Traité théorique et pratique de l'impression des tissus
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- BIBLIOTHÈQUE
- DES
- ARTS INDUSTRIELS
- PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES
- »!•: LA SOCIÉTÉ D'EKUOLBACiFJIEIT
- pour l’industrie nationale.
- ARTS CHIMIQUES.
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- l'avis, Imprimerie de Bourgogne et Martinet, rue Jacol> 50,
- a
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- TRAITE
- fH K OR TOI) K ET PRATIQUE
- DES TISSUS
- J. PERSO Z,
- Professeur à la Faculté des Sciences de Slrns'Muirg. pi ofes.ciir-directem de l’Ecole de pharmacie de la même vil!
- OUVRAGE
- AVEC 105 FIGURES ET /|29 ÉCHANTILLONS INTERCALÉS DANS LF. TEXTE,
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- PARIS.
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- 3 H lü>
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- TRAITE
- THÉORIQUE ET PRATIQUE
- DE L’IMPRESSION
- DES TISSUS.
- QUATRIÈME PARTIE.
- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- INTRO DUCTION.
- Au premier abord, rien ne paraît plus simple que la marche à suivre dans l’exposition des procédés de fabrication ; celle-ci se décomposant en genres , § Z|88 , il semble qu’il n’y ait qu’à développer successivement les méthodes applicables à chacun de ces genres , et c’est, en effet, l’ordre que nous suivrions , si nous n’avions à envisager la fabrication qu’au point de vue mécanique, mais la tâche que nous nous sommes imposée de toujours partir soit des phénomènes généraux pour arriver aux détails, quand l’exposition de ceux-ci gagne à être précédée de ceux-là, soit du simple pour arriver au composé, nous fait une obligation de nous en écarter, au moins momentanément , et il ne nous sera pas difficile d’en faire comprendre le motif.
- Si, par exemple , nous commencions par examiner le genre fond blanc dans tous ses détails, bientôt nous aurions à parler de faits encore inconnus, d’agents dont nous ne pourrions discuter et apprécier le rôle qu’en nous jetant à chaque pas dans des digressions nouvelles. Dès le second paragraphe,
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- ni.
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- DE LA FBR1CATI0N EN PARTICULIER.
- nous arriverions aux genres fonds blancs enlumines, bleu bon teint; et alors de deux choses l’une : ou nous donnerions sous forme de recettes les procédés employés pour la fixation du bleu, ou nous entrerions dans les détails théoriques de cette couleur , et nous serions par conséquent obligé de nous arrêter pour faire connaître les conditions auxquelles l’indigo peut être imprimé et adhérer solidement au tissu. A ces deux marches également défectueuses , nous avons dû en préférer une autre qui consiste à étudier préalablement les divers genres 'primordiaux,, pour passer ensuite à ceux qui résultent de leur combinaison , en sorte que les fonds blancs enluminés en bleu solide ne nous occuperont que lorsque nous serons déjà fixé sur la fabrication des genres fond blanc garance, et fond blanc bleu solide , parce qu’en définitive la fabrication d’un fond blanc ga-rancé enluminé bleu solide n’est que la fabrication réunie de deux genres élémentaires [fond blanc garance et fond blanc bleu solide ).
- Nous diviserons donc l’étude de la fabrication en particulier en trois sections.
- La première sera consacrée à l’exposition de tous les genres auxquels peuvent donner lieu toutes les couleurs connues déposées sur les tissus, soit en impression fond blanc, soit en fond couvert avec impression blanc réservé ou enlevé, et , comme cette étude nous conduira à traiter des applications des matières colorantes en particulier, nous ferons connaître dans quelles circonstances et moyennant quels agents elles peuvent à leur tour faire fonction de couleurs enlevage et de couleurs réserve, en indiquant les tissus avec lesquels elles s’unissent de préférence.
- Dans la seconde, tous les éléments de la fabrication nous étant connus, nous rentrerons dans la classification présentée § 488, et nous examinerons les genres composés résultant de la combinaison de tous les genres élémentaires et de tous les effets qui ont été obtenus.
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- INTRODUCTION. S
- Dans la troisième, nous traiterons des couleurs dites de conversion.
- PREMIÈRE SECTION.
- § 546. Trois subdivisions sont à établir dans cette section, la première comprenant les couleurs qui se fixent par voie humide sur le tissu ; la seconde, les couleurs qui se fixent par teinture sèche ou à la vapeur 5 la troisième, les couleurs dites d’application , qu’elles soient ou non rendues adhérentes au tissu par des corps glutineux, gras ou résineux.
- La première de ces sous-divisions se composera de deux chapitres consacrés, le premier, aux couleurs qui se fixent au tissu sans le concours des mordants, le second, à celles , au contraire, qui n’y adhèrent que moyennant l’intervention de ces auxiliaires.
- La seconde de quatre, qui traiteront de la fixation des couleurs par le moyen de la vapeur, le premier , sur les étoffes de lin et de coton, le second sur les étoffes de laine, le troisième sur les étoffes chaîne coton, le quatrième sur les tissus de soie.
- La troisième de deux, le premier relatif aux couleurs d’application simple, que l’eau peut toujours enlever, le second aux mêmes couleurs rendues adhérentes mécaniquement.
- SECTION PREMIÈRE. -- PREMIERE DIVISION.
- § 547. Comme dans cette section nous sommes appelés à étudier , à l’occasion de chacune des matières colorantes qui nous occuperont en particulier, la manière dont on produit avec elle sur l’étoffe qui en est recouverte , soit des impressions réserve , soit des impressions enlevage , nous pensons qu’il est utile, pour éviter des répétitions et pour faire saisir le sens des expressions dont nous nous servirons, de définir ce que l’on doit entendre par ces mots :
- Blanc réserve. Enlevage blanc.
- Blanc résiste. Absorbant blanc.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Mastic blanc. Couleur réserve. Couleur résiste. Couleur mastic.
- Rongeant.
- Couleur enlevage. Couleur absorbante.
- ou rongeante.
- Toutes ces expressions, en usage dans les ateliers d’impression , ont souvent la même signification ; mais nous ne nous astreindrons point à un pareil caprice , et nous adopterons celles qui nous semblent les plus convenables, réserve et en-levage , laissant de côté toutes les autres qui peuvent induire en erreur par l’abus qu’on en fait, puisque des mêmes fabricants qui parlent, l’un d’un rouge rongeant, l’autre d’un rouge résiste, l’autre enfin d’un rouge réserve, entendant, par ces troisdénominations , un rouge qui fait réserve sous telle ou telle couleur, diront souvent qu’ils ont imprimé un rongeant sur un mordant pour produire , par exemple, un dessin blanc, en employant ici ce mot dans une acception toute différente, puisqu’il s’agit d’un enlevage.
- En faisant précéder le mot réserve ou le mot enlevage de celui qui exprime la qualité des couleurs qu’on veut réaliser à l’impression , et en y ajoutant le nom de celles sur lesquelles on veut agir, on fait disparaître toute ambiguïté. Ainsi on aura
- Pour les réserves :
- Blanc réserve sous bleu,
- Blcmc réserve sous violet garancé,
- Blanc réserve sous rouge , etc.,
- Blanc réserve sous enlevage blanc sur mordant,
- Rouge réserve sous violet,
- Rouge réserve sous bleu de Prusse,
- Rouge réserve sous bleu de cuve , etc.
- Pour les enlevages :
- Blanc enlevage sur mordant de fer,
- Blanc enlevage sur mordant d’alumine,
- Blanc enlevage sur bleu de cuve,
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- INTRODUCTION.
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- Blanc enlevage sur bistre (sur oxide manganique),
- Blanc enlevage sur couleur de fantaisie,
- Rouge enlevage sur bleu de cuve,
- Rouge enlevage sur bistre,
- Rouge enlevage sur rouge turc,
- Jaune enlevage sur rouge turc,
- Jaune enlevage sur bleu de prusse ;
- expressions ayant toutes un sens bien déterminé , qui rappelle avec les qualités des couleurs les fonctions qu’elles sont appelées à remplir.
- D’autre part, comme il est des substances qui peuvent faire fonction à la fois de réserve et d’enlevage, nous dirons :
- Blanc réserve enlevage avec mordant de fer,
- Blanc réserve enlevage avec mordant d’alumine,
- pour indiquer les préparations qui , appliquées sur la toile blanche , s’opposent à la fixation des mordants ou qui, imprimées sur une toile recouverte de mordant, font disparaître la couleur de tous les points qu’ils touchent. L’acide citrique est précisément dans ce cas : imprimé en réserve sur un tissu, il produit du blanc sous les mordants d’alumine et de fer dont on le recouvre , et il en produit encore quand on l’imprime sur une toile recouverte de mordant qu’il ramène à son état primitif en s’emparant des oxides qui la recouvraient.
- Examinons maintenant si les réserves sont toutes ou non de même nature et quels sont les corps qui peuvent les produire ; nous procéderons ensuite à la même étude pour les enlevages.
- Les qualités essentielles de toute réserve pour blanc sont :
- 1° De s’opposer sur tous les points où elle est appliquée à la fixation d’une couleur, mais sans perler le moindre préjudice au tissu, sans modifier les allures de la matière colorante, sans, par conséquent, en empêcher la fixation sur les points non réservés.
- 2° De pouvoir être facilement enlevée une fois qu’elle a ?,c-
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- 6 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- compli son rôle, en laissant les parties blanches et aigres qu’elle a recouvertes dans leur état primitif.
- C’est de l’Inde et de la Chine que nous est venu l’usage des réserves. Dans ces pays, pour produire des dessins blancs sur des toiles qu’on doit recouvrir uniformément de couleur, on les trace à la cire fondue avant de passer le tissu dans le bain de teinture, puis, la teinture achevée, pour faire reparaître le blanc, on fait circuler les pièces dans un vase d’eau portée à l’ébullition , où la cire, en se fondant, se détache de l’étoffe et vient surnager à la surface du liquide. Telles sont les réserves qu’on a d’abord employées, mais la dépense qu’elles occasionnaient y fit bientôt renoncer. 'Celles dont on se sert de nos jours sont de plusieurs espèces, qu’on peut ramener aux trois groupes suivants :
- Réserves mécaniques , chimiques, physiques.
- Par réserve mécanique, nous entendons toute préparation qui a pour effet, lorsqu’elle est imprimée sur une étoffe, de faire corps avec elle sans pouvoir être ni détachée, ni traversée, du moins à la température ordinaire, par le liquide dans lequel la teinture s’opère. On conçoit que ces réserves doivent avoir essentiellement pour base des résines, des corps gras , des huiles grasses , essentielles , ou bien encore des corps qui ne se dissolvent qu’à chaud.
- Upe réserve chimique est toute substance qui, imprimée sur une étoffe mais sans y être adhérente , possède la propriété ou de précipiter la matière colorante et de la rendre insoluble , ou d’en masquer les allures. Le nombre de ces substances est très grand et peut encore s’accroître considérablement; toutefois toutes n’agissent pas d’une manière identique avec la même matière colorante : il en est qui la détruisent ou l’altèrent au moment où elle vient à les recouvrir; d’autres ne font que s’y combiner, ou ne s’emparant que de l’un de ses éléments précipitent l’autre.
- Quelques exemples ne seront pas inutiles pour faire com-
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- INTRODUCTION.
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- prendre ces différences. Qu’on imprime sur une toile un sel à base d’oxide mercurique, sur. une autre de l’arséniate potassique, et qu’on les passe l’une et l’autre dans une cuve d’indigo, le bleu ne prendra sur aucun point de l’étoffe qui aura été touché par les sels ci-dessus , parce qu’il est précipité aussitôt qu’il est en contact avec eux, §§ 365-B91 ; mais il y aura cette différence que , dans le premier cas , l’indigo se sera oxidé et aura réduit l’oxide mercurique, tandis que dans le second, simplement déplacé, il aura conservé son état primitif. Dans le choix de ces réserves on doit consulter :
- 1° Le degré de résistance qu’elles doivent opposer à la couleur dont on veut les recouvrir ;
- 2° La manière dont elles se comportent en présence des parties sur lesquelles elles sont imprimées ;
- 3° La facilité plus ou moins grande avec laquelle elles disparaissent ;
- l\° Enfin, le rôle acide ou basique de la couleur à réserver. Est-elle acide, la réserve devra être alcaline; elle devra être au contraire acide si la couleur est basique.
- Dans les réserves physiques, nous comprenons les substances insolubles qui, en contact avec le tissu,'manifestent une attraction capillaire telle, que la fibre textile ne peut lui disputer le pouvoir qu’elles ont de s’imbiber. Ainsi, qu’on dépose de la terre de pipe sur un point d’une étoffe, 1r couleur dont on recouvrira ensuite uniformément celle-ci n’en atteindra que difficilement les parties abritées par la terre de pipe qui l’absorbera en vertu de son pouvoir happant. Ce genre d’action physique est bien connu de plusieurs fabricants , qui le mettent à profit pour prévenir le coulage d’une matière colorante qui pourrait endommager les parties blanches d’un tissu, dont certains points seulement doivent être soumis à l’action ^ d’un bain de teinture. (Voyez Bleu fayencé.)
- Il est rare qu’on emploie des réserves essentiellement mécaniques, chimiques ou physiques ; ordinairement on fait con-
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- 8 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- courir les éléments de chacune d’elles à la réalisation du but qu’on veut atteindre, et la raison en est bien simple. Veut-on employer une réserve purement mécanique , il est souvent très difficile de la faire disparaître , en sorte que les couleurs ont à souffrir des opérations qu’on fait subir au tissu pour le nettoyer. Imprime-t-on une réserve essentiellement chimique , il peut arriver qu’elle se maintienne mal sur les points mêmes où elle a été déposée, qu’elle détermine des coulages et s’oppose ainsi à la netteté de l’impression. Dans le premier cas , on diminue autant que possible l’effet mécanique d’une réserve , et, en l’appuyant d’un effet chimique, on lui conserve ses qualités essentielles; dans le second, pour prévenir le coulage, on fait intervenir un élément mécanique ou physique qui, en rendant l’élément chimique ou moins soluble ou moins disposé à s’étendre, conserve à l’impression toute sa netteté.
- Quant aux couleurs réserves , elles doivent posséder les qualités essentielles aux préparations qu’on imprime comme blanc réserve , et l’élément réservant ne jamais faire obstacle à la combinaison de la couleur. Elles.appartiennent le plus communément au groupe des réserves chimiques.
- Les mots blanc enlevage sur telle ou telle couleur indiquent une action par laquelle une substance imprimée sur une étoffe recouverte d’un mordant ou d’une couleur , fait disparaître l’un ou l’autre en mettant le tissu en liberté et en laissant ainsi apparaître l’impression d’un dessin blanc. La qualité essentielle d’un blanc enlevage appartient donc à toute substance qui, soit par une combinaison pure et simple avec la matière fixée à l’étoffe , soit par des altérations qu’elle lui fait subir, l’amène à un état tel, que non seulement elle ne peut plus adhérer au tissu, mais encore en est enlevée par des lavages à l’eau au point qu’on n’v retrouve plus trace de son passage, même à la suite des réactions ultérieures qu’on est dans le cas de produire sur les parties blanches.
- Les matières qui remplissent ces fonctions ne sont et ne
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- INTR0DC CTION.
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- peuvent être de même nature ; car quatre cas généraux se présentent : on peut avoir à former un enlevage qui agisse :
- 1° Sur un mordant ou sur des oxides métalliques 5
- 2° Sur une matière colorante organique qui s’est fixée au tissu sans le concours d’un mordant ;
- 3° Sur une matière colorante unie à un mordant;
- h° Sur des composés colorés inorganiques.
- Les substances employées dans le premier cas sont celles qui, faisant fonction d’acides , et pouvant par conséquent s’unir aux oxides, jouissent de la propriété toute spéciale de masquer et de rendre insensible aux agents sous l’influence desquels on opère, la base qui est entrée en combinaison avec eux , § 275. Trois acides organiques , les acides tartrique, citrique et oxalique , sont particulièrement à noter sous ce rapport ; ils remplissent deux et quelquefois trois fonctions qu’il 11e faut point confondre :
- La première, c’est de pouvoir agir sur l’oxide fixé à la toile, l’attaquer et former avec lui une combinaison saline ; mais ce pouvoir ne se rencontre pas au même degré dans ces trois composés, qui, à cet égard, se rangent ainsi : l’acide oxalique en première ligne, l’acide citrique en seconde, l’acide tartrique en troisième. Il est des acides inorganiques, comme l’acide sulfurique, l’acide nitrique et le chloride hydrique , qui, dans une foule de circonstancss, agissent avec plus d’énergie, mais aussi qui sont plus sujets à déterminer l’altération du tissu.
- La seconde, c’est de masquer la base à laquelle ils se sont unis au point d’en prévenir toute combinaison ultérieure avec le tissu. Sous ce rapport, les trois acides organiques ci-dessus prennent un autre rang : les acides tartrique et citrique, une fois appliqués sur une étoffe recouverte d’oxide (mordant ou couleur ), se combinent à ce dernier d’une manière si intime que, quelle que soit l’influence à laquelle on soumette l’impression , l’oxide une fois uni à l’acide tartrique ne peut plus rentrer en combinaison avec l’étoffe ; l’acide oxalique vient après eux,
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER
- et se maintient même à une certaine distance par une propriété qui lui est particulière et qu’il faut bien se garder de négliger. Dès les premiers moments de son contact avec l’oxide déposé sur l’étoffe, il le dispute à celle-ci et le lui enlève ; mais à la longue, ou plus promptement par l’effet de la chaleur ou l’influence des rayons solaires, en perdant de son énergie, il restitue une partie de l’oxide à l’étoffe.
- Les acides minéraux ne masquent jamais les oxides ; dès l’instant que les composés auxquels ils donnent lieu se trouvent en contact avec des eaux capables de les saturer, il y a précipitation d’oxide et combinaison de ce dernier aux parties de l’étoffe avec lesquelles il se trouve en contact.
- La troisième, qui est exceptionnelle, consiste à déterminer préalablement une altération réciproque des éléments qui se trouvent en présence pour donner lieu ensuite aux mêmes phénomènes que ci-dessus; ainsi, quand on imprime de l’acide tartrique sur une toile recouverte de suroxide manganique, il y a destruction mutuelle de l’acide tartrique et du suroxide , puis action ultérieure de l’acide tartrique non décomposé sur l’oxide manganeux qui s’est formé.
- Pour produire des enlevages à l’aide de ces acides , on a surtout égard à la manière dont ils attaquent et masquent les oxides. Les acides tartrique et citrique n’exercent-ils pas une action assez prononcée, on fait intervenir l’acide oxalique et, au besoin, les acides minéraux ou le bisulfate potassique. Comme les acides tartrique et citrique sont doués d’une assez grande énergie pour agir sur des mordants d’une certaine force et que d’ailleurs ils masquent les oxides, on peut les employer seuls; les autres acides, au contraire, bien que plus puissants, réclament presque toujours leur concours pour enlever à la base, qui passe alors à l’état salin, toute disposition à contracter de nouvelles combinaisons avec l’étoffe.
- A ces acides, qui, employés d’une manière rationnelle , laissent le tissu parfaitement intact et pur, on substitue quelquefois
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- INTRODUCTION.
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- des composés réducteurs d’un autre ordre, mais qui, sans laisser de traces visibles de leur présence , se fixent néanmoins en assez grande quantité pour que l’étoffe imprimée d’un pareil enlevage ne puisse plus être passée dans un bain colorant sans attirer à la teinture ; le chlorure stanneux est un de ces composés. Qu’on imprime concurremment sur du calicot saturé de mordant de fer , du. jus de citron d’une part, du chlorure stanneux d’une autre ; l’un et l’autre de ces corps produira un en-levage blanc, parce que le fer disparaîtra d’un côté à l’état de citrate soluble , inattaquable aux eaux calcaires dans lesquelles on lavera l’étoffe , d’un autre à l’état de chlorure ferreux. Mais si le fer disparaît par l’action du chlorure stanneux, il n’en est pas de même de l’étain. La présence delà plus faible proportion de carbonate dans l’eau et la décomposition que le chlorure éprouve déjà par lui-même en présence de ce véhicule font toujours adhérer au tissu quelques parties d’oxide stan-nique qui, pour être invisibles à l’œil, n’en existent pas moins. En effet, quand on passera à la teinture cette étoffe, qui offre des impressions également blanches sur tous les points enlevés, les parties blanches produites par le chlorure stanneux attireront la matière colorante en proportion correspondante à l’oxide stannique fixé, tandis que celles qui auront été réalisées par l’acide citrique resteront intactes, pourvu que toutes les précautions indispensables aient été prises.
- Les substances employées dans le deuxième cas , où il est question de l’enlevage d’une matière colorante fixée sans mordant, ne sont point de même nature que celles dont il vient d’être question, c’est une destruction qu’il faut réaliser, et l’on y parvient par l’intervention des agents énergiques qui fonctionnent directement ou indirectement comme agents oxidants, § 359. Les corps de cette catégorie qu’on a utilisés jusqu’à présent sont :
- 1° Les combinaisons formées par l’acide chromique, et spécialement le chromate potassique ; 2° le chlorure de chaux ; de
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- 12 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- là les expressions consacrées dans les fabriques d’enlevage au chromate, d’enlevage à la cuve décolorante, à la cuve au chlorure de chaux.
- Nous aurons bientôt occasion d’entrer dans tous les détails de ces opérations, les échantillons sousjes yeux; par conséquent , nous nous abstiendrons pour le moment de nous étendre sur ce point ; nous dirons seulement qu’on ne peut se servir de l’acide chromique comme agent décolorant, sans faire intervenir un autre acide capable de masquer l’oxide chromique, qui prend naissance alors et fonctionne comme mordant, § 481, p. 198. Deux choses sont donc à considérer dans l’emploi de ce corps : 1° le choix des substances qui par leur concours provoquent l’altération mutuelle la plus rapide et la plus complète de l’acide chromique et de la matière colorante ; 2° l’espèce d’acide la plus propre à prévenir la fixation de l’oxide chromique, produit constant de ce genre d’altération.
- Les substances qu’on emploie dans le troisième cas, celui où il s’agit de produire des impressions blanches sur des couleurs formées de matières colorantes unies à des mordants, sont toujours celles dont on fait usage dans les deux cas précédents (enlevage sur mordant et enlevage sur matière colorante), savoir, un élément déplaçant et masquant : les acides tartrique, citrique et oxalique, et un élément oxidant ou destructeur de la matière colorante : les dérivés de l’acide chromique et du chlore.
- Les substances qu’on fait intervenir pour réaliser en blanc l’enlevage des couleurs métalliques varient avec la nature de ces couleurs, et le choix en est déterminé par les propriétés de celles-ci; il n’en sera donc question qu’au fur et à mesure que nous aurons à parler de l’usage qu’on en fait.
- Des couleurs enlevage. Le nombre de ces couleurs n’est pas à beaucoup près aussi élevé que celui des préparations blanc enlevage , car les réactions auxquelles on a eu jusqu’ici recours se bornent :
- Tantôt à des substitutions de mordants et de matières colo-
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- INTRODUCTION.
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- rantes ; c’est ainsi que toutes les couleurs qui renferment du chlorure stanneux en excès, appliquées sur des tissus recouverts soit de suroxide manganique, soit d’oxide ferrique, soit enfin de couleurs à base de mordant de fer, telles qu’olive, gris, noir, etc., font disparaître, pour les remplacer, toutes ces combinaisons colorées, en agissant sur le composé manganique ou sur les composés ferriques, comme s’ils étaient libres ;
- Tantôt à des altérations, et dans ce cas la couleur enlevage ne peut se composer que de mordant ou de couleur métallique, attendu qu’elle n’apparaît sur le tissu que par l’intervention d’un agent destructeur qui fait partie d’une classe de substances dont le nombre est très limité. (Voyez Bleu et jaune enlevage sur rouge turc ; rouge enlevage sur bleu, ou lapis enlevé).
- La découverte des moyens d’enlever des parties blanches sur des mordants et de réaliser ainsi des impressions en dessins plus ou moins variés, a été un des plus grands pas faits dans l’impression des tissus ; elle est due à J. M. Haussmann, qui a publié les travaux les plus intéressants sur les principales branches de l’art qui nous occupe , et dont le nom rappellera toujours un de ces hommes qui ne cherchent d’aulres récompenses des services qu’ils rendent à leur pays , que la satisfaction qu’ils éprouvent chaque fois qu’ils trouvent l’occasion de lui être utile ; mais les impressions enlevage sur tissus teints particulièrement en rouge n’ont pas eu moins d’importance, et il est glorieux pour l’Alsace d’avoir vu naître l’auteur de cette belle et utile découverte.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- CHAPITRE PREMIER.
- DES GENRES QUE FORMENT LES COULEURS QUI SE FIXENT PAR VOIE
- HUMIDE ET SANS LE CONCOURS DES MORDANTS.-GENRES SIMPLES
- DÉRIVANT DE L’APPLICATION. DE L’iNDIGO, DU CARTHAME, DU CUR-CUMA , DU CACHOU , DES OXIDES FERRIQUE ET CIlROMIQUE , DES SUROXIDES MANGANIQUE ET PLOMBIQUE , ET DU SULFIDE ANTIMO-NIQUE.
- GENRES DÉRIVANT DE l’aPPLICATION DE L’iNDIGO.
- § 548. L’indigotine, qui se trouve dans une infinité de plantes, § 379, se trouve être une des premières matières qu’on ait employées pour réaliser des figures sur les tissus. D’une part, l’habitude qu’ont eue de tout temps les Indiens de se teindre les cheveux et de se colorer le visage avec le suc des plantes du genre indigofera , de produire des figures par des réserves à la cire sur des tissus teints de la même manière ; d’une autre , la coutume des Germains , qui, au dire d’Ovide, se frottaient le visage du suc de l’Isatis pour faire peur à leurs ennemis, démontrent combien est ancien l’usage qu’on fait de cette matière colorante ; cependant, en 1825, on ne l’employait encore que de deux manières générales dans les ateliers d’impression : ou l’on en faisait des fonds unis sur lesquels on imprimait des réserves , et, selon que celles-ci étaient appliquées sur la toile, avant qu’elle eût ou non reçu une première immersion dans la matière colorante, on effectuait des impressions en dessins blancs ou petit bleu ; ou l’on réalisait avec cette substance et par divers procédés des impressions bleues, diversement nuancées, sur fonds blancs; mais on ne savait point produire des impressions enlevage blanc sur fond bleu, et il était réservé à l’habile fabricant de Primerose, M. Thompson, de faire cette belle et riche découverte qui a changé la face de plusieurs branches de fabrication. Malgré ces progrès, il nous manque
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- GENRES DÉRIVÉS DE L INDIGO.
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- encore plusieurs termes des formes sous lesquelles cette matière colorante doit s’imprimer, § à87, p. 221, pour que le fabricant en fasse toutes les applications possibles ; nous aurons l’occasion d’en faire ressortir les causes.
- Dans l’état actuel des choses, les genres simples qui dérivent de l’indigo sont:
- Les genres fond bleu de cuve ( gros bleu avec petit bleu cuvé ) qui se divisent en :
- Fond bleu uni
- Id. avec impression blanc réserve.
- Id. id petit bleu réserve.
- Id. id. petit bleu et blanc réserve.
- Id. id. blanc enlevage.
- Id. id. blanc et mi-blanc enlevage ( don-
- nant blanc et petit bleu.)
- Les genres fond blanc impression bleu, qui se divisent en :
- Bleu de pinceau.
- • Bleu fayencé.
- Bleu d’application solide.
- Nous ne parlerons point ici des couleurs produites par le sulfate d’indigo , § 390, parce que cette matière colorante se fixe à d’autres conditions et constitue en quelque sorte une espèce distincte.
- Toutes les applications que l’on a faites de l’indigo jusqu’à ce jour découlent de plusieurs propriétés qu’il ne faut point perdre de vue et qui sont :
- a. Lorsqu’il est à l’état d’indigo oxidé ou bleu :
- 40 Son insolubilité dans l’eau, dans les acides faibles , dans les alcalis même assez puissants ;
- 2° Le pouvoir qu’il a d’être réduit ou d’entrer en dissolution toutes les fois qu’on le soumet à la double influence d’une base alcaline et d’un corps réducteur, § 389, p. à&7, tel que
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- 16 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- le soufre, le phosphore, l’arsenic, l’antimoine, 1 étain, les sul-fides arsénieux et hypo-arsénieux, le sulfure antimonique, les oxides stanneux et ferreux, et les matières organiques en décomposition ;
- 3° De ne pouvoir être suroxidé sans subir une véritable destruction, ce qui arrive toutes les fois qu’il est en contact avec l’oxigène naissant (le chlorure et l’eau), § 359, avec un composé d’un ordre plus ou moins élevé, et qui, riche en oxigène, l’abandonne facilement.
- b. Lorsqu’il est à l’état d’indigo réduit ou blanc :
- l°De n’être soluble qu’à la faveur des oxides alcalins, avec lesquels il forme des espèces de combinaisons salines dans lesquelles l’indigotine colorable joue le rôle d’acide ;
- 2U D’être déplacé et précipité de toutes ces espèces de dissolutions salines, savoir : à l’état blanc ou réduit, § 391, par tous les acides faibles et tous les composés qui sont de nature à jouer ce rôle, et à l’état d’indigo bleu par l’oxigène de l’air ou celui qui est en dissolution dans l’eau, par le chlore et l’eau employés en proportions convenables, par tous les composés binaires de nature à lui céder de l’oxigène , pourvu que la proportion d’un certain nombre de ceux-ci ne soit pas telle que la décoloration et la destruction de la substance succèdent à la formation du composé bleu.
- Après avoir rappelé ces propriétés, nous allons aborder un des moyens employés pour le fixer , le procédé dit à la cure, qui consiste à désoxider et à dissoudre l’indigo à la faveur d’un alcali et d’un corps réducteur, pour plonger dans cette dissolution le tissu, tantôt simplement blanchi, tantôt recouvert d’impressions réserves, puis exposés à l’action de l’air ou d’un agent qui, en favorisant l’oxidation de la substance tinctoriale, régénère l’indigo bleu. Nous avons à examiner ici :
- L’état dans lequel il convient d'employer l’indigo ;
- Les agents à faire intervenir pour en assurer la réduction et la dissolution, en un mot, la préparation du bain de teinture
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- UENKES DERIVES DE L INDIGO,
- proprement dit, ou, pour nous servir de termes Usités , de la cuve à teindre ;
- La teinture et les appareils nécessaires pour en assurer la bonne exécution.
- Comme l’indigo ne se dissout pas sans difficulté, il est de l’intérêt du fabricant d’en favoriser la dissolution en le divisant autant que possible. Yu la facilité avec laquelle ce corps se tasse quand il est pulvérisé par voie sèche, on a toujours recours à une pulvérisation par voie humide, ou en présence d’un certain volume d’eau. Les appareils dont on se sert à cet effet sont de plusieurs espèces et établis autant que possible dans le but de broyer non seulement l’indigo, mais encore toutes les couleurs qui ont besoin d’être bassinées, § 52/i, p. 422(1).
- Tantôt ce sont des cylindres creux en fonte de fer, dans l’intérieur desquels on introduit, soit deux rangées de petits cylindres massifs également en fonte de fer et d’inégale longueur, qui, en frottant contre les parois intérieures et contre leurs propres surfaces, broient parfaitement la matière, soit des boulets (voyez tous les détails à ce sujet, Bulletin de la Société ind. deMulh., t. IL p 49).
- Tantôt une sphère creuse en cuivre d'environ 0m, 60 de diamètre, coupée en deux parties inégales , dont la plus grande
- (I) Expression qui vient sans doute de l'usage qu'on faisait à une certaine époque de l’appareil dont nous empruntons la description à Hommassel: «On a , dit-il, une bassine de cuivre à deux anses de fer, » dont le fond est rond comme une boule ; au dehors , au milieu et au-» dessous du fond est une bosse de cuivre massive qui oblige la bassine » de rester toujours sur le côté : l’on met dans cette bassine l'indigo, qui » avant a été trempé et concassé dans un mortier, l’on rflet dans la bas-» sine, avec l’indigo, trois ou quatre boulets de canon de douze, suivant » la force du poignet de celui qui doit la faire mouvoir ; l’on fait rouler » dans la bassine les boulets , jusqu’à ce que l’indigo soit tout-à-fait » réduit en liqueur épaisse. » ( Cours théorique cl pratique sur l’art de la teinture, etc., p. 89.)
- iii.
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- formant le dessous , reçoit la matière à broyer avec un certain nombre de boulets en cuivre, tandis que la plus petite fait office de couvercle. Cette sphère, ajustée à un arbre oblique mû par un moteur, reçoit un mouvement tel que l’indigo est pulvérisé au bout de très peu de temps.
- Tantôt on se sert d’un moulin ou pierre à broyer, qu’on trouve chez presque tous les fabricants de couleurs. La figure que nous donnons ici représente l’élévation et le plan de celui qui fonctionne dans l’établissement de M. D. Kœchlin (Kœchlin frères).
- Fig. 4 45. a. Bâtis en bois de chê-
- ne, composés de quatre montants verticaux réunis par des traverses horizontales.
- b. Meule gisante, creu-sée à sa partie supérieure de manière à former un rebord destiné à retenir l’indigo.
- c. Meule tournante, placée au-dessus de la première.
- d. Levier en bois, ayant wmhvssssavs,,; son point d’appui en a,
- qui sert à élever ou à abaisser la meule supérieure. Au milieu de ce levier est fixé par un boulon un arbre en fer b qui supporte la meule tournante, et, à l’extrémité , une tige taraudée c qui traverse l’œillet du piton d. En serrant ou en desserrant l’écrou i, on abaisse ou on élève le levier, et, partant, on rapproche ou l’on éloigne les deux meules.
- Oct d
- (D
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- GENRES DÉRIVÉS DE l’iNDIGO.
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- k. Rigole par laquelle on fait sortir l’indigo broyé. h. Levier ayant à l’une de ses extrémités une articulation à genou qui lui permet de tourner sur un point fixe, et recevant d’une force quelconque l’impulsion qui imprime le mouvement rotatoire à la meule c.
- m, m, poignées en fer scellées dans la meule c et au moyen desquelles cette dernière peut être enlevée.
- Une autre machine, beaucoup plus avantageuse en'ce qu’elle exige moins de force et que le travail se fait avec infiniment plus d’exactitude et de promptitude, est employée dans quelques établissements; c’est à M. F. Verdan que nous devons le dessin que nous en donnons ici.
- C’est, comme on le voit. Fig. 146.
- une chaudière a , dont le fond relevé au centre donne naissance à une espèce de
- canal dans lequel on place deux boulets, c, c, de di-nîhnsions telles qu’ils frottent sur la plus grande étendue de leur surface. Un
- arbre vertical d , mis en mouvement par une poulie p, transmet spn impulsion à ces boulets à l’aide de deux
- bras b, qui les poussent et
- les font circuler. Enfin un
- T
- robinet f offre une issue à la matière qui a été broyée. Aucune machine n’est plus simple et plus commode dans son emploi • aussi ne pouvons-nous trop la recommander.
- Qu’on ait à sa disposition l’une ou l’autre des machines ci-dessus , on fait choix d’un indigo de bonne qualité, on le pulvérise d’abord, à sec, aussi finement que possible , puis on l’introduit dans la machine à broyer, en y ajoutant environ une
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- dl la fabrication en particulier.
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- foiset-demie son poids d’eau. Lorsque ce mélange, qui linit par former une bouillie claire, est resté assez longtemps soumis a l’action de la machine, on le retire et on le fait passer au tamis, pour en séparer les parcelles grossières qui auraient pu échapper au frottement.
- Ces préliminaires achevés, on procède au montage de la cuve, c’est-à-dire à l’opération qui doit dissoudre l’indigo , et pour laquelle divers moyens sont employés, car les teinturiers reconnaissent plusieurs espèces de cuves, la cuve au pastel ou au voede, la cuve dinde, la cuve au vitriol, que l’on nomme plus communément cuve à froid. Les deux premières sont exclusivement du domaine du teinturier , et nous renvoyons en conséquence le lecteur aux divers traités sur la teinture, pour tout ce qui les concerne; on ne connaît et n’applique dans les ateliers d’impression que la cuve au vitriol’, qu’on monte de la manière suivante :
- Dans une salle du rez-de-chaussée , on enfonce presque à fleur de terre un assortiment de cuves de 2m à 3m 50 de profondeur , ordinairement en bois de chêne ou tout autre bois garni intérieurement en plomb , quelquefois en fonte de fer et même en pierre; c’est dans ces cuves d’environ /i,000 à Zi,500 litres de capacité, qui sont rondes ou carrées , selon la marche que l’on veut suivre pour y plonger les étoffes, que l’on introduit l’eau, l’indigo et les substances premières propres à déterminer la dèsoxidation de cette matière colorante, et, par suite, sa dissolution. Ces matières sont le sulfate ferreux, la chaux et quelquefois la potasse ou la soude; mais ces deux dernières bases offrent le grave inconvénient de s’accumuler dans le bain et de devenir souvent un obstacle à la dissolution du principe colorant, § 368-390, p. 451. Les proportions de ces corps varient naturellement avec le genre de fabrication et la nuance que l’on veut obtenir, selon que celle-ci doit être réalisée en une ou plusieurs trempes (immersion de l’étoffe dans la cuve), enfin suivantlanaturedesréservespréalablement imprimées sur l’étoffe.
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- Pour une cuve d’environ Zi ,000 litres d’eau, on emploie :
- 20 ldi. indigo broyé.
- 15 à 19 kil. sulfate ferreux.
- 20 kil. de chaux vive.
- La chaux doit être de bonne qualité, grasse , et éteinte avec toutes les précautions nécessaires , § 132; le sulfate ferreux, exempt de cuivre et d’alumine et le moins oxidé possible. 11 est convenable, lorsqu’on fait usage de ce dernier, de ne point négliger les indications consignées § 172.
- Tous les fabricants ne montent pas leurs cuves de la même manière : il en est qui, après avoir dissous le sulfate ferreux et délayé l’indigo dans le volume d’eau nécessaire , ajoutent peu à peu la chaux en agitant ou palliant la cuve avec un râble ; mais dans ce cas l’indigo ne se dissout qu’à partir du moment où la chaux, se trouvant en excès, peut former avec lui une combinaison soluble. D’autres délaient dans l’eau l’indigo avec la chaux, puis ajoutent par proportions la quantité de sulfate ferreux nécessaire. Cette marche expose l’indigo à se trouver momentanément en présence d’un grand excès de chaux et à former avec lui une combinaison insoluble. D’autres enfin divisent ces proportions d’ingrédients en quatre portions égales, par exemple, qu’ils ajoutent successivement et à quatre reprises dans un intervalle de six à huit heures.
- On emploie toujours le sulfate ferreux en solution bouillante, à l’effet de favoriser la réaction ; mais mieux vaut un bon générateur de vapeur qui permet d’élever à volonté la température du bain , à l’aide de tubes communicants , car nous allons voir que la chaleur n’est pas sans influence sur l’opération.
- Dès que ces corps sont en contact, la chaux s’empare de l’acide sulfurique pour former du sulfate calcique en partie insoluble et en grande partie soluble, du moins momentanément; bientôt l’oxide ferreux, mis en liberté en présence de l’indigo et d’un excès de chaux , réagit sur la matière colorante, et, quelle
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- que soit l’hypothèse que l’on adopte, § 388, p. /iÆ3, le fait passer de l’état d’indigo bleu insoluble al état d indigo blanc soluble dans les alcalis ; mais , pour que cette opération se fasse d une manière continue, il importe que le sulfate calcique se dépose , autrement sa présence laisse subsister un composé de chaux et d’indigo insoluble, et c’est pour déterminer cette précipitation qu’il faut agiter le bain avec beaucoup de vigueur. L’intervention de. quelque peu de chaleur conduit au même but d une manière plus brusque et plus prompte qu’à l’aide de cette manœuvre seule, qui, en introduisant beaucoup d’air danslacuve, oxide et précipite inutilement de l’indigo.
- Au bout de dix à douze heures l’opération est achevée, et on le reconnaît à lateinte jaunâtre du liquide, qui se recouvre, par, une exposition à l’air, d’une pellicule verdâtre, qu’un contact plus prolongé avec cet agent fait passer à la nuance cuivreuse. Il n’y a plus alors qu’à abandonner le tout à lui-même pendant vingt-quatre heures environ , tant pour que le sulfate calcique et l’oxide ferroso-ferrique se déposent, que pour que la température du bain descende au degré voulu pour la teinture.
- Quand la cuve a été bien montée, le liquide introduit dans un verre doit être d’un beau jaune , d’une transparence parfaite, et s’oxider aussitôt qu’il a le contact de l’air, en donnant lieu à une belle pellicule cuivreuse; quand on pallie la cuve, la surface doit paraître veinée jaune-vert et former par l’agita-' tion une écume bien cuivreuse. Le bain dans cet état est prêt; si l’on ne s’en sert pas immédiatement, on doit recouvrir la cuve pour empêcher le renouvellement de l’air , et le pallier de temps en temps , si on le conserve pour l’usage ; chaque soir, au contraire, si l’on s’en sert tous les jours.
- Quand on est forcé de teindre dans une cuve qui doit avoir une force déterminée, m doit l’entretenir ou la nourrir, ce qui ne se fait pas toujours de la même manière. Certains fabricants se contentent d y ajouter de temps à autre des proportions convenables de sulfate ferreux,' de chaux et d’indigo, comme s’il
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- s’agissait de monter une cuve fraîche ; d’autres , qui ne veulent pas engorger la cuve du dépôt de sulfate calcique et d’oxide ferrique, qui fii.it par s’y accumuler en assez grande quantité quand on suit la marche précédente , préparent une petite cuve très concentrée, qui sert à la nourriture ou à l’entretien de celle dans laquelle la teinture doit s’effectuer. Il est des cas où la cuve doit être entretenue par la chaux , c’est lorsqu’on y passe des toiles recouvertes de substances acides qui ont'pour effet de précipiter l’indigo ; d’autres où elle doit l’être par le sulfate ferreux , c’est lorsque la chaux prédomine dans le principe.
- Les deux formes données aux cuves correspondent à deux manières d’y plonger les étoffes et de les y teindre. La première et la plus ancienne est connue sous le nom de teinture ou cuvage au cadre ou champagne, la seconde sous celui de teinture à la roulette.
- Les cadres ou champagnes , jig. 1Ù7, se composent de deux espèces de disques à jour , formés chacun de quatre traverses qui se coupent, dont l’un fixé à l’extrémité d’un arbre en bois, tandis que l’autre se meut à volonté à l’extrémité opposée du même arbre qui lui sert d’axe. Sur la surface interne de ees disques à jour
- fig. 147.
- iqiiiniiiiiiiii
- on cloue de manière à former une ligne non interrompue en coquilles, de petites traverses ou tringles en bois , dans lesquelles on implante des crochets à la distance de quatre centimètres.
- Les toiles de calicot qu’on veut
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- teindre sont agrafées à ces crochets par leurs lisières, et, en quelque sorte, enroulées sur 1 axe de ce cadre, mais d une manière telle qu’aucuns points de 1 étoffé ne se trouvent en contact. Quand les lisières sont agrafées, on écarte le disque mobile à l’aide d’une vis de rappel, et l’on tend le tissu qui ne forme aucun pli, pourvu que l’ouvrier chargé de 1 agrafer sur le cadre ait eu la précaution de le tendre dans le sens de sa longueur. Ce cadre est nlors fixé par un anneau à une corde qui passe sur une poulie tantôt située au plafond et immédiatement au-dessus de la cuve, tantôt ajustée à l’extrémité d’un arbre mobile qui permet de l’amener à volonté au-dessus de cette cuve, et quand on veut procéder à la teinture, il n’y a plus qu’à lâcher la corde enroulée sur un tour à rochet, pour faire descendre le cadre chargé de l’étoffe et immerger celle-ci dans le bain d’indigo.
- Après l’y avoir laissé séjourner pendant un temps qui varie avec la puissance de la cuve , la nuance que l’on veut obtenir et le genre de fabrication qu’il s’agit d’exécuter, on relève le cadre et on fait dèverclir Je tissu , c’est-à-dire qu’on l’expose au contact de l’air, puis on effectue une nouvelle trempe semblable à la première, à la durée près , qui peut n’être point la même; alors, après avoir déverdi une seconde fois, on donne une nouvelle trempe , et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on soit arrivé à la nuance désirée.
- Cette exposition à l’air à la suite de chaque trempe a pour effet d’oxider et de précipiter l’indigo réduit dont l’étoffe est imprégnée. Si l’on n’avait recours à ces oxidations pour obtenir finalement des couches successives d’indigo, il serait difficile de réaliser des fonds unis, car l’indigo qui existerait en couches concentrées à la surface de l’étoffe produirait en s’oxidant une pellicule qui abriterait les autres parties : or, comme il est impossible qu’une pareille couche se forme également et présente sur toute l’étendue de l’étoffe la même résistance, d y aurait toujours quelques parties qui se trouveraient oxidées jusqu’au centre du tissu et d’autres qui ne le seraient qu’à la surface, en
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- sorte qu’au lavage les parties non oxidées se détacheraient pendant que les autres resteraient.
- Dans toute espèce de cuvage, il est un point sur lequel on ne peut assez insister , c’est l’obligation de rendre insoluble l’indi-gotine colorable qui pénètre jusqu’au centre du tissu, et qui, s’oxidant mal, ne s’y fixe qu’imparfaitement à l’état d’indigo bleu. On y parvient :
- Soit par une oxidation à l’air qui s’effectue après chacune des trempes qu’on doit successivement donner à l’étoffe dans des cuves de différentes forces, en commençant par les plus faibles pour finir par les plus fortes. Ce procédé demande plus de temps et de dépense par le nombre de cuves qu’il exige, mais , en compensation, il conduit sûrement à des nuances intenses d’une fixité telle que le bleu ne.décharge ni à la main ni sur une étoffe blanche et consomme en définitive moins d’indigo, puisqu’on peut tou jours débuter par des cuves presque épuisées jusqu’à ce quelles ne donnent plus rien;
- Soit par le chlorure de chaux, pourvu qu’il soit employé en proportion convenable : autrement il y aurait non seulement oxidation de l’indigotine colorable, mais encore décoloration et destruction de l’indigo bleu , § 389 ;
- Soit par l’action déplaçante de l’acide sulfurique, qui, comme tous les acides ou composés acides , met en liberté l’indigotine colorable de ses combinaisons et en hâte ainsi l’oxidation. C’est le même phénomène que produit, mais beaucoup plus, lente • ment, l’acide carbonique de l’air en contact avec un bain d’indigo , en s’emparant de la chaux que renferme ce bain et en mettant des quantités correspondantes d’indigo en liberté. Le bain d’acide dans lequel on plonge une toile imprégnée d’iw-diyoture calcique, § 391, produit ici le même effet qu’un bain alcalin dans lequel on passe une toile chargée d’une dissolution de sulfate ferreux , avec cette différence que c’est l’acide qui se combine à la chaux, tandis que l’oxide ferreux mis en liberté passe à l’état d’oxide ferrique.
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- Quand on veut produire des fonds parfaitement unis, il faut, avant de donner les dernières trempes, décadrer les pièces , les passer en acide et les exposer à l’eau courante: l’oxigène que ce liquide tient en dissolution oxide la matière colorante et complète l’action de l’oxigène de l’air. On s’en convaincra en plongeant une toile au sortir de la cuve dans un courant d’eau, on la verra bleuir peu à peu. Pour faciliter cette oxidation dans le centre de l’étoffe et pour économiser un peu de matière colorante, on imprègne quelquefois les toiles, avant deles passer en cuve, d’une espèce d’apprêt composé de telle sorte que l’indigo désoxidé ne peut pas pénétrer les parties du tissu sans sy oxider et devenir tout-à-fait insoluble par l’espèce de combinaison qu’il contracte. Cet apprêt, dans lequel on retrouve toujours sensiblement les mêmes éléments actifs (les composés cuivriques), s’obtient de diverses manières; dans la maison deM. P. Kœchlin, on le compose ainsi qu’il suit :
- On fait dissoudre dans 100 litres d’eau :
- 1 k,(J00 sulfate cuivrique, on ajoute à cette dissolution :
- 3k,150 d’amidon , et l’on fait cuire le tout pendant 1 5 à 20 minutes, puis , après avoir dissous à chaud
- 1k,S30 de colle de Cologne dans '12 littres d’eau, on réunit cette nouvelle dissolution à la première, en mélangeant le tout avec soin.
- Quelques fabricants emploient les mêmes corps , mais avec des doses un peu plus faibles de sulfate cuivrique , et, au contraire, un peu plus fortes d’amidon. D’autres enfin ne font pas usage de colle de Cologne, et ajoutent de l’acétate au sulfate de cuivre. Voici cette dernière préparation :
- Dans 100 litres d’eau, on fait dissoudre
- 0k,800 sulfate cuivrique,
- 0M-00 acétate cuivrique ;
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- on ajoute à la dissolution :
- 3^200 amidon , et l’on fait cuire le tout pendant 20 à 30 minutes.
- C'est dans cet apprêt encore chaud que l’on fait passer les toiles, mouillées si l’apprêt est trop fort , sèches dans le cas contraire. On se sert pour cette opération d’un foulard, § 523, fig. 130, ou machine à apprêter. Les pièces, parfaitement exprimées alors, sont promptement étendues et desséchées. L’élément essentiellement actif de ces apprêts est le cuivre oxidé, quelle que-soit d’ailleurs la combinaison saline dans laquelle il se trouve ; il n’est donc pas difficile de se rendre compte de leur action. Lorsqu’on passe les toiles dans la cuve , les sels cuivriques sont décomposés par la chaux , qui s’empare de l’acide et met l’oxide cuivrique en liberté ; mais celui-ci, en présence de l’indigotine colorable , forme immédiatement en réagissant sur elle un composé insoluble dans lequel le cuivre figure comme partie constituante, § 391. Si l’on pouvait douter qu’il en fût ainsi , on n’aurait qu’à incinérer une toile apprêtée et teinte de la sorte, pour se convaincre de la présence du métal. Au surplus, en étudiant la nuance bleue qui, dans ce cas, a un reflet particulier, on s’aperçoit déjà que la couleur n’est pas la même que celle qu’on obtient sur les toiles passées en cuve sans opération préalable. Nous devons ajouter qu’il faut toujours fixer préalablement par un lait de chaux l’oxide cuivrique sur la toile, avant de la passer en cuve bleue : autrement une portion du sulfate cuivrique pourrait en se détachant précipiter de l’indigo en pure perte.
- Du reste, l’oxide cuivrique n’est pas le seul corps capable de déterminer l’oxidation et la fixation immédiate de l’indigo sur la toile ; beaucoup de corps riches en oxigène, entre autres le suroxide manganique, sont dans ce cas. Recouvert de ce suroxide, un morceau d’étoffe prend , toutes circonstances égales d’ailleurs, une nuance double de celle de l’échantillon qui ne l’a pas été , en attirant dans une même unité de temps
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- deux fois plus d’indigo , savoir, la portion de cette substance colorante qui s’y fixe d’abord , au sein du bain , aux dépens de l’oxigène du suroxide, puis , au sortir de la cuve, aux dépens de l’oxigène de l’air.
- L’autre procédé employé pour teindre en bleu de cuve nous vient d’Angleterre. Les cuves dont on se sert, au lieu d’être rondes , sont carrées , et les pièces y circulent au moyen d’un système de roulettes fixées sur un cadre mobile qu’on descend ou retire à volonté, à l’aide de poulies.
- Lafig. 1/(8 donne une idée d’une semblable cuve.
- Fig 148.
- a, b, c, d, est une cuve qui a ordinairement 2'",5 à 3 mètres de long, 1 "‘,30 de large et 2"',50 de profondeur. C’est dans cette cuve que l’on descend le cadre à roulettes a, b, c, d, à l’une des extrémités duquel se trouvent deux cylindres, dont l’un muni d'une manivelle, qui ont deux fonctions à remplir, la première, d’attirer la toile qui doit passer à travers ce système de rôülëttés, là seconde, d’en exprimer l’excès d’indigo, moyennant la pression produite sur le cylindre supérieur au moyen du levier et du contre-poids p. Les pièces à teindre , entrant en a dans la cuve, descendent et se relèvent successivement en passant sous les roulettes qui se trouvent à la partie inférieure b, d, et sur les roulettes supérieures a, c, puis, arrivées en c, s’engagent entre les cylindres expresseurs pour se rendre au fond
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- GENEES. DEBLYES.bE L INDIGO.
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- d’une caisse a’, b’, c’, d’, en passant au-dessous d’une roulette, et se diriger au dehors, attirées qu’elles sont par deux rouleaux d’appel situés sur l’extrémité opposée de leur point de départ. C’est dans cette caisse a’, b’,c’, d’, que s’opère la fixation de l’indigo : aussi y introduit-on soit du chlorure de chaux d’un titre à peine évaluable, qui régénère immédiatement l’indigo bleu, soit un bain d’acide sulfurique qui déplace l’indigo blanc ; mais alors celui-ci ayant besoin d’oxigène pour passer au bleu et se fixer au tissu, on fait passer les pièces à l’eau courante ou dans un bain oxidant convenable.
- Une modification, due encore aux Anglais, a été apportée à cette dernière manière de passer les pièces en bleu de cuve. Voici en quoi elle consiste :
- Sur deux points du cadre sont disposées deux bobines qu’on met en mouvement par des chaînes à la Vaucanson, qui passent sur un rouleau de commande situé en dehors de la cuve, et auquel un ouvrier imprime l’impulsion convenable à l’aide d’une manivelle. Au lieu d’entrer dans la cuve pour en sortir immédiatement, les pièces, accouplées au nombre de deux ou trois et enroulées sur la bobine supérieure , se dévident au sein même du liquide pour se rendre sur la bobine inférieure, en circulant en coquille dans la cuve et en passant sur les roulettes. On conçoit qu’il est loisible au fabricant, quand toute la pièce est déroulée , de changer le mouvement pour dévider à son tour la bobine inférieure sur la bobine supérieure, et ainsi de suite autant de fois qu’il le juge utile. Cette bobine , enlevée de la cuve d’indigo, est transportée au-dessus d’une autre cuve, dans laquelle l’indigo se fixe, et les parties non fixables se détachent des pièces et peuvent être recueillies.
- Tout ce que nous venons de dire se rapporte à la teinture en fond uni, pour laquelle il suffit : 1° de savoir entretenir les cuves en y ajoutant à propos soit du sulfate ferreux, soit de la chaux, jusqu’à ce que, malgré ces additions, elle refuse de teindre ; 2° de savoir produire les nuances du ton nécessaire pour
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- le genre que l’on veut fabriquer, avec autant d’uniformité que possible, ce qui n’est pas difficile, puisqu’on peut répéter les trempes autant qu’il est nécessaire ; 3° enfin, d’être attentif à ce que les pièces soient bien nettoyées après le cuvage, légèrement avivées au carbonate sodique et quelquefois au savon, exprimées à la machine, ou mieux, passées dans l’hydro-extracteur , § Zi68, fig. 29-31, pour être finalement étendues et desséchées à l’ombre; car l’indigo humide est toujours plus ou moins sensible à l’action des rayons solaires.
- Les échantillons se présentent alors dans l’état ci-après :
- 53. Fond bleu cuvé clair.
- 54. Fond bleu cuvé moyen.
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- GENRES DÉRIVÉS DE h INDIGO.
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- § 5h9. Genre gros ou petit Iticu. impression blanc réserve. Dans ce genre, ainsi que l’indique le nom que nous lui donnons, il s’agit de prévenir la fixation de l’indigo sur certains points, par l’impression de substances qui garantissent de toute altération la fibre du tissu et conservent au blanc toute sa pureté, sans gêner en rien la fixation de l’indigo sur les parties qui doivent recevoir la teinture.
- Les substances le plus communément employées pour arriver à ce résultat sont :
- 1° Les corps appartenant à la première classe des réserves qui agissent mécaniquement, tels que la cire, le galipot, la térébenthine, la poix blanche, l’axonge, en un mot les corps gras ou résineux ;
- 2° Les corps qui jouent le rôle d’acides et qui, s’emparant de la base, rendent l’indigo insoluble au moment où il touche l’étoffe. Parmi ces corps qui appartiennent à la classe des composés binaires du premier ou du second ordre, nous trouvons l’acide phosphorique et le biphosphate calcique, l’acide arsé-nique et le bi-arséniate potassique, l’acide nitrique, le bisulfate potassique, le sulfate aluminique, l’alun, le sulfate zincique. Ces deux derniers, outre qu’ils sont décomposés par la chaux de la cuve , donnent encore lieu à des précipités gélatineux qui préservent physiquement le tissu sur lequel ils se forment de l’action de l’indigo dissous ;
- 3° Les corps qui, outre le pouvoir de fonctionner ‘comme acides, possèdent celui de fournir de l’oxigène à l’indigo blanc qui est déplacé en leur présence, et, en l’oxidant ainsi avant qu’il ait pénétré dans les pores du tissu, de.le rendre incapable d’y adhérer ; telles sont toutes les préparations à ôase d’oxide cuivrique, le sulfate , le nitrate , l’arséniate, le chlorure cuivriques, les composés à base d’oxide mercurique,mais particulièrement le chlorure , § 391, p. 457;
- 4° Enfin des corps qui n’agissent que physiquement, comme
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- O‘J DE LA FABRICATION EN PARTtL'l LIER. ,
- la terre de pipe et le sulfate plombique, qui n’ont souvent d’autre effet que de faciliter le nettoyage des parties sur lesquelles les réserves ont été imprimées et de favoriser ou de permettre l’impression de couleurs plus claires, en maintenant sur les points où elles ont été déposées les parties liquides qu’ils attirent à eux et empêchent de s’étendre sur l’étoffe.
- Tout en tenant compte des considérations que nous avons présentées touchant le choix des réserves en général, le fabricant doit, dans le cas particulier, avoir égard aux nuances qu’il veut produire et à l’intensité de la cuve qu’il a à sa disposition.
- S’il n’a qu’une nuance assez faible à réaliser ou une cuve assez forte pour qu’une seule et courte immersion suffise, dans le premier cas il a recours au sulfate zincique et à l’alun , qui, après avoir accompli leur fonction, s’enlèvent très facilement; dans le second, il fait intervenir ou les préparations de cuivre , qui possèdent une action réservante plus énergique, puisqu’à l’action déplaçante qu’ils exercent comme acides, s’ajoute une action oxidante qui rend immédiatement insoluble l’indigo en contact avec eux, ou les corps gras ou résineux , toutes les fois que la réserve doit être assez forte pour résister pendant longtemps à l’action du bain de teinture.
- Les arséniates et les phosphates ne sont pas sans utilité dans certains cas, par exemple lorsqu’on fait usage des sels cuivriques. Il n’est pas rare, en effet , .de voir ce métal réduit se fixer à l’étoffe au point de n’en pouvoir être enlevé, et altérer fortement le blanc des parties réservées ; la présence des phosphates et des arséniates qui forment des sels basiques indécomposables par les alcalis , en prévenant cette réduction totale , permet toujours d’enlever par un acide le sous-sel cuivrique ou cuivreux qui s’est formé.
- Nous donnons ci-après la composition de quelques réserves complexes ; quant aux autres , il suffit d’épaissir le sel au degré convenable.
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- GENRES DERIVES DE L INDIGO,
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- Nous ne disons rien des réserves tout-à-fait grasses ou résineuses auxquelles on a substitué les préparations que nous venons d’indiquer, et qui, ne s’appliquant qu’à chaud, réclamaient l’emploi de pjanches métalliques (1).
- blanc réserve sous gros bleu.
- N° 1.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 6 kil. sulfate cuivrique,
- 2k,5 acétate cuivrique,
- 3 kil. nitrate cuivrique a 15° AB, et l’on épaissit le tout avec : 2k,5 gomme arabique,
- 4 kil. terre de pipe.
- N° 2.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 4 kil. sulfate cuivrique,
- 2 kil. acétate cuivrique,
- ('I ) D’une communication qui nous a été faite par M. Huguenin Cornelz, depuis l’impression de notre article sur les clichés, il résulte qu’on cli-chait déjà , vers le milieu du dix-huitième siècle, à la fabrique du Bied f Neuchâtel en Suisse). Les renseignements que nous nous sommes procurés ne nous permettent plus d’en douter aujourd’hui, et se trouvent d'ailleurs confirmés par le passage suivant d’un traité pour les toiles peintes publié à Amsterdam en 1760 :
- « On se sert pour les faire (les toiles bleu blanc réserve) de planches » d’étain , ou plutôt de planches d’un métal composé d’une partie d’étain » et de deux parties de plomb , afin qu’il soit plus dur et que les planches » soient plus longtemps en état de servir. On commence par graver en » bois le modèle de la planche, qui doit être en plomb , on imprime dans » du sable cette planche de bois , et on jette sur ce sable le métal fondu. » Les planches étant fondues , on les sépare avec un ciseau, parce qu'il » est rare qu'il ne se passe pas quelque faute dans la fonte, a Gf**':, p. -1OG , ouvrage déjà cité, § 542 , p. 521.
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- 3/l DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- 3k,380 nitrate cuivrique à 55° AB, ot l’on épaissit le tout avec 2 kil. gomme arabique,
- 4 kil. terre de pipe.
- N° 3 pour cravates.-Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 4 kil. sulfate cuivrique,
- 2 kil. acétate cuivrique,
- 2 kil. nitrate cuivrique à 55° AB, et l’on épaissit le tout avec :
- 2 kil. gomme arabique,
- 4 kil. terre de pipe.
- N° à.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 2k,S sulfate cuivrique,
- 0k,2S0 acétate cuivrique,
- 3k,500 nitrate cuivrique à 55° AB, on épaissit le tout avec *
- 3 kil. gomme arabique,
- 4 kil. terre de pipe.
- N° 5.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 2k,t)00 acétate cuivrique,
- 4k,890 sulfate cuivrique,
- 0k,625 alun - on épaissit avec :
- 6k,6 terre de pipe,
- 4k,890 gomme Sénégal; on ajoute au tout:
- 0k,300 nitrate cuivrique,
- 0k,300 acide sulfurique.
- N° 6.
- Dans 3 litres de vinaigre on fait dissoudre à chaud :
- 0k,384 acétate cuivrique, et l’on y délaie :
- 3k,750 terre de pipe.
- D’autre part, dans 3 litres d’eau on fait dissoudre :
- 0k,192 alun, \
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- GENRES DÉRIVÉS DE L1NDIÜ0.
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- sulfate cuivrique; on épaissit le tout avec :
- 1k,225 gomme Sénégal, et l’on ajoute !
- 0k,048 nitrate cuivrique; puis on réunit ces deux liquides, que l’on colore avec un peu d’indigo.
- N° 7.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- tk,750 acétate cuivrique,
- 1k,750 sulfate cuivrique,
- 0k,625 bi-tartrate potassique (crèmede tartre); on épaissit avec : 5k,625 terre de pipe,
- 1k,750 gomme Sénégal, et l’on ajoute après :
- 0k, 34 5 nitrate cuivrique cristallisé,
- 0k,125 acide sulfurique concentré.
- On se sert encore de cette préparation pour gros bleu impression blanc réserve en y ajoutant :
- 0k,625 alyn,
- 0k,3t5 acide sulfurique, au lieu de 0k,125,
- 2k,300 acétate cuivrique, au lieu de 1k,750.
- N° 8.
- Dans 10 litres de vinaigre à 2* AB on fait dissoudre :
- 2k,500 acétate cuivrique,
- 5k,000 sulfate cuivrique,
- 0k,350 alun ; on épaissit avec :
- 7k,500 terre de pipe,
- 5 litres eau de gomme contenant 680 gr. de gomme par litre. N° 9 pour mouchoirs doubles faces.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 4k,660 sulfate cuivrique,
- 0k,220 acétate cuivrique; on épaissit à chaud avec :
- 0k,17o amidon,
- 3k,320 gomme,
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- DK LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- 3k,320 terre de pipe; puis on colore le tout avec *
- 0k,400 acétate d’indigo.
- N° 10.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 2 kil. sulfate cuivrique ; on épaissit avec :
- 7 kil. terre de pipe,
- 7 lit. d’eau de gomme à 700 gr. par litre; cl l’on colore le tout avec de l’acétate d’indigo.
- N° 11 pour le rouleau.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 6^650 acétate cuivrique,
- 3k,350 crème de tartre, et l’on épaissit le tout avec :
- 8k,750 gomme arabique.
- N° 12.
- Dans /i'%5 d’eau on fait dissoudre :
- 1 0k, sulfate zincique ; d’autre part on incorpore à :
- 2k,300 terre de pipe,
- 2k.600 savon vert,
- 0k,770 saindoux,
- 0k,770 huile d’olive,
- 0k,2G0 essence de térébenthine,
- 7Ut,,500 eau de gomme à 1 kil. par litre.
- On doit bassiner avec soin toutes ces réserves, afin qu’elles ne renferment pas de grumeaux ni de corps cristallisables , qui pourraient, en se détachant en masse durant le cuvage, laisser pénétrer l’indigo dans les pores du tissu. De plus , elles doivent être, en général, aussi peu épaisses que possible, tout en satisfaisant au besoin de l’impression ; et, à cet effet, il importe que le contre-maître ait toujours sous la main une certaine quantité de réserve peu consistante, pour amincir au besoin
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- GENRES DÉRIVÉS DE L INDIGO.
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- celle qu’il imprime et dont la viscosité doit varier selon l’état hygrométrique de l'air.
- Les toiles destinées à ce genre d’impression réclament un cylindrage très fort. Les imprimeurs doivent, en appliquant les réserves, si l’impression a lieu à la planche, se contenter de frapper leur planche avec la main , et ne se servir dans aucun cas de maillet. En sortant les pièces de la salle d’impression, on les place dans un lieu sec ; mais pendant qu’on les manie , il faut avoir le plus grand soin d’éviter les rapplicages , car la plus petite quantité de réserve qui s’attache aux parties blanches peut y produire une tache ; et comme peu de genres réclament plus de propreté que celui qui nous occupe, avant de commencer l’impression d’une partie de pièces, il convient de s’assurer, non seulement qu’elles sont blanches, mais encore qu’elles se mouillent également ; s’il y avait des parties plus lentes les unes que les autres à se mouiller, ce serait une preuve qu’elles renfermeraient des corps gras qu’il importe de faire disparaître.
- L’échant. 55 représente une toile sur laquelle on a imprimé le blanc réserve n° 5.
- 55. Impression blanc réserve pour passer en cuve-
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- Dans cet état, la pièce encadrée sur le champagne, fig. 1&7, est plongée à cinq reprises différentes dans la cuve d’indigo,
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- dp: la fabrication en particulier.
- et après chaque trempe ou immersion d’une durée d’environ quatre minutes, on l’expose à l’air autant de temps pour la déverdir, oxider l’indigo qui s’y est déposé et le faire arriver au bleu. Avant de passer en cuve des pièces ainsi recouvertes de reserves, il est prudent de plonger le cadre dans un bassin rempli d’un lait de chaux, qui se place ordinairement en avant de cette cuve ; cette manœuvre offre les avantages : 1° de ne point fatiguer et salir inutilement la cuve bleue par les sels cuivriques de la réserve, qui n’étant pas assez bien fixés sur l’étoffe peuvent s’en détacher ; 2° d’humecter les toiles , d’attaquer les parties de réserve qui auraient pu se porter accidentellement sur le blanc, et de rendre ainsi les immersions plus uniformes ; 3° enfin , de faire enlever par la chaux qui se trouve en suspension les parties de réserve qui se détachent, et de les empêcher ainsi de produire des traînées le long des bords du dessin.
- Au premier passage en cuve , il convient toujours d’imprimer une légère secousse au cadre, afin que le mouvement du liquide contre la surface du tissu empêche les parties fluentes de la réserve de s’y répandre et de s’y fixer. Cette précaution est surtout nécessaire pour les genres où il y a de grandes masses blanches réservées. En outre, comme toutes les fois qu’on sort le cadre de la cuve pour déverdir les pièces, le tissu qu’il porte s’égoutte et que le liquide, obéissant à son propre poids , arrive naturellement en plus grande quantité sur la lisière inférieure, si l’on n’avait soin de renverser le cadre avant de procéder à une nouvelle trempe , tout le côté de la pièce correspondant à la lisière inférieure présenterait une teinte inégale et différente de celle du côté opposé , plus foncée quand l’exposition à l’air aurait été assez prolongée pour oxider tout l’indigo , moins intense, au contraire, quand l’oxidation n’aurait eu lieu qu’à la surface de l’étoffe , attendu que cette couche d’indigo oxidé, se détachant au passage suivant dans la cuve , n’ajouterait presque rien à la teinte précédente. Enfin il est bon de maintenir la cuve trouble et d’y avoir un excès de chaux pour que
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- GENRES DÉRIVÉS DE LINDIGO.
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- 4 I I 1 I 1
- la teinture soit plus uniforme et la réserve moins sujette à couler et à produire des piqûres.
- Après toutes ces opérations, les pièces sont traitées de cleux manières, suivant que l’on tient à conserver au fond bleu une nuance plus ou moins intense et son reflet cuivreux. Dans le premier cas , après avoir suffisamment laissé dé verdir l’étoffe, on l’expose pendant quelques heures à l’eau courante, on la rince à la main pour en enlever toute réserve, et finalement on l’étend dans le séchoir ; mais il est rare qu’alors le blanc d’impression soit pur, il y adhère ordinairement des portions de cuivre. Dans le deuxième , lorsqu’il s’agit de couleurs plus claires, on est dans l’habitude de faire passer les pièces dans un bain formé de :
- 3 à 400 lit. d’eau acidulée par 6 lit. d’acide sulfurique du commerce.
- On donne quatre à six tours à chaque pièce , et quand douze pièces ont passé dans le bain, on y ajoute 0',5 d’acide sulfurique , puis on dégorge et lave avec soin aux roues à laver , § AA5 , pour enlever tout l’acide. La toile sur laquelle a été imprimée la réserve est alors dans l’état ci-après , échanL 56 :
- 56. Bleu cuvé foncé, Impression blanc réserve.
- On voit dans cet échantillon que des parties blanches correspondent aux parties précédemment imprimées en réserve.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
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- L’échant. 57, qui a été fait de la même manière, ne difffère du précédent que par le ton de la nuance.
- 59. Bleu clair, impression blanc réserve.
- On a imprimé le blanc réserve n° h, puis trempé dans la cuve, déverdi, passé à l’acide sulfurique . lavé , dégorgé aux roues et séché.
- L’échant. 58 (de la maison Vaucher Dupasquier, où ce genre s’exécute depuis prè^ d’un siècle ) est.de la même fabrication; mais la réserve y a été imprimée de deux côtés au lieu
- 5§. Bleu foncé impression blanc réserve double face.
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- GENRES DÉRIVÉS DE l’iNDIGO.
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- cl’un seul, au moyen de deux planches dont la gravure était renversée : aussi donne-t-on à ce genre le nom d’impression double face. Cette fabrication se fait dans une foule de localités, mais avec des succès divers. Dans le midi de la France , dans les environs de Bordeaux, dans la Franche-Comté, on porte beaucoup de mouchoirs de cette espèce, et dont les dessins n’ont pas varié depuis une cinquantaine d’années.
- Dans ce genre il est indispensable, pour que la teinture se fasse plus promptement et que la nuance soit cuivreuse, de donner préalablement aux toiles Y apprêt cuivrique, p. 26 ; ces toiles doivent en outre être fortement cylindrées , pour que la réserve reste à la surface et ne pénètre pas dans l’intérieur.
- Selon qu’on opère sur des toiles de lin ou de coton , on y imprime , dans le premier cas , le blanc réserve , n° 7 , dans le second , le blanc réserve n° 9.
- L’impression achevée, on procède au cuvage ou passage en cuve.
- La 1" trempe doit durer 10 minutes pour les dessins légers.
- \ 5 ici. ’ un peu chargés.
- 20 ici. très chargés.
- Après la première trempe, on déverdit pendant cinq minutes, on rentre ensuite en cuve pendant quatre, on déverdit de nouveau pendant cinq, et l’on continue par des trempes de quatre et des expositions de cinq minutes , jusqu’à ce qu’on soit arrivé à la nuance voulut. Si l’on fait usage d’une même cuve et qu’elle ne soit pas nourrie d’indigo , il convient démultiplier les trempes pour compenser la perte de matière colorante que le bain a éprouvée.
- On entretient une cuve montée pour cet article, en y ajoutant de temps en temps :
- 8 kil. indigo broyé
- ^ 2k,650 indigo ( ( 5k,350 eau )
- 6 kil. chaux.
- 6 kil sulfate ferreux.
- bassiné à la machine pendant 8 jours.
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- Le lendemain du jour où elle a été ainsi rafraîchie., on y ajoute parties égales de sulfate ferreux et de chaux, ou environ 2 kil. de l’un et de l’autre ; souvent même la proportion du sulfate ferreux peut être plus forte.
- On ne peut guère teindre dans une cuve que quatre pièces par jour.
- La \re pièce qui y passe le matin doit recevoir 5 trempes et partant 5 exp. à
- l’air.
- Celle qui vient après id. 6 6
- La 3e id. 7 7
- La 4e id. 8 8
- Il ne faut point négliger de ramasser la fleurée ou écume qui se trouve à la surface du bain, soit au moment où l’on va descendre le cadre dans la cuve, soit à celui où on l’en retire : autrement cette écume, s’attachant au tissu, y adhérerait d’une manière tellement intime qu’elle ferait fonction de réserve et maculerait toutes les parties qui en seraient recouvertes, de taches d’une nuance sale, raclée, parce que les croûtes quelle a formées disparaissent aux lavages. L’emploi d'une cuve trouble, le léger mouvement de bas en haut imprimé au cadre pendant qu’il plonge dans la cuve, celui du liquide, contribuent à détacher les parties de cette fleurée ou écume qui se sont attachées au tissu malgré les précautions prises. Quand les pièces ont subi ces opérations, qui toutes aboutissent à fixer de la matière colorante sur les points qui ne sont pas réservés, il ne reste plus qu’à compléter l’oxidation et à faire disparaître la réserve. Dans ce but, on fait passer l’étofle dans l’acide sulfurique, de là dans l’eau et dans les roues à laver.
- Le même traitement s’applique à la teinture des foulards en soie bleu solide, avec cette seule différence qu’on ajoute à la réserve un peu de saindoux et d’acide nitrique.
- § 550. Fond bien avec impression blanc réservant petit r bleu. Ce genre s’exécute de la même manière que le genre précédent, échant. 56 : seulement, au lieu d’imprimer la réserve ji
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- sur une toile blanche , on l’imprime sur un fond uni bleu clair, échant. 53 , et l’on passe en cuve. On obtient ainsi un bleu foncé sur tous les points non recouverts de réserve , tandis que les autres conservent leur nuance primitive, échant. 59.
- 59 Fond gros bleu avec impression réserve petit bleu.
- § 551. Fond bleu avec impression petit bleu et blanc réserve. Cet effet a été obtenu pour la première fois àJouy, vers l’an 1812 ou 1813. Les dessins qui ont paru en premier lieu étaient de petites palmes bleu tendre contournées d’un dessin blanc formé de petits œillets et de hachures, le tout enchâssé dans un fond bleu foncé. On peut effectuer une fabrication de ce genre de plusieurs manières :
- Ou l’on commence par réaliser le genre fond bleu clair, impression blanc réserve, échant. 57, puis on nettoie et l’on dessèche pour rentrer dans la fabrication du genre fond gros bleu avec impression réserve petit bleu ; mais dans ce cas la gravure doit être combinée de telle sorte que le petit bleu et le blanc soient réservés en même temps ;
- Ou l’on imprime un blanc réserve assez fort pour résister à tous les traitements auxquels on soumet le tissu. Cette réserve imprimée, on cuve de manière à atteindre la nuance bleu clair, on rentre ensuite une autre réserve pour préserver les parties bleu clair que l’on veut conserver, on passe de nouveau en cuve
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- § 552. Fond blanc avec impression blanc enlevage. Ce genre est dune création moderne; ce n’est qu’en 1826 que M. Thompson est arrivé à la solution de ce beau problème!
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- jusqu’à ce qu’on ait obtenu le gros bleu au degré d intensité voulu, et l’on nettoie. C’était la marche suivie a Jouy; la ré- ^ serve employée était essentiellement mécanique : aussi le blanc n’était-il pas généralement très pur;
- Ou l’on imprime le blanc réserve, n° l\, puis on rentre immédiatement sur toutes les parties qu’on veut avoir en petit bleu un corps puissant réducteur qui, sans faire fonction de réserve, s’oppose cependant à la complète oxidation de l’in- 1 digo, par conséquent à l’entier développement de la couleur, ' et l’on cuve en nuance gros bleu toutes les parties sur lesquelles I il n’a été imprimé ni blanc réserve ni corps réducteurs ;
- Ou, enfin, on imprime un blanc réserve, n° 7', puis on rentre dans toutes les parties qui doivent être gros bleu un corps oxidant qui favorise la précipitation de l’indigo sur le tissu ; alors, passant en cuve, on obtient un fond gros bleu I
- plus ou moins pur avec des dessins petit bleu et blanc. C’est j|
- *
- le suroxide mangamque qu on emploie dans ce cas avec le plus I de succès. Quelle que soit cette marche, voici l’effet produit, I échant. 60.
- 60. Fond bleu, impression petit bleu et blanc réserve.
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- GENRES DERIVES DE l’INDIGO. /|5
- dans la recherche duquel plus d’un de ses devanciers avait échoué. Il semble au premier abord que, puisqu’en définitive il ne s’agit que de produire un dessin blanc sur un fond bleu, il importe peu que ce soit par enlevage ou par réserve ; mais, pour peu qu’on réfléchisse , on s’aperçoit qu’il en est tout autrement. En effet, paç les impressions blanc réserve, on est circonscrit dans un cercle de dessins extrêmement restreint, les sujets massifs et à la planche ; dès qu’on veut en aborder d’un peu délicats au rouleau, on rencontre des difficultés telles qu’on est forcé d’y renoncer par l’impossibilité d’obtenir une impression correcte et régulière. Il n’en est plus ainsi quand on procède aux impressions blanc enlevage : outre qu’il est loisible alors au fabricant de faire intervenir ses gravures les plus délicates, cette fabrication présente, relativement à l’emploi de l’indigo, une grande économie sur celle qui s’effectue par blanc reserve, attendu que ,"dans ce dernier cas , on vise moins., ordinairement , à économiser le temps et à tirer tout le parti possible de la matière colorante qu’à conserver intactes les réserves qui se trouvent sur le tissu, à éviter les coulages, en un mot à prévenir tous les accidents auxquels la présence des réserves peut donner lieu, tandis que, dans le premier, le blanc enlevage sur bleu , le fabricant utilise ses cuves jusqu’à extinction, y plonge ses pièces à la suite les unes des autres, et les manie à son gré sans s’inquiéter d’autre chose que d’arriver au ton désiré, et, tout en utilisant la matière colorante, d’en obtenir au plus tôt la nuance la plus pure, pour procéder ensuite à l’enlevage, sans autre soin que de faire un choix des pièces et de réserver celles qui présenteraient des inégalités pour l’impression de dessins massifs, enfin d’en dissimuler autant que possible les défauts.
- Marche de l'opération. C’est à la cuve à roulettes qu’on teint les pièces de la nuance convenable, sans s’occuper de la force de la cuve. Si l’on est dans le cas de les y passer à plusieurs reprises, il convient de les dessécher à demi avant chaque trempe, et mieux encore de ne les immerger qu après les avoir
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- ^ DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- chauffées à un certain degré de température, parce qu on obtient ainsi une nuance à la fois plus vive et plus intense, at-tendu que l’indigo se précipite avec plus d’impétuosité dans les pores de l’étoffe.
- l)ans ce genre, la production de dessins blancs sur fonds bleus se réalise par l’acide chromique; mais ce corps, qui ne peut se trouver en présence d’un grand nombre de substances sans les attaquer ou en être lui-même détruit, ne saurait être directement employé. M. Thompson a donc eu recours à une voie indirecte, en en déterminant la mise en liberté sur le point même où il doit accomplir son action. A cet effet, après avoir imprégné uniformément de bichromate potassique l’étoffe préalablement teinte en bleu, il y imprime un acide qui, en opérant le déplacement de celui du chromate, rend ce composé apte à détruire la couleur qui se trouve en sa présence.
- De cet exposé général passons aux détails.
- Dans 100 litres d’eau on fait dissoudre :
- S kil. bichromate potassique,
- et l’on foularde les pièces dans cette solution à la lumière diffuse; car le moindre rayon solaire déterminerait non seulement l’altération et le nuançage du bleu, mais souvent aussi la détérioration du tissu. Quelques fabricants, pour éviter de tels accidents, saturent de potasse une partie de 1 acide chromique libre qui constitue le bichromate ; mais on îeconnaîtra les inconvénients de cette saturation, si l’on ne peid pas de vue que 1 action décolorante du bichromate étant pioportionnelle à la quantité d’acide chromique mis en liberté, toutes circonstances égales d’ailleurs, il faut alors deux fois plus d udde pour opérer le déplacement dë l’acide oxidant. Du reste, comme on éprouve déjà assez de difficulté à composer une tion acide d une force suffisante pour déterminer le dépi?' cernent de l’acide chromique, mieux vaut s’efforcer de prévenir
- :1êeis inhérents à 1 emploi du bichromate que de l’employer saturé. 1
- Au sortir du foulard, „„ sèche promptement le tissu en le
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- GENRES DÉRIVÉS DE l’iNDIGO.
- h 7
- °k faisant passer dans l’un ou l’autre des appareils indiqués § 523, af et l’on procède à l’impression. A cet effet, on commence par préparer la couleur acide (rongeante en termes de fabrique) qui, imprimée sur le tissu, mettra l’acide chromique en liberté et n(^ contribuera ainsi à la destruction du bleu, ne Ce blanc enlevage sur bleu, par l’intermédiaire du chro-ic® mate , se prépare de la manière suivante.
- Pour impression au rouleau : une
- 0jn( 10 litres d’eau bouillante sont employés, les deux tiers à dissoudre :
- 2k,000 acide oxalique, l’autre tiers à délayer :
- 7k,500 amidon grillé,
- rea’ 12k,500 sulfate plombique (résidu de la fabrication des mordants), rail! 'l,k280 acide sulfurique, et l’on réunit le tout.
- te à . v *
- Pour impression à la planche ou à la perrotine :
- 10 litres d’eau bouillante sont employés, la moitié à dissoudre : 'lk,280 acide oxalique, l’autre à délayer :
- 3k,750 dextrine,
- 7k,500 terre de pipe.
- libre Comme ces préparations ont une grande tendance à cristal-non User, surtout la première, il faut de toute nécessité les main-
- vent tenir à un certain degré de chaleur, 35 à A5°, même pendant
- our qu’on les imprime. C’est pour l’impression des substances de
- de cette espèce qu’il est recommandé d’avoir sous la machine à
- on imprimer des réservoirs à doubles fonds qu’on chauffe moyenne nant un jet de vapeur.
- tant L’impression achevée, on expose les pièces à l’air sec et rté, chaud, mais toujours à l’abri de la lumière solaire, et dès
- plus qu’elles ne contiennent plus d’humidité et qu’on juge que l’en-
- ste. levage a produit son effet, on les passe dans la cuve à roulettes,
- une § 533, fig. 140, pleine d’eau en ébullition, tenant en suspension
- pla- assez de craie pour donner lieu à une liqueur lactescente. On y
- enit peut ajouter une petite quantité de son ; toutefois n’est-ce pas
- e®* v une addition indispensable pour le bleu. Au sortir’de la cuve,
- le tissu est rincé avec soin, introduit dans les roues à laver pour
- nie
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- Æ8 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- être dégorgé , puis rincé de nouveau, et enfin desséché avec les précautions que réclame la couleur bleue.
- Il est des fabricants qui, tout en suivant exactement cette ( marche, introduisent quelques modifications dans la prépara- j tion : ainsi, comme le chloride hydrique produit du chlore en réagissant sur l’acide chromique, les uns en ajoutent quelquefois à la composition de l’enlevage blanc, d’autres mêlent une certaine quantité de chlorure au chromate, en sorte que le mélange acide imprimé met en liberté simultanément deux corps qui, par leur réaction mutuelle, donnent naissance à un agent essentiellement décolorant ; d’autres enfin font intervenir l’acide nitrique ou un nitrate dont on connaît l’action énergique sur l'indigo. Dans le choix de ces matières, il faut, avant tout, réaliser :
- 1° Une impression nette ;
- 2° Un blanc parfait sans que le tissu soit altéré et qu’il soit nécessaire de lui faire subir des traitements ultérieurs autres que les lavages, qui constitueraient le fabricant en dépense et qui ont toujours pour résultat de fatiguer la toile et d’enlever à la j£ couleur une partie de sa vivacité.
- Les conditions du cuvage ne sont point indifférentes en ee I qui concerne ces résultats ; car il est à remarquer que , pro- I duit sous l’influence d’un grand excès de chaux, le bleu est non i seulement plus vif, mais encore s’enlève mieux, ce qui ne peut s’expliquer que par l’action qu’exerce la chaux, qui attaque le 1 corps de nature résineuse que contient l’indigo , et le précipite.
- La manière dont on dessèche les toiles après l’impression de l’enlevage mérite aussi sous le même rapport d’être prise en considération; le tissu, en effet, doit nécessairement être | chauffé, attendu que ce n’est qu’à un certain degré de chaleur que la réaction s’établit bien, et que le blanc ressort avec toute la pureté désirable, comme dans les échantillons 61, 62 , ci-après :
- S ce in
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- GENRES DÉRIVÉS DE l’iNDIGO. /|9
- 61. Fond bleu. impression blanc enlevage à la planche.
- %»*•**,
- *•♦»*«*,
- Ce genre peut être varié et donner lieu à de très jolis dessins , lorsqu’à l’action que produit l’enlevage on ajoute l’effet de la gravure , celui qui résulte de l’intervention des machines à plusieurs couleurs et enfin celui des réserves.
- L’éch. 63 ci-après fait suffisamment comprendre les avantages qu’il présente. Dans cette fabrication, particulière à Rouen, on a surtout en vue d’imiter les étoffes siamoises. Quant à l’action chimique mise en jeu pour la réaliser, elle ne diffère de celle du genre dont nous venons de parler qu’en ce qu’on fait intervenir immédiatement après le passage au chromate une ré-
- 4
- ftüj. l’ond bleu, impressioi
- liane enlevage la perrotine
- III.
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- 50 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- serve destinée à conserver le bleu et à le préserver de l’action de l’agent oxidant : or, pour atteindre ce but, comme il n’y a de décoloration qu’autant que l’acide chromique devient libre, il suffit de s’opposer à sa mise en liberté, en choisissant parmi les substances alcalines celles qui sont de nature à s’épaissir le
- 63. Fond bleu avec impression réserve sous blanc enlevage.
- mieux et à s’imprimer exactement, la potasse, par exemple , la soude caustique, les carbonates de ces deux bases, les acétates plombique et sodique , le phosphate calcique, la craie , le borate sodique, en un mot, tout corps doué du pouvoir de saturer l’acide de ïenlevage , sans endommager le bleu. Du reste, l’impression peut se faire de plusieurs manières : les toiles mattées en bichromate , puis desséchées, on peut:
- Ou imprimer à la perrotine les deux premières mains, savoir: \o Le filet transversal, réserve alcaline sous blanc acide,
- 2° Le filet longitudinal enlevage sur bleu,
- et terminer par l’impression au rouleau de l’enlevage blanc sur bleu dessin sablé, puis dessécher et nettoyer;
- Ou, ayant une machine à trois couleurs, imprimer :
- Avec le \er rouleau, le filet transversal, réserve sous blanc acide,
- Le 2e id. le filet longitudinal blanc enlevage sur bleu,
- Le 3e id. le sablé blanc enlevage, dessécher, etc.;
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- GENRES DÉRIVES DE LINDIGO.
- 51
- Ou, avec une machine à deux rouleaux, imprimer :
- Avec le '1er rouleau, le filet transversal, réserve alcaline sous blanc acide, Le 2e id. le filet longitudinal, blanc enlevage sur bleu,
- et ces deux impressions achevées , dessécher le tissu, puis imprimer par-dessus le blanc enlevage sablé au rouleau ;
- Ou encore :
- Avec le 1 *r rouleau, la réserve alcaline sous enlevage,
- Le 2e id. le filet longitudinal et le sablé moyennant une gravure appropriée.
- Ce mode est d’une exécution très difficile, attendu que la gravure qui doit donner le filet longitudinal étant plus profonde, exige un enlevage fort et épais , tandis que celle qui fournit le sablé étant fort légère , réclame une couleur plus claire, et qu’il est presque impossible , en les réunissant sur un même cylindre, de satisfaire aux conditions indispensables d’une bonne impression , § 530. Que si à cette difficulté on ajoute celle qu’offre toujours à un plus ou moins haut degré l’emploi d’une machine à plusieurs couleurs, on comprendra qu’il est plus convenable d’imprimer àlaperrotine les deux premières nuances en traits forts , et de faire passer ensuite uniformément par dessus , le rouleau sablé dont la gravure est très légère. L’économie est d'ailleurs en faveur de ce procédé, puisqu’en écartant plus ou moins les lignes longitudinales et transversales et, au besoin, en en réunissant, l’une à côté de l’autre, deux ou trois d’inégales forces , on peut, en conservant le sablé , varier le même genre à l’infini.
- § 553. Fond bleu avec impression blanc, mi-blanc, OU petit bleu enlevage. Cette expression mi-blanc fait déjà pressentir en quoi consiste cette fabrication, qui n’est que celle du genre fond bleu avec blanc enlevage , dans laquelle on fait intervenir une préparation qui, au lieu de détruire complètement le bleu, ne l’enlève qu’à moitié, et donne ainsi une nuance d’un ton plus clair, mais, en même temps, d’un aspect terne, raclé et rarement bien uniforme, échant. (5/i.
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- 52 DE LA FABRICATION EN EAëTÎCUlIËK.
- 64. Fond bleu, impression blanc et demi-blanC ou petit bleu enlevage.
- Voici la marche de cette fabrication :
- 1° Cuvage des pièces à la nuance bleue que l’on désire obtenir, et qui est ordinairement d’une teinte moyenne.
- 2° Placage en bichromate potassique et dessiccation à la chambre chaude.
- 3° Impression du blanc enlevage à la planche, p. Z|7.
- h" Rentrure de l’enlevage mi-blanc produisant le petit bleu.
- Pour préparer ce mi-blanc ,
- à 10 litres d’eau on ajoute :
- 3' ,35 jus de citron à 17°; on fait dissoudre dans ce mélange :
- 3k,900 bisulfate potassique, puis on épaissit le tout avec :
- 7k,70 amidon grillé.
- Après l'impression, on expose les pièces à un air sec et chaud, et, dès qu’elles sont dépouillées d’humidité , on les passe dans un bain de craie maintenu en ébullition.
- Si les procédés que nous venons d’indiquer sont ceux dont on fait généralement usage, parce qu’ils se prêtent à la meilleure exécution de ce genre, ce ne sont cependant pas les seuls qu’on puisse employer. Ainsi, foulardant les pièces bleues en chlorate sodique et en les imprimant d’un mélange d’acide tartrique et de chloride hydrique, on amènerait la destruction du bleu sur tous les points où l’acide chlorique serait mis en liberté, puisque
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- GENRES DÉRIVÉS DE LINDIGO.
- 53
- celui-ci, en réagissant sur le chloride hydrique, donne toujours lieu à un fort dégagement de chlore ou d’acide chloreux dont on connaît la puissance décolorante.
- On peut aussi recourir au chlorure de chaux (à la cuve décolorante) en suivant à cet égard toutes les indications que nous donnerons à l’occasion des impressions bleu enlevage sur rouge turc (voyez ce genre).
- Enfin on pourrait encore tirer un parti extrêmement avantageux de la manière différente dont se comporte le chlore gazeux en présence de l’indigo, sec ou humide; car, si cette matière colorante souffre peu , quand elle est sèche, de son séjour dans ce gaz, elle est, au contraire, instantanément détruite par cet agent dès quelle est humide. Si donc on imprime d’une faible dissolution d’eau de gomme, des pièces teintes en bleu et bien cylindrées , après avoir été légèrement apprêtées et desséchées, et qu’on les passe aussitôt dans une caisse pleine de ce gaz, la couleur sera détruite sur tous les points Tnimides. L’opération pourrait aussi se faire d’une manière inverse , quand il s’agirait d’enlever de grandes surfaces de couleurs : on imprimerait à la planche une réserve qui ne serait perméable qu’à l’eau chaude, on dessécherait le tissu, on le passerait rapidement dans un vase plein d’eau froide, où toutes les parties bleues destinées à devenir blanches s’humecteraient, et il n’y aurait plus qu’à le faire circuler dans une cuve pleine de chlore gazeux pour obtenir l’enlevage le plus parfait. Employé par nous pour une foule d’essais , ce procédé nous a donné des impressions enlevage blanc qui sont, pour ainsi dire, inexécutables par le chromate : aussi nos convictions sont-elles à ce sujet telles, que nous ne mettons pas en doute qu’un jour la chambre au chlore gazeux ne joue un rôle au moins aussi grand que celui de la cuve décolorante, à laquelle on doit tant d’utiles et curieuses applications : seulement, comme le chlore ne peut être manié qu’avec certaines précautions, nous croyons devoir répéter ici encore qu’on ne doit l’utiliser que dans une
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- 5II DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- cheminée fermée à sa partie inférieure, et dans laquelle les toiles ne pénétreraient que par le haut pour descendre aux régions les plus basses , où le chlore s’accumule toujours en vertu de sa pesanteur spécifique.
- Des genres qui résultent de T impression directe de T indigo sur fond blanc.
- § 55Zi. On ne saurait déterminer l’époque à laquelle on a pottr la première fois imprimé de l’indigo. Cette impression nous est-elle venue de l’Inde, ou est-elle le fruit des recherches et des travaux de nos ancêtres ? A cette question la réponse nous est impossible.
- D’après les récits de M. de Beaulieu, officier de marine, chargé par Dufay d’étudier le mode que suivaient les Indiens pour la fabrication de leurs indiennes , ce peuple, dans la composition de ses dessins, faisait intervenir le bleu d’indigo comme couleur d’enluminage ; il ne l’appliquait que par teinture et après la formation des autres couleurs. Toute la toile recouverte alors de cire, excepté aux endroits qui devaient devenir bleus , était passée en cuve , et l’indigo se portait sur tous les points perméables ou non réservés. Du reste , ce voyageur ne fait pas même mention du bleu classique en Europe, dit bleu de pinceau, dont on s’est servi longtemps pour enluminer à la main les indiennes.
- Divers documents, qui datent du xvm* siècle, établissent l’existence dans nos pays de deux procédés bien distincts pour préparer et imprimer directement l’indigo sur des toiles blanches. Dans l’un comme dans l’autre, on part de la cuve, dont on connaissait déjà les allures ; mais tandis que dans l’un on ne réalisait que sur l’étoffe et sur le point où la couleur devait être fixée , l’action chimique nécessaire pour faire passer l’indigo à l’état soluble et favoriser son union avec l’étoffe, dans l’autre on cherchait à obtenir un bain beaucoup plus chargé, pour arriver, par une application directe sur le tissu, à la nuance désirée.
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- Le bleu donné par le premier de ces procédés porte le nom de bleu anglais et de bleu faïence. Des personnes pensent que ce bleu doit être attribué aux Asiatiques, et que nous n’avons fait que le perfectionner ; mais il y aurait à concilier cette assertion avec les rapports faits sur l’industrie des peuples auxquels on attribue cette découverte. L’autre bleu, connu généralement sous le nom de bleu de pinceau, va maintenant nous occuper.
- § 555. fond blanc , impression bleu soluble ( l»Ieu de pinceau). Ainsique nous venons de le voir, les Indiens se servaient de bleu d’indigo comme couleur d’enluminage ; les premiers Européens qui s’occupèrent de la fabrication des toiles peintes durent donc chercher à imiter leurs procédés sous ce rapport, ou à les perfectionner, s’ils les connaissaient. On ne sait rien de précis à ce sujet, si ce n’est qu’au commencement du xvme siècle on imprimait du bleu en dissolution, ainsi que le prouve un échantillon dont nous sommes en possession et qui a été fabriqué vers 1730 par un nommêLabrane. Le sujet se compose d’un bouquet de roses détaché sur un fond blanc, dont la tige etles ramages sont imprimés en oxide ferrique. Les roses et les feuilles présentent deux nuances de bleu, l’un très pâle , l’autre foncé. Si nos ancêtres ont été les premiers à imprimer l’indigo à une époque où les Indiens ne faisaient que teindre cette couleur, on se demande comment ils ont été conduits à trouver l’élément précisément le plus propice à la dissolution de cette substance, et il n’est pas difficile d’en donner l’explication. Les fabricants n’étaient point alors, comme aujourd’hui, versés dans l’étude des sciences chimiques ; ils ne pouvaient donc être guidés que par une espèce d’instinct et par le besoin de se rapprocher de tous les procédés exotiques qui jouissaient, de leur temps, d’une grande réputation : or, comme presque toutes les relations des voyageurs qui s’occupaient de la fabrication de l’indienne dans les contrées lointaines où elle a pris naissance, signalaient l’emploi qu’on faisait du sulfide arsénieux dans une foule de
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- DE DA FABRICATION EN PARTICULIER.
- circonstances, ils durent s’attacher à déterminer l’action que pouvait exercer ce corps : aussi n’est-il, pour ainsi dire, aucune des couleurs connues à cette époque dans laquelle on ne fit intervenir à tort ou à raison xme préparation arsenicale, et, dans ces tâtonnements, l’indigo ne pouvait être laissé de côté. C’est donc sans doute ainsi qu’on fut conduit à mettre en présence de cette matière colorante associée à une substance alcaline qu’on savait pouvoir en favoriser la dissolution, une certaine quantité de sulfide arsénieux qui, ainsi que nous l’avons établi § 361, réduit l’indigo.
- La préparation de l’indigo pour cette application n’a pas beaucoup changé depuis ces premiers temps. Dans le principe, on faisait bouillir 100 parties d’eau additionnées de h parties de soude d’Alicante et de h parties de chaux , et après un certain temps d’ébullition, on filtrait la liqueur. C’était, comme on le voit, préparer une solution de potasse caustique. On y ajoutait 1 partie d’indigo , 2 parties de carbonate potassique , 2 parties de sulfide arsénieux, et enfin, pour épaissir, 2 parties dégommé, puis on faisait bouillir et concentrer le tout jusqu’à ce que la couleur eut assez de viscosité pour être imprimée. De nos jours, à 80 litres d’eau on ajoute :
- 6 kil. carbonate potassique,
- S kil. chaux vive,
- 5 kil. indigo, fi kil. réalgar.
- Après avoir fait cuire ce mélange durant deux heures, on le met dans un tonneau, où on le laisse reposer, on retire la partie claire et l’on épaissit à la gomme arabique à raison de 250 grammes par litre. La partie insoluble est traitée avec une nouvelle quantité d’eau qu’on fait bouillir à plusieurs reprises jusqu’à épuisement, et dont on se sert dans les préparations ultérieures. Observons , à l’occasion de ce procédé, qu’il serait plus rationnel d’employer une solution alcaline claire qu’un mélange qui contient l’excès de chaux , la craie formée par l’ac-
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- GENRES DÉRIVÉS DE i/lNDIGO. 57
- tien de la chaux sur le carbonate, enfin l’excès de sulfide arsénieux.
- Voici une autre préparation qu’on a emploj'ée pendant un certain temps dans l’impression au rouleau : on bassinait
- 7 kil. d’indigo avec
- 30 litres solution potasse caustique à 10° AB; cette opération achevée , on introduisait le tout dans une chaudière avec 30 autres litres de solution de potasse caustique de même force et 7 kil. sulfide hypo-arsénieux (arsenic rouge). On maintenait la température du mélange pendant 2 heures à Zi0°, et en la portant ensuite jusqu’au point où la matière devenant écumeuse tendait à déborder; retirant alors du feu, on épaississait avec. 320 gr. de gomme Sénégal par litre de liquide.
- Ce que nous avons dit de l’action des corps réducteurs sur l’indigo, § 589, nous dispense d’entrer dans des détails sur le rôle du sulfide arsénieux dans ces préparations; nous n’avons qu’un mot à dire de la manière dont l’indigo bleu peut être régénéré quand il est engagé dans de pareilles combinaisons. L’expérience prouve qu’il suffit de l’exposition à l’air d’une dissolution de ce genre pour qu’au bout d’un certain temps tout l’indigo soit précipité; l’oxigène agit donc dans ce cas comme dans le déverdissage des pièces à l’air, p. 2/i, en oxidant l’indigo blanc , qu’il rend insoluble et fait passer à l’état d’indigo bleu. Du reste, on conçoit que les acides ne soient pas employés ici comme dans le bleu de cuve, attendu qu'ils déplf-ceraient le sulfide arsénieux avec l’indigo, et que, ne pouvant faire disparaître le premier que par les alcalis, on serait exposé à redissoudre en même temps une portion du second.
- La manière de fixer le bleu de pinceau n’est donc pas difficile ; mais il n’en est pas de même de son impression , celle au rouleau surtout, qui n’a pu, jusque dans ces derniers temps, être faite d’une manière bien régulière autrement qu’à la main. Il fut un temps , dont nous avons conservé la mémoire, où chaque fabrique occupait un grand nombre de
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- 58 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- femmes, tant dans l’établissement même que dans les villages environnants , à appliquer au pinceau le bleu d enluminage sur des tissus imprimés dont les dessins réclamaient cette couleur. Au printemps, lors delà sève, ces ouvrières coupaient de jeunes pousses de saule, les écorçaient, leur donnaient la longueur voulue (celle d’un pinceau eiïimanché), plaçaient les bouts sur un caillou poli, en écrasaient la fibre en la frappant d’un autre caillou à plusieurs reprises, et obtenaient ainsi un petit plumeau en bois à l’aide duquel elles prenaient la couleur et la déposaient sur les parties du tissu qui devaient la recevoir. Si ce mode d’application permettait une impression d’une nuance assez uniforme, parce que l’ouvrière pouvait toujours , en pressant sur son pinceau, faire disparaître les pellicules d’indigo oxidé qui se forment sans cesse au contact de l’air et s’opposer à ce qu’elles fissent réserve, il n’en était plus ainsi dans l’impression à la planche, et à plus forte raison dans l’impression au rouleau.Pour imprimer ce bleu de pinceau , Labrane se contentait de déposer un tamis de crin sur son bain de couleur renfermé dans un baquet et ainsi moins directement exposé au contact de l’air. Il en résultait que sa planche , posée sur l’étamine, en s’enfonçant par une légère pression , ne se chargeait que d’une couleur non.encore oxidée. Plus tard on employa le baquet à réservoir , § 503, fig. 97. Comme, malgré ces dispositions, les impressions obtenues par ce procédé laissaient apparaître beaucoup d’inégalités, on préférait toujours appliquer cette couleur au pinceau , d’où elle a pris son nom.
- Plusieurs tentatives ont été faites pour l’imprimer au rouleau; mais pendant longtemps si l’on est parvenu à une fabrication tant soit peu régulière , ce n’était que par un véritable tour de force , car la fieurèe (indigo oxidé ), en obstruant la gravure , laissait bientôt apparaître de grandes inégalités dans l’impression. Le bleu formé d’une dissolution d’indigo dans l’oxide stanneux et la potasse, par lequel on a essayé de le remplacer, n ayant jamais pu être appliqué avec succès dans cet état : d’a-
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- GENEES DERIVES DE L INDIGO.
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- bord parce qu’il était difficile de trouver un épaississant qui ne fût pas coagulé par l’oxide stanneux en présence de l’alcali , et ensuite parce que l’oxidation de l’indigo sur le tissu devenait très difficile, et quelquefois même impossible à cause de l’altération de l’indigo sous l’influence de cet agent réducteur énergique , on a redoublé d’efforts pour arriver au moyen d’utiliser directement une couleur qui joint à la pureté et à l’intensité de la nuance la plus grande facilité à se fixer à l’étoffe. Si nous sommes bien informé, MM. Thomas , Hoyle, de Manchester, auraient résolu tout récemment le problème, en imprimant le bleu de pinceau au rouleau en présence du gaz de l’éclairage, où il se trouve sur la toile momentanément à l’abri de l’action oxidante de l’air.
- 556. Fond blanc, impression bleu insoluble (bleu faïence). Il y a peu de couleurs qui aient produit plus d’effet dans les gravures et impressions en taille-douce que ce bleu imprimé en genre fond blanc sur toile de coton. Nous avons des échantillons de ces impressions qui remontent à près d’un siècle et qui attestent une grande habileté de la part de ceux qui les ont exécutés : ce sont de petits sujets détachés en une seule nuance, mouches, fleurons, etc., gravés sur de larges plaques en cuivre. Il paraît qu’en 1780 on n’imprimait encore ce bleu qu’en une seule nuance, puisqu’à l’occasion du bleu anglais, Delormois recommande que les dessins soient gravés extrêmement fins et très ombrés, parce que, dit-il, on n’y met jamais qu’une couleur.
- Ce procédé consiste à broyer l’indigo, à le réduire à l’état de division le plus complet, à l’imprimer mélangé d’une certaine substance convenable, puis à produire sur l’étoffe même la réaction qui doit le désoxider, le rendre momentanément soluble et le faire pénétrer dans les pores du tissu, où il s’oxidp ultérieurement. Vraiment les connaissances de celui qui, pour combiner l’indigo à l’étoffe , n’a pas hésité à faire passer sur la surface de cette étoffe, à l’état soluble, en présence d’un liquide, le corps qu’il y avait déposé insoluble, étaient au-dessûs de celles de son siècle , ou sa témérité était bien grande, car, sans
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER
- avoir interrogé l’expérience, on devait craindre que le liquide ne délayât la couleur au moment de son passage à l’état soluble , et ne rendît ainsi impossible la réalisation de tout dessin régulier sur le tissu.
- Le principe de cette fabrication établi, voyons les divers procédés que l’on a suivis ou que l’on suit encore dans l’application de l’indigo par cette méthode.
- Delormois s’étend assez longuement sur la préparation du bleu anglais ; mais, bien que le procédé qu’il décrit ne nous semble pas exact, comme nous ne l’avons pas répété, nous nous contenterons d’en mettre en doute la valeur, tout en le rapportant cependant à cause de son originalité. Il veut que l’étoffe imprimée d’indigo broyé, avec une solution dépotasse assez concentrée pour donner une couleur convenable, soit desséchée, puis passée : 1° pendant un quart d'heure dans une cuve remplie d’eau de chaux ; 2“ pendant le même temps dans une dissolution de potasse saturée de sulfide arsénieux ;
- 3° dans une cuve d’acide sulfurique faible qui en enlève toutes les impuretés dont elle s’est chargée dans le second bain. Mais on ne comprend pas quel peut être, dans ce procédé, le rôle de l’eau de chaux : serait-il de décomposer le carbonate potassique qui se trouve associé à l’indigo , pour former une quantité f correspondante de carbonate calcique, capable de maintenir cette matière colorante sur le point où elle a été déposée i Quant à celui de la seconde cuve , il n’est pas difficile à établir : elle contient du sulfide arsénieux, § 56, qui, en réduisant l’indigo, en favorise la dissolution. L’action de l’acide sulfurique n’est pas moins facile à comprendre : il doit rendre immédiatement insoluble l’indigo, qui a pu contracter en présence du sulfide arsénieux une combinaison soluble avec la potasse. Ce qui étonne , c’est qu’une toile imprimée d’indigo, sans gomme, puisse rester un quart d’heure en contact avec l’eau de chaux, autant de temps avec une dissolution alcaline de sulfide arsénieux, sans s’en dépouiller complètement.
- Hommassel, p. 203 de son ouvrage déjà cité, a donné un
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- CÆNliËS bÉRtVlïS ÜË l'inüigo.
- procédé fort détaillé de cette fabrication , qu’il paraît avoir étudié dans les fabriques de Jouy et de Bercy , qui, dit-il, l’exécutaient avec beaucoup de succès. Comme ce procédé est, à peu de chose près, ceux qu’on emploie de nos jours , nous nous bornerons à décrire ces derniers.
- La première opération , qui n’est pas sans importance pour le succès de la fabrication , consiste à bien broyer l’indigo ; on y associe alors les corps qui doivent entrer dans la couleur et en favoriser la fixation ; on broie de nouveau le mélange pour qu’il ait le plus d’homogénéité possible, puis on l’imprime tantôt au rouleau, tantôt à la planche plate , tantôt à la perro-tine , tantôt enfin à la main.
- Voici la composition de quelques unes des couleurs employées.
- Bleu faïence pour la planche.
- A 10 litres d’eau on ajoute :
- 2*,250 miel,
- 0k,650 indigo pulvérisé, 0k,650 sulfate ferreux, 0k,900 amidon.
- qu’on bassine avec soin , et l’on épaissit le tout avec :
- Bleu faïence fort, A.
- A10 litres indigo broyé, à raison de 0k,360 indigo par litre d’eau , on ajoute :
- 5 litres eau ,
- 5 litres miel,
- 3k,810 sulfate ferreux, et l’on épaissit le tout avec :
- 2k,00 amidon.
- Ce bleu étendu d’eau suffisamment épaissie , et ainsi réduit à la moitié, au quart, etc., de sa force primitive , constitue alors les bleus A2 et A5, qu’on applique l’un à côté de 1 autre quand le sujet le comporte.
- Bleu faïence fort (2).
- 3 kil. d’indigo sont broyés et bassinés avec
- I I litres d’eau ,
- lk,250 couperose ; on y ajoute :
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- 6*2
- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- 2 litres d’eau,
- 2 litres de miel,
- 1 k,250 amidon, et l’on cuit le tout pour former remplois en poussant la coction de ce dernier jusqu’à ce qu’il commence à se liquéfier.
- Bleu faïence pour le rouleau, B.
- 3k,750 indigo sont bassinés avec le plus grand soin avec :
- 1 0 litres d’eau ; on y ajoute :
- 3k,750 sulfate ferreux préalablement dissous dans :
- '10 litres de vinaigre ordinaire, et l’on épaissit le tout avec :
- 8k,200 à 8k,500 gomme Sénégal.
- En allongeant cette couleur d’eau de gomme, on obtient des bleus de-plus en plus faibles et qui se coupent exactement; c’est ainsi que
- 1 0 litres bleu faïencé B, auxquels on ajoute ;
- eau de gomme, contenant 400 gr. de gomme par litre, constituent le bleu B2 ;
- 1 0 litres bleu faïencé B auxquels on ajoute :
- 5 litres de gomme contenant 400 gr. de gomme par litre, le bleu B3. , „
- Quand on est dans le cas d’étendre beaucoup le bleu faïencé , l’expérience démontre qu’il est indispensable d’y ajouter une petite quantité de sulfate ferreux, puisque c’est ce corps qui détermine la première action.
- Autre bleu faïence pour le rouleau , C.
- A 8 kil. d’indigo on ajoute :
- 24 litres d’eau,
- 8 kil. sulfate ferreux,
- 15 kil. gomme arabique,
- en broyant le tout avec le plus grand soin dans la machine à bassiner les couleurs.
- Ce bleu , coupé par 1, 2, h, et même 7 fois son poids d’eau de gomme au degré de viscosité voulu pour l’impression, donne toutes les dégradations de teintes. On ajoute aux plus faibles , qui s’emploient pour les impressions mille points , une certaine quantité de sulfate terreux, Ainsi on obtient le bleu C, si
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- genk.es dérivés de l’indigo.
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- à 1 kil. bleu faïence C, on ajoute :
- \ kil. sulfate ferreux ;
- 7 kil. eau de gomme de 650 à 700 gr. par litre.
- Tous ces procédés de bleu diffèrent peu les uns des autres; il en est cependant dans lesquels on introduit d’autres ingrédients , dont la présence ne peut être sans effet ; telle est la composition de celui qui suit :
- \ 0 litres d’eau.
- 2,500 d’indigo.
- 3,750 sulfate ferreux.
- 0,640 sulfide hypo-arsénieux (réalgar).
- 0,640 chlorure ammoniaque (sel ammoniac).
- Après avoir bien broyé le tout à la machine à bassiner, on l’étend , pour lui donner la nuance voulue, d’une eau gommée, contenant 500 gr. de gomme par litre, dont le volume peut aller jusqu’à trois fois celui de l’eau employée à la préparation que nous venons de donner.
- Lorsque l’impression de l’une ou de l’autre de ces couleurs est achevée , la toile se trouve dans l’état ci-après, échant. 65, et contient dans toutes les parties imprimées :
- 65 . Indigo broyé et imprimé prêt à être fixé.
- 1" De l’indigo dans le plus grand état de division ; 2° du sulfate ferreux; 3“ l’épaississant employé et les quelques sub-
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- (i/l DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- stances accessoires qu’on y fait intervenir clans certains cas.
- Jusque là toutes les opérations sont purement mécaniques ; viennent maintenant les réactions chimiques. Après avoir encadré les pièces au champagne, fig. lhl, on les plonge dans une cuve alcaline pour décomposer le sulfate ferreux qui se trouve sur la toile, et, en mettant l’oxide ferreux en liberté, déterminer la désoxidation et par suite la dissolution de l’indigo.
- A mesure que l’oxide ferreux accomplit son rôle de désoxi-dant et la réduit, cette matière tinctoriale, s’unissant à la base qu’elle trouve en sa présence, forme une combinaison soluble qui, dans les circonstances ordinaires, devrait se délayer au sein même du liquide où elle a pris naissance, mais qui, dans le cas particulier, est forcée, par l’attraction capillaire des pores de la fibre sèche du tissu, attraction qui s’exerce de la surface au centre, à pénétrer dans l’intérieur de cette fibre. Toutefois, comme il importe d'arrêter le mouvement de ce liquide et de s’opposer à ce qu’il s’étende en long et en large , on retire bientôt le cadre et on le laisse exposé à l’air pour que l’indigo, 4 s’oxidant de nouveau, redevienne insoluble par l’absence de l’élément nécessaire à sa désoxidation.
- Si on lavait alors les toiles, la disparition de la majeure partie de l’indigo prouverait qu’une partie seulement de cette substance s’y est fixée ; il faut donc compléter l’opération , et à cet effet on passe le cadre dans une autre cuve pleine de sulfate ferreux qui achève de précipiter la matière colorante soluble qui ne s’est pas oxidée à l’air ; mais, au sortir de cette cuve, le cadre doit être plongé dans une eau alcaline qui, en déplaçant l’oxide ferreux du sulfate dont la toile est recouverte, lui laisse toute liberté d’action, et comme le sulfate ferreux existe en plus grande quantité à la surface du tissu qu’au centre et que les couches extérieures sont décomposées les premières au contact des alcalis qui ne pénètrent qu’insensiblement dans les pores de l’étoffe , l’action chimique se manifeste encore de la surface a 1 intérieur, en rendant solubles les portions d’indigo que la
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- GENRES DÉRIVÉS DE i.’lNDlG'ü.
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- première opération n’a pas réduites , et quelle force à s’ajouter à celles qui se sont précédemment fixées.
- Cette seconde opération doit être suivie d’une deuxième exposition à l’air, ainsi que de nouvelles immersions, tantôt en sulfate ferreux, tantôt en alcali, jusqu’à la fixation complète de l’indigo primitivement déposé à l’état insoluble sur la toile. Mais, comme on précipite de l’oxide ferreux en passant dans la cuve alcaline, il reste toujours sur la toile une assez forte proportion d’oxide ferrique ou ferroso-ferrique dont il importe de la débarrasser : alors on passe les pièces dans une cuve chargée d’acide sulfurique qui dissout tout ce qui est fer oxidé et ne respecte que l’indigo fixé, qui, comme on le sait, est insoluble dans les acides faibles. Quand les pièces , ainsi traitées pour la fixation complète de l’indigo , ont été bien dépouillées d’oxide ferrique par des passages suffisants en acide sulfurique faible, qu’on peut additionner d’une légère quantité de chlorure stan-neux pour en aider l’action, on leur donne au besoin un léger passage en savon. Les pièces se présentent alors dans l’état ci-après , échant. (.6.
- 66. ESlcit faïcnec imprimé et fixe.
- Voilà la marche du procédé envisagé sous un point de vue général ; nous avons à faire connaître maintenant la nature et
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- 66 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- les proportions des bases dont on fait usage, la durée des immersions , enfin les précautions à prendre.
- La décomposition du sulfate ferreux sur la toile se-fait tantôt à l’aide de la chaux et de la potasse caustique , tantôt à l’aide de la chaux seulement.
- Procède à la chaux et à la potasse. On a une série de cuves d’environ 4,000 litres de capacité, c’est-à-dire d’une hauteur de 2"',40 à 2in,20, et de l'",50 à l'n,60 de diamètre.
- La première A , cuve a la chaux, contient un lait de chaux formé du mélange de l’eau qui la remplit avec environ 300 kil. de chaux vive , que l’on doit déliter avec beaucoup d’attention, § 132. Quelques fabricants sont dans l’habitude d’ajouter à ce mélange un poids de carbonate potassique qui est environ le tiers de celui de la chaux employée. Dans le premier cas, la cuve ne marque guère que 1° A B, ou un peu plus, selon le degré de pureté de la chaux qui peut renfermer des substances solubles 5 dans le second , elle marque ordinairement 4 à 4°,5 AB.
- La seconde B , cuve au sulfate ferreux , contient une dissolution de sulfate ferreux qui doit être aussi neutre que possible. La quantité de sel nécessaire pour monter cette cuve est d’environ 7 à 800 kil., et la force qu’on lui donne généralement est de 6 à 7° AB ; mais M. Ed. Schwartz nous a dit l’avoir utilisée avec plus de succès à 10° AB.
- La troisième C, cuve a la potasse caustique , contient une dissolution de potasse caustique qu’on prépare avec toutes les précautions relatées § 108. La quantité dépotasse nécessaire pour la monter est d’environ 450 à 500 kil. de carbonate potassique , qu’on décompose préalablement sous l’influence d’une proportion d’eau convenable, par le tiers de son poids de chaux. La liqueur que l’on obtient et les eaux de lavage sont concentrées par l’évaporation jusqu’à ce qu’elles marquent 10° AB.
- La quatrième D , cuve a l’acide , contient de l’acide sulfurique étendu qui doit marquer 12 à 15° AB.
- Telle est la disposition la plus générale des cuves. Ajoutons
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- que, dans certaines fabriques , on emploie souvent deux cuves de sulfate ferreux : une faible et une forte.
- Reste à faire connaître la manière d’opérer
- Les pièces étant imprimées , on doit :
- 1 « Les plonger pendant cinq minutes dans la cuve A, puis les laisser égoutter pendant deux.
- 2° Les plonger pendant sept minutes dans la cuve B, puis les laisser égoutter pendant trois.
- 3° Les plonger pendant deux minutes dans la cuve G, puis les laisser égoutter pendant deux.
- 4° Les plonger pendant sept minutes dans la cuve B, puis les laisser égoutter pendant trois.
- 5° Les plonger pendant cinq minutes dans la cuve C, puis les laisser égoutter pendant deux.
- 6° Enfin les faire séjourner dans la cuve D, aussi longtemps qu’il est nécessaire, tant pour précipiter le bleu qui a une très grande tendance à se dissoudre à la faveur de la potasse, que pour enlever l’oxide ferrique ou ferroso-ferrique qui s’est déposé et fixé sur la toile.
- On voit que l’opération exige environ AO minutes ; mais il ne faudrait pas croire que cette marche soit la seule qui puisse conduire au but : nous en connaissons plusieurs autres, et nous allons en citer une qui, bien que différant' beaucoup de celle que nous venons d’exposer, est cependant employée avec succès.
- On plonge les pièces imprimées et encadrées :
- I " Durant cinq minutes dans la cuve À, puis on laisse égoutter durant une minute.
- 2° Durant sept minutes dans la cuve B.
- 3° Durant huit minutes dans la cuve A, puis on laisse égoutter durant une minute.
- 4° Durant dix minutes dans la cuve B.
- 5” Durant dix minutes dans la cuve A, puis on laisse égoutter durant une minute.
- 6° Durant douze minutes dans la cuve B, puis on laisse égoutter durant une minute.
- 7° Durant douze minutes dans la cuve C, puis on laisse égoutter durant une minute.
- En les retirant d e cette dernière cuve on les passe dans la cuve
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- d’acide sulfurique faible, et on les y maintient jusqu’à ce que le tissu soit dépouillé de tout l’oxide qui le recouvre. Observons que, durant ces passages, il faut secouer le cadre (pomper) toutes les fois qu’il est plongé dans la cuve à la chaux, qui doit toujours être maintenue trouble, tandis qu’au contraire on doit le tenir immobile pendant qu’il séjourne dans le sulfate ferreux. La raison en est facile à comprendre : ici encore l’indigo se dissolvant dans la cuve à la chaux, il faut s’opposer, par le petit mouvement imprimé à l’eau , à ce que les parties qui tendent à couler par leur propre poids s’arrêtent sur la fibre, tandis qu’au contraire on a intérêt à laisser immobile le sulfate ferreux , qui a pour effet de précipiter l’indigo qui est en dissolution.
- Il faut à peu près 60 minutes pour arriver à la fixation du bleu par ce procédé. Les cuves s’affaiblissant et se chargeant cîe dépôt à mesure qu’on y passe les pièces, il importe , d’une part, de les entretenir par des additions régulières de chacune des substances qui les composent, de chaux pour la cuve A, de solution de potasse pour la cuve C, de solution de sulfate ferreux pour la cuve B, enfin d’acide sulfurique pour la cuve D; d’une autre, de les vider de temps en temps pour en enlever les dépôts (sulfate calcique, oxide ferrique). Le succès de cette fabrication délicate dépend principalement du soin que l’on prend de maintenir les cuves dans un état constant de force ou de densité, car en même temps que la réaction chimique se passe, il y a une action physique qui n’est pas sans influence sur l’exactitude de l’impression.
- Procédé à la chaux. Ce procédé n’exigerait à la rigueur que deux cuves, indépendamment de celle à l’acide sulfurique, indispensable pour le nettoyage des pièces , savoir :
- 1° Une cuve A, renfermant de la chaux caustique, 80 kil. pour 4,000 litres d’eau;
- 2° Une cuve 13, renfermant du sulfate ferreux en dissolution marquant 7° AB. Mais, comme il est nécessaire que les pièces soient passées dans l’eau de chaux trouble et qu’elles en sortent
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- fortement chargées de cette base, si on les plongeait directement dans la solution de sulfate ferreux , on précipiterait inutilement une assez forte proportion de ce sel, attendu que le dépôt d’oxide ferreux s’effectuerait au fond de la cuve et non sur « le tissu ; pour prévenir cette perte inutile, on fait intervenir une troisième cuve A’, qui est appelée cuve de lavage et destinée à détacher et à enlever le grand excès de chaux qui adhère à la toile à la sortie de la cuve A. On conçoit qu’il suffit d’une faible quantité de chaux pour la monter , puisqu’elle s’entretient aux dépens de la portion de cette base que l’étoffe y apporte de la première cuve , et aussi, par la même raison , qu’il n’y a jamais qu’une faible proportion de chaux introduite dans la cuve B. Quant à la cuve A, elle doit être soigneusement maintenue au même degré de force par l’addition de quelques litres de lait de chaux à des instants déterminés par les passages. Pour ce qui concerne la manière d’opérer, voici la marche qu’a suivie avec succès M. Pélissier, chimiste de la maison Hausmann.
- Les pièces encadrées étaient passées :
- Qu’on avait la précaution de troubler au moment où l’on y plongeait l’étoffe , et de maintenir en cet état en agitant le liquide avec un rable.
- En donnant une grande secousse au cadre au moment où on le retirait de la cuve, afin que par ce mouvement l’eau, frappant contre les surfaces de l’étoffe, enlevât la chaux qui pouvait y adhérer.
- Où le liquide devait être clair et le cadre y rester immobile, toujours en troublant le lait de chaux,
- en pompant fortement.
- 10 Pendant 1 0 min. dans la cuve A
- 2° Pendant 15 secondes ?</. À'
- 3° Pendant 8 minutes id. B
- 4° Pendant 10 minutes id. A 5° Pendant 15 secondes id. A'
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- 6° Pendant 8 id. id. B sans agiter.
- 7° Pendant 10 id. id. A en troublant le bain.
- ,, r en donnant une faible secousse 8° Pendant \ 5 id. id. A' ]
- ( au cadre.
- 9° Enfin on passait en acide sulfurique jusqu’à ce qu’on eût obtenu le blanc voulu.
- Ce procédé, qui n’est guère plus long que les précédents, est beaucoup plus économique : d’une part, il ne comporte pas l’emploi d’une cuve à la potasse, et d’une autre, il ne décompose pas inutilement le sulfate ferreux.
- Il y a déjà longtemps qu’on s’est aperçu que la potasse n’est pas indispensable à la fixation du bleu ; car il fut une époque où l’on conseillait d’entretenir la cuve à alcali caustique par de la chaux, dans l’hypothèse, sans fondement, que cette dernière base décomposait le sulfate potassique formé par l’action de la potasse sur le sulfate ferreux et que la potasse était de nouveau mise en liberté ; mais bientôt, en continuant d’entretenir ainsi les cuves, on s’aperçut qu’elles ne contenaient plus que de la chaux et qu’elles fonctionnaient tout aussi bien ; cependant, à notre connaissance, M. Pélissier est le premier qui ait fait un emploi raisonné de cette base.
- L’impression du bleu faïencé, qui a eu un immense succès, a été abandonnée dans la plupart des fabriques d’indiennes ; on ne la continue que dans celles qui s’occupent des genres spéciaux , comme genres meubles, etc.
- Plusieurs raisons ont fait renoncer à l’emploi de cette couleur avec laquelle on faisait ressortir de très beaux effets de gravure la première, c’est qu’elle exige beaucoup trop de : soin et d’adresse de la part de celui qui dirige les manipulations , surtout quand il est question de dessins délicats ; la seconde, qu elle est d’une fabrication longue, extrêmement cou- 1. teuse comparativement à celle de nos jours , et qui expose à de grandes pertes , si on n’y est pas très versé; la troisième enfin, j que 1 indigo a pu être imprimé dans un autre état qui rend la fixation de ce bleu beaucoup plus facile.
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- La maison Schlumberger-Kœchlin a fait, à une certaine époque , des bleus faïences triples nuances en sujets d’une grande délicatesse, qui faisaient l’admiration des connaisseurs : or ce succès n’était dû qu’à ce que M. Ed. Schwartz, qui dirigeait alors la fabrication de cet établissement, avait su trouver la force des cuves et la relation qui doit exister entre leurs densités respectives ; la cuve au sulfate ferreux marquait 10° au lieu de 7°, et la cuve à la potasse 20 ou 22 au lieu de 10° ou 12°. On comprendra les avantages que cet habile fabricant a obtenus de l’emploi de ces dissolutions, si l’on réfléchit que la difficulté de cette fabrication réside dans les moyens de prévenir le coulage de l’indigo au moment où il devient soluble à la faveur de l’alcali. Durant le passage dans la chaux , ce coulage est peu à craindre, pourvu qu’on ait la précaution de maintenir le bain trouble en agitant, non point le cadre, mais la cuve , et en imprimant de temps en temps un léger mouvement au liquide qu’elle renferme , ou mieux encore en y introduisant une faible quantité de matière mucilagineuse, pour maintenir plus longtemps la chaux en suspension , surtout quand, bien hydratée, elle se trouve dans l’état de division convenable. On ne peut trop se pénétrer des propriétés que possèdent à cet égard la chaux, la craie et le sulfate calcique, pour en faire au besoin l’application ; le rôle physique qu’ils jouent ici est tel, que si l’on imprime une couleur d’application très attaquable par l’eau sur un tissu que l’on trempe ensuite dans ce véhicule, tenant en suspension ces corps pulvérulents, on verra, pourvu qu’on n’agite pas ce dernier, dont l’action mécanique détacherait les parcelles de la couleur, celle-ci rester intacte; mais dans la cuve à la potasse les choses ne se passent pas toujours de même : si la dissolution est étendue, le coulage est presque inévitable, et si au contraire elle est concentrée, il n est, pour ainsi dire, plus à craindre, attendu que, par un effet qui leur est particulier, les solutions alcalines de potasse jouissent de la propriété de contracter la fibre et de lui faire éprou-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- ver un retrait tel que les matières qui se trouvent dans ses pores s’y enchâssent en quelque sorte. On est souvent obligé de tenir compte de ce phénomène.
- Il est des fabricants qui, pour donner à la fibre une plus grande aptitude à se combiner au bleu, mélangent toujours à l’indigo une certaine quantité de chlorure stanneux, dont un des caractères essentiels est, comme on le sait, d’augmenter le pouvoir adhérent des tissus pour les matières colorantes. M. Fries est de ce nombre, et ses bleus faïencés lui ont toujours mieux réussi quand il a fait intervenir ce corps. Une observation qui confirme l’utilité des composés stanneux dans cette circonstance est due à M. Pélissier , qui prétend qu’on n’arrive facilement à des impressions à plusieurs nuances bien tranchées qu’en introduisant dans les couleurs une certaine quantité de précipité d’indigo, § 391 , p. /|58.
- La maison Haussmann a fait à la machine à deux couleurs, dans les dernières années de son existence, un très bel article en bleu faïencé. Le sujet se composait d’une impression ramage blanc à feuillage de petite dimension et délié sur un fond bleu foncé façon dentelle, à mailles inégales qui, plus rapprochées sur des points que sur d’autres, produisaient des effets d’ombre, le tout recouvert d’un mille-raies en lignes diagonales. Pour obtenir cet article, on imprimait à la machine à deux couleurs :
- 1° Une réserve destinée à prévenir la fixation de l’indigo et composée de :
- 5 kil. acétate triplombique liquide,
- 3 kil. nitrate cuivrique ,
- 3 kil. gomme arabique ,
- O1',750 sulfate cuivrique.
- Cette réserve, en grande partie physique par le sulfate plom-bique que formait l’acétate plombique en agissant sur le sulfate , et en partie chimique, puisqu’elle renfermait des sels cuivriques qui sont de nature à prévenir la fixation de l’indigo, s imprimait sans peine et atteignait parfaitement le but qu’on se proposait.
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- 2° Un bleu fort formé de poids égaux de gomme et de bleu faïencéC.
- 3° Le bleu faible mille raies C', et l’on passait en cuve avec les précautions indiquées.
- M. Pélissier a encore produit un très bel effet d’impression par la combinaison du genre bleu faïencé et du genre fond bleu impression blanc réserve, échant. 56. Pour s’en faire une idée, il suffit de s’imaginer une impression réserve, échant. 55 , faite sur une étoffe blanche sur laquelle on a en outre produit une impression bleue faïencée touchant ou non le blanc réserve. En passant en cuve des pièces ainsi imprimées , on force l’indigo à se fixer en double proportion sur les points recouverts en bleu faïencé, et l’on obtient, si tout coulage a été prévenu, une impression blanc réserve, sous impression bleu faïencé foncé, et fond bleu clair.
- § 557. Fond blanc, impression bleu dapplication solide. Aux motifs impérieux qui engageaient, comme nous l’avons vu, le fabricant à renoncer à l’emploi du bleu faïencé, il s’en joignait d’autres pour provoquer de sa part des efforts dans le but de trouver un bleu qui le remplaçât et lui servît en même temps à enluminer directement les étoffes sur lesquelles on avait jusqu’alors déposé , soit du bleu de pinceau, d’une application trop longue et trop coûteuse pour nos jours, soit du bleu d’application, dont l’instabilité faisait contraste avec les couleurs solides auxquelles on l’associait. Cette découverte a eu lieu, il y a environ une vingtaine d’années, en Angleterre , aux environs de Londres, et elle a fait sensation dans l’industrie de l’indienne. 11 était intéressant, en effet, de voir des impressions correctes en bleu solide accompagnant les couleurs garancées sur les étoffes les plus communes et les plus légères. Qui n’a pas admiré à cette époque les belles impressions genre fond blanc garancé , enluminage bleu et vert solides , sur mousseline, jaconas , etc., produites par MM. Hartmann, de Munster, et MM. Kœchlin frères, et Gros-Jean? Pour arriver à ce
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- 7II DF. LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- résultat, il ne fallait que modifier un peu le procédé du bleu faïencé, en y entroduisant l’indigo dans un certain état, car la seule différence qui existe entre le bleu faïencé et le bleu solide, c’est que, tandis que le premier s’obtient d’une application de l’indigo brut sur le tissu, le second est dû à celle de l’indigo insoluble , mais préalablement, réduit, qu’on maintient dans cet état par l’intervention de l’oxide stanneux qui en prévient l’oxi-dation. De cette différence découlent dans les opérations du fixage des modifications faciles à saisir : le bleu faïencé demande que l’indigo soit désoxidé, et par conséquent mis successivë-ment en contact avec l’agent capable de produire cet effet et celui qui doit le dissoudre ; dans le bleu d’application solide , au contraire, l’indigo étant déjà oxidé, il suffit pour le fixer, de le mettre momentanément en présence de la base nécessaire à sa dissolution et à son action sur le tissu. Ce principe posé, examinons d’abord d’un point de vue général les procédés qu’on emploie pour l’impression de cette couleur, et qui peuvent être ramenés à trois types : A, B , C ; nous entrerons ensuite dans les détails.
- A. L’indigo préalablement désoxidé et dissous par le sulfate ferreux et la chaux est précipité de sa dissolution par un mélange de chlorure stanneux et de chloride hydrique, et donne ainsi un dépôt formé d’indigo réduit, combiné à une certaine quantité d’oxide stanneux.
- , B. L’indigo est préalablement réduit par un mélange de chlorure ou mieux d’oxide stanneux et de potasse qui le dissout, puis la dissolution est saturée par la quantité d’acide nécessaire à un précipité d’indigo.
- C. L’indigo est préalablement réduit par un mélange de sulfide arsénieux et de potasse, et le liquide, saturé par un acide, laisse déposer un précipité d’indigo et de sulfide arsénieux.
- Quand les précipités obtenus par l’un ou l’autre de ces moyens ont été convenablement imprimés sur des toiles de calicot, il
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- GENRES DERIVES DE L INDIGO.
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- suffit de passer ces toiles dans un bain de chaux ou de carbonate soclique pour ramener l’indigo à 1 état soluble , où il peut s’emparer de la fibre de l’étoffe : seulement, doit-on rechercher encore les conditions auxquelles son action s’exerce avec le moins d’inconvénient pour l’impression.
- Après ces généralités, nous devons donner les détails que nous avons annoncés plus haut.
- § 558. Bleu réduit par Toxide ferreux. On traite dans une petite cuve :
- 5 kil. indigo parfaitement broyé à l’eau par 20 kil. chaux,
- 15 kil. sulfate ferreux,
- 55 kil. eau.
- On procède au mélange comme s’il s’agissait de monter une cuve gros bleu, p. 20, et quand on l’a paillé pendant un temps suffisant pour mettre les corps parfaitement en contact les uns avec les autres , on abandonne le liquide au repos , mais à l’abri du contact de l’air, afin de prévenir autant que possible la précipitation de l’indigo , puis on décante la partie claire jusqu’à ce qu’on arrive au dépôt, et l’on traite ce dépôt à plusieurs reprises par l’eau, en faisant intervenir au besoin une certaine quantité de sulfate ferreux ou de chaux , de manière à réduire tout l’indigo qu’il pourrait renfermer. Si les eaux de lavage sont assez concentrées, on les utilise dans l’opération qui va nous occuper ; dans le cas contraire, on les fait servir à la dissolution d’une nouvelle partie d’indigo.
- La liqueur décantée, renfermant de l’indigo réduit en combinaison avec la chaux, est neutralisée au point de ne réagir que iaiblement sur le papier de tournesol, par une dissolution formée départies égales en poids de chloridestanneux, § 218, et de chloride hydrique du commerce. C’est ici que, pour ne pas tâtonner, le fabricant fera bien d’étendre une portion de sa dissolution d’étain au dixième de sa force primitive, et de déterminer combien il en faut pour saturer celle de l’indigo. A l’aide de cet essai préalable , il pèsera ou mesurera du premier
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- coup la quantité de solution d’étain nécessaire à l’opération.
- Dès que la dissolution acide est ajoutée au liquide décanté de la petite cuve, il se forme un précipité grisâtre composé d’oxide stanneux et d’indigo réduit qui se dépose bientôt. On décante alors de nouveau la partie claire qui contient le chlorure calcique produit de l’action du chloride hydrique sur la chaux employée à la dissolution de l’indigo ; quant au dépôt, on le jette sur une chausse où on le laisse égoutter sans le laver, et on le conserve dans cet état pour l’usage.
- Ce précipité est imprimé de plusieurs manières ; nous nous bornerons à exposer celle qu’on préfère généralement, et dans laquelle on fait souvent intervenir une solution de nitrate ferreux, qui contient encore beaucoup de sulfate (voy. les proportions qu’il faudrait employer pour que ce sel fût pur , § 176), puisqu’on la prépare en faisant dissoudre dans 10 litres d’eau :
- 2k,5 à 3 kil. nitrate plombiquc,
- 2k,5 sulfate ferreux.
- Cette liqueur, recueillie par filtration, est immédiatement épaissie au léiocome ou à la dextrine, et conservée pour le besoin à l’abri du contact de l’air, Quand on veut s’en servir, il suffit d’y ajouter les proportions de précipité d’indigo voulues pour l’intensité de la nuance que l’on désire obtenir. Le volume du nitrate ferreux étant constant, 10 litres par exemple, on y ajoute 1, 2, /j, 5,6 kil. de précipité ; ou bien , s’il s’agit d’impression délicate au rouleau :
- 1 kil. précipité d’indigo,
- 2 litres nitrate ferreux .
- I kil. gomme arabique en poudre;
- mais ce mode d’épaississage étant fort dispendieux, on ne doit 1 employer que dans le cas où la gomme est indispensable.
- 11 est des circonstances où l’on doit soigneusement éviter de se servir du nitrate ferreux : c’est lorsque le bleu s’applique après d autres couleurs qui ne supportent point les traitements auxquels il faut nécessairement avoir recours en dernier lieu pour
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- GENRES DERIVES DE L INDIGO.
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- ‘ration, anté di d'oxidf lé canif alciqut ployé ur une n serve
- ; nous t dans ;e fer-’opor-176), ’eau:
- ment e be-ir, il dues ! vo-ple, agit
- loit
- e.
- de
- rès
- IX-
- enlever le fer : tels sont, par exemple, les genres mi-fonds , où le bleu vient après les autres couleurs. Dans ce cas, on remplace la solution de nitrate ferreux gommé par une solution de léio-come ou de dextrinede même viscosité.
- Quand ces couleurs sont préparées, on les livre à l’impression : si elle a lieu au rouleau, elle doit être aussi prompte que possible, et par conséquent il importe que le séchoir soit suffisamment chauffé, autrement le bleu est exposé à couler ; si elle a lieu à la planche , il faut qu’elle se fasse à la température peu sujette à varier et que chaque pièce commencée [se termine dans la journée, autrement on remarque ordinairement de très grandes différences entre l’impression du premier : et du second jour.
- En sortant de l’imprimerie , les pièces sont cousues au nombre de quatre ou cinq, par leurs extrémités , au moyen de . longues aiguilles , puis on les enveloppe dans un drap pour les [ soustraire à Faction hygrométrique de l’air, et on les porte dans une petite caisse située en avant d’une cuve à roulettes, du ; genre de celles que nous avons décrites, p.28, fig.l/18, mais ; d’une moindre capacité, et l’on procède à l’opération du fixage de l’indigo, car ici, comme dans la première phase du bleu faïencé, n’étant que superposé sur l’étoffe, il disparaîtrait au moindre , lavage, si on ne lui donnait l’agent qui peut seul le dissoudre dans son état de réduction, c’est-à-dire une base salifiable, qui ; est ordinairement la chaux ou le carbonate sodique.
- . Quand on se sert de la première , on en délite avec précaution une centaine dekilog. qu’on délaie ensuite dans la quantité d’eau nécessaire pour remplir la cuve ( 500litres environ), sans craindre la présence d’un excès de cette base, qui ne fait ici, comme dansle bleu faïencé, que maintenir la couleur et s’opposer à son coulage. Toutefois, comme dans cette opération la toile est mise en mouvement sur des roulettes, il faut avoir la précaution de régler sa marche de manière que le liquide n’agisse pas mécaniquement sur l’impression et que les parcelles de chaux
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- n’en détachent pas une portion de la couleur. Quelques fabricants ont si bien compris l’avantage de cuves très chargées de chaux, qu’ils en emploient deux au lieu d’une. L’une de ces cuves, très petite, n’est qu’une espèce d’auge placée en avant de l’autre cuve et remplie d’un lait de chaux extrêmement épais, dans laquelle les pièces se rendent d’abord pour se diriger ensuite dans la cuve carrée où elles doivent circuler au moyen d’un cadre à roulettes , dont quatre situées à la partie inférieure et trois à la partie extérieure , avec une vitesse telle qu’elles ne mettent qu’une ou deux minutes au plus pour la traverser. Ce temps suffit pour que les couleurs prennent une belle teinte vert-pomme , qui indique que l’indigo entre en dissolution.
- Par son passage dans la cuve alcaline, Xindigoture stan-neux est décomposé ; la chaux , base salifiable plus puissante, 1 s’empare alors de l’indigo et le fait passer à l’état soluble. Dès | que cette première action est accomplie, il ne faut plus que j donner à X indigotine colorable la quantité d’oxigène nécessaire pour la transformer en indigotine colorée, et cet oxigène se trouve dans l’eau où l’on fait circuler les pièces à leur sortie de , la cuvé à chaux, pour leur enlever la partie de cette base qui f les recouvre. On a remarqué , et la chose pouvait être prévue, | que le bleu est moins sujet à couler et plus nourri quand on I plonge directement les pièces dans l’eau courante : aussi plu- f sieurs fabricants ont-ils placé leurs cuves à chaux près d’un f cours d’eau, pour profiter de cet avantage. Quand on fait passer f les pièces dans un baquet, les premières absorbant tout l’oxi- | gène libre de l’eau qu’il contient, celles qui viennent ensuite ne trouvent plus l’élément indispensable pour rendre l’indigo | insoluble, et celui-ci continuant d’exister à l’état soluble, non | seulement la couleur est moins nourrie, mais encore, comme f elle n’a pu être précipitée et rendue insoluble à son entrée I dans l’eau, un mouvement s’effectue sur le tissu, et l’impres- I sion est dégradée par le coulage. Pour prévenir les accidents I de ce genre, on fait intervenir utilement l’acide sulfurique 1
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- fabri-des è de ces ant è épais, er en-n d’un ure et .es ne n\ Ce : vert-
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- faible, qui précipite instantanément la matière colorante; alors la manœuvre des pièces est légèrement modifiée au sortir de la cuve : on les dirige d’abord dans une petite auge pleine d’eau pour les rincer et faire disparaître la chaux, qui ne ferait qu’entraver l’action de l’acide , puis immédiatement après dans un bain d’acide sulfurique à 2° AB, dont on porte la température à Ù0“ environ. A leur sortie de ce bain, on les expose, pendues au crochet, durant 30 minutes à l’eau courante: L’indigo, rendu insoluble par l’action de l’acide sulfurique, n’a plus besoin que de s’oxider pour acquérir toute la solidité qu’il doit avoir. Quand cette oxidation ne se fait pas bien, ce qui se reconnaît à la nuance verdâtre que le bleu conserve, on manœuvre de nouveau les pièces pendant quelques instants dans l’acide sulfurique, et au besoin l’on fait intervenir un agent légèrement oxidant. L’eau oxigénée rendrait de grands services pour des oxidations de ce genre , car la couleur s’oxiderait sans que le blanc du tissu fût endommagé , ce qui n’a malheureusement pas lieu lorsqu’on emploie le bichromate potassique: il est vrai de dire que dans ce cas-là on a recours au chlorure de chaux faible.
- | 559. Bleu réduit par roxide stanneux. Si les procédés que nous allons indiquer pour la formation et l’impression de cette couleur diffèrent peu au fond entre eux , les résultats qu’ils fournissent sont loin d’être les mêmes.
- On ajoute à 1 kil. indigo préalablement bassiné avec 8 kil. d’eau :
- 24 lit. potasse caustique , § 108, marquant 14° AB ,
- 4 kil. chlorure stanneux,
- et l’on chauffe le tout au bain-marie à la température de 60° pendant une heure, puis on laisse refroidir et déposer la liqueur pour la décanter au besoin, s’il y avait des impuretés qui se fussent déposées. L’indigo est réduit par l’action réunie de ces corps; il ne faut donc plus que le précipiter. A cet effet, on ajoute à la liqueur la quantité d’acide nécessaire pour
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- qu’elle se neutralise et manifeste une légère réaction acide au papier de tournesol. Les proportions ci-dessus exigent une dose de chloride hydrique du commerce ( acide muriatique) d’environ 7k,200. Alors tantôt le précipité qui se forme est recueilli sur un filtre où il est simplement égoutté, et se trouve ainsi séparé de tout le chlorure potassique formé par la double décomposition du chlorure stanneux parla potasse. C’est l’opération qui se fait toutes les fois qu’on veut concentrer le bleu et obtenir une impression plus foncée; tantôt il est employé avec le liquide même au sein duquel il a pris naissance et n’a plus besoin que d’être épaissi ; on opère ainsi quand on n’a pas. à produire de bleu foncé ; tantôt enfin on prend :
- \ litre de ce précipité ,
- t lit. de la dissolution d’indigo, et l’on épaissit le tout avec :
- 1 kil. amidon grillé.
- On imprime à la manière ordinaire; aussitôt après l’impression, on fait passer les pièces d’une petite cuve contenant un bain de chaux trouble chauffé à /|0°, dans la cuve à roulettes remplie d’eau de chaux claire, pour les exposer à l’eau courante durant une heure, on les rince , ensuite on les passe au savon à raison de lk,50 de savon pour 500 mètres de toile, et enfin on les lave et on les dégorge dans les roues à laver,
- § /lÆ5, fig. 19.
- La préparation ci-après pourrait se confondre avec celle que nous venons d’exposer , si l’on n’y faisait usage de soude caustique au lieu de potasse. Nous connaissons des fabricants qui sont convaincus qu’il n’est pas possible d’obtenir un beau bleu avec la soude, et cpii prétendent que la potasse leur a toujours réussi.
- On mélange 1 kil. indigo bassiné avec 3 kil. d’eau, à
- 2 kil. chlorure stanneux dissous dans
- 3 litres d’eau et
- 1 8 litres soude caustique, à t 4° dB, § 1 14 ; puis le tout est, comme pour la préparation précédente, chauffé au bain-marie à la température de 60u pendant le temps néces-
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- saii'e pour que les corps puissent réagir convenablement l’un sur l’autre. La liqueur refroidie est neutralisée par le chloride hydrique et employée directement ou avec une certaine quantité du précipité qu’on a recueilli sur une chausse. Quelquefois on préfère ajouter directement à la dissolution d’indigo désoxidé une certaine quantité de précipité obtenu de la cuve au sulfate ferreux; c’est ainsi qu’on compose le bleu suivant.
- A 10 litres de la dissolution ci-dessus on ajoute :
- 5 kil. précipité d’indigo, § 558 ,
- 2k,500 mélasse,
- 0k, 800 chlorure stanneux acide à 55° A B,
- I 0 kil. amidon grillé.
- Il faut employer cette préparation aussi fraîche que possible.
- Quant aux passages, ils se font toujours de la même manière.
- Nous pourrions donner la composition de beaucoup d’autres bleus toujours formés sur le même principe, c’est-à-dire sur celui de la réduction de l’indigo par l’oxide stanneux, car c’est toujours, en définitive, ce corps qui est en présence de l’indigo par suite de la décomposition que le chlorure éprouve de la part de l’oxide alcalin , mais nous nous bornerons à indiquer deux modifications qu’ils subissent entre certaines mains.
- .11 est des fabricants qui, pour saturer la solution d’indigo réduit, remplacent le chloride hydrique parl’acide sulfurique auquel ils accordent la préférence-comme donnant lieu à la formation d’une certaine quantité de sulfate stanneux insoluble, qui contribue à maintenir la couleur intacte sur le tissu. L’acicle nitrique peut aussi être employé , mais non pas en excès.
- Quelquefois, quand il s’agit d’opérer la réduction de l’indigo, on remplace le chlorure stanneux par l’étain métallique, qu’on met en excès au fond de la chaudière ; lorsque la réduction est opérée, on sature comme à l’ordinaire, soit immédiatement, soit seulement au moment de se servir de la couleur. Voici un bleu de cette espèce : à 10 lit. de dissolution de potasse caustique à 14° on ajoute:
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- 2 kil. indigo broyé.
- 2 kil. étain.
- On chauffe ces matières réunies clans une chaudière en fonte , d’abord au bain-marie , puis jusqu’à l’ébullition, où l’on maintient le tout pendant le temps nécessaire pour rendre la réduction de l’indigo le plus complète possible, § 389 ; après avoir laissé refroidir, on décante la dissolution pour la débarrasser de l’excès d’étain, et l’on associe à ce liquide, avec une eau de gomme, la quantité d’acide capable de précipiter l’indigo. Cet acide est ordinairement de l’acide oxalique , de l’acide tartrique ou un mélange de cet acide et d’acide nitrique. Pour connaître la dose qu’il convient d’employer, le fabricant doit faire un essai préalable à l’aide d’une liqueur titrée; car, s’il n’y a point assez d’acide et que l’alcali soit en excès, la couleur est exposée à se coaguler et se travaille mal ; si, au contraire, c’est l’acide qui domine , il absorbe inutilement de l’alcali au moment où l’on fait entrer les pièces dans la cuve à chaux , et retarde, en outre, la fixation de l’indigo. Voici comment on procède au mélange de l’acide et de la solution gommeuse pour l’impression :
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre 7k,500 gomme Sénégal,
- 2k,8 sirop de mélasse,
- et à 1 kil. de cette eau gommée on ajoute :
- 0k,250 acide tartrique,
- 0k,200 à 0k,250 dissolution d’indigo;
- la proportion de ce dernier varie avec la nuance que l’on veut obtenir ; mais on comprend sans peine que la dose d’acide tartrique doit augmenter en même temps ; il est donc indispensable de déterminer le pouvoir de saturation d’une dissolution d’indigo de cette nature , afin d’être à même de proportionner cette dose d’acide , soit au poids , soit au volume de la dissolution indigo-tique. Pour ce qui concerne le traitement, on passe à la chaux les pièces imprimées, et on les expose à l’eau courante, ou on les passe à la chaux, puis à l’acide , et finalement à l’eau'courante.
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- § 560. Du bleu cl’ application réduit à ï arsenic. Pour préparer ce bleu, on fait dissoudre l’indigo dans la potasse et le sulfide hypo-arsénieux, de manière à obtenir la dissolution la plus concentrée possible, qu’on sature par une quantité convenable d’acide tartrique ; mais plusieurs autres espèces d’acides pourraient être substituées à ce dernier. Le précipité, formé d’un mélange de sullide arsénieux et d’indigo réduit, est recueilli à l’état gélatineux , puis épaissi par une solution de gomme ou de dextrine, et l’on ajoute à cette couleur une certaine quantité de chlorure calcique, qui est indirectement appelé à la conserver sur la toile pendant l’opération du fixage.
- Elle s’imprime du reste de la même manière que les précédents : seulement, le fixage, au lieu de s’effectuer dans un bain de chaux, doit avoir lieu dans un bain de carbonate sodique (cristaux de soude). Aussitôt que les pièces chargées de couleur passent dans ce bain, la soude du carbonate régénère le bleu de pinceau soluble, et en même temps, réagissant sur le chlorure calcique, transforme celui-ci en carbonate insoluble qui fait corps momentanément avec l’étoffe, retient l’indigo et l’empêche de couler ; peut-être aussi que le chlorure calcique fixe encore une partie de l’arsenic oxidé que renferme la couleur à la suite des réactions qui l’ont produite. Le carbonate sodique ayant fait virer la nuance au vert jaunâtre, il n’y a plus qu’à cléverdir les toiles et à les exposer à l’eau courante pour compléter l’opération. M. Fries s’applique spécialement au mi-fonds bleus.
- Par l’un ou par l’autre des procédés ci-dessus on arrive à produire des impressions en bleu d’application solide, soit à la planche, soit au rouleau. A l’occasion des genres enluminés , nous ferons voir des impressions de ce genre faites à la planche. Nous ne mettons sous les yeux du lecteur qu’un échantillon du bleu solide au rouleau, imprimé en doubles-nuances, c’est-à-dire avec des quantités de précipité déterminées d’après les teintes qu’on désirait obtenir, éctiant. 67.
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- 69. Fond blanc impression bien d’application solide ( double rouleau ).
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- La fabrication du genre de l’échant. 67 peut être aussi modifiée par des moyens analogues à ceux que nous avons indiqués pour le bleu faïencé. On y produit encore des doubles nuances plus tranchées par un procédé bien simple : on imprime le bleu qui doit être le plus fort avec du nitrate ferreux et le plus faible avec de l’eau de gomme seulement; on fixe à la chaux à la manière ordinaire , puis on fait passer les pièces dans l’acide sulfurique additionnée d’une certaine quantité de cyanure fer roso-potassique , et l’on transforme ainsi le fer mélangé au bleu foncé en bleu de Prusse , qui, s’ajoutant à celui de l’indigo, en augmente la vivacité et l’intensité.
- Nous terminerons ce sujet en insistant sur les particularités dont la connaissance peut faciliter le succès des impressions faites avec cette couleur. On doit :
- 1° F aire choix d’une bonne qualité d’indigo, et au besoin purifier cette substance par des traitements préalables dans les alcalis qui en enlèvent la résine.
- 2° Trouver les proportions strictement nécessaires pour former avec cette matière colorante un composé stanneux qui ne soit ni trop riche ni trop pauvre en étain. Si, en effet, il est trop riche, il devient difficile d’oxider l’indigo sur la toile, et souvent même,
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- par suite de l’action combinée de l’épaississant dont on fait usage, la réduction est poussée si loin qu’il n’est plus possible de ramener au bleu cette substance, qui reste gris-verdâtre. C’est pour prévenir cet effet qu’on ajoute quelquefois à la couleur de l’oxide ferrique. Deux corps inégalement désoxidables se trouvant alors en présence d’un agent réducteur, l’oxide ferrique, qui est le plus réductible desdeux, est le premier attaqué, et préservant l’autre jusqu’à ce qu’il soit lui-même complètement réduit sans empêcher la désoxidation de l’indigo bleu , s’oppose à cette réduction qui le fait passer au vert, et neutralise ainsi tous les effets destructeurs de l’étain employé en excès. Le nitrate ferreux dont on se sert dans certains bleus d’application n’a p»as seulement pour effet de fournir de l’oxide ferreux à l’indigo, mais encore de neutraliser l’effet de l’étain par l’oxide ferrique qu’il cède à la toile. D’autre part, si le composé stanneux est trop pauvre, l’indigo, ne se trouvant point en présence d’une dose convenable de l’agent qui doit le maintenir en état de désoxidation , est bientôt oxidé, et, lorsqu’après l’avoir déposé_sur la toile , on veut l’y fixer, comme il n’est plus dans les conditions à devenir soluble, il disparaît,
- Entre ces deux difficultés relatives à l’emploi de l’étain, il n’y a d’autre chance de réussite que d’employer un composé dans lequel l’élément réducteur domine légèrement, en introduisant dans la couleur un agent capable d’en modérer les effets.
- 3° Ne point perdre de vue que le passage en alcali a pour résultat de rendre soluble l’indigo en état de désoxidation, et que celui-ci ne peut redevenir insoluble et se fixer sur la toile qu’autant qu’il est oxidé ; que cette oxidation se fait dans l’eau par l’oxigène qui y est tenu en dissolution ou à l’aide d’une dissolution extrêmement faible, soit de chlorure de chaux, soit d’acide chromique, soit d’agents oxidants de cette nature; enfin que l’on 'peut empêcher le coulage des couleurs en déplaçant à propos la matière colorante par l’emploi de l’acide sulfurique.
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- Nous avons déjà dit, §548, que jusqu’à présent l’indigo ne s’était prêté qu’à trois genres d’application, les genres fond bleu avec blanc réserve , fond bleu arec blanc enlevage , et impression bleue sur fond blanc ; il n’a point encore été employé comme couleur réserve, bien qu’il puisse être imprimé, parce qu’il demande, pour être fixé, ainsi que nous l’avons vu , des traitements spéciaux, et qu’il ne pourrait être associé aux corps gras et résineux ou aux composés chimiques qui constituent les réserves, sans perdre la propriété de subir les opérations du fixage. Il pourrait l’être cependant lorsque la couleur sous laquelle on l’imprimerait se fixerait aux mêmes conditions : ainsi le bleu d’application solide s’imprimerait facilement en réserve sous un fond formé d’oxide ferrique, car l’addition d’un peu plus d’étain suffirait pour réduire tout le fer oxidé qui le recouvrirait , et comme ces deux couleurs se fixent sensiblement de la même manière , il n’y aurait plus qu’à passer le tissu dans un lait de chaux pour avoir un fond rouille avec impression bleu réserve.
- L’indigo n’est pas employé non plus comme bleu enlevage, parla raison qu’il faut toujours introduire dans une couleur de cette espèce l’agent destructeur de la -matière colorante sur laquelle elle doit agir, et que l’indigo est trop sensible pour admettre cet auxiliaire nécessaire.
- Pour savoir si l’indigotine jouissait de la même stabilité sur la laine, sur la soie et sur le coton, M. Chevreul a fait une série d’expériences , § 355 , desquelles il résulte :
- 1° Que dans le vide sec et à la lumière, cette matière colorante se conserve également bien sur le coton , sur la laine et sur la soie , puisqu’après deux ans, les échantillons ainsi traités n’avaient pas varié ;
- 2° Qu’à l’air sec et à la lumière, l’altération n’était pas très sensible, même après deux ans ;
- 3° Qu’à l’air humide, l’indigo s’altérait plus promptement sur le coton et sur la soie que sur la laine, puisqu’au bout île
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- GENRES DÉRIVÉS DU CARTIIAME.
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- cent trente-cinq jours, la couleur fixée sur la laine n’avait presque pas changé, tandis qu’elle était déjà fortement affaiblie sur le coton et presque entièrement passée sur, la soie. (Voir les tableaux des recherches de M. Chevreul sur la teinture.)
- Application. Les genres simples qu’on obtient de l’indigo , et que nous avons passés en revue , concourent à la formation de beaucoup de genres composes ; mais ce sont particulièrement les fonds unis blanc reserve ou enlevage , et les genres bleu d'application solide qui se prêtent à ces combinaisons, les premiers , soit qu'après les avoir exécutés tels que nous les avons décrits, on y rentre des couleurs d’enluminage, soit, au contraire , qu’on imprime d’abord ces couleurs d’enluminage et qu’on fasse ensuite le fond, soit enfin qu’on dépose simultanément toutes les couleurs sur la toile ; les seconds, dans tous les cas où il est nécessaire d’obtenir du bleu solide sur des points quelconques du tissu. Le traitement qu’on est obligé de faire subir aux toiles pour obtenir le bleu faïencé exclut naturellement sa participation au plus grand nombre de genres composés.
- DES GENRES DE FABRICATION QUI RESULTENT DE L’APPLICATION DE LA MATIÈRE COLORANTE DU CARTIIAME SUR LES TISSUS.
- § 561. Nous ne pourrions préciser l’époque où le carthame a été pour la première fois utilisé en teinture ; quant à son emploi dans la toile peinte, il paraît dater de la fin du siècle dernier ou du commencement de celui-ci. Peu de temps après la découverte du genre lapis, à l’imitation de ce qu’on avait fait avec cette substance sur fond noir, on passait les impressions de cette espèce en rose de carthame , ce qui donnait au bleu une couleur gorge pigeon et au blanc une couleur rosée qui complétait l’enlumi-nage des couleurs garancées fixées sur le fond bleu, et, en 1817, MM. Hartmann, de Munster, firent de très belles impressions blanc enlevage au rouleau sur des fonds unis teints en carthame. Jusqu’ici on n’a guère appliqué cette matière à d’autres genres»
- La fixation de la matière colorante du carthame découle de deux propriétés que nous allons rappeler :
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- 1° Son insolubilité dans l’eau ; 2° sa sensibilité dans les alcalis faibles , auxquels elle se combine en jouant le rôle d’acide, pour former des composés dont elle est toujours séparée par des acides plus puissants.
- § 562. Fond rose uni carthcime. On emploie à cette fabrication tantôt le carthame préalablement lavé, § -603, tantôt la matière colorante telle qu’elle est livrée dans le commerce, ou sous forme de paillettes à reflets irisés , ou sous celui de pâte d’une faible consistance et d’un rose vif foncé.
- Quelle que soit celle de ces matières premières dont omfasse usage, il faut d’abord en opérer la dissolution , puis mettre l’acide earthamique en liberté, afin de le présenter au tissu dans les conditions où il peut former corps avec lui.
- Première phase : Dissolution. Si l’on prend le carthame lavé , on le traite par vingt fois son poids d’une eau tenant en dissolution une quantité de carbonate sodique exempte de sulfite , et qui, dans tous les cas , ne doit pas dépasser le poids du carthame; on laisse macérer quelques instants, puis, en passant au travers d’un linge, on obtient une solution de cari ha-mate soclique. Si l’on emploie la matière colorante pure (car-thamine), on commence par en broyer les paillettes dans un mortier, et on les fait tremper dans un peu d’eau, afin de les ramollir, pour les traiter ensuite par le carbonate sodique. Si elle est en pâte, on se contente d’y ajouter une certaine quantité de ce carbonate en dissolution , on agite , puis après un contact d’un quart d’heure , on décante la partie claire que renferme le carbonate sodique, et l’on traite le dépôt dans lequel se trouve la matière colorante non attaquée, par une nouvelle quantité de carbonate sodique jusqu’à ce quela dissolution soit complétée.
- Il ne faut jamais perdre de vue que dans cette dissolution un contact prolongé de la matière colorante avec le carbonate a toujours pour résultat d’en détruire une assez forte proportion , et que cette destruction est pour ainsi dire immédiate à une certaine température.
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- Seconde phase : Teinture. Cette première opération achevée, on procède à la seconde, qui n’est qu’une teinture qui se réalise aussi bien sur soie que sur coton à la suite d’un déplacement.
- La solution de carthame est introduite dans le baquet même où l’on teint les pièces, et on peut employer à cet effet celui dont nous donnons ici la figure
- Fig. 149.
- a , baquet en bois, d’une forme ovale , à la partie inférieure duquel se trouve une ouverture h, par laquelle on laisse au besoin écouler le liquide, et aux deux extrémités deux douves qui servent de supports à l’axe d’un tourniquet b , muni d une manivelle m.
- On sature de jus de citron la solution de carthame jusqu à ce qu’elle ait une réaction franchement acide , que l’on reconnaît à l’œil parla modification de la couleur du liquide, qui passe du rouge orangé au rouge vif rosé et indique la mise en liberté de la matière colorante. En forçant légèrement la dose d’acide, on se met dans les conditions les plus favorables a la réussite de l’opération. Quand on opère sur une liqueur concentrée, il n’est pas rare de la voir devenir fortement écu-* meuse en raison de l’acide carbonique qui se dégage, et dans ce cas il faut ajouter peu à peu l’acide citrique; quand, au contraire, on agit sur des liqueurs étendues, l’acide carbo-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- nique est en grande partie maintenu en dissolution. Pour n’a- K voir pas à passer par ces tâtonnements, il suffit d’avoir de la matière colorante pure et du carbonate sodique cristallisé, dont R on détermine à l’avance les proportions, et de constater, à l’aide de liqueurs titrées, la capacité de saturation du jus de citron , pour se mettre à même de calculer la quantité de cet acide nécessaire, tant pour saturer le carbonate sodique employé à la dissolution de la matière colorante que pour aviver les couleurs.
- C’est dans ce liquide acidulé qu’on plonge immédiatement y les tissus à teindre; on les fait circuler dans le baquet jusqu’à ce que la toile ait acquis la nuance cherchée, puis on les sort et on les lave à l’eau courante. Il faut seulement avoir soin de les dessécher promptement et à l’abri des rayons solaires. L’hy- § dro-extracteur, fig. 31 , peut rendre de très bons services dans cette circonstance.
- Il est des personnes qui avivent les couleurs ainsi obtenues , en passant les pièces, à leur sortie du bain de teinture , dans I] une eau acidulée d’acide citrique, et chauffée à âO" ; d’autres préfèrent ajouter immédiatement un excès d’acide citrique au bain de teinture , pour avoir du premier coup la nuance désirée avec toute sa vivacité.
- 6$. Fond uni teint en cartliame.
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- Quand on veut teindre par ce procédé des soies qui ont été soufrées, il faut les passer d’abord dans une solution de carbonate sodique, autrement il n’y a pas de succès possible. En sortant du bain, les tissus sont dans l’état ci-dessus , échantillon 68.
- Mais la nuance qu’a cet échantillon n’a rien d’absolu; elle peut varier beaucoup et être d’un ton infiniment plus élevé. On remarque généralement que, toutes circonstances égales d’ailleurs , on obtient des couleurs plus foncées sur le coton que sur la soie.
- 563. Fond rose cartliame avec impression blanc réserve. Ce genre n’a pas encore été exécuté, que nous sachions, par la raison qu’on ne pourrait guère le réaliser qu’à l’aide d’une réserve mécanique trop difficile à enlever, surtout dans le cas particulier où il y aurait à ménager une matière colorante aussi fugace que la carthamine. Quant aux réserves chimiques, celles qu’on pourrait employer avec avantage auraient pour base des composés alcalins : or, comme la teinture en cartliame ne peut s’effectuer que sous l’influence d’un excès d’acide, les effets de la réserve seraient bientôt neutralisés par cet agent indispensable à la mise en liberté et à la fixation de la matière colorante. Les sulfites opposeraient un obstacle certain à cette fixation , mais la mise en liberté d’une petite quantité d’acide sulfureux dans le bain en changerait les allures. En somme, c’est donc un genre de fabrication qui a peu d’intérêt. Il en a d’autant moins, que les genres composés où les fonds carthame en réserve pourraient être appliqués se composent toujours d’impressions sur fond blanc assez foncées pour que le carthame dont on recouvre uniformément le tissu, à l’effet d’obtenir un fond rose, n’exerce pas sur elles une influence trop marquée (voy. Fond rose avec impression noire) et que dans les genres simples, où l’on veut réaliser des impressions blanches sur fond rose carthame, on a recours à l’enlevage.
- § 56/i. Fond rose cartliame avec impression blanc enlevage. Ce genre, qui a pris naissance dans la maison de
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- MM. Hartmann, de Munster, en 1817, ainsi que nous l’avons dit, a aussi été exploité avec un grand succès par la maison Eck, de Cernay. Pour le fabriquer, on procède sur un fond uni, éch. 68, à l’opération de l’enlevage, qui s’est toujours fait au rouleau : seulement, le fond doit être d’un ton un peu plus intense, pour pouvoir supporter les dégradations qui sont la conséquence des opérations de l’enlevage.
- Toute substance fortement basique ou toute autre capable de fournir del’oxigène naissant ou du chlore, § 359 , à la car-thamine, présente les qualités requises pour une impression «enlevage sur fond carthamé ; cependant, comme la couleur du fond est ici extrêmement impressionnable, il convient de n’em-ployer que des corps qui s’enlèvent facilement, et par conséquent d’exclure toute préparation qui rendrait des opérations mécaniques tant soit peu fortes ; néanmoins , pour le nettoyage du blanc formé par la destruction de la matière colorante, celle qui a le mieux réussi à M. Eck était un mélange de chlorure de chaux en dissolution concentrée et d’hydrate calcique bien délité et employé en excès, le tout épaissi avec une certaine quantité de cassonade ou de mélasse. Le concours de ces deux agents est en effet indispensable , car, employé isolément, le chlorure de chaux neutre pourrait, en se décomposant par l’acide carbonique de l’air, § 25, abandonner assez de chlore pour altérer la couleur du fond et exercer une action trop vive sur le tissu ; d’autre part, on n’obtiendrait en n’employant quel’hy-drate calcique qu’un blanc imparfait, attendu que les alcalis, tout en se combinant à l’acide carthamique, en laissent toujours sur l’étoffe une partie suffisante pour la faire paraître sale, tandis que la chaux et le chlorure réunis réalisent une double action qui, s’effectuant à l’instant même du contact, et aidée de celle du sucre , employé comme épaississant, sur la dissolution de la couleur, favorise les lavages qu’on fait à l’eau courante, afin que les parties de chaux qui ne peuvent se détacher soient enlevées et ne produisent pas de taches sur le fond. Voici un exemple d’enlevage de cette espèce au rouleau , échant. 69.
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- GËNRËS DERIVES DU CARTHAME.
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- (;•). Fond rose cnvtlmmc Impression blanc enlevage.
- jj 565. Fond blanc avec impression rosa CŒrthame. Ce genre, encore inconnu en France, ne le serait pas en Angleterre, si nous en jugeons par un petit échantillon fabriqué clans ce dernier pays et que nous avons eu quelques instants sous les yeux, dont le fond était blanc avec impression cachou et rose. Toutefois, comme nous n’avons pu soumettre cet échantillon à aucun essai, nous n’osons affirmer cpie le rose qui s’y trouvait et qui avait à l’œil tous les caractères du rose carthame, ait été réellement obtenu de cette matière colorante. Voici du reste un double moyen qui nous a réussi de produire de belles impressions rouge et rose de carthame sur calicot :
- 1° Après avoir délayé 1 jaune d’œuf et 100 gr. de gomme en poudre dans 1 litre d’huile d’olive, et incorporé à ce mélange la quantité de carthame en relation avec la nuance désirée, nous y avons ajouté peu à peu, et en remuant, une solution de carbonate sodique à l/i° AB. La matière colorante s’est trouvée ainsi dissoute, et l’émulsion produite par la réaction du corps gras sur la solution alcaline a suffi pour lui donner la consistance voulue pour l’impression. 2° Après avoir dissous la matière colorante par le carbonate sodique, nous avons incorporé à cette dissolution , jusqu’à consistance voulue , de l’huile chargée d’un jaune d’œuf et de gomme, et nous avons obtenu
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- DE -LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- une couleur semblable à laprécédente, avec cette différence que, par ce dernier mode, on est sûr de la complète dissolution de la carthamine, qui rqste toujours plus ou moins incertaine dans l’autre , vu que la substance s’y trouve en quelque sorte abritée par le corps gras.
- La couleur imprimée, il ne reste plus qu’à fixer la carthamine , et à cet effet on plonge les pièces dans une eau chauffée à 30°, aiguisée d’acide acétique et contenant une légère proportion d’acétate cuivrique. L’acide acétique déplace l’acide car-thamique , et celui-ci, mis en liberté , se combine à l’étoffe d’une manière intime. Le corps gras qui reste encore suffit même pour préserver le principe colorant de l’action de la lumière, car nous avons exposé à l’action directe des rayons solaires des roses imprimés de cette manière qui se sont assez bien conservés.
- Une précaution qu’on ne doit point négliger, c’est d’employer la couleur aussitôt qu’elle est préparée, et de la fixer immédiatement après l’impression : autrement elle se détruit en présence du carbonate sodique, le mélange devient jaune pâle et ne vire plus au rouge par les acides.
- Pour peu qu’on réfléchisse à la manière dont cette matière colorante se fixe au tissu, on voit qu’elle ne peut se prêter à la formation du rose réserve sous tel ou tel fond, qu autant qu’elle est appliquée mécaniquement. Il y a une vingtaine d’années que nous avons fait des roses à la cuve gros bleu, en colorant à l’acide carthamique un mélange de craie et de phosphate calcique obtenu par précipitation. Cette laque, broyée avec du vernis au copal, § 352, puis imprimée sur un fond blanc et passée en cuve, donne, après la teinture du fond bleu , une impression rose parfaitement bien encadrée dans le fond. Malheureusement des couleurs de ce genre résistent difficilement à des opérations mé-
- caniques prolongées, et se détachent en grande partie.
- Les impressions rose enlevage réussissent encore moins, parce qu’elles exigent toujours l’intervention d’agents chimiques à l’influence desquels la carthamine est trop sensible.
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- GENRES DÉRIVÉS DU CURCUMA.
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- M. Chevreul a étudié la stabilité comparative de la matière colorante du carthame sur les étoffes de coton, de soie et de laine, placées dans divers milieux : il a trouvé que dans le vide sec et à la lumière elle ne subit pas d’altération sensible sur ces deux derniers tissus, même au bout de 261 jours , qu’il faut plus de 2 ans pour en constater un affaiblissement sensible ; qu’elle est fortement attaquée par l’action combinée de la lumière et de l’air sec, mais plus promptement sur la soie et la laine que sur le coton, puisqu’après 121 jours, il en existait encore une certaine quantité sur le coton, tandis qu’il ne s’en trouvait plus, au bout de 63 jours , sur la soie ni sur la laine. Tous les autres essais faits dans les divers milieux conduisent aux mêmes conséquences. (Voyez 3e tableau du 2e mémoire de M. Chevreul, Recherches sur la teinture.)
- Applications. Les genres simples obtenus de la fixation de la matière colorante du carthame ne se prêtent qu’à des combinaisons limitées et de nuances extrêmement fugaces ; cependant la richesse et l’éclat de cette couleur la font employer de temps en temps dans la fabrication. C’est ainsi qu’on a recouvert de cette matière des impressions noires sur fond blanc pour obtenir des fonds roses avec impression noire légèrement rosée. On a obtenu de la même manière de très beaux genres en teignant uniformément en carthame des fonds noirs avec impression blanc enlevage qui, passant au rose , présentait du rose au milieu d’un fond noir légèrement rosé. La même combinaison a été réalisée sur fond bleu impression réserve ou en-levage blanc.
- DES GENRES DÉRIVÉS DE L’APPLICATION DU CURCUMA.
- § 566, Le curcuma est employé en teinture moins pour produire des nuances spéciales que pour modifier celles qui sont déjà appliquées et fixées sur les tissus. Dans l’impression, on ne l’a utilisé jusqu’ici que dans des couleurs d’application dont il sera question plus tard, et pour la fabrication des foulards.
- Pour produire des fonds unis avec le curcuma , il suffit de
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- 96 DE LA FA ERIC AT ION EN PARTICULIER.
- faire bouillir cette racine réduite en poudre fine avec une quantité d’eau convenable. Quand le liquide est suffisamment chargé de matière colorante, on y plonge indistinctement les tissus de laine, de soie et de coton qu’on veut teindre et qui se chargent directement de la matière colorante sans le concours d’un mordant. Pour l’impression, on en fait un extrait concentré avec une eau légèrement alcalisée. Le curcuma étant soluble dans les huiles, nous avons mis cette propriété à profit pour en retirer des impressions jaunes beaucoup plus solides. Dans ce but nous avons fait digérer le curcuma dans une huile d’olive dite tournante, § 339 , jusqu’à ce qu’elle fût saturée de matière colorante, puis nous y avons incorporé du jaune d’œuf et de la gomme arabique comme pour l’épaississage du rose carthame, et enfin nous avons ajouté au tout, en remuant avec soin, la quantité de solution de carbonate sodique à 14r AB nécessaire pour produire une émulsion. Celle-ci, imprimée sur calicot et passée en acide, nous adonné un fort beau jaune qui s’est beaucoup mieux conservé que celui qu’on obtient de la même matière colorante sans le concours des corps gras.
- Nous n’avons rien à dire des impressions enlevage et réserve en cette couleur; elles sont sans intérêt.
- On n’a qu’à consulter, du reste, pour la stabilité de celte matière colorante sur lés divers tissus, le 1er tableau des Recherches de M. Chevreul.
- Applications. Après le parti qu’on a tiré du curcuma dans l’impression des couleurs vapeur et pour la modification des nuances de celles qui sont déjà fixées, l’application la plus intéressante de cette substance est , sans contredit, celle qu’on en a faite en l’associant au bois de Brésil, pour la teinture de certains genres de foulards de soie qu’on imprime en mordant de fer et d alumine. Le bois de Brésil produit avec les mordants le rouge et le noir sans altérer les parties'blanches, et le curcuma, au contraire, n’agissant que sur les parties non mordancées du tissu, donne des dessins jaunes au milieu d’un fond noir et
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- GENRES DÉRIVÉS DU ROCOU. 97
- rouge, ou un fond jaune chargé d’impressions de ces deux couleurs.
- DES GENRES DE FABRICATIONS AUXQUELS DONNE LIEU l’aPPLICATION DU ROCOU.
- Cette substance colorante, qui par sa nature se rapproche des résines, est peu soluble dans l’eau, et se fixe sans le concours de mordants tant sur la laine que sur le lin et le coton.
- § 567. Fond mû <cint en rocou. Rien n’est plus facile que d’obtenir un fond uni au moyen du rocou : on en fait une décoction qu’on peut au besoin rendre légèrement basique par les alcalis ou même par le carbonate ammonique. Pour favoriser la dissolution de la matière colorante, on y plonge l’étoffe à teindre , et il suffit de porter le tout à l’ébullition pour que la couleur se fixe intimement au tissu. Avec le rocou on n’imprime jamais ni réserve ni enlevage.
- 568. Fond )»isu:e impression rocou. Après avoir fait une décoction de rocou dans une solution de potasse caustique, on 1 é-paissit à l’amidon torréfié, puis on l’imprime; on expose alors le tissu à. l’air pendant quelque temps, on le passe dans un acide faible, ou même, quand le genre le comporte, dans une eau tenant en dissolution une certaine quantité d’alun ou de 90. Fond lilaite, impression orange rocou.
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- 98 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- sel stannique ; la matière colorante mise en liberté s’unit au tissu, et l’alun ou l’oxide stannique qui sont en présence se fixent en partie à cette couleur, par elle-même extrêmement fugace, et la rendent plus vive et plus solide. L’échantillon 70 donne une idée de la nuance qu’on obtient de l’application de cette substance tinctoriale.
- Le rocou, stable en présence des alcalis caustiques, § 415, se prête à des impressions couleur enlevage; c’est ainsi que nous le verrons imprimé avec orange enlevage sur fond bleu de Prusse. On pourrait par la même raison aussi l’employer comme réserve sous toutes les couleurs qui sont de nature à être détruites par les alcalis; car , en forçant la dose de ces derniers, qui n’attaquent pas le rocou , on arriverait toujours à la décomposition de la matière colorante avant qu’elle eût atteint le tissu.
- Applications. Le rocou ne forme pas de genre spécial et ne s’emploie guère en toile peinte qu’à des impressions de couleurs enluminages. La fixité de sa matière colorante est plus grande sur la laine et sur la soie que sur le coton , en présence de l’air humide; au contraire, en présence de l’air sec , elle est plus fixe sur le coton et sur la soie que sur la laine. De toutes les expériences qu’a faites M. Chevreul à ce sujet, il résulterait que, considérée d’une manière générale, cette matière colorante serait plus stable sur la soie que sur le coton, sur celui-ci que sur la laine.
- DES GENRES DE FABRICATION QUI RESULTENT DE LA FIXATION DU CACHOU SUR LES ETOFFES.
- § 569. Il y a longtemps que les Indiens, les Malais surtout, font usage du cachou, qu’ils connaissent plus particulièrement sous le nom de bétel ; mais c’est seulement de nos jours qu’on a reconnu que cette couleur brune , encadrée dans des fonds bleus de cuve (pagnes des Indiens), était une matière colorante spéciale , et la base de ces noirs solides qu’on cherchait vainement à imiter.
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- GENRES DÉRIVÉS DU CACHOU.
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- A la fin du siècle dernier, d’après des livres d’anciennes fabrications, et au commencement de celui-ci, d’après Dingler, Journal, n° 1, tom. Il , 1815 , qui a publié le procédé employé par MM. Schopfler et Hartmann, d’Augsbourg , pour la fabrication des genres fond bronze , où des couleurs mixtes accompagnent toujours les couleurs garancées , on se servait déjà du cachou 5 mais soit qu’à cette époque on ne sût pas le rendre parfaitement solide sur le tissu, soit qu’éprouvant trop de difficulté àl’appliquer, on lui préférât les couleurs mixtes, l’usage de cette matière colorante fut abandonné pendant près de trente ans. En 1829, M. Barbet fils , de Jouy, la fit rentrer dans la fabrication de l’indienne , mais en la dissimulant si bien que, pendant près de trois ans , il exploita seul des articles cachou qui avaient un immense succès. Après l’avoir introduit dans les genres ga-rancés, il l’associa à des bleus, à des roses et violets cochenilles, etc. En 1833, les fabricants d’Alsace abordèrent à leur tour cette fabrication. S’ils n’utilisèrent pas plus tôt cette substance, c’est qu’ils s’étaient trompés dès le principe sur la nature de la couleur obtenue par M. Barbet, pensant qu’elle était le résultat de la combinaison d’un mordant particulier avec la garance , parce qu’elle présentait une résistance que jusque là on n’avait trouvée que dans le principe colorant de cette racine. Dès cette époque , le cachou fut employé sous une infinité de formes : M. Camille Kœchlin l’introduisit avec le bleu et le vert solide dans l’enluminage des fonds blancs garances ; M. Eck, de Cernay, en faisait, au rouleau, des impressions fond blanc d’une délicatesse extrême ; M. Jean Schlumberger jeune, de Thann , créait le genre lapis fond cachou; enfin on peut dire qu’à part les composés du chrome et la garance, il n’est pas de substances tinctoriales qui se soient prêtées à plus de combinaisons heureuses , non seulement par les couleurs auxquelles elle a donné lieu, mais encore par les idées nouvelles que l’étude qu’on en a faite a suggérées. Ainsi, par exemple , on eut à peine constaté qu’un tissu imprégné d’une dissolution
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- 100 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- de cachou ne peut être en contact avec le bichromate potassique sans que la nuance s’en trouve considérablement augmentée , en même temps que la matière colorante s’y fixe d’une manière intime, qu’on érigea en principe que les substances astringentes sont toutes dans le même cas, c’est-à-dire peuvent donner lieu à des composés stables , et qu'il suffit d’imprimer du chromate potassique sur des tissus préalablement recouverts en cachou ou toute autre substance de même espèce pour obtenir des effets de doubles nuances.
- Aucune fixation de matière colorante n’est plus facile à effectuer que celle du cachou ; cependant, dans l’emploi qu’on en fait, on ne doit point négliger quelques particularités qui garantissent le succès des opérations. Rappelons d’abord que le cachou du commerce est une matière complexe, renfermant un principe colorant jaune, ne se fixant que par le concours des mordants et d’une substance (la catéchine) plus ou moins analogue au tannin, qui, en s’oxidant, devient insoluble et colorée ; si donc l’on fait une décoction de cachou surtout dans le vinaigre, on obtient une dissolution qui renferme ces deux principes particuliers : or, si l’on imprègne un tissu de cette dissolution et qu’on l’expose ensuite à l’air pendant un certain temps , le cachou s’oxide, et, à mesure qu’il subit ce genre de modification , contracte une combinaison tellement intime avec l’étoffe qu’aucune couleur ne peut lui être comparée sous ce rapport; la matière colorante jaune disparaît seule aux lavages. Pour que l’oxidation devienne complète, il faut une exposition de longue durée à l’air : dix jours sont à peine suffisants ; mais on peut favoriser cette oxidation par l’intervention d’agents déshydrogénants , tels que les sels cuivriques, mer-curiques, stanniques et ferriques , qu’on introduit dans la couleur avant de la déposer sur le tissu. Dans le même but on expose les pièces à la vapeur d’eau, où on les fait passer dans un bain de bichromate potassique ou dans un lait de chaux, quand la couleur qui y est déposée les a suffisamment péné-
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- GENRES DÉRIVÉS DU CACHOU.
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- trées ; l’un et l’autre de ces moyens aident spontanément à l’oxidation, mais à des conditions diverses : le bichromate potassique, en cédant une portion^ de l’oxigène de l’acide chro-mique , oxide le cachou et le transforme en acides rubinique et japonique, qui se combinent avec l’oxide chromique formé parla réduction de l’acide, pour constituer une véritable laque colorée. La chaux, en agissant physiquement, comme sur la plupart des substances astringentes, entre aut es les acides gailique, tannique et l’hématine, détermine la fixation de l’oxigène libre. En conséquence, si l’on fait abstraction du temps nécessaire pour parvenir à former et à fixer cette couleur, on peut dire qu’il n’est besoin que d’en imprégner le tissu et de laisser celui-ci au contact de l’air; dans le cas contraire, il faut savoir choisir la substance qui en amènera, le plus promptement l’oxidation , soit qu’on l’introduise directement dans la couleur même, soit que cette couleur appliquée sur le tissu y soit oxidée ultérieurement. Dans toutes les préparations de cachou que nous allons examiner, nous retrouverons donc : 1° le véhicule destiné à en opérer la dissolution , ou l’eau à laquelle on ajoute , selon le reflet qu’on désire donner à la couleur, tantôt une certaine quantité d’acide acétique qui favorise la dissolution des matières résineuses, tantôt des alcalis qui forment des combinaisons solubles avec les acides cathéchique et rubinique, § Z|20 ; 2° des agents oxidants, tels que les sels cuivriques qui abandonnent facilement une portion de leur oxi-gène, des acétates manganeux et ferreux qui attirent promptement celui de l’air pour le transmettre ensuite à la catéchine , et même en modifier la nuance par la combinaison de leurs oxides avec les acides qui résultent de l’oxidation du cachou ; 3° enfin, le plus ordinairement, du chlorure ammo-nique employé, d’après M. G. Schwartz, pour prévenir une combinaison du cachou avec la gomme qui en diminuerait beaucoup l’intensité, et d’autres substances qui remplissent des rôles divers. Voilà pour les matières qui entrent dans
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- 102 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- le bain de couleur ; quant aux agents qu’on emploie pour le fixage ou l’oxidation sur l’étoffe, ce sont le vaporisage, le fixage au chromatè et le fixage à la chaux, que nous ferons connaître après avoir donné la composition des principales préparations de cachou, les mêmes pour tous les genres simples dérivés de cette substance, qui s’exécutent tous par impression tantôt à la planche, tantôt au rouleau, qu’on veuille réaliser des dessins sur fond blanc, ou des dessins réservés par I
- la gravure sur des fonds unis, ou matter ou recouvrir unifor- fl
- mément l’étoffe.
- Cachou A.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 3k,750 cachou,
- 0k,480 acétate cuivrique,
- 0k,800 chlorure ammonique,
- 5 kil. gomme arabique.
- On peut étendre cette préparation d’eau gommée quand on désire des nuances de plus en plus faibles , en ayant toutefois la précaution de réunir à l’eau de gomme la quantité d’acétate cuivrique et de chlorure ammonique nécessaire pour que les mêmes proportions de ces sels se trouvent encore dans des volumes semblables de la couleur étendue.
- Cachou B.
- A iO litres acide pyroligneux , on ajoute :
- tk,45 cachou pulvérisé qu’on fait tremper dans \ 4' litres eau.
- On fait chauffer le tout lentement jusqu’à ce que le liquide se soit réduit d’un dixième; on laisse déposeret l’on conserve pour l’usage. .
- A 10 litres cachou B, on ajoute :
- 1 ,25 chlorure ammonique,
- 2 kil. gomme arabique ,
- 2,500 terre de pipe,
- 0,480 nitrate cuivrique.
- le bain de couleur ; quant aux agents qu’on emploie pour le fixage ou l’oxidation sur l’étoffe, ce sont le vaporisage, le fixage au chromatè et le fixage à la chaux, que nous ferons connaître après avoir donné la composition des principales préparations de cachou, les mêmes pour tous les genres simples dérivés de cette substance, qui s’exécutent tous par impression tantôt à la planche, tantôt au rouleau, qu’on veuille réaliser des dessins sur fond blanc, ou des dessins réservés par
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 3k,750 cachou,
- 0k,480 acétate cuivrique,
- 0k,800 chlorure ammonique,
- 5 kil. gomme arabique.
- On peut étendre cette préparation d’eau gommée quand on désire des nuances de plus en plus faibles , en ayant toutefois la précaution de réunir à l’eau de gomme la quantité d’acétate cuivrique et de chlorure ammonique nécessaire pour que les mêmes proportions de ces sels se trouvent encore dans des volumes semblables de la couleur étendue.
- se soit réduit d’un dixième ; on laisse déposer, et l’on conserve pour l’usage. .
- A 10 litres cachou B, on ajoute :
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- GENRES DÉRIVÉS DU CACHOU.
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- Cachou au fer.
- En introduisant aussi dans cette préparation des sels qui, tout en favorisant l’oxidation, en modifient la nuance, on obtient d’autres couleurs ; ainsi on peut ajouter:
- N° 1
- A 5 litres cachou A
- 5 litres acétate ferreux à \ 2° dB,
- 5 lui. gomme arabique,
- N° 2.
- ou, encore à 10 litres cachou mère,
- 15 litres eau,
- 20 litres eau de gomme contenant \ kil. de gomme par litre ,
- \ 0 acétate ferreux à 9° dB.
- Cette couleur, qui est employée pour des impressions au rouleau, genre mi-fond soubassement, peut être elle-même modifiée à l’infini, si l’on remplace l’acétate ferreux par un mélange d’acétate et de sulfate, où même par du nitrate de même base, et si l’on change les proportions de ces composés solubles.
- Quand on veut rendre les préparations plus oxidables, on fait intervenir d’autres substances. Ainsi on ajoute à 7‘,50 décoction de cachou renfermant 250 gr. par litre :
- N° 3.
- S1,75 eau, dans laquelle on délaie 1h25 mélasse , et l’on fait dissoudre ensuite 0k,320 chlorure mercurique,
- 0k,1 60 nitrate ferrique à 55° dB ; puis on épaissit avec 3l\750 amidon grillé.
- Cette quantité d’amidon grillé peut être remplacée par 2 kil. de gomme arabique
- N° h.
- A 1 litre décoction de cachou, renfermant 250 par litre, on ajoute :
- 01,2 50 cachou-mère,
- 5 lit. eau de gomme à \ kil. par litre,
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- 104 DR LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- 0k, 1 00 nitrate ferreux à 55° /IB,
- 0k,200 acétate ferreux à 9° ^4B,
- 0k,080 chloride stannique à 55° dB.
- Cachou au manganèse.
- Dans 10 litres eau , on cuit :
- 1k,8 cachou; la décoction achevée et la liqueur éclaircie, on y ajoute :
- 10 lit. acétate manganeuxà 12°dB, puis l’on épaissit avec 2 kil. amidon.
- N" 2.
- A 10 litres décoction cachou à 250 gr. par litre, on ajoute :
- 3k,500 gomme arabique •
- 0,900 acétate cuivrique,
- 0,500 gr. sulfate manganeux à 42° dB.
- Cachou alcalin.
- 10 lit. décoction cachou, à raison de 125 gr. par litre, sont épaissis avec
- 1k,20 farine , et lorsque la couleur est cuite, on y ajoute : 2l,5 dissolution de soude caustique à 10° dB.
- En faisant varier les proportions de cachou, sans changer les rapports qui existent entre les différents corps , on obtient à volonté des nuances plus fortes ou plus faibles : seulement, il est à remarquer qu’ici encore ces couleurs, épaissies à la farine, ne se travaillent bien qu’au bout de quelques jours, § 524, p. 424.
- Cachou au chrome.
- Dans 12',5 solution de soude caustique à 61 AB, on fait dissoudre :
- 5 kil. cachou en tablettes; quand l’ébullition est suffisamment prolongée , on filtre et on ajoute :
- 12',5 eau gommée à 1 kil. par lit., puis, pour chaque litre de cette préparation , on ajoute :
- 0,060 à 0,080 sulfate chromique, § 198 , ou la môme dose de la préparation ci-après, à laquelle on donne à tort le nom d’acétate chromique, puisque c’est un mélange très complexe qu’on obtient en faisant bouillir dans
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- GENRES DÉRIVÉS DU CACHOU. 105
- 10 lit. eau et 20 lit. acide acétique pendant 30 à 40 minutes avec 5 kil. bichromate potassique ,
- 2, 50 mélasse.
- La présence de l’oxide chromicpie ayant pour résultat de fixer la matière colorante jaune du cachou, la nuance qui en résulte a un caractère particulier qui l’a fait rechercher.
- Cachous au tartrate de cuivre.
- A 10 litres eau de gomme à 570 gr. par litre, on ajoute :
- 2’5 décoction cachou , à raison de 150 gr. par lit,.,
- 0k,350 dissolution de tartrateacéto-cuivrique à 37° dB, que Ton prépare de la manière ci-après :
- Dans 10 litres eau, oi^fait dissoudre à chaud :
- 4k,400 bitartrate potassique ,
- 2k,800 acétate cuivrique.
- Quand le tout est bien dissous, on évapore la liqueur jusqu’à ce qu’à froid elle marque 36 à 38° A B, tartrate acèto-cui-vrique.
- N" 1.
- A 5 litres eau de gomme à 600 gr. par litre, on ajoute :
- 2*, 50 décoction acide de cachou à 150 gr. par lit.,
- 0k,280 gr. tartrateacéto-cuivrique à 37° dB.
- N° 2.
- A 5 litres eau de gomme à 900 gr. par litre, on ajoute :
- 5 lit. décoction de cachou à 1 50 gr. par lit.,
- 0k,600 tartrate acéto-cuvrique à 37° dB.
- N° 3.
- A 10 litres décoction cachou. on ajoute :
- 10 lit.‘eau dans laquelle on a fait dissoudre 3k,500 amidon grillé,
- 3k,600 terre de pipe ,
- 4 ,, 0,900 tartrate acéto-cuivrique à 37“ dB.
- N” h.
- A 10 litres décoction de cachou, on ajoute :
- 3k,200 gomme Sénégal,
- 1,100 tartrate acéto-cuivrique à 37° dB.
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- N° 5.
- A 10 litres décoction de cachou à 150 gr. par litre, ou ajoute :
- 1 ,800 amidon grillé,
- I, 800 terre de pipe ,
- 0,1 00 tartrate acéto-cuivrique à 37° A B.
- N° 6:
- A 5 litres décoction cachou à 150°, on mélange :
- S lit. eau dans laquelle on fait dissoudre 100 gr. sulfate ferreux, -100 gr. tartrate acéto-cuivrique.
- En faisant varier les proportions relatives de ces substances et en changeant les épaississants, on obtient des variations très grandes dans les nuances.
- Cachou C.
- Dans 10 litres eau auxquels on a mélangé
- 5 lit. acide acétique à 8<>, on fait dissoudre par l'ébullition 7k,50 cachou,
- 0k,500 acide sulfurique concentré et délayé dans „
- 0,075 sulfate ferreux.
- Cachou D.
- Dans 10 litres eau on fait bouillir :
- 5 kil. cachou , et l’on ajoute
- 0k,340 acide sulfurique préalablement délayé dans
- 0,900 eau.
- Cachou Cb
- A 10 kilog. infusion cachou C , on ajoute :
- 3k,5 chlorure stannique, § 220,
- 3k,30 à 3k,50 amidon grillé.
- . Cachou J)'.
- A 10 kilog. infusion cachou D, on ajoute :
- 3k,5 chlorure stannique,
- II, 25 solution saturée à froid de bichromate potassique,
- 3k,500 amidon grillé.
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- GENRES DÉRIVÉS DU CACHOU.
- 407
- A la suite de toutes ces substances qui entrent dans la préparation des diverses couleurs cachou , nous devons en ajouter d’autres que quelques fabricants emploient dans le but de rendre ces couleurs hygrométriques, parce qu’ils ont observé que l’oxidation ne s’en fait jamais mieux que quand elles restent humides : ce sont le chlorure ou-l’acétate calcique. Au premier abord ces corps ne semblent pas pouvoir jouer d’autre rôle ; cependant, en étudiant de plus près la question, on voit que l’acétate calcique réagit en outre à la manière de la chaux , quoiqu’avec moins d’énergie, et en détermine l’oxidation ; car il ne faut pas perdre de vue que, dans la plupart des réactions chimiques , les acétates se comportent absolument comme les bases salifiables, qu'on les ajoute à des sels, § 272, ou à des matières colorantes, § 368.
- Si 1@ cachou n’était appliqué que sur des fonds blancs et qu’on ne fût point tenu d’avoir égard, comme il arrive quand on le fait intervenir sur des fonds couverts , aux couleurs qui le précèdent’ou le suivent sur les tissus, il serait loisible au fabricant d’employer la préparation la plus simple et de la laisser séjourner sur l’étoffe le temps nécessaire à sa fixation, ou de la fixer immédiatement par l’agent le plus convenable; mais comme ce cas est le plus rare et que cette couleur s’associe presque toujours à d’autres, il faut composer les préparations du cachou de telle sorte que sa fixation cadre avec celle des couleurs des genres dans lesquels il intervient. Nous avons vu que le bleu d’application solide doit être fixé aussitôt après avoir été imprimé ; la fixation du cachou , qui s imprime souvent en même temps à la machine à deux couleurs, doit donc aussi dans ce cas être immédiate et, de plus, avoir lieu par le même élément, la chaux, § 557 ; or , c est pour atteindre ce but qu’on fait intervenir dans les décoctions de cette substance des préparations de manganèse, de mercure et de sel stdnmque; mais comme le cachou s’imprime aussi avec des couleurs autres que le bleu et qui sont plus ou moins altérablespar la chaux, il faut
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- 108 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER,
- changer alors le mode de fixation, et par suite modifier la composition des décoctions. C’est le motif et le besoin de faire varier les nuances qui j ustifient l’intervention dans les préparations de cachou de tous ces corps étrangers que nous avons signalés.
- Quelle que soit celle de ces préparations qu’on emploie, l’impression doit toujours en être faite, en fond uni comme en fond blanc , aussi rapidement que possible : autrement on aurait des parties de pièces plus claires ou plus foncées que d’autres. Il faut aussi avoir la précaution, d’une part, de ne pas trop épaissir la couleur pour qu’elle pénètre dans le tissu ; d’une autre, de prévenir, par l'intervention d’une certaine quantité de terre de pipe, le coufage qui résulterait de son application , si elle était trop claire.
- Après l’impression , quand les genres le comportent, il faut suspendre les toiles dans un endroit frais et humide, et les y laisser plusieurs jours, jusqu’à ce que la couleur, de noisette qu’elle était au moment de l’opération, soit devenue marron foncé. 11 est essentiel que l’air se renouvelle dans la salle où les pièces sont suspendues , tant pour favoriser la fixation de l’oxi-gène que pour enlever le chloride hydrique qui se dégage, par la décomposition qu’éprouve le chlorure ammonique en présence des acides auxquels donne naissance l’oxidation du cachou. Sans cette précaution, dans certains genres, le tissu pourrait être attaqué, et les mordants ou les couleurs qui sont en présence fortement dégradés (J. Fries). Puisqu’il se dégage sans cesse du chloride hydrique pendant la modification que le cachou imprimé avec le chlorure ammonique éprouve au contact de l’air, et qu’il est prouvé qu’on n’obtient que difficilement de belles nuances sans l’intervention de ces corps, il paraît hors de doute que l’ammoniaque joue un certain rôle dans cette fixation ; ne pourrait-on pas en conséquence employer au lieu de ce chlorure d’autres sels ammoniacaux, dont l’acide en se dégageant ne produirait aucun effet fâcheux? Tel serait l’acétate
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- ammonique, qu’on obtiendrait d’une saturation de vinaigre par le gaz ammoniac ; on remplacerait alors une partie de l’eau nécessaire pour les décoctions de cachou, par une solution de cet acétate, et l’on pourrait accumuler ainsi dans ces préparations la dose d’ammoniaque convenable. Peut-être que le nitrate ammonique produirait également un bon effet ; car, si l’acide japonique ou tout autre qui se forme dans ce cas est assez puissant pour s’emparer de l’ammoniaque et déplacer l’acide d’un sel ammonique , il n’est pas dit que l’acide nitrique serait mis en liberté comme le chloride hydrique ; il se pourrait même que, dans de telles circonstances, le premier de ces acides fût réduit, et contribuât à l’oxidation de la substance organique, "tout en passant par l’action de l’hydrogène naissant à l’état d’ammoniaque, qui doit intervenir comme partie constituante de la couleur.
- Du fixage du cachou. Trois moyens , avons-nous dit, sont employés pour fixer le cachou. Après avoir laissé les pièces exposées pendant un temps suffisant à l’air, on a recours ou au vaporisage, ou au passage en chromât e ou à la chaux.
- Pour le vaporisage, on fait usage des appareils que nous décrirons avec détail à l’occasion des couleurs vapeur, mais en le répétant pour arriver à une fixation plus complète, après avoir humecté les pièces et les avoir de nouveau exposées à l’air avant de réitérer l’opération. Il est rare qu’on ne fasse pas intervenir à la suite de ce double vaporisage, à moins que le genre de fabrication ne s’y prête pas, l’action du chromate ou delà chaux.
- Pour le passage en chromate potassique, on prépare une solution saturée de bichromate potassique, qu’on maintient à une température comprise entre 35 à 70° dans un cuveau surmonté d’un tourniquet, § 562, fig. 1Z|9, ou même dans le baquet d’un foulard, § 523, fig. 130-131, et l’on y fait entrer au large les pièces sur lesquelles se trouve le cachou à fixer; la couleur qui les recouvre triple aussitôt d’intensité et devient inso-
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- lubie. La densité de la dissolution et la température du bain ont une grande influence sur le succès de l’opération : quand le dessin est chargé, si la température du bain n’est point assez élevée, ni la liqueur assez concentrée pour saisir la couleur, on est exposé à voir l’impression couler ; il est donc important de savoir graduer la force de cette dissolution, et en élever la température au degré qu’exige l’intensité de la nuance désirée ; quand, au contraire, la quantité du chromate est trop forte, et la température du bain trop élevée , le cachou n’est plus sujet à couler, mais il peut se détacher de l’étoffe, comme le ferait une substance pulvérulente qui y aurait été déposée mécaniquement.
- Dans cette réaction du chromate potassique, il y a fixation d’oxigène, et en outre, d’après les expériences de M. H. Schlum-berger, d’une portion du chrome oxiclé provenant de la réduction de l’acide chromique, § 358. Ce chimiste a fait beaucoup d’expériences pour démontrer que l’acide chromique passe dans ce cas à l’état d’oxide chromique, et que c’est ce mordant qui, en se combinant à la matière colorante oxidée. fixe cette dernière au tissu.
- M. Eckmann, de Cosmanos, prétend que l’acide chromique n’intervient que comme agent oxidant, et que si l’on rencontre, après l’incinération des toiles imprimées en cachou et fixées au chromate, une certaine quantité de chrome oxidé , c’est que ce composé y est à l’état de chromate chromique, et combat l’opinion émise par M. H. Schlumberger (voy. cette Discussion du Bulletin de la Soc. ind. de Mulh., t. XIV, p. 186, 191, 197). D’après M. Eckmann , il n’y aurait entre le cachou fixé et celui qui ne l’est pas d’autre différence que- celle qui existe entre l’acide catéchique, qui est soluble, et son produit oxidé, l’acide japonique , qui ne l’est pas. M. H. Schlumberger n’admet pas cette proposition. Ce qu’il y a d’incontestable, c’est que le chrome fait partie delà laque , dont on retire du chromate quand on la traite par des alcalis concentrés. Ce fait semblerait donner raison à M. Eckmann 5 mais en examinant attentivement la
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- question, on s’aperçoit bientôt que c’est le suroxide chromique, CrO2, qui fait partie constituante de la laque, et en relève l’intensité en remplaçant l’hydrogène brûlé par l’oxigène de l’acide chromique réduit.
- Pour fixer à la chaux : dans une cuve de 300 litres de capacité, on éteint avec soin 7 à 8 kil. de chaux grasse, et l’on y ajoute la quantité d’eau nécessaire pour la remplir. Si cette cuve est surmontée d’un tourniquet, on donne aux pièces six doubles tours dans ce bain , qu’on a la précaution de maintenir trouble ; puis, après les avoir suspendues à l’eau courante, on dégorge, on rince et l’on sèche. Quand on doit traiter des impressions très délicates, et pour lesquelles les coulages sont à craindre, on se sert du cadre à roulettes , § 533 , fig. 139, et meme on introduit dans le cachou une matière saline qui, par la décomposition que lui fait éprouver la chaux, donne lieu à un précipité gélatineux, dont l’effet tout physique est de prévenir le coulage de la couleur. Les sels manganiques peuvent remplir ce rôle tout en contribuant à l’oxidation ; les sels magnésiques sont cependant pré-lérables.
- Le fixage à la chaux n’est guère d’usage que dans des cas particuliers où l’on est obligé de renoncer au chromate ; car les couleurs qu’on obtient de l’intervention du premier de ces corps sont, toutes circonstances égales d’ailleurs, moins intenses et moins vives, et, en outre, il est rare que les nuances ainsi fixées soient assez solides pour se passer de l’intervention du chromate.
- Il nous reste maintenant à indiquer les différents genres de fabrication du cachou ; la tâche est facile , puisqu’au fond c est toujours sur la même préparation qu’on opère.
- 5/0. Fond uni en cachou. On prend 1 une ou 1 autre des couleurs que nous avons indiquées, en se dirigeant d après le inode de fixage que l’on veut suivre , la nature et l’intensité de la nuance que l’on veut obtenir , et l’on plaque les toiles à la planche ouà la machine àmatter, § 523, fig. 130. L’impression
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- achevée, on expose les pièces à l’air, et lorsque cette exposition a été suffisamment prolongée, on procède à l’opération du fixage , soit par le vaporisage, soit par le chromate, soit par la chaux, soit enfin par la combinaison de deux de ces modes. Il arrive quelquefois qu’on vaporise une ou deux fois, et qu’on passe ensuite au chromate, comme aussi qu’on passe des pièces à la chaux pour les soumettre ensuite à l’action du bichromate pour compléter la fixation.
- ^ 571. Fond cachou impression bldllC T&SeTVe. La Couleur du cachou (l’acide japonique) a une si grande affinité pour le tissu, qu’il est difficile de trouver pour elle, à l’exception du citrate cuivrique, une bonne réserve chimique ; on a donc recours aux réserves mécaniques , en évitant celles qui sont de nature grasse, dont on ne débarrasse l’étoffe qu’avec plus ou moins de peine, et l’on se sert du tartrate chromique, cpii ne se mouille que difficilement à froid, et auquel on ajoute une préparation aluminique dont le rôle est : 1° de produire un précipité gélatineux en présence delà décoction de cachou; 2° déformer une combinaison avec cette matière colorante , et de s’opposer à son adhérence au tissu. Voici la composition de ce tartrate.
- A 10 litres eau bouillante, on ajoute :
- 8 kil. bichromate potassique,
- 6k.250 acide tartrique.
- Une vive réaction ne tarde pas à avoir lieu entre ces divers éléments ; l’acide tartrique se partage en trois parties : la première , qui s’empare de la base du chromate pour donner naissance au tartrate potassique ; la seconde, qui, se portant sur l’acide chromique, lui enlève une portion de son oxigène, le ramène à l’état d’oxide chromique en setransfonnantelle-même en acides formique et carbonique ; la troisième, qui se combine à de l’oxide chromique pour, engendrer un tartrate chromique, dont l’union avec le tartrate potassique forme du tartrate chro-mico-potassique, liquide poisseux qui, déposé et desséché sur le tissu, ne s’humecte que lentement.
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- GENRES DERIVES DU CACHOU.
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- Pour la confection de la réserve on ajoute :
- A 5 litres tartrate chromico-potassique ,
- 5 lit. acétate aluminique à 10° AB, préalablement saturé de carbonate sodique, '
- 2k,25 terre de pipe ,
- 2k,25 gomme arabique.
- On emploie aussi comme réserve sous cachou clair, que l’on fixe à la chaux , une des réserves suivantes, a b :
- Réserve (a).
- A 10 litres eau de gomme à 600 gr. par litre , on incorpore sans faire cuire,
- 2k,5 farine,
- 2k,5 terre de pipe.
- Réserve (A),
- Dans 10 litres eau chaude , on fait dissoudre :
- 5 kil. bichromate potassique, et l’on ajoute peu à peu :
- 6k,65 acide tartrique; lorsque la réaction est achevée, on y introduit
- 7 lit. jus de citron à 30°, dans lesquels on a délayé 7k,5 terre de pipe,
- 7k,5 farine , et enfin
- \ 0 lit. jus de citron , dans lequel on a préalablement fait dissoudre :
- 7,5 gomme arabique.
- Cette réserve s’étend au besoin, avec de l’eau de gomme.
- Lorsque ces réserves sont imprimées et desséchées, on plaque les pièces en cachou , on les expose à l’air, on fixe au chromate, et il ne reste plus qu’à dégorger pour obtenir une impression blanc réserve sous fond cachou. Toutefois ce genre ne s’exécute que dans des cas particuliers, attendu qu’on peut l’obtenir en réservant le blanc par la gravure , que l’impression se fasse en relief (à la main ou à la perrotine) ou au rouleau gravé en creux.
- jij 572. Fond cachou impression blanc enlevage. A notre connaissance, ce genre n’a pas encore été fabriqué, probablement parce qu’une fois fixée, la couleur du cachou offre tant
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- de résistance que les agents décolorants les plus énergiques ne produisent sur elle que des enlevages imparfaits , et que quand on veut l’enlever avant sa fixation par les acides végétaux, ce n’est qu’avec la plus grande difficulté qu’on parvient à concilier l’opération de la fixation de la couleur et le dégorgeage de l’impression.
- § 573. Fond blanc avec impression cachou. On prend Celle des couleurs, p. 102-106, qui convient à la nuance que l’on désire, et l’on procède à la fixation par l’un ou l’autre des procédés décrits p. 109. Pour produire le fond blanc au rouleau de l’échantillon 71, on s’est servi d’une décoction de cachou, additionnée d’une certaine quantité d’acétates calcique et cuivrique, puis on a exposé à l’air, vaporisé à double reprise et passé en chromate. C’est le procédé que suivait M. Eck, de Cernay, à l'époque de ses belles impressions cachou au rouleau. La couleur qu’il imprimait était le cachou alcalin , p. 104 , et, en raison de l’alcali , avait toujours une nuance rougeâtre. MM. Haussmann ne faisaient usage , pour les mêmes impressions, que de l’une ou de l’autre de's préparations de cachou C1 D', p. 106, et fixaient immédiatement à la chaux.
- 94. Fond blanc, impression cachou au rouleau.
- Le cachou est très souvent employé comme couleur réserve, susceptible qu’il est d’être associé à une foule de corps qui ont
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- ni
- (les réactions assez prononcées pour faire fonction de réserve sous telle ou telle couleur, comme le bi - arséniate potassique , les sels de zinc, les sels de cuivre, qui réservent sous bleu de cuve, § 5/i9. Ainsi, pour obtenir une couleur cachou réserve sous bleu, il ne faut qu’introduire l’un ou l’autre de ces corps dans les décoctions ordinaires de cette substance tinctoriale. Rien ne s’oppose non plus à ce qu’on rende une telle décoction réserve mécanique, en y incorporant un corps gras : le spermaceti, le suif, l’acide stéarique, le savon ou l’essence de térébenthine Toujours en raison des corps auxquels on peut le mélanger, nous verrons qu’il est apte à faire fonction de réserve sous les oxides ferrique et aluminique, par conséquent sous toutes les couleurs qui en dérivent, ou sous celles qu’on obtient directement de l’application de l’oxide ferrique. On met fréquemment'cette propriété à profit, tant pour produire des effets de juxtaposition de couleurs que pour donner à l’impression une précision qu’on n’atteint d’aucune autre manière. Il serait, par exemple, difficile d’encadrer par les moyens d’impression ordinaires une bande cachou entre deux bandes noires , parce que ces bandes noires, pour peu qu’elles déviassent, d’un côté, sépareraient-par un filet blanc les deux couches de couleur qui devraient se trouver juxtaposées, et, d’une autre, superposeraient du noir sur le cachou , dont la nuance serait ainsi complètement altérée, tandis qu’aucun accident de cette nature ne peut avoir lieu par une impression cachou réserve. Les impressions cachou enlevage sont beaucoup plus limitées ; elles ne se font que sur les mordants de fer et d’alumine. Enfin nous verrons que le cachou est une substance qui se prête à la création d’un grand'nombre de couleurs conversion.
- Application. La couleur cachou ne forme d’autre genre élémentaire simple que le genre fond blanc impression cachou ; tous les autres genres auxquels elle concourt sont composés. C’est ainsi qu’on l’a fait intervenir comme couleur d’enluminage dans les genres fonds blancs garances, qu’on fait des fonds ca-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- chous avec impression rouges et violets garances. Il adonné lieu, surtout par son association avec la garancine, à une foule de combinaisons fort heureuses. On l’applique encore avec le bleu de cuve et la garance pour composer des genres ternaires [lapis fond cachou). On l’emploie aussi dans les genres vapeur sur les tissus de coton, de soie et de laine. Enfin , uni à une certaine quantité de mordants et fixé en même temps que ces derniers par un bain de bouse, additionné d’une certaine quantité de chromate potassique, il donne à la teinture, avec les diverses substances tinctoriales , une foule de nuances ( complexes, combinaison de la couleur qui lui est propre et de celle qui résulte de la saturation des mordants par les matières colorantes employées. (Voyez Genre fonds couleurs conu plexes. )
- Un grand nombre de substances astringentes se fixent stif les étoffes aux mêmes conditions que le cachou; nous les ferons connaître en temps et lieux.
- DES-GENRES DERIVES DE l’aPPLICATION DE l’oXIDE FERRIQUE.
- § 57/i. L’oxide ferrique , qui figure parmi les composés capables défaire fonction de mordants, § A77, est utilisé directement comme matière colorante et sous les noms couleur chamois, rouille, abricot ou aventurine, selon l’intensité de la nuance. Considéré sous ce point de vue, il est employé d’une manière générale dans l’impression depuis le milieu du siècle dernier ; mais I quelques fabricants s’en servaient déjà auparavant, ainsi que I nous avonseu occasion de le faire remarquer § 555. Lusage qu’on a fait, dès le principe, des préparations ferrugineuses pour la for- j mation des violets et noirs garancés, et l’habitude où l’on était f alors de laisser longtemps ces mordants exposés à l’air avant t de les teindre, ont dû donner à beaucoup de fabricants l’idée de I les employer à la suite du garançage comme couleur d'enlumi- I nage, et c’est en effet ce qui a eu lieu, à en juger du moins par I les échantillons d’ancienne fabrication.
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- GENRES DÉRIVÉS DE e’oXIDE FERRIQUE.
- L’oxide ferrique , selon la manière dont il a été déposé et fixé sur l’étoffe , présente des différences très grandes dans sa nuance et dans son degré de fixité. On a recours , pour le fixer, à deux procédés fondamentaux :
- Tantôt on imprègne le tissu d’un sel ferrique , et, moyennant une base salifiable, on s’empare de l’acide pour mettre l’oxide en liberté en présence du tissu; pour obtenir la nuance et la fixité qu’il cherche, le fabricant n’a qu’à déterminer l’espèce de sel dont il veut faire usage , le degré de concentration auquel il doit l’employer, et la base (potasse, soude, ammoniaque, chaux , carbonate sodique) la plus convenable au déplacement de l’oxide et en même temps la plus économique.
- Tantôt on imprègne le tissu d’un sel ferreux qui passe à l’état d’oxide ferrique , soit par lui-même, à la suite d’une exposition convenable à l’air (l’acétate et le pyrolignite sont dans ce cas), soit par l’intervention d’une base et d’un agent oxidant, le chlorure cle chaux, par exemple (sulfate et chlorure ferreux).
- § 575. Fonds unis à hase d’oxide ferrique. On prépare spécialement ces fonds pour tentures ; on y produit des impressions blanc enlevage, en vue d’imiter avec économie le genre avenlu-nne qu’on obtient par teinture du mélange de la garance ou de la cochenille avec une matière colorante jaune.
- La préparation ferrugineuse qu’on emploie dans ce cas est le nitro-sulfate de fer des fabriques , mélange de sulfate et de nitrate ferriques auxquels se trouvent associées des quantités variables de nitrate ammonique , du moins d’après les expériences que nous avons faites sur une liqueur de cette nature. Ce sel ammonique n’y est point ajouté , c’est un produit secondaire de la décomposition qu’éprouve l’acide nitrique dans cette circonstance. Pour faire cette préparation, à 10 lril. acide nitrique, préalablement introduits dans un grand vase en grès ou en verre (une grande bonbonne, par exemple) on ajoute peu à peu et par portions, qui doivent être de plus en plus petites, à mesure que la liqueur augmente de viscosité, environ trois fois le poids de cet acide, c’est-à-dire 30 lril. sulfate ferreux du commerce.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- L’oxide ferreux s’oxide et se transforme en oxide ferrique aux dépens d’une portion de l’acide nitrique ; mais celui-ci, en se décomposant , passe lui-même à l’état d’oxide nitrique qui forme momentanément avec le sulfate ferreux, § 11, p. \ 1, une combinaison que l’excès d’acide détruit bientôt, en donnant naissance à une certaine quantité d’ammoniaque. En agissant sur ces pro-' portions, il faut au moins six jours pour compléter la préparation du nitro-sulfate ferrique, car à mesure que la liqueur augmente de densité et devient visqueuse , on doit, pour quelle ne déborde pas en devenant écumeuse , ajouter moins de sulfate à la fois, par conséquent prolonger la durée de l’opération. Le produit que l’on obtient est liquide à la température de 15° et pèse 56 à 57° AB] à une température plus basse il est exposé à cristalliser, il convient donc de le conserver dans un lieu chaud. Du reste, il n’est jamais employé dans cet état de concentration , attendu que la grande quantité d’oxide qui serait ainsi mise en liberté produirait une espèce de pâte cohérente qui, se détachant sur certains points, donnerait lieu à des inégalités ; elle doit toujours être étendue de manière à ne marquer que 18 à 22° AB. Quand donc on veut teindre au moyen de cette préparation, on en forme, dans des proportions convenables d’eau et de solution saline, une liqueur dont on emplit le bassin de la machine à foularder, § 523, fig. 131, et dans laquelle on mate le tissu bien tendu , pour l’introduire, au sortir de ce bain, dans une étuve peu chauffée où on le laisse jusqu’à ce qu’il approche du terme de sa dessiccation ; car, si cette dessiccation devenait complète, il pourrait être brûlé par le sel ferrique acide qui le recouvre, L’étoffe imprégnée de ce sel, on procède au déplacement de l’oxide ferrique. A cet effet, après avoir cousu les pièces à la suite les unes des autres, on les passe, soit de nouveau dans le bassin du foulard où l’on a introduit une dissolution de carbonate sodique pure ou une dissolution de ce sel avec une certaine quantité de chaux, soit, ce qui se fait le plus communément maintenant, dans une petite cuve à roulettes, § 5/i8, fig. 1/18, où on les fait circuler pour les exprimer entre deux
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- GENRES DÉRIVÉS DE LOXIDE FERRIQUE. 119
- cylindres, à leur sortie de la cuve, dans une lessive formée de :
- 100 lit. d’eau ,
- 12k,S à 25 kil. carbonate sodique (sel de soude),
- 6,25 à \ 2 kil. chaux.
- La chaux a moins ici pour objet de rendre la soude caustique , que de prévenir les taches que les dépôts d’oxide formeraient sur le tissu.
- Il va sans dire qu’à mesure qu’on fait circuler les pièces dans la lessive, que l’opération se fasse dans le foulard ou dans la cuve à roulettes, on doit entretenir le bain par l’addition cl’une certaine quantité des ingrédients qui le composent. Enfin, comme un seul passage ne suffit pas toujours pour opérer la décomposition complète du sel, pour empêcher que quelques parties ne se détachent de l’étoffe, il est prudent de répéter cette opération, afin de rendre le déplacement de l’oxide aussi parfait que possible. Alors on rince l’étoffe et on la soumet à l’action des machines à dégorger pour lui enlever l’excès d’oxide, qui, ne faisant que la recouvrir, lui donne un aspect raclé et une roideur très défavorable. Pour faire disparaître complètement cette dernière et redonner au tissu une partie de sa souplesse primitive, on le soumet quelquefois à l’action de l’eau bouillante et même à celle d’une eau de savon.
- Après avoir, par cette première opération, imprégné l’étoffe du sel ferrique et déplacé et fixé l’oxide, on a déjà une nuance assez forte qui suffit dans beaucoup de circonstances ; quand elle doit être plus foncée, on fait ici comme avec l’indigo , on réitère l’opération autant qu’il est nécessaire pour appliquer sur le tissu des couches successives de couleur. Nous ajouterons que, lorsqu’on tient à avoir des fonds chargés très unis et solides, il est toujours préférable d opérer ainsi avec des solutions ferriques moins denses.
- La présence d’une certaine quantité d’ammoniaque dans la composition du sel ferrique nous a conduit à penser qu’on pourrait préparer une liqueur ferrugineuse plus neutre et moins sujette à brûler le tissu ; nous nous sommes assuré qu’en effet,
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- en calcinant le sulfate ferreux avec ménagement, de manière ù le transformer en gaz sulfureux et en sulfate ferrique basique § 174, et en dissolvant le résidu dans l’eau, on obtient une liqueur qui, additionnée d’une certaine quantité de chlorure ammonique ( sel ammoniac ), donne des teintes beaucoup plus vives et non moins intenses que celles qui sont fournies par le nitro-sulfate ferrique, parce que la dessiccation de cette préparation sur l’étoffe pouvant être poussée plus loin, il se fixe déjà naturellement une plus forte proportion d’oxide. Nous avons 'également constaté qu’un mélange de chlorure ferrique et de chlorure ammonique donne de très belles teintes unies.
- Pour préparer des fonds clairs, on peut aussi foularder les pièces en acétate ferreux, les exposer à l’air et les laver à l’eau ordinaire ou dans une dissolution alcaline et chaude de chlorure de chaux ou de soude, afin d’achever le déplacement de l’oxide et d’en compléter l’oxidation. On peut de même les foularder en sulfate ferreux ou en un mélange de ce sel et d’acétate, leur donner un ou deux jours d’exposition à l’air et les passer dans un lait de chaux à la cuve à roulettes, pour les exposer de nouveau à l’air, afin de déterminer la suroxidation de l’oxide ferreux. Du reste, l’échantillon 72 ci-contre donnera une idée d’une des nuances que l’on obtient par ces procédés.
- * ïl?. Fond rouille uni.
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- § 57(3. Fond rouille t impression blanc réserve. Four obtenir ce genre on imprime sur le tissu une réserve chimique ayant pour base, soit l’arséniate ou le phosphate potassique qui précipitent l'oxide ferrique avant qu’il ait pu contracter une combinaison avec l’étoffe , soit un acide propre à former avec l’oxide ferrique une combinaison indécomposable même dans les circonstances où I on doit déterminer la fixation de l’oxide ferrique sur l’étoffe. On peut employer les acides tartrique, citrique, oxalique, un mélange de ces trois acides, ou enfin du citrate potassique ou sodique ; mais il importe de proportionner la force de ces acides à l’intensité de la couleur rouille qui doit recouvrir le fond , et en conséquence les employer en solutions de 4°, à 16 ou 24° AB, et épaissis à la gomme ou à l’amidon grillé. Voici deux réserves de ce genre :
- Blanc réserve à Tarsèniate.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre à chaud :
- 2k,5 bi-arséniate potassique, et l’on sature la liqueur par le carbonate potassique jusqu’à ce que le liquide manifeste une réaction légèrement alcaline.
- Divisant ensuite cette liqueur en deux parties égales, on incorpore à la première :
- 5 kil. terre de pipe, et on fait dissoudre dans la seconde :
- 2k,250 gomme Sénégal,
- 0k,340 savon vert ;
- puis on réunit le tout Cette réserve est, comme on le voit, légèrement mécanique, car la préparation ferrugineuse ne peut la toucher sans que l’acide gras du savon soit mis en liberté et fasse obstacle à l’accès de la liqueur dans l’intérieur des pores du tissu.
- Blanc réserve à l’acide.
- A 5 litres jus de citron à 26° AB on ajoute :
- 2k,5 terre de pipe,
- 5 lit. eau de gomme à 600 gr. par litre.
- Beaucoup de fabricants donnent la préférence au citrate po •
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- tassique ; dans ce cas on commence par étendre le jus de citron au degré qu’exige la résistance de la réserve , on le sature ensuite par une quantité de carbonate potassique proportionnelle à son pouvoir de saturation déterminé*à l’avance, § 130, et l’on épaissit à l’amidon grillé ou à la gomme arabique, en faisant varier la viscosité de la liqueur d’après le mode d’impression et la nature de la gravure. Les raisons de cette préférence sont sans doute, d’abord, que la base du citrate étant immédiatement saturée par l’acide du sel ferrique, l’oxide est présenté à l’acide citrique dans les conditions les plus favorables à la formation de cette combinaison particulière où il est masqué ; ensuite, que l’acide citrique employé ainsi n’a plus à combattre la tendance de l’acide du sel ferrique à rester uni avec la base. On sait que toutes les fois que deux acides se trouvent en présence d’une base en quantité insuffisante pour les saturer tous deux, ils se la partagent dans.le rapport de leur énergie respective.
- L’impression de la réserve achevée , quand les pièces ont été foulardées et exposées à l’air durant 1© temps nécessaire à la formation et à la fixation de l’oxide ferrique, il n’y a plus qu'à dégorger dans une dissolution alcaline de carbonate sodique qui déplace complètement l’oxide ferrique et enlève le citrate en le faisant entrer en dissolution , en vertu de la propriété dont jouit l’acide citrique de masquer les oxides. Pour assurer ce résultat, il est prudent de faire intervenir l’acide tartrique , qui dissimule mieux les caractères de l’oxide ferrique, et, quand on emploie dans le même but l’acide oxalique, de ne point exposer les pièces au soleil, attendu qu’en pareille circonstance il n’est pas rare de voir le fer se combiner de nouveau au tissu , sans doute à la suite d’une modification moléculaire ou de constitution qu’éprouve l’oxalate sous l’influence delà lumière. Après toutes ces opérations, les toiles, à la nuance près, se présentent dans l’état ci-après , échant. 73.
- Les fonds rouilles avec impression réserve s’exécutent par-
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- GENRES DÉRIVÉS DE LOXIDE FERRIQUE. 123
- 93, Chamois, impression blanc réserve.
- ticulièrement dans la fabrication des genres composés pour mi-fonds et soubassements chamois; mais souvent aussi le dessin blanc est réservé par la gravure.
- ^ 577. Fond rouille, impression blanc enlevage. Il n’est pas difficile de réaliser des impressions blanc enlevage sur des fonds colorés uniformément par l’oxide ferrique, que l’exécution s’en fasse au rouleau, à la perrotine ou à la planche; il faut seulement avoir égard à l’intensité de la couleur et au degré d’adhérence qu’elle a déjà acquise pour l’étoffe dont il s’agit de l’enlever.
- Quand la couleur est d’intensité moyenne, et que l’oxide ferrique n'a pas encore été fixé par un passage dans une solution alcaline , on l’enlève facilement à l’aide d’une solution convenable d’acides tartrique et oxalique.
- On fait usage de la préparation ci-après pour l’impression au rouleau :
- Dans 10 litres d’eau bouillante on fait dissoudre : lk,875 acide oxalique,
- 1,250 acide tartrique , et l’on épaissit avec 5 kil. amidon torréfié , puis on ajoute peu à peu 0,312 acide sulfurique du commerce.
- Toutefois cet enlevage n’est imprimé avec succès qu’autant qu’on le maintient à un certain degré de chaleur, 30 ou Z|0° :
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- autrement l’acide oxalique, en cristallisant, fait perdre à l’impression toute sa netteté. On peut encore, dans ces enlevages , remplacer une portion de l’amidon grillé par de l’amidon qui ne l’est pas; mais, épaissis de la sorte, ils sont sujets à s’éclaircir, attendu que la fécule, en se transformant en sucre, diminue leur viscosité.
- Quand les fonds rouilles sont très foncés et que l’oxide ferrique est fixé comme dans le genre aventurine, on est obligé d’avoir recours au chlorure stanneux, qui le réduit et le fait passer à l’état d’oxide ferreux ; alors on emploie l’une ou l’autre des préparations ci-après :
- Dans 10 litres d’eau on délaie :
- \ ,875 farine,
- 0,800 amidon,
- et l’on fait cuire le tout jusqu’à ce que l’empois soit parfaitement formé; puis, s’il est question d’imprimer l’enlevage à la planche, on ajoute à 1 kil. de cet empois:
- \ kil. chlorure stanneux acide à 65° AB (dissolution de sel d’étain dans le chloride hydrique).
- Si, au contraire, l’impression doit avoir lieu au rouleau, à 1 kil. d’empois on ajoute :
- 2 kil. chlorure stanneux acide à 65°ylB.
- Dans ces préparations , l’action combinée du chloride hydrique et du chlorure stanneux suffit pour détruire l’oxide ferrique; mais comme il n’y a aucun corps masquant, pour peu que l’impression séjourne au contact de l’air, l’oxide ferreux peut, en absorbant l’oxigène, passer à l’état d’oxide ferrique qui resterait uni à l’étoffe. Pour prévenir cet accident, quelques fabricants se servent de la préparation ci-après, qui est extrêmement dispendieuse, car le chloride hydrique y est remplacé par de fortes proportions d'acides oxalique et tartrique, et cependant ne donne aucun résultat plus avantageux que la précédente, ainsi que nous nous en sommes assuré , quand cette dernière a été convenablement appliquée.
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- Dans 10 litres eau on délaie :
- 3k,750 amidon, et Ton fait cuire jusqu’à ce que l’empois soit formé; on ajoute ensuite :
- 2k,000 acide oxalique, lk,600 acide tartrique,
- 25 kil. chlorure stanneux (sel d’étain ),
- 3k,750 acide sulfurique.
- On emploie encore les deux préparations qui suivent : '
- Blanc enlevage sur rouille moyen.
- Dans 10 litres d’eau on dissout :
- 2k,500 gomme arabique, et l’on ajoute dans la liqueur chaude :
- 0k,625 acide tartrique,
- 0k,520 acide oxalique,
- 9k,750 terre de pipe,
- 7k,300 chlorure stanneux; et enfin
- une certaine quantité d’acide sulfurique, selon la résistance de la couleur.
- Blanc enlevage sur chamois ( rouille faible ).
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre à l’ébullition :
- 5k, 6 gomme arabique ,
- 1k,280 acide oxalique,
- 0k, 9 60 acide tartrique,
- 0k,320 acide sulfurique du commerce.
- Comme l’oxide ferrique, surtout quand il existe en forte proportion sur l’étoffe, est difficile à attaquer, il ne faut pas exposer les pièces, à la suite d’une impression enlevage, dans un endroit chaud qui en dessécherait l’impression et s’opposerait à son action sur les couches d’oxide. Les deux premières préparations ci-dessus nous offrent donc des différences qui doivent être signalées : la seconde , celle au sel d’étain seul, tend à se fluidifier- de plus en plus par l’action qu’exerce l’acide sur l’amidon ; la première, au contraire, a une tendance à cristalliser , en raison de la forte proportion d’acides oxalique et tartrique quelle renferme. Dès qu’on juge que le fond est attaqué, ce qui arrive
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
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- dans la journée même où l’impression a été effectuée, ou tout au plus le lendemain , on procède au lavage en passant les pièces au large dans la rivière, puis on rince à plusieurs reprises à la main , et enfin on les soumet à l’action des machines à dégorger, afin de bien nettoyer le blanc. On obtient ainsi une impression du genre de l’échantillon llx.
- 94, Fond chamois, impression Itlanc enlevage.
- § 578. Fond hlanc avec impression rouille. C’est dans ce genre qu’on a employé pour la première fois l’oxide ferrique
- comme couleur ; il a suffi de dissoudre du fer dans du vinaigre, d’épaissir à la gomme la solution qui en résultait, de l’étendre au pinceau, ou de l’appliquer avec la planche, pour obtenir à la suite d’une exposition à l’air de l’oxide ferrique fixé sur l’étoffe, attendu que la base (oxide ferreux), qu’abandonne peu à peu l’acide acétique, passe, en s’oxidant, à l’état d’oxide ferrique pour faire corps avec le tissu. Ce sont encore à peu près les mêmes préparations qui servent de nos jours dans l’impression a la main , à la perrotine et au rouleau , puisqu’on emploie généralement l’acétate ou le pyrolignitetantôt seuls, tantôt mélangés d une certaine quantité de sulfate de nitrate ferreux, auxquels on ajoute quelquefois de l’acide arsénieux et des sels cuivriques etplombiques dans le but d’en modifier un peu la nuance, et beaucoup plus rarement le chlorure ferrique.
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- GENRES DÉRIVÉS DE l’oXIDE FERRIQUE. 127
- Ces couleurs s’épaississent à la gomme ou à l’amidon grillé. Nous donnons ici la composition d’un certain nombre d’entre elles, afin que le lecteur se fasse une idée des parties constituantes des rouilles, nankins et chamois.
- ROUILLES A DANS LESQUELS l’aCÉTATE FERREUX DOMINE.
- V
- N° 1.
- On chauffe à l’ébullition 10 litres acétate ferreux à 8° .4B, et on les verse sur un mélange de :
- 12\5 sulfate ferreux ,
- 12,5 pyrolignite plombique, et l’on décante la partie claire.
- N° 2.
- A 10 litres rouille n° 1 on ajoute :
- 12,5 eau de gomme à l kil. par litre. .
- N° 3.
- A 10 litres rouille n° 1 on ajoute :
- ^ 10 lit. eau.
- 10 kil. amidon grillé.
- N° h.
- A 10 litres acétate ferreux à 9° AB on ajoute :
- 6'650 d’eau dans laquelle on a préalablement fait dissoudre :
- 31,320 de mélasse,
- 0k,830 d’acétate cuivrique,
- 1k,100 de chlorure ammonique, et le tout est épaissi avec 8k,350 amidon grillé.
- ROUILLES 13 DANS LESQUELS IL Y A UN EXCES DE SULFATE FERREUX.
- N° 1.
- Dans 10 litres d’eau bouillante on fait dissoudre :
- 5 kil. sulfate ferreux , et l'on y ajoute ensuite 5 kil. pyrolignite plombique.
- Bouille ri0 2.
- Dans 10 litres d’eau bouillante on fait dissoudre .
- 7,5 sulfate ferreux.
- 7,5 pyrolignite plombique , on décante la partie claire.
- 1
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- DE LA T'A HT? [CATION EN PARTICULIER
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- r N° 3.
- A 10 litres rouille n° 2 on ajoute :
- 25 lit. d’eau, l’on épaissit avec 2k,500 amidon , et l’on ajoute à froid 0\320 sulfate cuivrique pulvérisé.
- N° Zi.
- A 10 litres rouille n° 2 on ajoute :
- 40 lit. d’eau, on épaissit le tout avec 3k,750 amidon , et lorsque la couleur est refroidie on y ajoute 0k,480 sulfate cuivrique pulvérisé.
- N° 5.
- A 10 litres rouille n° 2 on ajoute :
- 4 lit. d’eau, et
- 20 lit. d’eau de gomme à \ kil. par litre.
- Avec le rouille n° 2 on peut, moyennant des additions convenables d’eau d’amidon grillé, contenant 500 gr. d’amidon et 50 gr. de vinaigre par litre , arriver à toutes les nuances dé-sirées.
- Rouilles à T arsenic C pour fo?ic/us.
- N° 1
- Dans 10 litres acétique ferreux à 12° AB , on fait dissoudre à chaud :
- 0k300acide arsénieux.
- Après l’ébullition , on ramène le tout à la force primitive au moyen de l’acide acétique à 1Z|° AB.
- Rouille n° 2.
- A 8 litres rouille n° 1 on ajoute :
- 10 lit. eau d’amidon grillé à 500 gr. d’amidon et 50 d’acide acétique par litre.
- Rouille n° 3 plus claire.
- A 6 litres rouille n° 2 on ajoute :
- 6 lit. eau d’amidon grillé à 500 gr. et 50 d’acide acétique par litre.
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- GENRES DERIVES DE I.’oXIDE FERRIQUE. 1 2d
- Rouilles T) pour h rouleau.
- A 10 litres nitrate ferreux à 22° on ajoute :
- 2l,5 acétate ferreux à '18°; on épaissit avec l'amidon.
- En étendant ce mordant d’eau de gomme ou d’amidon grillé on l’amène à la nuance voulue.
- Dans l’emploi de ces diverses couleurs, il ne faut pas perdre de vue qu’on doit réduire plus ou moins la force de ces rouilles, selon qu’on veut faire intervenir la chaux ou la soude pour opérer le déplacement; car, en général, la couleur rouille est infiniment plus foncée quand elle est précipitée par la soude que quand elle l’est par 1a, chaux.
- Les couleurs imprimées , on soumet les toiles à des traitements à peu près semblables. Quand on ne s’est servi que d’acétate ferreux , une exposition suffisamment prolongée à l’air peut à elle seule fixer assez de couleur en raison de l’acide acétique qui se trouve expulsé , et un lavage à l’eau courante , qui a pour effet d’enlever la gomme et la partie d’acétate qui n’est point fixée , est la dernière opération que l’on fasse subir à cette fabrication. Quand la couleur renferme du sulfate ou du chlorure ferreux, et c’est ce qui a lieu dans la plupart des cas, on laisserait les toiles longtemps exposées à l’air, que l’oxide ne s’y fixerait plus passé une certaine proportion ; il est donc de toute nécessité d’avoir recours à une base déplaçante, et l’on abrège l’opération, si, au lieu de précipiter l’oxide ferreux parla chaux ou toute autre base et d’exposer à l’air, on ajoute à la liqueur alcaline, dans laquelle on passe les pièces pour effectuer le déplacement, une certaine quantité de chlorure de chaux , § 25 , qui, en saturant bientôt d’oxigène l’oxide ferreux, engendre la couleur rouille. Voici une fabrication de cette espèce, échant. 75.
- Dans ces impressions, ce que l’on doit surtout avoir en vue, c’est d’obtenir des nuances brillantes, claires ou foncées, et bien égales. Si on les veut claires , il suffit d’introduire dans la couleur une certaine quantité d’acide arsénieux qui.en diminue l’in-
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- 130 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- tensité en raison de l’arsénite qui se forme ; si, ail contraire, on les vent foncées, il faut employer des sels ferriques additionnés de sels ammoniques, qui donnent des nuances plUs égales, plus vives et plus nourries que les sels ferreux, auxquels on doit souvent des rouilles à reflets bruns assez désagréables à l’œil.
- ï 5. Fond hlanc, impression rouille.
- Beaucoup de fabricants hésitent à faire usage de sels ferriques, parce qu’ils brûlent quelquefois les parties du tissu qu’ils recouvrent; mais ces accidents ne sont jamais à craindre avec le chlorure de même base, quand la solution saturée par toute la quantité d’ammoniaque qui peut y être ajoutée sans que l’oxidc en soit précipité, est additionnée de chlorure ammonique , de manière à fournir un sel double ;le chlorure ferrico-aminonique, qu’on imprime, dessèche fortement sur l'étoffe , et fait passer ensuite en potasse ou en soude concentrée pour contracter les fibres et obtenir de très belles nuances.
- Enfin , on peut encore donner un caractère tout particulier à la couleur de ces rouilles en imprimant un mélange d’acétates ferreux et plombique, et en faisant passer les pièces , sur lesquelles on a déposé une semblable préparation, d’abord dans un lait de chaux, puis dans un bain de chlorure de chaux ou de soude à la température de 80°. En même temps que le fer
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- GENRES DÉRIVÉS DE lÉOXIDE CHRONIQUE.
- s’oxide et prend la couleur nankin qui lui est propre, l'oxide plombique s’empare de l’oxigène, de l’acide chloreux, et il se produit du suroxide plombique ; dont la nuance s’ajoute à celle de l’oxide ferrique.
- L’oxidfe ferrique se fixe, comme couleur; sur les étoffes de calicot , de chanvre, de lin, de soie ; mais sur la laine, douée d’un si grand pouvoir réducteur , il ne donne jamais que des nuahces ternes et peu solides. Il se prête d’ailleurs à la formation de couleurs réserve, car rien n’empêche d’associer üne préparation ferrique ou ferreuse aux agents appelés à prévenir la fixatioi de telle ou telle matière colorante ; c’est ainsi, par exemple, qu’on le fait entrer comme couleur yéserte dHhs le gënre lapis. On peut aussi l’employer comme couleur enlevage ; car ; l’oxide ferrique ou ferreux étant un composé assez stable dans une foule de circonstances, il n’est pas difficile d’en former avec diverses substances un mélange capable de détruite la couleur sur laquelle il serait déposé. Enfin les modifications dont les oxides ferreux et ferrique sont susceptibles ont permis de réaliser des effets de conversion.
- Applications. L’oxide ferrique constitue à lui seul dedx genres , les fonds unis et les impressions fohd blanc ; mais il est employé comme couleur d’enluminage dans les impressions fond blanc enluminé solide ou faux teint, et, dans les genres composés, fonds ou mi-fonds ; Nous n’avons pas à examiner ici le rôle qu’il joUe quahd on le considéré UdiUÜie base du bleu de Prusse ou des teintures à basé de mordants de fer.
- DES GENRES DERIVANT DE L* APPLICATION DE L OXIDE CHRONIQUE.
- §579. L’application de l’oxide chromique à l’impression est due àM. Camille Kœehlin, qüi l’employa, pour la premièrefois* en 1832 , à la manière de l'oxide ferrique, comme couleur dé en-laminage et comme fond ou mi-fond rentré après la teinture des garances. Pour déterminer la combinaison de l’oxide chro-
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- mique avec l’étoffe, il suffit d’imprégner celle-ci d’un sel chro-mique, chlorure, nitrate ou sulfate , assez neutre pour ne pas altérer la fibre en s’y desséchant, puis d’opérer le déplacement de la couleur en enlevant à l’aide d’une base salifiable convenable l’acide du sel chromique pour en précipiter l’oxide’sur le tissu.
- Voici les diverses préparations usitées dans ce but : la première , qui porte dans les fabriques le nom de mordant sucre, donne lieu à du sulfate chromique avec excès d’oxide ( voyez § $S-)l on obtient la seconde en faisant bouillir ensemble :
- 1 kil. bichromate potassique,
- 2 kil. chloride hydrique du commerce.
- La réaction entre ces corps ne tarde pas à avoir lieu ; les deux acides se détruisent mutuellement avec production d’eau et de chlore , qui se dégagent en laissant un résidu de chlorure chromique , § 202. On évapore alors cette dissolution pour en dégager l’excès de chloride hydrique et préserver l’étoffe de l’action qu’il exercerait sur elle.
- A l’effet d’obtenir des nuances plus foncées avec l’oxide chromique, on y fait intervenir de l’acide arsénique en proportion déterminée. Voici cette préparation :
- A 10 lit. d’eau on ajoute :
- 5 lit. bichromate potassique,
- 6,65 acide arsénieux et une quantité (10 ou 12 kil.) de • chloride hydrique telle qu’elle puisse détruire tout l’acide chromique, et que le chlore, mis en liberté en en présence de l’eau et de l’acide arsénieux. transforme ce dernier en acide arsénique par l'oxigène de l’eau décomposée.
- Lorsque la réaction a cessé., on a une liqueur d’un beau vert pur, qu’il suffit de faire évaporer tant pour la concentrer à 60 ou 65° que pour dégager l’excès d’acide.
- Telles sont, en résumé, les préparations de ces deux composés, à la saturation desquels on ne peut trop veiller. Si une
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- GENRES DÉRIVÉS DE L OXIDE CIIROMIQUE. 133
- première évaporation n’expulsait pas tout l’excès d’acide, il ne faudrait pas hésiter à le neutraliser par une certaine quantité de carbonate sodique.
- § 580. Fond uni à l'oxide ciiromiquc. On teint beaucoup de toiles à l’oxide chromique, qui, avec l’avantage de ne pas fatiguer la vue par la couleur vert d’eau auquel il donne lieu, possède une solidité qu’aucune autre matière colorante ne dépasse.
- On épaissit légèrement à la gomme le produit obtenu de la réaction indiquée § 579, après l’avoir étendu de manière à marquer 45° AB, puis on verse cette liqueur dans le bassin de la machine à foularder, et l’on 3? soumet les pièces à une pression suffisante. On les dessèche ensuite avec précaution, afin d’aider à la fixation de la matière colorante sans nuire à l’étoffe, et on les passe, pour effectuer le déplacement de cet oxide, dans une petite cuve à roulettes remplie d’une dissolution, soit de carbonate sodique marquant 3vJB et portée à une température de li0°, soit d’ammoniaque liquide qu’on ajoute au bain ou qu’011y forme directement en dissolvant dans 100 lit. d’eau :
- 0k,250 sel ammoniac,
- 0k,250 chaux préalablement éteinte avec soin.
- Le sel chromique qui recouvre les pièces qu’on passe dans de semblables dissolutions se décompose, et l’oxide chromique mis en liberté reste adhérent à l’étoffe. Quand on emploie le carbonate sodique, il faut choisir des cristaux de soude qui aient été exposés à l’air , parce que dans cette circonstance il se produit une certaine quantité de bichromate qui précipite plus nettement l’oxide chromique , que dans le cas où le carbonate ne renferme qu’un équivalent d’acide. Nous avons constaté à cette occasion des différences correspondantes à celles que l’on observe lorsqu’on fixe l’oxide ahiminique par les carbonates et les bicarbonates dans l’opération dubousage.
- Les teintes que produit l’oxide chromique par cette voie sont pâles; M. D. Kœchlin en rehausse ordinairement le ton en les
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- passant à chaud dans une eau qui tient en dissolution une faible proportion de sulfate cuivrique. L’éch. 76 a été préparé ainsi.
- Fond uni teint en oxide chromique et passé en sulfaté cuivrique.
- § 581. Fond gris de chrome avec impression blanc réserve, La couleur de T oxide chromique a trop peu d’intensité pour donner naissance à un genre spécial; elle n’entre que dans les genres composés," comme fond rentré, après la teinture. D’ailleurs , les sels chromiques étant d’une application facile, on obtient des impressions plus nettes e:i réservant le blanc par la gravure'. ÜCfaris tous les cas, les corps qui font réserve sous l’oxide chromique sont à peu près ceux que nous avons vu employer pour lé cachou ( réserves en quelque sorte mécaniques ), ou ceux qui s’impriment sous fond d’oxide ferrique. Voici une préparation qui rentre dans ce dernier genre :
- A 5 lit. jus de citron à 34° AB en incorpore avec soin dans le bassin à broyer :
- 7k,500 terre de pipe; on introduit ensuite 5 lit. eau de gomme à 65ügr.nar lit., etenfin on ajoute peuàpeu 5 lit. lessive caustique à 35° dB.
- Cette réserve doit être imprimée après avoir été broyée pendant deux à trois jours, puis les pièces qui en sont recouvertes exposées pendant un à deux jours dans un endroit sec, et mat-
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- GENRES DÉRIVÉS DE l’oXIDE CHROMIQUE.
- tées au foulard , § 523, avec le sulfate chromico-potassique ; la toile , desséchée de nouveau, est passée dans la cuve à roulettes, où l’oxide chromique se fixe soit par l’ammoniaque impure, soit par une dissolution de carbonate sodique sur toutes les parties non réservées par le citrate; on obtient alors les toiles dans l’état ci-après, éch. 77 :
- ï 9. Fond gris à l'oxide clirom.Mfuc pur avec impression blanc réserve.
- 582. Fond gris de chrome avec impression blanc enlevage. Quand une fois l’oxide chromique est fixé sur l’étoffe, il est difficile de l’enlever, mais il n’en est plus ainsi lorsqu’on imprime avant le fixage ou de l’acide tartrique ou tout autre acide de ce genre, ou encore une solution de tartrate potassique fortement alcaline; car l’oxide chromique, se dissolvant à la faveur de la base alcaline, contracte avec l’acide tartrique une combinaison complexe, dont l’effet est de soustraire l’étoffe à 1 action de cette matière colorante qui ne peut plus y adhérer.
- Nous n’avons pas encore vu de fabrication de ce genre. Si l’oxide une fois fixé était moins difficile à enlever, on ferait de très belles applications de couleurs enlevage sur gris de chrome.
- § 583. Fond blanc impression t/ns cle chvome. Ici le traitement est absolument le même que pour les genres précédents, parce que la couleur se fixe aux mêmes conditions. On peut
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- prendre du sulfate chromique etl épaissir, en ayant toujours la précaution de suppléer à la dose d épaississant convenable par une certaine quantité de terre de pipe ; ou bien
- A 10 lit. de chlorure chromique concentré ajouter :
- 5 kil. léiocome.
- Cette couleur doit être desséchée immédiatement après l’impression , autrement elle est sujette à couler ; un jour après on pl.aque les pièces dans l’ammoniaque et l’on obtient une impression assez nette.
- Enu^llemagn.e où l’on a trouvé cette nuance trop faible, on l’imprime mélangée d’acide arsénique, § 60, après 1 avoir convenablement épaissie ; et, lorsque l’impression a séjourné pen-dant/ùn1(!értl^n/tèinpsI éilird’étôfïer, b'rifixè à là manière ordinaire, c’est-à-dire qu’on fait passér les toiles dans un bain contenant l’alcali nécessaire au déplacement, non plus de l'oxide.chromi-que, mais de l’arséniate chromique. L’échant. 78, ci-après,
- Çg. Fond blanc, impression gris de chrome arséniaté.
- Ja elle
- roiq 0 b. 1 oljîoc
- mu
- bm'.-i d al rm *
- il r'I !
- donne une idée delà nuance qu’on doit à ce procédé : cependant nous en avons vu où cette couleur tirait beaucoup plus au vert. Cette différence tient-elle au mode de fixage ou à la composition'? C’est ce que nous ne pouvons préciser.
- La manière dont l’oxide chromique se fixe aux étoffes laisse penser qu’il serait possible de l’employer comme couleur ré-
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- GENRES DÉRIVÉS DU SUROXIDE MANGA NIQUE. 137
- serve, et sa stabilité fait admettre aussi la possibilité d’en obtenir des couleurs enlevage. Ne formât-il pas à lui seul de couleurs bien tranchées, il y aurait encore à examiner le parti secondaire qu’on peut en tirer en l’envisageant subsidiairement comme mordant ou base propre à fixer le principe colorant d’une foule de substances.
- Applications. La couleur formée par l’oxide chromique n’a fourni jusqu’à présent aucun genre spécial autre que les fonds unis ; mais on l’emploie avec succès comme couleur d'enlu-minage ou comme couleur mi-fond, ou fond rentré après la teinture.
- -uoq oiniiojùa 4;jmt» Ja9hpfn,of• ('i4:‘ici': -
- DES, jÇflNRESJSIMPLgS , DÉRIVES DE L APPLICATION DU SUROXIDE
- hiRflâlatx).'uieé tw mA J^nganique.
- ^ 58/i. Cette couleur, généralement connue sons les noms de bistre, solitaire. quelquefois tête-de-maure, a été appliquée pour la première fois par MM. Hartmann , de Munster, en 1815. Elle fut d’abord employée seule, pour des impressions genre fond blanc, dessins mignonnettes , fond picotage ; ensuite on l’appliqua concurremment avec du jaune d’application et 'du rouille, et plus tard seulement on l’utilisa en fonds couverts, sur lesquels on imprima d’abord du blanc enlevage, puis des couleurs enlevage de toute espèce. On peut dire sans exagération que, pendant un certain nombre d’années , elle fut une des plus usitées, et que l’étude qu’en ont faite les fabricants les a conduits à constater une foule de réactions et de propriétés dont ils ne se doutaient point, par exemple qu’un acide déposé sur une étoffe teinte en couleurs végétales et recouverte de suroxide mangânique, produit une impression enlevage ; que du suroxide mianganique, appliqué sur un tissu qu on passe ensuite en cuve bleue, détermine la fixation d’une plus grande quantité d’indigo , et qu’à l’occasion de la fixation du jaune enlevage sur bistre, le sulfate plombique se fixe directement par le seul fait de 1 intervention de la chaux.
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- 138 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Pour parvenir à fixer sur l’étoffe le suroxide manganique ou cet oxide particulier qui prend naissance par l’oxidation à l’air de l’oxide manganeux, il suffit d’imprégner cette première d’une préparation à base d’oxide manganeux ( chlorure , sulfate ou acétate). Il faut avoir grand soin d’employer les deux premières aussi neutres que possible, et de les saturer quand ils renferment un excès d’acide : autrement, comme il est indispensable de dessécher, assez fortement les tissus au moment où on les imbibe de sel manganeux, ils seraient inévitablement brûlés. Ces inconvénients ne sont point à craindre avec l’acétate. Le tissu une fois imprégné de sel manganeux, on fait intervenir l’action déplaçante d’une base salifiable, qui s’empare de l’acide du sel et met l’oxide manganeux en liberté , en sorte qu’il n’y a plus qu’à favoriser l’oxidation de ce dernier, soit par une exposition à l’air, soit par l’intervention d’une certaine quantité de chlorure de chaux, pour assurer la fixation de cette couleur métallique, qui jusqu’à présent n’a été combinée qu’aux tissus végétaux.
- § 585. Fond Mstrc uni. Rien n’est plus facile que de produire un fond bistre uni quand on prend certaines précautions, et cependant il est peu de genres dont l’exécution ait donné plus de peine aux fabricants sans connaissance des particularités qui en assurent le succès. On fait choix d’une dissolution à base d’oxide manganeux, qu’on étend à volonté, selon la nuance que l'on désire (depuis- le brun le plus foncé qui paraît noir, jusqu’à celle du bois ) ; elle doit être bien neutre, et comme c’est du chlorure , résidu de la préparation du chlore, qu’on se sert le plus communément, il est des fabricants qui, après l’avoir déjà purifié, ainsi que nous l’avons dit § 192, y ajoutent une certaine quantité d’acétate plombique dans le but de saturer l’excès d’acide ; il se produit alors une certaine quantité de chlorure plombique peu soluble, qui ne porte aucun préjudice au développement de la nuance, et reste mélangé au chlorure manganeux et à l’acétate de la même base qui a pu prendre naissance, par suite de la double décomposition d’une portion du premier de ces composés
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- GENRES DÉRIVÉS DU SUROXIDE MANGANIQUE. 139
- salins. Quand cette dissolution a été amenée au degré de saturation et de condensation voulu, et que, pour prévenir le coulage et obtenir un fond plus uni, on a ajouté au sel manganeux une certaine quantité de gomme ou de solution gommeuse, à lô litres, par exemple, solution de chlorure manganeux saturée, marquant 14 ou 18°, O1,820 eau de gomme à 750 gr. par litre, on procède au placage. La liqueur manganeuse est introduite dans le bassin d’un foulard, § 523 , qui, dans ce cas spécial , doit renfermer 6 à 8 roulettes, pour que les points de contact de l’étoffe avec le liquide soient aussi multipliés que possible ; les pièces qu’on y a plongées, imprégnées de la dissolution à leur sortie du foulard, sont dirigées dans une étuve chauffée à 60 ou 65°, afin que la dessiccation s’en fasse le plus rapidement possible. C’est là une des conditions indispensables pour une bonne réussite. Q,uand elles sont desséchées, on procède au déplacement de l’oxide manganeux , ou , si cette opération ne peut se faire immédiatement, on les laisse enroulées dans le séchoir chaud pour empêcher qu’elles n’attirent l’humidité de l’air par le chlorure manganeux qu’elles renferment, et qui, ne se répandant pas uniformément sur l’étoffe, donnerait inévitablement lieu à des teintes inégales. Le déplacement de l’oxide manganeux se fait dans un foulard semblable à celui dont on se sert pour mater en sel de cette base ; il importe seulement que le liquide alcalin qu’on introduit dans le bassin soit caustique, concentré, et puisse être chauffé par un jet de vapeur jusqu’à l’ébullition, au moyen d’un tube de plomb qui circule dans la partie inférieure ou d’un double fond.
- Le degré de concentration de la solution alcaline ne doit être, dans aucun cas, au-dessous de là0 A B pour des fonds unis; quelquefois même on l’élève à 22° AB. Cette force est nécessaire pour saisir la fibre au moment où le tissu entre dans le bain alcalin , et forcer, par la contraction qui s’opère, l’oxide manganeux à y rester engagé jusqu’à oxidation complète. 11 va sans dire qu’à mesure qu’on passe un certain nombre de pièces
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- L/|0 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- dans la liqueur , on y ajoute delà lessive fraîche et concentrée, pour l’entretenir au même degré.
- Les deux derniers cylindres de foulard doivent être fortement chargés, afin que les pièces, comprimées en proportion , ne retiennent que la plus faible quantité de lessive. Alors quelques fabricants exposent directement l’étoffe dans un séchoir à air libre ; d’autres la plient et la mettent en paquet pendant quelques heures avant de procéder à cette exposition. Durant ce contact prolongé, l’alcali continue à produire son effet, pénètre dans le centre du tissu, et achève la décomposition des portions de sel manganeux qui auraient pu échapper à l’action de la lessive. Par l’exposition à l’air , l’alcali se carbonate , et s’il - est dans le cas de compléter le déplacement, c’est en produisant du carbonate manganeux qui ne s’oxide que très difficilement. Enfin , si l’oxidation demande un certain temps d’exposition , elle a besoin d’être complétée par un passage au chlorure de chaux qui suroxide le manganèse dans toutes ses parties. Ce passage est surtout nécessaire quand on n’a pas eu la précaution d’employer de la soude ou de la potasse bien caustiques, et qu’il faut détruire le carbonate manganeux formé en même temps que l’hydrate. La liqueur dans laquelle on passe les pièces est ordinairement formée de 500 litres eau auxquels on ajoute 10 à 12 litres solution de chlorure de chaux à 9° AB. En sortant du chlorure de chaux, le manganèse est complètement Suroxidé} et le tissu se présente dans l’état ci-après, echan-tilloHncf&.d no -dcq
- Pour fabriquer avec succès ces fonds unis qui entrent dans une foule dé genres composés, il faut :
- 1°; Employer une préparation à base d’oxide manganeux qui ne soit point acide, afin de pouvoir dessécher promptement le fond et éviter le coulage, sans être exposé à brûler l’étoffe;
- 2° Déplacer l’oxide manganeux par une solution concentrée et chaude d’oxide potassique ou sodique exempte de carbonate. 11 faut quelle soit concentrée, pour que l’étoffe subisse cette
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- GENRES DÉRIVÉS DU SUROXIDE MANGANIQUE. \ /i l
- contraction qui doit retenir le suroxide manganeux ; chaude, pour prévenir la formation de l’hydrate qui prendrait naissance si le déplacement avait lieu à une basse température, et dont l’oxidation est infiniment plus difficile ;
- 3° Compléter l’oxidation par une solution de chlorure de chaux employée à un degré tel, que l’étoffe n’ait pas à en souffrir.
- 99. Fond bistre uni.
- On pourrait, ce nous semble , obtenir des fonds bistres d’une manière plus économique ; il n’y aurait qu’à ajouter à un équivalent de chlorure manganeux un équivalent de chlorure ammoni-que, en rendant la dissolution légèrement alcaline par l’addition d’un peu d’ammoniaque. On foularderait dans cette dissolution les pièces, qu’on pourrait alors dessécher à une température quelconque sans crainte de les endommager ; puis on lesJpaS'-serait dans un lait de chaux pour opérer le déplacemerit j et'dé là dans un bain chargé d’une faible proportion de chlorure' de chaux pour suroxider l’oxide manganeux, ou directement dans un mélange de ces deux bains.
- Les nuances des fonds à base de suroxide manganique sont souvent modifiées par l’introduction de substances étrangères.
- Quand il arrive au fabricant d’ajouter au chlorure manganeux certaine quantité d’acétate plombique, il se forme du
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- chlorure plonibique qui fournit toujours sur le tissu, à la suite des opérations , des proportions correspondantes d’oxide ploiu-bique : or, ce dernier oxide, en passant dans une solution de chlorure de chaux, se transforme en suroxide, dont la nuance, jaune-brunâtre, s’ajoutant à celle du suroxide manganiqtie, lui donne un reflet jaunâtre et un aspect velouté. Quelquefois on ajoute à dessein, en vue de donner au bistre une teinte plus jaunâtre, des sels ferreux ou ferriques qui, décomposés et oxidés en même temps que le sel manganeux ; donnent des nuances qui se rapprochent d’autant plus de la nuance aventurine que la quantité des sels ferreux est plus grande.
- C’est ainsi qu’on obtient une couleur foncée tournant à Y aven-turine en mélangeant :
- 4 0 lit. nitro-sulfate ferrique à 24° dB,
- 5 lit. chlorure manganeux à 20° ^B.
- Ou bien une couleur tirant au rouille nankin en mélangeant : l
- 3 lit. acétate ferreux à 4 4° AB ,
- 9 lit. chlorure manganeux.
- Du reste les procédés de fixation sont les mêmes.
- vj 586. Fond bistre, impression blanc réserve. Ce genre n’a pas été exécuté jusqu’à présent, sans doute parce qu’il serait difficile de trouver des corps capables de réserver assez bien les parties blanches d’une étoffe appelée à subir l’action de lessives! alcalines concentrées et chaudes , parce que rien n’empêche de plaquer avec dessin blanc réserve par la gravure, et surtout parce qu’on réalise avec la plus grande facilité des enlevages sur bistre.
- § 587. Fond Mstrc, impression blanc enlevage. Pour ce genre de fabrication, on exécute d’abord un fond bistre uni, delà-nuance et du ton désirés, § 585, éch. 79. Les pièces, parfaitement nettoyées, lavées , séchées et cylindrées , reçoivent seulement alors l ’impression d’un blanc enlevage, dont la base est presque toujours le chlorure stanneux, sel éminemment réducteur, en présence duquel le suroxide manganique passe à l’état de sel!
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- manganeux qui disparaît par les lavages. On peut aussi, dans le même but, mettre à profit la propriété dont jouissent les acides tartrique et oxalique, de détruire le suroxide manganique et d’en être détruits. Tout corps essentiellement réducteur conduit au même résultat, car un sulfite, de même qu’un sulfo-sulfate décomposé par un acide , détruit complètement le suroxide manganique, quand les acides de ces sels sont mis en liberté. On est donc guidé pour le choix de ces corps par des considérations toutes pratiques: la netteté de l’impression , l’économie de main-d’œuvre et de matière première.
- Pour produire l’enlevage blanc au rouleau •
- A 10 lit. eau de gomme à h50 gr. par litre on ajoute :
- 10 kil. chlorure stanneux acide.
- A la planche.
- A 1 lit. eau on ajoute :
- 1 lit. eau de gomme, à 1 kil. par lit.; et l’on fait dissoudre
- à chaud :
- 2 kil. chlorure stanneux (sel d'étain),
- I kil. amidon torréfié ,
- 0k,500 à l kil. acide sulfurique selon l’intensité de la nuance.
- Enfin , quand le fond bistre contient du fer, on peut employer les enlevages que nous avons indiqués pour les fonds aventurine (oxide ferrique) ou la composition ci-après , toujours très dispendieuse, et qui, s’altérant promptement, ne peut être préparée à l’avance qu’en fort petite quantité :
- Dans 10 lit. d’eau , ou délaie d’abord, pour faire cuire ensuite jusqu’à consistance d’empois :
- 2k,500 amidon , et pendant que l’empois est bouillant, on ajoute :
- 15 kil. chlorure stanneux,
- 1,500 acide oxalique,
- 1,280 acide tartrique ,
- 3,200 acide sulfurique.
- On peut encore employer avec succès pour ce genre d’enlevage , soit le blanc enlevage rouille, § 577, soit la préparation
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- Uh DR LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- suivante, qui a pour base le sulfate stanneux, moins sujet aux infiltrations :
- Dans Ix litres eau sont dépaissis :
- 1k,350 amidon , et l’on ajoute à l'empois chaud :
- 6 kil. sulfate stanneux, § 480, p. 193 ,
- 2k,5 chlorure stanneux, et l’on complète l’épaississage par 0k,150 gomme adraganle.
- L’impression achevée, on passe les pièces à l’eau de la même manière que pour le genre aventurine ; on les dégorge, et on les rince avec soin.
- Dans cet enlevage sur bistre, l’important est, après qu’on a réalisé le blanc le plus parfait, de produire une impression nette, sans infiltration sur les côtés des contours du dessin, accidents qui arrivent quand l’enlevage n’a pas été proportionné à l’intensité de la nuance solitaire, ou a été mal épaissi, ou s’est détérioré par l’action qu’exercent sur la fécule les acides qu’on fait intervenir en si grande proportion
- 80. Fond bistre , impression blanc enlevage.
- Les enlevages avec les acides tartrique et oxalique ne présentent pas cet inconvénient ; mais il faut les employer pou épaissis et chauffés fortement, d’abord pour prévenir le coulage , en second lieu pour favoriser la réaction de l’acide oxalique et du suroxide, qui ne se détruisent mutuellement qu’à un certain degré de température.
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- § 588. Fond Diane, impression bistre. Ainsi que nous avons déjà eu occasion de le faire remarquer, ce genre est celui qui a donné lieu à l’application de la couleur bistre, base du suroxide manganique.
- Les solutions du chlorure ou de l’acétate qui lui est toujours préférable doivent être dè la force de 25 à 30° AB, et épaissies à l’amidon grillé au degré convenable pour la gravure et le genre d’impression.' Quand c’est au chlorure qu’on donne la préférence , comme il est très déliquescent, il y a plusieurs précautions à prendre pour réussir. Si l’impression se fait au rouleau , ce qui est presque toujours le cas, on doit avoir soin d’enrouler les pièces, § 528 , au sortir d’un séchoir chaud ; l’humidité dont elles se seraient imprégnées dans un séchoir froid rendrait le coulage inévitable. De plus , il faut durant l’opération veiller sans cesse à l’état de la racle , qui peut facilement être endommagée, et à laquelle il convient de donner toute la pression compatible avec les fonctions qu’elle a à remplir. Au sortir de la machine à imprimer, les pièces doivent encore être fortement desséchées et conservées dans un lieu sec , pour ne pas condenser d’humidité , et provoquer des infiltrations et des coulages. On procède ensuite au déplacement de l’oxide manganeuxet à la formation du suroxide ( ou plutôt à celle d’un oxide complexe dont la composition varie avec les conditions de sa formation), de la même manière que nous l’avons exposé à l’occasion des fonds unis. Il y a cependant cette différence qu’il n’est pas nécessaire ici de faire usage d’une lessive caustique aussi concentrée, attendu qu’une solution de potasse ou de soude à 8° AB, chauffée à 80°, suffit au succès de l’opération, puisqu’on n’a plus à craindre , comme pour ces fonds, qu’il se forme des zones. Après avoir traversé la liqueur alcaline, les pièces sont exposées pendant cinq à six heures à l’étendage à air libre, où l’oxide manganeux passe en grande partie à l’état de suroxide. Toutefois , c’est surtout dans ce genre qu’il convient de passer le tissu dans une solution de chlorure de chaux , afin de compléter
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- in.
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- la suroxidation ; car si on le soumettait à l’eau courante, l’oxide manganeux qui n’est pas fixé se détacherait et salirait les parties blanches du fond. Quand il se trouve de ces taches, pour les faire disparaître, on a recours à une opération extrêmement délicate, qui consiste à passer les pièces dans un bain tenant en dissolution de l’acide sulfurique et du sulfate stanneux, mais en proportion assez faible pour que les parties imprimées n’aient que peu à en souffrir. La durée de ce passage est abandonnée à l’appréciation du fabricant ; les pièces sont alors dans l’état ci-après , échant. 81 :
- 8JL. Fond blanc, impression bistre*
- Jusqu’à présent le suroxide manganique n’a été employé ni comme couleur réserve ni comme couleur enlevage. Si, sous le premier point de vue* on peut espérer d’en voir un jour l’application , il n’en est pas de même sous le second, attendu les conditions toutes spéciales de la fixation de. cette couleur et la facilité avec laquelle elle s’altère par les corps réducteurs.
- Applications. Le suroxide manganique n’entre guère que dans la fabrication des fonds unis, sur lesquels on réalise avec la plus grande facilité diverses couleurs enlevage. En alliant les gSfires simples obtenus par cette couleur avec ceux qui résultent de l’indigo, on réalise des combinaisons extrêmement remarquables où le bistre apparaît, 1° seul avec la couleur qui
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- GENRES DÉRIVÉS DU SUROXIDE PLOMBIQUE. 147
- lui est propre, 2° combiné à l’incligo pour constituer une espèce de noir , et 3° altéré sur certains 'points par des acides , pour produire sur le bleu des impressions enlevage ; car le bistre peut être réalisé non seulement comme couleur spéciale, mais encore comme auxiliaire capable de détruire telle ou telle substance colorée mise en sa présence.
- DES GENRES QUI DÉRIVENT DE LA EIXATION DU SUROXIDE PLOMBIQUE.
- § 589. Le suroxide plombiquen’apas encore reçu d’application en teinture ; si nous en parlons, c’est que sa formation et le parti qu’on peut en tirer dans certains cas sont de nature à intéresser le fabricant. Toutes les fois qu’un sebplotnbique est déposé sur tout ou partie d’un tissu qu’on passe ensuite dans une solution chaude de chlorure de chaux , § 248 , il se produit du suroxide plombique, dont la nuance est à peu près celle du rouille le plus foncé, mais avec un reflet particulier. L’échantillon 82
- 8Fond blanc, impression suroxide plomhifjtie.
- est très pâle, parce qu’il a été passé dans une dissolution de chlorure de chaux trop faible et d’une température trop basse; dans de meilleures conditions, on aurait obtenu une teinte infiniment plus intense.
- Quel que soit le parti que l’on tire un jour de cette matière
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- 1/|8 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- colorante pour produire des rouilles , le fer sera toujours pré- I féré ; ce n’est donc point sous ce point de vue qu’il faut l’envi-l sager; mais ce suroxide fixé sur une étoffe de nature ligneuse I recouverte d’une couleur organique détruirait facilement celle-ci I avec l’intervention d’un acide, en 3^ laissant le plomb, par consé- ] quent l’élément d’un jaune , puisqu’il suffit de passer en chro-mate pour l’obtenir : or, des altérations de ce genre font con- I cevoir une foule de combinaisons toutes particulières.
- GENRES DÉRIVANT DE l’APPLICATION DU SULFIDE ANTIMONIQUE. I
- § 590. C’est en Angleterre qu’on a utilisé pour la première fois 1 le sulfide antimonique pour l’impression des tissus ; mais jusqu’à I présent il n’a été en usage que dans la fabrication des genres I impression fond blanc au rouleau. La fixation en est des plus I simples. Le sulfo-antimoniate sodique , § 227 , étant épaissi et I imprimé sur la toile, 011 passe celle-ci dans une eau légèrement I acidulée d’acide sulfurique ou de chloride hydrique, qui décomll pose le sulfo-sel et met en liberté le sulfide antimonique, dont la nuance peut varier en raison, tant de la nature de l’acide employé que de la température à laquelle le déplacement du I sulfide a lieu.
- § 591. l'ond blanc, impression sulfcle üni/MOniqUC.
- Dans 10 lit. d’eau on fait dissoudre à chaud :
- 4k,250 sulfo-antimoniate sodique, et l’on épaissit le tout par I 7 à 9 kil. gomme arabique.
- Cette dissolution opérée, il convient de la tamiser, car les I impuretés de la gomme et les parties non dissoutes du sel pourraient causer, à l’impression , des accidents d’autant plus graves que cette couleur ne sert généralement que pour les dessins délicats. Elle se conserve du reste pendant longtemps, et peut être étendue au besoin ; quand elle est imprimée au 1 rouleau , ce qui a lieu ordinairement, la chaleur du séchoir où se rendent les pièces en sortant de la machine à imprimer doit être assez élevée.
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- GENRES DÉRIVÉS DU SULEIDE ANTIMONIQUE. 149
- Une heure après l’impression , on procède au déplacement du sulfide en montant un bain d’acide sulfurique à 1° AB, tout au plus 2°, qu’on chauffe à 40 ou 45" et dans lequel on fait circuler les pièces de 1 à 3 minutes au plus, pour les mettre ensuite à l’eau courante, d’où elles sortent dans l’état ci-après, éch. 83.
- SS. Foml blanc, impression siillidc antinionique.
- Quand on substitue à l’acide sulfurique du chloride hydrique, la nuance est d’un jaune orangé. Désire-t-on des nuances plus intenses , de l’olive foncé , par exemple, on procède en quelque sorte à une véritable teinture : on introduit dans une cuve, § 539, fig. 141-143, assez grande pour contenir deux pièces, 5 kil. de sulfate cuivrique avec la quantité d’eau nécessaire, et l’on porte le tout à 85 ou 90° ; alors , au moyen d’ijn tourniquet, on y manœuvre à quatre ou six reprises les pièces qui sortent du bain acide, et le sel cuivrique cédant une partie de sa base au sulfide antimonique , il y a formation d’un sulfure antimonico-cui-vrique , d’autant plus coloré que le cuivre y entre en plus forte proportion et que la température du bain a été plus élevée. Au heu de sulfate, on peut employer l’acétate, qui cède plus facilement sa base. En sortant du bain, les pièces sont rincées, parfaitement dégorgées, § 445, et enfin passées en savon dans les cnisses, fig. 143 (lk,500 savon pour dix pièces). Les toiles en sortent dans l’état ci-après, éch. 84 , qui ne donne pas une idée
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- de la nuance olive-verdâtre que l’on peut obtenir en employant des proportions convenables de sulfate cuivrique.
- £4. Fond blanc, iinprcss. sulflde autimonique teint en sulfate cuivrique.
- Cette espèce de bain de teinture peut aussi se faire au moyen de 5 kil. d'acétate plombique ; on le chauffe à 50°, en y ajoutant de temps en temps une certaine quantité de cet acétate, et les pièces y sont manœuvrées au large, puis, lorsqu’elles ont la nuance voulue , rincées et nettoyées. Quand le fond en est un peu sali, on les passe dans une solution extrêmement faible de chlorure de chaux, qui dégrade toujours plus
- §5, Fond blanc, iinprcss. sulfide antiinonique passé en sel plombique.
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- GENRES DÉRIVÉS DE l’aRSÉNITE CUIVRIQUE. 151
- ou moins cette couleur bois. Après un léger passage en savon , elles se trouvent dans l’état ci-dessus , échant. 85.
- Cette couleur n’a encore été employée ni comme couleur réserve ni comme couleur enlevage ; on conçoit cependant très bien quelle puisse servir de réserve, puisque rien n’empêche d’y incorporer une foule de substances , telles que corps gras, etc., qui lui donneraient des qualités réservantes mécaniques; mais elle a si peu de solidité, qu’on lui préfère de beaucoup le cachou.
- Applications. Le sulfide antimonique n’a constitué jusqu’à présent qu’un seul genre, le fond blanc impression orange ou bois au rouleau; mais, à une certaine époque, on faisait intervenir cette couleur dans Yenluminage des fonds blancs ga-rancés.
- Le sulfide arsénieux , qui possède la plus grande analogie avec le sulfide antimonique, peut être employé dans les mêmes circonstances que ce dernier; seul, il donne un jaune pur; mais, avec les sels métalliques, il fournit des couleurs brunes. Cette substance, du reste, et les composés auxquels elle donne lieu devraient être proscrits , à cause de l’influence fâcheuse que peuvent exercer sur la santé de ceux qui les portent les étoffes qui sont recouvertes des sels qui les forment.
- CHAPITRE II.
- DES GENRES QUE FORMENT LES COULEURS QUI n’aDHERENT AUX TISSUS QUE PAR L’INTERMÉDIAIRE d’aUXILIAIRES OU DE MORDANTS. ----GENRES QUI DÉRIVENT DE l’aRSÉNITE CUIVRIQUE, DES
- CHROMATES, DES IODURES, DES SULFIDES, DES CYANURES, DE LA GARANCE ET DE SES DÉRIVÉS, DE LA COCHENILLE, DES BOIS ROUGE, BLEU ET JAUNE, ET ENFIN DE l’aPPLICATION DES COULEURS DITES COMPLEXES.
- GENRES DÉRIVANT DE l’aRSÉNITE CUIVRIQUE.
- §592. Cette couleur sert particulièrement à la fabrication des fonds unis d’un vert généralement connu sous le nom de vert de
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- DK LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- cuivre , vert de Scheele et vert de Schweinfurt. Pour la fixer, ! tantôt on combine à l’étoffe une certaine quantité d’oxide cui- I v ri que qu’on sature de la proportion d’acide nécessaire pour 1 transformer,cet oxide en arsénite ; tantôt, au contraire , on dé- I pose sur le tissu l’acide arsénieux, et, à l’aide d’une prépara- J tion cuivrique, on y réalise une double décomposition qui a en- 1 core pour résultat la formation de l’arsénite.
- § 593. Fond vert à l’arsénite cuivrique. On commence par I plaquer les pièces dans une dissolution contenant une prépara- I tion cuivrique convenable, du sulfate, du nitrate, ou un mé- | lange des divers sels cuivriques solubles. Voici une de ces pré- I parations :
- Dans 10 lit. d’eau on fait dissoudre : lk,230 crème de tartre ,
- 5k,750 acétate cuivrique, I
- 10 lit. nitrate cuivrique à 56".
- On étend cette dissolution, qui, en définitive, n’est qu’un II mélange d’acétate , de tartrate et de nitrate, d’une fois son vo- I lume d’eau, pour y mettre les pièces, et quand on tient àoli- |j tenir un fond parfaitement uni, on ne doit pas négliger la pré- I caution de l’épaissir avec une petite quantité de gomme. [
- Aussitôt après l’impression ou le placage, on dessèche I promptement , puis on procède au déplacement de l’oxide cui- | vrique à l’aide d’une base salifiable puissante, la potasse ou I la soude. On introduit dans le bassin de la machine à foulai- I der une solution faite avec l’une ou l’autre de ces bases mai- ] quant 12° AB, et l’on y plonge les pièces qu’on exprime avec I soin à leur sortie du bain, pour les faire passer à l’eau cou- j rante, les rincer et les nettoyer; elles ont alors la couleur de I l’hydrate cuivrique. Pour leur donner la teinte verte qui est I propre à l’arsénite, on monte un bain composé d’eau pure et 1 d’acide arsénieux, et on les y fait passer à chaud. L’oxide cui- I vrique se combine dans cette circonstance à l’acide arsénieux, et la nuance, de bleue qu’elle était d’abord, devient insensible- I
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- ment d’un vert dont l’intensité est proportionnelle à la quantité d’acide arsénieux qui se fixe. On ajoute quelquefois du bi-arséniate potassique au bain d’acide arsénieux ; mais il ne faut faire cette addition qu’avec réserve, attendu que l’arséniate, par sa nuance d’un blanc bleuâtre, s’oppose au développement du vert. En outre, dans cette dissolution, l’acide arsénieux est sans effet, déplacé qu’il est par l’acide arsénique.
- L’arsénite cuivrique est fixé sur la toile par une opération inverse de celle que nous venons d’indiquer. On se procure une solution d'arsênite sodique contenant, avec la quantité de soude nécessaire, 120 à 150 gr. d’acide arsénieux par litre. C’est avec cette solution d’arsénitequ’on plaque les pièces, en ayant soin de les dessécher fortement à l’étendage chaud lorsqu’elles sortent de la machine à matter. Une fois les pièces bien sèches, on les imprègne ou plaque d’une dissolution de nitrate cuivrique contenant 0k,250 par litre d’eau , et légèrement épaissie à la gomme adragante. Enfin, au lieu de ce nitrate, on fait quelquefois usage d’un mélange de nitrate et de sulfate ou même d’un sel cuivrique ammoniacal.
- Si l’on voulait obtenir un vert plus foncé , il faudrait mettre en contacta chaud de l’acide arsénieux et de l’acétate cuivrique ; l’acide acétique étant expulsé par l’acide arsénieux, on se trouverait dans les conditions où le vert de Schweinfurt prend naissance.
- Enfin on obtient encore d’autres nuances en mélangeant au sel cuivrique dont on fait usage une certaine quantité de sel ferreux ou ferrique. Comme l’oxide ferrique se fixe aux mêmes conditions que l’oxide cuivrique, la couleur du premier , en s’ajoutant à celle de l’arsénite cuivrique, donne des nuances cuir-bottes. Ce sexd fait justifie la nécessité où 1 on est de n’employer que des sels cuivriques exempts de fer, quand on veut obtenir de beaux fonds vert bleu , dits verts de Schweinfurt.
- Application. Cette couleur ne s’emploie que dans les genres
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- soubassements et dans les fonds verts rentrés. (Voyez à l’ai' ticle Couleur conversion un.vert de cette espèce qui fait le fondj d’une bordure.)
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- § 594. C'est M. Lassaigne qui, en 1819, fit pour la première fois l’application aux tissus de la matière colorante si riche de l’acide chromique. Ayant imprégné des échantillons de toile de coton d’acétate plombique, il vit que leur passage dans une solution de chromate potassique donnait naissance à du chro-inate plombique jouissant d’une grande fixité sur l’étoffe ; ce fut le premier jaune solide produit en teinture.
- Cette expérience de laboratoire ne tarda pas à porter des fruits, car , peu de temps après qu’elle fut connue , les plus heureuses applications en furent faites à l’impression. C’est J ainsi qu’on l’employa pour produire des enlevages jaunes sur ] une foule de couleurs solides , et qu’on l’associa au bleu d’indigo pour obtenir un vert solide dit vert au chromate. Walter-Crum l’introduisit comme réserve dans la fabrication des bleus, i et dès lors attacha son nom à ce genre de fabrication , qui a eu un succès si bien mérité.
- L’application du jaune de chrome est donc un de ces faits à enregistrer et qui fera toujours époque dans l’histoire de l’art de la toile peinte ; alors même qu’on trouverait une substance capable de le remplacer comme couleur jaune, il est douteux qu’elle se prêtât aussi facilement à tant de combinaisons intéressantes.
- L’acide chromique transmet à tous les oxides sa couleur, mais plus ou moins modifiée , tant par celle des oxides auxquels on la ! combine que par la proportion relative de ces deux corps et par : le volume de la combinaison solide qu’ils engendrent. Des combinaisons qui résultent de cette association, les unes sont solubles, et par cela même impropres à se fixer sur l’étoffe ; les autres insolubles, mais incapables aussi, en raison de leur nature ,
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- d’adhérer d’une manière intime et durable au tissu. Le chromate argentique, qui est insoluble ou peu soluble, affecte une fort belle couleur rouge pourpre qui serait sans aucun doute appliquée en teinture, si les sels d’argent n’étaient pas tous détruits au contact des matières organiques. Les chromâtes mercurique et mercureux surtout donnent une nuance orange qui aurait déjà été utilisée, si de semblables motifs ne s’y opposaient, et si des réductions plus ou moins profondes n’altéraient pas toujours les composés de cette nature.
- Lorsqu’on passe en revue les combinaisons stables que l’acide chromique peut produire, on voit que l’oxide plombique et l’oxide bismutique seuls ont la propriété de fixer cette matière colorante à l’étoffe. Examinons d’abord les couleurs qu’il forme avec le premier , puisque ce sont les seules qu’on ait employées jusqu’à ce jour.
- L’oxide plombique engendre, comme on le sait, deux combinaisons bien distinctes avec l’acide chromique, le chromate plombique, qui est jaune, et le chromate biplombique, qui est orangé ou jaune orangé, selon les conditions de sa formation. Le premier de ces composés prend naissance toutes les fois que de l’acide chromique libre ou combiné , mais en état de dissolution , se trouve en contact avec un sel plombique, soluble ou insoluble ; le second se produit, au contraire, chaque fois que les mêmes éléments réunis se rencontrent en présence d’un excès d’une base plus puissante que l’oxide plombique. Le fabricant réalise à volonté sur la toile ces deux ordres de composés, et peut, quand bon lui semble , passer de l’une à l’autre", il suffit donc d’examiner comment l’une ou l’autre se forme , pour connaître le procédé qui convient à tous deux.
- Quand on recouvre une étoffe de chromate plombique tout formé, le moindre lavage fait disparaître cette couleur. Lorsqu’on imprègne un tissu de chromate potassique et qu’on le recouvre ensuite d’un sel plombique, le sel qui prend naissance par double décomposition contracte une cohésion si forte, qu’il
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- n’adhère que faiblement à l’étoffe; au contraire, bile tissu est imprégné de sel plombique et qu’on y fixe l’oxide , en le passant dans un chromate soluble, on a du chromate plombique parfaitement adhérent. Ainsi fixer du jaune de chrome sur une étoffe ce n’est autre chose que fixer préalablement de l'oxide plombique , puisque l’action ultérieure est purement chimique et indépendante de l’étoffe.
- Il est cependant une circonstance particulière où le jaune de chrome tout formé s’unit intimement au tissu : ainsi, lorsqu’on épaissit, d’une part, une solution de chromate potassique, et d’une autre, une solution de nitrate ou d’acétate plombique, et qu’on les mélange, il se produit par double décomposition , en présence de l’empois, du chromate plombique qui adhère au tissu. Les mêmes dissolutions, mélangées sans être préalablement épaissies, donnent naissance à du chromate plombique insoluble qui, recueilli, lavé, et mêlé au même épaississant, ne donne plus qu’une couleur incapable de se combiner à l’étoffe. On ne peut s’expliquer cette propriété qu’en admettant que le précipité qui se forme a un volume ou des dimensions autres que celles du précipité qui se serait formé en l’absence de l’empois.
- Les sels plombiques dont on fait usage dans ce cas sont le nitrate , Y acétate neutre ou basique , ou un mélange de ces deux sels, le sulfate qu’on fixe en faisant passer l’étoffe sur laquelle il est déposé dans un lait de chaux ; enfin les dissolutions d’oxide plombique dans les alcalis (1 e plombate calcique, par exemple ).
- § 595. Fond uni au cliromatc plonihiquc. L’étoffe qu’on veut teindre en chromate plombique est le plus souvent foulnr-dée dans une dissolution d'acétate plombique d’une force on rapport avec l’intensité de la nuance que l’on désire, dans laquelle , pour obtenir un fond plus uni et moins sujet à se racler, on introduit ordinairement, ou environ 30 gr. de colle par litre d’eau, ou 2 à 3 gr. de gomme adragante. Au sortir du foulard,
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- les pièces sont desséchées, puis fourlardées derechef dans un bain de bichromatepotassique formé de 3k,250 bichromate par hectolitre d’eau. Si, après cette première opération, la nuance n’a pas toute l’intensité qu’elle doit avoir, on foularde une seconde fois, d’abord, avec les mêmes précautions , dans le bain d’acétate plombique, puis dans celui de bichromate. En passant les pièces en bichromate, on leur donne une couleur jaune clair et serein si l’on a soin de rendre le bain légèrement acide, et au contraire jaune virant à l’orangé s’il est alcalin.
- Quelquefois on encadre les pièces au champagne, et on les plonge dans une cuve semblable à celle où l’on teint les bleus, où l’on mélange à 3,500 litres d’eau :
- 32 kil chaux vive,
- 16 kil. acétate plombique, que l’on peut remplacer par des proportions correspondantes de sulfate plombique (résidu de la fabrication du mordant rouge).
- C’est cette cuve qu’on appelle dans les fabriques cuve au plombaie de chaux. En les retirant de ce bain, on les expose quelques instants à l’air, et on les fait passer dans une dissolution de chromate potassique , comme dans l’exemple précédent. Dans ce cas, la combinaison est aussi jaune ; lorsqu’on veut l’avoir orangée, il faut passer les pièces teintes en jaune dans un bain bouillant de lait de chaux, dont la base, s’emparant d’une portion de l’acide chromique, déplace une quantité correspondante d’oxide plombique, qui forme, avec k partie non décomposée , le chromate biplombique (orange de chrome), ou bien, à l’aide d’une solution de chromate calcico-potassique, monter une cuve de fonte en saturant par la chaux une solution de bichromate potassique. On prépare toujours à l’avance une certaine quantité de ce sel double , afin de pouvoir entretenir la cuve au fur et à mesure qu’elle s’affaiblit par le passage des pièces. Cette cuve est disposée d’une manière telle qu’on peut en chauffer le liquide jusqu’à l’ébullition. On y fait descendre les pièces encadrées et préalablement imprimées d’a-
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- cétate ou de nitrate plombique, ou d’un mélange de ces deux sels, ou enfin duplombate calcique , et l’on arrive ainsi directement à produire une teinte orangée par le chromate biplom-bique. On est obligé d’encadrer les pièces, parce que la portion de chromate qui est attaquée et dissoute pourrait se répandre inégalement et occasionner des taches. Ces fonds jaune et orange ne s’emploient que dans des genres composés.
- ^ 596. Fond jaune et orange de chrome, impression blanc réserve. L’oxide plombique étant la base de ce jaune, on peut, en imprimant une solution concentrée d’alcali caustique qui le dissout, en prévenir la fixation sur l’étoffe ; cependant, comme il est difficile de dégorger des impressions de ce genre sans avoir à craindre des coulages et l’altération de la couleur du fond , on préfère employer des réserves mécaniques. On se sert ordinairement d’une dissolution de savon vert, qu’on épaissit avec une certaine quantité de gomme et de terre de pipe, parce qu’une réserve de cette nature ne peut être recouverte d’un sel plom-bique sans qu’il se forme à la surface de l’étoffe un précipité poisseux qui abrite les parties de la fibre qu’il recouvre. Quand on a imprimé cette réserve, on foularde en sel plombique, on teint ensuite en chromate , et l’on ne nettoie qu’après la parfaite
- 86. Fond orange de chrome avec dessin blanc réservé par la gravure.
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- fixation de la couleur. On imprime quelquefois le fond dans lequel le dessin blanc se trouve réservé par la gravure, comme dans l’échantillon 86.
- | 597. Fonds jaune et orange de chrome , impression blanc enlevage. Le chromate plombique se dissout avec la plus grande facilité dans les bases alcalines puissantes : la potassé et la soude ; rien n’est donc plus facile que de réaliser à l’aide de ces agents des impressions enlevage, puisqu’il suffit d’imprimer sur l’étoffe une solution concentrée d’oxide sodique ou potassique , épaissie à l’amidon grillé et à la terre de pipe. Après l’impression les pièces sont pendues à 1 ’eau courante , puis rincées et dégorgées.
- Sj 598. Fond orange de chrome, impression enlevagejaune. Ce genre de fabrication se faisait particulièrement il y a dix-huit ans. A cette époque on préparait des fonds orange unis, sur lesquels on imprimait au rouleau, en dessins très fins, nids de guêpes, etc., une dissolution faible de nitrate alu-minique, convenablement épaissie, à la gomme et à la terre de pipe, qui transformait le chromate basique en chromate neutre ; on faisait aussi des fonds légers dans lesquels se trouvaient réservés, par la gravure, des fleurs ou autres objets qui étaient orangés.
- § 599. Fond blanc, impression jaune de chrome. Dans cette fabrication , la fixation du jaune se fait aux mêmes conditions que dans les fonds couverts ou unis, avec cette seule différence que la préparation plombique est épaissie au degré voulu pour l’impression. Ainsi : •
- Dans 10 litres solution d’amidon grillé , légèrement acidulée par l’acide acétique , on fait dissoudre :
- 2 kil. acétate plombique cristallisé.
- Souvent on remplace en partie l’acétate par du nitrate, et nous aurons d’ailleurs occasion de voir, en faisant l’étude des genres composés où ce jaune intervient, que les proportions de ce sel et la nature de l’épaississant sont également sujettes à
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- varier. L’impression terminée, les pièces desséchées, foular-dées en chromate potassique, puis lavées et nettoyées, sont dans l’état ci-après , échant. 87.
- $ ÿ. Fond Idanc, impression jaune de chrome.
- § 600. Fond hianc, impression orange de chrome. De même que dans la fabrication des genres précédents, on commence par imprimer une solution épaisse d’acétate plombique ou d’un mélange d’acétate et de nitrate (ordinairement d’une densité plus grande), on dessèche fortement le tissu, et on le fait passer dans une solution de chromate cale?co-potassique ; mais il est bon dans ce cas de mettre les pièces au champagne
- §§. Fond blanc, impression orange de chrome. -
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- pour empêcher que le fond ne se salisse par suite des coulages, qui sont d’autant plus sensibles qu’il s’y ajoute un effet de contraste , § ZiSZi. On prévient en grande partie ces coulages en plongeant préalablement les pièces dans une solution légèrement ammoniacale, qui déplace et fixe l’oxide plombique à l’étoffe.
- Les pièces lavées et dégorgées sont dans l’état ci-dessus, écbant. 88.
- Le chromatebismuthique, étant d’une teinte jaune qui se rapproche assez de celle du chromate plombique, pourrait être appliqué par les mêmes moyens , et offrirait cet avantage que l’oxide bismutique n’étant pas attaquable par les alcalis, les jaunes résisteraient mieux à l’action des bases salifiables. Cette propriété ne serait pas sans utilité dans une foule de circonstances.
- Comme les jaune et orange de chrome ont pour base l’oxide plombique, dont la stabilité est très grande, il est loisible au fabricant de leur faire jouer à volonté le rôle de couleurs rèseive ou celui de couleurs enlevage : il suffit de les associer, dans le premier cas, aux éléments éminemment réservants ; dans le second, à un composé capable d’enlever la base des couleurs ou de les détruire.
- Application. Le jaune et l’orange de chrome n’ont constitué jusqu’à présent que deux genres spéciaux : le jond blanc impression jaune ou orange, le fond orange avec impression jaune; mais cette couleur sert à 1 'enluminage de presque tous les genres bon teint, fonds unis et fonds blancs. Il sert de jaune enlevage sur rouge turc, sur bleu solide, sur bleu de Prusse, sur une foule de couleurs, et de jaune réserve particulièrement sous bleu de cuve. Là ne se bornent pas ses applications : cette couleur s’allie encore avec différents bleus pour former des verts solides de toute espèce qu’on imprime sous toutes les formes. Enfin le fabricant ne doit jamais perdre de vue que le jaune de chrome fixé sur un tissu teint par une matière colorante orga-
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- nique peut devenir agent décolorant, lorsqu’on met l’acide chro-mique en liberté, par l’intermédiaire d un autre acide.
- DES GENRES QUI DERIVENT DE LA FIXATION DES SULFO-ARSÊNITES ET SULFO-ARSÉNIATES SUR LES ETOFFES.
- (jj 601. M. Houton-Labillardière a éveillé l’attention des fabricants sur la possibilité d’obtenir , de la formation des sulfo-sels sur les tissus, des couleurs extrêmement solides, et qui peuvent, dans plus d’une circonstance, remplacer celles de la garance. Les procédés de fixation sont pour ces sels à peu près les mêmes que pour les chromâtes 5 il faut seulement remplacer le bain de chromate potassique par une dissolution d’un sulfo-sel soluble. C’est particulièrement au sulfo-arsénite potassique que M. Houton-Labillardière a donné la préférence. Après avoir fait suffisamment bouillir dans une marmite en fonte remplie d’eau un mélange de sulfide hypo-arsénieux ( arsenic rouge ), de carbonate potassique et de chaux, et formé ainsi le sulfo-arsénite , on fait passer dans une certaine quantité de ce bain , préalablement étendu , des tissus mattés ou imprimés en sel de plomb, de cuivre ou de bismuth, pour obtenir des fonds couverts ou des impressions. La double décomposition qui s’opère forme sur le tissu un sulfo-sel à base d’oxide plombique, cuivrique ou bismuthique d’une grande adhérence et d’une assez grande stabilité, mais dont la nuance, se fonçant par la chaleur , est sujette à de grandes inégalités. Il n’est nullement à désirer que de semblables préparations reçoivent de plus nombreuses applications en toile peinte, à cause de l’influence fâcheuse qu’elles doivent nécessairement exercer sur la santé, tant de ceux qui les préparent que de ceux qui s’en revêtent.
- Le lecteur peut consulter sur ce genre de fabrication le mémoire intéressant de M. Houton-Labillardière, Annales de l’Industrie (Dumas et Payen).
- On a aussi cherché à appliquer les sulfures métalliques;
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- mais de cet ordre de composés , il n’y a que le sulfure cadmique qui ait fourni quelques bons résultats, et le prix élevé de cette substance, qui, en définitive, n’est pas plus avantageux sur le coton que le chromate plombique , fait qu’on ne l’a utilisée que sur la soie.
- DES GENRES DÉRIVANT DE L’APPLICATION DES IODURES.
- § 602. Il semble au premier abord que les belles combinaisons que forment les iodures doivent pouvoir être fixées sur tissu ; mais deux causes puissantes s’y sont toujours opposées : la première, c’est qu’ils n'ont pas le degré d’insolubilité voulu pour résister aux lavages ; la seconde , qu’ils sont fortement impressionnés par la lumière. En supposant que la première de ces causes n’existât pas, la seconde suffirait pour les faire rejeter ; leur fixation au tissu ne peut être que mécanique , et le corps qui les y ferait adhérer devrait posséder en outre la propriété de les préserver de l’action de la lumière.
- GENRES DÉRIVÉS DE L’APPLICATION DES CYANURES ET SPÉCIALEMENT DU BLEU DE PRUSSE.
- § 603. L’application du bleu de Prusse à la toile peinte est déjà assez ancienne , puisque M. Délormois donne, pag. 73 de son ouvrage , un procédé propre à le dissoudre et à l’imprimer , que quelques fabricants suivent peut-être encore de nos jours, et qui consiste à dissoudre le bleu de Prusse pulvérisé ou en pâte dans une certaine quantité de chloride hydrique du commerce et à épaissir la solution avec la gomme adragante, pour 1 imprimer ensuite. Ce n’est cependant que vers la fin du siècle dernier qu’on l’a formé et fixé de toute pièce sur le tissu, et c est à J.-M. Haussmann qu’il faut en rapporter le mérite. On trouve, tom. XLIX, pag. 252 , Journal de Physique, un travail sur cette couleur, dans lequel il expose les nombreuses tentatives qu’il a faites à cet égard. Après avoir imprimé plusieurs dissolutions salines sur du calicot, il a fini par trouver les conditions
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- dans lesquelles la teinture pouvait s’opérer le mieux. Au reste, nous ne sommes pas les premiers à restituer à Haussmann la priorité d’une découverte qu une recompense donnée plus tard à Raymond semblait devoir lui enlever 5 car, dans la Statistique du Haut-Rhin , publiée sous les auspices de M. D. Kœchlin, il est dit, pag. 261, à l’occasion des découvertes faites par Haussmann , qu’on lui doit « /’application du beau bleu de Prusse par le procédé attribué plus tard à Raymond, c est-à-dire en le formant sur la toile de toute pièce, au moyen de V oxide de fer et du prussiate de potasse [cyanure ferroso-potassique (Berzélius). »
- Indépendamment' de ces deux modes de fixer le bleu de Prusse, qui consistent, le premier, à le former et à le dissoudre ensuite pour l’appliquer sur le tissu; le second, à le produire en fixant préalablement sur l’étoffe de l’oxide ferrique, qu’on sature par voie de teinture, de la quantité de cyanure nécessaire; il en existe d’autres qu’on a découverts depuis, qui sont basés sur l’altération du cyanide ferreux ou du cyanide ferrique, éléments constituants des cyanures ferroso et ferrico-potassi-ques , et qui sont généralement suivis de nos jours. Nous nous en occuperons en traitant des couleurs vapeur dont ils font partie; nous n’examinerons ici que le bleu formé par teinture.
- La fixation en est des plus simples : il suffit de combiner à l’étoffe, par un des procédés, § 57A, une certaine quantité de fer oxidé, et de la faire passer ensuite dans un bain d’eau tiède, tenant en dissolution du cyanure ferroso-potassique (prussiate jaune), et légèrement acidulé par l’acide sulfurique. Le prussiate potassique, décomposé par l’acide sulfurique, fournit un liquide dont on peut se représenter la constitution de bien des manières, mais dans lequel, au point de vue pratique, il ne faut voir qu’une espèce de matière colorante qui, en réagissant sur l’oxide ferrique , engendre le bleu de Prusse.
- § 604. Fond bleu de Prusse uni. La seule difficulté qui se présente dans cette fabrication, c’est d’arriver à un fond par-
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- faitement uni qu’on ne réalise qu’en apportant le plus grand soin à la préparation du fond rouille qui lui sert de base. On commence donc par teindre l’étoffe en rouille d’autant plus foncé qu’on veut obtenir un bleu plus intense, Pour le gros bleu, il faut lui donner la couleur avenhm'ne , en employant pour mordant le nitro-sulfate ferrique. Quand la toile est bien chargée d’oxide ferrique et qu’on l’a parfaitement dégorgée aux roues à laver, afin d’enlever de la surface tout ce qui n’y serait pas parfaitement adhérent et pourrait, en s’en détachant plus tard, produire des nuances raclées, on la passe dans un baquet surmonté d’un tourniquet, § 562 , plein d’une solution étendue de cyanure jaune, acidulée par l’acide sulfurique ; et on l’y manœuvre jusqu’à ce qu’elle ait atteint la nuance voulue, en supposant qu’il y ait suffisamment de cyanure en dissolution. Lorsqu’on veut obtenir des teintes d’un bleu encore plus foncé et plus pur, on remplace l’acide sulfurique de la dissolution du cyanure par une certaine quantité de chlorure stannique, qui remplit le double rôle de déplacer l’acide du prussiate et, en entrant comme partie constituante de la laque bleue , d’en changer la nuance. Quand au lieu de tissus de coton et de soie on a des laines et des mi-laines à teindre en fonds unis, on se contente d’un bain de cyanure ferroso ou ferrico-potassique, auquel on
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- ajoute une certaine quantité d acide tartrique et de chlorure stannique pour déplacer le cycinide qui reste en dissolutionet de chlorure sodique pour s opposer a la précipitation des éléments qui sont en présence ; le cyanide ferreux ou ferrique, par la chaleur, passe à l’état de bleu de Prusse, qui se fixe sur l’étoffe en même temps qu’une portion d’oxide stannique. Nous donnons ici un échantillon bleu de Prusse fond bleu sur calicot, éch. 89.
- 605. Fond bleu de Prusse, impression blanc réserve. Si ce genre s’exécute en deux temps , c’est-à-dire si l’on commence par fixer le mordant de fer pour teindre ensuite dans le prussiate , le traitement est le même que celui des fonds rouille impression blanc réserve, § 576, que ce blanc ait été réservé par l'impression ou par la gravure. Si au contraire il s’agit de fixer le bleu de Prusse de toute pièce sur le tissu, on doit tenir compte de la constitution complexe de cette couleur et ne pas perdre de vue quelle se dédouble facilement par les alcalis pour constituer un ferroso-cyanure soluble et un oxide ferrique insoluble : or, dans le cas où on l’imprimerait toute formée, l’impression préalable d’une substance basique s’opposerait à sa fixation et ferait réserve ; il ne faut donc que savoir faire un choix des corps de ce groupe, en tenant compte des avantages qu’ils présentent pour l’exécution de l’impression. Comme u’éserve sous bleu de Prusse servant à appliquer la couleur de toute pièce , on imprime avec soin la craie, Tace-iate calcique, le phosphate s esqui-calcique, matières qui, outre le pouvoir dont elles jouissent de saturer les acides , sont insolubles et font en outre fonction de réserves physiques. C’est dans le genre vapeur que ces effets sont mis à profit.
- § 606. Fond bleu de Prusse, impression blanc, enlevage. Quand il s’agit d’une fabrication de ce genre sur calicot, on prépare un rouille , dont la nuance soit de nature à produire avec le cyanure ferroso-potassique acidulé le fond bleu que l’on désire ; on introduit dans le mordant même ou dans le prussiate la quan-
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- tité de chlorure stannique nécessaire pour donner au bleu la nuance pure qu’elle doit avoir ; alors on procède à l’enlevage, qui a lieu ordinairement en deux opérations distinctes , ayant pour but • la première , d’amener la décomposition du bleu de Prusse à l’aide d’une base salifiable puissante, qui forme du cyanure jaune et met l’oxide ferrique en liberté; la seconde, de faire disparaître l’oxide ferrique par l’intervention d’un acide. Mais le succès de cette seconde opération dépend de l’énergie de la première, et surtout des lavages qui la suivent, et qui doivent avoir enlevé tout le cyano-ferrure : autrement la présence de l’acide aurait pour effet de régénérer le bleu de Prusse sur les points mêmes d’où l’on a intérêt à l’expulser. Les pièces desséchées et cylindrées, on y imprime une dissolution de potasse caustique épaissie à la gomme , et dont la force proportionnée à l’intensité du bleu ne doit, dans aucun cas, marquer moins de 14° MB , pour contracter convenablement le tissu et fournir une impression nette. Alors on rince et l’on dégorge avec assez de soin pour qu’il ne reste plus que de l’oxide ferrique sur tous les points du tissu touchés par l’alcali , puis on trempe dans une eau acidulée de chloride hydrique ou d’acide sulfurique, jusqu’à ce que l’oxide ferrique ait complètement disparu. Quand on ajoute à la potasse quelque peu de tartrate potassique, l’oxide ferrique du bleu de Prusse entre en combinaison avec l’acide tartrique, et disparaît en grande partie par les lavages qui suivent l’impression alcaline.
- Ce genre s’exécute aussi sur laine et sur soie ; mais on comprend qu’en l’exécutant sur ces tissus , on a de grandes précautions à prendre pour ne pas attaquer et dissoudre la fibre même en enlevant le bleu. Pour l’impression des foulards de soie , on fait passer les pièces, pendant environ 30 minutes, dans un bain de nitrate ferreux à 4° AB , puis à l’eau courante , et enfin dans les roues à dégorger, fig. 19. Après les avoir ainsi nettoyées , on les plonge dans un lait de chaux clair et froid , à l’effet de décomposer le sel ferreux, de déplacer et de fixer l’oxide sur
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- l’étoffe 5 on lave et dégorge de nouveau avant de procéder à la teinture , qui se fait dans un baquet surmonté d’un tourniquet, où l’on ajoute à l’eau nécessaire et aiguisée d’un peu d’acide sulfurique, 60 à 80 gr. de cyanure ferroso-potassique. Lorsqu’on a manœuvré le tissu pendant quinze à vingt minutes dans ce bain , on ajoute à celui-ci une nouvelle proportion d’acide, et l’on y fait passer de nouveau les pièces pendant quinze minutes, temps ordinairement suffisant pour leur donner la nuance voulue.
- Le traitement que nous venons d’indiquer est plus spécialement appliqué aux fonds bleu moyen ; quand les fonds des foulards doivent être d’un bleu foncé, on plaque les pièces de nitrate ferrique à 6° AB, on les sèche, puis on les fait passer rapidement dans une solution légère d’oxide sodique pour déplacer l’oxide ferrique. A la suite de cette opération, on lave et l’on dégorge pour teindre en prussiate potassique acidulé, mais en augmentant la dose de ce sel et de l’acide en proportion de l’intensité de la nuance à réaliser. Cette teinture réussirait infiniment mieux et serait plus économique, si l’on décomposait préalablement dans un vase à part le cyanure ferroso-potas-sique, en y ajoutant deux équivalents d’acide sulfurique pour un équivalent de ce sel : il se formerait du sulfate potassique et de l’acide ferro-cyanique qu’on verserait peu à peu dans le bain jusqu’à ce que l’oxide ferrique en fût saturé. Quand les fonds sont terminés, on procède à l’enlevage à l’aide de l’un des agents que nous avons indiqués dans le paragraphe précédent, c’est-à-dire qu’on imprime de la potasse caustique à 1 h ou 15° AB pour les fonds légers, et à 20 ou 22° pour les fonds nourris. Les passages en acide destinés à faire disparaître l’oxide ferrique se donnent dans une eau acidulée d’acide sulfurique marquant, pour les premiers, 2° AB, et pour les seconds 3° AB. Si l’on se rappelle que les tissus animaux sont fortement attaqués par les alcalis caustiques, on comprendra combien un enlevage de cette nature réclame de soins et de prudence ; et du reste comme cette impression n’a de mérite qu’autant que le bleu est pur, il
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- Genres dérivés du bleu de presse. . 4 69
- ne faut pas hésiter à rapplique)' pour bien faire pénétrer l’enlevage dans l’intérieur du tissu. Voici un enlevage de cette espèce sur toile de coton, échant. 90 :
- g)0> ï'oittl bleu «le Prusse . impression blanc enlevage.
- § 607. Fond blanc impression bleu de Prusse. Ce genre, qui se fait par teinture, à la vapeur, ou en couleurs d’application, ne peut nous occuper ici que sous le premier des points de vue. La fabrication en est des plus simples, car il suffit d’exécuter le genre fond blanc impression rouille, § 578, de la nuance voulue pour le bleu, et de teindre en cyanure jaune acidulé , comme s’il s’agissait d’obtenir un fond uni, mais en évitant d’em-91. Fond blanc, impression bleu de Prusse.
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- ployer trop d’acide ferro-cyanique, attendu qu’en se décomposant cet acide pourrait se fixer sur les parties blanches et les salir. On substitue ici avec avantage Je chloride stannique à l’acide sulfurique pour acidifier le prussiate au moment de la teinture. L’échant. 01 est le résultat d’une impression de ce genre exécutée au rouleau.
- Le bleu de Prusse, résistant jusqu’à un certain point à l’action des agents oxidants , se prête très bien à la formation des couleurs enlevage; nous verrons plus loin un bleu de Prusse en-levage sur rouge turc. Il peut aussi entrer comme couleur réserve dans tous les cas où l’oxide ferrique joue ce rôle, puisqu'il suffit, lorsque ce dernier s’est combiné à l’étoffe, de le saturer d’acide ferro-cyanique. Enfin il se prête dans beaucoup de circonstances à la formation de couleurs conversion extrêmement intéressantes.
- Jipjilications. L’application du bleu de Prusse sur les étoffes donne lieu à plusieurs genres distincts, particulièrement au genre fond bleu impression blanc enlevage , qu’on exécute sur laine et surtout sur coton, pour imiter le genre gros bleu cuve blanc réserve, § 5â9 , échant. 56. On va quelquefois jusqu’à combiner ces deux genres ; mais c’est particulièrement pour enluminage et pour fonds fixés à la vapeur que le bleu de Prusse est utilisé ; enfin il est la base de la plupart des verts d’application et vapeur. En substituant l’oxide cuivrique à l’oxide ferrique qui sert de base au bleu de Prusse, on obtient un cramoisi.
- GENRES DÉRIVANT DE l’aPPLICATION DU BLEU DE SAXE.
- § 608. Cette couleur, depuis fort longtemps connue dans les fabriques de toiles peintes sous les noms de sulfate età'acéïa/e d'indigo, n’entre que comme accessoire dans l’exécution de certains genres. Peu de matières colorantes se combinent aussi facilement à l’étoffe par teinture ; il suffit, en effet, de passer dans une solution de cette matière colorante un tissu imprégné d’un
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- mordant à base d’alumine , pour obtenir un bleu ayant toute l’intensité désirable. Nous verrons, en traitant des couleurs d’application, que la fixation n’en est pas plus difficile dans les genres vapeur où on l’emploie le plus communément. Pour teindre en bleu de Saxe, on passe les étoffes mattées ou imprimées en mordants d’alumine dans une solution de cette matière colorante, § 390 , contenue ordinairement dans un baquet surmonté d’un tourniquet, § 562, où l’on manœuvre les pièces jusqu’à ce que les mordants soient saturés, pour les rincer ensuite.
- Applications. On se sert particulièrement de ce bleu comme couleur d’application ; en teinture on ne l’emploie que pour obtenir des fonds bleus légers, ou pour nuancer des fonds dont les mordants ne sont pas complètement saturés de matière colorante ; il entre aussi comme partie constituante dans certains verts pistache dont la découverte est encore due à J.-M. Haussmann.
- DES GENRES QUI DÉRIVENT DE L’APPLICATION DE LA MATIERE COLORANTE DE LA GARANCE ET DE SES DÉRIVÉS.
- § 609. L’emploi de la garance dans l’impression des tissus remonte jusqu’à l’introduction en Europe de l’art de fabriquer les toiles peintes, que nous avons emprunté aux Indiens. On sait que depuis des siècles ces derniers se servent, pour leur teinture, de plantes de la famille des rubiacées, dans lesquelles on rencontre le même principe colorant que dans la garance (l’alizarine), § 39A, p. 485. Ce principe colorant, ainsi que nous l’avons établi, n’adhère aux étoffes qu’àl’aidede mordants d une nature différente ; les uns, à base d’alumine*, de fer, d’étain, de chrome , de bismuth ou de tout composé oxidé jouissant de la double propriété de contracter une combinaison avec 1 étoffe et la mafière colorante, sont de nature inorganique, et n’ont besoin que d’être déposés sur le tissu dans des conditions spéciales, pour accomplir leur rôle ; les autres , d’origine organique, sont le résultat d’altérations que l’on fait subir à des
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- corps gras sur la fibre même qui doit être ultérieurement recouverte de matière colorante. Quoique nous ne soyons point fixé sur la véritable constitution de ces corps gras, on ne peut leur refuser la qualité de mordants dans l’acception que nous avons donnée à ce mot, § 473, attendu que l’étoffe qui ne se teint pas dans un bain de teinture, § 459, p. 84, lorsqu’elle est parfaitement blanche, s’y charge fortement de matière colorante lorsqu’elle est recouverte de corps gras modifiés. C’estparsuitedela nécessité qu’il y a pour le fabricant de préparer préalablement les toiles qu’il veut teindre de certaines nuances en garance, que les expressions ; teindre ou imprimer sur toiles huilées ou préparées pour rouge turc, se sont introduites dans la pratique, par opposition aux teintures ou impressions rouge ordinaire.
- Les genres auxquels donne lieu la garance sont de plusieurs espèces et doivent se distinguer l’un de l’autre non seulement par la différence des procédés de fabrication , mais encore par celle des mordants qui servent de base à la couleur qu’on veut réaliser ; nous aurons donc
- Fonds unis sur toile ordinaire à base de mordant d’alumine.
- ïd. à base de mordant de fer.
- Id. à base de mordant de fer et d’a-
- lumine.
- Id. à base de mordant de chrome.
- Fonds unis, impression blanc réserve sous mordant d’alumine, de fer ou de chrome.
- Fonds unis, impression blanc enlevage sur mordant d’alumine, de fer ou de chrome (toile ordinaire).
- Fonds unis, impression blanc enlevage sur toile ordinaire et ga-rancée mordancée.
- Fonds unis , impression blanc enlevage sur toile huilée et garancée.
- Fonds blancs, impression mordant de fer (violet et lilas au rouleau).
- Fonds blancs, impression mordant d’alumine (rouge et j’ose au rouleau ).
- Fonds blancs, impression mordant d’alumine et de fer (rouleau).
- Fonds blancs , impression mordant, rouge , violet, puce , noir, assemblage, binaire, ternaire, quaternaire de ces couleurs.
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- Fonds blancs, impression mordant, rouge, violet ou puce, isolés ou réunis (planche ou perrotine).
- Fonds unis sur tode huilée mordancée d’alumine ou de fer (rouge turc ou d’Andrinople, violet huilé).
- Fonds blancs, impression mordant de fer et d'alumine sur toile huilée.
- § 610. Fonds unis smp toiles huilées ou imprégnées de mor< dont organique. Ce genre est plus généralement connu sous le nom de fond rouge turc ou mérinos. Tout semble prouver que ce mode de teinture a pris naissance dans l’Inde, où, au dire des voyageurs, on est dans l’habitude d’imprégner depuis des siècles les étoffes sur lesquelles on veut déposer et fixer des couleurs , de liquides qui renferment de la graisse, tels que le lait, par exemple. Le Goux de Flain, Annales cl’Oreilly , t. XVII, qui a publié plusieurs mémoires sur l’industrie des Indiens, rapporte que dans ce pays les toiles blanches qu’on se propose de teindre sont trempées dans du lait de buffl e ou de brebis , mélangé d’une certaine quantité de poudre de mirobolan, puis exposées à l’action des rayons solaires. Toutefois, ce n’est qu’après s’être répandue dans le Levant et avoir subi de grandes modifications, que cette industrie a été importée en France par des Grecs, vers le milieu du xviii0 siècle. En 17/i7, MM. Fesquet, Goudard et dTIaristoy attirèrent chez eux des teinturiers de cette nation et formèrent deux établissements , l’un àDarnétal, près Rouen, et l’autre à Aubenas, en Languedoc. Neuf mois plus tard , un nommé Flachat, qui avait séjourné longtemps dans l’empire ottoman, ramena des ouvriers avec lesquels il forma à Saint-Cha-mont, près Lyon, une troisième manufacture de coton en rouge d’Andrinople , ville dont les produits jouissaient alors de la plus grande réputation ( Viialis) ; mais ces étrangers ne purent tenir leurs procédés longtemps secrets ; ils eurent bientôt de nombreux imitateurs : d’abord on teignit le coton en écheveau, puis, au commencement de ce siècle, la maison Nicolas Kœchlin frères, d’une part, etL. Weber, d’une autre, teignirent directement des toiles en cette couleur.
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- Les opérations par lesquelles on arrive à réaliser ce genre de teinture sont de plusieurs espèces, qu’il ne faut point confondre et qui concernent : les premières Y huilage des pièces ou, si l’on veut, la formation et la fixation du mordant organique sur la toile 5 les secondes, la combinaison avec l’étoffe d’une certaine quantité de mordant d’alumine ou de mordant de fer, selon qu’il s’agit de teindre des rouges ou des violets (engallage et mordançage) ; les troisièmes , la teinture de ces toiles huilées et mordancées ; les quatrièmes enfin , Y avivage des couleurs obtenues par la teinture. Nous commencerons par examiner ce genre de fabrication d’une manière générale, et nous indiquerons ensuite quelques uns des procédés qui y sont affectés.
- Huilage. Pour huiler les toiles il ne suffit pas de les recouvrir de corps gras, puisque l'expérience prouve qu’une tache d’huile ou de graisse qui n’est pas modifiée fait réserve sur la partie du tissu qu’elle recouvre, et empêche les mordants de fer ou d’alumine d’y adhérer 5 il faut modifier la nature de ce corps à l’aide d’alcalis ou des composés alcalins, sous la triple influence de l’eau, de lachaleur et de l’air. Toutefois, fine s’agit pas ici d’une simple saponification, comme quelques personnes l’ont publié, car, s’il en était ainsi, il suffirait de prendre des savons à base d’huile d’olive , d’en imbiber le tissu, puis cle mettre les acides gras en liberté , pour obtenir des toiles capables de se teindre en rose dans un bain de garance : ce qui n’a pas lieu , puisque l’opération de l’huilage ne réussit jamais mieux que quand on fait usage de carbonate et surtout de bicarbonate potassique ou sodique, dont l’action saponifiante à la température ordinaire n’est point à comparer à celle des alcalis caustiques; l’on doit donc en rechercher la cause ailleurs. L’huile, les bicarbonates alcalins sont sans doute les éléments principaux de cette opération; mais l’huile doit être tournante, § 339, et, en outre, il faut y faire intervenir des substances de nature particulière, telles que le crottin de mouton ou l afiente de vache qu’on a en vain cherché à supprimer. On prend une infusion
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- de ce crottin on de cette bouse de vache, auxquels quelques fabricants font subir un commencement de fermentation, et en y ajoutant des proportions convenables d’huile tournante et de carbonate potassique, on obtient un liquide lactescent qu’on désigne sous le nom de bain blanc, avec lequel on foularde les pièces à huiler pour les recouvrir ainsi d’huile divisée, de carbonate ou de bicarbonate et d’une certaine quantité de matière excrémentitielle saline. Ces pièces sont alors exposées au soleil, s’il fait beau temps, dans un séchoir chaud, si on le préfère. Pendant cette exposition, le corps gras éprouve une modification qui le rend inslouble dans les alcalis faibles et acquiert à un haut degré la propriété d’adhérer fortement au tissu; mais comme cette modification s’effectue de la surface au centre et que les parties superficielles de chaque couche, n’entrant pas en combinaison avec l’étoffe, s’en détachent facilement, on recommence l’opération du passage en bain blanc jusqu à ce que le centre de la toile soit suffisamment huilé. Le nombre de ces passages est déterminé tant par la saison que par la température du séchoir dans lequel on expose les pièces et la nature de l’huile ; anciennement on en donnait de 8 à l/i, on en donne moins aujourd’hui.
- Le soleil et la chaleur exercent une très grande influence sur les pièces qu’on dessèche à l’air : en automne, en hiver et au printemps, on éprouve beaucoup plus de difficultés qu’en été à modifier et à fixer le corps gras. Lorsque ces pièces sont exposées dans un séchoir , les effets de la chaleur artificielle ne se . font pas moins remarquer, et si l’on n’atteint pas le degré voulu, ofi observe de notables différences dans l’intensité des nuances : aussi est-ce le cas d’employer des séchoirs très bas, qui admettent une température plus égale.
- Quelle est la modification que subit le corps gras lorsqu’il est soumis en présence du tissu à la triple influence de l’air, de la chaleur et des carbonates alcalins ; quels sont les produits dans lesquels il se métamorphose ; en un mot, quelle est l’équation de cette opération mystérieuse'?
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- Il n’est pas de question plus digne d’intérêt pour le chimiste , puisqu’il l’importance quelle présente au point de vue m théorique s’attacheraient des avantages pécuniaires tels que celui qui parviendrait à modifier à volonté des corps gras de cette nature, y trouverait la source d’une grande fortune. Nous avions commencé ce travail ; mais sachant queM. Chevreul s’en occupe et a déjà tous les matériaux nécessaires pour arriver à une solution, nous nous sommes abstenu de le continuer, et nous ne donnons que le résultat de quelques observations faites en 1839 dans notre laboratoire par un jeune industriel de nos élèves, M. Weissgerber. Ce fabricant, destiné à cette époque à faire du rouge turc sa spécialité, a observé que les toiles huilées par les procédés ordinaires, qui cèdent leur corps gras modifié à Xessence de térébenthine, abandonnent aussi parfaitement ce même corps à l’acétone: ainsi, après avoir coupé en lanières des toiles huilées, il les a exposées dans l’allonge de l’appareil, § 28 h, p. 255, et au moyen d’un petit volume d’acétone, il est parvenu à les purger de tout le mordant organique dont elles étaient recouvertes. Voici comment il s’en est assuré : toutes les fois qu’il faisait passer la toile huilée dans un bain de garance, elle se teignait en rouge moyen , et il obtenait, à la suite des avivages, § 543, un rose pur et bien nourri ; au contraire, cette toile , à mesure qu’elle était épuisée par l’acétone , perdait de plus en plus la propriété de se teindre et finissait par ne plus attirer de matière colorante en passant dans le bain de teinture. Ayant distillé au bain-marie la solution du mordant dans l’acétone, pour en retirer ce dernier, il trouva pour résidu un liquide visqueux, de nature grasse, se séparant en deux couches, l’une solide, l’autre liquide, et qui se maintient pendant longtemps dans le même état. Dans le désir de savoir si ce liquide visqueux possédait encore la propriété essentielle du corps gras qui lui avait donné naissance , il le saponifia par des bases puissantes , et n’ayant trouvé aucune trace de glycérine dans les produits de la saponification, il dut en conclure que ce corps
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- avait disparu. Enfin il a constaté, et nous avons vérifié le fait à plusieurs reprises , qu’il suffit d’appliquer sur une étoffe une quantité convenable de ce corps gras modifié, pour obtenir avec la garance les nuances les plus foncées et les plus pures. D’après ce que nous avons vu , nous demeurons convaincu que si jamais on parvient à préparer directement ce corps gras , on s’affranchira de l’emploi des mordants d’alumine. Cette proposition , au premier abord assez extraordinaire, a pour appui une observation qu’a faite M. Chevreul sur un certain rouge turc qu’il a analysé, et dont il n’a pu retirer qu’une très petite quantité d'alumine, substance qui cependant s’emploie, comme nous le dirons plus tard, en assez forte dose dans la fabrication du rouge turc. Si la glycérine disparaît dans cette opération , c’est en subissant une oxidation et une métamorphose cpii ont leur cause : la première, dans le concours de l’air et les conditions de température auxquelles on opère l’huilage; la seconde, dans l’emploi des substances azotées indispensables pour mettre en mouvement la matière organique. C’est sans doute à ces substances qu’il faut rattacher en grande partie la nécessité de se servir de matières fécales ou excrémentitielles ; nous disons en grande partie, parce qu’il résulte d’expériences qui nous sont propres sur des produits de cette espèce , qu’ils contiennent des corps gras précisément dans cet état où on les retrouve sur la toile, qui jouit de la propriété d’attirer la matière colorante, ce qui nous a conduit à nous demande]' si l’on ne pourrait pas utiliser l’acte de la digestion de certains animaux pour modifier des graisses, et les rendre propres à entrer directement, sous forme d’excréments, dans la teinture du rouge turc. Tous ceux qui se sont occupés du rouge turc savent que les bains blancs sont d’autant plus actifs qu’ils renferment une plus forte proportion de bain blanc ancien , dans lequel se rencontre, avec le corps gras ordinaire, celui qui est déjà modifié. On a attribué
- ail crottin un autre rôle, celui de mettre par sa présence les pièces à l’abri de cette combustion qui n’est que trop ordinaire
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- lorsqu’on a l’imprudence de les laisser en tas et de leur donner le temps de s’échauffer. L’élévation de température qui a lieu dans ce cas-là peut très bien être attribuée à une fixation d’oxi-gène, § 337 : or, si le corps azoté du crottin a pour effet, comme tout porte à le penser, de rendre le corps gras plus stable en le métamorphosant, on s’explique la cause de l’influence qu’il exerce. Il y aurait peut-être aussi à tenir compte du rôle que pourraient jouer dans les opérations qui suivent celles de l’huilage , les phosphates qui se rencontrent en assez grande quantité dans les matières excrémentitielles.
- Après ces divers passages, des pièces' sur lesquelles il se trouve, outre l’alcali : 1° du corps gras non modifié, 2° du corps gras modifié (mordant non adhérent à l’étoffe), 3° du corps gras modifié et adhérent à l’étoffe , on est dans la nécessité de les nettoyer : autrement elles fixeraient inégalement le mordant inorganique qui doit y être appliqué ensuite, en raison du corps gras non modifié qui ferait fonction de réserve ; on les fait donc macérer durant douze à dix-huit heures dans un cuvier d’eau, tenant en dissolution une faible dose de carbonate potassique ou sodique, employée ici pour favoriser la mise en suspension de toutes les parties grasses modifiées ou non qui doivent se détacher de l’étoffe. On les sort l’une après l’autre de la cuve, et on les foule bien, on les exprime même pour recueillir le bain qui s’en écoule , auquel on donne le nom de bain vieux, et que l’on préfère au bain blanc récent comme étant beaucoup plus actif.
- Le traitement que nous venons d’indiquer est celui qu’on suit généralement ; il est long et exige les soins les plus constants , tant pour que le bain blanc se répande uniformément à la surface de l’étoffe que pour que la dessiccation qu’on fait succéder à chaque immersion dans ce bain s’effectue toujours avec autant d’égalité que possible et à des degrés déterminés.
- fl paraîtrait, si ce qui nous a été rapporté est vrai, qu’on est parvenu à réduire ces diverses opérations à une seule, en im-
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- prégnant le tissu de bicarbonate potassique ou sodique et en le recouvrant uniformément d’huile tournante, § 339 , accompagnée sans doute de l’élément nécessaire à l’espèce de fermentation qu’elle doit subir sur la toile; mais commé la pièce mattée dans l’huile en prend Jieaucoup plus qu’il ne lui en faut, on la met entre deux autres qui ne le sont pas encore, et on les fait passer toutes trois entre deux cylindres. On répète l’opération sur de nouvelles pièces recouvertes seulement de bicarbonate , jusqu’à ce que la première ne cède plus de son huile au tissu avec lequel on la met en contact ; on place alors une toile ainsi imprégnée de carbonate sodique et recouverte à sa surface d’une couche extrêmement mince d’huile dans les conditions de température et dans le milieu nécessaires pour obtenir la modification du corps gras.
- M. Ed. Schwartz, qui s’est occupé de la question de l’huilage des toiles, fait connaître, dans le mémoire qu’il a déposé à la Société industrielle de Mulhouse, toutes les expériences qu’il a faites en vue de jeter du jour sur ce sujet intéressant et particulièrement pour résoudre les deux questions ci-après : 1° les alcalis sont-ils indispensables dans la composition du bain blanc? 2° est-il possible d’abréger les opérations de l’huilage et de remplacer l’action de l’air et de la couleur par celle d’agents plus énergiques capables de produire une réaction plus ou moins instantanée? Il se prononce pour l’affirmative en ce qui touche la première , c’est-à-dire qu’il reconnaît la nécessité d’employer un carbonate alcalin à base potassique , sodique ou ammonique, par la raison qu’ayant rendu de l’huile émulsive, d’une part, avec un jaune d’œuf, d’une autre, avec de la gomme arabique, et imprégné de chacune de ces émulsions un morceau de calicot, il n’obtint sur ces échantillons desséchés, puis traités comme s’il eût opéré avec des bains blancs, et enfin mordancés, teints et avivés, qu’un rose sale complètement manqué. Quant à la seconde question, après avoir traité l’huile tournante : 1° par unesolution de carbonate potassique concentré à la température où ce mélange prend tous les caractères de l’huile modi-
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- fiée sur le tissu ; 2° par l’acide nitrique chauffé jusqu’à ce qu’il ne dégageât plus de vapeur rouge ; 3° par une solution concentrée de chlorure de chaux à 8° ^4B; A0 par le bicarbonate potassique, il a constaté que ce corps modifié par tous ces agents oxidants, fixé sur des échantillons de calicot mordancés , teints et avivés, n’engendre qu’un rouge beaucoup moins vif que celui qu’on obtient par le procédé ordinaire. Ses expériences l’ont même conduit à admettre que le corps gras doit se modifier à la surface du tissu pour s’y fixer, opinion que nous ne pouvons partager d’après les expériences que nous avons rapportées. Du moment , continue M. Ed. Schwartz, » que nous avons été convaincu de la vérité du principe, nous avons dû renoncer à former d’avance la matière grasse en question, et nous avons songé à la produire sur le coton même, mais dans un plus petit espace de temps et avec une moindre dépense de combustible ; nous avons donc csmposé un bain blanc avec
- 4 parties huile tournante,
- 1 partie potasse,
- \ G parties eau.
- » Le coupon mi-blanc imprégné du mélange a été roulé autour d’un tuyau dans lequel circulait de la vapeur; après deux heures d’exposition à cette chaleur de 110° centigrades, nous avons trempé de nouveau, séché de même que la première fois, lavé, mordancé, teint et avivé. La couleur était belle, mais le coton s était affaibli par la grande chaleur.
- » Pour obvier à cet inconvénient, nous avons remplacé la potasse ducommercepar dubicarbonate dépotasse et procédé tout-à-fait de lamêmemanière : alors il n’y a plus eu d’affaiblissement, et la couleur était tout aussi belle. Enfin nous avons remplacé le bicarbonate de potasse par le bicarbonate d’ammoniaque, et, même dans ce cas, le résultat a été tout aussi satisfaisant. Comme ces derniers essais n’ont pas été faits en grand, on ne peut pas dire si l’un ou l’autre de ces deux derniers procédés .serait avantageux comparativement à l’ancienne méthode ; mais il y a tout lieu de croire qu’il réussirait. En attendant, il nous est permis
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- de hasarder la supposition que, si un carbonate alcalin est nécessaire pour la formation et la fixation du principe gras sur le coton , l’acide carbonique paraît y être pour quelque chose , et que la base alcaline pourrait même être une condition moins importante que ce dernier agent. »
- JJ a mordançage proprement dit. Lorsque les pièces ont été parfaitement dégorgées au sortir des opérations de l’huilage, ce que l’on reconnaît toujours lorsqu’on en tord un bout et que l’eau en sort parfaitement claire, on les recouvre uniformément de mordant inorganique. C’est de l’alun ou de l’acétate aluminique qu’on se sert pour mordant rouge, du nitro-sulfate ferrique pour mordant violet ; mais ces préparations ne jouent pas leur rôle aux mêmes conditions, car l’affinité des corps gras modifiés pour l’alumine, quelque forte qu’elle soit, n’est cependant pas telle qu’elle puisse déterminer la décomposition totale de l’alun et la fixation complète de sa base à l’étoffe, puisqu’il faut qu’il soit saturé, § A7A, p. 16A ; on comprend dès lors que, s’il est des fabricants qui se contentent de plaquer leurs toiles en acétate aluminique pour leur donner la dose d’alumine nécessaire à lajixation de la matière colorante, ceux qui n’emploient que l’alun doivent nécessairement faire intervenir d’autres corps pour favoriser l’adhérence de l’alumine à l’étoffe. Ils ont en effet recours à Xengallage, opération préalable à laquelle on soumettait anciennement toutes les toiles appelées à recevoir des mordants. Il suit de là qu’il y a deux manières demordan-cer, qui consistent : l’une à plaquer purement et simplement les pièces en acétate aluminique; l’autre, aies imprégner d’une décoction de noix de galle ou de sumac, opération qu’on désigne sous le nom Xengallage et que l’on confond le plus souvent avec celle de l’alunage, en faisant préalablement une décoction astringente qui doit marquer 7 à 8° ^4B, et dans laquelle on fait dissoudre l’alun. M. Daniel Kœchlin , qui a fait usage d’acétate aluminique, s’est assuré que l’intervention de la noix de galle n’a aucune influence sur la nuance du rouge ; le seul avantage qu’il y ait, selon lui, à faire intervenir ce corps, c’est que la cou-
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- leur en acquiert plus (le solidité , surtout quand les pièces doivent passer dans une dissolution de chlorure de chaux. Une fois que les pièces sont recouvertes d’une dissolution gallo-alumi-nique, on dessèche et on les passe en craie pour saturer l’alun et le rendre cubique, partant capable de céder sa base au tissu. Ce qu’il y a d’étonnant, c’est qu’on ne sature pas d’abord l’alun par la craie, qui, absorbée en grande quantité, formerait un composé très soluble, § l\7h, p. 170, cédant facilement l’alumine à l’étoffe.
- Lorsqu’on fait usage d’acétate aluminique, on bouse les pièces mordancées à la manière ordinaire, et on les passe dans un bain de craie étendu.
- Teinture , ou garançage. Cette opération ne s’effectue pas identiquement de la mêmemanière'dans tous les établissements de toiles peintes : dans les uns, elle se fait en une seule fois ; dans d’autres en deux , dont la première porte le nom de retirage, et la seconde celui de bouillissage ; du reste, elle exige des proportions de garance qui varient entre une à deux fois le poids du coton employé et une certaine quantité de craie; il est même impossible d’obtenir de bea/ux roses qui n’aient plus aucune aptitude à passer à la nuance violacée sans l’intervention de cette dernière substance. Il y a fort longtemps que l’on est fixé sur la part que peut avoir la chaux dans une teinture : ainsi Le Gox, dans l’ouvrage déjà cité , rapporte , entre autres faits relatifs à la teinture des Indiens par le chayaver , qu’il leur paraît nécessaire d’employer des eaux crues calcaires ; celles de Mazuli-patnam, qui possèdent cette qualité au plus haut degré , sont réputées par eux les meilleures , puis'celles de Palicate, situé au haut de la côte de Coromandel, celles de Madras, de Pondichéry, de Trinquebar et de Negapatnàm, enfin celles des puits comme rendant les couleurs plus vives , plus belles et plus durables.
- Le Pileur d’Apligny dit, en parlant de la chaux, que son emploi dans la teinture ne se borne pas à favoriser la dissolution de l’indigo, mais s’étend encore à d’autres opérations; qu’elle paraît destinée par l’auteur de la nature à unir les sels
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- à la terre, et par conséquent à donner lieu à des mastics d’une grande fixité, qui unissent les couleurs aux fils de l’étoffe. Ce raisonnement lui a sans doute été inspiré par l’idée qu’il se faisait des conditions d’adhérence des matières colorantes aux tissus. La quantité de craie ajoutée va quelquefois au quart du poids de la garance employée.
- Indépendamment de la craie , on mêle souvent au rouge une certaine quantité de sumac , en vue d’économiser la garance. Il résulte, en effet, d’expériences très bien faites par J. M. Hauss-mann, qu’une addition de sumac et de noix de galle au bain de garance contribue au développement d’une beaucoup plus grande quantité de matière colorante [Annales d'Oreilly, t. VIII, p. 247). Mais M. Édouard Schwartz, qui a constaté ces avantages au point de vue du rendement, est convaincu que les rouges teints de cette manière sont infiniment moins solides, et par conséquent peu propres à la fabrication des genres qui exigent des passages en cuve au chlorure de chaux. Cette matière pourrait encore remplir un autre rôle ; car les expériences de J -M. Haussmann établissent qu’en teignant avec du sumac ou de la noix de galle (acide tannique), en présence d’une certaine quantité de craie, les corps astringents se modifient au point que les mordants de fer se teignent 'en vert olive et les mordants d’alumine en jaune.
- Outre le sumac , on ajoute aussi quelquefois au bain de garance du sang de bœuf (1/4 de la garance employée), ou une certaine quantité de colle de Cologne, qu’on mêle au sumac en parties égales , et qui représente la quarantième partie de la garance.
- Beaucoup d’établissements garancent à feu nu , d autres dans des cuves chauffées à la vapeur, § 539, fig. 141-144; mais comme, pour ces teintures, on est dans le cas de soutenir la température à l’ébullition et qu’il y a une grande quantité d’eau condensée, quelques fabricants ont eu recours à un serpentin dans lequel circule la vapeur qui sert à élever la température du bain.
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- Avivages. Nous envisagerons d’abord cette opération sous le point de vue des agents qu’on y fait intervenir , en second lieu sous celui des appareils qu’elle réclame.
- L’avivage du rouge turc diffère essentiellement de celui des rouges ordinaires, en ce que, pour ces derniers , les premières opérations tendent principalement à fixer le corps gras du savon, et à le rendre partie constituante de la laque qui se forme à la surface de l’étoffe, pour lui donner ainsi toute la stabilité et la vivacité désirables , tandis que dans l’avivage du rouge turc , le " tissu étant saturé de corps gras, l’effet à produire consiste : 1° à enlever l’excédant de ce corps ; 2° à substituer à l’alumine, base de la laque rouge , une certaine quantité d’oxide stannique qui en modifie la nuance et lui donne cette teinte feu, qui caractérise le rouge turc, si opposée à celle du rouge ordinaire , qui tire à l’amarante.
- Les corps qui servent à l’avivage sont le carbonate potassique, le savon et le chlorure stanneux. Le plus souvent on n’emploie pour le premier avivage que le savon et le carbonate potassique , et l’on ne fait intervenir le chlorure stanneux que dans les suivants. A partir de la première opération on ne fait plus concourir que le savon et le dorure stanneux. Le rôle de ces corps n’est pas difficile à comprendre : le carbonate potassique et le savon opèrent la dissolution du corps gras en excès et dissolvent en même temps une assez forte proportion de matière colorante qui se retrouve dans le bain ; quant au chlorure stanneux, il subit une décomposition, et c’est en dernière analyse de l’oxide stanneux qui déplace une portion d’oxide alumi-nique, s’y substitue, s’oxide, et fait tourner le rouge à la nuance feu , en raison de la teinte orangée que prennent les composés d’étain teints en garance.
- Quant aux passages, ils se font dans une chaudière fermée, d’environ 10 à 12 hectolitres de capacité, contenant, avec la quantité d’eau et de savon nécessaires , 6 à 050 mètres de toiles de coton huilées et garancées ; on laisse bouillir sous une pression déterminée durant douze à dix-huit heures, pour aviver
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- ensuite une deuxième et même une troisième fois , selon l’intensité que l’on veut donner au rouge.
- M. Edouard Schwartz, qui a fait une profonde étude des questions qui intéressent le plus le fabricant d’indiennes, ne pouvait rester ind fiférent à la perte de la vapeur qui résultait de l’emploi journalier de la chaudière-close pour aviver les rouges turcs ; il a donc proposé une nouvelle disposition qui permet d’utiliser cette vapeur perdue avant lui ; voici en quoi elle consiste : à côté d’une chaudière a , fiy. 150 , telle qu’on les em-
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- P
- ployait autrefois , il en a établi une autre b , communiquant avec la première au moyen d’un tube articulé p, muni d’un robinet i, par lequel la vapeur qui se dégage de la chaudière a peut se rendre dans la chaudière b , au-dessous du double fond en cuivre d , percé de trous , et soutenu par le support e , sur lequel sont déposées les pièces Les deux chaudières sont munies d’une soupape de sûreté m, m. d’un robinet de décharge n, n, pour la vapeur, et d’un robinet d’écoulement.
- o est un rebord qui, en arrêtant l’eau de condensation au moment où elle s’écoule sur le couvercle, l’empêche de tomber sur les parois de chauffe. La destination du robinet h est de seconder la soupape de sûreté et d’éclairer le chauffeur sur la marche
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- de l’opération : lorsqu’on l’ouvre et qu’il s’en échappe de la vapeur, tout se passe convenablement; au contraire, s’il s’en écoule de l’eau, c’est une preuve que la soupape placée en r ne fonctionne pas, qu’il faut que la vapeur se crée une issue par la soupape de sûreté.
- Il est facile de se servir de ces chaudières. Lorsque la quantité d’eau nécessaire pour une opération a été versée dans la chaudière a, et portée à l’ébullition, on y introduit les agents qui concourent à l’avivage et le nombre de pièces qui doivent en subir l’action , puis on fixe le couvercle , auquel on ajoute le tuyau p , portant à l’articulation r une soupape s’ouvrant de bas en haut; on ouvre le robinet i, et la vapeur qui passe dans la chaudière b en porte le liquide à l’ébullition dans l’espace de trois heures. Alors on charge celle-ci de la même manière que la chaudière a, on la ferme, et on laisse aller la vapeur pendant sept heures. Les pièces de la première chaudière reçoivent ainsi un bouillon de dix heures , celles de la seconde de sept heures seulement. Il va sans dire que quand la chaudière a ne donne plus de vapeur, on ferme la soupape de la chaudière b , pour qu’il ne se perde pas de ce fluide élastique. Celui-ci conserve une chaleur suffisante pour qu’on puisse y laisser les pièces pendant encore deux heures, après lesquelles il a encore une certaine pression. Enfin , comme on est dans l’habitude de donner un moins long passage aux toiles qui subissent le deuxième ou le troisième avivage, on affecte spécialement la chaudière a aux premiers avivages, dont la durée doit être plus longue, et la chaudière b au rosage proprement dit.
- Outre l’avantage de pouvoir employer pour les chaudières b, qui ne reçoivent pas l’action directe du feu , de vieux vases de cuivre , cette disposition présente une grande économie de combustible : M. Ed. Schwartz dit avoir économisé, en opérant de la sorte , 125 kil. de houille par jour. Ce système de chaudières conjuguées n’est pas cependant sans inconvénient : il impose l’obligation de prévenir, surtout dans les temps froids, la condensation de la vapeur, en entourant la chaudière b d’un
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- corps non conducteur, comme le charbon en poudre. [Bull, de la Soc. ind. de Mulh., tom. Ier, pag. 388.)
- Telle est en résumé la marche générale de la fabrication du rouge turc dans presque tous les établissements où l’on s’occupe de ce genre de teinture. J. M. Haussmann en avait proposé un autre, décrit dans un Mémoire adressé par lui au ministre de l’intérieur en l’an x, tom. VIII, Journal d'Orelly, et dont voici le titre : Observations sur le garançage , suivies d'un 'procédé simple et constant pour obtenir, de la plus grande beauté et de la'plus grande solidité, la couleur connue sous la dénomination de rouge du Levant ou d’Andrinople. Il y avait déjà longtemps qu’il s’occupait de cette question , puisqu’il en était déjà fait mention , dès 1792 , dans les Annales de chimie.
- Son procédé consistait à faire dissoudre de l’oxide aluminique dans l’hydrate potassique (potasse caustique). A cet effet, il traitait une partie d’alun par 2 parties d’eau chaude , et pendant que la liqueur était en ébullition , il y introduisait assez de la lessive caustique concentrée pour précipiter et redissoudre l’oxide aluminique de l’alun. Par le refroidissement et le repos le sulfate potassique se déposait en grande partie, et une fois la décantation opérée , il ajoutait peu à peu à 33 parties de cette dissolution d’aluminate potassique, une partie d’huile de lin , à l’effet d’obtenir une émulsion dont il imprégnait les toiles destinées à ce genre de teinture. Le coton ainsi préparé était séché à l’abri de la pluie en été, et dans une chambre chaude en hiver; après vingt-quatre heures, on rinçait et l’on desséchait, puis on trempait de nouveau dans l’émulsion alcaline pour dessécher ensuite promptement à l’air, et ainsi de suite, jusqu’à ce que le tissu eût reçu le nombre d’émulsions nécessaires. J. M. Haussmann dit, pag. 255 du volume déjà cité : “ Deux imprégnations de la dissolution alcaline d’alumine mêlée d’huile de lin suffisent pour obtenir un beau rouge ; mais en continuant d’imprégner les écheveaux une deuxième et même une quatrième fois avec les mêmes circonstances que les pre-
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- mières, on obtiendra des couleurs extrêmement brillantes. »
- Par ces opérations, il huilait et mordançait simultanément ses cotons, et il n’avait plus qu’à procéder à la teinture, qui se faisait encore ici avec addition d’une quantité de craie égale au 1/6 du poids de la garance et trente ou quarante fois ce poids d’eau. La teinture s’opérait d’une manière particulière . comparée du moins à celle que l’on a suivie généralement. 11 portait peu à peu et dans l’espace d’une heure le bain de garance à une température telle qu’on pût y plonger et y maintenir la main sans se brûler, puis il y faisait séjourner le coton durant deux heures, ce qui donnait à l’opération une durée de trois heures. Après la teinture , le tissu, lavé et dégorgé parfaitement, subissait un passage en son , auquel on ajoutait du savon et du carbonate potassique, quand on voulait donner au rouge une nuance rosée cramoisie. J.-M. Haussmann dit “ qu'il a obtenu par ce procède des rouges qui surpassaient en beauté et en vivacité ceux du Levant, et qui, à tous égards, pouvaient supporter la comparaison avec ce qu'on faisait de mieux en France et à Lausanne , chez Paul Remy et fils aîné. >
- M. B. Haussmann fils nous a confirmé tout ce qu’a dit son père à l’occasion de ce procédé , mais en même temps il nous a avoué qu’aucune application n’en a été faite en grand, parce que les résultats n’en ont jamais été favorables sur une certaine échelle.
- Nous allons donner maintenant quelques exemples des principaux procédés usités.
- §611. Procédé employé chez MM. Kœchlin frères (1811). On traitait préalablement les pièces destinées à la teinture rouge turc par un bain de savon, afin de les bien disposer à prendre également les bains blancs. La proportion du savon était de 125 gr. pour les pièces blanchiesde 250 pour celles qui étaient écrues. Ces pièces, de 0m.89'' de large, avaient 23 mètres de longueur , et pesaient 2k,250 à 2k,500.
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- Première phase : huilage des pièces.
- Pour l’huilage de 100 pièces , soit 2,300 mètres ou en moyenne 237 kil. de coton, on prenait 125 kil. huile tournante, ou environ 2/i0 gr. par pièce. Cette huile introduite dans un baquet, on y incorporait peu à peu, en remuant, d’abord 500 lit. d’eau ordinaire, puis 100 autres, tenant en dissolution 31 kil. carbonate potassique. On agitait jusqu’à ce qu’on eût obtenu une émulsion parfaite, bien lactescente et crémeuse, afin que l’huile ne surnageât'pas par le repos,pourvu quelle lut de bonne "qualité , § 339.
- Première operation. On plaquait les pièces avec ce bain blanc, et, en les sortant de la machine à matter, on les exposait sur le pré si le temps le permettait ; dans le cas contraire, on les étendait à l’étuve chauffée à une température de à5 à 50°.
- Deuxième operation. Quand elles étaient sèches, ou trois ou quatre heures après, on les mettait de nouveau au bain blanc comme la première fois.
- Troisième operation. On les exposait sur le pré ou dans le séchoir.
- On répétait ces trois opérations, en les alternant jusqu’à ce que les pièces fussent suffisamment saturées du corps gras modifie, ce qui avait ordinairement lieu après le huitième passage en bain blanc ; toutefois était-on obligé de se diriger , à cet égard , d’après la nuance que l’on voulait produire, l’état plus ou moins serré du tissu, la qualité du coton, et enfin la saison à laquelle on opérait. Au printemps, huit immersions dans le bain blanc étaient nécessaires pour obtenir un beau rouge, tandis qu’en été, quand on pouvait profiter du soleil, cinq ou six suffisaient. La rosée paraît être aussi favorable à la combinaison de l’huile avec le coton (D. Ivœchlin). Il est bon de dire ici que, si le soleil contribue au développement du rouge turc, il a aussi pour résultat d’altérer plus ou moins le tissu. Ajoutons enfin que , quand on introduit dans la cuve, pour le placage, de l’eau
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- ou de vieux bain blanc , il faut toujours porter les liquides à une température supérieure, pour que 1 émulsion qui sert à matter les pièces ne se coagule pas.
- Deuxieme phase : dégraissage.
- Au sortir du séchoir, les pièces (au nombre de cent) qui étaient saturées de bain blanc, et partant du corps gras modifié, séjournaient durant douze à dix-huit heures dans un cuveau contenant la quantité d’eau nécessaire pour les humecter, et où l’on avait préalablement fait dissoudre 2 kil. carbonate potassique ; on les foulait, on les exprimait pour en recueillir le vieux bain blanc , puis on les lavait et nettoyait avec soin.
- Troisième phase : mordançage.
- On plaquait alors dans le mordant préparé comme suit :
- 40 lit. mordant, n° 1, § 475 , étaient mélangés à 40 lit. eau , et le mélange épaissi avec 6 kil. gomme Sénégal.
- On faisait sécher, on bousait, on rinçait, on dégorgeait, § 438 ; on donnait trois tours dans un bain tiède, contenant 6 à 7 kil. de craie pour cent pièces; puis, après avoir de nouveau rincé , on passait à la teinture.
- Quatrième phase : garançage.
- On teignait en deux fois avec 3k,5 à 4 kil. de garance sp. d’Avignon par pièce, soit pour 600 mètres de toile ou 12 pièces d’alors 42 à 48kil. de garance. On divisait cette quantité de garance en deux parties égales, et l’on ajoutait 1 kil. de craie à celle qu’on voulait affecter au premier garançage, qu’on effectuait en portant progressivement le bain à l’ébullition durant l’espace de deux heures et demie et en le maintenant à cette limite extrême durant une demi-heure. On opérait le second garançage avec l’autre portion de garance, mais sans addition de craie , et en observant la même marche pour le chauffage. Au sortir de ces deux garançages , les pièces étaient rincées et parfaitement dégorgées.
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- GENRES DERiyES DE LA GARANCE.
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- Cinquième phase : avivage.
- Dans une chaudière d’avivage, fig. 150, p. 185, remplie aux deux tiers d’eau, on faisait dissoudre :
- 6 kil. savon blanc,
- 7 à 10 kil. carbonate potassique ,
- 0k,400 chlorure stanneux (sel d’etain).
- On introduisait dans ce bain 25 pièces de toiles huilées et garancées ; on fermait la chaudière, en ayant la précaution d’abriter le tube de sûreté, afin qu’il ne pût s’obstruer, et l’on maintenait le tout à l’ébullition pendant au moins douze heures. On sortait alors les pièces pour les dégorger, et on leur donnait un second avivage dans un bain de meme volume et chauffé de la même manière, tenant en dissolution :
- 6 kil. savon,
- 0k,400 chlorure stanneux.
- Cet avivage ne différait du premier que parce qu’on en retranchait le carbonate potassique, et que le bain n’était maintenu à l’ébullition que huit heures.
- Après ce deuxième avivage, les pièces étaient fortement rincées, puis passées en son à l’ébullition, et enfin dans une dissolution extrêmement étendue de chlorure de potasse ou simplement exposées en soleil.
- On ne donnait aux pièces un troisième avivage qu’autant que le rouge en était très brun.
- PROCÉDÉS EMPLOYÉS DE NOS JOURS.
- Pour 1,000 kil. coton on emploie :
- 585 â 650 kilogrammes huile tournante,
- 1,500 kil. eau tenant en dissolution 9 à 10 kil. carbonate potassique.
- L’huile, l’eau et le carbonate potassique, dans ces proportions, sont divisés en trois parties égales dont on forme successivement et au fur et à mesure des besoins, trois parties de bain blanc , en incorporant peu à peu à l’huile la quantité de solution alcaline nécessaire pour produire une émulsion. C’est dans la première partie de ce bain blanc qu on foularde le tiers des
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
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- pièces à huiler ; après cette opération , on les met en tas dans un lieu frais, on les y laisse durant 10 à 12 heures, puis on les sèche à l’étendage chaud à la température de 60u. Pendant cette dessiccation on commence l’opération sur le second tiers des pièces que l’on fait passer dans la deuxième partie de bain blanc, et quand elles ont été foulardées, macérées et desséchées, on met en ouvrage le troisième tiers avec la troisième partie de bain blanc ; c’est le moyen d’avoir un travail continu ; car tandis que des pièces récemment mattées sont en état de repos, d’autres sont à l’étuve, et d’autres enfin sont foulardées de nouveau.
- Après chaque placage en bain blanc , suivi d’un repos et d’une dessiccation, les pièces rentrent dans leur bain blanc respectif et y sont foulardées de nouveau. Dès que le bain vient à manquer, on ajoute soit un peu d’eau tiède, soit une certaine quantité de bain blanc vieux provenant des lavages, et l’on répète l’opération à plusieurs reprises selon la quantité d’huile qu’on désire fixer à l’étoffe.
- Après le quatrième bain , les pièces se trouvent déjà dans l’état de l’échantillon ci-après, échant. 92.
- Toile <|ui a revu quatre (tains Mânes,
- Le nombre des bains blancs, toujours pratiqués de la même
- manière, c est a-dire suivis d un repos et d’une dessiccation, est le plus ordinairement de 7 ou 8, puis on procède au dégraissage
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- GENRES DÉRIVÉS DE I,A GARANCE.
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- en faisant macérer les pièces à deux reprises et pendant vingt-quatre heures dans une solution de carbonate potassique à 2° AB. Le liquide qu’on en retire par expression constitue le bain blanc vieux qui rentre dans les opérations de l’huilage. Les pièces rincées avec soin sont alors dans l’état ci-après, et prêtes à recevoir l’engallage, éch. 93.
- 93. Toile huilée dégraissée.
- Enyallage ou mordançage. Cette opération se donne ici en deux fois : la première , avant le premier garançage ou retirage ; la seconde, après ce retirage ou avant le dernier garançage.
- On épuise par l’eau, en les y faisant bouillir à plusieurs reprises , 10 kil. noix de galle en sorte et concassée; on ajoute au produit de cette décoction la quantité de ce liquide nécessaire pour former du tout environ 300 litres dans lesquels on dissout à chaud 16 kil. alun, et l’on introduit cette liqueur chaude dans le foulard, en la maintenant à la température d’environ 70° pendant tout le temps qu’on fait passer les pièces dans ce bain. Cette quantité de liquide gallo-aluminique suffit presque pour mordancer la moitié de l’étoffe en traitement, c’est-à-dire 500 livres de coton. En sortant les pièces du fou-fard, on les suspend deux jours dans un étendage chauffé à la
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- lO/j DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- température de 45°, et on les passe ensuite dans un bain de craie concentré et chauffé, en observant à cet égard tout ce que nous avons dit § 532, à l’occasion du bousage. Comme il y a sur la toile une forte proportion d’alun non décomposé et dont la base n’y devient adhérente que par l’intervention des substances saturantes, si les pièces étaient plongées inégalement dans ce bain, il y aurait nécessairement par suite des infiltrations et des coulages, des zones qui détruiraient tout le mérite d’un beau fond rouge. La fixation du mordant achevée, le tissu est lavé et se présente dans l’état ci-après, éch. 9k.
- 04* Toile huilée, cngallce et mordancée une première fois.
- Teinture. La teinture se fait sur 10 pièces à la fois, avec des proportions de garance qui varient, suivant la largeur et la longueur de ces pièces, depuis 6, 7, 8, jusqu’à ofkil. pour chacune. Comme dans le procédé précédent, on divise la garance en deux parties égales. Celle qui doit servir au premier garançage ou retirage est délayée avec la quantité d’eau nécessaire , 15 à 1,800 lit., et l’on introduit les 10 pièces dans ce bain tiédi, où on les maintient durant trois heures en élevant progressivement la température durant deux heures trois quarts pour arrivera l’ébullition, qu’on ne doit pas prolonger plus d’un quart d’heure. Au sortir de ce bain ,1e tissu est lavé, puis sou-
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- GENRES DÉRIVÉS DE EA GARANCE. 195
- mis à l’action des machines à nettoyer, §§ Z|37 à M5, rincé et desséché, éch. 95.
- 95. Toile huilée, mord, et teinte une 1I V fois en garance.
- Deuxieme engallage ou alunage. A la suite de ce premier garançage , on immerge de nouveau dans la préparation gallo-aluminique ; on dessèche et l’on fait passer en craie comme dans le premier engallage, éch. 96.
- 96. Toile huilée, mordancée et garaneéc une première fois
- Seconde teinture. Ou donne cette teinture comme la précédente , en employant le restant de la garance , mais sans addi-
- et mordancée pour la seconde fois.
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- passé deux fois dans un hain de garance.
- Premier avivage. Ce premier avivage, à/nvème que les suivants , se donne dans la chaudière closefremplne aux deux tiers d’une eau dans laquelle on a fait dissoudre J 6 kil. savon,
- 1k,50 carbonate potassique.
- On doit maintenir à l’ébullition durant huit heures. Éch 98.
- 08. Toile huilée et garancée qui a reçu le premier avivage.
- J 96 DE LA FABRICATION F.N PARTICULIER,
- tion de craie, dont les pièces conservent une assez forte proportion , éch. 97.
- 09. Toile huilée ayant reçu deux fols le mordant et qui a
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- Deuxième avivage. 11 se donne avec
- 6k,5 savon, et
- 0k,375 chlorure stanneux.
- Les pièces en sortent dans l’état ci-après , éch. 99.
- «9. Toile huilée et garanc. qui a reçu le deuxième avivage.
- Troisième avivage. Il est le même que le précédent; le rouge est plus dépouillé , la nuance vire plus à la teinte feu , échant. 100.
- iOO. Toile huilée et garancée qui a reçu le troisième avivage.
- Après ce troisième avivage, qui ne se donne qu’à des rouges corsés et vifs, on expose pendant quelque temps les pièces à l’air, et on leur donne même, avant cette exposition, un pas-
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- 19b de la fabrication en particulier.
- sage en son qui contribue à dépouiller la couleur et à en rehausser l’éclat; le rouge est alors terminé. Ech. 101.
- ftOl. Toile huilée, garancée, avivée et passée en sou.
- . 'À '
- Le procédé que nous venons d'indiquer a subi entre certaines mains quelques légères modifications : ainsi, comme une longue expérience a prouvé que l’huile se fixe mieux au tissu lors-r que la dessiccation n’en est pas trop prompte, il est des fabricants qui, ne pouvant les exposer à l’air, quand la saison n’est pas propice, entassent les pièces huilées dans un séchoir chauffé à 35° , en ayant la précaution de les remuer de temps en temps, pour qu’elles ne s’échauffent pas de manière à s’altérer. Une autre modification a été d’introduire dans le garançage du sang de bœuf dans le rapport de h0 kil. pour 100 Ml. de gâfàii’cè.
- § 6‘l2. Le procédé suivant a été employé pendant longtemps et avec succès par M. Fries de Guebwiller, qui a eu l’obligéarice de nous lé communiquer.
- Les calicots destinés à cette fabrication étaient lessivée à la chaux, § /i58 , passés en acide à 1° ^1B, dégorgés au clapeau , §442,fig. 16, soumis à l’action d’une lessive dé carbonate sodique (25 kil. de sel de soude pour /|00 kil. de tissu), et enfin dégorgés de nouveau et séchés.
- Pour le traitement de 100 pièces calicot 3jh de 39 à AO mè-
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- très (ou 3,960 mètres environ), on se servait de deux tonneaux A, B, de 500 litres de capacité chacun. Dans le tonneau A, on introduisait A00 litres d’eau tenant en dissolution 16k,5 carbonate potassique ; dans le tonneau B, 87 kil. huile tournante chauffée légèrement, quand on opérait en hiver, et à laquelle on ajoutait peu à peu , en remuant avec grand soin , la liqueur alcaline du tonneau A, jusqu’à ce que l’huile formât une émulsion parfaite ; alors on foulardait les pièces dans cette émulsion, et pourvu que l’opération fût faite avec soin, la quantité de bain blancformée était suffisante pour les 100 pièces. Celles-ci étaient ensuite mises en tas jusqu’au lendemain, ou exposées sur le pré, si le temps était beau ; dans le cas contraire, séchées à l’étuve à une chaleur modérée qui ne dépassait pas h0°. En sortant de là elles étaient foulardées de nouveau dans un second bain blanc, exposées sur le pré, si le temps le permettait, sinon à l’étuve, qui cette fois était chauffée à 45°.
- Ces deux bains blancs donnés, on réunissait dans le tonneau A ce qui restait du liquide du tonneau B, on le remplissait d’eau provenant du dégraissage , ou , à défaut, d’eau tenant en dissolution du carbonate potassique marquant 2° 1/2 A B, on mattait à cinq ou six reprises dans cette espèce de bain blanc, en ayant soin d’exposer les pièces sur le pré après chacune de ces opérations, on desséchait à l’étuve en portant graduellement la chaleur à un degré plus élevé sans dépasser toutefois 50°p après la dernière immersion, on maintenait à l’étuve, durant dix-huit à vingt-quatre heures, à une température comprime uptre ZiO et 50°. ;/ JJ3(j r.;. i;!^ 0;:)7I;
- Dégraissage. En retirant les pièces de letuve on les mettait dans un tonneau et on les arrosait de la quantité d’eau tiède (à 30°) nécessaire pour les humecter ; alors un ouvrier les foulardait avec des sabots sans clous , les renversait à trois ou quatre reprises pour multiplier les points de contact, et enfin les exprimait ep recueillant soigneusement le liquide lactescent qui s’en écoulait ( eau de dégraissage). Après cette opération on les sou-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- mettait à. l’action des machines à nettoyer pour les dégorger jusqu’à ce que l’eau en sortît parfaitement claire, puis on les desséchait pour leur donner l’engallageou mordançage suivant,
- Premier engallage. Dans 200 lit. d’eau on épuisait par une ébullition de h heures 25 kil. noix de galle ; la décoction achevée, on laissait déposer la liqueur ; on en prenait la partie claire à laquelle on ajoutait le volume d’eau nécessaire pour former 500 lit. de décoction , et l’on y faisait dissoudre
- 50 kil. alun épuré, et 3k,5 acétate plombique.
- On plaquait les pièces , à la machine à foularder, dans cette décoction gallo-aluminique chaude, mais en ayant la précaution de lie pas donner une trop forte pression. Lorsqu’elles étaient ainsi yjjuq-géesde mordant, on les exposait dans un séchoir tempéré où on les laissait en repos pendant trois jours , après lesquels on les passait dans un bain de craie à 30°, opération qui se faisait dans un baquet sur quatre pièces à la fois, auxquelles on donnait quatre doubles tours, en employant pour les quatre premières pièces 2 kil. de craie et seulement 1 kil. pour chacune des quatre autres. Toutefois, pour qu’il ne s’accumulât pas trop de craie dans le bain, on devait le renouveler après qu’on y avait passé 2à pièces. Au sortir du bain on dégorgeait aux roues , § 445.
- Prunier garançage. Pour 8 pièces 34 de 39 à 40 mètres on employait mmuuhioe m
- 32 kil. garance paluds,
- 2 kil. sumac de Sicile.
- La température du bain de garance était dirigée de manière à atteindre dans l’espace de deux heures et demie l’ébullition à laquelle on le maintenait durant une heure, ce qui faisait trois heures et demie de teinture. Après le garançage, les pièces étaient rincées, dégorgées avec soin et séchées à l'air ou sur le pré.
- Deuxième engallage ou alunage. On répétait exactement
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- l’opération du premier engallage ; le mordant était le même ; la seule précaution à prendre était de ne pas y faire passer les pièces à une température trop élevée : on devait pouvoir tenir la main dans la solution sans en être incommodé. Alors on laissait reposer pendant trois jours, on passait en craie et l’on rinçait sans dégorger.
- Second garançage. Il se donnait comme le précédent, puis on rinçait à l’eau courante.
- Premier avivage. Dans une chaudière close contenant 1,500 lit. d’eau, on faisait dissoudre
- 8 kil. carbonate potassique,
- 2 kil. savon blanc.
- On mettait dan à cè liquide 10 piècès huilées et garahèéës, on les maintenait en ébullition durant cinq heures, et en les retirant on les rinçait à l’eau courante.
- Deuxième avivage. Toujours dans la même chaudière close, on mettait avec la même quantité d’eau et le même nombre de pièces :
- 8 kil. savon,
- \k, 5 carbonate potassique,
- 0k,500 chlorure stanneux :
- on portait à l’ébullition et l’on se maintenait à ce degré durant cinq ou six heures.
- Troisième avivage. Dans la même quantité d’eau , on mettait seulement :
- 4 kil. savon,
- 0k,375 carbonate potassique,
- 0k,375 chlorure stanneux.
- Après cinq h ures d’ébullition , on lavait les pièces à la sortie de la chaudière close, on les dégorgeait aux machines à laver , et on les exposait sur le pré durant huit à dix jours , en les retournant trois ou quatre fois par jour.
- Quand les pièces qui avaient subi ces diverses opérations étaient destinées à être vendues en fond uni, on les faisait pas-
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- 202 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- ser dans line eau légèrement acidulée de chloride hydrique,
- puis on les rinçait.
- Lorsqu’il s’agissait d’aviver des toiles peu huilées , on ne leur donnait que deux avivages :
- Le premier avec 4 kil. savon et
- 2k,5 carbonate potassique,
- Le second avec 4k,S savon et
- 0k,375 chlorure stanneux.
- Telle était la marche que l’on suivait et les doses d’ingrédients que l’on employait pour une première partie de pièces; pour les suivantes, on diminuait la proportion d’huile et en même temps celle du carbonate potassique , attendu qu’on utilisait les eaux du dégraissage des opérations précédentes ; c’était donc
- Pour la deuxième partie 16lc,25 huile ,
- Pour la troisième partie 'l 3 kil.
- Pour la quatrième partie 1 3 kil.
- avec addition à l’eau du tonneau A, de 0k,190 de carbonate potassique par chaque kil. d’huile introduite dans le tonneau B.
- Les deux derniers procédés que nous venons d'examiner ne diffèrent que parle degré de température auquel la dessiccation a lieu , par la quantité d’acétate plombique ajoutée à l’alun pour le rendre plus apte à se fixer au tissu, enfin par l’addition de sumac au bain de garance. Ces différences cependant, toutes légères qu’elles paraissent, conduisent souvent, dans la pratique, à des résultats dont l’importance mérite d’être prise en considération. Du reste, si cette préparation essentiellement empirique du rouge turc s’est peu perfectionnée en France, c’est qu’à l’époque où cette couleur était en faveur, intéressé à produire de beaux rouges , on fabriquait sans s’inquiéter du prix de revient, sans chercher à réduire les proportions d’huile et de garance. Les choses ne pouvaient se passer ainsi dans un pays comme la Suisse, par exemple, où l’industrie n’est soutenue que par l’intelligence de celui qui l’exploite, encouragée que par les améliora-
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- tions qu’il y introduit, et qui permettent à ses produits, malgré les conditions défavorables dans lesquelles il se trouve , de lutter partout avec ceux des autres pays , aussi bien sous le rapport delà qualité que sous celui du prix. De là la supériorité reconnue dont jouissent depuis une vingtaine d’années les rouges turcs de cette partie de l’Europe, et en même temps le bas prix auquel ils se vendent, car, tandis qu’anciennement on employait pour teindre de beaux rouges une quantité d’huile au moins égale à la moitié du poids du coton et un poids de garance au moins double de celui de ce dernier, cette quantité , pour ce qui est de l’huile, se trouve aujourd’hui réduite au quart du même poids ; d’autre part, pour la garance, il est des fabricants qui n’en emploient que 100 kil. pour teindre 100 kil. coton ; et cependant les produits ne laissent rien à désirer, ainsi qu’on peut en juger par l’échant. 102, que nous devons à l’obligeance de MM. Jenny et Blumer, de Schwanden (canton deGlaris), qui se sont acquis dans cette fabrication une réputation méritée.
- 109. Rouge turc, fabrication suisse.
- Le procédé suivi en Suisse n’est pas nouveau ; il n est que l’application de plusieurs données éparses, et dont la réunion conduit à des résultats parfaitement satisfaisants. C’est sans doute à un procédé du même genre qu'Eberfeld doit la supériorité dont jouissent ses produits dans ce genre de fabrication.
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- DE LA FABKICATION EN PARTICULIER.
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- On donne les bains blancs à une température de 28 à 30°, en ajoutant aux ingrédients que nous connaissons déjà la bouse de vache en état de fermentation.
- Pour traiter une partie de 200 kil. coton, on emploie :
- 13k,350 huile tournante,
- 230 lit. dissolution de carbonate potassique à 2° 5ylB,
- 62 lit. bouse de vache fermentée et amenée à l’état de bouillie avec un peu d’urine du même animal.
- On délaie la bouse de vache dans 230 litres d’eau chauffée à 37 ou 38°, on y mélange l’huile, puis on forme l’émulsion'en ajoutant successivement au tout 20 litres dissolution de carbonate potassique à 25°AB. La température du liquide ®e trouvant alors ramenée au degré voulu , on procède au placage â. la manière ordinaire, §523, fig. 131. Les pièces sont in trôduites ensuite dans une espèce, de caisse en bois de sapin, où onlesffbàndèhne à élis -mêmes durant douze à dix-huit heures , afin de déterminer une fermentation qui s’établit souvent au point qu’il n’est pas rare de voir des myriades de vermisseaux se développer dans ce court espace de temps ; on dessèche alors à l’air libre, et l’on expose durant huit à dix heures dans une étuve chauffée à 62°.
- Après ce premier bain , on en donne un deuxième, un troisième et un quatrième , toujours fraîchement préparés , en ajoutant au résidu de chacun d’eux les doses indiquées plus haut, en sortequ’après ces quatre huilages , les 200 kil. coton
- ont consommé : {, , , > gà{ baaaq 110713 aéiqA
- , omnqxo V.n OO . r f
- '’I ’ «rb na 988ibI aol
- 9 1 1006 lit. dissolution de carbonate, <* £ Baffufiik) 97
- 243 lit. bouse de vache ;
- et à la suite de chaque bain , on expose les pièces d*abord à l’air libre, puis à l’étuve à la température de 62°.
- Ces quatre huilages sont suivis de quatre autres, exécutés de la même manière, mais dans une eau tiède, tenant en suspension les résidus des quatre bains blancs primitifs et les vieux bains qui proviennent du dégraissage. Après cha-
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. 205
- cune de ces immersions, on dessèche à l’air libre et l’on étuve comme après chaque passage en bain blanc, mais à des températures inférieures, qui doivent être de 60° à la suite des cinquième et sixième passages, et de 56° à la suite des septième et huitième , par lesquels on termine l’opération.
- On procède alors au dégraissage par les moyens indiqués p. 199, on recueille le vieux bain, et l’on nettoie les pièces aux roues à laver, d’où elles sortent pour être exprimées , puis desséchées à l’étuve à la température de 50°.
- Engallcuje. L’engallage se donne aussi en deux fois ; pour le premier qui se fait sans addition d’alun, on fait bouillir pendant une heure dans 200 lit. eau :
- _ r , rrffrmr èroob ms 991 fOIïïjn Siob
- sm ni A^Qd^kldé'galle en sorte,- -
- )im3ri9j«9J .ldir .'gu.oiunuDi -
- Pour,que cette décoction s’éclaircisse , on l'abandonne à elle-même durant vingt-quatre heures après l’avoir passée au tamis ; puis on la décante, on la chauffe à hk°, et l’on y matte les pièces, qu’on dessèche à l’air libre, et qu’on étuve ensuite à la température de 50°.
- Le second engallage se fait exactement de la même manière que le premier, si ce n’est qu’on retranche le sumac et qu’on y ajoute de l’alun.
- Dans 220 litres eau chauffée à Æ6°, on fait dissoudre :
- 21k,350 alun épuré que l’on sature par 3k,5 solution de carbonate potassique à 25° AB.
- Après avoir passé les pièces dans ce bain on les exprime'/ °n les laisse en tas durant six heures , on les introduit dans l’étuve chauffée à 27°, sans courant d’air, afin de les dessécher ; puis on les évente durant trois jours , et on les met dans l’étuve chauffée à 50°. Alors, comme l’alun n’est qu’en partie saturé, °n les plonge dans un bain de craie élevé à la température de h0°, en employant pour 20 kil. de toile, 2\6 de craie. Rincé et séché au sortir de ce bain ,r le tissu est préparé pour la teinture.
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- 206 DE TA FABRICATION EN PARTICULIER.
- On teint en une seule fois, en prenant pour 20 kil. de tissu :
- de 20 à 30 kil. garance paluds,
- 2k,750 sumac,
- \ 7 lit. sang de bœuf.
- On élève progressivement la température du bain durant deux heures et demie, on le maintient à l’ébullition pendant une demi-heure ; puis , rinçant les pièces, on les soumet à deux avivages qu’elles reçoivent dans la chaudière close , où on les fait bouillir durant six heures, savoir:
- Pour le premier avec 5 kil. savon,
- 3 kil. carbonate potassique,
- 0k,200 chlorure stanneux;
- Pour le second avec 5 kil. savon,
- 0k,200 chlorure stanneux, \
- 0k,1 30 acide nitrique.
- A la suite de ces avivages , on expose sur le pré durant deux à trois jours , puis on fait passer en son bouillant.
- Ce procédé se distingue essentiellement des précédents, eii ce que toutes les opérations tendent à y provoquer une fermentation entre les diverses substances qui se trouvent en présence, et à déterminer la métamorphose du corps gras. Tout en reconnaissant la nécessité d’atteindre un certain degré de chaleur, l’auteur a très bien compris l’importance de favoriser ici l’action de l’air. Cette action s’exerce d’autant mieux sur le coton ainsi traité que ce tissu renferme une certaine quantité d’eau, tandis qu’une dessiccation trop brusque le soustrait à l’influence de l’agent qui est appelé à jouer le rôle principal dans la réaction iÇjes^ §£in§ doute par ce motif que les étuvages sont toujours précédés d’expositions à l’air libre, qui ne donnent lieu qu’à une dessiccation lente.
- Depuis quelques années, M. Steiner exploite en Angleterre et à Ribeauvillé (Haut-Rhin), dans un établissement dirigé par son neveu, ancien élève de M. Chevreul, un procédé de son invention dont les produits jouissent d’une grande supériorité, sous le triple rapport de l’économie, de la vivacité de la couleur et de
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- la régularité de la fabrication. C’est à l’obligeance de ce fabri-
- 103. Rouge turc, fabrication de RI. Steiner, d<
- [ancliester.
- § 613. Le procédé suivant fournit aussi de très beaux/ résultats, quoiqu’il ne diffère au fond des précédents que par l’intervention de l’acide nitrique dans les opérations de l’huilage; c’est M. Gastard, auquel on doit déjà l’application directe de la matière colorante de la garance, qui en est l’auteur ; il a bien voulu nous autoriser à le publier.
- Préparation des toiles. Après avoir laissé séjourner les pièces durant vingt-quatre heures dans une eau chauffée à 20 ou 25°, on les foule, on les fait bouillir durant quatre heures dans une eau contenant 300 à 320 lit. de vieux bain blanc, et on les abandonne dans la chaudière même jusqu’au lendemain ; on les foule alors de nouveau, on les rince deux fois et on les sèche.
- Le bain blanc se compose , pour 60 pièces du poids dé 106 à f 09 kil. de coton , de
- 3k,5 huile tournante,
- \ 2 lit. crottin de mouton ou de bouse de vache.
- Huilage. On incorpore peu à peu à ces substances une solution de carbonate potassique à k° AB, à l’effet de produire une émulsion parfaite et suffisante pour imprégner la totalité du
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- 208 DF. LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- tissu. On matte les pièces clans cette émulsion , on les expose à l’air , au soleil, si le temps le permet ; dans le cas contraire, on les pend au crochet. Quand la dessiccation touche à son terme, on les introduit pour quatre et cinq heures dans le séchoir chauffé à 65 ou 70"; lorsqu’elles sortent du séchoir, on les foularde à deux reprises dans une eau acidulée d’acide nitrique marquant 4°,5 AB, et on les sèche à l’air, mais non plus dans le séchoir chaud, où elles seraient inévitablement brûlées ; on leur donne ensuite :
- 1° Un deuxième bain blanc semblable au premier, suivi d’une exposition à l’air et d’un étuvage dans le séchoir chaud ;
- 2° Un deuxième passage en acide nitrique à 1° AB, suivi d’une dessiccation à l’air libre ;
- 3° Un troisième bain blanc semblable au premier, également suivi d’une exposition à l’air et d’un étuvage ;
- 4° Un troisième passage en acide nitrique à l° 5, /(B, suivi d’une dessiccation à l’air libre;
- 5° Un quatrième bain blanc semblable au premier, suivi d’une exposition à l’air et d’un étuvage à la température de 65 à 70°;
- 6° Enfin, un quatrième et dernier passage en acide, auquel succède une dessiccation à l’air libre.
- Pour les deux derniers huilages, on peut se passer de bouse ou de crottin.
- Dégraissage. Après toutes ces opérations, on passe les pièces dans une solution de carbonate potassique à ù",5 A B; on les exprime pour en recueillir le vieux bain blanc, on les dessèche à l’air, on les laisse tremper dans l’eau durant deux heures, puis on les rince et on les sèche à deux reprises.
- Engallage. On donne aussi l’engallage en deux fois : la première, dans une décoction parfaitement claire de 15 kil. sumac de Sicile; la seconde, dans une décoction de noix de galle.
- Ces deux passages, qui s’effectuent à chaud, sont suivis l’un et l’autre d’une dessiccation.
- Premier alunage. Dans la quantité d’eau nécessaire pour imprégner ces 109 kil. de coton , on fait dissoudre :
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- I 2k,2 alun , et l’on ajoute :
- 0k.750 acétate plombique,
- 20 lit. solution carbonate putassique à 4° IB.
- On plaque les pièces presque à froid dans cette liqueur éclaircie par le repos et qui doit marquer h° AB, puis on les tasse. On les laisse dans cet état durant douze à quinze heures , on les dessèche, on les met ensuite tremper dans l’eau durant quatre heures, et on les rince à deux reprises à l’eau courante.
- Premier garançage. Pour garancer la sixième partie de la quantité d’étoffe indiquée, 10 pièces environ , on emploie :
- 17 kil. garance,
- 10 à 12 lit. sang de bœuf,
- 2k à 3k,5 sumac, et on teint en montant au bouillon en 3 heures.
- Au sortir de ce bain, les pièces sont lavées, dégorgées et séchées.
- Deuxième alunage. Cet alunage est semblable au premier; on manœuvre les pièces de la même manière : seulement, quand elles sont desséchées , on les passe à la température de 50” dans un bain de bouse de vache chargé de craie, puis on les rince.
- Second garançage. 11 est semblable au premier.
- Premier avivage. Pour 30 pièces ou 53 à 55 kil du tissu en ouvrage, on verse dans une chaudière d’une capacité convenable , remplie à moitié d’eau, 5 à 6 kil. de carbonate potassique et 300 à 320 litres de vieux bain blanc ;on fait bouillir quatre à cinq heures , et on laisse les pièces dans la chaudière jusqu’au lendemain ; on les en retire alors pour les rincer , les battre, et enfin les étendre sur le pré, où elles restent exposées durant quatre à cinq jours, selon le développement de la couleur.
- Deuxieme avivage. On verse dans la chaudière à aviver, avec la quantité cl’eau convenable, le produit de la décoction de 1 kil. son ; quand le liquide est en' pleine ébullition . on y verse une solution de 7lc,5 savon blanc de Marseille , et ensuite peu à peu, par petites portions et en remuant bien, une solution de 500 gr. chlorure stanneux dans h litres d’eau acidulée ni. l/l
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- 210 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- par 250 gr. chloride hydrique et hO à 60 gr. acide nitrique, selon que l’on désire donner au tissu une teinte plus ou moins écarlate. C’est à ce moment qu’on introduit dans la chaudière les pièces préalablement mouillées ; on les y fait bouillir durant une heure, et on les y laisse jusqu’au lendemain.
- Si la craie ne figure pour ainsi dire pas parmi les agents qui font partie de ce procédé , c’est sans doute que les eaux qu’employait M. Gastard, lorsqu’il en faisait l’application , étaient essentiellement calcaires. Du reste , la consommation de l’huile est ici extrêmement réduite, puisque 1 h kil. de ce corps suffisent pour l’huilage de 109 kil. de coton, et ce qui est surtout digne d’intérêt, c’est que malgré la moindre quantité du corps gras, les produits obtenus, et que nous avons sous les yeux, peuvent supporter la comparaison avec le plus bel échantillon rouge turc de M. Steiner.
- En remplaçant le mordant d’alumine par un mordant de fer dans le mordançage des toiles huilées , on obtient des violets d’une grande beauté et qui ont un éclat particulier.
- La maison Weber , de Mulhouse , s’est particulièrement signalée'par ses violets façon rouge turc. Il paraît que, pour cette fabrication, il est essentiel d’employer du crottin de mouton et d’appliquer sur la toile un mordant de fer à son maximum d’oxidation : c’est du nitro-sulfate qu’on se sert. Nous nous sommes assuré par expérience qu’on peut obtenir de très beaux violets en mordançant les toiles huilées dans une dissolution de sulfate ferrique obtenue de la calcination du sulfate ferreux et marquant 3" AB, à laquelle on mélange 7 à 8p. 0/0 de chlorure ammonique. Au sortir de ce bain on dessèche les pièces, puis on les passe dans un autre bain d’arséniate calcico-potas-sique, comme pour fixer les mordants ordinaires, § 535.
- Après avoir fait connaître ces procédés de fabrication du rouge turc, il ne nous reste plus que quelques mots à ajoute^sur ce sujet.
- Il est généralement reconnu que , durant l’huilage, le corps
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- gras se modifie et se fixe d’autant mieux que les tissus restent plus longtemps exposés à l’air (mais à l’abri de la pluie et de l’action trop yive des rayons solaires) en présence de la préparation huileuse humide, et qu’on suit mieux trouver le degré de température le plus convenable pour l’étuvage. Il paraît plus avantageux de n’imprégner la fibre qu’à sa surface : autrement la nuance devient trop foncée , et il est difficile de l’aviver sans en diminuer la vivacité. Aussi, qu’on fasse des entailles dans une toile du rouge le plus éclatant, par exemple dans l’échantillon rouge de M. Steiner, et l’on verra ressortir dans la tranche des parties blanches qui prouvent que le centre du tissu n’a été qu’imparfaitement atteint par l’huile et par le mordant d’alumine. Cette application de la couleur à la surface du tissu donne de l’éclat à la laque , que la couche incolore ou peu colorée qui se trouve au centre rend naturellement plus claire et plus transparente.
- Quand on huile les pièces, il faut avoir grand soin de prévenir la combustion lente ou spontanée du corps gras dont l’étoffe est chargée : dans le premier cas , le tissu est toujours plus ou moins endommagé ; dans le second, c’est l’établissement qui est en danger, puisqu’il peut y avoir inflammation.
- La combustion lente, comme la combustion spontanée, provient ou de la trop grande quantité d’huile dont le tissu est imprégné , ou de la trop faible proportion du bicarbonate potassique qui doit la saturer. La première est déterminée par l’exposition des pièces à un soleil trop ardent, ou par la chaleur qui se développe à la suite d’un tassement trop prolongé ; la seconde, par l’action de l’oxigène sur l’huile libre qui recouvre les pièces dans l’étuve. Des fabricants de rouge turc, qui employaient d’ailleurs avec succès des huiles de graines siccatives , ont dû y renoncer par suite des accidents de l’espèce qu'ils ont provoqués.
- Comme il est démontré par les expériences de M. Boussin-gault que l’urine de vache contient du bicarbonate alcalin, il y aurait à voir si l’on ne pourrait pas en faire une bonne appli-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- cation à l’huilage des toiles; ce liquide, contenant en outre des principes de nature essentiellement fermentescible serait sans doute plus propre à remplir le rôle de ferment que l’eau chargée d’alcali dont on fait usage. A cette occasion, nous répéterons qu’il ne nous est pas encore démontré que la bouse de vache n’agisse pas par le corps gras qu’elle renferme et que la nourriture donnée à ces animaux ne puisse produire un effet sensible, dans les opérations où l’on fait intervenir cet excrément , par la nature du corps gras qui s’y trouve, et qui varie avec les espèces et l’âge des herbes.
- Quant aux mordançages, nous avons déjà fait remarquer que, d’après M. D. Kœchlin, l’engallage est inutile , que les rouges sont tout aussi vifs lorsqu’on supprime cette opération , pourvu qu’on sature préalablement l’alun , attendu que sans cette précaution la fixation de la base de ce composé salin, ne pouvant avoir lieu que dans le bain de craie, risquerait d’être incomplète.
- Il y aurait à examiner maintenant si les expériences rapportées § 539-5/i42, au sujet du garançage ordinaire, et celles qu’a faites J.-M. Haussmann , ne seraient pas applicables aux procédés que nous venons d’exposer , si une opération conduite d’après ces principes, et dans laquelle on ferait intervenir à propos une addition convenable d’acide sulfurique , n’offrirait pas une économie de matière colorante tout en donnant directement des teintes plus vives et plus pures.
- Pour ce qui regarde les avivages , on pourrait se dispenser d’employer du savon pour le premier ; on l’v remplacerait convenablement par le carbonate potassique à la pression de une demi-atmosphère : ce sel, qui ne fatigue nullement le tissu, fournit de très belles couleurs. Il y aurait peut-être aussi un très bon parti à tirer de l’observation de M. E. Schwartz, qu’en traitant par une solution concentrée de chlorure de chaux un coupon de rouge turc au sortir de la teinture, on obtient un rouge orangé qui n’a aucune analogie avec celui que fournissent les avivages ordinaires, tandis qu’un semblable coupon traité à chaud dans la même solution, préalablement décomposée par le carbonate so-
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- dique, donne, si les proportions ont été bien observées, un rouge aussi beau que celui qui a été avivé au savon.
- Nous avons constaté que dans les avivages des rouges ordinaires , les passages en savon au-delà de certaines limites ne produisent plus aucun effet favorable, parce que la laque est sursaturée de corps gras, et nous avons dit que, pour les rendre plus efficaces, on doit faire intervenir l’air ou les acides : or, le rouge sur toile huilée se trouve précisément dans cet état de sursaturation au moment où il doit être avivé; ne devrait-on pas, par conséquent, en sortant les pièces du garançage, les traiter immédiatement par les acides, et n’attaquer par le savon qu’en dernier lieu? C’est peut-être à une cause de ce genre qu’il faut rattacher les avantages qu’ont trouvés certains fabricants à imprégner les pièces huilées d’acide nitrique faible.
- Lorsqu’au sortir des opérations de l’avivage le rouge prend une nuance rosée, c’est une preuve que le coton n’a pas été suffisamment saturé d’huile, ou que la qualité de cette huile n’était pas convenable, ou que les bains blancs ont été donnés dans de mauvaises conditions, ou enfin que les dessiccations n’ont pas été effectuées aux degrés de température nécessaires à la modification du corps gras.
- Durant l’avivage , il faut être attentif à ce que la soupape et le tube de sûreté ne s’obstruent pas ; la négligence., à cet égard, a plus d’une fois causé de grandes pertes de marchandises et même la mort des ouvriers chargés de l’opération.
- § 61 /|. Fonds roses huilés. Outre les fonds rouges et les fonds violets dont il a été question, on fait encore des fonds roses sur toiles huilées. A cet effet, après avoir huilé les pièces le plus également possible, comme s’il s agissait de produire des rouges , en supprimant quelquefois un ou deux huilages , et les avoir dégraissées, les uns les passent dans un mordant d’alumine très faible, puis les dégorgent et les teignent en garance à la manière ordinaire ; d’autres, et ces derniers obtiennent des nuances moins fortes mais infiniment plus pures, les mettent directement dans la chaudière où l’on donne l’avivage aux pièces
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- routes : lu matière colorante qui se détache de celles-ci suffit pour saturer le mordant organique et lui donner la teinte que l'on désire ; pour les couleurs tendres, il n’est pas de procédé préférable, car si l’on sature la toile d’huile, la quantité de mordant aluminique employée sera toujours trop grande quelque faible qu’elle soit, et la nuance toujours trop foncée : or, la dégrader, ce serait en enlever l’éclat; si l’on diminuait l’huilage , les teintes rentreraient plus ou moins dans celles du rouge ordinaire, et ne supporteraient pas les avivages indispensables pour les amener au ton naturel du rouge turc.
- Les fonds unis sur toiles huilées entrent dans les genres composés.
- FONDS UNIS GARANCES ORDINAIRES.
- § 615. En ne perdant pas de vue qu’on doit, pour obtenir les couleurs garancées, appliquer et fixer les mordants avant de procéder à la teinture proprement dite, la question de la fabrication des fonds unis se réduit à morclancer uniformément l’étoffe, et trois moyens s’offrent à cet effet au fabricant ; il peut :
- Ou considérer une solution de mordant comme un bain de teinture et procéder, comme le ferait un teinturier, en immergeant le tissu dans ce bain pour l’y teindre à froid ou à chaud: c’est ainsi qu’on sature une étoffe de soie bien nettoyée en la faisant macérer dans une solution d’acétate aluminique , ou qu’en passant une étoffe de soie, de coton ou de laine dans un bain d’alun saturé ou cubique porté à une certaine température, on force l’oxide aluminique ou son sulfate tri ou six-basique à s'y déposer, en sorte qu’il n’y a plus qu’à la rincer pour l’avoir ahmée ; toutefois , comme ce bain est sujet à se troubler et que le dépôt peut occasionner des inégalités, on y ajoute quelquefois une certaine quantité de crème de tartre pour prévenir les accidents de ce genre ;
- Ou matter les pièces dans un bain de mordant à la machine à foularder, en prenant toutes les précautions indiquées § 523;
- Ou enfin les plaquer, soit à la planche feutrée, soit au rouleau gravé mille points serrés, mais seulement sur une de leurs
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- faces, et en opérant ainsi, on se trouve naturellement ramené à l’application ordinaire de toutes les couleurs que donne la garance prise isolément.
- De ces trois procédés , les deux premiers, dans lesquels l’étoffe recouverte de mordant sur toutes ses parties demande une double quantité de garance , ne sont appliqués que dans des cas tout particuliers , pour former , par exemple, des genres composés ou des genres impression double face ; le troisième, au contraire, présentant au fabricant une grande économie de matière colorante, puisqu’une des faces seulement du tissu en est imprégnée, est d’une application générale. Nous allons faire connaître la nature des mordants qu’on y emploie , aussi bien pour l’exécution des fonds unis que pour celle des fonds avec enlevage ou réserve, ou des fonds blancs avec impression.
- Les couleurs que donne directement la garance employée seule sont le rouge et ses dégradations , petit rouge et rose, qui ont toujours pour base une préparation aluminique, § /|7/i , le noir et ses dégradations, violet, foncé, violet moyen et lilas, échantillon /|7 , dont la base est le pyrolignite ou l’acétate ferreux ; le puce rougeâtre o\\ foncé, éch. 51* qui a pour base un mélange de mordant de fer et d’alumine; enfin le ventre de biche, fixé à l’aide de l’oxide chromique, échantillon 104.
- 104. Mordant d’oxide chromique teint eii garance.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Il est quelques autres couleurs qui s’obtiennent par l’intervention des oxides métalliques , mais qui n’offrent pas le même intérêt.
- Dans chaque fabrique, on prépare à l’avance ces trois principaux mordants à un certain état de concentration, et, quand on veut s’en servir, on les étend avec des volumes déterminés d’eau ordinaire (ce qui est rare), ou d’eau de gomme ou de vinaigre gommé, et enfin l’on y ajoute les substances qui peuvent assurer la bonne exécution de la couleur. On leur donne souvent le nom de mordants-mères.
- § 616. Les rouges de garance et les dégradations de cette couleur ont tous, disons-nous, l’alumine pour base, par conséquent une des préparations que nous avons indiquées §§ hlh à A76, mais qu’il faut épaissir et additionner de certaines substances qui agissent .soit sur l’épaississant, soit sur la teinture , soit sur le mordant lui-même.
- Nous donnons ici quelques uns des mordants-mères pour rouge de garance et ses dégradations, auxquels nous serons souvent dans le cas de revenir.
- * Mordant rouge A.
- . Dans 100 litres d’eau bouillante on fait dissoudre :
- 75k,00 alun , et l’on y ajoute 75k,00 pyrolignite plombique.
- Mordant rouge B.
- Dans 100 lit. d’eau on fait dissoudre :
- 35k,65 alun,
- 2ik,50 acétate ou pyrolignite plombique, ik,200 carbonate sodique cristallisé,
- 2k,10 chlorure sodique.
- Mordant rouge C.
- Dans 100 litres d’eau bouillante on fait dissoudre : '
- 33 kil. alun, et l’on y ajoute 28 kil. pyrolignite plombique,
- 2k,8 cristaux de soude.
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- Mordant rouge D.
- Dans 100 litres d’eau on fait dissoudre :
- 25k,250 alun, et on ajoute 25k,250 acétate plombique,
- 1k,750 chlorure sodique.
- Mordant rouge E.
- Dans 100 litres d’eau bouillante on ajoute :
- 33', 5 décoction de campéche; on fait dissoudre dans ce mélange 33k, 5 alun,
- 28 kil. pyrolignite plombique ,
- 3 kil. cristaux de soude.
- Mordant rouge F.
- Dans 100 litres d’eau bouillante et 25 litres décoction de quercitron à 250 gr par litre , on fait dissoudre :
- 25 kil. alun,
- 17k,50 pyrolignite plombique , lk,70 cristaux de soude,
- 10 lit. chlorure zincique à 55° A B.
- Mordant rouge G.
- Dans 100 litres d’eau bouillante on fait dissoudre :
- I9k, 6 alun ,
- 6k,9 acétate,
- 1k,12 craie.
- Quand on veut obtenir des rouges très clairs, on prend seulement le dépôt des mordants que l’on épaissit.
- Mordant rouge H.
- Dans 100 lit. d’eau on fait dissoudre :
- 22k,250 alun épuré,
- 9 kil. acétate plombique,
- 1k,5 carbonate calcique (craie).
- Mordant rouge. T.
- A 5 litres acétate calcique à 6° A B, on ajoute :
- 5 litres mordant A.
- Ce sont ces inordanis qui figurent généralement dans la composition des principales couleurs rouge et rose , dont nous indiquerons plus tard la composition. En les étendant convena-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- blement, selon la nuance que 1 on désire obtenir , et en leur donnant le degré d’épaississement qui convient à la couleur déposée sur la toile, on produit tous les rouges et roses possibles.
- ^ 6J 7. Les noirs sont fournis par les mordants les plus concentrés , avec ou sans addition d’une certaine quantité de sel de cuivre ; quant au violet et à ses dégradations, on l’obtient, dans quelques fabriques, par le pyrolignite seul ; dans d’autres, par une préparation arsenicale (ordinairement de l’acide arsénieux, quelquefois du sulfide hypo-arsénieux).
- Ces dissolutions ferrugineuses , arsenicales ou non, épaissies convenablement, donnent les différentes teintures en violet et lilas.
- Un mélange de mordants d’alumine et de fer teint en garance produit les nuances puce et marron, qui tournent au rouge ou au noir selon qu’on fait dominer le mordant de fer ou le mordant d’alumine :
- Mordant puce rougeâtre A
- A 10 lit. mordant rouge B, on ajoute :
- 3ll-,5 décoction de sapan,
- O1,8 rouille à l’arsenic C n° 1.
- Puce rougeâtre B.
- A 10 lit. mordant rouge D , on ajoute :
- 5 lit. pyrolignite de fer à I 4° AB ,
- S lit. eau.
- Puce foncé C.
- A 5 lit. mordant rouge D, on ajoute :
- 5 lit. pyrolignite ferreux à 14" AB.
- Puce D.
- Dans 10 litres décoction de campêche à 125 gr. par litre on fait dissoudre :
- 8k,350 alun; on ajoute ensuite
- 7 kil. pyrolignite plombique ; on remue pour faciliter la double décomposition et l’on y ajoute enfin
- 3i,350 pyrolignite ferreux à 1 4° ^4B.
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- P nce E.
- Dans 10 litres décoction de campêche à 125 gr. par litre on fait dissoudre :
- 5 kil. alun ; on ajoute ensuite
- 4 kil. pyrolignite plombique, et la double décomposition achevée
- 2 lit. pyroliginite ferreux à 14° dB.
- Pour ces couleurs puces , le mordant rouge est toujours préparé avec le pyrolignite de plomb.
- La nature et la force du mordant étant déterminées, l’exécution des fonds unis s’effectue de la même manière , quelle qu’en soit la nuance , c’est-à-dire qu’après avoir plaqué à la planche ou au rouleau ou matté les pièces au foulard, on doit les exposer à l’étuve pour en fixer le mordant, les bouser, les dégorger, et procéder à la teinture en garance. Nous indiquerons plus tard, en parlant des genres composés où ces fonds unis figurent , les conditions de leur teinture et la quantité de garance qu’ils demandent
- ^618. Fond uni, impression blanc réserve. Au point de vue de l’exécution, on peut encore confondre la fabrication des fonds rouges , violets et puce , impression blanc réserve , puisqu’en définitive il ne s’agit que de prévenir le dépôt ou la fixation du mordant sur certains points qui représentent un dessinblanc. Deux voies opposées conduisent à ce résultat.
- La première, qui n’est applicable que dans certains cas, est toute naturelle : elle consiste à réserver le dessin dans la gravure ; par conséquent, si l’impression se fait en relief, à graver en creux sur la planche le dessin que l’on veut obtenir en blanc sur l’étoffe , en sorte qu’à chaque application, les points correspondants aux cavités se trouvent respectés sur le tissu ; si elle a heu en creux , les parties pleines correspondent à la figure qu’il s’agit de produire. Ce second moyen de réserver par la gravure permet de réaliser un assez grand nombre de dessins (voyez les échant. 35-36) ; le premier est aussi d’un fréquent usage, mais pour les dessins peu délicats, attendu que la pression de la planche sur le tissu, comprimant la couleur, tend à la faire
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- baver et à rapprocher, jusqu’à les confondre , des traits qui devraient rester distincts : aussi est-il employé presque exclusivement à la confection des genres composés, où l’on veut réserver sur un fond quelconque des parties blanches destinées à recevoir ultérieurement une ou plusieurs couleurs d’enluminage. C’est de cette manière qu’on a réservé le blanc del’échant. 105. dans lequel se font remarquer les imperfections inhérentes à ce mode d’impression.
- 105. Fond puce, blanc réservé par la gravure.
- La seconde, beaucoup plus générale, consiste à imprimer préalablement sur la toile une réserve capable de prévenir la fixation du mordant qui doit' la couvrir. Cette réserve peut être:
- Ou purement chimique, et avoir pour base le jus de citron , le citrate potassique, un mélange de jus de citron et de sulfate cuivrique , le tartrate, l’oxalate sodique ou potassique , ou lebi-arséniate potassique, dont la combinaison est tellement intime avec les oxides qui font partie du mordant que ces derniers ne peuvent se fixer à l’étoffe : telles sont les préparations ci-après.
- Blanc réserve sous mordant N° 1 .
- Dans 10 litres d’eau on fait cuire :
- • •
- \k, I 5 amidon , et quand l’empois est formé, on y ajoute, pour
- faire cuire le tout ensemble :
- 'I2k,20 acide tartrique,
- 2 kil. acide oxalique,
- 14 kil. amidon grillé.
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- Blanc réserve sous mordant N° 2.
- A 7 kil. blanc réserve n° 1, on mélange :
- 4',36 solution d’acide tartrique, à I kil. d’acide par lit.,
- 2k,25 terre de pipe,
- 0k,76 acide sulfurique.
- On peut encore renforcer cette réserve par une certaine quantité d’acide tartrique, en y introduisant en même temps un peu d’amidon grillé et une quantité proportionnelle de terre de pipe. On la modifie aussi en employant, au lieu d’eau pour dissoudre l’acide tartrique, une solution de jus de citron à 3 ou h° ; elle est alors plus forte.
- Blanc réserve sous-mordant N° 3.
- A 10 litres réserve N° 1 , on ajoute :
- 5 lit. solution d’amidon grillé, à 500 gram. par litre.
- Blanc réserve sous-mordant N° h.
- A 10 litres réserve N° 1, on ajoute :
- \ 0 lit. solution d’amidon grillé à 500 gram. par litre.
- Blanc réserve sous-mordant N° 5.
- Dans 10 litres jus de citron à 16°, on fait dissoudre :
- 1k,700 acide oxalique,
- 3k,4- acide tartrique, et l’on épaissit le tout avec :
- 2k,5 gomme Sénégal,
- 4k, 420 terre de pipe.
- Blanc réserve sous mordant N” 6.
- Dans 10 litres d’eau , on fait dissoudre :
- 0k,732 acide tartrique,
- 0k,732 acide oxalique ; on épaissit avec ik,278 amidon.
- Blanc réserve N° 7.
- Dans 10 litres eau , on fait dissoudre :
- 6k,25 bi-arséniate potassique ; on sature quelquefois cette dissolution par la potasse caustique, et l’on épaissit avec 3k,750 amidon grillé.
- Blanc réserve N° 8.
- On sature 10 litres jus de citron à 15° avec ;
- 31,350 potasse caustique à 36°, et l’on épaissit le tout avec : 3k, 500 amidon grillé.
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- Blanc réserve acide N° 9.
- D’une part on prend h litres jus de citron à 34° AB, qu’on chauffe à 60°, et qu’on épaissit avec 5 kil. amidon grillé et 0,750 gomme Sénégal.
- D’une autre , dans 2 litres eau bouillante on fait dissoudre :
- 0,750 C K pur ; on ajoute peu à peu à cette solution 2 lit. eau contenant 1k,200 gram. acide sulfurique, et l’on réunit les deux liquides.
- Ou en grande partie physique et mécanique, c’est-à-dire formée de substances qui s’opposent physiquement ou tnécanh quement à l’adhérence et à la combinaison du mordant sur l’étoffe. C’est un rôle de cette espèce que joue la préparation suivante , avec laquelle on réserve des parties blanches sous des fonds rose ou lilas.
- Blanc réserve sous fonds rose ou lilas N° 10.
- Dans 5 litres eau on dissout :
- 8k,5 sulfate zincique, et après avoir incorporé à 5 lit. eau de gomme , ik,300 terre de pipe.
- 0k,750 suif.
- On mélange le tout, on le colore par un peu d’acétate d’indigo.
- Les fabricants ne sont pas d’accord sur les avantages des impressions réserves sous fonds colorés, pour obtenir des dessins blancs 5 il en est qui préfèrent l’enlevage du mordant à l’emploi d’une réserve préalable ; cependant cette voie donne, dans quelques circonstances du moins, des résultats dont on aurait tort de ne pas tenir compte. U n’est point, en effet, indifférent d’imprimer en réserve ou en enlevage telle ou telle impression blanche. Il se passe, dans l’un ou l’autre cas , des effets physiques tout-à-fait différents auxquels on n’a généralement pas donné jusqu’à présent assez d’attention. Ainsi, toutes circonstances égales d’ailleurs, les traits d’un dessinimprimé en réserve seront toujours plus réduits que ceux du même dessinimprimé en enlevage , par la raison que la couleur déposée en enlevage
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- •2*23
- s’étend toujours plus ou moins sur le tissu auquel elle est appliquée; tandis qu’imprimée en réserve, elle est toujours réduite par l’application qui se fait postérieurement de la base du fond qui s’étend en sens inverse sur l’étoffe. Au reste, s’il existait quelques doutes à ce sujet, l’étude des deux échant. 106-107
- 106. Fond puce, impression blanc enlevage.
- 109. Fond puee, impression blanc réserve.
- les ferait certainement disparaître, fous deux ont le même fond; mais dans l’un, échant. 107, on’a imprimé le blanc réserve , et le fond par-dessus ; dans l’autre , au contraire, on a foulardé la toile de mordant puce , et imprimé le blanc enlevage sur mordant. L’un et l’autre, dégorgés, bouséset teints de la
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- 224 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- même manière, présentent des figures exécutées avec lu même
- planche , qui sont les mêmes, et cependant diffèrent dans leurs
- dimensions. L’échant. 108 doit faire disparaître tout doute ù
- 108. Fond puce, clair et foncé, avec impress. blanc enlevage sur mordant puce clair faisant réserve sous puce foncé.
- cet égard ; on y a combiné une impression qui fait à la fois office d’enlevage et de réserve, d’enlevage sur le mordant faible où tous les traits sont plus prononcés, réserve sous le mordant fort oùles traits sont généralement réduits. La bande mordant fond puce clair a été appliquée en premier lieu , et par-dessus cette bande , une impression de jus de citron qui y a produit un dessin blanc enlevage, faisant réserve sous les parties qu’on a recouvertes plus tard de la bande mordant puce fort.
- On voit d’après ces détails que, pour imprimer au rouleau une réserve de ce genre, il faut choisir une gravure appropriée, et que celle qui convient pour une belle impression enlevage peut ne pas convenir pour une impression réserve. Enfin, si l’on s’était attaché à rendre les réserves légèrement mécaniques ou peu perméables aux liquides, en faisant usage , par exemple, de la réserve N° 10, *p. 222, ou en en composant une de citrate potassique et de savon vert, qui ne peut être recouverte d’un mordant sans être décomposée et mettre en liberté des acides gras qui l’abritent de l’action des liquides, on n’au-
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- rait pas eu tant de peine à éviter le mélange du blanc réserve avec les couleurs qu’on est dans le cas d’imprimer en même temps.
- Le genre fond uni avec impression blanc réserve rentre particulièrement dans la fabrication des genres composés ; c’est donc en étudiant cette dernière que nous donnerons les détails qui le concernent.
- § 619. Fonds unis toile ordinaire, impression blanc enlevage. On fabrique ce genre en suivant deux marches bien distinctes qu’il ne faut pas confondre. La première, A , consiste à mordancer une toile en fond uni, et à y réaliser ensuite des impressions blanc enlevage; la seconde, B, à former un fond uni mordancé et teint, puis à y réaliser des impressions blanc enlevage sur telle ou telle couleur. Dans le premier cas , l’application sur l’étoffe d’un acide assez énergique pour dissoudre et pour masquer l’oxide déposé sur la toile suffit à l’opération ; clans le second , à l’action de cet acide doit se joindre celle d’un agent oxidant capable d’altérer la matière colorante.
- § 620. A. impression blanc enlevage sur mordants. Les genres enlevage ou rongeant sur mordants ont été exécutés pour la première fois par J.-M. Haussmann , qui les a exploités avec beaucoup de succès. Ils se composent de fonds uniformément chargés de mordant sur lesquels on imprime au rouleau , à la planche ou à la perrotine , des dissolutions acides épaissies qui sont : du jus de citron , ou un mélange de cet acide et de bisulfate potassique, ou de l’acide oxalique ou tartrique, ou un mélange des deux. Rien, en apparence, ne paraît plus simple que de produire un genre de cette espèce, attendu qu on peut indifféremment matter le fond uni au foulard, ou le plaquer à la planche ou au rouleau ; cependant, quand on matte au foulard, il faut que le tissu soit desséché promptement au sortir de la machine , autrement le mordant a 1 état liquide peut se mouvoir et donner lieu à des inégalités, et quand on plaque à la planche ou au rouleau , une autre difficulté se présente :
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER
- 1 impression ne se fait convenablement qn avec un mordant épaissi : or, pour peu que l’épaississant se trouve dans une certaine proportion, il fait fonction de réserve mécanique , et diminue l’effet de l’impression blanc enlevage. Que si l’on passait en bouse pour dégorger et faire disparaître l’épaississant afin de ne conserver sur le tissu que le mordant, celui-ci, fixé plus intimement à l’étoffe , n’en pourrait être que très difficilement -enlevé.
- En supposant qu’on ait une bonne composition blanc enlevage , toute l’attention doit se porter sur le moyen de produire un fond bien uni, avec le moins d’épaississant possible, et d’y réaliser l’impression enlevage avant que le “mordant se soit -entièrement fixé à l’étoffe, alors qu’il est dans les conditions .les plus favorables pour être dissous. Il y a des différences telles dans la fabrication, suivant que le mordant est plus ou moins combiné au tissu , que M. Daniel Kœchlin a su mettre à profit cette»particularité pour exécuter une impression d’une délicatesse extrême sur deux mordants de force très inégale. L’expérience prouve que la force des acides appelés à enlever les mordants de l’étoffe doit être proportionnée à la quantité d’oxide qu’il s’agit de faire disparaître. Ce fabricant, ayant à réaliser une impression dentelle extrêmement fine sur une toile imprimée en bandes puce foncé et clair, et ne pouvant y parvenir par l’action d’un acide fort sur le mordant faible et d’un acide faible sur le mordant fort, eut alors l’idée d’imprimer la bande claire, de fixer, puis de bouser le mordant; ensuite il imprima le mordant fort, et, avant de bouser, une solution assez énergique pour l’enlever ; quant à la bande claire, dont 1 oxide avait été préalablement fixé, elle offrit assez de résistance pour se comporter jusqu’à un certain point comme la bande imprimée en mordant fort. On voit par cet exemple combien il importe de savoir graduer la force d’un acide, d’après la nature, la quantité de mordant et le degré de fixité qu’il acquiert sur 1 étoffe. C’est un point que le fabricant intelligent ne
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- GENRES DÉRIVES DE LA GARANCE. 227
- perd jamais de vue : alors tels enlevages,souvent inexécutables pour d’autres , ne sont pour ainsi dire qu'un jeu pour lui.
- ENLEVAGES SUR MORDANTS.
- Blanc enlevage N° 1 pour le rouleau.
- § 621. Dans 10 litres eau on fait dissoudre :
- 2k,550 gomme arabique, etl’on versedanslasolutionbouillante 'lk,600 acide oxalique,
- 2k,500 acide tartrique ; puis on incorpore au tout 3k,225 terre de pipe.
- - Blanc enlevage N° 2 pour la planche.
- Dans 10 litres^eau on fait dissoudre :
- 5 kil acide tartrique ,
- 1k,900 acide oxalique; on épaissit le tout avec 2k,340 amidon ,
- 2k,500 gomme d’amidon, et lorsque.la couleur est formée, on y incorpore 0k,640 acide sulfurique.
- Blânc enlevage N° Z pour le rouleau.
- Dans 10 litres eau bouillante on fait dissoudre : lk,875 acide oxalique,
- 3k, 130 .acide tartrique, et l’on épaissit le tout avec 5 kil. amidon torréfié, pour y ajoutty ensuite à froid 0k,320 acide sulfurique concentré.
- On peut réduire l’acide tartrique à moitié , etl’on obtient un blanc enlevage excellent quand on l’imprime à la température de 37 à 40°.
- Blanc enlevage N° h pour des impressions très délicates au rouleau.
- Dans 10 litres eau on fait dissoudre :
- 2k,5 acide oxalique,
- 3k,756 acide tartrique, et l’on épaissit le tout avec 5 kil. fécule torréfiée,
- 2k,50ü gomme arabique.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Blanc enlevage N° 5 au jus de citron.
- On se sert directement du jus de citron épaissi à la gomme ou à l’amidon grillé au degré que réclame cette impression. On l’emploie seul sur tous les mordants qui ne dépassent pas en force les seconds rouges ; dans tous les autres cas, on doit toujours l’associer à une certaine quantité de bisulfate potassique,
- § 15, qui ne brûle pas le tissu comme l’acide sulfurique libre.
- 0k,8S0 bisulfate potassique, disêous dans 2 lit. jus de citron à 24", enlèvent parfaitement un mordant ferrique de 8 à \ 0° AB.
- Ainsi que l’a fait d’abord J.-M. Haussmann, des 'fabricants n’emploient que l’acide oxalique pur; mais il est à considérer que si, par suite de l’énergie de cet agent, l’enlevage se réalise alors d’une manière plus brusque, son emploi exige beaucoup de précaution : ainsi , une exposition des pièces à la lumière, un contact trop prolongé de l’acide sur l’étoffe, unje.,tgfppérature trop élevée, suffisent poqr annuler l’effet qu’il avait prpdpit, et faire manquer complètement un enlevage de ce genre. Les (feux enlevages suivants sont destinés, l’un à des impressions à la planche , l’autre à des impressions au rouleau ; il va sans dire que la dose d’acide oxalique doit être proportionnée à la force du mordant qu’il s’agit d’enlever. ; 3flI0[.fI jgfim.hynoit re iu
- ci‘ g e-.- Blanc enlevage N° 6 ['pour la planché f. ob inol
- On épaissit 10 litres d’eau avec : -8
- •2 kil. amidon, el l'on ajoute à l’empois d’
- I k,t 50 acide oxalique, et on colore le tout par 0k,280 acétate d’indigo.
- Blanc enlevage Nu 7 [pour le rouleau).
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre à chaud :
- 7k,26 gomme Sénégal ; on verse le liquide chaud sur 0k,600 acide oxalique ; on colore le tout par 1k,90 acétate d’indigo
- M. deEck, de Cernay, qui a fait de très belles impressions en-levage au rouleau, avait compris combien il importe que l’acide
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- employé à cet enlevage pénètre promptement le tissu et y réalise pour ainsi dire instantanément son effet. Pour les impressions délicates, il allait jusqu’à humecter les pièces de vapeur humide, au moment où elles devaient passer sous le cylindre gravé , en les faisant glisser sur une caisse plate recouverte d’une flanelle , et dans l’intérieur de laquelle circulait de 1a, vapeur, où elles se chargeaient d’humidité et devenaient ainsi plus perméables à l’acide dont on les imprimait.
- Une fois que la toile mordancée a été imprimée en blanc en-levage, on laisse en repos jusqu’à ce que l’acide ait rongé l’oxide qu’il recouvre; quand on juge qu’il en est ainsi, on procède au bousage et à la fixation du mordant qui constitue le fond, en suivant exactement les opérations indiquées §§ 532-538 : seulement, comme ici il y a à la surface du tissu une très quantité cl’acide, et que cet acide, en s’accumulant dans le bain de bouse, finirait par lui donner une réaction cqui contribuerait à dégrader le fond, il faut employer pour le bousage de ces genres une proportion déterminée de craie : aussi a-t-on d’ordinaire à côté l’une de l’autre deux cuves dans lesquelles on fait passer successivement les pièces chargées d’enlevage : la première contenant de la craie, et la seconde un bain de bouse, qui se trouve ainsi moins fatigué. La teinture et les avivages se font de la môme manière que pour les autres genres garan-cés. Nous aurons occasion d’y revenir.
- De même que nous avons vu réserver des dessins blancs sous des impressions blanc enlevage sur bleu, de même aussi on réserve des parties blanches sur une toile mordancée où 1 on veut produire une impression blanc enlevage ; les agents sont les mêmes : tout corps doué de la propriété de saturer les acides et de neutraliser leur action peut jouer le rôle de réserve dans cette circonstance. M. D. Kœchlin, qui a été un des premiers à produire des effets de ce genre, imprimait de l’acétate plom-bique sur toutes les parties qui devaient rester blanches , et les acides oxalique, citrique ou tartrique dont il faisait usage, se
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- combinant avec l’oxide plombique , formaient des composés dont il était facile de se débarrasser. On peut aussi employer .avec succès les acétates sodique et potassique, les carbonates sodique, calcique et inagnésique, qui ne portent aucune atteinte au mordant sur lequel ils sont déposés et qui neutralisent parfaitement l’action dissolvante de l’acide. On fait aussi usage de potasse et de soude ; mais ces bases, qui forment d’excellentes réserves sous blanc enlevage sur fonds d’indigo ou d’oxide ferrique , couleurs qu’elles n’attaquent pas , sont incapables de réserver des mordants à base d’alumine, toujours plus ou moins solubles dans les alcalis caustiques.
- Du reste, l’exécution de cette fabrication est la même que celle du bleu avec impression blanc enlevage, éch. 63, p. 50, et l’on en trouve la preuve dans l’éch. 109.
- 109. Fond pucc avec impression réserve sonshlanc enlevage.
- Pour obtenir cet échantillon , après avoir foulardé en puce B, p. 2.18, on a imprimé :
- 1" Le filer transversal, blanc réserve sous blanc enlevage, composé de craie , de carbonate sodique ;
- 2’ La bande longitudinale blanc enlevage n" 3 ;
- 3U Et enfin par-dessus le dessin sablé, blanc enlevage n" h.
- Après un contact suffisamment prolongé, on a bousé en craie, nettoyé aux roues et passé dans un bain de teinture.
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- - § 622. B. Impression blanc enlevage sur fonds teints. Deux procédés sont employés avec succès à cette fabrication et con stituent, l’un l’enlevage au chromate, l’autre l’enlevage à la cuve.-Le premier est spécialement affecté aux couleurs qui ne supportent que difficilement un passage en chlorure de chaux ; le second aux couleurs qui souffrent ce passage, comme les couleurs garancées, avivées et fortement saturées de savon, sur tout les couleurs fixées sur toiles huilées.
- § 623. Enlevage au chromate. Les pièces sont d’abord mor-dancées, bousées et teintes en fond uni à la nuance voulue ; elles sont alors desséchées , puis foulardées dans une solution de bichromate potassique, ou plus ordinairement dans un mélange de hi-chromate et de chromate. Aussitôt après le placage on doit les sécher, en imprimant alors le blanc enlevage n" 1, dont on gradue la force d’après l’intensité de la nuance à détruire. Dans le blanc enlevage sur bleu, § 552 , il n’y avait qu’à détruire 1 indigo ; ici il y a un effet de plus à produire : il faut, tout en détruisant la matière colorante , faire disparaître l’oxide qui lui sert de base et mettre à nu le tissu : or, on y arrive en faisant intervenir des acides déplaçants énergiques , tels que les. ae.destartr;que , citrique, qui masquent et dissolvent les oxides aluminique et ferrique. L’échant. 109 aurait pu être exécuté par ce procédé. Après avoir foulardé et teint le fond puce, on aurait lavé et desséché le tissu, et avant de l’aviver au son , on 1 aurait de nouveau foulardé, mais en chromate potassique, puis traité comme l’éch. 63, § 55A , c’est à-dire qu’on aurait imprimé :
- 1" La réserve blanc sous enlevage,
- 2° Le filet longitudinal blanc enlevage,
- 3° Le rouleau sablé ou pointillé par-dessus, ensuite lavé, dégorgé et avivé.
- En appliquant ce mode d’exécution, quand le fond a-été bien matte et que 1 enlevage a été convenablement imprimé ., on obtient toujours un blanc beaucoup plus pur, attendujqu’il est
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- difficile que , durant la teinture du fond puce, les parties blanches ne se chargent pas toujours plus ou moins de matière colorante lorsque l’enlevage a vté réalise sur le mordant. Ces exemples suffisent, ce nous semble, pour donner une idée de semblables enlevages , spécialement appliqués sur des couleurs complexes dont nous aurons l’occasion de parler avec plus de détails.
- § 6'2h. Enlevage cia chlore. Ce procédé a pris naissance en Angleterre, où il servait d’abord particulièrement à des impressions rouge turc. 11 paraît remontera une date déjà assez ancienne, car nous trouvons dans les notes inédites de M. Daniel Kœchlin (1811) qu’un Ecossais avait déjà avant cette époque imprimé sur une espèce de rouge turc des mouchoirs en dessins mouches et autres formes grossières. Au dire deM. Widmer, de Jouy, qui avait vu ce fabricant opérer, chaque pièce pliée en mouchoir était resserrée au moyen de vis entre deux plaques métalliques sur la surface desquelles le dessin se trouvait représenté à jour, et disposé de telle sorte que les ouvertures de l’une correspondissent exactement à celles de l’autre. La plaque supérieure était garnie d’un rebord servant de réservoir à une solution de chlorure qui arrivait peu à peu par les ouvertures des plaques sur le tissu, en transperçant toutes les parties qui n’étaient pas comprimées , et, en y détruisant la couleur , produisait des impressions blanches. Ce premier pas dans cette direction a naturellement conduit à l’invention de la presse, § 522, appliquée avec tant de succès, depuis 1818, par M. Monteith, et à l’aide de laquelle on imprime maintenant des quantités considérables de tissus.
- Les pièces, après avoir été huilées, mais un peu moins que pour les fonds rouge turc uni, puis garancées et avivées , sont pliées et mises en presse. Lamachine entre alors en mouvement , et la liqueur décolorante formée d’une solution de chlorure de chaux étendue , acidulée d’acide sulfurique qui doit mettre le chlore ou l’acide chloreux en liberté , pénètre tous les plis de
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- à la presse écossaise.
- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. 233
- l’étoffe et en détruit le rouge sur toutes les parties qu’elle imbibe. Pour l’empêcher de s’étendre lorsqu’il a produit son effet, et de nuire à la netteté de l’impression en s’infiltrant, en vertu de la force capillaire, dans les pores du tissu, on enlève ce chlorure de chaux par des lavages à l’eau ordinaire avan‘ de décharger les presses, et il suffit, pour terminer cette belle et intéressante opération, de rincer les pièces. Nous mettons sous les yeux du lecteur deux échantillons, 110, 111, de ce genre d’enlevage (sur tissu uni croisé ), que nous devons à l’obligeance d’un de nos amis.
- HO. Fond ronge turc, impression blanc enlevage
- I l Ê. Fond rouge turc , impression blanc enlevage à la presse écossaise ( tissu croisé ).
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- 234 DE LA fabrication en particulier.
- Ce procédé d’enlevage est resté stationnaire sous le rapport de la forme des dessins ; mais, grâce à quelques perfectionnements apportés aux presses, on fabrique de nos jours, et avec une notable économie, une grande quantité de marchan ! dises.
- § 625. Enlevage à la cuve décolorante ou à Ja cuve au chlorure de chaux. Cette importante découverte, qui s’appliqua d’abord à l’impression des dessins les plus délicats sur fond rouge turc , et ensuite à l’enlevage d’une foule de fonds, est due à M. D. Ivœchlin. C’est en 1811 qu’àla suite de nombreuses et pénibles recherches, ce fabricant trouva ce procédé si simple et si expéditif. En cherchant à imiter les impressions Bandanas qu’on produisait en Angleterre, il constata que L’action de la chaleur détruit l’adhérence du rouge turc pour l’étoffe, au point que l’eau de savon bouillante fait disparaître presque complètement cette couleur; il eut alors l’idée de chercher s’il ne pouvait être fait application de cette particularité. A cet effet, il fit des impressions sur rouge turc avec de petits cylindres chauds ; mais comme il y a un certain degré de température au-delà comme en-deçà duquel la couleur ne peut être enlevée , attendu que, dans le premier cas , elle est charbonnée , et, dans le second, imparfaitement attaquée , il ne parvint pas à son but, et essaya de se servir du chlore, en imprimant une préparation de chlorure de chaux sur les points mêmes où il voulait produire du blanc. Il était loin, au début de ses expériences, de penser qu’une marche inverse aurait plus tard les plus grands succès , et qu’il en viendrait à immerger le tissu en entier dans 1 agent destructeur. De graves inconvénients se présentèrent tout d’abord : le chlorure de chaux ne pouvait être épaissi par aucune substance organique; il devait être étendu, par une brosse en racine vernissée , sur un châssis spécial, recouvert, ainsi que la table, de toile cirée , et imprimée avec des planches de métal ou de bois imprégné de corps gras. La terre de pipe dont il se servait comme épaississant donnait lieu à des coulages tels que l’impression laissait beaucoup à désirer. Enfin
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- le décolorant n’agissant qu!en raison de la dessiccation et à la longue par l’action déplaçante de l’acide carbonique de l’air, il y avait un dégagement de chlore qui incommodait beaucoup les ouvriers , et, en outre, endommageait fortement la toile sur tons les points imprimés en chlorure de chaux. Pour obvier à ce coulage et pour activer la décoloration, M. D. Kœchlin chargea les pièces destinées à l’impression d’un apprêt acidulé, formé de gomme dissoute dans le vinaigre. L’emploi de cet apprêt améliora de beaucoup l’impression enlevage rouge turc ; l’exécution en devint plus régulière , les coulages n’eurent plus lieu, et la toile, aussitôt décolorée, n’avait plus besoin d’être
- desséchée pour que l’impression blanche apparût ; mais si une
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- partieides» infcanyénients sigiialés plus haut i avait disparu , il en sniè^istaitoënÉbïeim {fort grave i le chlore gazeux rriisben liberté pâtrf(JiaoideiqiKSilégagèait en si grandé abondance y Iqiai’©ii ieher-Qhajit)(ijmsitiIëmeH<1i‘à'gfarahtir les ouvriers dire;ces>émanationsmui-.siblëS iieniéfcablissaht au-dèssùs de chaque table de;s cheminées eibipapier, il fallait établir des courants d’air intolérables, surtout «en hivèr. : iîoo
- Dans le but de perfectionner cette branche d’impression, M. T). Kœchlin déposa une réserve sur ses toiles, qu’il apprêta et.platpia au foulard au moyen d’une dissolution de chlorure de chaux. Quoique la décoloration eût toujours lieu avec dégagement de chlore, la machine à foularder étant placée sous une cheminée à fort courant d’air , le petit nombre d ouvriers qui la faisaierdiAjareheim éprouvaient plus la même in. ommodité ; mais l’iitipneSsion, circonscrite à un certain nombre de dessins y n atteignait pojntde fini et la délicatesse qu on obtieontt dei n dsi jours. Ce eéïèjbpe fabricant entêtait là de ses recherchés hloriqib’oïvré-déclüîspand que le tissu coloré en rouge peut être émtontaotiavec une dissolution de chlorure de chaux même assez concentrée sans en être attaqué, tandis que la décoloration a lieu; sur-le-champ, alors même que cette dissolution est fortement étendue, quand la réaction est acide, il songea à imprimer un acide sur
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- toutes les parties destinées à devenir blanches, et à plonger ensuite immédiatement l’étoffe dans une dissolution de chlorure concentré et fortement alcaline. Dans ces conditions, le chlore n’était mis en liberté que sur le point même où son action devait s’accomplir : aussi cet essai eut-il un succès complet, et à partir de ce moment, l’enlevage à la cuve fut une de ces réactions auxquelles, pendant une quinzaine d’années , le fabricant eut recours pour produire les plus merveilleux effets.
- Dans cette opération il y a deux choses à examiner : 1° la composition de l’enlevage ou de l’acide qui doit mettre le chlore en liberté ; 2° celle du bain de chlorure de chaux , cuve décolorante.
- L’acide qu’on imprime sur le tissu a un double rôle à remplir : le premier d’opérer la décomposition du chlorure, et de mettre en liberté le chlore ou l’acide chloreux; le second, de dissoudre la base de la couleur (oxides aluminique et ferrique). Comme on pouvait le prévoir , c’est encore l’acide tartrique qui. exerce ici la principale action. Nous allons donner quelques unes des préparations usitées.
- Blanc enlevage pour rouge turc N° 1.
- Dans 10 litres d’eau on fait dissoudre :
- 12 kil. acide tartrique; on y délaie 8 kil. terre de pipe,
- \ lit. eau de gomme à lk,120 par litre, et cnlin -1k,660 chlorure stannique à 66°.
- Blanc enlevage N° 2.
- Dans 10 litres eau on fait dissoudre à chaud :
- 8k,4 acide tartrique; on y délaie 7k,5 terre de pipe , et l’on épaissit avec t',8 eau de gomme à 750 gram,. par litre, ük,625 chlorure stannique à 06°.
- Blanc enlevage Nü 3.
- Dans 10 litres eau on fait dissoudre :
- 5 kil. acide tartrique; on y délaie 6k,6 terre de pipe . et l’on épaissit avec 2*,7 eau de gomme à 750.
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- Il est à remarquer que ces dissolutions ne contiennent que peu d’épaississant, afin que la préparation enlevage soit aussi perméable que possible au liquide décolorant, condition sans laquelle la décoloration ne pourrait avoir lieu.
- Il est indispensable de bien dégraisser les pièces avant de procéder à l’impression, et, àceteffet, on les passe , lorsqu’elles sortent de l’avivage, dans une dissolution de carbonate sodique composée de 100 litres d’eau et de 3k,5 de ce sel. Au fur et à mesure que le bain s’épuise , on y ajoute une certaine quantité de dissolution fraîche. On imprime l’étoffe à sa sortie du foulard, on la met au séchoir , puis on la cylindre deux fois consécutivement , et l’on imprime : les dessins qui ne doivent être appliqués qu’une fois, avec l’enlevage fort ; les dessins qui exigent un rapplicage, comme tous les dessins grands sujtts , avec l’enlevage faible ; mais la couleur devant rester à la surface dans ce genre d’impression , l’imprimeur ne doit pas se servir de maillet; et d’autre part, comme ces enlevages blancs sont peu épaissis, il est essentiel que l’atelier dans lequel on les imprime soit bien chauffé, surtout en temps humide : autrement l’acide, se liquéfiant, attirerait l’humidité et finirait par s’infiltrer dans les pores de la toile en y produisant des zones.
- L’influence qu’exerce l’humidité de l’air sur l’acide tartrique fait comprendre l’importance de passer les pièces dans la cuve décolorante immédiatement après l’impression , et d’éviter le rapplicage dans le maniement du tissu chargé d’acide.
- Passages en cuve, ou décoloration. La partie manuelle de cette opération est la même que celle que nous avons exposée à l’occasion des bleus cuvés au cadre ou des bleus faiencés , §§ 5/i8 et 556, c’est-à-dire que moyennant un cadre à roulettes ou un champagne on tend les pièces et on les plonge dans une cuve remplie de chlorure de chaux marquant de 5 à 6° jusqu’à 9 ou 10’ AB, ou, si l’on veut, capable de décolorer 80 fois son volume d’une solution titrée de sulfate d’indigo.
- Comme les cuves en bois seraient trop promptement détruites,
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- 238 DR LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- on se sert de cuves en plomb et en pierre parfaitement mastiquées. A l’époque où l’on imprimait beaucoup de rouge turc et où l’on préparait le chlorure de chaux dans les ateliers mêmes, on délayait de la chaux hydratée dans une de ces cuves , pour y diriger ensuite la quantité de chlore nécessaire à la formation du chlorure de chaux liquide , dans lequel on avait 1a, précaution de maintenir un excès de chaux. Après y avoir laissé séjourner les pièces dans le chlorure de chaux durant quatre, cinq et six minutes, selon l’intensité du rouge qu’il s’agit de détruire , on les retire lorsqu’on s’est assuré que la décoloration a eu lieu, et on les rince en les passant dans une seconde cuve pleine d’eau en y balançant le cadre ; on les dégrafe alors, puis on les expose à l’eau courante durant une heure, et enfin sur le pré. On peut supprimer cette dernière exposition en les plongeant dans une eau contenant une très faible proportion de chlorure de jjotasse légèrement alcaline ; enfin en les faisant battre aux roues à laver dans une dissolution froide de savon , on leur donne un blanc encore plus parfait, ou plutôt qui se conserve mieux que celui des pièces qui séjournent en magasin sans avoir subi cette opération au sortir de la cuve.
- Maintenant, si l’on ne perd pas de vue le principe sur lequel repose l’art d’enlever à la cuve, on comprendra qu’il y a nécessité de veiller, non pas seulement à ce que celle-ci conserve le même degré de force durant toute l’opération , mais encore à ce qu’elle ne soit pas neutralisée au bout d’un certain temps par l’acide déposé sur la toile, et qui, saturant peu à peu l'excès de base N finirait même par en expulser le chlore, si l’on n’ajoutait de la chaux. Trop souvent, faute d’expérience, au lieu de restaurer les cuves de cette nature par une addition de cette base, on les a vidées pour les remonter.
- On reconnaît l’état neutre ou acide d’une cuve à plusieurs caractères : d’abord le fond rouge du tissu est fortement dégradé ; ensuite le chlore, en se dégageant du point même où il
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- genres dérives de la garance
- ÿ a de l’acide sans rencontrer de base , s’infiltre le long du tissu et y produit une zone blanche qui en expirant engendre des figures que l’on p'ourrait comparer à autant de petites comètes.
- Ces coulages ou décolorations sur le bord des points imprimés peuvent encore provenir de ce que l’ouvrier ayant fourni trop d’acide à l’impression , le chlore qui se dégage en grande abondance sur les parties imprimées n’est point assez promptement saturé.
- On ne peut traiter de la même manière tous les dessins du genre qui nous occupe ; les uns réclament plus de précautions que les autres , et, en général, quand il est question de passer en cuve un tissu recouvert d’un corps capable de se liquéfier, la liqueur delà cuve doit être d’autant plus concentrée que le dessin est plus délicat. En imprégnant les pièces d’une solution légère de carbonate sodique avant 1 impression, on prévient jusqu’à un certain point divers accidents qui peuvent arriver sans cette précaution ; le chlorure calcique est décomposé par le carbonate sodique, et il se produit à la surface même de
- || J, Fond rouge turc impression blanc enlevage à la cuve décolorante.
- MiPl
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- 2Z|0 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- l’étoffe une couche de carbonate calcique qui le met à l’abri de l’action des bulles de gaz qui s’échappent et glissent le long de la fibre. A la suite de ces opérations les toiles se trouvent dans letat de l’échantillon 112.
- On fait des enlevages non seulement sur les fonds unis rouge turc, mais sur les fonds roses où sont produits des impressions fin rouge.
- 626. Fouit blanc impression Violet OU hlciS. On fait ce genre d’impression au rouleau , à la machine à un ou deux cylindres , à la perrotine et à la planche; quant à la base de la couleur, le mordant est le même dans les deux cas : c’est toujours du pyrolignite de fer plus ou moins épuré, qui est employé tantôt seul, tantôt mélangé de préparations arsenicales ou cuivreuses, selon que l’on veut produire telle ou telle nuance. On épaissit indistinctement ce mordant à la gomme, à l'amidon ou à l’amidon grillé. C’est une erreur de croire avec quelques fabricants que le premier de ces épaississants donne seul des nuances pures; l’expérience a suffisamment démontré le contraire.
- Nous diviserons les mordants violets en trois séries :
- Les mordants violets qui ont pour base la lessive arsenicale, composé triple de chaux, d’oxide cuivrique et d’acide arsénieux ;
- Les mordants violets qui ont pour base l’acide arsénieux;
- Les mordants violets qui ont pour base des proportions variables d’oxide ferreux ;
- Enfin , les violets au pyrolignite ferreux seul.
- § 627. MORDANTS VIOLETS AYANT POUR BASE LA LESSIVE ARSENICALE.
- Lessive arsenicale.
- Dans 1,000 litres d’eau on délaie à froid :
- 80 kil. de chaux hydratée avec soin; après avoir bien agité le tout on l’abandonne au repos, et dans '100 lit. liqueur claire obtenue par décantation on fait dissoudre à chaud :
- 1k,360 sulfate cuivrique, l\360 acide arsénieux.
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- GENRES DÉRIVÉ* DE LA GARANCE. 2/| l
- Violet N" 1.
- A 100 litres acétate ferreux à 8°AB on ajoute :
- IG1,5 décoction de campéche, à 250 gram. par litre,
- 211,8 lessive arsenicale ; J’on épaissit suivant les besoins,
- 7 'iolet N° 2.
- A 100 litres acétate ferreux à 8° AB on ajoute :
- 181,20 décoction de campéche,
- 27l,27 lessive arsenicale ; l’on épaissit suivant les besoins. Violet N° 3.
- A 75 litres lessive arsenicale on ajoute :
- tik,25 acide acétique du commerce, et l’on fait ensuite dissoudre à chaud dans ce mélange :
- 0k,318 sulfate cuivrique,
- 85k,5 gomme Sénégal grossièrement pulvérisée. Lorsque la solution est refroidie, on ajoute :
- 100 lit. acétate ferreux à 8° AB,
- 15 lit. décoction de campéche, à 250 gr. par litre.
- Violet N° h.
- A 150 litres lessive arsenicale on ajoute :
- 8k,3i0 acide acétique du commerce, et l’on fait dissoudre à chaud dans ce mélange :
- 0k,416 sulfate cuivrique,
- 130 kil. gomme arabique grossièrement pulvérisée. Quand la solution est opérée et la liqueur refroidie , on y ajoute : 100 lit. acétate ferreux à 8” AB,
- 26i,6 décoction de campéche, à 250 gr. par litre.
- Violet N° 5.
- A 200 litres lessive arsenicale on ajoute :
- I 0 kil. acide acétique , et l’on fait dissoudre a chaud dans ce mélange :j 0^,500 sulfate cuivrique,
- 175 kil. gomme arabique grossièrement pulvérisée. Quand la solution est opérée et la liqueur refroidie, on y ajoute : 100 lit. acétate ferreux à 8° AB,
- 40 lit. décoction de campéche, à 250 gr. par litre.
- 46
- ni.
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- 2/|2 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- § 628. MORDANTS VIOLETS A l’ACIDE ARSENIEUX POUR L’iMPRESSlON AU ROULEAU.
- Violet N° 1.
- A h lit. vinaigre gommé, à 500 gr. par litre, on mélange : 2 litres vinaigre,
- O1,800 décoction de campêche, à 150gr. par litre,
- 0^760 rouille arsenical, C N° '1, § 578.
- N° 2.
- A h lit. vinaigre gommé, à 560 gr. par litre, on mélange : 7^640 vinaigre,
- 0^470 décoction de campêche, à 150 gr. par litre,
- 0^820 rouille arsenical, GN° 1, §578.
- Nu 3.
- A h lit. vinaigre gommé, à 560 gr. par litre, on mélange ; 0l,900 vinaigre,
- 0l,670 décoction de campêche, à 150 gr. par litre,
- 1l,120 rouille arsenical, G N" 1, §578.
- N° k.
- A h lit. vinaigre gommé , à 500 gr. par litre, on mélange : 1 litre vinaigre,
- O1,670 décoction de campêche, à 150 gr. par litre,
- 1l,200 rouille arsenical, C N” 1, § 578.
- N° 5.
- A h litres vinaigre gommé, à 560 gr. par litre, on mélange : O1,550 vinaigre,
- O1,670 décoction de campêche, à 150 gr. par litre,
- 1*,520 rouille arsenical, C N° 1, § 578.
- § 629. VIOLETS A l’acide ARSÉNIEUX POUR LA PLANCHE.
- N° 1.
- A 10 lit. eau d’amidon grillé, à 500 gr. par litre, on ajoute : O1,335 rouille arsenical C N° 1, § 578.
- N° 2.
- A 10 lit. eau d’amidon grillé, à 500 gr. par litre, on ajoute : O1,450 rouille arsenical GN° 1, § 578.
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
- 243
- N° 3.
- A 10 lit. eau cl’amidon grillé, à 500 gr. par litre, on ajoute :
- 0 ,650 rouille arsenical CN° 1, § 578.
- N" 4.
- A 10 lit. eau d’amidon grillé, à 500 gr. par litre, on ajoute : 0^750 rouille arsenical C N° \, § 578.
- § 630. MORDANTS NOIRS POUR LE ROULEAU.
- A 4 litres pyrolignite de fer à 14° AB, on ajoute :
- 2',66 eau de gomme à 600 gr. par litre,
- 01,89 décoction de campêche.
- A 10 litres pyrolignite à 12° AB, on ajoute :
- 5 litres vinaigre, et l’on épaissit le tout avec 1k,400 amidon.
- § 631. MORDANTS NOIRS POUR LA PLANCHE.
- A 5 lit. pyrolignite ferreux à 14°, on ajoute :
- 5 lit. eau dans laquelle on fait dissoudre :
- 0k,120 acétate cuivrique cristallisé, et l’on épaissit avec :
- 4k,500 amidon.
- Ou bien encore on prend :
- 5 lit. pyrolignite ferreux , à 14°, qu’on épaissit avec :
- 5 lit. eau de gomme à 650 gr. par litre,
- 3k,350 terre de pipe.
- § 632. VIOLETS AU PYROLIGNITE FERREUX QUI SONT FIXÉS A LA BOUSE DE VACHE.
- Mordants violets A.
- A 10 litres pyrolignite ferreux à 14 ou 15° AB, on ajoute :
- 1 40 lit. acide pyroligneux,
- 400 lit. d’eau dans laquelle on a fait dissoudre 15 kil. sulfate cuivrique.
- Violet N° 1.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute .
- 2',850 d’eau de gomme renfermant \ kil. de gomme par litre d’eau,
- 0l,700 décoction de campêche, à 250 gr. par litre.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Violet N° 2.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 91,350 d’eau de gomme à 1 kil. par litre,
- 1 ',670 décoction de campêche, à 250 gr. par litre
- Violet N° 3.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 12 lit. d’eau de gomme à I kil. par litre,
- 2 lit. décoction de campêche, à 250 gr. par litre.
- Violet N° h.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- I71,500 eau de gomme.
- Violet N° 5.
- A 10 litres mordant violet Aon ajoute :
- 22', 50 eau de gomme, à I kil. par litre.
- Violet N° 6.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 33 lit. d’eau de gomme.
- Violet N° 7.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 40 lit. d’eau de gomme.
- VIOLETS A l’amidon GRILLE.
- Violet N° 1.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 4 lit. solution d’amidon grillé à 750 gr. par litre.
- Violet N° 2.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 5 lit. solution d’amidon grillé à 750 gr. par litre.
- Violet N° 3.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- I3',5 solution d’amidon grillé, à 750 gr. par litre.
- Violet N° !\.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 20 lit. solution d’amidon grillé.
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
- *2/j 5
- Violet Na h.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 30 lit. solution d’amidon grillé.
- Violet Nu 5.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute •
- 40 lit. solution d’amidon grillé.
- VIOLETS A l’amidon.
- N° 1.
- On épaissit 10 litres mordant violet A avec : l\M0 amidon.
- N° 2.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 5 lit. d’eau, et l’on épaissit le tout avec 'lk,680 amidon.
- Nü 3.
- A 10 litres mordant violet A on ajoute :
- 20 lit. d’eau , et l’on épaissit le tout avec 3k,360 amidon.
- N» h.
- A 10 litres mordant A on ajoute :
- 40 lit. d’eau, et l’on épaissit le tout avec 5k,600 amidon.
- On ajoute ordinairement à ces violets à l’amidon :
- 30 gr. d’huile tournante préalablement délayée dans 5 gr. d’essence de térébenthine.
- §633. NOIR ET VIOLETS AU PYROLIGNITE FERREUX QUI SONT FIXÉS A lÉARSÉNIATE.
- Noir à T amidon.
- A 10 litres pyrolignite ferreux on mélange \ 0 lit. eau ; on épaissit avec 2k,5 amidon,
- 4k,250 farine, et l’on incorpore au tout 0k,62i> huile tournante.
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- 2/l(i DE LA FABRICATION F.N PARTICULIER.
- Violet fonce presque noir N" 1.
- A 10 litres d’eau on ajoute :
- S^S pyrolignite ferreux brut à 14° AB,
- 1 !, 6 60 décoction de campêche, à 500 gr. par litre ; on épaissit
- le tout avec
- 2k,900 farine.
- Violet fonce N° 2.
- A 10 litres d’eau on ajoute :
- 2 lit. pyrolignite ferreux brut à \ 4° AB,
- 2 lit. décoction de campêche, à 500 gr. par litre, etl’on épaissit avec :
- 2k,350 farine.
- Quand on veut des violets plus clairs, on ajoute à 100 litres eau colorée par des quantités de décoctions de campêche, qui varient depuis un cinquième jusqu’à un septième de l’eau employée, des volumes de pyrolignite ferreux qui sont de :
- 2*, 5 pour les nuances les plus faibles , et de
- 41,5 pour celles qui le sont moins.
- Mais ces rapports changent encore avec la gravure. En prenant le litre d’eau colorée pour unité , on pourrait exprimer par des nombres la quantité de pyrolignite ferreux que renfermeraient cent parties de cette dissolution : ainsi on aurait :
- Le violet ou lilas n° 6, qui indiquerait qu’elle renferme 6 p. 0/0 de pyrolignite.
- Violet ou lilas n° 9 , qui indiquerait qu’elle renferme 9 p. 0/0 de pyrolignite.
- On est généralement assez d’accord sur la nécessité de laisser reposer les impressions violettes ou lilas pendant un certain temps, pour donner au ferle temps de s’oxider. Voyez ce qui a été dit à ce sujet § h77..
- Le bousage ne se fait pas partout de la même manière : il est des fabricants qui se servent exclusivement de bouse, d’autres de sel à bouser ; d’autres enfin , comme MM. Hauss-mann , qui ont fait de très beaux violets, d’arséniate calcico-potassique. On n’est pas non plus d’accord sur le degré de
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- GENRES DERIVES DE LA GARANCE. 2A7
- température auquel il convient de porter en dernier lieu le bain de teinture , et l’on diffère aussi dans le mode d’avivage. C’est ce qui ressortira de l’exposé que nous allons faire de quelques uns de ces procédés en particulier , en commençant par les impressions au rouleau simple.
- § 63k- Violets et lilas au rouleau à une couleur. C’est la maison Kœchlin frères qui a été une des premières à produire ce genre avec des nuances presque aussi pures que de nos jours. Peu après, la maison Gros - Davilliers, de Wesserling, et M. Hartmann. de Munster, rivalisèrent avec cette première maison, et ensuite la maison Bovet et compagnie, de Neuchâtel en Suisse, dont on admirait beaucoup les impressions doubles violets au rouleau ; enfin se signalèrent aussi dans cette partie MM. Yerdan, père et fils, des Isles près Neuchâtel, Haussmann en Alsace , et surtout Thomas Hoyleen Angleterre.
- L’essentiel dans la fabrication des violets est d’imprimer le mordant au degré de force réclamé par la nuance , et de le bien saturer au garançage : autrement la couleur prend toujours une teinte brunâtre. On ne doit pas oublier que la nuance des violets doit atteindre sa beauté et son éclat durant le garançage, et que les opérations ultérieures n’ont d’autre but que de blanchir le fond et de fixer la matière colorante.
- Procédé de MM. Louis Verdan. Le mordant dont ils se servaient était la lessive arsenicale , § 627 , à laquelle ils ajoutaient des proportions variables de pyrolignite ferreux marquant 12° AB , mais qu’ils n’employaient qu après l’avoir préalablement abandonnée à elle-même durant un certain temps, pour que la plus grande partie du goudron se déposât, et que le 1er passât en partie à l’état d’oxide ferroso-ferrique. Quand le pyrolignite était trop vieux, ils le mélangeaient d une certaine quantité de pyrolignite récent pour le ramener au degré convenable, c’est-à-dire à 7 ou 8°. Une longue expérience avait prouvé à ces fabricants qu’au point de vue de la beauté de la nuance, on pouvait parfaitement se passer de la prépara-
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- 2/]8 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- tion arsenicale, mais qu’alors les accidents étaient beaucoup plus fréquents , et, en un mot, la fabrication moins régulière. Ils introduisaient aussi dans leur mordant des proportions variables de sulfate cuivrique dans le but de donner plus de fixité à la couleur; celui qu’ils employaient était le mordant violet n° 3, 4 ou 5, p. 241 et 242.
- 113. Mordant violet imprimé au rouleau.
- dans lequel la gomme était remplacée par une proportion convenable d’amidon grillé qui variait avec la saison, § 524, p. 423.
- L’échant. 113 représente un mordant de cette espèce qu’on a imprimé sur calicot, à une très forte pression pour le faire pénétrer dans l’étoffe , et à une haute température , parce que l’expérience a prouvé que si le mordant n’était pas saisi, il y aurait des inégalités dans l’oxidation et partant dans la couleur.
- Après l’impression, on abandonnait les pièces au repos dans un air humide pendant deux ou trois jours , puis on les passait dans un bain de bouse faible à la température de 75°, en y ajoutant un peu de craie, quand on n’employait pas d’eau calcaire. Au sortir de ce bain , on les foulait avec soin dans les roues à laver, § 445. Une fois desséchées, elles étaient dans l’état ci-après , échant. 114.
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- ± f.4 • Mordant violet imprimé et fixé ai la bouse.
- Teinture. On employait, lorsqu’il s’agissait de dessins légers, 50 kil. garance rosée d’Avignon pour 1,000 mètres de toile grande largeur, et 66 à 72 kil. pour les dessins couverts. On teignait en une seule fois dans l’espace de trois heures, en élevant graduellement la température de 22 à 65° pour les violets et lilas tendres, de 22 à 75° pour les violets foncés. Au sortir de la teinture, on rinçait et dégorgeait, et les pièces se présentaient dans l’état ci-après , échant. 115.
- 115. Mordant violet fixé et teint en garance.
- Cet échantillon est d’une couleur foncée et nourrie, mais snli par le bain.
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- DE DA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Avivage. On faisait passer directement les pièces durant quelques minutes dans un bain chauffé à 50°, qui renfermait une très faible quantité de chlorure de chaux, mais qu’on remplaçait avec avantage par une solution de chlorure de soude , qu’on obtenait en ajoutant à une dissolution de chlorure de chaux la quantité de carbonate sodique nécessaire pour en précipiter toute la chaux.
- 116. Violet teint et passé en chlorure de chaux.
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- C’était à l’opérateur à déterminer la durée de cette opération, qui, poussée trop loin , dégradait le violet, et dans le cas contraire nécessitait des passages au savon non moins préjudiciables. Onpeut voir par l’échant. 116, qu’en sortant du chlore, le blanc du fond est déjà dépouillé et la nuance plus pure, mais affaiblie.
- On serait arrivé plus sûrement au but en imprégnant les pièces d’une solution de chlorure de chaux assez affaiblie pour qu’il fût pour ainsi dire impossible d’en déterminer le titre, et en les abandonnant alors à elles-mêmes pendant quelques heures ; le chlore, par son action, en aurait blanchi peu à peu le fondjsans fatiguer la couleur.
- Après le traitement par le chlorure, on passait les pièces en savon durant une heure, en commençant l’opération à la température de 30° pour le terminer au point voisin de l’ébullition. On employait h kil. de savon pour 1,000 mètres d’étoffe, et
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. 251
- celle-ci, après sa dessiccation, se trouvait dans l’état de l’échantillon 117.
- 111?. Violet passé en clilorc et une fois en savon.
- Ce premier bain en savon était suivi d’un autre tout semblable ; mais l’expérience ayant démontré à MM. Yerdan .qu’on pouvait sans inconvénient passer dans le résidu de ce second bain les pièces qui sortaient du garançage, ce n’était en définitive que Zi kil. de savon qu’ils dépensaient pour ces deux passages, après lesquels les toiles se présentaient dans l’état de l’échant. 118.
- 11$, Violet passé en chlore et deux fois en savon.
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- MM
- 252 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Le blanc du fond de cet échantillon est pur, mais le violet n’a point encore la teinte bleutée qu’il doit avoir; pour la lui donner, on passait en chaudière close , en ajoutant à la quantité d’eau nécessaire pour immerger 1,000 mètres de toile, 0k,50 carbonate sodique et lk,50 savon. En faisant bouillir le tout durant deux à trois heures sous une pression de 2 à 3 atmosphères , on amenait les pièces à l’état de Léchant-. 119.
- 11». Violet passé en chlore et qui a revu deux passages en savon et un avivage à la chaudière close.
- Si la nuance de cet échantillon est un peu fatiguée , c’est que la quantité de garance employée pour la teinture ayant été
- 1 %». Violet de même fabrication , mais avec un mordant plus fort.
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- U EN K ES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
- 253
- trop considérable , et la température du bain de garance portée trop loin, on n’a pu obtenir un blanc parfait qu’en faisant agir énergiquement le savon.
- Les échant. 35 et 36 , et bêchant. 120, sont le résultat d’une même fabrication. La différence qu’ils présentent, comparée au précédent, provient de ce que la teinture n’ayant pas été poussée aussi loin , on n’a pas eu besoin d’un avivage aussi énergique, toujours fatigant pour la couleur.
- Voici un autre procédé qui a beaucoup d’analogie avec celui que nous venons d’exposer. Les pièces , après avoir été imprimées de l’un ou l’autre des mordants qui ont pour base la lessive arsenicale, sont : •
- 1° Bousées à 60 ou 70°;
- 2° Nettoyées et dégorgées ;
- 3” Teintes en 2 heures 1 /2 ou 3 heures dans un bain d’une température de 30 à 33° durant la première heure,
- 35 à 45° durant la deuxième,
- 43 à 30° durant la troisième;
- 4° Tassées en chlorure de chaux très faible à la tempérât, de 60° ;
- 3° Rincées et pendues à l’eau courante durant un certain temps;
- 6° Passées durant 30 à 60 minutes dans un Bain de savon forme de 170 à 230 gram. par pièce, et dont on corrige l’eau lorsqu’elle est calcaire en y introduisant 123 à 130 gram. carbonate sodique ;
- 7° Exposées sur le pré si le temps le permet;
- 8° Passées à 63° dans une dissolution de carbonate sodique faible.
- Le procédé suivant diffère des précédents en ce qui a rapport aux avivages.
- Lorsqu’un mordant d’une des trois séries, §§ 627, G28, 632, a été imprimé, on laisse les pièces pendant au moins trois jours un repos dans un endroit humide, à la température de 15 à 20 ’, puis on leur donne :
- 1° Un premier bousage à la cuve carrée, et l’on dégorge durant 13 minutes ;
- 2° Un second bousage à la cuve à teindre, § 539, et l’on dégorge durant 15 minutes;
- 3° Une teinture en garance en une seule fois, excepte dans le
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- UE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
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- cas où la nature du dessin exige une grande quantité de I matière colorante, parce qu’alors il faut ou réduire le nombre des pièces ou faire la teinture en deux fois, en partageant la garance. Cette teinture doit avoir lieu en 3 heures à une température
- De 40 à 55° durant la première heure,
- 55 à 65° durant la deuxième,
- 65° à l’ébullition durant la troisième;
- 4" Un dégorgeage et un nettoyage ;
- 5° Un passage dans un bain froid de chlorure de chaux, composé de \ 0 litres chlorure de chaux à 8°pour 3,500 à 4,000 litres I d’eau. Au bout d’une \ /2 heure on sort les pièces et on les rince avec soin ; le temps qu’elles passent dans ce bain ne , peut être rigoureusement déterminé que par l’opérateur;
- (i° Un passage de 40 à 50 minutes, à la température de 45°, dans un autre bain contenant 1k,50 savon, et l’on dégorge et rince avec soin à la sortie de ce bain, pour assurer à l’opération qui suit toute son efficacité ;
- 7“ Un passage à froid en acide sulfurique faible dans une cuve du j genre de celles qu’on emploie pour la teinture, mais dont on enlève les cloisons b, b, § 539, pour pouvoir placer l’étoffe au large sur le tourniquet au lieu de la laisser en j boyaux j ainsi qu’on le fait pour le garançage.
- La quantité d’acide sulfurique employée varie de 500 gr. à I 3 kil. pour 3,500 à 4,000 litres d’eau. Les proportions n’en ] peuvent être fixées à l’avance ; elles dépendent en grande partie j du degré de fixité que contracte la couleur, et c’est à celui qui dirige l’opération de les déterminer en saisissant le moment favorable pour retirer les pièces du bain lorsqu’elles ont atteint la nuance désirée. Trop d’empressement empêcherait la couleur de se dépouiller suffisamment, et en rendrait nécessaire un second passage en acide qui la fatiguerait ; au contraire , trop de lenteur | en prolongeant l’action de l’acide conduirait au même résultat. En général, il convient de soustraire les pièces à l’action du bain, lorsque le violet prend une teinte gris bois, et de les exposer quelque temps à l’eau courante ; on dégorge ensuite à deux reprises dans les roues à laver.
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. 255
- 8° Un passage à froid de 15 à 20 minutes dans un bain de chlorure de potasse ou de soude, composé de 10 lit. chlorure de chaux à 8° A B et de 3k,50 carbonate sodique mélangés dans 3,500 à 4,000 lit. d’eau. Le violet y prend de la vivacité si l'opération a été bien conduite.
- Quand on veut travailler avec certitude, il faut s’exercer à trouver la nuance que le violet doit atteindre dans l’acide pour être passé avec avantage en chlorure de soude. A cet effet, on détache un morceau de l’étoffe pendant la septième opération, au moment où l’on doit ressortir les pièces, on le nettoie et on le passe dans un bain de chlorure de potasse ou de soudé, pour juger si le violet y prend la teinte bleutée qu’on a intérêt à réaliser, puis on rince.
- 9° Un passage de 50 à 60 minutes à la température de 70° dans un deuxième bain de savon, composé avec la quantité d’eau nécessaire, de 'lk,5 savon, et 0k,750 carbonate sodique.
- \ 0° Un passage dans un troisième bain semblable au précédent, mais donné à la température de l’ébullition.
- Lorsqu’un second passage en acide est indispensable à la vivacité du violet, on doit l’effectuer à la suite du deuxième traitement en savon, et il va sans dire qu’on y fait succéder un passage à froid en chlorure de potasse ou de soude ; alors on continue les bains savonneux.
- Ce procédé, quels qu’en soient les résultats au point de vue des nuances qu’il fournit, est trop long et trop dispendieux.
- De tous les moyens de produire le violet, le plus remarquable par sa simplicité et par l’économie qu’il présente est celui qui a été appliqué au Logelbach, et que nous devons à M. Pélissier. Le succès de cette fabrication, toutes circonstances égales d’ailleurs, le garançage étant fait dans de bonnes conditions et avec une bonne qualité de garance, tient : 1" au pyrolignite dont on fait usage , et qui doit être préparé avec l’acide pyroligneux brut, et par conséquent saturé de goudron , car dès que MM. Haussmann négligeaient cette précaution , leurs violets perdaient de leur beauté ; 2° à la manière
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- 256 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- de bouser les pièces , car tant que les mêmes fabricants n’ont employé que la bouse, leurs violets n’ont point eu de nuance constante, et le blanc a toujours été plus ou moins chargé : ils bousaient ordinairement, avons-nous dit, avec de l’arséniate calcico-potassique. A cette occasion, M. Pélissier nous a fait connaître des particularités que nous n’avons pas encore eu le temps d’étudier $ selon lui, pour que le bain d’arséniate fût efficace , le bi-arséniate potassique devait être saturé, non par la potasse ou par la soude, mais par la craie, et encore d’une certaine manière. Ainsi, ce fabricant n’opérait cette saturation qu’en présence d’une petite quantité d’eau, par exemple, 20 lit, pour 5 kil. bi-arséniate, et 2k,5 à 3 kil. de craie en poudre, qu’il étendait ensuite à volonté ; les mêmes proportions de ces corps, ajoutées à la masse d’eau nécessaire pour le fixage, produisaient un effet tout différent. On ne peut s’expliquer cette singularité qu’en admettant que, sous l’influence d’une petite quantité d’eau, il se forme dans ce cas un sel double qui se comporte autrement en présence des mordants. Il est du reste à remarquer que, par ce mode de fixage , il se combinait au tissu une très grande' quantité d’oxide : aussi voit-on que les mordants qu’on employait dans la maison Haussmann contiennent généralement moins de fer et plus d’eau que les autres.
- Après l’impression de ces mordants, § 633 , on abandonnait les pièces à elles-mêmes pendant au moins trois jours , puis on les passait :
- 1° Dans la cuve à roulettes qui devait contenir sur Z|,000 litres cl’eau, lk,500 bi-arséniate, qu’on saturait préalablement par la craie, comme nous venons de le dire , en maintenant la température du bain à 75°.
- Après avoir opéré sur 20 pièces, on ajoutait au bain , à la sortie de chacun des autres, une quantité d’arséniate calcico-potassique représentant environ 50 gr. de bi-arséniate. Pour plus de commodité on avait un vase d’une capacité telle qu’en l’emplissant dans le bain d’arséniate saturé et trouble, on avait
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- la quantité voulue de ce sel. On passait 200 pièces dans une cuve ainsi montée avant de la renouveler. Après ce premier fixage on dégorgeait avec soin.
- 2° Une seconde fois, dix par dix, durant dix à quinze minutes, comme s’il s’agissait de les teindre, dans une cuve à cinq compartiments renfermant avec la quantité d’eau nécessaire, chauffée à 50°, environ 100 gr. de bi-arséniate, toujours préalablement saturé par la craie. On entretenait cette nouvelle cuvé avec la même quantité d’arséniate, et l’on pouvait y faire passer une centaine de pièces avant de la renouveler. Les pièces étaient alors nettoyées et dégorgées.
- 3n A la teinture ou g avançage. Cette opération se faisait avec une quantité de garance d’Avignon en quantité qui variait de 2, 3 à l\ kil. ; on y ajoutait toujours une quantité de solution de potasse marquant 8° AB proportionnée à celle de la garance, sur le pied d’environ hO à 50 gr. de dissolution par kilog. de garance.
- Dans le but d’économiser de la matière colorante, MM. Hauss-mann teignaient en deux fois leurs violets : le premier garançage achevé avec la moitié de la garance nécessaire, ils jugeaient approximativement de la proportion qu’ils pouvaient retrancher de la seconde moitié pour atteindre strictement la saturation du mordant; de cette manière , ils ont pu quelquefois gagner 5 à 700 gr. de garance par pièce. La teinture avait lieu, quand elle se faisait en une seule fois, dans l’espace de trois heures > à une température qui montait progressivement jusqu’à 72°, quand elle avait lieu en deux fois,
- Le premier garançage en 2 h. 1/2, à une température qu'on élevait progressivement à 56°,
- Le second garançage en 3 h., à une température qu’on élevait progressivement à 72°.
- Après le garançage, quand les pièces avaient été bien dégorgées , les parties blanches etles nuances en étaient si pures , qu’on pouvait, dans bien des cas, les livrer telles à la, consom-
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- mation, ou qu’on leur donnait tout au plus un léger bain de chlorure de chaux.
- On les avivait ordinairement d’une manière fort simple en les introduisant pendant une heure dans un bain de savon , à raison de lk,50 pour dix pièces, qu’on élevait peu à peu de la la température ordinaire jusqu’à 72°, selon les besoins. Au sortir de ce bain , elles étaient exposées sur le pré durant six à sept jours, ou simplement passées deux par deux durant cinq minutes dans une solution froide de chlorure de soude, puis nettoyées et apprêtées.
- De tous les procédés que nous avons donnés, celui-ci nous paraît le plus avantageux ; outre que les produits qu’on lui doit sont plus réguliers et ne manquent jamais quand on opère sur des toiles parfaitement blanchies , ils sont encore d’une nuance qui ne laisse rien à désirer. En effet, ce passage en bain d’arsé-niate ayant pour résultat de former sur la toile un arséniate ferrique, la teinture se fait par déplacement, et l’on n’est plus exposé à voir l’oxide ferrique arriver à cette modification brune où ses tendances chimiques sont en quelque sorte anéanties et sur laquelle tous les moyens d’avivage sont impuissants. Le pyrolignite ferreux joue d’ailleurs ici un rôle important, en donnant beaucoup plus de stabilité à la nuance par un effet semblable à celui des corps gras sur les couleurs garancées, le rouge turc en tête, qui supportent d’autant mieux le passage en chlorure de chaux qu’elles sont plus saturées de ces corps gras. Nous verrons que les violets obtenus par ce moyen supportent parfaitement les passages en chlorure de chaux sans avoir été savonnés. (Voyez Jaune enlevage sur fond violet à la cuve décolorante , genre aladin.)
- Maintenant pourquoi, tandis que MM. Verdan repoussaient comme nuisible à la fabrication du violet le pyrolignite goudronneux, MM. Haussmann le proclamaient-ils nécessaire à la bonne réussite de cette couleur ? On se rendra compte de cette contradiction si 1 on réfléchit que l’eau, qui est extrêmement
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- calcaire chez MM. Yerdan , est sensiblement pure auLogelbach. Dans la fixation du mordant en présence d’une eau calcaire, il se peut que la chaux forme avec le goudron une combinaison nuisible à la beauté de la nuance , et d’autre part la lessive arsenicale dont MM. Yerdan faisaient usage pouvait aussi, en raison de la-chaux qui lui sert de base, exercer sur le goudron une certaine action.
- Indépendamment de ces traitements affectés à la préparation des violets, il en est d’autres moins importants , dans le détail desquels nous ne croyons pas devoir entrer ; mais il est un mode d’avivage qui mérite d’être signalé , parce qu’on l’applique généralement et avec succès aux violets qui se développent simultanément à côté des rouges.
- Quand les pièces sortent du garançage , on les passe durant une heure à la pression de 4 atmosphères dans un bain de son, § 544, contenu dans la chaudière close; la. nuance en devient très belle : seulement, le blanc en est légèrement sali, et pour le rendre tout-à-fait pur, on plonge le tissu dans un autre bain renfermant une faible proportion de chlorure de soude ; on nettoie alors et l’on dessèche ou l’on donne, comme dans les procédés p. 253-254 , un passage en chlorure de chaux neutralisé par le carbonate potassique. on rince et on dégorge parfaitement , puis on donne un dernier passage dans un bain bouillant, formé de 2 kil. de savon et de 132 gr. dissolution d’étain, § 480 , pour 8 pièces de 40 mètres.
- On voit que dans tous ces procédés d’avivage il y a une oxidation à réaliser, et qu’on y parvient soit par une exposition à l’air qui permet à l’oxigène d’agir directement sur la partie oxidable, soit par un passage en chlorure qui conduit au même but. L’oxigène, dans ces deux cas, agit-il directement ou indirectement sur la matière colorante l telle est la question qu’on peut se poser. Ceux qui admettent que les violets sont le produit de la combinaison d’un oxide de fer bleu avec une matière colorante rouge diront ou qu'une portion de cet oxide
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- bleu n’est point encore complètement formée et que le chlore lui fournit ce qui lui manque , ou bien que cet oxide existe, mais que la matière colorante qui s’y combine, n’étant point saturée d’oxigène, en demande une plus forte proportion. Quelle que soit celle des deux hypothèses que l’on adopte , on a peine à se rendre compte de la stabilité de cet oxide bleu en pareille circonstance.
- Quand on considère la teinture des violets au point de vue où. nous nous sommes placé , on voit qu’une véritable combustion s’opère entre l’oxide ferrique et la matière colorante, et que la formation d’une certaine quantité d’oxide ferreux doit résulter de la réduction du premier par la seconde : or, cet oxide ferreux , base saliliable puissante, forme une combinaison avec la matière colorante non oxidée, et la conséquence de ce fait, c’est quil faut oxider cet oxide lui-même pour le faire passer à l’état d’oxide ferrique qui, cédant à son tour son oxigène à la matière colorante non oxidée , achève de compléter l’oxidation. Ainsi nous comparons la matière colorante de la garance à l’acide gallique, qui, oxidé par des bases réductibles ou par l’air, sous l’influence des bases puissantes, se transforme en un produit coloré. Cependant, quelle que soit la simplicité de cette explication, elle n’est point applicable à tous les phénomènes du garançage, puisque nous nous sommes convaincu par expérience qu’on obtient de très beaux violets de l’emploi du sulfure ferreux. Nous avons, en effet, fréquemment sulfuré de l’oxide ferrique qui se trouvait sur la toile par du sulfure arn-monique, et en plongeant le tissu dans un bain de garance avant qu’il eut subi le contact de l’air, nous avons réalisé des lilas tendres d’une grande beauté. Il y a donc lieu de conclure , ou que durant le garançage il se passe un phénomène d’oxida-tion, ou que, comme avec l’acide gallique, le fer devient partie constituante de la laque.
- Un mot encore sur les violets et les lilas : on les obtiendrait plus promptement en imprimant directement un sel ferrique
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- (sulfate saturé) qu’on fixerait immédiatement à l’arséniate ou encore par le vaporisage dans une atmosphère saturée d’acétate ammonique, ou bien en imprimant le phosphate ferrico-sodique alcalin et séché ; l’un et l’autre de ces mordants satisferaient dans plusieurs cas à tous les besoins du fabricant.
- On imprime à la planche, à la perrotine et au rouleau, par les mêmes procédés que ceux que nous venons d’indiquer, des violets et des lilas sur une foule d’étoffes, sur les calicots les plus grossiers comme sur les plus fines mousselines et balzo-rines ; c’est particulièrement sur ces dernières que cette nuance, quand elle est un peu rose, ressort avec éclat. Nous avons dans ce genre des échantillons qui, vus à une certaine distance, se confondent pour le brillant avec des étoffes de soie.
- § 635. Violets et lilas à 'plusieurs nuances On exécute ce genre de plus d’une manière : tantôt, quand on opère avec la machine à une seule couleur, on applique successivement les mordants , et dans ce cas il n’y a pas de rapport exact possible entre les diverses impressions qui se suivent ; tantôt on applique les couleurs à la machine à deux ou plusieurs rouleaux, et les rapports sont alors possibles, mais l’impression réclame une attention plus particulière.
- Quand on n’a à sa disposition qu’une machine à une seule couleur , on est sans doute très limité dans le choix des dessins à réaliser ; cependant, à défaut de sujets composés, on imprime avec succès des lignes transversales et longitudinales qui se coupent perpendiculairement, ou un sujet détaché sur un fond sablé ou sur de petits ramages vermicelles aussi uniformes que possible, attendu que l’objet ne peut prendre sur le tissu une position déterminée. MM. Verdan , qui n’avaient à leur disposition qu’une machine à une seule couleur, employaient pour leurs impressions des gravures dont le sujet réalisait plusieurs effets de nuance. (Voyez éch. 35, 36.)
- On ne fait usage de la machine à deux rouleaux que dans les cas obligés; quand on s’en sert, il faut être attentif à ce
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- que le drap et la pièce soient parfaitement tendus : autrement il est difficile que les sujets se rapportent et que l’impression soit nette. Il faut aussi que les diamètres des cylindres soient le plus semblables possible, parce qu’il est bien démontré que les efforts que l’on fait pour corriger des défauts occasionnés par une différence à cet égard sont tout-à-fait impuissants.
- § 636. Fonds blancs avec Impression violet et blcinc O'ésevve ou enlevage. Comme dans ce genre de fabrication la marche est la même , qu’on applique des dessins plus ou moins légers, ou qu’on recouvre uniformément le tissu, soit au cylindre par un mille-points, soit à la machine à matter , nous ne diviserons pas ce que nous avons à en dire.
- Nous mettons sous les yeux du lecteur un échant., 121, de ce qui se fait de mieux dans cette fabrication ; il vient de la maison Thomas Hoyle et sons de Manchester, et nous le devons à l’obligeance de M. Graham, chimiste attaché à cet important établissement.
- I‘41, Double violet, impression blanc réserve.
- Cet échantillon a pu se faire de plusieurs manières, mais dans tous les cas le noir et le violet foncé qui s’encadrent exactement dans le blanc ont été rentrés en même temps.
- On a pu matter à un seul rouleau le fond avec carreaux, ou
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- on l’a fait en deux fois, puis , après avoir dégorgé les pièces, imprimer à la machine à deux couleurs :
- 1° Le blanc enlevage sur mordant fond violet faisant réserve sous noir,
- 2° Le noir ou violet foncé qui est encadré dans le blanc ; ou bien on a commencé l’exécution en imprimant, à la machine à deux ou trois couleurs :
- '1° Un blanc réserve sous violet et noir (jus de citron ou citrate potassique n" 8 et 9, § 618 ),
- 2° Le violet foncé ou noir qui s’encadre avec le blanc,
- 3° Par dessus le fond quadrillé rayures lilas moyen.
- Ce dessin pourrait encore s’exécuter en partie à la perrotine, en partie au rouleau; on imprimerait :
- -10 Le blanc réserve,
- 2° Le violet foncé ou noir et par dessus à un ou plusieurs rouleaux le fond violet moyen et lilas joncé.
- L’impression terminée, on a procédé au bousage et à la teinture. On a dû faire le bousage avec le sel à bouser, § 51, et une certaine quantité de gélatine, dans le but de ne pas charger les parties blanches, attendu que c’est en purifiant celles-ci qu’on fatigue et altère la nuance des violets. Cette nuance, nous l’avons déjà dit, se développe entièrement durant la teinture ; elle n’est jamais ternie que par les impuretés qui la recouvrent ainsi que le fond.
- Quant à la teinture et aux avivages, ils ne doivent rien présenter de particulier, si ce n’est que les passages en savon se donnent à une haute température, et que le carbonate sodique qu’on mélange au savon dans la chaudière close est remplacé par du nitrate potassique.
- Il se vend en France, sous les dénominations de zébrines, parisiennes, mouchoirs violets, des articles classiques à fond violet moyen, impression noir avec ou sans blanc enlevage, que MM. Kœchlin frères, Robert, de Thann, etHaussmann, ont
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- particulièrement exécutés avec succès. Le fond en est réalisé tantôt à la machine à foularder, et les deux faces sont alors recouvertes de couleur, tantôt à l’aide d’un rouleau mille-points, et en conséquence la toile n’est mordancée et teinte que d’un côté seulement. L’échant. 122 donne une idée de ce genre de fabri-
- Fond violet moyen, impression noir (zebrine).
- cation. On y remplace quelquefois le noir bon teint par du noir d’application, qui réduit considérablement les frais de cette fabrication.
- Pour imprimer les parisiennes (Haussmann), on foularde les pièces dans un mordant violet pour fond, p. 247, contenant 4 p. 100 pyrolignite ferreux. Quand elles sortent delachambre chaude, on les passe à la cuve carrée, § 539, fig. 139-140, remplie d’eau chaude, pour les dégommer, puis on les rince, on les dessèche et l’on imprime à la machine à deux couleurs :
- 1° Le blanc enlevage sur fond violet moyen qui fait réserve sous noir n° 7,
- 2° Le noir qui contourne le blanc.
- On suspend les pièces à l’air durant un jour et à l’abri de la lumière; car l’acide oxalique que renferme le blanc pourrait, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer § 474, p. 162, céder de nouveau sa base au tissu ; on les passe ensuite dans un lait de
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- craie et on les met immédiatement à l’eau courante ; quand elles ont été rincées et dégorgées, on les teint en deux fois avec 5k,550 de garance par pièce,
- La première fois en 2 h. \/2, en portant la température à 60°, La seconde en 3 h., en portant la température à 80°.
- La teinture se fait toujours avec une certaine quantité de craie à laquelle on ajoute un peu de colle pour que le blanc, ordinairement peu considérable dans ces genres de dessins, ne s’altère pas ; et après un passage en son donné à l’ébullition, on dessèche, on apprête et on livre à la consommation.
- Les mouchoirs violets se font de la même manière, si ce n’est qu’on imprime à la main les mordants et le blanc enlevage et réserve.
- Il est des fabricants qui, employant pour ces deux fabrications [parisiennes et mouchoirs violets) le même traitement que pour les violets et lilas, soumettent l’étoffe :
- \ ° Au chlorure de chaux ,
- 2° Au savon de 80° à l’ébullition ,
- 3° A l'acide sulfurique,
- 4° A un bain de chlorure de potasse,
- 5° A un bain de savon ;
- et comme le noir est fortement attaqué, on le rétablit au moyen d’un peu de sumac qu’on introduit dans le bain de savon par lequel se termine l’opération de l’avivage.
- § 637. Violets à la main. Nous ne dirons rien à présent des violets à la main et à la perrotine, qu’on teint et avive de la même manière, mais avec des mordants généralement plus forts, et épaissis à l’amidon et à la farine.
- 638. Fonds blancs, Impression 7'OSe st rouge garantes (impression en taille-douce). Avant l’introduction de la gravure en taille-douce dans l’impression des tissus, le rouge se voyait rarement seul sur une étoffe 5 mais, du moment où la planche plate fut employée, la rentrure des couleurs auxquelles on l’associait ordinairement devint si difficile qu’on y renonça presque entièrement pour s’attacher à réaliser de grands des-
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- gins rouges sur fond blanc [en camaïeux). Qui n’a pas admiré les charmants groupes de fruits et de fleurs, et même les scènes de la vie domestique, imprimés en fin rouge sur tissu , à la planche plate, avec tantde délicatesse et de perfection, en Angleterre, en Suisse et en France? Toutefois ce genre d’impression, vu la spécialité de sa destination (meubles), ne pouvait prendre et ne prit pas , en effet, une grande extension mêmelorsque l’introduction du rouleau vint le modifier, attendu qu’on ne connaissait d’autre procédé pour aviver le rouge que d’exposer sur le pré, après les avoir passées en savon, les pièces qui en étaient chargées, procédé beaucoup trop lent et peu en harmonie avec le puissant levier de production qu’offraient les machines à impression continue. Si les fonds blancs impression violet eurent un meilleur sort, c’est que l’avivage en était plus facile et plus prompt. Mais quand on eut découvert un moyen aussi expéditif que parfait de donner aux rouges, et surtout aux roses , une vivacité et un éclat qu’on ne leur connaissait point auparavant, cette fabrication prit un essor inouï. Qu’avait-il donc fallu pour produire une semblable révolution dans l’art de teindre et d’aviver les roses sur toile? tout simplement faire intervenir à propos dans l’avivage un acide , ou plutôt la composition d’étain employée pour tantd’autres couleurs, et dont J.-M. Haussmann s’était lui-même servi pour imiter le rouge turc huilé. Mais qui eut le premier cette heureuse idée et la mit en pratique? D’après des renseignements dont nous pouvons garantir l’authenticité, ce serait un nommé H. Baumgartner de Mulhouse, alors contre-maître chez MM. Robert Roulet à Thann , qui aurait découvert, de 1822 à 1823, et vendu ce procédé à tous les fabricants d’Alsace. Cependant, dès 1809, l’établissement deWesserlingproduisait des roses qui jouissaient, tant en France qu’à l’étranger, d’une réputation méritée ; et, plus tard , la maison Hartmann, de Munster, imprima un autre rose non moins estimé, ce qui nous semble démontrer jusqu’à l’évidence qu’avant la découverte de Baumgartner, ces fabricants avaient su mettre à profit
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- deux observations de J.-M. Haussmann, savoir : que les nuances teintes à une basse température sont toujours plus pures, et qu’avivé à l’ébullition , sous l’influence d’une forte pression . le rouge ordinaire devient à la fois plus stable et plus vif, § 543.
- ( Voyez l'ouvrage déjà cité.)
- Les mordants pour rouge et rose sont des préparations aluminiques , dont la base est tantôt à l’état d’acétate ou de pyrolignite , tantôt à celui d’aluminate potassique ; d’où la dénomination de rose à l'aluminate.Yoici la composition des préparations de ce genre les plus usitées .
- § 639. ROUGES A LA PLANCHE.
- Fin rouge a N" 1.
- On*épaissit 10 litres mordant rouge D avec :
- 1k,60 amidon.
- Fin rouge b N° 2.
- A 10 litres mordant rouge B on ajoute :
- 3 lit. bain de Brésil,
- 0k,360 acétate cuivrique, et l’on épaissit avec 1k,820 amidon.
- Deuxième rouge N" 3.
- A 10 litres mordant rouge D on ajoute :
- 1 0 lit. eau colorée,
- 3k,200 amidon.
- Troisième ou 'petit rouge à la gomme N° h.
- A 10 litres mordant rouge D on ajoute
- 25 lit. eau colorée en jaune,
- 15 lit. eau .de gomme arabique, à raison de 750 gr. par litre.
- Quatrième ou petit rouge a l amidon N° 5.
- A 10 litres mordant rouge D on ajoute :
- 60 lit. eau colorée en jaune , et l’on épaissit avec 7k,840 amidon.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Fin ronge faible N° 6.
- A 10 litres mordant D on ajoute :
- 41,250 décoction de campêclie,
- 4 9^7 eau, et l’on épaissit avec 3k,750 amidon.
- Petit rouge à la farine N° 7.
- A 10 litres mordant D on ajoute :
- 5 lit. décoction de fernambouc,
- 4 15 lit. eau, et l’on épaissit avec 15 kil. farine.
- Rouge N° 8.
- A 10 litres mordant G on ajoute :
- 11 lit. décoction graine de Perse à 4° dB,
- 20.2 eau de gomme à 650 gr. par litre ,
- 0k,900 chlorure zincique à 55° AB.
- Rouge N° 9.
- A 10 litres mordant G on ajoute :
- 81,68 eau,
- 0,70 décoction de graine de Perse, à 4 60 gr. par litre ,
- 4 7 lit. eau dégommé, à 650 gr. par litre.
- Rouge N° 10.
- A 10 litres mordant D on ajoute :
- O1, *2 infusion de fernambouc à 2* AB, on épaissit le tout avec 4k,50 amidon ; on y ajoute ensuite 0k,i0 chlorure zincique à 55MB.
- Rouge N° 11.
- A 10 litres mordant D on ajoute :
- 31.3 40 décoction de sapan ; on épaissit avec 4 k,900 amidon , et l’ôn ajoute à froid 0k,290 nitrate zincique.
- Fin rouge N° 12.
- A 10 litres mordant D on ajoute :
- O1,85 décoction de fernambouc, à 4 kil. par litre,
- 2 lit. eau, dans laquelle on a fait dissoudre
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- GENRES DÉRIVÉS 1)E LA GARANCE.
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- 0k.284 acétate cuivrique; on épaissit avec 2k,275 amidon,
- 1k, 175 amidon grillé, et l’on incorpore au tout 0k,284 huile tournante.
- Rouge clair Nu 13.
- A 6kil. eau d’amidon à 250 gr. par litre, on mélange:
- 0l,8810 mordant rouge G,
- O1,046 décoction de fernambouc à 1 kil. par litre,
- 0k,0U48 nitrate zincique à 53° AB.
- -, '< . I ' • ‘
- § 6/|0. MORDANTS POUR ROUGE AU ROULEAU.
- Brun rouge foncé N° 1.
- On épaissit 10 litres mordant rouge C avec 1\500 amidon blanc.
- Ce mordant est sujet à couler, et pour prévenir cet accident on n’ajoute le chlorure zincique qu’après que la couleur est épaissie.
- Rouge clair N° 2.
- A 10 litres mordant rouge C on ajoute :
- 3',600 décoction de campêche à 2° dB,
- G',720 chlorure zincique à 55° dB , et l’on épaissit le tout avec 2k,200 amidon blanc.
- Rouge N° 3.
- A 10 litres mordant rouge C on ajoute :
- 1i,425 décoction de campêche à 5° dB , et l’on épaissit le tout , avec
- 1k,600 amidon pur.
- Rouge N° k-
- A 10 litres mordant rouge C on ajoute :
- 1 ',250 décoction de fernambouc, à 750 gr. par litre ,
- 01,835 chlorure zincique à 55°, et l’on épaissit le tout avec 1k,460 amidon,
- 4k,050 amidon grillé.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Rouge N° 5.
- A 10 litres mordant rouge C on ajoute :
- 6 litr. décoction de campêclie, à 60 gr. par litre,
- O1,750 chlorure zincique à 55° AB , et l’on épaissit le tout avec 2k,560 amidon pur.
- Rouge N° 6.
- A 10 litres mordant rouge B on ajoute :
- 4k,60 nitrate zincique à \ 5" JB; on épaissit avec 2k,560 amidon, et l’on colore le tout par O1,200 acétate d’indigo.
- Rouge N° 7.
- On fait cuire 10 litres mordant rouge B avec :
- 2k,560 amidon , et l’on ajoute, en retirant du feu ,
- 41,60 nitrate zincique à t5°2B,
- 0^200 acétate d’indigo.
- rose a l’aluminate N° 8.
- Dans 10 litres potasse caustique à 12° AB on fait dissoudre à chaud :
- -1k,25 alun'; quand le tout est refroidi, on épaissit avec 4k,260 amidon grillé.
- AUTRE ROSE A L’ALUMINATE N° 9.
- Dans 10 litres potasse caustique à 22° AB, on fait dissoudre à chaud un excès d’hydrate aluininique; on concentre la liqueur jusqu’à ce qu’elle marque 20° AB, et l’on épaissit à froid :
- \ 0 lit. de cet aluminate, avec 5 kil. amidon grillé.
- On voit qu’on introduit généralement dans le mordant à l’acétate aluminique un sel zincique. Ce sel, selon les uns, ne ferait qu’agir physiquement sur la couleur, qu’il rendrait plus hygrométrique et moins sujette à se durcir; mais évidemment là ne se borne pas son action , car l’oxide zincique se retrouve en
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. 271
- grande partie avec l’oxide aluminique à la suite des opérations de la fixation du mordant, et une base salifiable de cette nature ne peut rester indifférente en présence d’un corps qui, comme la matière colorante de la garance, fait fonction d’acide; il y a donc à découvrir la part qu’il prend à la teinture ; nous examinerons cette question après avoir passé en revue les opérations par lesquelles on arrive à développer ces couleurs dans tout leur éclat.
- %
- Le point important dans cette fabrication est de savoir trouver les mordants et les épaississants dont la nature et la force conviennent le mieux à la profondeur de la gravure. Toutes circonstances égales d’ailleurs, un mordant à l’acétate doit toujours être plus fort que le mordant à l’aluminate , attendu qu’à même proportion d’alumine, ce dernier donne des teintes qui sont à celles que produit le premier . : 9 : 7. De plus, en employant la même gravure et le même mordant, on doit faire attention que la couleur épaissie à l’amidon donne toujours une nuance beaucoup plus intense que celle qui l’est à l’amidon grillé ou à la gomme. ( Voyez ce qui a été dit § 521\ .)
- Impression. Quand les pièces sont convenablement préparées , on les imprime de ces mordants en s’attachant à faire pénétrer ceux-ci dans l’étoffe, ce à quoi l’on parvient en leur donnant le degré de viscosité convenable, et en imprimant à une haute pression ; on expose alors les pièces dans un séchoir humide chauffé à 20 ou 25°, durant un temps qui varie d’après la nature du mordant et la température à laquelle on a séché le tissu au sortir de la machine. Celles qui ont été inordancées à l’aluminate doivent rester exposées plus longtemps et dans un lieu plus humide, afin que l’acide carbonique de 1 air, en se combinant à la potasse, déplace l’oxide aluminique.
- C’est encore là une des opérations délicates de la fabrication des roses; dans celle des violets, la température du séchoir peut être fortement élevée sans préjudice pour cette couleur, par la raison que le composé salin qui recouvre le tissu n’y étant point
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- fixé d’une manière définitive, s’oxide ultérieurement et passe insensiblement à un degré supérieur d’oxidation ; pour les mordants aluminiques, au contraire , si la chaleur est trop intense, l’oxide est mis en liberté dans cet état isomérique, où il devient terne au lieu d’être vitreux , et alors la teinture qui succède présente le même phénomène que si l’on étendait une couche de couleur sur une surface opaque et absorbante au lieu d’une surface translucide et polie. La couleur, dans le premier cas, est toujours privée de la vivacité et de l’éclat qu’elle a dans la seconde.
- L’essentiel pour l’impression des roses est de trouver le degré de chaleur qui doit prévenir tout mouvement de la couleur sur la toile au moment où elle y est déposée, tout en n’atteignant pas celui où l’oxide se précipite dans la modification terne où il perd la plupart de ses tendances chimiques, au lieu de se fixer sous forme de sulfate six oupoly-basique, dont l’éclat plus ou moins soyeux se transmet à la laque colorée et lui donne un éclat auquel, toutes circonstances égales d’ailleurs, aucune qualité ni aucune dose de garance ne pourraient conduire. Dans ce dépôt de l’oxide aluminique sur la toile, il se passe un phénomène assez semblable à celui que présente le nitrate mercu-rique soumis à l’action de la chaleur. Quand on calcine ce sel en cristaux volumineux , on obtient pour résidu de l’oxide mer-curique amorphe d’une couleur brique terne ; que si, au contraire, on fait évaporer brusquement une dissolution de ce sel, il se dépose par l’évaporation une foule de petits cristaux très brillants qui, calcinés aussi, donnent encore de l’oxide mercu-rique, mais avec toutes les qualités physiques du nitrate, et de plus une couleur jaune orangé. C’est ainsi que nous produisons de l’acide tungstique cristallisé , en calcinant le tungstate am-monique cristallisé au lieu de le calciner amorphe.
- La conséquence à tirer de ces faits, c’est que, dans la dessiccation des tissus imprimés, il ne faut pas seulement chercher à saisir la couleur, à expulser l’acide acétique et à fixer l’oxide
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- aluminique, mais encore prendre en sérieuse considération la texture du sous-sel qui se forme et qui peut augmenter ou diminuer le reflet de la laque ; c’est au fabricant à choisir le mordant le plus convenable et àtrouverla température qu’il réclame. Une dessiccation brusque a pour résultat de fixer plus également la totalité du mordant déposé sur le tissu, mais c’est toujours au préjudice de la couleur ; il est donc préférable de moins chauffer les pièces durant l’impression et de les exposer un certain temps à l’air. Cette exposition doit être plus longue pour les rouges que pour les roses, qui ne la supportent pas plus d’un jour sans que la nuance perde de sa délicatesse.
- A l’impression succède le bousage. On fixe presque tous les mordants à l’acétate aluminique à la bouse de vache, § 533, en ayant soin d’entretenir le bain. Les roses imprimés en dessins très légers se bousent quelquefois d’un seul coup dans la cuve à roulettes à la température de 50 à 55° ; les roses vifs et ronges campagne , au contraire , en deux fois : la première , dans la cuve à roulettesx toujours à 56", et la seconde, dans la cuve en rond durant une heure. On doit même répéter cette opération, quand les dessins sont chargés, pour que le mordant soit parfaitement dégorgé, ce qui est un point capital. Ce bousage peut s’effectuer aussi dans le bicarbonate, § 537. Si le mordant imprimé est à base d’aluminate, il faut faire intervenir une certaine quantité de chlorure ammonique. Dans l’un et l’autre cas, l’opération est toujours suivie de deux dégorgeages au moins, qu’on effectue dans les roues, § Æâ5, si 1 on opère sur des étoffes délicates , jaconas, mousselines , etc., et au cla-peau, § hk2 , pour les toiles ordinaires. Le tissu se trouve alors dans l’état ci-après, échant. 123.
- Teinture. La teinture est encore une des opérations délicates de cette fabrication. On doit renoncer à obtenir des roses vifs si elle s’effectue à une chaleur trop élevée ; en voici du reste le détail :
- Après avoir élevé l’eau de la cuve à teindre à la température
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- 123, Mordant rose imprimé et bousé.
- de 28 à 30°, on y délaie une quantité de garance (belle qualité Paluds) d’Avignon , qui varie, suivant les dessins, depuis lkil. pour les plus légers jusqu’à 3 kil. pour les roses nourris. On y ajoute toujours , pour les roses tendres , une certaine proportion de carbonate potassique d’après les uns, de potasse caustique d’après les autres. Cette proportion est de 75 à 100 gr. de potasse caustique à 15°AB par kil. de garance, ou environ. 0^025 solution de carbonate potassique à 8° A B.
- Le garançage a lieu en une seule fois ou en deux, selon les conditions dans lesquelles on opère. On le commence à 30°, après avoir main tenu la température à ce terme durant une heure, on la porte peu à peu jusqu’à 40", ou bien on élève le bain graduellement
- De 30 à 35° durant l’espace de 2 heures,
- De 35 à 40° durant l’espace de 1 h. 'I/2.
- Lorsque l’opération a lieu en deux fois, elle se fait toujours en trois heures , à la température
- De 38 à 40® pour les roses tendres,
- De 45 à 50° pour les roses plus foncés.
- Il est cependant des fabricants qui teignent des roses vifs à une température plus élevée, dans la vue d’économiser une certaine quantité de garance , et effectuent :
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- Lo premier garançage durant 2 h. 4/2, à la température de 30 à45°.
- Le second durant 3 h., à la température de 35 à 55°.
- On doit dégorger les pièces au sortir du bain de teinture avec un soin extrême, afin de détacher toutes les parties de la laque qui ne sont pas intimement fixées ; l’eau qu’on en exprime doit être parfaitement pure. Si la teinture a été bien conduite, la nuance du tissu paraît orange foncé tant que les pièces restent humides; sèches, elles sont dans l’état-de l’échant. 124.
- 1S4. Mordant rose teint en garance.
- C’est l’avivage qui fait disparaître cette couleur orangée ; cet avivage se compose :
- 4° D’un ou de deux passages en savon destinés à nettoyer le fond et à donner à la couleur le degré de fixité dont elle a besoin pour supporter l’action des solutions acides ;
- 2° D’un passage en acide (la composition d’étain, l’acide nitrique ou l’acide sulfurique) ;
- 3° D’un passage en savon à une haute température qui donne le dernier degré de fixité à la nuance.
- Passages en savon.
- Le premier passage se donne durant 45 minutes, à la température de 56°, avec I k,5, savon pour 600 mètres ,
- Et le second à celle de 65°, toujours avec 4k',5 savon pour 600 mètres.
- Si l’on traite des doubles rouges, il faut élever la tempéra-
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- ture du bain de savon jusqu’à 80°, pour mieux fixer la couleur.
- Quand l’eau est calcaire, il convient de la corriger par l’addition d’une certaine quantité d’oxide potassique.
- Après chacun de ces savonnages , on lave les pièces à l’eau courante , d’où elles sortent dans l’état ci-après, échant. 125.
- | *»5. Rose teint qui n reçu deux passages en saxon.
- Passage en acide.
- MH
- mm
- mm,
- mm
- On ajoute à froid à la quantité d’eau nécessaire pour remplir la cuve où l’on opère 0k,750 composition d'étain [, § 480, et 0k,750 acide nitrique.
- On fait entrer les pièces dans ce bain, on les y fait circuler rapidement en élevant progressivement la température jusqu’à ce que la couleur ait contracté une belle teinte orangé pur ( non mélangée de brun), qui indique que l’acide a accompli son effet; on les retire alors promptement pour les rincer avec soin, et elles se trouvent dans l’état ci-après, échant. 126.
- Quand on opère dans la cuve à teindre, § 539, fig. 1 AO, il vaut mieux forcer la dose de l’acide que d’élever trop la température, attendu que, dans ce cas, le tube de vapeur peut attaquer les points du tissu qui sont en contact avec lui, et donner lieu à des inégalités. Ce danger n’existe plus quand on fait usage d’une cuve spéciale qui permet d’élever directement la température à 60 ou 70°, et partant d’employer un acide plus faible.
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- 1*6. Rose savonné et passé ù. l’avivage.
- Comme l’acide nitrique associé à la composition d’étain donne généralement des teintes qui virent à l’orangé, on y substitue quelquefois l’acide sulfurique qui fait virer le rose au violet; on délaie dans 1,200 litres d’eau lk,750 acide sulfurique du commerce, et l’on opère comme avec l’acide nitrique. Enfin on emploie encore avec beaucoup de succès une dissolution d’oxide stannique dans le bitartrate potassique. '
- Après ces avivages, on fait circuler les pièces dans un bain de savon qui contient, pour lk,500 savon , 0k,500 cristaux de soude, et dont on élève progressivement la température de 15° à l’ébullition dans l’espace d’une heure. On les dégorgeaux roues, § /l/l5, on les rince pour les faire entrer dans un autre bain de savon de même force , mais porté immédiatement à une température de 100° ; et au bout de quinze à vingt minutes, dégorgées encore une fois aux roues, elles se trouvent dans l'état de l’échant. 127.
- Après ces divers traitements, la couleur n’a encore ni la vivacité ni la solidité qu’elle peut atteindre ; car l’effet de l’acide n’étant pas neutralisé, elle a conservé un reflet orangé que font disparaître deux bains de savon donnés durant deux heures cha-
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- fi g ijf. Rose teint savonné, avive et passé de nouveau en savon
- cun, dans la chaudière close sous l’influence d’une certaine pression. Ces bains sont formés de '1k,50 savon et
- 0k,500 carbonate potassique.
- Les pièces en sortent dans l’état de l’échant. 128.
- 1S§. Rose teint savonné, avivé et passé & la chaudière close.
- Quand la nuance n’a pas le ton désiré , on donne un dernier passage en savon pur.
- L’échant. 129 a été exécuté dans l’établissement de MM. Hartmann; c’est un de leurs dessins classiques ; car, dès l’époque où
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- ils ont commencé à faire cette espèce de rose (1819), ils imprimaient des dessins carreaux espacés, des pois, des losanges , des anneaux, en un mot, des sujets massifs détachés sur fond blanc. Le caractère distinctif de ce rose, c’est qu’il est, de tous, celui qui résiste le mieux aux acides et qui vire le plus difficilement au violet par leur action combinée à celle de la chaux.
- 1«». Rose de HIM. Hartmann de Munster.
- Voici un rose de la maison Dollfus Mieg qui a beaucoup d a-nalogie avec le précédent. Echant. 130.
- 130. Rose tendre au rouleau de MM. Dollfus Mieg
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- 11 nous sera facile de rapporter à ces généralités les différents procédés employés à la fabrication des rouges et des roses avivés, que nous allons faire connaître brièvement.
- Procède A.
- Après avoir imprimé et laissé reposer deux jours le mordant rouge n° 6 , § 6A0,
- 4° On fixe à la bouse de vache à la température de 50° et l’on dégorge à trois reprises ;
- 2° On bouse de nouveau à la température de 50° et l’on dégorge à trois reprises ;
- 3° On teint moyennant 3 kil. de garance, avec addition de 4,5 lessive caustique à 8° durant 4 h. à la tempér. de 301' A B, Id. 1 h. id. de 30 à 50°,
- Id. I h. id. de 50",
- et l’on dégorge ;
- 4° On fait circuler le tissu durant I h. dans un bain de savon formé de 3 kil. de savon pour I 0 pièces et chauffé à 73°, on dégorge ensuite et on rince ;
- o* On fait passer dans un bain acide chauffé à 62° et composé de 3 kil. savon et 4k, 67.0 dissolution d'étain/-, § 480, soigneusement mêlés durant le temps nécessaire pour donner à la couleur une teinte orangée ; on rince alors et l’on foule.
- 6° On fait de nouveau circuler les pièces durant I h. dans un bain composé seulement de 3 kil. savon et chauffé à 75u.
- Ce procédé est un des premiers qu’on ait employés ; il est défectueux en ce que les premiers bains de savon sont trop forts et donnés à une température trop élevée ; en outre, en ce qu’on ne termine pas les avivages dans la chaudière close. Mieux vaudrait employer le savon en deux fois et réduire la durée de chaque passage à A5 minutes ; on fatiguerait moins les toiles.
- Procède B (1rose à Taluminate).
- Après avoir imprimé le mordant rose à l’aluminate n° 8, § 6Û0, on laisse les pièces exposées à l’air durant huit jours , puis on les soumet aux traitements ei-après :
- 40 On fixe le mordant en faisant passer le tissu dans un bain de bouse chauffé à 30° et composé ainsi qu’il suit :
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- 4,000 lit. eau ,
- 32 lit. bouse de vache ,
- 4 kil. craie,
- 2 kil. chlorure ammonique.
- Au sortir du bain, on passe à l’eau et l’on dégorge parfaitement.
- 2° On teint avec 29 kil. de garance Ire qualité d’Avignon pour 500 mètres de toile 3/4, en élevant progressivement la température du bain durant 3 h. de 28 à 56°; on rince et l’on dégorge.
- 3° On passe durant ! h. dans un bain de savon formé de \ b600 eau et de 2 kil. desavon qu’on porte à la température oùlo garançage a été terminé, c’est-à-dire à 56°, et l’on dégorge aux roues pour détacher les parcelles de savon ou de corps gras qui, en restant adhérentes à l’étoffe, y feraient réserve et occasionneraient des taches.
- 4° On donne un premier avivage à l’acide , à la température de 18°, dans un bain extrêmement faible composé de 5 parties d'acide nitrique et de I partie dissolution d’étain.
- Quand les pièces ont déjà été un peu éprouvées par cette dissolution faible, on les retire, on élève la température du bain, auquel on donne plus de force , en y ajoutant une nouvelle portion d’acide, et l’on y remet le tissu pour le faire virer à la nuance voulue. Cet avivage , commencé dans un acide faible à une basse température, présente ce côté avantageux que, les pièces pouvant y séjourner plus longtemps, l’acide finit par les pénétrer également, tandis que l’emploi immédiat d’un acide fort y fait ordinairement apparaître des inégalités dues à ce que certaines parties du tissu sont plus chargées que d’autres de matière colorante , ou réservées par suite d’un dégorgeage imparfait.
- Au sortir de l’acide on foule et on dégorge.
- 5" On fait passer dans un bain de savon formé de '1,600 lit. d’eau et de 2 kil. savon, en ajoutant à l’eau, si elle est calcaire, 500 gr. cristaux de soude (carbonate sodique cristallisé) ; puis, après une ébullition d’une heure,on rince et l’on introduit les pièces dans la chaudière close avec 2 kil. savon et I kil. carbonate sodique.
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- Procédé B'.
- Ce procédé ne diffère du précédent que par la manière dont on prépare le mordant d’alumine et par l’opération du fixage.
- Quand le mordant rose à l’aluminate n° 9, § QhO , est imprimé, on plaque les pièces au foulard dans une dissolution de chlorure ammonique marquant 5° AB et composé de \ 0 lit. eau et de 4 kil. chlorure ammonique ;
- mais alors, si l’étoffe est imprégnée d’une grande quantité de mordant d’alumine, il importe de saturer de temps en temps, à l’aide de l’acide acétique ou du chloride hydrique seulement, l’ammoniaque qui se dégage et qui, si elle s’accumulait dans le bain , ferait passer l’alumine à cette modification où elle a presque complètement perdu la propriété de se combiner aux bases; toutefois faut-il bien se garder d’ajouter un trop grand excès d’acide qui dissoudrait le mordant. Quand on sort les pièces du bain, l’oxide aluminique est mis en liberté; on bouse, on dégorge, on teint, on nettoie'et l’on avive à la manière ordinaire pour garancer en deux fois lorsque , par la nature du dessin et la force du mordant, le tissu réclame une’ trop forte quantité de garance.
- On emploie surtout pour les dessins délicats ces mordants à l’aluminate, qui ont l’avantage de se saturer plus promptement de garance, comme il a été vérifié par J.-M. Haussmann, dont nous rapportons les propres paroles : « L’alumine, fixée en abondance sur une étoffe de coton ou de laine au moyen d’une dissolution alcaline des plus concentrées, attire’très facilement les parties colorantes de la garance. Il n’en est pas de même en transmettant cette même terre au moyen d’une dissolution acétique d’alumine des plus concentrées ; il est absolument impossible d’achever le garançage en une seule fois quand même on prodiguerait la garance jusqu’à en prendre infiniment plus qu’il n’en faut pour obtenir un résultat satisfaisant en teignant en deux reprises. » Il est donc clair que l’alumjfce dans cet état
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
- fixe plus rapidement la matière colorante; du reste les fabricants qui ont fait usage de ce procédé savent parfaitement qu’ils obtiennent de la même gravure avec l’aluminate des teintes plus nourries qu’avec l’acétate aluminique ; tous cependant ne sont pas également convaincus de la supériorité de l’aluminate potassique comme base des mordants roses ; il en est même qui nient la possibilité de faire des roses d’une manière régulière avec cet auxiliaire, sans doute parce qu’ils ne sont pas parfaitement éclairés sur toutes les circonstances qui peuvent assurer le succès d’une semblable opération. Nous savons en effet que des chimistes , après avoir réussi à produire ce rose dans une fabrique, ont échoué complètement dans une autre, probablement parce qu’ils ont négligé quelques précautions en apparence insignifiantes , car les plus légers changements, tels que le nettoyage du rouleau fournisseur et le remplacement d’un drap vieux par un drap neuf, ont suffi pour faire manquer l’opération et pour faire croire pendant quelque temps que le procédé n’était pas applicable. Voici un rose de cette espèce , échant 131.
- 13 \ . Rose sk l’aluminate.
- On ne doit préparer le mordant à l’aluminate qu’au moment de s’en servir, attendu qu’à la longue il perd de sa force, et abandonne sa base à mesure qu’il attire l’acide carbonique.
- Sfc-j ’ ^
- 'sisssV
- L’oxide zincique, que l’on fait entrer dans les mordants, et
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
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- qui, sans être indispensable à la formation de la laque rouge ou rose, assure une fabrication plus régulière, disparaît complètement par les avivages ; c’est du moins vainement que nous l’avons cherché dans les roses avivés. Quel rôle remplit-il donc outre celui que nous lui avons assigné § 311 \ Nous croyons pouvoir avancer qu’il a encore pour objet de contribuer indirectement à la disparition de la matière brune et de la matière astringente que renferme la garance. Deux faits sont hors de doute: 1° c’est que ces substances se fixent d’autant mieux que la température est plus élevée ; 2° qu’elles ont une très grande énergie , puisque , malgré les précautions , il s’en combine toujours une portion avec le mordant déposé et fixé à l’étoffe : or, si ce mordant est rendu complexe par l’introduction d’un sel zincique ou cuivrique , la base de ces derniers , plus puissante que l’alumine, s’empare de ces matières brunes, et comme elle est moins adhérente au tissu , elle disparaît par faction des agents employés dans l’avivage en entraînant ces substances qu’on a intérêt à éliminer. Dans les mor-
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- dants à l’aluminate , cette addition n’est plus indispensable, attendu que la potasse qui reste toujours avec l’alumine, nonobstant toutes les opérations du dégorgeage , remplit ici le rôle de l’oxide zincique, qui est aussi celui de l’alcali que nous avons vu intervenir dans les garançages pour rose et rouge vils. La seule difficulté que l’on rencontre dans ce cas , c’est de trouver la limite que l’on ne peut dépasser sans que l’oxide potassique en excès dissolve l’alumine , et, en enlevant le mordant, rende la teinture imparfaite ou même impossible.
- L’énumération des genres qui rentrent dans la fabrication des rouges et roses serait trop longue , nous nous contenterons d’en signaler quelques uns.
- Les roses vifs, dont on trouve le placement dans les provinces germaniques, et dont nous donnons ici un échantillon de la fabrication de la maison Yaucher Dupasquier, de Cortaillod; il a été obtenu en imprimant au rouleau le rouge n° 1, § (MO , et le fond rose tendre.
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- 139. Rose vif, ou double rose.
- Les rouges de Bavière , qu’on réalise par l’impression du mordant rouge n° 5, § 640, en employant Zik,5 de garance par pièce et en suivant du reste la méthode ordinaire.
- Les orlêanaises, fonds couverts avec dessin rouge et blanc, pour lesquelles on dépense jusqu’à 5 kil. à 5k,50 de garance par pièce.
- Les rayures rouges sur fond blanc, pour la teinture desquelles on emploie de lk,50 à 2 kil. de garance , selon la largeur des tissus et l’intensité de la nuance.
- On voit qu’il en est des impressions rouge et rose au rouleau
- 133. Ro.sc double au rouleau.
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- comme des impressions violet et lilas. c’est-à-dire que tantôt on superpose deux nuances sans rapport : ainsi des sujets détachés rouge foncé sur fond couvert, ou sablé , ou vermicelle , de nuance tendre ; tantôt on applique des rayures qui produisent par leur croisement des carreaux ou des losanges : tel est le genre del’échant. 133.
- Dans cet échantillon, on a imprimé en premier lieu le mordant rouge n° 7, § 6A0, de la rayure transversale, et en second le mordant rose, de la colonne fondue qui coupe perpendiculairement ces rayures pour former des carreaux. Cette impression peut se faire à la machine à une seule ou à deux couleurs.
- L’échant. 13Zi peut être le résultat de l’application consécu-
- 134. Double rose et blanc sans rapport.
- ÇgJSffJ
- Sï ijÿ
- tive de deux rouleaux, le premier portant un dessin ramage rouge vif, le second un fond rose sur lequel était réservé par la gravure de petits croissants blancs
- On a pu encore l’exécuter en imprimant d’abord le rouge fonce et, après un certain temps de repos, le fond rose avec blanc réservé par la gravure, ou encore en imprimant d’abord le rouge , puis le blanc réserve à l’arséniate n° 7 , § 618, ou au citrate, et par dessus le fond rose, et clans ce cas on aurait employé trois rouleaux dont l’un gravure mille-points.
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- On peut aussi avoir imprimé le fond rose avec blanc réservé par la gravure, et par dessus après avoir dégommé , le rouleau ramage rouge, ou bien. après avoir matté la toile en mordant fond rose clair, dégommé à l’eau , puis imprimé un blanc en-levage au jus de citronn° 5, § 621, dégommé en craie, et, cette opération achevée, imprimé par dessus le rouleau ramage rouge.
- Dans l’échant 135 le rapport est obligé, puisque le blanc ver-
- 1 3 5. Double rose et blanc rapporte.
- micelle du fond se trouve encadré dans le petit ramage rouge vif ; mais l’impression a-t-elle été faite avec deux ou trois cylindres l Si c’est avec deux , le premier cylindre aurait imprimé le rouge vif ; le second , le fond rose, dans lequel se trouve le dessin vermicelle blanc ; mais le rouge et le rose auraient été ainsi imprimés en même temps , et il n’aurait pas été satisfait à l’obligation qu’a sanctionnée la pratique, d’abandonner toujours la couleur la plus foncée au repos avant d’imprimer la plus claire; à moins , d’avoir pris quelques précautions particulières, on a donc obtenu cet échantillon en imprimant à la machine à deux couleurs, d’abord le rouleau rouge vif, puis le rouleau blanc réserve sous rose à l’arséniate ou au citrate potassique, ou encore un blanc réserve mécanique, et, quand le rouge a été suffisamment reposé, en recouvrant uniformément la toile au rou-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- leau d’un fond uni rose. Cette marche présente cet avantage, que le blanc étant abrité par une réserve , on peut bouser à une basse température, se contenter même de ne dégorger qu’à l’eau, et retirer ainsi de la garance des teintes qui sont toujours plus vives et plus éclatantes, surtout le rose faible. C’est un point qu’on ne doit pas négliger dans cette fabrication , car un mordant faible se teint toujours fort mal et donne de très mauvaises couleurs quand on ne le dépose pas sur le tissu dans cet état résinoïde, p. 272, auquel on n’arrive qu'en imprimant une couleur acidulée par l’acide acétique, qui se fixe par le simple I repos, sans le concours de la chaleur.
- Du reste, après l’impression, on a dû dégorger, garancer, aviver, etc., par les procédés que nous avons fait connaître.
- § 6/il. Fond blanc, impression puce dU rouleau. Il s’en faut de beaucoup que les impressions puce soient aussi répandues que les rouges et les violettes ; ce n’est que dans des genres pour modes, sur des tissus de fantaisie, que l’on emploie seulement cette couleur, pour laquelle il y a deux choses à observer :
- 1° La composition du mordant, qui, de nature complexe, doit être telle que l’alumine et l’oxide ferrique s’y trouvent dans le rapport voulu pour la nuance cherchée et puissent toujours se fixer uniformément à l’étoffe : autrement le rouge ou le violet, en prédominant, altérerait la nuance puce.
- Ainsi, supposons qu’on mélange 2 litres de mordant rouge A à 1 litre acétate ferreux à 12° AB, la teinte qu’on obtiendra en passant dans un bain de garance sera complètement différente de celle que donnerait en remplacement de l’acétate ferreux un volume égal de sulfate ferreux du même degré, ou un mélange de sulfate et d’acétate de même base, et réciproquement on ne pourrait pas davantage remplacer un mélange j de sulfate et d’acétate ferreux d’un degré déterminé, par un volume correspondant d’acétate ferreux du même degré, puisque ces composés ne se fixent pas aux mêmes conditions à l’étoffe.
- Si l’on se reporte à ce que nous avons dit à l’occasion de la
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- fixation des mordants, § 53*2, et à ce que nous dirons plus tard des couleurs conversion, on comprendra suffisamment la valeur de ces propositions.
- 2° Le mode d'avivage, car on doit blanchir le fond du tissu en même temps qu’en aviver la couleur complexe, dont un des éléments, le violet, n’offre pas le même degré de résistance aux acides que le rouge auquel il est associé.
- Nous n’entrons du reste dans aucun autre détail sur cette fabrication, qui rentre dans celle du paragraphe suivant. L’échantillon 136 donnera l’idée de l’espèce de nuance qu’on peut obtenir.
- 136. Fond Idane, Impression pucc.
- Les mordants puce que l’on emploie sont ordinairement com-
- posés comme suit.
- PUCES A LA PLANCHE.
- Puce Nu 1.
- A 1.0 litres mordant rouge C on ajoute :
- 5 lit. acétate ferreux à 'I 5° AB,
- 4 lit. d’eau dans laquelle on a préalablement fait dissoudre 0k,500 acétate cuivrique ; épaissir le tout avec 2 kil. amidon.
- Puce N° 2.
- A 10 litres mordant rouge C ajoutez :
- 2,500 acétate ferreux à 15° AB,
- 7 lit. d’eau dans laquelle on a préalablement fait dissoudre :
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- •iÜO DE La EAMICAÎIOK EN PARTICULIER.
- 0,640 acétate cuivrique; épaissir avec 2k,560 amidon.
- Puce N° 3.
- A 10 litres mordant rouge C ajoutez :
- 11,86 acétate ferreux à 15°.
- 31,75 d’eau dans laquelle on a préalablement fait dissoudre 0k,40 acétate cuivrique; épaissir avec |k,280 amidon.
- Puce N° h.
- A 10 litres mordant rouge B on ajoute :
- 1,66 pyrolignite ferreux brut à 1 4°,
- I, 66 eau, et l’on épaissit avec 2,200 amidon.
- Puce N° 5.
- A 3 litres mordant rouge B on ajoute :
- 3 litres pyrolignite ferreux à 14°,
- 2 lit. eau, et l’on épaissit avec lk,350 amidon.
- Puce pour plaquer.
- A 10 litres mordant rouge B on ajoute :
- II, 247 pyrolignite ferreux à 14°, et l’on épaissit avec lk,720 amidon,
- lk,050 décoction fernambouc, à un kil. par litre,
- -1k,050 décoction de graines de Perse, à 3,5,
- 0k,571 nitrate cuivrique à 57°.
- Puces au rouleau.
- Puce N° 1.
- A 10 litres mordant pa on ajoute :
- 2\5 pyrolignite ferreux à \ 4°; on épaissit le tout avec lk,60 amidon.
- Puce N° 2.
- A 10 litres acétate aluminique à 10° on ajoute :
- 21,5 décoction de bois de Campêche ,
- 1 ',25 acétate ferreux à I 5", et l’on épaissit avec 1,750 amidon.
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- GËNRËS DÉRIVÉS DË LA GARANCE.
- Puce N° 3.
- 3,75 violet arsenical,
- '1,875 farine ou amidon,
- 1,12 campêche.
- § 6/j2. Fonds (liâmes, impression noir, rouge et violet ( au rouleau). De même qu’on fait concourir deux ou trois rouges ou deux ou trois violets dans les genres rouges et violets , de même aussi réunit-on des violets et des puces, des puces et des rouges, tantôt en les imprimant à. la suite les uns des autres sans observer de rapports , tantôt en les encadrant. tantôt , enfin , en y associant des impressions blanc enlevage sur mordant ou blanc réserve sous le même auxiliaire , pour produire des effets extrêmement intéressants, mais dont l’exécution mécanique est toujours la même que celle des genres double violet noir et double rouge , § 635 , à part la difficulté qu’on rencontre à traiter toutes ces couleurs réunies sur la même étoffe, car, par exemple, il n’est pas facile d’aviver en même temps :
- Du rouge et du noir, sans que le second devienne plus ou moins rougeâtre, pendant que le premier acquiert tout l’éclat dont il est susceptible à l’état d’isolement;
- Du rouge et du puce, sans que le même inconvénient se présente pour le puce, quoiqu’il un moindre degré, puisque la base aluminique qui y prédomine le rapproche plus de celle du rouge.
- Quoique le traitement qu’exigent les puces, les violets et les rouges réunis, soit à peu près celui des violets et des rouges isolés, il y a cependant quelques particularités à faire connaître. D’abord, durant l’impression , il est indispensable de prévenir l’immixtion du mordant noir au mordant rouge. Si le noir est déposé en premier lieu sur l’étoffe, comme c’est l’ordinaire , il faut que l’impression en soit faite de telle sorte qu’il ne puisse se rappliquer au cylindre : autrement, en s’introduisant dans le rouge , il en ternirait la nuance. Quelquefois on
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- 292 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- mélange au rouge une certaine quantité de chlorure stanneux, qui s’oppose à la fixation du noir, mais le mordant d’alumine I ainsi chargé d’étain donne toujours des nuances qui virent à i l’orangé. C’est parce qu’on n’a aucun moyen sûr de prévenir ces I inconvénients qu’on imprime autant que possible des dessins en | colonnes, afin d’empêcher la couleur la plus foncée de se trans- ! porter dans la gravure du rouleau avec lequel on-imprime la couleur claire.
- L’exposition à la suite de l’impression doit être assez pro- I longée pour que le noir ait le temps de s’oxider convenable- I ment. Toutefois cette précaution n’est pas indispensable quand on imprime du sulfate ferrique et que l’on bouse à l’arséniate , | parce qu’alors tout l’oxide devenant immédiatement adhérent au tissu, il suffit que l’exposition satisfasse à la fixation du mordant rouge, qu’on sature le plus possible pour en faciliter et en activer la combinaison avec l’étoffe.
- Bousage. Le bousage de ces impressions se fait en deux fois : la première dans la cuve à roulettes, à la température de ' 65° ; la seconde dans la cuve en rond, à la température de 35 à 40\ Quand le noir n’est pas suffisamment fixé , il décharge soit dans le bousage, soit dans les opérations subséquentes du dégorgeage , et, se portant sur les parties rouges du tissu , les ternit. Pour éviter des accidents de ce genre, on emploie des j rouges et des roses fortement saturés, dont la fixation à l’étoffe résulte , dans ce cas, pour ainsi dire , du seul fait de leur application. Déplus, en y incorporant une certaine quantité d’huile, on les rend peu perméables aux liquides ; et ainsi, comme ils sont les derniers à s’imbiber lorsqu’on passe en bouse, le noir a eu le temps de se fixer et de se dégorger. Si le second bousage et le dégorgeage sont faits avec exactitude , le succès de l’opération ne saurait être douteux.
- Des fabricants introduisent quelque peu de chromate potas-j sique dans le bain de bouse , pour oxider le fer et le campêche du noir et rendre ainsi cette couleur insoluble et adhérente à
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. . 293
- l’étoffe dès son entrée dans le bain de bouse, mais alors les parties blanches deviennent plus difficiles à purifier.
- La teinture de ce genre s’effectue en une ou deux fois, selon la profondeur et la richesse de la gravure , et partant la quantité de garance quelle exige. Cette quantité doit toujours être à dessins égaux , intermédiaire entre celles que l’on emploie pour les violets et pour les rouges : seulement, on ajoute un peu moins d'alcali au bain de garance que pour les rouges. Quand le dessin comporte une impression noire, le garançage doit se faire à une température plus élevée 5 si on l’effectue en une seule fois , le bain doit monter,
- Durant la première heure, de 27 à 60°,
- Durant la deuxième, de 60 à 76°,
- Durant la troisième, de 76 à 92°.
- Quand il n’y a que des lilas et des rouges, on se contente de l’élever progressivement, durant les trois heures, de 27° à (10 ou 62°.
- Les procédés d’avivage sont à peu près ceux dont on se sert pour les violets ; ils se composent :
- 1° D’un passage dans un bain de chlorure de chaux saturé de carbonate sodique formé de la quantité d’eau nécessaire au remplissage de la cuve, fig. l/il-l/i3, avec lk,50 carbonate sodique et 6 lit. chlorure de chaux à 8MB. On doit opérer à l’ébullition. Les proportions que nous venons de donner peuvent être réduites selon la nature du dessin et la température à laquelle le garançage s’est effectué ; il vaut toujours mieux prolonger l’opération , qui, en moyenne , ne doit durer que dix à quinze minutes , que de faire agir sur les nuances une liqueur trop forte qui les dégraderait.
- A ce premier passage en chlorure de chaux succèdent- deux autres passages en savon, semblables à ceux que l’on donne aux impressions roses,
- Le premier à la température de 56°,
- Le second à la température de 65°.
- On procède ensuite à l’avivage dans un bain de savon d’étain
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- acide, qui se compose de la solution de 1 ldi. savon, dans laquelle on verse peu à peu de 500 à 1500 gr. composition d’étain, suivant la quantité du rouge qui se trouve au nombre des couleurs qu’il s’agit d’aviver. On y fait entrer les pièces à froid, ..et au bout de quelques minutes on en élève progressivement la température jusqu’à 60° dans l’espace de quarante à quarante-cinq minutes ; mais communément l’opération se termine bien auparavant : c’est à l’ouvrier de suivre les effets de l’acide sur les couleurs. Comme on a particulièrement en vue de modifier le rouge et le rose , il faut, autant que possible, prolonger assez l’avivage pour que le rouge vire à l’orangé. Quand le noir est un peu fatigué, on doit, ainsi que nous l’avons déjà dit, le remonter en ajoutant un peu de sumac au dernier bain de savon.
- On donne aussi cet avivage avec beaucoup de succès en employant l’acide sulfurique; le rouge prend une teinte plus violacée et produit plus d’effet à côté du noir; mais il faut alors apporter encore plus d’attention aux couleurs noir, violet et puce.
- Après l’avivage on passe les pièces à l’eau courante durant vingt-cinq à trente minutes, et on les expose aux roues à laver, § 446, durant quinze à quarante-cinq , selon la nature du dessin ; on les soumet ensuite à deux passages successifs dans un bain de savon formé de lk,50 savon pour 10 pièces, et chauffés
- Le premier à 80°,
- Le second à l’ébullition.
- Enfin, quand le fond n’est pas tout-à-fait blanc et qu’on ne peut pas exposer sur le pré, on termine par un passage en chlorure de soude faible à l’ébullition.
- Lorsqu’il s’agit seulement de violet et de rouge, on peut réduire le nombre des opérations , et faire subir aux pièces , 1 orsqu’elles sortent du garançage, qu’on doit terminer alors à 60° :
- Un passage en chlorure de chaux faible à la température de 37°,
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- 2° Un passage en savon, à raison de lk,S0 savon par 600 mètres de toile à la température de 75°, '
- 3° Un avivage dans un bain composé, pour la môme quantité d’étoffe, de
- 6-i gr. chlorure stanneux,
- 128 gr. carbonate sodique cristallisé, lk,500 savon.
- En été, lepassage en savon et l’avivage suffisent, parce qu’on peut exposer sur le pré pour purifier le blanc. Ce dernier procédé se rapproche , comme on le voit, de celui qu’on emploie pour le rouge turc.
- On avive de cette manière des étoffes qui ont reçu l’impression de deux ou trois rouleaux, en rouge et violet, puce et violet, puce, violet et rouge, etc. ; mais il faut que le blanc de l’étoffe se soit peu chargé à la teinture, et, par conséquent, que les mordants aient été fixés à l’arséniate calcico-potassique.
- C’est en suivant le premier de ces modes d’avivages qu’on a obtenu le violet et le puce de l'échant. 137.
- I3|î'i Violet et puce garancés et avivés.
- Cette fabrication est d’un fréquent usage et constitue des genres spéciaux dont le nom varie avec les formes des dessins et les dispositions des couleurs, mais dans lesquels on retrouve toujours
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- Ou du violet avec du puce et du rouge,
- Ou du rouge avec du violet,
- Où du rouge avec du noir.
- Enfin un assemblage binaire, ternaire ou quaternaire de ces nuances devient l’élément de genres composés. (Voyez Genre soubassement.)' L’échant. 138, imprimé sur piqué, en est un
- 1 38. Piqué fond blanc, impression violet et rouge garances.
- exemple ; il vient de la maison AV. Grant et brothers , de Bury. Le rouge et le violet y ont été imprimés au rouleau, et la dernière de ces couleurs, rendue foncée par la profondeur de la gravure, paraît presque noire. En France , les impressions sur étoffes de cette espèce sont presque toujours exécutées à la main ou à la planche plate, et spécialement dans les environs de Paris.
- Si, à l’aide des enlevages et des réserves, on réalise des dessins blancs sur violet, rose, puce et noir isolés, rien n’empêche de produire de semblables effets sur ces couleurs réunies au nombre de deux ou de trois sur le même tissu. Ces impressions se font ou sans rapport, à la machine à une seule couleur, ou avec rapport, à la machine à deux, trois ou quatre couleurs.
- L’échant. 139 a été obtenu à la machine à une couleur; ainsi on a dû imprimer d’abord la rayure rose, mordant rouge, ensuite le blanc enlevage dessin ramage , puis , après avoir dé-
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- 139» Violet et ronge, impression Marne enlevage sur rouge.
- gorgé et bousé, le filet picotage ondulé violet n° 1, dans le genre de l’échantillon 20, où les traits deviennent plus foncés aux points d’intersection.
- C’est par des moyens à peu près semblables qu’on a fabriqué bêchant. 140 , ci-après , que nous devons encore à l’obligeance de M. Graham.
- 140. Violet et puce, impression lilanc enlevage ou réserve
- sous violet.
- Cet échantillon [a reçu au moins trois impressions : 1° celle d’un rouleau avec colonnes en fondu , rayures parallèles et fond sablé ou pointillé, s’il n’y a eu que trois impressions ; 2"uneim-
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- pression blanc enlevage ou réserve ; *3° une impression puce, et on l’a exécuté
- Soit en imprimant :
- a. Le rouleau bandes fondues avec rayures parallèles violettes.
- b. Le rouleau pointillé picot serré dans le cas où cette gravure
- n’aurait pas fait partie de la gravure du premier cylindre.
- c. Le rouleau blanc enlevage au jus de citron n° 5, § 621.
- d. Après le nettoyage et le dégorgeage des pièces, le puce qui
- coupe le blanc.
- Nous supposons que l’encadrement du dessin n’était pas obligé, car nous n’en pouvons être certain, n’ayant sous les yeux qu’un petit échantillon sur lequel il n’y a pas possibilité de vérifier les rapports.
- Soit en imprimant :
- a. Le puce au rouleau, n° 2, p. 290.
- b. Un blanc réserve sous lilas qui n’attaque pas le puce, le ci-
- trate cuivrique ou citrate potassique, par exemple.
- c. Le pointillé violet.
- Fonds blanc impression rouge, noir, violet, puce, rosegavances à la main ou la perrotine.
- § 6Z|3. Ce genre d’impression est le plus ancien que nous connaissions ; c’est par lui que l’industrie de l’indienne a commencé ; à une certaine époque, les couleurs qui le composent étaient les seules, avec le bleu, qu’on sût imprimer sur les étoffes. Dès le principe, imitant en cela les Indiens, on applique les mordants au pinceau , et c’est sans doute ce qui a fait donner le nom de toiles peintes aux étoffes imprimées ; au bout d’un certain temps on imprima au moyen de la planche les mordants rouge et noir, et ce n’était qu’après les avoir garancés qu’on rentrait au pinceau le mordant rose, pour le teindre à une température plus basse. Ce mode d’opérer était encore en usage dans beaucoup de localités en 1760 ; plus tard, tous les mordants furent appliqués sur les étoffes au moyen de la planche.
- Comme nous avons fait connaître en détail les procédés de teinture, d’avivage et d’impression des garancés au rouleau,
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- nous pourrions nous contenter de .signaler l’impression des mêmes couleurs à la planche, qui ne diffère de la première que par la partie mécanique ; mais nous avons à donner, pour compléter les généralités que nous avons exposées, quelques développements qui ne paraîtront peut-être pas sans intérêt et sans utilité.
- Nous ne nous appesantirons pas sur les genres simples impression rouge, rose, violet, lilas , puce , etc., dont l’exécution ne présente aucune difficulté , et rentre d’ailleurs dans ce que nous avons déjà dit; mais nous envisagerons cette fabrication dans ce qu’elle a de plus compliqué, c’est-à-dire dans les dessins où se trouvent réunies toutes les nuances que fournit directement la garance, éch. 51-52.
- Ici se présentent deux genres de difficultés :
- 1° L’application des couleurs et leur juxta-position ;
- 2° Les moyens de les aviver, en conservant à toutes , les degrés d’intensité respectifs qui maintiennent entre tous les tons la distance qui les sépare.
- L’échant. 1/il nous donne une idée de ces difficultés , qui y
- 111. Noir et trois rouges garancés et avivés.
- ont été surmontées avec une rare habileté. Il vient de l’établissement de MM. Japuis , à Clave, près Paris, avec lesquels
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- peu de fabricants rivalisent jusqu’ici, et qu’aucun n’a devancés dans l’art de juxtaposer d’une manière nette et tranchée plusieurs rouges à côté l’un de l’autre.
- Cet échantillon présente trois rouges, qui tranchent et se coupent l’un l’autre à leur point de contact, sans solution de continuité, sans fusion de la couleur foncée dans la couleur claire. Pour peu qu’on ait égard à la perfection avec laquelle ils sont juxtaposés, on comprendra qu’il n’a pu suffire de les appliquer purement et simplement sur l’étoffe avec une gravure correspondant aux contours des diverses nuances produites, qu’on a dû recourir à quelque artifice. En effet, si les trois planches eussent été gravées de manière à ne fournir exactement que les trois couleurs qu’on observe, il eût suffi de la moindre déviation dans l’application de ces planches pour donner lieu à une solution de continuité : or , pour éviter ces déviations, on recouvre toujours, ainsi que nous l’avons dit § 526 , l’impression du fin rouge par celle du second, et celle-ci par celle du rose ; mais ce biais, qui prévient la solution de continuité, place le fabricant en présence d’une autre difficulté: les couleurs superposées sont sujettes à se confondre et à former un tout dans lequel on ne peut souvent plus démêler le trait des formes dont on s’est servi, et ce défaut, n’existant pas dans l’échant. 141, il faut :
- Ou qu’on ait imprimé ces couleurs à des intervalles tels que la première fût fixée et combinée au tissu quand on a imprimé la seconde , et ainsi de suite pour les autres , ou qu’on les ait épaissies, de telle sorte que la première fît réserve mécanique sous la seconde et cette dernière sous la troisième , ou enfin que les mordants aient été saturés en raison inverse de l’ordre dans lequel ils sont arrivés sur le tissu , afin que le fin rouge ne pût être recouvert du rouge moyen sans qu’il se fixât une plus grande quantité de mordant, et que le troisième, à son tour, ne pût recouvrir les deux premiers sans contribuer encore à une fixation plus grande de l’auxiliaire. Un exemple complétera
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- notre pensée. Supposons qu’on ait imprimé une bande deuxième rouge, contenant une certaine quantité d’alun , si l’on vient à la couper perpendiculairement par une bande mordant rose, contenant une forte proportion d’acétate sodique, non seulement il n’y aura pas fusion entre la nuance de ces deux bandes et formation d’une nuance moyenne ou plus claire, mais il y aura au contraire élévation de ton de la bande la plus foncée, attendu que l’acétale sodique contribue à fixer sur la toile une plus forte proportion de mordant.
- Ces divers moyens sont rarement employés seuls, c’est ordinairement de leur concours que dépend le succès de l’exécution. Le noir s’imprime en premier lieu, et après lui le fin rouge, qui est ordinairement encadré dans le noir ; quand , par un déplacement de la planche ou par une gravure faite à dessein , le rouge déborde et recouvre le noir, cette superposition, si l’encadrement est parfait, n’a d’autre inconvénient que de donner au noir une teinte puce plus ou moins visible et qui dans ce genre de dessins nuit peu à l’effet. Après le premier rouge on rentre le second, et après celui-ci le troisième.
- La plupart des fabricants qui réussissent dans ce genre d’impression pour meubles ont recours à une exposition plus ou moins longue entre chaque impression , tant pour en assurer la bonne exécution que pour donner de la vivacité aux couleurs ; il en est qui ne mettent pas moins de trois ou quatre jours d’intervalle entre l’application de chaque couleur, et laissent les pièces exposées à l’air durant huit jours quand tous les mordants sont réunis sur l’étoffe. On comprend, en effet, qu’en imprimant consécutivement plusieurs couleurs à la planche, on doit soumettre celle du ton le plus élevé à une longue exposition, tant pour que le mordant rouge puisse se décomposer complètement et céder sa base au tissu que pour que le noir passe au degré d’oxidation qui assure une teinture belle et solide , car on sait que, quand le mordant est décomposé par une dessiccation trop brusque et trop élevée, l’oxide s’unit à la toile dans samo-
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- 002 DK LA FABRICATION KN BARTIÇÜLÎËË.
- dification terne. Cependant il 3^ a une chose à faire pour activer cette fabrication , c’est d’employer des mordants fortement saturés, qui se décomposent d’eux-mêmes et promptement ; mais de semblables préparations ne peuvent pas être épaissies à la manière ordinaire , attendu que l’amidon et la farine réclament toujours le concours d’un certain degré de chaleur pour passer à l’état d’empois, et qu’on est exposé à voir l’alumine se séparer avant qu’elle ait été déposée sur le tissu pour s’y fixer. On pourrait épaissir préalablement la solution d’alun, et y ajouter à froid l’acétate plombique, calcique ou sodique nécessaire à sa saturation, en en portant la dose au maximum de la quantité qu’indique la théorie § 474. En imprimant à la suite d’un noir un fin rouge ainsi saturé, puis un second rouge renfermant , outre l’acétate aluminique nécessaire à la nuance que l’on désire , une certaine quantité d’alun , la superposition de ce dernier sur le premier n’en diminuera en rien la nuance, puisque l’acétate qu’il contient en excès double immédiatement sa nuance ; de même le troisième rouge, composé d’un excès d’acétate sodique, en touchant le second , en élèvera le ton plutôt que de l’abaisser. Dans l’étude de ce genre d’impression , il faut tenir compte des effets que nous avons signalés § 474, p. 160.
- La fixation des mordants a lieu à la bouse de vache.
- On procède à la teinture de la même manière que dans les genres précédents, mais en ayant soin de ne pas élever trop la température, afin de ménager le rose et le rouge. Il faut aussi bien saturer les mordants , car autrement les couleurs se dégradant fortement à l’avivage et la gradation des teintes n’étant plus conservée, cette fabrication perd tout son mérite.
- L’avivage est à peu près le même que celui que nous avons exposé, § 642, si ce n’est qu’on remplace ordinairement les passages en acide par des expositions à l’air ou par un passage en bain de savon stannique. Les acides dégradant plus promptement les lilas et les violets que les rouges et les roses, il est difficile de mener simultanément et sur la même ligne la
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- GENRES DERIVES DE LA GARANCË. &03
- purification de ces deux ordres de couleurs ( violet et rouge ) ; d’autre part, les acides dissolvant toujours une certaine quantité de la base des mordants, après un contact tant soit peu prolongé avec eux, la couleur se dégrade et passe à un ton inférieur : or , comme clans cette fabrication on a surtout pour but de déposer et de fixer les nuances les plus éloignées, on doit nécessairement s’attacher à en écarter toute substance capable de produire cet effet, et c’est pour.cela qu’on fait succéder aux •passages en bain de savon des expositions à l’air qui avivent les couleurs sans les fatiguer. Durant cette opération, l’attention doit principalement se porter sur les violets, qui sont les plus impressionnables ; on doit suspendre l’exposition dès qu’ils commencent à grisailler. A l’exposition à l’air succède un passage en savon , qui se donne à une température de plus en plus élevée à mesure que la couleur se dépouille et se fixe.
- On peut aussi modifier l’avivage de la manière suivante :
- Donner un premier bain de savon à la température de 70°, à raison de lk,50 savon pour dix pièces, suivi de huit jours d’exposition surlepré; un deuxième bain, composélkil. savon et370gr. composition d’étain, dont on élève successivement la température de 15 à 50°. On expose ensuite les pièces à l’eau courante durant quinze à vingt minutes, et on leur donne un troisième bain de savon semblable au premier et d’une heure de durée; enfin on leur donne durant une heure, dans la chaudière close, un quatrième bain composé de lk,A0 gr. carbonate sodique, et après ce dernier traitement on les expose encore six à huit jours sur le pré , selon la saison ; en un mot, il faut purifier parfaitement le blanc du tissu et aviver les couleurs sans les fatiguer , et, pour arriver à ce résultat, on ne peut que réitérer les bains de savon donnés à de basses températures. Il y a aussi à suivre pour cet avivage dans des cas particuliers une marche toute spéciale qui ne fatigue pas les violets et qui cependant permet de profiter de la vivacité que les acides donnent au rouge, c’est de disposer des dessins de telle sorte qu’on puisse recouvrir
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- ce dernier d'une certaine quantité d’acide à l’aide de la planche.
- Quand on imprime à la perrotine des dessins qui comportent la juxtaposition de mêmes couleurs, il y a quelques précautions à prendre pour empêcher qu’en débordant par la pression elles ne créent une ligne colorée distincte au point de jonction, car ici on ne peut plus avoir recours, comme dans l’impression à la planche, à des expositions qui donnent à une couleur le temps de se dessécher avant la rentrure de la nuance suivante. L’impression étant simultanée , il faut de toute nécessité composer des couleurs exprès , quand on veut qu’elles se juxtaposent exactement et qu’en se superposant elles ne se confondent pas. Dans le cas d’une juxtaposition rigoureuse, il faut rendre l’une d’elles légèrement réserve mécanique , par l’introduction d’une certaine quantité d’huile tournante qui en prévienne le mélange avec la couleur qui la touche, et quand la gravure comporte une superposition qui doit former la juxtaposition d’une nuance plus claire , recourir à l’emploi de mordants inégalement saturés, §
- Nous compléterons ces généralités par l’exposé de la marche à suivre pour l’exécution de l’échantillon IM.
- On a imprimé : 1° le noir à la planche n° 1, § 631, et après trois jours d’exposition,
- 2° Le mordant rouge n° 6 , § 639.
- On ajoute presque toujours à ce dernier mordant du nitrate cuivrique, clans le but de prévenir la coagulation de l’amidon dont on se sert pour l’épaissir ; mais l’oxide cuivrique qui n’est pas parfaitement enlevé par le bousage attire à la teinture , et, ne disparaissant d’ailleurs jamais entièrement par l’avivage, altère la pureté de la nuance , à laquelle il donne presque toujours une teinte brique qui tranche bien avec le rouge moyen et le rouge , mais qui, considérée seule , est peu agréable à l’œil C’est par suite de l’inconvénient inhérent àl’emploi de cet agent que des fabricants ne se servent que de nitrate zincique ; cependant, pour certains genres d’impression, l’oxide cuivrique
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- est utile , et nous verrons , quand nous nous occuperons de la fabrication des meubles, dans laquelle le genre qui nous occupe intervient comme base , qu’on ajoute parfois une certaine quantité de sulfate ferreux au mordant rouge , pour élever le ton de cette couleur, et la faire trancher mieux avec celles qui lui sont opposées.
- 3° Après un repos de quatre à cinq jours, le deuxième rouge ;
- h° Enfin, après un repos de deux à trois jours , le troisième rouge n° h, § 639.
- Il faut surtout éviter durant l’impression le mélange de ces différents mordants, et à cet effet l’imprimeur doit veiller à ne point appliquer une couleur trop claire : autrement le mordant imprimé en dernier lieu , recouvrant celui qui le précède , pourrait se confondre avec lui, à moins qu’on ne prît des mesures pour les faire réagir chimiquement l’un sur l’autre. Toutefois, en cherchant à éviter cet écueil, il ne doit pas tomber dans un excès opposé, et faire usage d’une couleur trop épaisse, car il pourrait arriver , surtout si la planche n’était pas bien nettoyée, qu’il s’y formât des bourrelets qui, en s’appliquant sur l’étoffe, en contourneraient les sujets d’une nuance plus foncée en raison d’une plus grande quantité de mordant.
- Quand le tissu a été imprimé , on l’expose à l’étendage durant sept à huit jours , afin de laisser aux mordants le temps de s’y combiner intimement et dans l’état physique convenable 5 puis on complète la fixation en passant une première fois dans un bain à la cuve carrée , porté à la température de 60°, une seconde fois dans la cuve ronde , à la température de 30 à 35° 5 enfin, après avoir bien dégorgé, on teint en deux reprises avec 4 à 4k ,5 de garance, la première fois à la température de 30 à 55°, durant l’espace de deux heures et demie, la seconde à la température de 30 à 65°, durant l’espace de trois heures. On rince, on dégorge , et l’on passé , dans la cuve à teinture , à la température de 30° qu’on porte à 70" durant l’espace d'une
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- ni.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- heure, dans un bain de savon, composé de lk,5 savon pour dix pièces. On expose sur le pré durant quelques jours, puis on donne un avivage durant trente minutes , à la température de ZiO°, dans un autre bain composé pour dix pièces qu’on traite ensemble dans une cuve à teindre de 0k,375 dissolution d’étain,
- \ kil. savon.
- Après cet avivage , on rince à l’eau courante , on donne un second passage en savon semblable au premier ; enfin on expose durant une heure à la chaudière close à l’action d’un bain composé de
- -1k,50 savon,
- 0k,375 cristaux de soude.
- ’ no
- On rince, on dégorge aux roues, et l’on remet sur le.pjr^si
- exige. ni
- L’échant. 1/1*2, d’une exécution beaucoup plus façjje ^puisqu’on n’a point eu à se préoccuper de la juxtaposition de^ couleurs , est le résultat d’un traitement à peu près semblable : seulement, moins chargé de mordant, il a demandé moins de garance. r _ j i •
- 149. Brillante rouge et puce garance.
- Les nuances du genre de celles de l’échant. 1/|3, qui s’appliquent à la planche sur fond blanc ou sur fond couvert, impres-
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. 307
- 143* Fond rouge cerise avec Impression blanc enlevage.
- sion blanc enlevage, réclament une très grande quantité de garance. Pour une étoile légère comme celle de cet échantillon, il n’en faut pas moins de 5 kiî. à 5k,5 par pièce. Dans sa mîiMré progressive, la température du bain de teinture ne doit’ pïfô aepasÉer de 50 à 55°. Après le garançage , on donne délit*1 dit trois passages en savon , à raison de tk,50 pour quinze piè<?ès'; puis, quand la couleur est saturée de corps gras , on fait circuler dans une cuve à teindre remplie d’eau, à laquelle on mélange
- IfBO dissolution d’étain,
- 4‘,50 acide nitrique,
- en ayant soin de ne faire agir l’acide qu’à une bapse température pour conserver au rouge toute, son intensité ; on passe alors une ou deux fois à la chaudière close dans un bain de savon et de carbonate sodique, et l’on termine en donnant un dernier passage en savon semblable au précédent.
- On a augmenté les effets de ce genre de fabrication a la main en y combinant ceux des fondus, § 506. Alors, àu lieu de couper seulement des nuances distinctes, on les fond en les coupant, et l’on arrive à des résultats qu’il ne serait possible de réaliser d’aucune autre manière : dans une rose , par exemple, on ne pourra faire ressortir ni ombrés ni nervures sans recourir aux fondus.
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- DR LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Dans l’impression à la perrotiné, les effets de ce genre n'ont pas obtenu sous ce rapport de moindres succès, et l’on a imprimé sur jaconas des bruns foncés en fondus puce passatit aux lilas etrviolet tendre. Qu’on s’imagine, par exemple , des guirlandes de feuilles disposées en colonnes; le mordant puce fondé de la nervure imprimée en fondu passera au lilas à l’extrémité des feuilles. Îivl8 obimmob nisd eo ; f&l .gfl
- Il y a,', dafils cette fabrication , des genres qui présentent1 dfe difficultés;d,’uri,e autire: espèce; ce sont, par exempte^lédàdt'iéllés mouchoirsM)foulards; fond; blancâtppfosfe'ioiîi noipmtlrbtig-@\ <pe l’on» | ex é c g te <i n di s ti n e t emen t sur étoffe déffifjii buffle? fè
- phisygénMèmenfc à; doublé face:
- e atatÊ t » 1 acganain cbi ‘eViAîfs0O©'f qtâft^t'^W^fi r'âÿfèS %-À#-
- gnon^lqàckment'jdim fabricant dés 'Soin s ffidUt 4péélëbxd'K^ 89^J Mouühoïrsïfoml1 pouya''Bt'Woib. i*\.prèS;qvbbfI|ir(]4riihê'fëi'ibir à la planche § 631, on expose à l’étehda^e'duTfoitffiiiviffifïïtffife joursv;và l’èffetxdëifavoriserlà combinaisom du mordbn^Wàs la toile , et l’on rentre le rouge de même espèce n° 2 ,63*91 '(M expose de nouveau durant huit jours dans une atmosphère convenablement chargée d’humidité, et ce n’est qu’au bout ;de"éc temps qu’on procède au bousage pour compléter la fikatidrk Cette dernière opération doit avoir lieu une première fois'#fa cuve carrée , à la température de 60 à 65°, et l'a s'eéèhdè'iltins ja cuve fonde, durant vingt à trente minutés / à MdoinpéV&Mrè 'de 50 àô5b;-.on rince ensuite ©t l’on dégorgé, bg-iogob te èoiri On réalise aussi en deux fois la teinture de nairemehttrfe .chargés démordant, en ajoutant/éh'é^üté^lfein une<proportibn;dm50 gir, lessive de potasse'caustique PW*'lJ4‘B par kil. de garance. La quantité de cette dernière vlirie^ë 5 là 8 kil.jjj$ftt,j9n fait deux parts,. aü^AJa 8<mov aaraao aaa
- Ee premier garançage s’effectue en g b. f/2; on le commence à 30u pour arriver à 56 ;
- Le second garançage s’effectue en 3 n. 1/2: on le commence à 30“ pour le finir à 68. jffimoo tnoijfiu/
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- Cette opération terminée, on rince et l’on dégorge aux roues à deux ou trois reprises, on passe dans un bain de son porté à l’ébullition, puis on expose sur le pré durant huit à dix jours. En hiver, lorsque cette exposition ne suffit pas pour donner au blanc le degré de pureté qu’il doit avoir, on fait passer les pièces dqrant vingt à trente minutes en savon dans la cuve à.teinture, § 539, fig. 141 ; ce bain demande 3kil. savon pour la quantité d’jeau que contient la cuve. Après le passage de 10 pièces , on y ajiqîdjq^^il.^qvoni, et ainsi de suite ; on expose alors de nouveau £$jÇ IqqpAJusqu’à parfaite purification du blanc.i Cette: manière ^’q^é^^sgft^qt pour objet de conserver!fo noirJJpteujours fPlq^.qqijq^ipsfatigué,, quand on suit un autre modè d’avivage, .qt^ept pqu,iqarriver plus promptement au même; but que dans des fabrications ,à peu près du même genre uonnremplace la ggfiaqc§gj;Ayrfgfitovpar celle d’Alsace, en procédant ainsi qu’il ^g^pqmvrartiQlei foulards. / ; n-.!q
- j fond rouge et noir, blanc réservé par la gravure.
- jQ91 imprime le noir à la planche ; après trois jours d’exposition, qjq rqntr.e le rouge , on abandonne au repos durant huit jours Jqsqgilqs chargées de mordant, 011 bouse alors deux fois comme la fabrication qui précède, et après le dégorgeage.on teint deux reprises aux mêmes conditions de temps et de .Iqjppéff'iture, mais en employant seulement 3k,5 à 4 kih de g%j}%ipçqrfj,’q\.}oaqe et 500. gr, de sumac par pièce. Après avoir rincé et dégorgé deux fpis > on , passe en son ibouilîaht < Sans . 4?$ètWïtejût^ 0b siiîlfiisd cl eiol xueb no iaaiwBSRÜfiàï nO joqqpeii Un double rôle.5 d’>usi^padt, dt'ûQhfcribae à grenage# lps ipa|fii,es blanches durant la tçinturéqndi.unqcaqtre , ri doqrmqq pqir.plus dejvivacité et plus d’Kclat.uiunj oh .lid i.
- DES GENRES FONDS BLANCS IMPRIMÉS SUR’ fÔlLE!,fldfil^È. O/1
- ^ 644. Quand les impressions que nous venons de décrire, §§ 626 à 643, sont réalisées sur toiles huilées, lès résultats different comme les traitements ; car l’étoffe recouverte uniformément de mordant organique, attirant alors dans toutes ses
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- parties la matière colorante, le blanc ne peut y apparaître que par des enlevages qui suivent la teinture ou par des artifices qui la précèdent.
- M. Daniël Kœchlin a été un des premiers à produire des impressions sur fond blanc, et a créé ainsi deux genres de fabrication. , dont l’une, aux teintes près, se rapproche beaucoup des genres qui précèdent, mais l’autre en diffère essentiellement. Examinons d’abord cette dernière.
- Sur une toile huilée, foulardéë en mordant d’alumine dtf 'de fer, on imprime un blanc enlevage au jus dë ëitfèiîi à l’étdHe oxalique bu Îü fiftcide tartrique. qui fait disparaître pfiéyqiië totalement le hlbrdarit inorganique ; on boùSë'àd’éhû dë'fcfiàtle^îi dégorge, on teint et l’on avive comme pour lés fondSUfiiië TOÜgfe turdfiOn-' bbtieiif de cette manière un fond rôujgb otT Violét1 avëc impfieësionb'ése et lilas enlevage, au lieu du blanc Wilqttëî'bh arrivd'dâhë lëS gentés correspondants sur toiles ntdirtàh'éë,-attendu que le mordant organique qui n’a point été détruit, ët a retenu une certaine quantité de mordant inorganique, se tëint sur les points mêmes qui devraient rester blancs. M. Daniel Kœchlin a obtenu des effets du même genre par l’impression du mordant : il imprimait des bandes écossaises en mordant rouge ou violet foncé, puis, quand l’exposition en avait été suffisamment prolongée, il passait la toile dans un bain de botise ancien, et le mordant qui s’y trouvait en dissolution se portant du bain sur le fond . se déposait sur les parties huilées en quantité1 rié-i cessfiifiu pbür léâ 'faire attirer fortement à la teinture ët dbühter un rosie uni. Ce procédé de mordançage était préférable à uhe application1 directe du mordant, qui donne toujours des teintes trop foncées. On teignait alors en garance, on avivait ensuite1, et de cette. manière on réalisait de jolis dessins rouge fOnéë sur fond rose , et vice versa, des dessins roses sur fonÀ rouge', selon que l’on faisait ou non prédominer le rouge. Les premiers produits de cette fabrication furent des dessins genre madras ou écossais , carreaux rouge et rose, qu’on exécutait aussi en
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE.
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- violet et lilas, rouge et lilas, en remplaçant la préparation aluminique par une préparation ferrique. Pour fabriquer des rouges et lilas, on imprimait d’abord le rouge ; et, lorsque le mordant était resté assez longtemps sur la toile pour s’y fixer, on plaquait rapidement dans une dissolution de sulfate ferreux bien neutre : ce sel, se décomposant par une portion du corps gras, mordançait les seules parties du tissu qui fussent huilées et respectait le mordant d’alumine ou tout au plus lui dopquit un ton un peu plus foncé. Du reste , on teignait et l’on
- a$i$gij S onnld mr omhqrni no , -
- ,Pn pourrait encore exécuter ce genre ou en mettant directement ^pièces fortement huilées et légèrement morfiancées dans la .chaudière à avivage, avec un nombre égal de pièces rouge tnrc. qni, sortant du garançage; la matière colorante,(qui se détache, de ces dernières suffirait pour teindre les autres, en rose pur, et une fois ce fond obtenu , il n’y aurait plus qu’à imprimer le mordant rouge, à le fixer, à le teindre et à l’aviver pour avoir la nuance voulue, ou en imprimant et en teignant d’abord le fin rouge sur toile non imprégnée de corps gras, pour huiler ensuite celle-ci et teindre le fond rose comme ci-dessus. La même opération serait applicable aux violets en remplaçant le mordant d’alumine par un mordant de*fer.
- ,L’un comme l’autre de ces procédés réalise du rpuge et ctp dp rouge et du lilas , mais ne fournit jamais directement de dessins blancs , attendu que toute la toile est recou-Vje$gfqur certains points de mordants inorganique^et organiques qqlfjy produisent les nuances les plus foncées,, et sur d autres d'un mordant organique seulement qui donne lieu à une couleur plus claire; pour y produire du blanc, il faut donc avoir recours aux enlevages à la cuve décolorante. A 1 occasion de. ces enlevages, M. Daniel Kœchlin recommande spécialement d’imprégner préalablement le tissu de carbonate sodique, vu qu’à, côté de nuances foncées qui exigent une immersion assez longue dans la cuve-décolorante, il s’en trouve de claires qui nesuppor-
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- 145, i'oml lilas, ini|n°.
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- tent qu’un Séjour infiniment plus court dans cette cuve, § (525.
- Les fichant. 144, 145 suivants donnent une idée de la fabrication qui précède, et qu’on réalise avec le plus grand succès dans l’établissement de M. Steiner, à Hibeauvillé {Haut-Rhinj.
- 144. Fond rose, hnpr. rouge sur toile huilée avec impr, r;T T/r «'m blanc enlevage.
- D-'ftiitWihédfi clë fabrication , qui rentre jusqu’à' üh'^ériHln pèîhtMd'in¥I,ôélui! dès fonds blancs ordiriaiifi'à1, eét düfà M: Ü. Kdèéh-lfo ét: à ’MM. Dollfus Mieg, qui l’ont exéciité vers l’an 18L2* Tfiaié il présente tant de difficultés pour son exécution, qu’on V a renoncé depais longtemps.
- ru mm Jniii
- let sur toile huilée avec |i^^. idane enlcvase.
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCE. 313
- On voit, d’après ce que nous avons dit, que toutes les parties d’une toile huilée attirent la matière colorante en passant dans un bain de teinture : or, pour produire un dessin détaché sur un fond blanc, que fallait-il faire , sinon user d’artifice et étudier les circonstances dans lesquelles la matière grasse du tissu disparaît le plus facilement? C’est ce qu’a fait M. D. Kœchlin, et voici les précautions qu’il a du prendre :
- 1° Employer des toiles parfaitement blanches;
- 2° Les imprégner de la quantité d’huile strictement nécessaire pour obtenir un beau rouge ;
- 3° Quand les toiles étaient imprimées , fixer le mordant à une température élevée , puisque c’est à l’ébullition que le corps gras modifié disparaît le mieux :
- 4° Ne passer à la fois en son qu’un petit nombre de pièces , trois , par exemple , pour éviter, en opérant sur une plus grande quantité, que les dernières se chargeassent d’une partie du mordant inorganique qui s’était détaché durant le passage des premières, et qu’ainSi les portions simplement huilées ne pussent être ramenées au blanc.
- Ce fixage même se faisait d’une manière spéciale : les pièces, au lieu d’être simplement passées dans le bain, § 533, fig. 139, 140, étaient d’abord encadrées au champagne, comme pour la teinture des bleus. Au moment où l’eau était en pleine ébullition, on y ajoutait la quantité de son nécessaire , et aussitôt après on plongeait rapidement le cadre dans le bain, en l’y balançant durant huit à dix minutes, puis on rinçait à la rivière ;
- 5° .Teindre immédiatement, après le dégorgeage, à une température qui ne devait pas dépasser 60°, et afin d’être sûr'd’ob-tenir à ce degré des nuances foncées et nourries, employer des mordants extrêmement forts. O11 devait teindre dans un bain de gqrançe peu étendu, et y ajouter de la colle pour prévenir la fixation de la matière colorante sur les parties huilées. Après avoir fait subir à l’étoffe imprimée et teinte des passages en son et en savon et des expositions sur le pré, on
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- n’obtenait que des fonds blancs toujours plus ou moins jaunâtres ; on les purifiait en les traitant par une solution très étendue de chlorure de potasse qui blanchissait les points rosés, tout en dégradant légèrement ceux qui étaient imprimés en mordant d’alumine. Il fallait opérer sur une dissolution de chlore extrêmement faible, et qui ne contînt pas un excès de base S pour que son action fût plus directe. A la sortie du passage dans ! un liquide décolorant de cette nature , on exposait sur le pré, et cependant, malgré ces traitements réitérés , on n’arrivait qu’à un blanc toujours peu satisfaisant. Ce n’était point, en effet rcomme dans le blanchiment des fonds blancs garan cés? une. •pacification des parties blanches qu’on réalisait, mais une véritable décoloration-de toutes, les parties recouvertes du nmrdant inorganique sÇjU], Ce procédé, long, pénible et dispendieux , sujet d’ailleurs à compromettre les toiles, a été abandonné de nos jours].
- lfn raison des oxides qui leur servent de bases \ les diverses couleurs fournies par la garance peuvent toutes être appliquées à la fois comme couleurs réserve ou comme couleurs enlevage ; il faut seulement que les fonds sur lesquels on les dépose n’aient aucune aptitude à attirer la matière colorante du bain de garance , et puissent supporter tous les traitements par lesquels on fixe et purifie les laques garancées : or, il n’y a jusqu’ici que l’indigo et le cachou qui réunissent cette double qualité. ,
- Indépendamment des moyens que nous avons fait connaître de combiner par teinture la matière colorante aux mordants;, on a eu quelquefois recours à un procédé d’une autre espèce,qui fournit-des nuances toutes particulières. Ainsi, il-ynt quelques anü&éeSufMr Witz Kœnig, de Cernay, obtenait, eu plaquant les pièces préalablement mordancées d’alumine dans une .solution alcoolique de garance, des fonds garancés d'une teinte spéciale.
- Applications. Passer en revue toutes les circonstances dans lesquelles on emploie la garance, ce serait en quelque sorte faire l’historique de l’art qui nous occupe, vu qu’il n’est qu’un
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCINE. 315
- petit nombre de genres dans lesquels les couleurs qu’elle engendre n’interviennent en plus ou moins grande quantité.
- Nous ne terminerons pas ce sujet sans ajouter quelques remarques à celles que nous avons déjà faites en examinant au point de vue général l’opération du garançage , § 539.
- Les roses, avons-nous dit, se teignent à une température basse, les violets à une température plus élevée. Dans les bains de teinture, en opérant à la manière ordinaire, il reste une forte proportion de matière colorante que beaucoup de fabricants jettent, mais que d’autres savent utiliser. Les bains oùOhUnàtteint dos roses peuvent parfaitement setvir à teindre, jusqu’à'uù Certain point du moins, des violets et dés puces , et de cettie Manière on économise beaucoup de matière'ColbràWtè. Alorh qüe ceS résidus ne fournissent plus à là teinture:, où pèiït les rendre actifs pkr l’addition faite à propos d’une certaine quantité d’acide oxalique ou sulfurique, ou mêrrie de bisulfate potassique. Au moment où le garançage touche à son terrée, ces acides s’emparent de la base sur laquelle la matière colorante s’est fixée, et en la mettant en liberté, rendent au bain une certaine énergie. On arrive au même but en ajoutant au bain épuisé k à 500 gr. de savon, ou mieux encore en y mélangeant le résidu d’un premier bain de savon. Enfin , on peut utiliser pour la teinture de roses très tendres les bains de savon saturés du principe colorant de la garance; on obtient ainsi des nuàncës'd’une grande pureté. A cet effet on emploie' spéciale-mentdés! bains de savon , dans lesquels on a passé deux parties do pièces au sortir du bain de teinture, et qui sont aiüsi plus chàr^éS: de tnàtière colorante; on y teint lés toiles -kprèsafes avdit'iiiôrd.ancéêset dégorgées à l’eau. : ; 1 i
- -èqa otniot emi’b sèonninu ehnô\ eut» < oonnisa ob onpifooob
- DES GENRES DÉRIVÉS DE LÀ GARANCINE.
- .9161 ;
- § 6A5. Quoique le principe colorant de la garancine soit le même que celui de la garance , nous sommes cependant obligé d’examiner à part la fabrication à laquelle il donne lieu, attendu
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- wwntot-aiH AJ an gâviaaa aaawsïo
- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- qu’ellé présente quelques différences qui méritent d’être signa-
- L’introduction de la garàncine dans l’impression des tissus date de 1839; elle est due aux efforts persévérants et aux sacrifices de tous genres de M. Lagier. Les travaux de MM. Ro-biquet, Colin , Lagier et les nôtres avaient fait pressentir auparavant le parti qu’on‘tirerait un jour des moyens dont on était
- ûrf qIV ûllnq £ÎJ3XJj} PQ2 vjt} 9niJ. Sibt
- en pdssësteiorrpôur purifier et concentrer le prmeipe^olorant de la garance; cependant l’importance de ces travaux ne fut 'génPfàleitflLli1 ^âisfe^tbul^ ÿaiord^.sâns doute parce qu’on
- ‘lés'îlnlifës iâans lesquelles la garancine. peut
- eiïioimT&a al) ènoitioqoiq eoél .sàysfô *l
- les
- ditëkeidfeiitâl^fa^ficatîon J^u rose, ïa plus vive et la plus solide ctttlréèS (liüéM’iMü<9bÇièrtn e cl e ce tf!e*cferniere^substance , nt’en.re-tS^f^tif’jUfriùiL^Wi1? 1 àrpîaçani;1 üâns les memes cpn(|ition^gue Ja
- méillétiré garance d’Avignon, que des produits qui ne pouvaient
- ,a_Arrr'i, PMMiJitBP ln9fli9iokrrfioo inoa abD9q.8£r saniBri
- suppëfter ' dé comparaison.
- m Jn
- Si dans le début on l’eût présentée comme ne pouvant remplacer que les garances d’Alsace et de Hollande dans tous les
- „ . .orrnifxî7n 1) *t*q I i l> O SjJ SSJiXSlOIfl X J
- rëp^icâtidû1 d’üfté1^ ifttk^Ûn'delquirenà Me^si jmpor^lijits1 Services fà'idLéëûb dk lâ9ptiPele lei cf e3 fa1 vivac^Uâes f'teintqs
- 0de^'^am *d^uyre^ et^âe^matière dt^Mïlrg? lnoa 8lnB^‘Iorn 89^ I091'119'1!1113 : smanmBg ni èyjm
- 9lC’ës^Iâr)î6?Ûêû,'!feûA^Më'cütent1spêciaïémeni; les” genres qui
- ’ëdlû'fflfeft) l^èiûLlBf cftHit Warance ' cBlMs aceflèl s^ que/ mouch o i r s, raa-aaokt Ab imJVBjakd LU
- produire des fonds noirs avec dessin rouge orange reserve , et ët^rinêfrlB8 fâftritHloli Ij^vec j mi-fënd^ viole?1 ei pude !SBieni' t ^èa'C%°§tî^;ëê^exemplepe^i’emploi de cette préparation se propagea insensiblement dans tous les pays manufacturier(Y "
- c
- apï
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA GARANCINE.
- M7
- Les mordants dont on se sert pour teindre en garancine :§qnt les mêmes que pour les teintures en garance: seulement, oales rend un peu plus acides, et l’on bouse les pièces à, deux ou trois reprises selon la quantité de mordant qui le recouvre. On doit donner à ce fixage un soin tout particulier, afin qu’aucune parcelle de mordant ne vienne , en se détachant, se fixer sur les parties blanches de l’étoffe, et, en attirant à la teinture, enlever à la garancine une de ses qualités essentielles , celle de ne pas salir le blanc du tond. ,,r v r ______________ „[ 9p
- le blanc du fond. .<r , r
- x/mvuif §93 ob oonBhoqmi I InsbnsqBO ; sonmn^ ni
- ur le 1 1
- de
- Loiin^^cr ç<qhi)_io . oonçang ogniniwb f
- !SSr,âa miw
- " —de influence sur le succès, i.sjdâffê)
- »sd«.
- * as sssrmc do,it °s *=
- certaines espèces sont cofnplétement saturées ^^u^çe^^ptien • nent une quantité d’acide dont on doit tenir compte. Quand les
- eaux sont aussi calcaires que celles de la Suisse et de Rouen,
- j[ euoi gftBD sbcmlloH. en J9 90Bgix\. n «pjnjii.bg «ai aqp i
- on y mélange de 5 à il gr. d’acide oxalique ou sulfurique par
- heç^plifre8; M/ tagier. recommande, aussi d’y ajouterrrduff1s,qn:-#«3* Maâa an#** ovms $&**££*
- Mais ,<|uel que soit cehji ^egceSpCo^r^^rg^nj}'Brff<SWJ?oii^f
- garancine : autrement les mordants sont
- raclés par l’action corrosive des parcelles de gaçuacme^acide
- um eéinon eqh Jrraffiolfimqe JxfôliEraxs.a no qrairrox b
- qjlàîa^emgérajur^e7(^fp^a^^|tr^|^^ s§ft$âi%9§: quelques genres "de fjabriç^tjon
- quelques genr
- vation de température , en neutralisant tous^s^l garancine , préserve les mordants de leur action corrosive
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- Ordinairement les teintures s’effectuent en deux heures et demie, depuis 50 à 75°; dans quelques fabriques seulement, commenous venons de le dire, de 70° à l’ébullition ; on est guidé par la nature de la garancine, par la qualité des eaux et la manière dont on les purifie ; en un mot, par la nature des agents qu’on ajoute au bain pour faciliter le développement de la matière colorante de la garancine.
- Au sortir de ce bain, on passe les pièces dans une eau de son, et elles en sortent dans l’état ci-après , échant. .146.
- 146. Mordants de fer et d’alumine teints en garancine.
- • Si l’on compare cet échantillon avec les tissus recouverts des mêmes mordants, mais teints en garance, § 542, éch. 47*48, on verra toute la différence qui existe entre ces deux genres;de teinture. Le blanc des derniers est toujours sale; apsofatirfjdu baiiql taTi-dja que- celui du premier est presque:pur<< quand âfesr'diverses îPpéiiations ont été exécutées avec tout lesoin.vnéeeskaire. LèidW!'UgléSîejt;)lesJpî|Lees ont toute la vivacité dçsirableçnimâislies ncàrsijet«tej?flqlete sont généralement moius bfeU&ei ^piftaineur-ris;que ceux de la garance , à moins qu’on n’opère sur des ga-’rancines de première qualité:, é ig&ieqo h imé xiraîi
- 11 est rare quion avive les couleurs ainsi obtenues, parce que les violets, et les lilas surtout , ne supportent que difficilement les passages en savon et en acide par lesquels on parvient
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- à donner à la matière colorante de la garance toute la vivacité et toute la solidité dont elle jouit 5 toutefois , quand le genre de fabrication l’exige, on les fixe par un moyen indirect, celui qu’indique Hommassel pour l’avivage des garancés, §542, ou en imprégnant les pièces qui sortent du bain de teinture d’une eau de savon sursaturée d’acide gras et en vaporisant ensuite. Quand on n’a pas à sa disposition d’acides gras, on décompose partiellement le savon par une certaine quantité d’acide acétique qu’on ajoute,51 cette matière saline, soit avant que le tissu en soit imprégné** soit après. On peut aussi, au lieu de vaporiser les piècë5, les exposer 'a l’air, qui, au bout d’un certain temps, produit le même effet qu’un vaporisage.
- A l’exception de la fabrication des rouges turcs, des roses, des violets fonds blancs, la garancine se prête à celle de tous les autres genres que nous venons d’exposer 5 mais on l’applique spécialement aux impressions noir, rouge, puce, qui ne réclament aucun avivage et n’ont besoin que d’être passées en son après la teinture , pour être livrées à la consommation , ou recevoir l’impression des couleurs d'enluminage.
- L’échantillon 146 ci-contre , dans lequel figurent toutes les nuances que peut produire la garancine, fait comprendre le parti qu’on tire de leur combinaison ou de leur association dans la composition d’un dessin. C’est particulièrement dans la fabrication des foulards de coton et de soie que cette substance a renduid’importantS'services.
- Ar Rouen, on imprime beaucoup de mouchoirs, gcnrefoülard., en noir et rouge, avec ou sans enluminage. Voici jen quelques motsulauiparche que l’on suit : ordinairement le sujet du dessin est gravé en taille-douce et s’iniprime à la planche plate en traits noirs bien nourris ; le mordant dont on se sert est le Jjÿroligftite ferreux brut à 14° AB, épaissi à l’amidon grillé , à raisoil de 500 à 650 gr. par litre. Après cette impression , on rentre à la planche le rouge I, § 616, que Chaptal a fait connaître comme donnant des teintes imitant assez bien celles qu’on obtient avec
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- les toiles huilées (c’est un mordant riche en acétate de chaux) , et on laisse reposer durant quinze à vingt jours selon l’intensité que l’on veut donner à la couleur, qui devient ici encore d’autant plus nourrie et plus brillante que les oxides ont été mis plus lentement en liberté ; on bouse alors à deux reprises, la première fois dans la cuve à roulettes, à la température de 75°, la seconde, dans une cuve ordinaire en rond, à une température plus basse.
- Après chaque fixage de mordant, on dégorge avec soin et l’on procède à une teinture préalable durant vingt à vingt-cinq minutes dans un bain chauffé à 30 ou 40°, dans lequel on introduit 500 gr. sumac ou quercitron par pjèce. Cette teinture préalable est toujours effectuée pour les genres dans lesquels on dépose sur le tissu de grandes masses de mordants ; elle a pour but, non seulement de donner au rouge une teinte orangée par suite de la combinaison de la matière colorante jaune avec cette couleur qui se fixe ultérieurement et de contribuer au développement du noir par l’union du principe astringent avec le mordant de fer, mais encore de favoriser l’opération même de la teinture. En effet, comme la saturation des mordants a lieu à une basse température dans le bain de matière colorante jaune, trop faible pour les attaquer , ils ont le temps de compléter leur combinaison avec l’étoffe dont la teinture ne s’opère plus, lorsqu’on la fait passer dans un bain de garancine, que par un véritable déplacement, § 36ù, p. 392 . Si quelques doutes existaient à cet égard, il suffirait île prendre une toile chargée de mordant d’alumine et teinte à saturation dans un bain de quercitron, où elle aurait pris une teinte jaune bien nourrie, et de la passer en garance ou en garancine ; on verrait la couleur jaune disparaître peu à peu pour faire place à la couleur rouge. C’est un des moyens qu’on emploie pour réaliser des nuances composées. Après cette coloration préalable des pièces, on les teint en prenant une proportion de garancine en rapport avec la quantité de mordant à saturer. Cette teinture se fait de 50" à
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- l’ébullition durant deux heures , et l’on doit maintenir le bain à ce terme durant vingt à trente minutes, afin que le mordant soit complètement saturé. On rince ensuite et l’on dégorge au clapeau, puis on passe au son bouillant durant trente à quarante-cinq minutes. Mais le son dont on se sert dans ce cas particulier doit être aigri ; on le prépare, en l’abandonnant à lui-même après l’avoir délayé dans une eau tiède à consistance de bouillie. Après ce passage en son, on rince de nouveau, on passe au clapeau à .plusieurs reprises, en dégorgeant après chaque opération, et l’on obtient un blanc plus ou moins rougeâtre.
- Dans ce genre on remplace fort souvent le rouge par le puce, -et alors on teint simultanément ces deux couleurs noir et puce ; le traitement est le même ; les mordants seuls diffèrent. On peut donc avec la garancine réaliser toute espèce de combinaisons et de dessins comportant l’une ou l’autre des nuances de l’échantillon 146.
- § 646. La fabrication des foulards rouge et noif sur soie présente de si légères différences comparée à celle des articles de Rouen, dont nous venons de donner un aperçu, que nous nous serions dispensé d’en faire le sujet d’un paragraphe spécial, si nous n’avions à tenir compte de la nature de la fibre de l’étoffe.
- Comme le blanc de la soie ne peut que difficilement être ramené à son état primitif quand il a été sali par les opérations de la teinture, le premier soin à prendre est de veiller à ce que les étoffes de cette espèce, qu’on destine à l’impression, soient parfaitement pures de toute substance susceptible de fixer de la matière colorante sur les parties qui doivent conserver leur blancheur primitive en tout ou partie : aussi est-il peu de fabricants qui ne dégorgent ou ne dégomment les fonds blancs sur lesquels ils veulent opérer, en les faisant passer dans un bain de savon vert, ainsi que nous l’avons dit § 461. Après que le tissu ainsi traité a été desséché, on le tend, et l’on y imprime d’abord un mordant noir à base de pyrolignite brut à 7 ou 8° AB,
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- III.
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- épaissi à l’amidon. Au bout de deux ou trois jours , on rentre le mordant rouge A , § 616, marquant 8" AB , qu on épaissit au léiocome. Un point essentiel est de trouver la quantité strictement nécessaire de mordant ; car, pour peu qu’il soit en excès , il se porte sur les parties blanches, qui se colorent alors fortement. Cette impression achevée, on abandonne les pièces au repos durant deux ou trois jours, et l’on procède à la fixation des mordantspar le dégommage, qui a toujours lieu dans.un bain de son additionné ou non d’une certaine quantité de sumac ; ce dernier n’est introduit dans la décoction de son claire, préalablement bouillie, qu’à la température de 60°. Les pièces passent dans ce bain au nombre de trente-cinq, divisées en cinq paquets , et y séjournent durant vingt-cinq à trente minutes ; elles sont ensuite dégorgées aux roues. Pour vingt paquets de sept foulards, on emploie environ 12 kil. de son et lk,50 sumac,; la décoction de -son est divisée en quatre parties, que l’on ajoute successivement au bain au fur et à mesure qu’il s’épuise.
- L’arséniate calcico-potassique pourrait, ainsi que nous nous en sommes assuré, contribuer au succès de cette fabrication en fixant mieux le mordant ; il faudrait seulement bien dégorger l’étoffe.
- Le mordant une fois fixé, on procède à la teinture avec des doses de garancine calculées sur le poids primitif des foulards écrus , à raison de /|8 à 50 gr. parfoulard, ou environ 6k,5 à 7k,5 pour cent quarante foulards, nombre sur lequel on opère ordinairement en meme temps. On ajoute à cette teinture au moins le double de son fet une petite quantité de vinaigre , tant pour corriger l’eau que pour prévenir l’altération des parties blanches. La durée de l’opération est de cinquante à soixante-cinq minutes ; on la commence à 50° pour monter progressivement à l'ébullition ; on nettoie alors les pièces, et on les soumet à l’action d’un bain de savon chauffé à 70", afin de purifier autant que possible les parties non recouvertes de mordants et d’augmenter la vivacité des couleurs,
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- ^ 6/i7. Fonds couverts, impression blanc réserve sous lilas et puce. Nous avons vu qu’il suffit d’imprimer certains corps pour prévenir la fixation des mordants sur les parties qu’on veut réserver, §, 618 or, ce qui se fait pour un mordant appliqué seul sur la toile peut se faire aussi pour les mordants alumi-nique et ferrique réunis.
- L’éeh. 1Z[7 nous fournit l’exemple d’une semblable fabrica-
- ËJrl. Puce et violet avec impression hlanc réserve.
- tion, qui s’exécute en employant soit la garancine , soit la garance d Alsace ; trois impressions se font remarquer dans cet échantillon, savoir :
- * 1° Celle du blanc réserve sous violet et puce ,
- 2° Celle du puce,
- °^30 Celle du violet.
- Les deux premières , qui sont en rapport exact, ont été faites à la perrotine ; c’est, d’une part, celle du blanc réserve n° 8, l 618, destinée à préserver le blanc de l’étoffe de lnnpressioü puce et subsidiairement de celle du violet au rouleau ; d une autre , le puce B, § 617.
- Enfin on a réalisé la troisième impression en faisant passer par-dessus les deux premières un rouleau picotage violet n° 2, ^ 632. Après un certain temps de repos , on a bousé, teint en
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- garancine ou en garance d’Alsace , puis passé en bain de son et de savon pour purifier les couleurs et surtout les parties blanches du tissu.
- L’échantillon dZ|8 est un second exemple de cette fabrica-
- f4 g. Mordants teints en garancine, imprcss. blanc réserve.
- tion , où l’on remarque quatre impressions : le blanc, le noir,
- y a > ' tlJO K,
- le puce, le violet ou lilas. Le blanc n a pas pu etre réserve par la gravure, puisqu’il a été recouvert partiellement dans la direction des colonnes par le puce et sur toute la" surface .par le vio-
- L • 4 ’ - ’.rO(1 9! )ijg'
- let, qui n’altère ni le noir ni le puce. Deux de ces couleurs, le puce et le violet, ont été imprimées au cylindre ; le blanc et le noir ont pu l’être au cylindre ou à la perrotine.
- Examinons la marche qu’on a dû suivre dans l’une ou i’autre
- i . • • r “("tliun jio.' 9
- de ces suppositions :
- Au rouleau seul (machine à quatre rouleaux), on aurait im-prime :
- \0 Le blanc réserve n° 8 , § 6 \ 8 ;
- 2° Le mordant noir, § 630, en rapport parfait avëb lé fôiileau précédent, puisque cette couleur noire encadre le blanc ; 3° Le mordant puce passant successivement sur toutes les parties imprimées en blanc et noir ;
- 4° Enfin, le mordant violet recouvrant le tout.
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- Pour suivre un pareil procédé, il importe que les couleurs imprimées simultanément ne puissent pas se confondre.
- Au rouleau seul [machine à trois couleurs), c’est la même marche , avec cette différence qu’après l’impression du blanc, du noir et du puce, l’étoffe aurait été mattéeen mordant violet à l’aide d’un rouleau mille-points.
- Au rouleau et à la perrotine, on aurait imprimé :
- A la perrotine :
- \ " Le blanc réserve sous noir, puce et violet ;
- 2° Le noir encadrant le blanc ;
- à la machine à deux rouleaux, ou à un seul , en s’y prenant à deux fois :
- 10 Le puce ;
- 2° Le fond violet par-dessus.
- Enfin on pourrait encore, tout en suivant le même mode d’impression , au point de vue mécanique , avoir matté l’étoffe en mordant lilas au rouleau mille-points, fixé ce mordant à l’eau chaude,, puis imprimé en même temps que le noir, soit à la perrotine, soit au rouleau, un blanc enlevage sur mordant violet n° 5 „ S 621, faisant réserve sous mordant puce, et,
- nJ; \.{. -ifiLû JCOiff. ;j\rnq '.
- cette impression achevée, passé les mordants dans un bain de
- - Cl 'fiu 9QBJ7.J* Hi ;}tjjt .
- craie et de bouse de vache, S 533, et enfin teint a la maniéré
- . HI/9 . CO E L c 0
- ordinaire.
- L’une et l’autre de ces fabrications a ses avantages et ses inconvénients. La première exige une réserve qui résiste bien et ne soit nullement attaquable parles mordants qui la recouvrent tous, ou immédiatement ou seulement après un certain temps, selon le mécanisme à l’aide duquel l’impression s’effectue ; mais quand un fabricant possède une telle réserve et sait composer des mqrdants qui ne l’attaquent pas et ne se mélangent pas entre eux, elle est certainement la marche la plus naturelle, attendu que le blanc étant conservé dans son état primitif, on n’a pas à craindre , comme dans le blanc enlevage , que le mordant offre trop de résistance à l’agent qui doit le faire disparaître , ou qu’en lui cédant trop facilement, il ne laisse l’impres-
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- sion s’étendre et perdre de sa netteté, on encore que l’enlevage, sujet à cristalliser, n'agisse qu’irrégulièrement, ou enfin, quand il a accompli son action, qu’un effet de lumière ou de durée dans son contact ne détermine une nouvelle combinaison d'une1 portion du mordant1 avec l’étoffe. '
- Applications. Non seulement la garancine constitue des genres spéciaux, mais elle concourt encore, comme nous aurons occasion de le voir, à la formation de beaucoup de genres' composés, où la garance ne pourrait être employée qu’avec plus ou moins de difficulté, en raison de l’action qu’elle exerce sur le blanc du tissu; c’est ainsi qu’on l’applique à la fabrication des genres gros bleu enluminé, lapis enlevage, dans lesquels la teinture du rouge et du noir ne peut se faire par la, garance en présence des fonds bleus, sans que ceux-ci soient plus ou moins dégradés, soit immédiatement, soit par les opérations de l’avivage particulières aux couleurs garancées.
- DES GENRES DERIVES DE L’APPLICATION DU GARANCEUX.
- § 648. Depuis quatre ans on retire de tous les résidus de garance en Alsace, à Rouen, en Angleterre, en Suisse, en Allemagne et en Russie, un produit appelé le garanceux, dont nous avons fait connaître la préparation § 396 , et qu’on utilise de la même manière que la garancine , avec cette seule différence qu’on doit toujours y faire intervenir du sumac pour la teinture du noir, qui, sans cette addition, reste terne. Si l’on supprime cet auxiliaire , il faut combiner les dessins de telle sorte que le violet soit dissimulé ou relevé par les couleurs qui sont postérieurement juxtaposées sur le tissu. Voici un échantillon mor-dancé de fer et d’alumine et teint en garanceux : échant. 149. Le rouge a un reflet orangé qui tient, d’une part, à la modification qu’a subie la matière colorante; d’une autre, à une certaine quantité de sumac, qu’on a ajoutée au bain de teinture, et dont le principe jaune s’est combiné à une portion de mordant.
- Si nous ne nous étendons pas davantage sur les divers genres
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- 149. Fond blanc avec impression mordants de fer et d’alumine teints en garanceux.
- dans lesquels entrent la garance et ses dérivés , c’est que nous devons entrer à ce sujet dans de nouveaux développements en traitant de la fabrication des genres composés. Nous aurons aussi à examiner les procédés par lesquels on applique directement avec le mordant le principe colorant de la garance qu’on imprime à l'étoffe pour le fixer tantôt par une teinture sèche [vaporisage], tantôt mécaniquement à l’état de laque. (Voyez Rouge de garance, vapeur et rose d’application. )
- Quand on réfléchit aux voies détournées que doit suivre le fabricant pour utiliser le principe colorant de la garance, à tous les sacrifices qu’il s’impose dans ce but, à toutes les chances qu il court dans ses opérations, on se demande si le progrès de la chimie, en ce qui touche cette riche et précieuse substance, s’arrêtera à la découverte de la garancine, produit dans lequel ne se retrouve qu’une portion des propriétés de la plante qui la fournit, et si l’on ne parviendra pas, par un procédé économique, à extraire le principe immédiat de cette dernière à un degré de pureté tel, que l’application puisse en être faite d’une manière directe et rationnelle. Il faut avoir manié cette matière colorante pure , d’une force cent ou cent vingt fois plus grande que celle de la garance, avoir vu comment elle respecte les parties blan-
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- ches du tissu qu’on y teint, avec quelle facilité s’avivent les nuances qu’elle fournit, et quelle liberté elle laisse à la marche de la teinture, pour comprendre toute l’importance d’une pareille découverte, faire des vœux pour qu’elle se réalise et la hâter de tous ses moyens. Nous espérons qu’elle ne se fera pas trop attendre : ce sera le commencement d’une ère nouvelle pour la fabrication de la toile peinte , un pas immense dans la voie de transformation quelle subit, et qui doit, en s’accomplissant, assurer à tout jamais l’existence de cette belle industrie
- dans nos contrées.
- •I
- DES GENRES DERIVES DE LA COCHENILLE.
- § (jâ9. La cochenille, introduite en Europe vers le commencement du xvi® siècle et employée en teinture dès cette époque, ne l’a guère été dans l’impression qit’il y a une soixantaine d’années, si l’on s’en rapporte aux ouvrages antérieurs qui traitent de la fabrication de l’indienne, et qui ne la mentionnent que homme élément de quelques couleurs d’application
- La msrminô ,-§»7i0(>, ou matière colorante de la cochenille, donne naissance, en s’appliquant et en se fixant aux étoffes , à desiiiuances qui dépendent de sa composition, de sa modification en présencej de l’ammoniaque, de la nature du mordant ou base delà laque colorée , et enfin de celle du tissu. Quelques mots pour justifier ces trois propositions.
- La cochenille brute, dans une circonstance donnée, fournit dhs/rouges ponceaux ; dans la même circonstance, mais modifiée pcfrd’ammoniaquev elle donne des rouges amarantes. Un mordant d’alumine teint dans un bain de cochenille prend une teinte qui vire aussi à l’amarante ; le même mordant, au contraire , la fait virer au ponceau , si l’on fait intervenir l’oxide d’étain. Enfin , sur laine on réalise avec la carminé et les préparations d’étain la couleur écarlate que ne peuvent recevoir au même degré ni le coton ni la soie.
- Presque tout ce que nous avons dit des mordants et de leur
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- application à l'occasion des genres garances s’applique à la cochenille : seulement, celle-ci se refuse aux impressions enlevage à la cuve décolorante, parce que l’excès de chaux de cette cuve attaque trop violemment sa laque ; il ne nous reste donc à exposer ici que quelques particularités touchant les mordants qui s’associent à cette couleur et leur mode de fixation ù la teinture.
- En général, pour obtenir de la cochenille les nuances les plus vives, il faut faire usage de mordants acidulés d’acide acétique et toujours un peu plus forts que ceux dont on se sert pour la garance ; on doit d’ailleurs autant que possible les fixer à l’eau courante, surtout quand on opère sur des fonds unis. Si on les imprime sur fonds blancs, on ne peut prendre trop de précautions pour éviter les rapplicages en leur laissant le temps de se combiner intimement à l’étoffe. Dans ce dernier cas, pour les fixer, on a recours de préférence aux passages en son, § 53/i ; quelquefois, cependant, on se sert aussi d’une décoction de matière astringente.
- La teinture en cochenille réclame certains soins : quand il s’agit de saturer des mordants forts, elle doit se faire en deux fois : autrement la matière colorante, attaquant trop vigoureusement le mordant, formerait avec lui une laque momentanément soluble , mais qui finirait par se. déposer sur les parties blanches et les salirait au point qu’il serait difficile de les ramener à leur pureté primitive sans altérer les couleurs. La première se donne avec la moitié de la cochenille nécessaire dans un bain auquel on ajoute, ordinairement 40 à 60 gr. de noix de galle par kilogramme de cochenille , à la température de 22 à 40°; la seconde, dans le même bain , qu’on remonte avec l’autre moitié de la substance tinctoriale, et dont on élève progressivement la température à l’ébullition durant l’espace d’une heure et demie à une heure trois quarts. On rince ensuite, on passe en son, et les pièces se présentent dans l’état ci-après : échant. 150. Cet échantillon est mordancé de la même manière que ceux qui ont été teints en garance , § 51-52, et en garancine,
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- 150* Mordants de fer et d’alumine teints en cochenille
- éch 146. On voit que le noir y affecte une teinte grisâtre ; que les bandes, qui sont violettes et lilas dans les garancés, sont ici d’un gris violacé; que le mordant fort et le mordant faible d’alumine se sont teints en rose et rouge amarante ou groseille ; enfin que la bande centrale , composée de mordants de fer et d’alumine, au lieu d’être puce foncé, a pris une teinte orseille. Quand on remplace ces mordants par certains oxides métalliques, on obtient d’autres nuances : ainsi les mordants à base d’oxide plombique et d’oxide de bismuth se teignent en lilas, violet ou pourpre. L’intervention d’une préparation à base d’oxide stannique a pour résultat de faire passer le rouge à la teinte feu.
- Pour modifier un peu la nuance rouge cramoisie de la cochenille, on teint préalablement les toiles mordancées dans un bain de matière colorante jaune extrêmement faible, pour les passer ensuite en cochenille ; il s’opère un déplacement, et l’on arrive à une teinte qui, renfermant toujours une faible proportion de jaune , jouit de plus d’éclat.
- De ces généralités, passons à quelques détails.
- § 650. Fond «mi cochenille. On foularde le calicot dans le mordant d’alumine ou de fer au degré voulu, on dessèche, on expose à la chambre chaude durant le temps nécessaire à
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA COCHENILLE. 331
- la combinaison du mordant ; on dégorge à l’eau, on nettoie, puis l’on procède à la teinture. Pour un fond uni d’une nuance à; ;peu près égale à celle du rouge foncé, on emploie un mordant* j composé de
- 4 vol. eau,
- ; 6 vol. acétate aluminique à 10° Ali.
- Quant à la proportion de la cochenille, elle varie selon la | qualité de cette matière première , selon la longueur et la lar-! geur des toiles : pour une pièce 3, h de large et 60 mètres de ' long, il faut de 750 à 900 gr. cochenille et même plus si l’on! veut une nuance bien nourrie.
- § 651. Fond uni, impression blanc réserve. Il est évident: qu’ici, comme pour les genres garancés, on peut, après avoir imprimé un blanc réserve mécanique ou chimique , rentrer dans la fabrication du fond uni, c’est-à-dire foularder l’étoffe dans le mordant, et après avoir laissé à celui-ci le temps de s’y combiner, dégorger pour procéder à la teinture. On a mordancé de cette manière l’éch. 151 ; on a d’abord imprimé
- 151. Toile mordancée avec impression blanc réserve.
- le blanc réserve au citrate potassique n" 8, § 618 , foulardé par-dessus le mordant rouge G, § 616, puis dégorgé.
- L’échantillon 152 a été imprimé et mordancé comme le précédent , ensuite passé dans un bain de cochenille.
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- 1518. Fond cochenille , impression blanc réserve.
- Souvent les dessins blancs sur fonds teints en cochenille sont réservés par la gravure. L’échant. 153 donne une idée de cet
- 153. Fond cochenille avec blanc réservé par la gravure.
- effet .; le mordant dont on s’est,servi est à base..d^ilumipç de fer (mordant cannelle de la garance). ,. :
- § 652. Fond uni, impression blanc enlevage sut mordant. Ce genre (bengaline), créé en 1805 par les Anglais , qui l’exécutaient à la planche plate, fut reproduit, en 1812, au rouleau, par la maison de Wesserling. La fabrication en est encore la même que celle des genres garancés correspondants , c’est-à-
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- dire qu’on plaque l’étoffe au foulard ou qu’on l’imprime au rouleau mille-points , pour avoir une surface uniformément recouverte de mordant, qui peut être un mordant d’alumine, ou un mélange d’alumine et de fer, mais rarement de cette dernière base seule, attendu qu’on réalise plus économiquement les mêmes nuances par l’intervention d’autres substances tinctoriales. On a obtenu l’échant. 15A en foulardant l’étoffe dans le
- 154> Fond cochenille (mordant de fer et d’alumine), impression blanc enlevage sur mordant.
- mordantpuce A, § 617, sur lequel on a imprimé l’enlevage n" 2, § 621. Après l’impression de l’enlevage, lorsque l’acide a eu produit son effet, on a passé en eau de craie, puis à l’eau courante, et finalement rincé, dégorgé et teint en cochenille. La teinture achevée, on a lavé, dégorgé et passé dans un bain de son pour purifier le blanc. La même fabrication s’exécute pour mouchoirs ou foulards sur soie et sur coton.
- MM. Haussmann ont particulièrement exploité ce genre sur divers tissus, et notamment sur mouchoirs fond amaravie. Ils mattaient les pièces dans un mordant composé de 4 vol. acétate aluminique à 1 z°dB,
- 6 vol. eau.
- Après les avoir desséchées à la chambre chaude, on y imprimait le blanc enlevage n° 6 , § 621, on les passait au large dans
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- 33h DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- un bain de craie, et on les dirigeait ensuite à l’eau courante, où on les laissait exposées durant un certain temps, puis on les rinçait et on les nettoyait aux roues à laver.
- On employait pour la teinture de chaque pièce, selon sa largeur et sa longueur, au minimum 660 gr., au maximum lk,390 gr. de cochenille, et l’on opérait en deux fois sur la moitié de ces quantités :
- La première en 1 h. -I /2, à une température qui s’élevait de .24 à 40° ;
- La second' en 1 h. 1/2 à 1 h. 3/4, à une température .qui s’élevait de 40° à l’ébullition , terme auquel on sortait.les pièces pour les rincer et lés nettoyer.
- § 653'. ti'ond blanc, impression TOncje , IIOIT et lilas' cochenille. L’exécution de cette fabrication, en ce qui touche l’impression,des mordants , est absolument identique avec celle des ; garancés correspondants ; elle ne constitue un genre spécial que - sur certaines étoffes de fantaisie, qui ne supportent que difficile-i ment tous les traitements auxquels on soumet les tissus teints ! en garance.
- Nous avons vu , § 534 , qu’il était d’usage de ne pas passer . en bouse les mordants qui doivent être teints en. cochenille. Pour éviter qüe ces mordants ne se répandent sur le blanc du tissu et ne l’altèrent, on y introduit une certaine quantité de corps gras qui les rend moins perméables à l’eau : ainsi
- 10 litres mordant rouge B colorés par
- O1,132 décoction de cochènille, à 2°dB, sont épaissis par
- 1k,150 à 1k900 amidon; on y ajoute, en retirant du feu :
- 0k,160 chlorure zincique à 56° AB,
- 160 à 480 gr. huile tournante!
- On peut préparer encore ce mordant en remplaçant l’huile tournante par une égale quantité d’essence de térébenthine.
- Cette préparation, imprimée et. teinte en cochenille, donne des rouges et des roses , et des violets quand on ajoute au bain de teinture une certaine quantité de campêche.
- Du reste, la cochenille admettant les mêmes mordants que
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- GENRES DÉRIVÉS DE LA BRÉSILINE OU DES BOIS ROUGES. 335
- la garance et se teignant plus facilement que cette dernière , donne comme elle des couleurs réserve, enlevage et Re conversion.
- Applications. Les rose, rouge et violet cochenille, qui ne constituent que rarement des genres particuliers, contribuent , au contraire, à la formation de beaucoup de genres composés , comme couleurs d’enluminage ( voyez Lapis). Il est entendu que nous ne voulons pas parler ici de l’application de cette substance dans les genres vapeur, où on l’utilise avec tant de succès sur laine, sur soie et sur chaîne coton (voyez cette,fabrication).
- Nous nous abstenons de toute observation sur le kermès, § 49^4.9$\la matière colorante est. la mêjne que, cflle |a cochenille.
- lins GENRES DÉRIVÉS DE LA BRÉSILINE OU DES BOIS ROUGES.'
- § 65/j. Il y a longtemps que les bois rouges, § 407, sont employés dans les ateliers d’impression : d’abord on ne s’en servait que pour colorer les mordants destinés à l’impression ; plus tard on en forma des couleurs d’application que l’on finit par fixer à la vapeur ; ce n’est que depuis peu d’années qu’on les
- utilise à la teinture des mordants imprimés, pour remplacer une
- ob onnld 91 yjz biobrnwj-ri. 92 sri "|;Î ' UJ
- certaine quantité de cochenille dans des genres ou cette matière
- 155. Mordants de fer et d’alumine teints en fernainbouc.
- ' '
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- 386
- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- est employée. Ils fournissent des nuances d’une teinte tellement peu solide , qu’on ne peut que repousser l’application qu’on en fait dans ce but. Les couleurs que fournit la brésiline se rapprochent beaucoup de celles que donne la cochenille, ainsi qu’on peut en juger par l’éch. 155, où se trouvent imprimés deux mordants , l’un d’alumine, l’autre de fer, qui, après avoir été dégorgés, ont été teints dans un bain de fernambouc.
- L’oxide chromique sert aussi de mordant à cette matière Colorante , et la fixe en lui donnant la teinte particulière que présente l’éch. 156.
- 156 Mordant de cliromc teint en fernambouc.
- Applications. Si ces bois ne jouent qu’un rôle secondaire dans les teintures par voie humide, nous verrons qu’il n’en est pas de même dans les genres vapeur et d’application ] où on les substitue autant que possible à la cochenille, qui est béaùcoup plus chère, mais qu’ils ne peuvent pas toujours remplacer. (Voyez Couleurs vapeur et cTapplication.)
- GENRES -DÉRIVÉS DE l’ûRCANETTE.
- § 655. L’application de cette matière première à la toile peinte date de la fin du siècle dèrnier ou du commencement de celui-ci; elle est duc à J. - M. Haussmann, qui fit connaître son procédé quelques années aprèsl’avoir exploité ( Annales dechimie.X. LX,
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- GENRES DÉRIVÉS DE t/oRCANETTE.
- 337
- pag\- 288), sous le titre du Pourpre violet et des differentes nuances que l’on peut en faire dériver. Le grand éclat de la couleur des écheveaux de coton mordancés et teints de cette matière colorante lui donna l’idée de l’appliquer à l’indienne, et il fabriqua des châles genre turc qui firent l’admiration des connaisseurs, mais qui n’eurent pas d’écoulement à cause du prix élevé auquel on les établissait. Longtemps après, quand cette couleur prit faveur, onia vit pendant deux ans figurer dans toutes les indiennes en plus ou moins grande quantité.
- La fixation de l’orcanette ne se fait que jusqu’à un certain point aux mêmes conditions que celle de ses congénères ; il faut sans doute fixer préalablement les mordants, mais de plus les colorer dans une infusion alcoolique de la substance. Ces mordants doivent toujours être à base d’alumine ou de fer; les premiers sont spécialement employés comme étant les seuls qui donnent une nuance dont la beauté et l’éclat puissent compenser le peu de stabilité ; les seconds ne donnent que du gris.
- Comme l’orcanette est insoluble dans l’eau, c’est en vain qu'on tenterait de faire passer, pour les teindre, dans une décoction de cette racine des étoffes mordancées ; les mordants n’y trouveraient pas de matière colorante ou en rencontreraient trop peu pour qu’on dût en .tenir compte ; c’est le motif qui oblige à en faire une infusion alcoolique, à laquelle on mélange ensuite une certaine quantité d’eau pour y plaquer les pièces. J.-M. Haussmann ajoutait à une partie de cette infusion alcoolique 6 à 8 parties d’eau, et effectuait la teinture dans ce bain porté peu à peu à l’ébullition. Ce dernier procédé a été repris, il y a quelques années, avec de légères modifications.
- Les toiles, après avoir été bien nettoyces et desséchées , sont plongées dans un bain formé de :
- 1 vol. mordant rouge B,
- 2 vol. eau.
- Après la dessiccation du mordant et sa combinaison à la fibre, on dégorge Tenu bouillante dans la cuve carrée, on rince et
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- m.
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- 338 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER,
- l’on sèche. On plaque de nouveau au foulard dans un bain composé de :
- \ vol. infusion alcoolique ,
- 2 vol. eau ;
- on enroule alors les pièces par cinq sur une bobine, et on les passe immédiatement à l’eau bouillante pour compléter la combinaison de la matière colorante avec le mordant. 1 d r ji
- C’est ainsi que l’on opère pour la teinture des fond üriis. Pour les fonds avec impression blanc réserve ou enlevage1,1 lés mordants sont les mêmes que pour les genres garances ; cependant nous verrons , en traitant des genres composés, qu’on1 jTrb-duit des impressions réserve sous la couleur même eh recbü\¥ant les parties, mordancées ou non, que l’on veut Conserver blanches , d’une solution de gomme qui, précipitée par Paléooï de l’infusion colorée, forme réserve mécanique sous fond oréa-nette.
- Du reste, nous nous sommes assuré que cette matière colorante peut être aussi imprimée directement par le procédé que nous avons indiqué à l’occasion du carthame, S 565, c’est-à-
- iJénram-r < . a lutbwlll ,f«l
- dire qué si, après avoir saturé le corps gras d’orcanette_, on y incorpore peu à peu de l’aluminat.e potassique, l’application de cette émulsion donne, quand elle a été desséchée, puis saturée par un acide, une belle couleur violette. Rien ne s’opposerait non plus à ce qu’on en fît de très beaux genres fond blanc impression pourpre au rouleau ; il ne faudrait qu’imprimer le mordant rouge et le teindre au moyen d’une infusion alcoolique d’orca-nette, étendue de beaucoup d’eau, mais portée à l’ébullition, attendu que cette matière colorante ne prend jamais une belle nuance bleutée que dans cette condition de température , à laquelle sans doute doivent être attribuées les différences que l’on constate entre les étoffes teintes en orcanette dans les divers établissements où ce genre a été exécuté.
- L’orcanette n’a jusqu’à ce jour donné lieu à aucun genre spécial on 1 a toujours fait concourir à la formation des genres
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- GENRES DÉRIVÉS DU CAMPÊCHE.
- 339
- composés. C’est ainsique nous verrons des fonds blancs garances ou non transformes en fonds orcanette enluminés.
- DES GENRES DERIVES DE L APPLICATION DU CAMPÊCHE.
- §ii@56. La matière tinctoriale du campêche, utilisée d’abord (fflïPinp^ matière colorante bleue , ët fréquemment employée par les teinturiers en petit teint, les seuls qui eussent le droit de s’en S$Ryjir|)s’ëstpeu à peu introduite dans la fabrication del’indienne, d,’!ib(»id pour colorer les mordants, puis pour former des cou • liWjs,d'application plus ou moins solides, et, vers la fin du siècle copier, tant pour former des genres spéciaux (fonds noirs) que pqm/gngendrer une foule de couleurs complexes par son asso-ci^iprpavïec d’autres matières colorantes, b ^manière dont elle est fixée a une grande influence sur sa stabilité-. Les toiles chargées de mordants d’alumine et de fer se teignent avec cette substance en des nuances qui ont as§çz de rapport entre elles , ainsi qu’on peut en juger par l’écbaîit. 157, •
- 159, Mordants d’alumine et «le fer teints an campèelic.
- Les mordants dont cet échantillon est imprimé, et qui, employés à fixer les matières colorantes de la garance, de la ga-rancine, de la cochenille ont donné le noir, le violet, le lilas ,
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- 0E LA FABRICATION EN PARTICT'LIER.
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- le rouge, le rose et le puce, fournissent, teints à la manière-ordinaire dans un bain de campêche, un noir bleuté ou un bleu foncé au lieu de fin rouge ;
- Au lieu de deuxième rouge, un bleu grisâtre ;
- Au lieu de puce , un noir qui se confond presque toujours ayec celui du» mordant de fer pur qui borde l’échantillon.
- Les préparations stannifères , intervenant CQmipe,rpqrdant§, donnent des violets en présence du campêche. ranaifiur.
- L’oxide chromique ne prend qu’une fausse teinte e%p.a$$ftftt
- dans un bain de cette substance, échant. 158.
- yvVà&A Oxide chromique teint en campétiHe.
- 7
- iJJjj ji ni'
- Une solution d’hématinë engendre cependant , avec les préparations chromiques , une couleur parfaitement "'définie.
- Ces moyens de fixage par les mordants sont communs à toutes les matières colorantes étudiées dans ce chapitre ; mais si l’on réfléchit, d’une part, que l’hématinejqui existe dans deux états {colorable et coloré), § 406, ne peut être en présence de l’acide chromique sans lui enlever de l’oxigène, le ramener à l’état de suroxide, et former avec lui une combinaison intime; d’une autre , qu’elle s’oxide dès qu’elle est en présence delà chaux et de l’air, on comprendra que l’on ait mis aussi à profit ces deux genres de réactions pour la faire adhérer aux tissus et lui don-
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- GENRES DÉRIVÉS DU CAMPÈCHE.
- Uï
- lier plus de fixité , ainsi que nous allons le voir tout-à-l’heure.
- § 657. Fonds noirs teints en canipéclie. On ne teint .des fonds de cette espèce que sur les étoffes de laine qui comportent l’emploi d’acides énergiques dont on ne pourrait pas faire üSàgé'&Ühilèi coton. Dans cette fabrication , on se borne à plaquer uniforniéîhént l’étoffe, soit à froid, soit à chaud, d’une sôîüfi&ïPfënKi^ineuse, â'^cëMe'tî^ ?érf puis, lorsque le tissu est suffisamment saturé1 dèIffiÔPd&iit, on le plonge dans un bain de -édttfpêéhëràvec les Jif’ééautioftis que nous indiquerons en traitant de la teinture du genre blanc enlevage.
- § 658. Fonds noirs campcclic. impression blanc réserve. Comme eette couleur noire a toujours pour base f alumine et l’oxide ferrique, il est évident que la fabrication de ce genre rentre dans des genres blanc réserve sous oxide ferrique, § 576, ou sous oxide aluininique, éch. 151, et que la fixation préalable du mordant une fois achevée, il n’y a plus qu’à procéder à la teinture.
- On réserve aussi par la gravure en fonds noirs campêche des dessins blancs, surtout dans les genres composés. Anciennement ce mode de réserver des parties blanches était poussé à un degré de perfection tel, qu’il se rapprochait des résultats de l’enlevage5 mais on se servait alors d'une gravure métallique, et l’impression se faisait en deux temps. A une époque déjà fort éloignée, MM. Louis Verdan père et fils, des Isles, ont obtenu clans ce genre un véritable succès ; ils opéraient de la manière suivante :
- Les sujets réservés étaient détachés ; c’étaient de petites mi-gnonnettes, des arabesques, des objets déliés en cuivre, soudés à l’étain à une plaque également en cuivre qu on fixait à un bloc en bois ; on gravait en creux sur une planche en bois les contours des figures métalliques. L’impression de la première des deux planches donnait un dessin blanc contourné de noir; celle de la seconde, en juxtaposant le fond au contour , complétait l’opération, et l’on avait ainsi un fond noir avec impres-
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- 342 DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- sion blanc réserve d’une délicatesse comparable à celle d’un blanc enlevage.
- § 659. HP®*»*1» noirs, blanc enlevage. Ce ge:Te, dit deuil,
- s’exécute sur une grande échelle depuis plus de quarante ans , et ce sont les fabricants anglais qui l’ont exécuté jusqiï'ici'àvëc le plus de succès. Cette fabrication est fort délicate ; elle êWige entre l’alumine et le fer, qui sont la bkse de ïà Ootilètif, !iiü;ir^-port'dOnt on ne'peut s’écarter, car le fer prédomine-t-il V h' tièir devient rougeâtre ou prehd uri rèflet ^l’isâtyè pdëWèé^, atfêcJn-trài!tè!'Jl(r,alM‘minë, le noir dévient tbop bl’eufé ; efifbùttb'^lle demande les plus grands soins dans ladessicbàtitW'étT’èkitiMibn du mordant sur le tissu, dans la réalisation de sbéMe^^ et
- dans le dégorgeage. Il y a donc ici trois choses à considérer : le mQrdant, l’enlevage et la teinture. '
- Mordant. Dés fabricants composent leur mordant de ri( )
- : >bi:n: 1 4 lit. pyrolignité ferreux à \ 4° 4B, l' -i,îi;
- 2 lit. mordant rouge B; mq a; [
- d’autres de . aggfcd ai no ymhqmi ogBvalno'J
- 4 part, mordant rouge 11, „ ,i:„;
- 1 part, pyrolignite ferreux à \ 0° 4B,
- “» *“ "u fe®oi«i èe8»qvm
- d’autres de - :•> tnomoanangiog o^o
- 4 part, mordant rouge/#, vUm '• vvvànWY
- 2,5 part, pyrolignite ferreux à -14U AB ; kn.
- d autres , enfin, de t • t ?. omul'ino orru 097.fi odoô
- .. , mordany ,d’alumipfti $ b . esifmq edi tarie
- mais ni l’une ni l’autre de ces préparations n’ést à-Dabiniidétritique: la couleur que donnent les premières devient promptement rougeâtre, et celle que fournit le mordant d’alumine pur -est d une teinte trop bleutée , qui se dégrade facilement à i’-âi-r ;jil importe donc de trouver le terme moyen entre ces proportions et surtout le degré d’oxidation où le fer doit être amené sur -l’étoffe. .fio.ui-, im t
- On introduit aussi dans ces mordants du nitrate potassique qui n’est pas sans influence sur la manière dont ils s’oxident
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- GENRES DÉRIVÉS DL CAMEÈCHE. 3^3
- et se fixent à l’étoffe ; le fer surtout est fortement influencé par ce corps, tant dans son oxidation que dans l’état d’agrégation qu’il affecte. Nos ancêtres l’avaient compris : aussi faisaient-ils intervenir le nitre dans la composition de plusieurs préparations ferrugineuses.
- Quel que soit le noir employé, on plaque les pièces de ma-njèi;e aies imprégner de mordant aussi uniformément que possible r on laisse reposer le mordant quelque temps , on dégorge à l'eau, et après avoir rincé on dessèche.
- lErtflwage. Pour enlever avec succès au rouleau on emploie la préparation suivante :
- Qans 10 lit. jus de citron à 26°-4B, on fait dissoudre :
- <v 2 lit. acide oxalique, et l’on épaissit avec 5 kil. amidon grillé.
- On peut remplacer l’acide oxalique par le bisulfate potassique , et même le jus de citron et le bisulfate par l’acide oxalique pur.
- L’enlevage imprimé , on le laisse quelques heures en contact avec le tissu, puis on procède au lavage à l’eau courante, après avoir passé les toiles dans un lait de craie ; on rince , on dégorge soigneusement et l’on teint.
- Teinture. Cette teinture ne se fait pas de la même manière dans tous les établissements : les uns n’emploient que du cam-pêche avec une certaine quantité de colle-forte destinée à préserver les parties blanches ; d’autres associent à cette substance tinetdrialé soit du quercitron , soit du sumac , soit toute autre matjière astringente qui ne salisse pas les parties blanches du tissu, qu’il est toujours extrêmement difficile de ramènera leur pureté primitive.
- Pour 10 pièces on prend ordinairement :
- 3 kil. campêche,
- 2 kil. sumac,
- 2 kil. colle verte.
- On éjève en deux heures ce bain de teinture de la tempéra •
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- 3hk DE LA l 'ADK [CATION EN PARTICULIER,
- ture de 30° à l’ébullition, et on le maintient à ce terme durant quinze à vingt minutes ; mais cette marche est défectueuse en ce qu’elle charge beaucoup trop le fond.
- Les fabricants qui se sont le mieux rendu compte de toutes les difficultés de ce genre de fabrication bousent les toiles sur lesquelles ils opèrent , ou plutôt leur font subir’Uiie teinture préalable dans un mélange de bouse de vâéhe et de quereitroiv. Au sortir de ce bain , les pièces !ont itné> teititb olivâtre , mâlis il suffit de les passer dans une solution de campêche pour déplacer la màtière colorante jaune qui- les recouvrèlDqqe i ! 'oJOoruoi!
- Ce mode, qui est un peu plus longyèèt'cépendaiffipréférafMe à celui qu’on emploie généralement!ét qui'consiste1 à£ûjoült!êr du quercitron au campêche. En effet, la matière colorante du campêche, beaucoup plus puis-ante que' celle du quercitcow pâ moins qu’elle ne soit en quantité insuffisante, prend dans ce dernier cas la plus grande part à la teinture et annule pour ainsi dire les effets de la couleur jaune , tandis que dans le procédé précédent , le quercitron utilisé en premier lieu né disparaît par l’action déplaçante del’hématine qu’en partie,!et après avoir augmenté l’adhérence du mordant à l’étoffeq et prévenu ainsi la: précipitation du campêche sur les parties' blajipched de l’étoffe, Voici un procédé dans lequel on emploie avec siiccès le nitrate potassique , malgré la forte proportion de fer qui#^iste dans le mordant.
- A 8 litres pyrolignite ferreux, ramené à 6° AB, on ajoute : 8 lit. pyrolignite aluminique à 6° JB,
- 1 kil. nitrate' potassique.
- On foularde à plusieurs reprises dans ce mordant, en exprimant fortement les pièces pour qu elles n’en retiennent pas un excès qui ne pourrait que gêner l’opération de l’enlevage et provoquer des coulages sur les parties qui doivent rester blanches. Lorsqu’elles sortent du foulard, on les dessèche à la chambre chaude, et l’on procède à l’enlevage en imprimant du jus de citron à 20° AB, épaissi à l’amidon grillé.
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- GENRES DÉRIVES ÜU CAMPÈCHE. 345
- Cette opération achevée, on abandonne le tissu durant deux ou trois jours dans un endroit sec , à l’abri de la lumière so-aire, afin délaisser au mordant le temps de s’oxider et de se combiner à l’étoffe, puis on le passe au large dans la cuve à roulettes contenant un lait de craie chauffé à 80% et additionné d’une certaine quantité de bouse de vache. On rince alors., on dégorge avec soin aux roues, et l’on procède à la teinture , qui se fait de la manière suivante. : dans une chaudière, en cuivre à quatre compartiments, d’une forme qui a beaucoup de rapport avec celle des cuves à teindre, fig. 141,et qui peut être chauffée directement, on introduit, avec la qugn-tijféK^’eau nécessaire à la teinture de huit pièces, dans laquelle on u: fait dissoudre 1%5 colle-forte, 15 à 16 kil. de poudre de. bois de campêche et 15 à 20 litres d’une décoction de quer-citron, qui doit contenir 250 gr. quercitron et 37 gr. colle verte par litre. Le bain est alors chauffé à 36° ; on y plonge les pièces, et on en élève progressivement la température à l’ébullition dans l’espace d’une heure. Ce terme atteint, on rince à l’eau i on fait passer dans les roues à laver, on rince dej uon-veau y;et l’on dessèche. : , jw ‘îiov:
- Les quatre échantillons , 155, 156, 157, 158, dqnuènitoune idée de cette fabrication en France et en Angleterre. L’éch. il.59
- ,. .1
- I Fond noir avec impression blanc enlevage de M, Fries de Gucbvillcr.
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- 346 ‘
- a été fabriqué en Alsace. Pris isolément, il paraît assez beau, mais comparé aux suivants, il présente une nuance moins avantageuse.
- Nous devons l’échant. 160 à 1 obligeance de JM. Stackler, de
- 160. Fond noir avec impression blanc enlevage de M. Stackler de Rouen.
- Rouen. Ses produits occupent sans doute un rang distingué dans ce genre de fabrication, tant par la beauté du noir que par la pureté du blanc et la netteté de l’enlevage ; toutefois ils ne sauraient soutenir la comparaison avec ceux qu’on exécute en Angleterre, particulièrement dans la maison R. et Th. Peel, de Manchester, d’où viennent les deux échant. 161, 162, fond noir ci-après. L’enlevage a pu être produit dans l’un à la planche ou au rouleau, et dans l’autre au rouleau seulement. Le blanc ne laisse rien à désirer, non plus que le noir, qui esf beaucoup plus nourri et plus vif que celui des deux échantillons qui précèdent.
- Cette différence doit tenir, d’après nos essais analytiques, à l’emploi d’un mordant tout particulier, riche en alumine, ne contenant qu’une petite quantité de fer dans un état spécial d’oxidation , peut-être à celui d’un campêche préparé, § 405 , ou enfin à l’introduction dans le bain de teinture d’une certaine proportion de matière colorante rouge qui, en s’alliant au bleu
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- GENRES DÉRIVÉS DU CAMPÈCHE. 347
- 161, Fond noir avec impression blanc enlevage, ou plutôt blanc réserve de MM. R. et Th. Pecl de Manchester.
- 163. Fond noir avec impression blanc enlevage ou réserve de MM. R. et Th. Peel de Manchester.
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- OflJÜHJ {'U 41'. 0* UCU-:"•DUO^ ' '
- dë'cainpêche, donne une nuance plus pure , ou enfin à'ftfcdda-tiëhdminplëte par le chromate potassique de la couleur likëé sur l’étoffe.
- t)ii a pu aussi remplacer le blanc enlevage par un blanc ré-serve, qui permet de laisser plus longtemps le mordant en contact avec le tissu, et donne un blanc plus pur, puisque ce mordant n’est alors jamais exposé à former une combinaison avec les parties qu’il doit respecter.
- § 660. Fond blanc avec impression 7101V. Il y a trois ma-
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- DE LA FABRICATION EN PARTICULIER.
- mères d’exécuter ce genre. La première rentre clans les procédés que nous venons d’exposer , avec cette différence qu’au lieu de matter les pièces dans un mordant, on les imprime d’une préparation à base de fer convenablement épaissie , pour les teindre ensuite. C’est ainsi qu’on imprime au rouleau les mordants noirs
- suivants :
- Noir pour (jrantre profonde et nourrie.
- WïTü litres eau on ajoute :
- ' <5 lit. pyrolignite ferreux brut à I 4* -IB, le tout épaissi avec
- • roque 2k;60' farine. j|
- min ol) iiii 9rlouqrn;
- X10 litres eau on akmte ; iioiîkb -.'0 . .J 1 *
- 10 lit. pyroligiji te Terreux à 14° dB, lé tout épaissi avec
- ; ' 12f: ldi. leiocon/e. ~
- Noir pour de petits objets.
- arncb 9xü sa. s'xiKLclyï ofiau/m ?,90X9t Lismoiii/B .
- Noir qu on imprime à la main.
- J RR J
- 10 lit. acétate ajuminique à 8° dB,
- 6 lit. pyrolignite ferreux à 8udB, le tout épaissi avec 2 kil. amidon.
- Quand ces mordants sont imprimés, on abandonne les toiles à l’yir tlpganCledqmps nécessaire: à l’oxidation et à la*«c«iî*bi-naispn du fer .avec l’étoffe, puis on bouse, on dégorge-et -l’on teint, c’est-à-dire, que l’on rentre dans tout ce qui a été (lit, § 659, touchant cette partie delà fabrication du noir au cam-pêche.
- Le second noir, imprimé sur fond blanc, est spécialement désigné sous le nom de noir au chromate. C’est dans cette combinaison que la matière colorante du campêche acquiert le plus de solidité ; elle est même alors de toutes les couleurs celle qui résiste le mieux à l’action du chlore, ce qui s’explique par les conditions de sa formation sous l’influence d’un agent»oxidant très énergique, l’acide chromique : aussi est-elle, en raison de cette propriété, d’un grand secours aux fabricants dans une foule de circonstances. La préparation et la fixation en est bien simple. A une décoction concentrée de campêchç addi-
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- GENRES DÉRIVES DI' CAMPÊCHE.
- ol\9
- tionnée d’acétate aluminique, on incorpore, en l’épaississant, une très petite quantité de corps gras ( blanc de baleine ou essence de térébenthine]. On imprime alors, et l’on passe les pièces dans un bain de bichromate potassique chauffé à ZiO° environ, selon la nature du chromate et la concentration du bain; le principe colorable du campêche s’oxidant, donne naissance à
- une couleur bleue qui, combinée à la couleur rouge-brune du avv'MOSL V‘ AmvoVwiï ywrvvyv^ p
- suroxide chromique formé par la réduction de l’acide cjrpo^nique,
- devient partie constituante d’une laque noire qui.se.fixe à l'étoffé’ a plus qu’à laver, rincer et dégqijgei^llyest impor-
- tant de n’imprimer que la quantité strictement nécessaire de campêche : autrement F excès de cette substance se fixe brusquement à la surface du tissu , et n’en est enlevée ,que difficilement0 IfiÿÀiîJrèüx iieu'ora-eages Î5>ux Méternaii
- purgeages. .«o?étowercette quantité, il faut tenir compte de la nuance que l’on désire, de la température'à laquelle le fixage doit avoir lieu, enfin de la concentration du chromate. Au sortir du chromatp, on rince, dégorge, lave , sèche, et la couleur se présente dans l’état ci-après, échant. '163. ' . n go fini
- 163, Fond blanc, impression noir compacité fitté mi
- Le troisième est le noir fixe à la chaux. Pour l’obtenir, on fait une décoction de, campêche et de noix de galle , à raison de
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- DR LA .FABRICATION RN PARTICULIER.
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- 1 kil. campêche et 0U,830 noix de galle par litre; on épaissit 10 litres de cette décoction avec /|R,5 amidon,
- 0k,600 farine, et l'on incorpore au tout une certaine quantité d’huile tournante ;
- 0k,60 sulfate ferreux,
- 4 k,20 acéto-nitrate ferrique à 48° AB.
- Cette couleur imprimée et desséchée , on passe le'lendemain les toiles, à la température; de 3Z|°, dans la ch’vé W roulettes remplie d’un lait de chaux vive parfaitement éteinte. Sous l’influence de cette base, l’hématine s’oxide ,inet il se ptOdtiilun composé triple assez stable. Lé seul inconvénient! qafe présente ce procédé , c’est % dbnnérJi'ètf 'ddtaV'éïït1 “à1 dès ’cdulâges. On pëut''leh éviter èh rendant le mbrdaWt ùh peu graS ; fifids on dôif'bi'ttV1feeigà-^iêPjJdHlislfce cas , de dépasser eerttffiîës ffin’ftës : aüfrehiëht btl entraverait l’action déplàçahte de là cHâti^d et par suite l’oxidation et la fixation de l’hématine.
- AjffèS lé'passage en chaux, les pièces , rincées et hettôÿ'éies, se présëfttent dans l’état ci-après, échant. 164. ‘‘,lll!
- ^ 661. Fond gris avec impression noir campêehe et blanc enlevage. La fabrication de ce genre rentre entièrement dans celle des doubles violets au rouleau, et présente trois-parties
- se présentent dans l’état ci-après, échant. 164
- 164, Fond blanc, impression noir fijxé à la cliaux»
- p.350 - vue 359/472
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- GENRES DÉRIVÉS Dtl CAMPÈCHE.
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- distinctes : la production du fond gris, Y impression blanc en-levage et celle du noir.
- On obtient le fond gris en foulardant les pièces, selon la nuance que Ton veut réaliser, dans l’un des mordants ci-après :
- Gris N° 1.
- A 10 litres eau on ajoute :
- 2l,500 eau de gomme ,
- j;, O1,420 pyrolignite ferreux à I 4° A B ;
- , Gris N° 2.
- A 10 litres eau on. ajoute :
- 10 lit. eau, d’amidon grillé;
- ) O1,350 pyrpliguite ferreux brut à 1 i".4B.
- Quant aux enlevages et aux nettoyages., ils se font dç la manière décrite précédemment à l’occasion des fonds noirs avec impression blanc enlevage ; reste à indiquer la marche de l’opération :
- Lorsqu’on ne veut qu’un fond gris avec impression noir, on imprime au rouleau, à la machine aune ou deux couleurs, les mordants noirs, p. 347, puis, 1 impression achevée, on dessèche les pièces, o