longueur, 8c la moitié moins de groflfeur ^ le troifième avoit huit fois moins de grofleur, & huit fois plus de longueur. La furface de ces. trois cylindres étoit égale -y favoir , d’un pied quarré, fans compter cependant les têtes fphéri-. ques qui les. terminoient, 8c en raifon defquelles, l’avantage étoit du, côté des plus gros cylindres.. Ils étoient tous les trois argentés 8c bien brunis, ce qui les rendoit très-bons conducteurs.
- Suivant la loi généralement reçue que la capa--cité des. conducteurs eft en. raifon des furfaces », E ?
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- 7© Des Condüctiür^ ces cylindres auroient du être en état de récevôn? 8c de contenir une dofe égale d’éledricité. Le cylindre le plus gros devoir même en contenir une plus grande quantité, en raifon de l’excès de furface que lui proeuroit l’excédent de J» grofleur de fes têtes : mais le contraire eft arrivé. Le fécond cylindre a reçu une quantité d’éledri-cité beaucoup plus confidérable que le premier, & le xroifième s’en eft chargé incomparablement plus qu’aucun des deux autres 3 plus même que les deux premiers pris enfemble. Ces faits font atteftés dans la Lettre de M. Volta , 8c par l’énergie des étincelles tirées de ces trois conducteurs , & par les mouvemens d’un éledromètre fait de deux fils de lin pendans librement fur une planchette , & pat la force de l’étincelle que chaque condudeur nôn-éledrifé reçut d’une bouteille de Leyde chargée 5 d’ou il conclut en faveur du plus long de ces trois eondudeurs, quoique beaucoup plus mince que les deux premiers. Mais n’y auroit-il point des bornes à obferver relativement à cette diminution de grofleur, compenfée1 par la longueur ? C’eft une queftion qui métitoit fans doute l’attention de M. Volta : aufli ne l’a-t-il point négligée ; & il nous apprend que ces bornes font indiquées par la diflîpation qui fe fait de l’éledricité dans l’air , lorfque les cOn-dudeurs n’excèdent point le diamètre d’un gros
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- Des Conducteurs; 71 fil de cuivre» Si ce n’étoit cette diffipation , ajoute-t-ii, un fil de cuivre mince & allez long pour avoir un pied quarté de furface', ce qui fuppoferoit cent quarante-quatre pieds de longueur , s’il avoit un tiers de ligne de groffeur, formerait un condu&eur confidérablement fupé-rieuf à mon cylindre de huit pieds de long & de fix lignes de diamètre. Il aurait certainement plus de capacité , puifqu’il faudroit un tems bien plus confidérable pour lui procurer un même degré de tenfion , défîgné par la divergence de l’é-leéfcromètre ., & que par conféquent, à degre égal de tenfion, l’étincelle qu’on en tireroit feroit beaucoup plus forte, & cauferoit une plus violente fecoulïè. Nous en avons un exemple , remarque très-bien M. Volta, dans le fil de métal qu’on conduit de la barre de Franklin, dans une chambre. Ce fil éle&rifé à un degré de tenfion très-foible, donne des étincelles très-courtes à la vérité , mais extrêmement piquantes & doulou-reufes, & qui, de plus , ont un peu de continuité. Je me fouviens , ajoute-t-il , en parlant toujours à M. de SauJJure y qu’en raifonnant avec vous fur ce phénomène, dont l’explication vous paroi doit difficile, je vous dis que je croyois pouvoir en rendre pleinement raifon, par la grande capacité de ce long fil, qui furpafle de beaucoup
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- ,%t D E S C o K D4J CT I U IttS? celle des conduéfceuts ordinaires. Cette differente remarquable dans les effets, ne provient.certainement pas de ce que l’a&ion de l’éle&ricité que les nuage srépandent, dans la barre &.dans le fil métallique, foit effentiellement différente .de celle de.notre éleéfcricité artificielle : ce feroit: un foupçon mal fondé. EfTayez d’y communiquer l’é-îeélricité par le moyen de la machine ou . d’une bouteille bien chargée , & d’en tirer enfuite l’ér tincelle ; elle fera courte, piquante, douloureufe & continue , comme celle qui provient .d’un nuage orageux. Mais dans ce fil, àraifon de fa trop grande fineffe, & des afpérités qui s’y rencontrent., & qu’on ne peut lui enlever en totalité, l’électricité parvenue à un certain degré de tenfion peu confidérable encore , fe diflîpe, au-lieir que le bâton argenté de fix lignes de diamètre , bien poli , bien uni fur toute fa furface, peut être chargé bien plus fortement, avant que la matière éleétrique dont il fera chargé s’échappe par les extrémités en jets de feu, ce qui n’arrivera même pas lorfqu’il fera garni de boules bien unies ,: & un peu grades.
- Je trouve donc , continue M. Volt a , le diamètre de fix lignes pour les bâtons argentés plus que fufSfant pour recevoir le plus haut degré de tenfion qu’on puiffe leur donner, & lorfqu’on
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- Des CondcctHurs.' 7, veut augmenter la furface: pour leur procurer pins de capacité, il faut le faire dans le fens de leur longueur. #
- . D’après ces.idées, dît M. Volia> je me fuis procuré un condu&eur. qui reçoit une quantité étonnante d’éle&ricité , & dont l’étincelle donne une fecoufïe. qu’on a de la peine à fupporter. Il confifte.en douze .bâtons de la groffeur & de la forme ci-deffiis., qui, ayant quatre-vingt-feize pieds de long, n’ont que douze pieds quarrés de furface ; pas plus, par conféquent, qu’un cylindre de fix pieds, de long, & de huit pouces de diamètre.... Mais ces bâtons, difpofés en une longue file, furpaflent infiniment un femblable tuyau , relativement à la quantité d’éle&ricité qu’ils peuvent recevoir, & à l’énergie des effets qu’ils pro-duifent. Il faut vingt-cinq â trente tours de ma machine à plateau de cryftal , même lorfqu’elle agit vigoureufement, pour porter l’éle&ricité à fon plus haut degré de tenfion dans la file des bâtons , autant a-peu-près que pour charger fortement une petite bouteille de Leyde , tandis qu’il n’en faut que quatre ou cinq pour porter l’éleélricité au même degré de force dans le tuyau de fix pieds \ & lorfqu’avec le doigt on tire l’étincelle de l’un & de l’autre, on en fent l’énorme différence. Quoique celle du tuyau foit
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- 74 Des Conducteurs; vive & forte, celle des bâtons eft bien autrement denfe, réunie Sc douloureufe.
- On demandera peut-être à M. Volta, comment il feroit poflîble , fans embarras , de difpo-fer une longueur auffi confidérable de conducteurs ?
- On peut, répond-il dans la même Lettre, fe difpenfer de les mettre dans une feule file : on peut les partager ên deux , en trois , en quatre files parallèles, proportionnellement â la longueur de la chambre ; & même , fuivant fa hauteur , on peut en difpofer deux, trois , &c , les uns au-defliis des autres. 11 fuffit qu’on laiflfe la dif-tance de trois à quatre pieds d’une file à l’autre \ condition très-importante, & dont nous rechercherons la caufe dans la fuite. Rien de plusaifé, ajoute-t-il, que d’ifoler tous ces bâtons , en les fufpendant à des .cordons de foie ; ceux de la première rangée attachés au plafond , ceux dé |a fécondé attachée â la première , & ainfi de fuite. Un coup*d’œil jeté fur la planche IV , ( fig. i,) fuffit pour en faire connoître la difpofition. AA, B B, font deux files de bâtons foutenus par les cordons a , a , a , a, Sc b j b 3 b , b , attachés au plancher. C C, t) D, font deux autres files fufpendueS aux premières par les cordons CjCjCjCj Sc d, d j d, dk On peut de la
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- D£S Conducteurs. 75 même manière fufpendre à la fécondé rangée une troifième , à la troifième une quatrième. On peut ; de même à volonté augmenter le nombre des files de chaque rangée. Pour faire qu’elles communiquent toutes enfemble, & forment un conduéteur continu , il fuffit de pofer en travers fur les files de chaque rangée , une verge métallique qui les touche toutes , comme B A, D C, 8c de placer une autre verge B D qui lié les rangées l’une à l’autre > bien entendu que les bâtons de chaque filé doivent être en contaéfc parfait par leurs extrémités. Quoique chacun puifle imaginer un moyen pour cela , voici celui que M. Volta emploie. Je fais entrer, dit-il j dans l’extrémité d’un bâton un fil de fer, qui en déborde de la longueur d’un pouce $ & je fais entier cette partie faiilante dans un trou pratiqué à l’extrémité du bâton fuivant, & ainfi de fuite.
- Venons , ajoute ce célèbre Phyficien , à la diftance que j’ai dit, quon devoir laiffer d’une file à l’autre. Eft-il abfolument néceflaire quelle foit aufii grande ? Si au lieu de trois à quatre pieds, on 11e laifioit que trois à quatre pouces 3 qu’en réfulteroit-il ? on diminueroit confidéra-blement la capacité du Conduéteur. On a de la peine à le croire d’abord, vu qu’il refte dans les bâtons la même quantité de furface ; mais il
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- faut confidérer que toute cette furface ne refte pas libre, comme dans le premier cas. Ce rapprochement fait que les bâtons fe trouvent plongés dans 4’atmofphère éleétrique & la fphère d’activité l’un de l’autre. Or , quel effet produit cette atmofphère. d’un corps fur un autre qui s’y trouve plongé ? elle y caufe une tenlîon » ou y excite une éleéfcricité femblable , qui a plus ou moins d’aéfcivité > fuivant que ce corps eft plus ou moins plongé dans cette atmofphère , qu’il en eft plus ou moins enveloppé, quil eft plus ou moins proche du centre d’aéfcivité. Ceci eft une vérité de fait, & ce n’eft pas ici le lieu de rechercher la caufe de ce phénomène, & la manière dont il fe produit. Or, plus l’éleéfcricité d’un corps a de tenfion , moins il lui refte de capacité pour recevoir ultérieurement une électricité femblable. Les bâtons étant donc peu éloignés les uns des autres, dès qu’on leur communique de l’éleétricité, le degré de tenfion que caufe dans chacun d’eux l’éleéfcricité qu’il reçoit, en propre , s’accroît de beaucoup par l’aétioii qu’exerce fur lui l’éleétricité des bâtons voifins; & de cette manière tous les bâtons acquérant plus promptement un plus grand degré de tenfion > ont atteint beaucoup plutôt le terme de leur capacité. Si un corps fe trouvoit dans unç telle pofition que des atmofphères éleéfcriques(produi-
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- fiflèhc en lui le plus haut degré de tenlîon, il feroit hors d’état d’acquérir la moindre quantité d’éle&ricité propre. Si ce corps , par l’effet de latmofphère éle&rique., avoit acquis le même degré de tenfîon que le corps qui agit fur lui, il feroit hors d’état, même en le touchant * d’en tirer la plus petite étincelle, ni d’acquérir, pat ce contad, le moindre degré d’élèdricité ab-folue. .
- . Nous commençons maintenant à voir d’où vient /que l’éledricicé. acquiert plutôt fon plus grand degré de tenfiçn , & par conféquent ne peut être accumulée en aufli grande quantité dans un tuyau rcourt & gros., que dans un cylindre mince Ôc long, de furface égale , & même moindre.
- Suppofons la furface du premier divifée en pîu-heurs bandes longitudinales- $ -nous-pouvons concevoir que chacune de ces bandes * indépendamment du degré. de tenfion que lui caufe fon électricité propre, en acquiert un certain degré* par l’adion qu’exercent. fur elles les bandes latérales. Que gagnerons-nous donc en augmentant fa Ion-' gueur aux dépens de fa groffeur ? ces-bandes diminueront en quantité, une grande partie des atmofphères latérales fera détruite^ chaque portion de furface fera (délivrée d’une grande partie des tenfîons étrangères quelle éprouvait' > & de-
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- viendra par-là capable d’acquérir une dofe beaucoup plus grande d’éleftricité propre & abfolue.
- Quoi qu’il en foie de la théorie de M. Volta, qui parole fans contredit très-fimple & très-lu-mineufe, nous ne nous arrêterons qu’au fait; & voyant effectivement, par des expériences réitérées toujours avec le même fuccês, que la longueur eft de toutes les dimenlîons celle qui pa-roît la plus favorable aux condu&eurs, nous en conclurons après lui que c’eft .celle qu’il convient de préférer, lorfqu’on voudra forcer les effets d’un appareil éleârique , âc qu’on fé-croira dédommagé par-là de l’embarras que caufe nécef-fairement la difpofition d’une multitude de conducteurs dans la pièce où on veut faire ces faites d’expériences. C’eft cetre raifon , jointe à çe que .nous trouvons fuffifans les effets que le nftre .produit , qui nous a empêchés de profiter de .cette nouvelle découverte& qui nous a engagés -à ne rien changer à la difpofition de notre appareil, .
- de En 1775 , M. Détienne , Amateur fort inf-truit, avoir imaginé une. armure particulière , qui s'adaptait au conduéteur, & à.l’aide de la-- quelle il afiuroit augmenter l’intenfité des effets d’une machine éleétrique donnée. Cetre ingénieufe invention étoit fondée fur la certitude d’une ob-fervation qu’il rapporte à la tête de fon Mémoire,
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- Des premiers Phénomènes élect. 79 imprimé dans le Journal de Phyfîque pour le mois de Juillet 1775.
- Nous croyons devoir renvoyer le Leéfceur au Mémoire même de l’Auteur , pour qu’il puilfe fe former une idée complette de cette armure , que nous n’avons pas jugé à propos d’adapter à notre appareil.
- Article IV.
- Des premiers Phénomènes électriques 3 juf-qit*a Vépoque de l'expérience de Leyde.
- No us avons obfervé précédemment qu’il fe palîa plufieurs fiècles avant que la vertu éleétrique s’attirât l’attention des Phyficiens , & nous pour-*-rions ajouter encore qu’ils s’occupèrent pendant quelque tems de cet objet, fans faillir toute l’étendue même d’un phénomène qu’ils avoient fous les yeux. Le D. Gilbert, & ceux qui vinrent immédiatement après lui , s’apperçurent très-bien que certains corps frottés acquéroient la vertu d’attirer à eux des corps légers ; mais ils ne s’apperçurent point qu’ils en étoient confia ruinent repoulfés immédiatement après leur attraction. Gilbert dit même expreffément , dans fon Traité de l’Aimant , que nous. avons cité ci-
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- & • Dl'i-' ro ja t É'ti i deflus, que dans 4e roagnérifme il ÿ à attra^iofi & répulfion} mais que dans l’éleâricité il ' n’y a~ que le premier & jamais le dernier de ces phénomènes ; & c’eft Une des différences qui! afligne entre la vêrtu magnétique & la vertu électrique. Gette erreur fe, perpétua jufqu au tèms d'Otko de Gueriche , qui découvrit le phénomène de la répulfion éle&rique, & qui démontra même qu’il étoit plus permanent que celui qu’on con-noiffoit déjà, i > ." >
- Attraaion II fe fervit pour ces fortes d’expériences d’un ikütique. °n globe de- foufre , qu’il falloir tourner fur fon axe 'par le-moyen d’une manivelle * .& .qu’il frottoir avec la main. Or, il $apperçut que des corps légers fufpendus; à des fils ,& préferttés 'a l’équateùr de ce globe,r lorfqu’il: étoit éledrifé ? étoient d’abord attirés j mais qu immédiatement après ils en- étpient • repouffés j & que cet etât de répulfion netoir point à beaucoup près auffi momentané :que le mouvement d’attradioni li vit cetté-répulfion fubfifter -tant que.le corps léger Coiïfetvoit la vertu -éle&rique que le globe lui avoit communiquée , & :que celui-ci confervoit pareillement la fienne. Ge‘ dernier ;étâr. lui parut même fi permanent, qu’il imagina-d’en fuivre les effets , en;cdétachant fon globte d’entre les poupées, *pour le préfenter & poürfuivte i poiir ainfi dire y le corps repouffé. Or , il s’apperçut
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- alors qu’en le pourfuivanc avec fon globe élec-trifé, ce corps s’en éloignoit de plus en plus , & qu’il pouvoir-par-ce moyen le promener en toutes fortes de fens dans toute l’étendue de fa falle.
- Nous répétons plus commodément cette ingé.' nieufe expérience avec un tube de verre que nous éleCtrifons aufli fortement qu’il eft poflîble , & nous nous consentons de le tenir dans une fïtua-tion horifontale , pour laiffer tomber deflus quelques corps légers, tels qu’un duvet , une petite parcelle de ces feuilles de métal battu, qu’on trouve dans le commerce renfermées dans des livrets, & qu’on vend fous le nom d’or d’Allemagne, Dès que le corps léger fe trouve plongé dans l’atmofphère électrique du tube, il eft for- * tement attiré, il fe précipite deflus ; mais à peine s’eft-il emparé de la dofe d’éleCtricité que ce tube peut lui fournir & qu’il peut retenir, qu’il en eft aufli-tôt repouffé , & qu’il s’en éloigne à une diftance proportionnée à l’énergie de cette vertu éleétrique. Si on porte le tube après lui • il s’en éloigne encore, & par ce moyen on lui fait faire des mouvemens aufli variés que ceux qu’on imprime au tube. On le fait mouvoir de bas en haut, contre l’aCtion de la pefanteur^on le fait mouvoir horifontalement, obliquement qu de haut en bas, 6c ces eftets fe foutiennens F
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- 8z Des premiers';
- autant que la vertu éledrique fubfîfte dans ces deux corps. Mais fi le corps léger vient à perdre l’éledricité qu’il a reçue du tube, on le voit aufli-tôt fe porter vers ce dernier pour y reprendre une nouvelle dofe d’éledricité , & s’en éloigner encore avec la même adivité , au moment où il a reçu une nouvelle atmofphère éledrique. On obferve ce phénomène d’une manière afiez cu-rieufe en repouffant le corps léger , lorfqu’il s’éloigne du tube, vers un corps quelconque fuf-ceptible de recevoir l’éledricité par voie de communication. On le voit fe jetter fur ce dernier , auquel il tranfporte l’éledricité dont il eft muni, & on le voit enfuite revenir au tube pour s’en éloigner de nouveau. On conçoit facilement de-là que fi ce corps étoit fufpendu à une foie entre le tube éledrifé & un corps non éledrique quelconque , on le verroit aller & venir alternative-Le carillon ment entre ces deux corps. C’eft ce qu’on a exé-ieârique. cut£ ^’une manière afiez ingénieufej en fufpen-dant à une foie un petit corps métallique entre deux petites cloches de métal , l’une ifolée, & éledrifée, & l’autre dans fon état naturel & non ifolée. On voit ce petit corps métallique, faifant l’office de battant, frapper alternativement ces deux cloches, & tranfporter à celle qui n’eft point ifolée , l’éledricité qu’il reçoit de fa voifine. On peut varier à volonté la forme de cet appareil.
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- On peüt même multiplier le nombre des cloches, & conféquemment celui des petits corps métalliques qui doivent les frapper $ & on rend par ce moyen cette expérience plus agréable. Nous nous fervons ordinairement de trois timbres difpofés fur une même ligne» Si à des diftances convenables les unes des autres. Deux de ces timbres , ceux qui font aux extrémités de la file, font attachés par des chaînes à une petite tige de métal qui fe fufpend aux conducteurs de la machine éleCtrique , 6c conféquemment ces deux timbres s’éleCtrifent en même tems. Entre ces deux timbres ôc celui du milieu , fufpendu par une foie à la même tige , font pareillement fuf-pendus avec des foies, deux petits cylindres de métal. Ceux-ci font attirés & frappent les timbres latéraux dès le moment ou ces derniers font éleCtrifés ; mais en étant auffi-tôt repoutfes, ils vont frapper le timbre du milieu qui n’eft point éleCtrifé , puifqu’il eft ifolé. Ils perdent donc en le frappant l’éleCtricité qu’ils ont reçue , Sc ils font de nouveau attirés par les deux premiers timbres , tandis que celui du milieu fe décharge dans le réfervoir. commun de l’éleCtricité qu’il vient de recevoir, & il s’en décharge parle moyen d’une chaîne qu’on y fufpend intérieurement, 8c qu’on laifie traîner fur le pavé , ou qu’on tient à la main.
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- "84 Des premiers \
- Difficulté Ces mouvemens alternatifs j ces attrapions & c/phénomè- ces répudions font , fans contredit, ùn des phé-ne' nomè'nes les plus difficiles à expliquer en fait d’é-
- lectricité. On convient généralement que l’électricité eft un fluide qui s’échappe des corps qui en font furabondamment chargés. On convient encore que ce fluide forme une atmofphère autour de ces corps, & que cette atmofphère s’étend à une diftance plus ou moins éloignée. On convient enfin que cette atmofphère eft compofée de rayons divergens , qui s’écartent les uns des autres à mefure qu’ils s’éloignent de la furface du corps duquel ils s’échappent. On démontre la vérité de ces aflertions par des expériences auxquelles il eft difficile de fe refufer.
- Si on approche en effet la main à peu de diftance d’un corps élePrifé , foit par frottement, foit par communication, on fent une impreflion particulière de la part de la matière élePrique qui s’en échappe , & cette impreflion eft tout-à-fait femblable à celle qui naîtroit d’une toile très-fine , d’un fouffle léger qui entourroit ce corps. Paflez devant le vifage d’une perfonne un tube de verre récemment frotté , elle éprouvera le même fendaient que fi elle déchiroit * en marchant , une toile d’araignée qui fe trouveroit à la hauteur & dans le chemin de fon vifage. Il s’échappe donc du «orps éleprifé un fluide parti-
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- Phénomènes é l e c t ji. $5 culièr, & ce fluide forme autour de ce corps une atmofphère qui s’étend à une certaine diftance j car on éprouve le même fentiment, la même im-preflîon tout autour du corps éleéirifé. L’odorat peut encore confirmer cette vérité. Le corps électrifié répand en effet autour de lui & en tout fens 1 une odeur plus ou moins forte , & analogue à celle du phofphore urineux. Or , cette atmofphère , dont l’exiftence eft ineonteftable, paroît compofée de rayons divergens , qui s’écartent de plus en plus les uns des autres à mefure qu'ils s’éloignent du foyer d’où ils partent. On en trouve la preuve dans ces émanations lumineufes, ces efpèces de gerbes de feu qu’on appelle aigrettes électriques , qu’on voit for tir dans l’obfcurité des corps éleétrifés , ôc dont nous parlerons plus bas.
- Or, en fuppofant une matière qui s’échappe ainfi du corps éleétrifé j on explique affez bien les mouvemens de répulfioïi des corps légers ÿ mais 011 ne rend pas également raifon du mouvement qui les précède , de ce mouvement d’attraction qui les maîtrife d’abord , & qui les amène vers la furface de ce corps avant d’en être repouffés.
- Ce fut ce qui engagea l’abbé Nollet à fuppofer syftên-,e ie
- & - l’abbé Nollet
- une matière qui fe porte en forme de rayons con-pour l’expii-vergens, vers-4a furface du corps éleétrifé, dans phénomène*, le même tems que la matière électrique s’en F i
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- tè Des PREMIERS
- échappe , fous la forme de rayons divergens. Ce célèbre Phyficien diftingue ces deux côurans fimul-tanés fous les noms de matière affluente & de matière effluente j & explique par leur moyen, & d’une manière on ne peur plus ingénieufe, les phénomènes dont il eft ici queftion.
- Parmi la multitude d’expériences que ce favant Académicien apporte en preuve de l’exiftence de ces deux courans fimultanés de matière éledrique, en voici une qui paroît on ne peut plus féduifànte. On en doit l’idée à une expérience que fit originairement M. Hauxsbée dans l’intérieur d’un globe, & qui n’avoit alors aucunement le deffein d’établir la théorie des affluences & des effluences fimulranées.
- Faites monter à l’extrémité A ( pl. 4, fig. 2 ) du principal condudeur d’une machine éledrique une tige de métal, terminée par une boule de meme matière a , fur la circonférence de laquelle vous attacherez des fils de lin de quatre à cinq pouces de longueur. Ayez un cerceau de métal, fiippofons de fer-blanc B C, & d’ùn pied au moins de diamètre, dans la circonférence intérieure duquel vous attacherez de femblables fils. Prenez ce cerceau d’une main , à l’aide de fon manche^D, & préfentez-le de manière que fon centre réponde à celui de la boule a : éledrifez le condudeur, & vous verrez auffi-tôt les fils
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- attachés autour de la boule a, fe drefler & s’écarter les uns des autres fous la forme de rayons divergens, & les fils du cerceau B C fe redrelfer également, & fe diriger fous la forme de rayons convergens vers la même boule a. Voilà donc deux mouvemens oppofés, deux directions contraires qui fuppofent une matière effluente de la boule a, & en même tems une matière affluente de toute la circonférence du cerceau B C.
- Les mouvemens alternatifs, d’attraCtion & de répulfion que les corps légers nous font obferver à l’approche d’un corps éleCtrifé , peuvent donc s’expliquer commodément par ces deux courans fimultanés. Ils forït approchés, ou mieux, ils foijt portés vers la furface du corps éleCtrifé par la matière affluente qui y aborde , & ils en font repouflés par la matière effluente qui s’en échappe.
- Rien de plus fimple , rien de plus ingénieux au premier afpeét que cette hypothèfe \ elle eft même on ne peut plus méchanique : mais en la confidérant de plus près , & en l’approfondiflant, elle laide des difficultés infur mon tables.
- Nous ne dirons point que ces deux courans Difficultés oppofés doivent néceflairement fe nuire dans hypoïLèft.'” leurs mouvemens j que ces mouvemens devroienc fe détruire réciproquement, comme il arrive ordinairement à deux fluides qui fe meuvent en fens contraires * & qui fe rencontrent dans un
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- SS De î pumie r,s
- endroit dè I’efpace qu’ils parcourent. Mitjfenbroeck , qui embrafla cette hypothèfe, & qui l’a meme expofée d’une manière très-ingénieufe dans le premier Volume de la nouvelle édition de foh Cours de Phyfïque Expérimentale, que noüs publiâmes en 1769, nous répondrait que lés rayons oppofés de ces deux courans paflent auffi librement les uns entre les autres que les rayons directs d’un faifeeau de lumière paffent entré ces mêmes rayons réfléchis par la futface d’un miroir fur lequel ils tombent ; mais nous demanderons comment il peut fe faire que les mouvemens d’at-rraétion des corps légers ne foient qu’inftantanés, tandis que les mouvemens de répulfion font per-manens? Les deux efforts cependant des deux courans font égaux j car, comme l’obfeive très-bien le célèbre Watfon , l’un des plus grands par* tifans du fyftême des affluences & effluences fimul-tanées, il eft indifpenfablement néceffaire que la matière effluente & affluente foient en équilibre entr’elles. Il ne peut, ajoute-t-il, s’échapper d’un corps idio-électrique une quantité de matière éledrique plus grande que celle qui y afflue , & il ne peut y aborder ni y demeurer une.plus grande quantité que celle qui s’en échappe. Sans cela le corps idio-électrique en feroit entièrement gorgé. Mais lï ces deux efforts font les mêmes , 811 y « une jufte compenfation entre- les écoulemens
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- Phénomènes électr. 89 de la matière afïluente & ceux de la matière effluente, comment arrive-1-il non-feulement que l’état de répulfion foit permanent & celui d’attradion inftantané ; mais meme comment l’un & l’autre de ces deux états peuvent-ils avoir lieu fucceffivement & fi régulièrement ? Comment fe fait-il encore qu’un corps repoufte âu-delà ou au moins à l’extrémité de la fphère d’adivité de la matière effluente , ne foit point auffi-tôt reporté vers le corps éledrifé par l’effort de la matière affluente ? Ce font autant de queftions auxquelles il n’eft point poflible de fatisfaire dans l’hypothèfe de ces deux courans fimultanés , & il n’eft même encore aucune hypothèfe connue dans laquelle on puilfe y fatisfaire. Convenons de bonne foi qu’on s’eft trop hâté de forger des hypothèfes pour rendre raifon de ces fortes de phénomènes , & même des autres phénomènes éledriques dont nous parlerons par la fuite. Mais tel eft le génie de l’homme ; il ne peut voir aucun effet dont il ne veuille découvrir la caufe ; & cetté propenfion, fi naturelle , à vouloir tout expliquer, eft le plus grand obftacle aux progrès de fes connoiffances. Bornons-nous donc dans une matière auffl difficile , je dirois même auffi péu connue , malgré la multitude de faits qu’on a raffemblés ; bornons-nous , dis-je , à bien préfenter ces faits, & à faifîr autant qu’il
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- 90 Des premiers
- fera poffible les indu&ions quils pourront nous
- offrir.
- Multiplier les manières différentes de repré-fenter un même fait, n’eft pas , j’en conviens » acquérir de nouvelles connoiffances ; mais c’eft fouvent un moyen de le mieux faifir , & d’en appercevoir toutes les circonftances. Dira-t-on qu’on a retiré un pareil avantage de ces modifications différentes qu’on a fu donner aux phénomènes des attra&ions & des répulfions ? Je fuis fort éloigné de le croire : mais ces expériences font agréables ; elles excitent la curiofité de l’Amateur, & elles l’engagent à des recherches qui peuvent concourir au progrès de la fcience. Nous en indiquerons donc quelques-unes , feulement pour mettre fur la voie ceux qui voudraient s’occuper de cet objet.
- Deux fils fufpendus à l’un des conducteurs de la machine éle&rique, & qui pendent parallèlement à eux-mêmes , s’écartent l’un de l’autre, & deviennent divergens lorfqu’on éle&rife ce conducteur. Ils deviennent d’autant plus divergens, que le conducteur eft plus chargé d’éle&ricité, ce qui offre une efpèce d'éleclromètre, dont on peut faire ufage en quantité de circonftances : mais nous parlerons de ces fortes d’inftrumens dans un autre moment.
- - Il n’eft pas néceffaire que ces fils foient fuf*
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- pendus au condudeur. Plongés feulement dans l’atmofphère d’un corps éledrifé, ils s’éledrifent très-bien $ ils s’écartent à une diftance plüs oa moins éloignée , & c’eft un moyen fort ingénieux dont M. Canton s’eft fervi pour déterminer la diftance a laquelle s’étend l’atmofphère d’un coir-dudeur ou de tout autre corps chargé de fluide éledrique. Cet ingénieux Phyficien avoit imaginé de fufpendre aux extrémités de ces fils de petites boules de liège , pour les tenir tendus & faire qu’ils tombaffent bien parallèlement l’un à l’autre lorfqu’ils n’étoient point fournis aux impreflions de l’éledricité , & on ne peut difconvenir que ce moyen ne foit très-ingénieux. Pour les conferver dans un état de propreté qui leur eft néceflaire , & les fouftraire aux injures de l’air , il avoit encore imaginé de les attacher au couvercle d’une boîte , lequel glilfant à ccmlifle fur cette boîte, procurait la facilité de les tenir commodément à la main en tirant le couvercle Sc mettant la boîte de côté.
- En multipliant ces fils qu’on attache à un même point fixe, les effets de la répulfion en deviennent plus agréables par l’écartement de chacun de ces brins ; mais ils le font encore davantage lorfqu’on éledrife une houppe de foie, une plume dont les barbes font longues , flexibles & légères. L’effort avec lequel ces fils s’écartent les uns des
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- autres eft même en état de fnrmonter. l’effort de leur propre gravité,. & c’eft ce qu’on remarque facilement lorfqu après avoir lié ou noué enfetn-ble plufieurs fils à chacune de leurs extrémités ., on vient à les éledrifer : on les voit s’écarter les uns des autres j & comme leurs extrémités inférieures ne peuvent fe féparer par rapport au nœud qui les retient, on leur voit _prendre_une forme ovalaire aflfez curie ufe à obferver.
- Une expérience de ce genre plus agréable encore , ce font les corps légers quon fait voltiger entre deux platines de métal, dont l’une eft éledrifée 8c l’autre non-éledrifée. La première eft fufpendue au conducteur , & s’éledrife par ce moyen. On tient l’autre à la main , ou on la place fur un guéridon au-deftous de la première. C’eft fur celle-ci qu’on pofe les corps légers qu’on veut faire mouvoir. Toute efpèce de pouffière, pourvu quelle foit fèche , des. feuilles de métal hachées par petits morceaux , de petites bandes de papier, des fils de verre tirés &c., tous ces corps cèdent aux impreffions de la matière électrique , fe portent vers la platine fupérieute qui les repouffe vers l’inférieure, & voltigent perfé-véramment entre ces deux platines, tant qu’on foutient l’éledrifation. On rend cette expérience plus agréable encore , en y employant de petites figures peintes des deux, côtés fur du papier , 8c
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- dont la tête & les pieds fe terminent par des pointes un peu moufles ou arrondies. On les voit voltiger & danfer entre les deux plàtines. Le fpedateur s’amufe de ces fortes d’expétiences, & le Phyficien y voit la confirmation du pnn-‘ cipe que nous avons établi ci-deflus , -qu'un corps léger chargé d’éledricité fuit le corps qui l’a éledrifé, jufqua ce qu’il fe foit dépouillé de la vertu-éledrique qu’il a reçue, & dans ce cas il vient èn prendre une nouvelle dofe , qui l’éloigne de nouveau du corps qui l’éledrife.
- Nous parlerons ailleurs du pouvoir des pointes pour foutirer de loin la matière éledrique d’uri condudeur, ou de tout autre corps éledrifé, & pareillement pour laifler échapper celle dont le corps pointu peut être furabondamment chargé j-mais en fuppofant ici cette faculté des corps pointus, on pourra varier d’une façon plus fingu-lière enéore ces mouvemens d’attradion & de répulfion. On verra que fi on coupe une lame métallique en forme de lofange fort alongée, dont les angles du haut & du bas foient également aigus , l’angle fupérieur de cette lame attirera à une certaine diftance l’éledricité de la platine fupérieure , & l’angle inférieur fe déchargera fur la platine inférieure de cette furabondance H’élec-tricité ; de forte que la ; feuille de métal demeurera fufpendue à la même diftance entfe la-platine
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- fupérieure & la platine inférieure. Les mouvez mens d’attraéfcion & de répulfion paroitront détruits , & cependant le pouvoir attraéfcif & le pouvoir répulfif n’en fubfifteront pas moins dans cet état d’équilibre. Veut-on que cette lame s’approche davantage de l’une des platines que de l’autre ? le moyen eft on ne peut plus fimple ôc on ne peut plus facile à exécuter.
- Coupez, dit le D. Franklin j un morceau d’or de Hollande dans la forme de la (fig. 3 pi. 4. ), ou l’angle d’en haut eft un angle droit, les deux fuivans des angles obtus , & le plus bas eft un angle fort aigu j & placez cette,feuille d’or fur la platine inférieure au-deflous de celle qui eft éleétrifée , de manière que la partie coupée à angle droit puiHè être d’abord élevée , ce qui fe fait en couvrant la partie aiguë avec le creux de la main j & vous verrez la feuille prendre place beaucoup plus près de la platine fupérieure que de l’inférieure , parce qu’à moins d’être plus près, elle ne peut recevoir aulïi promptement, à la pointe de fon angle droit , l’éleéfcricité dont elle fe décharge par un angle aigu. Retournez cette feuille de façon que l’angle aigu foit en haut, & vous la verrez fe porter & fe placer auprès de la platine inférieute , parce qu’elle reçoit plus promptement à la pointe de l’angle aigu qu’elle ne peut décharger à la pointe de l’angle droit ;
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- ainfi la différence de diftance eft toujours propor-nelle à la différence de fineffe des angles.
- Prenez garde, ajoute M. Franklin, en coupant votre feuille , à ne pas laifTer de petits lambeaux fur les extrémités, qui forment quelquefois des pointes où on ne voudroit pas les avoir.
- Vous pouvez faire cette figure fi aiguë dans p?ar°* fa partie inférieure , & fi obtufe dans fa partie fupérieure, qu’il ne £oit pas befoin de platine inférieure , fe déchargeant d’elle-même aflez promptement dans l’air. Si elle eft beaucoup plus droite , comme on le voit dans la figure comprife entre les lignes pon&uées de la (fig. $ ) , nous l’appelons , dit le D. Franklin, le poiffon d'or, à caufe de fa manière d’agir. Si vous le prenez, en effet, par la queue, & que vous le teniez à un pied ou à une plus grande diftance horifontale du premier conducteur , lorfque vous le laifterez aller, il volera à lui avec un mouvement vif & ondoyant, femblable à celui d’une anguille dans l’eau j il prendra place alors fous le premier conducteur , peut-être à un quart ou à un demi-pouce de diftance , & remuera continuellement la queue comme un poifïbn , de forte qu’il paraîtra animé. Tournez la queue vers le premier conducteur, & alors il volera à votre doigt, & femblera le grignoter. Si vous tenez fous lui une platine de métal à fix ou huit pouces de diftance,
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- & fi vous ceffez de faire mouvoir la machiné électrique , lorfque Tatmofphère éleCtrique du conducteur diminuera, il defcendra fur la platine, & nagera encore en arrière & en avant, à plufieurs reprifes , avec 1e même mouvement de poiffon , ce qui fait un fpeCtacle aflèz agréable ; & par le moyen très-facile' d’émouffer ou d’aiguifer les têtes ou les queues de ces figuras , vous pourrez leur faire prendre la place que vous defirerez , plus près ou plus loin de la platine éleCtrifée. ^piané- Tous les Phyficiens ne virent point indiffère M. remment ces fortes de phénomènes , quoiqu’ils 11e paroilfent rien offrir au-delà de l’amufement de ceux qui s’occupent à répéter ces expériences. M. Grey crut y trouver un moyen d’expliquer les mouvemens des corps planétaires. 11 imagina , à cet effet, quelques expériences qu’il n’eut pas le tems de fuivre , mais qu’il communiqua au D. Mortimer , alors Secrétaire de la Société Royale. Quoique cette idée de M. Grey ne fût rien moins que bien fondée , on ne fera pas fâché de voir jufqu’à quel point il portoit fes prétentions. J’ai fait dernièrement, difoit-il j 8c te font les dernières expériences- qu’il ait faites ; j’ai fait plufieurs expériences nouvelles fur le mouvement projectile & d’ofcillation, au moyen defquels on peut faire mouyoit des corps de différentes efpèces autour de quelques grands corps,
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- PHENOMENES É L ÉX T R.
- foit en cercles ou en ellipfes , qui font concentriques ou excentriques au centre du plus grand corps, autour duquel ils fe meuvent en faifant plufieurs révolutions autour de lui. Ce mouvement le fera conftamment du même fens que celui dans lequel les planètes fe meuvent autout du foleil, c’eft-à-dire de droite à gauche, ou d’occident en orient : mais ces petites planètes , ajoute M". Grey, fi je puis les nommer ainlî, fe meuvent beaucoup plus vite dans les parties de l’apogée que dans celles du périgée de leurs orbites j ce qui eft directement contraire au mouvement des planètes autour, du foleil. Or , voici de quelle manière M. Grey indique ces expériences.
- Placez , nous dit-il, un petit globe de fer d’un pouce ou un pouce & demi de diamètre , foi-blement éleétrifé, fur le milieu d’un gâteau circulaire de réfine de fept ou , huit pouces de diamètre ; & alors un corps léger, fufpendu par un fil très-fin de cinq à fix pouces de longueur , tenu dans la main au-defiiis du centre de la table , commencera de lui-même à fe mouvoir en cercle autour du globe de fer, & conftamment d’occident en orient. Si le globe eft placé à quelque diftancé du centre du gâteau circulaire , le petit corps décrira une ellipfe qui aura pour G
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- <,§ Des premiers
- excentricité la diftance du globe au centre dtt gâteau.
- Si le gâteau de réfine eft de forme elliptique, & que le globe de fer foit placé à fou centre, le corps léger décrira une orbite elliptique de la même excentricité que celle de la forme du gâteau.
- Si le globe de fer eft placé auprès 8c dans un des foyers du gâteau elliptique , le corps léger aura un mouvement beaucoup plus vite dans l’apogée que dans le périgée de fon orbite.
- Si le globe de fer eft fixé fur un pié-deftal â un pouce de la table, & qu’on place autour de lui un cercle de verre j ou une portion de cylindre de verre creux éle&rifé , le corps légec fe mouvera Comme dans les circonftances ci-deftiis, & avec les mêmes variétés.
- M. Wheeler fe chargea, après la mort de M. Grey \ de répéter ces expériences. Il les répéta en préfence de plufieurs Savans de la Société Royale, & avec une grande variété de circonftances ; mais ils ne purent tirer aucune confé-quence de ce qu’ils obfervèrent alors. 11 les répéta encore en particulier, & il en obtint des réfultats tout-à-fait différens de ceux qui avoient été annoncés par M. Grey ; & fon opinion fut que le defir de produire le mouvement d’occident en orient étoit la caufe fecrète qui avoir déter-
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- PüiHO-Màli ÈS É LE C T k. pp jhiué le corps fufpendu à fe mouvoir dans cette direction , au moyen de quelqu’impreffion qui venoit de la main de M. Grcy aufli bien que de la fienne, quoiqu’il ne fe fut point apperçu qu’il donnât aucun mouvement â fa main'.
- Pour peu qü’on réfléchifle fur Iss phénomènes indiqués par M. Grcy , on n’y trouve rien au-delà qu’un fimple mouvement d’attradion & de répulfion,, & l’expérience merveilleufe qu’il annonce en pourroit impofer davantage, & réuffir beaucoup mieux en modifiant fon appareil de la manière fuivante.
- Ayez une platine de métal de dix à douze pouces de diamètre, au centre de laquelle vous établirez un petit globe repréfentant le foleil. Sufpendez fur le bord & à quinze ou dix-huit lignes au-delïus de cette planète, un cercle fait d’un gros fil de métal attaché à un autre demi-cercle qui lui formera une anfe , &qui le croifera à angles droits, pour que vous puiffiez le fuf-pendre librement au condudeur de la machine éledrique \ & éledrifez ce condudeur. L’éledri-cité fe communiquera par fon moyen au cercle dont nous venons de parler. Pofez en dedans de ce cercle, & fur la platine, une boule creufe .verre très-mince de vingt à vingt-deux lignes diamètre,. & vous verrez cette boule, tournant G 2
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- premier
- fur fon axe, fe mouvoir autour du globe du millieu , en fuivant la circonférence du cercle. Elle fuivroit également une autre courbe fi on en fubf-tituoit une a la place du cercle de métal que nous avons indiqué, & conféquemment le mouvement de cette boule repréfenteroit plus naturellement , que dans des expériences de M. Greyy le mouvement des planètes autour du foleil. Mais perfonne ne peut être la dupe de ces révolutions , & on voit manifeftement ici que les mouvemens de la boule de verre ne font que les effets répétés de la répulfion qu’elle éprouve de la part dù cercle éledrifé à mefure qu’elle s’éledrife fuccef-fivement fur les différens points de fa circonférence. Plusinftruits aduellement qu’on ne letoit alors des phénomènes éledriques, nous n’avons encore pu parvenir à tirer quelques applications importantes de ces mouvèmens d’attradion & de répulfion, & jufqu a préfent, ils ne font propres qu’à fatisfaire notre curiofiré.
- Tranf- Si Otho de Guericke fut le premier qui s’ap-popagadon^ perçut des mouvemens de répulfion excités dans JeâriquT01 Ies corPs !égers apportés dans le voifinage d’un d'Otho^Tc corPs éledrifé > *1 s’apperçut encore le premier 6u»ricke. que la vertu éledrique excitée dans un corps idio-clectrique fe tranfmettoit à d’autres corps , fans qu’il fut néceflaire de les frotter j 8c il vit même,
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- avec fùrprife, que cette vertu fe tranfmettoit à une corde 'de chanvre jufqu a la diftance d'une aune de Magdebourg : mais il ne pouffa pas plus loin une découverte qui méritoit d’être fuivie avec plus d’attention. Cet ingénieux Phyficien s’éroit èncore apperçu que le globe de foufre dont il fe fervoit , répandoir de la lumière , ou jetait quelques étincelles lumineufes lorfquW le frottoir dans l’obfcurité \ & il affure même que cette lumière étoit accompagnée d’un certain bruit, d’une efpèce de décrépitation qui fe faifoit entendre en prêtant attentivement l’oreiller Si ces nouvelles expériences, qui devinrent fi célèbres dans la fuite , n’acquirent point entre fes mains toute la confidération qu’elles méritoient', on doit néanmoins le regarder comme le véritable Auteur de ces merveilles j & on peur dire que nous lui devons les premières & les principales découvertes qui aient été faites en éledricité } celles qui excitèrent par la fuite l’ardeur des Physiciens , &, qui les engagèrent à de nouvelles recherches.
- Il eft probable que les Phyficiens Anglois n’eu- Travaux de rent point connoifTance des travaux d'Otho de deM. mee-Guericke ; car nous voyons que M. Hauxsbée ne fut pas moins furpris que lui d’appercevoir des figues de la communication ou de la tranfmiflion G 3
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- iôi Des premiers
- de la vertu éle&rique, il avoit imaginé de boucher les deux extrémités d’un tube avec des bon-* chons de liège , à deflein d’obferver feulement s’il trouverait alors de la différence dans la vertu attraéfcive. Or, tenant un duvet de plume vis-à-vis le bout fupérieur de ce tube , il obferva qu’il courait au bouchon de liège, en étant attiré Ôç repouffé auffi bien que par le tube même. U imagina enfuite de porter ce même duvet vers l’extrémité applatié du bouchon, & il en fut fem-blablement attiré & repouffé plufieurs fois ; & il en conclut que le tube frotté avoit tranfmis fon éleéhiçité au bouchon.
- Surpris de ce phénomène, M. Grey imagina de fixer une boule d’ivoire au bout d’un bâton de fapin, d’environ quatre pouces de longueur ; puis , enfonçant l’autre bout dans le liège, il vit que la boule attirait & repouffoit le duvet avec plus d’a&ivité encore que n’avoit fait le bouchon de liège.
- Nous ne fuivrons point M. Grey dans tous les détails de cette expérience, qu’il modifia de différentes manières. Toujours furpris de l’extenfion de ces phénomènes , il ne fut qu’en tâtonnant dans cette recherche. Après avoir attaché une corde à l’extrémité de fon tube, & s’être placé fur un balcon élevé de vingt fix pieds, & enfuite
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- si une plus grande hauteur , il parvint à tranf-mettre l’éledricité de ce' tube , & à la conduire autant loin qu’il lui fut poffible , en ligne perpendiculaire ; & toujours il obferva que la boule fufpendue au bout du cordon attirait les corps légers qu’on lui - préfentoit. Il voulut effayer enfuite à propager plus loin ce fluide, en profitant d’une corde difpofée en partie hori-fontalement, & en partie perpendiculairement j mais comme elle n’étoit point ifolée , l’expérience ne put lui réuflir. Il confulta M, Wheeler, & ce fut alors qu’ils découvrirent conjointement la néceffité des ifolemens , comme nous l’avons fait obferver précédemment. Perfuadés de cette vérité, ils parvinrent à tranfmettre la vertu électrique à fept cent foixante-cinq pieds de diftance par le moyen dJune corde de cette longueur attachée par l’une de fes extrémités au tube de verre, & fourenant une boule d’ivoire par fon autre extrémité j & ils ne s’apperçurent point, nous difent-ils, que l’effet fut fenfiblement diminué par cette diftance.
- Jufques-là , M. Grey & M. Wheeler croyoient que cette communication de la vertu éledrique exigeoit un contad entre le tube & le corps auquel on vouloir tranfmettre la vertu de ce tube ; mais un heureux hafard leur fit découvrir au mois il’Août 1719, que ce contad n’étoit point abfo-G 4
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- io4 Des premier* lument néceflaire , & qu’il fuffifoit feulement que ce corps fut approché alfez près du tube* frotté. Ce ne fut qu’au mois d’Avril de l’année^ fuivante , que M. Grey porta fes vues plus loin ,' & imagina de tranfmettre la vertu éledrique au corps humain; qu'ayant ifolé un petit garçon fur ' des cordons de crin , il parvint à l’éle&rifer en approchant fon tube, récemment frotté , des pieds ou de la tête de cet enfant. Mais nous reviendrons à ce dernier phénomène, après avoir fait quelques réflexions fur la propagation de la matière éledrique.
- obferva- S’il eft furprenant qu'Otko de Guericke ayant propagation1! découvert la communication & la propagation do la vertu éledrique , n’ait point fuivi plus loin ce phénomène, il ne l'eft -pas, moins que M. Grey & M. Wheeler ne foient arrivés qu’en tâtonnant à porter cette communication jufqu’à la distance à laquelle ils l’ont conduite , & qu’ils en foient reftés à une diftancede fept cent foixante-cinq pieds. Dès qu’elle fe prêcoit fi bien à leurs premières tentatives , comment nont-fils pas eflayé de découvrir fi cette propriété reconnoifloit des bornes ? Mais telle eft la marche ordinaire de l’efprit humain dans les routes ténébreufes de la Nature ; éclairé du flambeau de l'expérience, il ne faifit pas toujours tous les objets qui fe préfçntenc, & il abandonne fouvent à ceux qui
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- Phénomènes Ilbctr. ioj
- viennent après lui des découvertes qu’il pouvoit faire avec la plus grande facilité.
- On a donc reconnu depuis M. Grey , que la. propagation de la vertu électrique ne reconnoilïbit point de bornes , 6c, qui plus eft , que cette propagation fe faifoit avec une telle rapidité,, qu’il n’étoit pas polîible d’affigner l’efpace que la matière électrique pouvoir parcourir dans un tems donné.
- Sufpendez en effet une corde de chanvre à des cordons de foie, 6c faites-la retourner placeurs fois fur elle-même dans l’étendue d’une falle très-vafte,. pour augmenter fa longueur. Faites que l’une de fes extrémités communiquant ou étant fixée au conduéteur, fon autre extrémité , à laquelle vous attacherez une petite boule de métal, pende vers le milieu de la falle, au-deffus d’une platine de même matière , fur laquelle vous aurez placé des corps légers , tels que des fragmens de quelques feuilles d’or; rendez outre cela cette corde humide , en la frottant dans toute fa longueur ave;ç une éponge imbibée d’eau, pour que le fuccès de l’expérience en foit plus affuré. Dès le moment que la machine éleétrique fera en mouvement, vous verrez les corps légers fe mouvoir & être attirés 6c re-pouffés par la boule de métal. Pour que cètte expérience foit plus décifive , faififfez la corde
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- io(> Des "premiers
- avec la main vers Ton origine, tandis quon continuera à faire tourner la glace. Vous arrêterez alors la tranfmiflion du fluide électrique j mais dès le même inftant que vous retirerez la main, vous verrez aufli-tôt les corps légers voltiger comme précédemment.
- Si cette expérience ne montre que bien imparfaitement & la diftance à laquelle le fluide éleétrique peut fe propagèr , & la rapidité avec-laquelle fe fait cette' propagation} elle nous en donne néanmoins une idée qui nous prouve que ce font les moyens qui nous manquent pour nous fatisfaire à cet égard. M. le Monnier, qui fe livrait anciennement à des recherches de ce genre i imagina en 1746 une expérience extrêmement ingénieufe, & plus propre encore que celle que nous venons de rapporter, pour s’af-furer de la rapidité avec laquelle fe fait la tranf-mifîion du fluide électrique. Il imagina de dif-pofer deux fils de fer parallèlement entr’eux autour d’un grand enclos. Chacun de ces fils avoir neuf cent cinquante toifes de longueur , ou cinq mille fept cent pieds, & iis les difpofa de manière que leurs quatre extrémités fe trouvèrent a un des angles de ce clos, voifines les unes des autres. Un homme, dit l’Hifturien de l’Académie qui rapporte ce fait , prit un bout de chacun de ces fils de chaque main. Parce moyen ,
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- il fe forma une communication de l’un z l’autre , & ils ne firent plus qu’un feul corps de mille neuf cens toifes de longueur, au milieu duquel étoit placé l’homme qui tenoit deux des bouts de ces fils. j#
- Par l’arrangement que nous venons de décrire, cet homme, quoique placé au milieu de la longueur totale du corps à éle&rîfer , étoit ttès-voifin des deux bouts , & pouvoir juger aifémen* s’il fentoit l’impreflion de la vertu éle&rique au moment où il verrait éclater l’étincelle. Ce fut effe&ivement ce qui arriva. M. le Monnierzyznt pris d’une main l’un des deux bouts de ces fils qui demeuraient pendans, approcha de l’autre une bouteille chargée d’ele&ricité à la méthode de Mujfenbraeck , 8c qu’on connoît fous le nom de bouteille de Leyde j dont nous parlerons dans la feétion fuivante} 8c dans le même, inftant que partoit l’étincelle, lui & l’homme placés au milieu de la longueur des fils de fer , relfentirent la commotion, fans qu’il fût pbflîble d’apperce-voir le plus petit intervalle de tems entre l’étincelle 8c le coup, quoiqu’il eût été facile de discerner jufqu’à un quart de fécondé , s’il s’y fut trouvé.
- On concevra plus facilement tout le génie de cette expérience, lorfque nous aurons fait concoure celle de Leyde, 8c que nous aurons expofc
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- io8 Dis premiers
- de quelle manière une bouteille fe charge d’c-le&ricité, & devient propre à faire fentir la commotion. Qu’il' fuffife de favoir ici qu’une bouteille étant convenablement éleéfcrifée , on détermine la matière éleékrique a paffer de Tune des furfaces de cette bouteille, de celle fur laquelle elle fe trouve accumulée, à la furface op-pofée, & qu on peut lui faire parcourir une chaîne plus ou moins étëndue pour arriver de l’une de ces furfaces à l’autre. G’eft en quoi confifte toute l’expérience de M. le Mornier ; il fit donc parcourir a l’éieétricité dont fa bouteille étoit chargée , toute 1^ longueur du fil de fer dont nous venons de parler ; ce qui fe trouve parfaitement * confirmé par une fécondé expérience rapportée à la fuite de la précédente, mais que nous fup-primons ici comme trop difficile à faifir pour ceux qui ne font point au fait de la théorie de la bouteille de Leyde.
- Réfutation Cette expérience, dont l’effet peut s’étendre inicrc * opl- à une diftance beaucoup plus éloignée , 8c qui ne communkà- peut même être limitée à une diftance donnée Su éleari-comme je le démontrerai dans la Se&ionfuivante, quc* me feroit croire que je me fuis trompé dans la manière félon laquelle j’avois d’abord envifagç la communication de la vertu éledrique , lorfque j’imprimai mon Traite' de l'électricité en 1771. Mon opinion cependant étoit appuyée fur l’aiuo-
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- P H i. U O M à N £ S É L E C T R. I09
- ricé du Doéteur Franklin ; 8c quoiqu’il la préfente lui-même d’une manière très-féduifante, je crois au moins que la queftion doit refter in-décife , jufqu’à ce que de nouvelles preuves auxquelles on ne puiflè fe refufer^v -nous portent a prendre un parti déeififà ce fujet. Voici de quelle manière j’expliquois ce phénomène.
- * L’opinion la plus probable, difois-je alors , » eft celle dans laquelle on fuppofe que tous les » corps font imprégnés de fluide éleétrique, qui » fe meut avec, la plus grande facilité dans les » pores de certains corps. De-là , lorfqu’on com-» munique la vertu éleétrique à l’unè des parties » d’un corps ., on communique en même tems 3> un mouvement de tranflation à la matière fem-n blable qui réfide dans les pores de ce corps, >> 8c ce mouvement fe tranfmet de la même ma» »> nière que celui qu’on imprime à la dernière » d’une file de billes élaftiques, contiguës les unes »> aux autres. Or, on fait qu’on ne peut faifir, » appercevoir le tems qui fe pafle entre le mou-» veinent de la première 8c celui de la dernière v bille, quelque longue que foie la férié de celles »> qui les féparenr.
- » 11 eft donc à préfumer que les lignes d’élec-
- tricité que fournit l’extrémité d’un corps qu’on » éleétrife , font moins produits par la furabonr »» dance de matière éleétrique qu’on lui commit-
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- Des m b mi t k s » nique, que par celle qui réfide dans fes porcs y 3» & dont les parties étoient contiguës les unes » aux autres*
- » On peut donc regarder le corps qu’on élec-» trife comme un canal plus ou moins long. , » rempli d’un fluide qu’on ne peut pouffer par » une extrémité qu’il ne s'échappe aufli-tôt par j> l’autre ».
- Or'; toute fatisfaifante & mécanique que foie cette explication , elle ne paroît pas s’accorder avec ce que l’expérience nous démontre , & qui femble nous autorifer à admettre un mouvement réel de tranflation dans la matière éleétrique. Nous démontrerons en effet, que dans l’expérience de la bouteille de Leyde, toute la quantité de fluide éleétriqué qu’on en retire paroît paffer réellement, & par un véritable mouvement de tranflation , & en un inftant indéterminable, dans toute l’étendue de la chaîne qui fépare la furface intérieure de la furface extérieure de la bouteille, quelque longue qu’on fuppofe cette chaîne. D’où il fuit que s dans l’expérience de M. le Monnier, indiquée ci-deffus, c’eft par un femblable mouvement que cette même matière a parcouru, & dans un inftant indéterminable , les mille neuf cens toifes de fil de fet quelle avoir à parcourir; & conféquemment il femble naturel d’en conclure qûe le fluide électrique fe
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- Phénomènes éie'ctr. meut dans les corps avec une vîtefle indéterminable. Quoique cette idée paroiffe confirmée par les effets de la bouteille de Leyde, voici de quelle manière M. Franklin explique ce phénomène, en embraffant l’opinion contraire. Il prétend qu’au lieu de recevoir le fluide éle&rique qu’on retire de la furface intérieure de la bouteille , fa fur-face extérieure ne reçoit que celui ou une partie de celui qui eft mis en aélion dans le corps intermédiaire , entre les deux furfaces de cette bouteille. Et fuppofant que la communication entre ces deux furfaces foit faite par un long fil d’ar-chal, fi ce fil, dit-il, en contient précifément la quantité qui manque à l’extérieur de la bouteille, la totalité pafle du fil d’archal à l’extérieur de la bouteille , & la quantité accumulée par furabon-dance dans l’inrérieur de la bouteille , étant exactement égale, coule dans le fil d’archal, & y demeure à la place de la quantité que ce fil vient de communiquer a la partie extérieure. Mais dans cette hypothèfe même , ne pourroit-on pas répondre à M. Franklin , qu’il faut que cette matière fe meuve avec une rapidité extrême, pour venir remplacer en auflî peu de tems le déchet qu’éprouve dans cette circonftance toute la longueur du fil d’archal, & fon explication même n’indique-t-ellè pas ce mouvement de tranflariou qu’il voudrait réfuter ? Nous fommes d’autant
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- plus autorifés à fuivre cette opinion , que tiotfs démontrerons ailleurs, que la matière éleétrique n’eft point eirentiellement différente de la matière du feu, ni de celle de la lumière. Or , on fait avec quelle rapidité cette dernière fe meut; puif-qu’à peine elle emploie l’efpace de plus de fept minutes pour franchir la diftance qui nous fépare dufoleil, & que cette diftance eft d’environ trehte-trois millions de lieues. 11 n’eft donc pas étonnant quon ne puiffe affigner le tems que le fluide électrique emploie à parcourir les efpaces que noUs pouvons lui affigner à franchir. Quelque grands qu’ils nous paroiflent, ils n’ont qu’une proportion infiniment petite, fi on peut s’exprimer ainfi, avec celui qui nous fépare de l’aftre lumineux qui nous éclaire.
- c Otkade Guericke avoit découvert, comme nous l’avons obfervé précédemment, que l’éleélricité excitée dans un corps y produifoit de la lumière Il s’étoit même apperçu de l’éclat qui accompagne ordinairement l’éruption de la matière éleétrique , lorfqu’élle fe décèle par une étincelle. Mais il s’etoit peu attaché à ces deux phénomènes, & il n’avoit même faifi le dernier que d’une manière âflez imparfaite. Il étoit obligé , nous dit-il dans l’Ouvrage qu’il publia fous le titre Expérimenta nova Magdeburgica, &c. d’approcher très-près de fon oreille le tube qu’il frottoir ? pour faifir
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- faifir cet éclat. Quant à la lumière qu’il obferv^ fouir du corps éle&rifé, il la regarda comme un phénomène ordinaire , & il la compara isçeHe;. qu’on voit forcir d’un morceau de fucre qu’on broyé dans l'obfcuricé.
- M. Wa,ll vit ce phénomène plus en grand ;
- & conduit par des obfervations qu’il venoit de M* faire fur le phofphore d’urine , qu’il regardoit comme une huile animale congelée par un. acide, il foupçonna que l’ambre, qu’il fuppofa pareillement n’être autre chofe qu’une huile minérale. congelée par un acide volatil minéral, étoit un véritable phofphore naturel. 11 faut lire le développement de cette idée dans les Tranfa&ions philofophiques. On y verra même qu’il l’étendit , beaucoup plus loin, & que dès ce moment il. ofa foupçonnéc que la matière éle&rique avoir quelquanalogie avec les éclairs & le tonnerre.
- Je m’apperçus, dit M. Wall, qu’en frottant, doucement avec la main , & dans l’obfcuriré , un morceau d’ambre très-poli, il en fortoit une lumière : j’imaginai alors de prendre un alTez grand morceau d’ambre que j’étendis en long & de forme conique j & en le frottant également & doucement avec la main , il en fortic une lumière bien plus confîdérable :.... mais. en le frottant rapidement avec un morceau de drap ,
- & en le ferrant en même cems allez fortement
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- U4 * De s p rem m * « dans la main > on entendit un nombre prodigieux de petits craquémens , & chacun d’eux produisit une petite étincelle de lumière. Les cra-j quémens ceïfoient de fé produire , 8c il ne pa-roiftoit plus que de la lumière , lorfqu’on fe contehtoit de frotter légèrement doucement cette même fubftance, & en fe fervant toujours d’un morceau de drap.
- Si quelqu’un , ajoute-t-il, préfentoit le doigt à une petite diftance de l’ambre , on entendoic un plus grand craquement fuivi d’une plus grande lumière j & ce qui furprenoit beaucoup ce célèbre Obfervateur, c’eft que cette lumière frappoit le doigt qu’on lui préfentoit à une petite diftance , qu’elle le frappoit très-fenfiblement, & qu’elle caufoit outre cela l’impreflion d’un vent qui fe inanifeftoit par-tout où on préfentoit le doigt.
- Ce craquement, ajoute M. Wall, eft aufli fort que celui d’un chaudron fur le feu, Sc une feule preflîon produit cinq ou lïx craquemens, ou plus , fuivant la promptitude avec laquélle on place le doigt, dont chacun eft toujours accompagné de lumière. Maintenant, ajoùte-t-il encore , je ne doute pas qu’en fe fervant d’un morceau d’ambre plus long 8c plus gros, les craquemens & la lumière ne fuftent l’un & l’autre beaucoup plus grands, «S* ces phénomènes pa-
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- PhÉNOMIn£6 ÉLEfc'TR. rôïjfent' eh quelque façon reprêfenter le tonnerre,
- & Véclair» Voilà comme on voit la première idée, quoique mal développée, peu fuivie 8c. peu confirmée , de l’analogie qu’on a trouvée par la fuite entre la matière électrique 8c la matière du tonnerre.
- M. Hauxsbée ne pouffa pas fi loin fes préten- Travaux de tions fur la lumière électrique, 8c fur les éclatsU-Hauxsbee’ quelle produit par fon irruption. Ces phénomènes cependant ne furent ni moins beaux ni moins frappans entre fes mains. Il les décrit meme d’une manière à nous perfuader qu’il les vit avec toute l’intenfité qu’ils pou voient avoir j mais il. ne les regarda point comme des effets qui puiffent reprêfenter le tonnerre & les éclairs. Il crut feulement , comme M. Wail, que la lumière élec-. trique n’étoit qifune lumière phofphorique.
- Frappé d’un phénomène qu’il rangeoit dans la même claffe que cette lumière brillante, produite par le mercure , lorfqu’on l’agite dans un vaifleau vuide d’air, 8c fans imaginer encore que le vaiffëau de cryftal, dont on fe fert pour faire cette dernière expérience , contribuât en quelque chofe à fon fuccès, il imagina de vuider d’air un globe électrique , 8c de l’éleClrifer à la manière accoutumée. Il s’apperçut alors qu’en appliquant fa main fur ce globe, tandis qu’il étoic èn mouvement, ilparoiffbic une grande-inmière II z
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- lï£ DtS PR.EMIEH9
- en dedans, & qu’en y laiffant entrer l’air , la lumière paroiffoit à l’extérieur , avec des différences très-confidérables dans fes apparences. Elle s"attachoit en effet à Tes doigts & aux autres corps qu’on renoit auprès du globe. C’eft un effet affez conftant de l’éledricité, & nous l’obfervons toujours d’une manière plus ou moins fenfible ; mais fur-tout lorfque les circonftances du tems font favorables aux expériences électriques. Nous appercevons alors une lumière plus ou moins abondante qui paroît fortir d’eritre les couflinets, & qui quelquefois s’élance fpontanément à une sfffez grande diftance, & fe porte fur l’arbrè de la machine.
- Ce fut d’après ces fortes d’expériences faites avec un globe de cryftal, que M. Hùuxsbée commença à l’oupçonner que le verre devoit entrer pour quelque chofe dans ces phénomènes & dans les premiers qu’il avcit obfervés , lorfqu’il avoir fecoué du mercure dans un vaiflèau de cryftal vuide d’air. Il obferva encore qu’il fuffifoit de tenir, un vaiffeau de cryftal vuide d’air dans le voifinage d’un globe qu’il éledrifoit , pour ap-percevoir dans le premier , des éclats de lumière plus ou moins fenfibles. Mais nous parlerons plus particulièrement de ces fortes de phénomènes dans la quatrième SeCtion de cet Ouvrage , & nous abandonnerons ici M. Hauxsbèe. Ceux qui
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- Phénomènes é l e ct r.' wj feront curieux Je fuivre plus amplement les recherches intéreflàntes de ce célèbre Phyficien, pourront confulter l’Ouvrage qu’il publia dans le tems. Traduit d’abord en notre langue, il a été commenté enfuite par M. Defmarejl, 8c enrichi de , notes très-favantes & très-curieufes ; il efl intitulé : Expériences Phyjico-Méchaniques j fur différons fujets.
- Malgré toute la célébrité que M. Hauxsbée Travaux de avoit pu donner à l’éle&ricité, malgré l’intérêtM’ Gray" qu’il avoit répandu fur ces fortes de phénomènes, il paraît qu’on négligea un peu cette étude pendant l’efpace de près de vingt ans. Les chofes relièrent dans le même état pendant ce laps de tems, & il fallut tout le zèle de M. Gray, dont nous avons déjà fait mention, pour ranimer l’attention des Phyficiens. Nous ne parlerons point ici de toutes les découvertes précieufes que nous devons au génie induftrieux de ce favant Phyfi-cien. Nous avons déjà fait hommage à l’une des plus précieufes dont il ait enrichi cette matière, à la manière dont il convient de difpofer certains corps , de. les ifoler, pour les rendre propres à recevoir efficacement la vertu éledrique.
- Nous parlerons des autres £ mefure que les cir-confiances s’en préfenteront $ 8c nous ne nous occuperons aéluellement que de celles qui ont rapport à notre objet. Il vit , comme fes prédé-H 3
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- *iS Des *,*.* itifRs -celFeurs , la lumière électrique qui s’échappe dés corps éleéfcrifés. Il entendit, comme eux, le petit éclat avec lequel elle s’élance de ces corps pour fe porter fur d’autres non-éleétrifés : mais il pouffa plus loin fes recherches, & il trouva moyen de faire fortir ce feu , cette lumière , du fein même de l’eau.
- Il remplit une petite jatte d’eau jufqu’aü bord, & même plus , çe font fes propres exprelïions ÿ 8c préfentant au-deffus un tube éieétrifé , il vit s’élever d’abord une monticule d’eau d’une forme conique , du fommec de laquelle fôrjoit une lumière fort vifible, quand l’expérience fe faifoit dans une chambre obfcure. Cette lumière?, ajoute M. Gray -, étoit accompagnée d’un craquement prefque feinblable à celui qui fe fait quand on préfente le doigt au tube, non pas toutafaft fi éclatant, mais d’unfon;plusgrave ; après quoi', dit-il, cette montagne, fi on peut fe fervir dfe ce terme , retombe auffi-tôt dans la mafle d'eau-1, & lui donne un mouvement d’ondulation..
- Quand. M. Gray répéta cette expérience?; au grand jour , il apperçut qu’il s’élaneoif des particules d’eau du fommet de la monticule, & qu’il s’éleyoit quelquefois du haut du cône Un filep d’eau très-délié, d’où il for toit une vapeut fine, dont les particules étoient fi petites qu’oii ne pouvoir les voir, mais dont l’exiftence ç.tpif
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- PB«KOMi<.S iLSCTK. Il,
- ' eohftatéé pat l’humidité qu’on remarquoit vers le côté inférieur du tube.
- Ces phénomènes dévoient naturellement conduire ceux qui les. obfervoient, à s’affurer que l’éleétricité excitée dans un corps quelconque ., tend à fe porter dans un autre corps qu’oii lui préfente, fous la forme d’une lumière ou d’une étincelle qui s’en échappe avec bruit, avec éclat.
- Mais malgré toute l’intelligence que nous admirons dans les célèbres Phyliciens dont nous venons de faire mention, ils ne parvinrent point à cette connoiflance j elle étoit réfervée aux tra-•vaux de M. Dufay.
- Ce célèbre Phyficien fut le premier en France Travaux de qui s’occupa férieufement & d’une manière fuivie * y% des phénomènes éleétriques. Aidé dans fes recherches par l’abbé Nollet, dont la mémoire fera toujours précieufe à ceux qui cultiveront,la Phy* lique expérimentale , il poufla beaucoup plus loin que fes Prédéceflèurs les découvertes, en ce genre.
- Les travaux de ce grand homme feÆf.ouyent con? lignés dans huit favans Mémoires qu’il-publia fur cet objet, parmi ceux de l’Académie des Sciences depuis l’année 1733 jufqu’en 1737. Nc>us obfer-r verqns feulement ici qu’il fut le premier qui s’apperçut de l’étincelle qui s’échappe d’un corps, animé, lorfqu’il eft éleétrifé, & qu’on en apn H 4
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- *i*o Des premiers
- proche un autre corps fufceptible de s’éledrifer
- par voie .de communication.
- Il s’étoit fait fufpendre fur des cordons de 'foie , félon la méthode de M. Gray , que noiis avons indiquée précédemment s & il remarqua que dès qu’il étoit éledrifé, fi une autre personne s’approchoit de lui, & avançoit la main à un pouce ou environ de fon vifage, ou de toute autre partie de fon corps , il en for toit auffi-tôt des jets piquans , accompagnés d’un craquement. 11 ajoute que cette expérience caufoit à la perfonne qui approchoic la main de-lui, aufli bien qu’à lui-même , une petite douleur femblable à une pi-quure d’épingle, ou à la brûlure d’une étincelle de feu. Il obferve enfin, que dans l’obfcurité ces jets étoient autant d’étincelles de feu. L’abbé Nollet dit à ce fujet, dans le fixième volume de fes Leçons, qu’il n’oubliera jamais la furprife que caufa à M Dufay & à lui-même la première étincelle éledrique qui ait été tirée du corps humain éledrifé.
- Si ce phénomène parut furprenant la première fois qu’il fe fie obferver , quel eût donc été alors l’étonnement de ces célèbres Phyfioiens, fi au lieu d’un fimple tube dont ils fe fervoiënt , ils avoient eu à leur difpofition des appareils comme les nôtres, & qu’au lieu d’une foible étincelle
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- P H é
- nomIns
- S C T R.'
- qu’ils n’appërcevoientqu’avec peine, ils euflfenc vu une lame de feu fe porter avec éclat & dé-cripation à plufieurs pouces de diftance du corps éledrifé fur celui qu’on lui eût préfenté ? Or, c’eft ce que nous pouvons effeduer à l’aide de nos machines j & lorfque le tems eft favorable ! ces fortes d’expériences, je vois l’étincelle qui fort de mon condudeur, s’élancer avec bruit jufqu’a la diftance de huit pouces fur un corps que je lui préfente. On la tireroit également à la même diftance du corps humain , lorfqu’il eft ifolé & éledrifé , Ci une portion de la matière éledrique qu’on lui communique ne fe diflipoit dans l’at-mofphère , par les différens filamens qui fe trouvent fur la furface de fes habits , & par quantité d autres- endroits qu’il eft aifé de fe repréfenter lorfqu’on connoît quelles doivent être les qualités d’un condudeur * pour être propre à fe charger complètement d’éledricité. Quoiqu’il en foit, lorfqu’une perfonne eft autant bien ifolée , qu’il eft poflible quelle le foit , & qu’on l’éledrife avec un appareil tel que le mien, les, étincelles qu’on en tire fe portent encore jufqua. la diftance de plus de trois pouces. Leur éruption fe fait entendre manifeftement par un éclat allez fort, & l’impreffion qu’ellès font ! cette perfonne eft plus ou moins fenlible. Elle le deviendra doublement, ou mieux elle fe fera fentir a
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- t zz - D e s p r b h ï £ R s
- deux perfonnes en même tems, fi l’une d’elles «on-ifolée préfente fon doigt vers celui de la perfonne ifolée& éledrifée. Cette impreflk>n fera plus fenfible encote fi l’une & l’autre plient le doigt & fe préfentent mutuellement l’articulation d*une phalange. Il n eft aucune partie du corps de la perfonne éledrifée qui ne fournifïe de femblables étincelles , plus ou moins fortes. Tout ce qu’elle tient à la main, tout ce quelle porte fur elle, pourvu que ce fiaient des corps con-dudeurs, fe charge de 1 eledricité qu’elle leur tranfmet , & fournit de femblables étincelles; Mais lorfqu’on veut leur conferver toute l’énergie qu’elles peuvent avoir , il faut les exciter & les tirer du premier condudeur. On monte à cet effet, ôc par le moyen! d’une vis , une petite boule de métal de quinze à dix-huit lignes de diamètre à fon extrémité , & en préfentant au-* delà & à une diftance convenable- le dos de la main un peu pliée fur elle-même, on en voit partir defuperbe's étincelles , beaucoup plus fortes & beaucoup plus longues que celles qu’on pour-roit tirer d’une perfonne bien ifolée & bien élec-trifée.
- De h na- Avant M.Dufay , on avoir regardé la lumière ceiTe^éicUri- accompagne l’éruption de la matière élec-,ue* trique comme, une lumière fimplement phofpho-rique : mais M. Dufay crut quelle avoit plus
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- P H E N O M tV £ S i L E CTR. if-J d’intenfite, & que e’étoit un véritable feu. 11 n’imagina cependant aucune expérience qui pût confirmer cette idée , & depuis 1753 jufqu’en 1744, les chofes en reftèrent-là. Ce fut à cette inflamma-époque, & à la rentrée de l’Académie de Berlin , que M. Ludo/ff, Médecin des armées de Prufle, confirma l’idée de M. Dufay. Il parvint à en-, flammée le Phlogijlon de Frobetiius , par le moyeh d’une étincelle éleétrique. Il falloit fans contredit une liqueur aufli inflammable, pour que l’étincelle tirée d’un fimple tube pût produire cet effet : mais lorfqu’on fe fert d’une machine qui raffemble plus abondamment lé fluide éleéfcrique",
- & qui produit des étincelles plus énergiques, on •peut enflammer des liqueurs bien moins inflammables. Nous employons communément à cet effet de l’efprit de' vin : mais comme il contient toujours une certaine quantité de phlegme qui n’eft point inflammable , on eft afîèz communément obligé de le dîfpofer à l’inflammation par un certain degré de chaleur qu’on lui corm-munique avant l’expérience. A cet effet, on fait chaufferie vaiffeau dans lequel 011. veut le mettre, ou bn fe contente d’allumer la liqueur& de la laiflèr brûler pendant quelqnes momens, St on l’éteint pour faire l’expérience. On évite faci* lement cet embarras en mêlant à l’efprit- de-viii
- tion produite V' II l'éunculic l-ic.tti-HK.
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- peu de la lî-
- îx'24 Des premier
- quelques gbuttes d’éther , ou un queur anodine d’Hoffman.
- Le fuccès -de l’expérience dépend encore de la difpofition du vaifleau avec lequel on la fait. On peut fe fervir, & on s’eft fervi pendant long-tems d’une cuiller ordinaire , dans laquelle on mettoit l’efprit-de-vïn. Je fis faire& j’af décrit dans le fécond volume de ma Defcription d’un Cabinet de Phyjîque, une forme de vaifléau allez commode a tenir j mais voici l’inconvénient qu’on trouve ordinairement lorfqu’on emploie un vaif-feau de métal. L’étincelle fe porte fur le vaifleau par préférence à la liqueur , & celle-ci ne s’enflamme pas , à moins qu’on 11e remplifle abfolu-ment le vaifleau jufqu’aux bords. Pour remédier a cet inconvénient, voici de quelle manière je m’y prends a&uellement.
- Je fais percer à fon centre un petit évaporatoire de cryftal, ce qui forme une efpèce de godet peu profond. Je maftique à fon fond une plaque de métal courbée fur la concavité de ce fond. Au centre , 8c en-deflous de cette plaqueeft une petite queue de métal à vis, qui traverfe l’éva-poratoire, & par laquelle je monte le godet fur un pied de métal. La liqueur mifg dans ce vaif-feau fe trouve ifolée par fes parois, qui font de cryftal, Ôc l’étincelle eft obligée de la trar
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- P H IN O M î N S S i £ E C T R.' ttf verfer pour gagner' le fond du vaiffeau qui eft entièrement couvert de liqueur. Par ce moyen , le fuccès de l’expérience eft alluré. Une perfonne non-ifolée tient l’appareil à la main, & une autre ifolée & bien éledrifée préfente fon doigt perpendiculairement au - deffus de la liqueur. L’étincelle part, & l’efprit-dè-vin s’enflamme. On peut modifier de différentes manières cette expérience; On peut mettre le vaiffeau entre les mains de la perfonne éledrifée, & c’eft alors celle qui ne l’eft pas qui excite l’étincelle & qui allume la liqueur ; ou on peut fe contenter de préfenter le vaiffeau au-deffous d’une boule de métal pendante au condudeur, & c’eft même ma façon la plus ordinaire de faire cette expérience.
- Il étoit naturel qu’une découverte faite en Al- variété* lemagne s’y répandît plus promptement que dans SdephéS-, les pays étrangers. Auffi avant que nous en fuf- mènc5‘ fions inftruits, M. Winklcr, dont nous avons déjà fait plufieurs fois mention , avoit-il répété cette expérience, & avoit-il effayé de la rendre plus curieufe en étendant le pouvoir combuftible de la matière éledrique. Dès le mois de Mai fuivant , il avoir répété l’expérience de M. Lu-dolfft & avec une étincelle tirée de fon doigt, il étoit parvenu à allumer non-feulement de l'éther , mais encore de l’eau-de-vie de France, de l’efprit de corne de cerf j ôc d’autres efprits plus
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- faibles , en les chauffant auparavant. Il prétendit même qu’on pôuvoit allumer , de cette maniéré ,, de l’huile, de la poix, & de la cire d’Efpagne, pourvu qu’on fît chauffer ces fubftances auparavant , à un degré de chaleur qui approchât de l’inflammation.
- On ne fut point long-tems à vérifier dans les pays étrangers , des faits aufli curieux. L’abbé Nollet fut le premier en France qui s’en occupa 5. & au mois d’Avril 1745 > Ü lut * l’Académie un Mémoire dans lequel il rendit compte de plufieurs expériences , & entr’autres des inflammations qu’il avoit produites par des étincelles éle&riques. L’Angleterre s’occupoit également alors du même objet. Dès le 7 Mars 1745 , le Docteur Miles avoit lu à la Société Royale Un Mémoire dans lequel il affuroit avoir allumé du phofphore : mais M. atfon pouffa plus loin le merveilleux de cette expérience. Il parvint, à ce qu’il nous dit, à allumer des fubftances réfi-neufes, telles que le baume de copahu , de la térébenthine , & plufieurs autres qu’il faifoit chauffer, mais celles feulement dont les vapeurs étoient inflammables ; car il convient, qu’au dé* faut de cette dernière condition , l’expérience ne. réuflifloit point. Aufli remarque-t-il très-bien qu’il n’eft pas poflible d’allumer par ce procédé des huiles végétales , telles que l’huile d’olives, l’huile
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- P H É # ©MÈNES i f. E :C T R* tl7 d’amandes , &c. Il alluma jufqu’à de la poudre à canon j mais comme cette poudre s’échappe & Fuit le doigt qu’on lui préfente, M. Watfon imagina, pour s’oppofer à cette diflipation, de la broyer avec du camphre ou avec quelques gouttes de certaines huiles inflammables. On doit donc remarquer ici que l’inflammation de la poudre n’eft point due immédiatement à l’action de l’éleéfcricité. L’étincelle n’allume alors que le mucilage , ou mieux*l’huile inflammable , qui allume enfuite la poudre ; de forte qu’on ne peut point dire que dans l’expérience de M. Watfon on parvienne à allumer de la poudre à canon par le moyen de l’éle&ricité. Il étoit réfervé au Docteur Franklin de produire cet effet immédiatement, & dedifpofer la poudre de manière qu’elle ne pût éluder l’aétion de l’éle&ricité. Je n’ai pas. appris , dit-il, dans une lettre qu’il écrit à M.' Collin f on, datée du xj Juillet 1750, que vos Electriciens d’Europe aient encore réufli à enflammer de la poudre à canon par le feu électrique. Nous le faifons de cette manière. On remplit une petite cartouche de poudre fèche, que l’on bourre aflez fort pour en écrafer quelques grains. On y enfonce enfuite deux fils d’archal pointus, un à chaque bout , en forte que les deux pointes ne foient éloignées que d’un demi-pouce au milieu de la cartouche. Alors on place
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- *i* Des prhSiUs ^ cette cartouche dans le cercle ; & quand les quatre vafes fe déchargent, la flamme fautant de la pointe d’un fil d’archal à celle de l’autre dans la cartouche, au travers de là poudre, l’enflamme, & l’explofion de cette poudre fe fait au même inftant que le craquement de la décharge*
- Pour bien entendre l’expérience que le Dodeur Franklin décrit ici, il faudrait être au fait de la manière félon laquelle on charge & on décharge quatre vafes en même tems d’éledricité, & qu’on connoît plus communément fous le nom d’une batterie électrique , dont nous parlerons ailleurs. Mais comme cette expérience peut fe faire avec un feulvafe, pourvu qu’il foit fuffifamment grand, laiflant de côté la manière félon laquelle ce vafe fe charge de fluide éledrique, théorie que nous développerons dans la Sedion fui vante, nous nous bornerons à indiquer ici la manière de faire cette expérience , de façon que tout le monde foit en état de la répéter.
- Ayez un grand vafe de cryftal , revêtu intérieurement & extérieurement jufqu’à trais pouces près de fon ouverture , d’une feuille de métal. On prend *aflez communément, à cet effet, de ces feuilles d’étain dont on fe fert pour mettre les glaces au teint; on les applique fur levaifleau dont il eft ic\ queftion, & on les y retiènt par le moyen-chine fimple colle de farine, ayant foin
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- de n’en employer que la moindre quantité poffi-ble, & d’enlever même , lorfque la feuille eft appliquée, tout ce qui paroît être excédent; ce qui fe fait en preffant extérieurement cette feuille avec l’ongle , de façon qu’on ramène la colle fuperflue vers un des bords de cette feuille , pour l’enlever enfuite avec un linge.
- Ge vaiUèau ainlî garni, on lailfe pendre dedans une conduite métallique ,. qui communique avec l’un des grands condu&eurs , pour y tranfmettre l’éle&ricité. On enveloppe fa furface extérieure d’une chaîne de métal , & on difpofe cette chaîne de façon qu’elle vienne s’attacher- à l’un des fils de métal, qui entrent dans la cartouche. On attache une fécondé chaîne au fil de métal oppofé ; par ce moyen la cartouche fe trouve dans la pofition indiquée par M. Franklin : elle eft dans le cercle ; & lorfqu’on juge que le vaif-feau eft fuffifam ment éleétrifé, on en tire l’étincelle,, en approchant l’extrémité de la fécondé chaîne de la conduite qui pend dans le vaifTèaù, ou du conduéteur de la machine. On trouvera cet appareil plus amplement décrit & gravé dans le fécond Volume de ma Defcription d’un Cabinet de Phvjique 3 avec cette différence , qu’il y eft appliqué à une batterie éleéfcrique.
- Cependant pour ne rien laiffer à defirer à nos Leéteurs, & ne les pas obliger à avoir-recours I
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- j 50 Des premiers
- à un autre Ouvrage pour la conftruCtion de cet appareil , eu voici une defcription fuffifante pour on failîr la forme & la difpofition.
- Appareil A ( pl. 4., fîg- 4- ) repréfente le vaifleau de Tacryftal garni d’étain en dedans & en dehors. Qu’il UuJc-FMuit huit à neuf pouces de hauteur, & autant de diamètre , il fera fuffifant à l’effet qu’oft veut lui faire produire ici. B eft une tige de métal qui touche, par fon extrémité inférieure, au fond du vailfeau A, & qui eft fuppofée fufpendue à l’un des grands conducteurs. C D eft un chaflîs de bois établi fur une planchette affez large pour qu’il puifle fe tenir fur pied. Les deux montans de ce chaflîs font traverfés vers le milieu par des tiges de fer taraudées , ddy dd j pointues à leurs extrémités intérieures , & fe terminant en boutons aflfez gros à leurs autres extrémités pour qu’on puifle les faire tourner dans des écrous noyés dans l’épaiffeur des montans. Leurs pointes s’engagent dans les tètes des deux fils de fer e e, qui pénètrent dans la poudre de la cartouche E, & ces tètes.font percées d’un petit trou peu profond pour les recevoir. On voit en E, le petit efpace qui doit relier dans l’intérieure de. la cartouche entre les fils de fer e'e, & 011 preffe ces derniers en faifant avancer fuffifamment les tiges d d, d d ; mieux vaudrait encore que celles-ci fuffent conti. nuées jufque dans la cartouche, qu’on fuppri^
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- Phénomènes électr; i3i mât les fils ee. Mais on réuffit également en.fui-vant le. premier procédés Le bocal ou le vaiffean de verre eft entouré, vers le bas , dune chaîne abc y dont l’extrémité c traîne par terre, & l’autre extrémité a s’attache au bouton de l’une des tiges -d'd.
- Au bouton de l’autre tige d d, s’attache une fécondé chaîne. //j fuffifàmment longue pour que fon extrémité, à laquelle on a adapté une tige dé métal g, terminée par une boule, puiflfe atteindre;à la conduite B, lorfqu’ilen eft befoin.
- Ajoutons encore une nouvelle preuve du pouvoir combuftible de l’étincelle éle&rique. Allume? une bougie y &laiflez-la'brûler quelque tems pour que la mèche faflè ee qu’on appelle champignon, Eleékrifez fortement le premier conducteur de la machine éleétrique, 8c après avoir foufflé la lumière: ^ préfentez la mèche , encore fumante , â peu de diftance.de la boule du conduéteur , 8c tirez l’étincelle avec le doigt, de manière qu'elle ne puifle y arriver qu’en traverfantr la mèche; Alors la bougie fe rallumera.
- Allumer différentes fubftançes combuftibles 8c produire la détonnation dé la poudre à canon, ' font fans contredit des phénomènes qui deman- c dent plus d’aélivité de la part de la matière ignée,
- } qu elle n’en a dans une fimple lumière phofpho-rique. Aulfi les Phyficiens abandonnèrent-ils l’idée I 2
- V ifi
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- «Lia lumière.
- 4e M. Hauxsbéc pour s’attacher à celle de M. Dufay j & ils regardèrent la lumière électrique, comme une lumière véritablement ignée. Mais quel rapport , ou quelle analogie fe trouve entre la lumière électrique & celle d’uhe fubftance véritablement embrafée , ou la lumière même du foleil ? C’efi une queftion que l’abbé Noliet & Mujfenbroeck ont traité avec foin, & ce fera d’après ces célèbres Phyficiens que nous indiquerons à nos Ledeurs ce qu’on çonnoît dé plus fatisfaifant a cet égard. La matière éleCtrique, dit l’abbé Noliet dans fon EJfai fur VElectricité, éclaire , piqué & brûle , fonctions communes à celles du feu & de la lumière. Elle eft donc , fuivant lui, parfaitement analogue à la matière du feu, & à celle de ta lupiièrè j ce qu’il démontre par une fuite d’obfervations trop bien vues & trop bien expofées, pour n’en donner ici qu’une fîmple analyfe. Nous nous ferons donc un devoir, pouf là fatisfaCtion ds nos LeCteurs , de les'copier entière mène , & de laiflér parler ce célèbre Phyficien.
- x°. Le feu, dit-il, n’agit pas de lui-même 8c fins êtfe excité. Les corps qui en contiennent le plus , ou qüi ont; le plus de difpofition à fe prêter a fôn aCtioii, les huiles, les efprits & les vapeurs qu’on nomme inflammables, les phofphctes , ne S’embrafent pas d’eux-mêmes ; il faut que quelque caufe particulière développe ou excire le principe d’inflammation qui eft en eux, mais de tous les
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- JLJ H È.5N O M É N E S É L E C T R. l}f, moyens, propres à animer ce principe, il n’en eft point de plus efficace & de plus prompt que celui-là même qui fait naître primitivement lele&ri-cité. Les corps deviennent électriques de la même manière qu’on les rend chauds ÿ en les frottant, on fait l’un & l’autre. Ils peuvent être éleétrifés par communication, comme un corps peut être em-brafé par un autre qui l’a été avant lui : mais il faut toujours que celui dequi ils tiennent, cette vefftu ait été frotté , à-peu-près comme la flamme qui confume une bougie vient originairement d’une, étincelle que le frottement ou la colliflon a fait naître.
- a°. Quand onffrotte un corps pour l’échauffer, la chaleur , pour l’ordinaire , naît d’autant plus vîte, & devient d’autant plus grande que ce corps eft plus denfe, ou qne fes parties font plus élaf-tiques. Le plomb s’échauffe foiblement fous k lime ou fous le marteau $ mais le fer & l’acier y deviennent brûlans , parce qu’ils ont plus de reffort. On peut remarquer auffi que les corps capables de devenir électriques par frottement, acquièrent cet état d’autant plus vîte, & dans un degré d’autant plus éminent,,que leurs parties font plus roides & plus propres à une vive réaétion. La cire blanche de bougie , par exemple , qui ! devient un peu' éleétrique pendant le grand froid, ne l’eft point du tout quand on l’éprouve par. un I 3
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- 154 Des premiers tems ou dans un lieu chaud. La cire d’Efpagne le devient davantage en tout tems} mais elle ne l’eft jamais autant que le foutre & l’ambre , qui peuvent être frottés plus long-tems & plus fortement , fans que leurs parties s’amolliflent 8c per^ dent leur reffort. N’eft-ce point aufli pour cette dernière raifon que le verre frotté devient plus électrique qu’aucune autre matière connue ?
- 3°. L’aétion du feu femble s’étendre davantage ^ & avec plus de facilité , dans les métaux que dans toute atftre efpèce de corps folide. Si l’on tient par un bout une verge de fer , de cuivre , d’argent , &c. de médiocre longueur, 8c que l’autre extrémité touche au feu, la chaleur fe communique bientôt jufqu’à la main. On n’apperçoit pas la même chofe avec une règle de bois , un tuyau de pipe , un tube de verre, une plaque de marbre ou d’autre pierre. Je ne m’arrête point ici » ajoute l’abbé Nollet, à chercher la raifon de cette différence } mais j’obferve feulement que l’éleéfcri-cité, comme la chaleur , s’étend facilement dans lès métaux, 8c dans tout ce qui en contientcon-lîderablement. Si j’éleétrife, par exemple, une barre de métal, & en même-tems y avec, les mêmes foins , tel autre corps que ce foit, tant du règne végétal que du règne minéral, qui ne foit point métallique, jamaisje n’agperçois autant d’éleéfcricité dans celui-ci que dans l’autre.
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- Phénomènes i iec.tr; 13.J,
- 4°. Le feu qui n’éprouve point dobftacle, qui, cède au premier degré de mouvement qu’on: lui imprime j fie diflipe fans chaleur fenfible, & ne produit tout-au-plus que de la lumière : mais, quand fon effort effc retardé, & qu’il trouve de l’oppofition , il croît de plus en plus par la force qui continue de l’animer $ & s’il vient à rompre ce qui le retient , femblable à la bombe qui éclate, il s’arme , pour ainfi dire , des. parties de la matière qu’il a divifée. Il heurte avec violence les corps expofés à fon choc , & à travers. Jf lefquels il pafleroit librement & fans effort s’il r étoit feul ; ce que l’abbé Nollet démontre par plufieurs exemples que nous nous difpenferons» de rapporter. Or , en réfléchiflant fur ces phénomènes y ce célèbre Phyfîcien en trouve de fem— blables produits par leledricité. Il,cite en preuve, cette lumière vive , ces efpcces d’éclairs qui fe. font appercevoir dans un vaiffeau vuide d’air qu’on, éledrife. Cette éledricité intérieure,, dic--il, ne fe manifefte plus comme d’ordinaire pat des pétillemens, par des- éclats , des étincelles v apparemmentcontinue-t-il, parce que le vaiffeau purgé d’air ne contient plus qu’un feu élémentaire purgé & dégagé de toute fubftance étrangère. Ce fluide , au moindre mouvement quoi* lui communiques’enflamme, fans effort , mais.
- U
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- i$6 Des premiers
- aulïi fans autre effet que celui de luire dans
- robfcurité.
- 5°. La, matière du feu , faifant fonction de lumière , fe meut pour l’ordinaire plus librement dans un corps denfe que dans un milieu plus rare ; c’eft au moins une conféquence qu’on a cru devoir tirer des loix qu’on lui voit^fuivre communément dans fa réfraCtion. La matière électrique paroît affeCter aulïi de fe mouvoir plus long-tems, & le plus loin qu’il eft polïible dans le corps folide qui eft éleCtrifé, comme fi l’air environnant étoit pour elle un milieu moins perméable. Il en fort plus par les extrémirés 8c les angles faillans d’une barre de fer , que de partout ailleurs de cette même barre. C’eft à ces angles quelle fe manifefte davantage, comme il eft aifé d’en juger par les émanations lumi-neufes , &c.
- <5°. Le mouvement de la lumière fe rranfmet en un inftapt à une grande diftance , foît qu’elle vienne directement de fa fource , foit qu’on la. ré-fléchilîe , ou qu’on la réfraCte.... L’expérience nous démontre aulïi que l’éle&ricité parcourt en un clin-d’œil un efpace très-confidérable, pourvu qu’elle trouve des milieux propres à tranfmettre fon aCtion.
- 7°. Enfin , l’éleCtricité , comme le feu , n’a
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- Phénomènes é l e c t h. „7 Jamais plus de force que pendant les grands froids, lorfque l’air eft fec & fort denfe. Au contraire , pendant les grandes chaleurs, ou bien lorfqu’il fait un tems humide , il arrive rarement que ces fortes d’expériences réuffifïènt bien.
- L’humidité eft plus à craindre pour les corps qu’on veut éledrifer par frottement, que pour ceux auxquels ou veut feulement communiquer de l’éle&ricité. Une corde mouillée tranfmet fotc bien cette vertu, & l’eau même devient électrique j mais un tube de verre ne donne prefque aucun ligne d’éle&ricité , quand on le frotte avec un corps , ôü dans un air qui n’eft pas fec. C’eft en quoi j’apperçois une nouvelle analogie avec le feu : car l’embrafement, de même que l’électricité , ne naît point dans des matières qui font fort humides ) mais, s’il eft excité d’ailleurs, la chaleur, qui en eft l’effet, s’y communique aifément.
- D’après ces obfervations , l’abbé N&Ilet conclut qu’il paroît que la matière qui fait l’électricité eft la même chofe que celle du feu & de la lumière : Une matière , dit-il, qui brûle, qui éclairé, & quia toutes les propriétés communes avec celle qui embrafe les corps, & qui nous fait voir les objets , feroit-elle autre chofe que du feu, ou autre chofe que la lumière elle-hiêmè ?
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- i$8 D e s p r e id ie r?s -
- Il convient cependant qu’on ne peut pas dire que la matière électrique foit purement & Amplement l’élément du feu dépouillé de toute autre fubftance. L’odeur quelle fait fentir prouve le contraire. Ceux en effet qui font habitués à faire ces fortes d’expériences , & en général ceux qui y affilient dans des circonftances de tems qui leur font favorables, lorfque la machine fournit abondamment de l’éle&ricité', font tous à portée d’attefter qu’il fe répand à une diftance même allez éloignée une odeur alfez forte, qu’on caraétérife ordinairement fous le nom d’odeur d’ail, mais qui me paroît plus analogue à celle du phofphore, ou mieux à l’odeur que laide après elle la foudre dans les endroits où elle eft tombée.
- On peut ajouter, dit l’abbé Nollet, que quand cette matière s’enflamme, elle paroît fous différentes couleurs , tantôt d’un brillant éclatant , tantôt violette ou purpurine, félon la nature des corps d’où elle fort. > il pouvoit ajouter encore, & félon la conftitution de l’air dans lequel elle s’excite j ce qui fe trouve confirmé par une fuite curieufe d’expériences faites par le DoCleur Priejlley 8c par l’abbé Fontana , dans différentes efpèces d’air fixe. Il eft donc très-probable, dit l’abbé Nollet, que la matière électrique , la même au fond que celle du feu élémentaire ou de. la lu-
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- Phénomènes è l e c t h.' i}9
- mière T eft unie à certaines parties du corps électrifiant , ou du corps éle&rifé, ou même du milieu par ‘lequel elle a pafle.
- On ne peut certainement difconvenir que les Difparités obfervations que nous venons de rapporter ne foient très juftes, très-exa&es , & très-dignes du .ptfcÉ" célèbre Phylîcien qui les a faites \ mais , approfondies davantage, il eût trouvé des difparités aufli fenfibies que les analogies quil a -indiquées entre la matière du feu & celle de l’éleéfcricité.
- Ces difparités nont point échappé à la fagacité du célèbre Mufjenbroeck, dont nous rapporterons également les obfervations, qu’on trouve confi-gnées dans le premier Volume de fon cours de Phyfique expérimentale.
- > Ce fluide , dit-il, en parlant de la matière éleéfrique > ne doit point être confondu avec le feu ordinaire que tout le monde connôît.
- i°. Parce que le feu ne pénètre que très-len-temeilt la fubftance des métaux, des pierres & des. autres corps denfes , tandis que la matière éleéfrique pénètre' en moins d’une fécondé un fil de métal de deux mille deux cent foixante-feize toifes de longueur , fuivaht l’obfervation de Winkler , Sc qu’elle pénètre aufli aifément tous les autres corps an-éleclriques.
- . a°4 Le feu ordinaire ne s’échappe que très-lentement des corps dont il s’eft emparé $ & il
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- 140 -Des premiers faut même plufieurs heures avant qu’il fe foit diffipé d’une grande mafle métallique, qui. en auroit èiér, pour ainfi dire, abreuvée : au contraire , la matière éledrique abandonne fur le champ les plus grandes maiTes de matière non idiô-éleiïrique. -
- 3°. Quelque peu abondant qu’il foit, le feu a la propriété d’échauffer les corps qu’il touche, tandis que le feu éledrique rie fait éprouver aucun fentiment de chaleur par fon contad , & il n’échauffe point même les corps qu’il pénètre abondamment. Un fil de fer étant plongé dans, la liqueur d’un thermomètre, quelque tems qu’on Soutienne leledrifation de cette liqueur, quel-qu abondante que foit la dofe d’éledncité dont elle foit imprégnée , on ne s’appercevra d’aucun degré de chaleur dans cette liqueur : elle n’éprouvera aucune raréfadion, & fi ce thermomètre eft bien fait, il fuivra la marche d’un autre thermomètre placé à côté de lui. Mais fi une fimple éledcifation, un fimple courant de matière élec* trique ne produit aucun degré fenfible de chaleur dans lescondudeurs qu’il parcourt, il paroîtqu’il n’en eft pas de même d’une charge d’éledricité très-abondante qu’on déterminerait à paffeC bruf-quement par un cofidudeur d’un très-petit volume. Parfaitement analogue à la foudre ou à la matière du tonnerre, comme nous le démontrerons
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- Phénomènes é t e c t r. 141 plus bas j elle affeCte comme la foudre les conducteurs qu’elle traverfe , lorfqu’ils ne font pas fuffifans pour la conduire , & elle raréfie mani-feftement l’air à travers lequel elle fait explofion.
- Lorfque nous parlerons des effets de l’éleCtricité' de l’atmofphère & des conduites qu’on peut fe procurer pour l’amener paifiblement dans l’intérieur de notre globe ou dans le réfervoir commun , nous ferons obferver de ces effets qui ne laifTent aucun doute fur le degré de chaleur que la matière éleétriqüe procure par fon paffage à travers de trop petits conducteurs. Mais nous nous bornerons ici à un fait plus décifif dans les circonftances actuelles, & qui démontre parfaitement , comme nous le difîons dans l’inftanr, que l’éleCtricité accumulée en grande dofe raréfie manifeftement la maffe d’air qu’on lui fait tra-verfer. Voici à cet effet un infiniment on ne peut plus ingénieux , imaginé par M. Kinnerjley, & dont il donne lui-même la defcription à M.
- Franklin fon ami , dans une lettre qu’il lui écrivit le 11 Mars 1761.
- A B ( P/. 5 , fig. 1 ) eft un tube de verre d’en- Thermo-viron onze pouces de longueur , & d’un pouce ou^ae. clec" à-peu-près de diamètre, il eft cimenté de haut & de bas dans une virole de cuivre, qui fe monte de part & d’autre dans une autre virole, de façon que l’iix 11e puilfe pénétrer par ces en-
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- 1 E R S
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- droits. Il y a au centre de la virollè D une vis qui entre dans un écrou de cuivre , logé dans le pied Ë. Les fils d’archal F & G fervent "de condudeurs au fluide éledrique qui s’élance de l’un à l’autre. Le fil G defcend à travers le-pied >. & vient en H , où il fb termine fous la formé d’un anneau. Ce fil doit être mobile , s’élever & s’abaiffer dans l’intérieur du tube. M. Kinnerfiey le taraude pour cet effet : mais j’imagine qu’il conviendroit mieux de le faire pafferà travers une boëte remplie de colliers:de cuirs grasi K eft un tube de verre d’un petit calibre ouvert par fes deux bouts, cimenté dans le tube de cuivre L, qui fe vifle fur le fommet C du grand tube. Le bout inférieur du tube K eft plongé dans de l’eau colorée avec de la cochenille, renfermée dans le fond du tube A B. Au fommet du .tube K eft cimentée une virole de cuivre avec une tête qui y eft viffée , & qui porte une petite boëte à air fur le côté a. Le fil d’archal b , eft un petit anneau rond qui embraffe le fil K. Il fait reffort, & il peut s'arrêter où l’on veut fur la longueur de ce tube. On foufïle de l’air par le tube K dans le tube A B, & on en foufïle fuffifamment pour qu’il puiffe faire monter une colonne de liqueur dans le tube K jufqu’en c ou environ ; on marqué alors la hauteur à laquelle cette colonne de liqueur eft élevée, & le thermomètre eft tout prêt.
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- 'PB*.»»!»., incr, .45. Or voici les obfervations que fit IM. Kinnerjley avec un infiniment de cette efpèce.
- Je plaçai, dit-il, ce thermomètre fur un guéridon éledrique avec la chaîne N attachée au premier condudeur , & je le gardai bien éleo trifé pendant un tems confidérable ; mais il n’en réfulta aucun effet fenfible $ ce qui prouve que le feu éledriquelorfqu’il eft dans un état de repos, n’a pas plus de chaleur que l’air on que toute autre matière dans laquelle il réfide.
- Lorfque les fils d’archal F & G font rapprochés jufqu’au point de fe toucher, fi on fait paffer par leur canal une forte dofe d eledricité, elle ne produit aucune raréfadion dans l’air renfermé dans le tube A B ; ce qui prouve que les fils d’archal ne font point échauffés par le feu ëledri-que qui paflè à travers.
- ..Lorfque ces fils font écartés d’environ deux pouces , la charge d’une bouteille de trois pintes, en s!élançant de l’un à l’autre , raréfie l’air très-manifeftement j ce qui montre à mon avis, dit M. ^Kinnerjley, que le feu éledrique peut, par fon mouvement rapide , produire de la chaleur en'lui-même aufli-bien que dans l’air.
- La charge, continuer t-il, d’une de mes jarres de verre, contenant environ cinq gallons & demi ( chaque gallon contient environ quatre pintes ) , en s’élançant d’un fil d’archal à l’autre, peut,
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- *44 Des premiers par la commotion qu’elle donne à l’air qu’ellê repoufie fuivant toutes les directions, élever la colonne dans le tube K jufqu’en d ou environ. Les parties de l’air fe rapprochant enfuite, la colonne s’afFaitfe auffi-tôt par fa pefanteur , juf-qu à ce qu’elle foit en équilibre avec l’air raréfié j après quoi elle defcend par degrés à mefure que l’air fe refroidit, & elle s’arrête à la même hauteur qu’auparavant.
- 11 réfulte de ces obfervations, que fi le feu électrique peut produire quelque chaleur fenfible , cet effet ne peut avoir lieu que lorfque cette matière fe trouve confidérablement accumulée , 8c non lorfqu’elie circule abondamment dans les corps qu’on foumet à fon aétion.
- L’obfervation de Alujfenbroeck n’en eft donc pas moins confiante, puifqu’elle ne concerne que la matière éle&rique qui s’accumule fur un con-dacteur,qu’on éledrife qu’aucune expérience n’a pu faire obferver jnfqu’à préfent le moindre degré de chaleur en pareilles circonftances. C’eft avec le même fondement que ce célèbre Phyficien ajoute que fi nous plongeons la main dans l’at-mofphère d’un tube éle&rifé , nous fentons les écoulemens de la matière électrique qui nous font éprouver la même fenfation que nous éprouverions fi nous pallions la main fur une toile d’a* raignée j mais nous n’éprouvons aucun degré da chaleur
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- l it é t t: t4f pâleur. Il n?en arrivera pas ainlî, continue-t-il, fî nous paflforis la main devant des charbons ar-dens, ou que nous l’expofioiis âu contad des rajrons folaires. Nous n'éprouverons point la fen-fanion de la toile d'araignée dont nous venons de parlér * mais nous fendrons une chaleur plus ou moins forte» Dou il fuit que la matière éledrr? que diffère en cela du feu ordinaire & du feu du foleil.
- ' 40. Lâ matière du feü s’échappant des corps qui en font fortement imprégnés , entre indil* tindement & pénètre tous les corps qui font dans le voifinage de ceux quelle abandonne , & elle Les échauffe. La matière éledrique ne pé-hêtre point indifféremment tous les corps $ elle ne pénètre point ceux que nous appelons idiof électf'tquis ) ott aü moins elle lié les pénètre que jùfqü’à un certain point. Nous pâflerons ici fouâ fîlence quelques obfervations qui ne nous ont point paru affez exades pour mériter d’être rap-» portées, & nous nous bornerons aü* trois fui-vantes que Mujfenbroeck nous fournir encore.
- 5°* Le feü > ainfî1 que l’éledricité * peuvent être excités par un frottement rapide i mais quoiqu’un métal, pat exemple , s’échauffe fous les coups redoublés du marteau qui le forge, il ne donne cependant aucun ligne d’éledricité.
- 6°. La flamme produite parle feu ordinaire £
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- 5* attache par fa bafe à l’aliment qui la fournit y elle le confomme & elle fe termine en pointe, Mais il n’en eft point ainfi de la matière électrique-; les aigrettes lumineufes qu’elle forme font adhérentes par la pointe ^ux corps qui les produifent. Elles deviennent divergentes ; elles s en éloignent par de grandes furfaces , fans rien emporter ou confommer du corps auquel elles, adhèrent.
- 7°. Les corps huileux & réfineux fervent d’aliment au feu ordinaire ; il les divife, il les dé-çompofe, & il les pénètre aifément : au contraire , la matière éleétrique éprouve une très-grande ré-fiftance pour fe jeter dans les corps de cette ef-pèce, & elle ne les pénètre que très-difficilement.
- Veut-on ajouter à ces difparités celles qu’on peut facilement obferver entre la matière électrique Sc celle du feu folaire ? le même Phyficien nous en fournit une fuite que nous croyons devoir ajouter aux précédentes.
- 19. La lumière du foleil fe propage en lignes droites.-La matière électrique forme des jets dont les rayons font divergens. Ils parcourent la fur-face d’une lentille avec un mouvement ondulatoire, & ils s’élancent dans un efpace vuidefous la forme de ferpencins, -tandis que les rayons dp
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- H*et k 147 ïbleil confervenc toujours dans de tels espaces là direction de leurs tnouvemens»
- i°. Nous pouvons fléchir les rayons éle&riques & leur faire parcourir des lignes courbes ; mais nous ne pouvons imprimer de femblables mou-vemens aux rayons de la lumière»
- j*. Si on raflemble quelques rayons du foleil,' Bc qu’on les dirige vers un foyer commun , en les faifanc palier à travers une lentille , & fi on en réfléchir aufli quelques-uns , en les faifant tomber fur la furface d’un miroir concave» mais de manière que les deux foyers concourent an même point, ces rayons étant diflipés en fen» contraire , on n’entend aucun bruilfement, aucun éclat » ce qui ne manque cependant pas d'arriver , lorfqu’une aigrette électrique rencontre en fens contraire une autre aigrette de même matière.
- 4°. La lumière du foleil ne pénètre point à travers les corps opaques ; mais gliflanr fur leurs futfaces , elle les échauffe fènliblement. L’électricité , au contraire, pénètre facilement tous les corps, s'ils ne font point idio-éleclriques.
- 5°. La lumière du foleil tombant fur un Corps,' ne répand aucune odeur autour d’elle ; elle n’en répand pas même Iorfqu’elle eft accumulée & raflemblée À l’aide d’un miroir ardent fur un corps inodore. La matière éleftrique , au contraire , en K a
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- 148 Des premiers
- répand une très-forte, comme nous l’avons déjà
- obfervé précédemment.
- : 6°. Les rayons du foleil reçus dans la bouche » n’affeéfcent nullement l’organe du goût : l’éleéfcri-eité, au contraire, l’affeéte à la manière d’un acide.
- Toutes ces difparités fônt, fans doute, fuffi-fantes & allez folidement établies pour ne pas nous étendre davantage fur cet objet, & pour nous convaincre que fi la matière éleékrique eft un véritable feu , comme on n’en peut douter d’après les expériences indiquées ci-defius , ce feu ne doit point être confondu avec le feu ordinaire, ni avec le feu folaire , le même cependant, quant à fon efïence 5 il en diffère par des modifications particulières , que nous ne connoifïons point encore aflTez, & fur lefquelles il refte une multitude de recherches à faire , ôc toutes dignes de l’attention du Phyficien»-
- Ce feu,. que nous né connoifïons qu’imparfai-éUarTques"65 tement encore , nous préfente nombre de phénomènes plus curieux les uns que les autres , parmi lefquels nous nous arrêterons à cbnfidérer de quelle manière il s’échappe fpontanément des corps qui en font furabondamment chargés.
- Or, l’expérience nous apprend que dans ces circonftances on voit.aux extrémités de ces corps, & en différens endroits de leurs furfaces, des
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- jets de matière lumineufe, qui prennent la forme d’un cône plus ou moins alongé , cette matière étant compofée d’une multitude de rayons diver-gens, qui partent & qui s’élancent d’un ou de plufieurs points du corps éleétrifé. M. Gray fut le premier qui s’apperçut de ce phénomène. Ayant appris que M. Dufay avoit découvert que l’étincelle éleétrique &le craquement qui l’accompagne étoient fortement, excités lorfqu’on préfentoit .un mocceau de métal à la perfonne. ifolée & éle&ri-fée',. il imagina que la perfonne & le métal changeant de place, les effets feraient encore les mêmes.. En conféquence , il- fufpendit différens corps métalliques fur des cordons de foie, de il éprôuva que ces corps fourniffoiént des étincelles lorfqu’on en approchoit la main, Sc ce fut l'origine des premiers conducteurs : mais ayant répété ces expériences dans l’obfcurité, M.. Gray vit avec la plus grande furprife la matière électrique s’en échapper fpontanément fous la forme que nous avons indiquée ci-deflus. Il obferva de plus que cette lumière étoit.toujours accompagnée d’un petit bruiffemenr qu’on entendoit affez diftinCte-ment en, prêtant attentivement l'oreille , & il donna à ces fortes d’émanations lumineufes le nom. d'aigrettes électriques , qui indique parfaitement la, forme fous laquelle elles fe fonc obferv.er».
- K i àtüA
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- Elles fe manifeftoient plus facilement & plus fréquemment anciennement , lorfque moins instruits de la forme la plus exaéfce qu’il convient de donner aux condu&eürs , on fe. fer voir, comme M. Gray l’avoir fait, de barres de fer quatrées & ifolées. Pour peu, en effet, que Péleéfcricité fût alors abondante , on voyoit des aigrettes qui s’é-chappoient brufquement des angles folides de <es fortes de condu&eurs. On en vit de fembla-bles enfuite fur différens points de la longueur des condu&eurs de fer blanc , quon fuftitua au» barres de fer, comme plus légers , plus faciles 4 manier, moins propres à caufer quelque dommage au globe. U en, fbrtoic par cette multitude d’afpérités dont leurs foudures écoienç ordinairement hériflees. Or , ces aigrettes étant une diffi-pation continuelle de la matière éle&rique qu’on avoir intérêt d’accumuler & de confèrver fur les conducteurs , on apprit à la longue. ^ & à force de réfléchir fur la meilleure manière de les conf-truire , qu’il étoit très-important , comme nous lavons obfervé précédemment en traitant des condu&eurs , de fupprimer ces angles & ces af-pérités. De-là loriginedes conduâeurs de cuivre, terminés par des boules bien lifîes «5c. bien polies dans toute l’étendue de leur furface. Be-li h foppreffion des chaînes & de tout autre corps de mçmç efpèce , pour communiquer l’cleéfcflcité
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- pHlSéMÎmi i £ B C T K. 15 t d’un condu&eut à l’autre , ou d’on eondiï&ôur à tout autre corps qu’on veut éleâtrifer pa-r voie de communication. De-là l’invention de ces tiges de métal j faites en forme d’S romaines , dont nous avons fait mention à l’article qui1 traite des conducteurs.
- L’hiftoire des aigrettes électriques devint on- Bi ginairement fameufe par là béatification ékUri• Jj“ que que M. Bo^e publia dans an rems ou on ne connoilîbit point encore allez ces fortes de phéno* mènes, pour fe défier de la petite fupereherie que ce célèbre Phyficien prit apparemment plaifir dé faire à fes Confrères. Il ne s’agifToit rien moins , d’après fa relation , que de rendre Ja tête d’un homme toute brillante d’une lumière parfaitement femblàble à ces auréoles dont leS Peintres entourent communément la tête des Saints. M. de Lor\ancien Démonftrateur dePhy-fique en l’Umverfité , grand amateur des nouveautés de ce-genre vs’émprefTà de répéter cette expérience, & s’y prit infrudueufement de toutes les manières imaginables pour_la faire réuflir. Il fe feroit épargné bien des peines s’il avoit fu que le fuccès dépendoir d’une efpèce de coure nue dè métal hériffée de pointes un peu moulTes, mife fur la tête de celui qii’on vouloit béatifier. Or ', on. cônçoit facilement que la matière éledrique s’échappant fous la forme de pinceaux lumineux K K
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- de toutes les parties Xaillantes d’un condu&eut cicdriie jl doit s’en , échapper de femblables de toutes les pointes moulTes qui fe trouvent éleéfcri-fées j & conféquemment la tète d’un homme fera illuftrée d’une lumière de cette nature , fi elle eft entourée d’une couronne ou d’un cerceau hériflç de pointes de cette efpèce : nous difons de pointes moufles, car fi çes pointes étoient trop aiguës, au lieu d’une aigrette on, n’appercevroit plus qu’un point lumineux au boiit de chacune de ces pointes, ce qu’on, démontre facilement par le procédé fuivant*
- Ifolez , fur un fupport de verre X, ( 5 ,
- Jîg. 1. ) une tige de métal A B très-aiguë, ,& recouverte d’une tige creufe & moufle C D. Communiquez a la première la vertu éleélrique , en établiflant une communication entre celle-ci & les çonduéteurs de la machine. Si l’expérience fe fait dans l’obfçurité , yous verrez une aigrette, s’échapper de. la pointe moufle C , former un pinceau lumineux, dont vous pourrez augmenter la longueur en approchant à quelque diftance au-deflus un corps étranger* La paume de la main, par exemple, eft on ne peut plus propre à cet effet. Otez alors la tige CD, il ne reftera plus que la tige A B, que nous fuppofons très-aiguë en A ; vous n’obferverez plus alors qu'un fimple point lumineux en cçt endroit. U eft donc conf-
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- tant que Ja pointe doit être un peu moufle pour que l'aigrette fe manifefte fenfiblement.
- Quoique dans l’expérience précédente on ob- obferva,IolB ferve une aflez belle aigrette à l’extrémité de la ‘poinreî* pointe C, ce phénomène changeroit de forme , £" 4
- & on n’obferveroit plus qu’un point lumineux à l’extrémité de cette même pointe, fi au lieu d’être éleCtrifée par le conducteur, ou mieux fi au lieu de faire partie du conducteur, & de donner iflue à la matière éleCtrique qui y aborde par fa bafe, elle étoit détachée du conducteur , & quelle donnât entrée à cette matière.
- Tenez en effet la pointe C D à la main , & Les aigrette plongez-la feulement dans la fphère d’aCtivité du ^ pSfîu! conducteur éleCtrifé j vous n’appercevrez plus alors ion eieX’che-fur le fommet de cette pointe qu’un point lumi-rgj neux. On peut conclure de-là, & c’eft aCtuelle- 4leJqp*™ ment un fait reconnu de la plus faine partie des Phyficiens } qu’une même- pointe moufle peut donner à volonté une aigrette ou un point lumk-neux. Elle donne une aigrette, lorfqu’étant élec-trifée par fa bafe, elle fait fonction d’un conducteur , & quelle laifle échapper par fa pointe le fluide électrique dont elle' eft pénétrée. Elle ne préfente plus qu’un point lumineux, fi le feu électrique du conducteur, ou de tout autre corps éleCtrifé , la pénètre par fa pointe , & tend à s’échapper par fa bafe. Ce fait bien confirmé 8c
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- 154 Des pSemÎIrî bien détaillé dans un excellent Mémoire de M. U Roy 9 imprimé parmi ceux de l’Académie des Sciences, mérite toute l’attention du Phyiicien par la multitude d’applications importantes auxquelles il fe prête.
- 'Autre ob- Le feu éleéfctique, qui fe manifefte en forme te points lu-d'aigrette à l’extrémité des corps pointus, eft une *HMUX* diffipation réelle de la matière électrique, qui fait effort pour s’échapper , & qui s’échappe effectivement par ces endroits. On prouve cette diflî* pation par l’effet quelle produit fur la main qu’on en approche. On fent alors la même impreffiort que feroit un vent frais & doux , qui foufïlè-roit contre la main. Il en eft de même du point lumineux qu’on obferve à l’extrémité d’une pointe aiguë qu’on éleétrife par fa bafe. Ce point eft pareillement une diffipation de la matière éleéfcrr-que : c’eft, fi on peut s’exprimer ainfi , l’origine d’une aigrette, dont la bafe eft trop petite pour qu’elle s’épanouiffe d’une manière fenfibîe. On en Juge également par la même impreffion que ce point fait fut la main qui s’en approche.
- On en juge encore par l’odeur que 1 aigrette & ce point répandent autour d’eux, lorfqüe la matière électrique eft fuffifammenc abondante.
- Il n’en eft pas de même du point lumineux qu’on obferve à l’extrémité d’une pointe très-aiguë , plongée dans la fphère d’a&ivité d’iîh coa-
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- PHiwoMiNïs iuciit! Iff Pudeur éleéfcrifé. On ne fent aucune impreflîon de quelque côté qu’on l’approche j parce que la matière éle&rique , au lieu de fe diffiper & de fe jeter dans l’atmofphère, & de tendre à s’épanouir » à fe développer, fe concentre » au contraire * vers la pointe , lî on peut s’exprimer ainfi , pour fe porter dans le corps pointu plongé dans l’atmofphère du conducteur. 11 eft donc des points lumineux qui décèlent la diffipa-tion de la fortie de la matière éleétriqué, & d’autres qui annoncent l’entrée de cette même matière dans certains corps. Ce font des obferva-tions que le Phyficien doit faire avec attention , & dont il peut, tirer le plus grand parti.
- Veut-on confirmer par quelques expérience que certains points lumineux, ceux qui paroiffenc a l’extrémité du corps pointu , éleétrifé par fa bafe , annoncent une diflipation réelle de la matière éleârique ? nombre d’expériences que nous avons indiqués dans le fécond Volume de notre Ouvrage , intitulé Description & ufage d'un Cabinet de Phyjique expérimentale , le démontrent inconteftablement. Nous en choifirons quelques-unes qu’on pourra multiplier facilement.
- Montez à vis. fur l’extrémité du premier con-duéleur , une tige de cuivre, dont la pointe très-aigue* loir en acier. Etablirez fur cette pointe, comme fur un pivot, une autre tige percée d’un
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- jfé Des îïemiu» >
- petit trou peu profond fur le milieu de fa lotir gueur. Que les extrémités de cette, dernière foient coudées à angle droit en fens contraire , & terminées en pointe. Si vous faites l’expérience dans une obfcuritéaflTez.parfaite, vous obferverez au moment où,.vous éleâriferez.ie. conduéteur , un point lumineux à. chacune des extrémités de cette tige * & ,elle tournera fi rapidement fur elle-même, que ces deux points formeront un cercle lumineux..
- La rotation de cette tige eft une preuve inr conteftable de l’éruption de la matière éledrique & de l’effort qu’elle fait pour fe porter au-dehors.
- Il eft facile de rendre cette expérience plus agréable en multipliant le nombre des tiges tournantes, de on peut les multiplier de différentes manières. On peut,, comme nous l’avons indiqué dans l’Ouvrage que nous venons de citer > en montée plufieurs autour d’une feule châfFe femblable a. celle d’une aiguille de bouffole y & dans, ce cas l’extrémité de chaque tige doit être coudée il angle droit & dans le même fens, & fe terminer également en pointe. On. a alors le fpe&acle de plufieurs points lumineux , qui décrivent pareillement un cercle. L’effet en fera plus agréable encore, 8c on verra une pyramide lumineufe fe mouvoir fur fon axe, fi on monte plufieurs châffes, femblables les unes au-deffus des autres.,,& qu’on.
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- pHÉWOMêsis âtitit lj?; tttàche , autour de chacune , des tiges de différentes longueurs , les plus longues à la châlfe inférieure , & allant en diminuant de longueur jufqu’à là châlTe fupérieure qu’on furmonte d’une petite tige verticale très-coutte, qui fait la pointe de la pyramide lumineufe. On ne doit cependant fe fervir de cet appareil que lorfque le tems eft favorable à ces fortes d’expériences, & lorfque la machine eft aflez forte pour fournir une a(Tez grande quantité de matière éleétrique ; car on imagine bien qu’il s’en diffipe beaucoup par cette multitude de pointes.
- Cette expérience, qui nous prouve que l’effort que la matière éleétrique fait pour fe difliper par les extrémités de ces fortes de condu&eurs, fuffit pour les faire tourner circulairement fur eux-mêmes , a donné naiffance à une multitude d’applications plus ingénieufes les unes que les autres : ces applications font autant d’expériences agréables pour les Amateurs, & dans le détail defquelles nous ne defcendrons point, parce qu’elles font faciles à imaginer.
- En voici deux cependant qui méritent de trouver ici leur place. La première pourroit en im-pofer en faveur de l’idée de M. Gray , que nous avons expofée ci-defTus. C’eft une efpèce de planétaire très-fimple , & qui paroît rendre allez
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- „! Des
- bien les mouremens de la terre autour du foltil j & celui de la lune autour de la terre, planétaire Imaginez une boule de cuivre crettfe, de trois *kâniue’ £ quatre pouces de diamètre, pofée fur un pivot ifolé par dne colonne de cryftal fur laquelle il eft folidement maftiqué. Cette boule doit être tronquée vers fa portion inférieure , de façon quelle préfente une ouverture de quinze à dix-huit lignes ; elle repréfente le foleil.
- On foude, ou on monte à vis au pied du pivot une efpèce d’anfe ou un anneau pour y adapter une conduite qui le fade communiquer avec le conducteur de la machine éleCtrique.
- De l’un des points de la circonférence de l’ouverture pratiquée à la boule , parc une tige de huit à dix pouces de longueur, & recourbée à fon extrémité oppofée, de manière qu’elle préfente verticalement une pointe fort aiguë., qui forme un pivot.
- A l’endroit de cette courbure, on monte à vis Une pointe de métal très-courte, qui fait un angle droit, ou à-peu-près, avec le fécond pivot dont nous venons de parler.
- Sur celui-ci, on pofe l’appareil qui repréfente la terre & la lune. C’eft un petit anneau de laiton , d’un pouce ou environ de diamètre, auquel on foude un demi anneau de même matière *
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- P H élf O M à N fi S £ t E Ç ï &; tyj qui forme une anfe au premier, fur le plan duquel il eft établi perpendiculairement.
- On ménage au milieu de la courbure de cette anfe un petit trou borgne , qui tient lieu d’une chappe pour la pofer fur le pivot.
- De deux points diamétralement oppofés de l’anneau, partent deux petits rayons ve&eurs de métal, de deux à trois pouces de longueur , & recourbés de bas en haut, vers leurs extrémités, fur lefquelleson fixe deux petites boules d’ivoire, l’une repréfentant la terre, 8c l’autre la lune» Celle qui répréfente la terre doit être un peu plus grofie , & on compenfe fon excès de pefan-teur en donnant un peu plus de longueur & de grofleur au rayon ve&eur de la plus petite, de façon que l’anfe qui porte le tout foit en équilibre fur fon pivor.
- On monte pareillement, 8c à angles droits; deux petites pointes de métal très-courtes., à l’endroit de la courbure des deux rayons vecteurs , & on les difpofe en fens contraire, l’une à droige , l’autre à gauche de l’appareil.
- Il eft inutile d’ajouter que la grofie boule étant chargée d’un poids étranger, du poids du grand rayon veéfceur, 8c des corps qu’il porte, il faut avoir foin de le lefter de plomb en dedans, à la partie oppofée à ce poids, pour quelle foie en équilibre fur fon pivot»
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- La feule defcription de cet appareil fait àffèï preiïèntir l’effet qu’il doit produire. On conçoit qu’au moment ou il eft éleétrifé * la matière éle&rique qui s’échappe abondamment par la pointe fixée au bout du long rayon veéteur, fait tourner toute la machine fur le pivot principal j d’où réfulte le mouvement du foleil fur fort axe , qui entraîne le mouvement annuel de la terre & de la lune autour du foleil.
- Les pointes fixées aux extrémités des deux petits rayons veéteurs, occafionnent pareillement un mouvement de rotation fur le fécond pivot* Le demi anneau ou l’anfe de l’anneau tourne donc fur lui-même , & produit d’un côté le mouvement diurne de la ferre, 8c celui de la lune autour de la terre , à laquelle elle fert de fa-tellite.
- Ce fyftême de Corps fe balançant en même tems fur le pivot qui le porte , on remarque un troifième mouvement , qui repréfente celui de titubation, qu’on attribue à la terre, & Voilà l’idée de M. Gray juftifiée par l’expérience, qui ne peut cependant en impofer à celui qui con-noîtla conftruction de la machine, & qui voit les pointes motrices qui la mettent en mouvement*
- L’expérience fuivante n’eft pas moins curieufe que la précédente, & c’eft tout ce qu’on peut dire de ces fortes d’expétiences.
- Fixés
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- Phénomènes électr. \61
- Fixez aux extrémités d’une planche de trois Mouvement pieds ou environ de longueur , & de trois à °tc
- quatre pouces de largeur, deux pilliers de cryftal, la
- l’un de cinq à fix pouces plus long que l’autre,
- Ôc furmoncés l’un & l’autre d’une virolle de métal, portant chacune une boule dç mêmemar tière, & d’un pouce de diamètre ou environ.
- Soudez à l’une de ces boules une petite tra-verfe de métal de deux pouces ou environ de longueur. Fixez-en une femblable à une queue de métal qui porte une vis fur toute fa longueur.
- Cette queue doit s’adapter & palier à travers la boule du pillier oppolé, qui doit être percée de tout fon diamètre , & taraudée pour recevoir cette vis.
- Attachez fixement deux cordes de métal , telles que deux cordes de clavelîin aux quatre extrémités des traverfes dont nous venons de parler, & à l’aide de la vis que l’une de ces traverfes porte fur fa queue , vous tendrez convenablement ces cordes parallèlement entre elles ,
- & de façon qu’elles formeront un plan incliné.
- Voulez-vous faire ufage de cet appareil ? faites communiquer l’une des traverfes de métal avec leconduéteur de la machine électrique, & mettez celle-ci en mouvement. Les deux cordes de métal feront éleétcifées. Pofez alors vers la partie inférieure du plan incliné qu’elles préfentent, un L
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- i <£ z Des premiers
- petit cylindre de métal très-mince , bien arrondi à fes extrémités , & qui excède d’un pouce au moins de part & d’autre les cordes , ou la largeur du plan incliné. Que ce cylindre porte fur le milieu de fa longueur une efpèce d’S romaine très-mince> faite d’un morceau de laiton ap-plati, & fixée au cylindre qui la traverfe félon fon plan , & vous obferverez le phénomène fui-vanr.
- L’éle&ricité communiquée à l’S romaine, fè diflipera par fes extrémités, & cette diflipatiori lui imprimera un mouvement de rotation trèsr rapide , qui la portera avec fon cylindre vers le haut du plan incliné , contre la direction de la pefanteur qui fait continuellement effort pour la ramener vers la partie inférieure de ce plan.
- En général tout corps qui fera muni d’une ou de plufieurs pointes propres à donner iffue à la matière éle&rique qu’on lui communiquera , tournera plus ou moins facilement fur lui-même , chaque fois qu’il fera difpofé de manière à pouvoir fe prêter à ce mouvement, fur-tout s’il eft placé fur un pivot, comme la plupart des tiges 4e métal, dont nous avons parlé précédemment.
- On conçoit d’après ce principe, univerfellement reçu en éledricité, qu’en attachant de petites figures peintes aux extrémités de ces fortes de pointes, on peut facilement imiter une courfe
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- Phénomènes électr. i 6$ de chevaux , un jeu de bague , une danfe en rond, &c. Toujours faut-il obferver que le poids; des corps qu’on veut faire mouvoir circulaire-menr , ne foie point-affez confidérable pour que le frottement qu’il fait éprouver fur le pivot ne furpafïe pas l’effort que peut faire la matière éle&rique , pour mouvoir l’appareil. Cet effort cependant eft en état de vaincre un poids affez confidérable , comme je l’ai démontré; par le mouvement d’une tige de métal de huit pouces de long , chargée d’une boule de meme matière à chacune de' fes extrémités. C’eft une expérience affez agréable que j’ai décrite dans l’Ouvrage cité ci-deffus , fous le nom d’artillerie électrique. Veut-on s’en former une idée ? la voici.
- Sur une bafe folide de métal, qu’on peut caler par des vis qui la traverfent à fes angles, s’élève un pilier de cryftal furmonté d’une pointe d’acier formant un pivot, fur lequel on pofe la tige de métal dont nous venons de parler. On tranf-met l’éledfcricité à cette tige qui fe trouve ifolée , par une conduite métallique qui tient au con-du&eur de la machine , & qui vient horizontalement embraffer le pivot. Pour exciter plus puiffamment la difïipation de la matière éleétri^ que , & conféquemment faire tourner plus facilement la tige ifolée , je difpofe autour d’elle L 2
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- i<?4 Des premiers
- plufiejirs tiges de métal verticalès qui fe terminent par de petites boules de même métal , & qui fe trouvent dans le même plan que la tige: mobile horizontale. Ces tiges étant flexibles, je les difpofe de manière que les boules qui les furmontent foient éloignées de cinq, fix & quelquefois huit lignes de celles qui terminent la tige mobile afin quelles en puiflent exciter &c tirer l’étincelle à leur paflage. Cela fait, j’élec-ttife le conduéfceur. L’éleélricité fe tranfmet à la tige horizontale, ôc la fait tourner circulaire-îneut fur fon pivot. Or, fes extrémités venant à rencontrer dans leurs circulations les boules verticales , elles s’y déchargent par autant d’étincelles , qui fe fuccèdent aflez rapidement , ce qui forme conféquemment une petite artillerie éleélrique.
- B Pour terminer ce qui concerne . la diflipation
- Ie*de la matière éleéhique par fes conducteurs , nous infifterons encore un moment- fur les aigrettes , & nous obferverons que fi elles naiflent. & fe font obferver fpontanément aux parties anguleufes de ces conducteurs , on les rend encore plus belles, & on les oblige à fe mani-fefter îorfqu’elies ne paroiflent point fpontanément , en approchant un corps étranger des endroits par lefquels elles peuvent s’élancer. Ainfi en fafpendanc d’un conducteur à un autre ttne
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- Phénomènes électr. i£$ grofîe chaîne dé tourne-broche , de manière qu’elle forme un ^rc. dans fon trajet » on voit des aigrettes qui s’échappent de différens anneaux de cette chaîne , & on les rend plus belles & plus longues en paflant le dos de la main à une certaine diftance au-deflous de cetre chaîne. Si la multiplicité des aigrettes qui fe font voir en même rems empêche qu’elles ne.foient très-longues , on les aura autant longues qu’il fera pof-fible à l’anneau du*~ conducteur. Quoique très-gros , la matière éleCtrique accumulée dans le conducteur, fe diflipe quelquefois fpontané-ment, par cet anneau : mais on l’excite toujours alTez puilTamment pour la faire diflîper fous forme d’aigrettes , lorfqu’on lui préfente le dos de la main à une diftance convenable.
- Sans entrer dans aucune explication fur la théorie de la bouteille de Leyde , qu'il fuffife de favoir ici qu’il n’y a point de moyen plus avantageux & plus propre à faire naître de très-belles aigrettes, que, de préfenter la furface extérieure d’une bouteille de cette efpèce„à l’anneau du conducteur. J’en ai produit , par ce moyen , qui avoient plus d’un pied de longueur. Mais la manière de faire cette expérience exige une attention que voici.
- La bouteille étant chargée d’éleClricité félon la méthode ordinaire , il faut la pofer fur un L î
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- 166 Des premiers
- ifoloir , pour la prendre par fon crochet , pat le fil de métal qui la pénètre & qui fert de condudeur à la matière éledrique qu’ok lui communique. C’eft en la tenant ainfi par le crochet, qu’on préfente convenablement fa furface extérieure à l’anneau du condudeur ou à une petite boule qu’on ajoute & qu’on vifle fur la grofle qui le termine.
- projer de Cette diflîpation fpontanée de la matière élec-pomtrique , lorfqu’un condudeur en eft furabondam-i>Z ment chargé , doit nous faire concevoir facile-îeancue. ment l’inutilité de la tentative que fit anciennement M. Watfon pour augmenter les effets de l’éledricité , & rendre fon condudeur plus puif-famment éledrique. »
- Cet ingénieux Phyficien avoit imaginé de faire tourner plufieurs globes en meme tems, efpérant que chacun fourniflant au condudeur une dofe particulière d’éledricité , celui-ci en recevroit davantage , & s’éledriferoit plus fortement. Cette idée étoit afTez naturelle dans un tems où on ne favoit point encore qu’un corps donné ne peut recevoir, ou au moins retenir qu’une quantité déterminée de fluide éledrique. Aufli M. ITcufon fut-il furpris de s’appercevoir que fon conducteur ne s’éledrifoit pas davantage \ que les étincelles qu’il en droit n’étoient ni plus énergiques ni plus longues lorfqù’il l’éledrifoit par le moyen
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- Phénomènes é l e c t‘r. 167 de placeurs globes, & que les effets n’étoient point différens de ceux qu’il en obtenoit lorsqu'il ne fe fervoit que d’un Seul globe. Il ob-ferva cependant une différence affez remarquable dans ce procédé. Son condudeur étoit plutôt chargé d’éledricité , ou nveux, il avoit plutôt acquis tout ce qu’il pouvoit contenir d’éledricité , lorfqu’il faifoit mouvoir plufieurs globes en même tems , que lorfqu’il n’en faifoit mouvoir qu’un Seul ; & c’eft effedivement le Seul avantage qu’on puiffe obtenir de la multiplicité des globes ou des glaces dans nos machines nouvelles , avantage qui n’eft point à négliger lorfqu’il s’agit d’éledrifer des Surfaces extrêmement étendues', comme lorfqu’il s’agit de charger d’éledricité de très-grandes batteries , dont nous parlerons ailleurs. Mais toujours eft-il confiant que ce moyen n’ajoute rien à l’intenfité de la vertu éledrique d’un condudeur donné , parce que tout corps quelconque n’eft fufceptibîe que d’un certain degré d’éledricité. Eft-il parvenu à acquérir toute la quantité qu’il peut contenir, c’eft en vain qu’on continue de l’éledriferj la nouvelle dofe qu’on tend à lui communiquer fe diffipe dans l’atmofphère , malgré toutes les précautions qu’on ait pu prendre pour s’oppofer à cette diffipation. On peut donc bien accélérer la diftribution du fluide éledrique fur un con-L 4
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- Des
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- du&eur , mais on ne peut l’ën chaîner au-delà de fa .capacité. Ainfi , lorfqu’on veut trartfmettre à un corps & lui faire retenir toute la dofe dele&ricité dont il eft fufcepti-ble ; tout 1 art confifte à donner à ce corps la forme la plus convenable pour qu’il foit un excellent condu&eur, ( voye\ tArticle troijîème de cette Section).
- cîcconf- Quelques précautions qu’on prenne , il eft vorablos^aux rare > POUE ne PaS dire P^us > qü’lM COrpS pÜlflè lcdtidtli e recevoir & cohferver toute la quantité d’éle&ri-cité dont il eft fufceptible. Pour peu qu’on foit habitué à faire des expériences de ce genre , on fait qu’il eft nombre de circonftances qui influent malgré nous , fur les effets de la vertu éle&rique, & qui s’oppofent plus ou moins à leur intenfité. La conftitution de l’atmofphère, la tranfpiration animale, les exhalaifons pulmonaires qui s’échappent des afliftans , la préfence des lumières , & quantité d’autres caufes que iious ne pouvons expofer ici, concourent à enlever une portion de 1 ele&ricité qu’on s’efforce de tranfmettre au conducteur. Dans un'tems où nos connoiffances en ce genre étoient encore tiès-bornées, Boyle avoit dfjà obfervé que la conftitution de l’atmofphère influoit fenfiblement fur les effets de lele&ricité. Gilbert l’avoit ob-fervé avant lui, car il affùre qu’un air humide,
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- P H é N O M 1 K s s i LBC T R. 16$ oü un vent dé fud, anéantit prefque la vertu éleCtriqüe. Il avoit même remarqué que cet effet avoit également lieu par toute efpèce d’humidité quelconque , même par celle qui eft occafipnnée par la refpiration des afliftans.
- Ou fait, & perfonne n’ignore actuellement, que toute vapeur aqueufe eft on ne peut plus fufceptible de recevoir la vertu éleCtriqüe par voie de communication. On fait également que ce fluide eft un des meilleurs conducteurs de l’éleCtricité. C’eft celui que la nature. emploie communément pour difperfer & rétablir l’équilibre entre les corps qui en font furabondam-ment chargés , & ceux qui en contiennent moins, comme nous aurons occafton de le faire obfer-ver par la fuite. ,De-là on conçoit que celle qui règne habituellement dans-l’atmofphère, doit né-ceflairement influer fur l’état d ele&ricité des conducteurs , & quelle doit y influer d’autant plus , qu’elle fe trouve plus abondamment répandue dans l’atmofphère. L’humidité -en effet qui règne dans la couche d’air qui les enveloppe, doit néceffàirement leur dérober une portion de leur fluide éleCtriqüe , & la tranfmettre à l’humidité de la couche d’air immédiatement coir-fécutive j & de proche en proche , de couches en couches, cette électricité eft reportée & retourne dans le réfervoir commun , ce qui s’ac-
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- Moyens d remédier
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- corde parfaitement âvec cette tendance naturelle que nous obfervons dans le fluide éleCtrique , pour fe mettre en équilibre , & fe diftribuer uniformément dans tous les corps environnans. le De-là le véritable moyen de remédier, autant t qu’il eft poflible , à cet obftacle , c’eft, fans contredit , de diffiper l'humidité qui s’attache aux conducteurs , & plus particulièrement encore aux corps fur lçfquels ils font ifolés $ c’eft de prendre les mêmes précautions pour le globe ou pour la glace. L’électricité qui y aborde par le frottement feroit fans cela diflipée en grande partie avant d’arriver au conduiteur. Aufli voyons-jiotis habituellement que dans les tems d’humidité îorfque les effets de l’électricité font peu fenfibles, on parvient à ranimer leur énergie , en approchant de l’appareil des réchauds de feu, & en efluyant fur-tout les glaces, le conducteur & les piliers de cryftal qui l’ifolent, avec des linges chauds. Nous diflîpons par ce moyen une grande partie de l’humidité furabondante , Sc nous empêchons qu’elle n’abforbe l’éleCtricité, Sc quelle ne la tranfmette au réfervoir commun.
- Quelque précaution néanmoins qu?on prenne, l’air atmofphérique qui enveloppe le corps de l’appareil, contient toujours , même dans les tems de la plus grande fécherefle , une certaine quantité de parties aqueufes qui abforbent une
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- Phénomènes èztc T r. 17 i quantité plus ou moins notable de fluide électrique , & dépouillent progreflïvement le con-dudeur de fon éledricité. Aufli voyons-nous habituellement qu’un corps chargé d’éledricité , quelque bien difpofé qu’il foit à retenir cette vertu, s’en trouve néanirfoins dépouillé en peu de tems , lorfqu’il refte plongé dans Pair atmosphérique.- Cette vérité fe trouve confirmée par une ^bfervation du célèbre Boy le , qui nous apprend qu’il avoit confervé pendant long-tems des corps éledrifés , en les renfermant fous, des vaifleaux de verre, pofition qui ne permet point à Pair ambiant de tranfporter aufli facilement le fluide éledrique qu’il peut leur enlever. Aufli éprouve-t-on tous les jours qu’un corps conferve bien plus long-tems que dans toute autre cir-conftance , la vertu éledrique qu’on lui a communiquée , lorfqu’on le place , immédiatement après , fous un récipient vuide d’air.
- D’après des faits aufli notoires , il eft naturel ^,Conciufîon de conclure que tout ce qui pourra concourir à i’obferv*tion rendre plus humide la maflè d’air dans laquelle on voudra tenter des expériences éledriques , doit néceflairement influer fur ces fortes d’expériences , & affoiblir plus ou moins les effets de l’éledricité. De-là un concours de perfonnes qui tranfpirent & qui répandent une humidité fura-bondante dans la malle d’air «qu’elles refpirent,
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- doit nécéfTairement affoiblir l’intenfité de ces effets. C’eft ce que fai toujours remarqué conf-tamment dans mes Cours particuliers j & c’eft ce que favois obfervé «plus fenfîblement encore, lorfqué, chargé des expériences de rUniverfité•; je raffemblois dans mon Cabinet une plus grande multitude de Spe&ateurs. J’étois quelquefois obligé, pour ranimer les effets de l’électricité qui languiffoient fingulièrement, défaire ouvrir les fenêtres & la porte pour renouveler l’air, quoiqu’il fût quelquefois fort humide au-dehors. J’obferve ce fait avec attention , parce qu’il eft manifeftement contraire à un autre que l’abbé N ollct rapporte dans fon Ejfai fur l’Electricité , non que j’aie defle.n de contredire ce célèbre Phyficien , mais pour engager mes Leéleurs à faire de nouvelles obfervations à cet égard , & à fe convaincre par eux-mêmes de la vérité de'l’un ou de l’autre.
- ** Quand jële&rife , dit l’abbé Nollet, avec » un globe, par un tems favorable , quelque » nqmbreufe que foit la compagnie , Tcle&ri-» cité bien loin de s’affaiblir, n’en devient que » plus forte, fi on en juge par les aigrettes 8c » par les étincelles qui fortent, ou de là barre ” de fer, ou d’une perfonne éle&rifée. Jamais » ces effets ne font auffi beaux qu’en préfence » d’une nombreuf* alïèmblée.
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- »> Ce faiçeft fi confiant, dit-il plus bas, que # quand je veux animer davantage les émana-« fions lumineufes, ou exciter celles dont la » lumière s’affoiblit, je fais approcher du monde , » & cet expédient me réuflît »
- En tenant toujours à notre opinion , puisqu'elle nous paroît confirmée par une multitude d’obfervatipns que nous avons faites avec le plus grand foin ,.~qn conçoit que la chaleur de l’at-mofphère doit influer aulfi fur les effets de l’é-le&ricité. Elle élève une. plus grande quantité de vapeurs , & ces vapeurs font autant de conducteurs qui dérobent .le fluide électrique aux corps que nous éle&rifons. Audi remarque-t-on constamment , & l’abbé Nollet en convient lui-même , que ces expériences réuffiffent mieux pendant l’hiver, dans un tems de forte gelée, que pendant l’été»
- : Nous ne dirons rien des autres émanations donc latmofphère , qui enveloppe l’appareil électrique , peut être chargée. Nous obferverons feulement que fi ces émanations font an-électriques> fi elles font fufçeptibles d’être éie&rifées par voie de communication , il eft à préfumer qu’elles doivent encore nuire à l’intenfité des effets de l’éle&ricicé, puifqu’il paroît quelles fe chargent çn partie de celle qu’on aura communiquée au condu&eur. Mais fi elles font idMleciriques *
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- elles doivent concourir à retenir dans lé con-dudeur le fluide éledrique qui y fera accumulé. En générai cependant, abftradion faite de l’humidité , on ne s’apperçoit pas fenfiblement que toute autre émanation flottante dans l’atmofphère influe fur l’intenfité des phénomènes éledriques : mais pour convenir , comme nous le devons, des difficultés qui fe préfentent1 ici , nous ne pouvons affigner exadement les circonftances at-, mofphériques qui influent le plus conftamment fur l’éledricité. Ceux qui fe font le plus appliqués à cet objet, conviennent de bonne foi de-leur incertitude a cet égard. Voici comment l’abbé Nollet s’en explique dans Us Recherches fur VElcctricïté.
- Depuis long-tems , dit-il, on fait1 que le fuccès des expériences éledriques dépend beaucoup du tems qu’il fait lorfqu’on opère. MM.; Gray & Dufay l’ont obfervé plufieurs fois , 6c ce qu’ils nous ont appris à cet égard a été contredit par peu de perfonnes. Mais quoique l’on convienne aflez généralement que le beau tems vaut mieux que tout autre pour éledrifer , on ne fait point encore d’une manière bien 'décidée à laquelle des circonftances qui font le beau tems , l’on doit attribuer principalement le bon fuccès de ces expériences. J’ai vu , continue-t-il, bien des fois l’électricité réuflîr plus que médio-
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- Phénomènes électr.' 175 cremenc lorfquil pleuvoir avec abondance 5 dans d’autres tems elle m’a prefque manqué , quoique l’air fût d’une férénité parfaite , & je fais que la même chofe eft arrivée, à bien d’autres.
- Cette obfervatioii de l’abbé Nolleti confirmée encore par le témoignage de plufieurs célèbres Phyfîciens , & notamment par Mujfen-broeck, ne contredit en rien ce que nous avons avancé précédemment , touchant l’influence de l’humidité fur les effets de Téle&ricité. Il peut pleuvoir abondamment fans qu’il règne pour cela beaucoup d’humidité dans l’air , & fur-tout dans celui des appartemens. Il faut fouvent que la pluie ait perfcvéré plufieurs jours, pour que l’air en devienne manifeftement humide j & réciproquement il règne fouvent beaucoup d’humidité dans l’atmofphère , fans qu’il furvienne de pluie. Cette obfervation n’a pas échappé à notre célèbre Phyficien , lorfquil ajoute plus bas : J’ai prefque toujours trouvé i’éledricité foi-ble, lorfque j’en ai fait des expériences dans un tems pluvieux & doux, le baromètre étant a fa moyenne hauteur ou au-deffous, & le vent étant au fud ou aux environs. Je dis prefque toujours, car je n’ai vu que trois ou quatre fois le contraire fur environ cent foixante obferva-tions dont j’ai tenu compte ; & je diftingue du tems que j’appelle pluvieux, & qui dure quel-
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- qnes jours, celui pendant lequel il, tombe des pluies paflagères, fur-tout fi le vent vient des environs de l’eft ou du nord , ou qu’il ait été tel quelque tems avant l’opération.
- On voit par les observations que nous venons d’indiquer, qu’il refte encore beaucoup d’incertitude fur la conftitution de l’air relativement à l’influence qu’il peut avoir fur i’intenfité des phénomènes éleâriques ; & fi on eft perfuadé que l’humidité qui y règne quelquefois s’oppofe à la production de ces fortes de phénomènes, ç’eft préciféroent parce que l’eau & toutes les parties aqueufes en général font d’excellens conducteurs de leleCtricité. C’eft pour cette raifon que lorfqu’il s’agit d’éleCtrifer puiflamment une corde à laquelle on veut faire conduire l’éleÇtri-cité à une certaine diftance , il faut avoir foin de la rendre humide, en la frottant avec une éponge mouillée.
- a Si nous ne pouvons décider quelle influence rpeuvent avoir, fur les phénomènes électriques, là plupart des émanations qui fe trouvent répandues dans l’atmofphère , il paroît que la matière de la lumière.y influe d’une manière particulière ; & cette obfervation n’a point échappé à quantité de célèbres EleCtrifans , dont les fentimens fe trouvent néanmoins partagés à cet égard.
- Les uns prétendent quela flamme d’une bougie ou
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- P H iXo uhit ilECXR. 177 ou de tout autre corps embrafé détruit l’électricité des corps éleétrifés ; quelques-uns vont même jufqu’à aflurer que la préfence d’une lumière empêche d’exciter & de produire l’électricité dans un corps frotté-D’autres foutiennent l’opinion contraire : quelques-uns , enfin , regardent bien la flamme comme un des obfta-cles qu’on puifTe oppofer à l’éleétricité des corps , mais ils aflitrent en même tems que cet obftacle n’eil pas toujours invincible. Que penfer de cette diverfité d’opinions entre les plus grands Maîtres, fur-tout lorfqu’ils s’appuient les uns & les autres fur des expériences ? que fouvent l’expérience nous trompe lorfqu’on la confulte avec une certaine préoccupation, & qu’on ne peut être trop eh garde contre fon propre fentimenr.
- M. Dufay avoit avancé anciennement qu’on ne pouvoir éleétrifer la flamme^ M. Dutour aflura enfuite dans une lettre qu’ii écrivit en 1745 à l’abbé Nollèty que la flamme d’une bougie dé-truifoit l’éleéfcricité excitée dans un conducteur. M. Needham vint à l’appui de cette ppinion. M. Wait•{ aflura la même chofe dans le feptième Chapitre de fa Differtation, qui fut couronnée à l’Académie de Berlin ; & l’abbé Nollet confirma encore cette idée par fes expériences particulières.
- L’expérience la plus fimple , dit-il dans fes
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- Recherches fur VElectricité, & peut-être la plus décifive pour prouver que la flamme détruit l’é-le&ricité, c’eft d’en approcher un tube de verre nouvellement frotté, ou queiqu’autre corps élec-u trifé par communication. Une chandelle , une bougie, ou une lampe allumée , fuffit pour cette ^épreuve. Je ne me fouviens pas , ajoute-t il, -de l’avoir jamais faite , que je n’aie éteint ou affoibli confidérablement la vertu électrique ; & cet effet commence à fe faire fentir à une diftance allez confidérable , comme de douze ou quinze pouces * & quelquefois plus , quoiqu’il n’y ait que la flamme d’une feule bougie.
- Ce fait bien confia té , continue t-il, me mit 'en état d’en expliquer un autre qui m’embar-raffoit depuis long-tems. Lorfque je ne me 1er-, vois encore que d’un tube de verre pour faire voir les phénomènes électriques, je réufliflbis aflez mal aux lumières ; ce mauvais fuccès fembloit m’être réfervé, fur-tout pour les occafions ou je defirois davantage d’en avoir un bon j & ce qui achevoit de me démonter , c’eft que le plus fouvent ce tube , que j’avois frotté à force, & que je favois très-éle&rique entre mes mains, & en l’approchant de mon vifage, ne faifoit que des effets médiocres quand je venois à m’en fer-vir fur la table où étoit le refte de l’appareil, & autour de laquelle la compagnie étoit arran-
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- gée. J’en fais maintenant la raifon ; elle fe pré-fente d’elle même : c’eft que fur cette table il y avoir des bougies allumées , & il y en avoit davantage quand le nombre ou la dignité des per-fonnes le requérait >, & naturellement je m’en éloignois pour frotter le tube avec plus de commodité.
- Pour confirmer cette idée , l’abbé Nollet rapporte les expériences que voici : Je me fuis placé, dit-il , au milieu d’un cercle d’environ huit pieds de diamètre, formé par trente bougies allumées. J y frottai un tube de verre long-rems 8c avec violence : il ne devint que foiblement éleflri-que , 8c le peu de vertu qu’il avoit fe diffipa en peu de tems. 11 s’éleétrifa beaucoup mieux lorf-que les bougies furent éteintes, & fon éteari-cité dura davantage.
- Eu falloit-il plus que l’autorité de ces célèbres Phyliciens 8c les expériences qu’ils citent en faveur de leur opinion, pour faire regarder la flamme comme un corps non - feulement incapable de conrraéter la vertu éleétrique, mais encore comme un être propre à s’oppofer jufqu’à un certain point à la production de cette vertu dans le corps frotté j 8c à la détruire dans celui qui en feroit doué ?
- L'abbé Nollet cependant n’embrafle pas rigou-reufement cette opinion , & voici de quelle ma-! M a
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- nière il s’explique. Fondé, dit-il > fur des expériences (Impies, & que je regarde comme déci-fives,, je perfidie à croire que la flamme eft véritablement un obftacle à l’éleétricité j mais retenu * par d’autres faits qui ne paroiflent pas moins certains, je dois ajouter que cet obftacle n’eft, pas toujours invincible, & qu’il y a des circonf-tances où la caufe qu’il combat eft tellement fupérieure à lui, qu’il n’en altère pas fenfiblô-ment les ‘effets.
- En examinant de plus près les phénomènes rapportés ci-deffus, & en pouffant plus loin fes: recherches fur les effets de la flamme relativement à l’éle&ricité , on parvient facilement à concilier ces difficultés, & on voit en quel fens on doit prendre l’obftacle que la flamme oppofe à l’éle&ricité.
- Si on parvient à démontrer que la flamme de tôut corps embrafé quelconque, eft fufceptible de contracter la vertu électrique par voie de communication, toutes les difficultés difparoiflènt. On verra en effet alors , que cette flamme fe détachant continuellement du corps embrafé pour fe porter dans l’atmofphère , entraîne & emporte avec elle le fluide électrique qu’elle dérobe continuellement au corps éleCtrifé , dans l’atmof-phère duquel elle fe trouve plongée ; & on éclaircira encore facilement par là les doutes que
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- P H ÉrN O M È NE S~ É tlCT R. I $1 l’abbé Nollec fait paraître, lorfqu’il dit que fondé fur des faits qui ne paroiflent pas moins certains , Pobftacle que la flamme oppofe à l’électricité n’eft pas toujours invincible*
- En fuppofant, en effet, ce que nous démontrerons dans l’inftant, que la flamme s’éledrife par voie de communication , on voit auffi-tôt qu’elle doit fe charger de l’éledricité du corps élec-trifé j & comme elle fe diflipe & fe renouvelle continuellement, elle doit l’épuifer facilement d’éledricité, s’il en eft Amplement muni d’une quantité donnée. Si on continue à éledrifer ce corps, le fluide éledrique ne s’y accumulera que difficilement & en très-petite quantité , puifque la flamme en entraînera une partie à proportion qu’on l’excitera , à moins que cette vertu ne foit excitée en aflez grande., dofe , pour en fournir abondamment au corps él^drifé, malgré la diffipa-tion qu’il en fait j & c’eft le cas dans lequel l’abbé Nollet trouve qu’il y a des circonftances où la flamme n’altère pas fenfiblement la vertu éledrique. Or , il eft facile de démontrer que la flamme s’éledrife par communication , 6c même que c’eft un des meilleurs condudeurs qu’on puiffe employer pour tranfmettre J’élec-tricité. Je ne prendrai pour preuve de cette vérité qu’une expérience de M. Wait%, rapportée même par l’abbé Nollet 9 ôc à laquelle ce célèbre M <
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- Phyficien n’a , fans doute, pas fait toute Inattention qu'elle méritoit.
- Pofez, dit M. Waïtfut deux pains de réfine , une règle de bois , ou une planche quLaic ,, environ fix pieds de longueur. Placez aux deux extrémités de cette rçgle deux bougies allumées de dans leurs flambeaux. Sufpendez à des cordons de foie deux verges de fer de trois à quatre pieds de longueur , & que l’un des bouts de chaque verge foit élevé de fept à huit pouces au-deffus de la bougie çorrefpondante. filedrifez enfuite l’une des verges que vous ferez communiquer avec le conducteur de la machine électrique , 8c vous obferverez que l’extrémité op-pofée de l’autre verge fera pareillement éledri-fée, malgré la diftance qui les fépare. L’éleCtri-eité excitée dans la première verge paflè donc à la fécondé, & elle n’y pafie que par l’intermède des deux lumières qui fe chargent & qui transportent au loin le fluide éledrique, 8c en diftri-buent une partie à la fécondé barre ifolée. En veut-on la preuve la moins équivoque ? il fuffit d’éteindre les deux bougies , 8c de laifler les choies dans le meme état où elles étaient précédemment, ayant foin toutefois d’enlever aux deux barres de fer, ou au moins à la fécondé , l’éledricité qu’elle auroit confervée. Cela fait, éledrifez de nouveau la première barre , celle
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- PhÉNOMÈNIS SU CT R. 183 qui communique avec le conducteur : elle fe chargera plus puiflamment d'éledricité que dans le premier cas j & la fécondé barre ne donnera plus alors aucun ligne d’éledricité j preuve in-conteftable quelle n’avoit acquis cette propriété dans le premier cas que par le miniftère de la flamme , & conféquemment que la flamme s’é-ledrife par communication , qu’elle tranfmet même à une grande diftance le fluide éledrique qu’elle dérobe au corps éledrifé.
- Cette propriété ne tient point à une flamme donnée , elle convient à toute efpèce de flamme quelconque. M. Winkler rapporte dans fon EJfai fur l'Electricité y qu’il employoit favorablement à cette expérience la flamme de l’efprit-de-vin. . Nous l’avons vu réuflir également en éledrifant un morceau de bois ifolé & embrafé, dont on entretenoit la flamme par le moyen d’un fouf-flet y elle réuflît également, mais moins com-plettement à la vérité , c’eft-à-dire, que l’électricité n’a pas la même intenfité dans les con-dudeurs , lorfque le corps embrafé répand beaucoup de fumée ôc de vapeurs.
- 11 réfulte de ce que nous venons de dire fur l’influence de la flamme par rapport àTéledri-cité, que la flamme nuit bien , non à la pro-dudion de l’éledricité , comme quelques Phyfi-cicns l’ont penfé, mais à ce qu’elle puiflè s’ac-
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- 184 Des premiers
- cumuler abondamment fur les corps qu’on voudrait éledrifer. D’où il fuit qù’on ne peut trop \ diminuer le 'nombre des. lumières dans les endroits
- où oiï fe propofe de faire ces fortes d’expérierices, 8c qu’on ne peut trop éloigner les corps a élec?-triferde celles qu’on eft obligé d’y conferver.
- • Nous examinerons encore deux queftions avant de tèrminer cet article : la première , de quelle manière l’éledricité fe communique au corps frotté, & de-là aux condudeurs auxquels il eft unij & la fécondé, quels font les moyens dont on peut fe fervir avantageufement pour con-noître l’intenfité de la vertu éledrique dans les corps éledrifés.
- manière*1!’!- La première de ces queftions a donné lieu à 'communique t*ne multitude d’hypothèfes dont nous ne rappel-au corps froc-jeronS point ici le fouvenir. Nous nous bornerons àfuivre Amplement la marche que le fluide éledrique paraît prendre , lorfqu’on s'efforce d’exciter l’éledricité dans un corps idio - électrique,
- Nons obferverons d’abord, - & c’eft un fait in-conteftablement reconnu de tous les Phyficiens éledrifans , que ce fluide eft univerfelle ment répandu dans tous les corps. Il n’en eft aucun qui n’en contienne une quantité donnée, que nous appelons /^ quantité naturelle.
- 2°. Que le globe terreftre 8c l’atmofphère qui
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- P H i ROM I n E g I l E C T R. I §5 l’enveloppe parpifTenr être le réfervoir commun de cette matière, & quelle s’y trouve plus ou moins abondamment répandue, fuivant des cir-conftances qu’il n’eft point encore poffible de développer comme il faut.
- ' 3°. Qu’il eft poffible' d’accumuler fur un corps une quantité furabondante de fluide éledrique. C’eft ce qui arrive vifiblement par rapport au condudeur de la machine éledrique , & par rapport à toute autre efpèce de corps an-électrique. ifolé , & qui communique avec le conducteur.
- 4°. Que ce fluide a une tendance fingulière à l’équilibre, c’eft-à dire, à fe diftribuer uniformément dans tous les corps contigus , & qu’il paffe avec la plus grande facilité de celui qui en contient plus dans celui qui n’en contient que la quantité qui lui eft propre 5 & c’eft ce qui arrive lorfqu’on approche le doigt des corps élec-trifés.
- D’après ces obfervations , voici de quelle manière nous concevons l’éledrifation ou le mouvement de circulation de la matière éledrique. Le frottement qu’on fait éprpuvér au corps ïdio-électrique communique un certain ébranlement à fes parties. Cet ébranlement détermine la matière éledrique qu’il contient naturellement, à s’en échapper & à fe porter dans les corps an-
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- électriques contigus : mais à méfure que cette matière s’en échappe , il en vient une nouvelle dofe du réfervoir commun, & celle-ci remplace celle qui vient de fe difliper, & elle fe diffipe enfuite comme elle, pour faire place à celle qui continue d’y aborder , en fuppofant qu’ort entretienne le mouvement 8c le frottement du corps idio-électrique , & que celui-ci conferve la même difpofition où il étoit au moment .ou on a commencé à le frotter. Cette dernière condition fur-prendra peut-être quelques-uns de nos I^edeurs. Dès qu’un corps eft ïdio-élecirïque, difent-ils , ne fuffit-il pas de le frotter pour qu’il s’éledrife ? Nous répondrons à cette difficulté par une obfer-vation que nous avons faite plufieurs fois , 8c que plufieurs Phyficiens éledrifans ont été à portée de faire comme nous.
- On obferve , dirons-nous, qu’un corps idio-électrique qu’on frotte s’éledrife effedivement ÿ mais on obferve auffi que fi on continue à le frotter «.pendant un laps de tems affez confidérable pour qu’il s’échauffe fenfiblement fous la main , ou entre les couffins qui le frottent , il ceffe d’être auffi éledrique qu’il Pétoit au commencement de l’opération : fa vertu languit de plus en plus , 8c il ceffe enfin d’en donner des marques afTez fenfibles pour le fuccès des expériences qu’on fe propofe dé faire. J’ai obfervé ce phéno-
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- Va É * O MB NES i LE CT R. I 87 mène, fur-tout lorfque je me fuis propofé d’appliquer l’éleâricité au corps humain& que je voulois foutenir l’éleétrifation pendant l’efpace d’une heure & quelquefois davantage. Je me fuis vu plus d’une fois obligé de fufpendre l’opération par le peu d’abondance de fluide éleéfcrique qui fe manifeftoit, lorfque la glace étoit forte-, ment échauffée par le frottement, & de la biffer dans l’état de repos , jufqu’à ce quelle fe fût fuffifamment refroidie. C’eft, fans contredit, à cet effet ou au moins en grande partie à cet inconvénient , qu’on peut attribuer la difficulté de charger une très-grande batterie avec une machine qui ne fournit point aflèz abondamment d’éleéfcricité, pour ne pas exiger une très-grande quantité de révolutions de la part de la glace ou du globe.
- On demandera fans doute ici en quoi confifte la faculté du corps idio-éleclrique ? qui eft ce qui le cônftitue tel, & qui le rend propre à lâcher fon feu éleétrique , & à recevoir celui qui lui vient du réfervoir commun ? comment s’altère cette qualité dans ce corps ? comment fe fait-il qu’il produife plus d’effet , que fa vertu foit plus énergique lorfqu’on le préfente au feu avant de le frotter, & qu’on l’échauffe même rrès-fortement, tandis que cette même vertu s’afïbi-blic & fe détruit lorfqu’il s’échauffe » & même
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- beaucoup moins que devant le feu ,q>ar le froc-, tement quon lui fait fubir? Ce font, il faut en convenir , des queftions très-intéreflantes & très-dignes d'exciter toute la curiofité du Phyficien ; mais nous n’ePaierons point à les réfoudre. Leur Solution dépend d’une connoiflanee plus étendue que celle que nous avons de la conftitution intime du corps idio-électrique, C’eft le fecret de la Nature : nous le refpe&erons, & nous laiderons à ceux qui fe plaifent à enfanter, des fyf-têmes , la fatisfaétion de croire qu’ils l’auront trouvé.
- Le flambeau de l’expérience à la main, nous nous bornerons à fuivre la route de la matière éle&rique, & faute de pouvoir nous exprimer d’une manière plus précife & plus analogue à ce qui fe pafle dans cette opération, nous regarderons le corps idio-éleclrique , qu’on frotte, comme une efpèce d’éponge ; le feu éle&rique qui y eft contenu, comme une liqueur dont cette éponge ferait imbibée $ & le frottement enfin, comme la preflîon alternative d’une main' qui tiendrait cette éponge plongée dans la même liqueur. Or, il eft confiant que cette preflîon alternative exprimerait, au moment où elle fe ferait, la liqueur dont l’éponge ferait gorgée, ôc qu’au moment où cette preflîon cefleroit , l’éponge s’imbiberait d’une nouvelle quantité de
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- liqueur. Il en eft de même , figurativement ce-* pendant, du corps idio-éleclrique. Le frottement qu’on lui fait fubir met les parties dans un état alternatif de contradion & de dilatation. Dans le premier de ces deux mouvemens , le fluide éledrique qu’il contient fe trouve exprimé & pouffé au dehors j 8c dans le fécond, il reprend une nouvelle quantité de ce fluide dans le réfervoir commun avec lequel il communique.
- De quelque manière que fe faffe cette opération, il eft confiant , & l’expérience le démontre , que tant qu’on continue de frotter un corps idio-éleclrique , & qu’il eft propre à fe prêter aux effets de ce frottement, ce corps abandonne aux cphdudeurs avec lefquels il communique, le fluide éledrique qu’il rècèle , 8c il puifé, il' reprend enfuite 8c à proportion dans le réfervoir commun une- nouvelle dofe de ce fluide, qui circule ainfi de ce réfervoir au corps idio-élec-trique \ 8c de celui-ci aux corps an-électriques qui lui font contigus. On en trouvé la preuve dans l’expérience que voici.
- Ifolez parfaitement tout l’appareil, & même la perfonne qui fait tourner la glace. Eloignez de cet appareil tout corps propre à tranfmèttre le feu éledrique & à l’apporter du réfervoir commun à la glace , & fur-tout, tout corps pointu quelconque j 8c vous obferverez qu’après
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- Jj?o Des premiers avoir tiré quelques étincelles du conducteur , cés étincelles iront en diminuant, & s’affoibliront au point de devenir prefqu’ infenfibles. Si l’ifole-ment étoit parfait, (1 l’air étoit extrêmement fec vous parviendriez à épuifer totalement le conducteur j & ce ferait en vain qu’on ferait mouvoir enfuite la machine.
- Obfervez que pour que le fuccès de cette expérience foit moins équivoque , il convient de n’employer ici qu’un très-petit appareil éle&rique. Je me fers à cet effet d’une glace d’un pied de diamètre j une machine plus volumineufe eft plus difficile à bien ifoler. D’ailleurs, il faut plus de teins pour l’épuifer de fa quantité naturelle d’é-ledricité ; & comme cette expérience mérite fans contredit toute l’attention du Phyficien , je délirerais que la machine fût confirait© d’une manière plus avantageufe à cet effet que nos machines ordinaires , & voici la forme que je'voudrais lui donner.
- Sur une planche AB (pl. 5 , fig. 3 ), foient élevées parallèlement èntr’elles deux colonnes de cryftal C , D, furmontées chacune d’une boule de cuivre percée à fon centre pour recevoir Taxe de la glace EF, qu’on fera mouvoir à l’aide de la manivelle a b. Vers un des bouts de la planche foient élevées deux autres colonnes de cryftal O , P, pareillement furmontées d’une boule de
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- Phénomènes éiectr. iji métal, pour foutenir les couffinets qui doivent frotter la glace contre laquelle ils feront ptelfés par des vis de preflïon.
- Vers l’autre extrémité A de la même planche foit pareillement élevé un cinquième pilier de, cryftal G, qui porte le conduâeur K. Celui-ci eft une boule ttaverfée par deux petits arcs e f, qui fe courbent vers le plan de la glace, & qui portent deux petits godets, dans lefquels on monte à vis des pointes pour foutirer de droite & de gauche l’éleâricicé de la glace. On courbera donc ces arcs de manière que les pointes en foienc fuffifamment approchées. Voilà l’idée générale de la machine, qui fe trouve toute ifolée , & qui le fera encore mieux li on enduit les colonnes de cryftal de cire d’Efpagne fondue. L’anneau qui furmonte la boule fert à unir au befoin ce conduâeur à d'autres , & les tiges coutbes qui en partept. fervent à fufpendre différons corps.
- A l’aide d’une femblable machine , & l’homme qui la fait mouvoir étant lui-même bien ifolé, on épuife plus facilement & plus promptement le conduâeur. On conçoit en effet que les étincelles que celui-ci fournit, font prifes aux dépens du feu éleârique, que la glace , fa monture & celui qui fait jouer.la machine peuvent naturellement fourni», puifque le tout eft difpofé de manière à ne rien recevoir du réfervoir caret-
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- mun, en fuppofant l’air parfaitement fec. On parviendra donc à épuifer ce condudteur.
- Veut-on confirmer cette vérité par des expér riences aufli décifives que faciles à faire ? en voici quelques-utîes qui méritent detre connues.
- Si l’expérience que nous venons d’indiquer fe fait dans l’obfcurité , & fi la perfonne ifolée qui tourne la machine tient de fon autre main une pointe un peu moufle , & qu’enfin une autre perfonne non-ifolée préfente à peu de diftance de cette pointe une autre pointe femblable j on verra une aigrette lumineufe fortir de cette dernière , & un point lumineux à la pointe que tient la perfonne ifolée. Or, fi on fe rappelle ce que nous avons déjà fait obferver au fujet des pointes, on en conclura qu’à proportion que cette perfonne ifolée fournit à la machine , & à fes propres dépens , l’éle&ricité qu’©n retire du conducteur , elle reçoit dans fa difpofition a&uellç une nouvelle dofe d’éleéfcricité que lui fournit le ré-fervoir commun , par le miniftère de la pointe que tient la perfonne non-ifolée. Audi remarque-t-on , tant que les chofes reftent dans cet état, que le conduéfceur fournit abondamment & ne s’é-puife point.
- Une fécondé preuve de cette vérité, & qui ne laifle aucune incertitude après elle > c’eft, fans \ contredit,
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- P H â‘N O M £ N S S il.»-T*. .9$ contredit, le mouvement rétrogradé quon peut faire prendre à la matière électrique , & l’expérience elt on ne peut plus facile à faire.
- Dans la difpofition ordinaire de. nos machines, Mouvemea# le fluide électrique .qui aborde à la glace qu’on frotte fe porte au conducteur , fur lequel il sac-«eOrique. cumule, &c dont on le ré tire fous la forme d’étincelles plusou moins fortes. Mais lùrfque la machine eft bien ifolée ainfi que celui qui la fait mouvoir, lorfque la glace ne peut rien recevoir du réfervoir commun, ni par fon bâti , ni. par celui qui la fait agir, 6n peut, par une voie oppofée, y rappeler le fluide ëleCtrique , par le miniflère du conducteur; & dans ce cas, la per-fonne ifolée qui fait jouer la machine , fait elle-même fonction de conducteur. Voici de quelle manière il faut procéder.
- LailFezlà machine encore bien ifolée. Ajoutez-y feulement une chaîné ou tout autre corps de cette efpèce, qui pende d’un des godets par terre, & établirez par-là une communication entre le conducteur & le réfervoir commun. Que la perfonne ifolée continue à faire mouvoir la machine. Alors le fluide électrique contenu dans le réfervoir commun fe portera au conducteur par l’intermède de la chaîne * & il paflera du conducteur à la glace, & de celle-ci à celui qui la fait tourner. On pourra donc alors tirer des
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- étincelles de la perfonne ifolée, & on en tirera comme ôn en tire communément d’un conducteur bien ifolé. '
- En deux mots , voici la différence qu’on remarque entre cette machine & une-machine ordinaire.
- Dans cette dernière , le frottement de la glace détermine le fluide éledrique répandu dans le réfervoir commun à fe porter à cette glace , & de-ià au condudeur, par l’intermède de la perfonne qui tourne, & du bâti de la machine. Dans notre nouvelle difpofition de la machine , le même fluide éledrique répandu dans le réfer-, voir commun fe porte au condudeur, de celui-ci à la glace qu’on frotte , & de cette glace à celui qui la fait, mouvoir, & qui fait alors fonction de condudeur.
- Rien donc de mieux conftaté que la circulation de la ; manière éledrique du réfervoir commun à, la glace, S: quoique nous, ne puiflions point. expliquer encore de quelle manière elle s’éledrife , comment elle devient propre à rece-r. voir le fluide éledrique du réfervoir commun , & à le rranfmertre au condudeur , nous-pouvons néanmoins fuivre aflez manifeftement la- circulation de ce fluide , & démontrer d’une manière aufli fimplé que fatisfaifante, que celui que nous accumulons dans nos appareils vient du réfervoit
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- commun ; que la matière éleCtrique réfide véritablement & dans- lé globe terreftre 8c dans* fon atmofphère, & que toutes nos opérations fe bornent à raflembler convenablement ce fluide ,
- 8c à l’accumuler de; différentes manières fur certains corps difpofés comme il convient à cet effet.
- On donne aux inftrumens donc on fe fért pour Differen* mefiirerTintenfité dè la vertu électrique , le nom d’électromètre ; & quoiqu’on fe foit fort occupe de'^^^^ leur conftruCtion , il ne paraît pas qu!on foie en {iue* core parvenu à leur donner le degré de perfection qu’ils devraient avoir pour remplir exactement la: fonCtion*à laquelle ils font deftinés. Il eft néanmoins important dé les connoîrre, ainfi que les1 principes fur lefquels ils font établis, afin qu’en réfléchi (Tant fur les défauts qu’on peut leur reprocher , on foit à portée de les perfectionner autant qu’il fera poffible.
- Dès 1733 , M. Dufay avoit imaginé dé origine des lai (Ter pendre librement 8c parallèlement en-tm. tr’eux deux fils, ou mieux un fil plié en deux , qu’il pofoit fur une barre de fer qu’il éleCtrifoit J & il s’affuroît par ce moyen de Tétât de l’élec-t tricité, & démontrait en même tems avec ces fils la promptitude avec laquelle on pouvoir déj pouiller cette barre de la vertu éleCtrique qu’elié teceloit. Rien de plus fimple que ce procédé.
- A peine la bâfre de fer étoit-élle éleCtriiée > -N 1
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- que les deux brins de fils cefloienc d’être parallèles, 8c qu’ils devenoient divergeus en s’éloignant l’un de l’autre. Dès qu’on tiroir une érin-celle de cette barre , ou qu'on la touchoit avec la main, qu’on la dépouilloit ainfi que ces fils de l’éledriciré qui s’y étoit accumulée, ceux-ci , rendus i l’aCtion de leur propre pefanteur, retom-boient fur eux-mêmes , & reprenoient leur pa-rallélifme. Jufques-là il n’éroit aucunement quef-tioa d’élecbromktrc, ou de mefurer l’intenfité de la vertu électrique. Mais Yabbz Nolla , qui avoit accompagné M. Dufay dans tomes fês recherches fur l’éleétricité, & qui fe livrait en Ion par-, ticulier à l’étude des phénomènes électriques, fentir qu’il pourrait tirer un excellent parti de l*écartement de ces fils , pour en faire un in 11 ruinent de cette efpèce. Il comprit très-bien qu’il ne s’agiflôit que de mefurer exactement leurs degrés d’écartement, 8c qu’on pourrait juger par le nombre de ces degrés de l’intenfité de la vertu éledrique. Il tourna donc toutes fes vues de ce coté , 8c il parvint à fon but d’une manière on ne peut plus ingénieufe. Il s’en faut cependant de beaucoup que ce célèbre Phyficien regardât ù. découverte comme un moyen bien fur de con-noître toute l’énergie de la vertu électrique dans un corps, 8c même en 1764 il étoit encore très— perfuadé que malgré la multitude de recherches
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- Phénomènes incTi. ijj qu'on avoir faires pour arriver à ce but, on en cÉOTt encore très-éloigné. Néanmoins , faute d'une meilleure, il fe fervit très-avantageufement de cette pratique , qui mérite d’être connue.
- Réfléchiflànt fut l’expérience de M. Dufay, Ei«arom2-fur l'écartement des fils dont nous venons de Jabbé parler , l’abbé Nollct conçut s comme nous venons de l’obferver, que cette divergence étanc proportionnée à la quantité d'éle&ricité accumulée-fur le conducteur, on pouvoir très-bien con-noître cette quantité , & juger de l’întenfiré de de la vertu éleétrique par l'étendue de cette divergence. Tant que les deux bouts du fil, dit-il , font divergens entr’eux j il eft certain que le corps d’où ils pendent eft cleéhique \ ôc l’angle qu’ils forment, en s'écartant l’un de l’autre, eft Une efpèce de compas qui marque plus ou moins d’éleârricité. Rien de plus fitnple ôc de- plus jufte au premier afpeéfc que cette idée , Ôc il ne s’a-giffoit plus que de la mettre en pratique, en imaginant' un moyen de mefurer la' divergence de ces fils ; & ce n'étoit pas l'objet le moins difficile à remplir. Ce favant Pbyficien favoit très-bien- qu’il n'étoit pas poffible d’appliquer immédiatement à ces fils un corps étranger pour en mefurer l'écartement ; il’ n’ignoroir pas qu’ils viendroient alors fe jeter fur ce corps qui; les dcpouilleroit de leur éle&ricité, ôc que leur écap-Nj
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- cernent ferait aufli-tôt détruit. Il imagina donc de projeter' fur eux la lumière d’une boü§ie , qu’il ayoit placée à quelque diftance & derrière un plan , percé d’un trou fuffifammént grand. Les rayons de cette lumière qui arrivoient à ces fils , étant réfléchis en arrière , ne pôuvoient palier outre ; de forte qu’en oppofant au-delà un autre plan blanchi , & fur lequel il avoir eu fçin de tracer des arcs divifés par degrés , des fils por-toient une ombre fur ce dernier plan j & cette ombre formant le même arc que les fils, fer voit à mefurer l’écartement de ceux-ci.
- On aurait, fans doute, plufieurs défauts à reprocher à certe pratique confidérée comme élec-tromètre : mais la bonne foi de fon Auteur, qui en convient lui-même , nous oblige à nous en tenir à ce qu’il en dit dans le fixième Volume de fes Leçons de Phÿfîque. Tout ce qu’on nous a offert, dit-il , pour mefurer l’éleélricité, ne vaut pas mieux que les deux bouts de fil qu’on laifle pendre à côté l’un de l’autre au corps qu’on élec-trife , & qui deviennent divergens entr’eux , en devenant éle&riques avec le corps auquel ils tiennent. L’angle plus ou moins ouvert qu’ils forment en s’écartant l’un de l’autre , nous dit à-peu-près ce que nous devons penfer de leur éle&ricité, comparés entr’eux. Mais il nous laille ignorer quelle eft leur éle&ricité abfolue.
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- Il y a plus, continue-t-il, c’eft que fi le conducteur eft Un affemblage de différehs corps plus éleétrifables les uns que les autres, ces deux fils pendans nous feront, bien remarquer qu'il y a dans l’un plus d’éleCtricité que dans l’autre : mais par cela même que les différentes parties dti conducteur font fufceptibles de différens degrés de vertu, l’état de l’un ou de l’autre fût-il bien connu, nous laifTera toujours très-incertains du degré d’éleCtricité qui appartient au globe d’où procède cette vertu.
- Après un jugement de cette efpèce , & delà part de celui qui devojt bien coiinoître fon inf-trumenr, on fent tout le cas qu'on doit faire de ceux qui ont été imaginés & fondés fur le même principe , & de la plupart defquels j’ai donné la defcription dans mon Traité de VElectricité.
- 11 faut cependant diftinguer parmi ceux-ci celui qu’on trouve décrit dans le Journal de Phyfique pour le mois d’Avril 1784, il eft de l'invention d’un Amateur de Marfeille , M. Ferry fils, & on ne peut fe difpenfer de convenir que s’il conferve les defauts des inftrumens de cette efpèce , il eft on ne peut plus ingénieux.
- Nous diftinguerons encore ici celui de M. Henley , non que nous le regardions comme plus exaCt que les précédens , mais parce qu’il eft beaucoup plus fimple, Sc d’un fervice très-conv* N 4.
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- mode pour nous diriger dans la charge qu’il convient de donner à une batterie , à une jarre de verre , ou à une bouteille quelconque.
- EUftromè- Cet inftrutnent eft fait d’un pilier de bois A B Srenfcy. [pi. 6, fig. i. ), entouré inférieurement par une virole de cuivre, qui porte une vis, par l’intermède de laquelle on le monte fur l’une ou l’autce des boules qui terminent le piemier condudeur.
- Vers le haut de ce pilier, on remarque un demi-cercle d’ivoire gradué C D. Du centre o de ce demi-cercle pend une tige de bois très-mince , très-légère, & très-mobile fur fon axe, 8c faifant fonction d’un pendule , terminée par une petite boule de liège a , qui repofe, lorfque lmftrument n’eft point éledrifé, à côté de la virole de cuivre qui entoure le pilier A B.
- Cet inftrutnent monté fur le condudeur, on voit au moment ou on l’éledrife j la boule a s’éloigner du pilier AB, & le pendule s’élever dans le demi-cercle C D, & il s’y élève d’autant plus, que le condudeur eft plus éledrifé. Pour peu que celui-ci perde une portion de fon électricité , on voit le pendule defcendre ; ce qu’on peut vérifier facilement, foit en tirant une étincelle du condudeur , foit en approchant une pointe à quelque diftance, qui le dépouille plus ou moins de fon éledricité.
- Si on ne peut compter jufqu’à préfent fur les
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- P H I K O M I N £ S I L E C T R. 201 éle&romètres &its far le principe que deux corps éleCtrifés s’éloignent l’un de l’autre, lorfquils font allez légers pour obéir à la répulfion qu’on remarque entre les atmofphères électriques de même efpèce, & qu’il ne fe trouve point d’obf-racle qui s’oppofe à cette répulfion , on ne doit point compter davantage fur ceux qui font conf-truits d’après la méthode de M. Canton,. Cet in- £Icûromi. génieux Phyficien confidérant qu’une bouteille"*^* M* chargée d’éleCtricité ne s’en épuife pas comme un conducteur ordinaire, quelle peut fournir un nombre d’étincelles, plus ou moins grand, avant d’avoir perdu la roralité de fa charge , imagina quon pourroit juger de l’intenfité de l’éleCtricité par la quantité d’étincelles que donnerait une bouteille de Leyde avant d’être entièrement dé-féleCtrifée , ayant foin de la charger toujours de la même manière dans ces fortes d’épreuves, p’eft-à-dire, ayant foin de la charger en l’appliquant au conducteur de la machine , & de donner à la glace le même nombre de tours.
- Si les circonftances du tems étoient toujours les mêmes, & fi la bouteille ne perdoit de la charge qu’on lui donne que par les étincelles qu’on en ^ retire , ce moyen nous paraîtrait aflTez exaCL Mais plongée dans l’atmofphère qui rend à la dépouiller en partie, & qui lui enlève effectivement une portion du feu éie&rique qu’on lui a
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- communiqué, elle doit, là charge étant la m4œé, fournit d’autant moins d’étincellès que )îat8»of-phère qui l’enveloppe lui enlève davantage de fon éledrieité pendant le . tems de l’expétience. I Or, cette dernière quantité étant continuellement var.able , vu les changemens continuels qui arrivent^ la conftitution de l’aic.yif-n’eft jamais poflible de s’aifurer & de tenir compte de ce qu’elle perd par ce moyen , & conféquen»-ment on ne doit point regarder le nombre d’étincelles quelle fournit avant d’être entièrement dépouillée, comme la mefure exade de l’électricité quelle contenoit.
- D’ailleurs , ne fait-on pas qu’une bouteille chargée d’éledricité eh contient encore une certaine quantité, lors même qu’elle celle de fe manifefter par des étincelles ? Audi l’éledro-mètre de M. Canton ne fit-il point fortune, & nous ne connoifions aucun Phyficien qui l’ait adopté.
- On ne doit pas compter davantage fur l’exactitude du fuivant, fondé fur le même principe , mais modifié d’une manière aflTez ingénieufe pour en impofer au premier afped. iRci. Ayez une glace ou un carreau de verre, re-pré'vêtu en deflus & en deffous d’une feuille d’étain, que vous y collerez exâdement jufqu’à. deux pouces près de fes bords, qui doivent refterà
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- PBéNOMlsiS 4 L E C T K* lO} découvert. Il faut même que la feuille de deffiis laiffe un efpaee plus étendu à découvert fur Tua des petits côtés de la glace, à laquelle nous fuppofons la forme d’un parallélogramme. Ainli fuppofons ici que l’étain foit éloigné de quatre pouces du bord. Collez en deffous une petite bande d’étain qui touche Sc communique avec la feuille de métal, & amenez cette bande, de façon qu’étant repliée en delïus elle couvre un pouce ou environ du bord de la glace. Dans la fuppofition que nous avons faite, l’efpace ou la portion de la glace qui demeurera à découvert de ce côté, ne fera plus que de trois pouces, 8c votre infiniment fera conftruit. Voulez-vous en faire ufage ? voici comment il faut procéder.
- Pofez cette glace fut une table ou fur un guéridon, fur lequel vous aurez attaché Une chaîne qui pende par terre, & poféz-la de façon que la chaîne communique avec la feuille d’étain. LaifTez pendre d’un des condu&eurs une tige de méral I fur la garniture de deflfus , fur la feuille d’érain qui couvre la furface fupérieure de la glace, 8c qui y apporte l’éle&ricité.
- Pofez fut le bord de cette même garniture, un morceau de métal qui s’y élève de quelques pouces, & pofez-en un autre fur la petite bande d’étain qui recouvre un pouce de cette face, ou à.fa place, une petite figure de métal , qui
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- tienne à là main* une baguette ou dont le- doigt s’afonge au point d’arriver à quelques lignes du morceau de- métal dont nous venons de parler. Nous prenons ordinairement pour cette expérience deux petites figures de plomb qiii tiennent chacune une baguetre terminée par une petite boule de même matière , & nous lès difpofons de manière que ces boules-foient éloignées Tune de l’autre à une diftanee donnée- On voit par cette difpofition que l’une des deux figures com*-munique avec la furface fupérieure de la glacer, & l’autre avec la furface inférieure.
- Si on veut que cette machine faffe fonction d’éle&romèrre, il faut que k même diffance foit exa&ement obfervée entre les deux boules*, & voici l’effet qui réfuke de la difpofition de cette machine.
- O» fait mouvoir la glace de la machine électrique : on éle&rife les conducteurs, & par leur moyen, la glace garnie d’étaim La- figure qui communique avec îa fàc* fupérieure de cette glace participe à l-’éleCbricité" qu’on lui communique ; & lorfque fon atmofphère éle&rique s'étend affez loin pour arriver à la boule de- la baguette que l’autre figure tient à la main, il fe fait une décharge fponranée , une explofion plus ou moins forte, acompagnée d’une étincelle. Or , on juge de I’iatenfitc de l’éledricitc par le.nom-
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- Phénomènes hictr; i*$ bte de tours qu’on eft obligé de faite faire à la-glace de la machine pour arriver à cette décharge fppncanéç. Plus l’éledricité eft abondante , & moins il faut de tours pour produire cet effet.
- Si ce moyen eft fimple & ingénieuxon voit qu’il n’eft guère plus exad que celui de M. Canton, puifque l’état aduel de l’atmofphère influe également fut la. glace pendant le rems de l’opération.
- Il eft encore une autre efpèce d’éledromètre^*161^0^** plus connu meme que les précédens , & cçnftruii"*» fiir un autre principe. C’eft celui de M. Lane.
- On le voit aduellemenr adapté a prefque toutes les machines éledriques faites d’un plan de glace. S’il ne le cède en rien a ceux que nous venons de décrire , quanr au génie de l’invention, nous ne le' croyons pas plus exad que les aurres,
- & nous croyons mêmé que celui de M. Henley, quoique moins répandu, mérite a plufieurs égards la préférence,
- M. Lane imaginant que plus l’éledricité fe trouve "abondante dans un condudeur, plus fon atmofphère doit s’étendre , crut qu’il jugerait facilement de l’état de l’éledricité du condudeur par la diftance À laquelle il en tirerait l’étincelle..
- Cette idée paraît on ne peut plus jufte au premier afped, & il eft bien confiant qu’une éleç? tricité plus abondante doit fournit de plus longues
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- crinceltes. Il imagina doncde les exciter par le moyen d'une petite boule qu’il pourrait approcher ou éloigner à volonté du conducteur , & dont il pourrait mefurer avec exa&itude la diftance. Il fit plus , il imagina de meïurer cette diftance de manière qu'il pût tenir compte des plus petites différences, & pour cela il conftruiîit une machine , à l’aide de laquelle il-pouvoir Juger d’une différence qui n’iroit qu’à la dixième partie d’une ligne. On peut facilement pouffer plus loin la feniïbiliré de cette machine, & nous la conftrui-fons de manière que nous faififfons cette diftance à la vingt-quatrième partie d’une ligne. En voici la conftruftion.
- Nous établirons au bout de notre machine & au-delà du condu&eur, un pilier de bois E F (p/. 6 y fig. z) y traverfé vers le haut par une tige de cuivre A B taraudée, & dont les pas de vis font d’une demi ligne de hauteur. Cette vis touche & communique à une petite tige de métal a b renfermée dans la longueur du pilier EF, & fé terminant en dehors par un crochet b, auque] on attache une chaîne qu’on laiffe pendre par terre , afin d’établir une communication entre la vis A B qui tire l’étincelle du conducteur & le réfervoir commun* Pour la rendre plus propre à exciter l’érincelle du conducteur , on monte au bout de cette vis une boule
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- P H É N O M: A N E S i L E C T R. lOJ cfe métal B, qu’on éloigne ou qu’on approche à ! volonté de la boule R qui termine le condn&eur. À chaque révolution quon fait faire à la ti°e A B , on éloigne ou on approche la boule B de la* boute R d’une demi ligne, & on compte le nombre de lignes qui mefurent cet éloignement fut une règle de. cuivre G H » divifée en demi-lignes fur la longueur. Mais veut-on tenir compte des différences moins fenfîbles que celles qui vont à une demi'ligne ? voici le moyen qu’on emploie^ La tige A B porte à fon extrémité A une rofette G D,; fixement attachée à cette tige * & divifée en douze parties , qui font d’autant plus fenfibles que le., diamètre de cette rofette eft plus grand. . ’
- De-là on conçoit qu’en faifant tourner cette rofette & la fàifant mouvoir d!un de fes points de divifion à un autre, on lui .fait faire un douzième feulement de fa révolution j .& conféquem-ment; la tige A B , à laquelle elle eft fixée, ne fait pareillement qu’un douzième de la fienne. La boule B ne s’avance donc alors ou ne s’éloigne de là boule R que: de la douzième .partie d’une demi ligne * ou d’un vingt-quatrième rie ligne. On peut•doncvà laide de cette machine, me-furer la diftan'ce; à laquelle on tire l’étincelle du-conduéfceur jufqu’a un vingt-quatrième de ligue près, & on conçoit qu’en augmentant le dia-
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- mccrede la rofette C D, & en Ta divifant en un plus grand' nombre de parties, on pourrûit mefurer cette diftance d’une manière encore plus précife, ou mieux on pourrait tenir, compte d’une différence plus petite que d’un Vingt-quatrième de ligne.
- Le principe fur lequel ce dernier éle&rqmètre eft conftruit, paroît on ne peut plus iïmplë & on ne peut plus exad au premier afpedfc , cb'mme nous l’avons déjà obfervé : mais lorfqu’on eft dans l’habitude de faire des expériences .de ce genre , on voit qu’il y a mille, circonftances qui peuvent faire varier la diftance à laquelle les étincelles peuvent fe porter , lors même que lele&ricité eft la même. La forme, la groffeur, les dimenfions des corps entre lefquels ôn les excite produifent cet effet ; de quoique dans l’é-ledromètre de M. Lane ces corps demeurent les mêmes, il fe trouve néanmoins encore : afTez d’obftaclês pour mettre fon inftrument en. -erreur. Quelques corps : flottans dans > l’atmofphère-9 de petits duvets fur-tout infenftbles , qui 's’attachent quelquefois à la boule - 'de l’éledramètre ou à celle du conducteur, fuffifent pour cela. Aufli voyons-nous fouvent qiie la boule de cet éleétro-mètte paroiflant trop .éloignée. pour exciter l’étincelle , on parvient, en l’efTuyant, à la lui faire tirer , fans l’approcher,davantage du condu&eur.
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- de i’ExpSr.' de L e y d e. ioef tîn Amateur de Marfeille * M. Barbaroux , vient de remédier, en grande partie , aux défauts qu’on Reproche à l’éle&romètre de M. Lane , en renfermant le fien dans un tube de verre fermé > dont la mafle d’air qui le remplit con-ferve aflez conftamment la même conftitution. 11 eft fondé fur le même principe , & fi nous ne croyons .pas devoir l’adpprer comme un inf-trument parfait en fon genre , c’eft fans contredit le meilleur de ceux qui ont été conf-truits fur ce principe. On en trouve la defcrip-tion dans le Journal de Phyfique pour le'mois de Septembre 1784. Convenons donc que nous n’avons point encore d’inftrument de ce genre qui puifle répondre parfaitement à notre attente 5 & nous ne nous fervons, fuivant les circonfiances , des uns ou des autres, que faute d’en àvoir de meilleurs & de plus précis.
- SECTION SECONDE.
- De l’Expérience de Leyde, & de la. théorie du Docteur Franklin.
- Cette Section comprend , & l’expérience DhlSo.de la plus furprenante, & la chéoiie la plus lïngu- St£u““’ Hère. L’expérience fera à jamais époque dans O
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- IIO D» l’EiiinmV
- l'hiltoire de l’éleétricité, & & théorie immorti-liferoit le nom de fon Auteur, s’il n’avoit d'autres titres encore pour parvenir à l’immortalité. Ces deux grands objets nous fourniront la matière des deux articles fuivans.
- Article premier.
- De l'Expérience de Leyde.
- Expérience On duc au hafard la fatneufe expérience que incertitude nous allons décrire ; fa découverte n’a donc rien de «mb' qui puifle tourner à la gloire du génie de fon pénence. ^uteixr. Malgré cela j cependant, on fe difpute celle de l’avoir découverte. Le plus grand nombre des Savans l’attribuent à Mujfenbroeck > célèbre Profefleur de Phyfique Expérimentale à Leyde $ & la manière dont il en annonce - le réfultat dans une lettre qu’il écrivit à ce fujetà M. de Réaumurt ne permet guère de douter qu’il en fut véritablement l’Auteur, ou, pour parler plus correctement , quelle fe fût d’abord préfentée à lui. Ce ftic l’abbé Nollet qui lui donna le nom $ Expérience de Leyde , d’après le lieu de fon origine , & qu’on lui a toujours confervé depuis.
- Nous lailTerons donc de côté les proteftations de plufieurs Phyficiens qui l’attribuent à M. Cu-
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- neus y Bourgeois de Leyde, ainfi que celles de plufieurs autres qui prétendent que ce fut M. MuJfenbroeck , Médecin d’Amfterdam qui la fit le premier, & qui voulut bien la communiquer & en abandonner l’honneur à fon fils , le Pro-felfeur de Leyde. Nous croyons qu’il conviendra mieux à nos Le&eurs que nous nous bornions àexpofer fimplement cette expérience, de quelle manière elle fut découverte, la fiirprife qu’elle occafionna > & comment on fut la modifier par la fuite pour en rendre le fuccès plus certain & plus énergique- C’eft l’objet de cet article.
- On fe propofa d’éledrifer une mafie d’eau renfermée dans un vaifleau de verre. Pour cet effet,6 on avoit laiffé pendre une chaîne du condudeur dans le vafe, & on le tenoit à la main. Lorf-qu’oa imagina que l’eau devoit être fuffifamment éledriféeon voulut tirer de l’autre main une étincelle de la chaîne qui plongeoit dans cette eau. Au même moment l’explofion éledrique eut lieu, 8c le malheureux Eledricien fe fentit frappé, tout-à-la-fois dans les deux bras & dans la poitrine , & il éprouva une commotion d autant plus étonnante, qu’il ne s’attendoit nullement à ce phénomène. Il eft probable que cette expérience fut faite avec un allez grand vaiffeau, & qu’il fut fortement éledrifé : mais il eft encore probable que la furprife eut plus 4e part que l’énergie
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- il t De 1* E ï f émencï Récits fin-du, choc, au récit fingulier que MùJJenbroeck guiiers qu’on ei^ fajt dara fa lettre à M. de Réaumur j dans laquelle il' laffure qu’il fut tellement frappé fur les bras, fur les épaules & dans la poitrine , quil en perdit là refpiration, & qu’il fut plus de deux jours avant de revenir des effets du coup & de la frayeur j & lorfqu’il ajoute qu’il ne voudrait pas la répéter une fécondé fois pour la couronne de'France.
- On en lit une relation plus extraordinaire dans lés Trànfactioris Philosophiques de Londres. Je la! regarde comme plus extraordinaire , parce que cette expérience ayant été faite alors avec de plus • pèfits vàifïèaüx, incapables de prbduirè de grands effets, on né craint point d’ën, parler d’üne ma-' nière aüffi inquiétante qué MuJJenbrobckOn y lit que M. Allanzand , collègue alors , & depuis fuc-céfleuf de M. MùJJenbroeck ayant répété cette expérience avec un fimple verre à biëré, il pëi>; dit "pour quelques, momens l’ufage de la' refpiration , & qu’il fentit enfuite une douleur fi forte le long du bras' droit, qu’il en appréhenda d’a-bôtd des fuites facheufes i mais bientôt après,; ajoutè-t-on , cette douleur fe difîîpa fans aucun incbnyéniènr.
- Çés récifs ne font rien encore , fi bh les compare a celui dé r inkler, î^rbfefleùt de* Lëïpfit.' ' Cehu-ci affûte que la première "fols* qifil éfïaÿa'
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- l'expérience de Leyde, il. éprouva de grandes con-vulfions dans toujc le corps, & quelle lui mit le fang dans une agitation fi violente , qu’il craignit d’'être attaqué d'une fièvre chaude. Il ajoute qu’il fut obligé d’avoir recours à des remèdes rafraîchidans. Il ajoutejencore qu’il fe fentit la tête auffi pefante, que s’il eût eu, dit-il, une pierre de (Tus. Il paraîtra fans doute furprenant qu’après avoir été fi maltraité la première fois , ce célèbre Electricien ait eu le courage de revenir fà la charge , & de s’expofer à de nouveaux malheurs. Mais où n’entraîne pas l’infatiable curiofité de . l’homme ? M. Winkkr répéta encore cette fatale expérience, & il nous apprend qu’elle lui caufa deux fois un faignement de nez auquel il n’étoit point fujet. Toutefois cependant nous ne garan-tidons cette relation & la précédente, que d’après , le dixième volume de l’abrégé des Tranfaclions , Philofophiquts , & nous ne pouvons nous empêcher de témoigner Lnotre furprife en trouvant dans un Ouvrage de ce genre, & fi digne d’ailleurs de la confidération dont il jouit, des fkirs auffi peu vraifemblables & auffi éloignés du té-. moignage <le ceux qui ont paffé par les memes épreuves.
- Quoi qu’il en foit, nous n’en difconviendrons ce point, & nou$ l’obfervons tous les jours, la com- ^°ICCC,
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- motion éle&rique produit,'la première fois qu'on l’éprouve, une impreflion fi fingulière , quelle laifle celui qui fait cette expérience dans un étonnement dont il a peine à revenir pendant quelques inftans. Elle eft, nous en convenons en core , quelquefois douloureufe , 8c elle pourrait devenir dangereufe fi on fe fervoit imprudemment , pour la faire, de très-grands vaifleaüx , & qu’on les chargeât fortement d eledricité. Nous conviendrons volontiers de ces derniers faits ; mais non des précédens, qu’on n’a fans doute imaginé que pour mettre plus de merveilleux’dans un fait qui Peft cependant a fiez par lui-même, 8c qui fut découvert en 1746.
- c- Cette expérience, que tout le monde peut répéter impunément, fe réduit, comme nous l’ob-ferverons plus bas, à accumuler une dofe d'électricité fur l’une des deux furfaces d’un verre garnie d’un condu&eur propre à cet effet : car elle peut fe faire également bien avec un plan de verre ôc avec un vaifleau de même matière. On la fit d’abord avec des vaiflèaux de verre , qu’on remplit d’eau jufqu’aux trois quarts ou environ de leur capacité. On fe fervit enfuite, 8c cette pratique fut très-long-tems en ufage j de petites bouteilles de verre mince, remplies d’ëâu jufqu’à la naif-fance de leur col * bouchées avec un bouchon de
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- liège, à travers lequel on faifoit pafler un fil de fer qui plongeoit dans l’eau, & f conduifoit le-le&ricité du condu&eur.
- Une bouteille de cette efpèce étant chargée d cle&ricité, on la tient d’une main ôc on l’em-brafle dans toute l’étendue de fa furface extérieure que la main peut empoigner, & on touche de l’autre main au fil de fer plongeant dans la bouteille. Nous nommerons dorénavant ce fil de fer le crochet de la bouteille. Au même moment l’étincelle part, & on éprouve la commotion. Cet ébranlement fe termine quelquefois aux deux poignets j plus fouvent elle va jufqu’àux coudes , Ôc en quantité de circonftances on l’éprouve jufque dans la poitrine, & elle eft aflez modérée pour quon n’ait rien à craindre des accidens dont nous avons fait mention ci-defius.
- Nous ne dirons rien ici de toutes les modifications inutiles qu’on eflaya de donner à cetre expérience pour la rendre plus merveilleufe aux yeux de ceux qui ne la connoiffoient pas, ôc en même tems plus vigoureufe. Ces projets fondés fur des idées plus captieufes les unes que les autres , ôc nullement fur la nature de la chofe, ne méritent aucune considération.
- Nous obferverons feulement, ôc MuJJenbroeck fut un des premiers qui l’obferva, que fi on fe fert d’une bouteille remplie d’eau, il faut éviter
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- XI6 De x>’Expérience i.avec foin , pour le fuccès de Texpérience j que cette bouteille foit humide au dehors ; &- ce n’eft pas fans raifon que Watfon remarque que, toutes chofes égales d’ailleurs, elle réuflît beaucoup mieux lorfque l’air eft fec que lorfqu’il eft humide.
- Manière de pour éviter l’humidité qui peut fe porter au-bouteliiesles dehors de la bouteille, & pour empêcher en-même-périenceréuf- tems que l’eau quelle contient ne mouille ie col piétraMa™m* & le bouchon, ce qui peut arriver en mille cir-çonftauces, je me fervis pendant long-tems & allez avantageufement de menu plomb, que je fubftituai à l’eau dont je faifois ufage auparavant, félon la méthode de Mujjenbroeck : mais depuis nombre d’années, je préfère la méthode du Docteur Bevis, Elle confifte à enduire les bouteilles intérieurement & extérieurement d’une fubftance métallique, & elles deviennent par ce moyen & plus commodes 6c plus propres à l’effet qu’elles doivent produire:
- Elles font plus commodes parce qu’elles pèfent moins, & que par-là le bouchon qu’on y fait entrer & qu’on y retient [à frottement, eft plus en sûreté. On peut les fufpendre par le crochet, fans craindre que le poids de la bouteille ne furmonte le frottement du bouchon, & qu’elle ne s’échappe. Elles font plus propres à l'effet qu’elles doivent produire, parce que les-points d’attouchement
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- PE L E Y P E.
- font plus multipliés, puifque par Iç moyen de la lame de métal qui les enveloppe extérieurement, le doigt qui touche i l’un des points de cette en-* veloppe communique avec toute l’étendue de la furface enveloppée, ce que ne peut faire la main, quelque grande qu’on la fuppofe , lorfqu’elle em-urafTe une bouteille non garnie d’une femblable enveloppe.
- Or, perfonne n’ignore à préfent que l’énergie de la commotion, toutes chofes égales d’ailleurs, dépend de la multiplicité de ces points d’attouchement , & cette obfervation , mife dans toute fon évidence par la théorie de Franklin , que nous développerons dans l’article fuivant, n avoir point éçhappé à la fagacité du célèbre Mujjenbroeck , quoiqu’il n’eût aucune connoiflfance de cette fu-blime théorie. Il avoir en effet remarqué, comme il le dit dans le premier yolume de fon Cours de Phyjîque Expérimentale , qu’en faifant ufage d’une bouteille ordinaire, remplie d’eau jufqua la naiffance de fon col , on n’éprouvoit qu’uiie foible commotion, fi on ne touchoit que d’un doigt feulement la furface extérieure de la bouteille , tandis qu’on portoit un des doigts de l’autre main contre le crochet de cette bouteille ; que cette commotion devenoit plus fenfible, ü on la touchoit de deux doigts 5 plus encore fi on la touchoit avec trois j en un mot, autant forte qu’il
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- 218 De l’ExriRiÊ ctoit poffible qu*elle le fut, fi on embrafioit îa furface extérieure de cette bouteille avec toute lc-tendue de la main.
- Sans approfondir la raifon de ce phénomène, M. Allamand lavoit confirmé d’une manière aufîi fimple qu’ihgénieufe, lorfqu’il imagina de fairc^ plonger cette bouteille dans un bafiin rempli d’eau, de forte que la furface intérieure & extérieure étoient touchées par l’eau jufqu’à la naiflance du coi de la bouteille. De-là celui qui plongeoit feulement le doigt dans l’eau, touchoit équivalem-ment à toute la furface extérieure de cette bouteille , & la commotion en devenoit meme plus énergique, que lorfqu’il embralïoit cette furface avec toute l’étendue de fa main.
- Or, on produit cet effet d’une manière plus commode & fouvent même plus sûre, puifqu on évite alors le contad de toute humidité qui pour-roit nuire au fuccès de l’expérience, en revérifiant intérieurement & extérieurement la bouteille d’une feuille ou d’une lame de métal, félon la méthode du Dodeur Bevis.
- On verra, en effet, dans l’Article fuivant, où nous expoferons la théorie du Dodeur Franklin, que le corps étranger, l’eau ou le nienu plopib dont on remplit communément la bouteille, ne fait précifément que l’office^ de condudeur, def-tiné à tranfporter l’éledricité à la furface inté-
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- lieure de cette bouteille. De-là on conçoit qu’il importe peu que ce cotps étranger remplilïe Fin-tétieut de cette bouteille , & qu’il fuffit qu’il foit appliqué fur tous les points de la futface intérieure , & établifle , pat ce moyen , une communication entre tous les points de cette futface avec le principal conduâeur de la machine, par l’intermède du crochet qui plonge dans la bouteille. Audi nous fommes-nous contentés pendant loug-tems d’enduire la furface de ces bouteilles d’un vernis gras, & d’appliquer defliis de la limaille de fer, qui y demeurait adhérente par le moyen du vernis : mais nous avons renoncé depuis quelques années à cette préparation , non qu’elle ne fut bonne en foi, mais parce qu’il nous a paru plus commode & plus expéditif de remplir l’intérieur de ces bouteilles de petites feuilles d’or d’Allemagne. Elles font très-légères ; elles n'augmentent point fenlible-ment le poids de la bouteille , & elles ne portent aucune humidité en-dedans. Quant à la fur-face extétieute de la bouteille, nous la revêtiflôns d’une feuille d’étain que nous collons deflûs avec les mêmes précautions que nous avons déjà indiquées précédemment, en parlant de la manière de préparer les vaiüeaux de cryftal qui entrent dans la conftitution d’une batterie.
- Nous ajouterons ici que pour tirer tout le parti
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- 210 De i* Expérience poffible d’une bouteille , pour pouvoir la fufpen-dre, & fufpendre une fécondé bouteille au-def-fous de la première , nous maftiquons fous le cul de ces bouteilles, qui rentre en-dedans, un crochet de métal, & voici comment nous procédons. Nous collons d’abord un morceau de papier , avec de la colle de farine ordinaire , fdp le cul renfoncé de nos bouteilles. Lorfque, ce papier eft bien fec, nous coulons par-deflus du maftic fondu, de façon qu’il y en ait à-peu-près un demi pouce d cpaffbur ; & avant qu’il foit entièrement refroidi & confolidé, nous implantons dedans le crochet de fer que nous voulons y adapter , ayant eu foin précédemment de courber en différens fens la branche plongée, de ce crochet, pour quelle foit embraflèe par une plus grande furface de maftic ; & lorfque celui-ci. eft bien refroidi & bien denfe , nous collons l’étain pat-deflus. Il n’eft pas néceffaire d’obferver qu’il faut choifir pour cela des bouteilles dont le cul foit allez profondément renfoncé pour que le crochet qu’on y adapte n’excède point la profondeur de ce cul , & que la bouteille puilTe pofer Solidement fur une table. Nous obferverons cependant encore ici qu’il faut employer dans ces fortes d’opérations l’étain le plus mince ; & parce qu’il s’applique mieux, & parce qu’il fe colle plus fa* cilement fur la bouteille. On prend à cet effet
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- DE L E Ÿ D E; 21*’:
- de ces feuilles d’étain qu’on emploie dans les ma-; nttfa&ures pour mettre les glaces au tain.
- Une bouteille étant ainli préparée, on la bouche : avec un morceau de liège, à travers lequel on fait palier un fil de métal, qui pénètre en-dedans dans les feuilles de métal dont la bouteille doit être remplie, & qui eft recourbé en-dehors en forme d’arc un peu alongé- & terminé par une boule de métal , comme on le voie
- fië' 3 )•
- Veut-on fe fervir d’une bouteille de cette ef-pèce pour répéter l’expérience de Leyde? voici une manière très-fimple & qui répond en même tems de la confervation de la bouteille j qu’on lailïbit allez communément tomber lorfqu’on la tenoit à la main.
- Prenez extérieurement 8c d’une main la bou-teillè'A B, (pi. 6, fig. j ), 8c approchez le bouton a de fon crochet, du conducteur de la machine éleétrique, tandis qu’on en fait tourner la glace. Lailfez-le appliqué contre ce conduéteur pendant Tefpace de dix à douze tours, 8c pofez enfuite la bouteille fur une table. Portez alors un doigt contre la garniture d’étain dont elle eft revêtue extérieurement , 8c d’un doigt de l’autre main éxcitez l’étincelle du bouton a , ou de1 toute autre partie du crochet j la bouteille fe' déchargera, 8c vous éprouverez la commotion.
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- condition Le filccès de cette expérience dépend eflentiel-îîSdl'ce” lement de-la condition que voici* Il faut toucher même teftis aux deux furfaces
- de la bouteille ; car, fi on ne touche feulement qu’à fon crochet, on n’en retire qu’une Ample étincelle nt piquante , mais nullement corii-On n’éprouve point alors l’imprefliolr du fluide éledrique dans les deux poignets, & encore moins dans les deux coudes & dans la poitrine. Il y a plus; ën ne touchant feulement que le crochet de la bouteille, on ne la dépouille point entièrement, par cet attouchement, de toute la quantité de feu électrique qui y réfide; & on peut en tirer fucceflîvemenr plufieurs étincelles piquantes avant quelle foit totalement déchargée.
- Pareillement fi la bouteille n’eft point revêtue extérieurement d’une fubftance métallique, quoiqu’on la touche tout-à-la-fois par fes deux fur-faces , on ne la. dépouille point non-plus ; entièrement de tout le feu éledrique qu’elle peut fournir : elle donne bien alors la commotion, mais elle eft encore fufceptible d’en donner une
- fécondé & même une troifième ,
- qui n arrive
- pas lorfqu’elle eft revêtue extérieurement. Dans ce dernier cas, la première étincelle qu’on en retire la dépouille entièrement, & aufli la com^
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- D E L E Y D H.' 11}
- motion eft-elle plus forte , toutes chôfes égales, d’ailleurs, que dans le cas précédent.
- On peut confirmer ces vérités par des expériences très-faciles à faire.
- Prenez i°. une bouteille revêtue intérieurement & extérieurement, telle que la bouteille ^ B (pl. 6 , Jig. 3); chargez-la d’éle&ricité, comme nous l’avons indiqué précédemment, & pofez-la fur une table. Approchez le doigt de fon bouton a ou de toute autre partie de fou crochet, & vous en retirerez une étincelle piquante , comme nous venons de le dire. Réitérez l’expérience, & vous éprouverez plufieurs fois de fuite le même phénomène, avant qu’elle ait entièrement perdu toute la dofe d’éle&ricité dont vous l’aurez chargée. Voilà donc la première vérité fuffifamment confirmée. Examinons la fécondé.
- Prenez i°. une bouteille ordinaire non-revêtue extérieurement, mais remplie de menu plomb ou de feuilles métalliques , & non d’çau, pour que le fuccès de l’expérience en foit plus aiTuré. Adaptez-y un crochet femblable à celui de la précédente. Ele&rifez-la comme elle , en la tenant extérieurement dans la main. Lorfqu’elle fera fuffifamment chargée d’éledricité, confervez-la encore dans la main, en vous éloignant du conducteur j & de Vautre main tire* une étincelle
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- ü4 D« l’Expérience
- du crochet. Vous éprouverez alors la cortimt)-* non ; & fi vous en voulez une fécondé, change/. la bouteille de place dans votre main , c’eft-à-dire, embraflez-la par d’autres parties de fa-furface que par celles par lefquelles vous la touchiez, & vous éprouverez une nouvelle commotion, quelquefois aufli fenfible que la première^ ce qui dépend des circonftances & de la manière félon laquelle cette bouteille aura été éleéfcrifée.
- Nous observerons encore ici un autre phénomène , &c dont nous aurons odcafion de parler plus d’une fois par la fuite. Le voici: fi la bouteille de Leyde chargée d’éledfcricité & difpofée â faire éprouver la commotion, eft placée fur un Support de verre où de réfine, ou fur toute autre matière fur laquelle elle foit bien ifolée, on pourra toucher impunément à font crochet ’ fans la déféledfcrifer. On n’en retirera pas même -üné feule étincelle, fi ce n’eft celle que peut fourbir ce crochet, en tant que chargé d’éiééfeficïté Ôc ifolé par la bouteille.
- Il fuit de cette obfervation & dès précédentes, qu’il faut indifpenfablemertt établir une communication entre les deux furfaces de là bouteille pour que la commotion ait lieu, & que l’effet dé cette commotion fe diftribue & fé'fafie féntir' dans l’étendue de cette chaîne de communication. Nous ajoutererOns bien plus, que quel-
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- que diftance qu’il y ait entre la furface intérieure de la bouteille & la furface extérieure, le fluide éledrique qu’on retire- de la bouteille parcourt toute l’étendue de cet èfpace.
- . De-là la faculté de faire éprouver la com- commotion motion à une chaîne compofée de plufieurs per- ficunfp«]«n* bonnes qui fe tiendraient par la main. Cette aeï* chaîne étant féparée ou rompue dans un point, l’une des perfonnes qui la termine d’un côté doit toucher à là furface extérieure de la bouteille, tandis que l’autre, qui termine l’autre bout de la même chaîne, touche au crochet de la bouteille.
- Dans le même tems toutes les perfonnes qui la compofent éprouvent la même impreflion , le même choc, en un mot , la même commotion que relient une feule perfonne lorfqu’elle fait cette expérience.
- Pour la faire d’une manière commode, voici comment jé procède. J’emploie à cet effet une bouteille garnie en dedans & en dehors , telle que la bouteille A B {pl. 6, fig, 3 ). Je la fuf-pends à l’un de mes condudeurs. J’attache une chaîne au crochet qui eft maftiqué fous le fond de cette bouteille, & je donne cette chaîne à tenir à une perfonne qui commence à former le cercle de celles qui veulent concourir à l’expérience. Toutes fe tenant par la main , fans aucune interruption y je fais éleûrifer la bou- ,
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- zx6 De l’ E x p éjr i e n c e teille, & lorfque je la crois fufïïfamment chargée d ele&ricité , je fais toucher le crochet, ou le condudeur auquel la bouteille eft fufpendue, par la perfonne qui termine le cercle.
- Cette expérience peut également fe faire, & avec le meme fuccès, en fubftituant, comme le fit originairement M. Smeaton , un carreau d|^ glace ou de verre à la bouteille qu’on emploie communément. Ce fut de cette façon que M. Franklin parvint à la rendre myftérieufe , lorsqu'il fit ufage de ce qu’il appelle fon carreau magique , , & dont il attribue l’invention à M. Kinnerjley. Si on fe rappelle la conftrudion , ou mieux , la difpofition du carreau de verre que nous avons employé pour en faire une efpèce d’éledromètre , on concevra qu’un
- plan de glace ou de verre revêtu .d’étain ou de toute autre fubftance métallique fur la plus grande étendue de ces deux faces , peut fe charger d’é-ledricité comme une bouteille ou tout autre vaiffeau de verre , & conféquemment peut être très-propre à faire éprouver la commotion. Or, voici de quelle manière M. Kinnerjley déguifa cette expérience que M. Franklin décrit fous le nom de l’expérience des Conjures.
- Ayant , dit M. Franklin , un grand portrait gravé , avec un cadre & une glace , comme, par exemple, celui du Roi ( que Dieu bénilfe ),
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- CâMious ne voulons rien fupprimer de la defcrip-tion qu’il nous donne, ôtez-en l’eftampe, & coupez-en une bande à environ deux pouces du cadre tour autour : quand la coupure prendrait fur le portrait, il n’y aurait point d'inconvénient. Avec Àt-. la Colle légère ou de l’eau gommée , collez fur
- %e revers de la glace la bande du portrait féparée du refte, en la ferrant & luniffant bien. Alors remplirez l’efpace vuide , en dorant la glace avec de l’or ou du cuivre en feuille , ou par le moyen d’une feuille d’étain que vous y collerez. Dorez pareillement le bord intérieur du derrière dit cadre tout autour , excepté le haut ou le côté auquel s’attache l’anneau , & établirez une com-munication entre cette dorure & la dorure du derrière de la glace. Remettez la bordure fur la glace, & ce côté fera fini.
- Retournez la glace, & dorez le devant préci-fément comme le derrière j & lorfque la dorure fera lèche, couvrez-la , en collant defliis le milieu de l’eftampe , dont on avoit retranché la bande, obfervant de rapprocher les parties cor-refpondantes de cette bande ou du portrait., Par ce moyen le portrait paraîtra tout d’une pièce comme auparavant, quoiqu’il y en ait une partie derrière la glace & l’autre pardevant.
- Tenez le portrait horizontalement par le haut, & pofez fur la tête du toi une petite couronne
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- dorée & mobile. Maintenant fi le portrait eftélec-trifé modérément, & qu’une perfonne empoigne le cadre d’une main , de forte que fes doigts touchent la dorure poftérieure, & que de l’autre main elle tâche d’enlever la couronne , elle recevra., dit M. Franklin , une commotion épouvantable, & manquera fon coup. Si le portrait étoit forte-#4 ment chargé , ajoute-t-il, la conféquence pourroit bien en être auffi fatale que celle du crime de haute trahifon .... Le Phyficien qui, pour empêcher la glace de tomber la tient par le haut du cadre , où l’intérieur n’eft pas doré , ne fent rien du coup, & peut toucher le vifage du portrait fans aucun danger ; ce qu’il donne comme un témçignage de fa fidélité au Prince. Si plufieurS perfonnes en. cercle reçoivent le choc, M. Franklin appelle cette expérience celle dés Conjurés.
- De quelque manière qu’on fafle cette expérience , foit avec une bouteille, foit avec le tableau magique de Franklin, foit Amplement avec une. glace couverte des deux côtés d’étain, jùfqu’à une certaine diftance de fes bords , le réfultat eft le même. Le feu éle&rique parcourt toute l’étendue de la chaîne ou du cercle interpofé entre les deux furfaces de la bouteille ou de la glace ; & toutes les perfonnes qui compofent cette chaîne paroilTenr éprouver en même tems la commotion. La fentent-elles également ? eft-il quelque point
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- de la chaîne ou elle doive être plus foible ou plus force, à raifon qu’on eft plus éloigné ou plus proche de la bouteille ou du carreau magique ? On verra facilement, par la théorie de cette expérience, que le fluide électrique agit également 8c ^de la même manière dans tous les points de cette chaîne ou de ce cercle de communication , 8c conféquemment quon doit éprouver partout la même commotion. Mais, il eft également de fait que cette impreffion étant relative à la difpofition des organes de ceux qui l’éprouvent, & de la fen-flbilité ou de l’irritatk)n de leurs nerfs r il îi’y a probablement pas deux perfonnes dans une chaîne compofée de plufîeurs , qui éprouvent ftridement le même dégré de commotion. Audi remarquons-nous chaque fois qu’on répète cette expérience, 8c que la compagnie eft fort nombreufe, que les uns fe plaignent de la force de la commotion , tandis que quelques autres la regardent comme très-modérée ; & fl on répète plufieurs fois de fuite la même expérience avec les mêmes perfonnes , quel-qu’inverfion qu’on mette dans leur difpofition, leur témoignage fur l’inrenfité de la commotion demeure le même, en obfervant toutefois de changer la bouteille de la même manière.
- Une obfervation qui me paroît importante à ohCeuation faire pour le fuccès de cette expérience , c’eft de- ex'
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- *$o De l’ExpiRMKci virer, pour la faire, que les perfonnes foient établies fur un terrein trop humide. Je l’ai vu manquer plufieurs fois en pareilles circonftances^ & avant d’en découvrir la caufe , ce phénomène particulier fit naître des idées bien fingulières. Je me rappellerai toujours que faifant cette expérienc^^ dans un des collèges de Paris , où mon neveu, M. Rouland y occupe a&uellement ma place , la chaîne étoit compofée d’environ foixante perfonnes ; & pour lui donner plus d’étendue, nous nous étions tranfportés dans la cour. Ta bouteille étoit alTez fortement chargée ; mais la commotion ne fe fit fentir qu’à une demi-douzaine de perfonnes , du côté de celle qui tira l’étincelle, & à celle qui tenoit du côté oppofé la bouteille. Sans rien changer à la difpofition des perfonnes, je rechargeai la bouteille j & l’ayant chargée plus fortement , 1 effet fut encore le même, & la commotion fs borna toujours à la même perfonne, qui fàifoit la fîxième dans la chaîne du côté de celui qui tiroit l’étincelle. Tout le monde s’en prit à cette perfonne, & prétendit que c’étoit un effet de fa conftitution particulière, 11 fe fit un tumulte fi confidérable à ce fujet, que je me vis obligé d’abandonner l’expérience , que j’aurois dû répéter en fupprimant cette perfonne de la chaîne.
- On foupçonnoit depuis long - tems le jeun©
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- homme dont il eft ici queftion , de n’être pas pourvu de tout ce qui conftitue le caractère dif-tindif de l’homme.
- Quelques perfonnes inftruites & habituées à faire des expériences fur lele&ricité, m’ayanr af-^furé quelque tems après, qu’il étoit impoffible d’éledrifer & de commouvoir ceux que la Nature avoir maléficiés jufqu’à ce point, je crus pouvoir hafarder cette obfervation dans un de mes Cours. Je l’annonçai non comme un fait, mais comme un foupçon à vérifier. Le bruit s’en répandit auffi-tôt dans Paris, & chacun répétant cette obfervation à fa manière, quelqu’un a Aura que cette opinion étoit confirmée par une expérience nouvelle- • ment faite fur un célèbre Muficien, que la nature a dédommagé du trifte état où il a été réduit par une voix enchantereire & un goût exquis. M. le Duc de Chartres fut informé de ce fingulier phénomène , & voulut s’aflurer du fait. Le defir d’en être promptement inftruit l’amena chez moi, & je l’aurois fans doute difliiadé d’une opinion à laquelle je ne voyois encore aucun fondement fo-lide, fi je me fufle trouvé au logis. Je me rendis le matin à fon lever : il avoit déjà pris fon parti, & il voulut que l’expérience fût répétée fur plufieurs Muficiens de la Chapelle du Roi, dont l’état n’étoit point équivoque. Je fus chargé de cette opération, & je fis cette expérience au mois
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- 232 Dï l’Expérience de Février 1772 , en préfence de plüfieurs Savans que le Prince avoit invités, fur trois Muficiens qu’il avoit fait venir à ce delïein. Ils relTentirent tous les trois les effets de la commotion , & ils n’interceptèrent point la communication dans aucun des points de la chaîne. Elle étoit compofée d’une vingtaine de perfonnes ; le Prince étoit à lajf tête, & toutes reflèntirent l’effet de cette commotion. Les trois Muficiens parurent même plus fenfîbles à cette impreflîon qu’aucune des perfonnes qui l’éprouvèrent avec eux : mais cet excès de fenfibilité ne doit point en impofer. Il venoit fans doute de la furprife que dût occafionrier en eux un mouvement qu’ils n’avoient jamais éprouvé, car ils n’avoient aucune idée de l’éleéfcricité.
- Il 11’en Falloir fans doute pas davantage pour faire ceffer les bruits qui s’étoient répandus, & pour faire voir que l’opinion qu’on avoit hafardée étoit fauffe : mais il fe trouva encore de ces gens qui ne fe laiffent pas perfuader aifément , de qui ne renoncent pas facilement à une idée qui leur a plu & qu’ils ont adoptée. Ils prétendirent qu’il devoit y avoir une différence entre la conftitution des perfonnes mutilées pat l’Art, & entre celles envers lelquelles la Nature s’efl; montrée marâtre j de forte qu’ils foutinrent que li les premières ëtoient fufeeptibleé d’éprouver les effets de la commotion , il pouvoir très-bien fe faire que les aut*
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- très n’en fulTent point fufceptibles. Ces bruits fubfiftèrent donc encore quelque tems , & ce ne fut qu’au mois de Juillet fuivant que le hafard me mit à portée d’expliquer un phénomène aulïi fîngulier, & toici ce que j’obfervai.
- Je faifois cette expérience au collège d’Harcourt. La chaîne n’étoit compofée que de feize perfonnes. Nous étions dans la dafle qui eft on ne peut plus humide, & il n’y eut précifémentque celle qui tenoit d’un côté la bouteille, & celle qui tiroit de l’autre côté l’étincelle, qui éprouvèrent la commotion. Nous réitérâmes plüfieürs fois de fuite cette expérience. Nou$ changeâmes l’ordre de la chaîne ; chaque perfonne prit à fon tour la boifteille, & tira l’étincelle : le fuccès fut toujours le même, & nous ne pûmes donner la commotion à plus de deux perfonnes à la fois. II y en eut cependant une troifième qui éprouva en deux de ces circonftànces variées , une impreffion de commotion j mais elle fut fort peu fenfible, 8c elle ne l’éprouva que dans la main par laquelle elle communiquoit à celle qui tiroit l’étincelle. Prefque toujours celle qui tenoit la* bouteille éprouvoit la commotion non-feulement dans les bras', mais encore dans les jambes, & ce fut ce qui me conduifit à l’explication de ce phénomène.
- J’imaginai que la terre, lorfqu’elle eft fort humide , eft meilleur conducteur deleétricité que le
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- 154 De l’Expériinc! corps des perfonnes qui forment la chaîne, & je crus que dans les expériences que je venois de faire , l’éleâricité tirée du crochet de la bouteille pafioit de la perfonne qui excitoit cette étincelle, à la terre humide qui la tranfrtiettoit à la perfonne qui tenoit la bouteille. Je ne fus pas long-temps ^ vérifier cette idée, & à la confirmer par une expérience décifive.
- J’avois la même féance à faire quelques jours après , au Collège des Gradins, où la clafle eft encore a fiez humide, quoique moins que celle du Collège d’Harcourt. J’expofai mes foupçons , & je pris les moyens les plus fimples de les vérifier.
- La chaîne y fut toujours compofée de plus de foixante perfonnes , toutes d’abord debout fur le carreau , & je vis, comme je l’avois prévu , qu’il n’y en eut qu’une partie qui éprouva la commotion , cinq à fix du coté où on tenoit la bouteille, & à-peu-près le même nombre du côté d’où l’on tira l’étincelle, de forte que le plus grand nombre n’éprouva rien. Je réitérai trois fois de fuite cette expérience avec le même fuccès, à une perfonne bu deux près , autant qu’il fut poflïble de s’en afiurer dans le tumulte de plufieurs jeunes gens qui prennent communément cette expérience pour «ne petite récréation qu’on leur donne.
- Je m'y pris enfuite d’une autre manière pour
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- faire éprouver la commotion à /oute la férié de la chaîne, & pour cela je fis monter tous les Ecoliers fur des bancs. Je chargeai la bouteille comme dans les cas précédons , & tous , fans exception , reflèntirent la commotion j ce que je confirmai par une fécondé expérience, qui réuffit
- Enfin, pour mettre dans la plus grande évidence cette idée que j’avois de la diverfion du fluide éle&rique , je fis une troifîème tentative : ce fut de faire monter encore fur les bancs la plus grande partie des Ecoliers , & d’en laifler plufieurs fur le carreau. J’en choifis dix-huit au milieu de la chaîne pour cette dernière pofition ; & ayant fait le cercle aflçz grand pour mieux obferver le fait, je chargeai la bouteille comme dans les cas précédens. Tous ceux qui étoient fur l'es bancs éprouvèrent la commotion , & des dix-huit qui étoient fur terre , il n’y eut que les deux extrêmes qui réprouvèrent 5 encore l’un des deux ne l’éprouva-t-il que dans la main par laquelle il communiquoit avec fon camarade qui étoit monté fut un banc. Je vis donc alors mon idée complètement démontrée par l’expérience, 6c j’ofe aflurer maintenant que l’expérience de Leyde ne réufîira point fur une chaîne complette de perfonnes qui fe tiendront par la main, fi elles font debout fur un terrein fuffifamment humide,
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- & qui foit meilleur conducteur de la vertu électrique ; & voilà l'explication de . cë fingulier phér nomène qui fit avancer une opinion plus fingu-lière encore, & qui fit regarder certaines per-fonnes comme non-propres à être ébranlées par le fluide éleétrique.
- II eft, nous en convenons, desperfonnesmoins, fufceptibles que d’autres de ces fortes d’impref-fions. L’expérience journalièré nous prouve la certitude de cette opinion : j’ajouterai même , d’après le témoignage de Mujjenbroech , qu’il peut s’en trouver qu’on ne puüTe aucunement éleéfcrifer. 11 fait mention de trois de cette ef-pèce , dans le premier Volume de fon Cours de Phyjique. J’ai rencontré , dit-il, trois perfonnes que je n ai jamais, pu éle&rifer, même en différons tems, quoique dans le même tems que je tentois cette expérience , je parvenois à élec-trifer fortement d'autres perfonnes. L’une de ces perfonnes étoit un homme robufte , vigoureux , âgé de cinquante ans, & n étant attaqué d’aucune incommodité : l’autre étoit un jeune homme paralytique , âgé de vingt-trois ans, & la troifième étoit une belle femme, faine , & âgée de quarante ans,1 mère de deux enfans bien conftitués & fort robuftes. D’où il fuit que fi quelquefois la conftitution du corps peut apporter obftacle à faCtion du fluide éleétrique , il faut chercher
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- ailleurs que dans l’opinion ridicule quon publia en 1771 > la raifon de ce phénomène.
- Quel que l'oit le nombre de perfonnes qu’on, EreDJuîde introduire dans la chaîne j elles éprouvent toutes â°n la commotion 3 s’il ne fe trouve point d’obftacle qui s’oppofe à la circulation du fluide éledrique.
- ^jM. le Monnier fut le premier qui fit cette expérience en France. Il la fit dans la Galerie de Verfailles j en préfence du Roi & delà Reine : la chaîne étoit compofée dé cent quarante perfonnes , & on la répéta depuis avec le même fuccès fur un plus grand nombre de perfonnes. Lorfque l’abbé Nollet la faifoit au Collège de Navarre , la chaîne étoit compofée de plus de fix cens perfonnes , & toutes éprouvoient la commotion, dans un degré de force relatif à la difpofition de leurs organes. Dès 1747, les Anglois seraient aflurés qu’on pouvoit donner à cette chaîne une étendue indéterminée, & qu’on ne pouvoit aflïgner des bornes au chemin qu’on voudrait faire parcourir à la matière éledrique. Nous en trouvons la preuve confignée dans l'Hïftoire de l1électricité du Dodeur Prieftley.
- « Le premier eflai que firent ces Meflieurs a» (il parle du Dodeur Watfon, qui fe chargea » du foin de conduire cette expérience, & de n plufieurs Savans qui furent témoins de fes » fuccès ), ce fut de faire palier la commotion
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- » éleétrique à travers la Tamife, en fe fervalrt » de l’eau de cette rivière pour faire partie de,
- » la chaîne de communication. Cela fut exécuté » le 14 & le 18 Juillet 1747 , en attachant un » fil de fer tout le long du pont de Weftminfter,
- » à une hauteur considérable au-deftiis de l’eau»
- » Un des bouts de ce fil communiquoit avec l’en-g » veloppe de la bouteille chargée : l’autre étoit » tenu par un Obfervateur, qui avoir dans foh » autre main une baguette de fer, qu’il trempa » dans la rivière, au coté oppofé, où étoit un s» autre homme, qui trempoit pareillement une » baguette de fer dans la rivière, d’une main,
- « & tenoit de l’autre un fil de fer , dont l’extré-» mité pouvoir erre mife en contaéb avec le fil *» de fer de la bouteille. »
- » En faifant la décharge , continue le Doéteur » Priejlley , la commotion fe fit fentir aux .Ob-fervateurs des deux côtés de la rivière 5 mais plus fenfiblement à ceux qui étoient poftés du î> côté de la machine , une partie du feu élec-»* trique étant defcendue du fil dé fer aux parties » humides du pont, pour fe rendre par un cher 3» min plus court à la bouteille , paflànt cepen-3» dant tout entier à travers les gens qui étoient » poftés du même côté que la machine. Ceci ” fut en quelque manière démontré par quel-» ques perfonnes qui éprouvèrent une commotion
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- » fenfible dans les bras 8c dans les pieds, pour », avoir Amplement couché au fil de fer dans » le moment d’une des décharges , tandis qu’elles » étoient fur les degrés humides qui conduifent » à la rivière....
- » Dans la tentative fuivante, ajoute le Doc- ,
- teur Prieftley , ils fe propofèrent de forcer la » commotion électrique à faire un circuit de deux » milles à la nouvelle rivière au lieu nommé » Stocknewington. Ils firent cette expérience à » deux endroits , à l’un defquels la diftance par » terre étoit de huit cens pieds & deux mille par » eau. Dans l’autre, la diftance par terre étoit » de deux mille huit cens pieds, £c par eau de » huit mille. La difpofition de l’appareil fut la » même, 8c l’effet répondit merveilleufement à » leur attente ».
- Nous paierons fous filence , pour éviter la prolixité, plufieurs autres obfervationsdece genre, pour nous arrêter à une dont l’idée étoit très-ingénieufe, & demandoit, compe le remarque très-bien le Doéteur Priejiley, toute la fagacité des Opérateurs.
- » Ils voulurent efTaye.r , dit-il, fi le choc élec-» trique pouvoir fe faire fentir à une diftance » double de celle à laquelle ils l’avoient porté » auparavant dans un terrein parfaitement fec,
- » & à la proximité duquel il n’y eût point d’eau,
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- i4o De l’Expérience » & diftinguer auffi, s’il étoit pôflîble , la vî-» telle refpedive de 1 eledricité & du fon.
- » Pour cet effet, continue le Dodeur Priejllèya » ils choifirent la montagne de Scother, & ils » firent leur première expérience le 14 Août » 1747, où, par événement, il n’étoit tombé » qu’une feule ondée depuis cinq femaines. Le# » fil de fer communiquant avec la baguette de » fer qui fit la décharge, âvoit fix mille fept *» cent trente-deux pieds de longueur, & étoit « foutenu par-tout fur des bâtons féchés au four, » comme l’étoit aufli le fil de fer qui cpmmu-» niquoit avec l’enveloppe de la bouteille, & » qui avoit trois mille huit cent foixante-huit » pieds de longueur. Les deux Obfervateurs » étoient éloignés l’un de l’autre de deux mille. » Le réfultat démontra, à la fatisfadion des » Spedateurs, que l’efpace parcouru par la ma* » tière éledrique, étoit de quatre mille; favoir, »» deux mille de fer & deux mille de terrein fec, » faifant la diftance entre les extrémités des fils » de fer, diftance qui, comme ils lobfervèrenr, » étoit fi grande, qu’on n’eût pu le croire fans »» l’avoir éprouvée. On rira un coup de fufil à « Pinftant de l’explofion , & les Obfervateurs « avoient leurs montres à la main pour remar-« quer le moment où ils fentiroient le coup : mais »» autant qu’ils purent le diftinguet, le tems pen-» danc
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- :V dant lequel la matière parcourut ce vafte cir-» cuit, doit avoir été un feul inftant « , ainfi que nous l’avons fait obferver précédemment en rendant cdmpte de l’expérience de M. le Monnier dont l’objet étoit également de juger -de la vîtelfe Ævec laquelle le fluide éleéfcrique fe meut , & dont, potir le dire en partant, la manière de procéder étoit plus fimple & plus exaéfce que celle des Phyficiens Anglois.
- Il paroît, d’après ces tentatives, & d’après plu-fieurs autres encore que nous pourrions ajouter, que, la charge d’éleétricité accumulée dans une bouteille , ou fut un carreau de verre , peut parcourir , dans un tems dont on ne peut déterminer la durée , un efpace extrêmement étendu, 8ç qu’on ne connoît point de bornes qu’on puiflè af- ^ ligner à l’étendue de cet efpace.
- Autant le Phyflcien fe plaît à approfondir les tion^°dlpcf^ fecrets de la Nature, autant l’Amateur s’occupe Fr^cc de à en tirer parti pour fatisfaire fa curiofité & fon agrément. Aurti eft-il peu de découvertes phyfi-ques dont on n’ajt fait des applications plus ou moins agréables, & qu’on n’ait employées à produire des effets plus ou moins furprenants.
- La commotion éle&rique efl: de ce genre. 0\i a fu la modifier de différentes manières , pour exciter davantage la furprife de ceux à qui on l’a fait éprouver en différentes circonftances. Mais
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- toutes ces modifications ne confident qu’à cachet
- plus ou moins artiftement la bouteille de Leyde,
- & la communication entre les deux furfaces de cette bouteille. Nous ne nous occuperons point à décrire ces différens 'moyens j il fuffira d’en faire connoître un très-fimple & très-ingénieux ejp^ mème-tems, pour en donner une idée fuffifante,
- & propre à exciter l’émulation de ceux qui fe plaifent à ce genre d’expérience.
- Nous choififlfons celui que le Doéfceur JfVatfon imagina, & qu’il décrit dans fon EJfai fur VE-leclricité, fous le nom de Mine Electrique. Nous en changerons un peu la forme pour rendre cette expérience plus furprenante, & afin que la commotion s’excite dans une circonftance où on ne peut en avoir le moindre foupçon.
- Difpofez derrière & au-deflus de Importe d’entrée d’un appartement une bouteille de Leyde, garnie félon la méthode du Doéfceur Bevis de manière que le crochet de cette bouteille foit dans le voifinage d’un petit lévier de fer , qui puiilè être mis en mouvement par le cordon de la fonnette, & venir toucher le crochet lorfquon tirera le cordom Si celui-ci eft de foie, ayez foin de faire glifler dedans un petit fil de métal, ou de filer tout-autour de ces fils métalliques dont on enveloppe les cordes d’inftrumens, pour avoir une communication convenable non-interrompue
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- encre lé levier de fer & la main qui failit & qui tire le cordon de la fonnecte.
- Attachez un petit fil de fer ou de tout autre métal, au crochet qui doit être maftiqué fous le fond de la bouteille, & conduifez ce fil au bas .^e la porte, pour le faire palTer par une ouverture pratiquée au chambranle, & l’accrocher enfuite à d’autres fils de ferdont le deflous du paillaf-fon doit être garni, afin que celui qui pofera les pieds defius communique avec la furface extérieure de la bouteille j & votre appareil fera conf-
- On voit manifeftement ici que la perfonne qui marche fur le pàillaflon , communique par-là avec l’extérieure de la bouteille , & venant à tirer le cordon de la fonnette , elle eft précifément dans le même cas que fi elle touchoit avec fes pieds l’extérieure de la bouteille, & quelle vînt enfuite exciter l’étincelle du crochet, en y portant la main. Toute la longueur de fon corps fe trouve donc alors 4ans la chaîne de communication avec les. deux furfaces de la bouteille j & au lieu de recevoir une commotion qui aille de l’un de fes bras à l’autre, en paflant par la poitrine , elle la reçoit dans toute la longueur de fon corps, d^l’un de fes bras à fes pieds, & elle n’en eft*s moius forte ni moins furpre-nante. On peut, comme on le voit, modifier fa-
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- 144 D-i la Théorie cilement ce phénomène 3e toute autre maniéré j c eft une affaire de pure cutiofité que nous abandonnons aux amateurs, pour nous occuper de la théorie de ce -fîngulier phénomène.
- Article II.
- De la Théorie de Franklin , concernant la bouteille de Leyde.
- De l’élec- J” U s q u ’a préfent nous n’avons confidéré l’élec-néga-tr*c^ °Iue ^ous un feul point de vue, que commue tl?e* furabondamment accumulée, ou par voie de frottement , ou par voie de communication fur les corps qui ont fait le fujet de nos expériences. Nous avons vu ce fluide fe porter du réfervoir commun, & gorger , fi on peut s’exprimer ainfl, par le moyen du frottement , la glace de notre appareil, pour fe diftribuer de—là, par voie de Communication, fur nos conduéteurs 8c fur les corps que nous avons fait communiquer avec eux.
- La bouteille de Leyde, dont nous nous pro-pofons d’expliquer le phénomène^ nous offre une nouvelle fpéculatiou.s Elle nous ^réfente tout-à-la fois & des effets femblables aux précédens, &
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- DE FrA KKLI I N; '*4$
- des effets d’un genre bien différent. Elle nous offre d’un côté nne furabondance, & de l’autre un déchet de fliiide éleéfcrique. Pour bien faifir fa théorie, il faut fe rappeler l’idée que nous avons donnée, au commencement de cet ouvrage , des différens états dans lefquels les corps peuvent fe prouver relativement à ce fluide.
- L’éleéfcricité, avons-nous dit, eft univerfelle-ment répandue & difttibuée dans tous les corps. Chacun en contient une quantité qui lui eft propre*& c’eft foiv état naturel d’éleétricicé-, état d’inertie, dans lequel ce fluide ne manifefte point au-dehors fa préfence.
- Vient-on a augmenter de quelque manière que ce foit cette dofe commune & naturelle d’électricité , le corps, qui reçoit cette augmentation, en-eft furabondamment chargé, & c’eft cette quantité furabondante, que nous appelons, avec le Doéteur Franklin, électricité en plus j ou électricité pojitive j & ce corps eft. éleétrifé pofitive-
- Vient-on au contraire a enlever à un corps une portion de fon électricité naturelle, ce déchet qui fe trouve alors en lui fe nomme électricité en moins, ou électricité négative j & ce corps eft éleétrifé négativement.
- Voilà donc trois états bien différens d’éle&ri-cité, & qu’on doit diftinguer avec foin. Etat na-
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- *4 6 D? IA T H £ onr turel, état de furabondance, & état de privation. Le premier eft confiant & invariable, les deux autres fouffrent du plus & du moins. Or la -bouteille de Leyde fe trouve en même tems dans ces deux derniers états, lorfqu’elle eft préparée & difpofée à faire éprouver la commotion. ' ' Avant d’être éledrifée, elle eft dans fon éta/ naturel d’éledricité. Elle contient préçifément la dofe d’éledricité qui lui eft propre, & cette dofe eft uniformément diftribuée à chacune de fes parties tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, \fient-on à approcher fon crochet du coridudeur de la machine éledrique, tandis que celle-ci eft en action , la bouteille reçoit une quantité furabon-dante de fluide éledrique , & nous prouve par-là , que fi le verre eft fufceptible d’être éledrifé par frottement, il peut l’être également par voie de k Principe ^ communication. Mais ce qui va paroîcre fans Franklin. doute un paradoxe , peut - être révoltant au premier afped , c’eft qu’une bouteille Surabondamment chargée de fluide électrique, & propre à faire éprouver la commotion la plus forte , ne contient cependant pas plus d’électricité qu’elle en contenoit avant qu’elle fut éleclrifée par le conducteur de la machine électrique. C’eft fur ce principe, que nous allons développer, & dont nous démontrerons la certitude, qu’eft fondée la théorie fublime du Dodeur Franklin fur la bouteille de Leyde.
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- DE FUNKl'i», I47
- Pour mettre cette théorie daps tout Ton jour, nous diftinguerons deux furfaces dans cette bouteille, & dans tout "autre vaifleaude même matière , la furfaçe intérieure & la furface extérieure. S’il s’agifloit d’un carreau de verre , d’une glace » &c. , que nous fuppofons pofée for une table, -pous diftinguerions pareillement deux furfaces, l’une fupérieure & l’autre' inférieure , ou mieux , l’une de defliis & l’autre de deflfous. Nous nous bornerons ici à appliquer notre théorie aux deux furfaces d’une bouteille & il fera très-facile enfuite d’en faire l’application à un plan de verre, de glace ou*de cryftal.
- Or , une bouteille étant donnée , il eft de fait quelle conrient naturellement une certaine dofe d’éledricité qui lui eft propre, & rien n’empêche de fuppofer , pour éviter l’embarras du calcul, que cette dofe d’éledricité foit uniformément répartie ou diftribuée entre les deux futfaces de cette bouteille.
- Çelà pofé, fi on tient cette bouteille à la main en empoignant la garniture extérieure, ou fi elle n’e.ft point garnie, fa furface extérieure, fa panfe,-tandis qu’on préfente Ion crochet à un condudeur qu’on charge d?éledricité, il eft confiant que le-ledricité de ce condudeur fe porte dans l’intérieur de la bouteille ; qu’elle s’y accumule , &. que cette bouteille devient alors propre à faire:
- Q 4
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- i48 De; la T Hé orie
- éprouver la commotion. JufqueJà poiut de difficulté ; c’eft.un.fait qui fe palTe tous les jours fous nos yeux , lorfque nous éleéfcrifons une bouteille pour répéter l’expérience de Leyde. L’intérieur de cette bouteille reçoit donc une dofe furabondante de fluide éleétrique ; & 'c’eft encore une vérité dont tout le monde convient. La bouteille con-/ tient donc alors plus que fa dofe, plus que fa quantité naturelle d eleétricité ? Point du tout , & c’eft ici où fe trouve le nœud de la difficulté. A mefure, à proportion que cette bouteille reçoit intérieurement une nouvelle dofe d’éleétri-cité, qui fe réunit à fa quantité propre & naturelle de fluide éleétrique, elle fe dépouille extérieurement , & dans la même proportion, d’une partie du fluide éleétrique qui appartient naturellement, & qui réfide à fa furface extérieure. Elle perd donc autant à l’extérieur quelle acquiert à l’intérieur , & conféquemment lorfqu’elle eft dif-pofée à donner la commotion , la totalité de cette bouteille , ou fes deux furfaces prifes çn-femble , ne contiennent pas plus d’éleétricité quelles en contenoient avant l’opération, avant qu’on l’eût éleétrifée, & c’eft en cela feul que confifte tonte la théorie du Doéteur Franklin ; Sc c’eft ce que nous allons confirmer par des expériences inconteftables.
- Toute la difficulté fe réduit à démontrer que
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- DE F R A N K I I N. Î4J
- lorfquon éledrife une bouteille, une jarre , un carreau de verre , &c., à mefure que l’une de fes furfaces reçoit & fe charge d’une nouvelle dofë d’éledricité , fa furface oppofée perd & fe dépouille d’une femblable quantité de fon éledricité naturelle.,
- '' Pour l’intelligence d’une expérience qui dé- Expofm'on montre fenfiblement cette vérité , j’établis un jTcondukPà principe univerfellement reconnu de tous les Phy-q^émontte ficiens éledrifans. Ils favent que li le fluide élec- de
- trique ne fe manifefte par aucune lumière lorf-qu’il parcourt l’étendue d’un condudeur continu, il fe fait voir fenfiblement fous la forme de petites étincelles plus ou moins multipliées , lorfqti’il parcourt la fengueur d’un condudeur dont les parties font féparées & prefque contiguës les unes aux autres 3 & ce phénomène fuit manifeftement de ce que nous avons obfervé jufqu’a préfent, & de ce qui arrive habituellement lorfqu’on préfente le doigt ou tout autre corps an-éledrique à un condudeur chargé d’éledricité. On voit le fluide éledrique paffer du condudeur au corps qu’on lui préfente fous la forme d’une étincelle. Chaque fois que l’éledricité pafle d’un corps dans un autre,
- & que ces deux corps font féparés par une mafle ou par une lame d’air, le fluide éledrique éclate à fon paflàge, & fe manifefte par une çtincelle proportionnée, & à la diftance qu’il eft obligé de
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- x$à De ia Théorie franchir, & à l’énergie de leledricité qui réfide dans le corps éle&rifé. De-!à on conçoit que fi les parties d’un condu&eur étoient féparées les unes des autres , mais fuffifamment rapprochées pour que le fluide éleéfcrique pût palier de l’une à l’autre, ce fluide étincellerait entre toutes ces parties , & c’eft ce dont on peut s’aflurer par le moyen ’ que voici.
- Collez fur une lame de verre A B ( pl. 6 , fig. 4) , de petites lofanges de métal a 3 b y ç 9 d9 en tel nombre qu’il vous plaira, conformément a la longueur de la lame de verre, mais oppofées par leurs angles , & laitfant entr’elles une petite dif-tance. Collez vers celles qui terminent les extrémités af, de petites lames anguleuses g h beaucoup plus grandes , & qui fe replient paf-derrière la lame de verre. Cela fait , ayez foin de faire chauffer modérément cette lame , lorfque vous voudrez en faire ufage pour enlever l’humidité qui pourrait fe trouver défias , & qui nuiroit à la folution de continuité entre ces lofanges y Sc tenant d’une main ce verre, fuppofons par la lame g, approchez la lame h d’un conducteur chargé d’éle&ricité pour en tirer des étincelles , & vous obferverez que chaque étincelle fe répétera entre chacune de ces lofanges pour arriver à la main qui tiendra la lame de verre , & fe porter de-là dans le réfervoir commun. D’après ce fait, fur lequel
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- nous reviendrons dans une aurre circonftance, on conçoit ce qui arriveroit fi on éledrifoit un con-dudeur qui contînt une multitude considérable de petites parties féparées; une feule étincelle éledrique , portée fur une des extrémités de ce condudeur, fe répéteroit & fe multiplieroit comme le nombre dé ces parties. C’eft ce qu’on obferve lotfqu’on porte une étincelle fur un des bouts de la dentelle dorée de la couverture d’un livre, où les parties de lof n’ont prelque point de continuité : on voit cette dentelle briller d’une niulti-çude innombrable de petites étincelles ; on le voit encore d’une manière-plus curieufe , & ces étincelles font encore plus multipliées , lorfqu’on porte une étincelle éledrique fur up des points d’un lambris anciennement doré , & dont la dorure eft aflez ufée pour que les parties de l’or foient comme ifolées les unes des autres. J’illuminois quelquefois de cette manière le pied de la table fur laquelle Je faifôis mes expériences. Ce pied, fculpté & doré, & aflez vieux pour que la dorure y foit très-maléficiée, fe couvroit entièrement d’une multitude prefqu’infinie de petites étincelles éledriques, à chaque étincelle que mon condudeur lui four-nifloit, & voici de quelle manière je procédois pour cela.-
- Ayant difpofé au bout de la machine éledrique Téledromêtre de M. Lane (pl*69fig. z)9 j’éloi-
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- Mr De u Th4.r.«
- / gnois la boule B de cet éledramètre de celle qur termine le condudeur, pour que les étincelles ne partirent que difficilement de ce dernier , & con-féquemment fufïènt plus fortes & plus nourries. J’attachois une chaîne au crochet b de cet éledro-mètre, & je conduifois cette chaîne jufqu’à l’un des pieds de ma table. Mieux vaudrait un fil de fer continu. Gela fait, on mettoit la machine électrique en adion , & chaqae étincelle qui partait du condudeur à la boule de l’éledromètrefe tranf-mettoit jufqu’à la table.
- Application Or , c’eft par une application de ce principe, àCuneC,expe! 4°* nous pouvons démontrer que la furface exté-montrequeia r^eure d’une bouteille fe dépouille de fon éledri-térieutefedf nature^e a mefure que fa furface intérieure iearicitthrS’ reÇ°*t une nouveHe dofe de matière éledrique de mefure que la part d’un condudeur éledrifé , & voici de Pintérieure \ . . ,
- s’eu cBargc. quelle manière j ai imagine de dilpoler une bouteille à cet effet.
- Au lieu de revêtir extérieurement cette bou-
- teille, félon la méthode du Dodeur Bevis, avec urçe lame ou une feuille d’étain, je la couvre d’une pouflière métallique, jetée au hafard fur cette furface , & qui y adhère par le moyen d’un vernis gras dont j’ai eu foin de l’enduire auparavant. On peut prendre à cet effet de la limaille dé fer ou de cuivre : mais je me fers communément d’aventurine métallique, & la bouteille en eft
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- plus agréable à la vue. Je colle fous le fond de cette bouteille une feuille d’étain que je fais déborder de trois £ quatre lignes, & que je remploie fur le bord inférieur de la bouteille, ce qui -forme un conducteur circulaire propre à recevoir l'éleCtricité qui doit s’échapper des différens points .-de la fiirface extérieure de cette bouteille. Elle porte fous fon fond un erochet auquel j’attache une petite chaîne, à celle-ci une tige de métal A, tournée en forme de C , & terminée par une petite boule de métal, comme on peut le voit (p/.
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- Le&dedans de la bouteille étant rempli.de petites feuilles de métal, je la bouche avec un bou-, chon de liège que j’y fais entrer à force, & je fais : paffer également à force à travers ce bouchon le crochet ordinaire d’une bouteille de Leyde, & la bouteille eft préparée. Pour en faire ufage , voici de quelle manière je procède.
- Je fufpends cette bouteille par fon crochet à l’un de mes conducteurs, & ayant fait l’obfcurité dans la falle autantqu’il eft poflible de la faire, je tiens dans la main l’excitateur A, ou la tige de métal qui tient à la chaîne, & je fais éleCtrifer le conducteur.
- Il eft manifefte que dans cette opération l’électricité du conducteur fe tranfmet ï l’intérieur de
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- cette bouteille par l’irttermède du crochet. Or, tant que cette opération dure & fe continue , on voit une multitude de petites étincelles éledriques qui ruilTellent fur la furface extérieure de la bouteille, fous la forme de petits rameaux , & qui fe jettent fur la bande circulaire de métal qui règne au bas de la bouteille, & fe portent '4e-là à la chaîne , pour fe dilliper 8c fe perdre dans le ré-fervoir commun par la communication que j’établis en tenant dans la main l’excitateur A. On ne voit, pendant le cours de cette expérience , que quelques ruifleaux de lumière qui parcourent fuc-ceflivement la furface extérieure de la bouteille , parce que la furface intérieure ne recevant que progreflïvement le fluide éledrique qui y aborde , fa furface extérieure ne perd que progreflïvement fa quantité naturelle d’éledricité : mais fi, lorf-qu’elle paraît complètement chargée intérieurement d’éledricité, 8c conféquemment aufli complètement dépouillée extérieurement, on porte la boule de l’excitateur A contre le crochet de la bouteille , on rappelle alors l’éledricité furabondante de la furface intérieure à l’extérieure. Il part de ce crochet une forte étincelle, 8c celle-ci parcourant le cercle de communication établi entré les deux furfaces , on voit le fluide éledrique fe reporter à la furface extérieure de la bouteille , qui
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- fe trouve au même moment toute couverte d’une multitude de jets lumineux, & l’équilibre eft rétabli.
- Il paroît donc manifeftement ici qu’il s’échappe une portion de fluide éleCtrique de la furface extérieure d’une bouteille , à mefure que fa furface intérieure en prend ou en reçoit du conducteur.
- 11 y a plus, cetre dernière, n’en peut recevoir & n’en reçoit effectivement qu’à mefure & dans la même proportion que la furface extérieure en perd , & on en trouve la preuve dans l’expérience fuivante.
- Ifolez fur un plateau de cryftal une bouteille de Leyde, garnie félon la méthode du DoCteur q Bevis , & difpofez-Ia de manière que fon crochet^ ou la boule qui le termine foit éloignée, d’un pouce ou environ d’une autre boule que vous jj ferez pendre du conducteur, de façon quelle en puifle tirer une étincelle. LailTez les chofes dans r cet état , & éleCtrifez le conducteur. Quelque tendance que le fluide éleCtrique ait à paflèr de ce conducteur à la bouteille, qui fe trouve plongée dans fa fphère d’aCtivité , celle-ci ne pourra rien recevoir , parce qu’étant ifolée, fa furface extérieure ne peut rien perdre : mais fi9 par un procédé quelconque , vous parvenez à retirer une portion donnée de l’éleCtricité naturelle de la fur-face extérieure de la bouteille , alors la furface
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- intérieure devient propre à recevoir , & reçoit effectivement une portion d’éleCtricité du conducteur , & voici de quelle manière' je procède à
- Je prends à la main une tige de métal terminée par* une boule de même matière. J’ap-proche cette boule à une petite diftance de la garniture extérieure de la bouteille, 8c on en voit partir une étincelle qui vient fe jeter für cette boule : au même inftant on voit une étincelle fimultanée qui part de la boule fufpendiie au conducteur, & qui fe porte au crochet de la bouteille. Si je répète plusieurs fois de fuite la même expérience , j’obferve à chaque [fois le même phénomène , & j’ai toujours deux étincelles fimultanéees , l’une qui s’échappe de l’extérieur de la bouteille , & l’autre qui fe porte à l’intérieur de cette même bouteille.
- En réfléchiffant fur la rapidité avec laquëlle le vfluide éleCtrique fe meut , quelqu’un pourroit peut-être foupçonner que c’eft ici la même étincelle qui part de la boule du conducteurqui fe manifefte à l’extérieur de la. bouteille pour venir frapper le corps que je lui préfente. Dans cette fuppofitipn , la bouteille devroit refter dans le tnême état où elle étoit avant l’expérience , & il ne pourroit s’y. être accumulé aucune quantité fwrabondante de matière éleCtrique. Or , l’expérience
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- riënce démontre le contraire. Il faut, pour cela, avoir tiré fücceffivement plufieurs étincelles. Si, dans ce cas , on prend cette bouteille d’une main , & que de l’autre on touche a fon crochet, on éprouve une commotion proportionnée à la quantité d’éledricité qu’on a raflemblée fur fa furface intérieure. D’où il fuit manifeftement que cette furface ne reçoit d’éledricité que dans la même proportion que fa furface extérieure fe dépouille de celle quelle contient naturellement.
- Il fuit de-là , qu’une bouteille ne pourra fe Troificme charger d’éledricité & devenir propre à exciter qSuSLio la commotion , fi elle eft difpofée de manière que ^otk.me fa furface extérieure ne. puifle rien perdre de fa quantité naturelle d’éledricité, & c’eft ce que l’expérience juftifie de la manière la moins équivoque.
- Sufpendez en effet une bouteille revêtue extérieurement d’une feuille d’étain à l’un des con-dudeurs de la machine : mais obfervez auparavant fi l’étain eft bien exadement appliqué à fa furface j s’il ne s’y trouve point quelques parties qui foient décollées & qui préfentent de petites afpérités, de petits angles , & fur-tout choififlez pour le fuccès complet de cette expérience un tems qui ne {oit point humide ; 8c même pour éviter tout inconvénient qui pourroit venir de la parc de l’humidité , ayez foin de faire,
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- a58 Delà Théorie chauffer cette bouteille avant de la fufpendre. Lorfqu’elle fera fufpendue , elle fera autant bien % ifolée qu’elle le puiffe être, & elle communiquera intimement, ou mieux, elle fera portion du ço*i-dudeur, & conféquemment elle paroîtra très-bien difpofée à s’éledrifer lorfqu on éledtifera ce i dernier. Quelqu’eftort néanmoins qu on faffe pour I l’éledrifer , on ne pourra y parvenir , quelque tems même qu’on foutienne l’éledrifation du condudeur j & cela , parce que fa. furface extérieure ne pouvant rien perdre, l’intérieure ne pourra rien acquérir. Veut-on s’affurer que cette bouteille demeure dans 4e même état où elle étoit avant l’opération, 5c qu’elle n’a acquis aucune quantité furabondante d’éledricité ? Il ne s’agit que de l’enlever , de la déplacer d’une manière convenable à l’état préfent de la queftion.
- On imagine bien que le condudeur demeurant chargé d’éledricité, fi on prenoit cette bouteille avec la main pour l’en féparer, on enleveroit en même tems une portion de l’éledricité qu’elle contient naturellement à fa furface extérieure, 5c qu’aufli-tôt l’intérieure en recevroit une dofe fem-blable du condudeur. Il faut donc l’enlever de manière que fa furface extérieure ne puiffe rien perdre^ & à cet effet je me fers de deux baguettes de cryftal d’un pied ou environ de longueur , que je fais paffer fous le col renverfé de
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- cette bouteille, & avec lefquelles je faifis ce col & le preffe fuffifamment pour pouvoir la décrocher & remporter fur une table. Cela fait % on prend alors la bouteille d une main , & en touchant de l’autre à fon crochet, non-feulement on n’éprouve point de commotion , mais on ne tire pas même la moindre étincelle : preuve démonftrative quelle ne peut fe charger d’éleétri-cité fur fa furface intérieure , qu’autant quelle peut fe dépouiller de la quantité naturelle d’électricité qu’elle contient fur l’autre furface. Auflï remarque-t-on quelle s’en charge parfaitement bien , lorfqu'étant fufpendue comme précédem-. ment, on attache au crochet maftiqué fous fon fond une chaîne qui tombe par terre , & qui établit par ce moyen une communication entre la furface extérieure &.le réfervoir commun.
- Il y a plus ; il n’eft point abfolüment nécef-faire d’établir une communication auffi intime entre la furface extérieure de cette bouteille 8c le réfervoir commun , pour quelle puifTe fé charger intérieurement d eleétricité. il fuffit qu’on la difpo'fe de manière que fa furface extérieure puilfe perdre de fa quantité naturelle d’éleéfcricité, de on peut procéder de la manière fuivahte pour
- obtenir vifiblement cet effet.
- EmbrafTez la furface extérieure d’une bouteille garnie d’une feuille d’étain, avec un cercle de€
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- A Thé
- 160 D.k x métal , à la circonférence duquel vous aurez im--planté deux ou trois pointes de métal un peu moufles ôc Taillantes de quelques lignes. Sufperi-dez la bouteille comme précédemment, & après avoir fait l’obfcurité dans la falle, éleCtrifez le conducteur. La furface intérieure de cette bouteille recevra une dofe furabondante de l’éleCtri-cité communiquée au conducteur , & dans 1^ même tems vous verrez une aigrette qui s’élancera de chacune des pointes dont le cercle de métal fera garni.
- On voit donc ici, & très-diftin&etflent, le fluide éleCtrique s’échapper de l’une des furfaces de la bouteille, à mefure que la furface oppofée acquiert une quantité furabondante de fluide élec-. trique.
- De même qu’on accumule ordinairement une dofe furabondante d’éleCtricité fur la furface intérieure d’une bouteille, de même on peut accumuler cette matière fur fa furface extérieure, & on conçoit quelle fe chargera de cette manière, fi au lieu de la tenir par fa furface extérieure , & de préfenter fon crochet au condu£teur qu’on éleCtrife , on la tient, au contraire, par ce crochet, & qu’on préfente alors la furface extérieure ou la panfe de la bouteille au conducteur, & nous croyons qu’il eft inutile d’infifter fur cet article.
- Nous ajouterons cependant ici une expérience
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- 4ffez curieufé en faveur de la manière félon laquelle nous prétendons , d’après Franklin > que la bouteille de Leyde fe charge de lelèdricité. Cette expérience eft de M. de Parcieujc, qui fou-tient très-bien la réputation que M. fon oncle s’é-toit acquife parmi les Savans. Eledrifez une bouteille propre a faire l’expérience de Leyde. Dès qu’elle fera bien chargée d’éledricité, enlevez le crochet de cette bouteille , foit avec des baguettes de cryftal, foit avec un bâton de cire d’Efpagne que vous aurez attaché à ce crochet. Çela fait, placez cette bouteille fous le récipient de la machine pneumatique, & faites le vuide dans l’obf-curité. Dès les premiers coups de pifton , vous verrez le fluide éledrique s’élancer de la bouteille fous la forme de petits jets de lumière qui fe replieront à leur fortie, pour fe jeter fùr fa fur-face, extérieure, & cet eftet aura lieu fl vous continuez à faire le vuide jufqu’à ce que la bouteille fe foit déchargée * & que le fluide éledrique fe foit mis en équilibre fur fes deux furfaces. Le même effet fe fera obferver fi au lieu d’élëc-trifer l’intérieur de la bouteille, vous éledrifez fa furface extérieure. Mife fous le récipient, vous verrez le feu éledrique furabondant à la furface extérieure s’en échapper, s’élever vers le goulot de la bouteille, fe replier fur lui-même pour en-
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- trer dans la bouteille & fe diftribuer à fa furface intérieure.
- charger On conçoit, d’après la théorie que nous ve-dc* wieali! nons d’expofer , qu’on peut facilement recueillit d’uneM autre k dofe d’éledricité naturelle que la furface exté-bouteille. rieure cette bouteille perd, & la raflembler dans une fécondé bouteille , pour en charger cette dernière-, & la rendre propre à donner la commotion. Il fuffit pour cela de fufpendre deux bouteilles l’une au-deflous de l’autre , la première au condudeur , la fécondé au crochet attaché fous le fond de la première ,' & d’établir une communication par le moyen d’une chaîne pendante de deflous le fond de la fécondé fur le pavé. Sans cette dernière condition, les deux bouteilles fufpendues demeureroient dans le même état, quoiqu’on éledrifâr le condudeur.
- Quelqu’effort que pût faire la première pour fe dépouiller extérieurement de fa quantité nati} -relie d’éledricité en faveur de la furface intérieure de la fécondé avec laquelle elle communiquerait , celle-ci ne pouvant rien perdre extérieurement , ne pourroit rien acquérir , & la première ne pouvant fe dépouiller extérieurement par çe moyen, fa furface intérieure nerecevrait rien du condudeur. Mais fi on fuppofe une chaîne attachée au crochet maftiqué fous le fond de U
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- fécondé, & pendante fur le plancher, alors les deux bouteilles fe chargeront, car voici ce qui arrivera.
- A proportion que la furface intérieure de la première recevra une certaine dofe d’éleCtricité du conducteur, fa furface extérieure fe dépouillera d’une quantité femblable, qui fe portera &c s'accumulera fur la furface intérieure de la fécondé , tandis que la furface extérieure de celle-ci abandonnera au réfervoir commun une portion de fon éleéfcricité naturelle, par l’intermède de la chaîne. Les deux bouteilles feront donc alors chargées d’éleCtricité : l’une , la première de l’éleCtricité qu’elle aura reçue du conducteur,
- & la fécondé, de celle que lui aura fournie la furface extérieure de la première, & toutes les deux feront propres a faire éprouver la commotion.
- On peut non-feulement recevoir & accumuler dans une fécondé bouteille l’éleCtricité qui s’é- t-
- chappe de la furface extérieure d’une bouteille quon éleCtrife intérieurement ; mais on peut encore la recevoir & l’accumuler fur une perfonne,
- & charger celle-ci d’éleCtricité. Voici de quelle manière je procède pour faire cette expérience.
- Je prends d’une main une bouteille revêtue f,|{^ceitédc extérieurement d’une feuille de métal, &‘/®!JJ?£éjj32£ monte fur unifoloir. Je préfente le crochet de extérieure
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- V>4 pE u Thé or il-cette bouteille à l’un de mes conducteurs, tandis quon l’éleétrife. La bouteille fe charge intérieurement , tandis que fa furface extérieure fe dépouille en ma faveur de l’éleétricité qu’elle coh-
- je.ne perds rien , autant qu’il eft poffible de le fuppofer, de l’éleétricité qui m’eft communiquée , & je m’éleétrife au point que fi quelqu’un me préfente le doigt, je lui fournis une étincelle proportionnée à la quantité d’éleétricité que la furface extérieure de la bouteille m’a communiquée. On voit qu’il me feroit également facile de recevoir & d’accumuler cette dofe d’éleétricité fur tout autre corps an-éleclrique quelconque qui feroit ifolé & qui communiqueroit avec la furface extérieure de cette bouteille , tandis que fou crochet feroit en communication avec un conducteur
- qu’on éleCtriferoit.
- : l’état En réfléchiffant fur ce qui fe>pafTe, lorfqu’on ouvent charge une bouteille d’éleétricité pour la rendre d’une propre à faire éprouver la commotion, on conçoit ;e d’é- que -fa furface intérieure reçoit une quantité fura-^ bondante d’éleétricité , qui s’unit à celle dont elle .eft naturellement pourvue , & conféquem-ment on conçoit qu’elle eft éleétrifée ; pohtive-
- ment ou. en plus. On conçoit- pareillênient que fa furface extérieure fe dépouille en tout ou en partie de la quantité d’éleétricité.qui lui eft pro^
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- de Franklin. iéf fre, ou qu’elle contient naturellement. Elle eft donc éledrifée négativement ou en moins, félon lexpreflion de M. Franklin. La première contient plus, & la fécondé moins que fe quantité naturelle d’éledricité ; 8c comme ce changement s eft fait proportionnellement, que l’une des deux fur-faces na pas reçu plus d’éledricité que l’autre n’en a perdu, la bouteille prife en totalité ne' contient donc pas plus d’éledricité quelle en con-
- obfervé précédemment : on a donc Amplement inverti l’ordre felpn lequel le fluide élediique fe trouve naturellement répandu ou diftribué entre les deux furfaces de cette bouteille.
- Ces deux furfaces font donc alors dans deux états d’éledricité bien différens ; & c’eftce que M. Franklin confirme d’une manière aufli fimple qu’ingénieufe par l’expérience fuivante.
- Placez i nous dit-il, une bouteille éledrifée Exp*rîence fur de la cire. Tenez à la main une petite boule de Liège , fufpendue par un fil de foie fèche, 8c JJjJ£35ï approchez-la du fil d’archal c’eft-à-dire, du cro-cher de la bouteille : elle fera d’abord attirée mais éieanfée. enfuite repouflee. Lorfqu’elle fera dans un état de répulfîon , bailfez la, afin que la boule fe trouve vers le ventre de la bouteille, 8c elle fera promptement 8c fortement attirée, jufqu a ce quelle ait communiqué foft feu.
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- i66 De l a Tbéorii Cette expérience peut fe modifier de différentes manières plus agréables les unes que les autres, & toutes également propres à conftàter la même vérité, à faire yoir que les deux furfaces de la bouteille font dans deux états oppofés d’éledricité. Nous indiquerons quelques-unes de ces méthodes pour la fatisfaéfcion de nos Le&eurs.
- Seconde Nous fufpendons, dit M. Franklin , par un fil i/araignée" de foie une araignée artificielle , faite d’un petit frmUin. ic niorceau de liège brûlé , avec des pattes de fil de lin, & leftée d’un ou deux grains de plomb, pour lui donner plus de poids. Sur la table ou elle eft fufpendue , nous attachons un fil d*archal perpendiculairement & parallèlement à la hauteur du fil d’archal, ou du crochet de la bouteille , & à la diftance de deux ou trois pouces de l’araignée. Alors nous animons cette araignée, en mettant la fiole à la mèmè diftance, mais de l’autre côté. Elle vole auffi-tôt au. fil d’archal de la bouteille, bande fes pattes en le touchant y s’élance de-là & volé au fil d’archal de la table ; de-là encore à celui de la bouteille , jouant avec fes pattes alternative-ment contre l’un & contre l’autre, d’une manière affejs agréable, & paroît parfaitement animée aux perfonnes qui ne font point inftruites. Elle continue ce mouvement pendant une heure & plus , dans un tems fec. >
- Troigme J’ai modifié cette expérience d’une manière
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- de Franklin: 26? .
- ittoiris inquiétante en faveur des perfonnes qui oïit une certaine horreur pour les araignées, & j’ai adapté une petite fonnerie à ma machine, ce qui rend cette expérience allez agréable.
- Au lieu d’un crochet ordinaire, je fais defcen-dre dans une bouteille , garnie félon la méthode du Do&eur Bevis, une tige de métal furmontée d’un petit timbre. Je pofe cette bouteille fur une tablette de bois plus longue que large. J’établis fur cette tablette, & à une diftance convenable de la bouteille , un pilier de cryftal, fur lequel j’ifole une tige de métal pareillement furmontée d’un timbre parallèlement & dans le même plan que celui de la bouteille. Entre l’un & l’autre,
- & un peu fur le côté, j’élève une tige de métal en forme de potence, d’où pend un fil de foie qui fondent. un petit lingot de métal, difpofé de manière qu’il puilfe, en allant & en revenant, frapper les deux timbres. Du pied de la tige de métal ifolée, part un petit fil de métal qui vient s’appuyer fur la garniture extérieure de la bouteille, & établir par ce moyen une communication entre la furface extérieure de cette bouteille & le fécond timbre.
- Cette conftruétion donnée , on conçoit que le petit lingot de métal fufpendu entre les deux timbrés fe trouve entre les deux furfaces de la bouteille, Eft-elle chargée deleétricité ? le timbre qui
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- communique avec fa furface intérieure attiré lé lingot qui le frappe & le fait fonner $ mais il le met auffitôt en répulfion , & il va frapper le fécond timbre auquel il communique l’éleéfcricite qu’il a reçue du premier , vers lequel il eft auffi-tôt attiré pour en être repouflé de nouveau, juf*-qua ce que toute la quantité de l’éle&ricité fora-bondante dans l’intérieur de la bouteille fe foit portée à fon extérieur par le miniftère du petit lingot de métal.
- De même qu’on ne peut charger d’éledricité l’une des fur faces d’une bouteille , fi la furfàcé oppofée de cette bouteille ne peut rien pérdrô de fa quantité naturelle d’éleélricité 5 de même lorf-qu’une bouteille eft éle&rifée fur une de fes fur* faces, on ne pourra la dépouiller de cette quan^ tité furabondante d’éledricité, qu’autant qùè fa furface oppofée pourra recevoir une femblàblé dofe d’éleétrrcité. De-là On conçoit qu'une bouteille étant éle&rifée intérieurement, fi fa furface extérieure eft ifolée & rië peut rien acquérir , on pourra toucher impunément lé crochet de cette bouteille, fans la déféledrifef. Ce principe établi, voici de quelle manière on procède pour faire l’expérience fuivante, qui démontré mahifefte-ment les deux.états oppofés dé la bouteille. e Ayez deux bouteilles femblablës & femblable-ment garnies: unifiez les deux crochets de;ces bou-
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- d w Franklin. 2.69
- teilles pour les éledrifer conjointement & de la même manière au condudeur de la machine que vous ferez agir. Il eft confiant quelles fe chargeront également d’éledricité fur leurs furfaces intérieures. Cela fait, tenez ces deux bouteilles de chaque main , éloignées l’une de l’autre , & approchez enfuite les deux boules qui terminent leurs crochets jufqu’au point de contad , & vous n’ob-ferverez aucun phénomène , aucune étincelle, parce que ces deux furfaces étant dans le même état d’éledricité , il n’y a aucune raifon pour que l’une fe décharge en faveur de l’autre.
- Ayez deux ifoloirs de cryftal, & pofez deffiis les deux bouteilles pour les prendre l’une & l’autre de chaque main par leurs crochets, & pour approcher enfuite les deux ventres de ces bouteilles l’un de l’autre , & vous obferverez encore le même effet : nulle étincelle , nulle commotion , parce que ces deux furfaces font encore dans le même état d’éledricité. Elles font toutes les deux également dépouillées de leur éledricité naturelle.
- Pofez enfin l’une de ces bouteilles fur un ifo-loir , pour la prendre par fon ventre, tandis que vous tiendrez encore l’autre par fon crochet. Approchez alors du ventre de celle-ci le crochet de l’autre \ il en partira une étincelle : vous recevrez la commotion , & les deux bouteilles feront dé-
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- chargées. Il fe fait en efferdans cette expérience une circulation de fluide éledrique , qui rétablit l’équilibre entre les quatre furfaces des deux bouteilles , & voici la route que ce fluide fuit dans cette expérience. •
- Le fluide éledrique furabondant fur la furface intérieure de la bouteille que vous tenez par le ventre, pafle par le moyen de fon crochet à la furface extérieure de l’autre bouteille , tandis que la furabondance de fluide éledrique que celle-ci contient fur fa furface intérieure s’échappe par fon crochet, & traverfe votre corps en vous faifant éprouver la eommotion pour fe jeter fur la furface extérieure de celle que vous tenez par fon ventre ou par fa furface extérieure. Il fe fait donc ici un échange de fluide éledrique : celui qui réflde dans l’intérieur de chaque bouteille fe porte à l’extérieur de l’autre, tandis que dans les commotions ordinaires , c’eft le fluide éledrique réfidant à l’intérieur de la bouteille qui fe porte à l’extérieur , & cette expérience démontre ma-nifeftement les deux états oppofés d’éledricité, où fe trouvent les deux furfaces d’une bouteille éledrifée, & prête à donner la commotion. Ce que nous difons d’une bouteille doit s'entendre également d’une glace oja d’un plan de glace chargé d’éledricité j l’une de fes furfaces contient une quantité furabondante d’éledricité, tandis
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- n fi Franklin. ïy t
- <|ue fa furface oppofée en copient moins que fa quantité naturelle. Audi obferve-t-on dans un plan de cette efpèee, comme dans une bouteille, que la quantité furabondante de fluide électrique répandue fur une de fes furfaces, fait effort pour fe porter à la furface oppofée & pour rappeler 1 équilibré dans la diftribution du fluide éleCtrique entre ces deux furfaces.
- M. Franklin a fu profiter de cette propriété , Cinqu.eis de cette tendance pour conftruire une machine on ne peut plus ingénieufe, qu’ü décrit dans fon^jjjy^ Ouvrage, mais dans lequel il ne donne que le génie de cette machine, & trop peu de développement pour quon puifle l’exécuter d’après cette idée.
- C’eft une efpèee de roue qui fe meut horizontalement fur fon axe, & dont la révolution , accompagnée d’une multitude d’étincelles, s’exécute par faCtion fimultanée des deux efpèces d’électricité que nous venons de confidérer dans la bouteille de Leyde.
- Feu M. le Marquis de Courtanvaux qui s’oc-cupoit beaucoup des phénomènes électriques , & qui raflembloit toutes les expériences curieufes en ce genre , voulut faire exécuter la roue éleétrique de Franklin. Il s’adreffa d’abord à un homme fort inftruit de la théorie de ce célèbre Phyficien , fort adroit & fort habitué à conftruire lui-même des machines. Guidé d’abord par le fimple ex-
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- xïfi De la Théorie pofé de M. FranklÈt, il ne pue l’exécuter a (Te* bien pour qu’elle fît une feule révolution. Il en chercha inutilement la caufe pendant quelque teins , & rebuté de ne pouvoir parvenir à fon but, il abandonna l’entreprife. M. le ïylarquis de Courtanvaux me çonfulta alors , & je ne crus y-trouver qu’un feul défaut. On avoit mis fur les petits piliers de cryftal qui entourent la roue, de petits cubes ou de petits dés de cuivre. J’imaginai que ces cubes dillipoient trop promptement par leurs angles l’éle&ricité qu’ils rece-voient de la roue , qui eft un plan de glace circulaire, revêtu endefïus& en delfous d’une feuille d’étain, & je crus remédier à cet inconvénient en faifant fubftituer des cylindres de cuivre à la place de ces dés. La machine faite avec tout le foin poffible, ne répondit pas mieux à notre attente , & faute d’en pouvoir trouver la raifon , on abandonna encore la machine. La difficulté irrita les défirs de M. de Courtanvaux , & à force de faire des tentatives inutiles, le hafard le fervit très-bien, comme il en convient lui-même dans une lettre qu’il me fit l’honneur de m’écrire , & qui eft imprimée dans le Journal de Fhyjîque pour le mois d’Avril 1774.
- Il trouva qu’en approchant de la circonférence de la glace une des boules de fon excitateur, boule qui écoit très-groffe, cette glace avoit une tendance
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- © E , F R A » K 1 . M. l7if
- tendance à tourner» IJ jugea de-là qu’en fubfti-tuânt de grades boules dans la conftru&ion de fon appareil, il parviendroit à faire marcher la •roue » & le fuccès répondit à fon attente.
- Nous n’avons infifté fur cet objet & nous ne fommes entrés dans ce détail qu’en faveur de Ceux qui voudraient faire exécuter cette machine, d’après la defcription de fon Auteur, délirant leur épargner une fuite de'tentatives fouvent rebutantes & toujours défagréables à faire? Voici donc de quelle manière il faut conftruire cette roue.
- AB (pl. 7yfig. i ) eft un plan circulaire de glace mince bien drelfé, de dix-fept à dix-huit pouces de diamètre, & revêtu fur fes deux faces d’une feuille d’étain circulaire, qui y eft collée jufqu’à deux pouces près de fon bord. Sur les extrémités de deux de fes diamètres, qui fe coupent en angles droits, on maftique quatre femi-boules creufes' & très-légères de métal, de quinze lignes de diamètre, & dè façon quelles excèdent le bord de la glace de la moitié de leur diamètre ou environ. On en maftique deux en deflus & deux en delTous, mais alternativemeht pofées dans ces deux fi mations. On n’eût pu les voir dans la figure fi elles avoient été pofées convenablement , & ce n’eft que pour qu’on pût les repréfenter toutes les quatre, qu’on a été obligé de négliger l’ordre alternatif qu’elles doivent ob-S
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- 174 De l>a Théorie ferver dans leur pofition en defliis & en de (Tous. A l’aide d’une petite bande d’étain, on établit une communication de chacune de ces boules à la garniture métallique dont la glace eft couverte. L’axe C D de cette, glace eft fait de deux tiges de métal qui l’embralfent en defliis & en deftous par deux efpèces de calottes de métal très-minces, très-légères,* 6c qu’on y attache avec du maftic, ayant foin que la glace foit bien centrée, 6c quelle tourbe très-rondement. Pointue & taillée en forme de pivot, l’extrémité C de cet axe roule fur un coq fait d’une matière très-dure, 6c l’extrémité de la portion D du même axe tourne dans le trou d’une boule de cuivre T, fixée au milieu d’une tige de métal SS, qui1 fert de tra-verfe au chaflis de la machine , dont les mon-tans R R font faits de deux piliers de cryftal d’un pied ou environ de hauteur. La traverfe S S fe termine par deux agneaux qui embradent deux tenons taraudés qui furmontent deux boules de cuivre creufes, maftiquées au haut des piliers R R. Le tout eft fixé & arrêté par deux autres boules V V, qui font fonétion d’écroux & qui retiennent les parties du chaflis & la glace fur la tablette XX.
- On remarque autour 6c à très-peu de diftance de la glace, douze piliers de çryftafa * a, a, a, ôcc. furmontés de douze boules de cuivre h. b.
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- bÿb j &c. de quinze- lignes de^diamètre & dif-pofées autour de cette glace, de façon que le plan de celle-ci étant prolongé , il les couperoit en deux parties égales. La diftance de ces boules à la glace doit être variable, fuivant que les cir-conftances du tems font plus ou moins favorables aux effets de lele&ricité. G’eft pour cela que les piliers font montés dans des boîtes de cuivre â queues, qui s’avancent ou fe reculent à volonté dans des couliffes ménagées circulairement fur le plateau XX.
- A quelque diftance du centre de ce plateau, on voit une pointe de métal y très-aiguë qui s’élève jufqu’à une ligne ou environ du plan inférieur de la glace , & qui eft deftinée à dépouiller cette furface de fon électricité naturelle pour la tranfporter dans le réfervoir commun par l’intermède dune chaîne attachée au pied de cette pointe , & qu’on laiffe pendre par terre.
- La conftruCtion de cette machine étant connue , on conçoit facilement, d’après la théorie que nous avons expofée précédemment , l’effet quelle doit .produire.
- On établit une communication métallique entre la traverfe S S & le conducteur de la machine éleCtrîque, & on tranfmet, par ce moyen, la vertu électrique à la furface fupérieure de la glace A B. A proportion quelle fe charge d’éleCtricité,> S a
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- xjC De la Théorie fa furface inférieure & oppofée fe dépouille par la pointe y f & racmofphère éledrique de cette glace s'étend de plus en plus au-delà de fa circonférence. Si on a fu difpofer les boules qui furmon-tent les piliers de cryftal à une diftarice convenable pour qu elles fe trouvent plongées dans cette atmosphère , deux de ces boules attireront les deux boules creufes qui excèdent la furface Supérieure de la glace, & qui font éledrifées pofitivement 5 & lorfqu’elles feront arrivées à une diftancé convenable , on en verra partir deux étincelles qui fe porteront fur les deux boules attirantes , lef-quelles feront alors éledrifées pofitivement. Elles repoufleront donc alors celles qui les auront élec-ttifées, & elles attireront les deux boules Suivantes , qui communiquent avec la furface inférieure de la même glace AB , lefquelles étant dans un état négatif d’éledrici té, en feront plus propres à céder à cette attradion. 11 fe pafiera la même chofe & fucceffivement par rapport aux autres piliers. On verra donc la glace tourner fur elle-même # accélérer fon mouvement, & lancer dans fa révolution une multitude d étincelles dont le Spectacle eft on ne peut plus agréable.
- L’état oppofé deledricité dans lequel fe trou-•! vent les deux furfaces d’une bouteille de Leyde prête à donner la. commotion, nous indique naturellement & d’une manière non équivoque ce
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- qui fe pafle dans cette expérience. On voit ma-nifeftement ici que le fluide éle&rique, dont l’une des deux furfaces eft furabondamment chargée, fait effort pour fe porter, 3c fe porte avec une rapidité extrême à la furface oppofée, alors dépouillée entièrement ou en partie de fa quantité naturelle d’éleâricité, en paflànt par le cercle de communication qu’on établit entre ces deux furfaces.' De-là , comme nous l’avons obfervé précédemment, la néceflité indifpenfable de toucher en même-tems les deux furfaces de la bouteille pour que la commotion ait lieu. Delà, lorfque la bouteille n’eft point garnie extérieurement d’une enveloppe métallique, les différences qu’on remarque dans l’énergie de la commotion, à proportion qu’on touche la furface extérieure de la bouteille par un plus grand ou par un moindre nombre de points. De-là, en un mot, l’explication facile de tous les phénomènes que nous avons expofés dans l’article précédent.
- On voit donc manifeftement ici que dans l’expérience de Leyde , Péle&ricité furabondante fur l’une des deux furfaces de la bouteille paffe à l’autre furface5 & s’il reftoit encore quelque doute à ce fujet, l’expérience indiquée par le Do&eur Franklin eft bien .propre à emporter la convi&ion
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- Z78 D e l a T B É O n. I E
- Expérience Ifolez, nous dit-il, fur un verte à boire ou 2“ i^rouré fut un fupport de verte A ( pl. 7 , fig. z ), un Sètiféiei-ÜW dont la couverture foit bordée d’un filet, ou rriquc. dans encore mieux d’une dentelle d’or. Placez fur un
- la déchargé _ f
- d'une bou- Jes angles de ce livre une bouteille C chargée
- teille dcLey- ® ^ >
- de. d’éleétricité, & établiliez fur l’angle oppofe un fil
- de fer courbé m , & terminé par un anneau ou une petite boule , de façon que celle-ci foit éloignée à une certaine diftance de la boule a j qui fur monte la tige condu&rice qui plonge dans la bouteille C. Que le fil de fer m foit fuffifamment flexible, pour qu’à l’aide d’un manche de cryftal ou d’un hâton de cire d’Efpagne b, on puifle approcher fa boule de la boule a : au moment où ces deux boules fe toucheront, l’explofion aura lieu, & on verra la matière électrique qui s’échappera de l’intérieur de la bouteille, illuminer dans fon trajet le filet ou la dentelle d’or du livre, pour arriver à la furface extérieure de la bouteille. On peut très bien répéter cette expérience avec un excitateur ordinaire , & il n’eft pas néceflaire qu’il foit tenu par un manche de cryftal, ou par un bâton de cire d’Efpagne. Je me fers Amplement de deux fils de métal AB (pl. y, fig. 3 ), courbés en forme de C , terminés par deux boules de même matière, & unis enfemble par une charnière a. Je tiens chaque fil d’une main, & profitant du mou-
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- DE F R A N K L I N. 2J9*
- vement de la charnière qui les unit, j’en porte un fur l’extrémité du livre, & l’autre à la boule a. Les mains , n’étant point dans la chaîne de communication entre les deux furfaces de la bouteille , ne font point expofées à éprouver l’effet du fluide éleéfcrique qui patte dans la longueur des deux fils A & B.
- Je fais encore cette expérience d’une manière plus Ample ôc moins embarrattante.
- Je fufpends une bouteille garnie à l’un de; seconde mes condu&eurs. J’attache au crochet qui eft“fX011. maftiqué fous le fond de cette bouteille une“hc0fea n,ênie chaîne qui fe termine par une tige de métal contournée en forme de C , & terminée par unej boule de meme anàtière que je tiens à la main : lorfque ma bouteille eft chargée d ele&ricité j'approche la boul£ de l’excitateur que je tiens, à la main, dix crochet de la bouteille. Elle fe décharge., & l’éledricité qui reflue de l’intérieur de la bouteille , pour fe porter à fa furface extérieure , illumine en paflant toute la chaîne.
- Si on voulait voir cette illumination à une plus grande diftance de la bouteille, voici un. moyen très-fîmple de 'fe fatisfaire. Suppofons un cercle compofé de plufîeurs perfonnes qui fe tiennent par la main, pour éprouver la commotion \ féparez ce cercle en deux parties vers fon S
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- 18® De i a ThIorii milieu, & joignez ces deux parties féparées par une chaîne tendue entre deux perfonnes ( il faut pour que ces fortes d’expériences foient plus belles , les étincelles plus vives , employer de ces chaînes de fer dont on fe fert pour les tourne-broches ). L’expérience fe faifant comme les précédentes dans l’obfcurité, vous remarquerez que la chaîne étincellera de lumière au moment de la commotion * à quelque diftance qu’elle fe trouve de la bouteille , c’eft-à-dire , quelque grand que foit le nombre des perfonnes qui concourent à former le cercle.
- On peut procéder de différentes manières encore , toutes également propres à conftater le paffage du feu éleéfcrique de la furface intérieure à l’extérieure de la bouteille* Je me fervois an* ciennement & aflfez avantageufement de deux œufs, que je renfermons chacun dans une- pince à jour, tels qu’ils font repréfentés (/>/.-7., fi g- 4). Deux perfonnes , compofant là chaîne, prenoient chacune une des queues de chaque pince, & approchant le bout de chaque œuf au point de les faire toucher j elles tenoient les mains élevées en l’air,, pour que tous ’les fpe&ateurs puflënt voir diftinéfcement ce qui fe pafle dans cette expérience. Au moment de l’explolion de la bouteille , on voyoit les deux œufs illuminés inté*»
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- tieurement ; mais cette expérience devient quelquefois défagréable par la rupture des œufs, Je je m en fuis tenu à la précédente.
- Il paroît donc manifefte, par ces dernières expériences , que le feu qui s’échappe , dans l’ex-perience de Leyde , de la furface intérieure de la bouteille , fe porte à fa furface extérieure , puifquon le voit étinceler & briller dans l’ef-pace qui fépare ces deux furfaces : mais y paffe-t il entièrement & ne s’en diffipe-t-il aucune partie dans le trajet ? c’eft ce qu’on peut facilement confirmer par l’expérience fuivante.
- On fait qu’une perfonne bien ifolée , & qui Expéricnc8 tire une étincelle d’un conducteur chargé d’élec- l0uteUu tricité, reçoit par ce moyen une quantité furabon- V®, d’éI“' dante d’éleétricité j que ce fluide s’accumule, & ^
- forme autour de cette perfonne une atmofphère éleCtrique , & que cette atmofphère fubfifte juf- rieur, qu’a ce qu’un corps étranger & an-électrique l’ait enlevée, ou quelle fe foit infenfiblement difli-pée dans l’air ambiant. On fait également que lorfque l’air eft très-fec & très-favorable aux expériences éleétriques, cette atmofphère peut fub-fifter plus d’un quart-d’heure. De-là on conçoit que fi une perfonne bien ifolée , & dans un tems favorable, tient à la main une bouteille de Leyde bien chargée d’éleCtricité , & quelle excite cette bouteille à fe décharger, elle recevra une force
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- itz De xa Théorie commotion j & fi toute la charge d électricité qui la pénètre ne fe rend point à la furface exté.-rietire de la bouteille , cette perfonne en demeurera éleCfcrifée. Or, l’obfervation confirme que fi au moment où cette perfonne vient de faire l’expérience , on approche le doigt de quelque partie de fou corps que ce foit, on n'éprouvera aucun fentiment d’éleékricité. La dofe parte donc entièrement à la furface extérieure de la bouteille * afin de rétablir 8c de rappeler l’équilibre dans la distribution de ce fluide entre les deux furfaces.
- Nous avons fuppofé jufqu’à préfent que toute la charge dele&ricité dont urfe bouteille eft pourvue , pour faire l’expérience de Leyde, fe trouve dîftribuée 8c appliquée à la furface intérieure de cette bouteille. Or y il ne fera pas hors de propos de le confirmer par expérience > & de faire voir que le corps étranger qu’on introduit dans une bouteille ne fait ici que fonction de conducteur pour tranfporter effectivement la matière électrique à la furface intérieure de la bouteille r & non pour recevoir & contenir le fluide éleCtrique dont on la charge, comme quelques-uns l’avoient imagine anciennement. Gette vérité fe démontre ma-mfeftement par une expérience on ne peut plus ingênieufe, imaginée parte DoCteur Franklin & qu’il nomme à jufte titre /’analyfc de la bon-teille*
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- D E. F K A N K IL I tï. 28*
- On prend à cet effet deux bouteilles fembla- Anatyfe de blés , mais non garnies, & je ifte fers de menu Jj. plomb pour tranfmettre le fluide éieCtrique, afin d’éviter l’inconvénient que l’eau pourvoit apporter fi on fuivoit exactement le procédé indiqué par M. Franklin. L’humidité fe portant au col de la bouteille. pourroit nuire au fuccès de l’expérience , comme je l’ai remarqué plufieurs fois.
- Je prends donc pour la faire une bouteille remplie à moitié de menu plomb, & dans laquelle j’introduis un fil de métal qui traverfe un bouchon de liège y dont je bouche, mais fans effort, la bouteille. Ainfi préparée , je la tiens à la main, & approchant fon crochet du conducteur, je la charge plus ou moins d’éleCtricité. Lorf-qu’elle eft fufEfamment chargée, je la pofe fur un fupport de verre , pour pouvoir manier & enlever fon crochet fans la déféleCtrifer. Je l’enlève,
- & je ne m’apperçois aucunement de l’éleCtricité «qu’elle contient. Cela fait, je faifis cette bouteille extérieurement, & la tiens dans ma main , & après avoir pofé fur le même fupport de verre une fécondé bouteille femblable, mais vuide, & y avoir introduit un entonnoir de verre, je*verfe dans celui-ci tout le menu plomb que contient la bouteille éleCtrifée. Celle-ci demeure alors vuide, & je la mets de côté.
- Si le menu plomb renfermé dans la première
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- 234 De U XaioaiE bouteille s’eft chargé de l’éledricité que je lui ai communiquée, *je dois l’en trouver chargé dans la fécondé , puifqu’il n’a été touché par aucun corps capable de le dépouiller de ce fluide, l’ayant fait pafler à travers un entonnoir de verre qui eft idio-éleclrique. Je mets donc à cette fécondé bouteille , encore ifolée , le bouchon & le crochet de la première ; puis la prenant d’une main, je porte l’autre main contre, fon crochet, & je n’éprouve aucune commotion , je ne tire pas même une feule étincelle, de ce crochet : d’où je conclus que ni le crochet, ni le plomb de la première bouteille ne s’étoient chargés d’éledricité.
- Je prends alors la première bouteille , celle qui refte vuide, & que j’ai éledrifée d’abord ; je là remets fur l’ifoloir ; & après y avoir adapté un entonnoir de verre, je fais pafler dedans du menu plomb qui n’a point été éledrifé. Lorfqu’elle- en eft remplie a moitié , j’enlève l’entonnoir , & je mets à fa place le bouchon & le crochet, dont; elle avoit été d’abord garnie. Je prends cette bou-r teille d’une main, & portant l’autre vers fon crochet , j en reçois une commotion proportionnée à la quantité d’éledricité que j’y avois introduite. 11 paroît donc manifeftement ici que la quantité fu-rabondante d’éledricité qu’on communique à une bouteille pour la rendre propre à faire éprouver la commotion 9 s’applique, fi on peut s’exprimer
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- L I N.
- de Frank
- 28,
- aililîj à fa furface intérieure , & que les corps
- étrangers qu’on introduit dans cette bouteille ne font ici que loffice de conducteurs pour tranfpor-ter à cette furface l’éleCtricité qu’on lui commu-
- nique.
- On connoît actuellement tout le méchanifme de l’expérience de Leyde , & on voit manifestement que la commotion qu’on éprouve ne dépend: que de la rapidité avec laquelle une dofe plus ou moins abondante d’éleCtricité circule à travers
- notre corps, pour arriver à la furface extérieure de la bouteille , & en général à la furface oppofée dans la bouteille ou dans le carreau de verre , à celle qui eft furchargée d’éleCtricité, afin que l’équilibre fe trouve rétabli dans la distribution de ce fluide fur les deux futfaces de la bouteille ou du carreau de verre. Mais nous ajouterons ici que fi le verre ou les fubftances vitrifiées quelconques ne peuvent fe charger d’une quantité excédents d’éleCtricité fur l’une de leurs furfaces , qu’autant que la furface oppofée fe dépouille de fa quantité naturelle d’éleCtricité 3 fèc devient par-là éleCtrifée négativement j cette dernière prérogative n’appartient point, par exclufion, au verre ou aux fubftances vitrifiées. Il n’eft aucun corps , parmi ceux que nous avons désignés fous le nom à'an-électriques , qui ne puiSTe être éleCtrifé négative-
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- i9S De la Théorie
- ment aufli facilement qu’on peut l’éleétrifer pofi-
- tivement.
- Cette découverte due, comme nous l’avons indiqué au commencement de cet Ouvrage, aux recherches d’un célèbre ProfefTeur de Vienne en Autriche, eft on ne peut plus facile à vérifier. Toute la difficulté gît, comme nous l’apprenons par une lettre de l’Abbé Hemmer, àifoler parfaitement le corps que nous appelions, an-éleürique pour qu’il ne puifle reprendre la dofe d’éleéfcricité naturelle qu’il perd en cette occafion. Voici de i quelle manière M. Herbert s’explique à ce fujet dans un Ouvrage latin imprimé en i 778 , fous le titre : Theoria Ph&nomenorum Eleciricorum. Nous copions fes propres paroles. Accepi cylindrum ca-yum ex lamina metallicâ : hune manubrio vitreo inftruxi a atque unâ manu hoc manubrium 3 altéra pellem cari ciprii tenens , altérais inter fortiter opprejjam pellem duclibus attriri 3 & eleclricum ejfe tàm ex emijjis fcintillis quàm globuli attrac-tione expertus fum. Cette manière néanmoins de procéder n’eft pas toujours fatisfaifante , comme le remarque l’Abbé Hemmer. Je me fuis fait faire, dit-il, un cylindre creux de laiton mince , d’un pied de longueur, & de deux pouces de diamètre, bien poli & bien arrondi par-tout. J’ai attaché & affermi à l’une de fes extrémités un manche de
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- blanc donc il avoit voulu fe fervir n’étoit point fuffifamnient ifolant ). J’ai donc 3 dit-il, attaché à ce cylindre de cuivre un manche de verre verd j & au lieu de tenir la peau de chat dans une main, & de frptter fortement deflus lecylindre de métal que je tenois dans l’autre main ( ce que je faifois toujours fans Succès ), j’ai mis cette peau fur la table , & j’ai frotté le cylindre deflus. L’électricité négative qu’il acquérait étoit très-vigoureulè , & les étincelles qui s’y portoient en approchant le doigt ou tout autre corps, étoient fi fortes, quelles s’entendoient à une très-,grande diftance. Voila donc un métal, un corps que nous regardions auparavant comme incapable de contracter la vertu éledrique par voie de frottement, qui s’éleétrife très - bien de cette manière, mais qui s’éleCtrîfe négativement ; ce qui nous fournit un nouveau moyen de produire une éleCtricité négative , qui peut devenir très-intéreflante par les applications qu’on pourra en faire dans la fuite. Cetre manière même d’éleCtrifer certains corps étant perfectionnée autant quelle me paraît fufceptible de l’être, ouvre une nouvelle carrière à fuivre, de nouvelles recherches à faire} & il eft à préfutner que les Physiciens éleCtrifans ne négligeront point un objet qui peut devenir de la plus grande importance entre les
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- mains d’un homnje inftruit qui faura en tirer parti.
- Ce nouveau mode dele&ricité excitée par frottement dans des corps qui ne donnoient aucun ligne de cette vertu y. & qu’on regardoit auparavant comme inéleétrifable par cette voie, ne contrarie en rien les idées reçues furcet objet, comme nous l’avons obfervé précédemment. Les corps que nous avons appellés an-électriques, le font encore malgré cela, relativement à ceux que nous appelions idio-électriques, & qui acquièrent une éle&ricité polîtive par le moyen du frottement5 mais il fera fans doute plus exaéfc par la fuite de changer ces dénominations, & de faire une nouvelle divifîon de ces fortes de corps.
- Veut-on une nouvelle manière d’enlever à un corps an-électrique une portion de fon électricité naturelle , ou de l’éledtrifer. négativement ? la voici dans le procédé fuivant. Suppofons qu’il s’agiffe d'une perfonne.
- Expérience. Je fais monter cette perfonne fur un ifoloir, gisementé"& je lui fais tenir à la main une bouteille de Cacique.311' Leyde chargée d’éleétricité , & difpofée à faire éprouver la commotion. Tant que les chofes ref-teront dans cet état, la perfonne ne changera rien au lien ; elle ne fera éleétrifée ni pofîtive-ment, ni négativement, ce dont on pourra s’af-furer en la touchant pat différons endroits ; mais
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- lî uhe perfonne non-ifolée vient.à toucher du doigç le crochet!dé la bouteille, elle en tirera, une étincelle, non commouvance à la. vérité. Gerte étincelle enlèvera à la furface intérieure; dé cette bôuteille une portion de fon éledricité furabtqn-dante. Or;, nous avons établi précédemment, qu’une bouteille chargée d’éledricité fur.luné d| fès furfaces ne pouvoit rien perdre de cette quantité fürabondante d’éledricité, qu’autant que fa j furface oppoféë. pouvoit acquérir une dofe fem : blable d’éledricité, & nous en avons donné .la preuve lorfque nous avons enlevé le crochet;d’une 1 bouteille éledrifée & ifolée , fans trouver^ à ce l crochet aucun indice d’éledricité. De-là on ;doit conclure que dans l’expérience donc il eft ici queftion , on 11e tire l’étinceUe du crqchetqu’au-tanc que la furface extérieure de cette bouteille, reçoit , une dofe femblable de fluide électrique* Mais d’où peut lui venir ce fluide, puifqu’il n’y a ici aucune communication entre les deux fur-faces .dé la bouteille ? 11 lui vient de la perfonne même qui la tient en fa main , & il eft pris aux dépens de celui qui réfiçle naturellement dans cette perfonne. En. veut-on la preuve ? la voici. Cette perfonne eft ifoléë, & conféquemment ne peut rien acquérir du réfervoir commun. Elle 11e peut donc reprendre dans celui-ci, ni dans tout autre cotps environnant, qu’on doit écarter avec T
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- xçfO D e ia T h é o rip foin , la portion d’éledricité d’elle fournit à' Et furface extérieure de la bouteille. Il doit donc fé trouver en elle un déchet réel de fluide éledrique. Elle- doit-,alors en contenir moins que-fa quantité naturelle , & conféquemment être éledrifée négativement. Aulfi:remarque-t-on que fl uhe autre |>erfbnne non-ifolée , > & qui contient fa quantité naturelle d’éledricité , lui préfénte-le'doigtV etlè lui fournira une étincelle proportionnée à la dofô d’éledricité qui lui manque j & fi cette dernière étok également ifolée , elle fe trouveroit par ce Moyen éledrifée négativement, ce qu’on jpourroit démontrer de la-même manière. D’où il fuit, qu’il n’eft aucun cdrps qu’on ne puifle éledrifer négativement , ou auquel on ne puiffe enlever une portion de fa quantité naturelle d’éledricité.
- Difficulté Quoique cecte expérience ne puifle fouffrir au-difficulté réelle, après avoir établi aulfi fo-cciiciic* iidemetlt que nous l’avons fait la: théorie dé la bouteille de Leyde, dont elle fuit manifeftement j on-men propofa une , il y a quelques années, que je rappellerai volontiers ici. La foliition fera d’autant plus agréable, que c’elfune application d’un principe dont on ne peut trop faire oifàge. On me demanda donc fi l’étincelle qui fe mani-feftoit ici entre la perfonne ifolée & celle qui ne lcroit point, parcoit véritablement de cette dernière , pour rendre d la perfonne ifolée ce
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- - D » Fr A N K l I Jft • l$t iÉju’onfuppofoit qu’elle avoir perdu de fa quantité propre de fluide éleétriqueyen faveur de là furface^extérieure de la bouteille.
- J’avoue que quelque précaution qu’on prenne solution quelqu’attention qu’on apporte à s aflurer de ce euh?"6 dÆ~ fait, il n’eft point poflîblèj meme dans 1’obfcu-rite la plu$ parfaite, de diftiiiguer de laquelle-dèà déux 'part l’edncelle qui brillé en cette dccafîon.
- 11 falloir dont trouver un moyen pour s’aflufei de ce fait , & ce moyen étoit facile. Qa’ôn fe rappelle Une obfervation que nous avons faite prccédèmmertt ; qu’un corps pointu qui fait partie 'd’un Conduéleür éleétrifé & qui laifle échapper une portion de l’éleéfcricité qu’on lui communia que, la laifle conftamment échapper fous la fôfme d’une aigrette , tandis qu’elle ne fe mànifefteroit à cette pointe que fous là formé d’un point lumineux ïi elle abordoit à ce corps.
- S’il éft ddüc! vrai què ce fort la perfoftrie non ifolée, qui fournit ici l’étincelle qui éclaté eu cette citconftance, & qui rend à celle qui eft ifolée ce qu’elle à perdu de fà quantité propre d’éle&ricité • aulieu de lui fairécette reftitution par un corps fufcepdble de fournir uneétmeelle, mettons entré" lés mains dé la première lin corps pointu , & ori verra au moment de l’expérience, qui doit fe faire dans U plus grande obfcumé;,
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- »j)l D S t A T H i Cf'R J-!-
- on Verra, dis-je, une aigrette qui partira de cette pointe , pour fe porter à la perfonne ifolée. La reftitütion fe fera donc auffi fenfiblemenc, & on fera perfuadé quelle fe fait aux dépens de celle qui n’eft point ifolée , laquelle reprend alors dans le réfery'oir commun , avec lequel elle communique ce qu’elle donne à l’autre.
- Gette dernière eft donc dans un, état négatif d’éleéfcticité. Elle perd dpnc véritablement une portion de fa quantité propre de naturelle d'électricité..-Mais il faut convenir .que cette manière de dépouiller une perfonne de .fon fluide éleétri-que , de lui: enle ver une portion de la dofe d’é-jedricité qui lui appartient natureUenient, eft un inoyen j)ien ; peu efficace-qui ne pourrpit point fuffire dans : pne çitçonftance où l’on aurait intérêt d’épuifer davantage cette perfonne. , r.:
- Dans ce cas , il faudrait avoir recours à . un autre, moyen, de On pourrpit employer fayorable-^nent-.-i.ÿet effet la machine repréfentée [plï , j%. dont nbus avons donné la defcription. Jf . ne» s’agirait que d’ifpler parfaitement Ôc avec la machine celui qui la ferait agir , de de tirer -de tems à autres dés étincelles du conducteur, ^autant ;qu’il pourrait en fournir. Comme la glace ne chargerait ce conducteur qu’aux dépens de L’éleCtricicé que lui. fournirait ,1a perfonne qui la
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- Vi F ( A K r 1 t M. ±9}
- Feroîtf tourner, celle-ci fe dépouilleroit abondam-ment de fou éleâricité naturelle & s’éleCtriferoit négativerrienr.
- Un fécond moyen non moins efficace pour ob- Machine tenir cet effet, & qui le produit d’une manière g^iteTima" plus intéreffante, en ce qu’il dépend de la ture même du corps éle&rifé, & qu’il ouvre une nouvelle Voie à. des recherches très-importantes À faire, c’eft un appareil imaginé depuis peu pat un amateur qui fe livre depuis long-tems à l’étude des phénomènes électriques & auquel cette partie de la phyfique doit une multitude d’expériences plus curieufes les unes que les autres.
- L’idée de cet appareil eft due à une petite machine de poche imaginée par le DoCteur Ingen-HouJî ; machine très-ingénieufe que nous ferons connoître à la fin de cet Ouvrage , mais qui n’eft point difpofée comme celle de M. de Wakkïers .de manière à produire l’effet dont il eft ici quef-tion.
- En conftruifant cette nouvelle machine , qui n’a point la fragilité de celles dont nous nous fervons habituellement, & qui a fur elle l’avantage de produire des effets plus conftans, fon Au-, teur avoit pour but d’imiter la nature, d’une manière plus rapprochée qu’on ne l’a fait jufqua préfent dans la formation du tonnerre, & il lui étoit facile d’y parvenir, en donnant de très-
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- P * :A T H É O R I I grandes dîmenfions à fa machine, plus fufcepti* ble quç celle à plateau de ces degrés d’aecroiffe-ment, laquelle ne peut les acquérir que jufqua un certain point, & à grands frais.
- Celle que M. de Walckicrs&i conftruire à Paris, 00^1784 , fit l’admiration des PhyficienS p$r les grands effets quelle produifoit, & il étoic pof-fible de porter encore plus loin cet avantage , en augmentant les dîmenfions de cette machine y mais il faut obferver que des appareils de , cette efpèce, exigent des emplacemens que tout le monde n’eft point en état de leur procurer. Ce fut ce qui détermina M. Rouland y Profeffeut de Phyfique Expérimentale en l’univerfité de Paris , donc l'éloge feroit fufpeéfc dans ma bouche, quoiqu’il foit honorablement connu, & par fes Ouvrages: , & par fes talens particuliers dans l’art de faire des expériences & de les démontrer , à réduire cette machine à de plus petites di-. menfions , & à y faire des change mens allez notables, qui la rendent plus convenable aux expériences , moins embarraffante, & moins dif-pendieufe. - .
- Il en fit conftruire deux , fous des dîmenfions différentes. La plus grande, celle dont il fe fert depuis ce tems dans fes cours y- quoique moins) que fous double en dimentions de celle de M. de Wtilckiersy fournit des étincelles à la diftance
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- 4e onze à douze pouces , & ce$ étincelles fe pré-fentent fous la forme d’un cylindre de feu. Elles "font en même-tems plus nombreufes , plus multipliées que celles qu’on tiroir de la grande machine qui lui fervoit de modèle, dont les étincelles s’échappoient en ferpentant&à ladiftance de quinze à dix-huit pouces feulement. îl en fit conftruire une autre plus petite encore, plus fimple cçn-féquemment moins difpendieufe , dont les effets font fuffifamment énergiques , pour fatisfaire le plus grand nombre des amateurs. Elle équivaut en force, fi elle ne furpafTe pas les machines à plateau de dix-huit pouces de diamètre. Ç’eft celle-ci que nous allons décrire.
- AB [pi. i o ), eft une tablette en bois de Dcrcn>tim noyer, de trente-fix pouces de longueur, fur feize r*?f" de largeur & un pouce d epaiffeur, fur laquelle m*
- font arrêtées par des vis a , b , c, d, deux tra-vetfes appartenantes aux montans C , D, E, F, parallèles entre eux, pris deux à deux.
- Ceux-rci ont quinze pouces de hauteur, quatre de bafe, & neuf lignes d epaifleur. Ils font entaillés à leur partie fupérieure, pour recevoir les axes des deux cylindres G, H.
- Ces cylindres font faits de bois léger ; ils doivent être très-arrondis , ainfi que leurs axes faits de bois dur. Le buis & le gayac font préférables
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- it)6 D E l a Théorie pour cela. L’axe I, plus long que les autres, eft armé d’une manivelle en cuivre , dont le bras à environ cinq pouces de longueur. Elle y eft retenue par le moyen d’un écrou , comme dans les machines à plateau. Une languette, ou une cou-liffe /, ajuftée à chaque montant & qui defcend dans leur échancrure, fait fonction des couflins d’un tour en l’air , & retient en place les axes des deux cylindres.
- Ceux-ci font recouverts dune peau de cha-^ mois paffée & collée deffus avec de la colle forte. Une étoffe de foie ou de laine un peu plucheufe, feroit peut-être préférable.
- KL eft un taffetas fans fin , enduit de matières huileufes & réfineufes, de même efpèce que ceux qu’on emploie pour la conftruétion des globes aéroftatiques. 11 s’enveloppe fur les deux cylindres, ayant un pouce de moins en largeur que la longueur de ces cylindres.
- Il eft embraffé dans toute fa largueur en M te en N , par deux lames de fer blanc couvertes de toile & garnies de bandes de peau de chat du côté du taffetas. Ces efpèces de frottoirs, appliqués deux à deux en-deffus & en deffous du taffetas, font liés à leurs extrémités par des ganfes plattes de foie coufues à la toile qui recouvre les lames de métal, & de plus, arrêtés par d’autres
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- ganfes .à la tête des quatre qaoiitaiis» v v font deux chaînes en cuivre accrochées aux frottoirs & pendantes ,par terre.
- op3 Scqr, font quatre bandes de taffetas préparé comme le précédent. Çes bandes font attachées félon leur longueur aux frottoirs, & ou-? tre cela entre elles par leurs angles correfpondans, à l’aide de gânfes de foie coufues fur leur lar-? geur.
- Le conducteur fe voit en S. C’eft un cylindre de cuivre de deux pouces de diamètre , de vingt-deux pouces de longueur, compris les boules de même matière qui le terminent, dont l’une eft ftirmontée d’un anneau t, pour faire communiquer ce conducteur avec tel autre conducteur qu’on peut adapter à cet appareil.
- Ce cylindre porte fur une partie de fa longueur en-deflus & en-deflous'deux lames de cuivre y, y , dont la longueur eft égale Sc correfpondante à la largeur du taffetas fans fin. Elles n’en font éloignées que d’un demi r pouce ou environ , Sc elles remplacent avec avantage les pointes dont M. de Walckiers avoir hériffé fon conducteur. Celles-ci s’engageoient fouvent dans le taffetas, Sc conféquemment le déchiraient.
- Ce conducteur eft embraffé à fes extrémités par des cordons de foie, attachés au quatre montans de la machine, par des crochets Sc des anneaux i,
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- n i s
- 2!,S De la Théo i9 i9 i j il èft fufpendu parallèlement; aux cyf lindres G, H, & à égale diftance dè l’un & de l’autre , ainfi que dés deux parties K , L du taf-
- II faut encore obferver.que le ceintre des mon-tans eft creufé en forme de gouttière, ainfi que les languettes fj qui en font partie , afin que les cordons de foie, tendus par le poids du conducteur , retiennent ces languettes en fituation, lorsque les axes des cylindres mus inégalement tendent à les foulever.
- Le taffetas qui fait la partie effentielle de l’appareil que nous venons de décrire > eft du nombre des fubftances qui conrra&ent beaucoup d’éleftri-cité par le frottement. La peau de chat dont les: lames de métal M , N , font recouvertes du côté du taffetas , jouit de la npême propriété. Cela pofé, & l’enfemble de l’appareil bien compris, on conçoit que fi l’on fait mouvoir rapidement fur fon axe le cylindre H , fon congénère G fe mouvra pareillement fur le lien , en fuppofant que le taffetas K L foit convenablement tendu fur eux. D’ailleurs cette tenfion eft très-facile à ménager. Elle dépend de l’écartement plus ou moins grand des traverfes qui fervent de bafe aux deux chaffis qui portent les cylindres.
- Le. degré fuffifant de tenfion étant donc donné, la rotation des cylindres entraînera celle
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- ns Fr. a n r l i N* £99 «lu taffetas, & il fera en même-rems frotté en M & en N. Ce frottement l’obligera à fe def-faifir de fa propre électricité en faveur des lames de métal M .& N qui la tranfporteront dans le réfervoir commun par . le moyen des chaînes v, v. Les taffetas o p, ëjc q r9 empêcheront que latmofphère ou les corps ambians ne lui rendent cetce portion d eleâriciîé qu’il perdra. Cette fonction fera donc réfervée au condu&eur S,
- Celui-ci fe dépouillera donc du fluide élec- Preuves**: trique qu’il contient naturellement j on s’en ap-^^Ï^S percevra manifeftement, fi on opère dans uneTfmcBI‘ obfcurité aflèz parfaite ; car on verra alors cette matière s’échapper des lames de métal dont il fera armé , & elle s’en échappera fous la forme de rayons lumineux divergens du côté du taffetas.
- Si on veut obferver ce phénomène d’unè manière plus fatisfaifante encore, il fuffira de pré-fenter les doigts à quelques pouces de diftance au-deflus de la bande de taffetas L, du côté de la manivelle , entre q , r & le conducteur S.
- On verra alors l’éleétricité s’échapper abondamment des doigts, fous la forme de cafcades lu-mineufes, qui fe répandront avec pétillement fur les parties cotrefpondantes du taffetas $ ce qui prouve que le taffetas s’épuife d’éleétricité dans l'opération, & en reçoit des corps ambians propres à réparer fes-pertes.
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- )ÔO Di LÀ THioRïE
- Le conducteur ne s’épuife pas moins à fon profit, & on en aura la preuve par les expériences fuivantes, toutes fondées fur des principes incon-teftables que nous avons précédemment développés.
- Si on approche en effet un corps étranger du conduéteur & que fa diftance foit convenable , il en partira une étincelle qui fe portera au conducteur. On prouvera facilement que cette étincelle part du corps étranger & non du conducteur , comme il arrive dans les appareils ordinaires , fi le corps quon lui préfente eft terminé en pointe un peu moufle j car on verra alors une aigrette lumineufe s’échapper de ce corps, & fe porter par fa bafe rayonnante de lumière vers le conducteur. On verra une nouvelle preuve de cette vérité, fi on monte une femblable pointe, à la place de l’anneau t ; au lieu d’une aigrette qui s'échapperait de cette pointe , fi elle étoit établit fur le conducteur d’une machine ordinaire, on n’obfervera ici qu’un point lumineux.
- On peut multiplier facilement les preuves de cette vérité inconteftable, d’après celles que nous venons de fournir.
- Chargez une bouteille de Leyde ati conducteur d’une machine éleCtrique ordinaire, & préfentez enfuite le crochet de cette bouteille au conducteur S de la machine à taffetas, que vous ferez mouvoir ; bientôt cette bouteille fera épuifée de
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- JOI
- fa quantité furabondante de matière électrique. Le conducteur de celle-ci s’épuife donc en faveur du corps frotté dans cette opération , puifqu au lieu d’ajouter à la bouteille qu’on lui préfente , ïl lui enleve au contraire la quantité Surabondante de fluide électrique dont elle eft chargée. Ôn conçoit que cette expérience doit être faite avec certaines précautions j car fl on laifloit trop jong-tems le crochet de cette bouteille appliqué ait conducteur S, après lui avoir enlevé fa quantité furabondante d’éleétcicité, il la dépouilleroit en-fuite vde k flenne propre, & cette bouteille deviendrait éleCtrifée négativement.
- C’eft précifément ce qui arriveroit à une bouteille; qui feroit d’abord préfentée à ce conducteur. Elle s’épuiferoit en dedans, tandis quelle fe chargerait en dehors d’une quantité furabondante .de fluide électrique. En veut-on la preuve } tandis qu’on. fait cette opération, qu’une autre personne charge une autre bouteille au conducteur .d’une machine ordinaire j lorfqu’elles feront chargées l’une & l’autre , que ces deux perfonnes fe donnent refpeCtivement la main ,& qu’elles approchent enfuite les crochets de cep deux bouteilles l’un contre l’aut.re, il en partira une étincelle, & les deux perfonnes recevront la commotion y ce qui n’arriyeroit point fl les deux
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- joi Dè' l à T h i 6 r i e bouteilles étoient dans Iè même état d^éleétrï-citc , fi elles étoient l’une & l’autre éleétrifécs pofitivement dans leur intérieur. Une bouteille préfentée au conducteur- de cette nouvelle machine, s’épuife donc & s’éleétrife négativement au lieu de recevoir, comme dans les appareils ordinaires, une nouvelle dofe d’éleétricité. Ces expériences , ainfi que celle par laquelle je vais terminer, cet article , m’ont été fournies par M. Rouland 9 qui m’en a communiqué un plus grand nombre encore , mais auquel je dois lailîer le plaifir de les publier lui-même, me bornait «t celles qui mettent en évidence la théorie que je me propofe d’établir.
- Faites communiquer le conducteur de cétte machine avec celui d’une machine à plateau de même force. Faites mouvoir en même tems lés deux machines & avec une vîteffe relative à la différence des furfaces frottées, & vous obferverez que l’une détruira l’effet que l’autre produira ; car aucun dés deux conducteurs ne fourbira d’étincelles. Cette expérience eft on ne peut plus délicate à faire, & pour peu qu’il manqué quelque chofe à fon exactitude, on trouve des indices d’éléétricité dans les conducteurs; mais ils font Ci ’foibles, en proportion de ce qu’ils de1-vtoient être li les machines étoient fépatées,
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- Qu’ils ïren prouvent pas moins la vérité que nous voulons établir \ que la machine a taffetas opère une éledrické contraire à celle que produit une machine ordinaire ; ..qu’elle éledrife négativement au lieu d’éledrifer pofitivemenc, & ceft un excellent moyen de produire' ce mode d’éledricité dans des corps an-électriques qu’on ifoleroit parfaitement,. & qu’on feroit communiquer avec le conducteur de cette nouvelle efpèce de machine.
- Après avoir mis eh évidence la théorie de Franklin fur la bouteille de Leyde, & avoir donné des notions fuffifanres fur l’éledricité pofitive 8c négative , ce feroit bien ici qu’il conviendrait de rappe- Del’împcr-lèr une queftiou qui fit beaucoup de bruit parmi les Phyfieiens éledrifans, Iorfque la Théorie de «ère ékâri-
- j-, J.. ^
- Franklin, encore peu connue, commença a trouver des profélytes en France j fa voir 7? le verre eft perméable à la matière électrique ? On fait avec quelle opiniâtreté , & on me pafiera cette expref-fion , l’abbé Nollet, dont je révère plus que per-fonne le mérite & les talens fupérieurs., s’attacha â combatrre l’imperméabilité du verre, & les efforts qu’il fir pour démontrer que le fluide électrique pafloit à travers le verre comme a travers les autres corps. Mais le peu de fuccès avec lequel il attaqua cette propriété, fi bien confirmée d’ailleurs , & univerfeiïeméht adoptée de h plus faine partie des Phyfieiens éledrifans , nous difpenfe
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- «l’entrer clins un détail qui deviendrait inutile. La néceffité de faire communiquer la fdrface extérieure de la bouteille de Leyde avec le réfervoir commun pour la charger d’éle&ricité ; Pimpoffi-' bilité de leleétrifer fans cette communication $ le feu quon voit s’échapper de cette furface a mefure que l’éleétricité s’accumule fur la furface oppofée j l’accumulation , fi on peut s’exprimer ainfi , de cette matière fut la furface intérieure de la bouteille, confirmée par l’anàlyfe que nous en avons faite , font autant de preuves plus convaincantes les unes que les autres de cette vérité , qui trouve peu de contradicteurs actuellement.
- Ceux néanmoins qui délireront voir cette question traitée avec un certain développement, pour4 ront confulter le Traité d*Electricité que je publiai en 1771*. Le dix-neuvième Chapitre de cet Ou-r vrage eft entièrement confacré à cet objet.
- SECTION TROISIÈME.
- De Vanalogie entre la Matière électrique & celle du Tonnerre , & avec le Magné* tifme*
- JL A théorie de la bouteille dé Leyde * telle que nous l’avons développée dans la Sedtion précé-
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- dente, fufiîfoit feule à la gloire du Doéfceur Franklin , & fon nom, confacré dans les faftes de l’éle&ricité , fe fût à jamais perpétué à la tête de ceux des plus célèbres Eleétriciens } mçis les découvertes qui vont faire l’objet de cetre Seélion, ajoutent infiniment à la célébrité de cet illuftre Phyficien , & lui acquièrent des droits immortels à la reconnoiffanoe publique.
- Produire en petit avec la matière éleétrique, convenablement dirigée , tous les effets que lecc tonnerre produit en grand dans l’atmofphère , & produire réciproquement avec la matière même du tonnerte , précédemment recueillie & accumulée
- dans un conduéleur, tous les phénomènes électriques j c’eft, fans contredit, mettre en évidence une analogie parfaite entre ces deux matières , & offrir à nos Leéteurs de quoi fatisfaire leur cu-riofité fur cette grande opération de la Nature. Profiter de ces connoi(Tances pour- établir des moyens sûrs & inconteftables de fe garantir des funeftes effets du tonnerre , c’eft rendre un fervice des plus importans à l’humanité , & acquérir des droits les mieux fondés notre reconnoiffance, & ce font deux obligations que nous avons au Do&eur Franklin.
- Nous diviferohs cette Se&ion en quatre principaux articles. Le premier traitera des effets de la c«
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- T- S
- $o6 D ES E î FI
- matière éleétrique , comparés à ceux du ton-
- Le fécond , de la matière du tonnerre appliquée aux phénomènes électriques.
- Le troifième,. des moyens de détourner la foudre.
- Le quatrième enfin, des rapports entre le ma-gnétifme & l’éleétricité.
- Article premier.
- Des Effets de la Matière électrique , comparés a ceux du Tonnerre.
- (^U’est-ce que le tonnerre ? Ce feroit -, fans contredit, la première queftion qu’il conviendroit de traiter ici, avant de parler de fes effets. De tout tems les Phyficiens s’en font occupés, & il n’eft aucun Traité de Phyfiquedans lequel on ne trouve une opinion particulière à ce fujer. Or , cette multiplicité d’opinions, parmi lefquelles il s’en trouve de bien fingulières, eft une preuve affez confiante de l’ignorance de nos prédéceffeurs fur cette matière ; mais refpeétons nos Ancêtres > & ne pro-duifons point au jour leurs erreurs , lorfque cette connoiffance ne peut tourner à notre avantage.
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- DE I,' É L E C T R I C'I T É* $0? Confidérons que fi malgré les fecours de la Chy-mie & de l’expérience, on n’étoit pas plus inf-truit le fiècie dernier fur cet objet, il n’eft pas étonnant que dans*.des fiècles plus reculés, où l’imagination tenoit lieu d’expérience ,; on fût obligé de fe contenter des opinions les plus bigarres. Nous fommes bien éloignés de vouloir ternir ici la gloire immortelle du célèbre Boer-fhàave , auquel la Phyfique & la Chymie doivent une partie de l’éclat qui les diftingue aujourd’hui : mais nous ne pouvons nous difpenfer de faire con-noître fon opinion fur la nature du tonnerre, comme la plus vraifemblable de celles qui l’a-. voient précédée > avant qu’on eût découvert que ce redoutable phénomène n’étoit, à proprement parler , qu’un phénomène éleétrique.
- Ge célèbre Chymifte prétend, dans fon éxcel- 0pii] lent Traité du Feu , que les particules d’eau que l’aétion du ïoleil a élevées en l’air venant, à fe “o*1 -réunir plufieurs enfemble, fous la forme de nuées , -compofent des malles de glace qui réfléchifTent la lumière du foleil par celle de leurs furfaces qui -regarde cet aftre , tandis que la furface oppofée éprouve un froid glacial. S’il arrive donc, comme -cela peut fe rencontrer fouvent, que plofieutis nuées foient difpofées les unes a l’égard des aq-.tres , de façon qu elles fafiènt l’effet de plufieurs; . miroirs concaves, dont les foyers concourent en -V 2
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- •gof D E S E F F E T S
- un jfoyèr commun ,on comprend aifément que les rayons du foleil ainfi réfléchis, raffemblés dans un même lieu , doivent produire une chaleur ex-ceflive. Le premier eflet de cette chaleur fera de dilater confîdérablement l’air environnant, & de caufer une efpèce de vuide dans l’efpace renfermé entre les nuées : mais bientôt après ces mêmes nuées venant à changer de fîtuation , & les :foyers fe trouvant détruits , l’air, l’eau, la neige, la grêle & généralement tout ce qui environne le vuide dont nous avons parlé, mais fur - tout les grandes maflès de glace qui forment les nuées mêmes, fondent avec une impétuofité fans pareille les unes vers les autres pour remplir ce vuide. L’énorme vîteflè du mouvement par lequel toutes ces matières font emportées , occafionne un frottement fl violent de toutes les parties les unes contre les autres, qu’il s’enfuit non-feulement un brait éclatant & quelquefois horrible, mais encore l’inflammation de toutes les exhalai-fons fulfureufes, graflès & huileufes qui fe trouvent dans le voifinage , & dont l’air eft toujours chargé abondamment pendant les grandes chaleurs. Ainfi il n’eft pas étonnant, conclut cet habile Chymifte , que le tonnerre foit prefque toujours accompagné d’éclairs*
- Autre opt- Si l’opinion fui vante beaucoup plus fi|mple, & &cP!uï6é>r cela feui plus conforme au génie de la Nar
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- ture, n’eft pas plus exad que celle de Boerrkaave , elle eft au moins plus féduifante. La voici telle que nous la trouvons imprimée dans un très-bon. Cours de Philofophie compofé en Latin par un Pro-fèfleur qui s’eft diftingué dans l’Univerfité de Paris.
- Le tonnerre & les éclairs /dit l’Abbé Se'guy » ne font autre chofe que des exhalaifons différentes & dés vapeurs élevées de la furface de notre globe & de celle de la mer dans l’atmofphère, où elles éprouvent une fermentàtion qui produit tous les phénomènes qui ont rapport à ce météore. On en tire la preuve d’une expérience bien connue, & décrite dans les Mémoires de l’Académie. 1
- Si on mêle enfemble & à parties égales de là limaille de fer, du foufre & de l’eau pour en faire une mafTe qu’on enfouit enfuite en terre , à une petite profondeur, cette mafle , échauffée par les rayons du foleil qui fe dirigent vers cet endroit, éprouve un certain degré de fermentation qui fe manifefte en peu d’heures par une tuméfadion de la terre. Bientôt après celle-ci fê fend, vomit‘quelques flammes, & l’opération finit par une détonation foudroyante. C’eft ainfî, continue M. Se'guy, que les vapeurs & les exhalaifons renfermées dans les nuées y éprouvent un mouvement de fermentation , & produifent des éclairs & des foudres qui doivent s’annoncer par V a
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- des expiofions d’autant plus violentes, qu’elles font: répétées par des nuées , des montagnes , & par une multitude de corps propres à réfléchir céT fon.
- Nous nous arrêterons à ces deux opinions : elles fuffifent pour nous donner une idée de la doétrine des plus célèbres Philofophes fur la formation du tonnerre , avant qu’on fut inftruit ^ comme on, l’eft actuellement, des phénomènes électriques. M. Séguy n’ignoroit point cependant la doétrine de M. Franklin fur ce redoutable météore , puifqu’il commence par la réfuter avant d’établir fon opinion : mais il ne connoifloit encore que les premières idées qu* M?.' Franklin avoit publiées fur cette matière , & on fait qu’il a été le premier à avouer quelles étoient défeâueufes 5 & que fi le tonnerre étoit véritablement un phénomène électrique, il s’étoit trompé fur la manière d’expliquer cé phénomène. C’eft avec un vrai plaifir que nous faifons cette obfervation : elle juftifie la réfutation dont nous venons de parler, qui ne peut influer fur le mérite du fa-vant Profefleur, dont l’opinion, quoique très-fa-tisfaifante au premier afpeét, n’eft cependant pas mieux fondée que celles de Tes prédécèfleurs ; ainfi qu’il paroîtra manifefte en démontrant que le tonnerre n’eft réellement qu’un phénomène électrique.
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- DE L’ÉLECTRICITÉ. J-IX
- Ce phénomène s’annonce communément par Eg-ets des éclairs qui fillonnent irrégulièrement dans paif^'rlm'cnt les nuées le chemin qu’ils parcourent, par des traînées de feu plus ou moins alongées, par des nere’ éclats plus ou moins forts , & prefque toujours redoublés. Les étincelles que nous tirons de nos conducteurs nous offrent en petit le meme fpec-tacle. Il ne s’agit que de les bien examiner. De Lesédaîis. même que les éclairs, ces étincelles ne viennent point directement du corps qui les lance fur celui auquel elles fe portent. Elles font aufli irrégulières dans leur trajet, & elles vont également en fer-pentant frapper le corps qui les reçoit. On s’en allure facilement en les tirant $ avec le dos de la main, de l’anneau qu’on monte ordinairement fut le bout du conducteur ; mais il faut pour cela que la machine foit un peu forte, & que ces étincelles puiffent fe produire à une diflance allez éloignée. Nous les tirons de notre appareil, lorsque le rems eft favorable , à une diltance de huit à neuf pouces. On voit alors manifeftement l’irrégularité de leur mouvement, & par combien de détours différens chaque étincelle s’éloigne de la ligne droite pour arriver à la main de celui qui la provoque.'
- Ces étincelles forment donc , comme l’éclair ÿ une ligne tortueufe , une efpèce de zigzag. Mais quelle peut être la caufe de ces ondulations qu’on V 4
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- remarque dans le mouvement de l’éclair, & dans celui de 1 ecincelle éleéfcrique ? Voici de quelle manière M. Baudoin expliquoir ce phénomène "en 1751 , dans une lettre écrite de Bofton à Mi Franklin. L’air , dit cet ingénieux Phyficien, eft un corps éledrique ; & par conféquent il doit y avoir une répulfion réciproque entre l’airle feu éleéfcrique. Une colonne ou un cylindre d’air d’un diamètre égal à celui de l’étincelle ,éle<ftti-que, eft interpolé entre le corps d’où parc cette étincelle , & celui où elle fe porte. Cette colonne réagit donc fur elle avec plus de force qu’aucune portion de l’air attenant.
- Cette aâion & réaéfcion rend la colonne plus denfe j elle repouffe donc plus fortement l’étih-celle, parce que fa répulfion eft proportionnelle à fa denfité. Ayant acquis une condenfation , un degréode répulfîon plus grand que dans fon état naturel , elle décourne l’étincelle dé fon droit chemin , parce que l’air du voifinage qui doit être beaucoup moins denfe, & par conféquent avoir moins de force répulfîve, lui offre un paffage plus facile.
- L’étincelle ayant pris une dire&ion nouvelle, doit agir fur la colonne d’air qui fe trouve dans cette direârion, & la pouffer avec plus de force > par conféquent la condenfer beaucoup : celle-ci, condenfée , doit faire comme la première 5 c eft-
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- à-dire , forcer encore l’étincelle à changer de direction : & ces variations doivent fe répéter ainfi fucctflivement, jufqu’à ce que l’étincelle ait atteint le corps qui l’attiroit.
- M. Baudoin ne fe diffimule point ici une objection qui fe préfente contre fon hypothèfe. L’air, obferve-t-il très-bien- , eft une fubftance très-fluide , très-élaftique , qui tend conftamment à fe répandre en tout fens. Par conféquent celui qü’il fuppofe ici accumulé dans la colonne fufdite, devroit fe répandre immédiatement au milieu des colonnes contiguës , 8c les faire circuler, pour remplir l’efpace d’où il a été chafle ; 8c confé-quemment la colonne, à la plus grande denfîtc de laquelle on a rapporté la caufe du phénomène dont il eft ici queftion, ne repoufleroit pas l’étincelle avec plus de force que l’air environnant.
- Pour répondre à cette difficulté, qui paroît allez bien fondée , M. ?Baudoin obferve très-bien que Pair a befoin d’un teins fenfible pour fe répandre uniformément, comme cela eft manifefte dans les vents qui fouillent pendant un tems conlidé-rable toujours du même point, 8c avec une vîtèfle qui, dans les plus grandes tempêtes, ne va pas , à ce. qu’on prétend , à foixante milles ou vingt lieues de France par heure. Mais la propagation du feu éleCtriqué femble inftantanée , comme nous l’avons démontré. Cette matière fe porte à
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- une très-grande diftance dans un - tems inappréciable. Ce doit donc être une chofe inconcevable que le peu de tems qu’une étincelle em-ploie à arriver du corps» éiedrifé à celui qui Ferrite ; entre lefquels la diftance ne peur être que de quelques pouces. Or , une portion de tems auffi petite ne peut fuffîre à l’air pour exercer fon élafticité, & par conféquent la colonne attaquée par cette étincelle doit acquérir plus de denftté que les colonnes attenantes ; ce qui liiffit pour que l’effet foit tel que nous venons de l’indiquer , & qu’on l’obferve dans toutes ces cir-conftancés. Nous ne donnons d’ailleurs cette exÿ> plication que comme une hypothèfe ingénieufe, & comme fatisfaifant affèz bien au phénomène qu’on fe propofe d’expliquer.
- îelaîrsfac- Les étincelles éledriques ne partent point r dans toutes fortes d’appareils, d’une diftance auffi éloignée que celle à laquelle nous les tirons du nôtre j & encore faut-il que le tems foit favorable à ces fortes d’expériences, pour que nous les excitions à la diftance indiquée ci-deffus, & que nous puiffions obferver ces ondulations irrégulières quelles tracent dans leur chemin. On nous faura donc gré d’indiquer ici les moyens de fa-tisfaire fa curiofité , lôrfque la machine ou le tems ne permettra pas des effets auffi fenfibles. L’art peut très-bien fuppléer à la nature, & il ne
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- DE l’É L ECTRICI'TÉ. Jlf
- s’agit pour cela que de faire prendre une route forcée au feu éledrique, en mettant à profit un principe que nous avons établi ci-defius. On fait, &: nous l’avons démontré , qu’une feule étincelle éledrique, à laquelle on fait parcourir uH con-dudeur dont les parties font interrompues , fe répète dans toutes les folutions de continuité qu’elle rencontre fur fon chemin , avant d’arriver à l’extrémité de ce condudeur. Si on prend donc une lame de verre d’une trcs-grande longueur , & fuffifamment large pour qu’on puilfe tracer deffus un zigzag fort alongé 3 avec de petits carreaux d’étain taillés en lofange , oppofés à angle, & collés fur cette lame de manière qu’ils lailfent un efpace vuide entre leurs angles oppofés ; une étincelle éledrique , excitée par la lame métallique placée à l’un des bouts de la bande de verre , parcourra toute l’étendue du zigzag, en illuminant tous les efpaces vuides quelle y rencontrera , pour fe porter âu réfervoir commun avec lequel il faut établir une communication qui aille à la lame d’étain qui terminé le zigzag. J’ai vu des bandes de verre de fix pieds de longueur parfaitement bien illuminées par ce moyen, & l’étincelle repréfentoit uiie lame de féu de plus de dix-huit pieds de longueur, vu la multitude des contours qui fe trouvoient illuminés.
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- $i 6 Dbs Effïts
- Amte ma- Si une machine de cette efpèce n’eftvpas tou-J^eînpr°" jours facile à manier & à placer convenablement Wairaeân-^ns un Cabinet, voici un autre moyen qui rénfïk également bien, & qui excite une illumination électrique , repréfentant affez bien les variétés qu’on obferve dans les éclairs,*
- Ayez une glace ou un carreau de verre d une certaine étendue; je leur donne communément dîx-hjiit pouces de longueur, fur quatorze à quinze pouces de largeur. Plus grande l’expérience en ferait encore plus belle.
- Appliquez & collez, fur une des furfaces de ,cette glace , une feuille d’étain, qui la recouvre jufqu a quinze à dix-huit lignes de fes bords, qui doivent être très-nets. Empâtez la furface oppofée, & dans toute l’étendue qui répond à la feuille d’étain, d’une couche de vernis gras ; & femez pat-defïus, & légèrement, une pouflière métallique , de l’aventurine, par exemple. Collez enfin une petite bande d’étain, qui établiffe une communication entre la feuille d’étain & l’anneau attaché à l’un des côtés du cadre dans lequel cette glace fera montée, & l’appareil fera en ctat.
- Lorfqtie vous voudrez en faire ufage ; faites d’abord chauffer la glace, pour en enlever l’humidité qui pourrait y être adhérente , & efTuyez-en bien les bords. Cela fait, pofez-la fur une
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- DK L’i LtCTR ICI li. 3,7
- cable., la garniture d’aventurine eji-deffiis. Attachez une chaîne à l’annèau du cadre & laiflez-la pendre par terre , afin que la furface inférieure de la glace puifle fe dépouiller de fa quantité naturelle d’éle&ricité. Faites pendre des conducteurs une tige de métal pointue, dont la pointe touche à la garniture d’aventurine, & y apporte leledricité de ces conducteurs.
- L’obfcurité étant bien faite, fi on vient à électrifier les conducteurs , le fluide éleCtrique fe dif-tribuera aux parties de la face couverte d’aven-xurine , & étincellera entre toutes les folutiorçs de continuité qu’il y rencontrera. Or, comme ces (blutions font fingulièrement irrégulières, on verra la furface de la glace fe couvrir d’une multitude de rameaux lumineux qui imiteront, autant qu’il eft poflible, la forme des éclairs. Cet effet aura lieu j tant qu’on foutiendra l’éleCtrifa-tion j & lorfque la. glace fe trouvera aufli chargée d’éleCtricité qu’elle pourra l’être, en fuppo-fant quelle ne la perde point infenfiblement par quelqu’endroit, elle fe déchargera fponranémenc avec explofionj &, au moment de cette explorions, toute la furface de la glace fe trouvera couverte de lumière. Si l’explofion fpontanée ne peut avoir lieu, ce qui arrive quelquefois , on l’excitera en prenant la chaîne d’une main , & en en lai (Tant tomber le bout fur la furface de
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- JI$ Des Effet $ >:
- la glace. On trouve dans le Journal de Phyfîquè de l’Abbé Rosier , pour le mois de Février 1776, la manière de rendre cette expérience encore plus agréable, en fufpendant en Pair un bien plus grand carreau de verre. On doit cette ingé-nieufe invention à M. Neret fils , Receveur-Général à Saint-Quentin. Il a formé, par ce moyen , dans fon Cabinet une efpèce de ciel éleétrique qui produit un effet étonnant, & par là grandeur des rameaux lumineux qui s’y font remarquer lorsqu’on leleéfcrife, & fur-tout par la vivacité de la lumière qu’il jere dans fon Cabinet au moment de l’explofion.
- On imite encore afiez bien le même phénomène , 8c l’éclair eft accompagné d’une déton-nation foudroyante, en laiffant pendre une chaîne de fer des conduéteurs dans un bocal de dix à douze pouces de grolfeur 8c de hauteur, garni félon la méthode du Doâeur Bevis ; 8c en entqürant extérieurement ce bocal d’une chaîne-, au bout de laquelle on attache un excitateur de métal en forme de C terminé par une boulé. On tient cét ^excitateur à la main, 8c on charge le bocal. Lorfqu’on le croit complètement chargé d’éleéfcri-cité, ce qui fe maqifefte affez bien par de petits éclats qu’on entend & qui annoncent une dé-tonnation fpontanée très-prochaine , on porte la boule de l’excitateur vers le haut de la chaîne
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- DE I.’ÉLECTRI'CITL 319 { plus elle eft longue , plus l’expérience eft Belle ), & auflï-tôt l’explofion eft accompagnée d’une multitude de jets de feu qui s’élancent des mailles de cette chaîne.
- Si le bocal eft encore plus grand , & qu’il (bit fortement chargé d’éleCtricité, on peut illuminer une chaîne bien plus étendue encore ; à laquelle on peut meme faire faire plufieurs contours, ôc c’eft celle qui communique avec la furface extérieure du bocal qu’on difpefe de cette manière^ Dans ce cas, au lieu de laifler pendre une chaîne dans le bocal, on fe fert d’une tige de métal pour lui communiquer la vertu électrique. Il s’é-ledrife bien mieux; & l’éleCtricité des conducteurs ne fe diflipe point en partie avant d’arriver au bocal, comme il arrive dans le cas précédent*
- Après avoir donc enveloppé de cette chaîne la furface extérieure du bocal, on la fufpend en différens endroits a des cordons de foie ; & d’une attache à l’autre, on la laifle pendre en forme de guirlandes ou de feftons. On attache à Ton extrémité l’excitateuc en forme de C , de manière qu’il puifte atteindre aux conducteurs, ou à la tige de métal qui tombe dans le bocal, lorfque celui-ci eft complètement éleCtrifé. Toute la chaîne eft illuminée au moment de l’explofion.
- Cette manière d’imiter le feu de l’éclair & d’illuminer une chaîne fe prête à une multitude éron-
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- nante de modifications plus, agréables les unes que les autres , dans le détail defquelles nous ne croyons pas devoir nous permettre d’entrer, mais qu’une perfonne induftrieufe pourra très-bien imaginer. J’ai vu de ces chaînes difpofées de manière qu’elles formoient des lettres 3 de forte qu’au moment de l’explofion on lifoit des mots en illumination. Mais il eft un autre moyen d’illuminer toutes fortes de figures par le feu électrique, qui demande quelques obfervations , & qui efl: trop agréable pour le palier fous filence. Nous devons cette ingénieufe pratique à l’abbé Nollttou fi elle remonte plus loin quant à fon origine, nous lui en devons au moins la perfection. Voici comment il la décrit dans une lettre à une Savante Italienne , qui profelfoit alors la Phyfique expér rimentale à Bologne 3 Madame Laura BaJJi. Il emploie pour faire ces fortes de figures , de petits carreaux d’étain , tels que ceux dont nous avons déjà fait mention 8c ufage.
- Moyen in- ^a matière électrique, dit-il, car nous copie-f’abbé^Aw!rons ic* ^a lettre de l’abbé Nollet, fuit, dans min«Udcs fi"coutes ^ortes directions , les milieux qui lui gares. font propres : ainfî, par le moyen de vos petites pièces de métal, vous conduirez les étincelles , non-feulement fur une feulejigne droite ou courbe, mais auffi fur plufieurs qui formeront des angles ou autres contours. 11 faut obferver cependant,
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- DE L* i I E C T R I C î T é. ili que deux quarrés ne s’approchent jamais l’un de l’autre par leurs côtés , comme e d (pl. ~j \
- 5 )} car alors la matière électrique pourroit palier d’F en C fans étinceller en C , & l’angle ne fe-roit point marqué. Vous éviterez ce défaut en plaçant le côré de l’un de ces deux carreaux fur la ligne qui palTe par la diagonale des autres , comme H; & dans le cas où l’angle feroit fort aigU-, vous n’y emploierez que des triangles rectangles comme I , K.
- Mais voici une difficulté dont vous ne vous débarradèrez pas à fi peu de frais : c’eft lorfqu’il s’agira de figures fermées , comme un quarré , un cercle , une étoile , le contour d’une fleur-de-lys , & généralement de toute ligne rentrante, fur elle-même ; car toutes nos petites pièces de métal, contiguës les unes aux autres, forment enfemble un conducteur, & l’expérience nous apprend qu’un conducteur replié ne tire point ordinairement des étincelles de lui-même. D’où il fuit que fi la matière éleCtrique partant du con-duébeurafuivi les trois côtés du quarré, & quelle rencontre là , ou votre main , ou une fuite de corps qui communiquent avec elle, les feùx continueront par cette route, Sc le quatrième côté du quarré n’en montrera aucun. En un mot, la matière électrique fuivra toujours le plus court X
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- chemin pour arriver au corps qui doit occafionner-fon inflammation.
- La tranfparence du verre vient ici fort à propos. Vous mettrez une des parties de la figure fur une des faces du verre le refte fur l’autre , & vous formerez une communication entre les deux. Aidons-nous d’un exemple.
- Je fuppofe, dit l’abbé Nollet , que vous ayez, a repréfenter la lettre O ou un cercle [pi. 7 » fig. 6 ) j vous figurerez la moitié avec les petits quarrés d’étain, fur un des côtés du verre, avec la pièce A ; & la lame E G que vous replierez fur l’autre, côté du verre, où vous figurerez l’autre demi-cercle j au bout duquel vous ajouterez la pièce K B. Parce moyen-là , le feu éleétrique paflera fans interruption en venant du conducteur , par ACDEGHIFKB. Vous parviendrez , par le meme moyen, à illuminer entièrement l’étoile de la fig. 7 & la fleur-de-lys. ( pl. 8 , fig. 1 ) : mais il faut que la dernière foit plus grande qu’elle n’eft repréfentée ici j car fi 1§ feu éle&rique éclate entre les deux pièces-Im y trop voifin.es l’une de l’autre, celles d’après, jufqu’en n , ne produiront aucune étincelle , ce qui. rendra la figure défe&ueufe.
- Ayant donc égard à tout ce que je viens de .Vous dire, Ypiçi comment vous pourrez procéder
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- pour conftruire des tableaux. Je flippofe, continue l’Abbé Nollet,' que vous vouliez qu’on y life ce mot FRANCE, avec des lettres d’environ quinze lignes de hauteur , on ne peut guère leur donner moins ; vous ferez choix d’une bande dé verre un peu épais ( celui d’Allemagne eft meilleur pour cela que tout autre ) : il faut que fa largeur égale au moins trois fois la hauteur des lettres $ ainiî , elle pourra avoir à-peu-près quatre pouces, & fa longueur fera telle, qu’il refte à chaque bout un vuide de quinze à feize lignes , après que les lettres auront été placées avec des efpaces convenables.
- Vous prendrez alors une bande de papier blanc, qui ait les mêmes dimenfions que votre verre : vous partagerez fa largeur en trois parties égales, par deux lignes de crayon que vous tracerez d’un bouc à l’autre, & vous diftribuerez vos lettres dans ta partie du milieu, marquant en plein ce qui doit être mis fur la première face du verre , & ert points ce qui doit être de l'autre côté, comme on le voit {pi. % y fig. z).
- Votre deffin étant ainfi formé, vous applique-* tez le verre deffus , & vous l’y attacherez par les quatre ceins avec un peu de cire molle ; & puis vous collerez toutes les pièces qui appartiennent i 1a première face du verte , en fuivant exaile-X a
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- *14 0 E s Effets
- ment toutes les lignes marquées en plein fur le papier.
- La colle de poiffbn eft la meilleure que vous puifliez employer. Vous en prendrez une petite quantité comme une demi-once, que vous battrez avec un marteau fur quelque corps dur : vous la couperez en très-petits morceaux, & vous la laiflèrez tremper pendant huit à dix heures dans une quantité d’eau fuffifante , après quoi vous la ferez fondre au feu ; & fi elle n’eft point aflez fluide, lorfqu’elle eft encore toute chaude, vous y ajouterez un peu d’eau , car il ne faut point qu’elle foit trop épaifle. Elle le fera fuffifamment fi , après y avoir trempé une allumette & l’avoir retirée, on en voit tomber une goutte en deux fécondés de tems. Vous ferez bien encore de la faire palier à travers tin linge fin , pour la purifier des faletés qui pourroient s’y trouver.
- Votre colle étant donc. entretenue toujours chaude, vous en prendrez légèrement avec un très-petit pinceau , & vous en ferez fur le verre un trait qui réponde , par exemple , à la moitié d’une lettre. Vous le crouvrirez promptement de petits carrés d’étain , que vous enleverez avec le. bout du manche d’un canif mouillé à la bouche. Vous appliquerez fur cette partie une car,te à jouer, .en appuyant deflus avec la main : puis , l’ayant
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- DE L* lt E C T Rïî f T £• :$ff levée , vous arrangerez avec la pointe du canif les petits quarrés , de manière que leur diagonale fuive le delîin, & que leurs angles , fans fe toucher , foient fort près les uns des autres.
- Quand vous aurez placé ainfi , fur certe face du verre, tout ce qui lui eft deftiné, vous y marquerez avec de l’encre tout ce qui eft pointé dans le deflinj & l’ayant fait fécher-, vous retournerez le verre, & vous en féparerez le papier , afin de .coller les pièces que cet autre côté du verre doit porter, comme on le remarque (pi. 8 >fig. 3 ).
- Vous remarquerez premièrement, que tous les quarrés qui compofent les lettres , tant de l’un que de l’autre côté du verre , ont une continuité non-interrompue depuis A jufqu’en B , moyennant les lames de communication c y dj e j fj g, h ± d’une part, & i j k , 13 m yn , 0 , de l’autre part.
- Secondement, vous verrez pourquoi ces trois lettres F, A, E, ne font point toutes : entières fur le même côté du verre : car fi le.:feu éledriquè étoit porté d’abord au plus bas de l’F , il pourrait bien en parcourir tout le montant & la tête 5 mais il neqjaroîtroit pas fur la barre du milieu ÿ pour revenir fur fes pas marquer ce qui eft àu-delfus. ,
- On pourrait bien aufli le conduire de fuite fur les deux jambages de l’A j mais il y palTeroit fans X 3
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- >>** D rv E f f i l r — fe faire voir fur là traverfe , ou bien ce qui eft au-defius ne feroit point illuminé. Il en feroit de même de PE 5 on en feroir bien étinceler trois parties , mais jamais les quatre. Par Us mêmes raifons, ajoute l’Abbé Nollet qui n’a rien laiflé à defirer fur la manière de former ces fortes de tableaux, des vingt-quatre lettres majufcules de l’alphabet, il n’y en a que dix', en comptant les deux U V pour une, qu’on puilfe voir en leur entier fur la même face du tableau : favoir C , G, I,i L, M , N, R, S , V , U, Z j encore faut-il que l’R ne foit pas fermée dans la partie fupé-rieure.
- Avant de faire ufage de ces tableaux , il faut avoir l’attention de les bien nettoyer , c’eft-à-dire , d’enlever la colle qui pourroit êtrç reftéê autour des pièces de métal qui forment le deflin , & autour de celles qui fervent de communication. On en viendra aifément à bout avec un petit morceau de linge, fin trempé dans l’eau froide, & en elfiiyant aulfi-tôt avec un pareil linge bien fec. Il faudra prendre garde aufli que les petits intervalles qu’on a laiffés entre les mêmes pièces ne ioient point emportés , & que Pail les ptiiflè diftinguer en - regardant la lumière i travers le tableau. On fera bien encore de préfentôr chaque verre âû feu , au moment même où ott voudra s’en fervir , afin- de difliper l’humidité qui pour-
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- toit s’étrë attachée deffiis, & iqui offrant tm véhicule à la matière élè&riquè , Pempëéhèrôit peut-être de fe contenir, dans les routes tracées par le métal où elle doit figurer.
- On peut facilement , d’après cet expofé , former toutes fortes de figures , & varier à vdlonté ces tableaux. . ;
- L’Abbé Nollet ne borne pas à cela feul l’application du phénomène fondamental qui lui a fourni ce moyen iridüftriéux d’illuminer des: figures. Il indique un peu pliis bas , dans Ja meme lettre, une autre manière de modifier cette expérience , & de la rendre plus agréable eriçore.
- Comme les étincelles , dit -il;, cjâi éclatent, entre nos perites lames d’etain jettent aflez de lumière pout éclairer les deux faces du vétre ., j’ai ’ imaginé qu’elles feroient voir ufïefigùrepeintè a!vee des> couleurs opaques, pout vu quelle fut !â- jOür vis-à-vis des endroits où céS petits feux doivëtil paroître. En conféquence de Cette' idée', il imagina de percer un papier fur lequel ' d» avoir peint une tête de femme ; il le perça avec arf poinçon de. fer rougi au feu , afin d’éviter les bavures qui fe feroient faites au bord’ déàrcousy s’il l’avoit percé à froid. Il colla enfuite,cette tampe fur du verre, & il plaça de l’autre côté des lames d’étain, qui fe rencontroient par leurs pointes vis-à-vis des ouvertures pratiquées au pa-X 4
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- jiS Des Effets
- pier en les difpofant de telle façon que la première partant d’un des bords du, verre , pût communiquer le feu électrique à toutes les autres , & jufqu’à la dernière qui aboutit auJbord op-pofé.
- On conçoit par ce. fimple expofé , combien.on peut varier ôc modifier cette pratique pour en rendre ; les •, effets plus agréables les uns que les autres»
- Reprenons maintenant les, analogies dont cette digreffion, que flous ayons cru devoir être agréable à nos LeCteürs , nous a un peu éloignés, te partage L’explqfiotf d’un grand bocal chargé d’éleCtri-ttSTiAé*:* les éclats de lumière qui .s’échappent des corp$rS ir3s! différons points, ;d.e la chaîne qui plonge dans le ffquèi^eiîe^ocal^_repréfentent, autant qu’il èft poflible , l’é-,biffe l'odeur clair & le, coup foudroyant qui accompagnent fête ufoudre, mption .de la foudre mais voici d’autres phénomènes ençorè qui.onjt .la plus grande analogie avec les, effets ,du tonnerre.
- , ; Parmi les effets lés plus ordinaires du tonnerre, confidérons cette facilité avec laquelle il fe fait; jour, pénètre à. travers les corps les plus déniés $ fjuivons fes mouvemens à travers ces fortes de corps j confidérons l’irrégularité de ces mouvemens , examinons ces ph6iomènes, qui, . malgré lès connoiffances nouvelles que nous avons ac-quifes , paroiffent encore tenir du prodige 5 &
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- DE L EL E CT R I C I T t
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- nous verrons que l’éledricité bien conduite produit , mais en petit, entre nos mains, des effets tout-à-fait femblables.
- Chargez d’éle&ricité un grand bocal garni intérieurement & extérieurement félon la méthode du Do&eur Bevis & difpofé comme il convient , pour cela. Appliquez fur la furface extérieure de ce bocal un morceau de carton fort épais. Retenez ce carton en place avec l’un des bouts de l’excitateur, & lorfque le bocal vous paraîtra complètement chargé d’éle&ricité, apptochez l’autre extrémité de l’excitateur de la tige de métal qui pend dans ce bocal, & qui le touche, fur fon fond ; vous exciterez alors la détonation , & la matière éledriquè qui fe
- portera rapidement de la furface intérieure à l’extérieure du vaiflèau, traverfera le carton, le percera d’un trou plus ou moins grand , proportionné à la quantité de fluide éleéfcrique accumulé dans le bocal.
- .. Si on fent aufli-tôt le carton , on trouvera qu’il répand une odeur analogue à celle que la foudre laifle après elle fur.les.endroits quelle frappe.
- i Si on examine, le paflage que l’éledricité s’eft tracé à travers l’épaifleur du carton, on obfervera que le trou qui; le pénètre eft oblique , comme il arrive communément à la foudre d’en faire à tra-
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- 5,6 D E s E rr-'à x s
- vers les murs & les autres corps Qu’elle pénétré'
- & qu elle perce.
- Difficulté Cette expérience ingénieiife imaginée par le Noiia1 ao£î Doéfceur Franklin, & répétée depuis par tous ceux de4!11' l*e f°nt occupés des phénomènes cle&riquês y franklin, fournit £ l’Abbé Nollet une objection qu’il regardé comme très-graVe contre la théorie de fort Auteur.-' Pour la mettre dans toüt fon Jour , nous obfërvè-rons que fi on percé avec un ftylët ou toüt autre infiniment de cette efpèce , un carton ou plufieurs feuilles de papier appliquées les unes fur lès autres y on remarqué Une bavure, Un petit boürfouffle-*: ment du papier qui s’élève du côté oppofé à. celui par lequel On fait entrer le ftylet on vôit autour de ce trou de petits appendices qui le bordent. Or y l’Abbé Nollet à prétendu, dans la première Partie dé fes Lettres fur VElectricité, tirer de ce phéno-* mène urte objection contré là théorie de Franklin, & voici comment il raifonne. En examinant, dit-il, ces fortes de trous , faits fur plufieurs cartes , j’ai ptéfque toujours vu que du côté par lequel le carton avoir été appliqué à la bouteille ou au carreau de verre, fi on fe fert d’une glacé éta-mée pour faire cetté expérience , ils étoient plus ouverts & comme brûlés par fés bords, & qu’au’ côté oppofé il y avôit une bavure ou déchirure très-fenfiblement élevée au-deffus du plan de fa-furface.
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- DE L SlECtUlCl T i JJf Avec de telles marques , reprend cet habile Phyficien, pourra-t-on fe perfuader que l’effort du fluide éledrique fe foit fait dans la direction du condudeur au verre ? N’eft-il pas vifibîe que fon a dion s’eft dirigée dans un fens tout oppofé, & que , dàns ces expériences , le feu éledrique n’eft point forti de la furface qui l’avoit reçu ? Il eft vrai, ajoute-t-il, qu’ayant percé de fetnbla-* blés cartons appliqués fur le condudeur, les mêmes indices montroient que l’effort s’étoit dirigé du condudeur au verre. Il eft encore vrai , continue-t-il, que fi l’on difpofe un fil de fer mince , ou quelque chofe d’équivalent, entre le carton & le verre, pour mettre un petit intervalle entre l’un & l’autre , les trous qui fe font en pareil cas ont une bavure de part & d’autre ; mais ces derniers faits n’oppofent rien contre la réalité du premier , ni contre la conféquence qu’on en doit tirer.
- - On voit, par ce détail, combien doit être équi-, voque le jugement qu’on voudroit porter d’après la confidérarion de ce phénomène, qu’on peut modifier à volonté. L’expérience , en effet, nous apprend que fi les furfaces^ü carton ne font point enfermées ou preffées , on remarque une bavure élevée tout-autour du trou des deux côtés du carton : mais fi l’un des côtés eft tellement prefle que la bavure ne puiffe s’élever de ce côté „
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- JJX D 1 S E F F I T S
- elle s’élève entièrement de l’autre ; ce qui vient de ce que cette bavure n’eft que l’effet de l’ex-plofion èn tout fens autour du centre du courant, & non l’effet de la direction , comme l’abbé Nollet le prétend. D’où il fuit que la difficulté qu’on oppofe ici n’eft qu’une pure chicane j qui ne mérite point l’attehtion dont on voulut bien l’honorer dans le tems. La théorie d’ailleurs dé Franklin , trop bien appuyée fur les expériences & fur les obfervations que nous avons rapportées dans la Seétion précédente, ne peut rien fouftrif d’une difficulté aufli équivoque , fondée fur un phénomène qui prouve plus fouvent en fa faveur qu’en faveur de fes adverfaires. yufion des On favoit de tout tems que , de tous les corps' duite parPune que la foudre attaque, il n’y en a point qui foient «leadquc. plus fufceptibles de cette impreflion que les métaux & toutes les fubftances métalliques en général. On avoit remarqué qu’elle s’attache plus particulièrement à ces fortes de corps, & que foù-vent même ils préfervent ceux qui les avoifinent des accidens auxquels ils feroient expofés. On re-gardoit autrefois ces .phénomènes comme autant de faits merveilleux au-deffiis de la foible portée de l’efprit humain. La fufion, par exemple , d’une lame d’épée dans fon fourreau, fans que celui-ci fut endommagé, phénomène dont les plus anciens Natwaliftes font mention , & dont
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- DE l’ilECtlICIli, }3J Muret affine , dans fes Notes fur le fécond Livre des Quejlions naturelles de Sénèque, avoir été lui-même témoin chez le Cardinal Hyppolite d’Eft ; la fonte de plufieurs pièces de monnoie dans une bourfe, fans que celle-ci fe fût reflen-* <tie des impreffions de la foudre, & nombre d’autres phénomènes de même genre, & trop connus des Phyficiens pour en faire l'énumération, étoient pour nos Anciens autant de prodiges qu’ils ne fe chargeoient point d’expliquer. Or depuis que nos connoiffances éledriques fe font multipliées ; depuis que nous avons fu diftinguer les corps qui font plus propres que les autres à fervir de condudeurs à la matière éledrique j depuis que nous avons obfervé que cette matière étant accumulée fur un corps tend à fe porter "au réfervoir commun par les meilleurs condudeurs qui puif-fenr l’y conduire , bien loin de nous furprendre , ces phénomènes ne nous offrent rien que de naturel & de conforme aux loix que l’éledricité fuit dans fa diftribution & dans fa propagation.
- Si un nuage furchargé de la matière du tonnerre vient à lâcher fon feu fur un édifice plongé dans fa fphère.d’adivité , on voit cette matière fe porter dans le globe terreftre en fuivant & parcourant les meilleurs condudeurs qui s’offrent à fon paffage ; & fi ces condudeurs. font trop foibles pour conduire toute la charge, toute la
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- „4 PM El»-»».
- quantité de matière qui tend à les, parcourir , ils en font, plus ou moins attaqués. C’eft ainfi que l’amalgame d’étain & de mercure qui enduit la furface poftérieure d’une glace n’étant pas fuffifânte pour conduire la quantité de matière foudroyante qui s’y porte én pareilles cir-conftances, cette amalgame fe fond & fe détruit fans qne la glace en foit endommagée , parce que cette glace ne pouvant faire l’office de conducteur , la matière de la foudre glifle fur fa furface , & ne cherche point à la pénétrer.
- C’eft ainfi qu’une feuille d’or ou de tout autre métal , mife entre deux lames de glace ferrées dans une prefle , eft attaquée par une forte décharge d’éleétricité. Il faut avoir foin , pour le fuccès de cette expérience , de faire déborder de part & d’autre la feuille de métal , pour quelle s’applique par l’une de fes extrémités à la garniture extérieure du bocal, & pour quon puifle pofer l’un des bouts de l’excitateuf fur l’extrémité oppofée de cette feuille de métal. Au moment de l’explofion, l’or fe fond , fe pul-vérife, & s’incorpore dans les deux lames de verre qui ne font point endommagées par cette forte explofion ; & on obferve alors fur leurs futfaces ( fi on a employé de l’or fin à cette expérience ), une tache purpurine femblable au précipité de Caflius. Quelquefois cependant, & le tonnerre
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- DE L* ÉL E C T R IC I T £ f|f
- fait aufli obferver le même phénomène, l’effort de la matière électrique, & la répulfion violente qu’elle imprime aux parties du métal, brifent les glaces , & dans ce cas , cette rupture offre un phénomène aflez curieux. Les iurfaces brifées demeurent unies & polies : tout l’effet de la rupture fe porte dans leur épaifleur ; elles paroiflènt comme triturées & réduites en pouflière dans leut intérieur. On obferve quelquefois un fem-blable phénomène fur la furface des foudres ou des jarres qu’on charge aflez fortement pour les faire détonner fpontanément ; elles fe caflent fùr-un des points de leurs furfaces. La fraéture forme une efpèce d’étoile , & l’endroit de la fradure paroît trituré dans fon épaifleur. On fait encore très-bien fondre l’or ou toute autre efpèce de métal réduit en feuille très-mince, en le fou-mettant à une forte explofion éleCtrique entre deux bandes de carton , où entre deux cartes. Ces cartes reftent dans leur entier , & leur furface fe trouve couverte & comme enduite des débris de la fufion.
- En examinant, après l’explofîon , les glaces dont nous venons de parler, on voit que ces particules de matière étrangère dont elles font, pour ainfi dire , incruftées, font dépouillées en. plus grande partie de leur phlogiftique, & con-féquemment ont perdu leur qualité métallique.
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- '«< ; D es E p.p h t s
- Ce n’eft plus alors qu’une yéricable chaux : mais il faudrait s’en procurer une alfez grande quantité , ce qui ferait un peu long par ce procédé, pour pouvoir la Soumettre a l’examen, & constater cette décompofition du métal, on Nous ne nous occuperons point ici de la dif-- pute qui s’éleva au Sujet de cette expérience entre M. Franklin 8c M. l’abbé Nollet ; nous paierons même condamnation , 8c nous avouerons de bonne Soi que M. Franklin n’étoit pas fondé à fuppofer que la fufion de l’or Se fît à froid en pareilles circonftances. S’il n’eft pas pof-fible, quelque promptitude qu’on mette dans cette expérience, de s’appercevoir de quelque dégré de chaleur dans le produit de cette fufion , il faut convenir que des malles aufli petites ne peuvent conferver allez de tems le dégré de chaleur le plus émineut, celui qui eft néceflaire pour les faite fondre. Nous en trouvons la preuve dans un phénomène qui nous eft très-familier. Nous obfervons , lorfque nous faifons recuire des fils de laiton d’une certaine finefle, qu’ils rougilîent Sur-le-champ : mais ils ne Sont pas plutôt- tirés du feu, qu’ils Sont maniables, 8c qu’on s’apper-çoit à peine du dégré de chaleur qu’ils ont contrarié. A plus forte raifon, une lame aufli mince qu’une feuille d’or, ou de cuivre battu-, ne peut-elle conferver le dégré de chaleur qu’elle doit recevoir
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- DE Ir 11 BCT R I CI T é« *5/ recevoir au moment où elle, fe fond par l’explo-lîôn éleét tique. Nous nous croyons même d autant mieux autorifés à admettre ici une véritable fu-fion, & non une fimple répplfion entre les parties du métal, comme le prétend M. Franklin que nous avons des preuves non-équivoques dans d’autres cir confiances que la matière éleélrique palTant très-abondamment dans des conducteurs, trop foibles pour conduire pareille charge, ces; conducteurs fe fondent Ôc coulent à la manière d’un métal fondu, comme nous le ferons obfer-ver plus bas»
- On fait que le tonnerre , en parcourant les Autre eS-et dorures d’un appartement, les enlève & emportemS^anaio-avec lui les peintures mêmes qui recouvrent les lambris. Un orage qui fe lit obferver à Stretham , produifit uh effet de cette efpèce, dont le docteur Milles nous a confervé.la mémoire, Ort ob-ferva à Naples, le lundi 15 Mars 1773 , un phénomène affez femblable, mais plus frappant encore de cette propriété du tonnerre, dans l’hôtel de milord Tilney , & dont M. de Saujffure nous a donné la defcription. (
- Il y avoir une afTemblée chez lui compofée de plus de trois cents perfonnes, difpofées dans un . appartement de fept pièces, &, il y avoir au moins dehx cents cinquante domeftiques dans , les antichambres, lorfque vers les dix heures 8c Y
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- 33 S Des Effets
- demie du foir on fut frappé dans toutes les chambres , & au même inffcant, d’une lumière extrêmement vive, qui parut à quelques perfonnes comme une boules rayonnante , & à d’autres comme la flamme d’une arme à feu. Chacun entendit dans ce moment un bruit que piufieurs regardèrent comme un coup de piftolet tiré dans l’une des chambres, mais que le plus-grand nombre jugea très-bien être un coup de tonnerre. Chacun fut effrayé } ceux qui jouoient quittèrent brufquement le jeu, & chacun imaginant que l’accident étoit arrivé dans la chambre où il étoit , fuyoit dans une autre. On vit tout le monde courir fans favoir où, fe rencontrer avec des vifages où étoient peints l’efïroi & la confter-nation. On s’apperçiit bientôt que les tables x les fauteuils & les habits étoient couverts d’une pouf-frère brillante que l’on reconnut pour être le produit des écailles de la dorure dont les appartemens étoient ornés, & du vernis qui la recouvroit. On vit eh effet que toutes ces dorures étoient fondues , noircies & écaillées } & l’étonnement augmenta encore, lorfque chacun remarqua fur le liège qu’il occupoit les traces du feu qui y avoir pàffé, & qu’on fut convaincu que la foudre avoit tfaverfé , rempli & entouré tout l'appartement qu’on occupoit } & cependant perfbnne, parmi plus de cinq cents qui y étoient raffemblées, ne
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- »e l* électricité. fut tué ni même dangereufement bleffe. La per-fonne la plus maltraitée fut un domeftique, qui fe trouva avec trois contufions , une au bras 9 l’autre à la poitrine & la troifième au côté. Un autre domeftique , appuyé contre le chambranle d’une porte, reçut une commotion qui le fit tomber fur le derrière. Quelques personnes reflenti-rent dè légères commotions.
- M. de Saaffure fut le lendemain matin pour découvrir la route de la foudre, & il obferva que prefque toutes les dorures, les corniches des plafonds, les baguettes qui encadroient les tapif-feries étoient fondues, noircies ou écaillées 5 ce qui prouvoit que la foudre n’éroit point entrée par la fenêtre, comme quelques-uns prétendoient l’avoir obfervé, mais qu’elle venoit du haut de la maifon.
- Il monta donc fur une terrafle avec M. le Chevalier Hamilton , & ils crurent, fans ofer cependant l’aflurer, que la foudre avoit pénétré de la terrafle dans l’intérieur du bâtiment. Ils fuivirent ces ravages dans tous les étages , & par-tout ils obfervèrent qiie la matière du tonnerre avoit laiffé dès traces de fôn paflage. Ils les fuivirent jufque dans les appàrtemens au-deflous de celui du Milord , & ils remarquèrent que la chambre de foh Maître-d’Hôtél avoit été k plus maltraitée , ce qui les engagea à defcendre dans celle de deflbus, & ils y ttouvèrent des marques femblables du paf-Y x
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- 34o Des Effets
- fage de ce redoutable météore. Ils obfervèrent plus bas un puits , dont la corde mouillée pafloit fur une poulie fufpendue à un bras de fer planté dans le mur. Ce dernier attirail leur parut très-propre à donner partage au courant de la matière éledrique foudroyante , & a lui ouvrir une communication avec la marte entière de la terre. Les traces qu’ils avoient fuivies indiquoient cette direction ; 8c comme on cefloit d’en appercevoir dans les parties qui étoient au-deflous de ce puits, ils en conclurent que c’étoit-là où fe trouvoit Pif-fue de la matière du tonnerre. Ils ne crurent pas cependant que toute la quantité de cette matière eût pu fe tranfmettre par cette voie. Il leur parut que les murs même de la maifon avoient fervi en partie à la conduire & à la faire pafler dans le globe ou le réfervoir commun de cette matière ; car , comme ils le remarquèrent très-bien dans toutes les pièces s foit de l’appartement de Milord Tilney, foit des étages fupérieurs & inférieurs , toutes les dorures appliquées contre les murs , 8c communiquant de quelque manière que ce fut avec la corniche dorée du plafond ; offraient des traces du partage de la foudre, non-feulement celles qui pouvoient favorifer fon écoulement du côté du puits , mais encore celles qui pouvoient lui aider à defcendre du haut de la maifôn en bas, en partant le long des murs j aufli nombre de
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- de' l’ Électricité. 541 perfonnes qui s’étoient trouvées appuyées contre ces murs, avoient-elles éprouvé des commotions allez vives.
- Ils crurent donc que le courant de la matière éleétrique ou fulminante étoit entrée par les gou-tières de Vafiricr ou de la terralfe ; qu’il avoît pénétré & parcouru toute la maifon ; que la plus grande partie en étoit fortie par le puits, & que tout le telle s’étoit filtré du haut en bas parles murs.
- Or, Péleétricité produit des phénomènes tout-à-fait femblables. Au défaut d’une peinture dont on voudroit recouvrir une dorusre,, pour imiter plus exaélement ces fortes de phénomènes , on peut fe contenter de coller delïiis une bande de papier, comme le Doéteur Franklin le pratiqua en collant du papier fur les filets dorés d’un livre , & il obferva que le papier fut déchiré d’un bout à l’autre , après l’avoir mis dans la chaîne de communication d’un grand bocal chargé d’électricité.
- Nous faifons cette expérience d’une manière plus fimple encore. Nous collons entre deux bandes de papier une petite lame de papier doré , qui excède de part & d’autre les bandes de papier. Nous plaçons le tout dans une prelfe. Nous établilfons la prefiè de manière que l’une des ex-ttémités de la lame de papier doré touche à la Y 5
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- 34i Des Elut s
- garniture extérieure'3’un grand bocàl que nous chargeons d:‘électricité. Lorfqu il eft complètement chargé, nous appliquons l’un des bouts de l’excitateur fur l’autre extrémité de la lame dorée , & nous excitons la détonnarion du bocal. Àlors la dorure eft emportée , & l’une des bandes & quelquefois les deux bandes de papier font déchirées dans toute ou dans la plus grande partie de leur longueur.
- effets de Si le tonnerre refpe&e quelquefois la vie de analogues 1 l’homme , il l’expofe à des âccidens fi variés & nerre fur°iéfi multipliés , qu’il n’eft guère poffible d’en faire hu~ le dénombrement. Combien de gens , par exemple , ont perdu la vue à l’approche feule de l’éclair ? combien font demeurés paralytiques par l’attouchement de la matière du tonnerre ? combien en eft*il mort par l’impreffion de ce redoutable météore ? L’éledricité produit des effets femblables. Une commotion trop forte excite un engourdiffement plus ou moins durable dans les parties animales qui y font expofées} elle produit un mouvement non-naturel dans les parties muf-culeufes, d’où réfulte un tremblement permanent, comnie M. Dalibard l’éprouva dans les dernières années de fa vie , à la fuite de plufieurs commotions trop fréquentes & trop fortes. Elle produit des échymofes plus ou moins fenfibles 4ans les parties charnues quelle pénètre, comme
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- DEL
- ELECTRICITE.
- 54?
- je l’éprouvai fur moi-même par la décharge inopinée de trois bocaux , qui fe porta fur la partie fupérieure de l’un de mes bras. Audi terrible que la foudre , elle détruit le principe de la vie , & elle tue les animaux qu’on expofe convenablement à fon aélion.
- Faites palier la décharge d’une batterie ou d’un très-grand bocal de la tête à la poitrine d’un animal , & il reliera fur la place , ou il en fera plus ou moins maltraité , s’il rélille à une explolion de cette efpèce. Un pigeon , dit M. Franklin , que nous avions renverfé comme mort par le choc éleélriquè , recouvrant la vie , languit quelques jours dans la balfe-cour, ne mangea rien , quoiqu’on lui ait jetté des miettes de pain \ il s’affoi-blit & il mourut. Nous ne fîmes pas attention qu’il avoit été privé de la vue : mais enfuite un poulet renverfé pareillement comme mort , ayant été rappelé à la vie en fouillant à plulieurs reprifes dans fes poumons , alla donner de la tête contre la muraille , lorfqu’on l’eût pofé fur le plancher. Nous l’examinâmes , & nous trouvâmes qu’il étoit aveugle. De-là nous conclûmes que le pigeon dont nous venons de parler avoit été aveuglé par le choc.
- Le fuccès de ces fortes d’expériences exige qu’on rafe le poil, ou qu’on arrache les plumes fie delfus la tète & de deffous la poitrine des ani-
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- 544 I>M * Effets
- maux fur lefquels on opère , pour que la charge
- d’éle&ricité pénètre de la tête à la poitrine.
- Effets de Le feu éle&rique fortement accumulé n*lft pas l'éleûridté . . , , . „,r
- fur l’écono- moins nuiuble a 1 économie vegetale qu a 1 eco-
- *"c végetale‘nomie animale. Nous en trouvons une preuve dans une fuite d’expériences très-curieufes que le célèbre Nairne fit en préfence de plufieurs Membres de la Société Royale , & dont voici les principaux réfultats.
- Il déchargea une forte batterie à travers la branche d’un Bafame, & fi le moment d’après l’explofion, il ne s’apperçut d’aucune altération dans cette plante, elle devint très-Jenfible dix à quinze minutes après. La partie fupérieure de la plante commença à languir ; elle fe pencha' & s’inclina progreflivement jufqu’à terre 5 & dans l’efpace de deux ou trois jours, elle fe trouva entièrement defféchée, quoiqu’une autre partie de la même plante , qui n’avoit point été touchée du feu éle&rique , continuât à être très-vigou-reufe. Il répéta la même expérience plufieurs fois de .fuite fur des plantes de même efpèce, & le fuccès en fut toujours le même.
- Confidérant pendant l’été, que plufieurs arbres étoient dépouillés de leurs feuilles fur certaines branches , tandis que d’autres branches étoient garnies de feuilles très-vertes, il imagina de dé* charger fa batterie fur une branche de fréfillon,
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- DE VitttTRicai >45 fans que la branche parût d’abord affedée de cette commotion. Trois femaines après ou environ, les feuilles de cette branche commencèrent à Pêcherie à tomber, 8C dans l’efpace d’un mois, cette branche fe trouva parfaitement fembîable à celles qu’il avoir obfervées dans la campagne , tandis que le refte de l’arbre confervoit fa vigueur.
- M. Banks & plufieurs autres célèbres Académie miciens de la Société , voulant vérifier plus particulièrement ces faits, firent porter chez M. Naime plufieurs plantes vigoureufes en fleur , une Ba-famc femelle , la Merveille du Pérou , un Géranium d’Afrique , un Laurier 3 un Myrthe , &c. Ces plantes furent difpofées de manière qu’une partie feulement fe trouvoit renfermée dans la chaîne de communication des deux furfaces de* la batterie éledrique ; & la décharge ayant été faite , on obferva que toutes ces plantes en furent plus ou moins affedées. Plus elles étoient fucculentes , & plus elles languifloient promptement. La branche de Bafame , très - droite avant l’explofion, pencha fenfiblement quelques minutes après , & mourut le lendemain } tandis que les autres tiges de la même plante , qui n’avoient point été com-prifes dans la chaîne, confervèrent leur fraîcheur & leurs feuilles 5 ce qui prouve que l’impreflion éledrique ne fut que partielle & locale.
- La Merveille du Pérou & le Géranium furent
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- 34* D b(s Eiiïij &c, dépouillés de leurs feuilles dès le lendemain, mais feulement dans la branche qui avoir éprouvé la commotion.
- La fleur Cardinal 3 beaucoup moins flicculentô que les autres, fpt plus long-tems à donner des Agnes de l’incommodité qu’elle avoit foufferte \ mais elle en donna d’aufli réels.
- La branche de Laurier fut encore plus long-tems. Elle fe conferva en bon état pendant près de quinze jours ; mais à cette époque les feuilles changèrent de couleur, tombèrent, & la branche mourut, tandis que le tronc & les autres branches ne parurent aucunement affe&és.
- Le Myrrhe fut encore plus long-tems que le Laurier , & ne donna des lignes de fon affeCtion qu’après un mois \ mais jl fubit le meme fort que les précédens. D où il fuit que l’éledricité, ainfi que le tonnerre j nuit à, l’économie végétale , & détruit dans les plantes qui en font fortement affeCtées , le principe de la végétation.
- 11 fuit donc, & de ces obfervations , & [des expériences que nous avons rapportées précédemment , que l’éleéfcricité produit en petit, entre nos mains, tous les effets que le tonnerre produit en grand dans l’atmofphère. Il refte à démontrer maintenant que la matière elle-même du tonnerre produit tous les phénomènes électriques que nous produifons avec nos appareils, & c’eft le fujet de l’article fuivant.
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- De la Matière du Tonnerre.
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- Article II.
- De la Matière du Tonnerre appliquée aux Phénomènes Electriques.
- S* Il falloic , comme le dit très-bien Horace 3 avoir le cœur entouré d’un triple acier, pour ojfer la première fois confier fa vie au hafard des flots ; il ne falloit être ni moins brave, ni moins hardi pour ofer fe propofer d’enchaîner la matière du tonnerre dans un condudeur , & fe fervir de cette matière pour tenter des expériences éledri-ques. Si l’exécution de cette glorieufe entreprife ne fut point réfervée au dodeur Franklin j ce fut lui qui eut la gloire de l’imaginer & de la propofer de manière à rafliirer celui qui voudrait l’exécuter, fur la crainte qu’elle ne pouvoit manquer d’infpirer. Pour décider , dit-il dans une Lettre qu’il écrivoit en 1750, fi les nuages qui contiennent la foudre font éledrifés ou non, je propofe une expérience a tenter en tems & lieu' convenables. Sur le fommet d’une haute tour ou d’un clocherplacez une efpèce de guérite de fentinelle, femblable à celle qu’on remarque ( pU 8 yjig. 4 ), aflejs grande pour contenir un homme & un tabouret cledrique. Du milieu du
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- 54* D B t À M A T i l R E
- , tabouret élevez une barre de fer, qui pâlie en fe courbant hors de la porte , & fe releve alors perpendiculairement de bas en haut à vingt ou trente pieds de hauteur , & fe termine en une pointe fort aiguë. Si le tabouret eft tenu propre & fec, un homme qui y fera placé , lorf-que les nuages éleétrifés paieront un peu bas, pourra être éleélrifé & donner des étincelles , la verge de fer lui attirant le feu du nuage en forme de condu&eur. S’il pouvoir y avoir quelque danger à craindre pour l’homme ( quoique je fois perfuadé qu’il n’y en a aucun ), ajoute M, Franklin j qu’il fe place fur le plancher dé la guérite , & que de tems en tems il approche de la barre le crochet d’un fil d’archal, qui foit attaché par un bout au plomb de la couverture , & qui ait un manche de cire d’Efpagne, par où il le tienne. Avec cet appareil j fi la verge eft éle&rifée , les étincelles pafieront de r«1ri?nccecette ver§e au ^ ^atc^al & ne toucheront point de m. Dali- l’homme.
- U-viiic. Ce que M. Franklin n’a voit foit que propofer, M. Dàlibard. fe chargea de l’exécuter, & le fuc-cès qui couronna fes travaux fera à jamais mémorable dans les faftes de l’éledricité. Lai fions à ce célèbre Phyficien la gloire de publier lui-même le détail de cette importante expérience. i°. J’ai fait foire, dit-il dans un Mémoire
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- B V T OUSIRR E« §49 qui] lut à l'Académie des Sciences le iy Mai 175a, à Marly-la-Ville, fituée à fix lieues de Paris, dans une belle plaine, dont le loi eft fort élevé , une verge de fer ronde, d’environ un pouce de diamètre, longue de quarante pieds 8c fort pointue par fon extrémité fupérieure. Pour lui ménager une pointe plus ' fine, je l’ai fait armer d’acier trempé, enfuite brunir, au défaut de dorure, pour la prçfervet de la rouille. Outre cela, cette verge de fer étoit courbée vers fon extrémité inférieure de deux coudes à angles aigus , quoiqu’arrondis. Le premier coude étoit éloigné de deux pieds du bout inférieur, & le fecon4 en fens contraire, à trois pieds du premier.
- x9. J’ai fait planter dans un jardin trois grofles perches dé vingt-huit à vingt-neuf pieds, dif-pofées en triangle, & éloignées les unes des autres à environ huit pieds ; deux de ces perches contre les murs, & la troifième au-dedans du jardin. Pour les affermir toutes enfemble, on a élevé fur chacune des entre-toifes à vingt pieds de hauteur j & comme le grand vent agitoit encore cette efpèce d’édifice, on a attaché au haut de chaque perche de longs cordages, qui tenoient lieu d’aubans, répondant par le bas à de bons piquets enfoncés en terre à plus de vingt pieds , des perches.
- 30. J’ai fait conftruire entre les deux perches Voifines du mur, 8c adofler contre ce mur une
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- D. e t a Matière petite .guérite de bois capable de contenir un homme & une table.
- 4°. J’ai fait placer au milieu de la guérite une petite table d’environ un pied de hauteur , & fur cette table j’ai fait dreffer & affermir un tabouret éle&rique. Ce tabouret n’eft autre chofe qu’une petite planche quarrée , portée fur trois bouteilles à vin pour fuppléer au défaut d’un gâteau de réfine qui me manquoit. ,
- $°. Tout étant ainfi préparé, j’ai fait élever perpendiculairement la verge de fer au milieu des trois perches, & je l’ai affermie en l’attachant à chacune de ces perches avec des cordons de foie,-par deux endroits feulement. Le bout inférieur de cette verge étoit folidement appuyé fur le tabouret électrique, où j’ai fait creufer Un trou propre à le recevoir.
- 6°. Comme il étoit important de garantir de la pluie le tabouret & les cordons de foie , j’ai pris les précautions néceffaires à cet effet. J’ai mis mon tabouret fous la guérite, & j’ai fait couder ma verge de fer à angles aigus, afin que' l’eau, qui pourroit couler le long de cette verge, ne pût arriver fur fon tabouret. C’eft aufli dans' le même deffein que j’ai fait clouer vers lé haut & au milieu de mes perches, à trois- pouces au-. deffus des cordons de foie, des efpèces de boî-
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- , »u Ton b RR.; fit
- tes formées de trois petites planches d’environ quinze pouces de long, qui couvrent par-deflqp & par les côtés une pareille longueur de cordons de foie , fans les toucher.
- Il s^agifloit de faire, dans le tems de l’orage, deux obfervations fur cette barre ainfi difpofée. L’une étoit de remarquer à fa pointe une aigrette lumineufe, ou au moins un point lumineux, fem-biable à celui qu’on remarque à l’extrémité d’une pointe plongée dans la fphère d’a&ivité d’un conducteur éleétrifé , l’autre étoit de tirer des étincelles de cette barre.
- Le premier de ces phénomènes fut connu de tout tems. On fait qu’en certains orages les pointes de fer élevées dans l’atmofphère brillent d’une lumière plus ou moins vive. Tous les Marins font mention de ce phénomène qu’ils appellent feu Saint-Elme% & qui fe fait remarquer aux extrémités des mâts & des vergues de leurs bâ-timens. Céfar fait mention d’un fait femblable dans fes Commentaires. Il rapporte que pendant la guerre d’Afrique, après un orage affreux qui furvint pendant la mût, & qui mit en grand danger toute l’armée Romaine , la pointe des dards de la cinquième légion brilla d’une lumière fpontanée : Quintes legionis pilorum cacumina fuâ fponte arferum.
- Il n’étoit donc plus intéreflfant pour M. Da~
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- D .£ î. a Ma t i à que de^s’afiurer du fécond phénomène; 8c * afin de fe garantir des piquurès des étincelles t continue-t-il , j’avois attaché le teiton d’un fil d’archai au cordon d’une longue fiole pour . lui fèrvir de manche ; c’eft-à-dire ; que M. Dalibant avoït fait un excitateur de métal auquel il avoir mis un manche de verre pour ifoler la perfonne qui devoit tirer les étincelles.
- Le mercredi 10 Mai 1751 , entre deux &' trois heures après midi, le nommé Coiffier, ancien Dragon, que j’avois chargé de faire les ob-fervations en mon abfence , ayant entendu un coup de tonnerre aflez fort, vole à la machine , prend la fiole avec le fil d’archai , préfente le tenon du fil de fer à la verge , en voit fortir. une petite étincelle brillante, & en entend le pétillement ; il tire une fécondé étincelle plus forte que la première , & avec plus de bruit : il appelle fes voifins , & envoie chercher M. le Prieur. Celui-ci accourt de toutes fes forces. Les Paroiffiens, voyant la précipitation de leur Curé-, s’imaginent que le pauvre Coiffier a été tué d!un coup de tonnerre. L’alarme fe répand dans le Village. La grêle qui furvient n’empêche point le troupeau de fuivre fon Pafteur. Cet honnête Ecr-cléfiaftique arrivé près de la machine, & voyant qu’il n’y avoir point de danger, met îui-même la main à l’œuvre, & tire de fortes étincelles.
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- dû Tonnerre. 355 La nuée d’orage & de grêle ne, fut pas plus d’un quart-d’heure à pafler au zénith de notre machine , & l’on n’entendit que ce feul coup de tonnerre. Si tôt que le nuage fut paflfé, & qu’on ne tira plus d’étincelles de la verge de fer, M. le Prieur fit partir de Marly le fieiir Coiffier lui-même , pour m’apporter la lettre fuivante qu’il m’écrivit à la hâte.
- Cette lettre n’apprenant prefque rien au-delà du récit de M. Dalibard , nous ne croyons paS devoir l’inférer ici toute entière. Nous nous bornerons à l’obfervation que voici.
- J’étois fi occupé, dit M. le Prieur , dans lé moment de l’expérience, de ce. que je voyois » qu’ayant été frappé au bras un peu au-deffous du fcôude , je ne puis dire fi c’éft en touchant àtî fil d’archal, ou à la tringle : je ne me fuis pas plaint du mal que m’avoit fait le coup dans le moment que je l’ai reçu ; mais comme la douleur continuoit, j’ai découvert mon bras en préfence de Coiffier, & nous avons apperçù une méur-trifiure tournant autour du bras, femblable à celle que feroit un coup de fil d’archal, fi j’en avoi's été frappé à nud. En revenant de chez Coiffier, j’ai rencontré M. le Vicaire, M. de Milly & le Maître d’Ecoie , à qui j’ai rapporté ce qui vënoit d’arriver. Ils fe font plaints tous les trois qu’ils fehtoient une odeur de foufre, qui les frappoit Z
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- 354 D. ia Mai'iUe davantage à mefure qu ils s’approchoient de moi. J’ai porté chez moi la même odeur, & mes Do-meftiques s’en font apperçus fans que je leur en
- Semblables Cette expérience , qui n’étoit point encore aüffi frappante quelle le devint par la fuite , ne put dfi“r manquer de faire alors la plus grande fenfàtion ;
- & il n’étoit plus douteux que la matière du ton-r nerre rafle mblée dans un condudeur qu’on lui préfentoit, produifoit un véritable phénoçnène éledrique, qui fe manifeftoit par des étincelles , . de même que celle.que nous raflèmblons & que nous accumulons dans les condudeurs de nos appareils éledriques. M. Delor, Démonftrateut de Phyfîque de l’Univerfité , éleva dans fon jardin à î’Éftrapade , où il demeuroit alors , une barre de fer de quatre-vingt-dix-neuf pieds de longueur ; & dès le 18 Mai de la. même année , il,,éut la fatisfadion d’en obtenir de femblables effets. M. le Monnier en fit élever une femhlable à Saint-Germain-en-Laye , où il pratiquoit alors la Médecine. Le Père Berthïer, de l’Oratoire > en établit une pareille dans la maifon des R R.
- P P. de l’Oratoire de Montmorency. Ces depx derniers Phyfîciens furent, à la vérité , un peu maltraités des étincelles qu’ils en tirèrent imprudemment; mais ils ne le furent point d’une manière aulli facheufe que le célèbre Ricmana le
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- DH ,î <j N N E R R £.. ijfj
- fut à Saint-Pétersbourg, le 6 Août 1753. Il fat renverfé & tué fur-le-champ , par une étincelle foudroyante qui partit de fon appareil.
- La mort de ce célèbre Phyficien fit beaucoup de bruit dans le tems parmi lès Phyficiens élec-trifans. Il y eut une quantité de variantes fur les circonftances de cet accident : nous croyons donc obliger nos Le&eurs , en leur donnant le détail le plus exa& & le plus circonftancié fur un phénomène qui doit nécefTairement intéreflèr tous ceux qui voudroient fe livrer à de femblables recherches. Le voici tel qu’il fut envoyé alors à la Société Royale de Londres , & il m’a été confirmé depuis par un Amateur des plus diftingués , qui fut prefque témoin de ce fâcheux évènement, par . M. le Comte de Strogonojf.
- , M. Ricmann j pourvu d’une barre èleétrique Reiation qui apportoit l’éleétricité des nuages dans une ^/n“ort des pièces de là maifon fur laquelle cetté barre étoit établie , fe fervoit d’un inftrument qu’il dé-fignoit fous le nom de gnomon électrique , pour mefurer la force de l’éleéfcricité, ou de la matière foudroyante accumulée dans fa barre.
- Ce gnomon étoit fait d’une baguette de métal , qui aboutiffoit à un petit vafe de verre, dans lequel il mettoit, fans qu’on puifle en deviner la raifon, un peu de limaille de cuivre.
- Au haut de cette baguette étoit attaché un fil Z 2
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- jj 6 Dé la Matière qui pendoit le long de la baguette quand ellè netoit point éleéfcrifée j mais dès qu’elle letoit, il s’en éloignoit à une certaine diftance , & fbr-moit conféquemment un angle à l’endroit ou il étoit attaché. Pour mefurer cet angle , il avoit un quart de cercle , attaché au bout de la baguette de fer.
- Il étoit occupé à obferver l’effet de l’éleétri-cité des nuages fur ce gnomon , & par conféqueht il étoit debout, la tête penchée déflus. Il étoit accompagné de M. Solokow , fon Graveur, afin de lui faire obferver les phénomènes , & de le mettre dans le fcas4eles mieux repréfenter dans des gravures qu’il vouloit faire faire. Get Artifte, placé à côté de lui , apperçut tout-à-coup un globe de feu bleu, gros, à ce qu’il dit, comme le poing , s’élancer de. la baguette du gnomon vers la tête duProfelfeur , qui netoit alors éloigné que d’un pied ou environ de cette baguette, èc qui le renverfa. La vapeur qui s’éleva au même mdment, l’afFeétafi fort, qu’elle le renverfa lui-même, le priva de fes fens & l’empêcha d’examiner plus particulièrement les effets de ce redoutable météore. Il ne fe râppella pas même enfuite avoir entendu le bruit de l’explofîon.
- Un fil de fer qui tranfmettoif leleéfricité à la baguette fut divifé en pièces , & les morceaux en furent difperfés fur les habits de M. Solokow,
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- du Tonne
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- La moitié du vafe de verre dans lequel étoit la baguette du gnomon fut brifée, & la limaille de métal difperfée dans toute la chambre.
- En examinant enfuite les effets du tonnerre dans cette chambre , on trouva le chambranle de la porte tout fendu , & la porte brifée & jetée dans la chambre. Quelque tentative qu’on fît pour rappeler à la vie le malheureux Martyr de l’éleéfcricité, il ne donna aucun ligne de vie. On apperçut fur fon front une tache rouge, dont il fuinra quelques gouttes de fang à travers les pores fans déchirer la peau. Le foulier du pied gauche fe trouva brûlé & percé à jour ; & en découvrant le pied en cet endroit, on y trouva une marque bleue : d’où l’on conclut que la foudre étoit entrée par la tête & fortie par le pied.
- Il y avoir fur le corps, particulièrement du côté gauche, plufieurs taches rouges & bleues, qui refïèmbloient à du cuir retiré , pour avoir été grillé. On apperçut dans la fuite beaucoup plus de ce* taches fur le corps-, & principalement fur le dos. Celle qui étoit au front devint d’un rouge brun ; mais les cheveux ne furent point grillés , quoique la tache atteignît jufques-là. A l’endroit où le foulier étoit décoûfu, le bas fe trouva très-entier, ainfi que tout le jufte-au*corps ; le devant de la vefte feulement fe trouva un peu grillé, à l’endroit où il fe joint
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- 358 De la Matière avec le derrière : mais il parut fur le “dos de l’habit de M. Solokow de longues raies étroites, comme fi des fils de fer rouges euiTent grillé le poil de l’étoffe.
- Le lendemain, on fit l’ouverture du corps ; on trouva le crâne entier , n’ayant ni fentes , ni ouvertures en travers ÿ le cerveau auflî fain qu’il croit poflïble de l’être : mais les membranes in-tercartilagineufes de la trachée-artère étoient con-fidérablement attendries , cédoient & fe déchiraient avec facilité. 11 s’y trouva un peu de fang extravafé , ainfi que dans les cavités au-deffous des poumons. Celles de la poitrine étoient totit-à-fait faines ; mais celles qui avoifinent le dos étoient d’un noir brunâtre & remplies de fang. Les entrailles, en général, n’étoient point endommagées ; mais le gofiec , les glandes & les inteftins grêles étoient enflammés, & les taches de couleur de cuir grillé ne pénétraient point au-delà de la peau. Le lendemain de l’ouverture , deux fois vingt-quatre heures après lataraftrophe, le corps étoit fi corrompu qu’on eut de la peine à le mettre dans le cercueil. Telles font en peu «Je mots les circoriftances du fâcheux accident quT priva la Phyiique d’un de fes plus habiles Profefieurs.
- Cet accident eft le feul de cette efpè'ce qui foit arrivé, par l’inattention du ProfefTeur ijui fe tine
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- ERRE.
- iif
- imprudemment dans la fphière d’adivité de fon appareil j cair on peut âfliirer qu’en les conftruifant avec foin, & en leur ajoutant une décharge qui diminue l’étendue de leur fphère d’àdivité , & fe tenant conftamment à une diftance plus éloignée que n’eft la décharge , & en excitant les étincelles avec un excitateur à manche de cryftal > ou armé d’une chaîne qui communique avec la terre humide , on peut impunément tenter toutes fortes d’expériences.
- Là décharge confifte à. faire pendre de la barre ifolée , ou du conducteur auquel on peut la faire communiquer , & qui reçoit l’éledricité des nuages y une chaîne terminée par une petite boule de métal, qui ne foit éloignée que de douze à quinze pouces du plancher , ou mieux, d’un morceau de fer implanté profondément en terre j & qui communique de quelque manière que ce foit avec la terre humide. D’où il fuit, qu’on pourra toujours fe tenir impunément a la diftance de feize a dix-huit pouces de l’appareil. Aulïi voyons-nous que ceux qui ont pris de fem-blables précautions n’ont point eu à fe plaindre des funeftes effets du tonnerre ; & cependant cés fortes d’appareils fe font finguliérement multipliés dans le tems.
- Outre ceux de MM. Dalibard j Delor 3 Le-moanier ôc le P. Benhicrj dont nous venons de Z 4
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- $6q Delà M a n i k -e faire mention , nous favons que plufieurs autres célèbres Phyficiens en ont conftruit - de fembla-bles ou d’équivalens , parmi lefquels nous diftin-guerons ceux de MM. Canton , Wilfon , Bevis. Tous, occupés d’un objet d’autant plus intéref-fant qu’il étoit nouveau , nous ont làijfé une multitude d’obfervations , dans le détail defquelles nous ne pouvons nous permettre de defcendre, mais qu’on lira avec plaifir dans les Ouvrages de ces célèbres Phyficiens, ou dans les Tranfaclions obfervadons Philofophiques de Londres. Parmi ces fortes d’ob-dss appareils fervations , il en eft quelques - unes néanmoins qui méritent de trouver ici leur place , & qu’on nous faura gré de communiquer à nos Le&eurs. Celles de M. le Monnier méritent fur-tout cette préférence. Elles, nous apprennent qu’il n’eft pas nécelTaire de donner une très-grande élévation à une barre de fer pour quelle foit éleétrifée par un nuage orageux. Il obferve en effet qu’un porte-voix , fufpendu fur de la foie, à cinq ou fîx pieds de terre , donnoit des lignes manifeftes d’éleciri-cité. II obferve encore qu’un homme ifolé fur un gâteau de réfine , & tenant à fa main une baguette de bois d’environ dix - huit pieds de longueur i fur laquelle étoit tortillé un fil de fer, étoit fi bien éleârifé , quand il tonnoit , qu on droit de fon corps des étincelles fort vives, & qu’un autre homme, pareillement ifolé dans un
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- D V T' Ô N N E R R, E.
- jardin , & tenant feulement une de fes mains en l’air, attiroit avec fon antre main la fcieure de bois qu’on lui préfentoir.
- Ce célèbre Phyficien obferve outre cela , que l’éle&ricité. diminuoit continuellement quand il furvenoit de la pluie, quoique le tonnerre fût encore très-fort , & que l’ifoloir ne fût point mouillé. Il trouva cependant enfuite que ce fait n’étoic point confiant.
- M. Verrati, qui s’étoit procuré un femblable appareil élevé fur l’obfervatoire de Bologne , remarque qu’il n’en avoit jamais tiré d’étincelles qu’il n’eût tombé de la pluie auparavant.
- D’où il fuit que ces phénomènes dépendent d’une multitude de circonftances qu’il n’eft pas poflï-ble de prévoir, & même d’afiigner d’après les ob-fervatiôns qu'on a faites jufqu’à préfent.
- S’il n’eft pas néceflaire qu’une barre de fer foie confidérablement élevée dans l’armofphère pour pareils beau-s’éleétrifer au paflage d’un nuage orageux , on JresÆlfbt conçoit facilement qu’elle fera d’autant mietfx ricuces.eXpC" difpofée à cet effet quelle fera plus élevée, puif-qu’elle fera alors plus profondément plongée dans la fphère d’a&ivité du nuage orageux, & qu’elle fera incomparablement plus propre à foutirer l’é— leélricité d’un nuage très-élevé. On doit donc préférer , pour ces fortes d’obfervations, des verges beaucoup plus longues & plus élevées au-défi us
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- ;6x De IA Matière do comble des édifices, & on ne peut trop applaudir au génie de ceux qui ont imaginé d’autres moyens plus propres encore à aller affronter la foudre jufque dans fes magafins les plus élevés.
- Si M. de Romas, AfTefTeur au Préfidial de Ne-tac , fut véritablement le premier à imaginer une pratique auffi ingénieufe,l’imagination de M..Franklin ne fut pas plus lente j &à une diftance énorme l’un de l’autre, & fans être à portée de fe communiquer leurs idées, ils s’arrêtèrent tous les deux au même moyen : mais M. de Romas eut la gloire de lancer le premier dans les airs un cerf- volant muni d’une pointe très-aiguë, & d’aller chercher U foudre jufque dans la partie la plus élevée de iatmofphère. Nous ajouterons même ici que l’appareil de M. de Romas eft beaucoup plus commode que celui de M. Franklin , & mérite à cet egard la préférence fur celui de ce célèbre Phyfi-cien. Il eft plus commode, en ce que la corde par laquelle on élève le cerf-volant , & qui eft filée de métal, comme celle du Do&eur Franklin, peut s’envelopper fur une efpèce de tambour monté fut un charriot qu’on peut tranfporter facilement partout, & que ce méchanifme rend moins cmbar-raffant le fervice de cette, corde. On trouvera la description de cet appareil dans les Mémoires de l'Académie, & dans une petite Brochure qui parut en »77^ • ,
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- I) u Tonnerre.
- Nous ajouterons cependant en faveur de ceux de nos LeCteurs qui’ feraient curieux de répéter cês fortes d’expériences , que le cerf - volant eft toùt-à-fait femblable à celui que les jeunes gens font ordinairement en papier. Il doit cependant être fait de taffetas , pour qu’il puiffe réfifier à la pluie & a la grêle, à laquelle il eft: communément ’ expofé. On file fur fa corde un petit fil de métal, de celui qü’on emploie pour recouvrir les cordes des inftrumens. Il eft important que cette corde foit ifolée. A cet effet, on attache un fort cordon de foie à fon extrémité, & d’une longueur âffez grande pour que l’ifoloir foit sûr ; & on a foin de difpofer ce cordon de foie, de manièr^qu il foit à l’abri de la pluie.
- Si on veut faire plus commodément des obfer-vations fur les phénomènes que préfente la matière du tonnerre apportée des nuages dans cette corde, on peut alors, au lieu de l’ifoler par un cordon de foie, l’attacher a un conducteur bien ifolé , & toutes les expériences fe feront à ce conducteur.
- Or, à l’aide d’un appareil de cette efpècë , on démontre avec autant de facilité que de certitude, que la matière du tonnerre ne diffère que par fon abondance de la matière électrique que nous accumulons dans nos conducteurs, ou dans nos batteries, & quelle produit exactement les mêmes phénomènes.
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- 2*4 D * l^A M A T I i R B
- i®. Elle attire les corps légers qui fe trouvent plongés dans la fphère d’aÇtivité d’un conducteur de ente efpèce, lorfqu’il a reçu une poftio.ii de cette matière.
- i°. Elle s’élance du conduCtenr fous la forme d’une étincelle peu bruyante affez communémentj mais toujours très-piquante & même beaucoup plus piquante que celles qu’on tire d’un conducteur ordinaire chargé de la matière éleCtrique que nous excitons dans nos appareils.
- 3®. Dirigée fur de l’efprit-de-vin , cette étincelle l’allume, ainfî que tous les corps combufti-bles que nous allumons avec une étincelle électrique ordinaire. •
- 4°. On peut également charger une bouteille , un bocal, une batterie même, de la matière qu’un nuage orageux apporte dans un conducteur de cette efpèce j & ces vaiffeaux convenablement chargés produifent les mêmes effets ; ils font éprouver la commotion , & préçifément de la même manière qu’ils le font Iorfqu’ils,font chargés de l’éleCfcticité de nos conducteurs ordinaires.
- En général, il n’eft aucun phénomène électrique qu’on ne puiffe parfaitement imiter lorfqu’oa fait communiquer la corde d’un cerf-volant électrique , ou la barre de fer élevée au-deffus dune maifon, avec un conducteur de métal’ ifolé & fixé dans l’intérieur d’un appartement j & on fe
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- B V T O H « E E. R t. Jtf}
- fert de celui-ci de la même manière qu’on ie-fect du conducteur ordinaire dune machine électrique. La matière du tonnerre ou de la foudre accumulée dans les nuées , eft donc précifémenc la même que-la matière électrique que nôus raffemblons & que nous accumulons dans nos conducteurs. Gomme cette dernière, elle tend à fe porter d’un nuage qui la contient plus abondamment dans un ' autre qui en contient moins, & de nuage en nuage , elle fe porte dans l’intérieur de notre globe v en produifant, chemin fàifant, fur les corps qui lui fervent de conducteurs , ces ravages fâcheux que tout le monde connoît. Soumife aux mêmes ïoix que la matière électrique dans fes -mouvemens , elle abandonne, pour ainfi dire , certains corps pour fe jetter fur d’autres. Elle brile ies uns , elle épargne les autres , &. fuit constamment les meilleurs conducteurs pour fe porter : & fe diffiper dans l’intérieur de notre globe. On en trouve la preuve dans cette préférence marquée qu’elle donne aux métaux , & par lefquels on voit habituellement .qu’elle fe rranfmet plus facilement que par tout autre corps de toute autre efpèce. L’exemple de ce qui fe pafla à Naples dans rhbcel de Milord Tilney , & que nous avons rapporté, en fournit une preuve inconcevable. En voici une fécondé qui n’eft pas moins lblide ni moins démonftrative, tirée d’un effet du tonnerre
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- obfervé à Paris en 1772 , dans une Penfioft militaire établie à la barrière de Sève»
- ©èfenratio» Le 17 Juin, vers les huit heures du matin, îal«re\ le Torage étant très-fort & le tonnerre tombant *7ima i77**C0Up fur COOp en .plusieurs quartiers de la. ville, il tomba par une des cheminées de cette maifon, dont il creva le tuyau, perça rarchevrettire , effleura le contrecœur & endommagéa le manteau. Il éclata comme une bombe dans la chambre , aux pieds d’une perfonne qui y étoit, & qui en reçut dans toutes les parties de fon corps, tnais particulièrement fur les bras , une vigou-xeufe commotion. Saifie d’effroi, elle apperçut malgré cela & diftingua un météore enflammé , qui l’enveloppoit de tous côtés , & qui fe diyifa. en plufîeurs lames de feu. L’une palfa par-def* fus fa tête, fut brûler un papier collé au plafond , & retourna par une autre ligne' chercher du fer derrière un tableau, où elle fit explofion , perça la cheminée & difparut.
- Une autre lame.prit fa dire&ion vers la porte, dont elle enleva le penne. Elle traça au-dedans comme en-dehors un.large fillon de flamme, fe jeta fur le mur à côté , le traverfa pour , arriver dans une garde-robe où elle fit quelque fracas. Elle y fondit en partie le corps de deux ferin-gues ; .'elle perça un autre mur, & s’élança par cette ouverture fur une rampe de fer, quelle
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- D U T O N N ,E R K H. jfy Suivie jufqu’au bas de l’efcalier j elle en brifa le fabot, & elle fut enfin endommager la plaque de la cheminée de la falle à manger où elle fe perdit.
- La troifième lame fe pprta vers un des angles de la chambre , jeta une pierre en-dehors pour atteindre une barre de fer qui étayoit la; muraille ; fuivit. le balcon d’une fenêtre ; tomba encre quatre perfonnes. ; s’enfonça au pied de la croifée ; 'pénétra dans un cabinet où, il y avoiç une colle&ion d’eftampes, quelle déchira. Elle y brûla la dorure des cadres } elle y fit plufieurs autres dommages : mais fur-tout elle fut frapper un ferre-papier garni de,cuivre, dont elle fondit plufieurs parties ; de-là éclatant par une nouvell% explofion, elle fut chercher une barre de fer logée dans un gros mur d’un autre cabinet, fit un trou à chaque extrémité de cette barre de fer, l’autre dans le cabinet pour aller chercher de vieilles ferrailles qui y étoiçnt, laiflafur des defs l’empreinte de fon paffage î elle: fauta de-là fur le fil d’une fonnecte ; le fuivit, le coupa en plufieurs morceaux, & en le quittant elle fit une dernière explofion , dégrada la muraille ; fe porta 4e-là dans l’antichambre pour aller pafier à quelque diûance de là encre les jambes d’un enfant de fix ans, auquel elle ne caufa aucun accident.
- On voit ici la matière du tonnerre fe diftri-
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- buer en placeurs portions, & toutes s’attacher par préférence à des fubftances métalliques, comme meilleurs conducteurs, qu’elles vont chercher par plulieurs détours j & en faifant effort fur dif-férens corps qu’elles rencontrent fur leur paffage ; femblable à la matière électrique qui abandonne le chemin qu’on veut lui faire parcourir pour fe porter par préférence fur des corps plus-propres à la conduire au réfervoir commun, comme nous l’avons fai© obferver précédemment.
- Veut on un effet encore plus analogue entre ,a là matière du tonnerre & la matière électrique ? «J* èn voici un attefté par M. Jaliabert. Il écrivoit & à M. l’abbé Nollet 3 que fon fils ayant entrepris .r jie vifiter les Alpes avec M. de Saujjure , ils s’é* toient trouvés furpris d’un orage fur la cime d’une de ces hautes montagnes, & qu’ils furent extrêmement étonnés de voir qu’ils étoient devenus à un tel point électriques , que lorfqu’ils étendoient le bras j il fortoit de leurs doigts dès étincelles Spontanées , & qu’il en fortoit en particulier de fréquentes d’un bouton de métal-qui étoic au èhapeau dé M. Jaliabert : ils éprouvèrent eri même teins la fenfation que procurent lés'étincelles électriques à ceux de qui on les tire. Cè phénomène dura autant que l’orage , qdi céffa au bout d’un quàrt-d’heure.
- Si pour l’ordinaire la matière du tonnerre fe
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- trouve furabondâmment accumulée dans les nuages , d pù elle s’échappe pour fe porter dans l’intérieur de notre globe.., fouvent ce dernier en contient une quantité furabondante, qui .tend <1 fe porter , te qui fe porte dans latmofphèrfi pour fe diftribuer aux nuages qui en contiennent-une quantité moins abondante j. & .h on eût été plus attentif à obferver les mouvemens de là foudre , peut-être fe feroit-on perfuadé depuis long-tems qu’elle.s’élève auffi fouvent de bas en haut, de la terre,aux nuages , quelle defeend de _ ceux-ci fur la terre.
- ... I?ès 1713 le Marquis de Majfez avoir obfervé : ce phénomène;au chateau de Fordinovo, & il en fit part alors au célèbre. ValUfnieri3 Profefièur de l’Uni verfité de Padoue. Tout finguliet que dût paraître un fait qui contrarioit abfolument les idées les plus univerfellement reçues , fur là marche de la foudre, la découverte de Majfei fut fort accueillie des favans d’Italie. En 1747 fon Auteur la rendit publique, dans un traité de la formation de la Foudre qu’il publia. Il y raC-femble , fous forme de Lettres adreflees à divers fayans Nationaux & Etrangers , tout ce qui pouvoit appuyer fon obfervatien.
- Il étoit lui-même fi bien prévenu en fa fa- 0pinîonc!u veur , qu’il y foutient que dans toutes les cir- Jc
- confiances où la foudre vient nous vifiter, elle Aa
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- ;7o Di la MàtiUi s’élève toujours de terre* qu’elle ne tombe jaunis , & que jamais elle ne peut tomber du ciel fur aucune partie de notre globe. Toutes les fois j dit-il, qu’il a eu éccafion d’examiner les éidroits où l’on eroyoit que le tonnerre étoit tombé, il a toujours vu par les effets & les vef-tïges qui fubfiftoiént > que lar foudre avoir frappé de bai eh haut» ;
- Nous fommes bien éloignés de donner un dé-op menti à un favant tel que le Marquis de Maffeij & nous ne fommes pas'moins éloignés de croire que la prévention l’ait empêché d’examiner, comme il convenoit, les différons endroits qu’il eut occa- * lion de vifiter. Il peut être vrai que tous ces endroits euffent été foudroyés dans le fens qu’il indique $ car il eft de fait, dans la multitude d’obfervations qu’on a recueillies dans la fuite, que la foudre fuit allez fréquemment cette route ; mais nous n’en fommes pas moins perfuadés qu’elle defcend fouvent du ciel pour fe porter en terre, ravageant, chemin faifant, les édifices qu’elle rencontre , & occafionnant de plus grands malheurs encore. Nous n’attaquons donc laflertion duMar-' quis de Majfei que dans fa trop' grande généralité , & nous croyons bien* volontiers que fes obfervations n’en' font pas moins exaétes^ ïtl L’abbé Jérôme Lioni de Cenada eut peine à fe perfuader dans le tems de la vérité de ces ob-
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- fervations. Il s’infcrivit même en faux contre elles, dans une Lettre adreflee au P. Burgos. Elle fut imprimée dans le volume 3 a du Journal de Venife, fait par Apofiolo Zeno, Quelque te ms après cependant il revint de fon erreur , & il y fur forcé, dit-il lui-même , par un fait décifif.
- Dans un orage furieux, dont il fut témoin , il vit tout-à-coup une flamme très-vive qui s’éleva rapidement. de la terre, à la hauteur de deux coudées , & difparut dans un inftant avec un bruit épouvantable.
- Depuis cette époque , quantité de célèbres Phy-ficiens ont fait nombre d’obfervations femblables, que les bornes que' nous fommes obligés de nous impofer, he nous permettent point de rapporter.
- Nous nous en tiendrons à quelques-unes feulement , vu l’importance de l’objet, & pour combattre folidement l’opinion vulgaire & trop long-rems accréditée , qui veut que la foudre defcende toujours- du ciel. Nous ne fuivrons dans l’expo-fition dé ces phénomènes, que l’ordre des rems qui les firent connoître , & nous tirerons ces ob-fervations d’un favant Mémoire de l’abbé Ber-tholon, imprimé dans le Journal de Septembre 1777» qui a recueilli avec foin tout ce qu’il a pu trouver de certain fur cette matière.
- Deux Obfervantins, profeflèurs de Philofophie, iutre> faite dit M. Bcrtholon, virent à Luques en 1714, Luquc**
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- la foudre fous la forme dun. petit globe de feu. qui fe forma , s’éleva enfuite rapidement, 8c peu après ils entendirent le bruit d-’une explofion.
- Autre, faite : L’annéefuivante,en 1715^. Seguier deNifmes par étant une maifon,de campagne,à une lieue de cette gwer. ville * il yic fur les dix heures du foit ou. environ, dans; un rems d’orage, & à peu de diftance de lui , la fondre s’élever de la terre dans un champ. Elleavoitla forme d’une flamme d’une toife de largeur à-peu-près , qui fembioit toucher à terre , 8c s’élever de bas en haut.
- Autres à - Ge phénomène ii’eft point le feul de ce genre, Veronne. dont cet homme célèbre par la pro£ondeur & la multiplicité dé fes eonnoiflances ait été témoin. Il affiire que pendant fon féjour à Veronne, il avoir été à portée d’en obferver plufîeurs tout-à-fait -femblables, dans la vafte .plaine qui. s’étend de Véronnea Mantoue.. *§?•;-.- : > :
- o: Ceux qui feront curieux de raflembler un plus grand nombre de faits de cette efpèce , pourront confulter le fécond volume des Commentaires de l'Académie de Boulogne, pour 1745 > & fes’ ob-fer'vatiokis qu’ils y trouveront confignées, auront de: quoi .les fatisfaire. lïls ne pourront avoir aucun doute fuo leurj certitude y car elles font faites par le favant JBachiecon ., Do&eur en Médecine , 8c .bien œhnu dans t la'république des Lettires. pu’mIÏ»! les Mémoires (Je l’Acjdémie de Paris , pour
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- D ü T O » N E K R E. $7} l’année 1755 > renferment pluffeurs obfêrvations du même genre, faites par un obferVateur dont l’exaéfcitude ne peut être fufpe&ée j c’eft le favant Bouguer. Il ayoit habité pendant quelque tems un pays de mbntaghes , & il affura à M. Leroy , de là même Académie, qu’il avoir vu nombre de fois^du feu fortir de ces montagnes, lorfquecertains nuages éroient portés contre elles pat le vent.
- Perfonne , à ce que je fâche , n’a fait un plus Autres ^fas. grand nombre d’obfervations de ce genre que paV^’abbé'5’ l’Abbé Chappe d’Auterocke , mou ami particulier, Chappe. ce célèbte martyr de fa paffion pour l’Aftrono-mie & dont la mémoire .fera toujours précieufe à fes amis. Il en a configné plufieurs dans là relation de fon voyage en Sibérie, fait en 1761.
- Il alfure que fi ces contrées font prefque toujours couvertes de frimats 3 les ©rages y font néanmoins très-fréquens , & qu’il a coiiftamment ob-fervé que la foudre fe portoit de bas en haut, ce . qui s’accorde afiez bien avec les obfervations du.
- Marquis de Mçjfeu " *
- De retour à Paris, il eut occafion de voir le même phénomène- dans un orage qui furvint le [“^.PnadseaE 7 Juillet 17 66, & encore mieux dans un autre qu’on éprouva le 6 Août 1767, à neuf heures du loir. Il vit alors la foudre s’élever manifef- . ternenc de bas en haut ; il la vit encore, une heure après, fuivre la même d^rtfrjpn. Il étoit
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- ,74 B B" l. A alors à l’obfervatoire , a la fenêtre du petit cabinet d’obfervation , & il y étoit avec M. Caffiiti fils, 8c M. de Prune lai. ~ .
- Un coup de foudre , dit-il, s’éleva du côté de Châtillon fous la forme d une^ufée, dont la gtof-feur & la vivacité diminuoient’ à mefure qu’elle s’élevoit. Ces trois favans Obfervateurs étant encore dans le même endroit à dix heures 8c demi, en virent une autre qui s’éleva dans la direéfcion du mât fitué fur la terraiïè de lobfervafoire. Nous Tapperçûmes , dit l’Abbé Chappe, avec une telle évidence, que nous criâmes tous : Oh >*la voilà!
- Le lendemain , notre favant Académicien vérifia le'fait par une fuite dobfervations qu’il fit fur le mât. Elles font on ne peut plus concluantes en faveur de i’afcenfion de la foudre. Ceux qui feront curieux de les lire , les trouveront confi-gnées dans les Mémoires de l’Académie pour l’année 1767.
- En 1769, l’Abbé Chappe eut encore occafioir de recueillir plufienrs obfervations femblables dans un voyage qu’il fit en Californie , dont nous devons la publicatiçn â M. CaJJîai fils : voici de quelle manière notre favant voyageur s’explique. «- Le 5 Mai 1769 , me trouvant, dir-il, proche ie de Malino , petit hameau éloigné de près dê trente-fix lieues de Mexico, j’apperçus vers le fud un gros j«$ge noir, élevé à une hauteur mé-
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- diocre aü-deffiis de i’horifon ; .tout le. refte de l’at-mofphère paroifloit enflammé autour de nous. Çc nuage, étoit foutenu par trois efpèces de colonnes, à égale diftance l’une de l’autre , dont la bafe touchoit ptefque I’horifon. r
- Tant qu’il refta dans cet étatdes éclairs vifs & fréquens paroifloienr en trois endroits du nuage > au-defliis de ces colonnes, & en même tems des traits de lumière éleétrique partoient , comme d’une aurore boréale , des points de I’horifon qui réppndoient au-deflous. Bientôt après le nuage s’affaiflà, & ce fut alors que nous vîmes la foudre s’élever à tout moment de terre , & fous la forme de fufées, & aller éclater vers le haut du nuage.
- Je craignois d’autant moins de me faireillufion a moi-même , ajoute l’Abbé Chappe , que dans cette pbfervation routés les perfonnes de ma fuite, l’interprète, les foldats de l’efcorte, qui n’étoient prévenus d’aucun efprir de fyftême s furent les premiers à remarquer ce phénomène. Une feule fois la foudre nous parut partir du nuage. Deux jours après nous vîmes encore à-peu-près le même lpeéfcacle , & nous fîmes également la remarque de la foudre qui s ejevoic de la terre aflèz lentement pour qu’on pût diftinguer fon origine & fa direction.
- En 177z, M. Lavoijicr communiqua à l’Aca- Autre, i
- \ M- Lavoifi
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- *7* D i i a M a t i il e4 demie une obfervatioü'de même efpèce qu’il avoir faite rue Vivienne, dans la maifon de M. le Marquis de Collaheau, frappée le 2.7 Juin d’une foudre afcendante.
- Autre, faîte M. de Lalande à inféré dans le Journal des Sa-comté. vans , pour le mois de Novembre 1775 ; unecob-' fervation femblable. La Janterne, dit-il , ou le fanal de Villefranche , dans le Comté de Nice , a été frappée de la la foudre : on a vil des torrens de feu partir de la terre & s’élancer vers le foith-met où l’éleéhiçité du nuage fe portoit. La cafe-mate qui contenoit des poudres 9 a pris feu 5 pltt-fieürs perfonnes ont ; été tuées, & le bâtiment percé de toutes parts.
- En voici une autre également certaine : elle fut faite par un favant diftingué , & bien connu pour mettre toute l’exa&itude poflïble dans fes obfer-vations j c’eft le P. Cotte de l’©ratoire, qui demeure à Montmorency 9 â quatre lieues de Paris. Cette obfervation eft confignée dans le Journal des Savans, pour le mois de Janvier 1777. âAime,faite Le 15 Août 1776 , il y eut à Montmorency, rcncy, par le dit le P. Cotte , un orage accompagné de grêle & de tonnerre. Le ciel étant tout en feu, on jouit du plus beau fpe&acle dont il foit poflïble d’être té-' moin. Je fus â portée de remarquer & de faire remarquer à beaucoup de perfonnes les deux cou-
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- rans de feu qui fortoient, l’un de la terre, & l'autre du nuage , pour former les éclairs qui fe prôduifoient fans interruption.
- Ce n’étoit point-là la première fois que ce célèbre Phylîcien eût fait une pareille obfervatiôn.
- Il en avoit déjà communiqué deux de ce genre à l’Académie des Sciences .en 1768 & 1769»
- L’Abbé Bertholon, que j'ai cité plus haut, ajoute Autres fes propres obfervations à celles des Phyficiens “se(£c diftingués dont il fait mention dans fon Mémoire,
- II habitoit le Languedoc, & c’eft un climat très-propre à procurer fréquemment aux Phyficiens le lpe&acle de femblables phénomènes. Il allure n'avoir point obfervé un feul orage qui fût conlî-dérable, fans avoir apperçu la foudre s’élever de terre. Ce n’eft, ajoute-t-il, que dans les petits orages que je ne l’ai point vue fe porter de bas
- D’après un grand nombre • d’obfervations de ce genre, cet habile Phylîcien fe croit en droit & bien fondé à regarder comme une règle allez générale , que dans les grands orages la foudre commence au moins par s’élever pîulieurs fois de la terre , quoiqu’elle tombe enfuite, & que dans les petits orages elle tombe plus fouvent des nues, vers lefquelles elle s’élève moins fouvent dans ces fortes de circonftances.
- Ce n’eft pas feulement de la terre ferme que
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- J7$ D e, l~'A M A T I i R-E l’Abbé Bertholon dit avoir vu la foudre s’élever. Il a dure avoir obfervé plufieurs fois, & fur-tottt le 25 Août 1775 , quelle s’élevoit également de la mer , dont il éroit peu diftant. Il met cependant une reftriétion très-fage à cette obfervatiori. Peut être, dit-il, cela marrive-t-if que dans les parages très-près du rivage, les eaux de la mer n’ayant vers les bords que très-peu de profondeur. J’ignore, ajoute-t-il, fi à une certaine diftance , & bien avant dans la mer, il y a des foudres marines qui montent vers les nues , ou qui en defcendent.... Quoi qu’il en foit , ajoute-t-il encore, la foudre eft alors moins dangeréule. Elle fe contente , ce me femble , d’imprimer la terreur & l’effroi aux fpeétateurs qui la confidèrent j fa trace eft fugitive comme l’éclair qui la précède, & elle ne détonne que pour avertir qu’elle n’eft plus.
- Veut-on des observations plus récentes. Elles n’ajouteront rien à la force des preuves que nous venons de donner de la vérité que nous vouions, établir, mais elles nous feront voir que depuis la connoiflance que nous avons acquife de cette vérité, les preuves s’en font multipliées tous les
- On fit , dans le treizième Volume qui fett de Supplément au Journal de Phÿfique , une obfetvatiofi de M. Mourguc, de 1a Société Royale
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- du Tonnerre. 379 à$s Sciences de Montpellier , qui vient à l’appui de ce que nous venons de dite: elle eft du 18 Juin 1778 ; il la fit à fa maifon de campagne, près Marfillargues , à quatre lieues eft de Montpellier.
- On en lit encore une autre dans le même Journal pour le mois de Novembre 17S2. ElleM' eft datée du 27 Avril de la même année. Elle fut faite par M. Antonio-Mario Lorgna nte communiquée à M. de Volta. L’auteur de cette ob-fervation croit pouvoir en tirer une induéfcion propre à favorifer fon opinion fur la formation de la foudre. Nous ne pouvons difconvenir que cette opinion ne foit très-ingénieufe , mais nous nous difpenferons de la rapporter ici, parce que nous né la regardons point comme aflez folidement établie.
- Nous terminerons cette fuite d’obfervations que nous avons cru devoir préfenter à la curiofité de M nos Leéfceurs, par les deux fuivantes ; elles nous ont été communiquées l’une & l’autre par M. Ferris. Il ne cite la première que fur le témoignage d’un brave homme qui n’étoit point Phy-ficien, & c’eft à caufe de cela, dit-il, que fon récit doit être plus fur , parce que n’étant préoccupé d’aucune opinion il a fans doute raconte précifément ce qu’il a vu.
- Après avoir dépafle un bois, qu’il venoit de
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- j8o D e l a M a t i â r e côtoyer, il s’arrêta pour voir le ciel', qui, fere in par-tout ailleurs , commençoir à fe couvrir au-deflus de fa tête. Regardant alors derrière lui, il vit le long du bois une bordure de fraifiers chargés de fruits murs. À quelques pas plus loin , il fe détourna pour confidérer encore ces fruits qui lui avoient échappé lorfqu’il avoir pafle auprès j mais au lieu de fraifes, il vit, dit-il, dé petites flammes qui s’élevoient en pointes inégales à la hauteur commune d’environ un demt-r
- Cependant , ajoute-t il, le tems fe couvroit au-deflus du bois, fur-tout, & notre voyageur s’éloignoit à la diftance de plus d’un quart de lieue j il regarda encore du côté du bois ,*& il vit une flamme qui s elevoit à la moitié ou environ de la hauteur des arbres , & le nuage qui defcendoit fort près de leur fommet. A quelques pas plus loin, il entendit derrière lui des coups multipliés de tonnerre, qui lui firent doubler le pas.
- Le fait fuivant n’eft, pas moins concluant en faveur de la foudre amendante. M. Ferris le rap-' porte comme témoin, & c’eft à lui-même que nous allons laifler l’honneur de le raconter.
- Je voyageois, dit-il, le tonnerre grondoit à mon côté, & un nuage effrayant, qui fàivoit la.: dite&ion du chemin que je prenois, s’étendôit
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- infenfiblement vers moi. J’allois à toute bride, afin d’arriver avant qu’ii crevât. Je tournois cependant fou vent mes regards du côté de l’orage, moins pour en confidérer l’afpeét frappant, que pour, eftimer fes progrès , lorfque la vue d’une flamme , qui s’élevoit de terre , à la diftance d’une lieue ou environ, fixa mon attention.
- Comme elle me paroifloit occuper un* efpace en longueur d’environ 150 toiles, & que je ne pouvois difcerner fur quoi fa bafe portoit, je crus d’abord que c’étoit un de ces incendies fi fréqueiis en Picardie j ôc comm,e le fort de l’orage étoic immédiatement au-delfus, je penfois que ce pou-voit être l’effet d’un coup de tonnerre, qui aurait embrafé des maifons toutes couvertes de chaume.
- Mais je fus détrompé , en obfervant que le feu étoit plus bleuâtre & moins clair que celui d’un incendie ; qu’il montoit bien moins haut, qu’il ne fe plioit point au vent, & fur-tout parce que je ne voyois point de fumée. J’en conclus que ce ne pouvoit être qu’une électricité terref-tre j ce que nous avons défigné fous le nom d’un coup de foudre afcendant.
- Il eft donc confiant d’après ces obfervations , & d’après celles dont nous n’avons point parlé, dans la crainte detre prolixesi que la foudre parc très fréquemment de la terre, pour fe dilfiper dans l’acmofphère} ce qui eft 011 ne peut plus
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- M o y £ ns
- conforme a ce que nous avons fait obferver précédemment , à certe tendance que le fluide électrique affêCte pour arriver à un état d’équilibre, en paffant des corps qui en contiennent plus que leur quantité naturelle, à ceux qui en contiennent moins, à ceux qui n’ont que leur quantité propre, 8c à plus forte raifon à ceux qui font dans Un. état négatif d’éleétricité.
- Ces obfervations, jointes aux précédentes contenues dans le meme article , prouvent de la manière la plus inconteftable l’analogie parfaite qui fe trouve entre la matière éleétrique 8c celle du tonnerre. Elles prouvent que ces deux fluides font eflentiellement les memes.
- Article III.
- Des moyens de détourner la Foudre.
- Propriétés S* I l eft glorieux pour le doéteur Franklin d’a-** pomtes. vojr fu démontrer que la matière électrique 8c la matière du tonnerre ne font qu’une feule 8c même matière qui ne diffère que'par la quantité félon laquelle elle fe trouve accumulée dans les nuages 8c dans nos appareils éleéfefiques, il lui eft encore plus glorieux d’avoir découvert 8c de nous avoir fourni des moyens de nous garantir
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- DE DÉTOURNER LA ÏOÜDRE.
- des faneftes effets de la foudre. Il fatisfait notre curiofité* par fa première découverte , & il acquiert par la fécondé des droits éternels à notre reconnoifïknce.
- Nous croyons cependant devoir rendre ici hommage aux Connoiffances de nos Anciens $ con-noilfances qui fe font perdues, félon toutes les apparences, dans la nuit des tems , mais dont' on trouve encore des veftiges dans les Naruralif-tes. Il paroît, par ce quon lit dans le fécond Livre de l’Hiftoire Naturelle de Pline , que les Romains connoidbient le moyen de foutirer, fi on peut s’exprimer ainfi, l’éleftrité des nuages, & de conduire à volonté la foudre. Ils faifoient, à la vérité , un myftère , une efpèce de culte religieux de cette opération j mais elle n’en étoit pas moins naturelle j & ceux qui la pratiquoient n’avoient deffein que d’en impofer au peuple.
- Les annales font foi, dit Pline, qu’au moyen de certains factifices, de certaines formules, on peut , forcer la foudre a defcendre du ciel. Une ancienne tradition, ajoute-t-il, porte que cela a été pratiqué en Et'rurie, chez les Volfîniens , à Toccafion d’un monftre nommé Volt a t <^ui, après avoir ravagé la campagne, étoit entré dans leur ville, & que ce fut le Roi Porfenna qui fit tomber fur lui la foudre. Lucius Pifon marque, dans fes annales, qu’avant Porfenna , Numa Pompi-
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- 3 S4 M ° Y E » 8
- lins avoit fouvent fait la même chofe j & yque ï pour s’être écarté du rit prefcrit dans l'imitation de cette pratique myftérieufe , Tullus Hojiilius fut lui-même foudroyé. , .
- Le Père Impérati écrivoit, dans le fiècîé.'çieF-nier, qu’au château de Duino jp’étoit une pratique très-açcienne , dans les tems d’orages , de fonder , pour ainfi dire, la foudre. La feutinelle approchoit le fer d’une pique d’une barre de fer élevée fur un mur; &, dès qu’à cette approche il appercevoit une étincelle, il fpnnoit l’alarme, & avertiffoit les gens de la campagne & les bergers de fe retirer. Mais ces connoiffances anciennes ne font point affez détaillées, pour que nous fâchions jufqu’à quel point nos ancêtres étoient inftruits fur cet objet, & toute la gloire de la découverte dont nous allons parler, appartient au dodeur Franklin.
- Or , on favoit ayant lui que les corps anguleux , les pointes en général, avoient la faculté de pouffer au loin le fluide éledrique dont elles étoient furchargées. M. Grey avoit obfervé le premier les aigrettes qui s’élançent fpontanément d’un condudeur éledrifé , lorfqu’il fe termine en pointe un peu moufle. On avoit vu depuis, que fi une pointe très-aiguë ne laiffe paraître qu’un point lumineux fur fon fommet, elle n’en, lance pas moins la matière éledrique à une çer-
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- DE DÉTOURNER tA FoüDRE. ' $8$ tâïftë diftance ; ce dont on -peut s’afliirer par une efpèce de vent afîez frais qu’on relTent, lorfqu’on approche là main au-deftus de cette pointe.
- Raflèmblant ces phénomènes , M Franklin. . imagina très-bien que les pointes dévoient avoir également la faculté de puifer de très-loin la matière éleétrique d’un conduéfceur éleétrifé. L’expérience juftifia complètement cette idée.
- • Si mie perfonne bien ifoiée , à une diftance allez éloignée d’un conducteur, tient à la main une tige de métal , qui fe termine d’un côté par une pointe fort aiguë, 8c à fon autre extrémité par un corps bien arrondi, par uné boule par exemple j fi cette perfonne préfente 8c. op-pofe cette boule dans la direction du conduéteur, elle demeurera dans le même état, 8c elle ne parviendra point à s’éleétrifer : mais, fi elle tourne la tige en fens contraire, & qu’au lieu de pté-fenter la boule au conduéteur elle lui préfente la pointe , en fuppofant toutefois que dans ces deux circonftances elle ne fera point trop éloignée du conduéteur, alors cette pointe foutirera la matière éleétrique accumulée dans le conducteur j & cette perfonne fera manifeftement élec-trifée. Cette expérience me réuffit parfaitement, lorfque je fuis ifolé à la diftance dé plus de fix pieds de mon conduéteur * 8c que la pointe que je lui préfente n’en eft éloignée que d’environ
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- quatre pieds. On conçoit cependant qu’il ne peut y avoir de diftance fixe pour le fuccès de cette expérience. Il dépend, & de la conftitutioh de l’appareil, & de la difpofition aduelle du rems, qui peut être plus ou moins favorable aux phénomènes électriques.
- C’eft donc à celui qui fait cette expérience, de proportionner la diftance aux circonftances qui doivent néceffàirement influer fur fon fuccès. Mais toujours eft-il confiant, dans quelque cir-conftance que ce foit, qu’on s’éledrife , par le moyen d’une pointe, à une diftance beaucoup plus éloignée que celle à laquelle on peut s’élec-trifer au même condudeur par le moyen d’un corps moufle ou arrondi j & , fi cette expérience le fait dans l’obfcurité , on voit un point lumineux au fommet de la pointe qu’on préfente au condudeur. D’où nous devons conclure avec M. Franklin y que les pointes ont la faculté de tirer très-loin la matière éledrique j & ce fftt la con-noiflance de cette propriété des pointes qui lui fit imaginer , comme nous l’avons indiqué dans l’article précédent, de puifer dans les nuages, par le moyen d’une pointe ifolée fur le haut d’un édifice, la matière du tonnerre qui s’y raflemble. Mais les pointes jouiflènt encore d’une autre propriété : elles foutirent la matière éledrique , ou la matière du tonnerre, fans aucune explo-
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- Son j & elles déchargent en tout, ou au .moins en très-grande partie, un nuage ou un conducteur fur-chargé de cette matière, ainfi qu’on peut s’en afliirer en préfentant une pointe à une très-petite diftance d’un conducteur chargé d’éleéhi-cité. Si celui-ci communique avec un fécond ou avec plusieurs autres conducteurs , on ne tirera aucune étincelle, ou on n’en tirera que de bien foibles de ces derniers, tant que la pointe refi-tera dans le yoifinage du premier ; &, à quelque degré de proximité qu’on approche cette pointe, on n’entendra aucun éclat de la part de la matière éleCtrique qui y affluera & qui fe diilîperâ par ce moyen dans le réfervoir commun. Voilà donc encore une propriété particulière qui diftin-gue les corps pointus des corps moufles _ou arrondis , puifque ceux-ci ne peuvent tirer que par des étincelles plus ou moins éclatantes l’éleCbricité d’un condudeur. Or, ce fut cette propriété des pointes qui fit penfer au DoCteur Franklin quelles étoient propres à nous garantir des funeftes effets de la foudre , & le fuccès répondit parfaitement à fon attente. Voici de quelle manière il s’explique à ce fujet. •
- Si on place, dit-il, une verge de fer à l’extré- Preniîew mité d’un bâtiment, fans interruption depuis fon tl’e^ fommet jufqu’à la terre humide , dans une direc- ^'“^dangec tion droite ou courbe j en s’accommodant à la ^ Ia fou(lte-B b x
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- forme du toît ou des autfes parties du bâtiment, elle recevra la foudre à fon extrémité filpérieure, en lattirant de manière à l’empêcher de frapper aucun autre endroit; & en lui fournitfànt un bon conduit jufques dans la terre , elle l’emppchera d’endommager une grande partie du bâtiment.
- La verge, dir-il un peu plus bas , doit être attachée à la muraille , à la cheminée., &c. _, avec des crampons de fer. La foudre n’abandonnera pas la verge qui eft un bon conducteur , pour pafler au travers des crampons, dans le mur qui eft un mauvais conducteur. S’il y avoit' de ce fluide dans la muraille, il paflèroit plutôt delà dans la verge, pour arriver plus facilement par le conducteur dans la terre.
- Si le bâtiment eft fort grand , ajoute-t-il encore , & fort étendu , on peut y placer deux ou plufieurs verges en fliflerens endroits , pour plus grande fureté.
- Enfin, la partie inférieure de la verge doit pénétrer aflez avant dans la terre , pour arriver à un endroit humide , peut-être à deux ou trois pieds de profondeur ; & fi on la courbe , lorf-qu’elje eft parvenue au-deflous de la fuperficie, pour letendre en ligne horifontale à fix ou huit pieds de diftance du mur , elle garantira de tout dommage toutes les pierres de la fondation.
- Voilà en peu de mots ce que le DoCteur
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- 'Franklin prefcrivir danrl’origine pour mettre nos bâtimens & nos maifons à l’abri des infultes du tonnerre ; & on a obfervé conftamment depuis , que ceux qui avoient profité de ce moyen s’en étoient très-bien trouvés.
- Parmi la multitude d’obfervations que je pour- obre^“^““ mis citer en faveur de cette pratique, je me^^ bornerai aux Suivantes , & elles feront fuffifanrescité de cc pour conftater l’efficacité de ce moyen. y
- La première eft tirée d’une lettre de M. Fran- Première klin à,M. Dalibard., écrite de Philadelphie le Juin I7SS-
- Etant, dit-il, dans la ville de Newbury , dans la Nouvelle-Angleterre , en Novembre dernier , on me montra l’effet de la foudre fur l’églife, qui en avoit été frappée quelques mois auparavant.
- Le clocher étoit une tour carrée de bois , éle-* vée de foixante-dixpieds, depuis le foljufqu’àl’endroit où la cloche étoit fufpendue , au-deffus de laquelle s’élevoit auffi une pyramidede bois, haute de plus de foixante-dix pieds jufqu’au coq fer-vant de girouette. A la cloche étoit attaché un marteau de fer pour frapper les heures , & du bout .du manche de ce marteau partoit un fil d’ar-chal paffantpar un trou de foret au- travers du plancher qui fourenoit la cloche , & de même au-travers d’un fécond plancher , & de là courant horifontalement au - deffous du plafond en plâtre
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- jufqu’auprès d’une muraille de plâtre , le long de laquelle il defcendoit à l’horloge , qui étoit à vingt pieds au-deffous de la cloche. Ce fil d’archal n’étoit pas plus gros qu’une aiguille à tricoter. La pyramide fut toute mife en pièces par la foudre , & les éclats en furent pouffes de tous les côtés fur la place où l’églife étoit bâtie; en forte qu’il ne refta rien au-deflits de la cloche.
- La foudre paffa entre le marteau & l’horloge, le long du fil d’archal, fans offenfer les planchers, fans y produire d’autre effet que d’aggrandir un peu les trous de foret par où paffoit le fil d’archal, fans endommager la muraille de plâtre, ni aucune partie du bâtiment, jufqu’à l’extrémité de ce fil d’archal & de celui du pendule de l’horloge. Celui-ci étoit de la grofTeur d’une plume d’oie. Depuis l’extrémité du pendule jufqu’à terre , le bâtiment étoit ctevafle & exceflivement endommagé, & des pierres avoient été arrachées du mur de fondation , & jetées à la diftance de vingt ou trente pieds. L’on ne put retrouver aucune partie du fil d’archal entre l’horloge & le marteau , fi ce n’eft environ deux pouces qui pendoient au manche du marteau , & à-peu-près autant qui tenoit à l’horloge , le refte étant fauté en l’air8c fes particules diffipées en fumée, comme il arrive à la poudre à canon quand on y met le feu. On voyoît feulement une trace noire 8c fale, large de trois à quatre pouces, plus obfcure dans
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- le milieu , plus Foible vers letbords , fur le plâtre, le long du plafond fous lequel palToit le fil d’archal, & le long du mur de haut en bas.
- D’après ce détail, on voit , comme l’indique très-bien M. Franklin, qu’après avoir ravagé tout le haur de l’édifice jufqu’à la cloche, le tonnerre fut conduit par le fil d’archal, qui fut trop foible pour réfifter à une malfe aufli confidérable de matière foudroyante , mais qui n’en garantit. pas moins les parties de l’édifice. La verge du pendule , grolfe comme une plume d’oie , réfifta,
- & ne fut point endommagée.
- Ce clocher fut réparé , & fut mis enfuite fous la fauve-garde d’un conducteur de fer , ou d’une verge qui s’étendoit depuis le pied du montant de la girouette, tout le long des murs de leglife jufqu’à terre. Le tonnerre tomba deflus pour la troifième fois , en 176 5 , & fe lailfa conduire tranquillement par cette voie.
- On écrivoit de la Caroline en 1760 , que quel- SecontJe ques années auparavant le tonnerre étoit tombé fur l’appareil que M. Raven avoir fait élever au- tolin4-deflfus d’une cheminée de fa maifon. C’étoit une groife verge de fer de plufieurs pieds de longueur, terminée par plufieurs pointes. Un petit fil de laiton faifoit la communication du bas de cette verge avec une autre enfoncée dans la terre. 11 y avoit au rez.-de-chaulTée un fufil pofé debout con-B b 4
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- tire le mnr de. derrière la .cheminée', à-peu-près vi^-à-vis de l’enaTOt par où le fil de.laiton def-cendoic en-dehors. Le tonnerre tomba fur les pointes, & n’endommagea point la verge ' à laquelle elles étoient attachées y mais le fil de laiton fut détruit dans toute fa longueur, jufqua l’endroit qui tépondoit au canon du fufil. Le tonnerre fit un trou à travers le mur, pour atteindre *e canon, le long duquel il parut être defcendu, fans lui caufer aucun dommage. Il n’en fut point ainfi de la crofîe : elle fut brifée 5 & la foudre fe plongea dans la terre , & fit fauter dansXon paf-iage. quelques briques de l’âtre. La portion du fil de fer qui fe trouva au-delTous du trou pratiqué dans Je mur , demeura dans fon entier*
- On peut & on doit tirer deux inductions de cette obfervation.
- i°. Qu’une barre pointue élevée au-deflus d’un édifice, le préferve des dangers de la foudre i parce quelle la détourne & la conduit dans le réfervoir commun j z°. que cet effet peut quelquefois tourner au préjudice , finon de la barre , au moins de la conduite entre la barre & le globe terreftre, lorfque cette conduite eft trop grêle, & n’eft pas en état de réfifter à la quantité de ma-, tière qu’elle doit conduire : & c’eft ce qu’on re-Tr îfi'm màr£îue &r'touc dans l’obfervation précédente, obfervation^ Le fait fuivant confirme , on ne peut mieux,
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- ces, ces deux induirions. Il s’eft fait remarquer, comme le précédent, à la Caroline. J’avols , dit M. Maine dans une lettre datée du z8 Août 1760, & dont l’extrait eft configné dans le premier volume des Œuvres de M. Franklin, j’avois, dit-il -, une rangée de pointes éleétriques , compofées de trois fourches d’un gros fil de laiton argenté & bien aiguifé, d’environ fept pouces de long. Elles étoient rivées a égales diftances dans un gros écrou de fer d’environ trois quarts de pouce en carré, Sc s’ouvroient également à leur fom-met, à la diftance dé fix ou fept pouces d’une pointe à l’autre d’un triangle ieéfcangle. Cet écrou étoit vifie & très-ferré au fommet d’une verge de fer de plus d’un demi-pouce de diamètre , com-pofée de plufieurs pièces. aflTemblées en forme de chaînettes, au moyen de crochets fermés par leurs extrémités contournées, & le tout attaché à la cheminée de ma maifon avec des gâches de fer. Les,pointes étoient élevées de fix à fept pouces au-delfus du fommet de la cheminée, & la dernière tringle du bas étoit enfoncée perpendiculairement de trois pieds en terre.
- Tel étoit l’état des pointes , continue-t-il. Jeudi dernier, vers les cinq heures du foir, la foudre tomba avec une violente détonnation fur la cheminée , coupa la verge carrée précifément au-deflous de l’écrou, &, autant que je puis le
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- croire , fondit entièrement les pointes , dont on ne put trouver aucun veftige. Le haut de ce qui reftoit de la verge étoit recouvert & comme emboîté dans une efpèce de foudure congelée.
- Ce phénomène , parfaitement analogue au précédent , confirme donc que fi le conduéteur deftiné à recevoir la décharge de la foudre eft trop foible pour conduire une charge auflî forte, il cède alors à l’effort de cette matière, il fe fond & il fe détruit : on en trouvera la preuve dans l’expérience que voici.
- Ayez un chaffis A B (pi. 8 3 fig. s) fait d’une planche B de dix à douze pouces de longueur, fur trois à quatre pouces de largeur , & d’une tra-verfe de bois A R , foutenue par deux colonnes de cryftal C , D , d’un pied de hauteur. Montez fur le milieu de la planche B une tige de métal E, terminée par une boule d’un pouce ou environ de grofTeur, coudée vers le bas} & noyez cette tige dans lepaiffeur de la planche, de façon qu’elle faille au dehors , où elle fera terminée par un crochet ou un anneau a.
- Faites paffer à frottement, à travers la traverfe A R , une fécondé tige F , femblable à la première , mais qui fe termine par une boule de métal à chacune de fes extrémités. ^
- Engagez entre les deux boules un petit fil de métal extrêmement mince G, & applatiffez - le
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- DE DÉTOURNER LA FoUDRE. 397 même pour diminuer fa folidité dans fon épaif-feur (je prends pour cela une des plus petites cordes d’un clavecin ), & tendez-le modérément, en élevant la tige F.
- Les chofes étant ainfi difpofées, attachez une chaîne à l’anneau a, 8c entourez-en enfuite le ventre d’un grand bocal revêtu d’étain , & laif-fez pendre par terre le bout de cette chaîne. Chargez ce bocal d’éleéfcricité, & lorfqu’il en fera fortement chargé, pofez l’un des bouts d’un excitateur fur la boule fupérieure b de l’appareil que nous venons de décrire, & de l’autre bout déchargez le bocal. La charge qui fera obligée de pafler par le fil de métal G , le trouvant trop foible pour la conduire , paflera néanmoins d’une boule à l’autre, pour fe porter à l’extérieur du bocal : mais elle fondra, chemin faifant, le fil G , & les débris de ce fil s’élanceront tout rouges de droite & de gauche 3 ce qui prouve qu’une conduite trop foible , tranfmet à la vérité' très-bien la foudre , mais cède en même tems à la trop grande quantité de matière qui l’attaque ; & c’eft ce qui eft arrivé anx pointes de laiton de M. Maine. La foudre , après avoir détruit ces pointes, continue M. Maine, defcendit très-bien le long de la verge, en faifant fauter.prefque toutes les gâches, décrochant les jointures j fans affe&er la verge,
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- excepté dans riritétieur de chaque crochet par où les pièces étoient accouplées.
- Cet effet eft encore analogue au précédent. Ces verges n’étoient affemblées que par leurs extrémités contournées en forme de crochet. Le contad entre deux crochets étoit beaucoup moindre que dans la continuité de la verge. C’eft pourquoi le courant au-travers du métal étant refferré dans ces endroits, fondit une partie du métaly & les parties fondues par la foudre faifant ex-plofion, cette explofion fit fauter les gâches. D’où il fuit quune verge faite d’une feule pièce eft préférable pour ces fortes d’appareils.
- La,; cheminée , ajoute M. Maine , ne fut point endommagée dans aucune de fes parties , fi ce n’eft aux fondemens , où elle: fut maltraicée dans prefque tout fon contour. Il fe fit des trous con-fidérables dans la terre autour des fondations j mais principalement dans un contour de huit à neuf pouces de la verge.
- Toute maltraitée que fût cette verge dans fes jondions, elle garantit néanmoins la cheminée* S’il en fut autrement dans fes fondations, c’eft que la pièce, qui étoit plantée en terre n’étôit point afiez profondément enfoncée pour arriver a la terre humide. La foudre, parvenue en cet endroit, abandonna le chemin que là conduire lui avoit fait fuivre j elle fe diftribua en plufieurs’
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- parties qui fe firent chacune un chemin particulier, pour arriver à jme portion de terre, qui fût plus propre à la conduire dire&ement. De-là le-délordre qui fe fit vers la furface de la terre.
- Nous laiderons de côté quelques autres phénomènes du même genre que ceux dont nous venons de parler, & dont on rend également bien raifon. Toujours demeure-t-il confiant que les différens accidens dont parle M. Maine furent dûs à la mauvaife difpofition de fon appareil ; & que, malgré cela cependant, fa maifon fut cenfervée , & que ceux qui l’habitoient ne furent point incommodés de la foudre. D’où nous croyons devoir conclure que cet appareil étant fait comme il convient, garantit, non-feulement les édifices 8c ceux qui les habitent, mais encore 'qu’il met à l’abri de tout inconvénient toutes les parties de l’édifice fur lequel il eft établi. Nous pourrions rapporter nombre d’obfervations qui confirmeraient toutes la vérité de cette aflèrtion; mais nous crayons devoir, pour éviter une prolixité défagréable, nous en tenir' à un très-petit nombre.
- Les Mémoires confervés dans les archives de Quatrième l’églife de Saint-Marc àVenife,nous apprennentà Vc-que la fuperbe tour , qui eft élevée fur cette ^ églife, a été. de tout tems 8c très-fréquemment
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- vifitée par le tonnerre, & qu’elle en a reçu fouvenr des dommages très-confidérables. On lit fur-tout, dans les archives de la Procuratie, les renfeigne-mens de neuf coups qui lont frappée depuis quatre ficelés, & on y voit le détail des réparations qu’ils ont occafionnés.
- Le premier eft du 7 Juin 1388 ; le fécond, arrivé l’an 1417 , mit le feu à la pyramyde dont le corps étoit en bois, & qui fans doute fut reconfttuite de même, puifque le 11 Août 1489 9 à deux heures & demie de nuit, elle fut encore embrafée par la foudre, au même inftant où fut frappé le clocher des Freres Mineurs Conventuels, donc fept cloches furent fondues. Ce fut alors qu’on penfa à faire lobélifque rond en pierre , comme il eft aujourd’hui : mais cela ne fit point ceflfer les ravages de la foudre; ils changèrent feulement de direélion. Le quatrième coup de foudre arriva au mois de Juin 1548 , le cinquième peu d’années après , en -15£5 ; le fixième en 1653. Ceux qui fuivirent font plus récens. Le feptième arriva le 13 Avril 1745 , & caufa beaucoup de dommage. Trente-fept fra&ures , tant grandes que petites, menaçoient la tour entière. Les réparations coûtèrent plus de huit mille ducats. Le huitième en 1761 ; il fit peu de dégâts. Le neuvième arriva le 13 Juin 17 6x, frappa au même
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- endroit que l’année précédente , & caufa plus de dommage. Ces différens coups ont fait périr plu— fieurs perfonnes dans des boutiques contiguës.
- Les Procurateurs de la Fabrique , confidérant cette multitude d’accidens, & ce qu’ils auraient toujours à craindre par la fuite en laiflant fub-fifter cet édifice tel qu’il étoit antérieurement, fe déterminèrent enfin à y faire élever une verge & à y adapter un condu&eur. Cet appareil fut placé & achevé le 18 Mai 1776. On en trouvera la defcription & un détail très-circonftancié dans un excellent Ouurage de l’abbé Jofeph Toaldo9 intitulé : Mémoires fur les conducteurs pour pré-ferver les édifices de la foudre. Or, depuis cette époque , il n’eft arrivé aucun accident à ce clocher. Mais , dira-t-on, peut-être n’en fut-il point arrivé davantage* s’il n’avoit point été muni de cet appareil. Ceci n’eft qu’un peut-être , contre lequel dépofent les événemens précédens ; & fi nous n’avons encore aucune preuve que la foudre foit venue le vifiter depuis qu’il eft garni de cet appareil, nous avons nombre d’obfervations qui nous prouvent qu’elle ne caufe aucun dommage aux édifices qui font mis fous cette fauve-garde.
- Voici une obfervation fort importante à cet égard, en c^ quelle*prouve la vérité de notre opinion. Cette obfervation nous vient de M. Mi-chaelis auquel elle fut communiquée par le favant
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- Lichtenberg. Nous copierons le récit même de celui-ci.
- me En Carinthie, dit-il,, à la campagne du Comte a,. Qrfini de Rofemberg, Chambellan de l’Empereur, fe voit un clocher fur une montagne.
- De tout tems la foudre le frappa, & même fi fouvent, que pendant l’été le fervice divin ne fe fàifoit point dans l’églife, parce, que plufjeurs perfonnes y avoient été tuées. Il fut tout détruit par la foudre en 1750. On le rebâtit à neuf, & fon fort fut toujours , aulfi fatal. Il fut frappé conftamment quatre ou cinq fois chaque année, &»dans un même orage, exemple unique de cette nature, que je fâche avoir été publié, la foudre ' y tomba dix fois. En 1778,. elle y. tomba cinq fois 5 & le cinquième coup fut fi violent, que le clocher commença à s’affaiffer, de façon que le Comte fut obligé de le . faire démolir. On en confiruifit un troifième, qui fut mis fous la fauve-garde d’un conducteur pointu , & depuis tout fut tranquille. Depuis ce temps la foudre n’y eft tombée qu’une feule fois ; mais le coup' étoit fi &ib|e, qu’il ne fit pas même fondre la pointe du conducr teur qui eft très-fine ; le clocher n’en ;fouffrit au--ornement, & probablement n’en fouffrira plus.
- Ecoutons encore M. l’abbé Toaldo dans une upa- Relation qu’il adreffa en 1777 à M. Angelo Gue-fini j au fujet de la foudre tombée fur la tour de
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- de I’Obfervatoire de Padoue nous aurons une preuve fatisfaifante de cette vérité.
- Le Dimanche 11 Mai 1777 , dit-il, après deux heures d’un tonnerre fort & éloigné, le midi étant chargé de nuages orageux , qui donnèrent de la grêle dans quelques villages du Padouan inférieur & du Poléfin, vers le foir l’orage s’avança fur la ville de Padoue j & , comme cela arrive fouvent, aux premières gouttes de pluie il y eut un coup de foudre. M. Toaldo étoit à ce moment occupé à obferver le baromètre dans un corridor de l’étage du milieu du vieux château. Il ne vit pas l’éclair ; mais le- coup lui parut fi vif & fi proche, qu’il dit à une perfonne avec laquelle il étoit, que .le tonnerre étoit fans doute tombé fur I’Obfervatoire ou fur la tour. La pluie augmenta prodigieufement; mais dès quelle fut un peu ralentie, il monta à I’Obfervatoire , & il n’y trouva aucun ligne qui pût lui faire croire qu’il eût été attaqué de la foudre. Le conducteur ne lui fit -égalemeut rien obferver alors. Ce ne fut que le lendemain que fon neveu, le DoCfceur Chiminello, s’apperçut qu’il fe trouvoit , dans l’aflemblage des trois fils qui formoient la chaîne de ce conducteur , une ouverture â l’endroit du premier anneau.... En examinant les chofes de plus près, on vit des teintes de fumée noire fur-tçut à l’endroit où les fils fe divifent après C c
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- lëütptemiethtÈüd, oüàprës l’endroit oùîlsfé trouvent réonis & àtfàchës âü bràfc qui part de la barre.
- Ayant fait riiôrttet des Ouvriers iqui avoiènt ttàVàillé au placement de ce cOndu&eur, ils Vérifièrent lecàÉtefaient dés fils en fcfet endroit. Ils trouvèrent en Outre i la girofle cheville dé verre qüi ttaVerfe & foütierit la chàîrie, au-défliis du ptéïhier tube * une* ëfpècé dë croûte colorée toute firàîchè, ëntddtée d’un peu dé Fumée. Ils remarquèrent la fuite des tràtës dé là fumée fur une gtandé longueur. Il femblbit, d’après ces traces, que le Feu fût defcendü en tournant dans le fens dé Tentortillemèhc des fils.
- Ceux qui avôiëhc été à portée de voit l'éruption dé là Foudrë, àu moment où elle fë porta fur cet appareil, atteflrèrënt avoir vu lè trait de feu qui, fous la forme d’ün globe , .s’élança du midi vers l’Obfervatoire.
- Huitième ^ë du mois d’Avril précédent -, dn aVoit ôbtoé Utl phériomène à Sienne, dont
- ne- îè PrbféïTèut Êàrroloni avbit donné ia relation dans le trente-quatrième Numéro défc Nouvelles du Monde de Florence.
- L'â tôür de cëttè Ville était , dit-on * très-îujëtre auX irruptions de là foudre-. A peiné fut-éïle ahUée d’un cdndù&eur, qu’au premier dragè la foüdré réprit fâ toute accoutumée \ mais iè tondudVeur qu’on venoit d’y éléver trompa fon
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- DE DÉTOURNER LÀ FoUDRE. 4<3| attente. Au lieu d’endommager la tour, comme ci-devant, elle la parcourut tranquillement du haut en bas, fuivant la chaîne dans tous fes tours & détours, & pénétra en terre, défarmée de toute fa fureur.
- Veut-on un fait plus récent, & également propre a conftater l’efficacité d’un condudeur pour détourner la foudre ? voici ce que l’abbé Hemmer , de l’Académie Ele&orale de Man heim, Garde & Démonftrateur du Cabinet de Phyfique de S. A. S. Eledorale , & mon ami particulier , m’écrivoit le 4 Odobre 1779.
- Le 5 du mois de Septembre , nous éprouva- Neuvième mes ici un orage furieux j &, fur les fept heures frite à Man-& demie du foir, la foudre tomba fur une che- heim’ minée de la Comédie Allemande , qu’elle a ruinée. En même tems & dans le même coup, elle eft tombée fur un des condudeurs que j’a-vois fait placer, il y a deux ans , fur la maifon de M. le Comte de Riaucùur, Envoyé de Saxe à notre Cour ; mais elle n’a fait ici aucun dégât,
- & elle a été parfaitement bien conduite en terre.
- Plufîeurs Officiers, & d’autres perfonnes dignes de foi qui éroient vis-à-vis du condudeur fous les. arcades de la Douane , ont affiné unanimement avoir vu le feu fe jeter fur ce condudeur , defeendre le long de la conduite, & entrer en / C c 1
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- tërre où il a fait comme un tourbillon de fable qui couvrait le conducteur à fon entrée enterre.
- Informé de ce fait, je me rendis le 16 du même mois , avec une bonne lunette, devant la maifon de M." le Comte de Riaucour, ou , ayant bien examiné le.s pointes des conducteurs ( chacun en a cinq j, j’en ai découvert une qui étoit fort endommagée , & c’étoit précifément fur le conducteur fur lequel oh afluroit avoir vu tomber la foudre. J’ai fait monter un Couvreur pour dévider cette pointe, qui étoit la perpendiculaire j les quatre autres étant horizontales j & cet homme me l’ayant apportée en préfence de plufieurs perfonnes, nous l’ayons trouvée fondue vers le haut, & très-fortement courbée & tortillée à la longueur de deux pouces & demi. A l’endroit qÙ cette courbure finit, elle a deux lignes & demie de diamètre. J’en ai fait vider une autre à fa place , & je conferve la première dans le Cabinet de Phyfique de S. A. S. E.
- Cette obfervation n’eft point la feule dè même genre , où là pointe, trop foible pour réfifter à la quantité de foudre, cède à cette impreflion, en conduifant néanmoins très-bien cette matière jufqua l’intérieur du globe. Ce fut ce qui arriva à Bofton en 1770.
- . On lit dans le volume des TranfaCtions Phi-
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- BE DÉTOURNER IA FOUDRE. 405 lofophiques pour 1 année 1775 , I'extraït; <fune lettre de M. Kinnerjley, adreflee le iiOCfcObre 1770a M. Franklin , dans laquelle ii lui marque' que, le 11 Juillet précédent, il furvint un orage fi violent à Bofton, quèn moins d’une heure de tems trois maifons & un brigantin qui fe" trouvoit alors à l’un des grays, furent frappés de la foudre. Le brigantin & deux dé ces maifons en furent confidérablement endommagés, tandis que la troïfième , où demeurait' Jofeph Moult y. & qui étoit armée d’un conducteur, en fut entièrement préfervée : mais, comme la pointe de ce conducteurfaite dé laiton, étoit trop fine pour conduire là totalité de la charge, elle fut foridüè de la longueur de fix pouces & demi vers le haut.
- Nous nous bornerons à ce petit nombre dob-fervations. faites en différéhs tems & eh différèns pays. Nous les regardons comme plus que fuffi-fanites pour conftater la vérrté que nous voulions établir. Aufîi voyons-nous que “ceux qui ne fe lailTent point conduire p^ uri eiprit de prévention, & qùi fàvènt 'mettre ;à": profit les vérités a mefure qu'elles fè découvrent, ont fort accueilli • cette pratique. Moins commune â la vérité éii Angleterre , parce que ce pays eft peu expofê aux dangers delà foudre , elle eft très-multipliée dans prefque'toutes lès Ifles Ângloifes. On voit cependant plufieurs conducteurs de cette ôfpèce'à/ G c j
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- Londres. Indépendamment de là Cathédrale de Saint-Paul, T’Eglife de Saint-Jacques , le Palais de la Reine, le Château de Blenheim , & beaucoup de maifons de Gentilshommes à la Campagne & aux environ? de la Ville , font armés de condu&eursi
- Ce fut au fujet de la confiance qu’on avoit en Angleterre dans cette pratique , que le poseur Franklin écrivoit, le 4 Octobre 1777, a M. le Begue de Prejle , qui eft en correfpondance avec les Savans des pays étrangers, que s’il avoir eu des vœux à faire en cette occafion» ç’auroit été que le Roi d’Angleterre eût rejeté ces conducteurs cÿtnme inutiles ; car c’eft feulement, dit il en badinant, depuis qu’il s’eft cru à l’abri de la foudre du ciel, qu’il a employé fes propres foudres pour détruire fes innocens Sujets. —..
- Les vaifleaux deftinçs pour les Indes Orientales , Sç Occidentales , pour ja Cote de Guinée, &c.
- même . effet, fur-tout depuis le retour; dç MM. Banks & Solander j.qni^ont rapporté qu’ils étoient. perfuadés que leur vaifleau avoit étépréfervé ,par une de ces chaînes d’un malheur. femblabfo à celui du vaiffeau le Dutch, mouillé près d’eux dans la rade de Batavia , & qui fut prefque détruit par la foudre. Depuis' quelques ornées.on s’eft enfin déterminé en France à profiter de cette
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- importante découverte (Jçjà.l?/)- vqif plitfieuts conducteurs élevés dans la Capitale 2> dans plti-fieuts proyinçes* li en eft un fur-tout qui fera à jamais célèbre dans l’hiftoîre à pat le procès qu'jl a opçjifionné r ç eft celui tpre M, Fiflirÿfotqiç-Talé a fait eopftruire d SaipfrOpier.
- Malgré l’évidepce :de .ces-obfet.vatipn5.t,0çofls imaginons qu'il ne fêta peut-être pas iqufjée clp confirmer cette importante vérité , ;}'eflîcacité des conducteurs, par une expérience décifive.ïCçlle rieotc. que, nous allons propqfer porte d'autant plus du certitude avec elle, que l'appareil que nqnsjeiff-ployons pour la foite n'a pas .toRte-(a .,peifeéjfian qu’on peut donner i ces fortes île comlufteurs.
- Elle prouve donc, à plus fi/gg; pdfon > la pou-fiance qu’ou doit leur accorder.
- Nous avpns obfervé gréçédfÇiP'PPf qije.jRS pointes avoient cet avantage fiRçlsf;SÇRfieIpquijRS ou Mtondis, qs elles foutiroie.nt fa» éclat Ifcfna-tière éleftique,dun. çonfiNlBHSi:Elies;:fpu(ûreet . donc pareillement lu matière: dnfflnnwÇjndlTOWée ,dans les nuages, fans pcsRfeURef cpseRglçifioiis.dep-gçreHfes ans fçsps Ar leiqujejs3la.»atiêfe foseitg-yaste fo porte-, avec éclat, Or, « curuluâeqr bien difpofé peut encWe garantir nnédifice;
- termine en bordé , & qu'il reçoive rme détonation foudroyante, il fora donc encore plus propre àjfpt effet, fi »«S leterminons enfüinfe.; m Mm ' Ce 4
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- ’4oS M O Y E N S '
- ne pouvons trop infifter fur l’avantage dé cette forme fi bien conftatée par la fuite des expériences plus curieufes les unes que les autres» faites par Edouard Nairne, de la Société Royale 'Londres, à deflein de réfuter l-opinion de Wilfon y qui prétendoit qu’il falloir préférer la forme moufle & arrondie pour ces fortes de conducteurs. Nous les indiquerions volontiers , & elles auraient dequoi fatisfaire la ciiriofité de nos Lecteurs, mais elles ne font point fufcepti-blesd’être artalyfées ni d’être préfentées fom-mairement, & le détail en deviendrait trop long. Elles font d’ailleurs confignées dans le Journal de Phyfique pour le mois de Mars 1778 , & comme cet excellent Ouvrage eft entre les mains de tous les Phyficiens & de tous les Amateurs dfes Sciences naturelles., ceux qui feront curieux dé les conoître pourront confulter ce Journal, j M. Franklin eh a fait lui-même dé très-cu-rieufes fur le même Objet : elles font imprimées dansfes œuvres traduites par M. Barbeu du Bourg.
- ' Mt. Leroi y de l’Académie des Sciences de Paris , s’eft pareillement occupé de cette conteftation, & a difcuté cette matière avec cette intelligence, -cette fagacité qu’il met dans fes travaux ; & on voit manifeftement, par une fuite d’expériences qu’il a imaginées, expériences très-fimples & très-faciles à répéter, on voit tout l’avantage que
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- les pointes doivent avoir dans ces fortes d’appareils fur les corps moufles & arrondis.
- Quoiqu’il foit aufïï facile de s’en procurer la connoiflance que des précédentes , puifqu elles font également imprimées & dans le Journal de Phyfique & dans les Mémoires de l’Académie des Sciences', nous croyons qu’il fera agréable à la plupart de nos Leéteurs de les trouver ici. Nous les expoferons donc en peu de mots , après avoir décrit l’expérience que nous venons d’annoncer , & à laquelle on peut très-bien s’en rapporter pour confirmer l’avantage des conducteurs élevés au-deflus des édifices.
- Difpofez fur la longueur d’un conducteur A B (pi. 8 , Jig. 6 ) une tige de métal CD , qui plonge dans un grand bocal revêtu d’étain en-dedans 8c en-dehors, afin de le charger d’électricité. Entourez l’extérieur de ce bocal d’une, chaîne abj qui pende -d’un côté par terre, & de. d’autre aille, s’accrocher à un anneau' de métal c , qui excède le foc d’une maifon-nette de ;bois , dont les murs , joints à charnière retombent fur eux-mêmes , lorfque le comble s’élève, au-deffu$ de ces. .murs. - Nous la repréfentons ici ouverte d’un côté , pour qu’on puifle voir le mécanifme de fon intérieur.
- ';dF eft une petite .cartouche de carton roulé fut lui-mgmé, chargée d’un petit cylindre de poudre
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- de cinq à fix lignes de longueur, bourrée & retenue dans cette cartouche par deux vis de métal qui font leur chemin dans l’épaiflèur de la cartouche. Celle-ci eft appuyée fur deux petites fourchettes qui dominent deux piliers} l’un g , qui eft de métal, pénètre le plancher de la maifon ; & > noyé dans l’épaifTeur de ce plancher, excède le foc de cette maifon pour former l’anneau c. L’autre
- eft de bois , & eft fixé & élevé fur le plancher.
- Dans l’épaifTeur du mur antérieur E eft fixé un fil de métal, qui rentre en-dedans d’un côté pour communiquer avec le pilier h 3 par le moyen; d’un petit crochet de métal qu’on y attache. L’autre extrémité de ce fil de métal s’élève dans 1 epaif-feur du mur , & vient arrafer fon bord fupérieur.
- Sous la croupe du toît, du côté ou elle réppnd à ce mur, règne une lame de métal /, qui vient pofer fur le haut de celui-ci, 3c communique avec le fil de métal dont nous venons de parler.. L’autre extrémité de cette lame eft recourbée fou» la cheminée r 3 percée d’outre en outre > de façon qué la tige de métal t % qu’on implante dans cette cheminée, vient repofer fur l’extrémité de la lame* Cette tige, qui devrait fe terminer par une pointey fo terminé par une boule v, qu’on difpofe au-def-fous de la boule x3 & à fept à huit lignes feulement de diftance de cette dernière. Celle-ci eft fuf-' pendue à une tige de métal qui embraffe le cou-
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- du&eur. De la tige de métal t part une chaîne f qui va s’unir, à celle qui embraffe le bocal, & tout l’appareil eft convenablement difpofé.
- Réfléchifïons un moment fur la difpofition de çet appareil. L’intérieur du bocal 8c le conducteur avec lequel il communique jufqu a la boule x y repréfentent un nuage chargé de la matière du.tonnerre. La furface extérieure de ce bocal, à laquelle fe doit porter la charge d’éledriciré accumulée dans le bocal 8c dans le conducteur, repréfente le réfervoir commun de la matière électrique. Ainfi, la petite maifon £, liée a la furface extérieure du bocal par la chaîne b c, 'repréfente parfaitement une maifon quelconque , un édifice dans fon état naturel, communiquant par le pied avec le réfervoir commun , tandis que fon comble , ou les parties prééminentes fur ce comble, communiquent avec les nuages .furchar-gés de la matière du. tonnértelotfique' ceux-ci viennent à s’approcher fuffifamment de la furface-de notre globe, La petite maifonufaitdonc' ici manifeftement la même fonétion que font nos édifice* ordinaires, lorfqu’ils font' fijudcdyés ; -elle' fert d’intermède, de voie de communication entre lenaage-& l’intérieur du globe. Dedà;, en fup-primant la chaîne ft on conçoit; facilement la route que fuivra la matière cleéfcriqiie pour fe porter au réfervoir commun, à l’extérieur du bo^
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- cal, fi on vient à charger celui-ci d’une quantité aflèz abondante deledricité. Lorfqu’en effet ce bocal fera fuffifamment chargé pour que la boule v fe trouve plongée dans la fphère d’aéfcivité de la boule x du conducteur , il partira de celle-ci une étincelle explofive qui fuivra les conduites établies dans l’intérieur de la maifon, ‘ pour fe porter à la furface extérieure du bocal* Le fluide éleâxique fera donc conduit par la tige t à la lame de métal qui règne le long de la croupe du toît \ de-là elle paflerâ par la cartouche » elle éclatera à travers la poudre entre les deux vis qui la ferrent, continuera foh chemin par le pilier g, pour fe rendre à la chaîne B, & fe dif-tribuet à la furface extérieure du bocal.
- Mais en éclatant entre les deux vis qui retiennent la poudre dans la cartouche, elle allumera cette poudre & lui fera faire une exptofion qui foutevera brufquement le toît de la maifoh ; & lés murs , abandonnés à eux-mêmes, retomberont fïir leurs fondemens : image aflez fenfiSle'des défâftrës que le tonnerre produit, lorfqu il eft conduit de là nuée dans le globe à travers un édifice oü une maifon qui lui fert de conducteur.
- Veut-on s’oppofer à cet accident, replace^ la * chaîne / qui communique de la tige t à ta fur-face extérieure du bocal. C’eft même par-là qui! fiwt commencer l’expérience, pour que la même
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- cartouche fuffife pour les deux cas. Le tout reftant dans la même difpofttion, c’eft-à-dire la maifon E continuant à communiquer par le pied avec ]a furface extérieure du bocal, comme il arrive à nos propres maifons, lorfque nous voulons les garantir de femblables accidens , chargez le bocal jufqu’à ce que la boule v puifle tirer l’étincelle de (la boule x. Dans ce cas, le fluide éleétrique trouvant un meilleur conducteur de la tige t au bocal par le moyen de la chaîne /*, parce que celui-ci n’eft point interrompu comme le précédent par une charge de poudre qui n’eft point aufli propre qu’un corps métallique à tranfmettre la matière éleCtrique, toute la charge fe tranf-mettra de la tige t à la furface extérieure du bocal , fans pafler dans l’intérieur de la maifon E, & celle-ci fera à l’abri de l’accident qui la menaçoit fans cette garantie ; & voilà encore ce qui arrive à une maifon lorfqu’elle eft munie d’un conduéteur fait avec art, qui puifle transmettre fans interruption, fans folution de continuité , la matièrfe de la foudre, de la nuée qui la porte, à l’intérieur de notre globe qui l’attend : elle pafle par, préférence dans ce conducteur , & refufe de pénétrer à travers la maifon, où elle 11e trouverait que de plus mauvais conducteurs & non continus.
- Nous fubftituons maintenant à la cartouche
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- chargée de poudre une petite boîte de métal, remplie d’un mélange d’air atmofphérique & d’air inflammable, le piftolet de Voha. L’inflammation de cet air, qui lance avec explofion le bouchon contre le toît de cet édifice, produit un effet plus certain que la poudre qui refuie quelquefois de prendre. D’ailleurs la charge d’une petite bouteille de Leyde fuffit pour cette expérience , & elle devient moins embarraflante à faire. Ceux qui connoiflènt la théorie de l’air inflammable , & qui font au fait des expériences de ce genre, feront très-à portée de faire comme nous cette fubllitution, qui nous jetterait dans des détails trop longs, pour la faire fuffifamment connoître à ceux qui ne fe font point occupés de' cet objet. Revenons au réfultat de l’expérience que nous venons d’indiqUer.
- On peut donc , comme on le voit manifefte-ment ici, garantir un édifice de la foudre par un appareil de cettô efpèce , quoique le conducteur qu’on y adapte fe termine par une boule qui ne la garantit point comme une pointe , de l’explofion\quil ferait important d’éviter* Ce fut, fans contredit, une expérience de cette efpèce qui en imposa à M. 1Vilfon, lorfque la Société Royale de Londres fut confultée en' 1772 par le Bureau d’Ordonnance , pour favoir s’il étoit à ’ propos d’établir .des conducteurs pour garantir de
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- DE DÉTOURNER. LA FOUDRE. 415 la Foudre les magafins à poudre de Purfleet. Les Commiflâires, au nombre defquels&ce Phyficiett fe trouva, furent tous unanimement d’avis pour l’établiflement de ces conducteurs ; mais M. Wdfon fut le feul qui réclama contre la forme pointue & aiguë que fes Confrères vouloient leur donner. Il vouloit que leurs pointes fuflent moufles & arrondies \ ôc en conféquence il refufa de figner la délibération commune. Son opinion fit fchifme en Angleterre parmi .les Phyficiens Eledrifans,
- & on ne parvint à rameneç les efprits à la bonne & faine dodrine que par de nouvelles expériences , qui emportèrent la convidion avec elles.
- Ce furent celles de M. Edouard Nairne que J' nous avons citées ci-deflus. Voici celles de M.™ Leroi, que nous avons promis- de faire con. ^ hoître. Elles font confignées dans un Mémoire que ce favânt Académicien lut à la rentrée de l’Académie le 15 Novembre 1773. Ces expériences font établies fur les faits que nous con-lioiflbns déjà, & dont nous avons fait mention précédemment, qu’une pointe D (pL 9 yJîg. \ ) tire de très-loin le feu éledrique d’un condudeur B C, & que cette même pointe ne peut en faire partir l’étincelle, ou mieux ne peut en paroïtre, frappée par une efpèce d’étincelle, que lorfqu’elle eft très-proche de ce condudeur comme en E$ qu’au contraire un corps arrondi F tire très-peli
- iifices'dclâ
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- 416 M O YEN S
- de feu éleétrique du corps éleCtrifé avant d’en faire partir l’étincelle, & malgré cela l’étincelle excitée part de beaucoup plus loin, & eft beaucoup plus énergique que lorfque le corps eft terminé en pointe. Elles font encore fondées fur un principe également inconteftable : Que le feu éleCtrique ne produit jamais d’effets violens qu'autant, qu’en conféquence des différences des denfités refpeCtives, il paffe avec rapidité au travers des corps, & qu’il n’y paffe avec rapidité qu’autant qu’il y entre fous la forme d’une forte étincelle. Ces effets ne fe manifeftent point lorf-qjie l’étincelle eft foible, ou que l’entrée de ce feu fe fait fous l’apparence d’une lumière tranquille.
- En conféquence de ces principes , voici les expériences de M. Leroi. Il préfenta à une dif-tance de trois pieds d’un conducteur B C , une pointe fort aiguë D, & il vit un point lumineux fur l’extrémité de cette pointe; preuve évidente que cette pointe dcroboit déjà une portion de l’éleCtricité du conducteur. Il fallut l’en approcher de beaucoup plus près , comme en E, à un tiers de ligne de diftance, pour en faire partir une étincelle fi foible que c’étoit plutôt une bluette qu’une étincelle.
- M. Leroi préfenta au même conducteur, &à une égale diftance, une balle de plomb F d’un pouce de diamètre, & il n’y vit poinjt de lumière.
- Elles
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- Elle ne tirait point d’éleCtricité du conducteur , & elle ne commença à lui en dérober que lorf-qu’elle fut près de la diftance où elle dévoie le faire étinceler, c’eft-à-dire, à-peu-près à un pouce du conducteur. Cette diftance eft , comme on voit, dans le rapport de trente-fix à un ; ainfi le corps arrondi ou la balle n’enleva que très-peu ou point d’éleCtricité au conducteur avant d’en être alfez près pour exciter l’étincelle , & cependant il la faifoit partira une diftance trente-fix fois plus grande que celle à laquelle la pointe produifoit le même effet.
- L’explication de ces deux différons effets, dit très-bien M. Leroy, fe tire de ce que l’étincelle ne part entre deux corps qu’en proportion , toutes chofes égales d’ailleurs, de l’inrenfité du fluide çleétrique dans le corps éleétrifé. Or, dès l’inf-tant qu’on préfente la pointe au conducteur, & qu’elle a un point lumineux, dès cet inftant elle enlève le feu du conducteur ; & cet effet allant toujours en augmentant à mefure qu’on l’approche , la matière éleCtrique s’épuife tellement dans lè conducteur^ qu’il n’en refte que pour étinceler quand la pointe s’en trouve à un tiers de ligne de diftance : mais les corps ronds où obtus ne tirent au contraire le feu éleCtrique du corps élec* trifé que très-peu avant qu’ils foient à la diftance nécefTaire pour exciter l'étincelle. De-là on voir D d
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- déjà manifeftement l’avantage dé jà pointé'fur le corps obtus ou arrondi. Il s’agifïoit encore dé démontrer que les effets violens de l’élèdricité, <k conféquemment du tonnerre , tiennent à la force de l’étincelle. -
- : Pour cet effet, M. Leroy prit une bouteille de Leyde ; il la chargea fortement d’éledricité, en forte qu’elle eût pu donner une très-violente commotion. 11 la déchargea en préfentant au con* dudeur avec lequel elle commüniquoit, la pointe d’une aiguille, très-fine, & à peine la commotion fut-elle fenfible. 11 fit encore quelques autres ex-, périences analogues à: celle-ci j & toutes lui prouvèrent que lofqu’on n’excite qu’une foible étincelle , le feu éledrique ne paffant plus alors avec la même rapidité qu’il pafle lorfqùe l’étincelle eft très-forte, les effets qu’il produit font totalement' diminués ou n’ont, rien de confidérable. ! !
- ,. Or , ceci s’applique de lui-même; ;aux barres* préfervatives qu’on ;fe propofe d’élever au-delfus des maifons., Si ces barres attirenr le tonnerre parce quelles font pointues, elles l’attirent fans lui permettre de faire une forte éxplofion , ôd ce n> eft que dans cette explofion que confîfte le danger.de la foudre. C’eft donc fans fondement qué Wilfon &c -fes Sedateurs ont voulu préférer les corps mouïTès aux pointes en pareilles circonftances; : Il y a plus * les pointes doivent excéder jufqu’à une certaine..hauteur les parties prééminentes cir-
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- convoifines. On en trouve la preuve dans les expériences faites en Angleterre par le célèbre Nairne * & confignées dans le Mémoire que nous avons indiqué ci-deflus.
- Ayant mis au bout d’un excitateur une boule percée a fon centre 3 & ayant introduit dans ce trou un fil de métal très-poinru, dont la pointe excédoit la boule d’un dixième de pouce 5 ayant enfuite apporté cette pointe jufqu’à la boule qui terminojt fon condudeur, il obferva un point lu-, mineux qui fe fit remarquer fur cette pointe, 8c cette lumière continua à fe faire obferver lors même qu’il eut reculé la pointe jufqu’à la diftance de trente pouces. Mais ayant enfoncé davantage cette pointe , 8c de façon qu’elle n’excédoit point la furface de la boule, il obferva que cette pointe perdît fa propriété eftèntielle, & que la boule du coiir du&eur fe déchargea avec explofion fur la boule de l’excitateur, à toute diftance, depuis la plus grande' proximité de cette boule, jufqu’à la diftance de feize pouces & un quart. La machine dont il fair foit ufage étoit telle, comme il nous l’apprend dans fon Mémoire, quelle portoirfes étincelles jufqu’à la diftance de vingt pouces. C’eft une fem^ blable, mais plus forte que celle qu’il avoit faite pour le Grand Duc de Tofcane, 8c dont nous avons fait mention précédemment.
- 11 fuit de ces dernières expériences, qu’il eft
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- important que la pointe qui furçfiohte Σ barre élevée i. excède , domine téus les corps circonvoi-iiiis , & fi on veut un détail Erès-cireonftancié & très-ihftruétif fur la manière de difpofer eés fôttes de conducteurs i en voici un trçs-bièn fait que nous devons à M. Barbier de. Tirian : oh le trouve à là fin de la tradu&ion qu’il à donnée, de l’Ouvrage ou des Mémoires de l’abbé Toaldà fur les conducteurs. Ce font des confidérations excellentes & bien approfondies ft« le même objet ÿ & qui méritent notre reconnoifiânce. M. Barbier examine ici deux queftions. La première quü regarde avec raifon comme réfolue * Sè à laquelle nous ne nous arrêterons point non plus * concerne l’avantage quon peut attendre des conducteurs » ce qu’on ne peut plus mettre en problème. Dans la fécondé il examiné quelle ejl dans tous les f oints la conftruelion des conducteurs la plus propre. à reitiplit teffet qu-on en attend ?
- Or, ç£tte.importante queftion en fait naître plüfieurs incidentes, qiie notre favant Auteur traite avec tonte l’intelligence poffible»
- ïl examine i°; quelle eft la dimenfion quon doit donner à un conducteur, pour qu’il foiü en état de tranfmetrre un coup, de foudre fans qué le bâtiment 8c le conducteur lui-mêmé en foient endommagés ?
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- DE DÉfODRHE*. tA~ foüDRE. 4’i*
- i*. S’il eft effeptiel que fou extrémité inférieure aboutiflè dans l?eau , ou s’il fuffil qufelîé S’enfonce en terre ?
- 30. Jufqu a quel point on doit pouffer les précautions pour la contiguïté & la continuité de fes déférentes parties ?
- 4°. Jufqu’à quel point on doit lier avec lui toutes les portions de métal qui fe trouvent dans le bâtiment?
- 5°. Si on peut fans danger le laiffer eontîgu au bâtiment, loir en-dedans, foit en-dehors j ou s’il convient de l’ifoler dans fa longueur , & même de le placer à quelque diftanee du bâti-
- C°. S’il faut que fon extrémité fupérieure foit élevée & pointue, ou s’il convient dç la faire baffe & obtufe ?
- 7°. A quelle diftanee s’étend le pouvoir d’un conducteur pour préferver de la foudre ?
- 89. S’il n’y a pas un furpius de précautions à prendre pour des bâtimens d’une nature très-dangéeeufe, tels que des magafins à poudre ?
- Avant de Eéfoudre ces importantes quefo rions , M. Barbier examine de quelle manière les nuées contiennent & lancent le feu éledrique qui forme la foudre. Nous laiffons de coté cette difeuffion intéreffame,mai« qu’on tira avec plaifîr dans l’Ouvrage de ce favant Amateur.
- D d j
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- \ii .. Moyen*
- solution Je Pour affurer entièrement un bâtiment contre queffion?,eM ies ravages de la foudre , il ne fuffit pas, obferve JM. Barbier, que le conducteur qu on y adapte tranfmette la totalité du coup de foudre fans danger pour le batiment ; il faut encore que le condu&eur puiflè foutenir fon effort, & n’en foit point détruit en tout ou en partie : car alors , outre l’inutilité de la dépenfe, une fécondé ex-plofion pourrait caufer au bâtiment tout lé danger dont oh voudrait le préferver. Mais eft-il pof-fible de déterminer la groffeur qui convient à cet effet ? M. Barbier remarque qu’il nous manque
- les dimenfions d’un conduéteur : mais d’après celles
- qu’on a recueillies , il penfe qu’on peut donner un à-peu-près fuffifant pour la pratique.
- On a vu, dit-il, des coups de tonnerre, tombés en différens endroits, & conduits à des dilatances confidérables par des fils de fer de fonnet-tes i qui quelquefois font reftés entiers, quelquefois ont été détruits.
- Dans le petit nombre de relations connues de coups de foudre tombés fur des maifons armées de conduéfceurs, on rapporte que des fils métalliques minces , qui en faifoient partie, ont été fondus ou diffipés. Dans d’autres exemples de ce genre, on a vu des coups de foudre qui paroif-foient de la plus grande violence , traverfer des
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- DE DETOURNE». EA-iFoUDRE."
- conducteurs du diamètre d?une tringle ordinaire,
- & de celui d’un demi-pouce, fans les endommager 'y & l’on n’a point connoiffance que des conducteurs de ce volume aient jamais fouffert de la foudre. Ou ne peut raifonnablement croire que cette dernière dimenfion puiffe fuffire ; & en pouffant la chofe jufqu’au/fcrupule , on pourra être parfaitement tranquille eu donnant un pouce • de groffeur à un conducteur de cette éfpèce.
- Pour qu’un conducteur puiffe tranfmettre en SoInt{on entier une explofion foudroyante , & préferver h fécondé ,/ la- -,r - , (ÿic&ioa.
- complètement un batiment, il raut que rien n y arrête le paffage du fluide éleCtrique, 'SÈ que celui-ci , dès qu’il eft entré dans le conducteur, puiffe le traverfer librement & fe répandre à l’inftant dans . toute la maffe du globe. Or, on fait que l’eau eft un très-bon conducteur, quoiqu’inférieur aux métaux, & la terre étant toujours humide à une certaine profondeur, on a imaginé qu’il fuffifoie que le conducteur communiquât avec cette humidité. Mais, comme l’ofiferve très-bien M. Barbier , une explofion éleCtrique, eii travetfant une couche d’eau très-mince, la diflipe en vapeurs. Il peut donc, arriver qu’une fécondé explofion de la foudre ne trouvant plus l’humidité qui avoit fervi à détourner la première, déploie fon énergie contre ]e bâtiment qu’on vouloit conferver. Cette humidité d’ailleurs, outre qu’elle eft variable, offre
- D d 4
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- MflTir»
- toujours à la foudre un paffage moins libre qu’un grand volume d’eau.
- Lorfqu’il s’agira donc de préferver un -bâtiment d’une certaine importance , je confeillerai toujours , dit ce favant Phyficien , d’obferver
- fcrupuleufement la communication du conducteur avec l’eau. Deux faits, ajoute-t-il, rapportés dans les CEuvres de M. Franklin 3 viennent à l’appui de cette opinion. Dans le premier, le conducteur de M. Weft à Philadelphie, dont l’extrémité s’en-fonçoit de quatre à cinq pieds en terre, ayant été frappé de la foudre , plufieurs perfonnes virent le feu briller fur le pavé autour du conducteur, à une ou deux toifes de diftance; & M. Wèfi lui-même, appuyé contre fon mur à portée du conducteur , reflentit une commotion aflez vive, parce que le feu électrique avoit fouffert , dans fon palTage , un retardement. Le fécond exemple eft celui qui eft rapporté par M. Maine , & dont nous avons parlé précédemment : fon conducteur, qui s’enfonçoit de trois pieds en terre ayant été frappé , on remarqua beaucoup de dégât autour de fon extrémité inférieure, 8c dans la partie des fondations de la maifon qui en etoit proche, dégât qui indiquoit un reflux de la matière du tonnerre, & qui n’eût point eu Jution de ^ con<^u<^:eur eût plongé dans l’eau. *üo°iLfième ^anS ^exemP^e de M. Maine , le conducteur étoic compofé de tringles de fer accrochées les
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- DE DÉTOURNER LA FOUDRE.' 415
- unes aux autres , & contenues de diftances en diftances par des gâches de fer fcellées dans le mur. Or ; oh vie après le coup de foudre , des marques de fufion a fiez conlidérables à tous les joints des crochets. Plufieurs étoient décrochés , & la plupart des gâches étoient ébranlées, & il y eut d’ailleurs plufieurs dégâts caufés principa-' lement par une forte concuflion que ce coup fit éprouver à la maifoh. Le dodeur Franklin attribue ces effets, à ce que le conducteur ne s’en-fjftçoit point dans l’eau, & au manque de continuité de fes parties qui ne fe touchoient que par des points. On fait en effet que fi on conduit une charge d’éledricité par une chaîne, on voit tous les chaînons étinceler & répandre en dehors en éclats une partie de la charge qu’ils ne peuvent parfaitement conduire.
- Toutes les fois donc, dit M. Barbier, qu’on voudra fe procurer le plus grand degré de sûreté poffible » je confeilie d’établir la continuité la plus exacte entre les différentes parties du condudeur. Cela fe fait très-aifément, ajoute-t-il, en coupant en bec de flûte les extrémités de chacune des barres qui le compofent ; en les appliquant l’une contre l’autre, & en les ferrant avec des vis. On peut même, pour plus de précaution, interpofer entre les joints des lames de plomb qui rendront le contad plus parfait.
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- 4** Mot E N S
- Solution de L’abbé Toaldo & plufieurs autres favans £Ie<^ y^”emetriciens, regardent comme une condition pour ainfi dire indifpenfable, d’unir & de lier toutes les parties métalliques qui entrent dans la com-pofition du bâtiment, avec le conducteur ''qui doit le préferver des ravages de la foudre $ ÔC la raifon fut laquelle ils s’appuient, paroît. allez naturelle. Si la foudre, en effet, vient à attaquer, les unes ou les autres de ces parties métalliques , elle fe diffipera facilement & fans càufet aucun dommage, par le conducteur auquel elles feroieut liées. Mais on conçoit en même tems l’inutilité de cette dépenfe & de cette précaution, fi le conducteur eft difpofé de manière que la foudre le rencontre plutôt fur fon chemin que 'toute autre partie métallique faifant- portion du bâtiment. D’ailleurs ces parties métalliques étant toujours comme ifolées , la foudre attaquera le condudeur par préférence.
- Lorfqu’il fera extérieur au bâtiment, la foudre qui viendra de fon côté y entrera fans attaquer des portions de métal qui feroient dans l’intérieur. Ainfi, dans une difpofition de conducteurs , par laquelle ils garniroient à l’extérieur tous les côtés du bâtiment, les parties de métal qui fe trouveroient plus intérieurement, quoique féparées du conducteur , ne feroient point attaquées de la foudre j & même à diftance égaie,
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- DE DÉTOURNER lÀ} FOUDRE.
- elle fe jettera plutôt fur un condudetir continu & qui lui procurera une iffue libre & aifée, que fur un morceau de métal féparé, dans lequel fou mouvement éprouvera de la réfiftance.. Cette précaution , obfetve très-bien M. Barbier, n’eft donc rigoureufement néceffaire que pour les parties métalliques que la foudre peut rencontrer dans fon chemin en fe portant au conducteur, & avant d y être parvenue. 11 eft certain qu alors elle s’y jettera, & que trouvant à leur ififue,une interruption , elle pourra brifer & détruire les corps qui lui barreront le paffage & s’oppoferont à la tendance quelle a naturellement à fe porter vers le conduéteur qui lui offre une iflue libre.
- Le feul motif qui pût porter à ifoler le conduc- Ias^®°èn teur, ce feroit la crainte de l’effet latéral de l’ex- quciHon. plofîon qui le traverfe. On voit, dit M. Barbier, dans les explofîons électriques d’une forte batterie , que quelquefois des corps qui ne font point partie du circuit, mais qui en font très-proches, reçoivent une concuffion fenfible. Cela n arrive que lorfque le circuit n’eft pas parfait, & lorf-que le mouvement du fluide éleCtrique y éprouve quelque réfiftance , qui provient ou de la nature des corps qui compofent ce circuit , ou de leur défaut de capacité : réfiftance qui, en le refoulant , lui fait faire un effort latéral fut les corps . contigus ou très-proches. Mais cet effet n’arrive
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- 4îS M e T I h <
- jus lotfque l’arc du eonduâeiir eft d’qn métal continu, & d’une groffeur fuffifante. De même fi le conducteur deftiné à préferver un édifice pèche par un trop petit volume , par un défaut de continuité , ou pour n'être pas enfoncé juf-quà l’eau, il eft poflible qu’une explofion violente de la foudre produife un effet latéral » qui aille même jufqu’à endommager l’édifice. Ce fut la raifon pour laquelle M. Weji , dont nous avons parlé plus haut ., reçut une commotion, étant appuyé contre un mur à portée de fon conducteur. Ce fut aufli parce que fon conducteur n’étoit point allez continu, que M. Maine éprouva les effets d’une eoneuflion latérale dans les déférentes parties de fon appareil. Mais un conducteur confirait avec toutes les précautions indiquées çi-deffiis , fera en état de tranfmettre librement & inftantanément tout le feu répandu par une explofion de la foudre ; & celui-ci n’éprouvant aucun obftacle dans fon mouvement, ne fera aucun effort latéral, & ne caufera aucune altération aux corps qui environneront le conducteur, & qui lui feronr contigus. Dou il fuit, que la précaution de l’ifoler, lorfqu’il eft bien fait, eft tput-àrfait inutile, & on peut le faire defeendre en dehors ou en dedans du bâtiment félon la commodité.
- d«ufiîdème ^ans cei,:e •<îu6^on> M* Barbier examine s’il
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- de détourker, la 'Foudre. '42$. convient de terminer le conducteur en pointe très-fine & élevée à une hauteur notable au-delTus du bâtiment, ou /S’il vaudroit mieux qu’il fût très-bas & très-obtus. 11 ne fait que déve-lopper ici les obfervations que nous venons de rapporter à ce fujet, 6c auxquelles nous renvoyons le Leèteur. Il ajoute à ces obfervations, quelques expériences particulières qu’il a faites , & qui parodient on ne peut plus favorables au fyftême des pointes. Il en eft quelques-unes tout-À-fait neuves , & dont les réfultats ont quelque chofe d’étonnant j nous nous en tiendrons â ces dernières.
- J’ai élevé , dit-il, fur deux colonnes, dé verre deux tiges de cuivre horifoncales , qui tra-verfoient des canons de cuivre faifant reflbrt, & dont les extrémités qui fe préfentoient l’une à feutre , s’éloignoient ou fe rapprochpient à volonté. Je pouvois garnir ces extrémités d’une boule d’un pouce de diamètre, ou d’une pointe de .cuivre. J’ai fait communiquer une de ces tiges avec la furface extérieure d’un bocal. En appliquant à l’autre tige une des extrémités d’un excitateur ifolé, je pouyois toucher de fon autre extrémité la garniture de la furface intérieure de ce bocal, & faire par conféquent qiie, la totalité de la charge vînt fe préfenter à Tinftant à la fé-paration des deux tiges. J’ai fait, facceflivement
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- M o Y E N S.’
- communiquer le condudeur auquel étoit annexé le bocal, au principal condudeur de ma machine & à fes couffins ifolés , & par cohféquent j’ai chargé la furface intérieure du bocal tantôt pofi-tivement, tantôt négativement j mais toujours au même degré , ce dont je m’aflurois par un élec-, tromètre de M. Henley.
- i?. Lorfque les deux boules fe préfentoient l’une à l’autre, foit 'que le bocal fût éledrifé politivement, foit qu’il le fût négativement, l’explofion les traverfoit à environ huit lignes dé diftance. Un peu au-delà, il ne fe faifoit ni ex-; plofion ni diminution fenfible de la chaTge.
- a°. Ayant laifle la boule du côté qui répon-doit à l’intérieur du bocal, & mis une pointe vis-à-vis à l’autre tige, j’ai éledrifé pofitivement & de manière que l’explofion fut obligée de fortir par la boule & d’entrer par la pointe : l’explofion totale & réunie eut lieu jufqu a la diftance de quatorze & quinze lignes\ pafte ce terme, il n’y . avoit plus qu’un fifflemënt accompagné d’une diffi-patioii graduelle & lente de fa charge fans ex-plofion.
- 3°. J’ai éledrifé, comme ci-devant, en changeant feulement refpedi^ement de place la boule & la pointe , de manière que l’explofion totale fortoit pàr celle-ci & entroit par la première. Cette éxpibfion eut lieu jufqu a la diftance de.
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- trente-quatre lignes , & la difïipàtion graduelle , ne commença qu’à trente-cinq lignerï
- Surpris d’une différence aufïi cohfidérable, la première idée de M. Barbier fut de conclure que leledricité fort d’une pointe avec plus de facilité qu elle n’y entre ; qu’une pointe communiquant à un condudeur éledrifé pofitivement, lance le feu éledrique à une diftance à laquelle cettè même pointecommuniquant à un condudeur .négatif, ne peut l’attirer j qu’une1 pointe préfen-- téè vis-à-vis d’un condudeur négatiflui fournit _l’éledricité qui lui manque à une diftance à laquelle elle ne peut foutirer celle d’un condudeur tpofitif. Cependant comme . dans lés expériences , précédentes le fyftême pofitif étoit le feul qui fût doué d’une éledricité adive , le fyftême négatif -étant,lié .avec la mille du globe, M. Barbier penfa que peut-être cette adivité- agiffoit fur-îa pointe , de manière à lui faire lancer le feu de . plus loin lorfqu’ellé communiquoit à la furface intérieure du. bocal \ que lorfqu’elle1 n-avoir communication qii’avec la furface extérieure & avec •lë magàfîn commun, l’adivité ne fe trouvoit que du côté de la boule, & qu’ainfi la pointe ne poü-; voit point alors déployer en entier fon a&iom Ge fut . . pour vérifier ii cette dernière caufe influoit réelle* ment fur ces phénomènes, qu’il répéta ces expériences en fens inverfe, en éledrifant négativement U
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- M O T B N s
- furface intérieure cie la bouteille; car dans ce cas; l’a&ivité étant du côté de l’éledricité négative , les phénomènes dévoient fe trouver les mêmes s’ils dépendoient de cette activité, & dévoient au contraire être entièrement oppofés s’ils nétoieht produits que par la différence de l’influenae de lele&ticité pofitivê 6c négative fur l’aéHon des pointes.
- 4°. Il éleétrifa négativement ayant pris la pointe du côté de la furface intérieure du bocal, & la boule du côté qui communiquoit à la fur-face extérieure , de manière que le feu électrique fortit de celle-ci pour palier à la première , l’ex-plofion fe fit à-peu-près comme dans le n°. &, c’eft-à-dire, jufqu a quinze ou feize lignes au plus ; & pour peu qu’on augmentât cette diftance , il ne fe faifoit plus qu’une diilipation graduelle, accompagnée de fixement.
- • 5°. En mettant là boule du côté de la furface
- intérieure du bocal & la pointe du côté oppofé, Texplofiou fut comme dans, le n^. j , jufqu’a la diftance de trente-deux à trente-trois lignes.
- M. Barbier allure avoir répété plufieurs fois ces expériences, & que lès réfultats n’ont varié que d’une ou deux lignes au plus, ce qui eft inévitable & ce qui ne change^ rien aux confé-quençes qu’on en peut tirer. Il obferVe très-bien , A cet égard,.que les ditférens diamètres des boules
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- & la finette variée qu’on pourra mettre dans les pointes, pourront apporter encore des différences dans les téfultats de ces fortes d’expériences. D’où il conclut.
- J’ai donc été obligé d’en revenir à ma première idée, & de reçonnoître'qu’une pointe communiquant à un fyftême pofitif, tranfmettra une ex-plofion à une diftance qui eft au-delà du double de celle à'laquelle elle pourra la recevoir lorfqu’elle communiquera à un fyftême négatif} & ce fait, qu’on doit regarder comme nouveau, devient in-' téreflant pour la théorie de l’éleCtricité.
- Ces expériences , comme fobferve très-bien notre Auteur, font voir qu’une pointe qui à peine peut recevoir une explofion fenfible lorfqu’on la préfente immédiatement à un conducteur ou à la garniture d’un bocal éleCtrifé, peut en recevoir une très-forte lorfque celle-ci lui parvient média-tement par l’interpofition d’un arc conducteur. Elles montrent par conféquent la eaufe des ex-plofions fulminantes qui ont fondu ou diflipé des pointes de conducteurs. ,
- Il femble aufli, ajoute-t-il, d’après les réfultats; que de femblables exploitons médiates de la foudre s’élanceront de plus loin fur un conducteur pointu que fur un conducteur obtus ; de plus loin fur le premier lorfque le nuage fera négatif, que lorfqu’il fêta pofitif : & ces expériences femblent
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- offrir la plus fbrre objedion qu’on püUXe faire cannæ fës condudeurs pointus.
- ... Mais H faut obferver, i°. que ces différences de diftances, fi elles ont lieu, doivent être infi-
- ees expériences. : Les portions de nuages interpolées entre la nuée principale & le condudeur, rie peuvent faire que très-imparfaitement là fondion de condudeur. La propagation de lçxplofion s’y fera toujours affez fuccefïïvement , pour que les pointes aient le teins d’exercer la faculté quelles ont d’en diffiper une partie •> & ce qui en reliera.-ayant perdu de fa tenfion , ne pourra plus s’y élancer de fi loin , tandis qu’un condudeur obtus ne caufe aucune diffipation préalable , & reçoit l’ex-plofion dans toute fa force.
- ’ 20. Nous avons vu dans toutes ces expériences , que paffé le terme auquel les pointes peuvent recevoir l’explofion , elles procuraient la diffipation fucceffive de l’éledriciçé, tandis que les boules au-delà du terme de l’explofion n’y caufoient point de changement fenfible.
- 3°. Il eft à croire que cette efpèce d’explofion médiate n’eft pas la plus commune ; que la plupart du tems c eft le nuage même chargé d’éledri-dté ou quelqu’une de fes branches communiquant avec lui, qui s’approche de nos bâtifliens pour les frapper : & l’efficacité des pointes dans ce
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- DE oitOVKV^ *A foUDRE." %t$t dernier cas eft prouvée d’uue manière jnconref-cable. ' ,,//<
- Malgré , cela néanmoins; , M>: Barbier. jnfifie y & avec raifon, fur l’ufagedes condu&eurs poiiv, tus.
- Parts l’application, dit-il, des Condu&eûrs au?: édifices, pn -peut fe propofèc -deux objets i . l’un de préfêryet uniquement un bâtiment de là Foui* dre , ,en offrant à l’explofion qui viendra le frapper un chemin qui, la- conçluife en .entier, dans l'intérieur de .la terre, fans danger ipour Je bâtiment j l'autre, de, diminuer i’éle&ripi tés que, ,çojà-tient. le nuage.: orageux , &.. par conséquent) le danger de fpn:. eçploâon.;&?ê*ue .-pouf les édifices qui entpureiit'. j.ufq.u’â une jçettftiné diftance-Içelui 4ui eft armé. , . J .„.,f ; . ! ^
- Pour rçrnplit- complètement! lô premier objet* j’ufage des pointes n’eft pas néeeflaire. Lorfqu’un édifice fera garni d’un <?onduâ?e»r. -métallique -d’une- capacité fûffifante „bi.en continu ,. en con.-taéfc parfait avec les eaux de l'intérieur du globe* & qui fe:ptéfencera de tous cotés à la foudre de-préférence à toute,autre partie du bâtimenr-quelle qiie vkit la violence du coup qui pourra l’aflailUr , .& quelle que: foit ; la forme du conducteurs pointue;:^ , ce .coup pourra
- bien laiffer quelque trace de;fon entrée dans le conducteur, & quelque marque de fufionj mais E e i
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- Morm
- une fois entré, il traverfera fans effet fenfible & fans danger tout le bâtiment.
- Pourquoi cependant s’en tenir à ce. premier effet, fi fans augmenter les rifques on peut fe promettre de remplir jufqu’à un certain point le fécond, dont l’utilité ne peut être conteftée? or, il n’y a que les pointes qui foient en étât de l'effeCtuer. Un conducteur qui en eft dépourvu •n’a aucune aCtion fur la nuée qui ne fe trouve pas affez à fa portée pour lui donner une explo-
- la nuée , & la dépouillent à une très-grande diftance. M. Barbier en fournit ici une nouvelle preuve dans tin conducteur qu’il a fait élever au-deffiis de fa maifon , qui excède de douze pieds le toit, & qui fe termine par fix pointes ' d’argent de la longueur de fix pouces. Ses voi-fins, nous dit-il, ont vu une flamme au fommet de chacune de ces pointes , dans tin moment ou un nuage orageux , qui d’ailleurs ne fit aucun dégât, palToit par defius.
- Si cependant conformément aux expériences de ce favant Amateur, & que nous avons rapportées précédemment, il peut y avoir des cas où l’explofion d’un nuage orageux atteigne de plus loin un conducteur pointu qu'un autre qui feroit obtus, ces cas ne peuvent être que très-rares 3 8c alors, quelle que foit la forme du ton-
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- duâeur, il fera encore en état de diffiper cette explofion fans danger , & le conduâéur pointu confervera toujours la faculté de diminuer la force de l’explofion en la. rendant fucceflive.
- Qant à ce qqi concerne l’élévation du con-duâeur au-delTus du bâtiment, M. Barbier croit,
- & avec raifon , qu’on fera bien de l’élever autant qu’il fera poffible. Plus il fera élevé , plus il pourra déployer fon pouvoir préfervatif. S’il étoit obtus , il ferait prudent de ne l’élevec qu’autant qu’il feroit néceflàire pour qu’il fe préfentât à la foudre de préférence à toute autre partie du bâtiment ; l’objet n’étant point alors d’aller au devant de l’explolion, mais de lui préfenter feulement une ifliie qui puilfe la tranfmettre directement & fans danger à l’intérieur du globe. Un conducteur obtus préferve le bâtiment auquel il eft adapté , fans augmenter le danger de ceux qui l’environnent j un conduâéur pointu le dir sninue.
- Il n’eft guère poffible de fixer la diftance à la- sotutîoa quelle un conduâéur pointu peut étendre fon dème'2 pouvoir préfervatif : elle dépend d’une infinité de£Ion* circonftances variables j de la grandeur des nuages , de leur éloignement, de la quantité d’éleâri-cité qu’ils contiennent, de leur direâion, de leur mouvement, de la manière félon laquelle ils fe préfentent aux pointes, cat il eft certain Ee ,
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- que l'aCtion des jointes fe trouvé extrêmement diminuée lorfqu elles nefe préfentent point perpendiculairement au nuage orageux , & eeft pôuÉ cette raifon que M. Barbier aeu foin de difpofér lés pointes de fon condudeur de façon quelle* foierit inclinées en différens fens. U eft muni de cinq pointes , comme nous l’avons rapporté ci-deiliis. L’une eft verticale \ les quatre autres font difpofées en croix, faifarit avec la première un ' angle de foixante degrés, pour fe préfenter avan-tageufèment aux différentes directions par lesquelles lès nuages peuvent s’èn approcher. A triefure que ces circonftances feront plus favorables , la protection dès pointes s’étendra plus
- L’accident arrivé le 17 Juin i774àlatnâifoft de M. Richard Hajfendeti , dans le Comté dè Kent, nous prouve qu’il eft dès circonftances où' un feul conducteur ne fuffit point, & qu’il eft important que la pointe foit dans la direction dii nuage orageux, & qu’il foit bien continu.
- La maifon de M. Hajfendèn eft fi tuée fur lè penchant d’une colline, vers, lê couchant. Elle a environ trente pieds de large * qüatânte de long, & quarante de haut. Dans les faces les plus étroites vers les angles, s’élèvent au-deffus du foit les tuyaux de quatre cheminées, à l’un defquels étoit fixé un conducteur, dont la pointe dorée fur-
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- -pàflbit d’environ cinq pieds le fqmfoet de la cheminée. Ce eondudeur confiftait en une barre de fer Conique d’an demi-pouce de diamètre en bas. Elle étoit courbée pour aller joindre un tuyau de plomb qui décharge l’eatt des gouttières. Ce" tuyau fervoit de eondudeur jufqua quatre pieds de diftaftce de terre. A cet endroit ce tuyau étoic replié en dehors* & on y avoic fixé extérieurement une autre barre de fer plus greffe, de trois à quatre pouces en quar.ré, quon avoir fait entrer obliquement jufqué dans/ la terre molle, en l’éloignant de quelques pieds des fondemens.
- L’orage venant du côté de la cheminée, dia-gonalement oppofée à celle qui portait le condudeur , 6c qui en étoit à cinquante pieds ou environ de diftance, le coup s’en élança & la démolit.
- La foudre fe partagea en trois pour fe rendre à des parties de métal. Deux divifions tournèrent autour du toit à droite & à gauche, jufquà ce qu’elles rencontraient les gouttières de plomb , quelles fuivirent enfaite fans laiiTer de trace, excepté des déchiremens, comme il arrive toujours aux endroits où le métal, eft interrompu. Ces deux courans étant- parvenus au tuyau de décharge, le fuivirent jufqu a terre. Seulement pafTant de ce tuyau à la barre de fer qui étoit roiiiiiée, 6c qui lui étant appliquée extérieure-
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- ment, n’étoit pas bien en contad avec lui, il fe fit encore une explofion qui fit un trou dans le tuyau. La troifième divifion defcendit intérieurement le long de la cheminée, & fe jeta fur le fil de fer d’une fonnette , quelle diffipa jusqu’au coté du mur qui répondoit au tuyau qui fervoit .extérieurement de conducteur. Le feu , pour fe rendre à ce condu&eur & fe réunir aux autres courans, traverfa ce mur, qui avoit un pied & demi d’épaifleur , & y fit un trou.
- Or , on voit ici que les circonftances étoient on ne peut plus défavorables. L’orage venoit de côté, dirigé par la colline , & hors d’état de reflentir l’influence de la pointe qui étoit peu élevée & verticale. La foudre rencontra une cheminée qui n’étoit point garantie , & qui étoit trop éloignée du conducteur. Celui-ci n’étoit point fait de parties aflez contiguës les unes aux autres, & cependant fon efficacité fe fit fentir jufqu’à un certain point ; car il conduifit la portion de la foudre qui avoit traverfé le mur, & peut sêtre j vu la violence de ce coup de foudre, que la maifon eut été entièrement détruite fi ce conducteur n’y eût point été.
- Ce que nous en pouvons plus certainement conclure encore, c’eft qu’il elt important, lorf-qu’on veut acquérir le plus grand degré de fureté poflible pour un batiment fort long, d’y -élever
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- DE DÉTOURNER. LA FoUDRB. 44^ une barre pointue à chaque extrémité, & d’établir entr elles une communication métallique.
- Doit-'on prendre plus de précautions encore soiadoa pour des bâtimens d’une nature plus dangereufe, qucf" tels que des magafins à poudre ? C’eft la huitièmetion*
- & dernière queftion que M. Barbier agite , & voici comment il y répond : Pour un bâtiment ordinaire , on Ce contente de donner à la foudre un conduit & une iffiie qui puiflè la tranfmettre jufque dans l’intérieur de la terre. On ne draine point que ce condudeur foit contigu au bâtiment , ou pafle dans fon intérieur. On ne craint pas même de pratiquer quelques légères interruptions , pour obferver la marche & les phénomènes de l’éledricité de l’atmofphère. Mais il n’en eft pas de même des magalins à poudre. La plus petite étincelle éledrique qui éclateroit.dans leur intérieur, pourrait être la càufe d’un accident terrible, & on doit y porter les précautions juf-qu’au fcrupule.
- Lorfqu’un condudeur eft d’une capacité fufE-fante , bien continu , & qu’il plonge exadement dans l’eau, on ne conçoit pas qu’il puifle s’en échapper la moindre étincelle éledrique. Comme cependant cela pourrait arriver par quelque caufe inconnue, dit M. Barbier, il fera , je crois, préférable c)e placer le condudeur extérieurement,
- & d’en établir deux , un à chaque extrémité du bâtiment, conftruits avec toutes les précautions
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- recommandées ci-deffus. Je penfe, ajoute-t-il, qu’ils peuvent fans danger être contigus au bâtiment, & qu’il n’eft pas néceflaire de les établir, comme on l’a propofé , fur des mâts fixés à une certaine diftance.
- Il feroit à defirer que les magafins à poudre n eufient dans leur conftrudion aucune partie métallique extérieure faillante, & expofée par çon-féquent à être frappée de la. foudre. S’il s’en troutoit cependant, il faudroit avoir foin de les réunir au condu&eur par un lien métallique, dont on rendra la contiguité avec l’un & l’autre parfaite.
- En finiflànt cette importante differtation, M. Barbier fait deux obfervations qui méritent de trouver ici leur place.
- ta première eft que les gouttières & les tuyaux de décharge , dont bien des édifices font garnis, forment d’excellens condu&eurs $ qu’il ne s’agit plus que de les rendre bien continus , de les armer d’une pointe dans le haut, & de les faire communiquer avec l’eau dans le bas gpur lès rendre bien parfaits. Ainfi, dit-il, en conftruifant un édifice , on fera bien de difpofer ces gouttières de manière à pouvoir également remplir la double fonûion de conduire les eaux & de décharger la foudre j cela évitera les frais d’une conftruéfcion particulière. Le bâtiment le plus complètement armé feroit celui fur le fommet
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- de dêtournér-, la Foudre.' 44ÿ duquel régnerait tout au long une bâfide de plomb fervant de faîte au toit , communiquant à dé femblables bandes ,- qui en recouvriraient les arrêtes & viendraient aboutir à des gouttières régnant tout autour, & ayant aux angles des chaî-neaux ou tuyaux de décharge qui viendraient juf-qu’à terre. De l’extrémité de ceux-ci on pratique^ roit une communication métallique jufqüal’eau, & au fommet de chaque extrémité du bâtiment on élèverait une barre de fer haute & terminée par plufieurs pointes de métal qui ne pût pas fe détruire ou fe rouiller à l’air.
- La fécondé obfervation èft que lorfqu’on voudra pratiquer un conducteur à un édifice , fur-tout lorfqu’on l’établira pendant l’été , & que fa conftrü&idn exigera le travail de quelque tems ; on fera bien de commencer par fa partie inférieuie , eh prenant depuis l’eau & en remontant. En commençant par le haut , on pourrait craindre qtt’il ne furvînt dans l’intervalle quelque coup de foudre qui frappât la partie fupérieure encore ifolée i & n’endommageât l’édifice*
- En réftéchifïant fut toutes les obfervations que hdus venoils d’indiquer, on ne peut s’empêcher ,de teeonnoître dans leur Auteur un Amateur extrêmement inftruit, pôlfédant éminemment la théorie dé la foudre ÿ & auquel nous ferons re-
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- 444 Moyens
- devables un jour de la tranquillité dont nous pourrons jouir , lorfque nous voudrons mettre en pradqiie les moyens qu’il nous préfente.
- Nous ajouterons cependant à ces obfervalions,' que s’il n’ell pas toujours poffible de faire communiquer le conducteur à une malle d’eau, telle que celle qui fe trouve renfermée dans une citerne , dans un puits ou dans des folles qui régnent allez communément autour des châteaux qu’on voudrait garantir des accidens de la foudre , on pourra dans ces cas fe contenter de faire communiquer ce conduéteur avec la terre humide, par le moyen d’une barre de fer allez profondément enfoncée en terre. Cette communication, nous en convenons , n’eft point auffi bonne ni aufli fure que la précédente ; mais il ferait bien rate quelle ne produisît point fon effet. Or , dans ce cas , nous ne pouvons trop recommander d'éloigner cette barre de fer des fondations de l’édifice. Celles-ci font fouvent baignées d’eau , & il ferait à craindre que la foudre ayant fuivj la barre de fer en terre , ne fe portât par préférence vers ces fondations , & ne fît un très-grand Danger de ravaSe en cet endroit. On fera en fureté à cet dans ®Sar<* en éloignant cette barre à fept ou huit pieds le rems d’o de diftance des fondations. xa^c’ Nous terminerons cet article par une obferva-
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- DE DÉTOURNER. LA FoUDRE.' tîon importante au bien de l’humanité , & nous efpérons que ceux qui la liront ne négligeront point de la faire valoir autant qu’elle le mérite.
- En vain les recherches des Savans les conduiront-ils à trouver des moyens propres à garantir l’hom-, me des dangers de la foudre , s’il néglige d’en profiter , comme il le doit, & s’il fouffre patiemment des pratiques dangereuses & accréditées par l’ignorance du peuple. Le Phyficien, 6c celui qui voudra profiter des relfources que la Phyfique lui offre, fe mettra bien à l’abri d’un coup de tonnerre. Tranquille, fous la fauve-garde de fon. conducteur, il l’entendra gronder fans le craindre; mais qui garantira fa maifon de l’incendie que pourra lui communiquer celle de fon voifin, qui qui ne fera pas prémunie comme la lïenne contre les ravages de la foudre , 6c fur-tout s’il fe trouve dans le voifinage d’un clocher dont les cloches font en branle, tandis qu’une nuée menaçante s’approche & va s’ouvrit fur lui ?
- Si cette pratique , qui n’eft qu’un abus de la piété de nos ancêtres, qui ne fonnoient que quelques momens pour raflembler les fidèles aux pieds des autels ; fi , dis-je , cette pratique peut avoir quelqu’avantage lorfque le tonnerre eft . éloigné, une multitude d’exemples plus terribles les uns que les autres, nous prouvent, fans qu’on daigne y réfléchir, quelle eft pn ne peut plus
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- <U?
- (dangereùfe lotfqu.e la nuée eft peu éloignée. Je p’en citerai que quelques-uns ils feront promptes à éclairer l’homme furun abus auffi pernicieux , & peut-être détermineront-ils enfin ceux qui ont droit d’abolir tout ce qui peut nuire à la fociéré , de bannira jamais cette fatale pratique. Déjà les Officiers du Bailliage de Lan-grès ont rendu une Ordonnance contre elle& un Arrêt du Parlement du zi Mai 1784, homologue & ordonne Inexécution de cette Ordonnance , didée par la fageffe & les lumières des Magiftrats , qui , les premiers , auront la gloire d’avoir veillé au falut de leurs compatriotes , dans une circonftance où il court de fi grands hafards. Gette Ordonnance eff rpoçivée fur les-faits que nous allons rapporter. Le plus effrayant eft configné dans l’hiftoire de PAcadémie des Sciences» pour l’année 1719. Le voici.
- Exemple La nuit du 14 au 15 Avril’ 1718, il furvint cette yéricé. en Baffe-Bretagne un orage extraordinaire. Vers les quatre heures du matin , on entendit trois coups de tonnerre fi horribles, qu’ils firent" frémir les plus Hardis. Dans ce moment, & dans. l’êfpace qui s’étend depuis Landerneau jufqu’à Saint-Paul-de-Léon » le tonnerre tomba fin: vingt-quatre églifes, pu l’on fonnoit pour l’écarter. Des églifes voifines où l’on ne fonnoit point* furent préfervées.
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- DE DÉTOURNER. LA FOUDRE." ^
- Le peuple toujours peuple dans fes réflexions, auffi bien que dans fes pratiques , s’en prit à ce que ce jour-là c’étoit le Vendredi-Saint , ou il n’eft pas permis de fonner, & c’eft à la Phyfique des gens de cette efpèce qu’on s’en tient 1 c’eft entre leurs mains qu’on abandonne le falot de toute une ville ou d’un village !
- y\Ja autre exemple plus récent , & qui s’eft Autre qui pafle fous nos yeux au village Daubigny, eft pùTdu pr£ encore bien propre à nous prouver le danger de cette pratique. Le Dimanche n Juin 1775 > jour de la. Trinité , trois hommes furent tués fous le clocher de cette Paroiffe, lorfqu’ils cher-çhoient à détourner l’orage par le fon des cloches. Quatre enfans qui étoient venus fe mettre à l’abri fous cette tour, y furent également tués ,
- & le village fe vit privé de fept habitans' par rimprudence de trois. Un Phyficien d’Allemagne a. publié depuis peu une differtation très-bien faite fur cet objet, .dans laquelle on lit que dans Tëfpace de trente-trois ans , le tonnerre eft tombé: fur trois cents quatre-vingt-fix clochers,
- & que cent vingt-un fonneurs ont été çués dans leurs fonctions. .
- En voici un plus récent encore , arrivé le 3 Troï/îèmc Août i;784 , en un 'village nommé Treveray -j^cenu8 pluS" près. Ligny en Barrois. Plufieurs orages s’étant portés fur la vallée où eft ficué ce village., le
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- *4»
- M o
- maître d’école & plufîeurs habitans du lieu allé* rent fonner les cloches , malgré les fages repré-fentations du Curé, de M. & Madame la Mar-quife de Cafieja, & de M. Poix, Procureur Fifcal
- de l’endroit. Tandis qu’ils
- la foudre
- tomba fur le clocher , tua un homme , blefla a mort le maître d’école , terrafTa fous la tour deux autres hommes 8c trois femmes j fept malheu-reufes viétimes d’un imbécille préjugé contre lequel on ne peut s’élever trop fortement.
- Article I V.
- Des rapports entre le Magnêtifme ô
- r Electricité.
- Un a beaucoup difputé 8c on difpute encore fur l’analogie, entre la matière éle&rique 8c la matière magnétique. Les uns ont rapporté des faits qui femblent confirmer cette analogie : d’autres fe font pareillement appuyés fur des faits également conftans, 8c qui affignent une différence fenfible entre ces deux matières ; quelques-uns révoquent en doute & s’efforcent de prouver que, malgré la certitude des faits qui femblent démontrer l’identité de ces deux fluides, il n’y a aucune analogie entre le magnêtifme & l’éle&ri-
- cité.
- Dans
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- EtfîRE LE Maô. ET t’itECT.' 449
- Dans cette incertitude , & jufqu’à ce que ce travail ait été fuivi plus particulièrement & qu’on foit à portée de fe décider en faveur de l’une ou de l’autre de ces deux opinions, nous croyons devoir nous borner à la fimple expoiition de ces fortes de faits, fans prononcer fur. une queftion que nous ne croyons pas encore allez approfondie.
- Les preuves que nous avons apportées de la parfaite analogie entre la matière électrique & la matière de la foudre ne 1 aidant aucun doute fur la parfaite fimilitude, fur l’identité de ces deux matières, tout ce que nous dirons ici de la matière ' du tonnerre doit s’entendre pareillement de la matière éleétrique , de celle que nous raf-femblons & que nous accumulons par le moyen de nos appareils. Or , d’après des obfervations qu’on ne peut révoquer en doute & qui jouif-fent de toute l’authenticité polfible, il eft confiant, i°. que la matière du tonnerre communique la vertu magnétique aux corps qui font fufceptibles de cette propriété j i°. qn’elle change les pôles des corps aimantés, comme on peut les changer par le miniftère d’un véritable aimant ou d’un aimant artificiel. Pour éviter une prolixité inutile en cette ocfcafîon, nous nous en tiendrons à un très-petit nombre de faits. Pour peu qu’on foit inftruic des phénomènes que produit le tonnerre,
- F f
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- 4J» Des * A f ,» o «. r s
- on ne doute nullement de la vérité du premier
- donc nous venons de faire mention.
- Un des effets les plus remarquables du tonnerre y dk le P1. Beccaria dans une lettre écrite en Italien fur leleéèncité, c’eft de donner la polarité à une aiguille & à tous les corps qui contiennent un peu de fer , comme les briques , &c. ; Ce en remarquant, ajoute-t-il, de quel côté font tournés les pôles de ces corps, on peut connoître avec la plus grande certitude dans quelle direction le coup a paffé. Jufque-là le P. Beccaria ne nous apprend rien que ce que l’expérience Ce Fobfervation ont confirmé une multitude de fois j mais cet ingénieux Phyficien , fe livrant à fon goût pour les hypothëfes, ajoute ici une conjecture hardie, & dont la vérité mettrait beaucoup de (implicite dans nos idées fur les loix de la Nature, comme le remarque très-bien le D. Priestley dans fon Hiftoire de l’Eleétricité. Paifqu’un coup de tonnerre, dit le P. Beccaria, donne la polarité magnétique, une circulation régulière Ce confiante de toure la maflè du fluide du nord au fud, peut: bien être la caufe première du magné-tifme en général.
- Veut-on un fait inconteftable de cette puif-fance magnétique reconnue dans la matière de la foudre ? en voici un quon lit dans les Tran-fa&ions Philofophiques de Londres. On y lit qu*
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- ENTRE 1E MAC. ET x’ÉlBCT. 4$ K
- 5e tonnerre étant tombé fur la boutique d’un Marchand , il y aimanta plusieurs couteaux qui n’a-voient jamais touché à l’aimant. La matière du tonnerre communique donc la vertu magnétique aux corps fufceptibles de la conrra&er.1
- Ce même phénomène fe fait obferver d’une manière plus générale, mais moins fenfible, dans prefque tous les ferremens placés au-deffus des édifices un peu élevés, lis acquièrent à. la .longue la vertu magnétique, & on les trouve quelquefois changés en véritables aimans. Ce fut ce qu’cn remarqua dans les débris de la croix du clocher de Chartres, qui fut renverfée, vers la fin du dernier fiède, par un ouragan. Ils étoient tous convertis en véritables aimans. Il eft plus que probable que tous les ferremens expofés pendant long-tems aux injures de l’air , nous offriroient de femblables phénomènes, fi on .y faifoit plus d’attention ; & il eft à croire, comme je l’ai déjà obfervé dans mon Traité de l’Ele&ricité , que les barres électriques qu’on élève depuis quelques années au-deflus des édifices , pour les garantit des funeftes effets de la foudre , pourront très-bien acquérir à la longue la vertu magnétique, fe convertir même un jour en de véritables aimants.
- L'expérience que fit anciennement M. de la F f a
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- 451 Des rapports Rire le père, vient à l’appui de cette opinion.' Ayant éprouvé difFérens morceaux de rouille tirés d’anciens édifices , & n’en trouvant aucun qui fût magnétique, il imagina qu’il n’y avoit que deux caufes qui pouvoient produire cet effet ; favoir, la feule difpofition du fer dans l’air , par rapport au tourbillon magnétique de la terre , ou une nature de fer particulière, qui le rendoit propre à fe changer en aimant. Il voulut donc éprouver s’il parviendrait à convertir du fer en aimant. Comme il fa voit que le clocher de Chartres , dont nous venons de faire mention , étoit bâti de pierres de Saint-Leu , il prit un morceau de cette pierre ; &, l’ayant fcié fous un angle d’environ foixante degrés , il l’expofa à l’air félon la dire&ion du méridien. Il fie plufieurs rainures dans ce morceau de pierre, & il inféra dans ces rainures des fils de fer , félon qu’il imagina la direétion de la matière magnétique autour de notre globe , par rapport à notre horizon. Il fit cette expérience en 1695, comme fon fils le rapporte dans un Mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie $ & il recouvrit cette pierre avec l’aurre partie qui en avoit été féparée. Il aimanta quelques-uns de ces fils de fer, qui étoient éloignés les uns des autres d’environ deux pouces. Quelques années après, ôn rrouva, qu’il n’y a.voic que quelques-uns de ces fils qui
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- ENTRE LE Mag. ET l’ÉLECT. 455 fe faftènt rouilles tout-à-fait} mais tous avoient acquis une forre vertu magnétique. "
- Si la foudre , qui attaqua un morceau de fer, lui communique le magnétifme , fi la matière du tonnerre , qui réfide habituellement dans l’atmofphère , produit le même effet à la longue ,
- & magnétife les ferremens qu’elle touche & quelle pénètre , elle a encore la faculté de changer les pôles des corps aimantés 8c de leur faire prendre une direction contraire à celle que l’aimant leur avoit communiquée.
- Parmi la multitude d’exemples que nous pourrions citer en preuve de cette vérité , nous nous en tiendrons aux deux fuivans. On lit, dans le premier volume de la République des Lettres, que les aiguilles d’un vaifTeau Anglois, fur lequel le tonnerre tomba , prirent une dire&ion contraire} 8c que cette direction fut fi confiante qu’on ne pur la changer. Le Pilote reprit, fans s’en apperce-. voir, la route qui! venoit de faire. Il ne fut averti de foh erreur qu’à la rencontre d’un autre vaifïeau , qui lui fit obferver que les pôles de fes aiguilles étoient changés. Il arriva un phénomène à-peu-près femblable, fuivant le rapport du D. Franklin s au vaifTeau du Capitaine Waldel. Celui-ci, dit-il, dans le fécond volume de fes Expériences & Obfervations fur l’Ele&ricité, obferva avant le tonnerre de grofTes lampes, qp’il ap-Ffj
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- 454 ; D E E R À P P O K T S pelle Comaqans ; elles parurent fur les pointes, du haut des perroquets , tour en feu, comme-de greffes torches ; &, après le coup qui furyinc enfuite » les aiguilles de fon vaiffeau perdirent leur direéfcion & leurs pôles furent changés. La matière du tonnerre change donc, comme un aimant pourroit le faire , les pôles des corps aimantés.
- très. Non - feulement Féleéfcricité atmofphérique ,
- eaû celle qui réfide & s’accumule dans l’air ,, produit les deux effets que nous venons d’indiquer ; mais encore celle que nous accumulons dans nos appareils , & qui ne diffère toutefois de la précédente que par la manière félon laquelle nous la raff femblons & nous la dirigeons , en produit de tout-à-fait femblables. Elle procure la vertu magnétique , & elle change les pôles des corps qui jouiffent de cette vertu.
- Avant d’avoir connoiffance des Idées & des expériences de M. Franklin & de M. Wilfon, M. de Bujfon avoir foupçonné qu’on pôurroit communiquer la vertu’ magnétique à des aiguilles de bouflôle , par le moyen d’une forte décharge d’éleéfcricité. Dès 1751, il avoirjprié M. Dalilard de lui faire faire des aiguilles d acier , pour eflayer de les aimanter par ce moyen. Ses occupations ne lui permirent point alors de vérifier ce phénomène , & M. Dalilard, par unes
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- ENTRE LE Mag. ET i/liECT. confédération particulière pour M. dé Bajfon, no voulut point Jui enlever la gloire de cette decouverte, en faifant l’expérience en fon particulier. Les chofes en relièrent lâ jufqu’au commencement de l’année fuivante. M. Dalibard reçut alors le lupplément ou la fécondé partie des Ecrits de M. Franklin ; 8c il y trouva, dans une lettre datée du zy Juin 1751 , que ce cé_ lèbre Phyfideni, ainfi que M. Wïlfon , avoient eu non-feulement la meme idée , «nais qu’ils avoient tenté cette expétience, fans fuccès à la vérité entre les mains de M. Wilfon , parce qu’il avoir opéré fur de trop grofTes maffes , & qû’il faut une charge prodigieufe dele&ricité pour produire ce phénomène d’une manière fen-fible. Mais M. Franklin y étoit heurenfement parvenu. Cette nouvelle piqua la curiofité de M. Dalibard, & il ne crut pas devoir attendre plus long-tems pour répéter cette expérience. U fit auffi-tôt atmer , nous dit-il, une grande cucar-bite dé verre } c’eft-à-dire , qu’il la fit garnir d’é-taîn en-dedans &c en-dehors : il la joignit à un grand matras femblabiement garni ; & , ayant pris une aiguille de bouffoie, dont il ôta la chappe, il la mit entre deux lames de verre, l’une pins longue, l’autre plus courte, afin que les deux bouts de l’aiguille excédaient cette dernière , & meme la première, par lune dé fes extrémités.
- E f4
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- R T B
- 45* Dis r A p p o Pour affermir ces trois pièces , il les renferma dans une petite prelfe , & il difpofa le tout de façon que l’aiguille touchât par un de fes bouts une feuille de métal fut laquelle les deux vafes étoient pofés. Ayant enfuite chargé ces deux vafes enfemble , & achevé le cercle par le moyen d’un fil de fer , qui faifoit l’office d’excitateur, il appuya l’une des extrémités de ce fil fur le bout de l’aiguille, du côté où elle ne communi-quoit point à la garniture extérieure des vaif-feaux} il tira le coup fulminant, qui pafla par la longueur de cette aiguille.
- Ayant enfuite démonté l’appareil, M. Dalibard rajufta la chappe , & fufpendit l’aiguille fur fon pivot : abandonnée à elle-même, elle prit fa direction nord & fud , & elle fut vivement attirée par un fer qu’il lui préfenta. En un mot , elle fut très-bien aimantée.
- Sur-le-champ cet ingénieux Phyficien effaya d’en changer les pôles-,, en lui faifant fubir un nouveau coup foudroyant en fens contraire j & cette fécondé tentative ne lui réuffit pas moins bien que la précédente. Il répéta plufieùrs fois la même expérience , & toujours avec le même fuccès. L’aiguille, dit-il, conferva la vertu magnétique pendant plufieurs mois, mais il ne fut pas long-tems à s’appercevoir que fa force dimi-nuoit imperceptiblement.
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- ENTRE LE MAG. ET l’ÉLEÇT.' 457
- M. Dalibatd aimanta encore deux autres aiguilles , qui lui parurent néanmoins çonferver leur force magnétique ,, & il y avoit déjà plu-fieurs mois quelles avoient été foumifes à cette opération. Ce célèbre Phyficien rapporte à ce fujet une obfervation, qui s’accorde parfaitement avec celle du P. Beccaria. Il a toujours remarqué , nous dit-il, que fous quelque dire&ion que fuflent pofées les aiguilles , lorfqu’il leur coni-muniquoit le coup foudroyant le bout par lequel le feu éleétrique étoit entré , s’eft toujours dirigé vers le nord , & que celui par lequel la matière électrique s’étoit diflipée pour palier à la furface extérieure des vaïffeaux , s’eft conftam-ment dirigée vers le fud j & conféquemment toutes les fois qu’il a voulu changer les pôles d’une aiguille aimantée de cette manière , il n’a eu qn’à changer le côté par lequel il lui avoit communiqué la commotion. M. Franklinn’avoit point encore fait cette obfervation , lorfque M. Dalibard lui en fit part. 11. avoit même alors une idée bien différente. 11 prétendoit bien à la vérité que le choc ou la commotion donnée par quatre grands vafes de verre , en forme de jarre, à une fine aiguille à coudre & flottante fur l’eau ( car c’étoit de cette manière qu'il faifoit l’expérience ), lui imprimoit la vertu magnétique : mais il affu-roic en même tems que fi l’aiguille étoit pofée
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- 45* R A P # o K r s
- eft& oueft, dans le teins qu’elle étoit frappée* le bout par lequel le leu éle&rique étoit entré, fe tournoie aunord. Au contraire ,difoit-il }_ fr cette aiguille croît pofée nord & fod, îe bout qui étoit vers le nord , continuoit à fe diriger de ce côté , foit que le feu fôc entré de ce côté ou du côté oppofé. Trop ami cependant de la vérité pour foutenir fon opinion y M. Franklin convint de bonne foi que fes observations pouvoient bien n etre pas abfolument exaâes x ce fujet, n’ayant pas eu le teras de répétés plusieurs fois ces fortes, d’expériences*
- opinion H paroilfoit naturel , d’après dès faits auffi po-le ütifs que ceux que nous venons de rapporter , m^Béâfnie. gU»on en conclue une parfaite analogie, ou au - moins une analogie^ alTez bien établie,, entre le magnétifme SC le fluide éle étriqué , & ce fut l'opinion , ou mieux la conduite n , que M. Da~ libard crut devoir tirer de fes expériences ; & il né craint point d’aflurer que le magnétifme a ejt qu’un effet de la matière éMclrique.
- Quoiqu’cgalement perfuadé de la vérité 8c de la certitude des memes faits, M. Franklin eft bien éloigné d’en déduire la même conclufion. Voici de qnellq manière il s’exprime à ce fujet dans une lettre qu’il écrivit, le io Mars Ï773 , à M. Barbeu-Dubourg , Médecin de la Fàculté de Paris ., qui s’étoic chargé de traduite * & qui a
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- ENTRE 16 MAG. ET t^ÉtÉCT. 45^ effectivement très-bien traduit les Ouvres de ce célèbre Phyficien.
- Quant au magnétifme , dit-il , qui femble produit par réie&riciré , mon opinion àCtueüe eft que ces deux puiffances n’ont aucun rapport l’une à l’autre , & que la production apparente q« magnétifme n’elî qu’accidentelle. Voici * ajoute-t-il ,, comment on peut l’èxpliquer.
- i°. La terre eft «n grand aimant.
- 2°. Il y a un flui